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Commission permanente des Affaires sociales
Projet de loi no 69
Loi modifiant de nouveau
la Loi dé l'assurance-maladie
Séance du mardi 6 avril 1971
(Dix-sept heures vingt-six)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire des Affaires sociales va résumer un
peu l'étude du bill 69 et va inviter le ministre à faire une
certaine déclaration.
Questions marginales
M. CASTONGUAY: M. le Président, au cours des audiences où
nous avons entendu et discuté un nombre assez élevé de
mémoires, je crois qu'il importe de rappeler que bon nombre de
questions, qui ont été soulevées, débordent le
cadre du bill 69 et ceci aussi bien en ce qui a trait aux médicaments
qu'aux soins dentaires.
Si je mentionne ceci, ce n'est pas dans le but de limiter la discussion
qui va suivre, mais simplement pour rappeler que certaines des questions
soulevées même si nous devons leur donner suite par des
modifications législatives ou par des changements dans les mesures
existantes, nous ne pourrons le faire par la voie de ce bill qui ne touche
qu'à la Loi de l'assurance-maladie.
Certaines de ces questions touchent aux lois des corporations
professionnelles et nous avons déjà dit que ces lois,
particulièrement en ce qui a trait au secteur de la santé, des
services sociaux, seraient modifiées et que des projets de loi seraient
déposés, à cet effet, au cours de la présente
session. Certaines questions touchent aussi à l'organisation des
services. Dans certains cas, les modifications qui peuvent s'imposer ne
requerront pas des modifications législatives; dans d'autres, il est
possible que oui.
Il y a aussi certaines questions qui touchent à la formation et
au titre de travailleur, de professionnel dans les secteurs qui nous
intéressent, plus particulièrement ici. Et encore là, nous
ne pourrons pas évidemment couvrir ces questions spécifiquement
dans le bill 69. Les commentaires qui pourront être formulés,
évidemment, seront retenus et analysés. D'ailleurs, nous avons
fait passablement de travail sur ces questions à la suite des
mémoires, des discussions que nous avons eues au sein de cette
commission.
Document-synthèse
M. CASTONGUAY: Pour être aussi bref que possible, je voudrais
simplement rappeler qu'à la damande des membres de la commission ou
à la suggestion des membres de la commission, le président de la
Régie de l'assurance-maladie avec l'aide de ses officiers a
préparé un document-synthèse, qui présente, en
regard de chacun des articles du projet de loi, les représentations qui
ont été formulées par les différents groupements ou
individus qui ont présenté des mémoires. Ce document vous
a été distribué et je crois qu'il y a lieu de remercier M.
Després et ses collègues pour le travail très
fouillé qui a été fait.
Prix et qualité des médicaments
M. CASTONGUAY: Nous avons également distribué un document
il n'a pas été possible de le faire plus tôt parce
qu'il s'agit d'une initiative nouvelle qui est intitulé: Prix et
qualité des médicaments. Si nous vous avons distribué ce
document, c'est qu'il prend une importance particulière dans le cadre
des travaux, des questions que nous avons à discuter. Je demanderais
à l'une des personnes ici présentes, soit le Dr Mockle ou un
autre spécialiste de ces questions, d'exposer plus
précisément ce dont il s'agit. En bref, toutefois, ce serait la
première fois où il est possible, d'une façon aussi
précise et aussi assurée que possible, d'établir vraiment
les équivalences sur le plan des médicaments de diverses marques
de commerce sous un même nom générique et d'analyser en
même temps leur prix d'une façon qui peut être vraiment
comparée.
Autres questions
M. CASTONGUAY: Enfin, j'avais demandé ou je vous avais
distribué, à l'occasion d'une séance antérieure,
une certaine liste de questions, questions que j'avais formulées dans
une certaine mesure lors de la première séance de la commission
le 20 janvier dernier et cette liste de questions vous a été
distribuée à l'occasion d'une séance antérieure. Je
suggère que l'on puisse l'utiliser pour discuter le bill, le projet de
loi, sans toutefois limiter la discussion à ces questions. Vous pourrez
en soulever d'autres, évidemment. Nous ne devrions pas perdre cette
occasion pour escamoter une partie, soit des problèmes, soit des aspects
les plus importants qui se relient à ce projet de loi.
Je voudrais simplement mentionner, toutefois, le désir que
j'aurais d'étudier, pendant l'arrêt des travaux de la session
ce qui nous donne un peu plus de temps les modifications
possibles à apporter au bill de telle sorte que, lors de la reprise des
travaux, nous puissions passer vraiment à l'adoption de ce projet de
loi, étant donné que c'est un projet de loi qui peut apporter
à la population ou à une partie de la population à tout le
moins, l'accessibilité à des services qui sont évidemment
importants. Alors, sans limiter la discussion, si nous pouvions reviser
l'ensemble des questions qui paraissent
nécessaires d'être discutées avant l'ajournement des
travaux à l'occasion de Pâques, ça faciliterait notre
travail au sein du ministère et aussi comme gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la commission désire entendre le Dr
Mockle ou si vous voulez...
M. CASTONGUAY: Bien, quant à la façon de procéder,
est-ce que ce serait bon de demander à chacun si...
M. LE PRESIDENT: Chaque membre représentant de parti, le
député de Dubuc ou le député de Bourget.
M. LAURIN: En ce qui nous concerne, nous nous sommes bien rendu compte,
tout au long des audiences de la commission, qu'on avait abordé
plusieurs sujets connexes. Nous croyons que c'était nécessaire
pour mieux faire saisir la portée, l'ampleur du projet de loi; d'autant
plus que l'application des mesures prévues au projet de loi no 69
entrafnera presque nécessairement des modifications dans l'un ou l'autre
des sujets qui ont été mentionnés par le ministre,
c'est-à-dire les corporations professionnelles, l'organisation des
services, la formation de professionnels divers. Cependant, nous faisons
nôtres les remarques du ministre à l'effet que, lors de cette
réunion-synthèse que nous avons actuellement, il est
peut-être préférable de limiter au maximum nos commentaires
sur le contexte, sur l'arrière-plan pour nous en tenir davantage aux
modifications que nous pourrions juger utiles pour le projet de loi que nous
avons l'intention d'examiner.
Cependant, il sera peut-être quand même nécessaire,
en ce qui nous concerne, de faire référence, ne serait-ce que
brièvement, à ces problèmes connexes pour mieux
éclairer la position que, pour notre part, nous avons prise sur l'un ou
l'autre des articles du projet de loi. En ce qui nous concerne, nous avons
regroupé tous nos commentaires dans une seule déclaration et il
me fera plaisir, le moment venu, d'en faire part à la commission.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
Loi de pharmacie
M. BOIVIN: J'ai suivi avec attention tous les travaux de cette
commission. Je pense que l'unanimité s'est faite sur ce que ça
peut apporter à la population, en particulier les économiquement
faibles. Mais il y a toute une étude qu'il faudra faire. Il y a une
question qu'il me plairait de poser au ministre: A-t-il l'intention, avant de
passer à la réalisation de cette loi, d'ouvrir la Loi de
pharmacie? Je vois certaines difficultés de ce
côté-là, et il m'intéresserait d'avoir son opinion
sur l'aide qu'on peut apporter à la population par l'offre des
médicaments gratuits et des services dentaires.
M. CASTONGUAY: Voulez-vous, pour le reste de votre commentaire, que je
vous donne immédiatement ce renseignement?
M. BOIVIN: Oui.
M. CASTONGUAY: Alors, voici, au sein du ministère nous avons
préparé un projet de modification de la Loi de pharmacie. J'ai
rencontré le Collège des pharmaciens. J'ai discuté un
certain nombre des aspects les plus importants de ces modifications et de cette
réforme de la Loi de pharmacie et nous avons expédié le
projet au comité de législation. A moins que nous nous butions
à des difficultés imprévues, normalement nous devrions,
assez rapidement après la reprise des travaux de l'Assemblée
nationale, être en mesure de déposer ce projet de loi pour
étude à l'Assemblée nationale et pour adoption.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il sera déposé avant la passation de
cette loi? Est-ce qu'il y aura possibilité de connaître cette
loi-là avant qu'on mette...
M. CASTONGUAY: Sur la question des lois des corporations
professionnelles, si nous regardons le problème d'une façon plus
générale, je me proposais de suggérer lorsque les
projets de loi seront déposés à l'Assemblée
qu'ils restent pour étude un certain temps et qu'on puisse entendre les
représentations aussi.
Toute cette question des lois des corporations professionnelles
soulève de multiples aspects. Il n'y a pas de façon
générale un caractère d'urgence qui est tel que nous
devrions éviter de discuter assez en profondeur pour voir si la
réforme proposée va bien être adaptée à
l'évolution des dernières années et à
l'évolution prévisible des prochaines années.
De façon générale, pour ces lois des corporations
professionnelles, c'était mon intention de suggérer que les lois
soient déposées et qu'elles fassent l'objet d'une étude
pendant une certaine période de telle sorte qu'on puisse entendre les
représentations de toutes les parties intéressées.
Connaissant le projet de loi sur la pharmacie déjà
déposé, même s'il n'est pas adopté, il me semble que
nous pourrons voir quelles pourraient être les incidences sur le projet
de loi no 69.
M. BOIVIN: Je vois des difficultés dans les mécanismes que
nous avons à établir. Il faudra connaître l'affaire
parfaitement du côté de la Loi de pharmacie. Il me semble qu'on va
avoir des difficultés à appliquer cette loi si on n'étudie
pas l'autre loi avant et si on n'entend pas les intéressés
à la commission, ici.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre pourrait donner plus
d'explications à cette question?
M. CASTONGUAY: Sur ce point, tout ce
que je peux dire, c'est que, lorsque nous proposerons le bill 69 pour
adoption à la Chambre ou pour étude, nous déterminerons
s'il est possible d'aller jusqu'à l'adoption compte tenu de l'autre
projet qui comme vous le mentionnez devrait normalement
être déposé et juger l'un par rapport à l'autre.
M. BOIVIN: Est-ce que M. le ministre pourrait nous faire connaître
un peu les mécanismes qu'il veut mettre en branle à la suite de
l'adoption du bill 69 tel qu'on veut le corriger pour les médicaments et
les soins dentaires, tous les mécanismes surtout qu'il mettra en marche
pour appliquer le bill 69 à la pharmacie, par exemple?
M. CASTONGUAY: Je retiens cette question. Est-ce qu'il y aurait d'autres
commentaires que vous aimeriez faire?
M. LE PRESIDENT: Le représentant des créditistes, M. le
député de Saint-Sauveur aurait quelques remarques à
faire.
M. BOIS: Non, pas à ce stade-ci.
M. LE PRESIDENT: Je demande à tous les partis...
M. LAURIN: Je crois qu'on peut procéder immédiatement
à la lecture de nos opinions.
M. LE PRESIDENT: D'accord, le député de Bourget? Est-ce
que ça vous va? Le député de Bourget.
Remarques
M. LAURIN: Le projet de loi 69 a donc pour principal objet la
couverture, par la régie, des soins dentaires, pour les personnes dont
l'âge est moindre que celui fixé par règlement, d'une part;
et des services et médicaments fournis par les pharmaciens sur
ordonnance d'un médecin ou d'un chirurgien-dentiste, à toute
personne qui bénéficie de l'aide sociale, d'autre part: Dans ce
dernier cas, le ministère des Affaires sociales défraierait le
coût des services, médicaments et administration
correspondants.
Mes premières remarques porteront sur le caractère
transitoire du projet de loi. Le projet de loi 69 doit être
analysé comme une étape de plus dans l'extension de la couverture
de l'assurance-maladie. L'intérêt qu'il a suscité lors des
quatre séances publiques de la commission parlementaire, témoigne
cependant de son importance. Nous y avons senti, en effet, que des
intérêts fondamentaux étaient en jeu, parce que les
décisions que devra prendre le gouvernement pour mettre en vigueur le
projet de loi non seulement prédéterminent l'orientation future
du régime, mais soulèvent également le problème de
l'industrie pharmaceutique et du coût excessif des médicaments, et
nous forcent à redéfinir le rôle traditionnel du
pharmacien.
C'est bien sûr que nous ne pouvons pas régler ces
problèmes-là immédiatement, mais il ressortait très
clairement des audiences de la commission que nous ne pouvions pas les
scotomiser, les ignorer. Les autres remarques portent sur le rapport de la
commission Caston-guay-Nepveu qui doit être quand même
considéré je ne dirais pas une bible mais comme une
sorte de compendium des opinions qui donne origine, non seulement à ce
projet de loi, mais à tous les autres que nous devons attendre.
Dans le chapitre qui traite de l'extension de la couverture de
l'assurance-maladie, au volume 1, pages 87 et suivantes, la commission
d'enquête sur la Santé et le Bien-Etre social recommande que la
couverture du régime s'étende progressivement, à mesure
que les conditions et les ressources financières le permettront, aux
soins dentaires pour les femmes enceintes, les enfants de moins de 18 ans dont
on note le rendement élevé, et aux médicaments prescrits
dans les cas de maladie de courte duré avec frais
modérateurs.
Cependant, au chapitre traitant de l'assistance-maladie, la commission
recommande que l'extension de la couverture se fasse à un rythme plus
accéléré à l'égard des assistés
sociaux, selon l'ordre suivant: d'abord médicaments prescrits avec frais
modérateurs, soins dentaires pour les enfants et les femmes enceintes,
examens de la vue et lunettes, et le reste.
Remarquons que l'ordre proposé varie pour le prolongement de la
couverture de l'assurance-maladie universelle et de l'assistance-maladie pour
les bénéficiaires de l'assistance sociale. Dans une large mesure,
cette façon de procéder est celle qui se retrouve dans le projet
de loi.
Premièrement, les médicaments pour les
bénéficiaires de l'aide sociale. D'abord, la couverture. Comme le
prévoit le projet de loi, nous croyons que la régie ne doit
assumer que le coût des services et des médicaments prescrits par
un médecin ou un chirurgien dentiste, donc laissant de côté
toute la question des médicaments non brevetés qui constituent un
problème criant, c'est évident, mais très complexe, dans
lequel il est difficile de s'embarquer pour le moment.
D'autre part, le projet de loi limite le remboursement du coût des
médicaments aux seuls bénéficiaires de l'aide sociale.
