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Commission permanente des Affaires sociales
Projet de loi no 65
Loi de l'organisation des services
de santé et des services sociaux
Séance du mercredi 10 novembre 1971
(Dix heures dix minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales):
M. Castonguay a une remarque à faire.
M. CASTONGUAY : A tous les membres de la commission: Le
secrétariat de la commission parlementaire m'a remis une liste des
organismes qui ont demandé ou qui ont indiqué leur intention de
soumettre un mémoire et qui n'ont pas encore été
convoqués. J'aimerais distribuer une copie de cette liste aux membres de
la commission et, demain, au cours de la dernière des trois
journées que nous avions prévues pour cette semaine, j'aimerais
que nous discutions, après avoir pris connaissance de cette liste, du
genre d'organisme dont il est question, de la façon de terminer les
auditions des mémoires sur le bill 65. C'est à titre de
renseignement, ce matin, que je distribue cette liste.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'Association des médecins de langue
française du Canada.
Association des médecins de langue
française du Canada
M. LEGER: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, je suis le Dr Jacques Léger, président de
l'Association des médecins de langue française du Canada. Je suis
accompagné de mes confrères et collègues suivants:
à ma gauche, immédiatement, le Dr Bernard Lefebvre,
vice-président; à sa gauche, le Dr Pierre Jobin et, à ma
droite, le Dr Jacques Boulay.
Nous avons jugé qu'il était de notre devoir, comme groupe
professionnel et social, de faire une étude de la loi sur l'organisation
des services de santé et nous vous remercions, M. le Président,
d'avoir accepté que nous nous présentions pour exprimer nos
points de vue.
Nous nous sommes largement inspirés, dans notre étude du
rapport, de ce qu'a conclu la commission d'enquête sur la santé et
le bien-être social. Nous savons que la loi vise à fondre et
à unifier les services de santé et les services sociaux. Nous
déplorons, néanmoins, que le projet de loi ne reflète pas
intégralement l'esprit de la commission.
Nous croyons que, selon les principes exprimés par la commission
d'enquête, les offices régionaux devraient se voir accorder plus
d'autonomie. La nomination des membres d'un office régional se ferait,
d'après le projet de loi, après consultation, et croyons-nous, le
principe de la participation en est faussé.
Quant à la représentation médicale, elle est
virtuellement inexistante, et ce, à tous les niveaux.
Nous croyons qu'il est désastreux pour le bien de la santé
du public que l'autorité du Collège des médecins et
chirurgiens soit sapée, à toutes fins pratiques, au sujet de la
surveillance et du contrôle de l'acte médical.
Nous croyons qu'il faudrait que la loi établisse une distinction
claire entre le contrôle administratif des institutions et le
contrôle professionnel de l'activité médicale. Il nous
semble, d'après les dispositions du projet de loi, que la pratique
médicale risque d'être de qualité inégale dans les
différentes régions.
Nous croyons également qu'il faudrait éviter de forcer les
centres de services sociaux et les centres hospitaliers à entrer
rigidement dans les mêmes cadres administratifs. Nous recommandons de
prévoir à l'intérieur du projet de loi 65, et en
s'inspirant des recommandations de la commission d'enquête, la formation
et le fonctionnement de centres hospitaliers universitaires qui soient
responsables de l'enseignement et de la recherche à tous les niveaux du
système de distribution des soins de santé.
Nous recommandons que la loi ne touche pas à la
responsabilité professionnelle des médecins car il s'agit
là d'un principe trop important pour en disposer dans une loi qui ne
doit traiter que de l'organisation des affaires sociales. Nous demandons au
gouvernement de définir plus précisément les conditions
d'existence et de fonctionnement des institutions privées et de ne pas
laisser planer l'incertitude, à savoir, si un cabinet de médecin
est une institution privée.
Nous considérons que le gouvernement s'est réservé
des pouvoirs trop étendus de réglementation à l'article
133 qui nous paraît d'emblée l'article le plus inacceptable de ce
projet de loi et nous demandons que ces règlements ne soient pas
adoptés de façon arbitraire par le ministre et le cabinet, mais
après consultation obligatoire avec les organismes
compétents.
Nous vous proposons même de discuter de la forme, j'oserais dire,
linguistique du projet de loi. En 1967, notre groupement s'était
prononcé en faveur de mesures assurant une sécurité
véritable, tout en sauvegardant les libertés individuelles,
familiales et professionnelles et nous recommandions avec instance qu'il soit
permis au Collège des médecins et chirurgiens d'exercer une
surveillance de la qualité de l'acte médical où que
celui-ci soit posé.
Nous recommandions également que l'on permette à la
profession médicale d'exercer ces prérogatives et d'assumer ces
responsabilités de la gestion ainsi que de l'organisation
médicale dans les institutions hospitalières.
La lecture du projet de loi tel qu'il nous est présenté
nous laisse à ces sujets des inquiétudes vives. Notez que nous ne
sommes pas, et bien au contraire, systématiquement opposés
à une loi d'organisation sur les services de santé. Nous avons
simplement de l'appréhension sur la façon dont elle est
présentée.
En commentaire, puisqu'il y a des priorités à donner aux
différents points de vue, j'aimerais souligner que nous sommes d'avis,
à la lecture du projet de loi, qu'il y aurait lieu de préciser de
façon plus spécifique les régions que l'on se propose de
desservir.
La description en est très vague. A l'article 3, il est bien dit
que le lieutenant-gouverneur peut instituer un office régional pour
chacune des régions du Québec, qui, incidemment, ne sont pas
déterminées. Nous croyons retrouver à la lecture de
l'article 4, paragraphe e) qu'il y a là une admission implicite que dans
certaines régions il pourrait ne pas exister d'office puisque, à
défaut d'office dans une région, le ministre exerce pour cette
région les pouvoirs qui sont dévolus à un office.
Nous sommes parfaitement conscients qu'une partie de nos commentaires et
de nos remarques sont une répétition, j'allais dire ennuyeuse
pour vous, membres de la commission, qui avez écouté de nombreux
mémoires; nous sommes très conscients de cet embarras dans lequel
nous vous plaçons. Nous sommes néanmoins d'avis que, si certains
points tels que l'autonomie des offices régionaux sont discutés
par tous, c'est que vraisemblablement il se trouve là une espèce
d'unanimité qui fait en sorte que nous pouvons tout de même
prendre la liberté d'en discuter, ne serait-ce que succinctement. Nous
croyons, au sujet de l'autonomie, que nous voudrions plus grande en faveur des
offices régionaux, que nous devrions tenir compte de la tendance
actuelle dans l'organisation sociale à peu près à tous les
paliers, y compris d'ailleurs dans l'administration d'une entreprise
d'envergure ou d'une entreprise financière par exemple, nous croyons,
dis-je, que la tendance est à la hiérarchie horizontale,
c'est-à-dire à une véritable délégation
d'autorité.
Ceci en vue d'éviter l'enlisement dans la bureaucratie. Notez que
nous n'en avons absolument pas contre la bureaucratie, mais nous
hésitons à accepter qu'on la surcharge au risque de la rendre
peut-être vulnérable. Nous croyons donc conséquemment que
les offices devraient avoir des pouvoirs exécutifs et non consultatifs
comme nous avons l'impression qu'ils le seraient s'ils ont institués
tels que décrits dans le document a l'étude.
Nous nous inquiétons également du mode de nomination des
membres d'un office régional. J'ai déjà mentionné
au préalable qu'ils étaient nommés après
consultation. Et non seulement serait-ce après consultation mais on
parle de groupes socio-économiques qui seraient appelés à
faire des suggestions et nous nous inquiétons, sans avoir noté
d'alternative très nette à vous présenter, du fait qu'ils
ne sont pas définis et qu'il n'est pas impossible qu'au moment venu ce
soit par pur hasard que certains groupes qui ne soient pas
nécessairement représentatifs soient appelés à
faire ainsi partie d'un organisme qui est important.
Nous croyons donc que la nomination des membres de l'office devrait se
faire pour certains par le gouvernement, que la nomination de certains membres
devrait être faite par des institutions qui soient nettement
désignées et que la nomination d'autres membres devrait se faire
par scrutin populaire et, comme je l'ai déjà indiqué, par
des groupes socio-économiques bien déterminés.
Notez que j'ai mentionné au tout début que nous
considérons que la représentation médicale est
virtuellement inexistante. Au niveau des offices régionaux, nous croyons
qu'il est indispensable, si nous voulons vraiment prévoir de la
planification, que les médecins ou que la profession médicale
sous un chapeau quelconque, qui peut être sa corporation professionnelle,
puisse participera cette planification.
Croyez-nous, il est de la compétence des médecins de
prévoir quels sont les besoins de santé à
différents niveaux et dans différentes régions ne
serait-ce que pour éviter, si je peux me permettre l'expression, des
duplications.
Nous croyons essentiel que la loi fasse en sorte qu'il soit possible
qu'il y ait une nomination d'au moins deux membres du conseil d'un office par
les groupes médicaux soit la corporation professionnelle ou les
syndicats médicaux.
Cette remarque ne s'applique pas qu'au niveau des offices
régionaux. Nous sommes très sensibles au fait que le ministre a
déjà manifesté son intention et sa compréhension
quant à la participation médicale au niveau des institutions
hospitalières. Nous aimerions, après avoir fait la remarque
concernant les offices régionaux, que cette remarque s'applique au
conseil de centre local de services communautaires tenant compte du fait que,
lorsque la profession a été appelée à participer
à la régie ou à l'administration des affaires
médicales dans les institutions hospitalières, elle l'a,
croyons-nous, fait avec des résultats qui ne sont pas à
dédaigner.
J'ai déjà dit qu'à notre avis les médecins
ont la compétence dans leur domaine et, en fait, je crois que nous
pouvons dire, en l'occurrence, que la santé ne se porte pas si mal dans
la province de Québec, que les bureaux médicaux tels qu'ils ont
été administrés jusqu'à maintenant ont
dénoté une évolution qui n'a rien de décourageant
et que les résultats témoignent d'une nette amélioration
sur ce qui se passait il y a quelques décennies. Nous serions inquiets
de constater que si vraiment la participation médicale n'est pas
substantielle et que si participation il y a, on laisse à la profession
la façon, les moyens et les outils de conduire à bien leur
oeuvre. Nous nous rangeons nettement dans une optique qui pourrait permettre
une évolution favorable de la santé publique.
J'aimerais laisser au Dr Bernard Lefebvre le soin de poursuivre nos
commentaires sur certains aspects majeurs de nos considérations.
M. LE PRESIDENT: Alors, vous faites toujours un résumé de
votre exposé.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais vous demander qu'il soit assez
bref étant donné le nombre d'organismes que nous avons
aujourd'hui et le fait que nous devons répartir le temps entre tous ceux
qui ont été convoqués.
M. LEFEBVRE: Nous avons évité de parler de
brièveté au début de notre exposé parce que tous
ceux qui en ont parlé précédemment ont été
plus longs que ceux qui n'en avaient pas parlé.
Nous avons pensé qu'il serait bon de souligner aussi le fait que
le projet de loi 65 semblait donner des pouvoirs étendus aux offices
régionaux sur le contrôle de la profession, tandis que leurs
pouvoirs en matière de contrôle administratif étaient,
à notre avis, réduits bien au-dessous du niveau où nous
aurions voulu les voir.
Nous avons l'impression que, selon les différents articles, les
offices régionaux doivent s'occuper du contrôle de la
qualité des services médicaux dans leur région, qu'ils
jouissent de pouvoirs d'enquête qui s'étendent au domaine
médical et qu'ils réglementent, selon l'article 36, le
fonctionnement des conseils de médecins dans les centres
hospitaliers.
Ces dispositions, à notre avis, auront pour effet de fragmenter
les normes et les règlements applicables à la profession, de
consolider certaines inégalités de pratique médicale qui
peuvent exister dans différentes régions, de remettre à
des organismes administratifs un contrôle de l'activité
professionnelle et, dans ce rôle, de supplanter le Collège des
médecins et chirurgiens et, finalement, de faire perdre, à tous
les dispensateurs de soins, leur qualité de professionnels pour en faire
des fonctionnaires de l'Etat.
L'association recommande donc que l'autorité administrative des
offices soit augmentée, mais que leurs pouvoirs de contrôle
professionnel ne soient pas étendus au point de saper l'autorité
du Collège des médecins et chirurgiens.
Nous avons noté aussi que la loi n'indique pas clairement envers
qui le directeur général d'un office régional est
responsable de son administration, à l'article 25. Si le directeur
général est responsable auprès du gouvernement qui l'a
nommé, le conseil régional, à ce moment-là, devient
à peu près un conseil consultatif et, s'il doit être
responsable vis-à-vis du conseil régional, nous croyons que le
directeur général devrait être engagé et
nommé par le conseil régional.
Je voudrais maintenant redonner la parole au Dr Léger qui a, je
pense, d'autres commentaires à faire.
M. LEGER: Il est tout à fait normal, M. le Président, que
nous soyons d'accord sur le fait de la formation d'un conseil des
médecins et dentistes responsable de l'organisation scientifique et
technique d'un centre hospitalier.
Nous sommes également d'accord pour qu'il y ait formation d'un
conseil consultatif des autres professionnels exerçant dans le centre.
Je voudrais simplement, en un mot, dire que nous souhaitons que le conseil des
médecins et chirurgiens soit relié directement au conseil
d'administration dans les décisions à prendre.
J'aimerais également faire un commentaire sur un sujet qui a
été très peu élaboré, qui n'a certainement
pas été oublié, mais dont on a peu parlé dans le
projet de loi, nommément du point de vue de la recherche et de
l'enseignement médical. Tel que dans ce chapitre où cette notion
est discutée, il appert que ce serait le directeur des services
professionnels qui serait responsable de l'enseignement d'un centre
hospitalier. Nous sommes parfaitement conscients de l'envergure de cet aspect
du problème et nous savons que nous n'avons pas nécessairement la
compétence, en tant qu'association, pour vous formuler des suggestions
concrètes. Nous constatons néanmoins qu'il n'y a pas tellement
longtemps, on a attaché une importance considérable à la
formation de centres hospitaliers universitaires qui sont très valables
et qui sont considérés comme une amélioration, à
moins que nous ne fassions erreur, il semble qu'on les ait oubliés,
puisqu'en effet, il n'en est, à toutes fins pratiques, plus question.
Nous croyons que c'est dommage. Est-ce que le Dr Lefebvre voudrait
élaborer sur la responsabilité professionnelle?
M. LEFEBVRE: C'est ici, peut-être, que nous soulevons un point qui
relève directement des préoccupations de notre association. Il
s'agit de la responsabilité professionnelle des médecins. C'est
une question importante, parce que c'est sur la responsabilité
personnelle du médecin vis-à-vis de son malade que reposent
à la fois la confiance du malade, l'autorité du médecin et
la liberté des deux. Si le médecin, comme le propose la loi dans
un paragraphe à l'article 92, est considéré comme un
préposé de l'hôpital dans ses activités
professionnelles, ce n'est plus le médecin qui est responsable
vis-à-vis de son malade, mais c'est l'institution ou
l'établissement où il travaille qui est responsable, et le
médecin est indirectement responsable par sa relation avec
l'institution; et nous croyons aussi, qu'étant donné que les
institutions seront engagées, la responsabilité sera
engagée à chaque acte médical qui sera posé, que la
réglementation devra être extrêmement sévère
et que, de toute façon, à ce moment-là, c'est le malade
qui en souffrira.
Nous pensons donc qu'il faudrait retirer ce paragraphe de la loi et en
rediscuter, si cela semble nécessaire, avec les
intéressés, parce qu'il s'agit là d'un principe assez
fondamental; je pense qu'il doit faire l'objet d'une étude
précise et non pas tout simplement de deux lignes, dans un projet de
loi.
M. LEGER: Enfin, messieurs, dans le moins
de mots possible, j'aimerais traduire notre inquiétude au
chapitre des cabinets des médecins. Le gouvernement se réserve le
droit de définir un cabinet de médecin: celui-ci sera-t-il sous
le contrôle d'un office régional, notez que nous n'avons
pas de définition et devons-nous comprendre que le
lieutenant-gouverneur peut faire des règlements pour définir un
cabinet de médecin ou de dentiste, pour déterminer où ce
cabinet doit être situé? Nous croyons que, tel que formulé,
le projet peut être limitatif; nous ne disons pas qu'il l'est
nécessairement, surtout pas que ce soit l'intention que ce soit
limitatif, mais nous craignons qu'il puisse l'être et qu'en fait ceci
conduise directement au contrôle rigide de la pratique privée de
la médecine. Enfin, je vous ai déjà mentionné que
l'article 133 nous semblait le plus inacceptable de tous. Nous voyons mal qu'on
ne laisse pas à la corporation professionnelle le privilège et la
responsabilité de déterminer les conditions et modalités
d'admission et de sortie de personnes auxquelles une institution dispense ses
services. Il y a certainement à ce chapitre des indications
médicales ou de santé qui ne peuvent pas être facilement
réglementées par d'autres que ceux qui en ont la
responsabilité. Je crois que les remarques s'appliquent également
aux conditions auxquelles les professionnels s'ont admis dans les institutions,
aux conditions auxquelles les étudiants sont admis dans les institutions
pour y parfaire leurs connaissances. Nous sommes extrêmement surpris de
voir qu'on prévoit même des règlements pour
déterminer les règlements du conseil des médecins et
même pour déterminer l'es activités de tout comité
du conseil des médecins. Enfin, je vous ai dit que nous avions plusieurs
commentaires dont quelques-uns sur la forme et, à cet égard, je
laisse la parole au Dr Boulay.
M. BOULAY: M. le Président, je vais être bref, je pense que
ce document soulève des problèmes divers du point de vue de la
forme. D'abord, il soulève des questions de terminologie et il
soulève aussi des questions de style. Je vais résumer cela en
quelques mots et je vais vous donner des exemples. Sur le plan de la
terminologie, par exemple, le mot "institution" en français
désigne la chose instituée. C'est un terme abstrait mais il ne
désigne pas l'établissement comme tel, c'est-à-dire le
local, la maison avec son personnel, les gens qui font fonctionner cette
maison. C'est pour cela que chaque fois qu'on voit le mot "institution" dans
l'article 1, ce mot-là devrait être remplacé par
"établissement". D'ailleurs, les rédacteurs du projet de loi
n'ont pas ignoré le mot "établissement" puisque au paragraphe f )
on voit, comme définition de centre local de services communautaires, un
établissement qui, etc.; donc, le mot "établissement" est connu.
Pourquoi le mot "institution"? C'est parce qu'en anglais on a "institution",
"hospital institution".
Pour ce qui est de "service de santé", c'est un autre
problème de terminologie. Le mot "service", en français, est un
mot polysémique, il comporte plusieurs sens. Les deux sens les plus
habituels, dans le domaine médical et dans le domaine social, sont les
suivants: d'abord, c'est un organisme, c'est une structure, c'est un organisme
ou une partie d'un organisme, d'une administration, d'un établissement
ou groupe d'organismes, qui est destiné à fonctionner pour un
usage déterminé dans l'intérêt de l'Etat, du public
ou de l'ensemble dont il fait partie, ça désigne une structure;
mais le mot "service" aussi peut désigner un produit de
l'activité de l'homme destiné à la satisfaction d'un
besoin humain, mais qui ne se présente pas sous l'aspect d'un objet
matériel. C'est dans ce sens-là qu'on peut parler de service de
santé. L'usage en français a créé un mot
particulier pour ce qu'on appelle ici "les services de santé", c'est le
mot "soins". Le comité d'étude des termes de médecine dont
je suis le secrétaire et c'est un peu en son nom que je parle ici
s'est déjà prononcé sur cette question, il y a
déjà bien longtemps, lorsqu'il avait présenté un
mémoire, lors des discussions qui ont précédé la
mise au point du projet de loi sur l'assurance-maladie. On ne voit le mot
"soins" nulle part dans ce document, ou à peu près nulle
part.
Pour ce qui est du mot "professionnel", c'est un mot difficile. Cela
vient du fait que le champ sémantique du mot "profession" n'est pas le
même en français qu'en anglais. En anglais, "profession",
ça désigne les professions libérales et ça comporte
une nuance laudative. La profession est quelque chose de noble. Tandis qu'en
français, le mot "profession" désigne simplement le
métier. C'est l'occupation avec laquelle on peut gagner sa vie. Donc,
l'adjectif "professionnel" se rapporte au mot "profession" dans le sens
français, c'est-à-dire les activités professionnelles, les
groupes professionnels, ça va très bien. Mais quand vous utilisez
le mot "professionnel" comme substantif, à ce moment-là, il prend
un sens très limité. C'est celui qui exerce une activité,
non pas comme amateur, mais comme spécialiste. Les professionnels de la
santé, ça s'oppose aux amateurs de la santé: c'est comme
si on voulait bien préciser que, dans les hôpitaux, il n'y aura
pas d'amateurs, il n'y a que dés professionnels. Le mot "professionnel",
dans ce sens-là, vient directement de l'anglais. C'est un calque de
l'anglais, c'est un calque de "professional". On aurait pu remplacer
"professionnels de la santé" vous allez me demander la solution
de remplacement par les expressions "travailleurs de la santé",
"spécialistes de la santé", "techniciens de la santé". Ce
sont des mots qui ont déjà cours dans le français
international.
Je ne voudrais pas m'étendre sur la stylistique du projet de loi,
il y aurait de nombreuses remarques à faire. Il suffit de regarder, par
exemple, la page couverture de ce document: "bill 65" on aurait pu dire "projet
de loi 65";
"loi de l'organisation des services de santé", c'est Loi sur
l'organisation des services de santé. Partout, dans les pays
francophones, l'objet de la loi est précédé de la
préposition "sur" dans le titre de la loi.
M. le Président, je m'arrête là. Je voudrais quand
même faire une suggestion. Si le gouvernement veut être logique
avec lui-même, puisqu'il est très préoccupé en ce
moment par la langue française, la situation de la langue
française, la qualité de la langue française il
consacre des sommes d'argent considérables à cette question
je lui recommanderais de confier ce document à l'Office de la
langue française pour correction et révision avant qu'il ne soit
proclamé projet de loi. Cela pourrait être fait, je pense, dans un
délai assez bref. Parce que ça peut avoir des effets
considérables. Par exemple, dans ce document, on voit "responsables
vis-à-vis"; en français, on est responsable devant quelqu'un.
Tout le monde ici à cette table, tout à l'heure, a dit
"responsables vis-à-vis". Oui, le texte écrit constitue un
exemple à partir duquel on parle ensuite. Donc, ces textes ont une
importance considérable sur le plan de l'usage.
J'ai terminé mes remarques, M. le Président, merci.
M. LEGER: M. le Président, nous regrettons, dans une certaine
mesure, de nous être étendus peut-être plus que nous ne
l'aurions souhaité, mais toutes nos remarques sont faites de bonne foi
et il n'y a aucune personnalité qui est faite.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je veux remercier l'Association
des médecins de langue française pour son mémoire. Comme
le président, le Dr Léger l'a mentionné, ce sont des
questions qui couvrent des aspects du projet de loi qui ont déjà
été discutés incluant, en fait, la recherche et
l'enseignement médical.
Les commentaires que j'ai faits étant consignés au journal
des Débats, je ne les referai pas ce matin pour ne pas prolonger
inutilement le travail de la commission.
J'aurais peut-être un commentaire à faire sur la question
de la terminologie utilisée. Si nous avons utilisé le terme
"institution", c'est que nous voulons que l'institution ne soit pas
identifiée avec un seul établissement mais plutôt puisse
être identifiée avec plusieurs établissements. Je ne veux
pas m'engager dans une discussion sur la façon dont ce projet de loi est
rédigé. Le contrôle de la rédaction des projets de
loi est entre les mains du comité de législation du gouvernement
et, si le fonctionnement de ce comité n'apparaît pas à
l'association ou au Dr Boulay comme devant donner des résultats
satisfaisants, je crois qu'il devrait faire des représentations
auprès du ministre de la Justice ou du ministre des Affaires
culturelles.
La façon dont les projets de loi sont présen- tés,
et ceci s'applique à tous les ministères, est la suivante: nous
fournissons le contenu et nous discutons les principes des dispositions, puis
le comité de législation fait la rédaction des projets de
loi. La rédaction n'est pas faite au sein des ministères. J'ai
voulu ajouter ce commentaire de telle sorte qu'il n'y ait pas de malentendu
quant à l'endroit où cette question peut être
discutée.
M. le Président, je cède la parole aux autres membres de
la commission, s'ils ont des questions à adresser au représentant
de l'association.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dr Léger, dans votre mémoire,
vous soulignez des aspects du projet de loi qui ont été
discutés par d'autres organismes venus devant la commission. Vous avez
mentionné bien des choses dont vous êtes conscient de la
répétition mais, de toute façon, il fallait comme
organisme important, l'Association des médecins, que vous disiez, que
vous insistiez vous aussi sur ce qui vous apparaît important dans ce
projet de loi.
Vous avez voulu suggérer que les régions soient
précisées et désignées dans la loi,
nommément. Sauf erreur, je ne crois pas que même les
régions économiques du Québec les dix
régions qui ont été créées et sur lesquelles
s'appuient votre développement et la régionalisation de tous les
ministères aient été mentionnées dans un
projet de loi. Je pense que ces régions-là ont été
créées par arrêté ministériel et, pour ma
part, je me demande s'il serait pratique de désigner, dans un projet de
loi, une région, que ce soit pour fins de santé, d'affaires
sociales ou encore pour des ministères?
Je pense qu'il y a là un élément de souplesse
à conserver parce que si on tient compte de la suggestion qui a
été faite par plusieurs organismes, de procéder par
territoires ou par projets pilotes, je ne crois pas qu'on doive s'enferrer dans
le projet de loi, dans une région bien délimitée, bien
précise, parce qu'on doit, surtout au début de l'application de
ce projet de loi important, garder un élément de souplesse.
L'autre aspect important que vous avez souligné est celui de
l'enseignement et de la recherche qui a été traité
également par les doyens des facultés de médecine et par
les médecins résidents qui sont venus devant la commission. Vous
avez, dans ce cadre-là, mentionné également que le projet
de loi ne parle pas des centres hospitaliers universitaires. Il existe des CHU,
il en existe un à Québec principalement, à Montréal
et à Sherbrooke, il y en a et il y a d'autres hôpitaux aussi
où il se fait de l'enseignement.
Ensuite, vous avez évidemment l'Université du
Québec qui se développe actuellement et qui prendra de
l'expansion avec les années. Je ne sais pas si le ministre pourrait
faire des commentaires, je ne crois pas qu'il y ait eu des
commentaires de faits à ce moment-ci de l'étude du projet
de loi.
Quelle serait la possibilité que la législation tienne
davantage compte de cette catégorie d'établissements, comme le
disait le Dr Boulay, catégorie d'établissements où
l'aspect de la recherche et de l'enseignement est tellement important, comme
l'Université de Sherbrooke, comme le Centre hospitalier universitaire
à Québec et comme certains hôpitaux très
spécialisés de Montréal, tels que l'hôpital de
Maisonneuve, l'Hôtel-Dieu, l'hôpital Notre-Dame, le Royal-Victoria,
l'hôpital Sainte-Justine, le Montreal Children's, où l'on fait
beaucoup de recherche et d'enseignement. Ils ont des contrats d'affiliation
soit avec l'Université de Montréal ou avec l'université de
McGill.
Je ne sais pas si on ne pourrait pas avoir cette catégorie
d'établissements plus identifiée dans le projet de loi de sorte
qu'on pourra tenir compte de ce caractère spécial dans la
formation du conseil d'administration et dans certaines responsabilités,
dans certaines attributions qui pourraient être données à
ces institutions, à ces établissements.
C'est une suggestion que je voudrais faire ce matin, je pense qu'il
vaudrait la peine que le ministre y porte attention.
M. CASTONGUAY: Je voudrais faire un commentaire. Nous n'avons pas, si
vous remarquez bien, distingué les instituts très
spécialisés comme l'Institut de cardiologie, l'Institut de
recherche clinique et de diagnostic. Nous n'avons pas distingué les
hôpitaux qui se spécialisent dans le domaine de la tuberculose ou
d'autres types de maladies. Ceci a donc été le principe
général. Lorsque nous arrivons au niveau de la question de
l'enseignement, les modalités soit au plan de l'enseignement, soit au
plan du financement, on ne les retrouve ni pour l'enseignement ni pour les
autres types de services dans le projet de loi. Nous n'en avons pas
parlé. Nous sommes conscients que cela présente un
problème bien particulier. Lorsque nous arrivons après ça
au contenu des programmes, nous n'en avons pas parlé, au domaine de la
pédagogie, étant donné que cela doit faire l'objet des
ententes entre les institutions d'enseignement et les hôpitaux. Sur ce
plan, le ministre des Affaires sociales, qui est appelé à payer
d'une façon, et le ministre de l'Education, qui s'intéresse
à l'éducation, doivent donner leur approbation à ces
accords. Il reste donc, au plan des structures, à mon sens, une question
qui se pose. Nous avons cru que, s'il s'agit d'un hôpital d'enseignement,
évidemment, les personnes qui seront appelées à
siéger au conseil d'administration, si elles proviennent du milieu,
seront plus sensibilisées par cette question de l'enseignement.
Au niveau des structures, nous avons proposé que le directeur des
services professionnels soit, au plan du fonctionnement de l'enseignement,
c'est-à-dire les activités d'enseignement, non pas au plan du
contenu ou de la pédagogie, le responsable, de telle sorte qu'il y ait
un mariage heureux entre les activités ordinaires de l'hôpital au
plan des services et au plan de l'enseignement.
En ce qui a trait à la recherche, ce sont passablement les
mêmes principes que nous avons suivis. De toute façon, en ce qui a
trait à la recherche, nous proposons, nous suggérons aux
institutions ou établissements qui ont des activités de recherche
significatives de distinguer dans l'avenir leurs activités
régulières et de le faire même par la formation d'une
corporation. Vous savez que nous avons annoncé quelle orientation le
gouvernement entendait prendre au plan de la coordination des activités
dans le domaine de la recherche, de la politique scientifique. Nous croyons que
ce qui a trait à la recherche procède de préoccupations
bien souvent très différentes de celles du fonctionnement des
services et même, dans une certaine mesure, quant à l'orientation
de la recherche, quant à l'allocation des fonds, etc., de celles de
l'enseignement. Ce sont les raisons pour lesquelles, dans ce projet de loi,
bien que la question de l'enseignement et de la recherche nous
intéresse, nous ne retrouvons pas plus que ce qui y est inscrit. Ceci ne
veut pas dire pour autant qu'après étude des mémoires,
à la fin des travaux de la commission, nous n'apporterons pas certains
changements.
M. LEFEBVRE: Je voudrais simplement ajouter une remarque à ce
point précis de l'enseignement et surtout des centres hospitaliers
universitaires. Notre point de vue est le suivant: dans l'organigramme, dans le
système proposé par la commission d'enquête, le centre
hospitalier universitaire occupait une place importante dans l'organisation des
services de santé.
Il semblait y avoir une relation très étroite dans cet
organigramme entre les centres locaux, les centres communautaires, qui sont
pratiquement devenus des centres hospitaliers avec la nouvelle terminologie, et
les centres hospitaliers universitaires. Or, on a gardé les centres
locaux de services communautaires; on a gardé les centres hospitaliers
mais les centres hospitaliers universitaires qui étaient une cheville
importante de cet édifice n'existent plus avec un rôle bien
défini dans tout le système.
Nous savons qu'on a prévu certaines ententes au point de vue de
l'enseignement entre des hôpitaux et des établissements
d'enseignement mais ce qui n'existe pas c'est que ce rôle du centre
hospitalier universitaire, comme responsable de l'enseignement et de la
recherche même aux autres niveaux, n'existe plus dans la loi. C'est ce
rôle qu'on voudrait voir rétablir selon les recommandations de la
commission d'enquête.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le docteur vient de
parler de l'enseigne-
ment et de la recherche. Vous avez mentionné également
dans le mémoire que pour l'enseignement et la recherche les trois
articles du projet de loi qui en traitent ne sont pas suffisamment explicites,
ne sont pas complets. Il pourrait y avoir évidemment autre chose
aussi.
Est-ce que vous entrevoyez que la recherche et l'enseignement pourraient
se faire par le truchement des centres locaux de services communautaires et de
quelle façon ?
M. LEFEBVRE: A ce point de vue, je pense que vous touchez vraiment au
point important. Dans le système qui était proposé en
1967, le centre hospitalier universitaire avait des relations bien
structurées avec les centres communautaires ou centres hospitaliers et
aussi avec des centres locaux. Il est certain qu'on ne peut pas faire tout
l'enseignement de la médecine ni même toute la recherche en
médecine au niveau des centres hospitaliers universitaires. Il faut
qu'il y ait de cette recherche, surtout de la recherche clinique, au niveau des
centres locaux de santé. Je pense que c'est extrêmement important
et aussi qu'il faut que ça continue à se faire dans les centres
hospitaliers. 'Mais il faut quand même que ce soit chapeauté par
un centre hospitalier universitaire. Et c'est ce genre de structure,
c'est-à-dire le CHU à la tête, qui permettait justement
d'avoir de la recherche et de l'enseignement aux autres paliers. Si on n'a pas
cela, on va avoir d'après le projet de loi une espèce de
communication directe entre une institution d'enseignement ou un
établissement d'enseignement et un établissement de santé,
et, à ce moment-là, il n'y a plus de contrôle par le centre
hospitalier universitaire. Je pense que c'est ce qui va assurer le
fonctionnement efficace des centres locaux et des centres hospitaliers dans le
domaine de l'enseignement et de la recherche.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, cela pourrait se faire
dans des centres locaux de services communautaires qui seraient à
proximité d'un centre hospitalier universitaire. Même s'il y a
intégration, je vois mal que la recherche ou l'enseignement puisse se
faire dans un centre local, un CLSC en Abitibi ou en Gaspésie.
