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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Que chacun prenne sa place afin que nous puissions
procéder à l'étude des crédits du ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1990. Mme la
secrétaire, y a-t-il des remplacements ce matin?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Aucun remplacement.
Sans plus tarder, nous allons procéder aux déclarations
d'ouverture. J'inviterais M. le ministre à nous faire sa
présentation.
Présentations
M. Bourbeau: M. le Président, avant de commencer, pour le
bénéfice des membres de la commission, j'aimerais
présenter les gens qui m'accompagnent de façon que les membres de
la commission puissent les reconnaître étant donné qu'ils
ont souvent à traiter avec eux au cours de l'année. C'est
l'occasion privilégiée de voir à quoi ils ressemblent.
À ma droite immédiate, M. Jean Pronovost, sous-ministre au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
À sa droite, M. Jean Mercier, sous-ministre adjoint. À ma gauche,
M. Jean-Claude Labelle, conseiller politique. Derrière moi, en
commençant par la gauche, Mme Marie-Claire Ouellet, attachée de
presse et M. Julien Lemieux, sous-ministre adjoint. Je demanderais
peut-être au sous-ministre de nommer tous les fonctionnaires. Parfois, la
mémoire me manque.
M. Pronovost (Jean): M. Deroy, M. Sarrazin, M. François
Lévesque, M. Claude Pagé, M. Alfred Richard...
M. Bourbeau: Un instant. Il faudrait peut-être que les gens
se lèvent. M. Richard, M. Pagé. Levez-vous donc, M. Pagé.
Voilà.
M. Pronovost: ... M. Bouffard, M. Nolet, M. Laliberté, M.
Pelletier. Derrière, tout au fond, il ne faudrait pas l'oublier, Mme
Dion.
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: II y a également le président de la
Commission des normes du travail, M. Paul-Émile Bergeron, le
président du Conseil d'arbitrage, M. Jean Lévesque et Mme Monique
Caron, secrétaire générale de l'Office de la
sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris.
Est-ce qu'on a oublié quelqu'un? Le président de la
Commission des affaires sociales, M. Gilles Poirier, est également
présent.
M. le Président, Mmes et MM. les membres de la commission,
aujourd'hui, la commission parlementaire des affaires sociales doit
étudier les activités du ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu ainsi que des organismes qui
dépendent du ministre responsable, et le budget de 2 600 000 000 $ du
ministère, budget qui lui est dévolu pour l'année
1989-1990. Il s'agit là d'une tâche importante pour laquelle nous
avons tenu à être bien préparés. Une
présentation détaillée des crédits
budgétaires accompagnée de notes explicatives a été
transmise aux membres de la commission. Les principaux gestionnaires du
ministère sont ici, tels que je vous les ai présentés. Ils
seront certainement mis à contribution pour apporter toutes les
réponses aux questions des membres de la commission.
Le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu est chargé d'une double mission: il favorise la pleine
utilisation des ressources humaines sur le marché du travail et il
assure aux personnes seules et aux familles la sécurité
financière requise pour subvenir à leurs besoins essentiels.
La mission du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu embrasse un large éventail de
préoccupations et elle s'inscrit dans la dynamique sociale et
économique du Québec. Au cours des derniers mois, le
ministère a défini quatre grands axes de développement qui
devraient guider son action à court et à moyen terme.
Le ministère entend, en premier lieu, consolider et renforcer les
stratégies en matière de développement de la
main-d'oeuvre. Il implantera également la nouvelle politique de
sécurité du revenu qui repose sur une vision globale et
intégratrice de l'aide apportée aux personnes et aux familles
financièrement démunies. Le ministère entreprendra en
outre diverses actions afin de s'ouvrir sur l'extérieur,
c'est-à-dire de créer des liens avec ses partenaires en
matière de développement de l'emploi, de formation de la
main-d'uvre, en particulier dans le contexte du libre-échange,
d'aide aux personnes seules et aux familles. Enfin, nous
réitérons notre préoccupation à l'égard du
resserrement administratif et du renouvellement de la gestion pour lesquels
nous devons exercer une vigilance constante.
L'année qui s'achève fut particulièrement
chargée au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. On a d'abord mené à terme la
première réforme de l'aide sociale au Canada. Le nouveau
régime de la sécurité du revenu est plus équitable
que le précédent et il
apporte des Innovations intéressantes comme le programme APPORT,
l'allocation-logement et le programme de subvention salariale. En mettant une
certaine emphase sur la formation et l'emploi pour les personnes aptes au
travail, la nouvelle politique de sécurité du revenu va au coeur
des besoins les plus Importants d'une nette majorité de prestataires,
c'est-à-dire la réinsertion en emploi.
Cette année fut également marquée par la
ratification de l'Accord de libre-échange entre les États-Unis et
le Canada. Bien avant la signature de l'accord, le gouvernement avait
engagé des études et une vaste réflexion sur les effets
anticipés du libre-échange au Québec. Le ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu a mené, de
concert avec le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, une vaste consultation auprès des entreprises et des
représentants des travailleurs oeuvrant dans les principaux secteurs
économiques devant profiter du libre-échange ou requérant
une adaptation à la nouvelle conjoncture commerciale. À la suite
de cette consultation, le ministère s'est engagé dans un
processus de réévaluation et de réorganisation des
programmes de main-d'oeuvre afin de les rendre plus accessibles, de les
orienter davantage vers la formation en entreprise et d'accroître les
ressources humaines et financières qui y sont affectées.
Le ministère a également travaillé à la
révision de la Loi sur les normes du travail, en concertation avec le
Secrétariat à la famille et le Secrétariat à la
condition féminine. Ce travail devrait conduire à la
présentation d'un avant-projet de loi proposant les nouvelles conditions
minimales de travail au Québec.
En collaboration avec la Régie des rentes du Québec, j'ai
pu déposer deux importants projets de loi visant, d'une part, à
imposer un moratoire sur la disposition des surplus d'actif dans les
régimes de retraite et, d'autre part, à réviser
complètement le cadre juridique des régimes
complémentaires de retraite.
Nous avons également apporté des modifications importantes
aux allocations familiales dans une perspective d'aide aux familles. Ces
actions législatives et administratives plus visibles ne doivent
cependant pas masquer ni atténuer l'importance des milliers de gestes
quotidiens posés par tes employés du ministère et de la
Régie des rentes dans ie domaine de la main-d'oeuvre, de la
sécurité du revenu et des régimes de rentes. A tous ces
gens qui font admirablement corps avec la direction du ministère,
j'exprime ici mes remerciements les plus sincères.
Pour situer les crédits budgétaires 1989-1990 du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
dans leur juste contexte, il est Important de souligner quelques-unes des
actions prioritaires du ministère pour l'année financière
qui commence. En plus des consultations et du travail législatif devant
conduire à l'adoption des projets de loi qui sont actuelle- ment en
chantier, le plan d'action de l'année s'articule autour de deux grandes
priorités: l'implantation du nouveau régime de la
sécurité du revenu et le réalignement des mesures
favorisant l'adaptation de la main-d'oeuvre aux mutations du marché du
travail.
Une bonne part des énergies du ministère est actuellement
canalisée vers la préparation de l'entrée en vigueur,
à compter du 1er août prochain, de la loi et du règlement
sur la sécurité du revenu. Le personnel est en formation. Les
clients sont en voie d'être informés. On procède aux
ajustements des systèmes informatiques. La direction du ministère
apporte les dernières retouches aux mesures de développement de
l'employabilité et au programme de subvention salariale. Tout sera en
place le 1er août prochain pour instaurer la nouvelle dynamique
souhaitée à la Sécurité du revenu.
Le ministère procédera également à
l'implantation des programmes de main-d'oeuvre dont les normes auront
été révisées et à la réorganisation
des commissions de formation professionnelle. Il nous apparaît
impératif, en effet, d'accroître la capacité d'adaptation
de la main-d'oeuvre et, à cette fin, les programmes de formation
professionnelle doivent être simplifiés et rendus plus
accessibles.
Le ministère rendra également publique une politique de
l'apprentissage afin que les travailleurs, les chômeurs et les
prestataires de la sécurité du revenu puissent tirer davantage
profit de ce mécanisme de perfectionnement pour conserver leur emploi ou
accéder au marché du travail. Le mode de fonctionnement et le
mandat des commissions de formation professionnelle seront également
révisés dans les prochains mois afin que leurs activités
reflètent mieux la priorité que nous accordons au
développement des ressources humaines. Un projet de loi devrait
consacrer cette nouvelle vocation des CFP.
Il faudra, bien entendu, mener à terme les négociations
avec le gouvernement fédéral sur la formation professionnelle.
Les ententes Québec-Ottawa en matière de formation
professionnelle sont arrivées à échéance le 31 mars
dernier. Le ministère canadien de l'Emploi et de l'Immigration s'est
engagé à affecter les crédits nécessaires à
la poursuite des activités de formation pendant les prochains mois,
même si nous n'avons pas conclu une nouvelle entente. Ces derniers temps,
nous avons fait preuve de compréhension à l'égard du
gouvernement fédéral qui s'était engagé dans un
processus de réévaluation de sa contribution à la
formation professionnelle. Maintenant que ses orientations sont
arrêtées, il est pressant que le gouvernement
fédéral s'assoit à la table de négociation.
Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur les opérations
majeures du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu pour l'année 1989-1990. Nous aurons
sans doute l'occasion d'y revenir lors de l'étude
détaillée des crédits budgétaires.
Nous étudierons, dans un premier temps, les crédits du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Plus tard, nos travaux porteront sur le budget de la Régie des rentes du
Québec. Aux crédits budgétaires de 2 600 000 000 $ du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
il faudrait ajouter des dépenses de 176 000 000 $ effectuées, par
anticipation, dans les derniers jours du mois de mars dernier. On
réaliserait alors que, par rapport au budget autorisé de
l'année précédente, les crédits de cette
année représentent une augmentation des dépenses de 1,1
%.
Il y a 72 % du budget du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui sont consacrés au versement de
prestations d'aide sociale. En tenant compte des prestations du mois d'avril
qui furent allouées le 30 mars dernier, de sorte qu'elles ne sont pas
imputées à l'exercice budgétaire 1989-1990, un budget de 2
072 000 000 $ est alloué à ce chapitre pour les douze prochains
mois. C'est sensiblement le même montant que celui anticipé
l'année dernière. On a établi cette prévision du
coût de l'aide sociale sur la base d'une clientèle estimée
à 319 000 personnes seules ou familles, comparativement à 338 000
l'an dernier. En fait, depuis trois ans, on assiste à une
réduction constante et importante du nombre de personnes et de familles
dépendantes de l'aide sociale. En mars 1986, on comptait 416 058
ménages prestataires. En 1989, ce nombre atteindra 319 000, près
de 100 000 ménages de moins.
Si les dépenses consacrées aux prestations d'aide sociale
ne diminuent pas malgré cette réduction importante du nombre de
prestataires, c'est essentiellement dû à l'indexation des
prestations et à l'entrée en vigueur, à compter du 1er
août prochain, de la Loi sur la sécurité du revenu.
Dès le 1er août prochain, les jeunes de moins de 30 ans vont enfin
acquérir le droit à la parité des prestations avec les
autres bénéficiaires plus âgés. Les personnes
reconnues inaptes au travail bénéficieront d'une majoration
graduelle de leur prestation. Enfin, les droits acquis des personnes inscrites
à la sécurité du revenu le 1er août prochain seront
préservés jusqu'au 31 juillet 1990. Ces personnes choisiront en
fait le régime le plus avantageux.
À l'égard des clients de la sécurité du
revenu, le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu offre la gratuité des médicaments, des services
optométriques, des soins dentaires, des orthèses et des
prothèses. Un montant de 158 000 000 $ est prévu à cette
fin, en hausse de 4 % par rapport aux prévisions de l'année
dernière. Ces crédits devraient suffire à amortir la
hausse du coût des médicaments et des services professionnels
concernés, d'autant que la clientèle diminue. Je rappelle ici que
ce programme est en fait administré par la Régie de
l'assurance-maladie à qui nous transférons les budgets
appropriés.
Dans la foulée de la politique de sécurité du
revenu, le programme d'aide aux parents pour leurs revenus de travail - le
programme APPORT - fut implanté durant l'année 1988-1989. Environ
14 000 familles de travailleurs à faible revenu s'en sont
prévalues. Elles ont touché des avances de 12 500 000 $. Ces
montants s'ajoutent aux revenus de travail de ces familles dans un objectif
d'incitation à demeurer en emploi. Pour la prochaine année
financière, nous estimons que 21 200 familles avec enfants
bénéficieront du programme APPORT, pour lequel des crédits
de 27 900 000 $ sont réservés.
Sous le chapitre "Protection et développement de l'emploi", on
regroupe divers programmes destinés principalement à la formation
et à la participation à des activités favorisant la
réinsertion en emploi des clients de l'aide sociale. Ces programmes dits
de développement de l'employabilité semblent subir, à
première vue, une réduction significative des crédits
alloués. Cela serait étonnant, compte tenu de l'adoption de la
réforme de l'aide sociale reposant notamment sur l'incitation des
prestataires à retourner au travail.
En réalité, le ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu dispose des ressources nécessaires
pour répondre aux demandes de participation aux mesures de
développement de l'employabilité. D'abord, un montant de 5 000
000 $ a été versé le 30 mars dernier et il s'ajoute aux
crédits à l'étude. Il faut savoir en outre, qu'en vertu de
l'actuel régime de l'aide sociale, les prestations sont fixes et des
allocations supplémentaires de 100 $ ou de 200 $ par mois sont offertes
aux participants des programmes rattrapage scolaire, stages en milieux de
travail, travaux communautaires et retour aux études postsecondaires
pour les chefs de famille monoparentale. Ces allocations sont donc
versées à même le budget de développement de
l'employabilité.
Avec le nouveau régime de la sécurité du revenu,
ces allocations de participation sont incorporées au barème
d'aide. On assiste donc dans les faits à une sorte de transfert de fonds
des programmes de développement de l'employabilité à celui
des prestations d'aide sociale. Cela revient à dire qu'avec ce budget,
qui ne réduit qu'en apparence, on peut satisfaire les demandes de
participation des clients de la sécurité du revenu.
Les travailleurs en emploi et les chômeurs ont, pour leur part,
accès aux programmes de formation professionnelle. Un budget de 165 000
000 $ est affecté à cette importante fonction pour des
activités de formation en entreprise et dans les établissements
d'enseignement.
Des crédits de 12 000 000 $ sont prévus, par ailleurs,
pour la mise en oeuvre du PATA, programme d'adaptation des travailleurs
âgés. En vertu de ce programme, qui a fait l'objet d'une entente
avec le gouvernement fédéral, des allocations sont versées
aux travailleurs de 55
ans et plus victimes de licenciement collectif lorsque leur
réinsertion en emploi s'avère problématique.
Voilà, M. le Président, les caractéristiques
essentielles des crédits budgétaires du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu pour l'année
1989-1990. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
ministre. Mme la députée de Maison-neuve, est-ce que vous avez
une intervention à faire comme remarques préliminaires? (10 h
30)
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Harel: M. le Président, je voudrais simplement vous
demander de me signaler combien de temps le ministre a utilisé pour ses
remarques préliminaires.
Le Président (M. Bélanger): II a utilisé
seize minutes.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Bélanger): Mais vous avez 20
minutes.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Bon. Je vous remercie.
M. le Président, c'est évidemment un exercice important,
celui que nous allons faire aujourd'hui; important, parce que j'ai cru
comprendre en écoutant le ministre dans ses remarques
préliminaires, que si des choses ont changé depuis son
arrivée au ministère... Il a manifesté cependant la
même propension que son prédécesseur lors de l'étude
des crédits des années antérieures, une sorte
d'incorrigible optimisme béat devant des programmes qui sont pourtant
manifestement, publiquement et, je dirais, très largement sinon
contestés, du moins, évidemment, très
controversés.
M. le Président, quelques mots, puisque nous allons consacrer
l'essentiel du temps qui nous est imparti à interroger le ministre sur
les difficultés de parcours pour ne pas dire les culs-de-sac dans
lesquels sont malheureusement engagés des hommes et des femmes sans
emploi au Québec, bénéficiaires d'aide sociale pour
certains, chômeurs pour d'autres.
D'abord, Je veux simplement signaler qu'à l'égard de la
politique de sécurité du revenu, par un concours de
circonstances, comme la vie nous en offre parfois, j'étais dans un lieu
public où se trouvaient des directeurs généraux qui
sortaient de trois jours d'apprentissage au lac Delage qui se transmettaient
leurs plus profondes inquiétudes sur leur capacité d'administrer
la complexité du régime mis en place à l'occasion de la
loi 37. C'est à une heureuse circonstance de la vie, d'une certaine
façon, que j'ai pu constater qu'il n'y avait pas seulement les
bénéficiaires de l'aide sociale qui étaient
profondément inquiets; il y avait aussi des gestionnaires de
métier qui se demandaient comment ils allaient faire pour y arriver.
C'est une politique qui nous renvoie à ce qu'on peut appeler une
contre-réforme. C'est à tort et abusivement qu'on utilise le mot
"réforme" pour l'application de la loi 37. C'est une
contre-réforme qui nous renvoie aux années cinquante, avant la
vraie première réforme en matière de
sécurité du revenu, qui hypercatégo-rise. De
mémoire, je pense qu'il était question dans cette conversation
qu'avaient des directeurs de toutes les régions du Québec,
amenés à participer à cette session d'études...
Entre eux, je pense qu'ils parlaient de 48 ou 49 catégories
différentes à administrer. Ils s'en arrachaient
déjà les cheveux.
M. le Président, j'aimerais également souligner
l'échec, parce que c'est une formidable omission que le ministre puisse
parler du programme APPORT sans répondre de sa responsabilité
à l'égard de cet échec; 25 000 000 $ de crédits
périmés. Le ministre aura beau prétendre que c'est un
programme qui n'a pas atteint sa vitesse de croisière, combien de
décennies va-t-il prendre avant qu'il constate que c'est un programme
qui n'est pas adéquat? Nous aurons l'occasion aujourd'hui de
vérifier si, malheureusement, moins de ménages, en avril, en
profitent qu'en janvier dernier.
Nous devons simplement constater que n'eussent été des
dépenses administratives pour implanter le nouveau programme, ce sont
des crédits périmés encore plus importants qu'il aurait
fallu constater au chapitre du programme APPORT. APPORT a été
annoncé par le ministre des Finances en avril 1987. Cela va faire deux
ans ce mois-ci. Il a été pensé au ministère des
Finances qui, malheureusement, n'a pas l'expertise ni la connaissance pour
élaborer des programmes en matière de sécurité du
revenu. Le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu, qui a été obligé par la suite de s'ajuster
à un programme mal foutu, ne réussit pas à voir la fin du
tunnel avec un programme semblable.
L'an passé, en janvier 1988, ce programme devait être
appliqué. Il a été reporté en juillet,
reporté en septembre, rétroactivement reporté, comme
application, pour pouvoir dépenser les sommes budgétisées.
Remarquez que ce ne seront pas les seules sommes budgétisées au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
qui n'auront pas été dépensées. En matière
de formation professionnelle, pensez que 22 000 000 $ ont réussi
à ne pas être dépensés dans le contexte nouveau
ouvert par les perspectives du libre-échange, des changements
technologiques. Il faut se demander comment le ministre a réussi
à nous faire des remarques préliminaires sans même en
parler. Qu'il ait
également réussi à ne pas dépenser 15 000
000 $ au chapitre du développement de l'employabilité à
l'égard des bénéficiaires de l'aide sociale ne laisse pas
d'inquiéter sur la capacité réelle du ministère de
faire face à la réinsertion sur le marché du travail des
sans-emploi. L'addition des crédits périmés au chapitre de
la formation professionnelle, 22 000 000 $, et les 15 000 000 $
périmés en matière de développement de
l'employabilité, pour un total de 37 000 000 $, c'est, quelque part,
indécent, pour ne pas dire scandaleux, au moment où les
sans-emploi ont tant besoin d'un coup de pouce pour répondre plus
efficacement aux exigences nouvelles pour se qualifier à un emploi.
Pour clore rapidement le chapitre de la politique de
sécurité du revenu, j'aimerais simplement vous signaler, M. le
Président, que nous aurons l'occasion, cet après-midi, d'examiner
les motifs que le ministre doit, finalement, nous présenter pour
expliquer cette incurie à faire en sorte que les programmes
d'employabilité soient adéquatement offerts aux personnes
bénéficiaires de l'aide sociale.
Nous allons rapidement, ce matin, sans doute, aborder des questions qui,
pourtant, mériteraient évidemment que l'on y consacre beaucoup
plus de temps. Ce matin, nous allons consacrer l'essentiel de nos propos au
programme des crédits en matière de formation professionnelle et
de développement de l'employabilité.
Quelques mots seulement maintenant pour rappeler au ministre la lenteur
inacceptable et presque inexplicable en matière de réforme des
normes minimales de travail. Celle qu'il cite abondamment, d'ailleurs, pour son
efficacité, sa collègue à la Condition féminine,
annonçait déjà, en 1986-1987, dans son plan d'action, des
recherches sur la question du travail à temps partiel et
annonçait, dans son plan d'action de 1987-1988, une modification
à la Loi sur les normes du travail concernant le congé parental.
D'ailleurs, cette collègue annonçait, pour janvier dernier, le
dépôt d'un projet de loi modifiant les dispositions de la Loi sur
les normes du travail, notamment, en matière de congé de
maternité et de congé parental.
L'omission du ministre à l'égard du chapitre des
licenciements collectifs. Et pourtant, s'il y a une question qui,
stratégiquement, doit être résolue à ce moment-ci
où il y a une telle effervescence dans le marché de l'emploi,
compte tenu des fusions et parfois, des fermetures complètes, parfois
des licenciements partiels, c'est évidemment la question relative au
licenciement. Pas un mot, un silence inexplicable de la part du ministre quand
on sait que l'Ontario a introduit des modifications substantielles et a
développé des modes de compensation additionnels pour les
travailleurs et travailleuses qui sont licenciés ou touchés par
des fermetures d'usine. Le retard de Québec a s'impliquer peut avoir des
effets extrêmement nocifs dans les décisions économiques
que les entreprises prennent à l'occasion en calculant les coûts
relatifs à la fermeture d'une succursale en Ontario et en concluant
qu'il vaut mieux fermer celle du Québec puisqu'il y a là moins
d'indemnités à verser.
Je vous rappelle que, présentement, en cas de licenciement
collectif, l'indemnité de départ en Ontario équivaut, pour
l'essentiel, à deux semaines de salaire par année
d'expérience avec un maximum de 26 semaines et que cette règle
peut aussi s'appliquer dans les cas de licenciement individuel a la seule
condition que la masse salariale annuelle de l'employeur soit supérieure
à 2 500 000 $. Ce n'est pas indifférent, il faut bien le
comprendre, aux modifications apportées par le gouvernement
fédéral en matière d'assurance-chômage, puisque la
réforme va d'autant plus pénaliser les gens du Québec, qui
n'auront pas toujours complété les semaines
supplémentaires requises, qu'ils ne pourront pas
bénéficier des indemnités de départ en cas de
licenciement collectif ou individuel dont peuvent bénéficier les
travailleurs de l'Ontario.
Je veux également rappeler au ministre toute l'importance d'un
véritable congé de maternité, lui rappeler la
nécessité d'une position claire du Québec en cette
matière. Le gouvernement fédéral a décidé,
justement par l'intrusion dans le champ de compétence provinciale, de
modifier l'assurance-chômage pour bonifier en quelque sorte un
congé de maternité qui n'en est pas réellement un, puisque
seules les travailleuses qui peuvent se qualifier à
l'assurance-chômage peuvent en profiter et parce que le congé de
maternité aurait intérêt, pour l'ensemble des
travailleuses, à être pris en charge par la collectivité et
non pas simplement dans le cadre d'un programme d'assurance qui devrait
compenser les risques de chômage et non pas les risques de
maternité.
Alors, nous attendons une position claire du ministre responsable du
dossier en matière de congé de maternité et nous lui
demandons d'intervenir rapidement pour faire savoir, avant que le gouvernement
fédéral ne complète sa réforme, ce que sera la
position du Québec. Doit-on s'attendre, comme il est souhaitable, que le
Québec demande le retrait du gouvernement fédéral et la
compensation en matière de congé de maternité, les 131 000
000 $ qui, cette année, étaient versés aux travailleuses
qui se qualifiaient à l'assurance-chômage au titre du congé
de maternité?
Nous ne pouvons compléter ces quelques remarques
préliminaires sans revenir sur la question de la stratégie de
formation professionnelle mise en place à l'occasion de la
réforme de l'assurance-chômage. L'annonce faite par Ottawa va
amplifier l'imbroglio administratif, institutionnel et constitutionnel en
matière de formation et de main-d'oeuvre. (10 il 45)
M. le Président, je rappelle que, sous le couvert de
modifications des prestations versées
aux chômeurs et aux chômeuses, le gouvernement canadien,
à toutes fins utiles, a annoncé sa politique canadienne de
formation professionnelle et d'adaptation de la main-d'oeuvre. Ce n'est pas que
le caractère odieux de cette réforme qui consiste à
réduire les prestations et l'admissibilité de certains
travailleurs et travailleuses qui sont souvent les plus mal pris et à
prétendre, avec cet argent, économiser sur leur dos et en former
d'autres, ce n'est pas que cette question qui est en cause. La vraie question
est la suivante: L'annonce faite par Ottawa est-elle la bonne stratégie
pour les travailleurs et les travailleuses du Québec? Est-ce la bonne
stratégie de formation professionnelle, celle qui va leur permettre de
profiter des changements technologiques, de profiter des perspectives du
libre-échange, d'acquérir de nouvelles connaissances techniques,
de tirer profit des exigences toujours plus grandes de chaque emploi?
Malheureusement, on doit répondre non.
Il ne suffira plus d'être sans emploi, d'être disposé
à entreprendre un nouvel apprentissage, d'être capable
intellectuellement de l'entreprendre pour, dorénavant, se qualifier
à une possible formation, puisque, essentiellement, cette formation sera
offerte d'abord et avant tout à ceux qui se qualifient pour
l'assurance-chômage. Mais plus les critères se resserrent à
l'assurance-chômage, plus les sans-emploi en sont exclus. Et l'effet
pervers, c'est que, plus ils en sont exclus, plus ils seront exclus de la
possibilité d'une véritable formation professionnelle. Ce sont
justement ceux et celles qui en ont le plus besoin, qui sont souvent incapables
de se qualifier pour recevoir des prestations, ne pouvant occuper que quelques
emplois occasionnels ne les qualifiant pas pour l'assurance-chômage.
Évidemment, c'est d'autant plus déplorable que le gouvernement
fédéral a annoncé que les sommes d'argent ainsi
économisées seraient investies dans un certain nombre de
programmes. Il faut constater que ce sont essentiellement les programmes de
cette entente que le fédéral refuse de reconduire avec
Québec sur la planification de l'emploi.
Si on reprend les annonces faites par Mme McDougall, la semaine
passée, on retrouve essentiellement des sommes d'argent qui seront
affectées à des programmes qui ne sont pas partagés avec
les provinces: 65 000 000 $ pour la planification des ressources humaines, ce
qui permet au fédéral de négocier directement des ententes
avec le secteur privé. Ce programme de planification des ressources
humaines est un programme qui n'est pas partagé, également, une
autre somme de 15 000 000 $ pour le service d'aide à l'adaptation
à l'industrie qui permet encore à Emploi Canada de signer
directement des ententes avec le secteur privé. Encore une fois, un
programme qui n'est pas partagé. 50 000 000 $ pour le
développement des collectivités. La part du fédéral
étant de 134 000 000 $ pour tout le Canada, donc 50 000 000 $ pris
à même les économies réalisées sur le dos des
chômeurs. C'est un programme qui n'est pas partagé non plus. Pour
aider les sans-emploi, ce qui a été annoncé,
essentiellement, ce sont des sommes qui seront offertes aux prestataires de
l'assurance-chômage et une somme de 50 000 000 $ supplémentaire,
évidemment bien modeste, pour l'ensemble du Canada, en consultation avec
les provinces, dit-on, pour l'aide aux bénéficiaires de l'aide
sociale.
