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Commission permanente des Affaires sociales
Projet de loi no 65
Loi de l'organisation des services
de santé et des services sociaux
Séance du mardi 5 octobre 1971
(Dix heures sept minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Programme des séances
M. FORTIER: Bill 65. Je voudrais faire une certaine mise au point. Nous
avons cinq mémoires, donc cinq organismes, et je voudrais que nous
puissions entendre les porte-parole de ces cinq organismes dans la
journée. Nous allons siéger de dix heures à midi et demi,
de deux heures et demie à six heures et, ensuite, les séances
seront reportées au 15 octobre et au 19 octobre.
Je demanderais à chaque porte-parole de faire un
résumé de son mémoire pour ensuite permettre aux
députés de poser des questions. Dans la matinée,
j'espère que nous pourrons entendre les mémoires de deux
organismes: le premier, l'Association des directeurs et des
établissements privés de santé et de bien-être, le
deuxième, la Fédération des médecins
omnipra-ticiens.
Le porte-parole de l'Association des directeurs et des
établissements privés de santé et de bien-être, M.
Jean-Paul Deslierres, pourrait-il s'avancer? M. Deslierres.
Association des directeurs et des
établissements privés de santé et de
bien-être
M. DESLIERRES: M. le Président, je vous remercie. Nous allons
essayer d'être aussi utiles que brefs, aussi brefs qu'utiles. Nous avions
prévu qu'il nous faudrait résumer; c'est pourquoi le
mémoire est assez volumineux.
Disons que la moitié du mémoire ne constitue qu'un
documentaire auquel les membres de la commission peuvent référer
à volonté. J'ai mandat de parler au nom des membres et de
l'association que vous venez de mentionner, qui s'appelle en
abrégé ADEP; c'est l'ancienne Association des hôpitaux
privés du Québec. En termes plus élaborés, cela
s'appelle l'Association des directeurs et des établissements
privés de santé et de bien-être de la province de
Québec. Nous avons l'intention d'être assez au point. Nous nous
excusons à l'avance de certaines erreurs de frappe qui apparaissent au
mémoire; nous avons agi selon nos moyens. Nous allons vous faire part de
notre pensée le plus brièvement possible et nous ferons en sorte
de souligner certaines préoccupations qui sont les nôtres comme,
par exemple, la question de la qualité du service et également du
coût des services ou de l'efficacité administrative.
Vous nous demandez d'être brefs et nous allons faire un effort
suprême. Vous remarquerez, M. le Président, que c'est la
première fois que nous venons ici en 50 ans et que c'est probablement la
dernière. Alors nous pouvons avoir des tentations et vous nous
permettrez d'y succomber un peu. Nous ferons pour le mieux. Un certain
vocabulaire a cours également sur lequel on voudrait
s'arrêter.
Il y a également certaines expressions qui sont
d'actualité et que nous n'aimons pas. Nous sommes prêts à
tout dialogue. Les membres de la commission nous ont laissé savoir que
nous pourrions exprimer notre point de vue. Alors, nous allons essayer de le
faire dans le temps le plus court.
J'attaque immédiatement. Notre première
préoccupation, c'est la suivante: Nous croyons que nous sommes des
établissements privés de type conventionné et cette
expression, comme elle n'apparaît pas du tout dans le bill 65, constitue,
à nos yeux, cette absence de référence comme une ignorance
d'un fait qui nous est, évidemment, capital.
Nous croyons profondément aux vertus et aux mérites de ce
genre d'établissements. Nous allons proposer certaines
définitions dans le but de faire partage entre ce qu'on appelle
communément un établissement subventionné et un
établissement conventionné.
N'étant pas mentionné spécifiquement sous notre nom
propre dans le bill 65, nous nous sentons un peu comme de petites bêtes
rares, un peu en marge de la société formellement reconnue dans
le projet de loi et un peu comme des touristes en transit qui sont
soupçonnés de diphtérie, ou de maladies contagieuses.
Nous avons peut-être certaines expressions un peu fermes, mais
elles sont utilisées en bon esprit. Notre intention est de collaborer et
de dire franchement ce que nous pensons des problèmes qui sont
nôtres. Si nous parlons un peu plus de nous que des autres, c'est parce
que nous préférons parler de nos vertus plutôt que de
celles du voisin. Cela va être plus difficile, évidemment, de
s'arrêter parce que nous en avons plus que nous ne le soupçonnons,
mais nous allons essayer quand même de nous restreindre.
Il a été fait mention ici du besoin que l'Etat a d'avoir
des partenaires vrais, et c'est également notre désir. Nous
demandons simplement d'être traités comme tels,
spécifiquement dans le projet de loi qui est à l'étude.
Nous n'avons pas l'intention de nous comparer dans l'espérance de nous
grandir. Nous voulons simplement renseigner, proposer, demander et offrir. Nous
voulons faire connaître les mérites de nos établissements,
de même qu'à notre point de vue, leur justification naturelle en
pays démocratique et en régime de sécurité et de
protection sociales. Nous voulons proposer des formules qui, à notre
point de vue, peuvent vraiment
et rapidement conduire à l'obtention des buts désirables
et recherchés par tous, à savoir principalement la qualité
des soins et les coûts abaissés. Deux objectifs qui,
spécifiquement, comme tels, n'apparaissent pas dans le bill 65. Nous
espérons évidemment qu'une nouvelle rédaction de certains
articles permettra aux lecteurs de dénicher, clairement
énoncés, les principes de base de la philosophie dominante et
caractéristique de cette future loi qui, à toutes fins pratiques,
remplace toutes les lois existant jusqu'à ce jour.
Tout ce que nous demandons, c'est ce qui nous est nécessaire pour
une survie et un épanouissement normal. Nous avons déjà
hérité d'un droit de cité qui nous est cher; nous
demandons aujourd'hui un droit à l'épanouissement normal comme
corollaire logique de la première reconnaissance qui nous a
déjà été octroyée formellement et qui nous
est encore octroyée actuellement.
Nous voulons servir en tant qu'établissements à
responsabilités personnelle. Les membres de l'association au nom de qui
je parle sont des gens personnellement responsables de l'efficacité
administrative des établissements qu'ils dirigent. Et ils sont
personnellement, responsables. Si ça va bien, tant mieux! Si ça
va mal, tant pis! Mais tant pis pour eux et non pas tant pis pour les autres
parce que ce sont eux, et eux seuls, qui écopent des effets malheureux
d'une gestion douteuse ou n'ayant pas la qualité
désirée.
Nous avons entendu dans cette salle également la
préoccupation du ministère à l'effet d'offrir à la
population des services de santé mieux adaptés, plus accessibles,
plus fonctionnels et à l'effet de formuler un procédé en
vertu duquel on pourrait susciter le dynamisme du milieu, de sorte que le
coût des services pourrait cesser sa montée vertigineuse.
Nous croyons qu'une formule en vertu de laquelle l'administrateur ou le
responsable de l'établissement est personnellement responsable des
effets de sa gestion a pour effet direct sinon d'atteindre à 100 p.c.
les objectifs, au moins de les poursuivre d'une façon induscutable et en
logique pure.
Nous regrettons nous le disons sans aucune rancoeur ou malice
qu'un projet de loi comme le projet 65 n'ait pas donné lieu
à la consultation préalable des associations
représentatives concernées. Cela nous paraît être un
peu l'antithèse du statut de partenaire que d'être obligé
pratiquement d'exposer un point de vue qui prend couleur de critique quand au
fond on veut se limiter à de la collaboration pure et
entière.
Je vais sauter des pages, je m'excuse. Si je ne peux pas vous donner le
périple en détail, j'essaie de résumer le plus possible.
Le fait de grouper, chez elles, cinq ou six catégories
d'établissements différents a le mérite, croyons-nous,
d'éviter aux représentants du ministère de multiples
périples de la part de chaque établissement. De fait, nous
représentons 180 maisons, 8,000 lits, 102 villes, des investissements
peut-être pour $50 millions. Alors, je donne un aperçu assez
fidèle du caractère représentatif de nos maisons. Je ne
parle pas du nombre de lits, je parle du nombre d'établissements; et
180, c'est un nombre assez respectable surtout si on s'arrête à
l'idée que ces maisons oeuvrent dans un domaine où,
malheureusement ou heureusement selon le point de vue qu'on l'examine, bon
nombre d'autres institutions, surtout du secteur dit public, n'ont pas
jugé à propos d'intervenir.
Il y a certaines qualités en ce bas monde dont on est fier; les
membres de l'association, jusqu'à maintenant, sont
particulièrement fiers de pouvoir dire parce que c'est su et
reconnu qu'ils ne font pas le choix des patients qu'ils hébergent
et qu'ils accueillent. Ils soignent ceux qui ont besoin d'être
soignés; ils ne cherchent pas les beaux cas et le gouvernement n'a pas
eu à légiférer pour les obliger à faire leur devoir
à ce propos.
Je perds des secondes en silence pour vous épargner des minutes
de mon exposé qui peuvent fort bien être
évitées.
Une critique peut-être d'ordre général, vous la
trouverez au début dans les quinze ou seize premières pages. Je
vais essayer de les parcourir avec vous rapidement. Il va de soi que nos
commentaires vont avoir trait surtout, évidemment, au problème
concernant les établissements privés conventionnés mais il
nous est strictement impossible de nous limiter à cet aspect du
problème étant donné que les problèmes
interrégionaux sont également les nôtres et vice versa.
Pour nous, un établissement conventionné est un
établissement privé qui, par convention arrêtée avec
le ministère des affaires sociales, convention négociée, a
conduit à un statut particulier pour ces établissements qui
étaient concernés.
Alors, il y a une négociation qui se termine par un contrat
général type lequel devient, par la suite, autant de contrats
individuels dûment signés par chacun des établissements.
Alors, puisque nous parlons de conventions, nous affirmons que nous sommes des
établissements privés de type conventionné.
Ce régime existe depuis déjà trois ou quatre ans.
Vous avez le texte même de l'entente dans le deuxième documentaire
que vous avez devant vous. Vous avez l'interprétation, également,
de cette façon de vivre, l'interprétation donnée
officiellement par les deux ministères et les régimes que, de
part et d'autre, les deux parties se sont efforcées, jusqu'à
présent, d'améliorer.
Nous croyons qu'un établissement conventionné n'est pas un
établissement subventionné. Le trait caractéristique du
premier, par rapport au second, c'est que l'établissement
conventionné, s'il n'administre pas à l'intérieur de ses
frontières financières négociées, assume le prix de
son fardeau. Il n'héritera ni d'octrois ni de
subventions, et il ne sera pas à régime de déficit
cumulé. Il est simplement en état de faillite, point. Le projet
de loi no 65, d'ailleurs, prévoit déjà que si jamais le
ministère soupçonne qu'une maison pourrait être dans un
état de faillite, crainte ou soupçonnée, le
ministère peut déjà intervenir de façon que ce mal
ne crée pas de victimes autres que les responsables eux-mêmes de
l'établissement en cause.
Une chose est certaine, M. le Président, c'est que, de tous les
types d'établissements, au risque d'erreur pour que nous soyons
corrigés si tel est le cas, nous croyons que seuls les
établissements de type conventionné ont actuellement quelque
chose à perdre dans les débats qui se déroulent ici. Ceux
qui sont dits de caractère public, que d'autres appelleraient de type
subventionné n'ont tout de même pas leurs biens personnels en jeu
ni ceux de leur famille. Ils ne sont pas personnellement en cause avec des
oeuvres de dix, quinze ou vingt ans, réalisées souvent de peine
et de misère. Il ne s'agit pas de pleurer. Il s'agit seulement de
constater que l'un est à ses risques et périls, joue sa chemise
chaque journée, joue sa réputation personnelle et
également celle des siens parce que, dans les milieux sociaux, on n'est
pas toujours en présence de grandes villes comme Montréal. Dans
une région plus restreinte, malheur à qui donnera un mauvais
service parce que la population se chargera de son sort. C'est très
bien, lorsqu'on ne donne pas de la qualité, que quelqu'un intervienne
pour mettre fin aux abus de négligence.
Nous disons que nous sommes ignorés par le bill 65 et que nous
avons, depuis une dizaine d'années, vraiment vécu des heures plus
qu'inquiétantes. Je ne veux pas réciter ici tout le chapelet des
démarches vaines et parfois même irritantes, les concurrences que
nous appelons indues et quasi injustes de la part, à un moment
donné, d'une société dite Société
d'habitation du Québec, qui a évidemment les moyens collectifs de
se lancer de l'avant et, sans aucune arrière-pensée, pour firnir
l'escalade en sautant toutes les marches de l'escalier, il reste tout de
même que la Société d'habitation, qui a été
créée en 1969 le journal nous le rapportait, un matin
a un projet de 125 ou de 130 maisons. Heureusement que certaines
autorités sont intervenues, mais ça nous a donné chaud au
coeur pour un temps.
Evidemment, si les mêmes intervenants avaient offert au secteur
privé conventionné d'aller dans le sens de permis additionnels ou
de nombre de lits accrus dans les maisons déjà existantes,
ça aurait été encore doublement agréable, mais nous
n'étions tout de même pas en été; alors, nous avons
eu la petite brise du printemps.
En 1970, il y a eu le rapport Nepveu qui, à moins que nous
n'ayons mal lu, propose tout simplement la disparition des
établissements privés et ce sans aucune distinction quant
à la qualité des uns et des autres. Il y a le bill 65 qui, sans
malice, nous en sommes certains, ne fait pas mention des établissements
de type conventionné, mais strictement des établissements de type
subventionné en vertu de l'article 136 lorsqu'un établissement
privé décide tout simplement de demander une subvention. C'est ce
qui fait l'escalade de nos misères et l'état actuel où
nous sommes.
Malgré tout, nous sommes encore confiants et c'est dans cet
esprit que nous venons, avec vous, discuter de nos problèmes. Nous
voulons strictement savoir où nous allons. Nous voulons savoir si nous
devons cesser d'investir comme établissements privés. Nous
voulons savoir exactement quel sera notre mode de vie demain parce qu'un
médecin peut dire à l'autre: Tu va vivre 100 ans, oui, mais
comment va-t-il vivre? C'est une certaine préoccupation pour celui qui
est condamné à vivre impotent.
Alors, nous espérons ardemment voir ajouter au droit de
cité un droit d'épanouissement normal, toujours assujetti aux
normes de qualité qui sont les mêmes dans tous les secteurs,
qu'ils soient privés ou publics, subventionnés ou
conventionnés, sous une forme ou sous l'autre. Il n'est pas question de
négocier la qualité des services à offrir.
Comme je viens de le dire implicitement, nous ne refusons pas
l'émulation. Bien au contraire, nous la sollicitons, nous la demandons,
nous l'implorons presque, comme parfois nous implorons certaines structures,
certains mécanismes de collaboration continue, de travail conjoint, et
nous l'implorons parfois au point d'en être gênés, quelle
que soit la sympathie que nous témoignent certains directeurs de service
ou certains sous-ministres adjoints responsables de différentes
directions.
Mais il reste qu'à nos yeux, même dans le bill 65, il n'y a
pas de collaboration institutionnalisée entre les associations
représentatives du milieu concerné. Nous croyons également
que, dans le bill 65, on porte autant et parfois plus d'attention aux gens
intéressés qu'aux gens concernés eux-mêmes. Je donne
un exemple tout bonnement, quitte à vérifier le bien-fondé
de ce que j'affirme. Je pense que la structure des ORAS prévoit 20
personnes, et sur les 20, je pense qu'il y en a 11 qui viennent des milieux
intéressés plutôt que des milieux concernés. Alors,
c'est presque, si mon calcul est juste, donner autorité à celui
qui n'est pas le premier responsable.
Nous disons tout simplement que lorsqu'on veut des gens responsable, il
faut donner des responsabilités. Nous, pour notre part, au singulier ou
au pluriel, nous ne croyons pas beaucoup aux régimes en vertu desquels
les gens n'ont pas de responsabilités propres et doivent continuellement
s'en reporter à un autre, et à un autre et à un autre. Ce
système de pyramide, à mon avis et à notre avis, conduit
directement à des délais outranciers et à des coûts
inutiles.
Nous préférons, nous, avoir sur place des gens purement
responsables de leur conduite,
qui doivent en rendre compte, et à eux de nous faire part de leur
compétence et également de leur dévouement.
L'émulation à laquelle nous nous référons, cette
concurrence dans le coût des services à offrir, nous croyons que,
dans le domaine des prix, c'est souvent le seul moyen et le meilleur
régime pour qu'il y ait vraiment là un juste prix
d'établi.
Evidemment, les énergies que nous prenons à nous
inquiéter, nous ne pouvons pas les utiliser à d'autres fins. A la
page 4, nous avons essayé de résumer en 18 points la
pensée globale de l'ADEP et de ses membres au sujet du bill 65. C'est
dans l'espoir et dans la conviction d'être compris que nous
résumons là, à la course, notre mémoire que nous
aurions évidemment eu du plaisir pas un malin plaisir, un plaisir
honnête à discuter à fond.
Malheureusement, nous comprenons qu'actuellement la chose n'est pas
possible. Nous notons également dans le bill 65, à un article en
particulier, que les entreprises de l'extérieur de la province pourront
avoir des pied-à-terre au Québec pourvu qu'elles aient
précisément un bureau mais elles ne sont pas tenues d'avoir leur
siège social au Québec. Nous croyons que c'est inviter les
entreprises à chaîne, pour prendre l'expression courante,
américaines ou ontarien-nes à venir délicatement s'emparer
d'un beau marché qui s'appelle le Québec. Nous croyons qu'il
serait préférable que tout entreprise qui veut avoir bureau ou
établissement au Québec, devrait avoir son siège social au
Québec.
Nous regrettons certaines choses dans le bill 65, nous allons en
mentionner quelques-unes. Il est honnête de dire également que
certains articles nous paraissent d'une qualité tout à fait
providentielle. Je vous réfère à la page 75 de notre
mémoire et je les mentionne rapidement. C'est tout le
phénomène de la révocation des permis, par exemple ou de
l'émission des permis; c'est complètement nouveau. Vous comprenez
que, dans notre cas, c'est capital de savoir comment le permis sera émis
et comment il sera révoqué. Je ne vous cache pas que si certains
principes, qui apparaissent au bill 65, avaient existé il y a quelque
temps ou avaient fait partie des moeurs courantes au Québec, un certain
nombre de nos membres, une dizaine tout au plus, mais une dizaine tout de
même n'auraient pas demain à s'adresser aux tribunaux, au
protecteur du citoyen ou à ennuyer strictement le ministre en titre,
espérant de lui au moins une oreille attentive.
Nous avions, dans les modalités de financement, un régime
prévu en vertu duquel lorsqu'un permis était
révoqué, concernant un de nos membres, il avait été
convenu que l'association comme telle serait consultée pour
prendre les termes mot à mot des modalités de financement ou de
l'entente avant que le geste ne soit posé. Malheureusement la
chose n'a pas eu lieu et cela crée des problèmes réels et
pour les maisons concernées et pour l'association qui les
représente. Je ne dis pas cela pour faire du théâtre je le
dis simplement parce que c'est un fait réel. Nous applaudissons la venue
d'une procédure orthodoxe qui nous paraît tout de même
équitable dans sa teneur puisque dorénavant les gens, avant
d'être condamnés, seront au moins accusés et auront le
droit de se faire entendre avant d'être jugés. Evidemment, les
gens qui jugent le font sur ce qu'ils sont et celui qui est jugé
aimerait tellement, lui aussi, dire son mot en ce qui le concerne tout au moins
et expliquer dans quelle position il se trouve et pourquoi tel ou tel
phénomène peut être réel sans pour autant qu'il en
soit lui-même responsable.
Nous demanderons tantôt à Me Colas d'exprimer le point de
vue juridique de notre attitude quant à certains articles du projet de
loi. Celui-ci en est un, en particulier, qui sera sûrement repris par Me
Colas. Je continue en sautant tant que je peux. Je fais le kangourou et je ne
suis pas très alerte, mais enfin! Il y a un point qui nous paraît
capital et en fait, c'est un des deux piliers de notre argumentation. S'il est
bon, tant mieux et s'il n'est pas bon, on sera boiteux pour retourner au
bercail.
Nous sommes d'opinion que le rôle de l'Etat, comme les droits des
citoyens, est complètement différent, selon qu'on est en
régime d'assistance publique ou de sécurité et d'assurance
sociale. Dans un cas, nous croyons que l'Etat est le dispensateur des deniers
publics, dans l'autre cas, nous croyons que le citoyen a un droit strict
à une prestation X quand il satisfait aux conditions de la
prestation.
Nous croyons que ce n'est pas à l'Etat de décider
et c'est reconnu d'ailleurs dans nos moeurs quel sera le médecin
de tel patient. Nous croyons aussi que ce n'est pas à l'Etat de
décider dans quel genre d'établissement, au point de vue du type
juridique d'établissement, le citoyen devra aller et où le
patient devra se diriger. Nous croyons que c'est un droit strict du citoyen de
décider par qui il va être soigné et où il va
être soigné, dans les normes du bon sens, mais je m'arrête
strictement à l'aspect juridique du type d'établissement.
Nous croyons que l'Etat, dans un régime d'assurance sociale, est
avant tout le gestionnaire d'un régime et qu'il n'a pas le devoir et le
droit de vérifier si le service requis est vraiment rendu en
quantité et en qualité. Il peut aussi avoir mission de
négocier au nom du citoyen le genre de prestation auquel le citoyen aura
droit moyennant telle ou telle condition. Il peut avoir d'autres
prérogatives que les deux que nous venons de mentionner mais,
fondamentalement, nous maintenons que le rôle de l'Etat, dans un
régime d'assurance sociale, n'est pas du tout celui d'un Etat dans un
régime d'assistance publique. Nous croyons qu'au Québec, le
régime d'assistance publique n'existe plus.
Nous avons l'intention de parler quelque peu de certaines expressions ou
terminologies qui ont cours au Québec et nous voudrions également
parler de certains aspects financiers des
problèmes qui nous concernent tous, que ce soit à un titre
ou à un autre.
Nous nous sommes posé une première question. Nous nous
sommes dit : L'entreprise privée n'est-elle pas, en fait, en soi,
théoriquement parce qu'il peut y avoir évidemment une
foule de circonstances différentes mieux administrée en
général que l'entreprise publique? Nous avons répondu,
évidemment, dans le sens qui nous convenait, mais parce que nous
étions également convaincus, et nous croyons également que
c'est là une conviction quasi universelle: Pourquoi? Parce que, dans
l'entreprise privée, il y a toujours quelqu'un de personnellement
responsable. Parce qu'il faut bien le dire, on ne dépense pas son argent
comme on dépense celui des autres. Il y a là, à notre
point de vue, des vérités qui sont quasiment des
vérités de La Palice.
Une entreprise privée de type conventionné a tout à
perdre si elle se conduit mal. Elle a tout à gagner si elle se conduit
bien. C'est déjà un stimulant, c'est déjà une
invitation au progrès continu. Nous sommes tellement convaincus de la
chose que nous croyons que, même dans le secteur qu'on appelle public
actuellement, les mêmes personnes qui sont en place donneraient un
meilleur rendement, uniquement si elles étaient dans un régime
différent de celui qui est le leur. Nous ne rêvons pas. Il n'est
pas question de faire machine arrière et de dire qu'on revient en 1922.
Mais il reste qu'il y a des conditions de vie, un contexte d'ensemble, qui font
qu'on est porté à donner plus que dans d'autres contextes.
Le jour où, comme individu, comme être humain on ne
bénéficie entièrement de ses bons coups et ou on ne paie
pas entièrement le prix de ses bêtises, c'est curieux comme on n'a
pas le même comportement.
Nous croyons également que les prix de journées
qu'elles soient sous une forme ou sous l'autre, per diem ou taux fortairaires
ou tant par jour ou montant X, Y ou Z, peu importe ainsi que leurs
éléments constitutifs devraient être rendus publics parce
que le public a le droit de savoir et que, surtout, il a besoin de savoir pour
comprendre la portée de ses demandes et de ses exigences. Il est bon,
quand on passe une porte, qu'on sache ce que ça coûte et à
qui. Tout le monde sait très bien que les éléments
constitutifs des prix de journées ne sont pas les mêmes, qu'on
soit dans un secteur ou dans l'autre. Si nous sommes bien renseignés,
dans un cas on ne tient pas compte du service de la dette; on ne tient pas
compte des subventions pour des fins de dépenses non admissibles.
En tout cas, on ne cherche pas à faire le procès de qui
que ce soit ou de quelque régime particulier; on dit simplement:
Pourquoi ne pas rendre publics les coûts réels en les expliquant?
Comme consommateurs, les gens sont capables de juger de la qualité des
services qui leur sont donnés, ils sont capables également de
juger du prix des services qui leur sont rendus. Des gens seront surpris le
jour où ils s'apercevront combien cela coûte pour les recevoir le
matin, à 9 heures et cinq, dans une clinique externe ou dans un bureau
de médecin. Ce n'est pas connu; c'est là une éducation qui
fait complètement défaut chez nous, que le sens
d'économie, que le sens du coût des services qu'on réclame.
Ce serait peut-être là une façon d'aider les gens à
mieux participer et à mieux collaborer en sachant davantage la
portée de ce qu'ils demandent et les coûts de ce qu'ils
reçoivent.
Nous pouvons très bien, dans les maisons qui sont membres de
notre association, afficher au mur le per diem que nous recevons, expliquer
comment il est constitué, comment il se divise. Je n'ai pas d'objection
à cela, d'aucune espèce de façon; c'est public,
d'ailleurs, et il n'y a pas de secret là-dedans. C'est que, lorsque le
public fait des comparaisons entre un secteur et l'autre, ça devient
pénible et laborieux de voir qu'on compare des choses qui ne sont pas
identiques d'aucune façon.
Il y a des circonstances en vertu desquelles, selon que vous allez dans
le secteur privé ou public, vous avez à débourser ou
à ne pas débourser. Je vous donne un exemple. Dans le cas des
enfants me dit-on j'ai passé cet âge-là et je ne les
fréquente pas très souvent si les parents conduisent les
enfants dans le secteur privé ils doivent défrayer un montant qui
est déterminé selon les règles du bon sens je ne
discute même pas les critères de jugement mais il y a un
montant à payer. Conclusion pratique, vous avez les agences sociales qui
disent aux parents: Ne le placez pas là; placez-le dans le secteur
public. Un régime comme ça, quand on le propulse et qu'on
l'amplifie, ça donne comme résultat qu'un jour ou l'autre il n'y
a plus de clients à gauche, ils sont tous rendus à droite et cela
se comprend. Vous avez le cas du bonhomme qui est malade s'il y a un mot
que nous voulons faire disparaître c'est le mot pensionnaire; nous avons
peut-être des pensionnaires chez nous mais ce sont des pensionnaires
royalement malades parce qu'il nous faut des médecins, des
infirmières, des médicaments, des dossiers et de la surveillance;
ce sont de drôles de pensionnaires que nous avons. Il y a du vocabulaire
mathématique là-dedans, désolé pour ceux qui ne
sont pas habiles dans le secteur, moi je ne le suis pas. On dit: Est-ce que
c'est un S-l, S-2, S-3? Est-ce que c'est un malade chronique? Est-ce que c'est
un S-3 maximum, minimum, intermédiaire, entrelardé? On ne sait
plus quand on a fini. Il reste une chose certaine: S'il est placé, par
une mauvaise orientation, dans la catégorie S-3, où sont
censés être des gens mi-ambulants, mi-alités, selon les
circonstances, il y a un montant à payer par mois. Je ne me souviens pas
si c'est $104 ou un montant, c'est tout de même $100. Il peut être
un malade chronique; s'il n'y a pas de lits pour malades chroniques ou s'il est
mal orienté par accident et qu'il aboutis-
se S-3, il est encore mieux que dans la rue remarquez bien qu'on
va s'en occuper mais il est coté.
S'il passe de l'autre côté de la barrière, la vie
est un peu plus belle, il va vivre plus heureux pendant un certain temps, si ce
n'est pas lui, du moins les membres de sa famille, qui vont être
très heureux de voir que le paternel n'a pas tout dépensé
pendant le mois. Alors, il y a des visites plus fréquentes dans le mois
et une attention particulière avant que le vieillard
périclite.
Ce sont de telles situation qui nous paraissent baroques et
difficilement explicables en public.
Nous voudrions également signaler le problème suivant.
C'est entendu, comme l'a dit une journaliste connue, le prix de la vie,
ça se paie. Je suis parfaitement d'accord mais, pourquoi ne pas le dire,
le prix de la vie. Qu'on le dise donc! Il y a des anomalies, et vous me
permettrez de ne pas en mentionner, nous les connaissons tous. Il y a des
anomalies flagrantes au point de vue des coûts, au point de vue de
situations particulières. Mais nous ne sommes pas venus ici faire un
débat pour dire plus beau, plus fin, plus grand; je veux simplement vous
demander une chose: on veut notre droit d'existence, un droit de cité
reconnu, on veut un droit d'épanouissement normal.
Il nous paraît anormal, à nous, que dans certaines
régions de la province, il y ait, ma foi, plus d'établissements
qu'on dit clandestins que d'établissements avec des permis ou des
licences. On en a la liste, tout le monde peut l'avoir. Ils sont tellement
clandestins que les services sociaux y envoient des patients et paient pour les
patients qui sont là. Pendant ce temps, nous avons des membres qui, de
bonne foi, espèrent un jour avoir la permission d'avoir cinq lits de
plus ou cinquante je ne fais pas de frontière dans mes
dimensions. Il faut bien étudier avant de prendre des décisions,
mais pendant que tout le monde étudie et que tout le monde
réfléchit et pondère, il y a des champignons qui poussent
et ils ne sont pas toujours de qualité, ils ne sont pas tous
comestibles. Ils sont en place et, à un moment donné, on dit:
C'est embêtant, il y en a des bons aussi parmi eux. Alors est-ce qu'on va
les guillotiner parce qu'ils n'ont pas eu de permis ou les reconnaître?
Si on les reconnaît, on dit à l'autre qui était dans
l'ordre: On ne peut pas vous donner des lits de plus parce qu'il y en a un
autre qui vient de pousser à côté de vous, qui est
déjà implanté.
Ce sont là quelques-uns des problèmes que nos membres
vivent et nous espérons, évidemment, que les moeurs futures
mettront fin à ces problèmes.
Juste un commentaire, non pas malveillant mais qui s'impose quand
même: nous avons l'impression que le projet de loi no 65 constitue une
espèce de régime d'autorité de tutelle. Jusqu'où
ira le bénévolat d'autrefois et le dévouement d'autrefois
dans un régime semblable? Evidemment, on peut affirmer n'importe quoi.
L'avenir pourra faire mentir les uns ou les autres. Mais cela nous paraît
un drôle de système du point de vue administratif que de dire
à un directeur général d'hôpital: Dorénavant,
vous aurez deux patrons: votre conseil d'administration nommé de la
façon X, Y ou Z plus l'ORAS, dans une certaine mesure, lesquels n'ont
pas d'autorité non plus au point que il y a un article, je pense,
qui dit que le directeur général, au point de vue de
l'organisation de sa maison, ne peut absolument pas décider de son chef
avant d'avoir soumis à...
C'est difficile, pour un administrateur, vous savez, de gérer
quand il ne peut rien décider. S'il est obligé d'attendre
longtemps c'est peut-être un pléonasme que j'emploie
souvent l'efficacité administrative va s'en ressentir et les coûts
également, et la qualité du service aussi. Il ne faut pas
l'oublier non plus.
Il y a, évidemment, dans le projet de loi, des choses que tout le
monde a notées et que M. le ministre a lui-même soulignées.
Il y a certaines définitions qui nous paraissent, quant à nous,
totalement irréalistes. Je pense aux structures des conseils
d'administration pour les maisons de petite dimension. Evidemment, si on a des
établissements de 200 ou 300 ou 400 lits, on a une structure en
conséquence. Mais quand on a des établissements de 10, 15, 20 ou
30 lits, comprenez bien que le même type de conseil d'administration me
parait un peu outrancier et plus que lourd dans son cours même normal et
également dans ses effets pratiques quant à la qualité de
l'administration.
Il y a des définitions, évidemment, au début du
projet de loi que nous ne pouvons pas accepter parce qu'elles ne nous
paraissent pas conformes à la vérité tout simplement, ce
qu'on appelle des définitions fourre-tout. Je fais attention de
prononcer comme il faut: tout. On se demande si ces mêmes
définitions n'auront pas d'autres effets que celles qu'on vient de
mentionner. Qu'on le veuille ou pas, même si je m'entêtais et
disais: Ce sont des pensionnaires que vous avez, quand ils sont tous dans le
lit avec des côtés de lits et des médecins, c'est un
drôle de pensionnaire.
C'est tellement un drôle de pensionnaire que ce n'en est pas un.
C'est un malade à un degré plus ou moins marqué. De sorte
que les propositions que nous faisons quant aux termes à utiliser ont
comme générique le mot "centre" parce qu'il semble convenir
à tout le monde, et nous parlons de degrés de soins. Il peut y
avoir de l'accueil et des soins; il peut y avoir de l'accueil, des soins et du
traitement, et il peut y avoir de l'accueil, des soins, du traitement et de
l'intervention. Cela nous parait coller à la réalité que
de se référer à des schèmes comme ceux-là.
Nous ne disons pas que nous avons raison. Nous disons simplement: Nous faisons
écho de notre pensée et nous la soumettons pour fins de
considération.
Quant à l'article 136, vous nous permettrez bien tantôt de
vous soumettre un texte pas
complètement rénové mais substantiellement
rénové.
Sur le point qui était mentionné ou qui le sera et
qui a été mentionné par d'autres à savoir le
phénomène des règlements qui seront formulés
à la suite de l'entrée en vigueur de la loi, nous pensons que,
quel que soit le contenu de la loi, si les associations professionnelles
concernées, représentatives, sérieuses, ne participent pas
à l'élaboration des règlements, la loi elle-même ne
sera que l'amuse-gueule des scribes en coulisse. Parce que c'est effrayant
comme on souhaiterait donc travailler en équipe et comme on n'a pas
beaucoup l'occasion de le faire. Et il n'est pas facile de causer avec ceux qui
ont mandat d'écrire. Nous aimerions cent fois mieux collaborer que de
venir exprimer des points de vue après coup.
Au sujet des termes eux-mêmes, nous avons des demandes que nous
appelons vitales. Nous en avons quelques-unes à peine. Nous sommes
très sobres dans nos demandes, même si nos commentaires sont
parfois abondants. Nous demandons évidemment que l'établissement
privé de type conventionné soit formellement reconnu. Pourquoi?
Parce que, pour nous, c'est le contrepoinds même qui s'impose si on veut
vraiment une émulation et une comparaison possible. Nous voulons
vraiment savoir sous quel genre de vie nous vivrons.
Vous savez, la multiplicité des autorités qui
interviennent, je ne dirais pas à tout propos, mais fréquemment
j'en nommerai quelques-unes en matière de
sécurité des lieux: le ministère du Travail, le Service
des incendies, le Service d'urbanisme, le ministère des Affaires
sociales, et on pourrait continuer. Et là, on dit: C'est d'accord. Vous
me donnez mon permis. Tout le monde est venu. On l'encadre. On dit: Allez y! Le
lendemain, arrive un autre service et on dit: Une minute. Moi, je ne suis pas
venu. Je veux ceci, je veux cela, je veux ceci et je veux cela. Là, nous
nous retournons, nous venons au ministère et nous disons: Venez à
notre secours parce que lui aussi a une loi, lui aussi est en autorité
et lui aussi nous demande telle chose. C'est dans ce sens que nous disons: Si
le ministère ne fait pas siens nos problèmes, nous sommes battus
à l'avance.
Pour ce qui est des permis à courte échéance, des
permis qui durent un an, en principe, évidemment, nous demandons qu'ils
soient sans date d'expiration. On peut les reprendre s'il y a cause de
révocation, mais, au moins, qu'ils soient donnés pour un temps
qui nous permette de vivre, de planifier et d'emprunter à des taux non
pas usuraires mais à des taux qui ont du sens. Quand on reçoit
une lettre du Service des incendies de la ville de Montréal je le
dirais même si M. le maire Drapeau était ici ce matin qui
dit: Il faut des gicleurs automatiques, que voulez-vous, ce sont des
dépenses substantielles. On se retourne et on dit: Oui, mais si je fais
ces dépenses, dans quinze jours, est-ce que mon permis...? Alors, les
gens se grattent la tête. Et quand ils se la grattent trop longtemps, ils
se font dire qu'ils ne sont pas en loi. Et là, le problème, c'est
que vous n'êtes pas en loi. Donc, vous devez disparaître. La
chaîne joue. Remarquez bien que personne n'est mort à cause d'un
incendie mais il est certain qu'on a eu plaisir, à une réunion
qui a été de caractère multiple, polyvalente entre
plusieurs ministères, à dire: Qu'est-ce qu'on veut
protéger: les patients ou la bâtisse? C'est curieux comme les gens
ont opté pour protéger le patient! Il y a des outils de
protection qui sont efficaces pour la maison, pas toujours pour le patient, au
même degré en tout cas, parce qu'il y a eu des études de
faites ailleurs.
Alors, revenons à nos définitions de termes, si vous me
permettez. Il y aurait donc, à notre point de vue, quatre niveaux
d'établissements, le premier niveau étant le CLSC, le
deuxième le Centre de soins, le troisième le Centre de soins et
traitements et le quatrième le Centre de soins, traitements et
interventions.
Autre vocabulaire que nous aimerions voir clarifier: Qu'est-ce qu'une
subvention? Qu'est-ce qu'une convention? Et au point de vue juridique, les
types d'établissements. Quant à nous, ils pourraient être
pour prendre les extrêmes publics ou privés. Ils
pourraient être subventionnés ou conventionnés. Et ils
pourraient être de type mixte parmi tout cela.
Il y a de la place nous pensons, pour que tous ces établissements
vivent, qu'ils doivent se faire une saine concurrence pour en arriver à
dépasser l'autre en qualité de services et en coûts
réduits.
Nous demandons également que soit implantée une sorte
d'office provincial où les corps professionnels représentatifs
pourront vraiment travailler conjointement et en collaboration absolue avec le
ministère dans l'élaboration de ces règlements et de ces
normes. Nous croyons que ça pourrait être utile à toutes
les parties. Ce serait beaucoup moins frustrant et il n'y aurait pas de
critique possible après. Du moins, l'on saurait pourquoi telle chose a
été décidée et nous aurions eu l'occasion d'une
conversation spontanée.