M. LEFEBVRE: On l'a demandé hier pour les services sociaux, pour
l'optométrie. Je pense que ça s'applique encore plus au domaine
médical. Et, justement', si c'est problématique d'avoir cela dans
un centre qui n'est pas rattaché à une institution de plus
d'envergure comme un centre hospitalier universitaire, c'est probablement
voué sinon à l'échec, du moins à des
difficultés sérieuses. S'il y a une structure d'enseignement qui
est basée sur le centre hospitalier universitaire et à laquelle
se rattachent dans une région donnée toutes les autres
activités d'enseignement, c'est ça que le rapport de la
commission d'enquête proposait, je pense que cela est tout à fait
sain, que cela a des chances de fonctionner très bien. Mais si on n'a
pas cette autorité, cette haute direction au niveau du centre
hospitalier universitaire, c'est très difficile d'utiliser un centre
local ou même un centre hospitalier comme un centre d'enseignement et de
recherche.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, mon dernier commentaire
sera à l'endroit du Dr Boulay, pour son intervention.
Je me fais l'interprète du député de Chicoutimi et
je pourrais peut-être me faire aussi l'interprète du ministre des
Affaires culturelles qui est mon homonyme pour dire au Dr Boulay que ce n'est
pas facile dans le domaine de la législation de faire accepter des
points de vue. A l'occasion d'une loi comme celle-là, c'est le temps de
le faire mais ce n'est pas facile étant donné que la principale
préoccupation pour les législateurs à ce moment-ci, c'est
de voir ce qu'il y aura dans le projet de loi quant à la forme, à
la désignation, à l'appellation et surtout aux remarques que vous
avez faites au sujet du bill 65.
Le mot "bill" est toujours inscrit sur les projets de loi mais en
Chambre, depuis que les membres de l'Assemblée nationale ont fait des
remarques à ce sujet, la plupart des opinants à
l'Assemblée nationale emploient le mot "projet de loi". C'est assez rare
que nous l'entendons, c'est pour cela que peut-être les
législateurs pourraient mentionner aussi le mot "projet de loi".
De toute façon, nous en avions discuté à plusieurs
reprises, notamment à l'occasion de l'élaboration des
règlements de la Loi des hôpitaux. Vous aviez exprimé avec
justesse le désir que, lors de ce travail important, l'on tienne compte
de la langue française. Les législateurs ont dit à ce
moment-là que ce serait peut-être un peu difficile de
procéder à des changements importants d'appellation, de
désignation de termes parce que les règlements des hôpitaux
étaient basés sur la Loi des hôpitaux qui existait.
Puisque c'est une nouvelle loi, ce serait peut-être le temps que
le comité de législation ait à sa disposition des services
spéciaux ou des techniciens de la langue qui, par son Office de la
langue française, pourraient... parce que s'il n'y a de début
nulle part dans cette opération de francisation de la
législation, il n'y en aura jamais.
Je comprends que le langage juridique est un langage technique. Pour les
avocats, cela est plus facile de se retrouver dans le langage juridique tel que
nous sommes habitués à le lire. De toute façon, le
ministre des Affaires sociales est un "gros ministre" au sein du cabinet alors
je pense qu'il pourrait faire des pressions à l'occasion. Il est
convaincu d'ailleurs de l'importance de l'amélioration des textes
législatifs. Alors, avec des précédents qui pourraient
s'établir, peut-être pas particulièrement à
l'occasion
du projet de loi 65, parce que c'est un projet de loi complexe,
très élaboré, mais avec des projets de loi plus faciles,
pour que l'on se fasse la main avec des projets de loi un peu moins complexes,
un peu moins difficiles. Peut-être avec la loi de
l'équipement...
M. BOULAY: M. le Président, est-ce que je pourrais faire une
remarque sur ce point? J'abonde dans le sens de vos paroles, vous vous en
rendez bien compte, et j'estime que c'est un travail somme toute assez simple
que de corriger ce texte de loi parce que le travail de base a
déjà été fait. Il y a une documentation
considérable sur la terminologie des structures médicales et
sociales en français. Cette documentation, nous l'avons à la
disposition du comité de législation, à la disposition du
Dr Martin Laber-ge qui s'intéresse beaucoup à la rédaction
de ces textes. Tout cela est à sa disposition, il n'a qu'à le
demander, il n'a qu'à solliciter notre collaboration. En plus de cela,
c'est fait gratuitement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, j'aurais quelques brefs commentaires.
D'abord, je trouve le mémoire assez réaliste parce qu'ayant eu
l'occasion d'en discuter à maintes reprises avec certains groupes ce
mémoire reflète des peurs, évidemment, que l'on retrouve
assez facilement dans la population.
Un grand danger est soulevé par plusieurs citoyens et vous le
mentionnez à la page 5 de votre mémoire: que le médecin,
le professionnel devienne en quelque sorte un fonctionnaire de l'Etat et de ce
fait se désintéresse de la qualité des soins â
offrir en s'éloignant du malade. Le danger qui est soulevé, c'est
de déshumaniser les services de santé essentiels.
Je n'ai vu nulle part dans le mémoire que vous proposez une
nouvelle forme, par exemple, je le dis dans ce sens-là, de la
façon pour le malade de voir le médecin, de voir le
spécialiste de la santé dans l'avenir.
On pourrait également ajouter que la pratique de la
médecine en cabinet privé, en disparaissant fait
énormément peur également à la population parce
que, nous dit-on, c'est à peu près le seul endroit où le
malade peut être en confiance avec son médecin. Est-ce qu'il n'y a
pas un danger d'écarter le patient du médecin avec cette nouvelle
forme, ce projet de loi 65?
M. LEFEBVRE: M. le Président, est-ce que je peux répondre
à cette question?
Je pense que justement le souci, tout au long du mémoire,
c'était de garder une médecine humaine. Pour la garder humaine,
je pense qu'il ne faut pas qu'elle soit complètement
institutionnalisée. C'est de cette préoccupation-là que
viennent nos remarques à propos de la définition d'un cabinet de
médecin, à propos de la responsabilité professionnelle du
médecin, lors- que nous disons que nous sommes opposés à
ce que le médecin devienne le préposé d'un
établissement et ne soit plus directement responsable auprès de
son malade. C'est aussi la raison pour laquelle nous ne voulions pas que les
dispensateurs de soins deviennent des fonctionnaires de l'Etat.
Ce n'est pas que les fonctionnaires ne soient pas humains, pas du tout,
mais quand il s'agit de soins personnels de santé comme lorsqu'on
pratique la médecine, je pense qu'il est très difficile de le
faire au nom d'une institution et surtout de le faire à titre de
fonctionnaire ou d'employé d'une institution, ou même de l'Etat,
si on pousse la structuration un peu plus loin.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions que les membres de
la commission veulent poser?
Je remercie les porte-parole de l'Association des médecins de
langue française. Je vais inviter maintenant la
Confédération des syndicats nationaux.
M. LEGER: Nous vous remercions, ainsi que toute votre équipe.
CSN, CEQ et FTQ
M. PEPIN: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, ce n'est pas uniquement la CSN qui présente un
mémoire ce matin, il y a aussi la CEQ, et je pense qu'il est important
de le mentionner uniquement pour les notes du Journal des débats, et
aussi la FTQ.
Nous avons travaillé sur ce mémoire conjointement et,
comme forme de présentation, ce que nous suggérons, c'est que je
vais essayer d'en donner les plus larges extraits sans le lire
intégralement, parce que je crois qu'il y a des choses qui ont
déjà été touchées par vous. Après
cela, mes collègues, MM. Daoust ou Charbonneau, pourront aussi ajouter
des commentaires. S'il y a des questions qui nous sont posées et qui
sont trop difficiles pour nous, nous demanderons aux autres personnes qui nous
accompagnent de joindre leur expérience pour essayer d'éclairer
les membres de la commission.
Sur la première partie, l'introduction, je pense que tout le
monde peut reconnaître ce que nous avons comme objectif final. Je crois
que c'est un objectif, d'ailleurs, qui doit être partagé par
à peu près tous les membres de cette commission.
Nous tombons à la première partie même du
mémoire, à la page 3.
Certaines parties du mémoire, je les lirai, parce qu'il s'agit
d'un texte assez dense et, parfois, c'est plus rapide de lire des textes que
d'en faire des résumés et parfois cela prend donc plus de
temps.
Le projet de loi prévoit que le lieutenant-gouverneur en conseil
peut instituer un office
régional des affaires sociales pour chaque région du
Québec qu'il détermine et lui conférer, en tout ou en
partie, les pouvoirs que la présente loi permet à un tel
office.
Examinons d'abord les fonctions que le projet de loi prévoit
accorder à cet office. Examinons, en même temps, dans quelle
mesure ces fonctions sont véritablement des fonctions
décentralisées ou, en d'autres termes, dans quelle mesure cette
décentralisation suppose un partage de pouvoirs, un partage de
fonctions.
Habituellement, une décentralisation signifie que certains
pouvoirs et certaines fonctions seront exclusifs à chacun des organismes
décentralisés.
L'article 4 du projet de loi prévoit que l'office aura pour
fonctions, premièrement, d'assurer des communications;
deuxièmement, de conseiller le ministre; troisièmement, de
collaborer avec le ministre; quatrièmement, de surveiller et
réglementer l'activité des institutions publiques,
conformément à la présente loi et aux règlements,
et cinquièmement, d'accomplir les devoirs et d'exercer les pouvoirs qui
lui sont dévolus en vertu de la loi ou qui lui sont assignés par
le lieutenant-gouverneur en conseil. Où se trouve, quant à nous,
la véritable décentralisation dans cet office régional? Ne
s'agirait-il pas plutôt d'un supercomité consultatif du ministre,
d'un canal offert au ministre pour entrer en contact avec la population. Quelle
autonomie, quel pouvoir dans une structure présumément
décentralisée accorde-t-on vraiment à l'office?
L'article 5 précise ce pouvoir de consultation: il s'agit
là pour l'office d'adresser des recommandations au ministre quand il le
juge à propos et aussi souvent et chaque fois que le ministre l'en
requiert.
L'article 6 est rédigé dans la même veine : en
effet, à cet article c'est le ministre qui est autorisé à
préparer chaque année un programme de développement pour
les cinq années suivantes, mais après consultation de chacun des
offices.
L'article 7 nous semble rédigé dans le même esprit,
les projets de budget des institutions, qui sont adressés à
l'office, sont transmis au ministre et l'office y joint ses
recommandations.
A l'article 8, après avoir indiqué que l'office est une
corporation au sens du code civil et énuméré ses pouvoirs,
on prend bien soin d'indiquer, aux derniers paragraphes qu'une partie
importante des pouvoirs de l'office ne pourront être exercés
qu'avec l'autorisation du ministre et que tout contrat fait par un office, sans
l'autorisation requise du lieutenant-gouverneur en conseil, est nul. A ce
sujet, le paragraphe b) de l'article 133 indique clairement que le
lieutenant-gouverneur en conseil pourra, en outre des pouvoirs
conférés par la loi: "Déterminer les règlements
qu'un office ou une institution peut et doit adopter". C'est donc dire que
l'exercice des pouvoirs énumérés au profit de cette
corporation du code civil, est sujet à l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil ou du ministre. En quoi cet office
constitue-t-il donc un élément de décentralisation?
Examinons maintenant la composition de cet office.
L'article 9 nous indique clairement que tous les membres de l'office
sont nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil; le directeur
général de l'office est aussi nommé par le cabinet; le
secrétaire et les autres fonctionnaires et employés de l'office
sont nommés et rémunérés suivant la Loi de la
fonction publique, c'est-à-dire que le directeur général
de l'office, lui-même nommé par le lieutenant-gouverneur en
conseil, exerce, à l'égard de ces fonctionnaires et
employés, les pouvoirs que la Loi de la fonction publique attribue aux
sous-chefs d'un ministère.
Partout donc, encore une fois, l'omniprésence du
lieutenant-gouverneur en conseil ou du ministre. Le ministre ou le
lieutenant-gouverneur en conseil consulte, mais ils demeurent les seuls
à disposer, à décider. Les questions que nous nous posons
au sujet de ce projet de loi et surtout au sujet de la décentralisation
ne sont pas, comme certains pourraient le penser, seulement négatives.
Nous croyons aussi de la même façon que le ministre, et nous
citons une déclaration du ministre du 24 août dernier:
"Décentraliser ne signifie pas pour nous que tous les pouvoirs
habituellement dévolus à l'Etat doivent passer à la
structure décentralisée. Ce que nous cherchons, c'est un
équilibre, une décentralisation effective et non pas fictive. Ce
que nous cherchons, c'est une décentralisation qui permette à la
population d'agir et non pas seulement de critiquer. De faire et non pas
seulement recommander. En d'autres termes, nous cherchons un équilibre.
Nous cherchons un équilibre qui tienne compte de la
responsabilité de l'Etat et de la participation de la population
à l'exercice de cette responsabilité. Nous aussi nous savons que
les besoins, les ressources et les connaissances évoluent et nous
voulons être assurés que ces exigences sauront s'adapter et
être modifiées dans l'intérêt des citoyens".
Comment réaliser cet équilibre? A notre avis, cet
équilibre doit tenir compte de plusieurs facteurs. Ces facteurs sont
à la fois le nombre d'offices régionaux d'affaires sociales que
le ministre décidera d'implanter en vertu des articles 3 et 4 du projet
de loi, des territoires sur lesquels ces offices auront compétence, des
populations et des besoins des citoyens de ces territoires.
J'indique immédiatement, M. Cloutier, que nous ne demandons pas
que la loi détermine quels sont exactement le site et les offices qui
seront à créer parce que vous avez posé
tantôt la question nous ne croyons pas que le projet de loi puisse
donner cette réponse-là; c'est par voie réglementaire, par
la suite, que cela devra intervenir. A ce sujet, on peut facilement comprendre
qu'il est difficile d'ins-
crire maintenant au projet de loi le nombre exact d'offices; il n'en
demeure pas moins que les populations régionales réclameront
à grands cris, et avec raison, que le ministre en crée
suffisamment pour répondre aux besoins d'une décentralisation et
d'une réelle participation des citoyens.
De toute façon, soyez persuadés que les centrales
syndicales susciteront ou appuieront, selon le cas, toute juste revendication
de cette nature. Il faut donc tenir compte aussi de l'infrastructure de
l'organisation des services sociaux et de santé. En effet, le
fonctionnement et la composition des offices doivent être conçus
en fonction du nombre, de la structure et du fonctionnement des institutions
publiques. Si ces facteurs étaient mis de côté et si le
nombre d'offices régionaux était trop restreint, par exemple
trois ou quatre pour tout l'ensemble du territoire du Québec, il est
évident que l'office régional deviendrait alors une source de
frustrations légitimes.
Depuis la présentation du projet de loi, le ministre, en
réponse à des critiques quasi unanimes au sujet de la question de
la décentralisation, a indiqué qu'il présenterait des
amendements au projet de loi 65. Nous tenons donc aujourd 'hui à vous
indiquer deux points fondamentaux sur lesquels nous fondons de grands espoirs
et pour lesquels nous sommes prêts à livrer une longue lutte.
Ces deux points sont une participation réelle et efficace des
citoyens et le contrôle des actes professionnels. Ce ne sera pas
exactement dans la même veine que ce qui a été soutenu dans
le mémoire précédent.
Participation majoritaire des citoyens.
Les représentants de la population devraient être en
majorité au sein de l'office régional des affaires sociales et
des institutions publiques de cet office. De la même façon que le
gouvernement veut répondre de ses gestes à la population, nous
croyons que les représentants de la population au sein des organismes
chargés de gérer une structure décentralisée de
services sociaux et de santé devraient aussi répondre de leurs
gestes devant la population. Le projet de loi 65 semble reconnaître ce
principe fondamental.
En effet, les conseils d'administration des centres locaux de services
communautaires auront, parmi leurs dix membres, cinq personnes élues
pour quatre ans par la population du territoire desservi par le centre; nous
sommes heureux de constater que le gouvernement a reconnu la
nécessité d'inscrire un système électif
plutôt que nominatif pour ce type d'institution qui sera appelé
à devenir la plaque tournante de toute l'organisation territoriale.
Mais pourquoi s'être arrêté là? Pourquoi
faut-il que l'on procède par nomination pour les autres types
d'institutions publiques et pour l'office régional des affaires sociales
alors que l'on reconnaît par ailleurs la nécessité que les
représentants de la population soient des personnes résidant dans
le territoire desservi par le centre et l'obligation à toute institution
publique de tenir une séance publique d'information à laquelle la
population du territoire desservi par l'institution est invitée à
participer?
On répondra probablement que l'élection s'avérerait
alors impraticable. Pourquoi les centres de services sociaux, les centres
hospitaliers et les centres d'accueil ne pourraient-ils pas fonctionner en
contact étroit avec les populations? Si ces institutions doivent
fonctionner en contact étroit avec ces populations, nous ne voyons pas
comment distinguer les unes des autres. On nous demandera sûrement
comment, en pratique, procéder à l'élection des membres
des conseils d'administration des institutions spécialisées qui
reçoivent des citoyens de tout le territoire du Québec et qui ont
peu de contact avec les citoyens résidant dans la localité de
cette institution.
On nous posera sûrement la même question pour certains
centres hospitaliers situés dans les grands centres urbains lorsqu'il
s'agira de dresser la liste des électeurs habiles à voter.
Mais pour combien de ces situations difficiles ne se trouve-t-il pas de
situations où ce système s'avérerait tout à fait
praticable? En maints endroits, le centre d'accueil pour personnes
âgées et le centre hospitalier, dont les activités seront
presque confondues avec celles du centre local de services communautaires,
seront situés de telle façon que les arguments valables et
favorables pour le système électif dans un type d'institution
devraient être normalement étendus aux autres types d'institutions
de ce territoire.
Nous convenons donc que les difficultés existent, mais nous ne
voudrions pas que toute notre réflexion et celle de cette commission
permanente se butent à ces difficultés. Nous
préférons examiner le principe et vous indiquer notre position
sur ce point fondamental de la participation réelle et effective des
citoyens à l'organisation de ces services.
Dans tous les cas où l'élection s'avère possible,
les représentants de la population devraient être élus par
la population de leur territoire. Cela ne signifie pas que les travailleurs de
la santé et du bien-être seront écartés d'une
participation à la définition des objectifs et de l'orientation
du système. Au contraire, nous souhaitons que tous, y compris les
professionnels, y participent, mais que le pouvoir réel, au sein de ces
institutions publiques, appartienne à ceux que ces institutions
publiques doivent servir, c'est-à-dire tous les citoyens.
Peut-être que l'application de ce principe pourrait se faire
progressivement dans le temps mais nous insistons pour que le principe du
système électif soit étendu à tous les types
d'institutions ainsi qu'à l'office d'ailleurs, dont la majorité
des membres du conseil seraient élus par et parmi un collège
électoral composé de
tous les membres élus par la population au sein des institutions
publiques du territoire de l'office régional des affaires sociales.
M. CASTONGUAY: Maintenant, est-ce que je pourrais vous interrompre un
instant, afin de vous éviter que votre lecture devienne plus longue que
le résumé, que ce que vous vouliez vous-même éviter,
et comme nous avons maintenant passé la partie la plus importante qui
touche à la participation, est-ce que je pourrais suggérer que
l'on s'en tienne pour le reste peut-être aux recommandations et à
quelques commentaires, de telle sorte que nous puissions passer après
cela à la discussion? Je pense bien que la lecture du reste du
mémoire pourrait être assez longue.
M. PEPIN: J'accepte votre remarque, M. le ministre, et je vais tout
simplement dire quelques mots sur les autres aspects du mémoire. Nous
demandons donc comme principe de base que ce soit la population qui constitue
par voie élective la majorité des conseils d'administration.
Nous demandons aussi, nous appuyons d'ailleurs ce point du projet de
loi, que les travailleurs de la santé et du bien-être soient
représentés. Nous sommes d'accord là-dessus. Nous vous
demandons une participation des résidents des institutions dans les
centres d'accueil. Nous attirons votre attention à la page 11, au niveau
de la formation des membres des conseils d'administration. Il y a un point
particulier que je suggère au ministre de faire voir par des juristes,
parce que je pense qu'il y a possiblement une contradiction ce n'est pas
dit dans le mémoire entre l'article 65 du projet de loi 65 et
l'article 1 m) du code du travail. Sans doute, nous pourrions faire faire la
modification au code du travail, mais je pense qu'il est important d'attirer
votre attention là-dessus parce que dans le code du travail je ne
l'ai pas devant moi vous voyez que, quand vous êtes
administrateurs, vous êtes disqualifiés comme syndicables. Les
administrateurs ne sont pas syndicables au sens du code du travail, ne sont pas
des salariés. Avec votre article 65...
M. CASTONGUAY: Il y en a qui vont nous suggérer de former des
gros comités.
M. PEPIN : Des gros comités, il faudrait en enlever le plus
possible. Je vais vous suggérer l'inverse, de changer le code du travail
ou de le clarifier. J'attire votre attention, parce que je pense que ça
pourrait être important.
Sur le contrôle des actes professionnels, je crois que notre
position est assez connue. Nous avons été déçus
d'une déclaration du ministre qui tentait de rassurer les corporations
médicales, mais nous, nous croyons que c'est le gouvernement qui doit
assurer la surveillance des actes professionnels. Il n'est pas obligé de
prendre des personnes qui ne sont pas compé- tentes dans le domaine,
mais il doit avoir son propre service. C'est sa responsabilité qu'il ne
devrait pas, à notre avis, déléguer.
Nous vous parlons aussi des institutions à but lucratif et nous
demandons au législateur de changer vraiment son projet de loi. Nous
pensons que ce n'est pas conforme aux recommandations de la Commission
Castonguay-Nepveu. Nous pensons que les institutions privées ne
devraient pas exister comme telles dans le domaine de la santé. Ce n'est
pas un endroit pour faire de l'argent. D'ailleurs les recommandations de la
Commission Caston-guay-Nepveu le disaient d'une manière suffisante.
Nous vous référons aux pouvoirs d'enquête que le
projet de loi confère, les articles 30 à 35. Attention à
cet aspect. Je crois que ça va un peu trop loin. Du moins, c'est notre
impression, à la lecture. Il y a la deuxième partie, le droit des
travailleurs. Encore une fois, je ferai les mêmes remarques que j'ai
déjà faites lors de l'examen du bill 28, qui n'est pas encore
terminé. On ne voudrait pas que, dans le projet de loi 65 ou dans la loi
éventuelle, on ne fasse qu'une référence aux articles 36
et 37 du code du travail. Dans d'autres cas, ça a été fait
ici et ça n'a rien réglé. Nous pensons comme il y a une
certaine planification dans le réaménagement, la
réorganisation, qu'au lieu de se causer des embarras une fois que la
réorganisation est faite, de faire les opérations avant la
réorganisation. Voilà pourquoi nous vous demandons qu'il y ait
une négociation pour protéger les droits acquis, protéger
ce qu'il y a à protéger, suivant les principes des articles 36 et
37. Même s'il n'y a pas accord entre nous, qu'une formule d'arbitrage
soit trouvée. Ce n'est pas un conflit d'intérêts entre les
gens normalement ce n'est pas un conflit d'intérêts
c'est uniquement pour savoir si, quand je passe à une autre institution,
je conserve à peu près les mêmes choses que j'avais
auparavant.
Nous avons, tout le monde ensemble, fait des erreurs, lors de l'adoption
du bill 75 pour Montréal et du bill 76 pour Québec, les
problèmes des communautés urbaines, où on a envoyé
dans la loi, des expressions, si on se réfère aux articles 36 et
37 du code du travail. Mais ça ne peut rien régler ou ce n'est
pas suffisant pour régler les problèmes.
Voilà, M. le Président, M. le ministre, nos commentaires
sur ce projet. Je ne sais pas si mes collègues, M. Charbonneau et M.
Daoust ont des choses à dire.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous quelque chose à dire, M.
Charbonneau?
M. CHARBONNEAU: M. le Président, permettez à la
Corporation des enseignants d'ajouter quelques mots sur cette question.
Comme M. Pepin l'a mentionné, nous voulons être partie au
mémoire et il n'y a pas lieu de revenir sur les points
déjà mentionnés sur
lesquels nous sommes largement d'accord. Mes propos veulent souligner
l'intérêt qu'il y a pour notre groupe syndical dans les questions
du domaine social et de la santé parce que nous représentons des
gens, des citoyens qui ont à se prévaloir de ces services et que
nous avons également déjà manifesté, à
l'occasion de l'étude d'un projet de loi de l'assurance-maladie, notre
intérêt à ce genre de questions.
D'autre part, je voudrais faire un court parallèle entre la
réforme voulue par le projet de loi 65 et les réformes qui ont
déjà été désirées dans l'organisation
des services de l'éducation.
Il y a quelques années déjà, à la suite
d'une commission prestigieuse, la commission Parent, tout comme maintenant,
à la suite d'une autre commission non moins prestigieuse, la commission
Castonguay, nous arrivons à des projets de loi extrêmement
substantiels et qui amènent des réformes qui marqueront
l'administration publique du Québec pour de longues années, des
réformes essentiellement au niveau des structures et, dans le cas de
l'éducation, qui ont amené à la création d'un
ministère; dans le cas présent, le ministère est
déjà en place.
Cependant, je veux faire ressortir que les débats qui ont cours
autour du projet de loi entre centralisation, décentralisation,
planification ou rationalisation des investissements par rapport à la
participation des citoyens, sont des débats bien connus dans le secteur
scolaire et dont on pourrait peut-être tirer quelques leçons.
Dans le secteur scolaire, mon propos n'est pas d'en parler longtemps
mais je crois qu'on a assisté, après beaucoup de bonnes
intentions et beaucoup de grandes opérations de participation, à
un certain dégonflement de ces espoirs premiers des années 1965,
1966, etc. On a assisté à pas mal de déception de la part
de ceux qui avaient travaillé ferme, soit à la
présentation de points de vue à l'occasion de la première
réforme, ceux qui avaient préparé des mémoires,
etc., qui avaient cru pouvoir vraiment être associés.
Je constate qu'à l'occasion du bill 65, il y a aussi beaucoup de
participation de la par des groupes sociaux. Notre désir serait que,
quant à y être cette fois-ci, dans le domaine de la santé
et des affaires sociales, le gouvernement procède de façon ferme,
de façon rapide, de sorte que ces énergies, ces désirs de
participation exprimés par les groupes sociaux ne soient pas
déçus, ne soient pas ralentis, ne soient pas en quelque sorte
absorbés par une technocratie qui se met en place par la suite.
Nous avons étudié toute la question des offices
régionaux et je ne peux pas m'empêcher de faire une analogie avec
ce qui avait été proposé dans le secteur de
l'éducation, les conseils de développement régionaux dans
le domaine scolaire, qui n'ont jamais eu lieu, qui n'ont jamais
été formés. Au contraire, on leur a substitué une
espèce de succédané de second ordre qui s'appelle les
bureaux régionaux du ministère de l'Education, qui n'assurent en
aucune manière la décentralisation mais qui sont tout au plus une
instance qui déconcentre les services du ministère de l'Education
et qui n'assurent nullement la prise en charge par les milieux de leurs plans
de développement régionaux.
Alors, il ne faudrait surtout pas, à notre avis, que l'on
répète ces erreurs dans le domaine de la santé et des
services sociaux. En somme, mes propos tendent à inciter le gouvernement
à éviter les demi-mesures qui n'ont en somme pour effet que de
cristalliser les positions et qui font que certains s'agrippent à des
positions, à des privilèges parfois, et il est plus difficile
ensuite d'en venir à bout.
Les exemples du projet de loi 27, qui est devenu loi depuis, et du
projet de loi 28 me semblent nous donner quelques leçons à cet
égard. On n'arrive pas actuellement, après quatre ou cinq ans,
dans le secteur scolaire, à se doter d'une administration vraiment
rationnelle. On en est encore à l'étape des demi-solutions avec
des demi-regroupements. On multiplie les postes de cadres et on prolonge
l'anarchie au point de vue administratif.
S'il y avait moyen, dans le secteur de la santé et des affaires
sociales, de procéder d'une façon rationnelle en faisant
confiance à la participation dès le début et en
amorçant ce deuxième volet de la planification au niveau du
gouvernement du Québec qui s'imbrique dans les réalités
sociales des régions, à la différence du ministère
de l'Education, je crois que cette fois-ci, on aurait commencé du bon
pied. Beaucoup disent maintenant, même les autorités en place,
qu'on a beaucoup concentré au sommet et qu'on arrive très
difficilement maintenant à se délester de ces
responsabilités qu'on a accumulées. Je ne pense pas que ce soit
au profit du service lui même.
Si dans le secteur de la santé, on parvenait à commencer
du bon pied en s'associant vraiment avec les énergies régionales
et les réalités sociales, je crois que ce serait un bon pas.
Mon dernier mot est au sujet du contrôle. Nous avons
été clairs dans le mémoire et je crois que, si ceux que
l'on a appelés les professionnels de la santé veulent s'appeler
les travailleurs de la santé, ils devront accepter que le service public
est un service comme les autres et qu'il y a beaucoup d'analogie à faire
quand on parle de questions délicates, de relations intimes, etc., entre
le client et celui qui le sert. Je crois qu'il y a beaucoup d'analogie à
faire avec ce qui se passe dans le secteur scolaire. Les travailleurs de
l'éducation n'ont pas essayé, ces récentes années,
de se donner eux-mêmes un appareil de contrôle mais au contraire
ils acceptent de se soumettre au contrôle des instances politiques et
administratives qui représentent la population. Nous souhaitons qu'il en
soit de même pour les travailleurs de la santé et pour les autres
groupes associés.
Je sais que toutes ces remarques semblent avoir beaucoup de chance
d'être écoutées étant donné que celui qui a
piloté la commission Castonguay est devenu le ministre, ce qui n'a pas
été la chance de M. Parent.
M. DAOUST: Nous comprenons toute l'importance du ministère des
Affaires sociales et nous nous inclinons devant la compétence et le
calibre de celui qui en est le titulaire à ce moment-ci. Par ailleurs,
nous ne souhaitons pas que ce dernier écrase de tout son pouvoir
gouvernemental bien entendu le fonctionnement de cette Loi sur l'organisation
des services de santé et des services sociaux. Je pense que c'est une
notion de la démocratie qui est en jeu à ce moment-ci et qui
sous-tend le mémoire des trois centrales syndicales. C'est toute la
notion de la participation qui, de plus en plus, on l'admet dans
différents milieux tout au moins, est devenue un leurre sinon une
espèce de tricherie.
Je pense qu'il ne faut pas se payer de mots si l'on veut que les gens
prennent leurs responsabilités. Il faut les associer
véritablement et non pas exclusivement à des organismes qui sont
plus ou moins à mots peut-être pas tellement avoués des
organismes à peu près uniquement de consultation.
Je crois que la population du Québec, les citoyens ont beaucoup
à dire et à décider à l'égard des nombreux
services dont ils sont eux-mêmes dans certains cas les
bénéficiaires. Je pense surtout à l'article 5 du projet de
loi, au paragraphe c) où il est mentionné que "la meilleure
utilisation possible des ressources disponibles et le meilleur contrôle
possible des coûts et de la qualité des services"... Je n'ai pas
lu le premier paragraphe, mais il est de la responsabilité de l'ORAS de
s'occuper de ces données-là et de ces choses-là. Je crois
que la population a beaucoup à dire au sujet des coûts, de la
sous-utilisation des équipements qui coûtent une fortune à
la collectivité québécoise et au sujet d'un tas d'autres
facteurs et d'autres phénomènes. Je crois que cette population
souhaite dire plus que des avis ou des conseils, mais souhaite les dire d'une
façon beaucoup plus ferme et souhaite pouvoir participer
véritablement aux décisions. C'est donc, encore une fois, cette
notion de la participation que nous remettons en cause et nous souhaitons que
le gouvernement fasse les amendements essentiels au projet de loi pour
permettre véritablement que la consultation, la participation et les
divers mécanismes ou organismes prévus dans cette loi ne soient
pas exclusivement des organismes de consultation.
M. PEPIN: Pour faire suite à une demande de renseignements du
député de Dorchester, nous n'avons pas traité dans le
présent mémoire de la question du droit d'appel des usagers. Le
ministre, semble-t-il, a fait une déclaration disant qu'il y aurait
amendement de ce côté-là.
Nous avons préféré ne pas y toucher parce qu'on ne
savait pas exactement dans quelle orientation le ministre allait. Nous
suggérons ceci en guise d'essai: Y aurait-il moyen de prendre une
formule analogue à celle que nous avons dans les conventions
collectives, formule de griefs et d'arbitrage, de la transposer et de
l'appliquer mutadis mutandis dans le domaine de la santé? A notre
bureau, nous avons pas mal réfléchi sur cette notion-là.
