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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Baril): Bonjour, mesdames et
messieurs.
Élection du vice-président de la
commission
La commission des affaires sociales procédera, ce matin, à
l'élection d'un vice-président de la commission. Je dois informer
les membres de la commission, que le poste de vice-président de la
commission étant devenu vacant avec le départ de M. Gauthier,
député de Roberval, il y a maintenant lieu de pourvoir à
l'élection d'un nouveau vice-président. Ne sont éligibles
à la vice-présidence que les membres n'appartenant pas au
même groupe parlementaire que le président de la commission. Le
vice-président doit être élu à la majorité
des membres de chaque groupe parlementaire. Je tiens à vous informer que
M. Yves Blais, député de Terrebonne, est devenu membre de fa
commission en remplacement de M. Michel Gauthier et qu'il fait partie du groupe
parlementaire formant l'Opposition.
Une voix:...
Le Président (M. Baril): C'est l'élection. C'est
décidé. Non?
Des voix: Non.
Le Président (M. Baril): Y a-t-il d'autres mises en
candidature?
M. Dutil: Qui est le candidat, M. le Président?
M. Jolivet: En fait, c'est cela. Il n'y a pas de candidat pour le
moment. Comme membres de l'Opposition, nous faisons motion pour que M. Yves
Blais, député de Terrebonne, soit élu
vice-président de la commission des affaires sociales.
Le Président (M. Baril): Comme te vice-président ne
doit pas être de la même formation que le président, si je
comprends bien l'article, on est disqualifié. J'imagine, en tout cas,
que vous...
M. Jolivet: Nous votons unanimement pour sa nomination.
Le Président (M. Baril): Pour sa nomination? Alors, on
enverra une lettre de félicitations au député de
Terrebonne nouvellement élu vice-président de la commission des
affaires sociales.
Est-ce qu'il y a des remplacements? Est-ce à ce stade-ci de la
commission ou à l'autre?
Une voix: À l'autre.
Le Président (M. Baril): À l'autre.
Une voix: On va suspendre.
Le Président (M. Baril): On va suspendre les travaux pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 10)
(Reprise 10 h 11)
Étude détaillée du projet de loi
94
Le Président (M. Baril): Je déclare ta
séance ouverte et je tiens à vous rappeler le mandat de la
commission. La commission des affaires sociales se réunit afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 94, Loi sur
le Conseil de la famille.
M. Jolivet: Vous avez dit: de poursuivre. On ne peut pas
poursuivre ce qu'on n'a pas commencé. Donc, vous devriez dire: de
commencer l'étude du projet de loi 94.
Le Président (M. Baril): Je lis ce qui est
écrit.
M. Jolivet: Oui, je sais, mais c'est important.
Le Président (M, Baril): D'accord. Est-ce que vous avez
des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, quatre remplacements. Mme Cardinal
(Châteauguay) est remplacée par M. Bradet (Charlevoix); M.
Chevrette (Juliette) est remplacé par M. Jolivet (Laviolette); M.
Gervals (L'Assomption) est remplacé par M. Doyon (Louis-Hébert)
et Mme Vermette (Marie-Victorin) est remplacée par M. Boulerice
(Saint-Jacques).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Baril): J'invite, s'il y a lieu, les
membres de la commission intéressés à faire des remarques
préliminaires. M. le ministre.
M. Dutil: Des remarques préliminaires ou l'exposé
de départ, M. le Président?
Le Président (M. Baril): C'est l'exposé de
départ. Excusez-moi, juste une seconde! On me dit que nous avons
reçu ordre des leaders que les horaires seront, aujourd'hui, de 10
heures à 13 heures, de 15 h 30 à 16 heures et de 20 heures
à 22 heures. M. le ministre.
M. Robert Dutil
M. DutiI: Considérant l'importance de l'institution et de
la réalité familiale au Québec et les conséquences
qu'elles ont sur le développement de la natalité, à la
suite des attentes des organismes familiaux exprimées depuis de
nombreuses années, le gouvernement a pris l'engagement d'adopter une
politique familiale et de favoriser l'expression des représentants des
familles. Cela fait suite à la publication, le 23 octobre 1984, du livre
vert intitulé Pour les familles québécoises et à la
consultation qui 3 été menée à travers le
Québec de novembre 1984 à mai 1985, consultation dont le rapport
a été remis par le Comité de consultation sur la politique
familiale le 29 avril 1986 à la ministre responsable de la politique
familiale.
À l'heure actuelle, les familles sont partiellement
représentées au sein d'un organisme gouvernemental, le Conseil
des affaires sociales et de la famille, dont le mandat à triple volet
comporte un volet famille. Le fait que cet organisme n'ait pas un mandat
exclusivement familial l'expose à ne pouvoir suffisamment
considérer les questions d'Intérêt familial. Il faut aussi
considérer le fait que, même si les besoins des familles et
l'intérêt porté à la famille comme institution et
comme premier milieu de vie ont été régulièrement
exprimés par les groupes et les organismes tes plus concernés,
ils ont besoin d'être mieux cernés et définis par un
organisme qui soit voué exclusivement aux questions
d'intérêt familial.
Les familles demandent donc, à juste titre, la constitution d'un
organisme spécifiquement voué aux questions
d'intérêt familial, tout comme elles réclament d'ailleurs
une politique d'ensemble en matière familiale pour que le gouvernement
soutienne la famille en harmonie avec les multiples formes de soutien aux
individus et aux groupes sociaux que constitue l'éventail des politiques
gouvernementales.
La constitution d'un tel organisme donnant une voix aux familles, jointe
aux autres éléments de structure administrative prévus
dans l'énoncé de politique soumis au gouvernement, traduirait de
façon concrète la volonté politique de reconnaître
l'importance de la famille, d'où la commission de ce matin et
l'éventuelle adoption d'un projet de loi constituant le Conseil de la
famille. Merci.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je suis un peu surpris
d'entendre le ministre ce matin; II n'a pas l'air bien convaincu des
propositions qu'il nous fait actuellement. Le ministre pourra dire ce qu'il a
dit à la fin de l'étude du principe du projet de loi, mais il me
semble qu'il aurait dû élaborer davantage aujourd'hui, dans la
mesure où nous sommes à l'étude détaillée du
projet de loi 94 créant le Conseil de la famille.
Le ministre, il me semble, aurait déjà dû, à
moins qu'il n'attende à un autre moment, mais je ne le vois pas
préparé en ce sens, avoir proposé des amendements majeurs
à ce projet de loi. II sait très bien qu'à l'étape
où nous sommes rendus lui seul a le pouvoir de faire les recommandations
qui s'Imposent et que l'Opposition est prête à lui donner son
appui dans la mesure où on a devant nous quelque chose de plus potable,
avec plus de chair, pour un document aussi important que celui traitant d'un
Conseil de la famille.
Le ministre, vous l'avez entendu comme moi, a lu un texte sans aucune
conviction profonde. J'ai quasiment l'impression qu'il est gêné de
nous présenter un projet de loi de ce genre, un projet de loi qui, dans
le fond, est complètement dénué du sens et de la
portée qu'il mériterait d'avoir. Le ministre est devant nous ce
matin pour défendre un projet de loi, mais on ne sent pas chez lui une
conviction profonde du besoin et de cette capacité qu'il a comme
ministre d'être responsable d'un ministère qui soit, non pas sous
la tutelle d'un autre, mais rattaché directement au Conseil
exécutif.
J'aimerais faire davantage qu'il a fait parce qu'il me semble qu'on ne
peut pas commencer le travail aujourd'hui sans jeter les bases de ce que
devrait être, s'il le désire, un vrai Conseil de la famille. Je le
dis, M. le Président, nous sommes ici aujourd'hui pour procéder
à l'étude du projet de loi 94, Loi sur le Conseil de la famille.
Ce projet de lof a pour but d'instituer un organisme dont ia principale
fonction sera de conseiller le ministre responsable de la politique familiale
sur toute question d'ordre familial. Je dis bien qu'une de ses fonctions
principales sera de le conseiller. Si le ministre avait voulu créer un
organisme consultatif pour ses besoins à lui, comme il semble vouloir le
faire par un projet de loi, il n'aurait pas eu besoin de procéder par un
projet de loi. Il aurait dû faire comme plusieurs de ses
collègues, créer un comité consultatif, incluant
même des membres de sa formation ministérielle, pour faire les
recommandations dont il a besoin comme ministre.
Ce qu'il nous propose, c'est quelque chose qui normalement devrait avoir
une envergure beaucoup plus forte que cela. Cette envergure devrait être
pour les besoins de la famille du Québec et de l'ensemble de tous les
organismes qui, comme il le disait si bien, font, depuis nombre
d'années, des pressions sur quelque
gouvernement que ce soit pour obtenir une politique familiale qui soit
vraiment une politique familiale. Chacun de nous est conscient - je dis chacun
de nous, du moins de notre côté; on a l'impression parfois que de
l'autre côté ils n'en sont pas conscients - chacun de nous est
conscient de l'importance de la famille dans notre société
québécoise. Dans le passé, la famille a joué un
rôle social crucial dans toute l'organisation de notre
société.
L'individu au centre de la famille, il faut en convenir, retrouvait,
à l'époque, son identité. La famille constituait le lieu
privilégié de transmission de la culture, de la langue, des
coutumes et des valeurs. Or, depuis maintenant près de 20 ans, on a
relevé plusieurs changements majeurs dans l'attitude et les
comportements en ce qui a trait à la famille. La famille n'est plus
aujourd'hui le seul lieu de socialisation de l'individu. De plus en plus, on
parte d'éclatement du modèle familial traditionnel. Les familles
monoparentales sont de plus en plus nombreuses. Il est maintenant
fréquent de constater que celui qui prend en charge la vie quotidienne
de l'enfant est le nouveau conjoint du père ou de la mère. J'ai
eu l'occasion d'assister à des rencontres où des gens disaient:
Autrefois, les parents avaient beaucoup d'enfants. Aujourd'hui, les enfants ont
beaucoup de parents. La société a évolué et cette
évolution, il faut en tenir compte, mais aussi, en même temps,
donner à la famille le soutien dont elle a besoin pour fonctionner.
Les vraies valeurs sociales ont changé en même temps
qu'augmentaient toutes les contraintes économiques. De moins en moins de
couples ont vu dans le fait d'avoir des enfants un moyen
d'épanouissement personnel et de plus en plus ont jugé qu'ils
n'avaient pas les moyens économiques de permettre la venue d'un ou de
plusieurs enfants. À cette dégradation de la qualité de
vie des familles québécoises, en raison des coûts
croissants rattachés à l'éducation des enfants, il faut
ajouter le manque de support réel de l'État lorsqu'il s'agit de
compenser ces coûts. Là, on pourrait faire une longue
étude, mais ce ne serait pas difficile de prendre simplement ce que les
gens disent actuellement sur document qui vient en consultation la semaine
prochaine à cette même commission et qui a trait à toute
cette réalité des gens qui bénéficient de l'aide
sociale au Québec. On pourrait parler de l'ensemble du dossier au
fédéral, qui n'a même pas été corrigé
par le budget déposé la semaine dernière, de la
réforme fiscale de M. Wilson sur les conditions réelles des
familles du Québec.
L'ensemble de ces phénomènes explique ta chute
vertigineuse du taux de natalité au Québec qui se situe
présentement au troisième plus bas niveau en Occident. Constatant
la gravité de ces phénomènes qui hypothèquent
lourdement le présent et l'avenir de la société
québécoise, le gouvernement du Québec s'est
inquiété dès 1981 de l'absence d'une politique familiale.
Je pourrais vous faire tout l'historique de ce qui s'est passé dans le
dossier de la politique familiale au Québec, mais je me permettrai d'en
citer quelques bribes seulement.
Le 24 août 1931, on annonce un énoncé de politique
familiale qui sera soumis à une large consultation dans la population.
Le 23 octobre 1981, c'est la publication du livre vert Pour les familles
québécoises. Le 10 juin 1984, il y a création d'un
secrétariat à ta politique familiale et nomination d'un
secrétaire général associé à la politique
familiale. Le 10 juin 1985, iI y a nomination d'un ministre
délégué à la Politique familiale. Le 23 octobre
1985, il y a publication du premier rapport du Comité de la consultation
sur la politique familiale, Le soutien collectif réclamé pour les
familles québécoises. Le 5 décembre 1985, il y a
nomination de Mme Lavoie-Roux ministre responsable de la politique familiale et
responsable du ministère de la Santé et des Services sociaux. Le
29 avril 1986, il y a publication du deuxième rapport de la consultation
sur la politique familiale, Le soutien collectif recommandé pour les
parents québécois. Ce sont les deux volumes qui ont
été publiés à ce moment-là de façon
précise.
Le 4 février 1987, c'est le dépôt d'un
mémoire de la ministre responsable de la politique familiale au
Comité ministériel permanent aux Affaires culturelles et
sociales, qu'on appelle le COMPACS, et, le 17 février 1987, c'est la
poursuite de la réflexion de ce même comité
ministériel. Toujours à la même date, il y a le
dépôt d'un mémoire de la ministre responsable de la
Politique familiale à un comité sélect de
députés du parti ministériel. Les 18 et 19 février
1987, il y a un Conseil des ministres spécial pour déterminer les
priorités législatives des six prochains mois. Finalement, le 5
juin 1987, il y a rencontre entre la ministre responsable de la Politique
familiale et les représentants des organismes familiaux concernant un
projet de politique familiale à être déposé
l'automne prochain et on connaît la suite avec la nomination du ministre
délégué qui est actuellement devant nous et qui a
déposé son énoncé de politique de même qu'un
projet de loi qui est celui dont on fait l'étude actuellement.
Le 24 août 1981, le gouvernement du Parti québécois
annonçait que le Québec sera doté d'un
énoncé de politique familiale qui sera soumis à une large
consultation dans la population. Dans la préface du document de
consultation sur la politique familiale, intitulé Pour les familles
québécoises, le Dr Camille Laurin, alors ministre des Affaires
sociales, écrivait ceci: "... car enfin une politique familiale, qu'il y
ait Inquiétude démographique ou pas, cela est fait pour aider les
parents d'aujourd'hui et tes jeunes parents de demain à assumer la prise
en charge d'enfants, de façon à ce que cette prise en charge ne
soit pas ressentie comme une pénalité sociale. ' Moi qui vous
parle, M. le Président, avec mon épouse, étant
donné le nombre d'enfants que nous avons, on sait ce que cela veut dire
et on ne parle pas
à travers notre chapeau quand on parie de cela, ayant fait partie
de différents groupes, comme couple et famille et autres, dans ma
région. Le Dr Camille Laurin exprimait clairement les
appréhensions des jeunes couples, particulièrement celles des
femmes qui envisagent la venue d'un enfant.
Depuis ce moment, cette politique tente de faire son chemin et nous en
sommes aujourd'hui, après plus de sept ans, à l'étude d'un
projet de loi créant un organisme consultatif. Engagés depuis
1981 dans un processus de consultation, nous, de l'Opposition, nous sommes
convaincus que les organismes familiaux auraient eux aussi souhaité que
le gouvernement libéral annonce des mesures concrètes de services
et de soutien économique aux familles. Le ministre a beau nous rappeler
que cela va venir, cela ne nous convainc pas, surtout quand on considère
qu'au moment où il dépose sa politique telle
qu'énoncée dans le projet de loi 94 - entre-temps, il a
probablement assisté au Conseil des ministres et fort probablement
à d'autres comités - on laisse un ministre sectoriel qui,
normalement, aurait dû écouter ces représentations,
déposer une politique sur l'aide sociale qui vient à l'encontre
des besoins des familles.
Au contraire, après plus de deux ans, le gouvernement
libéral n'a aucun projet concret de soutien à offrir aux familles
québécoises, aucun engagement politique précis et aucun
échéancier de mise en oeuvre d'une politique: pas de moyen, pas
d'objectif et, quant aux mandats, seuls ceux que le ministre voudra bien
donner. Alors que nous attendions le dépôt d'une politique
familiale globale, c'est une structure consultative qui nous est
proposée dans un projet de loi déposé à la fin de
la session parlementaire et sans aucune conviction, comme ce matin, de la part
du ministre délégué à la Famille.
Ce projet de loi ne propose rien de neuf et on est même
porté à dire que le projet de loi, tel que
présenté, est plutôt un danger qu'un avancement. Même
si on pouvait dire que c'est un premier pas dans une bonne direction, c'est un
pas qui est dangereux dans la mesure où, une fois accepté, on
vient leurrer l'ensemble des organismes familiaux, de tous ceux qui ont
travaillé pour une politique familiale, en leur disant que maintenant
ils ont quelqu'un qui va les défendre, alors qu'on sait très bien
que cet organisme ne dépend que du ministre et de la volonté du
ministre.
L'actuel Conseil des affaires sociales et de la famille est
scindé en deux pour en faire deux entités distinctes. Le ministre
aura beau nous dire que, parce qu'il a trois volets, il y a des
possibilités qu'il ne s'occupe pas de la famille, nous disons: Mieux
vaut avoir quelque chose de sûr actuellement que quelque chose qui, au
contraire, risque d'amener des difficultés énormes dans l'avenir.
Il sera toujours difficile de reculer si on s'en va dans cette direction.
C'est avec la même absence de conviction que le ministre
délégué à la Famille, à la Santé et
aux Services sociaux présentait en conférence de presse, le 9
décembre dernier, un énoncé de politique. Tous les
commentateurs et les éditorialistes en ont fait vraiment une
bouchée. Le ministre en faisait pitié, M. le Président.
À cette occasion, le ministre exhortait les ministères sectoriels
et ses collègues à désormais penser et agir famille. Le
lendemain, son collègue, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, déposait une réforme de la
politique de l'aide sociale. Cette réforme, on le sait tous, ne renferme
aucune vision familiale. Il est beau de dire qu'on va demander à ses
collègues de penser famille quand le lendemain même on
présente quelque chose d'essentiel et d'important au Québec
où on ne pense même pas famille.
Les femmes enceintes, les familles monoparentales sont
pénalisées. Les couples qui ont des enfants et qui refusent
d'adhérer à un programme offert verront leurs prestations
coupées de 100 $ par mois. Force est de constater que de telles
pénalités ne constituent certainement pas des incitatifs pour
ceux et celles qui désirent avoir des enfants. M. le Président,
si les gens au pouvoir, de l'autre bord, pouvaient m'écouter un peu,
cela leur permettrait peut-être de changer d'idée, au lieu de
parier entre eux.
Le Président (M. Baril): Justement, je m'étirais le
bras, M. le député.
M. Jolivet: Bon, je vous remercie.
Le Président (M. Baril): S'il vous plaît! Si vous
avez des discours à faire, allez les faire de l'autre bord.
M. Jolivet: Plus que cela, M. le Président
M. Polak: On est en train de regarder l'horaire.
Le Président (M. Baril): Bon, mais parlez plus bas si vous
avez à discuter, s'il vous plaît.
M. Jolivet: Même là, ce n'est peut-être pas le
temps de regarder l'horaire. Il faut plutôt écouter ce que les
gens venant des organismes familiaux et autres ont à dire. C'est vous
qui êtes le gouvernement. Ne prenez pas les dispositions
nécessaires pour leur nuire, au moins.
Le Président (M. Baril): Vous pouvez continuer, M. le
député de Laviofette.
M. Jolivet: Ah! J'ai bien du temps devant moi, vous savez. La
seule chose, c'est que je vais faire tout ce que j'ai à faire comme
travail. Comme député, je veux m'assurer que le document qui est
devant nous soit corrigé essentiellement et même aider le ministre
à avoir quelque chose de plus potable entre les mains que ce qu'il a
là actuellement. SI vous n'avez pas
conscience de cela, moi, j'en ai conscience. J'ai rencontré les
organismes et les individus et je sais de quoi je parte.
En avril dernier, le ministre des Finances procédait au
réaménagement de l'allocation de disponibilité, ce qui,
dans les faits, pénalisait les couples ayant deux enfants, soit 9000
familles québécoises, sous prétexte de vouloir encourager
les familles de trois enfants. Belle initiative! Vouloir protéger les
familles de trois enfants et nuire à celles de un ou deux enfants! Il me
semble que, quand on veut aller jusqu'à trois, il faut commencer par un
et deux. Les gens qui remplissent actuellement leur rapport d'impôt
appellent au bureau et demandent: Qu'est-ce que c'est que cette affaire? Et
c'est vrai ce que je dis là. Le nombre de ces familles est d'environ
9000 au Québec. Voici donc une drôle de façon de penser et
d'agir famille!
De la ministre de la Santé et des Services sociaux, alors
responsable du dossier de la politique familiale, aucune réaction. Par
son silence, la ministre cautionnait les actions de son collègue des
Finances. La réforme fiscale du ministre Wilson est dramatique pour les
familles. Pas un mot de la part du ministre délégué
à la Famille pour dénoncer cette attaque à l'endroit des
familles québécoises. Pas un mot non plus lors du dernier budget
du ministre fédéral.
Quelle crédibilité peut-on accorder à un tel
gouvernement, après tant de promesses faites aux familles
québécoises, un gouvernement qui a eu deux ans pour agir et qui
n'a rien d'autre à proposer qu'une structure consultative? Que penser
d'un gouvernement qui pénalise les familles et décourage les
jeunes couples qui désirent des enfants? Vous serez à même
de constater qu'à ce moment-là nous doutions fortement de fa
volonté politique du gouvernement et craignions que la création
d'un conseil de la famille tel qu'il nous est proposé ne soit qu'une
diversion pour faire taire les organismes familiaux trop pressants. (10 h
30)
Comme j'ai eu l'occasion de le dire - je n'ai jamais craint de dire ce
que j'ai à dire - il y a des organismes plus malcommodes que d'autres,
mais cela prend des actions comme celles-là pour faire avancer les
choses. Quand je dis malcommodes, ils comprennent ce que je veux dire. Ce que
je veux dire, c'est que le ministre peut les considérer malcommodes
parce qu'ils sont plus tannants, parce que ce sont des gens qui revendiquent.
Cela, je dois le dire et je le dis comme je le pense. Je l'ai toujours dit aux
gens chez moi: Si vous voulez que je sois tannant envers les ministres, que ce
soit de mon gouvernement, à l'époque, ou du gouvernement actuel,
demandez-moi des choses et je vais les achaler un peu. C'est comme ça
qu'on obtient des affaires. C'est parfois malheureux.
Je vols le ministre prendre des notes, parce que j'ai dit "malcommode".
S'il pense que ça me cause des difficultés... Vous savez, j'ai
parlé avec les gens Ce que je dis, je le dis comme tel, toujours de
façon amicale, pour leur souligner que, finalement, il y a toujours des
gens qui sont en avance sur d'autres. Quelques-uns sont plus capables de
prendre les choses que d'autres. C'est tout simplement la société
actuelle que l'on connaît et ce n'est pas mauvais que je le dise.
Quant au Conseil de la famille, tel que proposé par le projet de
loi 94, sa fonction principale sera de donner des avis au ministre, de lui
soumettre toute question d'intérêt familial. Il y a lieu de se
demander où était le Parti libéral pendant plus de sept
ans alors que s'est tenue une vaste consultation dans toutes les régions
du Québec et que deux rapports étaient publiés à la
suite de cette consultation.
Le comité de consultation a entendu des centaines de gens et des
groupes qui sont venus parler des problèmes vécus par les
familles. Les problèmes et les enjeux sont connus. Nous ne sommes plus
à l'heure des consultations mais à l'heure des décisions,
de la concertation entre les ministères.
La ministre déléguée à la Condition
féminine, le ministre du Travail, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, la ministre de la Santé et des
Services sociaux, ce sont des ministères dont on parle en termes de
concertation.
À la lecture du projet de loi 94, nous sommes déçus
de constater que le Conseil de la famille, tel que proposé, sera sous la
tutelle d'un ministre responsable. En voici quelques exemples éloquents:
Le conseil ne pourra faire aucune recherche ou étude, sans avoir
consulté le ministre. Le conseil ne pourra rendre publics ses avis
qu'avec l'autorisation du ministre. Voilà, par exemple, la preuve que ta
création du Conseil de la famille est un écran de fumée
utilisé pour dissimuler l'inaction gouvernementale. Pour notre part,
nous voyons le rôle du Conseil de la famille de façon
différente. Le conseil, qui se veut un lieu de réflexion sur
l'avenir, doit être autonome et en mesure de s'exprimer. Il doit
être capable d'alerter l'opinion publique pour dénoncer toute
mesure ou politique gouvernementale qui viendrait brimer l'intérêt
des familles. Il doit être en mesure de faire des pressions
nécessaires pour provoquer les changements. Tel que proposé dans
le projet de loi 94, le Conseil de la famille ne possède pas les
Instruments nécesaires pour jouer efficacement son rôle. C'est
ainsi que nous aurons des remarques à faire valoir sur la composition du
Conseil de la famille, sur l'éventuelle participation des
représentants des organismes familiaux à ce conseil et sur les
fonctions et pouvoirs du conseil, etc. Les organismes familiaux n'ont pas
attendu l'action du gouvernement pour réclamer la mise en place d'une
politique familiale au Québec. Bien avant l'annonce d'une consultation
générale sur la question, les organismes familiaux travaillaient
à en définir les grandes orientations. Au cours des
années, ils ont été à la fois les porte-parole
des
familles québécoises et les protecteurs des
intérêts familiaux à l'intérieur des politiques
gouvernementales susceptibles d'affecter la famille. Les organismes familiaux
ayant été associés de très près aux diverses
consultations depuis 1931, nous comprenons leur déception de ne pouvoir
se faire entendre sur le contenu du projet de loi 94 que nous allons
étudier aujourd'hui.
Je ferai, à la toute fin, deux propositions. Je sais que mon
collègue a certainement des choses à faire, à moins que
les gens d'en face en aient. Je dois dire que j'aurai deux propositions
préliminaires à faire avant l'étude du projet de loi et
j'y reviendrai à ce moment. Nous avons l'intention, aujourd'hui, de
jouer pleinement notre rôle en tant qu'Opposition. Nous espérons
la collaboration du ministre pour le bien-être de la famille au
Québec et nous sommes ici pour essayer de bonifier le projet de loi.
Nous espérons que le ministre acceptera nos propositions quand viendra
le temps. J'aurai d'autres remarques à faire plus tard.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Laviolette. M. le ministre, est-ce que vous avez autre chose à
rajouter à vos remarques préliminaires?
M. Dutil: Non.
Le Président (M. Baril): Merci. Nous sommes à
l'étape de la présentation... Oh, excusez-moi! M. le
député de Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Bouterice: M. le Président, si vous me le permettez,
très brièvement, dans l'espoir que le ministre écoute. De
toute façon, je pense qu'il sait quels sont les organismes familiaux
puisqu'il a sans doute un bottin. Il est donc mesure de voir que plusieurs de
ces organismes se retrouvent dans la circonscription électorale que je
représente, Saint-Jacques, ou, tout au moins, en
périphérie. C'est bien entendu que, sur un projet de loi aussi
important, leur avis, pour moi, était essentiel avant de me
prononcer.
Je peux vous dire - je ne sais pas si vous les avez rencontrés -
que le sentiment partagé par l'ensemble des organismes en est un de
déception. Leur première déception vient du fait qu'ils
ont toujours été intéressés à collaborer
à un comité consultatif. D'ailleurs, c'est dans leurs traditions,
dans leur façon d'agir, comme plusieurs autres groupes au Québec,
et, pour employer une expression bien de chez nous, le monde veulent quand
même pas passer pour des poires". On est toujours prêt à
travailler dans un conseil. Mais, lorsque le conseil se veut un conseil bidon,
de par sa constitution même, je peux vous dire qu'il n'y a pas beaucoup
de motivation pour ces organismes de vouloir joindre leur voix aux autres.
Quand je regarde le projet de loi que vous déposez, notamment
l'article 17, quand je regarde l'article 15. 3e, quand je regarde le
troisième alinéa de l'article 18 - et je pourrais aller un peu
plus loin - je peux vous dire que ces gens se sentent piégés dans
un comité comme celui-là. Au départ, ils auraient
souhaité une action directe, une action tangible, une action palpable,
mais vous arrivez avec ta création d'un conseil. Cette décision
est un peu paradoxale, d'ailleurs. Il me semble qu'il n'y a pas d'unité
de pensée et surtout de langage au sein de votre formation, votre
président du Conseil du trésor ayant claironné sur toutes
les tribunes qu'il fallait abolir tout conseil, régie, organisme, etc.
Voilà maintenant que vous, vous en proposez un nouveau. Cela me rend un
peu perplexe. J'ai l'impression qu'au Conseil des ministres vous n'êtes
pas assis autour d'une table. J'ai l'impression que chacun a sa cellule et que
la seule façon de communiquer, peut-être, c'est de frapper sur les
tuyaux qui relient mutuellement les cellules.
Le conseil que vous proposez, d'ailleurs, est bidon si on compare aux
pouvoirs qui sont dévolus au Conseil supérieur de
l'éducation. On pourrait prendre un autre conseil à titre
d'exemple, fe Conseil de ta tangue française. Mon collègue de
Laviolette a eu raison aussi de dénoncer... C'est vrai que c'est
gênant, par contre, pour la ministre actuelle, irresponsable de la loi
101, d'avoir un Conseil de la langue française qui peut rendre publics,
sur la place, des documents quant à l'application d'une loi qui est la
fibre sensible du Québec. Vous avez peut-être voulu prendre des
précautions qu'elle ne peut pas prendre, puisque la loi est là et
que si elle tentait d'y toucher une levée de boucliers se ferait
rapidement au Québec.
Ceci dit, quand on regarde justement ce que mon collègue de
Laviolette vous disait, à propos de l'inarticulation des discours qui
sont faits, je pense qu'il avait bien raison de dire que, oui, il y a un
discours dit de politique familiale qui est tenu, mais durant ce
temps-là on laisse un ministre, d'ici mars, pénaliser la famille
au même titre que votre collègue se vantait de vouloir
améliorer le sort du milieu de la culture et avait un discours
flamboyant sur le cinéma, mais par contre laissait parallèlement
son collègue, encore ministre des Finances, couper de 50 % les abris
fiscaux dans l'investissement d'une industrie de risque, qui est celle du
cinéma. Donc, il y a une incohérence tout à fait
évidente au sein du Conseil des ministres du gouvernement actuel,
à savoir que cela tire un peu à hue et à dia sur un sujet,
comme dit l'expression populaire. C'est toujours une charrue attelée
à deux boeufs, mais ne tirant pas nécessairement dans le
même sens, l'un essayant de défaire le travail de l'autre.
Les organismes que j'ai consultés, avec qui j'ai parlé,
auraient plutôt souhaité des mesures très concrètes
dont on pourrait voir l'effet immédiatement. Et je pense qu'avec un
minimum
- surtout qu'il y a un travail considérable qui a
été fait depuis sept ans - donc avec un minimum d'idées...
Parce que dans ce pays, je l'ai toujours dit, ce qui nous manque ce sont les
gens avec des idées. Des comptables on en a à ne plus savoir quoi
en faire. Alors, on pourrait toujours s'en servir après pour
comptabiliser les bonnes idées qu'on pourrait avoir. Il y a un travail
qui a déjà été fait depuis sept ans au
Québec. Je pense qu'il aurait pu y avoir une véritable politique
de fa famille que je préférerais voir intitulée
peut-être une politique de la famille et de l'enfance également.
Je pense qu'on pourrait y donner là un sens et une dimension
intéressants. Mais non, on se retrouve avec un projet de loi
créant un conseil. Un projet de loi où, je vous le
répète, le conseil est soumis à une espèce de
tutelle presque dictatoriale du ministre: Vous allez dire ce que je veux, quand
je le veux et, surtout, n'allez pas le répéter, parce que c'est
comme ça qu'on peut décoder les articles qui y sont contenus.
Ce qui est dommage, c'est que ceci aurait pu être
évité si, en premier lieu, vous aviez bien voulu recevoir en
commission parlementaire, puisque ça se fait très facilement, on
l'a fait cet été en habitation, on l'a fait tout récemment
pour la protection des droits de la personne... Cela s'organise rapidement. On
aurait pu facilement organiser une consultation particulière avec les
principaux groupes intéressés par cette question qui vous
auraient fait connaître de vive voix leur opposition au projet de loi. Ne
pouvant pas le faire, puisque vous ne semblez pas vouloir faire cette
consultation populaire, ces gens-là nous ont parlé. Je pense que
ce sera le rôle de mon collègue, le porte-parole dans ce dossier,
le député de Laviolette, comme cela sera le mien et celui de mes
autres collègues, d'être le porte-parole de ces gens à qui
vous refusez une voix. Je dois vous dire que le projet de loi tel que vous nous
ie présentez, pour nous, est acceptable. Au départ, ce n'est pas
celui que nous souhaitions, mais vous en porterez la responsabilité
politique qui s'impose si vous ne le présentez pas. Quant au projet de
loi que nous avons et dont on fait lecture, il y a des choses qui, pour nous,
sont inacceptables et il n'est pas question d'y concourir. Je sais que le
mécanisme du vote majoritaire vous permettra peut-être, à
un moment donné, au cours de cette commission, de vous en sortir, mais
cela ne réussira pas à masquer, même si vous arrivez
à le faire voter, les très graves lacunes et surtout les
distorsions qui peuvent exister à l'intérieur du projet de loi
que vous nous présentez, M. le ministre. Je suis presque obligé
d'emprunter les paroles de la Sagouine, puisque vous avez voulu agir de cette
façon, quand vous auriez pu obtenir la collaboration de l'Opposition
avec le plus grand enthousiasme si vous aviez procédé d'une autre
façon. Je vais vous dire ce que la Sagouine disait, et elle était
quand même aussi une mère: "Si j'voulions la guerre, l'aurions la
guerre". Quant à nous, il n'est pas question de laisser passer aucune
des choses à l'intérieur de ce projet de loi qui ne nous
satisferait pas, M. le ministre.
Le Président (M, Baril): Merci. M. le ministre.
M. Robert Dutil (réplique)
M. Dutil: Merci, M. le Président. Je pense que le
député de Laviolette a bien vu qu'il avait commis un impair en
pariant des organismes malcommodes. J'ai l'impression qu'il a regretté
son mot. Je suis heureux de le constater. Ce ne sont pas des organismes
malcommodes. Ce sont des organismes dynamiques qui ont travaillé
très fort pour l'avancement de la cause des familles dans la province de
Québec, et je pense que c'est tout à leur honneur. Ils ont
travaillé non pas seulement depuis deux ans, mais depuis une quinzaine
d'années. Entre 1975 et 1985, M. ie Président, si on se rappelle
bien, le gouvernement qui était en place et qui aurait pu faire beaucoup
de choses pour la famille n'en a pas fait, n'a rien fait du tout. Je pense
à une mesure particulière qui devrait faire honte à
l'Opposition d'une façon majeure. C'est la récupération
des allocations familiales dans le budget Duhaime; allocations familiales
récupérées après les élections.
Évidemment, on avait reporté cette mesure, pour des raisons
politiques, au mois de janvier 1986. C'était une démonstration
non pas du manque de volonté des membres de l'Opposition - je le leur
accorde; je pense bien qu'ils étaient favorables à faire une
politique familiale - mais du symptôme de l'incurie administrative, dont
avait fait preuve leur gouvernement, de leur manque de ressources
financières et de leur panique en allant chercher cela là
où on en avait le plus besoin, et c'était bien connu, dans les
mains des familles. (10 h 45)
C'est pourquoi je suis un peu ébahi de voir le
député de Saint-Jacques nous parler de l'incohérence du
gouvernement quand on voit ce qui s'est passé, surtout dans les
dernières années du gouvernement du Parti
québécois, en termes d'incohérence. Je pense que, de toute
façon, l'incohérence continue dans l'Opposition et j'ai fait mon
deuil de convaincre l'Opposition d'être cohérente. Je pense que
c'est un mot qui ne fait pas partie de son vocabulaire.
Quant à la généralisation que fait le
député de Saint-Jacques de la volonté supposée du
gouvernement d'abolir les conseils, jamais, au grand jamais, dans la politique
du gouvernement on n'a dit qu'on devait abolir l'ensemble des conseils. Au
contraire, je pense qu'on le fait quand cela est nécessaire et on en
ajoute quand cela est nécessaire de le faire.
Pour ma part, ayant été ministre dans un secteur
économique, j'ai eu à abolir certains organismes qui n'avaient
plus l'utilité qu'ils avaient pu avoir lorsqu'ils avaient
été fondés. Je
pense que c'est normal qu'un gouvernement reconsidère les
organismes qui existent et les modifie ou les abolisse, si nécessaire,
comme il est normal qu'un gouvernement considère la création de
nouveaux organismes lorsque c'est nécessaire. On l'a fait pour la
jeunesse, on le fait actuellement pour la famille et on pense que c'est une
décision qui ne va pas du tout contre notre façon de penser. Au
contraire, notre façon de penser est pragmatique. On voit les nouveaux
défis de la société québécoise pointer
à l'horizon et un de ces défis est, évidemment, la
politique familiale. On prendra non seulement les mesures, mais on
créera les structures qu'il est nécessaire de créer - le
Conseil de la famille en fait partie - pour s'assurer que cette politique de la
famille aille de l'avant le plus rapidement possible, à la satisfaction
de la population du Québec, et en espérant pouvoir régler
les problèmes soulevés, non seulement de qualité... On
parle de la démographie. C'est un problème que l'on n'oublie pas.
C'est un problème soulevé publiquement très souvent par le
premier ministre et qui préoccupe fort le gouvernement.
Pour ma part, M. le Président, je suis prêt à
entreprendre l'étude détaillée du projet de loi.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Baril): Un instant! Est-ce qu'il y a
d'autres députés qui aimeraient faire des remarques
préliminaires?
M. Jolivet: Est-ce que vous parliez de moi à ce
moment-là? Parce que je vous ai dit que j'en avais tout à
l'heure.
Le Président (M. Baril): Non, non, je ne suis pas rendu
aux motions.
M. Jolivet: Ce n'est pas une question de motion.
Le Président (M. Baril): Mais vos remarques...
M. Jolivet: J'ai dit "des préliminaires".
Le Président (M. Baril): Oui, mais dans vos remarques
préliminaires je pense que votre temps est quasiment
écoulé.
M. Jolivet: J'aurais une question à vous poser, M. le
Président. Est-ce que vous êtes capable de m'indiquer que dans les
remarques préliminaires de quelque début de commission
parlementaire je sois limité quant à mon temps?
Le Président (M. Baril): C'est toujours 20 minutes.
M. Jolivet: Non, non, je m'excuse. Je parie de mon droit de
parole pour faire des représentations. J'ai déjà
vécu onze ans ici. Je sais que des fois cela a pris une heure ou une
heure et demie pour le ministre, une heure ou une heure et demie pour le
député de l'Opposition. Je ne parle pas de motion, je parie d'un
droit de parole, de choses préliminaires.
Le Président (M. Baril): Ce que je peux vous dire, M. le
député de Laviolette, sur les remarques
préliminaires...
M. Joly: L'article 209. Cela pourrait peut-être être
vérifié.
Le Président (M. Baril):... c'est que dans ma courte
expérience les remarques préliminaires sont de 20 minutes de
chaque côté.
M. Jolivet: Je ne vous demande pas si vous avez l'habitude de
cela, je vous demande si le règlement...
Le Président (M. Baril): Ce n'est pas une habitude, je
parle de remarques préliminaires. C'est écrit dans le livre et je
marche avec ça, moi.
M. Jolivet: Je voudrais bien m'assurer que l'article... Lisez-moi
l'article.
M. Joly: "Sauf dispositions contraires, un député
peut s'exprimer une seule fois sur une même question. Son temps de parole
est de dix minutes pour une motion de forme et de vingt minutes pour toute
autre affaire. "
M. Jolivet: Ce n'est pas une motion de forme, ce n'est pas une
motion de fond...
M. Joly: "... toute autre affaire. "
M. Jolivet: M. le Président, ce que je vous ai dit, ce
n'est ni une motion de forme... Je ne l'utiliserai même pas. Je veux
Juste m'assurer que si, désormais, à l'avenir, je veux prendre
une demi-heure pour m'exprimer lors des remarques préliminaires, ce
n'est ni une question de fond, ni une question de forme, c'est simplement le
droit que j'ai de camper l'ensemble du sujet. Je pense que rien dans ie
règlement ne m'empêche de parler une heure si je le veux.
M. Joly: Ce n'est pas une motion de forme. M. Jolivet:
Non, non, mais je...
Le Président (M. Baril): Un instant! Un instant!
M. Jolivet: L'article 209 s'applique sur une motion de forme ou
une motion de fond.
M. Joly: Une fois. Une seule fois. C'est noir sur blanc.
M. Jolivet: M. le Président, je vous demande de
vérifier cela parce que je dois vous dire que dans le passé il y
a des fois où le ministre a pris une heure pour présenter son
projet de loi et le député de l'Opposition a pris une heure
aussi. Jamais personne n'a empêché quelqu'un de faire des
remarques préliminaires qui ne sont pas des motions.
M. Joly: M. le Président...
Le Président (M. Baril): Attendez-moi donc, une
seconde!
M. Joly: S'il y avait eu consentement dans le temps, oui...
M. Jolivet: Non, non, il n'y avait pas eu de consentement. Il
n'est pas question de consentement.
Juste pour vous aider, M. le Président, j'étais critique
de l'Opposition en matière d'éducation et je dois vous dire que
le ministre de l'Éducation prenait plus de 20 minutes pour ses remarques
préliminaires et le responsable de l'Opposition également. Rien
dans le règlement ne nous en empêche. Je veux seulement clarifier
cela avant de continuer autre chose.
Le Président (M. Baril): Je suis d'accord. C'est juste une
question de savoir s'il y a consentement à ce sujet.
M. Jolivet: II n'y a pas de consentement...
Le Président (M. Baril): S'il y avait eu consentement pour
que le ministre parie une heure, vous auriez certainement eu une heure pour
parler.
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse. Il n'a jamais
été question de consentement. Même parfois, parce qu'on
connaissait le ministre de l'Éducation, on se demandait entre nous:
Pendant combien de temps vas-tu parler et pendant combien de temps est-ce que
je vais parler? Ce n'est pas une question de consentement. Je n'ai pas besoin
de la permission de personne pour faire mes remarques préliminaires
pendant le temps que je veux, si je le désire. Je ne veux pas en abuser,
mais je veux être sûr qu'on ne viendra pas me restreindre parce que
ce n'est ni une question de fond, ni une question de forme.
M. Joly: M. le Président, c'est clair dans notre
règlement, et l'article 209 le dit: 20 minutes une fois. Je ne sais
pas...
M. Jolivet: M. le Président, l'article 209 s'applique
à des motions.
M. Sirros: M. le Président...
M. Joly: Non, regardez, c'est un autre sujet. Le
Président (M. Baril): M. le député. M. Jolivet:
Attendez un peu. Le Président (M. Baril): M. le
député.
M. Sirros: M. le Président, il me semble que, par la
définition même de remarques préliminaires, c'est quelque
chose qui précède ce pourquoi on est ici. On est ici pour entamer
l'étude article par article du projet de loi. Dès qu'il y a une
motion, s'il faut en faire une motion, ou si le président appelle la
lecture du projet de loi article par article, il ne peut plus y avoir de
remarques préliminaires. Normalement, de la façon que se font les
choses au Parlement, les remarques préliminaires se font au début
par le ministre et par le critique de l'Opposition, une fois; il y a une courte
réplique du ministre, tel qu'il en a été le cas, et les
remarques préliminaires sont finies.
M. Jolivet: Ce pourquoi...
M. Sirros: Après cela on continue. On ne peut pas
continuellement revenir pour faire des remarques préliminaires durant
toute la journée et à n'importe quel moment.
M. Jolivet: M. le Président, je vais clarifier ma
position. Ma position n'est pas d'utiliser en aucune façon... Ce n'est
pas cela. Vous avez dit, et c'est ce pourquoi j'ai sursauté: Votre temps
est écoulé sur les remarques préliminaires.
Le Président (M. Baril): C'est cela.
M. Jolivet: Je vous dis que mon temps n'était pas
écoulé sur les remarques préliminaires. Je peux prendre le
temps que je veux. Je me suis astreint à un temps dévolu, mais je
ne veux pas reprendre les remarques préliminaires. Ce n'est pas du tout
mon but. C'est simplement que vous m'avez dit que mon temps était
presque écoulé. Je vous dis que, dans la mesure où, dans
le passé, le ministre pouvait prendre trois quarts d'heure ou même
une heure s'il le voulait, le député de l'Opposition responsable
du dossier comme critique a aussi normalement un temps équivalent; c'est
donc, M. le Président, sur cela que j'en avais.
Je suis prêt à passer à la deuxième
étape, qui est une question au président de la commission sur un
autre sujet.
M. Joly: M. le Président, écoutez, si on regarde un
peu l'histoire du passé, le 10 juin 1986, une décision qui se lit
comme suit a été rendue: "Lors des débats se rapportant
à une motion préliminaire, les temps de parole sont prévus
à l'article 209. " Je vous demande de référer à
l'article 209, M. le Président, et de
statuer sur cela
Le Président (M. Baril): Je vais prendre une autre
intervention et je vais rendre ma décision.
M. Jolivet: Oui, M le Président. Il vient de dire ce que
je veux exprime. II a dit. Une motion préliminaire. Je n'ai fait aucune
motion jusqu'à maintenant. Je suis à mes remarques
préliminaires et mes remarques préliminaires ne font pas partie
de l'ensemble du temps et il n'y a pas de délimitation quant au temps.
On ne m'empêchera jamais ici de prendre le temps que je veux. Si, tout
à l'heure, quand vous m'avez fait signe qu'il me restait deux minutes,
j'ai accéléré, c'est parce que je ne voulais pas faire le
débat à ce moment-là. Mais je l'ai vu comme il faut. Le
président ma dit que, sur mes remarques préliminaires, qui ne
sont pas une motion. Jamais personne ici ne va empêcher l'Opposition de
prendre le temps qu'elle veut pour bien camper son sujet dans des remarques
préliminaires.
Le règlement est clair. C'est sur des motions Je n'ai jamais
encore fait de motions Je vais en faire, mais je n'en ai pas encore fait.
M. Sirros: M le Président, une petite chose.
M. Jotivet: Donc, s'il vous plaît, M le Président,
ne prenez pas de décision sans avoir consulté Je vous laisse le
temps de te faire J'arrête là mes représentations Ce n'est
pas sur cela que j'en avais.
M. Sirros: Je pense que tout ce débat, M le
Président, n'a aucune incidence pratique sur la question. Le
député lui-même vient de dire qu'il a déjà
pris le temps pour ses remarques préliminaires et qu'il n'en avait pas
d'autres à faire. S'il veut faire un débat théorique sur
la procédure parlementaire, qu'il le fasse à un autre niveau pour
qu'on continue notre travail, M le Président.
M. Jolivet: M le Président, j'ai été
président de l'Assemblée nationale et président de
commission pendant assez d'années pour dire que ce que le
député vient de dire n'est pas correct. Vous n'avez pas. Non,
mais la décision que prendrait le président, si je l'acceptais
comme membre de l'Opposition.
Une voix: II n'y a pas de décision.
M. Jolivet: Oui, il y a une décision qu'il semblait
vouloir prendre. C'est là que j'ai arrêté pour lui demander
de faire attention. Ce qu'il semblait dire, c'est que j'avais juste 20 minutes
pour mes remarques préliminaires. S'il dit cela, cela a des impacts sur
l'avenir; ce sont des décisions qui seront consignées dans le
livre. Ce n'est pas possible. Je m'excuse, M. le Président, ce n'est pas
à lui le droit de parole. C'est une décision que vous aviez
l'intention de prendre et je ne voudrais pas que vous la preniez sans
consulter. C'est cela que |e vous demande.
