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Commission permanente des Affaires sociales
Projet de loi no 65 Loi de l'organisation des
services de
santé et des services sociaux
Séance du mardi 9 novembre 1971
(Seize heures)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
Il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue aux membres de la
commission ainsi qu'aux visiteurs dans ce salon historique. Pour l'étude
du bill 65, nous avons comme premier organisme, le Collège des
optométristes de la province de Québec. Je demanderais, comme
d'habitude, à chaque porte-parole de bien vouloir s'identifier et de
nommer les membres qui l'accompagnent.
Voici le porte-parole du Collège des optométristes de la
province de Québec.
Collège des optométristes de la province
de Québec
M. DESROSIERS: M. le Président, M. le ministre des Affaires
sociales, MM. les membres de la commission parlementaire, le Collège des
optométristes de la province de Québec apprécie l'occasion
qui lui est offerte de soumettre ses commentaires au sujet du projet de loi 65,
Loi sur l'organisation des services de santé et des services
sociaux.
M. LE PRESIDENT: Votre nom s'il vous plaît.
M. DESROSIERS: J'allais justement vous présenter les
porte-parole.
M. LE PRESIDENT: Ah bon!
M. DESROSIERS: Donc, qu'il me soit permis de vous présenter les
porte-parole du collège; M. Jean-Louis Desrosiers, de Mont-Joli,
président du collège; M. Bernard Poliquin, de
Trois-Rivières, vice-président; M. Claude Gareau, de
Montréal, registraire et Me Robert Lesage, de Québec, conseiller
juridique.
Dans un mémoire antérieur remis en février 1971
à tous les membres de l'Assemblée nationale, le collège a
longuement analysé la deuxième partie du volume IV du rapport de
la commission d'enquête sur la santé et le bien-être social
intitulé "La santé."
Il n'est pas donc pas question pour nous de répéter les
mêmes observations et les recommandations. Nous nous limiterons donc,
pour autant que faire se peut, aux éléments les plus essentiels
du présent projet de loi.
Responsable devant l'Etat, le Collège des optométristes
est un organisme semi-public chargé d'appliquer la Loi des
optométristes pour la protection et l'intérêt du public. Il
constitue à ce titre une partie intégrante de notre
système d'administration publique. En jouant ce rôle, le
collège est un appui réel pour l'Etat. Il l'aide à assumer
ses responsabilités devant la société dans un domaine
où l'on ne peut se permettre d'improviser.
Le champ d'activités du Collège des optométristes
est très diversifié et comprend notamment l'amélioration
des standards d'excellence, la répression de l'exercice illégal,
la discipline interne, l'éducation permanente des membres, la
conciliation entre patients et professionnels, les conditions d'exercice,
etc.
Le collège est donc fondamentalement un organisme de bien commun
dont la principale préoccupation demeure celle d'assurer à la
population les meilleurs soins optométriques.
Pour promouvoir ce bien commun et ce bien individuel qu'est la
santé, le collège se doit de prendre position sur toutes les
questions relatives à l'organisation et à la distribution des
soins à la collectivité, de même que celles qui ont trait
aux modalités d'exercice, à la liberté
thérapeutique, à la qualité et au contrôle des
activités professionnelles ainsi qu'au statut professionnel de
l'optométriste.
Le Collège des optométristes souscrit en principe à
l'organisation des services de santé et des services sociaux et
reconnaît l'indispensabilité d'une réforme au plan de la
distribution des soins, de l'enseignement ainsi que de la gestion
administrative. C'est la raison pour laquelle nos propositions gravitent
davantage autour de la mise en application pratique du système
proposé. A l'instar des omnipraticiens, les optométristes
occupent la ligne de front dans le domaine de la santé. Et même si
la très grande majorité d'entre eux exercent présentement
en cabinet privé, le collège n'a aucune objection formelle
à leur intégration soit dans les centres locaux de services
communautaires soit dans les centres hospitaliers. Au contraire, nous estimons
que l'approche multidisciplinaire et la perspective d'un nouveau système
intégré pourraient permettre une meilleure coordination des
services de santé.
C'est dans cet esprit, M. le Président, que l'étude du
projet de loi 65 a été effectuée et c'est également
dans cette optique que le mémoire actuel a été
rédigé. M. le Président, je résumerai en six points
les objectifs principaux du mémoire, qui sont contenus plus
particulièrement au chapitre des observations particulières et
générales.
Que la législation concernant la refonte du droit professionnel
soit déposée avant le projet de loi 65; que les ORAS
possèdent plus de pouvoirs administratifs mais que l'on leur retire ceux
qui ont trait à l'exercice professionnel ou à son contrôle;
que les conseils d'administration des institutions publiques puissent
administrer sans devoir toujours s'en référer à un palier
supérieur; que la structure professionnelle des institu-
tions soit améliorée et tienne vraiment compte de toutes
les disciplines intéressées; que l'on reconnaisse aux ordres
professionnels la responsabilité externe de la surveillance et du
contrôle de la qualité des soins; qu'on ne permette pas l'exercice
de pouvoirs parallèles par les organismes de gestion
déterminés dans le projet de loi; que toute réglementation
relative à l'exercice de l'optométrie et à son
contrôle s'élabore conjointement par le ministre et le
collège.
Enfin, étant donné que la plupart des observations
particulières sous-tendent une recommandation spécifique et
aussi, avec ma rapidité de lecture, je me permettrai
d'énumérer rapidement les recommandations du Collège des
optométristes, seulement les recommandations.
Dans la liste des recommandations: la première est la suivante
que l'article 1 f) soit modifié afin d'y ajouter les mots "les
informe des services qu'elles peuvent obtenir d'un professionnel
exerçant en cabinet privé." Nous pensons que ce petit changement
rendrait le projet de loi moins restrictif.
Que les mots "dans une institution" soient biffés au paragraphe
j) de l'article 1...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous nous permettriez, pour que chaque
membre de la commission ait les recommandations, de faire imprimer aux
procès-verbaux les recommandations du Collège des
optométristes? Est-ce que vous seriez d'accord? Chaque membre a le
document. Si nous les faisions imprimer aux procès-verbaux, je crois que
cela vous épargnerait du temps.
M. DESROSIERS: Il y avait deux buts poursuivis et cela me permet
de...
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. DESROSIERS: Je vous les dis et vous me direz si vous êtes
d'accord ou pas d'accord. Je pourrais peut-être reprendre les
considérations de certaines recommandations que nous voulons faire de
façon particulière et peut-être escamoter les autres pour
vous permettre de vous libérer à temps. Est-ce que vous acceptez
cette idée-là?
M. LE PRESIDENT: D'accord, vous êtes bien aimable.
M. DESROSIERS: Merci. A la deuxième recommandation vous
avez tous le mémoire, je pense que je ne lirai pas la recommandation
je vais faire un commentaire tout simplement. Cela sera plus facile et
plus rapide.
La deuxième recommandation, je pense, pour nous, a trait au fait
que 80 p. c. des services sont rendus par les centres locaux des services
communautaires.
A la troisième recommandation, il nous apparaît important
de préciser qu'on entend par services de santé courants.
A la quatrième recommandation, nous vous suggérons une
définition du centre hospitalier. Il est bien clair, dans la
définition que nous donnons, que nous voulons rendre notre projet de loi
plus souple. A ce moment-là, au lieu de dire "cabinet de
médecin-dentiste", nous disons "cabinet professionnel." Cela
n'enlève rien à qui que ce soit, mais cela permet d'ajouter
beaucoup.
Et nous continuons. A l'article 6, qui correspond à l'article 77
de votre projet de loi, nous avons une nouveauté sur laquelle nous
voulons attirer votre attention. Je reprends à peu près au milieu
du paragraphe: vous avez prévu, dans le cas d'un centre hospitalier et
d'un centre de service social que le collège électoral serait
formé de professionnels exerçant leur profession dans le centre.
Nous ajoutons une nouveauté et nous vous la suggérons bien
honorablement.
Dans le cas d'un centre local de services communautaires, ce
collège, à notre avis, devrait être constitué de
tous les professionnels exerçant leur profession dans la région
desservie par le centre. C'est une nouveauté et, si vraiment on souhaite
la participation, je pense qu'il est possible, par ce biais, de l'atteindre.
78: Vous aviez prévu dans votre bill un conseil des professionnels, un
conseil consultatif. Je n'y reviens pas, vous le connaissez mieux que moi. Nous
vous suggérons de n'avoir qu'un seul conseil, qu'on appellerait le
conseil des professionnels, qui aurait pour but d'aviser le conseil
d'administration c'est la même chose qu'avant de voir
à l'utilisation rationelle des effectifs cela est nouveau et nous
pensons que c'est important et aussi, de donner son opinion sur la
nature des services dispensés. Cela aussi est nouveau et important.
Comme rôle, encore, l'organisation scientifique et technique et
aussi, l'appréciation et le contrôle des actes professionnels.
C'était dans votre projet de loi. Nous ajoutons un autre
élément nouveau, celui de pouvoir référer à
l'ordre professionnel la conduite d'un professionnel qui lui paraît
contraire à l'éthique professionnelle ou incompatible avec les
normes de compétence.
Or, il y a des éléments nouveaux à 78 sur lesquels
nous vous demandons de porter attention.
Nous passons plus loin et rapidement. A 79, qui correspond aux articles
77 et 78 de votre projet de loi, nous vous suggérons de procéder
de la même façon pour la formation de vos centres locaux de
services communautaires. La même façon dont vous procédez
au centre hospitalier. Nous pensons que, là encore, la participation des
professionnels, la participation de la population, si vous avez des
mécanismes de formation identiques à tous les paliers, il sera
plus facile de s'y reconnaître et je pense que vous allez créer
une motivation excellente.
Nous passons plus loin à l'article 81 qui nous apparaît un
article très important. C'est un droit d'appel. Et là, je ne m'en
cache pas, nous nous sommes inspirés carrément de l'article
108
du Barreau pour vous suggérer d'inclure dans votre projet de loi
ce droit d'appel. Et je pense que le texte par lui-même est assez
explicite. Je passe rapidement encore.
A l'article 82, nous vous suggérons d'étendre la vocation
d'enseignement aux centres locaux de services communautaires. La raison qui
nous motive de vous suggérer cette chose est la suivante: s'il est vrai
que 80 p.c. et plus des services de santé courants seront rendus par les
centres locaux de services communautaires, je pense qu'on devrait aussi se
pencher sur le fait qu'il y a peut-être une vocation d'enseignement qui
devrait être dévolue à ce niveau.
Et nous passons plus loin encore, j'escamote un peu pour vous permettre
d'épargner du temps. Nous revenons à l'article 13, quant au
rôle du collège qui est de contrôler les
activités.
En fait les activités et le contrôle des actes
professionnels sont du ressort du collège. Ici je me permets de dire en
passant M. le Président va dire que je prends des libertés
qu'à l'heure actuelle, le Collège des optométristes
poursuit depuis déjà quelque temps je devrais dire
quelques années mais je ne veux pas errer non plus dans le langage
des enquêtes positives au niveau de la pratique de nos
membres.
Au niveau de l'éducation permanente, il y a un projet en cours
qui s'avère un succès total. Nous avons plus de 300
optométristes présentement sur 515 qui se sont déjà
inscrits aux cours d'éducation permanente et de ce fait, je me plais
à le dire comme président, je suis très fier de ma
profession.
Nous passons plus loin aux articles 14, 15 et 16. En fait, nous
reférons à l'article 49 du bill. Ce qui est visé, par ce
que nous préconisons, est justement d'avoir une participation
réelle. C'est un défi que votre projet de loi suppose et notre
réflexion s'est portée sur les moyens possibles d'augmenter la
participation des professionnels de la santé qui seront obligés
d'accepter, pensons-nous, de très bon gré, la position
gouvernementale, mais de jouer leur rôle à 100 p.c.
A l'article 17, vous prévoyez que le conseil d'administration
préside également le conseil administratif, alors qu'à
l'autre, le directeur général, d'après le bill 65, est
d'office. Je pense que là, au strict point de vue de gestion, il y a un
accroche-coeur. On devrait prévoir alors que le président du
conseil d'administration soit automatiquement président de l'autre, afin
que nous n'arrivions pas avec un secrétaire qui pourrait être
secrétaire d'un conseil et, après, président d'un
exécutif. Je pense qu'il devrait y avoir un certain automatisme de
prévu à ce moment-là.
Nous passons plus loin et ici, à l'article 18, si vous me le
permettez, je ferai un commentaire un peu plus long et un peu plus rapide: que
le monde de sélection des représentants de la population soit le
plus démocratique possible.
Nous y avons songé parce que nous avons assisté à
d'autres réunions de votre commissions parlementaire et nous avons senti
un souci de votre part d'essayer de trouver une formule qui pourrait permettre
une participation valable, adéquate. L'expérience, pour ma part,
que je vis depuis déjà un certain temps dans le monde de
l'éducation, nous a amenés dans nos réflexions à
vous suggérer la formule suivante dans la participation. Je pense que
les gens qui sont groupés selon leurs goûts leurs tendances et
leurs préoccupations propres devraient demander leur
accréditation au lieutenant-gouverneur.
De cette accréditation, ces groupes pourraient nommer des
délégués et ceux-ci en réunion pourraient
élire un conseil. Je pense que vous auriez une formule pour amener une
participation compétente, valable avec grande motivation. Alors, nous
vous le suggérons bien humblement.
Nous passons aux derniers articles de nos recommandations, les articles
22, 23, 24 et 25 qui ont tous trait à l'article 133. Je dirai, en guise
de conclusion, que d'après les déclarations que nous avons
entendues de la part des autorités gouvernementales, les ordres
professionnels auront toujours leur rôle à jouer et les ordres
professionnels devront continuer à s'occuper des modalités
d'exercice. Ils devront continuer à s'occuper du contrôle des
actes professionnels et de l'évaluation de la compétence. Ils
devront aussi tenir compte de cette liberté thérapeutique du
statut professionnel. Tous ces champs sont des champs qui relèvent de
l'ordre professionnel. Je pense que, pour une bonne application de l'article
133, on devrait prévoir un mécanisme de consultation avec les
ordres professionnels. M. le président, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier le
Collège des optométristes pour le mémoire qu'il vient de
nous soumettre. La plupart des questions abordées dans le mémoire
ont déjà été discutées dans une certaine
mesure et j'ai eu l'occasion de les commenter. Je ne recommenterai pas la
plupart des aspects soulevés dans le mémoire, qui portent
spécifiquement sur les dispositions du projet de loi. Je peux dire aux
représentants du collège que nous avons pris connaissance de leur
mémoire et que les recommandations qui y sont faites sont
étudiées attentivement. J'aimerais poser une question au
représentant du collège. Elle a trait à l'affirmation
à l'effet que le collège n'a aucune objection, à
l'intégration des optométristes dans les centres locaux de
services communautaires et les centres hospitaliers. J'aimerais demander quel
est, selon le représentant du collège, l'obstacle majeur à
l'intégration des optométristes dans les centres hospitaliers
présentement et pour que ce même problème de
non-intégration ne se reproduise pas dans les centres locaux de services
communautaires.
A son avis, quel genre de dispositions, de modalités devraient
être utilisées, croit-il, pour
que ce genre d'absence ne se produise pas dans les centres locaux de
services communautaires?
M. DESROSIERS : Si vous me le permettez, M. le Président, je
pense que je demanderai au registraire de répondre à la question.
Vous m'avez fait patiner un peu rapidement et je voudrais bien prendre mes
précautions pour vous donner une bonne réponse.
M. GAREAU: Si vous me permettez, M. le Président, pour
répondre à la question de M. le ministre, il faut se
référer à la suggestion que nous faisons, justement en ce
qui regarde la création d'un conseil de professionnels, où chacun
des groupes aurait la chance d'être représenté.
Je pense que l'obstacle majeur qui a empêché
l'optométrie de participer, comme elle l'aurait dû dans le
passé, au niveau des centres hospitaliers, était le manque de
participation au niveau du conseil médical ou au conseil
d'administration.
Pour ma part, je suggère que, si jamais le gouvernement
décidait d'établir un seul conseil de professionnels, nous y
soyons représentés; d'autre part, je n'ai pas d'objection
à ce qu'il en crée deux, comme l'a suggéré le
Collège des médecins, mais si jamais il agissait dans ce
sens-là, je pense qu'il faudrait qu'il y ait une ligne de
démarcation entre les professions qui créent des services et les
professions qui rendent des services sur prescription d'autres
professionnels.
En tant qu'optométriste, je pense que nous entrons dans la
catégorie des médecins et des dentistes. La structure qui existe
présentement est une structure qui peut être maintenue, mais
certainement pas telle quelle, parce qu'elle n'a que des fondements
historiques.
M. CASTONGUAY: Concrètement, si la loi prévoit la
création d'un organisme où les optométristes pourraient
être représentés, il n'en demeure pas moins que si vous
êtes dans l'hôpital X et qu'il n'y a pas d'optométriste,
j'ai dit concrètement, si le projet de loi prévoit un
mécanisme, un organisme de contrôle ou un organisme tel que le
conseil des médecins, des dentistes ou le conseil des professionnels
où les optométristes sont représentés, mais que,
d'autre part, dans l'hôpital X, il n'y a aucun optométriste,
pensez-vous qu'une disposition du projet de loi en ce sens serait suffisante
pour faire en sorte que les optométristes puissent entrer dans
l'hôpital et y exercer leur profession?
Est-ce que vous croyez que c'est le seul point, la seule chose qui a
fait obstacle dans le passé ou si c'est plus profond que ça?
M. GAREAU: Non, je ne pense pas...
M. CASTONGUAY: Ce point pourrait être réglé au
niveau d'un projet de loi.
M. GAREAU: Je ne pense pas que ce soit uniquement une question de
structure. Il y a également une question de planification de la part du
ministère des Affaires sociales, pour que certains services plus
spécialisés, comme le service optométrique, puissent
être dispensés dans les milieux hospitaliers.
M. CASTONGUAY: Il y a des hôpitaux où tout est prêt
et les optométristes n'y entrent pas. C'est pour ça que je pose
la question. Moi, je n'ai aucune objection. Il y a des hôpitaux où
toutes les disponibilités y sont. Tout ce qu'il faut pour pratiquer
l'optométrie y est, mais il n'y a pas d'optométristes. C'est pour
ça que je pose la question.
M. GAREAU: Je pense, M. le ministre, vous serez d'accord avec moi que le
gros problème qui s'est posé dans le passé pour
l'intégration des optométristes dans les milieux hospitaliers
là où il y avait la discipline qui s'appelle l'ophtalmologie,
était une question de répartition des tâches. Tant que la
question ne sera pas réglée à ce niveau, il sera
très difficile pour l'optométriste de pénétrer dans
le milieu hospitalier et d'assurer toutes ses responsabilités en tant
que praticien indépendant.
On a essayé d'attirer des optométristes dans plusieurs
hôpitaux, par le passé, en voulant leur faire jouer un rôle
de subordonné à l'ophtalmologie et en essayant de restreindre
leur statut professionnel dans le milieu hospitalier. Il y a quelques
optométristes qui y sont déjà allés et qui en sont
sortis pour cette raison.
M. CASTONGUAY: La Loi de l'assurance-maladie a marqué une
première étape dans la répartition des tâches. Nous
avons convenu que ce n'était pas nécessairement définitif.
D'ailleurs, nous avons demandé au directeur de l'Ecole
d'optométrie de Montréal de poursuivre l'étude de la
question. Alors, en ce qui a trait aux services couverts par
l'assurance-maladie, je ne vois pas, lorsque vous dites que c'est la
répartition des tâches qui pourrait régler le
problème, exactement de quelle façon, puisque déjà
cela est réglé par la Loi de l'assurance-maladie. Si je pose la
question, ce n'est pas pour vous torturer. C'est pour déterminer si ce
n'est pas par un projet de loi comme celui-là qu'on pourra franchir une
étape et en venir à régler ce problème.
M. GAREAU: Si vous me permettez, M. le Président, la plupart des
services déjà couverts par la Loi de l'assurance-maladie, le
service optométrique j'entends, sont des services plutôt d'ordre
général, qui ne nécessitent pas la pratique dans un milieu
hospitalier. La plupart de ces services, je les vois personnellement beaucoup
plus pratiqués dans un milieu comme le centre local de services
communautaires.
Les services plus spécialisés et qui devraient être
pratiqués dans le milieu hospitalier ne sont
pas couverts, à l'heure actuelle par la loi ou la régie de
l'assurance-maladie.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse mais je ne partage pas tout à fait
cette opinion. Il y a des hôpitaux où un ophtalmologiste a peine
à suffire à la demande. S'il y avait un bon partage du travail
entre l'ophtalmologiste et l'optométriste, la population recevrait de
meilleurs services, d'autant plus que nos centres locaux de services
communautaires n'existent pas encore et n'existeront pas en très grand
nombre d'ici une longue période de temps.
Nous avons, je parle de la situation concrète aujourd'hui...
M. GAREAU: Si vous permettez, là est toute la question, M. le
Président, à savoir si oui ou non les centres hospitaliers auront
une vocation, à l'avenir, pour rendre les services
généraux ou uniquement des services spécialisés. Si
l'intention du ministère des Affaires sociales est de continuer à
donner des services généraux dans les cliniques externes telles
qu'on les connaît aujourd'hui, il n'y a absolument aucune objection
à ce que les optométristes pratiquent.
Mais si, tel que le suggérait la commission Castonguay, les
cliniques externes ne sont plus intégrées à
l'hôpital, je pense, qu'à ce moment-là les services
généraux ne devraient pas être donnés. Beaucoup de
services ophtalmologiques actuellement donnés dans des services externes
ne sont que des soins généraux, il ne sont pas des soins
médicaux spécialisés.
M. CASTONGUAY: Pour répondre à votre question, les soins
courants ou des soins courants ou généraux vont continuer pour un
bon moment à être donnés dans des cliniques externes;
d'abord, il y a là des organisations, des ressources personnelles: cela
répond à une demande. Il ne serait pas pensable de discontinuer
ces services. Mais, graduellement, à mesure que des centres locaux
seront établis, il pourra peut-être y avoir certains
réaménagements pour les hôpitaux qui sont dans les rayons
d'action de ces centres locaux, de telle sorte que la fonction des
consultations externes devienne plus spécialisée graduellement.
Mais dans tous les autres cas où il n'y aura pas de centres locaux, tant
et aussi longtemps que les centres locaux ne seront pas réellement bien
établis au plan du fonctionnement, il va continuer à y avoir des
services courants qui seront dispensés dans les consultations
externes.
M. GAREAU: Quand, dans la présentation du mémoire, le
président du collège mentionnait précisément que le
collège n'avait aucune objection formelle à l'intégration
des optométristes dans les centres locaux des services communautaires et
dans les centres hospitaliers, c'était justement pour répondre
à la question de M. le ministre. Nous pensons que la loi, telle que
rédigée, pourrait nous nuire et nous empê- cher de nous
intégrer plus harmonieusement, surtout lorsque vous lisez et relisez la
définition du centre hospitalier telle qu'on la retrouve actuellement
dans le bill 65, où l'on ne mentionne que les médecins et les
dentistes.
Je pense qu'il faudrait quand même, si vous voulez que les
optométristes ou d'autres professionnels de la santé
s'intègrent facilement et harmonieusement dans les centres hospitaliers,
les placer au même niveau que les médecins et les dentistes.
M. CLOUTIER (Montmangy): Je voudrais noter d'abord que le Collège
des optométristes apporte dans le domaine de la santé une
contribution très positive, non seulement par la présentation du
mémoire, mais par le volumineux travail qu'ils ont fait à la
suite du dépôt du rapport d'enquête de la commission
Castonguay-Nepveu. Sauf erreur, je pense que c'est l'organisme qui s'est
penché le plus, qui a fait un réel effort d'analyse du rapport de
la commission d'enquête. Ils nous ont produit par la même occasion
le rapport qu'ils avaient publié en février 1971. Comme le
suggère le ministre des Affaires sociales, ils ont une meilleure vue
étant donné le caractère de la profession
d'approche, d'analyse des problèmes de la santé. Cela n'a pas eu
pour conséquence cependant de régler très facilement les
problèmes qui confrontent leur profession. On sait que, depuis plusieurs
années, il y a des tables de discussion qui ont réuni à
certains moments avec plus ou moins de succès les autres professions qui
pratiquent ou qui devraient pratiquer conjointement avec les
optométristes, particulièrement les ophtalmologistes. C'est
toujours le même problème qui revient à la surface.
Evidemment, on ne peut pas le dissocier du projet de loi 65, même si
c'est plus indirect que cela l'a déjà été dans
d'autres lois comme l'assurance-maladie.
De toute façon, le problème est encore là. Je ne
crois pas qu'il soit réglé d'après l'échange que je
viens d'entendre. Ma question serait celle-ci, si M. le Président me le
permet, je ne voudrais pas entrer dans tout ce débat-là. Le
ministre, tantôt, par ses questions a voulu savoir s'il y avait
possibilité concrète par l'intégration des
optométristes au milieu hospitalier, que ce soit dans le centre
hospitalier où l'on dispense des services un peu plus
spécialisés, soins généraux ou soins
spécialisés, ou le centre hospitalier que l'on appelle le centre
local de services communautaires.
Les questions du ministre étaient orientées dans le sens
suivant: Est-ce que cette intégration pourrait davantage rapprocher les
deux professions, les optométristes et les ophtalmologistes? Est-ce
qu'il pourrait y avoir une meilleure intégration au sein de cette
équipe multidisciplinaire? Je voudrais savoir s'il y a eu des
progrès tangibles de faits dans cette discussion, à part ce qui a
été mentionné tantôt évidemment,
l'assurance-maladie qui a permis peut-être
de préciser certains actes. Mais je ne crois pas que ça
ait été suffisant pour régler tout le problème.
