Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des Affaires sociales
Projet de loi no 65
Loi de l'organisation des services
de santé et des services sociaux
Séance du jeudi 11 novembre 1971
(Dix heures dix minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
A l'ordre, s'il vous plaît! Le bill 65.
Je vais demander aux membres de la commission de faire une tentative
pour raccourcir le temps des questions afin que nous puissions passer tous les
organismes, parce qu'aujourd'hui nous en avons presque quinze. Je voudrais que
nous prenions une demi-heure par organisme, soit par exemple, quinze minutes
pour l'exposé du mémoire et quinze ou vingt autres minutes pour
les questions des membres de la commission. Disons que nous tentons
l'expérience afin de pouvoir procéder plus rapidement.
Je voudrais aussi rappeler à chacun que, dans la
présentation de son mémoire, il faut nécessairement parler
au moins du bill 65. C'est assez important.
J'invite maintenant la Fédération de l'âge d'or du
Québec.
La Fédération de l'âge d'or du Québec.
M. Roland Dompierre?
Nous allons passer à un autre.
Ils ne sont pas arrivés. D'accord.
M. CASTONGUAY: Nous n'en avons pas reçu, non.
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas reçu de mémoire.
M. CASTONGUAY: C'est l'âge d'or. Ils traitent cela un peu d'une
autre façon que nous.
M. LE PRESIDENT: En tout cas, s'ils viennent plus tard, nous les
verrons.
Est-ce que les porte-parole de la Campagne des fédérations
du Montréal métropolitain sont ici? Bon.
Fédération et conseil du bien-être de la rive sud.
C'est le même mémoire, ça.
Campagne des Fédérations du
Montréal métropolitain
M. MACHABEE: M. le Président, je suis Jean Machabée, de la
Fédération des oeuvres de charité
canadiennes-françaises et je suis accompagné de M. Robert Beale,
de la Federated Catholic Community Services, ainsi que des directeurs
généraux de diverses fédérations concernées
et d'un représentant de la campagne.
Les Fédérations du Montréal métropolitain,
dans cette démarche conjointe auprès de la commission
parlementaire des Affaires sociales, veulent appuyer particulièrement
sur quatre éléments principaux de leur mémoire. Vous avez
pu prendre connaissance de ce mémoire que nous avons
préparé au sujet du bill 65; je n'en donnerai pas lecture,
comptant que les recommandations seront inscrites au journal des Débats.
(Voir annexe A)
Mes collègues et moi serons prêts, à la fin de cette
présentation, à répondre aux questions qui pourraient
être soulevées. Les quatre postulats à la base du
mémoire des Fédérations du Montréal
métropolitain sont les suivants: les ressources humaines que le secteur
privé apporte à une société; les ressources
financières qui viennent s'ajouter à celles de l'Etat permettant
ainsi à la solidarité humaine de s'exprimer; la participation
reliée à l'initiative privée et à la
responsabilité des personnes; la collaboration qui, entre secteur
privé et secteur public, doit se réaliser à travers des
mécanismes nouveaux.
En évoquant les ressources humaines, les
fédérations considèrent tout autant les personnes qui
consacrent une partie de leurs loisirs à l'administration des
institutions, que le bénévole qui met sa voiture à la
disposition d'handicapés ou ses talents culinaires au secours de
personnes âgées ou voir même la cueillette d'argent. Un
bénévole est d'emblée au service de ses semblables suivant
ses choix, ses aptitudes, ses disponibilités.
Dans son rapport annuel de 1970, le président de la Carnegie
Corporation de New York faisait état à la fois de la nature et de
la nécessité des institutions privées, il soulignait
combien ces institutions font bénéficier la société
de talents et d'expériences qu'elle ne peut se payer autrement. Depuis
déjà plusieurs décennies, les Fédérations du
Montréal métropolitain ont réussi à polariser les
ressources humaines du bénévolat dans des institutions
privées qui répondaient aux besoins de l'Etat et qui se sont
adaptées au changement. Pourtant, le bill 65 ne reconnaît aucun
statut à ces institutions, elles deviennent tout simplement autres que
les institutions publiques et, dans un même mouvement, le bill 65
définit l'institution publique une institution maintenue par une
corporation sans but lucratif, ce qui est pourtant notre cas à nous
aussi. L'optique du bill 65 tend-elle ainsi à nier pour l'avenir
l'expression des ressources humaines du bénévolat?
Qu'advient-il de la troisième partie de la Loi des compagnies qui
s'applique aux corporations sans but lucratif? Convaincues des bienfaits de
leur action jusqu'à maintenant, les fédérations
recommandent d'inclure dans le projet de loi une définition
précise de l'institution privée.
Outre les ressources humaines, le secteur privé a apporté
à la société de fortes contributions financières.
L'annexe du mémoire présente le tableau des sommes recueillies et
versées pour l'amélioration des conditions sociales. Ces montants
totalisent à plus de $240 millions et ont contribué à
mettre sur pied et à opérer 207 organismes. Certains de ceux-ci
ont été pris en change par l'Etat, quelques-uns sont disparus,
plusieurs ont leurs frais partagés par l'Etat, et les autres sont encore
sous la responsabilité totale des fédérations. Les
institutions privées ont offert déjà, offrent maintenant
et pourront offrir le service que l'Etat n'a pas pu, ne peut pas ou ne pourra
pas assumer. Le fait que le secteur privé à Montréal soit
encore impliqué dans le financement de services sociaux à la
famille et à l'enfance en est une preuve.
L'Etat, dans son projet de loi sur l'organisation de services de
santé et de services sociaux, se propose de prendre en charge des
institutions créées par le secteur privé dont la valeur et
l'utilité sont difficilement contestables. C'est pourquoi les
Fédérations du Montréal métropolitain
préconisent que toutes les conversions et fusions d'institutions
s'accomplissent après consultation et discussion avec les organismes
concernés. Nous recommandons aussi que soit créée une
commission provinciale comme mécanisme d'appel qui aurait sous sa
juridiction les conversions, les fusions, les permis et tout autre conflit ou
toute plainte présentée par une personne ou par un groupe. Je
tiens à souligner aussi un autre aspect économique des
contributions financières du secteur privé. En plus de s'attaquer
directement à la pauvreté, le secteur privé a
créé des emplois et a contribué par ses subventions
à une meilleure répartition des richesses.
Le troisième postulat introduit la notion de participation des
citoyens, ce qui existe déjà dans nos fédérations.
Dans une société où s'accentue la complexité, il
est certain que la participation deviendra un bien aussi essentiel que
l'éducation. Il faut donc que les structures en permettent la
réalisation. La participation est tributaire du libre arbitre dans son
expression, elle naît d'un choix et doit pouvoir se diriger vers un
choix. Les méthodes de nomination prévues dans le bill 65
tiennent peu compte de cette réalité.
Les processus d'élection ne peuvent s'actualiser que si des
assemblées générales sont prévues. C'est pourquoi
les fédérations en recommandent l'insertion dans le projet de
loi.
Les citoyens d'un pays, par leurs taxes, assument la
responsabilité des services essentiels. Il s'ensuit que certains
prétendent qu'en payant des taxes ils peuvent rejeter sur l'Etat toute
la responsabilité des maux et des défauts de notre
société.
Les institutions privées, par contre, ont permis à un
grand nombre d'individus d'exercer ce sens social de la participation, en les
rendant responsables de la prise de décision et de la promotion des
orientations, au sein des conseils d'administration.
Enfin, la participation entraîne le développement du
sentiment d'appartenance qui permet à une personne d'affirmer sa valeur
humaine. Les centres locaux de services communautaires peuvent devenir
d'excellents instruments de promotion sociale, si la majorité de leur
conseil d'administration est composé de gens du quartier et si la
responsabilité de la coordination des ressources pour un quartier
donné leur est accordée.
Les Fédérations du Montréal métropolitain
partagent les grands objectifs du ministère des Affaires sociales, tels
que déjà exprimés par le ministre des Affaires sociales,
soit l'amélioration de l'état de santé et des conditions
sociales de la population. Elles souscrivent aussi d'emblée à
l'objectif du projet de loi, soit assurer à la population
l'accessibilité et la continuité des services de santé et
des services sociaux; c'est partie de nos propres objectifs.
Comme bailleurs de fonds pour des services, les
fédérations se situent au même niveau que l'Etat et
partagent avec lui la même nécessité de programmation et de
planification. Notre démarche aujourd'hui est marquée de cette
collaboration qui est un élément essentiel de l'organisation et
du bon fonctionnement des services sociaux et des services de santé dans
la région métropolitaine de Montréal.
Dans cette optique, les Fédérations du Montréal
métropolitain recommandent la mise en place, au niveau régional,
d'une division conjointe de planification et de coordination pour le
gouvernement et le secteur privé.
Au terme de cette présentation, les Fédérations du
Montréal métropolitain désirent assurer le gouvernement de
leur désir de collaborer. Le projet de loi 65 détermine une
politique gouvernementale. Le secteur privé est bien conscient qu'il
doit redéfinir ses propres priorités. Il doit aussi continuer
à assurer à une société des institutions qui
servent de tremplin au progrès et à l'évolution.
Nous recommandons des amendements que nous croyons
nécessaires.
Toutefois, les fédérations du Montréal
métropolitain sont d'accord sur le principe fondamental du bill 65, et
pour en assurer une implantation valide dans notre région, les
présidents des fédérations sollicitent du ministre des
Affaires sociales une entrevue à brève
échéance.
M. LE PRESIDENT: Pardon monsieur... M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier les
représentants de la Campagne des Fédérations du
Montréal métropolitain. Comme on le sait, les
fédérations ont joué un rôle important, on vient
d'en donner certaines dimensions dans ce mémoire, que ce soit à
Montréal, à Québec ou dans d'autres villes.
D'ailleurs l'an dernier, au début de la campa-
gne, ils m'avaient invité comme je crois qu'ils l'ont fait avec
mon prédécesseur et je m'étais empressé d'aller
assister à cette séance qui avait pour but de lancer la campagne.
Si je mentionne ceci, c'est pour que l'on réalise que, même dans
les gestes, non pas seulement dans les paroles, je suis conscient du travail
effectué par les fédérations et aussi par la contribution
qu'elles suscitent de la part de nombreux bénévoles, non
seulement au plan financier mais aussi au plan de contributions diverses comme
celles dont on a donné quelques exemples.
Ici, il me semble important de faire une certaine précision
relativement au projet de loi 65. Ce projet de loi, comme le nom l'indique, est
un projet de loi qui touche particulièrement ou principalement, sinon
essentiellement l'organisation des services de santé et des services
sociaux. Les mécanismes de financement des services sont prévus
présentement dans d'autres lois, telles la Loi de l'assistance publique,
la Loi de l'assurance-hospitalisation ou encore se feront tout simplement par
le processus budgétaire du gouvernement.
Et le gouvernement, à partir d'articles à son budget
accorde des subventions. C'est la raison pour laquelle, dans les
définitions, dans les catégories d'institutions que nous avons
proposées dans le projet de loi, il n'y a probablement pas tout à
fait assez de nuances étant donné que nous ne touchons pas aux
modalités de financement sauf à un endroit où nous aurions
probablement pu être plus nuancés.
Comme je le répète, le but était plutôt de
faire des catégories au plan de l'organisation. On en a conclu et
c'est malheureux, je réalise que le projet est faible sur ce point
que nous voulions la disparition des organismes qui sont
financés, soit totalement par des fédérations comme la
vôtre ou les vôtres, soit partiellement. Cela n'est pas le cas.
Nous allons apporter les modifications qui s'imposent au projet de loi.
Cependant, le projet de loi, toutefois, va vouloir clarifier, par ce que
nous proposons, certains aspects qui sont assez importants. Vous avez
référé, ce matin, dans la présentation de votre
mémoire, à des organismes privés. Dans tous les cas, il
s'agit, je crois, d'organismes financés, soit totalement par la
population, en partie par des contributions volontaires, en partie par des
taxes que nous, comme gouvernement, percevons et vous remettons ou remettons
à ces organismes, soit encore des organismes qui sont financés
à 100 p.c. par le gouvernement.
Dans ce sens-là, ils sont soit publics ou communautaires, peu
importe le terme. Mais, je crois que l'appellation "privée" ne
correspond plus tellement à la réalité. Egalement, nous
sommes de plus en plus conscients, aujourd'hui, d'un plus grand besoin de
coordination, d'intégration des services, pour faire en sorte que des
personnes qui sont aux prises avec divers problèmes familiaux, sociaux,
de travail, etc., n'aient pas à se raccorder un grand nombre de services
dont, bien des fois, ils ne soupçonnent même pas l'existence.
Je crois que les fédérations sont conscientes, le fait
même qu'elles se soient regroupées dans une campagne conjointe
l'indique; il faut donc une plus grande coordination. De la même
façon, nous en sommes rendus au point où nous tous sommes
conscients du fait que les besoins dans les secteurs des services sociaux et
des services de santé excèdent nos capacités
financières et les excéderont pour un bon moment. Etant
donné aussi le fait que nous avons atteint un niveau où les
impôts et les taxes sont élevés, il nous faut rechercher
une plus grande efficacité au plan administratif et, dans certains cas,
la multiplication des agences, leur fragmentation, leur petite taille
entraînent des coûts, des frais d'administration extrêmement
élevés.