Question essentielle que le ministre ne peut pas omettre, à
laquelle il ne peut pas refuser de répondre: Quelles sont les
prévisions de son ministère eu égard au resserrement des
critères d'admissibilité à l'assurance-chômage,
à partir de janvier 1990? Quels sont les effets estimés sur
l'aide sociale? Et que le ministre ne me réponde pas par la pirouette
qu'il a utilisée en Chambre concernant le salaire minimum. J'ai fait
faire le relevé des réactions de l'Opposition libérale
à chacune des huit hausses du salaire minimum
décrétées par le gouvernement précédent. Et
si, aujourd'hui, le ministre veut savoir ce qu'en pensait le premier ministre
lui-même, à l'époque chef du Parti libéral, ce qu'en
pensait son collègue actuel, Daniel Johnson, candidat à la
chefferie, ce qu'en pensait également Pierre Paradis, nous aurons tout
le loisir d'en discuter. Nous avons décidé, comme Opposition,
d'avoir une réaction beaucoup plus responsable en applaudissant chacune
des hausses que le gouvernement libérai a
décrétées, contrairement aux vociférations de
l'Opposition libérale lorsque le gouvernement précédent
procédait régulièrement à huit hausses pendant son
premier mandat.
Le ministre aura à nous répondre sur les effets
estimés sur l'aide sociale des resserrements des critères
d'admissibilité à l'assurance-chômage, ainsi que sur la
question fondamentale de l'intrusion du fédéral dans le champ de
la formation professionnelle, à l'occasion de ces économies
réalisées sur le dos des chômeurs. Comment le ministre
peut-il accepter, dorénavant, que le gouvernement d'Ottawa ait un
accès direct à tout genre d'entreprise? Évidemment, en
1987, le fédéral pénétrait déjà dans
le champ de la formation professionnelle par le biais de la formation en
industrie pour les entreprises de 200 employés et plus. Comment le
ministre peut-il accepter que le fédéral fasse mine,
dorénavant, de se réserver ce champ de formation? Qu'attend-il
pour réclamer l'ensemble des fonds fédéraux en
matière de formation professionnelle...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion,
madame.
Mme Harel: ...pour offrir aux sans-emploi du Québec une
véritable politique de formation professionnelle dont ils ont pourtant
tellement besoin? Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remer-
cie, Mme la députée de Maisonneuve. Si M. le ministre veut
répliquer, il faudrait avoir le consentement. Est-ce qu'il y a
consentement pour une courte réplique de M. le ministre?
Mme Harel: II aura l'occasion de la faire... M. Bourbeau: M. le
Président...
Mme Harel: ...durant notre échange de vues, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Bourbeau: Est-ce que je n'ai pas droit à 20 minutes
tout comme la députée de Maison-neuve? Je ne crois pas avoir
épuisé mon temps.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez droit
à une intervention qui peut durer au maximum 20 minutes.
M. Bourbeau: Bon!
Le Président (M. Bélanger): J'aurais
peut-être dû préciser, au préalable, je m'en excuse,
M. le ministre. Cependant, avec le consentement des membres de la commission,
on pourrait le faire, mais je pense que vous aurez tout le temps qu'il faudra
pour répondre. Alors, je m'en excuse.
Pour ce qui est de l'étude des programmes, est-ce que nous la
ferons en voyant les programmes selon l'ordre prévu dans le cahier qui
nous est soumis, le cahier du budget, c'est-à-dire par numéro, ou
si vous préférez un autre ordre? Ou, encore, est-ce que nous
discuterons "at large" en touchant l'ensemble des programmes et en gardant
à la fin une période de temps pour l'adoption des programmes?
Convenons qu'après cinq heures les programmes doivent être
adoptés.
Mme Harel: M. le Président, pour ne pas retenir
inutilement des personnes qui ont des responsabilités administratives
importantes, il a été convenu que nous examinerions, cet
après-midi, le programme relatif à la Régie des rentes et
que, ce matin, nous terminerions certainement en complétant le programme
7 sur la sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris
et en complétant également le programme qui traite du Conseil
d'arbitrage. Nous commencerions donc par les programmes 9 et 10 sur la
formation professionnelle de la main-d'oeuvre et sur la protection et le
développement de l'emploi.
Le Président (M. Bélanger): Donc, les programmes 9,
10 et 7, ce matin, si j'ai bien compris...
Mme Harel: C'est bien ça.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien, d'accord.
J'appelle donc le programme 9. Formation professionnelle de la
main-d'oeuvre.
Mme Harel: Si c'est possible, nous pourrions essayer de terminer
le programme 6 aussi concernant l'assistance maladie.
Le Président (M. Bélanger): Bien. J'appelle donc le
programme 1; non, excusez-moi, le programme 9. M. le ministre.
Formation professionnelle de la main-d'oeuvre
M. Bourbeau: M. le Président, le programme 9 vise à
doter la main-d'uvre de la formation professionnelle nécessaire
pour l'obtention et la conservation des emplois. Les crédits 1989-1990
du programme 9, au montant de 165 059 300 $, se composent de 32 200 000 $ - je
vais laisser faire les autres chiffres - reliés à
l'administration des commissions de formation professionnelle,
c'est-à-dire les CFP, et de 132 800 000 $ pour les programmes
reliés à la formation professionnelle de la main-d'oeuvre.
L'augmentation de 7 400 000 $ par rapport aux crédits de
1988-1989 s'explique par divers ajouts et rationalisations à ce
programme.
Ainsi, 1 500 000 $ ont été accordés pour
l'informatisation des commissions de formation professionnelle. De plus, 1 113
000 $ ont été inclus afin de pourvoir aux besoins additionnels en
planification de l'emploi.
Des crédits de 4 600 000 $ ont été ajoutés
pour les fins du CREEEM, Comité de relance de l'emploi et de
l'économie de l'Est de Montréal et les plans de formation de
Hyundai et de Mon-tupet; en 1988-1989, un virement de 3 000 000 $ a
été effectué en provenance du programme 10,
élément 3, provision pour l'emploi, en regard des
activités du comité de relance de l'Est de Montréal. Par
ailleurs, diverses indexations ont apporté une augmentation de 4 300 000
$ aux activités du programme en plus d'ajustements aux taux de base des
activités de formation québécoises.
Un transfert de juridiction, pour une somme de 270 000 $, de l'Office
des ressources humaines vient compenser l'augmentation des participations de
l'employeur aux bénéfices sociaux de l'effectif
transféré en 1988-1989 aux commissions de formation
professionnelle pour le programme stage en milieu de travail. À ces
montants s'ajoute une somme de 28 300 $ représentant les besoins en
téléphonie pour l'effectif chargé de l'administration des
PPE-reclassement et qualification professionnelle dans les CFP.
De plus, une nouvelle répartition interministérielle des
fonds de l'accord Canada-Québec sur la formation en établissement
procure à l'activité Formation sur mesure en établissement
des crédits additionnels de 1 300 000 $.
Enfin, diverses rationalisations, dont une compression de 2 % du
personnel des commissions de formation professionnelle, viennent réduire
les crédits du programme de 5 792 200 $.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Fonds périmés
Mme Harel: M. le Président, l'ensemble de ces programmes
est, d'une certaine façon, un enchevêtrement. Je vais demander au
ministre de nous situer par rapport à la renégociation des
ententes avec le fédéral. Le ministre de l'Éducation,
hier, en commission parlementaire, en réponse à une question de
mon collègue d'Abi-tibi-Ouest, a fait état d'une reconduction
pour trois mois des budgets relatifs à la formation en
établissement. Pour que nous nous y retrouvions, le ministre peut-il,
d'abord, nous indiquer où en sont exactement les négociations
pour les quatre volets de l'entente? On va reprendre les volets, un
après l'autre, s'il le souhaite. (11 heures)
Dans le total des 22 000 000 $ périmés au chapitre de la
formation professionnelle, donc au programme 9, si on retrouve les
réponses aux questions de l'Opposition en matière de
crédits périmés pour l'exercice 1988-1989... Je fais
référence à la page 73 du cahier noir, intitulé
"Étude des crédits 1989: demande de renseignements de
l'Opposition officielle". À la page 73, il y a un tableau de la
prévision des crédits périmés pour l'exercice
1988-1989. C'est de loin le tableau le plus explicite sur la péremption
des crédits. Au chapitre C, Formation professionnelle de la
main-d'oeuvre, on lit: 22 000 000 $ de crédits périmés. On
reviendra sur le chapitre B, programmes de protection et développement
de l'emploi, où on fait état de 15 000 000 $. Restons à la
péremption des 22 000 000 $. C'est 22 000 000 $ qui n'ont pas
été dépensés cette année en matière
de formation professionnelle et qui s'ajoutent aux 9 000 000 $ qui n'ont pas
été dépensés l'an dernier ainsi qu'aux 10 000 000 $
qui n'ont pas été dépensés il y a deux ans. En
1986-1987, il y en avait pour 9 900 000 $ périmés; en 1987-1988,
9 300 000 $ et, cette année, 22 000 000 $, soit le double. L'an
passé, le ministre Paradis avait répondu que le programme n'avait
pas réellement atteint sa vitesse de croisière - c'est la
réponse passe-par-tout - parce que c'était un programme
nouvellement négocié et qu'il y avait des ajustements à
faire, des arrimages entre les commissions de formation professionnelle, les
centres d'emploi et d'immigration, les institutions d'enseignement, le
ministère et les centres Travail-Québec. Alors, quelle est
l'explication cette année pour que les crédits
périmés aient doublé? Si on fait un calcul rapide, sur
trois ans, c'est 41 000 000 $ qui n'ont pas été
dépensés de l'argent budgétisé par Québec en
matière de formation professionnelle. Franchement, est-ce qu'on a les
moyens de ne pas dépenser l'argent que l'on prétend investir pour
améliorer la qualification de la main-d'oeuvre au moment où on
sait pourtant que c'est l'élément clé du
développement d'une société?
M. Bourbeau: M. le Président, je vais répondre
à la question de la députée de Maison-neuve en ce qui
concerne le montant de 22 000 000 $ qu'on n'a pas dépensé au
cours de la dernière année financière en ce qui concerne
la formation professionnelle. La plus grosse partie de ces 22 000 000 $
provient du programme formation sur mesure où on a périmé
approximativement 10 500 000 $. Je rappelle à la députée
de Maisonneuve que le programme formation sur mesure en établissement
comprend deux volets: le FME, employabilité et le FME, emploi. Le FME,
emploi s'adresse aux travailleurs en entreprise. Quant au programme, formation
sur mesure en établissement, employabilité, il s'adresse aux
prestataires de la sécurité du revenu, aux clients de l'aide
sociale. Nous avions pour le programme formation sur mesure, un budget de 31
000 000 $ environ et nous en avons dépensé à peu
près 20 500 000 $, périmant ainsi 10 500 000 $. La raison pour
laquelle nous n'avons pas réussi à dépenser ces 10 500 000
$, c'est que la demande n'était tout simplement pas là. Le
programme, semble-t-il, est encore en voie d'Implantation, parce que la
clientèle ne le connaît pas assez ou ne s'adresse pas assez
à ce programme. Nous sommes en train de faire des efforts pour
augmenter, si tant est que ce soit possible, la notoriété du
programme. Ce n'est pas par intérêt que le ministère n'a
pas dépensé l'argent, c'est parce que les demandes n'ont pas
été aussi importantes que l'offre. Quant à moi, j'aime
mieux avoir des crédits plus importants que la demande que de manquer
d'argent. Peut-être avons-nous surestimé les besoins de la
demande, mais toujours est-il que, cette année, nous n'avons pas
réussi à dépenser plus que les deux tiers du programme.
Nous verrons ce que cela donnera l'an prochain. Voilà l'explication pour
ces 10 500 000 $.
Dans les 22 000 000 $ il y a une autre somme d'argent: il s'agit
d'environ 4 500 000 $ sur les 12 000 000 $ prévus au programme soutien
à la formation en entreprise ou le PSFE. Ce programme s'adresse aux
travailleurs des entreprises de moins de 200 employés. Ici encore, nous
avons dépensé environ 7 500 000 $ sur 12 000 000 $,
périmant de ce fait 4 500 000 $. Les remarques que je pourrais faire au
sujet de cette péremption sont les mêmes que celles que j'ai
faites précédemment concernant le programme de formation sur
mesure.
Une somme de 6 000 000 $ a également été
périmée au chapitre de ce qu'on appelle les projets
spéciaux: Hyundai, Montupet, projets de ce genre. Il semble que ces
entreprises n'étaient pas prêtes encore, qu'elles étaient
un peu en retard par rapport a la formation dans leur entreprise et, bien que
les sommes d'argent aient été disponibles, les entreprises
n'étaient pas encore prêtes à les dépenser toutes.
Des sommes d'argent ont été dépensés, mais les
montants
n'ont pas été suffisants pour consommer les sommes
d'argent qui avaient été prévues au budget. Donc, encore
là, on peut dire que c'est partie remise et que la formation qui n'a pas
eu lieu au cours de l'année précédente aura lieu
l'année suivante.
Voilà en gros, M. le Président, comment on peut expliquer
les principaux chiffres qui constituent la somme de 22 000 000 $ de fonds
périmés dans ce budget au cours de la dernière
année.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
Mme la députée.
Hyundai
Mme Harel: M. le Président, le ministre ne ressent-il
aucune inquiétude à me donner cette année le même
type d'explication que celle que son prédécesseur me donnait l'an
passé? Est-ce qu'il ne lui viendrait pas à l'esprit qu'il est
possible que les explications qu'il fournit ne sont pas les bonnes?
L'an passé, le ministre nous disait: Hyundai, ce n'est pas encore
bien lancé; laissez-nous le temps de bien arrimer. Cela fait
déjà deux ans. Le ministre va me dire exactement où en est
la situation à Hyundai. Il y a eu trois conférences de presse,
deux faites par son prédécesseur et une refaite par le ministre
actuel, pour annoncer l'intégration de bénéficiaires de
l'aide sociale à Hyundai. Où en est la situation, deux ans plus
tard?
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne la
situation à Hyundai, tout va normalement. Il n'y a pas à
s'inquiéter. La députée semble faire un plat du fait que
les crédits n'ont pas tous été dépensés. Je
ne suis quand même pas pour prendre des millions de dollars et les jeter
à l'eau parce que les entreprises n'ont malheureusement pas
dépensé l'argent. Notre responsabilité est de mettre les
sommes d'argent à la disposition de Hyundai. Cette société
coréenne est venue ici en disant: Nous allons construire 100 000
véhicules par année; ce sera générateur d'emplois
et de retombées économiques pour le Québec et le Canada,
mais nous avons besoin d'un peu d'aide pour la formation. Nous avons
répondu: Très bien, nous allons vous aider et mettre des
crédits à votre disposition. Mais nous ne ferons pas un
chèque en blanc à Hyundai. Nous n'enverrons pas un chèque
de g 000 000 $ en disant: Voici votre argent; nous espérons que vous
allez faire de la formation. Non, nous suivons très attentivement
l'évolution du dossier et, au fur et à mesure que Hyundai
dépense des sommes d'argent pour la formation, nous payons. Mais, s'il
arrivait que Hyundai ne dépense pas les 9 000 000 $, ce n'est pas moi
qui pleurerai ou ferai une dépression nerveuse. Je me dirai: Tant mieux
si Hyundai a réussi à trouver des travailleurs suffisamment
formés pour éviter de dépenser des sommes d'argent
excédentaires.
Je dirai plutôt à la députée: Tant mieux si
Hyundai peut réussir à trouver au Québec les travailleurs
dont elle a besoin sans qu'il soit nécessaire de leur faire suivre un
cours classique complet, avec les deux années de philosophie à la
fin. Je me dis: Les sommes d'argent sont là, nous sommes disposés
à payer. Tant mieux pour Hyundai si elle dépense l'argent mais,
si elle réussit à former les travailleurs à ses propres
frais ou si elle trouve des travailleurs plus formés qu'elle le croyait
et que la formation est moins longue et moins dispendieuse, tant mieux. Je ne
vois pas de problème là. C'est la même chose pour les
autres dossiers de formation d'ailleurs. Il ne faut pas nous reprocher de
n'avoir pas réussi à dépenser tous les fonds. Je pense que
la députée aurait bien plus raison si elle devait nous dire: II
manque de l'argent; vous avez épuisé vos budgets et il y a encore
des demandes de formation que vous ne pouvez pas remplir. Là, je me
sentirais mal à l'aise. Mais qu'il reste de l'argent sur la table
après que nous ayons ouvert les coffres à tout le monde, cela
signifie peut-être aussi qu'il y a de l'argent mis à la
disposition des travailleurs par le gouvernement mais que la demande est
inférieure à l'offre. Dans ce cas-là, je suis beaucoup
plus à l'aise que si l'offre était supérieure à la
demande.
Mme Harel: Le ministre m'a déjà répondu de
façon similaire au salon bleu en commission parlementaire.
M. Bourbeau: II se trouve que j'ai de la suite dans les
idées.
Mme Harel: À la suite de cette réponse, j'ai
été, d'une certaine façon, débordée d'appels
téléphoniques, de personnes, soit de responsables dans les
commissions scolaires de programmes de formation professionnelle... On va en
parler, on a la journée pour en parler. Ce que le ministre continue de
prétendre en disant que c'est ouvert et qu'il faut simplement le vouloir
pour en profiter, cela a été mis en doute par de très
nombreux intervenants, notamment des étudiants.
Je vais revenir immédiatement sur le cas des étudiants du
cégep de Rosemont, une centaine d'étudiants en
électronique sont venus en catastrophe à Québec, vendredi
passé, et ont erré dans les corridors du parlement en disant:
Cela n'a pas de bon sens qu'on ne s'occupe pas de nous; on a déjà
fait une première partie de notre formation en électronique et on
veut compléter l'équivalence du DEC en électrotechnique.
Cela va nous donner des possibilités réelles d'emploi. Pourtant,
il faut savoir que ces étudiants ont attendu un an à la
Commission de formation professionnelle. Ce sont des chômeurs qui ont
attendu pendant un an, une fois leur inscription faite, pour
bénéficier du cours. Ils
ont pu réaliser la première partie, le plan A qui leur
était offert et ils voudraient maintenant faire le plan B. La Commission
de formation professionnelle de leur région, qui avait accepté
l'automne dernier de leur donner l'entière formation, leur a dit que
cela n'était pas possible, qu'il fallait annuler faute de moyens
financiers, puisque l'accord qui se termine le 31 mars n'était pas
renouvelé et que la commission ne pouvait pas compter sur les fonds pour
être en mesure de poursuivre le financement de leur formation en
institution.
D'autre part, comment le ministre explique-t-il que dans le cas des
sommes budgétisées pour Hyundai qui n'étaient pas... Et la
dérision qu'il a faite sur le cours classique n'est pas très
à-propos. Entre autres, ces sommes devaient être utilisées
pour permettre à des travailleurs moins qualifiés qui
bénéficiaient de l'aide sociale d'être favorisés
à l'embauche. Où en est l'embauche de bénéficiaires
d'aide sociale actuellement à Hyundai? (11 h 15)
M. Bourbeau: M. le Président, lorsque nous avons
signé avec Hyundai la convention pour aider à la formation de la
main-d'oeuvre québécoise qui va travailler pour cette entreprise,
nous avions fixé avec la compagnie un objectif de 200 emplois
réservés à des bénéficiaires de l'aide
sociale.
On sait que Hyundai a commencé la production au cours des
derniers mois et, puisque c'est le début, il y a un nombre relativement
minime de travailleurs qui sont employés par rapport à ce que ce
sera lorsque l'usine aura atteint son rythme de croisière.
Actuellement, il y a déjà 13 bénéficiaires
de l'aide sociale qui ont été embauchés. Il y en a 100
autres qui ont passé le premier examen - il y a deux ou trois examens
prévus - en vue de l'embauche. Donc, après une procédure
d'élimination, il y en a une centaine qui ont passé la
première étape et qui sont en période de formation
présentement, de sorte qu'on s'achemine tranquillement, cahin-caha, vers
l'objectif de 200 assistés sociaux qui, je l'espère, seront
engagés par Hyundai pour travailler à l'usine de Bromont; 200 sur
les 1200 travailleurs que devrait compter l'usine de Hyundai à
Bromont.
Mme Harel: M. le Président, combien y a-t-il de
travailleurs embauchés actuellement? Le ministre m'avait fourni un
chiffre. Je veux vérifier si c'est toujours le même. Quel est le
total des travailleurs embauchés?
M. Bourbeau: Mme la députée, on n'a pas
présentement le nombre de travailleurs qui sont au service de l'usine de
Bromont.
Mme Harel: En février dernier, le ministre m'avait
transmis le chiffre de 580 travailleurs qui étaient embauchés par
Hyundai. Si on considère qu'il y a 13 bénéficiaires d'aide
sociale sur les 580, c'est-à-dire près de la moitié de
ceux qui ultérieurement compléteront la main-d'oeuvre de Hyundai,
c'est évidemment à peine 2 % des travailleurs actuellement
embauchés qui l'ont été grâce au programme de
réinsertion.
J'aimerais également vérifier auprès du ministre ce
qu'il entend faire des 2 000 000 $ qui n'ont pas été
dépensés dans le cadre du fonds spécial mis en place pour
(a main-d'oeuvre de l'est de Montréal. On se rappellera qui y a un an
maintenant, à grands renforts de communiqués, son
prédécesseur avait annoncé un fonds spécial de 12
000 000 $ pour l'adaptation de la main-d'oeuvre locale, à raison de 3
200 000 $ la première année. À peine un peu plus de 1 000
000 $ a été dépensé. D'ailleurs, la moitié
de cette somme l'a été non pas pour les sans-emploi, mais pour le
maintien des emplois déjà existants. Donc, 65 % de ce qui
était inscrit au budget a été périmé.
Pourtant, les statistiques les plus récentes permettent malheureusement
de constater que le nombre de sans-emploi est aussi important maintenant qu'il
l'était il y a trois ans, malgré la prospérité du
ministre des Finances qui est passée à côté
d'eux.
Qu'entend faire le ministre des 2 000 000 $ périmés
à l'égard de la main-d'oeuvre locale de l'est de Montréal?
Il est certainement informé que tous les intervenants du milieu, y
compris la nouvelle Société de promotion des
intérêts de l'est de Montréal, lui demandent de confirmer
la reconduction de ces 2 000 000 $ qui n'ont pas été
dépensés comme ajout au budget prévu pour la prochaine
année. Je pense que c'est l'occasion aujourd'hui. J'avais posé la
question en février, mais c'est l'occasion aujourd'hui d'y
répondre clairement. Est-ce que ces 2 000 000 $ qui n'ont pas
été dépensés seront retournés au fonds
consolidé ou vont-ils s'ajouter à la somme qui avait
été prévue pour la main-d'oeuvre locale de l'est de
Montréal?
M. Bourbeau: M. le Président, on se souvient que le
gouvernement s'est engagé à un programme triennal de 12 000 000
$, en plus d'ailleurs des 15 000 000 $ qui sont déjà
affectés pour la même période à la Commission de
formation professionnelle. Les 12 000 000 $ devaient être
dépensés originalement en trois ans, soit les années
1988-1989, 1989-1990 et 1990-1991. Et ça se répartissait comme
suit; 3 200 000 $ l'année dernière; 5 400 000 $ l'année
courante, celle qui commence; et 3 200 000 $, l'année suivante, pour un
total de 12 000 000 $. Il est exact que nous n'avons pas réussi à
dépenser les 3 200 000 $ la première année. Mon intention,
c'est de recommander au gouvernement de reporter la somme qui n'a pas
été dépensée au cours de l'année
dernière sur les deux prochaines années.
Mme Harel: Est-ce que c'est fait ou si vous entendez le faire
prochainement?
M. Bourbeau: Non, ça n'a pas été fait
encore. Nous avons une somme importante prévue dans le budget de cette
année, 5 400 000 $, mais mon intention est de demander au gouvernement
de reporter sur les deux ou peut-être même les trois prochaines
années la somme d'argent qui n'a pas été
dépensée l'an dernier.
Mme Harel: M. le Président, le ministre nous disait
tantôt que la demande n'était pas là, qu'il comprendrait
s'il n'y avait pas assez de fonds et que la demande avait excédé,
mais il prétendait que l'Opposition ne pouvait pas lui reprocher de ne
pas avoir dépensé l'argent qu'il avait pourtant
budgétisé. Alors, le ministre renvoie la responsabilité de
la péremption de ces 22 000 000 $ pour la formation professionnelle,
soit le double de l'an passé, il en renvoie la responsabilité aux
sans-emploi. Ce seraient eux et elles qui ne profiteraient pas de ce qui leur
serait pourtant offert, et cela pour des raisons sur lesquelles le ministre ne
s'explique pas. Serait-ce par fainéantise, par paresse ou pour une autre
raison? Il ne s'explique pas là-dessus, mais la responsabilité,
selon lui, reposerait sur les hommes et les femmes sans emploi qui n'en
profitent pas.
Alors, je voudrais l'interroger sur ces 10 000 000 $ non
dépensés en matière de formation sur mesure, volet
employabilité, c'est-à-dire le programme qui s'adresse aux
bénéficiaires de l'aide sociale de la région de
Montréal. Je vais lui demander de confirmer les chiffres qui m'ont
été transmis... Une seconde, M. le Président, je vais
retrouver le document intitulé Volet employabilité, qui a
été préparé par la Commis-son de formation
professionnelle de Montréal. M. le Président, est-ce qu'on
suspend pour quelques minutes?
Le ministre nous dit donc: La responsabilité incombe à
ceux et à celles qui ne s'inscrivent pas; nos programmes sont là.
Le ministre a-t-il pris connaissance des nombreuses doléances des
étudiants bénéficiaires de l'aide sociale, à savoir
que l'information donnée est différente, selon qu'elle provient
des commissions de formation professionnelle, ou des fonctionnaires des centres
d'emploi et d'immigration du Canada, ou des fonctionnaires agents de l'aide
sociale?
Je voudrais faire état de groupes d'étudiants. L'automne
passé, j'avais déjà eu l'occasion d'alerter le ministre
sur la situation vécue par des étudiants
bénéficiaires de l'aide sociale, des femmes, puisque c'est un
programme qui s'adresse aux 30-44 ans. Quand on retrouve les conditions, les
clientèles visées, on voit très bien que, sans le dire
clairement, la priorité est accordée aux personnes de 30 à
44 ans et que c'est essentiellement pour elles que le programme est
conçu.
À ces gens d'Iberville, l'automne dernier, et à
Saint-Hyacinthe, à Jonquière et à Québec, le
même problème s'était présenté à
l'égard de ces étudiants qui s'engagent dans une formation
professionnelle très accélérée. Ils ont souvent des
responsabilités parentales, pas toujours, mais, de toute façon,
ils ne sont plus à la charge de leur famille depuis bien longtemps. Ils
ont connu une situation financière précaire qui les a
amenés à demander une allocation de subsistance, l'aide sociale.
Ces personnes s'engagent dans ces programmes de formation. Et, en cours de
route, comme c'est le cas maintenant pour les étudiants inscrits au
cégep de Rosemont en gestion informatisée et pour ceux inscrits
à André-Laurendeau en manipulation de logiciels et de progiciels,
qui, à tous égards, correspondent aux critères de
qualification, espérant sortir de la situation difficile dans laquelle
ils sont, comme ceux d'Alma aussi, dans un cours de gérontologie, au
cégep, comme des étudiants de partout au Québec, en cours
de route, ces étudiants apprennent que, comme il n'y a eu aucune
harmonisation entre le ministère de l'Éducation et celui de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, ils devront faire une
demande de prêt au régime des prêts et bourses.
Évidemment, on sait bien que la bourse est inaccessible au niveau
collégial, c'est d'un prêt dont il s'agit. De toute façon,
ils sont inadmissibles à l'aide sociale, puisque leur cours est offert
au niveau collégial. C'est donc cette absence d'harmonisation au sein
d'un même gouvernement - on reviendra sur l'absence d'harmonisation entre
Québec et Ottawa - qui fait que ces personnes, qui ont surmonté
tous les obstacles et tous les handicaps et qui, finalement, sont assises dans
la classe où le cours se donne, apprennent du cégep, le plus
souvent par l'agent préposé au régime des prêts et
bourses, leur inadmissibilité à l'aide sociale et la
nécessité d'entreprendre une démarche pour s'inscrire aux
prêts et bourses.