Est-ce que vous entrevoyez vous avez mentionné tantôt des
conseils, des collèges de professionnels qui grouperaient tous les
professionnels des possibilités de régler, à plus
ou moins longue échéance, ce partage des tâches entre
l'optométrie et l'ophtalmologie?
M. DESROSIERS: M. le Président, je vais vous donner une
première réponse qui va vous permettre de vous détendre un
peu. L'optométriste et l'ophtalmologiste s'accordent très bien
dès qu'ils ont un patient devant eux. L'optométriste le
réfère à l'ophtalmologiste lorsqu'il y a quelque chose.
C'est "effrayant" ce qu'on est gentil !
Dès qu'on arrête de se regarder l'un et l'autre, l'une et
l'autre profession, et qu'on a un patient devant soi, les deux professions ont
tellement de conscience professionnelle qu'elles font bien leur travail. J'ai
envie de dire cela. Il manque une chose: si nous pouvions fonctionner sur les
mêmes paliers; si, par hasard, il y avait plus de souplesse dans le
projet de loi pour permettre dans des conseils professionnels d'être
à une table d'égal à égal, je pense que le
problème se règlerait plus facilement. C'est tout. C'est mon
impression personnelle et je la donne comme ça. Je pense qu'il y aurait
des possibilités de régler les problèmes à des
niveaux d'égalité. A l'heure actuelle, lorsqu'on discute de ces
problèmes, on les discute à des niveaux qui nous apparaissent
différents, pour ma part. Je peux avoir un peu tort en disant cela mais
je pense que j'ai un peu raison aussi. Lorsqu'on discute des problèmes
de santé, de la nature des services à dispenser pour bien
desservir une population, je pense et c'est normal que les gens
qui siègent au conseil d'administration des hôpitaux discutent des
problèmes et les pensent en fonction de leur propre
spécialité. Je pense que si, par hasard, il y avait des gens
autres que les médecins et dentistes dans les conseils d'administration
des hôpitaux, il serait possible d'avoir une vue différente,
peut-être de penser, rendre les services de façon
différente. Et peut-être qu'alors ce serait plus
économique. Et si, tout en étant extrêmement profitable
pour la population, c'est rentable pour la province de Québec, pour ma
part, comme président du collège, je pense qu'on devrait y
souscrire grandement. Il est inutile de penser faire rendre des services de
nature générale par des gens très ou
surspécialisés. Je pense que ce ne serait pas rentable.
D'une part, qualité des services, parce que là on pourrait
retrouver toute la gamme des professionnels concernés à la
même table; d'autre part, grande économie et grande satisfaction
pour tout le monde. Je ne sais pas si M. le registraire veut ajouter des
commentaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dr Desrosiers, vous avez mentionné aussi
tantôt, dans la présentation du mémoire, l'enseignement et
la possibilité que l'enseignement se fasse par le truchement des centres
locaux de services communautaires comme il se fait actuellement par des
hôpitaux très spécialisés, des hôpitaux
affiliés par contrat à l'université. Est-ce que vous voyez
dans cet enseignement qui pourrait être distribué, dispensé
par le truchement des centres locaux, une façon de régler ces
difficultés qu'on vient d'évoquer?
M. DESROSIERS: M. le Président, je pense que je vais me servir
des paroles de M. le ministre qui nous a dit que les centres hospitaliers aussi
rendraient des services généraux, ce qu'il vient de nous dire. Il
faudrait dire: Et les centres locaux de services communautaires et les centres
hospitaliers nous apparaissent des tribunes excellentes pour pouvoir former
cliniquement des professionnels de la santé. C'est pourquoi, sans savoir
ce que le ministre allait nous dire aujourd'hui, lorsqu'on a examiné le
projet de loi, nous avons vu que dans le projet de loi on prévoyait des
centres locaux de services communautaires, soins généraux, nous y
avons vu une occasion excellente, et à bon marché, de former
cliniquement des professionnels de la santé.
C'est la façon, à moins que l'on me prouve le contraire,
de former un professionnel de la santé. C'est pourquoi nous avons vu
l'utilité et, ce faisant je pense que c'est la question que vous
m'avez posée on atteindrait aussi ce but. C'est à
travailler ensemble que l'on finit par drôlement bien s'entendre et non
pas travailler l'un d'un côté, l'autre de l'autre. Cela m'apparaft
comme cela, M. le Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous savons que votre profession est fortement
décentralisée. Vous avez une bonne répartition
géographique sur le territoire du Québec. D'ailleurs, vous avez
détaillé cette répartition dans votre document d'analyse
des commentaires sur le rapport de la commission d'enquête. Vous avez
donné tous les endroits, toutes les localités du Québec
où sont établis les optométristes et où ils
pratiquent leur profession. Vous avez donné également les
endroits où il y a des ophtalmologistes.
Ceci vous a permis, vous a facilité du moins votre travail de
dépistage en étant sur cette première ligne de feu pour
dispenser les services. Ceci vous a facilité, la dispensation des
services de prévention et de dépistage.
Est-ce qu'au niveau scolaire il y a eu certaines
difficultés à un moment donné votre
expérience vous permet de penser que l'intégration
complète de la prévention, soit par unités sanitaires et
autrement aussi, dans les centres hospitaliers, centres locaux de services
communautaires, serait de nature à préjudicier l'aspect
préventif ou si ce ne serait pas le noyer dans tout l'appareil de la
santé? Est-ce que nous ne devons pas faire une démarcation un
peu plus nette entre la prévention et les soins, traitements
actifs et curatifs? D'après votre expérience pratique?
M. DESROSIERS: Nous nous sommes tellement émus de votre propre
projet de loi, M. le Président, que nous fonctionnions par paliers. Le
fait que le premier palier répondait à 80 p.c. des soins
nécessaires à la population, nous nous sommes dit: Il faut aller
dans la ligne de pensée du bill et voir comment nous pouvons le bonifier
et non pas comment nous pouvons le détruire.
Cette pensée nous a peut-être traumatisés un peu. De
cette façon, nous nous sommes dit: Qui, mieux que celui qui exerce dans
le champ, peut connaître les problèmes auxquels il fait face? Cela
était peut-être un avantage pour nous, nous sommes dans le champ
de la province de Québec, dans les confins de la province, partout.
Nous sommes en mesure, jusqu'à un certain point, dans la limite
de notre science, de déterminer les besoins de la population. Ce
faisant, il n'y a qu'un pas à franchir pour dire, et je m'excuse de
prendre une expérience que je vis dans le monde scolaire, qu'il est donc
dommage que nous ne fassions pas avant ce que nous sommes obligés de
corriger après. Pourrions-nous, à un moment donné, le dire
à quelqu'un. Pourrions-nous participer à la structure que vous
nous proposez. M. le Président, pour vous dire que nous payons des
choses à mon sens parce que nous les faisons trop tard?
On devrait je vais prendre le monde scolaire, je m'excuse, j'y
suis faire, poser des gestes qui feraient que nous ne serions pas
obligés de payer les pots cassés après. Je pourrais donner
des exemples typiques, mais je ne veux pas prendre votre temps.
L'éducation physique apparaît, pour certains parents, au
niveau de l'élémentaire, comme une chose non indispensable. Tous
les gens qui viennent de la campagne le savent, il suffit d'entendre nos fils
de cultivateurs et nos parents dire: Mon fils en fait assez de la culture
physique sans être obligé d'en faire à l'école,
laisse-moi tranquille. Et pourtant, tous les scientistes admettent maintenant,
M. le Président, que l'éducation physique, en particulier pour
les enfants hadicapés est peut-être ce qui prime avant tout autre
chose. Aussi tous les prérequis de l'apprentissage sont peut-être
plus importants que ce que nous faisons présentement dans nos
écoles.
Je ne voudrais pas mélanger l'éducation avec la
santé. Je veux dire par là que nous vivons tous les jours avec
ces problèmes, M. le Président. Nous pensons que si, pour notre
part, nous fonctionnons au niveau du centre local de services communautaires,
il faudrait que nous puissions parler de la prévention à ce
niveau.
Je n'ai pas d'objections, au centre hospitalier, cela est
déjà prévu. Je pense que cela doit s'étendre
jusqu'à ce niveau-là. C'est dans ce sens, M. le Président,
que nous souhaitons aller jusque là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Je voudrais féliciter le collège pour l'effort,
le travail, le dynamisme dont font foi aussi bien les commentaires sur le
rapport de la commission Castonguay que sur le projet de loi 65.
J'ai apprécié particulièrement l'accent que le
mémoire met sur l'information qui doit circuler d'un palier à
l'autre et qui est une des parties, au fond, de la prévention, et
également, cet accent qu'il met sur la prévention. Je suis un peu
d'accord avec vous que la prévention s'exerce au mieux dans le champ et
ce champ sera évidemment le centre local de services communautaires,
lorsque l'optométriste sera intégré à part
entière au centre local de services communautaires.
Dans votre mémoire, vous mettez aussi beaucoup l'accent sur la
régie interne de l'institution, de toutes les institutions. On comprend
assez bien que vous vouliez y intégrer l'optométriste à
tous les niveaux. Je pense que ça se comprend. Vos membres vous
reprocheraient de procéder autrement d'ailleurs, mais je pense que
ça se défend également très bien.
Vous faites, dans ces recommandations techniques, allusion à
plusieurs sujets sur lesquels je ne pense pas utile de vous questionner parce
qu'ils sont très nombreux. Nous les étudierons et examinerons
plutôt.
Je voudrais simplement poser une question sur la recommandation 7,
à propos de l'article 78. Il me semble que dans cette recommandation
vous vouliez que le projet de loi 65 soit beaucoup plus, non seulement
précis, mais étoffé, complet. Vous mentionnez les divers
devoirs d'un conseil de professionnels. Vous établissez un lien direct
avec le conseil d'administration d'une part, et d'autre part vous semblez
recommander que le conseil des professionnels fasse des recommandations ou
émette des avis sur l'organisation scientifique et technique du centre,
entre autres fonctions que vous lui assignez.
Pourriez-vous nous dire les raisons, toutes les raisons pour lesquelles
vous allez sur ce point plus loin que le projet de loi 65?
M. DESROSIERS: Bon, je passe cette question à M. Gareau.
M. GAREAU: Si vous me permettez, je pense qu'il y a deux points sur
lesquels nous allons un peu plus loin que le projet de loi initial.
Disons que les points mentionnés à la fin de votre
exposé, à savoir l'organisation scientifique et technique,
étaient prévus pour le conseil consultatif des professionnels. La
qualité des
actes professionnels posés dans l'institution, le contrôle
de l'exercice, de même que l'appréciation des actes étaient
prévus pour le conseil des médecins et des dentistes
seulement.
Nous, nous préconisons un seul conseil des professionnels qui
engloberait ces deux champs de responsabilités et, à cause des
centres locaux de services communautaires, nous lui ajoutons l'étude de
l'utilisation rationnelle des effectifs, de même que l'étude et
les recommandations sur les services dispensés au public, parce que,
dans certaines régions, il y aura quand même des personnes, des
optométristes ou d'autres professionnels, qui ne pratiqueront pas dans
le centre local de services communautaires, mais qui pourraient quand
même influencer la planification du centre, ou la nature des services qui
y seront dispensés. Nous voulons qu'au niveau de la participation non
seulement les personnes qui pratiqueront dans l'insitution, mais
également tous ceux qui seront dans le rayon de l'institution puissent
influencer.
Ce sont les motifs principaux.
M. LAURIN: Et, à l'autre question que je posais sur les liens
plus directs entre le conseil des professionnels et le conseil
d'administration?
M. GAREAU: A un moment donné, dans le bill, je ne me rappelle pas
l'article en question, on dit que le conseil des médecins et dentistes
est responsable vis-à-vis du directeur des services professionnels. Un
peu plus loin dans le même article, on dit que le conseil des
médecins et dentistes fait rapport au conseil d'administration.
Pour nous, cela nous a paru ambigu. Nous voudrions biens qu'ils soient
responsables devant quelqu'un et non pas devant les deux, que ce soit plus
spécifique.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Je félicite le Collège des optométristes
d'avoir présenté son mémoire. Il y a surtout une question
que je voudrais poser. Je voudrais savoir de leurs représentants, si ce
qu'ils visent, par exemple sur le plan de la formation, c'est que le
Collège des optométristes soit reconnu sur le même pied que
les ophtalmologistes, si cela peut ressembler, entrer en parallèle avec
ce que sont devenus et sont les dentistes par rapport aux médecins.
Est-ce que c'est à peu près ça, en fait?
M. DESROSIERS: C'est donc complexe, cette question-là! Devant le
législateur, les deux ont une reconnaissance identique, valable. Ce sont
deux professions qui créent et rendent des services. Ce sont deux
professions qui sont responsables de leurs diagnostics et qui doivent porter la
responsabilité de leur thérapeutique. Ce sont deux professions
à part entière. Alors, de ce côté-là, rien
à dire. C'est du pareil au même.
Là où cela se complique, c'est dans le champ
d'activités. Je pense, et c'est une explication que M. le registraire
pourra corriger, que l'ophtalmologie étant une profession
surspécialisée ou spécialisée est appelée
nécessairement à jouer un rôle dans des centres comme les
centres hospitaliers si on se réfère à l'expérience
passée, alors que l'optométrie étant une profession moins
spécialisée par rapport à l'ophtalmologie est plus
près de la population. C'est cela qui fait le caractère
différent des deux professions, même si les deux s'occupent de la
vision de la personne. Je ne sais pas si vous voulez ajouter un
commentaire.
M. GAREAU: Pour préciser un peu, au point de vue juridique, le
statut de l'optométriste dans la province de Québec est
équivalent à celui du médecin ou du dentiste. Cependant au
niveau de la participation de l'optométrie, au niveau d'un centre
hospitalier tel que cela pourra se pratiquer avec la réorganisation des
centres de distribution de soins, si l'on perpétuait ce qui existe
présentement, nous ne serions pas placés au même niveau que
le médecin et le dentiste et je pense que c'est un anachronisme.
M. BOIS: Alors en fait, selon ce qui est mentionné, il existerait
le privilège de la recommandation d'un optométriste à un
ophtalmologiste pour faire traiter quelqu'un d'une façon
particulière, comme cela peut survenir chez le dentiste, actuellement,
par exemple. Si un dentiste voit des abcès spéciaux ou une
maladie dans la bouche de quelqu'un, il le réfère
immédiatement au médecin.
M. GAREAU: Il n'y a aucune objection à cela, d'ailleurs cela se
pratique présentement quand il y a pathologie oculaire,
l'optométriste ne traite pas ces cas-là, il les
réfère automatiquement, ce n'est pas là que se pose le
problème.
M. DESROSIERS: Il y a une bonne différence simple que l'on
pourrait dire. Les optométristes s'occupent des gens qui ne voient pas
clair mais qui sont en bonne santé, les ophtalmologistes s'occupent des
gens qui ne voient pas clair et qui sont en mauvaise santé. Tout le
monde comprend cela, ce n'est pas compliqué.
M. SAINT-GERMAIN: On n'a pas mentionné, mais je me permettrai de
le faire, ce qui amène les problèmes. Si on veut faire une
comparaison directe entre les dentistes et les optométristes c'est que
le champ des dentistes est bien déterminé et les médecins,
en général, ne font pas de dentisterie; tandis que les
optométristes, par les actes qu'ils posent, s'identifient jusqu'à
un certain point avec les ophtalmologistes parce que ces derniers ont le droit
de
poser les mêmes actes eux aussi. Ces deux professions, dans leur
champ d'activités, ont, à un moment donné, les mêmes
fonctions; mais l'ophtalmologiste est un type qui a complété un
cours de médecine; c'est un médecin qui s'est
spécialisé au niveau des yeux et surtout quant à la
chirurgie et à la pathologie, tandis que l'optométriste ne fait
pas de pathologie.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, à la suite de la
remarque qu'a faite l'honorable député, à l'effet que,
dans ces professions-là, si on considère que la lunette, par
exemple, peut être un instrument d'aide visuelle comparativement à
des membres artificiels, des prothèses est-ce qu'en
réalité le médecin actuel vend ou ne vend pas des
prothèses? Il les recommande, il les prescrit, mais il ne les vend pas,
alors ça demeure toujours, je pense bien, M. le ministre, le domaine de
la prescription et qui est l'article surtout le plus chatouilleux, parce qu'en
réalité, si l'ophtalmologiste vend aussi des lunettes, il faut
bien comprendre que cela apporte une concurrence qui, à un moment
donné, vient à causer des...
M. CASTONGUAY: Je trouve cela très intéressant de vous
entendre. Continuez, vous allez bien.
M. SAINT-GERMAIN: Si vous le permettez, M. le Président, il reste
tout de même qu'il y a quelques années il y avait même des
médecins de médecine générale qui pratiquaient
l'optométrie, je ne sais pas s'il y en a encore quelques-uns Maintenant,
il y a des ophtalmologistes qui distribuent eux-mêmes leurs lunettes et
il y en a d'autres qui les distribuent en cachette, en ayant des arrangements
secrets en arrière des opticiens d'ordonnances. Alors vous savez parfois
dans la vie, lorsque l'on ne peut pas faire selon la loi quelque chose de
direct, on le fait d'une façon indirecte si on a des
intérêts directs à soutenir. Il y a eu des enquêtes
là-dessus d'ailleurs dans certaines provinces et on a découvert
certains scandales. Mais, enfin, je ne veux pas dire que c'est la
majorité des ophtalmologistes qui agissent de la sorte. Il y a des
ophtalmologistes qui attachent très peu d'importance au champ
d'activités des optométristes et qui essaient même de s'en
dispenser autant que possible.
Si vous le permettez, j'aurais quelques questions à poser.
Relativement aux centres hospitaliers, aux hôpitaux, est-ce que, depuis
l'assurance-maladie, des optométristes ou des groupes
d'optométristes sous l'autorité du Collège des
médecins, ont essayé d'intégrer certains
optométristes ou est-ce que certains optométristes ont voulu
s'intégrer à un hôpital ou pratiquer en milieu
hospitalier?
M. GAREAU: Pas à ma connaissance.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce qu'il y a des hôpitaux ou des directeurs
d'hôpitaux qui ont fait appel au collège pour avoir les services
de certains optométristes?
M. GAREAU: Non, M. le Président. M'avez-vous entendu? J'ai dit
non, pas à ma connaissance.
M. SAINT-GERMAIN: Ne croyez-vous pas qu'il y a plus que les structures
qui empêchent les optométristes de pratiquer en milieu
hospitalier? Il me semble que surtout depuis l'avènement de
l'assurance-maladie, si les optométristes et les hôpitaux en
commun étaient intéressés à servir l'ensemble de la
population, il y aurait certainement une façon de s'entendre. Ou les
relations entre la profession médicale et les optométristes
sont-elles encore telles qu'il est toujours impossible de travailler en
coopération?
M. GAREAU: Je ne crois pas, M. le Président, que les relations
soient aussi tendues qu'on donne l'impression. A entendre certaines
déclarations parfois ou en parlant de certaines circonstances où
les deux groupes ont eu à s'affronter, il semble que la situation soit
très détériorée mais je ne le crois vraiment pas.
Comme le mentionnait le président du collège tantôt, au
niveau individuel, il y a entre l'optométriste et l'ophtalmologiste une
très grande collaboration. Cependant au niveau des groupes officiels,
disons que c'est plus difficile, mais il faudrait commencer quelque part.
Là où il faudrait commencer, à mon avis, c'est en les
faisant d'abord travailler ensemble et ensuite en les faisant étudier
également ensemble, de manière qu'ils se connaissent mieux et se
comprennent mieux; après cela, je pense qu'il n'y aurait pas de
problème. C'est une question d'adaptation qui peut venir très
rapidement si on a vraiment le désir de régler le
problème.
M. SAINT-GERMAIN: Vous avez mentionné tout à l'heure que
les quelques optométristes qui avaient travaillé en milieu
hospitalier se sentaient sous la juridiction ou au service des
ophtalmologistes. Pourriez-vous élaborer là-dessus et nous dire
de quelle façon et en quel sens les optométristes peuvent se
considérer simplement les serviteurs des ophtalmologistes en milieu
hospitalier?
M. GAREAU: Il est arrivé que, à ma connaissance, certains
optométristes ont exercé leur profession dans certains
hôpitaux et, après quelques mois d'expérience, se sont
aperçus qu'ils n'avaient aucune liberté thérapeutique,
aucune autonomie. Ils devaient se référer chaque fois qu'ils
devaient prescrire quelque chose à quelque patient que ce soit, à
l'autorité de l'ophtalmologiste de l'hôpital. Ils n'ont pu le
supporter et ils sont sortis tout simplement.
M. SAINT-GERMAIN: Et cela, c'est pour les actes professionnels
payés aux optométristes par l'assurance-maladie, même en ce
qui...
M. GAREAU: Qui sont aujourd'hui payés, mais qui ne
l'étaient pas à ce moment-là.
M. SAINT-GERMAIN: Mais il n'y a pas d'optométristes qui
travaillent en milieu hospitalier dans le moment?
M. GAREAU: Pas à ma connaissance. Sauf un peut-être.
M. SAINT-GERMAIN: Mais croyez-vous, maintenant que les actes sont
déterminés et payés, ou du moins que certains actes sont
payés par l'assurance-maladie aux optométristes, que s'il y avait
des expériences nouvelles, même en ce qui concerne ces
actes-là, les optométristes seraient obligés de les faire
sous la juridiction ou sous la responsabilité des ophtalmologistes?
M. GAREAU: Je l'ignore. La seule chose que je peux vous dire, c'est que
la plupart des optométristes ne seraient pas intéressés
à y aller sans qu'il y ait, comme je le disais tantôt, une
intégration harmonieuse et rationnelle et où on respecterait leur
indépendance et leur autonomie professionnelle. Mais, à ces
conditions-là, je pense que vous pourriez facilement bâtir des
équipes intégrées au milieu hospitalier, si vous respectez
le statut professionnel de l'optométriste dans ce milieu et si vous
prenez les mesures pour que ce statut soit absolument respecté.
M. SAINT-GERMAIN: Croyez-vous que, si les optométristes
étaient intégrés dans les nouvelles structures du bill 65
ou dans le milieu hospitalier, l'enseignement de la profession pourrait
être profondément modifié?
M. GAREAU: Pour ma part, je crois qu'au niveau de l'enseignement
clinique, cela pourrait assurément améliorer la qualité de
l'enseignement.
Cela permettrait par exemple, à l'universitaire de voir beaucoup
plus de patients avec l'ophtalmologiste.
M. SAINT-GERMAIN: Merci.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions, je remercie les
porte-parole du Collège des optométristes.
Le Collège des chirurgiens-dentistes a annulé sa demande
d'audition. Alors, j'invite le porte-parole de la Conférence des
hôpitaux psychiatriques.
M. DESROSIERS: M. le Président, est-ce qu'il est permis de vous
dire merci avant de s'en aller?
M. LE PRESIDENT: Ah oui!
M. DESROSIERS: Merci, M. le ministre. Merci, tout le monde.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais demander au porte-parole ainsi
qu'aux membres de la commission comme nous avons plusieurs organismes à
entendre, s'il y aurait possibilité de faire un résumé, de
se limiter aux faits principaux, s'il vous plaît?
M. LAZURE: Oui, M. le Président. M. LE PRESIDENT: Je vous
invite...
Conférence des hôpitaux
psychiatriques
M. LAZURE: Je veux remercier, au nom des dirigeants des hôpitaux
psychiatriques, la commission de bien vouloir nous fournir cette occasion de
faire des commentaires.
Je me présente. Je suis le Dr Lazure, directeur
général de l'hôpital Rivière-des-Prairies à
Montréal, hôpital psychiatrique pour enfants. Le Dr Roy, à
ma droite, est surintendant médical de l'hôpital
Saint-Michel-Archange à Québec et le Dr Gaston Harnois, à
ma gauche, est le directeur général de l'hôpital Douglas
à Montréal, hôpital psychiatrique surtout pour patients
anglophones, mais pas exclusivement.
Les membres ont reçu le mémoire au complet. Je vois qu'on
distribue actuellement un résumé du mémoire, sept ou huit
pages. Je ne lirai pas le résumé non plus. Je veux simplement
faire ressortir les points saillants. Deux mots de plus en ce qui concerne le
groupement. Essentiellement, c'est une conférence qui regroupe le
directeur général, c'est-à-dire l'administrateur et le
surintendant médical de chacun des 18 hôpitaux psychiatriques de
la province, ce qui représente 70,000 patients externes et internes. Les
données sont assez récentes. Au 1er septembre 1971, il y avait
70,000 patients actifs dans les cliniques externes de psychiatrie ou
hospitalisés en milieu psychiatrique et une masse budgétaire de
$115 millions pour l'année fiscale 70/71.
Notre organisme est reconnu comme porte-parole et un peu comme un point
de contact, un agent de liaison entre le ministère des Affaires sociales
d'une part et les hôpitaux psychiatriques et aussi avec l'association des
hôpitaux de la province de Québec.
Dans le monde psychiatrique, nous avons déjà tenté,
depuis sept ou huit ans, de mettre à l'épreuve et d'appliquer
certains principes de régionalisation. Nous nous sommes permis, à
la page 2, d'inclure une citation du rapport de la commission Castonguay. "Les
services psychiatriques constituent sans doute une des directions les plus
dynamiques au sein du ministère de la Santé, ils sont parmi les
premiers à régionaliser leurs unités, en vue de faciliter
le recours aux soins psychiatriques. Les efforts de
la direction générale des services psychiatriques devront
se poursuivre pendant plusieurs années en vue de répondre aux
besoins de la population."
