Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des Affaires sociales
Bill 69 Loi modifiant
de nouveau la Loi de
l'assurance-maladie (2)
Séance du mercredi 3 février 1971
(Dix heures trente-quatre minutes)
M. SAINDON (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! La séance du 3 février 1971 de
la commission des Affaires sociales est maintenant ouverte. Avant de
céder la parole, en premier lieu, au ministre, je demanderais aux
organismes qui feront des représentations, lorsqu'ils s'amèneront
au micro, de bien vouloir identifier clairement l'association qu'ils
représentent, en donnant le nom de l'association, le nombre de membres,
en somme, le plus de renseignements possible de façon que les membres de
la commission ne se méprennent pas sur l'identité de ceux qui se
présentent devant elle.
La parole est maintenant au ministre de la Santé, s'il a quelques
remarques à faire au début.
M. CASTONGUAY: Je vous remercie, M. le Président, mais je n'ai
rien à dire de particulier, sauf que, selon la liste qui nous a
été remise, il nous semble bien que, pour le moment, nous allons
entendre les organismes qui s'intéressent plus particulièrement
à la couverture des soins dentaires.
M. LE PRESIDENT: Le premier organisme à être entendu est le
Collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec.
Collège des chirurgiens dentistes
M. ARCHAMBAULT: Dr Marcel Archambault, président du
Collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec.
Messieurs, le collège a cru bon et nécessaire de
manifester sa présence à cette commission. Je demanderais au Dr
Robert Le Blanc, regis-traire, de présenter le mémoire du
collège. Nous comptons exactement 1,700 membres. Je cède la
parole au Dr Le Blanc.
M. LE BLANC: M. le Président, messieurs, le Collège des
chirurgiens dentistes de la province de Québec a été
incorporé en 1869 et est régi par un bureau des gouverneurs connu
sous le nom de Bureau provincial de chirurgie dentaire.
Ce bureau comprend 35 gouverneurs dont 32 sont élus et trois
représentent les facultés dentaires des universités de
Montréal, de McGill et de Laval. Le collège est le corps officiel
et il a la mission d'accorder la licence donnant le droit de pratique dans la
province. Il a le pouvoir de gouverner ses membres, de maintenir la discipline
et de protéger le public.
Devant l'importance du bill 69 et à cause des
répercussions que ce projet de loi aura sur les 1,713 membres
licenciés par le Collège des chirurgiens dentistes, que les
chirurgiens dentistes administrent, nous sommes dans l'obligation de faire
à cette commission des déclarations...
M. LE PRESIDENT: Dr Le Blanc. DR LE BLANC: Oui.
M. LE PRESIDENT: Je ne voudrais pas être
désagréable, mais pour fin d'efficacité, pour
épargner du temps à la commission il y a plusieurs
représentations qui doivent être faites est-ce qu'il vous
serait possible ou agréable de nous donner plutôt un
résumé de votre mémoire, puisque nous avons le
mémoire en main et qu'il a été étudié. Donc,
un résumé, et expliquer votre mémoire, faire valoir vos
arguments, c'est sûr. Cela permettrait à la commission de
procéder plus rapidement.
DR LE BLANC: Merci, M. le Président. Je vais essayer d'être
aussi bref que possible. Je voulais simplement vous dire que nous sommes
très heureux que des mesures soient prises pour la protection des
enfants. Cela répond d'ailleurs à ce que nous avions
demandé à la commission Castonguay, il y a trois ans.
Il y a un certain nombre de répercussions vis-à-vis du
collège, et c'est la raison pour laquelle nous intervenons aujourd'hui.
Nous allons être obligés de veiller beaucoup plus attentivement
sur l'éducation permanente et, à ce point de vue-là, nous
avons déjà des cours qui sont donnés
régulièrement par notre collège et nous allons
probablement insister un petit peu plus sur les cours à donner aux
enfants, jusqu'à l'âge de 7 ans et plus.
Nous allons être obligés également, au point de vue
du personnel, de voir à ce que son augmentation progressive se fasse
régulièrement et, de plus, nous aimerions que la nouvelle
école de médecine dentaire de l'université Laval puisse
ouvrir ses portes le plus rapidement possible, puisqu'elle est
déjà prévue pour le mois de septembre et nous voudrions
que son ouverture ne soit pas retardée sous aucune
considération.
Maintenant, nous allons également veiller à
l'intégration de tout le service auxiliaire qui pourrait nous être
apporté.
Nous avons déjà présenté un mémoire
au ministère de l'Education et nous espérons avoir bientôt
des écoles d'hygiénistes dentaires et d'assistantes dentaires
soit au niveau du secondaire, soit au niveau des CEGEP. En effet, sans services
auxiliaires, il va être excessivement difficile pour nous de prodiguer
tous les soins que l'on va nous demander. Nous sommes déjà un peu
en retard, parce que les autres provinces ont déjà des cours
donnés de cette façon-là et nous, nous n'en avons pas
encore.
Maintenant, la répartition du personnel est
une chose évidemment très importante pour nous. Nous
savons que ce n'est pas parfait, loin de là, mais nous n'avons aucun
moyen de faire pression sur nos confrères. Là encore, nous allons
peut-être demander au gouvernement s'il pourrait inciter certains
dentistes à aller dans un certain nombre de régions il
n'en faudrait peut-être pas beaucoup plus d'une vingtaine au moyen
de bourses, de fonds, ou des salaires garantis. Il y a différentes
façons.
Maintenant, nous tenons également à parler de
contrôle. Dans notre collège, nous sommes très exigeants.
Nous ne tolérons pas que des confrères qui acceptent d'exercer
sous la Loi de l'assurance-maladie se permettent des écarts. Nous avons
une commission à l'intérieur de nos cadres qui effectue toutes
enquêtes et inspections requises et référé au
conseil de discipline et toute infraction constatée.
Par conséquent, le gouvernement peut être absolument
assuré ainsi que la régie, que nous avons un devoir à
remplir et que nous allons le remplir. Nous sommes assez sévères
et nous sommes assez stricts.
Passons maintenant aux deux recommandations que nous avons. Nous avons
une première recommandation sur la fluoration. Nous savons que la
fluoration nous pose des problèmes. Nous avons une grande ville qui
refuse complètement de fluorer son eau et c'est la métropole du
Canada. Cela est pour nous un facteur excessivement important. Nous avons
déjà présenté des résolutions au conseil de
ville de Montréal bien des fois et, toujours, cela nous a
été refusé pour des raisons peut-être obscures, mais
certainement très fortes.
En conséquence, nous recommandons à cette commission
qu'une législation soit adoptée afin d'obliger toutes les
municipalités de la province à fluorer leur eau de consommation.
Des législations semblables ont été adoptées dans
plusieurs Etats américains qui faisaient face aux mêmes
difficultés. Ce sont les Etats du Connecticut, de l'Illiinois, du
Minnesota, du Delaware, du Michigan, de l'Ohio, du South Dakota.
Nous avons beaucoup d'Etats, actuellement, qui sont en train de discuter
des bills qui sont devant leur Législature et qui vont être
adoptés.
Maintenant, pour finir, nous nous permettons, en second lieu, de
recommander que le projet de loi 69 soit amendé afin que les traitements
dentaires soient accordés à tous les enfants des assistés
sociaux et ceci jusqu'à l'âge de 18 ans.
En effet, si ceci n'est pas fait pour les économiquement faibles,
les traitements qui ont été donnés jusqu'à
l'âge de 7 ans seront annulés très rapidement faute de
soins. Nous, dentistes, sommes désolés de voir des bouches
d'enfants de 12 ans ruinées par la carie à cause du manque de
soins et condamnées à l'édenta-tion chirurgicale. Nous
sommes persuadés que cette mesure n'entraînerait qu'une
dépense sup- plémentaire relativement minime et qu'ainsi
l'enfance au Québec serait mieux protégée.
Quant à notre profession, elle est prête à faire
face au défi. Pour terminer, je n'ai que deux paragraphes à vous
lire. Le Collège des chirurgiens dentistes de la province de
Québec, en vertu de ses pouvoirs d'agir dans l'intérêt de
la santé du public, a le devoir d'assister le gouvernement et de
coopérer avec lui dans l'élaboration des modalités de ce
plan d'assurance dentaire. Ce mémoire, qui a été
adopté à l'unanimité par le conseil exécutif du
collège, se veut volontairement très court.
Nous terminons en félicitant encore une fois notre gouvernement
de sa prévoyance et, par ce projet de loi 69, de se placer à
l'avant-garde des autres provinces. Je n'ai pas autre chose à dire
à ce moment, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Les membres de la commission auraient-ils des
questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Le Blanc, vous avez parlé
tantôt de la répartition du personnel, de l'effectif sur le
territoire de la province. Vous avez mentionné particulièrement
les bourses, les allocations ou les salaires qui pourraient être des
mesures incitatrices, pour certains membres de la profession, à aller
exercer dans des régions plus éloignées. Croyez-vous que
c'est la seule façon que pourrait employer le gouvernement pour aider
à la décentralisation des effectifs?
M. LE BLANC: Ce n'est peut-être pas la seule façon; c'est
une question excessivement difficile. D'autres provinces ont déjà
fait des essais dans cette direction. Ainsi, l'Ontario a placé un
certain nombre de dentistes, qui viennent d'obtenir leur licence, des
Tchécoslovaques, dans des régions un peu éloignées,
des régions du Nord et on leur garantit un salaire minimum. C'est une
façon comme une autre. Je viens d'apprendre, il y a à peu
près trois semaines, que cela marche très bien et que ces
dentistes-là sont très heureux maintenant parce qu'ils
travaillent et qu'ils sont satisfaits de cette nouvelle position.
Sans cela, ils n'auraient peut-être pu faire quoi que ce soit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Combien cela coûte-t-il, en moyenne, M.
Le Blanc, pour un dentiste qui veut s'installer? Quel est le coût de
l'équipement? Peut-on situer cela aux alentours de $15,000?
M. LE BLANC: Probablement, $15,000 ou $20,000. Cela dépend
évidemment du luxe. On peut acheter une petite Renault comme on peut
acheter une Cadillac. Enfin, mettons de $15,000 à $20,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que
cela serait aussi une possibilité si le gouvernement, par des
centres de santé locaux, ou certains autres endroits, ou dans un local
qui n'aurait rien de commun avec d'autres institutions de santé,
étudiait le coût de l'équipement et la possibilité
de fournir de l'équipement moyennant le remboursement par le dentiste
sur une certaine période, à condition qu'il aille pratiquer dans
ces régions éloignées? Serait-ce, d'après vous, un
moyen pratique et efficace?
M. LE BLANC: Comme cela n'a jamais été essayé dans
d'autres provinces, je ne peux pas vous répondre affirmativement. Il
faudrait quand même qu'il y ait une incitation financière
suffisante pour obliger un dentiste souvent ce sont des jeunes qui
finissent leurs études à quitter la grande ville et aller
s'installer dans ces régions qui sont peut-être un peu plus
difficiles, tant au point de vue des avantages sociaux.
Si vraiment il y avait une incitation financière, soit un salaire
garanti, soit un système de bourse, à condition qu'ils restent,
par exemple, deux ou trois ans, il y aurait certainement quelque chose à
faire. Certains dentistes, par exemple, sont dans l'armée.
L'armée prend des jeunes gens dès qu'ils entrent à
l'université, à la faculté, leur donne un salaire, leur
paie toutes leurs études et, ensuite, ils sont obligés de passer
cinq ans dans l'armée. C'est une forme de contrat, et nous en avons un
certain nombre à chaque année, quatre, cinq ou six, qui vont dans
l'armée. Ce serait en somme une sorte de service civil qui se ferait,
mais qui pourrait peut-être être similaire à
celui-là.
M. CLGUTIER (Montmagny): Est-ce que le collège a
déjà fait des études particulières, qui auraient pu
être basées sur les dix régions administratives du
Québec, de la répartition actuelle des effectifs afin de
déceler dans le territoire quels sont les endroits qui pourraient
bénéficier des services d'un dentiste et qui, actuellement, en
étant privés, en subissent des inconvénients?
M. LE BLANC: Sans aucun doute, M. Cloutier, parce que je reçois
d'une façon assez régulière à mon bureau des
demandes, des pétitions de différentes villes, de conseils
municipaux de différentes villes demandant un dentiste. Ainsi, l'autre
jour, j'ai reçu une lettre avec une centaine de signatures de personnes
de Valcourt; il y a là 4,000 habitants et il n'y a pas de dentiste.
Parfois, j'en reçois de la Beauce. J'en reçois de la
Gaspésie. Je reçois ainsi différentes lettres, et c'est
pour ça que j'ai souligné une vingtaine, parce que d'après
mon expérience des dernières années, je n'ai pas eu
beaucoup plus d'une vingtaine de demandes dans ce sens-là. Mais,
malheureusement, lorsque nous en parlons à nos dentistes, ah! ils ont
d'autres problèmes peut-être à résoudre et nous
n'avons aucun moyen de pression. Le seul serait une incitation qui viendrait du
gouvernement sous une forme monétaire: un salaire, peut-être le
salaire minimum garanti comme dans l'Ontario où cela semble fonctionner.
Je ne vois pas beaucoup plus d'une vingtaine, peut-être 25 places, sans
parler du Nord, mais le Grand Nord pourrait être réglé
d'une autre façon avec des voitures automobiles, des roulottes
automobiles. Enfin là, il y a une autre organisation et nous serions
prêts d'ailleurs à discuter de tout ça avec le
gouvernement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous parlez de salaire, M. Le Blanc. Je pose la
question au collège je devrais peut-être la poser aux
associations qui négocient est-ce que, d'après vous, les
membres de votre profession seraient systématiquement opposés
à la notion de rémunération par voie de salaire?
M. LE BLANC: Je m'excuse, mais quand nous disons salaire garanti, ce
n'est pas une rémunération par salaire. Le dentiste travaille
dans ces régions-là et il est payé à l'acte comme
n'importe quel autre dentiste, mais si son salaire n'atteint pas un certain
montant, le gouvernement paie la différence. Je veux dire par là:
en Ontario, le salaire minimum garanti est de $22,000 pour ces régions
du nord. Si le dentiste fait $18,000, le gouvernement va payer la
différence. C'est ça, le salaire garanti, mais ce n'est pas
exactement le système du salariat.
M. CLOUTIER (Montmagny): En somme, c'est un système
équivalent à celui qui existe actuellement pour les
médecins qui pratiquent dans des régions éloignées
où le gouvernement garantit un minimum de revenu à l'acte
médical et il complète avec une somme additionnelle afin
d'assurer un revenu convenable au médecin. Alors, c'est cette
forme-là que vous envisagez plutôt que la notion pure de
salariat?
M. LE BLANC: Exactement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant à la formation des dentistes,
est-ce que les universités actuellement, c'est-à-dire les
facultés, en produisent suffisamment pour envisager cette
décentralisation des effectifs?
M. LE BLANC: Actuellement, l'Université de Montréal nous
donne de 75 à 80 finissants par an. L'université McGill peut en
donner une trentaine; elle pourrait peut-être en donner plus, mais ce
sont les locaux qui manquent. L'université Laval devrait commencer
très prochainement si nos pronostics sont justes
c'est-à-dire en septembre 1971 et va débuter avec un nombre
relativement restreint d'étudiants pour la première année.
Ensuite, cela devrait varier entre 40 et 60 finissants par an.
J'ai le doyen de l'université Laval à côté
de
moi qui pourrait répondre beaucoup mieux que moi à cette
question.
M. RATTE: Mon nom est Gustave Ratté. Dans la région de
Québec, si l'on compte à partir de Trois-Rivières en
descendant, la proportion de dentistes pour la population n'est pas très
forte. Dans le Québec métropolitain, nous avons un dentiste pour
3,756 personnes. Dès que vous sortez de la ville de Québec et que
vous arrivez dans la Beauce, par exemple, vous en avez un pour 7,000; dans
Bellechasse, un pour 24,000; dans Dorchester, un pour 33,000; dans l'Islet, un
pour 24,000. Si vous prenez la région de Montmagny en descendant
jusqu'à la pointe de Gaspé, vous avez un dentiste pour 11,585; au
Lac-Saint- Jean, un pour 6,111 et dans cette région du Québec
métropolitain qui est en dehors de Québec un pour 14,000.
La situation dans l'Est du Québec est la plus mauvaise. C'est
pourquoi depuis des années la profession et les dentistes de la
région de Québec ont demandé à l'université
Laval, de fonder une école dentaire, chose qui est faite maintenant et
qui devrait normalement ouvrir ses portes en 1971. Etant donné que nous
serons dans des locaux temporaires, nous espérons pouvoir recevoir 12
élèves et augmenter de 12 chaque année jusqu'à un
maximum de 64, que nous devrions atteindre en 1980. Ceci à condition que
les espaces physiques nous soient accordés à temps pour que nous
puissions maintenir cette progression. Autrement, nous nous verrons
forcés de nous limiter à un nombre restreint.
Or, nous avons déjà un corps professoral dont une partie
est aux études et l'autre est déjà en fonction. Notre
programme a été approuvé par l'université et nous
sommes prêts à agir. Nous comptons que le gouvernement nous
donnera les investissements nécessaires pour que nous puissions avoir
des locaux en temps et lieu, soit en 1973. Avec l'étude qui a
été faite, nous espérons qu'en 1985, le secteur de
Québec et celui de Trois-Rivières en descendant aura suffisamment
de dentistes pour abaisser la proportion, pour les montants que j'ai
mentionnés tantôt, à 1 par 2,500 habitants, et
espérant, plus tard, venir à une proportion idéale de 1
par 2,000.
Ce qui arrive actuellement, c'est que l'Université de
Montréal et l'université McGill acceptent des étudiants
qui sortent des CEGEP ou des collèges de la région de
Québec ou de Trois-Rivières. Tous ces étudiants qui
viennent de l'extérieur restent à Montréal, soit parce que
la ville les intéresse ou que les jolies femmes les intéressent.
Ils se marient là, et ils y demeurent. Il n'y a que 25 p. c. de ces
étudiants qui reviennent. La situation est assez grave pour que nous
ayons, dès maintenant, toutes les facilités nécessaires
pour pouvoir contrebalancer cette déficience du secteur de
Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): On peut donc dire qu'ils vont rester là
où ils vont en arracher le plus.
M. CASTONGUAY: M. le Président, est-ce qu'on pourrait demander
pendant que l'on est sur le sujet de la suffisance des effectifs et de
leur distribution soit au représentant du collège ou au
doyen de la future faculté d'Art dentaire ou de la faculté d'Art
dentaire de Laval, quelle pourrait être la part des auxiliaires dentaires
pour assumer une partie de la demande que les dentistes assument
présentement et quels sont les progrès réalisés
dans la formation des auxiliaires dentaires ou quels sont les
empêchements à la formation de ces auxiliaires
présentement, aussi bien au plan des études qu'au plan de leur
intégration dans les cabinets de dentistes?
M. RATTE: Je peux répondre à une partie de la question. Il
existe présentement des assistants dentaires qui ont une instruction de
collège ou qui ont passé par un cours commercial ou d'autres
personnes qui n'ont pas tellement d'instruction et qui viennent dans les
bureaux de dentistes. Le dentiste leur montre le travail qu'ils ont à
faire ou ils sont formés par d'autres assistants dentaires
expérimentés.
Nous avons donc ces auxiliaires dentaires qui sont
préparés par nous dans nos bureaux. Nous avons aussi les
techniciens qui ont leur propre organisme et qui nous sont très
précieux pour la partie technique. Quant aux hygiénistes
dentaires, nous avons uncertain nombre d'hygiénistes dentaires dans la
province dont la fonction est éducative et préventive mais qui
font certains travaux dans les bureaux et qui peuvent aider à
réduire le travail du dentiste dans une proportion que je ne connais pas
précisément. Au point de vue de la formation de ces personnes,
depuis très longtemps, on demande au gouvernement de former des
assistants dentaires et des hygiénistes dentaires.
On a convenu que cet enseignement devait se faire au niveau des CEGEP
pour les hygiénistes dentaires, mais on fait face à un
problème de personnel de cadre pour enseigner à ces personnes. Je
crois que l'Université de Montréal a présenté, ou
va présenter, au gouvernement un plan pour préparer le personnel
de cadre qui préparerait les hygiénistes dentaires dans les
CEGEP. Quant aux assistants dentaires, le ministère de l'Education a
devant lui un mémoire du Collège des dentistes qui demande la
préparation des assistants dentaires et on établit tout le
programme d'enseignement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: M. le Président, au sujet des remarques qu'a faites
tantôt le registraire, le Dr
Le Blanc, concernant la possibilité pour le gouvernement d'aider
financièrement les professionnels de la santé, soit les dentistes
ou les médecins, particulièrement aux Iles-de-la-Madeleine et
pour les régions éloignées comme la Basse-Côte-Nord
ou d'autres endroits de la province, je pense que le gouvernement devrait
retenir cette suggestion parce qu'il est absolument impossible d'avoir des
médecins et des dentistes dans nos régions
éloignées s'il n'y a pas une incitation financière
quelconque. Quant à moi, je l'ai déjà proposé
à l'ancien titulaire du ministère de la Santé et je
répète encore que, dans nos facultés des
différentes universités, on devrait réserver des places
pour des étudiants à qui on paierait des études et, en
plus, un présalaire, si nécessaire, quitte, par la suite,
lorsqu'ils seraient admis à la pratique de leur profession, à ce
qu'ils aillent oeuvrer là où le gouvernement leur indiquerait,
soit dans les endroits où on a le plus besoin de leurs services. Je
pense que le gouvernement devrait retenir ce fait. C'est la même chose
pour les médecins. Aux îles, nous avons des difficultés
extraordinaires parce que si on ne leur donne pas un avantage quelconque, les
médecins ne viendront pas s'établir chez nous et la population
des régions éloignées et isolées a un besoin plus
grand des soins médicaux. C'est une suggestion que le Dr Le Blanc a
faite que j'endosse et j'ose croire que le gouvernement y donnera suite dans le
plus bref délai. C'est une nécessité pour les
régions éloignées et isolées de la province.
M. ÇOITEUX: M. le Président, j'endosse entièrement
comme représentant de la Basse et de la Moyenne-Côte-Nord, les
remarques de mon collègue des Iles-de-la-Madeleine. Nous avons une
situation, au point de vue dentaire spécialement, sur la
Basse-Côte-Nord qui semble insoluble si le gouvernement n'accepte pas la
formule que vient de suggérer le Dr Le Blanc. Je demanderais même
au Dr Le Blanc de soumettre au gouvernement une formule précise par
laquelle il y aurait des chances de faire venir des candidats afin qu'on vienne
prendre soin de nos jeunes enfants. Nous avons un dentiste qui vient de temps
à autre vider les bouches, autrement dit. D n'a pas le temps de faire
autre chose, il n'y a pas d'électricité dans bien des endroits.
Je crois que le problème est extrêmement important surtout pour
nos jeunes et d'ailleurs les médecins qui pratiquent dans ces endroits
constatent cette carence épouvantable des services dentaires pour les
jeunes. Si le Collège des chirurgiens dentistes voulait soumettre un
code tangible qui implique les deniers publics, je crois qu'on pourrait trouver
les arguments valables au point de vue sanitaire afin que ce projet ait des
chances de se réaliser.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. Le Blanc, vous nous dites que vous avez 1,713 membres
actuellement.
M. LE BLANC: C'est exact.
M. LAURIN: Dans le document de travail "Rapport du comité
d'étude sur les soins dentaires" qui nous a été remis, on
dit qu'il y a 1,619 dentistes disponibles. Est-ce que vous pouvez nous
expliquer cet écart?
M. LE BLANC: Je peux vous l'expliquer très facilement. C'est moi
qui tiens le registre de par la loi. Je peux vous dire qu'hier encore j'ai
donné une licence au dernier, qui est le 1,713e. Alors, je le sais
exactement. Il se peut que, dans les autres documents, il y ait eu des erreurs,
mais il n'y a absolument aucune erreur dans les chiffres que je vous donne.
M. LAURIN: D'après le rapport de ce comité, il y a 1,619
dentistes disponibles. Est-ce qu'il y a des dentistes qui ne sont pas
disponibles?
M. LE BLANC: II est évident que, dans le groupe de dentistes qui
est totalement inscrit au collège, donc qui paie
régulièrement sa contribution, qui est licencié du
collège, il y en a peut-être un certain nombre qui n'exercent pas.
Il y en a quelques-uns qui sont dans l'armée. De ceux-là,
quelques-uns sont en garnison dans la province de Québec, mais d'autres
sont en dehors de la province de Québec.
Maintenant, nous avons quelques professeurs qui sont licenciés,
mais qui, peut-être, n'exercent pas complètement. Mais, je ne
crois pas que cela aille aussi loin. Le chiffre est 1,713. Evidemment, nous
avons un certain nombre de praticiens assez âgés qui,
peut-être, exercent beaucoup moins maintenant qu'avant, mais, enfin, ils
rendent encore des services; ils ont encore leur clientèle de personnes
de leur âge. Le chiffre exact est 1,713, enregistré
aujourd'hui.
M. LAURIN: Maintenant, Dr Le Blanc, est-ce qu'il y a une tendance
à la spécialisation dans votre profession, qui fait que le nombre
de dentistes de première ligne, analogues aux omnipraticiens, tend
à diminuer? Est-ce qu'il y en a un pourcentage croissant?
M. LE BLANC: Non, pas du tout. Le nombre de spécialistes
augmente. Nous avons cinq spécialités: la chirurgie buccale, la
périodontie (le traitement des gencives), l'orthodontie,
c'est-à-dire le redressement des dents, l'hygiène dentaire
buccale et la prothèse. Je n'ai pas le chiffre exact de tous ces
spécialistes, mais je peux vous assurer qu'actuellement, aux Etats-Unis
ou dans d'autres régions où l'on donne des cours
postuniversitaires, nous avons probable-
nient une trentaine de personnes qui nous reviendront cette année
ou l'année prochaine avec des certificats de spécialistes ou,
tout au moins, des certificats leur permettant d'être
spécialisés par le collège. Il n'y a pas de diminution de
ce côté, au contraire. D'ailleurs, nos facultés ont
nécessairement besoin de spécialistes comme professeurs. Je pense
que le Dr Ratté doit en avoir six ou sept actuellement, de ces futurs
professeurs, qui sont aux Etats-Unis à parfaire des cours dans
différentes disciplines. Cela ne diminue pas, au contraire.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a un mouvement vers la spécialisation
en soins dentaires pour les enfants, comme en médecine?
M. LE BLANC: Nous n'avons pas encore la spécialisation en
pédodontie, mais, justement, nous nous préparons à donner
un certificat en pédodontie. Nous avons, d'ailleurs, plusieurs
pédodontistes éminents dans la province de Québec.
J'espère que cela en incitera d'autres à choisir ces
spécialisations. Nous n'aurons peut-être pas encore suffisamment
de spécialistes.
M. LAURIN: Jusqu'ici, en tout cas, le nombre de dentistes qui peuvent
exercer leur métier d'une façon polyvalente n'a pas
diminué d'une façon sensible.
M. LE BLANC: Pas du tout.
M. LAURIN: Maintenant, dans le rapport de la commission Castonguay, on
disait que les soins dentaires aux femmes enceintes avaient un rendement
élevé au point de vue de la santé et du bien-être.
Par contre, dans le rapport du comité d'étude sur les soins
dentaires, on semble dire, avec arguments à l'appui, que les soins
dentaires aux femmes enceintes sont loin de constituer une priorité.
On dit même qu'il peut s'avérer utile de limiter les soins
dentaires durant cette ériode de la vie d'une femme.
Le Collège des chirurgiens a-t-il une opinion
là-dessus?
M. LE BLANC: Mon opinion est qu'il y a priorité pour la femme
enceinte. C'est une future mère et il est absolument nécessaire
qu'elle puisse s'alimenter normalement. Si elle a des troubles dentaires, il
faudra les réparer. D'ailleurs, si vous vous référez
à des pays où l'assurance-maladie existe déjà
depuis fort longtemps, que ce soit l'Angleterre, la France ou l'Allemagne, il y
a priorité pour les femmes enceintes. Ce qui fait que notre opinion est
qu'elles doivent avoir une certaine priorité à cause, en somme,
de la condition dans laquelle elles sont. Je ne veux pas dire qu'elles auront
beaucoup plus de troubles dentaires en cette période-là, comme on
le croyait jadis, mais elles en ont quand même. Elles ont des malaises
gingivaux et autres qui doivent être soignés et traités.