Dans le milieu de l'administration courante, tout le monde est au
courant de ces choses. Dans le domaine de l'industrie ou dans celui des
services, le genre de "management" d'autrefois où, je pense, vous
essayez de nous passer, est révolu. Il faut vraiment travailler en
équipe, mais l'esprit d'équipe n'est pas suffisant; il faut qu'il
y ait vraiment équipe institutionnalisée et travail
d'équipe réel avec le prix qu'il faut payer pour
bénéficier des résultats qu'on peut en obtenir.
Nous demandons que les permis soient donnés sans date
d'échéance, qu'ils soient révocables pour cause. Nous
demandons également qu'ils soient cessibles en cas de
décès, de maladie ou de retraite.
Comment susciter l'investissement privé si l'on n'a pas ce
minimun de sécurité formelle?
Evidemment, la loi dit: Le ministre peut permettre que... mais celui qui
subitement devient malade ou celui qui subitement dit: J'en ai assez, à
64 ans ou 63 ans, peu importe l'âge; j'ai l'occasion de transmettre mon
oeuvre au fiston ou à d'autres, il ne peut pas le faire à moins
d'une autorisation particulière. Il a investi ses biens, il a
oeuvré pendant X années et, là, il est à la mercie
de votre bonne grâce qui, souhaitons-le, sera toujours heureuse, mais, en
soi, ça ne nous paraît pas raisonnable de dire: Parce que je suis
dans un domaine d'intérêt public ou de services publics, selon des
normes reconnues, je ne peux disposer de mes biens d'aucune façon. Il y
a peut-être moyen d'améliorer la procédure actuelle.
Nous demandons, encore une fois, que les corporations de gestion qui ont
des sièges sociaux ailleurs qu'au Québec ne puissent obtenir de
permis de fonctionnement au Québec, qu'elles soient tenues à y
avoir plus que des bureaux d'affaires, qu'elles aient vraiment un siège
social chez nous. En effet, s'il y a un milieu où les gens du
Québec savent faire, ils l'ont montré, où ils sont
prêts à investir, où ils sont prêts à servir,
c'est bien celui des établissements conventionnés dans le domaine
des soins et des traitements.
Au sujet de l'article 136, nous vous proposons un texte et je cours
presque immédiatement à la fin de notre exposé. Je
voudrais simplement parler des questions financières avant de terminer,
et je vais le faire le plus rapidement possible.
Quant aux vertus qui sont nôtres, à nos mérites et
à notre credo, nous avons mis dans le texte à peu près 100
affirmations qui, pour nous, peuvent être vérifiées par qui
que ce soit. Nous allons vous faire grâce de la lecture de ces 100
arguments.
La partie financière, je vais vous indiquer à quel endroit
elle se situe... Globalement, au point de vue des coûts de construction,
il est certain que le secteur privé peut construire à moindre
coût et d'une façon substantielle. Par la force des choses,
évidemment, au point de vue de coût de fonctionnement la
même affirmation vaut.
Les établissements privés conventionnés paient
aussi des taxes, des impôts. Ils ne sont pas strictement dans le milieu
social pour en profiter; ils y contribuent et il n'y a pas de déficit
comblé dans le domaine de l'établissement privé
conventionné.
Excusez-moi, je vais retrouver le document. Vous savez, ça fait
mal au coeur de sauter autant de pages; vous, ça vous fait plaisir,
mais... Cela a tout l'air que je m'en vais à la page 60... Bon, 58, 59,
60. Merci, monsieur.
Me voilà avec la page 58 qui parle de l'importance quantitative
de notre milieu. Je vous ai cité les chiffres antérieurement; il
ne me reste qu'à mentionner le fait que, dans le domaine privé
conventionné, le taux d'occupation est pratiquement de 100 p.c. et cela
aussi représente une économie.
Parce que lorsqu'un établissement n'est pas occupé
à sa pleine capacité, vous pouvez très bien tirer les
conclusions au point de vue des coûts, ce que ça peut
représenter d'une façon absolument inutile que de fonctionner
sans patient ou avec des taux d'occupation réduits à 90 p. c,
à 92 p. c. ou à 85 p. c. et parfois à moins que ça,
selon la catégorie.
Nous avons pris quelques cas particuliers, mais je vous fais grâce
des noms, c'est aux pages 58, 59 et 60. Nous avons simplement noté en
particulier ceci: si dans le secteur public, on investit sur une base, nous
dit-on, de 40 ans ou de 50 ans et que dans le secteur privé on investit
sur une base de 20 ans en principe, en pratique, simplement ce
phénomène-là au point de vue des coûts de revient
réels à plus ou moins longue échéance comporte des
données qui sont elles aussi, vertigineuses. Parce que si vous prenez un
montant de $800,000 à 9 1/2 p. c. pour 20 ans, on me dit que le
coût réel grimpe à $1,700,000 et si vous prenez les
mêmes lits, bâtis par le secteur public avec des taux connus qui
circulent dans les journaux ou autrement, on ne les a pas inventés, ce
n'estplus un montant de $800,000 qui est en cause, c'est pratiquement
$1,200,000 et ce n'est plus 20 ans, c'est 40 ans. Au lieu de $1,700,000 bien
ça fait $4,600,000. Il y a peut-être des piastres à aller
chercher en demandant au secteur privé d'y aller. Le secteur
privé n'est pas un animal sauvage échappé des bois.
Quand on a un régime qu'on appelle le régime de
modalités de financement, quand on négocie avec l'Etat, en
général l'Etat est plus fort que celui avec qui il
négocie. Et nous qui négocions chaque année, nous avons
que ça ne se fait pas juste au désir. Cela prend pas mal plus
d'arguments que ça pour venir à bout de gagner un point ou un
dixième. Et on ne fait pas de commentaires sur le processus, c'est le
jeu. C'est le jeu de la négociation où on doit justifier nos
demandes puis convaincre les autres qu'on a raison de formuler les demandes
telles qu'on les formule.
Alors, page 59 encore une fois, ce sont les cas particuliers et pour ne
pas donner lieu à des débats inutiles qui nous amèneraient
à justifier tel ou tel chiffre ou à condamner tel ou tel autre,
je saute. Et le problème qu'il y a lieu de mentionner quand même,
c'est celui de la terminologie puis de la notion de profit, pui des abus de
profits. Bien, il y a, toujours à la page 60, des taux par jour.
Remarquez bien qu'on se base sur ce qu'on en sait. On ne sait pas si les taux
sont constitués de la même façon.
Nous tenons pour acquis qu'ils ne le sont pas, mais que c'est à
l'avantage du secteur public de ne pas l'être comme les taux du secteur
privé le sont. Alors nous donnons des noms spécifiques sans
partisanerie. Vous avez Saint-Lambert, ce sont les chroniques, à $27 par
jour, la Pieta $26, Grace Dart $32. Pour des maisons qui nous paraissent,
à nous, du même type, de même dimension, de même
nature de services, de même qualité, pour autant que nous
puissions juger, il y a des différences de per diem qui nous
paraissent étonnantes. Et, en publiant les chiffres, nous aurons les
explications. Sans la publication officielle des données, nous serons
toujours à nous demander: Avons-nous tort ou raison de nous croire
frustrés ou être dans un état d'infériorité
par rapport à l'autre, uniquement parce que ça s'appelle
privé?
Alors vous avez les noms, il y a Notre-Dame, à
Saint-Georges-de-Beauce à $16; Bourget, à Montréal,
à $13 et Saint-Judes également à Montreal, à $20.
Ça fait des différences quasiment de 30 p. c., 40 p. c. et 50 p.
c. Alors nous avons essayé de prendre les choses de même dimension
et de même nature. Je ne dis pas que nous avons réussi, mais nous
avons essayé. Prenez le Montréal Chinese, c'est là un
hôpital général, Régina également, l'un c'est
21, l'autre c'est... Ils ont peut-être tous des raisons, mais grand Dieu
! que ça fait plaisir de les connaître les raisons pour être
capable de se juger, de se pondérer puis de s'intégrer.
Bon, alors vous vous en êtes toujours tirés, prenez les
enfants, si vous voulez, les D-3, le renfort qui est connu... bon voici une
maison toute neuve, une maison de qualité, sans l'ombre d'un doute, dont
on fait l'éloge dans les journaux; mais là j'ai toujours fait en
regard de l'autre, dont on ne parle pas, ou dont on ne parle qu'en termes
péjoratifs et ça finit par être essoufflant, parce qu'entre
avoir $10 ou $15 par jour puis en avoir $30, ça fait une petite
différence dans la nature des services qu'on peut offrir et la
qualité du personnel qu'on peut avoir. Le prix de la vie ça se
paye, mais grand Dieu! qu'on le paye des deux côtés de la table.
Que le citoyen ait droit aux mêmes services, peu importe dans quel
secteur il s'orientera. La question du personnel mérite une attention
également. Evidemment il y a des chiffres qui circulent. Il y a celui
encore des D-3, je ne nomme pas les villes pour ne pas créer de
problèmes à personne, mais, évidemment, si une maison est
occupée à moitié ou si elle est occupée au tiers ou
si elle est occupée à zéro, ça fait un taux per
diem assez élevé par rapport à celle qui fonctionne
à 99 p. c. et ça s'explique facilement, parce que ça se
divise par zéro, et cela fait un gros montant par jour.
Vous avez la maison de Chicoutimi, que l'on mentionne ici, où 80
enfants sont en place sur un potentiel de 150, ce qui ferait un per diem de
$150 actuellement. Remarquez bien que c'est peut-être $125 par jour. Par
contre, vous avez des maisons, qui ont une certaine renommée et une
renommée reconnue, qui sont encore à $11 ou à $12.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que nous avons tous les chiffres
dans le document, ici.
M. DESLIERRES: Les termes. Evidemment, vous les connaissez comme nous;
il en circule de tous ordres. Il y en a peut-être une vingtaine qui
circulent et on ne sait jamais de quoi on parle quand on les utilise; du moins,
celui qui n'est pas dans le milieu concerné. Les termes proposés,
on vous les a donnés à la page 65. Les définitions de ces
termes apparaissent à la page suivante. Nous croyons avoir donné
des définitions tout à fait réalistes, qui ne font que
reproduire l'image de la réalité.
Il y a le problème de la notion de profit. Ce sera très
court. La notion de profit, nous considérons que c'est un peu le salaire
du risque. Nous croyons que nous prenons certains risques quand nous
investissons des sommes sans savoir si, l'année suivante, le permis sera
renouvelé ou à quelles conditions il le sera. Lorsque vient le
temps d'emprunter à longue échéance, à des taux
parfois exorbitants, nous croyons qu'il s'agit là d'un risque
réel.
L'autre point, la question de l'abus de profit. Nous disons qu'il n'y a
pas d'abus de profit possible. Il est physiquement impossible d'en faire depuis
au moins 1969 en vertu du régime qui est le nôtre : la
négociation collective avec le gouvernement. Chaque article est
spécifié dans le document. Quand nous recevons un montant X, il
est clairement indiqué à quelles fins il doit être
utilisé. Quand vous parcourrez la liste des éléments
à couvrir par le montant reçu, vous verrez que celui qui fait un
abus de profit a besoin de faire de l'acrobatie en plus. Si vous regardez
à la page 72, vous avez des chiffres réels par catégorie
de membres; ce que nous avions en 1969 et ce que nous avions en 1970. Il s'agit
ici, évidemment, des frais de services qui n'impliquent pas le
montant-salaire et qui n'impliquent pas non plus la valeur locative des lieux
occupés.
Soit dit entre nous, bien amicalement, quand vous avez $1, $1.05 ou
$1.10 par jour pour donner à un malade chronique adulte trois repas,
plus les collations, il faut vraiment faire de l'acrobatie avant de faire un
abus de profit. Je pense que les gens qui travaillent dans nos hôpitaux
sont assez nombreux: syndicats, médecins, visiteurs et enquêteurs,
pour constater dans quelle mesure il y a qualité ou absence de
qualité. On ne fera pas de miracle; ce n'est pas avec $1.10 qu'on peut
servir du filet mignon trois fois par jour et deux collations,
l'après-midi et le soir. C'est inutile de penser, de la part du public,
qu'on peut faire cela. Tout le reste du système est exposé. Vous
dites que l'administrateur est surchoyé; regardez la liste des salaires
qui est sienne et vous verrez qu'il y a une échelle de huit ans et que
cela ne comporte aucun autre avantage, sous aucune autre forme possible, de
bénéfices ou de quoi que ce soit d'autre.
La question du vocabulaire "à but lucratif" et "à but non
lucratif". Il y a également une page sur le sujet. C'est tellement
facile de dire aux gens: Vous êtes à but lucratif, donc vous
êtes dangereux. A but non lucratif, qu'on est
donc beaux! Voici deux termes qui prêtent à confusion d'une
façon absolue. Dans un cas, on pense aux anges avec des ailes et, dans
l'autre, évidemment on les voit avec des ailes, mais raccourcies et un
peu plus pointues. Cela ne prouve absolument rien. Ce n'est pas parce que je
suis à but lucratif ou à but non lucratif que la qualité
de mon service va se manifester. A mon avis, pas du tout, d'aucune
espèce de façon. Cela ne dépend pas du statut juridique de
mon établissement. Autrement, ce serait trop facile. On n'a qu'à
mettre le même cadre sur la tête de tout le monde pour avoir la
qualité désirée. Quand on emploie un vocabulaire comme
celui-là, c'est pourquoi? Pour dire qu'on spécule sur la
santé des vieillards. Grand Dieu que c'est grave, cela! Allons-y voir si
on spécule beaucoup à $1.04!
A la page 66, vous avez notre argumentation qui est assez sobre. Nous
nous sommes limités à deux paragraphes sur le sujet. Je m'excuse
de vous imposer autant de verbiage, mais une fois par cinquante ans, vous
comprenez qu'il n'y a pas abus.
Permettez, M. le Président, que je lise au moins celle-là,
c'est la dernière. Parce que ces termes conduisent à des
définitions négatives et à un certain non-sens, comme en
témoigne d'une certaine façon le bill 65 lui-même en
disant: Vous êtes ce que l'autre n'est pas, ou vice-versa, vous
n'êtes pas ce que l'autre est.
On définit l'un en disant qu'il n'est pas l'autre. La Palice
n'aurait pas fait mieux. Ces expressions revêtent, dans le secteur de la
santé, une résonance aussi faussement diabolique d'une part que
faussement angélique d'autre part. C'est un non-sens absolu que de
définir un établissement en partant des intentions avouées
ou non des dirigeants, lesquelles sont souvent d'ailleurs parfaitement
inconnues ou tout à fait opposées aux déclarations faites.
Je pense que nous sommes tous assez adultes pour savoir que ce n'est pas
toujours celui qui dit qu'il travaille à but non lucratif qui fait le
moins d'argent. C'est curieux comme il y a des gens dévoués,
quand une institution commence, et comme ils sont pas mal moins nombreux au
bout de deux ans ou trois ans, parce qu'il y a moins d'affaires à
vendre. C'est ce qu'on pense et c'est ce qu'on dit clairement. Alors l'histoire
des intentions prêtées et des intentions pas prêtées,
essayez de regarder les faits à notre point de vue.
En toute logique, à notre point de vue, on doit définir
les choses en partant de leur nature et non pas des buts poursuivis. C'est
pourquoi on réfère à des définitions, comme on le
disait tantôt, le centre de soins, de traitements, d'interventions ou
d'autres titres. Le genre juridique de l'établissement, nous trouvons
que cela définit nettement mieux que les intentions prêtées
à ceux qui prennent charge d'un établissement donné.
Dans le secteur, évidemment, de la santé, l'expression
"à but lucratif" prend une tournure un peu vicieuse, à
caractère volontairement ou non péjoratif et polémique. Si
on regarde la définition de l'expression "à but lucratif",
qu'est-ce que c'est? Larousse prétend que c'est toute prestation de
service contre une rémunération. Alors, bien malin qui n'est pas
à but lucratif. C'est un archaïsme outrancier qui a eu son temps
chez nous. Il devait caractériser un monde différent de celui qui
est présent, mais il est certain qu'actuellement, il ne protège
personne, il ne nettoie rien, il ne qualifie rien, il ne distingue rien, il ne
fait que maintenir une confusion qui fait le jeu des uns et le tort des
autres.
Nos définitions sont données à la page 68,
d'établissement public, privé, subventionné,
conventionné, et je pense que c'est clair. Je m'arrête strictement
à l'expression "conventionné". C'est un établissement
maintenu par un particulier ou une corporation privée qui ne
reçoit ni subvention, ni octroi et qui opère à même
le taux forfaitaire conventionné découlant de la
négociation du prix de ses services. Ceci, selon les principes des
modalités de financement qui sont en cours. C'est un
établissement qui paie des taxes et des impôts et qui
détient des permis provincial et municipal.
C'est une définition que nous avons essayé de donner, la
plus sobre possible, je pense, M. le Président, avec votre
bienveillance, dont je vous remercie. J'inviterais Me Colas à donner un
commentaire juridique par rapport à certains articles.
M. CASTONGUAY: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Un instant. Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'aimerais faire deux brefs
commentaires au début. L'ADEP nous dit qu'elle regrette qu'il n'y ait
pas eu de consultation préalable. Ce commentaire a été
fait par d'autres groupements. Je voudrais rappeler, encore une fois, que le
processus de la commission parlementaire qui permet justement, après le
dépôt d'un projet de loi, l'étude de ce projet de loi, la
présentation publique des points de vue, des suggestions, des critiques,
est un processus de consultation préalable qui implique à la fois
le gouvernement, les parties intéressées et aussi les membres de
l'Assemblée nationale, à quelque parti qu'ils appartiennent.
Il me semble donc difficile de laisser passer encore une fois cette
affirmation, sans rappeler que ce que nous faisons présentement est un
mode de consultation, de participation, fort supérieures bien souvent
aux consultations plus ou moins avouées qui pouvaient se faire dans le
passé, avant l'existence de ces commissions.
En second lieu, M. Deslierres a dit qu'il aurait aimé voir la
collaboration institutionnalisée dans le bill 65.
Ce bill porte sur l'organisation des services; quant aux
mécanismes à établir pour maintenir
des discussions avec les divers organismes, cela prend tellement de
formes, selon les questions qui doivent être discutées, selon les
points de vue ou les questions discutées, les interlocuteurs qui peuvent
vouloir être entendus, etc... Qu'il s'agisse de financement, qu'il
s'agisse d'une nouvelle politique, qu'il s'agisse de règles
administratives, je ne crois pas que dans un tel bill il soit possible de
préciser des cadres et des modalités de collaboration ou de
discussion. Il est beaucoup plus important, dans la pratique, d'établir,
dans la mesure du possible avec nos moyens respectifs et selon les
circonstances, ces échanges qui sont évidemment
nécessaires. Nous en sommes conscients et nous faisons des efforts pour
maintenir le dialogue dans toute la mesure du possible avec tous les organismes
intéressés.
Il y a aussi le fait et je voudrais le mentionner avant que nous
entendions les autres mémoires que nous avons reçu
précisément ces mémoires un certain nombre de jours
à l'avance de telle sorte qu'il nous a été possible d'en
prendre connaissance, et que c'est faire une mauvaise utilisation, il me
semble, de notre temps que d'en reprendre un exposé extrêmement
détaillé, ce qui n'a pour effet que de mettre de la pression sur
la durée de la période de questions et de discussion qui peut
suivre.
Avant de passer plus précisément aux questions
soulevées par le mémoire, j'aimerais pour bien montrer
comment nous, au ministère, avons situé le problème, ou la
question, il y a déjà un an relire, avec votre permission,
trois pages, très brièvement, d'une allocution que je
présentais l'an dernier, le 20 novembre dernier, au congrès de
l'Association des directeurs des établissements privés de
bien-être et de santé. Ceci permettre probablement de faciliter la
compréhension de ce que nous avons voulu atteindre par le bill 65. Si
vous me le permettez, je vais être aussi bref que possible.
Je disais au tout début que j'ai voulu à ce
moment-là entretenir les membres quelques instants sur l'avenir des
établissements privés de bien-être et de santé et
ceci, il y a un an: "La parution récente du rapport de la commission
d'enquête sur la santé et le bien-être social, sur les
établissements à buts lucratifs, de même que l'incendie
tragique du foyer Notre-Dame-du-Lac, donnent beaucoup d'acuité à
cette question. D'ores et déjà je puis cependant vous assurer que
la disparition du secteur privé dans le domaine des
établissements de santé et de bien-être ne constitue pas en
soi un objectif que le gouvernement entend poursuivre. Cependant, les
changements profonds que subit notre société sur les plans
social, économique et culturel, par suite des phénomènes
d'industrialisation et d'urbanisation exigent-ils une
réévaluation du fonctionnement des établissements
privés dans les domaines de la santé et des services sociaux et
très probablement des transformations très importantes dans les
modes d'organisation, de financement, de gestion, de contrôle de ces
établissements? " Ici, je pense que certaines des données sur
lesquelles on a attiré de nouveau notre attention montrent que vraiment
des situations doivent être corrigées.
Et je disais: "Mon prédécesseur, M. Jean-Paul Cloutier,
l'avait d'ailleurs clairement laissé entendre dans une allocution
prononcée le 7 novembre 1969, à l'occasion du congrès de
l'Association des hôpitaux privés du Québec. Nul ne saurait
nier, en effet, qu'il existe dans ce secteur certaines réalités
qu'on ne peut plus méconnaître et qui doivent cesser d'exister. Je
pense particulièrement à l'absence de normes uniformes de
financement, d'opération et de gestion, ainsi qu'au besoin
impérieux de contrôle satisfaisant. Je pense également
à l'absence de critères précis nous permettant de
qualifier un établissement de véritable établissement
privé. Il ne s'ensuit pas pour autant qu'on doive nécessairement
songer à la transformation complète des établissements
dits privés en établissements sans buts lucratifs. Une telle
transformation n'apparaît pas être une panacée susceptible
de résoudre tous ces problèmes. "On n'a qu'à songer au
fait que de façon générale les grands
établissements sans but lucratif n'ont pas voulu assumer le domaine des
services qui font l'objet des établissements à but lucratif de
telle sorte que ces derniers ont constitué une présence
indispensable dans la société québécoise. Des
solutions plus nuancées doivent être envisagées. D'une
part, il paraît impérieux de définir clairement à
partir de quels critères un établissement sera qualifié
d'établissement privé. Il m'est difficile d'accepter la situation
présente où, bien souvent, des établissements
subventionnés à 100 p. c. par l'Etat sont
considérés comme des établissements privés. Il
s'agit là d'établissements qui devraient tomber dans le secteur
public. D'autre part, il ne m'apparaît pas impossible, notamment dans le
domaine de l'hébergement collectif de créer un secteur
privé fort et concurrentiel. C'est là un objectif que d'autres
pays, tel la France, ont réussi à atteindre. "Ceci implique
qu'à l'avenir le financement des établissements privés
devra leur reconnaître ce caractère concurrentiel d'une entreprise
privée, de telle sorte qu'une partie identifiable des frais de
fonctionnement et d'investissement de ces établissements seront à
la charge des personnes qui utilisent leurs services. Dans ce contexte, il est
évident que les établissements improductifs, c'est-à-dire
ceux qui ne pourront se financer de façon satisfaisante à
même une partie de ressources venant du secteur privé, devront se
transformer en établissements sans but lucratif. Ici encore, cependant,
des nuances peuvent être apportées. N'est-il pas possible, par
exemple, d'imaginer une formule de financement qui permette de distinguer entre
la propriété d'un établissement et son fonctionnement, la
propriété pouvant être louée à des fins
commerciales et son fonctionnement établi sur une base sans but
lucratif?
"Sur toutes ces questions, le gouvernement est ouvert à vos
suggestions. On peut donc concevoir dans l'avenir la transformation de certains
établissements privés, ceux qui sont financés à 100
p. c par l'Etat ou encore ceux qui ne peuvent survivre de façon
concurrentielle avec un financement partiel de l'Etat, en établissements
sans but lucratif ou encore en établissements dont seul le
fonctionnement sera sans but lucratif, et le maintien et même le
développement d'autres établissements sur une base privée
vraiment concurrentielle, jouissant d'un financement partiel de l'Etat. "Il est
certain que des tranformations requises dans le futur nécessiteront pour
une période de transition des ajustements psychologiques et
matériels importants. On n'a qu'à songer à la
récente convention collective signée pour une durée de
trois ans dans le secteur des hôpitaux privés. Il est certain
qu'elle sera touchée, du moins indirectement, par les transformations
dont je viens de faire état et que, de façon
générale, une réallocation du personnel oeuvrant dans les
établissements de santé et de bien être sera
nécessaire. Le gouvernement entend prendre toutes ses
responsabilités à cet égard. "Et, enfin, pour terminer,
quelles que soient les transformations des établissements privés
de santé et de bien-être que l'on puisse concevoir à
l'avenir, il demeurera nécessaire que des améliorations soient
apportées aux lois existantes et qu'une législation
générale sur les établissements de santé et de
bien-être soit adoptée qui rende beaucoup plus
sévère les conditions d'émission des permis de
fonctionnement et les modalités de la surveillance de ces
établissements."
Il y a déjà un an, donc, c'est la façon dont nous
situions le problème. Je crois qu'il est bon de se rappeler de quelle
façon, quant à nous du gouvernement, nous avons situé le
problème. Et c'est dans ce contexte que l'on doit voir les dispositions
du projet de loi no 65 et, en particulier, l'article 136. Mais ceci ne signifie
pas que nous n'avons pas l'intention d'écouter très attentivement
les suggestions qui sont faites et de les analyser à leur
mérite.
Maintenant, M. le Président, j'aimerais poser deux questions au
moment de commencer cette discussion. On a mentionné, par exemple, que
c'était notre intention d'ouvrir la porte à des entreprises de
l'extérieur du Québec, sans siège social au Québec.
Et ceci est fait, indirectement, à l'article 105. Ici, nous pensons
évidemment à des institutions totalement privées qui ne
jouieraient d'aucune subvention de la part du gouvernement mais qui devraient
faire l'objet de l'octroi d'un permis pour assurer la protection du public. Je
ne crois pas qu'on doive fermer nos portes de façon aussi étanche
que ce type d'implantation soit prohibé.
Deuxièmement et si, avec cette clarification, M.
Deslierres a des commentaires à faire, j'aimerais les entendre on
nous dit que, dans certaines régions, il existe des
établissements clandestins et qu'il en existe tellement que les
établissements privés ont peine à se développer ou,
encore, on leur dit, au ministère:
Il existe tellement d'établissements clandestins qu'on ne peut
autoriser une expansion de vos établissements, si j'ai bien compris ce
qui a été dit. Je peux vous dire, sur ceci, que j'aimerais
d'abord avoir cette liste car je ne l'ai pas. Deuxièmement, j'aimerais
aussi que vous nous disiez comment, en l'absence du bill 65, il nous est
possible de fermer ces établissements clandestins, étant
donné que nous n'avons pas de pouvoir de sanction. Je sais fort bien
que, dans certains cas, depuis un an, nous avons fermé des
établissements et, peu de temps après, on nous a signalé
le fait que, dans certains cas, les activités avaient repris mais dans
un local avoisinant. Tant et aussi longtemps que nous poursuivrons ce jeu, il
en demeurera.
Mais, de toute façon, j'aimerais avoir la liste et j'aimerais
avoir vos suggestions quant à la façon de combattre,
présentement, ce problème en l'absence des dispositions du bill
65, particulièrement celles qui ont trait aux sanctions.
M. DESLIERRES: M. le ministre, je vous remercie de vos mises au point.
J'ai bonne mémoire de votre discours qui avait été plus
qu'écouté, qui avait été médité par
la suite encore plus que pendant que vous le prononciez, à cause du
bruit de la salle et des gens qui, parfois, sont distraits lors de
banquets.
M. CASTONGUAY: C'était l'enthousiasme.
M. DESLIERRES: C'est vrai. A part cela, nous avons une inquiétude
additionnelle. Nous nous demandons si vous viendrez cette année à
notre congrès parce que nous aimerions avoir votre présence.
S'il m'étais permis de négocier trois minutes je ne
le ferai pas mais si cela m'était permis, je dirais que si nous
pouvions vous voir à votre bureau, un jour prochain, nous pourrions
donner plus de détails. Ce n'est pas une question à
étaler. Vous avez une première liste à la page 25 d'une
des annexes qui apparaît dans le deuxième paquet de documents.
C'est la dernière feuille de tout le paquet. C'est du côté
des Cantons de l'Est.
M. CASTONGUAY: M. Deslierres, je ne vous demande pas
nécessairement d'en faire la lecture publique ce matin. Ce n'est pas mon
but. Mais ce que je peux vous dire, c'est qu'étant donné la
façon dont vous avez formulé le commentaire au sujet des
établissements clandestins, je veux savoir quels sont ces
établissements. Je ne crois pas utile que la liste en soit
distribuée ici, ce matin, à moins que des membres de la
commission le demandent. Mon but est d'appliquer les dispositions
législatives que nous possédons présentement, avec
toutes
leurs déficiences, mais au moins de les appliquer de telle sorte
qu'il y ait protection du public, et aussi de savoir si vous avez des
suggestions quant à la manière de fermer ces
établissements en l'absence du bill 65.
M. DESLIERRES: J'ignore quelle est l'autorité du ministère
sur les agences sociales. Mais à partir du jour où l'agence
sociale comme telle cessera de fournir des patients, d'inciter les gens
à ouvrir des maisons et de payer pour les patients qui sont là,
les établissements qui agiront seront moins nombreux parce qu'ils
n'auront pas de patients. Je ne dis pas que c'est la solution miraculeuse, mais
il y a certainement là un élément à regarder.
Vous nous dites ce que vous nous avez proclamé lors de la
dernière visite que vous nous avez rendue, la précédente
pour ne pas dire la dernière. M. Cloutier nous avait rendu visite
l'année précédente, et tenez pour acquis que cela faisait
partie de notre testament et que nous laissions à la
postérité les déclarations que l'un et l'autre sont venus
faire. Mais quand, dans un discours, le ministre Castonguay dit
carrément: L'action du ministère ne s'inspire aucunement de
critères mathématiques rigides appliqués indistinctement
à toutes les situations et il n'entend pas éliminer une
catégorie ou des catégories d'établissements en raison de
leur vocation ou de leur taille, évidemment, on brûle des
lampions. Mais quand, le lendemain, une maison est fermée et qu'un
fonctionnaire dit au téléphone: Ne vous inquiétez pas:
vous allez tous disparaître, du premier au dernier, c'est une question de
temps, cela devient inquiétant pour celui qui est au bout du fil.
Nous citons ces choses parce que nous savons très bien que les
gouvernants ne peuvent pas avoir mainmise sur tout ce qui se déroule
sous leur ombre et sous leur gouverne. Mais il est certain que si vous nous
assurez ce droit de cité qui nous a été donné et
répété, encore aujourd'hui, nous disons: Quel sera le
droit d'épanouissement normal? Et comment se fait-il qu'on dise à
quelqu'un: Désolé, avec x lits, cela n'a plus de bon sens, il
faut vous fermer. C'est de la pure mathématique, à ce
moment-là. Dorénavant, nous aurons l'occasion de causer avec vous
pour établir des mesures de compensation lorsqu'il y a matière
à compensation. Mais actuellement, malheureusement, les portes n'ont pas
toutes la même sympathie à l'égard du secteur qui s'appelle
privé.
Souvent, on va leur dire: Parce que c'est privé, vous devez
disparaître ou on va nous dire: Ne pensez pas que nous allons nous
occuper de vous autant que des autres; nous allons d'abord donner
priorité au secteur public et, s'il en reste, vous le prendrez. Nous ne
demandons pas de faveur; nous disons simplement: Dites-nous sous quelle forme
nous allons vivre. Devons-nous continuer à investir oui ou non?
Qu'attendez-vous de nous? Nous sommes prêts à collaborer. C'est
notre simple demande aujourd'hui, avec une proposition d'un article
particulier. Si vous le permettez, M. Colas va formuler l'article 136.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. COLAS: M. le Président, M. le ministre, messieurs, j'ai
été très intéressé d'entendre le ministre
rappeler certains passages de sa conférence de l'année
dernière et, pour le juriste qui a eu à se pencher sur le projet
de loi 65, le seul commentaire que je peux formuler, c'est qu'il y a loin de la
coupe aux lèvres.
Malheureusement, les sentiments exprimés par le ministre dans sa
conférence ne se réflètent nullement dans ce projet de loi
que nous avons dû étudier afin de pouvoir présenter le
mémoire qui vous a été soumis aujourd'hui par M.
Deslierres. Car, en fait, il faut bien se demander, comme l'a soulevé M.
Deslierres, si le rôle de l'Etat et les droits stricts des citoyens en
régime de sécurité et d'assurance sociale et en
régime d'assistance publique sont les mêmes. M. Deslierres a
clairement établi la distinction sur ce point et je crois, dans les
circonstances, que le bill 65, en voulant mettre sous la même coupe,
à la fois la Loi des hôpitaux privés, la Loi des
hôpitaux publics et l'assistance publique, crée une confusion qui
est dangereuse. Il crée surtout des structures dont nous ne connaissons
pas, en faisant table rase de tout ce qui existe présentement, les
conséquences et surtout la possibilité d'application. Ce n'est
pas tout d'avoir des structures, faut-il encore des individus pour y vivre et
faut-il encore la possibilité de pouvoir les voir jouer leur rôle,
tel qu'on l'a prévu au moment de l'élaboration des principes.
La première proposition, donc, que nous aimerions voir sur le
plan juridique, c'est qu'il y aurait lieu de distinguer les services de
santé et de bien-être et l'assistance publique, pour assurer une
meilleure application des réformes en profondeur et permettre à
chaque citoyen de profiter au maximum des services. Car, il ne faudrait pas,
à mon avis, décourager ce qui existe et détruire ce qui,
jusqu'à présent, a joué un rôle très utile
dans notre province.
La deuxième proposition, c'est qu'il y a lieu d'incorporer dans
la loi un article fondamental concernant le droit du malade au libre choix de
son praticien et de son établissement de soins, comme cela existe,
d'ailleurs, à l'article 1 de la loi française du 31
décembre 1970 portant sur la réforme hospitalière. Cette
loi est récente et, à mon avis, elle représente
très bien jusqu'à quel point on peut éventuellement
innover sans pour autant détruire.
La troisième proposition, c'est qu'il y a lieu de consacrer,
comme vient de le dire d'ailleurs avec beaucoup de justesse le ministre, la
coexistence des établissements d'hospitalisation publics et des
établissements privés, de la même façon que la loi
française reconnaît ce principe dans son texte.
A mon avis, la loi française est suffisamment explicite. Elle
détermine exactement quels sont les droits, les prérogatives, les
obligations et les responsabilités et elle ne tente pas simplement de
créer une confusion entre le centre hospitalier public et le centre
hospitalier privé.
Il y a donc lieu que le nouveau texte de loi puisse
réfléter de façon précise cette distinction pour
éliminer cette sorte de discrimination que M. Deslierres a
mentionnée et qui, hélas, dans l'esprit de quelques-uns de ceux
qui seront appelés à appliquer la loi, soit par la
règlementation, soit par l'interprétation même des textes
de la loi, sera une exigence supplémentaire. Il est très facile
de revendiquer un droit lorsqu'il est clairement établi, mais il est
quasiment impossible de le faire lorsque l'arbitraire entre en jeu dans son
application.
A mon avis, il y a lieu également de revoir en profondeur les
définitions qui apparaissent au bill 65, en particulier pour
éviter les ambiguïtés créées par les articles
1-a), 1-b), 1-c) et 1-d) où l'on parle, dans chaque cas, d'institutions.
Il y aurait donc lieu de pouvoir justement voir la distinction de ces
différentes institutions et possiblement de trouver de nouvelles
expressions pour éviter, n'est-ce pas, que, lorsque l'on parlera d'une
institution, d'avoir toujours à se demander:
Est-ce une institution privée, une institution tout court, une
institution publique, une institution privée conventionnée, une
institution privée subventionnée? Ce sont autant de raisons de
confusion qu'il y aura lieu d'éliminer pour que le commun des mortels,
en d'autres termes le pauvre citoyen, qui lui doit être capable de se
retrouver dans cette espèce de fratras incroyable sur le plan juridique
et sur le plan législatif, puisse savoir exactement dans quel secteur il
se situe lui-même.
Il y a lieu également de repenser la même solution dans le
cas du mot centre que l'on trouve à 1 g) 1 h) et 1 i). La
cinquième proposition, M. le Président, si vous me permettez,
c'est la définition contenue dans l j). Elle entreprend de donner une
définition du professionnel qui ignore la réalité du droit
et des faits et qui réserve au lieutenant-gouverneur en conseil un
pouvoir de reconnaissance exorbitant.
La première partie du paragraphe 1 j) mentionne que le
professionnel est "toute personne qui, dans une institution, dispense des
services de santé ou des services sociaux et qui fait partie d'un groupe
de personnes à qui la loi confère le droit exclusif d'exercer une
profession ou de tout autre groupe de personnes déterminé par les
règlements". Je prends dont la première partie de ce paragraphe 1
j) et je dis que c'est un moyen détourné de refuser la
reconnaissance à toute une série de corporations professionnelles
qui contrôlent le titre sans contrôler l'exercice, comme par
exemple les psychologues, les diététistes ou encore les
travailleurs sociaux professionnels.
Mais dans la deuxième partie, M. le Président, 1 j), s'il
est lu avec le paragraphe 1 1) de ce même article, sur les
règlements où l'on dit: "tout règlement
adopté en vertu de la présente loi par le lieutenant-gouverneur
en conseil" entreprend de conférer au lieutenant-gouverneur en
conseil le pouvoir de déterminer par simple règlement, d'autres
groupes professionnels. A mon avis, et je le soumets avec respect, M. le
ministre, toutes ces questions découlant de la définition du mot
professionnel devraient trouver leurs solutions, non pas dans cette
législation, mais au contraire dans la législation
professionnelle dont le dépôt a été annoncé
par le Solliciteur général, le 9 juillet 1971. Je passe
rapidement, maintenant, M. le Président, aux pouvoirs d'enquête
contenu dans les articles 30 et suivants, 30 à 34 inclusivement.
On doit relire à mon avis ces articles 30 à 34 du projet
de loi, qui prévoient un pouvoir "d'investigation" et "d'enquête
particulière" que posséderaient les offices régionaux des
Affaires sociales, avec l'article 129 du projet qui, au paragraphe 1, reproduit
en fait, sans même le relire, l'article 16 de l'actuelle Loi des
hôpitaux, 1964, chapitre 164.