On dit aussi que depuis la disparition des services psychiatriques de
cette direction générale, laquelle disait-on devait continuer
pendant longtemps... Nous comprenons dans le texte du mémoire qu'il y
avait des raisons valables pour qu'elle disparaisse et nous souhaitons quand
même que les canaux de communication des hôpitaux psychiatriques et
le ministère soient améliorés.
Les objectifs du bill, nous y souscrivons sans aucune réserve.
Nous pouvons même nous laisser identifier comme étant parmi les
défenseurs du bill 65. Les commentaires d'ordre général
que vous avez entendus à plusieurs reprises, ce qu'on appelle ici, la
pseudodécentralisation. En résumé, nous croyons que les
fonctions dévolues, et les pouvoirs octroyés aux offices
régionaux des affaires sociales ne correspondent pas du tout aux
fonctions et pouvoirs que le rapport Castonguay proposait qu'on lui accorde
à l'époque. Nous croyons que les pouvoirs actuels, dans le bill
65, sont trop restrictifs et ne pourraient pas amener une
décentralisation véritable de l'administration.
Nous croyons aussi qu'il est essentiel que l'office régional ait,
non seulement le pouvoir de faire, mais qu'il doive procéder à
une définition des fonctions des institutions et aussi à un
découpage du territoire que, non seulement l'ORAS lui-même doit
desservir, mais que, en ce qui concerne les centres hospitaliers, chaque centre
hospitalier se voit octroyer un certain secteur, une certaine
région.
Nous pensons, d'après l'expérience que nous avons en
psychiatrie depuis sept ou huit ans, qu'il est indispensable, si on veut
assurer une coordination, éviter un dédoublement d'efforts dans
deux ou trois hôpitaux, que chaque hôpital ait au moins un secteur
privilégié. Sans être rigide à cent pour cent,
disons que, en règle générale, l'hôpital
desservirait tous les besoins de ce secteur-là, quitte à ce qu'il
y ait des exceptions.
Aussi en ce qui concerne la régionalisation pour revenir
à des problèmes plus particuliers à notre groupement
il existe actuellement, depuis un certain nombre d'années, des
postes de directeurs régionaux de la psychiatrie et de l'hygiène
mentale dans la province. Nous souhaitons que ces postes de directeurs
régionaux soient maintenus peu importe le terme, qu'on les
appelle coordonnateurs ou directeurs régionaux et nous souhaitons
aussi que ce poste soit intégré à la structure
supérieure de l'ORAS, possiblement à titre de directeur
général adjoint de l'office régional.
Nous proposons aussi, dans le texte du rapport, que les besoins d'une
région soient approchés, soient perçus de trois
façons: les besoins en santé physique, les besoins en
santé mentale, les besoins en santé sociale, si on peut
s'exprimer ainsi. Déjà, dans certaines régions, nous
voyons des coordonnateurs des affaires sociales qui ont été
nommés, à côté, il y a un coordonnateur de
l'hygiène mentale et il est clair qu'il faut aussi qu'il y ait un
coordonnateur des services physiques.
Je comprends que cela peut paraître une division artificielle,
mais, pour les besoins d'identifier les problèmes, surtout dans une
période de déblayage, il peut être utile que chacun de ces
trois secteurs-là ait un porte-parole, peu importe le titre qu'on lui
donne.
Les services professionnels et les institutions, page 6 du
résumé. Nous pensons que l'existence parallèle de deux
organismes ayant des fonctions très apparentées constituerait un
foyer de conflits très grave entre les professionnels et ne ferait
qu'élargir le fossé qui existe entre les médecins et
dentistes, d'une part, et les autres professionnels d'autre part.
Nous préconisons plutôt l'intégration des autres
professionnels au conseil des médecins et dentistes, selon un mode de
représentation qui resterait à être déterminé
par le conseil d'administration de chaque hôpital, et ce conseil
intégré aurait les mêmes responsabilités que celles
qui sont dévolues aux deux conseils dans le texte du bill actuel.
Nous croyons que le directeur des services professionnels dans un centre
hospitalier psychiatrique devrait être un psychiatre qualifié,
tant par son expérience clinique que par ses aptitudes et sa
compétence en gestion. Nous concevons cependant qu'il y a des
régions de la province où on ne puisse pas trouver un individu
répondant à ces critères et que, temporairement, il soit
remplacé par un médecin non psychiatre.
Dans les dispositions diverses, rapidement, seulement deux points sont
soulevés. Les seules références précises,
d'ailleurs, contenues dans le bill 65 concernant la psychiatrie apparaissent
aux articles 151 à 154 et ce sont essentiellement des abrogations ou des
modifications à la loi de 1950 sur les institutions pour malades
mentaux.
L'article 153 du bill 65 demande l'abrogation des articles 28 et 29 de
la Loi des institutions pour malades mentaux. Ce qui voudrait dire que les
hôpitaux psychiatriques n'auraient plus le privilège de maintenir
ou d'ouvrir des foyers affiliés. Le réseau des foyers
affiliés a rendu d'énormes services, mais pas parfaits, loin de
là. Mais actuellement, il y a au-delà de 4,000 patients
psychiatriques qui vivent dans des foyers qui peuvent compter d'un à dix
malades, en général des foyers de trois ou quatre, et cela
représente environ 400 foyers.
Le bill 65 prévoirait que chacun de ces foyers-là tombe
dans la catégorie des centres d'accueil et aurait un conseil
d'administration autonome individuel, ce qui nous semblerait une multiplication
superflue et dangereuse aussi de conseils d'administration.
Nous proposons en somme que l'article 153 du bill soit modifié
pour qu'au moins on prévoie des aménagements pour la
période intérimaire. On ne demande pas nécessairement que
les foyers affiliés restent toujours sous la juridiction des
hôpitaux psychiatriques, mais on demande qu'il y ait des ententes de
faites pour que les hôpitaux psychiatriques puissent continuer à
exercer une surveillance clinique ou offrir leurs soins cliniques aux malades
des foyers affiliés.
Enfin, notre dernière remarque concerne un article qui
n'apparaît pas dans le bill 65, mais qu'on voudrait y voir
apparaître et qui serait l'article 153a ) qui demanderait l'abrogation de
l'article 14 de la Loi des institutions pour malades mentaux. Cet article 14 de
la loi pour les malades mentaux s'intitule "frais de traitements". C'est
l'article qui autorise le ministre de la Santé à imposer au
malade mental ou à sa famille des frais pour son hospitalisation alors
que les hôpitaux généraux traitent des malades mentaux sans
frais depuis 1961 grâce à l'assurance-hospitalisation. Nous
constatons avec étonnement et impatience que le ministère des
Affaires sociales continue jusqu'à hier en tout cas
à réclamer des patients ou de leur famille des frais pour leur
traitement dans un hôpital psychiatrique et cela en dépit de
multiples dénonciations de cette situation par une foule d'organismes
divers depuis dix ans.
Je ne veux pas finir sur cette note. En résumé, le
groupement des hôpitaux psychiatriques non seulement sur les objectifs
mais dans la plupart des modalités accepte d'emblée le bill 65.
Nous avons fait un plus grand nombre de recommandations précises dans le
texte intégral du mémoire. Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier
également les représentants de la Conférence des
hôpitaux psychiatriques du Québec pour le mémoire qu'ils
nous ont présenté. Je ne commenterai pas tous les aspects que le
Dr Lazure vient de commenter et qui sont reliés directement ou
indirectement au bill 65. Il y a un commentaire toutefois que je me permets
avant de passer à certaines questions. Relativement à certaines
questions touchant aux structures abordées par le Dr Lazure, je ne crois
pas que ces questions doivent toutes faire l'objet du projet de loi. Il faut
faire attention, à mon sens, de ne pas aller trop loin dans le
détail et noter qu'il est possible, une fois les structures principales
établies, de prévoir ou d'adapter selon les besoins dans
l'avenir. Sur ce plan, justement, nous recevrons en cours de route ou au terme
de son mandat des recommandations du Conseil de la santé mentale, qui a
été formé il y a quelques mois.
Je pense, sans attendre les recommandations du Conseil de la
santé mentale, qu'une des propositions qui sont faites est à
l'effet que le directeur des services professionnels dans une institution ou un
hôpital psychiatrique soit un psychiatre. Nous ne croyons pas que nous
devions aller dans un projet de loi aussi loin que ceci. C'est la même
chose pour les hôpitaux; je pense même que le sens commun dit que,
dans un hôpital, un médecin devrait être directeur
dès services professionnels; si nous sommes dans un hôpital
psychiatrique, c'est la même chose. C'est dans cet esprit que je fais ces
commentaires.
A la page 6 du mémoire, j'avais une question. Lorsque vous
discutez de la formation d'un conseil intégré, qui va devoir
s'occuper de deux choses malgré tout assez différentes, si l'on
regarde les dispositions du projet de loi, est-ce que l'on ne court pas le
risque de paralyser le fonctionnement à tout le moins de ce qui existe
présentement, même si cela n'est pas parfait? C'est-à-dire
que si l'on ajoute dans ce qui est le bureau médical présentement
d'autres professionnels incluant un certain nombre de professionnels et que ce
conseil-là est chargé du contrôle des actes médicaux
posés...
Il nous faut aller voter, apparemment. J'aimerais formuler cette
première question avant de terminer. La seconde, l'article 153: c'est un
point qui nous a été mentionné ou qui nous est venu
à l'esprit je ne sais pas par quel canal mais il est
évident qu'il ne faut pas abolir les foyers par le bill 65. Alors, si
les dispositions ne sont pas suffisamment précises, elles vont
être précisées avant l'adoption du projet de loi. Ces
foyers jouent un rôle utile et, d'une certaine façon, ils font
partie, ils sont le prolongement des hôpitaux psychiatriques. Il n'y a
aucune raison de les faire disparaître.
Quant à l'article 14 de la Loi des institutions pour malades
mentaux en vertu de laquelle des montants sont imposés
cette question a été discutée lors de l'étude des
crédits du ministère cette année. Ces montants
représentent si ma mémoire est bonne environ $2
millions et je n'ai pas l'autorité ou encore le moyen de
matérialiser les ressources qui représenteraient ces revenus en
cours d'année. C'est prévu dans le budget présent.
Lorsque nous allons présenter le projet de loi pour la protection
de la personne sous traitement psychiatrique, l'article 14 va être aboli
et la date de mise en vigueur de cette abrogation de l'article 14 sera fort
probablement le 1er avril, c'est-à-dire au terme de l'année
financière courante.
Cette situation existe depuis 1961. Je réalise que c'est une
chose qui doit être corrigée. Tout simplement, je voudrais
rappeler que nous vivons présentement une période assez difficile
et la pression est très grande au plan des dépenses. Au plan des
revenus, la situation économique n'est pas susceptible d'apporter des
revenus plus élevés que ceux anticipés. Alors, il nous
faut malgré le désir d'abolir ou d'abroger cette
disposition attendre encore quelques mois, soit jusqu'au 1er avril 1972
à tout le moins.
C'est le dernier des commentaires. M. le Président, je pense que,
peut-être, le Dr Lazure pourra répondre à la question
dès que nous...
M. LE PRESIDENT: Nous allons suspendre nos travaux pour quinze minutes
puisqu'il faut aller voter.
M. LAZURE: D'accord, merci. M. LE PRESIDENT: Nous reviendrons ici.
(Suspension de la séance à 17 h 13) Reprise de la
séance à 17 h 29
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay a fait des commentaires, est-ce que vous
avez des questions qui n'ont pas eu de réponse?
M. LAZURE: Oui. Je vais commencer par le dernier des trois commentaires
du ministre, M. le Président, si vous me le permettez. D'abord, ce que
l'on appelle la collection. Je suis obligé de dire, au nom du groupement
des hôpitaux psychiatriques, que l'on trouve bien dommage, à cause
des compressions budgétaires, que cette situation doive se prolonger
encore jusqu'en avril 1972?
M. CASTONGUAY: Quant à l'endroit où nous pourrions trouver
l'argent?
M. LAZURE: Si vous demandiez à l'ensemble des hôpitaux
psychiatriques je me hasarde pas mal de réduire de $2
millions la masse de $110 ou de $115 millions qui serait le budget
accordé, j'ai l'impression que cela pourrait être
étudié avec sympathie, cette proposition, si vraiment il n'y a
pas d'autre façon. Nous trouvons vraiment inacceptable que parce qu'un
malade mental se fait traiter à Saint-Michel-Archange, au lieu de se
faire traiter à l'hôpital du Saint-Sacrement de Québec, sa
famille doive payer tandis qu'à Saint-Sacrement, sa famille ne paie
pas.
M. CASTONGUAY: Je suis d'accord sur le principe, remarquez, mais le
problème, c'est que les hôpitaux psychiatriques sont loin de nous
demander de diminuer leur budget présentement.
M. LAURIN: M. le ministre, est-ce que nous pourrions penser à une
formule de péréquation entre tous les malades du
Québec?
M. CASTONGUAY: De quelle façon?
M. LAURIN: Bien, faire payer les malades d'autres
spécialités durant un certain temps...
M. CASTONGUAY: Il y a le problème que la loi de
l'assurance-hospitalisation ne nous le permet pas. Je comprends, je suis bien
d'accord sur le principe, remarquez, et j'ai mentionné qu'au 1er avril
prochain cela va être disparu, mais, entre-temps, et si je fais cette
remarque, c'est que le Dr Lazure revient en nous disant que cela est
bien malheureux il n'en demeure pas moins qu'il faut trouver un moyen.
Je vais examiner, je vais demander que l'on examine les budgets des
hôpitaux psychiatriques.
M. LAZURE: Sur le deuxième commentaire que vous faisiez, c'est
simplement pour enregistrer notre contentement de voir que le réseau de
foyers n'est pas compromis. Pour votre première question, qui est la
plus importante,
en ce qui concerne les conseils de professionnels d'une part et le
conseil des médecins-dentistes d'autre part, vous demandez comment nous
pouvons procéder dans un conseil intégré pour ne pas
paralyser la marche professionnelle de tel hôpital. Il y a
différentes formules possibles. Déjà, dans quelques
hôpitaux psychiatriques, les directeurs de disciplines professionnelles
autres que les médecins, le service social, la psychologie et la
pédagogie, font partie du conseil des médecins, parfois avec
pleins droits en quelques hôpitaux, dans d'autres hôpitaux avec des
droits mitigés.
Même dans certains hôpitaux, il y a un représentant
des professionnels non médecins au comité exécutif du
conseil des médecins. Ce sont donc déjà des situations
acquises.
On pourrait concevoir qu'en partant des conseils de médecins tels
qu'ils existent dans les hôpitaux, ces conseils s'élargissent pour
admettre dans leur sein un certain nombre de professionnels non médecins
des diverses disciplines cliniques.
Il faudrait d'abord, évidemment, que le gouvernement
définisse ce qu'est un professionnel et qui sont les professionnels. Par
exemple, est-ce que les infirmières sont toutes des professionnelles ou
seulement celles qui ont un grade universitaire, etc?
Mais, une fois la définition bien établie des
professionnels, je pense que chaque profession devrait avoir au moins un
porte-parole avec pleins droits au conseil des médecins.
On convient que cette intégration est très délicate
à réaliser, mais on constate d'autre part avec effroi que l'autre
formule des deux conseils parallèles va semer la pagaille de
façon à peu près certaine dans les hôpitaux.
M. CASTONGUAY: Mais, qu'est-ce qui vous fait dire ça, s'ils ont
des responsabilités différentes?
M. LAZURE: Bien, justement, ils n'ont pas de responsabilités
différentes selon nous, parce que, dans un hôpital, et pas
seulement dans un hôpital psychiatrique, mais dans la plupart des
hôpitaux vous avez de plus en plus des équipes multidisciplinaires
qui posent des actes professionnels.
Alors, à notre avis, c'est trop simple de dire : On va laisser au
conseil des médecins et des dentistes la surveillance des actes
médicaux et professionnels. C'est ça que votre texte dit, actes
médicaux et professionnels, si j'ai bonne souvenance, d'une part, et
l'on va laisser au conseil des professionnels non médecins la
responsabilité d'élaborer un programme scientifique.
Les actes d'un non médecin professionnel, que ce soit un
psychologue, un travailleur social, une infirmière ou un universitaire,
ou autre, pour nous, dans bien des cas, ils ont autant d'importance que l'acte
du médecin et ils doivent être jugés aussi, non seulement
par les médecins mais par leurs pairs, par ces
professions-là.
On réalise que les auteurs du texte ont fait un effort pour
délimiter les fonctions des deux conseils, mais nous ne croyons pas
qu'ils aient réussi.
De façon plus précise, dans la plupart des hôpitaux,
c'est un comité qui s'appelle comité d'appréciation de
l'acte médical, que ce soient les tissus, quand il s'agit d'autopsies,
etc., qui évalue la qualité des soins médicaux.
Dans un tel comité on peut sûrement concevoir que ces
disciplines dont je parlais tantôt seraient présentées de
façon que lorsqu'on étudie un dossier pour voir si à la
suite d'un décès, par exemple, il y a eu la qualité des
soins qui était requise, que chaque discipline soit investiguée
de par le dossier. Car dans le dossier médical de bien des
hôpitaux actuellement ce n'est plus un dossier strictement
médical, il y a plusieurs disciplines qui y interviennent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dr Lazure, je veux féliciter votre
organisme. Ce n'est pas la première fois que les psychiatres, dans le
domaine de la santé, produisent un travail ou un mémoire ou une
recherche de qualité. C'est une initiative qui s'ajoute aux autres que
vous avec déjà prises. Vous, personnellement, Dr Lazure vous avez
été associé de très près aux
développements de la psychiatrie dans le Québec, par ces
études spéciales que vous avez menées dans certains
secteurs particuliers. Il est heureux, comme je vous le disais tantôt,
que la politique n'absorbe pas tous les psychiatres qu'il en reste pour faire
de la psychiatrie.
M. LAURIN: Je n'ai jamais cessé d'en faire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il faut qu'il en reste parce que le
ministère des Affaires sociales en cherche d'excellents psychiatres. On
dit que c'est une denrée un peu plus rare que c'était.
J'espère que cela reviendra. De toute façon la psychiatrie est
probablement le secteur de la santé où il a été
possible de régionaliser davantage et régionaliser avant que
d'autres secteurs puissent le faire. C'est pour cela que vous avez
peut-être eu raison de mentionner dans votre mémoire qu'il vous
apparaissait important de reconnaître au sein des ORAS que la psychiatrie
existe, qu'elle a régionalisé et qu'elle est importante. Je ne
sais pas si c'est la meilleure façon. A première vue, vous
suggérez qu'il y ait un directeur général adjoint. La
psychiatrie dans chacune des régions n'a pas non plus la même
importance. Elle a des institutions plus importantes dans certaines
régions que dans d'autres. Il y a des régions aussi où il
n'y a pas d'institutions psychiatriques comme telles. Il y a cependant les
services psychiatriques qui sont assurés, dispensés par le
truchement des hôpitaux généraux comme vous l'aviez
proposé. Cette politique a été acceptée par le
ministère de la Santé, la direction des
services psychiatriques du ministère de la Santé dans le
temps et je crois qu'elle se continue.
De toute façon, vous avez soulevé au début de votre
mémoire un point extrêmement important. Je ne pense pas que ce
soit le moment, cet après-midi et à l'occasion du projet de loi
no 65 aussi, de discuter à fond la question des relations de la
profession de la psychiatrie avec le ministère des Affaires sociales, la
qualité des communications qui existent dans le moment ou l'absence de
communications. Fiez-vous à nous pour en discuter à certains
moments plus opportuns comme pendant l'étude des prévisions
budgétaires comme cela a été le cas au début de
l'année 1971 et comme ce sera le cas en 1972, parce que c'est un des
secteurs de la santé extrêmement importants, non seulement par les
services qui sont rendus mais par les budgets qui sont attribués! Vous
avez mentionné $115 millions en 70-71 mais ils dépassent cela en
71/72, ils dépassent $125 millions.
J'ai entendu la déclaration du ministre tantôt, les
échanges qu'il y a eus au sujet de l'abolition de l'article 14 et des
frais que l'on perçoit des malades ou des familles des malades. Cela a
toujours été un problème de trouver une recette de
substitution. Là-dessus, les ministres des Finances ont toujours
posé et posent la même question que le ministre des Affaires
sociales a posée au psychiatre tantôt : Avez-vous une suggestion
de remplacement? Apparemment, peut-être que l'examen de certains budgets
de certains hôpitaux psychiatriques, du moins les plus
considérables, permettrait de trouver ces $2 millions. Je ne sais pas
s'il s'agit de $2 millions cette année ou si...
M. CASTONGUAY: Toute l'année.
M. CLOUTIER (Montmagny): Toute l'année, c'est déjà
en cours d'année, il s'agirait donc de quelques mois d'exercice, trois
mois ou quatre mois.
M. CASTONGUAY: Vous savez d'autre part qu'il n'est pas facile de
modifier un budget...
M. CLOUTIER (Montmagny): ...en cours d'exercice. De toute façon,
je souhaite pour ma part, qu'au 1er avril 1972 au plus tard, il sera possible
pour le ministère des Affaires sociales d'éliminer cette
contribution afin que tous les patients, quel que soit le type de leur maladie,
soient égaux devant la perception que l'on exerce. Alors, Dr Lazure, si
vous aviez à être un peu plus explicite ou à aller un peu
plus loin, dans le cas que devrait faire le projet de loi no 65 de la
psychiatrie, soit dans les structures que l'on met en place, soit les ORAS;
vous avez mentionné la possibilité d'avoir un directeur
général adjoint dans les centres hospitaliers.
Vous avez parlé, il y a un instant, des conseils de
professionnels des différentes disciplines ou des difficultés de
communication, peut-être à ce moment-ci, avec le ministère
des
Affaires sociales. Croyez-vous que le projet de loi 65 devrait aller
plus loin dans la reconnaissance de facto de l'importance de la
psychiatrie?
M. LAZURE: Il y a une autre façon explicite que l'on propose dans
le texte intégral du mémoire. Nous pouvons aller au-devant de la
réponse qui dirait que c'est trop détaillé pour entrer
dans un texte de bill. En réalité, c'est déjà dans
le texte du bill, c'est la composition des conseils d'administration des ORAS.
Le conseil d'administration des ORAS est composé de 21 membres, dont
trois sont des représentants venant des centres hospitaliers de la
région desservie. Cela est dit de façon précise dans le
texte. Nous proposons qu'un de ces trois représentants des centres
hospitaliers soit du milieu psychiatrique, du milieu hospitalier psychiatrique.
C'est une recommandation très précise, à part la
recommandation au niveau du coordonnateur régional. Autrement dit, par
le truchement des trois représentants sur 21 qui sont au conseil de
l'ORAS et qui représentent les centres hospitaliers de la région,
qu'il y en ait toujours un qui représente le monde hospitalier
psychiatrique. Cela assurerait une coordnation.
Nous n'irons pas plus loin que cela en ce qui concerne les
modalités explicites du bill, mais nous espérons que, dans les
règlements, plus tard, il y ait des choses plus concrètes, plus
précises pour reconnaître une situation de fait. C'est la
suivante: avec les progrès de la médecine depuis plusieurs
années, 40 ou 50 ans, on reconnaît de plus en plus en tout
cas dans le monde occidental, dans le monde riche qu'au plan de la
santé publique, les maladies physiques ne sont plus des fléaux
incontrôlables. Mais, d'autre part, on reconnaît aussi qu'il y a
encore un fléau assez important, celui de la maladie mentale, et
beaucoup de gens pas des psychiatres, mais des experts en santé
publique dans les grands congrès internationaux sont d'accord
pour dire que le problème numéro un de santé publique est
la santé mentale des individus dans nos sociétés
industrialisées.
Je pense que, soit dans les règlements ou autrement, par un livre
blanc, il y aurait lieu que le ministère des Affaires sociales consacre
une certaine priorité, encore pour cinq ans ou dix ans, au
problème de la santé mentale dans la province.
Il y a un phénomène de rattrapage aussi par rapport aux
soins physiques. Ensuite, il y a un phénomène de recrutement
aussi. Si parfois on demande un statut un peu spécial ou une
reconnaissance un peu spéciale, il ne faut pas oublier que les
hôpitaux psychiatriques ne sont pas des endroits qui attirent le
personnel aussi facilement que les hôpitaux généraux.
Les hôpitaux généraux n'ont qu'à simplement
fermer périodiquement la porte aux demandes d'emploi de professionnels
de toutes
sortes. Ils n'ont pas de problème de recrutement en
général, mais dans les hôpitaux psychiatriques, même
dans les grands centres urbains, ce ne sont pas des endroits qui attirent le
personnel, au départ.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que, Dr Lazure, cette politique que vous
prêchez, quant aux psychiatres, est d'intégrer toujours davantage
les services et les soins psychiatriques dans le milieu des hôpitaux
généraux? Est-ce que, réellement, elle est maintenant
acceptée au sein des hôpitaux généraux, d'une
façon générale ou s'il y a encore des résistances
inexplicables, résistances qui gêneraient ou qui
empêcheraient véritablement la dispensation des soins dans ces
milieux-là?
M. LAZURE: Notre réponse est très catégorique
là-dessus. D y a malheureusement eu très peu de progrès
depuis cinq ou six ans dans les hôpitaux généraux. Il y a
eu des progrès entre dix ans et cinq ans, à venir jusqu'à
il y a quatre ou cinq ans. Mais depuis quatre ou cinq ans, on marque un point
d'arrêt et même, dans certains cas, dans certaines régions,
une régression.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comment expliquez-vous ça? Quelle en est
la cause?