Le Président (M. Baril): Ce que je veux vous dire, c'est
que j'ai consulté. Lorsque vous faisiez vos remarques
préliminaires, j'ai consulté pour savoir si les 20 minutes
étaient de rigueur et on m'a dit oui. C'est là ou je vous ai fait
signe qu'il vous restait deux minutes à parler.
M. Jolivet: Mais, avant de prendre une décision de vous,
je vous.
Le Président (M. Baril): De vous?
M. Jolivet: Non, non, mais, avant, allez consulter plus loin
parce qu'il y a un problème qui peut surgir à l'avenir. Mais ce
n'est pas de vos affaires à vous. C'est l'affaire du président et
le président est neutre Je voudrais bien que sa décision soit.
D'accord.
Ma deuxième question M le Président, il y a eu une demande
qui a été faite au président de la commission, M
Bélanger Le 22 décembre 1987, une demande.
Le Président (M. Baril): Êtes-vous aux motions
préliminaires?
M. Jolivet: Non Je ne suis pas aux motions préliminaires.
Je suis à une question que je pose au président de ta commission.
Après cela j'irai à ma motion. Le 22 décembre 1987, je lis
la lettre qui a été envoyée par un organisme familial du
Québec Juste une minute.
M. Boulerice: Un organisme de Saint-Jacques, entre
parenthèses, M le ministre.
Le Président (M. Baril): On suspend pour une minute.
M. Jolivet: M le Président, je vais lire la lettre
envoyée le 22 décembre 1987 à M Guy Bélanger,
président de la commission des affaires sociales.
M le Président,
La commission que vous présidez se penchera en janvier prochain
sur le projet de loi 94 créant le Conseil de fa famille. "La
Confédération des organismes familiaux du Québec,
confédération provinciale regroupant plusieurs centaines
d'organismes familiaux et rejoignant annuellement au-delà de 135 000
familles québécoises, vous demande d'acheminer auprès de
vos collègues de la commission notre démarche actuelle. Au nom
des familles québécoises, la COFAQ demande à être
entendue par la commission sur le projet de loi créant le Conseil de la
famille. "La COFAQ et tes organismes familiaux ont porté depuis plus de
seize ans cette revendication d'une politique familiale, notre action au
cours de ces années a largement contribué à la
définition d'un concept de politique familiale, tant auprès des
familles qu'auprès des milieux gouvernementaux concernés. Au
moment où le gouvernement québécois entend créer un
Conseil de la famille, il nous paraît pertinent que la COFAQ puisse
être entendue par les membres de la commission. Déjà, le 16
décembre dernier, la COFAQ réagissait au projet de loi 94 et
demandait, dans une lettre adressée à M. Robert Dutil, ministre
délégué à la Famille, que soient apportés
certains amendements à ce projet de loi. Vous trouverez d'ailleurs
ci-joint copie de cette lettre. "Considérant l'importance d'un Conseil
de la famille dans l'élaboration d'une politique familiale et en se
basant sur l'affirmation contenue dans l'énoncé de politique du
gouvernement québécois à l'effet que la participation des
familles et de leurs représentants au sein des organismes familiaux
était une condition essentielle à la mise en oeuvre d'une
politique qui est précisément destinée à soutenir
les familles, nous demandons donc, M. le Président, que nous soit
accordé le privilège d'être entendus par la commission.
"Espérant une réponse positive à notre présente
requête, nous vous remercions, M. le Président, de l'attention que
vous porterez à la présente et vous prions de recevoir
l'expression de nos sentiments respectueux. "Le conseil d'administration de la
COFAQ, "Michel Morel, secrétaire général".
Ces personnes sont venues me voir. M. Morel est venu me voir et m'a fait
mention de cette demande qui avait été faite, tout comme il m'a
fait mention de la lettre du 16 décembre, dont j'aurai l'occasion de
discuter plus tard, à M. Dutil, ministre délégué
à ta Famille. Il m'a alors demandé comment il se faisait que moi,
à titre de membre de la commission parlementaire, ou plutôt
pourquoi les membres de la commission parlementaire n'avaient pas
été réunis par le président de la commission dans
une réunion normale de la commission - puisque le président est
neutre, si cela est important, II peut réunir la commission des affaires
sociales pour une séance de travail - afin de déterminer si, oui
ou non, nous devions proposer au ministre, comme commission parlementaire la
possibilité de retarder l'étude article par article pour tenir
des auditions.
Je voudrais savoir, M. le Président, et j'aimerais que vous
preniez les renseignements nécessaires, comment il se fait que... Juste
une minute, j'en ai encore besoin. Juste une minute pour dire que la COFAQ
adressait le 4 février dernier une lettre à Mme Denise
Lamontagne, secrétaire de la commission:
Tel qu'entendu lors de notre conversation téléphonique de
ce jour, je vous fais parvenir copie de la lettre que nous adressions à
M. Guy Bélanger, le 22 décembre dernier. "Je joins
également à la présente, copie de la lettre que nous
adressions au ministre délégué à la Famille, M.
Robert Dutil, le 16 décembre, portant sur le projet de loi 94
créant le Conseil de la famille. "Je conclurai, madame, en vous
rappelant que la Confédération des organismes familiaux du
Québec, regroupant plusieurs centaines d'organismes familiaux
répartis sur l'ensemble du territoire québécois, travaille
activement depuis plus de 16 ans à la promotion du concept même de
la politique familiale. À ce titre, la COFAQ est souvent intervenue
auprès du gouvernement québécois pour que le Québec
se dote d'une politique familiale qui réponde aux besoins et aux
aspirations des familles québécoises. Encore aujourd'hui, au
moment même où le gouvernement s'apprête à
créer le Conseil de la famille, la COFAQ entend faire tous les efforts
pour que les modifications souhaitées par ses membres soient connues et
débattues par les parlementaires. "Je vous remercie, madame, de
l'attention que vous portez à ce dossier et vous prie de croire en mes
sentiments les meilleurs. "Michel Morel, secrétaire
général. "
Alors, je me pose la question, M. le Président à savoir
pourquoi, il aura fallu une deuxième intervention, à la suite
d'une rencontre avec moi, auprès de la responsable du secrétariat
des commissions pour que soit connue de tout le monde la demande de la COFAQ.
(11 heures)
Alors, je voudrais savoir pourquoi, M. le Président, le
président que vous remplacez actuellement - prenez les informations qui
s'imposent - n'a pas décidé de faire une réunion -
normalement, cela s'appelle une séance de travail de la commission -
pour faire des recommandations au gouvernement et au ministre. Si on
était considéré comme un conseil de famille, tel qu'on le
voit dans le projet de loi, on n'aurait rien à dire, c'est le ministre
qui déciderait de tout. Mais je n'ai pas l'intention de laisser au
ministre seul le soin de décider si, oui ou non, on doit poser des
gestes ou pas comme commission. Alors, je voudrais que vous preniez le temps
qu'il faut pour aller faire les consultations qui s'imposent et me dire comment
il se fait qu'entre le 22 décembre et aujourd'hui jamais les membres de
la commission n'ont reçu de ta part du président, qui est neutre,
une convocation pour une réunion de travail - ou, du moins, il aurait pu
en parler au vice-président de la commission - afin de savoir ce que
l'on fait et comment on peut, à ce moment-là, déterminer
si nous, nous faisons des recommandations ou pas au gouvernement sur cette
question. J'aimerais avoir votre réponse, M. te Président.
M. Joly: M. le Président, est-ce qu'il y aurait moyen de
faire la suggestion suivante, parce que la question de M. le
député de Laviolette ne devrait pas retarder tes travaux de la
commission? Au retour du président nommé, qui est M.
Bélanger, la question pourrait peut-être lui être
adressée et il pourrait lui-même y
répondre, autrement, ce sera de l'hypothèse.
Je ne pense pas qu'on puisse retarder les travaux de la commission sur
la question qui est posée par M. Jolivet.
M. Jolivet: M. le Président, vous avez le
téléphone près de vous, et il n'y a rien qui vous
empêche de communiquer avec M. Bélanger pour qu'on ait la
réponse. Je vous dis pourquoi il nous faut la réponse, M. le
Président. C'est qu'après avoir obtenu la réponse j'aurai
peut-être à faire des recommandations qui s'imposeront - comme
motion ici - et cela deviendra une motion préliminaire avec les vingt
minutes que j'ai le droit d'avoir et même, dans certains cas, c'est
trente minutes. Alors, je veux...
Le Président (M. Baril): En ce qui me concerne...
M. Jolivet: C'est important, M. le Président. Le
Président (M. Baril): Écoutez un instant.
M. Jolivet: Ce n'est pas de vous que je parle.
Le Président (M. Baril): Ce que je peux vous dire, M. le
député de Laviolette, en ce qui me concerne, je suis
président de séance de la commission et je ne pense pas remplacer
le président de la commission des affaires sociales. Il y a des
décisions à prendre qui sont ses responsabilités. En ce
qui me concerne le 11 février, Mme Lamontagne, avocate, a écrit
à M. Michel Morel; elle lui a dit, concernant le projet de loi 94, Loi
sur le Conseil de la famille: "Monsieur, c'est avec remerciement que j'accuse
réception de votre envoi daté du 4 février 1988
relativement à l'objet mentionné en rubrique. À la demande
du président, M. Guy Bélanger, je soumets le tout aux membres de
ta commission. "Je vous prie d'agréer, monsieur, l'expression de mes
salutations distinguées. Merci beaucoup. "
Alors, si le président n'a pas jugé bon d'entendre, avec
ces consultations de la commission des affaires sociales, les gens de la COFAQ,
moi, ici, je n'ai pas à répondre au nom du président.
M. Jolivet: M. le Président, en aucune façon je
n'ai demandé que le président décide ou pas si la COFAQ
doit être entendue ou pas, ce n'est pas à lui de le
décider, vous avez raison. Ce n'est pas cela du tout que je demande. Ma
question est bien claire: Nous sommes membres d'une commission parlementaire.
Ou bien nous sommes à la merci du gouvernement et là je vais
peut-être réagir autrement; ou bien nous sommes des gens qui
avons, en vertu du règlement de l'Assemblée nationale, la
possibilité de décider de nous-mêmes, sans que le ministre
soit présent, de tenir une réunion, qu'on appelle bien -normale-
ment une séance de travail de la commission et lors de cette
séance de travail de la commission, le président doit nous mettre
au fait des demandes qu'il reçoit. Je vous dis simplement, M. le
Président, que, ce matin, je suis ahuri de savoir que je n'ai en aucune
façon, pas plus que les autres membres de ma formation politique,
reçu de convocation disant: MM. et Mmes les membres de la commission
parlementaire des affaires sociales, nous avons une demande devant nous. Y
a-t-il moyen qu'on se réunisse en séance de travail et
qu'ensemble on détermine si, oui ou non, on fait des propositions? Nous
n'avons pas eu cela. Je suis surpris. Que la responsable des commissions
réponde de la façon polie avec laquelle elle a répondu,
c'est son travail, c'est sa responsabilité. Mais de là à
me dire que c'est parce qu'elle a écrit cette lettre qu'on n'a pas
besoin de se réunir, là, M. le Président, ou bien on est
grand garçon ou grande fille ou bien on ne l'est pas. Nous sommes une
commission autonome; nous avons le droit d'initiative, ce que, malheureusement,
le Conseil de la famille n'aura pas, Nous ne dépendons pas du ministre
et, malheureusement, le Conseil de la famille devra répondre au
ministre. Ce n'est pas cela qu'on demande. Je ne voudrais pas être
traité, mol, ici, comme le ministre veut traiter ie Conseil de la
famille dans sa loi. Je veux être autonome et j'en ai le droit. Je dis
simplement: Comment se fait-il qu'on n'a pas eu une séance de travail?
Si vous venez me dire que c'est parce que le ministre a reçu une lettre
et qu'il a dit: Ne faites pas cela parce que je ne veux pas, là, je vais
sursauter encore davantage, parce que ce n'est pas lui qui va mener ici.
Le Président (M. Baril): Je n'ai jamais dit cela.
M. Jolivet: Ce n'est pas cela que je vous dis. Je vous donne ce
que moi, je peux ressentir, cependant. Je vous dis: Le président est
neutre, il ne dépend pas du ministre et il ne dépend pas de la
formation ministérielle, il dépend de tous et de chacun des
membres de cette commission. Lui, il a le devoir et la responsabilité de
nous convoquer et de nous dire: Écoutez, j'ai eu telle chose. Que
fait-on vis-à-vis de cela? Sommes-nous assez grands pour dire au
ministre: Même si tu ne veux pas comme gouvernement, nous autres, membres
de la commission ministérielle et de l'Opposition, nous voulons les
entendre? Peut-être qu'on aurait eu l'occasion dans une séance de
travail de régler le problème là, au lieu de faire comme
on fait maintenant. Je vous dis que cela n'a pas de bon sens! Écoutez,
allez faire les consultations qui s'imposent! Quand bien même vous me
donnerez le ouï-dire des gens, je ne le veux pas! Ce que je veux, c'est
que vous appeliez le président et que vous disiez: Écoutez!
Comment se fait-Il que vous ne l'ayez pas fait? Peut-être serait-il
encore temps de le faire et d'arrêter ici nos travaux. De midi à
une heure,
on pourrait faire une réunion, une séance de travail, cela
ne me dérange pas. Je suis ici pour la journée. À 10
heures ce soir, je vais être encore ici; demain, je serai ailleurs et,
après-demain, je serai ailleurs, mon travail m'amène ailleurs.
Mais, aujourd'hui, je suis ici; j'ai été convoqué
jusqu'à 10 heures ce soir, je serai ici jusqu'à 10 heures ce soir
et je vais donner mes opinions. S'il faut seulement le temps d'arrêter,
de faire une séance de travail avec vous qui êtes le
président - vous avez le droit de présider parce qu'on vous a
nommé ce matin comme remplaçant - et qu'ensemble on
détermine ce qu'on va demander au premier ministre, pour moi, il n'y a
pas de problème. Si vous ne voulez pas cela, on fera autre chose. Mais
je vous dis que ce serait la normalité des choses, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): En ce qui me concerne, on sera
obligé de faire autre chose parce que, naturellement, je ne remplacerai
pas le président de la commission, cela est officiel.
Deuxièmement, je peux aussi penser que le président, à la
suite de l'article 244 qui dit: "Avant d'entreprendre l'étude
détaillée, la commission peut décider de tenir des
consultations particulières... " il s'agit de préparer des
motions en ce sens-là.
M. Jolivet: Je vais vous en faire une autre avant, parce que
j'aimerais mieux qu'on règle cela autrement, mais, si vous m'amenez
là, je vais le faire. Ma motion serait la suivante: Que nous suspendions
nos travaux immédiatement, que nous nous transformions en séance
de travail et que, dans la séance de travail, nous fassions des
propositions sur la suite de nos travaux en commission parlementaire. Donc, M.
le Président, c'est ma motion. J'ai maintenant le droit d'en faire les
discussions nécessaires.
Le Président (M. Baril): Pardon?
M. Jolivet: Donc, mon temps commence, si je comprends bien.
Le Président (M. Baril): C'est votre motion, vous
avez...
M. Joly: M. le Président. Le Président {M.
Baril): Oui.
M. Joly: Je pense que la motion du député de
Laviolette est irrecevable parce qu'elle va à ['encontre du mandat qu'on
s'est donné.
M. Jotivet: Qu'as-tu dit?
M. Joly: Irrecevable. Elle va à l'encontre du mandat qu'on
s'est donné.
M. Jolivet: Ah! Je m'excuse! Il n'y a pas de question
d'irrecevabilité ici.
M. Joly:... mandat de l'Assemblée.
Le Président (M. Baril): C'est une motion de suspension
que vous faites là.
M. Jolivet: Bien, j'ai le droit!
Le Président (M. Baril): Un instant!
M, Jolivet: Je ne vois pas en quoi ce serait irrecevable en vertu
du règlement, j'ai le droit, comme membre de cette commission, de faire
une proposition pour suspendre les travaux, aller faire une séance de
travail et revenir ensuite-Personne n'empêche cela en vertu du
règlement, voyons doncl Là, vous commencez à charrier!
Le Président (M. Baril): On charriera ensemble, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: On peut suspendre en attendant pour trouver cela.
Le Président (M. Baril): Oui. On va suspendre quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 9)
(Reprise à 11 h 15)
Le Président (M. Baril): La commission reprend ses
travaux. Je crois bien, M. le député de Laviolette, que cela a
été une bonne chose d'arrêter la commission quelques
minutes. On s'est compris un peu mieux de part et d'autre. Est-ce que vous
voulez que je rende un jugement sur votre motion de suspension?
M. Jolivet: M. le Président, je voudrais que la commission
prenne une décision et fasse une recommandation au ministre. Donc, j'ai
fait une proposition de suspension des travaux. Là, je vous indique que,
après cette suspension des travaux, je vais demander tout de suite,
étant donné qu'on est ici, qu'une réunion de travail soit
faite, qu'on discute entre nous et qu'on fasse une proposition au ministre - le
ministre n'est pas présent lors de cette réunion-là - et
nous aurons l'occasion de faire une proposition.
Maintenant, si cette motion que je présente est battue - cela
pourrait arriver qu'elle soit battue - à ce moment-là, je
passerai à un autre préliminaire, qui sera une autre motion, mais
je vous dis que j'en ai une autre.
Le Président (M. Baril): Alors, nous allons les passer une
par une. Je dois me fier à l'article 44 en ce qui concerne les
décisions d'un autre président pour la suspension des travaux.
Une question lui a été posée: Est-il possible de proposer
une motion de suspension des travaux?
La décision est La motion de suspension des travaux est
inexistante dans le règlement. Seul le président peut
décider de suspendre les travaux conformément à I'article
44. L'article 44 dit aussi que "le président peut, à tout moment
suspendre ou lever la séance". Je pense que je l'ai levée pour
vous donner la chance de et aussi en ce qui concerne l'article 144 qui dit que
je peux avoir des modifications à I'horaire. Alors à ce moment-ci
je prends la décision que nous ne suspendrons pas le travail que nous
avons commencé ce matin. Si vous avez d'autres representations à
faire M le député vous pouvez les faire.
Motion proposant d'entendre différents
organismes
M Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Je vais en faire une autre M le Président.
Mais |e vous dis que vous prenez une décision. C'est votre
responsabilité. Je ne la critiquerai pas. Je n'ai pas le droit de la
critiquer. Alors, je vais clore mon débat dessus et j'en penserai ce que
je voudrai, mais je ne le dirai pas publiquement
Deuxième motion, M le Président, cest qu'étant
donné que j'ai eu I'occasion de jaser longuement avec plusieurs
organismes familiaux avec lesquels j'ai eu des consultations depuis ma
nomination comme porte parole de I'Opposition en matière de politique
familiale, que ce soit les gens qui sont en place dans les organismes familiaux
ou ceux qui ont déjà été au poste du ministre
j'aurais une proposition qui a pour but, en vertu du règlement que ta
commission parlementaire des affaires sociales fasse des auditions
particulières en vue d'entendre les organismes qui sont le plus
près possible. Je ne veux pas que tout le monde soit là Donc, ce
qu'on aurait pu faire, cela aurait été, dans cette réunion
de travail que j'avais proposée qu'on s'entende sur une liste
d'organismes et qu'on les convoque.
Un des premiers, je pense, qui normalement devrait être
consulté par le ministre et que la commission devrait entendre, cest
évidemment le Conseil des affaires sociales et de la famille. Un autre
qui pourrait être entendu, c'est la Confédération des
organismes familiaux du Québec, la COFAQ.
Ily a un autre organisme qui représente. Parce que la politique
familiale n'est pas seulement une question de sous, elle est question de
changement de mentalités, elle est une question de soutien à la
famille, qu'elle soit de forme différente de celle quon a connue dans le
passé, donc, une forme familiale qui va aller jusqu'à toucher la
femme au foyer, comme la femme au travail, comme la famille monoparentale,
comme I'infirmière que je connais dans mon coin qui voudrait s'occuper
de sa vieille mère malade, mais qui n'a pas les moyens de le faire,
parce que les lois du Code du travail ne le permettent pas. Ce sont les gens
qui ont besoin de garderies. En fait cest un éventail qui est bien plus
large que simplement la femme elle même cest I'ensemble des besoins au
soutien de famille. Donc le Conseil du statut de la femme aurait pu être
un organisme convoqué ici. Il y a la Fédération des unions
de familles, appelée communément la FUF. Vous avez le Cercle des
fermières du Québec qui même s'il fait partie comme
d'autres du regroupement des interorganismes comme politique familiale a des
idées qui sont différentes.
Ici j'en profite pour dire au ministre que je n'étais aucunement
confondu par le mot que j'avais employé qui était le mot
"malcommode". Je vais continuer à I'employer, M le Président
C'est un mot positif pour moi, parce que j'ai toujours considéré
que les gens qui poussent le plus peuvent être malcommodes pour un
ministre qui les écoute, parce qu'il les trouve "achalants". C'est dans
ce sens-là que je le dis et je vais continuer à te dire, parce
que ce sont des gens qui dérangent et qui font réfléchir
le monde. Cela ne me dérange aucunement de le prendre et de I'utiliser,
et je vais le faire souvent. Vous en avez un autre qui est l'Office de la
famille et vous avez comme possibilité aussi le regroupement
interorganismes de la politique familiale.
Donc, ce sont des organismes M le Président - pour éviter
qu'on passe notre temps à les nommer un par un, parce que je pourrais
faire une motion pour chacun, je la ferai en vrac en disant qu'on pourrait
s'entendre sur d'autres aussi - peut-être ceux qui, de près ou de
loin, ont travaillé à l'ensemble de l'élaboration de la
politique familiale. Ma motion a pour but de leur permettre de faire leurs
représentations auprès de ia commission parlementaire, des
députés de I'autre côté qui sont ici, qui sont venus
et qui viendront, en fait, ceux qui voudront bien écouter ce qu'ils
auront à dire pour prendre une décision, non pas en vertu de
celle que le ministre leur dira de prendre, mats en vertu de leur statut de
députés de l'Assemblée nationale capables de
défendre une position peut-être différente de celle que le
ministre voudrait que les membres ministériels prennent. Dans ce sens,
ce sont des organismes qui peuvent dire au ministre ce que nous aussi devrons
dire, mais je suis assuré que le ministre aura alors une oreille plus
attentive parce que, si ce n'est pas l'Opposition qui le dit, cela doit
être bon. Il me semble qu'on peut les représenter, mais souvent,
on n'est jamais mieux représenté que par soi-même.
Ces organismes pourraient venir dire au ministre que le conseil
consultatif de la famille qui est proposé c'est peut-être un bon
pas dans la bonne direction, mais ce n'est pas le pas suffisant et c'est un pas
dangereux. C'est un pas dangereux parce que ce que propose le ministre, cest un
conseil consultatif complètement vidé à la fois de moyens,
d'objectifs et de mandats. On
ne donne pas à ce conseil tous les moyens qu'il devrait avoir. On
ne donne pas à ce conseil consultatif tous les objectifs; on ne peut
peut-être pas lui donner des objectifs "at large", comme on dit, mais des
objectifs bien précis pour permettre, justement, d'en arriver à
une politique d'ensemble pour la famille au Québec, une politique qui
concerne à la fois la famille, comme le disait mon collègue,
l'enfance, mais aussi l'ensemble de la population.
Sur ce point, je regarde le premier ministre et j'ai l'impression qu'il
a donné le mauvais rôle au ministre délégué
à la Famille et qu'il s'est gardé le beau rôle
auprès de la population. On va parler juste d'immigration, de gens qui
viennent de l'extérieur plutôt que de l'ensemble des besoins d'une
famille au Québec. À ce moment-là, il est peut-être
même question d'un ministère de la famille pour la population.
Dans ce sens-là, on aurait des choses à dire. Proposé
comme cela, les gens vont venir vous dire qu'on ne donne pas les moyens. Si on
a 500 000 $ à octroyer à un organisme qui pourrait être
considéré par certains comme un organisme bidon - je n'aime pas
ce mot, je vais le dire autrement - un organisme qui n'a pas de pouvoir, un
organisme qui ne dépend que du ministre et, dans ce sens, un organisme
qui prend une partie du Conseil des affaires sociales et de la famille - la
partie familiale - pour l'amener sous la responsabilité d'un ministre
délégué à la Famille, non rattachée au
Conseil exécutif, mais dépendant d'un ministre sectoriel, dans un
comité consultatif en bas de l'échelle, entre la ministre de la
Santé et des Services sociaux, le ministre délégué
en dessous, qui dépend d'elle en haut, et l'autre en bas qui se trouve
dans le fin fond, ce qui fait que, finalement, dans un organigramme, il n'a pas
tous les moyens d'agir, si le ministre a 500 000 $ à utiliser,
plutôt que de créer un Conseil de la famille tel que
proposé, il serait mieux de donner cela aux organismes familiaux afin
qu'ils continuent le travail qu'ils font depuis 17, 20 ans.
D'un autre côté, aucun objectif précis n'a à
être donné, aucun mandat d'initiative. Tout à l'heure, on
voulait nous dire que, comme commission, nos mandats d'initiative
dépendent du ministre. Un instant! Je dis que, justement, ce qui est
proposé dans le projet de loi, les gens viendraient nous dire que ce
n'est pas ce qu'ils souhaitent Les mandats qu'ils voudraient voir
changés dans le projet de loi, ce sont des mandats où ils peuvent
même prendre des initiatives, faire de la recherche, où ils ne
sont pas responsables des seuls mandats du ministre; où ils ne sont pas
responsables seulement du fait que le ministre leur dit: C'est cela que vous
allez dire et que, publiquement, ils ne sortent rien des conseils qu'ils vont
donner au ministre et c'est seulement le ministre qui, s'il le désire,
les sortira.
Dans ce sens, je comprends mal qu'on ait procédé ce
matin... Et c'est pourquoi je fais la demande - j'espère qu'elle sera
entendue - que ces organismes soient entendus. Je pense que le ministre aurait
intérêt à les écouter. C'est pour son bien, comme
ministre délégué. Le ministre sourit, mais c'est vrai.
J'ai été et je vous le donne en mille, M. le Président...
Le 10 juillet 19B5, M. Beaumier a été nommé ministre
délégué à la Politique familiale et le ministre
devant moi a été nommé le 20 décembre 1984. Je vous
lis les actes de nomination parus dans la Gazette officielle du
Québec.
M. Beaumier. "Concernant le ministre délégué
à la Politique familiale, il est ordonné sur la proposition du
premier ministre - M. Lévesque - que, conformément à
l'article 9 de la Loi sur l'exécutif, Lois refondues du Québec,
chapitre E-18, le ministre délégué à la Politique
familiale exerce les fonctions suivantes:... * Bon. Vous regardez? Regardez ce
qui est marqué pour le ministre. J'ai dit 1984, je m'excuse, je me suis
trompé, M. Outil a été nommé ministre
délégué au mois d'août 1987. "Il est ordonné
sur la proposition du premier ministre - M. Bourassa -que, conformément
à l'article 9 de la Loi sur l'exécutif, Lois refondues du
Québec, chapitre E-18, le ministre délégué à
la Santé et aux Services sociaux soit responsable, sous la direction de
la ministre de la Santé et des Services sociaux, de la politique
familiale. " Remarquez bien: "sous la direction de la ministre de la
Santé et des Services sociaux. " Un exemple de la nomination du ministre
actuel.
Quand j'ai été nommé ministre
délégué aux Forêts, le 20 décembre 1984...
Regardez bien ce qui est marqué concernant le ministre
délégué aux Forêts: ATTENDU qu'en vertu de l'article
9 de la Loi sur l'exécutif, Lois refondues du Québec, chapitre
E-19, le gouvernement peut confier une partie des fonctions d'un ministre
à un autre ministre; ATTENDU qu'il y a lieu que certaines fonctions du
ministre de l'Énergie et des Ressources soient confiées au
ministre délégué aux Forêts, il est ordonné,
en conséquence, sur la proposition du premier ministre - M.
Lévesque - que le ministre délégué aux Forêts
exerce les fonctions du ministre de l'Énergie et des Ressources à
l'égard des ressources forestières. " C'est bien
différent.
C'est la même chose quand on regarde le ministre
délégué, M. Albert Côté, nommé le 13
décembre 1985. On dit: "Que le ministre délégué aux
Forêts exerce, sous la direction du ministre de l'Énergie et des
Ressources, des fonctions relatives aux ressources forestières. " C'est
bien différent. Vous avez deux façons de penser. Voici deux
ministres aux Forêts et à la Famille, qui, actuellement,
dépendent d'un autre ministre. Autrefois, les ministres
dépendaient directement du Conseil exécutif.
C'est cela que les gens voudraient bien dire au ministre. C'est pour lui
venir en aide. C'est pour lui permettre tout simplement de ne pas être
considéré comme un sous-ministre ou un "vice-sous-ministre" ou un
"vice-ministre", peu
importe le terme employé à l'égard d'une personne
qui dépend d'une autre. L'exemple typique, vous l'avez vécu,
vous. M, le député. Vous êtes membre de la même
commission que moi sur les forêts Vous voyez le ministre venir
déposer sa politique forestière, son projet de loi, et celui qui
fart le discours, c'est le ministre de l'Énergie et des Ressources. Vous
voyez ce que cela a donné: C'est lui qui annonce les bons coups et c'est
l'autre qui fait l'annonce des mauvais coups, ou encore, il mange les
coups.
Je trouve que cela n'a pas de bon sens. Les organismes pourraient venir
dire au ministre: Écoutez, il nous semble que vous faites fausse route.
Nous ne sommes pas en désaccord avec l'énoncé d'une
politique qui, elle, doit normalement nous amener vers des actes concrets, mais
nous ne les voyons pas. Nous voyons dans ce document, le projet de loi 94, un
conseil consultatif qui n'a aucun moyen de fonctionner. Qui ne peut pas
fonctionner par lui-même. Oui dépend du ministre pour faire ses
travaux. Oui ne peut pas prendre d'initiative. Qui ne peut pas faire de la
recherche. Il est obligé de passer par le ministre pour rendre compte
directement à la population des conseils qu'il lui donne. Et,
finalement, il n'a aucun objectif. Il est donc tout à fait normal que
nous profitions, avant d'étudier le projet de loi, des conseils de ces
organismes qui ont travaillé d'arrache-pied pour amener les
gouvernements successifs... Et là, le ministre pourra dire qu'on n'a
rien fait. Cela ne me dérange pas. Il pourra dire ce qu'il veut. Nous ne
sommes plus au pouvoir. C'est lui qui est au pouvoir. Qu'il prenne ses
responsabilités. C'est cela qu'on va critiquer. On ne critiquera pas ce
qu'on a fait. On pourra considérer qu'on a mal fait, quelque fois.
Une voix: Rien, rien.
M. Jolivet: Laissez-moi finir, vous. Vous êtes capable de
parler comme ça, mais laissez-moi parler. Je suis un gars qui est
capable de le dire à ma population. Allez voir!
Une voix: Ah oui!
M. Jolivet: Je suis capable de lui dire qu'on a fait des mauvais
coups et je suis capable de lui dire où on les a faits. Je suis capable
d'accepter des torts. Je dis aux gens une seule chose aujourd'hui: Ce n'est
plus nous qui gouvernons. Il va falloir qu'ils s'aperçoivent que ce
n'est pas nous. Qu'ils arrêtent de nous critiquer.. On a peut-être
pris les mauvaises décisions. Soit, on a été mis dehors.
Cela n'est pas grave. Cela ne me dérange pas. La politique est faite de
ces soubresauts, de temps en temps. C'est normal. Donc, qu'on ne vienne pas me
le dire. Ce n'est pas cela que je veux savoir ce matin. Le ministre a des
responsabilités pour l'avenir. Qu'il laisse le passé de
côté! Qu'il prenne ses décisions basées sur le fait
que le geste qu'il va poser peut-être qu'on va ie lui reprocher dans cinq
ans. (11 h 30)
J'aime mieux le lui dire aujourd'hui. Qu'il change d'opinon, qu'il
change son fusil d'épaule, qu'il apporte les correctifs
nécessaires, et je vais le féliciter. Je vais lui dire: Bravo! Je
vais vous appuyer, en plus. Mais qu'il le fasse. Je ne voudrais pas insulter le
ministre; je sais qu'il aime la responsabilité qu'on lui a
confiée. Je ne voudrais pas qu'il soit la marionnette à la fois
du premier ministre et de la ministre de la Santé et des Services
sociaux. Je ne voudrais pas que le ministre, finalement, se voit
relégué au fin fond d'un organigramme avec son organisme
consultatif et qu'en contrepartie le premier ministre se pavane dans tout le
Québec en disant: Voici, j'ai pris sous ma responsabilité, celle
du Conseil exécutif, toute la question de la population, toute cette
question-là qui ne peut pas être séparée.
Si vous ne le comprenez pas, il serait temps que vous le compreniez.
Toute la question de la population a des effets sur la famille qui est la base
même d'une population. Si on encourageait pas nécessairement par
de l'argent mais par des moyens concrets la famille du Québec, une
augmentation démographique normale, peut-être qu'aujourd'hui on
aurait la possibilité de se le faire dire, de se le faire dire par des
gens qui ont travaillé depuis longtemps au sein de ces
organismes-là. Pour le bien-être de la famille au Québec
et, par le fait même, par le biais de l'ensemble de toutes les
politiques, que ce soit dans le domaine de la santé, de la
sécurité du revenu, que ce soit toute la question des garderies,
des aides apportées dans le cadre des changements au Code du travail...
Permettre à un adulte, comme je le disais tout à l'heure, de
s'occuper de sa vieille mère en difficulté coûterait bien
moins cher à l'ensemble du Québec, si on la garde dans la maison
familiale, que dans un centre d'accueil ou ailleurs. Cela coûterait moins
cher et cela permettrait d'avoir des politiques horizontales, normales au lieu
d'avoir un ministère ou un Conseil consultatif qui va leurrer le monde
et dire: Écoutez, vous avez maintenant quelqu'un qui vous défend.
Pourquoi ne lui a-t-on pas donné des pouvoirs équivalents
à ceux du Conseil du statut de la femme ou du Conseil supérieur
de l'éducation? On aura des représentations à faire dans
ce sens-là.
Avant de prendre position comme membre de l'Opposition, je voudrais
entendre ces organismes dont j'ai fait la liste. M. le Président, c'est
ma recommandation. Ma proposition est faite. Nous demandons une consultation
particulière de ces organismes. Vous voyez la justesse de ma demande de
tout à l'heure. Si on fait cela, il faudra suspendre nos travaux,
convoquer de nouveau la commission parlementaire, demander que ces organismes
soient entendus. On peut s'entendre, le ministre, le représentant de
l'Opposition et, c'est normal, les membres de la commission, pour
déterminer quels
sont ceux, groupes ou individus, pour qui on tient une consultation
particulière. C'est sûr que je suis intéressé
à rencontrer les deux organismes qui sont ici ce matin, la
Confédération des organismes familiaux du Québec et le
Regroupement interorganismes pour une politique familiale. Le regroupement
compte différents organismes. II les représente. II essaie de
faire des consensus entre eux. II y en a - je vais reprendre mon mot - qui sont
plus malcommodes que d'autres. Cela veut simplement dire que ces gens-là
ont des propositions à faire. Je pourrais parler du Cercle des
fermières. II peut y avoir une différence entre cet organisme et
l'Office de la famille ou d'autres organismes, couples et familles par exemple.
En fait, ces gens ont, au sein de leur organisme, des positions
différentes, mais, quand ils font consensus, ils arrivent à
quelque chose de plus général. II me semble qu'on devrait clore
nos débats pour aujourd'hui, ne pas entreprendre
I'étude article par article et faire en sorte que ces gens soient
entendus dans un délai normal même si certains organismes ont
été plus rapides que d'autres.
Écoutez, M le Président, ce sont des
bénévoles et, comme bénévoles, ils n'ont ni le
temps ni l'argent nécessaires pour tout faire. Ils font leur possible et
ils le font bien, à part cela.
II faut les féliciter et les remercier au nom de l'ensemble des
familles au Québec. II faut dire que, dans certains cas, cela prendra
plus que la journée d'aujourd'hui puisqu'ils ne s'attendaient même
pas qu'on les entende, qu'on accepte qu'ils fassent des représentations
qu'on leur pose des questions. Ils ne s'attendaient pas qu'ils puissent faire
des recommandations pour que le projet de loi soit le meilleur possible - pas
simplement des recommandations pour dire que cela a des effets sur la
rémunération des membres des conseils, mais des recommandations
beaucoup plus profondes, dans d'autres domaines - tout en vous disant,
cependant, que cela aussi, c'est essentiel. Un fonctionnaire, un professeur
d'université ou d'ailleurs travaille dans un conseil, cela va. II peut
n'avoir aucune rémunération et personne ne va s'en plaindre, iI
est déjà rémunéré ailleurs. Un père
de famille et une mère de famille, surtout si la famille est
monoparentale, ont besoin d'être appuyés pour assister à
des conseils, sinon il n'y en aura pas. Comment voulez-vous déplacer
quelqu'un qui doit passer deux jours à Québec ou deux jours
à Montréal s'il vient d'ailleurs, au Québec si les seules
choses qu'on lui donne ce sont les frais de déplacement purement et
simplement, si on ne lui donne pas les moyens d'assurer à sa famille un
gardiennage convenable? C'est tout ça qui vaut la peine d'être
entendu, que les gens viennent nous dire qu'ils considèrent que ce peut
être un bon pas d'avoir au moins un conseil consultatif de la famille,
mais un conseil consultatif vidé de l'ensemble des besoins qu'il a pour
agir, là, par exemple, ce n'est pas correct. Un conseil qui n'a pas les
moyens d'agir, qui n'a pas d'objectifs précis et qui n'a pas, non plus,
de mandats d'initiative, de recherche. C'est tout ça, il me semble, M le
Président, que nous sommes à même d'entendre. C'est pour
ça qu'aujourd'hui j'ai voulu faire ces demandes. Le ministre en est bien
conscient et je ne m'en cache pas, nous avons voté pour le projet de loi
Le ministre nous dira. Qu'est-ce que c'est que ce blablabla ce matin? Vous avez
voté pour. Le ministre se souviendra de son discours, au moment de sa
réplique, lors de l'étude du principe du projet de loi. II a dit.
Je ne comprends pas l'Opposition. L'Opposition est pour et elle a parlé
contre. Oui mais il faut que le ministre comprenne que nous ne pouvons pas
être contre quelque chose qui permette d'avancer, un pas essentiel et
important.
Ce contre quoi nous en avons, ce n'est pas le principe de la formation d
un conseil consultatif de la famille, même si on avait voulu que ce soit
plus, c'est ce qu'il contient. II ne contient rien Vide de substance. C'est un
os dont vous avez enlevé la moelle. II craque, ce n'est pas long. Vous
le savez, M. le Président, ce n'est pas long.
Une voix:
M. Jolivet: Non, mais c'est vrai. Vous avez un organisme qui
n'équivaut même pas au Conseil du statut de la femme, qui
n'équivaut pas au Conseil supérieur de l'éducation. Ce que
nous avons devant nous, c'est un organisme qui n'a pas de personnel pour agir,
qui n'a pas l'argent pour agir. On prend la moitié de ce qui est
donné actuellement au Conseil des affaires sociales et de la famille
pour en former un autre, à côté. On va en faire mourir deux
à la place. On va leur enlever les moyens financiers pour fonctionner.
On va leur donner moins de personnel pour s'occuper des affaires. À
côté de ça, quels sont les objectifs? Est-ce de regarder au
Québec l'ensemble des politiques qui aident et soutiennent la famille?
Et, je le répète toujours, quelle que soit ta forme de la
famille.
Le rapport rendu public sur ce point donne les indications
nécessaires à son fonctionnement. Les familles qu'on
connaît aujourd'hui, ce ne sont pas les familles qu'on a connues dans le
passé. Une famille comme la mienne est considérée des fois
comme composée de drôles de personnages dans le contexte actuel,
mais ce n'est pas grave, on est une famille. Cependant, il y a des familles au
Québec qui sont des gens. Par exemple, l'infirmière, dans ma
région, qui est à Montréal et décide d'aller
prendre soin de sa pauvre mère à Sainte-Thècte. Elle est
obligée de quitter son emploi pour venir en aide à sa mère
plutôt que de l'envoyer dans un centre d'accueil où elle ne
voulait pas aller. Elle a donné des soins privilégiés
à sa mère et, parce qu'elle a fait ça, elle a perdu sa
sécurité d'emploi.
Donc, il faut des mesures concrètes au ministère du
Travail pour changer les lois et
modifier toute la question de l'aide sociale au Québec. Vous
I'avez lu, vous aurez l'occasion, dans les trois semaines à venir
d'entendre des organismes vous dire que ça n'a pas de bon sens. Les
organismes qui représentent les familles vous diront que ça n'a
pas de bon sens, la politique présentée par le ministre du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Ça n'a pas de bon sens, M. le Président. Les organismes que j'ai
rencontrés depuis une semaine et demie mont demandé de faire les
représentations qui s imposaient ce matin pour leur permettre
d'être entendus non seulement par le ministre, mais par I'ensemble des
membres de la commission et peut-être, que le ministre le fera. Vous en
êtes conscient vous, M. le député dans votre coin, tout
comme le ministre de l'Éducation.
J'arrivais comme porte-parole de l'Opposition le ministre, M. Ryan, est
supposé être un homme qui connaît tout, qui n'a besoin de
renseignements de personne sauf que le député d'Argenteuil - oui,
c'est vrai - le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur a proposé un projet de loi de quatre articles. Sur le
coup, j'ai regardé ça et j'ai dit. Ce n'est pas pire mais je vais
consulter. J'ai consulté J'ai demandé à la commission
scolaire de votre coin, M. le Président, de me dire ce qu'elle en
pensait Par l'intermédiaire de mon collègue, le
député d'Ungava elle a dit M. le député, on est en
train de se faire spolier. J'ai dit Qu'est-ce que c'est? Elle a dit. Regardez
le projet de loi devant vous, tout I'argent destiné à la
Commission scolaire du Nouveau-Québec et dont nous avions la
responsabilité, on va le reprendre. On l'amene au ministère de
l'Éducation et, nous autres on ne nous donne aucun moyen de fonctionner.
On a des constructions à faire, on a ceci, on a cela.
J'en ai parlé au ministre de I'Éducation, il m'a dit.
Écoutez, je vais regarder cela et il l'a regardé. Non, non, c'est
un exemple, M. le Président pour expliquer pourquoi vous devez les
entendre. Je vais vous dire pourquoi Qu'est-il arrivé? Le ministre de
l'Éducation a dit. Vous avez raison. On va faire une consultation
particulière de cette commission scolaire. L'Opposition a dit. Parfait.
On l'a entendue ici en commission parlementaire. On s'est retrouvé. Le
ministre s'est aperçu qu'il avait effectivement tort, qu'on l'avait mal
conseillé Qu'a-t-il fait? II a demandé à l'Opposition de
l'aider. On l'a aidé. On a dit. Retirez votre projet de loi,
récrivez votre projet de loi. revenez à l'Assemblée
nationale et on va faire une chose, on va faire comme si le premier n'avait
jamais existé et là, on va écrire les écritures
comme on le dit à I'Assemblée nationale. On est revenu comme si
la loi n'avait pas été déposée, comme s'il
s'agissait du dépôt d'une loi réimprimée. Savez-vous
combien il y avait d'articles? Huit, et aucun des quatre
précédents. Finalement, la commission scolaire a reçu son
dû auquel elle avait droit, elle a construit les écoles et
acheté l'équipement dont elle avait besoin
Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire qu aujourd'hui si le
ministre dit qu'il n'est pas question de le changer, la majorité de
votre côté, votant pour lui si elle le désire c'est fini.
Le projet de loi va passer. Mais pour nous, c'est une erreur. Vous avez le
droit de faire des erreurs et on a le droit de les critiquer. Mais, tout
simplement, si le ministre faisait comme le ministre de l'Éducation et
acceptait de le retarder peut-être quon pourrait l'aider davantage et
plus rapidement Le ministre s'attendait peut-être qu'à 22 heures,
ce soir, son projet de loi soit adopté. Moi aussi. Je vais vous dire
que, quand on ma donné cette tâche, je pensais la même
chose. J'avais dit au chef de l'Opposition et député de Joliette
et à la recherchiste 30 articles, ce n'est pas quelque chose de gros on
devrait être capable de les étudier dans une journée,
peut-être même de terminer à 18 heures. Je me suis
aperçu, à la suite de consultations que j'ai faites et de
discussions que j'ai eues, que ce n'était pas ainsi que cela devait
fonctionner et qu'il fallait faire le travail en conséquence. C'est dans
ce sens-là, M. le Président, que je vous dis que nous avons
devant nous un projet de loi qui mérite d'être approfondi. Cela
permettra au ministre de changer son fusil d'épaule, peut-être
même de faire les correctifs importants qui s'imposent. Je n'ai pas le
droit comme député, pas plus que ceux du pouvoir - sauf le
ministre - de proposer des amendements qui auraient pour but d'augmenter le
coût du projet de loi. Les règlements sont bien clairs. Seul le
ministre a le droit de faire des propositions qui ont pour but d'augmenter les
coûts inhérents au projet de loi.
Demain matin, si le ministre nous proposait de demander, ensemble, au
premier ministre de changer son mandat, il est assuré d'avoir notre
appui ie plus total. À la fin du projet de loi. on dira que le projet de
loi est sous la responsabilité du ministre désigné par le
premier ministre et qu'il sera un ministre directement rattaché à
I'Exécutif et non pas un ministre rattaché à un autre
ministre. Si le but est de dire les moyens pour fonctionner seront
augmentés le nombre de personnes requises sera de X personnes pour
permettre au conseil d'agir de son propre chef, de faire les consultations
nécessaires, de tenir les conférences de presse qui s'imposent
pour rendre publics les avis qu'il va donner au ministre, comme on l'a dans
d'autres conseils - c'est pour aider le ministre qu'on fait cela, non pas pour
lui nuire - nous serions prêts, à ce moment-là, à
adopter le projet de loi avec les amendements qui auront été
proposés. Là, nous aurions un conseil consultatif
équivalant, comme certains le demandent, au Conseil du statut de la
femme ou au Conseil supérieur de l'éducation. Ce qu'il est
important de retenir, c'est qu'il faut que ce conseil ait des moyens, des
objectifs - quand je parle de moyens, je parle de toutes sortes de moyens
dont
les moyens financiers - peut-être plus précis et plus
larges, mais qui permettent d'aller dans la bonne direction. (11 h 45)
Finalement, le conseil ne doit pas être mandataire du ministre. Si
le ministre avait voulu faire comme son collègue de la Chasse et de la
Pêche et créer des comités consultatifs, iI avait tout le
loisir de le faire. II ne lui fallait pas un projet de loi. Tout lui permettait
de le faire et personne ne l'en aurait empêché. On en a vu. Le
ministre du Transport, l'OPDQ, en ont fait. En tous les cas, il y en a eu en
masse. Cela ne veut pas dire que cela lui prend un projet de loi.
Ce qu'il doit nous proposer, c'est vraiment quelque chose qui soit
légalement constitué avec tous les moyens appropriés pour
fonctionner en vue du bien-être de l'ensemble des familles au
Québec, dans une optique horizontale de l'ensemble administratif
québécois, suivant un objectif. Chacun de ces organismes sera
sûr, si on ne fait pas tout ce qu'il demande, qu'il sera
écouté, au moins, et que, de temps en temps, une de ses
propositions sera acceptée. Quand on fait des propositions, on ne
s'attend pas qu'elles soient toutes acceptées, mais que, de temps en
temps, il y en ait une qui le soit, que ce soit toujours un pas en avant et non
en arrière. Le danger, ici, c'est de s'asseoir en disant: Maintenant, on
est défendu à Québec par un conseil consultatif pour
finalement s'apercevoir, cinq ou six ans après, que cela a
été un leurre et que le premier ministre s'est gardé le
plus gros morceau du gâteau, la question de la population. Pendant ce
temps, le premier ministre se pavanera dans tout le Québec et le
ministre délégué à la Famille s'apercevra, quelques
années après, qu'il était, lui, le dindon de la farce. Je
ne voudrais pas cela pour lui, pauvre diable! J'aimerais lui permettre autre
chose.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Laviolette. M. le ministre.