C'est dans ce sens qu'il nous semble, étant donné que ces
agences reçoivent des fonds importants de l'Etat comme le
député de Montmagny l'a mentionné que les
contributions recueillies par les fédérations sont importantes.
L'an dernier, si ma mémoire est bonne, vous avez recueilli à
Montréal environ $10 millions; à Québec, un montant
d'environ $1 million a été recueilli et dans les autres
régions du Québec, peut-être un total de $1 million. Ce qui
fait $12 millions. On ne peut ignorer que le gouvernement, au cours de la seule
dernière année, par la voie de la taxation, par les
hôpitaux, par les agences, par les institutions dans le secteur des
services de santé et des services sociaux, a probablement
consacré des sommes de l'ordre de $1.1 milliard.
Il nous faut donc nous assurer que ces agences, ces institutions par
lesquelles est dépensé ce $1.1 milliard, répondent
à certains critères aussi. C'est ce que nous proposons dans le
projet de loi 65 et je crois qu'il est possible d'en arriver à un
équilibre heureux qui nous permettra à la fois, comme
gouvernement, de poursuivre les politiques que nous avons
énoncées et sur lesquelles vous êtes d'accord, et aussi de
vous permettre de poursuivre votre oeuvre qui je ne veux absolument pas
le contester est extrêmement valable.
Je voulais faire ces quelques commentaires parce que je sais que le
projet de loi 65 a suscité quelque inquiétude dans votre milieu;
que vous avez pu craindre aussi qu'il diminue l'enthousiasme des gens quant aux
contributions qu'ils pourraient verser au cours de la campagne de contributions
qui s'en vient. C'est pourquoi je voulais faire ces commentaires. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'écoute
toujours avec une grande satisfaction le ministre quand il nous dit qu'il va
apporter telle précision ou qu'il va améliorer le projet de loi.
La satisfaction est aussi grande pour les membres de l'Opposition que pour
les
organismes qui viennent devant la commission parlementaire pour
souligner des aspects particuliers du projet de loi. Il est évident que,
dans une législation aussi complexe, tout ne pouvait pas être
prévu ou que certains aspects particuliers du projet de loi pouvaient
échapper au législateur.
Il est heureux que les organismes fassent ressortir avec preuve à
l'appui ou avec argumentation à l'appui, certaines déficiences ou
certaines omissions dans le projet de loi. C'est ce que d'autres organismes
avant vous ont fait et c'est ce que vous avez souligné ce matin.
Le point important que l'on doit faire ressortir à l'occasion de
votre présence devant la commission, c'est justement cette
présence importante et cette place importante que vous occupez dans le
secteur social, non seulement par l'importance des souscriptions. Si nous
comparons ces $12 millions avec le $1.1 milliard dont vient de parler le
ministre, c'est un pourcentage peut-être de moindre importance. Mais,
nous l'avons mentionné déjà antérieurement, la
signification, ce n'est pas seulement le montant d'argent, c'est ce qu'il
traduit, c'est le travail, la motivation, la participation que vous prenez
à tout ce réseau, à tout cet éventail de services
dans le territoire que vous desservez, à tout le réseau qui
bénéficie de ces ressources que vous mettez à sa
disposition, ressources financières et ressources humaines.
Il est exact qu'au début, si cela n'avait été que
des organismes comme le vôtre ou des organismes du secteur privé
dans le domaine social, il y a bien des initiatives qui n'auraient pu voir le
jour, bien des services nouveaux qui n'auraient pas été mis
à la disposition de la population. Que l'Etat se préoccupe,
à ce moment-ci, de mieux coordonner tous ces services qui ont
été créés par les différentes agences
sociales, c'est normal. Mais il ne faudrait pas que, dans ce processus de
coordination et d'intégration, que par un manque de précautions,
l'on perde des ressources humaines, l'on perde de la motivation, l'on perde
enfin, peut-être, une contribution qui est essentielle et dont nous avons
absolument besoin.
J'attirerais l'attention du ministre sur ce point important que vous
avez souligné. Vous ne refusez pas la redéfinition, vous avez
même demandé une entrevue au ministre pour en discuter plus avant.
Vous ne refusez donc pas de collaborer, de participer à cette
opération, vous ne refusez pas les objectifs du projet de loi 65, mais
vous sentez certainement que vous devez rediscuter le rôle de la
fédération et le rôle des organismes que vous subventionnez
dans tout ce nouveau réseau, dans cette réorganisation.
Il est important, et j'attire l'attention du ministère
là-dessus, que des précautions soient prises afin que dans cette
opération, dans la mise en marche de cette réorganisation, on ne
laisse pas de côté, on utilise au maximum tous les services que
vous pouvez rendre, non seule- ment du côté financier mais du
côté des ressources humaines et même du côté de
tout ce que vous avez accumulé comme expérience dans le champ des
affaires sociales et dans le champ des services sociaux du Montréal
métropolitain.
C'est dans ce cadre-là que votre mémoire s'inscrit, c'est
l'optique dans laquelle vous l'avez présenté et je pense que nous
devons souligner la collaboration que les agences, que la
fédération, que votre fédération a toujours
apportée aux gouvernements qui se sont succédé.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Je tiens à féliciter les
fédérations du Montréal métropolitain et toutes les
oeuvres qui concourent à sa réalisation de nous avoir
présenté un mémoire. J'ai relevé ici certains
points qui, vraiment, sont très près de l'exactitude ou de la
vérité, entre autres, à la page 6, il y a une question que
nous avons souvent posée à cette commission, c'est que nous
regrettons, en fait, que le projet de loi 65 soit présenté avant
la publication de la dernière tranche du rapport Castonguay-Nepveu.
A la page 8, paragraphe 14, il y a une affirmation que nous avons
entendue plusieurs fois et, vraiment, il est aussi encourageant, si M. le
ministre veut absolument modifier son projet de loi en tenant compte de tout ce
que le secteur privé peut nous apporter au point de vue de
réalisation et d'ambition humaine parce qu'en
réalité, il faut beaucoup d'ambition je ne crois pas que
ce sera seulement le fonctionnarisme qui pourra tout régler, un de ces
matins, dans la participation aux soins du public.
Le dernier paragraphe que je relève, et qui me frappe beaucoup,
c'est celui de la page 18, article 35: "On s'inquiète de la
pénurie de personnel qualifié qui puisse permettre l'organisation
des services de santé et des services sociaux."
J'ose croire que c'est un facteur qui va devenir déterminant,
parce que j'ai remarqué, même hier, lorsque sont passés les
représentants des institutions psychiatriques, par exemple, on
mentionnait qu'il existait une certaine difficulté à obtenir du
personnel et je ne crois pas que ça ira en s'améliorant, parce
que les jeunes tiennent à se diriger davantage dans des services
où on n'entend pas la souffrance humaine huit heures par jour,
vingt-quatre heures par jour.
Par nature, les individus recherchent ce qui est le plus facile et c'est
normal.
M. le Président, ce sont à peu près les seuls
commentaires que j'avais à faire. J'apprécie encore et je
remercie ceux qui sont venus présenter leur mémoire.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Bourget.
M. LAURIN: J'aurais deux questions à poser.
La première, en ce qui concerne ce nouveau rôle, cette
nouvelle mission que veut se donner la fédération. De
supplétif qu'il était comme vous le voyez, l'Etat devient
de plus en plus le moteur, le régulateur, l'organisateur
où en êtes-vous rendus dans cette nouvelle définition de
votre rôle, maintenant que vous savez que vous êtes
supplétifs à l'Etat et non le contraire? Quels sont les
rôles nouveaux que vous vous assignez?
M. MACHABEE: Disons que c'est justement la question que nous nous posons
nous-mêmes depuis quelque temps et à laquelle nous avons
été incapables de répondre avec précision, parce
que nous y voyons un rôle qui est celui du gouvernement et nous ne
pouvions pas différencier notre propre rôle ce que le
ministre disait tantôt de celui des agences qui sont
déjà, si vous voulez, subventionnées par le gouvernement
et par nous, est-ce qu'elles demeureront subventionnées par le
gouvernement et par nous?
Nous demandions une réponse pour obtenir une définition et
une précision.
Quant à celles qui nous appartiennent, nous avons
déjà songé à réorienter et je le dis
dans mon mémoire nos efforts vers de nouveaux problèmes
qui surgissent continuellement. Dans une ville comme Montréal, avec tout
la population qui y est concentrée, c'est un vaste champ de nouveaux
problèmes, un vaste champ de nouvelles institutions et, sur ce point, M.
le ministre, je suis d'accord avec vous pour que nous appelions aujourd'hui nos
institutions "communautaires" et non pas "privées", mais, comme le mot
était dans le mémoire, nous l'avons utilisé et nous
croyons fermement que ce ne sont pas les problèmes qui feront
défaut, mais probablement les ressources et, dans ce sens-là,
nous n'aurons pas de difficultés à trouver d'autres avenues.
M. LAURIN: Ma deuxième question porte sur l'importance que vous
accordez aux assemblées générales. Selon vous, ce sont les
assemblées générales de chaque institution qui devraient
élire les conseils d'administration. Il devient alors très
important de déterminer ce que seront ces assemblées
générales, qui en fera partie.
Je vois que vous demandez au gouvernement dans votre mémoire de
définir la composition de ces assemblées générales,
qui aura le droit de vote et tout cela, mais j'imagine que, si vous faites
cette recommandation, vous devez bien avoir déjà à
l'esprit quelques suggestions concrètes, je ne les vois pas dans votre
mémoire. Pourriez-vous préciser davantage?
M. MACHABEE: Oui, au niveau des ORAS par exemple, on pourrait
considérer comme membres de l'assemblée générale
tous les membres des diverses institutions publiques qui pourraient ainsi
constituer une assemblée générale et élire leurs
propres délégués aux ORAS. Quant aux institutions
mêmes, après avoir eu l'occasion allouée pour des
représentations, soit du gouvernement, soit d'autres corps
professionnels, nous croyons qu'il est logique que la population locale
élise elle-même ses représentants comme nous élisons
régulièrement des commissaires d'écoles, ou des choses
semblables. Il ne serait pas illogique du tout à notre esprit que nous
élisions en même temps plusieurs personnes pour les
représenter dans les corps publics.
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez préciser davantage dans une
communication ultérieure?
M. MACHABEE: Bien, nous serions disposés à étudier
de façon plus approfondie cette suggestion que nous faisons. Remarquez
bien que nous n'avons pas tenté de définir toutes les
modalités et c'est un peu dans cet esprit que nous invitons le ministre
à venir nous rencontrer pour que nous puissions nous entendre sur ce qui
pourrait être de valables suggestions dans son programme, mais que nous
pourrions appliquer chez nous.
M. LAURIN: Je reconnais avec vous qu'il n'y a pas de différence
à faire entre le champ d'éducation et le champ de la
santé, ce sont deux droits fondamentaux, ce sont deux activités
essentielles de toute communauté. Si on prévoit un mode de
nomination pour tel secteur, je ne vois pas a priori pour quelle raison on
l'éliminerait pour tel autre, malgré qu'il y a des
différences spécifiques entre les deux secteurs au point de vue
institutionnel, au point de vue de la participation. Mais une fois ces
communautés notées, il reste quand même des
différences et, quand on prévoit un mode d'élection, il
faut tenir compte de tous les facteurs. Or, dans votre mémoire, vous ne
faites qu'énoncer le principe, on ne va pas plus loin.
M. MACHABEE: C'est exact. Evidemment, nous n'avions pas l'intention dans
le mémoire, comme je le disais tantôt, de développer toutes
les modalités, de prévoir tous les problèmes locaux mais
il nous apparaît comme logique de pouvoir travailler dans ce
sens-là et c'est fort probable que nous pourrions y trouver une solution
après avoir réglé les conflits qui pourraient se
présenter et les petits problèmes que nous aurions à
régler.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Je vais faire un commentaire assez bref qui se terminera par
une question que je poserai au ministre. Votre mémoire souligne et
reconnaît l'importance du secteur privé dans le domaine de la
santé. Vous reconnaîtrez que
dans le passé un travail formidable a été fait et
j'aimerais à souligner ici les $12 millions de participation
financière de la part de la population. Comment pourrait-on faire
là j'adresse ma question au ministre si c'était possible
de l'évaluer, en chiffres l'évaluation du
bénévolat, c'est-à-dire cette participation de la
population, parce que tout bénévolat exige une participation,
qu'on le veuille ou pas. On se préoccupe énormément de la
participation, sera-t-elle fictive, sera-t-elle réelle? Alors, la
participation qu'on voit par exemple dans les $12 millions de participation
financière, est-ce que le ministre serait en mesure de dire à peu
près à combien ou même le groupe qui est devant nous
pourrait s'évaluer le bénévolat?
M. CASTONGUAY: Cela ne s'évalue pas. Si vous voulez me faire dire
que je ne suis pas pour le bénévolat, cela ne sert à rien
de me poser des questions comme cela, je l'ai déjà dit. Cela ne
s'évalue pas, le bénévolat, toutes les formes d'aide qui
ont été mentionnées qui peuvent être
apportées à des personnes à domicile, etc. C'est bien
évident que c'est très valable, je ne l'ai jamais nié,
mais ça ne s'évalue pas en termes d'argent.
