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(Neuf heures dix minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi 34, Loi modifiant la
Loi sur les services de santé et les services sociaux et d'autres
dispositions législatives.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Harel
(Maisonneuve) sera remplacée par M. Claveau (Ungava).
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas d'autres
remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que M. Chevrette
(Joliette) sera là aujourd'hui?
M. Claveau: II ne vient pas aujourd'hui.
Le Président (M. Bélanger): il ne vient pas
aujourd'hui.
M. Claveau: Et toute la journée de demain aussi.
Des voix: Ah!
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Donc, il
n'est pas dans les remplacements. C'est bien.
La Corporation d'urgences-santé de la
région de Montréal métropolitain (suite)
Nous en étions donc, hier, à un sous-amendement qui est
arrivé rapidement: insérer dans la dernière ligne du
paragraphe 3°, après les mots "de façon", les mots "rapide
et". Nous en étions là.
M. Dutil: M. le Président, tout a été dit
là-dessus et je pense que l'Opposition le reconnaîtra. Nous
serions prêts à voter sur cet amendement.
Le Président (M. Bélanger): C'est un
sous-amendement, M. le ministre.
M. Dutil: Sur ce sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Contrairement aux allégations du ministre, au
moment où on a ajourné, hier soir à 23 heures
précises, c'est moi qui avais la paroie... Oui.
Mme Blackburn: Oui et vous n'aviez même pas
parié.
M. Claveau: Je commençais. J'avais eu juste le temps de
dire bonjour.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez parlé
pendant une minute hier soir.
M. Claveau: Même pas, M. le Président. Je voulais
revenir...
Le Président (M. Bélanger): II vous en reste
seulement 19.
M. Claveau:... sur le sous-amendement. Il y a une question qui a
été largement discutée hier et le ministre a dû s'en
rendre compte. Le ministre dit que tout a été dit
là-dessus, mais il semble qu'on n'en ait pas assez dît, parce qu'y
ne voit pas l'importance de notre intervention à ce sujet.
Dans son amendement, le ministre dit: On enlève tout ce qui fait
référence à une activité en particulier ou à
un geste précis à poser et nous allons changer cela par les mots
"y donner suite de la façon appropriée". Et le ministre nous a
donné des exemples là-dessus. Je l'ai écouté et,
à moins que je ne me trompe, les exemples qu'il nous a donnés
dans les projets de loi auxquels il s'est référé
étaient toujours d'ordre strictement administratif à l'interne.
Je veux dire: La commission de ceci donne suite à une plainte en vertu
de..., en fonction de..., et de la façon qu'elle juge appropriée.
Il nous a parlé de l'application de la loi 101. Il nous a parlé
d'autres projets de loi, du fonctionnement entre ministères: tel
rapport, on y donnera suite de la façon appropriée, etc. Mais il
ne nous a jamais parlé de lois qui se réfèrent à
des actions précises ou à des obligations pour un mandataire en
particulier de se comporter de telle ou telle façon; c'est
différent comme approche.
Hier, Mme la députée de Chicoutimi, bien que ie
président ait failli ne pas l'accepter comme pertinent au débat,
nous a parlé, à titre d'exemple, de la façon dont le
ministre de l'Éducation gère une petite clause à
l'intérieur de la Loi sur l'instruction publique pour permettre
"admissibilité des éièves qui n'ont pas
complété leur sixième année avant le 30 septembre.
Cette clause lui permet de le faire dans la limite où des choses
raisonnables font en sorte que c'est une situation un peu particulière.
Mais de la façon dont le ministre de l'Éducation l'applique
actuellement, c'est à tout le monde. Il s'agit juste d'envoyer une
lettre, il y a peut-être des gens qui sont plus ouverts à cela
que
d'autres. Nous, on n'est pas d'accord avec cela; donc, on ne vous en
référera pas. D'autres députés, pour des raisons
partisanes ou d'autres, semblent référer beaucoup plus facilement
des candidats à l'admissibilité à l'école
dès la cinquième année. Le ministre utilise d'une
façon générale une clause de dérogation qui ne
devrait s'appliquer que dans des cas bien particuliers et en vertu d'une
analyse des faits qui n'est pas nécessairement une simple poussée
pour aller de l'avant.
Personnellement, il me semble que le ministre, dans toute sa
démarche, fait une erreur en omettant de préciser dans ce
paragraphe la portée des actions, vers qui et comment devrait être
orientée, entre autres, l'activité du répartiteur. Au
moment où on se parle, il faut bien voir que ça va se situer un
jour ou l'autre dans un contexte très précis, physiquement
très déterminé. Cela a l'air vague dans le projet de loi,
mais "recevoir les appels des établissements qui demandent des services
d'ambulance", quand ça va se traduire dans l'action, un
répartiteur va avoir un "calI" et ça va presser qu'il y ait une
ambulance qui parte. Cela fait que là, c'est important que le
répartiteur sache ce qu'il doit faire. Et c'est Important qu'il y art un
minimum d'orientations ou de lignes maîtresses qui lui soient
données dans le projet de loi pour qui' sache quoi faire. Si le
répartiteur commence à dire: Le projet de loi me dit: J'ai un
appel. Je regarde ça. Ah, tu vas y donner suite de la façon que
tu vas juger appropriée. Alors, ça s'adonne que notre
répartiteur est un antisyndicaliste mordu. Pour lui, la façon
appropriée va être d'aller chercher l'ambulance la plus loin
possible du contrôle du syndicat. Vous allez avoir un autre
répartiteur pour qui c'est le contraire. Il déteste les
propriétaires de compagnies et il veut les manger tout ronds. Cela fait
qu'il va s'organiser pour aller chercher une ambulance qui appartient à
une coopérative qui appartient à une centrale syndicale. Est-ce
que ça veut dire que c'est ça? Ce sont toutes des choses qui
peuvent arriver dans le quotidien.
Le ministre nous disait: On n'envoie pas toujours des ambulances. Ce
n'est pas vrai. Il y a des cas où ça ne se justifie pas et tout
ça. D'accord. Il y a des cas où ça ne se justifie pas. Il
y a des cas où une ambulance va y aller, mais un service qui peut
être effectué sur place va faire en sorte que ça ne soft
pas rendu évident qu'il y ait un transport ambulancier
nécessaire. Il y a toutes sortes de cas qui peuvent se présenter.
Le ministre l'a dit lui-même. Je reprendrai ses paroles s'il ne me croit
pas. Il a dit: Écoutez, les gens appellent en masse des ambulances, mais
ça ne veut pas dire qu'ils en ont toujours besoin. Des fois, il s'agit
juste de s'entendre. C'est ce que vous avez dit.
Quand les gens appellent pour avoir une ambulance, II faut que
l'ambulance soit prête à partir le plus vite possible, il ne faut
pas qu'il y ait possibilité de laisser un sous-entendu qui ferait que,
parce qu'un tel n'aime pas la face de l'autre, parce que moi je n'aime pas ce
propriétaire-là qui m'a cochonné il y a deux ans, je dise:
Je vais me venger, ce ne sera pas son ambulance qui va y aller même si
elle est plus proche. Il ne faut pas que ça puisse se présenter.
Et pour que ça ne se présente pas, à ce moment-là,
on demande au ministre qui veut, par sa petite suppression, laisser,
finalement, entre les mains du répartiteur... Parce que c'est ça,
à la limite, qui va se passer, il n'y a pas 25 personnes qui vont
recevoir l'appel en même temps. ll va y avoir un répartiteur
quelque part. C'est sûr qui peut y en avoir deux, trois, quatre, mais ils
vont être sur des "shifts" différents, probablement. Cela me
surprendrait qu'il y en ait trois ou cinq qui soient là en même
temps. Il n'y en pas tellement qui vont "recevoir les appels des personnes et
des établissements qui demandent des services d'ambulance". Il y en a
un. Et lui, quand il l'a, il a probablement plusieurs appels à la
minute, ça fait qu'il n'a pas tellement de temps à perdre.
Là, avec la notion "y donner suite de façon appropriée",
la façon appropriée, il ne faut pas qu'elle ait trop de chances
de varier d'un répartiteur à l'autre, d'une situation à
l'autre et d'un événement à l'autre. il y a une ligne
maîtresse qui doit continuer à exister dans l'article du projet de
loi. C'est pour ça que nous argumentons et que nous allons continuer
à argumenter dans le même sens, toujours en reprenant la logique
du ministre qui nous disait, hier soir encore: Ce projet de loi fait deux
choses fondamentales: d'abord, on veut régler les problèmes de
relations de travail dans l'industrie du transport ambulancier et,
deuxièmement, on a décidé qu'on laissait la tôle aux
propriétaires parce que c'est plus flexible. Nous ne croyons pas
ça; c'est parce qu'il n'a pas eu l'argent pour tout acheter. Mais, en
tout cas. Probablement, si le Trésor lui avait fourni tous les fonds
pour pouvoir chromer son service d'ambulance à travers l'OSBL tout de
suite en partant, il aurait eu plus de flexibilité éventuellement
et cela aurait pu être Intéressant. Mais là, comme 8 n'a
pas pu avoir de l'argent pour chromer tout son système ambulancier en
partant dans l'OSBL, il se donne la chance d'en acheter une de temps en temps,
quand il aura des fonds disponibles et, entre-temps, sous prétexte de
flexibilité, il va louer sa tôle aux propriétaires actuels
sur la base des permis existants pour commencer et, après ça, on
verra. Bien, cest ça, la triste réalité.
La flexibilité du ministre dans sa deuxième version, c'est
une flexibilité fantoche parce qu'il fallait qu'il se trouve un argument
pour dire: Bon, comme le Conseil du trésor ne veut pas me donner de
l'argent pour que je sois capable de me chromer un OSBL, tapis mur à
mur, avec les ambulances les plus modernes, je vais être obligé de
continuer à composer avec les veilles ambulances ou avec celles
déjà en utilisation, et on sait qu'elles se
détériorent assez rapidement.
Aussi, il n'était pas trop intéressé à
acheter des ambulances déjà un petit peu "maganées" et, de
toute façon, il n'aurait peut-être pas eu les crédits pour
le faire. Si les murs du Conseil des ministres avaient des oreilles, il y
aurait des choses intéressantes à écouter. Il est certain
que le ministre n'a pas fait passer son point de vue au Conseil des ministres
là-dessus et qu'il s'est retrouvé, finalement, obligé
d'aller continuer à iouer sa tôle, même s'il
récupère tous les employés.
Là, quand il loue sa tôle - et là, on voit qu'il y a
toujours anguille sous roche - pour ce qui est du répartiteur qui
reçoit les appels et qui aura à les "dispatcher", excusez-moi,
à les répartir ou à envoyer une ambulance à la
suite d'une demande précise, II ne veut même pas s'assurer, selon
sa première version - c'est lui qui avait écrit la
première version - qu'il va "répartir ces demandes parmi les
propriétaires d'ambulances qui ont conclu un contrat de location
d'ambulances avec elle. " Prioritairement, ça devrait être
ça, parce qu'il a dit: Moi, je n'en veux pas, d'ambulances. L'OSBL n'en
veut pas. On se donne la possibilité d'en avoir peut-être une de
temps en temps pour se dépanner. On n'est pas là pour avoir des
ambulances, on est là pour donner un service avec des ambulances
louées. Bien, si c'est ce qu'il veut, qu'il soit logique jusqu'au bout
et qu'il maintienne que, d'abord et avant tout, quand une ambulance va
être demandée, on va passer la commande à une ambulance qui
appartient ou à un ambulancier qui travaille sur une ambulance qui
appartient à un propriétaire privé parce que,
d'après lui - et je reprends ce qu'il nous a dit hier - c'était
la façon la plus flexible de le faire.
D'ailleurs, on a vu dans son texte original qu'il avait mis: "selon le
cas offrir ces services. " Il a accepté de l'enlever, mais, on l'a
expliqué hier, il avait mis ça en premier. Il avait dit: On va
commencer par voir si on peut donner le service; si on ne le peut pas,
après ça, on ira voir l'ambulance qu'on a louée à
un propriétaire privé. Ça, ça fait partie de sa
logique. Même s'il nous dit que ce n'est pas vrai, cela fait partie de
son Inconscient, il l'a mis en premier. Il n'a pas pensé en premier
à l'ambulance du propriétaire privé; il a pensé
à son ambulance à lui, à l'ambulance de l'OSBL en premier.
Là, il a accepté d'enlever ça, mais une fois qu'il a
enlevé ça, il dit: Je ne suis toujours bien pas, quand même
pour amener à croire que je vais donner trop d'importance aux ambulances
qui appartiennent au secteur privé. Alors, là, ce qu'il faut que
je fasse, c'est l'enlever au complet et c'est le répartiteur qui va
avoir ça. Le répartiteur, lui, il est là le matin. Il y a
un endroit où les ambulances se rapportent. Comment appelez-vous
ça, madame, une place où les ambulances se rapportent le matin et
attendent leur tour pour être appelées?
Une voix: C'est un centre de tri.
M. Claveau: Un centre de tri, un centre de distribution.
Là, il va y avoir cinq ambulances qui appartiennent à l'OSBL et
huit ambulances qui appartiennent au secteur privé. Là, le
"dispatcher", le matin, va recevoir le premier appel: Bon, on veut une
ambulance à tel endroit Hop! !l va envoyer l'ambulance de l'OSBL
À un moment donné, il y a un voyage moins intéressant, une
petite place un peu plus loin et difficile d'accès, le trafic n'est pas
le diable beau: Hop! On va envoyer une ambulance du privé, là,
tiens! Bon, O. K. L'ambulance qu'on a louée au privé, c'est elle
qu'on va envoyer en premier. À un moment donné, un autre voyage.
C'est plus rentable, ça va vite, ça va bien, pas trop difficile,
hop! on va le donner à l'OSBL C'est-y ça que le ministre veut
dire? Veut-il dire que l'OSBL va se garder la crème et qu'ils vont
donner le reste à l'entreprise privée?
Je reviendrai à mon exemple du camionnage parce que, dans ce que
le ministre est en train de faire, II y a beaucoup d'analogies avec ce qui se
passe dans le monde du camionnage. Le problème actuellement des
camionneurs artisans qui s'en viennent sur la coillne parlementaire, c'est
quoi, pensez-vous? C'est ça qui se passe. C'est que, de plus en plus, le
propriétaire, style OSBL - ça peut être une entreprise
privée - ou l'entrepreneur qui a son contrat, il a ses camions et il
fait sa "job. " Mais, quand il y a un travail difficile où il risque de
casser son différentiel, où il risque d'avoir des
problèmes et de fendre des "rubbers" parce que le terrain est vilain,
qu'il est dans la bouette et que ce n'est pas beau, là, il ne prend pas
son camion; il le parque et il va louer le camion de l'artisan. Là, il
lui donne deux jours d'ouvrage à charrier dans la bouette, dans la
gravelle et dans les côtes à n'en plus finir. Après, quand
ii retombe sur le beau terrain plat, il renvoie l'artisan chez lui et il
ressort son camion. Après, il vient dire: Moi, quand je travaille avec
mes camions, c'est pas mal moins coûteux, mes prix baissent quand je
travaille avec mon camion. Vous voyez, ça me coûte plus cher quand
je vais chercher un camionneur artisan. C'est ça qui se passe.
Le ministre est en train de faire la même chose avec i'OSBL, si
ça continue dans sa façon de voir. Il se donne la
possibilité d'avoir ses ambulances chromées, bien
installées. Celles-là, le répartiteur va les envoyer dans
les endroits les plus faciles. Pour les "runs" difficiles et dangereuses, les
accidents sur la glace dans des coins perdus, là on enverra les
ambulances qui appartiennent aux propriétaires. Comme ça, on sera
capable de prouver en fin de compte, après un an ou deux
d'activité, que ça coûte bien moins cher d'exploiter une
ambulance de l'OSBL que d'en louer une à un propriétaire, comme
ce qui est en train de se passer actuellement dans le domaine du
camionnage.
Après, on dira: C'est bien de valeur, messieurs les ambulanciers
ou les propriétaires de tôle d'ambulance, mais vos ambulances
coûtent
3, 50 $, 4 $, 4, 25 $ l'heure de plus que les nôtres. Comment cela
se fait-il? Que va-î-il leur rester pour se défendre? Si le
propriétaire ne peut pas s'ajuster au prix, au coût de
fonctionnement de l'ambulance de l'OSBL, il n'aura qu'à vendre et
à liquider parce que le ministre va dire: C'est bien de valeur,
messieurs, mais vos ambulances coûtent 4 $ l'heure de pius que les
miennes. Vous allez être obligés de vous ajuster à mon prix
ou ]e vais m'acheter des ambulances. La loi me le permet, on l'a
adoptée, article 149. 5 dans la loi. Je peux m'acheter des ambulances et
je vais travailler à 4 $, 4, 25 S l'heure de moins que vous. C'est
ça, la triste réalité. C'est vers des trucs semblables
qu'on s'en va parce que c'est de plus en plus flou et toutes les fois que le
ministre a une chance de tasser le propriétaire de la tôle...
Là, on ne parle plus des relations de travail. Il semble que ce soit
réglé dans la tête du ministre. Mais quand on dit qu'on
améliore les relations de travail, je l'ai dit, on est d'accord avec
ça. Qu'on mette tout en place pour avoir les meilleures conditions de
travail possible dans cette industrie, c'est excellent, on ne sera jamais
contre. Mais de véritables conditions de *ravail, par exemple.
Mais là, on n'est plus dans ce domaine. Quand le ministre veut
tout mêler, ça ne va plus. On est dans le domaine de la
tôle, de la machinerie. Ce n'est pas une question de relations
syndicales-patronales. C'est une question d'équipement et d'outils qu'on
va donner aux ambulanciers pour pouvoir travailler et faire la meilleure "job"
possible. Cela ne touche plus la démarche avec les syndicats. Qu'on
réussisse à sentendre sur une façon de fonctionner qui
soit intéressante pour tout le monde et qui fasse en sorte que ceux qui
ont Investi dans de la tôle depuis des années ne soient pas
pénalisés, ça n'enlève rien au syndicat, ça
n'enlèvera rien aux travailleurs qui vont avoir à utiliser ces
équipements.
C'est pour ça qu'on maintient, d'abord, dans un premier temps,
qu'il faut absolument préciser des ordres de priorité quant
à l'utilisation des équipements. Le ministre nous a dit au
départ: Je veux m'acheter des ambulances. Nous avons dit: Nous ne sommes
pas d'accord que vous achetiez des ambulances. Il dit: Je vais en acheter quand
même, que vous soyez d'accord ou non. On a dit: D'accord, on ne peut pas
l'empêcher d'en acheter, il en veut. !! va crever avec, mais il en veut.
Une fois qu'il va les acheter, on dit: M. le ministre, vous les avez, vos
ambulances, vous avez voulu les acheter. Bien, là, vous allez
"prioriser" l'ordre d'utilisation. Si c'est vrai, comme vous l'avez dit, que
les ambulances qui appartiennent au secteur privé sont plus flexibles,
plus malléables, plus faciles d'adaptation que si elles vous
appartenaient, à ce moment, "priorisez", d'abord, l'utilisation de ces
ambulances et, après, l'utilisation des autres. C'est pour ça
qu'on s'oppose à votre amendement qui vise à éliminer
carrément la "priorisation" de l'utilisa- tion des ambulances qui
appartiennent à des ambulanciers qui ont conclu un contrat de location
avec l'OSBL
C'est aussi pour ça qu'à votre amendement on amène
un sous-amendement qui, pour le moins, pourrait préciser la
vélocité avec laquelle va se donner le service, parce que ce
n'est pas évident... Le ministre, pour reprendre son amendement, disait
que, dans le mot "appropriée", le mot "vitesse" était inclus.
Mais le mot freinage" peut aussi être inclus, de même que les mots
"pas trop vite", "juste ce qu'il faut". On peut inclure bien des choses dans
ça. On veut qu'il y ait au moins le mot "vélocipède",
"vélocité", "rapide". On veut qu'il y ait une notion de vitesse
qui se raccorde à ça. Dans le temps qu'il reste, d'ailleurs, je
vous annonce que j'aurai un autre amendement à apporter à cet
article parce que vitesse, ce n'est pas encore suffisant. Comme il me reste 20
secondes, je reviendrai pour déposer un autre amendement sur
l'article.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le
député d'Ungava. En vous rappelant qu'on est toujours sur le
sous-amendement qui modifie effectivement une partie de l'amendement qui avait
été présenté pour changer le mot
"appropriée" par "rapide*. C'était simplement pour resituer dans
le débat l'ensemble des membres de la commission.
M. Dutil: On était sur ce sous-amendement.
Le Président (M. Laporte): Sur le sous-amendement.
M. Dutil: M. le Président, je l'avais oublié.
Autrement, j'aurais certainement fait appel à la pertinence du
débat parce que vous avez sans doute remarqué que le
député d'Ungava a très peu discuté de cette
question. Il en a discuté, toutefois, un peu. En réplique, je
voudrais, tout simplement, dire que ce qui est écrit dans le texte,
c'est "de façon appropriée" et non pas "de la façon que tu
juges appropriée en tant que répartiteur". J'espère que le
député d"Ungava va faire la nuance et la différence. Il y
a des directives, ii y a des règlements qui existent aussi dans des
organismes et quelqu'un ne peut pas utiliser ce service pour des fins
personnelles, à son seul et unique jugement. Il y a des façons de
faire, qui sont précisées, qui peuvent évoluer dans le
temps, évidemment, parce que la technologie évolue
également et il y a toujours place à amélioration dans un
système.
Le député d'Ungava, lui, a argumenté sur le fait
que la loi voulait dire: Tu peux juger de la façon dont tu vas faire le
service toi-même en fonction de ce que toi, tu estimes être
approprié. Il a même mentionné qu'on pouvait aller chercher
une ambulance dans le comté d'Ungava pour l'amener à
Montréal par vengeance. Il n'a pas parlé du comté
d'Ungava; J'exagère, |e caricature, M. le Président.
Une voix: Le ministre l'avoue.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Dutil: J'exagère. Je l'avoue honnêtement,
j'exagère. Ce que je veux, tout simplement, signaler, c'est que son
argumentation est un peu hors de propos et certainement en dehors de ce qui est
écrit dans le texte. Quant à son autre argumentation, qui
était complètement hors du sous-amendement, je ne fais pas le
débat là-dessus. Je l'ai déjà fait et je
réfère le député, évidemment, à
toutes les discussions que nous avons depuis deux ou trois jours et sur
lesquelles j'ai répondu. Merci.
Le Président (M. Laporte): Les membres de la commission
sont-ils prêts à statuer sur le sous-amendement?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Laporte): Mme la députée de
Chicoutimi?
Mme Blackburn: Non, ça va.
Le Président (M. Laporte): Le sous-amendement est-il
adopté?
M. Dutil: Rejeté.
Le Président (M. Laporte): Rejeté. On revient
à l'amendement.
Mme Vermette: II a été rejeté. Sur
division.
Le Président (M. Laporte): Rejeté sur division.
M. Claveau: On revient à l'amendement.
Le Président (M. Laporte): On revient à
l'amendement initial qui se lit comme suit.
M. Claveau: De toute façon, je n'ai pas encore
parlé sur l'amendement.
Le Président (M. Laporte): À l'article 149. 5.
3°, par le remplacement, dans les deuxième, troisième et
quatrième lignes du paragraphe 3° de ce qui suit: "répartir
ces demandes parmi les propriétaires d'ambulances qui ont conclu un
contrat de location d'ambulances avec elle" par les mots "y donner suite de
façon appropriée". M. le député d'Ungava.
M. CSaveau: Oui, M. le Président. J'annonce tout de suite
un sous-amendement qui va se lire comme suit: ajouter, à la fin du
paragraphe 3°, les mots suivants: "ainsi qu'équitable au niveau de
la répartition des demandes entre les titulaires de permis de services
d'ambulance. Ce qui veut dire...
Le Président (M. Laporte): En avez-vous une copie?
M. Claveau: Oui, j'en ai une copie.
Le Président (M. Laporte): Vous permettez?
M. Claveau: Avant, je vais juste le lire au complet pour qu'on se
situe avant de vous le remettre.
Le Président (M. Laporte): Si vous me le permettez, pour
qu'on puisse la faire photocopier.
M. Claveau: Oui. On va en avoir des copies pour tout le
monde.
Le Président (M. Laporte): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Là, je vais attendre d'avoir ma copie.
Le Président (M. Laporte): On va suspendre 60 secondes, le
temps d'avoir copie de l'amendement.
(Suspension de la séance à 9 h 35)
(Reprise à 9 h 39)
Le Président (M. Laporte): Vous permettez qu'on puisse
continuer les travaux de la commission bien que les sujets étaient
fortement intéressants?
Une voix: il faut dire que c'était "off-the-record".
Le Président (M. Laporte): Je fais lecture du
sous-amendement à l'article 149. 5. 3°: ajouter à la fin du
paragraphe 3° les mots suivants: "ainsi qu'équitable au niveau de la
répartition des demandes entre les titulaires de permis de services
d'ambulance".
M. Claveau: Est-ce que c'est recevable?
Le Président (M. Laporte): Un instant! M. le
député d'Ungava, je vous écoute sur la recevabilité
de votre sous-amendement.
M. Claveau: Sur la recevabilité de l'amendement, M. le
Président, on a ici un amendement qui veut enlever certains
éléments dans le texte de base et qui dit qu'il va rendre
entièrement discrétionnaire l'application de l'article, ce qui
est à l'encontre de ce qu'il y a dans le texte original de l'article
où on précisait certaines priorités en termes de
répartition. Nous disons, à
ce moment-là, que, par un sous-amendement, on est tout à
fait justifiés de ramener certains éléments qui vont
permettre de cerner le champ d'application du mot "appropriée" qui
élimine toute référence à quelque barème que
ce soit et qui laisse les personnes directement responsables de leurs
décisions. Nous disons dans le sous-amendement qu'il s'agit de
préciser certains barèmes ou certaines priorités qui vont
délimiter le champ d'application du mot "appropriée". À
notre avis, c'est tout à fait recevable.
Le Président (M. Laporte): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Sur la recevabilité?
Le Président (M. Laporte): Toujours sur la
recevabilité.
Mme Blackburn: M. le Président, il m'apparaît que
cela ne se discute même pas, c'est tout à fait évident.
Cela ne vient pas changer la nature de l'article qui est sur la table. Donc,
c'est une proposition qui est recevable, dans le sens qu'elle vient mieux
définir l'application de ces termes et, s'il fallait qu'elle soit
jugée irrecevable, il faudrait sûrement avoir un avis, j'allais
dire, plus autorisé en la matière. J'imagine que le
président n'a pas de doute quant à la recevabilité.
Le Président (M. Laporte): Je m'exprimerai après
avoir entendu les intervenants.
Mme Blackburn: Alors, pour l'essentiel, cela va tellement de soi
que je ne pense pas qu'on ait à plaider longtemps sur la
recevabilité. Et si le président décidait qu'elle est
irrecevable, là ilfaudrait peut-être plaider sur
l'Irrecevabilité.
Le Président (M. Laporte): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre?
M. Dutil: M. le Président, je m'en remets à
Beauchesne, à Mme Lamontagne et à votre bon jugement.
Le Président (M. Laporte): Merci. Je dirais simplement,
dans le but d'éclairer ou de m'éclairer, qu'on fait
référence, à 149. 5. 3° dans la dernière
phrase, à "conclu un contrat de location d'ambulances avec elle" et le
terme employé dans le sous-amendement, lui, fait référence
à "permis de services d'ambulances". Est-ce qu'il n'y a pas lieu
d'uniformiser? Je ne sais pas, c'est une interrogation que je vous livre. On
fait référence, au paragraphe 3° de 149. 5, à "contrat
de location d'ambulances", tandis que le sous-amendement fait
référence à "permis de services d'ambulance. "
M. Claveau: Écoutez, M. le Président, si vous
trouvez qu'il y a là quelque chose qui pourrait demander une certaine
harmonisation, vous pouvez toujours modifier ou harmoniser un texte à
votre convenance.
Le Président (M. Laporte): Je peux corriger la forme, non
le fond.
M. Claveau: Corrigez la forme.
Mme Blackburn: M. le Président, je suggère une
modification...
Le Président (M. Laporte): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn:... dans le libellé. "Ainsi
qu'équitable au niveau de la répartition des demandes entre les
propriétaires. " Parce que c'est cela, en fait.
Le Président (M. Laporte): Donc, le sous-amendement est
recevable. Est-ce qu'il y a des discussions sur le sous-amendement? Pas de
discussions?
M. Claveau: Alors, le sous-amendement, on s'entend bien, c'est:
"Ainsi qu'équitable au niveau de la répartition. "
Le Président (M. Laporte): "Ainsi qu'équitable au
niveau de la répartition des demandes entre les propriétaires
d'ambulances. "
M. Claveau: D'accord. Écoutez, M. le
Président...
Le Président (M. Laporte): Oui, M. le député
d'Ungava.
M. Claveau:... je vais essayer de faire cela d'une façon
rapide et concise.
Le Président (M. Laporte): Je vous écoute.
M. Claveau: Tout à l'heure, le ministre m'accusait d'avoir
argumenté en dehors du sous-amendement qui voulait Introduire la notion
de rapidité du service. Il a voté contre. Cela veut dire que ce
n'est pas nécessairement clair dans sa tête que c'est un service
rapide qu'il veut, s'il est contre un sous-amendement aussi important en soi,
mais qui a sa raison d'être dans la mesure où on veut qualifier le
service. Alors, il a voté contre un amendement qui permettrait de donner
plus d'Importance aux qualités que l'on veut dans le service. C'est,
quand même, assez bizarre de la part d'un ministre qui dit vouloir
être rapide, efficace, vouloir régler tous les problèmes,
etc. Alors, on lui donnait une chance de pouvoir s'accrocher à quelque
chose qui lui permettrait, au moins, de qualifier un peu la sorte de services
qu'il voulait avoir en termes de rapidité d'exécution et il a
voté contre l'amendement. Il faut le faire, quand même.
Maintenant, on lui dit qu'il faut qu'il revienne à une
"priorisation", à un ordre de valeur, à un ordre d'importance
dans l'utilisation des ambulances qui vont appartenir à toutes sortes de
catégories de propriétaires et qui seront disponibles pour
utilisation. Je pourrais reprendre toute l'argumentation que je lui ai faite
tout à l'heure, elle reste toujours valable dans ce cas-là. C'est
pourquoi, d'ailleurs, j'annonçais ce sous-amendement à la fin de
mon intervention, tout à l'heure, dans la mesure où on
prétend que le ministre doit garder la portée première du
texte original que nous avions demandé d'amender au mois de juin, mais
sans demander que la deuxième partie soit enlevée:
"répartir ces demandes parmi les propriétaires d'ambulances.
"
Au moment où le ministre a composé son texte au mois de
juin, si c'est lui qui l'a composé, il devait avoir quelque chose
derrière la tête. Il n'a pas dû le composer pour rien.
À ce moment-là, il avait "priorisé" la façon de
donner des services: premièrement, les offrir lui-même et,
deuxièmement, "répartir ces demandes parmi les
propriétaires d'ambulances. " Premièrement et
deuxièmement, c'est l'ordre de priorités qu'ii a donné
dans la formulation de son texte. Il devait l'avoir derrière la
tête, si c'est lui qui l'a écrit; s'il nous dit que ce sont
d'autres personnes qui l'ont écrit à sa place et qu'il ne savait
ce que ça voulait dire, il pourra toujours nous l'expliquer. Mais, si
c'est lui qui l'a écrit, c'est cela qu'ii voulait dire.
Là, il est un peu coincé parce qu'il se rend compte,
après, qu'il a mis ses ambulances en priorité dans son texte et
ii dit: Ce n'est pas ça que j'ai dit avant parce que je venais juste
d'expliquer qu'on laissait les ambulances à l'entreprise privée;
l'équipement, la machinerie comme telle, on la laissait à
l'entreprise privée parce que c'était plus flexible, plus
adaptable, plus facile. Les gens connaissaient ça, ils avaient tous les
équipements qu'il fallait pour les entretenir et les réparer. Le
ministère n'a pas cela, ni l'OSBL Alors, c'est plus flexible, mais il le
met en deuxième.
Là, II dit: Je suis bien obligé d'accepter l'amendement de
l'Opposition qui veut le retirer pour le mettre ailleurs dans le texte.
Là, II l'accepte, mais, une fois qu'il l'a accepté, il dit: Me
voiià encore mal pris. C'est tout son raisonnement qui a
été fait antérieurement, il a eu tout l'été
pour penser à ça. Il le retire, mais il dit: La deuxième
partie de mon texte, qui était répartir entre les
propriétaires d'ambulances, c'est rendu qu'il n'y a plus que cela. Elle
n'est pas rien qu'en premier, il n'y a plus que cela, il n'y en a plus
d'autres. Là, il faut que je retire tout. Alors, il retire tout. Il dit:
On va répartir ça au mérite, "de façon
appropriée. " Mais la façon appropriée, cela peut varier.
La façon appropriée durant une tempête, ce n'est pas la
même chose qu'au beau soleil, l'été. La façon
appropriée, une journée de congé, ce n'est pas la
même chose qu'une journée où il n'y a pratiquement pas de
trafic. Une façon appropriée durant la période des
fêtes, ce n'est pas la même chose qu'une façon
appropriée par un mardi matin du mois de février. Cela varie.
Donc, il dit: Comme je ne peux pas, pour être logique avec
moi-même, continuer à dire que j'offre des services en premier et
qu'ensuite on utilisera les ambulances, avec lesquelles on aura signé
des contrats, qui appartiennent au secteur privé, parce que ce n'est pas
cela que j'ai dit, j'ai dit que c'était plus flexible de le laisser au
secteur privé, alors me voilà un peu poigne. Il a
décidé de tout enlever et de laisser cela à la
discrétion du répartiteur le matin qui, sans être un
mauvais diable pour autant, aura toujours certaines priorités pour
toutes sortes de raisons. C'est humain, c'est normal, c'est clair. Comme je le
disais tout à l'heure, si un matin vous tombez sur un répartiteur
très sympathique aux ambulanciers des coopératives, à ce
moment-là, il donnera la priorité à ces ambulances. Si, un
autre matin, vous tombez sur un répartiteur qui trouve que les
ambulances devraient toutes appartenir à l'entreprise privée, ii
sera plus favorable aux ambulances de l'entreprise privée. Un autre
répartiteur, qui travaille sur un "shift", de nuit, dira: Je vais donner
la priorité aux ambulances qui appartiennent à l'OSBL il n'y a
plus moyen de savoir où on s'en va, c'est cela qui est dramatique dans
la vision du ministre.
Un texte de projet de loi, il faut bien s'imaginer que c'est toujours
appliqué par des humains, sur le terrain, dans des conditions
données qui peuvent varier d'une journée à l'autre. Il y a
toujours quelque chose. Quand on fait un texte de loi et qu'on est ici à
en discuter, c'est tout beau, c'est tout fin, c'est clair, c'est propre, du
beau papier bien blanc, c'est écrit en noir et tout le monde a l'air de
se comprendre. C'est comme quand on a fini de négocier une convention de
travail, tout a l'air bien clair et tout le monde a fait le maximum pour que la
convention soit la plus "clean" possible. Et quand, après trois mois,
vous avez 100 griefs, vous dites: Sacrifice! On pensait qu'on avait
prévu tous les problèmes. Mais, comme on dit: Où il y a de
l'homme, il y a de l'hommerie. C'est toujours ce qui se passe quand on applique
cela dans le privé. Quand on arrive à l'application d'un projet
de loi, dans des situations de tensions, des situations où on laisse des
éventualités de pouvoir appliquer des préférences
par rapport à des choix personnels, on risque toujours d'avoir de
I'hommerie, en fin de compte. C'est là que le ministre va voir fondre
ses bonnes intentions comme glace au soleil.