M. Robert Dutil
M. Dutil: J'apprécie la gentillesse du
député de Laviolette. C'est bien aimable de sa part. Je remarque
aussi que c'est la première fois qu'un député de
l'Opposition reconnaît que l'ancien gouvernement a fait des mauvais
coups. Cela mérite d'être souligné, M. le Président.
Enfin, on reconnaît qu'on se retrouve dans l'Opposition à la suite
de mauvais coups, de l'incohérence de l'ancien gouvernement et de sa
mauvaise administration!
Une voix:...
M. Dutil: Après avoir écouté l'Opposition
avec tout le calme et tout le silence requis, je demanderais, M. le
Président, d'obtenir la même chose de sa part. Si vous le
permettez, je vais continuer avec d'autres remarques. Une chose qui est
absolument incompréhensible pour les gens de l'Opposition - je ne veux
pas les en convaincre mais on se doit de la soulever - c'est la concertation
qui existe, chez nous, entre les ministres. Pour le Parti
québécois, l'organigramme a toujours été beaucoup
plus important que la réalité, les gestes et les actions.
L'organigramme! Savoir où tel ministre est exactement placé par
rapport à tel autre ministre, les relations de pouvoirs, etc..
D'ailleurs, c'est ce qui a fini par faire éclater ce gouvernement
à l'époque, les chicanes de pouvoirs entre ministres qui
voulaient, pour un, plus de prestige, pour l'autre, plus de pouvoirs, et ainsi
de suite.
Cela a été vraiment déplorable de le constater. Je
peux vous dire qu'avec notre gouvernement la concertation entre ministres, le
travail entre ministres, les discussions entre ministres se font non pas pour
établir quel est le pouvoir de l'un par rapport à l'autre, mais
bien pour établir de quelle façon on peut rendre le meilleur
service a la population. Le spectacle donné par le Parti
québécois à la fin de son mandat alors que les chicanes
ont pris le dessus sur le bien de la population, c'était quelque chose
de déplorable à voir. Je peux vous assurer, M. le
Président, que, ce genre de chicane, c'est une chose qu'on ne verra pas
dans le Parti libéral. Nous sommes un gouvernement responsable. Nous
sommes un gouvernement qui place au-dessus de tous nos litiges, de nos
personnalités le bien de la population et la population le
reconnaît jusqu'à maintenant.
On parle de retarder encore le projet. Avant Noël, j'avais
reçu un télégramme de l'un des deux organismes
mentionnés par le député de Laviolette, le Regroupement
interorganismes pour la politique familiale. Cet organisme nous avait
demandé de faire tout ce qui était en notre pouvoir pour faire
adopter le projet de loi avant Noël. L'Opposition s'y opposait. Nous
n'avons pas insisté. Nous avons dit que nous reprendrions les travaux
après Noël, que cela permettrait d'en faire une étude
détaillée en commission parlementaire. Toutefois, je tiens
à rappeler que, pour les organismes qui ont participé à la
vaste consultation menée dans tout le Québec pendant plusieurs
mois, cette consultation est faite.
M. le Président, deux organismes qui sont des regroupements
d'autres organismes intéressés par la politique familiale, ont
demandé à être entendus, ce matin. Ces deux organismes ont
été mentionnés par le député de Laviolette.
Il s'agit de la COFAQ. Il s'agit du mouvement interorganismes. Ce sont les deux
organismes qui ont demandé à être entendus ce matin.
Si le député de Laviolette limitait sa demande à
entendre ces deux organismes, on pourrait rapidement être d'accord pour
les entendre pendant un certain temps. Mais, je tiens à le
répéter, la consultation a été largement faite dans
toute la province. Nous connaissons exactement les arguments pour ou contre la
politique familiale, non seulement la politique
familiale, mais, également, les structures de la politique
familiale. Ce sont des choses qui leur ont été
présentées. Je ne dis pas que tout le monde est d'accord, qu'on
voit les choses de la même façon, mais je dis que ce sont des
choses qui nous sont connues. Donc, si le député de Laviolette
acceptait de modifier sa proposition et d'entendre les deux organismes qui ont
demandé à être entendus - non pas ceux qui ne l'ont pas
demandé - pour ma part, je me ferais un devoir de suggérer
à la commission d'accepter. Merci.
Le Président (M. Baril): À la suite des remarques
du ministre, est-ce que M. le député de Laviolette et les autres
membres de la commission sont d'accord pour que nous entendions les deux
groupes qui ont demandé à être entendus? M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Écoutez, je n'ajouterai pas de commentaires
aux propos partisans du ministre. Je l'inviterais, peut-être, à
plus de retenue. En politique, c'est toujours dangereux de cracher en
l'air.
Le Président (M. Baril): Seulement pour qu'on se
comprenne, M. le député de Saint-Jacques. La motion a
été présentée durant 30 minutes et je veux qu'on
comprenne bien que chaque député a 10 minutes.
M. André Boulerice
M. Boulerice: J'aurai le temps, M. le Président..
Le Président (M. Baril): Excusez-moi, c'est à vous
la parole.
M. Boulerice:... d'exprimer mon... Mon collègue aborde la
discussion face à la partie gouvernementale avec l'esprit qui doit
véritablement régner dans un Parlement: tâcher
d'être, pour le bien-être de la population, le plus souvent
consensuel et non se limiter à n'être que conflictuel.
Mon collègue, le député de Laviolette, porte-parole
de l'Opposition en matière de politique familiale, a
présenté une liste d'organismes qui, au Québec, oeuvrent
depuis des années et font une réflexion sur le sujet qui nous
préoccupe depuis tout autant d'années: l'Office de ta famille, le
Cercle des fermières du Québec qui a une implication sociale
beaucoup plus grande que l'appellation "fermières" pourrait le laisser
sous-entendre à des profanes, la Fédération des unions de
familles, le Conseil du statut de la femme. Est-ce que vous imaginez une
politique de la famille d'où la femme serait absente? Moi, M. le
Président, je ne peux pas l'envisager, cela ne tiendrait pas. Le Conseil
des affaires sociales et de la famille, comme tel, pourrait intervenir
puisqu'il va être le premier visé en étant
séparé pour devenir deux entités distinctes.
Les organismes cités par mon collègue, le
député de Laviolette - c'est dommage que le ministre ne soit pas
là pour l'entendre - ne sont pas, comme je le dis souvent, dans une
phrase qui est courante chez nous, des deux de pique. Ce sont des gens qui ont
dépensé des énergies depuis de nombreuses années.
Il y en a un en particulier qui oeuvre depuis seize ans. Je me dis que, quand
tu es là depuis seize ans. il me semble que c'est parce que tu es bon.
Ce sont des gens qui ont développé une expertise, des gens qui
ont pratiqué une politique de concertation avec plusieurs autres
intervenants. Je n'ai qu'à regarder, dans le cas du Regroupement
interorganismes pour une politique familiale, tous les mouvements qui s'y
retrouvent: le Service d'orientation des foyers, la Table provinciale de
pastorale familiale, la Fédération des familles d'accueil du
Québec, la Fédération des familles monoparentales du
Québec - Dieu seul sait qu'à cette seule appellation le
député de Saint-Jacques vibre parce que c'est une
réalité évidente dans sa circonscription, autant dans la
partie nord du Plateau-Mont-Royal que dans la partie en bas de Sherbrooke
appelée communément le centre-sud où le nombre de familles
monoparentales est sans doute un des plus élevés au Québec
- la Corporation professionnelle des travailleurs sociaux, la
Confédération des organismes familiaux, enfin, plusieurs
organismes qui ne sont pas des deux de pique, et qui mériteraient
d'être entendus. Je ne réussis pas à comprendre quelle est
la mécanique du ministre, sa mécanique de pensée ou le
machiavélisme, peut-être, de sa stratégie. Pourquoi ne pas
avoir, spontanément, invité ces organismes à venir en
commission parlementaire pour être dans une situation où il offre
plutôt que dans une situation où uniquement l'Opposition
réclame? On lui en aurait donné tout le crédit et le
mérite. Je pense qu'on n'a jamais été mesquin à ce
plan-là; je pourrais vous donner l'exemple d'une autre commission que
vous connaissez bien, M. le Président, mais ce n'est pas l'objet de
notre préoccupation aujourd'hui. Il aurait pu le faire. Ce que je lui
dis, je présume que le ministre a une certaine culture, qu'il
fréquente le milieu, alors, il pourrait peut-être lire Talleyrand
qui dit très bien: "II vaut mieux se rétracter et s'en attribuer
tout le mérite que de persister et être vaincu. " La sagesse d'un
homme qui a passé à travers six régimes, je pense que cela
devrait peut-être l'inspirer. Le ministre devrait, spontanément,
M. le Président, faire appel à tous les organismes qui sont
là. On a le temps et les moyens de planifier cela, il pourra compter sur
notre collaboration habituelle et on entendra leur voix. Je pense que le
ministre pourra y puiser des choses qui nous feront, en fin de compte,
dès le tout début de la session, adopter le projet de loi en
troisième lecture, un projet de loi qui satisfera tout le monde,
où tous les gens vont se retrouver puisqu'ils auront participé
avec nous à la rédac-
tion de ce projet de toi ce qui est un avantage drôlement
intéressant. Il va aussi vous permettre des assises beaucoup plus
grandes et il va vous aider au Conseil des ministres et dans les dialogues avec
vos collègues du cabinet. Vous ne me prendrez quand même pas pour
un enfant d'école, que ce soit le Parti québécois ou le
Parti libéral, comme disait mon père. Tant qu'il y a de l'homme
il y a de I'hommerie. Vous ne me ferez quand même pas accroire que chez
vous il n'y en a pas qui aimeraient tirer la couverte à un moment
donné de leur côté. Que vous me fassiez croire que vous
vivez dans la plus grande convivialité autour du Conseil des ministres
je trouve que c'est un peu gros comme affirmation. J'appuierai la motion qua
faite mon collègue, le député de Laviolette, de recevoir
les organismes qui sont énumérés dans sa proposition.
Le Président (M. Baril): Je vous remercie. M le
député de Saint Jacques. À ce stade-ci, je.
M Jolivet: Une question a été posée, M le
Président. Puis-je y répondre?
Le Président (M. Baril): J'imagine que oui.
M. Jolivet: Simplement. À moins que d'autres personnes de
I'autre côté n'aient des choses à dire.
Le Président (M Baril): Non. Vos propres remarques sont
terminées, mais je peux vous permettre une question.
M. Jolivet: En fait c'est parce que le ministre ma posé
une question. Je vais simplement lui dire que je ne comprends pas comme mon
collègue l'a dit, quelle est la mécanique qui amène le
ministre à dire. II y a deux organismes ici présents, nous allons
les entendre et, par le fait même on n'entendra pas les autres ou du
moins, qu'on ne s'entende pas pour les convoquer et faire en sorte qu'on puisse
les entendre. Je serais malvenu actuellement de retirer ma proposition et de
l'amender, comme le ministre le demande. D'un autre côté, il me
semble qu'il n'est pas normal non plus de ne pas accepter au moins une partie
de ma proposition soit d'entendre les organismes qui sont présents.
À ce moment-là, ce que je suggère, c'est que le
gouvernement batte ma proposition, qu'il fasse la motion d'entendre les deux
organismes ici présents, si le gouvernement le désire et il
prendra la responsabilité des résultats des autres, je ne veux
pas l'avoir.
Deuxièmement, cela permettra à ce moment-là de les
entendre en vertu de notre règlement qui prescrit normalement une heure
par organisme, 20 minutes de présentation et 20 minutes de part et
d'autre. Je ne veux pas dire qu'on les utilise tout le temps, mais, si on veut
les prendre, on a au moins le pouvoir de le faire. Cest au moins bien clair que
c'est une heure par organisme
Je rappellerai au ministre une phrase de son collègue, le
ministre de l'Éducation qui a toujours dit terreur, ce n'est pas de
commettre une erreur, c'est de la perpétuer. Je demanderais au ministre
de ne pas commettre une erreur et surtout de ne pas la perpétuer
à I'avenir et que en conséquence on puisse entendre les
organismes que j'ai demandés. Ma proposition reste la même une
fois qu'elle aura été battue, parce que j'ai l'impression que mes
collègues de l'autre côté vont le faire pour appuyer leur
ministre si les membres du gouvernement ou le ministre ont une autre
proposition, on I'entendra à bon escient.
Le Président (M Baril): M le ministre. (12 heures)
M. Dutil: Je pense quon devrait procéder par amendement
à la proposition du député de Laviolette plutôt que
par une autre proposition. On n'aurait pas à battre celle ci. Quoi qu'il
en soit, M le Président, je vous laisse le soin de la procédure
Je suis toutefois, heureux de voir que le député fait ses
citations de façon correcte mais je voudrais reprendre un peu le
député de Saint-Jacques qui parlait de son père qui disait
Partout ou il y a de l'homme il y a de I'hommerie. Cest Montaigne qui disait
cela. Je pense qu'il faudrait corriger.
M. Jolivet: Son père parlait de cela.
M. Dutil: Oui mais son père citait Montaigne c'est
important de le préciser, il ne faudrait pas plagier des auteurs Citer
la source, je pense que c'est bien important.
M. Boulerice: Écoutez, je consulterai le Petit Robert, la
prochaine fois.
M. Jolivet: Une chose est certaine, c'est que le ministre montre
qu'il a de la culture, aidé par d'autres.
Le Président (M. Baril): Je crois que le plus simple
serait de voter Est-ce qu'on accepte la motion telle que
présentée par le député de Laviolette?
M. Jolivet: Pour, M le Président
Le Président (M. Baril): Ceux qui sont contre?
M. Jolivet: Est-ce que je dois la répéter? D'une
façon ou d'une autre, vous savez que c'est par appel nominal Je
comprends que vous n'avez même pas besoin de demander le vote par appel
nominal, c'est pour de notre côté et contre de l'autre.
Le Président (M. Baril): La motion est
rejetée. Nous avons une nouvelle proposition, si je comprends
bien, pour entendre la COFAQ et le regroupement? M. le ministre.
Motion proposant d'entendre les deux organismes
présents
M. Robert Dutil
M. Dutil: Moi, je proposerais d'entendre les deux organismes Ici
présents qui avaient demandé à être entendus. Le
député disait: Sous quel prétexte? C'est qu'ils ont
demandé à être entendus, ce n'est pas seulement parce
qu'ils sont présents ici. Nous les entendrons pendant une période
d'une demi-heure chacun.
Le Président (M. Baril): Est-ce que des
députés auraient des remarques?
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, il est évident que je
ne prendrai pas tout le temps qui m'est dévolu. Je vous dis simplement
que je ne comprends toujours pas la mécanique. Le ministre dit que c'est
sous prétexte qu'ils l'ont demandé. Je sais que, si d'autres
organismes avaient su que le ministre accepterait de les entendre, ils auraient
été intéressés à faire valoir leur point de
vue. J'en suis sûr, j'ai parlé avec eux. Je dois vous dire que je
ne prendrai pas la responsabilité de dire au ministre que je ne suis pas
d'accord au moins pour les deux organismes ici présents, mais je dirai
aux organismes qui auraient aimé être entendus que le ministre a
pris la décision et que je n'ai pas empêché les deux
organismes présents d'être entendus parce que cela fait partie de
ma proposition. Le ministre a fait une recommandation d'une demi-heure; je dois
vous ramener à ce que j'ai proposé au départ. Ce n'est pas
le ministre qui va dicter le temps à l'ensemble de la commission. Cela
aurait été, normalement, l'objet de la réunion que nous
aurions dû tenir à cet effet et tous les membres du gouvernement
qui sont en face de moi devraient le dire que c'est à nous de
décider. Normalement, le règlement nous dit une heure, vingt
minutes pour entendre les groupes et vingt minutes de chaque côté.
On veut limiter à la fois les organismes et les membres de l'Opposition
dans les questions qu'ils ont à poser.
C'est évident que, si on prend 45 minutes, on prendra 45 minutes,
mais je ne comprends pas pourquoi le ministre, en plus, voudrait nous
empêcher de les entendre dans le temps voulu par le règlement.
Toutes les consultations particulières ou toutes les ententes que nous
avons disent que c'est une heure. Dans ce sens, je n'ai pas à me faire
dicter par le ministre le temps que nous avons en vertu du règlement. Je
ne comprends pas pourquoi le ministre ne veut rien entendre. Si cela prend une
demi-heure, cela prendra une demi-heure, si cela prend trois quarts d'heure,
cela prendra trois quarts d'heure, mais, au moins, on a une heure. J'ai
siégé trois semaines à la commission sur la santé
mentale à raison de trois jours par semaine, de 10 heures le matin
à 11 heures le soir et même à minuit, et même on a
raccourci le temps dans certains cas. Je ne suis pas pour commencer à
accepter ici des amendements qui auront des effets sur d'autres commissions
parlementaires, Jamais de la vie, et ce n'est pas le ministre qui va me dicter
quoi faire aujourd'hui. C'est une heure et j'espère qu'on va nous
accorder cela, M. le Président.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je pense que c'est important de
préciser ceci. La raison pour laquelle j'aurais souhaité que cela
se déroule en une demi-heure, si les organismes sont d'accord - s'ils
veulent une heure, je n'ai aucune objection, je tiens à le
préciser tout de suite - c'est que, depuis deux heures que nous
discutons, nous avons déjà pris beaucoup de temps qui aurait pu,
justement, être beaucoup mieux approprié aux organismes qui sont
ici qui voudraient bien pouvoir enfin parler et qui nous regardent fonctionner.
Je ne suis pas sûr qu'ils trouvent que la hauteur de nos débats
est bien digne de cette commission actuellement. Pour ma part, je mentionne que
j'ai précisé une demi-heure parce que je pensais que cela
convenait aux organismes, mais si on les laisse s'exprimer et qu'ils disent
qu'ils veulent une heure, je n'ai pas d'objection.
M. Jolivet: M. le Président, je dois dire que, si le
ministre avait proposé, avant même qu'on le fasse, qu'on entende
en auditions particulières les organismes que j'ai mentionnés,
peut-être qu'on n'aurait pas eu besoin des discussions qu'on a eues
jusqu'à maintenant. Si nos discussions ont eu pour effet d'amener au
moins deux organismes - mais ce n'est pas suffisant quant à moi -
à faire leurs représentations, au moins ce sera fait. Mais je
voudrais que le ministre soit conscient que, lorsque les autres organismes me
demanderont à moi, comme membre de l'Opposition, pourquoi c'est cela, je
dirai que c'est le gouvernement qui l'a décidé. Il vivra avec ses
responsabilités et ses décisions.
Le Président (M. Baril): Merci. Nous avons une proposition
sur la table à savoir d'écouter les deux organismes ici en place,
une demi-heure chacun.
Une voix: Une heure.
Le Président (M. Baril): Il y a une proposition d'une
demi-heure qui a été faite par le ministre. On pourrait
peut-être commencer par la COFAQ...
M. Jolivet: M. le Président, M. le Président...
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Jolivet: Oui, mais...
Le Président (M. Baril): Un instant!
M. Jolivet:... je veux juste savoir...
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Jolivet: Question de règlement.
Le Président (M. Baril): Bien, faites-la, votre question
de règlement,
M. Jolivet: Je vais vous en faire une question de
règlement.
Le Président (M. Baril): Dites-moi le numéro.
M. Jolivet: Je veux savoir...
Le Président (M. Baril): Sur quel article du
règlement voulez-vous me poser une question?
M. Jolivet: M. le Président, je veux poser une question,
à vous.
Le Président (M. Baril): Dites-moi votre numéro!
Correct?
M. Jolivet: Choquez-vous pas!
Le Président (M. Baril): Non, mais ne jouez pas sur les
termes.
M. Jolivet: Écoutez, M. le Président, je veux
savoir, en vertu du règlement, si c'est une heure ou une demi-heure. Je
veux savoir cela.
Le Président (M. Baril): Je pense que vous allez me
laisser la latitude de discuter avec nos invités et on décidera
à partir de là.
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président. Un instant!
Quand je vous ai dit qu'on avait besoin d'une réunion de la commission,
c'était pour déterminer ces choses-là.
Le Président (M. Baril): C'est réglé. Ne
revenons pas en arrière. Un instant, s'il vous plaît!
M. Jolivet: Non, mais j'essaie...
Le Président (M. Baril): Si vous voulez jouer avec
moi...
M. Jolivet: Je ne veux pas jouer avec vous.
Le Président (M. Baril): Un instant! Je dos cette
discussion-là. J'invite nos invités à se présenter
à la table.
M. Jolivet: Qui va décider?
Le Président (M. Baril): C'est moi, le président,
qui décide.
M. Jolivet: M. le Président, Je m'excuse. Le
Président (M. Baril): S'il vous plaît!
M. Jolivet: Si vous voulez que je me lève de ma place,
vous allez au moins me laisser la chance de m'exprimer, M. le Président.
Si vous voulez jouer de même, vous allez jouer avec moi.
Le Président (M. Baril): Non, mais vous avez
commencé depuis le matin.
M. Polak: Quand vous étiez président on vous
respectait aussi.
M. Jolivet: Je le respecte. Je pose des questions Je veux savoir.
Écoutez je comprends que vous n'avez pas le droit d'impliquer les
organismes dans la décision que nous avons à prendre comme
membres de la commission. S'il vous plaît! Ce n'est pas bien, cela.
Le Président (M. Baril): Bon, nous allons la prendre, la
décision. Nous allons passer au vote. Aujourd'hui, tout de suite, est-ce
que nous recevons nos invités pour une demi-heure ou une heure?
M. Jolivet: M. le Président, je veux écouter ce
que... Ce n'est pas de même que ça marche. Cela n'a pas de bon
sens. Écoutez, cela n'a pas de bon sens. Quand on détermine les
organismes qu'on reçoit - s'il vous plaît, n'agissez pas comme
cela, cela devient de la dictature - nous sommes en commission de travail
normalement pour le décider. Des fois, on met une heure et demie. Des
fois on met une heure. Mais jamais une demi-heure dans ce sens-là. Ce
n'est pas ainsi que cela se décide. Ce n'est pas sur la proposition du
ministre qu'on va décider. Voyons donc! On ne mettra pas les organismes
dans l'obligation de décider pour nous. C'est une heure.
Une voix: Pas nécessairement.
M. Dutil: M. le Président, je suis d'accord pour modifier
ma proposition pour éviter un débat inutile. Je propose qu'on
entende les organismes jusqu'à un maximum d'une heure s'ils le jugent
à propos. Si c'est plus court, comme je le pense que ce sera le cas,
bien, tant mieux pour la commission. On évitera ainsi un
débat
tout à fait inutile.
M. Jolivet: Parfait.
Le Président (M. Baril): Alors, j'inviterais le premier
groupe, s'il vous plaît, la COFAQ, peut-être. N'importe qui, cela
n'a pas d'importance.
On vous souhaite la bienvenue, monsieur. Je trouve cela malheureux qu'on
soit obligé d'agir de la sorte dans une commission, mais on doit subir
les tempéraments de tout le monde ici.
Alors, pour débuter, s'il vous plaît...
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Jolivet: M. le Président... Une voix: Quel article?
M. Sirros: C'était une déclaration très
factuelle, M. le Président.
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse! J'ai un travail
à faire. Je ne me ferai pas accuser, s'il vous plaît...
Le Président (M. Baril): Faites-le, votre travail!
M. Jolivet: M. le Président, s'il vous plaît, vous
n'avez pas le droit. Comme président, vous êtes neutre.
Le Président {M. Baril): Je suis neutre.
M. Jolivet: Étant neutre, vous n'avez pas à
déterminer mes sautes d'humeur. Je suis capable de le faire
moi-même!
Le Président (M. Baril): On le sait. On vous endure depuis
ce matin.
M. Jolivet: Non, mais là, cela n'a pas de bon sensl
Une voix: C'est celui qui se sent visé qui se
lève.
M. Jolivet: Oui, je suis levé! Jamais je n'accepterai que
le président me traite ainsi! Jamais! Jamais, M. le Président!
Jamais! Écoutez, cela n'a pas de bon sens, M. le ministre, que le
président traite les membres de l'Opposition de cette façon. Cela
n'a pas de bon sens! J'ai le droit de représenter la partie de la
population qui n'est pas d'accord avec vous. Mais jamais un président ne
va me traiter ainsi! Jamais! Jamais!
M. Polak: Gardons la paix!
M. Jolivet: Vous ne parlez pas. Vous écoutez. Laissez-moi
tranquille! Non, M. le Président, je n'accepterai pas d'être
traité ainsi.
Le Président (M. Baril): Alors, monsieur, est-ce que vous
voulez...
M. Jolivet: M. le Président, vous allez retirer ce que
vous avez dit contre moi, sinon, je porterai plainte.
Le Président (M. Baril): Vous porterez plainte, en ce qui
me concerne.
M. Jolivet: Je porterai plainte, M. le Président. Cela n'a
pas de bon sens.
Le Président (M. Baril): J'ai parlé à
l'ensemble des députés.
M. Jolivet: Nous ne sommes pas ici dans l'obligation d'entendre
le président nous insulter.
M. Polak: Vous parlez fort.
M. Jolivet: Oui, je vais parier fort. Si vous étiez
insulté, comment le diriez-vous? Comme président, il m'a
insulté. À l'Assemblée nationale quand un
député nous insulte, on demande des rétractations.
À plus forte raison quand c'est le président, qui est neutre, qui
normalement n'a pas le droit de nous traiter comme il l'a fait.
M. Polak: Là, vous lui avez déjà payé
la traite. C'est réglé.
M. Jolivet: Ce n'est pas une question de payer la traite. C'est
une question de lui demander de s'excuser.
M. Polak: D'accord. C'est fait. Une voix: On n'avance pas.
M. Polak: Faisons notre travail. D'accord. C'est
réglé.
Le Président (M. Baril): Monsieur notre invité, s'il vous
plaît, pour les fins du Journal des débats, pourriez-vous
vous identifier et nous dire quel organisme vous représentez?
M. Jolivet: Ah non! Je suis debout et, M. le Président, je
n'accepte pas. Je m'excuse, M. le Président! Je veux bien être
calme, mais je n'ai pas l'intention de me faire Insulter parce que je fais mon
travail. M. le ministre, dites-lui, s'il vous plaît, pour qu'au moins iI
le comprenne, que cela n'a pas de bon sens de dire qu'il s'excuse auprès
de celui qui vient devant nous de l'humeur que j'ai. Ce n'est pas de ses
affaires. Il n'est pas ici pour être témoin de ce que j'ai
à faire comme travail. Il est là, mais ce n'est pas à vous
de dire des choses comme celle-là. Cela n'a pas de bon sens, M. le
Président.
M Leclerc: M. le Président, question de règlement.
Est-ce que I'on peut s'exprimer debout en cette assemblée ou si I'on
doit nécessairement être assis? Je ne veux pas enlever le droit de
parole au député de Laviolette, mais, comme il est debout, est-ce
qu'il est normal que son micro soit ouvert?
M Jolivet: Cela n'a pas d'importance. Mangez votre biscuit, si
vous voulez, vous mais laissez-moi tranquille.
M. Leclerc: Est-ce que je peux invoquer une question de
règlement ou si c'est vous qui menez la commission?
M. Jolivet: Non, non, non, non.
Une voix: À l'Assemblée, cest debout, à la
commission, c'est assis.
Le Président (M. Baril): M. le député.
M. Leclerc: Je n'ai pas eu de réponse à ma
demande.
M. Polak: Voici ce que je dis au député de
Laviolette. D'abord, j'ai entendu les paroles du président. Vous avez
peut-être interprété cela comme une sorte d'attaque
personnelle. Ce n'était peut-être pas être le plus diplomate
possible. Vous connaissez mon style, je suis un peu du même style que le
président. Vous aussi, vous avez tendance à être comme
ça. Je comprends votre réaction initiale mais, d'autre pan, vous
avez eu maintenant votre chance, assez à haute voix, de réagir.
Faisons notre travail devant nos invités. Je ne voudrais pas qu'ils
retiennent de tout ceci une mauvaise image. Qu'on oublie, de part et d'autre,
et qu'on poursuive nos travaux. De temps en temps, on dit, dans la chaleur des
débats, une chose qu'on n'aurait normalement pas dû dire. Je
comprends cela. Mais je n'ai pas interprété les paroles du
président de la même façon que vous. Je comprends que vous
êtes de l'Opposition et c'est, de temps à autre, différent
du point de vue de l'interprétation, mais je suis certain qu'il n'y a
aucune malice, aucune intention de vous blesser personnellement ou de blesser
l'Opposition. Je vous demande, pour les fins de nos travaux, d'entendre nos
invités et de continuer nos débats.
M. Jolivet: M. le Président, je ne peux pas accepter,
comme membre de I'Opposition, que le président, qui a une
neutralité importante à maintenir ici, fasse les remarques qu'il
a faites et qui s'adressaient directement à nous, qu'on te veuille ou
non, et on reprendra le Journal des débats. Je dis simplement au
président Je ne demande pas au président des excuses et de se
mettre à genoux, je lui demande simplement de dire qu'il regrette
peut-être de l'avoir dit et qu'on passe a I'autre étape. Mais, de
la façon dont il la dit, cela insinuait que je faisais un travail avec
des sautes d'humeur. J'en ai fait une, j'en conviens. Quand je me sens
insulté, je réplique.
Je ne veux pas, d'aucune façon qu'on ait l'impression que nous
retardons les débats. En effet, n'eût été notre
intervention aujourd'hui, peut-être qu'on n'aurait même pas entendu
les deux organismes et, normalement, on aurait dû entendre tous les
autres. Qu'on ne vienne pas me dire a moi, qu'on est obligé, comme on
l'a dit, d'accepter mes sautes d'humeur et de travailler dans ces
circonstances. J'ai fait mon travail le plus conscieusement possible avec les
capacités que j'ai. C'est rare, comme on dit, que je grimpe dans les
rideaux, mais jamais je ne me ferai insulter parce que je représente une
population qui sait comment nous respecter et moi, je la respecte. Je veux
qu'on sache une chose. Si j'ai fait ce que j'avais à faire, c'est parce
que c'était mon devoir pour représenter la population qui me le
demande. Qu'on ne vienne pas me dire que c'est parce que j'ai des petites
sautes d'humeur.
Le Président (M. Baril): Messieurs, en ce qui me concerne,
comme président, j'ai parlé à I'ensemble des
députés. Je n'ai mentionné le nom de personne. Si vous
vous êtes senti visé et que vous êtes en train de monter
dans les rideaux, comme vous le dites, je suis prêt à retirer tes
paroles que vous voudrez. Il demeure qu'on a passé du temps et moi,
comme président, je dois finalement arriver à des
procédures qui ont un sens pour la commission.
Encore une fois je vous demande de vous présenter et de nous dire
quel groupe vous représentez.
Auditions COFAQ
M Morel (Michel): Je vous remercie, M le Président. Mon
nom est Michel Morel. Je représente la Confédération des
organismes familiaux du Québec. Je demande également aux
parlementaires de ne pas s'en faire, on est habitués aux chicanes de
famille.
Une voix: Le conseil. (12 h 15)
M. Morel: On va parler du conseil tantôt Bon! Je veux
d'abord rappeler ce qui nous amène et ce qui nous a incités
à mener une chaude lutte et à faire, comme je le disais, de la
"boucane" pour être entendus auprès des membres de cette
commission. Comme il a été dit tantôt, les organismes
familiaux que je représente à la confédération,
au-delà de 400 dans tout le Québec, sont présents dans le
dossier de la politique familiale depuis plus de seize ans. Depuis plus de
seize ans, des organismes interviennent auprès de l'ensemble des
députés pour
demander des mesures pour les familles et une politique familiale.
Cette préoccupation s'est intégrée peu à peu
chez les gouvernements successifs et on a eu le fameux rapport du Comité
de la consultation sur la politique familiale qui a été
déposé en avril 1986. À partir de ce moment-là, les
organismes familiaux ont commencé à croire et à
espérer qu'on aurait une politique familiale. Il s'est
écoulé un certain nombre de mois depuis ce moment-là qui
furent consacrés, semble-t-il, à des travaux effectués par
des fonctionnaires et par des conseillers politiques pour vérifier la
faisabilité de ces recommandations qui faisaient partie du rapport du
comité de consultation.
Au mois de juin dernier, les émissaires de Mme Lavoie-Roux, qui
était responsable du dossier famille à ce moment-là, nous
ont consultés, nous, de même que le regroupement interorganismes
sur un scénario de réalisation de la politique familiale qui
comportait trois éléments: d'une part, un énoncé de
politique, d'autre part, des structures administratives, donc, un conseil de la
famille et, finalement, un plan d'action formé lui-même de plans
d'action sectoriels.
Donc, on a été consultés là-dessus. Notre
réaction a été, je dirais, plutôt tiède dans
la mesure où on s'attendait, évidemment, à plus que
ça. On avait espoir d'avoir une action beaucoup plus directe et beaucoup
plus intense. Il y a peu de temps, le ministre Dutil faisait connaître
l'énoncé de politique familiale. Nous y avons réagi et on
n'est pas ici pour en discuter aujourd'hui.
Il y a peu de temps également, le ministre Dutil déposait
le projet de loi 94 sur le Conseil de la famille et ce qu'on a fait a
été de revoir ce projet de loi en regard de ce qui nous avait
été soumis en consultation par les émissaires de Mme
Lavoie-Roux au mois de juin précédent. C'est là qu'on
n'est pas d'accord. Si déjà au mois de juin on pouvait
possiblement accepter une démarche qualifiée de prudente par les
émissaires de Mme Lavoie-Roux, on s'est aperçu que, dans le
projet de loi 94, des éléments importants en termes de fonctions
et de pouvoirs, qui avaient été confiés au Conseil de la
famille, étaient disparus.
Je ne veux pas me lancer dans une critique de chacun des articles d'un
bout à l'autre; je veux juste faire une couple de remarques concernant
les articles 14 à 19, c'est-à-dire tous les articles qui portent
sur les fonctions et les pouvoirs de ce conseil. Ce dont je vais parier est
toujours en rapport avec ce qui a été soumis par les
émissaires de Mme Lavoie-Roux.
Il est dit, dans ces articles 14 à 19, que "le conseil a
principalement pour fonction de conseiller le ministre sur toute question
d'intérêt familial. Dans l'exercice de ses fonctions, le conseil
peut: 1° recevoir et entendre les requêtes et les suggestions de
personnes et de groupes; 2° saisir le ministre de toute question
d'intérêt familial; 3° après consultation du ministre,
effectuer ou faire effectuer tes études; 4° fournir de l'information
au public sur toute question d'intérêt familial". Et on continue.
Ce qu'on a remarqué à cette analyse, c'est qu'un certain nombre
de pouvoirs ne sont pas inclus dans le projet de loi. Nous sommes donc revenus
à la formulation précédente, celle qui avait
été faite au moment où on nous a présenté le
projet de Mme Lavoie-Roux ou ce qu'on a pu obtenir. Ce qu'on entend soumettre
à votre attention, c'est essentiellement ceci. Il nous semble que des
choses importantes sont disparues Ces choses sont les suivantes.
Si on regarde l'article 15. 3° qui dit: "Après consultation
du ministre, effectuer ou faire effectuer les études et les recherches
qu'il juge utiles ou nécessaires à l'exercice de ses fonctions",
on trouve que le fait d'introduire "après consultation du ministre"
constitue un frein. Qu'arrive-t-il dans le cas où le ministre dit: Non,
je ne suis pas d'accord pour que telle étude ou telle recherche se
fasse? On peut facilement concevoir que le ministre nous dise: Non, il n'est
pas pertinent que cela se fasse parce qu'une étude ou une enquête
est déjà en cours de réalisation à ce moment-ci.
Mais est-ce que ce seront les seules raisons qui feront en sorte que le
ministre dise: Non, je ne suis pas d'accord? Cela pose question. Cela peut,
à notre avis, être un frein important. Qu'on consulte le ministre,
oui, mais que le conseil ait, premièrement, la possibilité
d'entreprendre les études et les recherches qu'il juge pertinentes.
Ce que nous voulions aussi voir ajouter à tout cela, c'est une
formulation qui dise: Parmi ses fonctions, le conseil doit produire un rapport
annuel public faisant état d'une évaluation du
développement de la politique familiale et, notamment, en tenant compte
des rapports annuels des ministères et organismes concernés. On
se dit que, si on a un Conseil de la famille, il faut que le Conseil de fa
famille puisse, chaque année, évaluer le développement de
la politique familiale et dire au ministre, aux organismes et à la
population: Oui, la politique familiale se développe ou, non, la
politique familiale ne se développe pas. Cela nous semble un
élément important
Si on accepte le Conseil de ta famille, c'est pour qu'un tel conseil
puisse éventuellement nous représenter. S'il n'a même pas
la marge de manoeuvre nécessaire pour formuler sa propre
évaluation du développement de la politique familiale, quelle est
la crédibilité de ce conseil?
Enfin, en regard de l'article 17 où il est dit: "Le conseil peut,
avec l'autorisation du ministre, rendre publics ses avis", nous, on dit que le
conseil devrait avoir le pouvoir de publier et de diffuser, à sa
convenance, les études, les recherches et avis qu'il produirait, tout
cela dans le cadre de l'enveloppe budgétaire prévue, cela va de
soi, mais qu'il ait le pouvoir de publier ses avis.
Ce que ça sous-tend, tout cela, ce sont des
éléments importants. Le Conseil de la famille, avec les
sommes d'argent qui vont y être affectées, il ne faut pas se
leurrer, cela ne virera pas le monde à l'envers. Si on parle d'une
enveloppe budgétaire de 400 000 S ou de 500 000 $ par année, il
est bien évident qu'on va à peine effleurer un certain nombre de
sujets.
Si, de plus, le Conseil de la famille ou les personnes qui vont
être membres de ce conseil ont, à notre avis, les mains
attachées, à quoi va nous servir le conseil? Strictement à
rien. Du côté du conseil d'administration de la
Confédération des organismes familiaux du Québec, quand on
a pris connaissance du conseil, ce qu'on s'est dit, c'est que, s'il n'y avait
pas de modifications importantes qui étaient apportées au conseil
- modifications dont je viens de parler essentiellement - nous, on pourrait
même songer à refuser d'en faire partie ou à refuser de
faire des suggestions de candidatures. On pourrait songer à cela. On
pourrait songer à le boycotter tout simplement.
Pourquoi, à ce moment-là, accepter un conseil? Pourquoi
accepter un conseil qui n'aurait qu'un budget de l'ordre de 400 000 $ ou 500
000 $ par année? C'est quoi l'idée, pour nous, d'accepter un
conseil qui n'a pas les mêmes moyens que le Conseil supérieur de
l'éducation ou le Conseil du statut de la femme?
C'est évident, on ne se fait pas d'illusions, on ne pense pas que
le gouvernement accepte d'injecter autant d'argent dans le Conseil de la
famille qu'il en injecte dans d'autres conseils. D'accord? Il me semble qu'on
est juste logique. On ne le pense pas.
Donc, si on a un conseil et si ce conseil-là doit être
d'envergure limitée, il doit au moins pouvoir disposer d'un certain
nombre de pouvoirs lui permettant de communiquer efficacement avec la
population et de l'informer efficacement.
À ce moment-là, je reviens aux suggestions que je faisais
afin de modifier certains éléments de l'article 15 et de
l'article 17 et d'introduire également une formulation qui dise que ce
conseil a comme mandat de produire un rapport annuel public faisant état
d'une évaluation du développement de la politique familiale,
notamment en tenant compte des rapports annuels des ministères et
organismes concernés. Là, oui, on pourrait avoir, je pense, un
conseil qui dispose d'une certaine crédibilité pour les familles.
Il n'a pas les moyens d'effectuer nombre d'études et nombre de
recherches, mais il dispose au moins d'une crédibilité. Oui, si
le conseil s'exprime, mais on peut croire ce qu'il dit. Si on s'achemine vers
lui pour exprimer nos opinions, oui, il va les reprendre.
Alors, c'est toute la marge de manoeuvre qu'on donne ou qu'on ne donne
pas à ce conseil qui importe à ce moment-ci et ce, même
pour la crédibilité du conseil par rapport au ministre. Comment
le ministre pourrait-il se fier à un conseil qui n'aurait pas une
certaine liberté d'analyse, une certaine liberté
d'expression?
Comment le ministre pourrait-il faire confiance à un conseil qui
est trop solidement attaché à lui? Je pense que, pour avoir un
Conseil de la famille qui soit représentatif, il faut qu'il ait une
marge de manoeuvre; il faut qu'il ait un certain nombre de pouvoirs et qui ne
sont pas énormes. Écoutez, ce qu'on demande n'est pas faramineux
et cela existe dans d'autres conseils, dans d'autres structures. On demande
essentiellement la même chose. Pour ce qui est des 500 000 $ qui ont
été offerts aux organismes familiaux, on les accepte. Je pense
que je peux m'arrêter ici et répondre aux questions, s'il en
reste.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le ministre.
M. Dutil: Alors, il ne s'agit pas de questions, mais de quelques
commentaires, particulièrement sur l'article 15. 3° Quand nous en
serons à l'étude détaillée, article par article, je
reprendrai essentiellement les mêmes discussions.
Après consultation du ministre, à mon avis,
l'interprétation que fait la COFAQ de cette clause est beaucoup trop
restrictive. J'ai eu l'occasion d'en parler avec ces gens; ce n'est pas un
frein, c'est l'obligation de se concerter. Je pense qu'il est important, entre
un ministre et son conseil - parce qu'il faut se rappeler que l'objectif du
conseil, si on regarde le début, est de conseiller le ministre - que
cette concertation se fasse sur les sujets d'étude que fera le conseil
qui, toutefois, sera tout à fait libre de décider par la suite
quelles études II effectuera ou non. On sait que, dans un conseil, bien
souvent, ce sont les études qui sont dispendieuses et II est important
de gérer tes ressources de la façon la plus concertée
possible entre celui qui est conseillé et celui qui conseille.
Quant aux deux autres remarques qui sont faites, le rapport annuel et
l'article 17, il y a également une discussion de fond que je ne voudrais
pas, M. le Président, entreprendre dès maintenant, sur
l'expression "avec l'autorisation du ministre". C'est une chose qu'on retrouve
dans certains conseils et qu'on ne retrouve pas dans d'autres. Il y a diverses
formules. Je pense qu'on aura une très longue discussion sur l'article
17, de même que sur le rapport annuel que propose le conseil pour
pouvoir, justement, évaluer la portée, l'évolution de la
politique familiale.
Mais, comme remarque, je pense que, contrairement à ce que disait
l'Opposition tout à l'heure, il ne s'agit pas de reprendre l'ensemble du
projet de loi. Il y a 31 articles dans ce projet de loi, mais on voit que
quelques articles importants font l'objet de discussions et d'interrogations de
la part des organismes familiaux. C'est là-dessus qu'il faudra
éventuellement se concentrer plutôt que de dire: Le projet de loi
n'est pas bon, rien n'est valable là-dedans, etc., comme le fait
actuellement l'Opposition.
Le Président (M. Baril): M le député de
Laviolette.
M. Jolivet: II n'y a pas de questions, rien la M le
Président, je suis encore surpris de tout cela parce qu'il me semblait
que, si on acceptait - c'est une proposition du ministre -d entendre les
organismes, il aurait été bon de leur poser des questions
additionnelles sur ce qu'ils ont à dire. Le ministre semble faire
simplement ses évaluations de ce qui a été dit et de
passer la "rap" sur le dos de l'Opposition en mentionnant qu'on a dit que rien
n'était bon. Ce n'est pas vrai qu'on a dit cela, on a dit. Un conseil
est formé, qui est vide de substance, qui n'a pas les moyens d'agir, qui
n'a pas d'objectifs et qui a des mandats qui viennent du ministre. Quand on a
dit de reprendre le projet de loi, ce n'était pas dans le sens de dire
que rien n'était bon là-dedans. On dit. II s'agit de
l'améliorer, mais il y a des choses qui sont de la responsabilité
du ministre. Que je le veuille ou non, comme membre de l'Opposition, j'ai beau
faire un amendement, si le ministre ne l'accepte pas, il ne passera pas. On le
sait tous et je l'ai expliqué à ceux que j'ai rencontrés,
je vais l'expliquer aux membres de la commission ici il y a une adoption de
principe qui a été faite. On a dit à l'Assemblée
nationale sur cette adoption de principe qu'on n'était pas d'accord avec
les modalités et qu'on espérait que le ministre fasse des
changements en cours de route. On verra notre proposition d'acceptation ou de
refus à la fin, en troisième lecture. (12 h 30)
Cela veut dire qu'il y a des choses qui ne sont que de sa
responsabilité. S'il décide de "bocquer", en bon
québécois, et de ne rien changer, on va faire une étude et
on va faire des propositions. Comme cela viendra de l'Opposition, ce ne sera
pas bon et on arrivera, en fin de compte, le vote étant majoritaire,
avec 31 articles qui n'auront pas un iota de changé, à moins que
le ministre ne le désire sur des points mineurs qui ne changeront pas
l'essentiel de ce projet de loi. L'essentiel de ce projet de loi, c'est de
donner un conseil au ministre, mais un conseil qui a des pouvoirs, qui a des
dents et qui peut agir. Ce n'est pas ce que nous avons devant nous.
J'aimerais savoir ceci, en regard des propositions faites par la COFAQ
concernant les pouvoirs et fonctions. Vous l'avez mentionné tout
à l'heure, M Morel dans votre lettre du 16 décembre 1937 au
ministre, vous demandiez que des amendements puissent être
apportés quant aux pouvoirs et fonctions du conseil, et vous les
définissiez 1, 2, 3, 4, 6. Vous avez ajouté. Que le conseil ait
le pouvoir de publier et de diffuser, à sa convenance, les
études, recherches et avis qu'il produira.
Je vais m'en tenir à cela pour le moment et je reviendrai
à l'article 28 Donc, ce sont les articles 14 et 19. Est-ce que vous
croyez que le conseil, tel que présenté, s'il n'y a pas de
modification à ses pouvoirs, pour vous, mérite un projet de loi
qui le consacre? Est-ce que, pour vous, il n'y a pas un danger - vous direz ce
que vous en pensez - que, si jamais on faisait ce pas, il soit difficile de
reculer plus tard si jamais on voulait changer quoi que ce soif. Quand on forme
un conseil et qu'on lui donne une assise légale, à un moment
donné, on dit. II faut lui donner la chance de fonctionner et on verra
après. Est-ce que vous voyez des dangers à sa création,
tel qu'il est présenté actuellement? Si oui, quels sont ces
dangers?
M. Morel: C'est au moins la troisième présentation
qu'on fait, depuis un certain nombre de mois, des structures administratives
qui devraient être mises en place pour faciliter l'élaboration d
une politique familiale.
Encore une fois, quand on a rencontré Mme Lavoie-Roux au cours de
l'été, on lui a fait part des conditions auxquelles devait se
soumettre l'élaboration d un conseil, si on voulait pouvoir croire
à un te! conseil. Si un Conseil de la famille tel que celui-là
était formé dans les circonstances actuelles et dans sa
formulation actuelle, cela constituerait, d'une certaine façon, un
recul, dans la mesure où le Conseil des affaires sociales et de la
famille a moins de freins qu'il n'en est posé ici. Donc, cela pourrait
constituer un net recul. Je me dis qu'on a là au moins quelque chose
qu'il est possible de modifier, qu'il est possible d'amender et à quoi
il est possible de donner une certaine crédibilité On ne lui
donne pas les moyens mats, en modifiant son mandat, on lui donne une certaine
crédibilité, sans lui donner les moyens, c'est évident. Si
on ne modifie pas le mandat, non, ce n'est pas un conseil qui est
crédible et cela peut constituer un danger.
