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(Douze heures cinq minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je demanderais à chacun de bien vouloir prendre sa place afin que
la commission des affaires sociales puisse procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 80, Loi modifiant la
Loi sur le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Sur le projet de loi 80, est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires? Mme la ministre.
Remarques préliminaires
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président. On a fait le
discours de deuxième lecture, il y a à peu près 72 heures.
Je pense qu'il n'y a rien à ajouter. Je veux strictement dire que dans
la Loi sur la santé et les services sociaux, aux articles 10 et 10. 1,
des dispositions qui permettent de conclure des ententes internationales sont
prévues. Mais pour l'application de ces dispositions, des
problèmes se posent qui ne nous donnent pas la marge de manoeuvre
suffisante pour, d'une part, aider les résidents du Québec qui
vont à l'étranger d'une façon correcte et, inversement, on
pouvait se sentir imposer des obligations préjudiciables au
Québec en termes de remboursement de montants d'argent. Alors,
l'objectif, c'est deux modifications à l'article 10 pour permettre de
mieux encadrer ces ententes internationales.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Mme la
députée de Chicoutimi, est-ce que vous avez des commentaires?
Mme Blackburn: Oui. M. le Président, comme j'ai eu
l'occasion de le dire à la ministre au moment où on adoptait le
principe du projet de loi, je ne pense pas, comme cela, à
première vue, qu'on ait des oppositions ou des objections, sauf qu'il y
a dans les commentaires que nous livrait la ministre en Chambre des choses que
je n'avais pas très bien comprises et qui demandaient des explications.
Je reprends le paragraphe où vous disiez: II arrive que le Québec
se voit obligé de rembourser, lorsque des personnes d'un autre pays
viennent au Québec, des services que, pendant que ces personnes
séjournent au Québec, elles iraient chercher ailleurs, que ce
soit aux États-Unis ou dans une autre province du Canada. Est-ce
à dire que les résidents provisoires, temporaires au
Québec sont considérés comme des résidents
permanents et que, s'ils vont aux États-Unis ou dans une autre province
canadienne, ils pourraient facturer les frais à l'assurance-maladie du
Québec? C'est ce que j'ai cru comprendre là-dedans. Je me
demandais par quel article on pouvait faire une telle interpréta- tion.
Je comprenais le reste, mais je dois dire que cela m'a frappée lorsque
vous avez...
Mme Lavoie-Roux: II peut arriver que... En fait, ils pouvaient
être traités comme des résidents du Québec quand
même à l'intérieur du cadre du remboursement qui est
prévu au Québec pour les personnes qui séjournent, pensons
surtout à une autre province ou aux États-Unis, parce que dans
les pays d'Europe, il n'y a pas d'entente ou enfin, les ententes ne sont pas...
Alors, à ce moment-là, de la même façon que
quelqu'un du Québec se déplace ailleurs, quelqu'un qui
était considéré résident temporaire du
Québec pouvait se déplacer ailleurs. Quelles étaient
à ce moment-là les conditions de remboursement qui étaient
accordées à ces personnes? Est-ce que c'étaient les
conditions de remboursement que nous prévoyons pour nos propres
citoyens, nos propres résidents ou nos résidents permanents ou
étaient-ce des conditions de remboursement qui auraient pu se retrouver
sans limite vu que le remboursement aurait pu être celui du pays
d'origine de l'individu? Alors, c'est vraiment pour mieux encercler ces
choses.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a des cas concrets? Je ne sais pas si
vous le savez, mais peut-être que votre fonctionnaire...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas de cas concret.
Mme Blackburn: Par exemple, on pense à un Français
qui... Vous dites qu'avec l'Europe, actuellement on n'a pas d'entente de
réciprocité...
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire qu'il y en a, mais
c'est...
Mme Blackburn: Avec la France, c'est limité?
Mme Lavoie-Roux:... mal défini et cela peut nous obliger
justement à rembourser aux États-Unis des montants qui ne sont
même pas prévus chez nous pour la couverture de nos citoyens qui
iraient aux États-Unis. Selon l'étendue de la couverture que les
Français ont dans leur pays... Par exemple, ils ont des services de
chiropractie, ils ont peut-être certains services dentaires, si je ne
m'abuse, mais enfin, ils peuvent avoir une couverture plus large que celle du
Québec. Quant aux gens du Québec, quand ils vont aux
États-Unis, on couvre ce qui est couvert au Québec, à
moins d'une permission spéciale. Je ne veux pas entrer dans les cas
où c'est médicalement requis et appuyé, etc. Ils peuvent
aller aux États-Unis pour une intervention ou un traitement particulier.
Finalement, c'est pour ne pas rembourser
aux États-Unis ou au Canada davantage que ce que nous
prévoyons pour nos propres citoyens dans les mêmes
circonstances.
Mme Blackburn: Je comprends bien, c'est l'article 2 où on
parle de totalité ou partie des services. Je n'ai pas de problème
avec cela. Ma seule question est: Est-ce qu'on a des cas qui illustrent ce que
vous avanciez en Chambre - c'était plus cela - où des
étrangers en résidence provisoire, temporaire au Québec,
auraient reçu aux États-Unis des services que le Québec
aurait dû payer? C'est un peu ce qui est entendu là. Je n'ai pas
bien saisi par quelle entourloupette pouvait s'établir une telle
pratique.
Mme Lavoie-Roux: Des cas précis, je n'en ai pas.
Mme Blackburn: Donc, il n'y a pas eu de cas de...
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire qu'il a pu y en avoir
puisqu'on trouve qu'il y a des difficultés d'application; il a dû
y avoir des problèmes à un moment donné, parce qu'on ne
modifie pas une loi pour... C'est strictement pour mieux l'encadrer. D'une
part, comme je l'expliquais, les résidents temporaires d'un autre pays
qui séjournent au Québec, avec les pays avec lesquels on a une
entente, s'ils se déplacent à l'intérieur de
l'Amérique du Nord alors qu'ils sont résidents temporaires ici,
Us ne pourraient être couverts que pour les mêmes services pour
lesquels nous couvrons nos propres citoyens. C'est une possibilité.