M. GUAY: M. le Président, j'ai une question supplémentaire
à poser, justement puisqu'on parle du bénévolat, puisqu'on
dit qu'on ne peut pas l'évaluer. On sait que le bénévolat
existe dans les institutions privées, dans les organismes de service et
d'entraide. Est-ce que le bénévolat existe au niveau du
gouvernement? Or, on a l'impression, par le bill 65, qu'au lieu d'aider les
organismes existants, l'Etat veut tout simplement les remplacer. Est-ce que
l'Etat va pouvoir remplacer la part qu'il aurait apportée par le
bénévolat à l'heure actuelle?
M. CASTONGUAY: Je garderais ce genre d'argumentation au niveau de la
deuxième lecture.
M. ROY (Beauce): Parfait. J'aurais tout simplement un mot à
ajouter ici relativement aux chiffres mentionnés tout à l'heure.
On a parlé de $12 millions et on a comparé ce montant à
tous les programmes de santé et les programmes de services sociaux en
incluant l'assurance-hospitalisation. Il est évident que les $12
millions dans le $1.1 milliard représentent à peu près un
pour cent, mais si on compare les $12 millions qui sont donnés par les
oeuvres et qui sont souscrits par la population avec les programmes sociaux du
gouvernement, qui se chiffrent aux environs de $179 millions, on trouve que
cela représente un apport de 7 p.c. Par contre, si on compare les
mêmes chiffres de $12 millions avec les services sociaux
généraux, le poste no 12 dans les postes des crédits
budgétaires, on trouve à ce moment-là que cela
représente 40 p.c. du montant souscrit par la population. C'est
là, je pense, qu'il faut s'interroger sérieuse- ment et se
demander si le gouvernement et les québécois ont les moyens de
perdre ces $12 millions pour les services, parce que nous risquons, et je le
répète, je l'ai dit hier, que les limites budgétaires de
l'Etat risquent de réduire les services qui existent actuellement.
M. CASTONGUAY: Vos 40 p.c... en tout cas, je pense que j'ai dit ce que
j'avais à dire sur cette question. C'est bien évident, je l'ai
dit tantôt, et j'espère que les gens des fédérations
ont compris mon message, même s'il n'a pas été compris
clairement par tous.
M. LE PRESIDENT: Alors, pour les questions, madame, messieurs, je vous
remercie. Un instant, oui? Excusez-moi.
M. DESBIENS: J'aimerais simplement ajouter que ce qui va devenir
très important, on l'a souligné, quand on parle de $12 millions,
c'est qu'il y a quand même une participation des corporations. Or, c'est
là qu'on va avoir besoin de l'aide de l'Etat, parce qu'il y a beaucoup
de corporations qui se posent des problèmes à ce moment-ci: elles
sont formées de citoyens, mais il faudrait voir là-dedans que les
corporations apportent une aide. Ils se disent: On paie
énormément de taxes déjà, qu'est-ce qu'on va faire?
Il y a beaucoup de débats qui se produisent présentement à
ce niveau-là et je pense que les déclarations du ministre dans le
passé, M. Cloutier, et les vôtres nous ont aidés à
interpréter auprès de la population ces choses-là. Je
crois que ça va devenir encore plus important parce que, tout à
l'heure, le facteur le plus important, ce ne seront pas les sommes
financières, ce sera la mobilisation de ressources humaines
extraordinaires.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs, si vous me permettez un dernier commentaire,
que ces interrogations et que ces inquiétudes se produisent, c'est sain,
à mon sens parce qu'il est évident qu'il y a de nouveaux
problèmes comme votre porte-parole l'a mentionné, qu'il y a de
nouvelles approches qui doivent être recherchées, qu'il est
nécessaire d'avoir plus de coordination, de répondre d'une
façon plus complète et plus continue au plan des services aux
personnes qui ont besoin de ces services. Le processus de remise en question
n'a pas été provoqué par le bill 65, il dure depuis
longtemps et il est sain à mon avis. Le bill 65 s'intègre
plutôt dans ce processus et ce n'est pas lui qui l'a provoqué. Je
voulais mentionner cela aussi pour compléter l'échange.
M. LE PRESIDENT: Si les membres de la commission n'ont plus
d'information à demander, madame, messieurs, je vous remercie.
M. MACHABEE: Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je vais inviter le Service social de Beauce Inc. Alors,
très bien, messieurs.
Service social de Beauce
M. PARE: Le Service social de Beauce, Marcel Paré,
président, à ma gauche, M. Gagné, membre du conseil
d'administration, bénévole, M. Emilien-A. Cliche, membre du
conseil d'administration, également bénévole, et le
directeur général de l'agence, M. Marcel Gendreau.
M. le Président, MM. les membres de la commission parlementaire
des Affaires sociales, le Service social de Beauce veut profiter de l'occasion
pour donner son opinion sur le bill 65 et suggérer certaines
modifications susceptibles d'améliorer le projet de loi.
Les objectifs. Loin de nous l'idée de nous opposer aux objectifs
proposés par le législateur dans le projet de loi. Cependant, il
nous apparaît se refléter beaucoup plus les objectifs du
ministère des Affaires sociales que ceux du projet de loi 65.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous voulez faire un résumé de
votre mémoire ou si vous voulez le lire en entier?
M. PARE: Pardon, je n'ai pas compris,
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous voulez lire le mémoire en entier
ou le résumer?
M. PARE: Bien, nous pouvons en faire un résumé.
M. LE PRESIDENT: Oui, s'il vous plaît, parce que les membres de la
commission ont le mémoire. Voulez-vous faire un résumé,
s'il vous plaît?
M. PARE : Est-ce que tous les membres ont le mémoire en main?
M. LE PRESIDENT: Oui. M. ROY (Beauce): D'accord.
M. PARE: Page 4, notre perception: Avant de conclure que les intentions
du législateur sont louables, notre prudence beauceronne nous
amène à faire clarifier un peu plus ses objectifs.
Un des objectifs non déclarés nous semble être la
mainmise de l'Etat et le contrôle très poussé. Le
législateur devait avoir des raisons extrêmement sérieuses
pour agir ainsi.
D'un côté, il nous apparaît que le bill 65 a pour
objectif essentiel d'apporter une planification qui n'a pu voir le jour plus
tôt dans l'Etat du Québec.
D'un autre côté, cette planification permettrait de
réduire le coût de l'acte médical ainsi que le per diem des
institutions hospitalières.
Page 5, à l'article b): Est-ce que le Conseil des Affaires
sociales et de la famille a été institué pour conseiller
le ministre dans des questions de deuxième ordre ou bien si des
réformes aussi importantes que celles proposées dans le bill 65
n'ont pu retenir son attention?
Considérations. Nos gouvernements continuent à favoriser
au Québec une superstructure de millionnaire avec une infrastructure de
"quêteux". Les gouvernements et les syndicats essaient de nous faire
croire que nous habitons dans une province riche. Mais tel n'est pas le cas. Il
y a des richesses au Québec, mais la population est pauvre et a de la
difficulté à joindre les deux bouts.
Les services sociaux dans le bill 65: Pourquoi fallait-il inclure les
services sociaux dans le bill 65? Pour donner un statut juridique à nos
agences? Les agences de service social ont déjà leur statut
juridique. On aurait pu perfectionner les contrôles par l'Etat tout en
permettant aux conseils d'administration des agences de demeurer très
près de la population.
Les conseils d'administration, les offices régionaux, les centres
hospitaliers, les centres de service social et les centres locaux de services
communautaires ne représenteront que les organismes les plus forts... La
raison du plus fort est toujours la meilleure. Les membres de ces conseils ne
représenteront peut-être rien du tout étant donné
les problèmes inhérents à un tel type de
représentation. Les besoins de Monsieur tout le monde seront-ils pour
autant connus?
Page 8, les ORAS, au troisième paragraphe. Il arrive que le bill
65 semble renier le passé, faire table rase et vouloir tout recommencer
à neuf, tout comme s'il ne s'était rien fait de bon dans le
passé.
Nous recommandons qu'au moins cinq personnes des conseils d'oeuvres
(Conseil de développement social) quand cela est possible, puissent
faire partie des conseils d'administration des ORAS.
Balayage des conseils d'administration. Le Service social de Beauce est
opposé catégoriquement à l'article 50 du bill 65. Tout
d'abord, sous prétexte d'amener du sang nouveau, le ministre
décide de tout balayer et de faire disparaître les conseils
actuels d'administration.
Il n'y a pas de demi-mesures, ce qui équivaut à dire,
messieurs, que tout ce que vous avez fait ne compte plus. Le ministre semble
admettre que le contrôle de ses fonctionnaires a manqué dans le
passé, et en même temps il veut subordonner les pouvoirs des
conseils d'administration aux fonctionnaires de son ministère, quand ce
n'est pas au conseil des ministres.
On songe à construire et à recréer les mêmes
systèmes, mais non plus complexes, avec des mots et des abus
différents. On appelle cela améliorer l'état de
santé des Québécois parce qu'on leur enlève toute
liberté. On pense aux gros sous et on oublie qu'il y a un
problème humain. Cela va peut-être bien sur le plan administratif,
mais cela n'améliore rien.
Est-ce que, dans le passé, tout ce qui a été fait a
été si mal? Les membres de notre conseil d'administration ont
déjà eu l'occasion de
présenter un mémoire aux autorités du
ministère en septembre 1968 et nous avions posé plusieurs
questions sur notre rôle, et si le gouvernement avait l'intention de se
passer de nous, voir l'annexe, le bill 65 constitue-t-il une réponse
à cette question?
A un moment où on ne parle que de participation, le bill 65 vient
mettre un terme à un type de participation gratuite dans tous les sens,
qui devenait de plus en plus positive. Le bill 65 remercie d'une drôle de
façon les membres actuels et passés des conseils d'administration
des agences.
Etant donné que le mémoire est assez long, peut-être
pourrait-on seulement lire les recommandations au tout début des deux
premières pages...
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. PARE : Recommandations. Nous recommandons qu'au moins cinq personnes
des conseils d'oeuvres (conseils de développement social) quand cela est
possible, puissent faire partie des conseils d'administration des offices
régionaux des Affaires sociales. Deuxièmement, nous recommandons
que les conseils actuels d'administration puissent être maintenus. Si le
ministre tient absolument à augmenter leur nombre à quatorze, il
pourrait nommer des membres supplémentaires. Les neuf premiers membres
devraient pouvoir être nommés à la façon
habituelle.
Nous recommandons que les représentants des employés
puissent être admis aux réunions du conseil, seulement comme
consultants sur des problèmes donnés. Nous recommandons que le
directeur général n'ait pas droit de vote aux réunions du
conseil d'administration. Nous recommandons que les assemblées
générales des agences de services sociaux puissent être
maintenues et qu'au moins cent personnes venant des municipalités du
territoire desservi par l'agence forment l'assemblée
générale.
Nous recommandons que les fonctionnaires responsables des organismes
soient tenus d'assister aux réunions annuelles des organismes, de
même qu'à une réunion par année des conseils
d'administration. La recommandation 7 est reportée à 13. Nous
recommandons que le territoire actuel des agences de service social soit
maintenu. Nous recommandons que les services d'infirmières visiteuses
soient organisés graduellement dans tous les territoires de la province
afin de décongestionner les hôpitaux.
Nous recommandons que les hôpitaux réunissent leurs membres
de l'assemblée générale une fois par année et que
cette assemblée générale soit formée d'au moins
cent personnes nommées dans son territoire. Nous recommandons qu'il n'y
ait pas d'autres projets de centres locaux de services communautaires de
réalisés d'ici une période de cinq ans, afin de
procéder à une évaluation sérieuse de ces
projets.
Nous recommandons que les services de retour à la vie normale
demeurent des services intégrés aux agences sociales.
Treizièmement, nous recommandons que les agences de service social
soient exclues du projet de loi 65.
A la page 17 du mémoire, au chapitre intitulé "Service de
retour à la vie normale", si vous nous le permettez, il y aurait un
passage à souligner.
Service de retour à la vie normale.
Nous avons un service de retour à la vie normale au Service
social de Beauce depuis deux ans et demi. Nous y avons consacré beaucoup
d'efforts et de temps, que ce soit au niveau du personnel ou du conseil
d'administration.
Nous avons été récompensés de nos peines,
puisqu'il y a 400 assistés sociaux de retournés au travail
depuis, dont 185 pour les derniers six mois. Ce service constitue une
priorité chez nous, parce que nous considérons que les
assistés sociaux ont d'abord besoin de retrouver leur dignité
d'hommes avant de pouvoir bénéficier de d'autres services.
Le garçon de celui qui reçoit une allocation d'assistance,
n'oubliez pas, M. le Président, qu'il veut l'emploi de son
père.
Dans notre région, le taux de chômage a diminué
considérablement et nous n'avons pas l'impression d'être
étrangers à cette diminution. Le bas de la Beauce constitue
probablement le coin de la province où il y a le moins de
chômage.
Des exemples qu'on peut vérifier au bureau du Bien-être:
à Saint-Joseph-de-Beauce, il n'y a que quatre assistés sociaux
aptes au travail; à Vallée-Jonction, trois; à
Sainte-Marie, quatre; à Saint-Jules, trois. Pourtant, il y a à
peine quelques années, cette dernière paroisse était
considérée comme marginale. Enfin, ce qu'il y a
d'intéressant, les industries dans la Beauce appartiennent aux gens de
chez nous.