En plus de ne pas avoir atteint le deuxième objectif qu'il nous
donnait hier quand il nous disait: Je pense qu'il faut laisser cela au secteur
privé parce que c'est pius flexible - la tôle, on s'entend - en
plus de ne pas avoir réglé ce problème... Il va finir par
se donner des priorités. Entre lui et l'OSBL c'est une relation
peut-
être un peu différente de celle qu'il a avec le secteur
privé pour des raisons qu'on connaît. De toute façon cela
devient une propriété de l'État; alors, c'est clair qu'une
relation privilégiée s'établit entre lui et un organisme
qui est sous sa dépendance, tout le monde est capable de comprendre
cela. En plus de ne pas régler ce problème de la tôle avec
les propriétaires, II va créer un climat qui à la longue
va ronger les effets que ses bonnes Intentions auraient pu avoir dans
l'amélioration des relations de travail. Et on va se retrouver dans deux
ou trois ans avec des relations de travail qui ne seront pas
améliorées par rapport à celles qu'on connaît et qui
iront peut-être en se détériorant même si, au
départ, il semble y avoir une regain de ferveur.
En plus, on aura un parc d'ambulances qui sera absolument
décadent, qui n'aura pas été renouvelé, qui sera
désuet parce qu'il n'y a plus d'Intérêt pour les
propriétaires à réinvestir et à essayer de toujours
se tenir à jour, propres et tout ce que vous voudrez. On aura des
équipements dont les "brakes" seront refaits juste quand i va falloir.
Il faudra toujours des inspections. On va essayer de faire tenir les
transmissions Jusqu'à la dernière limite. Ce sera cela sur toute
la ligne. Alors, dans deux, trois ans, on va se retrouver - je suis prêt
à mettre le ministre au défi de vérifier ce que je dis -
avec une situation de relation de travail dans le domaine des services
ambulanciers qui ne sera pas meilleure, sinon pire, que ce qu'elle est
actuellement et, en plus, avec un parc d'ambulances complètement
désuet et dépassé par rapport aux nouvelles
technologies.
C'est vers cela qu'on s'en va, malheureusement. On ne le souhaite pas au
ministre. Mais si le ministre reste aussi vague et aussi peu précis dans
ses Intentions quant à l'avenir de l'OSBL c'est vers ça qu'on
s'en va. C'est beau ce matin, mais dans un an, deux ans ou trois ans, quand
I'OSBL aura à négocier les conditions de travail avec ses
employés, aura à renouveler des conventions, les mêmes
problèmes qu'actuellement vont se poser. En plus, il va probablement y
avoir des ambulanciers qui vont en avoir soupé de travailler avec des
équipements qui sont de plus en plus dépassés, qui ne sont
pas renouvelés par les propriétaires, qui sont plus ou moins
entretenus parce qu'ils n'ont plus intérêt à les entretenir
comme ça peut être le cas aujourd'hui. Et on va avoir un
problème grave dans le domaine des services ambulanciers. Alors que le
ministre, qui a probablement les meilleures intentions du monde, veut
régier un problème, il y a toujours l'hypothèse... On ne
souhaite pas que ça arrive, mais dans la vision qu'il nous donne dans
son projet de loi et dans sa façon de se cacher derrière un
hermétisme presque monastique, il y a quelque chose qui nous fait croire
que tout n'est pas s! clair que ça et qu'on risque de se retrouver avec
un étranglement de son système d'Ici quelques années, qui
va peut-être avoir des effets pires que les problèmes auxquels II
veut remédier aujourd'hui.
M. le Président, pour toutes ces considérations, nous
demandons vraiment que le ministre prenne au sérieux les amendements
qu'on lui apporte quant à la "priorisation" de l'utilisation des
ambulances dans la réponse à donner aux clients qui en font la
demande et qu'il rétablisse dans son article la répartition
équitable, d'abord pour les propriétaires d'ambulances. Dans
propriétaires, je comprends aussi les coopératives. Pour moi, les
coopératives sont des propriétaires d'ambulances. On ne parle pas
uniquement des ambulances qui appartiennent à un ou deux individus. On
parle des coopératives aussi. C'est clair. Donc, que le
propriétaire soit coopératif ou individuel, qu'on "priorise",
d'abord, l'utilisation de ses ambulances et, après ça, qu'on se
serve des ambulances qui appartiendront à I'OSBL et uniquement
après. Et que ce sort clair dans le projet de loi pour que le
répartiteur sur le terrain, quand il aura des appels, n'ait pas, en
fonction de ce qu'ï Juge approprié, à exercer son propre
jugement pour dire: Est-ce que j'en envoie plus de l'un ou de l'autre? Ce n'est
pas parce qu'on croit que le répartiteur n'a pas de jugement, ce n'est
pas ça qu'on veut dire, mais parce qu'on ne veut pas laisser place
à des interprétations du projet de loi qui pourraient envenimer
des conflits entre différentes sortes de propriétaires
d'ambulances. J'ai fini pour tout de suite.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre, est-ce que vous avez...
M. Dutil: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Laporte):... des commentaires à la
suite de l'intervention du député d'Ungava?
M. Dutil:... réserver mes commentaires après que la
députée de Chicoutimi sera Intervenue pour voir si n'y pas de
nouveaux éléments qui pourraient être apportés pour
me convaincre d'accepter cet amendement.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur le sous-amendement?
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Laporte): Mme la députée de
Chlcoutimi.
Mme Blackburn:... je suis flattée de la confiance que me
fait le ministre en prétendant que je pourrais influencer sa
décision afin de rendre un peu plus clair l'article qui fait l'objet des
discussions actuellement. Il ne me semble pas qu'il ait fait preuve de beaucoup
de souplesse au cours des dernières discussions et je reste encore
sceptique quant à son intention. Cependant, s'il acceptait,
à la lumière des informations que je vais lui livrer et des
arguments que je vais donner, de modifier l'amendement qu'il nous a
apporté dans le sens où on le souhaiterait, bien, d'avance, je
lui lève mon chapeau. Il confirmera dans mon esprit que ce n'est pas
juste pour parler qu'il m'a dit tout à l'heure: Non seulement je sais
écouter. Alors, s'il sait écouter, est-ce qu'il sait aussi
entendre? Entendre, dans le sens d'entendre raison. (10 heures)
M. le Président, le sous-amendement qui est apporté par
mon collègue d'Ungava vient ajouter aux termes "de façon
appropriée" des clarifications qui viendraient protéger, si je
peux ainsi dire, l'intérêt des propriétaires de services
ambulanciers, les propriétaires ambulances. On sait qu'avec la loi qui
est sur la table les permis seront révoqués; donc, ils
resteraient au service de la corporation, des propriétaires d'ambulances
qui seraient alors en compétition entre eux et avec la corporation
elle-même qui pourrait être propriétaire des ambulances.
Aussi longtemps qu'il n'y avait pas cette compétition possible au sein
de l'organisme même chargé de distribuer les appels, la crainte
des propriétaires d'ambulances était peut-être
justifiée du moment où des coopératives deviendront la
propriété des techniciens ambulanciers.
Alors, vous voyez le portrait actuellement qui est le suivant: vous avez
la corporation qui peut être propriétaire d'ambulances, vous avez
des coopératives dont les propriétaires d'ambulances sont les
techniciens ambulanciers et vous avez des propriétaires privés
d'ambulances. Si vous êtes un peu sensibles à la
compétition qui va s'établir entre ces trois groupes-là,
on va avoir des problèmes d'équité. Cela nous
apparaît tout à fait évident parce que, d'une part, vous
aurez la corporation au sein de laquelle siègent les techniciens
ambulanciers qui est aussi propriétaire d'ambulances; vous aurez les
coopératives dont les propriétaires sont les techniciens
ambulanciers eux-mêmes qui seront propriétaires d'ambulances et
vous aurez ensuite les propriétaires privés d'ambulances.
À moins que ce ne soit très clair dans le texte de loi, dans
l'hypothèse où ces ambulances dont le ministre est
propriétaire par le biais de l'OSBL ne se financent pas et sont
déficitaires, comment pourra-t-il résister et comment la
corporation pourra-t-elle résister à la tentation de favoriser
les ambulances dont elle est propriétaire? Dans l'hypothèse
où les techniciens seront propriétaires en coopérative
d'ambulances, ne feront-ils pas des pressions pour qu'on utilise en
priorité leurs propres ambulances? À ce moment-là,
où est l'équité du moment où on entretient, parce
que c'est ça le problème, l'impression qu'on va contracter avec
l'entreprise privée? Contracter dans quelles conditions et quel sera
l'avantage des entreprises privées?
Ce qu'on sent venir de façon assez claire et le ministre n'ose
pas le dire - c'est une étatisation de ce système de
santé. Est-ce que la ministre refuse de le dire parce que tout son
gouvernement a plutôt une tendance très forte à la
privatisation? On le voit, d'ailleurs, dans le cas des services de santé
et des services sociaux. L'OSIS, c'est une privatisation. C'est la porte
ouverte à la privatisation, comme c'est la porte ouverte au rapport
Gobeil qui préconisait la création d'HMO au Québec. Les
OSIS et les HMO, c'est exactement la même chose, à la
différence près que, dans l'un, on aura des propriétaires
privés et, dans l'autre, des propriétaires publics,
c'est-à-dire les CLSC ou des entreprises privées, des
polycliniques, etc.
Le ministre dit: C'est suffisant d'y donner suite "de façon
appropriée". Il nous a expliqué longuement hier ce que
c'était "appropriée", que c'était dans
l'intérêt des gens et qu'on n'avait pas besoin de mettre "rapide"
là-dedans parce que "appropriée" comprenait aussi bien rapide que
lent. "Appropriée" ne nous semble pas contenir "équité"
dans le sens d'un partage équitable des appels entre les
propriétaires, que ce soit l'OSBL ou une coopérative dont les
intérêts sont détenus par les techniciens ambulanciers ou
que ce soit des ambulances de propriétaires privés. Dans "y
donner suite de façon appropriée", est-ce que le ministre me dit
que "appropriée" comprend aussi équité dans le partage des
appels entre les différents propriétaires d'ambulances? Je le
rappelle, les propriétaires d'ambulances seront tantôt en conflit
d'intérêts, ils seront directement en conflit
d'intérêts pour prendre ce type de décision; d'une part, la
corporation est propriétaire des ambulances et la coopérative
sera propriétaire des ambulances dont ce sont les techniciens
ambulanciers qui sont propriétaires. Vous vous mettez
littéralement dans une situation où vous allez créer dans
la grande région de Montréal une situation de conflit
d'intérêts.
C'est pourquoi il est important, M. le Président, à la
suite de l'amendement du ministre: "y donner suite de façon
appropriée", d'ajouter "ainsi qu'équitable au niveau de la
répartition des demandes entre les propriétaires des services
ambulanciers". Si le ministre ne veut pas ajouter cette phrase à son
amendement, c'est qu'il a des choses à cacher, c'est qu'il veut se
laisser des marges de manoeuvre pour tantôt privilégier, ses
ambulances selon l'intérêt majeur de l'État, parce que
c'est ce qu'il va invoquer tantôt. La corporation va pouvoir invoquer
l'intérêt majeur de l'État. Parce qu'on est en train de
faire des déficits avec nos ambulances, parce qu'on s'est mis dans le
piège de vouloir s'acheter des ambulances alors qu'on prétend, en
même temps, contracter avec les autres, dès qu'il va y avoir ce
piège, l'État, la corporation va invoquer l'intérêt
supérieur en disant: On ne peut plus continuer à faire des
déficits, donc, on doit privilégier l'utilisation de nos propres
ambulances. Si le ministre ne veut pas introduire cette spécification au
sein de l'amendement qu'il
nous a proposé, c'est qu'il a des Intentions cachées,
c'est qu'il a des choses à cacher quant à son intention visant
une répartition équitable des demandes entre les
propriétaires de services ambulanciers.
Comme le ministre nous a dit que "appropriée" comprenait "rapide"
comme ça comprenait "lent" et que ça comprenait "mêmes
services dans l'est que dans l'ouest de Montréal", il va nous dire
tantôt que "répartir ces demandes parmi les propriétaires
d'ambulances qui ont conclu un contrat de location d'ambulance avec elle",
c'est suffisant. Je voudrais bien qu'il m'explique dans quelle mesure c'est
suffisant, dans quelle mesure ça n'entraînera pas une
inéqulté dans le partage des demandes. Admettons que le contrat
de location conciu avec les ambulances, c'est un contrat global qui ne tient
pas compte du nombre de sorties, parce que ça pourrait être
ça, son contrat. Cela pourrait être un contrat global: on vous
loue vos ambulances pour l'année, indépendamment de
l'utilisation. Cela va jouer aussi contre les propriétaires
privés parce que, si tel était le cas, on loue par contrat une
flotte de 20 ou 25 ambulances et on dit: C'est un "deal", c'est global et,
là-dedans, vous faites votre profit, vos réparations, votre
maintenance, ainsi de suite. Ce qui peut arriver, c'est que, à
l'inverse, on surutilise les ambulances des propriétaires privés
de manière, évidemment, à ce que les coûts
d'entretien soient beaucoup plus élevés.
C'est pourquoi il est impensable qu'on puisse adopter un tel projet de
loi sans s'assurer qu'il y ait une mesure d'équité. Il ne s'agit
pas, pour moi, de défendre l'entreprise privée. Cela n'a jamais
été ma principale préoccupation. Sauf que ce que je
défends constamment, c'est l'équité.
En résumé, M. le ministre, deux choses. La corporation va
être placée en conflit d'intérêts parce
qu'étant en même temps locataire et propriétaire de flotte
d'ambulances, quelle que sort la nature du contrat. Si le contrat stipule que
c'est une entente globale pour l'année, on pourra utiliser au maximum,
chaque fois que c'est possible, les ambulances de propriétaires
privés, alors que si le contrat ne !e stipule pas et que c'est
payé davantage au kilométrage, par exemple, à
l'utilisation qu'on en fait, on va sous-utiliser les ambulances de
propriétaires privés. La situation va être exactement la
même: sa corporation va être directement en conflit
d'intérêts et doublement en conflit d'intérêts, d'une
part, parce que propriétaire et, d'autre part, parce qu'en
négociation aussi, en contrat aussi avec les coopératives qui,
elles, sont la propriété des techniciens ambulanciers.
M. le Président, si le ministre sait écouter,
j'espère aussi qu'il sait entendre et qu'il saura se rendre à ces
arguments. Je pense qu'il voudrait passer à l'histoire comme
étant la personne qui a réglé les problèmes des
services ambulanciers dans la région de Montréal. Je pense que
c'est le voeu de tout ministre. Il n'y a personne qui désire se faire
"blaster" ou se faire dire que c'était un exercice raté, un
projet de loi ou une loi. Je pense que tous les ministres, quels qu'ils soient,
souhaitent que son projet de loi règle des situations, améliore
la situation qu'on connaît actuellement, bonifie la situation, et je suis
certaine que le ministre n'est pas intéressé à ce que
tantôt, une fois que son projet de loi sera adopté et sera devenu
loi, dans l'application il ait laissé de grands trous qui aient comme
effet de recréer une situation catastrophique dans le service
ambulancier à Montréal.
Pour éviter qu'il n'y ait de telles situations, je pense qu'il
faut qu'il s assure d'une équité dans le partage des appels et de
l'utilisation qui sera faite des différents services ambulanciers,
indépendamment des propriétaires, quoique d'avance, et les
propriétaires le savent et le sentent bien, ils vont être
complètement en minorité, minorisés dans ce débat,
et la lutte va être tout à fait inégale du moment
où, je le rappelle, la corporation des propriétaires d'ambulances
et les techniciens ambulanciers sont également propriétaires
d'ambulances.
Les propriétaires privés, c'est une question
d'équité, M. le ministre, si vous avez vraiment l'intention de
négocier et de continuer à maintenir un secteur privé
propriétaire de service d'ambulances, moi, je pense que vous devez aller
aussi loin que de vous assurer qu'on les traite avec équité,
sinon je déclare tout de suite que la porte est fermée.
Le Président (M. Laporte): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, il faudrait que l'Opposition
arrête de faire des histoires sur le fait qu'on veut passer à
l'histoire. On veut régler des problèmes. Notre objectif n'est
pas de passer à ''histoire. Il y a un problème dans le transport
ambulancier. Prenons les choses telles qu'elles sont, il faut régler les
problèmes.
J'ai quelques remarques. Je n'ai jamais dit qu'appropriée
incluait lente. J'ai dit qu'appropriée incluait les
caractéristiques du système et que le système,
évidemment, puisque c'est un système d'urgence, incluait rapide.
Je rectifie cela.
Quant à l'équité au niveau des contrats, il est de
l'intérêt du gouvernement que, s'il donne des contrats au
privé, une fois que la réforme sera faite, chacun reçoive
suffisamment d'heures pour justement soumissionner à un prix qui sort
acceptable. Tant et si bien qu'actuellement sur la table nous avons une offre
de 5000 heures commandées pour chacune des ambulances. Cela nous oblige,
évidemment, à répartir les appels à long terme
d'une façon correcte. Sur du court terme, appel après appel, on
ne peut évidemment pas tenir compte de cette contrainte. Il y aura sans
doute des ajustements qui se feront au fil des mois, mais, appel après
appel, ce n'est pas au répartiteur ou à la personne qui est
là de
décider s'il doit y avoir équité ou non dans les
appels. Son rôle est plutôt de le faire de façon
appropriée, c'est-à-dire de s'organiser pour que le citent, que
l'on oublie ici dans nos discussions, lui, soit servi le plus rapidement
possible par l'ambulance la plus proche possible et aux meilleures conditions.
Je ne vois donc pas ce que ce texte vient faire là à cet endroit,
qui est l'endroit pour discuter des objets et des fonctions de la corporation
pour le mieux-être de la clientèle.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Je voudrais soulever
un fait que le ministre vient de dire dans ses derniers propos, à savoir
qu'on est ici pour le mieux-être et l'intérêt des
bénéficiaires et que, souvent, on laisse tomber cette notion. Je
me sens tout à fait à l'aise de le soulever parce que, s'il y en
a une qui parle et qui revient constamment à cette notion, je me sens
vraiment très impliquée à ce niveau. C'est pourquoi je
vais reprendre la parole toujours dans cet objectif que ce sont les
bénéficiaires qui devraient recevoir un service de
qualité, mais, pour recevoir un service de qualité, il faut y
mettre les structures nécessaires. Ce que nous apportons dans nos
amendements, c'est ce que nous croyons qui peut répondre à cette
notion de qualité de service. (10 h 15)
Un amendement a été apporté que l'on
considère comme très flou, très imprécis, et nous
amenons des notions qui viennent clarifier davantage les rôles de chacun
ou apportent des éléments sécurisants, pour les
propriétaires d'ambulances parce que ce sont eux qui devront servir, en
ce qui a trait à leur engagement, les corporations qui doivent donner le
service, mais eux fourniront les ambulances. Donc, finalement, il y a quelqu'un
qui coordonne, gère et exploite le service; ii y en a d'autres qui
mettent tout simplement leurs ambulances dans les mains d'autres personnes qui
devront gérer, exploiter ce service. Ce n'est pas tout à fait
facile, alors qu'antérieurement ces mêmes personnes jouissaient de
certains privilèges; elles avaient un élément de
contrôle concernant Sa répartition, la qualité et tous ces
éléments, et, du jour au lendemain, elles se retrouvent avec
aucun droit de regard, si ce n'est celui de fournir des ambulances à la
demande. Elles n'ont aucun contrôle sur cette demande. Eux disent: Nous
avons besoin de tant d'ambulances, vous nous les fournissez; nous, nous les
utilisons à notre gré, selon la situation la plus
appropriée, de façon appropriée.
Où sont les garanties, M. le Président, pour penser que
cette façon appropriée sera interprétée dans le
sens d'un partage équitable? Il y a des intérêts divergents
qui, à mon avis, risquent de porter ombrage à cette
qualité de service que l'on voudrait bien défendre et ce sera le
bénéficiaire qui devra en faire les frais à maints
égards. On n'a qu'à se rappeler les différents moyens de
pression qu'on connaît. C'est tout à fait humain parce que,
lorsqu'on est en cause et qu'on veut défendre ses intérêts
ou qu'on y veille, il arriva que, quelquefois, la nature humaine a certaines
déviances ou certaines façons de faire pour établir
certains moyens de pression qui ne sont pas toujours les plus louables et dans
l'intérêt de la collectivité, parce qu'on défend des
intérêts très particuliers à ce moment-là.
Cela s'est vu par Se passé. On n'a qu'à penser à des
ralentissements de travail où tout prétexte était
exploité pour minimiser un service et qu'ainsi les gens puissent
réagir rapidement, soit pour décourager les uns ou pour indiquer
au gouvernement qu'il était temps de réagir. C'est accepté
dans nos moeurs et cela fait partie - qu'est-ce que vous voulez! - de certaines
conditions de vie que nous devons assumer.
Nous, comme gouvernement ou comme responsables devant représenter
la population, nous devons faire appel à des principes de loi qui
empêchent ces régies du jeu établies dans notre
société afin que l'intérêt commun soit le moins pris
à partie par tous, sachant très bien les réactions
humaines qui existent dans nos sociétés. On est un peu les chiens
de garde, si vous voulez, et c'est dans ce sens-là que nous apportons
des correctifs. Nous apportons, en tout cas, des précisions pour
empêcher qu'il y ait place à l'arbitraire selon les
intérêts qui sont en cause. il me semble que la notion
d'équité est très importante, si on veut atteindre cet
objectif de qualité des services. L'équité, à ce
moment-ci, est prévisible, notamment en ce qui concerne la
répartition des appels, des demandes, il faut savoir, si j'ai tant
d'ambulances, que ceia va répondre à un besoin. Ce besoin est
prévisible parce qu'il y a une pondération et des statistiques
qui s'établissent. On peut être en mesure de voir, à partir
de ces statistiques, les orientations que peut prendre un service et les
orientations que peuvent développer ce même service et cette
même demande. C'est pourquoi je trouve qu'il n'est pas scabreux de
pouvoir intercaler ou d'apporter cette bonification a l'intérieur de cet
article parce qu'il y a des éléments qui nous permettent de
croire que cette répartition équitable des demandes est
administrabie et faisable. Elle apporterait aussi cette notion
d'équité qui nous semble justifiée dans ce cas-ci
puisqu'on change complètement des règles du jeu Des gens
étaient habitués à exploiter le service avec tout ce que
ceia comporte et ils se voient aujourd'hui tout simplement des prestataires de
tôle. C'est très différent, ces règles du jeu qui
viennent s'établir du jour au lendemain. Je comprends que ces
gens-là se sentent très insécures de s'entendre dire:
Écoutez, maintenant, on est en compétition avec des gens qui
portent deux bonnets, qui donnent le service et qui sont en même
temps des administrateurs, lis ont le droit d'être
représentés autant au conseil d'administration... Ils ont un
droit de regard à tous les niveaux, alors que nous.... lis perdent ce
droit de regard-là. Ce sont tout simplement des gens qui offrent de la
tôle et on les considère comme tels. On n'a aucun égard
à leur prestation de services. On leur dit: Écoutez, vous nous
donnez ça, vous nous fournissez ça. Pour nous, ça va selon
l'offre et la demande. Si, à un moment donné, on
s'aperçoit qu'on en a trop ou pas assez, que vos prix sont excessifs et
qu'on considère que ça va beaucoup mieux avec un autre, on
pourrait aller dans un autre sens. Ces gens-là sont pris. Ils vont avoir
de la difficulté. Tout ce qu'on va leur dire, ce sera: Écoutez,
vous allez vendre votre flotte parce que ça ne marche pas. On l'a vu
à Québec, fi n'y a pas s! longtemps. Il y a une compagnie qui
était pratiquement... Sa compagnie n'a pas été rentable
tant et aussi longtemps qu'on s'est aperçu que les techniciens
ambulanciers s'organisaient pour... Pas les techniciens ambulanciers, mais les
gens qui conduisaient avaient fait des moyens de pression qui faisaient que
pius souvent qu'autrement les véhicules avaient de la difficulté
à donner le service. De sorte que, lorsque la coopérative a pris
en main ces mêmes ambulances ou était à la veille d'acheter
ces mêmes ambulances, cela a monté en flèche.
Donc, ce sont des choses qui existent. Même à l'heure
actuelle, alors que le projet de foi n'est pas en vigueur mais tend à
l'être, et cela semble presque inévitable malgré tous les
efforts de notre côté de vouloir empêcher ou limiter les
dégâts... On voit déjà que la pratique est partie
dans ce sens-là. Alors, vous vous imaginez, lorsqu'il n'y aura plus
aucun contrôle, de quelle façon ce sera interprété.
Il y aura des situations abusives, à notre avis, et ce sont ces
situations abusives qu'il faut vraiment prévoir. Et c'est beaucoup plus
facile de prévoir que lorsqu'on est pris à partie dans un litige.
À ce moment-là, on essaie plutôt d'éteindre le feu
que d'arriver avec des solutions qui peuvent avoir des effets
Intéressants à long terme.
Nous disons: Arrêtons de toujours trouver des solutions pompiers
et prenons !e temps de bien faire nos lois de sorte que leurs effets à
long terme favorisent une équité entre les différentes
parties Intéressées et tiennent compte des avantages que les gens
ont déjà eus et qu'on leur enlève du jour au lendemain.
C'est dans cette Intention que nous avons apporté ce sous-amendement
parce que, quant à nous, il est très important d'avoir des
notions claires et précises en ce qui concerne l'orientation de ce
service qui sera donné à la population pour le mieux-être
de la population.
On parlait tantôt de la rapidité qui était
importante pour des services ambulanciers, mais il faut aussi savoir qui fait
quoi et par qui sera fait le service. Il ne faut pas qu'il y ait d'inter-
férence. Il ne faut pas qu'il y ait des rivalités, de la
concurrence éhontée de sorte qu'au bout de la ligne ce soit le
bénéficiaire qui en fasse les frais. J'ai déjà vu
une période donnée où ceci était administré
d'une façon assez arbitraire. C'était la bataille pour savoir,
surtout dans le transport interétablissements, qui allait reconduire le
patient. J'ai déjà vu des trucs épouvantables; on
s'arrachait presque le patient sur la civière pour savoir que!
transporteur ambulancier devait faire le transport au retour. On a
été obligé d'établir des normes très fixes
pour arrêter ce marchandage de patients, de bénéficiaires
parce que cette situation n'était plus tolérable. Cela a
déjà existé et, que voulez-vous, les gens se battent pour
leur pain et leur beurre, et presque tous les moyens sont bons dans certaines
situations. J'ai vu ça, M. le ministre, c'est vrai, à une
époque où il n'y avait pas de délimitation de territoire
et où ce n'était pas clair qui devait donner le service.
C'était surtout dans le transport interétablissements. Si on
prenait un bénéficiaire dans une maison ou un centre d'accueil
pour aller dans un hôpital, il y avait de la bataille pour savoir qui
devait aller chercher le bénéficiaire pour aller le reconduire
à son centre d'accueil. Je vous garantis qu'il y a eu des batailles de
civières entre des transporteurs à ce moment-là et les
gestionnaires des centres hospitaliers ont été obligés de
faire des règlements très clairs et de dire: Celui qui est
ailé chercher la personne la reconduit. Vous savez, ce n'était
pas toujours facile de contrôler, et ça s'est produit. Encore
là, c'était toujours le bénéficiaire qui
écopait et qui en faisait les frais. Si ça s'est fait dans le
passé, si on revient à cette notion d'approprié, à
ce moment-là...
On sait comment ça se passe dans les urgences. Très
souvent, les gens sont débordés et ils n'ont pas le temps de
faire un certain contrôle pour savoir qui est le transporteur ou la
personne qui a transporté. Très souvent, ce que les gens font
dans les urgences, c'est de vérifier. 11 faut dégager l'urgence
et laisser de la place aux urgences. !! faut laisser évacuer les
urgences pour vraiment répondre à des besoins très
Importants à l'intérieur des urgences.
Donc, on ne se préoccupait pas du transporteur et, à ce
moment-là, iI arrivait plein de cas litigieux et, finalement,
c'étaient des batailles incroyables. J'ai l'impression qu'on va
retourner à cette époque d'occupation sauvage du territoire et
ça me fait vraiment très peur pour la qualité des soins
qui seront donnés aux bénéficiaires, M. le
Président. Je me soucie beaucoup de la qualité des soins qu'on
peut donner aux bénéficiaires parce que les
bénéficiaires, ça peut être n'importe qui d'entre
nous, à un moment donné de notre vie. On est tous susceptibles,
un jour ou l'autre, de subir un accident ou une aggravation de notre
état de santé à la suite de laquelle nous serons à
la merci d'un service de transporteur ambulancier. Je ne nous le souhaite pas,
mais que voulez-
vous, la nature humaine est très vulnérable sous toutes
ses formes. La santé fait aussi partie de cette
vulnérabilité de tout être humain. ll me reste combien de
temps?
Une voix:...
Mme Vermette: M. le Président, oui, je pense que...
M. Outil: En réplique...
Mme Vermette: Je n'ai pas tout à fait terminé, M.
le Président.
M. Dutil: Ah! excusez-moi. Je croyais.
Mme Vermette: Non. M. le Président, cela concerne la
procédure. En fait, je me rends compte qu'on est toujours dans les
sous-amendements, alors voilà..
Ma dernière intervention, M. le Président, comme je suis
très magnanime, s'adressera au ministre. Dans le fond, c'est pour
protéger en même temps le ministre. Je n'ai pas l'impression qu'il
va passer à l'histoire. Je lui souhaite longue vie et ce serait
très intéressant qu'il puisse se reprendre dans d'autres projets
de loi pour la population, le temps d'un mandat, quoi, parce que après
ce sera peut-être chacun son tour, pourquoi pas? (10 h 30)
Indépendamment de ça, je pense que, M. le ministre, quand
vous allez être pris avec la corporation, vous allez avoir à vivre
avec tous ces états de fait. À mon avis, ça peut devenir
très insoutenable et très difficile pour vous à ce moment.
Vous aurez à vivre avec votre propre ambiguïté ou avec votre
propre imprécision. Nous voulons tout simplement, dans un esprit de
collaboration, apporter des éléments qui feront que vous aurez un
argumentaire qui sera non équivoque et très précis. C'est
ce qui est important d'apporter et c'est cette contribution que, nous, de
l'Opposition, pouvons apporter. Nous ne faisons pas uniquement de la critique
pour de la critique, mais dans un souci de collaboration et pour empêcher
que le ministre ne soit pris. S'il s'enferme trop dans une façon de
faire ou dans une orientation, ce ne sera pas facile à vivre pour lui ni
pour l'ensemble de tous les gens pris à partie à
l'intérieur de ce projet de loi. Cela inclut la population,
évidemment.
M. le Président, je crois...
Le Président (M. Bélanger): II vous reste deux
minutes, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui. J'arrivais à cette conclusion que vous
attendez, je crois, avec impatience, d'après votre comportement.
M. le Président, je crois qu'il est tout à fait
approprié à ce moment-ci, dans un souci de collaboration à
l'endroit du ministre et pour favoriser une meilleure équité
entre les parties et un service de qualité auquel a droit l'ensemble de
la population, d'apporter les sous-amendements qui s'imposent pour
préciser et clarifier de quelle façon pourra être
interprété ce mot "appropriée". Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, madame. M. le
ministre.
M. Dutil: Encore là, M. le Président, la
députée de Marie-Victorin a soulevé plusieurs points. Le
premier que je relève et qui est tout à fait hors contexte, mais
qui est bien important, c'est quand elle a dit: chacun son tour. Je dois
préciser qu'en politique, malheureusement ou heureusement, ce n'est pas
chacun son tour, c'est selon le voeu de la population, si bien qu'un
gouvernement qui performe peut être réélu pendant plusieurs
années. Il ne faudrait pas que la députée de
Marie-Victorin ait des espoirs que l'alternance se fasse toute seule à
ce niveau. Il faut être performant et faire le meilleur travail possible.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons entrepris une
réforme dans le domaine des ambulances, entre autres, parce que nous
croyons qu'il y avait là des problèmes importants à
régler, des problèmes majeurs que n'a pas réglés
l'ancien gouvernement, que n'a pas réglés le chef de
l'Opposition, lorsqu'il était ministre de la Santé et des
Services sociaux, pour des raisons que l'on comprend facilement. Il a
été ministre de la Santé et des Services sociaux au moment
où le gouvernement du Parti québécois était en
décomposition. C'était difficile de faire une réforme de
cette ampleur quand, pour des points et virgules, on se chicanait en haut pour
savoir si on devait faire ou ne pas faire: une élection qui allait
vouloir dire qu'on s'en allait vers l'indépendance du Québec.
Mme Blackburn: M. le Président, question de
règlement. Hors contexte.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, madame. Je
pense qu'on a été très tolérant à cet
égard.
Mme Blackburn: M. le Président, on n'a pas parlé de
la démagogie du Parti libéral au moment où on était
sur la...
Le Président (M. Bélanger): Madame, il s'est
parlé de tellement de choses. S'U vous plaît! On va laisser le
ministre donner sa réplique.
Mme Blackburn: Je trouve que les propos sont...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi, s'il vous plaît!
M. Dutil: Je voulais justement excuser le chef de l'Opposition de ne pas
avoir fait la
réforme que nous faisons et en donner les raisons. C'est tout.
J'ai fait mon point là-dessus, M. le Président. Je reviens au
contexte actuel. La députée de Marie-Victorin a également
soulevé le fait qu'il y avait de la compétition par le
passé dans le système des services ambulanciers et qu'on avait
éliminé la compétition pour la raison qu'elle a
mentionnée, à savoir qu'il y avait des chicanes pour savoir qui
aurait le patient. Il fut très logique d'avoir éliminé la
compétition. Sauf qu'il faut bien se rendre compte qu'à partir du
moment où on élimine la compétition on vient changer
profondément les règles du jeu de l'entreprise privée. On
se retrouve donc face à une entreprise privée qui fonctionne en
dehors d'une économie de marché et, donc, avec des règles
différentes et auxquelles, Je pense, ces entreprises se sont
adaptées, auxquelles le gouvernement doit aussi s'adapter et sur
lesquelles il faut être prudent. Je rappelle que, dans leurs critiques,
dans les raisons qu'ils évoquent pour ajouter ce paragraphe, ils
évoquent toujours la question de l'équité des
propriétaires, oubliant complètement que cet article est surtout
et avant tout là pour la clientèle.
Quant à la répartition équitable des demandes
d'ambulances à Montréal, puisque nous parlons de Montréal,
c'est par les contrats qui seront signés avec chacun des
propriétaires de véhicules, dans lesquels il y a une garantie
d'heures commandées par année, que ce processus se règle.
Étant donné que dans la loi nous prévoyons en changeant le
système, dédommager les propriétaires actuels pour la
révocation des permis, nous ne voyons pas quel serait
l'Intérêt du gouvernement de ne pas prévoir une certaine
garantie dans les contrats ultérieurs pour les propriétaires,
puisque, s'ils n'avalent pas cette garantie, nous sommes certains que nous
n'aurions pas de soumissionnaires et que l'Intérêt du
gouvernement, puisqu'il veut maintenir la location des véhicules dans
l'entreprise privée, c'est d'avoir des soumissionnaires.
Alors, ce n'est pas l'endroit approprié pour le mettre, c'est
plutôt dans les contrats. C'est dans l'intérêt du
gouvernement de le mettre dans les contrats s'il veut maintenir une certaine
partie dans l'entreprise privée. M. le Président, je pense que
pour ces raisons, du fait que c'est inapproprié d'ajouter ce texte, on
doit rejeter l'amendement proposé par l'Opposition.
La Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je pense que les
propos du ministre méritent d'être un peu relevés.
Lorsqu'il a parlé de décomposition du gouvernement au pouvoir,
à l'époque, au cours de son dernier mandat, on pourrait parler de
la démagogie de l'Opposition d'alors qui parlait d'une médecine
de guerre en faisant référence à l'engorgement des
urgences. Le ministre qui est partie de ce gouvernement, qui est au pouvoir
depuis trois ans, n'a pas contribué à réduire les
engorgements dans les urgences. On a un problème crucial qui reste le
même. La seule différence qui est introduite actuellement par
rapport à cette supposée médecine de guerre d'alors dont
on accusait le gouvernement, c'est que certains hôpitaux réservent
des lits pour les urgences, ce qui fait que les urgences sont moins
engorgées. Ce qui est engorgé, c'est la liste d'attente. C'est
comme ça que ça se passe chez nous.