M. LAZURE: Je pense qu'il y a plusieurs causes, mais une des causes
réside dans le fait que dans l'organisation, la mise sur pied, la
surveillance, le contrôle des services psychiatriques pour une
région donnée, depuis sept ou huit ans, il existait un directeur
général qui, lui, n'avait juridiction que sur les hôpitaux
psychiatriques et non pas sur les services de psychiatrie des hôpitaux
généraux. Même chose au niveau du ministère. Vous
aviez une direction de la psychiatrie qui avait juridiction pratiquement
seulement sur les hôpitaux psychiatriques et non pas sur les
hôpitaux généraux. C'est un manque de coordination qui a
été le vice principal.
Je crois que les hôpitaux généraux, quand vous en
discutez individuellement avec eux, admettent tous en théorie que, oui,
il faut avoir un service de psychiatrie. Mais quand arrive le moment de
l'implanter, les autres médecins, nos confrères malheureusement
ainsi que les conseils d'administration, trouvent toutes sortes de bonnes
raisons pour dire: Nous n'avons pas de place, si vous pouvez obtenir du
gouvernement, du ministère, un agrandissement, un pavillon, d'accord
nous allons prendre la psychiatrie. Bien souvent, les hôpitaux
généraux ont essayé de se servir de la psychiatrie pour
justifier des projets d'expansion.
Nous croyons que bien des hôpitaux généraux n'ont
pas rempli leur fonction. Ils pourraient et auraient pu réduire de 10
p.c. leurs lits en médecine et en chirurgie pour en faire des lits en
psychiatrie. Nous croyons que le ministère aurait dû et devrait
encore peut-être avoir une action un peu plus ferme vis-à-vis des
hôpitaux généraux.
M. CASTONGUAY: Seulement une remarque, si vous me le permettez. Dans les
projets où nous avons eu un mot à dire sur ce plan, j'aimerais
qu'on m'indique les endroits où nous n'avons pas eu la main assez ferme,
s'il y en a eu.
M. LAZURE: Oui, il y a eu des endroits où finalement le
gouvernement a eu la main ferme, je pense à Valleyfield. C'est une
situation qui tramait depuis dix ans. Depuis dix ans, il y avait des
psychiatres qui ne travaillaient qu'en clinique externe et qui ne pouvaient
avoir de lits dans l'hôpital général de Valleyfield. C'est
un exemple.
M. HARNOIS: Dans le rapport Castonguay, on mentionnait qu'un centre
hospitalier devrait, à toutes fins pratiques, avoir à sa
disposition des lits d'hôpitaux généraux, des lits pour
malades chroniques et des lits pour malades psychiatriques alors que, dans le
bill 65, on ne retrouve pas la même fermeté à la
lecture...
M. CASTONGUAY: Vous ne ferez pas cela dans un bill, tout comme il ne
sera pas dit que tous les hôpitaux doivent avoir des services de
laboratoire, etc. C'est vraiment une question d'allocations, de ressources, de
programmation, de financement. Lorsque nous avons eu des situations au cours
des derniers mois où nous avons eu à décider d'allocation
de lits, de répartition de services, avec un conseil d'administration
d'hôpital où cette possibilité de lits pour malades
psychiatriques se posait, nous avons fait un effort soutenu dans le sens
indiqué. Ma question était justement: Est-ce que, selon vous, il
y a eu des cas où nous ne l'avons pas fait, où nous n'avons pas
eu suffisamment de fermeté sur ce plan?
M. LAZURE: On reconnaît que, depuis quelque temps, il y a beaucoup
plus de fermeté et on s'en réjouit. Il y a sûrement encore,
au ministère, des dossiers. Je pense, par exemple, à
l'hôpital Jean-Talon de Montréal. Quand j'étais au
ministère, j'avais eu l'occasion moi-même de faire des
recommandations pour la création d'un service de psychiatrie, mais il
n'a jamais été créé à ma connaissance. Il y
a l'Hôtel-Dieu du Sacré-Coeur à Montréal; il y a
aussi l'hôpital général de Verdun où il y a eu un
projet très concret de présenté il y a quelques deux ou
trois ans et auquel on n'a pas encore donné suite.
M. CASTONGUAY: Je suis très intéressé d'entendre
cela. Cela montre certains des problèmes auxquels nous nous butons dans
la situation actuelle. Dans une certaine mesure, le projet de loi 65 se veut
comme une réponse parce que, dans les cas où nous avons
réussi à
faire certains progrès, nous avons dû y consacrer des
énergies, dans bien des cas, considérables. Pour les autres cas
que vous mentionnez, nous ne sommes pas capables de les aborder tous à
la fois, compte tenu justement de l'énergie et du temps que nous devons
déployer pour faire quelques progrès à certains endroits.
Le projet de loi 65 va peut-être nous donner un moyen d'action un peu
plus approprié, parce que, quand ça ne se fait pas, c'est nous
qui sommes blâmés et quand ça se fait, tout le monde prend
évidemment le crédit et on oublie de dire les efforts que nous
avons faits.
M. LAZURE: Ce concept dont le Dr. Harnois fait mention et que le rapport
Castonguay mettait en relief, la polyvalence des hôpitaux, on
conçoit que ce ne soit pas dans le projet de loi 65, mais on
espère que ce sera soit dans les règlements ou dans la politique
du ministère, parce qu'on est convaincu, après dix ans
d'expérience dans le milieu, que la plupart des hôpitaux
généraux ne feront pas d'eux-mêmes place à la
psychiatrie.
M. CASTONGUAY: Dans les cas où nous avons eu des ouvertures
d'hôpitaux récemment, c'est exactement ce que nous avons fait:
viser la polyvalence.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel est l'article ou quels sont les articles
que le ministre a l'intention d'utiliser pour régler cette sorte de
problème? Est-ce qu'il peut déjà nous les indiquer?
M. CASTONGUAY: J'ai mentionné que l'esprit général
du projet de loi, c'est de nous permettre, comme ministère, de faire la
location des ressources entre les divers types de besoin de services. C'est sur
ce plan que nous pourrons, avec un peu plus de latitude, faire une utilisation
de la loi, et, au besoin répartir nos ressources plus
adéquatement selon la façon dont les services se
développent par rapport aux besoins.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce n'est pas un article précis, c'est la
philosophie du projet de loi.
M. CASTONGUAY: Exactement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, il y a une question que je voudrais
poser: A l'heure actuelle, est-ce que, dans les hôpitaux psychiatriques
il y a un gros pourcentage de traitements, par exemple, pour les cas chroniques
d'alcoolisme et de narcomanie?
M. LAZURE: Pas suffisamment. On peut dire qu'un gros effort est fait
depuis quelques années trois ou quatre ans dans un certain
nombre d'hôpitaux psychiatriques. Le premier, le pionnier dans ce
domaine, a été l'hôpital Saint-Charles de Joliette, qui est
encore probablement le plus à l'avant-garde. Il y a aussi
l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu et l'hôpital Saint-Michel-Archange. Je
peux laisser le Dr Roy parler.
M. ROY: Dans le traitement de l'alcoolisme et de la narcomanie, il
faudrait distinguer entre le problème de la désintoxication, qui
est un problème médical, et celui de la réhabilitation,
qui est plus difficile à aborder, parce qu'il faut que le patient soit
motivé à vouloir se faire traiter. Maintenant, les ressources
dans le domaine de la réhabilitation, à mon avis, manquent; elles
sont mal coordonnées, parce qu'il n'y a pas seulement le
ministère des Affaires sociales qui a juridiction dans ce domaine. Il
semble qu'un organisme comme l'OPTAT, qui ne relève pas du
ministère des Affaires sociales dans ce domaine chevauche et ça
cause des problèmes. Je pense qu'il faut faire beaucoup plus dans
l'avenir dans ce domaine.
M. BOIS: Maintenant, M. le Président, j'aimerais poser une
question à M. le ministre. D'après la loi 32 de 1970, qui est la
réforme de la question de la curatelle publique pour les personnes qui,
à un moment donné, pourraient être forcées d'aller
dans une institution psychiatrique, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu ou du
moins, est-ce que vous avez considéré qu'il y aurait
possibilité de toucher un revenu additionnel par les mesures
administratives que vous avez prises et qui, en définitive, sont
à l'avantage du ministère?
M. CASTONGUAY: Je ne saisis pas votre question, je m'excuse.
M. BOIS: C'est-à-dire que la loi 32, en fait, apporte certaines
précisions à l'heure actuelle...
M. CASTONGUAY: Par la loi 32, des modifications à la Loi de la
curatelle publique ont été apportées.
M. BOIS: M. le ministre, sous l'aspect financier, par exemple, pour
autant que le ministre des Finances est concerné, avez-vous pu entrevoir
avec lui la possibilité que cela pourrait apporter certains revenus,
soit par la mainmise sur des propriétés ou encore leur revente
plus rapide?
M. CASTONGUAY: Des revenus au gouvernement?
M. BOIS: Oui.
M. CASTONGUAY: C'est la première nouvelle que j'en ai. C'est la
première fois que je vois cet aspect. Je ne suis pas au courant de
la
question. C'est la première fois que je vois cet aspect de la
question soulevé. Je n'ai pas saisi ou je n'ai pas compris au moment de
la modification de la Loi de la curatelle publique que ce genre de
résultat pouvait se matérialiser. Franchement, je ne suis pas en
mesure de commenter cela.
M. LAURIN: On a des experts.
M. LAZURE: Je pense que le bill 32 n'est pas encore en vigueur. Il a
été sanctionné, mais pas proclamé. Alors, son
application n'est pas commencée. On comprend que sa mise en vigueur ne
commencera qu'avec l'application du bill 65. De toute façon, il n'est
pas en vigueur.
M. BOIS: Cela pourrait apporter certains sourires au point de vue de
l'administration, si, à un moment donné, vous le retardiez
encore, M. le ministre!
M. CASTONGUAY: Je ne vois pas, plus précisément, ce qui
pourrait créer des revenus pour l'Etat par la Loi de la curatelle
publique.
M. BOIS: Non, mais vous avez l'avantage d'entrer beaucoup plus vite dans
la question de contrôle, ou dans la question de régie sur
certaines successions, ou encore de certaines propriétés dont
à un moment donné, autrefois, l'administration pouvait être
déférée, beaucoup plus tardivement, comprenez-vous?
M. CASTONGUAY: Ah bon, ah bon!
M. BOIS: C'est-à-dire que le gouvernement n'avait pas l'outil
qu'il a aujourd'hui pour en disposer. Alors, devant cet aspect-là, c'est
la question que justement je vous demandais, M. le ministre, n'entrevoyez-vous
pas, par exemple, la possibilité d'aider davantage financièrement
les hôpitaux psychiatriques? Est-ce que le ministre des Finances ou votre
confrère vous a fait part de certains commentaires à ce
sujet?
M. CASTONGUAY: Je peux lui en dire un mot, mais je mettrais en garde les
représentants des hôpitaux psychiatriques contre un optimisme trop
hâtif sur ce plan-là. Il ne faut pas obliger ces gens-là
à revenir ce soir.
M. LAURIN: Très bien.
Dr Lazure, je vous entendais parler tout à l'heure d'un secteur
pour un hôpital psychiatrique. Si je comprends bien, c'est la prise en
charge de tous les malades d'un secteur par une institution psychiatrique. Ceci
me rappelle que la psychiatrie est une des disciplines qui a le plus
élaboré une politique de continuité des soins et qui est
capable de la mettre en pratique actuellement, dans les circonstances
actuelles.
Cette politique de continuité des soins exige-t-elle que la
psychiatrie ait un représentant à tous les paliers, le CLSC, le
CCS, l'ORAS et le ministère? En somme, quelles sont les incidences de
cette politique de continuité dans les soins sur l'aspect structurel du
projet?
M. LAZURE: Je pense que ce serait certainement mettre de notre
côté une garantie de coordination continuelle à tous les
paliers. Au niveau du centre local des services communautaires, je pense bien
que, dans la plupart des cas, la présence psychiatrique, nous l'aurons;
au niveau du centre hospitalier, nous l'aurons.
M. LAURIN: Croyez-vous qu'elle s'impose?
M. LAZURE: Je crois que oui. Nous croyons que oui, encore une fois, si
nous acceptons l'hypothèse, au départ, qu'au plan de la
santé publique, les victimes de première ligne ont très
certainement des cas psychiatriques. De toute façon, ce sont les
médecins non psychiatres, ce n'est pas nous qui cherchons la
clientèle. Ce sont nos confrères non psychiatres qui nous disent
que la moitié de leur clientèle constitue des cas de
psychiatrie.
Si on veut être logique, il faudrait exiger cette présence
psychiatrique au niveau du CLSC.
Evidemment, au niveau des centres hospitaliers, et comme on le
disait tantôt pour assurer la coordination des besoins cliniques
avec les instances administratives, il faudrait l'avoir au niveau de l'office
régional, en ayant un des trois représentants des centres
hospitaliers venant du milieu psychiatrique et en ayant, peut-être, le
coordonnateur, en plus de cela, qui agirait comme dans un poste
supérieur.
De plus, au ministère, nous croyons toujours, nous sommes
toujours d'avis qu'il y a une lacune actuellement. Il n'y a pas de psychiatres
au ministère; il n'y a pas un individu au ministère dont c'est la
chose, la préoccupation principale de penser au problème de la
santé mentale.
Nous croyons qu'au sous-ministère de la programmation, au
sous-ministère de la planification, il devrait au moins y avoir une
présence psychiatrique.
M. CASTONGUAY: La réponse est très simple sur le dernier
point. Si je la mentionne, c'est que c'est la seule et unique réponse.
Nous serions bien disposés à accepter un psychiatre, mais vous
êtes trop bien payés à l'extérieur, vous ne voulez
pas yenir au ministère. C'est aussi simple que cela. Qu'est-ce que vous
voulez que je fasse?
M. LAZURE: Je m'excuse, parce que je n'accepte pas cela comme
réponse, M. le ministre, parce qu'il y a eu une période de six
ans pendant laquelle il y avait une présence psychiatrique très
active au ministère, et ces psychiatres-là n'étaient pas
payés en dehors des barèmes du ministère et...
M. CASTONGUAY: Savez-vous, je vais justement vous dire qu'il y a
un...
M. LAZURE: Le Dr. Bédard et d'autres étaient au
ministère et étaient payés selon les barèmes du
gouvernement. Si cela a été possible pendant cinq ou six ans, on
ne voit pas pourquoi cela ne serait pas possible...
M. LE PRESIDENT: Je pense que le ministre veut donner un
renseignement.
M. CASTONGUAY: Il y a un de ces psychiatres qui était
engagé par un hôpital et qui était prêté au
ministère. C'est le genre d'arrangements qui m'apparaissent comme
étant éviter les vrais problèmes. S'il y a
déséquilibre entre les rénumérations de certaines
catégories de professionnels, ce n'est pas en camouflant les
problèmes comme cela que nous allons les régler.
Présentement, avec les échelles de rémunérations du
gouvernement applicables aux médecins, nous avons fait des offres et
nous n'avons été en mesure de recruter personne.
M. LAZURE: Nous sommes sympathiques à ce
problème-là; nous non plus ne connaissons pas de réponses,
mais tout ce que je peux dire c'est qu'historiquement, il y a eu des
psychiatres qui ont accepté de travailler selon les conditions du
gouvernement pendant plusieurs années.
M. CASTONGUAY: Oui, mais avec des arrangements...
M. LAZURE: Non, non, je m'excuse.
M. CASTONGUAY: ... qui étaient des arrangements...
M. LAZURE: Le cas auquel vous faites allusion était une
exception.
M. ROY: M. le Président, il faudrait quand même
préciser que nous sommes quand même représentés au
ministère actuellement par le comité de la santé mentale
qui a une représentation très valable.
M. CASTONGUAY: Bon, d'accord.
M. LAURIN: La première question portait donc sur
l'intégration verticale, l'autre nom pour la continuité des
soins. Ma deuxième porte plutôt sur l'intégration
horizontale. Une bonne distribution de soins psychiatriques implique,
j'imagine, des liens avec des institutions analogues qui donnent des soins
à des catégories spécifiques de malades. Je pense, par
exemple, aux enfants, aux institutions pour enfants, aux enfants
inadaptés dont plusieurs appartiennent au domaine privé. Est-ce
que, par le projet de loi 65, vous envisagez qu'on pourrait utiliser la
législation pour faciliter une intégration hori- zontale avec ces
institutions-là ou si cela vous apparaît impossible, même
avec le projet de loi 65?
M. LAZURE: C'est un problème considérable que vous
soulevez. Si on regarde simplement l'enfance arriérée, il y a
quand même plusieurs milliers d'enfants arriérés qui sont
en dehors de leur famille actuellement. Il y en a plus dans des institutions
privées, auxquelles vous faites allusion, que dans les institutions
gouvernementales. Ce sont des institutions privées qui autrefois
relevaient du ministère de la Famille et du Bien-Etre social et elles
sont privées tout en étant publiques; elles sont financées
presque à 100 p.c. par des fonds publics. Actuellement, il n'y a pas de
coordination entre ce réseau d'institutions privées et le
réseau des institutions publiques. Alors, nous nous demandons, soit dans
le bill ou le règlement, ce qu'on statuera sur le rôle de ces
institutions privées. Je pense à une en particulier qui a
au-delà de mille enfants dans cinq ou six succursales de la province.
Pour nous, qu'est-ce que ce sera, est-ce que ce sera un centre hospitalier?
Est-ce que ce sera un centre d'accueil?
M. CASTONGUAY: Ce groupement-là a présenté un
mémoire. Je ne sais pas si nous le recevrons au cours des trois
prochains jours. De toute façon, c'est un problème dont nous
sommes bien conscients et il devra être clarifié en temps et
lieu.
M. LAURIN: Oui, j'étais là. Malgré que, lorsqu'ils
ont fait leur représentation, les gens de l'ADETPQ n'ont pas
spécifié cette catégorie particulière.
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. LAURIN: Dans le même ordre d'idées, mais cette
fois-là on ne parle pas tellement d'institutions spéciales,
malgré qu'il y en a un certain nombre... Quand vous avez soulevé
la question des foyers tout à l'heure, vous avez reçu l'assurance
du ministre à l'effet que les foyers qui sont utilisés par les
institutions psychiatriques pour le placement ou la réadaptation de
leurs malades resteraient sous la gouverne des hôpitaux psychiatriques.
J'aimerais demander une précision au ministre à ce
sujet-là. Dans la réponse que vous avez donnée au Dr
Lazure tout à l'heure, est-ce qu'il était inclus que les foyers
qui servent actuellement aux hôpitaux psychiatriques pour le placement et
la réadaptation de leurs malades continueraient à dépendre
juridiquement et financièrement des hôpitaux psychiatriques?
M. CASTONGUAY: Il y a deux aspects à la question. Au plan des
modalités de transfert des patients, de la surveillance, au plan des
traitements qui doivent être donnés, le lien doit être aussi
étroit que possible entre les foyers et les
hôpitaux. Il se peut que nous ayons des dispositions un peu
particulières, étant donné notre responsabilité
aussi d'assurer, dans ces foyers, qu'il y ait des normes minimales qui soient
respectées, et sans qu'on passe nécessairement par des
mécanismes aussi complexes que pour les institutions ordinaires:
émission de permis, formation de corporations, etc.
Alors, même s'il n'y a pas toutes ces modalités au plan
juridique, il y aura fort probablement des modalités au plan de
l'émission des permis et du contrôle.
M. LAURIN: Parce que ça me paraît difficile, M. le
ministre, de prévoir un conseil professionnel dans un centre d'accueil
qui, à toutes fins pratiques, constitue un foyer qui reçoit des
malades psychiatriques. Ce serait une structure inutile.
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. LAURIN: Je voudrais poser la même question en ce qui concerne
la coordination ou l'intégration de certaines autres institutions
nouvelles qui naissent, se développent et se multiplient aussi, qu'on
appelle les ateliers protégés. Là aussi il y a une
subordination, une dépendance très étroite, très
directe entre l'institution mère si je peux appeler l'institution
de ce nom l'institution psychiatrique et les ateliers
protégés. Bien sûr, ce n'est pas limité aux malades
psychiatriques. Nous nous en servons également pour la
préparation au travail de malades chroniques, que ce soient des malades
neurologiques, des malades orthopédiques, mais,
précisément à cause de cette diversité,
orthopédique, neurologique, psychiatrique, d'une part, et, de l'autre,
la dépendance où sont ces institutions par rapport à des
institutions existantes, est-ce qu'on aura également des centres
d'accueil distincts avec conseil professionnel et le reste? Je pense que cela
pourrait nuire au développement, à la multiplication, à la
croissance et à l'efficacité de ces centres. Je ne sais pas si on
ne pourrait pas prévoir, dans le projet de loi, des exceptions,
rédiger les articles de façon qu'il n'y ait pas une sorte de
corset dont ces institutions devront se dégager?
M. CASTONGUAY: Suggestion que nous allons certainement examiner.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai deux exemples à l'esprit. Vous
avez, au Mont-Providence, une section qui s'occupe de réhabilitation,
où les enfants rendus à un certain âge peuvent avoir
accès à des métiers, à des machines, des outils.
Vous avez aussi, complètement en dehors du Mont-Providence, une
institution telle que CAPEQ, à Ville D'Anjou, qui est
complètement indépendante et qui fonctionne en vertu d'une autre
structure; c'est une corporation autonome. Je pense bien que c'est à ce
genre d'institution que fait allusion le député de
Bourget. Il y a deux genres d'institutions, celles qui seront le
prolongement direct des institutions et celles qui en seront le prolongement
indirect, en ce sens qu'elles sont des corporations autonomes et qu'elles
fonctionnent en dehors du cadre institutionnel d'un hôpital
psychiatrique.
M. LAURIN: Auriez-vous une suggestion à faire à la
commission à cet égard?
M.LAZURE: Etant donné surtout que la structure d'un atelier
protégé n'est pas prévue dans la définition des
différentes institutions, centre d'accueil serait pour moi ce qui se
rapprochait le plus.
Mais un atelier protégé n'est pas véritablement un
centre d'accueil.
Etant donné qu'il ne tombe, de toute façon, dans aucune
des catégories prévues dans le préambule du bill, je pense
que, pour stimuler le développement de ces ateliers
protégés, il vaudrait mieux, pour un certain temps encore, pour
quelques années, laisser aux hôpitaux psychiatriques le loisir,
avec les approbations des instances en temps et lieu, de développer plus
d'ateliers protégés.
Dans certains cas, cela peut être directement dans les locaux de
l'hôpital, si l'hôpital a des locaux de libres ou, dans d'autres
cas, cela peut être avec un autre organisme du voisinage ou de la
région. Mais on peut en profiter pour dire qu'actuellement, autant pour
les arriérés qui deviennent des adultes que pour les malades
mentaux chroniques, c'est probablement la priorité numéro un, de
notre point de vue, la conférence des hôpitaux psychiatriques, que
le développement d'un réseau d'ateliers protégés.
C'est vraiment extrêmement urgent de développer un réseau
d'ateliers protégés. Autrement, tout notre programme de
réhabilitation tourne en rond.
M. LAURIN: J'aurais une dernière question. Dans la
présentation de votre mémoire, vous avez parlé de
centralisation, de pseudo-décentralisation. Est-ce qu'on peut vous
demander ce qu'est, pour vous, la vraie décentralisation?
M. LAZURE: La vraie décentralisation, pour moi, c'est quand la
personne à qui on a confié des fonctions et un titre a le pouvoir
de dire oui ou non à la demande de son subordonné dans telle
région donnée, et non pas de dire: On va prendre cela en
considération et on va consulter le ministère. Autrement dit, de
notre point de vue et bien d'autres organismes ont dit la même
chose les pouvoirs actuels de l'ORAS ne lui permettront pas, dans bien
des cas, de donner des réponses satisfaisantes â ses
administrés, au centre hospitalier et à toutes les institutions.
Elle devra se référer constamment au ministère.
Pour nous, ce n'est pas une vraie décentralisation. La vraie
décentralisation devrait aller
jusqu'à la répartition de l'enveloppe budgétaire
qui aurait été octroyée, évidemment, après
étude par le ministère. Mais, une fois que le ministère
aura accordé, disons, $100 millions pour le budget des Affaires sociales
de telle région, l'ORAS, en consultant ses administrés, les
institutions de la région, en vienne à faire une
répartition de cette enveloppe budgétaire. Cela, c'est de la
décentralisation.
M. CASTONGUAY: Cela s'accompagne généralement du pouvoir
de taxation aussi.
M. LAZURE: Pas nécessairement, M. le ministre.
M. CASTONGUAY: Pour des sommes de cet ordre-là, pouvez-vous me
nommer des organismes, ici au Québec, qui ont le pouvoir de
dépenser $100 millions, de le partager entre divers types de services,
de besoins, et qui peuvent hausser dans un cas, réduire dans un autre,
sans avoir aucune responsabilité d'aller chercher ces fonds et de
répondre directement à la population?
M. LAZURE: Je ne peux pas vous répondre pour le Québec,
mais il y a des pays où cela se fait, des pays du monde occidental, pas
des pays du monde soviétique. Dans le monde occidental, cela se
fait.
M. CASTONGUAY: Sans pouvoir de taxation?
M.LAZURE: Oui.