En contrepartie, là où cela va servir les résidents
québécois, c'est quand des résidents
québécois séjournent temporairement en France, pour
prendre cet exemple-là, où il y a une plus grande couverture de
services. Ils pourront être couverts pour l'ensemble des services...
Mme Blackburn:... offerts en France.
Mme Lavoie-Roux:... qu'ils reçoivent en France et qui
pourraient, dans certains cas, être en excédent des services que
nous couvrons nous-mêmes ici, qui sont prévus ici.
Mme Blackburn: Ce que je comprends le mieux, c'est que vraiment,
on vient s'assurer qu'on ne soit pas obligé... Ce que la ministre vient
de me dire me semble être en contradiction avec l'article 2 où on
parle de la totalité ou partie des services de santé. Ce que
j'avais cru comprendre en Chambre, c'est que, précisément en
gardant la France comme modèle, qui a une gamme de services plus large
que la nôtre, un Québécois qui séjourne en France
n'aurait droit qu'aux services qui sont couverts ici, au Québec.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, c'est juste- ment. Cela va permettre
à un Québécois qui séjourne là-bas...
Mme Blackburn:... d'avoir toute...
Mme Lavoie-Roux:... d'avoir la couverture prévue en
France, alors que, présentement, il ne pouvait recevoir que la
couverture prévue au Québec.
Mme Blackburn: Alors, il faudra expliquer, à l'article 2,
"de la totalité ou partie des services de santé". C'est comme
cela que je l'avais compris, mais on pourra y revenir.
Mme Lavoie-Roux: Pour les Français qui viendraient ici,
ils bénéficieront uniquement de la couverture prévue pour
nos résidents du Québec.
Mme Blackburn: Y a-t-il des mesures dans l'application de la loi
qui... Accord de réciprocité, oui. Mais si on reçoit plus
de Français qu'il y a de Québécois en France...
Mme Lavoie-Roux: Bon, c'est...
Mme Blackburn:... ou aux États-Unis, l'Américain
qui commence à se...
Mme Lavoie-Roux: C'est justement pour cela. Je pense que je
l'avais utilisé à l'Assemblée nationale. L'un des aspects,
c'est justement de ne pas créer d'effets préjudiciables pour le
Québec, dans le cas où on signe une entente de
réciprocité avec un pays où la population est beaucoup
plus grande que la nôtre. Je pense qu'on pourrait toujours garder
l'exemple de la France. On sait pertinemment qu'il y a plus de Français
qui séjournent temporairement au Québec que l'inverse. À
ce moment-là, qu'on ne soit pas obligé de payer la couverture qui
est payée en France à ce grand nombre de personnes qui pourraient
venir, en fait, ce plus grand nombre de personnes qui pourraient venir ici.
Mme Blackburn: Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela qu'on la limite aux services qui
sont couverts au Québec, quand ils viennent ici.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez,
juste un petit point de procédure. Est-ce qu'on préfère
continuer dans les remarques préliminaires et, comme cela, vider
l'essentiel du projet ou s'il n'y aurait pas lieu de le reprendre. Il y a trois
articles dans le fond...
Mme Blackburn: Oui. mais, M. le Président, peut-être
seulement pour comprendre l'esprit, 1 me semble qu'il faut avoir des
éclaircissements par rapport à ce qui a été dit en
Chambre...
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
problème.
Mme Blackburn:... et ce qu'on est en train de fournir ici et,
après cela, on verra...
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
problème.
Mme Blackburn:... au moment de l'étude article par
article.
Le Président (M. Bélanger): C'était
seulement une question de fonctionnement.
Mme Blackburn: M. le Président, cela remplace la remarque
préliminaire. J'aurais pu vous mettre tout cela dans un paquet et
déballer cela pendant 20 minutes. On le fait comme cela, si la
ministre...
Le Président (M. Bélanger): Non, je trouve cela
d'ailleurs très pertinent. Il n'y a pas de problème.
Mme Lavoie-Roux: C'est plus rapide. Même si c'est deux
articles, c'est technique et il faut comprendre l'articulation de ces
modifications.
Mme Blackburn: En clair, ce que ce projet de loi vient corriger,
c'est d'abord s'assurer qu'il puisse y avoir des ententes de
réciprocité et que celles-ci prévoient qu'un
Québécois à l'étranger ait la couverture totale des
services offerts dans le pays dans lequel il se trouve et qu'un Français
ou un étranger ici au Québec ait la couverture exclusive des
services déjà couverts par notre système. Ce que je n'ai
pas bien compris, c'est dans le cas de déséquilibre par rapport
au nombre de résidents étrangers ici relativement à ceux
d'un autre pays. Par exemple, les États-Unis. Est-ce qu'on a des
règles?
Mme Lavoie-Roux: Je ne pense pas qu'il y ait d'entente de
réciprocité avec les États-Unis. Il n'y en a pas.
Mme Blackburn: C'est pour cela qu'ils traversent la
frontière pour venir se faire soigner chez nous.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-là, il faut qu'ils le
fassent soit avec nos médecins qui sont "désassurés" sur
une base privée - il n'y en a pas beaucoup, mais disons qu'il y en a
peut-être quelques-uns, j'ignore le nombre - qui pourraient le faire sur
cette base ou encore qu'ils le fassent, frauduleusement, c'est une
deuxième hypothèse, et la troisième, c'est qu'ils
remboursent, ce qui se produit également.
Mme Blackburn: Cependant, à ma connaissance, un
Québécois peut toujours faire rembourser au tarif du
Québec des services de santé qu'il a reçus d'urgence par
exemple aux États-Unis.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Mme Blackburn: Comment cela se passe-t-il avec les provinces
canadiennes?
