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Commission permanente des Affaires sociales
Projet de loi no 69
Loi modifiant de nouveau
la Loi de l'assurance-maladie
Séance du jeudi 11 mars 1971
(Dix heures seize minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Je souhaite la bienvenue à chacun. Je vais énumérer
les différents organismes qui ont des mémoires à
présenter: la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec, l'Association des employés de commerce
en pharmacie, l'Association professionnelle des pharmaciens d'industrie du
Québec, l'Association des fabricants du Québec de produits
pharmaceutiques, la Société professionnelle des pharmaciens
d'hôpitaux du Québec, un groupe d'étudiants en pharmacie
et, enfin, l'Association des denturolo-gistes du Québec.
Je demanderais à chacun de nous faire un résumé de
son mémoire et de s'identifier en nommant le groupe qu'il
représente. En premier, nous allons avoir un représentant de la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.
Je crois que c'est le Dr Des Rosiers qui les représente.
Est-ce que je peux poser une question à Me Laflamme? Est-ce que
les aides-pharmaciens, c'est vous?
M. LAFLAMME: C'est l'Association des employés de commerce.
M. LE PRESIDENT: Ah bon! D'accord. Alors, le Dr Des Rosiers,
représentant de la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec.
Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec
M. DES ROSIERS: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés. Je tiens, d'abord, à remercier les membres de
cette commission qui permettent à la fédération de
présenter son mémoire ce matin et de lui fournir les explications
qu'elle jugera nécessaires.
Je tiens, en premier lieu, à excuser le président de notre
fédération, le Dr Hamel, qui devait être ici ce matin pour
présenter le mémoire. Il est actuellement retenu à la
maison à cause de maladie. Le Dr Hamel, en plus du mémoire, avait
préparé une argumentation découlant du mémoire. Il
m'a demandé de le remplacer ce matin, à six heures. Je tenterai
donc, de mon mieux, de donner les explications nécessaires, sur ce
mémoire.
En premier lieu, je voudrais dire que notre fédération est
d'accord sur le principe du projet de loi no 69, qui nous semble conforme aux
exigences de la population du Québec. De plus, ce projet de loi est
conforme aux recommandations que nous avions faites devant la commission
Castonguay. Donc, pour notre fédération, le principe du bill est
identique aux recommandations que nous avions faites à la commission
Castonguay.
Nous divisons ce mémoire en deux parties: une portant sur la
dispensation des médicaments et l'autre, sur l'administration du
régime. La seconde partie sur l'administration du régime nous a
été demandée et pratiquement imposée par les
membres du conseil réunis en assemblée le 6 mars 1971.
Ceci explique le fait que nous n'ayons pas pu communiquer ce
mémoire avant ce matin pour y inclure des recommandations du conseil de
la fédération.
Dans la première partie, le projet de loi 69 traite indirectement
des médecins qui dispenseront des médicaments. Il y est dit que
seul le médecin qui remplit ou a rempli les conditions de la
présente Loi de pharmacie pourra dispenser des médicaments dans
le régime.
Ceci implique donc que seul le médecin qui se soumettra à
la corporation des pharmaciens pourra dispenser des médicaments. Nous
disons que cette exigence est inadmissible et inacceptable. D'ailleurs, cette
exigence n'est pas conforme aux recommandations de la commission Castonguay et
de la commission McRuer en Ontario. Ces deux commissions disaient qu'il
était inadmissible qu'un professionnel soit soumis à deux
corporations; ceci peut amener des conflits d'intérêts et,
deuxièmement, ne permet pas au professionnel soumis à une
deuxième corporation de faire valoir ses opinions au niveau du conseil
de cette corporation.
Donc, nous demandons que la loi soit amendée afin que les
médecins qui dispensent des médicaments ne soient pas soumis
à la corporation des pharmaciens, mais au Collège des
médecins. De plus, en pratique, plusieurs professionnels de la
santé font des actes qui relèvent d'autres corporations. Je ne
donnerai comme exemple que les optométristes qui font des actes
médicaux qui s'apparentent à des actes dispensés par les
ophtalmologistes. Les optométristes ne sont pas soumis au Collège
des médecins. Il en est de même pour les psychologues qui
fournissent des soins qui s'apparentent aux soins fournis par les psychiatres
et ils relèvent d'une corporation autonome, sans aucune ingérence
du Collège des médecins.
De plus, dans le régime d'assurance-maladie, les médecins,
en fait, dispensent des médicaments. Cependant, ces médicaments,
pour lesquels ils sont payés, sont dispensés sous forme liquide,
c'est-à-dire injectables. Nous ne voyons pas pourquoi, lorsque les
médecins dispensent des médicaments sous forme solide,
comprimés ou autres, ils devraient pour cette raison être soumis
à une autre corporation.
Maintenant, dans le système actuel de distribution des
médicaments, il faut reconnaître deux réseaux: le
réseau principal, administré d'une certaine façon par les
pharmaciens, et un réseau complémentaire important. Tous savent
que les médecins dispensent des médicaments dans les
régions rurales, et ils le font parce qu'ils doivent répondre
à un besoin de la population.
Nous croyons que, lorsque le régime d'assistance pharmaceutique
sera mis en application, il faudra tenir compte de ce fait, du service rendu
à la population par les médecins. Bien sûr que, dans le
projet de loi actuel, on permet au médecin dé dispenser des
médicaments, mais on impose une limite qui, à notre sens, est
arbitraire: pour les villes d'une population de moins de 7,000 habitants. Nous
croyons que ceci n'est pas conforme à la réalité. Il est
évident que, dans les localités de moins de 7,000 habitants
n'ayant pas de pharmacien, ce sont les médecins qui dispensent les
médicaments et ils devront le faire au sein du régime.
Cependant, dans des municipalités ou localités de plus de
7,000, plusieurs n'ont pas de pharmacien ou d'autres ont un nombre insuffisant
d'effectifs pharmaceutiques pour assurer un service continu. Dans certaines
localités il n'existe qu'un pharmacien. Comment peut-on demander
à ce pharmacien d'assurer un service pharmaceutique continu les fins de
semaine, la nuit, etc. Dans ces localités, les médecins rendent
service à la population en dispensant les médicaments lorsqu'ils
font des visites la nuit, les fins de semaine, etc.
Donc, nous croyons que la limite de 7,000 habitants est arbitraire et
nous conseillons, plutôt que d'imposer une limite, de former une
commission qui pourrait être prévue dans les conventions,
commission formée des représentants du syndicat des pharmaciens
et des syndicats de médecins pour décider ou conseiller dans quel
endroit les médecins peuvent dispenser les médicaments.
Actuellement, les relations entre la Fédération et le
syndicat des pharmaciens sont excellentes et il n'y a aucun conflit
d'intérêts. Les représentations que nous faisons ne sont
pas pour demander que les médecins dispensent des médicements,
chose que certains ne faisaient pas antérieurement, mais simplement pour
tenir compte de la réalité et de rendre le service à la
population plus efficace.
Nous croyons qu'une commission formée de représentants des
deux syndicats pourrait, après analyse du milieu et analyse des
effectifs disponibles, faire des recommandations sur les effectifs qui peuvent
dispenser les médicaments.
La deuxième partie de notre mémoire porte sur
l'administration du régime. Comme je l'ai dit tantôt, ce sont les
membres de notre conseil qui nous ont obligés de faire des
représentations à cette commission parlementaire sur
l'administration du régime car il est dit dans la loi que ce
régime sera administré par la Régie de
l'assurance-maladie. Nous croyons qu'en principe il est excellent que le
régime soit administré par une régie autonome. Cependant,
nous voulons faire une mise en garde devant les membres de cette commission sur
le fait de confier l'administration de ce régime à la
Régie de l'assurance-maladie. Nous croyons qu'actuellement la
régie ne serait pas en mesure d'administrer un régime aussi
important. Ce qui nous fait dire que la régie n'est pas en mesure de le
faire, c'est que nous croyons qu'elle ne s'est pas montrée apte à
administrer de façon satisfaisante le régime
d'assurance-maladie.
Après cinq mois d'exercice, il existe encore des lacunes qui,
à notre sens, sont inexplicables. Nous croyons que, si les
médecins se sont montrés favorables à l'assurance-maladie
et à l'administration par une régie, ils l'ont fait dans un sens
positif. C'est encore de façon positive que nous faisons ces remarques
envers la régie car nous croyons qu'une administration qui ne serait pas
adéquate risquerait de mettre en péril le régime
lui-même.
Dans les revendications que nous allons faire sur l'administration du
régime, nous admettons d'une certaine façon les
déclarations qu'a faites publiquement la régie disant que les
retards actuels sont dus, en grand nombre, aux erreurs des médecins.
Nous ne nions pas qu'actuellement les médecins font des erreurs. Mais il
faut dire qu'il faut plus de temps actuellement pour traiter le relevé
d'honoraires que pour traiter le malade lui-même. Les médecins ont
transigé antérieurement avec les compagnies d'assurance
privées. Ils complétaient des formules d'assurance et ils
étaient compétents pour les remplir. Il n'y avait pas tellement
d'erreurs. S'il y a tant d'erreurs actuellement, il faut se demander
pourquoi.
A notre sens, c'est qu'à cause des exigences administratives la
programmation du régime a été faite de façon trop
stricte, sans tenir compte de la pratique médicale. Actuellement, les
rejets de relevés d'honoraires se font pour plusieurs raisons
techniques: le fait de ne pas inscrire un zéro devant le mois, ou devant
le jour 01, 02, 03 ou pour toutes sortes de raisons techniques
qui, à notre sens, n'ont aucune importance. Avec une programmation moins
stricte, il y aurait nécessairement moins de rejets.
La régie a tenté, par des envois aux médecins,
d'expliquer les erreurs commises. De notre côté, nous avons fait
de même. Nous tentons, et nous continuerons à le faire, de
corriger les médecins pour qu'ils ne fassent pas d'erreurs, mais nous
disons que cette action ne sera pas rentable à long terme et que, tant
et aussi longtemps que la programmation ne sera pas modifiée pour
être moins stricte, les rejets seront toujours trop nombreux,
occasionnant des délais importants.
Si nous acceptons le fait que les médecins font des erreurs, nous
avons certains griefs à porter contre la régie. Nous avons mis
sur pied un service des griefs pour connaître exactement quelles
étaient les plaintes des médecins, quelles étaient leurs
erreurs afin de pouvoir les corriger.
Ici, j'ai une lettre d'un médecin qui nous fait
mention de certaines erreurs qui ne sont sûrement pas imputables
au médecin lui-même. Dans un relevé d'honoraires: montant
demandé, $6; montant payé, $5. Un autre: montant
réclamé, $5; montant payé, $6.50. Montant demandé,
$14; montant payé, $1. Il y a des montants de $5 qui sont
demandés et qui sont payés $20. De tous ces montants, les avances
et les retenues syndicales sont déduites.
Donc, dans les erreurs que nous voyons actuellement, il y a des montants
payés en trop sans explication, des montants insuffisants sans
explication, des montants payés deux ou trois fois pour le même
relevé d'honoraires et des montants qui ont été
payés à des médecins qui n'avaient soumis aucun
relevé d'honoraires. Ces seuls exemples montrent que, s'il y a des
erreurs de la part des médecins, il y en a aussi de la part de la
régie de sorte qu'actuellement on arrive à une bureaucratisation
où les médecins, pour contrôler leurs états de
compte, ne peuvent plus se retrouver.
Donc, ces craintes qu'avaient énoncées les médecins
ils avaient toujours eu peur du régime d'assurance-maladie
s'étaient atténuées et ils avaient accepté de
participer et de collaborer au régime. Actuellement, à cause des
lacunes administratives, les pressions sont extrêmement fortes de la part
des médecins pour se désengager du régime. Nous croyons
que le désengagement mettrait en péril le régime
lui-même. Nous ne tenons pas à ce que les médecins se
désengagent, mais nous voulons que les erreurs administratives soient
corrigées dans les plus brefs délais, ce qui permettrait aux
médecins de participer pleinement à ce régime
nécessaire pour la population.
Il y aurait une dernière remarque que j'aimerais ajouter.
Actuellement, la crainte des médecins vis-à-vis des contraintes
administratives semble augmenter et se justifier de plus en plus.
Par l'arrêté ministériel 366, adopté le 27
janvier 1971 et publié dans la Gazette du Québec, nous apprenons
que la régie qui administre actuellement les médecins des
hôpitaux psychiatriques a établi une série de trois
formules demandant de codifier tous les actes faits par ces médecins, de
codifier tous les examens qu'ils demanderont. Ceci, dans un but administratif,
mais qui ne tient pas du tout compte de la pratique médicale et qui non
seulement n'améliorera pas les soins, mais nuira à leur
dispensation.
Il faut connaître le milieu psychiatrique pour savoir que si les
médecins ont accepté le salariat dans ces
hôpitaux-là depuis longtemps, c'est qu'ils ne posent pas des actes
médicaux identifiables. Plusieurs actes de ces médecins ne
peuvent être codifiés. Demander des renseignements à une
infirmière sur le comportement d'un malade, etc. ne peut pas se
codifier. Si nous exigeons une codification de tous les actes, nous
paralyserons les services aux malades et, au lieu d'avoir une administration
qui soit adéquate, nous nuirons aux soins dispensés aux
malades.
Ces formules ont été faites sans aucune consultation avec
les médecins qui, pourtant, pratiquent dans ces milieux. Nous trouvons
ceci, peut-être indirectement, contraire à notre convention, qui
contenait de nombreux articles de consultation. Actuellement, nous
découvrons l'adoption de ces formules en lisant la Gazette officielle.
Je vous remercie, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci, docteur. M. le ministre.
M. CASTONGUAY: J'aimerais, M. le Président, étant
donné que l'objet de cette commission est d'étudier le bill 69 et
puisque l'on a abordé la question de l'administration du régime
de l'assurance-maladie, faire quelques brefs commentaires, espérant que
la discussion ne se détournera pas trop, d'autre part, de l'objet de la
séance de cette commission qui est le bill 69.
En ce qui a trait aux dernières remarques faites par le Dr Des
Rosiers, représentant la Fédération des médecins
omnipraticiens, j'aimerais faire quelques rappels. En premier lieu, lorsque le
régime de l'assurance-maladie a été mis en vigueur, il a
été nécessaire, comme on s'en souvient, de recourir
à un document qui tenait lieu d'entente et qui a été
déposé à l'Assemblée nationale en vertu du bill 40.
Par la suite, au cours des semaines qui ont suivi, ce document a servi
d'entente. Avec chacun des groupes avec lesquels le gouvernement a
négocié, de nouvelles ententes ont été
signées à diverses dates. Il en est résulté pour la
régie, à court terme, l'administration de dix ententes, ce qui
constitue un problème assez complexe, je pense qu'on va en convenir.
Deuxièmement, la régie, dès le mois de janvier,
février ou mars dernier, a fait une campagne d'information au moyen de
divers media de telle sorte que la population s'inscrive au régime et
qu'elle reçoive sa carte d'assurance-maladie. Or, malgré tous les
efforts qui ont été faits, une partie de la population n'a pas
répondu à l'appel de la régie. Lorsque le régime a
été mis en vigueur le 1er novembre, un grand nombre de personnes,
n'ayant pas leur carte, se sont inscrites ou ont communiqué de diverses
façons pour l'obtenir.
Si je mentionne ce fait, c'est que dans une certaine mesure, par la
négligence de bon nombre de personnes, de bon nombre d'individus, la
régie a dû faire face à un double problème au moment
de la mise en vigueur de l'assurance-maladie.
En ce qui a trait plus particulièrement aux ententes, lorsque
l'entente a été signée avec la Fédération
des médecins spécialistes, ou le court délai donné
à la régie pour que cette entente prenne effet, le Dr Robillard
avait reconnu avec moi que nous demandions à la régie quelque
chose d'extrêmement difficile et qu'il était fort possible qu'il
en résulte des difficultés au plan administratif. Sur ce, en
toute justice envers le président de la régie, nous avions
insisté pour que l'entente soit
signée. Le président de la Fédération des
médecins spécialistes nous avait assuré de sa
collaboration, de telle sorte que l'entente puisse prendre effet aussi
rapidement que possible, même si elle devait donner lieu à un
certain nombre de problèmes administratifs. C'est, semble-t-il, ce qui
s'est produit.
Le Dr Des Rosiers a fait allusion à un certain nombre d'erreurs
que feraient des médecins en complétant les relevés
d'honoraires. Il a mentionné que, à son avis, cela était
fondé dans une mesure et il a voulu dire que la régie aussi
commettait certaines erreurs. Cela, je crois qu'on ne peut le nier et qu'il ne
serait pas sage de le faire.
D'autre part, je voudrais simplement rappeler que, dans
l'établissement d'un tel régime, ce type de situation me
paraît inévitable au début. Justement, la régie est
composée de représentants de tous les groupes
intéressés. De cette façon, nous croyons que,
graduellement, avec la participation des représentants des groupes
intéressés à l'administration de la régie, ces
problèmes pourront se résoudre.
Dans les ententes également, nous avons, en particulier avec la
Fédération des médecins spécialistes
j'espère bien que le même genre de mécanisme pourra
fonctionner avec la Fédération des médecins omnipraticiens
prévu justement la formation d'une commission pour analyser le
fonctionnement du régime.
Si je fais tous ces commentaires, c'est pour indiquer que le type de
situation que nous vivons n'est pas dû je pense que ce serait
mauvais de tirer cette conclusion à une inefficacité de la
part de la régie. La régie a des problèmes, c'est
évident. Elle travaille de façon extrêmement consciencieuse
pour les régler. J'espère, pour ma part, et je le souhaite, que
ces problèmes se régleront dans un esprit de collaboration. C'est
dans cet esprit que je prends les commentaires faits par le Dr Des Rosiers.
Pour ma part, je voudrais simplement souligner que, depuis le
début de l'application du régime, j'ai reçu
énormément de commentaires, tout comme vous en avez sans doute
reçu, à l'effet que des pratiques plus ou moins conformes
à l'esprit de la loi ou d'une bonne pratique de la médecine
s'étaient développées dans certains endroits. Jusqu'ici,
je n'ai jamais fait de commentaire à ce sujet, parce que je croyais que,
justement, de part et d'autre, certains ajustements s'effectueraient et qu'on
en arriverait assez rapidement, dans un esprit de collaboration à
trouver un nouvel équilibre.
Je n'insiste pas plus sur ce point, mais je voudrais mentionner que
jamais je n'ai fait allusion jusqu'à maintenant à ce type de
situation afin de ne pas tirer de conclusions hâtives, de conclusions qui
pourraient fausser l'esprit de collaboration qui doit présider au
fonctionnement d'un tel régime.
Les commentaires faits par le Dr Des Rosiers, je les prends dans un
esprit aussi positif que possible. Je suis assuré aussi que le
prési- dent de la Régie de l'assurance-maladie, qui est ici
présent et qui, à mon avis, est un des meilleurs administrateurs
que la fonction publique québécoise ait à son service, va
prendre en bonne part ces commentaires, compte tenu des remarques que j'ai
faites.
Je ne sais pas si sur ce point il y a d'autres commentaires. On pourra
ensuite revenir au projet de loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. J'accepte la suggestion du ministre
de m'en tenir à cette seule question pour l'instant.
M. le Président, je voudrais dire que je suis un peu inquiet des
remarques qui s'échangent de part et d'autre: remarques qui ont
été faites par les médecins spécialistes et les
médecins omnipraticiens et d'autre part par la régie. Il est
évident et cela ne scandalisera personne que pour un
organisme qui n'a que quelques mois d'existence, qui a été
appelé à recruter des centaines de fonctionnaires, mettre sur
pied un système administratif très complexe, administrer des
sommes aussi importantes que $300 millions annuellement, établir toute
une jurisprudence, il peut se produire des difficultés.
Mais ce qu'il est important de souligner, c'est, je crois, que d'un
côté comme de l'autre on doit faire un effort d'adaptation.
Même s'il se produit au début des difficultés et
c'est normal je ne crois pas que l'on doive porter un jugement trop
sévère sur l'organisme lui-même, sur la régie
elle-même, son fonctionnement, les objectifs qu'elle poursuit, comme la
régie évidemment ne doit pas porter de jugement trop
sévère non plus sur la façon dont les médecins
remplissent les formules, la façon dont ils entretiennent leurs
relations avec l'organisme administratif qu'est la régie.
Je comprends que le Dr Des Rosiers exprime ici certaines craintes en
disant: Est-ce que la régie est prête à absorber
l'administration d'un régime d'assistance-médicaments? Pour ma
part, je reprends les commentaires qu'a faits le ministre il y a un instant.
Connaissant la compétence du président, que j'ai appelé
moi-même à diriger cet organisme de la régie, connaissant
aussi le souci que l'on a pris de recruter des gens compétents, des
fonctionnaires compétents, je crois qu'il sera possible pour la
régie de le faire, avec la collaboration des médecins.
Evidemment, ce sera plus difficile si, d'un côté comme de
l'autre, il y a des déclarations qui sont faites, ne mettant en relief
que les difficultés. Je crois tout de même que, depuis le
début de l'administration du régime d'assurance-maladie, il y a
des choses positives, dans le domaine administratif, qui ont été
accomplies. Il est normal que le système ait besoin d'une certaine
période de rodage, mais je ne suis pas prêt à remettre en
question l'administration que l'on veut confier à la régie,
l'administration additionnelle du régime
d'assistance-médicaments.
Je crois que c'est l'endroit tout désigné, mais
d'un côté comme de l'autre, je demanderais qu'on soit
prudent dans les critiques que l'on exerce à l'endroit des deux
partenaires. Il y a des mécanismes que la loi a prévus, que la
réglementation future peut aussi prévoir. Il y a tous ces
comités consultatifs qui ont été mis sur pied, d'autres
pourront s'ajouter. Je crois que par ces mécanismes des comités
consultatifs, où sont appelées à siéger les parties
et à travailler ensemble, on peut prévenir d'abord les
difficultés, mais quand elles se présentent on peut les
aplanir.
Alors il est important que la régie, dans ses lourdes
responsabilités, étant donné que c'est un organisme tout
neuf, ait besoin de la collaboration des médecins. Les médecins
doivent sentir aussi que la régie n'est pas un organisme qui travaille
contre eux, mais qui travaille pour eux. Il serait important qu'il
s'établisse, au début surtout, un contact normal et le plus
harmonieux possible, parce que le public et les parties en présence, la
régie, les médecins et tous les professionnels ont besoin qu'il y
ait une certaine marge de crédibilité.
Il ne faut pas que, dans le public, on commence dès le
début à mettre en doute l'opportunité qu'il y a eue de
créer cet organisme administratif et qu'on doute aussi qu'il puisse
atteindre les objectifs qu'il poursuit.
M. le Président, ce sont les commentaires que je voulais faire.
Dans les critiques qui ont été faites, pour ma part, je
n'interprète pas ça comme une attaque, j'interprète
ça comme ayant voulu souligner aux parlementaires, au gouvernement et
aux membres de cette commission qu'il existait des difficultés et que
ces difficultés, d'un côté comme de l'autre, on va tenter
de les résoudre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'entendre les autres
membres de la commission? Vous pourriez répondre à la fin. Je
pense que, sur la même question, le député d'Argenteuil
aimerait faire une remarque et ensuite le député de Sainte-Marie.
Non? Alors le député d'Argenteuil.
M. SAINDON: M. le Président, j'ai quelques remarques à
faire et, malheureusement, je ne me plierai pas complètement au voeu
exprimé il y a quelques instants par le ministre, à savoir, m'en
tenir au mot à mot du texte qui fait l'objet de nos
délibérations ce matin.
Comme l'a dit le Dr Des Rosiers, je crois personnellement qu'il est
inadmissible que les médecins soient soumis à la
réglementation de deux corporations. C'est mon opinion personnelle, mais
je crois que le Dr Des Rosiers a raison. D'autre part, en ce qui touche la
dispensation des médicaments par les médecins, je crois qu'il y
aurait lieu qu'une commission de pharmaciens soit formée. Comme l'a
expliqué le Dr Des Rosiers, je crois que ce sujet-là devrait
être porté à la commission de la pharmacie. Je suis
persuadé que les pharmaciens qui feront partie de cette commission
pourront aider la régie, pourront la conseiller d'une façon
positive. Il est certain que, dans certaines petites villes où il n'y a
pas de pharmacien, indépendamment de la population de ces villes, if est
quand même nécessaire que quelqu'un vende les médicaments,
ce qui ne peut être fait par des pharmaciens s'il n'y en a pas.
Au sujet des formules de réclamation des médecins, pour ma
part, j'ai essayé de remplir ces formules-là. J'en ai rempli
quelques-unes, mais j'ai trouvé extrêmement difficile et
très compliqué de le faire.
On a dit que 60 p. c. des médecins ont fait des erreurs dans
leurs réclamations. J'en doute parce que ce n'est pas d'aujourd'hui que
les médecins remplissent des formules de réclamation. Il y a eu
depuis, disons, la dernière guerre, un grand nombre de compagnies
d'assurance-maladie qui payaient les honoraires des médecins sur
réclamation et aucune, à ma connaissance, ou du moins très
peu de ces formules-là ont été retournées parce
qu'elles étaient mal remplies. Alors, s'il y a quelque chose à ce
niveau-là, je crois que les formules de réclamation sont, tout
simplement, trop compliquées. Il y aurait certainement lieu, comme le
faisait remarquer le Dr Des Rosiers, de simplifier ces formules de
réclamation.
Quant aux cartes d'assurance-maladie, je connais plusieurs personnes qui
ont fait leur demande depuis l'automne dernier. Elles ne les ont pas encore.