M. CASTONGUAY: A quel endroit?
M. LAZURE: Cela se fait au Danemark en ce qui concerne les institutions
pour arriérés mentaux. Cela se fait dans les dix régions
du Danemark. Je ne voudrais pas laisser une fausse impression. Quand on parle
de décentralisation, dans mon esprit en tout cas, je ne veux pas dire
une délégation de la responsabilité. Il y a une
différence entre déléguer une responsabilité et
déléguer une autorité. On demande que le ministère
délègue son autorité aux ORAS mais ne
délègue pas sa responsabilité. Sa responsabilité,
il la conserve devant le Parlement et devant le peuple. Il y a toute une
distinction à faire entre les deux.
M. CASTONGUAY: Justement, il y a toute une distinction.
Présentement, nous sommes loin d'avoir une allocation des ressources
entre les régions et les types de besoins qui est bien équitable.
Nous n'avons pas de critères parfaits encore pour faire cette
allocation. Il faut aussi s'assurer, dans ces ORAS, qu'il y aura du personnel
compétent pour administrer de tels budgets. Si vous
déléguez l'autorité et vos responsabilités et que
vous n'êtes pas assuré que tout est là pour que ce soit
assumé parfaite- ment, je pense que vous devez, si c'est vous qui avez
la responsabilité dernière, vous poser des questions assez
sérieuses. C'est d'ailleurs le point que j'ai fait ressortir à
quelques reprises. A mon sens, tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas
atteint un stade plus avancé de développement des offices
régionaux et qu'il ne nous aura pas été possible de mieux
voir comment ces offices peuvent fonctionner, je ne crois pas qu'il serait
possible de franchir un tel pas où la responsabilité demeurerait
comme vous l'avez mentionné la nôtre sans que l'on
puisse vraiment l'exercer et sans être assuré qu'elle serait
exercée convenablement. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans un
secteur de services essentiels.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous ne voudriez pas décentraliser, de
toute façon, une responsabilité telle que la planification, Dr
Lazure?
M. LAZURE: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): La coordination, d'accord.
M. LAZURE: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand vous dites dans votre mémoire,
à la page 4, que le bill 65 ne consacre pas de façon assez nette
les rôles de planification et de coordination que devraient assumer les
ORAS, ce que vous voulez dire, c'est qu'il y ait une précision. Vous
insistez davantage sur la coordination et sur la précision.
M. LAZURE: Oui, à l'intérieur de la région.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'intérieur de la région. Mais
ce n'est pas votre intention de déléguer à l'ORAS des
pouvoirs de planification qui appartiennent au ministère des Affaires
sociales?
M. LAZURE: Au niveau provincial, non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous êtes d'accord cependant que la
planification faite par le ministère des Affaires sociales peut et doit
se faire en consultation avec les organismes qui sont dans le territoire.
M. LAZURE : Oui, certainement.
M. LE PRESIDENT: Une dernière question par le
député de Dorchester.
M. GUAY: J'aurais une question à poser. Cela m'intrigue un peu,
personne ne l'a mentionné jusqu'à maintenant. La province compte
combien de psychiatres actuellement?
M. LAZURE: Environ 400.
M. GUAY: J'ai l'impression que c'est nettement insuffisant pour les
besoins de l'heure.
M. LAZURE: Oui. En nombre absolu, pas de façon tragique. On pense
qu'avec les normes de l'Organisation mondiale de la santé on devrait
avoir autour de 500 psychiatres pour satisfaire aux besoins. Mais le
problème, évidemment, c'est qu'ils sont concentrés dans
les deux grands centres urbains, Montréal et Québec. Vous en avez
environ 75 qui sont en dehors de ces deux grands centres, ce qui est
déjà un progrès par rapport à il y a dix ans
où il y en avait trois.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'Assemblée nationale est
gâtée, elle en a deux.
M. GUAY: Est-ce que la période d'études, par exemple, pour
quelqu'un qui veut devenir spécialiste en psychiatrie est beaucoup plus
longue que pour la médecine générale?
M. LAZURE: C'est quatre ans de plus que pour la médecine
générale. C'est la même longueur que pour les autres
spécialistes, chirurgiens...
M. GUAY: Mais comment expliquer qu'il y ait aussi peu de psychiatres
alors que le besoin est si grand actuellement?
M. LAZURE: C'est un métier difficile, quoique les gens puissent
en penser. C'est "stressant" de continuellement travailler avec... Alors, c'est
un champ qui n'attire pas, au départ, tellement de personnes. On a dit
tantôt que les conditions de travail dans le milieu des hôpitaux
psychiatriques, qu'on appelait autrefois les asiles, n'étaient pas
tellement attrayantes, que ce n'étaient pas des endroits qui attiraient
les médecins.
M. GUAY: Vous avez d'ailleurs mentionné aussi qu'à peu
près 50 p.c. des malades en milieu hospitalier, dans les hôpitaux
généraux, avaient souvent besoin de soins psychiatriques. On a
semblé, par contre, remarquer que plusieurs personnes, que des malades
ont tendance à avoir un peu peur du psychiatre. Je me demande si c'est
justifiable. D'abord, si on parle à un patient de se faire traiter ou
d'aller voir un psychiatre, à ce moment-là, il prend la frousse
et il hésite toujours avant de consulter.
M. LAZURE: D'abord, je voudrais faire une correction. Je n'ai pas dit
que 50 p.c. des malades dans un hôpital général
étaient des cas de psychiatrie; 50 p.c. des malades qui consultent un
praticien en médecine générale, au bureau...
M. GUAY: D'accord.
M. LAZURE: ... mais dans un hôpital général,
ça peut être 10 p.c., 15 p.c. environ. Mais pourquoi a-t-il peur
du psychiatre? Il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas si longtemps le
psychiatre, dans l'esprit des gens, c'était celui qui signait ce qui
s'appelait le papier d'internement. Or il n'y a personne qui aime se faire
interner.
Bien longtemps le psychiatre était vu autant comme un
geôlier, celui qui tenait la clé, qui fermait la porte à
clé que comme un médecin. Je pense que cette image-là
change un peu.
M. BOIS: Le projet de loi 32, va vous favoriser la chose, aussi.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je vous remercie.
M. LAZURE: Nous remercions la commission de son accueil.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à 8
heures et quart.
(Suspension de la séance à 18 h 18).
Reprise de la séance à 20 h 20
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! Avant de commencer la séance, je dois
vous dire que les gens peuvent prendre des notes, peuvent écrire, en
arrière. Pas d'applaudissements. Pour les journalistes, j'ai vu le
président de l'Assemblée nationale et il aura des locaux qui
seront réservés pour les journalistes. Je n'ai pas encore
résolu la question du fumage, mais ça va peut-être venir
avec le temps.
Alors, je vais inviter maintenant M. Michael Berger.
UNE VOIX: L'assemblée va y voir.
UNE VOIX: Avant de commencer, nous voudrions vous offrir nos meilleurs
voeux de bonne fête et vous remercier de la délicatesse avec
laquelle nous avez toujours présidé la commission des Affaires
sociales.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Michael Berger.
M. Berger, est-ce que vous présentez les mémoires de deux
organismes?
Congrès juif canadien et
Association des oeuvres de charité
de la communauté juive de
Montréal
M. BERGER: Oui, de AJCS et du Congrès juif de
Montréal.
M. Respitz va ajouter quelques mots pour le Baron de Hirsh
Institute.
Alors, M. le Président, M. le ministre, nous vous remercions tout
d'abord chaleureusement pour nous avoir laissés présenter en
personne notre mémoire sur le projet de loi 65.
Notre mémoire est le produit conjoint du Congrès juif
canadien de la région de l'Est et de l'Association des oeuvres de
charité de la communauté juive de Montréal.
M. le président m'a déjà présenté.
Alors, à ma droite vous voyez Mlle Amber, associée à la
planification de AJCS et à son côté, c'est le Dr Cohen,
consultant à l'Hôpital juif général de
Montréal; à ma gauche, M. Oscar Respitz, président du
Baron de Hirsch Institute et du Jewish Child Welfare Bureau et à son
côté, c'est M. Brownstein, le directeur général de
l'Institut Baron de Hirsch et du Jewish Child Welfare Bureau.
Je dois peut-être expliquer que, nonobstant le fait que le Baron
de Hirsch a soumis son propre mémoire, il appuie pleinement notre
mémoire et il présente des mémoires spéciaux parce
qu'ils traitent des problèmes qui lui appartiennent plus
spécialement.
Vous avez sans doute déjà remarqué que notre
mémoire est divisé en trois sections, comme la Gaule ancienne.
C'est premièrement le sommaire des modifications. Deuxièmement,
vous voyez un préambule et troisièmement, vous remarquerez les
modifications détaillées avec les raisons pour lesquelles nous
suggérons que les sections du projet de loi soient amendées ou
soient modifiées.
Et maintenant, avec votre permission, M. le Président, je veux
bien compléter notre présentation dans la langue anglaise.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. BERGER: You will see, Mr. President, Mr. Minister and Gentlemen, that
there are seven essential bases to the presentation which we are declaring this
evening. The first deals with the principles of volunteerism. The second pays
attention to the question of ethnicity and cultural distinctiveness. The third
seeks a broader representation at all levels of planification. The fourth seeks
a broad consultation in the area of the establishment of the regulations, in
the area of administration and in the area of planning.
The fifth deals with the suggestion that there should be an
amplification of the appeal procedure where it is appropriate. The sixth deals
with the question of confidentiality which is dear to all of us. The seventh
speaks of the suggestion that there should be a new category known as a
community institution and not mentioned in the brief but which, perhaps, is
appropriate after we heard the briefs presented this afternoon is the
suggestion that Montreal and Quebec should not only be established as the
special regions but that they themselves should be more fragmented because of
the wide availability of services which both cities have and because of the
fact that they are the population centers of the province.
If you have read the brief, then I am sure you will struck by one
important factor and that is this, that we in AJCS Congress representing as we
do a tremendous majority of contributors, volontary workers and clients in the
City of Montreal of the Jewish faith, are very much impressed by and we very
much support the philosophy and the purposes of the brief. Our only desire, our
basic desire is to find a modus operandi with the government and the Ministry.
We would like to become partners of yours in the elaboration of the philosophy
enunciated in the brief so that more people and more areas may obtain the
social welfare services and the help needs which they require. It is in this
sense that we make especially the suggestion that there should be a community
organization and institution and it is in this sense that we make especially
the suggestion that there should be a broader representation on the boards in
ORAS and the local community centers on every level of participation in every
center and we also make the suggestion that there should be the broadest
possible representation insofar as concerns the professional elements in these
various institutions.
While the Bill articulates supervision and control as a central element
in an attempt to integrate and coordinate, in reality it becomes too unwieldly
and inflexible a system for efficient administration.
A system should be sufficiently flexible and decision-making powers
should be built into the bill on lower levels of authority than the Minister or
even ORAS.
Decentralized services require decentralized authority for appropriate
and efficient decision-making.
Bill 65 suggests a different principle for Government involvement in the
health and social services than now exists in the field of education. The
Private Education Act, assented to in December 1968, makes possible individual
initiative. We suggest that Bill 65 should permit the same opportunities.
On the basis of theses principles and of our intrepretation of Bill 65,
which leads us to believe that the private welfare sector will be integrated
into the public sector, the members are basically in agreement with that change
and we make the following recommendations:
That Section I of Bill 65 should be changed by adding the definition of
a "Community Institution" as a non-profit institution organized by a voluntary
group, from which it derives continuing support, and that of course does not
exclude but includes government support, and operated as a corporation within
the meaning of the Civil Code, having no object but to maintain an institution
fulfilling a function similar to a public institution and so recognized by the
Minister.
We recommend, as I said earlier, that the boards should be expanded and
provision made for members to be democratically elected from the community.
We recommend that the boards of regional bureaus, local community
service centres, hospital centres, social service centres and reception centres
should have approximately one-third of their members appointed from the
institutions in the region and two-thirds elected from the community in order
to ensure as broad a working and consultative base as possible between the
Minister and the population he wishes to serve. I might say, for example, at
the last annuel meeting of AJCS, which took place in May of this year, 600
delegates represented at this last annual meeting to decide on the report
submitted and to elect the board of trustees.
Further we recommend that the administrative committees of the regional
bureaus and of the institutions should be larger and have representation in the
same proportion as the boards.
We feel that it is essential to build into the Bill the creation of
committees composed of community based volunteers whose role and function will
be to participate actively in the various ongoing planning and operational
aspects of an institution. This type of involvement must be mandatory and not
left to the discretion of the board.
Again, if I may interject a message that you will find in the body of
the brief, I would think that in Montreal, there are approximatly 5,000
volunteers in the various organizations and in the various committees
associated with the 20 members agencies of AJCS.
On further examination of the Bill, we recommend that in order to cope
with the limited number of proposed regions and the resulting potentially large
size of any given region, there should be a greater number of regions than is
presently contemplated; that for good planning to take place at the regional
level, the bureau should devise a system of communications whereby it is in
constant consultation with the institutions in its area. And the suggested
amendments would provide a plan for which there would be this consultation.
We suggest a sort of Jacob's ladder, a going up and a coming down of
information and needs and wishes for the Minister, the lowest LCSC and for the
LCSC upward to the Minister. A definite change of command definite and constant
participation.
We recommend that the general manager of the bureau and of the
institutions should not be a voting member of the board and of the
administrative committee but should perform his professional duties and carry
out his responsibilities as an employee of the bureau or of the
institution.
Obviously we must recommend that confidentiality of client or patient
records should be safeguarded in the event of inquiry, in the event of
suspension or cancellation of permits and in the event of appeals. We recommend
as well that the appeals procedure in the case of suspension or cancellation of
permits should be strengthened.
As mentionned earlier, we recommend that the regulations should be
prepared after or in consultation with the institutions obviously insofar as
concerns as latter recommendations if you ask the person in the field who has
to deal with the day to day problems of the needs of the community and has to
deal with the day to day needs to implement the act. Certainly, they have an
important contribution to make insofar as concerns the regulations in order to
make for the better administration and the better management of the act.
This is a brief resume of the resumé itself. And at this point,
Mr. Chairman, with your permission, I would ask Mr. Respitz to make some
remarks concerning the Baron de Hirsch Institute.
Baron de Hirsch Institute et Jewish Child Welfare
Bureau
M. RESPITZ: M. le Président, M. le ministre,
MM. les membres de la commission, je vous remercie de l'occasion que
vous m'offrez de faire des remarques de la part de l'Institut Baron de Hirsch
et du Jewish Child Welfare Bureau.
Comme M. Berger l'a dit, notre exposé a été fait
selon le mémoire du Congrès juif canadien et de la AJCS. Nous
approuvons entièrement ce-dit mémoire. Je vais faire un
très bref résumé de notre mémoire et
particulièrement en ce qui a trait au bénévolat et
à l'ethnicité.
L'Agence juive de service social à l'enfant et à la
famille est dans notre communauté un des plus importants soutien de la
vie familiale. Le taux bas de familles disloquées, de cas d'alcoolisme,
de toxicomanie, etc., dans la communauté juive prouve le succès
des agences juives de services sociaux à la famille.
Grâce à notre insistance à centrer nos cas sur la
famille, le nombre d'enfants placés dans des foyers nourriciers a
nettement baissé pendant les douze derniers mois. Nous sommes inquiets
du fait que la législation proposée ignore la contribution
historique, actuelle et future des agences bénévoles envers les
efforts du bien-être social de notre province.
Nous approuvons donc le mémoire du Congrès juif canadien
et d'AJCS qui soulignent le besoin d'institutions communautaires et le moyen de
préserver l'apport positif des agences bénévoles au
bien-être de tous les citoyens de la province de Québec. La perte
de ces apports et initiatives bénévoles résultera en une
baisse qualitative du niveau de service social pour toutes les agences de la
province de Québec.
A propos de l'ethnicité, nous portons à l'attention de la
commission le rôle crucial de l'ethnicité et de l'identification
à un petit groupe. Nous sommes profondément conscients de notre
propre histoire et de notre expérience vécue comme juifs. De
nombreuses tentatives de fusion de ces agences juives avec les agences
parallèles non sectaires ont prouvé par la suite que la nouvelle
agence était totalement inefficace quand il s'agissait de soigner des
familles juives. Dans chacun de ces cas, et celui de Springfield,
Massachussetts particulièrement et qui est le plus évident,
l'agence juive de service social dut par la suite être
réinstituée.
Des facteurs tels que la compréhension, la culture juive, la
capacité de faciliter les communications entre des agences et la
communauté juive et les clients, des sentiments de familiarité et
de confiance, la complexité de la vie familiale juive traditionnelle
sont des facteurs de toute première importance pour faciliter le
processus d'aide à la famille juive.
Au Baron de Hirsch, nous consultons régulièrement le
Conseil des rabbins pour assurer l'application stricte de la loi juive dans
notre travail professionnel. La famille juive qui a besoin d'assistance sociale
est bien mieux servie par une agence juive.
Finalement, je veux attirer l'attention sur l'unité de la culture
juive et les services sociaux juifs, les droits juifs de préserver et
maintenir leur culture et la responsabilité du gouvernement d'assurer
ces droits. Merci.
M. BERGER: M. le Président, est-ce que vous permettez quelques
mots à M. Cohen, avocat général.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. COHEN: Mr. Chairman, Mr. Minister, gentlemen of the Committee, I have
very little to add to the comprehensive brief which was presented by my
colleague. I want to take the opportunity to underscore and emphasize a few of
the concerns which we have.
Our primary concern is for the preservation of the ethnic cultural and
religious aspect of our health care institutions for which I speak. These are
not being protected in a narrow, nationalistic way except that we consider them
as essential to good patient care because they are a good segment of the
population and what we believe is true of the Jewish population is equally true
of other ethnic groups, but they are required the ethnic and the cultural and
the religious background to which they are accustomed, and we would very much
like to see this preserved.
Our other concern is for the protection of volunteerism ; I have been
involved in health care institutions and voluntary health care institutions for
half a century and I am not here to defend the status quo. I think the
objectives as stated in the explanation of Bill 65 no one is going to argue
with them because we believe they are true and this particular period of
history, but, we think that there is a way of progressing and at the same time
preserving these values which we consider to be essential to the preservation
of the things which we hold very close to us. The element of voluntarism cannot
be overlooked or denied, I think I need hardly to remind you that when the
introduction of the Hospitalization Insurance Act came in 1961, we were not for
the existence of a voluntary institution there will be very little for the
Government to build on. Similarly, we feel than that expansion of this
partnership, which has existed until now, should be expanded and preserved,
because we think that a vival partnership between Government and the voluntary
agencies would create the best type of institution for the wealthfare of the
total population.
It is needless for me to again remind you that we could stand pretty
much on the shoulders of those over gone before us, and I think that to ignore
the contribution made by the voluntary groups that were created on their own
initiative and who pioneered in the creation of these institutions, they should
not be entirely lost. And so, my plea is to preserve what is good in the
voluntary system and I do not say that it has all the elements which are
necessary today, but I would strongly urge that recognition be given to
what is good in the voluntary system, so that together with the voluntary
sector of the community we could advance the philosophy which is so
excellentley outlined in the explanations of Bill 65.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais d'abord remercier les
représentants du Allied Jewish Community Services, du Baron de Hirsch
Institute et du Jewish Child Welfare Bureau pour le mémoire qu'ils nous
ont présenté.
Je ne ferai pas de commentaires spécifiques sur les
recommandations. Je voudrais simplement dire qu'au moment des travaux de la
commission d'enquête, j'ai eu l'occasion de rencontrer des
représentants de certaines des agences, ou des services, ou des
institutions de la communauté juive, et j'ai été
extrêmement impressionné par le soin, le dévouement,
l'attention, l'intérêt que prend la communauté juive pour
chacun de ses membres, peu importe son âge, incluant les personnes
âgées.
J'ai également été en mesure de constater
jusqu'à quel point l'effort ou la contribution volontaire joue un
rôle important dans la dispensation de ces services.
Le projet de loi 65, fondamentalement, ne veut pas priver l'organisation
des services, le fonctionnement des services, de cette contribution et nous
sommes conscients que, dans certaines des dispositions, tel que le souligne le
mémoire, il y a des améliorations à apporter, de sorte que
ce type de contribution, ce type de participation puisse être
maintenu.
Quant aux autres recommandations qui sont faites dans le mémoire,
elles touchent à des points qui ont déjà, je crois,
été discutés. Comme le mémoire est très
explicite ou les mémoires et que la lecture nous permet de
voir exactement quels sont les points de vue, à ce moment-ci, je n'aurai
pas de questions à adresser.
Dans chacun des cas, chacun des aspects autres que celui du maintien de
la possibilité de contribuer de la part de la communauté, ou du
volontariat, tous les autres points qui ont été mentionnés
sont des aspects du projet de loi 65; par exemple, en ce qui a trait à
la confidentialité des renseignements contenus dans les dossiers,
procédures d'appel, modes d'adoption de règlements, ces points
ont déjà fait l'objet de discussions. Pour ne pas prolonger le
travail de la commission, je ne poserai pas de questions.
Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais, à l'instar du ministre des
Affaires sociales, faire un bref commentaire et souligner la qualité des
deux mémoires que nous ont présentés les organismes de la
communauté juive avec qui j'ai eu le plaisir et le privilège de
travailler en étroite collaboration pendant plusieurs années et
dont j'ai appris à apprécier, en ce domaine des affaires sociales
particulièrement, l'apport positif et aussi l'esprit d'initiative. Je
pense bien qu'ils ont été assez modestes dans le
mémoire.
Ils auraient pu apporter à l'appui de leur thèse une foule
d'expériences et de réalisations qui ont fait que, non seulement
ici, à l'échelle de notre province et de notre pays, mais
même au-delà, ce sont des expériences dont on s'inspire
encore largement dans le domaine social.
Ils ont insisté particulièrement, et je veux revenir
brièvement, M. le Président, sur deux points. Je fais abstraction
des points techniques d'amélioration du projet de loi, surtout du
côté administratif, points qui ont été
mentionnés par d'autres organismes qui sont venus ou qui viendront
également devant la commission. Mais je voudrais insister, comme ils
l'ont fait, sur la question du volontariat et sur la question des
différences culturelles évidemment, l'aspect culturel
qu'ils ont introduit dans les services sur la préoccupation de
l'aspect culturel qu'ils introduisent dans les services à rendre aux
membres de leur communauté.
L'aspect du volontariat, M. le Président. J'étais heureux
d'entendre le ministre tout à l'heure déclarer que le projet de
loi pourra être amélioré à certains articles, en
particulier où ce n'est pas assez précis et où il y aurait
assurément avantage à introduire dans la législation, non
seulement des précisions, mais peut-être aussi des points
très explicites pour éviter que les lois à
caractère social, si on n'y fait pas attention, se trouvent
inconsciemment à détruire ce qui existe de meilleur dans la
motivation, dans cette générosité et dans ce volontariat
qu'on retrouve surtout dans le secteur social.
Cela a été le cas de lois antérieures. Si on ne
prend pas garde, il est inévitable que des lois aussi importantes qui
modifient tellement de façons de procéder, tellement de
structures comme cela a été le cas dans
l'assurance-hospitalisation, comme cela a pu être le cas dans
l'assurance-maladie, du bill 26... Il est important de ne pas perdre de vue que
les améliorations apportées par des lois aussi importantes ne
doivent pas non plus éliminer cela. Du moins, si cela a pour
résultat pratique de le faire, qu'on atténue le plus possible les
conséquences que ces lois peuvent entraîner sur la motivation, sur
le volontariat, sur la générosité sur tout cet aspect non
organisé et non rationalisé du secteur social. On introduit par
une loi aussi importante un effort de rationalisation. C'est une tentative de
coordination, une tentative de mettre de l'ordre dans un secteur qui se
développe et qui évolue très rapidement. Si on peut, par
des articles précis de la loi, tenir compte de ces aspects particuliers
du volontariat qui s'expirme de différentes façons et qui
s'exprime peut-être d'une façon plus évidente pour certains
organismes, comme pour les
services sociaux et les agences sociales où il est plus facile
d'exprimer cette facette de rendre des services, alors il faudrait conserver
cela. Il y a aussi l'aspect culturel. Ces services sociaux s'appliquent
à une communauté bien précise. Vous rendez des services
aux membres de la communauté juive. Les services sociaux anglo-saxons
sont dirigés par des agences anglo-saxonnes et rendent aussi des
services à une communauté anglo-saxonne. C'est la même
chose du côté francophone.
Cet aspect culturel est important parce que lorsque Québec fait
des représentations au gouvernement central dans le domaine de la
sécurité sociale, l'un des arguments que l'on invoque pour
réclamer la priorité, ou une primauté, ou
l'exclusivité en matière de sécurité sociale si
l'on veut, c'est pour adapter les mesures, les programmes, leur donner une
philosophie, une orientation qui conviennent à notre type de
société dans lequel nous vivons ici dans le Québec, tenant
compte des différences de groupes ethniques. Si on invoque cet
argument-là à l'appui de notre thèse dans nos discussions
avec le fédéral, il faut le reconnaître aussi dans la loi.
Il faut le reconnaître dans l'administration quand on aura affaire aussi
avec différents groupes culturels qui vivrait avec une telle loi.
J'étais heureux d'entendre le ministre tantôt au sujet de ces
points particuliers que vous avez mentionnés dans votre mémoire
et des garanties qu'il a données à l'effet qu'on en tiendra
compte dans la revision ou dans les améliorations ou les
précisions que l'on pourrait apporter à la loi. M. le
Président, c'est le commentaire que je voulais faire.