Mais dans le cas de la Loi des hôpitaux, l'article 16, comme
l'article 129, se limite avec raison: "à l'administration ou au
fonctionnement d'une institution." Je soumets donc respectueusement qu'il est
exorbitant de vouloir donner des pouvoirs aussi étendus et vagues que
ceux que l'on veut accorder par l'article 30: "Toute personne qu'un office
désigne par écrit a, en tout temps, accès à tous
les documents qui sont en possession d'une institution..." C'est à mon
avis un pouvoir dictatorial qui est consacré et que l'on ne retrouve
même pas dans nos lois d'impôt sur le revenu, et Dieu sait pourtant
qu'elles sont assez étendues ces lois pour permettre des investigations
et des enquêtes!
Il y a lieu, je le soumets respectueusement, M. le Président, de
repenser cette procédure, de définir les droits des
enquêteurs et surtout dans quelles circonstances précises une
enquête s'impose. Autrement, le pouvoir discrétionnaire rejoindra
son frère jumeau, le pouvoir arbitraire. Et je suggère que les
pouvoirs conférés par l'article 129 sont suffisamment
étendus pour permettre d'atteindre le but visé sans être
forcé de recourir à des méthodes inquisitoriales qui
répugnent à tout citoyen soucieux de respec-teur le droit
d'autrui.
Je ne sais pas si quelques-uns se sont penchés sur le texte,
mais, vous savez, dans le premier article, l'article 30: "Toute personne
donc, c'est très vaste qu'un office désigne par
écrit il suffit d'avoir un écrit de l'office a, en
tout temps on ne dit pas dans les heures ouvrables ou autrement
accès à tous les documents qui sont en possession d'une
institution située dans la région pour laquelle l'office est
institué..." Dans l'article 31, on dit que vous pouvez saisir: "Si, au
cours d'une investigation cette personne
que l'on mentionne à l'article 30 il apparaît qu'une
infraction a été commise à l'encontre de la
présente loi ou des règlements, la personne toujours la
même personne que l'on ne connaît pas peut saisir tout
document pertinent pour que l'office en conserve la garde." Vous rendez-vous
compte que, même dans l'application du droit pénal, il y a des
règles que l'on doit suivre et qui sont beaucoup plus restrictives? On
crée une situation, une position aux citoyens honorables pire que celle
que l'on fait, dans le droit criminel, en faveur des criminels
eux-mêmes.
Bien mieux, dans l'article 32 on dit: "Tout document qui a fait l'objet
d'un examen par la personne désignée par un office ou dont elle a
pris possession ou qui lui a été produit peut être
copié ou photographié et toute copie ou photographie de ce
document je souligne certifiée par le directeur
général de l'office comme étant une copie ou une
photographie de l'original, est admissible en preuve et a la même force
probante que l'original." Qui est donc cet individu, ce directeur
général qui n'a jamais vu où a été pris ce
document, à quelle date et dans quelle circonstance, si le document est
original ou si le document est apocryphe.
Lui seul, de sa simple signature, peut faire condamner, sur la foi de sa
signature, un individu sur un document qui peut être faux. Même
dans le cas d'un document notarié ou d'un document ordinaire il y a des
témoins, on établit la preuve de la signature, on établit
la preuve de l'existence physique de la personne qui a signé le
document, on prend des précautions. Ici, sur simple signature du
directeur général qui, lui, par oui-dire, vous affirme que c'est
un document authentique qui a été saisi à tel endroit,
à telle heure, l'individu peut être condamné.
Je soumets respectueusement que ce sont des règles, qui sont
admises dans un texte de loi, qui sont beaucoup trop exigeantes à mon
avis et surtout beaucoup trop dangereuses; non pas dangereuses si elles
étaient mises entre les mains d'individus qui ont été
qualifiés, déterminés, spécifiés, mais dans
les mains de toute personne, suivant le cas, qui a simplement obtenu la
signature d'un individu. C'est pour cette raison que je soumets
respectueusement que ces passages devraient être sérieusement
médités et surtout sérieusement modifiés.
Je passe maintenant à l'article 92. Le premier paragraphe est
rédigé de telle façon que l'on met un terme à toute
recherche qui pourrait permettre de faire avancer la médecine, à
mon avis. Ainsi, les chirurgiens du coeur ne pourront plus désormais
procéder à des greffes car ils sont sujets à des
poursuites en cas d'insuccès. Même si la famille a signé,
tentant l'ultime, essayant tout, ce document, il sera considéré
comme nul et de nul effet.
Le troisième paragraphe, à mon avis, est encore plus
surprenant, si vous me permettez ce commentaire. Le professionnel, à
l'article 92, devient le préposé de l'institution. La notion de
préposé, en droit civil je n'ai pas ici l'intention de
faire un cours implique un lien de subordination. Il y a un commettant
et un préposé. Dans ce cas, on veut mettre le professionnel
préposé de l'institution alors que, d'autre part, l'institution
elle-même n'a aucun pouvoir sur l'acte professionnel posé par le
professionnel. Elle ne le contrôle pas parce que, dans l'économie
de notre droit, ce sont encore les corps professionnels qui ont conservé
ce pouvoir. Je crois que c'est juste que ces corps professionnels, qui, eux,
connaissent la technique ou la profession en particulier, soient les meilleurs
juges dans ce domaine. Dès lors, comment peut-on, sur le plan juridique
là, je parle uniquement en juriste essayer de placer le
professionnel dans un lien de subordination, dans ce cas particulier? A mon
avis, ceci est encore une situation qui est non seulement dangereuse, mais qui
va à l'encontre même de l'économie de l'ensemble de notre
droit civil. L'article 1054, comme vous le savez, parle très bien du
préposé dans l'exécution de ses fonctions.
Vouloir faire porter sur l'institution la responsabilité d'un
acte sur lequel elle n'a aucune juridiction, sur lequel elle n'a aucun pouvoir
de décision, c'est à mon avis, non seulement exorbitant, mais
c'est injuste, illégal et irrégulier. Il y a donc lieu, dans les
circonstances, de voir à modifier la position juridique du professionnel
en fonction des faits, de la réalité et non pas en fonction de
solutions créées par des présomptions légales non
valables.
Je passe maintenant, M. le Président, à l'article 102.
Vous voyez ici, encore une fois, que toute personne en charge d'une institution
est tenue, sous peine d'infraction, de donner accès à toute
personne que le ministre autorise pour constater si la loi et les
règlements y sont observés.
Ici, nous arrivons à la deuxième catégorie de
personnes. Au début, c'était l'office. L'office, c'est assez
anonyme, parce qu'on ne sait même pas qui, dans l'office, peut donner,
n'est-ce pas, à toute personne le pouvoir d'aller enquêter.
Aujourd'hui, à l'article 102, c'est le ministre. Si vous allez
plus loin, vous verrez qu'à l'article 129, c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil. Moi, je vais vous dire, de façon
méchante n'est-ce pas, que c'est une progression ascendante. Les
pouvoirs de contrôle, les pouvoirs de police sont donnés à
trois catégories. Il y aura d'abord les mouchards, avec les articles 30
et suivants; il y aura la police avec le ministre et, finalement, il y aura
l'armée avec le lieutenant-gouverneur en conseil. Dans cette
circonstance, je soumets respectueusement...
M. LE PRESIDENT: Un instant.
M. CASTONGUAY: Un instant. Est-ce que je pourrais simplement rappeler
que l'article auquel vous faites référence, l'article 102...
M. COLAS: L'article 102, M. le ministre.
M. CASTONGUAY: ... est l'article 15 de la Loi des hôpitaux
actuelle?
M. COLAS: Oui, mais seulement je soumets respectueusement que dans la
Loi des hôpitaux actuelle, la progression est valable, parce que
justement vous avez l'article 129 que j'ai mentionné et vous avez
l'article 102, mais vous n'avez pas les articles 30 et suivants. C'est pour
cette raison justement...
M. CASTONGUAY: Très bien. Très bien.
M. COLAS: ... que je soumets respectueusement qu'il y a cette
progression ascendante que j'ai soulignée précédemment et
qui, à mon avis, est très bien pourvue, amplement pourvue par les
articles 102 et 129. C'est ce qui donne encore plus de poids et plus de
crédibilité à l'argumentation que j'ai formulée
précédemment. Parce que, autrement, on va se réveiller
dans une situation indescriptible ou tout le monde pourra enquêter sur
tout le monde. On verra, à un moment donné, se présenter
dans la même institution tout à la fois la personne nommée
par l'office, la personne nommée par le ministre et la personne
nommée par le lieutenant-gouverneur en conseil. Nous aurons, à ce
moment-là, comme je l'ai dit, les enquêteurs qui seront l'objet
d'une enquête par les enquêteurs. C'est pourquoi je soumets
respectueusement qu'une telle situation ne devrait pas exister.
Je passe maintenant, M. le Président, à l'article 133.
L'article 133, c'est ce qu'on peut appeler, à mon avis, un article
essoufflant. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, sur la recommandation du
ministre, faire des règlements qui décident dans bien des cas de
la vie ou de la mort d'une institution. C'est ce qu'on appelle une
législation par délégation. Le Parlement, de nos jours,
abandonne facilement ses prérogatives au profit de cette
réglementation qui devient souvent plus importante et plus
tâtillonne que la loi elle-même. Cependant, alors que la loi est
discutée publiquement, comme on le fait actuellement, souvent, pour ne
pas dire toujours, la règlementation est adoptée sans que les
intéressés aient été entendus. Il y a donc lieu de
prévoir que, dans tous les cas de réglementation, les
intéressés aient voix au chapitre, qu'il y ait une disposition
permettant d'en appeler, avant que l'adoption par le lieutenant-gouverneur en
conseil n'ait été complétée. De cette façon,
on éviterait les injustices qui peuvent être commises dans la
légalité. Quelle est donc la personne qui est la mieux
placée que celle qui vit tous les jours les problèmes? Or, il
semblerait, aujourd'hui, que l'on a tendance à vouloir éliminer
systématiquement et absolument les personnes qui sont les mieux
qualifiées et les mieux préparées pour connaître les
réponses aux problèmes soulevés.
C'est pour cette raison que je réclame avec insistance et
je supplie, n'est-ce pas que justement dans le cas de la
réglementation qui, dans la présente loi, aura plus d'importance,
peut-être, sinon autant que les termes de la loi actuelle, l'on ait au
moins des dispositifs ou des soupapes de sûreté pour permettre
à chaque corps intéressé, à chaque institution
concernée, à chaque groupement déterminé, de faire
entendre sa voix. On n'est pas tous des imbéciles parce qu'on est en
dehors des sphères bureaucratiques.
On a encore quand même la possibilité d'exprimer notre
point de vue et peut-être encore, même dans l'indépendance
de notre situation, l'intelligence pour apporter des solutions, car les
solutions que nous proposons ne sont pas nécessairement et
obligatoirement intéressées.
L'article 236 enfin est sans doute le plus inique pour les
hôpitaux privés; je le soumets respectueusement à M. le
ministre. Il permet à l'Etat d'exproprier sans compensation, de spolier
dans la légalité, le tout sans droit d'appel. On veut vraiment
voir disparaître à tout jamais. Et ici, M. le ministre, c'est
purement le juriste qui parle ce n'est pas celui qui a eu le plaisir de vous
entendre il y a quelques instants réciter de nouveau ce que vous avez
affirmé avec conviction et au plus grand intérêt de tous
les membres de l'ADEP, c'est le juriste qui lit simplement un texte de loi qui
lui est soumis et qui pense qu'un jour ce texte aura à être
interprété, non pas par le ministre qui était responsable
de ce texte de loi, mais malheureusement par des juges qui, eux, doivent
simplement s'attacher aux termes qu'on leur a remis pour interprétation.
C'est pourquoi, je crois, M. le Président, qu'on veut vraiment voir
disparaf-tre à tout jamais l'institution privée qui, jusqu'en
1960, a été à peu près la seule à assurer
dans notre province la dispensation des soins et des services et qui a permis
la création et le développement d'hôpitaux qui ont une
réputation nationale et parfois même internationale. Il a donc
fallu onze ans de révolution tranquille pour rayer d'un trait de plume
ce qui a pris trois cents ans à s'édifier.
Soit que le projet ait été rédigé, à
mon avis, par des étrangers au milieu hospitalier ou que l'on souffre
encore dans certains secteurs d'une ignorance de ce qu'il a fait, une chose est
certaine, M. le Président, c'est qu'en onze ans, on n'a pas
réussi, à mon avis, à édifier un nouveau
système hospitalier qui ait pu remplacer ou améliorer
sensiblement ce qui existait auparavant.
La preuve est faite aussi, comme le disait M. Deslierres, que le secteur
public coûte plus cher que le secteur privé à construire et
à administrer. C'est pourquoi nous faisons appel à la logique et
au bon sens pour éviter une euthanasie concertée de tout le
secteur hospitalier privé. Il y a lieu de donner une nouvelle
vitalité à ce secteur qui permet des économies
appré-
ciables et des services valables dans des régions ou des milieux
où le secteur public est absent.
C'est pour ces raisons, M. le Président, que j'ai fait ces
quelques commentaires. J'aurais pu m'attarder sur beaucoup d'autres articles de
la loi mais je suis convaincu que d'autres organismes pourront le faire. C'est
pourquoi je tiens à vous remercier de votre patience et de
l'intérêt que vous porterez et que le ministre portera aux
commentaires et aux suggestions que nous venons de formuler. Je suis heureux de
me mettre à la disposition des membres de votre commission pour
répondre à toute question que vous voudrez bien formuler.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je veux d'abord
souligner la participation extrêmement importante et
élaborée de l'ADEP aux travaux de la commission,
particulièrement par la voix des deux porte-parole, M. Deslierres et Me
Colas. Personnellement, même si nous partageons plusieurs des points de
vue exprimés par l'ADEP, nous différons aussi d'opinion sur
certains points particuliers. Cela n'invalide aucunement votre présence
ici et l'intérêt que suscite la présentation de ce
mémoire par votre organisme qui occupe dans le secteur des affaires
sociales une place extrêmement importante. On a fait état, au
cours des remarques précédentes, de l'évolution qui s'est
produite principalement au cours des dix ou onze dernières années
dans l'attitude des gouvernements envers le secteur privé dans le
domaine de la santé et du bien-être; on a aussi
déploré ce manque de précision quant à l'avenir des
institutions qu'on appelle conventionnées. Pour notre part, tenant
compte des déclarations que nous avions faites antérieurement et
que M. Deslierres a eu l'amabilité d'inclure dans le testament, à
ce sujet, je lui ferai remarquer qu'à la page 55, je crois, on fait
état d'une déclaration de l'ancien ministre de la Santé.
Or, je ne l'ai pas retrouvée dans les annexes, alors, je ne sais pas si
cela devrait faire partie intégrante du testament...
M. DESLIERRES: Nous allons la transmettre, M. Cloutier, aux
journalistes. Elle va circuler.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, je n'ai pas le document
ici, mais je me souviens très bien de l'attitude que nous avions prise
dans ces nombreux échanges que nous avions eus avec l'ADEP, non
seulement au niveau du ministre et des ministres adjoints, mais aussi au niveau
des fonctionnaires, principalement au niveau des sous-ministres. Il y avait eu
de ces rencontres régulières pour discuter de normes, de
financement, de l'avenir des hôpitaux privés et des institutions
qui font partie de votre groupe.
Quel est l'avenir des institutions dont vous venez donner le point de
vue présentement devant la commission? Evidemment, Me Colas, en
interprétant ou, disons, en s'arrêtant à l'article 136,
prévoit en pratique, du côté légal, des
difficultés. Il veut bien être rassuré comme nous voulons
bien, nous aussi, être rassurés par les déclarations
ministérielles qui sont faites de temps à autre, mais il reste
qu'en pratique ce sont les textes de loi qui traduisent véritablement
l'intention du législateur.
Nous avions déclaré à maintes reprises qu'il y
avait place, dans le secteur des affaires sociales, pour un secteur
privé de qualité et bien organisé, mais qu'il fallait, de
toute nécessité, réfléchir conjointement, par le
dialogue avec l'association, sur les secteurs qui pourraient être
réservés plus facilement et avec peut-être plus
d'efficacité à l'entreprise privée.
Je ne veux pas faire de rapprochement ici avec l'éducation, mais
on sait quels sont les débats qui ont entouré, au moment de la
discussion du projet de loi no 60 et par la suite, la place des institutions
privées dans le secteur de l'éducation. Je pense que
l'expérience va prouver l'à-propos des décisions des
différents ministres de l'Education. Encore récemment,
après avoir classifié cela et accordé des permis aux
institutions privées d'enseignement, on peut s'apercevoir qu'en mettant
de l'ordre dans ces secteurs il reste tout de même qu'on peut conserver
le meilleur, et du secteur public et du secteur privé.
Il faudrait une définition des secteurs, une définition
des tâches, car je ne suis pas prêt à accepter
d'emblée, sans discuter, que certainement les coûts de
construction dans le secteur privé, tenant compte de toutes sortes de
contraintes, sont plus élevés que dans le secteur public. Je ne
suis pas prêt à donner un jugement définitif, parce qu'il
reste qu'il est difficile de comparer, peut-être, une institution du
secteur privé avec celles du secteur public, sans mentionner aussi qu'il
est peut-être plus facile, en vertu des accords avec la
Société d'habitation, d'y inclure certains services qu'il est
peut-être plus difficile à l'entreprise privée d'y
inclure.
Aussi, évidemment, il y a la question de l'importance des
investissements. Vous avez mentionné dans votre mémoire qu'il y
avait $50 millions d'investissements dans le secteur privé. Devant
l'urgence d'implanter des institutions, surtout dans certaines régions
du Québec où il y avait un déficit assez
considérable, je ne sais pas si, dans ces régions
décentralisées, il était aussi facile d'obtenir pour
l'entreprise privée, à des conditions aussi bonnes que celles de
la Société d'habitation, des investissements de façon
à bâtir ces institutions soit dans le domaine de l'enfance, soit
dans le domaine des personnes âgées.
Ce sont des considérations qu'il nous fallait prendre en ligne de
compte. D'autre part, compte tenu de la qualité je parle des
institutions privées de qualité si on fait la
comparaison entre le secteur public et le secteur privé en
prenant des noms d'institutions que vous avez il y en a quelques-unes
que vous avez mentionnées et d'autres que nous connaissons bien
je crois qu'on peut dire, raisonnablement, que les coûts de
fonctionnement du secteur privé se comparent avantageusement avec ceux
du secteur public.
D'autre part, vous parlez de l'importance de la participation dans
l'administration de ces entreprises et vous êtes d'accord sur le fait que
le public doit davantage participer et s'intéresser à ces
secteurs.
Je crois que d'avoir mis en place un réseau public important
concernant les vieillards et les enfants a aussi permis d'assurer, par le
mécanisme des corporations, une certaine participation, une
sensibilisation du public, une promotion par le public et la prise en charge de
certaines de ses responsabilités conjointement avec le gouvernement.
A partir de ces considérations générales, je crois
qu'il y aura lieu pour le ministre, un peu plus tard, si ce n'est pas complet,
ce que pour notre part nous croyons, tant que les travaux de la commission ne
seront pas terminés et que nous n'arriverons pas au terme où le
ministre prendra position sur des points particuliers, où
nous-mêmes nous le ferons à la lumière des observations qui
nous auront été faites par les organismes qui seront venus devant
la commission... Je considère, ce matin, la déclaration qu'il a
faite antérieurement et le texte de l'article 136 que vous avez
soulevé, qu'il y a encore des questions et des réflexions que
nous devrons échanger à ce sujet. Parce que cela ne
m'apparaît pas, à moi non plus, assez catégorique ni assez
rassurant, autant pour le secteur public qui devra savoir à quoi s'en
tenir, que pour le secteur privé, de façon que les deux
cohabitent et se complètent. Mais de toute façon, nous sommes
conscients qu'il y avait des lacunes. Plusieurs l'ont souligné à
certains moments. Cela s'est traduit par des fermetures d'institutions. Je peux
dire à ce sujet que lorsque nous avons demandé la collaboration
de l'ADEP pour repérer des institutions qui n'étaient
définitivement pas de qualité et collaborer avec nous à la
fermeture de ces institutions, je dois dire que cela a été fait.
Nous avons obtenu de votre part une collaboration parce que vous êtes
bien conscients que ces institutions qui doivent disparaître
affaiblissent tout le secteur privé parce que cela incite,
évidemment, à porter un jugement global sur tout le secteur,
alors que c'est injuste.
A partir de là, vous portez un jugement sur le projet de loi no
65. Vous vous êtes arrêté comme juriste, Me Colas, à
certains points qui vous apparaissaient plus particulièrement
importants, comme les articles 30, 102 et 129. Je crois qu'à ce sujet,
les réflexions que vous avez faites ont attiré l'attention du
ministre et de ses fonctionnaires. Je crois qu'à ce point précis
des investigations, des enquêtes, on devrait revoir, tenant compte aussi
des autres lois, de ce qui se fait aussi dans les autres ministères,
cette section, afin qu'on ne permette pas en voulant exercer un contrôle
qui est normal, dans ce secteur, des abus qui ne sont pas admissibles, comme
vous le disiez tantôt, en vertu de l'article 30, afin que des
mandatés que l'on ne connaît pas, qui viennent au nom des ORAS ou
d'autres structures du bill 65, évidemment, imposent ou utilisent des
façons de procéder qui sont certainement inacceptables et pour
des buts inavouables.
Alors, je crois que dans votre mémoire, nous trouvons des points
précis sur beaucoup d'articles du projet de loi no 65. Vous ne les avez
pas touchés parce que vous avez voulu vous en tenir aux points
principaux mais de toute façon, je crois bien que les officiers et le
ministre prêteront beaucoup d'attention à tous les points que vous
avez soulevés
D'autre part, comme je le disais il y a un instant, vous avez
porté un jugement assez sévère sur le projet de loi no 65,
surtout dans les pages 12, 13, 14 et 15 qui sont une vue d'ensemble. Je crois
bien que "trop fort ne casse pas". Vous avez attiré l'attention de la
commission. Vous avez évidemment mis dans ces paragraphes tout ce qui
vous apparaît être dangereux dans le bill 65. Je crois bien que par
les déclarations qu'a faites le ministre des Affaires sociales depuis le
début des travaux de cette commission, il y a des dangers que vous aviez
vus dans ce projet de loi qui n'y sont pas, du moins qui ne sont certainement
pas dans l'intention du législateur. Mais il faudra voir, avant que le
projet de loi ne soit apporté en deuxième lecture, à
préciser et à clarifier ce que vous avez demandé, et ce
que les autres organismes qui sont venus devant la commission ont
demandé, afin qu'il n'y ait pas de mauvaises interprétations.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, nous aimerions, ce matin, exprimer nos
remerciements à l'endroit de ceux qui ont présenté un
mémoire aussi complet. Nous constatons surtout un point qui nous semble
extrêmement important à la suite de la présentation de ce
mémoire. Pendant des années, nos institutions privées ont
essayé, par des moyens de fortune et souventefois des difficultés
extrêmement nombreuses, de procurer au public des soins adéquats
dans certaines spécialités alors qu'aujourd'hui on leur reproche,
en fait, de ne pas être assez complètes.
M. le Président, nous croyons que c'est déplacer le
problème en réalité, parce que nous admettons que si
l'Etat ou encore le gouvernement peut légiférer et coordonner,
nous ne croyons pas qu'il lui appartienne nécessairement de tout
contrôler. Nous admettons encore que le bill 65 contient des articles qui
vraiment ont été faits par un juriste excellent, parce que
nous sommes assurés de la disparition de la majeure partie des
institutions privées, comme c'est peut-être le cas pour
l'enseignement à l'heure actuelle où on parle beaucoup plus de
cadres et de structures physiques que d'enseignement lui-même.
Je crois qu'avant tout le but du législateur devrait être
de voir à ce que la médecine soit administrée avec
qualité au public, nonobstant le fait que ce soit par une institution
privée ou une institution publique.
Nous voudrions répéter, avant de terminer les
brèves remarques que j'ai à faire, ce que nous avons
déjà dit ici devant cette commission, que le projet de loi no 65
ne soit pas approuvé ou présenté en deuxième
lecture officiellement avant la déposition du dernier mémoire de
la commission Nepveu-Castonguay. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: J'aurais une question à poser à Me Colas. Vous
avez dit tout à l'heure que l'un des effets ou des buts du projet de loi
65 était une euthanasie concertée des institutions privées
et vous avez dit que vous parliez en tant que juriste. Pourriez-vous expliciter
davantage votre position et me dire, par exemple, comment un juge qui serait
appelé à interpréter cet article 136 pourrait rendre des
décisions qui amèneraient la disparition d'institutions
privées?
M. COLAS: M. le Président, je tiens à vous dire que
lorsque le juge sera appelé à se prononcer, le mort ne pourra pas
être ressucité. Les juges ne font pas de miracles, ils ne font
simplement qu'interpréter les textes de loi. Dans le cas particulier de
l'article 136, le ministre lui-même peut convenir avec une institution,
c'est le ministre qui a toute juridiction, et le juge n'aura simplement
qu'à dire: Le ministre a agi dans le cadre des textes de la loi et comme
tel, je ne peux pas intervenir, parce qu'il avait ce pouvoir qui lui a
été donné par le législateur.
A ce moment-là, le juge n'a simplement qu'à dire amen,
même si, dans son âme et conscience, il peut considérer que
la décision ou la position prise par le ministre était inique,
injuste ou illégale, parce que le juge, comme vous le savez, monsieur,
est placé dans une position bien délicate dans notre
société. Il ne fait qu'interpréter ce que le
législateur lui a remis. Il ne légifère pas comme dans
d'autres pays, comme par exemple la cour Suprême des Etats-Unis. Aux
Etats-Unis, la cour Suprême peut légiférer. Mais, dans le
cas particulier de notre système judiciaire, le juge peut simplement
dire: Je constate qu'il y a un texte de loi, je lis le texte de loi, je
constate que les termes du texte de loi ont été suivis; par
conséquent, je ne peux pas intervenir. Tous les jours, vous voyez de ces
situations aberrantes où, malheu- reusement, par suite d'une
réglementation qui a pu être adoptée après ce
que j'ai appelé tout à l'heure une législation par
délégation par cette réglementation dont le pouvoir
est donné au ministre par l'entremise du législateur, on peut
définitivement couper le chemin à tout recours judiciaire
valable. C'est ça le danger justement. On a ouvert la porte, si on me
permet d'être plus explicite, je vais l'être. Si on veut apporter
des réformes, j'en suis. Mais, apporter des réformes, cela veut
dire, à mon avis, des réformes d'ensemble. Nous avons, dans la
province de Québec, au cours des dernières années, vu une
prolifération de textes de loi qui, de plus en plus, mettaient entre les
mains de l'Etat des pouvoirs exorbitants. Mais, en même temps, nous
n'avons pas vu la création d'organismes susceptibles de protéger
le citoyen contre cette situation déplorable, à mon avis, en tant
que juriste et homme libre. Vous avez dans d'autres pays ce que l'on appelle la
création d'un conseil d'Etat. Le conseil d'Etat existe en France, il
existe en Belgique, il existe en Italie, il existe dans nombre de pays
où tout acte administratif peut être revu par des juges
indépendants du pouvoirs qui, eux, peuvent dire que l'acte a
été posé de façon illégale,
irrégulière.
C'est ce qu'on appelle le recours en abus de pouvoir, qui est un recours
consacré et qui permet à chaque citoyen d'aller devant ce
tribunal administratif.
Ici, au Québec, inversement, chaque fois que nous donnons de
nouveaux pouvoirs à des fonctionnaires, nous éliminons le recours
systématiquement et définitivement aux tribunaux ordinaires.
Regardez l'ensemble des lois où il y a le paragraphe suivant: Tout bref
de quo warranto, de mandamus, de prohibition ou tout recours de quelque nature
que ce soit en vertu de l'article je ne me rappelle plus lequel
du code de procédure civile est aboli. Au fur et à mesure que
l'on crée des pouvoirs discrétionnaires, pour ne pas dire
arbitraires vous savez, c'est un autre avant moi qui a dit: Pouvoirs
discrétionnaires et pouvoirs arbitraires sont frères jumeaux;
c'est Voltaire qui l'a dit qui sont des pouvoirs exorbitants, si on
ouvrait en même temps des recours possibles, je n'aurais aucune
objection.
Mais là où, M. le député, je trouve que
c'est injuste de placer la responsabilité de cette situation sur les
tribunaux ordinaires, c'est que, justement, le législateur ne
prévoit pas en créant de nouveaux droits, créer
également de nouveaux recours, des recours faciles, des recours qui
permettent aux citoyens de s'exprimer. Moi, je devais demander, par exemple, un
permis. A l'heure actuelle, le gars me dit: Non, vous n'en aurez pas. Je lui
dis: Pourquoi? Il me dit: Je n'aime pas la couleur de vos cheveux. Pensez-vous
que je peux, à ce moment-là, me défendre
adéquatement si en réalité je remplis toutes les normes
voulues par la loi, mais si, d'autre part, on me dit que c'est à la
discrétion
du ministre par l'entremise de ses fonctionnaires?
Le pouvoir discrétionnaire, M. le député, ne se
contrôle pas. Comme il est dit, il est discrétionnaire et la
discrétion, ça ne se contrôle pas. Cela se contrôle
uniquement dans le cadre des termes d'une loi bien précise. Justement,
on a tendance aujourd'hui à faire ce qu'on appelle, n'est-ce pas, de
façon générale, un projet de loi qui est très
vaste, qui couvre un champ énorme, mais qui n'est pas spécifique
dans ses termes et dans son application.
Et c'est là le danger, M. le député, et c'est
là, justement, que je dis qu'il y aurait intérêt, M. le
Président ce n'est pas moi qui ai ouvert la porte, je m'excuse
à ce qu'on voit toujours, peut-être, la création
d'une commission de réforme des lois qui pourrait avoir une vue
d'ensemble ou encore un conseil d'Etat qui pourrait revoir les textes de loi
proposés au législateur. Parce qu'aujourd'hui les
législateurs sont tellement pris par toutes sortes de questions qu'il
leur est impossible de se pencher avec attention sur chacun des détails
de toutes les lois techniques qu'on leur soumet, à la vapeur, à
la fin des sessions. Cela, je dois dire que c'est un danger, et un danger
grave.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais poser une question avec votre
permission, M. le député? A moins que l'on ne prenne comme
hypothèse, au départ, que le projet de loi veut signifier la
disparition des établissements privés, pouvez-vous me dire, dans
l'article 136, pour reprendre votre expression, ce qui ferait que le patient
serait mort au moment où le juge serait appelé à juger? Je
voudrais simplement rappeler ici que cet article dit que le ministre peut
convenir avec une institution de payer les dépenses d'opération
et, en plus, de payer un loyer sur le capital investi dans
l'établissement. Présentement, lorsque nous faisons de telles
conventions, par exemple avec les hôpitaux en vertu de la Loi de
l'assurance-hospitalisation, nous avons un pouvoir réglementaire
également.
Alors, à moins que l'on ne prenne comme hypothèse, au
départ, que nous voulons fixer les niveaux de paiement
unilatéralement et à un niveau tel que ça signifie la
disparition des institutions, pouvez-vous me dire où vous voyez ce
danger ou presque cette certitude que cet article signifie la mort des
institutions? Deuxièmement, sans se réengager dans le
débat sur la façon de préparer les lois je ne crois
pas que ce soit le moment de le faire je voudrais simplement mentionner
que, présentement et au cours des dernières années,
certains mécanismes ont été établis pour la
protection des citoyens. Je pense au Protecteur du citoyen, je pense, dans le
domaine de l'assistance sociale, à la Commission d'appel des allocations
familiales et sociales.
J'en parle d'autant plus à mon aise que cela a été
établi par l'ancien gouvernement. Ici, nous avons également, en
ce qui a trait à l'émission des permis, une procédure
d'appel de telle sorte que l'arbitraire puisse être éliminé
dans la mesure du possible. Tout en rappelant que le ministre a des
responsabilités, il ne peut engager plus de fonds que le budget ne lui
permet d'en engager. Deuxièmement, il a aussi une responsabilité
vis-à-vis de la protection de la santé publique.
Je mentionne ceci non pas pour reprendre la discussion sur ce
point-là, mais plutôt pour bien comprendre votre point de vue sur
l'article 136.
M. COLAS: M. le ministre...
M. LAURIN: Avant que vous ne répondiez, Me Colas, je voudrais
simplement dire que c'était exactement la question que je voulais poser
aussi: Comment un juge peut-il premièrement, amener la mort d'un patient
à qui le ministre garantit le remboursement de tous les frais
d'opération et un rendement sur son capital investi?
Deuxièmement, je me rappelle qu'avec le ministre nous avons justement
parlé de cette procédure d'appel pour l'obtention des permis, il
y a six ou sept mois, comme une mesure de justice qu'il fallait absolument
donner à tout justiciable.
M. COLAS: Cela fait bien des questions et je vais essayer d'être
le plus bref possible, M. le Président. M. le ministre, vous avez dit
exactement ce qu'il fallait dire et vous l'avez dit avec beaucoup
d'éloquence. Lorsqu'on décide unilatéralement, il est
certain qu'à ce moment-là l'interlocuteur est silencieux et il ne
doit que dire: Je crois ou je meurs. Je dois vous dire que l'expérience
jusqu'à présent je me fais l'interprète de ceux qui
m'ont consulté relativement à ce problème est que,
malheureusement, lorsqu'on se présente non pas devant vous, M. le
ministre je dois vous dire que j'aimerais dialoguer avec vous parce
qu'on peut dialoguer mais lorsqu'on se présente devant un
fonctionnaire qui dit: Crois ou meurs, à ce moment-là, je dois
vous dire que la possibilité de dialogue est assez restreinte pour ne
pas dire inexistante.
C'est justement là le danger que nous avons vécu
jusqu'à présent et que nous ne voulons pas voir se
répéter. Lorsque M. Deslierres a affirmé publiquement
et je n'ai aucune raison de croire qu'il est menteur, M. Deslierres
qu'il s'est fait dire, peu de temps après que vous ayez
prononcé le discours dont vous avez fait mention aujourd'hui, M. le
ministre: Ce que l'on veut, c'est la disparition des institutions
privées, je me pose des questions sur la façon dont on va
interpréter, dans la réalité de tous les jours, les termes
de l'article 136. C'est là, M. le ministre, que je dis que si vraiment
ce "lip-service", que l'on veut faire sur la possibilité d'un dialogue,
n'est simplement qu'un "lip-service" et qu'en réalité l'intention
véritable n'est pas le dialogue, alors il y a danger. S'il y a...
M. CASTONGUAY: Combien sont disparus depuis ce temps-là par
manque de ressources financières?
M. COLAS: Ce que vous me demandez là n'est pas juridique et je ne
pourrai pas vous répondre.
M. CASTONGUAY: Non, mais c'est une bonne question.
M. COLAS: C'est une question qui mérite également une
réponse valable mais que je ne peux pas vous donner parce que je n'ai
pas le renseignement.
C'est pour cette raison que lorsque l'individu aura fermé ses
portes, même s'il veut avoir un recours devant le tribunal, il n'aura
aucune possibilité d'avoir satisfaction, M. le député.
C'est pourquoi, j'ai dit qu'un juge ne peut pas ressusciter un mort. On
pourrait dialoguer longtemps.
D'autre part, je remercie le ministre d'avoir souligné la
création de la commission d'appel dans le cadre de la Loi du
bien-être social. Cette commission d'appel est un point de départ,
mais encore une fois, regardez les autres textes de loi qui ont
été adoptés et vous verrez que cela n'existe pas, que cela
n'existe pas dans celui-ci.
Je vous remercie, M. le Président. Encore une fois, s'il y avait
d'autres questions je suis à votre entière disposition.
M. LAURIN: J'aimerais que M. Deslierres réponde à la
question du ministre, si c'est possible. Ce serait intéressant.
M. DESLIERRES: Je vois que vous me réservez les questions
faciles.
Je vais essayer d'être concret pour faire équipe avec notre
conseiller juridique. Prenons le cas suivant: Que le médecin nous dise:
Vos patients ont besoin de physio ou d'ergo. Il arrive fréquemment que
certains fonctionnaires vont nous répondre et je prends Fonctionnaire
avec une lettre majuscule, pour un nom propre: Ecoutez, avec 25, 30 lits, ne
nous demandez pas de vous défrayer un service d'occupation
thérapeutique ou de physio ou d'ergo ou n'importe quel autre service du
même genre. On dit, dans ce cas-là: Est-ce que je pourrais avoir
plus de lits pour être capable d'avoir le service? Il dit: Les lits, vous
savez, il ne s'est pas donné de permis depuis X temps et on n'est pas
prêt encore à décider si vous en aurez ou si vous n'en
aurez pas. Pendant ce temps-là, l'autre, à côté,
vient au monde, lui, et il vient au monde avec tous ces services. Alors, le
public se retourne et dit: Privé, valeur réduite, public,
magnifique. A ce moment-là, tranquillement, on glisse sur la pente de
l'opinion publique et on dispose d'eux parce qu'ils n'offrent pas la
qualité des services qu'on attend d'eux comme des autres. C'est le
citoyen qui est perdant.
M. LAURIN: Mais, M. Deslierres, vous ne pensez pas que la santé,
c'est d'abord une responsabilité nationale et non pas une industrie, un
commerce? C'est un capital humain à préserver.
M. DESLIERRES: D'accord, et je ferais remarquer qu'avant de soigner la
maladie, quand on est administrateur, on s'occupe du malade d'abord. C'est
naturel...
M. LAURIN: Bien, c'est parce que, dans votre mémoire, vous avez
souvent parlé de concurrence, de coûts comparatifs, des
coûts, mais vous n'avez pas beaucoup parlé d'émulation.
M. DESLIERRES: On n'en a peut-être pas parlé, mais pn a dit
au moins à quelques reprises qu'on demandait l'émulation d'une
façon formelle. C'est notre façon de justifier notre existence.
Est-ce que je peux, moi, vous offrir le même service à un moindre
coût? Si oui, je trouve que j'ai une justification sociale. Si je ne suis
pas capable de vous offrir autant pour le même prix, je suis de trop. Si
je vous demande plus pour le même service, je suis encore de trop. Mais
on peut arriver, à un moment donné, à une formule comme la
suivante, où on peut très bien dire qu'on peut faire une
convention avec le ministère, qu'on est prêt à accepter
moins que l'autre secteur, parce qu'on ne joue pas avec les mêmes
règles de jeu. On peut peut-être marché à 90 p.c. du
prix moyen de la région pour services de même nature et de
même qualité. Il y a une foule de formules possibles à
dénicher. Mais c'est...