Mme Lavoie-Roux: Dans les provinces canadiennes, du point de vue
de l'assurance-hospitalisation, il n'y a pas de problème, elle est
remboursée totalement. Du point de vue du remboursement des frais
médicaux et des médecins, à ce moment-là, nous
payons ce que sont les taux payés selon nos ententes avec les deux
fédérations. Nous payons ces taux-là. Il y a un
arrangement particulier dans la région de l'Outaouais. Vous avez eu
connaissance du litige qui durait depuis un bon nombre d'années qui,
finalement, a abouti après des négociations. On accepte de payer
les honoraires prévus par l'OHIP, ce qui est le regroupement des
médecins là-bas, dans les cas d'urgence et dans le cas où,
sur référence, le service n'est pas disponible au Québec.
Je pense qu'il va toujours y avoir une partie de' cela, sinon on serait dans
l'obligation de se créer un institut de cardiologie à Hull. Il y
en a à Ottawa, il y a un hôpital pédiatrique a Ottawa.
Enfin, on sait fort bien que les ressources se sont développées
d'une façon très inégale parce que... Enfin, c'est de la
petite histoire. Traditionnellement, les gens sont allés chercher leurs
services du côté de l'Ontario. Comme c'était la capitale,
probablement aussi que l'Ontario y a développé beaucoup de
services. Il y a l'université qui a une faculté de
médecine, etc.
M. Blackburn: Le cas dont je vous parlais en Chambre... Est-ce
qu'il y a de ces cas où les médecins des autres provinces
refusent parce que les tarifs payés à nos médecins ici
sont moins élevés que ceux qui sont donnés aux
médecins, et je pense à l'Ontario en particulier? Je pense au cas
dont je vous parlais, ce jeune garçon de Jonquière qui est
allé - si ma mémoire est fidèle, c'est en 1984, je n'ai
pas refait les vérifications - à Vancouver pour se trouver un
emploi. Il a été agressé, battu et dévalisé.
Il s'est retrouvé dans l'équivalent - je ne connais pas leur
sructure très bien - d'un CLSC ou d'une clinique où on a
refusé de le traiter. Le service de santé de Vancouver lui a
donné le billet pour revenir par le train au Québec sans qu'il
soit traité. Il est revenu au Québec. Il a dû être
hospitalisé trois semaines parce qu'il avait la mâchoire et le nez
cassés et l'hospitalisation a été beaucoup plus longue.
Évidemment, j'imagine que cela a dû arriver à quelques
reprises, cela ne doit pas être le seul cas. Comment cela se passe-t-il
dans ce genre d'événements?
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que c'est la première
fois qu'un cas comme celui-là
est porté à mon attention. C'est possible qu'il y en ait
eu d'autres, je pense qu'il n'y a pas moyen de vérifier cela. À
ce moment-là, ce qui doit dicter la conduite des hôpitaux des
autres provinces et je pense que je pourrais dire que c'est le cas dans la
quasi-totalité - je ne dis pas la totalité puisque vous
m'apportez une exception, il y en a peut-être d'autres - c'est vraiment
les responsabilités professionnelles des médecins ou des
institutions de répondre à des besoins d'urgence qui peuvent leur
arriver de la même façon qu'un Américain ou qui vous
voudrez d'un autre pays qui a un accident d'automobile au Québec et qui
doit être transféré à un hôpital est accueilli
sans que ces choses soient demandées. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui a
manqué, à ce moment-là, à son code
d'éthique, comme je l'appellerais...
Mme Blackburn: Son devoir professionnel.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait présumer cela.
Mme Blackburn: II ne s'agissait pas seulement du médecin
qui l'a refusé, c'est vraiment le service de santé qui lui a
donné les ressources pour revenir au Québec sans le soigner
cependant.
Mme Lavoie-Roux: C'est...
Mme Blackburn: Probablement... Quand même, ce n'est pas
courant.
Mme Lavoie-Roux: Non. Mme Blackburn: Vous
êtes...
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Cela ne m'a jamais été
apporté. Je ne dis pas que cela ne peut pas se produire.
Mme Blackburn: Je pourrais toujours, si je cherche un peu,
remettre la main sur le cas de même que la façon dont cela avait
été traité. Cela a fait la une de nos journaux à
l'époque. C'était assez... C'était peut-être au
moment où les tensions étaient plus grandes, mais peu importe, je
me demandais s'il y avait...
Mme Lavoie-Roux: À ma connaissance, il ne m'a jamais
été apporté aucun cas comme cela depuis trois ans.
Mme Blackburn: Bien.
Étude détaillée
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres remarques? Donc, J'appelle l'article 1. Sur l'article 1, est-ce qu'il
y a des interventions?
Mme Blackburn: L'article 1 en introduit plusieurs. Alors, on
pourra peut-être les voir par paragraphe et alinéa. Vous avez
l'article 10... Cela va.
Dans le premier alinéa, "organisation internationale", à
quoi songe le législateur? La deuxième ligne: "Le ministre peut,
conformément à la loi, conclure des ententes avec tout
gouvernement, l'un de ses ministères, une organisation internationale ou
un organisme de ce gouvernement... " Au plan de la structure, il y a comme
quelque chose qui... Je dirais: avec tout gouvernement, l'un de ses
ministères, un organisme de ce gouvernement, une organisation
internationale...
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on me dit, c'est que c'est maintenant une
formulation qui est utilisée dans nos lois, particulièrement en
fonction d'ententes internationales possibles et que l'organisme... Ce n'est
pas une disposition qui a été utilisée dans le cas
d'ententes qui ont pu être signées. Mais il me semble que ce soit
une formulation gouvernementale dans le cas des ententes... S'il y avait une
possibilité.. Je ne sais pas si, à un moment donné, la
Croix-Rouge pourrait en être un, par exemple, ou...
Mme Blackburn: Je vois difficilement dans quel cas cela peut
être utilisé lorsqu'il s'agit de services de santé. Est-ce
qu'une organisation internationale peut donner, contre
rémunération, des services de santé?