Que le ministre ne me dise pas que, peut-être, les
prêts-bourses les jugeront non admissibles et qu'ils pourront revenir
à l'aide sociale. Ces personnes n'ont pas à être victimes
de l'absence d'harmonisation entre les deux ministères du même
gouvernement. On les invite à aller chercher une qualification pour s'en
sortir. Et la première chose qu'elles apprennent, c'est qu'elles auront
à contracter une dette puisque le prêt, au niveau
collégial, sera remboursable selon les mêmes conditions que le
prêt-bourse, c'est-à-dire six mois après la fin du cours,
au taux d'intérêt en vigueur, moins 2 %, avec
l'appréhension que vivent ces personnes, compte tenu notamment de la
hausse des taux d'intérêt actuels. (11 h 30)
Donc, cette contraction d'une dette dans l'état précaire
où elles vivent, c'est évidemment un obstacle majeur qui se
dresse dans l'élargissement du nombre d'inscriptions au programme de
formation sur mesure en établissement, volet employabilité. Que
le ministre ne voie pas cela, il faut véritablement être
aveugle.
À la suite de l'échange de vues qu'on avait eu en
commission parlementaire, des étudiants
m'ont appelée pour me demander de signaler au ministre que s'il
ne peut pas rendre le cheval à l'abreuvoir, il doit savoir qu'une fois
que le cheval est rendu, l'eau qu'il boit est salée ou avariée et
c'est son eau qu'il doit changer. Si le ministre ne prend pas ses
responsabilités, c'est lui qui va être tenu responsable du
piètre succès de son programme. Cela devient Indécent de
mettre sur le dos des personnes qui ne peuvent pas apporter les corrections que
lui seul peut apporter la responsabilité de 10 000 000 $ qui ne sont pas
utilisés. Il peut corriger la situation. Il faut qu'il désigne
les formations qui sont dispensées par les CFP, que ce soit au niveau
collégial ou secondaire, parce que... Notamment à
Montréal, on dit: II y aura 61 activités de formation au niveau
secondaire et 20 activités au niveau collégial qui pourraient
atteindre près de 900 personnes.
Je voudrais savoir ceci. Combien y a-t-il de personnes à
Montréal qui, réellement, ont été inscrites durant
l'année 1988-1989, compte tenu des prévisions de 900 personnes
que faisaient les CFP? Combien du budget de 4 732 880 $ ont été
dépensés pour l'année financière 1988-1989? Combien
des sommes budgétisées que je viens de mentionner ont
été réellement dépensées? J'avais
déjà demandé au ministre, pour chacune des régions
et pour chacune des commissions de formation professionnelle régionales,
qu'il me donne la ventilation des bénéficiaires et des
programmes. La seule façon de savoir où ça peut performer
et où c'est assurément un échec important, c'est de
savoir, par la commission de formation professionnelle, comment les programmes
sont utilisés.
Alors, je reviens au ministre car son rôle est capital. S'il ne
met pas fin immédiatement à l'imbroglio que vivent les
étudiants, ce n'est pas 10 000 000 $ de périmés que nous
aurons en matière d'employabilité et de formation sur mesure en
établissement, ce sera quasiment tout le budget, l'an prochain.
Pourquoi? Parce que les étudiants, qui ont déjà de la
difficulté à se retrouver... Je mets au défi le ministre
d'entendre un certain nombre d'étudiants, pris au hasard, par un
échantillonnage comme il le fait pour détecter les cas de
fraudes, pour savoir comment ils ont appris l'existence de ces cours. Ils vont
être les premiers à vous dire que les agents des centres
Travail-Québec sont les moins informés et que la majorité
d'entre eux sont venus dans les centres Travail-Québec une fois
l'information obtenue par un organisme communautaire, par la commission de
formation professionnelle, par un centre d'emploi du Canada. Quand ils
s'adressaient à l'agent, très souvent l'agent ne connaissait
pratiquement pas cette offre de formation qui est pourtant prétendument
offerte largement aux bénéficiaires de l'aide sociale.
Donc, le bât blesse dans ce programme, parce qu'il n'y a aucune
harmonisation entre les ministères du gouvernement du Québec et
que, une fois inscrits, si la qualification que leur propose la CFP n'est pas
offerte dans une institution secondaire qui leur permet de conserver leur
allocation de subsistance, et si, par malheur, cette formation leur est offerte
au niveau collégial, c'est une fois assis sur les bancs de
l'école qu'ils apprennent qu'ils ne sont plus admissibles à
l'aide sociale, qu'ils doivent contracter le prêt du régime des
prêts et bourses, malgré qu'ils n'ont pas de vacances scolaires
pour aller chercher des revenus et malgré - suprême contradiction
- que les revenus imputés par le calcul du prêt dans le
régime des prêts et bourses sont évidemment
supérieurs aux revenus permis par le régime d'aide sociale. C'est
le premier problème auquel les étudiants sont confrontés
et qui fait des victimes parmi ceux qui veulent profiter du programme de
qualification. C'est le premier problème que le ministre doit corriger
immédiatement.
Le second, c'est que pour suivre ces cours, pour fréquenter des
institutions, pour entreprendre une démarche sérieuse
d'intégration aux études, souvent, ces étudiants se sont
fait dire par les centres d'emploi et immigration qu'ils toucheraient une
allocation de 87,50 $ lorsqu'ils sont célibataires de 35, 40 ou 45 ans,
qui leur permettrait de faire face aux dépenses occasionnées par
le déplacement, les repas et le matériel didactique. Et, pour
avoir rencontré au moins une vingtaine d'entre eux, aucun d'eux
n'était au courant qu'ils avaient droit à un besoin
spécial qui peut aller jusqu'à l'équivalent de 500 $ pour
le remboursement de leurs frais de matériel par l'aide sociale. Aucun
agent ne leur avait transmis cette information. Donc, ils pensent pouvoir
utiliser l'allocation versée par le fédéral. Et là,
ils se rendent compte qu'elle est entièrement amputée du
chèque mensuel qui couvre les besoins ordinaires de leur subsistance.
S'ils restaient à la maison, ils toucheraient le même montant de
507 $ qui leur est finalement consenti pour entreprendre ces études qui
occasionnent cependant des frais. Il n'y a que les 25 $ par mois de revenu
admissible permis qui leur sont alloués et qui, de toute
évidence, sont en deçà même d'une carte de
transport. La CAM coûte 31 $ à Montréal. Alors le revenu
permis de 25 $, est de 6 $ de moins que coûte la carte de transport.
C'est ça l'encouragement, l'incitation à se qualifier pour des
gens qui ont déjà connu des échecs puisqu'ils sont
à l'aide sociale.
Et ce n'est pas tout. Cette allocation d'étude est imposable. Ils
reçoivent des T4 pour ces montants qui sont versés par Ottawa et
entièrement déduits par l'aide sociale. Quel salarié, quel
employé, quel citoyen, quel contribuable connaît un taux
d'imposition à 100 % dans notre société? Pourtant, c'est
exactement ce à quoi ils sont assujettis puisque 100 % de l'allocation
qui leur est versée, moins les 25 $ par mois de revenu admissible, est
déduit. Cela veut dire que sur le total de l'allocation de 376,25 $ par
mois, versée par le fédéral et pour
laquelle il y aura un T4 qui sera envoyé, 351,25 $ sont
récupérés par l'aide sociale et ce ne sont finalement que
25 $ qui sont versés en supplément des besoins ordinaires. Cela
veut dire que le ministre n'a pas à transférer la
responsabilité de la non-utilisation des 10 000 000 $. C'est
l'irresponsabilité actuelle en matière d'harmonisation qui
crée l'imbroglio dont sont victimes les bénéficiaires
d'aide sociale. Pour profiter de votre programme de formation, il faut qu'ils
coupent sur leurs besoins ordinaires, les besoins de subsistance,
c'est-à-dire manger, se chauffer, payer son loyer. Il faut qu'ils
coupent là-dessus pour se déplacer et payer les frais
occasionnés par cette formation.
Alors je demande au ministre s'il entend - je regrette, mais je ne
trouve pas ça drôle du tout - continuer à, je dirais
malheureusement, jouer à l'autruche et s'il entend continuer -
j'espère que ce n'est pas du mépris qu'il a - aveuglément
à reprendre les mêmes explications qui sont totalement
dépassées. Il y avait 18 étudiants au cégep de
Rosemont en gestion par micro-ordinateur, il y en avait 14, il y a deux
semaines, à la suite de toutes ces complications, et il y en a 12 cette
semaine. Est-ce qu'il va attendre qu'il n'en reste que 2 pour penser qu'il y a
un problème à corriger?
M. Bourbeau: M. le Président, je remercie la
députée de Maisonneuve pour sa causerie. Elle vient de faire
allusion au fait que je pourrais ressembler à une autruche en me cachant
la tête dans le sable, mais moi, je dirais qu'elle me fait penser
à un lièvre parce que, au cours du discours fleuve qu'elle vient
de prononcer, elle a touché à au moins cinq dossiers
différents. J'ai beau avoir la meilleure volonté du monde, je ne
peux pas suivre la députée de Maisonneuve sur chacun de ces
dossiers et tenter de lui répondre globalement sur cinq dossiers
à la fois. Elle a parlé du problème des étudiants
du cégep Rosemont, du programme FME-employabilité, de la somme de
10 500 000 $ qu'on n'a pas réussi à dépenser et elle
semblait vouloir des explications précises sur cette somme. Après
cela, elle nous a demandé des renseignements sur les négociations
relativement aux ententes fédérales-provinciales. Elle a
parlé, après ça, des documents que, semble-t-il, nous ne
lui aurions pas donnés, soit des renseignements concernant les
programmes de formation et de qualification professionnelle. Elle a
parlé des engagements financiers. Dans son discours, un tiers du temps,
c'étaient des questions; un tiers du temps, c'étaient des
leçons de moralité et l'autre tiers du temps, c'était un
discours non moralisant.
Bref, M. le Président, moi, je veux bien répondre mais il
va falloir que la députée de Maisonneuve s'autodiscipline. Moi,
je veux passer tout le temps qu'il faut ici, je peux écouter la causerie
jusqu'à 17 heures, mais si elle veut des renseignements sur des sujets
précis, il faudrait qu'elle parle de sujets précis et, autant que
possible, qu'elle pose les questions une à la fois. Là, j'ai
tenté de prendre des notes sur ce qu'elle a dit. Je rappellerais
à la députée de Maison-neuve l'adage qui veut que, qui
trop embrasse, mal étreint. Je dirais qu'elle devrait embrasser un sujet
à la fois, ce serait peut-être plus facile d'y répondre. Il
y a d'ailleurs Virgile qui disait au sujet de la députée de
Maisonneuve "varium et mutabile semper", dans l'Enéide. Une chose
variable et changeante.
Alors, M. le Président, je voudrais parler du problème
évoqué par la députée de Maisonneuve au
début et sur lequel elle est revenue à la fin. Des
étudiants à temps plein au cégep se seraient vu amputer de
certaines sommes d'argent qu'ils ou qu'elles ont reçues du gouvernement
fédéral à titre d'allocations pour participer à un
programme de formation. Pour le bénéfice des membres de la
commission, j'aimerais rappeler qu'il y a deux situations qui peuvent se
présenter dans le système actuel. Un individu est étudiant
à temps plein à l'université ou au cégep. Dans ce
cas, il n'est pas admissible à l'aide sociale. Il doit
nécessairement se diriger vers le système de prêts et
bourses. C'est la règle générale. L'autre
possibilité, c'est que l'étudiant ne soit pas à
l'université ou au cégep mais qu'il soit en train de terminer son
cours secondaire. S'il est à l'aide sociale, à ce
moment-là, on va le garder à l'aide sociale. Il faut qu'il ait au
moins 18 ans. Il y a une cloison très étanche entre le
secondaire, où on peut être à l'aide sociale, et le
collégial et l'université où on ne peut pas être
à l'aide sociale. On doit être au régime des prêts et
bourses, et on comprend pourquoi. S'il n'y avait pas cette cloison
étanche, il pourrait y avoir des étudiants qui, à l'aide
sociale, pourraient terminer leur cours secondaire et même universitaire
tout en étant subventionnés par l'État alors que d'autres
étudiants seraient obligés de s'endetter pour terminer leur cours
collégial et universitaire. On ferait donc deux régimes dont l'un
serait beaucoup plus attrayant pour ceux qui seraient à l'aide sociale,
donc, un phénomène d'attraction à l'aide sociale pour ces
étudiants.
Dans le système actuel, il y a une exception notoire, c'est le
programme de retour aux études postsecondaires pour les chefs de famille
monoparentale. On a voulu cette exception et on la maintient. C'est une
exception, ce n'est pas la règle générale.
Tout ce système, bien sûr, est en évolution,
c'est-à-dire que nous cherchons toujours à perfectionner le
système. Or, le gouvernement fédéral, l'an dernier a
offert, enfin... nous avons négocié avec le gouvernement
fédéral ce volet du programme FME-employabilité par lequel
le fédéral met des sommes d'argent à la disposition des
assistés sociaux pour des cours de formation. Alors, s'est posé
le problème comme une partie de ces étudiants seraient, seront ou
sont au cégep. Si ces étudiants sont à l'aide sociale et
qu'ils deviennent des étudiants à temps plein au cégep,
ils doivent forcément quitter l'aide
sociale, ce qui, dans certains cas, semble leur créer des
problèmes. Ces étudiants, on le comprend, aimeraient mieux
être à l'aide sociale, recevoir leurs pleines prestations et les
pleines allocations d'environ 375 $ par mois du gouvernement
fédéral, ce qui, bien sûr, serait le meilleur des mondes;
Us retireraient les sommes d'argent des deux sources de financement. (11 il
45)
Nous avons pensé qu'H y avait effectivement possibilité,
si les sommes d'argent qu'ils reçoivent du gouvernement
fédéral ne sont pas suffisantes pour subvenir à leurs
besoins essentiels, de les garder à l'aide sociale. Nous avons
prévu, dans la nouvelle loi qui entrera en vigueur le 1er août
prochain, la possibilité pour le ministre de déterminer certains
programmes de ce type qui pourraient être admissibles à un
maintien à l'aide sociale dans des circonstances spéciales. Ce ne
serait certainement pas la règle générale, mais on
pourrait analyser ces programmes, des programmes qui s'adresseraient à
des cas plus complexes, à des situations requérant un peu plus de
souplesse de la part du gouvernement. Nous avons donc prévu cette
situation. Entre-temps, entre maintenant et le 1er août prochain,
puisqu'il y a une période durant laquelle la nouvelle loi ne s'applique
pas, nous avons émis des directives pour qu'on maintienne dans des cas
exceptionnels les étudiants à l'aide sociale tout en
bénéficiant des allocations de formation du gouvernement
fédéral. Ces allocations de formation, je dois le rappeler, sont
des allocations de subsistance, exactement comme la prestation d'aide sociale,
de sorte que cela n'enlève pas le principe général qui
veut qu'à l'aide sociale, l'État subventionne la
différence entre les besoins et les revenus. Si ces étudiants
reçoivent des sommes d'argent du gouvernement fédéral
à titre de subsistance, ces sommes seront déduites des
prestations de l'aide sociale. L'avantage pour eux, c'est qu'ils ne seront pas
exclus de l'aide sociale. Par contre, on tiendra compte de leurs revenus, comme
tous les autres clients de l'aide sociale. Ces revenus sont assimilés,
quant à nous, à des revenus de travail. Il y aura l'exclusion
pour les gains de travail. Vous savez que, dans la nouvelle Loi sur la
sécurité du revenu, les exclusions pour gains de travail seront
plus importantes. Ils bénéficieront donc de ces exclusions. Mais,
une fois les exclusions pour gains de travail satisfaites ou remplies,
l'excédent, le solde, sera comptabilisé comme des revenus et ces
revenus seront déduits des prestations d'aide sociale de sorte que les
étudiants seront traités sur le même pied que les
autres.
On me dira: C'est malheureux. S'ils avaient gardé ces sommes
d'argent, cela leur en ferait plus. Bien sûr que cela en ferait plus,
c'est évident. Et si on ajoutait 15 000 $ par année de plus, ce
serait encore plus. Sauf qu'il ne faut pas oublier que nous sommes dans un
système de dernier recours. L'aide sociale est un système de
dernier recours où on ne paie que l'essentiel, c'est-à-dire la
différence entre les revenus et les dépenses essentielles. Ces
étudiants qui reçoivent ces sommes du gouvernement
fédéral, je le répète, versées à
titre d'allocation de subsistance, ne peuvent se trouver dans une situation
financière plus Intéressante que leurs collègues, les
autres assistés sociaux ou les étudiants aux prêts et
bourses qui, étant également étudiants à temps
plein, doivent passer par le système des prêts et bourses et
emprunter de l'argent pour s'instruire. Bref, c'est la règle
générale et, quant à moi, je la trouve tout à fait
correcte et respectueuse des lois et des règlements que nous avons
adoptés ensemble et de la philosophie inhérente à un
système de dernier recours.
Maintenant, M. le Président, si la députée de
Maisonneuve veut des renseignements précis sur les autres sujets, je
pourrais peut-être ajouter ceci. Les documents qu'elle disait tout
à l'heure n'avoir pas reçus sont dans le cahier noir qu'on lui a
fait parvenir, aux pages 175, 176, 177 et suivantes. Si elle regarde
attentivement le cahier qu'on lui a fait parvenir, la députée
trouvera des documents quant au nombre de participants par région, le
nombre de personnes s'étant vu refuser la participation aux programmes
par région. Pour la deuxième catégorie, ces chiffres ne
sont pas disponibles, mais le nombre de participants par région est
disponible pour chacun des programmes et pour chacune des régions du
Québec.
Finalement, je pense que ça fait le tour de ce que j'ai retenu
des questions de la députée de Maisonneuve mais je l'inviterais
à faire ses interventions plus courtes et à poser des questions
dossier par dossier. Cela permettra peut-être d'avancer plus
rapidement.
Mme Harel: M. le Président, ce qui nous a
été transmis en matière d'information par la Commission de
formation professionnelle n'est pas du tout satisfaisant puisqu'on n'a pas les
budgets qui étaient alloués, ceux qui ont été
dépensés réellement, donc ceux qui ont été
périmés.
Je veux simplement rappeler au ministre que ce n'est pas très
impressionnant qu'à chaque fois qu'il est embarrassé par les
réponses qu'il a à donner il s'interroge sur la manière
dont je lui pose mes questions. Je ne lui parle que d'un programme dont je dois
malheureusement encore constater l'inconscience qu'il affiche à
l'égard des correctifs qu'il faut apporter pour cesser à chaque
année de périmer des millions de dollars qui sont
budgétisés. Imaginez que ce programme, ces formations sur mesure
en établissement, volet employabiiité, offert aux
bénéficiaires d'aide sociale pour lequel il y a cette
année 10 000 000 $ périmés. Ce ne sont pas des pinottes
dans un programme sur un total de 22 000 000 $ périmés en
formation professionnelle.
Évidemment, je ne sais pas si le ministre est de ceux qui, comme
Gerald Ford, sont incapables de mâcher de la gomme tout en marchant parce
qu'il a toujours l'air de trouver bien compliqué de m'écouter
tout en essayant de préparer les réponses qu'il va me faire. Ce
qu'il vient de répondre est nettement insatisfaisant en matière
de formation sur mesure en établissement, volet employabilité,
pour la raison suivante. Le ministre dit: II faut une cloison étanche
entre la fréquentation d'une institution collégiale universitaire
et l'aide sociale. Je souscris à cette affirmation. Cela vaut pour les
étudiants réguliers qui veulent obtenir un DEC, un diplôme
d'études collégiales. Cela vaut très certainement,
malgré des exceptions qui valent tout autant. On parle des femmes chef
de famille monoparentale. Il n'est pas impossible d'envisager qu'on puisse
ajouter des exceptions à cette exception. Je pense, en particulier,
à des travailleurs licenciés qui pourraient, à 40 ou 45
ans, bénéficier d'une nouvelle formation en acquérant un
diplôme d'études collégiales.
C'est le ministre qui confond tout présentement. Ce qu'il n'a pas
dit, c'est que les bénéficiaires d'aide sociale à qui le
programme est offert ne sont pas informés que si, tant est la
qualification de la commission de formation professionnelle qui leur est
offerte conjointement avec Emploi et Immigration Canada l'est dans une
institution de type collégial, elle ne l'est pas pour obtenir un DEC,
elle l'est pour accélérer une formation de 30, 40, au maximum 42
semaines, je pense, de manière continue sans vacances scolaires. Quand
il mélange les étudiants réguliers d'un diplôme
d'études collégiales avec ceux qui bénéficient de
l'aide sociale, à qui on dit: Si vous voulez vous en sortir, il vous
faut, par un effort d'apprentissage accru, et ce ne sera pas facile, cette
formation continue est exigeante, il vous faut retourner à
l'école, si tant est que les CFP disent: Ce n'est pas au secondaire que
t'est offert tel cours que tu peux suivre, mon vieux ou ma vieille, mais au
collégial... C'est comme si le ciel leur tombait sur la tête parce
qu'un très grand nombre parmi eux ne voient pas la possibilité de
contracter un prêt qui sera remboursable dans les six mois de la fin du
cours à un taux d'intérêt qui sera celui en vigueur moins 2
%. Il serait autour de 11 % ou 12 % maintenant, si ça n'augmente pas. Et
évidemment sans garantie d'emploi.
Quelle est l'équité? Comment trouver équitable
qu'une personne qui s'inscrit à ce cours offert aux personnes
assistées sociales n'ait que l'équivalent de la subsistance des
besoins ordinaires qui lui seraient offerts pour rester à la maison
à ne rien faire? C'est ça qui n'est pas équitable.
L'inéquité, c'est de ne pas compenser les dépenses
occasionnées pour aller chercher cette formation. Le ministre aura beau
me dire qu'au 1er août les revenus admissibles changeront, le 1er
août, ça va passer de 25 $ à 53 $ par mois pour un
célibataire. Cela va passer de 40 $ à 70 $. Mais encore
là, c'est totalement inéquitable.
D'ailleurs, c'est Inexact. L'allocation versée par le
fédéral - c'est d'ailleurs indiqué dans les cahiers des
procédures administratives et financières - c'est une allocation
qui est versée uniquement pour les fins des cours à temps plein
ou à temps partiel au rythme de dix heures d'enseignement par semaine ou
plus. Cela n'est pas une allocation de subsistance, si c'est une allocation
dite de formation. Elle s'intitule comme ça en vertu de la Loi nationale
sur la formation. Cela s'appelle des allocations de formation versées
par Emploi et Immigration Canada aux adultes dirigés vers des cours
offerts à temps plein. Ces allocations de formation sont offertes en
surplus des prestations d'assurance-chômage. Non pas à la place
des prestations d'assurance-chômage.
M. Bourbeau: M. le Président, la différence est que
l'assurance-chômage, ce n'est pas un système de dernier recours et
ce n'est pas les mêmes principes de comptabilité qui s'appliquent.
Nous sommes dans un système de dernier recours et on m'affirme - les
fonctionnaires qui sont avec moi et qui négocient - que dans l'esprit du
fédéral et l'esprit de tout le monde, c'est une allocation de
subsistance pour permettre à ceux qui suivent ces cours de payer leurs
dépenses de subsistance courantes.
Mme Harel: Si c'était une allocation de subsistance, elle
ne serait pas imposable.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Mme la
députée...
Mme Harel: II y a un T-4... Oui, mais c'est lui qui m'a
interrompue, M. le Président.
M. Bourbeau: Laissez-moi terminer.
Le Président (M. Joly): Non, vous aviez terminé,
Mme la députée.
Mme Harel: Non, je n'avais pas terminé.
M. Bourbeau: Ce que je voudrais dire à la
députée, c'est que ces étudiants, qui décident
d'aller étudier et prendre un cours ponctuel et non pas, j'en conviens,
terminer un DEC, c'est exactement pour ça qu'on a fait une exception
dans leur cas. La députée dit la même chose que moi. J'ai
dit qu'il y avait des étudiants à temps plein qui finissent leur
DEC, qui sont aux prêts et bourses. On va reconnaître des cas
spéciaux. Par exemple, prenez un étudiant qui déciderait
d'aller suivre un cours de tenue de livre de six mois au cégep. On lui
dit: Ce n'est pas au secondaire, c'est au cégep. Bon, alors ça
pourrait être le cas par exemple d'un étudiant qui ne s'engage pas
dans un processus menant à un DEC et à l'université; on
pourrait reconnaître dans le nouveau régime que c'est un cas
où on pourrait garder l'étudiant à l'aide sociale. Mais,
cela ne
veut pas dire qu'on va lui laisser le droit de cumuler sa prestation
d'aide sociale et sa prestation venant du gouvernement fédéral,
parce que si on fait ça, on va littéralement attirer à
l'aide sociale tous les étudiants au cégep qui vont dire: C'est
bien plus payant d'aller à l'aide sociale, de cumuler les prestations
à gauche et à droite que de s'endetter aux prêts et
bourses. Je dis à la députée...
Mme Harel: C'est un programme qui est offert aux plus de 30
ans.
M. Bourbeau: ...de Maisonneuve que ces étudiants ne sont
pas brimés, au contraire, par rapport à celui qui est à
l'aide sociale et qui ne fait rien. Celui qui va étudier va recevoir le
même montant que celui qui n'étudie pas, mais en plus, il
reçoit gratuitement une formation, c'est un plus, ça vaut de
l'argent une formation, et cela lui est donné sans qu'il ait besoin de
payer. Cela accroît singulièrement ses chances de se trouver un
emploi. Bref, on ne peut pas dire que l'État brime l'individu qui a la
chance d'aller suivre un cours au cégep sans qu'il soit
financièrement brimé. Cela ne lui coûte rien, au contraire,
on le maintient dans le même état financier que celui qui ne suit
rien. (12 heures)
Moi, je dis que ce n'est pas rendre un mauvais service à
quelqu'un que de le traiter comme ça. Je trouve qu'il reçoit
plus, il reçoit de l'argent et il reçoit de la formation, alors
que l'autre ne reçoit que de l'argent. Moi, je me dis qu'on est tout
à fait correct et équitable en traitant cet étudiant de
cette façon, lui permettant d'encaisser les fonds du
fédéral, lui laissant la partie de ces fonds, l'exemption pour
gain de travail pour ses dépenses de voyagement, si vous voulez, et le
reste est comptabilisé comme un revenu comme les autres assistés
sociaux. Je dirais que ce programme n'a pas pour objet de traiter plus
généreusement les étudiants à temps plein qui
demeureraient à la sécurité du revenu, même au
collégial, si c'était ça l'objet, de les traiter plus
généreusement, ce serait injuste pour tous les autres
étudiants qui, eux, ont à suivre le système des
prêts et bourses et à s'endetter.
Dernière remarque, M. le Président, la
députée de Maisonneuve se disait insatisfaite tout à
l'heure des documents que je lui ai pointés dans le livre noir, en
disant: On n'a pas les budgets. Je lui signale que les budgets sont là
aussi, région par région. C'est à la page 183 du livre
noir. Je conseillerais à la députée de Maisonneuve de
regarder le livre noir entre 13 heures et 15 heures peut-être.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Joly): Vous pouvez ajouter quelque chose,
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Malheureusement, M. le minis- tre, ce sont simplement
les montants d'argent qui sont portés au budget et non pas ceux qui sont
dépensés. Compte tenu de l'importance des crédits
périmés au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, vous comprendrez que c'est comme si on
n'avait rien que d'avoir les chiffres sur papier. Ce qui compte avec votre
ministère c'est de savoir réellement ce que vous dépensez
et ce que vous économisez, et ça, on ne l'a pas eu
encore.