Le gouvernement n'a rien régie. Quand le ministre nous dit:
Écoutez, le gouvernement d'alors était en décomposition,
il n'a pas pu régler ce cas, le gouvernement actuel n'est pas en
décomposition, il est en période de croissance économique,
et qu'est-ce qui a réglé? Les pauvres continuent d'être
pauvres, ils le sont même un peu plus. Les urgences sont engorgées
un peu plus qu'elles ne l'étaient avant. Les cas où elles le sont
moins, c'est parce qu'on a tout simplement transféré le
problème ailleurs. Les personnes âgées se voient nourries
à la petite cuillère dans lesquelles on mélange le dessert
avec ta soupe. Une personne pour en nourrir treize le midi. Écoutez, si
vous me dites: Le gouvernement au cours de son dernier mandat a eu des
problèmes d'image, d'accord, mais I ne faut pas oublier la contribution
de l'Opposition d'alors qui a fait de la démagogie comme on ne pourra
jamais être capable d'en faire parce que, nous, on n'est pas
"mindé" comme ça, si vous me passez l'expression. On n'a pas
cette structure qui fait qu'on prend appui sur n'importe quelle
défaillance ou faiblesse du système pour faire de la
démagogie. Il faut se rappeler le référendum et il faut se
rappeler toute la bataille que l'Opposition d'alors a menée pour
discréditer le système de santé au Québec et parler
de médecine de guerre. Quand le ministre est en train de nous dire qu'on
n'a pas réussi à régler des choses, j'estime et les
usagers estiment que ce gouvernement non plus n'a encore rien fait pour
régler les problèmes qui perdurent dans le système de la
santé et des services sociaux. Là, on ne pariera pas de l'aide
sociale où 1 était supposé y avoir la parité.
Qu'on vienne me faire la leçon aujourd'hui et que le
président se dise d'accord parce que tout le monde est sorti un peu du
texte ou de la proposition, je pense que ça mérite qu'on y
réponde. On ne peut pas dire n'importe quoi. Dans ce sens, M. le
Président, le ministre, en réplique aux propositions qu'on a
faites de prévoir dans son article que la répartition se ferait
de façon équitable entre les propriétaires d'ambulances,
dit: Ce n'est pas au bon article, je le leur ai dit. Cela concerne les
patients, les clients, les usagers. Je dis: Bravo, c'est bien! Si telle est la
situation, pourquoi n'a-t-il pas accepté qu'on ajoute 'rapide* parce que
cela concernait les usagers? Le seul argument qu'l a trouvé à
nous dire hier, c'est: Bien, ça concerne les usagers, mais c'est compris
dans "appropriée. "
Alors, si tout est compris dans "appropriée", il faudrait voir si
rapide et lente étaient comprises dans "appropriée. " Ce
gouvernement - là, on voit d'autres lois qui sont déposées
- essentiellement se garde des pouvoirs discrétionnaires
extrêmement grands, pas par confiance dans les futurs gouvernements, mais
pour exercer un pouvoir discrétionnaire, pour faire du parternalisme et
accorder des privilèges à l'occasion. On l'a vu en
éducation, je vais le rappeler, comme on l'a vu aussi dans la loi 101
par rapport à son application. Alors, quand Se ministre me dit: Vous
êtes en dehors de la discussion, et que l'article dont on discute en est
un qui touche les services à offrir aux usagers, je dis: Si tel est le
cas, je peux bien me rendre à l'argument du ministre à condition
qu'il m'explique pourquoi il n'a pas adopté la modification qu'on lui a
proposé d'ajouter à l'amendement qu'il a présenté:
"y donner suite de façon rapide et appropriée"; cela concernait
bien les clientèles. Alors, ce matin, parce que cela fait son affaire,
il va nous dire: Écoutez, vous êtes en dehors de la discussion.
Cela concerne le propriétaire d'ambulances et on va voir cela à
l'intérieur du contrat. il me dit: Son contrat signé avec le
propriétaire garantit un certain nombre d'heures et la révocation
du permis est censée compenser pour une perte, une sous-utilisation des
ambulances. Mais ce n'est pas cela que les propriétaires disent. Ce
qu'ils disent, c'est que cela risque de créer une
inéquité. Ce gouvernement qui s'est toujours dit, et d'ailleurs
il est reconnu pour cela, en faveur des entreprises, qui couche avec le
patronat, Je me dis: Lorsqu'il s'agit de petits propriétaires - parce
que là on ne tombe pas dans les classes supérieures de
propriétaires, on n'est pas à Provigo lorsqu'on parle des
propriétaires d'ambulances - lorsqu'il s'agit d'équité
dans ce secteur, tout à coup, ils sont un peu moins sensibles aux
arguments des propriétaires.
M. le Président, si le ministre me dit qu'il est capable et qu'il
s'engage à réintroduire la modification qu'on apporte ici
à un autre article du projet de loi, je n'ai pas trop de
problèmes. S'il me dit que c'est pius pertinent de l'apporter ailleurs
et qu'il va en tenir compte, je n'ai vraiment pas de problème, et
là, s'arrêteraient mes propos. Mais, s'il me dit qu'il n'y a pas
de problème d'inéquité alors qu'il est le seul à
avoir raison, j'ai comme des problèmes. S'il sait écouter, il ne
sait pas entendre. Dans ce sens, il n'entend pas l'appel qui est lancé
par tous les propriétaires. Il est comme le seul à avoir le pas.
J'ai comme un petit problème. Quand on est seul à avoir le pas,
on doit commencer à regarder ce qui se passe. Si l'amendement qui est
proposé à cet article ne convient pas là parce que, selon
le ministre, cet article touche essentiellement la qualité des services
à être offerts aux usagers, alors je me demande pourquoi II a dans
cet article "répartir ces demandes parmi les propriétaires
d'ambulances qui ont conclu un contrat... "
Si cela traite exclusivement des usagers, de la qualité des
services à offrir aux usagers, je ne vois pas ce que viennent faire les
ambulances. Qu'on ait une section dans ce projet de loi qui traite de la
qualité des services, et par qui et comment ceia va être
distribué, c'est deux choses. À mon avis, cette modification a
tout à fait raison d'être là, sinon elle aurait
été jugée comme étant irrecevable à moins
que je ne comprenne pas Ses règles de procédure. Si ce
n'était pas la piace où on devrait le retrouver, le
sous-amendement aurait été jugé par le président
comme étant irrecevable. Dans ce sens...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion.
Mme Blackburn:... M. le Président, non seulement cet
article est recevabie, mais il est recevable comme sous-amendement à
l'amendement du ministre, à moins que le ministre n'ait le goût de
me répondre et de me dire qu'il va le placer ailleurs. S'il me dit qu'il
va le placer ailleurs...
Le Président (M. Bélanger):... madame.
Mme Blackburn:... je vais voter tout à fait pour qu'on
procède immédiatement pour voir dans quel article il va le
placer.
Le Président (M. Bélanger): Votre temps est
écoulé, madame. Je m'excuse.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, en
réplique.
M. Dutil: M. le Président, je voudrais juste rappeler que,
tout à l'heure, quand j'ai parlé du fait que la réforme
n'avait pas été faite par le chef de l'Opposition, je voulais
l'excuser et dire que je comprenais la situation qu'il avait vécue. Sept
ministres qui démissionnent dans un gouvernement et le brasse-camarades
qu'il y a eu, c'est sûr que cela empêche un ministre de faire une
réforme qui s'imposait à ce moment-là. Je suis convaincu
que le chef de l'Opposition l'aurait faite. Alors, ce n'était pas une
critique envers le chef de l'Opposition, c'était justement l'excuse que
je lui trouvais de ne pas avoir fait une réforme nécessaire dans
ce secteur et d'avoir fait perdurer un problème depuis ce temps,
d'autant plus qu'il l'a fait sans tenir compte aucunement des régions.
Il a touché à ce secteur sans aucunement toucher les
régions, qui en avaient tout aussi besoin sinon plus que la grande
région de Montréal, alors que nous, dans notre réforme,
non seulement dans le projet de loi, mais dans l'ensemble des choses que nous
avons annoncées, nous touchons à l'ensemble du Québec.
Ceci dit, j'ai déjà donné mes arguments au complet,
à mon avis, pour rejeter cet amende-
ment. Je ne veux pas revenir là-dessus. Je maintiens que la
commission dort rejeter !e sous-amendement. (10 h 45)
Mme Blackburn: Appel du vote nominal.
Le Président (M. Bélanger): Bien.
Mme Blackburn: I! faut que cela apparaisse quelque part qu'ils
sont contre l'Idée de l'équité dans la
répartition.
Le Président (M. Bélanger): Pour ce qui a
été ajouté à l'article, M. est très
Important que cela apparaisse quelque part.
M. Dutil (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre.
Le Présidant (M. Bélanger): Contre. M.
Bélanger (Laval-des-Rapides), contre. M. Gervais (L'Assomption)?
M. Gervals: Contre.
Le Présidant (M. Bélanger): M. Sirros
(Laurier)?
M. Sirros: Contre.
La Président (M. Bélanger): Mme Legault
(Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
La Président (M. Bélanger): M. Thuringer
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Blackburn
(Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
La Président (M. Bélanger): Mme Vermette
(Marie-Victorin)?
Mme Vermette: Pour.
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors,
rejeté...
Mme Blackburn: Question de directive.
Le Président (M. Bélanger):... sept à
deux.
Mme Blackburn: Question de directive. Ne serait-il pas
indiqué que le président, comme il doit être neutre,
à tout le moins...
La Président (M. Bélanger): Je m'excuse, madame, le
président a le droit...
Mma Blackburn: M. le Président, vous me laissez
terminer?
Le Président (M. Bélanger): Bien, oui!
Mme Blackburn: Bien, je vous remercie. Je veux dire, n'aurart-il
pas été indiqué que le président vote une fois que
les votes ont été pris, de manière à laisser
l'impression, sinon la réalité, qu'il y a un minimum
d'Impartialité, sinon de neutralité?
Le Président (M. Bélanger): Madame, vous
mêlez tes choses. Le président est membre d'une formation. Si le
vice-président, en l'occurrence M. Blais, présidait, ii voterait
sûrement avec vous, c'est sa prérogative, c'est son droit de
parlementaire et rien ne peut l'en empêcher. Je ne comprends absolument
pas votre intervention.
Mma Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Elle est
contreindiquée. Je m'excuse!
Mme Blackburn: M. le Président, ce que j'ai dit...
La Président (M. Bélanger): Le président a
le droit de vote et il va continuer à voter.
Mma Blackburn: M. le Président, je n'ai pas mis en doute
le droit de...
Le Présidant (M. Bélanger): II va voter par ordre
alphabétique, comme on l'a fait depuis le début.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce que je peux
parler9
Le Président (M. Bélanger): Bien oui! Mma
Blackburn: Bien! Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mais la réponse
est claire. Je vais voter comme je voudrai et quand je voudrai.
Mme Blackburn: M. le Président, vous permettez, c'est moi
qui ai la parole. Vous me l'avez donnée, alors je vous prie de me la
laisser. Ce que je dis, M. le Président...
Une voix: Question de règlement.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est moi...
Une voix: Question de règlement.
Mme Blackburn:... qui ai la parole.
Le Président (M. Bélanger): On travaille è
perdre du temps. On va continuer. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je n'ai pas mis en doute
le droit de vote du président. J'ai mis en doute le moment où il
exerçait ce droit de vote et...
Le Président (M. Bélanger): Selon le vote nominal,
dans la liste...
Mme Blackburn: M. le Président!
Le Président (M. Bélanger):... par ordre
alphabétique, comme on procède toujours, madame. C'est une
question inutile.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce que je peux
terminer? N'est-ce pas la responsabilité du président de laisser
les personnes s'exprimer? Alors, vous me laissez...
Le Président (M. Bélanger): Mais il faut quand
même que ce soit... Écoutez...
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger):... il ne faut pas
charrier non plus.
Mme Blackburn:... vous permettez que je m'exprime?
Le Président (M. Bélanger): Allez-y, madame, vous
avez tout le temps que vous voulez.
Une voix:... de décider.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y a deux présidents ici, M. le
Président?
Une voix: II y en a sept.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Laissez-la aller! Allez-y, madame! Allez-y!
Mme Blackburn: M. le Président, simplement, il me semble
que l'objectif de ces débats en commission est vraiment d'essayer de
faire ressortir le plus d'arguments, pour aider le gouvernement à
prendre ses décisions, d'ailleurs. Il ne faut jamais oublier cela. Et un
président, quel qu'il soit - évidemment, en commission, c'est un
peu différent de la Chambre, mais quand même - doit, sinon
être impartial, laisser au maximum l'expression des opinions se faire.
Une fois qu'il les a influencées, une espèce de courtoisie, pour
ne pas dire de décence, inviterait qu'il prenne son vote après
que les autres se sont exprimés. J'ai assisté à
passablement de commissions parlementaires...
Le Président (M. Bélanger): Cela va, madame.
Mme Blackburn: J'ai fait, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Cela va, votre
argumentation étant faite, je voterai le dernier à l'avenir. Je
vous remercie.
Mme Blackburn: M. le Président!
Le Président (M. Bélanger): J'appelle donc le vote
sur la motion et...
Mme Blackburn: Un instant, M. le Président!
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, madame,
non, c'est assez! C'est assez! Je voterai le dernier. Cela vous fera plaisir et
cela va régler le problème. Je pense qu'on en a assez fait
là-dessus.
Mme Biackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle donc... il y
a toujours bien une limite à niaiser.
Nous en sommes rendus à l'amendement qui dit: 3° par le
remplacement, dans les deuxième, troisième et quatrième
lignes du paragraphe 3°, de ce qui suit: "répartir ces demandes
parmi les propriétaires d'ambulances qui ont conclu un contrat de
location d'ambulances avec elle" par les mots "y donner suite de façon
appropriée".
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Blackburn: II faut d'abord...
Le Président (M. Béianger): Mme la
députée de Marie-Victorin, il vous reste quatre minutes.
M. Dutil: Adopté sur division. Mme Vermette: Quoi?
Mme Blackburn: J'imagine que d'abord il faut voter sur
l'amendement...
Mme Vermette: Sur l'amendement.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'amendement,
oui.
Mme Biackburn:... et ensuite sur l'article. M. Dutil: C'est ce
qu'on vient de faire.
Mme Blackburn: Non, non, il a juste entendu un vote.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre a
proposé de voter.
Mme Vermette: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Vous demandez la parole
et je vous informe qu'il vous reste quatre minutes.
Mme Vermette: Non, je n'ai pas demandé la parole.
Le Président (M. Bélanger): Alors, vous votez
contre. D'accord.
Mme Vermette: Voila.
Le Président (M. Bélanger): Sur division?
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division. Le dernier paragraphe. 4° par la suppression du deuxième
alinéa qui se lit comme ceci:...
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Juste un instant. Je
vais finir la lecture et je vous cède la parole.
Mme Vermette: On a un amendement.
Le Président (M. Bélanger): Je le sais. Je vais
vous dire ce qu'on va d'abord discuter. Après ça vous
déciderez si vous voulez l'amender. Êtes-vous d'accord?
Mme Vermette: Non, mais à 3°... Avant ça.
Mme Blackburn: C'est à 3° qu'il y a un amendement.
Mme Vermette: C'est à 3° qu'il y a un amendement.
Le Président (M. Bélanger): On vient de le voter et
I a été adopté sur division.
Mme Blackburn: Non, M. le Président. Mme Vermette:
Non.
Mme Blackburn: Ce qui a été adopté...
Revenons au clair. Ce qui a été adopté c'est l'amendement,
ce n'est pas l'article.
Mme Vermette: Voilà.
Mme Blackburn: D'accord? Tel qu'amendé, et là c'est
un amendement à cet article...
Le Président (M. Bélanger): Qu'est-ce que c'est
ça...
Mme Vermette: Non. M. te Président, on s'était bien
entendus, on ne peut qu'apporter des sous-amendements aux amendements qui sont
sur cette feuille.
Le Président (M. Bélanger): On a voté
ça ici.
Mme Vermette: Oui, c'est un amendement...
Le Président (M. Bélanger): II vient d'être
adopté. Je ne vois pas comment on peut l'amender.
Mme Vermette: C'est un amendement.
Le Président (M. Bélanger): C'est ça.
Mme Vermette: Mais, nous, nous avons un autre amendement à
apporter au paragraphe 3° qui se lira 3°. 1. Voilà.
Le Président (M. Bélanger): Ah, ça c'est
autre chose.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Bélanger): Je vous
écoute.
Mme Vermette: Voilà, M. le Président.
J'aimerais déposer un nouvel amendement, 3°. 1, à
l'article 149. 5 et qui se lirait comme suit: "assurer que les personnes
transportées reçoivent tous les soins requis par leur état
et soient traitées avec attention et humanité. " On peut
vous...
Le Président (M. Bélanger):... recevante.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Alors sur la
recevabilité, le ministre...
Le Président (M. Bélanger): Non, 1 est
recevable.
Mme Vermette: M. est recevable? Il est reçu?
M. Dutil: C'est fait ça.
Mme Vermette: Oui, bon alors... En fait, de toute façon je
sais fort bien qu'on parlait selon...
Mme Blackburn:... suspendre, M. le Président, le temps
qu'il rapporte...
Le Président (M. Bélanger): On n'a pas besoin de
suspendre. Vous connaissez votre amendement, c'est vous qui le faites. On
continue.
Mme Vermette: M. le Président, ce serait important que le
ministre puisse savoir...
M. Dutil: On ne requiert pas de suspension, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Continuez, il n'y a pas
de demande de suspension.
M. Dutil: Nous sommes satisfaits de ne pas avoir encore le texte.
On va écouter attentivement.
La Président (M. Bélanger): Comme c'est votre amendement,
vous le connaissez. Alors, on présume qu'on n'a pas besoin de suspendre.
On continue.
Mme Vermette: Ce n'est pas parce que je ne connais pas
l'amendement que je viens de formuler, M. le Président...
Mme Blackburn: Un instant. Un point d'ordre, M. le
Président.
La Président (M. Bélanger): Pourquoi est-ce qu'on
suspendrait? C'est votre amendement. Vous le connaissez. Le ministre dit qu'il
n'a pas besoin de suspension. Il le connaît. Alors, procédez,
présentez votre argumentation...
Mme Blackburn: M. le Président, ce n'est pas notre
amendement.
Le Président (M. Bélanger): Il y a toujours bien
une limite à niaiser. Franchement, on exagère.
Mme Blackburn: M. le Président... Mme Vermette:
Monsieur...
Mme Blackburn:... c'est l'amendemenet de la commission.
Le Président (M. Bélanger): Oui, madame.
Mme Blackburn: Une fois qu'il a été
déposé, il devient l'amendement de la commission...
Ls Président (M. Bélanger): Oui, madame.
Mme Blackburn:... et il est normal que tous les membres de la
commission aient copie de l'amendement.
Le Président (M. Bélanger): lis vont l'avoir quand
il va être arrivé. Mais je vous demande, en attendant...
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger):... de le
présenter. Il n'y a pas lieu de suspendre. On n'a jamais suspendu et on
ne suspendra pas plus ce matin. On continue.
Mme Blackburn: S! on veut faire un travail sérieux, ii me
semble qu'il faut que tout le monde ait copie en main. Je ne sais pas comment
c'est mené, mais je n'ai jamais vu...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
l'assentiment de la commission?
M. Dutil: Assentiment.
Une voix: M. le Président, on va continuer.
M. Dutil: On a bien compris.
Le Président (M. Bélanger): On continue. Parfait.
Alors, on procède.
Mme Blackburn: Alors ça prouve l'intérêt que
vous avez pour la chose!
Le Président (M. Bélanger): C'est ça, on
vous remercie.
M. Dutil: M. le Président, c'est parce qu'on a compris
à la lecture ce que voulait dire l'amendement et on est prêt a
entendre l'argumentation. C'est tout simplement qu'on ne veut pas retarder les
travaux de la commission.
Mme Blackburn: Cala m'étonnerait...
Mme Vermette: M. le Président, je ne voudrais pas
finalement remettre...
Le Président (M. Bélanger): Sur le fond de votre
amendement, madame, s'il vous plaît.
Mme Vermette:... toute la procédure en question. Mais je
trouve qu'il manque un certain sérieux, un certain professionnalisme en
fait à cette commission. Ce que nous demandons de notre
côté c'est que les gens aient en main un certain... Oui, parce que
là je trouve que ça va un peu... Ca vient comme ça va...
Nous demandons tout simplement...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin, vous êtes hors d'ordre. S'il
vous plaît, procédez à la présentation de votre
amendement, nous sommes rendus là.
Mme Vermette: Écoutez, ça s'en vient! Ils sont en
train de faire la distribution...
Le Président (M. Bélanger): Vous avez votre copie.
De toute façon, le problème est réglé.
Mme Vermette:... justement...
Le Président (M. Bélanger); Présentez votre
argumentation sur votre amendement, s'il vous
plaît.
Une voix: Ils exagèrent!
Mme Vermette: D'avoir un certain professionnalisme...
Le Président (M. Bélanger): Continuez, madame, on
vous écoute. Mme la députée de Marie-Victorin. La parole
appartient à Mme la députée de Marie-Victorin, s'il vous
plaît.
Mme Blackburn: Un point d'ordre, M. le Président Vous
êtes obligé de me le donner.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de quel
article du règlement?
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Quel article du
règlement?
Mme Blackburn: M. le Président, peu importe...
Le Président (M. Bélanger): Quel article du
règlement, madame?
Mme Blackburn:... vous allez me laisser le dire. Le
président a la responsabilité de fournir...
Le Président (M. Bélanger): Madame, quel article du
règlement?
Mme Blackburn:... aux membres de la commission les informations
pertinentes. Et, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Ils les ont, madame.
Tout le monde l'a en main et on continue. C'est rendu à Mme la
députée...
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai fait...
Le Président (M. Bélanger):... ce sont des
tactiques dilatoires qui visent à retarder les travaux de la
commission.
Mme Blackburn: Non.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que là
on en a vu assez. C'est suffisant! Les gens ont en main ce qu'il faut pour
procéder.
La parole est à Mme la députée de Marie-Victorin.
Alors, je reconnais Mme la députée de Marie-Victorin sur son
sous-amendement.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Si vous voulez
procéder, Mme la députée de Marie-Victorin, la parole est
à vous.
Mme Blackburn: M. le Président, si je demande un point
d'ordre, je pense que, dans les règles de procédure...
Le Président (M. Bélanger): Je vous ai
demandé en vertu de quel article du règlement et vous ne me
l'avez pas fourni. Donc, il n'y a pas de point d'ordre.
Mme la députée de Marie-Victorin, la parole est à
vous. Je pense qu'on en a assez fait.
Mme Vermette: M. le Président, simplement pour ma
collègue de Chicoutimi, Je pense qu'elle relève une question de
décorum, en fin de compte, concernant le parlementarisme. E!!e faisait
ressortir que c'est un droit pour nous, en tant que membres d'une commission
parlementaire, d'avoir les documents nécessaires pour participer aux
discussions. Elle faisait valoir qu'une fois l'amendement déposé
c'est un droit des membres de la commission de pouvoir en posséder une
copie. Je pense que ce a quoi elle fait allusion c'est à un
décorum de cette commission et je pense qu'elle avait tout à fait
raison et qu'elle n'était pas hors d'ordre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin, juste pour vous rappeler le
règlement, l'article 190 dit que les motions doivent être
écrites avant d'être présentées à la
commission. Si elle est écrite et en quantité suffisante, c'est
votre responsabilité et non pas celle de la commission. Si vous voulez
qu'à l'avenir les gens les aient pour discuter, faites-les en nombre
suffisant et on les distribuera en temps et lieu et il n'y aura pas lieu
d'arrêter les travaux inutilement. C'est votre responsabilité et
non pas celle de la commission et c'est écrit en tout point dans
l'article 190 du règlement. Je vous remercie. Alors, si vous voulez
continuer.
Mme Blackburn: M. le Président, Mme la
députée de Marie-Victorin me cède son droit de parole pour
quelques minutes. Je voudrais dire que c'est une question de décorum,
c'est une question d'équité et c'est une question de...
Le Président (M. Bélanger): L'article 190,
madame.
Mme Blackburn: M. le Président, on ne peut pas imputer
à l'Opposition, sous !e prétexte qu'on ne partage pas son avis,
des intentions et des motifs, et surtout pas en dehors du micro. Il y a une
espèce d'équité, de "fair play" dans ces commissions
parlementaires et je suis étonnée de voir la façon... Je
n'ai pas vraiment beaucoup participé aux travaux des commissions
parlementaires en santé et services sociaux. C'est la seule qui est
dirigée de cette façon-là, M. le Président. C'est
la seule au cours de laquelle le président se permet de prendre à
partie un membre de la commission. Je n'ai vu ça nulle
part ailleurs. Je me demande où vous avez appris vos
règles de procédure. Il me semble qu'il y a une façon de
faire dans les commissions parlementaires. Je ne l'ai vu nulle part ailleurs.
Pourtant j'ai fait pas mal de commissions. J'ai fait la plupart des commissions
et c'est la première fois que je vois une commission menée de
cette façon-là. Alors, je me demande s'il ne faudrait pas un peu
envoyer le président de la commission à l'école. Je ne
pense pas qu'il soit permis d'interpeller, M. le Président...
Le Président {M. Bélanger): Brièvement, Mme
la députée. Brièvement, ça fait trois fois que vous
faites cette intervention.
Mme Blackburn:... les membres de la commission de la façon
que vous le faites, sans vous fonder, vous aussi, sur le règlement. M.
le Président, là-dessus, avec votre autorisation, je laisserai la
parole à la députée de Marie-Vic-torin.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin, sur votre amendement, s'il vous
plaît.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Nous en venons
à l'amendement pour... Je sais que vous pouvez tous en faire lecture
maintenant, alors il me fera plaisir d'apporter les éléments
additionnels pour votre compréhension.
Vous savez fort bien qu'on parlait tantôt de fonctions et il est
évident que, pour en arriver à un service de qualité, ii
faut préciser les soins requis et préciser de quelle façon
ces traitements devront être donnés, c'est-à-dire que, dans
un esprit d'humanité et avec beaucoup d'attention, parce que vous savez
très bien dans quel état d'esprit... M. le Président,
j'aimerais bien pouvoir...
Le Président (M. Bélanger): On respecte votre droit
de parole, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Merci. Je ne voudrais pas vous faire concurrence,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! On respecte le droit de parole de Mme la
députée de Marie-Victorin. (11 heures)
Mme Vermette: M. le Président, j'étais à
vous apporter les éléments qui font que je peux vous
déposer un amendement qui vient préciser davantage les fonctions,
parce qu'on nous a bien dit que cet article concernait surtout les fonctions.
Effectivement, Je crois qu'il est important de dire de quelle nature sera ce
service.
Évidemment, quand on parle de soins requis par leur état,
on fait appel à des qualités importantes parce que des gens qui
doivent être transportés ont besoin d'être
sécurisés parce qu'ils sont en état de choc, dans certains
cas en état de panique et dans certains cas aussi il est
complètement impossible pour eux de se prendre en main parce qu'ils ont
perdu toute autonomie à cause de leur état de santé.
C'est pour ces raisons qu'on dit que ces gens qui devront donner le
service devront être imprégnés de ces qualités et de
ces valeurs fondamentales pour un service aussi important parce que c'est un
service de première ligne qui touche directement la personne au moment
où elle est la plus vulnérable, au moment où elle a le
plus besoin de sécurité, qu'elle a beaucoup plus besoin de
chaieur et de compréhension face à son état.
Vous savez, lorsque vous êtes en état de stress sur ce
plan, c'est très important que les gens apportent une attention
particulière, des soins particuliers qui répondent
réellement aux besoins immédiats. Tantôt, la personne a
besoin qu'on la réchauffe; ne serait-ce que savoir que quelqu'un pourra
avertir des gens. Peut-être que c'est la personne à
côté. Quelquefois, on a affaire à des cas de
décès. Ce ne sont pas nécessairement... Des gens sont dans
des situations lamentables, il faut sécuriser aussi, être capable
d'avoir cette présence d'esprit de sécuriser les personnes,
autour de la personne, qui l'accompagnent ou qui étaient
présentes au moment où les incidents sont survenus. Tout
ça fait partie des qualités importantes sur lesquelles le service
ou les fonctions devront être bien déterminés. Cela fait
partie aussi d'une qualité de soins, d'une qualité sur laquelle
on voudrait bien apporter tous les éléments importants pour que
la population se sente entre bonnes mains lorsque ces gens interviennent et
leur apportent le service dont Ns ont besoin dans leur état.
M. Dutil: En réplique...
Mme Vermette: Je vais faire plaisir au député de
Taschereau, M. le Président, parce que je vais prendre du temps pour iui
donner le temps de digérer. Je pense qu'il faut iui donner ça
relativement court. C'est beaucoup plus facile pour sa
compréhension.
Le Président (M. Bélanger): On revient à
l'amendement, madame.
Mme Vermette: Oui, je reviens à l'amendement, M. le
Président.
Je disais donc que c'est très important que ces gens qui doivent
donner le service, qu'on appelle les techniciens ambulanciers, qu'on appelle
les propriétaires, aient ces notions essentielles. Ce ne sont pas des
notions élémentaires, ce sont de notions essentielles qui
concernent la survie même des gens qui devront avoir affaire à ce
service.
Vous savez, parfois, par l'énervement ou
parce que tout le monde veut agir d'une façon très rapide,
on oublie certains aspects, les côtés les plus fondamentaux,
c'est-à-dire les aspects humanitaires. À mon avis, c'est un des
éléments les plus fondamentaux. Une fois qu'on a reçu les
soins requis, c'est cette approche humanitaire qui fait toute la
différence et, plus souvent qu'autrement, on dit que ça favorise
la réhabilitation ou ça diminue l'état de panique ou
l'état de stress que peuvent subir les gens par rapport à une
situation donnée. C'est pourquoi nous devons insister sur ces notions
qui sont vraiment importantes. C'est une philosophie. !! faut toujours tendre
vers une philosophie parce que chaque action est soutenue par une philosophie.
Finalement, il faut toujours tendre vers cet objectif. C'est pour ces raisons
que, lorsqu'on apporte ces éléments, c'est pour favoriser un
état d'esprit, une mentalité à développer, ce qui
est drôlement important. Dès qu'on touche des rapports humains,
des relations d'être, des relations d'entraide ou de soins de
santé, les notions humanitaires, à mon avis, sont les
éléments importants sur lesquels on doit toujours miser quand on
parle de qualité d'un service. Cela fait appel directement à des
notions où les êtres humains ont plus besoin à ces moments
d'être réconfortés et savoir qu'une compassion s'exerce au
moment où ils doivent subir ces états et ces situations.
C'est avec acharnement, oui, qu'il faut revenir sur cette notion parce
que trop souvent, dans nos sociétés modernes, c'est
peut-être l'aspect qui fait le plus défaut actuellement. Tout le
monde se plaint que tout se déshumanise et que, de plus en plus, les
gens ont beaucoup plus des notions de profit, des notions plus mercantiles. Ils
oublient, finalement, l'aspect le plus fondamental de notre
société, c'est-à-dire les aspects humains de la
société. C'est pourquoi je me dis qu'il est Important de soulever
et apporter ces éléments. Pour rassurer ces personnes qui sont
transportées, justement, leur assurer tous les éléments
Importants à un service de qualité, les soins requis par leur
état, il est hors de tout doute dans notre pensée que les
personnes qui devront administrer et donner ce service auront reçu la
formation la plus adéquate possible pour répondre aux besoins et
intervenir.
Vous savez que chaque action est différente selon les situations.
Les traitements ou les premiers soins à donner dépendent toujours
de la nature et de la gravité des cas. On sait à quel point les
minutes d'hésitation peuvent être vraiment néfastes dans
certaines situations, comme trop de témérité peut
être néfaste aussi. C'est autant dans un sens que dans l'autre.
Certaines personnes se croient autorisées ou, en tout cas, dans un trait
de dévouement ou dans une bonne Intention, en font peut-être plus
que nécessaire. Cela peut être aussi nocif que de ne pas apporter
les soins aussi. Dans ce sens, je crois qu'il est important, quand le soin est
requis, que ce soit aussi une notion Importante pour que les gens sachent
exactement, selon la nature, la gravité, selon les circonstances, les
actions les plus appropriées à poser.
C'est cette notion que nous apportons par "soins requis par leur
état". C'est-à-dire que, selon la nature, !e cas, on apporte les
soins les plus appropriés et qui répondent exactement aux
premiers soins qu'on doit administrer aux personnes selon leur situation
respective. Dans notre esprit, il ne fait aucun doute que les techniciens
ambulanciers devront posséder ce jugement important selon les situations
pour donner l'intervention la plus adéauate, compte tenu de
l'état de santé des gens qu'ils auront à manipuler et
auxquels ils donneront les premiers soins.
Le ministre parlait de qualité de soins, il disait que sa notion
la plus importante était une qualité de soins à la
population. Je pense que cet amendement abonde dans les propos que le ministre
apportait tantôt et qu'il développait pour vraiment faire en sorte
que notre population, la population qui est prestataire de services puisse
recevoir les soins les plus adéquats en fonction des situations dans
lesquelles elle doit vivre et qui répondent de la façon la plus
humaine possible. Compte tenu de tout ce que nous avons dit, un bon geste au
bon moment, avec tout le réconfort et l'attention qu'on devrait y
déployer, peut faire toute la différence dans certaines
situations et créer un état d'esprit chez la personne qui est en
prestation de soins. Cela peut faire qu'elle arrive à améliorer
son état de panique, son état de stress, ne serait-ce que dans
les cas d'infarctus, où I est très important que la personne
apprenne à canaliser un peu son stress. Il y a un état de panique
qui s'empare de la personne quand on fait un infarctus et je pense que,
lorsqu'on est bien entouré et quand on a des gens qui sont
sécurisants et qui nous disent exactement comment procéder, ce
sont des éléments qui peuvent diminuer les conséquences
d'une telle attaque.
Je trouve que c'est drôlement important et, dans certains cas,
ça peut être même une notion de survie parce que trop
souvent, hélas, les gens arrivent, Ns sont énervés. Il
faut savoir comment agir, ne serait-ce que faire que la foule soit le moins
possible près du patient pour lui donner la possibilité de mieux
respirer et que la personne qui est déjà en situation de
vulnérabilité, qui est dans une situation très
précaire, puisse au moins trouver le calme nécessaire à
son état pour concentrer les forces et l'énergie qui lui restent
à ce niveau-là. La personne devra pouvoir se sentir en
sécurité et dire je m'abandonne aux gens qui me prennent en main
parce que c'est la seule façon dont Je peux penser à m'en sortir
ou croire que je recevrai les premiers soins les plus adaptés selon la
situation.