Généralement, c'est le gouvernement d'un pays, ses
spécialistes.
Mme Lavoie-Roux: II pourrait le donner par le truchement d'un
établissement ou par le... Je pense que cela pourrait...
Mme Blackburn: Comme? Je vois difficilement. Je reviendrai.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez...
Mme Blackburn: Ce n'est pas parce que cela entre dans d'autres
lois qui ont un caractère commercial, qui ont un caractère
d'éducation, qui ont un caractère d'autres genres de services, je
comprends, mais que cela entre dans cette loi-ci précisément
là, je ne vois tout simplement pas l'utilité.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on dit, c'est qu'il pourrait y avoir des
organisations de nature internationale dont les membres voudraient
bénéficier ou pour les membres desquels organismes on voudrait
obtenir une entente au point de vue de la santé. Je mentionnais la
Croix-Rouge tout à l'heure. Est-ce que l'ACDI pourrait être
éventuellement... L'ACDI, évidemment, c'est canadien, mais...
Mme Blackburn: Mais cela n'offre pas de services de
santé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... Je vais demander
à Me Boudreau de donner l'explication sur cette chose.
M. Boudreau (John): Cette disposition, en relation avec le
premier paragraphe, a pour but d'habiliter le ministre à conclure des
ententes avec des organismes internationaux, mais pour l'application de la
présente loi ou des lois dont l'application relève de la
ministre, pas nécessairement en rapport avec l'aspect santé ou
l'aspect services sociaux. L'habilitation qui est donnée à la
ministre ici est, premièrement pour les fins de: l'application de la
présente loi ou d'une autre loi relevant de la compétence de la
ministre; et dans le deuxième sous-paragraphe, à ce
moment-là, c'est en rapport directement avec les ententes de
réciprocité. Il y a comme deux aspects de l'habilitation qui est
accordée à la ministre.
Mme Blackburn: Je ne suis pas sûre que la ministre nous ait
présenté ça de cette façon. Si je comprends bien,
les pouvoirs accordés en vertu du premier paragraphe pourraient
effectivement dépasser largement le deuxième qui touche les
services de santé et les services sociaux, la prestation.
M. Boudreau: C'est-à-dire que le pouvoir accordé en
vertu du premier paragraphe existait déjà en vertu de l'ancienne
disposition de la loi, et le deuxième paragraphe est vraiment ce qui
fait l'objet des modifications, en quelque sorte. On a dû le formuler de
cette manière, de manière à retenir ce qui existait
antérieurement, et dans le deuxième paragraphe, on a introduit
des ententes sur une base de réciprocité qui touchent beaucoup
plus, à ce moment-là, l'aspect des services de santé et de
services sociaux.
Mme Blackburn: M. le Président, les pouvoirs qui
étaient accordés dans la loi précédente ne
touchaient pas les organisations internationales.
M. Boudreau: La formulation a été effectivement
modifiée.
Mme Blackburn: Cela a été élargi, c'est
ça.
M. Boudreau: Dans l'optique d'une possibilité de
contracter une entente comme ça, internationale, avec des organismes,
à ce point de vue, ça a été étendu aux
organismes internationaux.
Mme Blackburn: Alors les notes explicatives ne sont pas justes.
Je vais continuer de les lire: "Ce projet de loi vise à modifier la Loi
sur le ministère de la Santé et des Services sociaux afin de
permettre au ministre de ce ministère de conclure des ententes avec un
gouvernement autre que celui du Québec, l'un de ses minis- tères,
une organisation internationale... pour permettre, sur une base de
réciprocité, à une personne qui, ne résidant pas au
Québec... " Cela ne parle pas des autres ententes possibles.
M. Boudreau: Non. La modification porte uniquement,
effectivement, sur la dimension...
Mme Lavoie-Roux: La santé, puisque les autres
existaient.
M. Boudreau: Les autres existaient antérieurement. La
modification qu'on y apporte traite effectivement des ententes de
réciprocité au niveau des services de santé et des
services sociaux à être fournis.
Mme Blackburn: Les autres existaient, mais cela n'existait avec
une organisation internationale. (12 h 30)
M. Boudreau: II y a cet aspect qui a été
élargi également et qui s'applique aux ententes qui peuvent
être...
Mme Blackburn:... ententes de réciprocité
également. Mais ça élargit la possibilité de
conclure des ententes non seulement avec les gouvernements, mais avec les
organisations internationales et ça n'apparaît pas dans les notes
explicatives. Pourquoi cela a-t-il été...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais écoutez. On parle de l'un de
ses ministères, une organisation internationale ou un organisme. Cela y
est dans les notes explicatives.
Mme Blackburn: Oui, mais pour les ententes de
réciprocité, cela y est. Vous avez raison, sauf que ça ne
vient pas dire dans les notes explicatives que ça élargit le
pouvoir de conclure des ententes d'autres types avec des organisation
internationales. Cela, c'est nouveau.
Mme Lavoie-Roux: Cela existait déjà.
Mme Blackburn: Non, pas avec les organisations internationales,
Mme la ministre.
M. Boudreau: C'est-à-dire qu'on ne fait pas la
distinction. Dans les notes explicatives, on ne fait pas de distinction entre
les ententes de réciprocité et les ententes qui peuvent
être conclues en vertu du paragraphe 1°. On dit bien "afin de
permettre au ministre de ce ministère de conclure des ententes. Donc, on
incluait et on faisait allusion également aux ententes possibles...
Mme Lavoie-Roux: Autres que la santé.
M. Boudreau: Oui.
Mme Blackburn: "Conclure des enten-
tes - et, là, sautez vos deux lignes - pour permettre, sur une
base... " "Pour", pas pour n'importe quoi. "Pour permettre, sur une base de
réciprocité". "Conclure des ententes pour". "Conclure des
ententes avec un gouvernement". Je passais ça et vous voyez le
libellé, c'est "conclure des ententes pour permettre, sur une base de
réciprocité. Ce n'est pas écrit "entre autres".