Pour ma part, j'ai hésité à faire la demande pour mes
cartes. De toute façon, je me suis décidé et je les ai
demandées vers la fin de décembre. Je ne les ai pas encore. J'en
connais plusieurs dans le même cas. Alors, je me demande s'il n'y aurait
pas lieu, au niveau de la régie, de voir à améliorer cet
aspect du problème.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, j'ai
écouté les représentations du Dr Des Rosiers. J'ai lu son
mémoire. Des recommandations de ce mémoire méritent
d'être prises en considération, d'être
étudiées. Je veux en venir surtout au côté
administratif. Je suis un peu d'accord, pas entièrement, mais je le suis
dans une certaine proportion sur ce qu'ont dit le ministre des Affaires
sociales et l'ancien ministre. Je pense que, du côté
administratif, il fallait s'attendre à des anomalies. Il fallait
s'attendre à des difficultés. D'ailleurs, dans une petite
conversation que j'ai eue déjà avec le ministre, je lui en avais
fait part. Il y a des erreurs du côté de l'administration, il y a
des erreurs aussi du côté des médecins, probablement, quand
ils remplissent leurs formules. C'est normal, c'est humain. Je pense que nous
ne sommes pas ici pour discuter de l'administration de la régie. Nous
devons faire confiance aux administrateurs. J'imagine que, d'ici quelque temps,
tout va
rentrer dans l'ordre. C'est normal qu'au début du fonctionnement
d'un organisme comme ça il y ait des erreurs. Alors, nous ne devrions
pas tellement discuter du côté administratif. Nous devrions
discuter de ce qui concerne le bill 69, c'est-à-dire ajouter les
médicaments pour les assistés sociaux et les soins dentaires.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres membres de la commission veulent
prendre la parole? Non.
Alors, Dr Des Rosiers.
M. DES ROSIERS: M. le Président, le but n'était pas
nécessairement de faire porter le débat sur un autre sujet. Tout
ce que nous avons voulu faire, c'est de sensibiliser les membres de la
commission pour qu'ils s'assurent, avant de donner l'administration d'un
régime à la régie, que les structures soient aptes
à administrer ce régime. Nous pouvons dire ici que nous avons
pleine confiance en M. Després. Nous ne nions pas sa compétence.
De plus, notre fédération n'a jamais eu une action obstructive.
Nous avons toujours voulu collaborer et participer à toutes les mesures
sociales. C'est encore dans ce but-là que nous le faisons. Si nous avons
transmis ces inquiétudes, c'est parce qu'elles sont tellement grandes
actuellement je vous ai dit que c'est à la suite d'une
réunion du conseil que nous voyons un danger qui pourrait
menacer, à un certain moment, le régime. Après cinq mois,
il y a des médecins qui ne reçoivent que $25 par semaine. On a
beau leur dire que c'est une période de rodage. Quoiqu'il en soit, on
veut expliquer qu'il y a une période de rodage normale. Mais lorsque
cette période se prolonge, nécessairement l'insatisfaction
grandit. Nous voulons vous sensibiliser au danger qu'à un moment
donné il y ait un désir, pour un grand nombre de médecins,
de se désengager; à notre sens, cela mettrait en péril le
régime lui-même. Nous ne voulons pas en arriver à un effet
aussi désastreux. Les médecins, nous avons tenté de les
faire patienter.
Il y en a qui sont patients; il y en a d'autres qui le sont moins. C'est
le problème que nous avons voulu soumettre ici. Je vous remercie, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous des remarques, M. le ministre?
M. CASTONGUAY: Dans le mémoire de la Fédération des
médecins omnipraticiens, les deux aspects, en fait, qui sont
soulevés ont trait vraiment à la Loi de pharmacie. A ce sujet, je
voudrais simplement dire que ce sont des aspects qui méritent,
évidemment, d'être discutés. Nous travaillons
présentement, comme vous le savez, à la révision d'un
certain nombre de lois des corporations professionnelles. Lorsque les projets
de loi seront présentés à l'Assemblée nationale,
ils seront certainement référés à la commission,
ici, étant donné l'importance de ces lois et la
nécessité qu'elles soient discutées
adéquatement.
Nous avons également des consultations avec les corporations
professionnelles, présentement, de façon à en arriver
à des projets de loi qui soient aussi adéquats que possible.
Sur le premier problème, donc, de la subordination d'un groupe
professionnel à un autre, je voudrais simplement faire une remarque
très brève. Lorsque nous avons parlé de cette question de
la subordination d'un groupe, c'était en tant que groupement
professionnel. Il n'en demeure pas moins que, dans la pratique, il y a deux
types de situations qui peuvent se poser. Je ne crois pas que nous faisions
allusion à ce type de subordination. Dans la pratique, par exemple, vous
pouvez avoir un professionnel de la santé qui travaille sous
l'autorité d'un autre professionnel de la santé.
En disant qu'il ne devrait pas y avoir de subordination d'un groupe
professionnel à un autre, cela ne signifie pas que, dans le travail
professionnel, il ne puisse pas y avoir des lignes d'autorité
établies. Je pense, par exemple, à l'infirmière qui
travaille sous la direction d'un médecin au chevet d'un malade. Il y a
là un lien clair d'établi. Il n'est pas question de changer ce
type de lien.
Il y a aussi un autre type de relations que nous ne visions pas, mais je
conviens qu'il nous faut l'examiner. Il a déjà été
souligné. Si un professionnel, à un moment donné, pose, en
fait, des actes qui sont de la nature de ceux d'un autre groupement
professionnel, il y a lieu de se demander si l'organisation de contrôle,
pour ce second groupement professionnel, ne doit pas s'appliquer
également aux professionnels du premier groupe lorsqu'ils agissent comme
tels. En fait, c'est le cas, ici. C'est le problème qui se pose.
Lorsque nous avons parlé de subordination d'un groupe à un
autre, ce n'était pas ce type de situation que nous visions. Je ne veux
pas dire qu'il ne faille pas étudier ce problème
d'ailleurs, il a déjà été soumis à la
commission mais je crois qu'il doit être repris sur un autre plan
que la subordination à laquelle nous faisions allusion.
Quant aux villes de 7,000 habitants et plus et même à
celles de 7,000 habitants et moins, relativement à la distribution des
médicaments, je ne crois pas que le problème soit aussi simple
qu'on veuille le limiter ici. Dans bien des cas, à ma connaissance
je crois que cela a déjà été établi
assez clairement certains groupes de gens n'ont pas tellement de
possibilité d'avoir un accès facile à des
médicaments, que ce soit auprès d'un médecin aussi bien
qu'auprès d'un pharmacien.
Alors le problème de l'accessibilité aux
médicaments est beaucoup plus vaste que celui que l'on vient de
mentionner ici. Justement, je crois que, lorsque nous reprendrons la Loi de
pharmacie car c'est toujours dans cette loi
que ces dispositions se retrouvent il nous faudra l'envisager
d'une façon un peu plus étendue que cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le Dr Des Rosiers a
suggéré la formation d'un comité au sein duquel pourraient
siéger les syndicats. Ce comité aurait, entre autres, la
responsabilité de discuter de ce genre de problèmes que pose la
dispensation des médicaments par les médecins dans des
régions où il n'y a pas de service à la population.
Je voudrais dire au Dr Des Rosiers que je ne partage pas son opinion
quant à la représentation par les syndicats. Je me demande si un
comité ne devrait pas plutôt regrouper les deux collèges
parce qu'il n'est pas essentiellement de la responsabilité des syndicats
de décider de la question de l'accessibilité des services
à la population. Je voudrais qu'il me réponde à ça:
Est-ce que d'après lui cette formule de représentation par les
syndicats au sein de ce comité pour traiter ce genre de problème
est la meilleure représentation ou si probablement ce serait
plutôt les deux collèges?
M. DES ROSIERS: Nous croyons que les membres siégeant à
cette commission devraient être des représentants des syndicats
parce qu'il s'agit là d'un service découlant d'une profession,
service rendu par deux professionnels qui exercent un service identique. C'est
donc un problème pratique et non pas un problème de
déontologie ou quoi que ce soit qui relève des collèges.
Il s'agit en fait un peu comme la rémunération qui
concerne les syndicats d'un partage dans un milieu donné
et non pas des grands principes de la pharmacie ou de la médecine
des responsabilités dans la dispensation des médicaments et non
pas de la qualité des soins ou des produits pharmaceutiques
donnés. C'est simplement le fait que dans une région où il
y a un pharmacien et un médecin qui exercent et qui sont
représentés par leur syndicat, les deux s'entendent pour dire:
Dans notre région, compte tenu de la population, nous croyons que le
médecin et le pharmacien doivent continuer, ou non, à dispenser
les médicaments. Ce n'est pas contraire du tout aux objectifs des
corporations. C'est un problème pratique d'un milieu donné.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne suis pas encore convaincu, Dr. Des
Rosiers, parce qu'il peut aussi y avoir des questions qui touchent à
l'éthique professionnelle, à la répartition des effectifs
et aux conditions d'exercice de la profession. Je crois qu'il y a autant
d'arguments en faveur de la représentation par les collèges que
par les syndicats. Je n'ai pas changé d'opinion jusqu'à
maintenant après ces remarques additionnelles.
M. DES ROSIERS: Je suis d'accord, M. Cloutier que l'on peut penser
autant des collè- ges que des syndicats, mais je peux dire que en
pratique les ententes dans la profession médicale et dans la profession
des pharmaciens ont été conclues beaucoup plus facilement par les
syndicats que par les collèges. C'est-à-dire qu'il y a eu une
opposition juridique, connue de tout le monde, entre les collèges et les
problèmes régionaux, locaux, ont été souvent
réglés par l'intermédiaire des syndicats qui ont fait des
pressions sur les corporations.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends que cet aspect de la question dont
nous discutons actuellement touche beaucoup plus les omnipraticiens et les
pharmaciens et beaucoup moins les spécialistes. Peut-être
retenez-vous la motivation suivante, à savoir que les relations entre
les omnipraticiens et les pharmaciens par l'intermédiaire des syndicats,
ont peut-être été plus faciles que par
l'intermédiaire du collège jusqu'à maintenant. Est-ce que
c'est ce que nous pouvons en déduire?
M. DES ROSIERS: D'accord. Dans tout le problème de la
dispensation des médicaments, la seule trêve qu'il y ait eue
à un certain moment a été obtenue par
l'intermédiaire des deux syndicats quand les deux collèges
voulaient continuer à se battre juridiquement. Nous avons obtenu une
trêve de quelques années par l'intermédiaire des syndicats
sur la dispensation des médicaments.
Donc, du point de vue de l'efficacité, la représentation
des intérêts des individus intimement liés par ce
problème nous semble beaucoup plus possible par l'intermédiaire
des syndicats que par leur corporation.
M. SAINDON: M. le Président, je voudrais demander au Dr Des
Rosiers quel syndicat il a à l'esprit lorsqu'il parle de syndicat au
sujet de la dispensation des médicaments. Deuxièmement pourquoi
il veut je n'ai pas compris la réponse qu'il a donnée au
député de Montmagny avoir les syndicats là-dedans.
Une remarque avant qu'il me donne sa réponse: je ne vois pas du tout ce
que les syndicats viennent faire ici. Je vois encore bien moins pourquoi on les
inviterait. Les syndicats, jusqu'à aujourd'hui, nous ont causé
suffisamment d'ennuis pour ne pas les inviter lorsqu'ils ne le demandent
pas.
Je voudrais faire remarquer au Dr Des Rosiers que, si aujourd'hui la
profession médicale est dans une impasse, c'est justement dû au
fait que les médecins, une bonne journée, ont
décidé de se syndiquer. Si les médecins n'avaient jamais
décidé de se syndiquer, je suis persuadé qu'aujourd'hui la
profession médicale ne serait pas prise entre l'arbre et
l'écorce.
M. DES ROSIERS: Je crois que vos remarques méritent très
peu d'explications, parce qu'il faut avoir suivi l'évolution de la
profession médicale depuis quelques années pour voir le
rôle qu'ont joué les syndicats professionnels. Il
ne s'agit pas d'être prosyndicaliste ou antisyndicaliste; on peut
être prosyndicat ouvrier ou antisyndicat ouvrier. Ce sont des opinions
philosophiques, et je pense que, dans la société, les organismes
représentatifs des groupes sont encore les syndicats. Pour nous, c'est
le syndicat professionnel. Je pense que ce sujet ne demande pas beaucoup
d'argumentation.
M. SAINDON: Bien...
M. DES ROSIERS: Quand nous parlons de commissions, ce sont des
commissions qui pourraient être prévues dans les conventions.
Nécessairement, les syndicats seront appelés, qu'on le veuille ou
pas, à négocier une entente avec le ministre. On peut
prévoir, dans les conventions, des commissions de ce genre-là qui
touchent un problème particulier de distribution dans certains milieux
géographiques. C'est une suggestion que nous faisons dans un but positif
pour éviter encore des querelles qui ne se résoudront
peut-être pas simplement par des lois.
Nous croyons que des commissions de membres représentatifs
peuvent aboutir à des suggestions positives et éviter
l'imposition de lois à des organismes qui ne réussissent pas
à s'entendre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Des Rosiers, dans votre mémoire
vous dites n'être pas d'accord que les médecins, qui auraient le
droit de vendre des médicaments dans les villes de 7,000 et moins,
soient régis par la corporation des pharmaciens. C'est bien cela?
Pourriez-vous nous dire quels seraient les désavantages, pour les
médecins, d'être régis par la corporation des pharmaciens,
à ce moment-là?
M. DES ROSIERS: II faut dire que les médecins ont toujours
dispensé des médicaments comme je l'ai dit tantôt, par voie
liquide, par voie intramusculaire ou par voie intraveineuse. Cela fait partie
d'une continuation de l'acte médical, la dispensation des
médicaments par voie intraveineuse ou intramusculaire, et tout le monde
admet que c'est le médecin qui dispense le médicament, à
ce moment-là. Aucune autre personne ne peut le faire, parce que c'est la
continuation de l'acte médical.
Donc, si l'on peut dispenser des médicaments par voie
intraveineuse ou par voie intramusculaire, qui est une voie extrêmement
dangereuse par rapport à la voie orale, nous nous demandons pourquoi les
médecins je ne parle pas en général mais de ceux
qui devront le faire pour rendre service à la population s'ils
donnent de la pénicilline par voie intramusculaire, ne
dépendraient pas du collège des pharmaciens, alors que s'ils
donnent 16 comprimés de pénicilline, à ce moment-là
ils seraient soumis à la corporation des pharmaciens. Nous ne voyons pas
du tout la logique.
Nous croyons que le collège des médecins, qui a dans ses
fonctions le contrôle de l'acte médical ainsi que le prolongement
de l'acte médical, pourra établir les contrôles
nécessaires dans la dispensation des médicaments, pour les
médecins qui devront le faire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mais le médecin qui pratique dans une
petite ville et qui donne des services pharmaceutiques, en somme il est
pharmacien et médecin en même temps. Faut-il nécessairement
qu'il soit régi par la Loi de pharmacie?
M. DES ROSIERS: Actuellement, dans notre mémoire nous sommes
d'accord que les médecins-pharmaciens soient soumis à la Loi du
collège des pharmaciens, parce que le médecin-pharmacien, celui
qui a pignon sur rue, qui administre un commerce, le commerce de la pharmacie,
c'est actuellement un pharmacien; il a toutes les fonctions du pharmacien. Par
contre, le médecin qui dispense des médicaments à
l'occasion d'une visite, à l'occasion de quoi que ce soit, à ce
moment-là ce n'est pas un pharmacien avec pignon sur rue qui fait
commerce de pharmacie; il dispense des médicaments dans la continuation
de l'acte médical. Je pense qu'il y a une distinction importante entre
les médecins qui ont des pharmacies et les médecins qui, dans les
régions rurales, dispensent des médicaments à la suite
d'une consultation médicale.
C'est dans ce sens que nous disons qu'il y a une distinction à
faire dans les organismes qui les régiront. L'un exerce un commerce, le
commerce de la pharmacie. Je ne veux pas dire qu'à ce moment-là
la pharmacie est uniquement un commerce, mais, si le médecin dispense
tellement de médicaments qu'il est obligé d'en faire un commerce,
à notre sens, c'est un pharmacien dans tous les sens du mot. Par contre,
l'autre qui dispense des médicaments pour continuer l'acte
médical dans certaines régions où il n'y a pas de
pharmacien, bien, il doit être soumis et régi par la Loi du
collège des médecins qui exercera les contrôles
nécessaires et voulus et qui peut le faire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: Ce sont de très brefs commentaires. Par exemple, je
note, en page 5 du rapport des médecins, le taux d'erreurs. Par un
commentaire qui m'a été apporté par trois médecins
de ma région, entre autres, cela s'avère exact et c'est
réellement regrettable. J'y attache un commentaire, à savoir que,
dans le moment, cette nouvelle forme d'étatisme prend un certain temps
avant d'entrer complètement dans les moeurs et qu'il y a quand
même une période pour s'habituer de part et d'autre. Par
contre, il y a également, ce qui a été
signalé tout à l'heure et qui devient une stupidité, tout
ce temps que le médecin doit prendre pour remplir un tas de paperasses
pour tâcher de se faire rembourser.
C'est là que je veux en venir; le médecin me faisait la
réflexion suivante: Moi, ma vocation, c'est d'être médecin.
Cela faisait longtemps que j'y pensais. Par contre, dans le moment,
après avoir étudié tant d'années, je ne puis passer
tant de temps à des niaiseries, à remplir des formules, etc. Je
ne puis même pas pratiquer. C'est tout simplement ce commentaire que je
voulais apporter. Je pense qu'il est assez réaliste dans le moment.
M. LE PRESIDENT: Le député de Joliette.
M. QUENNEVILLE: Dr Des Rosiers, dans votre argumentation pour permettre
l'accessibilité aux médicaments, vous semblez plutôt
ignorer le règlement actuel, à savoir cette délimitation
par le nombre d'habitants d'une municipalité. Vous semblez insister
surtout sur le fait de la non-possibilité de recevoir des
médicaments ou de se les procurer, surtout dans les endroits où
il n'y a pas de pharmacie. Est-ce que, dans votre esprit, c'est plutôt
cette distinction qui importe ou l'autre, les 7,000? Quand vous argumentez,
vous insistez sur les gens qui demeurent dans des endroits où il n'y a
pas de pharmacie.
M. DES ROSIERS: Ce n'est pas 7,000. Justement, ce serait 6,000, 7,000 ou
8,000; nous trouvons le chiffre arbitraire. A partir d'une certaine limite,
actuellement, les médecins peuvent dispenser des médicaments.
Cela correspond à quoi? A une analyse rapide de ce qui se passe en
province, dans les municipalités ou les localités qui ont moins
de 7,000 et où il n'y a pas de pharmacien. Ce n'est pas une analyse
profonde, à ce moment-là, des services ou des effectifs
disponibles dans chacun des milieux pour rendre le service pharmaceutique. Je
dis qu'il peut y avoir des municipalités où il y a un pharmacien
et des médecins. Ils pourraient s'entendre entre eux pour dispenser les
médicaments, le pharmacien reconnaissant, dans certaines
localités, qu'il ne peut pas rendre le service complet à la
population, étant seul. Donc, ce serait une entente entre le pharmacien
et les médecins dispensateurs de médicaments, à ce
moment-là, peu importe la limite du nombre d'habitants. Il faudrait
plutôt envisager le service rendu à la population. Nous croyons
que ce serait plus juste de ne pas parler de limite par nombre d'habitants,
mais de services disponibles ou pouvant être donnés à la
population.
Comme je l'ai dit tantôt, ce n'est pas pour encourager les
médecins à dispenser les médicaments.
Je crois qu'actuellement ils sont assez débordés par la
pratique médicale qu'ils n'ont aucun intérêt à
vendre des médicaments, sauf dans certaines régions où ils
doivent avoir des médicaments dans leur trousse parce que la personne
qu'ils vont voir demeure trop loin d'une pharmacie pour se les procurer.
M. QUENNEVILLE: En d'autres termes, Dr Des Rosiers, est-ce que vous
accepteriez, par exemple, que, dans les municipalités où il y a
déjà une pharmacie, les médecins ne puissent pas dispenser
de médicaments?
M. DES ROSIERS: Pas directement. Comme je le disais tantôt, c'est
le service rendu à la population. Je pourrais citer des villes
actuellement qui ont plus de 7,000 habitants où il y a un pharmacien
mais où le pharmacien ne peut pas rendre le service à la
population. Il faut dire qu'un pharmacien, dans une région
éloignée, tout comme le médecin d'ailleurs, qui est malade
un mois, deux mois ou prend des vacances, ne peut pas être disponible 365
jours par année. Qui va dispenser les médicaments lorsque le
pharmacien unique est absent, en vacances, chose normale? Cela va être le
commis? Je ne le sais pas.
M. QUENNEVILLE: Alors vous accepteriez les municipalités dans ces
cas-là?
M. DES ROSIERS: Après entente entre les dispensateurs de
médicaments. S'il y a une entente entre pharmaciens et médecins,
si, dans cette municipalité-là, on s'entend pour que les
médecins dispensent les médicaments à certaines conditions
et le pharmacien à d'autres conditions. Nous croyons que l'entente est
possible entre pharmaciens et médecins dans le problème de la
dispensation des médicaments. Nous croyons que c'est possible.
M. QUENNEVILLE: Je connais une ville qui a beaucoup plus de 7,000
habitants et où les médecins dispensent encore les
médicaments.
M. DES ROSIERS: D'accord, il y en a à Montréal.
M. QUENNEVILLE: Je connais très bien la ville.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, il s'agirait ici d'une autre facette
du problème. Quatre assistés sociaux m'ont appelé pour me
faire part de leurs griefs. Je pose la question au représentant des
médecins pour savoir si c'est bien vrai. Depuis tout
dernièrement, les assistés sociaux vont voir le médecin,
et le médecin donne une facture ou enfin une liste de ce que pourraient
coûter les médicaments pour le soigner, et ils sont obligés
de faire approuver cette liste par le bien-être social; le
bien-être social, après avoir approuvé la facture, fait
signer le médecin pour
pouvoir acheter les médicaments à la pharmacie.
M. DES ROSIERS: Actuellement, je crois que le Dr Quenneville va
être d'accord avec moi sur ce point, les formules qu'exige le
bien-être social pour qu'un assisté social reçoive des
prestations d'assistance sont basées sur la maladie. Pour avoir une
prestation, on envoie l'assisté social au médecin, même
s'il n'est pas malade. Sur ces formules-là, compte tenu
nécessairement du fait qu'un employé est en chômage ou
quelque chose du genre, le médecin inscrit des diagnostics probables,
ça peut être l'arthrite, tout ça, mais c'est
nécessaire pour la prestation. Et c'est vrai qu'on demande un coût
approximatif des médicaments que doit prendre le malade. A mon sens, il
ne relève pas du médecin d'évaluer le prix des
médicaments que doit prendre son malade. On peut suggérer les
traitements, mais les prix ne devraient pas relever du médecin. Cela
fonctionne comme ça actuellement.
M. BELAND: Alors comme je l'ai...
M. CASTONGUAY: Je pourrais peut-être ici faire un commentaire.
M. BELAND: Oui.
M. CASTONGUAY: Je suis bien conscient de ça et c'est
précisément le but de ce projet de loi d'améliorer, de
changer le système pour éviter ce type de situation. Je l'ai
mentionné lors de la première séance de la commission et
c'est précisément pourquoi nous faisons l'étude de ce
projet de loi afin de remplacer le système actuel qui est trop lourd,
qui demande des déplacements, qui demande un certain nombre
d'étapes dans lesquelles nous sommes pris présentement.
M. BELAND: En ce qui concerne la ville, c'est une chose quand même
qui peut avoir un certain sens, mais à la campagne, obliger des gens
à faire 15 ou 20 milles chaque fois pour aller de chez le médecin
au bien-être, du bien-être chez le médecin, et du
médecin chez le pharmacien, ça devient stupide.
M. CASTONGUAY: C'est la raison pour laquelle on a présenté
ce projet de loi...
M. BELAND: D'accord.
M. CASTONGUAY: ... c'est pour corriger cette situation.
M. SAINDON: M. le Président, je crois que je peux répondre
au député de Lotbinière. Lorsqu'un assisté social
se présente chez un médecin pour d'abord remplir les formules
réglementaires, lesquelles formules sont remplies à intervalles
réguliers de façon à motiver la continuation des
prestations, il y a un examen médical.
Au bas de cette feuille, il y a un endroit où c'est écrit:
"Coût approximatif des médicaments". Alors, l'assisté
social n'a pas besoin d'aller au bureau du service social ou à la
pharmacie et de revenir chez le médecin deux ou trois fois. C'est faux.
Tout ce que nous faisons, c'est d'écrire le prix approximatif des
médicaments au bas de la première feuille, puis c'est toujours la
même feuille. Le Service social se base sur cette feuille pour donner un
supplément à la prestation que touche l'assisté
social.
Il n'y a pas deux ou trois voyages; il y en a un. Dans certains cas,
nous n'indiquons pas de prix des médicaments, parce qu'il n'y en a pas
ou bien que le prix... Si le coût du ou des médicaments est
suffisamment élevé pour motiver une allocation spéciale,
à ce moment-là, on l'indique. Il n'y a pas deux ou trois voyages;
c'est un.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, comme dernière
remarque, je vais donner un conseil au Dr Des Rosiers. Quand ils feront des
discussions au sujet des municipalités de 7,000 âmes, le ministre
des Affaires municipales ne les entendra pas parce qu'il parle en termes de
communautés urbaines et de communautés régionales. Alors,
on a dépassé le stade des municipalités de 7,000
âmes.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui
voudraient parler? Je remercie le Dr Des Rosiers de son exposé. Je
demanderai maintenant à Me Ovide Laflamme, de présenter le
mémoire de l'Association des employés de commerce en
pharmacie.
Il me fait plaisir de saluer Me Laflamme, qui est député
au fédéral pour le comté de Montmorency. Cela nous fait
plaisir de le voir chez nous.
Association des employés de commerce en
pharmacie
M. LAFLAMME: Ce n'est pas, M. le Président, à ce titre que
je suis ici, mais plutôt comme conseiller juridique des
aides-pharmaciens. Nous nous sommes appelés, sur la première page
de notre mémoire, aides-pharmaciens et nous sommes membres de l'Union
des employés de commerce, affiliée à la FTQ.