D'autre part, ce qui est finalement bien injuste c'est la conception que
le ministre se fait d'étudiants qui doivent dans le fond souffrir pour
obtenir cette formation parce qu'ils vont devoir se priver de leurs besoins
ordinaires. Il ne faut pas oublier que l'allocation d'aide sociale est
versée pour des besoins de subsistance minimale, donc des besoins
ordinaires calculés au minimum simplement pour compenser même pas
le transport. Je ne vous parle même pas de prendre le métro pour
aller étudier, encore bien moins des frais autres qui sont
occasionnés par le fait d'être étudiant dans un milieu
où on ne doit pas trop se marginaliser et on doit suivre un peu le
courant. Je vous parle d'une situation où des gens doivent se priver.
C'est ce que leur offre le ministre: Faites des sacrifices. Et c'est ça
qu'il prétend être juste, offrir exactement la même
allocation pour quelqu'un qui reste à la maison que pour quelqu'un qui
fera l'effort qui n'est pas facile parce que c'est un apprentissage à un
âge adulte. Là on ne parle pas d'étudiants réguliers
au cégep. Ce sont des programmes offerts aux plus de 30 ans,
prioritairement à ceux qui ont entre 30 et 44 ans.
L'inquiétude que j'ai, c'est que le ministre continue de
gérer à la pièce les programmes de formation. Il aura le
pouvoir en vertu de la loi 37 de désigner les programmes de formation
dispensés au niveau collégial comme étant admissibles
à l'aide sociale.
Je dis au ministre: Qu'il ait une cohérence dans ses politiques,
comme nous l'avons fait avec le gouvernement précédent pour les
chefs de famille monoparentale, qu'il dise clairement qu'en matière de
formation professionnelle volet employabilité pour les
bénéficiaires d'aide sociale, le cours proposé par la CFP
soit dispensé par une institution collégiale ou secondaire, la
personne pourra durant les 30 ou 40 semaines que durera sa formation
bénéficier de la protection qu'elle aurait si elle restait
à la maison.
D'autre part, je l'invite à être moins sûr de lui
concernant les allocations d'étude du gouvernement
fédéral. Si c'étaient des allocations de subsistance, ce
ne serait pas imposable. Voyons donc, si l'aide sociale est imposable et quelle
aberration de penser que ces sommes-là le deviennent et pourtant elles
sont considérées comme compensant les besoins ordinaires.
Pourtant il y aura un T-4; un T-4 sur les besoins ordinaires. S'il y a un T-4,
c'est que c'est une allocation supplémentaire, une allocation comme la
Loi nationale sur la formation le dit "de
formation". Et que le ministère ait la décence de calculer
ce que coûte pour un étudiant adulte des dépenses de
formation et qu'il les alloue comme besoins spéciaux, il y a quelque
chose d'absolument invraisemblable. Je ne comprends pas votre aveuglement et
votre inconscience. Il n'y aura aucun besoin spécial. Pourtant, ceux qui
retournent au secondaire, on leur octroie des besoins spéciaux en
surplus des besoins ordinaires. En fait, on le faisait jusqu'à
maintenant. Comment imaginer que ces allocations sont imposables, totalement
récupérées par l'aide sociale et qu'il n'y a pas de
besoins spéciaux, c'est-à-dire au moins des dépenses
connues, reconnues, autorisées pour compenser et pour faire face
à la fréquentation scolaire, tout simplement? C'est un minimum.
Et si le ministère et le ministre ne fait pas cela, il ne sera pas
sérieux dans la prétention qu'il a que les gens sont responsables
du fait que les budgets ne sont pas utilisés. Les embûches se
multiplient et les handicaps sont tels que les bénéficiaires sont
surtout victimes du fait que l'incohérence s'épaissit, compte
tenu des informations différentes diffusées par des
fonctionnaires différents. Je vous mets au défi de
prétendre que dans les centres d'emploi et d'immigration il y a un seul
fonctionnaire fédéral qui dit à un sans-emploi, qui vient
s'inscrire parce qu'il est à l'aide sociale, qu'il va être
obligé de demander un prêt-bourse, qu'il va recevoir un T-4 et que
cela va être déduit de son aide sociale. C'est la même chose
pour les commissions de formation professionnelle. Et même, je vous dis,
pour les agents de l'aide sociale dans le même bureau, j'ai fait la
vérification: deux bénéficiaires, deux agents, deux
informations différentes.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais faire valoir un
point de vue à la députée. En ce qui concerne ce
programme, on avait un budget de 15 000 000 $ dont on a dit abondamment que 10
500 000 $ ont été périmés. Cela veut dire qu'on a
dépensé 4 500 000 $. Il faut quand même savoir que le
gouvernement fédéral et celui du Québec se sont entendus
sur ce programme, en avril, il y a un an. À la suite de cela, au cours
des mois qui ont suivi, on a dessiné le programme, on a mis sur pied les
normes, les critères, avec l'obtention des approbations requises de part
et d'autre, de sorte que, compte tenu des semestres scolaires, le programme n'a
réellement débuté qu'en septembre 1988. La
députée de Maisonneuve pourrait peut-être écouter
cela, cela va lui donner une bonne...
Mme Harel: Je suis capable de faire deux choses en même
temps, moi, M. le ministre.
M. Bourbeau: Le programme a débuté en septembre
1988. Cela veut dire que, finalement, on n'a eu que sept mois de l'année
financière du gouvernement sur une année de douze mois.
Evidemment, pour un programme qui a commencé, on a fait le maximum
possible pour faire connaître le programme, pour intéresser la
clientèle, mais on n'a pas eu beaucoup de temps entre le mois de juin et
le mois d'août pour publiciser le programme. On a quand même
réussi à dépenser 4 500 000 $. Et je pense que c'est
intéressant, on a présentement 9 000 000 $ d'engagés, de
contrats signés, pour l'année qui vient. C'est donc dire que le
programme commence à être de plus en plus connu et
apprécié, puisque les résultats commencent à
entrer. Je pense que c'est une explication valable. Chaque fois qu'un programme
débute, il est normal que cela prenne un peu plus de temps pour
démarrer et qu'on ne réussisse pas à engager les fonds en
totalité la première année. Par contre, d'après les
engagements déjà faits, on voit que le programme prend son envol
et, semble-t-il, qu'on va réussir assez facilement à engager la
totalité des fonds ia deuxième année du programme. Je
pense que c'est intéressant et encourageant.
Pour le reste, je pense qu'on a à peu près tout dit ce
qu'il y avait à dire sur le programme de FME-employabilité. Il
semble que la députée de Maisonneuve et moi ne soyons pas sur la
même longueur d'onde. Je rappelle que c'est un programme de dernier
recours. C'est un système de dernier recours qu'a l'aide sociale. Et,
à l'aide sociale, nous ne pouvons pas faire en sorte de traiter plus
généreusement certaines clientèles que d'autres. Je dirais
que le programme est accessible non seulement aux plus de 30 ans, mais
également aux moins de 30 ans. La députée a
peut-être laissé entendre tout à l'heure que
c'étaient pour les plus de 30 ans. Je ne sais pas si elle a dit
exclusivement, mais ce n'est pas exclusivement. Il y a aussi les mois de 30 ans
qui sont admissibles.
Je ferais une dernière remarque. La députée disait,
et peut-être l'ai-je dit aussi, qu'il faudrait traiter un peu mieux ceux
qui vont suivre des cours de formation que ceux qui restent à la maison.
Je lui dirai que dans mon esprit, il ne devrait pas y avoir d'assistés
sociaux qui restent à la maison. Il y en a peut-être un grand
nombre. Mais je pense que quand on est assisté social et apte au
travail, je parle pour les aptes, bien sûr, on devrait être dehors,
en train de se chercher un emploi. L'aide sociale pour les aptes, au travail,
ce n'est peut-être que temporaire et c'est en attendant, l'État
vient en aide à ces gens-là en attendant qu'ils puissent se
trouver un emploi. Alors, ou bien ils sont à la recherche d'un emploi,
ou bien ils sont en formation dans des mesures d'employabilité pour
augmenter leur capacité de se trouver un emploi, leur chance de se
trouver un emploi, mais ce ne devrait pas être un état statique
où on demeure à la maison et, béatement, on regarde la
télévision en attendant son chèque. Ce ne devrait pas
être ça, l'aide sociale, et je ne pense pas que ce sera ça
non plus dans l'avenir.
Alors, je dis: Tant qu'à ne pas rester à la maison, aussi
bien aller suivre des cours de formation. On peut aussi, bien sûr, se
promener et chercher un emploi. Mais pour moi, l'image de l'assisté
social, qui est assis chez lui à ne rien faire, ne correspond pas
à ma vision des choses et ça ne devrait pas être comme
ça que ça se passe ou que ça se passera.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'on peut considérer le programme 9...
Mme Harel: Non, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Non. Vous avez encore des
remarques.
Mme Harel: Oui, une qui compte parce que c'est tout à fait
théorique, le fait que le volet employabilité soit ouvert aux
moins de 30 ans.
Dans les commissions de formation professionnelle, non seulement la
priorité est offerte aux 30-44 ans, mais les compositions des groupes
d'étudiants sont quasi exclusivement le fait de gens de plus de 30 ans.
Alors, c'est évident que le ministre se protège en disant que
c'est ouvert à tout le monde. Dans l'application - finalement, le
ministre n'a plus le courage qu'avait le gouvernement précédent -
malgré qu'on puisse lire qu'il y a une priorité avec un
pourcentage, les groupes-cours d'étudiants, M. le sous-ministre, que
vous alliez dans les cégeps Rosemont, Maisonneuve ou
André-Laurendeau, je vous mets au défi de retrouver des
étudiants qui ont 20, 22 ou 23 ans. Ils ont tous la trentaine et plus.
C'est la réalité de l'application de ce programme.
Combien y a-t-il d'étudiants actuellement inscrits au volet
employabilité bénéficiaires de l'aide sociale?
M. Bourbeau: M. le Président, vous comprendrez que le
ministre n'a pas en mémoire toutes les statistiques, elles
évoluent à tous les mois. Si on veut attendre quelques instants,
on va me fournir les dernières statistiques disponibles.
On me présente des statistiques pour la formation sur mesure en
établissement.
Mme Harel: Le volet employabilité.
M. Bourbeau: Pour le volet employabilité, au 22 mars 1989,
nous avions un total de 1757 participants, dont 149 au collégial et 1608
au secondaire.
Mme Harel: Est-ce que le ministre reconnaît, contrairement
aux propos qu'il énonçait tantôt, qu'on n'est pas dans la
deuxième année, mais dans la troisième année
d'application de l'entente et que, l'an dernier, son prédécesseur
m'a offert la même réponse que celle qu'il vient de me faire
maintenant, en me disant que la première année d'application de
l'entente, les critères n'étaient pas prêts, mais que la
deuxième année, qui est celle qui vient de se terminer, tout
serait en place pour que ce soit performant.
Le ministre vient de me dire: Les critères n'ont pas donné
les résultats qu'on espérait. L'an prochain, comptez sur nous,
ça va bien aller. Si le ministre ne modifie pas, ne corrige pas les
difficultés qui se présentent, je ne vois pas comment il pourrait
faire, l'an prochain, pour ne pas répéter exactement la
même chose que me disait son prédécesseur: L'an dernier,
c'est exactement ceci, les critères d'application n'étant pas
prêts durant la première année d'application, la
deuxième année, ça va être performant. La
deuxième année, c'est l'an passé, celle pour laquelle vous
venez de me dire que ça ne pouvait pas être performant, mais
ça le sera l'an prochain. On va revenir à... Ce sera la
même chose que pour le programme APPORT, j'imagine. (12 il 15)
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que la
députée confond le volet emploi et le volet employabilité.
L'an dernier, le volet emploi était beaucoup plus performant et il a
démarré beaucoup avant le volet employabilité. Je dis
à la députée de Maisonneuve, ce que j'ai
répété tout à l'heure, que le volet
employabilité a débuté en septembre 1988. Donc, nous
n'avons même pas fait un an encore dans ce programme-là. Il a
débuté dans l'année financière 1988-1989 et nous
entreprenons la deuxième année financière même si
ça ne fait pas encore un an. C'est l'explication que je peux donner
à la députée. Donc, je n'ai pas induit la commission en
erreur.
Mme Harel: Évidemment, le ministre doit reconnaître
que les problèmes se sont présentés dès les
premiers mois de l'application de ce programme puisque dès l'automne
dernier, je me rappelle les difficultés rencontrées par les
étudiants des cégeps de Saint-Jean, de Valley-field, de
Jonquière, de Québec. Ce n'est pas récent que les
difficultés sont connues. Je reprends, pour le compte de nouveaux
groupes d'étudiants, cette fois de André Laurendeau, de Rosemont,
des difficultés déjà transmises au ministre l'automne
passé et pour lesquelles je dois constater à nouveau qu'il
n'entend rien faire.
M. Bourbeau: M. le Président, effectivement, la
députée de Maisonneuve m'avait sensibilisé l'automne
dernier à ces problèmes qui sont des problèmes de
croissance. Je l'ai expliqué tout à l'heure. Dans notre grand
désir de multiplier les possibilités de formation, nous
négocions avec le gouvernement fédérai de nouveaux
programmes et ces programmes-là, à l'occasion, peuvent causer des
problèmes d'adaptation avec les programmes existants. La
députée de Maisonneuve a mis le doigt sur un des problèmes
d'adaptation, de
cohésion. Nous avons, l'automne dernier, lorsque la
députée de Maisonneuve a soulevé le problème,
apporté des solutions temporaires. La nouvelle loi sur la
sécurité du revenu apporte des solutions permanentes. Et chaque
fois qu'on a porté à notre attention des cas semblables, nous
avons apporté des solutions ponctuelles. Alors je pense qu'il n'y a rien
là-dedans qui est tragique. Cela montre que le gouvernement n'est pas
statique. Nous évoluons au même rythme que la
société et nous tentons continuellement d'améliorer nos
programmes et les chances de formation des étudiants et des
assistés sociaux.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Est-ce que
Mme la députée a d'autres choses à ajouter sur le
programme 9?
Ententes avec Ottawa
Mme Harel: En matière de formation professionnelle de la
main-d'oeuvre, sur le programme 9, avant de le compléter, M. le
Président, nous devons évidemment interroger le ministre sur les
modifications qui seront apportées par le gouvernement
fédéral, un des volets de l'entente qui est la protection de
l'emploi.
Nous avons pu obtenir, et je voudrais les vérifier, des chiffres
assez étonnants parce que le ministre m'a dit, au salon bleu, lors de
l'étude des crédits supplémentaires, que bon an mal an, il
se dépensait 600 000 000 $ en formation professionnelle dont les deux
tiers venaient d'Ottawa. C'est bien le cas? M. le ministre le
confirme-t-il?
M. Bourbeau: En gros. M. le Président, pour l'année
1988-1989, les crédits nets du gouvernement du Québec
affectés à la formation ont été de 179 200 000 $ et
les crédits fédéraux de 431 500 000 $ pour un total de 610
700 000 $.
Mme Harel: Est-ce strictement pour la planification de l'emploi?
C'est-à-dire le programme qu'Ottawa ne veut pas reconduire?
M. Bourbeau: Vous parlez des crédits du gouvernement
fédéral? Je peux peut-être donner à Mme la
députée de Maisonneuve une ventilation des sommes
dépensées par le gouvernement fédéral pour le
budget de formation professionnelle au Québec. La réponse c'est
oui, c'est pour la planification de l'emploi.
Mme Harel: Uniquement pour le volet planification de l'emploi qui
est un seul des quatre volets de l'entente?
M. Bourbeau: M. le Président, les 431 000 000 $ sont pour
la planification de l'emploi et l'accord Canada-Québec sur la formation
en établissement, deux des quatre ententes.
Mme Harel: M. le ministre, cela comprend les ententes sur la
formation professionnelle en établissement et sur la planification de
l'emploi, est-ce bien cela?
M. Bourbeau: C'est cela.
Mme Harel: Pour un total de 431 524 000 $.
M. Bourbeau: C'est cela.
Mme Harel: Les deux autres ententes sont financées par le
RAPC est-ce cela?
M. Bourbeau: L'aide sociale, oui, le gouvernement rembourse en
vertu du Régime d'assistance publique du Canada.
Mme Harel: Et celle qui concerne l'amélioration des
perspectives d'emploi des bénéficiaires de l'aide sociale
également?
M. Bourbeau: L'autre, la dernière entente, c'est le
gouvernement fédéral qui met autant d'argent que nous, pour ne
pas employer le mot "matcher", pour les assistés sociaux, dans ses
propres programmes. Il n'y a pas de remboursement pour cela. Le
fédéral met ses propres fonds, nous mettons les nôtres. La
formation, Bon d'emploi plus, etc., le fédéral a des programmes
équivalents et il s'engage à mettre autant d'argent que nous.
Mme Harel: Alors, on revient aux 431 524 000 $
dépensés par le fédéral, dites-vous, en
matière de formation professionnelle et d'employabilité. Pour les
programmes, premièrement, sur la formation professionnelle en
établissement et qui est en renégociation, c'est bien le cas, et
deuxièmement, si Ottawa ne veut pas reconduire cela. Pouvez-vous nous
faire une mise à jour des négociations qui ont lieu actuellement?
On nous dit que cela fait presque un mois qu'il n'y a pas eu de contact entre
Ottawa et Québec sur ces questions.
M. Bourbeau: Je ne dirai pas qu'il n'y a pas eu de contact. J'ai
fait publiquement état au niveau ministériel de ma
désapprobation de l'annulation par la ministre fédérale de
la conférence fédérale-provinciale qui devait avoir lieu
à Winnipeg il y a environ un mois. Cette annulation a été
faite, je dois le dire, d'une façon un peu cavalière, sans aucune
consultation avec les provinces.
Depuis ce temps, la ministre a convoqué une nouvelle
conférence fédérale-provinciale qui aura lieu les 2 et 3
mai prochain. À ce moment-là, bien sûr, les discussions au
niveau ministériel reprendront. Cela n'a pas empêché les
fonctionnaires de se parler et, si la députée veut
connaître l'état du dossier au moment où l'on se parle, je
pense que l'idéal serait de demander au sous-ministre qui m'accompagne
et qui a des
contacts réguliers de faire le résumé de
l'état des négociations à son niveau. Je pense que cela
permettrait d'éclairer la commission. Si le président le veut
bien, on pourrait donner la parole au sous-ministre. Êtes-vous d'accord,
M. le Président?
Le Président (M. Joly): Oui, sûrement, M. le
ministre. M. Pronovost.
M. Pronovost (Jean): Voilà, très factuelle-ment, je
pourrais faire le point sur chacune des quatre ententes dont on parle depuis
tantôt.
Je commence par celle qui porte sur la planification et les programmes
de planification de l'emploi. Cette entente est échue depuis la fin du
mois de mars. On se rappelle qu'elle portait surtout sur des mécanismes
de collaboration entre le gouvernement provincial et le gouvernement
fédéral en matière de main-d'oeuvre et sur l'harmonisation
de certains programmes, harmonisation totale ou partielle; elle
prévoyait aussi des mécanismes par lesquels le Québec est
associé de façons diverses à la gestion de certains
programmes fédéraux. Mme McDougall, la ministre responsable
d'Emploi et Immigration Canada, nous a signifié récemment qu'elle
ne voulait pas reconduire cette entente. Les indications que nous avons de ses
fonctionnaires suggèrent qu'elle ne veut pas l'abolir, mais qu'elle
voudrait la remplacer par une autre qu'on pourrait négocier dans les
mois qui viennent. Nous attendons une confirmation de cette position,
c'est-à-dire une réponse à la lettre que le ministre a
adressée à Mme McDougall. Cela concerne l'entente sur les
programmes de la planification de l'emploi.
Pour ce qui est de l'entente sur la formation professionnelle en
établissement, Mme McDougall nous a indiqué qu'elle nous
proposait de reconduire les ententes actuelles telles quelles pour une
année, le temps d'en négocier de nouvelles. Nous avons
accepté cette reconduction. Pour le moment, notre accord porte sur une
période de trois mois, parce que nous discutons encore avec nos
collègues de l'Éducation de la répartition future de
l'enveloppe qui va nous échoir en vertu de cette entente. On a convenu
de ces trois mois et d'une répartition provisoire de l'enveloppe pour ne
pas qu'il y ait de hiatus dans les activités des commissions scolaires
et des cégeps et pour nous donner le temps de proposer une
répartition qui fera l'affaire de tous les partenaires
québécois intéressés. Cela fait le point sur cette
entente qui, j'ai oublié de le mentionner, était aussi
échue depuis la fin du mois de mars, mais elle se poursuit actuellement.
(12 il 30)
La troisième entente porte sur ia participation
fédérale au financement des programmes qui s'intitulent: travaux
communautaires, rattrapage scolaire, retour aux études des chefs de
famille monoparentale et PSMT. Cette entente, même si elle se terminait
aussi à la fin du mois de mars, a été reconduite
actuellement, d'un commun accord pour l'année qui vient, à toutes
fins utiles. Par contre, on est en train d'en renégocier les termes pour
les ajuster à la nouvelle réalité introduite par la
nouvelle Loi sur la sécurité du revenu qui change beaucoup les
différents paramètres des programmes touchés par
l'entente. Mais elle aussi est reconduite et, là encore, il n'y a pas de
hiatus. On essaie de faire en sorte que la nouvelle entente qu'on doit
négocier soit en place pour le 1 er août.
Quatrième et dernière entente: entente sur le
développement de l'employabilité des bénéficiaires
de l'aide sociale qui est complémentaire à celle que je viens de
mentionner, complémentaire parce qu'elle couvre d'autres programmes de
développement de l'employabilité et d'aide à l'emploi que
les précédents. Ces autres programmes sont ceux du Bon d'emploi,
des SEMO et aussi le programme Jeunes volontaires. Je pense qu'on obtient
encore du gouvernement fédéral une contribution pour Jeunes
promoteurs.
En vertu de cette entente, le gouvernement fédéral met
dans ses propres programmes pour des assistés sociaux, et il s'engage
à prendre 27 % d'assistés sociaux dans ces programmes, autant
d'argent que nous mettons dans nos propres programmes destinés aux
assistés sociaux. Le gouvernement fédéral nous a
proposé de reconduire cette entente, ce que nous avons accepté en
principe, nonobstant le fait qu'on préférerait avoir de l'argent
liquide plutôt qu'une contribution fédérale à
même ses propres programmes.
En gros, j'espère que c'est clair même si j'ai affreusement
résumé ces ententes qui sont quand même assez
complexes.
Le Président (M. Joly): Est-ce que ça répond
à vos questions, Mme la députée?
Mme Harel: En tout cas, ça facilite la
compréhension du tableau intitulé: Principaux
éléments des quatre ententes du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu avec le gouvernement
fédéral concernant la formation professionnelle et
l'employabilité.
Évidemment, une question se pose immédiatement sur
l'entente sur la planification de l'emploi, celle qui n'est pas reconduite,
étant donné que le gouvernement fédéral s'est quand
même accaparé en 1987 la formation professionnelle de la
main-d'oeuvre des entreprises de plus de 200 employés. C'était
là une intrusion qui permettait au gouvernement fédéral de
financer directement la formation. N'apparaît-il pas au sous-ministre ou
au ministre... En fait, je pose ma question au ministre. Ne lui apparait-il pas
que les nouvelles modifications apportées à
l'assurance-chômage pour financer des programmes qui ne sont pas
harmonisés avec les provinces, et je lui cite le programme de
planification des ressources humaines, celui de l'acquisition du service d'aide
à l'adaptation à l'industrie, celui
du développement des collectivités qui sont des programmes
non partagés, qui ne l'étaient pas déjà... N'y
a-t-il pas une crainte légitime, raisonnable, que le ministre
ressentirait à l'égard de cette intrusion du gouvernement
fédéral dans le champ de la compétence provinciale en
matière de formation, notamment des personnes prestataires
d'assurance-chômage et, éventuellement, en matière de
formation de la main-d'oeuvre dans des entreprises de moins de 200
employés?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve fait allusion à un problème qui nous dérange
un peu, celui de la juridiction des gouvernements provinciaux en matière
d'éducation et de formation.
Le gouvernement fédéral, s'autorisant de son pouvoir de
dépenser, de ses responsabilités en matière de
dépenses, a cherché depuis quelques années à
s'immiscer dans le champ de la formation, justement sous le couvert de ce
pouvoir de dépenser. Cela a commencé avant nous. Cela a
commencé sous le gouvernement du Parti québécois qui a
tenté de défendre les intérêts du Québec dans
ce dossier, mais qui n'a pas tellement réussi à le faire en
raison de ses très mauvaises relations avec le gouvernement du Canada.
Le fédéral s'est donc immiscé progressivement dans la
formation professionnelle. Au moment où nous sommes arrivés
à la direction des affaires, on peut dire que le gouvernement
fédéral s'était ingéré un peu partout dans
le domaine de la formation professionnelle et que les ponts, à toutes
fins utiles, étaient rompus entre le Québec et Ottawa. À
ce moment-là, on avait donc une situation déplorable. Le
gouvernement fédéral cherchait et réussissait d'ailleurs
à s'immiscer partout dans la formation professionnelle.
Ce que nous avons fait, M. le Président, c'est que nous nous
sommes assis avec le gouvernement fédéral et nous avons
réussi non seulement à stopper l'avance du fédéral
dans ce domaine, mais à le faire reculer singulièrement. De toute
manière, nous avons réussi à civiliser nos relations avec
le gouvernement fédéral dans le domaine de la formation
professionnelle. Nous avons réussi à faire en sorte que le
gouvernement fédéral se retire de la formation professionnelle
à l'égard de toutes les entreprises de 200 employés ou
moins. En ce qui concerne les entreprises de plus de 200 employés, nous
avons obtenu que le gouvernement fédéral fasse approuver par le
Québec tous et chacun des plans de formation qui sont établis
pour les entreprises, de sorte qu'on peut dire qu'actuellement il ne se fait
pas de formation au Québec par le gouvernement fédéral
sans que le Québec ne soit présent et n'approuve les plans de
formation.
Je pense que cet accord que nous avons réussi à signer
avec le gouvernement fédéral est une nette avance, un net
progrès par rapport à la situation qui prévalait au moment
où nous sommes arrivés. Je signale que le gouvernement du
Québec est le seul gouvernement au Canada qui ait obtenu que les plans
de formation soient tous approuvés par un gouvernement provincial avant
d'être mis en vigueur.
M. le Président, je répète que l'entente dont nous
avons convenu avec le gouvernement fédéral a eu pour effet de
civiliser les relations entre le Québec et le Canada en matière
de formation en entreprise. Nous avons évacué le gouvernement
fédéral de la formation en entreprise pour toutes les entreprises
de moins de 200 employés. Nous avons obtenu, pour les autres entreprises
de plus de 200 employés, que le gouvernement fédéral
accepte de faire approuver tous les plans de formation par le gouvernement du
Québec. M. le Président, c'est l'état de la situation et
il m'a fait plaisir d'en faire part aux membres de la commission.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Avez-vous
autre chose, madame?
Mme Harel: Vos relations sont tellement bonnes, M. le ministre,
que votre homologue fédéral a annulé abruptement, je pense
deux ou trois jours avant, le vendredi soir avant la tenue de la
conférence, l'occasion qu'elle avait de vous rencontrer pour signer
à nouveau cette entente mémorable, nous dites-vous. Votre
prédécesseur, le ministre Paradis s'était lui-même
beaucoup applaudi pour cette entente qui, pour la première fois, je le
rappelle, a non pas stoppé, mais entériné l'intrusion du
fédéral dans le champ de la formation de la main-d'uvre en
industrie. C'est en 1987 que pour la première fois le Québec a
signé cela, en reconnaissant l'intrusion du fédéral dans
la formation en industrie.
Évidemment, je n'ai pas l'intention de faire ce que faisait
l'Opposition libérale à l'époque, soit de faire porter sur
le dos du gouvernement québécois la responsabilité d'une
entente que le gouvernement du Parti québécois ne signait pas
simplement par entêtement, mais ne signait pas pour défendre les
intérêts du Québec. Vous avez choisi une autre voie et
cette autre voie, il n'est pas évident qu'elle ait donné les
résultats qu'on pouvait espérer en matière de
stratégie de formation professionnelle.