Notre service doit continuer à multiplier ses efforts, parce que
le bill Muskie risque de faire perdre plus d'un millier d'emplois seulement
dans la Beauce, si nos voisins du sud décident de l'adopter.
Il ne s'agit pas uniquement de retourner un assisté social au
travail, mais plutôt d'une réinsertion sociale. Il ne s'agit pas
uniquement de motiver les assistés sociaux et de les faire travailler.
Il faut s'occuper de la famille et de lui faire reprendre une vie normale, que
ce soit par de la consultation budgétaire, en réglant un
problème de logement, en facilitant la fréquentation scolaire des
enfants, etc.
Le retour à la vie normale, c'est beaucoup de choses. Nous
imaginons difficilement un tel service organisé dans un milieu rural
capable de desservir efficacement un territoire beaucoup plus grand que le
territoire actuel des agences.
Qu'adviendra-t-il des services de retour à la vie normale avec la
nouvelle structure proposée par le bill 65? A la lumière de
considérations énoncées dans ce mémoire, nous
traduisons ici notre inquiétude face â l'avenir de ces
services,
d'autant plus que d'autres ministères songent à se les
accaparer.
M. le Président, nous aimerions obtenir une réponse
précise du ministre.
Je demanderais à M. Emilien Cliche de faire quelques commentaires
additionnels des notes de notre mémoire.
M. CLICHE: M. le Président, nous devons d'abord vous
féliciter pour votre courage et tous les efforts déployés
pour préparer le bill 65 pour mieux servir la population, et ceci,
à meilleur marché.
Vous vous attendiez à des protestations, c'est donc notre raison
d'être ici, afin de vous présenter le mémoire du Service
social de Beauce et ses quelques commentaires. Ce mémoire a
été conçu objectivement après plusieurs
séances d'étude. Le mémoire a été
rédigé suivant nos besoins et dans le but de vous aider à
mieux servir la population, surtout celle de notre milieu.
Tout d'abord, nous doutons fort que vous ayez présentement les
mécanismes nécessaires pour réaliser ce projet d'une
façon efficace, pour rendre des services d'une façon
économique et pratique aux citoyens de la belle province.
Vous connaissant de réputation, loin de nous l'idée que ce
bill 65 ait un caractère politique mais, attention! Nous avons
vécu la construction des grandes écoles. Nous avons vécu
la construction d'une multitude de foyers. Alors, il faudrait penser aux
conséquences de la construction des centres locaux de services
communautaires et il ne faudrait pas oublier non plus la quantité de
personnel qui y sera requis.
Nous tenons à vous faire remarquer qu'au Service social de
Beauce, nous n'avons jamais fait de politique. J'ai été
moi-même président et je ne connais pas le parti politique des
autres membres du conseil d'administration à moins qu'il soit
officiellement reconnu. Et cette manière d'agir s'est continuée
avec mes successeurs. Aujourd'hui, nous vous en donnons une preuve. Notre
député, M. Fabien Roy, membre du Ralliement créditiste,
que je salue, nous accompagne, quelles que soient nos allégeances
politiques. Les miennes sont certainement connues à cause de mes
activités passées. Nous considérons que celui que le
peuple a élu est notre député et qu'il est à notre
service.
M. le Président, vous m'excuserez si mes propos deviennent plus
acerbes. Nous ne sommes pas venus ici nous promener; nous avions autre chose
à faire surtout après la deuxième journée. Nous
sommes venus pour vous faire connaître la pensée des Beaucerons,
la pensée des jarrets noirs.
Est-ce que la zizanie, le manque de coopération au sein
même de la députation ministérielle ne serait pas une cause
d'entrave pour l'adoption de lois qui devraient servir au plus grand bien de la
population? Je parle ici de lois en général. Est-ce que
l'engagement de ces hautes compétences, ces grands savants qui ne savent
pas encore qu'ils ne savent rien, est-ce que ces gens que l'on appelle les
éminences grises qui vivent dans les nuages et qui ne réalisent
pas que pour transporter leur précieux bagage de connaissances ont
besoin de leurs pieds pour marcher sur la terre reconnue comme la
planète que nous habitons?
Est-ce que ces technocrates ne contribueraient pas à
suggérer des lois à tendance communiste et, pire que cela,
à du communisme mal organisé?
Dans le même ordre d'idées, est-ce qu'avec le projet de loi
65 tel que conçu originellement, nous ne sommes pas en train de
constituer une pyramide en commençant par le haut? Pourtant, les
Egyptiens ont pris beaucoup de temps à construire leurs pyramides sur
des bases très solides et en commençant par le bas. Et pourtant,
elles sont encore en place.
Ironie du sort, en 1967, l'Exposition de Montréal s'est
avérée un succès mais est-ce que nous n'avons pas voulu
prouver au monde entier que nous étions un peuple trop jeune en
construisant le pavillon du Canada, genre de pyramide renversée? Est-ce
que nous ne voulions pas, par hasard, prouver que nous n'étions pas
responsables de nos destinées?
Par contraste, nous prenons un exemple vécu et que nous vivons
encore: les caisses populaires. Des gens assez souvent sans instruction mais
doués de gros bon sens ont contribué au succès de cet
organisme qui nous fait honneur. Il y a à leur tête des dirigeants
compétents mais il faut admettre que c'est une pyramide
érigée sur des bases solides.
Est-ce que le projet de loi 65 ne devrait pas être repensé
suivant une nouvelle formule? Est-ce que les besoins des centres ruraux sont
les mêmes que ceux des centres urbains? Est-ce que le
bénévolat que vous voulez remplacer par une équipe de
quatorze personnes nommées par le lieutenant-gouverneur en conseil va
être moins onéreuse et plus efficace? Comment pouvez-vous
concevoir que des étrangers pourront résoudre les
problèmes plus efficacement que les bénévoles connaissant
les moeurs et les besoins du milieu?
Au lieu d'envisager de grouper les services sociaux, ne serait-il pas
préférable de leur confier la majeure partie du travail que vous
vous proposez de donner aux centres locaux de services communautaires? Les
locaux sont construits, le personnel est en place.
Je n'ai pas l'honneur d'être l'auteur de cette phrase
célèbre: "Un peuple a le gouvernement qu'il mérite."
A peu près dans le même sens, John Kennedy disait:
Aidez-nous à vous aider. L'éducation d'une population, c'est
difficile, nous en convenons, mais combien plus efficace que de lui imposer des
lois pour la diriger à l'aveuglette.
Un des rares services à votre disposition pour éduquer le
peuple, ce sont les services sociaux.
Pourquoi ne pas exclure ces organismes du bill 65? Laissez oeuvrer ces
gens chacun dans son milieu, admettant toutefois votre étroite
surveillance. Vous aurez certainement assez des autres organismes visés
par le bill 65 à mettre au diapason.
Nous convenons que la population désire le plus de services
efficaces au meilleur marché possible. Laissez-nous vous aider.
Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je vais dire quelques mots
simplement, parce qu'il est évident qu'il y a ici, à mon avis,
une perception fausse des objectifs poursuivis par le bill 65. Je
m'aperçois que le problème de la communication n'est pas facile.
Il est évident que nous ne visons pas, comme il a été dit
dans ce bill, à la mainmise de l'Etat. Je n'en prends comme exemple que
cette phrase où l'on nous dit que nous voulons nommer des gens de
l'extérieur aux conseils d'administration, alors qu'en aucun endroit du
bill ceci n'est mentionné ou dit. En aucun moment, je n'ai fait ce genre
d'affirmation.
Il y a un autre aspect qu'il m'apparaît important de mentionner,
c'est que nous ne voulons pas, comme il est dit à la page 9, porter un
jugement négatif sur ce qui a été fait aux individus qui,
bénévolement, volontairement, ont voulu consacrer de leur temps
à s'intéresser aux problèmes de leurs concitoyens. Je sais
qu'il y en a énormément. Simplement, il est nécessaire de
faire une mise à jour de ces organismes de telle sorte que leur
fonctionnement colle toujours plus davantage aux besoins de la population,
qu'ils y répondent de mieux en mieux et qu'ils suscitent une
participation toujours plus grande.
Je pense qu'il a été démontré, ici hier
après-midi, de diverses façons, que le problème
général est d'intéresser de plus en plus les groupes et
les individus à prendre charge de leurs problèmes et de ceux de
leur communauté. C'est ce que nous visons, ce n'est pas l'inverse et sur
ceci, c'est bien clair et il n'y a aucune ambiguïté à mon
avis.
On nous demande par la suite dans ce projet de loi ce que nous entendons
faire, par exemple, des services de retour à la vie normale. Ces
services, justement, ont été conçus par le
ministère des Affaires sociales, ont été implantés
et, avec l'aide des agences, ces services sont utiles. Ce n'est pas notre
intention de faire en sorte qu'ils soient discontinués; au contraire,
nous croyons qu'avec l'expérience acquise nous devons faire tout notre
possible pour qu'ils deviennent de plus en plus étendus et qu'ils
poursuivent leur travail de telle sorte que le plus grand nombre de personnes
aptes à retourner au travail puissent le faire.
Si je mentionne ceci, justement et je le mentionne aussi parce
que j'ai affirmé au début que l'on avait une mauvaise perception
du projet de loi, c'est que le projet de loi 65, en aucun moment, je l'ai
répété à plusieurs reprises, ne vise à
établir un type de programmes ou à annuler un type de programmes
existants. C'est une loi qui porte sur l'organisation et non pas sur les divers
programmes que nous animons.
Ce n'est pas notre intention de faire disparaf-tre les programmes qui
existent, qui sont valables; nous voulons plutôt faire en sorte que ces
programmes soient de plus en plus adaptés aux besoins de la population.
Si je prends l'exemple des services de retour à la vie normale, c'est
que justement ces services ont été conçus par le
ministère.
Ce sont les seuls commentaires que je voulais faire, M. le
Président, et je voudrais remercier les représentants du Service
social de Beauce pour le mémoire qu'ils nous ont adressé.
Malgré les problèmes qui me semblent exister quant à la
perception du bill, je suis conscient du fait qu'il se fait un travail valable
à ce service social.
Je les encourage à le poursuivre et je puis les assurer que c'est
notre intention de faire en sorte que, justement, ce type de travail devienne
de plus en plus répandu dans la province et que ce sont vraiment les
objectifs que nous visons par le bill 65.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les gens du Service social de Beauce nous ont
habitués à ce langage direct qui ne nous surprend pas. Cela me
rappelle des souvenirs. Ils ne font pas les choses à moitié.
Cela ne veut pas dire, même s'ils sont dissidents, M. le ministre,
qu'ils n'apporteront pas dans le système du projet de loi numéro
65, tout le dynamisme, la collaboration que nous leur connaissons, parce qu'un
des services de retour à la vie normale dans le Québec qui a le
mieux fonctionné, cela je dois leur dire, qui a eu le plus de
succès parmi les dizaines et les dizaines de services de retour â
la vie normale, c'est le service social de Beauce qui l'a mis sur pied.
D'ailleurs, ils ont donné des statistiques, ils ont produit des rapports
régulièrement et la preuve est là.
Je ne veux pas, en faisant la comparaison, dire qu'il ne se fait rien
ailleurs. Disons qu'ils subissent la comparaison avantageusement. C'est la
preuve qu'il y a moyen, dans un réseau d'agences sociales, tout en
gardant une certaine autonomie, une certaine entité qui est propre, de
réaliser des choses qui sont importantes pour une région
déterminée.
Vous avez des craintes face au projet de loi numéro 65. C'est
normal parce que vous avez été habitués, depuis plusieurs
années, depuis les débuts de votre organisation, au moment
où vous le jugiez opportun, d'implanter des services dans le domaine
social, des services que vous avez cru devoir apporter à votre
communauté locale et régionale.
Vous avez exprimé certaines craintes que je partage
jusqu'à un certain point. Quand vous dites dans votre mémoire que
vous craignez un peu ce regroupement des agences de service social sur un trop
grand territoire, à ce moment-là, il y a évidemment une
difficulté de communication ou de compréhension qui peut
s'établir entre les différentes municipalités d'un trop
grand territoire à desservir. A ce point de vue-là, je crois que
vous avez parfaitement raison d'avoir mentionné cette crainte de voir
que la fusion ou l'intégration pourrait être faite en ne tenant
pas compte de certains critères dont on devra tenir compte. Cela ne veut
pas dire, évidemment, que vous ne collaborerez pas à
l'implantation ou à l'administration ou à la mise en marche d'un
projet de loi aussi important.
Vous ne refusez pas, je pense bien, les objectifs du bill 65. Vous ne
refusez pas la coordination qui doit être nécessairement
introduite dans tout le réseau des services sociaux.
Pour les conseils d'administration, vous faites des suggestions, vous
voulez assurer surtout la continuité. Vous ne voulez pas, cela a
été mentionné par d'autres organismes avant vous devant la
commission, que l'on balaye du revers de la main, tous ceux qui, à
l'intérieur des conseils d'administration, depuis de nombreuses
années, ont apporté le meilleur de leur expérience, de
leur compétence. Quoi que l'on dise, c'est entendu qu'il y a eu des
lacunes, il y a eu des gens qui ont oeuvré à l'intérieur
des conseils d'administration dont, peut-être, les motivations
n'étaient pas tellement désintéressées, mais dans
l'ensemble, je pense que nous pouvons porter un jugement favorable sur
l'ensemble des conseils d'administration.