Nous croyons que les milliers de Québécois qui vivent en dessous
du seuil de la pauvreté et qui ne jouiront pas de cet avantage parce
qu'ils ne sont pas bénéficiaires de l'aide sociale en ont
également besoin. Ces personnes, qu'il s'agisse de chômeurs, de
vieillards, et le reste, ne peuvent-elles pas, compte tenu, bien sûr, des
disponibilités financières de la régie, être
couvertes immédiatement par le régime?
Nous aimerions suggérer au ministre que l'on étudie
attentivement cette possibilité, en tenant compte de la situation
réelle de ces personnes.
II nous semble qu'une définition plus généreuse des
besoins spéciaux au titre des médicaments pourrait
résoudre un bon nombre de ces problèmes. On éviterait
ainsi que ces personnes dont les revenus sont marginaux aient la tentation de
plus en plus forte de se classer dans le groupe des bénéficiaires
réguliers de l'aide sociale pour avoir accès à la
gratuité des médicaments.
Nous ne voulons pas, en somme, qu'il y ait une prime à
l'assistance sociale. Et nous espérons, conformément d'ailleurs
au dernier rapport de la commission Castonguay-Nepveu, qu'on fixe comme
critère plutôt le seuil de la pauvreté que la
catégorie très fixe d'assisté social, au terme de la loi
26.
Le ministre des Affaires sociales a d'ailleurs souligné
lui-même qu'il n'était pas nécessaire, et je le cite: "de
recevoir des allocations financières pour être
considéré comme bénéficiaire de l'aide sociale".
C'est une déclaration que nous avons tirée du journal des
Débats, à la page B-129.
Deuxièmement, en ce qui concerne la distribution des
médicaments. Le projet de loi 69, en faisant défrayer par la
régie le coût des médicaments, rend nécessaire que
des mesures soient prises pour réduire le coût des
médicaments.
Il serait curieux, en effet, que le même Etat paie, d'une part, un
prix différent pour des médicaments achetés par un
hôpital et pour des médicaments achetés par un
bénéficiaire de l'aide sociale pour la seule raison que le
pouvoir d'achat d'une pharmacie est inférieur à celui d'un
hôpital. Je me réfère ici, par exemple, à ce que
nous ont dit certains pharmaciens d'hôpitaux qui ont dit que 17
hôpitaux psychiatriques pouvaient obtenir pour l'achat de leurs
médicaments un prix de beaucoup inférieur à celui des
hôpitaux non organisés, et à plus forte raison, à
celui des petits pharmaciens.
Il serait donc souhaitable que l'Etat intervienne, non seulement en
favorisant le regroupement des achats de toutes les institutions du
réseau hospitalier, mais aussi en créant une
société d'Etat ayant pour principale fonction l'achat et la
distribution en gros de tous les médicaments.
On devrait à ce point de vue s'inspirer du projet
récemment mis de l'avant par le Manitoba. Je l'ai ici. Je crois que le
ministre l'a reçu il nous en a donné l'assurance et
que le ministère l'a étudié. Je crois qu'il y a dans ce
projet des recommandations extrêmement pertinentes qui peuvent être
applicables par le gouvernement du Québec.
Au départ, la distribution au détail des
médicaments devra continuer de se faire surtout par les pharmacies. Il
ne faut quand même pas ignorer les réalités actuelles.
Cependant, au fur et à mesure que les centre locaux de santé
seront mis sur pied et que, conformément aux recommandations du rapport
Lacasse, d'autres commerçants seraient autorisés à vendre
certains médicaments, ce monopole serait appelé à
disparaître, car dans la mesure où il existe une standardisation
des médicaments et que l'ordonnance par format est
généralisée, le rôle du pharmacien commerçant
est nécessairement appelé à changer.
Nous croyons également que les hôpitaux devraient
être autorisés, voire même obligés, à
distribuer des médicaments gratuitement aux personnes
bénéficiant du projet de loi numéro 69.
Nous n'avons pas voulu entrer plus à fond dans la question des
frais modérateurs. Nous attendrons peut-être une loi
ultérieure sur l'organisation des services de santé.
En ce qui concerne les soins dentaires de nouveau la couverture
l'âge d'admissibilité devrait être de douze ans et
moins. Nous avons mis ce chiffre de douze ans qui est l'âge de
l'accès à la puberté parce que nous savons que la
puberté est une période d'orages physiologiques où peuvent
survenir plusieurs troubles qui nécessitent une assistance
médicale et dentaire plus appropriée.
Nous croyons que cet âge d'admissibilité devrait être
inscrit dans la loi et non pas faire l'objet d'un règlement. Nous
croyons que le régime doit couvrir les soins dentaires et les soins
d'orthodontie pour les cas qui peuvent, selon certains critères,
être jugés comme médicalement requis et ici, nous nous
référons au mémoire de l'Association des orthodontistes.
Nous pensons également qu'il serait hautement souhaitable que le projet
de loi permette d'inclure d'autres catégories de personnes comme les
femmes enceintes, en fonction de leurs besoins de soins dentaires. Il est
évident qu'à la commission nous avons entendu des avis plus
partagés là-dessus que ceux que nous avons lus dans le rapport de
la commission, mais il nous semble que l'évidence penche encore du
côté, bien que plus faiblement, de l'inclusion de cette
catégorie de personnes dans la couverture.
Enfin, nous croyons qu'il y aurait lieu de faire un effort particulier
en matière de prévention par la mise sur pied d'une campagne
d'information destinée aux écoliers; nous mentionnons cela
même si cela ne doit pas être inscrit, bien sûr, dans un
projet de loi.
Deuxièmement, quant à la fluoration, les effets
bénéfiques de cette fluoration nous semblent indiscutables. C'est
pourquoi nous croyons qu'elle devrait devenir obligatoire aussitôt que
possible. Cette décision, en effet, ne devrait pas relever du niveau
local. Il nous parait illogique qu'un citoyen québécois en soit
privé ou puisse en bénéficier pour la seule raison qu'il
doive changer le lieu de sa résidence. Au strict minimum, toutes les
nouvelles usines de filtration qui doivent faire approuver leurs plans et devis
au ministère des Affaires municipales, devraient être
obligées de s'équiper de machines à fluorer. Lorsque
conçus en même temps que l'usine, ces équipements sont,
nous a-t-on dit, en effet, peu dispendieux. Pour ce qui est des autres
municipalités, il nous parait souhaitable que la reconversion de leurs
équipe-
merits soit favorisée par des subventions et qu'un délai
maximum leur soit imparti pour y procéder. Voilà, M. le
Président, l'essentiel des remarques que nous avions à faire et
qui portent d'une façon spécifique sur le projet de loi
numéro 69.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que M. Caston-guay veut continuer à
répondre au député de Bourget ou attendre?
M. CASTONGUAY: Je pourrais faire certains commentaires.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres membres qui veulent exprimer
leurs opinions sur le bill 69?
M. BOIS: M. le Président, actuellement je n'ai pas tous les
détails que j'ai accumulés, mais quant à la fluoration, je
diffère totalement d'idée avec le leader parlementaire du Parti
québécois. J'aurai d'ailleurs des précisions à
apporter à ce sujet, lors de la continuation de la séance.
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez, on pourra possiblement demander au
Dr Mockle ou je ne sais pas s'il y aurait quelqu'un d'autre qui pourrait nous
donner certains renseignements sur le document que je vous ai fait distribuer.
Je pourrais par la suite, lors de la reprise, répondre d'abord à
une question du Dr Boivin, le député de Dubuc, et commenter
certains des aspects de la position exprimée par le Dr Laurin. Et si le
député de Saint-Sauveur a d'autres commentaires, nous pourrons
évidemment les discuter et au cours de mes commentaires, s'il y a des
questions qui se soulèvent, je serai évidemment bien
disposé à en discuter et demander l'aide des gens. Est-ce que
ça vous irait comme mode? Est-ce que ça vous va Dr Mockle,
d'exposer le système? Parce que c'est une donnée assez nouvelle,
je pense, que cette question, que toute cette discussion du prix des
médicaments, du coût des médicaments et surtout de leur
équivalence. Avant de commenter, je crois qu'il serait bon que nous
ayons cette nouvelle donnée qui n'a pas été portée
à notre attention au moment des travaux de la commission
parlementaire.
Equivalences Thérapeutiques des
médicaments
DR MOCKLE: M. le Président, M. le ministre Castonguay vous a dit
au tout début des séances de la commission le 20 janvier qu'il
vous avait fait distribuer un document préparé par la
Régie d'assurance-maladie et qui a pour titre "Rapport sur le
problème des équivalences thérapeutiques en matière
de médicaments". Dans ce rapport, nous mentionnons que
l'équivalence peut être envisagée sous trois concepts
différents: concept de l'aspect économique uniquement en fonction
du coût; on peut également l'envisager en fonction de l'aspect
professionnel et finalement en fonction de l'aspect scientifique. Des
commentaires ont été apportés dans ce document à
l'égard de ces trois aspects. Il va de soi que, dans une
thérapeutique rationnelle, les trois aspects doivent être pris en
considération, non pas l'un d'eux seulement.
On fait allusion dans ce document, à la page 3 notamment, que la
direction des aliments et drogues a tenu un symposium en 1969 sur
l'équivalence physiologique des médicaments.
Et à ce symposium des experts du monde entier sont venus exposer
leur point de vue concernant le problème des équivalences en
matière de médicaments, problème qui devient
épineux lorsqu'on considère que des médicaments dits
équivalents se vendent à des prix dont les écarts sont
quand même assez marqués.
La direction des aliments et drogues, probablement à la suite de
ce symposium, a décidé de faire des expertises en vue de prouver
que des médicaments pouvaient être équivalents, du moins
sous les aspects scientifiques. C'est pourquoi elle a entrepris un travail qui
est publié dans son bulletin et qui porte sur certains
médicaments, pour démontrer qu'il peut y avoir en fait
équivalence.
Cette équivalence s'établit d'après le
document qui vous a été donné sur deux points: Sur
le point analytique, d'est-à-dire qu'il s'agit de vérifier le
dosage. Lorsque c'est marqué 25 milligrammes, ça doit donc
correspondre à cette quantité, avec évidemment
l'écart prévu par les pharmacopées. A ceci se greffe aussi
la désagrégation, ce qu'on appelle le délitement en
l'occurence il s'agit de comprimés c'est-à-dire le temps
de dissolution du comprimé. C'est donc, par conséquent, une des
exigences, sur le plan des normes des pharmacopées, pour
reconnaître un produit.
Toutefois, les tenants de la non-équivalence disaient que ce
n'est pas parce que des produits renferment la même quantité et se
désintègrent dans le même temps qu'on doit conclure
à une équivalence. Autrement dit, ce n'est pas parce qu'il y a
une équivalence chimique, qu'il va nécessairement y avoir
équivalence biologique ou clinique.
Pour contrecarrer cette affirmation, la direction des aliments et
drogues a décidé de poursuivre des expertises physiologiques chez
les humains. Elle a eu recours à des sujets humains volontaires afin de
déterminer le temps d'apparition c'est évidemment le taux
séri-que du médicament dans le sang. C'est ainsi qu'elle a
entrepris une série d'études sur plusieurs médicaments et
le tout a été publié dans le document qui vous a
été donné.
Il est dit que, dans ce travail, tous les médicaments qui
apparaissent dans ces tableaux peuvent être considérés
comme des équivalents, à la fois sur le plan chimique et sur le
plan physiologique. Et il est facile de conclure que, s'il y a
équivalence dans ce domaine, il y a certainement équivalence sur
le plan clinique.
Je dois conclure également que ce travail est en cours aux
aliments et drogues et que, périodiquement, ils publieront leurs
données pour d'autres médicaments. Il va de soi qu'actuellement
ça se limite aux comprimés, parce que c'est l'argument
clé. Disons que la notion d'équivalence ou de
non-équivalence ne joue pas tellement pour les préparations
liquides ou encore pour les préparations de type onguent. Cela joue
surtout pour les préparations solides prises par la voie orale.
M. CASTONGUAY: Docteur, est-ce que vous pourriez nous dire à quel
rythme à peu près la direction entend poursuivre son travail pour
voir quelles parties des médicaments prescrits pourront être
couvertes par ce travail, dans à peu près quel délai, pour
voir s'il y a un outil qui pourrait être utilisé dans le contexte
de ce que nous discutons?
M. MOCKLE: Malheureusement, je n'ai pas d'information, M. Castonguay,
concernant cet aspect. Ce que je sais, c'est qu'elle a entrepris ce travail. Je
ne sais pas jusqu'où elle le poursuivra. Je ne sais pas si elle
vérifiera tous les médicaments sur le marché au Canada
sous la formule du comprimé, les médicaments d'ordonnance. Je
sais qu'elle a comme projet de faire une étude d'un grand nombre de
médicaments. Malheureusement, je ne peux pas vous donner la
fréquence non plus que le taux des recherches poursuivies par la
direction des aliments et drogues.
M. LAURIN: Y a-t-il d'autres laboratoires provinciaux au Canada qui font
le même genre d'études ou y a-t-il d'autres laboratoires
d'organismes...
M. MOCKLE: Des laboratoires relevant d'un organisme gouvernemental?
M. LAURIN: C'est ça. M. MOCKLE: Non.
M. CASTONGUAY: Le Dr Brunet a, je pense, un peu plus de renseignements
sur le rythme du travail et ce qu'il peut couvrir.
M. BRUNET: Voici des renseignements fournis par le docteur Leclerc. Le
travail se fait à Toronto, je pense, par un laboratoire du gouvernement
fédéral. Il prévoit examiner environ 200
médicaments, les médicaments les plus usuels absorbés par
la bouche, en comprimés, qu'a mentionnés le Dr Mockle, au cours
de l'année qui vient. Il aimerait beaucoup que les provinces utilisent
et même puissent faire appel à leur expertise plutôt que de
voir se multiplier ces types de laboratoires parce que ça prend une
expertise assez particulière.
M. LAURIN: Par ailleurs, il ne serait peut- être pas
nécessaire d'évaluer un aussi grand nombre de médicaments
que l'on pourrait penser, puisqu'il y a des classes de médicaments et
qu'à l'intérieur des classes, il y a un médicament
typique. Par exemple, dans l'arrêté en conseil qui constituait le
comité d'étude du Manitoba, on disait bien que : "Such an agency
could begin by purchasing core drugs." c'est-à-dire les drogues de
base.