J'imagine tout ce qui doit se dérouler dans la tête d'une
personne lorsqu'elle est victime d'un accident ou d'une situation qui fait
qu'elle devient en état de dépendance la plus complète
dans les mains des gens qui doivent la prendre sous leur charge et lui
administrer les premiers soins. Cela doit être terrible pour ces
personnes, surtout si elles n'ont pas cette assurance que le personnel a
reçu la meilleure formation pour répondre le plus
adéquatement possibie et faire la meilleure intervention. Cela doit
être affreux, j'imagine, tout ce quî peut se dérouler comme
trame à l'intérieur de l'esprit de ces gens lorsqu'on est dans la
rue ou chez nous complètement seul, en état de crise, et qu'on
voit autour de nous les gens les plus proches qui sont dans un état de
panique. C'est très important, M. le Président. Je pense qu'on
est tous très sensibles à ces états et c'est pourquoi nous
disons que c'est un plus pour l'ensemble de la population de savoir que ces
notions-là font partie d'une préoccupation des
législateurs et que ce sont des notions essentielles de faire en sorte
que ces gens... Peu importe qui parmi nous, ça peut être un de nos
enfants, un parent, et même soi-même, qui sont victimes d'un
accident. Il faut faire que nous soyons très rassurés de savoir
que, lorsque nous serons pris en main dans une situation, les gens qui
interviendront nous apporteront les soins requis selon notre état et
surtout auront cette approche chaleureuse qui fera que nous pourrons en pleine
confiance, maigre notre situation complète de dépendance et de
vulnérabilité, nous sentir en toute sécurité et
penser que, malgré cette situation, nous avons été
chanceux d'être en bonnes mains et que nous allons recevoir des soins les
plus adéquats possibie. (11 h 15)
M. le ministre, je crois qu'après avoir autant discuté de
toute cette notion de service d'urgence - lorsqu'on parle du transport
ambulancier, on fait appel à toutes ces notions -nous allons être,
plus que toute autre personne, sensibilisés à cet aspect de la
qualité des premiers soins. J'imagine que, lorsque nous verrons les
girophares sur certaines routes, nous allons être beaucoup pius
sensibilisés. Nous allons comprendre tout ce qui se passe au moment
où ces événements arrivent. Je pense que nous ne pourrons
pas nous reprocher, quant à nous, d'avoir voulu doter la population d'un
service hautement de qualité et aussi d'un service avec tout ce qu'il
comporte de notions de valeurs humaines, de relations humaines, un service qui
permettra que le caractère distinct du Québec soit un peu
partout. Oui, on a une façon de faire les choses qui nous appartient,
surtout cette notion d'entraide qui nous qualifie s! bien, nous, en tant que
Québécois, et que cette notion d'entraide puisse se
refléter aussi...
Le Président (M. Bélanger): II vous reste une
minute.
Mme Vermette:... et soit même une...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
S'il vous plaît!
Mme Vermette:... marque de commerce, ce qui fera que peu importe
iss gens des autres pays qui viendront nous visiter, peu Importe... Cela arrive
aussi, ce n'est pas exclusivement des gens d'ici qui sont sujets à avoir
des accidents, à avoir besoin d'un service de transport, mais cela a
aussi un rayonnement beaucoup pius important qu'on peut le penser. Tous ces
gens qui auront affaire à notre service, que ce soit des gens du
Québec ou de l'extérieur, qui peuvent être aussi victimes,
tôt ou tard, d'un accident ou d'une situation de santé
précaire, laquelle les met dans une situation de
vulnérabilité qui...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette:... cela deviendra une marque de commerce pour nous
en disant que chez nous, Ici, au Québec, on sait bien faire les
choses.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur cette...
M. Dutil: Je pense qu'il est important, en réplique, de
faire certaines précisions, M. le Président. Pour les gens qui
nous écoutent et qui sont ici pour la première fois, c'est
difficile à comprendre ce qui se passe. Alors, je pense qu'il est
important de leur expliquer. On est face à une opposition
systématique de l'autre côté; ils veulent à tout
prix empêcher le projet de loi d'avancer, même sur des clauses qui
sont tout à fait normales. D'ailleurs, j'en ai la preuve: hier, aiors
que j'avais dit aux membres de l'Opposition que nous étions prêts
à voter pour l'amendement qu'ils proposaient, ils ont quand même
continué à discuter pour écouler le temps, alors qu'il
aurait été si simple de prendre le vote positif que nous
étions prêts à leur accorder à ce moment-là.
Cela démontre clairement que l'Opposition, actuellement, fait ce qu'on
appelle, en bon français, un "filibuster".
Le point que je veux soulever concernant l'amendement précis qui
est apporté, c'est que nous ne sommes pas contre qu'on assure aux
personnes transportées qu'elles reçoivent les soins requis par
leur état et qu'elles soient traitées avec attention et
humanité. C'est évident que nous sommes pour que cela se passe
comme ça, mais on ne peut pas être d'accord pour introduire dans
le projet de loi une chose qui est déjà incluse d'autre part ou
qui le sera dans les divers règlements et directives. Par exemple, juste
pour vous citer que ce que je dis est exact: "Elle exerce à cette fin
les fonctions suivantes - si on s'en va au paragraphe 6° - s'assurer des
qualifications du personnel affecté au service constituant le
système préhospitalier d'urgence et de la qualité des
services
dispensés par ce personnel. " La qualité des services
dispensés par ce personnel, cela veut évidemment dire, entre
autres, que les gens vont être traités selon leur état,
avec attention et humanité. C'est ce que, Implicitement, on inclut.
À l'article 149. 17, on parle également de qualité
en disant: Les normes relatives à la qualification du personnel
affecté au service constituant un système préhospitalier
d'urgence, de même que les normes d'équipement, de fonctionnement,
d'inspection des opérations de ces services - donc, l'inspection des
opérations des services, cela veut évidemment dire, entre autres,
de traiter avec attention et humanité les gens qui sont là -
prévues à un règlement pris en application de la Loi sur
la protection de la santé publique s'appliquent, compte tenu des
adaptations nécessaires et de la nature des activités
exercées, à ceux qui ont conclu un contrat avec la corporation en
matière de transport ambulancier, ainsi qu'à la corporation
elle-même.
On pourrait sans doute trouver d'autres exemples dans le projet de loi
ou implicitement dans des textes qui sont déjà écrits ou
c'est prévu que dans des règlements on sera plus précis.
Il est évident qu'on demande au personnel qui est affecté au
service préhospitalier d'urgence, dans !e transport ambulancier en
particulier, de traiter les gens - des gens qui souvent sont blessés,
ils ont un grand besoin d'aide - avec attention et humanité. Cela
n'empêche pas de devoir recommander à la commission, pour les
arguments que je viens de mentionner, de rejeter l'argument de l'Opposition; il
est inapproprié, à ce moment-ci, de l'introduire parce qu'il est
déjà inclus ailleurs ou parce qu'il sera Inclus
éventuellement dans des règlements ou parce que cela va tout
simplement de soi.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce qu'il y a
d'autres Interventions sur cet amendement?
M. Dutil: Alors, rejeté, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, écoutez, quand je
regarde l'amendement qu'on a sur la table, j'aurais presque envie de faire
part, pour le bénéfice des membres de la commission, de mes
propres péripéties dans l'utilisation du service ambulancier par
une belle journée du 10 janvier 1983.
Une voix: Cela risque d'être drôle!
M. Claveau: On pourrait vraiment parler de la façon dont
on est traité dans le service ambulancier. C'est peut-être
à la suite de cette expérience que j'ai été
Intéressé par la problé- matique des services
ambulanciers. Lorsque vous avez un accident de travail qui vous coûte un
oeil et que ça prend six heures ou à peu près avant de
vous trouver une ambulance pour vous transporter et qu'il faut faire 270
kilomètres surla glace, dans des conditions climatiques
difficiles, afin de vous amener à l'hôpital le plus proche
susceptible de vous soigner, vous restez comme un petit peu
intéressé par la suite par ce qui se passe dans les services
ambulanciers, voyez-vous! Actuellement, si ça avait été
pius vite à ce moment-là, j'aurais un oeil de plus dans la face
au moment où on se parle.
On parle de services ambulanciers, cela fait parfols partie de nos
préoccupations; notre passé nous suit toujours un peu. Nos
expériences du passé nous motivent souvent pour les actions qu'on
va porter par la suite. Je vais vous dire qu'en ce qui me concerne mon
expérience des services ambulanciers, au moment où j'en al eu
besoin, n'a pas été particulièrement concluante. C'est ce
qui m'amène à être plutôt critique, disons, quand on
parle des problèmes du service ambulancier. Je vous dis que je pourrais
vous la raconter au complet, cette journée du 10 janvier 1983, mais je
vais vous en dispenser, étant donné... De toute façon, si
cela vous intéresse, vous n'aurez qu'à consulter les rapports
médicaux; ils doivent être sort chez J. Bérubé &
fils, de Chapais, qui a fait le transport ou à l'hôpital de
Roberval qui m'a reçu six heures après mon accident. Cela vous
donnera une Idée de ce qui s'est passé. Les rapports sont
là, ils devraient être publics. Tout cela, c'est pour vous dire...
Peut-être que j'aurais perdu mon oeil quand même, mais
peut-être qu'ils l'auraient sauvé si cela n'avait pas pris
quelques heures pour avoir une ambulance.
Une voix:...
M. Claveau: Ce n'est pas moi qui l'ai dit, M. le
député.
Tout cela pour vous dire que lorsqu'on est intéressé par
un projet de loi comme celui qu'on a sur la table, pas nécessairement et
strictement pour faire de l'obstruction systématique comme le ministre
nous accuse de le faire -- il s'est dépêché de se sauver
avant que je réplique, par exemple...
Le Président (M. Bélanger): Des besoins
sanitaires.
M. Claveau: Ah bon! Excusez. Je pensais qu'il était...
Quand il nous accuse de faire de l'obstruction systématique, je veux
bien croire qu'il a des choix en arrière du projet de loi qu'on veut
discuter, et on aimerait bien le voir les présenter pour discussion...
il y a aussi des raisons à cela. Cela ne se fait pas
nécessairement pour le plaisir de faire de l'obstruction, donc le
plaisir d'empêcher le ministre d'adopter son projet de loi. Comme dirait
un de mes collé-
gues, le "menistre", on ne veut pas l'empêcher d'adopter son
projet de loi, sauf qu'on a...
J'ai eu connaissance, enfin une personne a eu connaissance d'un
événement qui s'est passé cet été ici, dans
la ville de Québec, dans fe transport ambulancier: à la suite
d'un transfert par avion-ambulance ou par avîon privé - il y a
même le fameux avion du ministre, il nous a cassé les oreilles, on
s'en est parlé... À la fameuse émission qu'on a faite cet
été sur les services ambulanciers, il s'est vanté,
à tour de bras, qu'il avait acheté un avion de 18 000 000 $ pour
fins de services ambulanciers. Combien a coûté votre avion?
M. Dutil: II va rendre de bons services. M. Claveau: Oui, bien,
justement...
M. Dutil: D'ailleurs, je tiens à féliciter le
député d'Ungava de mentionner qu'on a un avion-ambulance
très performant et qui dessert très bien les régions.
M. Claveau: Non, mais ce n'est pas un avion-ambulance...
D'ailleurs, ce n'est pas vous qui avez inventé les avions-ambulances au
Québec, soit dit en passant. Cela fait déjà deux cas dont
j'ai connaissance, dans mon comté, de gens qui - un cas cardiaque et un
cas de pneumothorax - n'ont jamais été capables d'avoir les
services de l'avion-ambulance. Il a fallu des avions privés, des petits
avions, pour les transporter tant bien que mal à Québec.
Quand quelqu'un arrive ici, en ville, après ça, et qui se
fait dire... Pardon?
M. Dutil: Je parlais...
M. Claveau: Ah, parce que je peux vous donner les noms et les
dates où c'est arrivé, M. le ministre. Je ne parle pas à
travers mon chapeau. C'est un transfert de l'hôpital de Chibougamau pour
un problème de poumons; ils n'ont jamais été capables
d'avoir l'avion-ambulance et il a fallu transporter dans un petit avion
loué à la va comme je te pousse. Et il y a eu un autre cas,
à Radisson, d'un cardiaque. On n'a jamais été capable
d'avoir l'avion-ambulance non plus. Il a fallu le sortir sur la ligne
régulière.
M. Dutil: M. le Président, je voudrais seulement dire...
Je ne voudrais pas Interrompre le député d'Ungava, mais ce que
j'ai dû souligner ici et ce à quoi il faisait
référence, ce n'était pas du tout qu'il y avait ou n'y
avait pas de problème dans le transport ambulancier par avion-ambulance.
Tout simplement, ce que j'ai dit, c'est que ma remarque a fait que cela a
alimenté le débat dans un sujet qui est hors de notre contexte et
je le regrettais.
M. Claveau: On parle de l'ensemble des services ambulanciers.
Là, on est sur un amendement qui spécifie, justement, qu'il faut
assurer que les personnes transportées reçoivent tous les soins
requis par leur état et les traiter avec attention et humanité.
On parle du contexte général. C'est clair que, là, j'ai
débordé un peu du périmètre
d'Urgences-santé, parce que Radisson est un peu en dehors du
périmètre d'Urgences-santé, c'est clair.
Maintenant, le contexte global du traitement des "transportés",
si vous voulez, pour des soins, à savoir qu'ils doivent être
transportés avec attention et humanité, ça fait partie de
l'ensemble du dossier. Ce sont des choses qui arrivent. On a l'habitude d'en
entendre parler et d'avoir des problèmes semblables dans nos milieux.
Quand le ministre dit: J'ai un projet de loi dans les mains qui n'est pas
uniquement pour régler les problèmes de Montréal, je veux
régler les problèmes de tout le Québec avec ça - I
l'a dit plusieurs fois - à ce moment-là, on se sent
légitimés de parler de l'ensemble du territoire du Québec
en ce qui concerne le projet de loi.
Quand on est ailé, cet été, faire une petite
émission de télévision là-dessus, que le ministre
était (à et que j'étais là, c'est lui qui en a
parié, des avions-ambulances à ce moment-là. Pourtant,
c'était les ambulanciers d'Urgences-santé ou du RETAQ qui
étaient présents là-bas et qui étaient très
nombreux dans la salle. Mais le ministre nous a parié de son
avion-ambulance, comme si c'était lui qui l'avait inventé.
D'ailleurs, c'est plaisant dans ce gouvernement. Moi, j'aime ça. Il a
parlé de l'avion-ambulance comme s'il l'avait inventé, comme si
c'était la première fois qu'il y avait un avion-ambulance au
Québec. Voyons donc! Les vaientines existent depuis que le
ministère existe, sacrifice! Elle n'est pas nouvelle, la valentine au
Québec. Ce n'est pas le ministre qui l'a inventée.
M. Dutil: 1963...
M. Claveau: En 1963. Elle a été créée
en même temps que le ministère des Affaires sociales à peu
près.
M. Dutil: Le Parti iibéral en 1963.
M. Claveau: Oui, mais avec un bon ministre qui avait le vent dans
les voiles, à ce moment-là, qui faisait suivre le parti
derrière lui. il s'appelait René Lévesque. Vous vous en
souvenez? C'est lui qui a créé la Direction
générale du Nouveau Québec, d'ailleurs, et qui a permis
que des choses semblables se développent. Donc, les vaientines, ce n'est
pas nouveau. Si me fait penser au ministre de l'Énergie et des
Ressources. Dernièrement, il a annoncé sa politique
énergétique, il annonce sa politique... On donne des exemples
pour essayer de comprendre le comportement du ministre. Voyons donc!
Le ministre de l'Énergie et des Ressources annonce sa politique
énergétique et, après ça, il
nous fait accroire... Nulle part dans le texte, nulle part dans un texte
ça d'épais, il ne fait référence à la
politique énergétique de 1978. Il a essayé de nous faire
accroire que c'est la première qu'il y a au Québec, alors que
c'est le Parti québécois qui a mis en place la première
politique énergétique dans l'histoire du Québec en 1978.
Le ministre nous fait une politique énergétique, et il a
réussi à trouver le moyen de l'ignorer entièrement et de
ne jamais en parler dans son texte pour faire accroire que c'était la
première qu'il y avait et que c'était lui qui l'avait pondue. Au
contraire, c'est un mauvais plagiat de la première qui avait
été faite par le Parti québécois. On va avoir la
chance d'en parler prochainement. Là, on se retrouve devant des
problèmes de soins. Je lui dis: M. le ministre, on pourrait s'en parler
et j'ai eu, moi-même, le 10 janvier 1983, à utiliser des services
d'ambulance qui ont été, pour le moins, "questionnables". Dans
mon cas particulier, ça ne me fera pas peur de le mettre sur la place
publique, s'il faut en venir là. (11 h 30)
Là, on est sur un amendement qui dit: II faudrait quand
même préciser le rôle du transport ambulancier ou de la
répartition des services ambulanciers pour répondre à des
demandes. Il faudrait quand même introduire quelque part là-dedans
un élément qui fait en sorte que les personnes
transportées reçoivent tous les soins requis par leur état
et soient traitées avec attention et humanité. Ce n'est pas trop
de mettre cela dans un projet de loi.
Le ministre dit: Ah! Je ne suis pas contre cela; par contre, on va le
retrouver ailleurs. S'il veut qu'on fasse le discours ailleurs, on va lui en
faire un. Cela ne nous dérange pas, il aura beau nous accuser de
prolongation du débat et d'obstruction systématique tant qu'il
voudra, c'est lui qui nous ouvre les portes. Il a seulement... On tient
à ce que ces choses soient précisées pour enlever au
maximum la possibilité de l'arbitraire. Dans le cas du service
ambulancier, on est tout à fait d'accord là-dessus, on est
peut-être même plus conscients de cela que le ministre, on veut
qu'il n'y ait pas de place à l'arbitraire. Mais, comme on voit venir le
ministre avec ses projets de loi dans lesquels il enlève de plus en plus
d'éléments dans ses amendements pour nous mettre des choses aussi
vagues que tel que requis", "de façon appropriée*, etc., on est
en train de s'en aller vers l'arbitraire. Comme on en a parlé tout
à l'heure, cela vaut... Bon, c'est vrai, on parle de droit nouveau, on
voit cette terminologie de plus en plus dans la législation, mais cela
s'applique, règle générale, dans un contexte strictement
administratif, de comportement d'une institution gouvernementale par rapport
à une autre, de rapports à donner, de suites à donner
à un rapport. Par exemple, lorsque la commission aura reçu le
rapport de telle forme, elle en donnera le suvi approprié. Il n'y a pas
de vie en danger là-dedans. Il y a des mécaniques, des techniques
administratives qui font en sorte qu'on ne peut pas en sortir.
Mais là, ce n'est pas cela. On est devant un état de fait,
on a un projet de loi qui identifie de quelle façon quelqu'un va
intervenir pratiquement sur le terrain pour être le plus
expédttlf, le plus rapide possible, pour donner les meilleurs services
dans les meilleures conditions possible à quelqu'un qui est
peut-être bien en danger de mort et qui n'en a plus pour longtemps
à souffler si on n'arrive pas avec une bonbonne. Là, il n'y a pas
de place à l'arbitraire, il faut que les choses soient les plus claires
possible pour ne pas perdre de temps à évaluer ce qui serait le
plus approprié. Le ministre a dit: II faut que je sois le plus
approprié et, si je ne suis pas assez approprié, je vais
être condamné, ce sera moi qui serai responsable si l'ambulance
n'arrive pas parce que je ne serai pas assez approprié. Donc, où
serai-|e approprié? Le répartiteur n'a pas le temps de se poser
la question, il faut qu'l sache ce qu'il doit faire. C'est cela qu'on veut que
le ministre mette dans son projet de loi et qu'il soit assez clair sur ses
intentions.
Ce n'est jamais péché de se répéter dans un
projet de loi et d'être clair sur ses intentions. C'est quand on n'est
pas assez clair sur les intentions d'un projet de loi qu'on risque d'avoir des
problèmes par la suite. Vous en parierez au ministre
délégué aux Forêts au sujet de sa tarification des
droits de coupe. Là, 1 est "poigne" jusqu'ici parce qu'il n'a pas voulu
nous écouter dans le temps, quand on lui disait: M. le ministre, ce ne
sera pas applicable. Vous êtes en train d'instaurer un système de
patronage systématique. Il disait: Ah! L'Opposition n'a rien compris.
Aujourd'hui, 1 est obligé d'apporter un projet de loi pour s'amender
parce qui est "poigne" à l'os, 1 n'est plus capable de s'en sortir, avec
son système.
Cela vaut encore dans le cas des arbres, I n'y a pas de vies en danger
là-dedans, même si on ne s'entend pas trop sur la valeur d'un
arbre; en attendant, la situation appropriée peut toujours être
tolérable pour un certain temps. Au pis-aller, il y aura probablement un
compte de banque qui va souffrir, mais il n'y aura pas de vies humaines qui
vont en souffrir à court terme. Mais là, on est dans le domaine
ambulancier, on est dans les domaines d'urgence, de survie, de transport
efficace, rapide, avec les soins humanitaires. Il faut une attention
nécessaire pour des gens qui sont peut-être bien à leur
dernier respir, ou très proche, si on ne fait pas vite.
Le ministre l'a dit ce matin: Ce n'est pas une question de minutes, mais
de secondes. Si c'est une question de secondes, on n'a pas le temps de se poser
la question à savoir si c'est cela, la chose appropriée. Il faut
savoir où on va. Bing! Bang! Et il faut être expéditif.
Pour être expéditif, le projet de loi doit être clair pour
savoir où on s'en va, pour ne pas laisser de marge à
l'Interprétation et à l'arbitraire. Cela ne veut pas dire que
l'arbitraire ne serait pas
nécessairement compétent; arbitraire ne veut pas dire
incompétent. On peut avoir des façons arbitraires de fonctionner
et être tout aussi compétents. Mais, quand on laisse de la place
à l'arbitraire, on laisse éventuellement aussi une petite
brèche quelque part où il pourrait se glisser de
l'incompétence. Cela, ce n'est pas exclu. Dans ce domaine, il n'est pas
question de s'en payer. Si le ministre veut régler les problèmes
de relations du travail, s'il veut régler les problèmes de
services, s'il veut avoir une structure flexible, comme il nous l'a dit, il ne
doit pas laisser de brèche pour permettre à l'incompétence
de se faufiler tranquillement, insidieusement dans son projet de loi pour venir
chambarder, "scraper" ses bonnes intentions, si vous me passez
l'expression.
D'où l'importance pour nous d'être capables de bien cerner,
de bien préciser la portée des services, la valeur des services
que le ministre veut mettre en place, le cadre législatif, le cadre
légal dans lequel ces gens auront à travailler sur le terrain
quand viendra le temps de répondre à une demande parce que,
là, il ne sera plus temps de se poser la question: Est-ce que ce que je
fais est ce qui est requis? Ce ne sera pas le temps de se le demander. C'est
aujourd'hui. On est aussi bien de prendre une heure ou deux de plus,
aujourd'hui, pour se le demander, pour s'assurer qu'après, quand ce sera
sur le terrain, ce sera efficace, effectif, ce sera rapide, ça se fera
avec toute l'attention nécessaire, avec toute la considération
humanitaire nécessaire.
À mon sens, il n'y a pas un ministre, pas un gouvernement qui a
peur de mettre dans ses projets de loi l'ensemble du cadre légal dans
lequel son action se situe. Dans ton cadre légal, il faut que tu
considères l'attention, les soins humanitaires, une attention
particulière portée à un contexte bien précis de
gens qui sont en difficulté. Normalement, ce n'est pas quelqu'un qui
vient de gagner le million qu'on transporte en ambulance, à moins qu'il
n'ait fait une crise de coeur après. Normalement, celui-là est
assez joyeux pour se transporter tout seul. Ce ne sont pas ces gens que tu
transportes en ambulance, ce sont des gens, effectivement, comme le disait ma
collègue tout à l'heure, qui ont des troubles psychosomatiques,
qui sont dans des conditions sociales et économiques difficiles. Vous
savez, quelqu'un qui vient de flancher par une crise de coeur et qui sait qu'il
ne sera peut-être plus capable de retourner à l'ouvrage, il n'y a
pas que sa maladie qui le préoccupe, il y a la façon dont il va
finir d'élever sa famille plus tard. Quand il va revenir chez lui,
va-t-il être capable de travailler? Va-t-il être capable de payer
ses termes? Va-t-il être obligé de vendre son automobile, de
vendre sa, maison? Que va-t-il être obligé de faire?
Je peux vous en parler en connaissance de cause, je connais des gens
à qui ça vient juste d'arriver. Savez-vous que leur gros
problème pour se rétablir, ce n'est pas nécessairement la
maladie comme telle, c'est ce qui va se passer après? Comment vais-je
faire pour retourner au travail? Est-ce que je vais être capable de payer
mes termes? Où est-ce que je m'en vais? J'ai 50 ans, il me reste encore
quinze ans devant moi avant de retirer mon fonds de retraite. Où est-ce
que je m'en vais? Est-ce que je vais être capable de retourner à
l'ouvrage? Les quinze années qui viennent, est-ce que je vais les passer
sur l'aide sociale avec un boubou macoute au derrière pour être
bien sûr que que je souffre juste assez pour ne pas travailler? Cela,
ça fait partie des préoccupations de ces gens. C'est ça
que vous transportez, pas des gens qui ont gagné 1 000 000 $ et qui se
préparent pour un voyage en Floride. Eux autres n'en ont pas besoin,
d'habitude. S'ils en ont besoin, c'est parce qu'is ont fait une grosse
indigestion après avoir trop bouffé, et il faudra alier les
chercher en vitesse. Généralement, ce ne sont pas seulement ces
gens-là qu'on transporte en ambulance.
C'est pour toutes ces choses-là qu'on demande au ministre de bien
nous préciser, de bien articuler, d'agrémenter, d'une certaine
façon, le cadre légal dans lequel va s'établir le champ
d'application de sa loi, de façon que les gens sachent bien de quoi on
parle, comment on parle et quelles sont les intentions du ministre en termes de
service ambulancier au Québec, d'une façon plus
particulière, dans l'article, éventuellement, par rapport au
territoire actuellement couvert par Urgences-santé dans la région
métropolitaine de Montréal, soit, mais aussi pour l'ensemble du
Québec, parce que ce n'est pas plus drôle de "péter" d'une
crise du coeur à Radisson et à Matagami que ça ne l'est
à Montréal. C'est probablement moins évident que tu vas
avoir le temps de te rendre à l'hôpital quand tu te "pètes"
une crise du coeur à Matagami que quand t'en "pètes" une à
Montréal. Il y a toutes sortes de choses, là-dedans, qu'il
faudrait prendre en considération. Je suis d'accord pour que
Montréal ait des services ambulanciers extraordinaires, à la
hauteur de nos capacités technologiques, à la hauteur de notre
réputation comme peuple pour se donner des services de pointe,
d'avant-garde, mais aussi que ça puisse se faire en région, pour
que les gens qui restent à Chibougamau, à Sept-îles,
à Kuujjuaq et à Lourdes-de-Blanc-Sablon aient aussi le
privilège de pouvoir jouir de services de transport ambulancier
efficaces dans la mesure où ils ont des problèmes de santé
et qu'ils peuvent en avoir besoin, et aussi dans la mesure où ce sont
des personnes à part entière, des citoyens du Québec tout
aussi importants que les citoyens de Montréal. Tout cela pour vous dire,
M. le ministre, que nous vous demandons, dans le but de bien encadrer votre
projet de loi, de bien cerner les intentions de votre ministère, de bien
cerner le champ d'application dans lequel vont avoir à travailler les
gens qui vont appliquer et qui vont traduire directement sur le terrain ce que
vous leur demandez par les textes de loi.
Cela va se traduire éventuellement par une course rapide en
ambulance sur la glace, à 3 h 30 le matin par un temps difficile en
hiver, avec un cardiaque en arrière qui est aux bonbonnes et puis cela
presse. C'est ce que cela veut dire, le projet de loi. C'est comme cela qu'il
faut comprendre comment cela va se traduire sur le terrain. Cela ne se traduira
pas uniquement par quelques individus bien assis, bien au chaud, en plein jour,
et qui vont travailler dans un complexe gouvernemental à compiler des
statistiques. Les statistiques qu'on compile, c'est comme le ministère
de la Justice ou celui du Solliciteur général. Quand ils
compilent les statistiques d'accidents, 40 accidents en cinq ans, 40 morts en
cinq ans sur la route 113 en Abitibi, les chiffres sont réels, Us ne
sont pas exagérés. Statistiquement, c'est cela. Mais il y a 40
familles qui sont "pognées" en arrière avec des problèmes
parce qu'il y a eu ces 40 morts. Elles ne sont pas compilées dans les
statistiques.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député d'Ungava, votre temps est écoulé.
M. Claveau: Merci, M. le Président. J'espère que le
ministre a compris.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Sur
cet amendement 3. 1...
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, sur le sous-amendement
proposé par ma collègue de Marie-Victorin.
Le Président (M. Bélanger): II s'agit d'un
amendement.
Mme Blackburn: D'un amendement. M. le Président, c'est
pour cela que j'ai 20 minutes pour parler. Il faudrait aussi que vous
m'entendiez.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
Mme la députée de Chicoutimi, la parole est à vous.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, je n'hésite
jamais à la prendre lorsqu'elle m'est donnée et je refuse qu'on
me l'enlève indûment.
M. le Président, l'amendement proposé vise à
apporter plus de précision quant à la qualité des services
ambulanciers qui vont être offerts aux futurs usagers et aux usagers
actuels dans la grande région de Montréal. Le ministre nous
disait, au moment où on essayait d'introduire des modifications, des
amendements, de faire un sous-amendement à un amendement qu'il avait
apporté, qui stipulait qu'on devait donner suite de façon
appropriée, il nous a expliqué que cet amendement était
suffisant parce que 'appropriée" Incluait tout. Comme cela inclut tout,
cela n'exclut rien, y compris ce qui pourrait être, au vu et à
l'appréciation d'autres, Inapproprié. L'amendement qu'on propose,
en fait, est dans le bon chapitre, traite bien des clientèles, des
usagers, et voudrait permettre au ministre de donner à son projet de loi
un peu plus de prise sur la réalité, un peu plus de garanties,
quant à la qualité des services, aux personnes qui seront
transportées en ambulance.
Je ne voudrais pas entrer dans un débat parce que je me demande
si le jugement a été rendu, mais on sait pertinemment que dans
quelques cas à Montréal, il y a eu des événements
qui en ont laissé plus d'un Inquiets quant à la qualité
des services offerts aux personnes transportées en ambulance. On
prétend que, dans un cas, c'était une question de racisme, mais
du moment où rien ne stipule dans la loi qu'il y a des obligations
faites à la fois à la corporation et, par voie de
conséquence, à ceux qui donnent le service, on risque de se
retrouver dans des situations comparables au moment où on sera devant
des gestes, des attitudes, des actions qui auront porté préjudice
à des usagers. M. le Président, s'assurer que les personnes
transportées reçoivent tous les soins requis par leur état
et soient traitées avec attention et humanité, je ne crois pas
que ce serait déprécier un projet de loi que d'indiquer cette
préoccupation dans la loi touchant les services ambulanciers. (11 h
45)
Nous qui sommes autour de la table, je me demande si nous avons un jour
utilisé les services ambulanciers. Quant à moi, non. Ceci fait
que ce débat est peut-être un peu abstrait, qu'il ne correspond
pas à une réalité concrète. Il faut voir à
quel point les personnes et leur famille qui doivent avoir recours au service
ambulancier sont traumatisées, à quel point elles sont
insécurisées et marquées longtemps et profondément.
Elles ont sort trouvé que les services ont été efficaces,
de qualité, soit qu'l y avait une éternité entre le moment
où l'on plaçait l'appel et celui où le service
était effectivement rendu à la porte. Combien ces personnes qui
entourent un être cher au moment où l'on appelle les services
ambulanciers, parce que la personne a fait un arrêt cardiaque, une crise
cardiaque, ou un accident grave, sont marquées par la qualité, la
rapidité, l'efficacité et l'humanité des soins selon le
cas!
Le ministre me disait: Vous savez, iI n'y a pas eu vraiment de
grève à Chicoutimi. Je ne sais pas si s'est déjà
demandé l'effet que ça faisait d'appeler - parce que c'est
toujours sérieux lorsqu'on est malade et qu'on fait appel aux services
ambulanciers - et de voir arriver une ambulance complètement
barbouillée d'autocollants qui protestaient contre les conditions faites
aux techniciens ambulanciers, l'effet de
voir des techniciens ambulanciers arriver dans une tenue peut-être
propre, j'en conviens, mais pas tout à fait indiquée. Ça
laissait une impression désagréable, parce qu'ii semblait qu'on
se moquait un peu des gens, ça faisait moins sérieux et ça
ne faisait pas très professionnel.
Tout ça pour dire, M. le Président, que l'Opposition
souhaiterait qu'on introduise, dans le projet de loi du ministre, certaines
modifications qui viennent un peu, j'allais dire humaniser le caractère
plutôt aride de ce projet de loi, qu'on s'assure que la
préoccupation première et primordiale de ce projet de loi est
d'assurer la population qui utilisera les services ambulanciers qu'il y a eu,
dans la rédaction du projet de loi, une préoccupation majeure et
une place importante faite à l'usager en ce qui concerne l'attention
qu'on voudrait accorder aux personnes qui utilisent ces services. Que le projet
de loi indique que tous ceux qui requièrent les services ambulanciers
reçoivent tous les soins requis par leur état et soient
traités avec attention et humanité, il me semble que ce n'est pas
superflu et inutile.
M. le Président, le ministre a refusé hier un amendement
qui aurait stipulé que les services devraient être offerts avec
rapidité. J'ai eu l'occasion de lui rappeler, là-dessus, que ce
n'était pas superflu non plus. Parce que, selon la rapidité des
services ambulanciers offerts, vous avez plus ou moins de chances de sauver la
vie d'une personne. Selon la rapidité des services ambulanciers offerts,
vous avez des traurnatismes plus ou moins grands, à la suite d'un
accident. Selon la rapidité des services ambulanciers offerts, vous avez
plus ou moins de chocs consécutifs à un accident. Alors, c'est
majeur. Le ministre nous dit: Non, ce n'est pas utile d'avoir ça
là-dedans parce que ça comprend "rapide" comme ça pourrait
éventuellement comprendre "lent".
L'amendement qu'on vient de déposer: "Que l'on s'assure que les
personnes transportées reçoivent tous les soins requis par leur
état et soient traitées avec attention et humanité" ne me
semble pas superflu, d'autant plus, M. le Président, que, si le ministre
refuse cet amendement, cela veut donc dire qu'il ne se met pas en situation
d'être questionné ou même poursuivi - la corporation
poursuivie - faute d'avoir donné les soins requis aux personnes.
C'est une façon assez facile qu'a ce gouvernement
d'échapper à ses responsabilités. Je l'ai vu dans la loi
sur l'éducation qui fait actuellement l'objet d'un examen article par
article en commission parlementaire. Le ministre, pour éviter qu'on le
questionne à savoir s'il avait vraiment donné les services requis
en éducation, a trouvé ni plus ni moins qu'un moyen
extrêmement aisé et facile, il ne les a pas décrits dans la
loi. Ne décrivant pas les services requis dans la loi, personne ne peut
prétendre que le ministre a l'obligation de les accorder.
C'est du même ordre, ce qu'on voit ici. Du moment que la loi ne
spécifie pas que Ses personnes transportées devraient recevoir
les services requis par ieur état, cela veut donc dire qu'on limite la
possibilité de toute intervention, de touîs action qui viendrait
Invoquer le fait que le patient ou l'usager n'a pas reçu les soins
requis au moment de son transport par ambulance. C'est cela que ça veut
dire et c'est la méthode toute trouvée par ce gouvernement pour
s'assurer qu'il ne sera pas i'objet de poursuites ou d'actions menées
à la suite d'une négligence. Du moment qu'on n'a pas
indiqué ceia dans le projet de loi, que les personnes qui sont
transportées devraient recevoir les soins requis par ieur état et
qu'elles devraient être traitées avec attention et
humanité, même si elles sont rendues à 80 ans et qu'on dit:
Elles sont assez vieilles pour qu'elles meurent parce que c'est souvent le
genre de propos qu'on a à l'endroit des personnes âgées...
Je pense que c'est majeur. C'est important et ceia devrait y apparaître.
Je le rappelle, c'est une façon trop facile pour le gouvernement
d'échapper à ses responsabilités, de laisser les usagers
sans voix et sans possibilité de recours lorsque les services requis ne
sont pas donnés.
Je rappelle que, dans la loi de l'éducation actuelle, c'est
exactement la même situation, on ne définit pas les services. On
ne définit pas les services éducatifs à être offerts
aux clientèles scolaires comme on ne définit pas les droits des
enfants handicapés, quand ieur intérêt est en cause,
d'être intégrés dans les classes régulières.