Nous avons signalé "aides-pharmaciens," parce que, justement,
nous cherchons une définition juridique que nous n'avons pas et que nous
voulons avoir. C'est le sens premier de notre mémoire. Dans le
mémoire ou dans les quelques notes que nous voulons vous
présenter, nous avons certaines réponses à donner au
problème soulevé par MM. les omnipraticiens dans le
mémoire qui vient de vous être soumis.
L'objet du mémoire qui est devant vous et
dont je n'ai pas l'intention de vous donner essentiellement lecture,
c'est de vous soumettre les problèmes auxquels font face les
aides-pharmaciens sur le plan juridique. Aussi, nous voulons nous attarder
particulièrement sur les pharmaciens d'officine, c'est-à-dire sur
ceux qui s'occupent de la distribution au détail des produits
pharmaceutiques.
Je disais que nous sommes 1,200 aides-pharmaciens qui exercent un
métier ou une profession depuis 15, 20, 25 ans et qui n'ont aucun statut
juridique et qui, en plus de cela, exercent leur métier à
l'encontre de la Loi de pharmacie du Québec qui existe actuellement.
Nous avons, au début de notre mémoire, défini ce que la
loi entend par un pharmacien: "Un pharmacien est une personne qui s'occupe de
la préparation et de la distribution d'un médicament
administré en doses, en vertu de titre scolaire et d'une immatriculation
professionnelle et légale."
Nous soumettons que, dans la mise, en marché des produits
pharmaceutiques et dans la vente au détail à la pharmacie, il
s'est effectué, avec les années, une amélioration et une
détermination constantes au point que la préparation des potions
à l'intérieur de l'officine du pharmacien est à peu
près inexistante. Nous affirmons que les aides-pharmaciens, dans les
grandes comme dans les petites pharmacies, ne préparent plus de
potions.
Donc, dans la définition même de la pharmacie les mots
"préparation de produits pharmaceutiques" ne trouvent plus d'application
en réalité. Pourquoi? Simplement parce qu'au laboratoire, chez
les fabricants de produits pharmaceutiques et avec le développement de
la science dans ce domaine, on en est venu précisément à
fournir un produit pharmaceutique fini avec dosage étiqueté de
sorte que, suivant la publicité qui est faite lors de la fabrication du
produit pharmaceutique, laquelle publicité est faite au médecin
traitant, ce médecin lorsqu'il fait une prescription prescrit dans 99.9
p. c. des cas un produit déterminé, qu'il connaît par la
publicité qu'il en a reçue. Lorsque le pharmacien reçoit
cette ordonnance médicale, il a sur ses tablettes, d'une façon
claire et précise, le produit fini prescrit par le médecin et
avec dosage étiqueté. De sorte que la définition du
pharmacien, dans la Loi de pharmacie du Québec, ne cadre plus du tout
je parle du pharmacien d'officine avec l'exercice de la
profession de vente au détail de produits pharmaceutiques.
Messieurs, nous traitons aussi dans notre mémoire de la question
de la juridiction qui, évidemment, relève de la loi de la
Législature du Québec et de la Loi de pharmacie. H est
évident aussi que c'est vous qui avez le pouvoir de prescrire des
médicaments et de déterminer la compétence de l'individu
ou de la personne qui vendra au détail le produit pharmaceutique. Or,
nous savons par les enquêtes, tant de la commission Hall, de la
commission Carignan que d'autres commissions qui ont été
instituées sur la vente du détail des produits pharmaceutiques,
qu'il y a eu au moins 60 p. c. des produits pharmaceutiques vendus pour
lesquels on n'a même pas besoin d'ordonnance. Au moins 60 p. c. Nous
savons aussi que, lorsque le médecin prépare son ordonnance et
qu'il dit à son patient d'aller à la pharmacie chercher son
produit, ce n'est pas nécessairement un produit pharmaceutique qui doit,
en vertu de la loi, être vendu par ordonnance médicale. Ce que
nous disons également dans ce mémoire, c'est qu'il existe une loi
à l'heure actuelle qui s'appele la Loi de pharmacie du Québec et
que, compte tenu des responsabilités du pharmacien d'officine
aujourd'hui par rapport aux exigences pédagogiques de la Loi de
pharmacie du Québec pour l'émission du diplôme de
pharmacien, il y a une incompatibilité totale. D y a une disproportion
qui, à l'heure actuelle, a déjà fait dire à M.
Lacasse qui est un membre de la commission Castonguay-Nepveu, que les
exigences...
M. CASTONGUAY: Excusez-moi, je veux mentionner qu'il n'était pas
membre de la commission. Il a préparé une étude à
la demande de la commission.
M. LAFLAMME: Je m'excuse, M. le ministre. Nous voulons quand même
faire nôtres ses paroles. La responsabilité ou les
nécessités pédagogiques du pharmacien d'officine sont
à l'heure actuelle absolument hors de proportion avec les exigences du
métier ou de la profession. Nous ne cherchons pas dans le mémoire
à soulever la question des produits pharmaceutiques, même si nous
considérons que c'est une chose bien importante. Je voulais simplement
souligner qu'à la commission Carignan le directeur des enquêtes et
des recherches sur les coalitions, relève le double rôle des
pharmaciens: réglementer la profession de pharmacien et
exploiter, en exclusivité, des pharmaciens; faire fonction
d'association professionnelle intéressée au bien-être
économique de ses membres.
Or, les membres de cette commission s'étaient évidemment
posé la question: Est-il concevable qu'une association ait de tels
pouvoirs sur ses membres et soit, en quelque sorte, protégée
comme un monopole légal dans la distribution de produits qu'elle a le
droit, elle seule, de vendre en exclusivité.
Maintenant, je vous fais grâce des marques de commerce
elles sont là dans le texte du mémoire pour m'attarder
plus particulièrement sur la mise en marché. Disons tout de suite
et MM. les omnipraticiens voudront bien corroborer ce que nous disons
que c'est le médecin qui rédige l'ordonnance et non le
pharmacien.
Or, le pharmacien d'officine, qu'a-t-il à faire? Il doit livrer
au patient le médicament prescrit par le médecin.
Devant votre commission, tel que rapporté
dans le journal des Débats du 20 janvier 1971, M. Louis Landry,
de l'Association professionnelle des pharmaciens, a dit, à la page B-99:
"Nous croyons qu'il y a toute une série de gestes à poser par le
pharmacien à ce niveau. Premièrement, il doit vérifier
l'identité du patient pour éviter un accident, pour éviter
de se tromper."
Je soumets tout de suite que, premièrement, cette fonction
d'identification de l'individu n'exige pas quatre années universitaires.
Evidemment, nous reviendrons sur ce point. Je parle toujours des disproportions
entre les nécessités pédagogiques exigées par la
loi et le sens des responsabilités et les qualifications
nécessaires pour un bon exercice de la vente au détail des
produits pharmaceutiques. Sur la question d'identification, passons. J'ai
l'impression que c'est assez simple.
M. Landry continue: "II doit vérifier le dosage, la posologie,
une foule de choses mais aussi vérifier les possibilités de
contre-action avec d'autres médicaments qui sont déjà
pris, grâce au dossier-patient qui est encore à établir, et
aussi tous les renseignements qu'il y aurait lieu de donner au patient sur la
façon de prendre un médicament, qui n'est pas
nécessairement écrite sur l'étiquette, sur les
précautions à prendre sur les effets secondaires qui peuvent se
produire."
Messieurs les omnipraticiens, ce que nous soumettons, c'est que si le
pharmacien s'approprie, en vertu de cette définition, ce rôle, il
joue le rôle du médecin. Ce n'est pas son rôle et cela n'a
jamais été son rôle. Nous vous le soumettons bien
respectueusement.
Or, nous avons dit que les gens que nous représentons,
évidemment, exercent, contrairement à la loi, un métier et
une profession au su et au vu des gens qui, en vertu de la loi qui existe
à l'heure actuelle, la Loi de pharmacie du Québec, est un
monopole légal. Quand nous disons un monopole légal, nous voulons
dire qu'il y a une exclusivité quant à la loi et qu'il y a une
défense, en vertu de l'article 21 de la Loi de pharmacie du
Québec, à toute autre personne que le pharmacien
diplômé de vendre des produits pharmaceutiques.
En plus de cela, aujourd'hui, avec le développement de la science
et de la mise en marché des produits pharmaceutiques par le fabricant,
lorsqu'il arrive, par hasard, qu'il est nécessité un dosage ou la
préparation d'une potion au niveau du pharmacien d'officine, c'est le
fabricant qui le prépare et qui le livre pour le pharmacien.
Nous voulons également attirer votre attention sur la question de
l'interprétation de l'ordonnance. Lorsque, dans la Loi de pharmacie, on
dit que le pharmacien doit interpréter l'ordonnance, nous soumettons
respectueusement que cette interprétation n'est pas une chose qui permet
au pharmacien, sans la révision par le médecin, de donner
même une équivalence médicale. Il y a déjà
eu, même, des décisions des tribunaux où, lorsqu'un pharma-
cien s'est permis de livrer au patient une équivalence médicale
sans s'être référé d'abord au médecin pour
savoir s'il pouvait le faire ou si le médecin acceptait, il a
été condamné parce qu'il n'avait pas le pouvoir de faire
cette chose.
Nous nous sommes adressés à l'honorable ministre du
Travail qui avait prévu que, peut-être, en vertu du bill 49
adopté l'an dernier par la Législature, la Loi de la formation et
la qualification professionnelle de la main-d'oeuvre, il y aurait
possibilité d'accorder un statut juridique aux aides-pharmaciens.
Evidemment, l'honorable Cournoyer a compris, à l'analyse des exigences
de la mise en application de cette loi, qu'il y avait une absolue
impossibilité d'exercice, justement parce qu'il faudrait que les
aides-pharmaciens aient le consentement de leurs patrons qui sont les
pharmaciens.
Donc, M. Cournoyer, ayant considéré et accepté
qu'il n'était pas possible de nous atteindre avec cette nouvelle
législation, qui, en théorie, était excellente, mais qui,
dans la pratique, du moins, ne réglait pas notre problème, nous
avons été référés nous vous en
remercions grâce à une demande que nous avons faite
à l'honorable ministre de la Santé, à cette commission
pour soumettre nos vues.
Evidemment, nous aimerions bien qu'une attention particulière
soit apportée à notre mémoire et nous sommes convaincus
que vous le ferez. Il y a tout de même ceci de cocasse, c'est que 1,200
personnes exercent, dans les faits et continuellement la profession de
pharmacien dans la province et ceci, depuis 10, 15 ou 20 ans. Dans ce
temps-là, il se faisait des potions à l'intérieur des
officines des pharmaciens et c'étaient eux, les aides-pharmaciens, qui,
à 99 p. c. faisaient ces potions. Puisqu'au-jourd'hui il ne s'en fait
plus, pourquoi venir, à l'heure actuelle, nous abreuver avec le
problème des erreurs qui peuvent se glisser et du sens des
responsabilités? Nous soumettons qu'au niveau pédagogique les
aides-pharmaciens que nous représentons, ayant une expérience de
7, 8, 10 ans et plus, sont précisément les gens les plus aptes et
les plus compétents pour livrer les médicements requis. Avec la
transformation constante dans le domaine de la mise en marché des
produits pharmaceutiques, eux qui sont à l'officine tous les jours sont
ceux-là mêmes qui connaissent les changements dans les produits
pharmaceutiques. Quant à la question des dosages et de la mise en
marché, c'est le fabricant qui le fait depuis longtemps.
Je ne veux pas répéter ici ce qui est déjà
écrit dans le mémoire, sauf que, relativement aux études
pédagogiques nous parlons peut-être pour l'avenir
nous aimerions savoir comment il se fait que 1,200 citoyens dans la province
exercent un métier depuis 10 et 20 ans, contrairement à une loi
qui existe. Nous voulons avoir un statut juridique. Il me semble que c'est une
question à laquelle la Législature peut donner une réponse
claire et précise.
Relativement à la pédagogie nécessitée par
la
loi qui existe, nous soumettons qu'il n'y a qu'au Québec, dans
tout le monde, que quatre années d'université sont exigées
pour l'émission d'un diplôme de pharmacien. Nous disons
également que, dans plusieurs pays, on a reconnu même
l'Association des pharmaciens de la province l'a fait, en 1967, dans son
mémoire qu'on voulait accorder un titre ou une reconnaissance. Je
me demande si juridiquement elle aurait pu le faire, mais, enfin, elle a
émis le voeu ou l'idée que les aides-pharmaciens soient reconnus.
J'ai l'impression qu'ils ne sont pas des commis. Ils sont plus que des commis,
parce que, dans les faits, à 99.9 p. c, ce sont eux qui ont
exercé le métier de pharmacien jusqu'à maintenant.
Il y a environ 500 pharmaciens dans la province, appliqués
à la vente au détail des produits pharmaceutiques. Il y a 1,100
pharmacies dans la province qui vendent des produits pharmaceutiques. On
exécute en moyenne, dans une pharmacie, 100 ordonnances par jour.
Essayez de distribuer ces 500 pharmaciens-là dans les 1,100 pharmacies
et leur faire exécuter ces 100 ordonnances qu'il y a en moyenne dans
chacune de ces pharmacies. Cela est une absolue impossibilité.
Ainsi, il est vrai de dire, non pas par un jeu de calcul
justement, parce qu'à l'heure actuelle, la mise en marché des
produits pharmaceutiques, je m'excuse de le répéter, est à
ce point claire et précise que la question des erreurs ne peut
porter que sur l'identification et la lecture. Si, par hasard, une potion est
nécessitée, le pharmacien ou son aide appellent le fabricant et
c'est le fabricant qui livre la potion, lorsque le médecin fait
lui-même un dosage.
Maintenant, on dit que nous manquons de pharmaciens je termine
par ces mots mais il y en a 1,200 qui ont plus de sept années
d'expérience dans la province de Québec. Nous disons qu'ils ont
toutes les qualifications requises pour vendre au détail des produits
pharmaceutiques.
Nous avons été extrêmement intéressés
d'entendre parler du problème qui pouvait se poser à
l'intérieur de certaines localités entre le pharmacien et le
médecin traitant qui livre des produits pharmaceutiques. Je voudrais
vous référer à la page 693 du volume 1 de la Commission
sur les services de santé au Canada, qui a été
distribué en 1964, où il est dit que le directeur des
enquêtes et des recherches n'a relevé aucune preuve
évidente que les pharmaciens auraient accepté de s'en tenir au
guide de prix, mais il a constaté que presque tout le monde le suit.
Pour les pharmaciens en général, la concurrence des prix
est indigne de leur situation de praticiens. Nous soumettons respectueusement
que, dans l'intérêt de la population, une saine concurrence, dans
la vente au détail des produits pharmaceutiques, est peut-être un
moyen, à la base, non pas le premier ni l'essentiel je suis
convaincu que l'honorable ministre de la Santé et les membres de la
commission le savent mais c'est dans l'intérêt public, dans
l'intérêt de la population.
Ce qu'il faut rechercher avant tout, c'est la sécurité du
public de même que la compétence de celui qui livre son produit,
ce sont les deux critères de base. Le sens des responsabilités de
la personne en question, ajouté à son sens des
responsabilités et une expérience de quelques années dans
la vente au détail des produits pharmaceutiques, nous avons là la
compétence nécessaire, mais pas plus, pour vendre au
détail des produits pharmaceutiques avec ou sans ordonnance
médicale.
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'aimerais faire un commentaire
d'ordre général après cet exposé de Me Laflamme,
exposé au cours duquel nous avons été en mesure de juger
de sa compétence dans la défense d'une bonne cause. Le
commentaire général que je voudrais faire, c'est que l'on voit
jusqu'à quel point s'impose la nécessité de faire une mise
à jour des lois des corporations professionnelles.
La situation que l'on vient de décrire ce matin en est une de
fait mais qui n'est pas reconnue dans les lois. Nous entendrons, cet
après-midi, l'Association des denturologistes; nous allons voir
également que dans ce cas il y a une situation de fait qui n'est pas
reconnue dans les lois. Ma façon d'interpréter ceci est que les
lois des corporations ont, dans bien des cas, été bien
inspirées je n'en doute pas lorsqu'elles ont
été pensées, adoptées et modifiées par la
suite.
Mais avec l'évolution extrêmement rapide au cours des
dernières années, il s'est évidemment établi un
décalage entre le contenu de ces lois, la façon de les appliquer
et la réalité. Si je fais ce commentaire, c'est que je voudrais
bien attirer l'attention sur le fait qu'il n'est pas question, dans cette
révision, de chambarder de fond en comble tout le système des
corporations professionnelles sous le couvert d'une mise à jour, comme
pourrait le laisser entendre l'article que nous lisions ce matin dans Le
Devoir. Nous voulons plutôt je ne veux pas anticiper sur le
contenu des projets de loi qui seront déposés
éventuellement à l'Assemblée nationale faire une
mise à jour. Je crois qu'il est évident, après la
réception d'un tel mémoire, que cette mise à jour
s'impose.
Quant au mémoire lui-même, il porte, encore celui-ci, non
pas sur le bill 69 comme tel qui, lui, propose des amendements à la Loi
de l'assurance-maladie, mais il est relié de façcon assez
étroite, d'une part, à la Loi de pharmacie et à la
question de savoir si les aides-pharmaciens doivent être
constitués en un groupement professionnel ayant son autonomie et
certains pouvoirs de contrôle sur l'admission et l'activité de ses
membres.
Pour ma part, je préférerais plutôt que nous
prenions maintenant connaissance et c'est ce que je vais faire de toute
façon attentivement des représentations qui ont
été faites de telle
sorte que dans le travail qui est en cours présentement nous
prenions en considération, de façon aussi sérieuse et
aussi positive que possible, le contenu de ce mémoire. Merci.
M. BOIVIN: M. Laflamme, vous nous parlez ce matin d'une profession
auxiliaire de la pharmacie. Si je comprends bien, vous avez demandé une
charte pour cette profession et elle vous aurait été
refusée puisque vous nous dites que cette profession auxiliaire de la
pharmacie n'a pas d'existence juridique.
Est-ce que je pourrais savoir si vous avez demandé au
gouvernement une charte qui vous aurait été refusée?
M. LAFLAMME : C'est-à-dire qu'une charte a été
demandée et qu'elle a été refusée, justement parce
qu'il y a au Québec une loi qui s'appelle la Loi de pharmacie et
à l'encontre de laquelle on ne peut pas aller dans une charte. Il
fallait d'abord amender cette loi.
M. BOIVIN: Vous nous dites ensuite que vous êtes allés au
ministère du Travail et que vous avez demandé de former un
syndicat des aides-pharmaciens et que cela vous aurait été aussi
refusé.
M. LAFLAMME: Cela ne nous a pas été refusé. Si vous
lisez attentivement le bill 49 qui a été adopté par la
Législature du Québec l'an passé, vous allez en venir
à la conclusion vous-même qu'il n'y avait aucune
possibilité de faire fonctionner cette loi à l'intérieur
des cadres des aides-pharmaciens parce que, pour la mise en oeuvre de cette
association professionnelle, qui pouvait être théoriquement
constituée en vertu du bill 49, il fallait la participation ou la
création de comités régionaux volontaires des patrons et
des employés. Nous soumettons évidemment il n'est
même pas nécessaire de le répéter ici que les
aides-pharmaciens ne peuvent certainement pas avoir la participation de leurs
patrons qui sont les pharmaciens diplômés et qui contrôlent,
en vertu de la Loi de la mise en marché des produits pharmaceutiques,
pour former en quelque sorte un autre bras ou un autre membre de la corporation
existante.
M. BOIVIN: Mais qui est-ce qui les empêche de se syndiquer?
Pensez-vous que toutes les personnes...
M. LAFLAMME: Nous le sommes à l'heure actuelle. Nous faisons
partie de l'Association des employés de commerce. Nous sommes 1,200
membres et nous sommes affiliés à la FTQ. Cela n'a
évidemment pas d'implication quelconque dans ce sens, mais ces 1,200
individus ont décidé de se grouper pour agir en quelque sorte
à titre de groupe de pression afin de faire valoir et faire
reconnaître la situation dans laquelle ils se trouvent.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Argenteuil.
M. SAINDON: M. le Président, je voudrais faire remarquer à
M. Laflamme que je ne crois pas avoir saisi le sens exact de son intervention
en faveur des aides-pharmaciens.
Je lui demanderais si son intervention vise à recommander la
reconnaissance de l'aide-pharmacien sur le même pied que le pharmacien
lui-même. Si c'est oui, eh bien, je trouve que cela ressemblerait
étrangement à un état communautaire en pharmacie.
J'aimerais faire remarquer à M. Laflamme qu'en ce qui concerne la
santé, lorsque le patient se fait traiter par un médecin ou
chirurgien, lorsqu'il prend un médicament, le meilleur n'est jamais trop
bon.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Laflamme, dans votre mémoire, il y
a une chose qui m'intrigue. En termes populaires, je voudrais faire allumer mes
lumières là-dessus. Vous rapportez, d'après le journal des
Débats, que M. Jacques Gagnon, qui est président du
Collège des pharmaciens, a dit qu'il faut que les pharmaciens, comme
tous les autres professionnels de la santé, gardent, afin de
protéger le public, le contrôle de leur activité
professionnelle.
Et plus loin, vous dites que M. Gagnon avait mentionné un projet
de dossier-patient. A ce moment-là, je l'ai cru, j'ai pensé que
c'était vrai, comme membre de la commission. Et vous, vous dites que
ceci n'existe nulle part.
M. LAFLAMME: Non.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je dois vous croire, mais est-ce que
ça existe ou si ça n'existe pas? C'est ce que j'aimerais
savoir.
M. LAFLAMME: C'est-à-dire, il peut y avoir des cartes dans une
pharmacie, mais le sens du mémoire sur ce point est que le
dossier-patient est une chimère. Il y a le carnet de santé
personnel de l'individu. Il y a 25 p. c. de la population dans la province et
dans le pays qui déménagent à tous les quatre ans; alors,
comment voulez-vous que X, qui a un dossier-patient dans une pharmacie
donnée, qui vit à Québec aujourd'hui et qui, dans un an,
vivra à Montréal, revienne chercher son dossier-patient? En plus
de ça, à quoi ça sert?
Le carnet personnel de l'individu qu'il a sur lui, qu'il peut montrer
à son médecin, qui peut démontrer les allergies qu'il peut
avoir à l'endroit de tel ou tel médicament, c'est une chose qui
importe peut-être au médecin. H y a des gens qui portent sur eux
leur carnet parce qu'ils ont des allergies. Les médecins ont pris soin
de recommander à leurs patients de placer dans leur porte-monnaie une
carte démontrant qu'ils ont telle allergie à l'endroit de tel
produit, en
cas d'accidents ou quoi que ce soit. Alors, le carnet personnel de
santé est utile.
Le dossier-patient, les gens que nous représentons disent,
premièrement que, dans les pharmacies dans lesquelles ils travaillent,
il n'en existe pas; deuxièmement, ils le considèrent absolument
impraticable et non nécessaire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci. Juste une autre petite question. Me
Laflamme, est-ce qu'il arrive parfois que les aides-pharmaciens soient
obligés d'exécuter des ordonnances?
M. LAFLAMME: Non seulement ça arrive, mais ça fait vingt
ans.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Encore une fois, ce n'est pas ça
qu'on nous a dit antérieurement.
M. LAFLAMME: Pardon?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce n'est pas ce qu'on nous a dit il y a
quelques jours. On a dit que c'était toujours exécuté par
un pharmacien ou sous la surveillance d'un pharmacien.
M. LAFLAMME: Dans 85 p. c. des pharmacies de la province de
Québec, ce sont les aides-pharmaciens qui exécutent les
ordonnances.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Même en l'absence du pharmacien?
M. LAFLAMME: Bien, écoutez, s'il n'y a pas de
nécessité pour moi, en exerçant ma profession ou mon
métier, d'être là, je ne verrais pas pourquoi on
m'obligerait d'y être. Je n'en fais pas reproche aux pharmaciens.
M TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci.
M. LAFLAMME: Evidemment, ils se fient à la compétence de
leurs employés.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Me Laflamme, j'aurais quelques questions
à vous poser. Vous avez décrit tantôt l'évolution de
la pratique professionnelle de la pharmacie. Vous avez dit entre autres
qu'à votre avis, à l'avis du groupe que vous représentez,
le médecin a davantage de responsabilités dans le domaine de la
prescription magistrale, si vous me permettez cette expression, et que le
pharmacien n'a qu'à exécuter en fait un ordre ou des indications
qui lui sont données par le médecin. On avait compris, de la
description de tâches qui nous avait été faite par les
pharmaciens antérieurement, qu'ils devaient particulièrement
surveiller les contre-actions ou les interactions des médicaments,
qu'ils devaient aussi donner des indica- tions quant à la
fréquence d'absorption des médicaments, si vous voulez la
posologie. Us avaient également à renseigner le médecin,
parce que j'imagine que le médecin, sur certains aspects de la
pharmacie, a besoin lui aussi de conseils. Les médecins nous ont dit
souvent qu'ils vérifiaient auprès de pharmaciens soit avant ou
après avoir fait l'ordonnance. Alors, il y a une communication
très étroite entre les deux professions. Aussi, je pense que le
rôle du pharmacien est de conseiller son patient cela, c'est le
caractère professionnel de sa profession le conseiller sur
l'automédication.
Ce sont des responsabilités qui nous ont été
décrites comme étant les leurs par les pharmaciens. Maintenant,
vous dites que le médecin a davantage de responsabilités et qu'il
ne faut pas trop faire ressortir le caractère professionnel de la
profession de pharmacien, parce qu'elle a beaucoup évolué et que
les aides-pharmaciens ont davantage de responsabilités eux aussi et
qu'ils sont capables d'absorber une partie des fonctions du pharmacien.
Alors, est-ce que votre plaidoyer, si on pousse le raisonnement un peu
plus loin, voudrait dire qu'on reconnaît beaucoup moins d'importance au
pharmacien qu'il en avait, et à ce moment-là, si le pharmacien a
moins d'importance, par voie de conséquence, évidemment les
fonctions, les responsabilités de l'aide-pharmacien sont
diminuées. Je voudrais vous entendre là-dessus, Me Laflamme.