Ceci est important parce que "20 or so classes of drugs comprise about
80 p. c. of the value of sales". Cela veut dire qu'au fond, une fois qu'on
aurait évalué une vingtaine de grandes catégories de
médicaments, on aurait déjà une bonne idée s'il est
opportun et s'il n'est pas dangereux pour les médecins d'accepter que le
nom générique remplace le nom commercial.
Je ne sais pas si mon confrère Quenneville dira la même
chose.
M. QUENNEVILLE: Je pense bien que, pour que ces
expériences-là soient concluantes, ça devrait être
fait sur une plus grande échelle. Il reste quand même que vous
avez ici des exemples dans le fascicule qu'on nous a distribué. Vous
avez, à la dernière page en particulier, quelque chose d'assez
éloquent, à partir d'une compagnie qui s'appelle Genarex, qui
produit de la nitrofurantoïne. Cela s'échelonne de toute
façon en quantité de cent: de $1.08 à $15.27. Je pense que
c'est assez important, à ce moment-là, d'avoir plusieurs
médicaments, même fabriqués par différentes
compagnies, pour que ce soit concluant, du moins pour les fins de l'application
de la loi.
M. LAURIN: Je ne me cache pas que c'est un gros obstacle,
évidemment, mais s'il est abordé de la façon que la DAD
l'aborde, avec toutes les garanties que ça peut comporter pour nous, je
pense qu'il serait difficile de ne pas accorder une grande
crédibilité aux résultats qui en ressortiraient.
M. LE PRESIDENT: Le Dr Mockle a d'autres précisions.
M. MOCKLE: J'ai deux commentaires, si vous le permettez, M. le
Président; le premier est pour reprendre votre question à propos
des laboratoires gouvernementaux. Je dois dire que dans l'Ontario, pour les
fins du "par cost", on vous a parlé du "par cost" il y a
un laboratoire provincial d'achats centralisé pour les organismes qui
relèvent du gouvernement; on y fait une expertise de la sorte, mais
uniquement pour les médicaments apparaissant au "par cost" on n'y a pas
entrepris un travail d'envergure comme le Food and Drug, la direction des
aliments et drogues, pour l'ensemble des médicaments, on a fait un
travail un peu plus spécialisé, un peu plus restreint.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez les résul-
tats de ces études qui ont conduit au "par cost"?
M. MOCKLE: Le "par cost" a publié une liste de médicaments
à prix comparatifs, et les médicaments qui apparaissent dans
cette liste, ont été étudiés au point de vue de
l'équivalence. Malheureusement, je dois dire ici que l'étude du
"par cost" d'Ontario n'a pas porté sur des essais physiologiques, elle
n'a porté que sur des effets analytiques, chimiques. Est-ce que le
directeur des aliments et drogues fait la partie des essais physiologiques, qui
est la partie demandée par les médecins pour avoir la certitude
que le produit est équivalent? Voilà le premier commentaire, M.
le Président.
Le deuxième c'est à propos du nombre de médicaments
étudiés. En soi, c'est une bonne théorie de prendre un
prototype et d'étudier l'équivalence du prototype. Je prends, par
exemple, les phenothiazines, la vingtaine presque, maintenant de phenothiazine,
on en prend un et on dit: Si c'est l'équivalent, les autres le sont. On
ne peut pas, je pense, sur le plan pratique en déduire de la sorte.
Parce que le façonnement du comprimé et cela vaut surtout
pour le comprimé - diffère même pour une compagnie qui
fabrique trois ou quatre phenothiazines, le façonnement diffère
pour chacune des substances. Donc il arrive que l'équivalence ne puisse
pas coïncider en fonction du prototype. Il est donc important pour le
médecin d'avoir la garantie que tous les médicaments qui sont sur
la liste à titre d'équivalents aient été
vérifiés à cette fin. Par conséquent, les
médicaments qui n'ont pas été vérifiés, on
ne peut pas déduire qu'ils sont équivalents. Il est possible
qu'ils le soient mais tant et aussi longtemps qu'on n'a pas l'expertise pour
nous dire que c'est l'équivalent, on ne peut pas conclure à une
équivalence.
M. LAURIN: De toute façon, il semble bien que l'exemple de
l'Ontario et du Manitoba montre à l'évidence que ceci ne suffit
pas à empêcher la création d'une agence centrale d'achats
et de distribution.
M. MOCKLE: C'est-à-dire qu'au Manitoba l'agence centrale n'est
pas créée. J'ai communiqué avec le Manitoba. Il y a un
comité d'étude formé de douze personnes: cinq pharmaciens,
six médecins et un économiste, qui a reçu le mandat
d'étudier la possibilité de centraliser les médicaments
sur le plan des achats et même sur le plan de la distribution. Ce
comité si mon renseignement est bon doit remettre son
rapport ou devait remettre son rapport...
M. LAURIN: Le 30 avril 1971.
M. MOCKLE: ... le 30 avril. Mais il n'a pas été remis.
Donc, c'est une étude pour voir la possibilité d'établir,
comme vous le disiez tantôt, une centrale d'achats pour le Manitoba.
Alors, je ne connais pas les données ou les recommandations du
comité. Ce n'est pas encore publié.
M. LAURIN: Est-ce que l'opinion du ministère est faite sur
l'opportunité de la création, soit d'un comité
d'étude conduisant à la création d'une pareille agence,
soit sur la nécessité de sa création immédiate?
M. BOIVIN: Est-ce que ce serait un organisme d'Etat, cette centrale?
M. CASTONGUAY: Nous allons voir... M. LAURIN: Il y a deux
méthodes.
M, CASTONGUAY: On va voir ce que le Manitoba va recommander. Je dois
dire, pour répondre à la question du Dr Laurin, que nous avons
examiné au sein du ministère toutes les questions et, avec la
collaboration des officiers de la régie et également d'un certain
nombre de conseillers, toutes les questions qui nous apparaissaient les plus
importantes.
Nous avons retenu à ce stade, des positions que nous sommes
disposés, toutefois, à réévaluer à la suite
des commentaires faits ici.
J'aimerais beaucoup plus que la discussion ou l'information soit
transmise comme cela, à ce stade-ci, que comme dans ce
sens-là.
M. LAURIN: En ce qui nous concerne, je vous ai transmis nos
opinions.
M. CASTONGUAY: Je l'apprécie énormément. Je
voudrais faire un bref commentaire sur la question du Manitoba ou du travail
qui est fait au Manitoba, pour enchaîner sur une des questions
posés par le docteur Boivin. La réalité
géographique du Manitoba, et surtout au plan de la distribution, est
très différente de celle du Québec. La population est
beaucoup plus faible. Elle est beaucoup plus concentrée autour de
Winnipeg. Il y a sûrement là un aspect qui est assez
différent de ce qu'on peut retrouver ici au Québec, comme
dispersion de population, nombre d'organismes, d'institutions et volume de
population.
Est-ce que, M. le Président, étant donné qu'il est
6 h 05, je pourrais suggérer que nous suspendions et que nous reprenions
à 8 h 15 ou 8 h 20, ou immédiatement après la
décision du Président en Chambre? J'imagine que vous aimeriez
être en Chambre pour la décision du Président.
M. LAURIN: Oui. Il est possible que la décision du
Président affecte mon comportement.
M. CASTONGUAY: D'accord! Alors, immédiatement après la
décision du Président, nous allons voir si nous pourrons
poursuivre les travaux ici, ce qui me permettra, en même temps,
d'analyser les aspects soulevés et de
donner une réponse aussi adéquate que possible.
M. LE PRESIDENT: Afin de renseigner, M. le ministre, les gens qui
viennent de l'extérieur, est-ce que ce soir, nous allons siéger
jusque vers 10 h 30, après l'ouverture de la séance?
M. CASTONGUAY: Dès que le Président aura rendu sa
décision, si nous pouvons poursuivre, nous poursuivrons et
jusqu'à l'heure normale de l'ajournement de la Chambre; si on a
épuisé le sujet plus tôt, on n'étirera pas
inutilement.
M. LE PRESIDENT: Nous allons suspendre les travaux jusqu'à ce
soir après la décision du Président de la Chambre.
Reprise de la séance à 20 h 52
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
M. LE PRESIDENT: Je vais demander à M. Bois, député
de Saint-Sauveur, de faire ses commentaires.
Fluoration de l'eau
M. BOIS: Je vous remercie M. le Président.
Le point que je voudrais soulever ici au sujet de la fluoration de l'eau
envisage certainement divers aspects. Je comprends qu'il y a dans le public,
à l'heure actuelle, une polémique visant à prôner la
fluoration; d'un autre côté il y a les antifluorateurs. Alors,
quelle serait l'attitude du gouvernement devant une chose comme celle-ci? J'ai
relevé certains documents dont je tiendrais à vous faire part ici
ce soir, sans prendre trop de votre temps. Il y en a un premier qui
m'intéresse et qui vient de National Geographic Magazine, volume 139, le
numéro 2 de février 1971. C'est un article dont je cite
simplement ce qu'il y a de plus bref. On dit que l'Esquimau, dans ses rapports
avec l'homme blanc, a pris toutes ses maladies ou à peu près, et
qu'il a subi les maladies du modernisme; et on termine en mentionnant ici que,
alors que la seule visite annuelle du vaisseau, c'est-à-dire le vaisseau
ravitailleur qui va dans le nord, apportait déjà les germes de
1'influenza, les nombreuses visites actuelles ne font qu'augmenter cette
provision de microbes. De plus, l'état général de
santé des Esquimaux s'est beaucoup détérioré ces
dernières années et leurs dents carient. Autrefois, l'Esquimau se
servait de ses puissantes mâchoires comme d'une main additionnelle, j'en
ai même vu dévisser des boulons quand leurs doigts ne pouvaient y
parvenir. Aujourd'hui, grâce à la nourriture importée et
à la nouvelle tentation des enfants que sont les sucreries, la dentition
de la nouvelle génération en souffre grandement. Alors, cela est
de l'auteur Guy Mary-Rousselière.
Il y a un autre fait que j'ai relevé des annales de
l'armée au sujet de l'aluminium. Remarquez bien, M. le Président,
je ne voudrais pas du tout faire un plaidoyer contre l'usage de l'aluminium,
loin de là mes intentions, parce que l'aluminium a mille et un usages
qui sont extrêmement pratiques. Mais en ce qui concerne l'absorption de
tout sous-produit de l'aluminium ou encore du contact de l'aluminium avec le
corps humain, il y a certainement des effets qui sont nocifs. Entre autres,
l'Angleterre avait fait entrer en Afrique en temps de guerre des pelles pour
toutes ses troupes, lesquelles pelles avaient des poignées d'aluminium.
Et, au bout de six mois les médecins anglais ont été
obligés de faire retirer tout à fait ces pelles de toutes les
troupes du désert parce que les soldats finissaient par avoir les mains
remplies de boursou-
flures, si vous voulez, et d'enflures particulières dues à
l'aluminium.
En traitant de la question du fluor, je pense bien que vous êtes
au courant, M. le ministre et ici j'en ai des copies additionnelles
d'un excellent éditorial de CJRP, que, d'ailleurs, j'aimerais
faire transmettre à M. le président où on mentionne, ici,
une chose qui, je crois, doit nous inciter, comme administrateurs publics,
à examiner ce que sera la situation de l'eau fluorée: "Reste
alors la valeur marchande de l'eau fluorée. L'homme ne boit qu'une des
520 pintes d'eau qu'il consomme quotidiennement. Les 519 autres servent
à la toilette, à la cuisson, au lavage des voitures, rues et
planchers, à la lessive et quoi encore?
Là, on est loin de la carie dentaire. Les calculs ont
établi que chaque tonne de fluor coûtant $280 ne produit qu'un
résultat final d'efficacité de $0.10. Le prix en vaut-il la
chandelle? Et à qui profitera l'opération?
Un autre point de vue est celui qui vient d'un journal de
l'université Laval, parce que même des professeurs de
l'université Laval se sont penchés sur la question, et j'ai eu
l'occasion d'aller à leur bibliothèque et de m'informer dans
divers documents. Mais il y a ici un point de vue qui a été
exprimé dans leur journal et dans lequel on mentionne que l'aluminium
contient deux fois et demie plus de produits toxiques que l'arsenic. Or, c'est
une chose que l'on pense à mettre dans l'eau. Cela peut être
excellent comme remède, mais on mentionne aussi dans la pratique
et ça, ça vient du Dr Holman, qui est chef bactériologiste
de l'Ecole nationale galloise de médecine: "Le fluorure de sodium est un
poison de catalase. Il entraîne le risque d'augmenter le cancer et son
étendue. Le Dr. Steyn, de l'université de Prétoria dit:
"Le fluor de sodium s'oppose aux processus normaux d'oxydoréduction des
cellules. Il serait très dangereux pour les femmes enceintes d'absorber
des quantités même minimes de ce corps car elles pourraient donner
naissance à des enfants mal formés." Et un peu plus loin dans le
même article, on mentionne: "Les enfants plus âgés et les
adultes n'on pas besoin et ne doivent pas recevoir de ce médicament
parce que, dans le processus de la formation des dents, il y a quand même
un âge où le produit arrête d'avoir son effet pour conserver
à la dentition son lustre et son véritable émail."
On mentionne ici une chose dont je ne veux pas du tout faire le reproche
à la médecine, loin de là, mais ici à
l'université Laval, on mentionne, par l'entremise du Dr Winifred Sykes,
que l'histoire de la médecine a été l'histoire de
certaines erreurs aux conséquences effrayantes. Cela ne veut pas dire
que les médecins ne sont remplis que d'erreurs et, chers
confrères, je ne voudrais pas du tout vous blesser à ce
sujet-là, mais si on ne prend, par exemple, que la thalidomide, qui
aurait été considérée comme un sédatif
bénin que l'on pouvait même donner aux enfants, le
résultat, c'est qu'il y a eu 100,000 bébés monstres. C'est
un exemple. Maintenant, quels sont les effets du fluor? Ils peuvent être
très différents selon que l'eau est douce ou calcaire. Aucune
recherche scientifique n'a encore été faite et ce sont les
populations qui en seront les cobayes. A titre d'expérimentation
pratique, je mets sur mon foyer chez moi de l'eau de la ville de Québec
dans une casserole d'aluminium pour produire un peu d'humidité. Regardez
ce qui reste dedans. Alors, demain, je vais définitivement à
l'université Laval pour le faire analyser.