C'est absolument indispensable.
Est-ce une véritable grande priorité? C'est un peu
difficile à dire. En somme, tout est une priorité lorsqu'on a mal
aux dents et qu'on a besoin de se faire soigner. Mais il s'agit de l'avenir de
notre nation. Or, une femme enceinte porte un enfant. Il faut donc qu'elle soit
en état de pouvoir nourrir cet enfant, de se nourrir elle-même et
de ne pas souffrir.
M. LAURIN: D'après les études dont vous êtes au
courant au sujet de la fluoration de l'eau, permettrait-elle une
prévention des caries dentaires d'une façon assez rapide ou
faudrait-il attendre ces résultats pendant un grand nombre
d'années?
M. LE BLANC: Les résultats se font sentir assez rapidement,
quoique je ne sois pas un spécialiste en cette question. Cela peut se
faire sentir assez rapidement. Je pourrais même ajouter une information.
J'arrive de Toronto où j'ai passé quelques jours avec des
secrétaires de ma profession nous avions une réunion
annuelle et quelque chose m'a frappé. Comme vous le savez, on a
à Toronto la fluoration depuis près de trois ans. Il y a en
Ontario deux facultés de chirurgie dentaire, une à Toronto et une
à London, qui fournissent un certain nombre de praticiens à
chaque année et il est fortement question qu'il y ait une
troisième faculté dentaire prochainement dans une autre
université de l'Ontario. Or, les résultats sont tels que le
Collège des chirurgiens-dentistes de l'Ontario hésite maintenant
à recommander ceci car il a peur d'avoir une pléthore de
dentistes assez prochainement. En effet, cela se fait vraiment sentir à
Toronto. Ainsi, après trois ans, on commence à trouver qu'on a
suffisamment de dentistes pour venir à bout de la population. Il y a
donc là quelque chose qui est tout récent, puisque cela remonte
à deux semaines. J'ai été un peu surpris de voir qu'on
hésitait maintenant à ouvrir une troisième faculté
pour cette raison.
Imaginons qu'à Montréal nous ayons la fluoration ainsi que
dans toutes les villes qui, pour leur eau de consommation, dépendent de
Montréal, mais qui malheureusement ne peuvent pas l'avoir car nous avons
là un obstacle, il est probable que Montréal n'aurait plus besoin
des 1,000 dentistes qu'il y a là actuellement et la répartition
pourrait se faire beaucoup plus facilement ailleurs. Cela prendrait
peut-être deux ou trois ans.
M. LAURIN: Combien de villes ou régions ont maintenant l'avantage
de la fluoration de l'eau?
M. LE BLANC: Je crois qu'il y a ici un grand spécialiste, le
docteur Simard. Il pourrait vous donner des précisions absolues parce
que je ne les ai pas exactement.
M. RATTE: Au Québec, d'après les chiffres que j'ai ici, il
y a 76 municipalités qui ont la fluoration. Il y a 671,000 personnes qui
boivent de l'eau fluorée, ce qui représente 16 p. c...
M. LAURIN:Il y a 671...
M. RATTE: ...671,350 personnes, ce qui représente 16 p. c. de la
population. Si vous voulez avoir quelques notions concernant ce que
représente, au point de vue économique, la fluoration, chaque
fois que l'on dépense $100,000 pour la fluoration, on empêche
660,000 caries ou cavités probables. Si vous évaluez ces caries
ou leur réparation à $6, vous arrivez donc à un montant
supérieur à $4 millions. Par conséquent, chaque fois que
l'on applique $100,000 à la fluoration cela fait épargner
à la population $4 millions.
D'autre part, vous avez des villes comme Newburg et Kingston. Newburg
est une ville dont l'eau fluorée depuis 25 ans, mais pas Kingston. On a
fait des études très sérieuses dans les deux villes. On a
fait des comparaisons au point de vue du coût des services dentaires.
On a commencé, à Newburg, avec un groupe à
l'âge de cinq ans, et on a fait une étude sociologique du niveau
des enfants que l'on traitait pour avoir le même genre d'enfants, des
noirs, des blancs, des races différentes. A Newburg, il en a
coûté $13.86 par enfant tandis qu'à Kingston, dont l'eau
n'est pas fluorée, il en a coûté $33.73.
On a fait la même expérience avec des enfants de six ans;
au départ, à Newburg, il en a coûté $16.93 et
à Kingston, $40.78. Si vous transposez ceci en heures de travail: A
Newburg, avec des enfants de cinq ans, cela a pris 41 heures et cinq tandis
qu'à Kingston, 71 heures et cinq. Pour le groupe d'enfants de six ans,
62 heures en comparaison de 93 heures. Par conséquent, cela coûte
trois fois moins cher et cela prend 1/3 moins de temps.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter?
M. SIMARD: Le responsable, au ministère de la Santé, de la
question de la fluoration m'a donné, hier, des chiffres encore plus
récents. Il y a 40 réseaux d'aqueducs qui sont fluorés et
qui déservent 84 localités. Il y a 952,562 personnes qui se
trouvent à jouir des bénéfices de la fluoration,
actuellement. Ce sont les derniers chiffres sortis par le Dr Lambert, à
la division dentaire du ministère de la Santé.
M. LAURIN: J'aurais une question additionnelle. Lors d'une séance
antérieure de la discussion, un député a émis la
suggestion que la fluoration se fasse à chaque domicile, par l'addition
d'une cuillerée de fluor à l'eau potable. Que pensez-vous de
cette suggestion?
M. RATTE: D'abord en principe, la proportion idéale pour la
fluoration, c'est une partie par million. Alors, il faut que vous ayez un
appareil qui puisse doser le fluor suivant cette proportion. Il peut en
exister, et même un certain dentiste américain est venu ici pour
tenter de vendre des appareils privés qui coûtaient aux environs
de $100. J'ai eu connaissance de cette question, moi aussi; je ne suis pas un
actuaire, mais j'ai fait un petit calcul. J'ai demandé au bureau de
poste combien il y avait de logements; si on enlève les postes
commerciaux et tous les autres et qu'on demeure avec les logements et les
maisons privées, il y a à peu près 2 millions de logements
dans la province de Québec.
Si vous calculez que, pour chaque logement, ça coûte $100,
par conséquent ça fait $200 millions. J'ai l'impression qu'il y a
des machines à piastres qui vont sauter.
M. DUMONT: Une question connexe, si vous permettez, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions?
M. DUMONT: Une question connexe à cette question.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions sur la fluoration? La
parole est au député de Mégantic.
M. DUMONT: M. le Président, probablement que, sur 2 millions de
foyers, il y en aurait peut-être la moitié qui ne le demanderait
pas, pour une question de liberté. Je remercie d'abord le
député de Bourget d'avoir posé la question à la
place du député de Mégantic. C'est moi qui avais
posé cette question, il aurait pu me nommer, c'est une question de
liberté, et là je poserais...
M. LAURIN: J'ai nommé...
M. DUMONT: ... une question au docteur Le Blanc. Est-ce que les pompiers
ont besoin que l'eau soit fluorée pour éteindre les incendies?
Est-ce que les compagnies de minerai ont besoin de fluor dans l'eau pour
affiner le minerai?
M. LE BLANC: Je peux vous répondreen vous disant que je ne crois
pas que ça nuise beaucoup à l'extinction d'un incendie.
M. DUMONT: Sans nuire,est-ce que ça peut aider? Est-ce que les
$100,000 le chiffre qui a été avancé tout à
l'heure n'encourageraient pas la compagnie Alcan à faire un
chiffre d'affaire de plusieurs millions si on adoptait une loi obligeant
l'usage du fluor? Docteur, est-ce
que les 1,713 membres de votre association ont été
consultés? Je sais qu'il y a beaucoup de controverse sur une dose trop
forte qui peut devenir un poison quand il y a trop de chlorure de sodium.
M. LE BLANC: Je vais vous répondre simplement une chose et vous
donner un exemple; cela fait dix ans que je bois de l'eau fluorée
à Saint-Lambert et je peux vous dire que je suis bien vivant
malgré mon âge.
M. DUMONT: Si un employé municipal se trompait et ajoutait une
dose trop forte, est-ce qu'il n'y aurait pas des effets néfastes pour
votre santé?
M. LEBLANC: Je n'en ai jamais entendu parler.
M. DUMONT: Est-ce que les 1,713 membres ont été
consultés sur cette loi possible qui pourrait, comme vous l'avez
demandé, être soumise à l'Assemblée nationale?
M. LE BLANC: Certainement pas, mais il semble que toute la profession,
non seulement chez nous, mais partout est d'accord. Elle est d'accord aux
Etats-Unis, elle est d'accord partout et les études qui ont
été faites l'ont démontré. Maintenant, qu'il y ait
quelques personnes dissidentes, c'est possible, mais l'énorme
majorité est favorable.
M. DUMONT: Les raisons obscures de la ville de Montréal que vous
avez mentionnées tout à l'heure, que la ville de Montréal
apporte comme objection, est-ce que vous ne pourriez pas les préciser
ces raisons obscures?
M. LE BLANC: Elles sont assez difficiles. J'ai entendu M. Drapeau
à la télévision et il a semblé nous dire que, s'il
y a quelques personnes qui s'opposent à cette chose-là, lui, en
tant qu'administrateur, il ne peut pas imposer une pareille chose. Ce n'est
peut-être pas une raison très démocratique; je croyais
qu'en démocratie c'était la majorité qui commandait, mais
enfin! Si une petite minorité est contre, en tant qu'administrateur, il
ne peut pas. Il me semble que le chlore a été mis dans l'eau
depuis fort longtemps et il n'y a pas beaucoup de villes qui ne sont pas
obligées d'avoir de l'eau chlorée.
A haute dose, c'est un poison également.
M. DUMONT: Est-ce que d'autres compagnies que l'Alcan vendent du
chlorure de sodium?
M. LE BLANC: Je ne peux pas vous donner de renseignement sur la
compagnie Alcan, je n'ai aucun renseignement là-dessus.
M. DUMONT: Avant que la loi soit présen- tée, est-ce que
les 1,713 membres ne pourraient pas être consultés afin
d'être bien sûr que ce n'est pas une loi controversée que
nous aurions, mais bien un projet de loi qui recevrait l'assentiment au moins
des 6 millions de population?
M. LE BLANC: Certainement. Maintenant, si nous demandons l'opinion des
1,713 dentistes, j'estime que c'est la majorité qui devrait compter
parce que, s'il y a cinq ou six dissidents, cela ne devrait pas compter.
M. DUMONT: II y a des individus qui se battent actuellement pour faire
valoir le respect des droits de l'homme. M'appuyant sur le respect des droits
de l'homme, je me prononce contre la fluoration obligatoire. Si on a
trouvé l'ivressomètre pour désigner le degré
d'alcool dans le sang des êtres humains, ne pourrait-on pas trouver un
moyen quelconque afin de laisser la liberté à ceux qui ne veulent
pas employer le clorure de sodium? C'est une question de liberté.
M. RATTE: M. le Président, en ce qui concerne les libertés
civiles, une étude a été faite par M. François
Chevrette, professeur de droit public à l'Université de
Montréal. Il a préparé un document très
élaboré prouvant que la fluoration ne porte pas atteinte à
la liberté.
Il rappelle qu'aucune cour au Canada n'a rendu de jugement voulant que
cette mesure d'hygiène publique entrave la liberté. Aux
Etats-Unis, la jurisprudence des plus hautes cours a toujours reconnu que la
fluoration ne contrevient en rien aux libertés civiles. A quatre
reprises, la cour Suprême fédérale des Etats-Unis a
refusé d'intervenir pour réviser ces causes.
Je crois que, même si les 1,700 membres du Collège des
dentistes donnaient leur avis, ils seraient affirmatifs quant à la
valeur de la fluoration; c'est reconnu. Il existe cependant une approbation
générale à travers le monde des organismes les plus
sérieux. Il y a d'abord la Fédération dentaire
internationale; 66 pays font partie de la Fédération dentaire
internationale et ont approuvé la fluoration. Il y a l'Organisation
mondiale de la santé qui groupe 131 pays, l'Association médicale
canadienne, l'Association dentaire canadienne, l'Association médicale
américaine, l'Association dentaire canadienne, la Société
américaine et l'American Waterwork Association.
J'ai l'impression que ces gens-là représentent des groupes
très sérieux. Il existe, actuellement, aux Etats-Unis une
population de 203 millions. Soixante-quinze millions boivent de l'eau
fluorée artificiellement et huit millions boivent de l'eau
fluorée naturellement. Cela représente un pourcentage de 40 p. c.
Le nombre de villes où l'on boit de l'eau fluorée
artificiellement est de 4,000; le nombre de villes alimentées en eau
fluorée naturellement est de 2,600. La population desservie par service
public est de
156,500,000. Le pourcentage de la population alimentée en eau
fluorée par service public est de 53 p. c. Dans le monde entier, 120
millions de personnes boivent de l'eau fluorée. J'ai l'impression que
c'est une discussion stérile de douter, à ce moment-ci, de la
valeur scientifique et préventive de la fluoration quand tous ces gens
boivent de l'eau fluorée, que toutes ces villes ont chacune des
officiers médicaux et que des études ont été faites
depuis 25 ans.
La fluoration que l'on demande maintenant n'est pas une mesure qui n'a
pas été prouvée; cela fait 25 ans, au moins, que l'on fait
des expériences bien contrôlées tant en Ontario qu'aux
Etats-Unis. Il reste quand même qu'une personne qui ne veut pas boire
d'eau fluorée n'est pas obligée.
M. DUMONT: M. le doyen, ne pourriez-vous pas aussi nous donner les noms
des rapports puisque vous êtes très bien informé sur
les rapports en faveur du clorure de sodium dans l'eau ou les noms de
ceux qui ont fait des études et qui ne seraient pas d'accord? J'ai lu
quelques rapports, mais je sais que vous êtes plus au courant que moi et
que vous pouvez nous donner de bonnes indications quant à ceux qui sont
contre la fluoration.
M. RATTE: II y a un certain nombre de gens qui se sont prononcés
contre la fluoration. Les uns avaient comme motif une question religieuse,
parce qu'ils prétendaient que c'était une médication de
groupe, ce qui est faux. Il faudrait faire disparaître, à ce
compte-là, la pasteurisation du lait et toutes les vaccinations qui ont
pour but de protéger les enfants et le public contre les maladies
contagieuses.
Des groupes opposés à la fluoration les uns en ont fait
des tremplins politiques et les autres en avaient très peur. A notre
avis et suivant l'étude des cas que je viens de mentionner, il n'y avait
rien de scientifique pour prouver leurs dires.
M. DUMONT: Est-ce que des rapports médicaux et scientifiques
n'ont pas été préparés contre la fluoration?
M. RATTE: Des rapports ont été préparés
contre la fluoration. Cela peut être un rapport médical, mais ce
n'est pas nécessairement un rapport scientifiquement prouvé.
M. DUMONT: Est-ce que les rapports scientifiques favorables n'ont pas
été préparés par l'Alcan?
M. RATTE: Non. Cela a été fait par la profession
elle-même et la profession n'a demandé à personne de le
prouver. Nous l'avons toujours fait nous-mêmes au Canada et c'est la
même chose aux Etats-Unis, grâce à des subventions
gouvernementales.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais aux membres de la commission de ne pas
faire un contre-interrogatoire de la période des questions. La parole
est maintenant à M. le ministre.
M. CASTONGUAY: Je voudrais simplement ajouter un point dans cette
discussion.
Le collège recommande fortement que les eaux de consommation
soient fluorées. Je voudrais souligner que, dans un certain nombre de
municipalités de la province, selon les rapports que nous avons au
ministère, les systèmes d'aqueduc ou l'équipement existant
ne permettraient pas immédiatement l'addition des machines pour ajouter
le fluor dans des quantités bien contrôlées. Il y a
là un problème d'ordre technique qui déborde la simple
question de la fluoration et qui ne peut être ignoré.
C'est la seule remarque que j'ai à faire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, pour revenir un moment
sur la question de la fluoration, nous avons entendu le témoignage du
Collège des dentistes. Nous avons ici avec nous des représentants
du Collège des médecins, et particulièrement le Dr Roy,
regis-traire. Je voudrais lui demander si à sa connaissance la
profession médicale a déjà reçu des
représentations faites au collège ou ailleurs dans le
domaine médical à l'effet que la fluoration de l'eau
comporterait des dangers. Je sais que c'est une opinion qui s'exprime de temps
en temps sur la place publique. Encore hier, j'ai entendu, à la radio un
témoignage où l'on affirmait qu'il pouvait y avoir des dangers du
point de vue de la santé. J'aimerais demander au Dr Roy son opinion sur
cette question.
M. ROY: Merci. M. le Président, lors de la présentation de
notre mémoire devant la Commission d'enquête sur la santé
et le bien-être social en 1967, la question nous avait été
posée et nous avons répété à ce
moment-là ce que nous avions inclus dans notre mémoire: que nous
étions pour la fluoration de l'eau.
Si les dentistes et les médecins se prononcent pour la fluoration
de l'eau, ce n'est pas par intérêt personnel mais dans
l'intérêt du public de façon à mieux protéger
la santé. Scientifiquement, il est prouvé que l'eau
fluorée prévient la carie dentaire. Nous connaissons plusieurs
municipalités qui ont de l'eau fluorée naturellement ou
artificiellement à condition que les doses soient bien
respectées et il n'y a aucun danger pour la santé des
individus qui boivent cette eau.
Il reste qu'il est de l'intérêt public que le gouvernement
se penche sur une question semblable qui est approuvée universellement
par les organismes scientifiques sérieux. Il est vrai que des groupes et
des individus s'opposent à la
fluoration. Ce sont les mêmes groupes qui s'opposent à la
pasteurisation du lait et aux diverses formes de vaccination, antivariolique ou
autre. Il est prouvé, historiquement et scientifiquement, que les
vaccinations ont été une bonne chose pour la santé du
peuple et pour le genre humain. Sans les campagnes de vaccination
antivariolique et d'immunisation dans le Québec, nous aurions encore les
taux effroyables de mortalité infantile que nous avions entre les
années 1850 et 1900. Pour parler de vaccination antivariolique il suffit
de revenir à l'épidémie de 1885, à Montréal,
où plus de 5,000 personnes sont mortes dans une très courte
période de temps.
Depuis à peu près 1930, alors que la vaccination
antivariolique a été rendue obligatoire, il n'y a pas eu un cas
de variole dans la province de Québec. Ces mesures, même si elles
vont contre la conscience de certains individus qui ont le droit de s'y
opposer, comme on peut s'opposer à aller à la guerre, il est dans
l'intérêt public de les instituer, parce qu'il est prouvé
scientifiquement que c'est valable et que ça aide à
améliorer la santé de notre population, en particulier, celle des
enfants en bas âge. Pour vous donner mon expérience personnelle,
mes enfants prennent ce que j'appelle du karidium, du fluorure de sodium, tous
les jours, à une dose approuvée par mon dentiste de façon
que leurs dents soient mieux protégées et que, dans l'avenir, ils
aient moins recours au dentiste. Ainsi, cela coûtera moins cher au
trésor public. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, docteur Roy.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais poser à M. Le Blanc la
question suivante. Dans le mémoire, on mentionne que les traitements qui
ont été donnés jusqu'à l'âge de sept ans
seront annulés très rapidement si, par la suite, ces enfants ne
sont pas suivis. Je voudrais demander au docteur Le Blanc quels seraient,
à son avis, les moyens que pourrait prendre le gouvernement pour que les
traitements qui auront été donnés aux enfants de
zéro à sept ans puissent garder toute leur efficacité.
Est-ce que ça veut dire qu'une fois que ce groupe d'enfants aura
été couvert par le bill 69, l'année suivante, les enfants
de huit ans, neuf ans etc., seront automatiquement couverts par la Loi de
l'assurance-maladie?
M. LE BLANC: Je ne peux pas vous répondre complètement,
parce que je ne connais pas les intentions du gouvernement pour ce qui va
suivre après l'âge de sept ans, puisque le gouvernement semble
avoir décidé de couvrir tous les enfants jusqu'à
l'âge de sept ans. Cependant, si nous nous penchons sur le
problème des assistés sociaux ou même, peut-être, de
certaines familles de chômeurs, il est évident qu'il y a là
une question pécuniaire qui est très importante pour eux et qui
les empêche de conduire leurs enfants chez le dentiste.
Le problème est celui-ci: si nous prenons soin des enfants, comme
il doit se faire, jusqu'à l'âge de sept ans et si, ensuite,
à l'âge de huit ans, neuf ans, dix ans, onze ans, ces enfants ne
reçoivent plus aucun traitement dentaire, il est évident que les
bouches vont se ruiner très rapidement. Actuellement, la fluoration est
peut-être un agent qui peut sauver les dents. D'un autre
côté, nous avons tous les hydrates de carbone, tous les sucres,
toutes les boissons gazeuses, tous les chocolats, bonbons et autres qui sont
une véritable pollution des dents non seulement des grandes personnes,
mais des enfants.
Il est évident que, si un enfant de l'âge de sept ans
à neuf ans ne reçoit plus aucun traitement dentaire, il va voir
toutes ses dents détruites par les matières sucrées dont
nous avons une abondance actuellement. Le traitement
généralisé ne servira à rien pour les enfants dont
les familles n'ont pas suffisamment d'argent. C'est pour ça que, dans
notre mémoire, nous demandons qu'au moins cette catégorie
d'enfants assistés puissent être soignés jusqu'à
l'âge de 17 ou 18 ans, de façon que ça puisse, au moins,
prolonger le premier traitement qui est donné. Car il serait illogique
de soigner des enfants de personnes assistées jusqu'à l'âge
de sept ans et, ensuite, de les laisser s'en aller vers rien du tout.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Le Blanc, comme vous, je suis curieux de
connaître les intentions du gouvernement. Alors, ça m'amène
à poser la question au ministre. Une fois que le régime sera en
marche, est-ce l'intention du gouvernement de couvrir les enfants qui ont
déjà été couverts dans cette période de
zéro à sept ans? L'an prochain, les enfants de sept ans
seront-ils admis? Est-ce que le régime sera modifié? Est-ce que
ces enfants-là pourront recevoir des soins dentaires en vertu d'une
modification à la Loi de l'assurance-maladie?
M. CASTONGUAY: Avant de répondre directement à la question
du député de Montmagny, je pense qu'il ressort assez clairement
de la discussion ce matin ou des réponses apportées aux diverses
questions que tout ce problème de l'hygiène dentaire demande des
actions à divers plans. On a parlé de la fluoration, de la
formation d'auxiliaires ou d'hygiénistes dentaires. On a parlé de
l'ouverture d'une nouvelle faculté et aussi de la couverture des soins
dentaires aussi bien pour l'ensemble de la population que pour les
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale.
Je pense que si on prend, par exemple, la question de la fluoration, on
se rend compte qu'il y a des rendements assez élevés, qu'il faut
garder des ressources, une partie des disponibilités budgétaires
pour la fluoration.
De la même façon, les auxiliaires et les hygiénistes
dentaires s'ils font un travail utile il serait bon qu'on garde
des disponibilités pour former plus de personnel que
présentement. Il y a un problème de répartition, et une
des données qu'il n'est pas facile d'identifier clairement
présentement c'est le coût exact de la couverture des soins
prévus dans le projet de loi. Nous avons des estimations, mais elles
peuvent s'avérer plus ou moins exactes.
C'est la raison pour laquelle dans le projet de loi nous avons, à
l'article 12, inscrit une disposition où l'âge limite du champ
d'application, pourrait être modifié par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil. Dans les documents qui ont été
distribués à titre de suggestion et cette suggestion
semblait, d'après les études faites par le comité,
indiquer qu'absorber cette demande imposerait un fardeau déjà
assez grand à l'effectif disponible vous verrez que si
l'assurance couvre les soins dentaires jusqu'à l'âge de sept ans,
comme première étape, dans un an ou dans deux ans il sera
toujours possible de voir comment le champ d'application pourrait être
élargi.
Il y a aussi un point que je voudrais mentionner, c'est qu'en vertu de
la Loi de l'aide sociale, présentement les bénéficiaires
de cette loi peuvent être remboursés le Dr Labelle voudra
probablement faire des représentations quant à la suffisance de
ces montants mais il y a toutefois des sommes prévues en vertu de
la Loi de l'aide sociale pour l'ensemble des bénéficiaires de
cette loi en ce qui a trait à leurs soins dentaires.
M. LAURIN: Sur le même sujet, M. le Président, le
Collège des chirurgiens dentistes demande que tous les soins dentaires
soient étendus à tous les enfants des assistés sociaux
jusqu'à 18 ans, recommandation que j'appuie avec enthousiasme, pour ma
part. Par ailleurs, dans le rapport du comité d'étude, à
la page 18, on dit que les enfants de moins de 18 ans représentent 43.33
p. c. des bénéficiaires de l'aide sociale. Est-ce que le
Collège des chirurgiens dentistes a fait une étude sur le
coût possible de l'extension aux enfants de moins de 18 ans de la
couverture dentaire. Je poserais d'ailleurs le même question au ministre
des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: Je vais laisser M. Le Blanc répondre.
M. LE BLANC: Nos études sont évidemment approximatives. La
seule chose sur laquelle nous pouvons nous baser, c'est en admettant qu'il y
ait là je vais donner un chiffre approximatif 50,000
enfants assistés sociaux jusqu'à l'âge de 17 ou 18 ans
peut-être que je me trompe, mais enfin... d'après
les plans que nous avons et qui fonctionnent disons qu'en Ontario ils ont un
système de "welfare plan" depuis 1959. Jamais, depuis cette date
où les enfants de ce plan reçoivent des soins totalement
gratuits, ils n'ont pu dépasser 33 p. c. Autrement dit, il n'y a que 33
p. c. des enfants qui peuvent être traités gratuitement suivant ce
plan qui est d'ailleurs payé par le gouvernement et
j'estime qu'ici nous aurions à peu près la même proportion,
peut-être 33 p. c. peut-être 30 p. c.
Cela ne fait qu'à peu près 50,000 enfants. Combien peuvent
coûter les traitements à ces 50,000 enfants: peut-être en
moyenne, si je me rapporte à d'autres provinces, de $12 à $15 par
enfant assuré.
Si vous avez 150,000 enfants, cela peut aller dans les $1,800,000 ou $2
millions en tout, mais cela ne dépassera pas ça. C'est la raison
pour laquelle j'ai dit 18 ans, on peut aussi bien dire 16 ans nous
sommes prêts à discuter de ces choses avec le gouvernement de
façon que nous puissions en arriver à un plan convenable.
L'idée est pour nous de sauver au moins les dents des enfants qui ne
peuvent pas être soignés. Nous avons beaucoup d'enfants dans nos
clientèles et chaque dentiste soigne un grand nombre d'enfants, mais ce
sont des enfants dont les parents peuvent payer. Ceux qui ne le peuvent pas, il
faut quand même les protéger ou, alors, il n'y a pas de plan
possible. C'est mon opinion. Je ne pense pas que le coût
dépasserait $1.5 million ou $2 millions. C'est une estimation qu'il
faudrait vérifier avec des chiffres. Mais ça ne peut pas aller
très loin. C'est pour ça que, dans notre rapport, j'ai
indiqué un coût minime, ou une augmentation minime.
Je dois ajouter une chose. Lorsque je parle des 150,000 enfants, il y a
déjà un grand nombre de ces 150,000 qui vont jusqu'à
l'âge de 7 ans. Ceci doit encore diminuer la proportion.
M. LE PRESIDENT: Si vous me le permettez, je vais donner l'ordre
d'audition qui est suggéré, de façon à permettre
à ceux qui désireraient s'absenter temporairement de revenir
à temps.
Après le Collège des chirurgiens dentistes, ce sera
l'Association des chirurgiens dentistes du Québec, l'Association des
orthodontistes, le Montréal Dental Club, MM. Coutu et Michaud,
l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires,
Cumberland Drug Store, la Société professionnelle des pharmaciens
d'hôpitaux du Québec. La commission suspendra ses travaux à
12 h 30 pour les reprendre à 2 h 30. Nous siégerons cet
après-midi et, si c'est nécessaire, nous ajournerons nos travaux
à 5 h 30.
M. PARENT: M. le Président, si vous le permettez, je voudrais
mentionner que, sur la liste des organisations qui ont demandé de
comparaître, n'apparaît pas le front commun FTQCSNCEQ.