M. LAURIN: Vous parlez de l'utilité de la notion de profit dans
ce genre d'établissement, mais avec les avantages de la notion de
profit, il peut aussi y avoir des inconvénients inhérents
à la notion de profit, en ce sens que le profit peut être acquis
dans les meilleures intentions du monde aux dépens de certaines normes
nécessaires au maintien de la santé. C'est dans ce sens-là
que je disais que le mot "émulation" me paraissait peut-être plus
indiqué que le mot "concurrence", lorsqu'il s'agit
d'établissements, d'institutions où le but premier est le
maintien et l'amélioration du capital humain d'une nation.
M. DESLIERRES: Quand on parle d'émulation en fait, c'est ce que
l'on vit actuellement, les deux régimes existent, alors il y a un
minimum de comparaison possible. Quand on parle de profit, nous, nous n'en
parlons pas, parce que nous savons que c'est un terme qui nous est
préjudiciable dès que nous le mentionnons, comme si le profit
était malhonnête. Cela dépend comment est fait le profit.
Ce qu'on ambitionne, c'est d'administrer avec efficacité puis d'aboutir
à la fin de l'année de l'exercice à un surplus
d'opération. Alors, est-ce que c'est
mal? Même l'hôpital public, si au lieu d'arriver avec un
déficit, il arrivait avec un surplus d'opération, ce que,
semble-t-il les budgets globaux vont favoriser, vont stimuler pour que les gens
prennent leurs responsabilités et donnent des résultats, il n'y a
rien de mal là-dedans, c'est de savoir ce qu'on va faire du surplus,
est-ce qu'on va le réinvestir ou est-ce qu'on va le partager? Mais en
soi, il n'y a rien de mal là-dedans à administrer dans le cadre
d'une frontière convenue. Je disais tantôt qu'on ne peut pas faire
d'abus parce qu'on négocie le prix des services et, par ailleurs, on est
soumis à des normes puis aux visiteurs du ministère. Alors, si
vous entrez chez moi et que vous passez à la cuisine sans m'avertir et
que vous découvrez que je sers du saucisson qui est moisi, je pense que
le propriétaire est mal venu de dire. Je sers de la bonne
nourriture.
Mais quand un visiteur vient nous voir et nous dit: Où
achetez-vous votre viande? On dit: Ce n'est pas votre affaire, monsieur. Venez
voir si je donne de la qualité à mes patients, ça,
ça vous regarde. Mais ne me demandez pas le nom de mon père et de
mon grand-père, cela ne vous regarde pas, c'est privé ici. Il y a
une petite différence, mais sur la responsabilité du service, il
n'y a pas de différence.
Le patient qui est là est le roi de la création quand il
entre dans une maison de soins. Si nous ne faisons pas cela, nous sommes
déjà morts. Le premier qui va nous tirer, ce ne sera pas le bill
65; ce sera le patient et sa famille et peut-être le syndicat, aussi, qui
est assez présent dans ses membres.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions? Je remercie M.
Deslierres et M. Colas de la présentation de leur mémoire.
J'invite maintenant la Fédération des médecins
omnipraticiens.
Fédération des médecins
omnipraticiens
M. HAMEL: M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres
de la commission, il ne reste plus que sept ou huit minutes du temps
alloué. Nous aurions été disposés, dans le but de
favoriser le dialogue auquel s'attend le ministre des Affaires sociales,
à faire une représentation très courte,
c'est-à-dire de moins de dix minutes pour permettre par la suite une
période de discussion, de questions et de réponses beaucoup plus
longue.
Est-ce que notre proposition agrée à M. le ministre et au
président?
M. LE PRESIDENT: Je crois que vous pouvez présenter votre
mémoire. Les membres de la commission vont poser les questions ensuite,
comme d'habitude. Nous reprendrons à 2 heures et demie. Vous avez quinze
minutes.
M. CASTONGUAY: Après le dîner, nous poserons toutes les
questions voulues. Ce pro- cessus est tellement long que, si on l'abrège
en raccourcissant les heures, on n'en finira plus. Si nous pouvions avoir la
présentation du mémoire avant le dfner, après le dfner
nous poserions les questions.
Le docteur nous dit que sa représentation, de toute façon,
aurait pris, après le dfner, sept à huit minutes. Alors, aussi
bien le faire immédiatement. Nous aurons le temps aussi d'y
réfléchir pendant l'heure du dfner.
M. HAMEL: Evidemment, comme c'est nous qui devons céder, nous le
faisons avec plaisir pour satisfaire cette commission.
Permettez-moi au départ, quand même, de présenter
les représentants de la fédération ici présents. A
ma droite, le Dr Larouche, membre du bureau; le Dr Lévesque,
vice-président de la fédération; le Dr Guy Bonenfant,
trésorier; Me François Chapados, conseiller juridique. A ma
gauche, le Dr Gilles Desrosiers, secrétaire général de la
fédération; Mme Béliveau, conseiller technique; le Dr
Bertrand, vice-président de la fédération, et le Dr
Boileau, responsable des relations publiques.
Je note avec plaisir la présence non loin de moi de notre
charmant collègue, le docteur Raymond Robillard. J'aurais plaisir
à l'inviter à s'asseoir à notre table mais je suis
convaincu de toute façon qu'au bon moment il saura souffler les bonnes
réponses.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, le texte que nous vous soumettons aujourd'hui est un
résumé sommaire du mémoire que nous avons
déposé depuis quelques semaines déjà sur le projet
de loi 65.
Nous ne reprendrons pas tous les points que nous y avons traités
ni toutes les recommandations qui s'y rattachent. Nous désirons
plutôt nous limiter aux éléments essentiels,
c'est-à-dire aux aspects du projet de loi sur lesquels, en tant que
médecins omnipraticiens, nous nous sentons obligés de nous
prononcer.
La régionalisation: Dans un mémoire antérieur, la
FMOQ a déjà reconnu la nécessité de définir
une politique sociale globale et de procéder à une planification
régionale de nos ressources. La régionalisation des services de
soins nous apparaissait alors comme le meilleur moyen d'augmenter le rendement
de nos institutions, d'utiliser le personnel sanitaire à sa pleine
efficacité et de permettre une évolution graduelle et continuelle
des services en fonction des besoins de la population.
Considérant les recommandations du rapport Castonguay-Nepveu, la
FMOQ s'est également penchée sur les problèmes que
suscitait la transposition des modèles théoriques du rapport dans
la réalité québécoise.
Aujourd'hui, nous sommes prêts à participer activement
à la réorganisation des services de soins et de bien-être,
réorganisation que vient sanctionner le projet de loi no 65. Nous
considérons cependant que ce projet de loi doit
subir d'importantes modifications si l'on veut lui accorder, au point de
départ, le maximum de chances de réussite.
Nous croyons, par conséquent, que le médecin doit avoir
l'occasion de jouer un rôle dynamique dans la mise en place d'un
système de régionalisation. Le médecin demeure l'expert
dans le domaine médical et doit participer aux décisions. "C'est
aux agents de santé qu'il incombe de percevoir et d'analyser les besoins
de santé et de soins de la population et de les interpréter pour
les administrateurs." C'est une citation de Jacques Brunet, sous-ministre aux
Affaires sociales.
La participation des médecins à la régionalisation
n'est donc pas seulement un pieux souhait. C'est une tâche essentielle.
Or, si l'ORAS doit jouer un rôle au niveau de la détermination des
objectifs, au niveau de l'allocation des ressources et au niveau de la vocation
des institutions, nous croyons que les professionnels de la santé ont
une contribution essentielle à apporter à l'exercice efficace de
ces fonctions.
Au sujet de la participation, les professionnels de la santé et
les travailleurs du système santé bien-être en
général sont les personnes dont toute la vie de travail, toute la
carrière sont liées au fonctionnement du système. On ne
peut empêcher ces personnes d'investir une quantité
considérable d'énergie et d'intérêt dans
l'organisation et l'orientation du système. Cette énergie des
travailleurs jouera donc de toute façon. Elle jouera soit dans le sens
des objectifs poursuivis, soit à l'encontre des objectifs du
système, soit enfin de façon désordonnée et non
dirigée, ne contribuant pas aux objectifs du système.
Une utilisation rationnelle des ressources devrait par conséquent
nous inciter à tenter de canaliser toutes ces énergies
inhérentes au système vers la réalisation de ses objectifs
globaux. Par ailleurs, il est illusoire de penser que l'on puisse opérer
une réorientation du système et une gestion efficace de celui-ci
si les travailleurs qui sont responsables au jour le jour de son fonctionnement
ne sont pas intégrés à ce processus de changement et
d'orientation et n'y puisent pas la motivation nécessaire pour rendre
dynamique le fonctionnement du système.
Au contraire, tous les espoirs d'un fonctionnement efficace dynamique et
harmonieux sont permis si, par la confiance réciproque et la
participation véritable, l'on permet aux travailleurs de la santé
de s'entendre avec les autres partenaires, soit l'Etat et les consommateurs,
sur les objectifs et l'orientation du système. Mais ceci implique
évidemment qu'on leur permette d'assumer dignement leurs
responsabilités sociales, grâce à une participation
véritable.
Or, comment peut-on songer à organiser des services de soins
efficaces en ignorant presque totalement la présence des principaux
responsables? Le rapport Castonguay affirmait pourtant que les soins de
première ligne constituent la première étape du
régime de la santé. Parmi les médecins, c'est
l'omnipraticien qui peut le plus efficacement assurer l'entrée dans le
système de distribution de soins. Comme généraliste, il
semble le plus apte à poser le premier diagnostic, à partir d'une
vue d'ensemble des problèmes du malade, à traiter la
majorité des cas et, au besoin, à orienter le malade vers les
services spécialisés ou hospitaliers requis.
Ce que l'on attend maintenant des omnipraticiens dans l'évolution
actuelle des services de santé, c'est qu'ils soient un
élément important et dynamique dans l'équipe des soins
généraux et de premiers contacts, qu'ils assument une
responsabilité primordiale par rapport au maintien ou au recouvrement de
la santé au sein des populations qu'ils desservent, qu'ils garantissent
la continuité des soins et qu'ils constituent, en quelque sorte, avec
les membres de l'équipe des centres locaux, une sorte de sauvegarde de
l'orientation sociale du système.
Ces responsabilités sont extrêmement lourdes, mais, vu leur
utilité sociale et le haut défi professionnel qu'elles
présentent, nous sommes prêts à les assumer.
Or, comment peut-on croire que nous pourrons efficacement jouer ce
rôle central et crucial ou encore que sera longtemps maintenue la
motivation pour tenter de le faire si nous n'avons à peu près
aucun moyen d'influencer la marche des institutions et de participer aux
décisions concernant leur organisation?
Nous souhaitons, d'une part, que l'on puisse trouver des
modalités de participation qui rendront le public consommateur
partenaire de l'Etat dans la gestion du système de santé.
Cependant, nous croyons d'autre part qu'il serait illogique d'espérer
que tout ceci fonctionne, si l'on n'y fait pas une place tout aussi importante
à ceux qui ont la lourde responsabilité de dispenser au jour le
jour tous ces soins et de faire fonctionner le système.
De façon concrète, il faudrait, qu'au sein de l'ORAS, on
puisse retrouver comme tels des représentants des travailleurs de la
santé dont au moins quelques médecins, au même titre que
l'on convie â participer les groupes socio-économiques comme tels.
Nous croyons en effet que le distributeur de soins qui perçoit
quotidiennement les problèmes de façon concrète doit
pouvoir donner son point de vue au niveau du conseil d'administration de
l'ORAS.
De même, au niveau du CLSC et du CH nous croyons que le nombre de
travailleurs de la santé siégeant au conseil d'administration
devrait être élargi de façon à permettre aux
principales catégories de travailleurs de la santé de ces
centres, dont les médecins, d'être représentées.
La participation est un phénomène nouveau dans notre
société, mais cette notion est déjà fort
contestée. Il aurait peut-être été plus prudent ne
pas l'aborder ouvertement. Si nous avons choisi d'en parler, c'est que nous
désirons vraiment en assurer le succès à
l'intérieur du
régime de santé puisque la participation constitue un des
éléments importans des objectifs qu'a définis le ministre
de la Santé, le 24 août dernier ici même en cette salle,
comme étant une priorité qui suivait immédiatement la
décentralisation de l'organisation des soins.
Conseil des médecins. Le projet de loi prévoit l'existence
d'un conseil des médecins et dentistes à l'intérieur des
centres hospitaliers. Ce conseil doit permettre au médecin d'assumer ses
responsabilités en ce qui a trait au contrôle de l'activité
professionnelle et aussi des autres devoirs et responsabilités
déjà prévus par les règlements
généraux de la Loi des hôpitaux. Même si les
structures administratives de l'hôpital sont appelées à
être modifiées, la pratique médicale y demeurera
l'activité principale et exigera les mêmes contrôles.
Nous croyons par conséquent que l'article 76 des
règlements de la Loi des hôpitaux doit être conservé
dans son essence, de même que les buts et fonctions des comités
qui assurent le fonctionnement du conseil des médecins. Ce conseil
serait donc responsable vis-à-vis du conseil d'administration
conformément aux règlements de l'organisation professionnelle,
scientifique et technique relative aux services que dispensent les
médecins et dentistes.
De plus, étant donné l'importance de l'activité
médicale au sein du CLSC, et ceci est une préoccupation
fondamentale chez nous, le besoin pourra se faire sentir là aussi de
règlementer et de contrôler l'activité professionnelle.
Nous croyons, par conséquent, qu'il est nécessaire de
prévoir la formation d'un conseil des médecins et dentistes au
sein des CLSC lorsque la dimension de l'institution le justifiera.
Secret professionnel et pouvoirs d'enquête. Le secret
professionnel apparaît comme une donnée positive en ce qu'il
représente une sorte de sécurité pour le malade,
sécurité à laquelle il s'est habitué depuis
longtemps et à laquelle il tient. En se confiant à un
médecin, il sait en effet qu'il peut décrire tout sentiment,
malaise ou maladie sans crainte de les voir dévoiler. La confiance qui
s'établit graduellement entre un patient et son médecin
découle en partie du respect de cette notion. Traditionnellement, les
médecins ont tenu à conserver, à tout prix, le secret des
dossiers de leurs patients, afin que ceux-ci puissent être francs dans
leur conversation et confiants vis-à-vis des gestes du médecin
traitant.
Le patient, par ailleurs, fournit les informations non médicales
de façon à aider le médecin dans son diagnostic. Il s'agit
là d'un élément fondamental de la relation
médecin-malade, relation qu'il importe de respecter.
Le projet de loi doit préserver le droit des malades d'être
soignés discrètement, sans que leur maladie et leur vie
privée puissent être connues de tous et chacun au moindre
prétexte. Si on ne respecte plus cette notion, la réaction
normale des patients sera de censurer eux-mêmes leur conversation tandis
que les méde- cins devront se contenter de tenir des dossiers
incomplets, ce qui ne peut manquer d'entraîner des conséquences
néfastes sur le plan de l'efficacité des soins.
Les pouvoirs d'enquête prévus ne tiennent pas compte de
l'existence de cette valeur. Nous croyons que la consultation des dossiers
médicaux doit être réservée exclusivement aux
médecins. Il faut respecter ici le caractère bien particulier de
l'activité professionnelle par rapport aux fonctions administratives.
Tout comme il est nécessaire de distinguer ces deux aspects au niveau
des responsabilités, des fonctions et des pouvoirs, il apparaît
essentiel d'effectuer cette distinction au niveau des contrôles et des
enquêtes.
Le médecin à cabinet privé. Le projet de loi ne
tient pas compte de la réalité en proposant un cadre à
l'intérieur duquel une majorité des professionnels de la
santé se trouve exclue. On se demande ici dans quel but le
législateur laisserait au lieutenant-gouverneur en conseil la
discrétion de définir cette réalité du cabinet de
médecin alors que nous sommes actuellement en mesure de la percevoir et
de l'établir de façon précise. Nous recommandons par
conséquent l'abolition de cette disposition.
De plus, nous proposons l'insertion dans le projet de loi d'une
définition du cabinet de médecin qui soit en accord avec la
situation actuelle et l'expérience quotidienne des médecins et
qui assure la libre circulation du médecin et de ses malades, du secteur
privé au secteur public. Ceci nous apparaît très important.
Cet amendement au projet de loi aurait pour effet d'aider à
éliminer les barrières entre le secteur privé et le
secteur public. Comme mesure additionnelle et dans le même but, nous
recommandons que les médecins pratiquant en cabinet privé soient
représentés au sein du conseil d'administration de l'ORAS de
façon à faciliter leur intégration dans le système
proposé par l'Etat.
Le projet de loi doit permettre à tous les médecins de
continuer à exercer librement leur médecine tout en adaptant
graduellement leur pratique de façon à répondre aux
objectifs d'une médecine globale.
Nous avons affirmé précédemment que nous
étions d'accord avec les objectifs et les principes de base du projet de
loi. Nous avons reconnu la nécessité d'une régionalisation
des services de soins. Nous avons insisté sur notre volonté de
participer à la réorganisation du système de distribution
de soins. En conséquence, et parce que nous désirons le
succès complet de cette réforme, nous nous permettons d'insister
sur ce point qui nous paraît d'une importance capitale. Si le
gouvernement s'engage dans la création d'un nouveau réseau de
distribution de soins, il importe non seulement de prévoir
l'intégration du secteur privé, mais aussi d'établir un
mode de coordination entre les activités du secteur privé et
celles du secteur public. Il faut éviter à tout prix que les deux
réseaux
d'institutions ne viennent se dresser en concurrence l'un de l'autre. Il
faut empêcher que le malade traité par un médecin
exerçant dans un cabinet privé ne soit pénalisé au
moment où il requiert les services dispensés dans une institution
du secteur public. Pour que la réorganisation des services de soins
puisse réussir, il faut garantir la coordination des activités de
l'un et l'autre secteur de façon à éliminer toute
possibilité de discrimination, autant vis-à-vis des malades que
vis-à-vis des médecins.
Enfin, négociations. Dans le contexte actuel, la
fédération ne peut imaginer comment une convention collective, au
sens du code du travail, pourrait être conclue avec une association
reconnue, étant donné que depuis les nouveaux amendements
apportés au code du travail, l'association reconnue a été,
comme telle, abrogée. Il n'y a plus, pour les fins de ce code, aucun
statut légal. Le législateur, pour être logique avec
lui-même, aurait dû faire mention à cet article, l'article
145, de la conclusion d'une entente pouvant intervenir avec une association
reconnue et non chapeauter le tout, comme il le fait, par relation de
convention collective.
L'article 145 proposé, de plus, situe à l'échelon
local des négociations qui, de tout temps pour la profession
médicale, se sont tenues au niveau provincial et gouvernemental. Lorsque
l'article 145 nous oblige à faire agréer par chacune des
institutions en cause, une entente qui aurait été conclue
auparavant, préalablement, par le ministre et la
fédération concernée, le législateur doit donc
permettre, pour les fins de ce projet de loi, qu'une convention ou plutôt
qu'une entente soit conclue au niveau gouvernemental et provincial avec une
association reconnue et non accréditée. Il se doit qu'un
amendement de cette nature soit fait en termes explicites et précis.
Nous recommandons, par conséquent, que les conditions d'exercice
et les normes de rémunération de toutes les catégories de
médecins ou de dentistes qui ne sont pas fonctionnaires du gouvernement
ou de l'un de ses organismes continuent d'être l'objet de
négociations entre le ministre et l'organisme représentatif de la
catégorie de médecins ou de dentistes représentée,
c'est-à-dire la FMOPQ, en ce qui concerne les médecins
omnipraticiens. Une telle entente lie les membres de l'organisme
représentatif en cause ainsi que les institutions où ils exercent
leur profession et demeure en vigueur jusqu'à son renouvellement.
En ce qui concerne, M. le Président, les nombreux autres
amendements que nous proposons, nous demeurons à votre disposition pour
répondre à vos questions et en discuter.
M. LE PRESIDENT: La commission va suspendre ses travaux jusqu'à
deux heures et trente. Nous recommencerons à deux heures trente. Est-ce
que tous les membres sont d'accord? Trois heures moins quart? Reprise de la
séance à 14 h 45
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Nous reprenons la séance avec la Fédération des
médecins omnipraticiens du Québec. La parole est à M.
Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier les membres
de la fédération pour le mémoire qu'ils nous ont fait
parvenir. Et, sans reprendre tous les aspects comme la nécessité
de bien protéger le secret professionnel, nécessité soit
de circonscrire ou de préciser les modalités de l'exercice des
pouvoirs d'enquête qui ont été soulevées et autres
questions sur lesquelles probablement d'autres membres de la commission
voudront poser des questions, tel que sur la participation, par exemple,
j'aurais deux ou trois questions à adresser au Dr Hamel, le
président.
Lorsque, dans le projet de loi, nous avons voulu définir par
règlements le cabinet privé, notre intention était de
faire en sorte qu'il n'y aurait pas de confusion. Ce projet de loi vise
à l'organisation des services qui, de façon
générale, reçoivent quant à leur financement des
fonds de l'Etat ou encore des services auprès desquels il est
nécessaire d'exercer un contrôle par la voie de l'émission
d'un permis, ce qui n'est pas le cas sur un plan ou sur l'autre en ce qui a
trait au cabinet privé. Nous voulions exclure les cabinets privés
par cette définition.
Je l'ai déjà dit avant cette séance de la
commission, nous sommes tout à fait disposés à
préciser cet article du projet de loi et nous étudierons avec
soin la définition que le Dr Hamel propose, de même que
l'élément qui y est contenu en ce qui a trait aux relations entre
les cabinets privés et les autres institutions dans le domaine des
services de santé, des services sociaux.
De la même manière, en ce qui a trait à l'article
145, c'est plutôt un commentaire ici, également.
Cet article vise à assurer la continuité dans les
conventions de travail pour le personnel salarié au moment où,
dans certaines institutions, de nouvelles chartes seront requises, compte tenu
des dispositions du bill 65. Ce projet de loi ne touche donc pas, par cet
article ou autrement, les relations établies ou les conventions
signées entre les fédérations de professionnels non
salariés et le gouvernement. Ce n'est pas l'intention, par ce projet de
loi, d'introduire quelque article que ce soit qui appartiendrait normalement
à la législation touchant au travail en ce qui a trait au
personnel salarié, ou aux ententes déjà signées en
ce qui a trait aux professionnels non salariés.
Alors cet article a été inclus dans ce sens. Si la
rédaction mérite d'être clarifiée ou
améliorée, nous allons sûrement le faire. Ce n'est pas
à moi de juger mais je retiens, évidemment, les commentaires que
vous avez faits.
Alors c'étaient, plutôt que des questions, des commentaires
que je voulais faire, M. le Président, et je préférerais
pour le moment donner l'occasion aux autres membres de la commission de poser
des questions au Dr Hamel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dr Hamel, d'abord je voudrais souligner la
collaboration habituelle de votre groupe aux travaux des commissions
parlementaires et aussi l'intérêt que vous prenez à tout ce
qui touche le ministère des Affaires sociales. Evidemment, c'est plus
facile dans certains domaines que dans d'autres. C'est plus facile ici que dans
les négociations.
J'entendais ce matin votre invitation à l'endroit du Dr Robillard
de venir s'asseoir à la même table que vous. Je vous inviterais
à lui répéter cette invitation lors des prochaines
négociations.
UNE VOIX: Présent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors cette question est
réglée.
M. HAMEL: Nous retenons l'invitation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dr Hamel, vous avez traité, dans votre
mémoire, d'un sujet qui est peut-être un peu plus théorique
mais qui est extrêmement important. Ce matin, vous avez glissé
là-dessus. Vous n'avez pas insisté et, même, je crois que
vous n'en avez pas parlé. C'est votre section du mémoire qui
touche au processus d'étatisation des services de santé. C'est un
chapitre dans lequel vous avez été très explicite. Vous
avez exprimé les craintes qui, je crois, sont étayées par
un certain nombre de faits.
Vous dites notamment à la page A-29: "Nous partageons ce point de
vue," en faisant allusion à une déclaration du ministre.
"Cependant, nous croyons que le bill 65 ne correspond pas à ces
objectifs en ce qu'il impose une mainmise totale de l'Etat sur l'ensemble des
réseaux de santé et de bien-être. Tel que
présenté, le bill 65 ne respecte aucunement la population et les
dispensateurs de soins. S'il réserve, en définitive, tous les
pouvoirs au ministre ou au lieutenant-gouverneur en conseil, c'est qu'il se
refuse à faire confiance aux citoyens du Québec et à tous
ceux qui ont travaillé jusqu'à maintenant à offrir des
services dans le domaine de la santé et du bien-être. C'est
vouloir imposer un régime totalitaire que d'ignorer l'apport et le
rôle du secteur privé, que de l'obliger à subir le poids de
contrôles bureaucratiques, que de le forcer à adopter des
structures qui n'auront pour effet que de freiner son élan et de
diminuer son efficacité. "Alors, c'est très clair, je crois,
comme expression d'opinion, mais selon vous, est-ce que véritablement il
s'agit là d'une intention du législateur, si elle est traduite
dans des articles en particulier, ou si ce sont des gestes qui ont
été posés qui pourraient davantage vous inspirer ces
craintes?
M. HAMEL: M. le député, si vous me permettez, avant de
répondre à cette question-là parce que ma
réponse risque d'être un peu longue vous touchez tout un
chapitre important et nous trouvons la réponse dans les pages qui
suivent. Il me fait plaisir que vous posiez cette question, j'aimerais y
répondre. Mais auparavant, j'aimerais faire certains commentaires, suite
aux propos que le ministre a tenus auparavant au sujet du cabinet du
médecin et quant à l'article 145. Cela pourra servir aussi en
même temps d'introduction à ma réponse.
En ce qui concerne le cabinet du médecin, nous avons
ajouté à la suite de la définition même du cabinet
de médecin, une deuxième partie qui se lit ainsi: "Le fait pour
un médecin d'exercer en cabinet privé n'est pas un obstacle
à l'octroi pour lui d'un droit de pratique dans une institution et le
fait pour un médecin d'exercer dans une institution quelconque n'est, en
aucun cas, un empêchement d'exercer en cabinet privé."
Normalement, ceci pourrait également être inclus d'ailleurs, dans
un chapitre autre que dans une définition.
Cela pourrait faire partie de la description des relations entre le
secteur privé et le secteur public. Je pense qu'à la suite
même de la présentation du mémoire d'un autre groupe, ce
matin, on a bien compris l'inquiétude de tous ceux qui travaillent dans
le secteur privé. En même temps que le ministre M. Castonguay
faisait une tournée, les représentants de la
fédération ont fait eux aussi une tournée, parmi nos
omnipraticiens dans la province. On a alors noté que la principale
préoccupation des omnipraticiens était justement de savoir de
quelle façon seront reliées les institutions du secteur
privé aux institutions du secteur public, parce qu'après tout,
cette loi, qu'on appelle une loi de l'organisation des services de santé
et de bien-être, met sur pied, établit un réseau
d'institutions publiques et dit très peu de chose de l'avenir qu'on
réserve aux institutions privées.
Or, cette préoccupation pour nous s'est manifestée
ouvertement et je pense que le ministre et le gouvernement doivent en tenir
compte. En ce qui concerne l'article 145,....
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais poser une question, docteur?
M. HAMEL: Oui.
M. CASTONGUAY: Suite à vos remarques et surtout à la
lecture de la deuxième partie de votre définition de cabinet de
médecin, le projet de loi est silencieux sur la tenue des cabinets
privés. J'ai mentionné que ce n'était pas un projet de loi
qui vise au financement d'organismes comme tels de façon
générale, sauf pour établir les règles, par
exemple, avec
les établissements privés. Ce n'est pas un projet de loi
non plus qui propose des programmes de santé pour une catégorie
ou pour une autre de services. A ce moment-là, la pratique en milieu
privé n'a pas à être, à notre avis,
réglementée ou à faire l'objet de dispositions dans un tel
projet de loi. Pour assurer les liens nécessaires, on nous a fait
état ici à la commission de la nécessité de
reconnaître, dans ce projet de loi, les droits du patient droits
du patient à des services de santé, des services sociaux
dans la mesure où il est possible de les reconnaître,
c'est-à-dire compte tenu des ressources existantes.
Est-ce que, selon vous, il ne serait pas préférable, pour
établir ces liens entre le secteur privé et le secteur public, de
le faire par le truchement des droits du patient et non par le truchement de
l'octroi d'un droit de pratique dans une institution alors que l'on sait fort
bien que présentement l'octroi des droits de pratique ou les
privilèges dans les institutions, ce n'est pas le gouvernement qui le
fait ni par législation, ni autrement, mais plutôt les bureaux
médicaux.
M. HAMEL: Je pense qu'on n'a pas trop de garanties actuellement, qu'on
ne refusera pas que les garanties viennent d'une voie plutôt que d'une
autre; elles pourront venir des deux. En ce qui nous concerne, en fait, nous
suggérons au gouvernement, dans notre mémoire, seulement deux
garanties très spécifiques: celle qui est contenue à la
définition du cabinet de médecin, qui a pour fin d'établir
clairement la libre circulation des médecins et des malades d'un secteur
à l'autre; de la même façon, nous avons une garantie
additionnelle qui est la représentation des médecins du secteur
privé au niveau de l'ORAS. C'est une garantie additionnelle qui ne
permettra pas nécessairement mais qui va faciliter sûrement, par
un dialogue à ce niveau-là, les relations entre le secteur
privé et le secteur public. D'autant plus que le ministre, dans son
projet de loi, lorsqu'il met sur pied son réseau d'institutions et qu'il
crée ses conseils d'administration, a bien précisé, dans
la composition des conseils d'administration par le mécanisme des
nominations croisées, les liens qui devaient s'établir entre
chacune des institutions du réseau.
Si le ministre a cru bon, au niveau des conseils d'administration, de
recourir à ce mécanisme de nominations croisées pour
établir des liens organiques entre les institutions de son
réseau, nous pensons qu'il ne sera pas mauvais non plus qu'il y ait une
possibilité de nominations croisées c'est la seule que
nous demandons au niveau de l'ORAS, du secteur privé, et elle est
bien minime en fait. Elle est même disproportionnée. Elle est
insuffisante à notre point de vue. C'est un minimum pour bien
représenter le secteur privé.
M. CASTONGUAY: Plus précisément, docteur d'abord
une question comment voyez-vous l'addition d'un tel article stipulant
que le fait d'exercer en cabinet privé n'est pas un obstacle à
l'octroi pour lui d'un droit de pratique dans une institution et le fait pour
un médecin d'exercer dans une institution quelconque n'est en aucun cas,
un empêchement d'exercer en cabinet privé?
Comment voyez-vous ceci, particulièrement la première
partie de la proposition, par rapport au rôle que jouent
présentement les bureaux médicaux dans l'octroi des
privilèges en milieu hospitalier?
M. HAMEL: En fait, nous ne pensions pas tellement aux médecins
qui oeuvrent en milieu hospitalier. Nous pensions davantage, par exemple,
à un médecin qui dirige un malade dans un CA, dans un centre
d'accueil. Nous pensions encore plus aux malades qu'aux médecins. Est-ce
que les malades, par exemple, qui seront dirigés dans un centre
d'accueil ou dans un CSS, pourraient subir une discrimination par rapport aux
malades qui seraient dirigés dans ces mêmes institutions par des
médecins oeuvrant dans les CLSC?
M. CASTONGUAY: Nous avons dit que nous voulions ajouter des dispositions
de cette nature dans le projet de loi pour reconnaître le droit du malade
à des services de santé et à des services sociaux. Alors,
est-ce qu'on répond à votre voeu?
M. HAMEL: Bien, évidemment, il y a deux entités
juridiques: il y a le malade et il y a le médecin. Lorsque nous avons
parlé de libre circulation, nous avons parlé de libre
circulation, et du médecin et du malade. Que vous reconnaissiez dans un
article le droit à la libre circulation du malade, nous en sommes, tant
mieux, nous applaudissons, mais il faut permettre en même temps la libre
circulation du médecin.
M. CASTONGUAY : Alors, pour revenir à ma question, comment
conciliez-vous cela avec l'existence des bureaux médicaux en ce qui a
trait aux hôpitaux laissons faire les centres d'accueil et
avec le rôle qu'ils jouent présentement quant à
l'attribution des privilèges dans les hôpitaux?
M. HAMEL: Je pense que c'est d'un autre ordre, parce que, en plus de ce
droit, le conseil des médecins possède des devoirs et des
responsabilités. Devoir du contrôle de l'activité
professionnelle, qui est déjà inclus dans la loi, et d'autres
devoirs et responsabilités qui sont exercés actuellement par le
biais des règlements de la Loi des hôpitaux, comme ceux de la
nomination, de la révocation, du statut, de la discipline du
médecin. Alors, là, nous parlons de pouvoirs ou de droits qui
sont accordés dans le but de contrôler l'activité
professionnelle, donc pour une fin donnée. Nous parlons, nous,
non pas simplement de devoirs et de responsabilités, mais de la
reconnaissance d'un droit de libre circulation dans toutes les
institutions.
Autrement dit, nous ne voulons pas qu'un système de
récompenses et de punitions puisse s'établir en faveur des
médecins qui exerceraient en cabinet privé par rapport à
ceux qui choisiraient d'exercer dans un CLSC.
M. CASTONGUAY: Alors, est-ce que cela veut dire que, par rapport
à la situation actuelle, selon cette proposition, les bureaux
médicaux n'auraient plus le rôle qu'ils jouent présentement
quant à l'attribution de privilèges à des médecins
praticiens?
M. HAMEL: Pas du tout, pas du tout, d'aucune façon. Nous croyons
que c'est un ordre de droits et de responsabilités tout à fait
différent.
M. CASTONGUAY: Oui, mais quand on lit le texte, docteur, qui dit: "Le
fait pour un médecin d'exercer en cabinet privé n'est pas un
obstacle à l'octroi pour lui d'un droit de pratique dans une
institution".
M. HAMEL: M. le ministre, vu que vous m'engagez sur un terrain juridique
et que cet article a été écrit par un juriste, je vais lui
demander de répondre à votre question.
M. CHAPADOS: M. le Président, je dois tout d'abord vous dire, en
toute déférence toujours, que la commission parlementaire perd au
change; ce matin elle avait un juriste, cet après-midi elle a un modeste
avocat, pour autant que la modestie est le propre des membres du Barreau.
En réponse à votre question, je dirai ceci, M. le
ministre. D'une part, si on se réfère au projet de loi tel que
déposé en Chambre, l'on est en droit, par exemple, de se demander
si, indirectement, le statut des conseils des médecins et le rôle
éventuel qu'ils seront appelés à jouer ne sont pas, d'une
certaine façon, mis en question. Bref, on les réduit, à
toutes fins pratiques, à des organismes quasi judiciaires de
contrôle qui excluent le pouvoir de réglementation qu'on leur
octroyait avant, sous réserve, évidemment, que le projet de loi
déposé leur accorde le pouvoir de faire des règlements de
régie interne et d'établir les mécanismes de façon
à leur permettre de contrôler l'acte médical.
M. le Président, disons que c'est dans ce contexte que cette
définition a été proposée, et comme l'a justement
souligné tout à l'heure le Dr Hamel, nous avons cru bon de faire
un addenda qui, en soi, est explicite et extrêmement clair. D'une part,
le rôle des bureaux médicaux tels qu'on les connaissait est remis
en question. Et devant cela il y a l'article 133 du bill 65 en vertu duquel le
lieutenant-gouverneur en conseil aura à adopter de nouveaux
règlements pour remplacer précisément les anciens
règlements adoptés en vertu de la Loi des hôpitaux. Disons
que c'est le premier point.
Deuxième point. En vertu du paragraphe a) de l'article 133, le
lieutenant-gouverneur en conseil se réserve le droit d'établir
des classes d'institutions et de déterminer les activités que
chacune de ces institutions peut exercer, etc.
Dans le cas, par exemple, d'un centre local de services communautaires,
si le gouvernement est appelé à réglementer les
activités de ces institutions, disons que nous avons
procédé de la façon suivante: Le projet de loi comme tel
ne fait pas mention du réseau de cabinets privés; par contre,
nous disons que, plus il y aura de réglementation au niveau du centre
local de services communautaires et plus l'activité de ce type
d'institutions sera étendue, moins, évidemment, le champ
d'activité des cabinets de médecins sera étendu, plus il
sera restreint.
Devant tout cela, M. le ministre, sans vouloir par cette disposition
amender ou toucher directement ou indirectement au rôle que jouent
actuellement les conseils de médecins, nous soumettons qu'il s'agit
là d'un droit fondamental; il y en a un autre, c'est le droit du patient
d'être traité dans une institution publique. Deuxièmement,
il y a également le droit des distributeurs de soins et ceci a
été, d'une certaine façon, accolé à la
définition du cabinet de médecin pour que ce soit inscrit dans la
loi et pour qu'il n'y ait aucun doute quant aux droits qu'auront les
praticiens. Le gouvernement, théoriquement, pourrait adopter une
réglementation telle qu'au niveau du centre local de services
communautaires, à toutes fins pratiques, il n'y ait que des
médecins ou des professionnels salariés qui puissent y
oeuvrer.
C'est une hypothèse. Je ne dis pas que ce sont là les
intentions du ministère. Mais, bref, c'est partant de cette remise en
cause du rôle des conseils de médecins, partant du contexte
général, prenant en considération ce droit des patients et
évidemment la réalité qui était celle des
médecins auparavant, les droits ou les privilèges qu'avaient les
médecins, que nous proposons que cette garantie soit inscrite dans la
loi, que ce soit à l'article des définitions ou ailleurs.
Je ne sais pas si ça répond à votre question.
M. CASTONGUAY: Cela apporte beaucoup de clarifications. Il y a un
aspect, par contre, que je voudrais mentionner. A l'article 81 on dit: "Le
conseil des médecins et dentistes est responsable vis-à-vis du
directeur des services professionnels, conformément aux
règlements: "a) de la mise en place et du fonctionnement des
mécanismes requis pour assurer le contrôle des actes
professionnels posés dans l'institution." Il n'en demeure pas moins que
dans ces mécanismes, et même si ce n'est pas dit
spécifiquement, ce n'est pas simplement un contrôle portant sur
l'examen d'un acte ou des actes posés mais ça peut porter
également sur l'attribution ou la définition des conditions que
doivent respecter les médecins pour pratiquer dans un hôpital. De
telle sorte que, dans un hôpital donné, le conseil des
médecins pourrait
dire: Un médecin qui ne pratique pas ici de façon
régulière ne peut pas faire tel type de chirurgie, par exemple,
très spécialisée. Il n'est pas admis à moins qu'il
ne le fasse de façon très régulière, qu'il soit
bien au fait des dernières techniques, qu'il soit toujours au
courant.