M. LAFLAMME: Evidemment, M. Cloutier, vous nous placez dans une
situation dans laquelle, nous devons dire que nous exerçons un
métier. Nous n'avons pas à dire que ce métier-là
n'exige pas le sens des responsabilités et des connaissances, ce n'est
pas ça que nous disons.
Nous disons, premièrement, que les exigences pédagogiques,
suivant la Loi de pharmacie du Québec, en relation avec le travail
précis qui se fait aujourd'hui dans la vente au détail des
produits pharmaceutiques, sont complètement disproportionnées.
Nous soumettons, de plus, que les gens que nous représentons ou les gens
qui sont ici devant vous sont des aides-pharmaciens qui exercent ce travail
depuis dix ans et plus et qui n'ont aucun statut juridique.
Nous ne voulons pas dire, par exemple, que le pharmacien ne doit pas
être soucieux de ses responsabilités de bien livrer au patient la
médication qu'on lui prescrit ou qui est prescrite par un
médecin. Si vous voulez faire une interrelation professionnelle entre le
médecin et le pharmacien, je voudrais vous signaler ceci: lorsqu'un
laboratoire de produits pharmaceutiques prépare une composition
nouvelle, il fait sa publicité au niveau du médecin, pourquoi?
Parce que c'est le médecin qui va la prescrire et c'est le
médecin qui, d'abord, connaît ce nouveau médicament qui
s'en vient sur le marché, bien avant le pharmacien.
Et lorsque le médecin fait son ordonnance, il a
déjà reçu toute la publicité relative au
nouveau produit qui s'en vient sur le marché ainsi que la
posologie. Ce travail de laboratoire a permis que la mise en vente du produit
pharmaceutique, par l'ordonnance médicale, devienne beaucoup plus
simple; il a enlevé, si vous voulez, la nécessité qui
existait de préparer des potions à l'intérieur des
officines des pharmaciens.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'après vous, la formation que l'on
exige du pharmacien, formation universitaire, est trop poussée. Vous
avez mentionné tantôt que, dans le Québec seulement, on
exige quatre ans d'études universitaires. Si mes informations sont
exactes, d'autres pays aussi exigent au moins quatre années de formation
universitaire pour le pharmacien, notamment la France, les Etats-Unis, la
Belgique, l'Espagne, la Suisse.
Alors, vous posez évidemment un problème qui ne
relève pas seulement de la commission des Affaires sociales, c'est un
problème qui relèverait plutôt de l'éducation et du
Collège des pharmaciens. Est-ce que le niveau de formation exigé
actuellement de cette profession devrait être repensé? Vous parlez
des relations entre le pharmacien et l'aide-pharmacien; vous voulez prouver,
évidemment, que la formation exigée est trop poussée. Si
elle l'était moins, cela justifierait d'autant plus l'aide-pharmacien
d'accomplir certaines tâches et de prendre des responsabilités qui
relèveraient plus particulièrement du pharmacien. Je me pose la
question suivante: Est-ce qu'en plus des aides-pharmaciens, il n'y a pas
d'autres groupes, d'autres travailleurs dans ce secteur-là, comme des
secrétaires pharmaceutiques qui, elles aussi, seraient habilitées
à accomplir les mêmes fonctions que les aides-pharmaciens? Est-ce
qu'actuellement il y a un groupe assez important de ce genre de travailleurs
qui accomplissent des travaux dans ce secteur de la pharmacie?
M. LAFLAMME: M. Cloutier, M. Saindon disait tout à l'heure: Le
plus, le mieux. Loin de nous l'idée de soumettre qu'il n'est pas
nécessaire de s'instruire. En fait, il y a à peu près
2,000 pharmaciens diplômés dans la province.
Sur les 2,000 diplômés, les deux tiers travaillent dans les
laboratoires et dans les centres de recherche de produits pharmaceutiques. Il y
en a à peu près 500 qui s'occupent de la vente au détail
des produits pharmaceutiques. Nous sommes liés par les exigences
pédagogiques de la loi pour le pharmacien d'officine. Alors, c'est cette
liaison-là qui, à l'heure actuelle, doit se faire et doit
être analysée de nouveau.
M. QUENNEVILLE: Me Laflamme, vous parlez d'exigences
pédagogiques. Est-ce qu'il faut comprendre qu'actuellement les 1,200
membres de votre association répondent, par leurs qualifications,
à certains critères ou à certaines normes?
M. LAFLAMME: Bien, ils répondent à ce point aux
critères que ça fait dix années et plus, comme je l'ai dit
tout à l'heure, qu'ils exercent, dans les faits la profession.
M. QUENNEVILLE: Mais, en dehors de ça, est-ce qu'il y a des
critères ou des normes établies au point de vue
pédagogique?
M. LAFLAMME: Il n'y en a pas eu. M. QUENNEVILLE: Bon.
M. LAFLAMME: Cela a été l'expérience avec les
années.
M. QUENNEVILLE: Merci.
M. SAINDON: M. le Président, j'aimerais savoir de Me Laflamme si,
oui ou non, il avait en tête, lorsqu'il a fait son exposé il y a
quelques instants, de demander la reconnaissance de l'aide-pharmacien et du
pharmacien sur un pied d'égalité.
M. LAFLAMME: C'est-à-dire que le but recherché, le but
premier, est de vous demander de trouver une législation qui nous
permettra d'exercer le métier ou la profession que nous avons
exercée jusqu'à maintenant, d'une façon légale.
Nous sommes dans l'illégalité présentement.
Deuxièmement, nous ne soumettons pas qu'à tous les points de vue
celui qui a fait des études prolongées en pharmacologie, disons,
pourra obtenir ou jouer tous les rôles. Encore là, nous revenons
au pharmacien d'officine, à la mise en marché des produits
pharmaceutiques, et, si vous voulez, au fait d'exécuter des ordonnances
médicales. Ce que nous voulons, c'est que vous nous reconnaissiez un
statut juridique.
Loin de nous l'idée de vouloir dire: N'ayons plus de pharmacien
et n'ayons plus de gens qui vont faire des études et des recherches dans
le domaine de la pharmacologie. Au point de vue, disons, de la recherche dans
le domaine des produits pharmaceutiques, nous disons qu'à l'heure
actuelle, tout simplement, dans la vente au détail des produits
pharmaceutiques, ces gens-là, s'ils sont compétents depuis dix
années et plus pour exécuter les ordonnances, devraient avoir un
statut légal. Maintenant, nous ne voulons pas aller jusqu'à
suggérer et conseiller, d'une façon précise, de quelle
façon vous devriez procéder. Nous posons le problème en
étant convaincus que vous trouverez une solution.
M. SAINDON: Me Laflamme, pourriez-vous me dire quelle loi défend
aux aides-pharmaciens de rendre les services qu'ils sont appelés
à rendre quotidiennement dans les pharmacies?
M. LAFLAMME: L'article 21 de la Loi de pharmacie du Québec.
M. SAINDON: Est-ce qu'il n'est pas dit, par
ailleurs, que le pharmacien est responsable et qu'il doit y avoir un
pharmacien surveillant en tout temps?
M. LAFLAMME: Vous avez le sous-paragraphe 3 de l'article 21 qui
définit et qui détermine la responsabilité lorsqu'il y a
vente de produits pharmaceutiques. On dit que c'est le pharmacien. A l'heure
actuelle, il y a des poursuites pendantes devant les tribunaux où, d'une
part, on a poursuivi le pharmacien. Il s'en est sorti juridiquement par le
sous-paragraphe 3. Mais, à l'heure actuelle, il y a des causes pendantes
où ce sont les aides-pharmaciens, qui ont vendu des produits
pharmaceutiques, qui sont poursuivis en vertu de cet article 21 de la loi.
M. SAINDON: Ils peuvent les avoir vendus de leur propre chef, sans le
contrôle du pharmacien.
M. LAFLAMME: Pour nous, ce que vous dites là, ce sont des
mots.
M. SAINDON: La même chose que les vôtres.
M. LE PRESIDENT (Fortier): S'il n'y a pas d'autres questions de la part
des membres de la commission, je remercie Me Laflamme. Je demanderais
maintenant à l'Association professionnelle des pharmaciens d'industrie
du Québec de se présenter. M. le ministre a un commentaire
à faire.
M. CASTONGUAY: Simplement, avant d'entendre le groupe suivant, M. le
Président, au cours d'une séance antérieure, le
député de Saint-Sauveur avait demandé ce que la
Régie de l'assurance-maladie avait fait pour faire connaf-tre le
régime d'assurance-maladie, son mode d'application, etc.
Le président de la régie a préparé un
document à l'intention des membres de la commission décrivant de
façon détaillée leurs activités au plan des
relations publiques et de l'information de la population, des
bénéficiaires du régime et de tous ceux qui y sont
intéressés à un titre quelconque.
Je vais demander que ce document soit distribué aux membres de la
commission en réponse à cette demande du député de
Saint-Sauveur.
M. LE PRESIDENT: Je remercie, M. Laflamme. Je demanderais maintenant
à l'autre groupe, l'Association professionnelle des pharmaciens
d'industrie du Québec, de se présenter.
Association professionnelle des pharmaciens
d'industrie du Québec
M. LATOUR: Je suis le Dr Roger Latour, vice-président de
l'Association professionnelle des pharmaciens d'industrie du Québec. Je
suis accompagné par M. André Riendeau qui en est le
président. Notre association compte environ 70 pharmaciens, qui sont des
pharmaciens du Québec, sur un effectif total possible de pharmaciens
d'industrie d'environ 200. Ce ne sont pas les deux tiers des 2,000 pharmaciens
du Québec qui, comme le dit Me Laflamme, sont dans la recherche, dans la
pharmacie d'industrie. Cela est totalement faux. Le maximum de pharmaciens est
d'environ 200.
Nos commentaires en ce qui concerne le bill 69 sont de nature
scientifique et concernent l'article 10 du projet de loi qui institue la
Commission de pharmacologie. Nous croyons que les cinq membres de la Commission
de pharmacologie, quelle que soit leur compétence, ne peuvent remplir
adéquatement les fonctions étendues énoncées
à l'article 27h), même si cette commission doit faire appel
à d'autres experts consultants.
Nous savons par expérience que l'évaluation
thérapeutique d'un médicament ainsi que sa toxicologie, son
métabolisme, sa pharmacologie, sa formulation, sa fabrication, son
contrôle de la qualité, etc., demandent aux équipes
médico-scientifiques de l'industrie pharmaceutique des connaissances
étendues qui ne s'acquièrent ou ne se complètent
qu'après des années de travail dans des domaines scientifiques et
médicaux souvent très spécifiques.
D'ailleurs, au Québec seulement l'industrie pharmaceutique
n'emploie-t-elle pas dans ce but plus de 1,000 diplômés
universitaires, ce qui lui donne un potentiel scientifique considérable?
De plus, il faut prendre en considération qu'une grande partie des
fonctions attribuées à la Commission de pharmacologie est
déjà assumée par la Direction des aliments et drogues,
organisme fédéral qui groupe un nombre imposant d'experts pour
faire l'évaluation des médicaments et qui ont peine à
suffire devant l'immense tâche qui leur incombe. D'ailleurs, accompagnant
mes commentaires, vous avez un organigramme de la Direction des aliments et
drogues d'Ottawa.
Il est difficile de concevoir comment cinq personnes seulement peuvent
avoir les connaissances, le jugement et le temps matériel
nécessaire pour se prononcer sur la valeur thérapeutique et la
qualité de fabrication de chaque médicament. Les buts de cette
Commission de pharmacologie sont certes louables, mais nous croyons que le
réalisme et le sens pratique doivent l'emporter sur la
théorie.
Notre association est à l'entière disposition des membres
de la commission permanente des Affaires sociales pour toute autre information
ou collaboration qu'ils désireraient obtenir. Merci.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais simplement apporter
une clarification, peut-être que le texte du projet de loi ne fait pas
suffisamment ressortir ce fait. De toute
façon, pour le moment, je crois que ce qui importe le plus est de
ne pas l'interpréter trop littéralement. Notre intention n'a
jamais été de demander, comme l'a dit M. Latour à cinq
personnes d'analyser la qualité, la toxicité, etc., le mode de
fabrication, au plan de la sécurité ou de l'hygiène, de
tous les médicaments qui sont sur le marché
québécois. D'ailleurs, je crois que des dispositions du projet de
loi indiquent que cette commission devra ou pourra faire appel à tout
autre organisme, experts consultants, etc., dans l'accomplissement de sa
tâche. Ce qu'il importe plutôt de retenir ici, c'est qu'au lieu de
confier directement, soit à la régie, soit au ministre ou
à ses fonctionnaires de dresser une liste des médicaments pour
lesquels la Loi de l'assurance-maladie prévoira des paiements, nous
avons voulu que ce soit fait par une commission qui regroupe des personnes
aussi objectives, aussi compétentes que possible. Mais, nous ne voulons
pas, en ce faisant, lui donner la tâche de mettre sur pied des
laboratoires d'expertise, de contrôle de qualité, etc.
J'aimerais toutefois demander à M. Latour, cette clarification
étant apportée, car nous ne voulons nullement faire double emploi
ici, s'il aurait d'autres commentaires à nous faire. Il me semble qu'il
y avait peut-être, à la base des représentations faites par
l'association, un malentendu.
M. LATOUR: Nous avons eu le privilège de soumettre un
mémoire au Dr Auguste Mockle, en décembre, où nous avons
exposé nos commentaires sur les quatre volumes qui avaient
été publiés à l'époque et qui sont le
résultat, je crois, de la commission interministérielle. Nos
commentaires ont été faits, il y a eu discussion. Je pense que ce
document pourrait peut-être être mis à la disposition des
membres de la commission parlementaire.
Mon texte a été volontairement court parce que je n'ai pas
voulu, comme aux séances précédentes, m'étendre
inutilement sur des sujets qui ne touchent pas toujours le bill 69. En fait, en
ce qui concerne le bill lui-même, nous n'avons rien contre, au contraire.
C'est simplement au sujet du pouvoir étendu qui est donné, dans
la loi, à la commission de pharmacologie. Sans garanties, nous n'avons
rien sur quoi baser notre évaluation, notre jugement sur les
règlements qui permettront l'établissement, par exemple, du
formulaire. De quelle façon le jugement sur la valeur d'un
médicament par ces cinq membres de la commission de pharmacologie
sera-t-il établi? Ce sont ces facteurs-là que je ne peux pas
discuter, je n'ai pas d'outils en main pour pouvoir y travailler.
Si j'avais davantage de renseignements... Il ne faut pas oublier que,
par exemple, en ce qui concerne les médicaments et l'industrie
pharmaceutique, si, à un moment donné, chaque province commence
à avoir ses propres normes pour évaluer les médicaments,
chaque industrie pharmaceutique va faire face possiblement à dix
règlements provinciaux.
Si, par exemple, cette commission de la pharmacologie n'est pas d'accord
sur la valeur d'un médicament, alors que la Direction
générale des aliments et drogues a donné l'autorisation de
le mettre sur le marché, qu'est-ce qui arrivera? On pourra le mettre sur
le marché dans les neuf autres provinces et pas au Québec,
c'est-à-dire qu'ici, il ne sera pas remboursé par
l'assistance-médicaments. Je parle des médicaments d'ordonnance,
car c'est surtout ce qui nous touche de près. Il y a des tas de
questions que nous nous posons, mais nous ne savons pas où aller parce
que, encore une fois, nous n'avons pas les outils en main. Je suis le Dr Latour
et M. Riendeau est celui qui est à côté de moi.
M. CASTONGUAY: II y a encore, je crois bien, un aspect qui mérite
d'être mentionné. Au point de vue de la qualité d'un
médicament ou des exigences pour qu'un médicament soit mis sur le
marché, rien, dans ce bill, ne tend à modifier ou à
vouloir faire un dédoublement avec les fonctions de la Direction
générale des aliments et drogues.
Nous reconnaissons très bien que la mise sur pied d'un tel
organisme demande d'abord une foule de compétences et des ressources
considérables. Le contrôle des médicaments doit se faire,
sur ce plan-là, à l'échelle du pays, étant
donné les problèmes que pose l'importation des
médicaments, etc. Il n'est pas question de soumettre les fabricants
à d'autres exigences sur ce plan-là ou de faire double emploi
avec la Direction générale des aliments et drogues.
Il n'en demeure pas moins là, on se rapproche et l'on
précise les buts pour lesquels une telle commission est prévue
que les médicaments je pense que cela a été
démontré d'une façon assez claire n'ont pas tous la
même qualité. Deuxièmement, certains médicaments,
qui sembleraient avoir, de façon générale, des attributs
assez semblables à d'autres médicaments, se vendent à des
prix comportant des écarts assez considérables. Est-ce que, en
établissant un régime d'assurance ou
d'assistance-médicaments, il ne faudrait pas établir un
mécanisme en vertu duquel, tout en maintenant une concurrence, les fonds
publics ne seraient pas utilisés pour l'achat de médicaments dont
la valeur serait disproportionnée, par exemple, avec les prix d'autres
fabricants? C'est ce genre de fonction qui est visé par la commission de
la pharmacologie qui est prévue ici et par les autres mécanismes
qui devront être mis en place pour faire en sorte que des prix
raisonnables soient payés.
Le but, justement de la référence du projet de loi
à la commission parlementaire et le but également je l'ai
mentionné au début visé par le fait que certains
articles de la loi ne sont peut-être pas précis, ne comportent pas
nécessairement tout le degré de précision voulu, c'est que
justement il nous apparaissait important, avant de préparer un projet de
loi définitif, que nous puissions entendre les recommandations, les
représentations et aussi les vues des membres de la
commission.
C'est le but général visé. Si des mécanismes
très précis n'apparaissent pas nécessairement dans le
projet, c'est justement pour pouvoir entendre les représentations qu'on
désirait faire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une seule remarque, M. le Président. Je
n'ai pas de question à poser au Dr Latour. Je suis heureux d'entendre
les dernières observations du ministre sur l'intention qu'il avait en
présentant ce projet de loi, à savoir que si certains articles
manquent de précision, c'est pour permettre une expression d'opinions
devant la commission. Il y a plusieurs organismes qui nous ont fait des
représentations quant à cette commission de pharmacologie, quant
à sa composition, quant à son mandat, ses responsabilités.
Je crois que les observations qui ont été faites ici
méritent d'être retenues, d'être examinées et qu'il y
a possibilité d'améliorer le projet de loi sur cet aspect
particulier.
M. LE PRESIDENT: Le député de Joliette.
M. QUENNEVILLE: Dr Latour, est-ce que le rôle de la Direction des
aliments et drogues se limite à l'innocuité ou à la
non-toxicité des médicaments ou si elle est en mesure de
déterminer la qualité des médicaments?
M. LATOUR: Je puis vous répondre qu'actuellement elle est en
mesure enfin, elle essaie, parce que c'est assez difficile
d'évaluer la qualité d'un médicament. D'ailleurs, en tant
que médecin vous avez dû recevoir le dernier bulletin de la
Direction des aliments et drogues où on essaie, là aussi encore,
de faire une comparaison de la qualité de certains médica- ments
avec le coût du médicament lui-même à
l'unité.
J'ai ici le rapport, je peux vous le montrer. De toute façon,
ceci simplement pour vous démontrer que, pour évaluer la
qualité d'un médicament, il faut tellement d'efforts, tellement
de tests qui ne sont même pas encore de nos jours parfaits qu'en fin de
compte l'évaluation de la qualité d'un médicament, je
pense, repose en grande partie sur le médecin qui le prescrit et qui
voit les résultats chez ses patients.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions à poser? Je
remercie le Dr Latour. Est-ce que les représentants de l'Association des
fabricants du Québec de produits pharmaceutiques sont ici?
M. LATOUR: Je peux peut-être répondre pour M. Dufault. Il
m'a téléphoné hier, disant qu'il prenait le train de 9 h 7
qui arrivait environ à midi. Le train doit être arrivé et
M. Dufault sera ici dans quelques minutes.
M. LE PRESIDENT: Merci. La commission va suspendre ses travaux
jusqu'à quatre heure et quart. La séance aura lieu à la
salle 91-A. C'est le même étage mais un peu plus loin.
M. LATOUR: Quatre heures et quart.
M. LE PRESIDENT: Bien, disons quatre heures, quatre heures et quart.
Cela dépend un petit peu...
UNE VOIX: Cela dépend des procédures.
M. LE PRESIDENT: ... des procédures. Disons donc quatre heures,
quatre heures et quart.
Reprise de la séance à 16 h 15
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! Je veux excuser les membres de la commission.
Il y a eu une petite intermission, parce qu'il y avait deux commissions qui
siégeaient en même temps que l'Assemblée nationale. Je
crois que nous allons reprendre les travaux si les membres de la commission
sont consentants à dire que nous avons quorum. Nous donnons maintenant
la parole au représentant de l'Association des fabricants du
Québec de produits pharmaceutiques.
Association des fabricants du Québec de
produits pharmaceutiques
M. DUFAULT: M. le Président, je voudrais d'abord nous excuser de
ne pas avoir été là ce matin. Nous avons eu quelques
problèmes de mécanique. Nous vous remercions de nous entendre cet
après-midi. Je voudrais remercier la commission de nous avoir permis de
présenter ce mémoire et aussi de le discuter avec vous
aujourd'hui.
Je me nomme Gérard Dufault, je suis président de cette
association; à ma droite M. Yves Chicoine, premier vice-président
et à ma gauche M. Jean-Paul Marsan, deuxième
vice-président.
Qu'il nous soit d'abord permis, M. le Président, de dire qu'au
sein de l'industrie pharmaceutique du Québec se trouvent des compagnies
d'importance nationale et internationale. Même si quelques-unes d'entre
elles sont devenues filiales de maisons américaines, telles que Ayerst,
Frosst, Horner, Elliott-Marion, il est bon de signaler que ces dernières
ont été fondées et mises en marche par des
Québécois et qu'elles avaient déjà atteint un
très haut niveau lors de leur acquisition par des capitaux
étrangers et qu'il en reste d'autres encore qui ont cette importance
nationale et internationale et qui font partie de l'Association des fabricants
du Québec de produits pharmaceutiques.
C'est en 1961 que des dirigeants de plusieurs des sociétés
pharmaceutiques du Québec ont jeté les bases d'une association
qui groupe les entreprises pharmaceutiques dont la charte est canadienne, soit
fédérale ou provinciale.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aurait moyen de résumer votre
mémoire?
M. DUFAULT: Si, je voudrais quand même, M. le Président,
avec votre permission, établir clairement que ces compagnies qui sont au
sein dé notre association sont des compagnies entièrement
canadiennes. Je pense que c'est un fait important. Et ce que je veux dire,
c'est que la majorité des actions sont détenues par des Canadiens
et que leur siège social doit être obligatoirement au
Québec. A l'heure acutelle, cette association groupe dix-huit
compagnies, elle embauche environ 600 employés dont plus de 125 sont des
diplômés de nos universités du Québec.
En 1970, ces dix-huit entreprises ont réalisé un chiffre
d'affaires de l'ordre d'environ $34 millions.
Plusieurs de nos sociétés, soit grâce à la
Caisse de dépôt du Québec, soit grâce aux plans
fédéraux PAIDA ou PAIT ont pu améliorer leurs
installations, leurs facilités de fabrication, leurs laboratoires de
contrôle et d'analyse ou continuer plus avant des recherches
amorcées dans des domaines aussi spécialisés que celui des
hormones hypophysaires humaines et animales ou celui de vaccins
anti-allergiques ou de recherche en immunologie et acquérir ainsi une
réputation non seulement nationale mais aussi internationale.
Même s'il est vrai qu'il se fait peu de recherche fondamentale
dans nos industries pharmaceutiques du Québec, il serait malheureux de
sous-estimer les efforts faits, que je viens de mentionner, soit dans le
domaine des vaccins, tout autant qu'il serait faux de minimiser l'importance du
développement et de la recherche qui s'effectuent au Québec et
aux autres niveaux de la science pharmaceutique.
Il convient également de souligner que plusieurs
sociétés membres de l'AFQPP subventionnent présentement
des études cliniques et pharmacologiques dans des hôpitaux, des
instituts et des universités québécoises et canadiennes,
et souvent y participent elles-mêmes. Je crois qu'il est bon de souligner
que cette politique contribue sûrement à garder au Québec,
nos chercheurs et notre main-d'oeuvre, hautement spécialisée
surtout en ces temps présents de chômage très
élevé.
Pour compléter cette présentation de nos
sociétés, je joins ici un formulaire et je pense que vous pourrez
y référer, alors je n'y ferai pas allusion davantage.
Je voudrais aborder immédiatement le bill 69 en vous soumettant
nos commentaires et recommandations et cet article 27G prévoit la
formation d'une commission de pharmacologie qui sera formée de cinq
membres, et ainsi de suite.
Nous n'avons pas l'intention de formuler des doutes quant à la
compétence ou à la qualification de ces membres mais nous croyons
que l'efficacité de cette commission sera diminuée en l'absence
d'un spécialiste de la fabrication de médicaments à
l'échelle industrielle. Comment pourrait-on envisager d'avoir des
discussions efficaces et d'établir des projets rentables, que ce soit
dans les secteurs de la médecine, de la pharmacie, du génie, de
la chimie ou de l'électronique, en l'absence de médecins, de
pharmaciens, d'ingénieurs, de chimistes ou d'électroniciens? Nous
croyons que cette commission aura à faire face à des
problèmes inhérents à l'industrie pharmaceutique et que
seul un spécialiste formé dans l'industrie et conscient de ces
problèmes et des solutions à apporter pourra suggérer des
données valables.