Alors, il faudrait garder aussi ce qu'il y a de meilleur et je crois
bien que le ministre l'a assez entendu dire au cours des séances de la
commission parlementaire par différents organismes. Il y a moyen
d'introduire du sang nouveau; il y a moyen d'introduire certains
critères; il y a moyen d'assurer une meilleure représentation,
tout en s'assurant aussi que les meilleurs éléments qu'il faut
conserver, qui peuvent apporter quelque chose à la communauté,
puissent le faire.
Vous avez une suggestion dans votre mémoire qui me surprend un
peu, quand, à la recommandation no 9, vous suggérez d'organiser
des réseaux d'infirmières visiteuses. Je sais, pour y avoir
participé, que nous avons mis en place au-delà d'une trentaine de
réseaux de soins à domicile dans tout le Québec. Il y a
probablement des régions qui ne sont pas encore couvertes pour toutes
sortes de raisons les contraintes budgétaires en sont une
mais il est évident que les réseaux de services à domicile
ou les réseaux d'infirmières visiteuses vont contribuer et
contribuent à dégager les institutions hospitalières.
Le Québec, dans ce domaine, était toutefois en avance sur
toutes les autres provinces du
Canada pour l'organisation des réseaux de soins à
domicile, soit à partir de corporations distinctes, soit à partir
du réseau hospitalier. Quant à vos craintes au sujet des centres
locaux de services communautaires, vous suggérez qu'il y ait une
période d'attente de cinq ans. Je ne partage pas votre opinion, parce
que certains endroits ou certaines régions du Québec sont
actuellement très mal servies ou qui ne sont pas servies du tout pour le
réseau de services de premiers soins, particulièrement du
côté de la santé. Je pense que les services sociaux sont
peut-être plus accessibles d'une façon générale
à partir des diocèses ou à partir des limites
territoriales qui ont été créées, mais du
côté de la santé, je pense qu'il y a évidemment des
endroits du Québec, dans les régions éloignées, qui
ne pourront pas attendre cinq ans avant l'implantation d'un centre local de
services communautaires. M. le Président, ce sont les commentaires que
je voulais faire sur le mémoire du Service social de la Beauce, en
incitant ses membres à continuer d'apporter une contribution
extrêmement valable au fonctionnement de leur communauté.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Pour faire suite à mon confrère le
député de Beauce, j'apprécie les remarques de l'honorable
ministre; cela fait plusieurs fois que ça revient sur le sujet et je
tiens à mentionner ici ce matin qu'après avoir entendu le clairon
à 11 heures, cela me fait penser à quelque chose, M. le
Président. Un projet de loi a un but, a un corps, c'est comme la
question de porter une carabine par exemple, un fusil militaire ou une
mitrailleuse, ce n'est pas dangereux du tout mais cela dépend de l'homme
qui le porte. Le ministre actuel est très bien intentionné et il
est fort possible qu'un projet de loi puisse être adopté et ne pas
avoir de résultats très durs. Vous pouvez élire un autre
ministre quelque temps après et cela va être tout à fait
différent. Les règlements, c'est la cartouche que l'on met dans
le fusil. Vous avez une balle unie qui traverse un corps sans le blesser ou
sans le déchiqueter, tandis que vous allez avoir une balle à
tête de plomb qui fait ce que vous connaissez à la chasse. C'est
à peu près la même chose. Si on a un projet de loi, on ne
connaît pas les règlements et c'est cela, je pense bien, qui a
amené tant de mémoires devant la commission à l'heure
actuelle, c'est tout ce que j'ai à exprimer ici.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Je voudrais saluer d'une façon
particulière les représentants du Service social de Beauce qui
sont venus à la commission ce matin, par l'entremise de son
président, M. Paré, M. Cliche, M. Gendreau directeur
général, M. Gagné, ainsi que M. Groleau et M. Rodrigue
qui les accompagnent. Je voudrais les remercier et les féliciter
de s'être donné la peine de préparer un intéressant
mémoire pour faire connaître aux membres de la commission ainsi
qu'au ministre un point de vue peut-être différent de celui que
nous avons connu mais le point de vue du milieu rural du Québec. Or, le
Service social de Beauce, comme il le disait tout à l'heure et je suis
heureux que le député de Montmagny l'ait reconnu, est un des
services les mieux organisés et qui a été les plus
efficaces au Québec à l'heure actuelle, et je suis heureux de le
dire, étant représentant du comté de Beauce. Ceci prouve
que ces gens ont pris leurs responsabilités et qu'ils n'ont pas eu peur
de prendre des initiatives et d'innover dans bien des domaines. Aujourd'hui,
comme vous avez pu le constater par le contenu du mémoire, surtout en ce
qui a trait au service du retour à la vie normale, il est évident
que le retour à la vie normale, lorsqu'on considère toutes les
personnes qui ont réussi à réintégrer la
société, à se retrouver du travail, cela a
été une économie de milliers et de dizaines de milliers de
dollars pour l'Etat.
J'aimerais souligner un autre point de vue pour le
bénéfice des membres de la commission, c'est-à-dire que
j'aurais quelques questions à poser, à savoir, par exemple,
combien il y a de membres qui font partie de la corporation du service social
de Beauce.
M. PARE: Le conseil d'administration...
M. ROY (Beauce): La corporation et le conseil d'administration.
M. PARE: ... la corporation et les membres du conseil d'administration
représentent environ 135 personnes.
M. ROY (Beauce): Il y a 135 personnes. Ces personnes sont
réparties dans tout le comté de Beauce.
M. PARE : Cela représente toutes les classes de la
société.
M. ROY (Beauce): Réparties dans tout le comté de
Beauce.
M. PARE: Réparties dans tout le comté de Beauce.
M. ROY (Beauce): Cela veut dire qu'il y a une participation de tous les
milieux...
M. PARE: Absolument!
M. ROY (Beauce): ... et de toutes les classes du milieu dans
l'organisation de votre service social.
Maintenant, ces personnes qui sont membres, ou directeurs n'ont aucun
salaire, est-ce entièrement du bénévolat?
M. CLICHE: Uniquement du bénévolat.
M. ROY (Beauce): On parle de participation, M. le ministre. Je pense que
vous avez là une preuve évidente qu'une participation de la
population est possible. Pour ce qui a trait aux services...
M. CASTONGUAY: C'est ce que nous recherchons.
M. ROY (Beauce): Alors, je vais terminer mes observations seulement par
une question, pour ne pas prolonger la discussion. Est-ce l'intention du
ministère d'agrandir les territoires de ces agences sociales?
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai mentionné, lorsque nous avons
parlé de la question des régions, il y a deux aspects. J'ai
mentionné d'abord qu'au niveau des offices régionaux nous
songions de façon générale aux régions
administratives et qu'il pourrait y avoir, pour certains types très
spécialisés d'institutions, des exceptions à cette
règle. J'avais donné alors comme exemple l'Institut de
cardiologie où, je pense que tout le monde est d'accord, il n'est pas
possible de le répéter dans chacune des régions. En ce qui
a trait aux agences, ou aux centres locaux, ou encore aux hôpitaux, il
est évident que nous ne confierons pas des régions analogues
à chacun. Encore là je prends l'exemple des centres locaux des
services communautaires aux Iles-de-la-Madeleine, le centre local des services
communautaires doit répondre aux besoins des Iles-de-la-Madeleine. Dans
la région de Paspébiac et de New Carlisle, il y a un
hôpital à Maria et un autre à Chandler. Entre les deux, il
n'y a rien ou à peu près, il y a quelques médecins. Alors,
le centre va donc répondre aux besoins d'une partie de la population qui
est trop loin de Chandler d'une part, et de Maria d'autre part. Alors, la
région va être différente, dans une ville... Pardon? Le Dr
Fortier mentionne Grande-Vallée qui est dans la même situation.
Nous arrivons dans une ville, par exemple à Saint-Henri, centre local de
services communautaires. Alors, il y a une population qui va se sentir
attirée vers ce centre. Je ne crois pas qu'il nous appartienne de tirer
une ligne très précise. D'autres voudront continuer d'aller voir
les médecins ou de fréquenter les institutions vers lesquelles
ils se sont toujours dirigés. Ce sont, je crois, des
réalités contre lesquelles nous ne devons pas aller,
c'est-à-dire laisser les gens libres de s'adresser aux services qui leur
apparaissent les plus adéquats. De la même manière, au
niveau des agences de service social, un certain usage a été
établi au cours des années. Dans la mesure où ces agences
répondent aux besoins de la population, je ne vois aucune raison de
changer leur rayon d'action. Si par contre à un endroit il y a un vide,
ou encore si dans un endroit on nous dit: Nous sommes surchargés, nous
devrions scinder le territoire!
Encore là, je ne crois pas que nous devrions nous opposer. Mais
il n'y aura pas de décisions de prises d'office, d'autorité pour
dire: Voici, à partir de maintenant le rayon de l'agence c'est cela,
celui qui existe présentement, avec une délimitation
précise. Ou pour dire: On l'étend.
M. ROY (Beauce): Cela veut dire qu'il pourra y avoir une fusion des
agences des services sociaux, comme dans le genre de celle que nous avons dans
la Beauce, de deux ou trois comtés qui pourraient être
regroupées en une seule agence, si je comprends bien.
M. CASTONGUAY: Si cela s'avérait utile, si les gens manifestaient
le désir de se regrouper et que cela semblait utile, je ne crois pas que
nous devrions avoir d'objection. Je dis, et je crois être assez clair,
que dans tous les cas où les situations actuelles répondent aux
besoins de la population, nous n'avons pas l'intention d'imposer des fusions
d'autorité, cela n'est pas le but du projet de loi, nous ne l'avons pas
fait... Cela fait quinze ou seize mois que je suis au ministère et je
n'ai jamais exercé de pression sur aucune agence pour qu'elle se
fusionne.
M. ROY (Beauce): Maintenant, si je comprends bien, pour résumer
la pensée du ministre, il y aurait lieu pour une agence de service
social, comme celle que nous avons dans la Beauce, d'espérer qu'elle
puisse continuer à fonctionner dans le territoire en donnant les
mêmes services à la population. Je ne veux pas dire par cela qu'il
n'y aurait pas de nouveaux services qui pourraient s'ajouter
éventuellement. Autrement dit, il n'y aurait pas une démolition
systématique des structures actuelles.
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas ce qui peut vous faire penser qu'on vise
à une démolition systématique des structures
actuelles.
M. ROY (Beauce): Nous nous posons des questions, M. le ministre, parce
que, comme le disait le député de Saint-Sauveur, nous ne
connaissons pas les règlements. Si le ministre avait
déposé la réglementation qu'il a l'intention d'adopter,
suite à l'adoption de ce projet de loi, il est évident qu'il y
aurait beaucoup de questions qui auraient leur réponse par
elles-mêmes.
M. CASTONGUAY: Les règlements ne peuvent jamais aller
au-delà de la portée d'une loi.
M. ROY: Mais, vous comprenez que la loi donne énormément
de possibilités de faire des règlements.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Courte remarque. Au fond, tout le mémoire qui vient de
nous être présenté est axé sur le désir de
participation intense de la population, désir basé sur un
sentiment de fierté bien légitime, à la suite de l'action
dynamique et positive que vous avez menée depuis un très grand
nombre d'année dans le milieu.
Je voudrais souligner ici que ce désir de participation n'est pas
l'exclusivité de la classe rurale, mais je pense qu'il est
partagé également par tous les habitants des villes, aussi bien
celles de la Beauce que celles de toutes les autres régions du
Québec. Je pense, au fond, qu'il est plutôt axé sur un
désir tout à fait normal de l'homme de devenir responsable et de
participer à l'édification de son destin, dans quelque domaine
que ce soit. En ce sens, je suis d'accord sur le fond qui inspire votre
mémoire, c'est-à-dire sur ce désir intense de
participation, surtout quand on sait qu'on a les moyens de contribuer, d'une
façon positive, au règlement des problèmes du milieu.
C'est ce que je retiens de votre mémoire, et j'espère que les
amendements qu'apportera le ministre spécifieront encore davantage les
modalités de cette participation.
M. LE PRESIDENT: M. Gendreau.
M. GENDREAU: M. le Président, à propos de la
participation, justement, nous n'avons pas attendu le bill 65 pour faire des
réunions de consultation dans notre territoire. D'ailleurs, nous avons
un programme qui existe depuis trois ans. Nous avons réuni les gens de
notre milieu par secteurs. Cette année, nous avons même un
programme pour chaque municipalité.
Maintenant, à propos du retour à la vie normale,
j'aimerais souligner au ministre, si vous me le permettez, M. le
Président, que le service de retour à la vie normale, s'il est
regroupé on a fait mention à la page 14, et c'est ce que
nous disent les officiers du ministère sur la rive nord, la
région 3, il y a un service social, un autre, sur la rive sud
comprendrait huit ou neuf comtés. A ce moment-là, on voyait mal
le délégué de Cap-Saint-Ignace aller siéger
à Lévis par exemple, ou dans la Beauce, venir régler un
problème de Black-Lake. Je caricature peut-être, mais on voulait
bien illustrer que les gens d'un milieu sont intéressés à
participer ensemble, mais, s'ils ne connaissent pas une situation qui est plus
loin, c'est assez difficile pour un bénévole de produire
efficacement et d'aider les professionnels de l'organisme.