Nous avions demandé d'être inscrits.
M. LE PRESIDENT: Ceci est l'ordre du jour suggéré.
Maintenant, au train où vont les choses actuellement, ça ne se
terminera certainement pas aujourd'hui. Il sera toujours possible de vous faire
inscrire, si nécessaire.
M. PARENT: Nous considérons que ce sera nécessaire.
M. LE PRESIDENT: Je donne la parole au député de
Louis-Hébert.
M. CASTONGUAY: M. le Président, étant donné qu'il a
été question des coûts, j'ai ici des estimations
préparées par le comité qui a fait le travail
préparatoire. Pour les enfants de 3 à 7 ans, pour l'ensemble de
la population, si 30 p. c. participent au régime ou demandent des soins,
ceci semble être confirmé comme pouvant être un
pourcentage réaliste, par ce que l'on vient de dire en ce qui a trait
à l'Ontario le nombre d'enfants admissibles serait d'environ
590,000 et le coût global serait de l'ordre de $8.5 millions ou
$8,700,000, ceci pour l'ensemble des enfants de 3 à 7 ans.
Pour les enfants de 8 à 18 ans, enfants de
bénéficiaires de la Loi d'aide sociale, avec des données
analogues, 30 p. c. de participation, un coût per capita quelque peu plus
élevé, étant donné la nature des soins, le
coût serait de l'ordre de $2,250,000, pour un total, si les deux
propositions étaient retenues, d'environ $10 millions à $11
millions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre vient de nous mentionner des
coûts. Il est évident qu'en vertu des lois actuelles, la Loi de
l'assurance-maladie et le régime canadien d'assistance publique, seuls
les frais des soins dentaires dispensés aux assistés sociaux
seraient partageables en vertu du régime canadien d'assistance publique,
l'autre partie serait donc exclusivement à la charge du Québec.
Je voudrais demander au ministre si, actuellement, étant donné
que le gouvernement canadien a pris connaissance du projet de loi 69 et de la
clientèle qui est couverte par, s'il a eu l'occasion de discuter avec le
gouvernement canadien de la possibilité que le régime de
l'assurance-maladie soit modifié.
Le gouvernement fédéral peut le faire par
arrêté en conseil, afin de couvrir 50 p. c. des coûts
assumés exclusivement par le Québec dans le domaine des soins
dentaires.
M. CASTONGUAY: M. le Président, à la dernière
conférence fédérale-provinciale des ministres de la
Santé, nous avons c'était la position du gouvernement
insisté pour que les formules de financement qu'on retrouve dans
la loi fédérale sur les soins médicaux, et sur
l'assurance-hospitalisation soient remplacées par des formules beaucoup
plus souples qui permettraient au gouvernement du Québec de
décider de ses propres priorités et de viser à une
allocation aussi efficace que possible des ressources financières dont
il dispose. Nous avons donné deux exemples. D'abord, le fait que la Loi
de l'assurance-hospitalisation avait eu comme résultat de concentrer
d'une façon exagérée, à notre avis, les soins dans
les hôpitaux, et particulièrement les hôpitaux pour
traitements actifs. Nous avons aussi mentionné que même si la
couverture de la chirurgie buccale était quelque chose de très
utile et que cela pouvait être indiqué au regard des coûts
assez élevés, on pouvait en même temps se questionner quant
à l'opportunité de couvrir ces soins
particulièrement uniquement à l'intérieur des
hôpitaux avant d'autres types de soins.
Le gouvernement fédéral a reçu assez positivement,
semble-t-il, cette suggestion. Des rencontres au niveau technique ont
été annoncées à la suite de cette
conférence, mais elles n'ont pas encore eu lieu à ce
stade-ci.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans ce domaine de la couverture des soins
dentaires et du partage par le fédéral, le ministre est encore
optimiste?
M. CASTONGUAY: II y a ici une ambiguïté. Je ne veux pas
quand même trop insister pour la couverture en vertu de la loi
fédérale sur les soins médicaux pour un type de soins
parce que cela va à l'encontre de la position plus
générale que je viens de décrire et qui me semble
être beaucoup plus conforme aux responsabilités que nous avons
comme gouvernement, ou comme Législature, dans ce domaine.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a inscrit cette réclamation
à l'intérieur de sa réclamation globale, qu'il vient de
nous décrire, à l'effet que les provinces et en
particulier le Québec pourraient décider de l'ordre des
priorités et que le financement de ces programmes, le financement
partiel ou le financement global, pourrait être discuté d'une
autre façon, le fédéral gardant toujours ses
responsabilités dans le domaine du financement. Le ministre a
réclamé une position générale pour établir
les priorités dans le secteur de la santé et du bien-être.
A partir du moment où la province aurait défini ses
priorités, les aurait établies, cela viendrait s'inscrire dans ce
contexte, et si la province de Québec décide que dans l'ordre des
priorités il y a d'abord les soins dentaires à couvrir pour une
certaine partie de sa clientèle, ce serait une priorité qui
serait retenue par le gouvernement canadien.
M. CASTONGUAY: Je peux donner un dernier exemple qui m'apparaît
assez éloquent à la suite de la discussion de ce matin. Si
nous
insistions pour que les soins dentaires soient couverts pour l'ensemble
de la population en vertu de la loi actuelle, il nous faudrait partager
à 50 p. c. les frais de cette couverture et là, à coup
sûr, il ne nous resterait plus un sous pour la fluoration. Non pas
à coup sûr, mais il faudrait une addition encore plus forte dans
ce secteur pour aussi poursuivre l'objectif de la fluoration. C'est cette
nécessité pour nous, il me semble, de répartir nos
ressources, qui sont limitées, entre divers objectifs qui sont valables.
Mais, ils ne peuvent pas tous être poursuivis intégralement, en
même temps, ce qui fait en sorte que cette position m'apparaît la
plus logique, compte tenu du fait que c'est nous qui avons la
responsabilité de l'organisation des services.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais ajouter
ceci: Nous sommes parfaitement d'accord avec la position qu'a exprimée
le ministre des Affaires sociales, lors de la dernière
conférence. Le problème, évidemment, s'est
déjà posé. Nous avions accepté, déjà
de couvrir les optométristes dans le régime d'assurance-maladie,
même si le gouvernement canadien n'avait pas manifesté son
intention ferme et nette de consentir à partager les coûts. Nous
avions à ce moment-là affirmé, par ce geste, en couvrant
les optométristes, que nous voulions nous-mêmes établir les
priorités, celles du moins qui nous paraissaient devoir être
retenues par le gouvernement québécois.
Là-dessus, je veux dire que nous appuyons la position du
gouvernement et celle du ministre des Affaires sociales, à la
dernière conférence. Cela s'inscrit parfaitement dans la ligne
des représentations que les gouvernements successifs ont toujours faites
au gouvernement canadien. C'est important, à ce moment-ci. C'est
extrêmement important parce que, dans le domaine des soins
médicaux, nous sommes dans une période de transition et aussi
pour ce qui concerne les médecins et toutes les autres professions.
C'est une période de transition qui donne lieu à des frictions
c'est inévitable qui donne aussi lieu à, je ne sais
pas si on peut appeler cela de la discrimination, mais disons qu'il y a une
partie de la population qui se situe dans une zone marginale, qui ne peut pas
bénéficier de la Loi de l'aide sociale et qui, évidemment
est obligée d'attendre l'extension de la couverture de la loi. C'est
pour cela qu'il est important que le gouvernement du Québec
établisse ses propres priorités dans un secteur qui relève
de lui. Là-dessus, je voudrais qu'il n'y ait aucune équivoque
d'ailleurs, nous aurons l'occasion d'y revenir en d'autres circonstances
nous appuyons la position prise par le gouvernement du Québec
à la dernière conférence.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, dans le mémoire
présenté, dans la section Contrôle, vous dites avoir une
commission, à l'intérieur de vos cadres, "qui effectue toutes
enquêtes et inspections requises et réfère au conseil de
discipline toutes infractions constatées."
J'imagine que c'est assez difficile de relever des infractions, quand on
parle de soins dentaires. Est-ce qu'il y a des sanctions de prévues? Je
me réfère à un petit bonhomme de huit ans, par exemple,
qui s'est présenté chez le dentiste. On lui a extrait une dent
qui était parfaitement saine en lui laissant la dent qui faisait mal. A
ce moment-là, de quelle façon le client peut-il recourir, par
exemple, à cette commission?
M. LE BLANC: La manière est assez simple. Vous avez raison, nous
ne sommes pas au courant de tout ce qui peut se passer, mais je puis vous
assurer que nous sommes assez sévères. Nous sommes même
très sévères, dans notre profession.
Nous avons une commission et nous agissons seulement sur des plaintes.
Si des parents ou des personnes ont une plainte à formuler, cette
plainte sera étudiée par notre comité et une action sera
prise. Evidemment, comme dans toute plainte, nous irons voir ce qui s'est fait.
Nous ferons une enquête, d'un côté et de l'autre. Nous
ferons venir le patient, si c'est nécessaire, pour l'examiner. Si nous
jugeons qu'il y a quelque chose qui n'est pas correct qui a été
fait par un de nos membres, eh bien il le saura.
M. GUAY: J'aimerais savoir de quelle façon on peut
rétablir des faits, par exemple, étant donné que les
dentistes ne conservent pas les dents extraites et qu'on a seulement l'endroit
où était la dent. De quelle façon le client peut-il faire
valoir ses droits?
M. LE BLANC: Le client peut faire valoir ses droits par radiographie.
Nous avons des quantités de moyens d'investigation. Les gens qui font
partie de ce comité d'enquête sont tout à fait valables
pour faire toutes ces investigations et toutes ces enquêtes. Par
conséquent, nous pouvons disposer de radiographies, nous pouvons faire
venir des experts et nous avons le droit complet de demander aux dentistes de
le prouver et de nous montrer leurs fiches. Ils sont tous obligés de
tenir des fiches. C'est la loi. Par conséquent, s'ils n'ont pas de
fiches, s'ils n'ont rien, c'est tant pis pour eux.
M. GUAY: Dans un autre ordre d'idée, vous avez mentionné
tantôt que certaines régions, par exemple, ne possédaient
qu'un dentiste par 33,000 habitants. C'est le cas de mon comté.
J'aimerais savoir, ou vous faire dire, la principale des raisons pour laquelle
d'autres dentistes ne veulent pas s'établir dans ces régions.
Est-ce la quantité de dents à extraire qui manque ou tout
simplement la difficulté qu'ont les gens de payer ces services?
M. LE BLANC: Je ne peux pas vous dire. Dans quelle région est-ce
exactement?
M. GUAY: Dans Dorchester où il y a un dentiste pour 33,000
habitants.
M. LE BLANC: Dans quelle ville est-il?
M. GUAY: Sur la rive sud, à Lac Etchemin.
M. LE BLANC: Evidemment, vous savez, c'est assez difficile, j'ai
l'impression que vous pourriez avoir plus de dentistes par là. Je ne
pense pas qu'il y ait une raison spéciale, mais il est assez difficile
pour nous de dire à des dentistes: Allez donc vous installer là.
A chaque fois que j'ai essayé on m'a dit: Ecoutez, ce n'est pas de vos
affaires, nous sommes dans un pays libre. J'ai une licence, j'ai le droit
d'aller m'installer là où ça me fait plaisir. Nous n'avons
pas de moyens. Maintenant, le gouvernement pourrait inciter ces jeunes, ces
nouveaux dentistes à aller dans ces endroits, en les aidant un peu. Il
est possible que, dans certaines régions qui sont peut-être
économiquement moins fortunées que d'autres, il soit difficile
pour un dentiste de dépenser beaucoup d'argent pour s'installer.
Maintenant, dans la région dont vous me parlez, il y a certainement,
peut-être pas très loin, avec les moyens de communication que nous
avons, des possibilités pour la population d'aller voir des
dentistes.
Prenez, par exemple, à Saint-Lambert, ou à Longueuil, il y
a beaucoup de dentistes. Il y en a à Saint-Bruno, il y en a à
Beloeil, il y en a un peu partout, maintenant, mais il y a peut-être
encore des coins où ça manque. Nous sommes d'accord, mais ce
n'est pas une raison d'extraction dentaire ou quelque chose dans ce
genre-là parce que nos dentistes sont formés maintenant pour
sauver les dents. Et je dois rendre hommage à nos facultés qui,
depuis des années, font un effort considérable pour être
conservateurs et former des gens conservateurs. L'extraction dentaire, c'est du
passé, et je ne voudrais pas que l'on considère le dentiste comme
un arracheur de dents, c'est faux. Mais, lorsque l'on nous amène des
enfants ou des grandes personnes dont toutes les dents sont totalement
ruinées, que voulez-vous que nous fassions? Il n'y a pas d'autres
solutions. Il faut, comme l'a dit M. le ministre tout à l'heure,
absolument prévenir ceci et il faut que les méthodes de
prévention soient faites et complétées par une
éducation spéciale dans les écoles. Les enfants devraient
tous être visités dans les écoles. Si les dentistes ne
peuvent pas le faire, il y aura des infirmières
spécialisées pour ça ou des hygiénistes dentaires.
Mais, il le faut, il faut qu'une propagande soit faite, il faut ajouter la
fluora- tion qui est plus facile d'application que n'importe quelle autre
mesure. Mais, en dehors de ça, il faut la prévention. Sans
prévention, nous perdons notre temps.
M. GUAY: Ma dernière question, peut-être que je devrais
l'adresser au ministre de l'Agriculture je m'excuse de la poser
aujourd'hui concernant la fluoration.
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas encore changé de portefeuille.
M. GUAY: Vous verrez que le sens de la question va revenir à
ça. On sait qu'en Ontario les gens peuvent, plusieurs du moins,
d'après ce que j'ai pu constater, contrôler eux-mêmes le
degré de fluoration. Il doivent à un moment donné
l'enlever complètement parce que si les pelouses sont arrosées
avec cette eau, elles deviennent jaunes, c'est-à-dire que ça
brûle les pelouses, ça brûle les gazons, c'est pourquoi je
pense que je devrais poser ma question au ministre de l'Agriculture.
M. CASTONGUAY: Je peux bien soumettre la question à M. Toupin. On
a mentionné toutefois tantôt que, dans certaines
municipalités, il y en a dans la province de Québec, l'eau est
fluorée naturellement. Cette eau fluorée naturellement, dans
certains cas, si mes renseignements sont exacts ou si ma mémoire est
bonne, contient des quantités de fluor plus élevées que
celle recommandée lorsqu'on fluore l'eau artificiellement, et dans ces
localités-là, à ma connaissance, les pelouses sont de la
même couleur que les autres. Alors, il ne me semble pas qu'il y ait un
danger très grand.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que je pourrais ajouter un mot, M. le
Président, à ce que vient de dire le ministre, en réponse
au député de Dorchester? J'ai pu vérifier moi-même
qu'à Montmagny l'eau est fluorée depuis plusieurs années
et, à ma connaissance, il n'y a jamais eu de plainte d'aucun citoyen.
Les plaintes qui ont été faites dans le domaine de l'aqueduc,
c'était pour les taux d'abonnement et non pas pour des dommages
causés à la pelouse.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, le député de
Mégantic nous permettra d'apporter une correction à ce qu'il a
dit. A plusieurs reprises il a mentionné l'addition de chlorure de
sodium. J'aimerais lui mentionner qu'il voulait plutôt parler de fluorure
parce que le chlorure de sodium, c'est le sel de table, et je pense bien
qu'aucune usine n'ajoute de sel de table à l'eau.
M. DUMONT: Cela ne réglera pas la loi.
M. PERREAULT: Beaucoup d'éléments chimiques, dont la
plupart sont des métalloïdes, sont des poisons pour l'organisme,
tels que le chlore, le fluor, l'iode, lorsqu'ils sont consommés en
grande quantité. Cependant, il a été prouvé que le
dosage employé dans les usines de filtration, soit une partie par
million, soit un millionnième de gallon par million de gallons, est
totalement innoffensif pour la santé.
Dans la ville de L'Assomption nous sommes parmi les 40
réseaux mentionnés par le Dr Simard, tout à l'heure
nous avons installé la fluoration en 1966. On avait dit alors que cela
prendrait quatre ou cinq ans pour connaître les avantages de la
fluoration. Il y a quelques mois, nous avons réuni les dentistes du
territoire couvert par le réseau et tous nous ont affirmé que les
résultats montrés jusqu'à maintenant sont très
prometteurs. Il y a une diminution sensible de caries dentaires parmi les
jeunes, depuis cinq ans.
Alors, je crois que l'installation elle-même ne nous a pas
coûté cher. L'installation pour traiter trois millions de gallons
d'eau par jour a coûté $50,000. Je suis sûr que le nombre de
traitements va compenser pour cette dépense de fluoration.
M. DUMONT: Avec une bonne alimentation et aucun taudis, est-ce que cela
n'aurait pas eu les mêmes effets?
M. PERREAULT: Non, absolument pas. Le fluor est un aliment
nécessaire. Mes jeunes enfants ont moins de caries que mes plus
vieux.
M. DUMONT: Enfin, avec l'instrument à mesurer, on aura 100,000
chômeurs de moins.
M. PERREAULT: Un instrument à mesurer...
M. DUMONT: Pour installer à nos robinets... 100,000
chômeurs de moins. On les fera travailler à fabriquer...
M. PERREAULT: II est impensable d'avoir un instrument assez
perfectionné pour donner un millionnième de partie par gallon que
vous allez employer. Ce serait beaucoup plus dangereux, au point de vue
génie, d'installer cela à l'appareil même. Nous ajoutons un
millionnième de gallon par million de gallons aux usines de filtration.
Alors, vous vous imaginez l'infime quantité que vous mettrez dans votre
gallon d'eau, dans votre pinte d'eau.
M. DUMONT: Et vous n'avez jamais eu d'abus dans votre usine...
M. PERREAULT: Ce sont des machines absolument...
M. DUMONT: II n'y a pas danger qu'il y ait abus?
M. PERREAULT: II n'y a aucun danger. C'est une machine
entièrement perfectionnée avec coupleur de
sécurité. Il est impossible de donner plus qu'une partie par
million.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rivière-du-Loup.
UNE VOIX: Ah, un dentiste!
M. LAFRANCE: Je voudrais rassurer le docteur Le Blanc, pour commencer,
en disant que je suis à la fois libéral et conservateur. J'aurais
quelques questions tout de même à lui poser. Tout à
l'heure, vous avez mentionné, Dr Le Blanc, qu'il y avait une mauvaise
répartition des dentistes dans la province de Québec et vous avez
été appuyé là-dessus, avec chiffres à
l'appui, par le docteur Ratté. Est-ce que le collège s'est
déjà penché sur la cause exacte de la mauvaise
répartition? Est-ce que ce serait par exemple le coût des
études dentaires? Est-ce que ce serait le manque de locaux, le manque
d'espace dans les universités? Ou est-ce que les étudiants ne
sont pas encore intéressés à la profession? Est-ce que ce
serait la situation économique, dans certaines régions, qui
inciterait les dentistes à rester en ville au lieu de s'éloigner
et d'aller à la campagne? J'aimerais avoir votre idée
là-dessus et savoir si des études ont été faites
par le collège.
M. LEBLANC: Des études très précises n'ont pas
été faites; ce sont des constatations que nous faisons. Vous avez
mentionné différentes raisons qui sont presque toutes valables.
Lorsque nous avons affaire à des jeunes gens, quelquefois, étant
étudiants, ils se marient et leur femme ne veut pas aller dans certaines
régions. J'ai eu ce problème-là. Je l'ai vu et revu. Nous
avons également des raisons d'ordre économique. Ils savent que
dans certaines régions les personnes ont peut-être un peu moins de
bien-être que dans d'autres et alors, ils craignent d'engager, en somme,
leur avenir. Lorsque vous installez un bureau dans une certaine région,
vous faites une dépense de $15,000, peut-être $20,000, vous voulez
quand même essayer d'en récupérer une partie et de vivre et
de faire un salaire. Par conséquent, s'ils estiment que dans certaines
régions ce salaire ne peut pas être fait, il est très
facile de deviner qu'ils vont aller ou essayer de trouver une place où
le salaire va être un petit peu mieux. Je pense que c'est très
humain et que tout le monde fait la même chose. Alors, je ne vois pas ce
qui peut les inciter à aller là, sauf peut-être une
possibilité de salaire garanti par des personnes, par les gouvernements.
Evidemment, il y a des quantités de raisons, familiales ou autres, mais
je n'en vois pas de très spécifiques.
M. LAFRANCE: En ce qui concerne les étudiants, tout à
l'heure mes confrères, les députés de Duplessis et des
Iles-de- la-Madelei-
ne, ont demandé au gouvernement d'inciter financièrement
les professionnels à aller s'installer dans des régions
défavorisées. Est-ce que le coût des études
dentaires est supérieur au coûts des autres études
universitaires, est-ce qu'il y a une grosse différence?
M. LE BLANC: Malheureusement, je regrette que le docteur Ratté
soit parti, il est mieux placé que moi à ce point de
vue-là. Ah bien, le docteur Ratté va pouvoir vous répondre
avec beaucoup plus de précision sur le coût exact.
Peut-être, certaines choses sont plus chères en dentisterie, parce
que les dentistes sont obligés d'acheter les instruments, etc., ce qui
n'existe pas ailleurs.
M. LAFRANCE: Si vous voulez, je vais compléter la question pour
une meilleure intelligence. A cause du fait que les études sont plus
dispendieuses pour les étudiants en art dentaire, est-ce que le
ministère de l'Education accorde des bourses en nombre supérieur
ou des montants supérieurs à ces étudiants?
M. LE BLANC: Là, je n'ai pas de...
M. LAFRANCE : Est-ce que le collège a fait des
représentations auprès du ministère de l'Education pour
pallier cet état de choses?
M. LE BLANC: Non, le collège n'a rien fait dans cette
direction-là, et on ne nous l'a jamais demandé, en quelque sorte.
Nous laissons tout ça à l'université, qui s'occupe
généralement des étudiants. Si le collège devait le
faire ou si on se plaignait chez nous, si les étudiants nous le
demandaient, c'est avec plaisir que nous nous pencherions sur la question pour
faire toute recommandation auprès du gouvernement, de ce
côté-là.
M. LAFRANCE: Le collège pourrait peut-être suggérer
ça à l'association des étudiants.
M. LE BLANC: C'est possible.
M. LAFRANCE: Alors, j'écoute la réponse du docteur
Ratté.
M. RATTE: M. le Président, il en coûte à peu
près la même chose pour un étudiant en chirurgie dentaire
que pour un étudiant en médecine, si vous faites abstraction des
instruments que l'étudiant doit acheter au cours de ses études.
L'étudiant, s'il les achète au cours de ses études, doit
verser un montant d'à peu près $2,000, lesquels instruments
peuvent lui servir par la suite en pratique privée.
M. LAFRANCE: Mais, il est tout de même obligé de les payer
durant le temps de ses études?
M. RATTE: Oui. Il y a une autre formule et c'est cette formule que nous,
à l'université Laval, voudrions mettre en pratique; nous
obligerions l'étudiant à acheter pour à peu près
$300 d'instruments que nous ne pouvons pas louer et nous louerions aux
étudiants, pour un loyer fixé entre $50 et $75 par année,
tous les autres instruments dont il aurait besoin.
De cette façon, on n'empêcherait pas des gens moins
fortunés d'entrer à l'université. Actuellement, sans
publicité, nous avons, à l'université Laval, 50 demandes
d'admission et, suivant les plans que nous avons, nous pourrons en prendre 12.
Nous voulons, de cette façon, essayer de rendre le coût le moins
élevé possible. H y a un autre moyen que nous avons
suggéré au gouvernement la même chose a
été suggérée par l'Université de
Montréal c'est que les cliniques dentaires des universités
demeurent ouvertes pendant les mois d'été. L'apport des
étudiants, au point de vue des travaux dentaires dont pourrait
bénéficier la population, représenterait à peu
près 12 p. c. de l'ensemble des travaux généraux. Alors,
vous auriez tous les étudiants de McGill, de Montréal et de
Laval, à peu près 600 étudiants, qui travailleraient pour
le public. Je crois qu'il y a deux façons de laisser les cliniques
ouvertes, soit que le gouvernement garantisse aux étudiants un montant
de $1,200, disons, pour leurs vacances, ou que l'on paye les services dentaires
qui sont rendus par les étudiants.
A ce moment-là, les étudiants, au lieu d'aller travailler
en forêt ou au pic et à la pelle, travailleraient dans leur
profession. Ce travail qu'ils feraient dans la clinique servirait beaucoup
à perfectionner leur habileté manuelle, parce que, pendant
l'année, ils ont beaucoup de choses à étudier,
l'enseignement clinique n'occupant qu'une partie de leur temps. Je crois que le
gouvernement devrait se pencher sur l'idée de payer les
étudiants, de leur donner des bourses pendant l'été, afin
qu'ils rendent des services à la population.
Je crois que la population et les étudiants en profiteraient.
M. LAFRANCE: Le Dr Le Blanc a mentionné tout à l'heure
qu'à Toronto on hésitait à ouvrir une troisième
faculté d'art dentaire à cause de la fluoration de l'eau et que
les effectifs actuels y seraient suffisants. Or, on se prépare ici au
Québec à ouvrir une troisième faculté d'art
dentaire. Avec la fluoration de l'eau de consommation, surtout dans les grands
centres, les effectifs présents pourraient-ils être mieux
répartis à travers la province et est-ce qu'ils seraient
suffisants?
M. LE BLANC: II est évident que nous avons la plus grosse
concentration à Montréal, actuellement. Si une partie de ces
dentistes pouvait être distribuée dans le reste de la province, ce
serait infiniment mieux. Le fait d'ouvrir une troisième faculté
ici à Laval est indispensable parce que nous n'avons pas la même
proportion
de dentistes par rapport au nombre d'habitants qu'en Ontario. On y a, je
crois, 3,000 ou 3,200 dentistes pour une population de huit millions alors que
nous en avons 1,700, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, pour une
population de six millions. La proportion par nombre d'habitants est donc
beaucoup plus grande en Ontario.
Avec l'adjonction de la fluoration on se trouve maintenant devant un
autre problème, celui d'ouvrir une nouvelle faculté. Il pourrait
y avoir pléthore, peut-être, d'ici un, deux ou trois ans. Il n'est
pas nécessaire non plus d'avoir trop de professionnels dans une certaine
branche. C'est ce que j'ai entendu. Est-ce que cela va se réaliser ou
non? Il semble que c'est une chose réellement effective.
M. LAFRANCE: Hier soir, à un poste de télévision
local, il y avait une émission sur la fluoration de l'eau de
consommation. On a donné des objections sur lesquelles j'aimerais que le
collège ou quelqu'un de compétent en la matière apporte
des précisions. On disait, par exemple, que le fait de boire de l'eau
fluorée rendait l'os plus dense aux rayons X. Par contre, même si
l'os était plus dense aux rayons X, cela le rendait aussi plus fragile,
c'est-à-dire plus sensible aux fractures.
J'aimerais savoir si le Collège des médecins a
déjà reçu des plaintes à ce sujet ou des objections
venant de la part de spécialistes.
M. LE BLANC: Pour ma part, j'ai entendu dire que l'eau fluorée
empêchait un certain nombre de fractures chez les vieillards,
après un certain nombre d'années. Je ne peux pas vous donner
beaucoup plus de détails là-dessus, n'ayant pas entendu cette
émission. Peut-être le Dr Simard a-t-il entendu l'émission
et pourrait-il vous répondre d'une façon plus précise.
M. SIMARD: Oui, j'ai vu cette émission. D'ailleurs, je n'ai
jamais entendu pareil tissu de faussetés. On a dit, entre autres, que
l'Association médicale américaine s'était prononcée
contre la fluoration, ce qui est absolument faux. J'ai le dossier en main. J'ai
une attestation de l'Association dentaire américaine qui dit qu'elle ne
s'est jamais opposée à la fluoration. On a affirmé que les
os étaient plus fragiles chez les personnes âgées qui
buvaient de l'eau fluorée, ce qui est absolument faux. Le Dr
Frédéric Stair, de l'université Harvard, affirme que dans
les villes où l'eau est fluorée il y a beaucoup moins de
fractures osseuses.
D'ailleurs, des enquêtes ont été faites
là-dessus et, au besoin, on pourrait fournir au ministère des
Affaires sociales toute la documentation nécessaire.