En conséquence, nous faisons les recommandations suivantes:
Premièrement: Ou bien ajouter à la liste des organismes qui
devraient être consultés, quant à la nomination des deux
experts en pharmacologie, le nom de l'Association des fabricants du
Québec de produits pharmaceutiques; deuxièmement: Ou bien que
l'un de ces deux pharmacologistes soit choisi au sein de l'industrie
pharmaceutique du Québec, après consultation et approbation par
notre association et qu'il soit un Québécois, d'origine et de
formation;
Maintenant, l'article 27H: Les fonctions de la commission sont de faire
des enquêtes et de poursuivre des recherches sur les médicaments,
les substances médicamenteuses ou préparations pharmaceutiques
ainsi que sur leur fabrication et leurs coûts.
Avec votre permission, je ne lirai pas le reste et je passerai tout de
suite à nos commentaires.
Nous serions d'accord sur une partie de cet article, si le tout
était fait en collaboration avec les services déjà
existants et assumés par le directorat fédéral des
aliments et drogues, mais non si une autorité telle était
conférée à la commission de pharmacologie qu'elle pourrait
reprendre les enquêtes, les recherches sur les médicaments, les
substances médicamenteuses ou préparations pharmaceutiques, comme
nous l'avons déjà fait remarquer dans nos commentaires au
comité consultatif de la régie, et avoir ainsi des règles
particulières différentes de l'autorité
fédérale.
A notre avis, il s'ensuivrait alors que l'industrie
manufacturière serait aux prises avec des dispositions
réglementaires différentes et parfois irréconciliables, si
bien qu'il ne pourrait en résulter qu'une augmentation des coûts,
donc des impôts pour les Québécois, pourtant
déjà si chargés.
Nous traiterons de l'autre partie de cet article qui regarde les
pouvoirs d'enquêtes quant à l'aspect du coût, en même
temps que nous traiterons de l'article 27K.
L'article 27 K: Le ministre des Affaires sociales dresse
périodiquement une liste des médicaments dont la régie
assume le coût en vertu de l'article 3.
Alors, pour nos commentaires, l'Association des fabricants du
Québec de produits pharmaceutiques est d'accord sur les buts poursuivis
par l'Assemblée nationale, qui, dans le passé, a chargé un
comité et des sous-comités interministériels
d'élaborer des normes et critères en vue de l'érection
d'une liste de médicaments remboursables par la société
d'Etat. Toutefois, nous, de l'industrie pharmaceutique du Québec,
déplorons intensément que l'industrie pharmaceutique n'ait pas
été consultée adéquatement, à ce jour, par
les organismes gouvernementaux et qu'en aucun temps nous n'ayons
été appelés à siéger au sein d'un
comité ou d'un sous-comité ad hoc quant à
l'élaboration des critères de base qui serviront à
l'érection de cette liste de médicaments.
Malgré le grand respect que nous avons pour les membres du
comité et des sous-comités interministériels
chargés d'élaborer ces normes et critères, nous croyons
que dans ces critères on n'a pas suffisamment tenu compte de l'aspect
pratique et économique.
L'Association des fabricants du Québec de produits
pharmaceutiques, qui a maintes fois élaboré ses commentaires sur
chacun des critères et normes, estime toujours que l'industrie
pharmaceutique est la seule compétente en matière de fabrication
de médicaments et qu'à partir de ce fait, la seule capable de
concilier l'aspect pratique et économique à l'aspect purement
scientifique élaboré par les membres des comités et
sous-comités susmentionnés. D'ailleurs, n'est-ce pas toujours
après une constante consultation auprès de cliniciens, de
pharmaciens de toutes les disciplines, de biologistes, de
bactériologistes, de chimistes tout autant qu'auprès de
spécialistes en étude de marché et de spécialistes
financiers qu'elle met finalement en marché ses produits?
Il nous semble donc qu'une commission de pharmacologie, même
composée des plus grandes compétences, éprouvera de
très sérieuses difficultés à insérer dans
une pareille liste, tous les médicaments qui présentent des
garanties de qualité, à des coûts raisonnables. Il nous
semble impossible que cette commission puisse, sans commettre d'oublis ou
d'erreurs, présenter une liste complète et valable.
Nous vous demandons, messieurs de cette commission des Affaires
sociales, et à tous les membres de l'Assemblée nationale, que
cette liste de médicaments qui se voudrait restrictive, ne soit pas
rendue officielle, avant de donner l'occasion aux compagnies de produits
pharmaceutiques qui seraient lésées, si un ou plusieurs de leurs
produits n'y étaient pas inscrits, de se présenter devant cette
commission de pharmacologie pour discuter du bien-fondé ou pas, de la
non-inscription d'un ou plusieurs de leurs produits à cette liste.
Nous voudrions aller plus loin et vous dire qu'il ne faudrait pas se
faire dire que l'industrie pharmaceutique pourrait être consultée
après la publication de la liste, et voir ainsi ajouter à cette
fameuse liste, mais avec plusieurs mois de retard, peut-être même
des années, les produits devant figurer lors de la publication
officielle.
Nous croyons que cette façon d'agir serait préjudiciable
à de nombreux membres de l'Association des fabricants du Québec
de produits pharmaceutiques. Je voudrais vous rappeler que nous sommes toutes
des compagnies authenti-quement canadiennes, ayant leur siège social au
Québec, vu que personne ne pourra estimer les pertes encourues et ne
voudra payer ou compenser ces pertes subies durant trois, six, huit ou douze
mois, même si une estimation de ces pertes était possible.
D'ailleurs, combien de nos membres seraient encore là pour demander ce
remboursement?
Afin d'éviter qu'une telle catastrophe arrive
à plusieurs d'entre nous et croyant fermement que notre
gouvernement actuel, qui se dit très soucieux de développer et de
venir en aide à l'industrie du Québec, ne permettra pas qu'une
telle chose puisse arriver et préférera accepter la solution que
nous lui proposons, à savoir:
Premièrement: Permettre aussitôt que possible, si tel est
son désir, que l'assistance-médicaments soit mise en vigueur pour
faire bénéficier le plus tôt possible cette partie de la
population québécoise, de soins complets, y compris les
médicaments. En permettant sans restriction aux médecins de
prescrire à leurs patients les médicaments qu'ils jugent
nécessaires. Que tous ces médicaments prescrits, sans
égard, à ce moment-ci, aux critères de base,
élaborés en vue de l'érection d'une liste officielle,
soient remboursables par l'Etat.
Deuxièmement: Que chaque compagnie pharmaceutique, ayant certains
de leurs produits contestés par un comité gouvernemental
qualifié, soit convoquée et ait l'occasion de faire valoir son
point de vue.
Les compagnies de produits pharmaceutiques, n'ayant pas encore pu se
faire entendre et discuter de ces critères avec un organisme
gouvernemental, ayant un pouvoir décisionnel, ne doivent pas voir leurs
produits rejetés de cette liste et ne doivent pas avoir à
supporter les conséquences d'une célérité,
certainement souhaitable pour procurer à beaucoup de gens moins
fortunés les médicaments qui leur sont nécessaires. Cette
même célérité, par ricochet, pourrait aussi les
priver de médicaments nécessaires à leur santé.
Cette même célérité pourrait enfin faire
périr plusieurs de nos compagnies québécoises qui ne
demandent qu'à progresser et à embaucher plus de nos
diplômés québécois et plus de travailleurs
québécois de différentes disciplines ou professions.
Quant aux prix, nous suggérons que soit étudié, de
près, le système "parcost", récemment adopté par la
province d'Ontario, dont le but est de diminuer le coût des
médicaments. D'autant plus que les mesures recommandées sont
incitatives et non pas coercitives et que ce système permet une saine
concurrence entre les différents fabricants.
Alors, voilà, M. le Président, ce que j'avais à
présenter et je suis à votre disposition si vous avez des
questions. Je vous remercie.
M. CASTONGUAY: M. le Président, avant que nous allions voter,
parce que je pense bien que c'est la cloche pour le vote.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ou le défaut de quorum. On est
allé vérifier. Quelqu'un est allé vérifier.
M. CASTONGUAY: Si vous me permettiez, je ferais un bref commentaire.
Premièrement, lorsque nous avons présenté ce bill
et je tiens à insister sur ce point un des aspects que
j'ai mentionnés, on peut le retrouver dans le compte rendu des
débats de cette commission, est qu'il nous fallait être bien
conscients du fait qu'il existe une industrie québécoise de
fabrication des médicaments.
Sur ce point, je voudrais être bien clair. Nous sommes bien
conscients de cet aspect. Dans les propositions qui nous sont faites, je ne
crois pas qu'il y ait ici incompatibilité, au contraire. Il s'agit
plutôt de rechercher au plan des modalités celles qui seront
à la fois les plus justes et équitables, compte tenu de l'aspect
du coût et de l'aspect de la dépense des derniers publics.
Sur ce point, je voudrais être bien clair. Le but que nous visons
n'est pas de tendre à paralyser le développement d'une industrie
pharmaceutique québécoise. Dans ce contexte, si vous me
permettiez, je ferais quelques brefs commentaires. Vous nous dites à la
page 6 que la commission devrait comprendre un spécialiste de la
fabrication de médicaments à l'échelle industrielle. Si
c'était un spécialiste à temps complet dans cette
commission et qu'il n'avait plus d'attache avec aucune entreprise, je crois que
c'est une question qui doit se poser. D'ailleurs, c'est ce type de composition
que nous recherchons dans cette commission, c'est-à-dire une commission
qui comprendra des personnes en mesure de bien saisir tous les aspects de la
question.
Deuxièmement, compte tenu du fait que si nous introduisions un
représentant d'une association telle que la vôtre dans une telle
commission, il me semble qu'il y aurait un certain conflit
d'intérêts et que l'on placerait cette personne dans une situation
extrêmement difficile, d'autant plus que le but de la commission est
simplement de dresser un dossier, une liste. Cette liste servira, par la suite,
selon un mécanisme qui pourra être précisé.
J'aimerais que la commission termine ses travaux et entende toutes les
représentations avant que nous fixions un choix définitif. Cette
liste servira, dis-je, à une négociation ou encore à des
demandes de soumissions, de toute façon à un échange avec
les fabricants. Il n'y aura pas de décision où, normalement, il
ne devrait pas y avoir de décision irrévocable prise par cette
commission, bien au contraire.
A la page 8, en ce qui a trait au directorat fédéral des
aliments et des drogues, je voudrais simplement mentionner que des commentaires
analogues nous ont été faits ce matin. Je ne voudrais pas
reprendre tout ce qui a été dit sur la question, mais j'ai bien
précisé que ce n'est pas l'intention du gouvernement, par ce
bill, de faire en aucune façon double emploi avec ce directorat. Nous
voulons, plutôt, par cette commission, uniquement avoir un organisme
aussi objectif, aussi compétent que possible aux fins d'établir
les prix que paiera le gouvernement et par après comme je l'ai
mentionné tantôt un mécanisme quelconque de
négociation ou de demande de soumissions.
Vous nous dites plus loin, à la page 10, que l'industrie est la
seule compétence en matière
de fabrication des médicaments, et qu'à partir de ce fait,
elle est la seule capable de concilier l'aspect pratique et économique
à l'aspect purement scientifique. Encore là, sur ce point, je ne
crois pas qu'il y ait désaccord. Nous n'avons jamais voulu dire dans le
bill 69 que nous érigions un organisme, que ce soit la commission
pharmacologique ou une autre, qui deviendrait compétent en
matière de fabrication. Tout ce que nous voulons faire, c'est assurer
que le système de médicaments, qui va être
l'assistance-médicaments, va être mis en application et faire de
telle sorte que la population ait accès à des médicaments
de qualité, que les médecins puissent prescrire aussi librement
que possible et que, d'autre part, les prix payés par le gouvernement
soient aussi justes que possible, étant donné qu'il s'agit de
fonds publics.
En ce qui a trait au système mis en vigueur en Ontario, j'ai
mentionné que c'était une expérience que nous
étudions et que nous aurions probablement, au cours des prochains mois,
un système qui pourrait s'y apparenter pour tous ceux qui ont à
acheter des médicaments. Je ne voudrais pas pour l'ensemble de la
population que l'on oppose ce système au bill 69 et qu'on qualifie ce
bill de coercitif. Je n'ai pas encore je pense bien en aucun
moment, mentionné et on ne peut pas retrouver dans le projet de loi,
à ma connaissance, des dispositions que l'on pourrait qualifier comme
telles. Il n'est pas question, de la part du gouvernement, d'imposer un
système de prix de façon unilatéral. Je tenais à
donner également cette précision afin qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté.
Enfin, vous nous faites, à la page 13, un certain nombre de
recommandations. Encore là, les mécanismes de fixation ou de
négociation ou de demande de soumissions qui seront utilisés en
vertu du bill 69 ne sont pas encore arrêtés. C'était
précisément le but des travaux de cette commission,, à
partir d'un schéma général qui était
présenté dans le bill 69, de pouvoir entendre les
représentations et préciser ce qui devrait être fait.
Maintenant, sur ce point, nous sommes bien conscients du fait qu'il ne faudrait
pas léser injustement un fabricant en établissant un tel
système; d'autre part, je crois c'est un point de vue qui me
parait important de souligner que de toutes les représentations
que nous avons eues, jusqu'ici il apparaît assez clairement que certains
médicaments se vendent à des prix assez élevés par
rapport à d'autres de composition passablement analogue et, aussi, que
dans certains cas, la qualité de certains médicaments peut
être mise en doute. Ici, je ne voudrais pas d'emblée retenir une
telle recommandation compte tenu, toujours, du fait comme je l'ai
mentionné que les mécanismes doivent être
précisés lorsque nous aurons fini cette période de
consultations et de discussions au sein de la commission des Affaires
sociales.
M. DUFAULT: M. le Président, est-ce que je pourrais, avec votre
permission, ajouter ceci? M. le ministre, mes remarques tout autant que les
restrictions ou les mesures coercitives, je ne les vois pas à
l'égard de prix. Il est peut-être de l'intention du gouvernement
de demander des soumissions mais, si nos produits ne sont pas sur les listes,
qu'on demande des soumissions, on n'est pas en mesure de soumissionner et la
question du prix n'entre plus en ligne de compte, c'est la question que le
produit n'est pas là. Et quand je parle de liste de produits, il n'est
pas dans mon intention d'attacher immédiatement d'importance à la
question du prix mais plutôt au fait que le produit est là ou
n'est pas là. Je pense que c'est cela qui est très important pour
nous.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'ai une magnifique
occasion de parler au nom des trois groupes d'opposition étant
donné...
M. MARCHAND: S'ils ne sont pas en Chambre, ils ne sont pas ici non
plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'ils ne sont pas d'accord, ils le
manifesteront après la lecture du journal des Débats.
Voici ce que je voulais dire. M. Dufault, tout à l'heure, a
mentionné que l'Association des fabricants, depuis le début des
travaux au sujet des médicaments, n'a pas eu voix au chapitre ou n'a pas
été associée d'assez près aux travaux dans ce
secteur des médicaments. Alors, ayant été moi-même
mêlé de près à la question, je voudrais apporter les
explications suivantes. C'est qu'au début, quand le comité
interministériel d'assistance-médicaments a été
formé, on a adopté un plan de travail en quatre
étapes.
La première étape de ce travail consistait à
dresser une première liste indicative de médicaments. Cela
était la responsabilité du comité directeur. La
deuxième étape consistait, pour ce comité, à
recruter des experts dans les différents secteurs ayant trait aux
médicaments. Il y a huit organismes ou associations qui ont
été représentés. Vous avez raison quand vous dites
qu'à peu près seuls les fabricants de médicaments
n'étaient pas représentés. Le problème suivant
s'est posé à savoir comment les fabricants pouvaient concilier
les suggestions d'un représentant à la commission. Il y avait
l'Association canadienne des manufacturiers et l'Association
québécoise, ce sont les deux qui me viennent à
l'idée. C'était un premier problème, s'entendre sur la
nomination d'un membre.
Deuxièmement, le ministre actuel a souligné avec raison
qu'il pouvait à ce moment-là effectivement y avoir des conflits
d'intérêts. Ces conflits d'intérêts existeraient
toujours si un membre de l'Association des manufacturiers, par
hypothèse, faisait partie de cette commission de pharmacologie.
Dans une troisième étape, c'est là où le
travail en collaboration devait se faire avec les fabricants et les
manufacturiers, parce que cette troisième étape avait
essentiellement pour but de soumettre la liste des médicaments
préparée par le groupe d'experts et approuvée par le
comité consultatif, de soumettre cette liste aux manufacturiers de
produits pharmaceutiques et de leur allouer un temps précis pour se
faire entendre et faire leurs représentations. Cela était la
troisième étape.
Pour ma part, je me souviens que j'avais demandé à mon
collègue, le ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Beaudry,
d'être partie à cette étape, avec ses fonctionnaires, de
sorte que le ministère de la Santé, dans le temps, et le
ministère de l'Industrie et du Commerce puissent travailler en
étroite collaboration avec les fabricants et les manufacturiers à
ce travail de révision et d'écoute des manufacturiers. Nous
avions cru et nous avions accepté les propositions du
comité qui avait été formé que
c'était là le cheminement le plus utile qui pouvait
éliminer des conflits d'intérêts et aussi d'autres
difficultés. La liste qui a été dressée
n'était pas, du moins à mon idée, une liste exhaustive,
mais c'était un travail de base qui aurait servi de discussion dans une
troisième étape.
Je ne sais pas si le ministre actuel a retenu intégralement cet
échéancier, mais j'ai cru comprendre par les explications qu'il
nous a données, lors des séances précédentes, que
cet échéancier tenait toujours. Il a dit tantôt, quant
à l'industrie manufacturière dans le domaine des
médicaments, surtout l'industrie québécoise, qu'il avait
l'intention d'y apporter beaucoup d'intérêt et de
précautions. Parce qu'il ne s'agit pas, en instaurant le projet de loi
numéro 69 ou quand on entre dans le secteur des médicaments, de
chambarder toute l'industrie manufacturière ou de la mettre dans une
position telle qu'elle ne soit plus concurrentielle ou qu'elle éprouve
des difficultés particulières. Mais il y a deux aspects
principaux, d'abord l'accessibilité des patients aux médicaments,
et obtenir cette accessibilité, ensuite, faire baisser le prix des
médicaments et éliminer les écarts inacceptables qui ont
été mentionnés à plusieurs reprises.
C'était là notre intention, non pas dans l'idée
d'éliminer les fabricants et de les considérer comme
quantité négligeable, mais pour faciliter le travail de la
commission. Je ne sais pas si le ministre voudrait ajouter quelque chose, mais
je voudrais vous rassurer quant à notre intention, et je viens
d'exprimer mon idée sur ce sujet.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: On pourrait peut-être demander au Dr Marcoux et
à M. Després de nous faire quelques commentaires.
M. DESPRES: A ce stade-ci, M. le Président, différents
travaux de recherche ont été effec- tués sur le plan
économique, tenant compte de l'industrie, en particulier, tenant compte
des réseaux de distribution et de l'aspect technique concernant les
médicaments. Ces rapports de travaux préliminaires de recherche
ont été étudiés au début par un
comité consultatif composé de 21 personnes, auquel ont
participé et apporté une contribution les représentants
des trois principaux groupes de fabricants de produits pharmaceutiques, y
compris les représentants de l'Association des grossistes. Ce
comité comprenait aussi des représentants des
fédérations de médecins, du Collège des
médecins, de l'Association des pharmaciens, du Collège des
pharmaciens et aussi les représentants syndicaux et ceux de
l'Association d'économie familiale.
Ces rapports de base ont ensuite été transmis au
ministère des Affaires sociales avec les commentaires
résumés que chacune des associations a formulés au
comité consultatif. Par la suite, le ministère des Affaires
sociales a créé des comités de travail pour revoir
évidemment tous les travaux qui avaient été accomplis par
la régie avec tous les commentaires que ceux qui étaient
représentés avaient formulés au cours des séances
de ce comité.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres membres de la commission voudraient
avoir d'autres explications, poser des questions à M. Dufault? Dans ce
cas, je remercie M. Dufault de son exposé et, à moins que nous
soyons appelés d'urgence à aller voter, je vais inviter la
Société professionnelle des pharmaciens d'hôpitaux du
Québec. Merci, M. Dufault.
M. DUFAULT: Merci infiniment.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous vous identifier et identifier votre groupe,
s'il vous plaît?
Société professionnelle des pharmaciens
d'hôpitaux du Québec
M. COURCHESNE: M. le Président, MM. les ministres, MM. les
députés, mon nom est Yves Courchesne. Je suis président de
la Société professionnelle des pharmaciens d'hôpitaux,
groupement qui rassemble 175 pharmaciens travaillant en milieu hospitalier. Le
mémoire de cette société professionnelle a
été approuvé à l'unanimité par les membres
du conseil d'administration et par les membres lors de l'assemblée
ordinaire annuelle et a été déposé à la
commission parlementaire le 3 février 1971. A ce mémoire,
quelques addenda se sont greffés, addenda dont nous aimerions vous faire
part ici. Ils tentent surtout de répondre à quelques questions
qui furent posées lors des séances précédentes de
la commission parlementaire des Affaires sociales.
La Société professionnelle des pharmaciens
d'hôpitaux demande qu'une disposition expresse de la Loi de
l'assistance-médicaments établis-
se en sa faveur une reconnaissance syndicale pour couvrir tous les
pharmaciens travaillant dans le secteur public, en particulier dans les
hôpitaux et dans les centres de santé, et pour autoriser le
ministre à négocier avec cette société. Cette
demande s'appuie essentiellement sur le caractère représentatif
de notre société, qui regroupe dans ses rangs plus de la
moitié des pharmaciens du secteur hospitalier. La notion de
propriété a aussi été soulevée lors
d'assemblées précédentes; la notion de
propriété exclusive d'une officine par les pharmaciens ne devrait
être abandonnée que pour permettre la tenue d'une telle officine
à des groupements ou sociétés à but non lucratif.
Il a été question des formulaires de substitutions et de format
thérapeutique. La liste des médicaments sujets à
remboursement devrait être une liste d'entités chimiques dont la
ou les formes pharmaceutiques garantissent, aux dosages acceptés, une
efficacité thérapeutique. L'Etat devrait permettre une
concurrence bénéfique entre les fabricants et permettre au
pharmacien le choix du fabricant de l'entité chimique prescrite.
En plus de favoriser une thérapie rationnelle, il y a lieu de
souligner les économies rendues possibles par les formats
thérapeutiques par le seul transfert des opérations manuelles de
l'officine du pharmacien à la ligne de production automatique du
fabricant.
Nous répétons ici nos remarques quant à la
couverture, à savoir que nous aimerions voir inclus dans la couverture
du bill 69, tout ce qui, actuellement, bénéficie de la
gratuité des médicaments, pour que ces gens puissent continuer de
recevoir les bénéfices à l'intérieur même de
la loi de l'assurance-maladie. Nous nous sommes prononcés aussi en
faveur des frais modérateurs. Cette question est revenue et, dans la
mesure où le patient exige du médecin un traitement
médicamenteux non justifié, nous croyons utile de faire appel au
système des frais modérateurs.
Voici quelques points d'intérêt qui sortent peut-être
à peine du bill 69, qui y sont greffés, et au sujet desquels nous
avons jugé bon de préciser quelques-unes de nos positions. En ce
qui concerne les techniciens en pharmacie, d'abord, nous joignons, en annexe
à notre mémoire que vous avez reçu, un travail
décrivant notre position afin de favoriser l'utilisation des techniciens
en pharmacie, plus spécifiquement, en milieu hospitalier. Quant à
la répartition géographique, vous trouverez aussi en annexe un
tableau résumant la répartition des pharmaciens du secteur public
dans la province.
Il est évident que plusieurs régions de la province ne
bénéficient pas de services pharmaceutiques adéquats. La
création rapide de CLS, telle que préconisée par le
rapport Castonguay, favoriserait aussi une meilleure répartition des
professionnels de la santé. Plusieurs points ont touché à
la Loi de pharmacie. La représentation du public d'abord, et la SPPH
favorise, pour sa part, la représentation du public consommateur de
services et de biens, au sein du conseil des gouverneurs.
Cette représentation pourrait être assurée par deux
personnes nommées par le lieutenant-gouverneur en conseil, et celles-ci
seraient chargées de faire rapport, ou au ministre des Affaires
sociales, ou à l'Assemblée nationale. La SPPH demande aussi que
tout médecin pratiquant la profession de pharmacien en milieu
hospitalier, soit soumis aux mêmes exigences et aux mêmes lois que
les pharmaciens qui pratiquent dans ce milieu.
Actuellement, les médecins qui font office de pharmaciens n'ont
que les droits liés à la pratique, mais ne sont pas soumis aux
obligations. De même, il serait normal que les fabricants et grossistes
ne livrent les drogues qu'aux personnes soumises à la Loi de pharmacie.
La SPPH demande, de plus, que le collège diffuse dans le public les
normes d'exercice imposées à ses membres, afin de permettre aux
patients de se faire une opinion sur la valeur professionnelle de son
pharmacien.
Les médecins sont soumis, en milieu hospitalier, à
certaines réglementations concernant les ordonnances,
réglementations qui s'avèrent indispensables et améliorent
la thérapeutique. Il serait souhaitable que des réglementations
similaires soient appliquées pour l'ordonnance en dehors du milieu
hospitalier. Pour ce qui est du mode de traitement, le paiement à
l'acte, nous croyons, pour les services du pharmacien, que c'est une formule
qu'il gratifie pour dire oui. Alors que très souvent, son
véritable rôle est de dire non.
Un autre point a été soulevé ce matin et cet
après-midi, et nous aimerions en référer à la page
4 de notre mémoire initial, pour dire que la SPPH considère comme
absolument indispensable l'existence de la commission de pharmacologie
créée par l'article 10 du bill 69. Cette commission est vraiment
l'instrument idéal pour établir les bases d'une thérapie
rationnelle, et par le fait même économique en dressant la liste
exhaustive des médicaments de qualité.
La SPPH ne peut concevoir que l'Etat assume le coût des services
et des soins pharmaceutiques, que dans la mesure où l'Etat choisira les
meilleurs médicaments aux meilleurs prix. Cette commission,
d'après la SPPH, devrait être équipée de groupes de
recherche compétents pour évaluer les propriétés
respectives des divers produits, et ne retenir que ceux qui, au meilleur
coût possible, constituent un des éléments fondamentaux
d'une thérapie rationnelle.