Egalement, nous voyons très mal qu'un service de retour à
la vie normale puisse oeuvrer de façon valable dans un grand territoire
qui comprendrait sept ou huit comtés. Nous pensons que ça ne se
peut pas et nous voulons venir le dire ici. Nous avons fait une
expérience qui dure quand même depuis deux ans et demi.
A propos des infirmières visiteuses, M. le député
de Montmagny soulignait qu'il y avait eu passablement de travail de fait dans
la
province. Disons que nous n'avons pas voulu faire une recommandation
avec ça, mais nous citons comme exemple une personne qui est
hospitalisée dans un centre hospitalier universitaire, cela semble
prendre drôlement d'importance. Ça coûte plus qu'une
centaine de dollars par jour pour aller passer des examens, alors que le
gouvernement y gagnerait, sur le plan financier, à loger ces
gens-là dans des motels de luxe.
Egalement, les assemblées générales des
hôpitaux dans la province, à ce que je sache, ça n'existe
pas tellement. Nous nous disions dans la Beauce, au lieu de tout
réformer, si on améliorait ce qui existe actuellement.
Moi-même, je siège au conseil d'administration d'un hôpital
et je leur ai dit: "Ecoutez un peu, je suis membre du conseil d'administration
et je ne suis même pas membre de l'assemblée
générale". C'est curieux, cela. S'il y avait une centaine de
personnes dans le milieu nommées comment, on n'a pas fait toutes
les études là-dessus qui participaient, ces gens-là
auraient l'impression que c'est leur affaire et elles feraient des
recommandations et des suggestions pour améliorer les services qui
profiteraient à la population. C'est cela que la population demande,
tout simplement.
M. LE PRESIDENT: Alors, Messieurs, je vous remercie.
M. PARE: Merci beaucoup, M. le Président, ainsi que les membres
de la commission, d'avoir voulu accepter de prendre connaissance de notre
mémoire.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
La Corporation des diététistes du Québec.
Corporation des diététistes du
Québec
M. LAGACE: M. le Président, MM. les membres, Maurice
Lagacé, avocat, je représente la Corporation des
diététistes du Québec. Pour m'assister, à ma
droite, Mme France Monaghan, présidente de la corporation; à ma
gauche, Mmes Michèle Bouchard, Diane Marien et Céline
Kirouak.
La Corporation des diététistes souscrit aux objectifs
majeurs de ce bill, et c'est d'ailleurs en fonction de ceux-ci qu'elle veut
surtout, par le présent mémoire, définir le rôle
qu'elle croit devoir y jouer. Le rôle du diététiste a
évolué depuis ses débuts et je n'ai pas l'intention
d'élaborer ce matin à moins que vous n'insistiez.
Conséquemment, alors qu'autrefois il suffisant à la CDQ de
contrôler le titre, il est aujourd'hui nécessaire de lui
déléguer dans une certaine mesure le pouvoir de
réglementer les conditions d'exercice de la profession dans
l'intérêt du public. Nous sommes conscients que ce problème
du contrôle de l'exercice de la profession devrait trouver sa solution
dans la législation professionnelle qui doit être incessamment
déposée.
Par ailleurs, comment ne pas s'inquiéter devant la
définition du professionnel telle qu'on la trouve à l'article j)
de l'article 1 du bill 65. En effet, le paragraphe j) de l'article 1 ne retient
que les groupes de personnes à qui la loi confère le droit
exclusif d'exercer une profession, ce qui n'est pas le cas de la Corporation
des diététistes.
Mais n'est-ce pas là refuser d'avance à la profession de
diététique cette reconnaissance avant même qu'elle ne soit
attendue. Il est vrai que le même paragraphe j) de l'article 1, dans sa
deuxième partie, confère au lieutenant-gouverneur en conseil le
droit de déterminer, par règlement d'autres groupes de
professionnels; mais o n ne dit pas par quel mécanisme ce droit va
être exercé, ou à tout le moins, s'il le sera dans le cadre
de la législation professionnelle à venir.
Nous recommandons que l'étude du bill 65 soit coordonnée
avec celle du code des professions et de ses lois connexes. Que,
subsidiairement, le bill 65 étende la définition du professionnel
dans l'article 1 j) pour comprendre les membres d'un groupe qui contrôle
le titre, même s'il ne contrôle pas l'exercice de leur profession.
Que la détermination de certains autres groupes de professionnels,
suivant l'article 1 j), soit soumise au mécanisme qui instituera le code
des professions et ses lois connexes.
Par le paragraphe s) de l'article 133...
M. CASTONGUAY: Je m'excuse...
M. LE PRESIDENT: M. le ministre a un mot à dire.
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous pourriez résumer chaque section,
et peut-être faire la lecture des recommandations, étant
donné que nous avons tous une copie du mémoire et que nous
pourrons en lire le texte par la suite et pour tenir compte du fait que nous
avons un assez grand nombre d'organismes à écouter aujourd'hui.
D'ailleurs, un résumé nous permet de donner un peu plus de temps
à la discussion par la suite.
M. LAGACE: Je n'ai pas objection, M. le ministre, si vous voulez tout
simplement reproduire au journal des Débats le mémoire,
malgré que le mémoire en soi était passablement
résumé. Il est difficile de résumer un
résumé. (Voir annexe B) A toutes fins pratiques, si nous parlons
de la réglementation, je peux vous résumer ce paragraphe de la
façon suivante. Nous ne voyons aucun mécanisme de consultation
pour la façon dont seront adoptés ces règlements. A titre
d'illustration, nous avons voulu vous saisir du problème présent
avec la réglementation présente. Vous n'êtes pas sans
savoir que les règlements sur la loi des hôpitaux ont
été adoptés passablement en vitesse, sans
consultation.
M. CASTONGUAY: D'hôpitaux?
M. LAGACE: Les règlements en vertu de la Loi des
hôpitaux.
M. CASTONGUAY: Cela a pris sept ans.
M. LAGACE: Parlons pour la Corporation des diététistes. Il
n'y a eu aucune consultation.
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas. Ceci, c'est l'ancien gouvernement. Dans
sept ans, j'imagine qu'ils ont dû vous parler à un moment
donné.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il avait fallu entretenir une discussion avec
tous ceux que touchaient les règlements de la Loi des hôpitaux, le
projet de loi ne serait pas encore adopté. C'est un point de
départ, qui tenait compte de la Loi des hôpitaux qui existait
depuis 1962. Cela a été la première préoccupation
du député de Dubuc, ministre d'Etat à ce moment-là,
en arrivant au ministère de la Santé, de voir à travailler
sur un projet de règlements des hôpitaux. Je comprends que, dans
certaines sections et particulièrement les diététistes,
nous avons eu l'occasion de rencontrer la corporation à quelques
reprises. Je pense qu'on s'est rencontré effectivement à une
couple de reprises. Nous avons entendu vos réclamations, vos
représentations au sujet des règlements des hôpitaux. Je
conviens que, du côté des diététistes, les
règlements étaient assez laconiques. Il y avait aussi ces choses
à préciser, tel que votre statut. Vous le mentionnez dans le
mémoire aussi, il y a des choses sur lesquelles la discussion n'est pas
terminée. De toute façon, nous prenons votre observation en
très bonne part et nous en faisons notre bénéfice, comme
le dirait le député de Chicoutimi, de façon posthume.
M. LAGACE: Je vous remercie, M. Cloutier. En me faisant le porte parole
de la corporation, ce n'était pas l'impression que nous avions eue
jusqu'ici. Les règlements sont peu souvent appliqués et s'ils
sont appliqués, il s'ensuit un mauvais fonctionnement dans le service,
un mauvais résultat le coût d'implantation, le coût
du service est augmenté et une mauvaise coordination
également. Vous scindez le service en deux présentement. Les deux
chefs de chacun des services dont nous dépendons ne sont pas
intéressés.
A la vérité, cela va à l'encontre de tout bon
principe de gestion, c'est-à-dire de centraliser la gestion au lieu de
la décentraliser comme présentement.
M. BOIS: Une question au sujet de la page 3. Vous mentionnez que,
subsidiairement, le bill 65 étudie la définition du professionnel
dans l'article 1 j) pour comprendre les membres d'un groupe qui contrôle
le titre même s'il ne contrôle pas l'exercice de leur
profession.
Qu'est-ce que vous voulez signifier exactement ici?
M. LAGACE: Il faut comprendre quand même que la Corporation des
diététistes présentement n'a jamais eu l'occasion
il y a eu la commission, il y a eu le rapport Castonguay-Nepveu de faire
des représentations pour convaincre les autorités
compétentes qu'elle devrait obtenir le contrôle de l'exercice dans
l'intérêt de la santé et du public.
M. CASTONGUAY: Ici, je voudrais apporter une petite précision.
Nous allons déposer très bientôt les projets de loi sur les
corporations professionnelles. L'automne dernier, j'ai rencontré
à mon bureau de Montréal, les représentants de la
Corporation des diététistes. J'ai fait part de certains des
aspects du projet de loi que nous visions. J'ai entendu leurs
représentations. Nous avons eu une discussion assez prolongée et
au moment du dépôt des lois touchant les corporations
professionnelles, il y aura certainement occasion encore de se faire entendre
pour discuter ces lois comme nous le faisons dans le cas du bill 65.
M. LAGACE: Je vous remercie, M. le ministre, de nous assurer qu'il y
aura de nouveau consultation.
M. CASTONGUAY: C'est surprenant tout ce que l'on fait et qui n'est pas
connu.
M. BOIS: C'est peut-être ça le plus dangereux, M. le
ministre.
M. CASTONGUAY: Voyez-vous, nos bons gestes, on les fait dans la
discrétion.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le plus grand reproche qu'on nous ait
fait depuis longtemps.
M. CASTONGUAY: Vous en prenez votre bénéfice à
titre posthume.
M. LE PRESIDENT: Si vous voulez continuer à résumer...
M. LAGACE: Toujours en résumant, pour continuer dans la
même veine, la loi prévoit la formation d'un conseil consultatif
des professionnels. Il est à présumer, si je prends les remarques
du ministre, qu'il y aura également des amendements.
Si l'on prend la formation de ce comité de façon dont on
le lit dans la loi, le conseil est composé de tous les professionnels
exerçant leur profession dans le centre, évidemment, c'est la loi
du nombre qui va l'emporter. Nécessairement, la voix d'un
diététiste s'il y a un diététiste dans un
hôpital et s'il y a dix médecins ne se fera jamais
entendre. Je ne sais pas ce que le ministre a à suggérer sur ce
point...
M. CASTONGUAY: Continuez, je ferai un commentaire après.
M. LAGACE : A toutes fins pratiques, si je passe à la
recommandation, nous voulons que toutes les professions jouissent d'un statut
égal au sein du conseil consultatif des professionnels institué
dans chaque centre hospitalier et centre de service social; que chaque conseil
consultatif, en plus de faire des recommandations, ait aussi pour fonction de
canaliser l'information entre les professions et le conseil d'administration.
Ce serait une autre fonction de ce conseil consultatif que l'on pourrait
prévoir.
Parlant du conseil consultatif, nous avons eu l'occasion de voir et
d'étudier le mémoire présenté par le Collège
des médecins et chirurgiens et nous vous disons à l'avance que
nous nous opposons à leur suggestion de faire deux conseils dans un.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas s'il veut traiter des offices
régionaux...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous voulez parler des offices
régionaux?
M. CASTONGUAY: ...et des autres...
M. LAGACE: Oui, nous voulons passer aux offices régionaux.
Quant aux offices régionaux, pour les motifs que nous exposons,
la Corporation des diététistes, au nom de ses membres, recommande
que le diététiste soit responsable de l'élaboration des
programmes d'enseignement de nutrition et de diétothérapie
à tous les niveaux des centres afin d'améliorer la qualité
de l'alimentation dans toutes les couches de la société. J'ai
parlé au niveau des centres.
Au niveau des offices, nous recommandons que le diététiste
soit membre de l'Office régional des affaires sociales afin de
conseiller et collaborer à l'élaboration des programmes de
développement en matière d'alimentation à titre d'expert
dans ce domaine et afin d'évaluer et recommander les budgets de ces
services dans les différents centres.
Au chapitre de l'administration, je n'ai pas besoin d'insister sur la
complexité du service alimentaire. Si vous voulez vous renseigner, j'ai
avec moi les experts. Nous recommandons donc que le diététiste,
faute d'être membre du comité administratif nous ne nous
faisons pas d'illusion là-dessus soit à tout le moins
consulté ou avisé à l'avance de toute décision
administrative ayant une incidence directe ou indirecte sur le service
alimentaire et diététique vu l'impact financier qu'a le budget du
service alimentaire sur le budget global et l'importance de son interrelation
avec les autres services d'une institution.
A ce stade-ci, je vous prie de remarquer que le service alimentaire est
le quatrième en importance dans un hôpital au point de vue du
budget. Et si j'insistais tantôt sur l'unité de direction de ce
service, c'était pour vous signaler l'importance de ce service.