M. ROY: Au nom du Collège des médecins et chirurgiens de
la province de Québec, je désire confirmer en tout point ce qui
vient d'être dit sur la question du fluor. Il n'y a absolument aucun
danger à l'ingestion de fluor aux quantités recommandées,
soit environ une partie par million de parties d'eau. Aucune difficulté
ne peut se présenter. Si quelqu'un tentait de s'intoxiquer ou de se
suicider au fluor par l'ingestion d'eau, il faudrait évidemment qu'il en
boive des quantités astronomiques. A ce moment-là, il mourrait
d'intoxication due à l'eau et non pas au fluor.
En ce qui concerne les pelouses, j'ai le malheur de vivre dans une ville
comme Montréal où les eaux ne sont pas fluorées. Lorsque
mon gazon jaunit durant l'été, je n'ai jamais eu l'idée de
blâmer le fluor, mais plutôt le soleil.
M. DUMONT: Est-ce que le Dr Simard pourrait nous dire à quel
poste de télévision l'émission en question a
été présentée pour notre information?
M. SIMARD: C'était au canal 4 et c'était un monsieur Auger
qui...
UNE VOIX: Le Dr Auger, chiropraticien. M. SIMARD: ... est
chiropraticien.
M. DUMONT: Est-ce qu'on ne pourrait pas faire venir ce témoin
afin de le contredire en commission? Il semble y avoir beaucoup de
controverses.
M. LE PRESIDENT: II y aura toujours de la controverse. Je ne suis pas
ici pour juger, mais une chose que je peux dire, avec la permission de la
commission, c'est que tous les experts médicaux au inonde je ne
suis pas un expert, mais je suis quand même passé par
l'école des sciences de l'Université de Pennsylvania sont
d'accord sur la grande valeur du fluor. Il reste quand même des gens,
comme le Dr Chèvrefils je le regrette et bien d'autres qui
sont contre, mais cela n'enlève pas la valeur du fluor.
M. DUMONT: En tant que président, vous n'avez pas d'objection
à ce qu'un mémoire soit présenté pour infirmer ou
confirmer les déclarations qui ont été faites au canal
4?
M. LE PRESIDENT: Du tout, pour autant que ce n'est pas la commission qui
le prépare. C'est juste une perte de temps. La parole est au
député de Chicoutimi.
Si nous continuons sans aucun ordre, nous pouvons aussi bien apporter
nos matelas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais poser une
question au ministre des Affaires sociales. A la lumière de ce qui nous
a été dit sur la question de la fluoration de l'eau, il semble
bien, en dépit de certaines divergences mineures d'opinions, que l'on
s'en-
tende sur la qualité de la fluoration et sur ses excellents
résultats.
Or, il arrive que la ville de Montréal n'use point de cette
pratique. J'aimerais savoir s'il y a eu, récemment, des entretiens entre
le ministère des Affaires sociales et la ville de Montréal en ce
qui concerne la fluoration de l'eau: S'agit-il d'une question de politique au
sens de l'autonomie de la ville de Montréal ou s'agit-il d'une question
simplement financière?
M. CASTONGUAY: II n'y a pas eu d'entretien à ce sujet avec
l'administration de la ville de Montréal. Présentement, nous
avons un programme il avait été mis en oeuvre, je crois,
par le gouvernement précédent dont vous faisiez partie en
vertu duquel des subventions de $5,000 sont accordées, à chaque
municipalité qui installe un appareil de fluoration. Ce programme n'a
pas encore été modifié.
Quant à moi, je préférerais, avant de faire, au
besoin, des recommandations au gouvernement, que nous passions justement par le
processus de la commission et, au terme des séances de la commission,
lorsque nous aurons entendu tous les groupements, je pense qu'il serait
intéressant d'essayer de tirer certaines conclusions. Non pas uniquement
sur cette question-là, mais sur l'ensemble du bill 69 puis, je ferai les
recommandations qui semblent les plus judicieuses au gouvernement. Je pense que
le moment serait venu, à ce moment-là, d'entrer en communication,
si besoin il y a, avec le maire Drapeau et ses collègues.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, étant donné le
nombre important de personnes qui vivent dans l'aire circonscrite par la ville
de Montréal elle-même, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'engager
dès maintenant des pourparlers et des rencontres, sinon officielles du
moins officieuses, afin de pressentir les intéressés et de leur
faire comprendre l'impor-atnce de la fluoration de l'eau?
M. CASTONGUAY: Oui. Dans le but d'accélérer si possible
les choses, je n'ai pas objection à ce que nous entrions en
communication avec le maire Drapeau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous me dites que vous n'avez pas
d'objections, mais est-ce que vous avez des intentions?
M. CASTONGUAY: J'ai certainement des intentions de le faire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De bonnes intentions?
M. CASTONGUAY: ... mais à quel moment exactement? Il me semble
qu'à ce stade-ci parce que vous m'avez déjà dit
qu'il ne faut pas dire stage il m'aurait semblé
préférable que le gouvernement retienne le programme actuel, ou
le modifie avant que nous entrions en communication avec le maire Drapeau. Je
pense que sa position est connue et tant et aussi longtemps que nous n'avons
pas un programme différent, il a le choix de demander une telle
subvention ou.de ne pas la demander. Alors, ce n'était pas dans le sens
de retarder les choses, mais de discuter sur une base établie.
C'était pour cette raison-là que je préférais
attendre. Maintenant, je suis prêt à reconsidérer cette
question à la suite des indications qui proviennent de la discussion en
commission, ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, une dernière
question au ministre. On a fait allusion tout à l'heure à une
émission de télévision qui a fait comparaître un
chiroprati-cien qui s'est déclaré contre la fluoration de l'eau,
semble-t-il. La question est très importante. Est-ce que le
ministère des Affaires sociales, section santé, ne pourrait pas
entreprendre, avec les organismes spécialisés dont les
médecins de toutes disciplines, une campagne d'éducation qui
pourrait faire contrepoids à ces opinions émises sans
égard aux canons des disciplines scientifiques?
M. CASTONGUAY: La division d'hygiène dentaire du ministère
a fait beaucoup, je crois, au cours des années, en collaboration avec
divers organismes professionnels, scientifiques, pour répandre
l'idée que la fluoration est une bonne chose et qu'elle ne
présente pas tellement de dangers. Je crois bien que si la même
question avait été discutée il y a dix ou quinze ans, les
opinions exprimées ici auraient été passablement
différentes.
Même si certains groupements s'opposent encore, je crois qu'ils
sont en faible minorité aujourd'hui et qu'ils s'opposent plutôt au
nom du respect des libertés individuelles. Je ne sais pas, à ce
moment-là, si c'est vraiment notre rôle, comme gouvernement, de
faire une campagne d'information, cela devient un genre de question
idéologique. Pour ma part, je crois que, dans toute
société organisée, à certains moments, il est
peut-être nécessaire de restreindre quelque peu sa liberté
individuelle, si c'est ça qui est en cause, ou d'accepter certaines
contraintes pour le bien public. On a une foule d'exemples de ces contraintes
qui nous sont imposées, parce qu'elles sont jugées par l'ensemble
de la société comme étant moins importantes que le bien
qui en résulte pour l'ensemble de la société.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le ministre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais ajouter seulement une remarque
à ce que vient de dire mon collègue de Chicoutimi. Au
ministère de la Santé, il y a une division de
l'hygiène
dentaire qui fait dans son domaine précis un excellent travail
d'information. Feu le Dr Bon-neau, qui était le directeur de cette
division, il a fait une longue carrière dans le fonctionnarisme
s'est fait l'apôtre de toutes ces mesures qui, dans ce
domaine-là, pouvaient être considérées comme de la
prévention, notamment la fluoration. J'espère que ce travail
je ne sais pas maintenant se continue au ministère sous
l'égide des successeurs du Dr Bonneau. Ce travail était accompli
particulièrement dans le milieu scolaire. Il y avait beaucoup de
brochures, de littérature. De toute façon, je crois que la
clientèle scolaire, par le truchement des unités sanitaires, a
été bien sensibilisée à ce problème.
Je crois que la séance de la commission, ce matin, pourra
le député de Chicoutimi a parlé de rétablir
l'équilibre entre ce qui a été dit d'une part, ce qu'on
peut considérer peut-être comme des inexactitudes ou même
des faussetés faire contrepoids et servir, par le truchement des
media d'information, à rétablir cet équilibre dont parle
le député de Chicoutimi, ce qui n'exclut pas le travail
d'information et d'éducation accompli par le ministère des
Affaires sociales, surtout en milieu scolaire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rivière-du-Loup.
M. LAFRANCE: Merci, M. le Président. J'ai terminé.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Je pense qu'il faut préférer les dents blanches
aux pelouses jaunies.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la délégation du
Collège des chirurgiens dentistes a terminé son intervention?
M. LE BLANC: Oui, M. le Président.
M. CASTONGUAY: Me permettez-vous un seul commentaire? Je n'ai pas
discuté de la question de la répartition des effectifs. J'ai
préféré écouter tout ce qui pouvait être dit.
Je puis vous assurer et je puis assurer les membres de la commission que cette
question retient notre attention non seulement en ce qui a trait aux dentistes
mais à d'autres catégories de professionnels de la santé
comme les médecins, les pharmaciens et d'autres. Il me semble que pour
en arriver à une meilleure répartition des effectifs, nous ne
pouvons uniquement centrer notre action ou envisager un seul mécanisme
mais un ensemble de gestes doivent être accentués ou posés
selon les cas. Je pense, en particulier, aux travaux qui se font où
l'accent est mis sur la régionalisation et sur l'établissement de
centres locaux de santé. Le fait aussi que si les soins dentaires sont
couverts pour une partie de la population, à ce moment, les dentistes
qui pratiquent dans les milieux ruraux ou dans des milieux où les
niveaux de revenu de la population sont moins élevés, ce
facteur-là tombe par le fait même, étant donné que
tous les soins sont payés au même titre.
Il y a également la possibilité d'une plus grande
ouverture des hôpitaux vis-à-vis des dentistes. Car, dans un
certain nombre d'hôpitaux, il y a de l'équipement disponible mais
peu utilisé. Il y a un ensemble de mesures, sans ignorer celle sur
laquelle on semble avoir mis le plus d'accent, c'est-à-dire assurer un
certain niveau de revenu.
C'est dans ces diverses voies que nous tentons de mettre
présentement l'accent et que nous convenons pouvoir améliorer
cette situation.
M. LE PRESIDENT: Au nom de la commission, je voudrais remercier le Dr
Archambault et le Dr Le Blanc. La commission va reprendre ses travaux à
2 h 30.
Reprise de la séance à 14 h 35
M. SAINDON (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! Nous allons reprendre les travaux que nous
avions suspendus à midi trente. Je voudrais demander à
l'Association canadienne des fabricants en pharmacie, qui nous a remis un
mémoire, si elle croit obligatoire ou nécessaire de se
présenter.
Le ministre a pris connaissance du mémoire et nous l'avons
regardé. Il est très bien préparé et semble
complet. Il sera certainement étudié attentivement. Croyez-vous
nécessaire d'être présents?
Association canadienne des fabricants en
pharmacie
M. TELLIER: M. le Président, nous avons déposé le
mémoire et nous déclarons que nous sommes à la disposition
de la commission s'il y a des questions. Nous ne nous attendons pas de toute
façon à être entendus. Si, dans les jours à venir,
on voulait nous poser des questions nous serions à la disposition de la
commission.
M. LE PRESIDENT: Le mémoire est très bien
préparé. Il ne sera probablement pas nécessaire que vous
soyez présents. Votre mémoire va quand même être
étudié sérieusement.
M. TELLIER: J'espère que ce n'est pas une pénalité
pour avoir bien préparé le mémoire.
M. LE PRESIDENT: Au contraire! C'est plutôt une
pénalité de vous obliger à rester.
M. CASTONGUAY: Remarquez, M. le Président, que si un des membres
de la commission exprimait le désir de questionner de nouveau les
représentants de l'Association canadienne, je n'aurais aucune objection.
La raison pour laquelle je vous ai fait ce commentaire est que M. Tellier m'a
demandé ce matin si je croyais qu'il devait revenir. J'ai pris
connaissance du mémoire ce midi et avec la discussion que nous avons
eue, il y a deux semaines, le contenu du mémoire additionnel m'apparaft
clair. C'était dans ce sens-là. Cependant, si un des membres de
la commission en exprime le désir, moi, je n'ai aucune objection.
C'était simplement dans le but d'essayer de ne pas prolonger les travaux
plus que nécessaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que l'Association canadienne a
l'intention de suivre tous les travaux de la commission, même à
une séance ultérieure?
M. TELLIER: C'est possible, oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si, au terme des auditions, nous avons besoin
de renseigne- ments additionnels, s'ils sont ici nous les leur demanderons.
S'ils ne sont pas ici, nous ferons des présomptions.
M. LE PRESIDENT: A ceux qui vont présenter des mémoires,
nous demandons encore cet après-midi de bien vouloir ne pas les lire,
mais de donner un résumé de leurs travaux de façon
à accélérer les travaux de la commission.
Je fais la même demande aux membres de la commission: Si possible,
essayer de ne pas répéter les questions et s'en tenir strictement
au sujet en discussion. Il est très important que les travaux
progressent le plus rapidement possible.
Le deuxième groupe est l'Association des chirurgiens dentistes du
Québec.
Association des chirurgiens dentistes
M. LABELLE: M. le Président, M. le ministre des Affaires
sociales, j'ai le plaisir de représenter l'Association des chirurgiens
dentistes du Québec, laquelle groupe tout près de 1,000 membres
et a été incorporée en 1966 selon la Loi des syndicats
professionnels.
Au sujet du bill 69 et de l'extension de la couverture de
l'assurance-maladie, en ce qui a trait aux soins dentaires, notre association
s'empresse de féliciter le gouvernement d'une telle initiative, d'autant
plus que, tel que le ministre l'a déjà énoncé, je
pense, assez clairement, l'accent sera d'abord placé sur la
prévention, ce que nous préconisons comme moyen le plus logique
d'instaurer un plan d'assurance dentaire.
Vous avez entendu parler toute la matinée des moyens de
prévention et nous n'avons pas l'intention de répéter tous
les arguments en faveur de la fluoration. Par contre, nous voulons souligner
que nous sommes entièrement d'accord et que nous voulons promouvoir,
autant que possible, la fluoration.
Pour ne pas répéter des énoncés qui
déjà ont été largement exposés ce matin,
j'aimerais tout simplement souligner aux membres de la commission et à
ceux qui sont ici présents, de même qu'à ceux qui auraient
encore quelques doutes sur les valeurs de la fluoration, deux travaux qui ont
été récemment effectués et qui, à notre
point de vue, ont une très grande valeur, d'autant plus qu'ils ne
viennent pas cette fois-ci de groupements médicaux ou dentaires mais de
compétences tout à fait hors de la profession. Il s'agit, entre
autres, d'un travail préparé par l'Association
québécoise des techniques de l'eau, un travail qui, à mon
point de vue, devrait être entre les mains de tous ceux qui sont ici
présents puisqu'il expose, dans toutes ses particularités, le
problème de la fluoration au Québec, au Canada et dans le monde
entier.
Sans entrer dans les détails, je puis vous assurer, après
en avoir pris connaissance, que ce travail est entièrement favorable
à la fluoration.
Un autre travail de recherche a été fait et
l'on a mentionné le nom ce matin; pour ceux qui voudraient se
renseigner sur la délicate question des libertés civiles, je les
réfère à une étude faite par Me François
Chevrette, professeur à l'Université de Montréal, à
l'Institut de recherche en droit public, et encore là ce travail est
entièrement favorable à la fluoration.
Je pense qu'après avoir consulté des experts de cette
sorte et après avoir fait un long exposé, ce matin, de la
fluoration, il n'est pas nécessaire d'insister davantage. Nous voulons
tout simplement encourager le plus fortement possible le gouvernement à
adopter cette mesure, même pas une loi, comme cela a déjà
été fait dans plusieurs Etats américains.
Nous considérons, en deux mots, que la fluoration est un
investissement pour un gouvernement qui pense à instaurer un plan
d'assurance dentaire.
Parmi les autres mesures préventives, nous devons nous empresser
de soumettre les suivantes: Essayer de réduire, autant que possible,
peut-être surtout en milieux scolaires, la consommation des hydrates de
carbone qui sont une preuve tangible de l'accroissement de la carie
dentaire.
Je pense aussi à une autre façon, à une autre
méthode préventive dans le domaine dentaire. Vous savez fort bien
que chaque dentiste, dans son cabinet, à l'aide de son personnel
auxiliaire, procède à l'éducation journalière de
ses patients au point de vue dentaire. Par contre, son influence est
plutôt minime puisqu'il est limité à son cabinet
privé, comparativement aux media d'information qui peuvent atteindre
toute une population. Nous encourageons fortement, comme moyens de
prévention, d'employer autant que possible les media d'information pour
encourager et atteindre tout le public dans des questions d'hygiène
dentaire.
Si nous insistons tellement sur la prévention, c'est que nous
considérons qu'il s'agit là d'une façon logique et normale
d'instaurer un régime d'assurance dentaire et, directement, c'est un
investissement pour le gouvernement.
Lors de l'instauration d'une assurance dentaire, on ne peut faire
autrement que de penser en fonction des effectifs. Les effectifs, on en a
parlé un peu ce matin aussi, sont reliés d'une façon bien
directe à un plan d'assurance dentaire.
On sait fort bien que, dans la situation présente, le personnel
auxiliaire et, entre autres, les assistantes dentaires dans les cabinets
privés ont un rôle presque nul ou, du moins, n'ont pas la
possibilité d'accomplir des fonctions qui pourraient soulager le
dentiste et surtout augmenter sa productivité et son
efficacité.
On doit aussi, en parlant d'effectifs dentaires, s'en rapporter à
un questionnaire qui a été envoyé par l'Association
dentaire canadienne en 1968. Les répondants, qui étaient tous des
dentistes, puisque cette enquête avait été menée
auprès de dentistes, dans une proportion de 19 p. c, avouaient qu'ils
pourraient traiter plus de patients. Plus précisément encore, ces
mêmes répondants disaient qu'ils pourraient voir ou traiter
environ 476 patients de plus par année. Ce qui laisse entrevoir, tout de
suite, que, même si, dans bien des cas, certains dentistes sont
surchargés, il faut bien penser que, d'après l'enquête de
l'Association dentaire canadienne de 1968, un certain pourcentage de dentistes
seraient en mesure de traiter plus de patients.
Parmi ces répondants, 35 p. c. disaient qu'ils pourraient traiter
un nombre plus élevé d'enfants si la demande leur en était
faite. Ce sont des chiffres qui peuvent changer quelque peu l'optique que nous
avons d'un cabinet dentaire qui est toujours surchargé. Plusieurs
pensent qu'un dentiste ne peut pas recevoir de patients parce qu'il a toujours
trop d'ouvrage.
C'est vrai, dans une certaine mesure, mais par contre, je pense que l'on
doit mentionner qu'à la lumière de ces chiffres, un certain
pourcentage pourrait traiter plus de patients. Bien sûr, en augmentant la
couverture et en incluant les enfants, la demande serait accrue. Dans
l'ensemble, nous croyons que la profession est en mesure de faire face à
la demande, d'autant plus que nous encourageons, dans le plus bref délai
possible, l'emploi d'un personnel auxiliaire. Quand nous parlons d'un personnel
auxiliaire, nous voulons parler d'une assistante dentaire dont les fonctions
seront accrues et qui pourra soulager le dentiste dans peut-être 15 p. c.
ou 20 p. c. de ses fonctions.
Quant au personnel auxiliaire qui, à notre point de vue, est
peut-être la clef du problème, nous avons déjà
soumis, entre autres en 1968, un mémoire au comité d'étude
sur les professions auxiliaires de la santé dans lequel nous
mentionnions qu'à la lumière des études déjà
faites, entre autres à l'Université d'Alabama de même que
dans le corps dentaire de l'armée canadienne, les fonctions de
l'assistante dentaire devraient être accrues dans le plus bref
délai. Il faudrait d'abord et je pense que c'est un point assez
important à souligner penser en fonction d'un amendement à
la loi dentaire présente puisque cette dernière, qui nous
régit, ne permet aucunement à un personnel auxiliaire d'effectuer
des tâches secondaires.
Il faudrait donc penser, bien que ce ne soit qu'une recommandation
puisque nous n'en avons pas la juridiction, à amender cette loi dans un
avenir prochain, en vue de permettre à un personnel auxiliaire et aux
dentistes, par le fait même, une productivité accrue et
probablement une économie pour l'Etat. Il est entendu que ce personnel
auxiliaire devrait tout de même travailler sous la responsabilité
entière du chirurgien dentiste.
Au Québec, à l'heure actuelle, il n'existe aucune
école valable pour former un personnel auxiliaire et, entre autres, les
assistantes dentaires. Nous encourageons nous avons déjà
fait des demandes auprès du ministère de l'Educa-
tion la formation d'assistantes dentaires au niveau du
ministère de l'Education, entre autres au niveau du CEGEP; ceci, je
pense, peut s'effectuer dans un très court délai. Certaines
personnes ont mentionné qu'il faudrait trois ou quatre ans avant de
former un personnel enseignant qui pourrait transmettre son enseignement au
personnel auxiliaire; nous pensons que ceci peut s'effectuer dans un bien plus
court laps de temps. Il y en a qui sont déjà compétents et
qui ont été formés par des dentistes, ici même au
Québec. Mais, en plus de cela, si pour hâter les choses nous
devons aller chercher du personnel auxiliaire en dehors du Québec pour
le départ, je pense que ce serait tout à fait logique. Ceci
pourrait hâter l'avènement d'un personnel auxiliaire
compétent qui permettrait aux dentistes un rendement accru.
Dans l'immédiat, en plus du personnel auxiliaire qui
déjà a reçu une formation de la part des dentistes et,
à court terme, qui pourrait recevoir une formation adéquate de la
part d'écoles au niveau du CEGEP.
Il y a sûrement... On pourrait faire face à un
accroissement, parce que le dentiste pourrait travailler un plus grand nombre
d'heures.
Encore, si je m'en réfère au questionnaire de
l'Association dentaire canadienne, on donne au dentiste une moyenne de 42
heures de travail par semaine. Il n'est pas dit, si la demande en était
faite, que le dentiste ne pourrait pas travailler un plus grand nombre
d'heures. Si on s'en remet à la moyenne effectuée par les
médecins, ils sont déjà dans une moyenne beaucoup plus
élevée.
Cela pour préciser notre prétention que la profession peut
faire face à une demande accrue en incluant des soins dentaires pour les
enfants, et peut-être pour les assistés sociaux. Nous avons, dans
le passé, et à plusieurs reprises, demandé que toute la
gamme des soins dentaires soit incluse pour les assistés sociaux.
Je dois dire que, jusqu'à présent, la réponse que
nous avons obtenue n'est peut-être pas tout à fait satisfaisante,
bien qu'elle soit peut-être encourageante. Je m'explique. Un
comité bipartite a été formé au sein de notre
association et au sein du gouvernement, pour étudier le problème
des assistés sociaux en relation avec les soins dentaires. Est-ce que ce
comité réglera définitivement le problème des
assistés sociaux en ce qui a trait aux soins dentaires? Nous
l'espérons.
Nous espérons que le problème des assistés sociaux,
problème que nous vivons quotidiennement, problème que plusieurs
dentistes vivent... D'ailleurs, on nous fait rapport
régulièrement de certaines situations, dans des régions
surtout à un fort pourcentage d'assistés sociaux, où il y
a des problèmes sérieux. Ces gens-là nécessistent
des soins dentaires, et je pense que si l'on veut établir un
régime de soins dentaires pour toute la population, chez les enfants,
nous ne pouvons pas négliger les assistés sociaux.
En ce qui concerne les soins médicaux, nos gouvernants ont
commencé par inclure les assistés sociaux.
En ce qui concerne les médicaments, on s'apprête à
en faire autant en couvrant les médicaments pour les assistés
sociaux. Je me demande pourquoi, lorsqu'il s'agit de soins dentaires, on ne
commence pas par couvrir les assistés sociaux qui sont réellement
un lourd fardeau pour la population, mais qui ont un besoin réel de ces
soins. Je pense qu'on doit y apporter une attention immédiate. Comme je
l'ai mentionné, nous avons soulevé le problème à
plusieurs reprises depuis au-delà de trois ans, à l'aide de
mémoires. Une des raisons pour lesquelles nous n'avons pas remis de
mémoire aujourd'hui, c'est peut-être que nous en avions trop remis
dans le passé. Nous avions soulevé le problème très
souvent, mais nous avons l'impression que nous n'avons pas été
entendus. Nous espérons encore qu'aujourd'hui, nous le serons. C'est
tout ce que j'avais à dire, M. le Président. J'espère que
j'ai pu résumer les quelques problèmes auxquels font face les
dentistes et notre association. J'essaierai, dans la mesure du possible, de
répondre aux questions qui peuvent être posées.
M. LE PRESIDENT: Merci, Dr Labelle. Est-ce que des membres de la
commission auraient des questions à poser?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais plusieurs
questions à poser à M. Labelle. Je voudrais d'abord lui dire
qu'il est exact que son association a souligné, à plusieurs
reprises, l'importance de couvrir les assistés sociaux en ce qui
concerne les soins dentaires. Nous avions compris le message. Nous l'avions
entendu, mais, pour toutes sortes de raisons qu'il serait trop long d'expliquer
devant cette commission, il a été impossible d'étendre la
couverture du régime d'assurance-maladie à toute la population
pour les soins médicaux. Il était peut-être difficile
d'entrer dans le domaine des médicaments, des soins dentaires ou des
autres soins de santé. Cela aurait créé une incitation
extrêmement forte, à mon sens, pour les gens à revenus
modiques, de tenter de se faire couvrir par la Loi de l'aide sociale.
Il fallait donc apporter dans tout ce processus et dans
l'échéancier un certain équilibre. Maintenant que nous
avons un régime général d'assurance-maladie, je crois
qu'il est possible d'envisager de couvrir d'autres soins pour les
assistés sociaux. Je retiens l'argumentation que vous venez de nous
présenter quand vous dites que la loi couvre tous les assistés
sociaux pour les médicaments et que, pour les soins dentaires, elle ne
couvre que les enfants de zéro à sept ans. Il y a
évidemment là une question qui reviendra et dont nous aurons plus
tard l'occasion de discuter à cette commission. Déjà, le
problème est posé. Nous avions l'intention de le poser aussi.
Le ministre, pas immédiatement, mais au
moment qu'il jugera opportun, nous dira ce qui a motivé le
gouvernement, en particulier, à retenir surtout l'aspect de la
prévention dans le cas des soins dentaires. On comprend que l'aspect
préventif, de ce côté-là, est extrêmement
important. Les assistés sociaux forment aussi une clientèle
importante. Si le gouvernement accepte, à ce moment-ci, d'inclure dans
sa législation tout le domaine des soins aux assistés sociaux, on
comprendra qu'au lieu de couvrir une population qu'on a décrite ce matin
comme pouvant représenter 150,000 personnes il s'agirait de couvrir
700,000 personnes, plus les enfants qui ne sont pas des assistés
sociaux. Je n'ai pas les chiffres précis en ce moment, mais je
m'interroge sur le coût d'une telle mesure.
Vous avez raison en soulignant que dans un projet de loi on couvre une
sorte de clientèle, une clientèle précise pour les
médicaments et une autre clientèle pour les soins dentaires.
C'est donc qu'il y a d'autres critères qui ont primé dans
l'esprit du gouvernement. Je reviens sur un critère que j'ai
mentionné tout à l'heure, le critère de la
prévention. Etant donné que votre association se préoccupe
surtout du domaine des négociations et de l'aspect financier de la
profession, laissant au collège la surveillance de la qualité de
l'acte médical et toute autre chose qui relève
particulièrement de lui, je voudrais vous poser une première
question: Comment envisagez-vous la négociation avec le
gouvernement?
Vous avez mentionné un comité bipartite qui a
été mis sur pied il y a quelque temps et qui a
déjà, je crois, commencé son travail de
déblaiement, de discussion en vue d'une négociation. Ce
comité n'a pas travaillé en vue de la négociation. Est-ce
que le ministre pourrait me dire quel a été le mandat de ce
comité?