Nous avons obtenu d'Ottawa les crédits, les allocations
budgétaires pour l'ensemble des programmes de la planification de
l'emploi et l'ensemble du budget pancanadien, mais un simple constat à
vue d'oeil permet de voir la portion congrue que le Québec obtient en
matière de planification de l'emploi. Je vous cite quelques chiffres
qu'on a pu obtenir d'Emploi et Immigration Canada. Au chapitre du programme du
développement de l'emploi, Québec a 92 000 000 $ et le budget
pancanadien est de 596 000 000 $, soit à peu près 16 %; au niveau
de l'intégration professionnelle, Québec obtient 71 000 000 $ et
le budget pancanadien versé par Ottawa aux provinces est de 486 000 000
$, soit
à peu près 15 %; au niveau de la pénurie de
main-d'uvre, budget pancanadien: 234 700 000 $ et 16 400 000 $
versés au Québec sur ce budget, je vous laisse faire le
pourcentage. C'est autour des 8 %ou9 %.
Acquisition de compétence, un autre programme du gouvernement
fédéral: 65 500 000 $ le budget pancanadien, 13 500 000 $ la part
du Québec; aide à l'innovation: 36 200 000 $ le budget
pancanadien, 8 000 000 $, la part du Québec; développement des
collectivités - là Je ne parle pas des 50 000 000 $
supplémentaires que Mme McDougall a annoncés sur le dos des
chômeurs, mais du budget de l'an passé - : 134 000 000 $ budget
pancanadien, 25 820 000 $ au Québec. Est-ce cela que vous
considérez être la part raisonnable qui devrait revenir à
la population du Québec, lequel connaît pourtant un taux de
chômage qui, malgré six années de prospérité,
a malheureusement continué d'osciller autour des 10 % et a un manque
flagrant de qualification et de formation professionnelles? Comment
expliquez-vous cette part congrue du Québec du budget pancanadien?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, évidemment, c'est le
privilège de l'Opposition de poser les questions qu'elle veut. Nous
avons avec nous une batterie de fonctionnaires et une montagne de documents.
Nous avons tenté de prévoir toutes les questions, mais comme la
députée de Maisonneuve ne donne pas ses questions à
l'avance, nous n'avons pas avec nous les données portant sur les
dépenses du gouvernement fédéral dans les autres provinces
canadiennes. Je suis donc dans l'impossibilité présentement de
commenter les assertions de la députée de Maisonneuve, mais je
serai certainement en mesure de le faire soit cet après-midi ou demain
ou dans les jours à venir.
Le Président (M. Joly): Est-ce que ça vous va?
Mme Harel: M. le Président, j'avais pensé
transmettre une photocopie au ministre, mais il y a mieux, c'est plus facile
encore. Je ne comprends pas que lui-même ou ses adjoints n'aient pas pris
connaissance des documents qui étaient joints à l'exposé
de Mme McDougall la semaine passée sur les modifications qu'elle a
annoncées au régime d'assurance-chômage. On retrouve tous
ces chiffres et ce ne sont pas des chiffres privés, ce sont des chiffres
publics et qui ont fait l'objet d'une rencontre de presse. Ils se trouvent dans
les documents d'information qui sont joints au communiqué de presse de
la ministre.
M. Bourbeau: Je ne dis pas que nous n'avons pas pris connaissance
des documents de Mme McDougall, je dis que nous n'avons pas avec nous,
présentement, les dossiers relatifs aux dépenses
effectuées par le gouvernement fédéral - du moins,
à ce qu'on me dit - dans toutes les provinces canadiennes.
Mme Harel: M. le Président, je vais me faire un plaisir de
tes lui communiquer pour qu'il puisse réagir à la reprise de nos
travaux cet après-midi. Je ne comprends pas que le ministre ne soit pas
informé que le Québec ne reçoit pas présentement,
en vertu des ententes signées par son propre gouvernement, la part qu'il
est en droit d'attendre des budgets dépensés par le gouvernement
fédéral en matière de formation de la main-d'oeuvre.
M. Bourbeau: M. le Président, je m'excuse. Tantôt,
j'ai dit qu'on n'avait pas les dossiers et on me transmet un document qui porte
sur la répartition du budget et fa planification de l'emploi pour
l'année 1987-1988, par province et par programme. Évidemment, il
faut regarder le total du budget du fédéral. En ce qui concerne
le total du budget, le Québec a obtenu 27,1 % de la totalité des
budgets de tous les programmes; l'Ontario, 27,5 %, donc sensiblement la
même chose que le Québec; Terre-Neuve, 5,2 %;
l'île-du-Prince-Édouard, 0,9 %; la Nouvelle-Ecosse, 4,7 %; le
Nouveau-Brunswick, 4 %; le Manitoba, 4,5 %; la Saskatchewan, 3,7 %; l'Alberta
et les Territoires du Nord-Ouest, 8,7 % et la Colombie britannique et le Yukon,
13 %. Cela me semble correspondre sensiblement à la population du
Québec par rapport à la population du Canada. On sait que le
Québec compte environ 25 % de la population du Canada. La
députée de Maison-neuve, d'après ce que je peux voir, a
isolé, dans le budget fédéral, certains programmes dans
lesquels le Québec retirerait moins que le reste des provinces, par
exemple aide à l'innovation. Mais il y a d'autres programmes dans
lesquels le Québec reçoit beaucoup plus, de sorte que, sur la
totalité des fonds fédéraux, nous recevrions 27,1 %. (12 h
45)
Mme Harel: Malheureusement, M. le Président, ce
pourcentage n'est possible que parce que nous avons un plus grand nombre
d'assistés sociaux. Je dis au ministre qu'en matière de formation
professionnelle et de qualification de la main-d'oeuvre nous ne recevons pas
notre part. Si le ministre me dit que, sur la totalité des budgets
fédéraux, y compris ceux affectés aux prestations d'aide
sociale, cela compense, je dis qu'on a des vases communicants qui sont
différents. Que le fédéral soit généreux
parce qu'on a un taux de chômage sans précédent en
période de prospérité, notamment en Ontario... J'aimerais
savoir combien l'Ontario reçoit pour les différents budgets
ventilés d'aide sociale et de formation en regard de ce que le
Québec reçoit.
Je lui cite les chiffres mêmes que l'on retrouve dans le document
d'information 1
intitulé "Planification de l'emploi" rendu public au cours de la
conférence de presse de la ministre McDougall. Il y est dit qu'en
matière de planification d'emploi... Et on énumère tous
les programmes. Je lui cite le programme développement de l'emploi qui
vise à aider les chômeurs de longue date grâce à des
programmes de formation en milieu de travail et en établissement. La
contribution fédérale a été de 596 000 000 $ en
1987-1988 et, au Québec, le déboursé pour ce programme a
été de 92 218 000 $. En matière de programmation
d'intégration professionnelle, qui vise à aider les personnes qui
ont de la difficulté à intégrer ou à
réintégrer le marché du travail, plus
particulièrement les femmes, les jeunes et les personnes fortement
défavorisées sur le plan de l'emploi, la contribution
fédérale a été de 486 000 000 $ et, pour le
Québec, dans ce programme d'intégration professionnelle, le
déboursé a été de 71 236 000 $. Etc. Pour le
programme relatif aux pénuries de main-d'oeuvre, pour aider les
employeurs à former des travailleurs dans des métiers où
il y aura pénurie de main-d'oeuvre, la contribution
fédérale a été de 234 000 000 $ et le
déboursé que le Québec reçoit selon ces documents
est de 16 400 000 $. En matière d'acquisition de compétences, qui
est un programme destiné aux travailleurs qui viennent de perdre leur
emploi ou à ceux dont les emplois changent en raison de
l'évolution technologique ou de l'évolution du marché, le
fédéral a dépensé 65 500 000 $ et la part
budgétisée du Québec en matière d'acquisition de
compétences est de 13 400 000 $. Il en va de même pour le
programme de développement des collectivités et pour le programme
d'aide à l'innovation. La contribution fédérale y aura
été de 36 000 000 $ et le Québec y aura obtenu 8 000 000
$. Ce ne sont pas des chiffres qui peuvent vous surprendre, ce sont ceux qui,
additionnés, équivalent aux 431 000 000 $ que vous m'avez
confirmé être la part de la contribution fédérale au
Québec, il y a à peine quelques minutes.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Maisonneuve, pour faciliter le déroulement de nos travaux et
peut-être afin de compléter les réponses dont vous semblez
avoir besoin, est-ce qu'il vous serait possible de déposer le
document?
Mme Harel: Avec plaisir, certainement. Alors, je reprends ma
question. Est-ce que le ministre est satisfait des 431 000 000 $... qu'Ottawa
dépense en matière de formation professionnelle et
d'employabilité, montant qu'il nous a confirmé tantôt, eu
égard aux contributions fédérales nettement
supérieures à l'ensemble des budgets des autres provinces?
Le Président (M. Joly): II faudrait corriger. Il s'agit de
431 000 000 $ et non pas de 431 000 000 000 $.
Mme Harel: 431 524 000 $.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai dit à ta
députée de Maisonneuve que nous n'avons pas avec nous,
présentement, les dossiers qui ont trait à la répartition
des fonds pour toutes les provinces du Canada. Nous avons un tableau
très succinct dont j'ai parlé qui donne le pourcentage par
province sur la totalité, la globalité. Mais, pour ce qui est des
détails, je n'ai pas avec moi l'information, donc je ne me permettrai
pas de porter des jugements. Si la députée de Maison-neuve veut
reporter cette discussion à cet après-midi, il me fera plaisir de
préciser cela davantage.
Mme Harel: Certainement, M. le Président. J'invite
simplement le ministre à relire les notes qui étaient jointes
dans un document d'information intitulé "1", en annexe au document de
presse de Mme McDougall.
M. Bourbeau: M. le Président, nous avons des dossiers
beaucoup plus élaborés, et, avant de me lancer dans des
dissertations sur la répartition des fonds des programmes
fédéraux pour toutes les provinces canadiennes, on va aller dans
les dossiers du ministère. Je pense qu'on a là des renseignements
beaucoup plus élaborés.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre et Mme la
députée. Est-ce que...
Mme Harel: Alors, du moment que le ministre ne confond pas - cela
dit - les déboursés en matière de prestations d'aide
sociale avec ceux qui sont investis pour la formation professionnelle et
l'employabilité...
M. Bourbeau: J'ai bien saisi les subtiles nuances...
Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau: ...qu'a faites la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Très bien. Le Président (M. Joly):
Parfait. Guichet unique
Mme Harel: Pour en terminer avec le programme 9, le ministre a,
dans le contexte du libre-échange, parlé d'un guichet unique.
Où en est-on rendu avec ce guichet unique? Est-ce qu'il s'agit d'un
guichet unique uniquement pour les programmes du Québec ou est-ce que
c'est enfin le guichet unique dont les sans-emploi ont tant besoin pour
retrouver, dans un même lieu, tout le fouillis des programmes et des
mesures qui leur sont offerts?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, en réponse à
la question de la députée de Maisonneuve, le guichet unique que
nous avons annoncé est une des mesures que le gouvernement du
Québec met en avant pour tenter de faciliter l'adaptation au
libre-échange. Ce guichet unique va s'adresser à la juridiction
du gouvernement du Québec en cette matière-là, donc va
regrouper les programmes québécois, mais, également, va
s'adapter ou être utilisé pour tous les plans de formation qui
viennent du gouvernement fédéral dont on a parlé
précédemment. Donc, ce sera essentiellement
québécois, plus tous les plans de formation. Et tout cela va
passer via les CFP qui sont, effectivement, le guichet unique.
Maintenant, où est-ce qu'on en est rendu? On est en train de voir
à la mutation des commissions de formation professionnelle qui vont
devenir des commissions de développement et de la main-d'oeuvre.
Présentement, un certain nombre de fonctionnaires ont déjà
été déplacés vers les CFP. On est en train de
préparer le grand déménagement et on estime que d'ici
à deux ou trois mois on devrait être passablement avancé
dans cette mutation. Maintenant, je signale que tout ça va
nécessiter la présentation et l'adoption d'une nouvelle loi,
puisque sur le plan législatif il va falloir adapter la loi au nouveau
contexte. Alors, possiblement que la députée de Maisonneuve aura
le plaisir de discuter avec moi en commission parlementaire et à
l'Assemblée nationale de cette nouvelle loi et, à l'occasion de
ces grands débats, elle pourra reprendre l'essentiel de ses
doléances à l'endroit du gouvernement en général et
du ministre en particulier.
Mme Harei: Cela dit, j'encourage le ministre à aller dans
la vote du guichet unique. Je pense qu'il faut même
accélérer cela, parce que c'est un obstacle à la
réinsertion à l'emploi qui se dresse présentement que
l'enchevêtrement des informations et les diverses ressources qui se
trouvent dans des lieux différents et souvent méconnus de ceux
qui devraient en être les principaux bénéficiaires.
Le prédécesseur du ministre avait résisté
très fortement à la mise en place de comités locaux
d'estimation des besoins que le gouvernement fédéral voulait
instaurer. Je ne sais pas si certains de vos adjoints vont se le rappeler, mais
au moment de la période de négociations de 1987, le
fédéral voulait mettre en place dans tout le Canada ces fameux
comités d'estimation des besoins. Le prédécesseur du
ministre avait pu finir par convenir avec le fédéral que cela
allait passer par les CFP. Dans le communiqué rendu public par Mme
McDougall, il y a comme une résurgence de ces comités. Elle
annonce que le gouvernement fédéral offrira plus de conseils
techniques et plus de ressources financières pour, notamment,
créer des réseaux d'organisation: associations industrielles,
syndicats et établissements d'enseignement qui ont des
préoccupations communes en matière de ressources humaines. On
voit déjà ces fameux comités poindre du nez. Donc, ce
seront les établissements d'enseignement, les syndicats, les employeurs
et les travailleurs. On dit également que ces comités pourraient
offrir une aide financière et une aide technique pour résoudre
les problèmes relatifs aux ressources humaines.
Alors, est-ce que cela n'inquiète pas le ministre que l'entente
non seulement ne soit pas reconduite, mais que la volonté
annoncée dans l'énoncé de politique de la ministre
fédérale soit de recréer ces comités?
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que cela
m'inquiète? Oui et non. Le Québec étant une
société distincte, comme on le sait, très souvent le
Québec a ses propres façons de faire les choses et le
gouvernement fédéral très souvent reconnaît cette
spécificité. Alors, les commissions de formation professionnelle
sont une structure unique au Québec et leur objectif principal
jusqu'à maintenant a été de faire cette estimation des
besoins. Le gouvernement fédéral avait reconnu dans le
passé cette spécificité et c'est la raison pour laquelle
les commissions de formation professionnelle ont continué comme par le
passé et qu'il n'y a pas eu la création de ce réseau dont
parlait la députée. Il est possible que (a ministre
fédérale veuille revenir à la charge en ce qui concerne
cette solution du problème ailleurs au Canada. Je ne lui en ai pas
parié personnellement, mais, selon les indications que nous avons eues
de source non officielle, le fédéral accepterait de nouveau
l'existence des commissions de formation professionnelle comme étant le
réseau qu'on veut stimuler au Canada, de sorte que je n'ai
présentement rien qui m'indique que le fédéral veuille
modifier la situation actuelle et passer outre à nos commissions de
formation professionnelle. (13 heures)
Mme Harel: Est-ce que vous avez l'assurance que le
fédéral va utiliser le guichet unique des commissions de
formation professionnelle pour offrir ses propres programmes?
M. Bourbeau: Non, je n'ai pas telle assurance.
Le Président (M. Joly): Vu l'heure et puisque nous avons
commencé avec onze minutes de retard, nous avons la possibilité
de prolonger de onze minutes ou de recommencer à l'heure de la Chambre
et de reporter ces onze minutes à la fin des travaux de cet
après-midi, si besoin était.
Mme Harel: SI M. le ministre me le permet, j'en prendrais juste
dix, non pas onze, et on finirait immédiatement avec le programme
10.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve sait combien je suis prêt à faire d'efforts inouis
pour tenter de la contenter. Je lui dirai cependant que j'ai des obligations
qui me réclament ailleurs. Si c'est pour dix minutes, cela peut aller,
mais au-delà de dix minutes, je serai dans l'incapacité de
demeurer. Pour dix minutes, je veux bien.
Le Président (M. Joly): D'ailleurs, on ne peut pas
dépasser les onze minutes. Avons-nous le consentement pour continuer
onze minutes?
Mme Harel: Consentement.
Le Président (M. Joly): Dix minutes. Consentement,
parfait.
Protection et développement de l'emploi
Mme Harel: M. le ministre, j'attire votre attention sur le
programme 10: Protection et développement de l'emploi.
Le Président (M. Joly): J'appelle le progamme 10, s'il
vous plaît.
Mme Harel: On constate des crédits périmés
de 15 000 000 $ au chapitre de la protection et du développement de
l'emploi. Il s'agit essentiellement des mesures d'employabilité: stages
en entreprises, travaux communautaires, retour aux études secondaires.
Ces crédits périmés de 15 000 000 $ s'ajoutent aux
crédits périmés de 14 000 000 $ de l'an dernier et de 15
000 000 $ en 1986; grosso modo, ce sont 45 000 000 $ qui n'ont pas
été dépensés dans ces mesures
d'employabilité. Le ministre a parlé tantôt de
réalignement et d'une considération nouvelle de ces mesures. Je
veux l'interroger sur les intentions qu'il a à l'égard des
mesures d'employabilité et, également, porter à son
attention le fait que, présentement dans les régions, les
organisations communautaires qui, jusqu'à maintenant, pouvaient
bénéficier de l'apport des stagiaires en travaux communautaires
se voient couper les fonds. Je vois mon collègue de Sainte-Marie qui
connaît bien cette situation qui prévaut dans certaines
organisations communautaires du bas de la ville. Celles-ci ont même tenu
à faire connaître par un communiqué et par une
conférence de presse à laquelle il assistait, je pense...
M. Laporte: C'est cela.
Mme Harel: ...l'état de la situation. M. le ministre,
comment se fait-il qu'un très grand nombre d'organisations se font dire
présentement qu'il n'y a plus de budget? Leurs demandes de stagaires
doivent être reportées, même si elles ont identifié
des personnes qui ne demanderaient pas mieux que de participer. Mais on leur
fait savoir que non, les budgets sont totalement dépensés
malgré les 15 000 000 $ de crédits périmés. Les
budgets sont dépensés et il n'y a pas de nouveaux projets qui
soient acceptés ou reconduits.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai jamais dit à
qui que ce soit qu'il n'y avait plus de budget, au contraire. Nous sommes au
début d'une année financière, nous avons plein de budgets.
Donc, personne, actuellement, dans la machine gouvernementale n'est
autorisé à dire que nous n'avons pas de budget. Les budgets sont
totaux, on commence l'année. Donc, il n'est pas question de dire qu'il
n'y a pas de budget, il y a des budgets partout. Je ne comprends pas pourquoi
la députée de Maisonneuve semble dire que nos fonctionnaires
répondent qu'il n'y a pas de budget, alors que nous avons un budget tout
neuf et qui en est au début. Il n'y a donc aucun problème.
M. Laporte: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député.
M. Laporte: ...sur ce point précis qui a été
évoqué par la députée de Maisonneuve, cela se
rapporte plus particulièrement au début de l'exercice financier,
c'est-à-dire à l'ensemble des budgets qui à la fin du mois
de mars n'a pas été utilisé ou qui ne pouvait pas
être entériné pour le mois d'avril jusqu'au moment
où les crédits budgétaires - c'est l'information que je
possède - jusqu'au moment où l'entérinement des
crédits budgétaires va faire sortir de nouvelles sommes d'argent
et faire en sorte que les budgets peuvent sortir à nouveau. Dans
certains cas particuliers, c'est une réactivation du dossier; ce n'est
donc pas nécessairement parce qu'il n'y a pas d'argent, mais c'est
dû à la période d'attente administrative entre la fin d'un
exercice financier et le début d'un autre. Je déplore grandement
cela, parce que la majorité des personnes de ces organismes, selon la
connaissance que j'ai eue du MCC, le Mouvement des communautés
culturelles, pour faire référence à cela, ont une
continuité qui n'est pas nécessairement celle des exercices
financiers du gouvernement. Les personnes qui participent à ces travaux
sont des personnes qui reçoivent un petit montant pour y participer, et
elles sont impliquées dans tout un énorme processus. C'est
dû à des raisons administratives et, selon les informations que je
possède, cela existe depuis 1984. En tout cas, on n'a pas réussi
apparemment à régler cette situation.
Quant à moi, c'est la première fois que cela a
été porté à ma connaissance et je crois bien qu'on
devra en tenir compte. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec les gens de votre
bureau, M. le ministre, et j'espère qu'on pourra faire en sorte,
à tout le moins dans les années à venir, que ces personnes
qui veulent réellement participer à des programmes et qui sont
très intéressées ne subissent pas de coupures de
budget.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Sainte-Marie, est-ce que vous en faites une question ou une constatation?
M. Laporte: À la fois les deux ou les trois. Le
Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai dit ce que j'avais
à dire. S'il y a une question, je pourrai y répondre.
Mme Harel: M. le Président, comment se fait-il qu'il y ait
15 000 000 $ de périmés au chapitre des mesures
d'employabilité et que des projets se retrouvent sans financement?
À la reprise de nos travaux, j'aurai l'occasion de sensibiliser le
ministre à certaines situations qui régnent dans des organismes
qui n'ont pas connu cette réalité depuis des années. Je
pense, entre autres, au restaurant des assistés sociaux, Resto Pop, qui
fonctionne depuis quatre ans, qui récupère de la nourriture qui,
autrement, serait gaspillée, qui offre 150 repas, dîners et
soupers, en plus d'approvisionner les enfants défavorisés dans
certaines écoles du quartier et qui rencontre pour la première
fois ce problème de reconduction de budget. Je pense aux Grands
Ménages Manie-Tout, également, un projet qui offre, dans le cadre
du maintien à domicile, des services complémentaires à
ceux qui sont offerts par le CLSC pour les grands travaux et qui rencontre
aussi ces difficultés, en plus de l'organisme qu'a mentionné le
député de Sainte-Marie.
L'écho que leur transmettent les fonctionnaires du réseau
des services sociaux - parce qu'il faut voir que ces programmes sont
administrés par les CRSSS - c'est que les budgets sont terminés
et qu'il n'y a pas de confirmation que les budgets seront reconduits. Sur le
terrain, c'est l'information qui compte. Ce n'est pas ce qui se passe dans vos
papiers qui est important, c'est ce que les gens vivent aussi.
M. Bourbeau: M. le Président, la partie la plus importante
des crédits non utilisés provient des programmes de
développement de l'employabilité: travaux communautaires,
programme de stages en milieu de travail, rattrapage scolaire et retour aux
études postsecondaires pour les chefs de famille monoparentale. Je
souligne que le taux de participation à ces programmes n'a pas
varié. En mars 1988, par exemple, le taux moyen de participation est de
28,7 %; c'est même supérieur a ce que nous avions. Je vous donne
les chiffres du taux de participation au cours des trois dernières
années: en mars 1985, un taux de participation de 20,7 %; en mars 1986,
24 %; en mars 1987, 23,7 %; en mars 1988, 28,7 %. Il y a même une
augmentation du taux de participation.
Cependant, la clientèle de l'aide sociale diminue d'une
façon Importante. On le sait, la clientèle de l'aide sociale est
passée de 708 000 clients en mars 1985 à 560 000
présentement, donc une diminution importante. Si la clientèle
diminue et si le taux de participation demeure à peu près le
même, forcément, il y a moins de gens, en chiffres absolus, qui
bénéficient de ces mesures. Donc, si on met les mêmes
montants dans le budget chaque année, on a de plus en plus de
difficulté à dépenser les sommes qui y sont. En gros,
c'est ce qui explique le montant le plus important dans les 15 000 000 $.
Je pourrais donner des explications pour les autres sommes, parce que
les 15 000 000 $ ne sont pas utilisés uniquement pour les mesures de
développement de l'employabilité, mais c'est la plus grande
partie du montant.
Mme Harel: II est assez contradictoire que le ministre utilise un
argument comme celui que les taux de participation ont été les
mêmes au cours des dernières années. C'est exactement
l'argument contraire qu'il invoque pour justifier que ses programmes ne
performent pas, ils sont nouveaux depuis deux ou trois ans. Là, il
invoque que ça va bien parce que c'est la même vitesse de
croisière, ou presque, que celle du début. Au contraire, on
aurait pu penser que, le gouvernement étant là depuis trois ans,
il en aurait certainement amélioré la vitesse de
croisière, puisqu'il prétend toujours que les programmes ne
performent pas quand ils sont nouveaux. Celui-là l'était, il a
été mis en place par le précédent gouvernement
pendant un an. Le gouvernement actuel a continué avec ce programme et il
aurait dû, bien au contraire, en augmenter la clientèle. Ce n'est
pas parce que la clientèle diminue globalement que pour autant celle qui
a besoin de ces programmes diminue. Bien au contraire. C'est justement celle
qui reste qui a le plus besoin des programmes.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse.
Mme Harel: C'est celle qui reste qui n'a pas fini son secondaire,
entre autres.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Maisonneuve, je m'excuse. Étant donné l'heure...
M. Bourbeau: Une seconde. Je veux quand même
répondre une seule chose.
Le Président (M. Joly): J'ai le consentement, allez-y.
M. Bourbeau: La députée fait erreur. Cela a
augmenté. On est passé de 20,7 % en mars 1985 à 28,7 % en
1988. Donc, contrairement à ce que dit la députée, la
participation augmente. La députée peut bien rire, mais cela
augmente.
Mme Harel: Juste une petite seconde pour dire au ministre qu'il
ne peut pas y avoir deux
explications à la fois: celle que ça augmente et en
même temps, l'explication qu'il faudrait que cela diminue.
Le Président (M. Joly): Vu l'heure, nous allons...
M. Bourbeau: En nombre absolu, pas en pourcentage.
Le Président (M. Joly): ...ajourner nos travaux sine
die.
(Suspension de la séance à 13 il 11)
(Reprisée 16 il 21)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit pour continuer
l'étude des crédits du ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu pour l'année financière qui
se termine le 31 mars 1990. Nous en étions au programme 10. Est-ce qu'il
y a encore des interventions sur le programme 10?
Mme Harel: M. le Président, je vois que le temps file,
malheureusement. Cinq heures, c'est bien peu pour l'ensemble des programmes et
des responsabilités en matière de main-d'oeuvre et
sécurité du revenu. Je veux simplement signaler quelques exemples
d'intervention qui me sont faites pour demander au ministre de revoir toute la
situation des travaux communautaires. Je vous fais très rapidement
lecture d'une lettre que me faisait parvenir la directrice d'un programme qui,
je le signalais ce matin, rend d'importants services à plus de 500
familles par année par le biais de travaux à domicile qui sont
effectués en complément des travaux du maintien à domicile
du CLSC. Cette directrice me faisait savoir, premièrement, puisqu'on se
situe à Montréal dans le milieu le plus francophone de
l'île, que les jeunes qui étaient référés
depuis six mois étaient - et je cite - quasi exclusivement d'origine
étrangère et ne parlaient pas un mot de français, ce qui
rendait d'autant plus difficile l'encadrement auprès d'une population
âgée à 98 % francophone. Elle me signale et je cite: La
difficulté d'obtenir des références du centre d'aide
sociale nous a amenés à faire des publicités sur nos
propres budgets. Cela porte fruit. Mais alors, après avoir
rencontré plusieurs candidats qui acceptent de se joindre à nous,
il faut les référer aux centres de Travail-Québec pour
qu'ils soient évalués et qu'on établisse un programme avec
eux. Cependant, dans ces cas, deux fois sur trois, les jeunes sont
dirigés ailleurs dans un autre projet quand ils n'ont pas changé
d'opinion entre-temps car on les fait attendre de trois à quatre
semaines avant de les rencontrer. Je lis textuellement ce qu'on
m'écrit:
Nous nous demandons si une telle situation est nécessaire.