M. le Président, voici les principales recommandations que nous
voulons faire. Nous vous assurons de la collaboration des
diététistes et nous vous remercions de nous avoir entendus. Si
vous avez des questions d'ordre technique, encore une fois, il faudrait
peut-être les diriger à celles qui m'accompagnent.
M. CASTONGUAY: Merci pour ce mémoire. Et comme pour les autres,
je peux vous assurer qu'il va être étudié attentivement.
J'aurais quelques brefs commentaires à faire. Vous nous demandez, entre
autres choses, qu'un ou une diététiste soit membre de l'office
régional.
Nous avons voulu éviter, au niveau de l'office régional,
dans toute la mesure du possible, de désigner des personnes à
partir de leur statut professionnel ou autre, si nous voulons que ces offices
gardent une taille qui puisse en assurer le fonctionnement.
Vous êtes au courant, comme moi, du très grand nombre de
professionnels. L'on a dénombré une quarantaine de groupements,
tout au moins uniquement dans le domaine de la santé, qui revendiquent
le titre de professionnel. Si l'on va dans le domaine des services sociaux,
services qui se situent entre l'éducation et les services sociaux, les
nouvelles professions qui se créent, on arrive rapidement, si chaque
groupement était représenté, à un nombre qui
dépasserait toute dimension qui pourrait assurer quelque
efficacité que ce soit dans un tel office.
C'est pourquoi, nous avons voulu limiter ce nombre et nous avons
procédé, selon les cas, par voie de représentation en
provenance des institutions. Nous croyons que, de cette façon, soit par
les institutions qui apporteront leurs problèmes à ces offices,
ou par la connaissance qu'auront les membres de ces offices, un secteur ne sera
pas ignoré et les offices pourront demander l'avis des personnes
compétentes et informées. C'est l'orientation que nous avons
prise pour des raisons aussi d'efficacité, parce qu'il n'est pas
possible, quant à nous, d'établir une norme qui ferait en sorte
qu'un certain nombre de professionnels seraient représentés comme
tel et qu'une autre catégorie ne le serait pas. Il n'y a pas de normes
qui nous permettent de faire une telle distinction, à notre avis.
Quant aux conseils au sein des hôpitaux conseils de
médecins et dentistes, conseils de profesionnels nous avons pris
bonne note du commentaire que vous avez fait â l'effet que, si tous les
professionnels sont dans un même conseil, il est possible que ce soit le
nombre qui l'emporte et que, dans ce cas, les diététistes ne
soient pas aussi bien placés que d'autres.
Il y a là un point que nous allons certainement examiner. Quant
à l'aspect des conseils, c'est-à-dire conseils des
médecins et dentistes,
conseils des professionnels, nous avons eu plusieurs
représentations très diverses. C'est également un aspect
du projet de loi que nous devons étudier attentivement avant de le
proposer pour adoption définitive.
Lorsque vous nous soulignez l'importance du budget de l'alimentation
dans les hôpitaux, nous en sommes bien conscients et, la semaine
dernière, même, à l'association des hôpitaux, je
mentionnais justement le coût et faisais des comparaisons entre les
coûts au Québec et en Ontario. Je crois que vous avez mis le doigt
sur un aspect assez important c'est la première fois que je
l'entends ce commentaire ou cette critique du règlement de la loi des
hôpitaux touchant à la double juridiction ou l'absence d'une
unité de direction dans les services et c'est un aspect des
règlements que nous allons certainement regarder de très
près, parce qu'il me semble bien, comme vous l'avez dit, y avoir
là quelque chose d'anormal, si l'on veut assurer un bon fonctionnement
d'un service. Merci.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, un seul commentaire. Je
préfère votre recommandation no 9 à celle du no 7,
c'est-à-dire au no 9, que faute d'être membre du conseil et du
comité administratif. Je pense bien que les raisons qu'a
évoquées le ministre, il y a un instant, sont valables pour le
projet de loi 65 et sont valables également pour d'autres projets de
loi. Il est difficile, quand on assure la représentation au sein de
comités consultatifs, ou de conseils, ou de comités
administratifs, de nommer des représentants de toutes les disciplines. A
ce moment-là, il faudrait élargir considérablement la
composition des conseils d'administration. Mais, par contre, l'article 29 de la
loi dit que le secrétaire ainsi que les autres fonctionnaires et
employés d'un office, sont rémunérés selon la loi
de la Fonction publique.
Donc, l'office peut avoir des fonctionnaires, et, au niveau des
fonctionnaires, du personnel administratif de l'ORAS, ou des autres centres,
des autres structures, là il serait important que chacune des
disciplines soit représentée, qu'il y ait là un
représentant, un diététiste qui, comme fonctionnaire, voit
à surveiller le fonctionnement des services alimentaires ou fasse
ressortir les aspects que votre profession touche.
Alors, ce serait important qu'il y ait une représentation des
différents secteurs d'activité, ou des différentes
disciplines. Je préfère cette approche et c'est pour cela que
vous avez inscrit la recommandation no 9, "faute d'être membre du
comité administratif", parce que vous vous êtes bien douté,
je pense, qu'il y avait des possibilités que la recommandation no 7 ne
soit pas retenue.
Dans la recommandation no 9, "le diététiste soit
consulté à l'avance sur toute décision administrative
ayant une incidence directe ou indirecte sur le service alimentaire et
diététique", je pense que c'est absolument normal.
M. LAGACE : Je vous remercie, M. Cloutier.
C'est d'ailleurs pour ces mêmes motifs que, ce matin, en lisant la
recommandation no 7, en disant "que le diététiste soit membre de
l'office régional", j'ai omis "du conseil d'administration".
C'était dans la même ligne d'idée.
M. CLOUTIER; Oui.
M. LAGACE : Je l'ai omis volontairement, ce matin.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'avais cru le remarquer, mais je voulais, de
toute façon, y revenir, pour que ce soit plus clair et plus
explicite.
M. LAGACE : D'accord. Si nous avons insisté
énormément sur cette question de consultation, c'est qu'il n'en
existe pas actuellement.
Je vois les comités de citoyens venir parler de la consultation.
Ils veulent être consultés. Mais, c'est assez étrange que,
dans un service aussi important que celui de l'alimentation, les
diététistes ne soient pas consultés. Les décisions
se prennent présentement, et si nous disons présentement, c'est
qu'on est sur le point d'adopter une nouvelle loi, de nouveaux
règlements, et nous voulons le dire nous ne sommes pas
consultés.
Alors, allez dans un hôtel, dans un restaurant, vous le savez,
là où l'on perd de l'argent, c'est dans la restauration. Ce n'est
pas de la restauration dans un hôpital, parce que vous offrez un service
aux malades et que vous avez également le traitement
thérapeutique que vous pouvez difficilement dissocier de l'autre
service.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais, je voulais vous parler de la consultation
à un échelon plus vaste. Est-ce qu'à l'intérieur
des institutions hospitalières, le conseil d'administration, quand il
prend des décisions qui engagent ou qui ont une influence sur le service
alimentaire, de façon générale, vous n'êtes pas
consultés?
M. LAGACE : Les commentaires que j'ai reçus sont à peu
près unanimes, c'est que, très rarement, nous sommes
consultés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ça viendrait de ce
défaut que vous avez mentionné tantôt, de cette lacune, le
bicéphalisme, la double direction?
M. LAGACE : Exactement. Si vous avez cette unité de gestion,
cette unité d'administration, probablement que vous allez
remédier à cette lacune.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le chef du service alimentaire qui,
lui, assez souvent, n'est pas un diététiste, est
consulté?
M. LAGACE: J'aimerais passer cette question à Mme Marien.
MME. MARIEN: Ce qui arrive, actuellement,
c'est que, dans les hôpitaux, nous avons deux chefs: la section
diétothérapie, enseignement, recherche relève du directeur
médical; par ailleurs... Pardon?
M. CASTONGUAY: Deux chefs et puis, un Indien.
MME. MARIEN: Ah! Ah! Un Indien, oui! La production alimentaire va
relever du directeur des services auxiliaires.
Alors, vous voyez dans quelle situation le directeur du service
alimentaire se trouve assez souvent.
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez un commentaire, je crois que le
député de Montmagny a mis le doigt sur quelque chose de bien
important, parce que, au niveau du gouvernement, le problème de la
consultation devient extrêmement difficile par moments.
Nous n'en avons pour exemple que la longueur des séances que nous
tenons sur ce projet de loi. Or, c'est si sincère, à
l'intérieur de toute une autre série d'activité... D'une
part on nous presse d'agir, d'autre part on veut être consulté. Il
y a aussi d'autres aspects, le fonctionnement de l'Assemblée nationale,
etc. auxquels nous devons participer. C'est donc un problème
extrêmement difficile et je crois qu'il est important, justement comme
l'a fait le député de Montmagny, de mettre le doigt sur l'endroit
où ces mécanismes doivent être le plus
précisément établis. Dans le projet de loi, nous avons
voulu faire attention de ne pas aller trop loin dans les structures internes
d'une institution. Nous nous demandons sérieusement si les
règlements de la Loi des hôpitaux, tels qu'ils sont
rédigés, qui vont assez loin dans la définition des
structures internes, par la désignation d'un certain nombre de postes de
directeurs, ne laissent pas assez de latitude à chaque institution pour
adapter ses structures selon les circonstances, selon la taille, selon les
exigences du bon fonctionnement d'une institution. C'est une question que nous
nous posons et je pense que la discussion à laquelle nous venons
d'assister apporte un éclairage très intéressant sur ce
point précis.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, j'aurais quelques questions à
poser aux représentants de la Corporation des diététistes
du Québec. Votre corporation comprend combien de membres à peu
près?
MME. MONAGHAN: Au-delà de 600 membres pour la Province de
Québec dans le moment.
M. GUAY: Est-ce que tous les diététistes sont membres de
votre corporation?
MME. MONAGHAN: Tous les diététistes, pour exercer leur
profession, doivent être membre de la Corporation des
diététistes et souvent être diététistes
professionnels.
M. GUAY: Est-ce qu'il existe à tous les niveaux suffisamment de
diététistes pour répondre aux besoins de la population
actuellement?
MME. MONAGHAN: Cela, c'est une bonne question. Dans les grands centres,
il n'y a pas de problème. Dans les petits centres
éloignés, il y a plus de problèmes, mais il y a de plus en
plus d'étudiants dans les facultés de diététique et
nous aurons enfin aussi dans les CEGEP des techniciens qui aideront les
diététistes dans les hôpitaux, et cela va améliorer
la situation. C'est pourquoi je désirerais mentionner que dans les
centres communautaires le ou la diététiste devrait faire partie
de ces centres au point de vue de la prévention, pour la santé,
parce que nous nous sommes rendu compte que pour la santé souvent, il
faut prévenir au lieu de guérir. Le ou la
diététiste devrait faire partie de ces centres-là.
Naturellement, dans les centres éloignés, c'est peut-être
un peu plus difficile, mais dans les grands centres il n'y a pas de
difficulté dans le moment. C'est une profession qui, peut-être
à l'encontre de bien d'autres, offre beaucoup d'ouvertures et beaucoup
d'avenir. Nous espérons donc avoir beaucoup plus de membres d'ici
quelque temps.
M. GUAY: Etant donné la profession des diététistes,
j'ai nettement l'impression que vous avez tout d'abord de l'éducation
à faire, ce qui équivaut à dire de la prévention,
parce que l'on entend souvent dire que plusieurs maladies auraient pu
être évitées avec une nutrition mieux surveillée. Le
ministre a parlé de participation difficile, de consultation difficile,
de la longueur des sessions des commissions, mais cela prouve peut-être
justement jusqu'à quel point le législateur doit être
informé d'abord, parce que tous les mémoires qui sont
présentés apportent quelque chose de valeur. Bien sûr, les
sessions de la commission sont de plus en plus longues sur un projet de loi,
par exemple, le projet de loi 65, mais il faudra admettre que, d'abord, le
législateur apprend. Je pense aussi que les groupes qui viennent se
présenter à une commission parlementaire prouvent leur
désir de participation. Que nous le voulions ou pas, cela devient une
réalité et depuis le peu de temps que je suis législateur,
je reconnais que de plus en plus la participation de groupes aux sessions des
commissions parlementaires est très importante.
M. LE PRESIDENT: Alors s'il n'y a pas d'autres commentaires, je vous
remercie.
M. LAGACE: Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais maintenant MM. Boyle, Doré et
MacDougall à titre personnel.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je pense que M. Boyle
n'est pas ici, mais de toute façon je l'ai entendu à la
télévision hier soir expliquer le mémoire; je
présume qu'il avait enregistré son interview présumant
qu'il devait passer hier mais malheureusement le temps ne nous a pas permis de
passer son groupe alors à ce moment-ci...
M. LE PRESIDENT: D'ailleurs, nous avons le mémoire. On va pouvoir
l'étudier. Est-ce que les représentants du Barreau du
Québec sont ici?
Barreau du Québec
M. JASMIN: M. le Président, messieurs les membres de la
commission parlementaire, mon nom est Yvon Jasmin, bâtonnier de la
province. Je suis accompagné de Mme Micheline Audette-Filion,
recherchiste au Barreau du Québec.