M. CASTONGUAY: Je ne veux pas vous interrompre, mais il faut distinguer
ce comité de la négociation qu'il y aura lieu de faire pour la
couverture dont nous discutons. Le comité auquel le Dr Labelle a fait
allusion est un comité qui examine la couverture dans le cadre de la Loi
de l'aide sociale pour essayer d'améliorer un peu cette couverture.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je remercie le ministre de ce
renseignement.
Ce comité n'était donc pas un comité de
négociation, mais vous aurez, après l'adoption du projet de loi,
à négocier avec le gouvernement. Quel est, à ce moment-ci,
la conception que vous tâcherez de faire prévaloir à la
table des négociations quant au régime de
rémunération? Nous avons ce matin, avec le collège,
effleuré seulement ce sujet. Est-ce que c'est le régime de la
rémunération à l'acte médical? Est-ce que vous
retenez aussi pour partie le régime du salariat ou un régime
mixte?
Avant que vous ne répondiez à cette question, je voudrais
savoir combien votre associa- tion représente de dentistes, combien en
font partie sur les 1,713 qui est le chiffre indiqué par le
collège ce matin?
M. LABELLE: J'ai mentionné tout à l'heure que nous avions
tout près de 1,000 membres, plus exactement 987 membres qui, comme vous
le savez, pour faire partie de notre association doivent y adhérer
librement. D'autre part, ce ne sont pas tous les dentistes qui sont aptes
à devenir membres de notre association. On doit calculer que, sur les
1,600 ou 1,700 que nous avons mentionnés ce matin, il y aurait une
possibilité d'environ 1,500 dentistes qui peuvent devenir membres de
notre association. Je m'explique. Tous ceux qui font déjà partie
d'une autre association, selon la Loi des syndicats professionnels, ne sont pas
aptes à faire partie d'un deuxième syndicat. Je prends l'exemple
d'un dentiste qui serait dans la Fonction publique. Il ne serait pas apte
à devenir membre de notre association. Le dentiste qui est
salarié ne l'est pas non plus.
En fait, c'est ce qui explique que nous avons une possibilité
d'environ 1,450 à 1,500 membres et que nous en avons présentement
987 qui ont adhéré librement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez près de 1,000 membres qui font
partie de l'association et qui sont actuellement rémunérés
à l'acte médical.
M. LABELLE: C'est juste.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela circonscrit un peu le problème. Je
voudrais savoir je m'attends un peu à votre réponse
quelles sont les options de rémunération que vous êtes
prêts à discuter à la table des négociations.
M. LABELLE: Jusqu'à maintenant, il a été uniquement
question de la rémunération à l'acte. D'ailleurs, dans
l'entente du moins dans le projet d'entente que nous nous
apprêtons à soumettre à nos membres pour la couverture des
soins en ce qui concerne la chirurgie buccale.
C'est une rémunération à l'acte, comme pour les
autres professionnels de la santé. Maintenant, il n'est pas dit que nous
n'étudierons pas les autres possibilités. Nous avons
présentement des études qui se font entre autres par
certains économistes et qui vont sûrement établir de
nouveaux horizons. Cette question du salariat doit être
étudiée puisque vous le mentionnez mais pour
l'instant, je pense qu'il est trop tôt pour prendre position.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez déjà eu
l'occasion de négocier avec le gouvernement comme association pour les
assistés sociaux?
M. LABELLE. Pour les assistés sociaux, non. Il n'y a jamais eu de
négociation. C'est ce que nous désirerions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les négociations se sont faites
individuellement quant au prix à payer aux dentistes pour des soins
donnés aux assistés sociaux. Les plafonds ont été
fixés par la direction de l'aide sociale quant à la
rémunération à donner.
M. LABELLE: C'est juste. Présentement, les seules allocations qui
sont fournies pour les soins dentaires dans la section des besoins
spéciaux sont comprises dans la Loi de l'aide sociale.
Ces allocations ont été déterminées
unilatéralement au cours de l'évolution et de la rédaction
de la Loi de l'aide sociale. Nous pensons nous avons à plusieurs
reprises insisté sur ce point que les allocations auraient tout
au moins dû être négociées. Encore là, je
pense que la formule pour laquelle nous opterions serait d'inclure l'assistance
dentaire comme l'assistance-médicaments à l'intérieur d'un
bill 69. D'ailleurs, pour l'assistance-médicaments il faut tout de
même supposer qu'il y aura tout un mécanisme d'administration qui
identifiera directement ou indirectement les assistés sociaux. Ce
même mécanisme d'administration, d'identification pourrait
s'appliquer pour les soins dentaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai une autre question. Si je suis trop
indiscret, Dr Labelle, vous me le direz. Je voudrais voir un peu ce qui va se
passer dans la négociation. Au sujet du désengagement, est-ce que
vous pouvez déjà exprimer une opinion quant à ce point
névralgique et important des négociations?
M. LABELLE: Nous ne pouvons absolument pas donner une opinion
présentement pour la simple raison que nous n'avons pas encore
signé d'entente.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une bonne réponse, docteur.
M. CASTONGUAY: C'est plus facile dans l'Opposition que du
côté du gouvernement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais aider le ministre. Je voudrais
qu'il sache déjà quelle orientation il doit donner à sa
table de négociations. M. le Président, je reviendrai avec
d'autres questions tantôt. Si d'autres membres de la commission veulent
en poser...
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions?
M. CASTONGUAY: J'aurais une couple de commentaires à faire et
peut-être une couple de questions à poser. On a parlé des
amendements qui seraient nécessaires à la Loi dentaire pour
permettre aux auxiliaires dentaires de pratiquer. Ce matin, lorsque j'ai
posé la même question au Dr Le Blanc ou au Dr Ratté, ce
n'est pas un des aspects qui a été soulevé. Je puis
assurer cependant que c'est une question que nous examinons de près
présentement.
Le Dr Labelle a suggéré, au sujet des divers moyens
d'augmenter l'offre par rapport à la demande en soins dentaires, que les
dentistes augmentent leurs heures de travail. Je voudrais faire remarquer ici
qu'ils sont tout à fait libres de le faire et qu'il n'appartient pas au
gouvernement de dire aux dentistes de travailler plus ou moins d'heures par
semaine. Je ne vois pas en quoi nous pourrions faire une telle demande. Enfin,
il y a un troisième point.
On a parlé des critères en vertu desquels le champ
d'application a pu être fixé, déterminé ou
suggéré dans le projet de loi qui est présentement
à l'étude. Ce matin, une chose est ressortie d'une façon
assez claire, c'est que dans le domaine des soins dentaires nous avons un
problème d'insuffisance d'effectifs, surtout dans les régions
autres que Montréal et Québec, et qu'il faut prendre un certain
nombre de mesures pour essayer de corriger cette situation. C'est aussi
important de le faire que d'étendre la couverture, ce qui serait, dans
une certaine mesure, une extension assez théorique étant
donné la pénurie d'effectifs. En plus, le caractère
préventif des soins aux enfants a été souligné et
on a rappelé que le projet de loi permettra d'étendre le champ
d'application, au besoin, à des enfants âgés de plus de 7
ans, selon l'expérience et les coûts, etc.
Il y a aussi le problème d'allocation des ressources
financières qui a été mentionné en regard de la
fluoration et aussi le fait que la fluoration pourrait avoir des effets assez
marqués sur la demande de soins dentaires. C'est une des raisons pour
lesquelles nous avons, au départ, voulu reistreindre la couverture des
soins dentaires à un groupe d'enfants d'après une limite
d'âge.
En ce qui a trait aux médicaments, on ne peut nier que les
médicaments dans le processus de guérison, de façon
générale, sont encore plus importants que les soins dentaires. Je
ne veux pas dire, en mentionnant ceci, que les soins dentaires ne sont pas
importants, mais s'il y a des choix à faire. Malheureusement il y en a
pour diverses raisons, soit les effectifs et les ressources financières,
etc. Il semble plus important de couvrir les médicaments pour les
personnes qui n'ont pas de ressources financières suffisantes que de
couvrir d'autres types de soins avant les médicaments.
Egalement, le député de Montmagny a mentionné que
l'extension trop grande de la couverture chez une classe particulière ou
un groupe particulier des assistés sociaux pourrait avoir un effet
d'entraînement; c'est-à-dire que, si les
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale ont des
avantages en nombre assez grand, il peut y avoir un intérêt pour
ceux qui ont des revenus assez faibles de vouloir changer leur statut et
devenir bénéficiaires de cette loi pour recevoir non pas
seulement une aide financière mais une gamme d'autres services. Il y a
un problème d'équilibre assez difficile. C'est une des raisons
pour lesquelles, dans le cas des soins dentaires, nous avons cru
préférable de mettre l'accent sur les soins qui ont un
caractère assez préventif et de le faire pour l'ensemble des
enfants. Ces choix peuvent être discutés. Nous ne sommes pas dans
un domaine où les réponses sont catégoriques et absolues.
Les remarques que je fais sont pour expliciter les raisons qui nous ont
motivés à faire ces propositions.
On a parlé également de rémunération
à l'acte et on a demandé s'il était question de
négocier d'autres formes de rémunération. On a
parlé, par exemple, du salariat. Je pense qu'il est important de faire
une distinction. Malgré les aspects qui peuvent être
soulignés, les aspects plus ou moins positifs de la
rémunération à l'acte, il n'en demeure pas moins que le
salariat est une formule qui peut présenter des avantages pour autant
qu'elle se situe dans un cadre de pratique approprié.
Présentement, pour le dentiste qui pratique seul, la
rémunération à l'acte, malgré les
déficiences, présente certains avantages par rapport au salariat.
L'introduction de nouvelles formes de rémunération, à mon
sens, doit s'accompagner également de changements possibles dans les
modes de pratique.
C'est un autre aspect qu'il est nécessaire d'étudier et
analyser davantage parce que je ne crois pas qu'on ait de réponses
tellement claires dans le cadre actuel de pratique.
Un dernier point a été mentionné par le Dr Labelle.
Je pense qu'il serait important de le commenter très brièvement.
Le Dr Labelle a dit que, dans le cadre de la Loi d'aide sociale, il n'y avait
pas eu de négociation véritable et que c'est ce que l'association
souhaiterait en ce qui a trait aux soins dentaires couverts dans le cadre de
cette loi. Ce que le Dr Labelle a dit est exact. Il n'y a pas eu de
négociation, même si nous avons convenu de former un comité
conjoint. Mais nous sommes précisément ici devant une loi d'aide
sociale où le gouvernement apporte une aide à des personnes
défavorisées. Je crois que les sommes sont canalisées par
le truchement de cette loi et sont orientées vers les assistés
sociaux. Il ne faut pas oublier que ces sommes ne sont pas, malheureusement,
suffisantes pour répondre aux besoins de ces personnes. Les prestations
financières versées présentement, depuis la Loi d'aide
sociale, sont inférieures aux budgets minima définis par des
organismes tel que le Montreal Diet Dispensary. Alors, si sur un budget de $250
millions ou de $260 millions, par exemple, que nous pouvons allouer à
une telle loi, nous en prenons une plus large part pour la couverture des
services, par le fait même, il nous faudra soit réduire les
prestations financières qui sont déjà insuffisantes, ou
encore augmenter les revenus fiscaux, les revenus de la fiscalité.
Alors il me semble que, dans le cadre d'une telle loi, il ne peut y
avoir une négociation au vrai sens du mot. Nous avons convenu,
toutefois, de former un comité. Nous espérons que, par le travail
qui peut se faire au sein de ce comité, nous pourrons apporter des
changements qui, en tout premier lieu, auront pour effet d'améliorer la
situation des assistés sociaux, compte tenu de toutes les autres
contraintes que j'ai mentionnées.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais ajouter un
mot à ce que vient de dire le ministre. Il a confirmé une
impression que j'avais quant à l'avènement de ce régime
par lequel les dentistes pourront donner des soins assurés aux
assistés sociaux on a parlé des assistés sociaux
d'abord aux enfants de 0 à 7 ans. Nous nous étions
posé des questions, à savoir: Est-ce que les effectifs sont
suffisants pour répondre à la demande? Parce qu'à ce
moment-là, il y a une demande accrue de soins.
Ce matin, le collège nous a dit qu'à son avis, les
effectifs seraient suffisants pour répondre à la demande.
Tantôt je ne me souviens pas exactement en quels termes le
Dr Labelle m'a semblé exprimer certaines réserves. Il a dit qu'il
fallait mettre l'accent davantage, à ce moment-ci, sur la formation du
personnel de soutien, des assistantes et des auxiliaires.
Je reviens à cette question qui me paraît vitale, à
ce moment-ci de la discussion: La formation au niveau des CEGEP et la formation
aussi au niveau universitaire. Ce matin, je ne sais pas, je crois qu'on n'a pas
exploré suffisamment la question de l'ouverture d'une faculté
universitaire, à Laval. Si j'ai bien compris le doyen de la
faculté, on nous a dit que toutes les demandes, maintenant,
étaient transmises au ministère de l'Education et que là,
il y a un point important qui se réglera prochainement. Ce sont les
prévisions budgétaires pour l'année 1971. Je voudrais
demander au ministre des Affaires sociales s'il a eu des conversations avec le
ministre de l'Education, s'il a pu faire des représentations suffisantes
pour que l'on donne suite à cette demande d'ouverture d'une
faculté d'art dentaire à Laval et aussi, étant
donné que l'on a également soumis un dossier pour un autre niveau
de formation, au niveau des CEGEP, si le ministre peut nous faire part des
ententes qui seraient survenues entre lui et son collègue, le ministre
de l'Education.
M. CASTONGUAY: Premièrement, quant à l'insuffisance de
l'effectif, si vous le désirez, il y a ici des membres de la commission
qui ont préparé les rapports qui vous ont été
soumis et qui pourraient, au besoin, dire quelques mots
sur cette question-là, quant aux travaux qu'ils ont fait. Sur la
question de la faculté d'art dentaire de l'université Laval, lors
de la dernière séance de la commission, le Dr Ratté
m'avait fait part de la question, je l'ai transmise au ministre de l'Education.
Maintenant, est-ce que mes représentations ont été
suffisantes ou non? Je ne suis pas en mesure de vous le dire aujourd'hui. Je ne
sais pas si c'est uniquement une décision gouvernementale ou s'il n'y a
pas aussi, au niveau de l'université Laval, une certaine question
d'allocation de ses budgets à l'intérieur, face à ces
diverses demandes. Je ne suis pas en mesure de le dire, mais j'imagine qu'il ne
s'agit pas uniquement d'une question intéressant le gouvernement.
De toute façon, la question est soumise, le ministre de
l'Education et le ministère sont au courant, et c'est tout ce que je
puis vous dire pour l'instant. Pour ma part, je crois bien que le travail
d'organisation d'une telle faculté étant rendu où il en
est, il serait souhaitable et intéressant qu'on puisse trouver les
ressources financières pour qu'elle démarre le plus rapidement
possible.
En ce qui a trait aux autres types de personnel, la question se pose non
pas seulement dans le domaine des soins dentaires pour le personnel auxiliaire
mais pour d'autres catégories de personnel. Nous sommes, en
collaboration avec le ministère de l'Education, à faire une revue
des cours, des diverses options qui se présentement au niveau des CEGEP
pour voir quelles sont les mesures qui devraient être prises, soit
l'addition de nouveaux cours, de nouvelles options pour que l'ensemble de ces
options et l'ensemble de ces cours correspondent davantage aux besoins dans le
secteur de la santé.
Alors, ces discussions sont entreprises. Quelles sont les conclusions?
Encore là, il s'agit d'un problème pour lequel on ne peut ignorer
les contraintes budgétaires, les disponibilités de personnel,
etc. Mais, ce problème de diverses catégories de personnel dans
le domaine de la santé, pour lesquelles il n'y a pas de cours
organisés, est présentement l'objet de discussion avec
leministère de l'Education.
M. LAURIN: M. le Président, ma question porte sur les tarifs.
S'il est vrai, comme le disait le ministre, qu'il n'y a jamais eu de
négociation avec l'Association professionnelle pour
l'établissement d'un tarif, est-ce que lui ou son
prédécesseur pourrait nous dire brièvement sur quelles
bases ont été établies les prestations accordées
aux professionnels pour les soins qu'ils rendaient aux assistés sociaux?
Ma deuxième question c'est: En vertu de l'adoption éventuelle de
la présente loi que nous étudions, est-ce que déjà
des préparatifs ont été faits en vue de
l'établissement d'un tarif pour les chirurgiens dentistes, comme cela a
été fait pour les opto-métristes, les omnipraticiens et
les spécialistes?
M. CASTONGUAY: Voulez-vous répondre à la première
question?
M. CLOUTIER (Montmagny): Si c'était au niveau du gouvernement
canadien, je répondrais avant le ministre.
Si nous étions dans une conférence
fédérale-provinciale je parlerais le premier.
M. CASTONGUAY: Si mes renseignements sont exacts, les tarifs qui sont
compris dans la Loi de l'aide sociale, et peut-être que le Dr Labelle
pourrait soit confirmer ou qualifier ce que je vais dire, sont des tarifs
utilisés il y a quelques années comme tarifs indicatifs dans la
profession. En quelle année exactement? Je ne suis pas en mesure de le
dire. C'est ce qui explique qu'ils sont un peu plus bas que les tarifs
demandés de façon courante par les dentistes.
M. LABELLE: M. le Président, si vous le permettez, d'abord je
voudrais dire que les allocations et je mentionne bien allocations et
non tarifs qui existent à l'intérieur de la Loi de l'aide
sociale sont bien des allocations.
D'ailleurs, à plusieurs reprises, lors de rencontres, on nous a
bien dit qu'il ne s'agissait pas de tarifs dans la Loi de l'aide sociale, mais
qu'il s'agissait plutôt d'allocations pour permettre à
l'assisté social de combler la différence entre ce qu'il peut
payer et ce qu'il devrait payer. Ce raisonnement est peut-être plein de
logique mais, par contre, je pense que tous, nous réalisons que, dans 99
p. c. des cas, l'assisté social qui n'a pas la somme initiale n'aura
pas, non plus, le montant nécessaire pour combler la différence.
C'est ce qui amène tout cet imbroglio. Dans la majorité des cas,
le chirurgien dentiste est obligé de se contenter d'une allocation
dérisoire, qui n'est pas justifiée et qui ne lui permet pas des
traitements comparables à ceux de tout autre individu. Ce sont bien des
allocations, elles sont trop basses et ne se rapprochent pas suffisamment de la
réalité. En fait, le dernier qui, dans la majorité des
cas, est obligé de faire la charité là-dedans, c'est le
chirurgien dentiste. Ce sont bien des allocations et non pas des tarifs.
M. LAURIN: Voulez-vous dire que ceci amène les chirurgiens
dentistes à donner aux assistés sociaux des soins dentaires au
rabais?
M. LABELLE: Exactement.
M. LAURIN: Par exemple, bien souvent, telle intervention serait
exigée, mais, à cause de l'insuffisance des fonds, les dentistes
vont recourir à des mesures je ne dirais pas grossières
mais qui consisteraient, par exemple, à vider une bouche au lieu
de faire un traitement.
M. LABELLE: Non, je ne pense pas que le
dentiste diminue la qualité de ses services. Ce n'est pas
ça. Je m'empresse de dire le contraire. Il veut donner la même
qualité de soins. Si, pour un acte qui vaut, disons, $10,
l'assisté social reçoit $4, dans la majorité des cas, il
n'est pas capable de combler la différence qui serait de $6. Je ne sais
pas si je m'exprime assez clairement.
M. LAURIN: Non, le sens de ma question est le suivant. Supposons qu'un
assisté social arrive chez un dentiste. Le dentiste se dit: Avec une
intervention un peu plus compliquée, qui prendrait du temps et
coûterait plus cher, j'en arriverais à une solution idéale
pour ce patient. Mais, à cause des conditions où se trouve
placé l'assisté social, au point de vue du tarif en particulier,
j'ai le choix entre cette solution idéale et une solution qui, tout en
étant bonne, est moins parfaite comme, par exemple, l'extraction. Le
dentiste peut-il être amené à préférer une
solution idéalement moins bonne, mais quand même bonne, à
une solution qui serait parfaite, à cause du régime financier de
l'assistance sociale tel qu'il se pratique actuellement?
M. LABELLE: C'est probablement plus de la part de l'assisté
social que de la part du dentiste. Il n'a pas d'autre choix, à ce
moment-là, que de se permettre une solution moins dispendieuse.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez recueilli à ce sujet des opinions
de dentistes qui pratiquent à la campagne ou dans des quartiers
défavorisés des grandes villes?
M. LABELLE Des opinions de dentistes, nous en avons plusieurs. Je
pourrais vous faire lecture de plusieurs lettres et commentaires que nous
recevons de toute la province. Par contre, en ce qui a trait à la Loi de
l'aide sociale, je dois vous citer un exemple qui n'est pas celui d'un
dentiste, mais qui a peut-être plus de valeur encore que s'il venait d'un
dentiste. Je m'empresse de vous faire lecture d'une lettre dont je ne
mentionnerai pas le signataire. Je peux vous dire que c'est une
infirmière diplômée qui travaille dans un milieu
d'assistés sociaux. Si cela était nécessaire, cela me
ferait plaisir de la mettre au dossier. Je vous présume, dans un
paragraphe, ce qu'elle nous dit: "Je me permets également de vous
souligner le ridicule des montants accordés pour les prothèses et
les autres soins dentaires. "Il n'y a pas un chirurgien dentiste qui se
respecte, qui peut fabriquer des prothèses pour tel montant et le prix
payé pour l'extraction d'une dent est également ridiculement
bas."
Je pense qu'il n'est pas nécessaire que je vous donne, au
complet, le texte de cette lettre, mais je pourrais vous donner des exemples
multiples. Ce témoignage ne vient pas nécessairement d'un
dentiste. Il vient d'une personne compétente, consciencieuse, qui
travaille dans un milieu d'assistés sociaux et qui comprend très
bien le problème.
M. LAURIN: Est-ce que vous voulez dire que le présent
régime de financement de l'aide sociale, en ce qui concerne votre
spécialité, amène une sous-utilisation, une mauvaise
utilisation des services professionnels des chirurgiens dentistes?
M. LABELLE: Voulez-vous, s'il vous plaît, reprendre votre
question?
M. LAURIN: Est-ce que le présent régime de financement des
soins dentaires au titre de l'aide sociale amène une sous-utilisation ou
une mauvaise utilisation des services professionnels des chirurgiens
dentistes?
M. LABELLE: Tout ce que je peux dire, c'est qu'il ne favorise pas les
soins dentaires ni pour l'assisté social ni pour le praticien. Je pense
que c'est une mesure qui a sa valeur en soi. Je comprends qu'on a voulu bien
faire en donnant une certaine allocation pour combler une certaine
différence. Je pense qu'en principe c'est bon, mais qu'en pratique cela
peut difficilement s'appliquer. Remarquez bien que si nous regardons le
principe de l'aide sociale et je pense aux besoins spéciaux en ce
qui concerne les soins dentaires parce que je ne connais pas les autres
domaines il est bon, mais en pratique cela ne peut pas avoir une
réalisation bénéfique.
M. LAURIN: Est-ce que la situation que vous nous décrivez
constituerait un argument additionnel, selon vous, pour l'extension des
bénéfices de l'assurance-maladie en ce qui concerne les soins
dentaires aux enfants des assistés sociaux jusqu'à l'âge de
18 ans?
M. LABELLE: Comme je le disais tout à l'heure, nous avons,
à maintes reprises, réclamé les soins dentaires pour tous
les assistés sociaux. Il est bien sûr que, comme mesure de
compromis, je pense qu'il vaudrait mieux les couvrir au moins jusqu'à 18
ans plutôt que de ne pas les couvrir du tout. Ce serait une formule de
compromis qui a d'ailleurs été soulevée et
encouragée par le Collège des chirurgiens dentistes, ce matin, et
qui, à mon sens, est pleine de valeur. Si, pour des raisons
économiques, le gouvernement ne voyait pas dans l'immédiat la
possibilité de couvrir tous les assistés sociaux, je pense que ce
serait au moins un moindre mal. Par contre, cela peut peut-être amener
des complications d'ordre administratif dont je ne suis pas apte à
juger, à savoir la classification des assistés sociaux seulement
jusqu'à 18 ans. Est-ce que cela amène plus de problèmes au
point de vue administratif? Cela n'est pas de
mon ressort. Il est sûr que la couverture des soins dentaires, au
moins jusqu'à 18 ans, serait, au départ, une grande
amélioration parce qu'au moins on couvrirait la jeunesse dans son
ensemble et on pourrait espérer que, jusqu'à ce que la couverture
entière des soins dentaires se rende jusqu'à 18 ans, au moins
cette classe défavorisée de la population pourrait
bénéficier des soins dentaires.
M. LE PRESIDENT: Je laisse la parole au député de
Joliette.
M. QUENNEVILLE: Dr Labelle, d'après vos réponses
antérieures, par un oui ou par un non, est-ce qu'il serait possible de
savoir si les disponibilités financières du patient peuvent
influencer l'indication du traitement? Oui ou non?
M. LABELLE: Si les disponibilités...
M. QUENNEVILLE: ...financières du patient peuvent influencer
l'indication du traitement?
M. LABELLE: Quand un traitement est nécessaire...
M. QUENNEVILLE: Non, non, ce n'est pas cela que je demande.
M. LABELLE: Je ne peux pas vous répondre par oui ou non, de but
en blanc. Je pense que cela nécessite certaines distinctions.
M. QUENNEVILLE: Alors, distinguez d'abord.
M. LABELLE: Bien, je pense qu'une personne qui arrive dans un cabinet
dentaire a des disponibilités financières. D'après ses
disponibilités financières, il peut s'appliquer différents
plans de traitement. On ne peut pas établir un seul plan de traitement
pour tous les individus.
M. QUENNEVILLE: Cela va. Merci.
M. LAURIN: Le facteur financier constitue un facteur important. Je pense
que c'est cela le sens de la question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester a la parole.
M. LABELLE: Le facteur financier, c'est sûr qu'il importe, comme
pour tous les autres soins de santé. Le facteur financier n'est pas
à négliger. Il est bien sûr qu'on ne peut pas en faire
abstraction.
M. GUAY: J'aurais une question assez brève à vous poser,
mais assez directe aussi. Selon vous, au sujet du présent système
de finance- ment, les assistés sociaux peuvent-ils être
privés de soins dentaires?
M. LABELLE: J'ai dit tout à l'heure que cela ne favorisait pas
les soins dentaires ni pour les assistés sociaux, ni pour les
chirurgiens dentistes. Je pense que, nécessairement, dans le
système actuel, quand l'assisté social est obligé, dans
bien des cas, d'aller quémander à telle ou telle allocation, bien
souvent il préfère s'en passer plutôt que de recevoir des
soins dentaires.
M. GUAY: Ah; bon!
M. LABELLE: Tandis que si c'était établi comme
l'assistance-médicaments le sera je le dis peut-être
prématurément une fois le tarif négocié, ce
serait plus direct et il ne serait pas obligé, à chaque fois,
d'aller demander une allocation au bureau régional.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. GUAY: D'accord. Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Labelle, pour faire suite aux questions qui
vous ont été posées, on peut en conclure que le
système actuel de rémunération est insuffisant, à
votre avis. J'écoutais le député de Bourget vous poser des
questions et je me disais en moi-même: le fait que les allocations
comme vous les appelez ne sont pas suffisantes ne met pas en cause la
qualité du traitement que vous donnez aux patients.
Je veux bien, n'étant pas de la profession ni
médecin, ni quoi que ce soit du genre faire confiance aux
dentistes comme aux médecins, d'ailleurs, et penser que vous suivez en
tout point les règles du code d'éthique qui est le vôtre et
que vous ne privez pas c'est une présomption qui est, dans mon
esprit, péremptoire ou n'adaptez pas le traitement aux conditions
financières du patient, contrairement à ce que l'on aurait pu
vouloir insinuer. Je ne vous demande pas, naturellement, de parler au nom de
tous et de chacun des dentistes.
M. LABELLE: Vous tombez dans le problème de la qualité des
services. Vous savez fort bien que tout le problème de la qualité
relève du collège; c'est un problème relevant du
contrôle de l'acte dentaire. L'organisme qui en a la juridiction est
uniquement le Collège des chirurgiens dentistes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, pour vous le problème est
financier. Pour que cette qualité soit assurée,
indépendamment de l'éthique que vous observez et que je ne mets
pas en cause, il faudrait naturellement que le gouvernement envisage la
possibilité d'accorder aux
assistés sociaux des moyens financiers qui leur permettent
d'avoir tous les soins dentaires qui correspondent à leur
état.