Ce n'est pas simple parce qu'il y a aussi un problème constitutionnel,
vous vous en doutez bien.
On n'a pas tout le pouvoir au Québec quand ça
dépasse certains montants. On a un pouvoir, je pense, jusqu'à
$3,000 avec la cour Provinciale, à l'heure actuelle. Mais disons qu'il y
a une recherche qui pourrait être entreprise de ce côté:
essayer d'importer le régime applicable à des relations
industrielles.
L'intérêt de l'affaire, c'est que, si on fait de la
socialisation des choses, il faut toujours tenir compte des individus. Et les
individus, s'ils n'ont pas de droit d'appel, peuvent être laissés
pour compte assez souvent. C'est la remarque que je voulais faire.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier les
représentants des CSN, CEQ et FTQ pour leur mémoire. On retouche
certaines questions qui ont déjà été
abordées ici ou on les aborde différemment, et certains nouveaux
aspects sont soulevés par les centrales. J'aimerais faire quelques
commentaires.
D'une part, j'ai bien écouté ce que M. Charbonneau a dit
en ce qui a trait au secteur scolaire et à la déception qui s'est
manifestée à certains niveaux, dans certains milieux ou de
façon générale selon les cas, selon les types de
questions. Sans nier ou sans vouloir... je ne veux pas dire que je ne tiens pas
compte de ces commentaires, mais il y a une différence assez importante,
je crois, que nous devons faire. Le système existe et est
développé dans le domaine de la santé, des services
sociaux et c'est un but différent de ce qui était entrepris dans
le domaine de l'éducation. Il s'agit pour nous davantage, à mon
sens, de faire en sorte que ce qui existe soit mieux coordonné, comme on
l'a déjà dit, etc., incluant la participation.
Il y a là, je crois, un changement, et c'est aussi la raison pour
laquelle nous avons été prudents, comme gouvernement, pour ne pas
présenter le projet de loi 65 comme étant un projet de loi qui
était susceptible de régler plus de problèmes ou de
soulever des espoirs plus grands que ce qu'il peut accomplir vraiment. Dans ce
sens, c'est mon intention de continuer à être bien prudent, parce
que je sais que ce n'est pas uniquement au niveau des structures que nous
pourrons réussir à changer, surtout les structures une fois
adoptées dans un projet de loi, c'est la façon dont les
modifications seront faites dans la pratique, l'introduction d'une
participation réelle, éclairée, etc. qui apporterait
éventuellement le plus de changements.
Sur ce plan de la participation, j'aurais un ou deux commentaires
à faire. Nous avons donc dans le système des organismes
très élaborés, de grande taille, très complexes. Il
nous apparaît difficile que les conseils d'administration soient
composés uniquement ou en majorité de personnes élues, et
je vais vous dire clairement la raison pour laquelle je crois cela. C'est que
les problèmes, à ce niveau, sont des problèmes
administratifs bien souvent assez complexes qui se posent et l'adaptation des
services donnés par rapport aux besoins de la population ne se fait pas
tout à fait selon les mêmes impératifs que lorsque l'on
discute des services courants. Peu de personnes sont en mesure de dire comment
un grand institut spécialisé devrait fonctionner, même pas
au plan administratif. Je pense à un institut comme l'Institut de
cardiologie, par exemple. Il me semble que c'est une opération
extrêmement complexe.
Par contre, au niveau local, nous avons là des organismes et
centres locaux de services communautaires qui devront être
adaptés, autant que possible, aux besoins de la population dans toutes
les phases de leurs opérations. Et la participation doit être
beaucoup plus poussée à ce niveau, à mon sens, par voie
élective qu'à l'autre extrémité.
Alors, entre les deux, il y a aussi certaines nuances, je crois. De
toute façon, je mentionne ceci. Nous allons revenir avec le projet de
loi et nous allons proposer des modifications, je l'ai dit à plusieurs
reprises. Ce n'est pas le moment, ce matin, je crois, de dire ce que seraient
ces modifications, Je voulais expliquer la raison principale pour laquelle,
aussi bien au moment où nous l'avons rédigé qu'au moment
où nous apporterons les modifications, il me semble important de faire
des nuances dans la façon d'établir la participation par voie
élective au niveau des conseils des divers niveaux des institutions.
Il y a aussi un autre point qu'il m'apparaît important de
signaler: lorsque nous avons rédigé le projet de loi, nous
n'avons pas cru, étant donné qu'il portait sur l'organisation des
services, nécessaire de donner les objectifs au plan de la politique de
la santé poursuivis par ce projet, pour ne pas être accusés
de transposer une politique uniquement par des structures. Il y eu beaucoup
d'insistance sur ce point, et lors de la représentation du projet de
loi, nous allons inscrire ces objectifs de la même façon quant aux
droits des citoyens, et c'est la raison, tant et aussi longtemps que les droits
ne sont pas spécifiés dans un projet de loi. Nous ne croyions pas
à ce moment-là que les droits des citoyens vis-à-vis des
services devaient apparaître dans un projet portant sur l'organisation,
mais nous avons convenu également de le faire et c'est de là que
surgit le droit d'appel.
Tant et aussi longtemps qu'un droit n'est pas précisé, il
est difficile d'introduire le mécanisme d'appel. C'est pourquoi, au
même moment où j'ai dit que les droits aux services de la
santé, aux services sociaux, seraient précisés et
définis dans le projet de loi, les mécanismes d'appel suivront
donc. C'est notre intention de proposer ces mécanismes lorsque nous
aurons terminé le travail de la commission.
Il me reste un dernier aspect où j'aimerais vous poser une ou
deux questions qui m'apparaissent extrêmement importantes. Vous avez
mentionné que les changements qui seront apporté aux organismes
ou au fonctionnement des organismes vont occasionner, par le fait même,
des changements qui vont toucher le personnel au sein des institutions ou des
établissements. C'est exact.
Vous avez dit qu'il ne faudrait pas attendre que nous soyons devant des
faits accomplis, mais que nous devrions négocier immédiatement.
Il me semble difficile à prime abord vis-à-vis du type de
changements qui peuvent être apportés, de penser que cela puisse
être fait par un mécanisme formel de négociation. Je pose
la question, parce que nous nous sommes butés récemment justement
à un problème dans l'établissement de nos services de
santé, de nos services sociaux scolaires.
Je crois que ce programme, de l'avis de tous, est nécessaire,
compte tenu de la situation ou du besoin de services à ce niveau. Je
crois que les orientations nouvelles que nous avons prises sont assez justes
parce que, depuis le mois de juillet, où le programme a
été annoncé, je n'ai pas encore entendu, à ma
connaissance, une critique sur la façon dont fonctionnera le programme
à l'avenir. J'ai perçu toutefois des inquiétudes de la
part de certains types de personnel, etc...
Dans l'affectation du personnel à ce nouveau programme, nous
trouvons présentement du personnel infirmier dans les unités
sanitaires qui assumait des fonctions sur ce plan. Nous voulons, dans l'avenir,
que le personnel infirmier soit relié plus directement aux
hôpitaux de telle sorte que ses activités de dépistage,
d'information, etc., si cela appelle des références, qu'il puisse
les faire très facilement dans les services hospitaliers ou les autres
services. Vous savez comme moi que les unités sanitaires sont
passablement recoupées du système et que les activités des
infirmières dans ces milieux scolaires, bien souvent, n'ont pas eu de
suite, étant donné ce manque de liaison.
Il y a là un problème de déplacement de personnel.
Peut-être que, du côté du ministère, nous n'avons pas
été assez prévoyants; de toute façon, cela a
donné lieu à des difficultés.
J'ai de la difficulté à voir comment tous ces
problèmes pourraient être réglés par de la
négociation. Il me semble qu'il pourrait y avoir des mécanismes
préalables et je serais extrêmement intéressé
à en discuter parce qu'il va y avoir d'autres changements où nous
pourrions établir un certain nombre de principes, nous entendre sur
certains principes, certaines règles du jeu. Après cela, s'il y a
des questions qui demeurent pour la négociation, nous pourrions les
aborder à une table de négociation.
Mais il me semble que ces questions d'organi-
sation de services ne sont pas toutes négociables. Comme notre
programme de services de santé et de services sociaux scolaires, c'est
une politique qui doit être formulée et qui touche un grand nombre
d'éléments qui ne peuvent, à mon sens, être
discutés sans vouloir mettre en cause ni la bonne foi, ni quoi que ce
soit de la part des syndicats à une table de négociation
ordinaire.
Cette question m'intéresse beaucoup et il me semble qu'il y
aurait avantage, ce matin, à ce que nous en disions quelques mots.
M. LE PRESIDENT: Oui, M. Pepin.
M. PEPIN : Je dirai quelques mots. Je ne suis pas préparé
pour toucher tous les aspects soulevés par la question de M. Castonguay.
Je vais essayer de reprendre ce que nous voulons dire.
Négocier la politique de la santé, je ne pense pas que
cela se fasse par le truchement d'un syndicat. La politique de la santé,
nous pouvons en discuter ici, nous pouvons venir nous débattre,
être en accord ou en désaccord mais elle ne se fera pas par le
truchement de la négociation collective. Je ne le pense pas. Ce n'est
pas rendu à ce niveau-là. Nous y arriverons peut-être.
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. PEPIN: Mais quand la décision est prise de changer la nature
d'une institution ou de lui donner une autre vocation, il est
prévisible, dans certains cas, que du personnel va être
touché. Là, la décision est prise. Elle n'est pas toujours
exécutoire le lendemain, parce que vous ne pouvez pas prendre une
décision la veille pour des bouleversements assez considérables,
mais dès que votre décision est prise, alors la
négociation peut commencer pour savoir comment le transfert va se faire,
dans quelles conditions. Puis, vient la question de protéger des droits
acquis afin qu'il n'y ait pas de mises à pied, ni de
congédiements, à la suite de cette décision prise par le
ministre ou le lieutenant-gouverneur en conseil.
C'est donc dans ce sens que nous faisons des représentations.
Pour le bill 28, M. le ministre, nous avons fait la même chose,
nous avons dit au gouvernement: Faites votre politique, mais une fois qu'elle
sera faite, cependant, pour le transfert des employés, nous voudrions
négocier.
M. CASTONGUAY: Nous avons, dans le secteur des hôpitaux
privés, par exemple des foyers, fermé un certain nombre d'entre
eux. Par l'entremise de notre sous-ministre, M. Gaudreault,
désigné aux relations professionnelles ou aux relations de
travail, nous sommes entrés en communication avec le syndicat qui
représentait les employés. Nous avons, dans les conventions
collectives, des dispositions qui ont été prévues de telle
sorte qu'il y ait une certaine sécurité accordée. Dans les
hôpitaux privés, vous connaissez les dispositions, les
mécanismes, pour le reclassement de ces employés, ou
travailleurs, en leur accordant une certaine priorité.
Malgré tout, nous ne disons pas qu'elles sont
nécessairement le fait des syndicats, mais nous nous butons à
certaines difficultés où nous sentons que, dans d'autres
institutions, il y a toute une série de résistances qui se
développent face à l'acceptation d'employés, ou de
travailleurs, qui ont été déplacés par la fermeture
d'une institution.
Autant il est important, je crois, que le ministère s'acquitte de
ses responsabilités et si un établissement ne satisfait
pas aux normes, nous devons le fermer, c'est ce que nous avons fait
autant il est important que les travailleurs qui ont de l'expérience,
quand il existe de la demande, soient reclassés le plus rapidement
possible, d'autant plus qu'ils continuent à être payés.
C'est ce genre de problèmes où je sens que les
modalités d'après l'expérience vécue
jusqu'à maintenant, qui ont été convenues par le
truchement de conventions collectives et je le répète, je ne suis
pas en mesure de dire que... ce n'est pas l'idée de jeter du blâme
si je soulève cette question par ce mécanisme, n'ont pas
donné tous les résultats que nous aurions pu anticiper de part et
d'autre.
C'est dans ce sens-là que je soulève de nouveau la
question et il me semble qu'il y aurait un peu plus à y
réfléchir. Nous serions prêts à poursuivre cette
réflexion si vous vouliez que nous le fassions en commun.
M. LE PRESIDENT: M. Pepin.
M. PEPIN : M. le Président, je crois que, de notre
côté, il y a certaines communications qui se font difficilement
avec votre ministère, me dit-on.
Ce genre de problèmes, nous le savons, n'est pas facile, mais
d'après certaines informations, il en vaudrait peut-être la peine,
comme vous le suggérez vous-même, que nous puissions poursuivre,
dans un autre forum, cette question. D'après les informations que nous
possédons, on m'a dit que la communication ne se fait pas, même
suivant les mécanismes prévus par la convention collective qui
avait été acceptée par votre ministère.
Est-ce que c'est à déterminer à démontrer?
Il y a probablement là un effort supplémentaire à faire
non seulement de notre côté peut-être, mais aussi du
côté du ministère. Quand un employé travaille dans
une institution depuis 15 ans et qu'un autre employé vient dans la
même institution sans ancienneté dans une institution
donnée, il est certain que celui de 15 ans qui est là essaie
toujours de faire passer l'autre après lui, même si l'autre est
plus âgé dans l'institution d'où il vient. Cela est un
problème très considérable, et voilà pourquoi nous
suggérons
finalement le mécanisme d'arbitrage pour essayer de régler
ces cas-là s'il n'y a pas entente entre les parties.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, sur ce problème
important que l'on vient de discuter, je ne sais pas si le ministre ne
s'adressait qu'à la centrale syndicale CSN. Est-ce que la
difficulté est à ce moment-ci dans une centrale ou si c'est de
façon générale? Voici pourquoi je pose la question. Ce
n'est pas pour mettre en lumière des différences d'approche entre
les différentes centrales, mais je voudrais souligner au ministre des
Affaires sociales un dossier que j'ai eu à considérer, un dossier
extrêmement important dans ce genre de problème dont vient de
parler le ministre. C'est à la fermeture d'une crèche, la
crèche d'Youville, la crèche Saint-Vincent-de-Paul ou celle de la
Miséricorde, une des trois crèches de Montréal.
C'était avec la FTQ. Nous avions fait un comité conjoint à
ce moment-là sur lequel siégeaient même le président
de la centrale, M. Laberge et ses collaborateurs. Nous avions eu plusieurs
rencontres et ce comité conjoint a discuté de tous les
problèmes et du recyclage des employés, de la
réintégration des employés dans d'autres maisons, tenant
compte de leur compétence évidemment, de leur préparation
et enfin de toute une série de facteurs. Je ne crois pas qu'il y a eu de
difficultés insolubles; seulement, il a fallu y mettre le temps voulu,
il a fallu y mettre évidemment tous les efforts, toute l'énergie
et le temps voulus pour résoudre le problème. Je pense bien que
c'est une situation qui est appelée à se répéter de
temps en temps surtout avec un projet de loi qui tend à
réorganiser les services de santé. Dans ce cadre-là, il
est donc possible qu'à la suite de certaines mesures qui ont
été prises, comme cette mission spéciale qui a
enquêté sur la qualité des institutions, sur la conversion
possible de certaines institutions, la fusion de certaines institutions, ces
problèmes-là se posent de plus en plus. Il est important, comme
on l'a dit de part et d'autre, que cette rencontre ait lieu entre les
dirigeants des centrales syndicales et les autorités du ministère
afin de voir les problèmes que l'on tente de résoudre et avant
d'aller trop loin, comme l'a dit M. Pepin il y a un instant, avant que le
processus soit engagé trop avant. Il importe que l'on puisse faire de la
prévention, le même genre de prévention dont on parle dans
le projet de loi numéro 65 à certains articles.
Quant aux centrales syndicales, évidemment, elles prennent dans
le mémoire des positions avec lesquelles nous sommes assez familiers
maintenant puisqu'elles sont assidues à nos commissions parlementaires,
elles sont nos clients les plus fidèles, si on peut employer cette
expression-là, M. le Président, elles ont toujours des
mémoires de qualité, le ton de la présentation des
mémoires est serein et ça aussi on le remarque. Les
mémoires sont positifs, il y a des choses sur lesquelles les centrales
syndicales ne se surprendront pas non plus, des choses sur lesquelles on n'est
pas complètement d'accord, parce que, comme législateurs, il nous
faut essayer de trouver une ligne de démarcation entre des positions
diamétralement opposées, entre ce que certains groupes
réclament et ce que d'autres groupes réclament. On peut
être d'accord sur certains principes, comme les trois centrales
syndicales en ont donné un exemple. On peut être d'accord sur le
mode électif pour la représentation au sein des conseils
d'administration, mais comme le ministre vient de le mentionner il y a un
instant, cela peut en pratique poser certains problèmes. Que le
système électif pour les centres locaux de services
communautaires soit davantage utilisé, tout le monde comprendra que
probablement il y a des avantages, à cela parce que c'est le type
d'établissements qui est le plus près de la population et le type
d'établissements au fonctionnement duquel ils peuvent collaborer le plus
étroitement.
Dans un établissement de ce genre, il y a moins de
spécialisation des services administratifs. Je pense que les membres des
conseils d'administration peuvent avoir plus facilement une vue d'ensemble des
problèmes administratifs qui se posent à ce niveau-là. De
toute façon, on a été assez réaliste dans le
mémoire, parce qu'on a dit que l'application de ce principe pourrait se
faire progressivement dans le temps, mais nous insistons pour que le principe
du système électif soit étendu à tous les types
d'institutions publiques ainsi qu'à l'office régional des
affaires sociales.
Compte tenu de la restriction que nous avons faite antérieurement
que dans le temps, nécessairement, même si on adoptait le
système électif, il faudrait qu'il y ait des étapes, parce
que ailleurs dans le mémoire on mentionne la nécessité de
préparer une classe d'administrateurs. Là-dessus, vous avez tout
un passage dans votre mémoire qui dit que ce sont les travailleurs qui
seront appelés à siéger au sein des conseils
d'administration qui devraient être préparés. Vous
suggérez même que le gouvernement assume cette
préparation.
Il y a peut-être deux choses dont on pourrait discuter dans la
préparation, il y a deux types de clientèle: il y a, d'abord, les
futurs administrateurs qui peuvent être préparés à
l'intérieur du réseau d'éducation actuellement. Je ne sais
pas si M. Charbonneau pourrait nous faire une réflexion
là-dessus. Je ne sais pas si actuellement, au niveau des études
secondaires, au niveau CEGEP, à tous les niveaux scolaires les
programmes pédagogiques contiennent suffisamment de notions de gestion
pour des citoyens qui, à un moment où l'autre de leur vie seront
appelés à gérer, à faire partie d'institutions, de
conseils d'administration, à apporter à la collectivité
une contribution dans le domaine de l'administration. Que ce soit à
l'intérieur de différentes associations ou que ce soit à
l'inté-
rieur d'établissements publics, je ne sais pas si le
système d'éducation, actuellement, prévoit suffisamment
dans la formation des jeunes, qu'ils auront, au sortir de l'école, un
bagage suffisant de connaissances dans ce domaine-là. Cela, c'est pour
les administrateurs futurs.
Quant aux administrateurs actuels qui sont sur le marché du
travail, les centrales demandent qu'ils puissent disposer du temps
nécessaire avec le concours des employeurs, qu'ils puissent avoir des
périodes de formation comme en organise le gouvernement. Est-ce que les
centrales syndicales veulent indiquer par là qu'elles se
désintéresseraient, elles, de ce rôle d'éducation et
de formation qui, en partie, peut être le leur aussi. Parce que les
centrales syndicales s'occupent de leurs travailleurs sous différents
aspects, non pas seulement de leurs conditions de travail, mais je pense bien
qu'elles s'occupent et doivent s'occuper de leur éducation sous certains
aspects, les services qu'elles leur rendent sur le plan de la personne humaine.
Alors, je pense bien que la formation ou l'éducation de leurs membres
comme gestionnaires, au sein d'une institution, d'un établissement
public, fait partie de leurs responsabilités. Je voudrais savoir des
centrales syndicales si elles ont l'intention de confier le tout à
l'Etat ou aux employeurs.
M. PEPIN: M. le Président, je dirai quelques mots sur cette
partie de l'intervention, mais je voudrais revenir aussi sur la question du
système électif, si le président me le permet. Le dernier
point, pour procéder par voie analogique, il y a eu de formés, au
niveau du ministère du Travail, ce qu'ils appellent des CCR. Des
comités de consultation sur la base régionale. Nous avons, comme
centrale syndicale, des représentants dans à peu près tous
les CCR. Je pense que c'est aussi vrai pour la FTQ, la CEQ que la CSN; quant
à nous, cela se passe aussi dans d'autres centrales, nous
réunissons tous les représentants des CCR pour qu'ils agissent
dans chacun de leur CCR avec une politique à peu près identique.
Nous leur donnons des cours de formation, nous essayons de les préparer
le mieux possible.
S'il arrive que le projet de loi 65 soit appliqué et qu'il y ait
des représentants des salariés qui soient nommés au
conseil d'administration, il est très probable que nous agirons de la
même façon. Nous essaierons de former le mieux possible ceux qui
seront nommés au conseil d'administration. Mais il y a une
responsabilité qui appartient à l'Etat. L'Etat aussi est
intéressé à avoir les meilleurs gestionnaires comme nous
d'ailleurs. Nous allons faire une partie de notre travail. C'est une conception
nouvelle qu'il y ait des représentants des salariés, au moins une
application nouvelle d'une conception peut-être ancienne. Les gens ne
sont peut-être pas tout à fait préparés
immédiatement.
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez, M. le Président, j'aurais un
commentaire à faire sur ce point. Comme ministère, nous nous
sommes déjà mis au travail sur cette question. La première
chose qui nous apparaît importante de faire, est de préparer un
petit document devrait-il être accompagné de diapositives
ou d'autres moyens, c'e'st une autre question mais, à tout le
moins, un document quelconque dans lequel on doit exposer, à notre sens,
ce que sont les responsabilités d'un membre d'un conseil
d'administration, quels devraient être les aspects du fonctionnement
d'une institution qu'il devrait surveiller pour bien assumer son rôle. De
là à aller plus loin, nous croyons qu'il est difficile de le
faire comme gouvernement, si nous voulons éviter justement que ce soient
uniquement des considérations d'ordre administratif ou encore des
contraintes qui sont les nôtres qui ressortent dans le genre de formation
qui pourrait s'adresser aux membres des conseils d'administration.
A ce stade-ci, nous sommes en voie de préparer un document qui
pourra être utile et nous croyons que, pour l'information additionnelle
qui pourrait être apportée, il y a un certain nombre de
possibilités, les centrales, d'autres organismes, les unions familiales,
etc. Il y a bien des organismes qui jouent des rôles d'information
populaire. Il me semble que c'est plus sain que ça vienne de groupes
constitués volontairement plutôt que ce travail soit fait par le
gouvernement. Il y a aussi l'aspect qui a été mentionné
par M. Cloutier des efforts faits dans le domaine de l'éducation pour
mieux préparer les étudiants aux problèmes de la vie et
non seulement pour avoir une formation les préparant au travail ou
encore leur donnant une certaine culture.
Pour le moment, au ministère, ce sont les gestes que nous avons
posés, la position que nous avons adoptée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais poser une question, en me
référant à M. Charbonneau. Est-ce qu'actuellement dans les
programmes du ministère de l'Education, la préoccupation que l'on
prend de la formation du jeune, du point de vue de la gestion et de
l'administration en général, non pas une spécialisation,
est-ce que ça vous apparaît suffisant?
M. CHARBONNEAU: M. le Président, à la question de M. Clou
tier, certainement pas. Nous avons réclamé, pour notre part,
à maintes reprises, que l'on assure aux étudiants qui sont aux
niveaux secondaire et collégial mais puisque beaucoup quittent
après le secondaire au niveau secondaire aussi, un éveil,
une éducation pour connaître les diverses institutions sociales,
politiques, économiques. Malheureusement nous devons constater que c'est
encore au point mort de ce côté-là. Quelques projets
pilotes sont peut-être à l'essai mais
depuis 1965, à ma connaissance, nous réclamons, à
chaque fois que nous nous présentons sur cette question, que l'on
inscrive à la formation de base de l'étudiant et non pas en
options ou quelque chose du genre, au niveau secondaire, cette dimension de son
éducation que vous soulevez: à l'administration, un éveil
à l'administration, aux problèmes que ça pose vraiment. Je
pense que ce serait un investissement utile de la part du ministère de
l'Education que d'aller dans ce sens-là et pour nous c'est une des
manières de répondre aux embarras que causent aux administrateurs
les contestataires et des mouvements comme ceux-là. C'est de
répondre par des mesures positives, des mesures qui mettent à la
disposition de ces jeunes dans les écoles des formules de formation
propres à leur faire bien connaître la nature des choses. C'est
bien plus utile, à notre avis, que des mesures répressives ou
d'enquête.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je remercie M. Charbonneau de ses explications
et je demanderais au ministre des Affaires sociales, à la lumière
de la discussion que nous avons eue ce matin, d'attirer l'attention de son
collègue le ministre de l'Education sur cet aspect qui est
soulevé à cette commission parlementaire mais qui l'est, qui l'a
été et qui le sera probablement à d'autres commissions
parlementaires aussi, où on fait ressortir l'avantage et l'importance de
la formation des jeunes dans ce domaine.
M. CASTONGUAY: Avant dépasser au porte-parole du Ralliement
créditiste, est-ce que vous me permettriez une remarque, M. le
Président? Après l'échange que nous avons eu au sujet des
problèmes que posent les changements de politique ou encore des
applications de politique, le Dr Martin Laberge qui est ici avec moi, et qui
est responsable de l'accréditation au ministère, me dit que dans
les cas où nous avons fermé des établissements, nous avons
eu une excellente collaboration des représentants locaux des
syndicats.
Je tiens à le souligner pour que, d'autre part, les questions ou
la discussion ne soient pas saisies sous un jour différent. Il y a
vraiment un problème et c'était ce problème-là que
je voulais attaquer et non pas laisser entendre que nous avions eu des
difficultés d'un autre ordre que celles que j'ai exposées.
M. LE PRESIDENT: M. Bois, comté de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Il y a une question surtout sur un point... D'abord, je tiens
à remercier très sincèrement les trois centrales d'avoir
présenté leur mémoire et leurs suggestions. Il y a une
chose que j'ai remarquée dans plusieurs mémoires qui ont
déjà été soumis, M. le Président, c'est
qu'on fait d'ailleurs une part assez large à la représentation
possible qui pourrait provenir des centrales ouvrières. Maintenant, la
question élective dont faisait part tout à l'heure le
député de Montmagny, peut, à mon avis, amener certains
problèmes assez complexes, parce qu'il reste quand même la
qualification des cadres, et pour tirer un parallèle que je ne voudrais
pas odieux, par exemple, on va prendre un syndicat de métallurgie. En
fait, c'est ce même syndicat-là qui va élire son
comité de direction. Je me demande si on allait mettre un système
électif pour toute la population, quand souvent le système
électif municipal ou scolaire est déjà remis en cause, si
réellement il n'y aurait pas le danger qu'on ne puisse atteindre le but
visé dans un véritable service intégré à la
population. C'est sur ça que j'aimerais connaître les commentaires
de M. Pepin ou...
M. PEPIN: Je suis bien prêt à en faire parce que vous
savez, M. Bois, c'est vraiment une question de conception. On peut croire que
c'est mieux l'élection ou croire que c'est mieux un autre type
d'organisation sociale. Nous, notre choix est fait; nous croyons que c'est
l'élection. Vous êtes tous là parce que vous avez
été élus et je pense que vous devez remplir un rôle
aussi important qu'un administrateur dans un centre hospitalier ou dans une
autre institution. Je crois en tout cas que votre rôle est aussi
important que ça. Dans les villes, dans les commissions scolaires, il y
a des élections, dans la plupart, sauf Québec et Montréal,
où il y a un autre système que vous connaissez.
Vraiment, c'est une question de conception. Ou bien le
législateur y croit, ou il n'y croit pas. S'il décide d'y croire,
là se soulève l'autre problème: est-ce applicable et
quand? Je pense que M. Castonguay et M. Cloutier l'ont soulevé.
Là-dessus, je voudrais dire deux mots. Si vous croyez que
l'élection est une bonne formule, que la majorité des membres du
conseil soient élus, vous pouvez l'inscrire dans le projet de loi, dans
la loi éventuelle et avoir une formule disant: Lorsque jugée
applicable par le lieutenant-gouverneur en conseil une formule semblable, parce
qu'il y a des endroits où ce serait applicable rapidement.
Prenez un territoire comme la Côte-Nord je le donne
uniquement à titre d'exemple Hauterive, Baie-Comeau, c'est un
milieu assez fermé. Il n'y a pas beaucoup de débouchés,
Sept-Iles est à 150 milles de là, dans ce milieu-là, il
peut s'organiser une vie communautaire qui pourrait être très
importante et très intéressante. Saint-Hyacinthe pourrait
être un autre endroit, je ne suis pas pour les énumérer au
complet.
Chaque fois que cela devient impossible, le lieutenant-gouverneur en
conseil l'autoriserait et la loi le prévoirait. Si autrement, vous ne le
prévoyez pas dans la loi, si cela prend un autre projet de loi
après, pour faire cette modification, encore une fois, il faut
régler la question de principe. Est-ce que l'on croit à cela ou
si on n'y croit pas? Si on n'y croit pas, bien sûr qu'on n'a pas besoin
de prévoir ces choses-là.
Quand le ministre et vous M. Cloutier, soulevez le problème,
est-ce que les gens sont assez experts pour faire partie de tels conseils? On
n'enlève pas la possibilité qu'il y ait d'autres personnes
expertes sur les conseils. Dans l'organigramme que vous avez, vous nommez un
directeur général et il y a des nominations qui sont faites
là. Il va y avoir des experts qui vont être là. Le
gérant de la ville de telle municipalité est toujours
gérant de la ville même s'il y a un changement de maire. Il y a
toujours un personnel. Quand un ministre est nommé ministre, le
sous-ministre est aussi en place. Je pense bien qu'il y a une infrastructure
qui doit toujours exister.
Quant â moi, je pense que vous ne pouvez pas, vous autres, comme
législateurs, des gens élus, dire que c'est bon pour nous. Ce
n'est pas bon pour les autres. Je pense que vous ne pouvez pas faire ça.
Vous pouvez avoir des considérations d'ordre pratique. A ce
moment-là, je vous suggère de les résoudre en marquant
dans un texte de loi la progressivité possible, lorsque cela sera
applicable. C'est le commentaire que j'avais à faire.
M. CASTONGUAY: Est-ce que le député de Saint-Sauveur me
permettrait deux commentaires? Je n'ai pas dit quelles seront les modifications
que nous apporterions au projet de loi sur ce plan. Il y a une petite chose qui
distingue aussi ce secteur qui est fondamental, c'est que vous avez fait
allusion au fait que vous êtes élus, que nous sommes élus.
Four fonctionner, vous devez imposer vos membres, une certaine cotisation.
S'ils ne vous aiment pas, ils vont aller à la FTQ ou ils ne feront pas
partie d'un syndicat. Nous pour fonctionner, il faut lever des impôts. Au
niveau des hôpitaux, il n'y a pas de taxation. Je crois qu'il serait
difficile d'introduire un système de taxation à ce niveau,
étant donné le fait que ce sont des services de l'accord
de tous, vous-même vous le dites qui doivent être
accessibles, d'une façon aussi égale que possible, à
l'ensemble de la population, et les coûts diffèrent d'une
région à l'autre, diffèrent aussi et vont différer
dans l'avenir selon les régions, par suite des écarts qui
existent présentement dans les ressources. Il va falloir faire beaucoup
de rattrapage à certains endroits, etc.
Il n'en demeure pas moins que c'est une différence importante,
parce que, quand vous dépensez de l'argent, vous n'êtes pas
obligés d'aller chercher vous-mêmes et aussi vous n'êtes pas
obligés de rendre compte de façon aussi précise que vous
le faites et que nous le faisons, de la façon dont nous avons
utilisé cet argent ou d'une façon directement liée â
la responsabilité que vous avez. Je pense qu'il manque une dimension de
la question. Je ne veux pas insister trop. Je ne veux pas dire que cela doit
nous faire rejeter le système électif; au contraire, on le
propose pour les centres locaux, on le propose déjà dans le
projet de loi. Comme je l'ai dit, je ne veux pas parler des modifications que
nous allons apporter tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas
terminé nos audiences. Je crois qu'il y avait là un point
extrêmement important à mentionner. Le second point, vous nous
dites si vous voulez procéder par étapes quand le
lieutenant-gouverneur en conseil jugera si à un endroit on peut
introduire un processus électif, il pourrait le faire. A partir de quel
critère le lieutenant-gouverneur en conseil pourrait-il juger que le
moment est venu? Est-ce que l'on ne pourrait pas être accusé comme
on l'est présentement par le mode que nous avons proposé? On nous
dit: Vous allez politiser le système. Est-ce que, là aussi, on ne
serait pas susceptible de dire, aux endroits où vous croyez que cela
chauffe un peu, vous ne proposerez pas le mode électif? Quels seraient
les critères qui nous permettraient de juger? Je pose la question, parce
que c'est un des problèmes les plus difficiles, je crois, que
d'introduire la participation dans les institutions, dans les organismes. C'est
un problème extrêmement difficile. Je ne m'en suis jamais
caché ici. Je pose ces questions pour vraiment ne pas faire
d'erreur.