Comment est-il possible d'améliorer une procédure actuellement
trop compliquée? Il s'ensuit un certain nombre de recommandations pour
permettre aux jeunes que les projets persuadent, puisque très peu, aussi
peu que nous avions malheureusement pu le constater à la commission
parlementaire l'année dernière, sont référés
par les centres Travail-Québec. Et même après que les
organisations ont fait ce recrutement, les difficultés s'accumulent
puisque les rencontres ne se font pas immédiatement. Nous sommes
persuadés, écrit la directrice, que le fait de ne pas laisser sur
la tablette, dans l'attente, un jeune qui a déjà fait l'effort
d'une demande auprès de notre organisme serait positif pour son
cheminement. Et là, elle ajoute que les jeunes immigrants qui y sont
référés devraient être encadrés au niveau de
la langue par des ressources expérimentées. Je lis: Nous avons
bien tenté d'introduire la pratique de la langue française dans
nos processus d'insertion, mais nous manquons de moyens et nous n'avons pas
à notre disposition ces moyens de francisation.
Alors, je ne sais pas si le ministre est au courant de ces
difficultés qui sont celles de bien des organismes communautaires qui,
depuis deux, trois ou quatre ans, fonctionnaient avec des projets de travaux
communautaires, mais qui rencontrent des difficultés d'application de
plus en plus grandes actuellement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre.
M. Joly: Merci. Pendant que M. le ministre est en train de
discuter avec son personnel, j'ai demandé à Mme la
députée de Maisonneuve ce matin de déposer un document et
je pense qu'il n'a pas encore été déposé.
Mme Harel: Les fonctionnaires sont venus le chercher à la
suite de nos travaux.
M. Joly: Ah oui?
Mme Harel: Si vous en voulez une copie, on va vous la
remettre.
M. Joly: D'accord.
Mme Harel: C'était d'ailleurs la copie d'un document que
le ministère lui-même nous avait fourni.
M. Joly: Ah bon! Je n'ai pas eu connaissance de ça.
Le Président (M. Bélanger): Bon! De toute
façon, on m'informe que c'est un document qui était
déjà d'intérêt public et public, alors il n'y avait
pas de problème.
M. Bourbeau: M. le Président, il a été
porté
à mon attention à plusieurs reprises que des groupes
communautaires ont de la difficulté à trouver des assistés
sociaux pour des programmes de travaux communautaires. Il y a plusieurs cas qui
ont été portés à mon attention personnelle
où les organismes ne pouvaient pas trouver un seul assisté social
disponible, enfin "disponible", ou désireux de participer à des
travaux communautaires. Il faut quand même constater que les travaux
communautaires ne sont disponibles, jusqu'à la nouvelle loi, qu'aux
assistés sociaux de moins de 30 ans et que cette clientèle a
diminué de façon spectaculaire depuis trois ans. Je n'ai pas
devant moi les statistiques, mais elle a diminué d'environ 50 %, plus
que 50 %, d'environ 100 %, de sorte qu'il y a de moins en moins
d'assistés sociaux de moins de 30 ans, donc de moins en moins de clients
potentiels pour les travaux communautaires, des assistés sociaux qui
pourraient participer à ces travaux.
Je pense que c'est un fait qu'on ne peut pas ignorer. D'une part, ils
sont beaucoup moins nombreux et, d'autre part, comme on ne peut pas les forcer,
il semble qu'un grand nombre ne soit tout simplement pas
intéressé à faire des travaux communautaires, bien que,
vous le savez comme moi, la prestation d'aide sociale soit
singulièrement majorée quand un assisté social
décide de participer à un travail communautaire.
En ce qui concerne le délai qui serait, semble-t-il, de trois
semaines entre le moment où on fait la demande et le moment où le
centre Travail-Québec est capable de faire l'évaluation, cela
m'apparaît nettement trop long. Je peux dire à la
députée, et à tous ceux qui nous écoutent
d'ailleurs, que s'il y a des cas où des centres Travail-Québec
prennent trois semaines pour évaluer les candidats qu'on pourrait avoir
pour des travaux communautaires, je les incite à communiquer avec moi ou
avec le cabinet. Je peux vous assurer que nous prendrons des mesures pour que
les assistés sociaux aient un meilleur service.
Justement, en ce qui concerne le nombre de ménages aptes et de
moins de 30 ans, j'aimerais quand même signaler qu'en mars 1985, nous
avions 120 000 ménages de moins de 30 ans et on sait que ce sont presque
toutes des personnes seules, enfin dans une très large proportion. Et en
décembre 1988, le nombre était passé de 120 000 à
66 549. C'est donc une diminution de près de 50 %, de la moitié.
Il n'est pas surprenant, évidemment, que si le nombre de personnes
à l'aide sociale de moins de 30 ans a chuté dans une proportion
aussi importante, ça fait pas mai moins de gens qui sont susceptibles de
participer aux travaux communautaires.
Mme Harel: M. le Président, j'entends le même
refrain que le ministre entonne depuis sa nomination. SI cela ne va pas bien,
c'est la faute des personnes assistées sociales. Moi, je vais
déposer à la commission des lettres d'organismes, soit Les Grands
Ménages Manie-Tout, de même que le groupe du Centre des
minorités culturelles et collectives du Québec, pour lui signaler
que ce dont les groupes se plaignent, c'est non pas de ne pas pouvoir recruter,
c'est de ne pas pouvoir se faire référer des personnes
assistées sociales qui non seulement ont moins de 30 ans mais qui sont
aussi chefs de famille monoparentale. Je rappelle au ministre que les 100 000
chefs de famille monoparentale ont accès aussi à ces programmes
puisque les programmes travaux communautaires, stages en entreprise leur sont
ouverts. C'est donc encore une fois un entêtement dans lequel le ministre
persiste à ne pas comprendre que le problème vient, d'une part,
qu'il n'y a pas de référence faite dans les organisations qui
sont à la recherche de stagiaires et que, d'autre part, ces
organisations recrutent par le biais des hebdos locaux, par le biais des
organisations du CLSC, qu'une fois le recrutement fait, les difficultés
s'accumulent parce que les délais d'attente sont trop longs. J'aimerais
simplement lui signaler que, s'il y en a si peu, il ne faudrait surtout pas les
décourager. Le Centre des minorités culturelles me fait part
qu'à la dernière journée du projet, il a été
informé qu'il n'était pas renouvelé et qu'il y avait donc
douze bénéficiaires qui, du jour au lendemain, ont dû
être avertis de ne pas se représenter... et je cite: II est
important de noter que ces employés n'ont pas été
prévenus d'avance et, en plus d'être remerciés, ont
dû rembourser une partie de leur chèque d'aide sociale du mois
d'avril parce qu'ils avaient continué à travailler pensant que le
projet serait reconduit et, si le budget du gouvernement ne débouche pas
d'ici le 30 avril, un autre groupe de douze personnes vont devoir
également être renvoyées.
Si le ministre veut vraiment corriger des situations, c'est l'occasion.
On va voir dans les deux cas que je lui soumets, quelles seront les
interventions qu'il fera.
M. Bourbeau: M. le Président, je tiens à dire
à la députée que c'est mon plus grand désir de
faire en sorte que le maximum possible d'assistés sociaux puissent
participer aux mesures d'employabilité quelles qu'elles soient et,
à chaque fois qu'on porte à mon attention ou à l'attention
de mes collaborateurs des cas semblables, nous intervenons immédiatement
pour tenter de régler les problèmes qui sont soulevés. Je
dirai à la députée qu'elle prétend parler au nom
des organismes qui se plaindraient, semble-t-il, que nous prenons trop de temps
à traiter les cas qui sont soumis... pas nous, mais les centres
Travail-Québec prendraient trop de temps pour traiter les cas qui leur
sont soumis et pour référer les candidats. Je lui dirai que ce
qu'on porte à mon attention le plus souvent, ce n'est pas cela, mais les
organismes communautaires se plaignent qu'ils ne réussissent pas tout
simplement à trouver des assistés sociaux pour participer
à leur programme de travaux com-
munautaires, qu'il y aurait pénurie - et cela a été
porté à mon attention personnelle - dans bien des cas
d'assistés sociaux. On ne réussit tout simplement pas à en
trouver dans la clientèle disponible et disposée à
participer à des travaux communautaires. Alors, la députée
à ses informations, moi, j'ai les miennes. Possiblement que c'est vrai
dans les deux cas. Il y a des cas où on ne réussit pas à
trouver d'assistés sociaux, d'autres cas, où on en trouve mais
cela prend trop de temps à les référer. Je vous dirai que
ces derniers cas, s'ils sont portés à mon attention, je ferai en
sorte de tenter de régler les problèmes dans les meilleurs
délais.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, avant de
continuer les questions, nous devons accepter le dépôt des lettres
de Mme la députée de Maisonneuve. On va en faire copie et on va
les distribuer aux membres de la commission.
M. Bourbeau: Servez le ministre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): En priorité, M.
le ministre. On commencera par vous. fa. Bourbeau: Si vous voulez que le
problè-jne se règle.
Mme Harel: M. le Président, on va devoir
accélérer l'étude entreprise. Alors, avant de
compléter le programme 9, je demanderais au ministre de nous
préciser quelle a été la contribution
fédérale en 1988-1989, en matière d'achats directs de
formation en institution et en matière d'achats de formation sur mesure
en institution.
M. Bourbeau: Je n'ai pas saisi la question.
Mme Harel: Ce matin, je rapelle au ministre qu'il nous a fait
part d'un montant total de 431 000 000 $.
M. Bourbeau: Pendant que mes adjoints sortent les documents.
J'aimerais revenir... Ce matin, j'ai promis à la députée
de Maisonneuve et aux membres de la commission de m'enquérir pendant
l'heure du déjeûner, sur les fonds mis à la disposition des
provinces par le gouvernement canadien, l'allocation régionale des fonds
des programmes, dans le programme planification de l'emploi, bien sûr. La
députée, ce matin, a fait état de certains chiffres. Elle
prétendait que le Québec ne recevait pas sa part et elle citait
toute une série de programmes où le Québec recevait 15 %,
16 %, etc. Je ne sais pas d'où la députée tenait ses
informations, nous avons des informations qui nous sont parvenues à
l'heure du lunch de la part du gouvernement fédéral, des
documents officiels. J'aimerais rectifier, enfin donner les chiffres tels que
je les ai, pour le Québec.
Mme Harel: Je vais demander au ministre de les déposer,
comme cela, on aura l'occasion de les examiner avec lui en même temps, M.
le Président.
M. Bourbeau: M. le Président, je vais en faire la lecture,
on verra ensuite si on peut les déposer. Je n'en ai qu'une copie.
Mme Harel: Non, je préférerais qu'on décide
immédiatement de les déposer. Si on est pour en faire
l'étude sérieuse, il faudrait les suivre en même temps.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée, ce
matin, ne m'a pas donné ses chiffres quand elle a parlé, alors je
vais lui donner les miens. Je les lui donnerai après.
Mme Harel: M. le Président, je rappelle au ministre qu'il
ne me les a pas demandés; deuxièmement, je les tirais des
documents que son ministère m'avait envoyés, les documents
publics de la conférence de presse de la ministre McDougall.
M. Bourbeau: Les documents que j'ai devant moi sont pour
l'année 1988-1989. Je ne sais pas pour quelle année
étaient les documents que la députée a rendus publics ce
matin.
Mme Harel: C'est celui qu'a votre attaché politique a
côté de vous, M. le ministre, celui qu'il est venu chercher
immédiatement à la fin de nos travaux ce matin. Il aurait
été plus simple de les lui demander avant de prétendre que
vous ne les aviez pas.
M. Bourbeau: Je ne nie pas que nous ayons en main les documents
que vous avez rendus publics ce matin. Ce que je vous dis, c'est qu'ils ne sont
pas bons. Je voudrais vous donner les bons chiffres.
Mme Harel: Ils ne sont pas bons. Ce sont ceux de la ministre
McDougall qui ont été rendus publics la semaine passée.
Est-ce ceux-là qui ne sont pas bons?
M. Bourbeau: Non, pas du tout. Ce que je vous donne, ce sont les
documents qui nous sont parvenus du gouvernement fédéral à
l'heure du dîner. C'est ce que la députée veut savoir. Le
budget du programme planification de l'emploi, pour le Canada, est de 1 583 000
000 $ et pour le Québec, c'est le même chiffre que ce matin, sa
proportion est de 431 000 000 $. Donc, on arrive au même chiffre que la
députée avait ce matin. On s'entend sur le total, mais on ne
s'entend pas, M. le Président, sur la répartition des sommes dans
les divers programmes.
Par exemple, dans le programme développement de l'emploi, le
Québec reçoit 191 000 000 $
sur 519 000 000 $, c'est-à-dire 37 % du programme. Dans les
programmes d'Intégration professionnelle, Défi 88, nous recevons
34 000 000 $ sur 136 000 000 $, c'est-à-dire 25 %.
MmeHarel:136 000 000 $? M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Voulez-vous répéter? Ce serait plus
simple si on les avait, évidemment.
M. Bourbeau: 34 000 000 $ sur 136 000 000 $, c'est-à-dire
25 %.
Mme Harel: C'est pour l'intégration professionnelle.
M. Bourbeau: Cela, c'est Défi 88. Autres programmes
d'intégration professionnelle, 82 900 000 $, c'est-à-dire 83 000
000 $ sur 378 000 000 $, soit 22 % du montant.
Mme Harel: Attendez. De quel programme cela fait-il partie?
M. Bourbeau: C'est une allocation... C'est-à-dire que
c'est de l'intégration professionnelle.
Mme Harel: Les deux que vous venez de mentionner.
M. Bourbeau: Non. Le premier était Défi 88, 34 000
000 $ sur 136 000 000 $ et l'autre est
Intégration professionnelle, 83 000 000 $ sur 378 000 000 $,
c'est-à-dire 22 %.
Mme Harel: M. le ministre, Défi 88...
M. Bourbeau: Dans le programme pénurie de main-d'oeuvre,
M. le Président, vous avez 51 800 000 $, presque 52 000 000 $, sur 253
000 000 $, c'est-à-dire 20 % du budget; dans le programme acquisition de
compétence, 25 700 000 $ sur 82 800 000 $, c'est-à-dire 30 % du
programme et dans le programme développement des collectivités,
31 000 000 $ sur 124 000 000 $, c'est-à-dire 25 % du programme. Si on
fait le total, M. le Président, 430 000 000 $ ou 431 000 000 $ sur 1 583
000 000 $, le Québec reçoit 27,2 % du budget
fédéral dans le programme planification de l'emploi. C'est
exactement la même proportion que nous recevions pour l'année
précédente, c'est-à-dire l'année 1987-1988, 27,2 %
du budget du gouvernement fédéral. Je vous signale qu'en
comparaison... C'est 0,1 % de plus. L'année précédente,
c'était 27,1 % tandis que cette année, c'est 27,2 %.
En comparaison, l'Ontario reçoit cette année 24,3 % du
budget fédéral, bien sûr, toujours à planification
de l'emploi. C'est le Québec qui reçoit le plus de toutes les
provinces canadiennes, y compris l'Ontario.
Mme Harel: Est-ce que le ministre peut déposer à la
commission les chiffres qu'il cite afin qu'on s'y retrouve?
M. Bourbeau: Oui M. le Président, il me fera plaisir de
déposer une copie du document que j'ai ici. Nous allons en faire le
dépôt.
Mme Harel: Le ministre nous a fait part de six programmes.
Défi 88 correspond à quoi exactement sur les tableaux des
ententes? Est-ce que Défi 88 est l'article 38?
M. Bourbeau: C'est l'emploi d'été, placement
étudiant.
Mme Harel: Est-ce que ça faisait partie de la
planification de l'emploi?
M. Bourbeau: Oui ça toujours fait partie de la
planification de l'emploi, me dit-on.
Mme Harel: Dans la planification de l'emploi, il y a des
programmes dont le ministre n'a pas parlé. Le programme qui s'intitule
Innovation, le programme qui s'intitule article 38 et le programme de
développement des collectivités. C'est vrai, en ce qui concerne
le développement des collectivités, nous avons le chiffre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai donné les
principaux chiffres tout à l'heure. Il y a quelques petits chiffres qui
restaient dont je n'ai pas parlé parce que les chiffres dont j'ai
parlé totalisaient 417 000 000 $ sur 430 000 000 $. Je n'ai pas
donné les détails pour les autres mais si Mme la
députée veut tous les détails, je pourrais ajouter qu'il y
a des programmes qu'on appelle résiduels. Donc, à l'article 38,
le Québec reçoit 11 900 000 $ c'est-à-dire 12 000 000 $
sur 36 000 000 $, donc un tiers du budget fédéral. Il y a un
autre programme ici. Le Québec reçoit 1 700 000 $sur 2 100 000 $.
Cela fait le total.
Mme Harel: M. le ministre, vous allez me permettre de vous poser
une question crûment.
Le Président (M. Bélanger): Juste auparavant, on va
autoriser quand même le dépôt des documents de M. le
ministre pour des fins de transcription et de logique.
Mme Harel: Oui, consentement pour le dépôt. Vous
dites qu'il y a 431 000 000 $ dépensés par Ottawa en
matière de formation professionnelle et d'employabilité; vous
m'avez donné ce chiffre ce matin. Est-ce que vous me le confirmez
toujours?
M. Bourbeau: Écoutez, je vous donne un document qui arrive
tout fraîchement du gouvernement fédéral, et que vous avez
probablement
devant vous ou que vous allez avoir bientôt, qui dit que ce sont
bien des chiffres pour la planification de l'emploi, allocation
régionale des fonds de programme, et vous avez tous les programmes un
par un. Total, 430 905 000 $, donc, 431 000 000 $ en gros.
Mme Harel: Ce matin, à la question directe que je vous ai
posée: Cette somme comprend-elle l'ensemble des volets de l'entente?
Vous m'avez dit: Non, cette somme ne porte que sur deux volets: la formation
professionnelle en établissement et la planification de l'emploi. Est-ce
que vous confirmez toujours cette réponse?
M. Bourbeau: M. le Président, on fait des
vérifications avec les fonctionnaires, pour être sûrs que la
députée a été bien renseignée.
Mme Harel: M. le ministre l'est également, parce que j'ai
ici un document daté du 17 novembre 1988, sous la signature du chef
régional de la planification et de la coordination à Emploi et
Immigration Canada, qui me donne le détail de l'allocation
budgétaire 1988-1989 des programmes de la planification de l'emploi, y
inclus la formation professionnelle en établissement, pour un montant de
193 000 000 $, et qui, au total, comptabilise 431 000 000 $. Comment peut-on
prétendre qu'il y a 431 000 000 $ de comptabilisés en
matière des deux volets, si vous prétendez que les 431 000 000 $
seraient exclusivement consacrés à un seul, celui que le Canada
ne veut pas reconduire? Est-ce que c'est ça? (16 h 45)
M. Bourbeau: M. le Président, peut-être que le
sous-ministre peut répondre mieux que moi. J'ai tenté de
répondre dans mes mots; on va s'essayer à nouveau d'une autre
façon, peut-être que la députée va comprendre
mieux.
Mme Harel: Pour simplifier les choses, répondez donc tout
de suite, M. le ministre, à la question que je vous ai posée
dès que nous avons commencé cet échange: Quelle est la
contribution fédérale, en 1989, en matière de formation en
établissement? Je sais qu'en 1986-1987, ça a été de
139 000 000 $; 1987-1988, 139 000 000 $. En 1988-1989, quel est le montant
total du premier volet, formation en établissement? Parce que je
commence à comprendre, avec les informations que j'ai eues, que ce que
vous me donnez sur vos feuilles de papier que vous avez reçues à
midi, c'est ce qui était budgétisé, tandis que ce que
j'ai, c'est ce qui a été dépensé; la
différence s'est périmée entre-temps.
M. Bourbeau: Je ne dis pas qu'il ne s'est pas
périmé des fonds, on a parlé tout l'avant-midi des
péremptions de fonds.
Mme Harel: On a parlé des vôtres, mais je commence
à pouvoir mettre la main sur ceux que vous périmez avec le
fédéral, en matière de formation professionnelle et
d'employabilité.
M. Bourbeau: La répartition des enveloppes
budgétaires, pour les activités de formation en
établissement est la même depuis trois ans; elle se situe à
139 000 000 $.
Mme Harel: C'est 139 000 000 $. C'est bien le cas?
M. Bourbeau: C'est ça.
Mme Harel: Et pourtant, quelles sommes sont allouées par
le gouvernement fédéral en matière de formation en
établissement, croyez-vous?
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve sait que les 139 000 000 $ dont on parle est une somme d'argent qui
est consacrée par le fédéral à la formation et qui
transite par le biais des budgets du ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu. Ce budget est pris à même le
budget de la planification de l'emploi. Et quand on dit que le
fédéral dépense 430 000 000 $ par année en
formation au Québec, c'est, en partie, par le biais des 139 000 000 $
qui transitent par le budget du MMSR et, en partie, par les dépenses
directes de son programme de planification de l'emploi. Or, dans les 139 000
000 $ que nous avons dans nos budgets et qui servent à l'achat de
formation, il y a évidemment une partie, soit 85 000 000 $, qui va dans
les achats directs. C'est le réseau de l'éducation du
Québec. Maintenant, à l'achat de formation sur mesure en
établissement, le volet entreprise est de 38 900 000 $, presque 39 000
000 $ qui vont là. Il y a également 15 000 000 $ dont on a
parlé ce matin, l'achat de formation sur mesure en établissement
pour le volet des bénéficiaires de l'aide sociale où on a
périmé 10 500 000 $ cette année pour les raisons que j'ai
indiquées. Donc, je pense que ça répond à la
question de la députée.
Mme Harel: Là, on est au noeud du problème, au
coeur du...
M. Bourbeau: On ne demande pas mieux, M. le Président.
Mme Harel: Le noeud gordien du problème. Les 431 000 000 $
du fédérai dont le ministre nous a parlé ce matin, il nous
a dit que ça comprenait les 139 000 000 $ du volet formation en
établissement. C'est bien le cas?
M. Bourbeau: Oui, les 139 000 000 $ sont pris à même
le budget de la planification de l'emploi du gouvernement
fédéral.
Mme Harel: Donc, il faut réduire de ces 431 000 000 $ les
139 000 000 $ pour le volet
formation en établissement puisque les chiffres que le ministre
vient de me communiquer et qu'il a reçus ce midi ne comprennent aucun
programme de formation en établissement.
M. Bourbeau: Les 431 000 000 $, c'est le budget du gouvernement
fédéral pour la formation au Québec. Quand le
fédéral verse des fonds au gouvernement du Québec pour la
formation, ils sont pris à même ce budget.
Mme Harel: Oui, mais le ministre doit être un peu
sérieux.
M. Bourbeau: Je suis très sérieux. Je ne peux pas
être plus sérieux.
Mme Harel: II me cite des pourcentages... M. Bourbeau:
Oui.
Mme Harel: ...qui sont pris à même la portion que le
Québec reçoit du budget pan-canadien. Il me dit que le budget
pancanadien est de 1 500 000 000 $.
M. Bourbeau: 1 583 000 000 $.
Mme Harel: 1 583 000 000 $, n'est-ce-pas? Cette somme
comprend-elle la formation en établissement?
M. Bourbeau: Mais oui, M. le Président. C'est ce que je
m'évertue à dire à la députée depuis tout
à l'heure. Le budget de 139 000 000 $ transféré au
Québec par le gouvernement fédéral pour la formation est
puisé à même les 431 000 000 $ du budget de la
planification de l'emploi du gouvernement fédéral.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je vais devoir
déposer, moi aussi, les chiffres qui m'ont été
communiqués par le chef régional de la planification et de la
coordination, Emploi et Immigration Canada, qui font état d'une autre
réalité, celle qui totalise aussi 431 000 000 $, mais pour des
déboursés différents à l'égard du
Québec. Si on calculait les montants que le ministre vient de me
signaler, en termes de développement de l'emploi, 191 000 000 $, et
simplement les 139 000 000 $ en matière de formation en
établissement qu'il vient de confirmer, ce seraient immédiatement
330 000 000 $. Il resterait à peine 100 000 000 $ pour tout le reste.
C'est inconcevable, ça ne se peut pas. Les chiffres du ministre ne
coïncident pas. Il me dit, d'une part, que c'est un total de 431 000 000 $
et, d'autre part, il m'a dit tantôt que 191 000 000 $ auraient
été déboursés au chapitre du développement
de l'emploi et, juste additionnés avec les 139 000 000 $ qu'il me
confirme avoir transité en matière de formation en
établissement, on en est déjà à 330 000 000 $, et
tous les autres programmes ne pourraient pas cadrer dans les chiffres qu'il m'a
donnés: intégration professionnelle, 83 000 000 $; pénurie
de main-d'oeuvre, 52 000 000 $; acquisition de compétence, 25 000 000 $;
développement des collectivités, 31 000 000 $. Vous en avez pour
200 000 000 $. Cela ne coïncide pas. À leur vue même, les
chiffres du ministre sont manifestement irréconciliables.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Maisonneuve m'a toujours donné l'impression d'être une femme
intelligente et, jusqu'à preuve du contraire, je vais continuer à
le penser. Là, je commence à me demander si ce n'est pas
plutôt une absence de bonne foi de sa part, parce que les propos qu'elle
tient semblent indiquer qu'elle ne comprend pas ou qu'elle ne veut pas
comprendre. Je vais le lui répéter une autre fois en d'autres
termes, peut-être qu'elle va mieux comprendre.
Le gouvernement fédéral dépense 431 000 000 $ au
Québec, c'est clair. De ces 431 000 000 $ - j'espère que la
députée m'écoute, qu'elle ne fait pas comme son chef
parlementaire - il y a une somme de 139 000 000 $ qui est virée au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
pour des fins de formation, mais, attention, ces 139 000 000 $ ne proviennent
pas d'un seul programme du gouvernement fédéral, mais sont
puisés un peu partout dans les divers programmes, parce qu'il y a de la
formation dans les nombreux programmes. Pour en arriver à ces 139 000
000 $, il faut puiser un peu partout dans les divers programmes du gouvernement
fédéral et, si la députée a eu, de source
interlope, des renseignements du gouvernement fédéral, elle
devrait lui demander un peu plus de précision. Il n'y a pas de postes
précis dans la ventilation des chiffres du gouvernement
fédéral pour la formation. Elle est distribuée un peu
partout dans les divers programmes, de sorte qu'en faisant comme la
députée l'a fait, en regroupant achat direct de formation et
allocations sous un seul chapitre, il n'y a pas de postes semblables dans le
budget du gouvernement fédéral. C'est sûr que Mme la
députée ne les retrouvera pas, parce que c'est
disséminé un peu partout, horizontalement, dans les divers
programmes. Je signale à la députée de faire attention:
dans ses 129 000 000 $, il y a le mot "allocations". Ce sont les allocations de
subsistance dont on parlait ce matin et qui sont des sommes importantes. Ce
n'est pas à proprement parler de la formation, ce sont des allocations
de subsistance.
Alors, tous ces montants sont parfaitement conciliables. C'est la
même somme de 431 000 000 $ que nous et Mme la députée
avons, mais elle n'est pas ventilée de la même façon, parce
que Mme la députée l'a fait ventiler par quelqu'un, je ne sais
pas qui, qui ne suit pas la nomenclature des divers programmes du gouvernement
fédéral. Donc, c'est facile d'additionner des chiffres comme
ça en disant: II
doit y avoir 12 000 000 $ dans tel programme, 18 000 000 $ dans un
autre, 42 000 000 $, et, là, on arrive à 129 000 000 $. Mais il
n'y a pas de postes de 129 000 000 $ dans le budget du fédéral et
on ne peut pas procéder de cette façon. Donc, je dis à la
députée qu'il n'y a absolument rien qui contredit, dans ses
propos, ce que nous avançons. La façon de comptabiliser qu'a
utilisée la députée n'est pas une façon connue ni
correcte, dans ce sens qu'il n'y a pas de postes semblables dans le budget du
fédéral. Je pense que la députée comprend un peu
mieux.
Mme Harel: Je ne voudrais pas que le président de la
Régie des rentes s'éloigne trop, on va devoir procéder
à l'examen de ce programme bientôt. Ce n'est pas moi qui...