M. Jolivet: Dans une des recommandations que vous faites, vous
dites. Si jamais il restait comme il est là, nous envisageons même
de ne pas présenter de candidatures et de ne pas vouloir siéger
au conseil. Si jamais il était formé, qu'est-ce que cela vous
donnerait d'agir de cette façon? Est-ce que vous ne vous mettez pas en
marge de ce qui se ferait là ou si vous dites. Cela nous permettra de
continuer à faire en dehors les pressions qui s'imposent? Admettons
qu'il est créé demain matin, il faudra qu'on compose avec ou bien
qu'on le critique et qu'on le fasse sauter. Je voudrais connaître votre
opinion là-dessus. Vous dites. Comme organisme, on envisage.
M. Morel: Comme organisme, oui, on l'envisage et j'avoue
qu'à titre de permanent de cet organisme ce sera ma recommandation au
conseil d'administration et ce sera le conseil d'administration qui prendra la
décision finale. Mais, je ne vous cacherai pas que cela a
été discuté au dernier conseil d'administration. D'au-
tre part, nous avons toujours soutenu - d'ailleurs, c'est dans la lettre
dont vous parlez - que le conseil, même s'il est constitué, ne
représente pas les familles. Ce sont les organismes familiaux qui
continuent de représenter les familles et le ministre nous l'a
rappelé en disant que le conseil est là pour conseiller le
ministre, il n'est pas là pour représenter les organismes
familiaux. Les organismes familiaux vont continuer de faire ce qu'ils ont fait
depuis seize ans, c'est-à-dire qu'ils vont continuer à travailler
adéquatement pour les familles, ils vont continuer de les
représenter, aussi.
Même si on convenait, à un moment donné, de la
pertinence de ne pas soumettre de candidatures, cela ne nous empêcherait
pas pour autant de continuer d'intervenir auprès de M. Dutil et
auprès de l'ensemble des députés de l'Assemblée
nationale pour que des mesures bénéfiques aux familles soient
introduites dans l'administration publique. Mais, oui, on pourrait prendre la
décision de ne pas faire partie du Conseil de la famille et, non, je ne
pense pas que cela nous nuise d'une certaine façon ou que cela nuise
à notre crédibilité. Nuire à notre
crédibilité, ce serait accepter d'embarquer dans un Conseil de la
famille qui n'aurait pas de crédibilité. C'est de cette
façon que je le vois et c'est de cette façon que je vais le faire
valoir au conseil d'administration.
M. Jolivet: Dans toutes les recommandations que vous faites,
est-ce qu'il y en a qui, si elles n'étaient pas acceptées, ne
mèneraient pas à la décision que vous prenez? Quelles sont
celles qui vous donneraient la capacité de prendre cette
décision?
M. Morel: Alors, celles qui se situent en page 3 de la lettre
où on parle des pouvoirs et fonctions qui sont définis au conseil
d'administration et qui sont en lien avec les articles 15 et 17 du projet de
loi. Vous parliez d'os tantôt, de moelle, À mon avis, quand on
parle de moelle, la moelle se situe dans les articles 14, 15, 16 et 17 en ce
qui concerne la crédibilité de ce conseil-là.
M. Jolivet: J'ai fait mention et vous en avez fait mention aussi,
de l'une ou l'autre des possibilités, du Conseil du statut de la femme
et du Conseil supérieur de l'éducation, quant aux pouvoirs que
possède le conseil. Le ministre dit: Écoutez, on ne veut pas, par
tel article, amener une Intrusion dans le conseil par la décision que
peut prendre le ministre. Je peux bien le croire, je peux bien lui faire
confiance mais il ne sera pas toujours là. C'est sûr. La
vérité est présente. Personne ne peut prétendre
rester là longtemps.
M. Boulerice: Il a d'autres ambitions.
M. Jolivet: À ce moment-là, voici ce qui se
produit. Si un autre ministre une autre idée de l'utilisation de
l'article - c'est pour ça qu'il faut regarder pas juste le
présent, mais le futur - si un gouvernement autre a une autre
idée et veut contrôler, à ce moment-là, cela veut
dire que le conseil est asphyxié quand il est à son travail.
C'est dans ce sens-là que vous dites: Nous pensons que ça ne
devrait pas être là. Est-ce que je comprends bien votre opinion
quand je le dis comme tel?
M. Morel: C'est exactement cela. C'est exactement cela. Nous
disons que le conseil doit pouvoir disposer d'une certaine
crédibilité, donc, d'un certain nombre de "pouvoirs", entre
guillemets, ceux qui sont décrits là, d'accord, qui ne sont pas
énormes, c'est-à-dire une possibilité de travailler de
façon autonome à l'intérieur des cadres qui sont
définis là et qui ne sont pas nouveaux, je le rappelle, qui
existent à l'intérieur d'autres conseils. Donc, il ne s'agit pas
de bouleverser le monde, il s'agit juste de voir ces formulations qui, je le
répète, font partie des projets de loi d'autres conseils et de
les confier au Conseil de la famille de dire que dorénavant ce sont les
fonctions et les pouvoirs du Conseil de la famille, qui entrent tout à
fait dans une définition à peu près similaire des
fonctions qu'on veut lui confier.
M. Jolivet: Je reviens à l'autre partie de ce que vous
avez dit tout à l'heure, soit que le Conseil des affaires sociales et de
la famille actuel possède même des pouvoirs que l'on demande
actuellement. Ou est-ce que vous feriez une distinction actuellement?
M. Morel: Oui, le Conseil des affaires sociales et de la famille
dispose d'une certaine marge de manoeuvre par rapport à la formulation
qui est ici, d'accord. C'est-à-dire qu'entre autres, en ce qui concerne
le pouvoir de "diffuser" - entre guillemets - il est dit que le Conseil des
affaires sociales et de la famille présente ses avis à la
ministre qui, elle, est tenue de les rendre publics. Or, si on fait la lecture
de l'article 17: "Le conseil peut, avec l'autorisation du ministre, rendre
publics ses avis", ce n'est pas du tout la même chose. C'est pour cela
que je dis que cela constitue un recul par rapport au Conseil des affaires
sociales et de la famille parce que là la ministre est tenue de les
rendre publics.
Ce que nous demandons, c'est d'obtenir ce que d'autres conseils ont. Par
exemple, le Conseil des communautés culturelles, lui, a la
possibilité et le droit de rendre publics ses avis, à tout
moment.
M. Jolivet: Une question qui a trait à l'article 28. Vous
faites mention, dans votre texte, à la page 4, que vous verriez que
l'article soit amendé de façon à confier l'application de
la présente loi au ministre délégué à la
Famille. Je dois vous dire, pour qu'on se comprenne bien, que, dans les projets
de loi actuels, on
emploie toujours la même formulation. La formulation qui est
là est toujours la même. Donc, ce n'est pas nouveau, ce qui est
marqué dans le projet de loi: "Le gouvernement désigne le
ministre responsable de l'application de la présente loi. " C'est
toujours une décision qui est prise par le Conseil des ministres, mais
inscrite dans le projet de loi de ta façon dont elle est là. Je
pense que ce n'est pas nouveau.
La seule chose, c'est que vous dites: "Au ministre
délégué à la Famille. " Même dans les textes
de vos recommandations que j'ai lus jusqu'à maintenant, vous parlez d'un
ministre d'État. Je dois vous dire que, de la façon dont cela se
produit au Québec, cela fait longtemps qu'il n'y a plus de ministres
d'État. Au fédéral, il y en a, mais ils n'ont pas les
mêmes pouvoirs. Tandis qu'au Québec, on a un ministre
délégué et c'est le décret qui adopte sa
nomination, qui fait ta détermination entre un ministre relié
directement à l'Exécutif, comme la ministre
déléguée à la Condition féminine, ou un
ministre relié à un autre ministre. Je donne des exemples. Comme
je te disais tout à l'heure, ma nomination comme ministre
délégué aux Forêts était différente de
celle de l'actuel ministre délégué aux Forêts parce
qu'il dépend directement du ministre de l'Énergie et des
Ressources, alors que j'avais une des fonctions du ministre reliée
à l'Exécutif. Dans le cas du ministre
délégué à la Famille, M. Beaumier était
relié de la même façon que le ministre actuel est
relié à la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Ce sont des décrets, lis sont bien clairs.
Dans ce sens, ce que vous recherchez, si j'ose m'exprimer ainsi - et
vous me direz si j'ai raison ou si j'ai tort - c'est que le ministre, au lieu
d'être rattaché à un autre ministère et de se
retrouver avec son conseil dans le fin fond d'un organigramme... Peu importe ce
qu'en pense le ministre, ce n'est pas une question d'organigramme, c'est une
question de fait. Les gens, dans le système administratif, savent ce que
cela veut dire quelqu'un en bas de la pyramide et quelqu'un à un niveau
directement relié au premier ministre par le Conseil exécutif. Je
crois comprendre que ce que vous voudriez, au sujet de la décision qui
sera prise par le Conseil des ministres en nommant le ministre responsable de
cette loi, c'est que ce soit un vrai ministre délégué -
vous dites un ministre d'État - pas un ministre
délégué comme on le connaît actuellement. Est-ce que
j'exprime bien votre pensée?
M. Morel: C'est exactement ce qu'on dit. On se dit, en blague,
que le dossier de la famille ou le dossier du Conseil de la famille pourrait
être confié au ministre des Mines, des Ressources ou des
Pêcheries, peu importe. On voulait que ce soit confié
nommément, par un article de loi, au ministre
délégué à la Famille. On se disait que, si le
conseil a un mandat de cinq ans, on aurait au moins pour cinq ans un ministre
délégué à la Famille.
Je veux revenir à la position de la confédération
en ce qui concerne les structures administratives. Au moment même
où les gens de la COFAQ rencontraient les gens du Comité de la
consultation sur la politique familiale, ce qu'on désirait,
c'était un ministre d'État à la politique familiale. En
juin 1986, on est revenus, lors de notre assemblée
générale, avec un document sur les structures administratives et
ce qu'on voulait, c'était un ministre d'État à la
politique familiale. Ce qu'on nous propose, en tout cas, ce que le gouvernement
a fait, c'est nommer un ministre délégué à la
Famille. Un ministre délégué à la Famille - on n'a
pas le choix; même si on le refusait, il est là - mais ce n'est
quand même pas la structure que nous voulions On voulait voir rattacher
ce dossier, un peu comme celui de la condition féminine, au plus haut
niveau décisionnel. Malheureusement, ce n'est pas le cas. On veut,
à tout le moins, que le ministre qui aura la charge de ce dossier soit
un ministre délégué, donc qu'il porte vraiment le titre de
ministre et qu'il soit responsable du dossier de ta famille. On veut que le
conseil, qui sera créé avec fort peu de moyens, dispose d'une
certaine crédibilité rattachée aux conditions de
l'exercice de ses fonctions. Là, on parle de ses pouvoirs.
Le Président (M. Baril): Est-ce que d'autres
députés ont des remarques à faire?
M. Boulerice: Est-ce que cela fait partie des conditions sine qua
non, en définitive, que vous exigez pour la crédibilité
fondamentale et votre participation?
M. Morel: Pour ce qui est de la crédibilité
fondamentale, on se contenterait des articles 14 et 19. On pourrait
peut-être aussi faire un crochet sur l'article 21. À l'article 21,
il est dit: "Le conseil transmet au ministre, au plus tard le 30 septembre de
chaque année, un rapport de ses activités de l'exercice financier
précédent. " Je vous ramène à la formulation que
j'avais faite tantôt, à savoir d'inclure dans son mandat le fait
de produire un rapport annuel public faisant état d'une
évaluation du développement de la politique familiale, notamment
en tenant compte des rapports annuels des ministères et organismes
concernés. Il me semble que l'un doit tenir compte de l'autre. Les
conditions sine qua non se rapportent beaucoup plus aux conditions de
l'exercice des fonctions qui sont dévolues à ce conseil. (12 h
45)
M. Jolivet: J'aurais une question qui a trait à cette
question. Je pense qu'il est important de bien saisir que je n'aurais pas
d'objection, personnellement, à ce que l'article 28 demeure tel qu'il
est dans le projet de loi parce que c'est la formule habituelle qu'on a. Ce qui
est important, c'est d'avoir la décision prise par le Conseil des
ministres de désigner la personne. Donc, il faut donner, au
départ, au moins
l'accord habituel que l'on donne comme membres de l'Opposition au
gouvernement. Je comprends que c'est une blague que vous avez faite de dire
qu'on va lier cela, au ministre des Pêcheries. Je pense que ce serait
illogique. D'ailleurs, il se ferait tellement critiquer que cela n'aurait pas
de bon sens. Donc, on accorde notre confiance au ministre qu'il va gagner son
point au Conseil des ministres pour que ce soit lui le ministre
responsable.
Peut-être que la question pourrait s'adresser au ministre parce
qu'il m'a dit: Ce n'est pas ici, dans la loi, qu'on doit déterminer la
fonction que je dois occuper. C'est ce que j'ai cru comprendre, quand je disais
que le ministre délégué à la Famille devrait
être un ministre nommé par le Conseil des ministres en le
rattachant, au même titre que la ministre déléguée
à la Condition féminine, à l'Exécutif plutôt
qu'à un ministère. Donc, je ne demande pas la création
d'un ministère, à moins qu'on ne détermine qu'il est
peut-être logique de penser qu'on aurait un ministère de la
Population et de la famille. Là, ce serait autre chose, ce serait
l'ensemble démographique, avec les soutiens que cela comporte. Si on le
prend comme ça, ce serait autre chose. On pourrait le penser et j'aurais
une question là-dessus tout à l'heure.
Deuxièmement, le ministre devrait voir son acte nominatif
changé par un nouveau décret qui le rattacherait directement
à l'instance suprême qui est le Conseil exécutif. Si on
avait cette garantie-là, il est évident qu'on ne demanderait pas
de mettre de façon nominative, dans le projet de loi, que ce soit le
ministre délégué à la Famille. Ce que vous
recherchez, si je comprends bien, c'est que la fonction de ce
ministre-là ne soit pas à l'intérieur d'un autre
ministère, mais soit directement reliée à
l'Exécutif et qu'il ait les coudées franches, qu'il puisse
présenter ses projets sans avoir lui-même à demander
l'accord du ministre responsable, comme on le voit actuellement dans d'autres
dossiers. C'est, je pense, ce que vous recherchez et ce que je recherche aussi.
Est-ce que je me trompe?
L'autre question, eu égard... Je suis en train de la perdre.
Une voix: C'est l'âge.
M. Jolivet: C'est l'âge, hein? C'est la maladie
d'Alzheimer. Non, je suis capable de le prendre.
Ce que je voulais poser comme question concernait un ministère de
la population et de la famille. On propose actuellement un conseil consultatif.
Je pense qu'on pourrait dire que, s'il était remanié dans le
projet de loi comme tel, ce serait un bon pas en avant et je pense que, comme
membres de l'Opposition, il faudrait l'appuyer, mais dans la mesure où
le projet de loi réponde à vos objectifs de départ en
répondant aux objections que vous avez actuellement.
Vous dites que, si c'était cela, ce serait quand même un
pas, il faudrait quand même le dire, mais ce n'est pas ce qui est
essentiel; il faudrait avoir plus, la création d'un ministère,
que ce soit un ministère de la famille ou un ministère de la
population et de la famille ou, comme le disait mon collègue, de la
famille et de la petite enfance. Quelle est votre opinion sur ce
point-là?
M. Morel: Écoutez, iI y a eu de très nombreuses
études, de très nombreuses consultations qui ont
été menées là-dessus. À l'heure actuelle, je
pense qu'on dispose, au Québec, d'une bonne expertise en matière
de recherche. Le rapport du Comité de la consultation sur la politique
familiale contient bon nombre de recommandations qui sont fort
intéressantes pour les familles. À mon avis, on a là la
base à partir de laquelle le Québec peut se doter d'une politique
familiale.
Nous, entendre parler de politique de la population, de problèmes
de démographie, d'immigration, et de tout cela, cela nous embrouille un
peu. On se dit qu'il existe au Québec des familles, des hommes, des
femmes et des enfants. Il existe au Québec des gens qui essaient de
vivre ensemble du mieux qu'ils le peuvent et qui, aujourd'hui, au moment
où on se parle, sont en butte à toutes sortes de problèmes
dans la vie: problèmes financiers, problèmes d'adaptation du
marché du travail à la responsabilité parentale,
problèmes de divorce, problèmes de violence, une foule de
problèmes. Il faut, en tant que société civilisée,
qu'on intervienne de façon non pas à influencer les choix de ces
gens-là, mais à les favoriser, en autant que faire se peut,
à améliorer leur qualité de vie, leurs conditions de vie,
à lever les obstacles à la réalisation d'une ' vie
familiale Intéressante. Que tout cela doive s'intégrer dans un
ministère à préoccupation plus large, un ministère
de ta population, pour nous, c'est beaucoup plus loin dans la
réflexion.
Vous venez de dire que le Conseil de la famille serait un pas en avant.
Oui, c'est un petit pas en avant, mais la marche est longue. Le ministre
délégué, c'est un petit pas en avant, mais la marche est
longue. C'est la politique familiale qu'on veut, nous. Ce sont des mesures pour
les familles. À ce moment-ci, des mesures, on n'en a pas vues. On a vu
un énoncé de politique. On voit un Conseil de la famille qui sera
peut-être comme cela ou peut-être comme cela. Mais les mesures pour
les families, on a hâte de les voir. Les plans d'action qu'on nous avait
promis, on ne les a toujours pas vus et on va intervenir encore prochainement
là-dessus pour connaître ces plans d'action et savoir quelles
seront les mesures à l'intention des familles.
Donc, oui, ce serait un pas en avant. Mais le véritable pas, ce
sera la politique familiale à partir d'un certain nombre de
recommandations du rapport du comité de consultation. Le Conseil
de ta famille, c'est un beau petit comité consultatif pour le
ministre. Qu'il soit crédible pour les familles tant mieux on
I'applaudit, mais ce n'est pas ce qui nous donnera une politique familiale
demain matin.
Le Président (M. Baril): M le député de
Saint-Jacques.
M Boulerice: M Morel comment entrevoyez vous une politique
familiale quand, pour reprendre un peu I'expression que j'utilisais ce matin on
attache parfois deux boeufs à une charrue et que I'un ne tire pas
nécessairement dans le même sens que I'autre? La famille selon
I'évaluation que j'en ai quand je la regarde est drôlement
handicapée dans la politique d'aide sociale qui est
déposée et qui sera débattue prochainement.
M Morel: Un certain nombre de constats sont faits et je vais y
revenir, dans l'énoncé de politique familiale constats qui
reviennent également dans le document de M Paradis, "Pour une politique
de sécurité du revenu" qui donne un tableau passablement sombre
des familles au Québec. Je ne veux pas entrer dans tout le document de
laide sociale mais les familles sont comme pointées du doigt d'une
certaine façon, pour la précarité des moyens
économiques dun certain nombre de nos concitoyens.
Or, la famille n'a pas subi que des mutations très
négatives. La famille existe encore aujourd'hui et, si on en reparle de
plus en plus, c'est peut-être que les gens, hommes et femmes, sont en
train de rechercher de nouvelles formules, de nouvelles façons de vivre
en famille et c'est peut-être aussi que les gens sont en train de se dire
que les besoins qu'ils ont de vivre ensemble en famille sont peut-être si
fondamentaux qu'ils méritent une réflexion. Oui la famille est en
mutation. Les familles tradition nelles, cela continue, cela existe. II y a les
families monoparentales, il y a une foule d'hommes et de femmes qui cherchent
de nouvelles laçons de vivre ensemble.
Cela étant dit, c'est un fait que, dans l'ensemble des politiques
mises de lavant et, notamment, dans la politique de sécurité du
revenu, il y a des choses qui ne sont pas très favorables aux familles.
D'ailleurs, la COFAQ va déposer un mémoire devant la même
commission.
M. Jolivet: Pour le mot de la fin. Ah! Excusez-moi.
M. Polak: Seulement une question. Vous venez de parler dune
nouvelle forme de famille, la famille monoparentale. Hier soir, j'avais,
justement, une réunion publique dans mon comté, à
Pointe-Saint-Charles, un district très défavonsé avec
beaucoup de familles monoparentales Je ne pense pas que ce soit une formule
recherchée. C'est plutôt une situation de fait dans laquelle ces
gens se retrouvent malheureusement. Peut-être que cette situation
n'aurait même pas dû arriver. La petite fille de 18 ans avec un
enfant d'un ou de deux ans ce n'est peut-être pas le résultat
désiré.
M. Morel: Dans la plus grande majorité des cas des
familles monoparentales je pense comme vous le dites que ce sont des situations
qui surviennent dans la vie des individus. Mais il faut savoir qu'il y a aussi
une réalité nouvelle, celle des familles monoparentales voulues,
des femmes qui désirent avoir un enfant mais qui ne désirent pas
de conjoint. C'est une réalité qui existe et il en est de
même aussi chez les hommes.
Le Président (M. Baril): Pour le mot de la fin, M le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je remercie M Morel pour son exposé et pour
les réponses qu'il a données à nos questions. II est
évident que nous aurons à faire un travail lors de I'étude
article par article. II est évident que les organismes comme le sien et
tous les autres ont à travailler d'arrache-pied parce que, même si
le conseil est formé, même si des amendements sont apportés
pour répondre plus adéquatement aux demandes, il reste qu il a
raison de dire qu'une vraie politique familiale ne doit pas seulement tenir
compte du conseil mais de toutes les autres actions qui doivent être
posées par d'autres ministères et organismes. En
conséquence nous allons suivre de près l'ensemble de ces actions,
parce que le ministre aura beau nous dire qu'il fait un pas et qu'il! va nous
annoncer ses actions plus tard, je ne suis qu'un simple Thomas dans ces
circonstances. Je veux voir avant de croire, même si la philosophie
indique que croire, quand on voit, n'est pas réel.
Le Président (M. Baril): M le ministre
M. Dutil: Je remercie également M Morel, de la COFAQ.
C'est normal que le critique de l'Opposition soit un Thomas. Avant qu'il
parvienne à la sainteté, toutefois, cela va prendre un certain
temps.
Les éléments apportés par M Morel avec
l'argumentation, je pense, qu'il a donnée permettront aux membres de la
commission de se faire une meilleure idée. Comme je le mentionnais tout
à l'heure, lors de l'étude article par article, nous aurons
sûrement I'occasion de revenir sur cet ensemble d'argumentations et de
voir de quelle façon on peut bonifier ce projet de loi.
M. Jolivet: Mon collègue a dit une belle phrase en disant
qu'il vaut mieux être publicain que pharisien, cependant, le carême
commençant demain.
M Dutil: Est-ce qu'il peut citer sa source?
Le Président (M. Baril): M. Morel, je vous remercie
beaucoup de...
M. Boulerice: Vous aviez une telle odeur de sainteté
quand...
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît! M. Morel, oui.
M. Morel: Oui. Je vous remercie, M. le Président, et je
veux remercier les membres de la commission parlementaire. Je veux juste
souligner que cela se termine par le sourire.
Des voix: Ha! ha! ha!
Le Président (M. Baril): Comme toujours. On vous remercie
beaucoup de vous être présenté et on vous souhaite un bon
voyage de retour.
M. Sarrazin, nous commencerons à 15 h 30 avec vous.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
(Reprisée 16 h 7)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux.
La commission des affaires sociales se réunit afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi 94, Loi sur le Conseil
de la famille. Ce matin, lorsque nous avons terminé, à 13 heures,
nous en étions à recevoir M. Sarrazin. SI vous voulez bien vous
présenter...
On vous souhaite la bienvenue, M. Sarrazin, et, comme avec M. Morel,
nous avons à peu près ia même entente, nous prendrons
jusqu'à concurrence d'une heure pour dialoguer avec vous.
Regroupement interorganismes pour une politique
familiale
M. Sarrazin (Richard): Merci, M. le Président. Je me
présente, mon nom est Richard Sarrazin. Je suis travailleur social de
formation. J'ai milité pendant au moins 30 ans dans le réseau des
services sociaux au Québec et je suis à ma retraite depuis quinze
jours, ce qui me permet de donner bénévolement de mon temps
à une organisation qui s'appelle le Regroupement interorganismes pour
une politique familiale au Québec. Notre président, Bernard
Fortin, a été retenu pour des raisons d'ordre professionnel. Il
m'a donc demandé de l'excuser auprès de vous.
J'aimerais au début, si vous me le permettez, vous
présenter un peu ce qu'est le regroupement. Nous avons entendu ce matin
M. Morel et la Confédération des organismes familiaux du
Québec. Le Regroupement interorganismes pour une politique familiale, je
n'oserais pas dire que c'est un complément, mais c'est quelque peu
différent de l'organisation de M. Morel. Fondé en février
1983, légalement constitué en mai 1985, le regroupement se
donnait comme buts généraux de regrouper les intervenants
familiaux et leurs groupes, d'effectuer des recherches dans le domaine de la
famille, de sensibiliser ia population à une politique familiale, d'agir
auprès des pouvoirs publics et des médias pour promouvoir tes
intérêts de la famille.
Ainsi, au cours des dernières années, le regroupement a
participé activement à la promotion d'une éventuelle
politique familiale. Dès l'annonce de la consultation gouvernementale
publique, il travaillait dans différents milieux de la province à
préparer les forums régionaux tenus par l'équipe de la
consultation présidée, on s'en souvient, par M. Maurice
Champagne-Gilbert. Depuis, le regroupement n'a cessé de
témoigner, dans tous les milieux et auprès d'au moins sept
ministres responsables du dossier de la politique familiale, son désir
de voir le Québec se doter d'une politique familiale. Il a
présenté de nombreux avis sur le sujet, étant en constant
contact avec le Secrétariat de la politique familiale, et il a poursuivi
intensément, dans différents milieux de la province de
Québec, son travail de sensibilisation à une telle politique.
Actuellement, il compte, comme organismes membres, 43 groupes familiaux
ou à intérêt familial. Ces groupes, à son avis,
représentent quelque peu une mosaïque de la communauté
québécoise. Son "membership", en effet, réunit des groupes
familiaux proprement dits, telles les unions de familles et leur
fédération, le Mouvement couple et famille, la
Fédération des associations de familles monoparentales et
plusieurs autres de ce genre. À ce premier groupe, il faut ajouter de
nombreuses associations de services, telles l'Association des auxiliaires
familiales et sociales du Québec et l'Association des centres de
services sociaux du Québec, de nombreux CLSC, des associations du monde
de l'éducation, comme l'Association des institutions préscolaires
et élémentaires du Québec, l'Association d'économie
familiale du Québec, des mouvements comme Éducation Coup-de-fil,
l'Association des puéricultrices, etc. Ajoutons enfin différentes
corporations professionnelles, telles les corporations des travailleurs
sociaux, des diététistes, des conseillers en orientation et
d'autres groupes bien connus comme la FADOQ, le Cercle des fermières du
Québec, l'Association multi-ethnique pour l'intégration des
personnes handicapées du Québec. Enfin, c'est cette mosaïque
de regroupements et d'associations qu'on retrouve au sein de notre regroupement
interorganismes.
J'ajoute, en terminant cette présentation de notre organisme, que
nous avons aussi pensé qu'il y a au Québec des personnes qui
croient à la famille, qui ne font partie d'aucun groupe et qui
aimeraient discuter de questions familiales. L'an dernier, nous fondions en
conséquence le Carrefour des affaires familiales qui offre un lieu
d'expression libre sur des questions relatives à la
politique familiale. Environ 200 personnes sont réparties entre
18 groupes de discussion sur différents themes qui s'apparentent je
dirais aux 18 aires ou secteurs des ministères touchés par une
politique de la famille Affaires municipales et familles. Éducation et
familles. Condition féminine et familles, Main-d'oeuvre et familles,
fiscalité et familles. Ces groupes sont actuellement constitués
et les travaux de ces différentes tables débuteront le 25 janvier
prochain.
C'est donc M le Président ce regroupe ment d'associations et
d'individus intéressés par une politique familiale que vous
recevez aujourd'hui pour vous présenter quelques avis sur le projet de
loi 94 avis que lui ont formulés les délégués de
deux assemblées générales du regroupement tenues le 15
décembre et le 20 janvier dernier. Ils ont voulu ces
délégués tout d'abord faire part de leur immense
satisfaction de pouvoir prendre connaissance de I'énoncé des
orientations du gouvernement sur la politique familiale déposée
en décembre dernier et sur le pro|et de loi 94 déposé le
18 décembre. Aussi ont-ils exprimé leur appui global à ce
projet de loi dès le 16 décembre en faisant parvenir à cet
effet un télégramme à M Robert Dutil, ministre
délégué à la Famille. Pour eux, il s'agissait de
souligner que ce dépôt constituait la première grande
compromission légale d'un gouvernement du Quebec soit la constitution
d'un organisme spécifiquement et exclusivement voué aux affaires
familiales. C'était attendu depuis 25 ans par le Mouvement familial au
Québec. C'est donc dans un esprit de collaboration envers les
bâtisseurs gouvernementaux d'une politique de la famille que nous venons
aujourd'hui apporter notre modeste concours.
M le Président nous avons peu à dire sur les articles du
projet de loi. Voici, toutefois, les commentaires que nous aimerions faire
concernant, entre autres, les articles 10, 11 15 27 et 28. Si vous me le
permettez, je ferai lecture de ces commentaires et, à la suite de cette
lecture, |e déposerai une proposition minimale de critères
à respecter pour la nomination des membres du Conseil de la famille,
proposition qui a été préparée et
entérinée par nos membres.
À I'article 11, le libellé est le suivant "Les membres du
conseil autres que le président ne sont pas
rémunérés sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement" Les membres de nos
organisations présents aux assemblées du 15 décembre et du
20 janvier nous ont demandé de vous faire part qu'ils aimeraient qu'une
provision soit apportée pour la rémunération des membres
du conseil. En effet, si l'on veut que ce conseil soit vraiment composé
de personnes représentatives des familles, il faut s'assurer de la
présence et de la participation efficace de ceux et celles qui peuvent
véhiculer le point de vue des familles. {16 h 15)
Le critère de rémunération doit donc être
établi pour permettre la participation aux assemblées sans perte
de revenus. Ces critères doivent permettre également aux membres
du conseil de consacrer sans perte de revenus également une certaine
période de temps pour préparer leur participation à ces
assemblées. II n'est pas exclu ici de considérer comme
hypothèse de solution la possibilité que le conseil obtienne des
employeurs, lorsque cest le cas, un congé avec solde pour leurs
employés afin d'assurer l'accomplissement intégral du mandat de
ces personnes. Dans les autres cas, les règles de
rémunération devraient autoriser le versement de ce qu'il en
coûte pour assurer une pleine participation de présence et de
préparation à ces assemblées.
L'article 10 "En cas d'empêchement du président. II est
remplacé par le vice-président" Nous aimerions faire le
commentaire suivant. Nous aimerions que le vice président soit
rémunéré tout comme le président. II apparaît
en effet, que le vice-président ou la vice-présidente
appelé à remplacer le président doit connaître aussi
bien les dossiers que ce dernier et en conséquence, consacrer autant de
temps au conseil que le président, donc, pour assurer un remplacement
efficace, être aussi disponible. Cette disponibilité doit
également être rémunérée.
À l'article 15, dont on a parlé longuement ce matin on dit
"Dans I'exercice de ses fonctions, le conseil peut " il y a plusieurs
alinéas mais on aimerait en ajouter un cinquième disant. Le
conseil doit suivre le développement de la politique familiale et faire
rapport à ce sujet annuellement sans oublier de mentionner l'état
d'avancement des travaux dans l'optique familiale que chacun des
ministères concernés doit con sacrer.
À I'article 17 "Le conseil peut, avec l'autorisation du ministre,
rendre publics ses avis" Notre assemblée a délibéré
assez longuement à ce sujet. Nous avons obtenu un consensus à
savoir que nous aurions aimé que le conseil puisse rendre publics ses
avis après consultation du ministre et non avec l'autorisation du
ministre. C'est un souhait. On aurait aimé voir écrit
après consultation avec le ministre.
À I'article 28, nous aurions aimé qu'il soit
précisé dans la loi que c'est le ministre responsable de la
politique familiale qui est le ministre responsable de I'application de la
présente loi. Un souhait est formulé ici. Que le ministre
responsable de I'application de cette loi soit rattaché au Conseil
exécutif.
Enfin, une observation générale sur l'ensemble du texte.
Plusieurs de nos membres nous ont demandé de vous faire part qu'ils
souhaiteraient une proposition indiquant que le texte du projet de loi 94 soit
féminisé, permettant ainsi une référence permanente
aux personnes des deux sexes président, présidente
vice-président, vice-présidente, etc.
M le Président, je termine en vous mentionnant que nous
déposerons une proposition
minimale des critères respectés pour la formation du
Conseil de la famille. Ces critères pour la nomination éventuelle
des neuf membres du conseil ont été considérés par
notre assemblée générale Selon le processus que nous
suivons présentement, nous retournons à tous nos membres la
proposition des critères et nous leur demandons de nous faire
connaître les candidats et candidates qu'ils aimeraient voir aux
différents postes; par la suite, nous communiquerons à nos
membres le retour des propositions qui nous auront été faites en
mentionnant par qui elles ont été faites, par quel organisme et
le nombre de fois que les personnes ont été
suggérées. Nous serons, par la suite, en état de
présenter à qui de droit la proposition reçue des
différents organismes pour les candidats et candidates éventuels
aux neuf postes du conseil.
En terminant, M. le Président, permettez-nous de vous exprimer
une inquiétude. Cette inquiétude, nous en avons parlé ce
matin, concerne les effectifs qui seront accordés au conseil. Rien dans
le projet lui-même ne nous assure que les effectifs seront nombreux, du
moins en nombre suffisant pour considérer l'ensemble des nombreux
dossiers d'une politique d'aide à la famille. Nous demandons au
gouvernement du Québec de mettre en pratique son énoncé
d'orientation en politique familiale; un milieu favorable à la famille,
à son épanouissement dans tous les secteurs de vie est la clef
recherchée pour résoudre nombre de problèmes que rencontre
présentement notre société québécoise. Il
nous apparaît donc futile, M. le Président, de compter sur un
conseil sans force, de même que, pour l'Éducation et son conseil,
la Condition féminine et son conseil - on pourrait en nommer d'autres -
et l'ordre de grandeur de leurs budgets, désirons-nous pour la famille
un conseil qui puisse, dans un très proche avenir,
bénéficier d'un budget aussi important; sinon, nous pourrions
douter du sérieux du gouvernement du Québec envers les familles
du Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le ministre.
M. Dutil: Je remercie M. Sarrazin, du regroupement, de son
intervention. On remarque que les points ressemblent, en bonne partie, à
ceux soulevés ce matin par la COFAQ. Je ne voudrais par revenir
là-dessus.
Il y a le point de la rémunération qui est important et
qui est relativement couvert par le deuxième paragraphe de l'article 11.
On a mentionné les coûts de gardiennage et te remboursement des
pertes de revenus. Ce sont des choses qu'il faudrait vérifier et voir
s'il y a possibilité de le faire. Je le mentionne parce qu'il faudrait
l'envisager pour l'ensemble des organismes et non seulement pour le Conseil de
la famille.
Ce sont là deux points que je retiens dans ma réflexion,
sauf qu'on ne fera pas cela spécifiquement pour le Conseil de la
famille. Si c'est fait, je pense que c'est une discussion, pour le
gouvernement, pour l'ensemble des conseils s'il y a lieu. Cela va. Pour les
autres remarques, étant donné que cela rejoint pas mal ce qui a
été dit ce matin, je n'ai pas d'autres commentaires.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Sarrazin: Est-ce que je peux, M. le Président?
Le Président (M. Baril): M. Sarrazin.
M. Sarrazin: Oui, évidemment, je comprends ce que vous
voulez dire. Dans le cas du Conseil de la famille, les gens qui seront
appelés à participer à ce conseil sont peut-être des
gens d'une classe différente. Je n'aime pas employer ce mot, mais c'est
ce que je veux dire. Cela peut être des employés de très
petites industries. Souvent, à des conseils, on rencontre des
professionnels ou des gens de différents secteurs de la santé et
des services sociaux qui ne perdent absolument rien lorsqu'on leur permet
d'aller à une réunion d'une commission mais, dans te cas du
Conseil de la famille, on pense qu'il y aura des représentants des
familles, des groupes populaires. Pour eux, cela devient assez difficile de
pouvoir se libérer.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je vais commencer par la
dernière intervention en partant d'une philosophie qui m'a toujours
préoccupé lorsque j'étais membre d'un organisme syndical
et que, devenu député, je conserve toujours, c'est une
façon bien de chez moi de le dire. On ne peut pas mettre à tous
les hommes du Québec une chemise de 15 de collet et de 32 de manches, il
faut tenir compte de cela. Une décision a été rendue par
le ministre responsable du Conseil du trésor que, désormais, on
ne payait plus, qu'on ne permettait plus ce qu'on appelait à
l'époque les per diem pour les conseils consultatifs. En prenant une
décision comme celle-là, qu'a-ton vu dans l'ensemble? Le Conseil
des collèges a une position différente parce qu'il s'est
débattu et que le ministre a décidé qu'il était
d'accord avec lui. Le Conseil des universités a une autre façon;
le Conseil supérieur de l'éducation aussi. Cela n'a plus de bon
sens. Dans te fond, si jamais il y avait eu une exception à cette
règle générale, cela aurait certainement dû
être, à mon avis, pour tous ceux qui vont faire partie d'un
organisme comme celui-ci, qui représente la famille. Quand on parle de
gardiennage, dans certains cas, si on veut que la femme au foyer et que la
femme au travail ou que l'homme au
travail dans de petites et moyennes entreprises puissent participer
à un tel conseil, puissent au moins voir leur mise en candidature
envoyée par un organisme, il faut qu'ils sachent au bout du compte si,
oui ou non, il y aura quelque chose de convenable.
Là, le ministre ne pourra pas s'effacer facilement en disant que
l'article 11 dit ceci. Je le lis pour qu'on comprenne bien ce que cela veut
dire: "Les membres du conseil autres que le président ne sont pas
rémunérés sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement. " Je continue de l'autre
bord parce que cela continue: "Ils ont cependant droit au remboursement des
dépenses faites dans l'exercice de leurs fonctions, aux conditions et
dans la mesure que détermine le gouvernement. " Cela veut dire qu'on
fait référence aux décisions du Conseil du trésor,
décisions qui indiquent de quelle façon ils vont être
payés, s'ils ont des frais de millage ou s'ils sont obligés de
prendre un hôtel et de manger. Tout le reste, si vous êtes capables
de subvenir à vos propres besoins, allez-y! Comment va-t-on faire pour
qu'une femme ou un homme d'une famille monoparentale puisse représenter
l'organisme ou les gens qu'ils ont l'intention de représenter, s'il n'y
a pas d'aide? Si le ministre ne le met pas dans le projet de loi, moi, je ne
crois pas, d'aucune façon, qu'il ne sera pas bloqué, même
si lui-même est au Conseil du trésor, par le président du
Conseil du trésor. Je n'ai pas confiance en Eut. Pas plus le vôtre
qu'on aurait plus confiance dans le nôtre parce que le président
du Conseil du trésor est là pour couper, ii est là pour
éviter des dépenses. Il essaie d'entrer dans le budget qui a
été déterminé par le ministre des Finances. C'est
normal, c'est la société qui est comme cela. Quand vous me dites
cela, je pourrais vous rappeler d'autres dossiers comme l'OPHQ et le programme
PARCQ. Je vous dirais: II y a de beaux principes. Mais dans l'application, cela
n'a plus de bon sens. C'est dans ce sens que je dis - je suis d'accord avec
vous - qu'on devrait considérer cela.
Dans d'autres secteurs de votre présentation, M. Sarrazin, j'ai
cru comprendre que vous étiez bien content - et vous en avez fait
mention dans un télégramme que j'ai entre les mains - des
décisions qui avaient été prises à la fois sur
l'énoncé de politique familiale et le projet de loi 94. Vous
dites: C'est un premier pas en avant. Vous avez entendu nos conversations ce
matin. J'aimerais savoir si à l'intérieur de votre regroupement
il y a des organismes - je vais continuer à les appeler de ta même
façon, cela ne me gêne pas - plus malcommodes que les autres parce
qu'ils foncent plus. D'autres sont plus tranquilles et disent: On a craint que
cela n'arrive pas. Il y a au moins cela, prenons-le. Ils disent: On va faire un
petit pas, on va essayer d'en faire plus la prochaine fois et, dans ce
contexte, je pose la question: Est-ce que vous conservez ce même
optimisme du mois de décem- bre ou, eu égard aux conversations et
discussions que vous avez eues jusqu'à maintenant, n'y a-t-il pas,
cependant, un danger d'accepter te projet de loi tel qu'il est devant nous pour
l'avenir de la famille au Québec?
M. Sarrazin: Effectivement, nous avons une inquiétude
mais, quand cela fait 30 ans que vous attendez quelque chose et qu'on vous
l'offre en partie, il y a deux directions qu'on peut prendre: on saute dans le
train qui passe et on espère que le train poursuivra sa route ou bien on
reste sur le quai. II y a eu de longues discussions au niveau du regroupement
des organismes, qui sont tous des organismes autonomes, et nous sommes
arrivés à un certain consensus. Cela n'empêche pas les gens
d'adresser leurs propres revendications. Il y a eu un consensus de groupe sur
le fait que nous étions heureux que le gouvernement du Québec se
compromette comme il l'a fait en déposant ses orientations
générales en matière de politique familiale. C'est un
document que nous avons longuement considéré. Nous aurions
peut-être voulu plus, mais nous nous sommes dit: Nous espérons que
le gouvernement respectera ses engagements et nous avons voulu monter dans le
train. C'est un fait que cela a été après une discussion
assez ardue et qu'il a fallu établir un consensus, ii n'y a pas à
sortir de là. (16 h 30)
M. Jolivet: J'ai cru comprendre, pour bien simplifier ma
pensée, que des gens disaient: Mieux vaut cela que rien. D'autres
disaient: Mieux vaut rien que cela. Dans le fond, le problème, c'est
qu'on est devant quelque chose et vous dites: Parce que le train passe, je
monte dedans en espérant qu'il changera en cours de route. D'autres
disent: Si je monte dedans, ce n'est pas moi qui suis conducteur et je
n'arriverai pas où je veux.
Dans ce contexte, la question que j'ai posée, c'est: Est-ce qu'il
n'y a pas un danger, s'il n'y a pas d'amendements majeurs au projet de loi, que
des organismes qui font partie de votre regroupement, que ce soit le Cercle des
fermières, d'une part, qui est un groupement beaucoup plus
revendicateur, d'une certaine façon, et il a raison, ou, d'autre part,
peut-être un comité de pastorale qui n'a pas les mêmes
préoccupations, n'y a-t-il pas un danger que des organismes disent: On
est peut-être mieux de prendre cela parce que cela ne passera pas tous
les jours? D'autres pourront dire: Oui, mais si tu le prends, tu risques de
perdre ce que tu as déjà qui s'appelle, même si ce n'est
peut-être pas le véhicule nécessaire, le Conseil des
affaires sociales et de la famille.
C'est dans ce sens que je vous pose la question. Y a-t-il un danger
à accepter, je ne dirai pas aveuglément, parce qu'il faut faire
attention à nos mots quand on parle, mais de dire: On va faire confiance
dans la mesure où le texte nous indique que c'est le ministre qui donne
les mandats? C'est le ministre qui donne
les moyens, et il n'en donne pas beaucoup, c'est le ministre qui doit
déterminer les objectifs, si j'ai bien compris, de telle sorte que, si
le ministre veut un conseil consultatif pour ses propres besoins, qu'il en
fasse un, mais qu'il ne présente pas un projet de loi pour cela. S'il
veut vraiment avoir quelque chose qui aide les familles, qui ne soit pas
vertical mais horizontal, qui permette aux ensembles familiaux de faire valoir
leur point de vue, qu'il leur donne une tribune, mais une tribune qui a du bon
sens. C'est à peu près la question que je pose.
M. Sanrazin: Dans les premiers.
M. Jolivet: Vaut mieux mes questions que les vôtres, vous
n'en posez même pas! Vous ne I'entendez pas, il dit. Une longue question.
Je lui dis que j'aime mieux la poser que de ne pas la poser.
M. Doyon: Pas besoin de parler si fort, on n'est quand même
pas sourds.
M. Jolivet: Vous pouvez vous en aller. Cela ne me dérange
pas. De toute façon, vous ne parlez pas.
M. Doyon: Pas besoin de parler si fort, on n'est pas sourds.
M. Jolivet: D'accord Parfait!
M. Doyon: On peut parler d'un ton normal. On va se comprendre
pareil.
M. Jolivet: C'est mon ton normal.
M. Doyon: Bon, je ne trouve pas ça normal de crier pour
rien.
Mme Juneau: Cela va faire!
M. Sarrazin: Dans les premières présentations qu'on
a faites, il y a quelques années, nous aurions voulu - je l'ai
mentionné tout à l'heure - que le ministre responsable de la
politique familiale relève du Conseil exécutif. Nous avons eu ce
projet de loi 94 et il ne répond pas entièrement,
évidemment, aux aspirations que nous avions. Mais, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, nous croyons fermement qu'il y a
possibilité - nous allons demeurer un chien de garde à ce
sujet-là - d'utiliser actuellement le conseil proposé en lui
donnant cependant plus de moyens que ceux qu'il semble devoir avoir. Nous
croyons qu'on peut, pour les familles du Québec - et c'est un
début, nous le disons bien, c'est un début - utiliser le conseil
avec pas mal d'influence.
M. Jolivet: Ce que j'ai donné comme information ce matin,
comme possibilité, quand on parle d'une politique familiale qui ait
comme résultat d'aider l'ensemble des familles au Québec, quelle
que soit la forme de famille, bien entendu... Dans ce contexte-là, il
faut tenir compte de toute la politique de sécurité du revenu. II
faut tenir compte de l'ensemble des services de garde. II faut tenir compte de
I'ensemble de la politique pour les femmes. Donc, c'est un ensemble qui ne peut
pas. S'il n'y a pas un pouvoir qui permette daller vérifier ce qui fait
un organisme ou un ministère, dans le fond, cela n'a pas de valeur. Le
conseil d'après ce qui est déterminé, ne remplit aucune de
ces possibilités à mois, bien entendu, qu'on n'apporte des
amendements que je ne connais pas. Mais si on ne fait pas d'amendement, ce
qu'on a devant nous, je l'ai répété, c'est un os dont on a
enlevé la moelle. C'est un conseil dont on a enlevé la substance
et dans le fond, on risque de leurrer le monde. Notre argumentation
jusqu'à maintenant, c'est que le ministre peut bien dire qu'il va
permettre aux gens de sortir les avis publics, il peut bien nous dire qu'il va
leur permettre de faire des mandats d'initiative, mais je l'ai dit. Le ministre
ne sera pas toujours là. Il pourra arriver un ministre qui, lui,
désire tout simplement garder en vase clos I'ensemble de la
documentation et sortir ce qu'il veut, quand il le veut. Je trouve que cela n'a
pas de bon sens et c'est dans ce sens que je dis que le fait de vouloir
embarquer, en voulant le changer, n'est-ce pas un gros risque de ne rien voir
changer d'ici dix ans et de se retrouver encore pire qu'on est la?
Donc, la question que j'ai posée ce matin était la
suivante. Le conseil tel que présenté ne représenterait-il
pas un recul par rapport à ce qu'on a au moins aujourd'hui? Il faut
continuer la lutte pour obtenir vraiment une politique familiale
intégrée à l'ensemble des organismes et
ministères.