M. LAURIN: Ce n'est pas poison.
M. BOIS: Je ne dis pas que c'est poison. Pas du tout. Mais je veux dire
que l'aluminium dégage des corps au contact de certaines eaux qui, plus
elles sont calcaires, plus elles produisent des corps qui sont grands.
M. BOSSE: Exhibit no un.
M. BOIS: Exhibit no un. C'est bien ça.
Maintenant on dit bien ici aussi que les médecins-dentistes ont
su déterminer, par exemple, la dose exacte pour aider l'enfant à
ne pas avoir de carie. On dit: 1.2 milligramme de fluor en ampoule par semaine,
avec un arrêt d'un mois sur quatre. Il est entendu que ces doses sont
très inférieures à celles administrées sans
interruption pendant des années par la voie de la fluoration de l'eau.
Là-dessus, je leur donne raison et je crois que le dernier point est
celui des diabétiques, qui boivent de 10 à 20 fois plus d'eau que
la ration de l'homme normal.
H y a aussi ceux qui sont en faveur du fluor, mais la liste des points
en faveur du fluor, fournie dans les données de l'université
Laval, est beaucoup moindre ici, parce qu'on cite Jean Bader pour dire que les
vraies données du problème de la carie dentaire sont le
problème de l'alimentation.
Cela revient un peu à la question que j'ai citée tout
à l'heure, en premier lieu, concernant les Esquimaux. Avec toutes les
installations qu'on va être obligé de poser pour le fluor et en
considérant que le fluor a un effet corrosif sur les métaux je
crois qu'une des raisons principales qui amènent certaines villes
à se départir du système c'est parce qu'au bout de
plusieurs années dans 25 ou 30 ans d'ici on est
obligé de remplacer un nombre incroyable de canalisations d'alimentation
en eau. Une des raisons au fond de tout ça, c'est que le tuyaux se
détériorent. Est-ce qu'il ne serait pas mieux de donner du lait
aux enfants dans les écoles? Je me demande si ça ne
coûterait pas moins cher à la province de Québec sur une
longue période, même si la province de Québec ne
défrayait pas le coût du lait dans son entier.
On mentionne ensuite ici dans d'autres rapports qu'il y a certainement
des poisons qui entrent dans la préparation de médicaments.
On
veut parler surtout de la question des ordonnances. Lorsqu'on s'adresse
à un médecin, ce médecin peut bien prescrire de l'arsenic
à une personne, mais quand il l'a prescrit, c'est que le
médicament est en regard de la maladie à traiter, de la
capacité de l'individu à l'absorber, parce que ça devient
là vraiment professionnel et c'est surtout ici que je soulève le
vrai point ou la vraie question contre l'introduction du fluor dans les
conduites publiques de nos aqueducs.
On dit ici justement: La toxicité et ceci est tiré
des Nouvelles de la fluoration nationale, une revue publique d'un agent
chimique est déterminée par la latitude entre la dose qui peut
être tolérée et celle qu'on ne peut administrer sans
danger. Dans le cas du chlorure, cette latitude ou marge de
sécurité est très grande. Dans le cas du fluor, la marge
de sécurité est très étroite et peut être
même nulle. Le fluor est l'élément le plus actif dans la
nature.
Vous vous souviendrez sans doute aussi je ne devrais
peut-être pas l'employer d'un article de M. Marcel Chaput,
où on fait une déclaration au sujet du fluor à la suite de
l'intervention de M. Jean Drapeau, maire de Montréal, en date du 10
juillet 1969.
D y a certainement des journaux qui, de bonne foi, ont fait des
études sur le fluor ainsi que beaucoup de médecins et d'hommes de
science. A l'heure actuelle le nombre de ceux qui ne recommandent pas le fluor
est certainement plus élevé que ceux qui le recommandent.
Je crois encore j'ai bonne foi en la médecine et en mon
médecin qu'il est préférable, si on veut mettre des
médicaments avec ces dosages dans l'eau de lui demander ce dont j'ai
besoin pour ma santé plutôt que de faire mettre un produit comme
celui-ci dans les aqueducs publics.
Je voulais simplement, ce soir, vous donner ces quelques détails
afin de dire à M. le ministre avant de favoriser l'adduction du fluor
dans les aqueducs, de bien y penser. Je comprends que le fluor est un
sous-produit de l'aluminium. C'est un sous-produit qu'on ne peut placer nulle
part. Je pense, qu'à l'heure actuelle, une des seules façons de
le placer avantageusement pour la compagnie c'est de le faire avaler par les
gens.
Si on s'arrête aux explications pratiques, il reste quand
même, vous analyserez les effets corosifs, M. le député, de
l'effet du fluor, non pas seulement sur la personne humaine...
M. BOSSE: J'ai dit qu'il n'était pas si dispendieux que
ça, le fluor.
M. BOIS: Je comprends. Mais c'est un sous-produit qu'on ne peut
appliquer et il n'y a presque pas d'endroits où on peut l'appliquer. De
toute façon, il y a des pays et il y a des Etats aux Etats-Unis
où on en sert dans des capsules. C'est prescrit par des médecins.
Je crois à ça. Je crois encore à la profession
médicale et aux ordonnances qui peuvent être données. Quant
à l'application du fluor dans l'eau après tout ce que j'ai vu et
même lorsque j'étais maire de la ville des Saules, j'avais
déjà fait des études là-dessus parce que c'est un
sujet qui intéressait beaucoup les municipalités dans le temps
comme aujourd'hui. Il y a toujours des recommandations qui viennent de la part
des dentistes. Je comprends les dentistes d'envisager le bien du public en
disant que les enfants doivent avoir de bonne dents. Il y a des études
qui ont été faites aux Etats-Unis à l'heure actuelle qui
prouvent en pourcentage qu'il n'y a qu'un retard de trois ans dans les villes
où il n'y a pas de fluor comparativement aux villes où il y a du
fluor dans la question d'extraction des dents. C'est-à-dire que, sur
1,000 enfants, le décalage va être d'une minime fraction et il n'y
a que trois ans de retard pour ceux qui ne l'auraient pas.
Cela veut dire que, si la population avait le moyen de s'alimenter, ce
serait la meilleure solution. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui
ont d'autres commentaires à faire avant que M. Caston-guay...?
Amendements au projet de loi
M. CASTONGUAY: M. le Président, je vais essayer de faire le
point, vous donner certaines répliques à certaines des questions
soulevées, certaines réflexions, et indiquer au besoin certains
des gestes que nous entendons poser à ce stade-ci de nos
discussions.
Le Dr Boivin a demandé quel mécanisme nous entendons
mettre en branle à la suite des travaux ou des discussions de la
commission. Nous avons déjà demandé au président de
la Régie de l'assurance-maladie sur le plan de l'administration du
régime j'oublie la date mais il y a déjà un assez
bon moment de préparer des mécanismes administratifs pour
cette extension de la couverture du régime. Ce travail est en voie de
s'effectuer à la Régie de l'assurance-maladie.
De notre côté, au ministère, étant
donné le problème d'identification des
bénéficiaires, des mécanismes d'identification, nous avons
travaillé en collaboration avec la régie, de telle sorte que, sur
ce plan-là, nous puissions faire le pont et que ce qui s'élabore
à la régie soit bien coordonné avec ce qui doit être
fait au plan du ministère. Dès la fin des discussions à la
commission, nous entendons réévaluer le projet de loi, et
préparer, au besoin, certains amendements que nous soumettrons avant
même d'aller en deuxième lecture je ne suis pas assez au
courant des règlements de la Chambre pour savoir si c'est possible, mais
j'imagine qu'après un travail dans une commission parlementaire comme
celui que nous avons fait, avant de passer à la deuxième lecture,
si des amendements s'imposent, nous pourrons les ajouter de telle sorte qu'on
reprenne le projet de loi à la suite du fruit du travail que nous avons
fait.
Négociations
M. CASTONGUAY: Une fois le projet de loi adopté, et même en
parallèle avec l'adoption du projet de loi, selon les orientations que
nous entendrons prendre, évidemment il y aura des négociations
qui s'imposeront d'une part, avec les dentistes, d'autre part avec les
pharmaciens d'officine et possiblement avec les fabricants des produits
pharmaceutiques. C'est la troisième étape qui pourra être
amorcée concurremment avec le travail d'étude et d'approbation du
projet de loi.
Liste de médicaments
M. CASTONGUAY: En même temps, au plan des médicaments, un
travail technique assez considérable a été fait pour
l'élaboration d'une liste de médicaments. Evidemment, ce travail
ne peut être terminé tant et aussi longtemps que nous ne nous
sommes pas fixés, de façon définitive, pour le
fonctionnement du régime, sur ce plan.
Ce sont les grandes lignes que nous entendons suivre à la suite
des discussions, pour répondre à la question que vous aviez
posée, docteur.
Maintenant, le docteur Laurin a élaboré les positions de
son parti. Il y a un certain nombre de commentaires que j'aimerais faire,
à la suite des positions qu'il a élaborées.
Extension du régime
M. CASTONGUAY: D'abord, je voudrais mentionner, il me semble, en premier
lieu que le docteur Laurin a dit que les décisions qui vont être
prises au sujet de l'extension du régime, vont
prédéterminer dans une large mesure l'orientation que le
régime va prendre. D'une façon, c'est exact. Mais, d'une autre
façon, je crois qu'on doit aussi considérer cette extension du
régime, mais particulièrement en ce qui a trait aux
médicaments comme pouvant servir d'une sorte de laboratoire qui va nous
permettre d'expérimenter en vue d'une extension plus large du champ
d'application du régime, particulièrement pour les
médicaments.
C'est un peu le même phénomène ou encore le
même type d'expérimentation qui avait été
prévu lors de l'établissement, en 1966, du régime
d'assistance médicale.
D'une part, ce qui a été dit est exact; d'autre part, il
me semble que l'on doit bien se souvenir que cela peut et que cela doit, en
même temps, servir de mécanisme d'expérimentation.
Rôle du pharmacien
M. CASTONGUAY: Vous avez également mentionné qu'on
soulève, en définitive, par ce bill, le problème du
rôle du pharmacien. De fait, encore là, c'est exact que cela met
en relief un certain nombre d'aspects du rôle du pharma- cien pour
lesquels nous nous sommes interrogés. Egalement, pour ce point, les
pharmaciens eux-mêmes s'interrogent sur ce rôle, sur leur
rôle.
Je ne crois pas qu'il serait exact, encore une fois ici, de retenir
uniquement la dimension du bill et même la loi médicale comme
étant les seuls facteurs qui influeront sur le rôle du
pharmacien.
Je crois que, dans notre système, les pharmaciens eux-mêmes
ont une responsabilité assez large sur ce plan et qu'eux-mêmes
vont décider, tout au moins à court terme, ou devraient
décider de l'orientation qu'ils veulent prendre, aussi. Dans la mesure
où l'orientation et le désir de renouvellement et d'adaptation
qu'ils manifesteront colleront aux besoins de la population, je pense, que le
rôle que pourra jouer ce projet de loi ou les modifications
apportées à la Loi de pharmacie sera de moins grande importance.
En définitive, les pharmaciens ont une large responsabilité quant
à leur façon d'évoluer, compte tenu des besoins de la
population, du nouveau contexte dans lequel ils exercent leur profession et
face à certains problèmes comme ceux qui ont été
soulevés, ici, de la répartition des effectifs, par exemple, au
plan géographique, etc.
Commission d'enquête
M. CASTONGUAY: Egalement, un autre aspect qu'il me semble devoir
attribuer ou qualifier quelque peu, est celui des recommandations
formulées par la commission d'enquête, recommandations auxquelles
vous avez référé. Lorsque cette partie du rapport de la
commission a été écrite, la Loi d'aide sociale
n'était pas adoptée à ce moment; il était
difficile, sinon impossible, de savoir à quel moment une telle loi
pourrait être adoptée, mise en application et quelles pourraient
être les dispositions d'une telle loi. Depuis, la Loi d'aide sociale a
été adoptée et cette loi, en plus de reconnaître les
besoins considérés comme ordinaires, reconnaît
également les besoins spéciaux.
Pour certains types de besoins, même si ce mécanisme peut
s'avérer quelque peu lourd ou plus ou moins adapté, il n'en
demeure pas moins qu'il constitue une forme de couverture de certains types de
besoins qui n'existaient pas au moment où le rapport de la commission a
été écrit. Alors, dans ce sens, si ce rapport devait
être réécrit aujourd'hui, dans le contexte de l'existence
de la Loi d'aide sociale, je crois que l'on pourrait formuler ou que l'on
aurait pu formuler les recommandations, peut-être de façon quelque
peu différente. Encore là, je ne veux pas nier ou dire que ce qui
a été recommandé ne l'a pas été mais je veux
juste apporter cette nuance.
Soins dentaires
M. CASTONGUAY: Plus
précisément, main-
tenant, sur le contenu du projet de loi lui-même, quant aux soins
dentaires, il me semble qu'il y a une question assez importante qui se pose et
vous l'avez mentionnée, c'est le choix du groupe d'âge quant
à la couverture des soins. Nous avions laissé entendre que nous
considérions une couverture qui pourrait s'étendre jusqu'à
l'âge de sept ans initialement et qui pourrait être
prolongée par voie de règlement. Vous proposez, plutôt, une
couverture de zéro à douze ans et vous dites que ce champ
d'application devrait être directement inscrit dans la loi.
Ici, il y a une autre option qui se présente, c'est que nous
couvrions les enfants de sept à douze ou à quatorze ans comme
l'Union des familles, par exemple, l'a proposé. Sur ce plan, il y a
certainement des avantages qui pourraient militer en faveur d'une telle
couverture ou un tel champ d'application et qu'à mesure que les
années passent l'on élargisse ce champ d'application, pour en
arriver peut-être à couvrir jusqu'à l'âge de 18
ans.
Il y a ici un choix à faire entre deux ou trois options
possibles, et deux des données parce qu'il ne s'agit pas
uniquement ici d'une question de coût, mais aussi d'une question de
répartition, d'une question de suffisance des effectifs. Les
études d'ailleurs nous avons remis une copie de ces études
nous indiqueraient avec les données disponibles qu'il ne serait
pas beaucoup possible présentement d'aller au-delà d'un groupe
tel que zéro à sept ans ou de sept à douze ans et que, de
toute façon, même si nous étendions considérablement
le groupe des âges, pour bien des régions cela va avoir une
signification assez théorique.