M. LABELLE: Oui, nous avons demandé que les prestations qui sont
accordées soient tout au moins de nature analogue, ou du moins s'y
rapprochant, au tarif ou aux prestations habituellement accordées en
régime privé ou à l'aide même de conventions
signées par le gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aurais une question
à poser au ministre des Affaires sociales. Le Dr Labelle a parlé
tout à l'heure de la nécessité de la formation d'un
personnel auxiliaire, de faire appel pour cela aux CEGEP, etc.; mon
collègue a parlé de la création d'une faculté d'art
dentaire à l'université Laval. Indépendamment des
considérations budgétaires que vous avez faites tout à
l'heure, est-ce que le gouvernement a l'intention d'ouvrir, un tant soit peu,
l'enveloppe budgétaire afin de satisfaire à cette exigence qu'a
formulée le Dr Labelle?
M. CASTONGUAY: Présentement, nous sommes au stade de
l'étude des prévisions budgétaires, comme vous le savez,
et aussi de la question à l'intérieur de la commission. Je pense
qu'il y a un certain nombre de facteurs à soupeser avant que des
décisions définitives soient prises.
Ce matin il est ressorti assez clairement que nous devons, par exemple,
mettre davantage l'accent sur la fluoration de l'eau. Dans la mesure où
nous posons divers gestes vous venez vous-même de faire allusion
à la nécessité d'une plus grande formation de personnel
auxiliaire je pense que ce sont toutes ces questions qui doivent
être considérées avant qu'une décision
définitive soit prise.
Je suis sympathique à tout ce que le Dr Labelle dit il n'y
a aucun doute là-dessus dans mon esprit comme je suis sympathique
à des foules de demandes qui nous sont adressées tous les jours.
Vous savez comme moi, vous avez fait partie d'un gouvernement
qu'il y a une question de choix. C'est pour cela que je dis que nous sommes
encore au stade de l'étude pour essayer de déterminer quels
seront les meilleurs choix que nous pourrons faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis bien d'accord
avec le ministre qu'il y a certaines contraintes budgétaires. Le
ministre a parlé en un premier temps d'examiner le problème de la
prévention, de prendre toutes dispositions utiles afin que, par des
mesures préventives, on assure la santé dentaire des individus.
Il y a quand même des gens qui ont souffert dans le passé de cette
absence de mesures préventives et qui ont des dents plus ou moins
avariées. Il faut quand même les traiter, ces gens. Et il faut,
pour les traiter, qu'il y ait des dentistes et qu'il y ait un personnel
auxiliaire, comme on y a fait allusion tout à l'heure.
J'imagine que vous envisagez pour la région de Chicoutimi,
particulièrement pour le nouvel hôpital que vous devez me
construire chez moi au coût de $20 millions, l'ouverture d'une
faculté d'art dentaire, ou tout au moins l'organisation de services
auxiliaires, soit au CEGEP, soit à l'université de
Chicoutimi.
M. CASTONGUAY: La question de l'organisation...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce qu'il s'agit, vous savez d'une
distribution des effectifs. On en a parlé ce matin et on en a
parlé encore tout à l'heure.
M. CASTONGUAY: D'accord. Justement, la formation du personnel auxiliaire
donne un peu plus de souplesse quant au choix des institutions d'enseignement
où ce personnel peut être formé, étant donné
le fait que les CEGEP sont distribués à travers toute la province
alors que ce n'est pas le cas au même degré, pour les
universités. Quels sont les plans du ministère de l'Education? Je
ne le sais pas, mais je croirais que vos chances sont beaucoup plus grandes du
côté de la formation du personnel auxiliaire que du
côté d'une faculté d'art dentaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, vous venez d'ouvrir une porte
dangereusement grande. Nous avons à Chicoutimi à la fois un CEGEP
il y en a un autre tout à côté, à
Jonquière et un hôpital universitaire dont vous avez,
jusqu'à maintenant, retardé la construction. J'imagine que cela
va vous permettre de vous raviser et de nous donner les $15 millions qui nous
manquent.
M. CASTONGUAY: J'en prends bonne note.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny-
M. LAURIN: Je n'ai pas terminé ma question à M. Labelle
sur les tarifs. Je ne sais pas si c'est sur un autre sujet.
Où en êtes-vous, Dr Labelle, étant donné que
vous représentez l'Association professionnelle, quant à
l'établissement des tarifs qui devront être négociés
en vertu de la présente loi? Est-ce que vous les préparez en
collaboration avec le Collège des pharmaciens, comme cela s'est fait
à un certain moment pour les tarifs des médecins?
M. LABELLE: Est-ce que vous parlez des tarifs en rapport avec la
couverture pour la chirurgie buccale, ou pour...
M. LAURIN: Non, non. Pour les soins dentaires...
M. LABELLE: ... les soins dentaires... M. LAURIN :... aux enfants de 0
à 7 ans.
M. LABELLE: ... aux enfants. A l'heure actuelle, il n'y a aucune
négociation amorcée pour la simple raison qu'il faudrait d'abord
connaître plus en détail les projets du gouvernement. Nous nous
attendons d'être convoqués à des séances de
négociation aussitôt que le Parlement aura voté le bill
69.
M. LAURIN: Mais, est-ce que ça n'accélérait pas la
mise en vigueur de la loi si, déjà, de votre côté,
le travail préliminaire était presque au point ou prêt
à aboutir?
M. LABELLE: Je peux vous assurer que, de notre côté, le
travail est prêt. D'ailleurs, je pense bien que ce l'est du
côté du gouvernement aussi; j'imagine que, puisque ce sont des
gens prévoyants tout autant que nous, ils sont sûrement
prêts. H reste donc tout simplement à entamer bientôt,
prochainement, des négociations que nous espérons; mais nous
attendrons une invitation du ministre de la Santé.
M. LAURIN: Est-ce que je peux vous demander si vous vous êtes
inspirés, comme d'autres associations, des barèmes de
l'Ontario?
M. LABELLE: Disons qu'en ce qui concerne les tarifs, il y a une
façon de les calculer, d'après tout un système qu'on
appelle l'unité de valeur relative et qui est reconnu
internationalement; il s'adapte à chaque acte et se préoccupe de
chaque acte, et c'est le système que nous suivons.
Bien sûr, l'Ontario ou les autres provinces ont pu adopter un
système semblable, mais le système que nous suivons est un
système reconnu à peu près dans tous les autres pays; il
s'appelle en gros l'unité de valeur relative.
M. LAURIN: Est-ce que je peux poser la même question au ministre?
Si l'association professionnelle dit qu'elle est prête, est-ce que les
équipes du ministère de la Santé sont prêtes sur ce
point précis aussi?
M. CASTONGUAY: Sur ce point, si vous me permettez, j'aimerais retourner
quelque peu en arrière, aux discussions que nous avons eues lors de
l'étude du bill 8 au mois de juillet. On y demandait au gouvernement, en
insistant, que la couverture du régime soit plus étendue
dès le départ. A ce moment-là, une des
considérations que j'avais mentionnées était le fait qu'il
nous fallait justement mener des négociations avec divers groupes, qu'il
y avait une machine administrative assez complexe à mettre en marche et
que tout ne pouvait être fait en même temps.
Aujourd'hui, je puis dire que si nous avions eu à digérer
d'autres types de services en plus de ceux qui ont été couverts
au point de départ, ç'aurait été extrêmement
difficile. Il n'est pas simplement question de dire que nous devons être
prêts et que, par le fait même, tout se met en marche. Il faut
aussi avoir le personnel compétent. Il y a une certaine série de
problèmes techniques qui se soulèvent. Nous avons vu, par
exemple, lors de la couverture de la chirurgie buccale jusqu'à quel
point il a été difficile de s'entendre sur une liste de soins
dentaires.
Au côté de la couverture des soins dentaires, pour en venir
maintenant à la question plus immédiate que vous posez,
dès que nous avons eu terminé les négociations avec les
médecins spécialistes, omnipraticiens, optométristes,
chirurgiens buccaux, nous en sommes en voie de déterminer les
normes avec l'Association des chirurgiens dentistes en ce qui a trait à
la chirurgie buccale nous nous sommes immédiatement mis en branle
en ce qui a trait à ce bill 69. Les instructions ont été
données à la Régie pour que les mécanismes
administratifs soient préparés. Il y a eu des rencontres avec le
président. Il y a eu un échange de correspondance pour bien
s'assurer que tout ce qui peut être fait à ce stade-ci le serait.
En ce qui a trait à la négociation et aux questions techniques
qui entourent cette négociation, nous avons formé des
équipes de travail aussi bien en ce qui a trait aux médicaments
qu'aux soins dentaires.
Je suis confiant que le travail que ces équipes doivent faire
sera prêt lorsque le moment viendra de négocier, mais il nous faut
aussi, je crois bien, nous entendre sur le contenu exact de la loi, avant
d'aller trop loin dans les négociations. Je ne suis donc pas en mesure
de dire si nous sommes plus prêts ou moins prêts que l'Association
des chirurgiens dentistes, mais je puis vous assurer que lorsque le contenu
exact de la loi sera établi, nous serons en mesure de passer vraiment
aux négociations.
M. LAURIN: Le but de ma question, M. le ministre, était de
m'enquérir si, au cas où ces négociations commenceraient
même avant l'adoption de la loi, on pourrait accélérer la
date de mise en vigueur du projet.
M. CASTONGUAY: II y a un certain nombre de questions à clarifier.
On parle du champ d'application, par exemple. Je pense qu'il est assez
difficile de s'engager dans une négociation tant et aussi longtemps que
cette question n'est pas réglée, non pas simplement du strict
point de vue financier, mais sur le plan d'identification des
bénéficiaires. On sait que les médecins nous ont
mentionné à plusieurs reprises que, dans l'établissement
de l'assurance-maladie, il ne fallait pas que les mécanismes soient
trop
lourds, etc. C'est la même chose lorsqu'on parle de l'extension de
la couverture aux enfants des bénéficiaires de la Loi de l'aide
sociale. Encore là, si ça devait se faire, il y aurait aussi un
certain nombre de questions d'ordre législatif à clarifier et
même à aborder. Il y aurait peut-être avantage à
accélérer, à commencer les négociations
immédiatement, mais je ne crois pas, pour ma part, qu'en retardant
quelque peu le début de ces négociations nous courons le risque
de retarder la mise en vigueur du régime. Il existe une contrainte de
toute façon; c'est que, selon le contenu exact de la loi, la machine
administrative devra être ajustée et ça prend toujours un
certain temps.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le ministre, une fois le projet de loi 69
adopté, une fois la négociation terminée, il y aura un
tarif de rémunération qui va s'appliquer dans le cadre de ce
projet de loi. Est-ce que ce tarif sera retenu automatiquement et s'appliquera
dans le cas des assistés sociaux, même si ceux-ci ne sont pas
couverts par le régime actuel?
M. CASTONGUAY: Encore là, tout va dépendre de la liste des
soins couverts. H peut être nécessaire de couvrir certains soins
pour les enfants et la gamme des soins pour les enfants jusqu'à sept ans
est moins étendue que celle des soins pour les adultes ou les enfants
qui en arrivent à leur deuxième dentition. Y aura-t-il
concordance exacte? Je ne suis pas en mesure de le dire. Je ne le croirais pas
nécessairement. De toute façon, nous n'aurons pas là
exactement la même gamme de soins qui vont être couverts.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais pour les soins qui s'appliquent, qui sont
bien identifiés et qui sont les mêmes pour les enfants et les
adultes, mêmes s'il y a une deuxième dentition, est-ce qu'il ne
serait pas illogique d'avoir un tarif négocié dans le cadre du
régime d'assurance-maladie et un autre tarif de
rémunération dans le cadre de la Loi de l'aide sociale?
M. CASTONGUAY: Je pense que ce sont deux lois de nature
différente. J'ai mentionné les problèmes auxquels nous
nous butons: l'allocation des ressources à l'intérieur de cette
loi et vis-à-vis d'autres mesures. Je ne suis pas en mesure pour le
moment de répondre. J'aimerais mieux que le comité qui
étudie ce sujet poursuive son travail avant d'apporter une
réponse à cette question.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, toute l'équipe
des négociateurs est ici cet après-midi et entend la discussion.
Je pense bien qu'ils pourront utiliser, dans certaines questions qui ont
été posées et certaines réponses qui ont
été faites, les points de repère pour en arriver à
la meilleure entente possible.
M. CASTONGUAY: C'est ce que je souhaite également.
M. LE PRESIDENT: Messieurs de la commission, si vous êtes
satisfaits de l'exposé et des réponses du Dr Labelle, nous
pourrions peut-être entendre les représentants de l'Association
des orthodontistes de la province de Québec. Je remercie le Dr
Labelle.
Me Renault, la parole est à vous.
Association des orthodontistes
M. BOSSE: Permettez-moi de me présenter, Lucien Bossé,
orthodontiste. Je représente l'Association des orthodontistes de la
province de Québec, dont le président sortant est le Dr Roland
Nadeau et le nouveau président, le Dr Harvey Levitt, ici
présent.
Avec votre permission, je désirerais vous faire grâce de la
lecture du mémoire qui vous a été soumis à la
dernière session. Il me fera plaisir cependant de répondre
à toutes les questions que vous voudrez bien me poser sur le contenu de
ce mémoire.
Nous vous présentons ce mémoire, premièrement dans
le but de vous faire connaître l'orthodontie comme
spécialité de la chirurgie dentaire, spécialité qui
existe depuis le début du siècle et, aussi, l'Association des
orthodontistes de la province de Québec, qui existe depuis 20 ans et qui
groupe 48 des 50 orthodontistes reconnus dans la province de Québec.
Permettez-moi, à ce stade-ci, de vous lire les recommandations
que nous vous avons soumises. Votre commission permanente des Affaires sociales
siège pour entendre les suggestions des parties
intéressées aux modifications de la Loi de l'assurance-maladie,
telles qu'elles apparaissent au bill 69 déposé en première
lecture à l'Assemblée nationale. Sans oublier que, pour le bien
de la population, il est nécessaire que le ministère des Affaires
sociales favorise toutes les mesures préventives comme la fluoration,
notre association veut surtout expliquer qu'elle est prête à
aider, dans tous les domaines de l'orthodontie, la population de la province de
Québec. Elle est prête à jouer un rôle consultatif en
orthodontie; à fournir à votre commission, ainsi qu'à tout
organisme gouvernemental qui en fera la demande, les renseignements importants
qu'elle possède dans le domaine de l'orthodontie.
Nous soumettons que notre association est le seul groupement
compétent dans ce domaine. En présentant ce mémoire,
toutefois, l'association a voulu attirer l'attention de votre commission sur
les points suivants.
Premièrement, le nombre des spécialistes en orthodontie
rendrait peut-être difficile présen-
tement l'inclusion de l'orthodontie par règlement ou autrement
dans les services payés par la Régie de l'assurance-maladie. Il
faudrait certainement augmenter le nombre des orthodontistes ou au moins
favoriser une redistribution mieux équilibrée de leurs services
dans la province, avant d'inclure ces soins dans l'assurance-maladie. S'il est
possible d'intercepter et de minimiser les effets d'une malocclusion en voie de
développement, il est scientifiquement prouvé que les corrections
majeures nécessitent des soins extensifs s'étendant sur une
période de plusieurs années. Ce problème est suffisamment
complexe pour exiger des connaissances approfondies en anthropologie,
anthropométrie, génétique, biométrie,
biomécanique, endocrinologie, croissance et développement, de
sorte que seuls les orthodontistes sont qualifiés pour founir ces
services.
Notre association suggère que le système actuel de la
participation des gouvernements à l'établissement de centres de
traitement en milieu hospitalier soit accrue. Si votre commission ou le
ministère des Affaires sociales décide de mettre certains fonds
à la disposition des enfants affligés de malocclusion très
sérieuse, notre association recommande que le choix de ces patients
devrait se faire suivant les listes prioritaires de malocclusion handicapante
présentement reconnues en Amérique du Nord et qui font l'objet
d'une révision constante de la part des orthodontistes.
Si votre commission ou le ministère des Affaires sociales
décide d'inclure les actes or-thodontiques dans les frais assumés
par l'assurance-maladie, notre association, en coopération avec le
Collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec,
devrait participer à la description de cette liste d'actes
orthodonti-ques. Elle devrait de plus, en coopération avec l'Association
des chirurgiens dentistes du Québec, participer à la fixation des
honoraires professionnels et à toute discussion et négociation
qui pourraient s'ensuivre. Le tout respectueusement soumis, l'Association des
orthodontistes de la province de Québec. Merci.
M. LAURIN: M. le Président, il me semble qu'il y a une
équivoque qui m'amène à poser une question au ministre des
Affaires sociales. Mon interprétation du projet de loi, quand je l'ai
lu, était que la couverture s'étendait aux soins orthodontiques
aussi bien qu'aux soins dentaires généraux. J'ai posé la
question ce matin à savoir s'il y avait des spécialisations en
chirurgie dentaire. On a dit qu'il y en avait très peu; bien entendu,
l'orthodontie en est une. Or, je n'ai rien vu dans le projet de loi qui
excluait une spécialité en ce qui concerne la couverture.
M. CASTONGUAY: A l'article 12 il est dit que l'article 56 de la Loi de
l'assurance-maladie fixe le pouvoir réglementaire. Le paragraphe c 1) de
cet article dit: "déterminer les services que rendent les chirurgiens
dentistes et qui doivent être considérés comme des services
assurés aux fins du deuxième alinéa de l'article 3;"
De la même façon que pour certaines catégories de
soins médicaux il y a eu des exclusions, de la même façon
il y a ici une latitude qui est prévue dans le projet de loi pour
inclure ou exclure certains types de soins.
Justement, l'objet de ces séances de la commission est de
permettre de jeter un peu de lumière sur cette question.
M. LAURIN: Si je comprends bien, l'opinion du ministre n'était
pas arrêtée quant à l'inclusion ou à l'exclusion des
soins orthodontiques.
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement, non.
M. LAURIN: Est-ce que je peux demander à M. Bossé s'il lui
arrive de traiter des assistés sociaux au point de vue
orthodontique?
M. BOSSE: Personnellement, non. Nous avons cependant connaissance depuis
quelques années déjà que selon la Loi de l'aide sociale,
certains patients bénéficient de traitements en bureau
privé. Les honoraires sont soumis, je crois, au ministère
approprié qui, par voie d'entente entre le ministère et
l'orthodontiste, a attribué certains montants au traitement de ces
enfants. Malheureusement, comme vous avez pu le voir dans le mémoire, il
n'y a aucun critère d'acceptation ou de choix de ces patients. C'est ce
que nous soumettons. Comme vous pouvez le voir dans le mémoire, les
problèmes de l'orthodontie ont des degrés très divers,
à partir de problèmes très graves pour l'enfant qui peut
en subir un handicap réellement physique. Cela peut aller d'une
difformité physique jusqu'à un problème d'ordre purement
esthétique.
Le ministère et l'orthodontiste en question n'ont jamais,
à ma connaissance, utilisé des moyens de ce genre pour choisir
ces patients.
M. LAURIN: Dans les études que vous avez faites ou que votre
association a faites en ce qui concerne les malocclusions, est-ce qu'il y a des
conclusions qui se dégagent quant au plus grand nombre de cas de
malocclusions dans les classes sociales défavorisées?
M. BOSSE: Vous trouverez dans le mémoire un article à ce
sujet où l'on se réfère à une étude de
l'Association dentaire canadienne et aussi à une étude du
ministère de la Santé du gouvernement fédéral. Dans
la province de Québec, une étude est en cours à
l'Université de Montréal qui pourrait éventuellement jeter
de la lumière sur ce problème. Mais à notre connaissance
on ne peut présentement donner de réponse précise à
cette question. Si vous relisez le mémoire, vous allez trouver que le
problème
de l'orthodontie, le problème des malocclusions dû des
malformations dentaires n'affecte pas plus un secteur de la population qu'un
autre. Ce sont des problèmes qui, le plus souvent, sont de nature
héréditaire et qui affectent l'homme en tant qu'homme que
Caucasien ou de race jaune. C'est un problème de race.
M. LAURIN: Les études qui ont été faites jusqu'ici
ne montrent aucun lien avec la pauvreté ou avec des conditions d'habitat
vraiment à déplorer ou des facteurs sociaux?
M. BOSSE: M. le Président, il faudrait faire une distinction.
Certaines malocclusions sont d'origine purement génétique ou
héréditaire et d'autres peuvent être amenées par le
manque de soins dentaires. Ici, je me réfère à la
prévention. Pour vous donner un exemple, un enfant subissait
l'exérèse de ses dents primaires en très bas âge,
ceci aurait pour effet de diminuer la croissance des maxillaires, des
mâchoires, d'amener un déplacement à l'intérieur de
l'os des dents permanentes et, éventuellement, de conduire à une
malocclusion vers l'âge de 10 ou 11 ans.
J'espère que ceci répond à votre question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Bossé, tenant compte de ce que vous
venez de dire et des statistiques qui sont fournies à la suite d'une
enquête indiquant que 10p. c. à 15 p. c. des personnes
traitées constituent des cas très graves, est-ce que vous
pourriez nous fournir des statistiques sur la nature des soins et des personnes
qui les requièrent? Dans votre mémoire, à la page 11, vous
dites: "Une autre étude a prouvé que 10 p. c. des enfants peuvent
être affectés d'une malocclusion qui peut être
décrite comme une infirmité. Un autre 15 p. c, non
affectés par des problèmes aussi sérieux, ont quand
même besoin de soins." Est-ce que vous avez des chiffres concernant les
autres types de patients que vous avez à traiter en orthodontie? Quel
peut être le pourcentage?
M. BOSSE: Je m'excuse, M. le Président, mais je comprends mal la
question. Vous voulez parler des 15 p. c. non affectés de
problèmes sérieux?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Je vais vous répéter la
question. Vous indiquez à la page 11 qu'il y a quand même un
pourcentage relativement important de personnes, dont des enfants, qui peuvent
souffrir de malocclusions sérieuses et qui peuvent être
considérées comme des infirmités. Outre ces gens, outre
ces enfants dont il est question ici, quel peut-être le pourcentage de
citoyens dans le Québec, enfin le nombre approximatif de citoyens qui
réclament des soins d'orthodontie?
M. BOSSE: M. le Président, je ne peux pas vous donner de
statistiques présentement pour répondre à cette question,
ce serait purement une réponse approximative. Si vous vous
référez un peu plus loin dans le mémoire, vous allez vous
apercevoir qu'on estime que 90 p. c. des patients qui font une demande de soins
d'orthodontie le font purement sur une base esthétique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II s'agit donc de personnes qui se recrutent
dans des milieux dont on peut dire qu'ils sont favorisés.
M. BOSSE: Je crois que oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Du reste, M. Bossé, si l'on
considère la répartition des orthodontistes dans le Québec
on parle de la région de Montréal, 45, trois dans la ville
de Québec, un dans la ville de Sherbrooke et un dans la ville de
Chicoutimi il s'agit de soins analogues à ceux que peuvent
dispenser certains psychanalistes qui, à la demande ou à la
suggestion de notre collègue, ont été exclus des
ententes...
M. LAURIN: M. le Président, il faudrait référer le
député de Chicoutimi à toute la discussion à la
Commission des affaires sociales où il n'était pas...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): J'étais présent, je vous demande
pardon! J'étais à l'arrière et tout juste derrière
vous.
M. LAURIN: II faudrait quand même référer le
député au compte rendu de cette commission pour voir que tel
n'était pas le sens des représentations que j'avais faites
à ce moment-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais ça aboutit à cette
conclusion-là.
M. BOSSE : M. le Président, pour répondre à cette
question, je peux vous dire que la distribution des orthodontistes est faite
selon la demande de soins d'orthodontie. Je crois que dans le passé, le
devoir de l'orthodontiste était de se localiser dans une région
de la province où les soins étaient en demande. C'est un peu
comme cela que l'orthodontie est née et qu'elle a vécu et qu'elle
continuera de vivre à moins qu'on change la texture, qu'on augmente le
nombre des orthodontistes et qu'on décide de traiter tout le monde.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est à Montréal qu'il y a le
plus grand nombre de cas ! Enfin, M. le Président, revenons au
sérieux. Votre mémoire, M. Bossé, conclut de la
façon suivante: "Si votre commission, ou le ministère de la
Santé, décide de mettre certains fonds à la disposition
des enfants affligés de malocclusion très sérieuse, notre
association recommande que le choix de ces patients devrait se faire
suivant
les index prioritaires de malocclusion handicapante présentement
reconnus en Amérique du Nord." Naturellement, vous faites ici une
suggestion au gouvernement afin que le gouvernement envisage la
possibilité, dans les cas de malocclusion sérieuse qui peuvent
être considérés comme des infirmités, que le
ministère envisage la possibilité de couvrir,
éventuellement, ces cas.
Il appert, de votre mémoire, que vous considérez que
jusqu'à présent votre profession, s'adressant à des
classes favorisées, s'occupe particulièrement de l'aspect
esthétique et que c'est en quelque façon un luxe que d'avoir
recours à un orthodontiste si vous me permettez, M. le
Président, l'expression un peu vulgaire si on n'est pas content
de sa gueule. C'est comme la psychanalyse.
M. BOSSE: Oui. Dans le mémoire, nous faisons état de cette
chose. Nous sommes prêts et nous avons les moyens, les standards requis
pour, si certains fonds sont mis à la disposition des enfants
défavorisés, que nous coopérions à 100 p. c. pour
traiter ces enfants et pour essayer, autant que possible, d'éliminer des
classes défavorisées ces infirmités physiques.
Malheureusement, étant donné le nombre restreint des
orthodontistes tout de même, il y en a 6,000 en Amérique du
Nord pour la population que vous savez il serait très difficile
de traiter même les enfants de classes favorisées qui en feraient
la demande, éventuellement, dans un régime de cette nature.
Cependant, si on peut commencer le programme, selon les fonds mis à
notre disposition, il serait possible au moins de commencer par les cas les
plus graves. Et au fur et à mesure que les années
s'écouleront, peut-être que cela sera possible, dans vingt ans
d'ici, comme dans l'Etat de New York, actuellement, et l'Etat du Massachusetts
où ce programme existe depuis déjà nombre d'années.
Tout de même, un certain pourcentage des classes
défavorisées bénéficie de soins d'orthodontie
actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'imagine, M. le Président, que M. le
ministre a retenu ces observations. Même si, M. Bossé, j'ai
abordé le problème de façon un peu ironique, ce n'est pas
que je méprise votre discipline, tout au contraire. Je souhaiterais
justement que le ministère considère, dans toute la mesure du
possible, l'éventualité d'inclure ces soins pour les enfants qui
en auraient besoin. Il s'agit, semble-t-il, de soins assez coûteux,
même, dites-vous, pour les personnes favorisées. Alors, aucun
membre de cette commission ne pourrait se payer, enfin, la gueule que l'on
sait, s'il avait recours à vos services.
M. BOSSE: Tel n'est pas le cas, monsieur. M. LE PRESIDENT: Le
député de Joliette.
M. QUENNEVILLE: Dr Bossé, est-ce qu'il faut retenir,
d'après les chiffres que vous avez cités tantôt, que, de
cette totalité des cas que vous rencontrez, il y aurait 10 p. c. de
troubles réellement fonctionnels ou pathologiques et 90 p. c. de cas
esthétiques?
M. BOSSE: Pour reprendre un peu le sens de votre question, si vous
relisez le mémoire, vous vous apercevrez que la malocclusion comme telle
n'est pas un problème pathologique, donc ce n'est pas une maladie.
M. QUENNEVILLE: Fonctionnel.
M. BOSSE: L'étude à laquelle nous faisons
référence est une étude épidémiologique, non
pas une étude des personnes qui reçoivent les soins. Je ne sais
pas si cela répond à votre question. L'étude, tout
simplement, fait mention, selon les relevés statistiques qui ont
été compilés, que 10 p. c. de la population enfantine
pourrait souffrir de malocclusion handicapante dite difformité
physique.
M. QUENNEVILLE: Je veux savoir justement si c'est 10 p. c. de vos
clientèles ou 10 p. c. de la population.