M. Bourbeau: Vous avez bien fait de le signaler d'ailleurs, parce
qu'il a tendance à s'éloigner en général.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Ce n'est pas mon propos, M. le Président. M. le
ministre, je n'apprécie pas du tout le fait que vous prétendiez
que l'on fabule sur des chiffres. Ce sont ceux qui nous ont été
transmis, j'imagine, avec le même sens des responsabilités qu'ont
vos propres cadres et fonctionnaires, puisqu'il s'agit du chef de la
planification et de la coordination. Ces chiffres font état de
programmes, y compris l'achat direct de formation et d'allocations, de
formation sur mesure et d'allocation, pour un montant global de 193 925 000 $,
ce qui laisse, compte tenu des 139 000 000 $ d'achat de formation, 54 925 000 $
en allocation. Alors, nous allons déposer ces chiffres qui nous sont
transmis aussi professionnellement qu'on peut le souhaiter par voie officielle.
Il ne s'agit pas de chiffres qu'on a fabulés au deuxième
étage du parlement. Ce sont ceux qu'on a demandés en toute
connaissance de cause, en toute sincérité au ministère
fédéral. Nous allons certainement avoir l'occasion d'en reparler,
M. le Président. Je vais inviter le ministre à procéder
immédiatement à l'engagement de la rente du Québec.
Le Président (M. Joly): J'autorise le dépôt
du document soumis par la députée de Maison-neuve. Nous en ferons
faire des photocopies pour distribution. Maintenant, M. le ministre a
demandé la parole.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai une question.
Étant donné qu'il semble y avoir divergence d'opinions entre la
députée de Maisonneuve et nous quant aux documents et aux
chiffres qui sont fournis, j'aimerais dire que nous avons obtenu les documents
de M. Yves Poisson, directeur général des programmes à la
CEIC. Est-ce que la députée de Maisonneuve pourrait nous donner
ses sources pour savoir si elles sont aussi officielles?
Mme Harel: Certainement. Nous avons d'ailleurs...
Le Président (M. Joly): Le document est dûment
signé.
Mme Harel: Exactement, le document est dûment signé
par le chef de la planification et de la coordination.
M. Bourbeau: Très bien. Cela nous permettra de faire la
conciliation, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre.
Mme Harel: Vous dites, M. le ministre, votre document à
vous n'est pas signé et c'est M. Yves Poissant?
M. Bourbeau: Poisson.
Mme Harel: Poisson. Il occupe quelle fonction?
M. Bourbeau: II est le directeur général des
programmes à la CEIC.
Mme Harel: On doit conclure qu'il est à Ottawa, puisque le
document est uniquement en anglais.
Une voix: II est à Montréal.
Mme Harel: II est à Montréal.
M. Bourbeau: Non. Le document est bilingue.
Mme Harel: Cela se fait dans la langue officielle d'Ottawa.
M. Bourbeau: Le document est bilingue. Si la
députée relit bien, elle va voir qu'il est dans les deux
langues.
Administration déléguée de
programmes en sécurité du revenu
Le Président (M. Joly): Nous allons maintenant appeler le
programme 2, Administration déléguée de programmes en
sécurité du revenu.
M. Bourbeau: On étudie le programme 2, M. le
Président?
Le Président (M. Joly): Oui, M. le ministre. (17
heures)
M. Bourbeau: M. le Président, ce programme vise à
doter certains organismes administrant des programmes en sécurité
du revenu des sommes nécessaires à cette administration. Je vous
fais grâce, M. le Président, d'un certain nombre de
notes que j'aurais pu ajouter, étant donné que le temps
file à vive allure. Si les membres de la commission veulent poser des
questions sur des sujets particuliers, il me fera plaisir de tenter d'y
répondre.
Participation des travailleuses au foyer au
Régime de rentes du Québec
Mme Harel: Immédiatement, puisqu'on a malheureusement trop
peu de temps à notre disposition. Qu'arrive-t-il avec le dossier de
l'accès des travailleuses au foyer à la Régie des rentes
du Québec? J'ai retrouvé quelques déclarations du
prédécesseur du ministre. Cela va rappeler des souvenirs au
président de la Régie des rentes. Je lis ces déclarations
qui étaient faites à l'occasion, justement, de l'étude des
crédits. Le ministre Paradis disait: Lorsque je suis arrivé au
ministère, j'ai passé une commande très urgente. Il y
avait l'engagement du Pan"! libéral de rendre le conjoint ou la
conjointe au foyer admissible à la Régie des rentes, ce sur quoi
j'ai passé une commande très urgente. C'est à la page 378
du livre des crédits. Et réponse aux questions qui lui
étaient posées, le ministre Paradis ajoutait: La priorité,
ce n'est pas la transférabilité; la priorité, c'est de
placer l'ensemble des individus sur un pied d'égalité face
à la Régie des rentes du Québec, face aux rentes.
Alors, qu'en est-il de cette priorité de l'accès des
travailleuses au foyer à la Régie des rentes?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne sais pas si la
députée de Maisonneuve s'en rend compte, mais celui dont elle
vient de citer les propos n'est plus ministre responsable du dossier. Alors,
les priorités absolues de l'un ne sont pas nécessairement les
priorités absolues de l'autre. Je ne veux pas qu'on conclut de ma
réponse que ce n'est pas une priorité, mais je ne prends pas
nécessairement à mon compte l'ordre des priorités qu'a pu
indiquer un prédécesseur. C'est quand même un engagement
qu'a pris le Parti libéral du Québec en 1985 de tenter de faire
participer les travailleuses au foyer au Régime de rentes du
Québec. J'en profite, M. le Président, pour saluer le
président de la Régie des rentes du Québec qui est de
passage parmi nous, M. Claude Le-gault. Il est ici, à ma droite. Il
saura, j'en suis convaincu, faire profiter la commission de ses connaissances
très étendues d'ailleurs, je dois le dire.
Pour revenir au sujet dont on parlait précédemment, il
s'agit d'un engagement électoral qui a été pris en 1985.
Je dois dire que c'est un sujet délicat. Une fois installé au
ministère, on s'est rendu compte que le fait de remplir cet engagement
créait des problèmes, en ce sens que c'est un engagement qui est
très coûteux à appliquer et, également, que les
personnes admissibles ne se verraient accorder qu'une très faible
autonomie financière. Donc, les coûts-bénéfices de
cette mesure seraient énormes, c'est une mesure très très
chère par rapport à des rentes très faibles. Cela ne veut
pas dire que le gouvernement n'entend pas respecter ses engagements, mais cela
veut dire que l'évaluation qui en a été faite est assez
décevante. Le gouvernement a pris un certain nombre d'engagements en
1985. Évidemment, d'une façon générale, on s'attend
que ces engagements soient respectés au cours de la période du
mandat. Je vous rappelle que le mandat n'est pas encore terminé. Nous
avons complété trois années et trois mois d'un mandat
légalement prévu de cinq ans et qui, en général,
dure quatre ans, selon les moyennes observées. Donc, il n'est pas encore
trop tard pour désespérer. Je ne sais pas si nous arriverons
à temps pour remplir l'engagement. Je peux dire cependant que de
nombreuses rencontres ont eu lieu entre les ministres qui sont responsables du
dossier, principalement la ministre déléguée à la
Condition féminine et le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Ces rencontres ont eu lieu afin
d'étudier différents scénarios qui pourraient permettre au
gouvernement d'arrêter une position claire et concertée en
fonction de cet engagement électoral. Mais ceci ne nous a quand
même pas empêchés d'élaborer des mesures
concrètes qui répondront, de façon adéquate, aux
besoins des femmes au foyer. J'aimerais faire référence, entre
autres, au projet de loi sur les régimes complémentaires de
retraite, ainsi qu'au projet de loi sur les droits économiques des
conjoints. En ce qui concerne le projet de loi sur les régimes
complémentaires de retraite, on sait que le gouvernement propose la
participation des travailleurs et surtout des travailleuses à temps
partiel au régime de retraite de leur employeur. Étant
donné qu'au-delà de 70 % des travailleurs à temps partiel
sont des femmes, c'est une mesure concrète pour améliorer
l'état financier des femmes. Il y a également, dans ce projet de
loi, de nombreuses mesures qui vont profiter autant aux femmes qu'aux hommes:
la pleine acquisition de la rente après deux ans, par exemple, la
cotisation patronale obligatoire. Il y a également
l'établissement d'une prestation de décès ou d'une rente
réversible à l'intention du conjoint survivant...
Mme Harel: Ce n'est pas là-dessus que j'ai
interrogé le ministre.
M. Bourbeau: ...une mesure qui profite encore aux femmes.
Mme Harel: On va avoir trois jours en commission parlementaire
pour en parier, M. le ministre. Ce n'est pas là-dessus que je vous ai
interrogé.
M. Bourbeau: Je comprends, M. le Président, mais la
députée m'interroge...
Mme Harel: Et votre propension à parler d'autre chose que
du sujet est inquiétante, évidemment.
M. Bourbeau: M. le Président, la rente réversible
au conjoint survivant, je pense que ce sont les femmes qui vont en profiter
dans une très large mesure, étant donné qu'on observe que
les femmes survivent aux hommes dans la plupart des cas, dans une proportion de
85 %, me dit-on. Donc, voila une autre mesure qui est de nature à
améliorer la situation économique des femmes. Et je cesserai ici,
puisque la députée estime que mon propos n'est pas
intéressant, mais je vous dirai que dans le projet de loi sur les droits
économiques des conjoints, il y a une foule de mesures qui sont de
nature à profiter aux femmes.
Mme Harel: Écoutez, il ne faudrait pas que le ministre
commence à confondre les partages de rente entre conjoints, qui peuvent
être deux conjoints sur le marché de l'emploi, et la question de
l'engagement libérai en matière de l'accès aux rentes des
travailleuses au foyer. On ne parle pas de la rente privée ou publique
du travailleur, on parle de cet engagement de compenser le travail au foyer par
l'accès aux rentes. Le ministre fait état d'évaluations
qui refroidissent les ardeurs de l'engagement libéral. Ces
évaluations étaient déjà complétées
et déjà rendues publiques avant que l'engagement soit pris.
Malgré cette évaluation qui a été faite dans une
publication bien connue, qui s'appelle "Agir maintenant pour demain", ce livre
orange rédigé, je crois, à la Régie des rentes du
Québec, on avait déjà complété les
évaluations. Notamment, à la page 48, on y retrouvait toutes ces
réserves exprimées par les auteurs et par les signataires
à l'égard des conjoints au foyer, du coût que cela allait
occasionner, du problème de financement du régime et des autres
perspectives d'amélioration de la situation des femmes. On parlait,
notamment, de toutes ces autres perspectives qu'invoque maintenant le ministre,
mais dont il faisait complètement fi il y a trois ans quand il
décidait de passer outre à ces évaluations. Cela fait
trois ans que ces gens reprennent les évaluations. Il n'y a pas de
raison; elles étaient déjà connues. Il arrivera un moment
donné où tout cela frisera le ridicule. Il faudra que le
gouvernement fasse face, à un certain moment, à ses
responsabilités et indique clairement quelles sont les directions qu'il
entend prendre à l'égard de ces questions. Je rappelle que,
même en matière de régimes complémentaires et en
matière de partage des droits économiques des conjoints, le
document gouvernemental ne parlait même pas du partage de la rente
publique, comme c'est pourtant le cas, présentement, dans huit provinces
sur dix qui ont depuis longtemps légiféré sur cette
question.
Autant sur cette question de la rente, il faudra qu'à un moment
donné le gouvernement nous le dise clairement, sans tourner en rond,
parce que cela devient, le ronron dans lequel le ministre répond
à la question, d'un ridicule qui ne pourra pas durer longtemps.
L'autre aspect important, c'est le phénomène de la caisse
qui se vide malgré la hausse de 1986. En 2002, on prévoit que la
réserve du Régime de rentes deviendra nulle et qu'une hausse des
cotisations est Inévitable. Est-ce qu'il y a déjà des
négociations qui sont entreprises avec le gouvernement
fédéral en vue de déterminer les futurs taux du
régime? Puisque ce n'est évidemment pas le 1er janvier 1991 qu'il
faudra voir à cette importante question, est-ce qu'il y a
déjà des pourparlers qui sont engagés quant à ce
problème réel d'une caisse qui se vide et qui ferait
apparaître une réserve nulle en 2002 si tant est qu'à
partir de 1991 on ne commence pas à y voir sérieusement?
J'aimerais également obtenir l'information suivante: Quel est le
pourcentage des retraités à la Régie des rentes du
Québec qui recourent au programme d'assistance publique, à la
fois le supplément quand ils ont 65 ans ou le supplément quand
ils sont veufs ou veuves, et, également, au régime de l'aide
sociale? Combien sont à la fois bénéficiaires de l'aide
sociale, de la rente d'invalidité ou de la rente anticipée de 60
à 65 ans du Québec?
M. Bourbeau: M. le Président, on m'indique que ces
statistiques ne sont pas disponibles présentement.
Mme Harel: Vous voulez dire aujourd'hui. Je ne peux pas croire
qu'aussi bien informatisée que soit la régie, elle n'ait pas ces
informations, l'origine des revenus des gens à qui elle verse des
prestations.
M. Bourbeau: M. le Président, cette statistique n'est pas
disponible au gouvernement du Québec, mais on pourrait l'obtenir du
gouvernement fédéral.
Mme Harel: C'est-à-dire qu'au gouvernement du
Québec, au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui administre l'aide sociale, vous n'avez pas
l'origine des revenus de ceux qui sont à la fois à l'aide sociale
et qui reçoivent la rente du Québec.
M. Bourbeau: M. le Président, quand un Individu s'inscrit
à la sécurité du revenu, II doit déclarer ses
revenus de toutes sortes, de toutes sources. Bien entendu, si l'individu a des
revenus provenant de la Régie des rentes du Québec, y doit nous
en informer. Pour ce qui est des revenus provenant de source
fédérale, bien sûr, ce n'est pas la Régie des rentes
du Québec, mais le gouvernement fédéral qui a les
renseignements.
Mme Harel: C'est pourtant là une information indispensable
quand on veut bâtir des
scénarios sur l'intégration des travailleuses au foyer
à la Régie des rentes. C'est une information indispensable
puisqu'une rente versée au conjoint pourrait diminuer d'autant les
versements de supplément auxquels il pourrait avoir droit
éventuellement.
M. Bourbeau: M. le Président, on me communique quelques
chiffres sur l'état de la situation du programme d'aide sociale pour les
années 1987-1988 et 1988-1989. On indique que le nombre de clients qui
ont déclaré des revenus provenant de la Régie des rentes
du Québec et du Régime de pension du Canada en 1987 et 1988,
c'est-à-dire en décembre 1987, serait de 12 982 et, en
décembre 1988, de 12 460. Ce sont les chiffres qu'on m'indique pour la
Régie des rentes du Québec et le Régime de pension du
Canada. (17 il 15)
Mme Harel: Est-ce que le Régime de pension comprend le
supplément admissible dès 60 ans ou si ça comprend
simplement la pension de vieillesse à 65 ans?
M. Bourbeau: On m'indique que ça comprend les deux. Cela
comprend toutes sources de rentes.
Mme Harel: Toutes les sources de pension du Canada.
M. Bourbeau: Toutes les sources de pension.
Mme Harel: Merci. Évidemment, il y a une autre information
qui est l'autre catégorie, soit cette des personnes qui ont le
supplément de la pension et qui ont en même temps la rente
à partir de 60 ans ou à partir de 65 ans.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais communiquer un
autre chiffre concernant les revenus déclarés à l'aide
sociale par des gens qui sont à la sécurité de vieillesse
et qui reçoivent le supplément de revenu garanti. Il y avait 959
personnes en décembre 1987 et 862 en décembre 1988.
Mme Harel: Puisque le temps presse, je demanderais si
l'information concernant la rente du Québec et le supplément de
vieillesse pourrait nous être communiquée
ultérieurement?
M. Bourbeau: Certainement, on le fera.
Surplus des régimes de retraite
privés
Mme Harel: Immédiatement, je voudrais vous interroger sur
une question qui soulève des problèmes dans certains dossiers
présentement, soit l'absence de directive en matière de gestion
des surplus des régimes de retraite privés lorsqu'il y a entente
entre les parties. Il y a un certain nombre de dossiers,
particulièrement celui des travailleurs de la compagnie Hygrade qui ont
convenu d'une entente négociée avec l'employeur et qui sont dans
l'expectative complète parce qu'on leur a signalé qu'il n'y avait
pas de directive qui avait été adoptée par la Direction
générale de la Régie des rentes. Donc, malgré
l'entente, Us ne pouvaient pas y avoir de partage.
M. Bourbeau: M. le Président, on m'indique que c'est un
cas que la Régie des rentes vient de traiter et que la décision
devrait parvenir aux intéressés d'ici deux à trois
jours.
Mme Harel: Donc, la régie, actuellement, a adopté,
enfin, élaboré des règles lui permettant d'autoriser un
partage dans les cas de surplus. Est-ce bien le cas?
M. Bourbeau: M. le Président, on m'indique que la
réponse que la régie va rendre dans les prochains jours va donner
les règles du jeu dans ce cas, et dans les autres cas aussi, je
présume, et que ça devrait permettre, sujet à certaines
conditions, le partage désiré.
Mme Harel: Dans les prochains jours. Est-ce qu'on peut
m'indiquer, parce que les travailleurs sont vraiment impatients, à quel
moment on peut espérer que ces décisions seient connues?
M. Bourbeau: D'ici deux à trois jours et on me confirme
trois jours. Alors, dans les prochains jours.
Mme Harel: La semaine prochaine. Dans les prochains jours.
M. Bourbeau: Vous pourrez en faire rapport à vos
commettants.
Mme Harel: Merci. C'est une question très importante
compte tenu du gel et compte tenu du fait que, présentement, il y a des
travailleurs qui sont en attente d'une décision pour la
répartition du surplus actuariel.
M. Bourbeau: Effectivement.
Indexation des rentes au coût de la vie
Mme Harel: En matière d'indexation des rentes au
coût de la vie, quel est le point de vue que le ministre entend adopter
sur cette question?
M. Bourbeau: Le ministre n'a pas de point de vue sur la question
pour le moment. C'est un sujet extrêmement délicat que nous avons
à peine effleuré jusqu'à maintenant. Cette question de la
possible indexation des rentes privées fera l'objet d'une consultation,
au cours des prochains mois, au même titre que la consultation que
nous
allons mener quant à la propriété des surplus et la
façon de sortir les surplus des fonds de pension privés. Nous
avons jugé bon de nous donner un peu plus de temps pour
réfléchir à cette question et pour consulter davantage
étant donné l'importance qu'elle revêt. Le gouvernement de
l'Ontario, également, réfléchit présentement sur la
question après s'être commis publiquement sur une possible
indexation. Présentement, on consulte aussi de ce côté, et
nous avons estimé qu'il était plus sage de
réfléchir un peu plus longtemps et de consulter avant d'en
arriver à des conclusions. Ensemble, nous aurons l'occasion, au cours
des prochains mois, de discuter abondamment de cette question et d'en venir
à des solutions sages pour les travailleurs et pour l'économie du
Québec.
Mme Harel: Comment le ministre peut-il croire que la commission
parlementaire qui va se tenir ne donnera pas lieu à cette consultation
justement qu'il espère en matière d'indexation? Comment
pense-t-il amener sa consultation? En dehors d'une commission
parlementaire?
M. Bourbeau: Pas du tout. Je n'ai absolument pas dit ça.
Je n'ai pas dit que ce serait en dehors d'une commission parlementaire. J'ai
dit qu'au cours des prochains mois, j'entends amorcer une consultation la plus
large possible dans le public sur la question de la disposition des surplus, de
la propriété des surplus, de la possible indexation des fonds de
pension. Tout ça fera l'objet d'une consultation et,
éventuellement, d'un projet de loi qui, théoriquement, devrait
être adopté avant le 1er janvier 1990, date d'expiration du
moratoire que nous avons imposé avec la loi 95. Et si jamais, par
hasard, nous n'étions pas prêts à ce moment, il y aurait
toujours moyen de prolonger le moratoire, ce que je ne souhaite pas,
personnellement.
Mme Harel: Pourquoi remettre à plus tard ce qu'on peut
faire dans le cadre de l'adoption de la loi 116? On y est arrivé, on est
à une session qui, s'il n'y a pas de déclenchement
d'élections, va permettre de faire ce que le gouvernement avait
reporté il y a trois ans. Pourquoi attendre encore? On peut très
bien mener une pareille consultation maintenant.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée
voudrait bien qu'on y aille rapidement, mais je lui souligne que son parti, en
1985, n'avait pas osé toucher aux surplus ni à l'indexation. Nous
avons posé un geste concret en gelant les excédents des fonds de
pension, les surplus d'actifs, avec la loi 95. C'est un sujet délicat
qui demande une réflexion profonde et une consultation large et
étendue, et je pense qu'il est sage de procéder, dans ce dossier,
avec beaucoup de circonspection. Je ne pense pas que la commission
parlementaire que nous allons tenir dans trois semaines soit le lieu pour
parler de cette question qui est presque plus complexe, je dirais, que la loi
116 elle-même.
Le plan d'action du ministère ou du ministre est de
procéder en deux temps: dans un premier temps, la réforme de la
loi, c'est ce qu'on fera avec la loi 116 et, dans un deuxième temps, la
solution au problème des surplus et de la possible indexation des fonds
de pension.
Mme Harel: C'est assez étonnant, M. le Président,
que le ministre justifie l'attente de quatre ans, parce que le projet de loi
58, je crois, aurait été déposé en juin 1985 et
devait, à l'époque, donner lieu à une pareille
consultation. Concernant les projets de loi 116 et 58, à la lecture des
notes explicatives qui sont toujours en préambule des projets de loi, je
me suis rappelé que les auteurs devaient être les mêmes,
parce que c'est du mot à mot. Il faut vraiment lire les notes
explicatives, conjointement. D'ailleurs, je vais faire une surprise au
ministre. Je vais lui remettre, sur ordinateur, les notes explicatives qui sont
calquées de 116 et 58, à part le chapitre 10 ou 11 qui a
été reporté et ajouté. C'est à peu de chose
près exactement le même projet de loi, mais le malheur, c'est que
c'est quatre ans après. Entre-temps, les provinces ont eu le temps
d'évoluer sur la question de l'indexation et on sait justement que, si
le gouvernement précédent ne l'avait pas introduit, c'est qu'il
devait y avoir une entente. Mais, depuis, l'Ontario a décidé que
cela allait être une formule de 75 % de l'indice des coûts du prix
à la consommation, je pense, moins 1 %. Alors, depuis que l'Ontario a
pris le leadership, il serait surprenant que le Québec n'ait pas un
point de vue là-dessus. Est-ce qu'il va y avoir un document
gouvernemental pour mener cette consulation?
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas encore pris de
décision définitive quant à la forme de cette
consultation. Présentement, mes énergies sont canalisées
sur la consultation que nous aurons bientôt sur la loi 116, consultation
qui aura lieu dans trois semaines, si ma mémoire est fidèle, soit
les 9, 10 et 11 mai prochain. Alors, je sais que la députée est
très enthousiaste et qu'elle aime faire plusieurs choses à la
fois, et moi aussi, mais en ce qui concerne les dossiers, j'aime autant les
traiter un par un dans un même domaine. Pour l'instant, nous concentrons
nos énergies sur la loi 116. Quand nous aurons réglé la
question de la loi 116, nous nous attaquerons joyeusement à la question
des surplus et de ce qu'on doit en faire.
Mme Harel: Je ne sais pas si le ministre a déjà
pris connaissance de certains mémoires, mais je ne pense pas qu'il
puisse dévier de la question de l'indexation à l'occasion des
travaux de la commission parlementaire. Je pense qu'il sera beaucoup question
de ça.
Mais avant d'aborder la question des normes
minimales, je veux immédiatement vérifier auprès du
ministre s'il y a des négociations qui sont entreprises concernant les
futurs taux du Régime de rentes du Québec et du Régime de
pension du Canada, s'il y a quelque chose qui a commencé à
être discuté, s'il y a des pourparlers quelconques en cours pour
faire face à cette incontournable réalité, en 1991.
M. Bourbeau: M. le Président, au sujet du déficit
actuariel du Régime de rentes du Québec, une évaluation
actuarielle est présentement en cours et on m'indique que je devrais
avoir ce document en main d'ici deux mois. Lorsque j'aurai reçu ce
document, on avisera des moyens à prendre pour corriger le fléau
anticipé, si tant est qu'il y ait un fléau anticipé.
Mme Harel: Alors, je vous remercie. Cela a été
beaucoup trop court, M. Legault. Cela aurait été
Intéressant... L'année prochaine, on demandera beaucoup plus
d'heures. On s'entendra à l'avance. Le ministre ou son personnel
politique communiquera avec nous et on s'entendra pour qu'aucun d'entre vous ne
perde trop de temps au cours de nos échanges, bien que ça puisse
se révéler intéressant.
M. Legault (Claude): Sûrement intéressant.
Le Président (M. Bélanger): Nous remercions aussi
le président Legault et nous appelons les crédits... Nous irons
aux normes minimales qui est dans le programme... Les normes minimales, c'est
le programme 7.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...vous me permettrez de remercier la
députée de Maisonneuve pour l'abandon qu'elle vient de faire de
toute velléité de voir son parti aux affaires de l'État
après la prochaine élection, puisqu'elle vient de nous convoquer
à la prochaine étude des crédits où, en tant que
ministre, je répondrai de nouveau à ses questions. Cela me fera
plaisir, Mme la députée de Maisonneuve et cela me fait
plaisir...
Le Président (M. Bélanger): C'est une question de
réalisme.
M. Bourbeau: ...de constater votre réalisme. Le
Président (M. Bélanger): C'est ça.
Mme Harel: Simple question de réalisme, je pense que je
vais laisser à Equality Party le sort de l'actuel ministre,
député...
Le Président (M. Bélanger): What is that?
M. Bourbeau: Je m'en occuperai moi-même, Mme la
députée.
Le Président (M. Bélanger): What is about this
party?
Mme Harel: Je laisse votre sort entre leurs mains.
M. Philibert: On prend bonne note que la députée de
Maisonneuve remet son sort aux mains des Anglais.
Mme Harel: Le sort du ministre.
Le Président (M. Bélanger): Et son corps à
la science. (17 h 30)
Mme Harel: Je pense que c'est la pire chose que Je puisse faire
dans les circonstances actuelles. C'est pire que s'il venait dans un
comté péquiste.
M. Bourbeau: Je fais confiance aux électeurs de mon
comté, M. le Président.
Normes minimales du travail
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que quelqu'un
pourrait me dire dans quel programme sont les normes minimales?
M. Bourbeau: Les normes minimales ne font pas partie des
programmes du ministère, c'est un organisme indépendant mais qui
relève du ministère comme tel.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, la
parole est à vous. Mme la députée, on vous laisse M. le
ministre.
Une voix: Ha, ha, ha! On vous le livre.
Mme Harel: Alors, la question est simple et j'espère que
la réponse le sera tout autant: À quand la loi promise pour le 15
janvier dernier, loi modifiant les normes minimales de travail en
matière de congé de maternité et de congé parental?
Depuis quelques semaines, plusieurs coupures de presse nous annoncent un
congé parental d'un an, des modifications attendues, je dois le dire,
avec beaucoup d'impatience. J'en profite pour saluer le président de la
commission et pour lui dire que malgré les contraintes des lois qu'il
doit administrer, sa commission fait du bon travail. J'ai souvent l'occasion,
d'ailleurs, de le constater. Quelle méchanceté le ministre
vient-il de dire?
Le Président (M. Bélanger): Non, non, non. Il dit
toujours qu'après les fleurs vient le pot.
M. Bourbeau: J'ai souligné au président la
gentillesse et la délicatesse de la députée de Maisonneuve
et il m'a dit qu'il prenait les
compliments quand Us passaient. Ha, ha, ha!
Mme Harel: Alors, qu'en est-il, où en sommes-nous?
Évidemment, j'insiste à nouveau sur toute la question, dont j'ai
trop brièvement parlé ce matin, des licenciements collectifs.