M. PEPIN: M. le ministre, je pense que vous avez un instrument entre les
mains, un mécanisme de consultation, votre comité des affaires
sociales je ne me souviens pas exactement du nom précis de
l'organisme qui pourrait être chargé d'édicter les
critères et de les recommander au lieutenant-gouverneur en conseil ou au
ministre. Cela pourrait être un moyen.
M. CASTONGUAY: Pour autant qu'au départ parce que nous
avons confié justement un mandat au conseil des affaires sociales et de
la famille sur les mécanismes de participation on ait une
assurance raisonnable qu'on ne leur pose pas un problème impossible.
M. PEPIN: Je ne pense pas que ce soit un problème impossible.
J'ai essayé de situer quelques cas isolés uniquement pour
illustrer notre façon de voir; je ne pense pas que nous nous dirigions
vers quelque chose d'impossible...
M. CASTONGUAY: Dans la recherche de ces critères...
M. PEPIN: ... dans la recherche de ces critères, ça va
être pas mal plus compliqué. Maintenant, on ne peut pas tout
résoudre en venant parler devant la commission parlementaire. Il reste
quand même que, si le législateur accepte le principe, il va se
trouver des moyens, des mécanismes. Et quand vous dites: Quand ça
chauffe, on le fera; quand ça ne chauffe pas, on ne le fera pas, il est
bien possible que ce soit aussi un critère. Quand ça va bien mal
dans une région, ça peut être un critère de dire: On
va laisser une plus grande participation à la population.
M. CASTONGUAY: Je disais justement: Quand ça chauffe, on ne le
fera pas; quand ça ne chauffe pas, on le fera.
M. PEPIN: J'avais bien compris aussi, j'ai essayé de traduire
autrement. Quant à votre première partie cependant, si vous me
permettez, les commissions scolaires administrent de l'argent du
ministère de l'Education. Elles ont un droit d'imposition aussi, je le
reconnais. Mais pour une partie de l'argent, les centres hospitaliers seraient
exactement dans la même position que les commissions scolaires quant
à l'argent reçu du gouvernement pour l'administration de la
commission scolaire.
Maintenant, il y a des budgets qui se font à l'heure actuelle et
dans les hôpitaux aussi, il y a des budgets qui se font. Même vous
avez parfois des ennuis quand les gens ne sont pas élus.
M. CASTONGUAY: Remarquez que le système est loin d'être
parfait. C'est justement pourquoi on propose ce projet de loi. Je suis bien
d'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je voudrais poser une question
à M. Pepin. D'abord, je voudrais remercier les trois centrales pour le
mémoire qu'elles nous ont présenté et je voudrais bien le
comprendre. C'est pourquoi je me permettrais de revenir un peu à
l'esprit qui a présidé à sa rédaction. Est-ce que
les recommandations que vous avez faites dans votre mémoire
s'insèrent dans le cadre de votre récente prise de position qui
préconisait un socialisme intégral au Québec?
M. PEPIN: Cela s'inscrit dans la thèse que nous défendons
où la population doit être présente partout et dans les
centres hospitaliers et ailleurs, que la population elle-même...
M. ROY (Beauce): Cela s'inscrit également dans votre
récente prise de position?
M. PEPIN: On essaie de ne pas être trop contradictoire.
M. ROY (Beauce): Merci, M. le Président. Vous avez admis un
certain principe dans votre mémoire qui est même très bien:
reconnaître à chaque citoyen un droit égal à la
santé. Est-ce que vous admettez que ce droit égal à la
santé peut aller jusqu'au prix de la perte de la liberté de choix
pour un individu?
M. PEPIN: Liberté de choix?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Choisir sa maladie.
M. ROY (Beauce): La liberté de choix, par exemple, de son
professionnel de la santé.
M. PEPIN: Oui, je suis intéressé à discuter cet
aspect. A l'heure actuelle, de plus en plus, M. le député, vous
le savez, vous n'avez pas le choix de votre médecin. Je vais vous donner
des exemples. Si vous vous faites opérer, peut-être que vous irez
à un hôpital à Montréal. J'ai été
opéré à Montréal et je ne savais pas qui
m'opérait. On m'a dit: Prends le Dr Untel. J'ai pris le Dr Untel; il n'a
pas fait un mauvais "job", heureusement pour moi. Mais le choix du
médecin, le choix de l'anesthésiste, dans beaucoup de cas, on ne
l'a pas.
Est-ce que je vais garder le choix, par exemple, de mon médecin
de famille, de mon médecin...
M. ROY (Beauce): C'est cela.
M. PEPIN: ... qui me traite habituellement? Nous avons défendu ce
principe qui continue à s'appliquer, lors de l'examen du bill 8, l'an
dernier.
M. ROY (Beauce): Sur un autre point, vous dites dans votre
mémoire: Que la santé physique et mentale des citoyens ne soit
pas déterminée par leur condition financière et leur
statut socio-économique, ce que nous admettons.
Vous ne croyez pas qu'il y aurait danger que ce statut soit
changé, circonscrit par les limites et les contraintes
budgétaires gouvernementales? Je ne voudrais pas engager de débat
là-dessus mais je vais prendre un exemple: la loi 26, à l'heure
actuelle: nous savons les contraintes budgétaires et toutes les
injustices qui en découlent. Vous ne croyez pas que, si nous remettons
tout à l'Etat, à ce moment-là nous fermons la porte au
bénévolat et à l'aide locale dans certaines institutions
qui, à l'heure actuelle, assurent tout de même des soins à
certaines catégories de personnes sans que cela coûte des frais
exorbitants à l'Etat?
M. PEPIN : Croyez-vous que ce bénévolat, d'abord, est
aussi important qu'il l'a été? Deuxièmement, croyez-vous
que ce bénévolat donne vraiment ou rend vraiment des services
appropriés? Dans beaucoup de cas, d'après ce que me rapportent
les employés qui travaillent dans le secteur hospitalier, si vous faites
valoir le bénévolat, attention aux services que ces gens vont
rendre à la clientèle qui est là!
Je ne vous dis pas que tout est mauvais. Je n'essaie pas de
décrier le bénévolat, mais il n'est pas aussi important
que l'on voudrait le faire croire, à mon avis, et il ne rend
peut-être pas les services que l'on s'imaginait qu'il rendait.
M. ROY (Beauce): Au niveau du bénévolat, je vais revenir
à ceci, parce que je ne parle pas d'instituer un système de
bénévolat dans tout le Québec. Mais je dis que, lorsqu'il
y a des contraintes budgétaires gouvernementales et que c'est impossible
pour le gouvernement de donner des services, il ne faudrait tout de
même
pas fermer la porte à certaines institutions qui, à
l'heure actuelle, donnent des services compensatoires, justement pour permettre
à la population d'avoir des soins qu'il lui serait impossible je
dis bien impossible d'avoir autrement.
N'avez-vous pas l'impression que le bill 65 ferme définitivement
la porte à ce genre d'institutions que nous avons encore chez nous et
qui rendent encore des services, même s'il y a de plus en plus de
contraintes de ce côté-là, mais qui rendent quand
même encore des services?
M. PEPIN : Vous référez-vous aux institutions à but
lucratif, vous?
M. ROY (Beauce): Il faudrait revenir aux institutions à but
lucratif. C'est quoi, une institution à but lucratif?
M. PEPIN : Ce sont des institutions qui sont là pour faire de
l'argent.
M. ROY (Beauce): Une minute. Admettez-vous qu'une institution à
but lucratif est une institution, par exemple, qui s'administre à
l'intérieur de certaines normes à un coût moindre que
lorsque ces institutions sont de l'Etat? Vous avez à l'heure actuelle
des institutions ' privées qui s'administrent par elles-mêmes.
Est-ce que vous considérez une institution privée qui
s'administre par elle-même et qui, par de l'efficacité
administrative, qui à un moment donné, en faisant appel aux
différentes ressources du milieu, de la région, contribue
à donner des services à un coût moindre et réussit
à s'administrer elle-même à l'intérieur d'un budget
donné? Est-ce que vous considérez ce genre d'institution comme
une institution à but lucratif?
M. PEPIN: Oui.
M. ROY (Beauce): Bon, c'est ce que je voulais savoir, M. le
Président.
M. PEPIN : Si vous me le permettez...
M. ROY (Beauce): Vous avez très bien répondu à ma
question. J'aimerais que vous apportiez une précision. Vous me permettez
tout de même de ne pas partager votre point de vue de ce
côté-là?
M. PEPIN : Bien sûr, je viens ici pour cela.
M. ROY (Beauce): J'avais une question à poser à Me Daoust,
tout à l'heure. Vous avez demandé qu'il y ait une participation
plus grande de la part de la population, ce que nous admettons encore. D'un
autre côté, je pense qu'il y a une certaine ambiguité, du
moins, je crois voir une certaine ambiguité.
Vous dites dans votre mémoire: C'est donc l'Etat qui doit assurer
ce droit égal aux citoyens et cette responsabilité ne peut
s'exercer pleine- ment sans la prise à charge totale par l'Etat du
régime de la santé et du bien-être.
Vous demandez, d'une part, une responsabilité,
c'est-à-dire que l'Etat prenne à charge de façon totale,
globale, tous les services de la santé et vous réclamez, d'autre
part, une plus grande participation de la population. Nous estimons, nous, et
vous me le direz si je fais erreur, que plus l'Etat prend le contrôle,
moins il y a de participation.
Alors, comment conciliez-vous la prise de position que vous avez
défendue tout à l'heure avec les principes qu'il y a à
l'intérieur de votre mémoire?
M. DAOUST: Moi, je l'ai mentionné il y a quelques minutes. Dans
la mesure où les citoyens sont appelés à participer, dans
le vrai sens du mot, et où cette participation ne se fait pas simplement
sur le plan de la consultation, mais ou ils sont appelés à
participer sur le plan des décisions, nous sommes satisfaits.
C'est l'Etat, ce sont les citoyens. Les citoyens font partie de l'Etat.
Il n'y a pas opposition entre les citoyens qui participent à
l'intérieur de multiples organismes, qui prennent des décisions
à l'intérieur de ces organismes et la présence de l'Etat.
C'est du pareil au même, l'Etat, les citoyens.
M. ROY (Beauce): Vous n'avez... Excusez-moi.
M. DAOUST: C'est tout de même la même chose.
M. ROY (Beauce): Vous ne craignez pas à ce moment-là,
qu'on accorde à certains individus des responsabilités, mais sans
pouvoir de décision, dans le sens de pouvoir d'exécution? Vous ne
trouvez pas qu'il y a un danger?
Moi, je pars toujours du principe que le gouvernement a un budget de
tant, voté par l'Assemblée nationale, que ce budget est
réparti entre différents ministères, et qu'à
l'intérieur de ces mêmes ministères, le budget est
subdivisé à l'intérieur des services. A ce
moment-là, si l'Etat en assume le contrôle, c'est-à-dire si
l'Etat en paye le coût de façon intégrale, comment
concevez-vous qu'il peut y avoir une responsabilité au niveau des
décisions de la part d'une certaine partie de la population ou des
représentants de la population, lorsque c'est déjà
décidé à l'échelle gouvernementale?
M. DAOUST: Il y a un parallèle à établir entre la
participation des citoyens au sein des commissions scolaires et la
participation des citoyens au sein de ces organismes prévus dans la loi.
On l'a mentionné précédemment.
Les citoyens qui sont élus comme commissaires d'écoles ont
peut-être un pouvoir de taxation, mais il est quelque peu illusoire. Dans
l'immense majorité des cas, il y a des contrain-
tes de toute nature que tous les commissaires d'écoles
connaissent très bien.
Par ailleurs, il y a des normes qui sont imposées par le
ministère de l'Education. Il y a des dépenses qui sont
admissibles et il y en a d'autres qui ne le sont pas, et toutes ces notions
sont fort connues de ceux qu'on retrouve au sein des commissions scolaires.
Il n'en demeure pas moins que les gens qui sont élus ont beaucoup
à dire dans une foule de décisions, dans une foule d'orientations
et ils ont le sentiment peut-être que ce n'est pas complet,
ça peut dépendre des endroits et des régions d'une
véritable participation.
Alors, c'est cette notion de participation des citoyens que nous, nous
voulons développer. Nous estimons que, si nous nous en remettons
à la population d'un territoire donné, d'un milieu donné
et si nous demandons à cette population de participer aux
décisions, dans le vrai sens du mot, à l'égard de tel ou
tel service, de se prononcer, de porter des jugements et de formuler des
recommandations, puisque dans certains cas, il s'agira inévitablement,
de recommandations, nous aurons atteint un objectif de
démocratisation.
Alors, encore une fois, il n'y a pas opposition entre la présence
des citoyens, majoritairement, au sein de tous ces organismes et l'Etat. Il n'y
a pas conflit entre les deux. Il y a plutôt
complémentarité. L'Etat est là pour indiquer les bornes,
les frontières qu'on ne peut franchir pour poser des jalons, pour donner
les critères à l'égard des dépenses, poser enfin
une foule de normes, et les citoyens sont là pour étudier ces
problèmes et prendre les décisions qui peuvent s'imposer selon
les circonstances.
M. ROY (Beauce): Vous vous êtes référé aux
commissions scolaires, j'aime beaucoup l'exemple que vous avez apporté
parce que je pense que c'est un exemple assez concret à l'heure actuelle
et que tout le monde connaît. Vous n'admettez pas à l'heure
actuelle que les commissions scolaires, même si elles ont un pouvoir de
taxation, c'est-à-dire des deniers à administrer qui proviennent
du milieu, n'aient à peu près pas de pouvoirs de décision,
ou des pouvoirs très limités. Je pourrais vous citer des exemples
mais je ne veux pas m'engager de ce côté-là. On pourrait
citer par exemple, en allant plus loin, les fameux ateliers pédagogiques
formés à l'intérieur des commissions scolaires: on sait ce
que cela a donné. Notre crainte est la suivante: est-ce que nous allons
nous retrouver avec tout simplement un bon voeu pieux, c'est-à-dire que
l'on souhaite le désir et la participation de la population, mais que
ceci se limite, soit limité? Elle ne peut pas faire autrement que de
faire des recommandations, vous l'admettez vous-mêmes, mais c'est parce
que je pense que l'on ne donne pas le moyen à la population d'être
capable d'appliquer les recommandations puis après cela lui laisser des
pouvoirs de décision, parce que c'est l'Etat qui contrôle tout et
l'Etat en contrôlant tout, fixe tout par des normes très rigides.
A ce moment-là, tout le monde est pris à l'intérieur d'un
carcan, à l'intérieur de normes dont il n'y a pas
possibilité de s'écarter. C'est notre crainte à l'heure
actuelle de voir dans le bill 65 un étatisation pure et simple de tous
les services de santé et de tous les services sociaux du Québec
et que, de ce fait, la population soit non pas privée des lois à
la santé par rapport à ses limites budgétaires
elles-mêmes, mais soit limitée aux services de santé et aux
services sociaux par les limites budgétaires de l'Etat.
M. DAOUST: M. le Président, encore une fois, si la participation
n'en est pas une dans le vrai sens du mot, on n'atteindra pas les objectifs que
l'on s'est fixés dans le projet de loi.
M. ROY (Beauce): C'est vrai.
M. DAOUST: Ces objectifs-là, selon nous, sont de pousser et
d'accentuer la participation du milieu. Si ce sont seulement des organismes de
consultation, je pense que l'on va leurrer la population dans une large mesure
et qu'on va encore une fois donner un coup qui deviendra peut-être cette
fois-là mortel à tout le phénomène de la
participation ici au Québec.
M. ROY (Beauce): Je suis d'accord avec vous, M. Daoust.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ma question s'adresse à M. Pepin.
Naturellement vous excuserez ma voix dans l'application du bill
65, cela va faire des changements de personnel et il y a beaucoup
d'employés qui vont changer d'employeur aussi. Vous parliez tantôt
de l'article 36 du code du travail. L'article 36 n'est pas suffisant pour
protéger tous les droits acquis et les conventions collectives en cours.
Est-ce votre avis?
M. PEPIN: L'article 36, je l'ai indiqué dans mes remarques
générales, n'est pas suffisant pour régler ce genre de
problème. Les principes qui sous-tendent l'article 36 peuvent cependant
nous servir de guide pour le règlement de ces questions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans le projet de loi vous avez l'article
145, vous l'avez lu n'est-ce pas? On dit: Sous réserve de l'article 36
du code du travail le cas échéant, une convention collective de
travail régissant des membres du personnel d'une institution, autre
qu'une convention collective visée par le chapitre... Et là il
faut insérer l'article de la loi de 1971. Alors comment faudrait-il
amender cet article-là pour dire qu'on protège les gens qui
ont déjà une convention collective en cours et qui vont
changer d'employeur? Parce qu'il va y avoir des droits acquis à
sauvegarder, des conventions collectives à respecter et je suis d'accord
avec vous que l'article 36 ne protège pas tout cela. Alors vous
êtes des spécialistes, c'est une suggestion que je demande:
comment faudrait-il amender?
M. PEPIN: Nous vous suggérons à la page 18 de notre
mémoire lorsque nous disons: Le plan d'intégration doit
prévoir notamment... A la page 17 précédemment nous avons
dit: A cette fin, le projet de loi devrait prévoir que le plan
d'intégration du personnel dans les nouvelles structures fasse l'objet
d'une entente négociée entre les institutions et le gouvernement
et j'ai fait la restriction à M. le ministre, en disant que ce n'est pas
pour négocier la politique de santé que nous demandons cela.
Quand la décision, est arrêtée, on se met à
négocier, on est avisé, les employés pourraient être
avisés à l'avance de ce qui s'en vient, un texte précis
pourrait peut-être le prévoir; on pourrait prévoir dans la
loi aussi qu'il n'y aura pas de mise à pied, de congédiement en
raison de l'application d'un plan nouveau; on peut prévoir les
modalités de transfert que nous avons mises à la page 18 en haut,
et nous avons tenté de régler le cas des bénéfices
sociaux. Maintenant il y a aussi le problème des cadres, je pense que
cela n'est pas réglé encore ici. Est-ce que les cadres sont des
salariés au sens du code présentement? Ils ne le sont pas. Il va
falloir que le législateur décide.
M. le ministre, maintenant que le député a soulevé
la question, est-ce qu'il n'y a pas moyen d'amender l'article 145 pour
prévoir que dans le cas, parce qu'il y a pas mal de syndicats de
cadre... Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'introduire une idée de ce
côté-là?
M. CASTONGUAY: Nous allons examiner de nouveau l'article 145. Il y a eu
un certain nombre de représentations qui ont été faites,
mais il m'apparaît assez dangereux d'autre part de vouloir régler
dans un projet de loi qui touche à l'organisation des services de
santé, des services sociaux, des questions qui relèveraient
normalement, soit de la convention collective, soit de négociations, ou
encore qui appartiendraient davantage à la législation du
travail.
Comme je vous le dis, nous avons voulu, dans ce projet être aussi
concis et brefs que possible sur cette question des conventions collectives.
Nous examinerons l'article 145, mais nous ne croyons pas, de façon
générale, qu'on doive faire de ce bill un bill qui touche
à toute la question de la législation du travail des conventions
collectives. Je ne sais pas si je m'exprime assez clairement.
M. PEPIN: Je pense vous comprendre. Toutefois, si vous me le permettez,
j'attire votre attention; je crois que l'erreur a déjà
été faite dans un autre bill, le projet de loi 75. Tout le monde
était bien content, les législateurs, les parties. On avait
marqué l'article 36, comme vous le faites à 145. Pourquoi ont-ils
fait ça? Parce qu'on ne voulait pas en vertu du même
raisonnement, ça touche le travail intervenir dans une autre
pièce de législation qu'on abordera éventuellement. Dans
l'application, on est arrivé avec une série de problèmes
quasi insolubles.
Prenez le problème des fusions des communautés de
transport, à Montréal en particulier. S'il n'y a pas de
règles dans un texte de loi, comment nous déprendons-nous dans
tout ça? Parce que ça devient très mêlé. Les
juridictions syndicales aussi sont là. Les accréditations que
nous avons, les affiliations différentes que nous avons. Je pense que
tout cela prend au moins un minimum dans la loi pour prévoir tous ces
mécanismes-là. Nous l'avions suggéré dans le cas du
bill 28, et je crois que les députés présents pensaient
que ça valait la peine d'aller plus loin. J'estime que, dans le cas du
bill 65, vous devez aller plus loin que ça. Maintenant, on l'avait
offert aussi pour le bill 28.
Si vous désirez constituer un comité, uniquement pour que
les gens du travail en fassent partie, avec votre ministère, pour qu'on
examine ça, ça ne brime en rien les droits des
députés, c'est tout simplement parce que nous sommes
habitués peut-être plus et davantage sur ces questions. Ce serait
peut-être heureux qu'il y ait un comité des trois centrales avec
les représentants du ministère. S'il y a accord, le ministre fera
rapport en Chambre.
M. CASTONGUAY: Il y a évidemment un problème que j'ai
l'intention de discuter avec les officiers du ministère et nous serons
fort probablement en communication avec vous sous peu à ce sujet.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes d'accord.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous êtes d'accord, M. le ministre,
qu'en amendant l'article 145, ça pourrait éviter bien des
problèmes aux centrales syndicales et au ministre des Affaires
sociales.
Comme M. Pepin le citait tantôt, dans un autre projet de loi,
ça a amené toutes sortes de confusions et de problèmes. Je
pense qu'un amendement favorable à l'article 145 pourrait éviter
bien des problèmes au ministère de même qu'aux
syndicats...
M. CASTONGUAY: Le problème, c'est la portée et le contenu
de l'amendement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il s'agira de l'étudier et de trouver
une formule appropriée pour qu'il colle au projet de loi.
M. LE PRESIDENT: Messieurs les représentants des centrales...
M. CASTONGUAY: J'aurais une seule question. Comme nos bons amis du
Ralliement créditiste et plus particulièrement le
député de Beauce ont fait dire à M. Pepin que le projet de
loi 65 s'intégrait au manifeste de la CSN, j'ai cru comprendre qu'on en
tirait la conclusion que ce projet de loi, si j'en juge toujours par les
commentaires du député de Beauce, menait à la
socialisation intégrale, peu importe ce que ça veut dire.
Je voudrais profiter aussi de l'occasion pour rappeler que le projet de
loi sur lequel un très grand nombre d'organismes sont en accord quant au
principe ils peuvent exprimer des désaccords sur certaines
modalités procède aussi d'une philosophie que je n'ai pas
comparée avec celle du mémoire ou du manifeste de la CSN mais qui
est celle exposée dans le rapport de la commission d'enquête.
Alors, je voulais simplement préciser à ce stade-ci, que
ça peut procéder de deux philosophies différentes tout en
étant conciliables. Il peut y avoir des points de rencontre entre des
philosophies différentes.
M. PEPIN: Vraiment, notre manifeste est dans le sens de certains
rapports de certaines commissions. A moins que j'aie mal compris, le
député m'a demandé si notre mémoire était
dans le sens de nos préoccupations précédentes. Je suis
bien content que le manifeste fasse parler un peu de lui, ça peut faire
réfléchir les gens.
M. CLOUTIER (Montmagny): On pourrait faire une séance
spéciale de toutes les commissions sur le manifeste de la CSN...
M. PEPIN: Avec plaisir.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...afin de voir quels sont les points de
convergence et les points de divergence.
M. PEPIN: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, on va passer...
M. PEPIN: M. le Président, est-ce que vous me permettriez de vous
demander la même chose qu'on a déjà obtenue dans d'autres
commissions? Comme on ne lit pas les mémoires et qu'on en discute,
est-ce qu'il est possible que notre mémoire, celui des trois centrales,
soit en annexe au journal des Débats? (Voir annexe)
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. PEPIN: Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le représentant du Comité de liaison des
hôpitaux de McGill a un mémoire de dix minutes. Il doit s'absenter
à quatre heures pour une question d'urgence.
Est-ce que vous êtes d'accord pour entendre le porte-parole
pendant dix minutes?
DES VOIX: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le Comité de liaison des hôpitaux de
McGill.
Comité de liaison des hôpitaux de
McGill
M. SCRIVENER: Je suis Robert Scrivener, vice-président de
l'hôpital Royal Victoria. Voici mes deux collègues: Le Dr Cronin
de l'université McGill et de l'Hôpital Général de
Montréal et le Dr Barkun de l'hôpital Royal Victoria.
Le mémoire est soumis par les hôpitaux universitaires
d'enseignement de l'université McGill. Les hôpitaux universitaires
d'enseignement de l'université McGill sont le Montreal Children's
Hospital, l'Hôpital Général de Montréal,
l'Hôpital neurologique de Montréal et l'hôpital Royal
Victoria.
Ce mémoire est soumis conjointement par les quatre hôpitaux
suite à l'approbation par les conseils d'administration de chaque
hôpital. Nous limiterons nos commentaires aux aspects de la
législation proposée qui concernent directement les
hôpitaux universitaires d'enseignement. Nous nous abstiendrons de
discuter les autres sections qui nous concernent aussi vu qu'elles ont
été traitées par d'autres mémoires
déjà présentés à la commission tels que ces
représentations faites dans les autres mémoires concernant la
participation des professionnels. Nous appuyons le principe
général de la plus grande participation par les professionnels
médicaux au niveau des structures de prises de décision des
hôpitaux.
Afin d'être bref, je vais passer directement à nos
recommandations, suite à la page 6 de notre mémoire. Nous faisons
les recommandations suivantes afin d'ajouter ou de modifier le projet de loi 65
tel que proposé maintenant.
Première recommandation. Nous recommandons que l'article 1 de la
loi proposée soit amendé pour inclure la définition de
l'hôpital universitaire d'enseignement et que celui-ci soit défini
comme "un centre hospitalier", tel que désigné par le ministre,
en consultation avec l'université concernée qui est intimement
intégrée dans une université et qui, en plus de fournir
les services médicaux, reconnaît l'enseignement des sciences de la
santé et la recherche comme objectifs primordiaux.
Nous recommandons de plus que l'article 41 e) soit ajouté,
mentionnant simplement "Hôpital universitaire d'enseignement".
Deuxième recommandation. Nous recommandons la création
d'un conseil des hôpitaux universitaires d'enseignement. Ce conseil
aurait des représentants de toutes les facultés médicales
et de leurs hôpitaux universitaires d'enseignement et incluant les
représentants des ministères des Affaires sociales et de
l'Education et
du Conseil de la recherche médicale de la province de
Québec.
L'objet de ce conseil serait d'identifier les buts et d'établir
les priorités dans l'enseignement et la recherche médicale et
dans les soins de la santé s'y rapportant et d'aviser le
ministère de la planification, du développement et du financement
des hôpitaux universitaires d'enseignement.
Les fonctions de l'hôpital universitaire de l'enseignement sont
d'une plus grande envergure et dépassent les frontières
régionales. Parmi celles-ci existent les services de santé
ultra-spécialisés, l'entraînement de spécialistes et
la recherche médicale. Il nous semble illogique que les hôpitaux
universitaires d'enseignement des quatre facultés de médecine de
la province soient dirigés par quatre offices régionaux
différents. Nous croyons que la législation proposée
devrait prévoir un conseil consultatif, se rapportant directement au
ministre, et étant responsable pour la réglementation et
supervision de tous les hôpitaux universitaires d'enseignement dans la
province. Un tel conseil inviterait la représentation du
ministère de l'Education qui assisterait à coordonner le
rôle de l'enseignement des hôpitaux universitaires d'enseignement.
Une représentation du Conseil de la recherche médicale du
Québec serait utile aux fins de coordonner et de planifier le
développement des facilités de recherche. Le conseil aurait comme
tâche d'établir les priorités à l'intérieur
du système des soins de la santé ainsi que la planification et la
coordination des activités des hôpitaux universitaires qui ne sont
pas reliés à leur rôle régional.
Troisième recommandation. Nous recommandons fortement que les
hôpitaux universitaires d'enseignement ne soient pas sous la juridiction
de l'office régional des affaires sociales. Nous sommes
sincèrement convaincus que cet office ne ferait que gêner les
opérations des hôpitaux universitaires d'enseignement. La fonction
de ce corps qui est constitué de vingt membres dont cinq seulement ont
quelques rapports avec les hôpitaux ou les universités aurait
comme tâche d'informer le ministre concernant ces rapports de la
santé aux services sociaux. Les questions d'éducation et de
recherche ne seraient aucunement concernées. La seule appartenance que
cet office pourrait avoir pour les hôpitaux universitaires d'enseignement
se situerait dans le champ des soins de la santé donnés à
l'intérieur de la région.
Quatrième recommandation. Nous recommandons que l'article 50 du
projet de loi proposé soit amendé pour prévoir que les
conseils d'administration des hôpitaux universitaires d'enseignement
soient constitués des membres suivants: a) Sept personnes nommées
pour deux ans par le lieutenant-gouverneur en conseil parmi les individus
nommés par les groupes établis de personnes
intéressées au développement et au bon fonctionnement de
l'institution et reconnus par le conseil de l'hôpital comme tels; b) Une
personne nommée pour deux ans par le conseil des hôpitaux
universitaires d'enseignement. (Ces personnes mentionnées aux
paragraphes a) et b) devant remplacer celles mentionnées à
l'article 50 a) et b) du projet de loi); c) Le recteur de l'université
ou son représentant; d) le doyen de la faculté de médecine
ou son représentant ; e) une personne élue par les
étudiants postgradués de l'université suivant des
programmes d'étude approuvés à l'intérieur des
hôpitaux universitaires d'enseignement; f) Les personnes
mentionnées à l'article 50 c), d), e), f ) et g) du projet de
loi.
Nous soumettons que les hôpitaux universitaires d'enseignement ne
nécessitent pas, et en fait ne devraient pas avoir un conseil
d'administration identique à ceux de tous les autres centres
hospitaliers sans égard à leur rôle. Comme chacun de ces
hôpitaux fournira des services de traitements spécialisés
et ultra-spécialisés aux citoyens venant de différentes
régions dispersées de la province, nous ne croyons pas que la
représentation...
M. LE PRESIDENT: M. Scrivener, est-ce que vous pourriez résumer
parce que tous les membres de la commission ont votre mémoire?
M. SCRIVENER: Oui, je vais passer aux recommandations. Je peux passer
directement à la 5e recommandation, à la page 10.
Nous recommandons que les pouvoirs du conseil d'administration du centre
hospitalier soient augmentés. Plus de responsabilités doivent
être remises aux membres du conseil des hôpitaux universitaires
d'enseignement s'ils doivent continuer à attirer des personnes
compétentes. En complément, le projet de loi prévoit la
présentation par l'office d'un plan quinquennal qui pourrait,
conformément à nos recommandations, être également
présenté par le conseil. Avec ces mesures de
sécurité, le gouvernement peut se fier aux citoyens choisis pour
servir au conseil pour exécuter les pouvoirs de l'article 45 sans avoir
à se référer au ministre pour l'autorisation.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: Je voudrais remercier les représentants du
comité des hôpitaux d'enseignement de l'université McGill
c'est un mémoire dont j'ai eu l'occasion de prendre connaissance
avant la séance et puis assurer les représentants que nous
allons l'étudier de
façon bien attentive au moment de réviser le projet de
loi.
Simplement, je me reporte, encore une fois, à certains
commentaires que j'ai faits ce matin, ou à d'autres occasions, sur des
questions analogues, commentaires que je ne voudrais pas répéter
pour le moment, étant donné qu'ils sont consignés, d'une
part, dans le journal des Débats et aussi que les membres de la
commission ont eu l'occasion de les entendre.
M. CLOUTIER: Alors, M. le Président, c'est la même
observation que je voulais faire. A l'occasion de la présentation du
mémoire de l'Association des médecins de langue française,
ce matin, et antérieurement, nous avions touché bien des points
soulevés par le mémoire. Les questions que nous avions
posées, les commentaires que nous avions faits et les réponses du
ministre s'appliquent également à votre mémoire.
M. BOIS: M. le Président, un grand merci pour votre
mémoire et pour les considérations que vous apportez. Quant
à nous, nous en prendrons très bonne note.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est un peu dans le même ordre
d'idées. J'avais pris connaissance du mémoire et je peux dire
qu'il y a quelques recommandations sur lesquelles nous devons porter
l'attention des membres de la commission, parce qu'il y en a qui, à mon
avis, doivent être étudiées, ça en vaut la
peine.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un seul autre commentaire, M. le
Président.
Si nous sommes plus sensibles à vos recommandations nos 1 et 2,
au numéro 3 vous suggérez que l'hôpital universitaire
où se fait l'enseignement et la recherche ne soit pas sous la
juridiction de l'office régional des affaires sociales.
J'aurais des réserves à ce que, évidemment, une
institution aussi importante ne fasse pas partie de l'organisation de l'ORAS,
parce que c'est un office régional. L'hôpital universitaire, de
toute façon, s'insère dans une région, même si sa
vocation déborde la région. Vous l'avez démontré
dans votre mémoire.
Il y aurait d'autres mécanismes par exemple, comme une
représentation peut-être un peu différente au sein du
conseil d'administration, une représentation universitaire plus
explicite à certains niveaux; certains autres mécanismes, comme
un conseil de coordination pour les institutions de type universitaire, cela
pourrait contrebalancer.
D'autre part, je pense que ce ne serait pas une bonne chose que les
institutions de type universitaire ne fassent pas partie du réseau. A ce
moment-là, il y aurait peut-être des désavantages d'autre
nature que ceux que vous voulez éviter. C'est la seule
réserve.