M. BOSSE: C'est 10 p. c. de la population. M. QUENNEVILLE: Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous me permettez
une dernière question. Est-ce que, M. Bossé, à votre avis,
les dentistes en général, chirurgiens, etc., tous les gens qui
s'occupent du problème des dents sont capables de faire le
dépistage de ce genre de malformation et éventuellement sont
capables, aussi, d'appliquer les thérapeutiques et de faire les
corrections?
M. BOSSE: Si vous vous référez encore au mémoire,
le chirurgien dentiste, durant son cours universitaire, reçoit 60 heures
de cours théoriques qui ont pour but, tout simplement, de lui donner les
bases de connaissances d'orthodontie pour pouvoir faire le dépistage, la
prévention et aussi appliquer certaines mesures d'interception. Si vous
voulez que j'élabore sur ce sujet, nous pourrions être ici deux
jours, mais j'espère que cela répond à votre question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non. Je suis satisfait de votre
réponse.
M. BOSSE: II faut établir une nette différence entre la
prévention des malocclusions qui se fait à un âge minime,
entre trois ans et sept ans, l'interception des malocclusions où il est
possible, dans des cas très limités, si vous voulez, de
prévenir certains troubles; par contre, lorsqu'il
s'agit de corrections, ce problème relève uniquement de la
compétence de l'orthodontiste.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est de l'esthétique. Cela
relève du ministère des Affaires culturelles!
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais demander
à M. Bossé quelle est la durée moyenne d'un
traitement.
M. BOSSE: M. le Président, tout dépend de la
gravité du cas. En moyenne, si vous parlez d'une malocclusion de type
handicapant où il faut non seulement réaligner les dents mais
surveiller la croissance des maxillaires, la durée du traitement actif
peut s'échelonner entre douze et trente-six mois ça varie
énormément suivie d'une période de traitement
passif. Il s'agit d'une période, si vous voulez, de contention où
il faut retenir les corrections qui ont été effectuées
jusqu'à ce que la croissance de l'enfant soit complétée,
soit 16 ans pour les jeunes filles et 18 ans pour les garçons.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-il déjà arrivé qu'un
professionnel de l'orthodontie, après avoir traité des
assistés sociaux qui étaient aux prises avec un grave
problème dans ce domaine, pouvant entraîner des effets nocifs sur
la santé, ait pu obtenir des remboursements du ministère de la
Famille par la Loi de l'aide sociale?
M. BOSSE: M. le Président, si je peux répondre
d'après ce que je connais personnellement, dans mon bureau, j'ai
toujours accepté les assistés sociaux pour rien. Je n'ai jamais
fait de demande de remboursement. A ma connaissance, je crois qu'il y a
certains orthodontistes, notamment de la ville de Montréal, qui ont
demandé des remboursements selon la Loi de l'aide sociale. Est-ce qu'ils
ont été accordés? Je l'ignore. On n'en a pas fait
état dans le questionnaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'après la réponse que vous avez
donnée à ma première question, vous dites que le
traitement peut s'échelonner sur une période de douze à
trente-six mois. Si je comprends bien, dans tous les cas, il s'agit d'un
traitement très dispendieux. H peut arriver, dans certains cas
spécifiques, plutôt rares, que le patient n'ait pas le moyen du
tout de défrayer le coût des soins. A ce moment-là,
évidemment, ça pose un problème pour cette
personne-là, surtout si la correction peut être apportée
à l'âge qu'a le patient. Alors, ces cas-là se
rencontrent-ils assez fréquemment on a mentionné un
certain pourcentage tantôt pour qu'il y ait la possibilité
qu'en vertu de cette loi-là une réglementation un peu plus
générale soit établie avec la profession?
M. BOSSE: Tout dépend, M. le Président, de la demande qui
est faite par les assistés sociaux ou par les gens qui viennent nous
consulter et nous disent: Nous reconnaissons la valeur de vos soins; nous
voudrions bien que l'enfant en bénéficie. Malheureusement, c'est
trop dispendieux.
Personnellement, je peux vous dire que, sauf peut-être deux ou
trois cas, à ma connaissance, je n'en ai pas eu d'autres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ma question est peut-être
indiscrète. Si on calcule la durée du traitement,
évidemment, si on figure ça en dollars, ça doit
représenter un montant assez élevé comme moyenne de
coût. Sans dévoiler aucun renseignement d'ordre professionnel
vous n'êtes pas ici devant l'inspecteur d'impôts
pourriez-vous nous indiquer une échelle de coûts moyens de
traitements?
M. BOSSE: II n'y a pas d'échelle de coûts; il suffit de
voir le problème. Chaque cas est jugé selon sa valeur. La
réponse que je peux vous donner, c'est celle que je fais à mes
patients: Selon le problème de l'enfant, ça peut coûter de
$5 à $1,500.
M. CASTONGUAY: Pourrais-je ajouter, M. le Président, un bref
commentaire? On a mentionné, plus tôt aujourd'hui, qu'en Ontario,
par exemple, chez les assistés sociaux, seulement 33 p. c. des enfants
admissibles ont reçu des soins dentaires. Cela indique qu'il y a un
problème d'éducation ou de prise de conscience de l'importance
d'une bonne hygiène dentaire.
A plus forte raison, en ce qui a trait à l'orthodontie, il peut y
avoir un certain nombre de cas, aussi bien chez les gens à plus faible
revenu, ou les assistés sociaux, que chez les gens plus fortunés
qui ont ces problèmes, parce qu'on a bien insisté sur le fait que
c'était, soit une question d'hérédité, soit que
cela n'a pas de relation, de toute façon avec le genre ou le niveau de
vie. Mais encore là, cette demande ne se manifeste pas tellement
présentement, à ma connaissance. Peut-être que le
président ou le représentant de l'association pourrait nous dire
si c'est exact ou si cela semble être exact.
En d'autres termes, à mon avis, il faut que la demande se
manifeste aussi.
M. BOSSE: M. le Président, je peux vous répondre
là-dessus que la demande, à ma connaissance, selon les
études faites par le comité que je dirige, est
négligeable. En d'autres mots, cela ne représente peut-être
pas 20 patients, jusqu'à maintenant, qui ont fait la demande de soins
d'orthodontie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Bossé, étant donné le
pourcentage estimé de personnes, d'enfants qui auraient besoin de soins
de spécialistes de votre discipline, est-ce que vous avez entrepris des
recherches ou fait des campa-
gnes d'éducation auprès de vos collègues dentistes
afin de les inciter à vous indiquer quelle pourrait être l'ampleur
de ce problème de malformation, de malocclusion, etc?
M. BOSSE: M. le Président, on pourrait facilement répondre
à ceci par une étude épidémiologique dans la
province de Québec. Malheureusement, cette étude est en cours
actuellement. Il sera probablement possible d'avoir les renseignements lorsque
les calculatrices électroniques auront fait la compilation.
Présentement, nous ne pouvons pas, si vous voulez, vous donner de
chiffres. Mais tout simplement, nous nous basons sur les chiffres donnés
par l'Association dentaire canadienne. Une étude a été
faite près de la ville de Toronto, à Burlington. Cette
étude-là est en cours depuis déjà 20 ans et
à chaque année, nous recevons le rapport de cette étude.
Les statistiques compilées jusqu'à maintenant ont permis
d'arriver justement à un index de malocclusions, si vous voulez,
choisies selon la gravité. C'est cette étude
épidémiologique qui a permis d'arriver à cette conclusion.
Malheureusement, dans la province de Québec, il n'y a pas
d'étude, à ma connaissance, autre que celle qui est
présentement entreprise par le centre de croissance de la faculté
de chirurgie dentaire de l'Université de Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voyez-vous, M. Bossé, si je vous pose
cette question c'est qu'en regard des problèmes de la santé, de
l'hygiène dentaire, etc, si telle étude vous révèle
et révèle au ministre de la Santé qu'il y a des
problèmes tels dans le Québec, cela permettra évidemment
au gouvernement d'envisager des mesures utiles dans les circonstances et vous
permettra également à vous, les orthodontistes, d'élargir
les cadres de votre profession et en même temps, évidemment, votre
clientèle et de rendre service aux citoyens qui seraient atteints de ce
que vous appelez les malocclusions handicapantes.
M. BOSSE: Pour ce qui est des malocclusions handicapantes, je reconnais
que, sûrement, ce serait très souhaitable. Il faut tout de
même savoir ou essayer de trouver où est la limite, si vous
voulez, entre ce qui est la malocclusion handicapante et tout simplement ce qui
relèverait purement de l'esthétique, au même titre, disons,
que la chirurgie plastique.
M. LAURIN: M. le Président, si j'en crois votre mémoire,
à la page 13, vous ne pouvez pas donner une réponse de ce
genre-là, parce que vous parlez d'une impossibilité
d'établir une démarcation nette entre les facteurs purement
esthétiques et la valeur fonctionnelle des soins d'orthodontie. Ce qui
veut dire que si, par règlement, on excluait les soins purement
esthétiques pour ne garder que les soins fonctionnels, l'orthodontiste
serait dans une grande difficulté, lui-même, pour établir
ce jugement. Alors, comment pourrait-on inclure cela comme barème de
discrimination?
M. BOSSE: Je vous remercie de cette question. Cette question est
très délicate. Tout simplement, même dans le cas d'un
enfant souffrant de malocclusion handicapante, il y a un facteur
esthétique qui entre en ligne de compte. Ce qui veut dire que lorsque
l'enfant recevra le traitement, les corrections seront amenées
jusqu'à un certain degré où la partie handicapante sera
enlevée.
Par contre, l'orthodontiste ne peut pas s'arrêter à ce
moment-là car il causerait des torts immenses à la figure de
l'enfant. Il faut continuer le traitement jusqu'au bout et finir
évidemment par une esthétique normale de la face et des
mâchoires. C'est un problème qui peut être
étudié sérieusement. C'est pour cela d'ailleurs que ceux
qui se sont occupés de la santé publique en orthodontie ont
toujours eu comme critère cette sélection, cet index prioritaire
de malocclusion. Commençons par ceux-là et, évidemment, au
cours des années on trouvera un point, ou une entente, où on
pourrait déterminer exactement à quel point finit le handicap et
où commence l'esthétique.
Présentement, je peux vous dire que c'est très difficile.
Personnellement, je ne crois pas pouvoir l'établir.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, j'aimerais poser une brève
question à M. Bossé. Etant donné que l'orthodontie est une
science déjà connue depuis plusieurs années, pourriez-vous
nous donner les principales raisons qui expliquent le nombre restreint
d'orthodontistes? A la page 10 de votre mémoire, vous dites qu'il y en a
cinquante dans la province. Alors, quelles sont les principales raisons pour
lesquelles il n'y a pas un plus grand nombre d'orthodontistes dans la
province?
M. BOSSE: Pour répondre à cette question,
Il faut se reporter un peu à l'histoire de l'orthodontie depuis
les soixante-dix dernières années. C'est que, pour être
orthodontiste, il faut être dentiste nécessairement; il faut
être détenteur d'une licence d'orthodontie, d'un droit de
pratique. Il faut, de plus, retourner à l'université pour une
période de deux ans et plus pour pouvoir se qualifier orthodontiste.
L'orthodontie est la spécialité la plus
considérable de la chirurgie dentaire en Amérique du Nord. Il y a
6,000 orthodontistes en Amérique du Nord. Chaque année, nous
drainons, à même les diplômés de dentisterie, ceux
qui graduent des facultés de chirurgie dentaire, 10 p. c. des effectifs.
Evidemment, à toutes les conférences
qui se font en éducation sur l'orthodontie, nous faisons toujours
des pressions pour en obtenir un plus grand nombre, mais il faut tout de
même penser que la population a aussi besoin de dentistes. Et si nous
drainons de notre côté trop d'orthodontistes, nous faisons
souffrir, par contre, la population en la privant de dentistes dont, à
mon avis, les soins sont beaucoup plus nécessaires. Il y a aussi
d'autres spécialités qui drainent les nouveaux
diplômés en dentisterie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rivière-du-Loup.
M. LAFRANCE: Est-ce que l'Association des orthodontistes de la province
de Québec est une unité de négociation complètement
distincte de l'Association professionnelle des chirurgiens dentistes de la
province? Pour donner une meilleure intelligence de la question, je vais vous
la poser d'une autre façon. En ce qui concerne, par exemple, les
appareils de maintien qui peuvent être fabriqués par les
chirurgiens dentistes dans leur propre bureau, ils peuvent aussi être
faits à l'occasion par les orthodontistes eux-mêmes. Est-ce que
c'est l'Association des orthodontistes qui négocie à l'heure
actuelle dans l'entente, c'est-à-dire pour les enfants de zéro
à sept ans, ou si c'est l'Association professionnelle des chirurgiens
dentistes qui négocie en votre nom?
M. BOSSE: Pour répondre à cette question, tous les
orthodontistes de la province de Québec ne sont pas membres de
l'Association des chirurgiens dentistes du Québec. Nous sommes une
association qui existe depuis vingt ans et nous affirmons que nous avons la
compétence pour juger de nos problèmes et régler nos
différends avec les organismes qui en feront la demande. A ma
connaissance, il n'y a aucune négociation qui s'est faite jusqu'à
présent en ce qui a trait aux soins d'orthodontie.
M. LAFRANCE: Question au ministre, M. le Président. Est-ce que,
dans l'entente, on prévoit justement défrayer le coût de
ces appareils par le bill 69?
M. CASTONGUAY: Nous ne l'avons pas encore déterminé de
façon précise, c'est justement une des raisons des séances
de cette commission, le contenu de la loi. C'est pourquoi l'article 12
prévoit aussi une certaine souplesse de ce côté-là
pour pouvoir, soit ajouter ou déduire à une couverture qu'on
aurait pu imaginer au préalable.
M. BOSSE M. le Président, permettez-moi de jeter un peu plus de
lumière sur la question. Vous vous référez à ce
qu'on appelle un appareil de maintien, ça ne veut pas dire grand-chose.
Un appareil de maintien, c'est tout simplement l'appareil que l'orthodontiste
emploie lorsqu'il a terminé son traitement.
M. LAFRANCE : Ou, par exemple, un appareil de maintien pour les dents
temporaires. Cela peut être fait à l'occasion par un...
M. BOSSE: Là, vous tombez dans le domaine de la
prévention.
M. LAFRANCE: Oui.
M. BOSSE: Oui, d'accord. A ce moment-là, c'est un domaine qui est
partagé à 80 p. c. par le dentiste et peut-être à 20
p. c. par l'orthodontiste. En d'autres mots, la prévention est du
domaine du dentiste, quoiqu'à certaines occasions s'il est appelé
par le dentiste à faire ce travail-là, je ne crois pas que
l'orthodontiste refuse.
M. LAFRANCE: Les éclaircissements que vous venez d'apporter vont
probablement aider à éclairer les officiers du ministère
qui préparent la législation à ce sujet-là.
M. BOSSE: Cela me fait plaisir.
M. LE PRESIDENT: Si les membres de la commission sont satisfaits de
l'exposé de M. Bossé et de ses réponses, nous pourrions,
avec le consentement des membres, entendre les membres du Montreal Dental
Club.
Je remercie M. Bossé. J'inviterais le représentant du
Montreal Dental Club à se présenter à la barre.
M. BOSSE: Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Si vous voulez vous présenter, monsieur.
Montreal Dental Club
M. DUFORT: M. le Président, mon nom est Guy Dufort, je suis
avocat et je représente le Montreal Dental Club. A ma droite, le Dr
Eugène Dorion, président actuel du Montreal Dental Club, et,
à ma gauche, le Dr George Dundass, président sortant.
Evidemment, je ne tiens pas à répéter ici toutes
les savantes communications qu'ont faites ceux qui m'ont
précédé. Tout ce que je tiens à souligner ici,
c'est que le point principal sur lequel nous différons avec les autres
groupes n'est pas une question de fond, c'est surtout une question de
méthode. Ce que nous préconisons surtout, c'est qu'étant
donné le fait que nous nous trouvons en présence de limitations,
tant au point de vue financier qu'au point de vue personnel, il s'agit aussi
pour nous, en présence de priorités qui ne sont pas uniquement
des priorités d'hygiène dentaire, mais des priorités de
santé générale pour la population
du Québec, d'utiliser les moyens que nous avons, au maximum de
leur capacité.
Nous remarquons ceci est basé sur deux prémisses
que nous considérons essentielles pour atteindre notre but, qui est
d'atteindre un élément de santé dentaire et d'obtenir un
état d'hygiène dentaire pour la population que la loi
actuelle, par sa nature même, se limite à assurer certains
services, certains soins dentaires. Nous considérons évidemment
comme plusieurs autres personnes l'ont aussi mentionné auparavant
que ceci n'est qu'un aspect du problème, qu'un aspect de la
solution. Nous irons peut-être un peu plus loin, et nous
considérons cela comme une priorité secondaire, une
priorité qui n'est qu'accessoire, dans les circonstances, lorsque toutes
les autres mesures n'ont pas pu atteindre leur résultat.
Donc, les prémisses sur lesquelles nous basons notre approche
c'est évidemment l'approche du Montreal Dental Club et de ses
membres c'est que la santé dentaire s'établit durant les
premières années de la vie. C'est l'époque critique qu'il
faut attaquer avant d'assurer des soins. Je parle d'une priorité non pas
dans un ordre chronologique, mais dans un ordre d'importance. Enfin il y a
aussi le fait que, lorsqu'une personne a atteint l'âge de 18 ans avec un
état de santé dentaire satisfaisant et lorsqu'elle connaît
les méthodes pour maintenir ou conserver cet état
d'hygiène dentaire, il y a de fortes chances qu'elle n'ait pas besoin de
recourir constamment aux soins dentaires.
Lorsque l'on recourt aux soins dentaires, ceci ne veut certes pas dire
qu'une fois que l'on a atteint un état d'hygiène satisfaisant on
sera capable de le conserver indéfiniment. La responsabilité du
patient ou de l'individu est importante à ce stade-ci surtout en
hygiène dentaire.
Pour atteindre l'objectif général de santé à
18 ans, pour chaque individu dans la province de Québec, une dentition
intacte ou au moins dans un état satisfaisant et une connaissance des
raisons de conserver cet état, les moyens que nous préconisons et
que nous voulons surtout souligner aujourd'hui, ce sont les mesures
d'éducation. Je tiens à me référer ici à une
table, à la fin de notre mémoire, l'appendice A, à la page
1, le tableau numéro 2: D'après les chirurgiens dentistes, une
très forte proportion vous pouvez examiner ce tableau
considère qu'il est d'une très grande urgence de promouvoir une
certaine éducation puisqu'on pense que les gens ne connaissent pas assez
l'importance de la santé dentaire, ni les méthodes, ni les moyens
de conserver cet état de santé.
Si on peut régler cela à la base même, on peut
facilement considérer que les soins eux-mêmes vont être
d'une importance secondaire à long terme. Ceci date évidemment de
1954, je crois, mais par contre, certaines affirmations qui ont
été faites aujourd'hui confirment cet état de choses. L'on
dit que certains pourraient avoir accès, en théorie, à
certains soins; pat exemple, en Ontario, on a seulement une proportion de 33
1/3 p. c. qui y recourt en fait. II y a une très grande éducation
à faire dans le public pour qu'il obtienne, qu'il requière ces
soins d'éducation. Ce n'est pas simplement en étendant les
services assurés à ces soins dentaires qu'on va résoudre
le problème de base, qui est un problème d'éducation.
Pour ces mesures d'éducaiton, je tiens à vous renvoyer au
rapport Brakeley & Roberts, qui a été fait à la
demande du Collège des chirurgiens dentistes de la province de
Québec. Celui-ci date de 1954, mais je crois bien que,
substantiellement, les conclusions auxquelles les commissaires ont pu en venir
sont toujours actuelles.
Ce que nous considérons comme prioritaire, c'est que tous les
individus puissent avoir l'occasion, autant pratique que théorique,
d'acquérir une certaine éducation dans les mesures de
contrôle et de conservation de l'hygiène dentaire. L'enseignement
je ne crois pas que ceci pourrait coûter tellement cher
étant donné que nous avons déjà des structures
d'éducation aux niveaux élémentaire, secondaire, etc.
ne couvrirait évidemment que les enfants. En ce qui concerne les
parents, on peut facilement étendre cela, par exemple, aux milieux
hospitaliers, au début. Lorsque les mères accouchent de leur
enfant, c'est l'endroit idéal pour les rejoindre car elles sont
très réceptives à ce moment-là à
l'importance de la santé de leur enfant.
Ce que nous considérons aussi comme autre moyen, ce sont les
media d'information pour renseigner le public en général. On a
souvent attaqué les media d'information ou les media de publicité
parce qu'on dit qu'on atteint, par ces media, d'autes résultats,
c'est-à-dire laver le cerveau et créer une demande. Ceci a
été dit maintes fois, ce n'est pas à moi de mentionner
dans quel contexte ceci a été dit mais, par contre, pourquoi ne
pourrions-nous pas établir certaines mesures dans ce domaine et
l'utiliser à bonne fin?
Comme autre mesure, évidemment, il y a aussi la question de
l'utilisation des méthodes audio-visuelles. A la
télévision, si c'est nécessaire, à l'occasion de
certaines émissions d'enfants qui sont très suivies actuellement,
il serait facile de faire l'éducation des enfants.
On pourrait leur montrer comment se brosser les dents, leur dire quelle
sorte de régime suivre et quoi éviter. Evidemment, il y a une
grosse responsabilité des parents à ce niveau pour que les
enfants sachent exactement quoi faire. Si cela est échelonné sur
une période assez longue, au moins jusqu'à la fin de
l'élémentaire, une grande part de l'éducation sera
faite.
La prévention d'ordre général. On a discuté
de la fluoration ce matin. Nous ne tenons pas à revenir
là-dessus, mais nous considérons que la fluoration, comme toutes
les autres personne l'ont dit avant, est une mesure de premier
ordre. Toutes ces méthodes peuvent être instaurées
immédiatement. La plupart de ces choses-là n'ont pas besoin
d'être négociées avec personne. Les autres moyens, ce
serait, disons, d'assurer l'enseignement des méthodes de conservation,
de couvrir aussi, dans les plus brefs délais, les soins dentaires aux
enfants des assistés sociaux. Cela, nous le préconisons
jusqu'à 17 ans inclusivement.
Substantiellement, nous sommes d'accord sur ce point avec tout ce que
les autres personnes ont dit jusqu'à présent, surtout avec le
Collège des chirurgiens dentistes. Une fois que les personnes de 17 ans
accomplis, auront un certain état de santé, nous
considérons qu'à long terme une grande partie des soins dentaires
qui auraient été autrement requis va être
évitée. Pour ce qui concerne le rôle de la profession, nous
envisageons cela est déjà commencé de faire
certains cours de recyclage périodique des professionnels, le tout
centré sur l'objectif à long terme qui est, disons,
l'éducation des patients au moins jusqu'à 18 ans. Nous
préconisons aussi l'utilisation de méthodes différentes de
celles qui ont été utilisées jusqu'ici, méthodes
qu'on peut juger plus efficaces. En cela, je crois que le ministère de
l'Education pourra coopérer dans une grande mesure avec le
Collège des chirurgiens dentistes et avec les dentistes eux-mêmes
au niveau individuel.
Evidemment cela a été dit ce matin au niveau
individuel, au niveau du cabinet privé, le dentiste ne peut
éduquer que ceux qui viennent. Si les jeunes ne sont pas à la
base sensibilisés au besoin des soins dentaires et ne vont pas dans les
cabinets privés, une grande partie de l'éducation se perd ou ne
pourra pas être faite.
Au sujet de l'efficacité cela a déjà
été dit cet après-midi nous préconisons
l'utilisation accrue des auxiliaires. Le Collège des chirurgiens
dentistes pourrait facilement établir un programme d'entraînement
qui pourrait répondre aux besoins actuels des dentistes dans la province
de Québec. Cela pourrait facilement augmenter, comme l'a dit le Dr
Labelle précédemment, jusqu'à 20 p. c, peut-être
jusqu'à 30 p. c. l'efficacité des dentistes actuellement.
Nous ne croyons pas qu'à sa base même le problème de
la main-d'oeuvre soit un problème réel actuellement. Dans la
région de Montréal, parce que nous représentons surtout
les gens de Montréal, nous pourrons facilement rendre les services qui
sont demandés. A long terme, le problème fondamental, c'est que
les gens ne font pas la demande de ces soins-là, surtout par un manque
d'éducation ou par un manque, disons, de compréhension des
problèmes et de l'importance des soins dentaires.
Autre chose aussi que nous considérons comme importante à
ce stade-ci, c'est qu'il serait assez urgent de faire un inventaire complet de
la profession, de ceux surtout qui pratiquent et l'étude aussi de la
distribution urbaine et rurale. Comme moyen, disons, tem- poraire, on a
cherché des solutions visant à étendre les soins dentaires
aux régions rurales qui en manquent présentement. Nous ne croyons
pas qu'on peut résoudre ça à court terme, malheureusement.
Comme solution tampon, ce qu'on pourrait facilement établir cela
probablement en trois ou quatre mois ce sont des unités mobiles,
subventionnées, soit par le gouvernement, soit, à la fois, par le
Collège des dentistes et par le gouvernement qui iraient
périodiquement, c'est-à-dire tous les deux ou trois mois, dans
les régions qui en ont le plus besoin.
Mais évidemment, ceci ne voudra pas dire que, du simple fait
qu'il y ait des besoins d'hygiène dentaire dans certaines
régions, ces gens-là vont aller à ces cliniques.
Evidemment, il faudrait s'arranger pour avoir la collaboration des autres
professionnels de la santé, notamment les médecins de pratique
privée et les spécialistes qui oeuvrent dans ces
régions-là pour envoyer les patients aux cliniques. Ceci n'est
qu'une solution à court terme puisque l'élément
d'éducation personnelle va manquer grandement à ce
moment-là et la relation entre le patient et le dentiste ou le
professionnel va manquer à ce stade-ci, mais tout de même, c'est
une solution à court terme qui devrait être envisagée.
En ce qui concerne la planification en regard des priorités que
nous soumettons par ordre d'importance, dont la prévention,
l'éducation et ensuite le recours aux soins de correction ou aux soins
dentaires, la planification aurait lieu quant à l'évaluation de
la demande future, surtout en regard de l'extension des services, à une
plus grande gamme de services ou à une plus grande partie de la
population. Il faudrait au moins donner une impulsion à la recherche en
art dentaire, à l'heure actuelle, pour résoudre les
problèmes: premièrement, les problèmes de masse, ensuite
les problèmes individuels; deuxièmement, les problèmes
d'hygiène publique surtout en ce qui concerne l'utilisation des
méthodes modernes, soit les méthodes d'information et les
méthodes de communication ou même les méthodes
d'hygiène autres, évidemment, que la fluoration que nous
préconisons à la base même; l'entraînement des
auxiliaires et l'utilisation des ressources de main-d'oeuvre à long
terme, soit utiliser certains encouragements à l'établissement en
d'autres milieux, soit par des encouragements d'ordre fiscal ou des
encouragements au salaire minimum tel que préconisé
auparavant.
En conclusion, il y a un point sur lequel nous tenons à faire une
mise au point actuellement. C'est que si, à la base même, la seule
priorité qu'on veuille établir, c'est la priorité
d'accessibilité des soins, je crois qu'à long terme, nous
n'atteindrons pas l'objectif qui est la santé ou l'hygiène
dentaire pour tout le monde, surtout si on considère actuellement les
priorités en chirurgie buccale dont une grande partie est actuellement
assumée par l'extraction
des dents. Evidemment, il faudrait prévoir, à ce
moment-là, un contrôle beaucoup plus rigide de l'utilisation de ce
service ou au moins la possibilité de remplacer les dents, ce qui est un
problème assez grave qui s'est manifesté en Ontario.
Là-dessus, je vous réfère à l'appendice FF
où, après une période de quelques mois d'application de
l'assurance-santé en Ontario, on voit très bien qu'en ce qui
concerne l'extraction des dents, la plus grande partie est assumée par
l'extraction des dents, et les autres soins dentaires sont très
limités. Il faut évidemment prévoir le remplacement de ces
dents à court ou à long terme. Je ne vois pas qu'en mettant
l'accent sur cette priorité, on puisse, à long terme, arriver
à un état de santé ou d'hygiène dentaire
satisfaisant pour toute la population.