Seul le coût des médicaments inscrits sur cette liste
devrait être assumé par l'Etat. L'établissement de cette
liste a des nominations communes, en permettant d'éviter d'inutiles
duplications des médicaments, accroîtrait considérablement
le pouvoir d'achat, quant aux produits inscrits sur la liste, ce qui aurait
pour effet de réduire les coûts, et permettrait également
de maximiser le rendement des médicaments, et réduirait là
aussi d'inutiles dépenses causées par la consommation de
médicaments plus ou moins efficaces.
Ce sont les remarques que nous avions à faire en plus du
mémoire qui a déjà été
déposé.
M. CASTONGUAY: Pourrais-je poser une question? M. le Président,
il y aurait seulement un point à préciser, avant de commencer. Il
y aurait simplement une couple de commentaires que je voudrais faire, et
laisser la parole aux autres membres de la commission. Le gouvernement n'a pas
l'intention en présentant le bill 69, de retirer aux patients
hospitalisés, à ceux qui ont l'accès aux
médicaments dans le cadre du système actuel, l'accès aux
médicaments.
Il y a une certaine série d'exemples qui sont donnés au
début de votre mémoire, à la page 2, et nous ne voulons
pas, par ce bill 69, restreindre ce qui se fait présentement, au
contraire. Je l'ai mentionné au début, nous voulons plutôt,
pour une catégorie de la population qui, principalement par le
mécanisme de la Loi de l'aide sociale, a accès
présentement aux médicaments dans des conditions plus ou moins
efficaces, améliorer cette situation et peut-être, selon les
estimations du coût, étendre quelque peu cette couverture au
départ, ou ce champ d'application.
Il ne nous semble pas, d'autre part, possible d'étendre à
l'ensemble de la population, c'est d'ailleurs clair dans le bill 69, ce type
d'assurance, au début du régime. Nous avons vu comment
l'établissement du régime d'assurance-maladie crée des
difficultés, aussi bien au niveau des négociations que de la mise
en marche de la machine administrative. De la même façon, nous
croyons nécessaire de procéder d'une façon aussi
ordonnée que possible pour que le régime d'assurance-maladie soit
aussi efficace que possible à des coûts raisonnables et qu'il en
résulte pour la population couverte une nette amélioration,
quitte plus tard à étendre le champ d'application de ce
régime. C'étaient deux points. Sur les autres aspects plus
particuliers, j'aimerais mieux réserver au besoin mes questions,
après celles des membres de la commission.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier, député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je parle toujours au nom de votre gauche, M. le
Président. Dans votre mémoire initial et additionnel, il y a des
parties importantes dont vous n'avez pas parlé cet après-midi.
Vous avez fait des réflexions sur le rapport de M. Laccasse, vous avez
parlé du rôle du médecin, du pharmacien, également
du pharmacien salarié de l'Etat. Je viens de lire rapidement votre
mémoire additionnel. Vous proposez un système complètement
étatique, que tout le secteur de la pharmacie soit complètement
décommercialisé, que le pharmacien devienne un salarié de
l'Etat. Vous n'en avez pas parlé cet après-midi pour ne pas
soulever de polémique ou si vous avez changé d'opinion depuis la
rédaction du mémoire?
M. COURCHESNE: Notre opinion, M. Cloutier, est toujours la même.
Tout simplement nous avons présumé que les membres de la
commission avaient lu le mémoire, c'est pour cette raison que souvent M.
le président nous a demandé de résumer, d'abréger.
Nous n'avons même pas résumé le mémoire comme tel,
présumant que chacun des membres de la commission l'avait lu. Notre
opinion est toujours la même, le système étatique et les
recommandations de M. Lacasse et, enfin, ce que nous pensons de certaines de
ces recommandations.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres de la commission ont reçu
le mémoire?
M. QUENNEVILLE: Nous avons reçu, ici, une communication il y a
quelques minutes, disant que deux étudiants-pharmaciens ainsi que deux
bacheliers en pharmacie ces deux derniers ne faisant pas partie de
l'Association des étudiants en pharmacie mandatés par je
ne sais qui, ont décidé de résumer un mémoire de la
Société professionnelle des pharmaciens d'hôpitaux et de le
présenter à cette commission parlementaire. Ce qui suit c'est
pour dire simplement que vous n'êtes pas mandatés.
M. COURCHESNE: Je regrette, vous parlez peut-être d'un autre
groupe. Nous représentons la Société professionnelle des
pharmaciens. C'est un fait.
M. QUENNEVILLE: Excusez-moi, monsieur, ça me surprenait aussi.
Est-ce que c'est vous qui avez été visé par cette
chose-là?
UNE VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Bon d'accord, vous êtes tout excusé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, nous pouvons présumer que le
mémoire suivant ne sera pas complètement d'accord avec ce
mémoire.
M. COURCHESNE: Enfin le mémoire suivant... J'aimerais aussi
répondre ou peut-être simplement spécifier quelques points
qui ont paru obscurs à M. Castonguay. M. le ministre, j'aimerais vous
faire remarquer que ce qui est inclus à la page 2 du mémoire
initial, ce sont actuellement les soins distribués, ou les
médicaments distribués gratuitement par l'Etat. Pas simplement en
milieu hospitalier, mais à des patients des consultations externes
très souvent.
Le bill 69 prévoit l'aide ou les médicaments pour les gens
qui tombent sous le coup du bill 26 ou la Loi de l'aide sociale. Certains
médicaments et plusieurs des médicaments qui sont
distribués actuellement, soit dans les cliniques de fibrose-kystique,
dans les cliniques de cancer, dans les cliniques spécialisées ou
subventionnées comme on les appelle, sont quand
même distribués à des patients qui ne sont pas sous
la Loi de l'aide sociale. C'est pourquoi on voudrait que soit incluse au bill
69 une liste de ces patients parce qu'on continuera à distribuer
gratuitement en dehors des lois, des médicaments qui pourraient fort
bien être distribués à l'intérieur d'une loi.
M. CASTONGUAY: Mais il y a moyen, aussi, comme vous le dites, si cela
est fait en dehors des lois, de modifier les autres lois. Il y a une option qui
se pose. Vous connaissez, l'automne dernier lorsque le bill 26 a
été mis en vigueur, le genre de réactions produites dans
les consultations externes de certains hôpitaux à Montréal.
Alors, nous avons demandé à ces hôpitaux de continuer,
temporairement, leur pratique de distribuer des médicaments.
C'était une situation qui existait déjà depuis longtemps.
Elle n'a été créée ni par le bill 69 ni par le bill
26. Alors, on leur a demandé de continuer, ce qu'ils ont fait. Il s'agit
de voir, maintenant, quel est le mécanisme le plus approprié pour
faire en sorte que la population, qui reçoit présentement des
médicaments, continue de les recevoir comme je l'ai
mentionné tantôt à moins que ce ne soit tout
à fait injustifié. Nous ne voulons pas revenir en arrière
et priver des gens de médicaments qu'ils reçoivent
présentement pour de bonnes raisons. Mais, il y a définitivement
une option qui se présente: Est-ce que le mécanisme actuel,
régularisé au plan juridique, ne serait pas davantage
approprié que le bill 26? C'est le genre de question, je crois, qu'on
doit se poser.
M. COURCHESNE: Si vous me permettez, à un moment donné, M.
le ministre, vous avez parlé de politique de vérité
à l'intérieur...
M. CASTONGUAY: Politique de...?
M. COURCHESNE: Politique de vérité. Vous vous rappelez,
enfin... Tout simplement, la population du Québec aimerait savoir ce que
cela coûte au gouvernement, réellement, de distribuer des
médicaments à une série de personnes, et d'avoir le
coût global de cette médication. Je pense qu'à
l'intérieur du bill 69 on peut inclure, actuellement, toutes les
personnes qui reçoivent gratuitement ces médicaments. Alors
qu'avec le bill 26, on pourrait difficilement, par exemple, pour un
cancéreux qui a un certain revenu dépassant le bill 26, l'inclure
à l'intérieur du bill 26. Il continuerait à recevoir des
médicaments gratuitement. Pour quelle raison, comment et à
l'intérieur de quelle loi? C'est peut-être la question que nous
nous sommes posée. Quant à organiser la distribution des
médicaments pour un demi-million de personnes, tout aussi bien y
inclure, peut-être, les 100,000 ou 150,000 autres, qui continuent et vont
continuer à recevoir... C'est une suggestion que nous vous faisons. Vous
êtes les dirigeants.
M. CASTONGUAY: Je voulais dire que, s'il y a un bon système de
distribution, bien contrôlé, où on suit les patients,
c'est-à-dire dans les consultations externes des hôpitaux, et si
on en juge de toute façon par la réaction lorsque ces
hôpitaux ont cessé la distribution des médicaments, c'est
donc signe qu'ils rendaient des services à cette population. Avant dire
que nous arrêtons ceci, est-ce qu'il n'est pas bon c'est ça
la question du coût dans le domaine de la santé d'avoir une
meilleure connaissance des coûts? Je pense que nous sommes bien
conscients du fait que nous devons viser, tous, au sein du gouvernement,
à rendre compte le plus clairement possible, des coûts des
programmes mis en oeuvre. Si ce n'est que le seul aspect, en faveur d'un
changement de système, on peut se demander si vraiment il n'est pas
mieux d'essayer de parfaire nos méthodes d'analyse de coûts
d'exploitation des hôpitaux et continuer le système en
consultation externe, quitte à modifier les dispositions
législatives qui rendraient ceci illégal. Il reste que c'est une
situation de fait, développée pour répondre à un
besoin et, à moins d'apporter des raisons assez sérieuses pour
démontrer que ce système ne répond pas à un besoin
ou est inefficace, ou n'est pas conforme à une bonne pratique de
distribution de soins, on peut hésiter avant de changer une telle
chose.
M. COURCHESNE: M. le ministre, est-ce que vous me permettez de donner
quelques unes de ces raisons sérieuses?
Toujours à l'intérieur de l'assurance-hospita-lisation, il
a été refusé aux hôpitaux l'addition de pharmaciens
ou de personnel lorsque l'addition de ces pharmaciens ou de ce personnel
technique était justifiée par une clientèle des
consultations externes. Lorsque le système a été
continué à l'intérieur des hôpitaux, c'était
au détriment de deux groupes de personnes. C'était d'abord au
détriment des personnes hospitalisées et ensuite au
détriment des personnes que nous étions appelés à
servir. En effet, le nombre de personnes à l'intérieur des
services de pharmacie dans les hôpitaux n'était pas suffisant pour
répondre à ces demandes accrues. Peut-être se faisait-il
une distribution de produits pharmaceutiques, mais la distribution des services
pharmaceutiques était sûrement de beaucoup diminuée parce
que le personnel approuvé pour un hôpital de 600 lits était
du personnel simplement approuvé pour 600 patients hospitalisés.
Si on y additionnait 300 ou 400 ordonnances par jour pour des consultations
externes et que l'on essayait d'obtenir du personnel pour ces 300 ou 400
ordonnances par jour, jamais cela n'a été accepté dans les
hôpitaux par l'assurance-hospitalisation. L'assurance-hospitalisation a
toujours refusé ces choses.
Pourtant, les hôpitaux ne pouvaient pas combler les
déficits qu'aurait amenés l'engagement de personnel
supplémentaire. C'est pour
cela que je vous dis que les services pharmaceutiques en ont souffert
aux deux niveaux. On divisait le personnel soit au niveau du personnel qui
travaillait pour les patients hospitalisés et on diminuait le service.
J'ai vu des patients attendre pendant au moins trois heures dans le corridor de
certains hôpitaux pour avoir une ordonnance de 50 libriums ou 25
peritrates, et pour obtenir ces médicaments. Assistés sociaux ou
pas, je' pense que c'est un peu inhumain de pratiquer ces choses.
A l'intérieur d'un système qui prévoirait
suffisamment de personnel et peut-être des pharmaciens en nombre
suffisant, peut-être y aurait-il lieu de continuer dans la même
voie, mais je pense que ce n'est pas possible dans le système actuel. Le
capital humain, le capital tout court et aussi les locaux sont
déficients dans la plupart des hôpitaux de la province.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Courches-ne, vous avez déjà
préparé un mémoire à l'intention du comité
d'étude du Collège des pharmaciens pour la formation et la
création des auxiliaires en pharmacie.
M. COURCHESNE: Exact.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans ce mémoire, vous avez classé
en sixième place les aides de pharmacie. Vous les décrivez comme
suit: "Personne qui est assignée au nettoyage, lavage et entretien de la
verrerie et de l'instrumentation en usage dans les laboratoires du
département de pharmacie. Elle peut aussi effectuer le nettoyage des
tables de travail, entraînement en cours d'emploi." Est-ce que ces aides
de pharmacie, dans votre esprit, ce sont les 1,200 aides-pharmaciens de ce
matin?
M. COURCHESNE: C'est un coup en bas de la ceinture. Les gens qui se sont
présentés devant vous ce matin ont bien voulu s'appeler
aides-pharmaciens. Si vous lisez avant le paragraphe 6, vous avez
sûrement d'autres descriptions de gens qui s'appellent techniciens en
pharmacie, aides-techniciens ou assistants-techniciens en pharmacie. Nous nous
sommes basés sur les descriptions que vous voyez là, sur les
descriptions déjà existantes, car nous travaillons à
l'intérieur d'employés syndiqués et nous nous sommes
basés sur des descriptions déjà existantes.
Les gens qui se sont présentés devant vous ce matin ont
parlé de techniciens, d'assistants techniques ou d'aides techniques et
ils ont choisi de s'appeller aides-pharmaciens. Il ne m'appartient pas de
changer pour eux leur nom. Quant à nous, nous travaillons à
l'intérieur de certaines définitions établies entre la CSN
ou les hôpitaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je m'excuse, si c'était un coup en bas
de la ceinture. Cette semaine, il y a eu des combats de boxe. Je voulais vous
poser une autre question. Ce matin, on a exprimé l'opinion que le cours
de quatre ans, pour un pharmacien, devrait peut-être repensé.
Quelle est votre opinion là-dessus, M. Courchesne sur le cours
universitaire de quatre ans?
M. COURCHESNE: Le cours universitaire de quatre ans est sûrement
à peine suffisant, si je peux m'exprimer ainsi. Sûrement, il n'y
aurait pas lieu de le diminuer, il y aurait peut-être lieu de changer
certaines choses à l'intérieur du cours. Nous sommes, je pense,
tous d'accord là-dessus. Nous avons eu certains contacts avec
l'université à ce niveau-là. Il y a déjà des
changements qui ont été amorcés pour rendre les services
que le pharmacien rend, services qui étaient peut-être mal connus
ou mal perçus ce matin.
Pour rendre les services, assurément, je pense surtout au
pharmacien de clinique, qui est un pharmacien qu'on retrouvera très
bientôt, et qu'on retrouve déjà à l'intérieur
de certains hôpitaux, je suis même assuré que ce cours n'est
pas suffisant. La preuve en est qu'à l'Université de
Montréal et à l'Université Laval, on a ajouté
certains cours, soit pour acquérir un diplôme ou un certificat en
pharmacie d'hôpital ou même une maîtrise en pharmacie
d'hôpital, une maîtrise professionnelle s'entend. Je n'ai pas
étudié le problème à fond parce que, pour moi, ce
qui importe, c'est d'abord la transformation du cours qui existe
déjà, pour qu'il soit plus approprié aux circonstances
actuelles, plutôt que la diminution ou la comment l'a-t-on
appelée dans la case suréducation des pharmacies, bien au
contraire.
M. CLOUTIER (Montmagny): A un autre endroit de votre mémoire,
vous parlez de nationaliser ou d'étatiser les biens pharmaceutiques. Je
ne sais pas si je traduis bien, je cite cela de mémoire, parce que j'ai
lu cela quelque part. Est-ce que, dans votre esprit, les biens pharmaceutiques
ne veulent dire que les médicaments ou aussi la bâtisse et
l'endroit?
M. COURCHESNE: Je crois, si ma mémoire est bonne, que nous avons
bien dit les biens pharmaceutiques.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont plutôt les
médicaments.
M. COURCHESNE: Les médicaments.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sans égard à tout investissement
autre que ceux-là. D'accord.
M. CASTONGUAY: Qu'est-ce que cela signifie? Est-ce que c'est seulement
la fabrication cela ne semble pas être la fabrication quand
vous parlez de nationaliser les médicaments?
M. CLOUTIER (Montmagny): Voici la phra-
se exacte. Vous dites: "Seul un système étatique où
l'Etat serait propriétaire des biens pharmaceutiques et où le
pharmacien serait un salarié de l'Etat." Dans votre esprit, ce qui
traduit cette phrase, ce sont les médicaments au niveau de la
distribution et non pas de la fabrication.
M. COURCHESNE: Un extension, M. Castonguay, de ce qui existe
déjà dans les hôpitaux. Je pense que l'Etat, à
toutes fins pratiques en mentionnant l'Etat, est propriétaire des biens
pharmaceutiques et le pharmacien, quant à lui, dispense ses services. Je
ne suis pas propriétaire des médicaments qui sont
distribués dans mon hôpital mais je distribue ma science
pharmaceutique. C'est dans ce sens-là.
M. CASTONGUAY: En avez-vous parlé aux pharmaciens d'officine?
M. COURCHESNE: Nous en avons parlé avec les pharmaciens
d'officine, M. Castonguay, oui, lors de certaines rencontres qui ont eu lieu
entre l'AQPP, l'Association québécoise des pharmaciens
propriétaires, et l'ASPPH.
M. CASTONGUAY: Qu'est-il résulté de ces discussions? Non,
mais...
M. COURCHESNE: J'ai été voir M. Rips-man. Je pense que
l'AQPP serait... On ne sait pas du tout... L'addendum que vous avez eu par
exemple au mémoire de l'AQPP signale que le salariat, sur le plan
pratique et sur cela, on est sûrement d'accord pose des
problèmes de réalisation à court terme, mais les
pharmaciens d'officine ne rejettent pas le principe de salariat pourvu que
l'échelle des salaires offerts tienne compte de la scolarité
exigée, des heures de travail, etc. C'est un addendum du mémoire
de l'AQPP et ces gens ne sont pas contre le salariat, d'après ce qui y
est dit. C'est le document 5-a.
M. LE PRESIDENT: M. Quenneville.
M. QUENNEVILLE: M. Courchesne, je pense que vous auriez avantage
à rencontrer le groupe que nous avons rencontré ce matin pour lui
demander de changer de nom, autrement, ces gens vont passer pour des laveurs de
vaisselle.
M. COURCHESNE: Ils sont peut-être déjà ici ou encore
ici.
M. QUENNEVILLE: A tout événement, je me demande si vous
avez d'autres arguments en faveur du principe que vous émettiez
tantôt. Vous avez dit que vous aviez plusieurs arguments et vous en avez
donné un à savoir que les postes ne pouvaient pas être
comblés pour servir au service externe. Est-ce qu'il y a d'autres
raisons?
M. COURCHESNE: Voici ce qui découle du fait qu'on manque de
personnel. D'abord, les services pharmaceutiques ne sont pas donnés, les
gens attendent pendant des heures, et, il y a tous les inconvénients
inhérents au fait qu'on manque de personnel. Je crois que le point
majeur est le fait qu'on n'a pas le capital humain, le capital tout court et
aussi les espaces physiques nécessaires pour donner tout cela.
M. QUENNEVILLE: Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres ont d'autres questions à
poser à M. Courchesne? Alors, je vous remercie, M. Courchesne, de votre
exposé. Maintenant, nous allons...
M. QUENNEVILLE: Au sujet des étudiants en pharmacie qui avaient
demandé la parole tantôt, je pense bien qu'étant
donné que nous avons déjà écouté des
individus qui se sont présentés à la commission
parlementaire, je ne crois pas qu'on puisse leur refuser le droit de faire
valoir rapidement, succinctement leur point de vue, mais il reste quand
même qu'à la lumière de la note que nous venons de
recevoir, il faudra nécessairement que la commission parlementaire
retienne avec réserve les propos du représentant des
étudiants en pharmacie.
M. LE PRESIDENT: Nous allons demander au groupe d'étudiants en
pharmacie de bien vouloir faire un court exposé de leur mémoire.
Est-ce M. Roy?
Etudiants en pharmacie
M. SAINT-MICHEL: M. Saint-Michel.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes M. Saint-Michel?
M. SAINT-MICHEL: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous pour les membres du comité me dire
combien d'étudiants vous représentez?
M. SAINT-MICHEL: Officieusement, nous représentons l'école
de pharmacie de Laval. Je dis officieusement par le fait que l'école de
pharmacie de Laval n'a pas d'association, d'exécutif comme tel
étant donné qu'ils sont intégrés à
l'intérieur d'une faculté celle des Sciences de la santé
et c'est dans une lettre qu'il nous a écrite que le président de
quatrième année nous dit que les gens de quatrième
année de l'université Laval ont accepté le mémoire
en principe. Les gens de troisième année aussi. On n'a pas pu
consulter les gens des première et deuxième années,
étant donné qu'ils sont inscrits dans un groupe qui est
disparate.
A l'Université de Montréal cette semaine, il y a eu un
référendum et nous avons les résultats suivants. Nous
représentons 25 p. c. des étudiants de la faculté de
pharmacie de l'Université
de Montréal sur un nombre de votants de 75 p. c. Le
mémoire comme tel se divise en deux parties. La première partie
touche les énoncés sur le rapport Lacasse. Je pense qu'il est
inutile ici d'insister. D'ailleurs, ce n'était pas prévu de vous
présenter ce premier point. C'est surtout le deuxième point sur
le sens de la réforme dont on veut vous entretenir.
D'abord, on veut vous dire qu'on est tout à fait d'accord sur le
principe du projet de loi 69 au sujet de l'assurance-médicaments aux
assistés sociaux et aussi au niveau de la commission de pharmacologie
qui a été formée, mais puisqu'à long terme ou dans
un temps plus ou moins long, il y aura peut-être extension du projet de
loi 69 à tous les citoyens, nous pensons qu'il est logique à ce
moment-là de regarder le pharmacien à l'intérieur de ce
cadre-là. Aussi, avons-nous voulu souligner ce que, à notre sens,
le pharmacien représente en 1971, et ceci va faire un peu changement et
va aller un peu aussi dans le sens de ce que vous disait tantôt M.
Cour-chesne, à savoir que le pharmacien présentement n'est pas
strictement un distributeur de médicaments. Il n'est pas non plus un
préparateur présentement. Cela était son rôle il y a
trente ans. La science de la pharmacie a évolué dans le sens de
la bio-pharmaceutique. La bio-pharmaceutique est la science qui étudie
les interactions médicamenteuses et elle se sert des sciences
fondamentales, physique, chimie, mathématique, appliquées
à la pharmacologie, à la pathologie ou aux sciences
thérapeutiques en général.
Le pharmacien présentement et les sciences pharmaceutiques sont
orientés dans ce sens.
C'est pour ça que nous avons présenté le rôle
du pharmacien comme étant le rôle de pharmacien-clinicien.
C'est-à-dire celui qui a un contact étroit et avec le praticien,
et avec le patient. Inévitablement, face à ce rôle, on a
considéré qu'il était normal de trouver un contexte
physique qui permettrait au pharmacien de jouer ce rôle vis-à-vis
du médecin et du public. C'est pourquoi nous avons proposé dans
notre mémoire la formation de polycliniques tout simplement.
Chez le pharmacien de polyclinique seraient regroupées les
principales spécialités du monde médical et
pharmaceutique. Aussi nous croyons que la nationalisation des services
pharmaceutiques et évidemment des produits pharmaceutiques est une
nécessité dans ce sens.
Le salariat pour le pharmacien serait la solution idéale, selon
nous, puisque cela lui enlèverait tout ce conflit
d'intérêts et ce travail presque inutile qu'il fait
présentement au niveau de l'officine. Le temps que passe le pharmacien
d'officine à ses papiers et à ses "bébelles"
présentement, je pense que c'est du temps perdu quant à son
rôle tel que nous le concevons et nous ne sommes pas
intéressés à aller travailler dans ces
systèmes-là. A la fin du mémoire, nous proposons une
restructuration des corporations professionnelles visant tou- jours le
même but: l'accroissement de la sécurité, ainsi que de la
qualité des soins médicaux et pharmaceutiques.
Puisqu'à l'Université de Montréal, le vice-recteur
à la recherche, M. Labbé, prône la
multidis-ciplinarité au niveau des groupes de recherches, je ne vois pas
pourquoi à l'intérieur des corporations professionnelles, tout
comme dans le travail, ou à niveau des polycliniques, on ne
prônerait pas la multidisciplinarité. C'est pourquoi nous
demandons que les corporations professionnelles se mettent à jour et que
ce soit un peu plus centralisé.
Nous avons aussi demandé et les étudiants ont
trouvé ça assez drôle que la compétence soit
remise à jour constamment par des examens périodiques.
C'est tout ce que nous voulions vous exposer. Si vous avez des
questions.
M. QUENNEVILLE: II faut comprendre simplement que vous préconisez
une profession dénuée de tout mercantilisme.
M. SAINT-MICHEL: Exactement. M. QUENNEVILLE: C'est ça. Merci. M.
LE PRESIDENT: M. Roy.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Saint-Michel, vous avez proposé la
pratique en groupe dans des polycliniques. Est-ce que vous croyez que c'est
également applicable à la fois avec les mêmes chances de
succès sur tout le territoire du Québec, en tenant compte de la
répartition des effectifs, du peu de densité de la population et
des difficultés dans certaines parties du territoire d'organiser des
polycliniques? Ou si vous proposeriez ce système comme étape
finale dans des villes comme Montréal, Québec et Sherbrooke? Et
ailleurs, un système de transition qui, éventuellement, avec des
centres de locaux de santé et la formation d'équipes à
l'intérieur de ces centres qui pourraient aussi retenir une proposition
comme celle-là?