M. Boudreau: Effectivement, dans les notes explicatives, on a
insisté surtout sur...
Mme Lavoie-Roux: La santé.
M. Boudreau:... ce qui a ajouté véritablement.
C'est en rapport avec les services de santé et les services sociaux.
Mme Blackburn: Oui, mais vous admettez quand même que c'est
une modification importante, plus que simplement celle de permettre des
ententes de réciprocité en vertu de la loi des services
assurés, pour les services sociaux et les services de santé. Cela
permettrait...
Mme Lavoie-Roux: Déjà, il était prévu
que le ministère pouvait signer d'autres types d'entente. On y a
ajouté le mot "organisme". C'est un mot nouveau et on a également
parlé d'organisation internationale. Ce sont deux choses qui sont
ajoutées. Mais l'objet principal de ce projet de loi, c'est de modifier
les conditions, si je peux dire, d'application ou de couverture et de forme de
remboursement des gens qui reçoivent des services de santé ou des
services sociaux. Alors, on peut bien se...
Mme Blackburn: Non, c'est parce que du moment où vous...
Là, on a apporté un peu plus de clarté et de
précision, parce qu'on le revoit dans les paragraphes et les
alinéas qui suivent. Mais, essentiellement, ce que je dis et qui
n'apparaît pas dans les notes explicatives, c'est que les ententes,
dorénavant, quel que soit le type d'entente... Je ne parle pas des
ententes de réciprocité pour la prestation de services de
santé et de services sociaux, je parle d'ententes d'autres types qui
pourraient être conclues, en plus de celles conclues avec des
gouvernements, avec des organisations internationales. Je disais simplement que
les notes explicatives ne permettaient pas de faire cette lecture. C'est tout
simplement ça.
Les notes explicatives parlent des ententes pour des accords de
réciprocité, alors que la modification qui est là vient
élargir la possibilité d'ententes qui existaient
déjà et vient l'élargir aux organisations internationales
et à ces organismes.
Mme Lavoie-Roux: Cela y est dans votre préambule.
Mme Blackburn: Je pense que vous savez ce que je veux dire. Mais,
de toute façon, revoyons le libellé à présent qui,
je pense, si on veut le lire correctement, semble avoir un défaut de
construction. Peut-être que j'erre. Conclure des ententes avec tout
gouvernement, l'un de ses ministères, une organisation internationale ou
un organisme de ce gouvernement ou de cette organisation. Pourquoi ne lirait-on
pas: Avec tout gouvernement, l'un de ses ministères ou un des organismes
de ce gouvernement? Parce qu'on fait toujours référence au
gouvernement, une organisation internationale ou un organisme de cette
organisation. Comprenez-vous? Parce que vous avez "le gouvernement ou un
organisme de ce gouvernement". Cela fait référence au
gouvernement et non pas à l'organisation internationale.
M. Boudreau: Lorsqu'on dit "ou un organisme de ce gouvernement ou
de cette organisation"...
Mme Blackburn: Cela peut aller aussi.
M. Boudreau:... cela se rattache à ce qui est dit
antérieurement.
Mme Blackburn: Cela évite la répétition.
M. Boudreau: C'est d'ailleurs une formulation que l'on retrouve
dans plusieurs autres lois à l'heure actuelle, c'est celle qui a cours
à l'heure actuelle.
Mme Blackburn: Celle qui est classique.
Mme Lavoie-Roux: C'est certainement tiré de nos lois sur
les relations internationales.
M. Boudreau: Oui, sûrement.
Mme Blackburn: Sauf que vous allez me permettre de dire que j'en
ai vu tellement des tordues depuis trois ans au plan de la rédaction...
Est-ce qu'on peut... Parlant d'ententes avec des organisations internationales,
alors que cela n'existait pas dans la loi précédente, qu'est-ce
que cela a empêché? Est-ce que cela a empêché le
Québec de conclure des ententes avec des organisations internationales
ou avec un organisme de ces organisations?
M. Boudreau: II existait antérieurement... Cela fait
depuis maintenant près de dix ans que des ententes internationales sont
conclues comme cela. Mais vous parlez avec des organismes...
Mme Blackburn: Avec des organisations internationales.
M. Boudreau: Internationales.
Mme Blackburn: Est-ce que je sais, moi? Avec la Croix-Rouge
internationale, avec...
Comment cela s'appelle-t-il, l'organisme de santé mondial?
Mme Lavoie-Roux: L'Organisation mondiale de la santé
Mme Blackburn: L'Organisation mondiale de la santé. Est-ce
que cela touche les ententes qui pourraient intervenir éventuellement
sur l'adoption internationale?
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela pourrait éventuellement. Mais
quand on tombe dans l'adoption... On peut signer une entente avec une adoption
internationale mais à ce moment-là il faut passer...
C'est-à-dire que c'est un triangle avec le gouvernement
fédéral.
Mme Blackburn: Transiter avec le pays. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
Mme Blackburn: Mais cela ne se fait pas par le biais d'une
organisation internationale.
Mme Lavoie-Roux: Cela pourrait se faire par un organisme d'un
autre pays qui, selon son organisation d'adoption propre... S'il confiait par
exemple à un organisme particulier la responsabilité de
l'adoption, cela pourrait se faire, à ce moment-là, avec cet
organisme.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a des exemples de contrats ou
d'ententes qui peuvent être conclus avec des organisations
internationales ou des organismes de ces organisations internationales?