Sur ce point, comme au ministère, nous croyons que nous devons
envisager une de ces trois options, pour finalement faire le choix parmi ces
trois options et non pas seulement sur une ou deux. Vous avez qualifié,
vous avez dit que justement en ce qui a trait aux femmes enceintes, votre
insistance était beaucoup moins forte et enfin, vous avez parlé
de la nécessité de couvrir si possible l'orthodontie dans
certains cas.
Pour ce dernier point, c'est une suggestion que nous retenons et que
nous allons certainement examiner encore plus profondément, avant de
terminer notre travail. Je crois qu'on doit assimiler ce type de couverture
avec, par exemple, les décisions qui ont été prises ou le
type de couverture qui a trait à la chirurgie plastique; il y a un
certain caractère optionnel dans certains cas. Quant aux femmes
enceintes, au choix des groupes d'âge, et même au choix quant
à l'orthodontie, je crois qu'il est ressorti de façon très
claire au cours des discussions, ici à la commission et aussi par les
travaux que nous avons effectués, soit au sein du ministère ou en
collaboration avec la régie et des spécialistes de
l'extérieur, qu'il importe, en même temps que nous
amorçons, que nous étendons la couverture du régime, de
réévaluer les politiques du gouvernement dans le secteur des
soins dentaires aussi bien au plan du personnel c'est-à-dire
l'introduction d'une nouvelle catégorie de personnel, auxiliaires
dentaires ou hygiénistes dentaires que pour l'utilisation et le
rôle du personnel dentaire dans les unités sanitaires.
Il convient d'évaluer aussi de nouveau les mesures et les gestes
qui sont posés présentement quant à l'éducation ou
à l'information de la population sur la nécessité d'une
bonne hygiène dentaire. Nous avons en main et nous avons reçu au
cours des derniers temps assez récemment une série
de propositions des groupes de travail que je vous ai mentionnés et qui
touchent à ces trois questions. J'espère bien qu'en même
temps que nous prendrons une décision quant à la couverture et au
champ d'application du régime, nous serons en mesure d'annoncer comment
nous entendons poursuivre notre action, modifier notre travail et, en tant que
ministère, nos programmes sur ces trois plans. Ceci veut dire personnel,
auxiliaires, utilisation ou rôle et fonction du personnel dans les
unités sanitaires et information quant à la population, de telle
sorte qu'on agisse, non pas seulement sur un plan, comme il a
déjà été mentionné, mais sur tous les plans
où il est possible d'agir, et qu'on répartisse aussi bien les
ressources disponibles, qu'on utilise dans la mesure du possible les effectifs
aussi disponibles.
Fluoration (suite)
M. CASTONGUAY: II reste donc - et ceci va donc faire l'objet d'un groupe
de décisions assez reliées les unes aux autres la question
de la fluoration. La question de la fluoration s'est introduite dans la
discussion et je crois que c'est le bon moment réévaluer toute
cette question. De toute façon, par la force des choses, il est
nécessaire de le faire. J'ai déjà dit au cours d'une de
ces séances que la fluoration des eaux de consommation me paraissait
à moi quelque chose de hautement utile qui, au plan scientifique, ne me
paraît pas présenter les dangers qui ont été
soulignés ce soir ou précédemment.
L'utilisation d'une telle mesure peut donner lieu à des
économies considérables et surtout donner des résultats au
plan de la santé dentaire beaucoup plus grands que n'importe quelle
autre mesure.
A la suite de représentations faites à la commission, nous
avons étudié, dans toute la mesure du possible, cette question,
et 0 me parait important de faire trois types de commentaires d'ordre
différent.
Le premier. Au plan scientifique, l'Organisation mondiale de la
santé a étudié à fond cette question, a
publié un résumé ou sa position sur cette question dans
une petite plaquette et, une des premières choses qui est dite dans
cette plaquette, c'est que la fluoration est possiblement la mesure sanitaire
qui a été la plus étudiée de toutes les mesures qui
ont pu être
envisagées et l'Organisation mondiale de la santé, pour
faire une telle affirmation, je crois, avait de bonnes assises. D'ailleurs, on
cite à profusion les expériences qui ont pu être conduites,
les constatations qui ont pu être faites surtout auprès des
populations où l'eau est fluorée naturellement.
Alors, sur le plan scientifique, je crois que, même si on peut
soumettre une certaine pile de documents où des gens, qui sont
certainement renseignés, peuvent souligner certains dangers, l'on peut
la preuve est écrasante dire, d'autre part, que cette
mesure au plan scientifique a été étudiée plus que
toute autre, et que sur ce plan la fluoration ne peut être
rejetée.
La deuxième des questions qui se posent est au plan des
libertés: liberté, respect des droits civils, des droits
fondamentaux de l'individu. Qu'on prenne ça au plan des libertés
civiles, justement. J'avais mentionné au cours d'une séance
antérieure de la commission que la vie en société ou
l'organisation de la vie en société exige que, pour le bien
commun, il soit nécessaire dans un bon nombre de cas de limiter la
liberté ou limiter dans une certaine mesure la liberté des
individus. Et les exemples sont trop nombreux, trop évidents, pour qu'il
soit nécessaire d'en énumérer.
Il y a un autre point. Lorsqu'on reprend cette question à un plan
plus profond, lorsqu'on parle de l'intégrité de la personne
humaine, les droits plus fondamentaux, que les libertés civiles et
également sur ce plan, les témoignages et les études qui
ont été faites rejettent ce type d'argumentation comme
étant non fondé. Et ici j'ai l'excellente étude qui a
été faite à la faculté de droit de
l'Université de Montréal par M. Chevrette. Et justement, à
la suite de certaines prises de position du maire Drapeau, il conclut si
vous me le permettiez je lirais la conclusion: "Disons, pour conclure, qu'il ne
nous apparaît pas possible qu'à la lumière de l'état
actuel du droit positif canadien à ce sujet de soutenir qu'une mesure
comme celle de la fluoration de l'eau va à l'encontre des
libertés civiles et il nous semble heureux qu'il en soit ainsi. Dans les
déclarations dont il a été question ci-haut, le maire de
Montréal, après avoir soumis l'argumentation que nous avons dite,
envisage la possibilité d'une loi provinciale obligatoire d'application
générale à ce sujet. Nous ne voulons pas prendre position
ici sur le point de savoir si une loi provinciale serait nécessaire ou
pas dans l'état actuel du droit pour permettre à Montréal
de mettre du fluor dans l'eau. Qu'on nous permette cependant de faire remarquer
que, si la fluoration de l'eau allait vraiment à l'encontre des
libertés civiles, elle ne perdrait pas ce caractère qu'elle soit
imposée par Québec, Ottawa ou par Montréal. Ce qu'il nous
faut plutôt conclure c'est que cette mesure n'a pas du tout ce
caractère d'une part et que d'autre part, c'est aux autorités
municipales avant tout qu'il appartient de s'en rendre compte. Sur ce dernier
point notons qu'au Canada, qu'aux Etats-Unis ce sont toujours les
municipalités qui ont pris le devant sur ce sujet. Attitude non
seulement explicable mais tout à fait souhaitable puisque les
gouvernements municipaux sont ceux qui sont les plus proches de la population
et qu'une mesure comme celle de la fluoration mérite d'être
présentée, expliquée à la population de la
meilleure façon possible pour que celle-ci en saisisse les
avantages."
Ceci étant dit et on réfute dans cette étude le
fait que le fluor additionné à l'eau soit un médicament,
on dit simplement qu'on rétablit l'équilibre de la composition de
l'eau lorsque, dans les sources d'approvisionnement de l'eau, l'eau ne contient
pas un degré souhaitable de fluor. On fait clairement la distinction
entre l'addition du fluor et la consommation de médicaments.
Sur le plan scientifique, sur le plan des droits, il ne me semble pas
que l'on puisse rejeter la question de la fluoration des eaux de consommation.
Il reste un dernier aspect et celui-là, à mon sens, est tout
aussi important et possiblement plus important que tous les autres. Je dirais
dans un bon sens, et j'espère que ça va être compris comme
tel, que c'est le type de préoccupation que l'on doit avoir en tant que
gouvernement ou en tant que législateur lorsque l'on adopte un type de
mesure: s'assurer que ce type de mesure est adapté ou répond aux
besoins ou à une perception de la population et permet que l'on
progresse le plus possible.
Dans certains cas, on peut se demander si un type de législation
qui pourrait paraître avant-gardiste, ne peut pas soulever des
résistances qui en retardent l'application. Ici, je voudrais souligner
et ça m'apparaît extrêmement important que
dans aucune juridiction que nous avons été capables d'identifier
possiblement qu'il y en a à un niveau comme le niveau du
gouvernement du Québec ou encore d'un Etat, la fluoration n'a
été imposée ou n'a été rendue
obligatoire.
On peut se demander c'est le type de question qu'il importe de se
poser justement pourquoi l'imposer, compte tenu des problèmes qui
peuvent se poser au plan technique, au plan de la réceptivité de
la population? Est-ce que justement, un peu partout, par des processus comme
celui que nous traversons présentement, il n'a pas été
jugé préférable de procéder partout où les
populations sur un plan plus local étaient disposées à
s'engager dans l'utilisation de cette mesure, au lieu d'essayer de l'imposer
à un ensemble de population qui perçoit les problèmes de
façon assez différente et pour lesquels les priorités sont
assez différentes?
C'est un des aspects de la question. Je remarque également, et je
voudrais attirer l'attention sur le fait que Chevrette l'a
étudiée, purement et simplement, non pas au plan scientifique
mais au plan des droits, et il dit
justement au début de son étude que la perception que l'on
a, ou plutôt les droits civils, les droits fondamentaux et surtout les
droits civils s'associent à des droits positifs, et que leur formulation
évolue dans le temps.
Justement, si vous remarquez, à la fin, il conclut que les
décisions devraient être prises vraiment au niveau de la
population, soit au niveau municipal. Alors il me semble que, quant à
nous, c'est dans ce contexte que nous devons prendre une décision en
tenant compte uniquement du plan du respect des droits, parce qu'au plan
scientifique, d'une façon absolue, à mon sens, on peut rejeter
tous les arguments.
On doit donc le prendre sur un plan beaucoup concret, et c'est sur ce
plan, je crois, que je baserai mes recommandations au gouvernement. Mais avant
de le faire, il n'en demeure pas moins que, depuis que toute cette question de
la fluoration des eaux de consommation fait l'objet des débats, la
science a progressé sur d'autres plans. La technologie surtout a
progressé. Aujourd'hui, on a développé, comme il a
été mentionné, des capsules ou des comprimés, des
dentifrices qu'on peut utiliser quelques fois par année, ou une ou deux
fois par année. Ils peuvent constituer un certain substitut à la
fluoration des eaux de consommation mais ils sont beaucoup moins efficaces et
ils ont le désavantage d'être souvent oubliés. C'est qu'on
va prendre une fois un de ces comprimés et quand l'autre doit être
pris six mois après, on l'oublie ou encore, question d'utiliser un
dentifrice spécial, c'est tellement peu fréquent qu'il faut
organiser des séances.
Il reste que ce sont des moyens qui donnent des résultats et
qu'ils ne doivent pas être écartés. Il reste l'autre moyen,
ce serait d'ajouter du fluor dans un aliment qui est consommé de
façon régulière par les enfants, et l'ajouter dans un type
d'aliments comme le lait, de telle sorte qu'on puisse faire un choix... Prendre
du lait fluoré ou du lait non fluoré selon que l'on est plus ou
moins convaincu de la nécessité d'avoir une bonne hygiène
dentaire. C'est ce moyen que, présentement, nous étudions avant
de prendre une décision. Nous croyons que d'ici un nombre assez
limité de semaines, que d'ici la fin du mois nous devrions avoir fait le
tour de la documentation sur cette question, et surtout examiné la
possibilité au plan pratique d'utiliser ce type de moyens.
Nous savons, par exemple, qu'en Angleterre on a mis au point un mode
d'addition du fluor au lait, dans des quantités extrêmement
contrôlées à tout point de vue, ce qui donne la
possibilité aux gens d'acheter du lait avec un certain contenu de fluor.
C'est ce que nous étudions, on va voir si c'est possible. C'est
également sous cet éclairage que nous croyons que devrait
être analysée la proposition que vous avez formulée,
d'exiger que dans les nouvelles usines, ou les nouvelles installations
d'alimentation en eau, on oblige la fluoration; dans celles où il y
aurait reconversion, donner un délai minimum.
Ici, une autre possibilité, à notre sens, se
présente, c'est celle de subventions, peut-être plus
généreuses que celles qui sont versées
présentement. C'est sous cet éclairage des travaux de la
commission, et à partir de ce type de considérations que nous
allons prendre une décision et la soumettre par la suite.
Le point qui m'apparaît le plus important c'est de
déterminer si nous progresserons vraiment plus rapidement en n'imposant
pas de façon générale la fluoration que si nous
l'imposions. Est-ce qu'il y a des alternatives ou des modes optionnels de
poursuivre la même fin, avec des résultats assez efficaces?
Quant aux médicaments, j'ai remarqué que les membres des
partis de l'Opposition étaient assez avares de commentaires sur ce
point. C'est un problème extrêmement complexe, comme on a pu le
voir lors de l'étude des divers mémoires qui nous ont
été soumis.
En ce qui a trait au rôle du pharmacien, j'aimerais mieux
attendre, comme cela semble être le désir des membres, que nous
reprenions cette question lorsque nous déposerons la Loi de
pharmacie.
Autres problèmes
M. CASTONGUAY: Il reste donc quelques questions sur lesquelles, je
crois, il serait opportun à ce stade-ci de faire un commentaire. On a
parlé de la répartition des effectifs des problèmes qui en
résultent et de la nécessité de tenir compte de ces
problèmes. Le projet de loi ou encore la Loi de pharmacie contiendra des
dispositions à cet effet. C'est un aspect dont nous sommes bien
conscients.