M. BOIS: Alors M. le Président je vous remercie. Je tiendrais ici
à féliciter très sincèrement le Congrès juif
ainsi que les organes intermédiaires qui sont les leurs et qui ont
présenté ce mémoire. Je dois les féliciter surtout
pour avoir attiré l'attention sur la question du volontariat et que
nous, de notre groupe, considérons comme un facteur essentiel à
la survie de toutes les oeuvres sociales et de charité non seulement
juives mais anglo-saxonnes et canadiennes-françaises. La population du
Québec a bâti depuis 300 ans et vous avez bâti des choses de
votre côté. Il m'a fait grandement plaisir d'entendre ici M. le
ministre faire état de ces choses, des réalisations qui sont les
vôtres.
Je crois que, si on en tenait compte dans la majorité du
Québec, on rejoindrait entièrement vos opinions et, demain, nous
n'aurions pas un projet de loi aussi corsé et qui vise, à mon
avis, à faire disparaître ce qu'on appelle le vrai volontariat,
c'est-à-dire la charité. Je trouve que, dans tout ce qui concerne
la santé humaine, le premier motif, c'est justement celui de la
charité. Il y en a un que vous avez très bien mentionné et
il a trait aux caractéristiques culturelles. Ici, au Québec, M.
le Président, nous avons quand même et M. le
député de Montmagny vient de le mentionner à faire
face à des sources ethniques différentes. Nous avons la
majorité, c'est bien vrai, mais quand même nous ne devons pas tuer
les institutions communautaires qui ont existé et qui ont fait tellement
de bien depuis de nombreuses années, et même la communauté
juive, qu'elle soit de Montréal, de Québec ou d'ailleurs.
Particulièrement, nous tenons à dire que, dans le projet de loi,
nous trouvons que M. le ministre des Affaires sociales devrait absolument voir
à en modifier certains aspects. On aura beau parler de rationalisation,
de coordination les peuples d'Europe sont peut-être
habitués à ces choses-là mais nous sommes quand
même un peuple extrêmement jeune, un peuple qui s'est
constitué de volontariat, qui a défendu son pays par le
volontariat et qui va le conserver vivant par le volontariat. Nous nous
attachons à tout ce qui concerne l'entreprise libre et les bonnes lois
provinciales pour empêcher qu'on en abuse, mais pas des lois pour
contrôler la liberté. M. le Président, ce sont les mots
essentiels que j'avais à dire et je vous remercie de m'avoir
accordé le droit de parole.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Saguenay.
M. LESSARD : J'aurais simplement une question concernant votre
mémoire. Comment, actuellement, votre agence de service social
s'insère-t-elle dans les services gouvernementaux, c'est-à-dire
dans les bureaux régionaux du ministère des Affaires sociales?
Est-ce qu'il y a une certaine autonomie administrative, est-ce que vous
participez au même titre que les bureau régionaux du
ministère?
M. CASTONGUAY: Me permettez-vous un petit commentaire?
M. LESSARD: Oui, d'accord.
M. CASTONGUAY: Lorsque vous parlez de bureaux régionaux du
ministère, faites-vous allusion aux bureaux d'aide sociale?
M. LESSARD: C'est ça.
M. CASTONGUAY: Ces bureaux-là sont purement
gouvernementaux...
M. LESSARD: Oui.
M. CASTONGUAY: ... et ici il est plutôt question de services de
santé, de services d'agences familiales, d'agences de service social. Il
y a des communications entre ces bureaux-là et tout autre type de
service, mais pas d'une façon particulière avec un type de
service ou un autre. Nos bureaux d'aide sociale sont purement
gouvernementaux.
M. LESSARD: D'accord. Mais est-ce que cette agence de service en
fait, c'est une
agence de service social, exactement comme les agences de service social
qui sont des corporations privées, qui sont financées par les
ministères, mais qui sont en réalité des corporations
privées cette agence de service social juive est-elle autonome,
un peu comme c'est le cas actuellement pour nos agences de service social?
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Pas de questions? Alors, Madame, Messieurs, je vous
remercie.
M. BERGER: Merci.
M. LE PRESIDENT: J'invite maintenant le Conseil de développement
social du Montréal métropolitain.
Conseil du développement social du
Montréal métropolitain
M. BOUDREAU: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de la commission parlementaire, permettez-moi d'abord de
présenter cette délégation qui vient présenter un
mémoire au nom du Conseil de développement social du
Montréal métropolitain et également au nom du Montreal
Council of Social Agencies.
Je suis moi-même Gérard Boudreau, administrateur au conseil
de développement social. A ma droite, Mlle Françoise Marchand,
directeur général intérimaire du Conseil de
développement social; à ma gauche, Peter Stein qui est directeur
général du Montreal Council of Social Agencies et, à
l'extrême gauche, Michel Clermont, principal responsable de la
préparation du mémoire qui fournira, dès que j'aurai fini
de parler, les explications détaillées dont vous aurez besoin,
suite au mémoire qui a été déposé.
Je voudrais rappeler ici brièvement dans quel esprit a
été préparé le mémoire du CDS et du Montreal
Council of Social Agencies avec nos remarques et nos propositions
d'amendements. Nous avons tout d'abord écarté au départ
toute étude de l'aspect juridique. C'est la population dans son ensemble
qui est le point de départ de nos préoccupations et c'est ce qui
justifie notre présence ici.
Nous sommes pleinement d'accord sur l'objectif général
visé par le projet de loi, objectif que nous définissons de la
façon suivante: ordonner d'une façon cohérente le
réseau d'organismes essentiels appelés à répondre
aux besoins des gens et de la population en général.
Nous souscrivons également aux autres objectifs mais il nous
apparaît que les modalités prévues ne permettront de les
rejoindre qu'imparfaitement et par conséquent les attentes des groupes
de population les plus directement concernés risquent de ne pas
être satisfaites. Par exemple, la participation prévue est
d'après nous plus apparente que réelle. La disparition des
services est décentralisée mais les pouvoirs de décision
le semblent très peu.
Avant de demander à M. Clermont de résumer l'essentiel de
nos propos, je voudrais rappeler combien il sera important de procéder
par étapes dans l'application de la réforme, afin que le
réaménagement se fasse de la façon la plus harmonieuse
possible en sauvegardant d'abord les droits de la population, mais en
respectant aussi les intérêts légitimes des organismes
touchés, ce qui ne veut pas dire, loin de là, qu'il faut tout
remettre aux calendes grecques.
Nous savons également que le projet de loi a suscité
beaucoup d'inquiétude et que de nombreuses hypothèses continuent
à être émises quant à ses implications, et cela en
dépit des explications fournies par M. le ministre à la
commission ou ailleurs. Il sera donc important et très important de
prévoir une très large diffusion de l'information à tous
les niveaux pour assurer la réussite de la réorganisation
prévue par ce projet de loi.
Je cède maintenant la parole à M. Clermont.
M. CLERMONT: Je ne résumerai pas le mémoire recommandation
par recommandation, je veux être le plus bref possible. Je rappellerai
simplement deux points, qui, à notre avis, sont essentiels.
Le premier est le rôle du centre local des services communautaires
dans la structure du bill 65.
Nous estimons que le centre local des services communautaires, parce
qu'il est plus près de la population, doit être le pivot de la
structure et que, dans ce sens, il faut qu'il y ait plus de souplesse dans la
définition même du centre local des services communautaires, afin
qu'il puisse s'attaquer à des problèmes qui sont perçus
par la population, comme importants souvent, reliés au domaine social et
de la santé, sans être nécessairement directement du
domaine du ministère des Affaires sociales. Dans ce sens-là, il
faudrait, d'une part, que la définition même du centre local de
services communautaires soit plus souple, pour que ce soit vraiment un outil
dans les mains de la population. Il faudrait aussi que les sources de
financement d'un centre local des services communautaires puissent être
plus diversifiées pour que, pour des projets spéciaux, des
projets qui débordent les cadres du ministère des Affaires
sociales, la population puisse aller chercher des fonds à partir de la
structure du centre local, pour se donner des services. Cela est un ordre de
préoccupation.
La deuxième, qui touche à peu près toute la
structure, est la participation et des institutions publiques et de la
population, surtout de la population, à la structure elle-même.
Nous recommandons un certain nombre de choses qui, à notre avis,
favoriseront cette participation, entre autres des assemblées
générales à
tous les niveaux, au niveau de l'ORAS d'abord, où il y aurait un
certain nombre de délégués de toutes les institutions
publiques du territoire qui, au moins une fois par année, pourraient se
réunir, élire un certain nombre de personnes au conseil
d'administration de l'ORAS. Dans cette assemblée générale,
il pourrait y avoir des représentants des groupes
socio-économiques qui, eux, sont généraux parfois pour le
Québec ou pour une région et qui, eux, pourraient aussi avoir, au
niveau de l'ORAS, un certain nombre de représentants. Cela permettrait,
d'une part, aux problèmes et aux priorités d'un office
d'être au moins discutés par les gens qui sont à même
de constater les déficiences, les problèmes sur le terrain, et
ça permettrait en même temps de coordonner réellement,
parce que les gens seraient réunis dans une même assemblée,
un certain nombre de choses essentielles.
Au niveau des institutions comme telles, on estime que le centre local
de services communautaires doit avoir une majorité de gens élus
par la population qu'il dessert. On a mis des chiffres dans le mémoire,
les chiffres peuvent être changés ou modifiés.
Mais le principe qui veut que la majorité des membres d'un
conseil d'administration soient élus par la population locale nous
semble très important, beaucoup plus par la perception que la population
peut avoir d'un centre local grâce à ça qu'autre chose.
Parce qu'ils ne sont pas majoritaires à ce niveau-là, la
participation risque d'être beaucoup plus fictive que réelle. Au
niveau des centres de services sociaux, des centres hospitaliers ainsi que des
centres d'accueil, nous avons suggéré qu'il y ait une
assemblée générale composée de
délégués des institutions et des groupes que ces
institutions desservent d'une part, et qu'il y ait une représentation
plus forte des conseils d'administration de centres locaux de services
communautaires parce que, comme je l'ai dit plus tôt, on estime que c'est
vraiment eux qui vont être à même de prendre le pouls des
besoins et des problèmes de la population.
Je ne voudrais pas entrer plus dans les détails, si vous avez des
questions.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier
également les représentants du Conseil de développement
social du Montréal métropolitain et du Montreal Council of Social
Agencies pour le mémoire qu'ils nous ont présenté. J'ai eu
l'occasion de lire ce mémoire qui nous apporte des suggestions
positives, utiles. Ce que je peux dire à ce stade-ci, c'est que nous
allons évidemment en tenir compte dans la mesure du possible lors de la
révision du projet de loi.
Comme les points soulevés le sont d'une façon très
claire, je n'ai pas pour le moment de questions à adresser au
représentant.
M. LE PRESIDENT: C'est bien.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Prési- dent, le Conseil de
développement du Montréal métropolitain, autrefois connu
sous le nom de Conseil des oeuvres de Montréal, je crois, s'occupe plus
spécifiquement de la région de Montréal. Vous insistez sur
le centre local de services communautaires et si vous insistez sur cette
structure ou sur cette institution en particulier, c'est parce que vous
constatez que le centre local peut être appelé à combler
les vides, ou à répondre à des besoins particuliers, ou
à résoudre des problèmes particuliers.
Est-ce que vous croyez que le type de structure dont on a parlé
le ministre a élaboré à certaines occasions le type
de services que devrait être appelé à rendre le centre
local de services communautaires répond bien aux besoins des
régions que vous identifiez particulièrement dans certaines zones
de Montréal?
MME MARCHAND: Nous avons mis l'accent sur les centres locaux de
santé comme, évidemment, faisant partie intégrante de
l'ensemble des structures. Nous sommes d'accord sur un des buts du projet de
loi, celui de rendre les services les plus accessibles possible aux gens, pas
seulement certains services, mais vraiment un éventail. Je pense que
c'est une des choses que la population réclame. Il y a beaucoup de
services qui existent à l'heure actuelle à Montréal et
dont une partie de la population ignore l'existence même parce que c'est
vraiment trop impersonnel pour elle.
Si on pense surtout aux quartiers défavorisés, il faut
vraiment rapprocher les services de la population. Tout à l'heure, un
des points que M. Clermont rappelait, c'est que tout en la rapprochant de la
population pour qu'elle sente qu'elle a aussi son mot à dire dans le
type de services qu'elle veut ou dont elle sent le besoin, il faut justement
lui donner une représentation majoritaire à ce niveau-là,
autrement elle aura encore l'impression que ce sont des services qu'une
population, soit de l'élite ou de gens qui savent mieux qu'elle, vient
lui dispenser quand, en fait, ce sont des services dont elle a besoin et
qu'elle-même est capable, encore mieux que bien d'autres,
d'identifier.
Souvent, ça peut être le rythme, le genre de services... Si
on se rapporte historiquement à bien des services qu'on lui a
dispensés par ce qu'on savait de mieux, peut-être que si on
l'avait consultée dans le temps, on aurait peut-être donné
d'autres genres de services à cette population. Je pense que maintenant
la population est suffisamment éveillée, elle veut jouer ce
rôle, elle veut pouvoir dire ce dont elle a besoin et elle demande aussi
que les services soient le plus près d'elle possible. C'est dans ce
sens-là que nous insistons tant sur les centres locaux de
santé.
Avec l'expérience que votre organisme a de la ville de
Montréal avec les problèmes de sa clientèle surtout dans
certains quartiers ou dans certaines zones grises ou
défavorisées, est-ce que vous croyez qu'on peut tailler une
région sur la carte et dire: Voici, cette région va
être
desservie par un centre local de services communautaires? Ou doit-on
davantage disséquer cette région et avoir un centre local de
services communautaires qui tienne compte, comme on l'a mentionné dans
les mémoires précédents, un peu plus de caractère
culturel de la communauté qu'on est appelé à desservir? Si
c'est un quartier parfaitement homogène et dans Montréal
je pense que l'homogénéité des quartiers, si l'on fouille
un peu, va peut-être révéler des différences qui
nous surprennent un peu, est-ce que l'on doit tailler sur une carte
géographique et dire: Pour ce secteur géographique, pour cette
partie de la ville, pour cette clientèle en particulier, on a un centre
local de services communautaires qui va rendre à la population des
services plus accessibles et cela va répondre aux besoins de cette
clientèle-là?
MME MARCHAND: Je pense qu'il n'y a pas de réponses miracles.
C'est sûr qu'à l'intérieur d'une grande ville, d'une grande
agglomération comme le Montréal métropolitain, il y a tout
de même certains quartiers qui ont une identité, où les
gens se reconnaissent même s'il y a une pluralité de types de
population.
Je pense au niveau de service local de santé comme étant
la porte d'entrée... Si nous pensons à nos collègues qui
ont parlé avant nous, la communauté juive, s'ils savent que, dans
le quartier où ils habitent il y a un endroit où tout au moins
ils peuvent aller s'informer des services qui sont à leur disposition,
que ce soient des services généraux ou des services
spécialisés, ils iront le demander pour autant que le centre sera
prêt à les recevoir. Du moment qu'ils auront besoin de services
propres à leur culture ou qui ont des incidences culturelles,
religieuses ou autres, je pense qu'un centre local de santé pourra
s'adjoindre du personnel qui serait capable de les aider de façon
immédiate et aussi de les référer à des agents
spécialisés, parce qu'au niveau de l'ensemble, je pense que
certaines distinctions devront être maintenues pour vraiment
répondre aux besoins des gens.
M. CLOUTIER (Montmagny): Votre organisme a fait des travaux importants
sur Montréal et ses zones, ses besoins, ses problèmes dans le
domaine social; entre autres, je me souviens de "La troisième solitude".
Je pense que c'est un travail...
MME MARCHAND: Je vais prendre ce qui nous revient mais "La
troisième solitude", ce n'est pas nous. Nous avons fait
"Opération et rénovation sociales".
M. CLOUTIER (Montmagny): Bon! De toute façon, vous avez des
travaux dont le nom m'échappe, mais vous avez fait des travaux
substantiels. Etant donné qu'à la suite du projet de loi 65, le
ministère des Affaires sociales, le gouvernement, va avoir à
implanter des centres locaux de services communautaires dans le
Québec, je comprends que dans une région rurale c'est
peut-être plus facile de repérer un endroit où il faut
nécessairement faire la création d'un centre local. Mais dans
Montréal, ce n'est pas si facile que ça. Est-ce que votre
organisme a déjà travaillé ou a l'intention de se pencher
sur ce problème de suggestions à l'endroit du ministère
des Affaires sociales quant à l'implantation des centres locaux de
services communautaires?
MME MARCHAND: On peut d'abord vous répondre, et je sais que M. le
ministre est au courant, qu'il y a des citoyens qui n'ont pas attendu la
présentation du projet de loi pour eux-mêmes commencer à
penser à regrouper des services à leur disposition. Il y a
déjà dans deux ou trois quartiers de Montréal tout au
moins des gens qui sont à travailler activement à perfectionner
ce qu'ils avaient déjà dans Pointe-Saint-Charles ou à
développer un centre de services communautaires incluant santé et
bien-être dans Hochelaga-Maisonneuve. Je pense que cela a donné
des idées à d'autres quartiers qui ont justement un sens
d'appartenance de quartier, et le conseil reste à leur disposition pour
consultations techniques ou autres. Cela ne veut pas dire que si on nous le
demandait on ne verrait pas quels pourraient être les autres centres qui
devraient s'ouvrir. Mais si on comprend bien et avec ça je pense
que nous sommes d'accord c'est qu'il ne s'agira pas d'en ouvrir 25 la
première année. Il faudra procéder par étapes et je
pense que la population elle-même fera comme celle qui a manifesté
ce désir-là antérieurement à la présentation
du projet de loi avec l'adoption du projet, même graduellement, il y a
une population qui va les demander. On n'aura pas tellement à pousser
dans le dos des groupes. La population commence à être de plus en
plus éveillée. Et c'est contagieux, vous le savez.
Cela s'est vu dans d'autres domaines mais ça commence
déjà à se voir dans le domaine du bien-être et de la
santé. Quand les gens d'un quartier voient qu'un quartier voisin a
commencé à se donner des services, ils veulent avoir la
même chose.
Alors, du moment qu'il y aura deux centres locaux de services
communautaires à Montréal, vous pouvez être sûr qu'il
y aura quatre autres groupes qui vont vous en demander dans un bref
délai. Montréal, c'est compliqué mais moins qu'on le
prétend.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez également mentionné la
participation majoritaire des citoyens sur les conseils d'administration des
centres locaux. Vous avez même fait une proposition concrète;
qu'il y en ait huit sur douze qui soient des... Comment verriez-vous la
représentation pour les quatres autres? Quel type d'institutions
devraient-ils représenter? Quel milieu particulier, quel groupe
particulier devraient-ils représenter?
M. CLERMONT: Nous avons suggéré dans notre mémoire
qu'on garde exactement l'article 50 du projet de loi, tel qu'il est, sauf qu'il
y aurait huit personnes qui seraient élues par la population, en
assemblée générale, pour un an. Cela semble un
détail mais c'est une chose qui est très importante. Si on veut
vraiment la participation des gens, d'une population à la
définition de ses besoins, on ne peut pas simplement lui demander de
voter tous les quatre ans pour un certain nombre de bonshommes. Il faut qu'elle
puisse, à tous les ans, se sentir responsable de son centre local, d'une
part. Ensuite, il y a une personne nommée par l'office, une par des
professionnels, une personne par les conseils d'administration des centres
hospitaliers, etc. Exactement tel qu'indiqué dans le projet de loi. Cela
pour qu'il y ait vraiment une coordination et que les citoyens puissent sentir
que c'est leur affaire, à eux; au moins, le centre local c'est leur
propriété.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et vous ne trouvez pas que votre proposition de
les mettre aux voix à tous les ans n'est pas un peu vite? Quand ils
arrivent au conseil d'administration, ça prend un peu de temps avant
d'entrer dans le bain...
M. CLERMONT: Pour les citoyens eux-mêmes, c'est un peu long. Un
certain nombre de groupes ont déjà des institutions, des centres
de santé, des cliniques populaires comme on les appelle à
Montréal. Les gens qui sont élus à un conseil
d'administration sont très souvent révocables en tout temps. Cela
ne veut pas dire qu'ils sont changés à toutes les semaines. Cela
veut dire qu'il y en a qui sont là longtemps, mais les bons sont
là longtemps.
MME MARCHAND: Vous savez, c'est ce qui se produit surtout dans les zones
défavorisées. On a pu constater que les gens ont l'impression,
une fois qu'ils ont élu leur représentant, que s'ils ne le
ramènent pas devant eux pour une nouvelle élection, il ne les
représente plus parce qu'il s'est éloigné d'eux et qu'il
fonctionne dans un autre milieu.
Je peux même vous citer le cas d'une fédération de
mouvements de citoyens où ils élisent leurs gens tous les trois
mois. Permettez-moi de dire que je trouve ça un peu fréquent,
mais ils élisent de nouveaux officiers à tous les trois mois.
Certains sont réélus, mais il y en a d'autres qu'ils laissent
tomber car ils trouvent qu'ils n'ont pas bien fonctionné.
Comme ça, ils ont l'impression que les gens n'ont pas eu le temps
de les oublier, de s'éloigner d'eux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. LESSARD: M. le Président, vous avez actuellement une certaine
expérience en ce qui concerne la participation de la population dans la
région de Montréal. Est-ce vraiment réussi, la
participation est-elle vraiment réelle? Lorsque vous faites, par
exemple, une élection par la population de huit personnes, est-ce que,
encore là, ce n'est pas un petit groupe ou une partie de la population
qui se réunit et qui nomme un nombre de personnes? Est-ce que ça
touche vraiment le fond de la population? Est-ce que c'est vraiment
représentatif?
M. STEIN: Où est la situation la plus réelle? What are you
thinking of? Quel type de situation est le plus réel? Certainement, il y
a des problèmes. Les citoyens qui ont le pouvoir dans une
communauté pour "a center for help" sont les exceptions, je crois. C'est
la première étape...
M. LESSARD: D'après l'expérience que vous avez, est-ce
qu'il y a des moyens? Est-ce que votre expérience se limite à la
région de Montréal ou à l'extérieur de
Montréal? Je pense que c'est au niveau de la région de
Montréal. Est-ce qu'il y a des moyens d'activer cette participation de
la population au niveau de ces structures?
MME MARCHAND: Evidemment, à la base de tout, c'est toujours de
l'information. Plus les gens sont informés et plus les gens se rendent
compte que c'est vrai qu'on veut qu'ils participent, pas participer simplement
en étant présent de temps en temps.
Cela revient à la première partie de votre question:
Est-ce que c'est parfait? Est-ce que c'est réalisé? Bien non, ce
sera toujours à faire. La participation totale de tout le monde, c'est
l'objectif qu'on vise surtout, mais dire qu'on l'a atteint, que tout le monde
est impliqué, non, non. On vous mentirait si on vous disait cela.
M. LESSARD: Il reste par exemple, que dans certaines autres associations
où il est censé y avoir participation de la population, on
remarque une certaine baisse même de la participation de cette
population. Je comprends qu'ici c'est nouveau, il y a une certaine
participation qui existe, probablement limitée mais est-ce qu'on va
réussir véritablement avec cette structure-là à
intéresser la population? Je suis peut-être pessimiste, mais
enfin, je m'interroge.
M. CLERMONT: C'est le sens de notre première proposition qui
touche au CLSC; d'abord qu'il y ait une majorité de citoyens
élus; parce que les gens ne participent pas, dans les zones
défavorisées en tout cas, à moins de sentir qu'ils
puissent au moins avoir une chance de se faire entendre et non manipuler, c'est
bien net pour à peu près tous les groupes
défavorisés, d'une part, et pour qu'il y ait plus de souplesse au
niveau des centres locaux, pour qu'ils puissent répondre aux besoins.
C'est en effet dans la mesure où les centres locaux répondent aux
besoins de la population que la population va participer. Je vais vous donner
un exemple...
M. LESSARD: Par exemple, qu'est-ce que vous voulez dire lorsque vous
parlez de plus de souplesse au niveau du centre local? Que le centre local
puisse s'élargir beaucoup plus dans ses responsabilités?
M. CLERMONT: Que les besoins d'une population qui varient, comme
monsieur l'a souligné tout à l'heure, d'un quartier à
l'autre dans Montréal selon les groupes, selon les niveaux
socio-économiques, que ces besoins-là puissent être servis
par un centre local. Cela peut être un problème de logement
à un moment donné; cela peut-être un problème de
centre de main-d'oeuvre; cela peut être un problème de
consultation budgétaire, qui nécessitent des services
différents; cela dépend des quartiers. Mais si on répond
aux besoins de la population, la population va participer.
MME MARCHAND: Elles devront continuer à être
informées, autrement, elles seront satisfaites, mais elles s'en
désintéresseront. C'est toujours à refaire.
M. LESSARD: Je sais qu'à Montréal, il y a eu des
expériences qui se sont faites dans ce sens-là; mais dans
d'autres régions de la province, c'est complètement nouveau,
cette participation.
M. STEIN: Un dernier point sur cette question de participation. J'ai
l'impression qu'à Montréal il y a des groupes de citoyens qui ont
un intérêt dans ce projet de loi. C'est dommage que toutes les
enquêtes de cette commission se fassent ici, dans la ville de
Québec. Je sais que beaucoup de gens ont le temps de faire des voyages
ici, de rester ici toute la journée pour donner leurs explications et
leurs idées, mais, en même temps, je crois que dans ce type de
projet de loi, le gouvernement a prévu l'appui et la participation des
citoyens. Ce serait mieux d'avoir une enquête dans la ville de
Montréal.
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez, juste un commentaire: la commission
d'enquête a tenu presque toutes ses séances à
Montréal.