M. Sarrazin: Oui, à cela je pourrais répondre qu'il
y a à peine quelques années nous n'avions absolument personne au
gouvernement du Québec qui pouvait prendre en considération ce
que nous avions à apporter. On frappait à la porte du ministre de
la Santé et des Services sociaux, on pouvait frapper à la porte
d'un autre ministère. Mais là nous pensons que,
réellement, s'il y a un endroit, comme un Conseil de la famille au
Québec ou on pourra adresser nos revendications, ce conseil-là,
d'après le dépôt de ta politique familiale, de
l'énoncé, doit voir à ce que, dans les différents
ministères concernés par une politique familiale - il y en a au
moins 18, nous a-t-on dit - il y ait un avancement de la cause familiale dans
chacun de ces ministères. C'est pour cela que nous sommes heureux de
voir, au moins à un endroit bien identifié et
spécifiquement identifié pour aider les familles, un conseil de
la sorte. Qu'il ait plus de pouvoirs, je suis entièrement d'accord avec
ce que vous suggérez. Nous aimerions qu'il en ait beaucoup plus, c'est
évident. On ne lâchera pas sur ce
point-là.
M. Jolivet: Je sais que ma collègue a aussi des questions
à poser Je vais poser la mienne, ensuite, s'il n'y a pas d'autres
personnes elle pourra les poser. Ma question a trait à I'article 28. Ce
matin, j'ai fait une affirmation, à savoir que la tendance actuelle
permet de dire que le Conseil des ministres nommera le ministre responsable.
J'ai eu I'occasion, ainsi que mon recherchiste, de voir qu heureusement il y a
aussi, ailleurs, des nominations directes. Par exemple, le projet de loi qui
forme le Conseil supérieur de l'éducation indique que le ministre
de l'Éducation est chargé de I'application de la présente
loi. Dans un document adopté le 1er septembre 1985, soit la Loi sur le
Conseil des communautés culturelles et de I'immigration, on indique que
le ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration est
responsable de l'application de la présente toi. Je crois comprendre que
vous faites la même revendication, à savoir qu'on indique dans le
projet de loi, nommément à I'article 28, que le ministre
responsable soit le ministre délégué et vous
espérez que le ministre délégué soit à la
fois la personne qui, tout comme la ministre déléguée
à la Condition féminine, soit rattachée directement
à l'Exécutif plutôt qu'à un ministère, comme
une sorte de sous-ministre spécial ou vice-ministre, peu importe la
façon dont on l'appelle, avec un comité, un conseil qui soit dans
un organigramme, au bas de l'échelle Est-ce que je comprends bien votre
pensée quand je l'exprime ainsi?
M. Sarrazin: C'est notre souhait, oui. M. Jolivet:
D'accord.
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît. Est-ce que d'autres députés ont des questions
à poser? Mme la députée de Johnson, s'il vous
plaît!
Mme Juneau: Merci, M le Président Compte tenu du fait que,
dans le projet de loi, on vise à nommer neuf membres au Conseil de la
famille et qu'il y a beaucoup d'associations, beaucoup plus que neuf
associations, à supposer qu'il y ait 15 ou 20 personnes en nomination,
qu'est-ce que vous, comme association, pourriez recommander au ministre? Quelle
sera la façon de procéder? De quelle façon croyez-vous,
avec votre expérience, que le gouvernement devrait procéder dans
une situation comme celle-là?
M. Sarrazin: Je pourrai vous répondre que nous avons
passé quelques heures à essayer de régler cette situation.
Effectivement, II pourrait y avoir 50 ou 60 personnes. Enfin, il y a des gens
qui se proposent eux-mêmes. On peut se retrouver avec un très
grand nombre de personnes. Nous avons essayé, avec le groupe,
d'établir ce dont j'ai parlé tout à l'heure, une
proposition minimale de critères. On s'est dit. D'abord, faisons une
distinction entre nomination à la présidence et nomination
à la vice-présidence du conseil, étant donné qu'on
demande que l'article 10 devienne pratiquement l'article 11. Nous avons dit
que, pour la présidence et la vice-présidence du conseil, on
tenait - je vous donne notre point de vue - à ce que ce soit un parent.
Ce devrait être un parent à la présidence et à la
vice-présidence du conseil, mais pas nécessairement pour les sept
autres postes, que ce parent ait un leadership reconnu dans le domaine de la
politique familiale, c'est-à-dire que ce soit une présence
reconnue et acceptée par le milieu. Troisièmement, que cette
personne ait des compétences professionnelles et personnelles
inhérentes à la fonction, une compétence d animation, une
compétence en communication, certaines connaissances dans le domaine de
la recherche, une compétence de coordination et, enfin, une
compétence de gestion.
Pour les sept autres membres du conseil, nous avons établi les
critères suivants s'assurer que les personnes proposées aient des
compétences personnelles et professionnelles dans un ou plusieurs
secteurs d'intervention du champ d'application de la politique familiale, que
ces gens-là - et c'est là la mosaïque qui est difficile, je
l'admets - assurent une représentation de diverses régions et
qu'on assure aussi une représentation des deux principaux types de
familles biparentale et monoparentale. Ce serait important que ces deux types
de familles soient représentés. Qu'on assure une
représentation de parents de divers âges et de diverses conditions
économiques et de parents d'enfants de divers âges et de diverses
conditions physiques et psychosociales. Ce qu'on veut dire par là, c'est
qu'on ne voudrait pas juste des parents d'enfants de zéro à cinq
ans, mais qu'il y ait des parents d'enfants de 13, 14 et même 18 et 20
ans. Les problèmes sont différents. On ne pourra pas, dans un
premier temps, lors de la première année ou du premier mandat,
satisfaire à tous ces critères-là, mais on devrait avoir
une orientation très générale dès le début
de la nomination des personnes. Enfin, on aimerait aussi que ces personnes
représentatives assurent une représentation de personnes ayant
été recommandées par plusieurs organismes reconnus pour
leur intérêt familial. On veut que les gens de la base en
général sentent que c'est quelqu'un qui peut plus facilement
peut-être parce qu'il a été en contact avec ces
gens-là, voir leur condition familiale réellement
représentée au conseil.
On aimerait une bonne représentation d'hommes et de femmes
d'âges variés à ce conseil et on aimerait qu'il y ait aussi
une représentation des communautés ethniques. C'est très
important au Québec actuellement. On voudrait donc que les
communautés ethniques se sentent aussi représentées au
conseil.
Mme Juneau: Si je comprends bien, dans la sélection, vous
souhaiteriez que le ministre mette des critères qui pourraient
ressembler à ce que vous venez de nous exposer.
Comment vivez-vous avec le deuxième paragraphe de l'article 7:
"À l'expiration de leur mandat, ils demeurent en fonction jusqu'à
ce qu'ils soient remplacés de nouveau?" Est-ce que vous êtes
d'accord avec le fait que les membres de ce conseil soient réélus
pour un deuxième mandat? Ici, on dit: seulement un deuxième.
Comment votre organisme vit-il ça? Est-ce que vous souhaiteriez que les
gens soient renommés après la fin de leur mandat une fois, deux
fois, ou si vous pensez qu'une fois le mandat expiré on doit
nécessairement aller à la recherche d'autres personnes,
peut-être tout aussi compétentes? Comment voyez-vous
ça?
M. Sarrazin: Je vais vous répondre à partir d'une
expérience personnelle, mais on n'en a pas discuté comme tel au
regroupement. Je dois être clair à ce sujet-là. J'ai fait
partie, comme plusieurs d'entre vous, de plusieurs conseils dont celui des
affaires sociales et de la famille. Il m'apparaît difficile que, dans un
seul mandat, on puisse réellement apporter quelque chose de très
valable. On commence à s'habituer après deux ans peut-être,
à moins que ce conseil ne se rencontre très fréquemment.
Je pense qu'on peut faire plus d'un mandat. (16 h 45)
D'autre part, il faut assurer une rotation de l'ensemble des membres du
conseil. Il ne laudrait pas changer tout le monde à tous les deux
mandats ou attendre à tous les deux mandats pour en changer. Il y a
toujours des démissions pour différentes raisons en cours de
mandat. Là, on peut assurer une certaine diversité de
représentation. Je voulais simplement mentionner qu'on pourrait
facilement faire deux mandats.
Mme Juneau: Si je comprends bien, vous souhaiteriez que le
président et le vice-président soient nommés parmi les
membres et non par le gouvernement. Comment vivez-vous cela?
M. Sarrazin: C'est une bonne question. Oui, évidemment, on
aimerait que le président ou la présidente soit nommé
après consultation des organismes familiaux, mais nous doutons qu'on ait
la possibilité de nommer nous-mêmes le président ou la
présidente.
Mme Juneau: Entre vous, compte tenu qu'il y aura... Supposons que
les neuf membres ont été choisis par voie de sélection,
d'après des critères et le reste. Est-ce que vous souhaiteriez
que ce soit entre vous, après la nomination des neuf membres acquis au
conseil, que soit élu le ou la présidente de ce conseil?
Trouvez-vous juste et équitable que cette nomination vienne du ministre
responsable?
M. Sarrazin: Je dois admettre qu'on n'a pas émis d'avis
à ce sujet et que l'article qui indique que c'est le gouvernement qui
nomme le président a été respecté.
Mme Juneau: Vous n'avez pas regardé cela?
M. Jolivet: Juste pour compléter, peut-être que la
nomination du président pourrait être faite par le gouvernement et
que le vice-président, lui, pourrait être choisi parmi les
membres. Cela compléterait et ce serait plus possible.
M. Sarrazin: Cela pourrait même représenter cette
espèce de collaboration qu'il doit y avoir entre les gens du milieu et
le gouvernement qui doit en prendre la responsabilité.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous avez
terminé, madame?
Mme Juneau: Oui, merci.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui, j'aurais une autre question qui concerne votre
recommandation quant à la rémunération du
vice-président au même titre que celle du président.
Quelles sont les raisons qui vous motivent à demander que ce soit une
personne à temps plein? Vous dites qu'elle doit être au même
titre parce qu'elle doit remplacer. Est-ce qu'un vice-président, parce
qu'il remplace, doit nécessairement être à temps plein et
rémunéré à ce titre-là? Je pourrais faire
référence au Conseil supérieur de l'éducation pour
le président et les vice-présidents catholiques et protestants,
et vous auriez raison. Pour un organisme comme celui-là, est-ce dans ce
sens que vous le proposez?
M. Sarrazin: Je pense qu'il faut placer cela dans un ensemble.
Écoutez, je ne voudrais pas dire qu'on veut gagner tout ce qu'on peut,
mais ce conseil est tout même une équipe assez
légère. Nous croyons qu'il ne sera pas aussi Important - en
nombre, en tout cas - que le conseil de la condition féminine ou le
Conseil supérieur de l'Éducation. Nous nous sommes dit que te
gouvernement du Québec avait sûrement les moyens de donner au
moins deux personnes à temps plein au Conseil de la famille, soit te
président et le vice-président. On dit que ce n'est pas trop. Si
le vice-président est appelé à remplacer de façon
tout aussi efficace le président, on s'est dit que le
vice-président devait aussi être disponible et qu'il devait avoir
la même latitude et la même disponibilité que le
président pour étudier les dossiers, établir ses contacts
avec les différents organismes, le Secrétariat de la politique
familiale, entre autres, et que cela demandait un emploi à temps plein.
C'est un peu dans cette optique qu'on aimerait
être assurés qu'il y aura deux personnes en autorité
au conseil pleinement rémunérées et pleinement
disponibles.
Le Président (M. Baril): Est-ce tout? Le mot de la fin, M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui. Je vous remercie de votre présentation et
des renseignements que vous nous avez donnés. J'espère que le
ministre, pour l'essentiel de vos demandes qui sont légitimes, pourra en
tenir compte. Il est évident que vous êtes, pour le moment, deux
organismes présents qui aviez demandé d'être entendus.
J'aurais aimé que la consultation se poursuive avec d'autres groupes
qui, même s'ils sont à l'intérieur de votre regroupement,
comme le Cercle des fermières, ont des représentations
différentes, compte tenu de leurs fonctions, et vous l'avez bien dit,
ils sont tous et toutes autonomes quant à leur direction, mais c'est sur
un consensus que je suis ici aujourd'hui. Un consensus représente
toujours, malheureusement, un minimum et jamais un maximum. Dans ce contexte,
je vous remercie d'être venus faire valoir votre point de vue.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je remercie M. Sarrazin
d'être venu faire valoir le point de vue du regroupement, ici, cet
après-midi. Je mentionne spécialement l'aspect étapiste de
l'approche du regroupement là-dessus. On sait que l'étapisme par
rapport au tout, tout de suite, de certains radicaux dans d'autres domaines
représente toujours des discussions très ardues et difficiles,
mais le tout, tout de suite, n'est peut-être pas la solution possible. Je
suis plutôt favorable à une évolution juste pour les
familles qu'à une révolution qui, finalement, ne donne pas
nécessairement de meilleurs résultats et crée
peut-être des conflits supplémentaires, cela dit sans me
référer à d'autres aspects de la politique provinciale,
bien sûr.
Le Président (M. Baril): Je vous remercie beaucoup,
messieurs, de votre présentation. Je suis persuadé que cela a
éclairé les députés.
J'appelle...
M. Jolivet: M. le Président, avant de passer à
l'article 1. J'aimerais juste faire un petit commentaire, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Baril): Allez!
M. Jolivet: Mon commentaire est le suivant: Ce n'est pas parce
que nous avons accepté que deux organismes soient présents ici,
aujourd'hui, et puissent participer à une forme de consultation - je
dois vous dire que ce n'est pas une consultation particulière
prévue par notre règlement - que je ne déplore pas le fait
qu'on n'ait pas pu en entendre plus et qu'on n'ait pas pu entendre les
organismes directement reliés à la politique familiale. Je ne
voudrais pas que le fait de les avoir entendus, aujourd'hui, soit
considéré de la part de la formation ministérielle comme
une acceptation de la part de l'Opposition pour tous les autres organismes qui
n'ont pas été entendus. Je voulais bien me démarquer de la
décision prise par la formation ministérielle ce matin.
Étude détaillée
Le Président (M. Baril): C'est fait. L'article 1, s'il
vous plaît!
M. Dutil: M. le Président, il y a le préambule
avant l'article 1 qui, je pense, doit également être
appelé.
Le Président (M. Baril): Selon la procédure, on
peut le faire avant comme on peut le faire à ta fin.
M. Dutil: Ah! Je n'ai aucune objection d'y procéder
à la fin.
Institution et organisation
Le Président (M. Baril): L'article 1, s'il vous
plaît.
M. Dutil: L'article 1 se lit tout simplement comme suit: "Est
institué le "Conseil de la famille". "
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Jolivet: "Est institué le "Conseil de la famille". Je
l'ai dit et je le répète, M. le Président, je pense que,
sur cet article, nous avons entendu des représentations ce matin de
certaines personnes qui disent que ce n'est pas suffisant et que c'est
même dangereux. D'un autre côté, je dois dire que, sur le
principe même, nous n'avons jamais été en désaccord.
Cependant, nous en aurons sur l'ensemble des modalités. Je ne voudrais
pas non plus, comme te ministre l'a fait dans sa réplique lors de
l'étude du principe du projet de loi, qu'il vienne nous dire ce qui se
passe là. L'Opposition est d'accord avec un principe, mais, par contre,
je dois lui faire comprendre que c'est ie contenu qui nous inquiète.
C'est sur cela que nous allons faire porter la discussion qui s'en vient.
Donc, est institué un Conseil de la famille. II est
évident que nous allons avoir ta même pensée que lorsque
nous avons voté en deuxième lecture.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 2, s'il vous
plaît!
M. Dutil: "Le secrétariat du conseil est situé à
l'endroit déterminé par le gouvernement. Un avis de la situation
et de tout déplacement du secrétariat est publié à
la Gazette officielle du Québec. " Alors, il s'agit pour le
gouvernement de se laisser une certaine latitude en fonction des besoins des
membres qui formeraient l'éventuel Conseil de la famille et de voir,
selon leur souhait, si on peut situer à un endroit ou à un autre
le Conseil de la famille.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Jolivet: Sur cette question, est-ce que le ministre peut nous
dire quel est pour le gouvernement... Si on se fie sur le fait que le ministre
nous dit aujourd'hui que cela va dépendre des membres qui vont
être nommés... Si on dit: tout déplacement du
secrétariat, cela veut dire qu'il pourrait y avoir des
déplacements. Ce sont des coûts. J'ai devant moi un gouvernement,
semble-t-il, de comptables. Le ministre lui-même, dans son projet de loi,
s'est mis à nous dire: Cela va dépendre des personnes qui vont
être nommées. Le conseil pourrait être à
Montréal un jour, à Sherbrooke un autre jour; tout dépend
des membres nommés. Cela pourrait être chez vous? Oui? Il pourrait
être à Trois-Rivières. C'est drôle, c'est la
première fois que je vois cette proposition. J'aimerais avoir plus
d'explications du ministre. Est-ce que cela veut dire que selon le vent on va
déplacer notre conseil et qu'une décision gouvernementale va
suffire?
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Dutil: Je n'ai pas du tout de telle pensée. Certains
organismes souhaiteraient que ce soit à Montréal et d'autres
à Québec; je pense que le choix se fera entre ces deux endroits.
Une fois qu'il sera fait, j'ai l'impression qu'il devra être au
même endroit d'une leçon assez longue parce qu'évidemment,
quand on établit une structure de gens qui travaillent de façon
permanente dans un organisme, il ne faut pas les faire transiter d'une
journée à l'autre. Sauf que l'article nous laisse cette latitude
dans un premier choix et laissera, si jamais l'occasion se présente,
à un prochain gouvernement, dans quelques années, le choix de
modifier le lieu, sans être obligé de revenir pour cette
chose-là à l'Assemblée nationale.
M. Joly: M. le Président...
Le Président (M. Baril): Oui, M. le député
de Fabre.
M. Joly: J'imagine aussi, M. le ministre, que vous serez
sûrement à l'écoute du président de l'organisme,
à savoir où, pour lui, ce sera plus facile d'oeuvrer à ce
moment. Si on parle d'efficacité et si on a un président qui est
de la région de Québec, à mon sens, ce serait absolument
inadmissible de voir le conseil oeuvrer à Montréal. S'il y a
moyen de rentabiliser le temps, encore là, je pense que par une
consultation avec les ministres et le président, peut-être
qu'ensemble ils pourront définir où devront se tenir les
assises.
M. Doyon: Là-dessus, M. le Président, avec votre
permission et la permission de l'Opposition, je pense qu'il est aussi important
de tenir compte d'un facteur. Vous me permettrez de dire, étant
donné que le Conseil de la famille a essentiellement pour mission
d'intervenir auprès des principaux ministères, qu'il est
important que ces ministères soient à la portée de la
main. Je fais valoir dès maintenant au ministre que l'appareil
gouvernemental est essentiellement situé à Québec et que,
dans les circonstances, il devrait y avoir un penchant, une
considération spéciale pour Québec, tout simplement pour
que le conseil puisse avoir de meilleures chances d'accomplir sa mission.
Compte tenu de sa structure et compte tenu de la façon dont il va
fonctionner, il est important qu'il puisse avoir accès facilement aux
différents ministres, aux différents ministères. Dans ce
sens, la région de Québec devrait jouir d'une
considération toute spéciale.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Je vous dis que je suis un peu surpris. Pour vous
dire bien honnêtement, une grosse argumentation a été faite
dans la ville de Québec sur le déplacement. Je dois dire que je
ne suis pas contre non plus. Là, je vais parler de
décentralisation. Je vais parler de toute la question de l'Office des
personnes handicapées, qui est à Drummondville, de la
Régie de la violence dans les sports, qui est à
Trois-Rivières. Je pense que je vais parler aussi bien du
côté régional. Moi, mon problème n'est pas
là. Ordinairement, on dit où il est situé. Ce qu'on vient
de me dire, c'est que, là, il va être situé selon les
membres du conseil. Le conseil, en vertu de l'article 12, se réunit au
moins huit fois par année. Il peut tenir ses séances à
tout endroit au Québec. Ce n'est pas la question de savoir à
quelle place iI va être en termes de séances de travail. C'est le
secrétariat, c'est ta bâtisse physique, le numéro social
où il va se situer. Est-ce que c'est Québec? Est-ce que c'est
Trois-Rivières? Est-ce que c'est Drummondville? Est-ce que c'est
Sherbrooke? Est-ce que ce sera Montréal?
Je prendrai l'argumentation des députés de Québec
en disant que le maire de Québec s'est opposé à des
déplacements, même à l'intérieur de la grande
région de Québec, parce que la ville de
Québec avait certaines difficultés vis-à-vis cela.
Je comprends mal qu'on vienne, dans un projet de loi, dire: C'est à tout
vent. Après un mandat, le président ou la présidente va
venir de Montréal. Là, désormais, elle va avoir le
pouvoir, en vertu de cet article, de dire au ministre, que ce soit un autre que
celui qui est en face de nous: Écoutez, M. le ministre, ce serait mieux
qu'on soit à Montréal. Là, on aménage des locaux
à Montréal, on fait des dépenses additionnelles pour
réinstaller un nouveau secrétariat à Montréal.
Quatre ans après ou huit ans après, c'est un autre changement qui
se fait et on revient à Sherbrooke. Je trouve que cela n'a pas de bon
sens. Il me semble que le ministre devrait dire que c'est à
Québec l'endroit. Ce n'est pas: "Un avis de la situation et de tout
déplacement du secrétariat est publié dans la Gazette
officielle du Québec" pour dire: Désormais, on est ailleurs.
Vous savez, ce sont des coûts additionnels: toute l'impression des
enveloppes, du papier avec l'entête indiquant où il se trouve,
à moins qu'on n'indique que ce ne sera pas comme cela. C'est quoi cette
idée de dire que le secrétariat va pouvoir
déménager à la décision du gouvernement?
Normalement, celui qui fait la recommandation au Conseil des ministres, c'est
le ministre. J'essaie de savoir. Le ministre devrait normalement indiquer que
sa préférence, c'est Québec ou Montréal, et
l'indiquer comme telle, ou même la Beauce, s'il veut. Ce serait un peu
excentrique, mais cela ne fait rien, il n'y a rien qui est anormal. (17
heures)
Une voix:...
M. Jolivet: Non, c'est ce que je dis. Quand je parle de cela, je
parle de La Tuque, mais Je dis aux gens: II n'y a jamais une plus grande
distance que celle entre ton doigt et le téléphone. Donc, pour
moi, il n'y a pas de distance au Québec dans la mesure où on est
capable d'avoir les moyens de communiquer avec les personnes.
C'est pourquoi je dis que, dans ce contexte, je ne comprends pas
pourquoi le ministre n'indique pas une place spéciale.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Fabre.
M. Joly: À moins que j'interprète mal l'article 2,
j'aurais tendance à croire que le député de Laviolette
voudrait que, d'une façon absolue, on puisse régler l'idée
du secrétariat du conseil pour cent ans à l'avance. De la
manière que je l'interprète, on est en train, par l'article 2, de
donner un peu de flexibilité quant aux besoins futurs. Partant de
là, cela ne veut pas nécessairement dire que le
secrétariat du conseil serait déménagé tous les
deux ans ou tous les quatre ans, mais on accorde quand même par cet
article, à mon sens, non pas un semblant, mais une flexibilité
qui permettrait, justement, un aménagement d'un secrétariat du
conseil ailleurs qu'à l'endroit original.
Partant de là, je ne vois aucun mat d'avoir cette
flexibilité, comme je verrais d'un mauvais oeil d'essayer de
régler le secrétariat du conseil pour 15, 20 ou 30 ans à
l'avance. On se donne une flexibilité, cela ne veut pas
nécessairement dire qu'on s'en servira en cours de route. C'est mon
interprétation et j'aimerais être corrigé par le ministre
si elle n'est pas bonne.
Le Président (M. Baril): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: M, le Président, ce qui m'inquiète,
à l'article 2, on dit: "à l'endroit déterminé par
le gouvernement". À l'article 4: "sont nommés par le
gouvernement". À l'article 6, c'est encore le gouvernement qui
désigne. À l'article 9: "Le gouvernement fixe... " Finalement,
c'est le gouvernement qui fait tout. Dans le fond, on devrait
déterminer... Je suis d'accord avec mon collègue
là-dessus, je suis même d'accord avec le député
ministériel. On devrait le savoir exactement, aujourd'hui, cela devrait
être fixé dans la loi. Je n'ai rien contre le fait que Ce soit
à Québec, près des ministères, mais il me semble
que cela devrait être dit, cela ne devrait pas être par un avis de
la situation et de tout déplacement du secrétariat.
M. Jolivet: Je vais vous rappeler d'autres projets de loi qui
forment des conseils. Vous avez la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation. On dit, à l'article 14: "Le conseil ainsi que ses
comités et commissions ont leur secrétariat dans le territoire de
la Communauté urbaine de Québec. " Boni Je n'ai aucune objection,
si c'était là, il n'y a pas de problème. Dans la Loi sur
le Conseil des affaires sociales et de la famille, à l'article 14, on
dit: "Le secrétariat du conseil est dans le territoire de la
Communauté urbaine de Québec", et on dit: Le conseil peut tenir
ses séances à tout endroit du Québec. " Je ne trouve pas
cela anormal.
Vous avez la Loi sur le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration qui dit: "Le secrétariat du conseil est situé -
celui-là - sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, à l'endroit déterminé par le
gouvernement. " C'est normal. Et on ajoute, en deuxième partie, c'est de
la première partie que je faisais mention: "Un avis de la situation et
de tout déplacement du secrétariat est publié dans la
Gazette officielle du Québec. " C'est normal.
On dit: "Le secrétariat du conseil est situé à
l'endroit déterminé par le gouvernement. " Pourquoi ne le
détermlne-t-on pas aujourd'hui? Le travail de ce conseil sera-t-il
facilité s'il est près des ministères concernés
à Québec? Qu'on le situe dans la Communauté urbaine de
Québec, je n'ai pas d'objection, plutôt que de dire: Ce sera une
autre chose que le gouvernement décidera plus tard, qu'on ne verra pas,
pour un gouvernement qui nous a dit qu'il ne procéderait jamais
par réglementation. C'est une réglementation qui va
exister. Je ne comprends pas pourquoi il y aurait une résistance
à indiquer que ce sera à Québec, dans la Communauté
urbaine de Québec ou la Communauté urbaine de Montréal,
tous les autres conseils sont comme cela. C'est là où j'en
ai.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, voyez-vous, on s'accroche sur
des choses que je n'appelle pas être de la législation. Je pense
que l'Exécutif a justement comme mandat de s'occuper d'exécuter
les choses. II faut donner une certaine flexibilité, dans les choses qui
ne sont pas législatives, à l'Exécutif. Je pense que c'est
intéressant. C'est notre argumentation quant à cet article 2.
M. Jolivet: M. le Président, je reviens encore parce que
je vais vous faire mention d'un autre conseil, et c'est sur la proposition du
premier ministre. C'est un projet de loi qui a été adopté
en 1987, le projet de loi 104, Loi sur le Conseil permanent de la jeunesse.
Qu'est-ce qui est dit à l'article 14 encore une fois? "Le
secrétariat du conseil est situé sur le territoire de la
Communauté urbaine de Québec à l'endroit
déterminé par te gouvernement. " Je ne comprends pas. Le ministre
dit que ce n'est pas de la législation. Il va falloir qu'il aille voir
son premier ministre et qu'il l'accuse de ne pas faire de législation.
Il l'a marqué dans son projet de loi. Je ne vois pas quelle est votre
raison pour nous dire que vous ne voulez même pas situer l'endroit
principal, l'adresse. Est-ce parce que vous allez avoir au conseil quelqu'un
qui reste actuellement à Montréal et qui est
intéressé à y demeurer? Est-ce parce que vous avez
quelqu'un qui est à Shebrooke et qui est intéressé
à y demeurer? Voyons donc! Ce n'est pas de même qu'un gouvernement
gouverne. Il ne décide pas si le président ou la
présidente, que vous avez déjà l'intention de nommer, sera
une personne de Québec, de Montréal ou de Sherbrooke.
On veut savoir si votre intention... Et là je vais prendre
l'argumentation du député de Québec, je vais prendre
l'argumentation du maire de Québec. Qu'est-ce que vous avez, dans un
contexte comme celui-là, à l'envoyer ailleurs? Donnez les
raisons! Si votre raison, c'est de dire: La grosse population dont on a
à s'occuper est à Montréal et on veut s'installer à
Montréal, bien, dites-le! Mais là, cela va se faire plus tard et,
à un moment donné, on va apprendre par la Gazette officielle que
le ministre, dans sa sagesse, aidé de ses autres collègues, a
décidé que ce serait à Montréal. Les gens de
Québec qui sont ici présents vont être en fusil parce
qu'ils ne l'auront pas vu passer et vos propres collègues vont vous en
tenir rigueur. Vous allez avoir une bataille avec le maire de Québec. Si
vous avez le courage de dire aujourd'hui que ce sera à Montréal
parce que vous pensez que l'ensemble de la population, pour vous, est
majoritairement à Montréal, bien, mettez-le à
Montréal. Mais pourquoi ne le mettez-vous pas?
M. Joly: M. le Président.
Le Président (M. Baril): Un instant, M. le
député de Sainte-Anne a demandé la parole.
M. Polak: Peut-être que le ministre pourrait nous expliquer
pour quelle raison on n'a pas un endroit déterminé. Parce que
c'est vrai que d'habitude on a un endroit, quitte à changer par
après. II y a une certaine dérogation. Il a peut-être des
raisons très valables. Est-ce parce qu'on n'a pas encore
décidé où aller et qu'on veut garder une
flexibilité?
M. Dutil: II est bien évident que la
Confédération des organismes familiaux se situe à
Montréal et que, pour eux, il est vraisemblable que ce soit plus
pratique de siéger à Montréal, alors que l'argument que
soulevait le député de Louis-Hébert est aussi un argument
qui a son poids, à savoir que, dans la région de Québec,
on est plus près des ministères. Il s'agit, pour les gens qui
seraient éventuellement amenés à nous suggérer
cette décision-là, de voir, pour eux - et je pense que c'est
important de le savoir - quel est l'aspect le plus important, puisque c'est un
Conseil de la famille où on veut que les représentants des
familles puissent s'exprimer et qu'ils le fassent de la façon la plus
facile possible. C'est la raison pour laquelle on veut laisser cette
flexibilité-là pour l'instant.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, j'ai une autre Interrogation
qui me vient à l'esprit. Le ministre crée un Conseil de la
famille. À moins qu'il ne fasse des amendements pertinents pour faire un
changement majeur au projet de loi, j'ai cru comprendre que le ministre voulait
garder une mainmise sur le conseil. Or, comme il veut garder une mainmise sur
le conseil, je trouve drôle qu'il me parle de vouloir le déplacer
à Montréal À moins qu'il n'ait décidé de lui
donner vraiment l'autonomie que les organismes souhaitent pour le conseil. Si
c'est cela, tant mieux, bravo! Mais vous vous éloignez de votre propre
conseil que vous créez pour vos besoins de consultation, si je me
réfère au projet de loi actuel. Et là, je me dis que,
normalement, il devrait être le plus près possible du ministre. Il
devrait être dans la région de Québec en particulier.
En tout cas, il y a une chose certaine, c'est que nous allons nous
opposer à l'acceptation de cet article 2 et nous allons demander aux
députés de Québec de faire les représentations qui
s'imposent auprès du maire de Québec pour faire valoir des points
de vue. Mais, à ce
moment-là, on pourrait vous en suggérer un, si vous
n'êtes pas capable de prendre une décision, et vous l'accepterez
ou le refuserez. On pourrait faire un amendement qui dirait que l'article 2 est
amendé de façon qu'on insère, à la place de
"l'endroit déterminé par le gouvernement", "le secrétariat
du conseil est situé sur fe territoire de la Communauté urbaine
de Québec".
M. Joly: M. le Président.
Le Président (M. Baril): Oui, M. le député
de Fabre Un instant, s'il vous plaît. Il faudrait avoir la copie de votre
amendement, monsieur...
M. Jolivet: Oui, en fait, il se lirait comme suit. Le
secrétariat du conseil est situé sur le territoire de la
Communauté urbaine de Québec à l'endroit
déterminé par le gouvernement. Parce que c'est un local, une
bâtisse. Point. Le reste, ce serait la même chose: "Un avis de la
situation et de tout déplacement... " Un peu comme vous avez dans la Loi
sur le Conseil permanent de la jeunesse.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Fabre.
M. Joly: M. le Président, merci. Je pense que le
député de Laviolette a répondu lui-même à
tous les arguments qu'il a pu soulever, à savoir que le
téléphone n'est jamais plus loin que le doigt. Que ce soit
à Québec, parce qu'on peut dire que tous les services
gouvernementaux sont là, ou que ce soit à Montréal, parce
que tous les organismes sont là, nécessairement, on pourrait
justifier autant de bonnes raisons d'un côté comme de l'autre.
Mais le fait de se donner la petite latitude qui existe, la petite
flexibilité qui existe, est-ce que ce n'est pas justement bonifier cette
capacité d'en arriver à définir les vrais besoins au
moment où tout le monde sera en poste et faire en sorte qu'on fasse un
choix éclairé, un choix logique, après, peut-être,
consultation avec tous les organismes et tous les ministères? Pour le
moment, le ministre se donne ce pouvoir dans le projet de loi. Je ne me sens
nullement bouleversé à appuyer l'article 2. Je me sens à
l'aise avec cela. Il s'agit de donner de la flexibilité. De l'autre
côté, on donne une rigidité et on n'en sort plus. La
flexibilité, tout le monde devrait l'endosser sans se poser de questions
et sans faire une tempête dans un verre d'eau.
M. Jolivet: M. le Président le député vient
de m'ouvrir une porte aussi grosse qu'une porte de grange ouverte.
M. Joly: Allez, mon ami.
M. Jolivet: M. le Président, cela n'a pas de bon sens ce
qu'il vient de me dire. J'ai vécu pendant nombre d'années avec
une Opposition en face de moi qui disait: Cela n'a pas de bon sens; vous
décidez tout en catimini à votre Conseil des ministres; faites-le
donc dans un projet de loi. C'est ce qu'ils nous ont dit: Pas de
réglementation; faites-le autrement que de cette façon;
dépoussiérez votre réglementation;
dépoussiérez vos projets de loi. C'est ce qu'on m'a dit. J'ai
entendu cela nombre et nombre de fois. Aujourd'hui, on vient de me dire:
Écoutez, donnez-nous donc la flexibilité qu'on recherche. "Le
secrétariat du conseil est situé... " C'est parce que le ministre
est actuellement pris, et c'est réel, entre le fait que ces organismes
sont à Montréal pour la grande majorité et que les autres
parties, les ministères dont il a une partie de la responsabilité
ou dont le gouvernement a la responsabilité globale... Il est
poigné entre les deux et iI ne veut pas prendre de décision. Il
nous dit: Laissez-moi aller et je déciderai plus tard.
Je voulais simplement alerter l'ensemble de la population qu'une
décision n'est pas prise ici et ce n'est pas de la flexibilité.
Je vous la donne la flexibilité. Je vous dis: Je vous donne le
même texte que le premier ministre a proposé. Je ne change pas le
texte du premier ministre. C'est lui qui l'a proposé. Se serait-il, lui,
enfargé, le premier ministre? Aurait-il mis de la rigidité, le
premier ministre? Ce n'est pas cela. Ce qui arrive, c'est que vous avez une
décision à prendre comme gouvernement et vous avez
décidé de ne pas la prendre et de laisser porter. Vous verrez et
après cela vous en prendrez une au Conseil des ministres et on le verra
dans les journaux. Nous, les députés, qui sommes les
législateurs, on le verra dans la Gazette officielle, si on a le
temps de la lire, ou on la fera lire à quelqu'un d'autre qui nous dira:
II vous a passé quelque chose. Mais il sera trop tard, hein?
En tout cas, une chose est certaine, les gens de Québec et les
gens de Montréal vont savoir que vous n'avez pas pris de décision
aujourd'hui. Ce n'est pas vouloir être rigide. Qu'on ne vienne pas me
faire croire que je suis rigide en disant cela. Je prends le texte même
que le premier ministre a suggéré et qu'on a adopté. Je
vous dis que cela n'a pas de bon sens. On dit: "Le secrétariat du
conseil est situé à l'endroit déterminé par ie
gouvernement. " Il manque un bout, le bout où on dit: Le
secrétariat est situé sur le territoire, mais à l'endroit
déterminé par... C'est cela qui est la coutume normale.
Si je forme un syndicat quelque part, je ne me poserai pas la question:
Est-ce que je vais le mettre à Grand-Mère, à La Tuque bu
à Saint-Tite? Je vais le décider un jour. Bien, je récris.
J'envoie mes documents là-bas, aux responsables qui déterminent
si ma raison sociale est correcte, si elle ne prend pas la place d'une autre,
si je suis situé comme il faut et pour qu'ils sachent à quelle
place ils vont envoyer les comptes quand le Revenu va demander de payer mes
comptes. Ils veulent savoir où je suis. Pour le gouvernement,
lui, ce serait rigide de se faire demander cela. Mes lettres patentes,
quand je les demande aux organismes à Québec, on me les envoie
quand j'ai donné l'adresse où je vais être situé, la
composition du conseil d'administration et ce que j'ai l'intention de faire, et
si je ne contreviens pas aux lois gouvernementales, à la fois
fédérales, provinciales et municipales, si je ne contreviens pas
à d'autres organismes qui font le même travail parce que je porte
la même raison sociale. Il n'y a personne qui dit que c'est rigide,
cela.
Comment se fait-il que je viens proposer cela, ce que le premier
ministre a proposé, et que c'est devenu rigide du coup? Je ne comprends
pas du tout votre argumentation. Il me semble que la logique voudrait que le
ministre étant à Québec, les ministères
étant à Québec, le ministère aura avec les
organismes, comme on a sur d'autres choses... Est-ce parce que le gros de la
population est à Montréal qu'on va mettre le ministère du
Travail à Montréal? Pourtant, les conflits peuvent être
plus nombreux à Montréal qu'ils le sont à La Tuque. Ce
serait tout à fait normal de le situer à Montréal. Je ne
comprends pas que vous me disie2 si rigide que cela. Je fais simplement mettre
ce que le premier ministre a eu devant les yeux à un moment
donné: la Communauté urbaine de Québec. Le maire de
Québec a dit: Cela n'a pas de bon sens, le gouvernement s'en va à
Montréal. Je veux simplement rassurer la population de Québec, je
voudrais simplement vous aider à ne pas faire une autre erreur et, comme
je le disais ce matin, à la perpétuer. Pourquoi est-ce que ce
serait illogique de marquer la Communauté urbaine de Québec?
Donnez-moi les raisons, je ne les al pas entendues. (17 h 15)
M. Dutil: Je n'ai pas de commentaires.
Le Président (M. Baril): Nous sommes présentement
à l'étude de l'amendement qui est recevable. Est-ce qu'il y en a
qui ont des commentaires?
M. Jolivet: J'ai fait les miens. Je pense que c'est logique et
qu'on devrait l'accepter. On ne devrait en aucune façon refuser cet
amendement-là. Il est logique.
Le Président (M. Baril): S'il n'y a pas de commentaire,
nous devrons voter sur l'amendement de l'article 2.
Mme Juneau: Vote nominal.
Le Président (M. Baril): M. le secrétaire, un vote
nominal, s'il vous plaît!
M. Jolivet: Est-ce qu'on peut attendre le député de
Louis-Hébert pour voir quel sera son vote?
Le Président (M. Baril): On procède au vote
nominal, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Secrétaire: M. Joly (Fabre)?
M. Joly: Contre.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Contre.
Le Secrétaire: M. Thuringer (Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Thuringer: Contre.
Le Secrétaire: M. Sirros (Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour.
Le Président (M. Baril): L'amendement à l'article 2
est défait. Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Jolivet: Non, M. le Président, quant à nous.
Mme Juneau: Sur division.
Le Président (M. Baril): Sur division.
M. Jolivet: C'est évident
Le Président (M. Baril): Merci. J'appelle l'article 3.
M. le ministre.
M. Dutil: "Le conseil se compose de neuf membres choisis pour
leur intérêt aux questions familiales. "
M. Jolivet: Est-ce que le ministre peut m'indlquer les raisons
pour lesquelles il propose le chiffre de neuf membres?
M. Dutil: Nous estimons qu'un conseil d'un plus grand nombre
risque de diminuer son efficacité et qu'un conseil d'un moins grand
nombre risque de ne pas représenter adéquatement les
intérêts.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre peut
m'indiquer, le conseil étant composé de neuf membres, si
cela implique la nomination du président à l'intérieur des
neuf ou si le président est en plus des neuf?
M. Outil: À l'intérieur des neuf.
M. Jolivet: Je pourrais argumenter longtemps, M. le
Président. Je ferais une proposition pour que le conseil soit
composé de onze membres. Cela fera référence à
l'article 4, puisqu'il faudra que je détaille, tout à l'heure,
les raisons pour lesquelles je mets onze membres.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette propose l'amendement suivant qui est de changer le chiffre
neuf pour le chiffre onze.
M. Jolivet: Si je fais cette modification, j'aurais pu mettre
huit ou dix, c'est simplement parce que je voudrais avoir un chiffre impair
dans le cas des besoins qu'on a normalement dans les conseils. Je vais
l'expliquer et je ferai référence à l'article 4. Je veux
simplement dire pourquoi c'est onze parce que, comme je le dis, cela aurait pu
être huit ou dix. J'ai mis onze parce que je considère que,
d'abord, il faut toujours avoir dans un conseil un chiffre impair. C'est la
normalité des choses. Dans bien des cas, cependant, dans les
délibérations, le président ne vote pas. il prend toujours
un vote prépondérant si besoin en est. Dans ce
contexte-là, le chiffre onze, qui est un chiffre impair, me permettra de
faire l'argumentation à l'article 4.
Je commence en vous disant que ce qu'on a dit au ministre,
jusqu'à maintenant, c'est: "Les membres sont nommés - je prends
l'article 4 pour bien situer mon argumentation - par le gouvernement, sur
recommandation du ministre responsable de l'application de là
présente loi. "
Souvenez-vous qu'on a dit, dans nos argumentations de ce matin, d'autres
en ont fait mention, des textes l'indiquent, que tout cela est sous la
responsabilité du ministre et qu'il devrait faire comme d'autres
conseils, soit demander et bien spécifier les personnes qui seront les
membres du conseil. Le ministre a dit: Ce ne sont pas nécessairement des
gens qui s'occupent de la famille ou des organismes familiaux qui devront y
siéger. Cela pourrait être d'autres personnes pour leurs
compétences universitaires, socio-économiques ou autres. Dans ce
contexte-là, il est évident que, quand le ministre indique que
les neufs membres sont "choisis pour leur intérêt aux questions
familiales" et que les personnes peuvent être à la fois aussi bien
membres des organismes familiaux déjà existants, comme cela
pourrait être aussi des gens venant du milieu universitaire, parce qu'ils
ont fait des études, des textes ou donné des cours ou des choses
semblables sur toute la question familiale, que ce soit des gens qui
représentent des organismes de femmes, comme des gens impliqués
fortement dans l'aide apportée aux femmes, que ce soit des gens du
système des services de garde, soit en garderie familiale ou, comme on
est habitués de tes appeler, dans les garderies populaires ou les
autres, privées ou publiques... En fait, on dit: Des gens qui ont un
intérêt pour la question familiale.
Je vous dis qu'il me semble qu'on devrait en augmenter le nombre pour
ensuite être capable, à l'article 4, de faire des recommandations
précises pour déterminer que... À ta suite de demandes, le
ministre pourra peut-être nommer le président ou la
présidente et choisir parmi les autres membres - ou ceux-ci
éliront eux-mêmes - le vice-président ou la
vice-présidente, ces gens venant de différents horizons du
Québec, comme on l'a dans d'autres conseils. C'est dans ce
sens-là, M. le Président, que mon amendement était pour
onze, parce que je croyais que cela pouvait être quelque chose
d'intéressant, avec les propositions que j'ai à faire à
l'article 4.
Le Président (M. Leclerc): M. le ministre.
M. Dutil: Sans égard aux modifications éventuelles
à l'article 4, je vous avoue qu'on avait hésité entre le
chiffre neuf ou onze, mais, si le chiffre onze plaît davantage à
l'Opposition, je n'ai pas d'objection à ce que nous portions le nombre
de neuf à onze. Je ne pense pas, en tout cas, qu'on aille trop loin non
plus; vous savez, entre neuf et onze, ce n'est pas comme entre 9 et 21. Je
demanderais à mes collègues, s'ils sont d'accord, d'accepter cet
amendement.
Le Président (M. Leclerc): Donc, est-ce que l'amendement
proposé par ie député de Laviolette est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Leclerc): Est-ce que l'article 3 tel
qu'amendé est adopté?
M. Jolivet: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Leclerc): Article 4? M. le ministre.
M. Dutil: "Les membres sont nommés par le gouvernement,
sur ta recommandation du ministre responsable de l'application de la
présente loi. "Ils sont nommés après qu'ait
été sollicité l'avis des associations ou groupes familiaux
et des milieux et institutions concernés par les questions
d'intérêt familial. "
Le Président (M. Leclerc): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, ce pourquoi j'avais
proposé onze, et je suis heureux que le ministre ait accepté ma
proposition, c'est parce
que je voudrais que I'article 4 soit basé sur les autres
conseils. Ce qu'on a mentionné dans nos discussions jusqu'à
maintenant, et d'autres l'ont dit aussi c'est qu on devrait regarder I'ensemble
des autres conseils et voir comment. Ils sont formés. Vous avez un
exemple qui a été apporté souventefois celui du Conseil du
statut de la femme. Vous avez aussi le Conseil supérieur de
I'éducation pour d'autres secteurs. II faut faire attention il y a des
choses intéressantes qui peuvent être prises de I'un et de I'autre
et qui vont donner du contenu au Conseil de la famille.
Je vais simplement vous lire ce qui concerne la formation prévue
pour le Conseil du statut de la femme. Un dit "Le conseil se compose des
membres suivants nommés par le gouvernement a) le président b)
quatre personnes choisies parmi celles qui sont recommandées par les
associations féminines c) deux personnes choisies parmi celles qui sont
recommandées par les groupes socio-économiques
représentatifs, d) deux personnes choisies parmi celles qui sont
recommandées par les organismes syndicaux e) deux personnes choisies
parmi celles qui sont recommandées par les milieux universitaires.
Là, on dit pour le vice président "Le gouvernement nomme
un vice président parmi les personnes visées aux paragraphes b
à e" C'est ce que nous avons au Conseil du statut de la femme.
On a un autre conseil, le Conseil de la langue française. On dit
que dans celui là il avait été décidé que
c'étaient "douze membres nommés par le gouvernement, comme suit
a) le président et un secrétaire b) deux personnes choisies
après consultation des associations socio-culturelles
représentatives, c) deux personnes choisies après consultation
des organismes syndicaux représentatifs, d) deux personnes choisies
après consultation des associations patronales représentatives,
e) deux personnes choisies après consultation des milieux
universitaires, f) deux personnes choisies après consul tation des
associations représentatives des groupes ethniques "
Donc quand on regarde la composition de certains conseils, on
s'aperçoit qu'il y est nommément inscrit parmi quels groupes les
membres seront choisis. On connaît la politique familiale qui devrait
être développée, comme le ministre le dit très bien
d'ailleurs, de façon horizontale dans différents
ministères. On parle de la sécurité du revenu, et j'en
faisais mention ce matin, on parle du Code du travail qui pourrait permettre
à des gens de pouvoir s'occuper de leur vieux parents ou de leurs
enfants. Je regardais la décision qui a été rendue au
fédéral et qui doit être dans une loi, en regard d'un homme
qui a dû prendre charge de son enfant à la suite de la mort
prématurée de son épouse et qui a obtenu par l'assurance
chômage, et cela devrait davantage être développé
à I'avenir, le droit de percevoir le congé parental en vertu de
la loi fédérale sur l'assurance- chomage
Quand je regarde cela je me dis qu'il devrait donc y avoir des gens
représentant le secteur du travail. II devrait y avoir des personnes
représentant le secteur des services de garde ou des gens qui
travaillent à I'intérieur de ces secteurs comme le secteur
socio-économique des femmes qui s'occupent des problèmes de
femmes violentées - ce qu'on décrit, dans un journal ce matin
dans un communiqué de presse de la ministre de la Santé et des
Services sociaux comme étant une de ses priorités la violence
faite aux femmes.