On connaît les poursuites à cet égard et le ministre refuse
pour la même raison d'Indiquer dans sa Soi, dans le projet de loi qu'il
est en train de déposer, le droit des enfants handicapés, lorsque
leur intérêt le commande, d'être intégrés dans
des classes régulières et vous savez pourquoi? Exclusivement
parce qu'il refuse de faire face aux actions des parents qui
réclameraient dans l'intérêt de leur enfant qu'il soit
Intégré dans les classes régulières.
Lorsqu'un gouvernement se donne un projet de Soi, c'est
généralement pour améliorer les situations. Mais le
gouvernement actuel, lorsqu'il se donne un projet de loi, c'est pour se
garantir qu'ii n'y aura pas de poursuites, que las usagers ne viendront pas
réclamer du gouvernement par le biais d'une corporation publique ou
autrement d'avoir un service décent et adéquat. Toutes les lois
qui sont actuellement déposées enlèvent, chaque fois que
c'est possibie, le droit de recours éventuel des usagers. Est-ce que
c'est la mentalité de ce gouvernement? ii le sait bien, les sans-voix
sont généralement les plus démunis. lls sont
généralement ceux qui n'ont pas les moyens de se payer un avocat
ou d'intenter des poursuites à l'endroit du gouvernement. Ce sont ces
personnes qui, finalement, vont rester silencieuses parce qu'on va ieur dire
rapidement lorsqu'elles iront consulter l'aide juridique, parce que sans
moyens: Écoutez, ce n'est pas prévu dans la loi, vous ne pouvez
pas invoquer une
responsabilité de la corporation et du gouvernement.
C'est cette façon, cette attitude du gouvernement de se
défiler, de prévoir d'éviter que les textes
législatifs donnent un minimum de poignées aux usagers pour
réclamer que les services leur soient accordés de façon
décente et, dans le cas qui nous concerne, qu'ils aient droit à
des soins requis par leur état. On a un problème et il me semble
que cela devrait faire s'interroger le gouvernement parce que, dans tous les
projets de loi qu'on a eu l'occasion d'examiner depuis que je suis ici, chaque
fois, le gouvernement augmente son pouvoir discrétionnaire et diminue
ses obligations.
Le gouvernement augmente son pouvoir discrétionnaire qui lui
permet d'octroyer des privilèges, qui ne donne pas en contrepartie
à l'usager la possibilité d'Invoquer l'un ou l'autre de ces
articles, pour réclamer du gouvernement que les services qu'il a
reçus aient un minimum de qualité, d'accessibilité,
d'universalité. mais que, plus fondamentalement, ces services
correspondent davantage à ce qui est perçu comme étant
essentiel dans notre société contemporaine.
M. le Président, le ministre me dit: J'écoute, vous savez,
j'écoute. J'aimerais qu'il m'écoute, j'aimerais aussi qu'il
entende et qu'il s'interroge parce que, je le rappelle, dans tous les projets
de loi que j'ai vus, la tendance actuelle est la suivante: le gouvernement se
désengage, diminue ses responsabilités, augmente ses pouvoirs et
plus particulièrement ses pouvoirs discrétionnaires, et
enlève de ses lois et de ses projets de Soi tous les articles qui
donneraient un minimum de poignées aux usagers.
M. le Président, le ministre dit: Bon. on n'a pas à
écouter les propos - comme le président le faisait d'ailleurs
tout à l'heure - de l'Opposition; puisque selon le président de
cette commission ce sont des mesures dilatoires, de toute façon on n'a
plus besoin d'écouter cela. Je pense qu'il n'a pas à porter ce
type de Jugement. La deuxième chose, c'est que, sur une question comme
celle-ci, si le ministre écoutait de temps en temps et s'il entendait,
surtout, II aurait l'occasion d'améliorer son projet de loi.
J'ai toujours essayé, dans quelque commission parlementaire que
ce sot, d'apporter des éléments constructifs, de faire des
réflexions qui viennent enrichir des textes, quels qu'ils soient, et
j'ai toujours tenté de le faire avec le moins possible de partisanerie.
J'ai essayé aussi d'éviter de parler exclusivement pour
entretenir les conversations. Je ne me sens pas très à l'aise
dans une procédure de cette nature; cependant, sur les questions qu'on a
apportées, hier et ce matin, et les modifications qu'on a
suggérées à son projet de loi, iI me semble que le
ministre devrait saisir l'occasion d'apporter des bonifications, des
améliorations à son projet de loi.
Même s'il nous dit qu'il ne veut pas passer à la
postérité comme étant celui qui a réglé le
service ambulancier dans la région de Montréal,
J'Imagine qu'il no voudrait pas non plus passer à l'histoire
comme étant celui qui a mis le bordel dans le service ambulancier de
Montréal. Alors, il me semble qu'à ce moment-là il devrait
être attentif sux propositions qu'on lui fait, compte tenu de la
situation de conflit d'intérêts dans laquelle ces corporations
vont se retrouver, à l'effet de bien introduire dans sa loi des
dispositions qui vont établir une certaine rigueur, une certaine
discipline, une certaine transparence quant à la qualité des
sevices qui vont être offerts à ces clientèles.
M. le Président, j'imagine que le ministre n'aimerait pas. d'ici
quelques années, même si ce devait être dans sept, huit ou
neuf ans, se retrouver tout à coup avec un service ambulancier dans 'a
région de Montréal où on dit que la compétition est
injuste, que les gens qui règlent les services ambulanciers sont en
conflit d intérêts, ce qui a donné comme résultat
que c'est un service extrêmement coûteux, possiblement moins
efficace, et sur lequel on a perdu !e contrôle. J'imagine que !e ministre
n'aimerait pas que ce soit le jugement qu'on porte plus tard sur son projet de
loi, et à cet égard il me semble qu'il aurait tout
intérêt à écouter les arguments que lui fournissent
les membres de l'Opposition. Je vous remercie, M. le Président. (12
heures)
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Chrtoutimi.
Sur l'amendement à l'article 3°. 1: "s'assurer que les
personnes transportées reçoivent tous les soins requis par leur
état et soient traitées avec attention et humanité',
est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Une voix: Vote par appel nominal.
M. Dutil: Vote par appel nominal avec le président qui
vote à la fin.
Le Président (M. Bélanger): On dérogera
à la pratique habituelle et on ne procédera pas par ordre
alphabétique.
Mme Blackburn: Mais s'il n'est pas Indépendant, il faut
qu'il art l'apparence...
Le Président (M. Bélanger): Donc, le
président votera en dernier, pour vous faire plaisir
M. Dutil: (Beauce-Sud)?
M. Dutil: Contre, à moins qu'on ne me demande de voter
l'avant-dernier.
Le Président (M. Bélanger): M. Gervais
(L'Assomption)?
M. Gervais: Je suis contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Latulippe
(Chambly)?
M. Latulippe: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Legault
(Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Sirros
(Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Thuringer
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Thuringer: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Blackburn
(Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme Vermette
(Marie-Victorin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Claveau
(Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Bélanger
(Laval-des-Rapides)? Contre. Alors, l'amendement est rejeté. Nous
revenons donc au paragraphe 4°, qui se lit comme suit.
Mme Vermette: M. le Président, avant de faire la lecture
du paragraphe 4°, j'aurais peut-être une demande à vous
formuler.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Vermette: Je sais qu'il y avait eu entente, en ce qui
concerne le paragraphe 4°, entre les partis. Il n'y avait pas eu
d'amendement d'apporté et on l'avait accepté tel que
présenté. Je me demande si vous accepteriez que je dépose
à ce moment-ci un amendement à ce paragraphe, un
quatrièmement.
M. Dutil: Ce n'est pas 4°, c'est 3°. 1. 2. Mme
Vermette: Paragraphe 4°.
Le Président (M. Bélanger): Qu'est-ce que vous
entendez par paragraphe 4°?
Mme Vermette: Non, non, le paragraphe 4°, ici, a
été adopté... Il n'a pas été
adopté?
Une voix: Oui, oui, il a été adopté.
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui. Le 4° a
été adopté, mais vous vous mêlez; le paragraphe
4°...
Mme Vermette: Ah! oui, ici.
Le Président (M. Bélanger):... ce n'est pas la
même chose. Ce qu'on doit lire ici, quand on mentionne "par la
suppression du deuxième alinéa", c'est: "La corporation peut
exploiter un service d'ambulances ou un service d'interventions
médicales".
M. Claveau: Je ne peux pas comprendre, M. le
Président.
Mme Vermette: Non, non.
Le Président (M. Bélanger): Je regrette, là.
4°, ici, c'est "par la suppression du deuxième alinéa".
M. Ciaveau: Oui, mais, attendez un peu! M. le Président,
on fonctionne paragraphe par paragraphe, d'accord?
Le Président (M. Bélanger): Oui, mais...
M. Ciaveau: Bon! là, on vient de régler le
problème du paragraphe 3° dans le texte original de l'article.
Le Président (M. Bélanger): L'amendement du
paragraphe 3°, oui.
M. Claveau: L'amendement. Là, on est au paragraphe
4°.
Le Président (M. Bélanger): Mais il a
été adopté.
M. Claveau: Le paragraphe 4° avait déjà
été adopté, d'accord.
Le Président (M. Bélanger): On ne peut pas revenir
là-dessus.
M. Claveau: Non.
Mme Vermette: Bien, c'est pour ça que j'ai fait ma
demande.
M. Claveau: On peut y revenir avec un consentement...
Le Président (M. Bélanger): Unanime.
M. Claveau:... unanime. Alors, on demande, justement, parce qu'on
aurait des choses à introduire à l'intérieur du paragraphe
4° actuel, s'il y a consentement unanime de la commission pour...
Le Président (M. Bélanger): Revenir...
M. Claveau:... reprendre la discussion sur le paragraphe
4°.
M. Dutil: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Le consentement est
refusé. Alors...
M. Claveau: Cela veut dire qu'on peut le ramener ailleurs, on a
le droit.
Mme Vermette: Monsieur...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin, oui?
Mme Vermette: Oui, j'aimerais apporter, à ce
moment-là, un amendement au paragraphe 4°.
Le Président (M. Bélanger): Vous ne pouvez pas,
ça vient d'être refusé.
Mme Vermette: Oui, oui, à 149. 5.
Le Président (M. Bélanger): Où, à
149. 5?
Mme Vermette: Rajouter un paragraphe.
M. Claveau: Un sixième paragraphe. Le paragraphe 4°
est adopté et le paragraphe 5° est adopté.
Une voix: II y en a déjà un sixième
d'ajouté.
M. Claveau: Oui, mais avant d'en ajouter un autre, est-ce qu'on
ne pourrait pas éliminer le deuxième alinéa?
Le Président (M. Bélanger): Attention! Un instant,
M. le ministre. C'est parce qu'il y en a déjà un sixième
d'ajouté.
M. Claveau: Non, non. Parce que le deuxième alinéa
s'adresse...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava, il y en a déjà un sixième
d'ajouté; il a été adopté.
M. Claveau: D'accord. Bien, là, on va avoir un paragraphe
4°. 1. On peut avoir un paragraphe 4°. 1.
Le Président (M. Bélanger): On ne peut pas,
ça vient d'être refusé.
M. Claveau: Non, non. Le paragraphe 4° a été
refusé. On le vote paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Bélanger): Avant d'arriver au
deuxième alinéa, donc, vous nous proposez l'amendement 4°. 1.
C est bien ça?
M. Claveau: C'est ça. Ma collègue va déposer
après !e paragraphe 4° tel qu'adopté, un amendement qui
inclut le paragraphe 4M, qui va être inséré entre le
paragraphe 4° et le paragraphe 5° actuel.
Mme Vermette: Oui, il n'y a pas de problème, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Un instant, je veux
juste vérifier. S'il vous plaît! Je veux juste vérifier une
chose, parce que c'est déjà dans le projet de loi, ça.
Mme Vermette: Bien non, c'est un amendement à
l'article...
Le Président (M. Bélanger): Oui, mats, madame, s'il
est déjà dans le projet de lot, I est non recevable.
Mme Vermette: II n'est pas déjà dans le projet de
loi. Lisez-le correctement.
Le Président (M. Bélanger): Attendez un peu; je
vais vérifier, parce que je l'ai lu et je suis à peu près
sûr qu'il est quelque part.
Mme Vermette: II n'y est pas. Non.
Le Président (M. Bélanger): C'est votre
prétention, mais, si je le trouve, je vais vous le lire. Vous allez voir
qu'il est là. Ce n'est pas déjà dans le projet de loi, tel
quel? C'est recevable, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Merci, M. le député, M. le
Président, excusez!
Une voix: II est député aussi.
Mme Vermette: M. le Président, Je pense que cet amendement
est très important, parce que, vous savez, on fonctionne toujours par
des unités de mesure. C'est très important, lorsqu'on est
à la tête d'une exploitation, de savoir exactement où s'en
va son entreprise compte tenu des situations très particulières
auxquelles fait référence un service de transport ambulancier.
Cela touche aussi l'achalandage des urgences. C'est intimement relié.
C'est comme un jeu de dominos, les uns sur les autres, parce qu'il peut y avoir
des détournements d'amblances, à un moment donné, et c'est
très Important de savoir exactement l'état de la situation au
moment où les choses se déroulent pour faire les choix les plus
adéquats et perdre le moins de temps possible de sorte que les gens qui
sont à l'Intérieur de l'ambulance, en fin de compte, ne se
sentent pas transportés d'un endroit à l'autre sans qu'on y
trouve réellement un espace con-
venable où ils doivent recevoir les soins les plus
immédiats, compte tenu de leur situation et de leur santé.
C'est pourquoi nous disons que c'est important que toutes les
données ou les statistiques reliées à l'exploitation,
à l'administration ou à la coordination soient transmises au
ministre, parce que, vous savez, il y a des situations très importantes.
Quand on parlait des pressions indues ou du fait qu'on pourrait avoir des
excès de zèle ou faire un ralentissement dans l'entreprise pour x
nombre de raisons, il est très essentiel que le ministre soit au courant
du profil exact de la situation pour faire une intervention prompte et rapide
là où on doit intervenir, dans les situations les plus
importantes, compte tenu de la complexité du service qu'on donne
à la population.
Il ne fait aucun doute, dans notre esprit, que cet amendement est un
élément additionnel que l'on apporte, mais pour permettre au
ministre de jouer un meilleur rôle en tant que responsable du service
ambulancier, de même qu'aux gens qui doivent l'exploiter ou
l'administrer. Vous savez très bien qu'en ce qui concerne la
coordination le service n'est pas toujours facile. C'est important d'y voir
pour que le ministre puisse avoir vraiment en tête la notion d'un service
adéquat, savoir quels sont les besoins sur son territoire, quels sont
les endroits où le service peut avoir un impact.
Je me souviens, pour avoir visité les Urgences-santé
à un moment donné, au sujet de la coordination des appels, que,
très tôt le matin, dans certaines régions, notamment sur la
rive sud de Montréal, à l'hôpital Charles-LeMoyne, on
commençait déjà, à partir de 9 heures le matin, le
détournement des ambulances parce que l'urgence état
déjà très pleine. On pouvait aussi s'apercevoir que, dans
l'ouest de Montréal, par contre, c'était très rare qu'il y
avait un engorgement, un embouteillage et un encombrement épouvantables
très tôt.
C'est pourquoi il faut établir un certain équilibre pour
savoir exactement où on doit détourner ces ambulances. C'est,
à mon avis, important et le ministre doit être au courant de ces
situations-là puisqu'il travaille en collaboration avec la ministre de
la Santé et des Services sociaux qui, elle, a un plan d'urgence
important qui doit atteindre certains objectifs et une certaine
efficacité. Tout cela est intimement relié. C'est pourquoi nous
apportons Ici cette notion importante, pour que le ministre lui-même
puisse avoir les données, tous les outils de travail les plus importants
pour qu'on puisse donner le meilleur service dans un temps limite et qu'il
réponde adéquatement aux besoins de chaque situation. C'est
pourquoi nous disons que c'est important.
Le ministre devrait comprendre que ce que nous apportons actuellement,
c'est pour aider. Finalement, on ne veut pas faire inscrire des choses à
l'intérieur de la loi pour le plaisir de le faire. Je pense que c'est
pour tenir compte de la fragilité des situations qu'un service
ambulancier peut vivre, à cause de l'achalandage qu'on ne contrôle
pas nécessairement parce que, finalement, on ne sait pas, il y a des
journées où cela peut être épouvantable et d'autres
journées où, mon Dou, c'est le calme relatif. Par contre, cela
arrive assez rarement, mais, les fins de semaine, il se trouve peut-être
des jours plus calmes, finalement, qui requièrent moins de services
parce que l'activité est beaucoup plus réduite au niveau de la
circulation et les risques sont réduits. Cela permettrait d'avoir une
intervention la plus adéquate possible. Cela nous permettrait aussi de
suivre vraiment le service de coordination qui, à mon avis, est
essentiel.
Je me souviens que c'est seulement dans des situations très
particulières, dans les cas de grève, que le ministre suit
pratiquement d'heure en heure l'évolution de la situation du service de
coordination des urgences pour faire en sorte, justement, que la population ne
soit pas lésée. J'ai toujours trouvé cela assez
symptomatique, car c'était surtout quand on assurait les services
essentiels que, finalement, on s'enquérait d'avoir la meilleure
qualité de services. Dans les autres circonstances, lorsqu'on faisait
appel à un service journalier, régulier et quotidien, cette
notion-là n'était pas aussi importante et ne devenait pas aussi
nécessaire, et on ne prenait pas autant de mesures pour arriver à
atteindre cet objectif. Je trouve cela assez particulier, finalement, comme
façon de voir les choses, comme façon de faire les choses. C'est
comme si, M. le ministre, on vous donnait une fonction prioritaire uniquement
dans des situations graves et d'extrême urgence, notamment lors d'une
grève.
Je pense qu'il est important d'avoir toujours en tête les
données et les statistiques pour suivre l'évolution, pour
apporter les correctifs pour améliorer le tir dans des situations les
plus favorables, c'est-à-dire quand il n'y a pas de situation de crise,
de situation d'urgence. C'est pourquoi nous disons que le ministre devrait
s'enquérir régulièrement afin d'avoir toutes les
données et les statistiques qui lui permettraient d'avoir en
mémoire la situation et le profil de l'évolution du service et de
l'exploitation. (12 h 15)
Tantôt, on partait de l'exploitation. On a un peu peur. On
voudrait savoir comment pourrait s'orienter cette exploitation dans le partage
des appels pour qu'il n'y ait pas une concurrence Indue ou, en tout cas, des
pressions par un groupe plutôt que par un autre, de sorte que la
situation pourrait de détériorer, auquel cas ce serait la
population qui serait prise en otage et ce serait la qualité du service
qui serait dégradée. C'est inacceptable et on veut que le
ministre se donne des outils d'intervention là où il y a des
signes qu'on veut aller en dehors des normes établies, pour tout de
suite corriger le tir et rappeler à l'ordre ceux qui auraient tendance
à la délinquance et une propension à
l'Injustice. Cela permettrait d'apporter une forme de
sécurité pour les gens qui doivent, d'une part, fournir leurs
ambulances et, d'autre part, pour les gens qui exploitent le service pour
qu'ils aient cette notion d'équité, de justice, de partage le
plus adéquat possible d'un service pour atteindre cet objectif qu'ii ne
faut pas perdre de vue, je le rappelle, celui de donner le meilleur service
à la population.
Au niveau de l'administration, comme on sait que ce seront, dans
certains cas. les OS8L, les techniciens ambulanciers qui assureront !e service,
qui auront à faire l'administration du service, ce serait Important
qu'on ne rencontre pas le ministre uniquement dans des situations de
négociation, mais que, tout au cours de l'exercice, on puisse avoir une
intervention rapide du ministre pour corriger le tir et faire en sorte que,
pour les écarts administratifs ou les excès de propension et,
probablement, dans certains cas, les excès de boulimie, on puisse
apporter le remède le plus adéquat ou la médecine la plus
adéquate pour éviter des inéquités et, finalement,
une rupture d'équilibre dans l'exploitation du service qui feraient en
sorte que le ministre serait pris avec des problèmes de taille de plus
en plus insurmontables et qui seraient peut-être extrêmement
coûteux.
Donc, pour empêcher toute forme d'abus, toute forme d'erreur,
toute forme d'indiscipline ou toutes sortes de problèmes sur le plan de
la coordination des ambulances, sur le pian de l'achalandage, du contrôle
de l'achalandage dans nos urgences, pour avoir une meilleure répartition
des bénéficiaires dans les différents centres
hospitaliers, nous disons qu'ii est important que le ministre suive d'une
façon journalière, même à différentes parties
du jour, la situation des services d'urgence dans les établissements en
regard des types de transfert et de transport effectués en ambulance.
Cela, à mon avis, c'est une des responsabilités du ministre,
c'est une des responsabilités qui lui Incombent et vouloir passer
à côté, ce serait se libérer facilement d'une
responsabilité et on attendrait toujours d'être en situation de
crise pour apporter des solutions.
Ce n'est pas de cette façon qu'on peut arriver à
établir une forme de paix sociale parce qu'on dit toujours que c'est
bien avant que ça arrive que ça a commencé. Donc, pour
vraiment avoir un esprit de prévention, il faut se permettre d'avoir
toutes les données, toutes les statistiques reliées autant
à l'exploitation qu'à l'administration et à la
coordination sur son territoire, pour faire en sorte que le ministre puisse
avoir exactement, jour par jour, l'évolution de la situation, qu'il
puisse ajuster son tir, évaluer le nombre d'ambulances requis, tout
vérifier et apaiser les craintes des gens qui devront fournir les
services ambulanciers et favoriser la qualité du service de transport
ambulancier. Tout cela est Intimement lié. Je pense qu'on ne peut pas
prendre les choses d'une façon linéaire, mais c'est plutôt
en spirale, toutes ces choses sont interreliées. Quand on parle de
qualité de service, tout est relié. C'est une infinité
d'actions intimement reliées les unes aux autres qui font en sorte qu'on
pourra arriver à donner un service adéquat et de qualité
à la population.
Nous voulons favoriser le ministre en lui disant: Donnez-vous, au moins,
les moyens d'avoir tout ce qu'il faut pour une intervention la plus
adéquate possible, la plus rapide possible et pour que, au lieu de
toujours attendre des situations dramatiques pour réagir, vous puissiez,
au fur et à mesure que, finalement, se tracera !e graphique, Intervenir
de la façon la plus adéquate possible. C'est dans ce sens que
cette motion a été présentée, pour permettre,
justement, un service de qualité et un service qui fait qu'on a vraiment
atteint notre objectf. Si on veut apporter une réforme en profondeur, il
faut, justement, qu'on se donne tous les moyens nécessaires pour que les
gens sentent que nos intentions, c'est de suivre de façon
adéquate le service pour que, justement, il n'y ait aucun écart
et que ce service ait des objectifs de qualité de soins à donner
à l'ensembie de la population, et ce, le plus adéquatement
possible, compte tenu des qualificatifs que cela implique de façon tout
à fait intrinsèque et extrinsèque.
Je Dense que si on veut avoir un contrôle, sur notre action,
finalement, il est important d'avoir des moyens de contrôle. Les
données et les statistiques font partie des moyens pour assurer un
contrôle adéquat sur une situation et un contrôle au niveau
de la qualité surtout. Il est hors de tout doute que ceci permettrait
aussi d'apporter un élément de sécurité à
l'ensemble des gens qui doivent, d'une part, assurer ce contrôle. Vous
savez, c'est toujours important de savoir qu'on n'a pas le champ libre pour
faire tout ce qu'on veut, comme on le veut, quand cela nous semble et quand
cela nous tente.
Comme, tantôt, nous n'avons pas pu faire passer nos deux autres
sous-amendements pour clarifier davantage la "façon appropriée',
je pense que, encore là, il devient de la responsabilité du
ministre de vraiment faire valoir cette notion de "façon
appropriée" et quelle sera la façon appropriée qu'il
voudra bien mettre de l'avant pour que tout le monde ait la même notion
de façon appropriée", il devient donc encore plus
impérieux, plus Important que le ministre se renseigne lui-même et
soit renseigné de la façon la plus adéquate possible pour
suivre révolution de l'exploitation, de l'administration et de la
coordination de ce service. Encore là, nous restons avec des
imprécisions, des notions floues.
Je pense qu'il est du devoir du ministre, finalement, de ne pas laisser
certaines ambiguïtés dont l'interprétation sera arbitraire
et qui feront que tout le monde pourra se justifier en disant: Vous savez,
compte tenu des circonstances, c'était la façon la plus
appropriée que nous
avons pu trouver. Le ministre devrait alors prendre
énormément de temps avant d'arriver à des conclusions qui
pourraient aller dans un autre sens et de dire: Écoutez, je pense que
tous les moyens n'ont pas été mis de l'avant pour que le service
réponde à des objectifs de qualité, c'est-à-dire au
niveau de la rapidité, de l'équité pour que tes
bénéficiaires reçoivent les soins reliés à
leur état de santé et ce, dans un aspect le plus humanitaire
possible. Je pense donc que ceia devient un devoir du ministre. Compte tenu de
cette large interprétation qu'on peut faire du mot "appropriée"
au niveau du service, il est de plus en plus important qu'il se donne tous les
moyens pour, justement, réagir rapidement afin qu'on ne laisse pas tout
cela à la libre interprétation des parties en présence
qui, très souvent, n'ont pas les mêmes intérêts, qui
ont des intérêts divergents.
On a beau dire que l'intérêt est toujours basé sur
une qualité de soins, on a juste à regarder ce qui est
arrivé dans la pratique courante par le passé. Cela n'a pas
toujours été l'intérêt supérieur qui a
primé, malheureusement, dans certains cas, si on regarde ce qui s'est
passé antérieurement dans Ses relations de travail. Ma
collègue de Chicoutimi relevait certaines situations. Vous savez, cela
ne prend pas grand-chose pour insécuriser des gens qui sont
déjà dans une situation de vulnérabilité. Quand on
sent des moyens de pression ou qu'on est pris en otage parce qu'on va nous
transporter dans un centre hospitalier plutôt que dans un autre, parce
que ça fait une histoire, parce que c'est un moyen de pression, ou qu'un
jour on décide d'envoyer toutes les civières au même
endroit comme moyen de pression parce qu'on a décidé que le
blocus se faisait à tel endroit, je pense que ce n'est pas une
façon de donner une certaine sécurité à la
population.
Je crois que c'est l'obligation et le devoir du ministre de
réagir très rapidement. À ce moment-là, il faut
qu'il ait à l'oeil, par une gestion régulière, la
situation qui se passe dans ces services. Je pense que c'est important que ce
soit indiqué dans le projet de toi pour qu'on sache exactement qui a la
responsabilité ultime qu'ii n'y ait de doute pour personne que le
responsable a toutes les données et tous les moyens nécessaires
pour une intervention rapide et faire en sorte que les gens soient tout de
suite mis au pas, qu'on arrête les abus et qu'on oriente de la
façon la plus adéquate possible l'ensemble du service pour que
cette coordination, qui doit répondre à des besoins, autant
d'achalandage...
Le Président (M. Gervais): Mme la députée de
Marie-Victorin, en conclusion, s'il vous plaît.
Mme Vermette: Oui, je suis en train de la faire, M. le
Président. Si vous écoutiez, vous auriez compris que
j'étais rendue à ma conclusion.
Je vous disais que c'est important parce que ça répond
à des notions très importantes qui ont un effet direct sur le
taux d'achalandage de nos urgences et aussi sur la qualité des soins, de
manière à empêcher des abus qui pourraient se
déceler à l'Intérieur du service.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Gervais): M. le ministre.
M. Dutil: M. te Président, je sais que je ne convaincrai
pas l'Opposition, malheureusement, de cela, mais nous sommes substantiellement
d'accord avec son amendement. Sauf que je dois dire que, dans leur obstruction
systématique, leur imagination semble se dégrader parce que nous
avons transmis un amendement, à l'article 149. 34, qui est quasiment
réécrit textuellement par l'Opposition comme amendement et qui se
Irt comme suit. "Le ministre peut, en outre, pour fins de statistiques ou de
planification du transport ambulancier, requérir des renseignements sur
les transports ambulanciers effectués. "
S'ils avaient des amendements à apporter à ce texte»
on pourrait y revenir à 149. 34, mais ce que je suggère
naïvement à l'Opposition, c'est de renoncer à son
amendement, étant donné qu'on a à peu près
l'équivalent à 149. 34, et d'en discuter à ce
moment-là, puisque nous partageons substantiellement la même
opinion. Bien que ce ne soit pas un amendement déposé - je sais
que ce n'est qu'un amendement transmis qui sera déposé
ultérieurement - j'accepterais de le déposer officiellement si
l'Opposition le requérait pour retirer le sien.
Le Président (M. Bélanger): Un instant! M. le
député d'Ungava?
Une voix: C'est parce qu'il n'est pas déposé.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava, oui.
Mme Blackburn: On pourrait examiner ça et voir queiie
décision on peut prendre, M. le Président.
M. Claveau: Juste une petite intervention là-dessus et,
après ça, je vais donner la parole à ma collègue de
Chicoutimi.
Ce que le ministre nous dit dans son amendement, c'est
complètement différent comme principe de celui que nous avons
actuellement. À 149. 5 paragraphe 4°. 1, on donne l'obligation
à la corporation, à l'intérieur de ses différents
objectifs ou de ses différentes façons de fonctionner, de
"transmettre au ministre, lorsque celui-ci le requiert... " il le requerra en
vertu de l'amendement qu'il a apporté pius ioin. Mais, lorsqu'il le
requiert, à 149. 5, paragraphe 4°. 1, on fait obligation à la
corporation de transmettre les informations qui seront requises, donc,
"toute
donnée ou statistique reliée à l'exploitation,
l'administration et la coordination, sur son territoire, du transport
ambulancier". La notion est différente, parce que le ministre peut le
demander, mais, s'ï n'y a rien nulle part qui oblige la corporation
à le transmettre, elle peut toujours dire: Le ministre n'a qu'à
passer par la loi d'accès à l'information s'il veut l'avoir, on
ne le lui donne pas. C'était mon intervention, très rapidement.
Je continuerai plus tard. (12 h 30)
M. Dutil: Je suis en désaccord avec
l'interprétation du député d'Ungava. De toute
façon, à l'article 149. 34 on pourra en rediscuter s'ils veulent
resserrer te texte estimant qu'il n'est pas adéquat. Mais un autre
argument qui, je pense, si on voulait discuter raisonnablement, fait qu'on
devrait reporter cette discussion-là à l'article 149. 34, c'est
qu'à l'article 149. 34 cela concerne toute la province. Le ministre doit
pouvoir requérir ces informations-là non seulement à
Montréal, mais sur l'ensemble du territoire, alors que l'amendement
introduit par l'Opposition ne concerne que Montréal et je pense que
c'est moins générai.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava, la parole est à vous.
M. Claveau: Non, Mme la députée de Chicoutimi.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi, on vous écoute.
Mme Blackburn: M. le Président, je pense que le ministre,
en tout cas, fait preuve d'un peu d'ouverture. Je veux seulement
déplorer, cependant, qu'il n'ait pas fait preuve de la même
ouverture lorsqu'on a proposé d'ouvrir l'alinéa 4°. Je vous
inviterais à le lire. On aurait pu faire quelque chose
d'intéressant qui vous aurait permis de ramasser et de recueillir des
informations beaucoup plus précises qui permettent, effectivement, de
moduler les services selon les besoins réels. SI vous le lisez, on dit,
à I'article 145. 4°: "concevoir et implanter un système
d'information pour connaître, de façon quotidienne, la situation
des services d'urgence dans les établissements en regard du nombre de
transferts et de transports en ambulance effectués et en informer tout
conseil régional de son territoire. "
Il aurait été intéressant, si on l'avait vu plus
tôt, parce que je dois vous dire qu'on ne lavait pas vu, de parler de
chaque jour et partie de jour, parce qu'on sait très bien que. selon la
journée de la semaine et selon le moment de la journée, if y a
plus ou moins de services qui sont requis. On aurait pu ajouter aussi le nombre
et le type de transferts et de transports, M. le Président, en ajoutant
à ce paragraphe-là que les informations devraient être
également communiquées au ministre à sa demande. On aurait
pu retrouver cela là-dedans et cela aurait été
Intéressant parce qu'on vient non seulement de dire: Cela nous prend un
nombre d'informations quotidiennes, mais on veut qu'elles soient
modulées quotidiennement et que cela indique le type de transports, le
type de transferts et leur nombre. Si le ministre avait accepté d'ouvrir
l'alinéa 4° pour définir de façon plus précise
l'information qu'il souhaite obtenir, cela l'aurait aidé è mieux
gérer Se système. Je ne pense pas qu'il puisse, qu'il ait la
latltude - avec le consentement unanime. peut-être pourrions-nous le
faire - d'ouvrir à nouveau l'alinéa 4'.
M. Dutil: M. le Président, la discussion a
été faite en long et en large sur les articles qui sont
adoptés. La raison pour laquelle on adopte des articles, c'est,
justement, pour les clore. C'est un peu comme quand on négocie une
convention collective; on finit par parapher des textes pour, justement, ne pas
revenir sur les textes qui sont paraphés. Alors, c'est la même
chose concernant nos procédures. Une fois qu'on l'a adopté, c'est
qu'on estime que toutes les discussions ont été faites. On peut
trouver dommage qu'on n'ait pas accueilli certains arguments. On peut trouver
dommage que le texte ne sort pas tel qu'on l'aurait souhaité
initialement, mais c'est adopté. Pour ma part, ce texte m'apparaît
très satisfaisant et je ne vois pas pourquoi le gouvernement, dans les
circonstances actuelles du déroulement de la commission, irait rouvrir
quelque chose qui est déjà adopté. La discussion que nous
avons actuellement, c'est de dire que le nouvel amendement apporté par
l'Opposition trouve son équivalent à l'article 149. 34, que cet
équivalentlà concerne toute la province et non seulement
Montréal. Donc, ce serait plus adéquat d'en faire la discussion
à ce moment-là.
Mme Vermette: M. le Président, en ce qui concerne les
dernières allégations du ministre, Je conviens qu'on peut le
retrouver plus tard, mais plus tard, c'est dans une globalité, une
généralité, alors qu'on parle de la corporation
actuellement. On veut que ce soft inscrit dans les prérogatives de la
corporation et c'est pourquoi nous l'avons apporté ici. Je pense que
c'est très important parce qu'on parle de deux systèmes
différents.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi...
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre dit: On a
discuté en long et en large de cet article et on travaille ici comme si
on était en train de négocier une convention collective, on
paraphe des articles pour ne pas y revenir. Ce que je dis au ministre, c'est
qu'on a accepté une modification, c'était avec le ministre
Gratton, à la loi créant le Conseil permanent de la Jeunesse. La
modification n'avait pas été acceptée en commission, on
était mai préparés, le gouverne-
ment ne la jugeait pas pertinente, sauf qu'après
vérification il a estimé qu'effectivement nous avions raison et
que la modification pourrait être apportée en Chambre. Nous
l'avons adoptée en modifiant les procédures de manière
à pouvoir introduire une nouvelle modification. Nous étions
rendus en Chambre. C'est beaucoup plus simple et beaucoup plus facile de le
faire ici avec le consentement unanime de cette commission, d'apporter une
modification à un article qui a été paraphé dans
une commission. Et le ministre le sait très bien. C'est
extrêmement simple, beaucoup plus efficace et ça se fait
couramment, il est permis de se tromper.
M. Outil: M. le Président, je ne dis pas que je
n'accepterais jamais - d'ailleurs, j'ai fait les nuances tout à l'heure
- de rouvrir un paragraphe adopté si l'on constatait qu'il y avait une
erreur. Mais il ne faut pas être naïf. On est en plein "filibuster"
et l'Opposition nous demande de rouvrir des textes adoptés. C'est bien
différent que de se retrouver à une commission où il se
fait un travail que je qualifierais de plus sympathique. C'est un terme
parlementaire, M. le Président, sympathique. Alors, je me dis: Oui,
éventuellement, i! pourrait arriver que nous donnions notre consentement
sur des argumentations de l'Opposition afin de rouvrir un texte adopté,
mais ce n'est pas dans les circonstances actuelles que je vais recommander
à la commission de le faire.