Deuxièmement, j'ai fait un certain nombre de visites dans la
province au cours du mois d'octobre; enfin, l'étude des projets de loi
se fait ici à Québec, malgré les difficultés que
cela crée. On imagine difficilement un projet de loi de la Chambre des
communes étudié à Vancouver, par exemple. Là, nous
sommes vraiment à l'étape de l'étude du projet de loi et
cela se fait au Parlement.
MME MARCHAND: M. Stein voulait simplement faire remarquer qu'il y aurait
probablement eu présentation de mémoires par des comités
de citoyens eux-mêmes...
M. CASTONGUAY: Nous en avons eu; nous en avons eu.
MME MARCHAND: C'est sûr.
M. CASTONGUAY: Il y a le groupe de Pointe-Saint-Charles. Il en est venu
d'autres.
MME MARCHAND: Il en aurait eu d'autres.
M. CASTONGUAY: Il reste que nous sommes là maintenant à
l'étape de l'étude du projet de loi et je ne veux pas là;
le temps passe et...
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester a une question
à poser.
M. GUAY: Sur le même sujet, quand on parle de participation,
j'aurais peut-être une question à poser au ministre. Après
avoir discuté à plusieurs reprises dans une zone assez
défavorisée qui est mon comté ou la région, les
gens semblent très intéressés à participer, mais
est-ce que l'expérience a été faite, par exemple, au
ministère des Affaires sociales, pour savoir si cette participation des
citoyens semble plus fréquente ou plus facile dans les milieux ruraux ou
par exemple, dans les centres urbains?
M. CASTONGUAY: Pour les centres locaux de services communautaires, nous
allons voir à l'expérience. Je pense qu'on a fait un commentaire
peut-être pertinent dans la mesure où les services
répondent bien à des besoins, les gens vont être plus
intéressés à participer que si ce sont des services moins
adaptés.
Je serais porté à croire, moi, qu'ils vont être
aussi intéressés dans des milieux ruraux que dans des milieux
urbains.
M. LESSARD: Dans la mesure où ce n'est pas une participation
artificielle comme on en a déjà créée ailleurs dans
d'autres structures, dans d'autres grosses structures gouvernementales. Les
gens se sont aperçus, à un moment donné... Mais on
participe plus ou moins à cette affaire-là. Exemple, au niveau de
l'éducation ou ailleurs.
M. GUAY: Nous avons quand même, je pense, certains services qui
fonctionnenent à base de participation sociale, actuellement et qui ne
fonctionnent pas si mal. Je ne dirai pas très bien, mais ils
fonctionnent tout de même. Ils sont à base de participation
essentiellement bénévole et on réussit à
créer des services qui pourraient être meilleurs, d'accord, mais
ils sont déjà en place et ils sont extrêmement
nécessaires à la population.
Je pense qu'on a peut-être peur d'en donner une participation
vraie, une participation réelle pour qu'à un moment donné
la population se sente responsable, à un certain niveau, d'un centre
local. J'ai l'impression que ça va enlever bien des problèmes
dans ces centres locaux.
M. LE PRESIDENT: Alors, Mesdames, Messieurs, je vous remercie, nous vous
remercions
vraiment. J'invite maintenant la Corporation des conseillers sociaux du
Québec.
Corporation des conseillers sociaux du
Québec
M. GAUTHIER: M. le Président, notre corporation groupe environ 50
p.c. des praticiens qui oeuvrent en service social. Quand je dis oeuvrent, je
veux dire que nous représentons une groupe qui, de par ses tâches,
ses fonctions, régulièrement est directement en contact avec les
usagers des services sociaux.
Nous avons soumis à la commission parlementaire, le 6 septembre
dernier, un document que nous avons appelé "Réflexions".
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous vous présenter?
M. GAUTHIER: Je vais le faire, M. le Président. Plutôt
qu'un mémoire, ce soir nous vous présentons un bref
résumé du document.
Avec moi, à la table, à ma droite, il y a Mlle Noëlla
Goyet, présidente de la corporation qui, elle, oeuvre dans une agence de
service social à Joliette; à côté d'elle, à
sa droite, M. Luc Matton, qui est directeur des relations extérieures de
la corporation et qui oeuvre dans un milieu industriel, à Arvida, et
moi-même, Raynald Gauthier qui suis vice-président et qui oeuvre
dans un service social, dans une clinique psychiatrique, dans un hôpital
général.
Pour vous présenter un bref résumé de notre
mémoire et pour briser un peu la monotonie de la session, j'inviterais
une voix féminine à présenter le bref résumé
que nous voulons vous faire ce soir.
MLLE GOYET: M. le Président, M. le ministre, messieurs de la
commission, la Corporation des conseillers sociaux du Québec est
heureuse de soumettre à la commission parlementaire ses observations et
ses recommandations relatives au bill 65, Loi de l'organisation des services de
santé et des services sociaux.
La Corporation des conseillers sociaux du Québec reconnaît
l'esprit qui anime la nouvelle loi et est en accord sur une telle
réorganisation. Nous notons, cependant, que nous aurions
préféré que le volume 6 du rapport de la Commission
Castonguay-Nepveu concernant l'organisation des services sociaux soit paru
avant la déposition de cette loi.
Nos recommandations veulent assurer et garantir la participation de la
population, une saine intégration et coordination des services, une
décentralisation réelle et démocratique.
Disons que, sachant que plusieurs de ces points ont déjà
été touchés par d'autres organismes, je me contenterai de
souligner quelques-unes des recommandations de notre mémoire.
Le concept de régionalisation, de région, de
réorganisation des services de santé et des services sociaux
étant basé sur une régionalisation desdits services, nous
demandons que des précisions soient apportées sur la façon
dont seront formées les diverses régions.
Nous considérons que certains centres de la province
présenteraient des problèmes particuliers en raison des
disparités régionales. Nous demandons que le champ d'action et
les limites respectives des CLSC et des CSS soient précisés quant
aux services sociaux à être rendus par chacune de ces
institutions.
Nous tenons à souligner, à l'article 1 j), que nous
trouvons sage que le législateur puisse, par des règlements,
déterminer comme professionnel toute personne qui fait partie d'un
groupe et qui dispense des services de santé et des services
sociaux.
Nous demandons toutefois que la phrase suivante soit
insérée au texte de loi, "pourvu que ces personnes aient
reçu une formation les habilitant à dispenser des services de
santé et des services sociaux." Concernant les pouvoirs des conseils
d'administration de l'ORAS, disons que je ne parle pas de cette
partie-là parce que cela a déjà été dit par
d'autres organismes, mais nous appuyons ce qui a déjà
été dit dans le sens d'une décentralisation et d'une
participation au niveau des conseils d'administration.
Nous demandons que le bill 65 prévoie aussi un droit de recours
du client face aux services dispensés par les différentes
institutions. Nous suggérons que la population puisse assister aux
rencontres régulières du conseil d'administration des
institutions publiques; ceci a pour but de favoriser la participation de la
population et de faire en sorte que l'information soit faite directement au
cours de l'année et non une fois l'an. Nous demandons aussi que les
pouvoirs de réglementation prévus à l'article 133, en ce
qui a trait aux dossiers, aux règles disciplinaires des institutions,
aux conditions d'admission des professionnels soient laissés à la
responsabilité des professionnels et des institutions
concernées.
Nous considérons que les fonctions telles que définies par
le bill 65 dénotent une conception partielle et incomplète du
service social et ne donnent pas de place suffisante à la
prévention et à l'intervention collective, à la
coordination des divers domaines. Nous recommandons que la loi garantisse aussi
une sécurité d'emploi totale pour le personnel en place dans les
différents services affectés par la réorganisation des
services de santé et des services sociaux prévus par le bill
65.
Comme conclusion, nous recommandons que la mise en application de cette
nouvelle loi se fasse par étapes progressives, qu'elle respecte et
utilise, dans la mesure du possible, ce qui existe déjà dans les
milieux concernés; pour ce faire, nous recommandons que des sondages
soient effectués auprès des praticiens oeuvrant dans les
nouvelles structures et dans les structures actuelles, nous émettons le
voeu que des mécanismes d'animation soient dès maintenant mis en
place afin de regrouper les forces participantes des différentes couches
de la
population. A notre avis, c'est l'unique moyen de vérifier, d'une
part, si la population désire cette humanisation des services et,
d'autre part, de la rendre capable d'agir vis-à-vis de ses besoins et de
ses attentes .
M. LE PRESIDENT: M. le ministre Castonguay.
M. CASTONGUAY: Merci pour ce mémoire de la Corporation des
conseillers sociaux du Québec. Comme vous l'avez mentionné au
cours de la lecture, la plupart des question, sinon toutes, qui sont
abordées dans le mémoire ont déjà été
touchées par d'autres organismes. Je voudrais simplement mentionner que
nous allons évidemment étudier attentivement ce mémoire
lors de la révision des dispositions du projet de loi. J'aurais
simplement un commentaire à faire, c'est en ce qui a trait à la
sécurité d'emploi totale du personnel qui pourrait être
déplacé par des modifications qui pourraient suivre l'application
du projet de loi. Il n'est pas prévu qu'il y ait de changements majeurs
brusques; au contraire, il est évident que nous respecterons les
dispositions et les conventions collectives; il y a une législation du
travail et des dispositions dans les conventions collectives qui touchent ces
points. C'est la raison pour laquelle il n'est pas dans notre intention de
reprendre, dans un tel projet de loi, ce type de dispositions qui ferait double
emploi ou encore qui se retrouverait au mauvais endroit. Je comprends le sens
de la recommandation, nous partageons ce type de préoccupation, ce n'est
pas notre intention de faire en sorte que les employés perdent leur
emploi par suite de changements apportés dans l'organisation des
services, mais je ne crois pas qu'il soit approprié de le faire dans ce
projet de loi.
MLLE GOYET: Si vous permettez, M. le ministre, je vous ferai remarquer
que plusieurs agences sociales ne sont pas syndiquées. Ceci peut amener,
quand même, à un moment donné, certains déplacements
de personnel. On ne sait pas, au niveau des agences sociales, quel sera le
remaniement que cela va amener au niveau du personnel. Est-ce que les agences
sociales ou une partie, puisque nous fonctionnons déjà avec des
filiales, seront intégrées au CLSC? Est-ce qu'elles demeureront
des organismes du service social comme tel? Ce sont toutes des questions que
nous nous posons. Il y a encore une grande partie des agences qui ne sont pas
syndiquées, c'est pourquoi nous mentionnons cet aspect dans notre
mémoire.
M. CASTONGUAY: Sur ce plan-là, je pense qu'il est assez difficile
d'intervenir dans les relations de travail entre les agences qui veulent garder
un degré d'autonomie par rapport au gouvernement et des employés
qui ne se sont pas syndiqués. La manière de régler ce
problème est prévue par les lois du travail, c'est de se
regrouper, de négocier des conventions, je crois. Mais je peux vous dire
que même si cela n'est pas fait, cela n'est pas notre intention de faire
perdre leur emploi à des employés qui pourraient être
déplacés. De toute façon, en ce qui a trait aux agences de
service social ou aux autres institutions, il n'y aura pas de changements
brusques qui vont être apportés par le projet de loi 65; cela va
être des réaménagements graduels; nous allons les faire,
évidemment, non pas d'autorité, mais dans toute la mesure du
possible avec la collaboration des institutions concernées, d'autant
plus que le statut ou le maintien des institutions comme entités
autonomes est maintenu par le projet de loi; alors, elles ne
disparaîtront pas par l'approbation de ce projet de loi.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, combien votre
corporation regroupe-t-elle de membres?
MLLE GOYET: Elle regroupe 750 membres.
M. CLOUTIER: En quel milieu surtout oeuvrez-vous?
MLLE GOYET: Disons qu'on oeuvre surtout dans les agences de service
social et dans les services socio-médicaux ou spécialisés
dans différents domaines, au scolaire par exemple, surtout au scolaire
et au médical.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont en fait des travailleurs sociaux prof
essionels.
MLLE GOYET: Ce sont des conseillers sociaux. Nous avons une formation
qui n'est pas universitaire. Nous avons une formation qui est au niveau des
CEGEP.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au niveau des CEGEP.
MLLE GOYET: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que tous ceux qui ont votre degré
de formation font partie de la corporation? Oui?
MLLE GOYET: Non, disons que la participation à la corporation est
libre. Pour participer à la corporation, cela demande que chaque membre
paie une cotisation, et comme nous n'avons que le droit au titre, nous ne
pouvons pas contrôler l'exercice de la pratique. Certains conseillers
sociaux qui ne s'intéressent pas au corporatisme et aux objectifs
poursuivis par le corporatisme n'y adhèrent donc pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous n'avez pas beaucoup d'années
d'existence?
MLLE GOYET: Pardon?
M. CLOUTIER: Vous n'avez pas beaucoup d'années d'existence?
MLLE GOYET: Nous avons sept ans d'existence.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est pour situer un peu le groupe que je pose
ces questions dans tout l'appareil...
MLLE GOYET: Cela me fait plaisir de répondre.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...dans tout l'éventail des organismes
qui viennent ici devant la commission. A la page 4 de votre mémoire,
vous insistez sur la nécessité de préciser davantage le
champ d'action et les limites de chacune des institutions que sont le CLSC et
le CSS. Vous dites qu'il semble y avoir ambiguïté dans ces deux
institutions quant aux services sociaux à être rendus. Est-ce que
vous ne pourriez pas vous-mêmes nous apporter vos suggestions sur des
précisions qui pourraient être apportées, étant
donné que vous êtes dans ce secteur? A quel endroit est-ce que
ça devrait s'arrêter pour les centres locaux et que cela devrait
commencer par le centre de services communautaires?
MLLE GOYET: C'est très difficile de faire des
délimitations parce qu'au niveau des agences de service social, ce sont
des services qui existent, tel que c'est mentionné dans la
définition, par exemple, des centres de services sociaux: service de
foyers nourriciers, service d'adoption, service de retour à la vie
normale, service d'auxiliaires familiales, service aux mères
célibataires. Quels sont donc les services qui seront donnés dans
les CLSC? Nous nous demandons nous-mêmes de quelle façon ce sera
divisé, parce que si on regarde actuellement la façon dont on
fonctionne, nous avons des filiales dépendantes des agences, de l'agence
centrale si on veut, qui oeuvrent dans les milieux et qui donnent aussi tous
les services mais disons que les services sont coordonnés,
planifiés au niveau de l'agence même de service social. Alors,
quand on parle des services sociaux courants, on se demande ce qu'on entend au
niveau du bill par services sociaux courants. On ne voit pas de
différence ou de distinction. Pour nous, cela demeure une
ambiguïté. On se dit donc que la façon actuelle de
fonctionner semble répondre quand même à certains besoins
puisque presque toutes les agences se sont organisées de cette
façon-là. Est-ce que cela doit demeurer? Nous croyons que oui,
puisque cela fonctionne bien, peut-être avec l'avantage
d'intégration au niveau d'autres services, avec les services de
santé et le service de psychiatrie communautaire et tout cela, parce que
actuellement ce n'est pas dans tous les milieux que c'est intégré
et concerté, cette action-là. Mais on ne voit pas, au niveau du
service social même, comment distinguer les services qui pourraient
être rendus par les CLSC et les services qui pourraient être rendus
par l'agence même. Nous voyons un lien très étroit entre
les services, que ce soit au niveau des CLSC ou au niveau de l'agence du
service social.
M. CLOUTIER (Montmagny): N'est-ce pas plutôt par
l'expérience que nous verrons cela? Parce qu'au point de départ,
je pense bien que c'est peut-être un peu difficile d'apporter toutes les
précisions que le législateur voudrait apporter. Je pense que
l'expérience aussi indiquera quelles devraient être les lignes de
démarcation ou le cheminement que les agences...
MLLE GOYET: C'est justement ce que nous nous demandons, est-ce voulu
dans le sens que vous le mentionnez, dans le sens que l'expérience
apportera les façons de le préciser? Est-ce cela que le
législateur a voulu, au niveau du bill, en disant services sociaux
courants, en restant vague pour nous et puis en précisant au niveau de
différents services au niveau des agences sociales? Je vous pose la
question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous voulez, nous allons poser ensemble la
question au ministre.
M. CASTONGUAY: Je l'ai dit à plusieurs reprises, nous ne voulons
pas établir des programmes de services précis par ce projet de
loi. Lorsque nous avons parlé des centres locaux, des genres de services
qui pouvaient être dispensés, j'ai donné suffisamment
d'exemples pour distinguer le centre de service social qui dessert une
population de 10,000 ou 12,000 dans un milieu rural du centre local de services
communautaires qui dessert une population de 75,000. La ligne de
démarcation n'est pas précise. Le contenu des services sera
différent, selon les centres, selon les divers facteurs, les besoins de
la population, le personnel disponible, l'existence d'autres ressources. De
façon générale, ce sont des services que nous rencontrons
plus fréquemment au niveau de la demande courante que nous voudrons
établir à ce niveau, ce qui n'empêche pas qu'au niveau plus
spécialisé nous retrouvons dans une certaine mesure des services
courants également du deuxième palier. Cela ne sera pas la
fonction principale. La fonction principale sera plutôt de donner des
services plus spécialisés.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Dorchester.
M. GUAY: J'ai remarqué dans votre mémoire, c'était
positif, que vous suggérez par exemple, qu'une commission
d'enquête complètement indépendante de l'office soit
constituée, plutôt qu'une seule personne qui doit adresser ses
recommandations au ministre. Quelle est
votre principale raison de l'insertion de cet article?
MLLE GOYET: Nous voyons certains dangers au niveau des pouvoirs
d'enquête qui étaient laissés aux ORAS, dans le sens que
ces pouvoirs d'enquête sont très larges et que les ORAS peuvent
déléguer une personne qui prend en main la responsabilité
d'aller faire une enquête et l'ORAS a accès à tous ces
dossiers. Nous nous demandons si, par souci d'objectivité, il n'y aurait
pas lieu d'avoir une commission d'enquête indépendante qui puisse
faire ses recommandations au ministre. Après, nous demandons à
cette commission d'agir. Elle fait ses recommandations au ministre, mais ce
n'est pas la responsabilité des ORAS de...
M. GUAY: Maintenant, la composition de cette commission d'enquête
pourrait être faite avec combien de personnes? De quelle façon
voyez-vous la composition de cette commission?
MLLE GOYET: La composition pourrait ressembler à la commission
d'appel de la Loi de l'aide sociale. Cela pourrait être une commission
permanente qui existe où il y aurait le droit de recours du client et en
même temps ces pouvoirs d'enquête qui pourraient être
confiés à cette commission. Nous n'avons pas pensé
à quelque chose de plus précis comme suggestion. C'est tout
simplement le souci d'objectivité que nous voulions mentionner dans
cela, parce que nous trouvons que les pouvoirs d'enquête laissés
aux ORAS sont très...
M. GUAY: Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je m'adresse au ministre. A la page
6 du mémoire de la corporation, on parle du danger de la politisation
des postes à combler. Est-ce que le ministre pourrait répondre
à ce problème qui est soulevé dans ce mémoire? Je
parierais que c'est au sujet de la nomination des membres de l'ORAS.
M. CASTONGUAY: Avez-vous des difficultés dans votre parti qui
vous font craindre...?
M. LESSARD: Pardon?
M. CASTONGUAY: Avez-vous dans votre parti des difficultés qui
vous font craindre qu'on transpose ces difficultés-là, qu'on
introduise des facteurs étrangers au problème?
M. LESSARD: Non, M. le Président, nous n'avons pas de crainte au
niveau du parti actuellement, nous savons qu'actuellement nous avons un
ministre qui prend ses responsabilités en ce domaine, probablement un
ministre qui n'est pas politisé dans le sens du politicien traditionnel,
mais le ministre ne sera pas toujours le même. C'est un danger qui peut
exister et j'aimerais que le ministre élabore.
M. CASTONGUAY: Voici, je badinais premièrement.
M. LESSARD: Oui.
M. CASTONGUAY: Deuxièmement, sur ce plan, je suis bien conscient
de tous les commentaires qui ont été faits et je pense que la
suite sera dans les modifications que nous apporterons au projet de loi. Vous
serez à ce moment-là en mesure de juger si elles vous paraissent
satisfaisantes ou non. Pour le moment, ce soir, je pense bien que ce serait un
peu une discussion inutile, ce point a été mentionné
à plusieurs reprises.
M. LE PRESIDENT: Mademoiselle, messieurs, je vous remercie. J'invite
l'Association des chefs de services sociaux.
Association des chefs de services sociaux en milieu de
santé
M. SENECHAL: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de
la commission parlementaire, le groupe qui vous présente ce
mémoire n'est pas seulement le groupe des chefs de service des services
sociaux en milieu de santé, mais c'est aussi un rapport conjointement
avec l'Association des praticiens des services sociaux en milieu de
santé.
Les représentants de ces deux associations sont Mme Lise Lavoie,
qui est membre du comité des directeurs, à ma gauche, au bout, M.
Paul-André Savoie, qui est membre de l'Association des praticiens des
services sociaux, M. Pierre Venne, qui est président de l'Association
des praticiens sociaux de service social en milieu de santé; Mme
Gyselinck s'excuse, elle ne sera pas présente, elle s'est fait remplacer
par Mme Lavoie.
Vous avez déjà, je crois, un résumé de notre
mémoire. Naturellement, il se fait tard et vous êtes
fatigués, nous aussi, je vais essayer d'être très succinct.
On va essayer de tirer la quintessence de notre rapport. Nous tenons à
faire remarquer tout d'abord que nous sommes en accord sur les principes
fondamentaux du projet de loi, tel qu'énoncés dans les notes
explicatives.
Cependant, nous regrettons que le présent texte du projet de loi
ne traduise que d'une façon inégale cette philosophie. Je tiens
à vous dire que c'est une critique positive et non pas négative.
Les principes auxquels nous nous sommes attachés sont de trois ordres:
la planification et la coordination des services, la continuité des
services et la participation du personnel et des usagers de services.
Dans le rapport, il y a une introduction qui mentionne ces trois
principes; il y a ensuite chaque article du projet de loi que nous discutons
à gauche et, à droite, nos commentaires suivis de nos
recommandations. La plupart de nos recommandations sont des refontes ou des
amendements ou de nouveaux articles de la loi. En annexe, vous avez les
recommandations regroupées et, à la fin, c'est-à-dire en
première annexe, vous avez peut-être la réponse à la
question que vous posiez tout à l'heure aux conseillers sociaux,
à savoir quelle serait la délimitation des activités,
c'est l'annexe 1. La réponse serait à la page 36 concernant la
délimitation des types d'activités du centre local, des
activités du centre hospitalier, des activités du centre de
service social et des centres d'accueil.
Je vais laisser de côté l'introduction, même si nous
jugeons qu'elle est aussi importante que tous les articles du projet de loi
pour passer immédiatement à la lecture des commentaires ou des
recommandations. Encore là, je vais essayer de faire une
synthèse. Ceux qui ont le résumé vont pouvoir suivre.
D'abord, nous avons dit que nous étions d'accord sur l'ensemble
des structures du bill, c'est-à-dire nous sommes d'accord sur la
création d'un ORAS et des quatre autres institutions. Aussi, nous avons
fait nos commentaires, nos recommandations par ces différents types de
structures. La première, il s'agit de l'office régional des
affaires sociales. La création d'un office régional des affaires
sociales pour chaque région du Québec s'avère une
nécessité qui devrait répondre aux besoins de
planification et de coordination des ressources régionales. Nous ne
croyons pas qu'il existe au Québec une région qui puisse se
permettre d'en être privée. Les recommandations, je vous les
passe, sauf une, c'est-à-dire que les ORAS devraient être mis sur
pied par des projets pilotes. Les projets pilotes ne veulent pas simplement
dire dans une, mais dans trois régions différentes du
Québec. Lorsque l'on dit trois régions différentes du
Québec, cela ne veut pas dire trois centres urbains. Cela veut dire
qu'on devrait en voir un dans un centre urbain comme Montréal, un autre
dans un centre rural et un autre dans un centre semi-urbain. C'est ce que l'on
veut dire par régions différentes.
Je passe à la page 2 du résumé. Par rapport
à la structure de participation, bien sûr, vous allez dire que
tout a été dit là-dessus. C'est possible, par rapport aux
principes de peut-être la possibilité de non-participation ou de
politisation par rapport à l'article présent du projet de loi.
Seulement j'aimerais lire ça ici parce que ça diffère,
peut-être parce que nous proposons une suggestion. Nous proposons une
façon ou un mécanisme qui peut peut-être régler le
problème.
Nous sommes conscients de la difficulté inhérente d'une
définition statique des groupes socio-économiques les plus
représentatifs, et ceci à cause des différences
régionales et des différences en nombre par rapport à la
représentativité dans le temps. Nous suggérons que,
lorsqu'il est question des groupes socio-économiques dans le projet de
loi, le terme employé soit celui de "groupes sociologiques". C'est ainsi
que l'on pourrait proposer un représentant de différents groupes
qui sont là: syndicats, chambres de commerce ou industries,
ménagères ou consommateurs, assistés sociaux,
professionnels, parents-maîtres, comités de citoyens et tout autre
groupe sociologique.
A cause des changements sociologiques dans l'existence et la composition
de ces groupes, nous suggérons que les conseils régionaux de
développement ou les conseils de développement social de chaque
région fassent l'inventaire des groupes sociologiques avant chaque
formation du conseil d'administration de l'office et désignent les
groupes les plus représentatifs. La nomination par le
lieutenant-gouverneur en conseil d'un représentant du ministère
des Affaires sociales au conseil d'administration de l'office pourrait ainsi
assurer une planification au niveau provincial. Et ici nous suggérons
que l'article 9 soit reformulé et presque au complet.