M. Boudreau: On m'informe qu'à l'heure actuelle, ce n'est
pas le cas. Cette habilitation qu'on donne au ministre, ici, de conclure des
ententes avec des organismes des organisations internationales est là au
cas de besoin à l'heure actuelle et il est très possible que l'on
ait recours, que l'on puisse avoir recours à des organismes
internationaux comme cela pour fournir des services de santé et des
services sociaux également, mais ce n'est pas le cas en
réalité, sauf pour un cas qu'on m'a signalé ici,
l'Organisation de l'aviation civile internationale. Dans ce cas, il y a eu une
certaine entente et on a réalisé qu'on n'avait pas l'habilitation
légale pour aller jusque là. C'est la raison pour laquelle cette
modification a été apportée de manière qu'on soit
vraiment habilités au plan légal pour conclure des ententes
internationales avec des organismes.
Mme Blackburn: Est-ce qu'une loi du Québec peut lui donner
des droits que ne lui reconnaît pas en ces matières la
constitution canadienne? Est-ce que le Québec peut, sans l'accord du
Canada, signer des ententes avec des organisations internationales? Avec
d'autres gouvernements? Déjà, je sais qu'il y a plus de
souplesse.
M. Boudreau: En matière de sa compétence... Mme
Lavoie-Roux: II n'y a pas de problème.
M. Boudreau: De compétence provinciale, oui, et c'est le
cas ici...
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des ententes d'adoption
internationale, on doit passer par...
Mme Blackburn: En matière d'éducation, je sais que
c'est possible parce que cela relève du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais en matière de santé.
Mme Blackburn: Mais en matière de santé,
cela...
Mme Lavoie-Roux: Cela relève du Québec aussi.
Mme Blackburn: Donc, le Québec pourrait conclure, sans
passer par Ottawa, des ententes avec une organisation internationale en
matière de santé?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 1, est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
Mme Blackburn: Oui. Alors l'application de la présente loi
ou d'une autre loi relevant de la compétence de la ministre, je pense
que c'est là l'importance, de l'article au-delà des accords de
réciprocité. Je veux dire que c'est non seulement l'application
de cette loi, mais des autres lois qui relèvent du ministre ou de la
ministre. Cela va pour ce paragraphe.
L'autre question: Comment contrôlera-t-on la demande? Comme vous
le faisiez justement remarquer, quelle disposition nous permet de dire, par
exemple, à la France... On a peut-être 10 000 Français chez
nous alors qu'ils ont peut-être 5000 Québécois chez eux,
donc, il y a une espèce de déficit. Qu'est-ce qui arrive dans le
cas de double nationalité des Français?
Mme Lavoie-Roux: Ils nous remboursent et nous, nous les
remboursons pour les frais de nos personnes qui sont là-bas.
Mme Blackburn: Donc, c'est comptabilisé, c'est un pour
un.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
Mme Blackburn: Et qu'arrive-t-il des Français qui ont
double nationalité?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, il y a bon nombre de
Québécois qui ont aussi une double nationalité: tous ceux
qui sont nés en France conservent leur nationalité
française, à moins qu'ils ne l'abdiquent.
Mme Blackburn: Bien, c'est ce que je dis, c'est ce dont je parle,
les Français qui sont au Québec et qui ont double
nationalité. Est-ce qu'on s'est déjà interrogé
là-dessus, parce que c'est un fait? Est-ce que ça leur donne
droit aux services de santé, aux services sociaux une fois rendus en
France, alors qu'ils ont la double nationalité?
M. Boudreau: Évidemment, les ententes qui seront
négociées vont identifier les personnes qui seront admissibles
à ces services de part et d'autre. C'est l'entente qui va effectivement
refléter qui est admissible à ces services. C'est lors d'une
négociation que l'on sera sans doute appelés à examiner le
sens qu'on doit donner, par exemple, dans une circonstance comme celle que vous
soulevez.
Mme Blackburn: Actuellement, ça existe, comment
gère-ton cette réalité?
M. Boudreau: À l'heure actuelle, les non-résidents
qui sont au Québec sont traités de la même façon que
les Québécois. Ils ont accès aux services au même
titre que les Québécois. Maintenant, est-ce qu'on a fait,
à un moment donné, une nuance pour ceux qui détiennent une
double nationalité? Je ne pourrais pas vous répondre...
Mme Lavoie-Roux: On nous dit que ça ne pose pas de
problèmes parce que les personnes arrivent au Québec en
présentant la preuve qu'elles veulent s'établir au Québec
et, à ce moment-là, elles peuvent évidemment avoir les
services. Ou encore, de l'autre façon, elles arrivent en fonction d'une
entente de sécurité dans laquelle les conditions ont
été établies, ou elles pourraient se présenter
après que cette entente de sécurité ait été
négociée. C'est sous ce critère qu'on va les adopter et
non pas en fonction d'un critère de simple ou double nationalité.
C'est en fonction de devenir résident du Québec ou à
partir d'une entente.
Mme Blackburn: Donc, c'est en fonction du statut de
résident.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il y a les résidents temporaires et
les résidents permanents. Là, il faut qu'ils aient un statut de
résident, permanent ou temporaire.
Mme Blackburn: À toute personne qui, ne résidant
pas au Québec, séjourne, de bénéficier, aux
conditions qui y sont fixées... Il y a actuellement des ententes. Avec
quels pays avons-nous des ententes?
Mme Lavoie-Roux: II y a des ententes avec la France, avec...
Attendez, il y a un certain nombre de pays, ici, je peux vous les nommer. Il y
en a avec la Barbade, le Danemark, la République Dominicaine, les
États-Unis. Ce sont des ententes de sécurité sociale et
non pas nécessairement des ententes touchant la santé. (12 h
45)
Mme Lavoie-Roux: Dans le domaine de la santé, quels sont
les pays avec lesquels on en a? Ici, j'avais un certain nombre de pays et on
parlait d'ententes de sécurité. Alors, ce n'est pas
nécessairement la santé, ceux avec qui on a des ententes sur la
santé. Le Danemark, la Finlande, la France, l'Italie - l'Italie c'est en
négociation - le Luxembourg, la Norvège et la Suède. Cela
me semble surtout les pays Scandinaves.
Mme Blackburn: Donc, la possibilité de signer des ententes
et des accords existait déjà?