M. SAINT-MICHEL: Je pense qu'on n'a pas le choix. Dans les grandes
villes il serait possible d'instaurer un système de polycliniques assez
facilement. Au niveau économique ça peut être difficile,
mais assez facile au niveau des individus, du potentiel humain. A
l'intérieur des centres plus éloignés, ce serait
compliqué et ce serait une action à long terme, à plus
long terme, en tout cas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous pouvez nous citer un exemple
actuellement d'une polyclinique qui fonctionnerait, soit à
Pointe-Saint-Charles ou à Montréal?
M. SAINT-MICHEL: Je ne pense pas qu'il en existe au Québec. Je ne
suis pas convaincu qu'il en existe au Québec.
M. CASTONGUAY: Etes-vous au courant de ce qui se fait à la
polyclinique médicale populaire, rue Sainte-Catherine ou Papineau?
M. SAINT-MICHEL: Vaguement. UNE VOIX: la rue Maisonneuve.
M. CASTONGUAY: II y a trois pharmacies qui sont intégrées,
vous n'êtes pas au courant?
M. SAINT-MICHEL: Inévitablement, nous n'avons pas eu le temps de
consulter, cela à été le problème. J'aimerais vous
dire que les propositions qui sont dans le mémoire, nous en sommes
conscients, sont très idéalistes.
Cela manque de fond mais, en fin de compte, cela vient des
réflexions sur tout le système médical en entier. Il ne
s'agit pas strictement, pour nous, d'augmenter la qualité des soins
pharmaceutiques, mais de tout le système médical. En fin de
compte pour vous donner un exemple de l'idéologie du
mémoire l'orsqu'un professeur de l'université nous dit que
sur 10,000 habitants, dans notre société, il se consomme
près de 300 livres de médicaments par année, je pense
qu'il est temps qu'on commence à réfléchir
là-dessus, je pense qu'il est grandement temps qu'on s'arrête un
peu et qu'on se demande ce qui se passe. C'est de la marchandise non
physiologique, c'est un milieu tout comme le milieu de pollution. Il est temps
qu'on réfléchisse là-dessus. Nous sommes conscients que
c'est idéaliste et utopique mais je pense qu'il fallait le dire quand
même.
M. CASTONGUAY: Le seul commentaire c'est que je prends justement... je
suis content de vous entendre dire que c'est idéaliste parce que, pour
bien des raisons, même si les objectifs que vous proposez semblaient
à long terme extrêmement valables, il y a un certain nombre de
difficultés très concrètes, très pratiques,
très immédiates qui, si on essayait de les aborder,
créeraient plus de tort, je pense bien, qu'elles apporteraient de bien.
Il y a toute une latitude. Par exemple, je ne veux prendre qu'un point et je
sais vous-même, vous l'avez dit que ces aspects n'ont pas
été approfondis. Lorsque vous dites "la nationalisation des
services pharmaceutiques", je pense à la situation des pharmaciens
d'officine qui ont fait des investissements assez considérables, dans
des commerces autres que la pharmacie. Je pense qu'ils sont d'ailleurs les
premiers à admettre qu'il faut qu'ils s'orientent ailleurs que vers ces
genres de commerces accessoires, mais, présentement, ils le font. Leur
motivation et leur formation, leur expérience jusqu'ici les ont
orientés dans une autre direction. Un changement brusque et mal
planifié à mon avis créerait beaucoup plus
de dommages qu'il apporterait d'avantages à la population.
Dans ce sens là, j'aime mieux le genre d'orientation que semblait
tracer le député de
Montmagny, c'est-à-dire essayer de constituer des alternatives
valables de telle sorte que, graduellement, on puisse en arriver à un
système de distribution beaucoup plus intégré où le
pharmacien devient davantage le partenaire du médecin, devient membre
d'une équipe et où on a un système où la
répartition des effectifs ou l'accès aux médicaments
devient plus généralisé. Il me semble que c'est bien cela
que le député de Montmagny mentionnait. C'est une approche qui,
à mon avis, peut donner des résultats assez rapidement pour
autant qu'elle est bien programmée et qu'il y a vraiment un désir
de collaboration.
M. SAINT-MICHEL: Oui, d'ailleurs si...
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais une autre question. Aviez-vous un
commentaire, M. Saint-Michel, à faire?
M. SAINT-MICHEL: Oui.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes très en retard.
M. SAINT-MICHEL: D'ailleurs, à la page 5 du mémoire, on
lit ce qui suit: "Le présent système de distribution des
médicaments, tel que soulevé par le rapport Lacasse, nous incite
à parler de réforme à plus ou moins longue
échéance." Nous sommes conscients que c'est un travail qui est
à long terme. J'endosse totalement l'idée proposée par M.
Cloutier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si j'ai bien compris tantôt, quand vous
avez dit que vous ne voulez pas, vous comme étudiant qui arrivez au
terme de vos études, vous engager dans le système actuel...
M. SAINT-MICHEL: Dans le système de l'officine totalement, je ne
m'engagerai pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a une grande proportion des
étudiants en pharmacie qui ne sont pas prêts à s'engager
dans le système actuel?
M. SAINT-MICHEL: C'est une très bonne question... C'est une
très bonne question dans le sens d'un sondage qui a été
fait par la faculté de pharmacie, les dirigeants de la faculté de
pharmacie, pour l'orientation des gens de quatrième année. C'est
donc en quatrième année que l'on prend une option, soit officine,
hôpital, industrie et recherche. Normalement, dans les années
passées, les gens qui se destinaient à la pharmacie
d'hôpital, étaient au nombre d'environ huit à dix, quinze
au maximum. Dans le sondage fait dans notre classe, je suis en troisième
année, trente étudiants ont dit être
intéressés à se diriger en pharmacie d'hôpital sur
soixante-quinze étudiants ou quatre-vingts. Donc ces étudiants
comprennent déjà la nécessité de se
diriger vers la pharmacie un peu plus professionnelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelles sont les opportunités que vous
avez eues ou que vous avez créées de discuter ce problème
avec les afnés, avec le collège, avec ceux de la profession? Quel
accueil fait-on à ces suggestions et cette remise en question de
l'orientation de votre profession?
M. SAINT-MICHEL: II n'y a eu aucun contact avec les autres membres de la
profession, sinon avec la SPPH. Evidemment elle présentait un
mémoire un peu dans le même sens que nous et cela, tout à
fait au hasard, malgré la lettre qui a été écrite,
malheureusement. Nous ne pouvons pas le prouver, mais cela a été
fait tout à fait par hasard, puisque notre action a
débuté, je pense, bien avant l'action de la SPPH. D'ailleurs,
nous ne savions pas que nous présenterions le rapport à la
commission parlementaire avant la première réunion de cette
commission. Nous l'avons décidé à ce moment-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le seul commentaire que je voudrais faire, M.
le Président, est que, personnellement je ne veux pas parler au
nom de la commission je ne peux blâmer des étudiants tels
que vous, en pharmacie ou ailleurs, de se poser des questions sur la profession
à laquelle ils adhèrent. A condition que vous n'ingoriez pas les
difficultés pratiques qu'il y a de transformer le système. Que
cette transformation soit plutôt une évolution et dans l'attitude,
les pensées, la politique. Que ce ne soit pas une remise en question
brutale parce que le ministre mentionnait tantôt qu'il y a des
considérations qui sont tout de même importantes. Je reviens sur
ce que j'ai dit, je ne peux pas blâmer les étudiants de quelque
faculté que ce soit. Nous les blâmons trop facilement. Parfois
nous percevons cela comme un phénomène de contestation pure et
simple et je pense que la façon dont vous le faites et la façon
dont vous vous êtes exprimés devant la commission parlementaire,
à condition que vous preniez toutes les occasions de discuter avec ceux
qui sont déjà dans la profession, qui ont établi dans la
profession une tradition, qui l'ont bâtie telle qu'elle est aujourd'hui.
Peut-être que s'ils retombaient au même endroit où vous
êtes, s'ils retournaient sur les bancs de l'université, ils se
poseraient sans doute des questions. A condition que ce dialogue soit positif,
de part et d'autre, qu'il tienne compte des difficultés pratiques, qu'il
ait l'air plutôt d'une évolution. Je crois que les
étudiants en pharmacie, comme les étudiants d'autres
facultés ont raison de se poser certaines questions, à condition
qu'ils respectent les règles du jeu.
M. COURCHESNE: Tout à fait d'accord. M. LE PRESIDENT
(Quenneville): Je suis très heureux d'avoir suggéré
d'entendre ce groupe d'étudiants. Ceci nous a sûrement
apporté de nouveaux horizons. Je crois, pour avoir rencontré le
groupe qui nous a envoyé la lettre, que ces gens partagent vos
idées au sujet de l'orientation nouvelle du rôle du pharmacien. Je
pense bien qu'il s'agit plus d'un conflit de personnalité entre les deux
groupes, puisque vous avez traduit fidèlement l'esprit qui anime aussi
l'autre groupe. Est-ce bien cela?
M. SAINT-MICHEL: Oui je le pense, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres membres qui ont des questions
à poser? M. Saint-Michel, je vous remercie et vous félicite ainsi
que votre groupe...
M. CASTONGUAY: Je voudrais aussi m'as-socier à ce que dit le Dr
Quenneville et M. Cloutier, je pense que c'est un mémoire qui montre un
intérêt sain pour la profession que vous serez appelés
à exercer.
En m'associant à M. Cloutier, le député de
Montmagny, même s'il représente les trois partis de l'Opposition,
je ne fais simplement qu'une nuance, c'est que nous, du gouvernement, voulons
peut-être une évolution un peu plus rapide que le parti auquel il
appartient.
M. LE PRESIDENT: M. Saint-Michel, nos remerciements et nos
félicitations pour avoir présenté votre
mémoire.
M. SAINT-MICHEL: Nous remercions beaucoup la commission d'avoir bien
voulu nous entendre. Merci.
M. LE PRESIDENT: Nous avons maintenant je crois que ça
terminera l'exposé de ces mémoires l'Association des
denturologistes du Québec.
UNE VOIX: M. le Président, est-ce que je peux parler?
M. LE PRESIDENT: Un instant. Il y a eu une inondation.
UNE VOIX: Le ministre n'est pas habitué... M. LE PRESIDENT:
Très bien, monsieur.
M. BLEAU: M. le Président, MM. les ministres, MM. les membres de
la commission...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous pourriez vous identifier?
Association des denturologistes du
Québec
M.BLEAU: Robert Bleau, président des denturologistes du
Québec.
Je suis accompagné de mes conseillers juridi-
ques, Mes Bruno Pateras et Yvan Macerola; de mes confrères, le
vice-président, Robert Per-reault; le directeur, Léo Grenier;
Marc Boily, de Québec; Yvon Lamontagne et plusieurs autres membres. Nous
sommes heureux de l'occasion que vous nous accordez de vous exposer le point de
vue des denturologistes. tel que détaillé plus longuement dans
notre mémoire.
Les denturologistes sont des techniciens dentaires certifiés qui
ont choisi depuis plusieurs années de servir directement la population
en ce qui concerne les prothèses dentaires amovibles,
c'est-à-dire, les dentiers. Nous croyons que les dentiers sont trop cher
chez les dentistes et que la population ne peut pas se payer des
prothèses dentaires amovibles à des prix abusifs. Nous voulons
continuer de rendre service à la population. Premièrement, pour
que les prothèses dentaires cessent d'être un luxe.
Deuxièmement, que l'édenté économise.
Troisièmement, que la sécurité sociale gagne plusieurs
millions de dollars par an en offrant aux assistés sociaux le même
service à un prix moins élevé que chez le dentiste.
Ce mémoire a pour but essentiel de sensibiliser la commission de
la santé et de porter à la connaissance du public les solutions
que nous préconisons. Nous demandons le droit au gouvernement de
fournir, confectionner, réparer toute pièce de prothèse
dentaire amovible sans que le public doive passer par le dentiste. Les
prothèses dentaires amovibles sont fabriquées depuis de
nombreuses années par les denturologistes et ceci, à la
satisfaction du public.
Il est d'une extrême importance que la province de Québec,
comme celles de l'Ouest, permette aux denturologistes de transiger directement
avec la population, quand nous savons qu'une partie du public ne peut pas se
payer des prothèses dentaires amovibles, parce que le coût en est
prohibitif et exorbitant chez les dentistes. Nous rendons service à la
population depuis de nombreuses années et cela à toutes les
classes de la société: les députés, les avocats,
les médecins et même ces derniers nous recommandent des patients
directement.
Vu la pénurie de dentistes et leur mauvaise répartition
dans la province de Québec pour les soins dentaires, ces derniers ne
pourront pas suffire à l'assurance-maladie, telle que
présentée dans le bill 69. Nous offrons une solution au
gouvernement en nous régissant par une loi, comme les autres
paramédicaux, tels que les opticiens d'ordonnance, les
optométristes, les chiropraticiens, les podiatres, etc. Les
gouvernements des provinces de l'Ouest du Canada, soucieux de l'état de
la santé de la population, ont défini les fonctions des
denturologistes et des dentistes. La prise d'empreintes et la pose d'un
appareil sont des actes purement matériels et peuvent être
confiés sans aucun danger à un denturologiste.
Voit-on un ophtalmologiste fabriquer un oeil artificiel ou faire une
paire de lunettes? Un chirurgien une jambe artificielle? Un othorino une
prothèse auditive? Même les dentistes ne fabriquent plus leurs
dentiers depuis longtemps. Les études dentaires comportaient depuis 1944
cinq années de théorie et de pratique dans les laboratoires, avec
théorie le soir. Aujourd'hui les étudiants en technique dentaire
suivent trois ans de cours dans un CEGEP et peuvent choisir l'option
denturologie. Je l'espère que notre supposée
méconnaissance en physiopathologie et en hygiène n'est plus un
argument valable, puisque nous avons établi des cours avec un professeur
reconnu par le ministère de l'Education, après avoir eu des refus
pour de tels cours au niveau collégial et au niveau universitaire.
Nous recommandons au gouvernement du Québec ce qui suit:
Premièrement de donner le droit de servir directement le public
pour les prothèses dentaires amovibles, sans intermédiaire, comme
nos confrères de l'Ouest. Deuxièmement, l'accessibilité du
public à nos cabinets et à l'abolition de l'article 134, 6o de la
loi des dentistes, chapitre 253, afin d'avoir pignon sur rue.
Troisièmement, d'enlever la tutelle abusive de la Corporation des
chirurgiens-dentistes et de cesser de poursuivre les membres du Syndicat des
denturologistes. Quatrièmement, que la surveillance des denturologistes
soit confiée à un comité composé de membres du
ministère de la Santé et de denturologistes et que le public
puisse se plaindre à l'Ombudsman, tel que préconisé par le
rapport Nepveu.
Nous ne désirons qu'une chose: mettre les connaissances des
denturologistes au service de la santé publique. Messieurs, je vous
remercie pour votre bon accueil.
M. CASTONGUAY: Le problème qui nous est soumis aujourd'hui est un
problème qui touche directement comme je le mentionnais ce matin
une autre des lois régissant les corporations professionnelles,
il n'est pas lié directement, à tout le moins à ce
stade-ci, au bill 69, étant donné que le bill 69 ne
prévoit pas la couverture des prothèses. Comme j'ai eu l'occasion
il n'y a pas tellement longtemps, de rencontrer l'Association des
techniciens-dentistes et de discuter toute cette question avec eux avec
passablement de détails, dans le cas des travaux portant sur les lois
des corporations professionnelles, je ne voudrais pas prendre le temps des
autres membres de la commission.
Pour ma part, je ne poserai pas de question, étant donné
que je les ai rencontrés la semaine dernière et je crois avoir
une assez bonne connaissance du dossier. Je vais plutôt céder la
parole et, au besoin, me réserver un moment pour poser une question plus
tard.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rivière-du-Loup.
M. LAFRANCE: J'ai lu le mémoire en en-
tier. J'ai trouvé dans le mémoire des contradictions
flagrantes à certains endroits. Je ne les relèverai pas toutes.
Je vais vous poser quelques questions. Dans l'avant-propos, au dernier
paragraphe, il est mentionné: "Nous réalisons pleinement qu'un
conflit très grave existe entre le Collège des chirurgiens-
dentistes et l'Association des techniciens dentaires". Je crois que c'est une
affirmation gratuite parce qu'à l'heure actuelle nous disons que c'est
le Collège des chirurgiens-dentistes qui, à un moment
donné, a aidé à la formation d'une école pour la
formation de techniciens dentaires. A la phrase suivante, on dit: "Nous
écartons ce fait de la discussion". Tout le reste du mémoire est
basé là-dessus. Je demanderais au président de
l'association, la définition d'après lui, d'un technicien
dentaire et la définition d'un denturologiste.
M. BLEAU: D'abord, un technicien dentaire est celui qui fabrique et
répare les prothèses mais sur ordonnance tandis que le
denturologiste est celui qui est un technicien dentaire d'abord et qui
travaille directement auprès du public.
M. LAFRANCE: Ce sont vos définitions.
M. BLEAU: Le technicien dentaire travaille toujours sur ordonnance
tandis que nous, les denturologistes qui désirons travailler directement
auprès du public demandons au gouvernement de nous permettre de
fabriquer et de faire les prothèses dentaires amovibles comme cela se
fait actuellement. Sauf, que la loi nous l'empêche.
M. LAFRANCE: Pourquoi, à certains endroits de votre
mémoire, lorsque cela fait votre affaire, vous mentionnez le nom de
technicien dentaire et vous citez des rapports entre autres le rapport
Castonguay et vous parlez des techniciens dentaires alors que vous vous
présentez sous le nom d'Association des denturologistes?
M. BLEAU: II faut d'abord avoir la base de technicien dentaire. Il faut
aller étudier comme technicien dentaire. Après, nous devenons
spécialistes en denturologie.
M. LAFRANCE: Quel est le nombre d'heures ou de cours qu'un technicien
dentaire doit suivre pour devenir un technicien dentaire?
M. BLEAU: II y a des cours au CEGEP qui sont de 6,000 heures.
M. LAFRANCE: Le denturologiste, par la suite, fait encore 6,000
heures.
M. BLEAU: Vous mêlez les choses. Autrefois, le technicien dentaire
suivait des cours de pédagogie qui étaient faits pour les
techniciens dentaires. Nous avions cinq années de pratique et cinq
années de théorie. Cependant, le conseil pédagogique
était formé de quatre dentistes et de quatre techniciens. Cela
nous empêchait d'évoluer au point de vue de la profession.
M. LAFRANCE: De quelle façon?
M. BLEAU: Nous voulons selon les besoins et l'évolution... nous
avons créé une nouvelle profession avec ceux qui désirent
travailler directement auprès du public pour permettre aux dentistes qui
se plaignent de se libérer d'ailleurs ils ne sont pas assez
nombreux de se libérer au plan technique pour que nous puissions
servir la population, leur donner permettre de donner des soins proprement
dentaires. Après tout, ce ne sont pas des techniciens dentaires. Si
réellement ils veulent faire de la technique, ils ont seulement à
joindre notre répertoire de denturologistes.
M. LAFRANCE: Ce n'est pas à vous de les rejoindre. C'est vous qui
vous êtes détachés des techniciens dentaires et vous
voudriez qu'ils viennent vers vous.
M. BLEAU: Nous ne nous sommes pas détachés. Il faut que
nous soyons...
M. LAFRANCE: C'est ce que vous avez dit tout à l'heure.
M. BLEAU: ...techniciens dentaires d'abord. Nous choisissons l'option,
nous donnons la possibilité à des gens de se former d'une
façon différente comme il y aurait une possibilité de
devenir dentiste après. Donnez-vous la possibilité de travailler
auprès du public dans la technique, ensuite donnez-moi et donnez
à mes membres la possibilité de monter plus haut. Donnez la
possibilité à quelqu'un de devenir dentiste.
M. LAFRANCE: Je répète la question que je vous ai
posée tout à l'heure. Vous avez un cours structuré pour
former des techniciens dentaires.
M. BLEAU: Oui.
M. LAFRANCE: Quel est le cours spécialisé vous dites
là-dedans que vous êtes une profession spécialisée
et quelle est votre spécialisation en plus de celle de technicien
dentaire?
M. BLEAU: Actuellement, comme je l'ai dit tantôt, nous avons
été refusés à différents endroits pour
compléter notre formation scientifique. Lorsqu'on nous a refusé
de compléter notre formation scientifique, nous avons...
M. LAFRANCE: Où avez-vous été refusés?
M. BLEAU: A l'université et au niveau collégial. Nous
avons des lettres pour le prouver. Ayant eu des refus, nous avons engagé
un
professeur de biologie, reconnu par l'éducation, qui est un
dentiste qui, lui-même a été refusé par le doyen de
la faculté. Nous sommes prêts à suivre nos cours. Nous
commençons samedi prochain, le 23, avec un programme de sciences que
nous pensons nécessaire, mais cependant nous faisons des dentiers et les
gens ne se plaignent pas.
M. LAFRANCE: Vous n'avez pas encore commencé la
spécialisation?
M. BLEAU: Notre programmation est faite. Notre association est
fondée depuis le 2 mai 1970, nous étions des techniciens
dentaires reconnus par la province de Québec au chapitre 254.
M. LAFRANCE: J'ai d'autres questions à vous poser, je vais faire
vite car j'en ai plusieurs, si cela n'ennuie pas les membres de la
commission.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il serait possible de savoir si ces techniciens
suivent des cours d'anatomie et de physiologie parce que c'est très
important l'articulation dans la bouche.
M. LAFRANCE: Les techniciens dentaires? M. BOIVIN: Oui.
M. LAFRANCE: Les techniciens dentaires qui sont à l'heure
actuelle reconnus par le collège...
M. BOIVIN: Est-ce qu'ils suivent des cours d'anatomie et de physiologie
qui sont essentiels?
M. LAFRANCE: Oui.
M. BLEAU: Si vous le permettez, M. le Président, avant
d'être denturologiste vous êtes technicien dentaire d'abord. Nous,
dans notre temps, les gens plus âgés qui étaient dans la
profession, n'oubliez pas que notre profession était assujettie d'une
corporation à l'autre. Nous avons seulement le titre de technicien
dentaire. Maintenant nous avons choisi la denturologie après que le
gouvernement nous eut reconnu notre syndicat professionnel, alors que les lois
nous empêchent d'inscrire à la suite de notre nom soit M. Bleau,
denturologiste. Je n'ai pas le droit.
Cependant, vous nous demandiez combien de cours nous suivions, dans
notre temps, en 1944. Je me souviens très bien que les orienta-teurs,
nous avions un orienteur professionnel qui nous demandait ceci: "Condition
d'admission à l'étude en technique dentaire: l'aspirant doit
posséder un certificat de 11e année scientifique. Au
général, l'option mathématique ou l'équivalent, b)
l'aspirant doit subir à ses frais un examen psychologique à
l'admission comportant une évaluation de ses aptitudes menta- les et des
aptitudes perceptuelles et manipulati-ves de ses intérêts, de sa
capacité d'adaptation, de son degré de maturité. Cet
examen contrôle en somme les qualités des postulants en regard des
points déjà mentionnés". Un psychologue, consultant,
travaillait au service de l'Association des techniciens dentaires et il nous
fallait passer un examen. Ensuite nous étions acceptés à
l'Association des techniciens dentaires. Le fameux comité de
pédagogie, à l'article 7, du chapitre 254, des techniciens
dentaires: le conseil était formé en pédagogie de quatre
dentistes et de quatre techniciens dont le président était un
technicien, alors nous faisions à l'admission ce qu'ils voulaient.
C'étaient les dentistes qui détenaient le contrôle comme
ils le font actuellement. Ils nous minimisent dans les ministères de
l'Education et des Affaires sociales.
On nous dit que nous sommes des charlatans, mais tout le monde a fait
son ouvrage pendant ce temps. Aujourd'hui, nos gens veulent évoluer. On
a donc choisi une spécialité en denturologie. Un de nos
confrères a choisi un nom. On a créé un nom
"denturologiste" qui vient, si vous regardez dans le Larousse, du mot denture.
Ce sont des dents disposées sur une "lactable" et le logos ce qui est la
science, notre profession fait la science et l'art. On a trouvé
denturologiste. On nous reproche ce titre de denturologiste. Le gouvernement
nous a donné une charte syndicale de denturologiste. La loi nous
empêche d'utiliser ce titre avec le nom de notre profession. C'est la
seule profession à laquelle nous ne pouvons pas nous nommer. C'est
contre les droits de l'homme. Nous avons changé notre attitude. C'est
pour cette raison que nous demandons au gouvernement de nous statuer. Nous lui
demandons de nous régir sur une particularité et de
dépendre du ministère des Affaires sociales et non de la
corporation et non du Collège des chirurgiens-dentistes.
M. LAFRANCE: Est-ce que présentement il y a deux associations?
L'Association des dentu-rologistes et l'Association des techniciens
dentaires?
M. BLEAU: En 1944, l'Association des techniciens dentaires a
été fondée. En 1970, l'Association des denturologistes a
été fondée, soit le 2 mai 1970, reconnue comme syndicat
professionnel des denturologistes du Québec.
A l'intérieur de cette association de titres, il y a le Syndicat
des propriétaires de laboratoire et d'industrie.
M. LAFRANCE: Alors, il n'y a plus d'association de techniciens
dentaires.
M. BLEAU: Elle existe encore. Il y a des gens qui ont choisi l'option de
la denturologie.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais faire une petite précision
ici? Il y a une loi, qui est la loi de l'Association des techniciens
dentaires ou des techniciens dentistes, qui est une loi de type
corporatif, et qui oblige tout membre qui veut pratiquer sous ce titre,
à y adhérer; il doit en être membre. Enfin, c'est le
même type de loi que vous retrouvez, par exemple, pour les techniciens en
radiologie ou encore pour d'autres groupes professionnels. Même si
ça s'appelle association, ce n'est pas une association volontaire. On
aurait dû, dans la terminologie de l'époque, probablement
l'appeler le collège, comme on l'a fait pour les optométristes.