M. Polak: Aux personnes âgées.
M. Jolivet: Oui. II y a des personnes âgées qui
peuvent être. En fait, il y a différents groupes qui peuvent
être considérés. Dans ce sens, on devrait peut-être
le dire nommément à I'article 4 Je comprends bien que l'article 4
dit "Ils sont nommés après qu'ait été
sollicité lavis des associations ou groupes familiaux et des milieux et
institutions concernés par les questions d'intérêt
familial. "
Dans ce contexte, j'aurais en regard d'autres conseils une proposition
de modification à I'article 4 qui pourrait se lire comme suit. L'article
4 du projet de loi 94 est modifié pour se lire comme suit. Le conseil se
compose des membres suivants nommés par le gouvernement a) le
président b) deux personnes choisies parmi celles recommandées
par les organismes familiaux c) deux personnes choisies parmi celles
recommandées par les groupes socio-économiques
représentatifs, d) deux personnes choisies parmi celles
recommandées par les milieux universitaires e) deux personnes choisies
parmi celles recommandées par les organismes syndicaux, f) deux
personnes choisies parmi celles recommandées par les associations des
communautés ethniques. Et le gouvernement nomme un vice-président
parmi les personnes visées aux paragraphes b à f.
Donc, la nomination pourra se faire de deux façons quant au
président. Les gens, une fois réunis, proposent au ministre la
nomination d'une personne comme président et le ministre fait la
recommandation qui s'impose au Conseil des ministres. Comme j'en faisais
mention à M Sarrazin tout à l'heure, ils ont la
possibilité de garder une certaine forme de responsabilité quant
à la nomination du président.
II est évident que ma proposition a pour but de vous aider dans
le même sens que ce qu'on a dans d'autres projets de loi qui forment des
conseils comme le Conseil de la langue française.
M le Président, j'aimerais d'abord savoir si vous acceptez mon
amendement. J'en ferai les argumentations ensuite.
Le President (M. Baril): Un instant, s'il vous plaît. On me
dit que c'est recevable. Cela
ne change pas le fond M le ministre, est-ce que vous avez des
commentaires?
M. Dutil: Oui. Nous avons également parlé
longuement de cet article, à savoir justement si on devait suivre
I'exemple d'autres conseils et, donc, préciser d'ores et
déjà à l'avance de que! endroit, de quelle
expérience, de quel milieu viendraient les gens concernés par la
politique familiale. Sauf qu'il faut bien se rendre compte que la politique
familiale touche tout le monde, ce qui n'est pas le cas d'un secteur comme
I'éducation ou il y a certaines personnes plus
spécialisées là-dedans qui sont peut-être plus aptes
à le faire. C'est un secteur plus spécifique.
II faut se rendre compte que, seulement pour les ministères, on
parle, dans notre énoncé de principe, de toucher douze
ministères par cette politique familiale, six organismes gouvernementaux
et j'omets de parler des municipalités qui peuvent être grandement
concernées par le développement de l'accueil à la famille
dans leur municipalité et les milieux patronal, syndical et ainsi de
suite. (17 h 30)
Après avoir longuement réfléchi là-dessus,
je pense que ce serait une erreur que de ne pas nous laisser cette souplesse
étant donné que, parmi tous les critères, il faudrait en
rajouter d'autres qui seront la provenance régionale, la division par
sexe - qu'il y ait quatre femmes au moins ou quatre hommes au moins - et ainsi
de suite. On en arrierait finalement, pour avoir le supposé Conseil de
la famille idéal, à un conseil ou il faudrait probablement avoir
40 ou 50 membres. C'est un choix que nous avons fait d'éviter de nous
enferrer dans des dénominations tellement strictes que finalement on en
arriverait à un résultat contraire à celui que I'on
souhaiterait, c'est-à-dire que les familles soient véritablement
bien représentées au Conseil de ta famille.
Le Président (M. Baril): M le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Je suis un peu surpris d'entendre le ministre, quand
je regarde la loi qui gouverne actuellement le Conseil des affaires sociales et
de la famille. II est évident que cela regroupe beaucoup de membres
actuellement. On dit, à l'article 7. Le conseil se compose des membres
suivants, nommés par le gouvernement sur la recommandation conjointe du
ministre de la Santé et des Services sociaux et du ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu 1° le
président, 2° le Vice-président choisie parmi les personnes
visées dans les paragraphes 3° à 6° - il est
évident que, si le ministre refuse ma proposition au complet, j'aurai un
autre amendement à faire tout à l'heure - 3° trois personnes
choisies parmi celles qui sont recommandées par les associations et les
groupes représentatifs du domaine de la santé, 4° trois
personnes choisies parmi celles qui sont recommandées par les
associations et les groupes représentatifs du domaine des services
sociaux, 5° deux personnes choisies parmi celles qui sont
recommandées par les associations familiales, 6° deux personnes
choisies parmi celles qui sont recommandées par les groupes
socio-économiques représentatifs, 7e deux personnes
choisies parmi celles qui sont recommandées par les organismes
syndicaux, 8° trois personnes choisies parmi celles qui sont
recommandées par le milieu universitaire" Donc, j'ai calqué un
peu ma proposition sur ce qui existe actuellement dans le Conseil des affaires
sociales et de la famille. Je comprends que le ministre est en train de me
dire. Là, on va parler de division par le sexe. Donc, au moins tant pour
tant de personnes, sur onze, cela veut dire au moins cinq-six. On ne peut pas
faire autrement. Deuxièmement, il va nous dire. Je vais penser aux
régions. Ma collègue avait même pensé proposer un
amendement sur les treize régions administratives, mais on s'est
refusé à cela parce qu'on ne sait pas actuellement si ce nombre
ne montera pas davantage avec les nouveaux changements des régions qui
ont été annoncés par le ministre responsable de l'Office
de planification et de développement du Québec.
Le ministre nous dit, vis-à-vis de cela, qu'on aurait
peut-être le côté patronal le côté syndical,
etc. En fait, tout ce qu'on a fait, c'est qu'on a pris calque, si on peut
parler ainsi, sur le conseil actuel. On a dit il semble que ce ne serait pas
illogique. On a regardé d'autres conseils qui sont formés et on
arrive à cela. C'est évident que ma proposition n'avait pas pour
effet et n'aura jamais pour effet d'en arriver à un conseil
équivalant au Conseil supérieur de l'éducation.
D'ailleurs, le ministre a raison. Ce sont des gens qui sont versés
à ce point de vue Je dis, moi. II y a des organismes familiaux
Peut-être que le ministre n'est pas satisfait des membres nommés.
Peut-être voudrait-il qu'on les change, qu'on nomme plus de gens venant
des milieux familiaux. Je n'aurais pas d'objection à faire un
amendement, même à ma proposition, sans en faire un amendement
additionnel. Non, je pense que ce qu'on a essayé de présenter,
c'est ce qu'on avait à l'intérieur du conseil actuel.
On dit deux personnes choisies parmi celles qui sont recommandées
par les associations familiales. C'est tout à fait normal que ces
groupes nous fassent des recommandations et qu'on les choisisse parmi
celles-là. Maintenant, on en a mis deux. On aurait pu en mettre trois On
aurait pu en mettre un des groupes ethniques. On avait pensé à
cela tout à l'heure. Vous voyez notre proposition, on avait
marqué trois pour les groupes familiaux et un au niveau ethnique. Si le
ministre veut qu'on fasse un changement en ce sens, je suis prêt à
le faire, même à le faire maintenant, sans besoin de faire de
nouvelles propositions; mettre trois en haut et un en bas. Ce qui est
important, c'est de répondre à des demandes qui ont
été faites aujourd'hui
nous disant qu'il serait peut-être possible de regarder et de ne
pas oublier les groupes ethniques surtout dans le contexte rapporté par
le premier ministre comme je l'ai dit ce matin et ou I'on parle de population,
de gens qui viennent normalement aider la société
québécoise à augmenter son nombre de personnes par le
processus normal et habituel, qu'il faut favoriser aussi bien que le programme
d'aide à la famille, de soutien à la famille. Donc, on parle de
I'immigration.
On a dit deux personnes choisies parmi celles qui sont
recommandées par les groupes socio-économiques
représentatifs. Là on a dit par les groupes
socio-économiques représentatifs. Le ministre peut certainement
regarder tous les groupes qui oeuvrent dans les services de garde I'aide aux
jeunes les maisons de jeunes les maisons de femmes violentées tout cet
éventail de gens qui, bénévolement travaillent à ce
qu'on ait une vie plus correcte comparativement à celle que Ion voit de
temps à autre. Je recevais aujourd'hui à I'heure du lunch, un
document provenant du conseil de la santé et des services sociaux de ma
région mentionnant les difficultés qu'il a concernant l'aide aux
jeunes avec le DPJ comme on I'appelle, qui s'occupe de la jeunesse dans ma
région en particulier. Ce sont des gens comme ceux-là qui
représentent tous les groupes socio-économiques
représentatifs.
On dit aussi deux personnes recommandées par des organismes
syndicaux. II me semble qu'il y a eu au Québec beaucoup de choses faites
et dites par ces groupes qui méritent d être
représentés au conseil. Le ministre faisait mention des milieux
universitaires. Nous n'avons pas d'objection. II y a des gens qui dans les
milieux universitaires, ont fait des études des recherches et qui
donnent des cours. Ils pourraient être très utiles. Ils pourraient
permettre au conseil d'agir, on l'espère, avec les possibilités
d'autonomie que le ministre lui donnera lorsqu'on arrivera plus tard aux
articles permettant à cet organisme de prendre plus d'initiatives et non
de dépendre du ministre seulement. En ce sens, nous croyons que le
ministre devrait accepter cette proposition et devrait, comme tous les autres
conseils le disent, faire cette représentation de cette
façon.
Si le ministre me dit écoutez, peut-être aurez-vous pu
mettre trois en haut et un aux groupes ethniques, je suis prêt à
faire la correction qui s'impose, toujours en référence au
chiffre onze. Pour ce conseil, mieux vaut agir en nommant plutôt que de
faire ce que le ministre dit. Faites-moi confiance, lorsque je ferai ma
recommandation au Conseil des ministres, je ferai attention à
différents critères. Je vous le dis, je ne peux pas faire
confiance au ministre en ce sens. Je m'excuse, je ne suis pas capable parce que
le ministre sera toujours pris avec des contraintes, des pressions qui seront
faites de part et d'autre pour dire. On a besoin plus d'Untel, etc. Finalement,
le ministre va décider en catimini dans son bureau de la provenance de
ces personnes, selon son bon vouloir. À ce moment-là, je pense
que cela ne servira pas la cause des organismes familiaux et de la politique
familiale que d'être à la merci des décisions arbitraires
du ministre.
Le ministre sourit je ne comprends pas pourquoi. II est malcommode! Je
ne comprends pas parce que mon argumentation est basée sur ce qu'on
trouve dans tous les conseils. Le ministre me dit. Je dois tenir Je te sais je
comprends bien qu'il y a treize régions actuelle ment au Quebec je sais
très bien que tout le monde voudra siéger au conseil et que cela
va augmenter, gonfler. Je comprends. D'ailleurs, nous avons proposé onze
et on l'a accepté. Mais, une fois quon a onze personnes on peut les
déterminer à travers des organismes représentatifs, des
gens qui peuvent apporter beaucoup d'expérience au conseil afin que les
meilleures décisions soient prises. C'est en ce sens que je fais ma
proposition, mais je vous dis d'avance, M. le Président, que, si le
ministre veut faire des changements au nombre, je suis prêt S'il veut
faire quelques changements internes, qu'il les propose et on va en discuter,
quitte s'il le faut, à arrêter notre discussion sur le sujet,
à continuer d'étudier les autres articles et à revenir
à 20 heures. Le ministre aura eu le temps de regarder la proposition que
nous avons faite et peut-être d'y avoir fait des amendements. Avant
d'entrer dans cette salle, à 20 heures, on pourrait prendre quinze ou
vingt minutes et accepter une proposition commune qui rejoindrait I'ensemble de
notre proposition de départ.
Le Président (M Baril): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je répète que
nous avons longuement réfléchi à cette question. Nous
pensons que la solution que nous apportons est la bonne parce que, étant
donné que cela existe à d'autres conseils, tous ces arguments ont
été regardés, pesés et soupesés de quelque
façon. Or, pour ma part je demande à la commission de rejeter
l'amendement du député de Laviolette.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix: Rejeté.
M. Jolivet: Un instant! S'il est rejeté, M. le
Président, j'en aurais un autre.
Le Président (M. Baril): I'amendement à l'article 4
est rejeté.
M. Jolivet: J'en ai un autre, M. le Président. On a, au
deuxième paragraphe de l'article 4, le texte suivant "Ils sont
nommés après qu'ait été sollicité l'avis des
associations ou groupes familiaux et des milieux et institutions
concernés par les questions d intérêt familial " II
y aura ceci. L'article 4 du projet de loi est modifié par le
remplacement, dans le deuxième paragraphe, des mots "après quart
été sollicité lavis" par les mots "parmi les personnes qui
ont été recommandées par". Donc, Ils sont nommés
parmi les personnes qui ont été recommandées par des
associations ou groupes familiaux et des milieux et institutions
concernés par les questions d intérêt familial.
Le Président (M. Baril): Alors, l'article est recevable
Nous allons le débattre.
M. Dutil: C'est votre proposition.
M Jolivet: Je veux juste savoir si vous aviez quelque chose
à dire, parce que des fois.
Le Président (M. Baril): M le député de
Laviolette.
M. Dutil: Moi je n'ai pas à décider s'il est
recevable ou non. Je l'aurais souhaité non recevable. Mais que
voulez-vous? C'est le président et je respecte son opinion.
M. Jolivet: Donc, on dit "Ils sont nommés après
qu'ait été sollicité l'avis des associations " Nous
croyons que c'est plus fort et, selon les principes que nous avons. Nos
honorables avocats je ne dirai pas notaires, ce sont surtout les avocats qui
disent toujours que trop fort ne casse pas. II est mieux d'en avoir plus que
moins. Dans ce contexte-là, il me semble qu'il est plus fort de dire..
On sollicite l'avis du monde, d'accord, mais, lorsqu'on dit que des
recommandations nous sont faites par des associations représentatives,
à ce moment-là, que ces gens puissent faire des recommandations,
ce qui n'empêche pas que le ministre dura à prendre une
décision, mais les recommandations auront été faites par
les organismes directement touchés par ce conseil et par cette politique
familiale qu'ils désirent tant.
Alors, il me semble que ce n'est pas anormal de leur demander de faire
les recommandations appropriées et que ces recommandations
appropriées puissent être faites, non pas par un contact
sollicité verbalement, mais par un écrit qui indique, justement
que les gens ont fait une consultation à l'intérieur de leurs
rangs, des organismes qu'ils représentent, des personnes qui sont sous
leur responsabilité, et qu'en conséquence ils peuvent faire des
recommandations pertinentes. Ce n'est pas anormal que de leur dire
Écoutez, vous êtes un organisme qui oeuvrez dans tel secteur. Vous
êtes des gens qui avez une longue expérience. Vous avez des gens,
comme M Sarrazin le mentionnait. Maintenant qu'il est à sa retraite, il
peut faire profiter de I'expérience qu'il a acquise à
l'intérieur de ces organismes et au niveau du service social pour aider
ces organismes à faire valoir leur point de vue auprès du
ministre. Dans ce sens-là, il me semble qu'il n'y a rien d'anormal
à accepter I'amendement que je propose.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Dutil: J'ai un commentaire, M le Président. Je pense
que le député de Laviolette sous-estime toutes les associations
et tous les gens qui peuvent être concernés par les questions
d'intérêt familial. II y a une multitude de gens qui ont toujours
un aspect famille dans leurs - je ne dirais pas responsabilités - mais
dans leurs préoccupations Je ne croîs pas, pour ma part, que le
fait de dresser des listes de 200 noms et d'être obligés de
choisir à l'intérieur de cette liste de 200 noms apporte quelque
chose de vraiment nouveau sinon des discussions supplémentaires et
inutiles. La consultation que nous désirons faire en mettant dans la loi
que nous devons solliciter l'avis des associations et des groupes familiaux
nous paraît nécessaire. Il est possible que le gouvernement
décide daller en dehors de la liste que les gens auront pu nous
suggérer, pour des raisons qui appartiennent au gouvernement et qui
peuvent être, entre autres, tout simplement, le fait que des organismes
familiaux n'aient pas été en contact avec des
personnes-ressources qui nous paraissent importantes pour conseiller le
ministre. Alors, c'est la raison pour laquelle on désire toujours garder
cette flexibilité et que je demande à la commission de rejeter
également cet amendement.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement est...
(17 h 45)
M. Jolivet: Minute minute, M. le Président! Le ministre
exagère un peu quand il dit. Sur une liste de 200 noms. II sous-estime
les gens qui ont quand même la capacité de réagir
autrement. Les gens sont bien conscients. Le ministre charrie un peu, si je
peux employer l'expression, quand il dit que c'est une liste de 200 noms.
M. Dutil: Est-ce que c'est un terme parlementaire?
M. Jolivet: Oui, ce n'est pas considéré. Je connais
la partie du code Geoffrion qui donnait nommément les mots
antiparlementaires. Je ne pense pas que le mot "charrier" soit
antiparlementaire. Le ministre dit que c'est une liste de 200 noms. Voyons
donc, M le ministre! Les organismes, vous les connaissez. Ces gens-là
vont recommander une ou deux personnes Ces gens-là vont dire. Maintenant
vous avez à choisir. S'il y a 40 organismes, cela pourrait être 40
personnes Mais 200 noms, cela veut dire que les gens seraient à ce point
irresponsables qu'ils feraient une grande liste de magasinage au ministre. Ce
n'est pas cela que je propose. Si ces gens-là y ont un
intérêt, ils vont faire valoir leur point de vue, que le ministre
recevra par écrit, et il saura
alors qu'il peut convenablement prendre une décision.
Ce que le ministre est en train de me dire, c'est qu'il va solliciter
des avis. Quand je consulte mon Petit Robert et que je lis bien mon
dictionnaire, solliciter veut dire: C'est tel et tel que je veux, nommez-les
là. Je connais cela. Je peux vous dire que des membres des conseils
d'administration des centres d'accueil... Chez moi, il y a une personne
âgée qui est venue me voir et qui m'a dit: M. Jolivet, je ne
comprends plus rien Vous savez qui je suis? J'ai dit: Oui. Elle m'a dit: Je
suis libérale. J'ai dit: Je le sais. Elle m'a dit: Je ne comprends rien
dans cela. Pendant que vous étiez au pouvoir, c'était moi qui
étais au conseil d'administration et, maintenant que le Parti
libéral est au pouvoir, c'est un jeune qui ne connaît rien dans
cela qui a été nommé à ma place. Elle était
toute insultée. Pourquoi? Parce que les nominations qui ont
été faites dans mon comté l'ont toutes été
par le candidat libéral - que j'ai battu - avec la présidente du
comté. Cette personne m'a dit: cela n'a pas de bon sens, M. Jolivet; je
suis une personne âgée, je suis dans un centre d'accueil; je sais
comment m'occuper des personnes âgées; j'ai du temps pour
m'occuper d'elles et j'ai été tassée par un jeune que la
ministre Lavoie-Roux a nommé. J'ai dit: Je comprends que vous soyez
Insultée, cela n'a pas de bon sens. J'étais là...
M. Polak:...
M. Jotivet:... je n'ai jamais touché aux nominations. J'ai
laissé le conseil de la santé et des services sociaux
régional, se référant aux organismes dans le milieu, faire
les nominations qui s'imposaient. Allez dans mon comté, tout le monde va
vous le dire. Je comprends qu'ils sont nommés après être
allé solliciter l'avis des associations ou groupes familiaux. Cela veut
dire que le ministre va nommer qui il veut, quand il le veut, pour les raisons
qu'il veut. Cela peut aller jusque-là, si j'exagère, mais je ne
ferai pas d'exagération, je vais simplement dire que le ministre va
nommer qui il veut. Les organismes disent: Nous sommes capables de faire des
recommandations au ministre pour être écoutés un peu; si on
ne veut pas considérer le conseil comme étant totalement à
la merci du ministre. Je ne comprends pas, le ministre sourit quand je dis
cela, mais je veux l'aider. Je ne veux pas qu'il ait l'obligation de demander
aux organisateurs libéraux de lui donner des noms. C'est cela que je lui
dis. Je lui dis plutôt que les organismes familiaux sont capables, qu'il
y a toutes sortes de gens dans les organismes familiaux, de différentes
tendances; c'est normal et c'est bien ainsi. Pourquoi le ministre refuse-t-il
de dire qu'ils sont nommés après que des recommandations auront
été faites par ces associations? Je ne trouve pas cela anormal.
Je ne comprends pas que le ministre refuse cette proposition. Je dois vous dire
que le ministre, ayant refusé mon amendement global tout à
l'heure, s'apprête à demander à ses collègues de
refuser encore celui-là. J'étais trop heureux de le voir accepter
le premier amendement que j'ai proposé - pas le premier mais le
deuxième, parce que le premier n'a pas été accepté,
la Communauté urbaine de Québec - de voir qu'on était
passé de neuf à onze; j'étais tout fier. Je pensais que le
ministre avait compris pour les autres amendements qui s'en viennent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Mais il ne l'a pas fait. Je vous dis que c'est
normal...
M. Polak:...
M. Jolivet: Je dis simplement que j'aurais aimé, s'il
avait accepté mon amendement tout à l'heure sur ce même
article, faire une recommandation qui aurait eu pour but que le
vice-président ne soit pas nommé par le ministre. J'y reviendrai
à l'article 6, parce que c'est évident que le ministre doit
s'attendre que je fasse une recommandation dans ce sens-là, que ce soit
plutôt parmi les membres choisis. Mais on a un problème. Si c'est
le ministre qui, à l'article 4, ies nomme tous, les gens vont se
réunir après et vont nommer un vice-président. C'est
évident que ce sera encore une personne qui va être à la
merci du ministre, d'une certaine façon, nommée par le ministre.
Mais je vais le faire quand même pour avoir au moins l'assurance que ces
gens-là vont être capables de prendre une décision sans
être sous la férule du ministre. En tout cas, je vous dis, M. le
Président, que je ne comprends pas pourquoi le ministre refuse cela.
Le Président (M. Baril): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: M. le Président, je trouve que mon
collègue a tout à fait raison en ce sens que c'est une marque de
confiance que le ministre donnerait aux associations. Il y a une marge, vous
savez, entre dire: J'ai telle personne à mettre au Conseil de la
famille. Est-ce que vous croyez que celle-ci pourrait faire l'affaire, et
demander à une association, en laquelle on a confiance et qui oeuvre
depuis plusieurs années, de recommander une personne. Je pense que le
ministre aurait là l'occasion de prouver qu'il a confiance aux
associations qui, depuis fort longtemps, travaillent dans le milieu, et elles
recommanderaient certainement une personne très qualifiée pour
remplir le poste choisi. Donc, il y a une grosse différence entre
solliciter un avis en proposant une, personne et demander à
l'association elle-même de présenter une personne au ministre.
En tout cas, je souhaiterais énormément que le ministre
donne cette marque de confiance puisqu'il a fait une ouverture avec le projet
de
loi 94, comme on l'a entendu tout à l'heure. Je pense que cela
serait une excellente marque de confiance envers les associations qui
travaillent depuis fort longtemps que de leur permettre de présenter un
candidat ou une candidate de valeur, capable de travailler au sein d'un tel
conseil. Pour toutes ces raisons, M. le Président, je souhaiterais que
le ministre se rende à l'évidence même de la proposition de
mon collègue, le député de Trois-Rivières.
M. Jolivet: Non, de Laviolette.
Mme Juneau: De Laviolette.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires? M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, M. le Président, une petite remarque aux
quelques remarques du député de Laviolette. C'est vrai qu'il a
parlé de nominations dans son comté, mais sa remarque est tout de
même assez générale. Je peux vous assurer que, par exemple,
dans le sud-oeust de Montréal - je ne parle pas seulement de mon
comté, mais de tout un secteur - les gens qui siègent à ce
conseil d'administration sont des gens de haute qualité,
extrêmement bien qualifiés et qui résident dans le
comté. Je peux vous assurer que, sous le gouvernement
précédent, dans mon comté, on n'a même pas
trouvé de gens qui résidaient dans le comté;
c'était un professeur d'université, que je respecte beaucoup, qui
ne connaissait même pas le coin.
Je pense vraiment qu'à l'article 4 on laisse une
flexibilité au ministre. Quand on parle de l'avis des associations ou
groupes familiaux, je ne vois vraiment aucune raison de restreindre cela. En
fait, on se fait tout le temps accuser de nommer trop de péquistes.
Chaque fois, vous l'avez vu dans le journal, même le ministre Paradis
s'est fait accuser de penser à nommer un ancien ministre de votre propre
gouvernement. Donc, ne commencez pas à nous accuser. Chaque fois que
l'on revient devant nos militants dans un congrès, la première
chose qu'on nous dit... Une voix: On a de la misère à en
trouver.
M. Polak: Oui, exactement Donc...
Une voix: Mais il y en a moins. On pense à ramener
Parizeau.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Polak: Vraiment, je pense que notre conduite jusqu'à
maintenant a bien démontré qu'on ne pratiquait pas une politique
partisane. Je pense que les nominations vont à des gens du milieu et
vous pourrez voir cela dans beaucoup d'autres conseils.
M. Jolivet: En tout cas, je n'argumenterai pas plus longtemps, M.
le Président. Je vous dirai que le député de Sainte-Anne
vient de m'ouvrir encore une porte aussi grande qu'une porte de grange. Venez
voir chez moi.
Mme Juneau: Oui.
M. Jolivet: Parmi les gens qui ont été
nommés, on retrouve le candidat libéral qui s'est
présenté contre moi, qui est actuellement chef de cabinet de la
ministre, Mme Robic, qui les a tous nommés. Alors, ne venez pas me dire
le contraire. Tout le monde sait cela chez nous. D'une façon ou d'une
autre, je dois vous dire que, si mon gouvernement avait fait la même
chose, je l'aurais décrié, car je ne suis pas d'accord avec
cela.
Je vous donne mon opinion sur ce que je pense. Dans ce
contexte-là, je vous dis: Ils sont nommés. J'aurais aimé,
et je continue à aimer qu'ils soient nommés après que des
recommandations ont été faites par des organismes, il me semble
que le ministre devrait au moins accepter cela. À moins que je ne lui
ouvre une porte, s'il le veut. Il reste un bout de temps? On n'adopte pas
l'article 4, qu'on aille plutôt souper et qu'on profite de ce
délai pour revenir avec un article 4 que le ministre aura
remodelé lui-même à l'heure du souper avec ses conseillers
- son chef de cabinet et d'autres. Il nous arrivera peut-être avec un
nouvel article, ce soir, à 20 heures, qui pourra ressembler à la
position initiale que j'avais prise. À ce moment-là, on pourra
facilement vérifier la bonne volonté du ministre d'accéder
à des demandes tout à fait normales...
Mme Juneau: Une marque de confiance.
M. Joiivet: Ma collègue me dit: Une certaine marque de
confiance envers les associations. Il me semble que le ministre devrait
accepter cela et suspendre jusqu'à 20 heures.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires? Est-ce que l'amendement à l'article 4 est
adopté?
M. Jolivet: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Baril): M. le secrétaire, si vous
voulez appeler le vote.
Le Secrétaire: M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Outil: Contre.
Le Secrétaire: M. Joly (Fabre)?
M. Joly: Contre.
Le Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert)?
M. Doyon: Contre.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Contre.
Le Secrétaire: M. Thuringer (Notre
Dame-de-Grâce)?
M. Thuringer: Contre.
Le Secrétaire: M. Sirros (Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Contre.
Le Secrétaire: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
M. Baril: Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour.
Le Président (M. Baril): Alors, l'amendement est
rejeté. Est ce que I'article 4 est adopté?
M. Jolivet: Avant son adoption, est-ce que je peux faire un
dernier appel au ministre?
Le Président (M. Baril): Bien là, je pense bien
que.
M. Jolivet: J'ai encore un droit de parole C est parce que
c'est.
Le Président (M. Baril): C est bien, allez.
M. Jolivet: Je ne ferai pas d'amendement. Je pense que j'ai
épuisé l'argumentation que je pouvais avoir. Est-ce que le
ministre peut accepter de ne pas adopter tout de suite I'article 4? De le
regarder à l'heure du souper et de revenir après souper en tenant
compte avec ses conseillers de l'ensemble de l'argumentation que j'ai
apportée sur la composition comme on a dans d'autres conseils avec,
à l'intérieur, la nomination du vice-président parmi les
membres autres que le président?
M. Dutil: M le Président, je peux vous assurer d'une
chose, si je n'avais pas passé le nombre d'heures que j'ai
passées sur ce projet de loi à l'étudier en tous sens et
sous toutes les coutures, y compris I'article 4, et particulièrement au
niveau de la nomination, j'aurais été d'accord, à ce
moment-la, avec le député de
Laviolette, mais cet exercice, on I'a fait de façon
sérieuse, exhaustive. Je pense que notre conclusion est la bonne. Nous
ne sommes pas du même avis, c'est normal qu'à certaines occasions
on ne le soit pas. On l'était sur l'article 3. On ne l'est pas sur
l'article 4 Je pense que cela fait partie de nos discussions
démocratiques. Mais je ne suis pas de la même opinion
honnêtement que le député de Laviolette et je ne vois de
raison de retarder le vote sur cet article.
Le Président (M. Baril): Alors je comprends que l'article
4 est adopté.
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Baril): Sur division.
M. Jolivet: Compte tenu de l'heure M. le Président, et que
nous avons des argumentations à apporter sur l'article 5, je vous
demanderais de suspendre jusqu'à 20 heures.
Le Président (M. Baril): C'est ce que j'allais dire. Alors
je vous remercie et vous souhaite un bon appétit.
(Suspension de la séance à 17 h 58) (Reprise à 20 h
3)
Le Président (M. Baril): Alors, nous avons constaté
le quorum La commission des affaires sociales se réunit afin de
poursuivre I'étude détaillée du projet de loi 94, Loi sur
le Conseil de la famille. Lorsque nous avons suspendu les travaux à 18
heures, nous étions rendus, M. le ministre, à l'article 5.
M. Jolivet: Le ministre n'a pas réfléchi, pendant
l'heure du repas, à l'article 4? Il ne peut pas revenir sur sa
décision?
M. Dutil: Vous avez appelé l'article 5, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Moi, en ce qui me concerne, je
suis rendu à l'article 5, à moins qu'il n'y ait un consensus pour
revenir à l'article 4.
Une voix: Disons qu'eux autres sont satisfaits.
M. Jolivet: Je n'en suis pas totalement surpris.
M. Dutil: "Une personne désignée par le ministre
participe aux séances du conseil, mais n'a pas droit de vote. " Petite
phrase toute simple qu'on devrait adopter dans la minute qui suit.
Le Président (M. Baril): M le député de
Laviolette.
M. Jolivet: C'est peut-être simple M le ministre mais. II y
a quand même du monde qui se pose des questions. Qui est cette personne
qui sera désignée? Est-ce que cest un fonctionnaire? Est-ce que
son rôle sera d'être - je m'excuse du terme - un espion du
ministre? Ou est-ce dans le même style que dans d'autres conseils ou
normalement il y a des membres d office - je prends l'exemple du Conseil des
affaires sociales et de la famille - et ou on dit. Le sous-ministre de la
Santé et des Services sociaux ou son délégué le
sous-ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu ou
son délégué le président de la Régie des
rentes?
On a fait mention qu'il y avait différents ministères qui
sont couverts par la Loi sur le Conseil des affaires sociales et de la famille.
La même chose quand on parle du Conseil du statut de la femme ou on dit.
Le sous ministre de la Santé et des Services sociaux, le sous ministre
de l'Éducation le sous-ministre de l'Enseignement supérieur, de
la Science et de la Technologie, le sous-ministre de la Justice, le
sous-ministre du Travail, le sous-ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu le secrétaire du Conseil du
trésor, le sous-ministre des Affaires culturelles le sous-ministre des
Communications et leur délégué sont aussi d'office membres
du conseil, mais n'y ont pas droit de vote. Je dois dire que c'est la
même chose dans I'autre ou on a rajouté le président de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec.
Donc, j'aimerais en savoir davantage. Le ministre dit que c'est quelque
chose de facile à adopter, mais je voudrais bien connaître le
rôle que cette personne aura à jouer Est-ce que ce sera, comme je
le disais, un fonctionnaire? Est-ce que ce sera un sous-ministre? Quelle sera
ta personne qui sera présente lors des délibérations des
séances du conseil, mais qui n'a pas droit de vote?
M. Dutil: M le Président, cela devrait être
normalement le plus haut fonctionnaire du Secrétariat à la
famille ou de I'organisme qui est sous la direction du ministre, son
rôle, c'est d'être un soutien au Conseil de la famille, et de
s'assurer que les relations soient plus faciles entre le secrétariat et
le Conseil de la famille.
Le Président (M. Baril): M le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Lorsque vous dites "un haut fonctionnaire",
qu'entendez-vous par là?
M Dutil: Cela devrait être le plus haut fonctionnaire du
secrétariat. La raison pour laquelle on ne l'identifie pas comme cela
c'est que ce n'est pas un sous-ministre en titre comme les autres
sous-ministres Cest pour cela qu'on avait pensé à mettre "une
personne" Si la crainte du député de Laviolette est que ce soit
une personne politique, ce n'est pas ce qui est visé. On pourrait
peut-être trouver une formulation différente.
M. Jolivet: En fait, ce nest pas la crainte que je peux avoir,
mais je vous dis et vous répète encore qu'il va y avoir un autre
jour parce que la loi n'est pas faite seulement pour deux semaines elle est
là pour longtemps si jamais elle est acceptée comme telle. Si
cette personne est désignée, le ministre aura donc le pouvoir de
nommer n'importe qui Pourquoi ne met-on pas dans le texte un amendement qui
entraînerait ce que vous venez de nous dire, en disant. Le plus haut
fonctionnaire du secrétariat au lieu dune personne
désignée? Une personne désignée, cela peut laisser
sous-entendre - et cest la crainte que certaines personnes peuvent avoir - un
espion, c'est-à-dire quelqu'un qui au point de vue politique, va s
assurer que le conseil suit bien les directives du ministre parce que s'il ne
les suit pas il va en entendre parler Si je me fie à I'économie
du texte que j'ai devant moi, s'il n'y a pas d'amendement, cela
m'inquiète. Je pourrais toujours vous faire confiance en pensant que
peut-être, c'est votre chef de cabinet, mais je ne pense pas que ce soit
lui que vous ayez l'intention de nommer. Donc, pourquoi ne l'indiquez-vous pas,
aussi bien pour votre protection que pour celle de tous les autres pour ne pas
être accusé d'avoir nommé une personne politique? Donc, il
pourrait y avoir un amendement.
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît!
M Dutil: M le Président, peut-être qu'étant
donné que la désignation de fonctionnaire qui n'est pas un
sous-ministre est difficile on pourrait écrire "un fonctionnaire
désigné par le ministre participe aux séances "
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement vous
va?
M. Jolivet: Je vais vérifier. Il est évident, M le
Président, que si le ministre était directement relié au
Conseil des ministres avec tous les pouvoirs d'un ministère ce serait
facile, on mettrait "le sous-ministre" Ce n'est pas cela qui existe. En mettant
"un fonctionnaire", cela peut être n'importe qui à
l'intérieur de votre organisation. Un fonctionnaire, dans mon esprit,
cela peut être aussi bien un fonctionnaire politique qu'un fonctionnaire
administratif. Le mot "fonctionnaire" ne veut pas nécessairement dire
Souvent on dit cela, beaucoup de gens, ont à l'esprit que les membres
des cabinets, sont des fonctionnaires.
Des voix: Ah!
M. Jolivet:... Oui, oui, des fonctionnaires au service du
ministre, mais au point de vue politique. Quand vous avez parlé de haut
fonctionnaire, j'ai commencé à dire: Oui d'accord, cela sera
beaucoup plus attitré à l'administration. Je pense que je
comprends le ministre lorsqu'il dit que c'est une personne qui va être au
secrétariat, mais, dans mon esprit, "haut fonctionnaire"
m'intéressait davantage que le mot "fonctionnaire" purement et
simplement. À moins qu'on ne règle le problème en disant
"un représentant du secrétariat".
M. Dutil: M. le Président, le problème est que la
structure actuelle est un secrétariat.
NI. Jolivet: D'accord.
M. Dutil: Supposons qu'il y ait un ministère de la famille
ou de la population et de la famille...
M. Jolivet: On fera les amendements avec plaisir.
M. Dutil: Je comprends, mais...
M. Jolivet: Un haut fonctionnaire, est-ce que cela vous va? Donc,
un fonctionnaire? En tout cas, on va se rabattre au moins sur cela.
M. Dutil: Vous dites que ce peut être un fonctionnaire
politique. Je ne vais pas dire cela aux membres de mon cabinet qui sont des
attachés politiques et non pas des fonctionnaires. Ils n'ont rien contre
les fonctionnaires, mais leur titre est différent. Je ne crois pas qu'on
qualifie en général les attachés politiques, les membres
d'un cabinet, du titre de fonctionnaire.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'on s'entend sur
l'amendement que le ministre propose, à savoir remplacer les mots 'une
personne" par les mots "un fonctionnaire"?
M. Dutil: Ça va, M. le député.
M. Jolivet: J'aime mieux "fonctionnaire" que "personne
désignée" cela est sûr. Il est évident que cela ne
me satisfait pas entièrement, mais pour au moins avoir la partie dont
vous faites mention afin de rassurer tes gens, je serais prêt à
dire que je n'ai pas d'objection majeure.
M. Dutil: On me dit, M. le Président - je pense que j'ai
un avis d'une personne de la législation - que cela exclut
complètement les membres de cabinet en précisant que c'est un
fonctionnaire. Je pense que cela rejoint la préoccupation...
M. Jolivet: Un fonctionnaire en vertu de la
Loi sur la fonction publique. Une voix: Oui.
M. Jolivet: Est-ce qu'on ne peut pas l'ajouter comme cela? Non?
Écoutez, je pense qu'on ne peut pas refuser le mot "fonctionnaire". Ce
serait donc: "Un fonctionnaire désigné par le ministre participe
aux séances du conseil, mais n'a pas droit de vote. "
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement
proposé par le ministre à l'article 5, à savoir remplacer
les mots "une personne" par les mots "un fonctionnaire", vous satisfait? Est-ce
que l'amendement est adopté?
M. Dutil: Oui.
Le Président (M. Baril): Adopté. Est-ce que
l'article 5, tel qu'amendé, est adopté?
M. Jotivet: Est-ce que le ministre peut me rappeler si leur
rôle est le même que ce qu'on voit au Conseil du statut de la femme
aussi bien qu'au Conseil des affaires sociales et de la famille où on
dit que ce sont des membres d'office? On ne les désigne pas comme
tels.
M. Dutil: Pour répondre rapidement à la question du
député de Laviolette, on a exclu, dans le projet de loi, une
série de noms de gens qui seraient d'office présents, justement
pour éviter que le conseil ne puisse travailler sans la présence
d'une multitude de personnes. On ne voulait pas, non plus, forcer le conseil
à avoir tout le monde autour de la table pour ses travaux, ce qui ne
l'empêche pas d'inviter des gens au besoin.
M. Jolivet: Écoutez! J'essaie de comprendre. Là, on
dit: "Une personne - cela devient maintenant, en vertu de l'amendement, un
fonctionnaire - désignée par le ministre participe aux
séances. " Vous me dites qu'il y a d'autres personnes qui pourraient
être invitées par le conseil à participer aux
séances. Quand je regarde l'ensemble...
M. Dutil: Ad hoc. Le conseil peut inviter qui il veut, bien
sûr, comme n'importe quelle organisation qui régit elle-même
son fonctionnement.
M. Jolivet: Je le sais. C'est que, dans le but qui avait
été fixé aux conseils consultatifs, on disait: II y a des
gens qui sont d'office. Comme on avait un ministère, on disait le
sous-ministre attitré ou son délégué, dans le but
de faire une jonction avec tous les organismes - en fait, ce sont les
ministères - qui ont une certaine forme de responsabilité dans la
politique désignée. Même là cela va aux organismes,
quand on voit que c'est la personne qui, au Conseil des affaires
sociales et de la famille, provient de la Régie des rentes du
Ouébec ou de la Régie de l'assurance-maladie du Québec, ce
ne sont pas seulement les ministères, mais aussi les organismes. (20 h
15)
Dans la politique familiale, il faut tenir compte qu'il peut y avoir
différents ministres concernés, que ce soit le ministre du
Travail et ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, le ministre des Affaires sociales, en fait beaucoup de monde. Je
pourrais en mettre amplement. Et là, vous me dites qu il n y en a qu une
qui fait la jonction de tout ce monde-là au niveau administratif dans
les autres ministères et qui, d'office, est membre du conseil sans droit
de vote, tout en ayant droit de parole, si je comprends bien. En effet, si elle
est là, elle doit avoir un mot à dire. Faire un peu les messages
et recevoir les messages à transmettre. Mais là vous me dites
qu'il y en a une seule. On ne fait pas comme ailleurs ou on en nomme plusieurs.
Les autres seront des personnes ad hoc demandées par le conseil Si le
conseil n'en demande pas du tout, la seule personne qui fera le travail pour
l'ensemble sera celle qui est désignée. C'est elle qui assurera
la coordination avec les autres ministères.
M. Dutil: C'est cela.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 5, tel
qu'amendé, est adopté?
Mme Juneau: J'aurais une question, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Oui, Mme la députée
de Johnson.
Mme Juneau: Est-ce que j'al bien compris, avant le souper,
lorsque vous avez mentionné qu'il y aurait six ministères qui
seraient impliqués dans le Conseil de la famille? Est-ce que j'ai bien
compris?
M. Dutil: M. le Président, dans l'énoncé de
politique, on identifie douze ministères et six organismes. Ce n'est
peut-être pas aussi explicite que ça, mais, quand on regarde les
titres, on voit que cela fait à peu près 18 organismes. J'ai
exclu tout ce qui n'est pas directement interne au gouvernement. J'ai exclu les
municipalités et, comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
le Conseil du patronat, les syndicats, etc, qui peuvent avoir un grand
rôle à jouer dans l'avancement des mentalités au sujet de
la famille au Québec.
Mme Juneau: À ce moment-là, M. le Président,
est-ce que vous pourriez nous dire de quel ministère viendra le
fonctionnaire qui représentera le gouvernement au conseil puisqu'il y en
a douze qui seront Impliqués, d'après ce que vous nous dites?
Comment allez-vous déterminer d'où ce fonctionnaire viendra?
M. Dutil: II viendra nécessairement du Secrétariat
à la famille tant et aussi longtemps que ce sera par un
secrétariat que le gouvernement voudra faire fonctionner sa politique
familiale. Si le gouvernement décidait de changer sa structure et que ce
soit un ministère de la famille, par exemple, à ce
moment-là, au lieu d'être au Secrétariat à la
famille, il viendrait du ministère de la famille en faisant
l'hypothèse, toujours, que cette formule soit retenue. Si on prend
l'exemple de la Condition féminine. Je suis certain que, s'il y a
quelqu'un du gouvernement qui représente la ministre
déléguée à la Condition féminine au Conseil
du statut de la femme, c'est certainement une personne qui est directement sous
les ordres de Mme la ministre déléguée à la
Condition féminine.
Mme Juneau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'on a d'autres
commentaires? Est-ce que l'article 5, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Baril): L'article 6, M le ministre.
M. Outil: "Le gouvernement désigne, parmi les membres du
conseil, un président et un vice-président "
Le Président (M. Baril): M le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Vous ne faites pas d'autre argumentation, M le
ministre, pour faire des propositions équivalentes à celles qu'on
a entendues aujourdhui sur la question du vice-président?
M. Dutil: Sur la question du vice-président qui serait
nommé, selon les représentations faites, aujourd'hui, par les
gens nommés - les dix autres personnes maintenant puisqu'il y en a onze
- non, je n'ai pas d'objection. On pourrait faire cette modification-là
pour que ce soit le président qui soit désigné par le
gouvernement.
Le Président (M. Baril): Et le vice-président
élu par.
M. Dutil: Le vice-président serait élu par les dix
autres personnes choisies.
Le Président (M. Baril): Nous allons écrire
l'amendement. Un instant, s'il vous plaît!
M. Jolivet: En fait, c'est cela qui est important.
M. Dutil: Cela va dans le sens des argumentations qui nous ont
été présentées aujourd'hui.
Le Président (M. Baril): D'accord. Cela va prendre deux
amendements. Un instant, s'il vous plaît! Nous allons.
M. Dutil: Le président est désigné. En fait
ce qu'on pourrait faire tout simplement M. le Président - cela prendrait
un seuf amendement - est dire. Le gouvernement désigne le ou la
présidente - laissant donc.
Le Président (M. Baril): On biffe.
Une voix: "et un vice-président" à I'article 6.
M. Jolivet: Je ne veux pas perdre la question du vice
président parce que c'était ma recommandation à I'article
4. Je serais d'accord pour dire. Le gouvernement désigne.
Une voix: Le président.
M Jolivet: le président ou la présidente. Une
personne à la fonction de la présidence. Cela va régler le
problème du féminin et du masculin.
Le Président (M. Baril): Et pour rencontrer les
désirs de M Sarrazin, tout à l'heure. II faudrait bien
écrire. Le président ou la présidente.
M Jolivet: C'est cela. Mais c'est ce que je disais. Une personne
désignée à la fonction de la présidence.
Une voix: Dans le projet de loi le masculin comprend le
féminin, selon la Loi d'interprétation.
Le Président (M. Baril): D'accord Je ne veux pas
compliquer les choses.
M. Jolivet: Et quant à la personne.
M. Dutil: Je voudrais intervenir sur la dernière remarque
qui vient d'être faite et qui n'a peut être pas été
entendue. Sur le plan juridique le masculin inclut le féminin, mais je
pense qu'il faudrait évoluer au plan juridique pour en arriver,
éventuellement, à régler ce problème de
féminisation des textes. Cette règle de grammaire est de moins en
moins acceptée et le domaine juridique est un peu en retard sur les
règles de notre société moderne, le masculin ne devrait
plus I'emporter sur le féminin. Vous allez me dire que, pour I'instant,
cela exigerait un chambardement dans beaucoup de lois, mais il faudra y
arriver.
Le Président (M. Baril): Alors président ou
présidente?
M. Jolivet: Une personne désignée à la
fonction de la présidence, une personne qui exerce la présidence.
En fait iI faudrait reprendre le texte peut-être le suspendre pour bien
nous comprendre quitte à ce quon nous présente une meilleure
formulation. Ce qu'on veut c'est deux choses que le gouvernement désigne
la personne qui occupera la fonction de la présidence et que la
vice-présidence soit choisie à la majorité des membres du
conseil nommés sauf pour la durée du mandat. On pourrait vous
laisser le soin d'examiner cela et de nous présenter autre chose, on
pourrait suspendre I'article.
M Dutil: Et passer à un autre article.
Le Président (M. Baril): L'article 6 est suspendu Article
7, M. le ministre.