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela existait déjà. On vient
mieux encadrer l'enveloppe des services, si on veut, et, d'autre part, le
remboursement.
Mme Blackburn: Je ne sais jamais si on appelle ça un
paragraphe ou un alinéa, "à". C'est un paragraphe lorsqu'il est
identifié. Lorsqu'on dit "de la totalité ou partie des services
de santé et des services sociaux", l'explication que vous donniez tout
à l'heure était la totalité. On accordait, ici, la
totalité des services et nos gens à l'étranger recevaient
la totalité des services offerts. Pourquoi dit-on totalité ou
partie, à ce moment-là? Parce que l'explication que vous nous
avez donnée était...
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on me dit, c'est qu'auparavant,
c'était la totalité des services et, à ce moment-ci, on
veut laisser une latitude au ministre de décider de la couverture qui
pourrait être totale ou partielle.
Mme Blackburn: Le gros morceau n'est pas là, finalement.
Il me semble qu'on peut dire ça ici. Le ministre de l'Éducation
dit toujours que le législateur ne parle jamais pour ne rien dire.
J'imagine qu'il a voulu dire quelque chose là-dessus. Est-ce que
ça pourrait vouloir dire qu'un étranger qui vient ici en
résidence temporaire ne pourrait pas avoir une chirurgie cardiaque
majeure?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez. Ceci devrait normalement faire
partie d'une négociation. Évidemment, il faudrait juger de
l'urgence, j'imagine. Il y a probablement aussi d'autres conditions qui peuvent
entourer la nature des services qui seraient rendus. On peut bien
s'imaginer des situations. Est-ce que quelqu'un viendrait chercher un
statut de résident en se disant qu'il en profitera pour se faire faire
une transplantation cardiaque ou se faire transplanter deux ou trois organes?
Je pense qu'à ce moment-là, c'est peut-être des limites qui
pourraient être... Maintenant, il y a toujours la situation d'urgence et
celle qui ne l'est pas.
Mme Blackburn: À quoi songe le législateur
lorsqu'il dit "la totalité ou partie des services de santé"? Par
rapport à ce que vous avez dit tout à l'heure, c'est qu'à
l'étranger on a tous les services offerts par les services publics et au
Québec, ils ont tous ceux qu'on offre. Alors, pourquoi avoir inclus
"totalité ou partie de "?
Mme Lavoie-Roux: J'imagine, entre autres, que dans des cas de
placements qui pourraient être requis... Est-ce qu'on irait
jusqu'à couvrir un placement qui serait de nature permanente? Cela peut
être un exemple. Ou dans un cas où un placement serait
éventuellement requis...
Mme Blackburn: Un placement dans un centre hospitalier de longue
durée.
Mme Lavoie-Roux: Cela pourrait être une limite. Je vous
donne cela comme exemple, il peut y en avoir d'autres. La partie qui ne serait
pas couverte, par exemple... On sait que pour des Québécois, on
couvre des services aux États-Unis dans des situations d'urgence ou dans
des conditions particulières, quand il y a une recommandation par un
certain nombre de médecins à la Régie de
l'assurance-maladie de couvrir un traitement ou une intervention chirurgicale
particulière aux États-Unis. C'est la totalité des
services qu'on peut offrir ou qu'on offre aux Québécois. À
ce moment, on pourrait parler d'une partie seulement, c'est-à-dire en
limitant possiblement strictement à la réception au Québec
de services de santé. Supposons qu'il y ait un traitement - cela nous
arrive quelquefois, des traitements particuliers pour le cancer aux
États-Unis, il y a eu des cas de soulevés, des traitements
particuliers pour le Parkinson ou des choses comme cela - et qu'à ce
moment-là, on l'offre aux Québécois à
l'extérieur, c'est-à-dire, on offre de couvrir les
différences, on pourrait ne pas l'offrir ou, dans l'entente qu'on
conclurait, limiter au territoire du Québec les services qui seraient
remboursés ou les services qui seraient couverts. Vous aurez un partiel
par rapport à un total.
Mme Blackburn: Est-ce à dire qu'un Québécois
qui serait aux États-Unis, qui a un accident de voiture, brûlure
grave, hospitalisation, greffe de peau - vous savez ce qu'entraîne ce
genre d'accident - pourrait prendre toutes ces dispositions pour être
traité aussi longtemps que son état l'exige aux
États-Unis? On ne peut pas prévoir cela dans une telle entente.
Comment allez-vous gérer cela?
Mme Lavoie-Roux: Ce ne sont pas des ententes entre les
Québécois et les Etats-Unis, ce dont on parle, c'est...
Mme Blackburn: Ne résidant pas au Québec. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
Mme Blackburn: Le cas ici permet aux personnes qui viennent, qui
ne résident pas au Québec, qui séjournent, de
bénéficier, aux conditions qui y sont fixées, de la
totalité ou partie des services de santé et des services sociaux.
Si on nous disait un peu le genre d'entente qui peut intervenir. C'est une
entente ou un accord, c'est un accord de réciprocité, "qui
prévoit partie ou totalité". Quand vous allez rédiger cet
accord, à quoi songez-vous? C'était cela la question.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je viens de vous le dire. On est
prêt... En tout cas, on va négocier ces ententes, la
première des choses. Elles ne sont pas négociées à
ce moment-ci. On a trouvé des difficultés à conclure des
ententes parce que la règle était trop générale et
ne permettait pas de mettre l'encadrement qu'on juge nécessaire pour
prévoir la nature des services. Je vous ai donné un exemple tout
à l'heure d'une totalité par rapport à une
partialité. Est-ce qu'on pourrait, à l'usage, en trouver
d'autres? C'est possible. Quelqu'un est résident temporairement au
Québec - je vous ai parlé tout à l'heure d'un
hôpital de longue durée - et tout à coup devient invalide,
est-ce qu'on a une obligation de l'héberger d'une façon
indéfinie? C'est un autre exemple. Est-ce qu'il y en d'autres qui
pourraient surgir? C'est possible. La latitude qu'on se donne, c'est de
prévoir des circonstances particulières qui permettront
d'établir cette limite de la totalité ou de la partialité
des services offerts.