Mme Blackburn: M. le Président, il me semble que, dans
l'intérêt du ministre, dans l'intérêt de la
population de façon générale, en dépit des moyens
qui peuvent être utilisés par l'Opposition, on devrait avoir le
souci de tirer un peu d'avantages de ces débats. Parmi les avantages que
le ministre pourrait en tirer, il y a celui de s'assurer que son projet de loi,
la loi qui tantôt régira les services ambulanciers de la
région de Montréal comme au Québec, lui donne la
possibilité d'avoir en main toutes les informations qu'il pourrait
requérir qui lui permettraient ou qui permettraient à un autre
ministre de porter un jugement ou encore de corriger la situation. Le ministre
doit être comme tous les ministres qui se sont succédé au
Québec; il n'aime pas être informé après tous les
autres et il n'aime pas qu'on lui cache, j'imagine, certaines informations.
La proposition d'amendement qui est sur la table actuellement veut
assurer que le ministre puisse avoir accès à toute l'information
qu'il souhaite, au moment où il le souhaite, sans être
obligé de passer par un intermédiaire. Actuellement, le projet de
loi prévoit que la corporation est tenue d'en informer le conseil
régional sur son territoire. Est-il indispensable que le ministre ait un
interlocuteur lorsqu'il veut avoir accès à des informations?
Est-il préférable pour le ministre d'apprendre les informations
par le biais du conseil régional qui pourrait éventuelle- ment
rendre ces informations publiques avant même de les communiquer au
ministre responsable?
M. le Président, est-ce que ça va continuer comme
ça longtemps? Il y a deux ou trois caucus.
Le Président (M. Bélanger): Continuez votre
intervention, Mme la députée de Chicoutimi. Lorsque vous avez
tenu un caucus avec vos gens tout à l'heure, personne n'est intervenu.
Alors, je vous demande la même tolérance envers les autres.
Continuez votre intervention. Je demanderais à chacun aussi, s'il vous
plaît, d'éviter, dans la mesure du possible, les caucus ou les
choses parallèles qui interfèrent dans le débat. Si vous
avez à le faire, faites-le en arrière, mais très
discrètement. C'est prévu comme ça dans les
commissions.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président. La
proposition d'amendement qui est sur la table voudrait donner au ministre
accès à toutes les informations, à des informations qui
lui permettent de se faire une tête et de prendre des décisions
utiles, efficaces quant à la situation qui prévaut à un
moment ou à un autre dans les services ambulanciers.
Une voix: Se faire une tête?
Mme Blackburn: Oui, se faire une tête parce que qui
détient l'information, détient le pouvoir. Le ministre le sait et
nous le savons tous. Et la meilleure façon de contrôler une
organisation, c'est encore de retenir des informations. S! me semble que c'est
tout à fait dans l'intérêt du ministre actuel et, comme les
ministres ne sont pas éternels, de ceux qui vont lui succéder de
prévoir dans la loi des dispositions qui lui donneront accès
à toutes les Informations sans que ces informations soient
filtrées par un organisme qui pourrait s'appeler un conseil
régional de la santé et des services sociaux.
Si le ministre ne s'était pas complètement fermé
sous prétexte que l'Opposition fait de l'obstruction, il aurait pu
prendre avantage de plusieurs arguments, de plusieurs amendements
proposés par l'Opposition pour enrichir son projet de loi.
Malheureusement, la situation est telle que, quelle que soit la valeur des
arguments apportés, ils se trouvent rejetés de facto. Dans une
telle situation, non seulement on perd notre temps, on perd celui des
parlementaires; on investit inutilement énergie et temps qui pourraient
être autrement utilisés.
Ce que je dis, M. le Président, aux parlementaires, aux membres
de cette commission, c'est que la proposition qui est sur la table, comme celle
d'ouvrir tout à l'heure l'alinéa 4°, aurait pu être
évaluée à son mérite. Il n'est pas vrai, comme le
prétend l'actuel ministre, que toutes les propositions
déposées sur la table ne visent qu'à faire de
l'obstruction, ne sont que
des mesurés dilatoires. Si le ministre écoutait un peu et
surtout s'il entendait, il réaliserait que certaines des propositions
faites par l'Opposition sont non seulement recevabies, mais pourraient apporter
des améliorations considérables, substantielles au projet de loi
qui est sur la table. Le ministre s'est fait une tête. Cependant, Je
trouve qu'elle n'est pas nécessairement bien faite parce qu'il se S'est
faite à partir du préjugé que tout ce qu'on dit ici n'est
fait que pour apporter de l'obstruction.
Moi, je dis au ministre que je voudrais qu'il examine de façon un
peu plus sérieuse, un peu plus consciencieuse également les
propositions d'amendement présentées par l'Opposition. Cette
proposition permettrait au ministre, pas d'être inondé
quotidiennement de toutes ces informations, mais d'obtenir, lorsqu'il le
requiert, "toute donnée ou statistique reliée à
l'exploitation, l'administration et la coordination du transport ambulancier*
sur le territoire donné de la corporation. Il faudrait que ces
informations soient disponibles sur demande et que la corporation soit dans
l'obligation de les transmettra, ce qui n'est pas clair actuellement dans !e
projet de loi. Non seulement ce n'est pas clair quant à l'obligation qui
est faite à la corporation de transmettre ces informations au ministre,
mais ce n'est pas clair, non plus, quant è la qualité des
informations à être fournies. Que l'article prévoie qu'on
indique le nombre de transferts ou de transports, cela ne dit rien sur le type
de transferts ou de transports. Est-ce qu'il s'agit d'un transfert d'un centre
d'accueil de soins prolongés à un centre d'hébergement?
Est-ce qu'il s'agit d'un transfert d'un centre de soins prolongés
à une résidence? S'agit-il d'un type de transfert pour raison de
fermeture de lits? Autant d'informations qui donneraient au ministre une
meilleure connaissance de la situation.
Il serait important, selon nous, que le ministre sache à quelle
partie du jour il y a des pointes, comment cela vient, quelle situation cela
illustre que, par exemple, on ait plus de transports ou de demandes d'aide aux
fins de mois dans i'est de Montréal, au moment où les gens
commencent à avoir faim, parce qu'ils vivent d'aide sociale et que les
ressources se font plutôt rares en fin de mois. Il me semble que ce sont
des informations qui pourraient être utiles au ministre et, de
façon générale, à ceux qui ont à
gérer ces services.
M. le Président, si le ministre a écouté,
j'aimerais aussi qu'il ait entendu et qu'il réexamine de façon
très sérieuse, peut-être à l'heure du lunch, comment
II pourrait introduire une disposition qui lui permettrait d'avoir accès
non seulement à des informations vagues, générales, mais
à des Informations très précises quant à
l'état des besoins dans les services ambulanciers. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Écoutez, le
ministre disait tout à l'heure dans la discussion: Je ne trouve pas que
je fais quelque chose d'utile. Ce n'était peut-être pas
nécessairement un jeu de mots, mais ce qu'on fait actuellement, comme le
disait ma collègue la députée de Jonquière,
pourrait èire très utile. La députée de Chicoutimi,
pardon. C'est vous qui m'avez mêlé tout à l'heure, M. le
ministre.
M. Dutil: C'est la faute des autres encore! (12 h 45)
M. Claveau: C'est d'autant moins acceptable de ma part que c'est
mon coin d'origine, ce coin-!à; ni Chicoutimi ni Jonquière, mais
pas très loin. Alors, la démarche qu'on fait actuellement
pourrait être très utile si le ministre n'était pas parti
au départ avec un préjugé, comme ma collègue de
Chicoutimi le disait, en disant: Ce que l'Opposition fait là, ce n'est
pas bon, c'est de l'opposition systématique, II n'y a rien à
comprendre, on ne veut rien savoir, et !e projet de loi passe.
Moi, je dis le contraire. C'est le ministre qui ne le veut pas, son
projet de loi. Le ministre ne le veut pas, on l'a dit le printemps passé
et on te dit encore. Cela fait son affaire, ce qui se passe là. Sinon,
il s'organiserait justement pour que cela aille plus vite que cela. Un exemple,
d'accord? On l'a fait presque pour un test, pour savoir jusqu'où le
ministre pouvait être entêté contre l'Opposition. Ils nous
ont donné une preuve extraordinaire à l'amendement sur le
paragraphe 3°, quand on a fait introduire "rapide et" pour dire "et il y
donne suite de façon rapide et appropriée. Qu'est-ce que cela
change pour le ministre? Est-ce que cela change la portée de son article
d'introduire "rapide et" pour dire " rapide et approprié"?
Bien non, il nous a laissé tout le temps de discuter, le temps
auquel on avait droit à l'intérieur du règlement, c'est
vrai. Mais on a testé pour voir jusqu'où le ministre voulait
aller, justement, pour perdre du temps lui-même. Cela faisait son
affaire, qu'on prenne tout le temps du règlement, au lieu de dire: Oui,
MM. de l'Opposition, messieurs, mesdames, vous avez raison, "rapide et
approprié", cela a bien de l'allure, cela bonifie ce que je voulais
dire, parfait, on y vai On aurait gagné une heure.
Il est tellement entêté contre tout ce que l'Opposition
présente et il est tellement convaincu au départ que tout ce que
l'Opposition dit, ce n'est que pour s'entêter et pour bloquer le projet
de loi, qu'il n'est même pas capable d'accepter un petit mot qui va
bonifier ce qu'il voulait dire au départ. Et il nous donne toute la
marge de manoeuvre pour étirer le temps, eî cela fait son affaire
parce qu'il n'est pas pressé de l'avoir, son projet de loi. il ne
voulait pas l'avoir, au printemps passé, il aurait été
capable de nous mettre le bâillon n'importe quand, il n'a jamais voulu Se
faire.
Il l'avait déjà fait, par exemple, le même
gouvernement l'avait fait pour permettre l'accès aux
illégaux dans les écoles. Cela, il l'avait fait. Il l'avait fait
pour permettre des services bilingues dans les hôpitaux de
Montréal. Ils nous ont mis le bâillon tout de suite, cela,
ça pressait. Les services d'ambulances, il n'a jamais vouiu les
bâillonner. Il ne le voulait pas, son projet de loi. Cela fait son
affaire et, pendant le temps qu'il gagne en étirant, il en remet la
faute sur le dos de l'Opposition. C'est cela qu'on n'acceptera pas. Si le
ministre voulait vraiment avoir une discussion honnête, une discussion
claire, toutes les fois qu'ii y a quelque chose qui bonifie ses articles, au
lieu de laisser à l'Opposition tout le temps de lui sauter dans la face,
il pourrait l'adopter: Oui, cela a bien de l'allure, parfait, on y va. Il en
gagnerait, du temps, et on avancerait dans les articles.
Par exemple, ce qu'on vient de lui demander, de rouvrir le paragraphe
4°. L'actuel paragraphe 4°, que dit-il? C'est celui qui a
été voté, c'est justement pour lui permettre de pouvoir
aller plus loin dans l'application de son article, de son amendement à
l'article 149. 34. Parce que, dans 149. 34, ce sont des voeux qu'il
émet, il veut avoir des informations. Mais ii n'y a pas d'obligation
nulle part de la part de la corporation de lui en fournir, par exemple.
Et dans le paragraphe 4°, la corporation va devoir d'abord fournir
de façon quotidienne. Nous, on dit que, de façon quotidienne, ce
n'est pas suffisant. De façon quotidienne, ceia veut dire: 300
transferts dans la journée, 300 transferts, point final. Nous, ce qu'on
voulait demander au ministre, c'est de le dire et de le connaître pour
chaque jour ou partie de jour, au lieu de façon quotidienne. Une
drôle de belle bonification, celle-là, parce que là, cela
lui donne de la poigne avec son 149. 34 modifié.
Il ne veut pas le rouvrir, hein? L'Opposition, elle ne dit que des
conneries. Écoutez-le, ce que l'Opposition dit. On dit: Pour chaque jour
et chaque partie de jour. Là, il précise ce qu'il veut demander
et donne une obligation à la corporation de fournir des statistiques par
jour et par partie de jour. Parce que ce n'est pas nécessairement
évident que, dans une journée, les heures se répartissent
toujours de la même façon.
On donne une deuxième modification. On dit: "dans les
établissements en regard du nombre... " Actuellement, c'est cela que
ça dit, hein? La troisième ligne du quatrième paragraphe
dit: "d'urgence dans les établissements en regard du nombre de
transferts et de transport. " Nous, on dit: En regard du nombre et du type de
transferts et de transports. On donne une obligation supplémentaire
encore à la corporation dans la façon de présenter ses
statistiques qui va permettre au ministre d'être efficace avec son
amendement à 149. 34.
Ah non! Ce n'est pas bon, ceia. il verra après si ce n'est pas
bon, dans l'application. Puis on dit aussi une troisième chose, pourquoi
on demandait la réouverture de cet article. Parce qu'on dit, dans la
quatrième ligne du quatrième paragraphe tel que voté: "et
en informer tout conseil régional de son territoire; ". Pas besoin d'en
informer le ministre. Nous, on demanderait de dire: Et en informer tout conseil
régional de son territoire, ainsi que le ministre, s'il le requiert. Et
par 149. 34 te! qu'amendé ou comme dans l'amendement qu'il va nous
déposer un jour ou l'autre, il va le requérir. Donc, on oblige la
corporation à fonctionner selon les exigences du ministre et à
lui donner le maximum.
Le ministre dit: Pas besoin de ça. D'accord, pas besoin de
ça. On verra plus tard. Mais, quand le ministre refuse des amendements
de bonification qui démontrent autant de bonne volonté de la part
de l'Opposition et, après ça, qu'il s'entête et qu'il dit:
L'Opposition ne veut pas comprendre le bon sens, elle a bien beau parler autant
qu'elle le voudra, c'est parce que ça fait son affaire. C'est parce
qu'il n'est pas pressé d'avoir son projet de loi; c'est parce que le
président du Conseil du trésor a peut-être dit:
Étire ça autant que tu pourras. Comme ça, je devrai moins
vite débourser des sommes d'argent pour acheter les choses.
Il y a toutes sortes de raisons que le ministre ne nous dira jamais ici.
Mais ça fait son affaire. Il en pariera à l'ex-ministre des
Affaires municipales, M. Bourbeau. Excusez pour le nom, mais l'ex-ministre des
Affaires municipales. Quand il était en commission parlementaire avec le
député de Jonquière, ex-président de l'Union des
municipalités qui en savait sûrement autant que le ministre sur
les questions municipales, ceia lui a pris deux ans avant de comprendre que,
s'il ne voulait pas être toujours en train de se chicaner en commission
parlementaire, il fallait qu'il accepte les amendements de l'Opposition, quand
c'étaient des amendements qui bonifiaient effectivement ce que le
ministre voulait dire.
Quand le ministre eut compris, il y a des choses qui ont avancé
rapidement dans le projet de loi,, à la grande satisfaction de tout le
monde, parce que c'est comme ça qu'on réussit à
établir des consensus d'une société. Vous
représentez une certaine faction de la société avec un
certain nombre d'intérêts. Nous, on représente une autre
faction de la société avec d'autres intérêts. Si on
veut réussir à avoir des consensus et à adopter des
projets de loi qui vont satisfaire tout le monde et qui ne satisferont pas
nécessairement un groupe en particulier, entre autres, le groupe qui a
mis le ministre au pouvoir avec sa "gang", à ce moment-là, il
faut qu'on réussisse ici à faire des consensus sur ce que veulent
dire les projets de loi et à s'assurer qu'on respecte tout le monde dans
les projets de loi.
Tant que le gouvernement a une attitude arrogante de dire: L'Opposition
ne fait rien que de l'obstruction et l'Opposition n'a rien d'inté-
ressant à dire, à ce moment-là, le gouvernement ou
le pouvoir ne va toujours que satisfaire une partie de la population, celle qui
a voté pour le mettre au pouvoir en négligeant tout le reste.
C'est ça qu'on n'accepte pas dans l'attitude du ministre.
Un amendement tel celui qu'on propose actuellement, ce sont des
amendements qui sont tellement clairs, qui sont tellement importants dans la
précision du cadre dans lequel va avoir à travailler la
corporation, qu'on ne comprend pas, à moins que ça ne fasse son
affaire, que le ministre puisse se réfugier derrière la
technicité des commissions parlementaires pour permettre à
l'Opposition de prendre tout !e temps donné par règlement. Il n'y
a rien d'illégal, il n'y a rien d'anormal, il n'y a rien de pas correct
dans ce qu'on fait. Le règlement est prévu pour ça. Il
fonctionne de cette façon et on le travaille. Alors, quand il y a des
gens qui essaient d'insinuer à l'intérieur de leur discours:
Qu'est-ce que l'Opposition fait là, ce n'est pas normal, ce n'est pas
correct, ce n'est pas d'aplomb, ce n'est pas ceci, ce n'est pas cela,
l'Opposition nous fait perdre du temps... Ce que je fais ici, ce n'est pas
utile. Ce que je fais là... Le président qui commence à
gueuler contre les membres de la commission, parce que... Je suis
écuré de vous entendre...
Quand on est rendu là-dedans, on est en train de passer à
côté de la véritable raison des commissions parlementaires.
Comme je le disais l'autre soir, si c'est ça que vous voulez, on va se
retirer; vous allez le voter, "bing, bang", votre projet de loi, et vous vous
arrangerez avec.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Claveau: Mais tant et aussi longtemps qu'on va travailler dans
la mécanique de la commission parlementaire, qu'on va respecter la
façon dont on doit fonctionner normalement dans le parlementarisme, tel
qu'on se l'est donné comme structure de société au
Québec, on va le faire honnêtement, tout le monde. Quand
l'Opposition se servira de la législation qui lui permet d'intervenir
sur certains projets de loi en respectant toutes les normes de cette
législation, on n'ira pas l'accuser par en arrière de vouloir
faire toutes sortes de petites manigances pour empêcher que ça
marche, parce que, si c'est ça, c'est parce que ça fait l'affaire
du ministre. Il est capable de nous fermer la boîte n'importe quand et
d'adopter son projet de loi n'Importe quand. Il n'a qu'à demander un
bâillon et ça existe, ça aussi, dans la loi. Il aurait pu
nous bâillonner au mois de juin. Il n'a pas voulu le faire parce que cela
faisait son affaire de ne pas le faire et, là, il est encore pareil
aujourd'hui.
Quand on dépose des amendements qui viennent bonifier ce qu'il
dit, lui donner plus d'armes, plus d'arguments, le plus d'outils pour pouvoir
appliquer son projet de loi, il vient nous accuser de vouloir gagner du temps.
Voyons donc! Il y a toujours un bout de rire du monde! On veut faire un job
honnête, un job correct qui respecte l'ensemble des intervenants du
milieu et qui respecte l'ensemble des groupes qui sont venus en commission
parlementaire pour s'exprimer là-dessus, qui va permettre au ministre
d'avoir tous les outils qu'il faut pour le contrôle par après.
C'est ça qu'on veut, parce qu'on sait que !e ministre ne sera pas
toujours là et qu'il va y avoir d'autres ministres.
Probablement que le ministre qui est là actuellement est
très bien intentionné et qu'a va appliquer cela d'une
façon extraordinaire. Mais il y en a peut-être d'autres qui vont
suivre et qui ne seront peut-être pas aussi ouverts qu'il peut
l'être et qui ne l'appliqueront peut-être pas de la même
façon. On voit ce qui se passe actuellement dans !e domaine de
l'éducation avec la Loi sur l'instruction publique: le ministre joue
là-dedans à volonté et il "barouette" cela à gauche
et à droite, à tel point qu'il n'y a plus une commission scolaire
qui s'y comprend, parce qu'il utilise les technicalités" ici et
là.
Nous disons que le ministre a une chance extraordinaire, au moment
où on se parle, de mettre les choses claires, précises et
ordonnées et de se donner tous les outils qu'il faut pour pouvoir,
à partir de demain matin, avoir une véritable réforme dans
les services ambulanciers et pouvoir faire des choses qui vont permettre
d'améliorer effectivement le service à la population,
d'améliorer les relations de travail et lui donner les outils pour avoir
un meilleur suivi de ce qui se passe pour qu'il ne se fasse pas passer de sapin
par qui que ce soit dans l'application de sa loi. Toutes les fois qu'on propose
des amendements qui vont lui donner plus d'outils pour faire cela, il se revire
de bord et il dit: Je ne fais rien d'utile ici; on perd notre temps,
l'Opposition est en train de nous boycotter systématiquement. Voyons
donc! Et cela fait son affaire, à part cela, qu'on prenne tout notre
temps pour parler. Cela fait son affaire, I le sait; il calcule ses choses, il
prend son crayon et il dit: Bon, ils ont déposé un amendement,
c'est parfait, le Conseil du trésor vient de gagner encore une heure
d'intérêts.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Durant ce temps-là, 1 n'aura pas besoin de
payer les dédommagements tout de suite; alors, il pourra garder l'argent
dans ses coffres encore une heure. C'est à peu près cela qu'il
fait toutes les fois qu'on dépose un amendement. On dépose un
amendement ou un sous-amendement et, tout de suite, il a le sourire dans la
face. Eh, sacrifice! Le président du Conseil du trésor va
être content, il vient de lui gagner encore une demi-journée. Bien
oui, cela ressemble à cela.
Nous, on veut faire une "job" correcte et on va la faire jusqu'au bout
et dans la limite de
ce que la loi nous permet de faire. Les amendements qu'on dépose
là, ce ne sont pas des amendements farfelus; ce sont des amendements qui
ont leur raison d'être et auxquels le ministre serait probablement mieux
de s'associer à l'occasion s'il ne veut pas, un jour ou l'autre,
être pris dans un embouteillage, par exemple, comme on en parlait
tantôt. À un moment donné, il sera coincé dans
l'application de sa loi parce qu'il ne veut pas se donner les outils.
Maintenant, quelles sont ses raisons? Il ne nous les a toujours pas
dites, mais nous autres, on peut se permettre d'émettre certaines
hypothèses sur ses raisons. Si ce n'est pas lui qui n'est pas
intéressé à l'avoir tout de suite, sa loi, il doit y avoir
quelqu'un d'autre en arrière, éventuellement, le président
du Conseil du trésor, qui, chaque fois qu'on gagne une journée,
gagne, lui aussi, une journée avant de débourser de l'argent pour
racheter les permis.
M. Dutil: M. le Président, il me reste deux minutes pour
répliquer rapidement. D'abord, je voudrais remercier le
député de l'Opposition d'avoir dit que j'étais un ministre
ouvert, compétent et efficace; cela fait toujours plaisir à
entendre de la part de l'Opposition. Je voudrais lui dire que je suis
étonné qu'il m'ait fait la suggestion de mettre le bâillon,
mais que c'est une chose qui... En tout cas, c'est quand même incroyable
que l'Opposition nous dise: Mettez le bâillon, mettez le bâillon.
Cela fait plusieurs fois que le député de l'Opposition nous dit
de faire cela; en tout cas, on va regarder cette chose sérieusement.
Une voix: Dans la mécanique, il a le droit.
M. Dutil: Quant au fait qu'ils "filibustent", j'ai
mentionné que, dans les circonstances, il semble y avoir une opposition
systématique, à moins qu'on ne soit pas très perspicace.
La preuve, c'est qu'hier nous avons dit que nous étions pour un
amendement présenté par l'Opposition, pour, M. le
Président, et ils ont continué à parler sur l'amendement,
imaginez-vous donc! Cela ne change pas grand-chose qu'on soit pour ou contre
leurs amendements. Cela ne change pas du tout leur attitude. Nous étions
pour, je l'ai mentionné. La commission a dit: Oui, on va voter pour
et...
M. Claveau: II y a toujours...
M. Dutil:... et Mme la députée de Marie-Victorin et
Mme la députée de Chicoutimi sont Intervenues à
répétition.
J'ai cinq minutes de réplique, M. le Président, si vous le
permettez. J'ai la parole, j'ai cinq minutes de réplique.
Le Président (M. Bélanger): Continuez, M. le
ministre, oui.
M. Dutil: Merci, vous êtes bien aimable. Vous
m'arrêterez quand mes cinq minutes seront écoulées, mais je
vais respecter, moi aussi, les règles du jeu. Ces règles disent
que j'ai droit à cinq minutes de temps de parole et je pense ne pas
avoir abusé ici...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Dutil:... de mon droit de parole, comme certains ont pu le
faire. Je m'en tiens également au règlement strict qui
régit nos assemblées. Je répète, M. le
Président, pour que tout le monde le comprenne ici, que l'Opposition a
fait un amendement hier soir. Nous avons signifié notre intention de
voter pour l'amendement. Mme Lamontagne n'a jamais vu cela en quinze ans...
Des voix: Ah oui.
M. Dutil: Depuis qu'elle est aux commissions parlementaires, je
suis certain qu'elle n'a jamais vu cela.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): C'est le droit de
réplique du ministre, vous aurez la parole après. S'il vous
plaît!
M. Dutil: Nous avons manifesté notre intention de voter
pour cet amendement que présentait l'Opposition et cela n'a en rien
changé leur attitude. Ils ont continué à parler sur cet
amendement, démontrant ainsi que leur intention n'est pas de convaincre
le gouvernement d'adopter des amendements, mais plutôt de retarder les
travaux de la commission. C'est leur droit, le député d'Ungava
l'a dit tout à l'heure. Ils utilisent les règlements, ils les
respectent. Ils ont un droit de parole de 20 minutes sur chaque amendement et
ils apportent de nouveaux amendements. Le député d'Ungava...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil:... s'étonne que je sourie...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil:... quand il présente un amendement.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre. M.
Dutil: Je souris parce que...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, je me
dois de vous interrompre.
M. Dutil:... c'est tellement aberrant de voir le nombre
d'amendements qu'ils apportent.
La Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
à moins d'un consentement unanime pour prolonger de quelques minutes, la
commission ajourne sine die. En principe, nous devrions reprendre après
la période des questions, à moins d'un ordre contraire du leader
en Chambre. Je vous remercie.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 16 h 22)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'y
vous plaît! La commission des affaires sociales reprend ses travaux afin
de procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 34, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services
sociaux et d'autres dispositions législatives. Nous en étions
à l'amendement 4°. 1 qui se lisait comme ceci: transmettre au
ministre, lorsque celui-ci le requiert, toute donnée ou statistique
reliée à l'exploitation, l'administration et la coordination sur
son territoire du transport ambulancier.
M. le député d'Ungava, il vous reste quatre minutes
d'intervention possible.
M. Claveau: M. le Président. Je crois que vous aviez ta
parole, M. le ministre. Effectivement, vous étiez en train de nous payer
une traite.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, on vous
cède la parole. Je m'excuse.
M. Dutil: J'avais substantiellement dit que cet amendement
était une copie quasi conforme d'un amendement que nous avions introduit
et que nous avons transmis à l'Opposition pour dépôt
éventuel à l'article 149. 34 et que, donc, il est tout à
fait logique... Je suis certain que l'Opposition, si elle n'avait pas
décidé de faire de l'opposition systématique - et c'est
confirmé, d'ailleurs, par l'absence du député de Gouin qui
était intéressé, lui, à faire de la
véritable législation et qui ne se pointe plus le nez ici
depuis qu'il s'aperçoit que l'Opposition officielle suit les
directives de son chef et fait de l'opposition systématique. Donc, la
preuve que nous sommes en opposition systématique c'est que
l'Opposition, semble-t-il, refusera encore de reporter la discussion à
l'article où cela doit être, c'est-à-dire 149. 34.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je ne peux m'empêcher d'avoir l'impression que
le ministre a oublié ou n'a pas tout à fait compris le sens de
mon intervention juste avant qu'il prenne la parole en fin d'avant-midi parce
que, justement, je l'ai ici, son amendement. Môme s'il n'est pas
déposé officiellement, II est à l'état de
présentation possible.
Son amendement lui permet de se donner la possibilité de demander
des informations de toutes sortes sur l'exploitation et, encore là,
cela, on en discutera à l'article 149. 34 où iI dit: Je peux
comme ministre demander.
Ce que l'on discute au moment où on se parle, justement, c'est de
faire le pont entre cette possibilité qu'a le ministre de demander de
par la loi et l'obligation qui devrait être faite à la corporation
dans l'article où on parte des droits, devoirs et fonctionnement de la
corporation, où on dit: L'objectif d'organiser, de coordonner... Pour
que cela puisse se faire de la meilleure façon possible pour tout le
monde, il doit y avoir aussi dans cela, à notre avis, un
élément qui dit: Oui, le ministre va pouvoir vous demander, en
vertu de l'article 149. 34, de l'information mais vous autres, comme
corporation, en vertu de l'article 149. 5, paragraphe 4M, vous allez avoir le
devoir de lui répondre à l'intérieur d'un cadre
législatif qui fait que vous ne pourrez pas vous défiler devant
la demande du ministre. Cela existe à bien des égards dans des
projets de loi semblables. Ce n'est pas une première, il y a des
exigences qui sont données à la corporation, d'une part, et il y
a une possibilité d'intervenir, que le ministre demande que la
corporation remplisse cette exigence-là, d'autre part. C'est cela
l'affaire. On est content, à première vue, sans l'avoir
discuté parce que le texte n'est pas encore officiellement
déposé comme amendement, on est content de voir que pour le moins
le ministre s'intéresse à avoir des informations de la
corporation. Il nous semble que c'est évident. Au début, il
l'avait complètement mis de côté et maintenant il dit: Oui,
c'est vrai, je pourrais éventuellement. Mais on veut que la corporation
ait une exigence dans la loi qui va dire: Tu vas devoir remplir cela,
même qu'on pourrait aller jusqu'à en calibrer le rythme ou les
périodes où le ministre devrait le faire. On retrouve cela dans
des lois au ministère de l'Énergie et des Ressources, dans
différents ministères, on retrouve des obligations juridiques qui
sont faites à des intervenants. Alors, on ne voit pas pourquoi le
ministre ne voudrait pas le faire, d'autant plus que le ministre a
refusé d'ouvrir le quatrième paragraphe, qu'on avait
déjà voté, c'est vrai, mais qu'on aurait pu rouvrir.
À ce moment-là, on n'aurait pas eu besoin d'introduire cela, et
on aurait dit qu'en plus d'avoir l'obligation juridique de donner l'information
au conseil régional sur le territoire il y aurait eu aussi l'obligation
de donner la même information au ministre.
Comme on le disait, il me semble important que le ministre puisse jouir
d'un maximum d'Informations pour pouvoir prendre les décisions
pertinentes. Toute l'information qui devra être transmise par une
obligation juridique au consel régional, si on oblige aussi que cette
même information soit transmise au ministre, à ce moment, le
ministre ne pourra pas dire: J'ai eu des informations incomplètes, on ne
m'a pas tout
donné, je ne le savais pas, le conseil régional m'en veut,
n'importe quoi! Il y a une obligation juridique que cela soit fait. Il n'y a
aucune contradiction, quoi que le ministre essaie de me dire, entre son article
149. 34 qui va venir bientôt et ce que l'on demande là parce que
ce sont des choses complémentaires, une exigence, d'une part, et une
possibilité d'intervenir, d'autre part, pour le ministre.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député. Y a-t-il d'autres intervenants sur cet amendement? Donc,
l'amendement 4M se lit comme ceci: transmettre au ministre, lorsque celui-ci le
requiert, toute donnée ou statistique reliée à
l'exploitation, l'administration et la coordination sur son territoire du
transport ambulancier. Est-ce que cet amendement est adopté?
Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): Rejeté. Nous
revenons au quatrièmement: par la suppression du deuxième
alinéa. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président. Avant de passer à la
suppression du deuxième alinéa, on aimerait introduire un
amendement pour ajouter un septième paragraphe, étant
donné qu'on en a adopté six. Alors, l'amendement se lirait comme
suit: Introduire, à l'article 149. 5, un septième paragraphe qui
se lirait comme suit: 7° conseiller le conseil régional de son
territoire et le ministre en matière de transport ambulancier et, au
besoin, leur proposer des mesures susceptibles d'améliorer la
qualité et l'efficience des services ambulanciers et de réduire
l'engorgement dans les établissements.
On a toutes les copies disponibles. On peut plaider la
recevabilité, si vous voulez.
Le Président (M. Bélanger): Si vous voulez les
distribuer, s'il vous plaît. Merci. Après le paragraphe 6°, le
suivant: 7° conseiller le conseil régional de son territoire et le
ministre en matière de transport ambulancier et, au besoin, leur
proposer des mesures susceptibles d'améliorer la qualité et
l'efficience des services ambulanciers et de réduire l'engorgement dans
les établissements. (16 h 30)
M. Claveau: Est-ce qu'on parle sur la recevabilité ou sur
le fond?
Le Président (M. Bélanger): C'est recevable. M.
Claveau: C'est recevable, ça va.
Mme Vermette: L'efficience des services, c'est important.
Le Président (M. Bélanger): C'est parce que
l'engorgement dans les établissements, ça ne peut pas relever de
cela, ni du CRSSS.
M. Claveau: Est-ce qu'on parte sur le fond tout de suite?
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui.
Techniquement, ça ne relève pas...
M. Claveau: Non, mais on parle de conseiller, on s'entend.
L'article...
Le Président (M. Bélanger):... ça ne
relève pas...
M. Claveau: L'article 149. 5 est un article qui définit un
certain nombre d'activités ou un certain nombre de champs d'intervention
de la corporation. On en fait une corporation qui, normalement, en ce qui
concerne la région actuelle, pour le moins, pourrait être couverte
par Urgences-santé; on en fait le leader ou le spécialiste en
termes de transport ambulancier, donc elle sera au courant, elle aura toute
l'information, d'une façon continue, sur la situation de l'engorgement
dans les hôpitaux, le trafic, les routes, le parcours, les
aménagements possibles pour faciliter des accès plus rapides dans
certains milieux, etc.
C'est une corporation qui aura ses employés, ses ambulances, son
service technique, son service administratif, son service d'analyse, si on peut
le dire ainsi, dans la mesure où elle aura quand même des
activités internes qui vont l'amener à analyser ses performances
pour en faire rapport au conseil régional, parce qu'on ne parlera pas
d'en faire rapport au ministre, il n'a pas voulu l'inclure jusqu'à
maintenant.
Nous disons: Étant donné que le spécialiste,
finalement, le travailleur à la base, sur le terrain, dans le domaine du
transport ambulancier sur le territoire d'Urgences-santé, c'est l'OSBL,
la corporation en question, à ce moment-là, on devrait aussi lui
donner un rôle consultatif, un rôle de conseiller parce que, dans
le fond, le conseil régional du territoire et le ministre auront,
à certains moments, à analyser les performances ou à
prendre des décisions par rapport à des améliorations de
performance et de qualité de soins, etc. On pense que le principal
intervenant intéressé, l'intervenant juridique, la personne
juridique la plus intéressée et intéressante pour donner
les informations au ministre et au conseil régional pour leur permettre
de prendre les bonnes décisions, c'est d'abord et avant tout celui qui
assure les services et qui vit chaque jour des problèmes d'engorgement,
de tout ce qui regarde la qualité des soins, etc.
On dit qu'on devrait donc inclure ça dans la loi, lui donner un
rôle au-delà du simple rôle de transporteur et finalement,
dire: Tu prends un client à un endroit et tu l'amènes à un
autre endroit. C'est la corporation qui joue avec tout ça, c'est elle
qui contrôle les éléments, qui fait des rapports, qui sait
que dans tel hôpital, dans
tel secteur, à 9 heures le matin, ça ne sert à
rien, il n'y a plus de place, c'est comme ça tous les jours, au moins
280, 285 jours par année. Et elle sait, par contre, que dans un autre
endroit, à partir de 10 heures le matin, généralement, les
urgences sont un peu moins encombrées et qu'ii y aurait de la place ou
qu'il y aurait des aménagements très faciles,
éventuellement, qui pourraient permettre d'accélérer le
transport ambulancier, par exemple, vers les industries où les accidents
sont plus risqués qu'ailleurs, les intersections où il y a le
plus souvent des accidents. Ils sont en contact avec le ministère des
Transports, avec toutes sortes d'organismes, ce qui va leur permettre...