M. Dutil: "Le mandat du président du conseil est d'au plus
cinq ans. Les autres membres sont nommés pour trois ans, sauf quatre des
premiers membres du conseil qui sont nommés pour deux ans. "À
l'expiration de leur mandat ils demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils
soient remplacés ou nommés de nouveau. "Le mandat des membres du
conseil, y compris celui du président, ne peut être
renouvelé qu'une seule fois "
Ce sont des clauses qu'on retrouve, en règle
générale, pour les conseils. Les mandats sont habituellement de
cinq ans pour le président. Le fait d'alterner trois ans et deux ans
permet justement d'avoir un certain roulement qui n'est pas par contre un
roulement total des membres sauf quon pourrait peut-être, au lieu de
"quatre" - puisqu'on a changé le nombre de neuf à onze - mettre
"cinq". "Sauf cinq des premiers membres du conseil qui sont nommés pour
deux ans" c'est l'amendement que je suggère pour faire concordance avec
l'amendement qui a été accepté à I article 3.
Le Président (M. Baril): Y a-t-il des commentaires?
M. Jolivet: Quant au "cinq", il n'y a pas de problème. La
question que ma collègue avait soulevée. Lorsqu'on parle du
renouvellement - je crois comprendre que les gens nommés une
première fois auraient la possibilité de voir leur mandat
renouvelé une seconde fois, mais, ensuite, ils ne pourraient plus
être membres, si je comprends bien le troisième paragraphe.
Le Président (M. Baril): M. le député de...
Une voix: Laurier.
M. Sirros: Franchement!
Le Président (M. Baril):... Laurier. Excusez-moi. Le
président a eu un trou de mémoire.
M. Sirros: L'article dit: Les quatre premiers membres du conseil
sont nommés pour deux ans. Est-ce que cela veut dire que, par la suite,
le renouvellement serait pour un mandat normal de trois ans ou si, pour ces
postes, ce serait toujours pour deux ans? Je ne sais pas. Si c'est clair
juridiquement, d'accord, mais, en le lisant, j'ai cru voir une
imprécision.
M. Dutil: C'est juste pour permettre que la première fois,
avant de faire des mandats de trois ans de façon
régulière, il y ait une différence d'un an entre les
premiers mandats.
M. Sirros: C'est ce que j'ai compris, mais je n'en suis pas
sûr en lisant l'article. Si les juristes disent qu'en le lisant, c'est
clair pour tout le monde, pour moi, ce n'était pas clair. J'ai compris
cette intention, mais, en le lisant, ce n'était pas tout à fait
clair.
M. Dutil: Sur le plan juridique, on a vérifié.
Comme notre intention était bien claire et que c'était
écrit de cette façon dans d'autres conseils, il n'y avait aucune
ambiguïté; c'est ce dont on m'a assuré.
Le Président (Ml. Baril): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: M. le Président, à l'article 7, on ne
fait aucune mention du vice-président. Est-ce qu'il est indus dans les
autres membres nommés pour trois ans ou s'il fait partie des cinq
premiers qui sont nommés pour deux ans?
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Dutil: Cela peut être un membre qui est nommé
pour trois ans ou un membre qui est nommé pour deux ans. Ce sera au
choix du conseil.
Mme Juneau: Le choix du conseil ou le choix du ministre ou du
gouvernement?
M. Dutil: Puisque nous avons accepté, bien que le
libellé de l'article 6 ne soit pas encore rédigé - et je
pense que nous allons être d'accord là-dessus - que le
vice-président soit choisi par le conseil, le conseil décidera
s'il fait partie des membres qui sont nommés, la première fois,
pour trois ans ou pour deux ans. Cela sera à sa discrétion.
Mme Juneau: Logiquement, quand on parle d'une
vice-présidence, cela veut dire que, dans quelque temps, lorsque le
président aura complété deux mandats, puisqu'il est
possible qu'il fasse deux mandats compte tenu du libellé, normalement on
pourrait songer que le vice-président puisse devenir président.
C'est la suite logique. Que va-t-il arriver, à ce moment-là, si
le gouvernement qui nomme te président n'est pas d'accord avec la
nomination du vice-président nommé par le conseil?
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Dutil: Je pense qu'il y a une erreur, là. Il faut bien
se rappeler que - à moins qu'on n'adhère à la demande
faite par un organisme ce matin, mais ce n'est pas évident qu'on va s'y
rendre - le président est à la fois président et directeur
général. C'est un permanent. C'est lui qui dirige
également la boîte. Le vice-président remplace le
président surtout pour diriger l'assemblée en l'absence du
président ou lors de représentations qu'il aura à faire.
Mais, il ne remplace pas le président à la direction
générale. Il n'est pas du tout évident que les
présidents d'organismes en soient les anciens vice-présidents
D'autant plus que, dans bien des cas, cela ne lui conviendrait pas, non plus,
puisqu'il lui faudrait abandonner son emploi pour prendre celui de directeur
général.
Le Président (M. Baril): Comme un président de
commission ou un président de séance. Ce n'est pas payé le
même salaire.
Mme Juneau: C'est à peu près cela.
M. Dutil: Je n'ai pas de commentaire à faire
là-dessus.
Le Président (M. Baril): Excusez, c'est parce que
madame... D'accord, est-ce que...
Mme Juneau: Est-ce exact, M. le Président, que le
président nommé ne pourra l'être que deux fois et que le
vice-président n'est pas sûr d'être nommé
président?
M. Dutil: C'est cela.
Mme Juneau: Ce n'est pas tout à fait logique.
M, Jolivet: Si je suis la logique de ma collègue, cela pourrait
aller jusqu'à dire que le vice-président peut être
vice-président pendant deux mandats - le maximum auquel il a droit -
accéder, ensuite, à la présidence, parce qu'il est
nommé par le ministre, par le gouvernement, pour un mandat de cinq ans
renouvelable deux fois. Est-ce que cela pourrait aller jusque-là?
M. Dutil: Oui, cela pourrait aller jusque là.
M. Jolivet: Parce qu'on dit que le mandat du président du
conseil est de cinq ans, celui des
autres membres. Si un jour cette personne-là est nommée,
présidente du conseil par le Conseil des ministres, tel qu'on va le voir
à I'article 6, elle pourrait voir aussi, son mandat être
renouvelé une deuxième fois. Cette personne pourrait être
membre, une première fois, pour trois ans et une autre fois pour trois
ans. Cela pourrait aller jusqu'à six ans. Elle peut faire ensuite deux
mandats de cinq ans. Elle pourrait être là pendant seize ans.
M. Dutil: En tout cas, il faut bien comprendre une chose la
raison pour laquelle on fixe un maximum au mandat, c'est bien souvent à
la demande des organismes, d'ailleurs, qui ne souhaitent pas retrouver au
conseil des gens qui sont là à perpétuité. On
souhaite un certain renouvellement des personnes, un certain renouvellement des
idées. C'est plutôt à la demande et suivant
l'expérience vécue de certains organismes qu'on va dans ce
sens-là II ne s'agit pas d'allonger indûment des mandats Est-ce
que ce que vous dites pourrait arriver? Cela me surprendrait que ça se
produise. On semble dire que la logique voudrait que le vice-président
accède automatiquement à la présidence. II faut se
rappeler - Je tiens à le dire - qu'entre président-directeur
général et vice-président il n'y a pas
nécessairement un lien de cause à effet.
Le Président (M. Baril): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Supposons, M. le Président, qu'une personne
est nommée pour deux ans. On la choisit, elle est nommée pour
deux ans. Est-ce que, si elle est nommée une deuxième fois pour
deux ans - d'accord, cela va selon la loi - elle pourrait occuper un autre
poste pour trois ans ou être nommée à la
vice-présidence? Ce n'est pas le même poste que celui où
elle a été nommée pour deux ans?
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Dutil: Elle peut revenir pour un deuxième mandat de
trois ans. Si elle a fait trots ans la première fois, elle fera six ans.
Si elle a fait deux ans la première fois - parce que cela n'arrivera
qu'une fois dans la vie de l'organisme - elle fera cinq ans. C'est tout Ce sera
terminé.
M. Jolivet: En fait, la seule possibilité serait qu'un
membre du conseil ou le vice-président soit désigné
président par le ministre à cause de son expérience. Ce
mandat-là pourrait être renouvelé. Ce n'est pas
obligatoire, mais il pourrait être renouvelé. Cette
personne-là pourrait être là, dans certains cas, seize ans,
dans d'autres cas, quinze, selon qu'elle fait trois et deux ou trois, trois
et... (20 h 30)
Une voix: Comme Harry Blank.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Ou encore comme Gratton.
Une voix: Michel Gratton.
M. Jolivet: J'essaie de comprendre. Au Conseil du statut de la
femme et ailleurs, il y a des mandats qui sont différents. Je vais
entendre ce que le ministre va me dire et je verrai après.
M. Dutil: Excusez-moi.
M. Jolivet: II n'a pas répondu à ma question. II a
été interrompu par le député de Sainte-Anne qui
parlait de ses ex-collègues.
M. Dutil: Quelle question m'avez-vous posée?
M. Jolivet: C'est dans la suite logique de la question de ma
collègue. Vous m'avez répondu que le vice-président peut
devenir président et voir son mandat se prolonger pendant quinze ou
seize ans, selon qu'il est nommé une première fois pour deux ans
et trois ans ou pour trois ans et trois ans. Si vous donnez le choix aux gens,
il serait normal que le vice-président, dès le premier mandat,
soit nommé pour trois ans, pour lui donner la chance de prendre de
l'expérience et qu'après il soit nommé pour un autre
mandat de trois ans. Donc, pour le vice-président, cela pourrait aller
jusqu'à seize ans s'il occupait les deux fonctions, l'une après
l'autre. Un simple membre pourrait aussi, un jour, être nommé
président. La question que je pose s'applique aussi bien au
vice-président qu'aux membres du conseil.
M. Dutil: Après deux mandats, c'est terminé.
M. Jolivet: Oui, mais il y a deux fois deux mandats deux mandats
à une fonction et deux mandats à une autre fonction.
M Dutil: En tout cas, le libellé actuel semble exclure le
fait de passer d'un poste à l'autre
Le Président (M. Baril): M. le député de
Fabre.
M. Joly: Merci, M. le Président. Sans vouloir devancer
l'étude de l'ensemble du projet de loi, avec l'article 6, on en est
rendu, nécessairement, à prendre des décisions
importantes. Je ne suis pas certain qu'on doive laisser la nomination du
vice-président à l'ensemble des membres. Je ne suis pas si
certain que cela et je vais vous dire pourquoi. D'après moi, si un
président veut faire une bonne "Job", s'il veut réussir un bon
mandat, il sera aussi fort que son vice-président ou sa
vice-présidente le sera. Si
on lui impose un vice-président qui va tout à fait
à rencontre de sa façon de travailler, cela va devenir une
embûche plutôt qu'une aide. Partant de là, je vois
très mal qu'un président puisse se voir imposer une personne qui
peut avoir des orientations tout à fait opposées aux siennes et
essayer de mener à bien sa mission. Si on a d'abord pensé que le
président et le vice-président devaient être nommés
par le gouvernement, on devrait se pencher à nouveau sur cette question
et voir les conséquences de la nomination d'un vice-président ou
d'une vice-présidente par les membres.
M. Jolivet: M. le Président, je ne voudrais pas remettre
cela en question. Si on suit son argumentation, il va falloir qu'il
réprimande son premier ministre. La Loi sur le Conseil perma-ment de la
jeunesse dit...
M. Joly: Ce sont des choses différentes.
M. Jolivet: Non, non, non. On dit: "Deux vice-présidents
sont choisis par les membres du conseil parmi eux. " La Loi sur le Conseil du
statut de la femme dit, si je me souviens bien - on l'a lu ce matin - à
l'article 7: "Le gouvernement nomme un vice-président parmi les
personnes visées aux paragraphes b et e. " Vous avez la même chose
dans d'autres conseils, entre autres le Conseil supérieur de
l'éducation. Il me semblait qu'on s'entendait bien sur cela. Le ministre
va le nommer. Il est évident qu'il va nommer le président,
à la suite de la recommandation faite par les membres. Comme je vous
l'ai dit, vous l'avez dans le projet de loi 104 où on dit: "Deux
vice-présidents sont choisis par les membres du conseil parmi eux. '
La seule chose qui nous arrête, c'est qu'il n'y a rien... Le
ministre dit que cela semble être ça, mais je n'en suis pas
sûr. Je veux, justement, répondre à ce qu'il disait. Les
organismes ne veulent pas, et c'est normal, qu'une personne soit là ad
vitam aeternam. Pour éviter cela, il faudrait s'assurer que le
président est nommé par le Conseil des ministres pour un mandat
de cinq ans. Son mandat est renouvelable une fois. Les autres sont membres du
conseil et, selon les étapes... Je ne suis pas sûr que l'article
nous donne cette garantie.
M. Dutil: Vous souhaitez que l'article empêche quelqu'un
qui a été là pendant six ans de devenir président
et, donc, d'augmenter à seize ans son mandat.
M. Jolivet: Je pense que c'est ce que vous cherchez vous aussi.
Il faudrait avoir une certaine forme de rotation chez les membres pour
permettre un renouvellement tout en s'assurant, en même temps, que leur
expérience serve aux nouveaux.
M. Dutil: J'imagine que l'article 6 modifié doit
être prêt. On pourrait finir l'article 6 et demander qu'on clarifie
cet aspect à l'article 7. Je pense que c'est ce que cela veut dire, mais
il faudrait qu'on le clarifie pour qu'une personne ne puisse pas faire seize
ans.
M. Jolivet: Oui.
M. Dutil: La proposition pour modifier l'article 6 serait la
suivante. On bifferait l'article 6 complètement et on le remplacerait
par: "Le gouvernement désigne, parmi les membres du conseil, un
président. Un vice-président est choisi par les membres du
conseil parmi eux".
M. Jolivet: Exactement comme pour le projet de loi 104.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement à
l'article 6 vous satisfait?
M. Jolivet: C'est dans la ligne de pensée qu'on a
donnée. Je remarque juste une chose; je suis sûr qu'on fera la
correction complète pour ce qui est du féminin, là. En
fait, je pense que la demande initiale de rendre le projet de loi aussi bien
masculin que féminin sera faite par une motion à la fin. Je ne le
sais pas.
M. Dutil: J'étais intervenu là-dessus, justement,
pour dire qu'on ne peut pas le faire dans cette loi-ci sans convaincre les
services juridiques. Il faudrait qu'on le fasse dans toutes les lois,
semble-t-il. Je voudrais que, vous et moi, on se fasse fort de convaincre la
machine juridique qu'elle est un peu en retard sur l'évolution des
moeurs, que le masculin ne l'emporte plus, aujourd'hui, sur le féminin
dans la réalité, qu'il ne devrait pas l'emporter dans la
grammaire et que le domaine juridique devrait s'y adapter.
M. Jolivet: Je dois dire, en passant, comme on a toujours besoin
d'un bon trio, qu'on pourrait demander à la ministre
déléguée à la Condition féminine de faire
son travail.
M. Polak: Oui. D'acccord. Unanime.
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît! Si on reprend l'article 6, qui se lisait: "Le gouvernement
désigne, parmi les membres du conseil, un président et un
vice-président", est biffé. On s'entend là-dessus?
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Baril): L'amendement proposé par
le ministre à l'article 6 se lirait: "Le gouvernement désigne,
parmi les membres du conseil, un président. Un vice-président est
choisi par les membres du conseil parmi eux".
M. Jolivet: Parfait.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement à
l'article 6 est adopté?
M, Jolivet: Adopté, M. le Président. M. Polak:
Adopté.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 6, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Baril): Nous revenons à l'article
7. Nous avions un amendement du ministre.
M. Jolivet: Oui, celui-là est adopté. Il s'agissait
de mettre "quatre" à cause du nombre onze.
Le Président (M. Baril): Alors, l'article 7, tel
qu'amendé, est adopté.
M. Jolivet: Ah, non! Non, c'est justement là qu'on a un
problème.
M. Dutil: Oui, là on a un problème de
précision. Alors, ce qu'on accepte comme amendement, c'est, dans le
premier paragraphe, de passer de quatre à cinq.
M. Jolivet: C'est cela.
M. Dutil: "Cinq des premiers membres du conseil. "
Le Président (M. Baril): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Jolivet: C'est cet amendement-là qui est
adopté.
Le Président (M. Baril): Alors, l'amendement à
l'article 7...
M. Dutil: Bon. Ce qu'on vient de demander à nos gens,
à l'arrière, c'est de nous libeller quelque chose de façon
à s'assurer qu'aucun membre du conseil ne puisse devenir
président après avoir fait six ans comme membre du conseil, de
telle sorte qu'il prolonge indûment sa présence. Et, dans
l'attente de cette formulation, je vous suggérerais de passer à
l'article 8.
Le Président (M. Baril): Nous allons suspendre l'article 7
et nous passons à l'article 8. L'article 8, M. le ministre.
M. Dutil: Toute vacance survenant en cours de mandat parmi les
membres du conseil est comblée selon le mode de nomination prévu
à l'article 4".
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Sirros: Pas de problème.
M. Jolivet: Je comprends que "toute vacance survenant en cours de
mandat (... ) est comblée selon le mode de nomination prévu
à l'article 4". Est-ce que je dois comprendre que cette nomination, est
faite pour le reste du mandat? Est-ce pour un mandat de deux, trois ou quatre
ans? Ce n'est pas clair. Dans les autres, on a toujours...
M. Dutil: C'est pour compléter le mandat.
M. Jolivet: Regardez, dans le projet de loi 104, on dit: "Lorsque
survient une vacance en cours de mandat parmi les membres du conseil, le
ministre responsable de l'application de la présente loi nomme un
remplaçant pour la durée non écoulée du mandat - et
là, on dit ceci: "après avoir sollicité l'avis du
conseil". Ce sont des choses qui, si on voulait être logique, pourraient
être à peu près dans le même style.
M. Dutil: En fait, ce serait plus simple d'ajouter, après
"est comblée", les mots "pour la fin du mandat".
M. Jolivet: Pour la période non écoulée du
mandat.
M. Dutil: Pour la période non écoulée du
mandat.
Le Président (M. Baril): Seriez-vous d'accord pour qu'on
suspende l'article 8 jusqu'à ce qu'il soit écrit?
M. Dutil: Non, M. le Président On peut l'insérer
immédiatement sans problème.
Le Président (M. Baril): Cela prend un amendement.
M. Dutil: L'amendement serait d'ajouter, après le mot
"comblée", les mots "pour la période non écoulée du
mandat" et de continuer la phrase telle quelle "selon le mode de nomination
prévu à l'article 4".
Le Président (M, Baril): Est-ce que l'amendement à
l'article 8 est adopté?
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Baril): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak:... je ne veux pas trop entrer dans les détails,
mais je pense que les mots "non écoulée", en termes
législatifs, cela ne se tient pas. Je pense que c'est "non
expirée". En tout
cas, il faut vérifier avec les légistes.
M. Jolivet: J'ai pris le texte de la loi 104.
M. Potak: Il dit quoi?
M. Jolivet: "Non écoulée du mandat. "
M. Potak: Ah, oui? D'accord. Je me rallie à l'opinion
majoritaire.
Le Président (M. Baril): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: M. le Président, cette personne en
remplacerait une autre. Faisons une image Supposons qu'il reste à la
personne quelques mois à peine, quatre mois - on dit "pour la
période non écoulée" - est-ce que cela signifiera que
cette personne n'aura le droit d'être nommée pour deux ans qu'une
seule lois, vu qu'elle a fini une période de trois ans ou de deux
ans?
Le Président (M. Baril): M. le ministre. Mme Juneau:
Excusez-moi.
M. Dutil: Vous dites que. s'il reste une très petite
période, par exemple...
Mme Juneau: Oui. Est-ce que cela va empêcher cette personne
de faire deux mandats?
M. Dutil: Cela aura probablement pour effet d'empêcher la
nomination d'une personne avant que son mandat, soit complètement
écoulé. C'est le risque de procéder de cette
façon.
Mme Juneau: Si je comprends bien, cela veut dire que, s'il reste
quatre ou cinq mois... Qui va déterminer le temps qu'il reste pour dire:
On n'en nommera pas, on va attendre que le mandat soit écoulé
pour nommer quelqu'un pour deux ans ou pour trois ans? Qui va définir
cela?
M. Dutil: Le gouvernement, le ministre.
M. Jolivet: Comme vous le dites si bien, ce qui peut arriver,
c'est que, s'il reste quatre mois, on ne fera pas la bêtise de nommer
quelqu'un, on va attendre. On va dire à l'autre personne... À
moins que la personne ne soit morte ou n'ait
déménagé...
M. Dutil: M. le Président, il ne s'agit pas de voir si on
va faire ou non la bêtise. Il s'agit de voir s'il est réaliste
d'essayer de trouver quelqu'un qui va accepter de finir un mandat dont il ne
reste que quatre mois. Je pense que ce serait un peu illogique.
Le Président (M. Baril): II faut faire accepter
l'amendement à l'article 8, qui dit:
L'article 8 est modifié par l'addition, à la
deuxième ligne, après le mot "comblée", des mots "pour la
période non écoulée du mandat". Et il se terminera par
"selon le mode de nomination prévu à l'article 4". Est-ce que
c'est accepté?
M. Jolivet: Cela va. Peut-être que le mot "période"
devrait être remplacé par le mot "durée".
M. Dutil: Oui, pour la durée non
écoulée.
M. Jolivet: Ce serait: Toute vacance survenant en cours de mandat
parmi les membres du conseil est comblée pour la durée non
écoulée du mandat selon le mode de nomination prévu
à l'article 4. "
Le Président (M. Baril): Alors, on est d'accord pour le
mot "durée"?
M. Jolivet: Oui, je pense que ce serait mieux.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement à
l'article 8 est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 8, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Baril): Article 9. M. le ministre.
M. Dutil: "Le président, qui exerce ses fonctions à
plein temps, dirige les activités du conseil et en coordonne les
travaux; il assure la liaison entre le conseil et le ministre. "
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Dutil: Excusez-moi. Je vais lire le deuxième paragraphe
tant qu'à lire tout l'article.
Le Président (M. Baril): Oui.
M. Dutil: "Le gouvernement fixe la rémunération,
les avantages sociaux et les autres conditions de travail du
président'
M. Jolivet: Question. Je crois comprendre que ce que le ministre
vient de faire, c'est dire que le président exerce ses fonctions
à plein temps, mais il ne répond pas affirmativement par un
amendement à la demande que le vice-président ou la
vice-présidente soit aussi une personne qui exerce ses fonctions
à plein temps. Est-ce que je dois comprendre que le ministre n'accepte
pas cette position?
M. Dutil: Je croyais qu'on discuterait de cela à un
article ultérieur, parce que je pensais qu'on allait parier de cela
à l'article 10 ou 11. Effectivement, et je vais le dire au moment
où on en discutera, j'ai des objections à ce que le
vice-président soit à temps plein.
M. Jolivet: Quelles sont les raisons qui vous amènent
à cela, M. le ministre? (20 h 45)
M. Dutil: À mon avis, dans les ressources qu'on va mettre
à ia disposition d'un conseil comme celui de la famille, je ne crois pas
qu'il y ait lieu d'avoir deux hauts cadres qui exigent des ressources
financières assez importantes, alors qu'on en a grandement besoin pour
d'autres activités. J'écoutais l'argumentation ce matin dans
laquelle on me disait que le vice-président se devait de remplacer le
président. Personnellement, je vois assez mal cette structure-là
de deux personnes haut salariées, haut placées qui viennent
Interférer l'une avec l'autre. Quand on dit que le vice-président
remplace le président, on le prévoit surtout pour la
présidence des réunions en cas d'absence du président.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet; Peut-être que je diverge d'opinion avec le ministre.
Si j'ai bien compris le ministre, on parle d'environ 500 000 $ de budget
initial pour le conseil. C'est à peu près la moitié de ce
qu'a actuellement le Conseil des affaires sociales et de ia famille. Je regarde
d'autres conseils et je me dis: Pourquoi le ministre, dans l'hypothèse
où j'ai bien compris sa position, à savoir que le Conseil de la
famille a pour but de vraiment faire penser famille à l'ensemble des
ministères et des organismes - je parle des organismes gouvernementaux
et paragouvernementaux - et, aussi, de venir en aide et de soutenir des
organismes familiaux qui exercent actuellement leur travail
bénévolement... Ma collègue le disait ce soir, c'est une
question de confiance et aussi de vraiment donner aux ministères et
organismes gouvernementaux le signal qu'il va falloir qu'ils y pensent.
C'est donc évident que ce conseil, s'il y a les amendements qu'on
espère voir arriver, a vraiment un rôle à jouer dans la
société québécoise et devrait être
l'équivalent, au moins, du Conseil des communautés culturelles et
de l'immigration. Quand je lis le texte à l'article 9, on dit: "Le
président et tes vice-présidents exercent - et on parle bien des
vice-présidents - leurs fonctions à plein temps. " On dit: "Le
gouvernement fixe ia rémunération, les avantages sociaux et les
autres conditions de travail du président et des
vice-présidents". Si on se ramène à la composition, on dit
qu'il y a un vice-président pour les questions relatives aux
communautés culturelles et un vice-président pour les questions
relatives à l'immigration. D'un autre côté, quand on
regarde le budget du conseil, on constate qu'il est à peu près
équivalent à celui qu'aura le Conseil de la famille au
départ, c'est-à-dire un budget d'environ 550 000 $.
Alors, j'ai un peu de misère à suivre le ministre. Il n'y
a qu'une seule personne à ia fonction de vice-président. Cette
personne pourrait très bien, comme le disait, je pense, M. Sarrazin,
exercer la fonction à temps plein dans la mesure où on veut
vraiment donner de l'importance au conseil. Alors, je ne fais que
réitérer ia demande qu'on a faite et je suis même
prêt à faire un amendement pour qu'on puisse en discuter. Cela
serait: "Le président et le vice-président - selon le terme
féminin aussi - exercent leurs fonctions à plein temps. " On
pourrait le corriger parce qu'il faut dire une chose, c'est: "dirige les
activités du conseil et en coordonne les travaux". Il faudrait faire la
concordance. On dit: "Le président et les vice-présidents
exercent leurs fonctions à plein temps. "
Regardez le premier ministre qui se donne de l'importance. Il a
créé le Conseil permanent de la jeunesse où on dit: "Le
président et les vice-présidents exercent leurs fonctions
à plein temps. " Quand je regarde combien de vice-présidents il y
a, on dit que le conseil est de "quinze membres élus par les personnes
qui forment le collège électoral" et qu'il y a deux
vice-présidents qui "sont choisis par les membres du conseil parmi eux".
Écoutez, je n'ai pas le budget, mais il me semble que c'est un budget
moindre, même pour la Loi sur le Conseil permanent de la jeunesse. Il me
semble que cela serait tout à fait logique. Le ministre est
lui-même membre du Conseil du trésor. Il sait très bien les
batailles qu'il a dû faire pour faire accepter le minimum. Si on veut
l'aider à obtenir un peu plus que le minimum - peut-être pas le
maximum, on sait qu'on ne l'obtiendra pas - il me semble que le ministre
devrait prendre exemple sur les deux autres conseils qui en ont deux, alors
qu'ici il n'y en a qu'un. Il me semble qu'on pourrait faire la même
présentation et dire que "le président et le
vice-président exercent leurs fonctions à plein temps", et
ajouter: "Le président dirige les activités du conseil et en
coordonne les travaux; il assure la liaison entre le conseil et le ministre. Le
gouvernement fixe la rémunération, les avantages sociaux et les
autres conditions de travail du président et du vice-président. "
Il me semble, M. le ministre, que vous devriez accepter cela.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, je ne partage pas l'opinion du
député de Laviolette à ce sujet. Les ressources
étant ce qu'elles sont, elles seront mieux appliquées et mieux
dépensées au service de la famille si on a une personne-cadre
permanente et présidente, et si les autres employés
ne sont pas des membres du conseil d'administration.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
M. Jolivet: M. le Président, dans ce contexte, pour qu'un
vote soit bien inscrit, je vais faire la proposition suivante: Que l'article 9
soit modifié de telle sorte qu'il se lise désormais comme suit:
"Le président et le vice-président exercent leurs fonctions
à plein temps. Le président - c'est le deuxième paragraphe
- dirige les activités du conseil et en coordonne les travaux; il assure
la liaison entre le conseil et le ministre. " Fin du deuxième
paragraphe. Le troisième paragraphe se lirait comme suit: "Le
gouvernement fixe la rémunération, les avantages sociaux et les
autres conditions de travail du président et du vice-président.
"
Je fais bien attention en vous disant ceci, M. le Président, pour
que vous ne disiez pas que j'enfreins le règlement. Je pourrais ajouter
que tout cela est à l'intérieur du budget présentement
alloué en vertu de la deuxième lecture du projet de loi. Mon but
n'est pas d'augmenter le budget. Je ne voudrais pas que vous déclariez
ma proposition antiréglementaire. C'est simplement dans le but de
prendre les sommes qui sont là pour faire...
Le Président (M. Baril): Je l'ai comprise telle quelle, M.
le député.
M. Jolivet: D'accord. Je voyais venir des gestes.
Le Président (M. Baril): Je l'ai comprise telle quelle,
mais je vais attendre afin de l'écrire comme il faut. Après, nous
allons en débattre.
M. Dutil: M. le Président, si je comprends bien, vous vous
posez la question sur la recevabilité en vertu de l'article 192 qui dit:
'Seul un ministre peut présenter une motion visant l'engagement de fonds
publics. " Est-ce la question que vous vous posez, sur la
recevabilité?
M. Jolivet: Est-ce que j'ai parlé de
recevabilité?
M. Dutil: Non, moi. j'en parle, de la recevabilité.
M. Jolivet: D'accord, allez-y.
M. Dutil: Le député de Laviolette a prévu
que j'allais invoquer un problème de recevabilité. Je pense qu'on
devrait disposer de la recevabilité. Si vous jugez la motion recevable,
on votera; sinon, on n'en débattra pas.
M. Jolivet: M. le Président, sur la recevabilité,
je vous répète, donc, ce que j'étais en train de vous
dire. Mon but n'est pas d'augmenter le budget que le ministre a prévu.
C'est, tout simplement, de répartir les fonctions et, ensuite, de
répartir le budget selon les besoins du conseil. Si le ministre veut
vraiment aider les gens, au lieu de faire un conseil qui est vide de sens; si
jamais on ne fait pas - j'espère qu'on les fera - les amendements
nécessaires, à ce moment-là ce serait mieux de prendre 500
000 $ et de les partager entre tous les organismes familiaux. Je ne pense pas
que ce soit l'intention du ministre. Il est évident que, s'il veut en
ajouter, on serait très heureux de l'appuyer dans ses démarches
auprès du Conseil du trésor pour obtenir des sommes
supplémentaires. Mon but n'est pas d'augmenter le budget. C'est pour
cela que j'ai fait attention à ce que j'ai dit.
Le Président (M. Baril): M. le député, je
vous l'ai dit tout à l'heure que votre proposition était
recevable.
M. Jolivet: D'accord. Le ministre avait soulevé la
question de ta recevabilité.
Le Président (M. Baril): Non. Si vous aviez parlé
de sommes additionnelles, cela aurait été irrecevable. Mais, si
vous ne parlez pas d'argent additionnel, c'est recevable. Si je comprends votre
amendement, ie début de l'article 9 devrait se lire: "Le
président et le vice-président exercent leurs fonctions à
plein temps. "
M. Jolivet: C'est cela.
Le Président (M. Baril): "Le président dirige les
activités" et ainsi de suite.
M. Jolivet: Il y a un autre amendement au troisième
paragraphe: "Le gouvernement fixe la rémunération, les avantages
sociaux et les autres conditions de travail du président et du
vice-président. "
Le Président (M. Baril): Un instant. On va le faire dans
le même amendement...
M. Jolivet: Oui, c'est le même. M. Dutil:... et ajouter le
vice-président. M. Jolivet: C'est cela. Une voix: Je voterai
contre.
M. Jolivet: Cela ne me surprend pas. Demandez au
député de...
M. Joly: Comment pouvez-vous demander à un
vice-président d'être là à plein temps s'il n'est
pas payé?
M. Polak: Notre-Dame-de-Grâce.
M. Jolivet: M le député de
Notre-Dame-de-Grâce, il y a pour vous ta calculatrice nécessaire
vous savez. Chaque fois que vous êtes ici, vous êtes toujours
contre.
M. Dutil: M le Président, je pense qu'on devrait
s'adresser au président.
M. Jolivet: Non, mais c'est parce que je fais juste.
Le Président (M. Baril): Un instant! Si je ne l'ai pas
dit, j'ai suspendu. Vous pouvez dialoguer quelques minutes, je vais
I'endurer.
M. Polak: Ne partez pas pour nous.
M. Jolivet: Pardon? Chaque fois que je l'ai vu c'est.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous voulez que je
vous lise aussi la deuxième motion?
M. Polak: Dans votre temps, on commençait à rire
quand on faisait une proposition. Nous, on accepte vos amendements. Quand
j'étais dans l'Opposition, on commençait à rire de nos
suggestions positives.
M. Jolivet: Ah!
M. Polak: Ah, oui! Je me le rappelle très bien.
Le Président (M. Baril): Un instant! Un instant! Un
instant! S'il vous plaît, restez. S'il vous plaît!
M. Joly: Ne nous rappelez pas le passé. Des voix:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît! D'accord. Je vais relire l'amendement qui est proposé. "Le
président et le vice-président exercent leurs fonctions à
plein temps. Le président dirige les activités du conseil et en
coordonne les travaux, il assure la liaison entre le conseil et le ministre".
Deuxièmement, ajouter, à la fin du dernier alinéa, les
mots "et du vice-président"
M le député de Laviolette, vous avez 20 minutes.
Une voix: Qui, moi?
Mme Juneau: Non, le député de Laviolette.
Le Président (M. Baril): M le député de
Laviolette.
M. Jolivet: C'est moi.
Le Président (M. Baril): II vous reste 20 minutes.
M. Jolivet: Je ne suis pas obligé de prendre 20
minutes.
Une voix: 12.
M. Jolivet: Est-ce encore moi qui ai.
Le Président (M. Joly): Vous avez la parole, M le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je pense que le ministre pourra l'accepter car, comme
je vous le dis, au Conseil permanent de la jeunesse, ia même chose a
été demandée parce que le premier ministre
considérait que le Conseil permanent de la jeunesse était quelque
chose de vraiment important. Le premier ministre, dans sa propre loi, a dit au
Conseil du trésor. Dans les budgets que j'ai, je veux que le
président et que les deux vice-présidents exercent leurs
fonctions à plein temps. Quand on a créé le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration, on a aussi pensé la
même chose parce qu'on se disait. C'est une chose qu'il faut davantage
regarder, il faut favoriser au Québec l'ensemble des communautés
culturelles et les groupes d'immigrants. Dans ce sens, on a accepté de
bien désigner la priorité qu'on voulait accorder à l'une
et à I'autre de ces parties de la société
québécoise.
II me semble que le ministre nous a répété que,
pour lui, la politique familiale au Québec était une
priorité. En créant le conseil il a donné les orientations
qu'il entendait privilégier, ce qu'on a appelé son
énoncé de politique familiale. Pour bien s'assurer que le message
entre dans la tête à la fois des ministres des autres
ministères sectoriels, des organismes gouvernementaux ou
paragouvernementaux, de l'ensemble de la population, que c'est vraiment une
priorité pour lui, il devrait, à mon avis, accepter cet
amendement qui ne vient, en aucun moment, augmenter le budget dévolu
actuellement au conseil, à moins qu'il ne décide de
lui-même, pour le combler, de le faire. Si le ministre me disait demain
matin. À la suite d'une décision que nous avons prise, j'ai
discuté avec les autres membres du Conseil du trésor, avec le
Conseil des ministres, et nous avons décidé d'ajouter d'autre
argent, personne ne lui en voudrait. Au contraire, tout le monde serait
satisfait parce qu'on dit qu'il manque de moyens, dont l'un est le moyen
financier, pour agir. (21 heures)
Vous avez la même chose au Conseil supérieur de
l'éducation. On a bien voulu délimiter les rôles de chacun
au comité protestant et au comité catholique avec le
président du conseil. Qu'est-ce qu'on dit dans la loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation? On dit. Le président et le
vice-président du conseil - cela va plus loin que cela - ainsi que les
présidents de ses deux comités reçoivent un traitement
fixé
par le gouvernement. Je m'en souviens, j'ai même eu une discussion
avec le ministre de l'Éducation, à l'époque, parce qu'on a
apporté les amendements qui s'imposaient. Même dans ce
cas-là, il parlait, relativement aux présidents du comité
catholique et du comité protestant, de deux niveaux de salaire. Je m'en
souviens, j'étais là, j'étais le critique. Il disait: Le
travail à être fait par le président du comité
catholique est beaucoup plus fort, ayant plus de demandes, que du
côté protestant. En conséquence, il nous avait
expliqué qu'en ce qui concerne les présidents de ces deux
comités il y en avait un qui était à temps plein et
l'autre à mi-temps.
Au conseil supérieur, je conviendrai qu'il y a beaucoup plus de
personnes: un président, un vice-président du conseil, ainsi que
deux autres présidents; cela fait quatre personnes qui sont
rémunérées à temps plein ou, dans le cas de la
quatrième, à temps partiel. Ici, si le ministre ne veut pas le
nommer à temps plein qu'il pourrait peut-être le nommer à
temps partiel. C'est peut-être une question qu'il faudrait se poser. Je
dis que le ministre devrait s'assurer qu'il prend la bonne direction, la bonne
décision en acceptant que le vice-président puisse être une
personne qui exerce ses fonctions à plein temps et, par le fait
même, aide le président dans son action quotidienne de diriger les
activités du conseil, d'en coordonner les travaux, d'assurer la liaison
entre le conseil et le ministre.
Ainsi, le ministre montrerait davantage qu'il est
préoccupé et qu'il a vraiment dit quelque chose d'important le
jour où il a dit que sa priorité était de s'occuper de
toute une politique familiale au Québec. Je me souviens même qu'il
avait dit en Chambre, en réponse à des questions qui lui
étaient posées lors du discours sur l'adoption du principe du
projet de loi: Qu'on attende. Parce qu'on lui avait posé des questions,
vous vous en souvenez: Comment se fait-il qu'il dise: On pense famille et que,
le lendemain, on ait une politique sur l'aide sociale qui ne pense pas famille
et, quand on a un discours de M. Wilson, au fédéral, et qu'il ne
réplique même pas à ce qui arrive? On s'aperçoit
dans les impôts que cela coûte plus cher d'avoir deux enfants
qu'un, plus cher d'avoir trois enfants que deux et plus cher d'en avoir quatre
que trois. C'est à peu près cela qu'on a. Si vous regardez cela
comme il faut et bien honnêtement, vous en conviendrez comme mol; vous
avez une famille assez nombreuse et vous savez ce que cela veut dire Ceux qu'on
a à notre charge, dont on a la responsabilité, nous coûtent
plus cher parce qu'on a eu le courage d'avoir plus d'enfants, d'abord, comme
décision personnelle en tant que couple et, deuxièmement, parce
qu'on croyait que c'était ce qu'on avait à faire, et qu'on y
croyait fermement et fortement. On est content de l'avoir fait, mais on sait
que, malheureusement, on n'a pas tout le soutien nécessaire.
Je dois vous dire que, dans ce contexte, le ministre montrerait, en
acceptant cette nomina- tion, qu'il veut donner - j'allais dire le mot
"impression", mais ce n'est pas cela que je veux dire - un souffle nouveau, si
on peut parler ainsi, aux organismes familiaux qui s'apercevraient que le
ministre est sérieux dans ce qu'il a dit jusqu'à maintenant,
à savoir qu'une politique familiale est importante.
Or, je n'argumenterai pas davantage, mais je vous dirai qu'il me semble
que le ministre ne devrait pas prendre tout ce temps pour
réfléchir, il devrait nous dire: Arrêtez donc de parler, je
vous le donne et j'accepte. Il me semble que cela devrait être
logique.
M. Dutil: Alors, vous arrêtez de parier!
Le Président (M. Joly): En respectant l'alternance, M. le
ministre.
M. Dutil: Oui. Écoutez, j'ai déjà fait mon
argumentation là-dessus. C'est une réflexion assez longue que
nous avons faite. Je pense que la réponse va demeurer non à ce
sujet-là, ce n'est pas une façon économique de
répartir le budget du Conseil de la famille que de mettre deux postes de
cadres de haut niveau à ce moment-ci, à mon avis.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Je n'ai pas entendu si le ministre avait ou n'avait
pas accepté l'amendement. Là, je me disais: Est-ce que mon
collègue argumente et que vraiment on a la réponse affirmative du
ministre. C'était la question directe que je voulais poser. Vu que le
montant n'est pas changé, pourriez-vous m'expliquer les raisons pour
lesquelles vous ne pouvez accepter l'amendement de mon collègue
étant donné que la somme de 500 000 $ sera ta même? Quelle
est la raison, M. le Président, qui empêche le ministre
d'accéder à l'amendement demandé?
M. Dutil: Je pense que c'est se faire illusion que de dire que la
pression sur l'augmentation éventuelle du montant du budget ne serait
pas augmentée du fait qu'on ajoute un poste de ce niveau-là.
C'est un peu illusoire de penser qu'on se contentera du même montant, que
le vice-président soit rémunéré ou non. Quand on
viendra à la demande, on dira: Écoutez, il faut vraiment
augmenter votre budget d'un tel montant puisque le vice-président est
rémunéré. Dans ce sens-là, quand on accepte de
débourser pour un cadre supérieur, je pense que c'est faire un
sophisme de dire que cela ne coûte rien puisque l'enveloppe
budgétaire est la même.
Le Président (M. Joly): Je crois que cela répond
à la question... Oui, 'Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Avec l'exposé que le ministre
vient de nous faire... Mon collègue disait que, au Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration, on a 550 000 $ et il y en a
deux...
M. Jolivet:... trois même. Mme Juneau:... II y en a
trois...
M. Jolivet:... deux vice-présidents et un
président...
Mme Juneau:... deux vice-présidents et ils ont
pratiquement le même montant.
M. Dutil: Le budget des communautés culturelles est de 800
000 $, M. le Président.
M. Jolivet: Combien? M. Dutil: 800 000 $.
M. Jolivet: Ah non, non. Je dois vous dire que, à
l'époque où on a adopté le projet de loi, il était
de 550 000 $. C'est ce que je donne... Si le ministre veut me dire qu'il est
prêt à faire des recommandations au Conseil des ministres et au
Conseil du trésor pour augmenter l'ensemble du budget, je dis: Bravo!
Personne ne va le nier. Si le ministre est même prêt à
mettre les 500 000 000 $ aux organismes communautaires, c'est parfait! Pourquoi
pas? Mais cela est votre décision. Ce que vous allez nous dire, c'est
que vous ne défendriez pas cette position même si vous y croyiez.
C'est ce que vous êtes en train de me dire. Si vous croyez qu'if faudrait
300 000 $ pour aller à 600 000 $, ou 500 000 $ pour aller à 1 000
000 $... Vous me dites que vous ne prendriez même pas, comme ministre
membre du Conseil du trésor, cette position. Je ne vous le demande pas,
je vous dis simplement que c'est peut-être une décision que vous
avez à prendre. Si vous nous faisiez la recommandation, je ne serais pas
soumis à la non-recevabilité de ma proposition. C'est pour cela
que je ne peux pas le faire, mais si vous le faites, tant mieux! Bravo! Et je
vais vous appuyer pour aller défendre cela au Conseil du trésor.
C'est cela que je vous dis là.
M. Dutil: Je n'ai rien à ajouter, M. le
Président
Le Président (M. Baril): Sommes-nous rendus à voter
sur l'amendement?
M. Jolivet: Il va bien falloir. Le Président (M. Baril):
Alors... Mme Juneau:... un vote nominal.
Le Président (M. Baril):... on demande le vote nominal. M.
le secrétaire.
Le Secrétaire: M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Secrétaire: M. Joly (Fabre)?
M. Joly: Contre.
Le Secrétaire: M. Polak (Sainte-Anne)?
M. Polak: Contre.
Le Secrétaire: M. Thuringer (Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Thuringer: Contre.
Le Secrétaire: M. Sirros (Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Secrétaire: M. Bradet (Charlevoix)?
M. Bradet: Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Ah moi, il faut que je sois pour, cela n'a pas de bon
sens d'être contre cela.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson)? Mme Juneau: Pour.
Le Président (M. Baril): L'amendement à l'article 9
est rejeté. L'article 9, tel quel, est-Il accepté?
M. Jolivet: M. le Président, j'ai entendu une
réflexion - pour terminer sur l'article 9 - qui disait que de
créer des postes pour créer des postes... Il va falloir que des
gens chicanent le premier ministre, parce que c'est exactement ce qu'il a fait
au Conseil permanent de la jeunesse. Ce n'est pas moi... Je vous l'ai dit, et
je ne voudrais pas que vous soyez la marionnette du premier ministre. Le
premier ministre se donne tout ce qu'il veut et, à vous, il vous refuse
tout. Et, en plus de cela, vous êtes membre du Conseil du trésor.
C'est cela qui me chicote un peu. Comme membre du Conseil du trésor,
vous devriez défendre davantage vos positions et dire: Écoutez,
vous avez dit que c'était une priorité prioritaire, comme on
disait dans ie temps, à ce moment-là... C'est vrai, ce qui a
été dit.
Mme Juneau: Bien sûr.
M. Jolivet:... mais je le rappelle, ce sont des faits. Dans ce
contexte-là, je dis: Pourquoi le ministre n'accepte-t-il pas? On vient
de refuser mon amendement. Je n'en aurai pas d'autres à
présenter, c'est sûr, mais Je vous dis
bien honnêtement, M. le Président que ce n'était pas
pour créer des postes, c'était pour répondre à une
demande de gens venant des organismes familiaux. Si le député de
Fabre croit qu'ils n'ont pas raison, il vient de leur dire. Vous n'avez pas
raison, vous voulez avoir des postes pour avoir des postes. Je ne pense pas que
ces gens-là veulent avoir des postes pour avoir des postes ils veulent
s'assurer qu'il y a vraiment une priorité dans I'esprit de tout le monde
et ils veulent aussi s'assurer que les conditions soient telles que si un
conseil est créé, ce soit dans des conditions qui le permettent
et non pas dans des conditions ou, finalement on ne va leur donner aucun moyen.
J'ai dit trois choses ce matin. Pas de moyen pas d'objectif les seuls mandats
qu'ils ont sont ceux du ministre. Je trouve que ce n'est pas correct, et je
vais le dire jusqu à la fin.
Le Président (M. Baril): L'article 9 est-Il
adopté?'
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Baril): Adopté sur division.
L'article 10, M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président si vous permet tez, on pourrait
revenir à l'article 7. On me dit que, dans le libellé, il n'y a
aucune ambiguïté, tel que formulé de façon juridique,
que quelqu'un puisse exercer plus de deux mandats. Qu'on soit président
ou vice-président, on ne peut pas cumuler ce qu'on craignait tout
à l'heure, des mandats sur seize ans. Sur cet avis, je
suggérerais qu'on adopte l'article tel que formulé.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Jolivet: J'ai de la difficulté à saisir. Je sais
que c'est une partie technique. J'aimerais qu'on explique. Le ministre pourrait
demander à la personne responsable sur le plan juridique de venir nous
l'expliquer en son nom. J'aimerais bien comprendre cette partie-là. Si
vous me le permettez.
M. Dutil: Je n'ai pas d'objection à ce que la personne
vienne. De toute façon, c'est le troisième paragraphe et il
semble bien que ce soit très clair "Le mandat des membres du conseil, y
compris celui du président, ne peut être renouvelé qu'une
seule fois" Qu'il soit à un poste ou à l'autre, cela ne change
rien.
Une voix:..