On a parlé du prix des médicaments et, après avoir
fait état du fait que selon qu'on achète les médicaments
dans un type d'institutions ou encore que les institutions se regroupent ou
qu'ils soient achetés par une pharmacie d'officine, il est quelque peu
anormal que les prix varient. Je pense bien que nous sommes d'accord que les
prix ne doivent pas varier plus qu'au-delà d'une certaine limite. Je
pense qu'on doit, encore une fois, sur ce plan, qualifier par contre quelque
peu ceci. Il n'en demeure pas moins que, si les écarts ne sont pas trop
prononcés, il peut y avoir un désavantage assez marqué
à ne pas monter un système trop lourd d'achat et d'entreposage
qui pourrait ajouter passablement au coût et peut-être aussi
apporter une certaine lourdeur dans un système qui, sur ce plan, en tout
cas, de l'approvisionnement des pharmacies, que ce soit les pharmacies
d'hôpitaux, les pharmacies d'officine, ne semble pas tellement
présenter de problème présentement.
Nous avons une nouvelle donnée qui est celle qui a
été explicitée au cours de la séance cet
après-midi et nous croyons qu'il importe, dans l'utilisation de ces
nouvelles données qui vont nous être disponibles, à l'aide
également des travaux de la commission de pharmacologie qui est
prévue, de se rappeler deux autres dimensions du problème. C'est
que nous pouvons bénéficier de ces travaux non pas simplement
au sein du régime et des institutions mais aussi pour l'ensemble
de la population. En ce sens qu'avec une meilleure information des
médecins quant aux équivalences entre les médicaments de
différentes marques de commerce, une meilleure information de la
population et certaines modifications que, je crois, nous devons apporter
à la Loi de pharmacie, quant à la façon de prescrire le
médicament, nous pourrons obtenir des effets non pas seulement à
l'intérieur des institutions mais à l'extérieur et cela,
nous devons le considérer dans le système.
Ce faisant, nous ne pouvons pas oublier cela m'apparaît une
autre des dimensions que nous ne pouvons oublier que nous avons une
industrie de fabrication des médicaments au Québec. On peut se
demander s'il se fait tellement de recherches ou s'il ne s'en fait pas
tellement mais il n'en demeure pas moins que c'est une industrie qui existe,
qui engage un assez grand nombre de personnes, qui est susceptible de se
développer et dont une partie est contrôlée par des
intérêts locaux.
Nous ne pouvons pas ignorer cette dimension surtout lorsqu'on aborde la
question des prix d'une façon plus générale. C'est dans ce
sens que nous examinons la façon de fixer les prix des
médicaments qui pourront être payés dans le cadre du
régime.
Enfin, pour le champ d'application, nous croyons qu'il est
nécessaire d'aller j'affirme cela ici au-delà des
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale, étant
donné l'évolution dans la législation et les mesures. Avec
les modifications apportées au supplément du revenu garanti, si
nous nous en tenons uniquement aux bénéficiaires de la Loi d'aide
sociale, les personnes âgées, qui ne sont pas en institution
où les médicaments leur sont fournis, pourraient être
privées de ce type de couverture alors qu'elles constituent une partie
de la population qui en a certainement besoin et où les revenus ne sont
pas tellement élevés.
Nous croyons que les personnes qui reçoivent le maximum du
supplément de revenu garanti devraient être également
admissibles à cette couverture, en plus des bénéficiaires
de la Loi d'aide sociale.
En ce qui a trait aux commentaires ou à la possibilité de
couvrir les personnes à faible revenu, juste au-delà de
l'assistance sociale ou de la Loi d'aide sociale, et pour éviter ainsi
qu'il y ait une trop forte incitation à devenir
bénéficiaire de la Loi d'aide sociale, je crois qu'ici le
problème ne se pose pas d'une façon aussi marquée qu'il se
posait avant l'établissement de la Loi d'aide sociale, étant
donné la reconnaissance des besoins spéciaux.
Nous avons examiné d'autres possibilités, comme celle
d'utiliser un critère de revenu. A court terme, nous n'avons pu vraiment
trouver et développer un mécanisme qui serait applicable dans des
échéances assez brèves, qui nous permettrait d'aller
au-delà de la Loi d'aide sociale pour la couverture des
médicaments. En plus du fait, aussi, qu'il nous faudrait
considérer le problème des coûts et de l'administration qui
serait certainement plus complexe à mesure qu'on étend le nombre
de bénéficiaires.
Sur ce point, malgré les remarques qui ont été
faites jusqu'à maintenant, nous ne croyons pas qu'il soit possible
d'étendre le champ d'application, sauf en ce qui a trait aux personnes
qui reçoivent le maximum du supplément du revenu garanti.
Enfin, il y a la question des frais modérateurs qui, je pense, a
été touchée brièvement durant les exposés.
Pour cette question, après considération de tout ce qui a
été dit au cours des travaux de la commission, je crois qu'il est
indiqué et nécessaire que nous maintenions une telle disposition
dans la loi; et même que nous la prolongions, possiblement comme
disposition aux diverses catégories de couvertures du régime,
mais qu'au début nous ne l'utilisions pas: qu'elle soit là et
qu'on puisse la faire de telle façon que cette disposition puisse
permettre l'utilisation au besoin, assez sélective. Mais tant et aussi
longtemps qu'il n'est pas prouvé ou qu'il n'est pas indiqué de
façon claire que les frais modérateurs doivent être
utilisés surtout en ce qui a trait aux médicaments étant
donné qu'on s'adresse aux bénéficiaires de la Loi d'aide
sociale et compte tenu de ce qui a été dit, je ne crois pas qu'on
devrait envisager, au départ, l'utilisation de cette disposition et
imposer des frais modérateurs.
Par contre, si nous retenons une telle disposition et qu'à
l'analyse des données, que ce soit pour les médicaments ou pour
les soins médicaux ou encore pour un type de soins ou de services bien
particuliers, à l'intérieur des services optométriques ou
autres, l'existence de cette disposition permettra au besoin, s'il n'y a pas
d'autres moyens, de contrôler une utilisation excessive qui ne serait pas
indiquée au plan médical ou des besoins et qui entraînerait
des coûts que l'ensemble des contribuables sont obligés
d'assumer.
J'espère avoir fait le tour des principales questions qui ont
été abordées.
Je n'ai pas dit, sauf à une couple d'endroits, quelles pourront
être et quelles seront fort probablement les positions du gouvernement
lorsqu'il reviendra avec ce bill en Chambre; j'espère que ces
commentaires font progresser la discussion et, si vous en aviez à votre
tour, à la suite de cet exposé, je l'apprécierais
énormément.
M. LAURIN: Vous avez dit que cela avait été difficile
d'examiner une autre possibilité; que pour les personnes
âgées, par exemple, recevant un maximum de supplément de
revenu garanti, qu'il avait été difficile de trouver un
critère de revenu. Est-ce que vous pourriez expliquer un peu plus ces
difficultés?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas tellement en fait de trouver le
critère de revenus à ce stade-ci, docteur, comme le fait de
trouver le mode, d'établir un système d'administration qui
ne sera pas trop dispendieux et qui pourrait être établi
assez rapidement; il ne me semble pas qu'il soit possible de le faire à
très court terme. Ce qu'il faut envisager, en ce moment, c'est tout un
nouveau système de déclaration des revenus parce que l'on touche
à des personnes qui ne paient pas l'impôt dans la plupart des cas,
qui ne font pas de rapport, et établir un système d'inspection en
même temps, parce qu'il faut certains contrôles. Le fait
d'établir un tel système dans des délais assez brefs, est
une entreprise assez considérable et, si nous ajoutons ceci au fait que
si on déborde la couverture, le champ d'application des
bénéficiaires de la loi d'aide sociale et ceux qui
reçoivent le maximum du supplément du revenu garanti, on entre
dans des coûts passablement plus élevés.
M. LAURIN: En somme cela vous forcerait presque à établir
un système général pour une catégorie
particulière?
M. CASTONGUAY: C'est un peu ce que je voulais dire.
M. LAURIN: C'est difficilement concevable au sens d'une politique
générale de sécurité du revenu qui
permettrait...
M. CASTONGUAY: Je n'osais pas le dire. C'est évidemment
relié à toute cette question-là.
M. LAURIN: Maintenant, quand vous dites que vous pensez à une
extension des frais modérateurs à d'autres services y compris les
services médicaux, est-ce que cela pourrait être dû à
l'expérience des premiers mois de l'assurance-maladie, à une
consommation trop grande qui a été notée?
M. CASTONGUAY: J'ai vu justement le président de la régie
hier soir et il me remettait un rapport sur l'état de ses travaux
à ce sujet. Nous n'avons pas encore de données qui nous
permettent d'évaluer précisément où nous en sommes
quant à l'expérience du régime d'assurance-maladie. Cela
peut vous paraître étrange parce que ça fait cinq mois que
le régime est en vigueur. Je voudrais rappeler une chose sur ceci, c'est
que la régie a eu à mettre en application cinq séries de
tarifs et de dispositions tarifaires au début; celles qui étaient
contenues dans le document sessionnel, je ne me souviens plus quel
numéro et elles ont toutes été remplacées par la
suite, au fur et à mesure que nous avons signé des ententes.
Alors, vous avez dans les données et, comme les médecins ne
rapportent pas d'une façon systématique, ne produisent pas leurs
relevés d'honoraires de façon systématique, un certain
enchevêtrement d'expériences qui proviennent de dix ententes
différentes et à tout le moins, pour les médecins, de
quatre, complique l'analyse singulièrement. Il ya aussi le
phénomène qu'au début il y a définitivement eu,
pour certains types de services, une deman- de qui s'était
accumulée ou qui n'était pas satisfaite, qui est en voie
d'être satisfaite et nous ne sommes pas encore arrivés au point
où l'expérience se stabilise.
Je dois dire par contre qu'à la suite des commentaires que
j'entends, des gens qui vont dans les hôpitaux, de certaines
expériences qu'ils ont pu vivre, j'ai certaines inquiétudes. Je
pense bien que je ne suis pas le seul à avoir ce type
d'inquiétude, justement, compte tenu de tout ce qui a pu être dit
à ce sujet et qui nous a fait nous interroger quant à
l'utilité possible d'une telle disposition. Et je voudrais être
bien clair sur ceci: en introduisant une telle disposition dans la loi, ce
n'est pas l'idée de l'utiliser initialement, ce n'est pas l'idée
de l'utiliser non plus tant et aussi longtemps qu'il n'est pas prouvé
que ça pourrait être utile de l'utiliser. On ne veut pas revenir
sur le principe que, lorsqu'on a établi l'assurance-maladie, on voulait
ramener les soins accessibles de façon universelle.
Mais s'il est prouvé ou s'il est clair qu'il y a utilisation
abusive, je pense qu'à ce moment-là, on ne peut pas se fermer les
yeux, on doit envisager cette possibilité.
M. LAURIN: Evidemment, une augmentation éventuelle de la
consommation médicale d'une part, ou optométrique de l'autre,
deuxièmement, une extension des bénéfices aux
assistés sociaux en ce qui concerne les médicaments, ou aux soins
dentaires, peuvent surcharger un budget qui avait été
prévu, élaboré dans d'autres circonstances, à un
autre moment. Serait-ce à dire que vous avez le choix, que vous avez
à considérer un choix entre l'introduction d'un ticket
modérateur et une augmentation de la contribution de l'assuré ou
de la corporation?
M. CASTONGUAY: Je ne peux pas dire ça présentement. Je ne
peux pas dire ça. D'autant plus que les frais modérateurs ou le
ticket modérateur, je ne les verrais pas à ce stade-ci,
même si, à un moment donné, les données devenaient
disponibles comme quelque chose qui frapperait tous les soins médicaux,
par exemple. Je vois mal qu'on impose pour la chirurgie des frais
modérateurs, parce que c'est assez rare que ce soit le patient qui
décide s'il va y avoir intervention chirurgicale ou non. Il va donner
son consentement ou il va le refuser, mais il ne créera pas la demande.
Par contre, pour certains autres types de services, il y a peut-être
là des possibilités d'utilisation abusive et ça serait
possiblement pour certains services bien identifiés que ça
pourrait être envisagé. Mais je ne crois pas qu'on doive comparer
ceci ou opposer ceci à l'éventualité d'une hausse du taux
de contribution. Ce serait simplement pour assurer qu'il n'y a pas une
utilisation trop grande qui ne peut pas être contrôlée par
d'autres moyens.
M. BOIVIN: Pour la distribution des médicaments, est-ce que vous
comptez vous servir de la
pharmacie qu'on a actuellement, de la pharmacie de quartier, des
hôpitaux, des unités sanitaires? Vous avez dit que vous avez
demandé à la régie d'organiser, de penser à un
mécanisme, mais vous ne nous avez pas dit par quelle voie ces
médicaments seraient distribués. Est-ce que le gouvernement a
à l'idée d'organiser des magasins comme la Régie des
alcools, par exemple, pour vendre des médicaments?
M. CASTONGUAY: Non. A ce stade-ci, je peux dire clairement que cette
avenue n'est pas envisagée du tout. Je crois que, de façon
générale, on a fait état ici de la répartition des
effectifs entre les pharmacies d'officine, les pharmacies d'hôpitaux, le
fardeau de travail dans les pharmacies d'hôpitaux. D'autre part, on a
fait état de la mauvaise distribution des pharmacies d'officine ou des
pharmaciens, particulièrement dans certaines régions rurales. Je
crois que, de façon générale, nous allons procéder
par ce qui nous apparaît le plus sensé ce sont les
pharmacies d'officine de façon générale et
prévoir pour les endroits où les pharmacies d'officine ne sont
pas en mesure de répondre et de donner les services de façon
satisfaisante, l'utilisation d'autres mécanismes tels que les pharmacies
d'hôpitaux, tels que les médecins, comme c'est le cas
présentement, ou encore les unités sanitaires.
M. BOIVIN: Au sujet de la rémunération des professionnels
en ce qui regarde les soins dentaires, ça va ressembler pas mal à
la médecine; mais en ce qui regarde les pharmaciens, est-ce que vous
avez l'intention d'organiser ça un peu comme la médecine,
à l'acte professionnel, à vacation et au salariat les
trois modes de rémunération ou si vous voulez imposer
l'acte professionnel ou le salariat?
M. CASTONGUAY: Evidemment, si on pouvait...
M. BOIVIN: En médecine, lors de l'instauration de
l'assurance-maladie on avait prévu ces trois modes de
rémunération, parce qu'on pensait que c'était une chose
très souple: l'acte médical, d'abord, pour stimuler un peu le
travail du professionnel, à toute heure du jour ou de la nuit, pour que,
évidemment, les professionnels ne choisissent pas l'heure, parce que la
maladie, ça se présente 24 heures par jour, 365 jours par
année. Pour activer, on voulait donc avoir l'acte médical, pour
qu'on ait assez de médecins pour stimuler le travail.