Mme Blackburn: L'obligation d'héberger quelqu'un dans un
centre hospitalier de longue durée, par exemple, à vie, alors que
ce n'est pas un citoyen québécois, du moment qu'il y a entente
par rapport aux frais, une équivalence dans les coûts, si on dit
qu'ils reçoivent des services pour à peu près 1 000 000 $
par année, ce qui excède d'un côté ou de l'autre est
remboursé, alors, ce cas n'est pas plus important que d'autres.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on pourrait statuer que dans les cas
d'hébergement de longue durée ou d'hébergement permanent,
on ne reçoit pas de non-résidents. Je pense... Je ne sais pas
s'il y a des exemples où on a reçu des étrangers en soins
d'hébergement de longue durée, mais cela m'apparaît comme
un des cas où, justement, cela devrait être exclu. Ce qu'on me
dit, c'est
que lorsque se présenteraient de tels cas, il faudrait dans
l'entente, si jamais... On peut imaginer toutes sortes de situations. Supposons
que toute sa famille est maintenant rendue au Québec, à ce
moment-là, au plan humanitaire, il serait bon que cette personne qui
requiert des soins de longue durée sur une base permanente sort
hospitalisée. À ce moment-là, il faudrait prévoir
des modalités de remboursement par le pays d'où la personne
vient.
Mme Blackburn: Mais, de toute façon, les modalités
de remboursement, vous dites qu'elles sont déjà prévues du
moment qu'on essaie de ne pas avoir de déficit. L'hospitalisation d'une
personne...
Mme Lavoie-Roux: C'est un critère. On arrive...
Mme Blackburn: À ne pas avoir de déficit. Mme
Lavoie-Roux:.. kif-kif.Mme Blackburn: On arrive kif-kif.
Mme Lavoie-Roux: Mais, on pourrait aussi, pour des raisons
strictement d'organisation de nos services... Là, on est vraiment un peu
dans la fabulation que, tout à coup, tout le monde qui a besoin de... Un
pays d'origine, au lieu de prévoir des services pour des personnes qui
requièrent des soins de longue durée nous les expédie ici
sous une forme ou une autre pour que nous nous en occupions parce qu'on a des
facilités pour la longue durée, je pense qu'à ce
moment-là, on peut aller loin dans la...
Mme Blackburn: D'accord.
Mme Lavoie-Roux:... spéculation sur ces
choses-là.
Mme Blackburn: Dans le dernier alinéa, en bas de la page,
il est dit: "Ces ententes peuvent prévoir les conditions de
remboursement"... Pourquoi "peuvent" et non pas "doivent"?
Mme Lavoie-Roux: II y a, semble-t-il, des ententes où il
n'y a pas de pénalité pour nous, dans le sens que les services
rendus seraient vraiment réciproques, même au plan financier.
À ce moment-là, on n'a pas besoin de conclure des
modalités de remboursement particulières alors que dans d'autres
cas où il y aurait justement cette inégalité de population
qui pourrait devenir préjudiciable au Québec, il faudrait
prévoir des modalités de remboursement parce que vous n'auriez
pas l'entente de réciprocité parfaite dans le sens de
donnant-donnant à cause d'une inégalité dans les
populations, par exemple.
Mme Blackburn: Je comprends bien cela. C'est pourquoi je me dis
que cela devrait être "doivent" plutôt que "peuvent", parce qu'on
ne peut jamais prévoir.
Mme Lavoie-Roux: Non, "doivent", c'est qu'il y a des
circonstances où cela n'a pas besoin de s'appliquer.
Mme Blackburn: Oui, mais on ne sait jamais à l'avance s'il
n'y aura pas inéquité dans le...
Mme Lavoie-Roux: Justement, en vous laissant cette latitude de
pouvoir, si l'inégalité se présente dans un cas
particulier, à ce moment-là, vous avez cette possibilité
de...
Mme Blackburn: Mais lorsqu'il s'agit d'ententes avec d'autres
gouvernements - et c'est de cela dont il s'agit - et d'autres organismes,
est-ce qu'il n'est pas plus prudent de s'arranger pour ne pas être
obligé d'ouvrir une entente parce que, tout à coup, on se trouve
à être pénalisés parce qu'il y a plus de personnes
qui viennent ici que des nôtres qui vont là-bas?
Mme Lavoie-Roux: On n'aura pas besoin de la rouvrir parce qu'au
point de départ, normalement, on connaît un peu ces
circonstances.
Mme Blackburn: Pourquoi? Je me dis: Pourquoi "peuvent" alors
qu'il me semble que "doivent' établit au départ que s'il y a un
déficit, il y aura du remboursement. Que cela soit prévu, il me
semble que c'est normal. Ce n'est pas...
M. Boudreau: Dans les cas où il y a une entente de
réciprocité qui est un échange de services
équivalents, il n'est pas avantageux de prévoir des clauses ou
des modalités de remboursement, parce que ça implique des
coûts d'administration assez considérables, d'une part. Ce n'est
que dans les cas où, effectivement, par exemple, le pays étranger
a une population beaucoup plus élevée que la nôtre qu'il
est avantageux de négocier des clauses de remboursement. C'est pourquoi
nous laissons cette latitude dans le texte de la loi afin de permettre au
ministre de décider si, dans un cas donné, il est opportun de
négocier une clause de remboursement ou non. C'est pourquoi nous
utilisons l'expression "peuvent".
Le Président (M. Bélanger): Alors, compte tenu de
l'heure, nous allons ajourner les travaux sine die, puisque nous n'avons pas
d'ordre de la chambre. S'il y a consentement, on peut continuer. On attendra un
ordre de la chambre pour continuer. Je vous remercie.
(Fin de la séance à 13 h 2)