Si vous me permettez, M. le Président, je vais vous le lire parce
que, à notre avis, il est assez important et il constitue un changement
assez important par rapport à l'article du projet de loi. "Un office est
administré par un conseil formé de son directeur
général dès sa nomination et de vingt autres membres
choisis pour trois ans par le lieutenant-gouverneur en conseil parmi les noms
suggérés par les groupes sociologiques et les institutions de la
région pour laquelle l'office est constitué. Un de ses membres
est nommé à la recommandation du ministre des Affaires sociales;
un autre choisi parmi deux suggérés par les universités;
le reste c'est à peu près le même nombre que ceux
proposés dans le projet de loi, seulement ce qui change, c'est toujours
choisi par le lieutenant-gouverneur parmi une liste suggérée par
les différents groupes.
Ainsi, pour tous ceux qui parlent de possibilité de politisation,
il n'y a plus de danger. La participation est quand même présente
parce que les gens se choisissent, élisent, par exemple, cinq noms parmi
les groupes et le lieutenant-gouverneur doit choisir parmi ceux-là, et
non pas ailleurs. Ainsi, la participation, je crois est assurée de cette
façon.
Pour aller plus vite, vous pourrez me poser des questions sur les
recommandations que je ne vous lis pas. Par rapport aux pouvoirs et fonctions,
à la page 4, pouvoirs et fonctions de l'ORAS, recommandation 9: Que soit
ajouté à l'article 30 le paragraphe suivant: Tout document ayant
trait à un usager des services (personne ou groupe) ne doit ni
être donné, ni être consulté sans l'autorisation
écrite de l'usager. Encore là, on nous a dit qu'on avait
parlé souvent de la confidentialité. Nous vous suggérons
immédiatement un petit entrefilet que
vous pouvez mettre dans votre article et nous l'acceptons.
Recommandation 11 : Que soit ajouté, entre le premier et le
deuxième alinéa de l'article 34, le paragraphe suivant et
cela, c'est au sujet du pouvoir d'enquête: Une enquête peut
être demandée par le conseil d'administration d'une institution,
la majorité des membres du personnel d'une institution et/ou au moins
trois groupes sociologiques représentatifs de la population.
C'est que, dans le projet de loi, seulement le gouvernement ou le
lieutenant-gouverneur peut demander une enquête. Et nous croyons qu'il
est possible que les conseils d'administration des institutions ainsi que la
population puissent avoir le droit de demander une enquête sur une autre
institution.
Je passe d'autres recommandations. A partir de la recommandation 15, et
ce qui suit je ne vous les lis pas, mais je vous dis simplement le
principe c'est que nous voulons peut-être enlever un peu de
travail au ministre.
Nous croyons que, s'il a voulu placer des ORAS dans les
différentes régions sans parler du pouvoir de
décision et du pouvoir de taxation ils ont quand même un
rôle à jouer, et pour les articles 93, 101, 105, 122, 123, 125,
tous ceux-là, nous avons l'impression que l'ORAS peut très bien
faire cela. Elle est mandatée pour faire cela.
Lorsqu'on parle de mise en tutelle, nous croyons que l'ORAS qui est bien
constituée, est bien capable de le faire. Aussi, pour les autres, en ce
qui a trait au bill, à savoir les liens ou les relations entre la
population, surtout au niveau des permis accordés, que l'ORAS soit
informée de toute décision ou de toute transaction qui pourrait
avoir lieu entre le ministre des Affaires sociales et la population.
Cela, c'est aux articles 98, 101 et 105. C'est la recommandation 16.
Ceci termine pour l'ORAS. Est-ce que je vous prends trop de temps,
messieurs?
M. LE PRESIDENT: Continuez.
M. SENECHAL: Merci. Nous arrivons maintenant aux centres hospitaliers.
Nous croyons que ceci est très important étant donné que
nous sommes les représentants de travailleurs sociaux, de praticiens
sociaux qui travaillent dans des centres de santé ou les
hôpitaux.
Dans le texte, on lit qu'il s'agit d'un établissement où
l'on reçoit des personnes pour fins de prévention. Sans vouloir
nier l'effet de prévention, au centre hospitalier, nous croyons que ce
n'est pas sa fonction principale.
Nous voyons beaucoup son rôle au niveau des soins secondaires et
tertiaires. Nous croyons que cette fonction serait mieux remplie par les
centres locaux de services communautaires qui pourraient avoir des programmes
variés de dépistage précoce, vaccination, éducation
populaire, orientation, counselling, etc.
On a déjà parlé au niveau de la santé
mentale, lors de la conférence des hôpitaux psychiatriques, du
texte de l'article 1 g), tel que rédigé dans le projet de loi.
Cet article nous paraît ambigu et laisse planer le risque
qu'éventuellement les centres hospitaliers ne se voient pas attribuer la
responsabilité d'offrir eux-mêmes des services de diagnostic et de
traitement psychiatrique.
Nous avons l'expérience de ce qui existe présentement. On
ne parle nullement de santé mentale au niveau du diagnostic et du
traitement. On sait que les hôpitaux généraux ont
déjà de la difficulté la conférence des
hôpitaux psychiatriques en a parlé à vouloir donner
des traitements. D'après l'article du bill, j'ai l'impression qu'on
tombe exactement dans le même problème et qu'on ne le règle
pas.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je peux poser une question aux membres de la
commission?
M. SENECHAL: Sûrement.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres de la commission aimeraient que
nous continuions encore pendant dix ou quinze minutes, ou encore, suspendre les
travaux jusqu'à demain matin, dix heures? Continuer avec la liste que
nous avons actuellement?
M. SENECHAL: Ce qui veut dire que nous revenons demain matin?
M. CASTONGUAY: Je suis bien disposé à poursuivre la
séance quelques minutes, si vous voulez, pour que ces gens-là
terminent la présentation de leur mémoire.
M. LE PRESIDENT: Juste pour une information. Pour revenir à votre
mémoire, cela vous prend combien de minutes encore? Dix ou quinze
minutes?
M. SENECHAL: J'ai l'impression que, dans quinze minutes, tout sera
fini.
M. CASTONGUAY: Combien? M. SENECHAL: Quinze minutes. M. CASTONGUAY: Un
résumé?
M. SENECHAL: Non, non, en tout, cela va dépendre de vos questions
naturellement.
M. CASTONGUAY: Votre partie à vous.
M. SENECHAL: Dans cinq minutes, j'ai terminé.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que tous les membres agréent? Oui?
D'accord.
M. SENECHAL: Nous reprenons naturellement la définition du centre
de services, le centre hospitalier. Nous la reformulons. Le centre hospitalier,
c'est un établissement où l'on reçoit des personnes pour
fins de diagnostic medico-psycho-social, de traitement medico-psycho-social, de
réadaptation medico-psycho-social à l'exclusion toutefois d'un
cabinet de médecin, et cela c'est comme l'ensemble de votre article.
Structures de participation. Encore-là, que l'article 50 a) se
lise comme suit: Sept personnes résidant dans le territoire desservi par
le centre choisies pour quatre ans par le lieutenant-gouverneur, et cela c'est
le même processus de formation que nous avons mentionné au niveau
des ORAS. Je vous le laisse.
Administration et régie interne. Cela est à notre avis
assez important, nous avons discuté cet après-midi pas
nous, mais vous en avez discuté, nous l'avons entendu au sujet
des groupes de professionnels, des conseils de médecins et dentistes.
Nous n'en voulons pas du tout aux conseils des médecins et dentistes,
mais nous voudrions qu'il y ait aussi d'autres conseils à
côté de ceux-là. Cela ne nous fait rien qu'ils soient
donnés par des médecins mais comme il n'y a pas que des services
de la médecine qui, à proprement parler, sont donnés dans
des centres hospitaliers mais aussi par d'autres groupes professionnels, nous
croyons qu'il serait normal qu'il y ait d'autres groupes ayant exactement les
mêmes fonctions que les conseils de médecins et dentistes; il
pourrait y avoir les conseils des travailleurs sociaux, les conseils des
infirmières, les conseils des psychologues, etc.
Ceci n'enlève absolument pas le conseil consultatif des
professionnels. Il y a celui des groupes professionnels, qui fait le
contrôle de l'acte professionnel, et il y a celui à
côté, le conseil consultatif, qui est formé d'un
représentant de chaque groupe professionnel. Naturellement, partout dans
le bill où l'on parle du conseil des médecins et dentistes, nous
voulons l'enlever et le remplacer par conseil des groupes professionnels.
Pour les centres de service social, là aussi nous changeons
complètement la définition. Je vous lis uniquement la
définition sans vous parler du commentaire: "Un établissement
qui, sur une base régionale ou sous-régionale, remplit des
fonctions d'actions communautaires, de développement de ressources, de
recherches, de consultations aux équipes des centres locaux de services
communautaires, et offre des traitements psycho-sociaux
spécialisés aux personnes, familles et groupes
référés par les centres locaux de services communautaires.
Ceci à l'exclusion toutefois du cabinet privé du médecin,
du psychologue et du travailleur social. Il y a aussi ces gens-là
où il faudrait mettre "à l'exclusion de". Ces groupes
professionnels ont aussi des bureaux privés ou des cabinets
privés exactement comme les médecins.
Structure de participation. C'est le même processus
déjà mentionné au niveau de l'ORAS.
Il y a à plusieurs endroits pour chacune des institutions une
recommandation que nous faisons et nous la retrouvons partout. On ajoute aux
différents articles: lorsqu'un membre du conseil d'administration fait
défaut d'assister à trois réunions consécutives,
sans excuse valable, il est remplacé de la même manière que
si son poste était vacant. On aimerait que ceci soit exécutoire
pour tous les conseils d'administration de chaque institution et même
pour l'ORAS. On ne voit pas pourquoi il ne l'est pas. On voudrait aussi que
tout ce qui a trait aux groupes des professionnels, soit à
l'intérieur aussi des centres de service social, soit aussi à
l'intérieur des centres d'accueil et aussi à l'intérieur
des centres locaux de services communautaires.
Au niveau des centres d'accueil, la seule chose que je vais dire est que
nous aimerions que soit éventuellement dans la définition
intégré le mot "famille". Il est peut-être possible
éventuellement que, non pas seulement un individu soit gardé
comme c'est mentionné mais une famille au complet, cela pourrait
éventuellement, thérapeutiquement être possible et
nécessaire.
Structure de participation. C'est à peu près le même
processus déjà mentionné à l'ORAS, sauf qu'il y a
une chose qu'on ne comprend pas. J'espère que c'est tout simplement une
erreur, nous avons fait des erreurs. Nous avons envoyé vos errata,
peut-être qu'ici il y aurait un autre erratum à envoyer. A
l'article 42 et 51, on dit à l'article 42: Cinq personnes élues
et les cinq personnes du conseil du centre d'accueil. Et à l'article on
parle des cinq personnes mentionnées à l'article 51 a) et si l'on
va à l'article 51 a) on lit: Quatre personnes.
Nous ne comprenons pas comment les quatre personnes nommées
à l'article 51 a) du centre d'accueil puissent devenir les cinq
personnes nommées. Nous recommandons qu'une disposition conciliable avec
la présente loi rende l'article 42 valable pour les centres
d'accueil.
Quant au centre local de services communautaires, nous sommes
passablement d'accord sur le bill qui doit vraiment être le droit
d'entrée et nous sommes heureux de voir à l'intérieur des
centres locaux un genre de synthèse; la synthèse de toute la
personne et en même temps la synthèse de tous les professionnels
pour s'occuper de la personne. Nous ne voyons pas très bien cette
synthèse au niveau des centres de services sociaux et au niveau des
centres hospitaliers.
Nous redéfinissons l'article 1 f) au niveau du centre local et
nous insistons surtout pour que le centre local puisse donner des services. Il
donne des services. Si nécessaire, c'est-à-dire s'il n'est pas
capable d'aller plus loin, alors il les réfère. Dans le bill, il
les conseille, il les réfère et ensuite il donne, si c'est
nécessaire, les services. Nous voudrions que les services soient
donnés là, au point de départ.
Je saute des points.
Au niveau des autres recommandations, nous aimerions savoir ce que
deviennent les cliniques de l'OPTAT? Quel lien y a-t-il entre les polycliniques
privées et les centres locaux de services communautaires? Les
polycliniques privées et les CH, par exemple, qui va
référer quoi? Lorsque le patient arrive, doit-il passer au CLSC
avant d'aller au CH, ou bien une personne d'une polyclinique privée
peut-elle envoyer quelqu'un immédiatement au CH? Cela n'est pas clair.
On ne veut peut-être pas le mettre dans la loi mais peut-être dans
les règlements. Que devient l'OPTAT? C'est quand même un service
de santé mentale et nous nous demandons ce qu'il fait.
Il y a d'autres commentaires, mais nous les laissons si vous avez des
questions.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: Je voudrais remercier l'Association des chefs de services
sociaux et les praticiens du service social en milieu de santé au
Québec pour leur mémoire. J'aurais simplement un commentaire
à faire. Je note qu'un certain nombre de choses qui sont dites dans ce
mémoire proviennent d'une interprétation un peu trop stricte des
articles d'un projet de loi. Par exemple, dans les CLSC, lorsqu'on
énumère les services, ça n'oblige évidemment pas
les praticiens ou le personnel dans un centre local de procéder suivant
l'ordre donné dans la loi.
De la même façon, j'ai mentionné à plusieurs
reprises que ce projet de loi ne constituait pas un ou des programmes de
services de santé, de services sociaux et n'avait pas pour objet
d'empêcher la communication entre diverses institutions. C'est pour cette
raison que nous n'avons pas insisté de façon particulière
sur les services psychiatriques, par exemple, pas plus que nous n'avons
insisté sur d'autres types de services. Pour cette raison aussi, il ne
saurait évidemment être question de traiter d'un type particulier
de ressources, comme les centres Domrémy ou les autres services auxquels
l'OPTAT apporte son aide. Il s'agit plutôt d'une structure d'organisation
des services qui établit des catégories et d'une
répartition des pouvoirs qui introduit au niveau des conseils
d'administration des règles quant à la composition de ces
conseils, etc.
Il ne faut pas voir, dans ce projet de loi, plus qu'il n'en contient; il
ne faut pas l'interpréter d'une façon trop rigide et, surtout, il
ne faut pas y voir des options quant à des programmes de services.
J'aurais une question à poser à l'association et elle a trait
à la recommandation de créer, à l'intérieur, un
conseil pour chaque type de professionnels, un conseil des travailleurs
sociaux, un conseil des infirmières, etc. Je pense bien qu'il faut
éviter, comme on a fait souvent le reproche à certains
organismes, de multiplier les comités, les conseils inutilement. Tout le
monde se réunit et, finalement, il n'y a plus de travail qui se fait.
Tout le monde est en séance.
Dans le cas des médecins, il y a une raison bien
particulière, de même que pour les dentistes, qui a fait que nous
avons proposé la création d'un conseil des médecins, un
conseil des dentistes; c'est qu'il s'agit là de deux professions qui ont
un champ exclusif de pratique qui leur est confié en vertu des lois des
corporations professionnelles et, seuls, ils peuvent poser des actes
médicaux.
Le principe du contrôle de ces actes par les dentistes et les
médecins est également reconnu. Donc, le maintien à cette
fin dans les hôpitaux d'un conseil qui assume sur ce plan les
responsabilités des bureaux médicaux, en ce qui a trait au
contrôle des actes professionnels. Pour les travailleurs sociaux, comme
il s'agit d'une profession dont le champ d'action n'est pas exclusif, je vois
difficilement quelle pourrait être la raison d'un tel conseil. Remarquez
qu'en principe je n'ai pas d'objection à ce qu'il se crée
volontairement des comités à l'intérieur des
hôpitaux si cela est nécessaire. Mais les créer
statutairement à moins qu'il y ait une raison bien claire, là,
j'ai des objections. Ici, je ne vois pas le parallèle entre les
médecins et les travailleurs sociaux. J'ajoute un autre commentaire.
Ceci ne signifie pas pour autant qu'un fait un travail nécessairement
à un niveau supérieur par rapport à l'autre. Ce sont des
concepts tout à fait différents, des choses tout à fait
différentes. J'aimerais connaître la raison pour laquelle vous
suggérez qu'on crée un conseil pour chaque groupe
professionnel.
M. SENECHAL: Oui, il y a d'abord deux raisons. Cela m'amène
à répondre à votre première question ou à
votre premier commentaire qu'il s'agit d'une loi et il ne faut pas trop la
prendre à la lettre. Je suis d'accord. Nous avons voulu prendre l'esprit
de votre projet de loi. Seulement, avec l'expérience, on sait
très bien qu'à l'extérieur et dans les institutions il
arrive malheureusement trop souvent qu'on prenne un projet de loi à la
lettre et ensuite on ne peut plus s'intégrer. Présentement,
lorsque nous disons que nous voulons avoir un certain droit de vote ou un
certain droit de parole par rapport à une certaine orientation au niveau
d'un centre de santé on nous dit, vous n'avez pas le droit, la Loi des
hôpitaux dit ça et vous n'avez pas le droit de venir. C'est pour
vous dire qu'il ne faut pas trop prendre à la lettre... Mais quand c'est
écrit, c'est écrit. Lorsque c'est écrit, cela a force de
loi.
L'autre commentaire au sujet des conseils des groupes professionnels.
D'après votre projet de loi à ce moment-là, lorsque nous
travaillons à l'intérieur des hôpitaux les médecins
auraient le droit de nous contrôler professionnellement. On s'est dit que
le conseil des médecins et des dentistes contrôle les actes
professionnels posés dans leur institution.
A ce moment-là, si on regarde l'objectif
global de la médecine globale, nous croyons qu'il est aussi
important, lorsqu'un patient entre dans un hôpital...
M. CASTONGUAY: Si c'est la crainte que les médecins
contrôlent vos actes professionnels qui vous fait suggérer un
conseil des travailleurs sociaux, nous allons ajuster le projet de loi pour que
ce soit bien clair que les médecins contrôlent les actes qu'ils
posent, mais pas le travail professionnel fait par d'autres professionnels. A
moins qu'ils soient dans une situation d'autorité, qu'un médecin
soit le directeur des services professionnels ou directeur
général et que, dans le fonctionnement des services, il demande
des rapports pour voir comment les choses vont. C'est tout à fait
normal. Mais sur le plan purement professionnel, ce n'est pas le but
visé. Et s'il y a ambiguïté dans le texte, le texte sera
corrigé.
M. SENECHAL: Est-ce que je peux continuer à répondre
à la question? Vous m'avez dit: Pourquoi les groupes des travailleurs
sociaux...
M. CASTONGUAY: Non, je vous répond à la question...
M. SENECHAL: D'accord, cela me satisfait, la réponse que vous me
donnez à ce niveau me satisfait. Pourquoi aussi d'autres groupes
professionnels? D'après le rapport Castonguay-Nepveu, il semble qu'on
voulait s'orienter vers une médecine globale, vers un
développement global de la personne. On arrive à
l'intérieur des centres de santé, des centres hospitaliers et,
là aussi, je pense que la médecine globale peut s'y situer. Et il
arrive très souvent surtout au niveau psychiatrique, parce que je
travaille dans un milieu psychiatrique que les problèmes sociaux
sont aussi importants que le problème de médecine comme telle. Et
il est fort probable que les...
M. CASTONGUAY: On suggère la création d'un conseil des
professionnels qui va regrouper tous les professionnels. Vous ne pouvez pas
forcer les professionnels à travailler en équipe par un projet de
loi. Alors, on propose la création d'un conseil des professionnels.
En ce qui a trait aux médecins et aux dentistes, je reviens
à une fin très spécifique, c'est le contrôle interne
des actes médicaux, des actes posés par les dentistes, puisqu'il
s'agit de deux types d'actes de champ exclusif qui sont réservés
à cette catégorie de professionnels et que le contrôle de
ces actes est effectué par eux. C'est la seule et unique raison; on ne
remet pas en cause les autres principes.
M. SENECHAL: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question à M. le ministre au sujet du contrôle des actes
professionnels posés par les travailleurs sociaux? Il est possible que
dans des centres de service social et aussi dans des centres hospitaliers, il y
ait lieu de voir à contrôler un acte de service social, un acte
professionnel, la même chose que pour les psychologues ou pour les
infirmières. C'est dans ce sens-là que nous proposons, que nous
vous suggérons, éventuellement, qu'il puisse y avoir aussi un
certain contrôle.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous commenter?
M. CLOUTIER: M. le Président, je n'ai pas de question à
poser, sauf de faire un commentaire. J'ai lu le mémoire et il contient
des suggestions dignes d'intérêt et qui méritent, je crois,
d'être retenues.
Le mémoire contient des remarques extrêmement
intéressantes au sujet de la définition des groupes sociaux. Je
pense que, de ce côté-là, le projet de loi devrait
peut-être être un petit peu explicite même s'il ne peut
l'être autant sur les groupements socio-économiques; car il y a
une évolution qui se fait dans ces groupes-là, il y a des
disparités entre les régions. Il y a des groupes qui existent
dans des régions et qui n'existent pas dans d'autres. Ils sont plus
actifs en certains endroits, moins dans d'autres.
Peut-être que la structure de l'ORAS pourrait apporter certaines
précisions et dresser une certaine liste des groupes
socio-économiques. Je pense que c'est là une suggestion valable.
Il y en a peut-être d'autres qui pourraient faire des suggestions quant
à la liste des groupes socio-économiques dans le territoire.
Il y a un autre aspect du mémoire qui a retenu mon attention,
c'est quand vous parlez, dans la définition du centre hospitalier, de
l'aspect de la prévention. Voilà un point important. Nous en
avons parlé antérieurement aujourd'hui, lors de la
présentation d'un autre mémoire et je suis heureux que vous ayez
mentionné ce point de la prévention au niveau de la
définition des termes et non seulement là, mais aussi ce qu'elle
suppose en pratique.
Votre suggestion d'avoir des projets pilotes dans trois régions
différentes: en milieu urbain, en milieu rural, en milieu semi-urbain ou
semi-rural; c'est là une suggestion extrêmement valable afin
d'avoir, un peu, le genre de problèmes qui peuvent se poser partout dans
la province et non seulement un type de problèmes bien particuliers
à une région.
Vous suggérez que des foyers soient affiliés à des
centres hospitaliers. Il en existe déjà dans le domaine de la
psychiatrie. Ils sont reliés à des hôpitaux
psychiatriques.
Ils ne sont pas reliés, à ma connaissance, à des
hôpitaux généraux, même si les hôpitaux
généraux ont des services de psychiatrie.
M. SENECHAL: Il y en a pour les cancéreux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour les can-
céreux, oui, d'accord. Je ne sais pas si, dans les structures, du
point de vue juridique, ça peut apporter certaines complications. D n'y
a pas de problème. Disons que cela aussi comme décentralisation,
comme humanisation des services et personnalisation des services, je pense que
c'est un développement, c'est un programme qui mérite
d'être développé au ministère des Affaires sociales.
Vous avez une foule de suggestions dans ce mémoire qui sont
inspirées par des gens qui vivent ces problèmes-là en
pratique, et j'attire l'attention du ministre et des fonctionnaires sur
l'importance de retenir quelques-unes des suggestions les plus pertinentes qui
sont contenues dans votre mémoire.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Le mémoire soumis ici par l'Association des chefs de
service contient de très bonnes suggestions, c'est exact. Je crois bien
qu'en terminant cette journée, je constate encore une autre chose, c'est
que, même si l'honorable ministre est très soucieux de
l'application d'un projet de loi excellent et de futurs amendements, je pense
bien que M. le ministre ne pourrait pas oublier que, dans l'application des
choses, le père d'un projet de loi, c'est comme un père de
famille qui n'a pas toujours des enfants qui lui ressemblent physiquement
autant au point de vue des structures que dans leurs actions. Ce qui arrive,
c'est que le ministre est ici aujourd'hui, il est rempli de bonne foi et de
bonne volonté, mais demain il y en aura d'autres pour appliquer cette
chose-là et c'est surtout la chose sur laquelle j'attire l'attention de
l'honorable ministre en lui demandant d'accepter les suggestions qui sont
faites ici.
M. CASTONGUAY: Avez-vous à l'esprit l'éventualité
que ce serait le Ralliement créditiste qui soit là?
M. BOIS: Nous aurons de très bonnes suggestions, M. le ministre.
Soyez sans inquiétude.
M. LE PRESIDENT: Madame et messieurs, je vous remercie et je pourrais
ajouter quelque chose. J'ai l'impression que, peu importe le ministre qui
pourrait être là, nous aurions fait les mêmes suggestions;
même si c'était un créditiste, j'ai l'impression que nous
aurions fait exactement le même rapport que celui-ci. Je vous
remercie.
M. BOIS: Il y a pas d'autres mémoires M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Il reste un groupe très important, l'Association
des médecins de langue française du Canada. Est-ce que leur
porte-parole aime mieux se faire entendre dès maintenant ou demain matin
à dix heures? Premier sur la liste demain matin ou ce soir, je laisse
cela à votre...
M. LEGER: M. le Président, nous apprécions beaucoup votre
patience et votre gentillesse.
D'un autre côté, nous ne nous sommes pas inscrits à
ces auditions pour une simple formalité et nous tenons compte du fait
que vous pouvez être harassés. Nous acceptons fort bien de passer
demain en vous demandant simplement, si c'était possible, que ce soit
à la première heure.
M. LE PRESIDENT: C'est évident. Je vous ai appelés pour
cela. Demain matin, à 10 heures, vous allez être les premiers sur
la liste. Vous commencerez vous-même.
M. LEGER: Nous vous remercions beaucoup.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux à demain
matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 26)