Alors, il ne faut pas voir l'article 81 a) comme empêchant le
conseil d'établir des mécanismes sur ce plan aussi.
C'était dans ce sens que je posais mes questions de telle sorte que,
d'une part, par l'addition d'un article ou d'un droit, on ne vienne pas
réduire la portée d'un mécanisme qui peut s'avérer
nécessaire.
M. BOIVIN: Est-ce que M. le ministre pourrait répondre à
cette question: Est-ce qu'il y aura un bureau médical dans des centres
communautaires, par exemple, qui pourra assurer au médecin les
mêmes prérogatives qu'il a à l'hôpital, dans les
centres d'accueil et dans les centres communautaires?
M. CASTONGUAY: Nous n'avons pas prévu, dans les centres
communautaires, la formation d'un conseil des médecins tel qu'il est
prévu ici, compte tenu du fait que, dans certains cas, ces centres
locaux seront de petite taille, selon les populations desservies. On a cru que
les contrôles exercés par le Collège des médecins
vis-à-vis de la pratique de chacun des médecins, dans ces
centres, pourraient s'avérer suffisants. S'il semblait nécessaire
qu'un tel conseil soit formé pour les centres qui ont une certaine
taille, un certain nombre de médecins, sur ce plan nous sommes
disposés à écouter.
M. BOIVIN: Dans le projet de loi, vous dites qu'un centre d'accueil peut
être trop petit pour avoir un bureau médical. Mais la profession
médicale ne pourrait-elle pas au moins avoir une représentation
au conseil d'administration de ces centres?
M. CASTONGUAY: A l'article 49 c), on dit: "Une personne nommée
pour deux ans par les professionnels exerçant dans le centre."
M. BOIVIN: Il faut bien penser que les soins médicaux sont
exercés par la profession médicale, évidemment. Je
comprends qu'il peut y avoir un thérapeute, qu'il peut y avoir quelqu'un
de différent, mais je pense que les médecins ont peut-être
raison pour leurs malades d'avoir une représentation à ces
conseils d'administration.
M. CASTONGUAY: Je ne le nie pas. J'écoute très
attentivement.
M. HAMEL: Je voulais tout simplement faire remarquer, M. le
Président, que nous avons été mis sur une mauvaise piste,
quand on parle de l'article 81 a), en ce qui concerne le droit à la
détermination des conditions auxquelles les professionnels sont admis
dans les institutions parce que cette réglementation est rendue possible
par le lieutenant-gouverneur en conseil en vertu de l'article 133 q) qui,
explicitement, permet de déterminer les conditions auxquelles les
professionnels sont admis dans les institutions pour y exercer leur
profession.
De toute façon, je pense que, sur ce point, les explications de
notre conseiller juridique sont assez précises. Je lui demanderais, si
vous le permettez, de clarifier le second point de vue, vu que même
d'autres membres de la commission nous ont dit, entre-temps, que
l'interprétation de l'article 145 n'était pas claire. Je
demanderais, M. le Président, à notre conseiller juridique de
faire ses commentaires là-dessus parce que, selon notre
interprétation, l'article 145 nous oblige à négocier
à l'échelon local plutôt qu'à l'échelon
provincial, et, automatiquement, permet au gouvernement, par l'article 75,
qu'il faut lire en même temps que l'article 145, permet, dis-je, au
lieutenant-gouverneur en conseil de déterminer unilatéralement
les conditions de travail lorsque le personnel n'a pas d'entente collective.
J'aimerais que Me Chapa-dos vous explique cela. Nous savons très bien,
là encore, que les intentions du gouvernement sont pures. Personne ne
les met en doute. Nous reviendrons tout à l'heure au processus
d'étatisation. Mais nous lisons le texte et nous savons qu'à tous
les jours les conventions que nous avons signées avec le gouvernement et
avec le ministre, de bonne foi, qui ont été signées de sa
part de bonne foi, sont violées depuis en particulier six mois par ses
subordonnés j'aime à le croire, à l'insu du
ministre. Il faut non pas ici juger des intentions du ministre ou du
gouvernement mais nous pencher sur le texte et nous demander de quelle
façon le texte pourra être interprété par ceux qui
seront chargés de nous l'interpréter.
Ceci d'ailleurs, d'autant plus que les négociateurs du
gouvernement eux-mêmes, à certaines reprises depuis quelques mois,
nous ont laissé entrevoir quel type de négociation pourrait
être établi à l'avenir et qui se traduit justement par les
articles 75 et 145.
M. CHAPADOS: M. le Président, je prends note des paroles que le
ministre a prononcées tout à l'heure lorsqu'il a dit que, par le
biais de l'article 145, le gouvernement n'avait aucunement l'intention de
bouleverser le mode de négociations qui a cours depuis quelques
années entre la profession médicale et le gouvernement.
Encore là, comme l'a dit le ministre, ce n'est pas notre
intention, mais, comme avocat, j'ai appris très jeune une chose, c'est
que souvent les juges nous disent: Très bien, c'est ce que vous
prétendez, mais ce n'est pas ce que dit le texte. J'aimerais, dans ce
contexte, vous faire part tout bonnement de mes commentaires concernant les
articles 75 et 145.
En ce qui a trait tout d'abord à l'article 145, je voudrais en
souligner toute l'ambiguïté. L'article 145 se lit comme suit: "Sous
réserve
de l'article 36 du code du travail le cas échéant
évidemment, c'est une disposition qui maintient la certification en
dépit de transferts, fusions, etc., c'est donc normal dans les
circonstances et j'écarte cette partie de l'article 145, ce qui reste
étant extrêmement important une convention collective de
travail régissant des membres du personnel d'une institution, autre
qu'une convention collective visée par le chapitre, etc. "Pour les fins
de la mise au point, j'exclus également cette référence,
ce qui fait que l'article 145 stipule qu'une convention collective de travail
régissant les membres du personnel d'une institution" n'est valide que
si elle est négociée et agréée, pour le compte de
ce personnel, par l'association reconnue ou accréditée en vertu
du code du travail et pour le compte de l'institution, par ses
représentants autorisés et par le gouvernement ou ses
représentants." Ceci dit, j'aimerais tout d'abord attirer votre
attention et celle de l'honorable ministre sur le terme de "convention
collective" qui est employé au tout début.
Evidemment, le terme de "convention collective" est un terme de droit de
travail et l'on doit se référer au code du travail pour la
définir. L'on sait très bien que le vocable de "convention
collective" présuppose évidemment association
accréditée, négociation et convention. Bref, il
présuppose que toutes les dispositions du code du travail
reçoivent application.
Ceci dit, l'on continue... "n'est valide que si elle est
négociée et agréée, pour le compte de ce personnel,
par l'association reconnue ou accréditée en vertu du code du
travail..." Alors, que veulent dire ces dispositions? Je m'attache ici à
"association reconnue ou accréditée." L'on sait très bien
qu'en vertu de l'ancien code du travail, l'association reconnue avait un
statut, en ce sens qu'un patron pouvait négocier une entente avec une
association qui n'était pas accréditée mais qu'il
reconnaissait de facto. L'entente était signée, elle était
déposée et elle avait force de loi. Depuis l'adoption du nouveau
code du travail, il n'en est plus ainsi et l'association reconnue n'a plus
aucun statut légal, ce qui fait qu'en vertu du nouveau code du travail,
seule l'association accréditée persiste. Alors, quand je vois
dans le texte que si elle est "négociée et
agréée... par l'association reconnue ou accréditée
en vertu du code du travail", je me pose une foule de questions et à
cause de l'importance de l'article 145, je soumets en toute
déférence que cet article doit être amendé.
Si on a voulu reconnaître l'association reconnue, je me dis:
Pourquoi emploi-ton le terme de "convention collective" en début de
l'article 145 ou "accréditée en vertu du code du travail"? Est-ce
que les mots "en vertu du code du travail" qualifient association
accréditée et de même association reconnue? Bref, l'on
s'aperçoit que dans son libellé actuel l'article 145 nous oblige
à poser une foule de questions. Encore une fois, M. le Président,
à cause de son importance, je pense que cette disposition devrait
être amendée.
M. CASTONGUAY: Je prends bonne note de cette suggestion pour clarifier,
parce que comme je l'ai dit, le bill ne vise pas à modifier les
relations au plan des négociations avec les fédérations,
le cadre des négociations. Nous prenons bonne note de votre
recommandation, vous pouvez en être assuré.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pourrais-je poser une question?
M. Chapados, une association reconnue peut négocier une
convention collective de travail.
Mais une association reconnue n'est pas régie par le nouveau code
du travail, il faut qu'elle soit accréditée, c'est ça que
vous avez dit?
M. CHAPADOS: C'est ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors tout simplement pour rendre l'article
plus fonctionnel, il faudrait enlever "pour le compte de ce personnel, par
l'association reconnue..." Il faudrait enlever ce passage de l'article et
parler tout simplement d'association accréditée. Est-ce que c'est
ça que vous suggérez?
M. CHAPADOS: Bon, justement c'est ce que je suggère à ce
stade-ci.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vous consulte, ne m'envoyez pas de compte
d'honoraires par exemple
M. CHAPADOS: A ce que je vois, M. le Président, les avocats ont
mauvaise réputation. M. le Président, j'aimerais ajouter ceci.
Disons que la première série de questions que j'ai posées,
justement, se référait au libellé flou de l'article 145.
Mais il y a également un autre problème qui est extrêmement
important, encore une fois, dans le contexte des négociations que la
profession médicale a toujours eues et a toujours tenues avec l'Etat, et
c'est le suivant et là je me réfère conjointement
aux articles 75 et 145 de deux choses l'une: ou le médecin,
sous-entendu salarié, n'est pas couvert par une convention collective,
et à ce moment-là, c'est l'article 75 qui s'applique, article qui
stipule: "Le secrétaire ainsi que les autres fonctionnaires et
employés d'une institution publique qui ne sont pas des fonctionnaires
et employés du gouvernement ou de l'un de ses organismes et qui ne sont
pas régis par une convention collective de travail sont nommés et
rémunérés suivant les effectifs, normes et barèmes
établis par règlements;..." alors je soumets ici que l'article 75
parle du vocable "employés" en termes génériques. Il peut
tout aussi bien, à ce compte-là, couvrir, par exemple, un
médecin qui oeuvre soit dans une institution psychiatrique ou autre, qui
est à salaire et, qui de ce fait, étant donné qu'il n'est
pas couvert par une convention collective, voit ses honoraires fixés en
vertu de l'article 75.
Maintenant de deux choses l'une: ou ce médecin-là
désire faire partie d'une association
accréditée, ou il désire négocier, de
façon analogue à ce qui se passe, par exemple, dans le cadre du
régime général d'assurance-maladie. Que se passe-t-il? Il
se passe ceci, c'est que de cette disposition l'article 145, tel que, disons,
amendé par M. Tremblay, député de Sainte-Marie, et moi,
permettrait à ce médecin-là de négocier ses
conventions de travail.
D'autre part, s'agit-il de médecins qui ne sont pas
syndiqués, qui ne sont pas accrédités mais qui, par
contre, veulent user du droit bien légitime de s'unir pour
négocier des conditions de travail et veulent procéder par
analogie de la même façon que ça se passe ailleurs dans le
cadre du régime général? Alors je soumets que l'article
145 est incomplet, c'est pourquoi nous proposons, à l'article 145, qu'on
ajoute un deuxième paragraphe qui se lirait comme suit: Les conditions
d'exercice et les normes de rémunération de toute
catégorie de médecins ou de dentistes qui ne sont pas
fonctionnaires du gouvernement ou de l'un de ses organismes sont l'objet de
négociations entre le ministre et l'organisme représentatif de la
catégorie de médecins ou de dentistes représentés.
Une telle entente lie les membres de l'organisme représentatif en cause,
ainsi que les institutions où ils exercent leur profession et demeure en
vigueur jusqu'à son renouvellement.
J'aurais une chose à ajouter, M. le Président. J'aimerais
souligner au ministre des Affaires sociales que cette proposition-là
s'inspire d'une tradition qui a été établie dans un autre
domaine et qui a donné à ce jour de très bons
résultats et tient compte également de la réalité
telle qu'on la connaît et qui veut que c'est là un fait, je
ne veux pas invoquer trop facilement les faits historiques dans les
faits, les médecins, selon qu'ils sont spécialistes ou
généralistes, au cours des dix dernières années,
aient voulu se faire représenter par deux fédérations
distinctes.
M. BOIS: A la page 21 il est fait mention des services professionnels.
Le directeur des services professionnels aura à administrer sans doute
des services de santé des services sociaux, ainsi que l'enseignement.
Est-ce que vous voyez un obstacle à ce qu'un directeur de services
professionnels contrôle ou surveille les trois choses en même
temps? D'après le projet de loi, un directeur de services professionnels
aura, quand même une supervision sur les services de santé, les
services sociaux ainsi que l'enseignement.
M. HAMEL: Sûrement. C'est pour cela que nous disons que le
directeur des services professionnels est, sur le plan administratif,
responsable vis-à-vis du directeur général, de
l'organisation des services de santé et des services sociaux. Il est, en
outre, chargé des autres fonctions que lui confèrent la
présente loi et les règlements. Nous avons éliminé,
dans notre proposition, l'enseignement dispensé par les professionnels
du centre. J'avais à répondre à une question de M.
Cloutier. Je ne vous ai pas oublié.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense que . vous pouvez répondre
à ma question. Je voudrais enchaîner avec des sous-questions.
M. HAMEL: Parfait.
M. BOIS: Est-ce que je peux continuer ou si vous avez autre chose
à ajouter?
M. HAMEL: J'aurais aimé répondre à M. Cloutier
avant qu'on oublie la question, parce qu'elle a une certaine dimension.
M. BOIS: Très bien.
M. HAMEL: M. Cloutier m'a demandé d'expliquer un peu ce qu'on
voulait dire par processus d'étatisation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez donné, à la page A-30,
l'explication de son caractère totalitaire en lui reprochant certains
aspects particuliers.
M. HAMEL: C'est cela.
M. CASTONGUAY : Là, vous ne nous prêtez plus d'intentions
pures; on entre dans le domaine des intentions noires.
M. HAMEL: Disons que c'est la partie que nous ne pouvons malheureusement
pas oublier. Il y a une partie qui est en relation avec la loi elle-même
et il y a une autre partie qui est en relation avec l'expérience que
nous vivons actuellement à l'occasion de l'amorce de
l'établissement des premiers CLSC au Québec.
En ce qui concerne le contenu de la loi, vous avez les
pénalités exagérées; vous avez les pouvoirs
d'enquête dont il a été question. Je pense que tout le
monde est d'accord avec nous pour signaler que ce sont des pouvoirs abusifs.
Nous avons l'expropriation des investissements privés sans aucun
avertissement préalable. Nous avons l'absence de liens clairement
définis entre le secteur privé et le secteur public. Nous avons
des économies douteuses parce que, dès le départ, dans
l'installation des CLSC, nous nous sommes aperçus à un certain
moment que le gouvernement dépensait des sommes d'argent pour
établir des cabinets de consultation à l'intérieur de
certains hôpitaux et laissait, évidemment, les cabinets de
consultation vides, alors que les sommes dépensées auraient pu
servir plus avantageusement à construire des lits, par exemple.
Nous ne sommes pas certains actuellement que les dépenses
encourues par le gouvernement dès l'amorce de ces CLSC soient
nécessairement des économies douteuses. D'une façon un peu
plus sérieuse par contre, nous avons, au niveau des relations humaines
entre les représentants
du gouvernement, les fonctionnaires et les médecins, des
précédents qui sont créés actuellement et qui sont
sérieux et même graves dans certains cas. Nous en donnons certains
exemples aux pages A-35 et A-36. Dans certains cas, lorsque tous les
médecins d'une ville ont accepté de faire partie d'un CLSC et
d'installer leur cabinet de consultation dans ce CLSC-là, les
fonctionnaires du gouvernement, lorsqu'ils discutent, en réponse
à des questions des médecins, du personnel qu'ils auront à
leur emploi, leur apprennent, par exemple, que le gouvernement a
décidé qu'ils auraient une secrétaire ou un membre de
personnel par quatre médecins. C'est une décision
unilatérale, sans appel, que les médecins sont obligés
d'accepter.
Souvent, ces médecins-là ont un cabinet de consultation
bien équipé, une instrumentation appropriée à leurs
fonctions; on leur apprend que cette instrumentation et cet équipement
de cabinet ne seront pas utilisés par le CLSC. On veut une
instrumentation uniforme.
On pourra peut-être considérer de vendre leur
équipement personnel, spécifique des médecins, quitte
à leur en donner le profit.
A d'autres moments, lorsque les médecins hésitent à
faire partie d'un CLSC, on verra un fonctionnaire, par exemple, aller
rencontrer un médecin chez lui et lui rappeler que, dans sa serviette,
il y a des dossiers médicaux qui pourraient le compromettre. En
exerçant ce chantage-là, on finit, à certains moments
et nous savons que ceci est sûrement à l'insu du ministre
à forcer le médecin, évidemment, à accepter
ce qu'il n'aurait peut-être pas accepté autrement. Alors, de toute
façon, nous avons des exemples nombreux de cette nature, nombreux en
fonction du petit nombre encore des CLSC qui sont en implantation, qui font que
les médecins se sentent absolument dépourvus face à ces
fonctionnaires du gouvernement qui prennent les décisions de
façon unilatérale, souvent sans consultation.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais faire un commentaire ici,
étant donné qu'il y a certaines choses dans ce que le Dr Hamel
dit qui m'apparaissent assez graves? Par exemple, le Dr Hamel vient de dire que
des fonctionnaires du ministère disent qu'ils ont dans leur serviette
des dossiers médicaux qui pourraient être utilisés pour
faire chanter des médecins. Je ne crois pas que cet après-midi
soit le moment de demander des détails précis. Mais est-ce que le
Dr Hamel pourrait me transmettre ce type de renseignement de façon
très précise, de telle sorte que cela ne demeure pas des
affirmations de nature générale et que si le ministère,
vraiment, a des officiers qui agissent ainsi, je puisse le savoir et prendre
les mesures appropriées.
Quant aux sommes qui seraient dépensées à
l'intérieur d'hôpitaux pour faire des aménagements, alors
qu'il y a des investissements actuellement, j'aimerais aussi avoir des
préci- sions, étant donné que, généralement,
on nous fait le reproche que nous n'investissons pas suffisamment
présentement dans les hôpitaux pour développer les
ressources hospitalières. Alors, j'aimerais aussi savoir les cas
précis où ceci se serait produit, de telle sorte que si nous
devons vraiment modifier nos façons de prendre les décisions au
plan des investissements, nous puissions le faire, mais à partir de cas
bien concrets.
M. HAMEL: Sûrement, M. le ministre. Nous vous fournirons ces
informations de façon précise.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, j'ai
écouté tantôt, avec grande attention, les explications
données par le Dr Hamel et les faits qu'il apporte à l'appui des
craintes et des appréhensions de son organisme. Evidemment, le ministre
a parfaitement raison de demander au président de la
fédération de lui faire part de ces cas précis, parce que
si ces cas tendent à se généraliser, évidemment,
c'est là l'indication d'un état d'esprit qui, assurément,
ne correspond pas, j'imagine, à l'intention du législateur, si on
le base sur les déclarations faites par le ministre depuis le
début des travaux de cette commission. Alors, à partir des
échanges que vous avez eus tantôt au sujet des cabinets
privés, quant au recrutement des médecins ou des professionnels
de la santé à l'intérieur des CLSC, je crois qu'il est
opportun, à ce moment-ci, que nous ayons des précisions quant
à l'intention du législateur sur la pratique, les
modalités de pratique de l'exercice de la médecine en ce qui
concerne particulièrement les généralistes. Parce que vous
mentionnez à la page A 34, une expérience: ... le
gouvernement qui a engagé quelques centaines de milliers de dollars pour
agrandir et transformer les locaux d'un hôpital et installer un centre
local de services communautaires. Et on dit que les médecins et les
pharmaciens organisèrent leur pratique à l'intérieur de
l'hôpital. Vous nous parlez aussi d'un autre cas où on a
regroupé des médecins à l'intérieur d'un autre
immeuble, délaissant l'équipement qu'ils avaient et enfin, vous
avez rapproché cela du problème d'expropriation sans entente ou
sans considération.
Alors, je crois que c'est un aspect important et qu'à ce
moment-ci il ne faudrait pas que le gouvernement s'engage dans la mise en
application du projet de loi 65, en laissant des points d'interrogation aussi
importants dans l'esprit des professionnels de la santé, que ce soient
des omnipraticiens, des généralistes ou des spécialistes
qui viendront un peu plus tard et qui, eux aussi, je pense bien, ont les
mêmes appréhensions.
M. HAMEL: Si vous me permettez, je vais vous donner deux autres
exemples. Deux que j'ai vécus personnellement. Dans une
région
assez isolée, je passe après un des fonctionnaires de la
division de la programmation qui vient de vendre aux médecins de la
région, qui sont en très petit nombre, l'idée de
créer un CLSC en les rassurant que ce seront eux qui vont
contrôler l'administration du CLSC parce qu'il y aura au moins quatre
omnipraticiens au conseil d'administration. Quant j'arrive là et que je
leur présente le bill 65 qui dit tout autrement quand on le lit, c'est
un type d'aventure que nous avons assez fréquemment.
D'autre part, beaucoup plus sérieuses sont les méthodes de
recrutement des jeunes qui sortent de l'université. Dans un certain cas,
des fonctionnaires du gouvernement ont recruté plus d'une demi-douzaine
d'omnipraticiens dans une région et ils leur ont même fait signer
une espèce de contrat en bonne et due forme leur assurant un certain
salaire pour un certain nombre d'heures de travail, alors qu'ils avaient le
droit d'être rémunérés à l'acte. Ce contrat
était absolument invalide en fonction de la convention du gouvernement.
Tout ceci s'est fait à l'insu du sous-ministre adjoint aux relations de
travail, qui un mois ou deux après n'était même pas au
courant que la division de la programmation avait autorisé tel groupe
à signer ces contrats avec une demi-douzaine d'omnipraticiens. Quand ces
médecins eurent déménagé avec leur famille dans
cette région isolée, évidemment, leur réaction a
été même, à un moment donné, de tenter de
poursuivre l'autre partie contractante.
Nous comprenons très bien que nous sommes en face de gens qui
sont peut-être inexpérimentés dans ce domaine. Il y a eu
des réformes de structures au ministère des Affaires sociales
aussi. Je pense qu'il faut être indulgent, mais nous croyons, d'autre
part, que ces aventures arrivent trop régulièrement et qu'elles
provoquent trop régulièrement de mauvaises réactions dans
les milieux d'omnipraticiens pour que nous ne puissions pas les souligner ici
dans notre mémoire.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais faire un commentaire? Si je saisis
bien la teneur de ce que vous dites, cela s'est passé de façon
plus précise dans une région donnée.
M. HAMEL: Oui.
M. CASTONGUAY: Je voudrais mentionner que le médecin qui agissait
pour le ministère dans ces ententes qui étaient localisées
dans cette région n'a plus de responsabilités. Les
responsabilités qu'il avait lui ont été retirées
justement parce que nous avons constaté que ce fonctionnaire ne voulait
pas fonctionner dans le cadre des politiques énoncées.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez eu connaissance, Dr Hamel,
que d'autres professionnels de la santé je pense aux pharmaciens,
disons aient subi les mêmes expériences aux fins de
regroupement dans les centres locaux de services?
M. HAMEL: Non, je ne voudrais pas parler en leur nom; nous avons assez
de problèmes avec les omnipraticiens dans le moment. Non, nous ne sommes
pas au courant.
M. CASTONGUAY: Il serait peut-être bon aussi...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voulais poser une autre question, mais
celle-là, elle va aller au ministre.
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il serait bon de faire ressortir clairement
deux choses. D'abord, pour autant que je puisse voir, ces choses auxquelles on
fait allusion se situent dans une région bien précise et le
fonctionnaire n'est plus à l'emploi du gouvernement comme tel. Ensuite
nous voulons justement que les centres locaux des services communautaires
soient sous la responsabilité de corporations dans le milieu, de telle
sorte que les relations s'établissent bien clairement au niveau du
milieu.
Je voudrais aussi souligner que tous ces problèmes ne sont pas si
simples. Je me suis promené moi aussi, dans les régions et j'ai
vu les difficultés que nous avons à recruter des médecins
dans certaines régions. Nous avons des moyens limités. Lorsqu'on
voit, par exemple, toutes les difficultés que nous avons eues sur tous
les plans pour essayer d'assurer la présence d'un médecin dans le
Grand Nord, à Fort George ou à Fort-Chimo, je pense aussi que
cela doit être mentionné en contrepartie, même si cela ne
fait pas plaisir au Dr Hamel. Nous ne sommes pas dans un contexte où
nous pouvons procéder librement nous non plus. Nous essayons, avec toute
notre bonne volonté, d'assurer une présence. Il peut y avoir des
erreurs produites de notre côté; nous avons essayé
d'apporter les correctifs, mais il y a des fois où nous ne sentons pas
de réponse enthousiaste vis-à-vis de la présence
nécessaire de médecins dans toutes les régions.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, il est bon, je pense,
que, devant la commission, ces problèmes soient portés à
notre connaissance et surtout à la connaissance du ministre. Evidemment,
si on se prépare à aménager de nouveaux types de
structures ou d'institutions, comme les centres locaux de services de
santé, il reste que les objectifs à atteindre, soit desservir des
régions qui actuellement, sont mal desservies sur le plan des services
de santé, il ne faudrait pas que, pour atteindre ces objectifs, les
modalités ou les approches employées soient discutables.
C'est ça, je pense bien, que le Dr Hamel a voulu mettre en
lumière, sans nier la nécessité que le gouvernement
intervienne particulière-
ment dans certaines régions comme il l'a fait
antérieurement pour amener des professionnels de la santé par
toutes sortes de mécanismes. Mais il ne faudrait pas que ce soit une
pression inacceptable ou en utilisant des modalités qui peuvent semer
beaucoup d'inquiétude au sein de toute la fédération quant
aux modes traditionnels d'exercice de la médecine.
Nous n'en avons pas contre la pratique de la médecine en
équipe, au contraire. Je pense que la fédération, assez
souvent, a pris position sur ce problème. On dit qu'il y a
réunion, à l'intérieur d'une institution, d'effectifs
médicaux, de professionnels de la santé, soit des médecins
et cela concerne ma question précise qui va aller au ministre
tantôt des pharmaciens particulièrement. Alors, je ne crois
pas que la fédération ait eu l'intention de s'opposer. De toute
façon, ces modalités doivent être
révisées.
M. HAMEL: M. le Président, j'aimerais tirer une conclusion qui
s'impose à ce stade-ci. Nous croyons, à la suite de tous ces
événements qui sont quotidiens chez nous, que la présence
des médecins au niveau des conseils d'administration est
impérieuse. Nous pensons que les médecins doivent avoir le droit,
à un moment donné, de pouvoir exprimer leur perception des
besoins d'une région; on a dit qu'ils sont peut-être les plus
compétents pour déterminer, discerner ces besoins, les
évaluer, etc. Et c'est en relation, évidemment, avec notre
recommandation sur la participation des médecins à tous les
niveaux où se prennent les décisions.
Il y a deux autres choses que j'aimerais dire: premièrement,
annoncer que la Fédération des médecins omnipraticiens a
mis sur pied un service d'information qu'à peu près elle seule
pourrait bien organiser et qui lui permet d'obtenir de tous les omnipraticiens
du Québec une appréciation des endroits, des hôpitaux, des
localités où les besoins en omnipraticiens sont perçus,
sont déterminés de façon à pouvoir faire
connaître ces besoins aux finissants des universités et les bien
diriger dans l'avenir. D'autre part, finalement, en ce qui concerne Fort George
et Fort Chimo, je suis à peu près convaincu que, si le bureau de
la Fédération des omnipraticiens avait rencontré une
demi-heure seulement le ministre de la Santé, s'il lui avait
donné d'autres formes d'informations qui lui manquent certainement, ce
problème aurait pu se régler bien avant aujourd'hui.
M. CASTONGUAY: Je devrais ajouter à ceci, M. le Président,
que dans la mesure où nous aurons une contribution, une collaboration
comme celle qu'annonce le Dr Hamel, quant à la solution du
problème de la présence de médecins dans les diverses
régions, aussi bien de la part de la Fédération des
médecins omnipraticiens que de la Fédération des
médecins spécialistes, du Collège des médecins,
dans cette même mesure, évidemment, les efforts du
ministère pour essayer de résoudre ce problème seront
moindres. Il y aura moins de possibilités d'erreur. Mais il n'en demeure
pas moins que, dans certains endroits, le problème dure depuis longtemps
et on nous supplie, on nous implore de faire quelque chose. Il n'en demeure pas
moins que les moyens que nous avons sont extrêmement limités et
qu'à chaque fois qu'on essaie d'en utiliser un on semble toujours
dépasser certaines limites et toucher à certaines
prérogatives de telle sorte que la solution de ce problème, plus
elle tarde, plus c'est la population qui en fait les frais et plus nous serons
susceptibles, comme ministère, sous ces pressions, d'essayer de poser
des gestes.
J'apprécie énormément ce que le Dr Hamel annonce.
J'espère que cela apportera des résultats positifs parce que
c'est vraiment un problème sérieux.
M. BOIVIN: En conservant l'assurance que les professionnels de la
santé auront les mêmes prérogatives que dans
l'hôpital, par exemple, qu'un des professionnels soit responsable au
conseil d'administration...
M. CASTONGUAY: Sur cette question, docteur, j'aimerais mieux entendre
toutes les représentations. Il nous reste encore la
Fédération des médecins spécialistes, les
Administrateurs d'hôpitaux et l'Association des hôpitaux. Lorsque
nous ferons le point, il me semble qu'il serait plus approprié de
reprendre cette question, si vous le permettiez.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans cette sensibilisation des médecins
au recrutement vers les centres locaux de services communautaires, est-ce qu'on
a aussi fait les mêmes approches du côté des pharmaciens?
Est-ce aussi l'intention du ministère de se préoccuper de ce
problème?
M. CASTONGUAY: Jusqu'à maintenant, les efforts que nous avons
faits vis-à-vis des centres locaux de services communautaires sont
extrêmement limités, à ma connaissance, pour le recrutement
de médecins, à l'intérieur. Alors je ne voudrais pas qu'il
se dégage de ces remarques l'idée qu'il y a un effort de
recrutement, de la part du ministère, qui s'étend "at large".
L'intention est bien de former des corporations, des conseils d'administration
pour la mise en marche, le fonctionnement de ces conseils. Ces
problèmes, normalement, de recrutement, tout comme c'est le cas dans les
hôpitaux, devront être assumés par ces conseils
d'administration.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: J'aurais une question à poser ici. Est-ce que
d'après vous, docteur, vous entrevoyez, par exemple, qu'il est possible
qu'à la suite du projet de loi no 65, trop de médecins deviennent
des administrateurs au lieu d'être des omnipraticiens de fait?
M. HAMEL: Je comprends mal votre question... Voulez-vous parler de la
représentation des omnipraticiens aux conseils d'administration?
M. BOIS: Justement.
M. HAMEL: En ce qui concerne les CLSC, il n'y avait aucune
représentation sur dix membres du conseil d'administration. En vertu de
notre proposition, à un conseil de douze membres, il pourrait y avoir un
omnipraticien et un spécialiste. Donc, la présence d'un
omnipraticien à un conseil d'administration, je pense bien, ne
mobilisera pas tous les omnipraticiens du Québec.
M. BOIS: Maintenant, docteur, je ne voudrais pas vous parler de Fort
Chimo parce que c'est assez loin. Mais est-ce que des médecins de
Québec vous ont fait rapport, au sujet de l'hôpital
Saint-François-d'Assise, qu'une certaine disponibilité assez
vaste aurait été sans accès, pendant quelques mois,
à cause du fait qu'une machine à rayons X n'avait pas les bonnes
bobines pour fonctionner?
M. HAMEL: Non. Malheureusement ou heureusement, je ne le sais pas.
M. BOIS: Aucun médecin ne vous a fait un rapport de cela.
M. HAMEL: Je ne suis pas au courant de ce problème.
M. BOIS: Ah bon! A la suite de ce que vous déclarez à la
page 30, entrevoyez-vous qu'un jour ou l'autre, l'Etat puisse en venir à
suggérer le salariat au lieu des honoraires payés par cas, comme
en fait foi une déclaration du Dr Bédard de l'Association des
psychiatres dans un journal de cette semaine?
M. HAMEL: C'est-à-dire qu'il y a déjà des
médecins qui acceptent volontairement le régime de
rémunération à salaire, comme il y en a d'autres à
la vacation, mais pour la très grande majorité, c'est encore la
rémunération à l'acte. Aussi longtemps que l'offre des
soins ne sera pas suffisante pour satisfaire à la demande, il est clair
qu'un régime de salariat universel est impensable, est inapplicable. A
partir du moment où il y aura un équilibre entre l'offre et la
demande de soins, un régime de salariat va pouvoir se négocier
plus facilement.
D'autre part, actuellement, si vous parlez du Dr Bédard, il a
bien raison lorsqu'il dit que, lorsqu'on tente d'imposer les critères de
la fonction publique à la rémunération des
médecins, on prenait cette négociation-là. C'est ce qui
est arrivé dans le cas de Fort Chimo et Fort George. On a voulu imposer
des minimums de salaire qui sont ceux de la fonction publique alors que les
médecins avaient entre les mains des promesses écrites, en
particulier des sous-ministres, de salaire minimum plus élevé en
date du mois d'octobre de l'année dernière. Alors,
évidemment, les médecins n'ont jamais voulu accepter de se faire
dégrader de cette façon, surtout qu'ils travaillent 24 heures par
jour, sept jours par semaine. Dans certains cas, ils voient au minimum 100
malades par jour et, s'ils étaient rémunérés
à l'acte, ces médecins gagneraient plus de $100,000 par
année.
Alors, il est entendu qu'il y a des conditions de travail qui imposent
des rémunérations correspondantes.
M. CASTONGUAY: Je pourrais faire juste un commentaire, M. le
député, à la suite de votre remarque sur l'hôpital
Saint-François-d'Assise à l'effet qu'il manquerait une bobine
pour un appareil. Je voudrais mentionner que, dans le contexte actuel, avec les
pouvoirs que nous avons dans la législation relativement aux emprunts
que peuvent effectuer les hôpitaux, relativement aux initiatives qu'ils
peuvent prendre au moment de la construction d'un hôpital parce
que la construction est faite sous leur responsabilité alors que
vous aviez un coût initial évalué à $9,500,000, le
coût final de l'aménagement de l'hôpital
Saint-François-d'Assise, ce n'était pas un hôpital
nouveau; c'était un aménagement et c'était dans le
contexte de la législation actuelle a été de
près de $19 millions. Si on n'a pas réussi à acheter une
bobine en plus de cela, et si c'est ce qui aurait empêché
l'ouverture d'un département, je trouve qu'il est grand temps,
justement, qu'on mette à jour la législation pour mieux
contrôler les coûts et surtout les immobilisations dans ce
secteur.
M. BOIS: Mais le ministre croit-il que ee sera meilleur marché si
le gouvernement construit les hôpitaux?
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas dit que ce sera le gouvernement qui les
construira. Ce que nous proposons ici, c'est simplement qu'au moment de la
construction d'un hôpital, si un conseil d'administration n'assume pas
ses responsabilités, on ait le pouvoir d'intervenir et, s'il y a des
abus ou de la fraude, qu'on ait même le pouvoir d'imposer des sanctions.
Ce n'est pas notre intention de faire construire les hôpitaux par le
gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions à poser au Dr
Hamel?
M. LAURIN. J'aurais une question à poser au Dr Hamel.
Récemment, certains journalistes ont fait grief aux médecins de
vouloir gonfler leur représentation dans les différents conseils
d'administration aux dépens du public, en invoquant la raison que le
médecin restera quand même dans les hôpitaux le principal
agent de maintien des meilleurs soins et de
l'amélioration des soins. Avez-vous des commentaires à
faire sur cette affirmation?
M. HAMEL: Je pourrais en faire, évidemment, que je n'ai pas faits
tout à l'heure. C'est que la présence des omnipraticiens en
particulier était absolument imprévue, selon les modalités
de constitution des conseils d'administration actuellement. Tout ce à
quoi nous visons, c'est une présence et je pense que l'heure qui vient
de se terminer a traduit un peu la nécessité que les
médecins omnipraticiens, comme les spécialistes, soient
représentés au niveau de ces conseils d'administration. Une
présence ne veut pas dire viser à contrôler. Comme je le
disais tout à l'heure, si nous avons un médecin à un
conseil d'administration de 12 ou un ou deux médecins à un
conseil d'administration de l'ORAS, qui en comporte 21, on ne peut pas
reprocher aux médecins de viser à contrôler le conseil
d'administration ou les activités ou les décisions.
Donc, c'est dans le but d'assurer une présence, dans le but
justement de favoriser le dialogue entre des catégories de personnes qui
devraient être des partenaires, c'est-à-dire les
représentants de l'Etat et les représentants du public que nous
parlons de participation. Comme je l'ai dit ce matin, la participation est un
objectif qui a été précisé par le ministre
lorsqu'il a expliqué son projet de loi. Si nous voulons nous aussi
participer avec les consommateurs de l'Etat, il ne faudrait pas nous le
reprocher parce que nous avons pris au sérieux cet objectif fondamental
de la politique du gouvernement. Ne pas avoir parlé de participation
aurait constitué dans notre esprit un mépris de cette
participation.
Il faut voir notre désir d'être présents aux
conseils d'administration comme une volonté de participation, comme une
volonté de dialoguer. Je pense que la tradition des omnipraticiens du
Québec et de la fédération depuis les dix dernières
années peut démontrer sûrement que toutes les fois
où cela a été possible, ils ont toujours voulu
coopérer, négocier dans l'intérêt du bien
commun.
M. LAURIN: Maintenant, est-ce au nom du même principe que vous
demandiez ce matin la constitution d'un conseil médical au sein des
centres locaux de services communautaires?