La vocation est très souple, parce qu'il y a des places où
on a besoin d'un demi-pharmacien : il peut y avoir un pharmacien, en ville, qui
peut travailler une demi-journée à sa pharmacie, ensuite servir
un petit hôpital qui n'est pas loin, où il peut donner deux
à trois heures ou une vacation par jour. Et pour le salariat, il y
aurait des professions, évidemment, dans la profession médicale
qui exigeraient le salariat; comme la psychiatrie, c'est assez difficile de la
rémunérer autrement que par le salariat. Est-ce que vous avez
l'intention, surtout pour les pharmaciens, de proposer les trois façons
de les rémunérer?
M. CASTONGUAY: En principe, en ce qui a trait aux soins médicaux,
comme approche, ce qui a été retenu lors de la
négociation, mais lors aussi d'autres négociations qui ont suivi
depuis, c'est d'envisager les modes de rémunération qui sont
aussi adaptés que possible aux types d'exercice. Et vous-même,
vous avez fait les distinctions selon les modes de rémunération
pour bien mettre en relief que, lorsque la rémunération à
l'acte a été maintenue comme mode de rémunération,
c'était dans un type assez particulier de pratique; à l'autre
extrême le salariat a été retenu, compte tenu d'une autre
organisation de pratique.
De la même façon, pour la question, aussi bien des soins
dentaires que des médicaments, nous ne croyons pas qu'un mode de
rémunération doit être considéré comme
nécessairement une fin en soi. Au contraire, on doit plutôt
rechercher un mode de rémunération aussi adapté que
possible aux conditions d'exercice et aux types de services rendus et un mode
de rémunération qui fait en sorte que les services rendus sont
les meilleurs.
Je dois admettre que, pour la rémunération à
l'acte, on peut se poser, en ce qui a trait aux soins médicaux, des
questions assez sérieuses sur les effets que ça a. Vous avez
mentionné un des aspects positifs: celui du stimulant qui résulte
de ce type de rémunération. Mais d'autre part, il y a des aspects
assez négatifs et malheureusement, à moins qu'on ait un cadre
approprié de pratique, il est difficile de modifier ce type de
rémunération. Je pense que c'est avec une évolution aussi
rapide que possible qu'on pourra concilier les modes de
rémunération et le meilleur système de distribution des
services.
C'est la même approche que nous entendons prendre en ce qui a
trait à l'extension de la couverture, aussi bien pour les
médicaments que pour les soins dentaires.
M. BOIVIN: Pour le financement du régime et l'extension que vous
avez évidemment vous n'avez pas tellement de chiffres sur ce que
coûtent actuellement les soins médicaux évidemment
ce serait organisé par la même régie quels seraient
les montants que vous pensez que...
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait...
M. BOIVIN: Les taxes à imposer, si vous voulez, aux
contribuables, ou àl'employeuret à l'employé?
M. CASTONGUAY: ... aux médicaments et pour la partie des
bénéficiaires de la Loi d'aide sociale, on doit se rappeler que
c'est présentement couvert par la Loi d'aide sociale et que ces
coûts sont partageables en vertu du régime canadien d'assistance
publique. Même si on
change le mécanisme d'administration et d'accessibilité,
pour améliorer l'accessibilité et surtout viser à obtenir
les meilleurs coûts possibles, compte tenu de toutes les contraintes, le
financement va demeurer le même. Il se fait par le truchement de
l'assistance et il demeure partageable en vertu de la Loi du régime
canadien d'assistance publique.
La partie des médicaments, pour les bénéficiaires
de la Loi d'aide sociale, ne sera pas imputée à la Régie
de l'assurance-maladie, même si elle administre le régime.
La régie va en charger le ministère et ses frais seront
partageables en vertu du régime canadien d'assistance publique.
En ce qui a trait aux bénéficiaires du maximum du
supplément du revenu garanti, il y a là une question qui n'est
pas claire, à savoir si nous pourrons partager ces frais. Si nous ne
pouvons pas obtenir un partage par le truchement du régime canadien
d'assistance publique, nous devrons envisager comment les financer. Est-ce que
ce sera par le truchement des contributions régulières ou
autrement? Nous ne pourrons ignorer de toute façon que ces gens ne
contribuent ou ne contribueront que très faiblement au régime. On
peut se demander si on ne devrait pas procéder aussi par les revenus
généraux de l'Etat.
M. BOIS: Est-ce que c'est plus avantageux de passer par l'assistance
publique, vis-à-vis du fédéral? Ce n'est pas
accepté encore, le medicare?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas encore couvert.
M. BOIS: Ce n'est pas encore couvert.
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai mentionné, en ce qui a trait aux
services optométriques, nous ne voyons pas d'un bon oeil l'extension de
la couverture par le truchement de la loi fédérale sur les soins
médicaux.
M. LAURIN: Ce sont les subventions conditionnelles.
M. CASTONGUAY: Quant aux soins dentaires, étant donné que
les soins dentaires seraient couverts pour l'ensemble de la population à
l'intérieur de certaines limites d'âge, nous croyons que ça
devrait être couvert ou financé à même les
contributions des employés, des employeurs, etc.
M. BOIVIN: Au même titre que les soins médicaux.
M. CASTONGUAY: Exactement.
M. BOIS: M. le Président, j'aurais une petite remarque à
faire. En terminant, il y aurait peut-être une chose que j'aimerais
demander à
M. le ministre. Avant de faire une application globale ou apporter des
considérations globales à toute la province au sujet du fluor,
j'apprécierais infiniment pouvoir remettre à M. le ministre une
étude qui avait été préparée par un dentiste
de Québec, qu'il connaît d'ailleurs très bien, dans
laquelle il mentionnait que le lait devenait très nocif pour les dents
quand les gens ne se lavent pas les dents.
Je crois qu'au fond de cela il reste quand même de toute cette
chose une question d'hygiène buccale. Le lait est un des aliments
peut-être les plus complets pour l'être humain. Ce dentiste n'a
jamais rendu son étude publique parce que, vous pouvez vous l'imaginer,
les cultivateurs lui auraient couru après.
Pour terminer, vous avez un individu devant vous. J'ai 50 ans et j'ai
toutes mes dents. Je n'ai jamais pris de fluor. Je n'ai jamais bu de lait.
Comme vous avez pu le constater il y a deux semaines, il y a des gens qui n'ont
pas besoin de fluor parce qu'ils ont des dentiers. Je n'en ai pas besoin parce
que j'ai mes dents.
Avant de s'arrêter, strictement au point d'ordre de la
liberté des droits civils, il y a deux articles, M. le ministre, dans
votre déclaration. Je pense bien qu'il y a d'autres
considérations d'ordre technique. Je pense bien que vos
spécialistes du ministère les consulteront certainement avant
d'apporter des décisions finales. De toute façon, même tout
à l'heure, vous avez mentionné que les gens de l'Opposition
n'aimaient pas beaucoup parler des remèdes. C'est peut-être parce
qu'on croyait que le fluor était un remède global. Je vous
remercie, M. le Président.
M. LAURIN: J'aimerais, M. le ministre, revenir sur cet organisme
central. Il y a bien des façon de le concevoir. On peut concevoir un
organisme central de négociation, purement et simplement, avec un cartel
d'industries pharmaceutiques, comme une sorte de négociation collective.
On peut le concevoir comme un organisme central d'achat et d'entreposage, comme
vous l'avez dit. Est-ce que je comprends, de vos remarques, que vous semblez
avoir opté, surtout à ce stade où nous sommes, pour un
organisme qui s'occuperait exclusivement de négociations et non pas
d'achat?
M. CASTONGUAY: A ce stade-ci, c'est exact.
M. BOIVIN: Autrement, ça va devenir une Régie des
alcools.
M. CASTONGUAY: Cela ne va pas bien, la Régie des alcools?
M. BOIVIN: Je trouve que ça irait aussi bien aux pharmaciens
d'avoir la Régie des alcools avec le bazar qu'ils ont actuellement!
M. LAURIN: Est-ce que l'argument que vous
avez invoqué, par exemple, la protection des
intérêts de l'industrie pharmaceutique québécoise, a
pesé lourd dans votre décision?
M. CASTONGUAY: II n'y a pas encore décision définitive. On
voulait vraiment écouter les représentations qui ont
été faites à cette commission par la voie des
mémoires et aussi de faire le point.
Maintenant, savoir ce qui pèse le plus lourd dans les
décisions, ce qui est le plus important; c'est un des
éléments.
Lorsque nous parlons, il me semble que l'un des éléments
aussi importants, un mécanisme de négociation ne serait-il pas
plus souple que de monter une centrale d'achat et de distribution? Le but
recherché est d'obtenir des prix raisonnables. Le problème ne se
situe pas, à notre sens, au niveau de l'approvisionnement des
institutions ou des pharmacies. C'est dans ce sens-là qu'il me semble
qu'on doit rechercher, dans toute la mesure du possible, un moyen
d'établir des prix aussi raisonnables que possible, en évitant,
si c'est possible de le faire, tout le problème d'un mécanisme
d'achat, d'entreposage et de distribution.
M. LAURIN: A supposer que le ministère se déciderait pour
un organisme d'achat et d'entreposage, est-ce qu'on peut en conclure que cela
nuirait forcément à l'industrie pharmaceutique
québécoise?
M. BOIVIN: Cela ferait entrer le gouvernement dans le commerce.
M. LAURIN: C'est simplement dans l'achat, ça laisserait quand
même de la concurrence, de la stimulation.
M. BOIVIN: Sur la distribution seulement.
M. LAURIN: Pas nécessairement, les compagnies seront
obligées de faire de meilleurs produits pour être sûres que
le gouvernement, qui serait l'agent unique, en achèterait la plus grande
quantité possible. Cela pourrait, au contraire, stimuler la
recherche.
M. CASTONGUAY: Mais, ça ne garantit pas, malgré qu'on
achète et qu'on entrepose directement, de meilleurs prix. C'est le
mécanisme de négociation, d'établissement des listes, des
critères d'inscriptions sur la liste, qui fait foi, qui va vraiment le
plus directement au problème qui nous intéresse le plus, celui de
payer des prix raisonnables.
M. LAURIN: Mais est-ce que vous ne vous enlevez pas un moyen de cette
façon-là? A supposer, par exemple, que vous avez l'organisme
d'achat, et que, en négociations collectives avec les industries
pharmaceutiques québécoises, on vous fait des prix que vous jugez
exagérés parce que vous avez des prospectus de compagnies, soit
dans d'autres provinces, soit aux Etats-Unis ou même en Europe, à
ce moment-là, vous pouvez dire aux compagnies québécoises:
Je pourrais avoir à meilleur marché, dans d'autres pays, à
une qualité égale, ce que vous m'offrez. C'est un outil de plus
dont vous pourriez vous servir, alors que, si vous n'avez que la
négociation, la fixation du prix, c'est plus difficile.
M. CASTONGUAY: Mais, si on règle sur liste à ce
moment-là, est-ce qu'on n'atteint pas la même chose?
M. LAURIN: Mais si vous ne réglez que sur liste, par voie de
négociation des prix, vous êtes quand même esclave un peu du
marché québécois, puisque vous n'achetez pas.
M. CASTONGUAY: Mais permettez-moi de reprendre sur un plan,
peut-être quelque peu différent. J'introduisais dans la question,
tantôt, le fait qu'il nous apparaissait important de nous
préoccuper aussi des prix pour l'ensemble de la population et non pas
seulement pour la population couverte. Si on envisage un mécanisme
d'achat, et qu'il n'est limité qu'à la catégorie de
personnes couvertes, on n'a pas les mêmes effets pour tous ceux qui
passent en dehors du système.
Si notre mécanisme nous donne l'information et qu'on puisse la
transmettre au reste de la population, on touche l'ensemble de la population,
et ce qui se produit au plan des médicaments qui peuvent être
retenus ou rejetés, va avoir un effet beaucoup plus large, il me semble.
C'était dans ce type de considérations-là, que je parlais
de l'industrie québécoise aussi.
M. BOIVIN: Ce serait de l'économie dirigée. Vous
permettrez tel profit à ceux qui font la distribution.
M. CASTONGUAY: Je ne pense pas qu'on puisse aller jusque là,
à ce stade-ci, avec le type d'industrie avec lequel nous avons à
transiger.
M. BOIVIN: Vous permettrez tel profit. C'est vers cela qu'on s'en
va.
M. CASTONGUAY: Dans une certaine mesure, oui, tel profit maximum.
M. QUENNEVILLE: Pour en revenir à la stimulation des recherches,
je ne crois pas que ce sera un stimulant pour les recherches à moins
qu'il y ait une prime. Autrement, vous connaissez très bien le
phénomène qui veut qu'une compagnie sorte un médicament
et, trois semaines ou un mois après, les autres compagnies font la
même chose, sortent le même médicament. A ce
moment-là, il ne reste qu'une façon pour l'Etat de pouvoir
encourager la compagnie qui a fait de la recherche, c'est de payer plus cher.
Alors que le but même de cette centrale
d'achat est justement de pouvoir acheter à meilleur
marché.
M. LAURIN: Par ailleurs, je pense bien...
M. QUENNEVILLE: S'il n'y a pas de prime, à ce moment-là,
la recherche...
M. LAURIN: II est devenu clair, lors des séances de la
commission, malgré tout ce qui a été dit, que très
peu de recherches véritablement pharmaceutiques s'effectuaient, au
Québec.
M. QUENNEVILLE: Au Québec.
M. LAURIN: Très peu.
M. QUENNEVILLE: Très peu.
M. LAURIN: La plupart des recherches s'effectuent aux
maisons-mères, aux Etats-Unis.
M. QUENNEVILLE: C'est ce qui donne l'impression que cela ne stimulerait
pas la recherche, je ne pense pas. A moins d'avoir une prime à la
recherche.