M. SCRIVENER : Il est bien certain que nous avons deux chapeaux dans
cette situation. Le Dr Barkun va vous dire quelques mots.
M. BARKUN: M. le Président, nous sommes très sensibles aux
sentiments exprimés par M. le député et justement, on a
longtemps cherché des modalités pour exprimer le voeu que les
rôles d'enseignement et de recherche soient coordonnés,
planifiés d'une certaine façon, chose que l'on voyait
difficilement au niveau de notre office régional, n'est-ce pas?
Mais c'est plutôt la question de principe que l'on voulait
énoncer en ce qui concernait les deux rôles exprès des
centres universitaires d'enseignement.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, je vous remercie.
M. SCRIVENER: Merci.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à quatre
heures ou quatre heures et quart, après la période des
questions.
(Suspension de la séance à 12 h 47)
Reprise de la séance à 16 h 15
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
J'invite le Conseil d'administration de l'hôpital Douglas.
Conseil d'administration de l'hôpital
Douglas
M. BIRKS: M. le Président, je m'appelle Birks, je suis
président de l'hôpital Douglas. En premier lieu, j'aimerais vous
présenter M. Douglas qui est vice-président, Mme Taylor, membre
du conseil d'administration et le Dr Harnois, directeur
général.
Nous sommes heureux de l'occasion qui nous est donnée de
présenter nos vues et nos recommandations à propos du bill 65.
Nous espérons que peut-être nos idées pourront vous aider.
Tout d'abord, je voudrais dire que notre administration est d'accord sur la
philosophie de base exposée par le ministère des Affaires
sociales, à l'effet que tous les gens doivent recevoir localement les
meilleurs services médicaux possible. Je regrette que mon
français ne soit pas assez bon pour dire toutes les choses que
j'aimerais dire. Je vais demander à Mme Taylor de présenter notre
mémoire. Ce n'est pas qu'elle parle mieux le français mais elle
est beaucoup plus "calée" pour en parler. Notre présentation
prendra exactement dix minutes et après nous serons heureux de
répondre aux questions. Merci, Mme Taylor.
MME TAYLOR: J'espère que cela ne va prendre que dix minutes.
M. le Président, M. le ministre, mesdames, messieurs, une
nouvelle législation qui affecte le système de santé et
les services sociaux de la province de Québec tout entière, avec
sa population de plus de 6 millions d'habitants, ne peut être
rédigée pour la première lecture sans nécessiter
quelques changements et modifications. Nous sommes heureux de pouvoir à
ce stade-ci présenter nos vues et nos recommandations.
L'une des plus grandes difficultés de la mise à
exécution d'une législation porteuse d'implications aussi
considérables que le projet de loi 65, sera de réussir à
le faire efficacement, tout en le rendant acceptable à l'ensemble de la
population et en causant à cette dernière le minimum
d'inconvénients.
Nous recommandons que soient modifiés les pouvoirs
conférés aux offices régionaux des affaires sociales, afin
de les rendre plus flexibles et, conséquemment, d'en faire des outils de
travail plus faciles à manier au début de la mise en application.
Quand tout le programme sera en route, il sera relativement facile d'apporter
les changements qui paraîtront alors nécessaires ou
souhaitables.
Comme nous le disions, un programme aussi vaste que celui défini
par le projet de loi nécessitera non seulement la coopération de
toutes les personnes qui touchent présentement aux services de
santé de la province, mais aussi une coordination des nouveaux offices
et agents gouvernementaux.
Nous recommandons que le programme global soit planifié par
étapes, afin qu'il puisse être effectivement intégré
au système actuel avec le minimum d'inconvénients pour la
population. A titre d'exemple, nous croyons qu'il faudra plusieurs mois avant
de pouvoir recruter des bureaux de direction efficaces tant pour les ORAS que
pour les centres hospitaliers. Il nous semble donc important que certains
membres des conseils d'administration actuels puissent demeurer au poste
pendant la phase de développement.
Quant aux fonctions des offices régionaux des affaires sociales
contenues dans l'article 4, l'énoncé présent laisse
entrevoir que le ministre des Affaires sociales a l'intention de
déléguer son autorité, pour le fonctionnement du programme
global, aux ORAS. Nous sommes d'opinion que, selon les termes du présent
énoncé, les ORAS jouiront d'un pouvoir trop grand. Il est
difficile de concevoir comment une institution pourra obtenir un conseil
d'administration constitué de citoyens et de citoyennes
dévoués à la cause publique si ceux-ci n'ont aucun pouvoir
d'agir et peu d'occasions de manifester leur initiative et leur sens du
progrès. Un conseil d'administration formé de personnes
démunies du pouvoir d'agir se révélera moins utile que
l'élimination totale des conseils dans les hôpitaux. Administrer
semblerait la raison d'être logique d'un conseil d'administration, Il
sera difficile de recruter des administrateurs compétents si on ne leur
donne rien à administrer et qu'on leur retire tout pouvoir.
Nous recommandons que les fonctions des ORAS soient diminuées
dans le but d'encourager l'initiative, la participation active et le support de
chaque conseil d'administration d'hôpital. L'appendice B contient des
recommandations plus spécifiques à cet égard.
Sur la structure des conseils d'administration des hôpitaux. Les
ingrédients vitaux d'un conseil d'administration efficace sont des
membres dévoués au bien public, capables de diriger, et assez
motivés pour trouver le temps qu'il leur faut nécessairement
consacrer à l'institution et aux patients, et donc au public.
L'expérience et le sens du progrès sont importants afin de
faire éclore de nouvelles connaissances, d'améliorer les
méthodes et ainsi d'encourager en tout temps le personnel dans
l'accomplissement de son travail, dont l'importance est si vitale, plutôt
que de favoriser une attitude stagnante.
Ce que nous désirons surtout souligner est qu'à ce stade
une loi devrait encourager et non restreindre la création des meilleurs
conseils d'administration d'hôpitaux, afin de bien servir toutes les
populations locales.
Nous recommandons que l'organisation des
conseils d'administration, telle que recommandée dans le projet
de loi 65, est bonne en théorie, mais qu'en pratique, elle serait
beaucoup plus efficace si on la rendait plus flexible.
Premièrement, il est recommandé que les lieux de
résidence des sept membres du conseil d'administration, article 50 a),
devraient refléter les lieux de provenance des patients de
l'hôpital plutôt que la zone avoisinante. Par exemple, parmi les
3,825 patients intensément traités par le Douglas â compter
du 31 juillet 1971, seulement un sixième logent en zone "A", zone
avoisinante qui comprend les municipalités de la ville de LaSalle, de
Verdun, Pointe-Saint-Charles, Côte-Saint-Luc, Ville Emard, dont
l'hôpital Douglas est responsable, un total de 235,000 âmes. Les
deux tiers habitent le Montréal métropolitain et un
sixième demeurent en d'autres lieux de la province.
Deuxièmement, nous recommandons de plus que le nombre de
personnes siégeant au conseil d'administration soit porté
à 14 afin de mieux servir les besoins de la collectivité. Il est
souvent difficile de réunir tous ensemble les membres ayant des
activités extérieures; ils sont malades, sont en vacances, en
voyage, etc. Face à cet état de choses, ces 14 personnes seraient
nommées en sus des sept membres auxquels se réfèrent les
sous-sections b), c), d), e), f), et g) de l'article 50. Il est
également recommandé qu'aucune assemblée du conseil
d'administration ne soit considérée valide, â moins qu'il
n'y ait un quorum de six membres représentant la collectivité et
de quatre membres élus, selon les sous-sections b) à g) de
l'article 50 ci-haut mentionné.
Service, enseignement et recherche. De nos jours, on s'accorde
généralement à reconnaître que ces trois facteurs
sont inséparables dans le cadre d'un bon hôpital. Sans
enseignement, il ne peut y avoir de continuité de services et sans
recherche, il ne peut y avoir de progrès. Mais les dirigeants des
services de santé ne réalisent pas toujours que l'un de ces trois
facteurs, la recherche, ne peut être uniquement gouverné par des
principes administratifs.
La vraie recherche est une entreprise créatrice et le chercheur
créateur, un peu comme un artiste, doit rester libre et ne pas
être soumis à de sévères règlements
généraux, afin de demeurer productif.
Le choix de la voie dans laquelle il oriente sa recherche ne peut
être fait par un comité ou un conseil de personnes qui, si bien
intentionnées soient-elles, ne sont pas des chercheurs. Elles essayent
de déterminer, à l'aide de bon sens et d'un mécanisme des
procédures parlementaires, quel problème est le plus pressant du
point de vue du bien public, et devrait donc être attaqué par le
chercheur.
L'hôpital Douglas, au cours des deux dernières
décennies, s'est gagné une enviable réputation pour la
qualité de son enseignement et de sa recherche. Ceci est largement
attribuable au fait que la direction de l'hôpital a accordé une
grande liberté à tous ceux qui faisaient de la recherche en son
nom. Non seulement ont-ils été laissés libres de choisir
leurs objectifs et leurs méthodes de recherche, mais leur
indépendance a été également sauvegardée au
chapitre financier de leur travail.
Le résultat de leurs efforts s'est traduit, pour le service de
recherche de notre hôpital, par une reconnaissance internationale et, au
cours des derniers dix ans, par des dons de près de $800,000 venant de
l'extérieur de la province.
Il y a tout lieu de croire que le ministère des Affaires sociales
désire encourager la répétition de réussites aussi
remarquables.
Nous recommandons dans le projet de loi 65 que les articles 133 a) et
133 g) impliquent des restrictions qui, si appliquées, restreindraient
et, voire, élimineraient cette recherche. Il est donc recommandé
que ces deux sections soient remaniées de façon à
encourager, et non à restreindre, la recherche créatrice.
Dotations aux hôpitaux. Dans le courant des cent dernières
années, de généreux individus ont donné de l'argent
sous forme de dotations à divers hôpitaux de toute la province,
afin de les aider à offrir de meilleurs services médicaux.
Il y a encore nombre de Québécois qui aimeraient se
prévaloir du privilège d'appuyer des hôpitaux pourvoyant
aux besoins médicaux de leurs régions.
Afin de clarifier les procédures actuelles à
l'égard des dotations présentement en existence, il est
recommandé que des changements mineurs soient apportés à
l'article 120 d) et à l'article 137. L'appendice c) contient des
recommandations spécifiques.
En conclusion, l'hôpital Douglas, avec 1,400 lits et un personnel
qualifié de 950 membres, regarde l'avenir avec intérêt.
Notre position est en quelque sorte unique du fait de notre indéniable
responsabilité envers les patients mentaux non francophones de la
province présentement sous nos soins. Nous devons continuer de pourvoir
à leurs besoins jusqu'à ce que d'autres possibilités leur
soient offertes. Toutefois, nous sommes en train de nous organiser de
façon à offrir nos services à notre localité, zone
A, en anglais et en français. Des plans ont été
dressés pour convertir la résidence actuelle de nos
infirmières en un centre psychiatrique communautaire qui offrira des
services dans les deux langues à la population avoisinante, soit
à plus de 235,000 personnes.
L'hôpital Douglas est fier de ses états de services
passés et désire les améliorer encore dans l'avenir. Nous
nous permettons, dans l'appendice A, de vous apporter quelques données
sur l'hôpital et nous espérons que vous trouverez le temps d'en
prendre connaissance.
Nous apprécions la présente occasion de vous faire
connaître nos vues et nos recommandations, et nous voulons vous assurer,
M. le ministre, que notre soutien et notre collaboration pleine et
entière vous sont acquis.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier les
représentants de l'hôpital Douglas pour le mémoire qu'ils
nous soumettent. Je crois que la lecture du résumé que vient d'en
faire Mme Taylor démontre clairement que c'est un mémoire qui
veut être positif et les recommandations qui nous sont faites portent sur
des points très précis.
Sur chacun des points, il s'agit de questions qui ont déjà
été discutées ici comme la continuité entre les
conseils d'administration actuels et les nouveaux conseils d'administration qui
seront créés dans l'avenir. Je crois qu'il s'agit là d'un
aspect important. On nous suggère aussi une nouvelle répartition
des pouvoirs entre les offices régionaux et les centres hospitaliers,
c'est-à-dire plus de pouvoirs vers les centres hospitaliers; les modes
d'élection des conseils d'administration, certaines précisions,
lorsqu'on touche au quorum; il me semble que c'est une question qui peut
être réglée par le conseil d'administration
lui-même.
Il n'y a peut-être pas lieu d'en faire l'objet d'un article d'un
projet de loi.
En ce qui a trait à l'enseignement et à la recherche, il y
a peut-être un commentaire, étant donné qu'aujourd'hui, il
semble, par la nature des organismes qui nous ont présenté des
mémoires par leurs préoccupations que l'on voit certains dangers
que la recherche soit paralysée ou ne puisse pas s'effectuer d'une
façon aussi dynamique, suite à l'application du projet de loi
65.
Je voudrais faire remarquer ici, justement, que nous avons
été très prudents en ce qui a trait à
l'enseignement et à la recherche, pour faire en sorte que ce soient des
activités qui s'effectuent à l'intérieur d'un
hôpital en ce qui a trait à l'enseignement tout au moins, et aussi
à la recherche dans une très large mesure, en vertu d'ententes
entre les universités, les centres d'enseignement ou les institutions,
et que ce soient plutôt les modalités de ces ententes qui
déterminent le fonctionnement des activités de recherche et
d'enseignement.
Comme je l'ai mentionné ce matin également, nous avons
aussi, dans certains cas, engagé le dialogue avec certaines institutions
dans le but de faire en sorte que les activités de recherche soient
clairement identifiées et dissociées, tout au moins au plan de
l'organisation du financement, des modes de fonctionnement, des autres
activités. Nous avons, dans un ou deux endroits, suggéré
et cette suggestion semble avoir été bien reçue
la création d'une corporation distincte pour ces
activités.
De toute façon, nous sommes bien conscients du problème,
mais nous n'avons pas voulu l'aborder par la voie d'articles bien
spécifiques, sauf aux seuls endroits où cela nous apparaissait
nécessaire, pour ne pas créer des structures qui pourraient ne
pas être appropriées à ce type d'activités.
Je ne dis pas que nous n'apporterons pas nécessairement certaines
modifications, mais je vous donne tout au moins l'esprit qui a primé
lorsque le projet de loi a été préparé.
Je n'ai pas de questions spécifiques à adresser aux
représentants de l'hôpital Douglas; le mémoire est clair et
les recommandations sont très précises. Nous allons
l'étudier, et je voudrais profiter de l'occasion pour remercier les
représentants à la fois pour leur mémoire et aussi
souligner, comme il est fait dans le mémoire, la valeur ou la
qualité des services rendus par cet hôpital. Merci.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je veux faire un court
commentaire. D'abord, il est intéressant de noter que l'hôpital
Douglas ait cru bon de venir déposer, à titre d'institution,
d'établissement, un mémoire à la commission qui
étudie le projet de loi no 65.
Il est vrai que ses recommandations ont déjà
été touchées par d'autres organismes. C'est
évident, surtout rendus à l'étape où nous sommes
dans l'audition des mémoires, mais cela n'infirme en rien la justesse de
ses observations ou de ses recommandations.
Les recommandations 1, 2 et 3, particulièrement, ont fait l'objet
de discussions à maintes reprises devant la commission et vous
connaissez maintenant, je pense bien, notre position là-dessus, la
nécessité de procéder par étapes, la
flexibilité que nous devons introduire surtout dans ces structures
nouvelles que sont les organismes régionaux des affaires sociales et les
différentes compositions des conseils d'administration.
Plusieurs points de vue ont été exprimés devant la
commission. Il s'agira de faire une pondération de tous ces points de
vue qui, à maints égards, sont convergents. Il y a moins de
divergences dans tous ces points de vue exprimés que l'on pourrait le
penser à première vue. Je pense que, si une étude
exhaustive en était faite, nous nous rejoindrions sur bien des
points.
Vous avez touché également la question des fonds qui vous
proviennent de l'extérieur et même de l'extérieur de la
province, non seulement chez vous, à votre institution, mais aussi
à d'autres institutions pour fins de recherches, pour fins de dotation.
Il en a été question antérieurement. Vous avez
peut-être assisté aux séances ou vous avez peut-être
lu dans le journal des Débats que nous avions déjà
discuté cette question des dotations, particulièrement lors de
l'audition du mémoire de l'Association des hôpitaux du
Québec.
Il en sera question aussi pour d'autres organismes, mais de toute
façon, je pense que le ministre nous a dit, à ce
moment-là, qu'il est sensibilisé à cette question, que ce
n'était pas l'intention du législateur d'empêcher la
conti-
nuation de cet apport important, même si en chiffres cela
représente peut-être une faible partie de tous les fonds qui sont
attribués au secteur des affaires sociales.
Mais il reste tout de même que ce sont des montants qui sont
importants encore plus peut-être par la signification, par le travail que
cela permet d'accomplir et probablement qui ne serait pas possible d'accomplir
autrement parce que les fonds publics ne peuvent pas accorder autant
d'attention à ces secteurs que les fonds en provenance du secteur
privé.
D'autre part, je lis dans votre mémoire avec beaucoup
d'intérêt que vous avez amorcé le processus de
planification qui vous permettra de répondre davantage aux besoins de la
population dans votre milieu à partir d'une institution, il y a presque
100 ans, qui était très spécialisée et avec une
clientèle très spécialisée. Je pense que maintenant
avec les moyens dont vous disposez, avec l'expérience que vous avez,
avec le personnel que vous avez et qui est fort bien entraîné, la
situation géographique qui est la vôtre, vous êtes en mesure
de rendre dans votre territoire des services signalés à toute la
communauté. Cela m'amène à vous poser une question. Etant
donné que vous donniez des services surtout à une population,
c'est-à-dire à une clientèle qui est de toute race et de
toute religion mais surtout non francophone, étant donné que vous
avez dans votre institution des équipes de différentes
spécialités, des psychiatres, c'est normal, des psychologues, des
travailleurs sociaux, et d'autres, est-ce que cela vous amène des
complications particulières quant à la dispensation des soins et
de la communication à l'intérieur de votre institution?
MME TAYLOR: Je préférerais que ce soit le Dr Harnois qui
est peut-être plus proche de cette question...
M. HARNOIS: Oui, en fait, jusqu'à maintenant, nous donnions des
soins surtout à la population anglophone. Depuis que la décision
a été prise de donner des soins à la population du secteur
A qui est à 55 p.c. francophone, nous avons commencé à
recruter du personnel qui parle français. Evidemment, cela pose certains
problèmes puisque c"est du personnel spécialisé, il n'y en
a pas tellement sur le marché du travail. Mais je dois dire que la
réponse est assez satisfaisante jusqu'à maintenant. Nous avons
espoir de pouvoir mettre ces équipes multidisciplinaires sur pied, qui
devraient en principe être bilingues et être capables de donner des
services dans les deux langues où se trouvait anciennement la
résidence des infirmières. Un des problèmes qui s'est
posé, auquel on est assez sensible, c'est l'effet que pourra avoir ce
nouveau service-là sur les autres services existants de l'hôpital.
Nous avons amorcé une étude des implications au point de vue de
la langue et avons même communiqué avec l'Office de la langue
française à Québec pour lui demander des suggestions au
niveau de l'entraînement du personnel qui pourrait ne pas parler le
français de sorte que l'intégration puisse se faire le plus
facilement possible entre ces deux groupes-là à
l'intérieur de l'hôpital.
M. CASTONGUAY: Je vous invite à communiquer avec le Dr Boulay
aussi pour être assuré que vous avez la bonne terminologie.
M. HARNOIS: Nous en avons pris note.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'autre part, tous les organismes qui sont
venus devant la commission, notamment la communauté juive, nous ont
mentionné cet aspect particulier, savoir le souci de préserver le
caractère culturel dans la communication avec les différents
groupes. Ils ont des services qu'ils rendent à leur communauté.
Chez vous, dans votre maison, étant donné que vous rendez des
services à une population qui est de toute race et de toute croyance,
est-ce que vous avez constaté que, véritablement, en ce qui
concerne les services sociaux en particulier et les services médicaux
qui se rendent à la personne, on doit réellement se
préoccuper de cet aspect de conserver le caractère culturel dans
les communications?
M. HARNOIS: Je crois qu'il faut certainement en tenir compte, surtout en
psychiatrie, si on considère que la langue est l'outil de travail du
psychiatre et de l'équipe psychiatrique. Donc, je pense qu'il serait
illusoire de vouloir prétendre donner des soins à un malade qui
ne parlerait pas l'anglais par une équipe anglophone et vice versa. Nous
nous servons de la langue comme instrument de traitement. Cela pose des
problèmes et nous pensons que le défi peut se relever, et je sais
que d'autres institutions traditionnellement anglophones à
Montréal y songent et essaient de répondre aux besoins
grandissants de la population qui s'adresse à eux, et la plupart du
temps, cela doit être fait dans les deux langues.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez des foyers
affiliés?
M. HARNOIS: Absolument, nous avons environ trois cents malades dans des
foyers affiliés qui sont, soit dans le secteur A, soit sur la rive sud,
et la clientèle de ces foyers-là est de 25 p.c francophone et 75
p.c. anglophone. Nos équipes qui les visitent peuvent le faire dans la
langue des patients.
M. CLOUTIER (Montmagny): Combien prévoyez-vous de temps dans
votre échéancier, d'ici à ce que votre hôpital soit
en mesure, à partir de la planification que vous faites, du recrutement
du personnel, avant de pouvoir rendre des services à toute la
communauté qu'elle soit francophone ou anglophone?
M. HARNOIS: Le plan a été soumis aux autorités du
ministère; il a été accepté et c'est un plan en
trois phases, échelonné sur trois années. La
première phase ayant été approuvée pour 1971, avec
vingt et un lits qui remplacent, à toutes fins pratiques, le
département de psychiatrie de l'hôpital général de
Verdun qui a fermé ses portes en avril cette année, et pour toute
une foule de raisons, il a été jugé
préférable, on nous a demandé s'il n'était pas
possible que l'hôpital Douglas prenne la relève et le conseil
d'administration a accepté ce défi-là; le ministère
a accepté le plan qui prévoit environ 125 lits pour la population
globale francophone et anglophone du secteur A de l'île de
Montréal qui a 235,000 habitants.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. BOIS: M. le Président, je n'ai pas de commentaires, sinon
celui d'offrir mes félicitations à ceux qui ont
présenté le mémoire qui est très bien
préparé, qui donne certainement des indications précises
à M. le ministre...
M. GUAY: En plus M. le Président, que le mémoire a
été présenté en anglais et en français. On
vous remercie. J'aime bien le passage qui traite de la recherche. Je pense que
c'est assez juste ce que vous mentionnez, que la vraie recherche est une
entreprise créatrice. Je pense que ce serait se tromper que de limiter
des chercheurs à des cadres bien précis qui, faute de
l'initiative qui leur serait laissée, se limiteraient à chercher
bien souvent en surface. Il y a même des gens qui ont mentionné,
à la suite de questions, à la commission parlementaire, que non
seulement la recherche serait affectée, mais que tout le progrès
dans le domaine médical serait freiné. Est-ce que vous pourriez
confirmer ou infirmer ce...
M. HARNOIS: Ecoutez, en général, pour les chercheurs, on
peut procéder de deux façons; on peut leur demander, tout comme
d'ailleurs le sous-ministre l'a fait lorsqu'il s'est adressé aux
représentants de l'université McGill il y a deux semaines, que,
peut-être, il y aurait avantage à ce qu'ils se préoccupent
un peu plus de l'aspect social de la recherche. Je pense que les gens ont
écouté avec beaucoup d'attention les propos du Dr Brunet et on
peut demander à un chercheur de s'appliquer ou d'essayer de faire
enquête sur un problème bien défini; ou, d'un autre
côté, souvent, nous avons, par exemple, chez-nous, des chercheurs
en psychopharmacologie à qui, à cause de leur expérience,
de leurs lectures, de leurs recherches, il vient des idées, et ils
décident que ce serait peut-être intéressant, au point de
vue scientifique, de se lancer dans une direction plutôt qu'une autre et
ils soumettent un projet de recherche qui est étudié par un
comité et qui est alors approuvé. A ce moment-là, nous
allons de l'avant avec ce projet. H y aurait à peu près deux
façons de procéder. Mais, s'il fallait qu'il y ait trop de
dirigisme dans la façon dont on approuve les projets de recherche, je
pense que ça deviendrait beaucoup plus difficile.
M. GUAY: Evidemment, on a toujours dit et on le dit encore
qu'administrer c'est prévoir. Je pense bien que prévoir c'est
chercher.
Est-ce que je pourrais poser une question au ministre? Comment
voulez-vous que des administrateurs prenons les conseils
d'administration des ORAS puissent prévoir si le gouvernement
et uniquement le gouvernement dispose des budgets mis à
leur disposition? Je vois mal un conseil d'administration qui voudrait se
lancer dans la recherche et qui pourrait le faire assez facilement, si les
budgets ne lui permettent pas?
M. CASTONGUAY; Présentement, il y a beaucoup d'activités
de recherche dans les hôpitaux québécois. Je ne sais
combien de millions sont dépensés tous les ans. Cela se fait
principalement par la voie de subventions qui viennent de diverses sources et
particulièrement par la loi du budget du ministère. Pour
l'attribution de ces subventions, nous avons formé trois comités
qui sont composés de chercheurs de façon générale
et qui ont des liens avec le ministère. Nous avons demandé
à ces comités, soit le comité de la recherche
médicale ou les autres comités, qu'ils établissent des
orientations générales qui soient, selon eux, conciliables,
conformes aux grandes politiques que nous avons énoncées
ce qu'ils ont fait et les subventions sont octroyées sur la
recommandation de ces trois comités. Les décisions ne sont pas
prises par le ministère.
Ce système crée certaines difficultés, de l'avis
des chercheurs. Il met bien souvent l'accent sur des projets individuels. Il
met aussi l'accent sur des projets limités dans le temps alors que, bien
souvent, il y aurait pour certains types de recherche avantage à ce
qu'il y ait plutôt des sources de financement, comme vous le mentionnez,
qui s'adressent plutôt à une équipe et que cette
équipe puisse fonctionner avec plus de permanence et s'attaquer à
divers projets. Ce problème est connu, mais encore une fois, il
ne s'agit pas d'identifier le problème les solutions ne sont pas
toujours faciles non plus. Le Conseil canadien de la recherche médicale
en est conscient, le Conseil des arts du Canada également, et le
comité Lamontagne sur la politique ou la recherche scientifique y a fait
allusion. Nous avons discuté cette question avec les chercheurs, lors
d'un récent colloque à la maison Montmorency et bientôt,
dans le cadre de la politique scientifique que nous sommes en train
d'élaborer, de mettre en application, nous allons sans doute introduire
des mécanismes qui feront en sorte qu'il puisse y avoir des
équipes de recherche qui soient assurées d'une plus grande
permanence quant au mode de financement ou quant aux moyens qu'ils ont de
subsister. Il s'agit de concilier la liberté du chercheur avec
des mécanismes de financement plus permanents.
M. GUAY: M. le Président, en plus de permettre la recherche, je
pense qu'un chercheur est toujours motivé, d'abord, par le désir
de découvrir. Si nous regardons un peu à travers les âges,
les grandes découvertes ont toujours été faites à
la suite d'initiatives personnelles. Je me demande si le projet de loi 65
laisse une porte assez ouverte â l'initiative de ces personnes-là,
des vrais chercheurs.
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai mentionné, le projet de loi 65
n'apporte pas de dispositions touchant la recherche. Le système ou les
modalités en vertu desquels les chercheurs fonctionnent
présentement et tout le mécanisme de subvention etc. ne sont
touchés d'aucune façon par le projet de loi 65.
M. GUAY: Est-ce que ça voudrait dire qu'il n'y aura pas de
budgets tout à fait spéciaux consentis à la recherche? Il
faut dire que le progrès est le fruit de la recherche.
M. CASTONGUAY: Il n'y a rien qui touche au financement des services
comme tels, les budgets pour le fonctionnement des hôpitaux, ça
vient par la voie de l'assurance-hospitalisation, l'approbation des
crédits du ministère en Chambre. Pour la recherche, comme je l'ai
mentionné, nous avons dans nos budgets des subventions, je viens de vous
mentionner de quelle façon cet argent est distribué par la voie
de recommandations de comités. Ce n'est pas fait par le
ministère. Le projet de loi ne change pas en lui-même et par ses
dispositions le mécanisme de financement actuel.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. LESSARD: Oui, M. le Président.
Dans le mémoire soumis par le capitaine Douglas, on parle, en
particulier à la page 2 de ce mémoire, des pouvoirs trop vastes
et trop grands de l'Office régional des affaires sociales, en
particulier en ce qui concerne la réglementation de l'activité
des institutions ou des centres hospitaliers. On serait d'avis
particulièrement qu'il appartiendrait au conseil d'administration
d'avoir la responsabilité des règlements qui régissent le
fonctionnement d'un hôpital. Est-ce que le fait qu'on laisse à
chacun des hôpitaux l'initiative en ce qui concerne les règlements
des hôpitaux n'amène pas une mauvaise coordination?
MME TAYLOR: C'est-à-dire qu'on porte dans nos recommandations les
remarques suivantes: nous sommes prêts à accepter que les centres
hospitaliers soient surveillés, mais non réglementés. Nous
aimerions nous réglementer nous-mêmes mais sûrement
être coordonnés et surveillés par les bureaux
régionaux.
M. LESSARD: Est-ce que, dans l'esprit de la loi, il appartient à
l'office régional des affaires sociales de faire les règlements
des centres hospitaliers?
M. CASTONGUAY: Il y a deux types de règlements. Il y a deux ou
trois questions, si vous me permettez d'élaborer brièvement?
M. LESSARD: Oui.
M. CASTONGUAY: Comme le dit Mme Taylor, il y a d'abord à
déterminer la fonction d'une institution ou d'un hôpital.
Qu'est-ce que c'est? C'est très important, il doit y avoir entente entre
le ministère et les institutions à ce sujet. Dans bien des cas,
ça ne créera pas de problème. Dans certains cas, il n'y a
pas entente parfaite entre le ministère et les institutions sur les
responsabilités qu'elles doivent assumer. C'est une première
chose. Là, on se place justement au plan de l'allocation des ressources,
c'est-à-dire s'assurer que les services répondent aux
besoins.
Une seconde chose importe. Certains types de règlements
généraux peuvent toucher au fonctionnement ou â
l'utilisation des fonds. Par exemple, la façon de demander les
soumissions, si on fait des achats, passer des contrats, etc. Pour cela, je
crois qu'encore, soit l'ORAS ou le ministère doit avoir l'initiative de
faire les règlements, quitte à consulter les associations
représentant les institutions. Encore que ce soit à l'inverse
â ce moment-là, que cela soit approuvé, soit par l'ORAS ou
le gouvernement, de telle sorte que nous, nous assurions, comme gouvernement,
par un mécanisme ou par un autre, que les règles qui s'appliquent
de façon générale quant â la façon de
dépenser des deniers publics soit respectée.
Après ça, il y a les règlements de régie
interne. A mon sens, ces règlements doivent être
préparés par l'institution, quitte à ce qu'ils soient
déposés ou approuvés par la suite, ou tout simplement
ratifiés. Mais ce sont des règlements qui doivent être
rédigés et approuvés par le conseil d'administration.
Enfin, toute approbation au-delà ne servirait, à mon sens, que
pour assurer qu'ils sont vraiment conformes aux dispositions de la loi. Mais
ils ne devraient pas être changés d'autorité ou d'office
par une instance supérieure. Ce sont des règlements qui
relèvent à tout premier titre de l'institution.
Ceci m'apparaît normal, étant donné que ce sont eux
qui transposent en pratique les politiques, les moyens, les décisions
prises par le conseil d'administration pour que ces décisions, ces
politiques soient transmises ou transposées dans l'activité
quotidienne d'une administration. Ils permettent, comme vous le mention-
niez plus tôt, au conseil d'administration d'assurer que c'est
vraiment lui qui administre l'institution dont il a la responsabilité.
Ce sont les grandes distinctions que nous avons voulu faire dans le projet de
loi et qui nous apparaissent être assez importantes.
Maintenant, il y aura certainement certaines précisions et
clarifications apportées sur ce plan dans les dispositions du projet de
loi avant qu'il soit représenté pour approbation.
M. LESSARD: Certaines précisions concernant les types de
règlements qui doivent être de l'autorité de l'ORAS et des
types de règlements qui sont plutôt des règlements de
régie interne sous la responsabilité du centre hospitalier. Si je
comprends bien, il ne s'agit pas pour le ministère d'entrer dans
l'administration interne de l'hôpital. Il s'agit pour le ministère
par exemple, de faire en sorte que, par la planification régionale ou la
planification au niveau de l'ensemble du Québec qui relève bien
souvent de règlements généraux qui doivent s'appliquer
à l'ensemble du Québec, ces règlements s'appliquent au
niveau des centres hospitaliers.
M. LE PRESIDENT: Alors, madame, messieurs, je vous remercie.
MME TAYLOR: Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: J'invite maintenant les porte-parole d'un groupe de
salariés de Québec.
Groupe de salariés du Québec
M. ROLLAND: Je voudrais demander d'abord si tout le monde a eu une copie
du mémoire. Je crois qu'il en reste quelques-unes.