Il y a toutes sortes de petites mesures qui doivent être prises au
quotidien qui vont amener le ministre et le conseil régional à
prendre des décisions pour améliorer la qualité,
l'efficience des services et éventuellement, aussi, réduire
l'engorgement dans les hôpitaux parce que, finalement, ceux qui
alimentent les hôpitaux en clients impromptus, ce sont en grande partie
les ambulanciers qui arrivent avec des gens de partout qui n'ont pas eu le
temps de prendre rendez-vous avant. Tu ne le sais pas toujours quand tu vas
avoir un accident de voiture, tu ne sais pas quand tu vas avoir une crise
cardiaque ou que tu vas faire un pneumothorax ou que tu vas te casser une
jambe. Ce n'est pas toujours évident deux mois à l'avance, ce qui
fait que tu n'a pas toujours le temps de prendre rende2-vous avec le
médecin avant que cela t'arrive. Alors, ce sont ces gens qui alimentent
les urgences; ceux dans le domaine sont au courant comment cela se passe.
Nous trouverions intéressant, normal, stimulant même pour
la corporation d'avoir ce genre de rôle de conseiller auprès du
conseil régional du territoire et du ministre en matière de
transport ambulancier. Il y a tout le temps des aménagements à
faire pour améliorer la qualité du service, du transport, et au
besoin, on dit bien au besoin, dans le cadre législatif... Le
président de la commission disait il y a quelques minutes à peine
que ce n'était pas leur rôle de voir à l'engorgement des
hôpitaux, que ce ne sont pas les ambulances qui décident cela.
C'est vrai. Mais, quand le ministre aura une décision à prendre
là-dessus, il serait intéressant qu'il consulte ceux qui
transportent les patients vers les urgences dans les hôpitaux. Alors, au
besoin, ils pourraient être consultés. Ils pourraient
eux-mêmes avoir de bonnes idées, les gens de la corporation,
étant donné que c'est eux qui vivent les problèmes tous
les jours. Il est fort probable qu'à l'occasion ils aient des
idées extraordinaires qui pourraient permettre de débloquer
certaines choses, de proposer des mesures susceptibles d'améliorer la
qualité et l'efficience des services d'ambulances et
éventuellement d'amener le ministre à des consultations, des
discussions à partir de leur expérience, de leur vécu
quotidien. Ils pourraient peut-être faciliter l'exploration de solutions
en ce qui concerne l'engorgement dans les établissements.
Il nous semble que c'est un rôle complémentaire qu'il peut
être très intéressant de jouer pour la corporation,
très stipulant, dans la mesure où on n'en fait pas uniquement des
transporteurs de patients, mais on en fait aussi une corporation qui aura un
rôle actif à jouer dans tout l'ensemble décisionnel qui
regarde la question des urgences, le transport ambulancier, la qualité
des soins, le type d'équipement; par exemple, on pourrait avoir une
obligation ministérielle ou à la corporation de consulter ceux
qui vont utiliser les masques, quel genre de masques... Je me rappelle, on a eu
des discussions quand on est allé devant les caméras de la
télévision pour une émission là-dessus, où
!e ministre était présent. Les ambulanciers avaient
apporté des colliers cervicaux en disant: Bon, regardez, ce sont des
colliers rigides, corrects, qui sont satisfaisants, l'autre n'est pas bon, et
devant les caméras on en faisait des boules... Alors, il y a toutes
sortes de choses semblables, des équipements qui peuvent
améliorer, effectivement, la qualité du service. Les
décisions quant à l'utilisation, à i'achat de ces
équipements pourraient être prises par le ministre ou par le
conseil régional, par les instances du ministère, après
consultation de ceux qui travaillent toujours avec cela. On peut vous dire, par
exemple: Nous n'aimons pas tel genre de civières parce qu'elles sont
dangereuses pour telle raison et nous aimerons mieux avoir une autre sorte de
civières. On peut vous dire: Écoutez un peu, I y a telle
échelle, tel escalier qui est dangereux quand on se promène avec
nos civières dans tel hôpital. Y aurait-il moyen de faire une
modification pour permettre un accès plus rapide? Il y a plein de petits
éléments, des irritants comme on dit généralement
quand on parle en termes techniques, il y a des irritants, dans la machine, qui
pourraient facilement être améliorés,
aménagés pour permettre d'abord une meilleure qualité de
vie pour les travailleurs et une meilleure qualité de soins aussi pour
ceux qui en ont besoin. En ce sens, la corporation pourrait jouer un rôle
déterminant, ou un rôle intéressant, tout au moins, de
consultation avec les différentes instances, entre autres l'instance
ministérielle et le conseil régional du territoire en
question.
M. Dutil: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Dutil: En réplique, je voudrais simplement souligner
qu'actuellement dans les objets et les fonctions de la corporation nous avons:
La corporation peut participer à la concertation des différents
intervenants en matière de transport ambulancier. Mais il est bon de
rappeler que le penseur des services ce n'est pas la corporation ou les
établissements, mais le conseil régional. Et, d'ailleurs, on
retrouve dans les pouvoirs des
conseils régionaux, à la suite des modifications que nous
avons apportées, certaines choses concernant le transport ambulancier,
entre autres: établir les critères d'admission et les politiques
de transfert des bénéficiaires dans les établissements
publics et les établissements privés visés par les
articles 176 et 177; s'assurer, deuxièmement, que des normes de
fonctionnement adéquat des services d'urgence soient adoptées
dans ces établissements ou, à défaut, fixer de telles
normes.
Je pense qu'il n'y a rien qui empêche la corporation de dire son
opinion, lorsque requis, au conseil régional, pour que le conseil
régional, dans la planification qu'il fait, puisse suggérer au
ministre ou au ministère des modifications adéquates. Mais j'ai
l'impression qu'on est en train de retourner le chapeau de bord et
d'écrire ici, dans l'amendement, que c'est plutôt la corporation
qui devient le planificateur que le CRSSS de Montréal, en
l'occurence.
Alors, M. le Président, je pense qu'on doit également,
malheureusement, rejeter ce nouvel amendement apporté par
l'Opposition.
Le Président (M. Laporte): M. le député
d'Ungava?
M. Claveau: M. le Président, j'ai encore du temps de
parole. Ce n'est justement pas ce que le ministre vient de dire. On dit bien
qu'il s'agit de conseiller, dans un premier temps, le conseil régional,
etc., et on dit au besoin, plus loin; donc, on conseille au besoin.
Régulièrement, dans les projets de loi, par exemple, sur les
différentes régies qui sont proches des ministères, un
petit peu partout, on retrouve les devoirs, droits et obligations des
intervenants; on a continuellement une clause qui dit: conseiller le ministre
dans telle chose, intervenir au besoin pour permettre qu'un tel puisse prendre
un décision, etc., etc.
C'est un genre de formulation qu'on retrouve
régulièrement. Le ministre nous disait, hier, "au besoin" ou
"adéquatement". C'était quoi, le terme qu'il utilisait?
"Approprié". Il nous disait: II s'agit de quelque chose qu'on retrouve,
et il nous donnait un tas d'exemples. On pourrait aussi constater que, dans
l'ensemble de la législation québécoise, toutes les fois
qu'il y a une corporation qui est plus ou moins proche d'un ministère
donné, une régie, un organisme public, parapublic, il y a
continuellement, de façon générale... Il y a
peut-être des exceptions, le ministre va peut-être me dire: II y a
peut-être une exception ici ou cela n'existe pas. De façon
générale, il y a une clause, à l'intérieur des
droits et obligations de cette régie, de cette organisation, association
ou corporation, qui lui donne un rôle de consultant ou de conseiller
auprès des instances décisionnelles qui auront à prendre
des décisions qui vont modifier ou qui pourraient modifier son
comportement interne, sa façon de travailler, sa façon d'agir, sa
façon d'évaluer ses relations du travail ou autres.
Alors, il nous semble tout à fait normal que l'on puisse
retrouver cela. Le ministre dit: Oui, bien, il n'y a rien qui empêche de
consulter. C'est clair. Mais advenant, par exemple, advenant le cas... Prenons
un exemple. On ne plaide pas pour le pire, mais quand on fait un projet de loi
il faut toujours essayer de voir toute la panoplie des possibilités pour
empêcher qu'il y ait, justement, des brèches
irrémédiables qui puissent s'ouvrir, des fissures qui prendraient
des proportions incontrôlables. Dans l'hypothèse, par exemple,
où il se développerait, au cours des mois, des années qui
viennent, un affrontement évident entre le conseil régional sur
le territoire et la corporation, l'OSBL dont on discute ici de la formation, ce
qui pourrait arriver, et 1 n'y a rien qui dit que cela n'arrivera pas... Dans
ce contexte, le ministre ou le conseil régional pourrait dire, dans le
cadre, par exemple, de certains problèmes dans le domaine du transport
ambulancier, à l'OSBL: Voulez-vous nous donner... Cela, vous dites ce
que vous en pensez. On veut avoir votre opinion là-dessus. S'il n'y a
pas de cadre juridique qui va dire: Tu nous sers de consultant, l'OSBL, dans
une situation de conflit ou une situation où les choses ne vont pas
très bien, où les relations ne sont pas les plus harmonieuses,
entre les différentes instances, peut dire: Écoutez un peu, ce ne
sont pas nos problèmes, arrangez-vous avec cela. Nous, on est là
pour exécuter, on fait du transport, point final. Réglez vos
problèmes, on n'a pas d'affaire à vous dire un mot. Si cela ne
marche pas, cela ne marche pas. On reviendra après, on va voir ce que
vous prendrez comme décision. Il n'y a rien qui dit qu'une situation
semblable ne pourrait pas se produire un jour ou l'autre. (16 h 45)
C'est dans ce contexte que généralement, en
législateur responsable, les instances gouvernementales,
l'Assemblée nationale imagine ou met à l'intérieur de ses
projets de loi une clause, un article qui donne la responsabilité
à la corporation ou à la régie ou à l'organisme
parapublic qui est créé, qui donne l'obligation à
l'intérieur de ses tâches de devenir un consultant ou un
conseiller quand le ministre, dans le cas présent, ou le conseil
régional en sent le besoin, en sent la nécessité. Sinon,
il n'y a rien qui l'oblige; certes, il n'y a rien qui l'empêche de le
faire, mais il n'y a rien aussi qui l'oblige de le faire. Dans ce cas, si on
demande d'intervenir et de donner un avis sur une situation un petit peu
corsée, un contexte un peu difficile, on peut facilement imaginer que
l'OSBL va se reculer dans son fauteuil et va dire: Trouvez des solutions. Vous
êtes beaux. Vous êtes fins, vous êtes bons. Vous avez toutes
les solutions. Trouvez-les. On n'a pas d'affaire à vous en donner. On
n'a pas d'affaire à vous dire ce qu'on en pense. C'est vous autres qui
êtes responsables du problème. Réglez-le et, après
cela, on va voir si on peut appliquer vos règlements. Il n'y a rien
qui va les obliger de le faire. Il n'y a rien qui va les obliger de
donner leur point de vue, de faire parvenir une note, de répondre
autrement que par un accusé réception de trois lignes à
une demande qui pourrait être faite dans ce sens officiellement par le
ministre ou autrement.
Aujourd'hui, semble-t-il, les relations entre le ministre et l'OSBL sont
des plus harmonieuses. Soit. Mais, dans six mois, dans un an, dans deux ans, il
n'y a rien qui dit que les relations vont être aussi harmonieuses
qu'elles le sont aujourd'hui entre le ministre et l'OSBL. II n'y a rien qui
garantit ad vitam aeternam qu'il n'y aura pas de problèmes de relation.
On sait comment cela se passe souvent à l'intérieur du
gouvernement ou à l'Intérieur de l'application d'une loi. Il y a
des choses qui semblent claires, évidentes, précisas au moment
où on le fait et on dit: II n'y a pas de problème, on n'a pas
à faire attention à cela. Vous allez voir, cela va marcher comme
sur des roulettes. La première chose qu'on sait, tout le monde a le nez
collé au plancher. Il n'y a plus personne qui veut se parler. Dans un
contexte où personne ne veut se parler, si l'on n'a pas prévu que
l'OSBL pourrait être un conseiller qui, au besoin, devrait fournir des
Informations pertinentes pour permettre au ministre ou au conseil
régional de prendre les décisions qui s'imposent, des
décisions qui pourraient vraiment régler le problème, ils
sont tout à fait en droit d'envoyer promener le ministre et le conseil
régional. Ils sont aussi en droit, éventuellement, de donner leur
opinion, même si cela n'est pas inscrit dans la loi, c'est clair. Dans la
mesure où on ne l'inscrit pas dans la loi, on leur laisse la
possibilité de refuser de répondre et de dire au ministre: Tu
connais cela, arrange-toi. Ce n'est pas nos affaires. On est là pour
transporter des malades. Point final. Il n'y a tien qui va les empêcher
de faire cela.
C'est pour cela qu'on demande au ministre de revenir sur sa
décision de tout à l'heure, sur son interprétation de mon
intervention et d'accepter, à l'instar de l'ensemble des ministres de
tous les gouvernements qui ont existé au Québec, quand ils ont eu
à faire des projets de loi semblables, d'introduire, pour le
bénéfice d'une saine gérance de ces corporations ou de ces
régies qui sont reliées aux activités gouvernementales,
qui sont d'ordre public, un article de loi, un paragraphe dans la loi qui les
oblige, pour le moins, à réfléchir sur leur rôle de
conseiller, de consultant, d'interlocuteur privilégié
auprès du ministre ou de toute instance responsable de prendre des
décisions. Je demanderais vraiment au ministre de reconsidérer sa
décision parce qu'il nous semble qu'il s'agit là d'un amendement
qui bonifie drôlement le rôle du personnel de l'OSBL, des gens qui
travailleront à l'intérieur de la corporation, qui se verront
introduire officiellement par la loi dans une mécanique globale
d'amélioration des services de santé et des relations entre le
public et la corporation, des relations internes entre les différents
ministères concernés aussi par toute la question du transport
ambulancier.
On parle du ministère de la Santé et des Services sociaux
comme étant le principal ministère responsable de cela mais il
faut qu'il y a un minimum de coordination, par exemple, avec le
ministère des Transports. Supposons que le ministre des Transports
décide l'année prochaine d'y aller, ouvert "au boute" dans la
réfection du boulevard Métropolitain à Montréal et
que plus une ambulance ne va pouvoir passer là pendant trois mois. Il va
falloir un minimum de coordination, je pense. Que le ministère des
transports informe au moins i'OSBL qu'il va y avoir un petit problème de
transport ambulancier dans ce secteur pour un bout de temps. Il y a d'autres
ministères aussi, par exemple, le MLCP. !! y a toutes sortes de raisons
qui peuvent faire qu'il y ait un besoin de consultation ou de coordination avec
des activités spécifiques d'un autre secteur, en particulier au
ministère du Travail, en application de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, il y a des usines qui,
éventuellement, pour une saine application de la loi ou pour une
facilité d'évacuation de travailleurs en cas d'accident, par
exemple, il y a juste une question... On parle beaucoup de
Saint-Basile-le-Grand, mais on pourrait en parler autrement Non,
écoutez, ce que je dis est sérieux. Il y a une usine CIL à
Saint-Basile-le-Grand où il y a eu encore une explosion qui a fait
quelques morts tout dernièrement. Est-ce que, par exemple, il y aurait
des idées qui pourraient venir d'une corporation ou des ambulanciers du
coin qui diraient: Si on aménageait l'entrée de telle
façon ou avec une autre sortie, là, sur le boulevard, pour
pouvoir prendre la rue, on pourrait aller beaucoup plus rapidement, on pourrait
éviter du trafic juste en changeant une entrée de place, ce qui
permettrait, en cas d'accident, de cataclysme ou de sinistre dans une usine
semblable, de pouvoir évacuer les travailleurs beaucoup plus rapidement?
Alors là I y aurait peut-être des discussions à faire entre
les utilisateurs, les bénéficiaires, la CSST et le
ministère pour arriver à établir des choses semblables. Il
y en a plein, des usines. Les usines pétrochimiques dans...
M. Latulippe: S'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (Laporte): M. le député de
Chambly.
M. Latulippe: Je pense que le député d'Ungava est
hors d'ordre et qu'il ne connaît pas tout à fait ce qui se passe
à Saint-Basile-le-Grand. Il est dans les patates, un peu.
M. Claveau: Je donne des exemples.
M. Latulippe: Des exemples qu'il ne connaît pas. Je veux
dire qu'il parle de ce qu'il ne
connaît pas. Peut-être pourrait-il parler de ce qui se passe
dans son comté. Effectivement, à Saint-Basile-le-Grand,
actuellement, les gens de l'industrie et du ministère sont en train de
se parler sur des plans d'urgence pour ce qui est de l'usine de CIL Je suis
moi-même intervenu...
M. Claveau: Vous voyez?
M. Latulippe:... il y a près de trois semaines
auprès du ministre de l'Environnement et aussi auprès du ministre
de la Sécurité publique.
M. Claveau: Est-ce que vous êtes intervenu auprès
des...
M. Latulippe: Mais, le député d'Ungava, je pense
qu'il est complètement hors d'ordre et dans les champs d'ivraie.
Le Président (M. Laporte): Merci.
M. Claveau: Le député est hors d'ordre de me couper
la parole, d'une part, et, d'un autre côté, il confirme...
Le Président (M. Laporte): Permettez-moi, M. le
député d'Ungava, de préciser que la formulation de
l'amendement est large si elle permet in extenso, si on peut s'exprimer ainsi,
d'avoir des exemples comme il vient d'en citer. Nous tenons à remercier
le député de Chambly de ces précisions.
M. le député d'Ungava, vous avez 20 secondes.
M. Claveau: J'arrête là-dessus, on y reviendra.
Le Président (M. Laporte): Merci. Est-ce qu'on est
prêt à procéder sur...
M. Dutil: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laporte): En réplique, M. le
ministre.
M. Dutil: Oui, M. le Président, rejeté.
Le Président (M. Laporte): Je demandais justement si on
était prêt à passer...
M. Dutil: On vient de voter, M. le Président. On vient de
rejeter cette...
Le Président (M. Laporte): Mme la députée de
Marie-Victorin. Le sous-amendement.
M. Dutil: Alors, on n'a pas encore rejeté
l'amendement?
Le Président (M. Laporte): Non, on ne s'était pas
prononcé, M. le ministre.
Mme Vermette: Non, on est toujours à... M. Dutil: C'est le
Petit Robert, cela?
Mme Vermette: Ha, ha, ha! Je lui fais confiance. M. le
Président. Évidemment, c'est important d'apporter des
amendements, dans une optique très particulière qui est
très importante aussi parce que c'est toujours en fonction de la
qualité et de l'amélioration d'un service, finalement, qui joue
avec la vie des gens et la sécurité du public. Je pense que,
quand on est sérieux, on ne peut faire autrement que de faire le tour de
la question et de n'avoir aucune hésitation à apporter tous les
amendements possibles pour améliorer ce service ou pour favoriser, en
tout cas, la compréhension de ces services, ou orienter les gens
à donner un service de qualité. Justement, je regardais dans le
dictionnaire la signification du mot "améliorer". On peut dire que le
mot "améliorer" veut dire embellir. Embellir le service, je pense que ce
n'est pas là tout à fait notre objectif en ce qui concerne
l'amélioration du service. Mais c'est toujours dans le sens de la
qualité, finalement, c'est-à-dire que c'est apporter un
élément additionnel qui fait qu'on puisse trouver un service de
très grande qualité. Quand on parle d'améliorer, on peut
parler de réparer. En fait, il y a toujours des choses, quand on a un
service ambulancier, à perfectionner. Tous ici on tend vers la
perfection; en fait, nous ne sommes pas parfaits, mais nous devons tendre vers
la perfection et, à notre avis, c'est pourquoi il est important
d'apporter cette notion d'amélioration. Et, quand on veut
améliorer, il faut se baser sur quelque chose, il faut avoir des
notions, des données, des statistiques; on ne peut pas faire cela dans
les airs, sur un coup de mode ou de folie où tout le monde pourrait
penser à améliorer, voudrait s'en aller dans le sens d'embellir
notre flotte, d'avoir peut-être les ambulances les plus
sophistiquées, mais qui ne répondraient en rien à des
normes de santé et de sécurité pour la population.
Le Président (M. Laporte): Mme la députée de
Marie-Victorin, la parole est à vous.
Mme Vermette: J'essaie de comprendre la "gesticule" du ministre
et...
M. Dutil: Je voulais dire qu'on était en train de perdre
notre auditoire. Il ne reste que quatre personnes.
Le Président (M. Laporte): Mme la députée de
Marie-Victorin, la réponse est à vous.
Mme Vermette: M. le Président, en fait, nous le faisons
par conviction personnelle et non pas parce que, finalement, il y a des gens
dans l'auditoire. Tant mieux s'il y a des gens qui sont là, mais cela ne
change rien à la teneur de nos
propos parce que nous sommes conscients de l'importance de ce projet de
loi; nous ne vouions pas passer à côté et on pourrait se
reprocher tous les aléas que pourra apporter une mauvaise
Interprétation ou une mauvaise écriture du projet de loi. C'est
par souci aussi pour le ministre. C'est pour sa santé mentale
jusqu'à un certain point. On ne voudrait pas qu'il soit très
préoccupé, qu'il ait des problèmes, en tout cas, pour ce
qui est de ses relations dans l'avenir et qu'il puisse avoir des
problèmes aussi de conscience. Aiors, nous l'aidons, autant que faire se
peut, à améliorer, à bonifier ce projet de loi-là.
C'est dans un esprit de collaboration que nous intervenons, M. le
Président, tout simplement, beaucoup plus que sur les intentions qu'on
voudrait bien nous prêter. J'ose croire que ces gens qui sont ici
présents aperçoivent les intentions de l'Opposition de faire en
sorte...
M. Latulippe: Vous devriez chercher des racines latines,
grecques...
Mme Vermette: Oui, je sais. M. Latulippe: Égyptiennes.
Mme Vermette: Celles-là je ne les ai pas apprises. J'ai
appris le grec et le latin, cela m'a suffit. J'ai fait un cours classique.
Le Président (M. Laporte): J'avais reconnu Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Et voilà! M. Latulippe: Alea jacta est. Des
voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: II y avait, je me souviens entre autres, une
règle de grammaire qui était Si vis pacem, para bellum: Si tu
veux la paix, prépare la guerre. Je me souviens très bien de
cette règle de grammaire qui est restée aussi très
appliquée dans la vie de tous les jours, et cela reste encore vrai en
fait.
M. le Président, Je ne m'attarderai pas à la racine
grecque ou latine, mais je vais m'arrêter à la racine des mots,
par exemple. Je pense que cela aussi c'est important si on veut apporter les
remèdes et les correctifs importants dans ce projet de loi. Donc, mes
propos s'arrêtent beaucoup plus, finalement, à la racine des
problématiques qui pourront être envisagées si on laisse
des trous dans le projet de loi, des ambiguïtés ou des
imprécisions. Je pense que ce que nous essayons d'apporter ce sont ces
précisions importantes pour que tout le monde sache exactement qui fait
quoi, comment il doit le faire, où, quand, comment et dans les formes
d'intervention les plus rapides et les plus adéquates pour favoriser une
qualité de services envers la population.
Je regarde encore quel serait le sens qu'on pourrait donner au mot
"améliorer". En fait, on va dire devenir meilleur. Je pense que c'est
réellement ce sens que nous apportons ici, c'est dans le sens de devenir
meilleur. Comme iI y a toujours place pour l'amélioration,
effectivement, nous sommes soucieux d'apporter cette amélioration en
donnant des moyens, des instruments qui permettraient d'atteindre cette
amélioration, notamment, M. le Président, sur le plan de
l'accessibilité des soins. Vous savez très bien, étant
donné l'engorgement de certaines urgences, que ce n'est pas
réparti de façon équitable dans notre beau bassin
métropolitain et dans les sous-régions métropolitaines et
qu'il y a des endroits où les soins deviennent moins accessibles
qu'à d'autres endroits parce qu'il y a un problème d'engorgement,
un problème d'espace, un problème d'accessibilité. C'est
pour cela qu'on dit qu'à ce moment-là améliorer s'impose.
!l faut avoir les outils nécessaires pour faire qu'on tende vers un
certain équilibre. J'ai l'impression qu'on fait référence
au père Noël. Mais je ne regarde pas, je ne suis pas rendue
à ce niveau, je parle uniquement d'améliorer. Je ne sais pas
c'est... (17 heures)
Des voix:...
Mme Vermette: M. le Président, je suis en train de parler
de l'amélioration et, pour l'améIioration de bien d'autres
choses, il y a toutes sortes de tandems qui sont à se développer
et j'ose espérer que dans les éléments de santé
nous allons arriver à ce genre de tandem qui fera qu'on pourra
répondre aux impératifs de la qualité des soins pour notre
société québécoise, ce qu'on pourrait appeler un
genre de libre-échange entre les parties, en fait. Il serait
intéressant d'apporter cette vision des choses qui pourrait favoriser
une meilleure interprétation, un meilleur échange d'idées,
un certain marchandage d'idées aussi; ce serait très
intéressant aussi le marchandage des idées, tiens. Puisqu'il n'y
a pas de droits d'auteur sur les idées, il serait intéressant de
pouvoir à ce niveau aller augré des erreurs et des idées.
Pourquoi pas?
Toujours dans ce principe d'amélioration, M. le Président,
en ce qui a trait au transport, on dit que, plus il y a d'idées, plus il
y a de chances de trouver des solutions qui tendent vers l'idéal. C'est
peut-être l'occasion qu'a le conseil régional sur son territoire
d'être bien Informé pour arriver à une question
d'efficience. Vous savez, l'efficience, c'est toujours ce rapport
qualité-coût, qui est très important, le meilleur service
à un coût moindre. Tout bon gestionnaire est très soucieux
de cette qualité, de cette relation qualité-coût, parce que
c'est de cette façon qu'on peut apporter les améliorations qui
s'imposent, si on a été capable d'arriver à une saine
gestion avec un service de qualité, tout en maintenant les coûts
les moins élevés possible. Cela favorise le développement
d'un service et cela permet d'apporter les améliorations qu'on
s'est fixées.
Mais, M. le Président, il faut qu'on soit au courant, il faut
savoir exactement l'état, le portrait de la situation pour vraiment
prendre les bonnes décisions. Vous savez aussi que, lorsqu'on n'a pas le
profii, un aperçu de la réalité de l'exploitation du
service ou quoi que ce soit, on peut arriver à prendre de mauvaises
décisions qui pourraient être erronées et qui, dans
certains cas, risquent de coûter très cher à la population.
C'est ce qu'on ne voudrait pas non plus, faire les frais de cette
réforme, parce que la somme de nos erreurs correspondrait à une
somme de taxes insupportables pour nos contribuables et les principaux
intéressés. Je crois qu'à ce moment-là il serait
important que le conseil régional, qui est de plus en plus un genre de
petit gouvernement dans une instance régionale, puisse avoir autant
d'information qu'il le désire pour arriver à faire une
répartition la plus juste possible en fonction de la
réalité géopolitique de son territoire. Vous savez que
chaque territoire a son histoire, sa morphologie, est composé de
différents facteurs. Ces variables ont toutes une influence les unes sur
les autres et cela fluctue énormément dans un service à ce
moment-là.
Je pense que, plus on a de données, plus cela nous permet d'avoir
une orientation juste, une orientation précise qui favorise ce rapport
entre les différents intervenants, mais aussi entre les
différents établissements du territoire, parce que vous savez
qu'il n'est pas facile d'arriver à coordonner l'ensemble des
intervenants dans un territoire donné, surtout en ce qui concerne les
différents établissements, pour X raisons, bien sûr, parce
que les hommes et les femmes seront toujours des êtres humains avant tout
et qu'on ne peut leur demander d'être des êtres parfaits. Personne
sur cette terre n'est désincarné. On a tous plus ou moins des
intentions un petit peu individualistes à certains moments. Quelquefois,
cela peut prendre une tangente désordonnée et on sait ce que cela
veut dire quand cela prend une forme désordonnée, on arrive
à des conséquences dramatiques et désastreuses. C'est pour
prévoir toutes ces conséquences que nous demandons que le conseil
régional ait l'ensemble des informations nécessaires et qu'on
propose les mesures les plus susceptibles d'améliorer le transport et de
répondre aux différents besoins que pourrait susciter un
transport ambulancier pour favoriser la qualité du service et
réduire considérablement l'engorgement dans nos
établissements.
Il n'y a rien de plus désagréable pour un
bénéficiaire de voir qu'à un moment donné iI doit
faire la tournée des établissements de santé avant de
trouver un endroit où il pourra recevoir des soins. Sa
préoccupation, c'est d'être pris en charge par des gens
compétents qui vont lui assurer un meilleur service dans les
délais les plus courts possible. C'est beaucoup plus la
préoccupation du bénéficiaire que de faire la grande
tournée des hôpitaux et des centres hospitaliers pour savoir
lequel est disponible pour le recevoir. Je pense que cela est Important parce
que cela a un impact direct sur la clientèle et sur la santé des
personnes, de même que sur les relations du travail. Tantôt, on
disait qu'on voulait protéger les relations du travail, mais, M. le
Président, la meilleure façon de respecter les relations du
travail ou de garder un bon climat de travail, c'est de permettre à
chacun de bien faire ce qu'il doit faire et, comme on te dit bien, de permettre
à chacun d'être respecté dans ses droits et ses
obligations. Cela est fondamental, à mon avis.
Je pense qu'il est important, pour arriver à ces objectifs de
qualité des relations de travail ou de qualité de l'environnement
de travail, que les gens puissent réagir au bon moment et ne pas
attendre que le climat se détériore, mais
qu'éventuellement, quelles que soient les situations, on soit toujours
en moyen de répondre et de rajuster correctement, selon le besoin, le
transport et d'améliorer le transport ambulancier. C'est à
l'avantage autant du conseil régional que du ministre d'avoir ces
informations et de recevoir toutes les mesures qui peuvent favoriser autant
qu'améliorer la qualité et l'efficience des services ambulanciers
et réduire, par le fait même, l'engorgement dans nos
établissements de santé.
M. le Président, je n'avais pas tout à fait fini. J'en
étais à améliorer dans le sens de devenir meilleur. Cela
pourrait être aussi améliorer dans le sens de bonifier. C'est ce
que nous faisons ici en apportant des amendements: bonifier, apporter des
éléments qui favorisent l'amélioration; ceci permet
d'apporter des améliorations dans le sens de bonifier.
Vous savez que la même tête ne peut pas tout penser et tout
réfléchir. Il est donc important et précieux quelquefois
d'avoir la collaboration des autres. C'est pourquoi nous nous mettons à
la tâche et que nous faisons nos devoirs. Nous avons ainsi apporté
un éclairage additionnel à ce projet de loi dans le sens de le
bonifier, dans le sens de favoriser une meilleure compréhension et un
meilleur éclaircissement du service ambulancier dans lequel les gens
devront travailler et devront aussi se retrouver et ce, dans un esprit de
cordialité, d'entraide intéressant.
Tout cela pour favoriser, M. le Président, l'accessibilité
aux soins. On en parle beaucoup actuellement. Vous savez, on ne sait plus trop
quelle tangente on prendra en vertu de l'accessibilité.
Déjà, pour x raisons, on tend de plus en plus à ce que les
gens paient leurs factures parce qu'on manque de services, on manque de
bénéficiaires. Je regarde un transport très Important chez
moi, sur mon territoire, le transport médical d'urgence. Pour une raison
Inexplicable, le CRSSS a décidé d'abolir un service qui lui
coûtait à peine 15 % de la facture. Ce service a été
aboli alors que déjà la compagnie de transport de la rive sud
donnait ce
service à raison de 70 % du budget.
Vous voyez que ce sont des éléments très
Importants. Ce qui me préoccupe aussi, c'est qu'il y a d'autres formes
de transport. Il y a le transport ambulancier, mais il y a le transport, le
service médical d'urgence. Cela est important aussi. Il faut que le
conseil régional soit renseigné sur tous ces aspects. Il y a
plusieurs formes de transport ambulancier. C'est très important de
savoir qui est la clientèle, quels sont les cas qui reviennent le plus
régulièrement. Cela leur permettrait peut-être, sur le plan
de la qualité du transporteur, de vérifier quels sont les
instruments qu'on devrait remettre en question. Par exemple, est-ce qu'on a
besoin de plus gros véhicules, de plus petits véhicules? Il faut
adapter les véhicules en fonction de la demande. Je pense que
c'est très important. On n'a pas toujours besoin d'envoyer cet
élément très complexe avec tout l'équipement le
plus sophistiqué à l'intérieur. Il y a beaucoup d'autres
véhicules beaucoup moins complexes qui feraient tout aussi bien
l'affaire, selon la nature et la gravité des cas.
Tout ça entre en ligne de compte, mais tout ça doit faire
l'objet d'une expertise. Cette expertise, il faut qu'on soit en mesure
de l'avoir pour arriver à prendre des décisions quant à
l'orientation. Cela revient toujours à cette notion d'efficience,
à ce rapport qualité-coût pour choisir les
équipements les plus appropriés et répondre le plus
adéquatement possible aux besoins du type de clientèle et de
service en même temps. Il y a beaucoup de variables qui entrent en ligne
de compte, qui sont tout aussi importantes les unes que les autres, qui ont
toutes un effet les unes par rapport aux autres. Quand vous touchez à
une variable, automatiquement, toutes les autres sont touchées et on
doit apporter des modifications qui doivent être
reconsidérées, améliorées ou
réorientées.
Pour faire ce genre de service, pour donner un service adéquat,
un service qui n'est pas désuet ou dépassé et qui
répond toujours aux normes de qualité, il faut avoir toutes ces
données. C'est important qu'on soit très bien renseigné,
que le conseil régional, sur son territoire contrôle bien
l'ensemble de son service et qu'il soit au fait des principales composantes de
son service, de sorte qu'il pourra toujours apporter les précisions qui
s'imposent au moment le plus opportun.
Le Président (M. Bélanger): C'est
terminé.
Mme Vermette: M. le Président, c'est terminé? On
m'indique que j'ai déjà terminé.
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Bélanger): Déjà?
Mme Vermette: Je voudrais faire une petite remarque, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Consentement pour
poursuivre?
Mme Vermette: Si, au point de départ, il n'y avait
que deux ou trois personnes, je pourrais vous dire qu'il y a beaucoup plus de
gens qu'il n'y en avait au tout début. Donc, il faut croire que les gens
suivent nos débats, qu'ils sont intéressés par ce qui se
passe à l'heure actuelle, à cette commission parlementaire.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la députée de Marie-Victorin. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur cet amendement? Est-ce que l'amendement est adopté? M.
le ministre, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Dutil: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): Rejeté.
M. Dutil: L'alinéa 2, maintenant...
Le Président (M. Bélanger): Je reviens donc au
paragraphe 4: par la suppression du deuxième alinéa.
M. Dutil: M. le Président, est-ce qu'on ne pourrait pas
disposer de ce deuxième alinéa? Après ça, on
recevra d'autres amendements de la part de l'Opposition. Cela clarifierait le
dossier.
M. Claveau: Le ministre nous a dit qu'il voulait procéder
dans i'ordre et ne rien laisser traîner derrière. Alors, tant et
aussi longtemps qu'il y a un espace à combler entre le 6° et le
deuxième alinéa, on ne peut pas passer au deuxième
alinéa sans avoir comblé cet espace, n'est-ce pas? On pourrait
avoir vingt paragraphes avant d'arriver au deuxième alinéa si le
ministre acceptait tous nos amendements, qui, d'ailleurs, sont tout aussi
intéressants les uns que les autres. On pourrait avoir beaucoup plus de
paragraphes.
M. Dutil: Procédons, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre ne veut pas
avoir toute la loi dans un seul article. La parole est à vous, M. le
député d'Ungava. (17 h 15)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: M. le Président, ce que l'on a discuté
jusqu'à maintenant n'apparaît nulle part ailleurs dans la loi;
donc, n'étant pas prévu ailleurs, on ne peut pas dire qu'on veut
Introduire la loi dans ça. La même chose d'ailleurs que
l'amendement qu'on veut amener actuellement et qu'on ne retrouve nulle part
ailleurs dans la loi.