Le Président (M. Baril): Voulez-vous vous
présenter, s'il vous plaît? Madame.. Excusez.
Mme Gervais (Denise): Denise Gervais. À la lecture de
l'alinéa 3, on a la réponse "Le mandat des membres du conseil, y
compris celui du président, ne peut être renouvelé qu'une
seule fois". C'est donc dire que le mandat des membres que ce soit le mandat du
membre agissant comme membre régulier ou comme membre président
ne peut être renouvelé qu'une seule fois. Donc, il ne peut pas.
Aucun des membres ne peut exercer plus de deux mandats. Cela me paraît
clair à la lecture même de I'alinéa 3. Ce sont tous les
membres qui sont concernés.
M. Joly: Est-ce qu'il y a une fleur dans le tapis?
M. Jolivet: Non, M. le Président M le député
de Fabre, là. J'ai été négociateur au niveau
syndical.
Des voix:...
M. Jolivet: C'est vrai, et je m'assurais de tout. Ce dont je veux
bien m'assurer. Ce n'est pas une niaiserie ce que je dis là. Je pense
qu'on recherche tous le même objectif Comme on recherche le même
objectif, je veux m'assurer. On dit "Le mandat des membres du conseil, y
compris celui du président " Il ne faut pas oublier que le
président, son mandat est de cinq ans. Deux fois cinq ans, cela fait dix
ans. Dans les autres cas à part les cinq premiers qui auront deux ans
tous les autres auront trois ans et une possibilité maximale de six: "Le
mandat des membres du conseil, y compris celui du président, ne peut
être renouvelé quune seule fois. " II n'y a rien qui, à mon
avis, me garantit quune personne qui est membre du conseil, une fois
nommée à la présidence, ne pourra pas cumuler.
M. Joly: On dit "y compris".
M. Jolivet: Non, mais trop fort ne casse pas Madame l'avocate
doit être capable de comprendre ça. Trop fort ne casse pas. Moi,
je dis Pourquoi n'aurait-on pas, à ce moment-là un petit mot qui
dirait qu'il n'y a pas de cumul? Cela pourrait être juste ça.
C'est que le mandat des membres du conseil et le mandat du président,
s'il n'y a pas de cumul, un petit mot quelque part et ça va être
correct. S'il n'y est pas, il n'y a rien, à mon avis, qui le garantit.
En tout cas, je dirai comme le ministre de l'Éducation. Convainquez-moi.
Souvent, il nous disait ça dans des projets de loi.
Une voix: Vous êtes difficile à convaincre.
M. Jolivet: Oui, c'est vrai. Cela, c'est vrai C'est pour cela que
je suis têtu.
M. Dutil: M. le Président, je dirais plutôt au
député de Laviolette. Faites-nous une proposition d'amendement,
puisqu'on est d'accord sur ce qu'on veut obtenir. J'imagine que le
député de
Laviolette qui a de l'expérience dans la négociation
collective a sûrement une formule qui va être deux lois
étanche.
M. Joly:. a comme objectif de changer tous les articles, que ce
soit un mot seulement. C'est ça l'objectif principal?
M. Jolivet: Quel objectif ? De qui ?
M. Joly: Je ne sais pas, de l'Opposition
Mme Juneau: M. Joly, vous nous prêtez des intentions
malveillantes.
M. Joly: M. le député de Fabre, merci. Mme
Juneau: Excusez-moi.
M. Joly: Parfait. Mais on le dit ici "y compris celui du
président - c'est fait, c'est clair - "ne peut être
renouvelé qu'une seule fois". Quand on parle de renouvellement, cela
veut dire qu'on répète une fois.
M. Jolivet: Je vais vous donner le texte, toujours, du Conseil
permanent de la jeunesse. On dit: Deux vice-présidents sont choisis
parmi les membres du conseil. On dit aussi: La durée du mandat des
membres du conseil est de deux ans. Un membre ne peut être
réélu consécutivement qu'une fois. Toutefois, la
durée du mandat. II y a des présidents et des
vice-présidents dans cette affaire-là. On ne fait pas la
distinction entre le président et le vice-président. On dit. Le
mandat des membres du conseil ne peut être renouvelé qu'une seule
fois. (21 h 15)
M. Polak: Ce texte ne règle pas votre problème.
M. Dutil: M. le Président.
Le Président (M. Baril): M le ministre.
M. Polak: Je veux bien vous aider, mais la, en bon
législateur.
M. Dutil: M. le Président, je pense qu'on devrait demander
le vote sur cet article, à moins d'avoir une proposition d'amendement
qui vienne de l'Opposition, parce que, pour nous, c'est clair.
Le Président (M. Baril): Alors, à moins que je
n'aie un amendement..
M. Polak: Maintenant, M. le Président, juste pour bien
comprendre le député de Laviolette. II veut dire qu'une
même personne ne peut. Jamais siéger plus de dix ans. Est-ce que
c'est cela que vous dites?
M. Jolivet: Dans un cas, dix ans et, dans l'autre, six ans.
M. Dutil: De façon consécutive.
M Polak: Si on disait que le maximum consécutif ne peut
jamais excéder dix ans, est-ce que cela couvrirait la situation?
M. Joly: Non, non, parce qu'on peut revenir.
Mme Juneau: Non, cela va donner. M. Joly: Trois fois.
Une voix: Oui.
M. Joly: Un membre qui est en poste pour trois ans peut
être nommé président, ce qui ferait un autre mandat de cinq
ans, et donc huit ans, à ce moment-là.
M. Polak: D'accord.
M. Joly: Question d'assurer la continuité aussi.
Le Président (M. Baril): Alors, est-ce que vous avez un
amendement à proposer, M. le député de Laviolette?
M. Jolivet: D'accord C'est que j'en avais un autre sur la
question du renouvellement. On disait. Le mandat d'un membre ne peut être
renouvelé qu'une fois. Je ne ferai pas de bataille, je voulais
m'assurer. Vous me garantissez que le mandat des membres du conseil ne peut
être renouvelé qu'une fois. En plus, vous ajoutez y compris celui
du président qui ne peut être renouvelé qu'une seule fois,
et vous dites qu'il ne peut pas y avoir de cumul. On va se fier à vous
autres, on va l'adopter sur division.
Le Président (M. Baril): Alors, l'article 7 est
adopté sur division.
Une voix: Pas sur division. M. Dutil: L'article 10.
Le Président (M. Baril): II ne faudrait pas oublier une
chose L'article 7 est adopté tel qu'amendé.
M. Jolivet: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Baril): Surdivision.
Une voix: L'article 8.
Le Président (M. Baril): Alors, nous sommes rendus
à l'article 10.
M. Dutil: "En cas d'empêchement du président, il est
remplacé par le vice-président. " Sans commentaire.
M. Joli vet: Je n'en n'ai pas non plus...
Le Président (M. Baril): L'article 10 est
adopté.
M. Jolivet:... contrairement à ce qu'aurait pu penser le
député de Fabre.
Le Président (M. Baril): L'article 11, s'il vous
plaît!
M. Dutil: "Les membres du conseil autres que le
président...
Mme Juneau: Est-ce qu'il a été adopté? M.
Jolivet: Non, non.
M. Dutil:... ne sont pas rémunérés sauf dans
les cas, aux conditions et dans la mesure que peut déterminer le
gouvernement. " L'article 11...
Le Président (M. Baril): Un instant!
M. Jolivet: Non, non, non. Je n'ai pas encore drt un mot, j'ai
simplement dit que je n'avais pas de commentaire, mais, compte tenu du fait
qu'on nous a refusé, à un autre article, sur la
rémunération du vice-président...
M. Joly: Vous aviez pensé que...
M. Jolivet: "En cas d'empêchement du président, il
est remplacé par le vice-président. " J'aurais une petite
question bien simple. Le président tombe malade pour six mois. Le
vice-président le remplace pour six mois. Il exerce donc les fonctions
de président. J'aimerais que vous m'indiquiez la
rémunération du vice-président.
M. Dutil: Ah bien, évidemment, M. le Président, ce
sera celle du président puisqu'il deviendra président par
intérim.
M. Jolivet: Où est-ce que c'est marqué?
M. Dutil: Cela me semble tellement évident que, dans ce
genre de cas comme dans le cas d'un directeur général, on puisse
remplacer une personne, si on peut le prévoir d'avance, qui s'absente
pour un délai aussi considérable. À ce moment-là,
c'était un directeur général, je le rappelle. Dans un
ministère, quand on a un directeur général, un
sous-ministre ou une personne qui quitte pour un certain temps, it est
évident qu'on le remplace et que la personne qui le remplace a un
salaire.
M. Jolivet: N'oubliez pas qu'au départ il y avait
nécessité, de la part du vice-président, de remplacer la
présidence à la réunion ou à la séance. On
l'a même fait aujourd'hui avec le président de séance, sans
aucune rémunération additionnelle pour le travail qu'il a
à faire. Il a une rémunération de président de
séance et non pas de président...
Une voix:...
M. Jolivet: Oui, oui, un président de séance, mais
pas un président de commission; ce n'est pas le même salaire.
Le Président (M. Baril): Je n'ai pas les mêmes
responsabilités.
M. Jolivet: Non, mais il reste quand même qu'aujourd'hui il
agit à ce titre. Donc, c'est normal; cette partie, je la trouve normale.
Ce que je veux savoir, c'est, dans le cas où il y a empêchement
d'agir pour quelque raison que ce soit... Vous me dites que, parce qu'il
remplace le président, il y a quelque part quelque chose qui nous
indique qu'il aura la rémunération que le président n'a
pas. Cela veut dire que vous venez, du même coup, d'augmenter le budget
sans le dire.
M. Dutil: Évidemment, M. le Président, cela...
M. Jolivet: Cela ne serait donc plus dans l'enveloppe
globale.
M. Dutil:... saute aux yeux que le président qui n'est pas
là pendant six mois, lui, il n'est pas rémunéré
parce qu'il est parti pendant six mois. Il peut être sur
l'assurance-salaire ou à un autre niveau, mais il n'est pas là,
fi n'est pas rémunéré, c'est évident.
Le Président (M. Baril): L'article 10 est-il
adopté?
Une voix: Oui.
M. Jolivet: Vous dites, à l'article 9: "Le gouvernement
fixe la rémunération, les avantages sociaux et les autres
conditions de travail du président. " Vous nous avez dit que vous ne
vouliez pas inclure la fonction à temps plein de vice-président,
donc, que vous ne vouliez pas fixer par le fait même la
rémunération, les avantages sociaux et les conditions de travail
du président. Vous nous dites à l'article 10 que, si, par hasard,
le vice-président devait occuper la fonction de président, il
deviendrait président par intérim. Mais il n'y a rien qui me
l'indique encore. C'est une décision de qui?
M. Dutil: M. le Président, je n'ai pas dit que
c'était le vice-président qui deviendrait président par
intérim. Ce que j'ai dit, c'est que, en cas d'absence d'un
président-directeur général, il est normal que le
gouvernement envisage de le remplacer de façon temporaire, si on sait
qu'il sera de retour dans quelques mois. À ce
moment-là il nomme un président par intérim qui
pourrait être le vice-président, mais qui pourrait être un
autre membre, qui pourrait être une personne extérieure qui vienne
exercer cette fonction-là. Ces possibilités existent et elles
sont d'ailleurs couvertes par I'article 11, à mon point de vue.
Le Président (M. Baril): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Est-ce que j'ai bien compris, M le Président,
dans ce que le ministre vient de dire, que ce n'est pas nécessairement
le vice-president? Il peut y avoir une personne nommée pour remplacer le
président malade et que ce ne soit pas nécessairement le vice
président. C'est cela que vous avez dit?
M. Dutit: C est cela.
M. Jolivet: Là, je m'emberlificote un peu plus.
Mme Juneau: Bien, moi aussi.
M. Dutil: Je m'explique davantage pour être bien sûr
que tout est clair. On parle d'un cas exceptionnel d'une absence
prolongée et on parle de la direction générale plus
particulièrement plutôt que de remplacer le président pour
une tenue de séance, ce qui est bien différent. À ce
moment là, il est normal qu'on envisage un remplacement de temps plein
et non pas un remplacement de présidence de séance, ce qui est
bien différent!
Mme Juneau: M. le Président, si je lis l'article 10. "En
cas d'empêchement". On ne dit pas en cas d'empêchement majeur ou en
cas d'empêchement de telle durée. On dit dans I article 10 ". En
cas d'empêchement du président, il est remplacé par le
vice-président". II n'est pas stipulé que c'est pour tant de
mois, il n'est pas stipulé que cela pourrait être une autre
personne. En tout cas, pour mol, ce n'est pas clair. Peut-être que je ne
comprends pas vite, mais l'article ne dit pas ce que le ministre vient de
dire.
Le Président (M. Baril): Si je vous comprends bien, Mme la
députée de Johnson, si cet article-là n'est pas clair,
comme vous le dites, auriez-vous un amendement?
M. Jolivet: Est-ce que je peux y aller, M. le
Président?
Le Président (M. Baril): Excusez. Je ne voulais pas vous
mettre dans de mauvais draps.
M. Jolivet: Non, moi je.
Le Président (M. Baril): Ce n'est pas à vous de
parler, M le député de Laviolette, mais, si vous me demandez la
parole, je vais vous la donner.
M. Jolivet: Oui, je la voudrais. Le Président (M.
Baril): Merci.
M. Jolivet: Si vous me le permettez. Tout l'imbroglio de cet
article 10 vient du fait que le vice-président a été
refusé comme étant à temps plein et
rémunéré. Le ministre - vous vous en souvenez - a
refusé cela. L'ayant refusé, ce que. j'ai de la misère
à comprendre, c'est que, si le président ne peut pas agir pour
une longue durée, ce soit une autre personne que le
vice-président, si c'est lui qui est le plus à même de
suivre l'évolution du conseil. Si vous amenez quelqu'un comme un cheveu
sur la soupe ou comme un chien dans un jeu de quilles, cela n'a pas de bon
sens, cela n'a vraiment pas de bon sens! Là, c'est vrai que vous allez
diriger. Vous êtes aussi bien de vous nommer président à
temps plein comme ministre. Je pense que, en cas d empêchement, s'il est
remplacé par le vice-président, il doit accomplir toutes les
tâches du président. S'il accomplit les tâches du
président, vous avez dit que cette personne était un
président-directeur général. Bien, le
président-directeur général, il doit y avoir quelque chose
qui lui permette, si jamais il n'était pas là, d'être
remplacé au moins par celui qui est le plus apte à le remplacer,
qui est le vice-président, sans cela, on ne nommerait pas de
vice-président. On pourrait dire. Tout le monde est vice
président et peut remplacer n'importe quand. Là, le
vice-président, la seule "job" qu'il aurait à faire, ce serait de
remplacer le président parce qu'il a une grippe un soir et qu'il ne peut
pas venir au conseil, ou le président ne veut pas être en conflit
d'intérêts et iI fait présider le vice-président.
Mais ce n'est pas cela que je dis. Dans tout ce que j'ai eu à vivre
à des conventions ou ailleurs, le mot "empêchement" veut dire
quelque chose. La personne peut être empêchée parce qu'elle
a une maladie mentale temporaire. Elle peut être empêchée
parce qu'elle s'est cassé une jambe et elle sera absente pendant un
certain temps, mais cela sera moins pire parce qu'elle va peut-être
revenir avec des béquilles. Mais, entre les deux, il y a une
méchante différence. Une personne qui est obligée de
suivre des traitements de chimiothérapie contre le cancer ou une autre
qui a subi un infarctus.
On dit "en cas d'empêchement du président, il est
remplacé par le vice-président". Mais le vice-président,
s'il n'y a nen qui lui dit. Quand tu vas le remplacer, tu auras le salaire du
président-directeur général, on va se retrouver avec la
béquille dont vous faites mention. On va être obligé d'en
prendre un de l'extérieur; cela n'a pas de bon sens. Tout ça,
parce qu'on a refusé tout à l'heure que le vice-président
soit à
temps plein.
M. Dutil: Alors, M. le Président, étant
donné que les discussions sont finies, est-ce qu'on vote sur cet
article-là?
Le Président (M. Baril): S'il n'y a pas d'amendement, nous allons
adopter l'article. Est-ce que l'article...
M. Polak: M le Président, l'article 10, de la
manière que je le lis: "En cas d'empêchement... " On ne dit pas en
cas d'empêchement temporaire, majeur ou permanent. Je vois ça
comme ceci: S'il y a un empêchement de n'importe quelle nature, c'est le
vice-président qui prend sa place. J'étais juge municipal et cela
m'est déjà arrivé de remplacé un autre juge
municipal pendant six mois car il était malade. Il m'a offert son
salaire. J'ai refusé, parce qu'étant malade il avait besoin
d'argent peut-être plus que moi. On s'est arrangé entre nous. Mais
quand on dit: "remplacé par le vice-président", c'est le
vice-président qui prend la place. Si l'intention du ministre est de
dire, si cela devient un empêchement majeur, je désire remplacer
le président par une autre personne, il faut qu'on le dise quelque part.
De la manière que je lis le texte, c'est le vice-président qui
prend la place du président pour la durée de son mandat, à
moins qu'on ne fasse une distinction. Je ne veux pas couper les cheveux en
deux.
M. Dutil: M. le Président, des scénarios lugubres,
on peut en bâtir 50 000. Il peut arriver toutes sortes de choses dans la
vie, mais une chose est certaine, c'est le gouvernement qui nomme le
président. Si le gouvernement a la certitude qu'un président est
empêché d'exercer sa fonction, d'une façon adéquate,
pendant une période trop longue, il lui appartient de nommer un nouveau
président, point à la ligne.
Donc, à mon avis, cet aspect-là est tout à fait
couvert. Si le gouvernement ne juge pas à propos de nommer un autre
président, c'est qu'il estime que l'empêchement n'est pas majeur
et n'exige pas de le remplacer. Le vice-président n'occupe pas la
fonction...
M. Polak: Mais on devrait peut-être le dire.
M. Joly: J'aimerais quand même avoir une clarification. Si
on dit que le gouvernement nomme le président pour cinq ans et que ce
président, pour une raison quelconque, ne peut cumuler ses fonctions,
est-ce qu'il continue de recevoir sort salaire de président pendant cinq
ans? Est-ce qu'il va recevoir des garanties d'assurance-salaire? Sans pour
autant vouloir bâtir un scénario, est-ce qu'il va recevoir des
garanties d'assurance-salaire et est-ce qu'en plus de ça on va nommer un
président par intérim? Je trouverais aberrant de voir que, parce
qu'on a oublié ou qu'on n'a pas cru bon d'ajouter quelques phrases, un
président nommé par le gouvernement reçoive en plus des
garanties de salaire. À ce moment-là, c'est moins motivant de
retourner travailler, quand tu as ton salaire de président et qu'en plus
de ça, tu peux avoir une garantie payée en vertu d'un plan
d'assurance quelconque.
Je me sentirais plus à l'aise si on définissait de
façon plus claire quelle est la "job" du vice-président, quelle
est la responsabilité du vice-président et quelles sont les
possibilités advenant un empêchement majeur du président.
Si on est tous là pour bonifier la loi, personne d'entre nous ne pourra
se reprocher d'avoir été trop prévoyant.
Le Président (M. Baril): M, le député de
Fabre, je vais vous réitérer la demande que j'ai faite
à la députée de Johnson. Avez-vous un amendement?
Bâtissez-moi un amendement et nous allons... S'il vous plaît!
M. Joly: Je pourrais en bâtir un, mais, d'un autre
côté, je pense qu'il serait plus simple si on pouvait le
bâtir ensemble; du moins, ceux qui se rallient à cette
idée-là.
Le Président (M. Baril): Et on votera. "Let's go". Les
billets pour la messe de minuit, c'est la semaine prochaine. 'Let's go".
M. Dutil: Est-ce que, M. le Président, on suspend cet
article pour le moment et on passe à l'article 11 entre-temps?
Le Président (M. Baril): Je suis bien d'accord. Est-ce
qu'on est d'accord pour passer à l'article 11? On suspend l'article
10?
M. Jolivet: Pendant qu'on suspend l'article 10, il y aurait
peut-être lieu de regarder les autres articles qui disent: en cas
d'absence ou d'incapacité d'agir, parce que le mot "empêchement",
c'est un nouveau mot qui est arrivé dans la loi. Cela va loin ça,
l'empêchement. Le gars qui est séquestré quelque part,
c'est un empêchement, ça.
Le Président (M. Baril): Moi, j'aimerais quant à
ajouter qu'on ajoute à l'amendement des phrases tout à l'heure;
je serais d'accord avec ça. D'accord? Alors, l'article 11, M. le
ministre. (21 h 30)
M. Dutil: L'article 11: "Les membres du conseil autres que le
président ne sont pas rémunérés sauf dans tes cas,
aux conditions et dans la mesure que peut déterminer le gouverne" ment.
"
M. le Président, si je peux me permettre d'argumenter sur cet
article, je le disais tout à l'heure et je le réitère, il
vient couvrir, justement, ce qu'on essaie d'imaginer comme scénario
à l'article 10. Advenant des cas spécifiques, le
gouvernement est en mesure de déterminer des exceptions pour des
personnes autres que le président.
Le Président (M. Baril): Est-ce que nous avons des
commentaires?
M. Jolivet: Comme d'autres, j'ai des inquiétudes qui sont
réelles, je pense, à l'article 11. Qu'est-ce qui va arriver des
personnes nommées au conseil ou peut-être à des
comités du conseil qui n'occuperaient pas un emploi
rémunéré? Je donne l'exemple d'une mère de famille
qui a une bonne connaissance de la situation dans son secteur et qui n'occupe
pas un emploi rémunéré. Il est évident que je dois
comprendre que les personnes qui oeuvrent dans le domaine de la famille vont
recevoir des remboursements pour certains frais encourus, les frais encourus
par le fait de voyager de Montréal à Québec ou de
Québec à Montréal, de vivre dans un hôtel, de manger
dans un restaurant pour les besoins du travail qu'elles ont à faire.
Donc, on dit qu'il y aura un remboursement des frais encourus.
Il y avait autrefois ce qu'on appelait une allocation de présence
qui était, à ce moment-là, donnée dans
différents conseils, et c'était un moyen qui permettait de faire
justice à tout le monde. Malheureusement, cela a été
enlevé par le président du Conseil du trésor qui a
décidé que, désormais, toutes ces personnes ne devraient
en aucune façon être rémunérées. Ce qu'on a
appelé, comme l'a dit ma collègue, les jetons de présence,
avait pour effet d'amener des personnes autres que des professionnels de la
question, que ce soit des membres de conseils universitaires ou des
fonctionnaires, en fait, différentes personnes qui, dans leurs
fonctions, sont déjà rémunérées. Il ne faut
pas oublier que, dans les organismes familiaux, if y a autre chose que
cela.
Je dois vous rappeler ce que disait ce matin le Regroupement
interorganismes pour une politique familiale, en vertu de l'article 11 qui dit:
"Les membres du conseil autres que le président ne sont pas
rémunérés sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement. "
Le regroupement disait: "L'assemblée du regroupement convient de
demander ici qu'une provision soit apportée pour la
rémunération des membres du conseil. " En effet, si l'on veut que
ce conseil soit vraiment composé de personnes représentatives des
familles, il faut s'assurer de la présence et de ta participation
efficace de ceux et celles qui peuvent véhiculer le point de vue des
familles. Des critères de rémunération doivent donc
être établis pour permettre leur participation aux
assemblées sans perte de revenu. Ces critères doivent
également permettre aux membres du conseil de consacrer, sans perte de
revenu également, une certaine période pour préparer leur
participation à ces assemblées. Il n'est donc pas exclu ici de
considérer comme hypothèse de solution la possibilité que
le conseil obtienne des employeurs, lorsque c'est le cas, un congé avec
solde pour leurs employés afin d'assurer l'accomplissement
intégral de leur mandat. Dans d'autres cas, les règles de
rémunération devraient autoriser le versement de ce qu'il en
coûte pour assurer une pleine participation de présence et de
préparation aux assemblées. Là, Ils disaient, comme nous,
qu'ils aimeraient que le vice-président soit
rémunéré tout comme le président, mais cela a
été refusé.
Il est peut-être important de voir que le ministre de
l'Éducation nous a fait un long panégyrique; on a posé des
questions, lors des engagements financiers sur les crédits
budgétaires pour savoir, lors de la venue du Conseil des
collèges, comment cela fonctionnait chez lui. Le ministre est un des
responsables de la politique générale, puisqu'il est membre du
Conseil du trésor. Cela a été une norme
édictée par le président du Conseil du trésor,
responsable de cette décision, dans son document appelé le
rapport Gobeil, de faire disparaître toutes les allocations de
disponibilité, ce qu'on appelle les jetons de présence.
C'était une façon de permettre à des personnes qui n'ont
aucun revenu, mais qui doivent, pour les besoins de la circonstance, si elles
veulent bien représenter les gens, assister à d'autres
réunions, faire un travail préliminaire, faire garder leurs
enfants; donc, il s'ensuit des frais de gardiennage. Je pense que le ministre
devrait, ici, prendre ses responsabilités et dire que, oui, il va
défendre cela et, dans ce contexte, inscrire dans le projet de loi qu'il
devrait y avoir une forme d'allocation ou de jetons de présence pour des
personnes autres que celles qui, déjà, reçoivent un revenu
gouvernemental.
Si vous voulez que des gens proviennent de différents secteurs de
la société, il faut qu'on ait les moyens d'agir. Or, ici, si le
ministre est vraiment sérieux quand il nous dit qu'il veut une politique
familiale qui permette aux gens de faire valoir leur point de vue dans un
conseil, il devrait, à mon avis, prendre cette décision et
répondre affirmativement à toutes les demandes qui lui sont
faites de réviser cet article 11 et faire en sorte que, non seulement
les membres aient droit au remboursement des dépenses faites dans
l'exercice de leurs fonctions - et là, on dit: "... aux conditions et
dans la mesure que détermine le gouvernement. " - mais que les membres
du conseil puissent avoir une allocation, un jeton de présence, qui leur
permette d'avoir un montant d'argent non seulement pour payer les frais
encourus, mais aussi la préparation que cela leur a demandée pour
être là et les frais de gardiennage de leurs enfants. Quand on est
dans une famille monoparentale, on sait ce que cela demande. Dans ce
sens-là, le ministre devrait, à mon avis, nous présenter
un amendement qui indique qu'il y a, de la part du ministre et du gouvernement,
une assurance quant à ces jetons
de présence.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Dutil: Alors, M. le Président, quant aux jetons de
présence, je voudrais rappeler I'intention du gouvernement lorsqu il a
décidé de diminuer considérablement le nombre de |etons de
présence. D'abord, on retrouvait des profes sionnels avec des jetons de
présence et c'était une chose qui était vivement
critiquée par la population. On retrouvait également des
critiques face à la nomination de gens qui allaient là pour
servir au sein des conseils d administration et, parce quits recevaient un
jeton de présence, à ce moment-là, il y avait des
critiques de l'Opposition de la presse, de la population en
général disant qu'on choisissait des gens pour leur faire gagner
un petit revenu ou un gros revenu, selon le cas, plutôt que pour obtenir
leurs services. Donc, l'intention était je pense, très louable.
II a été précisé que ce n'était que pour les
douze premières réunions, c'est-à-dire environ une
réunion par mois que Ion demandait aux gens qui acceptaient une charge -
c'est une charge bien sûr, c'est aussi un devoir social de collaborer,
à un moment donné, à l'évolution de notre
société - de le faire de façon bénévole, ce
qui nous paraissait une charge qui n'était pas aussi considérable
qu'on semble vouloir le faire croire. Par contre, par la suite, s'il y avait
des comités qui exigeaient une charge supplémentaire à
douze réunions, bien sûr qu'à ce moment-là, on
considérait que cela devenait beaucoup et qu'il faudrait sans doute
rémunérer les gens. C'est cette directive-là qui est
suivie.
Ce que je dis au député, ici, ce soir, c'est que la
façon dont I'article est rédigé permet au gouvernement de
modifier les conditions et de modifier dans quelle mesure il peut
rémunérer, à la suite de l'évolution des divers
conseils, de l'évolution des besoins ou donner des jetons de
présence ou rembourser les dépenses de ces gens-là. Je
pense que l'article 11 couvre entièrement ce que l'on veut couvrir.
Ce qui est critiqué ici par le député de
Laviolette, c'est que dans des décrets, le gouvernement, à son
point de vue, est allé trop loin et empêche - bien que
l'intention, je pense, était bonne, il le reconnaîtra - des
personnes peut-être moins bien nanties sur le plan financier ou qui se
retrouvent dans des conditions différentes, par exemple, I'obligation de
faire garder leurs enfants en est une - on parle du Conseil de la famille, je
pense que c'est un bon exemple à donner - de payer pour aller à
un conseil qui serait le Conseil de la famille et donc, cela met une
barrière à leur entrée en les voyant obligées
parfois de refuser d'y aller parce que cela leur coûterait de I'argent
pour rendre service au lieu de pouvoir le faire d'une façon
bénévole.
Alors, ce que je dis, c'est que ce n'est pas par cette loi que le
gouvernement va changer ces décrets, mais je suis sensible, en ce qui
concerne le Conseil de la famille, aux problèmes de gens qui n'auraient
pas, d'autre part, de rémunération ou qui auraient des
obligations familiales qui les obligeraient à faire des dépenses
ou encore qui auraient un employeur qui ne leur permettrait pas de se
libérer avec solde et qui seraient obligés de perdre un revenu
pour exercer leurs fonctions. À ce moment-là, je discuterai avec
le gouvernement de modifications possibles. Ce n'est pas dans le projet de loi,
toutefois, que nous ferons cela.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a d autres
commentaires?
M. Jolivet: Oui, cela en soulève. J'aurais longuement
à discuter, parce que j'ai participé à différentes
discussions à la fois sur le Conseil des collèges avec ses
comités et sur le Conseil supérieur de I'éducation. La
tendance, c'est que ceux qui ont des rémunérations en haut de la
côte qui sont des présidents vice-présidents et
présidents de conseil, etc., arrivent présentement à faire
exactement votre décret. Ils convoquent le monde pour douze
réunions par année et pas plus, une par mois. Cest cela votre
décret. Au lieu d'avoir la possibilité de réunir du monde,
non pas pour le plaisir de faire des réunions, mais vraiment dans des
cas spéciaux, pour faire des choses, ils se retiennent, ne le font pas
et finalement au bout de la course, il n'y en a que quelques uns qui sont
payés dans le cadre de leur mandat. D'un autre côté, on
nomme des gens à des conseils qui sont plus importants que d'autres qui
ne sont pas rémunérés et d'autres, parce qu'ils ont eu le
lobbying nécessaire auprès des ministres concernés, sont
payés par des formules différentes. J'aime bien mieux avoir ce
quon avait dans les lois autrefois et que vous avez fait sauter.
Je prends la Loi sur le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration qui disait: "Les membres du conseil autres que le
président et les vice-présidents ne sont pas
rémunérés. Ils ont toutefois droit, dans la mesure
prévue par règlement du gouvernement et sur présentation
de pièces justificatives, à une allocation de présence et
au remboursement des frais raisonnables engagés par eux dans l'exercice
de leurs fonctions. "
Je donne un autre exemple, la Loi sur le Conseil du statut de la femme
où on dit: "Les membres du conseil autres que le président et que
ceux mentionnés au troisième alinéa de I'article 7 sont
indemnisés de ce qui leur en coûte pour assister aux
séances du conseil ou de ses comités et reçoivent une
allocation de présence fixée par le gouvernement.
On a fait sauter ces choses-là par le décret que vous avez
adopté. II y a un décret général qui s'applique
à tout le monde et, après, il a commencé à y avoir
des particularités, de telle sorte qu'aujourd'hui ceux qui ont fait plus
de lobbying pour toutes sortes de raisons sont même
rémunérés. J'aime bien mieux avoir une clause comme
celle-là qui est claire, nette et précise, mats qui traite le
monde sur le même pied dans tous les conseils, que d'avoir l'inverse
où, là, vous donnez à des amis des contrats pour faire des
études, des rapports à un tel, et qui sont payés, eux,
à grands frais comme avocats, comme notaires, comme des gens qui sont
vos conseillers. J'aime bien mieux que ce soient des gens directement
reliés à la politique familiale, à des organismes
familiaux, que d'avoir, comme on l'a vu à d'autres points de vue, des
bénévoles rémunérés avec des gros salaires.
Je pense que notre position dans les projets de loi précédents
était plus claire et elle aurait dû rester. Maintenant, ce n'est
pas cela.
Le ministre vient me dire: Ce n'est pas par la loi qu'on peut le
régler. Je lui dis: Non, au contraire, on pourrait le régler dans
ce projet de loi. Mais le ministre me dit: Faites-moi confiance, je ne suis pas
fou; je sais qu'il y a des gens qui ont des frais à faire payer sous
forme d'allocation, ces affaires-là. Vous allez voir, je vais m'en
occuper comme il faut.
Je ne vous fais pas confiance. Non, je ne vous fais pas confiance. Vous
êtes membre du Conseil du trésor, vous avez adopté la
directive. Aliez-vous, d'une part, faire l'autruche en disant: J'ai
adopté cette directive, mais, parce que je suis responsable d'un Conseil
de la famille, je vais penser autrement? Je ne pense pas que ce soit cela. Vous
allez penser de la même façon. Cela n'a pas de bon sens que des
gens qui proviennent de milieux qui ont vraiment besoin de défendre une
politique ne soient pas considérés autrement que' par la chemise
de façon égale pour tout le monde: 15 de collet et 32 de manche,
que vous mettez. Je ne suis pas d'accord avec cela. J'aime autant le dire,
comme j'ai dit au ministre de l'Éducation: Allez voir ce qui se passe au
Conseil des collèges; allez voir les questions qu'on a posées
quand ses représentants sont venus. Ils étaient même
gênés de nous répondre parce qu'ils nous ont dit que la
directive ne s'appliquait pas. C'est la même chose pour ce qui est...
M. Polak: Et la conclusion de cela?
M. Jolivet: La conclusion, c'est qu'il y aurait un
amendement.
M. Polak:... M. Jolivet: Non, mais... Des voix: Ha, ha, ha! M.
Polak:...
M. Jolivet: Vous avez le droit de partir, s) vous voulez, il n'y
a personne qui l'empêche.
M. Polak: Jamais, moi...
M. Jolivet: II me semble qu'on pourrait prendre l'ancienne
formulation, à savoir: "Les membres du conseil autres que le
président - il faudrait que j'en prenne une semblable à
celle-là - ne sont pas rémunérés. " On a bien dit
que c'était le seul qui était rémunéré. "Ils
ont toutefois droit, dans la mesure prévue par règlement du
gouvernement et sur présentation de pièces justificatives,
à une allocation de présence et au remboursement de frais
raisonnables engagés par eux dans l'exercice de leurs fonctions. " Ce
qui viendrait faire en sorte que l'article 11 serait complètement
annulé et remplacé par la proposition que je vous fais. (21 h
45)
Le Président (M. Baril): Un instant! Nous allons
décider si c'est recevable.
M. Polak: M. le Président, voulez-vous relire
l'amendement?
Le Président (M. Baril): Un instant! Avant de le relire
nous allons décider s'il est recevable. Je vais me consulter. Ha,
ha!
M. Polak: Entre-temps, M. le Président, avec la permission
du député de Laviolette, j'ai une solution pour l'article 10 qui
va vous plaire beaucoup.
M. Jolivet:...
M. Polak: Ah bon! excusez-moi. J'aimerais, pour une fois dans ma
vie parlementaire, passer un petit amendement.
Des voix: Ah, ah!
M. Polak: J'attends depuis sept ans. Appuyez-moi au moins une
fois. Je suis tout prêt.
M. Jolivet: Est-ce que vous avez invité votre femme?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Polak: Elle attend mon appel de l'aéroport.
Le Président (M. Baril): Un instant! Si je comprends bien
votre amendement, M. le député de Laviolette, à l'article
11, vous prenez la première phrase qui dit: "Les membres du conseil
autres que le président ne sont pas rémunérés... "
Vous biffez au complet le reste de l'article et vous dites: "Les membres du
conseil autres... " Excusez-moi! On recommence à la deuxième
phrase de votre article 10. "Ils ont toutefois droit, dans la mesure
prévue par règlement du gouvernement et sur présentation
de pièces justificatives, à une allocation de présence et
au remboursement des frais raisonnables engagés par eux dans l'exercice
de leurs fonctions. "
Vous avez 20 minutes et je vous remercie.
M. Dutil: Excusez-moi, M. le Président, est-ce que cet
amendement est recevable selon l'article 192?
Le Président (M. Baril): Excusez! Si je l'ai lu, c'est
parce qu'il était recevable.
M. Jolivet: M. le Président, je ne présenterai pas
mon argumentation tout de suite. Je vous dirai simplement, en
commençant, que c'est toujours à l'intérieur du budget
dévolu. Donc, ce n'est pas une augmentation du budget. Cela vous
enlève la difficulté de juger si cette question est
recevable.
Le Président (M. Baril): Je l'ai accepté.
M. Jolivet: Pour permettre à mon collègue, le
député de Sainte-Anne, de faire son premier amendement en
commission parlementaire depuis nombre d'années, j'accepterais de
revenir à l'article suspendu et nous reviendrons ensuite à
l'article...
Le Président (M. Baril): Est-ce que j'ai un consensus?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Sainte-Anne, votre amendement à l'article 10, s'il vous plaît!
M. Polak: M. le Président, je voudrais remercier le
député de Laviolette pour l'ouverture d'esprit qu'il a vraiment
démontré vis-à-vis de l'article 10. Voici la solution que
je pense avoir trouvée. Au lieu de dire: "En cas d'empêchement du
président... ", je suggère qu'on dise... Et là, M. le
député de Laviolette, j'ai suivi votre conseil. J'ai pris le
texte de la Loi sur le Conseil permanent de la jeunesse et j'ai trouvé
les mots "en cas d'empêchement temporaire du président". Donc, si
c'est un empêchement temporaire, cela veut dire qu'il est malade pour une
séance, qu'il est en voyage dans un autre pays ou n'importe quoi.
Évidemment, le vice-président le remplace. Mais, si c'est plus
sérieux, s'il est affligé par une maladie sérieuse, par
exemple, évidemment le gouvernement peut le remplacer. Je pense que cela
va satisfaire tout le monde.
Comme on ne le sait pas... M. le député de Laviolette,
vous me demandez ce que veut dire "temporaire". Dans - d'autres projets, on n'a
jamais posé de question. Tout le monde était d'accord, y compris
l'Opposition. Donc, si vous acceptez cela, je pourrai finalement dire à
ma femme que j'ai réussi un petit amendement dans ma carrière
politique.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Baril): Si je comprends bien, vous
dites...
M. Jolivet: Oui, j'ai 20 minutes. M. Polak: J'ai fini.
Le Président (M. Baril): On va se comprendre avant et,
après cela, vous aurez 20 minutes. En cas d'empêchement temporaire
du président... Vous avez rajouté un mot.
Une voix: "Temporaire".
M. Polak: C'est tout. Et je dois vous dire qu'en concertation
avec le ministre...
Le Président (M. Baril): Je tiens à vous faire
remarquer que...
M. Polak:... je n'ai pas opposition de sa part ni de ses
conseillers juridiques.
Le Président (M. Baril):... vous avez 20 minutes.
M. Polak: J'ai expliqué mon point.
Le Président (M. Baril): Nous procédons au vote sur
l'amendement...
M. Jolivet: Non. M. Polak: Non. Une minute! Le Président
(M. Baril): Non? M. Polak: Ce sera un vote?
M. Jolivet: Cela veut dire que ce que vous proposez, c'est qu'en
cas d'empêchement temporaire du président, il est remplacé
par le vice-président alors que, dans le cas où on parlait du
Conseil de la jeunesse, il y en avait deux. C'était un des deux qui
était nommé par le ministre responsable. Cela règle donc
te problème du cas d'empêchement temporaire.
Dans le cas d'empêchement à long terme, je crois comprendre
ce que le ministre disait tout à l'heure que, si c'était à
long terme, il déciderait s'il doit remplacer ou non le président
pour ta durée. Mais de quelle façon le fera-t-il?
M. Polak: On comprend que c'est à mi-chemin. Je comprends,
le temps presse.
M. Jolivet: Et votre femme va être contente de voir que
vous avez réussi à...
M. Polak: Beaucoup, beaucoup, beaucoup.
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'amendement est
adopté.
M. Polak: Mais peut-être sur division.
M. Jolivet: Cela ne répond pas à l'ensemble de mes
objections. Il reste quand même que c'est une acceptation pour la
question temporaire Quant à l'autre partie, je ne suis pas d'accord; je
continue à ne pas être d'accord et je continue toujours à
dire qu'il faudrait que le vice-président soit
rémunéré à temps plein et que, en
conséquence, on n'aurait pas ce problème que vous nous soumettiez
tout à l'heure, il ne faut pas oublier que, dans le cas de votre loi,
les deux vice-présidents, à ma connaissance, sont l'un et l'autre
nommés... Je vais prendre l'autre, un Instant... Oui, ils sont à
temps plein. Ce sont deux personnes à temps plein.
C'est pour cela que je vous dis que cela ne règle pas mon
problème. Alors, vous allez l'adopter sur division.
M. Polak: Merci.
Le Président (M. Baril): Alors, nous adoptons l'amendement
à l'article 10?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Baril): Sur division. Est-ce que
l'article 10, tel qu'amendé, est adopté?
M. Polak: Adopté. M. Dutil: Adopté.
Le Président (M. Baril): Nous revenons à l'article 11 et
nous en étions à un amendement qui a été
proposé par le député de Laviolette.
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Baril): Sur division, à l'article
10?
M. Jolivet: Oui. M, le Président, mon argumentation
était bien simple. Nous sommes dans un conseil qui va demander que les
membres qui seront nommés proviennent de tous les horizons du
Québec, particulièrement d'organismes familiaux du Québec,
qui n'ont pas toujours les moyens nécessaires pour faire valoir leur
point de vue. Que ces gens-là n'aient pas les commodités
nécessaires pour exercer leurs fonctions, cela dépasse mon
entendement.
Quand je vous ai dit que je reviendrais à une proposition que je
vous ai remise et qui retient ridée de l'allocation de présence,
cela réglait à la fois deux choses: le montant d'argent que la
personne doit dépenser parce qu'elle doit prendre son auto, venir
à Québec si elle est de Montréal, manger et être
logée quelque part et, en plus, elle a une allocation de présence
lui permettant de payer d'autres frais qui, dans certains cas, peuvent
être le gardiennage et, dans d'autres cas, l'obligation tout à
fait normale qu'elle a d'acheter ou de vérifier des choses, de prendre
du temps pour préparer son intervention. Vous savez, en tant que
député, vous prenez parfois le temps de votre transport par avion
entre l'Abitibi et ici pour étudier des dossiers; vous le faites souvent
aux heures de repas, même. Vous prenez énormément de temps
pour convaincre vos ministres d'accepter vos propositions pour défendre
votre région, vous le savez. S'il y a des gens qui proviennent du
Québec et qui ont, dans certains cas, des représentations
à faire, il faut qu'ils les fassent dans les meilleures conditions
possible.
Or, cet amendement que je vous ai proposé est tiré de la
Loi sur le Conseil des communautés culturelles et de l'immigration. Si
on l'a mis à l'époque, c'est qu'on jugeait que c'était
convenable de le faire. Le Conseil des ministres, par le Conseil du
trésor, a décidé autre chose pour l'avenir. Je vais vous
dire, M. le Président, que même le ministre de l'Éducation
a demandé des dérogations sur certains points. Tout ce que je
demande au ministre, comme il est membre du Conseil du trésor, c'est de
faire une dérogation pour une chose importante: aider les membres du
conseil à accepter la proposition qui leur est faite, dans la mesure
où ils savent très bien qu'il n'y aura pas de coûts
additionnels pour la famille de ces personnes, pour les gens sous leur
responsabilité, en acceptant une fonction bénévole, non
rémunérée, qu'on leur facilitera au moins la tâche
et qu'on leur permettra de faire les consultations qui s'imposent dans leur
propre milieu. Même dans certains cas, quand on parle de l'obligation
d'utiliser le téléphone pour faire des contacts avec d'autres
groupes pour préparer leurs interventions, qu'elles n'aient pas à
payer tout cela et que le gouvernement, par l'allocation de présence et
par les montants d'argent qu'il leur donne pour rembourser les frais
inhérents à leurs fonctions, comme on l'a si bien dit dans le
texte: "remboursement des frais raisonnables engagés par eux dans
l'exercice de leurs fonctions... "
Je pense que le ministre ne devrait pas lésiner sur la question -
c'est bien le terme, lésiner - et devrait accepter de faire une
recommandation à ses collègues du Conseil du trésor pour
qu'une dérogation ait lieu dans sa propre loi pour montrer vraiment la
volonté qu'il a d'en arriver à donner non seulement une
pensée famille, mais une indication qu'il veut mettre dans la
réalité la pensée famille.
Dans ce contexte, M. le Président, il me semble que le ministre
ne devrait pas refuser une proposition aussi intéressante à la
fois pour lui et pour les membres du conseil.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'il y a des
commentaires? Je constate que le ministre n'a pas de commentaires.
M. Dutil: Mol, M. le Président, j'ai dit tout
ce que j'avais à dire. J'ai horreur de répéter deux
fois la même chose.
Le Président {M. Baril): Alors, nous allons avoir à
voter sur l'amendement tel que proposé par le député de
Laviolette. Est-ce que vous voulez avoir un vote nominal?
M. Jolivet: Ce sera sur division, pour vous aider.
Le Président (M. Baril): Sur division?
M. Jolivet: Ce serait le même vote nominal que tout
à l'heure.
M. Dutil: Pour bien se comprendre, on est contre et ils sont
pour. C'est une situation inversée.
M. Jolivet: C'est bien ce que j'ai compris.
Le Président (M. Baril): Je comprends que l'amendement de
l'article 11 est rejeté. Est-ce que l'article 11 est adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Baril): Croyez-vous qu'à cette
heure tardive nous devrions entamer l'autre article? Je devrai avoir le
consentement pour dépasser 22 heures. M. le ministre.
M. Dutil: De toute façon, je pense, il serait un peu
illusoire d'envisager de finir cela ce soir. Je pense, étant
donné qu'on avait prévu terminer à 22 heures, qu'il y a
des gens qui ont des obligations, qu'on devrait terminer pour ce soir, si le
député de Laviolette et la députée de Johnson sont
d'accord. Par contre, je souhaiterais que nous puissions reprendre nos travaux.
Nous n'avons prévu qu'une seule journée et il aurait
été souhaitable d'en faire deux. On avait prévu
initialement demain, mais on croyait pouvoir passer au travers en une seule
journée. Quoi qu'il en soit, d'ici l'ouverture de la session, je pense
qu'il y aurait lieu de prévoir d'intercaler une séance dans les
travaux de ia commission, parce que la commission siège sur l'aide
sociale. C'est un dossier important. Dans une séance de quelques heures,
on pourrait probablement cheminer pas mal et arriver à l'ouverture de la
Chambre avec une recommandation à faire à l'Asssemblée
nationale sur le projet de loi 94.
M. Polak: Maintenant, M. le Président, si je peux vous
renseigner. Évidemment, vous êtes au courant. Lundi prochain
commence la consultation sur l'aide sociale. C'est un programme vraiment
chargé à chaque jour. Donc, je n'ai aucune objection si on est
capables de trouver un petit trou, mais cela va être très
difficile. Je ne sais pas si les leaders doivent se rencontrer.
M. Jolivet: En fait, c'est cela. Les deux leaders doivent en
discuter. Ils vont me consulter quant à ma disponibilité, ils
consulteront le ministre quant à sa disponibilité et on
envisagera une possibilité.
Le Président (M. Baril): La commission ajourne ses travaux
sine die et je vous remercie beaucoup.
(Fin de la séance à 21 h 59)