MME HUOT: Pendant qu'on se bat, moi-même et peut-être
plusieurs ici, contre une espèce de sommeil qui nous envahit, des gens
dans un coin du Québec sont en train de travailler. Ils nous ont
envoyé un télégramme.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous pourriez donner votre nom et celui de
votre compagnon pour la transcription.
MME HUOT: Mon nom est Camille Huot et voici M. Marc Rolland. Je disais
donc que ces gens sont en train, par des initiatives personnelles, de se
regrouper pour obtenir du gouvernement fédéral des fonds pour les
initiatives locales. Ils nous disent: Lâchez pas, on est là, un
petit peu loin. On a beaucoup de pain sur la planche. Ils signent "L'Equipe du
pain sur la planche et le personnel". On peut faire remarquer avant de
commencer, que ce matin, M. Castonguay notait que tous les mémoires
n'allaient pas en contradiction sur le fond mais seulement au niveau de la
forme et des modalités sans parler de la linguistique. Il faudrait noter
que le présent mémoire s'attaque au fond.
M. ROLLAND: On veut vous dire tout de suite, comme on n'a pas de temps
à perdre, on ne vient pas ici pour jouer votre jeu de politesse. On
vient ici pour vous dire que le bill 65 ne passera pas! Parce que votre bill 65
(celui d'une couple de fonctionnaires), contre tout bon sens de la vie
s'intéresse plus à des choses (votre bureaucratie, votre
technologie de la médecine et du service social, les petits pouvoirs de
toutes ces petites corporations) il s'intéresse bien plus à
toutes ces choses qu'aux gens d'en bas qui vivent. Parce que votre bill 65,
(celui d'une couple de fonctionnaires), contre toute raison cherche à
réformer vos institutions qui ne sont pas réformables. Vos boites
de santé et de service social pourrissent par en dedans depuis
longtemps. Cela répond de moins en moins aux vrais besoins des
Québécois. C'est de plus en plus loin du vrai monde. Cela se
détruit par eux-mêmes en provoquant les gens à rester ou
à devenir passifs, indifférents, à "dropper", à
demander ou à consommer des services plutôt que de s'en rendre
entre eux.
Votre bill 65 (celui de vos fonctionnaires), contre toute
liberté, toute spontanéité, veut programmer dans des
espèces de boîtes de popcorn les besoins des
Québécois. Il veut mettre en cage nos déserteurs, ceux des
Québécois (vos professionnels) déjà poignés
dans vos institutions, donc coupés de nous autres, déjà
programmés, mécanisés, impersonnels,
dépérissants au point de penser plus à leur avancement,
leur salaire, leur plan de carrière qu'aux besoins auxquels ils ne
peuvent plus répondre.
Votre bill 65, (toujours celui de vos fonctionnaires) contre la vie, la
participation que nous réinventons c'est un "gadget", une
bébelle, votre instrument à vous étiquetés
libéraux, unionistes, péquistes, créditistes ou
fonctionnaires gauchistes, qui pourrait vous servir à "Nous
Récupérer".
Vous ne trouvez personne parce que c'est vous autres nos
déserteurs. En bas, on est bien, parce que quand un de nous autres est
dans le besoin, on est là et on donne un coup de main gratis, sans
ressentir le besoin de mettre sur pied des institutions pour répondre
à leurs besoins. On n'a même plus besoin de se faire organiser en
corvée et en guignolée par les curés. Parce que votre bill
65, (celui de vos fonctionnaires) on l'a lu et c'est du chinois.
Pourtant on est bien habitué à saisir le sens caché
des discours pleins de bon sens de nos "chums paquetés" à la
taverne, ou de nos adolescents bourrés de pot et de hachich. Vos
boîtes, (ORAS, le CSC, CH, CA, CLSC) ça voudrait-il dire que
ça servirait à nous voler nos "chums" et nos adolescents pour les
mettre dans vos boîtes pour leur enlever leur bon sens! On est prêt
à garder nos "chums" et nos adolescents, notre monde. Bien pire, on est
prêt à se battre pour pas les perdre, pour leur éviter que
vous les fourriez en prison dans vos boîtes de popcorn! C'est-y assez
clair? Parce que pour nous autres, l'injustice sociale ça serait
ça.
Parce que votre projet de loi 65, c'est le projet de loi de vos
fonctionnaires, on n'en veut pas. Parce qu'on s'est assez soumis avant, parce
qu'on a assez subi avant. Parce qu'on a arrêté d'être
dépendant et lâche. Surtout parce qu'on a commencé à
se libérer, à poser des gestes concrets, à prendre nos
responsabilités une "gang" de monde ensemble. Et même, on trouve
ça le "fun" même si c'est dur des fois.
MME HUOT: Finalement, on le dit: Dialoguer, c'est se faire fourrer. Et,
à cause de ça, on a appris à se ramasser ensemble, en
groupe. On a appris à garder notre porte ouverte, à être
même en groupe disponible aux autres qui embarquent avec nous autres
parce qu'on les respecte. On a appris à s'organiser, à changer
pas mal d'affaires dans le logement, éplucher les propriétaires;
dans le bien-être et chez les assistés sociaux; dans la
santé, chez des médecins, dans les pharmacies, dans les cliniques
populaires. On a changé pas mal d'affaires dans l'éducation avec
des parents et des enseignants. Et on a changé pas mal d'affaires en
consommation avec les histoires de Steinberg et Dominion et les compagnies de
finances. On a changé pas mal d'affaires dans les droits sociaux et
ça c'est dans la mentalité de bien du monde maintenant.
On a appris à s'entraider autrement que par des quêtes, des
guignolés et des corvées et par la charité, à
s'entraider pour améliorer nos ruelles, nos taudis, nos parcs;
même les lumières sur le coin des rues de nos milieux. Et pour
économiser et mieux vivre ensemble, pour arrêter qu'on nous
exploite, on a invité des comptoirs alimentaires, des
coopératives pour notre nourriture, des coopératives pour le
travail, des cliniques populaires, des services communautaires. Et c'est nous
qui nous rendons des services.
On est aussi capable de se mobiliser, de contester, de défendre
des invididus ou des groupes de monde qui sont maltraités, pas
respectés, matraqués par vos organisations et vos institutions.
On a appris à se battre, à se défendre, à changer
nos vies, nos milieux, nos mentalités et on a appris à gagner. On
a fini d'être perdant. On a même réussi à
démasquer votre système, à faire ressortir son hypocrisie,
ses contradictions, son inutilité, à la déculotter pour
voir et sentir son cul merdeux.
On a aussi réussi non seulement à arrêter les
capitalistes de fourrer le monde mais surtout à le fourrer à
notre tour. Cela fait juste commencer. Vous n'êtes même pas
capables d'oser ça et de réussir. Vous aimez mieux continuer
à vous faire tripoter parce qu'ils vous servent.
On a tout fait ça la plupart du temps sans piastres, des fois
avec des piastres, les nôtres. C'est-y assez fort? Les preuves sont
faites, c'est ça: Québec sait faire, Québec c'est nous,
c'est le mouvement, c'est la base.
On est même capable de s'organiser pour se divertir en pratiquant
les petits jeux favoris des élections. On a trouvé ça bien
le "fun". On a toujours gagné à réaliser nos objectifs
dans ces jeux. Mais, vous savez, on a de moins en moins le temps à
perdre à s'amuser avec vos guidi! guidi! ah! ah! On a même
réussi à faire ce que jamais les politiciens et les partis
politiques réussiront. Et ça, c'est d'intéresser du monde
à ses affaires, le respecter ce monde-là, lui laisser prendre
confiance en soi, en ses ressources, en même temps le forcer à
demeurer actif, intéressé, productif et non pas le forcer
à être confiant et vrai.
On a réussi à apprendre à travailler avec notre
monde, hier, aujourd'hui et pour longtemps sur ce qui les poigne aux tripes!
c'est une vraie vie communautaire, c'est l'autogestion de nos affaires.
"Stoppez" de nous prendre pour des caves ou des enfants et de vous pencher sur
nos besoins. Il y a un nouveau jour qui s'est levé, et il va durer
longtemps. Le soleil brille à cette heure pour nous autres!
M.ROLLAND: Gardez votre tristesse, vos gestes bien planifiés, vos
personnalités mécanisées et, si vous y tenez tellement aux
boites de popcorn de votre bill, fourrez tout ça dedans et enterrez-la,
cette tristesse. Sans ça on va finir par s'en charger!
Ce qu'on veut, en fait, c'est bien simple: Redonnez-nous les piastres
que vous nous volez par les impôts. Des CLSC, on va s'en charger avec
sérieux mais avec notre monde. Cela ne s'appellera même pas CLSC,
on a plus d'esprit d'invention que ça.
Les restes de votre système ORAS, CSS, CH on y
verra en temps et lieu, à notre façon, si ça en vaut
vraiment la peine.
Ah! on allait oublier. Notre monde est toujours ouvert. On est visible
et on a la confiance de bien du monde parce qu'on le respecte, on ne le fourre
pas et on s'aime entre nous autres.
MME HUOT: On vous invite à débarquer de vos bateaux et
à venir nous rejoindre pour vivre. Mais il faut aussi vous dire,
messieurs du gouvernement, que d'habitude, nous autres, on s'appelle pas
monsieur et que les honneurs, on s'en "crisse". Venez donc nous rejoindre, on
s'en va là.
M. CASTONGUAY: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je vais inviter maintenant le porte-parole...
M. CASTONGUAY: M. le Président, je sais qu'il y a des gens de la
presse qui sont là, je le fais de toute façon, je trouve
malheureux que des gens viennent nous prêcher la démocratie,
viennent nous accuser de bien des choses et n'ont pas, après que nous
les avons entendus, jugé bon de rester quelques minutes pour voir si
quelqu'un parmi nous aurait pu avoir quelque commentaire à faire.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres membres du comité qui
ont d'autres commentaires à faire?
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ma part, je n'avais pas l'intention de
questionner longuement le groupe qui vient de nous visiter. Je pense que cela
se passe de commentaires comme le suggère un de mes collègues et
je ne crois pas que nous puissions poursuivre sur ce ton un dialogue
très positif et pendant longtemps. Mon opinion est faite.
M. BOIS: M. le Président, un mot simplement, c'est très
simple. Je regrette beaucoup le choix des mots qui ont servi à faire
l'exposé. Cependant, j'ai remarqué qu'il y a certaines
idées qui ont été exprimées tout haut sur ce que
d'autres pensent tout bas.
M. LESSARD: M. le Président, c'est une réaction que l'on
ne connaît pas souvent à l'intérieur de cette commission,
mais c'est quand même une réaction dont il faut tenir compte, qui
existe au niveau de la population. Au début, on nous a dit, par exemple,
qu'on s'attaquait au fond et je cherche encore à quelle place on s'est
attaqué à l'intérieur du projet de loi 65. C'est bien de
dire que de tout ça on s'en crisse, si vous voulez, ou qu'on s'en
maudit, mais il faut quand même essayer de dire comment on peut
améliorer la situation.
M. LE PRESIDENT: J'invite maintenant les porte-parole du comité
de l'hôpital Saint-Henri.
M. LE PRESIDENT: Alors, si vous voulez vous identifier.
Comité de l'hôpital Saint-Henri
MME LEGRIS: Je suis Mme Marguerite Legris du Comité de citoyens
de l'hôpital Saint-Henri. Je vous présente MM. Aimé Dion et
Georges Lemire du comité de l'hôpital.
Avant de commencer, M. le Président, je voudrais vous demander si
tous ceux qui sont présents ont eu un mémoire du comité de
l'hôpital?
M. LE PRESIDENT: Je crois que tous les membres ont eu le mémoire,
oui.
MME LEGRIS: M. le ministre, MM. les commissaires, MM. les
députés, nous voulons d'abord vous remercier de bien vouloir
prendre quelques instants pour entendre la lecture de notre mémoire en
rapport avec le bill 65. Nous ne ferons pas d'exposé concernant
l'hôpital Saint-Henri, non pas que nous abandonnions la lutte, mais il
s'agit ici de traiter d'un autre aspect connexe important, concernant le
domaine de la santé, à savoir la réorganisation des
services de santé et des services sociaux.
Nous devons vous féliciter pour cette entreprise qui comprend des
heures, des jours et des années de dur labeur, qui aura pour effet de
mieux desservir la population et de lui donner des services meilleurs auxquels
elle a droit. Cependant, nous doutons de la réussite de cette
réorganisation, si vous ne faites pas d'amendements au bill 65, tel que
préconisé. Nous sommes contre l'institution privée (avec
but lucratif). Elle n'a plus aucun rôle à jouer dans la
distribution des services. Il ne faut plus se servir de la santé du
public pour faire de l'argent.
M. le ministre, après des années de consultation avec des
ministres de la Santé, des députés, des technocrates de
tous les partis politiques, nous, le Comité de l'hôpital
Saint-Henri, sommes encore à nous demander ce que nous apporteront de
nouveau toutes ces structures dictatoriales du bill 65. Ne croyez-vous pas que
tout pourrait mieux fonctionner s'il y avait la participation du citoyen
à la base, ce qui n'a jamais été fait. Quand nous parlons
de citoyens, nous avons en tête les citoyens et leurs comités
directement engagés dans les actions militantes, soit dans le domaine de
la santé ou dans tout autre domaine concernant la population.
M. le ministre, vous parlez d'hommes nouveaux dans le rapport
Castonguay-Nepveu. Il nous semble que ce serait la plus belle occasion de
tenter l'expérience. Ce serait, pour la première fois, faire
preuve d'une vraie démocratie au Québec, et nous croyons que ce
serait la meilleure façon de réussir. Le bill 65 est en
contradiction flagrante avec vos déclarations antérieures. Vous
avez toujours prôné la participation du citoyen. Vous avez
visité plusieurs villes du Québec, vous avez rencontré
plusieurs comités de citoyens, vous avez étudié plusieurs
mémoires dont un de notre comité et, aujourd'hui, en lisant le
bill 65, nous constatons que le pouvoir sera encore entièrement entre
les mains de prétendus groupes socio-économiques. Je dois vous
dire ici qu'il y a une erreur dans notre mémoire: il est écrit
"sociologues, économistes". Si vous voulez le signaler; nous voulons
dire "les groupes socio-économiques." Merci.
Nous parlons en connaissance de cause, puisque nous avons eu l'occasion
de les rencontrer à plusieurs reprises. Ce n'étaient que des
promesses, des peut-être, ou bien ceci: Nous allons étudier la
situation. Toujours des paroles et jamais rien de concret. Vraiment, M. le
ministre, nous sommes à nous demander si ce ne sont pas les structures
de nos gouvernements qu'il faudrait changer avant de changer les structures des
services de santé. C'est en lisant le bill 65 que, voyant
apparaître de nouveau toute cette gamme de groupes
socio-économiques, nous nous posons la question.
J'aimerais, M. le Président, si vous me permettez, donner un
exemple significatif de ce que le ministère entend par groupes
socio-économiques. Est-ce que vous me le permettez? C'est à part
le mémoire.
Noms des administrateurs du complexe communautaire de santé
Saint-Henri. Noms, adresses, occupations.
Marc Bourgie, rue Lacombe à Côte-des-Nei-
ges. Occupation: président de quarante salons
funéraires.
M. Jean-Marie Chabot, rue Queen à Saint-Lambert, fournisseur en
gros pour les bateaux.
M. J-R. Brouillette, rue Briand à Côte-Saint-Paul,
commerçant de meubles.
M. Réjean Larocque, rue de l'Eglise à
Côte-Saint-Paul, industriel.
M. Georges Loyer, parc Cartier à Saint-Henri, estimateur en
assurances commerciales.
M. Marcel Nantel, 7e Avenue, Ville de LaSalle, médecin.
M. André Limoges, Notre-Dame-de-Grâce, notaire.
M. Jacques Mercier, Sainte-Agathe et Floride; journal La Voix
Populaire.
M. Charles Rolland, Mont-Rolland, Industrie Charles-Rolland ;
M. Jean-Maurice Proulx, rue Desmarchais, à Ville-Emard,
notaire.
M. Dollard Mathieu, Notre-Dame-de-Grâce, industriel, Victory
Tool.
M. Roger Poirier, Verdun, médecin.
M. Gérard Hamel, 40e Avenue à LaSalle, industriel,
nettoyeur.
M. Roméo Benoit, retiré, à LaSalle,
président de la Dominion Bridge, président de l'hôpital
Champlain.
M.Jean Larouche, rue Moreau Brossard, président, gérant
des Caisses Populaires de Sainte-Clothilde.
M. Marcel Lafaille, chemin de la Reine-Marie, président, Rolland
Lafaille & Morin courtiers d'assurances agréés.
Cette liste de noms a été publiée dans la Voix
Populaire, le 2 juin 1971, pour la nouvelle administration du complexe
Saint-Henri. Lors d'une assemblée tenue à l'agence des services
familiaux le 25 octobre dernier, votre sous-ministre, M. Aubert Ouellet, donna
une conférence d'information sur le bill 65. Les citoyens, à
cette occasion, ont formulé une revendication que nous redisons ici:
"Monsieur le ministre, vous préconisez la participation des citoyens aux
affaires sociales, nous sommes d'accord avec vous et nous la voulons, cette
participation, mais si vous voulez que les citoyens de Saint-Henri croient dans
la participation que vous présentez, révoquez d'abord cette
corporation et formez-en une élue par les citoyens de Saint-Henri." Je
continue le mémoire.
Tout de même, M. le ministre, nous constatons une petite
amélioration dans la participation dans le CLSC mais pour nous, ce n'est
pas suffisant. Si les citoyens n'étaient pas majoritaires au niveau de
l'ORAS il vaudrait mieux substituer cet organisme administratif et
bureaucratique qui ne fera qu'accroître les charges sans
efficacité valable.
Nous envisageons la participation à 60 p.c. de citoyens dans tous
les centres d'administration. Nous ne demandons pas l'impossible, nous
demandons seulement une place dans la société, ce qui nous semble
normal. Le Comité de citoyens pour l'hôpital Saint-Henri a
déjà fait preuve de compétence et du sens des
responsabilités dans le passé, puisque nous avons fait
épargner la somme de $12 millions au gouvernement antérieur en
refusant la construction d'un hôpital dans une zone industrielle, ce qui
aurait été néfaste pour la population de notre quartier.
Nous pourrions vous donner d'autres exemples qui ne sont pas moindres.
M. le ministre, après toutes ces critiques qui ne sont pas faites
avec méchanceté mais avec conviction, nous aimerions vous faire
part de la façon dont on verrait la nouvelle organisation des services
de santé et des services sociaux. Dans l'ORAS, nous verrions un
directeur-général, un membre de chacun des centres hospitaliers,
un membre de chacun des centres d'accueil de la région, un membre de
chacun des centres de service social de la région, un membre du
comité médical de la région, un membre du comité du
personnel de la région et quinze citoyens élus parmi les CLSC
c'est-à-dire centre local des services communautaires. Quant à
l'administration des institutions...
M. LE PRESIDENT: Un instant, je pense que le ministre...
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez une remarque, je crois que l'on peut
vous épargner la lecture de ces deux pages, étant donné
que ce que vous recommandez, en définitive, c'est que les membres soient
élus en majorité au sein des conseils avec une certaine
représentation provenant d'autres institutions.
Je ne veux pas vous interrompre mais je pense qu'on peut
économiser un peu de temps en épargnant la lecture de tout
ceci.
MME LEGRIS: Je pourrais peut-être, M. le ministre, si vous le
permettez, lire l'annexe 4 de la page 10 seulement, qui me semble très
intéressante.
Vos objectifs pour le centre d'accueil sont acceptables pourvu qu'ils
répondent toujours aux besoins locaux. Les personnes qui seront
pensionnaires dans ces centres auront besoin d'une protection spéciale.
Nous pensons aux désastres pouvant résulter de la
négligence des administrateurs de ces institutions. Merci.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier les
représentants du Comité de citoyens pour l'hôpital
Saint-Henri. Lorsqu'ils nous disent, au terme de leur mémoire, qu'ils le
présentent sans méchanceté et avec conviction, je suis
bien conscient de cela, j'ai eu l'occasion de rencontrer certaines personnes
dans votre milieu.
Maintenant, avant de commenter le mémoire, je voudrais simplement
faire une remarque en ce qui a trait aux membres de la corporation que vous
venez d'énumérer. Dans le passé, c'est un fait malheureux,
je pense, tous ceux qui prônent une participation ont constaté
cette
situation trop souvent, pour diverses raisons, les gens n'ont pas pris
suffisamment leurs responsabilités ou encore n'ont pas vu suffisamment
à l'organisation des services dont ils ont besoin, avec le
résultat que des gens qui bien souvent n'étaient pas du milieu ou
des communautés religieuses ont vu à l'établissement de
ces services. Et ici, dans les noms des personnes que vous
énumérez, on retrouve un grand nombre de personnes qui, à
ma connaissance, étaient dans le conseil d'administration du foyer et ce
foyer qui va être remplacé par le nouveau complexe, il faut, dans
une certaine mesure, lui assurer une continuité au plan légal. Il
y a des actifs, il y a des propriétés etc., et nous avions donc
cette exigence dans un certain sens de poursuivre au plan légal.
Nous n'avons aussi présentement aucun pouvoir de modifier la
composition des membres d'une corporation d'autorité, à moins de
la dissoudre. Là, encore une fois, si nous voulons faire les choses
selon toutes les formes, dissoudre une corporation, c'est une entreprise qui
prend un certain temps. Nous avions donc ces exigences d'une part et, en
contrepartie, la nécessité de procéder assez rapidement;
alors, nous avons opté pour une solution qui n'est peut-être pas
satisfaisante, j'en conviens, qui a été celle d'assurer une
certaine continuité pour ne pas perdre plus de temps que
nécessaire, surtout lorsqu'il s'agit de la phase de construction. Je
suis d'accord avec vous, lorsque vous nous lisez la liste des membres du
conseil existant, que ce n'est pas satisfaisant et je ne veux pas mettre en
cause un individu ou un autre dans ceci, ce n'est pas mon idée, mais
c'est précisément pour que ce type de situation soit
éliminé et que, à l'avenir, on ait des conseils
d'administration qui soient plus représentatifs d'un milieu, qu'ils
puissent se renouveler, qu'ils soient mieux équilibrés, que nous
proposons ce projet de loi. L'exemple que vous donnez en fait est un exemple
parfait du type de situation que nous voulons changer.
Donc, à partir de ce point, et si vous n'êtes pas d'accord
sur ce que je viens de dire, vous pourrez commenter, c'est de la façon
que je vois toute cette question. A partir de ce point, vous nous dites: Les
groupes socio-économiques, la consultation de ces groupes pour la
nomination des membres des conseils d'administration, centres hospitaliers,
centres d'accueil etc, nous n'avons pas confiance, nous aimons mieux un autre
mécanisme.
Je dois vous dire que ce sont des reproches ou des critiques faits par
d'autres organismes que le vôtre pour des motifs à peu près
analogues à ceux que vous invoquez ici. C'est une question qui va
retenir notre attention au moment où à la fin de l'audience. Nous
apporterons des modifications avant de soumettre ce projet de loi à
l'Assemblée nationale.
Je voudrais faire un dernier commentaire. Quelquefois on ne
réalise pas que les mécanismes de participation nouveaux existent
alors même qu'ils fonctionnent. C'est celui de la commission
parlementaire. Il y a quelques années, je crois bien que si vous aviez
voulu exprimer des critiques à l'endroit d'un projet de loi comme
celui-ci, vous n'auriez pas eu beaucoup de possibilité de vous faire
entendre. Aujourd'hui, il y a un mécanisme de participation assez
privilégié qui est celui de la commissions parlementaire
où vous nous faites connaf-tre vos vues directement. Il y a un certain
nombre de membres de l'Assemblée nationale, représentant le
gouvernement et les partis d'Opposition qui vous écoutent. C'est
peut-être une des formes les plus directes et les plus valables de
participation.
Je veux dire en terminant que ce que nous faisons ou ce qui est fait
dans la participation, est loin d'être parfait. Il s'agit de bâtir
de meilleurs mécanismes à plusieurs niveaux, à plusieurs
endroits. Il y a beaucoup d'expérimentation qui s'impose. Personne n'a
de réponses parfaites, on n'a qu'à en juger par toutes les
représentations qui nous sont faites. Si j'ai fait ce commentaire un peu
long, c'est justement parce que vous nous disiez à la fin que vous nous
présentiez ce mémoire sans méchanceté. Il
m'apparaissait assez important d'y répondre, non pas au plan du
principe, mais sur un plan assez concret. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Saint-Henri.
M. SHANKS: J'aimerais, pour les membres de la commission, apporter
quelques précisions. Le ministre est au courant que personnellement j'ai
demandé que l'on change la corporation. Effectivement nous aurons une
représentation plus équilibrée, une meilleure
représentation montrant un éventail beaucoup plus vaste.
Cependant, je voudrais, ici, attirer l'attention des membres. J'ai pris
note de tous les noms que Mme Legris a bien voulu me donner et
évidemment je les relève tous, les uns après les
autres.
Je prends Marc Bourgie, président d'une association dont le
bureau-chef est dans Saint-Henri. Jean-Marie Chabot, le bureau-chef de son
organisation est dans Saint-Henri. J.-R. Brouillette, marchand de meubles dans
le comté de Saint-Henri et résidant du comté.
Réjean La-rocque, qui a une industrie dans le comté de
Saint-Henri et résidant du comté. Georges Loyer très connu
dans le comté, ancien président de l'Ouest commercial et
professionnel et résidant du comté. Marcel Nantel, médecin
à Saint-Henri. André Limoges, notaire dans le comté de
Saint-Henri. Jean-Jacques Mercier, propriétaire du journal de
Saint-Henri, La Voix Populaire qui permet à nos comités de
citoyens de parler librement et de faire valoir leur point de vue sur
l'hôpital. Ce journal les a aidés beaucoup et, je suis sûr
qu'ils apprécient énormément ce que La Voix Populaire fait
pour eux. Charles Rolland, à peu près le plus vieux
citoyen de Saint-Henri, propriétaire d'une compagnie d'assurances
et demeurant également dans Saint-Henri. Jean-Maurice Proulx, notaire
dans le comté de Saint-Henri et demeurant dans le comté. Dollard
Mathieu, industriel du comté de Saint-Henri, Roger Poirier,
médecin, de Saint-Henri. Jean Larouche, gérant de caisse
populaire de Sainte-Clothilde, dans Saint-Henri. Il reste Marcel Lafaille qui
ne fait plus partie de la corporation et Roméo Benoît.
C'étaient des gens qui faisaient partie du comité du Foyer de
Saint-Henri et ils en assurent la continuité. Je ne voudrais pas qu'on
pense que ces gens ne pensaient tout de même pas au bien et à
l'intérêt de la population de Saint-Henri. C'est tout ce que
j'avais à dire pour l'information de la commission. Maintenant, je
profite de l'occasion pour remercier le comité de l'hôpital.
Personnellement, il m'a été d'un grand secours. Il m'a
aidé énormément à obtenir ce que nous voulons tous.
Quant à Mme Legris, personnellement, je dois la remercier. C'est une des
femmes qui a fait le plus. Je ne dirai pas une des femmes mais un des membres
qui a fait le plus et, par les membres, j'embrasse la femme et j'embrasse Mme
Legris.
Je dois la remercier parce qu'elle travaille énormément
d'une façon très sincère et vous pouvez être
persuadé, M. le ministre, que lorsque Mme Legris est en tête d'un
mouvement, elle y donne tout son coeur, toute son âme et toute sa
sincérité. Je voulais tout simplement expliquer ce point de vue
devant la commission. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny, avez-vous des
commentaires?
M. DION : Je veux faire un commentaire sur ce que vient de
présenter M. Shanks, il sera très bref. Vous avez donné la
liste des membres, la corporation. Je vous poserais cette question tout
simplement: Sur une population ouvrière comme celle de Saint-Henri,
combien d'ouvriers avez-vous dans cette liste?
M. SHANKS: Vous avez remarqué ce que le ministre a dit
tantôt, c'est l'ancienne corporation du Foyer, et vous me disiez, il y a
quelques années, combien d'ouvriers de Saint-Henri étaient actifs
dans les associations du comté? Nommez-les moi. J'ai été
président de 59 associations dans votre comté, je n'en ai jamais
vu aucun. Parce que c'est seulement depuis le réveil des comités
de citoyens que réellement on peut dire que vous prenez une part active,
et je vous défie de me dire le contraire.
M. DION: Je vous dis tout simplement que justement, au moment où
M. le ministre préconise et propose un bill sur la participation des
citoyens, ce qui a été dit à l'assemblée devant le
sous-ministre adjoint, M. Aubert Ouellet, est tout simplement que la population
est horriblement déçue du fait que M. le ministre ait
entériné cette corporation alors qu'il y avait vraiment des
comités de citoyens nombreux à Saint-Henri, des gens qui ont
milité, d'ailleurs vous le reconnaissez et vous le dites,
peut-être beaucoup plus capables et beaucoup plus
intéressés au bien de la population.
Alors que les gens qui sont là le font peut-être
honnêtement, d'une façon très honorable, je n'en doute
certainement pas, mais il faut tout de même reconnaître qu'ils sont
là, beaucoup plus pour soutirer l'argent du peuple par leurs industries,
par leurs commerces ou par leur situation, leur position professionnelle ou
autres que pour servir la population. Je pense que cela est réel.
M. SHANKS: Je dois insister sur une chose... Je ne voudrais pas en faire
un débat public, d'ailleurs je suis habitué à ce genre de
débat avec mes chers concitoyens, et j'en ai bien du plaisir d'ailleurs.
Je dois dire ceci: Le ministre a bien précisé, il a
entériné, mais n'oubliez pas que le Foyer Saint-Henri
possédait un actif de $800,000, actif qu'il fallait
récupérer, et le moyen de récupérer cet actif
était de garder ce contrôle, ce groupe, l'association qui
enfermait la corporation actuelle, quitte à y ajouter d'autres membres.
C'est ce que nous allons faire d'ailleurs. Il y a déjà un projet,
les noms sont déjà donnés, M. le ministre a certainement
ça dans son bureau.
M. DION: Ce n'est peut-être pas secret professionnel, mais je
pense que tout se fait en coulisse et c'est ça que les gens ne veulent
plus, la coulisse. Nous voulons les noms nous aussi.
M. SHANKS: Vous voulez les nommer comment?
M. DION: Non, je peux vous en nommer quelques-uns...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député a des
commentaires?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je veux dire d'abord
aux gens de Saint-Henri que j'ai eu l'occasion de les rencontrer à
plusieurs reprises et, malgré que nous n'étions pas toujours de
la même opinion, j'ai gardé un excellent souvenir. Je veux leur
dire que cet après-midi, même s'ils ont le fond du mémoire,
le contenu du mémoire, qu'il est ferme. Vous avez des positions qui sont
assez fermes à l'endroit du projet de loi 65, dans des termes
très acceptables, des termes dans lesquels la communication
s'établit beaucoup plus facilement. D'ailleurs, c'est votre habitude,
dans les multiples rencontres que j'ai eues avec les gens de Saint-Henri, les
différents comités. Je pense bien que c'est la même chose
pour le ministre actuel. Vous avez toujours eu comme première
préoccupation le bien de la population et de trouver les meilleures
solutions aux problèmes de votre population.
Il est évident que, vivant dans le contexte dans lequel vous
vivez, parce que le milieu de Saint-Henri est bien particulier pour tous les
problèmes difficiles que l'on affronte dans une grande
agglomération comme celle de Montréal, vous devez
évidemment être vigilants et vous devez faire des
représentations peut-être un peu plus fermes et un peu plus
directes si vous voulez que ça débouche sur une action
concrète. De toute façon, vous avez assisté depuis le
matin, et peut-être antérieurement aussi, à la
déposition de certains mémoires.
Vous constatez que le législateur que ce soit la partie
gouvernementale ou que ce soient des groupes d'opposition essaie de
trouver dans la rédaction de ce projet de loi ce n'est pas facile
la meilleure formulation qui va tout de même essayer de traduire
en pratique et de concrétiser tous ces grands principes. C'est bien beau
je fais allusion à l'organisme qui est venu devant nous
tantôt de refuser globalement la société, et de
refuser complètement même de discuter de ce qui existe
actuellement. Je pense qu'il est préférable, comme vous le
faites, de discuter à partir de ce qui existe et de tenter de
l'améliorer, d'entrer d'abord à l'intérieur de ces
mécanismes qui existent, de ces institutions qui existent et de tenter,
en respectant certaines contraintes, en respectant aussi l'opinion des autres,
de trouver ou de proposer des améliorations qui ne sont pas
nécessairement uniformes, qui ne sont pas nécessairement
marquées d'uniformité dans tout le Québec. Dans un projet
de loi comme ça, on tente d'introduire assez de souplesse pour que cela
réponde véritablement aux besoins d'une région, d'un
milieu ou d'un quartier comme le vôtre, où les problèmes
ont peut-être un caractère d'acuité ou un caractère
d'urgence qu'ils ne revêtent pas ailleurs. C'est pour ça que,
quand vous parlez de participation chez vous, à Saint-Henri, on comprend
tout le véritable sens que comporte le mot "participation".