On sait l'importance de cette question au moment des bouleversements
économiques et on sait que le Québec a, en cette matière,
deux lois: la Loi sur la formation et la qualification professionnelles de la
main-d'oeuvre, dans le cas des licenciements collectifs, et la Loi sur les
normes du travail, dans le cas des licenciements individuels. On sait que la
législation fédérale a été modifiée,
améliorée et que l'Ontario, pas simplement en matière
économique, mais en matière de sécurité du revenu
et en matière de licenciement, a un leadership évident. Alors,
quand prévoit-on bonifier ces lois qui ont pris pas mal d'âge,
maintenant?
M. Bourbeau: M. le président, la Commission des normes du
travail ne s'occupe pas des licenciements collectifs, elle s'occupe des...
Mme Harel: C'est ce que j'ai signalé, M. le
Président. Si le ministre m'avait écouté...
M. Bourbeau: ...licenciements individuels.
Mme Harel: La Loi sur la formation et la qualification
professionnelles...
M. Bourbeau: Exactement.
Mme Harel: ...s'occupe des licenciements collectifs et la Loi sur
les normes du travail, des licenciements individuels.
M. Bourbeau: Très bien. Alors, puisqu'on parle des normes
du travail, on va parier des licenciements individuels.
Mme Harel: Dans un cas comme dans l'autre, de toute façon,
il faut qu'il y ait des améliorations.
M. Bourbeau: Je ne le nie pas. Je ne le nie pas, mais, pour
l'instant, je crois qu'on parle de la Loi sur les normes du travail et de la
Commission des normes du travail.
Alors, dès mon arrivée au ministère, j'ai
demandé qu'on accélère les travaux dans ce domaine, et je
dois dire que j'ai eu beaucoup de réunions de travail avec mes
fonctionnaires et avec les deux ministres responsables de ce dossier comme moi,
c'est-à-dire la ministre déléguée à la
Condition féminine et la ministre responsable de la politique familiale.
Nous avons préparé une documentation importante, je dois dire,
et, lors d'une récente réunion des trois ministres - nous avons
fait une autre réunion de travail il y a environ deux semaines - nous
avons finalement mis au point le texte approxi- mativement définitif de
ce que pourrait être le projet de loi. Mon intention est donc de
déposer, avant la fin de la présente session, je l'espère,
un avant-projet de loi qui viserait à réformer la Loi sur les
normes du travail.
Mme Harel: Une question immédiatement, puisqu'on a un peu
ébauché la question: En Ontario et au fédéral, le
régime des licenciements individuels et collectifs est prévu dans
la môme loi. Ce n'est pas le cas au Québec. Envisage-t-on enfin
d'harmoniser, à l'intérieur d'une même loi, ces
dispositions qui, de toute façon, s'adresse à des travailleurs
qui sont mis à pied?
M. Bourbeau: La réponse est négative, M. le
Président.
Mme Harel: Pour quelle raison?
M. Bourbeau: La députée prétend que c'est
important de le faire. Nous, nous n'avons pas estimé que c'était
important de traiter des deux types de licenciement dans la même loi.
Maintenant, cela ne veut pas dire que cela ne nous intéresse pas et
qu'on ne peut pas modifier également l'autre loi, mais, pour l'instant,
le projet de loi que nous préparons ne vise pas à incorporer les
licenciements collectifs dans la Loi sur les normes du travail.
M. le Président, les consultations que nous avons menées
l'été dernier n'ont, par ailleurs, pas indiqué un grand
désir de la part des clientèles de voir les licenciements
collectifs incorporés dans la Loi sur les normes du travail parce que se
greffe aux licenciements collectifs toute la question du reclassement de la
main-d'oeuvre. Cela dépend évidemment du ministère de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu et cela se
réfère à une autre façon de procéder. Donc,
nous n'avons pas vraiment l'intention d'incorporer dans la Loi sur les normes
du travail la question des licenciements collectifs.
Mme Harel: Vous aviez pris l'engagement comme parti politique, il
y a trois ans et demi maintenant, de modifier les normes minimales pour
protéger les travailleurs et travailleuses à temps partiel.
Est-ce que cet engagement va au moins être respecté?
M. Bourbeau: C'est mon intention, M. le Président.
Mme Harel: Quand le projet de loi sera-t-il
présenté?
M. Bourbeau: Dans les meilleurs délais, M. le
Président. Je regrette de ne pas être plus explicite, mais la
députée sait fort bien qu'il se passe quand même un certain
nombre de semaines entre le moment où un mémoire est
acheminé au Conseil des ministres et le moment où il a
franchi toutes les étapes des divers comités
interministériels, soit le Conseil du trésor, le Bureau des lois,
le comité de législation, l'impression, la traduction, etc. mais
nous cheminons aussi rapidement que possible.
Mme Harel: Où en sont les pourparlers avec Ottawa
concernant le congé de maternité?
M. Bourbeau: Là, évidemment, de récents
événements ont fait en sorte de probablement modifier un peu la
problématique. Je dois dire que cet aspect du dossier est
présentement piloté par ma collègue, la ministre
déléguée à la Condition féminine. Je ne lui
ai pas parlé à ce sujet au cours des derniers jours. De toute
façon, la question du congé de maternité ne fait pas
partie de la loi elle-même mais de la réglementation, de sorte
qu'on pourrait quand même arriver avec un projet de loi ou un
avant-projet de loi sans avoir fignolé tous les détails du
congé de maternité.
Mme Harel: J'aurai l'occasion demain, en étudiant les
crédits à ia condition féminine, de poser des questions
là-dessus. Concernant le nombre d'années requis pour avoir droit
à la protection des normes minimales, avez-vous l'intention de donner
suite aux très nombreuses demandes qui nous sont transmises en ce sens
qu'il devrait y avoir bonification pour mieux protéger les travailleurs
qui, de toute façon, dans bien d'autres lois, vont
bénéficier d'une protection après deux années? Cela
va être le cas, avec la loi 116, des régimes
supplémentaires de retraite. Parce qu'on parle de mobilité et on
sait qu'il ne faut pas faire obstacle à cette mobilité. Alors,
comment justifier des dispositions où, après deux années,
vous pouvez retirer vos cotisations avec les intérêts, la part de
l'employeur pour la transférer dans un autre régime, tout en
maintenant un nombre d'années trop élevé pour avoir droit
à la protection des normes minimales?
M. Bourbeau: La norme de cinq ans ne s'applique qu'à
l'égard de recours à l'occasion d'un congédiement. Les
autres normes de la loi, évidemment, s'appliquent sans qu'on ait besoin
de stipuler ce délai. Je ne pourrais pas répondre à ce
moment-ci à la députée. L'avant-projet de loi est en train
d'être acheminé dans la machine gouvernementale. Je ne veux pas
préjuger des décisions du Conseil des ministres et rendre
publiques des informations qui pourraient être modifiées à
la hausse ou à la baisse en cours de route. Tout ce que je peux dire
à la députée, c'est que nous avons tenu compte de tous ces
facteurs dans l'évaluation du dossier que nous avons faite.
Mme Harel: Est-ce que la Commission des normes du travail
considère avoir le personnel suffisant pour faire face aux nombreuses
deman- des qui lui sont transmises? J'aurais préféré poser
cette question en l'absence du ministre.
M. Bourbeau: Le président me dit qu'à la
commission, on traite 70 % des plaintes en dedans de 60 jours. Donc, il estime
avoir le personnel suffisant pour répondre à la demande, dans le
contexte actuel, bien sûr.
Mme Harel: C'est une des premières commissions qui a
offert des services en diverses langues afin de donner des services plus
adéquats aux communautés ethniques de Montréal. Je crois
que, maintenant, les services sont offerts en dix ou douze langues
différentes?
M. Bourbeau: On m'indique quatorze, M. le Président.
Mme Harel: Quatorze. J'ai vu aussi des publications qui
étaient rédigées en diverses langues. Je pense qu'il faut
en féliciter la Commission des normes de travail. Personnellement, je
considère que ce n'est pas encore assez connu et qu'il y aurait
même lieu de faire des campagnes d'information parce que c'est sans doute
le seul recours auquel a droit l'immense majorité des gens, quand on
sait qu'à peine 20 % du secteur privé est syndiqué. On
s'illusionne sur 38 % ou 39 % parce que le secteur public fait gonfler les
chiffres, mais, au secteur privé, c'est à peine 19 %. C'est
finalement le seul recours que les travailleurs ont à leur disposition.
Alors, je remercie le ministre et les membres de la commission.
Avant de terminer, M. le ministre, je voudrais vous laisser,
malheureusement... Quand on pense qu'on ne pourra même pas vous
interroger sur' toutes les dépenses d'informatique que vous avez faites
cette année. Cela dit, je voudrais vous laisser sur une bonne note en
parlant du programme APPORT.
APPORT
M. Bourbeau: Un mot pour corriger la députée: les
dépenses d'informatique ne sont pas des dépenses d'informatique,
ce sont des investissements en informatique.
Mme Harel: En ce qui concerne les 13 000 000 $
périmés au programme APPORT, excusez-moi, 13 000 000 $! Que
dis-je? 25 000 (XX) $. Vraiment, il va devenir le ministre des crédits
périmés. C'est vraiment, dans un sens, absolument incroyable.
Avez-vous idée? Depuis ce matin, les 22 000 000 $ à la formation
professionnelle, les 15 000 000 $ aux mesures d'employabilité et,
là, 25 000 000 $, ce qu'on retrouve à la page 79 des
renseignements fournis à l'Opposition, 25 000 000 $. À la
lecture, on se rend compte que la note d'explication qui est ajoutée
fait état d'une clientèle de 16 750 ménages,
inférieure à la prévision initiale du
ministère des Finances de 44 000 ménages. Et, là,
on dit, comme si c'était une explication qui pouvait satisfaire: Le
programme APPORT a néanmoins rejoint 93 % de la clientèle
comparable - ménage avec au moins un enfant - du programme SUPRET en
1987, 18 000 ménages. Imaginez, le programme SUPRET est devenu le
modèle auquel on compare le programme APPORT pour prétendre que
ce n'est pas si pire. (17 h 45)
Moi, je me rappelle les déclarations véhémentes,
intempestives des députés de l'Opposition libérale,
à l'époque, et, par la suite, des ministres, sur l'échec
que représentait le programme SUPRET, sur l'engagement du gouvernement
libéral de mettre en place un vrai programme de supplément de
revenu de travail. Le ministre des Finances lui-même, d'ailleurs, ne
prévoyait pas seulement 44 000, bien mieux que ça, il ajoutait:
La clientèle pourrait donc être plus nombreuse si des parents,
actuellement en chômage ou à l'aide sociale, décidaient,
après avoir pris connaissance des avantages du programme APPORT, de
réintégrer le marché du travail. 44 000, ce n'était
rien, ce n'était qu'un début. Là, on en est à 16
750, et on en est à comparer en disant: C'est moins mais ce n'est quand
même pas si mal, parce que SUPRET touchait 18 000 ménages avec
enfant. Mais SUPRET, c'était aussi 25 000 ménages au total; on en
a perdu 7000 en chemin, à qui on a dit que l'État n'avait plus
à les soutenir dans leur revenu de travail.
Le total des dépenses a donc été de 12 548 000 $.
C'est bien ça, c'est ce qu'on retrouve à la page 79. La
première question est: Comment peut-on le comparer avec SUPRET qui, en
1987, déboursait 23 000 000 $ pour les familles? Cela veut donc dire
que, même en se comparant avec SUPRET, c'est inexact, parce qu'on compare
les clientèles, mais ce qu'on ne dit pas, c'est qu'on leur en verse
moins que ce que SUPRET leur versait, parce qu'avec les 16 750 ménages,
il y a eu des dépenses de 12 500 000 $ d'engagées. J'aimerais
savoir du ministre ce qu'il entend faire pour corriger ça? Combien y
a-t-il de ménages inscrits au 1er avril 1989?
M. Bourbeau: M. le Président, nous sommes dans les
dernières minutes de la commission, la députée de
Maisonneuve a gardé le programme APPORT pour le dessert. Je dirais
même que, dans une tentative désespérée, elle a
retiré son gardien de but pour ajouter un sixième attaquant. Les
Latins diraient: In cauda venenum, le venin est dans la queue. Disons que, en
ce qui concerne le programme APPORT, qui est le punch final de la
députée de Maisonneuve, elle tente de nous démontrer que
le gouvernement a mis sur pied une absence de programme avec le programme
APPORT, qui serait, selon elle, un échec. Voyons ce qu'il en est. Je
dirai que la clientèle totale du programme APPORT, pour le mois de
décembre 1988, s'établissait à 16 750, on l'a dit, dont 14
000 ménages étaient admissibles à un versement mensuel et
2700 ménages à un versement unique, payable à la fin de
l'année. Cependant, la clientèle recevant un versement mensuel
par le ministère s'établissait à environ 95 % du total de
ménages admissibles, soit une clientèle moyenne de 13 250
ménages. Le programme SUPRET, quant à lui, puisque la
députée en parle, a connu une clientèle moyenne comparable
- alors je prends dans le programme SUPRET la clientèle comparable,
c'est-à-dire les familles monoparentales et les biparentales - de 18 000
ménages, au cours des cinq dernières années. Nous avons,
en décembre, 16 500, SUPRET en avait, comparablement, 18 000. On n'est
donc pas très loin de SUPRET. Maintenant, la clientèle inscrite
au programme SUPRET, en 1987, s'établissait à 18 266
ménages, si on compare la clientèle comparable à
APPORT.
Le coût prévu du programme APPORT pour la clientèle
de 1988 ne s'établit pas à 12 000 000 $, tel que le
déclare la députée, mais à 24 500 000 $, dont 12
500 000 $ ont été versés par le MMSR - c'est le chiffre
qu'on retrouve dans les crédits du ministère, 12 500 000 $ - et
un autre 12 000 000 $ par le ministère du Revenu du Québec, pour
le même programme. Donc, si on additionne les deux sommes, 12 000 000 $
et 12 500 000 $, cela fait 24 500 000 $. Les versements du ministère du
Revenu se divisent de la façon suivante: environ 3 000 000 $
représentent la portion des prestations, de juin à
décembre, que le MMSR n'a pas versée, soit 25 %; environ 9 000
000 $ pour les prestations de janvier à mai inclusivement puisque nous
n'avions pas encore commencé à faire les paiements à ce
moment-là - c'est 100 % de la prestation - et un maximum d'environ 500
000 $ pour les versements relatifs aux ménages qui n'ont droit
qu'à un versement annuel. Il y a 2750 ménages avec une prestation
maximale de 250 $. Donc, payables par le ministère du Revenu, 12 000 000
$; par le MMSR, 12 500 000 $, pour un total de 24 500 000 $.
Je dirais que les coûts du programme SUPRET pour la
clientèle comparable à APPORT, les familles monoparentales et
biparentales, se sont élevés à 20 000 000 $, soit une
augmentation de 3,1 % par rapport à la dernière année.
Donc, les dépenses prévues pour la clientèle du programme
APPORT de 1988 sont de 22,5 % supérieures aux dépenses
effectuées pour le programme SUPRET, à clientèle
comparable, pour l'année 1987, et ce, malgré une clientèle
moindre. Nous avons 16 750, nous dépensons 24 500 000 $; SUPRET avait 18
000 et on avait dépensé 20 000 000 $. Cet écart de 4 500
000 $ dépensés en plus dans le programme APPORT s'explique par
une prestation moyenne, pour le programme APPORT, qui est beaucoup plus
généreuse en comparaison des prestations moyennes versées
par le programme SUPRET pour 1987, c'est-à-dire une moyenne de 1460 $
par dossier pour le
programme APPORT versus 1095 $ pour le programme SUPRET. On est donc
loin du cataclysme que nous décrivait tout à l'heure la
députée de Maisonneuve. Mais la députée de
Maisonneuve savait très bien que, dans le programme APPORT, une bonne
partie des sommes devait être déboursée par le
ministère du Revenu et que cela ne se retrouvait pas dans le budget du
MMSR. Elle a eu un blanc de mémoire évident en n'en parlant pas
mais, une fois que les chiffres sont rétablis, on se rend compte que,
finalement, le programme APPORT n'est pas si mauvais.
Maintenant, je reprends un autre argument que j'ai déjà
invoqué. Nous avons commencé à faire des paiements au
programme APPORT au mois de juillet 1988. Nous sommes en avril 1989. Cela fait
à peu près huit ou neuf mois que le programme existe vraiment sur
le plan réel. On ne peut quand même pas porter un jugement
définitif sur un programme qui est encore en phase d'implantation. J'ai
toujours dit à la députée et je lui répète
qu'on ne peut pas porter un jugement avant au moins une année
complète de fonctionnement, et cette année-là n'est pas
terminée. Je dis à la députée de prendre son mal en
patience. Quand on reviendra l'an prochain et qu'on discutera encore du
programme APPORT, si je suis encore ici et si elle est encore là, on
pourra, à ce moment, porter un jugement un peu meilleur sur le programme
APPORT. Pour l'instant, cela m'apparaît prématuré. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, c'est prématuré
depuis deux ans. Le programme a été annoncé en avril 1987
et, en 1987-1988, II y a eu pour 16 000 000 $ de crédits
périmés parce que le ministre et le ministère
prétendaient que ce n'était pas la bonne année. Pas cette
année, disait-il, l'an passé. L'an prochain, vous le jugerez. 16
000 000 $ de crédits non dépensés pour des familles qui,
pourtant, en ont certainement besoin. Cette année, cela s'aggrave. Ce
sont 25 000 000 $ de crédits périmés. Cela ne va pas en
s'améliorant, cela va en se détériorant et je ne calcule
pas toutes les dépenses qui ont été occasionnées
pour faire connaître le programme. J'avais un bulletin, en date de mars
1988 - cela fait treize mois - qui s'intitule L'Inter-Mission, journal
des employés du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu - c'est l'an passé - qui faisait le
point - cela s'intitule APPORT - sur les préparatifs. Cela explique les
dépliants envoyés. On parle de 1 402 000 exemplaires donnant de
l'information générale sur le programme. On explique que la
clientèle sur l'aide sociale va recevoir le dépliant lors de
l'envoi des chèques. Cela a juste été un premier envoi. Il
y a eu un autre envoi de 1 400 000, pour un total de 2 800 000 exemplaires. On
ne peut pas dire que ce programme n'a pas bénéficié d'une
bonne couverture d'information. Et là, on explique tous les autres
préparatifs, brochures de vulgarisation, évidemment mises
à la disposition des CLSC, des associations communautaires et
familiales. On explique et je cite: En plus de tous ces documents, des
opérations de relations publiques et de publicité informeront la
population de l'existence du programme et des modalités d'inscription.
Un visuel a d'ailleurs été créé pour promouvoir le
programme. Comme on peut le constater - c'est le ministère que je cite -
tout a été mis en place pour que la population puisse être
bien informée en temps opportun.
C'était en mars 1988. Les explications que le ministre me donnait
pour expliquer les 16 000 000 $ de périmés, je les comprenais
l'an passé. Là, c'est plus difficile maintenant qu'il y en a 25
000 000 $ et que le programme a été diffusé à coups
de 3 000 000 d'exemplaires. De plus, il a été rétroactif
au 1er janvier durant toute l'année, comme si on s'adressait à un
programme annualisé. Voici ma question: En date du 1er avril, combien de
ménages sont inscrits au programme APPORT?
M. Bourbeau: M. le Président, on ne calcule pas de la
même façon. C'est bien sûr. Mme la députée dit
qu'on périme 25 000 000 $. Je lui dis que le budget modifié est
de 37 000 000 $ moins 24 500 000 $. Cela fait à peu près 12 500
000 $ que le gouvernement n'aura pas dépensé par rapport à
ce programme. C'est sûr que chez nous, au départ, on pensait
débourser plus d'argent mais comme on a retardé le versement des
subventions au mois de juillet et qu'on a quand même admis au programme
des gens depuis le mois de janvier et rétroactivement six mois en
arrière, toutes ces personnes qui ont droit à des prestations
à partir de janvier, février, mars, avril et mai 1988 vont
recevoir des prestations d'APPORT mais, plutôt que de prendre les sommes
à même le budget du MMSR, ça va être payé
à même le budget du ministère du Revenu. Donc, chez
nous...
Mme Harel: On l'a vu ça, M. le ministre. Dans les
crédits...
M. Bourbeau: Chez nous, il y a des péremptions c'est
sûr, mais le Revenu va en payer beaucoup plus que prévu.
Mme Harel: N'oubliez pas que, dans les crédits, on avait
déjà budgétisé 15 000 000 $ aussi.
M. Bourbeau: Je comprends. Je ne dis pas à la
députée que nous n'avons pas péché par excès
d'enthousiasme dans notre estimation de la clientèle, c'est
évident.
Mme Harel: Ce que je dis, c'est qu'à la
page 79, vous dites qu'il y avait 37 548 000 $ de crédits pour le
programme APPORT. Les dépenses ont été de 12 548 000 $ et
ce qui est périmé, c'est 25 000 000 $.
M. Bourbeau: C'est exact.
Mme Harel: Je vous dis que le ministère du Revenu avait de
son côté budgétisé 15 000 000 $ pour ce que vous
nous avez dit être les versements qui seront faits
rétroactivement. Cela fit un total de 52 000 000 $. On verra avec le
ministère du Revenu combien il va en périmer de son
côté, mais vous, comme tel, sur les 37 500 000 $
budgétisés, il y en a 25 000 000 $ qui ont été
périmés.
M. Bourbeau: C'est évident. Je l'ai dit dans mon discours
d'ouverture ce matin...
Mme Harel: Je vous demande combien il y a de ménages
Inscrits au 1er avril.
M. Bourbeau: Ce que je dis à la députée - et
je vais répondre à votre question concernant les ménages
aussi - c'est que les projections de clientèle qui avaient
été faites au départ étaient beaucoup plus
importantes pour l'année courante, ou l'année qui vient de se
terminer, que dans la réalité. C'est donc normal qu'il y ait des
crédits périmés chez nous et au ministère du
Revenu. Or, au ministère du Revenu, il n'y aura pas beaucoup de
crédits périmés parce que nous leur avons passé le
ballon, si je puis dire, en cours de route et il va débourser quelque
chose comme 12 500 000 $. Il n'y aura presque pas de crédits
périmés au ministère du Revenu. C'est nous qui
héritons des crédits périmés. C'est la raison.
Maintenant, les clientèles...
Mme Harel: M. le ministre, je peux vous dire une chose. Pour
l'année 1987-1988, SUPRET n'a pas été de 20 000 000 $
comme vous le dites mais de 28 450 000 $ et SUPRET a connu, en 1987-1988,
l'année la plus performante de sa brève carrière.
Tantôt, vous me citiez des chiffres. Je ne sais pas où vous prenez
les 20 000 000 $, ça doit être les montants
budgétisés mais, contrairement à vos programmes, avec
SUPRET, il y avait du dépassement et non de la péremption parce
qu'en 1987, pour SUPRET, il y a eu plus de dépenses que ce qui avait
été prévu.
M. Bourbeau: Cela ne veut rien dire, des péremptions,
c'est parce que le Parti québécois sous-budgétisait tous
les programmes, c'était connu. Forcément, vous dépensiez
plus...
Mme Harel: Arrêtez de parler de 20 000 000 $ pour SUPRET;
il n'y a pas eu 20 000 000 $ de dépensés, en 1987-1988, il y a eu
28 450 000 $.
M. Bourbeau: Non. Je regrette, M. le Président, mes
chiffres sont bons. La députée oublie de dire que dans SUPRET, 'i
n'y avait pas seulement des familles, il y avait aussi des personnes seules.
Tout à l'heure, j'ai dit qu'il fallait comparer des clientèles
comparables.
Mme Harel: Voilà.
M. Bourbeau: APPORT est un programme qui s'adresse aux familles
seulement. Donc, à clientèle comparable...
Mme Harel: Comparable, ce sont 23 000 000 $ pour SUPRET.
M. Bourbeau: ...famille pour famille, SUPRET a
dépensé 20 000 000 $ pour les familles.
Mme Harel: 23 000 000 $.
M. Bourbeau: Non. Cela comprend les personnes seules. Si vous
prenez les familles, c'était 20 000 000 $, et comparé à
ça, APPORT est à 24 000 000 $. Voilà la
vérité, M. le Président, quoi qu'en dise la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Avec les personnes seules, ça faisait 28 450
000 $. Malheureusement, je dois quitter le ministre pour me retrouver au centre
Paul-Sauvé à 20 heures ce soir. Je continuerais avec plaisir cet
échange pour le profit d'en tirer la réalité des chiffres,
mais...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, avant de quitter M. le ministre, on vous
retient encore deux ou trois minutes pour procéder à l'adoption
des différents programmes. Est-ce que le programme 1 est
adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le programme 2 est adopté?
Mme Harel: Oui, adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le programme 3 est adopté?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le programme
4 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le programme 5 est adopté?
Une voix:...
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
Est-ce
que le programme 6 est adopté? Une voix:
Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le programme 7 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le programme 8 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le programme 9 est adopté?
Une voix: Adopté.
La Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le programme 10 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que l'ensemble des programmes est adopté?
Mme Harel: Une dernière question, M. le Président.
J'aimerais que le ministre nous fournisse les listes du personnel du cabinet et
de la suite sous-ministérielle. Nous les avons demandées mais
nous n'avons pas obtenu les listes complètes. Nous souhaiterions avoir
ces listes, depuis 1986.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai fourni les
renseignements qu'on nous a demandés. Je ne peux pas fournir des
renseignements pour des années où je n'étais pas
là. J'ai fourni des renseignements pour l'année
dernière.
Mme Harel: M. le ministre, vous êtes le seul ministre qui
ne nous a pas transmis ces informations, tous les autres ministères nous
les ont fournies. La question vous avait été communiquée
par écrit.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis responsable de la
gestion du ministère depuis juin 1988, je ne peux pas fournir des
renseignements pour une période où je n'étais pas
là.
Mme Harel: Notamment, nous n'avons également pas
reçu, dans ce que nous vous avions demandé par écrit, la
liste des contrats donnés à même le budget
discrétionnaire du cabinet du ministre. J'aurais d'ailleurs
souhaité vous interroger là-dessus.
M. Bourbeau: M. le Président, la réponse est qu'il
n'y en avait pas, on n'en a pas donné.
Mme Harel: A la page 139 de l'étude des crédits,
des renseignements fournis à l'Opposition par le ministère, on
retrouve le budget de subventions du ministre. Un budget original de 7 645 000
$, modifié, et on voit le transfert. De quoi s'agit-il?
M. Bourbeau: Je m'excuse, je viens d'avoir une excellente
nouvelle. 7 500 000 $ de budget discrétionnaire pour le ministre, on ne
m'a jamais averti que j'avais un budget semblable.
Mme Harel: Je vous le lis: Virement à la catégorie
10 "Transfert" pour augmenter le budget de subventions du ministre,
numéro de CT 168394. Direction et gestion, programme 1, catégorie
4, à la page 139 de l'étude des crédits 1989 des
renseignements fournis à l'Opposition.
M. Bourbeau: Est-ce que j'ai entendu 7 500 000 $?
Mme Harel: Je voudrais avoir le plaisir d'avoir la réponse
du ministre par écrit.
M. Bourbeau: Un instant. La députée d$ Maisonneuve
lance des chiffres, M. le Président, un peu... "She shoots from the
hip", comme on dit. Cela comprend la direction et la gestion du service. Le
montant pour augmenter le budget de subventions du ministre, si j'ai bien
compris, est de 25 000 $. On est loin des 7 500 000 $ de subvention que la
députée était prête à virer à mon
compte personnel, enfin, à ma cassette de ministre. 25 000 $, la
députée conviendra que c'est très raisonnable.
Mme Harel: On aimerait avoir le détail de l'utilisation de
ce fonds.
M. Bourbeau: Vous l'avez, c'est 25 000 $.
Mme Harel: C'est le budget discrétionnaire du ministre, la
liste des contrats donnés à même le budget
discrétionnaire.
M. Bourbeau: On verra à faire parvenir à la
ministre la liste des contrats.
Mme Harel: À la ministre, c'est un peu trop.
M. Bourbeau: À la députée.
Mme Harel: Cela viendra.
M. Bourbeau: J'ai dit à l'ex-ministre.
Le Président (M. Bélanger): Sur ce, la commission,
s'étant acquittée de son mandat, ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 18 heures)