M. HAMEL: Oui, justement. Evidemment, ce sont pour les mêmes
raisons, en fait, qu'un conseil des médecins est nécessaire dans
un CH, dans un centre hospitalier. Au niveau du CLSC, lorsque la dimension de
l'institution devient assez grande, vous avez un nombre considérable
d'omnipraticiens, de médecins spécialistes, et vous avez les
mêmes problèmes qui sont reproduits à une échelle
différente de ceux que nous retrouvons au niveau du CH,
c'est-à-dire qu'à ce moment-là vous avez des
problèmes de contrôle de l'activité professionnelle, vous
avez des problèmes de nomination, de révocation, de
détermination du statut, des problèmes de discipline etc., et
tous ces problèmes-là impliquent un organisme approprié
pour assumer les devoirs, les responsabilités en vue de les
régler.
M. LAURIN: J'ai constaté aussi que vous n'étiez pas
satisfait de la définition que donne le projet de loi du professionnel.
Je ne sais pas si on vous a posé des questions là-dessus, mais
est-ce que vous auriez des suggestions précises?
M. HAMEL: C'est une très bonne question. On aurait voulu en
parler, justement, auparavant. On nous propose évidemment un conseil
consultatif des professionnels qui pourrait oeuvrer parallèlement
à un conseil des médecins. Le Collège des médecins,
rapidement là, vu que l'heure commence à être tardive, a
présenté une proposition valable où le conseil consultatif
des professionnels regroupe tous les professionnels qui ne sont pas des
médecins et où on constitue, on crée une espèce de
comité conjoint.
Notre proposition est différente en ce qu'ici aussi nous avons
pris au sérieux le but ou l'objectif de la loi qui semblait être
de créer une table ronde pour tous les professionnels. Alors nous avons
accepté cet objectif de la loi. Nous avons accepté que les
médecins puissent dialoguer avec les professionnels autour d'une table,
mais à partir de ce moment-là, à compter du moment
où on dialogue, où on constitue un conseil consultatif des
professionnels, il faut savoir quels seront ces professionnels, quels sont ceux
qui seront considérés comme des professionnels.
Est-ce que les collets bleus, les collets blancs, les techniciens
professionnels seront des professionnels? Le projet de loi précise: "ou
de tout autre groupe de personnes déterminées par les
règlements." Donc on définit le professionnel surtout par voie de
règlement, c'est-à-dire en fonction de la
représentativeté du groupe, alors que nous, nous avons
proposé des critères de compétence, des critères
d'excellence universitaire, c'est-à-dire une personne qui possède
ou qui est détentrice d'un diplôme universitaire de niveau de
troisième, de deuxième ou premier cycle, donc un diplôme
universitaire.
Ceci permet de faire dialoguer les médecins avec les
biochimistes, les biologistes, les diplômés en sciences
biomédicales et en chimie, en génétique, en microbiologie,
en physiologie, en psychologie, en service social et même les
détenteurs d'un baccalauréat en nursing.
Donc, si on veut créer un dialogue parmi les professionnels, il
faut savoir entre lesquels, quels sont ces professionnels. Autrement, si le
conseil de professionnels englobe tout le personnel de l'hôpital,
à ce moment-là ce sera un conseil du personnel de l'hôpital
et on pourra se demander si la proposition du Collège des
médecins, d'autres groupes des médecins, n'est pas
supérieure, à ce compte-là, au point de vue pratique, au
point de vue de l'efficacité.
M. LAURIN: J'aurais une dernière question à vous poser sur
les offices régionaux, les ORAS. Vous dites, dans votre mémoire,
que l'ORAS n'aura pas de pouvoirs suffisants pour régionaliser d'une
façon effective les soins. Pourriez-vous nous dire quels pouvoirs
additionnels votre organisme voudrait voir confier à l'office
régional des affaires sociales?
M. HAMEL: C'est-à-dire qu'en vertu de l'article 3 du projet de
loi, le lieutenant-gouverneur en conseil peut instituer un office
régional des affaires sociales pour chaque région du
Québec qu'il détermine et lui conférer, en tout ou en
partie..." En tout ou en partie, ça veut dire évidemment que les
pouvoirs qui seront confiés à l'ORAS seront
déterminés par le lieutenant-gouverneur en conseil
éventuellement.
Nous suggérons, pour les fins d'une bonne administration, que les
pouvoirs essentiels doivent être confiés de façon uniforme,
pour bien remplir la fonction, à tous les ORAS et que les pouvoirs
ancillaires, comme ceux de dépenser, d'emprunter, etc., qui sont en
fonction des diverses responsabilités... On sait très bien qu'un
ORAS à Montréal et un autre en Abitibi pourraient ne pas avoir
les mêmes pouvoirs ancillaires, mais il devraient avoir les mêmes
pouvoirs fondamentaux, les mêmes pouvoirs essentiels.
Nous préférons cette distinction entre pouvoirs essentiels
et pouvoirs ancillaires plutôt que de laisser à la
discrétion du lieutenant-gouverneur en conseil le soin de
déterminer en tout ou en partie ces pouvoirs-là.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions à poser au Dr
Hamel, je vais le remercier de la présentation de son mémoire.
J'inviterais M. Robert Tremblay, le porte-parole de la Clinique communautaire
de Pointe Saint-Charles.
M. BEGIN: M. le Président, on nous avait placés à
l'horaire à la suite de la Fédération des omnipraticiens.
Nous voulons savoir tout simplement si nous passons aujourd'hui.
M. CASTONGUAY. Voici la raison pour laquelle j'ai suggéré
au président de la commission de demander maintenant le
représentant de la Clinique communautaire de Pointe Saint-Charles. Ces
gens viennent de Montréal, ils sont venus déjà, ils ne
sont pas représentants d'une grosse association, qui ont des moyens
financiers plus élevés, telle l'Association des administrateurs
d'hôpitaux. Nous voulions éviter qu'ils soient appelés
à revenir une troisième fois.
C'est un mémoire qui est bref et je pense bien qu'avec la
collaboration des membres qui représentent le comité des
citoyens, la clinique communautaire, il nous sera possible d'analyser leur
mémoire assez rapidement afin de ne pas prendre le risque qu'ils soient
appelés à revenir une troisième fois.
M. BEGIN: Nous sommes d'accord, mais nous voulons tout simplement vous
faire remarquer que nous étions ici à la première
séance, nous y sommes encore aujourd'hui et nous voulons savoir si nous
passons aujourd'hui.
M. CASTONGUAY: Immédiatement après.
M. LE PRESIDENT: M. Robert Tremblay. Clinique communautaire de Pointe
Saint-Charles
M. TREMBLAY (Robert): M. le Président, messieurs les membres de
la commission, il me fait plaisir de venir vous voir en tant que citoyen. Je ne
vous cache pas que je suis un peu mal à l'aise de me voir parmi tous les
spécialistes, des gens qui sont bien structurés et qui ont de
bons arguments pour se défendre. Je vais faire de mon mieux pour
défendre nos droits.
Face au bill 65, voici ce que nous revendiquons. De notre part, c'est
une matraque à la participation des citoyens. Nos gouvernements ont
souvent parlé de l'irresponsabilité des citoyens. Ils ont souvent
dit que les citoyens étaient incapables et ne voulaient pas s'occuper de
leur affaire. Là d'où je viens, à Pointe Saint-Charles,
nous nous occupons de notre affaire et nous en avons des preuves. La plus belle
preuve de notre participation, c'est le bill 65.
Nous nous occupons tellement bien de nos affaires que le gouvernement
nous fait une loi antiparticipation. Qu'est-ce que le bill 65? C'est le bill
intitulé Loi de l'organisation des services de santé et des
services sociaux. Le gouvernement essaie de présenter cette loi comme
une réforme libérale et laisse croire à la participation
des citoyens. Mais pour qui nous prend-il? Nous savons qu'il n'y a aucune
participation possible quand on n'a pas part aux décisions.
A quoi bon élaborer des plans si, dans les faits, ce sont les
fonctionnaires placés directement par le gouvernement qui prennent les
décisions? Le bill 65 enlève aux citoyens tout le contrôle
de leurs services de santé et des services sociaux. Pour l'instant,
cette loi touche les services de santé et les services sociaux, mais,
connaissant l'esprit qui anime quelques-uns de nos dirigeants, je crois qu'elle
peut menacer de déloger les citoyens des services et s'étendre
à beaucoup d'autres secteurs.
Par ce projet de loi, le contrôle ultime des services de
santé tomberait entre les mains des directeurs de l'Office
régional des services sociaux et ces directeurs seraient tous
nommés par le cabinet. Aucun de ces directeurs ne sera nommé par
les groupements de citoyens. Si le gouvernement prend la peine de nommer
lui-même ces directeurs, c'est-à-dire de parachuter des bonshommes
par-dessus nos têtes, il n'y a plus de doute que ces directeurs seront
tous des gens du monde des affaires ou des profession-
nels, n'ayant aucune connaissance du milieu et des besoins.
Maintenant, si vous voulez, je vais vous expliquer un peu ce dont il
s'agit concernant notre expérience. Notre expérience, c'est la
Clinique communautaire de Pointe Saint-Charles. Elle a été
établie il y a trois ans par un groupe de citoyens, avec l'aide
d'étudiants en médecine et de quelques médecins. Nous
avons commencé tranquillement, bénévolement.
Graduellement, nous avons grossi. Nous sommes parti de zéro famille et,
aujourd'hui, nous prenons soin de 2,000 familles à la Pointe.
Administration. Le bureau d'administration de notre clinique est
élu par une assemblée générale. Il consiste en huit
citoyens, un professionnel ou un membre de la clinique et un directeur. Toutes
les décisions du conseil d'administration de notre clinique sont
révisables et même révocables par l'assemblée
générale et en tout temps. Ces gens-là sont élus
pour un an. C'est bénévole.
Sélection de notre personnel. La sélection de notre
personnel se fait par cinq citoyens qui ne sont pas
nécessairement ceux qui sont au bureau d'administration; ce sont cinq
citoyens qui font partie de notre organisation et deux professionnels.
En plus, s'il s'agit d'engager, par exemple, un médecin, il y a un
médecin qui préside ou qui est présent lorsque le bureau
de sélection le rencontre.
Nous avons aussi des groupes d'appui. Ce que nous appelions des groupes
d'appui, ce sont les ressources où nous prenons nos idées. Nous
ne prenons pas ça dans nos têtes parce que nous savons que nous
n'avons pas des grosses têtes, mais beaucoup de têtes ensemble,
ça fait des bonnes idées. Vous allez le voir tout à
l'heure.
Les groupes-ressources sont donc formés pour venir donner
à la clinique une orientation et, s'ils s'aperçoivent que quelque
chose ne va pas, ils peuvent faire connaître leurs revendications.
Ce que ça fait, la clinique communautaire de Pointe
Saint-Charles? Pour commencer, ça a formé des travailleuses
communautaires. Qu'est-ce que c'est, cette affaire-là? On n'a jamais vu
ça. Ce sont des citoyens qui ont pensé à ça. Ils
ont pensé qu'on avait toujours des travailleurs sociaux. Je n'ai rien
contre les professionnels; je vais vous expliquer ce que j'ai contre eux tout
à l'heure. On a les travailleurs sociaux traditionnels qui sont avec
nous depuis 100, 150 ans et qui n'ont pas réussi à faire
grand-chose. Nous, les citoyens, nous avons pensé: On ne peut pas faire
pire qu'eux; on va essayer nous-mêmes, de le faire. On a pris des dames
qui avaient élevé une famille ou dont les enfants étaient
assez grands, on leur a donné un genre de formation et on leur fait
faire le lien entre le patient et la profession médicale. Ces gens
s'occupent non seulement de soigner le corps, ils s'occupent aussi de voir aux
problèmes sociaux, s'ils peuvent les soulager de toutes sortes de
manières. C'est ce qu'est une travail- leuse communautaire. Elles ont
été formées à la clinique communautaire de Pointe
Saint-Charles.
On a peut-être réussi on n'a pas fait un
succès avec ça cependant à démystifier la
profession médicale. Cela fait 200 ans qu'ils ont tout ce qu'il faut
dans les mains pour nous faire quelque chose qui a du bon sens! Qu'est-ce
qu'ils ont fait? Pas grand-chose! Comme citoyens, il commence à
être temps qu'on demande aux professionnels d'arrêter de se
plaindre pour un sixième chalet! Ce n'est pas un sixième chalet
qu'on veut avoir, nous; c'est un deuxième repas et le droit de pouvoir
dire ce qu'on ressent! Je crois que c'est drôlement important. Quand on
aura compris ça, je pense qu'on fera quelque chose. En passant, on n'est
pas venu ici pour vous dire quoi faire; on est venu ici pour vous offrir ce
qu'on peut donner et ce qu'ensemble on peut faire. Il ne faut pas aller
à coté de ça.
J'ai entendu, durant les trois jours que j'ai été ici
j'ai bien aimé ça des gens à peu
près 15p.c. de la population qui ont les poches pleines d'argent
et qui se plaignent pour en avoir d'autre Tandis que ça me fait
honte de vous le dire moi, je représente les 40 p.c. de la
population qui ont de la misère à manger deux fois par jour. Nous
autres, on n'a pas le droit de se plaindre. On n'en a pas de trois heures et
demie. Je n'ai pas d'avocat avec moi; je suis seul. Je n'ai pas l'aide
technique que ces gars-là ont. Les histoires de loi, je ne connais pas
ça; je connais une seule loi, c'est la justice et je sais que tout le
monde ensemble, si on la veut, on va l'avoir. Mais, pour avoir la justice dans
les soins médicaux, si on veut uniformiser cela et prendre des
techniciens pour le faire, il va falloir uniformiser ce qu'il y a sur les
tables à tous les jours, sur toutes les tables de la province de
Québec! Il y a des places où il y a des sous-alimentés et
d'autres places où il y en a qui mangent trop ! On ne peut pas
uniformiser ces soins.
J'entendais parler de l'acte médical et du Collège des
médecins qui vérifiait l'acte médical. C'est beau,
ça! Nous autres aussi, nous le faisons, les citoyens. On a un
comité de formé qui comprend quatre citoyens et quatre
médecins qui viennent d'en dehors, qui sont absolument neutres. On leur
envoie des "chartes" deux mois à l'avance. Ils étudient les
"chartes" et ils viennent avec nos médecins et tous les membres de notre
clinique les professionnels discuter de la manière dont il
faudrait agir pour faire mieux. C'est ce que j'appelle de la
vérification, en plus de celle qui est faite par le Collège des
médecins. Ce sont encore des citoyens qui ont pensé à
ça.
Une autre chose à laquelle nous avons pensé: une clinique
mobile. On s'est aperçu que, les premiers temps où la clinique
était ouverte, elle était fréquentée presque
uniquement par des assistés sociaux.
Aujourd'hui, c'est 50/50. Alors, on s'est
aperçu qu'il y avait des gens qui ne venaient pas voir le
médecin. Je vais vous expliquer pourquoi tout à l'heure, dans
plusieurs cas.
Il y a des citoyens qui se sont mis ensemble et qui ont dit: On va aller
voir une compagnie de transport et on va avoir un gros "semitrailer". On va
aller voir une autre compagnie qui va nous prêter une remorque pour
monter en avant de ça et on va aller voir des médecins à
l'hôpital et leur demander s'ils n'auraient pas du temps à nous
donner: trois heures, quatre heures, un spécialiste, deux heures, ainsi
de suite. Ils ont tout organisé ensemble; ça n'a pas
coûté un cent de leur poche. Notre roulotte a fonctionné
pendant un mois et ça a donné qu'il y avait des gens qui
n'avaient pas vu de médecin depuis huit ans et, dans la même
famille, trois personnes ont été hospitalisées tout de
suite. Cela veut dire que nos soins hospitaliers ne sont pas à la bonne
place. Les gens ne veulent pas aller dans des grosses patentes et attendre de
grandes journées pour se faire donner une ordonnance pour des pilules
quand ils n'ont pas d'argent pour les acheter, ou se faire dire: Mange du
steak, quand ils n'ont pas d'argent pour manger du steak. C'est ce qui a fait
que les gens aujourd'hui ont peur de la profession médicale. Et je ne
les blâmes pas, j'en ai peur moi aussi.
Maintenant, il y a l'accessibilité. On va parler encore de
l'accessibilité, si vous voulez, au point de vue de l'hospitalisation.
Je ne suis pas allé à l'université, je n'ai pas de "chum"
qui travaille à l'hôpital pour m'y faire entrer tout de suite. Les
gens qui sont dans les 20 p.c. dont j'ai parlé tantôt ont tous des
relations quelque part pour dire: Si je suis malade, si mon petit gars est
malade, je vais téléphoner à un tel et, s'il n'a pas le
temps, il va m'en envoyer un autre et ça marche, mon affaire. Nous
autres, ce n'est pas le cas. Ce n'est pas la même chose. Alors,
l'accessibilité aux soins médicaux devrait être uniforme
pour n'importe qui et les soins médicaux devraient être aussi
accessibles à n'importe qui.
Maintenant, il y a le côté administratif. Ce n'est pas bien
fin, des citoyens, ça prend de l'argent du gouvernement et ça
tire ça d'un bord et de l'autre. Cela ne leur fait rien du tout. Mais
l'année dernière, nous, il nous est resté $40,000 à
notre budget. Pourquoi ne les avons-nous pas dépensés? Parce que
ça n'avait pas de bon sens de les dépenser. D'abord, pour
commencer, parce que nous n'avons pas eu notre argent à temps et nous ne
voulions pas promettre à des gens de les engager avant d'être
certains d'être capables de les payer.
Nommez-moi des organismes gouvernementaux à qui il reste $40,000
à la fin de l'année. Ils ne sont pas trop nombreux. Ils se
dépêchent de les dépenser pour être certains de ne
pas les avoir au budget. Pour nous, les citoyens, ce n'est pas cela. On ne les
a pas dépensés pour telle ou telle raison, on les laisse
là. Après, ça va nous faire quelque chose pour
recommencer.
Ce que nous demandons, maintenant. Vis-à-vis du projet de loi 65,
nous demandons une participation réelle. Vous allez trouver cela
curieux, une participation réelle. Vous allez dire: Une participation
réelle, cela veut dire cinq citoyens contre cinq professionnels. Pas du
tout, ce n'est pas ça. Vous ne savez pas quelle influence un
professionnel peut avoir sur un citoyen. Il va le charroyer, il va lui vendre
n'importe quelle idée. Le gars va dire: Ce n'est pas moi qui ai raison,
le Dr Untel, lui, par exemple... Cela ne se peut pas que j'aie mal aux pieds,
je dois avoir mal aux mains parce qu'il l'a dit. C'est pour ça que, pour
nous, la participation réelle, c'est la participation en
majorité. Parce que là-bas, on n'a qu'un professionnel et on a
une maudite misère avec. On est obligé de lui dire: Tu as assez
parlé, tais-toi. Laisse parler Mme Untelle ou M. Untel.
Maintenant, il y a une chose: on se met à genoux devant les
professionnels, surtout les médecins. Pourquoi se met-on à genoux
devant eux? On va se mettre à genoux longtemps. On leur manufacture des
gens qui sont sous-alimentés par centaines. Le seul moyen de sortir de
notre marasme, de dire qu'on aura moins besoin d'eux et de les faire travailler
moins fort, c'est de faire moins de sous-alimentés.
Nous, les 40 p.c. dont j'ai honte de faire partie, vous vous trompez si
vous pensez que nous voulons du poisson. Nous voulons avoir la manière
d'aller le pêcher. La participation réelle, comme j'ai dit tout
à l'heure, nous, comme citoyens ce n'est pas grand-chose, ce
n'est que le consommateur, c'est rien ça; il n'a rien à dire,
c'est lui qui est le consommateur de soins; le médecin, celui qui donne
les soins, il a quelque chose à dire; un autre professionnel, il a
quelque chose à dire.
Alors que fera-t-on avec cela si on ne revise pas notre affaire de bord,
si on ne consulte pas le citoyen et si on ne lui demande pas ce qu'il veut
avoir? On fera encore comme d'habitude. On va lui faire une belle petite
maison, au citoyen, bien faite. On va lui mettre quelque chose dans le
réfrigérateur, on va lui mettre des meubles là-dedans, on
va lui mettre du saucisson du bacon, mais on va oublier du jambon, et c'est
cela qu'il aime, du jambon. Et on va faire pareil comme on a fait avec nos
Esquimaux. On va les tuer. Parce que quelques techniciens ont pensé que
c'était bon pour eux de manger des carottes, que c'était bon pour
les yeux. Mais leur système ne pouvait pas digérer les
carottes.
Maintenant, comme je vous le signalais tout à l'heure,
d'après nos moyens techniques, ceux que nous possédons
nous n'en possédons pas beaucoup nous croyons que notre bataille
n'est pas gagnée mais elle commence. On commence à nous
écouter. C'est là que nous commencerons à gagner, nous
autres. Nous ne voulons pas que les riches descendent à notre palier. Je
ne souhaiterais pas cela à un chien. Je ne souhaiterais pas cela
à qui que ce soit, de rentrer chez lui et de se demander: Qu'est-ce
que je vais donner à manger à mes enfants à midi?
Jamais. Je ne hai'rai jamais un homme au point de lui souhaiter cela. Je n'en
vois pas beaucoup à Pointe Saint-Charles qui souhaiteraient cela
à quelqu'un. Autrement dit, nous voudrions avoir trois repas par jour et
contribuer. Nous ne voulons pas qu'on nous les donne. Ce n'est pas bon quand
c'est donné. C'est bien meilleur quand c'est gagné. S'il faut
absolument qu'on ait, par notre économie, 3 p.c. de chômeurs, il y
a quelque chose qui va mal avec notre économie. Je ne peux pas voir
pourquoi on ne ferait pas laver des planchers à un gars pour $6,000 par
année au lieu de lui en donner $5,000 à rien faire, ou à
$6,500 si on veut, pour qu'il puisse avoir du courage, arriver sur le trottoir,
regarder tout le monde en face et penser qu'il fait quelque chose pour son
pays. Et c'est vrai qu'il va faire quelque chose pour son pays. Tandis que
là, cela le détruit. Cela en fait plus un homme, mais une loque
humaine.
Maintenant, j'entendais parler du secteur privé. Le secteur
privé, je ne vois pas ce que cela vient faire dans la santé et le
bien-être. C'est quelque chose pour faire de l'argent. Peut-être
que je me trompe. Mais je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s'organiser
pour que cela soit fait sans que personne soit intéressé à
faire de l'argent.
Je vais vous donner un exemple. Je vais aller voir quelqu'un qui garde
des vieillards. Il a une ferme en arrière et il cultive des navets. Il a
des navets et ils ne coûtent pas cher. Alors pour réduire le
coût de la nourriture, il donne beaucoup de navets tous les jours. Les
gens sont "tannés" de manger du navet. Mais lui, c'est pour
épargner quelques piastres. Et ces pauvres gens qui sont là,
qu'ont-ils à dire? Quelles ressources ont-ils? C'est pour cela que je
voudrais que vous pensiez, comme il le faut, à la participation, ce que
cela peut faire. Il n'y a aucun danger. Cela fait juste du bien. Cela peut
être révoqué n'importe quand par l'assemblée
générale. Il faut absolument que ça soit ainsi. Autrement,
c'est une participation fictive. Des bonshommes qui vont être
nommés là pour cinq ans, même si vous me nommiez là,
cela ferait quatre autres députés au lieu d'un. Et puis, le gars,
il est là pour cinq ans. Que voulez-vous qu'il dise? Il n'a pas à
répondre à personne. Mais ça fait drôle quand on
arrive dans une assemblée générale... Comment se fait-il
que tu aies décidé une telle affaire? C'est ceci et c'est cela.
Et on discute. Cela donne des bonnes idées. C'est la seule
manière d'avoir des idées, si on veut avoir les idées du
consommateur.
En 1971, le citoyen est comme le petit gars qui a été
à l'école. Il est bien élevé, le petit bonhomme.
Ses parents l'ont bien élevé. Ils lui ont dit: Si quelqu'un te
fait mal, essaie de t'organiser et viens-t'en ici. Mais ne lui fais pas mal. Le
grand, il le battait tous les jours et il lui donnait des coups de pied au
derrière. Et il réussissait toujours à se sauver. Une
bonne journée, il a été pris dans un cul-de-sac. Il avait
grandi le petit bonhomme, par exemple, il avait renforci un petit peu.
Là, il a été pris dans un cul-de-sac et il a donné
une maudite volée au grand qui le battait depuis qu'il allait à
l'école.
Je ne sais pas si la société ne punirait pas le petit
gars. Il est grand temps que nous fassions cet examen de conscience et que nous
pensions que ce n'est pas vrai que le citoyen n'est pas capable de se
mêler de ses affaires, il s'en mêle et drôlement bien.
Merci, messieurs, si vous avez des questions à me poser, il me
fera plaisir d'y répondre.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: Merci, M. Tremblay. Je voudrais simplement faire un
commentaire à ce stade de nos travaux et à la suite de la
présentation de ce mémoire. Ceci touche plus
particulièrement aux centres locaux de services communautaires. D'une
part, si l'on examine le bill attentivement, on note, quant à
l'organisation et au fonctionnement du type de services qui pourront être
distribués ou rendus par le truchement de ces centres locaux de services
communautaires, que nous avons été très prudents de ne pas
entrer dans la description des services de façon précise, de
telle sorte que l'initiative demeure possible. Vous avez fait état par
exemple de l'organisation d'une roulotte l'été dernier. Ce sont
des initiatives qui m'apparais-sent extrêmement valables et justement on
ne doit pas, par un degré de précision dans un tel projet de loi,
faire en sorte que ces initiatives ne deviennent plus possibles. J'aimerais
rapporter ce commentaire ou ce désir, face à certaines autres
suggestions qui nous sont faites de structurer l'organisation interne des
services de centres locaux de services communautaires de telle sorte qu'on peut
y perdre justement ce degré de souplesse qui m'apparaît
extrêmement utile et nécessaire.
Le deuxième commentaire a trait à la participation,
particulièrement au niveau du conseil d'administration d'un centre local
de services communautaires. Après avoir entendu le Dr Hamel et au moment
où maintenant M. Tremblay vient de parler, le gros problème
auquel nous nous sommes butés au moment de la rédaction et le
problème que nous avons présentement, c'est que tout le monde est
pour la participation mais que chacun voit la sienne comme étant
beaucoup plus importante que celle des autres. A un moment donné, il
faut en arriver à un certain équilibre et n'oubliant pas que ceux
qui travaillent à l'intérieur d'un centre doivent y être,
que le consommateur doit y être, nous avons cru qu'il serait important et
aussi utile qu'il y ait des liens qui s'établissent avec les autres
institutions, non pas pour des fins de contrôle mais plutôt pour
maintenir des canaux de communication. Vous-même, M. Tremblay, avez
mentionné la difficulté qu'ont
les gens de votre milieu à se faire hospitaliser et ça, je
l'ai constaté ou j'ai entendu ce genre de plainte au moment des travaux
de la commission à plusieurs reprises. Alors, notre intention est de
faire en sorte qu'il y ait des canaux de communication entre les institutions,
parce qu'il ne faut pas oublier que tous les services ne seront pas rendus dans
ces centres locaux de services communautaires, si on ne veut pas que ça
redevienne des hôpitaux, ou encore des centres d'accueil ou des foyers
pour personnes âgées, etc.
C'est donc le problème qui se pose d'essayer d'en arriver
à un équilibre raisonnable, compte tenu du fait que chacun trouve
sa participation plus valable, semble-t-il, que celle des autres ou encore
comme étant absolument essentielle. Il ne faudrait pas non plus que les
conseils d'administration deviennent des assemblées monstres. Alors,
c'est le problème auquel nous nous sommes butés et c'est la
raison pour laquelle nous avons fait des propositions dans le projet de loi
qui, à ce stade-ci, évidemment demeurent des propositions.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay, avez-vous autre chose à
ajouter?
M. TREMBLAY (Robert): Si nos conseils d'administration devenaient des
assemblées monstres, ça serait quelque chose de vraiment beau,
parce que ça impliquerait beaucoup de gens, cela montrerait qu'il y a
beaucoup de gens intéressés.
Maintenant, au sujet de ce que vous disiez concernant le CLSC, nous, les
citoyens, nous croyons que, pour le moment, pour le commencement, il faudrait
absolument que les citoyens soient très majoritaires, surtout dans les
bureaux de direction des CLSC.
Je vais vous dire pourquoi; de 90 p.c. à 95 p.c. des patients qui
vont voir un médecin ne vont pas plus loin que les CLSC. Alors c'est
très, très important pour la population, pour le citoyen, pour le
consommateur d'avoir un contrôle absolu jusqu'à ce
niveau-là. Le plus haut, bien on apprendra avant d'aller plus loin que
ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Tremblay, on a parlé
d'assemblée monstre. A vos réunions générales
annuelles, vous avez à peu près combien de personnes qui y
assistent?
M. TREMBLAY (Robert): Nous avons des réunions
générales quatre fois par année. A la dernière, il
y avait 300 ou 325 ou 200 ou 250 personnes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la façon de procéder
pour l'élection des administrateurs? Est-ce que ça serait par
vote secret?
M. TREMBLAY (Robert): Oui, par vote secret.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous n'exigez aucun critère, chacun est
libre de proposer qui il veut?
M. TREMBLAY (Robert): Oui, il y a des propositions de la salle. S'il y a
huit membres, il peut y avoir dix ou seize ou vingt propositions.
Là-dessus, il y a huit personnes d'élues; après, le
conseil est formé avec les élus.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'après votre mémoire, vous
proposez cette formule de représentation majoritaire pour les citoyens
seulement au niveau des CLSC; vous ne la proposez pas aux autres niveaux des
centres hospitaliers ou des centres d'accueil. Si j'ai bien compris votre
mémoire vous insistez surtout, comme première étape, sur
les centres locaux de services communautaires. Est-ce que vous diriez que la
formule est valable dans toutes les régions? Parlons d'abord de milieu
urbain, puis de milieu rural. Si on prend le milieu urbain, prenons toutes les
parties de Montréal, ou plutôt des zones ou les citoyens ont un
plus grand besoin de s'exprimer et de participer. Je procède par
comparaison; si on prend Pointe-Saint-Charles ou certaines zones de
Montréal où les citoyens, vous l'avez décrit tantôt,
sont aux prises avec certains problèmes assez graves, que ça soit
dans le domaine de la santé, dans le domaine de l'éducation, dans
le domaine économique, on ne peut pas faire la même comparaison
entre une région comme celle-là et disons Outremont ou Westmount,
j'imagine.
Vous parlez d'un type de région qui a réellement des
problèmes et le centre local de santé et la participation des
citoyens peuvent apporter une réponse et une satisfaction, un
encouragement enfin, une voix qui peut s'exprimer. Alors c'est pour ça
que je vous pose ma question; ça ne serait pas valable, d'une
façon uniforme?
M. TREMBLAY (Robert): Je vais vous répondre. Il faut que le
conseil d'administration soit absolument représentatif de la population.
Je ne sais pas si vous comprenez? Je ne me vois pas au conseil d'administration
d'une clinique à Westmount. Je serais drôlement mal à mon
aise. Alors, au conseil d'administration, si ce sont des gens à bas
salaire il faut que ça soit en partie des bas salariés, puis
peut-être un représentant de ceux qui sont plus
favorisés.
Je ne verrais pas pourquoi ça ne serait pas bon pour les gens de
Westmount quand c'est bon de s'unir pour des gens aussi
privilégiés que nos médecins.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais vous risquez, dans une région comme
Westmount, de retrouver plus de professionnels dans la corporation, s'il faut
que ça colle au milieu. Je voudrais vous poser une question sur votre
budget. Vous avez dit tantôt qu'à la fin de l'année il vous
restait $40,000 que vous n'avez
pas jugé à propos de dépenser. Vous avez
reporté ça à l'année suivante. Quelle est l'ampleur
de votre budget? Quel est votre budget annuel?
M. TREMBLAY (Robert): L'an passé nous avions $150,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ce sont des subventions
gouvernementales ou si vous avez d'autres sources de revenus?
M. TREMBLAY (Robert): Gouvernementales à 100 p.c. Cette
année, par exemple, nous avons demandé $300,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez des investissements ou si
vous êtes seulement locataires à Pointe-Saint-Charles?
M. TREMBLAY (Robert): Nous n'avons au cun investissement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous n'avez aucun investissement. Quelles sont
vos possibilités? Vous avez parlé tantôt du recrutement des
médecins; vous aviez aux commissions des médecins qui vous
donnaient des indications quant à la qualification de ces
médecins-là ou l'opportunité de les engager, puis tout
ça. Mais est-ce que vous avez des facilités, est-ce que vous avez
des médecins autant que vous voulez? Est-ce que ce sont surtout des
généralistes ou si vous avez aussi des spécialistes?
M. TREMBLAY (Robert): Nous avons des médecins
généraux et des spécialistes qui viennent à temps
partiel.
M. CLOUTIER (Montmagny): A temps partiel. Quel est l'âge de ces
médecins-là? Est-ce que ce sont des médecins qui
commencent dans la pratique médicale?
M. TREMBLAY (Robert): Aux environs d'une trentaine d'années.
Maintenant, il y en a un autre qui s'en vient et on s'attend, d'ici aux
Fêtes, à en avoir cinq.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je demanderais au ministre de dire cela tout
fort. Il dit qu'à trente ans les médecins ne sont pas
gâtés. Je pense bien que ce n'est pas seulement en
médecine; cela peut se retrouver ailleurs aussi. Je vous remercie
beaucoup, M. Tremblay.
M. TREMBLAY (Robert): Bienvenue.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Votre déclaration, je crois, témoigne du
fossé qui s'est graduellement creusé entre la profession
médicale et une partie de la population que cette profession devait
desservir et aussi du fossé qui s'est creusé entre les classes
défavorisées de la société et l'Etat qui aurait
dû voir à ce que les besoins de cette société, au
point de vue social et sanitaire, soient comblés et satisfaits.
Maintenant, il y a deux séries de réponses que l'on peut
accorder une fois que ce constat a été fait. La première
est celle que vous avez prise à Pointe Saint-Charles par l'institution
d'une clinique communautaire due à l'initiative du comité de
citoyens. L'autre réponse est celle que l'Etat espère apporter
par son projet de loi 65 qui est un des mécanismes d'universalisation de
l'accessibilité aux soins.
Maintenant, je me pose une question : Est-ce que les deux
réponses sont compatibles? Est-ce que le projet de loi 65 ne fera pas
disparaître, presque fatalement, votre clinique communautaire? En ce sens
que votre clinique communautaire fonctionne grâce à un
comité de citoyens qui s'est formé de lui-même et qui
élit ses propres membres au conseil d'administration, alors que le
projet de loi 65 prévoit un mécanisme d'élection où
l'on voit, par exemple, que cinq membres seront élus, par un
mécanisme qui n'est pas encore précisé, au sein d'un
secteur, d'un bassin de population. Je peux presque prédire que, s'il y
a un service local, un service communautaire dans Pointe Saint-Charles, les
citoyens qui vont se retrouver au conseil d'administration, après le
processus d'élection, ne seront pas ceux que vous représentez qui
siègent actuellement au conseil d'administration de Pointe
Saint-Charles.
Personnellement, cela me ferait de la peine parce que j'ai l'impression
qu'après toutes les frustrations que vous avez accumulées vous
avez adopté un certain style, un état d'esprit qui vous a fait
penser à des initiatives auxquelles, peut-être, d'autres
n'auraient pas pensé. Etant donné qu'il est peu probable qu'avec
le projet de loi 65 le mécanisme d'élection amène au
conseil d'administration les gens que vous représentez actuellement,
est-ce que vous avez pensé à des méthodes, à des
amendements qui pourraient permettre de sauvegarder l'essentiel, ce qu'a de
meilleur votre projet, votre initiative pour que, justement, cette clinique
communautaire continue de garder les meilleurs éléments qu'elle
vous paraît posséder à l'heure actuelle? Ma question
s'adresse autant au ministre qu'à M. Tremblay.
M. TREMBLAY (Robert): Si la majorité, au CLSC, est donnée
à la population, comme on le recommande, je ne vois pas pourquoi cela
nous nuirait; pas du tout. Si le contraire arrive, je sais que notre population
ne voudra pas de cela. C'est quelque chose qu'ils ont bâti et il faut
prendre cela au sérieux. C'est quelque chose que des gens ont bâti
de leurs mains depuis des années et cela en travaillant
bénévolement, durant des veillées de temps. D'un seul
coup, ils perdent tout cela.
Pour eux, leur clinique, c'est leur chez eux. Ils retrouvent là
des gens qu'ils connaissent, ils
retrouvent là une atmosphère qu'ils aiment avoir, ils
retrouvent là des soins qu'ils aiment recevoir. Ce serait criminel de
leur enlever cela.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions, M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: Evidemment, le but je l'ai mentionné
à plusieurs reprises n'est pas de détruire les initiatives
du milieu, mais, dans les propositions que nous avons faites, d'assurer
à la fois le maintien de ce dynamisme du milieu et la
nécessité d'un certain ordre aussi pour que cela fonctionne
partout.
Quant à moi, je demeure tout à fait disposé
à recevoir des suggestions, de telle sorte que, à la fois, il
soit possible d'étendre ces types de services, parce qu'il n'en demeure
pas moins que, malgré tous les efforts et les résultats obtenus
par le groupe de Pointe Saint-Charles, il y a de grandes populations encore
présentement qui n'ont pas tellement accès à des services
de santé. Il va falloir stimuler le développement aussi, comme
gouvernement, comme collectivité, de tels services.
M. LAURIN: Est-ce qu'on pourrait, par exemple, concevoir un
régime où il y aurait un centre local de services communautaires,
organisé plus ou moins selon les lignes du projet de loi et à
côté, grâce à l'initiative de comités de
citoyens, une autre clinique qui, dans un climat d'émulation
peut-être, mais un climat aussi qui favoriserait un rapprochement plus
grand de certaines classes de la population avec les professionnels ou les
services concernés, permettrait de combler d'une façon plus
adéquate les besoins d'une population? Ou, est-ce que le projet de loi
no 65 va empêcher ou rendre plus difficile la création de ces
organismes populaires? C'est une question qu'on a posée à un
certain nombre de reprises, mais je pense que ce n'est pas mauvais qu'on y
revienne quand même.