Nous aurions un amendement afin d'intro-
duire, après le sixième paragraphe, le paragraphe suivant:
"rendre accessibles des cours de formation continue et de recyclage à
l'intention des techniciens ambulanciers à son emploi. "
Le Président (M. Bélanger): Juste une petite
minute, je me consulte moi-même.
M. Claveau: On va distribuer les amendements. Vous voyez que,
quand on nous dit quoi faire, on est très...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, si vous
vouiez lire ça, c'est recevable.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Encore là,
à l'article 149. 5°, comme on a eu l'occasion de le dire
antérieurement, on définit les différents
paramètres dans lesquels la corporation va avoir à exercer ses
fonctions et on lui donne un certain nombre d'obligations légales. Juste
pour se situer par rapport à ces obligations légales,
premièrement, on dit qu'elle doit favoriser la concertation entre les
différents intervenants. Elle doit administrer un système
préhospitalier, elle doit recevoir des appels, elle doit concevoir et
implanter un système d'information, elle doit autoriser le transport
d'une personne d'un établissement vers un autre. On dit aussi, pour que
cela puisse se faire comme il faut, qu'il faudrait qu'elle puisse rendre
accessibles, l'obliger dans la loi à rendre accessibles des cours de
formation continue et de recyclage à l'intention des techniciens
ambulanciers à son emploi.
Si le ministre nous disait tout de suite qu'on plaide pour rien et qu'il
est d'accord avec l'amendement, on serait prêt à le voter, mais il
pourrait peut-être en prendre connaissance et, à ce moment, on
économiserait du temps, on pourrait passer à un autre
paragraphe.
M. Dutil: Inapproprié dans le cadre de la loi. Je pense
qu'on doit rejeter l'amendement.
M. Claveau: Alors, on va devoir le plaider. Il n'est pas
inapproprié, contrairement à ce que le ministre vient de nous
dire, dans le cadre de la loi de prévoir que la corporation aura
l'obligation de continuer une formation continue et de donner le recyclage
pertinent à son personnel. Le ministre nous l'a dit et nous l'a
répété à maintes reprises que ce qui était
important pour lui, c'était de donner le service ambulancier maximal,
donc de donner une desserte ambulancière à la population du
territoire couvert par Urgences-santé qui soit la plus
appropriée, la plus efficace, la plus rentable possible pour tout le
monde. Il nous a dit aussi qu'il voulait tout mettre en place pour
améliorer, maximiser les relations du travail à
l'intérieur de la corporation, donc créer un climat
agréable à l'intérieur duquel tout le monde aimera bien
travailler et donnera le maximum de rendement. Il a dit en complément
que tout ça devait se faire dans la plus grande flexibilité et
que, pour être flexible, il fallait qu'il laisse les ambulances, la
propriété physique des ambulances et des équipements entre
les mains de l'entreprise privée. Il n'en est pas trop sûr
lui-même parce qu'il nous a dit qu'il faudrait quand même qu'il
s'en achète. Alors, on prétend, et avec raison, que pour faire
ça, pour créer un climat... Je comprends que le ministre ait
beaucoup de difficulté à accepter nos arguments, mais il faudrait
peut-être qu'il prenne le temps de relire la transcription avant de
répondre; comme ça, ii saurait de quoi on a parlé.
Donc, nous, on dit que pour faire tout cela il faut que la corporation
ait l'obligation d'assurer le recyclage, de rendre accessibles à
l'ensemble de ses techniciens ambulanciers des cours de formation continue et
de recyclage, parce qu'on est dans un domaine dans lequel tout évolue,
un domaine où les choses changent continuellement. Comme dans n'importe
quel autre secteur, il y a des besoins de recyclage, de mise à jour,
d'apprendre à travailler avec de nouveaux équipements, avec de
nouvelles prothèses, il y a toujours quelque chose de nouveau, de neuf
qui apparaît sur le marché. Le marché des prothèses
et des appareils de toutes sortes qui servent dans le service ambulancier est
un marché comme les autres, en constante évolution. Il y a des
fournisseurs tout aussi "agressifs" les uns que les autres qui veulent mettre
leurs produits sur le marché. À les entendre, ils ont toujours
les meilleurs produits, les plus beaux et les plus fins, sauf qu'il faut
savoir, une fois qu'on a fait notre choix, travailler avec ces produits et,
à ce moment-là, pour avoir le service le plus compétent et
le plus efficace possible, pour donner un service de desserte à la
population qui soit dans les meilleures conditions, dans des conditions
optimales, il faut que les gens aient de la formation continue et
acquièrent les nouvelles compétences au besoin, qu'ils se
recyclent en fonction de l'évolution des équipements, de
l'évolution de la qualité et de la façon de donner le
service.
Il nous semble tout à fait normal et approprié que la
corporation, qui aura à favoriser la concertation, à administrer
un système préhospitalier, à répartir les
ambulances au besoin selon les critères... J'oublie toujours le mot. Il
comprend tellement tout qu'on l'oublie tout le temps. Le ministre disait: Nous
allons utiliser un seul mot qui veut tout dire...
Une voix: Approprié.
M. Claveau: Approprié, voilà! Il va falloir que je
l'écrive en gros pour me le rappeler.
Alors, elle devra répartir les ambulances de la façon qui
lui semblera la plus appropriée - pas très rapide, par exemple;
il n'a pas voulu introduire le mot rapide. Il y a tout un tas de choses que la
corporation va devoir faire, mais on ne iui créera pas, par contre,
l'obligation de donner la formation nécessaire, les cours
de recyclage nécessaires à ses employés pour qu'ils
puissent faire ça dans les meilleures conditions possible.
Merci, M. le ministre, je vais le garder là. C'est un mot qui
devra s'ajouter à mon vocabulaire ambulancier au cours des prochaines
heures.
Le Président (M. Bélanger): Cela sera
approprié.
M. Claveau: Alors, c'est ça. S! on revient sur les
demandes initiales, parce qu'on sait que tout ça n'est quand même
pas apparu de rien... On a tendance à oublier que toute cette
démarche est apparue, en tant qu'alternative, après un certain
nombre de problèmes. On se souviendra que, dans les premières
interventions, il y a eu des gens qui sont venus devant le ministre, des
groupes qui demandaient, entre autres, que la corporation puisse
élaborer et dispenser sa propre formation. Cela fait aussi partie d'une
politique de formation continue.
Quand on dit: rendre accessibles, on ne dit pas uniquement qu'on devra
obliger par la loi l'application d'une clause que l'on retrouve normalement
dans des conventions de travail qui dit: D'accord, il y aura libération
de telle ou telle modalité pour permettre l'information ou le
recyclage des employés. Ce n'est pas ça qu'on veut dire. Si le
ministre a pensé tout à l'heure, en regardant le texte et en
disant qu'il n'était pas pertinent par rapport à ce que son
article voulait dire, s'il a pensé qu'on voulait, par le texte,
s'immiscer à l'intérieur des conventions de travail, ce n'est pas
ça du tout.
Quand on parle de rendre accessibles, on peut, à l'instar du mot
approprié, qui comprend énormément de choses, on peut
aussi comprendre que rendre accessibles veut dire énormément de
choses et probablement beaucoup plus que le simple fait d'obliger que soit
négociée une clause à l'intérieur d'une convention
de travail qui permettrait le recyclage et la formation continue des
travailleurs ambulanciers. Mais ça pourrait aller, par exemple,
jusqu'à permettre à la corporation de monter son propre cours de
formation, de l'élaborer et de le dispenser elle-même. Cela
pourrait donner à la corporation une vocation complémentaire
d'organisme capable d'assurer la régénération de la
connaissance, si vous voulez, à l'intérieur de son personnel. Il
y a là un élément extrêmement intéressant qui
pourrait permettre... Quand on a une corporation comme l'OSBL dont on parle
actuellement qui aura à Intervenir à bien des niveaux - il faut
voir, parce qu'il y a quand même certains paragraphes qui nous permettent
de croire qu'elle aura un certain nombre de fonctions - qui va devenir un des
piliers, un des éléments les plus importants dans le transport
ambulancier au Québec, parce que, même si ça se
réfère à une région bien particulière, c'est
quand même une région qui est passablement populeuse par rapport
à l'ensemble de la population québécoise, on peut Imaginer
qu'il va s'agir là d'une corporation dont les avis, dont ta façon
de fonctionner ne seront pas à négliger et qu'ils pourront
influencer le comportement de l'ensemble du milieu du transport ambulancier au
Québec. Il y a des groupes, il y a d'autres secteurs d'activité,
des secteurs de services à la population, qui ont élaboré
des choses semblables. Par exemple, on retrouve des cours de formation à
l'association des pompiers volontaires. Elle donne des cours de formation pour
les pompiers. Il y a toutes sortes de choses semblables. Les élus
municipaux ont, de façon continue, des cours de formation ou
d'initiation à la protection civile. Ce sont des choses qui se font et
qui ne se font pas nécessairement à l'intérieur d
écoles, d'universités, de groupes ou d'instances uniquement
spécialisées dans le domaine de la formation ou de
l'enseignement. Cela peut se donner à l'intérieur même de
l'entreprise. C'est ce qu'on retrouve tel. On peut donner comme
possibilité à l'OSSL d'avoir son propre secteur de formation qui
pourrait dispenser des cours de formation à d'autres ambulanciers
ailleurs au Québec, des cours de perfectionnement, de recyclage, parce
que le ministre nous dit: Nous, on veut régler le problème de
l'ensemble du Québec. Ailleurs, au Québec, on va agir de telle
façon, seion le modèle un peu plus connu, et là, dans la
région du grand Montréal, on va agir à l'intérieur
de cette corporation. Celle-ci, avec l'importance qu'elle va avoir, la grosseur
qu'elle va avoir, avec les moyens dont elle va disposer pour donner ses
services, serait très bien - à notre avis, en tout cas -
placée pour avoir son propre secteur de formation et ses propres
spécialistes en formation. Elle pourrait, en plus de se donner un
service interne de formation continue et de recyclage, donner cette formation
à d'autres services ambulanciers, dans d'autres régions du
Québec moins bien équipés, ayant moins de
possibilité budgétaires ou moins capables de disposer
d'équipements de formation, qui sont souvent très coûteux
d'ailleurs. Ce ne sont pas des équipements qui sont donnés. (17 h
30)
Elle pourrait également, à l'instar de ce qu'on retrouve
ailleurs, se promener et préparer des sessions de formation un peu
partout au Québec. Il n'est pas nécessaire que les gens se
déplacent de la Gaspésie, du Lac-Saint-Jean et de l'Abitibi pour
aller prendre leurs cours de recyclage à Montréal. On pourrait
imaginer une unité, une espèce d'unité volante
spécialisée dans la formation à l'Intérieur de
l'OSBL Le terme me semble très approprié. On parle souvent
d'unité volante dans tous les domaines. Il y en a même dans le
domaine du sauvetage minier, alors... Pourtant, quand on parle de mines, c'est
plus souterrain que dans les airs, mais on parle d'unité volante quand
même.
Alors, il pourrait y avoir... Pourquoi l'OSBL, par exemple, par le biais
d'un article semblable,
ne pourrait-il pas avoir, à l'intérieur de ses mandats,
celui de mettre en place une unité volante ou facilement
déplaçable, mobile, si vous aimez mieux, qui se
promènerait sur l'ensemble du territoire québécois et qui
pourrait donner des sessions de formation de recyclage ailleurs, là
où, pour toutes sortes de raisons, c'est plus difficile aux ambulanciers
de pouvoir bénéficier de sessions de formation? Si je regarde,
par exemple, les ambulanciers qui opèrent dans le secteur nordique,
c'est terriblement coûteux, vous savez, de se déplacer d'en haut
pour venir prendre des sessions ou des cours de formation, terriblement
coûteux et pour l'entreprise, et pour l'employeur. Alors, on pourrait
facilement imaginer que cette chose pourrait se faire de cette
façon-là.
On pourrait aussi interpréter ou donner à la corporation
un rôle de complément ou d'activité conjointe avec
l'Ambulance Saint-Jean. Dans beaucoup de milieux de travail, et peut-être
même dans la majorité des milieux de travail au Québec,
l'Ambulance Saint-Jean est responsable de donner des cours de formation, des
cours de premiers soins, de préparation en cas d'accident, etc., comment
intervenir dans le domaine des premiers soins. Il n'y a rien qui dit qu'il ne
serait pas intéressant, à un moment donné, que la
corporation dont on parle aujourd'hui puisse avoir, à l'intérieur
de son mandat, la possibilité de collaborer avec l'Ambulance Saint-Jean
et de faire peut-être plus même dans les secteurs où
l'Ambulance Saint-Jean est moins présente. Parce qu'il ne faut pas
oublier non plus que l'Ambulance Saint-Jean repose sur une pratique de
bénévolat dans le milieu. Alors, là où il y a des
gens qui sont intéressés à l'Ambulance Saint-Jean, il y a
des groupes dynamiques qui donnent de la formation, qui vont... Mais là
où ii n'y en a pas, eh bien, il n'y a pas trop de formation non plus,
c'est bien évident. Il y a des entreprises qui sont peut-être un
petit peu plus chanceuses que d'autres parce qu'elles ont des comités de
santé et de sécurité au travail qui sont assez dynamiques,
avec des bénévoles de l'Ambulance Saint-Jean qui travaillent dans
ces entreprises, qui connaissent un petit peu les filières, qui sont
capables de donner des cours de formation ou de faire les démarches
nécessaires pour faire venir des gens en collaboration avec l'entreprise
qui vont permettre de préparer quelques individus du milieu de travail
pour les premiers soins qui, s'ils sont bien faits, vont faciliter
énormément le travail de l'ambulancier au moment où il va
arriver pour ramasser le blessé, par exemple.
Alors, on pourrait... Et pourquoi ne pourrait-on pas au moins le
prévoir dans la loi? Introduire un élément qui permettrait
à cette corporation, l'OSBL, d'élaborer ou de se questionner dans
ce sens. D'abord, pour une formation continue, le recyclage à
l'intention des techniciens ambulanciers, de son propre personnel, ce qui
pourrait déborder sur un nouveau service qui n'est pas dispensé
d'une façon générale au moment où on se parle dans
la mesure où, à ma connaissance, cela relève, dans bien
des milieux, de l'Ambulance Saint-Jean qui, elle-même, n'est pas
nécessairement présente d'une façon très active
partout.
Alors, il y a là toute une démarche et cela revient un
petit peu à ce que je disais tout à l'heure quand je parlais de
l'usine CIL que je donnais à titre d'exemple. D'ailleurs, l'intervention
du député de Chambly me réjouit parce qu'elle me permet de
croire que je n'étais pas très loin de la réalité
dans la mesure où il dit qu'on commence à y penser et à
essayer d'élaborer des plans semblables.
M. Latulippe: M. le Président, le député
d'Ungava enfreint encore le règlement parce que, suivant son habitude,
il parle de ce qu'il ne connaît pas.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
On va laisser le député d'Ungava continuer son intervention. M.
le député.
M. Claveau: Je pourrais dire au député de Chambly
que je sais très bien où se situe l'usine CIL et que je pourrais
m'y rendre les yeux fermés, alors que je ne suis même pas certain
que lui trouverait la route de mon comté les yeux ouverts.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Latulippe: Je ne sais pas si lui-même la trouverait.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît! M. le député d'Ungava, il reste deux
minutes à votre intervention. M. le député.
Une voix: Conclusion.
M. Claveau: Tout cela pour vous dire que le ministre me semble
disposer de façon très cavalière d'une proposition qui est
encore une bonification à son projet de loi en permettant à la
corporation d'ouvrir un peu ses oeillères et de participer d'une
façon active dans le milieu des soins de la santé au
Québec d'une façon beaucoup plus globale que de simplement
transporter des malades et prévoir des services préhospitaliers
d'urgence, parce qu'il y a toute une dynamique qui est liée à
cela. Quand le ministre nous dit qu'il faut donner le meilleur service dans les
meilleures conditions possible, dans des relations de travail les plus
harmonieuses possible et avec le plus de flexibilité possible en
laissant les ambulances à l'entreprise privée, un paragraphe
comme celui qu'on propose d'ajouter permettrait justement à l'OSBL de
mettre en place un instrument qui serait...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion.
M. Claveau:... très efficace pour permettre au ministre
d'arriver à ses fins.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le ministre,
est-ce que vous voulez exercer votre droit de réplique?
M. Dutil: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur cet amendement? Mme la députée de
Marie-Victorin?
Mme Vermette: Ah bon! Cela va. Il y a un sous-amendement. Oui, M.
le Président...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: Je pensais qu'on était sur îa
recevabilité.
Le Président (M. Bélanger): Non, non. Elle a 20
minutes sur le fond. Je vous en prie, Mme la députée de
Marie-Victorin, procédez.
Mme Vermette: M. le Président, vous savez, on dit qu'on
n'a jamais assez de formation et c'est très important.
Évidemment, il faut toujours se refaire un peu la main parce que,
quelquefois, au cours des exercices que nous sommes habitués de faire,
on développe une façon de faire qui n'est pas
nécessairement la plus adaptée, qui n'est pas la plus orthodoxe
non plus, mais qui va selon un rythme qu'on s'établit soi-même
parce qu'on a trouvé que cela économisait du temps dans nos
déplacements, que cela correspondait peut-être mieux à
notre façon, à notre mode d'expression, mais cela ne correspond
pas nécessairement à la façon la plus adéquate en
termes de manipulation. Vous savez, quand on a à manipuler des patients,
qu'on a à manipuler de jeunes traumatisés, souvent des cas de
polytraumatisme ou des gens qui ont des problèmes cardio-respiratoires,
il faut avoir une technique particulière. Pour avoir une technique
particulière, il faut souvent revenir aux sources parce que, comme je
tentais de l'expliquer tantôt, en cours de route, on finit par
développer sa propre technique qui n'est pas nécessairement la
plus adéquate, encore une fois. Donc, je trouve très important
d'avoir une formation continue. D'ailleurs, je vous ferai remarquer, M. le
Président, que, généralement, tous les gens qui s'occupent
de soins de santé ont des cours de formation continue. Cela fait partie
intégrante de leur emploi de recevoir des cours, que ce soit pour la
compréhension, la gestion, la manipulation, concernant de nouvelles
techniques, dans l'interprétation de la manipulation ou des nouvelles
technologies modernes, ne serait-ce qu'apprendre à calibrer les
appareils parce que, vous savez, quelquefois, il y a toutes sortes d'appareils,
des appareils à oxygène, des appareils d'évaluation
respiratoire, etc. Donc, ii faut apprendre à calibrer ces appareils pour
que l'interprétation des données soit la plus juste possible et
corresponde réellement à l'état de santé des
personnes qu'on a entre nos mains et sur lesquelles on doit travailler pour
leur apporter les premiers soins.
Donc, très souvent, les gens oublient et, malheureusement, comme
la mémoire est une faculté qui oublie, comme la mémoire a
quelquefois besoin d'être rafraîchie, il est très
important... On peut avoir vu une méthode, on peut avoir appris à
travailler avec une technologie ou l'administration d'un médicament,
mais finalement, comme cela n'est pas quelque chose d'usuel, quelque chose qui
revient fréquemment, on oublie la manipulation. On oublie comment
administrer ce médicament ou comment développer une approche, une
manipulation, et ça peut avoir des conséquences dramatiques sur
l'état de santé de la personne qui doit recevoir les services.
Vous savez comme c'est fragile, l'état de santé d'une personne.
Il s'agit d'un petit rien, d'une mauvaise posologie, d'une mauvaise
administration d'un médicament ou, tout simplement, dans certains cas,
dans le cas de fractures d'un polytraumatisé, d'un mauvais
déplacement pour que la personne souffre pour le reste de ses jours de
torts irréversibles. Cela est très dan-geureux.
C'est pourquoi on dit que sont Importants cette formation continue et ce
recyclage des techniciens ambulanciers, non pas que ces gens sont moins aptes
que d'autres à donner de bons services ou de bons soins, même si
on aurait tendance à dire que ces gens n'ont aucune notion de soins ou
de premiers soins. Loin de moi cette intention de vouloir projeter une telle
qualification de ces gens. À mon avis, quelles que soient les personnes
qui travaillent dans des milieux de santé et quel que soit le rôle
qu'on doive jouer auprès d'un bénéficiaire, c'est
important de toujours remettre en question notre formation pour répondre
aux nouvelles exigences de la technologie, des médications ou des
manipulations. Vous savez, aujourd'hui, il existe tellement de nouvelles
choses, de nouvelles façons de faire. Uniquement en ce qui concerne les
immobilisations dans les cas de polytraumatisés, ii y a maintenant des
genres d'habit qui empêchent le choc, quand les gens sont en état
de choc, ou qui permettent l'immobilisation. Il faut savoir comment manipuler
ces nouveaux gadgets, que j'appelle. il y a des effets bénéfiques
quelquefois aux guerres, parce que les guerres nous permettent d'aller plus
loin dans la recherche et de faire en sorte que, pour réparer les torts
causés... Je ne dis pas que je suis en faveur des guerres, je parle de
la recherche scientifique. Je ne dis pas que je suis en faveur des guerres, je
dis qu'il y a quelquefois des côtés positifs aux guerres quand on
regarde du côté de la recherche technologique, parce que ce sont
les guerres qui ont toujours fait avancer les recherches techno-
logiques dans le domaine de la chirurgie, à la suite de nouvelles
blessures. C'est vrai, il y a tellement de gens blessés qui sont soit
hémiplégiques, quadraplégiques ou déficients. Cela
a beaucoup fait avancer te développement de nouvelles technologies en
réadaptation. Vous irez voir les services de réadaptation aux
États-Unis où l'on retrouve le plus de blessés de guerre.
On a fait les plus grandes recherches pour faciliter ou donner le plus possible
une mobilité aux individus et leur permettre de retrouver, de tendre le
plus possible vers ce qu'on appelle l'intégrité physique. Je ne
voudrais pas qu'on dise que je suis en faveur de la guerre et que je
considère la guerre comme un effet bénéfique, ce n'est pas
ce que j'ai voulu dire, mais, pour avoir fait l'anthologie de l'histoire
médicale, l'évolution des différentes techniques
médicales, lorsque j'étais étudiante en administration
hospitalière - je peux vous dire que ça faisait partie des sujets
de cours que nous recevions - je me souviens d'avoir fait un travail
là-dessus qui démontrait hors de tout doute l'effet des guerres
à travers l'évolution et le développement médical,
surtout en chirurgie et en réhabilitation.
Donc, c'est pourquoi je dis, M. le Président, qu'on est toujours
en constante évolution, qu'on est toujours en train d'améliorer
nos approches et nos techniques. On est toujours en train de sortir de nouveaux
gadgets qui permettent d'avoir le moins de manipulation possible et une plus
grande immobilisation. Tout ça, il faut savoir l'utiliser. Très
souvent, les gens ont peur d'utiliser de nouveaux gadgets parce que ça
fait appel à une nouvelle tehnologie. Il y a des gens qui n'ont pas
encore apprivoisé l'informatique ou le pitonnage. Le système de
pitonnage, ça leur fait peur. Ils n'utiliseraient jamais une carte
bancaire magnétique parce que c'est un instrument inconnu, c'est quelque
chose avec lequel ils n'ont pas été habitués de
travailler. Il faut apprendre à ces gens à travailler. Il faut
les apprivoiser et faire qu'en sorte ils se sentent à l'aise avec ces
nouveaux instruments. (17 h 45)
C'est dans ce sens qu'on dit qu'il est important que des gens puissent
recevoir, qu'on leur donne... C'est un privilège pour les travailleurs
dans un service que de recevoir un cours de recyclage qui permettrait à
ces techniciens ambulanciers d'avoir une formation continue. C'est une valeur
inestimable parce que la connaissance... J'ai toujours dit à mes enfants
que, pour avoir du pouvoir, il fallait avoir des connaissances, que pour eux
c'était une richesse inestimable et que plus on a de connaissances, plus
c'est à notre avantage. Il en reste toujours quelque chose et, à
mesure qu'on a des connaissances, on peut faire des relations de cause à
effet plus facilement. Cela nous permet d'avoir une intervention
peut-être plus éclairée, cela nous permet dans certains cas
d'éviter des attitudes ou des comportements qui pourraient être
néfastes parce qu'à vouloir agir trop rapidement, des fois, on
peut exactement causer le tort qu'on voulait éviter. Vous savez, il y a
plein de gens de bonne volonté, mais qui démontrent un peu trop
de bonne volonté et qui, des fois, oublient le côté
pratico-pratique ou les bienfaits d'une intervention qui permettraient de
s'ajuster en fonction des besoins. C'est très important dans le cas qui
nous concerne.
On a beaucoup parlé de la nouvelle technologie. Il faut savoir
comment maintenir en bon état, à l'intérieur des
différents transporteurs ambulanciers, les trousses de secours et tout
cela, comment tenir en bon état tout ce matériel-là. C'est
très important parce qu'il faut savoir comment lire la posologie. Il y a
des dates périmées. Il faut avoir une conscience par rapport
à ces médicaments-là parce que vous savez, quand les dates
sont périmées et qu'on administre un médicament, les
effets ne sont pas les mêmes. Je pense que c'est important qu'on
développe le souci de la perfection, le souci du geste, le souci
d'être conséquent avec les gestes que l'on pose et avec nos
interventions parce que cela a des effets à long terme. Les effets
à long terme peuvent être, dans certains cas, très
dramatiques. C'est ce qui fait la différence entre maintenir
l'intégrité d'un individu ou détériorer son
état de santé. C'est, à mon avis, un volet fort important
et fort appréciable, et je suis convaincue que la majorité des
techniciens ambulanciers, c'est très sécurisant pour eux que de
reposer leurs gestes sur une connaissance bien approfondie et bien
établie. Je pense que c'est un avantage pour eux que de travailler avec
cette connaissance et cette formation-là. Ils l'apprécient parce
que cela leur permet dans d'autres situations d'avoir un certain - comment je
pourrais dire - contrôle de la situation parce que, quand on perd un peu
le contrôle, c'est une forme d'insécurité. Finalement, on
ne sait plus trop comment les choses se passent et on devient très
insécure. Quand on devient insécure, c'est qu'on sent que
certaines choses nous échappent ou qu'on ne possède pas
complètement les éléments nécessaires pour faire la
meilleure intervention possible. Ces connaissances additionnelles, cette
formation et ce recyclage permettraient justement à ces techniciens
ambulanciers de pouvoir se sécuriser quels que soient la gravité,
la lourdeur ou le type d'intervention qu'ils ont à déployer.
On a beaucoup parlé des cas d'accident où il y a
manipulation et tout cela, mais il y a d'autres ordres de grandeur aussi. Je
voudrais parler des gens qui sont appelés à répondre
à des besoins d'un autre ordre. Je parlerai surtout des interventions
pour ce qui est de la qualité de la santé mentale parce que,
très souvent, les ambulanciers sont appelés sur des lieux pour
répondre à ces besoins-là et il y a des contentions. Il
faut savoir comment manipuler ces gens-là, il ne faut pas les brusquer,
if y a une nouvelle approche aussi qui est très importante.
II y a tout le côté des relations humaines et d'entraide,
un côté très important. Là aussi, il faut y mettre
l'emphase. Cela fait partie de la formation des individus. Il faut y mettre
l'emphase, parce que tout est dans l'approche, on le dit très souvent.
Je crois que c'est vrai. On peut s'en rendre compte, chacun de nous, dans nos
relations interpersonnelles. Une bonne approche favorise davantage un climat de
confiance et de détente. Finalement, c'est propice et favorable pour
tout le monde.
Il est donc important que ces gens puissent avoir tous les outils
nécessaires pour favoriser une meilleure intervention possible avec
toujours dans la tête une notion de relations humaines, qu'on apporte une
sécurité, une chaleur, compte tenu des circonstances, et qu'on
ait aussi ce qu'on appelle un jugement qui devient très ajustable selon
les circonstances et selon les besoins. Je trouve que c'est trop...
Une voix:...
Mme Vermette: Pardon?
Le Président (M. Bélanger): Continuez.
Mme Vermette: Oui. Je trouve qu'on fait rarement
référence à tout cet aspect. On fait surtout
référence à l'aspect de l'intervention rapide, de donner
les soins les plus rapides. J'en conviens. Cela aussi fait partie d'un des
éléments, mais il y a tout l'autre aspect de cette
clientèle qui demande d'autres formes d'intervention. Elle n'est pas
négligeable. Vous savez que, de plus en plus dans notre
société, où le tissu social est en train de se
désagréger, lorsqu'on retrouve des tentatives de suicide,
lorsqu'on retrouve des jeunes qui n'arrêtent pas de se piquer avec des
seringues contaminées et qui peuvent être pris en état de
choc ou en état de crise... Vous avez des alcooliques qu'on peut
retrouver dans un état très lamentable. Vous avez des personnes
âgées qui sont trouvées abandonnées dans le fond
d'un appartement et qui sont en état de nécrose et de
putréfaction très avancé. Bien, il faut savoir intervenir
autour de tout cela. Je pense que c'est très important que ces gens
reçoivent cette formation. Ce n'est pas toujours facile de retenir
certains sentiments de répulsion devant certaines situations, mais,
comme ils doivent réagir sur l'état d'un lieu, ils doivent
toujours porter cela à l'intérieur et ce n'est pas facile
à vivre. À un moment donné, il faut que tout ce stress
ressorte quelque part. Cela pourrait aussi faire partie, quand je parle de
formation, de la formation donnée à ces individus. Comment
canaliser ce stress-là et comment, finalement, se sortir de ce stress,
cela devrait faire partie de leur formation et cela leur permettrait de
maintenir un meilleur équilibre et d'être aussi moins
traumatisés à cause du service qu'ils doivent donner à
cette population, qui demande beaucoup, qui est énorme, qui n'est pas
toujours facile, et cela n'est pas toujours vécu dans les conditions les
plus favorables, compte tenu de la situation et de la gravité des cas
sur lesquels ils doivent intervenir.
Je comprends que certains endroits ne sont pas toujours faciles. Il y a
des endroits qui sont plus difficiles que d'autres. J'ai vu, certaines fois,
des types d'accident sur le pont Jacques-Cartier. C'était abominable,
affreux de voir les photos que la sécurité avait mises de l'avant
dans une période de sécurité. On voyait un crâne
complètement démoli et on voyait, un peu comme dans la Chanson de
Roland, qu'on ramassait les morceaux un peu partout. J'imagine que, quand
quelqu'un arrive sur le lieu d'un tel accident, cela ne doit pas être
tellement facile. Je pense que c'est important qu'on leur apporte le soutien
nécessaire pour que ces gens-là puissent maintenir un
équilibre au niveau de leur santé mentale. J'ai beaucoup de
compassion pour ces gens qui travaillent dans ces milieux ou qui doivent
intervenir. On leur demande d'intervenir d'une façon rapide, en gardant
toujours le contrôle sur leur personne. Il faut qu'ils soient aussi
très rassurants pour l'entourage et pour la famille immédiate des
victimes d'une situation de quelque nature qu'elle soit.
Pour ces considérations, quand je parle de formation, je parle
aussi d'une formation qui favorise leurs connaissances, mais d'une formation
par rapport à eux, sur le plan individuel et personnel, et qui favorise
davantage leur équilibre aussi, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Marie-Victorin. M. le ministre, votre droit de
réplique.
M. Dutil: M. le Président. Dans le temps du Roland de la
chanson, le temps-réponse des ambulances était
considérable, ce qui fait que ce pauvre monsieur a fait sa chanson et
qu'il est mort par la suite. Mais ça s'est considérablement
amélioré depuis cette époque et nous avons encore eu la
preuve cet après-midi de l'opposition systématique de
l'Opposition face au projet de loi. Elle continue d'apporter des amendements et
elle veut placer dans le même article l'ensemble du projet de loi. Si je
regarde à quelle vitesse écrit la madame derrière, iI y a
encore au moins une dizaine d'amendements de prêts sur ce même
système, ce qui fait que notre commission évidemment ne peut pas
progresser. J'ai mentionné hier notre intention de voter pour un
amendement et l'Opposition a continué quand même d'argumenter sur
cet amendement. Cela prouve encore une fois sa volonté de ne pas avancer
du tout dans ce projet de loi.
Le député de Gouin est absent aujourd'hui. On connait sa
qualité de législateur. Le député de Gouin a
toujours fait un excellent travail en commission. Il est très
précis, il argumente. J'ai eu l'occasion de discuter en commission
parlementaire avec le député de Gouin de la Loi sur
le Conseil de la famille. Il a apporté des
éléments, une bonification intéressante. On a toujours
été très attentifs aux arguments du député
de Gouin parce qu'il est très crédible, il ne fait pas
d'obstruction systématique pour le plaisir d'en faire et la preuve qu'ii
considère lui-même que les travaux de notre commission n'avancent
pas à un rythme auquel ils devraient avancer, c'est qu'il refuse
d'être présent, alors qu'on sait que c'est une loi qui
l'intéresse beaucoup en tant qu'ex-critique de l'Opposition en
matière de santé et de services sociaux. Il avait
déjà entrepris d'apporter, on se le rappellera, ce printemps, des
points vraiment très pertinents et très importants. Maintenant,
il a l'avantage de ne pas être soumis à la ligne de parti, de ne
pas être obligé - je plains bien nos deux amis d'en face - de
parler ici pendant des vingt minutes et des vingt minutes pour tenir le temps
parce que, semble-t-il, ils ont reçu des consignes de ce faire et de
bloquer d'une façon systématique la loi.
L'amendement apporté par l'Opposition, évidemment, ce sont
toujours des choses faites dans de bonnes intentions. Je regarde celui-ci, je
regarde l'autre que nous avons eu tout à l'heure, je regarde les
précédents. En général, ce sont des choses qui ont
de l'allure, sauf qu'elles viennent s'intercaler à un endroit où
elles n'ont pas affaire, ou elles viennent répéter quelque chose
qui est déjà dans le projet de loi par ailleurs ou elles viennent
mettre dans le projet de loi ce qui n'a pas raison d'y être, bien que
ça puisse se retrouver éventuellement dans des règlements
ou des directives.
M. le Président, cet amendement, comme les autres, part
certainement d'un bon sentiment de l'Opposition. Les gens de l'Opposition sont
des gens sympathiques, on le voit. Ce sont des gens qui ont de très
bonnes intentions, mais, sur le plan législatif, à mon avis, ils
errent en nous proposant d'ajouter des choses comme ça, de vouloir
mettre dans le projet de loi toutes sortes de nouveautés qui sont
inappropriées, si je peux me permettre d'employer ce terme qui est
maintenant très bien compris de la commission parce que nous avons
longuement débattu du terme approprié et qu'inapproprié
est le contraire d'approprié. On pourrait parler longtemps des termes
approprié et inapproprié, mais je pense que je peux employer ce
terme-là parce qu'il est compris de l'Opposition. Je pense que,
maintenant, elle a saisi la signification de ce terme.
Alors, M. le Président, je pense qu'on va terminer bientôt.
On pourrait voter sur cet amendement que j'estime, à mon point de vue,
ne pas être adéquat. Donc, je demande à la commission de le
rejeter.
Mme Vermette: M. le Président, avant de passer au vote, il
y aurait juste une chose...
Le Président (M. Bélanger): Votre temps est
écoulé, Mme la députée. Très
brièvement.
Mme Vermette: En fait, j'aimerais bien que le
député de Gouin puisse donner sa propre interprétation de
ce terme et qu'on laisse tes interprétations du ministre.
Le Président (M. Bélanger): Je regrette, madame.
Vous enfreignez le règlement. Vous ne pouvez pas prendre la
défense du député de Gouin. Je regrette infiniment.
Donc, le septième amendement se lit comme ceci: 7° "rendre
accessibles des cours de formation continue et de recyclage à
l'intention des techniciens ambulanciers à son emploi. " Est-ce que cet
amendement est adopté?
M. Dutil: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
la commission ajourne ses travaux à demain, dix heures, à la
salle Louis-Joseph-Papineau.
(Fin de la séance à 18 h 1)