L'autre groupement, l'association des denturologistes du Québec, ne
signifie pas pour autant une reconnaissance officielle de la part du
gouvernement, au plan de la pratique. Ces chartes ne sont pas données
dans le même cadre, et, comme vous l'avez mentionné, il s'agit
d'une association volontaire qui a obtenu une charte en vertu de la Loi des
syndicats professionnels.
Les deux ne sont pas de la même nature, l'une n'élimine pas
l'autre. Je pense que le plus important, dans le contexte de ce que vous
soumettez ici, c'est l'analyse de la première loi, celle de
l'Association des techniciens dentaires de 1944. Enfin, vos commentaires sont
dirigés vers cette première loi, si je comprends bien.
M. BLEAU: Nous demandons tout de même au gouvernement de nous
légaliser, nous, les denturologiste, qui désirons une option
nouvelle. Il y en a qui ne veulent pas travailler auprès du public,
c'est à peu près comme un avocat, ce ne sont pas tous les avocats
qui plaident.
M. QUENNEVILLE: A l'intérieur, par exemple, de l'Association des
denturologistes du Québec, vous acceptez quand même de faire des
travaux d'ordonnances, j'imagine. Est-ce qu'il y a des dentistes qui vous
envoient des ordonnances?
M. BLEAU: Actuellement, nous ne voulons plus travailler pour les
dentistes, seulement pour la population, et dans les prothèse dentaires
amovibles seulement.
M. QUENNEVILLE: De toute façon, vous ne voulez jamais passer par
l'ordonnance du dentiste?
M. BLEAU: Exactement, sans passer par le dentiste, comme dans les
provinces de l'Ouest, qui ont fait la même chose, comme en
Colombie-Britannique. Si vous permettez, un règlement a
été adopté en Colombie-Britannique. C'est pour que ceux
qui avaient une expérience de douze années en technique dentaire,
et qui, durant ce temps, ont confectionné des prothèses
directement pour la population de leur province, aient le droit de continuer le
même manège. Ces techniciens peuvent demander leur enregistrement
trois mois après la sanction de la loi, il y a environ de 35 à 40
techniciens, etc...
M. QUENNEVILLE: M. Bleau, je m'excuse si je comprends bien il y avait
une loi, à ce moment-là, leur permettant quand même de le
faire en Colombie-Britannique?
M. BLEAU: Non. La Colombie-Britannique a pris des gens comme nous, mais
nous, nous sommes encore mieux que ceux de la Colombie-Britannique, parce que
nous avons suivi des cours de pédagogie. Dans ce temps-là, nous
avions cinq années, mais nous avions à peu près les
mêmes matières, peut-être moins approfondies, que les
techniciens dentaires de base aujourd'hui. Ceux-ci ont maintenant un
enseignement collégial plus approfondi que nous peut-être.
Cependant, nous avons suivi approximativement les mêmes cours.
C'était alors un cours de cinq années, et il est aujourd'hui de
trois années. Cepandant, nous avons l'expérience qui nous permet
de travailler auprès du public. C'est ce que nous demandons.
M. LE PRESIDENT: Nous allons y revenir, M. Marchand a une question
à poser. M. Bois, ensuite.
M. MARCHAND: J'ai une question à poser à M. Bleau. Lorsque
vous avez des plaintes qui sont portées devant les tribunaux contre
votre profession, les denturologistes, est-ce parce que les gens ne sont pas
satisfaits de vos services?
M. BLEAU: M. le Président, si vous permettez, ce ne sont pas les
gens qui ne sont pas satisfaits de nos services, ce sont les
chirurgiens-dentistes qui nous envoient des provocateurs pour nous
arrêter. C'est ce que les chirurgiens-dentistes font, ils nous traduisent
en cour pour avoir fabriqué une prothèse dentaire amovible, mais
ce sont des provocateurs et non des plaintes. On paie des provocateurs pour
nous arrêter.
M. LE PRESIDENT: Je vais revenir au député de
Rivière-du-Loup. M. Bois, vous avez une question?
M. BOIS: Est-ce que le chirurgien-dentiste est responsable des
défauts techniques d'un travail effectué par un denturologiste,
naturellement ça ne s'applique plus à votre cas
mais par un technicien dentaire?
M. BLEAU: II est responsable, je vais vous dire franchement, il n'a pas
une grande responsabilité au point de vue technique, il ne sait pas
faire la technique.
M. BOIS: Mais s'il y a un défaut technique, qui est
responsable?
M. BLEAU: On nous blâme toujours, nous, les techniciens dentaires
du défaut technique, ce sont nous les responsables de la technique,
parce que de l'empreinte à la technique ça nous appartient.
M. BOIS: Si le dentiste n'est pas responsable, est-ce que votre
idée dans le projet soumis ici vise à vous comparer par exemple
aux architectes qui peuvent faire un plan sans pour cela qu'ils soient
liés à la surveillance de l'exécution.
M. BLEAU: Certainement, nous n'avons pas besoin de surveillance de
l'exécution, parce que nous sommes capables à partir du moule de
l'empreinte... Après tout, une prise d'empreinte, ce n'est pas
médical, c'est pratiquement peu technique. Notre profession part du
moule et nous finissons notre technique jusqu'à la fin et nous sommes
capables de poser facilement l'appareil chez le patient.
M. BOIS: Je vous remercie, monsieur.
M. BLEAU: Parce que nous sommes les plus aptes à faire la
prothèse.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de
Rivière-du-Loup veut continuer?
M. LAFRANCE: Pour répondre à M. Bois, je pense que quand
un technicien dentaire fait un travail pour un dentiste et que la pièce
n'est pas bien faite, c'est toujours le dentiste et non le technicien qui est
blâmé. Parce que le patient ne va jamais se plaindre au
technicien.
M. BOIS: Je m'excuse, mais pour vous répondre aussi, je crois que
c'est parce que le patient a affaire au dentiste. Ce que je veux savoir, moi,
c'est au point de vue interprofessionnel, c'est ça qui
m'intéresse, pas l'endroit du client...
M. LAFRANCE: Le technicien dentaire, actuellement, qui travaille en
collaboration avec le dentiste, c'est comme une infirmière qui travaille
avec son médecin. Il y a autant de collaboration entre les deux.
M. BLEAU: II n'est pas question... Excusez! j'ai droit à mon
opinion parce que je sais de quoi je parle... Pardon?
M. BOIS: Je trouve que ça ne départage pas les
responsabilités.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on pourrait avoir tout de même
l'interprétation exacte à la question posée par M. Bois,
à savoir quelle est la réponse à sa question, pour que les
membres de la commission soient au courant?
M. BLEAU: M. le Président, nous sommes responsables de toute la
prothèse dentaire amovible, même si le dentiste nous l'envoie. Il
nous envoie une ordonnance et nous marque: Haut et bas pour trois heures,
couleur. Le type qui fabrique la pièce, c'est lui qui est l'architecte
et le dessinateur, c'est lui qui dirige toute la particularité. Ce sont
nous qui sommes respon- sables, mais là, actuellement, ce serait
censé être le dentiste, par l'ordonnance. Mais ce n'est pas lui
qui fait la technique, il ne fait rien au point de vue technique. Nous touchons
à la technique.
M. BOIS: Excusez-moi encore, juste pour compléter le
détail. Ce que je veux simplement demander ici, c'est que, s'il y a un
défaut technique et qu'un dentier est retourné au
chirurgien-dentiste, est-ce que c'est vous qui êtes liés pour
subir les pertes de la réparation?
M. BLEAU: Oui, monsieur. Nous ne sommes même pas capables de
réclamer davantage au dentiste parce qu'il ne veut pas s'en occuper, il
dit que c'est notre faute. Si le dentier ne fait pas au patient, c'est toujours
la faute du technicien, comme vous l'appelez.
M. LAFRANCE : Là il parle comme technicien dentaire et non comme
denturologiste.
M. BLEAU: Oui, mais là écoutez...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Saint-Sauveur est
satisfait de la réponse?
M. BOIS: Oui.
M. LE PRESIDENT: M. Boivin.
M. BOIVIN: Je comprends que vous êtes responsable peut-être
de la construction d'un dentier, mais s'il y avait un problème
mécanique de la mâchoire ou un trouble de ménisque, qui
serait responsable et êtes-vous préparé pour voir à
ces ennuis qui peuvent arriver à l'ajustement d'un dentier?
M. BLEAU: Nous avons suivi les cours au point de vue de la pathologie,
etc, à ce moment-là il n'y a plus de problème, l'argument
n'est plus valable. C'est très rare...
M. BOIVIN: J'ai vu des gens qui ont eu des étourdissements et
toutes sortes d'ennuis avec la mécanique de la mâchoire. Avez-vous
pensé qu'un dentiste suivait des cours d'anatomie, de physiologie, et
était mieux préparé pour ajuster ces prothèses
qu'un mécanicien?
M. CASTONGUAY: Me permettriez-vous de reposer la même question,
mais en y ajoutant... Ce que vous avez voulu dire au point de vue de la
responsabilité vis-à-vis du patient, si le patient a subi des
dommages, quel recours peut-il avoir?
M. BOIVIN: Ce n'est pas la construction de la prothèse, c'est son
ajustement. Il peut y avoir de gros ennuis. Est-ce que le
mécanicien-dentiste est préparé à répondre
à ces responsabilités?
M. BLEAU: C'est justement la responsabilité... nous allons suivre
des cours pour compléter notre formation scientifique.
M. BOIVIN: Est-ce que vous les avez ces cours-là,
actuellement?
M. BLEAU: Nous les commençons avec un professeur. De plus, nous
en faisons depuis de nombreuses années.
M. BOIVIN: Actuellement, est-ce qu'on peut dire que le
mécanicien-dentiste est capable de prendre en charge ces
responsabilités?
M. BLEAU: Oui, parce que si, réellement, le denturologiste
trouvait une anomalie comme celle-là, on l'enverrait justement à
un dentiste ou à un médecin. Parce que ce n'est pas de notre
domaine. Notre domaine, c'est de prendre l'empreinte et de faire la
prothèse.
M. BOIVIN: Vous acceptez qu'il y a des occasions où vous avez
besoin du dentiste pour répondre à ces difficultés?
M. BLEAU: Avec les cours que nous allons suivre, nous n'aurons pas
besoin du dentiste.
M. CASTONGUAY: II y a un point où il faudrait être bien
clair. Me Morency, qui est conseiller juridique du ministère... Le
technicien dentaire travaille pour un dentiste et le dentiste transige avec le
patient. Le lien s'établit entre le dentiste et le patient. La
responsabilité, s'il y a un dommage, si le patient croit avoir subi un
sort quelconque, incombe au dentiste. Mais si, dans l'hypothèse
où les denturologistes étaient reconnus, qu'ils aient les cours
auxquels vous faites allusion et que là vous transigez avec la
population, je pense qu'on revient à la question du Dr Boivin qui est la
question de responsabilité vis-à-vis du patient. C'est
celle-là, je pense, qu'il est nécessaire de bien faire ressortir
et...
M. BOIVIN: II dit bien, par exemple, que le mécanicien-dentiste,
actuellement, a suivi un cours pour répondre à toutes ces
éventualités.
M. BLEAU: Non, je dis qu'ils auront les cours. Ils ne les ont pas
actuellement.
M. QUENNEVILLE: D'ailleurs, ils n'existent pas légalement.
M. BLEAU: C'est justement, les cours de base au point de vue technique,
comme monsieur le demandait, nous les avons. Maintenant, nous voulons terminer
notre formation dans à peine deux ou trois matières, comme la
pathologie, l'hygiène, etc. Le dentiste en somme, a assez de travail en
«'occupant des soins dentaires et on veut lui permettre de faire plus de
soins dentaires. D'ailleurs, ils ne sont pas assez nombreux dans la province de
Québec. Le problème existe dans tout le pays. La preuve c'est que
les autres provinces veulent faire la même chose, sept provinces.
M. LE PRESIDENT: Encore cinq minutes, monsieur.
M. LAPRANCE: Merci, M. le Président. A la page 8 de votre
mémoire, vous mentionnez quatre recommandations. Vous dites que les
chirurgiens dentistes et vous venez de l'affirmer encore une fois
ne suffisent plus à fournir les soins dentaires à la population
et, à la commission parlementaire, on a déjà entendu le
Collège des chirurgiens-dentistes et l'Association professionnelle et je
crois si je fais erreur, je demande au ministre de me corriger
c'est qu'on nous dit qu'on pouvait répondre aux besoins de la population
mais que le problème qui existe actuellement est un problème de
distribution de personnel.
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il y a une précision à
apporter. Les études que nous avons fait faire par la régie et
les comités consultatifs, de même que d'autres travaux qui ont
été faits à l'échelle canadienne je ne me
souviens pas par quel groupement, ç'a été rendu public il
n'y a pas tellement longtemps indiquent qu'il y a pénurie de
dentistes, présentement, assez marquée. E y a une mauvaise
distribution mais il y a également une pénurie.
M. LAFRANCE: Au niveau du Canada, au niveau du pays.
M. CASTONGUAY: Et au niveau du Québec, également.
M. LAFRANCE: Oui, mais c'est moins pire que, par exemple, en
Nouvelle-Ecosse ou à Terre-Neuve et à l'Ile-du-
Prince-Edouard.
M. CASTONGUAY: Peut-être.
M. LAFRANCE: C'est l'ensemble du pays qui fait que la pénurie
devient plus grande. A l'article C), vous dites: Les dentistes sont mieux
préparés qu'autrefois et, quatrièmement...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous êtes d'accord
là-dessus?
M. LAFRANCE: ... vous dites: Au profit de meilleurs soins dentaires,
plusieurs dentistes ont accordé plus de temps aux travaux de
restauration pour les confier exclusivement à des techniciens. Je crois
que c'est une affirmation qui est assez gratuite parce que c'est impossible et
que ce n'est pas dans la déontologie à l'heure actuelle qu'un
dentiste se doit de donner des pouvoirs que quelqu'un n'a pas. C'est
complètement faux et je tiens à rectifier cela. On n'a pas
le droit de faire faire des travaux par quelqu'un qui n'est pas
autorisé à les faire.
Il n'y a pas un dentiste qui puisse confier des travaux à une
personne autre qu'une personne qui soit qualifiée pour les faire,
autrement dit un autre dentiste.
M. BLEAU: Si vous me le permettez, M. le Président, comment se
fait-il que des dentistes à un moment donné, quand il s'agit de
prothèses, disent: Allez donc voir un type qui va pouvoir vous les
faire?
M. LAFRANCE: J'aurais deux autres questions à vous poser. Oui,
cela arrive et vous savez pourquoi, parce que vous le mentionnez dans votre
rapport. Est-ce que les denturologistes ont demandé au ministère
des Affaires sociales de payer des prothèses pour les assistés
sociaux? Vous avez mentionné dans votre rapport que les assistés
sociaux ne pouvaient pas se procurer des prothèses dentaires, alors
qu'à l'heure actuelle, le ministère des Affaires sociales donne
une compensation aux assistés sociaux pour fabriquer des
prothèses. Est-ce que vous, les denturologistes, avez demandé
cela au ministère des Affaires sociales?
M. BLEAU: M. le Président, nous avons dit au gouvernement que
nous pouvions rendre service au ministère du Bien-Etre social. En fait,
le ministère du Bien-Etre social nous a payés.
M. LAFRANCE: Bon! C'est ce que je voulais savoir.
M. CASTONGUAY: Merci à mon digne prédécesseur.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cette remarque répare celle de
tantôt. Surtout quand le ministre le fait avec le sourire, je suis
capable d'en absorber beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous encore une autre question?
M. LAFRANCE: Non. C'est tout simplement un commentaire que j'aimerais
faire. Alors, effectivement, vous avez été payés par le
ministère des Affaires sociales, même si vous n'êtes pas
reconnus officiellement?
M. BLEAU: Certainement.
M. LE PRESIDENT: M. Bleau, je crois que les membres de la commission
sont bien informés grâce à l'exposé de votre
mémoire et nous allons étudier de nouveau ces documents. M.
Castonguay, vous avez la parole.
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai dit au tout début, j'ai
rencontré l'Association des techniciens dentaires la semaine
dernière. Si je n'ai pas posé de questions, c'était pour
les raisons que j'ai mentionnées au début. Je dois dire que nous
avons communiqué avec les gouvernements de deux autres provinces pour
avoir plus de données à jour sur ce qui se fait dans ces autres
provinces, de façon à avoir un dossier aussi complet que possible
pour le travail de révision des lois des corporations professionnelles
qui est en cours. Je pense bien que présentement, même si nous
avons discuté votre mémoire, le travail prioritaire est celui
inscrit dans le projet de loi numéro 69 qui a simplement pour objet de
modifier la Loi de l'assurance-maladie; la révision des lois des
corporations professionnelles s'inscrit dans un autre contexte.
M. BLEAU: Si vous me le permettez, M. le Président, c'est bien
indiqué dans le rapport du comité spécial sur les
auxiliaires. Il y a une proposition. Dans les provinces de l'Ouest
étant donné que cela est dit ici il semble que la
tendance à autoriser les mécaniciens-dentistes c'est faux
de les appeler ainsi parce que je ne vois pas de mécanique chez les
dentistes à traiter avec le public soit irréversible et
imminente dans plusieurs provinces en raison du précédent
créé en Alberta, en Colombie-Britannique et au Manitoba. Cela
existe. Je tiens à signaler une chose, M. Castonguay. Je remarque que
cette commission est pas mal partiale. Ce ne sont que des dentistes.
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas indiqué du tout les intentions du
gouvernement en vous faisant cette remarque, d'autant plus que ce genre de
question devra passer par les mécanismes normaux à
l'intérieur du gouvernement avant qu'un projet de loi ou des
modifications aux lois actuelles puissent être apportés. On ne
peut pas préjuger de ce que fera le gouvernement. La seule chose, c'est
qu'il y a un certain nombre de questions assez délicates qui se posent.
Le Dr Boivin a mentionné, par exemple, le problème de la
responsabilité vis-à-vis du patient. Il y a d'autres questions
qui se posent aussi, étant donné la possibilité
d'états pathologiques, etc. Ce sont ces questions que nous voulons
étudier de telle sorte que nous ayons un dossier aussi complet que
possible pour faire, en tant que ministère, des recommandations au
gouvernement sur cette question. H ne faut pas oublier que vous avez dans une
large mesure précédé la loi, mais il reste que, comme
gouvernement, les projets de loi que nous devons soumettre à
l'Assemblée nationale doivent être aussi bien appuyés que
possible à tous les plans.
De telle sorte que toujours le but de ces lois je parle des lois
corporatives qui ont pour but de protéger la population soient
aussi bien adaptées aux exigences du moment et toujours dans le contexte
de la protection de la population. C'est pourquoi il nous est nécessaire
de bien constituer un dossier adéquat pour répondre à des
questions, justement comme celles
que vous avez soulevées, qui sont des questions qui ne peuvent
pas être ignorées dans la préparation de tels projets.
C'est dans ce sens que je voulais faire cette remarque.
M. LE PRESIDENT: M. Quenneville.
M. QUENNEVILLE: M. Bleau, étant donné que vos cours ne
doivent commencer que samedi prochain, avez-vous des objections à ce que
les techniciens dentaires rejoignent vos rangs?
M. BLEAU: Non, absolument pas. Il faut être technicien dentaire
d'abord, nous ne sommes pas des gens en dehors de la ligne, nous sommes des
techniciens qui ont pris l'option de la denturologie pour pouvoir transiger
directement avec la population.
M. QUENNEVILLE: Deuxième question. Advenant, justement, que vous
soyez reconnus par une loi, avez-vous l'impression que vos cadres vont grossir
énormément?
M. BLEAU: Les cadres vont augmenter un peu.
M. QUENNEVILLE: Seulement un peu? M. BLEAU: Probablement beaucoup. M.
QUENNEVILLE: Merci.
M. BLEAU: M. le Président, est-ce que vous allez
considérer, surtout les poursuites qui nous ont empêchés de
nous grouper en formation? Durant le temps que nous suivons une formation
scientifique, cesserez-vous de nous poursuivre?
M. CASTONGUAY: Je ne peux pas demander au Collège des chirurgiens
dentistes tant que la loi n'est pas modifiée, d'agir contrairement
à sa loi. Tout comme il ne m'est pas possible de demander au
Collège des médecins et chirurgiens de faire des choses qui
seraient contraires à l'esprit, aux dispositions de sa loi. Sans cela,
les lois perdent toute signification. Ce qui est important ici, c'est qu'il y a
une situation qui m'apparaît évidemment fausse. Un grand nombre de
personnes qui agissent contrairement aux dispositions de la loi des assistants
dentaires, de l'Association des techniciens dentaires, c'est une situation qui
est fausse, qu'il faut clarifier. Nous nous sommes attaqués à
cette tâche et nous entendons la poursuivre. Mais, simplement, je n'ai
aucune autorité pour demander à un groupement professionnel
d'agir contrairement à une loi qui a été adoptée
par le Parlement, sauf de faire changer la loi, dans la mesure où il est
nécessaire de la changer.
M. BLEAU: M. le Président, dans ce cas, je sais que vous ne
voulez pas changer la loi, mais si vous voulez former des auxiliaires
davantage, alors...
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, M. le Président, je pense que nous
avons écouté les points de vue proposés, même si
c'était en dehors du cadre précis du bill 69 et j'ai dit que nous
étudions cette question. Nous allons, par les mécanismes
réguliers, proposer comme ministère, au gouvernement les choses
qui nous paraissent nécessaires et, lorsque le gouvernement aura pris
ses décisions, le problème des auxiliaires, comme tous les autres
qui se rattachent à cette question, sera étudié et, en
temps et lieu, le gouvernement fera connaître les politiques qu'il entend
suivre. Je crois que, pour l'instant, ce n'est pas le moment d'étudier
ces autres questions.
M. LE PRESIDENT: Je remercie M. Bleau de son exposé. Je crois que
cela termine l'exposé de différents mémoires relatifs au
bill 69. Maintenant, si les membres de la commission sont d'accord, nous allons
tenter de faire une réunion des membres de la commission, la
dernière séance de cette commission relative au bill 69, mardi
soir. Je ne peux me prononcer parce que...
M. CASTONGUAY: Est-ce que nous devrions suggérer, pour qu'il n'y
ait pas de conflit avec les séances d'autres commissions, que vous voyez
le leader de notre parti afin qu'il s'entende avec les leaders des autres
partis?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, vous avez
mentionné mardi soir. Déjà je vois que cela vient en
conflit avec d'autres travaux. En attendant, j'ai une autre suggestion.
Etant donné que nous aurons cette séance spéciale
des membres de la commission pour faire le bilan des mémoires que nous
avons entendus, je ne sais pas si ce serait trop demander aux fonctionnaires du
ministère des Affaires sociales, de faire préparer ce
n'est peut-être pas possible pour la prochaine réunion si celle-ci
a lieu trop tôt un relevé, une comparaison des
différentes suggestions qui ont été faites par les
organismes, en regard de chacun des articles de la loi. Je comprends que c'est
un travail assez important. On l'a fait pour la protection du consommateur.
J'ai vu ce travail et cela aide énormément les membres de la
commission à se faire une opinion. Il n'y a pas besoin d'élaborer
longuement, les mémoires l'ont fait, mais si on apposait à chacun
des articles de la loi les mémoires qui ont touché cet
article-là et dans une phrase donner la substance; je ne sais pas
jusqu'à quel point les commissions parlementaires sont
équipées et si le ministère peut le faire par ses
fonctionnaires.
M. CASTONGUAY: J'ai demandé au cours de ces auditions, à
certains des fonctionnaires du ministère, à M. Després, au
Dr Mockle
d'assister aux séances. D'une part, M. Morency m'a fait ressortir
certains des points qui lui paraissaient les plus importants. Mais, cela n'est
pas nécessairement une analyse exhaustive.
A tout événement, j'ai remis, ce matin, au
secrétariat des commissions, une photocopie de ces documents qui,
remarquez, ne sont pas exhaustifs. Ce sont simplement les aspects qui
paraissaient particulièrement intéressants à M. Morency
qui ont été énumérés.
Maintenant, le secrétariat voulait préparer un
document.
UNE VOIX: Nous voulions préparer un document du genre de celui
préparé pour le projet de loi de la protection du consommateur.
C'est déjà en marche.
M. CASTONGUAY: Bon!
M. CLOUTIER (Montmagny): Ma suggestion est de cette nature.
M. CASTONGUAY: Ils pourront peut-être se servir des notes de M.
Morency comme point de départ pour leur travail. Mais je n'aimerais pas
que les notes de Me Morency soient distribuées parce qu'elles ne
visaient pas... C'est moi qui lui avais demandé de mettre le doigt sur
les points qui lui paraissaient les plus importants. Cela ne veut pas dire que
ce qu'il pensait important fût nécessairement ce que vous penserez
important ou l'inverse. C'est pourquoi je les ai remises au secrétariat
si cela peut l'aider. Mais je pense que le travail du secrétariat
devrait...
M. CLOUTIER (Montmagny): Me Morency ayant travaillé avec
plusieurs ministres, étant un officier en loi très averti, il est
certainement polyvalent et le travail qu'il a préparé pour le
ministre actuel convient à l'ancien ministre.
UNE VOIX: Vous voulez dire qu'il n'est pas pollué.
M. CASTONGUAY: Maintenant, en plus de tout ça, j'ai fait
préparer ici ce n'est pas une liste de questions
exhaustives une certaine liste de questions, les plus importantes qu'on
se pose vis-à-vis de ce projet de loi. Je peux en faire distribuer aux
membres de la commission et pour ceux qui sont absents, peut-être que le
secrétariat de la commission pourrait les leur faire parvenir.
UNE VOIX: Certainement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une autre remarque, M. le Président,
lors de la première séance, le ministre avait posé une
foule de questions. Il avait dit : Je n'ai pas les réponses.
M. CASTONGUAY: Oui. C'est ça! Elles sont reprises ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si depuis ce temps il a trouvé les
réponses, il pourra les ajouter au document de travail.
M. LE PRESIDENT: Alors, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance 18 h 25)