M. CASTONGUAY: Bien, au plan des organismes ou des regroupements de
citoyens qui naissent dans un milieu, qui veulent prendre une meilleure
connaissance des problèmes du milieu, qui veulent exposer ce qui devrait
être fait, qui veulent que les citoyens soient plus actifs dans la
solution de leurs problèmes, je crois que ce sont des mouvements ou des
groupements qu'on ne doit pas toucher par notre projet de loi. Lorsque,
toutefois, on en arrive au moment d'organiser des services, je crois que notre
projet de loi doit, à ce moment-là, s'appliquer, mais pas dans
l'idée de retarder le développement de ces services ou de leur
rendre la vie plus difficile. Au contraire, cela doit constituer une base, un
cadre pour que ces services fonctionnent correctement et que tous les
intéressés puissent avoir leur mot à dire au bon moment et
au bon endroit.
M. LAURIN: Prenons un cas hypothétique, par exemple. Supposons
que, une fois le projet de loi adopté, le ministre décide que,
dans le quartier de Pointe Saint-Charles il y aura un service local de services
communautaires, qu'il y a une élection et qu'un comité de
citoyens, après quelque temps, s'aperçoit que le service local de
services communautaires ne correspond pas tout à fait aux besoins, fait
un comité, organise une clinique et vient demander une subvention
gouvernementale.
M. CASTONGUAY: Bien, là, on tombe déjà dans le
problème de la limitation des ressources de l'Etat. On veut
éviter, aussi bien pour les hôpitaux, le dédoublement des
équipements. Alors, à ce niveau-là, si le centre local de
services communautaires ne répond pas aux besoins de la population, au
point où la population est prête à en recréer un
autre en parallèle, c'est signe que la formule aura manqué. Il
faudra corriger les mécanismes et non pas en recréer un à
côté, parce que l'autre ne marche pas. C'est plutôt ma
façon de voir les choses. On doit plutôt essayer de faire en
sorte, dans un premier temps, que ces centres fonctionnent correctement.
M. TREMBLAY (Robert): M. le Président, du côté de la
clinique communautaire, vous avez aussi le centre communautaire de Pointe
Saint-Charles et aussi la clinique juridique. Ce sont tous des organismes qui
sont détenus par les citoyens, qui ont été pensés
par les citoyens.
Maintenant, tout ce que nous voyons dans le projet de loi 65, nous
autres, c'est un vrai coup de matraque. Nous avons peur de cela, et je pense
que nous avons raison d'avoir peur. Tant qu'on ne nous rassurera pas, nous
serons nerveux.
M. CASTONGUAY: L'idée n'est pas de matraquer...
M. TREMBLAY (Robert): Non, mais quand même de détruire, par
exemple.
M. LE PRESIDENT: Merci M. Tremblay. Je vais maintenant inviter M.
Jean-Yves Légaré à présenter le mémoire de
l'Association des administrateurs d'hôpitaux de la province de
Québec.
Association des administrateurs d'hôpitaux de la
province de Québec
M. LEGARE: M. le Président, M. le ministre des Affaires sociales,
messieurs les membres de la commission parlementaire. Permettez-moi de dire
d'abord que je suis heureux que M. Tremblay m'ait précédé
pour livrer son message qui nous a fait vibrer et qui nous porte à
réfléchir.
L'Association des administrateurs d'hôpitaux de la province de
Québec est heureuse de présenter ses commentaires sur le projet
de loi de l'organisation des services de santé et des
services sociaux. Elle tient au tout début à vous
remercier de lui donner l'occasion de se faire entendre. M. Clermont
Bégin, directeur général, et M. André Corneau,
conseiller juridique, m'accompagnent.
L'association que je représente regroupe 600 directeurs
d'hôpitaux, directeurs généraux, directeurs
médicaux, directrices des soins infirmiers, directeurs du personnel,
directeurs des services administratifs, directeurs des finances. Les
commentaires qui suivront sont le reflet de leur pensée.
Compte tenu du court laps de temps mis à notre disposition, nous
tenterons ci-après de synthétiser nos commentaires et nous vous
épargnerons la lecture de la seconde partie de notre mémoire qui
présente une analyse de chacun des articles de la loi, assurés
que vous en avez pris connaissance et qu'il nous sera possible de les
expliciter verbalement s'il y a lieu. Vous comprendrez, cependant, qu'un projet
de cette importance pour des administrateurs justifiait qu'on consacre beaucoup
de temps à son étude et à son analyse. C'est ce que nous
avons fait, et nos commentaires, bien que résumés,
requièrent un certain minimum de temps pour vous être
livrés avec justesse.
Comme vous le constatez, notre mémoire se divise en deux parties,
deux chapitres. Le premier chapitre comporte une appréciation
générale du projet de loi et un énoncé de la
philosophie qui nous anime et des principes que nous souhaitons voir
respectés dans ce projet de loi. Dans un second chapitre, nous
produisons une analyse des articles sur lesquels nous jugeons nécessaire
d'apporter des commentaires ou des recommandations destinés soit
à modifier le libellé de l'article, soit à souligner
certaines questions propres à être considérées dans
les règlements qui découleront de cette loi.
Avant de vous faire part de nos commentaires sur le projet de loi
numéro 65, nous tenons à vous rappeler que ces derniers devront
être reçus en ayant à l'esprit les réserves
suivantes: premièrement, nous avons compris que le projet de loi
numéro 65 est une loi-cadre qui édicte les grands principes de la
restructuration du système de distribution des soins au Québec.
Deuxièmement, notre étude de ce projet de loi est faite sans
connaître la teneur des lois et règlements connexes; elle ne peut
donc prétendre être exhaustive. Enfin, notre étude a comme
arrière-scène les grands objectifs de la réforme de la
santé telle que préconisée par la commission
d'enquête sur la santé et le bien-être social.
Nous constatons que le projet de loi numéro 65 respecte les
grands objectifs de la réforme préconisée par la
commission Castonguay-Nepveu. On y dénote le désir du
gouvernement de mettre en application un système qui recherche
l'atteinte de ces grands objectifs du régime, c'est-à-dire
l'accessibilité universelle et la continuité des services,
l'acceptation par la population, la qualité et l'efficacité
maximales.
Nous avons en effet noté qu'on y préconise l'application
des principes de régionalisation des services de santé, de
décentralisation et de participation populaire. Les principes de
régionalisation se retrouvent particulièrement à l'article
3 du projet de loi qui préconise la création d'offices
régionaux des affaires sociales, tandis qu'un certain effort de
décentralisation se dessine dans ce projet de loi par une
délégation de pouvoirs du ministère aux offices
régionaux des affaires sociales, que l'on retrouve
précisément aux articles 4, 5, 6, 7 et 8 du projet de loi; par
des pouvoirs de réglementation sur les institutions accordés aux
ORAS à l'article 36; par le pouvoir de l'ORAS sur les institutions de
son territoire en matière budgétaire et, enfin, par l'importance
que le projet de loi accorde à l'avis de l'ORAS au ministre lors de
fusion d'institutions privées à l'article 85.
Par ailleurs, par la présence de représentants de la
population au conseil d'administration de l'office régional des affaires
sociales, à l'article 9 f); par la présence de
représentants de la population au conseil d'administration des
institutions publiques, articles 49 a), 50 a), 51 a); par l'obligation qu'ont
les institutions de tenir une assemblée populaire par année,
article 90; par la possibilité de créer des groupes consultatifs
au sein des institutions, article 91, on note l'intention du gouvernement de
faire participer la population.
Nous décelons aussi dans ce projet de loi l'intention du
gouvernement de suivre les recommandations de la commission Castonguay-Nepveu
eu égard au concept d'équipe de santé. En effet, par
l'institution d'un conseil des professionnels à l'article 76, on
pressent le désir de l'Etat de voir s'intégrer tous les
professionnels de la santé dans la poursuite d'un seul et même
objectif: la santé. C'est là, selon nous, une amorce logique et
prudente à l'application du concept de l'équipe de santé
qui, nous l'espérons, permettra d'accentuer dans les années
futures l'intégration tant souhaitée de tous les professionnels
de la santé et la complémentarité de leurs actes
professionnels.
Par la création de centres locaux de services communautaires, de
centres hospitaliers et de centres d'accueil, de même que par le pouvoir
que le projet de loi octroie au lieutenant-gouverneur en conseil à
l'effet d'établir des classes d'institutions, on peut déduire le
désir de l'Etat d'établir des niveaux de soins
conformément aux recommandations de la commission
Caston-guay-Nepveu.
La création possible puisque prévue dans les
pouvoirs de réglementation de la loi à l'article 183 a) de
classes d'institutions nous laisse également présumer que
certaines institutions auront une vocation plus spécialisée que
d'autres et que, par conséquent, l'on retrouvera certaines d'entre elles
dispensant des soins de première ligne, d'autres des soins secondaires
et enfin certaines institutions offriront des soins
ultra-spécialisés. Nous espérons aussi que les
règlements apporteront plus de précision en ce qui a trait
au rôle des institutions qui dispensent de l'enseignement.
Nous nous devons aussi de louer l'effort manifeste du gouvernement pour
présenter à la population du Québec un système
intégré assurant la coordination des services de santé sur
tout le territoire.
Enfin, la préoccupation d'améliorer l'usage des ressources
mises à la disposition des institutions de santé et le souci
d'accroître l'efficacité dans l'utilisation des deniers publics
sont évidents dans ce projet de loi.
Par ailleurs, nous réalisons que, si les objectifs sont
établis et reconnus, que si les intentions des initiateurs de ce projet
sont manifestement bonnes, que si les efforts sont éminemment louables
et courageux, les moyens utilisés sont discutables à certains
égards. Qu'on nous permette donc d'élaborer sur ceux-ci en
assurant les membres de cette commission parlementaire que nos commentaires
sont faits dans un souci intense de collaboration positive à
l'amélioration de notre régime de santé.
Dans plusieurs articles du projet de loi, on note que l'Etat ne semble
pas vouloir faire confiance à ceux qui oeuvreront dans le nouveau
système. Plusieurs décisions de portée régionale ou
locale sont prises par le ministre. Abstraction faite de la présence des
institutions au sein du conseil d'administration de l'ORAS et de la
présence des professionnels au sein du conseil d'administration des
institutions, le ministre n'est pas tenu de consulter les professionnels, les
administrateurs, voire même les institutions.
Aussi, le projet de loi accorde à l'Etat des pouvoirs
discrétionnaires très grands. A plusieurs endroits dans le projet
de loi le ministre ou le lieutenant-gouverneur en conseil peut prendre des
décisions en omettant, comme nous l'avons mentionné
précédemment, toute consultation des institutions et souvent
même des ORAS. A titre d'exemple, citons l'article 3 où il y a
décision unilatérale de créer des régions et des
offices régionaux des Affaires sociales; l'article 24 où il y a
nomination du directeur général par le lieutenant-gouverneur en
conseil plutôt que par le conseil d'administration de l'ORAS
évidemment, ici, il était question du directeur
général de l'ORAS les articles 41 et 43, où il y a
décisions unilatérales du ministre sans consultation de l'office
relativement à la création d'institutions.
A l'article 45, alinéa suivant le paragraphe h), où les
pouvoirs des institutions publiques se trouvent assujettis à
l'autorisation du ministre lequel, compte tenu du libellé de l'article,
peut faire totalement abstraction de l'office régional.
A l'article 36a), l'ORAS, plutôt que le conseil d'administration
de l'institution, fixe les normes de fonctionnement du comité
administratif et du directeur général, permettant ainsi
l'ingérence des ORAS dans la gestion interne des institutions.
En vertu de l'article 74, les pouvoirs de l'ORAS sur le directeur
général des institutions publiques sont absolus. C'est là
un cas d'espèce, si on le compare aux conditions faites au personnel des
institutions à l'article 75.
A l'article 83, où il y a décisions unilatérales du
ministre quant à la fusion d'institutions publiques.
A l'article 133j) et k), où l'on accorde au projet de loi des
pouvoirs de réglementation sur les questions qui, selon nous,
relèvent de la gestion interne des institutions, telles que la
réglementation des visiteurs et les règles d'admission des
malades.
A l'article 93, où l'on donne le pouvoir de délivrer un
permis d'exploitation unilatéralement au ministre et où l'on ne
prévoit même pas la consultation des offices régionaux des
affaires sociales. La même constatation s'applique à l'article 104
et à l'article 105 lorsqu'il s'agit de suspendre et d'annuler un permis
d'exploitation.
Enfin, les pouvoirs de sanction et de pénalisation de l'Etat sont
aussi très considérables. Ainsi, à l'article 138, on note
un pouvoir de destitution de toute personne qui autorise un dépassement
de budget. Aux articles 146 et 147, l'Etat détient un pouvoir de
pénalisation sur quiconque enfreint directement la loi et les
règlements ou même ne fait que consentir, acquiescer ou participer
à une telle infraction.
Ceci s'applique aux membres des conseils d'administration à qui
le projet de loi impose le bénévolat et qu'il oblige à une
présence et à une disponibilité très grande.
En omettant de faire confiance aux personnes par des mesures aussi
rigides, on leur enlève toute latitude d'action à
l'intérieur de laquelle il eût été possible
d'exercer une certaine activité créatrice, une initiative qui
eût pu profiter à tout le régime. Le système doit
être, selon nous, suffisamment souple pour permettre à ceux qui y
oeuvreront de se réaliser pleinement et d'y engager toutes leurs valeurs
personnelles.
Nous recommandons donc fortement d'assouplir certains articles de ce
projet de loi dans l'esprit de ce que nous venons d'énoncer. Plusieurs
de nos recommandations, dans notre chapitre deuxième, sont faites dans
ce sens.
Nous réalisons, de plus, l'impact considérable de ce
projet de loi sur notre système actuel et sur ceux qui y oeuvrent. En
fait, ce qui existe présentement: les lois, les règlements, les
structures, voire même les institutions, se trouvera transformé
profondément.
Notre système actuel subira ainsi des changements majeurs au
profit d'un régime nouveau et complexe dont l'efficacité ne
pourra être évaluée et connue qu'ultérieurement. Un
régime qui marquera pour les générations futures tout le
domaine de la santé nécessitera qu'on y intègre et utilise
les forces et les valeurs de notre système actuel. Nous reconnaissons,
par ailleurs, que cette intégration nécessitera de tous une
détermination à s'y adapter. Ainsi, en tant
qu'administrateurs, nous reconnaissons qu'il faudra s'autodiscipliner
à une meilleure planification administrative et à l'exercice d'un
contrôle plus méticuleux dans l'utilisation de nos ressources. Il
faudra aussi que nous fassions tous ensemble, gouvernants, institutions,
professionnels et population en général, l'apprentissage d'une
grande démocratie participante.
L'implantation trop radicale et trop subite d'un système qui
tendrait à ignorer a priori les forces et les valeurs actuelles rendrait
plus difficile la réalisation des objectifs visés.
Après la sanction officielle du projet de loi no 65, l'Etat devra
prévoir une période de transition suffisamment longue pour
permettre l'intégration harmonieuse de nos ressources humaines et
matérielles dans les nouvelles structures. Il est important que les
membres actuels des conseils d'administration, dont la valeur de la
contribution à la cause des institutions est reconnue, voient
également leur travail reconnu et apprécié par le
ministère et qu'ils soient maintenus en poste afin d'assurer la
continuité de pensée et d'action au sein de nos conseils
d'administration durant cette transition.
Le projet de loi omet d'aborder directement la question du droit de
propriété des corporations. Les institutions publiques se
trouvent assujetties par les articles 134 à 145 quant au financement de
leurs opérations, par l'article 45, alinéa suivant le paragraphe
h), quant au financement de leurs immobilisations futures, leurs
transformations, leurs agrandissements ou autres, par les articles 4, 36, 41
à 45 et 133 quant à leur vocation, par les articles 36 et 133
quant à leur gestion à une réglementation précise
et dictée par le ministère ou son représentant.
Par ailleurs, le projet de loi omet de préciser clairement ce
qu'il adviendra des corporations qui ont, par le passé, financé
leurs immobilisations par des intérêts privés. Ceci devrait
être précisé.
Au chapitre de la décentralisation, on se rappellera, au point de
départ, que la commission d'enquête sur le bien-être social
décrivait sa conception de l'office régional en ces termes: "Un
organisme de puissance publique pour le secteur de la santé, par suite
d'une décentralisation." Cette même commission précisait
aussi sa notion de la décentralisation en ces termes: "La
régionalisation doit postuler la décentralisation des
décisions relatives au développement et au fonctionnement interne
du régime de manière à ce qu'elle soit adaptée aux
conditions particulières du territoire."
Enfin, toutes ces réflexions se trouvaient condensées dans
la recommandation suivante: "Que, compte tenu de ses fonctions et en tant que
personne morale publique exerçant en vertu d'une
délégation une partie de la puissance publique, l'ORAS puisse..
"
La décentralisation préconisée par ce projet de loi
n'est qu'apparente car, plutôt de placer le pouvoir d'action plus
près de la scène de l'action, plutôt de
déléguer réellement des pouvoirs, elle introduit l'ORAS
entre les institutions et le ministre sans lui octroyer d'autres pouvoirs que
ceux d'intermédiaire et de consultant. L'ORAS dépend du ministre
pour toute décision reliée tant au développement du
régime sur le territoire qu'au fonctionnement interne des institutions.
On note à l'article 4-a) que l'ORAS est un agent de liaison. A l'article
4-b) l'ORAS est un conseiller au ministre; à l'article 5, l'ORAS
détient un pouvoir de recommandation au ministre; à l'article 8,
le pouvoir de gestion interne des ORAS se trouve assujetti à
l'autorisation du ministre; à l'article 24, l'ORAS ne désigne
même pas son directeur général. A plusieurs endroits dans
le projet de loi, on constate que l'ORAS n'est même pas consulté,
et ceci est particulièrement vrai dans la création des
institutions sur son territoire, à l'article 41, lors de
l'émission de lettres patentes supplémentaires, à
l'article 43, et à l'article 45, alinéa suivant le paragraphe h),
l'exercice des pouvoirs des institutions se trouve assujetti aux
décisions du ministre et non de l'ORAS.
La fusion d'institutions, à l'article 83, incombe exclusivement
au ministre sans la participation de l'ORAS, sauf dans le cas des institutions
privées, à l'article 85.
Les pouvoirs de délivrance et d'annulation ou suspension de
permis incombent au ministre sans participation de l'office, aux articles 93
à 192, et si ce n'est aux pouvoirs d'enquêtes effectuées
uniquement après l'autorisation du ministre, tel qu'établi aux
articles 30 à 35.
Quant à l'approbation des budgets des institutions, on se
rappellera notre argumentation précédente portant sur les
articles 4 d), 30, 36 a) 45 a) 45, dernier alinéa, 133, 137 et 138, et
qui tend à démontrer que les institutions sont placées,
par le projet de loi numéro 65, dans un carcan très rigide.
Dans un tel contexte, nous en venons même à douter de
l'utilité des articles relatifs au maintien des corporations et des
conseils tant des offices que des institutions.
Si nous convenons toutefois que le ministère des Affaires
sociales se doit de prendre des décisions relatives à la
planification et au développement de l'ensemble du régime de la
santé au Québec, par ailleurs, nous croyons que les ORAS
devraient participer activement, avec le ministère, à
l'élaboration des grandes politiques de la santé en plus de
détenir des pouvoirs décisionnels suffisants pour assurer la
planification et la coordination provinciale des services de santé dans
la région, dans le cadre des politiques provinciales en cette
matière.
Notez ici que cela n'exclut pas que le ministre conserve la
responsabilité finale tout en déléguant son
autorité en matière de planification et de coordination
régionale.
Enfin, les institutions doivent posséder suffisamment d'autonomie
pour prendre toutes les décisions relatives à leur fonctionnement
interne. Ainsi les pouvoirs de chaque organisme
seront mieux définis, les responsabilités plus conformes
aux pouvoirs octroyés et on évitera que les ORAS ne soient qu'une
étape additionnelle dans le processus de décision.
En résumé, l'esprit de la commission Castonguay-Nepveu sur
ce point doit se retrouver dans le projet de loi car c'est là, selon
nous, la pierre angulaire de tout le système. Nos commentaires et
recommandations portant sur les articles 3, 4, 8, 9, 36, 41, 43, 45, 46, 47,
48, 71, 83, 93, 96, 98, 101, 102, 104, 105, 120 à 132, 133 à 137
et 138 s'inspirent de ce principe de décentralisation.
Quant à la participation, nous reconnaissons la
nécessité de faire participer la population à
l'implantation et au fonctionnement du nouveau régime. Le projet de loi
no 65 assure selon nous la présence de la population au sein des
conseils d'administration des ORAS et des institutions. Toutefois, afin que
cette présence se traduise par une participation véritable, il
s'avérera nécessaire que l'on développe dans les plus
brefs délais un programme de relations publiques afin de sensibiliser la
population aux questions de santé et à la législation et
aux structures du nouveau régime. Etre consommateur d'un bien ne
signifie pas nécessairement que nous ayons la qualification requise pour
l'administrer. Nous estimons que la population doit être
préparée à participer positivement et d'une façon
éclairée aux décisions, surtout, compte tenu de
l'importance de sa représentation au sein des divers conseils, 53 p.c.
tel que préconisé par le projet de loi 65.
A l'ouverture de la première séance de cette commission
parlementaire, le ministre des Affaires sociales réaffirmait son
intention d'assurer dans les structures l'application du principe de
l'unité de direction. Or, à l'étude de ce projet de loi on
constate que ce même principe que nous acceptons d'emblée n'a pas
été totalement appliqué. Nous vous référons
aux commentaires que nous venons de tenir sur le principe de la
décentralisation. En plusieurs endroits, le ministre court-circuite
l'ORAS. A titre d'exemple, citons les articles 41, 43, 45, 83, 93 à 132
et 137.
De plus, au sein de l'organisation interne des institutions, le projet
de loi no 65 s'écarte de ce principe aux articles suivants: Article 81,
le conseil des médecins et dentistes est responsable au directeur des
services professionnels, et fait rapport en même temps directement au
conseil d'administration; à l'article 77, le directeur des services
professionnels est nommé sans la consultation de son supérieur
immédiat, le directeur général et à l'article 73,
les pouvoirs du directeur général laissent planer des doutes
quant à son autorité sur les activités scientifiques et
médicales dans l'hôpital.
Ceci est renforcé par le fait que l'on omet de le faire
siéger ex officio au sein du conseil des professionnels, à
l'article 76 et du conseil des médecins et dentistes, à l'article
81. Nos commentaires et recommandations précédemment cités
sur la décentralisation de même que ceux portant sur les articles
63, 71, 73, 77, 78 et 81 que vous retrouverez au chapitre II de notre
mémoire, permettent de rétablir ce principe dans toute la
structure d'organisation du système de distribution et des institutions.
De plus, nous avons tenté d'illustrer notre pensée sur
l'application de l'unité de direction dans la structure interne de
l'institution, l'organigramme que vous retrouverez à l'annexe Il, page
75 de notre mémoire.
Tels sont donc M. le Président, nos commentaires
généraux sur le projet de loi de l'organisation des services de
santé et des services sociaux.
Vous retrouverez au chapitre II de notre mémoire, l'analyse
détaillée des articles de ce projet de loi et nos recommandations
y afférant. Tel que convenu au début de cet exposé, je
m'abstiendrai de vous en livrer le contenu. Vous constaterez par ailleurs,
à la lecture de notre mémoire, tant au premier chapitre qu'au
deuxième chapitre, que nous nous sommes assurés de justifier
chacun de nos commentaires et critiques à l'aide des articles du projet
et surtout d'offrir, dans le deuxième chapitre, des solutions de
rechange.
A l'instar des autres organismes qui nous ont
précédés, nous sollicitons le privilège de voir
inscrite au journal des Débats la liste de nos 57 recommandations (Voir
annexe). Nous espérons que ces commentaires seront utiles dans les
modifications à apporter à ce projet de loi. Nous nous sommes
présentés à cette commission en collaborateurs directement
intéressés à participer à tout ce qui concerne la
réforme de la santé au Québec. Nous
réitérons par la présente notre désir d'être
partenaires de l'Etat dans l'édification de ce nouveau régime et
demandons officiellement de travailler avec vous à l'élaboration
des règlements du projet de loi no 65.
Je vous remercie. Il me fera plaisir de répondre à vos
questions avec mes collègues si nécessaire.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: Merci, M. Légaré. J'aimerais d'abord faire
un commentaire et peut-être vous poser deux questions. Lorsque vous
traitez de décentralisation au niveau des institutions, est-ce que, dans
vos relations dans le passé avec le ministère, la Loi des
hôpitaux, par rapport aux mécanismes d'établissement des
budgets, d'administration des budgets, a eu plus de poids... Ce que je voudrais
entendre de votre part, c'est votre perception de ce que signifie la Loi des
hôpitaux dans ses dispositions quant à la liberté d'action
que possèdent les conseils d'administration des hôpitaux
présentement par rapport aux contraintes qu'ont pu imposer les
règles administratives, les modes de fabrication, d'approbation et
d'administration des budgets.
Compte tenu de ces commentaires que vous
pourrez faire, j'aimerais aussi que vous nous situiez, si c'est
possible, l'incidence ou l'importance que peut avoir le budget global dans un
tel équilibre. C'est la première des questions. La seconde...
Pardon?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'en est une bonne.
M. CASTONGUAY: C'est une bonne question, n'est-ce pas? Bon. La
deuxième va être encore meilleure. Vous insistez fortement sur le
fait que nous devons respecter l'unité de direction dans la structure
interne de l'hôpital. Laissons faire pour le moment l'office
régional. D'autre part, nous avons le mémoire du Collège
des médecins et chirurgiens où l'on nous propose un
mécanisme qui s'éloigne plutôt du concept de l'unité
de direction. J'aimerais savoir pourquoi vous insistez si fortement sur la
nécessité que le concept d'unité de direction soit aussi
clairement établi que possible.
La troisième et dernière question. Vous nous dites qu'il
faudrait préparer la population à participer au niveau des
conseils d'administration et qu'il faudrait établir un programme de
relations publiques. J'aimerais connaître, compte tenu des dangers que
l'Etat oriente son programme de relations publiques, quelles sont les
initiatives que les hôpitaux ou l'Association des hôpitaux a prises
dans le passé pour sensibiliser les personnes appelées à
participer au conseil d'administration, pour qu'elles le fassent d'une
façon aussi éclairée, aussi objective que possible.
M. LEGARE: M. le Président, avant de répondre aux trois
questions de M. le ministre, j'aimerais faire une mise au point et redire que
je ne représente pas l'Association des hôpitaux ici...
M. CASTONGUAY: Je m'excuse.
M. LEGARE: ... mais bien l'Association des administrateurs
d'hôpitaux.
M. CASTONGUAY: J'espère que je ne vous ai pas insulté.
M. LEGARE: Permettez-moi de ne pas répondre.
En fait, M. le ministre, vous posez trois questions et, dans la mesure
du possible, je vais tenter de répondre en m'impliquant personnellement
dans cette réponse, étant donné que je pense qu'il y a
plusieurs facettes au problème que vous soulevez.
Concernant les budgets, il n'y a aucun doute dans mon esprit
qu'antérieurement, c'est-à-dire avant la venue des budgets
globaux, cette façon de procéder avec les institutions n'a
qu'empiré la situation actuelle dans nos hôpitaux, j'entends au
point de vue du financement. A un tel point que l'approbation de nos budgets,
tant ils étaient détaillés, tant ils étaient peu
réalistes, à toutes fins pratiques, n'a pas été
considérée par nos administrations. J'aimerais, en passant, que
vous posiez cette même question au conseil d'administration des
hôpitaux, lorsqu'il se présentera devant vous. C'est le sentiment
que les administrateurs, les directeurs, les officiers des institutions, je
pense, pour une bonne partie, ont eu, dans le passé, vis-à-vis du
système budgétaire que nous avions dans nos hôpitaux. Ceci
créait des lacunes considérables, étant donné le
fait que le budget était approuvé pour chacun des postes dans
l'hôpital, pour chacune des classifications; on nous dit qu'il y a 46
professions et 500 classifications dans un hôpital. Vous comprenez que
l'administration quotidienne ne peut pas être prévue un an
à l'avance pour nous permettre de dire que telle secrétaire, dans
un an, sera encore là à tel salaire.
Ceci, pour nous, se résume ainsi, que la venue du budget global
permettra certainement plus de latitude à nos institutions, pour autant,
évidemment, que nous pourrons avoir les règlements qui entourent
ce budget global, permettant de décider au niveau de la gestion interne
de l'institution. Mais, même si nous avons un budget global et qu'on nous
enlève le pouvoir de décision au niveau de la gestion interne
pour le reporter à l'ORAS ou, encore, au ministère des Affaires
sociales ou, encore, au lieutenant-gouverneur en conseil, je pense qu'on
n'aurait pas corrigé tellement.
De toute façon, jusqu'à présent, nous n'avions pas
les règlements prévus dans le bill 65. Le budget global, je
pense, pour ceux qui ont commencé l'expérience, est de nature
à aider à la gestion efficace sur le plan financier de nos
institutions. Je ne sais pas si cela répond à votre
première question.
M. CASTONGUAY Bien, dans une certaine mesure. La Loi des hôpitaux
actuelle, par le fait qu'elle peut sembler réserver moins de pouvoirs au
ministre ou encore par le fait qu'il n'existe pas d'offices régionaux,
peut sembler donner une plus grande latitude, soit aux administrateurs, soit
aux conseils d'administration. Ce que je voulais faire ressortir, c'est que le
processus budgétaire, avec tout ce qui l'entoure, même s'il
n'apparaît pas dans un projet de loi, peut fort bien établir un
cadre très rigide qui nie, en fait, ce que peut dire un projet de loi.
En d'autres termes, ce projet de loi, quant aux institutions, ne doit pas
être vu comme étant celui qui fixe toutes les relations entre une
institution et le ministère. Le budget, le processus d'approbation de
budget, d'administration de budget est aussi extrêmement important,
d'autant plus que nombre de pouvoirs auxquels vous avez fait allusion sont des
pouvoirs qui ne seront pas utilisés tant et aussi longtemps qu'une
administration, dans une institution donnée, sera efficace et
fonctionnera bien.
M. LEGARE: Dans ce sens-là, le budget
global ne peut qu'apporter une amélioration à
l'administration de nos institutions.
Votre deuxième question concernant l'unité de direction
est une très bonne question; le ministre a toujours cette qualité
de poser de bonnes questions. En tant qu'administrateurs, nous sommes
conscients qu'au sein de la gestion d'une institution, d'une entreprise, il y a
nécessité, à un moment donné, de prendre une
décision.
En vertu de ce besoin, de cette nécessité de prendre une
décision il est nécessaire, à mon point de vue et au point
de vue de nombreux administrateurs, que nous ayons à un moment
donné un seul porte-parole qui puisse faire le lien entre le conseil
d'administration et les "officiers" de l'entreprise. Je pense que cette
philosophie qui tend à défendre l'unité de direction se
retrouve dans toute entreprise qui veut administrer le plus efficacement
possible. Si vous avez deux têtes, pour parler en termes plus
compréhensibles, je pense qu'il est difficile d'arriver à une
décision et aussi d'arriver à présenter à vos
supérieurs, à votre conseil d'administration une situation
donnée à un moment donné.
M. CASTONGUAY: Vous avez donné une bonne réponse,
après avoir dit que c'était une bonne question. Est-ce qu'on
pourrait alors poursuivre? Est-ce que vous distinguez dans ce pouvoir, dans
cette nécessité de prendre des décisions, entre les actes
purement administratifs et les actes professionnels, et comment conciliez-vous
dans ce plaidoyer en faveur de l'unité de direction la
nécessité de contrôle quant aux actes professionnels
posés?
M. LEGARE: Sur ce point, je pense qu'au départ, si le conseil
d'administration d'une institution est responsable par la loi de toutes les
activités de l'institution et cela comprend les activités
médicales, les activités des autres professionnels il est
nécessaire qu'à l'intérieur de l'institution on ait en
place des mécanismes qui permettent d'éclairer, d'informer le
conseil d'administration sur ces actes qu'on appelle les actes professionnels,
de la même façon qu'il est nécessaire qu'on informe
l'administration qui est responsable de la partie administrative. Si nous ne
donnons pas ces mécanismes à l'intérieur de l'entreprise
qui seront nécesaires pour apprécier l'acte médical,
l'acte infirmier, l'acte des professionnels, nous devons relever le conseil
d'administration de cette responsabilité. Cela ne veut pas dire,
cependant, qu'à l'intérieur de ces mécanismes on ne doive
pas avoir, pour apprécier ces actes médicaux ou professionnels,
les professionnels concernés. J'entends que l'acte médical soit
apprécié par des médecins et les autres actes
professionnels par les professionnels concernés.
Mais si vous tenez le conseil d'administration pour une corporation
responsable de toutes les activités à l'intérieur de
l'entreprise, à l'intérieur de l'hôpital, à
l'intérieur d'un centre de soins, il est nécessaire que ces
mêmes administrateurs qui forment ces conseils aient en main les
mécanismes qui leur permettent de connaître ce qui se
déroule que ce soit sur le plan médical, infirmier, professionnel
ou autre.
M. LAURIN: Sur le même point, M. le Président, quel
rôle voyez-vous au Collège des médecins par rapport au
conseil d'administration des hôpitaux? Quelles sont les
responsabilités respectives?
M. LEGARE Ce n'est pas une question que nous avons vraiment approfondie
mais je pense que le Collège des médecins doit participer
à l'appréciation de l'acte médical dans l'institution et
faire rapport également au conseil d'administration, à la
corporation, de ses constatations.
Maintenant, si on relève le Collège des médecins de
cette responsabilité à l'intérieur des institutions, le
corps médical en place devra suppléer. Mais ceci n'est pas une
position utile et même à imaginer étant donné que le
Collège des médecins, je pense je parle pour moi
peut présenter objectivement, devant un problème
créé à l'intérieur d'une institution, à
l'organisme responsable de cette institution ses constatations. Je pense que
c'est utile et nécessaire pour éviter que le problème
soulevé par un organisme de l'extérieur ne soit
présenté aux administrateurs de l'institution par le même
groupe qui est concerné par ce problème. A ce moment-là,
ce serait peut-être biaiser la présentation qu'on peut en faire au
conseil d'administration.
Je pense qu'il y a un rôle nécessaire de la part de ce
groupe, comme il y a un rôle nécessaire de la part du groupe des
professionnels concernés à l'intérieur de l'institution
dans l'étude et dans l'appréciation de l'acte médical ou
de l'acte hospitalier dans nos institutions.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Légaré, vous avez
mentionné tantôt, dans votre exposé, qu'il serait important
d'assurer la continuité de représentation au sein des conseils
d'administration. Il est entendu que, d'après les dispositions du projet
de loi 65, évidemment, en théorie, on pourrait se retrouver avec
des administrateurs presque tous nouveaux au sein des conseils
d'administration.
Est-ce que votre organisme aurait des suggestions particulières
à faire au ministre des Affaires sociales quant aux mécanismes
qu'il faudrait introduire dans la loi pour assurer une certaine
continuité, une certaine période de transition entre ces
stipulations qu'on pourrait qualifier d'idéales et la pratique qui
comporte également des difficultés?
M. LEGARE: Je vous avoue que cette question, nous l'avons
étudiée longuement et que le mécanisme permettant cette
garantie dans le
projet de loi n'est pas facile à trouver. Toutefois, nous avons,
dans une de nos recommandations à l'article 48, proposé ceci, et
je vous le cite: "Nous sommes d'avis qu'il serait important de prévoir,
pour une période se situant entre une année et trois
années, la présence au sein même de ces conseils
d'administration d'administrateurs possédant l'expérience des
structures actuelles, ce qui permettrait l'acceptation et l'intégration
du régime proposé au régime que nous vivons
présentement."
C'est à peu près ce que nous avons trouvé de mieux,
mais nous voulons sensibiliser davantage le législateur à cette
question. Surtout, que le ministre des Affaires sociales, lorsqu'il aura
à prendre l'initiative en vue de nommer les conseils d'administration,
pense bien à la continuité dans les institutions actuelles et
à l'expérience, ainsi que, dans une certaine mesure, à la
reconnaissance à donner à ce que certains hommes et certains
groupes dans la société ont fait dans le passé pour nos
institutions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme représentant des cinq D, comme on
vous appelle les directeurs des institutions, on vous appelle les cinq
D, mais vous êtes six, en fait, d'après votre mémoire
...
M. LEGARE: Jusqu'à maintenant.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... vous considérez qu'il s'agit d'un
point extrêmement important, parce que, dans vos fonctions, vous vivez
continuellement en relation avec le conseil d'administration. Vous êtes
les exécutants, ceux qui sont chargés de responsabilités
à l'intérieur des institutions. J'ai posé la question
parce que, à moi aussi, ça m'apparaît véritablement
un problème d'assurer la continuité, tout en assurant aussi qu'il
y ait un certain renouvellement à l'intérieur des conseils
d'administration et une représentation plus équitable des
différents groupes, des différents secteurs. Cela, c'est
l'idéal, mais, en pratique, ça pose des problèmes. Je
crois que vous avez eu raison de le souligner.
Dans votre recommandation no 2, vous avez mentionné "que la
détermination des régions sanitaires du Québec soit
effectuée selon les critères de découpage proposés
dans les recommandations de la commission d'enquête
Caston-guay-Nepveu."
Est-ce que, si les régions sanitaires telles que proposées
ou telles qu'on les a déjà mentionnées ne
coïncidaient pas réellement, vous y verriez véritablement
une difficulté majeure de fonctionnement pour les ORAS?
M. LEGARE: Ce que nous préconisons dans cette recommandation,
c'est qu'on s'inspire des critères de la commission Castonguay-Nepveu
pour définir les ORAS, les régions de la santé. Nous ne
nous sommes pas davantage introduits dans cette question dans le but d'arriver
à une réponse rationnelle ou encore à une recommandation
pour dire quelle devrait être la carte des régions des ORAS dans
la province de Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, des découpages
administratifs, quels que soient les ministères qui les proposent, ne
sont certainement pas un dogme de foi. Je pense que c'est un point qui peut
être discuté et qui, en pratique, peut subir l'épreuve du
temps. Mais, de toute façon, je ne crois pas que ce soit un point
d'accrochage majeur.