Jusqu'à preuve du contraire, je n'ai jamais eu l'impression que votre
désir de participation voulait être un désir de tout
débâtir et voulait être un désir de ne pas apporter
une collaboration franche et loyale. De la façon que vous voyez les
problèmes, cependant, vous apportez une collaboration à ceux qui
ont à prendre des décisions.
C'est pour ça que, même si nous divergeons, si nous avons
déjà divergé d'opinion sur certaines solutions ou
certaines modalités, il reste que sur les objectifs que nous
poursuivons, nous sommes parfaitement d'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Je tiens à remercier le Comité de l'hôpital
de Saint-Henri. J'aurais quelques questions à vous poser. A la page 3 de
votre mémoire, au premier paragraphe complet, vous mentionnez que vous
avez fait économiser une somme de $12 millions au gouvernement
anté- rieur. Pour avoir économisé une somme de $12
millions, est-ce qu'il y a eu une raison spécifique? Vous parlez par
exemple de l'installation d'un hôpital dans une zone industrielle.
Qu'est-ce que cela aurait pu changer si les conditions avaient
été bonnes?
MME LEGRIS: Monsieur, si vous ne savez pas de quoi les $12 millions
retournent, vous ne deviez pas demeurer dans la province de Québec dans
le temps, parce que cela a été assez discuté. Le
gouvernement précédent nous avait promis sans critiquer
les partis politiques, je dis franchement ce que je pense deux
hôpitaux, un à ville Emard et un à Saint-Henri. Ils
devaient lui coûter $12 millions. Donc, nous n'avons pas accepté
l'hôpital qu'il préconisait à ville Emard pour des raisons
que l'on indique ici, puisque c'était une zone industrielle; le
deuxième hôpital, nous n'y avons jamais cru, parce que cela est
arrivé trop cru quinze jours avant les élections. Nous avons
conclu que c'était une affaire de politique et que c'était une
affaire pour avoir le pouvoir et des votes. Alors, nous n'y avons pas cru.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne voudrais pas soulever un
débat...
M. BOIS: Je m'excuse auprès du député de Montmagny
d'avoir posé cette question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis bien à l'aise...
MME LEGRIS: Je regrette, M. Cloutier, si j'ai dit ça, mais je ne
peux pas...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... pour en parler, Mme Legris, on a eu
l'occasion d'en discuter assez longuement. J'ai eu l'occasion de rencontrer les
différents groupements de Saint-Henri à plusieurs reprises. Je
n'ai pas l'intention de faire tout un historique très
élaboré de la question. Au début, il était question
d'un hôpital pour Saint-Henri. On en parle depuis... Comme vous dites,
pour ceux qui résident dans le Québec, ils ont toujours entendu
parlé de l'hôpital Saint-Henri.
Nous étions d'accord, tous les gouvernements ont
été d'accord pour construire un hôpital à
Saint-Henri. La question de l'emplacement de l'hôpital a toujours
été un problème dont on a entendu parlé depuis
aussi longtemps qu'on a parlé de l'hôpital.
M. SHANKS: Il y a maintenant unanimité sur l'emplacement.
MME LEGRIS: C'est réglé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis satisfait d'entendre la réponse
du député de Saint-Henri. S'il a trouvé la pierre
philosophale ou l'endroit idéal pour construire un hôpital,
tant
mieux! Mais il reste que je ne voudrais pas engager un débat sur
le chiffre de $12 millions. Ces projets devaient comporter en gros
des lits pour le traitement des malades aigus: traitement aigu,
traitement actif. Il y avait aussi d'autres malades, d'autres clientèles
que devaient desservir ces centres. Notamment, nous devions régler par
ces constructions le problème des malades chroniques et aussi des
sections d'hébergement pour ce qu'on appelle dans le jargon du
ministère les S-3, ceux qui ont besoin de soins médicaux. Ce
devaient d'abord être deux projets identiques. J'avais même
mentionné en dernier en 1970 que nous pouvions
également tenir compte d'un autre aspect: c'est qu'un des projets devait
être administré par une corporation de type traditionnel, comme
celle dont vous avez parlé il y a un instant, et l'autre corporation
complètement sous contrôle des citoyens de Saint-Henri. Ce
devaient être deux projets identiques qui auraient empêché
aussi de construire, de rénover d'autres hôpitaux majeurs. Il
aurait fallu nécessairement couper ailleurs aussi dans d'autres projets
pour pouvoir comme à la ville de LaSalle ou le comté du
député Séquin... Evidemment, il fallait couper en quelque
part... Pardon?
M. SEGUIN: On est capable d'attendre.
M. CLOUTIER (Montmagny): En fait, ce devait être cela. Quant au
chiffre de $12 millions, cela aurait supposé à ce
moment-là un montant trop exagéré pour arriver à
$12 millions. Le budget du ministère n'était pas fait pour $12
millions même si les calculs donnés à ce moment-là
pouvaient représenter $12 millions. Quand on construit avec des lits
pour malades chroniques ou des services moins élaborés comme ceux
de l'hébergement, ça ne coûte pas aussi cher que
l'aménagement d'un hôpital pour traitement actif. Quant au budget
de $12 millions, on pourrait en discuter longtemps mais j'ai beaucoup de
réserve là-dessus.
De toute façon, les institutions auraient probablement
été aménagées et si elles avaient été
aménagées, elles auraient grevé le budget du
ministère des Affaires sociales, et il aurait fallu
nécessairement, les besoins étant satisfaits par ces deux
institutions dans Saint-Henri et ville Emard, que ces besoins qui auraient
été satisfaits à cet endroit n'aient pas eu à
être satisfaits ailleurs. Pour ma part, j'accepte que vous ayez fait
économiser des sous au Québec, j'accepte que vous ayez fait
économiser $12 millions on pourrait en discuter longtemps
mais je me demande maintenant à quel moment les gens de Saint-Henri
pourront disposer des services de santé et des services sociaux dont ils
ont besoin.
M. BOIS: M. le Président, j'aurais une autre question à
poser. Dans le très long paragraphe de la page 2, il y a un endroit
où vous faites mention, par exemple, du fonctionnarisme. Est-ce que,
à votre point de vue, vous trouvez que le fonctionnarisme est trop
encombrant par son propre système ou si, en réalité, vous
préférez l'administration qui est faite sur une base de
volontariat ou de charité ou autrement?
MME LEGRIS: Non. En vous répondant, je répondrai à
M. Gérard Shanks. Nous, ce que nous déplorons, surtout dans cette
corporation cela répond à votre question est ceci:
Nous ne pouvons plus accepter que ce soient toujours des présidents de
ci et des présidents de ça qui soient dans les corporations.
Ce sont presque tous des présidents d'industries, des
présidents de ci, des gens qui ont de l'argent. Je vais vous faire une
comparaison: Nous, les citoyens, nous faisons une séparation d'une toute
autre manière. Vous les députés, les ministres, les
capitalistes, vous êtes le citoyen riche. Là, il y a une
barrière. En bas, c'est le citoyen ouvrier. Le citoyen ouvrier, c'est
nous. Si dans une corporation de quinze personnes, il y a de ces quinze membres
on va dire, dix ou onze présidents de ci, présidents de
ça, capables d'administrer des affaires beaucoup plus que nous qui
n'avons jamais travaillé dans des organisations de services de
santé, cependant nous, nous voulons apprendre à travailler.
Mais quel pouvoir voulez-vous que nous ayons dans nos revendications,
dans ce que nous demanderons pour la population? Nous, c'est comme cela que
nous l'envisageons. Nous pouvons être mille, mais nous serons là
comme des membres inutiles si nous ne sommes pas partagés. Notre opinion
ne vaudra rien parce que ces gens ont l'instruction. Ils ont des grands
baccalauréats, nous, nous n'en avons pas. Ce sont des industriels, ce
sont des présidents de ci, des présidents de ça. Nous,
nous sommes de pauvres petits citoyens.
Est-ce que nous allons arriver et être capables de converser avec
ces gens-là? Je ne veux pas critiquer la corporation d'aujourd'hui. Je
parle de ce que nous voyons depuis des années. Quand nous voulons
discuter avec des gens comme cela, ils ne se mettent pas à notre rang,
comme on dit, pour discuter avec nous. Vous savez, c'est cela que nous
refusons.
Il y a une barrière entre les gens riches et les gens moyens.
M. BOIS: Alors, vous voudriez dire, madame, qu'à l'heure
actuelle, vous n'aimeriez pas mieux voir remplacer, par exemple, sur les
exécutifs des corporations même celles qui fonctionnent sans but
lucratif, des officiers supérieurs de compagnie par des hauts
fonctionnaires de l'état? Alors, vous n'aimeriez pas l'un plus que
l'autre.
MME LEGRIS: Nous aimerions avoir des médecins, des
spécialistes de la santé, mais que ce ne soient pas tous des
présidents de ci et des
présidents de ça. Qu'il y ait des médecins, des
spécialistes, des gens du ministère et puis des citoyens. Disons
un tiers, un tiers, un tiers. Il me semble que cela serait normal, que ce ne
soient pas tous des présidents. C'est cela que nous reprochons.
M. LEMIRE : Est-ce que je pourrais peut-être essayer
d'élaborer cette réponse?
M. LE PRESIDENT: Pardon!
M. SHANKS: Je ferais remarquer que c'est un capitaliste qui parle,
propriétaire d'entreprises.
M. LEMIRE: Nous sommes ici pour le bill 65. Je trouve cela de la petite
politique, on se reverra.
Vous avez justement raison, monsieur, de poser cette question à
savoir que vous avez une certaine crainte de voir le technocrate,
peut-être, prendre trop d'espace. Nous aussi, nous voyons la chose ainsi,
mais c'est en permettant à la participation une force qui soit au moins
égale. Ceci pour être capable d'entamer un dialogue honnête
quitte à faire venir les spécialistes de la santé avec
leurs termes médicaux et ainsi de suite et quitte à prendre le
temps de les écouter, de les entendre.
Nous prendrons alors une décision de jugement, comme tous les
autres administrateurs qui vendent des "beans" qui vendent de la viande
actuellement et qui s'occupent, par exemple, des frais funéraires qui
n'ont pas grand-chose à voir avec les termes médicaux.
J'ai eu une expérience personnelle en travaillant avec des
citoyens des travailleurs, et croyez-moi, il y a des éléments
fantastiques. Nous sommes très ignorants de ne pas les exploiter, nous,
au Québec, qui avons besoin de tellement de valeurs humaines qui se
perdent actuellement, parce que ceux qui dirigent notre société
ne semblent pas capables de canaliser toute cette imagination et cette
productivité dans quelque chose de productif.
C'est malheureux de voir des gens qui travaillent presque vingt heures
par jour et qui ne se rendent pas compte qu'ils pourraient en travailler dix et
donner les dix autres heures à d'autres. Il y a des gens qui se tuent au
travail et qui pourraient retransmettre ce travail à d'autres
Québécois qui sont là, qui veulent vraiment s'engager,
mais manquent d'information.
Pour nous, la participation, c'est ça. Nous voulons être
responsables. Mais, pour être responsables, il faut que vous nous donniez
des responsabilités. Nous sommes prêts à les prendre.
M. BOIS: Je vous félicite de votre excellent jugement sur la
société du Québec, je l'apprécie beaucoup et je
crois que vous ne devriez pas vous diminuer vous autres mêmes, car vous
nous donnez des idées aussi excellentes que celles-là sur les
valeurs de ce qui existe présentement.
Je vous remercie beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je n'ai pas eu l'honneur, moi,
d'avoir été président de cinquante-neuf associations.
Disons que je ne m'en fais pas une spécialité, mais je suis
particulièrement heureux de voir la réaction du Comité des
citoyens de Saint-Henri, particulièrement en ce qui concerne les fameux
groupes socio-économiques.
Nous savons que, malheureusement dans le passé,
malheureusement d'un côté, mais il y a a certaines choses, quand
même, qui ont été bonnes aussi les gens qui se
préoccupaient des problèmes sociaux furent, bien souvent, les
représentants des groupes socio-économiques, justement parce
qu'eux, ils avaient indirectement des intérêts ou ils y voyaient
leur intérêt: marchands de meubles, marchands de viandes ou tout
autre marchand.
On sait que la construction d'un hôpital apporte quand même
pour certaines personnes des contrats assez alléchants et on a vu dans
le passé que les membres de ces corps intermédiaires s'occupaient
de problèmes sociaux qui touchaient d'abord et avant tout leurs
intérêts et c'était indirectement que, par la suite, la
population pouvait en profiter. C'est pour cela que, pour ma part, en ce qui
concerne la représentation par des groupes socio-économiques,
cela m'inquiète énormément. Je posais un peu hier la
question au ministre à savoir l'influence politique que cela pouvait
avoir, le danger d'influence politique qui pouvait y avoir là-dedans. Il
y a aussi le danger qui a existé dans le passé, qui existe
encore, que ce soient d'abord des gens directement intéressés
financièrement à ces contrats qui sont accordés lorsqu'il
y a construction d'un hôpital, que ce soient ces gens-là qui se
préoccupent d'entrer à l'intérieur des conseils
d'administration. Parce que la population, on ne la trouve pas à
l'intérieur des clubs Richelieu, on ne la trouve pas dans les clubs
Kiwanis puis on la trouve plus ou moins dans les Chambres de commerce ou
ailleurs. La population, heureusement, on commence à la trouver
ailleurs, dans des comités de citoyens.
Par contre, malheureusement, on constate que ce n'est pas facile de
faire participer la population. Je comprends qu'on l'a tellement
écrasée dans le passé puis on lui a tellement dit:
Ecoutez, mêlez-vous de vos affaires, nous, nous nous occupons de vos
problèmes: Je comprends qu'il y a une apathie qui s'est
créée dans la population depuis pas mal d'années. Chez
vous, à Montréal et dans certaines régions, il me semble
qu'il y a une participation qui commence et qui existe, mais ce n'est pas
partout dans
la province. Encore chez vous, je me demande un peu et je voudrais que
vous me le disiez: Est-ce que cette participation-là que vous tentez de
développer, est réelle au niveau des citoyens? Quels sont les
mécanismes que l'on pourrait développer à
l'intérieur des comités de citoyens ou ailleurs pour amener une
meilleure participation de la population? Parce que vous dites: Nomination par
des assemblées générales... Simplement un exemple. Les
citoyens ont le droit de faire l'élection de leur maire, de leurs
administrateurs. Dans une ville de mon comté, on vient d'avoir une
élection et 43 p.c. des citoyens ont participé à
l'élection. Cela m'inquiète.
Je me dis: D'accord pour la participation de la population, entrons dans
cette participation, parce que la santé, c'est d'abord à vous
autres. Mais comment faire en sorte que justement, par suite d'un manque de
participation de la population, ces mêmes intérêts
économiques qu'on a retrouvés à l'intérieur des
clubs Richelieu, Kiwanis et de tout ce qu'il y a, ne s'organiseront pas pour
prendre la place de la population et contrôler les assemblées?
Parce que, le jour où vous allez être là, ils vont sentir
que leurs intérêts sont en jeu aussi dans cette affaire, et ils
vont essayer de vous gruger et de vous manger c'est cela qui est
dangereux, et qu'on revienne à la même situation qui existait
auparavant.
M. DION: Je pense que vous touchez un point fondamental. Il est dit dans
une phrase à la page 2, à la troisième ligne du premier
paragraphe: "Il semble que ce serait la plus belle occasion de tenter
l'expérience" Or, c'est justement cela, je crois que l'on souffre au
Québec, notre peuble québécois dans l'ensemble ce
que vous avez signalé, c'est juste souffre d'un atavisme, parce
qu'il a été trop écrasé. Au vote, on pense qu'on
fait de la démocratie parce que, une fois par quatre ans, on élit
un député et on sait ce que cela donne, un député,
n'est-ce pas...
M. LESSARD: Ils sont pris avec des fonctionnaires!
M. DION: Ils sont pris avec des fonctionnaires et avec leurs hautes
préoccupations et avec... passons.
Avec le bill 65, mais pas dans les termes où M. le ministre
malgré qu'il ne soit pas présent maintenant l'a
défini ce matin en répondant aux représentants des
centrales syndicales, je crois que le ministre a laissé entendre qu'il
refuse la participation ou ne la reconnaît qu'au niveau des centres
locaux de services communautaires. C'est certainement le point
névralgique, le premier point, le plus immédiat et le plus
nécessaire. Je ne vois vraiment pas pourquoi on la refuse
systématiquement dans les autres institutions et au niveau de
l'ORAS.
M. LESSARD: Particulièrement.
M. DION: Particulièrement. Il faut vraiment que ces
choses-là soient l'affaire des citoyens, de l'ensemble de la population.
Ceci nous amènera à faire que les citoyens, dans
l'expérience de leur vie quotidienne, dans leur existence quotidienne,
au niveau des décisions qui les concernent, au niveau des besoins qu'ils
ont à satisfaire entre eux, prennent vraiment les décisions
valables, qu'on leur donne vraiment les outils, les instruments légaux
qui puissent favoriser cette participation, cette éducation et cette
croissance démocratique de la population.
Je pense que c'est l'élément fondamental. Je pense que, si
le bill 65 était vraiment modifié dans une perspective de
participation valable, pas dans les termes que M. le ministre a utlisés
ce matin, mais vraiment pour avoir un ensemble d'organismes qui vraiment vont
agir sur une génération ou deux, au Québec, en mettant sur
pied des organismes où vraiment la démocratie est
appliquée dans l'existence quotidienne, on pourrait parler demain de
démocratie, car la démocratie qui existe, c'est celle que le
groupe nous a refusée avant. Il la refuse, et je pense qu'il a raison,
à son point de vue, de la refuser.
M. LESSARD: Justement, si on mettait actuellement ces structures en
application, pensez-vous que la population participerait réellement?
Est-ce que la population comme telle, d'après l'expérience que
vous avez dans Saint-Henri, est intéressée au bill 65? Est-ce que
cela les touche? Sont-ils impliqués là-dedans? S'ils ne le sont
pas ou s'ils le sont, pensez-vous qu'ils se sentiraient directement
intéressés à ces nouvelles structures? C'est cela qui
m'inquiète. Nous sommes en fait, nous tentons d'être un parti de
participation, nous avons des problèmes et nous nous demandons justement
si ces immenses structures, qu'on est en train de créer et qu'on a
créées un peu dans l'éducation en disant à la
population: C'est le temps, vous allez participer à l'éducation,
c'est votre affaire, l'éducation, ont donné quelque chose. Pas
grand-chose, en réalité. Si on veut une participation directe de
la population, il va falloir trouver des outils, des mécanismes, des
moyens pour que la population se sente directement impliquée par la
santé. Dans le passé, les hôpitaux et les conseils
d'administration étaient bien loin pour eux autres, puis ça,
c'était M. Untel, il avait obtenu le contrat et ainsi de suite. Nous
devons tenter une expérience qui serait fondamentale, parce que si nous
ne réussissons pas, ils diront: On vous l'a dit, vous savez ce que
ça donne, toutes les fois qu'on fait participer la population, ça
participe pas. Quand ce sont des gros messieurs, là ça y va,
là ça participe. Des outils, des mécanismes que vous avez
utilisés, d'après votre expérience, vous autres...
MME GAGNE: Si par hasard, le gouvernement ne nous avait pas tant
bourré le crâne, à nous autres, citoyens, par des
idées en l'air, des promesses sans convention, on aurait une con-
fiance énorme dans le gouvernement, dans tout ce qui se
passe.
Mais il nous a leurrés maintes et maintes fois. Vous parlez de
participation du citoyen: M. Castonguay parle de la participation du citoyen.
C'est nous autres, mères de familles, petits salariés qui savons
le besoin de chaque district.
Si on ne va pas au sein du CH, de tout organisme, du centre local de
santé, vous ne pourrez pas le savoir et nous autres non plus, nous ne
pourrons pas le savoir et vous ne pourrez pas avoir notre participation. Pour
l'éducation, c'est encore la même chose. Vous nous demandez notre
participation sur l'éducation, c'est encore la même chanson.
Sur tous les rapports, vous demandez notre participation mais vous ne
nous donnez pas les moyens de participer. Donnez-nous les moyens de participer
et nous allons participer, nous sommes prêtes à participer. Mais
pas nous chanter pouilles et ne pas avoir de résultat après.
M. LESSARD: Est-ce que vous pensez que les pouvoirs qui sont
accordés aux différents organismes... parce que si on parle de
participation, il faut quand même que la population sente qu'elle a
quelque chose à faire dans cette affaire-là et...
MME GAGNE: Oui.
M. LESSARD: ...que ce n'est pas une participation fictive. Est-ce que
vous pensez que les pouvoirs, par exemple, qui sont accordés à
l'ORAS, le pouvoir de conseiller le ministre au sujet de ses institutions, de
collaborer avec le ministre etc., est-ce que vous croyez que ce sont des
pouvoirs réels?
MME GAGNE: C'est bien certain, nous sommes capables d'embarquer
là-dedans.
M. LESSARD: Vous êtes capables mais est-ce que vous pensez que
votre influence serait très forte en conseillant le ministre, collaborer
avec le ministre, surveiller...
MME GAGNE: Il me semble que nos idées sont comparables aux
leurs.
M. LESSARD: Non, ce n'est pas ça que je veux dire. Je veux dire,
si, par exemple, vous obtenez une véritable participation populaire, une
participation à l'intérieur de ces organismes-là, est-ce
que vous pensez que vous allez faire le poids, réellement, devant
d'autres technocrates qui sont là? Parce que si on donne une
participation, il ne faut pas décourager la participation,
c'est-à-dire qu'à un moment donné ces gens-là
travaillent, élaborent des plans et conseillent le ministre mais, tout
à coup c'est bloqué, il n'y a rien qui sort...
MME GAGNE: Oui mais si...
M. LESSARD: Alors, c'est dans ce sens-là que je pose la
question.
M. LE PRESIDENT: Je vais permettre encore une information, s'il vous
plait...
M. LEMIRE: Au début, il s'agit d'une très mauvaise
information. Si, par exemple, on permet ou on donne l'information, je crois que
oui. Il s'agit, en principe, d'une question de jugement. Vous autres, comme
députés, M. le ministre qui a travaillé très fort
à la Santé, il a écrit c'est long à lire
vous avez eu une expérience. Quand vous êtes arrivés
au Parlement, il a fallu, vous autres aussi, apprendre, et j'ai entendu dire
que cela a été assez difficile. Je crois que vous
récolteriez beaucoup plus de réponses honnêtes, si on
demandait et on informait les personnes qui vont aux soins. Qui, par exemple,
serait plus qualifié pour vous recommander les soins dont auraient
besoin les enfants d'une mère de famille qui a élevé cinq
ou six enfants dans un district, ou d'un vendeur de viande ou d'un autre qui
est épicier ou d'un vendeur d'assurances qui demeure dans une banlieue,
dans une maison cossue de $50,000 où il y a un hôpital contigu
à sa demeure, avec tous les soins que vous pouvez imaginer? Qui,
croyez-vous, serait le plus près honnêtement, pour conseiller le
ministre dans son district? La mère de famille qui a élevé
ses cinq enfants dans son district ou, je me répète, le vendeur
de viande, l'industriel qui ne demeure pas dans ce quartier, mais qui vient y
chercher ses dollars et qui prend l'autoroute très vite pour s'en
retourner dans la banlieue.
M. DION: En suivant les lignes dictées par Mme Gagné, je
pense que les citoyens s'intéressent. J'ai participé à
l'étude du bill 65 avec trois comités de citoyens. De plus en
plus, les quartiers de Pointe-Saint-Charles sont assez connus à cause de
la clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles où l'expérience
est plus rodée, est plus profonde, est plus enracinée dans la
population. Je pense qu'on a certainement ailleurs, je n'en doute pas
au Québec, actuellement, suffisamment d'expériences qui
nous permettraient de mettre en place un système démocratique de
participation des citoyens.
Mais encore faut-il y mettre le temps, faut-il que les responsables du
gouvernement élu y mettent l'attention suffisante. Nous demandons tout
simplement que les gens élisent les gens responsables de l'organisation,
de la gérance et du contrôle des organismes et des services qui
les servent. Ce n'est pas une réclamation ou un grief, c'est simplement
un droit d'un honnête citoyen, le droit fondamental de l'homme de
participer à sa vie, de construire sa vie autour de lui.
Le témoignage apporté, qui vous a certainement
choqués, celui qui est venu avant nous, le groupe de salariés du
Québec, doit être au
moins un avertissement de ce qui se passe au Québec. Si on n'est
pas décidé à prendre en main, je ne veux pas dire
là que le gouvernement doit réserver, doit prendre avec lui et
doit récupérer ce mouvement mais il doit véritablement
laisser s'épanouir les mouvements de base, non pas en faisant du
matraquage comme il y en a eu à Montréal, du matraquage
systématique j'étais présent du matraquage
de police devant des revendications absolument honnêtes de milliers de
travailleurs.
Donc, aussi longtemps où vraiment on ne sera pas capable
d'admettre que ça doit exister dans une société
démocratique, je ne sais pas ce qu'il adviendra de la démocratie
actuelle.
M. LE PRESIDENT: Je crois que les membres de la commission ont
informé le...
M. ROY (Beauce): J'aurais une question, M. le Président. Je ne
veux pas revenir ni reprendre le débat sur ce qui vient d'être
discuté malgré que ça m'intéresserait
énormément. A la page 1 de votre mémoire, il est dit au
bas de votre deuxième paragraphe: "Nous sommes contre l'institution
privée avec but lucratif; elle n'a aucun rôle à jouer dans
la distribution des services. Il ne faut plus se servir de la santé du
public pour faire de l'argent". C'est ce que vous mentionnez dans votre
mémoire.
J'aimerais savoir ce que vous entendez par une institution
privée. Il y a tout de même certaines nuances que nous nous devons
d'apporter.
M. DION : Je pense que le bill 65 définit d'abord l'institution
privée et l'institution publique. Une avec but lucratif et l'autre avec
but non lucratif. C'est une simplification des choses, il faut le
reconnaître. Je pense que l'institution privée a des buts
lucratifs. Je ne les identifierai pas, vous pouvez le faire autant que moi.
Quand on parle d'institutions publiques, on ne parle que d'institutions d'Etat,
du gouvernement. C'est peut-être là qu'il y aurait une
rectification à apporter dans le bill 65. Il faudrait, je pense,
considérer que l'Etat, le gouvernement ou l'institution comme telle,
même si elle est d'Etat, elle est d'abord des citoyens.
Je pense que M. Daoust a donné...
M. ROY (Beauce): M. Pepin a donné une certaine définition,
je vous pose exactement la même question que j'ai posée à
M. Pepin cet avant-midi parce que M. Pepin, dans les institutions
privées a également inclus les institutions de charité. Il
l'a dit clairement.
Je voulais savoir si vous aviez la même définition, vous.
Il y a tout de même des nuances qu'il faut apporter, parce qu'il ne faut
plus se servir de la santé du public pour faire de l'argent. Il y a
peut-être une autre chose sur laquelle nous n'avons pas tellement
porté attention: il ne faut pas aussi se servir de la santé du
public pour créer des positions auprès des citoyens.
M. DION: Des positions...
M. ROY (Beauce): Des positions, vous savez ce que je veux dire.
M. LE PRESIDENT: Mesdames, messieurs, je vous remercie. En raison de
l'heure, je crois que la commission va suspendre ses travaux jusqu'à
demain matin à 10 heures.
M. LEMIRE: Nous voulons vous remercier de nous avoir reçus.
C'était gentil et je voudrais dire à M. Castonguay et à
toute l'équipe que nous vous appuyons et que nous avons vraiment
à coeur votre travail et encore, bonne chance. Une autre chose, si cela
est possible, mettre en annexe notre petit mémoire. Merci. (Voir annexe
B)
M. LE PRESIDENT: Merci, donc à demain matin à 10
heures.
(Fin de la séance à 18 h 12)
ANNEXE A
Mémoire présenté à la
Commission parlementaire des affaires sociales
par
La Confédération des syndicats nationaux
(CSN)
La Corporation des enseignants du Québec
(CEQ)
La Fédération des travailleurs du
Québec (FTQ)
Les centrales syndicales veulent tout d'abord remercier la Commission
permanente des affaires sociales de l'occasion qui leur est fournie de
présenter leur position sur le projet de Loi de l'organisation des
services de santé et des services sociaux. "... Reconnaître
à chaque citoyen un droit égal à la santé..." Telle
était une des phrases-clé d'un mémoire sur
l'assurance-maladie présenté par les centrales syndicales au
Comité conjoint sur l'assurance-maladie, le 19 avril 1966. Cette phrase
illustre une préoccupation constante des centrales en ce qui a trait
â la santé: que la santé physique et mentale des citoyens
ne soit pas déterminée par leur condition financière et
leur statut socio-économique. Nous sommes conscients cependant que la
seule accessibilité des soins ne saurait suffire à donner
à tous les mêmes avantages; les enquêtes citées par
le rapport Castonguay-Nepveu démontrent clairement que l'indice de
morbidité est plus élevé en milieu
défavorisé, et il s'ensuit que des changements structurels
à l'exemple de ceux qui sont proposés par le projet de loi 65 ne
constituent qu'un des éléments de solution.
De la même façon que l'indiquait lui-même le ministre
des affaires sociales devant cette commission, le 24 août 1971, les
centrales syndicales croient que les grands objectifs sociaux du
ministère des affaires sociales doivent être
"l'amélioration de l'état de santé de la population,
l'amélioration des conditions sociales des individus, des familles, et
des groupes, ainsi que l'état du milieu où s'inscrivent leurs
activités." (1)
Affirmer que chaque citoyen a un droit égal à la
santé et au bien-être implique également que c'est à
l'ensemble de la société qu'il revient d'incarner ce postulat
dans la réalité. C'est donc l'Etat qui doit assurer ce droit
égal aux citoyens et cette responsabilité ne peut s'exercer
pleinement sans la prise en charge totale par l'Etat du régime de la
santé et du bien-être. "En effet, ce régime se fonde sur
une conception globale de la distribution des soins et de la fourniture des
services et sur l'intégration des fonctions de prévention,
d'éducation, de traitement et de réadaptation". (2)
C'est dans ce contexte que doit s'inscrire l'organisation de la
santé et du bien-être au Québec. L'Etat doit planifier la
distribution des soins et services de façon à assurer à
tous les citoyens une même accessibilité, ce qui implique que
l'Etat doit contrôler les ressources financières,
matérielles et humaines davantage qu'il ne le fait aujourd'hui.
Or, aux fins de respecter cet objectif fondamental le ministre
indiquait, le 24 août 1971 : "Le projet met donc l'accent en premier lieu
sur la décentralisation des services, la participation des citoyens
à leur gestion et la clarification des responsabilités du
gouvernement, du ministre des affaires sociales et des institutions." (3)
Nous sommes évidemment d'accord avec l'énoncé de
ces objectifs. Ce mémoire tentera donc d'examiner si les dispositions du
projet de loi 65 sont conformes aux objectifs fondamentaux
énoncés par le ministre des affaires sociales lui-même et
dans quelle mesure les objectifs sont compromis par certaines dispositions
notamment par l'absence de contrôle des actes professionnels par l'Etat,
et par le maintien des institutions à but lucratif. 1) Journal des
Débats, page B-3596. 22 Rapport de la Commission
d'enquête sur la santé et le bien-être social, Vol. VIl,
Tome Il, page 43 (cinquième partie), Gouvernement du Québec 1970.
3) Journal des Débats, page B-3598.
Le mémoire comportera deux parties: une première traitant
spécifiquement de la nouvelle structure d'organisation des services de
santé et des services sociaux et une deuxième partie traitant des
implications du projet de loi 65 sur les relations de travail et le statut des
employés affectés par le projet de loi.
PREMIERE PARTIE
NOUVELLE STRUCTURE D'ORGANISATION DES SERVICES DE
SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX
Le projet de loi prévoit que le lieutenant-gouverneur en conseil
peut instituer un office régional des affaires sociales pour chaque
région du Québec qu'il détermine et lui conférer,
en tout ou en partie, les pouvoirs que la présente loi permet à
un tel office d'exercer. (Article 3).
Décentralisation
Examinons d'abord les fonctions que le projet de loi prévoit
accorder à cet office régional des affaires sociales. Examinons
en même temps dans quelle mesure ces fonctions sont véritablement
des fonctions décentralisées ou, en d'autres termes, dans quelle
mesure cette décentralisation suppose un partage de pouvoirs, un partage
de fonctions. Habituellement, une décentralisation signifie que certains
pouvoirs et certaines fonctions, seront exclusifs à chacun des
organismes décentralisés. L'article 4 du projet de loi
prévoit que l'office aura pour fonctions, tout d'abord d'assurer des
communications, deuxièmement de conseiller le ministre,
troisièmement de collaborer avec le ministre, quatrièmement de
surveiller et réglementer l'activité des institutions publiques,
conformément à la présente loi et aux règlements,
et cinquièmement d'accomplir les devoirs et d'exercer les pouvoirs qui
lui sont dévolus en vertu de la loi ou qui lui sont assignés par
le lieutenant-gouverneur en conseil.
Où se trouve la véritable décentralisation dans cet
office régional des affaires sociales? Ne s'agirait-il pas plutôt
d'un super-comité consultatif du ministre, d'un canal offert au ministre
pour entrer en contact avec la population. Quelle autonomie, quel pouvoir dans
une structure présumément décentralisée
accorde-t-on vraiment à l'office régional des affaires
sociales?