Ce qui apparaît, au premier abord, c'est que cette priorité
nous a été imposée par le gouvernement
fédéral. Je ne vois pourquoi on devrait se laisser imposer une
telle priorité qui a causé et qui cause actuellement dans les
autres provinces qui l'ont déjà adoptée de réels
problèmes. Ce que nous proposons, au sujet de la priorité
actuelle en chirurgie buccale, c'est qu'à tout le moins, on la
contrôle d'une façon très rigide et que ceci ne soit jamais
utilisé pour des choses qui peuvent être traitées ou
résolues. Evidemment, je me mets dans la peau du patient qui a le choix
entre se faire enlever la dent pour rien en milieu hospitalier ou être
obligé de payer de sa poche certains traitements qui peuvent à
long terme lui coûter relativement cher.
Par contre, nous croyons que l'extraction des dents n'est qu'une mesure
très temporaire et qu'à long terme le remplacement, soit
immédiat, soit périodique puisque les dents que nous
remplaçons, il faut nécessairement les vérifier et les
remplacer aussi à long terme, ce ne sont pas des choses qui durent
éternellement coûtera, à long terme, beaucoup plus
cher que simplement les mesures de prévention et surtout
d'éducation que nous préconisons.
Ce sont substantiellement les points... Evidemment, nous abondons
nettement dans le sens des autres personnes et organismes qui nous ont
précédés. Nous sommes prêts à répondre
aux questions, autant le Dr Dorion que le Dr Dundass, dans le sens où
vous voudrez bien orienter vos questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aurais quelques observations à faire.
D'abord le mémoire du Club dentaire de Montréal The
Montreal Dental Club, en anglais reprend ce que nous avons
déjà entendu ce matin. Vous avez établi certaines
priorités, à savoir la prévention. Nous y avons
insisté beaucoup et tous les mémoires insistent là-dessus.
Je ne veux pas y revenir. Vous nous donnez des tableaux statistiques qui sont
fort intéressants à consulter. Toutefois il y a certaines
recommandations ou suggestions je ne sais pas comment les appeler
qui m'ont frappé, je voudrais que vous m'expliquiez ce que
apparaît à la page 14 de votre mémoire.
Vous dites au dernier paragraphe: "En conséquence, nous croyons
qu'au stade présent, aucun service ne devrait être assumé
par la régie pour l'extraction de dents qui peuvent ou auraient pu
être préservées. Nous ne devons pas offrir de payer
à ce stade-ci pour le résultat de la négligence d'un
individu ou de toute autre source." C'est à mon avis un argument a
priori. Il est bien entendu que, par la prévention, on peut
prévoir des cas comme ceux-là et empêcher que des gens
soient obligés de subir des extractions de dents. Mais il nous faut
quand même nous placer devant des situations de fait. Un très
grand nombre de gens, particulièrement dans les classes
défavorisées et qui n'ont pas pratiqué cette
hygiène dentaire, sont obligés d'avoir, un jour ou l'autre,
recours aux services d'un dentiste et de subir une extraction parce qu'il n'y a
pas d'autres moyens de les traiter. Quel est le sens de cette suggestion que
vous faites ici?
M. DUFORT: C'est dans le cadre d'une approche intégrée au
problème et non pas limitée à l'assurance de soins
dentaires. Ce que nous préconisons par cette déclaration, c'est
simplement que le soin d'extraction ne devrait pas être, à ce
stade-ci, une priorité ou la seule priorité, telle qu'elle semble
être le cas.
M. CASTONGUAY: M. le Président, est-ce que je pourrais faire
juste une remarque? Il faut bien se souvenir que dans nos lois, il y a
généralement un principe, il n'y en a pas 18, il y en a un. Nous
avons présentement et je l'ai dit ce matin un programme en
vertu duquel nous donnons des subventions en ce qui a trait à la
fluoration. Nous avons aussi des unités sanitaires dans lesquelles on
retrouve des dentistes qui font de l'éducation sanitaire, qui visitent
les écoles. Nous avons aussi, à l'intérieur des
hôpitaux, des sommes qui ont été investies pour de
l'équipement et il se donne des traitements également d'une
nature un peu plus spécialisée. Je pourrais continuer sur les
dépenses qui se font, dépenses de diverse nature.
On a parlé ce matin du fait que nous étions en voie
d'établir une nouvelle faculté d'art dentaire à
l'université Laval. Il ne faut pas conclure, parce que ce projet de loi
ne traite que d'une question, celui de la couverture des soins dentaires, que
c'est la priorité. Au contraire, si on regarde attentivement le projet
de loi, nous constatons d'abord que nous voulons limiter la couverture à
une catégorie de population.
Deuxièmement, il y a un autre article qui dit clairement que la
gamme des soins couverts pour cette catégorie de population peut
être plus ou moins grande. Je pense que, comme base de discussion, cette
clarification que j'apporte s'impose.
M. DUFORT: Sur les déclarations que vous venez de faire disons
que... Evidemment, nous
ne sommes que devant un régime d'assurance en
français on dit assurance-maladie. C'est un terme que nous n'aimons pas
tellement; il faudrait plutôt assurer la santé.
De toute façon, nous sommes devant un plan qui a pour but de
couvrir les coûts des services.
M. CASTONGUAY: Je vous ferai remarquer que le nom a été
choisi par l'Assemblée nationale. Ce n'est pas une question de caprice.
Je pense que l'ensemble des députés a jugé que les mots
"assurance-maladie" étaient satisfaisants.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): On s'assure contre quelque chose. On est
assuré contre le risque de maladie. Aux termes de la langue
française, c'est très exact. On ne s'assure pas contre la
santé.
M. DUFORT: On peut s'assurer pour obtenir la santé.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais on ne s'assure pas pour, on s'assure
toujours contre un risque. Aux termes des lois de l'assurance, on s'assure
contre quelque chose.
M. DUFORT: Permettez-moi de commenter les déclarations de M.
Castonguay. A ce sujet-là, et surtout nous, les membres du Montreal
Dental Club, ce que l'on voudrait, ce serait de savoir quelle est la direction
que le ministère des Affaires sociales veut prendre et quel est
l'objectif final qu'il veut atteindre. Si on peut obtenir un objectif
très défini, je crois bien que toutes les ressources que nous
avons actuellement pourraient se centraliser vers cet objectif-là. Quant
aux mesures qui sont actuellement prises, nous suggérons qu'il y ait
aussi d'autres méthodes que l'on pourrait prendre et qui ne
coûteraient pas tellement plus cher que celles qui sont actuellement
utilisées et qui pourraient peut-être être plus efficaces
à long terme que les mesures qui sont prises actuellement. C'est
simplement le point sur lequel...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour en revenir au projet de loi 69, vous nous
avez expliqué une série d'observations que tout le monde endosse.
Le ministre a donné les précisions en ce qui concerne les
priorités, etc. Nous avons quand même devant nous un projet de loi
qui est le projet de loi 69. Je vous ai posé une question demandant
pourquoi, à la page 14, vous demandez que soient exclus certains
services pour des personnes qui auraient à subir des extractions
dentaires pour cause de négligence d'un individu ou de toute autre
source. Je vous ai dit qu'il fallait se mettre devant un fait accompli. Si les
gens ont besoin de services, il faut quand même les leur assurer, s'ils
n'ont pas le moyen de les payer, il faut les aider à les payer. Et vous
dites, plus loin, à la page 16: "A moins que le Collège des
chirurgiens dentistes n'ait établi les règlements et les
contrôles". Je vous dirai, après avoir entendu M. Dufort et le Dr
Le Blanc, ce matin, que le collège des chirurgiens a pris toute
précaution afin que les normes d'éthique soient observées
dans ces cas-là. Vos tableaux sont des indications sur ce que l'on
pourrait faire et sur les problèmes qu'il faudrait examiner
peut-être de façon plus précise. En ce qui a trait à
la loi 69 précisément, quelles sont les suggestions que vous avez
à faire, les recommandations précises que vous voulez faire
à la commission? Parce que nous, nous avons à discuter d'un
projet de loi qui va revenir devant la Chambre et c'est à la
lumière de vos suggestions que les fonctionnaires du ministère
avec le ministre vont nous présenter un projet de loi définitif.
Est-ce que vous avez des recommandations précises à faire?
M. DUFORT: Nous ne sommes pas les seuls à avoir fait des
recommandations qui débordaient un peu des cadres du bill 69. Tout ce
que nous voulons, c'est d'avoir au moins la direction du ministère pour
savoir exactement quelle est l'approche intégrée qu'il entend
suivre à long terme pour obtenir un état d'hygiène
dentaire satisfaisant.
Nous soumettons humblement que, si nous pouvons obtenir sept objectifs
à long terme du ministère, compte tenu évidemment des six
nécessités à court terme telles que des extractions
obligatoires étant donné que ces dents-là ne
peuvent être sauvées d'aucune autre façon compte
tenu des priorités à très court terme, si on peut obtenir
une déclaration du principe quant à la direction à long
terme, cela pourrait grandement aider toutes les personnes concernées
pour atteindre le but.
Je ne crois pas qu'étudier le bill 69 simplement dans le cadre
des services assurés serait satisfaisant pour nous si on fait
abstraction de toutes les autres mesures que l'on donne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne pense pas que ce soit l'intention du
gouvernement ou des membres de la commission de travailler à la
pièce et de ne pas considérer l'intégration de tous les
aspects que vous avez évoqués. Je veux savoir du Club dentaire de
Montreal, "The Montreal Dental Club", si vous êtes d'accord que le
gouvernement assure aux assistés sociaux les services essentiels dont
ils ont besoin, indépendamment des cas de négligence que vous
avez évoqués.
M. DUFORT: C'est ce que nous soumettons dans nos priorités. Nous
sommes d'accord avec le fait que tous ces services devraient être rendus
jusqu'à l'âge de 17 ans, étant donné les limites
actuelles au point de vue financier. Nous soumettons que, si nous limitons cela
à 7 ans, nous n'aurons pas la chance de vérifier jusqu'à
l'âge de 18 ans l'hygiène dentaire des personnes
auxquelles nous aurons rendu ces services. Le problème m'a
été rapporté par le Dr Dorion qui a travaillé
à la Clinique de McGill et il peut être vérifié dans
les dossiers de l'université. On voit des gens qui ont été
traités jusqu'à 6 ou 7 ans, mais, lorsqu'ils reviennent deux ans
plus tard, tout le travail est à recommencer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi : Tout cela a été dit ce matin, M.
Dufort.
M. DUFORT: C'est pour cela que je ne l'ai pas
répété. D'ailleurs, c'est seulement à la suite de
votre question que j'ai dû le faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous en avons pris note. Je suis heureux que
vous me disiez que vous approuvez le principe du projet de loi 69 en ce qui
concerne les assistés sociaux qui ont besoin de soins dentaires.
M. DUFORT: Absolument et cela est dans notre mémoire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rivière-du-Loup.
M. LAFRANCE: M. le Président, je voudrais demander au
représentant du Montreal Dental Club combien il y a de membres inscrits
au club»
M. DUFORT: Nous représentons actuellement 265 membres de la
région de Montréal.
M. LAFRANCE: Est-ce que ces membres font partie de l'Association
professionnelle des chirurgiens dentistes?
M. DUFORT: Environ une dizaine en font partie également.
M. LAFRANCE: Je remarque, à l'appendice A, page 1, 61-66, que
vous semblez attacher une grande importance à la question linguistique.
J'espère que ce n'est pas là l'idée du Montreal Dental
Club.
M. DUFORT: Je tiens à faire remarquer que cela est extrait du
rapport Brakeley and Roberts qui a été demandé par le
Collège des dentistes en 1954 sur l'appréciation des facteurs
affectant l'hygiène dentaire dans la province de Québec. Ce n'est
qu'un exemple que nous avons soumis, tout simplement.
M. LAFRANCE: Quel est le but du Montreal Dental Club? Est-ce que le
Montreal Dental Club existe en vertu de négociations futures? Quel est
le rôle du club?
M. DUFORT: Le Montreal Dental Club a été fondé en
1897. Le but principal était, au début, de se rencontrer
régulièrement afin de discuter de tous les aspects de la
profession par la discussion en groupe et par l'étude, si vous voulez.
Les membres avaient l'occasion de partager leurs différents
problèmes professionnels, de planifier et de l'entraider. Actuellement,
les activités du Montreal Dental Club s'étendent beaucoup plus
loin. Annuellement, nous faisons ce qu'on appelle la clinique d'automne.
L'automne dernier, nous avons eu 1,600 délégués qui
venaient de toutes les parties du Canada et aussi des Etats-Unis. Ils ont eu
l'occasion de discuter, avec des experts dans le domaine dentaire, de tous les
problèmes de la chirurgie dentaire, des développements futurs,
des moyens de prévention, des moyens d'éducation et,
évidemment, de correction et de soins dentaires.
M. LAFRANCE: La majorité des membres qui font partie du Montreal
Dental Club sont anglophones? Dans quelle proportion?
M. DUFORT: 80 p. c. sont anglophones actuellement et 20 p. c. de langue
française.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais poser la
question suivante. L'opinant vient de nous donner le nombre de membres: 265. Il
vient de nous parler des activités du club dentaire. Est-ce que
j'interprète mal le témoignage qui vient d'être
donné et dans le mémoire et dans les explications qu'on vient de
nous fournir? Ce matin, le Collège des dentistes et, cet
après-midi, l'Association des dentistes ont fait des
représentations devant la commission. A aucun moment on n'a mis en doute
la législation actuelle et les soins dispensés en vertu du
régime de l'assurance-maladie.
Votre groupe est composé de dentistes qui font partie des
associations. Il y en a même qui sont gouverneurs du collège.
Est-ce que cela peut se produire ou est-ce que cela s'est produit de temps en
temps qu'il y ait eu des divergences d'opinions assez marquées entre une
association comme celle-là et l'ensemble de la profession des
dentistes?
M. DUFORT: Je crois bien que sur le fond il n'y a pas de problème
majeur. C'est surtout une question d'approche ou de méthodologie qui,
d'après moi, est assez mineure et peut être facilement
réconciliable avec les autres positions. Le seul point les autres
ne l'ont pas mentionné à ce moment-ci est que dans le
cadre actuel nous craignons que la priorité qui est actuellement
accordée aux extractions dentaires en milieu hospitalier puisse avoir
des effets nocifs à long terme, c'est-à-dire l'extraction de
certaines dents qui, à force de traitements assez dispendieux quand
même, auraient pu être sauvées. C'est simplement le point
sur lequel nous tenons à faire nos recommandations. Ceci n'est
qu'accessoire à la présentation du mémoire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas fait ressortir, évidemment,
les points de convergence avec le collège des dentistes ou
l'association. Vous vous entendez parfaitement sur l'importance de
l'éducation, de la prévention. D'ailleurs, vous l'avez
souligné abondamment dans votre mémoire et dans vos
interventions. Là-dessus, il n'y a aucun doute. Mais franchement, cela
m'a amené à vous poser cette question. Je retiens de votre
réponse qu'il n'y a pas de divergence d'opinions prononcée entre
votre association et le groupe professionnel plus large qui nous a fait des
représentations, c'est-à-dire le Collège et l'Association
des chirurgiens dentistes. Il n'y a donc pas de divergence d'opinions profonde
et vous concourez avec les opinions qu'ils ont émises devant la
commission depuis ce matin.
M. DUFORT: Sur le fond, entièrement.
M. LAURIN: M. le Président, vous avez dit tout à l'heure
que le gouvernement fédéral avait imposé une
priorité au gouvernement québécois en ce qui concerne
certains soins de chirurgie dentaire. Est-ce que vous pourriez donner des
détails là-dessus? Que voulez-vous dire au juste?
M. DUFORT: Ce sont surtout les extractions dentaires en milieu
hospitalier auxquelles je voulais me référer.
M. LAURIN: Mais en quoi le gouvernement fédéral a-t-il
imposé sa ligne de conduite là-dessus? De quelle
façon?
M. DUFORT: Si je me souviens bien, il y avait dans la législation
fédérale des dispositions qui étendaient la contribution
fédérale à ces soins.
M. LAURIN: Vous voulez dire que ce sont uniquement ces frais qui sont
partageables?
M. DUFORT: Je n'ai pas dit cela. J'ai dit qu'initialement, lorsque le
projet a été proposé par le fédéral, il
couvrait ceci. Les soins qui sont couverts ici comprennent en particulier les
extractions de dents en milieu hospitalier.
M. CASTONGUAY: M. le Président, il n'y a certainement pas
d'intention de couvrir les extractions régulières qui ne
présentent pas de problème majeur dans l'entente qui a
été signée avec l'Association des spécialistes en
chirurgie buccale, de même que dans l'entente qui est en voie de
négociation avec l'Association des chirurgiens dentistes. Il y a des
difficultés de définition des actes qui sont
précisément couverts dans ces deux ententes, mais ce n'est pas
l'intention de cette partie de la Loi de l'assurance-maladie.
J'aimerais aussi faire un commentaire à la suite de ce qui a
été dit. Il me semble que s'il se présente des
déplacements de soins ou des indications diverses de soins selon que
certains soins sont couverts ou non, il y aurait peut-être lieu pour le
collège d'être beaucoup plus vigilant vis-à-vis de ces
services qui sont donnés, vu qu'ils sont couverts, par rapport à
un autre choix de services qui pourraient être donnés s'ils
n'étaient pas couverts par la Loi de l'assurance-maladie. Si on en juge
par les dépositions qui sont faites, il pourrait en effet en
résulter certaines difficultés ou encore un certain tort pour les
personnes en cause.
M. LAURIN: Le ministre répond d'avance à la question que
je voulais lui poser: Ce ne sont pas uniquement les soins d'extraction qui
seront partie à une entente avec le gouvernement
fédéral?
M. CASTONGUAY: Pas du tout.
M. LE PRESIDENT: Si les membres de la commission sont satisfaits de
l'exposé de M. Dufort...
M. LAURIN: J'aurais une question à poser, M. le Président.
Dans votre exposé, vous avez parlé de prévention, mais
vous n'avez pas du tout parlé des organismes de prévention que
nous connaissons, tels que les unités sanitaires. Est-ce parce que vous
ignorez le travail que font les unités sanitaires ou si c'est parce que
vous n'en êtes pas satisfaits?
M. DUFORT: Disons que les unités sanitaires par elles-mêmes
ne peuvent pas tout couvrir, c'est un fait indéniable. Elles ont des
moyens limités. Je ne crois pas qu'on puisse vraiment étendre
leur application de façon générale à toute la
population. Ce que nous demandons par contre, c'est que, que ce soit par le jeu
ou avec l'aide des unités sanitaires ou des organismes d'hygiène
dentaire ou d'hygiène publique, on puisse établir par les media
d'information, par la publicité, une certaine information
générale pour le public. Nous préconisons en
deuxième lieu au niveau des hôpitaux, une certaine information,
une certaine éducation pour les personnes qui y sont déjà,
surtout les mères qui vont accoucher leur enfant à ces
endroits-là. Troisièmement, nous préconisons dans les
milieux scolaires, où nous avons déjà tout
l'équipement nécessaire, de dispenser l'information,
l'éducation et les méthodes de conservation, les méthodes
d'hygiène à employer. Je vois très bien, par exemple, un
cours de brossage de dents donné à tout un groupe d'enfants et un
entraînement régulier tous les midis. Les enfants vont brosser
leurs dents selon la méthode qui est vraiment efficace. Actuellement,
seulement dans le brossage des dents, il y
a des méthodes qui varient indéfiniment. Nous soumettons
qu'il n'y a peut-être que deux ou trois méthodes qui sont
efficaces. Si on peut, simplement à ce niveau-là, établir
des habitudes valables et constantes d'hygiène dans la population, nous
allons régler un tas de problèmes qui éventuellement
auraient échu dans les cabinets privés et qui, en ce qui nous
concerne, n'auraient pas pu se rendre jusque là.
M. LAURIN: Je voudrais vous poser une dernière question. J'ai
été très intéressé par votre projet
d'unités mobiles en chirurgie dentaire. Etant donné que ça
existe déjà dans le domaine psychiatrique et que ç'a
donné beaucoup d'excellents résultats, ne croyez-vous pas quand
même que ces unités mobiles ne peuvent jouer un rôle
efficace que s'il y a une préparation au niveau des régions
concernées, de la part des médecins, de la part des services
hospitaliers, de façon que le besoin soit ressenti par ces
professionnels qui eux-mêmes préparent la population?
M. DUFORT: Je tiens à vous signaler que j'ai déjà
soumis cela dans mes recommandations verbales à l'effet qu'il faut avoir
la coopération des autres professionnels de la santé à ce
sujet-là. H faut aussi une éducation de la population dans ce
sens-là. Mais le point sur lequel je veux surtout insister, c'est le
fait que ces unités mobiles ne sont que des solutions à
très court terme. Ce n'est qu'un palliatif qui ne pourrait pas rendre
les services qu'un dentiste établi dans une communauté pourrait
rendre. Evidemment, c'est le problème de la fréquence. Est-ce que
les unités mobiles, étant donné leur nombre et les
ressources qu'on veut bien leur attribuer, pourront, à des
fréquences assez rapprochées, rendre les services qui sont
requis? Il ne faudra pas faire qu'une tournée à toutes les
années, comme on l'a déjà fait en Ontario, où on a
équipé des unités de train pour aller dans certaines
régions. Elles y allaient pendant, par exemple, deux semaines, trois
semaines, un mois. Elles revenaient l'année suivante. Dans plusieurs
cas, tout le travail était à refaire. Evidemment, comme l'ont
souligné tantôt certains membres de la commission, le bill 69 ne
considère que l'aspect des soins. Ce qui nous préoccupe surtout,
nous, c'est l'approche intégrée que le gouvernement veut prendre.
C'est tout. Si nous pouvons être rassurés là-dessus, nous
serons satisfaits.
Nous soumettons qu'une suggestion serait peut-être
considérée si un plan de cette envergure devait être
appliqué. C'est tout.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rivière-du-Loup.
M. LAFRANCE: J'aurais encore une question à vous poser. Est-ce
que le Montreal Dental Club a l'intention de se faire représenter,
à la table des négociations avec le ministère des
Affaires sociales, par l'Association professionnelle des chirurgiens
dentistes de la province de Québec?
M. DUFORT: Là-dessus, disons qu'il y a un problème de
négociation. Je ne crois pas que ce soit dans les fonctions de la
commission, actuellement. Mais, par contre, je tiens à vous faire
remarquer que le bureau de direction a reçu le mandat de
représenter les membres du Montreal Dental Club, soit par le jeu des
représentations tel que nous le faisons actuellement, soit par le jeu
des négociations. En vertu de la Loi de l'assurance-maladie, il revient
au ministre de reconnaître les organismes qu'il considère
représentatifs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme ça, M. Dufort, vous avez
l'intention, au départ, de vous dissocier des gens qui
négocieront?
M. DUFORT: Pas nécessairement. Je n'ai jamais dit cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais pourquoi votre association ne fait-elle
pas corps immédiatement avec l'association qui négociera? Est-ce
que c'est un petit groupe à part ou si c'est un groupe qui a partie
liée avec tous ceux qui défendent la profession et qui
défendent les gens qui auront à requérir les services de
cette profession?
M. DUFORT: Là-dessus, je pourrais demander au
député de Chicoutimi pourquoi il ne joint pas les rangs du Parti
libéral. Disons que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non, M. le Président. Je regrette.
L'observation du témoin est impertinente et insolente. Elle n'a rien
à voir à la question. Je veux savoir pourquoi un groupe de
dentistes...
M. DUFORT: Non, tout simplement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, monsieur. Vous avez un groupe de
dentistes dont 80 p. c. sont anglophones, le reste étant des Canadiens
de langue française, 212 dentistes de langue anglaise, 54 de langue
française. Je voudrais savoir pourquoi vous ne pouvez pas nous dire
immédiatement si votre association, le Club dentaire de Montréal,
a l'intention de se joindre aux groupes de gens qui négocieront avec le
gouvernement des services dont nous avons parlé aujourd'hui.
M. DUFORT: Disons que, fondamentalement, les personnes, comme dans tous
les syndicats, ont le droit de choisir ceux qui doivent les représenter.
C'est un droit essentiel et qui est reconnu dans le code du travail et dans
bien d'autres codes, d'ailleurs. C'est reconnu aussi, peut-être
même, il faudrait que je vérifie, dans la charte des droits de
l'homme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il s'agit d'un syndicat, dans votre
cas?
M. DUFORT: Nous ne sommes pas un syndicat, nous sommes une corporation.
Evidemment il n'y a rien qui empêche une corporation de faire valoir les
points de vue de ses membres et de négocier en leur nom. Le seul
problème, c'est qu'ils décident d'avoir une voix autonome et
c'est leur droit. D'autre part, il n'y a rien qui les empêche d'appuyer
les mouvements déjà existants dans les revendications qu'ils
considèrent valables. Et, à ce sujet-là, je ne vois pas
pourquoi on ferait de l'obstruction systématique pour le plaisir de
faire de l'obstruction.
Tout ce qui nous importe, quant à nous, au Montreal Dental Club,
c'est d'avoir un plan dentaire qui va jouer en faveur de la population. Nous
sommes prêts à contribuer à ce sujet avec le
ministère, avec la population dans toute la mesure du possible.
Evidemment, il revient au ministre de décider s'il veut négocier
avec nous, c'est une discrétion que la loi lui accorde, mais, pour notre
part, nous sommes prêts à négocier. De toute façon,
dans les négociations, nous serions une voix minoritaire, mais par
contre il n'y a rien qui nous empêche de faire des représentations
au cours des négociations, même si nous ne sommes pas à la
table des négociations. Si on peut appuyer les positions de
l'association existante, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas. Si on
diffère sur certains points, il n'y a rien qui nous empêche de le
faire savoir au gouvernement, au ministère et à
l'association.
Pour ce qui est des négociations, étant donné que
nous sommes nettement minoritaires, je crois qu'ils serait illusoire de croire
qu'on jouerait un rôle prépondérant ou un rôle
décisif au niveau des négociations. Mais je ne crois pas que cela
nous empêche de jouer un rôle de suggestion, de recommandation et
de représentation qui serait valable autant que les
représentations d'autres oraganismes qui existent
déjà.
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'aimerais tout simplement
apporter une petite clarification. Les professionnels de la santé, tels
que les médecins, les dentistes, qui n'ont pas le statut de
salariés ne tombent pas sous les coups du code du travail. C'est
pourquoi, dans la Loi de l'assurance-maladie et dans le bill 30 qui
créait la régie, il y a des dispositions bien précises
pour déterminer avec qui le gouvernement ou le ministre doit
négocier. Et, à l'exception des deux fédérations de
médecins, les dispositions de la loi disent que le ministre doit
négocier avec l'association la plus représentative d'une
catégorie de professionnels.
Alors je n'ai pas le pouvoir discrétionnaire, en fait. Ce
problème d'un cadre plus adéquat pour les négociations a
été soulevé l'été dernier. Nous
étudions la question, nous espérons être en mesure de
présenter un projet de loi dans un avenir pas trop
éloigné, mais présentement ce sont les dispositions qui
gouvernent. Une fois une entente signée avec l'association la plus
représentative, Ia loi prévoit également que cette entente
englobe tous les professionnels reconnus dans cette catégorie.
Cela a été le cas, par exemple, avec la
Fédération des médecins spécialistes, qui ne
comprend pas, à titre de membres, tous les médecins
spécialistes de la province de Québec, mais la loi a
étendu l'entente à tous les médecins spécialistes.
A moins que la loi ne soit modifiée, c'est dans ce cadre et de cette
façon que nous négocierons la couverture prévue dans le
projet de loi 69 et que son effet s'étendra.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais ajouter quelques mots
à la déclaration du ministre pour dire tout simplement que,
même s'il y a deux groupes ici, il ne faut pas trop blâmer le
groupe du Club dentaire de Montréal. S'il faut l'unité, il faut
un effort des deux groupes.
M. LE PRESIDENT: Alors, si les membres de cette commission sont
satisfaits de l'exposé de M. Dufort et de ses réponses et s'il
n'y a pas d'autres questions, nous suspendrons la séance. Je suis
désolé, nous devions entendre MM. Coutu et Michaud, mais il nous
est actuellement impossible de les entendre ce soir, de même que les
autres, à cause d'engagements antérieurs de quelques membres de
la commission, notamment du ministre des Affaires sociales.
La prochaine réunion aura lieu le 25 février, à dix
heures de la matinée.
(Fin de la séance: 17 h 28)