M. LEGARE: Ce que nous voulions dire, c'est que la loi garantisse que
ces critères soient observés lorsque le ministère des
Affaires sociales effectuera le découpage des régions dans la
province.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je considère comme très
importante votre recommandation no 3 au sujet des pouvoirs ou de la
définition des fonctions qui seront dévolues aux ORAS. Si la
législation actuelle le bill 65 n'était pas
modifiée dans le sens de plusieurs mémoires qui ont
été présentés à la commission et
probablement d'autres qui le seront aussi, est-ce que vous verriez plutôt
dans cette nouvelle structure de l'ORAS un mécanisme qui alourdirait
davantage vos relations avec le ministère des Affaires sociales
plutôt qu'un mécanisme qui vous aiderait dans le territoire
à accomplir votre mission?
M. LEGARE: Sans aucun doute.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une réponse très explicite,
M. Légaré.
M. LAURIN: Est-ce que vous me permettez, M. le député, sur
le même sujet?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Je reviendrai tantôt.
M. LAURIN: Moi aussi, je suis d'accord avec vous que les pouvoirs de
l'ORAS ont été réduits par rapport à ce qu'il y
avait dans la commission Castonguay-Nepveu, ce que j'ai déploré
personnellement. Mais je remarque quand même que, dans les
recommandations que vous faites, vous omettez d'inclure certains des pouvoirs
que la commission Castonguay-Nepveu voulait confier aux ORAS,
particulièrement en matière budgétaire. Dans la commission
Castonguay-Nepveu, c'est l'ORAS qui devait programmer jusqu'au budget y inclus.
L'ORAS devait approuver les budgets avant de les présenter au ministre
pour ratification ou modification. Pourrais-je vous demander les raisons pour
lesquelles vous avez omis cette recommandation de la commission
Castonguay-Nepveu dans vos propres recommandations?
M. LEGARE: A notre recommandation no
3, à l'article 4, nous suggérons de modifier le
libellé de l'article et à l'article 4a), nous croyons
répondre à votre question en indiquant qu'un office a pour
fonction de constituer le dossier exact de sa région sanitaire et
d'établir la planification, la programmation et la coordination des
services de santé dans ladite région en conformité des
politiques de santé du ministère des Affaires sociales.
M. LAURIN: Cela inclurait donc, selon vous, l'approbation des
budgets?
M. LEGARE: Oui. J'aimerais, M. le Président, répondre
à la troisième question de M. le ministre, si...
M. CASTONGUAY: Avant de passer à cette question, comment
voyez-vous, pour l'office régional, s'il a la responsabilité
d'approuver les budgets, le fait qu'il n'a aucun pouvoir de taxation,
l'exercice de cette responsabilité, également la
possibilité de rendre des comptes, parce que ce serait un organisme qui
dépendrait des deniers publics?
M. LEGARE: M. le ministre, pour répondre à votre question,
j'emploierais le mode de budgets globaux que vous nous avez
présentés dans les 23 hôpitaux depuis un an environ. Je
pense qu'un ORAS pourrait fonctionner à l'intérieur d'un budget
global qui inclurait les budgets globaux des institutions qui
relèveraient de cet ORAS sans qu'il y ait nécessité pour
cet ORAS d'avoir à répondre devant le public et d'avoir un
pouvoir de taxation pour le faire, à condition que le ministère
des Affaires sociales approuve un budget global à l'ORAS qui inclurait,
comme je viens de le dire, les budgets globaux des institutions.
M. CASTONGUAY: Est-ce que ceci s'appliquerait également aux
immobilisations, au développement de nouveaux programmes et compte tenu
du fait que le niveau des services est loin d'être le même dans les
régions? Ceci pose aussi bien pour le budget global de
l'opération que pour le budget global d'immobilisation un certain nombre
de questions. C'est-à-dire comment mesurer les écarts qui
existent? Il y a des écarts dans les ressources selon les
régions, il y a des écarts aussi dans les niveaux de
dépenses provenant de facteurs tels que les distances dans certaines
régions, la densité de la population, l'état des
équipements, etc.
M. LEGARE: Pour nous, les équipements immobiliers sont des
ressources comme les ressources d'exploitation courante, et à
l'intérieur d'une planification d'abord provinciale, et à
l'intérieur d'une planification régionale, préparée
en collaboration avec les ORAS, ceci nécessite qu'au préalable on
a déterminé les besoins, qu'on a déterminé les
vocations des institutions dans chacune des régions. A ce
moment-là nous ne verrions pas d'inconvénient, au contraire,
à ce que les budgets globaux des ORAS incluent également les
budgets d'immobilisation, bien entendu après qu'une planification aura
été faite.
M. CASTONGUAY: C'est ça le gros problème.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Légaré,...
M. LAURIN: Toujours sur la question des ORAS. Vous dites que le projet
de loi 65 assure la présence de la population au sein des ORAS, mais on
peut dire quand même qu'elle l'assure d'une façon pyramidale, par
délégation des autres instances. Avez-vous entrevu un autre mode
de présence de la population au sein des ORAS, par exemple, au moyen
d'élections?
M. LEGARE: Non.
M. LAURIN: Ce qui pourrait tenir lieu, incidemment, de réponse
à ce qu'on dit quant aux pouvoirs de taxation?
M. LEGARE: Non, nous n'avons pas envisagé d'autre solution
à ce problème mais nous avons constaté que, si la
population au sein des institutions voulait dire uniquement le
représentant de la chambre de commerce, le représentant d'autres
institutions du même genre dans la société,' il n'est pas
certain que la population serait nécessairement
représentée au sein des institutions, mais nous n'avons pas
trouvé de solution à ce problème.
M. LAURIN: Vous n'avez pas envisagé celle d'un ORAS qui serait
élu?
M. LEGARE: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Légaré, vous avez, au sein de
votre groupe, des directeurs généraux, des directeurs financiers,
alors l'aspect du coût retient souvent votre attention. Pensez-vous qu'il
est possible d'installer ces nouvelles structures, même s'il y avait une
meilleure utilisation des ressources humaines, des ressources
matérielles, et qu'il est possible d'appliquer le projet de loi 65 sans
hausse de coût?
M. LEGARE: Ecoutez, quelqu'un qui répondrait à cette
question sans réserve a besoin de plusieurs mois d'étude, mais je
pense que ce que l'on peut dire c'est qu'il y a utilité pour nous de
voir ce projet de loi appliqué le plus tôt possible parce que nous
croyons qu'à partir de ce moment-là nous verrons plus clair dans
les situations, dans les problèmes que nous avons à administrer
et que les liens seront mieux définis. Bien entendu, il nous reste
encore plusieurs réglementations à connaître, le projet de
loi le laisse entrevoir à quelques articles, ceci a besoin d'être
connu avant.
Mais, pour répondre et je pense que votre question touche
surtout les coûts de la santé en général
notre opinion personnelle sur ce point est qu'il faut s'attaquer non pas aux
moyens qui sont disponibles dans le but de dispenser des soins, mais vraiment
à la cause, c'est-à-dire à la quantité des soins
qu'on doit donner, à la vocation qu'on doit donner à certaines
institutions, etc. Continuer à comprimer les moyens, mais s'attaquer
vraiment aux causes, c'est-à-dire au rôle de certaines
institutions, leur dire s'il faut le leur dire qu'elles ne
doivent plus dispenser de tels services ou encore dire à la population,
si les coûts sont trop élevés par rapport à d'autres
besoins de la société, qu'on ne peut plus donner tels services
à la société. Les besoins dans la santé sont
illimités et, à partir du moment où vous
légiférez sur un besoin de la santé, on peut vous produire
le compte de dépenses que vous voulez, et il n'y pas de limites.
M. BOIS: Sur le même sujet, si vous permettez, si vous ne
prévoyez pas actuellement quelle peut être la différence du
coût d'administration, comment serait-il possible d'améliorer
tellement les services de santé dans les institutions elles-mêmes?
Parce qu'enfin si on ne change rien au point de vue administratif, qu'est-ce
qu'on va apporter comme amélioration au point de vue des services qui
sont donnés, au point de vue de la santé dans les
institutions?
M. LEGARE: Bien, je n'ai pas dit qu'on ne changera rien par ce projet de
loi. Je pense que, si on s'attarde quelques instants seulement sur la
régionalisation, c'est certainement un moyen qui permettra de
répondre aux deux questions que j'ai soulevées
précédemment, c'est-à-dire la quantité des soins,
la vocation de certaines institutions, de certains fournisseurs de soins dans
la société. De cette façon, je pense qu'avec une meilleure
coordination de nos ressources, actuellement, on sera en mesure de donner les
mêmes soins et peut-être plus de soins à un coût
inférieur ou encore au même coût.
Je pense que nous avons des ressources mais qu'actuellement, dans
plusieurs secteurs de la santé, nous travaillons tous en
parallèle. Il n'y a pas de coordination de nos ressources et cela pousse
un peu partout comme des champignons sans qu'il y ait consultation entre divers
organismes qui, dans certains cas, je pense, font la même chose ou encore
dispersent leurs énergies. C'est dans ce sens que la
régionalisation et il y a d'autres choses la participation
populaire sensibiliseront davantage les "officiers" des institutions à
une meilleure administration. Je pense qu'on doit tous tenter
d'améliorer ce qui se fait actuellement.
M. BOIS: Oui, mais une dernière question là-dessus. Si,
à ce sujet-là, vous avez un lot d'institutions qui sont en mesure
de fournir des services, appelez-les disparates, comme vous voulez, ou des
services qui ne sont pas connus entre les institutions, comment peut-on, par
exemple, par ce système là, donner un accès plus facile
alors que partout où on s'adresse dans les hospices par exemple
il y a déjà des milliers de noms sur les listes
d'attente?
M. LEGARE: Encore une fois, je pense que, si on réussit à
faire le point dans une région sur les ressources qui y sont
disponibles, ce sera certainement plus facile, à notre point de vue,
d'orienter les besoins vers ces ressources. Actuellement, il y a des efforts
qui sont fournis par des groupes qui s'occupent de la santé
parallèles à ceux offerts par d'autres groupes qui oeuvrent dans
le domaine de la santé.
Il se peut qu'en s'adressant aux deux endroits on n'ait pas ce qu'il
faut, qu'on n'ait pas les ressources disponibles, tout simplement parce que la
même liste d'attente se retrouve dans les deux institutions. Je pense que
cela existe aussi, des personnes qui attendent sur une liste d'une institution
et qui sont souvent à deux ou trois endroits dans la même
région. Il n'y a pas cette coordination, cette canalisation vers un seul
point de ce besoin, pour prendre l'exemple que vous soulignez ici.
M. BOIS: Donc, cela demeure une question d'argent beaucoup plus que de
services, en fait.
M. LEGARE: Non, cela demeure une question de coordination dans l'emploi
de nos ressources. Si vous avez deux institutions et que vous faites le total
des listes d'attente des deux institutions, vous allez retrouver dans les deux
institutions, dans plusieurs cas, les mêmes noms, tout simplement parce
qu'il n'y a pas de coordination. Votre bonhomme dont vous parlez s'est
adressé à l'institution et a eu un refus. Son nom est sur les
deux listes et, s'il y en a cinquante comme cela, parce qu'il n'y en a pas un
qui fait une coordination de cette liste d'attente, il n'a pas de soins. Sans
coût supplémentaire, sans doute que ce patient aurait reçu
des soins. Je prends votre exemple, je donne une réponse à votre
question, mais cela s'applique également aux immobilisations et à
d'autres services.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous proposeriez l'implantation des
organismes régionaux dans toutes les régions du Québec
à la fois ou si vous suggéreriez plutôt de procéder
par étapes?
M. LEGARE: Nous recommandons de procéder par étapes. Nous
sommes conscients qu'il y a des régions naturelles je pense
à la région de Québec comparativement à
d'autres régions qui présentent des problèmes qui sont
sans doute plus difficiles à régler. Je pense que
l'expérience d'une région peut nous éclairer lorsqu'il y
aura décision pour la création d'un
autre ORAS. Je peux répondre à la troisième
question du ministre qui nous demandait ce que nous avions fait dans le
passé.
M. CASTONGUAY: En fait, je m'excuse, mais, en vous adressant cette
question, j'avais à l'esprit l'Association des hôpitaux.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions, je vais remercier M.
Légaré...
M. LEGARE: Merci.
M. LE PRESIDENT: ... ainsi que les membres de son association. Je
voudrais maintenant demander au Dr Raymond Robillard, qui représente la
Fédération des médecins spécialistes, s'il aime
mieux commencer l'exposé de son mémoire maintenant ou s'il
désire attendre la prochaine séance.
Fédération des médecins
spécialistes du Québec
M. ROBILLARD: Je pense que ceux qui ne sont pas venus à la
commission parlementaire depuis cinquante ans ont eu deux heures pour
s'exprimer. Nous non plus ne sommes jamais venus à la commission
parlementaire. Alors, je pense que nous pourrions remettre notre exposé
et le faire d'un seul bloc. Ce serait plus agréable.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous aviez été invité,
docteur, je m'en souviens.
M. ROBILLARD: D'accord. Nous sommes venus.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La commission ajourne ses travaux au 15
octobre, à dix heures de la matinée.
(Fin de la séance: 17 h 48)
ANNEXE
Liste des recommandations présentée par
l'Association
des administrateurs d'hôpitaux de la province de
Québec
RECOMMANDATION 1: QUE les mots "...en tout ou en partie..." soient
rayés de l'article 3 lequel devra se lire ainsi: 3.Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut instituer un office régional des
affaires sociales pour chaque région du Québec qu'il
détermine et lui conférer les pouvoirs que la présente loi
permet à un tel office d'exercer.
RECOMMANDATION 2: QUE la détermination des régions
sanitaires du Québec soit effectuée selon les critères de
découpage proposés dans les recommandations 4-IV 21 et 4-IV-22 du
rapport de la Commission d'enquête sur la santé et le
bien-être social (volume IV, tome 4 à la page 254).
RECOMMANDATION 3: QUE l'office soit un organisme juridiquement et
administrativement décentralisé, et que l'article 4 de la loi se
lise comme suit:
4.Un office a pour fonctions: a) de constituer le dossier exact
de sa région sanitaire et d'établir la planification, la
programmation et la coordination des services de santé dans ladite
région en conformité des politiques de santé du
ministère des Affaires sociales; b) de préparer pour le
ministère des Affaires sociales les programmes relatifs à
l'amélioration de l'état du milieu dans sa région
sanitaire; c) de réglementer et de surveiller l'activité des
institutions de ces régions conformément à la
présente loi et aux règlements adoptés en vertu de telle
loi; d) de conseiller le ministre au sujet des institutions de ces
régions; e) d'assurer des communications soutenues entre le public, le
ministre et les institutions établies dans ces régions; f )
d'accomplir les devoirs et d'exercer les pouvoirs qui lui sont dévolus
en vertu de la loi.
A défaut d'office dans une région; le ministre exerce pour
cette région les pouvoirs qui sont dévolus à un office en
vertu de la présente loi.
RECOMMANDATION 4: QUE le dernier alinéa de l'article 8 du projet
de loi libellé ainsi:
Tout contrat fait par un office sans l'autorisation requise du
lieutenant-gouverneur en conseil ou du ministre est nul soit rayé
à toute fin que de droit de cet article 8 du projet de loi
RECOMMANDATION 5 : QU'une personne désignée par le
ministre soit ajoutée à la composition du conseil
d'administration de l'office. L'article 9 du texte de loi devra donc comprendre
un paragraphe libellé ainsi: a) d'une personne désignée
par le ministre; b) la présentation des paragraphes qui suivent devrait
être modifiée en conséquence; ainsi b) devient c), c)
devient d), d) devient e), et e) devient f).
RECOMMANDATION 6: QUE les termes "professionnel(s)" qui apparaissent au
deuxième alinéa de l'article 62 soient remplacés par
"membre(s) du personnel".
RECOMMANDATION 7: QUE l'article 14 du projet de loi tel que
rédigé soit remplacé par l'article 62 dudit projet de loi
compte tenu de la modification apportée par notre recommandation
numéro 6.
RECOMMANDATION 8: QUE l'article 19 tel que présenté dans
le projet de loi soit modifié et remplacé par l'article suivant,
lequel comporte deux (2) alinéas exposant de façon distincte la
composition et le mandat confié par le conseil d'administration au
comité administratif de l'O.R.A.S.: 19. Le comité administratif
est formé du directeur général et de quatre (4) membres du
conseil de l'office nommés annuellement par les membres dudit conseil de
l'office réunis en assemblée générale.
Ce comité administratif a les pouvoirs dévolus au conseil
d'administration en vertu de la loi et des règlements, sauf en ce qui
concerne les pouvoirs d'emprunt, les politiques d'ordre général
ainsi que les dépenses capitales importantes.
RECOMMANDATION 9: QUE l'article 26 du projet de loi soit remplacé
par l'article suivant:
Le directeur général doit consacrer tout son temps
à sa fonction, et s'acquitter des devoirs que lui confie le conseil
d'administration de l'O.R.A.S.
RECOMMANDATION 10: QUE les termes "...à leur égard..."
soient rayés du deuxième alinéa de l'article 29 du projet
de loi et que ce deuxième alinéa soit reporté à
l'article 24, devenant un quatrième alinéa dudit article 24 dudit
projet de loi. Cet article 24 se lira donc comme suit: 24. Le directeur
général d'un office est nommé pour une période
déterminée qui ne peut excéder dix (10) ans, par le
lieutenant-gouverneur en conseil à même une liste de trois (3)
personnes soumise par le conseil de l'office.
Il ne peut être destitué que conformément à
l'article 61 de la Loi de la fonction publique.
Le lieutenant-gouverneur en conseil fixe le traitement ou, s'il y a
lieu, le traitement additionnel, les allocations ou les honoraires du directeur
général.
Le directeur général exerce les pouvoirs que ladite Loi de
la fonction publique attribue au sous-chef d'un ministère.
RECOMMANDATION 11: QUE l'article 36 du projet de loi soit modifié
substantiellement et se retrouve ainsi libellé: 36. Tout office peut,
sous réserve de la présente loi et des règlements
adoptés par le lieutenant-gouverneur en conseil conformément
à la présente loi, faire des règlements pour: a)
établir les normes générales dans le cadre desquelles les
institutions publiques peuvent exercer les pouvoirs qui leur sont
conférés par la présente loi ; b) établir la
procédure qui doit être suivie au cours des séances
publiques d'information que doit tenir une institution publique; c) fixer le
montant minimum d'assurance que doit souscrire le conseil d'administration
d'une institution pour couvrir les risques de responsabilité qu'elle
peut encourir; d) établir les règles de fonctionnement des
conseils des médecins et dentistes institués dans chacun des
centres hospitaliers qui sont situés dans Ta région pour laquelle
il a été constitué et déterminer les comités
que ces conseils doivent mettre sur pied.
Ces règlements entrent en vigueur après approbation des
membres du conseil de l'office et du lieutenant-gouverneur en conseil
donnée sur recommandation du ministre, à la date de leur
publication dans la Gazette officielle ou à toute autre date
ultérieure qui y est fixée.
RECOMMANDATION 12: QUE les mots "...après consultation de
l'office..." soient ajoutés à l'article 41 lequel devra se lire
ainsi: 41. Le ministre des Institutions financières, compagnies et
coopératives peut, avec l'autorisation du lieutenant-gouverneur en
conseil donnée sur la recommandation du ministre après
consultation de l'office, instituer par lettres patentes sous ses seing et
sceau, des institutions publiques de l'une ou l'autre des quatre (4)
catégories suivantes: a) centres locaux de service communautaire; b)
centres hospitaliers; c) centres de service social; d) centres d'accueil.
RECOMMANDATION 13: QUE les mots "...après consultation de
l'office..." soient ajoutés à l'article 43 du projet de loi
lequel devra se lire ainsi: 43. Le ministre des Institutions
financières, compagnies et coopératives peut, avec l'autorisation
du lieutenant-gouverneur en conseil donnée sur la recommandation du
ministre après consultation de l'office, délivrer des lettres
patentes supplémentaires modifiant les lettres patentes ou les lettres
patentes supplémentaires de cette institution.
RECOMMANDATION 14: QUE des additions soient apportées aux
paragraphes g) et h) pour assurer une consultation et une autorisation de
l'office et que le dernier alinéa soit complètement
retranché de l'article 45. Tel que modifié l'article 45 devrait
se lire ainsi: 45. Sous réserve de... a) ... b) ... c) ... d) ... e) ...
f) ... g) accepter tout don, legs, ou autre libéralité et en
disposer dans la mesure où ces derniers ne sont pas incompatibles avec
la planification de l'office; h) acquérir, posséder, louer,
détenir, administrer et aliéner des biens, meubles et immeubles,
par tous modes légaux et à tout titre, sans être assujetti
à la Loi de mainmorte (statuts refondus 1964, chapitre 276) mais
après autorisation de l'office.
Une institution ne peut cependant acquérir, construire, louer,
agrandir, transformer ou aliéner un immeuble ni entreprendre ou cesser
d'exercer son activité sans l'autorisation de l'office, du ministre et
du lieutenant-gouverneur en conseil; elle ne peut non plus exercer les pouvoirs
mentionnés aux paragraphes a) à e) sans l'autorisation de
l'office et du ministre.
Une institution...ou transforme des constructions existantes.
RECOMMANDATION 15: QUE les mots "...sur recommandation du ministre,
après consultation de l'office..." soient ajoutés au premier
alinéa de l'article 46 du projet de loi lequel devra se lire ainsi:
Une institution acquise en tout ou en partie grâce à une
subvention du gouvernement ne doit pas, sans l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil, sur recommandation du ministre et
après consultation de l'office, être utilisée pour d'autres
fins. Le présent article..,
RECOMMANDATION 16: QUE les mots "...sur recommandation du ministre et
après consultation de l'office..." soient ajoutés à cet
article 67 du projet de loi lequel devra se lire ainsi: 47. Aucune charte autre
qu'une loi de la Législature, qu'il s'agisse de lettres patentes ou d'un
autre document constituant une institution, ne peut être accordée,
modifiée, révoquée ou abandonnée, sauf en vertu de
la présente loi, sans le consentement du lieutenant-gouverneur en
conseil, sur recommandation du ministre et après consultation de
l'office.
RECOMMANDATION 17: QUE les mots "...sur recommandation de l'office..."
soient ajoutés à cet article 48. En conséquence, ledit
article 48 sera ainsi rédigé: 48. Nul ne peut, sans
l'autorisation du ministre et sur recommandation de l'office, changer la nature
de l'exploitation d'une institution, ni céder ou louer une institution
en totalité ou en partie.
RECOMMANDATION 18: QUE la composition des conseils d'administration,
telle que prévue en nombre pair aux articles 49, 50 et 51 du projet de
loi soit modifiée (par l'addition ou le retrait de membres) pour
apparaître en nombre impair et assurer la prise de décisions
majoritaires par lesdits conseils d'administration.
RECOMMANDATION 19: QU'une disposition spéciale soit
ajoutée au projet de loi stipulant que:
Article: La personne qui compose le conseil d'administration d'une
institution publique, à l'exception de celle visée par les
paragraphes f) de l'article 49, g) de l'article 50 et e) de l'article 51 du
projet de loi siège sur ledit conseil d'administration
ès-qualité d'administrateur et en cette seule qualité.
RECOMMANDATION 20: QUE les paragraphes d) e) de l'article 50 du projet
de loi soient ainsi modifiés: ...d) une personne autre qu'un
médecin et dentiste élue pour deux (2) ans par les professionnels
exerçant dans le centre; ...e) une personne autre que médecin,
dentiste et professionnel élue pour deux (2) ans par l'ensemble des
membres du personnel du centre;
RECOMMANDATION 21: QUE la composition du conseil d'administration d'un
centre d'accueil, telle qu'elle apparaît à l'article 51 du projet
de loi, soit révisée et modifiée afin d'assurer à
ce conseil d'administration un pouvoir de décision qui soit
dégagé de toute emprise du comité administratif.
RECOMMANDATION 22: QUE l'article 53 du projet de loi soit ainsi
modifié: 53. Les membres du personnel de l'institution y inclus les
professionnels exerçant dans ladite institution ainsi que les
administrateurs y occupant des postes de direction ne peuvent être
nommés en vertu du paragraphe a) de chacun des articles 49 à
51.
RECOMMANDATION 23: QUE l'article 63 tel que présenté dans
le projet de loi soit modifié et remplacé par l'article suivant,
lequel comporte trois (3) alinéas exposant de façon distincte la
composition et le mandat confié par le conseil d'administration au
comité administratif de l'institution publique : 63. Le comité
administratif est formé du directeur général et de quatre
(4) membres du conseil de l'institution publique nommés annuellement par
les membres dudit conseil réunis en assemblée
générale.
Dans le cas d'un centre hospitalier ou d'un centre de service social,
outre les membres précédemment mentionnés, le directeur
des services professionnels est membre du comité administratif,
ex-officio et sans droit de vote.
Ce comité administratif a les pouvoirs dévolus au conseil
d'administration de l'institution publique en vertu de la loi et des
règlements, sauf en ce qui concerne les pouvoirs d'emprunt, les
politiques d'ordre général ainsi que les dépenses
capitales importantes.
RECOMMANDATION 24: QUE les mots "... a member..." soient
remplacés dans le texte anglais par "... the chairman..."; ainsi
corrigé le texte anglais se lira comme suit: 64. The general manager of
a public institution shall be the chairman of the administrative committee
ex-officio.
RECOMMANDATION 25: QUE le texte de l'article 71 du projet de loi soit
aboli et remplacé par le texte suivant: 71. Le directeur
général d'une institution publique est nommé et
rémunéré suivant les normes et barèmes
établis par règlements, et après consultation du conseil
d'administration de ladite institution publique.
Le directeur général doit consacrer tout son temps
à sa fonction, et s'acquitter des devoirs que lui confie le conseil
d'administration.
RECOMMANDATION 26: QUE le premier alinéa et le paragraphe a) de
l'article 73 du projet de loi soient remplacés par le texte qui suit:
73.Le directeur général est responsable de toute l'administration
de l'institution.
Sans restreindre la généralité de ces termes, et
plus spécifiquement, le directeur général doit: a)
planifier, organiser, diriger, coordonner et contrôler toutes les
activités de l'institution; b) ... c) ... d) ... e) ...
RECOMMANDATION 27: QUE l'article 74 soit aboli et remplacé par le
texte suivant: 74.Le directeur général d'une institution publique
ne peut être suspendu et/ou destitué que conformément aux
articles 57 à 60 et 61 de la Loi de la fonction publique
(1965,1ère session, chapitre 14).
RECOMMANDATION 28: QUE l'article 77 du projet de loi soit
remplacé par le texte suivant: 77.Le conseil d'administration de tout
centre hospitalier ou centre de service social doit nommer un directeur des
services professionnels après consultation du directeur
général et du conseil des professionnels.
RECOMMANDATION 29: QUE le texte de l'article 78 du projet de loi soit
modifié et remplacé par le texte qui suit: 78.Le directeur des
services professionnels relève du directeur général pour
la totalité de ses fonctions et est responsable, entre autres, devant ce
dernier, de l'organisation des services de santé, des services sociaux
et, le cas échéant, de l'enseignement qui est dispensé par
les professionnels du centre.
Il est en outre chargé des autres fonctions que lui
confèrent la présente loi et les règlements.
RECOMMANDATION 30 : QUE le dernier alinéa de l'article 81 soit
retranché du projet de loi à toute fin que de droit.
RECOMMANDATION 31; QUE des commissions d'évaluation des actes
posés par les professionnels exerçant dans les institutions
publiques puissent être formées et qu'à cet effet une
disposition expresse soit prévue dans le texte de la loi.
RECOMMANDATION 32: QUE la dernière partie de cet article 82, du
projet de loi, soit ainsi modifiée: ...les termes de ce contrat doivent
toutefois être approuvés par le ministre des Affaires sociales sur
la recommandation de l'office ainsi que le ministre de l'Education.
RECOMMANDATION 33: QUE le premier alinéa de l'article 83 soit
modifié de manière à tenir compte d'une consultation
auprès de l'office et soit ainsi rédigé dans le texte de
loi: 83. Le ministre des Institutions financières, compagnies et
coopératives peut, avec l'autorisation du lieutenant-gouverneur en
conseil donnée, sur la recommandation du ministre et après
consultation de l'office...
RECOMMANDATION 34: QUE les mots "..et/ou privées
subventionnées..." soient ajoutés au texte de l'article 90 lequel
sera rédigé ainsi: 90. Toute institution publique et/ou
privée subventionnée...
RECOMMANDATION 35: QUE des dispositions précises soient
prévues dans les règlements adoptés en vertu de la Loi de
l'organisation des services de santé et des services sociaux afin de
statuer sur les modalités qui assureront au conseil d'administration le
contrôle des actes professionnels posés dans l'institution et la
sauvegarde de la responsabilité professionnelle en découlant tant
sur le plan moral que sur le plan civil et criminel.
RECOMMANDATION 36: QUE l'article 144 des règlements de la Loi des
hôpitaux (arrêté en conseil numéro 288 du 31 janvier
1969) soit modifié pour tenir compte des dispositions du
troisième alinéa de l'article 92 du projet de loi; le texte
corrigé de l'article 144 devrait se lire ainsi:
Tout professionnel qui pose un acte professionnel dans une institution
doit : a) ................................................. b)
................................................. 3 Avoir pour lui et sa
succession une couverture d'assurance responsabilité professionnelle
émise par un assureur (qui s'engage à le représenter) et
faire la preuve d'icelle chaque année...
RECOMMANDATION 37: QUE les mots"., autre que le gouvernement..." soient
retranchés du premier alinéa de l'article 93 du projet de loi
à toute fin que de droit.
RECOMMANDATION 38: QUE les mots "...après consultation de
l'office..." soient ajoutés à la fin de ce premier alinéa,
lequel compte tenu de cette recommandation 38 et de la recommandation 37 devra
être ainsi rédigé: 93. Nul ne peut exploiter une
institution au Québec s'il ne détient un permis
délivré à cette fin par le ministre après
consultation de l'office...
RECOMMANDATION 39: QUE le texte de l'article 96 soit modifié,
dans ses deux alinéas, afin de prévoir une consultation de
l'office; ce texte devra se lire ainsi: 96. Toute corporation qui sollicite un
permis doit transmettre sa demande en deux copies dont l'une au ministre et
l'autre à l'office dans la forme prescrite par les règlements,
accompagnées des documents prévus par lesdits
règlements.
Le ministre délivre le permis après consultation de
l'office et lorsque la corporation requérante remplit les conditions
prescrites par la présente loi et les règlements.
RECOMMANDATION 40: QUE le texte de l'article 98 soit modifié afin
de prévoir l'envoi d'une copie des motifs de refus de la
délivrance d'un permis à l'office; le texte modifié de
l'article 98 devra se lire ainsi: 98. Le ministre doit, chaque fois qu'il
refuse de délivrer un permis, en donner avis par écrit au
requérant, avec copie à l'office, en précisant les motifs
de son refus.
RECOMMANDATION 41 : QUE le texte de l'article 101 du projet de loi soit
modifié afin d'assurer à l'office la réception d'une copie
du rapport des activités des institutions établies dans la
région qui a été assignée audit office; le texte
modifié de l'article 101 devra se lire comme suit: 101. Tout
détenteur de permis doit, aux époques fixées par les
règlements, fournir au
ministre et à l'office un rapport détaillé de son
activité contenant les renseignements prescrits par les
règlements; ce rapport doit être accompagné d'états
financiers faits en la forme prescrite par règlements et revêtu du
certificat du vérificateur de l'institution.
RECOMMANDATION 42: QUE "... le ministre..." soit remplacé par
"...l'office..." et que le texte de l'article 102 du projet de loi se lise
ainsi: 102. Toute personne en charge d'une institution est tenue, sous peine
d'être coupable d'infraction, de donner accès à toute
personne que l'office autorise pour constater si la loi et les
règlements sont observés.
RECOMMANDATION 43: QUE le texte de l'article 104 soit modifié
afin de prévoir une consultation de l'office dans les cas de suspension
et d'annulation des permis et lorsqu'il y a appel de telles sanctions. Le texte
de l'article 104 devra se lire ainsi: 104.Le ministre, après
consultation de l'office, peut suspendre ou révoquer le permis de toute
institution qui .......................................
RECOMMANDATION 44: QUE l'office puisse être présent
à l'audition du détenteur du permis sujet à suspension ou
à annulation et qu'une copie de la décision du ministre
décrétant la suspension ou l'annulation lui soit adressée.
Le texte de l'article 105 devra donc se lire ainsi: 105.Le ministre doit, avant
de prononcer l'annulation ou la suspension d'un permis, donner au
détenteur l'occasion d'être entendu en présence de
l'office. Il doit aussi notifier par écrit sa décision, en la
motivant, à l'institution dont il suspend ou annule le permis, avec
copie à l'office.
RECOMMANDATION 45: QUE le terme "..personne..." soit remplacé par
"...institution..." dans le texte de l'article 106 lequel devra se lire comme
suit: 106.Toute institution dont la demande de permis est
.......................
RECOMMANDATION 46: QUE le terme "...ministre..." soit remplacé
par "...office..." au premier alinéa de l'article 120 et que le
paragraphe d) de cet article 120 soit modifié de la façon
suivante: 120. L'office peut assumer pour une période d'au plus quinze
jours l'administration provisoire d'une institution, a) ... b) ... c) ... d) si
une institution publique ou une institution privée subventionnée
a encouru inutilement et sans autorisation de l'office un dépassement au
budget annuel approuvé par ledit office.
RECOMMANDATION 47: QUE le terme "...office..." soit ajouté
à l'article 122 lequel devra être rédigé ainsi:
122.Aussitôt que possible après qu'il a assumé
l'administration provisoire d'une institution, l'office doit faire au ministre
et au lieutenant-gouverneur en conseil un rapport provisoire de ses
constatations, accompagné de ses recommandations.
RECOMMANDATION 48: QUE le terme "...ministre..." soit remplacé
dans chacun des deux alinéas de cet article 123 par le terme
"...office..."; le texte ainsi modifié devra se lire ainsi: 123.L'office
doit, avant de soumettre ce rapport provisoire au ministre et au
lieutenant-gouverneur en conseil, donner à l'institution l'occasion de
faire valoir son point de vue. Il peut aussi faire toute enquête qu'il
juge à propos.
L'office doit joindre à son rapport un résumé des
représentations que l'institution lui a faites.
RECOMMANDATION 49: QUE le ternie "..ministre..." dans le texte de
l'article soit remplacé par le terme "...office..." et que le texte
corrigé se lise ainsi: 124. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, si
le rapport provisoire de l'office confirme l'existence de l'une des situations
prévues à l'article 120, a) ... b) ... c) ordonner à
l'office de continuer d'administrer l'institution ou d'abandonner cette
administration pour ne la reprendre que si l'institution ne se conforme pas aux
conditions que le lieutenant-gouverneur en conseil a imposées
conformément aux paragraphes a) et b), et de lui faire un rapport
définitif.
RECOMMANDATION 50: QUE le terme "...ministre..." soit remplacé
par le terme "...office..." et que le texte modifié de l'article 126 se
lise ainsi: 126.L'office doit faire au ministre et au lieutenant-gouverneur en
conseil un rapport définitif dès qu'il constate que la situation
prévue à l'article 120 a été corrigée ou que
cette situation ne pourra être corrigée.
RECOMMANDATION 51: QUE le terme "...ministre..." qui apparaît
à l'article 127 du projet de loi soit remplacé par le terme
"...office..." et que le texte dudit article 127 se lise ainsi: 127.Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, après avoir reçu le
rapport définitif de l'office, a) ... b) ... c) ...
RECOMMANDATION 52: QUE le texte du premier alinéa de l'article
133 du projet de loi soit modifié afin de prévoir une
consultation du lieutenant-gouverneur en conseil auprès des organismes
et/ou associations directement intéressés; le premier
alinéa de cet article 133 devrait se lire comme suit: 133. En outre des
autres pouvoirs de réglementation qui lui sont conférés
par la présente loi, le lieutenant-gouverneur en conseil peut, sur la
recommandation du ministre et après consultation des organismes et/ou
associations intéressés, faire des règlements pour . .
.
RECOMMANDATION 53: QUE le terme "...ministre..." dans le texte de
l'article 137 du projet de loi soit remplacé par le terme "...office..."
et que la phrase "...ce budget est sans effet tant qu'il n'est pas
approuvé par le ministre..." soit retranchée de ce texte du
projet de loi à toute fin que de droit. Le texte ainsi modifié de
l'article 137 devra se lire ainsi: 137. Toute institution publique ainsi que
toute institution privée subventionnée doit soumettre chaque
année à l'office de la région dans laquelle elle est
située, avant la date que le ministre prescrit, son budget pour
l'année financière suivante.
En cas d'urgence ou de nécessité, l'office peut autoriser
officiellement une institution à encourir des dépenses qui n'ont
pas fait l'objet d'une approbation en vertu du présent article.
RECOMMANDATION 54: QUE le texte de l'article 138 du projet de loi soit
revisé en fonction de la philosophie du budget global et que les
mécanismes de contrôle budgétaire prévus par le
Législateur, dans les règlements adoptés en vertu de cette
loi, comportent des sanctions qui tiennent davantage compte du risque et des
aléas auxquels sont soumis les administrateurs de la santé dans
l'exercice de leurs fonctions.
RECOMMANDATION 55: QUE le terme "...peut..." soit remplacé, dans
l'article 141 du projet de loi, par le terme "...doit..." et que le membre de
phrase "... aux conditions qu'il détermine..." soit retranché
dudit article 141 à toute fin que de droit. L'article 141 devra donc
être ainsi rédigé:
141. Le lieutenant-gouverneur en conseil doit garantir le paiement en
principal et intérêts de tout emprunt contracté par un
office ou une institution.
RECOMMANDATION 56: Que le terme "..soixante jours..." dans le texte de
l'article 143 du projet de loi soit remplacé par le terme "... cent
vingt jours..." et que le texte modifié se lise ainsi: 143. Les
états financiers d'un office sont transmis par lui au ministre dans les
cent vingt jours qui suivent la fin de chaque année
financière.
Ceux d'une institution sont transmis par elle dans le même
délai à l'office dont elle relève.
RECOMMANDATION 57: QUE les articles 146, 147 et 148 du projet de loi
soient annulés à toute fin que de droit et remplacés par
le texte de l'article 12 de la Loi des hôpitaux (10-11 Elisabeth Il, c.
44) lequel est ainsi libellé:
Quiconque enfreint une disposition de la présente loi ou des
règlements dont la violation constitue une infraction, est passible, sur
poursuite sommaire, d'une amende de deux cents dollars et, au cas de
récidive dans les deux ans, d'une amende de cinq cents dollars.