M. GUAY: M. le Président, juste quelques mots d'abord au sujet du
fluor. Je pense que c'est un sujet qui a été débattu et
qui mérite d'être pris en considération. La question a
déjà été posée, également, à
un genre de spécialistes, si on peut dire ainsi, c'est-à-dire aux
naturopathes. Cela semblait pour eux beaucoup plus un élément
électoral qu'une solution au problème de la carie dentaire. C'est
à ce moment-là qu'eux se posent une question: Est-ce que ce
produit qu'on appelle communément le fluor ne pourrait pas être
remplacé par un produit moins dangereux?
Maintenant, j'écoutais le ministre faire son tour d'horizon
tantôt, qui a été tout de même très complet,
on doit le souligner. Je pense que le ministre a su retenir les propos qui se
sont tenus ici aux travaux de la commission. Même les
représentations que les membres de notre groupement politique ont
faites. Je pense que le ministre a retenu, entre autres, avec grande attention,
que ce n'était pas évidemment pour le plaisir de s'opposer
à certains points qui étaient discutés mais, bien au
contraire, nous tentions de discuter de façon objective; et c'est
évidemment notre objection qui a porté sur un point très
précis qui est celui du fluor. Evidemment, c'est parce que nous avons
compris qu'il y avait tout de même un certain danger et qu'on devait,
à ce moment-ci, aux travaux de cette commission, approfondir la question
et en discuter. Je remarquais également tantôt que le ministre a
fait certains rapprochements et que d'autres études sont entreprises
présentement et je suis fier de l'apprendre de la bouche du ministre. Ce
sont quelques commentaires que je voulais ajouter. Merci.
M. LAURIN: J'en aurais un autre sur le fluor, moi aussi. Vous avez
parlé d'une politique d'incitation soumise aux municipalités,
parce que les municipalités sont plus près des individus...
M. CASTONGUAY: Contrôlent les individus.
M. LAURIN: Mais, est-ce qu'il n'est pas vrai que les
municipalités n'utilisent que dans une faible proportion les pouvoirs
que la Législature provinciale leur confère? Et que la plupart du
temps la Législature provinciale du Québec est obligée de
rapatrier au Québec, au ministère des Affaires municipales, une
bonne partie des pouvoirs conférés aux municipalités?
Parce que, justement, les municipalités ne les exercent pas, se
plaignant qu'elles n'ont pas les fonds à leur disposition, venant, par
exemple, par les services de santé municipaux. Si on attend que les
municipalités exercent une juridiction qui peut être
controversée, controversable, contestée et qui, en plus, peut
exiger des mises de fonds, elles qui se plaignent déjà de ne pas
posséder assez de ressources, est-ce qu'on n'attendra pas
indéfiniment avant que cette politique d'incitation ne porte les fruits
que vous espérez?
M. BOIVIN: Je trouve que cette politique d'incitation est
supérieure parce que toutes les eaux ne sont pas pareilles dans toutes
les municipalités. Il y a un député tout à l'heure
qui nous faisait remarquer qu'il a toutes ses dents. Tout dépend
d'où il vient.
M. CASTONGUAY: Tous ses cheveux, aussi. M. LAURIN: Merci.
M. BOIVIN: Dans certaines municipalités, il y a certaines eaux
potables qui restent des eaux potables, par exemple, qui sont
défavorables, qui n'ont pas d'iode.
Dans ces régions, cela amène certaines maladies. D peut
très bien arriver que dans les municipalités, du moins certaines
municipalités, on ait le fluor nécessaire pour la protection des
dents. Je crois qu'on devrait laisser l'initiative aux municipalités.
Après étude de l'eau qu'on doit compléter... C'est comme
le chlore, il y a des municipalités qui n'ont pas besoin de chlore.
Elles ont des sources d'alimentation qui sortent de filtre de sable, si vous
voulez. Je suis maire d'une municipalité qui n'a pas besoin de chlore.
L'eau est très bonne, alors pourquoi ajouter du chlore! Pour autant que
les municipalités restent libres selon la qualité des eaux, je
trouve que la liberté est respectée. Une politique obligatoire de
la province, qui forcerait les municipalités à mettre du chlore
dans l'eau, du fluor et de l'iode, cela ne serait pas justifiable.
M. LAURIN: Dans la mesure où l'eau n'en a pas assez.
M. QUENNEVILLE: Il faut dire une chose, c'est que ce n'est pas tellement
dispendieux, cette question de fluoration.
M. BOIVIN: Oui, où c'est nécessaire.
M. CASTONGUAY: Justement, sur le plan financier, je pense que c'est un
des aspects qu'on ne doit pas oublier. On réexamine le programme des
subventions financières. Un aspect qu'on ne peut pas oublier c'est que,
dans aucune juridiction, on a imposé la fluoration, de façon
généralisée, aux municipalités. Je pense qu'on doit
se demander pour quelle raison on a formulé un genre de jugement partout
où la question s'est posée. C'était un jugement entre
savoir si imposer la fluoration ou essayer de l'imposer va donner de meilleurs
résultats que d'y aller par des mesures incitatri-ces partout où
les populations sont prêtes à accepter la fluoration, lorsque
c'est nécessaire, lorsque l'eau n'est pas fluorée
naturellement.
Quant à savoir si les municipalités utilisent bien tous
leurs pouvoirs, encore là, c'est variable, à mon sens. Il y en a
qui les utilisent et d'autres qui les utilisent peut-être moins. Je suis
d'accord sur cela. C'est une question évidemment à laquelle le
ministre des Affaires municipales avec qui vous semblez d'ailleurs aimer
discuter en Chambre pourrait vous répondre beaucoup mieux que
moi; mais il me semble qu'on a fait un progrès qu'on ne peut pas nier.
Au moment où le rapport de la commission a été
écrit, il n'y a pas tellement longtemps, les données que nous
avions montraient qu'il y avait environ 600,000 personnes qui buvaient de l'eau
fluorée. Aujourd'hui, nous avons atteint un million. Il s'agit que
ça débloque à quelques endroits et le progrès peut
être extrêmement rapide, sur ce plan. C'est ce que nous devons
évaluer.
M. BOIVIN: Si ça débloquait à Montréal,
ça ferait un saut.
M. BOIS: M. le Président, est-ce que je pourrais corroborer les
paroles de M. le ministre, en répondant à M. le
député de Bourget qu'au point de vue des municipalités,
j'ai été maire d'une ville pendant cinq ans et demi. Ce n'est pas
seulement une question de coercition: les trois quarts du temps, les
municipalités n'ont pas les moyens que ce soit pour des questions
d'aqueduc, service d'incendie...
M. LAURIN: Vous corroborez ce que j'ai dit.
M. BOIS: Je veux dire que ce n'est pas seulement une question de
coercition, au sens strict du mot.
M. LAURIN: J'aimerais encore revenir sur cette agence d'achat. Dans les
opinions que notre groupe émettait, il était bien entendu que,
pour nous, l'agence d'achat et de distribution devait acheter les
médicaments qui serviraient à toute la population du
Québec et non pas aux gens qui seraient couverts par le projet de loi 69
ou par les autres. En somme, c'était la mise en place d'un organisme
pour le jour où l'assurance-médicaments serait universelle. Je ne
sais pas si vous avez compris que cela s'adresserait uniquement aux
bénéficiaires actuels du régime.
M. CASTONGUAY: Là, je comprends très clairement la
position. Tantôt, comme je vous dis, à ce jour ce n'est pas
l'approche qui nous a paru la plus indiquée, il me semble et nous
allons réexaminer les arguments que vous avez apportés que
le point le plus important, c'est celui d'établir un système de
fixation des prix et que, si nous sommes capables d'atteindre cette
fin-lâ sans passer par la centrale d'achat, d'approvisionnement et de
distribution, cela serait l'idéal.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez eu l'occasion d'examiner les
expériences Scandinaves, suédoises dans ce domaine?
M. CASTONGUAY: Moi-même, personnellement, non. Je ne sais pas si
quelqu'un ici peut commenter ou non ce type d'expérience...
M. LAURIN: On dirait que le Dr Mockle a quelque chose à dire
à ce sujet.
M. MOCKLE: J'ai les documents chez moi, mais j'ai regardé d'une
façon générale et je dois dire qu'il m'apparaît que
le système suédois, entre autres, est partiellement
étatique et privé.
M. CASTONGUAY: Oui, en effet. M. LAURIN: D'accord.
M. MOCKLE: C'est un jumelage, si vous voulez, mais je pourrai obtenir la
documentation et la faire parvenir au ministre.
M. LAURIN: Oui, dans mon esprit, ce n'était pas
nécessairement une compagnie de la couronne, comme on dit.
M. MOCKLE: C'est partiellement les deux.
M. LAURIN: Cela peut être une société mixte, qui
peut faire faire...
M. MOCKLE: II y a des compagnies qui fabriquent à la demande du
gouvernement seulement et, par conséquent, selon les
spécifications données, si je crois comprendre le
système.
UNE VOIX: C'est cela.
M. LAURIN: De toute façon aussi, on s'as
perçoit que le ministre garde quand même la porte ouverte
à d'autres études qui...
M. CASTONGUAY: Oui, il y a aussi le commentaire fait au début, je
pense, à l'effet que ce sont des étapes, que ce que nous faisons
là ne doit pas être nécessairement considéré
comme étant définitif.
M. LAURIN: II y a aussi le fait que certains de ces organismes ne sont
pas nécessairement lourds et compliqués au point que les
inconvénients neutralisent les avantages économiques ou sociaux
d'une pareille entreprise. Ce n'est pas nécessaire qu'une entreprise
d'Etat soit à ce point lourde que les avantages que l'on en retire
soient neutralisés.
M. MOCKLE: M. le Président, en Suède, cela va même
jusqu'à toucher le réseau de distribution, qui est greffé
à cela, c'est-à-dire, les pharmaciens, qui se greffent sur
cela.
M. LAURIN: C'est pour cela que ce serait intéressant à
étudier de plus près.
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce que les membres sont d'avis
qu'après l'étude en commission du bill 69, la commission peut
suspendre ses travaux?
M. CASTONGUAY: Est-ce que nous devons faire rapport à
l'assemblée sous une forme de...
M. BOIVIN: La première question que j'avais à poser est
pour savoir si on siégera auparavant pour le bill des pharmaciens, la
Loi de pharmacie?
M. CASTONGUAY: Oui, oui.
M. BOIVIN: Est-ce que la commission siégera pour étudier
le bill de la pharmacie avant que le bill 69 vienne en Chambre? J'aimerais
entendre les intéressés de la Corporation des pharmaciens sur ce
bill.
M. CASTONGUAY: Maintenant il y a un problème. C'est notre
intention pour les lois des corporations professionnelles comme je l'ai
mentionné, pour les lois comme la loi de pharmacie, de les
déposer, si possible, au cours du mois de mai, ou aussitôt que
possible après la reprise des travaux de l'Assemblée nationale.
Si nous attendons l'adoption de ces lois pour adopter le bill 69, il peut
s'écouler un certain délai, parce que ces lois vont former un
ensemble et...
M. BOIVIN: Mais est-ce que vous ne serez pas obligés de passer
par cette loi avant d'instituer quelque système que ce soit? Parce que,
dans la province de Québec, il n'y a pas de pharmacie qui puisse
s'organiser sans pharmacien. Je pense qu'il y a des clés comme cela qui
vont vous donner des difficultés.
M. CASTONGUAY: Comme le Dr Brunet le mentionne, si nous adoptons le
bille 69, il va falloir prévoir un certain délai pour mettre au
point l'administration de ce régime, les négociations. S'il
était indiqué clairement, au moment où on adopte le bill,
qu'une adoption au moins simultanée qui a lieu en même temps que
le régime prend effet, il serait nécessaire que la Loi de
pharmacie soit approuvée. A ce moment-là, nous aurons un
délai entre les deux. Il y a donc là une certaine urgence
vis-à-vis du bill 69.
D y a un certain désir, je crois, qui est normal, de ne pas
passer la Loi de pharmacie dans toutes ses étapes trop rapidement pour
qu'on la sorte du contexte de l'ensemble des lois des corporations
professionnelles et il y a tout le problème du programme
législatif. C'est pour ça que c'est un peu difficile pour moi de
dire exactement: Est-ce qu'il sera possible de passer la Loi de pharmacie en
même temps ou avant? Je ne le croirais pas. Mais si le projet est connu
à ce moment-là et qu'à mesure qu'on passe le bill 69, il y
a des indications précises qui se dégagent quant à la Loi
de pharmacie, eh bien! on pourra les retenir et les apporter au moment
où on passera à l'adoption de la Loi de pharmacie.
M. BOIVIN: Maintenant, on peut avoir l'assurance qu'on réunira la
commission si on est obligé d'ouvrir le dossier de la Loi de
pharmacie.
M. LAURIN: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Alors, on peut dire qu'on ajourne sine die.
M. LAURIN: M. le Président, étant donné que nous
sommes dans une nouvelle session depuis février, je ne suis pas
sûr qu'il faille faire rapport des quatre séances qui ont eu lieu
avant la nouvelle session. Je pense que ceci permet au ministre de changer le
numéro de son projet de loi et d'arriver avec un autre projet de loi
entièrement modifié, comme pour la Loi de la protection du
consommateur.
M. CASTONGUAY: La seule affaire, c'est qu'il a été
réinscrit au feuilleton, représenté. Je ne connais pas
assez la procédure.
M. LE PRESIDENT: Le président peut faire rapport que la
commission a étudié le bill no 69 et que le ministre propose de
faire la deuxième lecture avec les amendements.
M. LAURIN: Cela ne pourra pas être la deuxième lecture.
Cela va être une nouvelle première lecture, une nouvelle
impression, une nouvelle première lecture.
M. LE PRESIDENT: Avec un nouveau numéro.
M. CASTONGUAY: On devrait être bon pour trouver dans les nos 840
des règlements.
M. LAURIN: De toute façon, M. le Président, je ne voulais
pas que l'étude de ce projet de loi se termine sans que nous remerciions
le ministre pour avoir permis, à l'occasion de la présentation
d'un projet de loi très important, l'audition de tous ceux qui voulaient
se faire entendre, d'une part, et deuxièmement, la synthèse de
tous les travaux par les parlementaires et la présentation d'opinions et
de recommanda- tions par les parlementaires. J'espère qu'il en sera
ainsi pour tous les autres projets de loi importants qui seront
présentés par le ministère des Affaires sociales.
M. LE PRESIDENT: Merci, Dr Laurin. Alors la commission ajourne ses
travaux sine die.
M. CASTONGUAY: Merci.
(Fin de la séance: 22 h 28)