L'article 5 précise ce pouvoir de consultation: en effet, il
s'agit là pour l'office d'adresser des recommandations au ministre quand
il le juge à propos et aussi souvent et chaque fois que le ministre l'en
requiert sur des questions évidemment essentielles, mais toujours
à titre consultatif
L'article 6 est rédigé dans la même veine: en effet,
à cet article c'est le ministre qui est autorisé à
préparer chaque année un programme de développement pour
les cinq années suivantes, mais après consultation de chacun des
offices.
L'article 7 nous semble rédigé dans le même esprit,
les projets de budget des institutions, qui sont adressés à
l'office régional des affaires sociales, sont transmis au ministre et
l'office y joint ses recommandations.
A l'article 8, après avoir indiqué que l'office est une
corporation au sens du Code civil et énuméré ses pouvoirs,
on prend bien soin d'indiquer, aux derniers paragraphes, qu'une partie
importante des pouvoirs (article 8, paragraphes a à e) de l'office
régional ne pourront être exercés qu'avec l'autorisation du
ministre et que tout contrat fait par un office, sans l'autorisation requise du
lieutenant-gouverneur en conseil ou du ministre, est nul.
A ce sujet, le paragraphe b de l'article 133 indique clairement que le
lieutenant-gouverneur en conseil pourra, en outre des pouvoirs
conférés par la loi: "Déterminer les règlements
qu'un office ou une institution peut et doit adopter." C'est donc dire que
l'exercice des pouvoirs énumérés au profit de cette
corporation du Code civil, est sujet à l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil ou du ministre.
En quoi cet office régional des affaires sociales constitue-t-il
donc un élément de décentralisation?
Examinons maintenant la composition de cet office régional des
affaires sociales. L'article 9 nous indique clairement que tous les membres de
l'office sont nommés par le lieutenant-gouverneur et conseil; le
directeur général de l'office est aussi nommé par le
lieutenant-gouverneur en conseil; le secrétaire et les autres
fonctionnaires et employés de l'office sont nommés et
rémunérés suivant 1a
Loi de la fonction publique, c'est-à-dire que le directeur
général de l'office, lui-même nommé par le
lieutenant-gouverneur en conseil, exerce, à l'égard de ces
fonctionnaires et employés, les pouvoirs que la Loi de la fonction
publique attribue aux sous-chefs d'un ministère.
Partout donc, encore une fois, l'omniprésence du
lieutenant-gouverneur en conseil ou du ministre. Le ministre ou le
lieutenant-gouverneur en conseil consultent, mais ils demeurent les seuls
à disposer, à décider.
Les questions que nous nous posons au sujet de ce projet de loi et
surtout au sujet de la décentralisation ne sont pas, comme certains
pourraient le penser, seulement négatives. Nous croyons aussi, de la
même façon que le ministre des affaires sociales l'indiquait le 24
août 1971, que "la réalisation de cette politique (des affaires
sociales) pourrait évidemment se faire dans le cadre de la
responsabilité de l'Etat d'assurer une allocation des ressources
humaines et financières aussi juste et rationnelle que possible et
aussi, dans le cadre de la responsabilité de l'Etat, d'exercer le
contrôle nécessaire sur l'utilisation de ces ressources." (1)
Décentraliser ne signifie pas, pour nous, que tous les pouvoirs
habituellement dévolus à l'Etat doivent passer à la
structure décentralisée. Ce que nous cherchons, c'est un
équilibre, c'est une décentralisation effective et non pas
fictive. Ce que nous cherchons, c'est une décentralisation qui permette
à la population d'agir et non pas seulement de critiquer. De faire et
non pas seulement recommander. En d'autres termes nous cherchons un
équilibre. Nous cherchons un équilibre qui tienne compte de la
responsabilité de l'Etat et de la participation de la population
à l'exercice de cette responsabilité. Nous aussi nous savons que
les besoins, les ressources et les connaissances évoluent et nous
voulons être assurés que ces exigences sauront s'adapter et
être modifiées dans l'intérêt des citoyens.
Comment réaliser cet
équilibre?
A notre avis, cet équilibre doit tenir compte de plusieurs
facteurs. Ces facteurs sont à la fois le nombre d'offices
régionaux d'affaires sociales que le ministre décidera
d'implanter en vertu des articles 3 et 4 du projet de loi, des territoires sur
lesquels ces offices régionaux auront compétence, des populations
et des besoins des citoyens de ces territoires.
A ce sujet on peut facilement comprendre qu'il est difficile d'inscrire
maintenant au projet de loi le nombre exact d'offices régionaux des
affaires sociales à répartir à travers le territoire du
Québec; il l'en demeure pas moins que les populations régionales
réclameront à grands cris, et avec raison, que le ministre en
institue suffisamment pour répondre aux besoins d'une
décentralisation et d'une réelle participation des citoyens. De
toute façon, soyez persuadés que les centrales syndicales
susciteront ou appuieront, selon le cas, toute juste revendication de cette
nature provenant de ces populations régionales.
On doit aussi tenir compte de l'infrastructure de l'organisation des
services sociaux et de santé; en effet, le fonctionnement et la
composition des offices régionaux doivent être conçus en
fonction du nombre, de la structure et du fonctionnement des institutions
publiques opérant sur le territoire d'un office régional des
affaires sociales. Si ces facteurs étaient mis de côté et
si le lombre d'offices régionaux était trop restreint, par
exemple 3 ou 4 pour tout l'ensemble du territoire du Québec, il est
évident que l'office régional deviendrait alors une source de
frustrations légitimes en raison de la distance réelle entre
l'office régional et les populations locales qui exigent des services,
et en raison aussi de l'absence de pouvoir réel accordé à
ce dernier office régional.
Depuis la présentation du projet de loi, le ministre des affaires
sociales, en réponse à la critique quasi unanime au sujet de la
question de la décentralisation, a indiqué qu'il
présenterait des amendements au projet de loi 65. Nous tenons donc
aujourd'hui à vous indiquer deux points fondamentaux sur lesquels nous
fondons de grands espoirs et pour lesquels nous sommes prêts à
ivrer une longue lutte.
Des deux points sont une participation réelle et efficace des
citoyens et le contrôle des actes professionnels.
PARTICIPATION MAJORITAIRE DES CITOYENS
Les représentants de la population devraient être en
majorité au sein de l'office régional des affaires sociales et
des institutions publiques de cet office. De la même façon que le
gouvernement
1) Journal des Débats, page B-3597.
veut répondre de ses gestes à la population, nous croyons
que les représentants de la population au sein des organismes
chargés de gérer une structure décentralisée de
services sociaux et de santé devraient aussi répondre de leurs
gestes devant la population. Le projet de loi 65 semble reconnaître ce
principe fondamental.
En effet, les conseils d'administration des centres locaux de services
communautaires auront parmi leurs dix membres, cinq personnes élues pour
quatre ans par la population du territoire desservi par le centre; nous sommes
heureux de constater que le gouvernement a reconnu la nécessité
d'inscrire un système électif plutôt que nominatif pour ce
type d'institution qui sera appelé à devenir la plaque tournante
de toute l'organisation territoriale des services sociaux et de
santé.
Mais pourquoi s'être arrêté là? Pourquoi
faut-il que l'on procède par nomination pour les autres types
d'institutions publiques et pour l'office régional des affaires sociales
alors que l'on reconnaît par ailleurs la nécessité que les
représentants de la population soient des personnes résidant dans
le territoire desservi par le centre (articles 50 a, 51 a) et l'obligation
à toute institution publique de tenir une séance publique
d'information à laquelle la population du territoire desservi par
l'institution est invitée à participer (article 90).
On répondra probablement que l'élection s'avérerait
alors impraticable. Pourquoi les centres de services sociaux, les centres
hospitaliers et les centres d'accueil ne pourraient-ils pas fonctionner en
contact étroit avec les populations qu'ils sont appelés à
desservir? Si ces institutions doivent fonctionner en contact étroit
avec ces populations, nous ne voyons pas comment distinguer le unes des autres.
On nous demandera sûrement comment, en pratique, procéder à
l'élection des membres des conseils d'administration des institutions
spécialisées qui reçoivent des citoyens de tout le
territoire du Québec et qui ont peu de contact avec les citoyens
résidant dans la localité de cette institution? On nous posera
sûrement la même question pour certains centres hospitaliers
situés dans les grands centres urbains lorsqu'il s'agira de dresser la
liste des électeurs habiles à voter
Tableau Référer à la version PDF page B-4908
Mais pour combien de ces situations difficiles ne se trouve-t-il pas de
situations où ce système s'avérerait tout à fait
praticable? En maints endroits, le centre d'accueil pour personnes
âgées et le centre hospitalier, dont les activités seront
presque confondues avec celles du centre local des services communautaires,
seront situés de telle façon que les arguments valables et
favorables pour le système électif dans un type d'institution
devraient être normalement étendus aux autres types d'institutions
de ce territoire.
Nous convenons donc que des difficultés existent, mais nous ne
voudrions pas que toute notre réflexion, et celle de cette commission
permanente, se bute à ces difficultés. Nous
préférons examiner le principe et vous indiquer notre position
sur ce point fondamental de la participation réelle et effective des
citoyens à l'organisation de ces services.
Dans tous les cas où l'élection s'avère possible,
les représentants de la population devraient être élus par
la population de leur territoire. Cela ne signifie pas que les travailleurs de
la santé et du bien-être seront écartés d'une
participation à la définition des objectifs et de l'orientation
du système des services de santé et des services sociaux. Au
contraire, nous souhaitons que tous, y compris les professionnels, y
participent, mais que le pouvoir réel, au sein de ces institutions
publiques, appartienne à ceux que ces institutions publiques doivent
servir, c'est-à-dire tous les citoyens.
Peut-être que l'application de ce principe pourrait se faire
progressivement dans le temps mais nous insistons pour que le principe du
système électif soit étendu à tous les types
d'institutions publiques ainsi qu'à l'office régional des
affaires sociales dont la majorité des membres du conseil
d'administration serait élue par et parmi un collège
électoral composé de tous les membres élus par la
population au sein des institutions publiques du territoire de l'office
régional des affaires sociales.
Participation du milieu de l'enseignement
Au sein des offices régionaux des affaires sociales, le projet de
loi prévoit la nomination de deux représentants des
universités: étant donné le fait que maintenant les
cégeps sont chargés de la formation d'une part importante des
travailleurs de la santé et du bien-être, ne serait-il pas
plutôt préférable de prévoir la nomination de deux
représentants, l'un provenant des universités et l'autre des
cégeps du territoire de l'office régional des affaires sociales
(ORAS).
Participation des travailleurs de la santé et
du bien-être
Le projet de loi prévoit qu'au sein des centres hospitaliers et
des centres de service social, les professionnels exerçant dans ces
centres auront un des leurs qui sera membre du conseil d'administration de la
même façon que pour l'ensemble des membres du personnel du centre;
toutefois, lorsqu'il s'agit des centres d'accueil et des centres locaux de
services communautaires, il n'est plus question de faire participer les membres
du personnel.
Pourquoi distinguer, pourquoi faire une différence?
Lorsque le projet de loi 65 accorde aux membres du personnel d'une
institution publique la possibilité de se choisir un représentant
au conseil d'administration de cette institution publique, on peut
présumer que ce représentant doit alors non seulement participer
à la gestion de cette institution, parce qu'il est chargé de la
mise en oeuvre de cette gestion, mais aussi exprimer les vues et
intérêts de ce personnel. Or, vous conviendrez facilement avec
nous qu'au sein du personnel ces intérêts et ces vues sont souvent
contradictoires et qu'il importe de distinguer les intérêts et les
vues des salariés, des intérêts et des vues des cadres de
l'institution. A cette fin, nous insistons pour que ce soient les
salariés tels que définis au Code du travail qui soient
représentés au sein des conseils d'administration des quatre
types d'institutions publiques.
Notre insistance ne signifie pas que nous voulons écarter les
cadres d'une participation au sein de ces conseils d'administration; au
contraire, nous insistons aussi pour qu'ils aient au moins un des leurs qui en
soit membre.
Participation des résidents de l'institution
dans les centres d'accueil
Quant aux centres d'accueil, en raison du caractère
spécifique de ces institutions, nous estimons que les résidents
de ces centres devraient avoir l'occasion de participer à la gestion de
leur institution; à la différence des autres types d'institution,
le caractère non temporaire et parfois prolongé de leur
résidence au sein de l'institution rendrait leur participation
souhaitable et heureuse au conseil d'administration. (On trouvera à la
page 8 un tableau indiquant notre recommandation quant à ta composition
des différents conseils d'administration).
Libération et formation des membres des
conseils d'administration
La participation d'un grand nombre de salariés à la
gestion de tout le système des services sociaux et de santé
nécessite qu'on prévoie la formation de ceux-ci et qu'on leur
garantisse les conditions essentielles à leur participation
réelle et effective. Il faudra donc que la loi prévoie que les
salariés, participant d'une façon ou d'une autre à cette
gestion, puissent s'absenter de leurs activités régulières
(travail, assignations, etc.) sans empêchement de la part de leur
employeur; quant au traitement et autres questions s'y rattachant, nous sommes
persuadés que chaque conseil d'administration y pourvoira (article
68).
Quant à la formation de ces salariés, des sessions
d'étude et d'information des salariés membres des conseils
d'administration, devront être organisées et le financement
devrait être assumé par l'Etat.
LE CONTROLE DES ACTES PROFESSIONNELS
Le 24 août 1971, le ministre des affaires sociales indiquait de
façon non équivoque devant cette commission qu'il entendait
maintenir le contrôle de l'acte professionnel par les professionnels
eux-mêmes. C'est là une attitude étonnante de la part d'un
membre du gouvernement qui annonce ainsi le contenu d'un important projet de
loi sur les corporations professionnelles.
Nous sommes opposés à une telle position de principe et
nous vous soumettons qu'il appartient à l'Etat d'exercer cette fonction
et que l'Etat ne devrait pas s'en décharger en déléguant
toute son autorité aux corporations professionnelles.
A ce sujet nous devons constater que l'article 81 du projet de loi 65
permettra à l'administration publique et à ses
représentants d'exercer un certain contrôle sur les actes
professionnels. En effet, cet article se lit ainsi: "81. Le conseil des
médecins et dentistes est responsable vis-à-vis le directeur des
services professionnels, conformément aux règlements : a) de la
mise en place et du fonctionnement des mécanismes requis pour assurer le
contrôle des actes professionnels posés dans l'institution; b)de
l'appréciation des actes professionnels médicaux et dentaires
posés dans l'institution;
Le conseil des médecins et dentistes fait rapport au conseil
d'administration, conformément aux règlements."
Or, ce contrôle est strictement local et le projet de loi ne nous
indique nulle part si, et comment cette fonction sera coordonnée et
planifiée à l'échelle du territoire du Québec.
C'est peut-être là une lacune sur laquelle nous souhaiterions
avoir des explications.
Quant au principe énoncé par le ministre le 24 août
1971, nous attendrons évidemment le projet de loi sur les corporations
professionnelles pour vérifier si les dispositions particulières
seront ou non conformes à l'objectif énoncé alors.
LES INSTITUTIONS A BUT LUCRATIF
Il convient de rappeler une déclaration conjointe de
Marcel Pepin, président de la CSN et de Norbert Rodrigue,
président de la Fédération nationale des services, le 25
mai 1970: "Il faut de toute urgence que le gouvernement fasse disparaître
ce système anachronique que consiste à subventionner un individu
ou une corporation à but lucratif à même les deniers
publics pour qu'ils exploitent, dans des établissements privés de
santé, un commerce composé d'enfants de vieillards et de malades
obligés de s'y réfugier."
Les centrales syndicales reprennent aujourd'hui cette déclaration
à leur compte. De son côté, la Commission Castonguay-Nepveu
écrivait : "45. Le grand ressort de l'entreprise à but lucratif,
c'est le profit. Dans le mémoire qu'elle nous a présenté,
l'Association des hôpitaux privés ne l'a pas nié. Elle a
défini ses établissements comme des "institutions à taux
forfaitaires", c'est-à-dire des entreprises qui vendent des services
à un prix (de journée) fixé par avance d'une
manière invariable pour une période donnée. Or, la
nécessité de rendre l'entreprise rentable et le désir de
maximiser les profits peuvent donner lieu à toutes sortes d'abus,
surtout si la clientèle est formée de personnes malades,
affaiblies, sans défense ou de moyens très modestes. 49.
"L'institution à taux forfaitaire est une entreprise d'initiative
privée, de propriété personnelle ou corporative..."
(Mémoire présenté à notre Commission par
l'Association des hôpitaux privés du Québec, septembre
1967). Elle exclut, par définition, toute participation de la
collectivité à la définition de ses objectifs et à
la détermination de ses priorités d'action. Même si, pour
se donne des airs d'entreprise communautaire, elle invite à l'occasion
sa clientèle et des personnes de l'extérieur à exprimer
leurs vues sur son activité, le procédé ne trompe
guère; elle demeure seule
maîtresse de ses décisions et l'on peut raisonnablement
penser qu'elle consentira difficilement à sacrifier ses
intérêts financiers au bénéfice de sa
clientèle. 51. Conformément à notre position de principe
et tenant compte des témoignages et des opinions que nous avons
recueillis au cours de notre enquête, nous en sommes venus à la
conclusion que l'entreprise commerciale n'a pas sa place pour faire fonctionner
des établissements hospitaliers ou des établissements de
bien-être grâce à des subventions directes ou indirectes de
l'Etat. 52. Si, par contre, il se trouve des personnes qui veulent acheter
d'entrepreneurs privés des services de toutes sortes et en payer le
coût, nous ne voyons pas pourquoi l'Etat s'y opposerait. Toutefois, ces
entrepreneurs devraient, avant de réaliser leurs projets, obtenir un
permis du ministre concerné. En pratique, nous croyons que de tels
projets seraient réalisables uniquement dans le domaine de
l'hébergement des personnes âgées." (1)
La lecture des articles 85 et 136 du projet de loi 65 nous montre
jusqu'à quel point le gouvernement n'a pas voulu suivre les
recommandations de sa propre commission d'enquête. "Une institution
privée ne peut être fusionnée ou convertie en vertu des
articles 83 ou 84 qu'à sa demande et aux conditions
agréées entre elle et le ministre, qui doit préalablement
prendre l'avis de l'office dans le territoire duquel sont situés les
établissements maintenus par les corporations en cause." "Le ministre
peut convenir avec une institution privée de payer les dépenses
d'opération de cette institution pour la période de temps
déterminée par la convention. En ce cas, le propriétaire
de l'institution n'a droit de recevoir, en outre du remboursement des
dépenses admissibles en vertu des règlements, que la
rémunération correspondant à un pourcentage annuel, que
fixent les règlements, de la valeur de l'investissement financier du
propriétaire dans l'institution privée.
Ce pourcentage est établi en tenant compte du rendement moyen,
dans la région où est située l'institution privée,
des investissements financiers dans les institutions de la même
catégorie.
Aucune somme provenant des deniers publics ne peut être
versée à une institution privée si ce n'est
conformémement au présent article."
Cela est évident mais nous ne comprenons tout de même pas
que les constatations et les arguments apportés alors ne sont plus
valables aujourd'hui; ou serait-ce que des intérêts privés
ont eu raison des intérêts des citoyens et de la population?
Nous considérons tout cela inadmissible. Ou bien la santé
et le bien être sont du ressort exclusif de la responsabilité
publique ou bien il ne le sont pas? Et nous n'admettrons jamais que quiconque
en tira des profits et pour quelque raison ou prétexte que ce soit. La
santé et le bien-être ne sont pas des services où le profit
et le lucre sont acceptables. Si certains intérêts nous
répondent que des "bonnes oeuvres" disparaîtront s'il n'y a pas
l'attrait du profit, il donneront alors raison à ceux qui sont
persuadés que ces "oeuvres" ne sont pas aussi
désintéressées qu'elles le proclament.
Nous demandons, par conséquent, la fin de tout régime de
subvention directes ou indirectes de l'Etat aux institutions de services
sociaux et de santé à but lucratif.
LES POUVOIRS D'ENQUETE ET LES CITOYENS
La lecture combinée des articles 30 à 35 et 120 à
128 du projet de loi nous fait douter de l'opportunité d'accorder de
tels pouvoirs exorbitants au ministre, au lieutenant-gouverneur en conseil et
à l'ORAS.
L'article 30 est clair: il permet à la personne
désignée par l'office d'avoir accès, en tout temps,
à tout document en possession d'une institution et de plus, comme si on
craignait d'avoir oublié quelque chose, d'exiger d'une telle institution
tout renseignement qui a trait à l'application de la présente
loi.
C'est évidemment un pouvoir exorbitant, dangereux, source
d'exercice arbitraire. C'est un mandat en blanc de fouille et d'interrogation
qui permet tout. Nous nous y opposons catégoriquement.
L'article 33 est lui aussi significatif à ce sujet; il suffit de
le lire pour en saisir la portée.
(1) Rapport de la commission d'enquête sur la santé et le
bien-être social, Vol. VIl, Tome Il - Les établissements à
but lucratif. (Cinquième partie) Gouvernement du Québec 1970.
"33. Il est interdit d'entraver une personne effectuant une
investigation conformément à la présente loi, de la
tromper ou de tenter de la tromper par des réticences ou par des
déclarations fausses ou mensongères ou de négliger
d'obéir à tout ordre qu'elle est autorisée à donner
en vertu de la présente loi."
Le Règlement d'ordre public no 1 édicté en vertu de
la Loi des mesures de guerre n'allait pas aussi loin. Nous croyons que tout
cela doit disparaître; en effet, les recours habituels et
déjà existants nous semblent suffisants.
Quant aux articles 120 et suivants, le pouvoir qu'aurait le
lieutenant-gouverneur en conseil de déchoir un ou des membres des
conseils d'administration des institutions publiques lorsqu'il considère
qu'il y a malversation, abus de confiance ou autre inconduite est exorbitant et
crée l'impression, à nos yeux, que le gouvernement méprise
la population et les représentants qu'elle choisit au sein de ses
institutions publiques. Les membres des conseils d'administration n'ont de
comptes à rendre qu'à ceux qui les mandatent et les choisissent
et non à d'autres quels qu'ils soient.
Et de plus, qui définira l'inconduite, l'abus de confiance et la
malversation?
Le recours criminels et civils à ce sujet nous semblent
suffisants et offrent moins de risques de décisions arbitraires.
Tout cela devrait disparaître du projet de loi.
DEUXIEME PARTIE
LES DROITS DES TRAVAILLEURS
Nous conviendrons tous que le projet de loi 65 entraînera des
bouleversements importants en matière de relations de travail. Les
multiples transferts, une nouvelle définition de certaines fonctions,
les changements d'employeurs sont des réalités auxquelles il faut
faire face et il ne suffira pas de nous dire que les droits des travailleurs
seront protégés par les articles 36 et 37 du Code du travail.
Nous avons déjà soulevé cette question à
l'occasion de la Loi de la communauté urbaine de Montréal et du
projet de loi 28. Nous constatons que le projet de loi 65 n'aborde nulle part
le respect des droits acquis des travailleurs qui ne sont pas partie à
des conventions collectives et qu'il n'indique pas non plus comment et si les
organisations syndicales seront partie à l'intégration du
personnel des services de santé et des services sociaux dans les
nouvelles structures.
A cette fin, le projet de loi devrait prévoir que le plan
d'intégration du personnel dans les nouvelles structures fasse l'objet
d'une entente négociée entre les institutions et le gouvernement
et les syndicats représentant le personnel concerné; qu'à
défaut d'entente entre les parties, un tribunal d'arbitrage
spécial soit institué pour entendre les représentations de
tous les organismes intéressés et rendre une décision
exécutoire.
Le plan d'intégration doit prévoir notamment: les
étapes de la réorganisation; les modalités de transfert
des travailleurs de telle façon que ces travailleurs ne reçoivent
pas de leur nouvel employeur des traitements inférieurs ou des
bénéfices sociaux d'une valeur inférieure aux traitements
et aux bénéfices sociaux qu'ils recevaient de leur ancien
employeur; qu'aucun travailleur ainsi visé par le projet de loi ne peut
être congédié ou mis à pied en raison de
l'application du plan prévu plus haut; que les bénéfices
sociaux accumulés au crédit d'un fonctionnaire ou employé
du gouvernement du Canada, du gouvernement du Québec, d'une ville ou
d'une institution dans une caisse, un plan ou un fonds administrés par
l'un de ces employeurs, par l'un de ces employeurs et ses employés ou
par un tiers pour le compte de ces personnes sont transférables à
la demande du fonctionnaire ou employé qui passe à l'emploi des
créatures administratives du projet de loi 65, et vice versa, le tout
aux conditions fixées par la Régie des rentes du
Québec.
Nous croyons et sommes persuadés que ce sont là les
dispositions élémentaires et minimales qui seules peuvent
garantir une réorganisation efficace et harmonieuse des services sociaux
et de santé.
Nous tenons à réitérer, en conclusion, nos
remerciements à l'endroit de la Commission permanente des affaires
sociales de nous avoir permis d'exprimer les positions des centrales syndicales
sur cet important projet de loi. La consultation de la population par les
parlementaires est grandement appréciée. A ce sujet, nous croyons
utile d'ajouter que cette législation sera évidemment
complétée par une imposante réglementation administrative
et que nous apprécierions que cette dernière soit aussi soumise
à une consultation équivalente.
La Confédération des syndicats nationaux
(CSN)
La Corporation des enseignants du Québec
(CEQ)
La Fédération des travailleurs du
Québec (FTQ)
ANNEXE B
MEMOIRE ET SUGGESTIONS PRESENTES A LA COMMISSION
PARLEMENTAIRE
DES AFFAIRES SOCIALES PAR LE COMITE DE
CITOYENS
POUR L'HOPITAL SAINT-HENRI
Monsieur le ministre, Messieurs les commissaires, Messieurs les
députés.
Monsieur le ministre,
Nous voulons d'abord vous remercier de bien vouloir prendre quelques
instants pour entendre la lecture de notre mémoire en rapport avec le
bill 65. Nous ne ferons pas d'exposé concernant l'hôpital de
St-Henri, non pas que nous abandonnions la lutte, mais il s'agit ici de traiter
d'un autre aspect connexe important concernant le domaine de la santé,
à savoir la réorganisation des services de la santé et des
services sociaux.
Nous devons vous féliciter pour cette entreprise qui comprend des
heures, des jours et des années de dur labeur qui aura pour effet de
mieux desservir la population, et lui donner des services meilleurs, auxquels
elle a droit. Cependant, nous doutons de la réussite de cette
réorganisation si vous ne faites pas des amendements au bill 65 tel que
proposé. Nous sommes contre l'institution privée (avec but
lucratif) elle n'a aucun rôle à jouer dans la distribution
des services. Il ne faut plus se servir de la santé du public pour faire
de l'argent.
Monsieur le ministre, après des années de consultation
avec des ministres de la santé, des députés, des
technocrates de tous les partis politiques, nous, le comité pour
l'hôpital St-Henri, sommes encore à nous demander ce que nous
apportera de nouveau toutes ces structures dictatoriales du bill 65. Ne
croyez-vous pas que tout pourrait mieux fonctionner s'il y avait la
participation du citoyen (1) à la base, ce qui n'a jamais
été fait.
Monsieur le ministre, vous parlez d'hommes nouveaux dans le Rapport
Castonguay-Nepveu, il nous semble que ce serait la plus belle occasion de
tenter l'expérience. Ce serait pour la première fois faire preuve
d'une vraie démocratie au Québec, et nous croyons que ce serait
la meilleure façon de réussir. Le bill 65 est une contradiction
flagrante d'avec vos déclarations antérieures. Vous avez toujours
prôné la participation du citoyen, vous avez visité
plusieurs villes du Québec, vous avez rencontré plusieurs
comités de citoyens, vous avez étudié plusieurs
mémoires dont un de notre comité, et aujourd'hui, en lisant le
bill 65, nous constatons que le pouvoir sera encore entièrement entre
les mains de prétendus experts, tels que sociologues,
économistes, etc., et que le citoyen devra s'incliner devant ces gens
par qui nous avons été trahis plus d'une fois. Nous parlons en
connaissance de cause puisque nous avons eu l'occasion de les rencontrer
à plusieurs reprises. Ce n'était que des promesses, des
peut-être, ou bien ceci, nous allons étudier la situation.
Toujours des paroles et jamais rien de concret. Vraiment, monsieur le ministre,
nous sommes à nous demander si ce ne sont pas les structures de nos
gouvernements qu'il faudrait changer avant de changer les structures des
services de santé. C'est en lisant le bill 65 que, voyant
apparaître de nouveau toute cette gamme de sociologues et
économistes, que nous nous posons la question.
(1) Quand nous parlons de citoyens nous avons en tête les citoyens
et leurs comités directement engagés dans les actions militantes,
soit dans le domaine de la Santé ou tout autre domaine concernant la
population.
Tout de même, nous constatons une petite amélioration sur
la participation dans les C.L.S.C. mais pour nous, ce n'est pas suffisant. Si
les citoyens n'étaient pas majoritaires au niveau de l'O.R.A.S., il
vaudrait mieux substituer cet organisme administratif et bureaucratique qui ne
fera qu'accroître les charges sans efficacité valable.
Nous envisageons la participation à 60 p.c. de citoyens dans tous
les centres d'administration. Nous ne demandons pas l'impossible, nous
demandons seulement une place dans la société, ce qui nous semble
normal. Le comité de citoyens pour l'hôpital St-Henri a
déjà fait preuve de compétence et du. sens des
responsabilités dans le passé, puisque nous avons fait
épargner la somme de douze millions au gouvernement antérieur en
refusant la construction d'un hôpital dans une zone industrielle, ce qui
aurait été néfaste pour la population de notre quartier.
Nous pourrions vous donner d'autres exemples qui ne sont pas moindres.
Monsieur le ministre, après toutes ces critiques qui ne sont pas
faites avec méchanceté mais avec conviction, nous aimerions vous
faire part comment nous on verrait la nouvelle organisation des services de
santé et des services sociaux.
O.R.A.S. a) Un directeur général b) un membre de
chacun des centres hospitaliers c) un membre de chacun des centres d'accueil de
la région d)un membre de chacun des centres de service social de la
région e) un membre du comité médical de la région
f ) un membre du comité du personnel de la région g) quinze
citoyens élus parmi les C.L.S.C, Centre local des services
communautaires
Quant à l'administration des institutions, voici ce que nous
préconisons.
Centre hospitalier a) Un membre de O.R.A.S. b) un directeur
général c) un membre du conseil médical et dentiste d)un
professionnel e) un membre du personnel f ) un membre de chacun des centres de
services sociaux g) un membre de chacun des centres d'accueil h) neuf citoyens
élus parmi les membres des C.L.S.C. de la région
concernée
Centre local des services communautaires a) Un membre de
l'O.R.A.S. b) un directeur général c) un membre des centres
hospitaliers d)un membre des centres des services sociaux e) un membre
élu parmi les professionnels f ) un membre parmi le personnel g) huit
membres élus par la population lors d'une assemblée
générale
Centre de service social a) Un membre de l'O.R.A.S. b)un
directeur général c) un professionnel d)un membre du personnel e)
un membre de chacun des centres hospitaliers parmi les citoyens élus f )
un membre de chacun des centres d'accueil g) neuf citoyens élus parmi
les C.L.S.C. de la région concernée.
Centre d'accueil a) Un membre de l'O.R.A.S. b) un directeur
général c) un professionnel
d)un membre nommé par le personnel e) un membre des centres des
services sociaux f) sept membres élus: deux parmi les pensionnaires du
centre d'accueil, cinq par la population locale lors d'une assemblée
générale annuelle.
Les directeurs généraux devront être
résidents de leur région et respectivement nommés par les
conseils d'administration des diverses institutions.
Nous présentons en annexe une description de ce que pourraient
être les: Centre hospitalier (C.H.) Centre local des
services communautaires (C.L.S.C.) Centre des services sociaux (C.S.S.)
Centre d'accueil (C.A.)
Comité de citoyens pour l'hôpital St-Henri Mme Marguerite
Legris, Secrétaire
ANNEXE I
Centre hospitalier Chirurgie
générale sans sous-spécialités
Anesthésie et réanimation O.R.L.
Gynéco-obstétrique Urologie Service de diagnostic
et de traitement Physiothérapie Soins intensifs
Isotope Endoscopie Laboratoires généraux
Pathologie Lits en conséquence des besoins
ANNEXE Il Centre local des services communautaires
Pédiatrie Dentiste --- Gynécologie
Planification familiale - Education sanitaire à la population -
Soins à domicile - Prévention - Thérapeutique
Médicaments et soins pharmaceutiques Psychologie Service
d'ambulance
ANNEXE IIl Centre des services sociaux
Garderie
d'enfants Services matrimoniaux Animation sociale
Organisations communautaires Loisirs familiaux de quartier
Conseiller juridique
Education des adultes sur la santé Service de
dépannage Information sur les conséquences néfastes
de la drogue.
Il faudra cependant, si la chose est possible, demander la planification
au niveau régional.
ANNEXE IV
Centre d'accueil
Vos objectifs pour ce centre sont acceptables, pourvu qu'ils
répondent toujours aux besoin locaux. Les personnes qui seront
pensionnaires de ces centres auront besoin d'une protection spéciale.
Nous pensons aux désastres pouvant résulter de la
négligence des administrateurs de ces institutions.