Je demanderais tout d'abord votre indulgence et je vous prierais de
faire une petite correction au mémoire qui vous a été
soumis. A la page 7, il y a une erreur typographique. Le chapitre de l'appel
des suspensions et annulations de permis, troisième paragraphe devrait
se lire article 111 et non pas III en chiffres romains. Page 7,
troisième paragraphe, appel des suspensions de permis au début du
troisième paragraphe l'article III en chiffres romains devrait se lire
111.
M. CASTONGUAY: Ah bon!
M. JASMIN: A mesures disciplinaires, la dernière ligne du premier
paragraphe, c'est 137 au lieu de 136.
Le Barreau du Québec est conscient que la plupart des points
mentionnés dans son mémoire ont déjà
été soulevés par certains des organismes qui ont comparu
devant cette commission parlementaire. Cependant, à cause de l'ampleur
et de l'étendue du projet de loi présenté, il nous a paru
que certaines règles de droit, certains principes fondamentaux
étaient tellement importants qu'il était nécessaire que le
Barreau du Québec, indépendant qu'il est de la sphère
d'application de cette loi, vienne ici les rappeler dans l'intérêt
du justiciable et de la société. C'est donc mon intention
d'être très bref, convaincu d'ailleurs que vous avez tous eu
l'occasion de prendre connaissance de notre mémoire et je présume
qu'il sera inscrit au journal des Débats. (Voir annexe C)
Nous tenons à souligner que nous avons eu de notre
côté l'occasion d'examiner le projet de mémoire qui vous
sera soumis par le Conseil interprofessionnel du Québec et étant
membre de cette association, nous en appuyons généralement les
recommandations. Eh particulier nous sommes également d'opinion que
l'étude du bill 65 devrait être coordonnée avec celle de la
loi-cadre sur les professions et de ses lois connexes. D'autre part,
l'interprétation des textes de loi, donnée par les juristes et
les avocats, qui ont eu l'occasion de comparaître devant vous, nous a
également semblé fort pertinente. En conséquence, je
soulignerai simplement les points suivants. L'interprétation des
articles 41 à 50, 61, 83, 89, 93 et 137 du projet de loi nous porte
à croire que le processus de fusion et de conversion qui est
mentionné, serait susceptible d'équivaloir dans certains cas
à une expropriation sans indemnisation, ce qui violerait le principe
fondamental du droit de propriété. Nous avons l'assurance,
d'après les déclarations faites par M. le ministre à des
séances antérieures de cette commission, que tel n'était
évidemment pas l'intention du législateur et nous l'en
félicitons. Nous devons cependant mentionner que l'interprétation
légale qui découle du texte de loi, tel que rédigé,
nous semble justifier ces conclusions. Nous suggérons que le texte soit
modifié de façon à prévoir explicitement un mode
judiciaire ou quasi judiciaire, de fixer les modalités et
l'indemnisation résultant de telles expropriations découlant
desdites fusions et conversions. Nous ne voulons pas reprendre les discussions
qui ont eu lieu relativement au processus de fusion et de conversion.
Mentionnons simplement que ce processus fait disparaître, dans les
deux ans de l'adoption de la loi, les anciennes institutions maintenues par des
corporations sans but lucratif et les remplace par des nouvelles qui absorbent
les anciennes.
La rigueur du projet de loi va jusqu'à enlever toute
discrétion au ministre pour nous permettre de conserver, s'il le
désire, certaines institutions existantes.
En second lieu, l'article 48 du projet de loi a pour effet de geler, en
plus des biens des corporations erronément dites publiques, les biens
des corporations dites privées, en stipulant que nul ne peut, sans
l'autorisation du ministre, changer la nature de l'exploitation d'une
institution, ni céder ou louer une institution en totalité ou en
partie.
L'article s'applique à toute institution qu'elle soit dite
publique ou privée, qu'elle soit à but lucratif ou sans but
lucratif, qu'elle reçoive ou ne reçoive pas d'octroi ou
subvention de l'Etat ou subsiste à même ses propres fonds. Le
Barreau du Québec est d'opinion que cette disposition devrait être
limitée aux institutions qui ont bénéficié de
subventions de l'Etat, à moins de remboursement, 3. Les pouvoirs
d'enquête conférés par le projet de loi aux offices
régionaux ainsi qu'aux personnes désignées par l'office
régional, en vertu des articles 30, 31 et 32 nous apparaissent
exorbitants et non réglementés.
Nous soumettons que les pouvoirs d'enquête devraient être
accordés à des enquêteurs attitrés
désignés par le ministre ou une commission provinciale de la
santé et que la saisie de documents et la prise de copies devraient
être assorties d'une autorisation judiciaire, à l'exception,
peut-être, du pouvoir d'enquête concernant la comptabilité
et les factures des institu-
tions subventionnées par le gouvernement.
D'autre part, il nous semble extrêmement dangereux d'investir des
pouvoirs et immunités des commissaires nommés en vertu de la Loi
des commissions d'enquête à l'office ou à des personnes
désignées plutôt que de confier de tels pouvoirs à
un organisme judiciaire ou quasi-judiciaire, telle une régie ou une
commission permanente. 4. Nous soumettons que les définitions
d'institution publique et privée ne correspondent pas à la
réalité et demandons qu'elles soient amendées en
conséquence. En effet, la notion de corporation privée ou
publique ne dépend pas du fait qu'elle soit à but lucratif ou
sans but lucratif et une définition erronée risque d'entrafner
des conséquences graves et des discriminations sérieuses. La
notion de membre de la corporation est abolie et la nomination de la
majorité des membres se fait par le truchement direct ou indirect de
l'Etat. 5. La question de l'appel. Les suspensions et les annulations de permis
nous semblent assez importantes pour que ces appels soient entendus par un banc
de trois juges de la cour Provinciale. Quant à l'audition de ces appels,
nous pensons que le délai mentionné à l'article 111 est un
peu trop court et nous recommandons que l'audition soit fixée à
compter de 60 jours après le dépôt, non pas de la
requête, mais du dossier intégral au greffe par le ministre.
Parmi les mesures disciplinaires suggérées, il en est une
qui parait particulièrement rigoureuse, celles des articles 120,
paragraphe d), et 127, en vertu desquels le lieutenant-gouverneur en conseil
peut, sur le rapport du ministre, déclarer déchus les officiers
ou membres d'un conseil d'administration, ordonner la conversion ou liquidation
d'une institution, dans le cas où une institution publique ou
privée subventionnée encourt une dépense qui n'est pas
prévue au budget approuvé par le ministre et qui n'est pas
spécialement autorisée en vertu de l'article 137.
Que les dépenses non approuvées mènent à une
sanction, cela va de soi. Mais le Barreau se demande si une telle infraction
peut aller jusqu'à apporter la déchéance des membres du
conseil d'administration, d'officiers et de l'institution elle-même.
Messieurs, je vous remercie.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier le
bâtonnier et les membres du Barreau pour le mémoire qu'ils nous
soumettent au sujet du bill 65. J'aurais quelques commentaires à faire
sur chacun des grands points soulevés. En premier lieu, vous avez
mentionné que vous croyiez qu'il était nécessaire de
coordonner l'étude la la loi-cadre sur les professions avec celle du
bill 65.
M. JASMIN: C'est à cause du mot "professionnel", M. le
ministre.
M. CASTONGUAY: D'accord. Et sur ce plan, les projets de loi ou la
loi-cadre sur les professions ou autres lois qui l'accompagnent seront
déposés avant que le projet de loi 65 ne soit adopté ou
discuté pour adoption. Alors, sur ce plan, je pense bien que nous
répondons à ce voeu.
En ce qui a trait à l'expropriation des institutions, le
processus a été commencé en 1962, à la suite de
l'adoption de la Loi des hôpitaux, et plus particulièrement en ce
qui a trait au partage des patrimoines entre les communautés religieuses
et les corporations hospitalières qui devaient être formées
en vertu de cette loi.
Nous poursuivons ce processus et nous n'avons pas remis en cause le
principe de l'indemnisation. Je ne me souviens pas exactement pour quelles
raisons techniques les officiers qui ont rédigé la loi ne
voyaient pas la nécessité de reproduire un des articles de la Loi
des hôpitaux qui portait spécifiquement sur ceci. De toute
façon, j'ai l'intention d'insister de telle sorte qu'il soit clair que
ces expropriations ne pourront signifier la spoliation de biens privés
ou de biens de communauté ou encore la mainmise de l'Etat sans
indemnisation.
En ce qui a trait à vos commentaires sur la
nécessité d'obtenir l'approbation du gouvernement pour changer la
nature de l'exploitation d'une institution, sur ce point-là, nous voyons
la clé de l'exercice d'une des responsabilités, en tant que
gouvernement, qui nous apparait des plus importantes: c'est-à-dire nous
assurer qu'il existe des services satisfaisants ou adéquats, d'une part,
pour répondre aux besoins de la population et que, d'autre part, ces
services ne cessent pas, sans que nous en soyions au courant, d'être
exploités, ce qui pourrait risquer de priver la population des services
essentiels alors même que nous n'aurions pu mettre en marche les
mécanismes ou poser les gestes nécessaires pour nous assurer que
la population continuerait de recevoir des services.
Vous savez comme moi qu'il existe des institutions à
caractère privé, à but lucratif, vous en avez qui sont
subventionnées partiellement par l'Etat, d'autes qui sont
subventionnées totalement. Tout cet ensemble de services veut être
une réponse à des besoins pour des services essentiels à
la population. S'il était possible de discontinuer ou de changer la
nature de ces services, il pourrait en résulter des déficiences
assez sérieuses ou des dangers assez sérieux pour la population.
C'est l'expression de cette préoccupation. Si ma mémoire est
bonne, le même type d'article existe présentement dans la loi des
hôpitaux actuelle. Nous avons le texte de la Loi des hôpitaux. On
me dit que c'est l'article numéro 24 de la Loi des hôpitaux
actuelle.
Quant aux pouvoirs d'enquête, nous avons, présentement,
dans la Loi des hôpitaux, des mécanismes d'enquête qui sont
relativement lourds. Nous avons eu, sur ce plan, plusieurs dépositions
à la commission d'enquête. Je pourrais signaler des
enquêtes, comme celles de
l'hôpital de Windsor Mills, de Charles-Lemoyne, qui ont pris
énormément de temps, qui, forcément par leur forme,
prennent souvent l'allure de mise en cause d'individus. Il nous paraît
important, devant des situations qui ne mettent pas nécessairement en
cause un individu sur le plan de son honnêteté, de pouvoir, comme
gouvernement, nous assurer plus précisément des causes du mauvais
fonctionnement d'une institution, de coûts élevés, de nous
assurer que les services rendus sont adéquats.
Nous avons eu encore des exemples assez frappants. Je peux vous citer
l'exemple du manoir Charles-de-Foucault, ici, tout près de
Québec, institution destinée à la détention et
à la rééducation de jeunes délinquants. Cette
institution a vécu des problèmes extrêmement difficiles au
cours de l'hiver 1971 et au printemps, à tel point qu'il a fallu,
à la suite d'un début de bagarre et d'un incendie relié
à ces troubles, déménager tous les enfants. Pendant que
tout ceci se déroulait, nous n'avions, comme ministère, aucun
pouvoir d'intervenir. Evidemment, nous subissions toutes les critiques et nous
ne pouvions exercer notre responsabilité de maintenir une institution
pour accueillir les jeunes délinquants, problème que vous et les
juges de la cour de Bien-Etre social connaissez bien.
C'est ce type de pouvoir plus souple que nous croyons devoir avoir,
qu'il doive être circonscrit plus précisément. Que l'on
s'inquiète ou que l'on s'interroge quant à la proposition qui est
faite de donner ce pouvoir aux offices régionaux, nous prenons ces
commentaires, ces suggestions, d'une façon extrêmement
sérieuse, parce que nous savons très bien que l'exercice de
pouvoir d'enquête doit être circonscrit de précautions, de
dispositions respectant le droit des individus.
Mais c'est plutôt ce but que nous visons et nous croyons que c'est
un but qu'il nous faut devoir poursuivre. Nous entendons maintenir des
dispositions donnant un pouvoir plus souple d'enquête mais le
circonscrire et, dans ce sens, les recommandations que vous nous faites vont
nous être utiles et nous allons en tenir compte.
Enfin, quant aux appels relatifs à la suspension et à
l'annulation des permis, il s'agit là de dispositions nouvelles que nous
ne retrouvons pas dans la législation actuelle. Nous avons fait une
proposition, je crois qu'il s'agit encore là d'une amélioration
considérable sur la législation actuelle. Et nous voulons
évidemment que ces dispositions fonctionnent de la meilleure
façon possible, autrement nous ne les aurions pas introduites dans le
projet de loi.
C'est dans cet esprit que nous allons étudier les propositions
que vous nous faites.
M. JASMIN: Merci.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le mémoire du
Barreau du Québec est extrêmement important et les
problèmes qu'il soulève le sont également. Ils ont
déjà été traités devant la commission
antérieurement par d'autres membres de la profession juridique. Cela
fait deux fois, à ma connaissance, que le ministre élabore les
précisions qui pourront être apportées et également
qu'il fait part aux organismes des dispositions actuelles de la Loi des
hôpitaux qui existe depuis 1962 et qui avait été inscrite,
à ce moment-là, dans la législation dans un but bien
précis que l'on vient d'évoquer.
Il reste tout de même que vous avez signalé qu'il peut se
produire en pratique, tenant compte des dispositions de la loi, le texte qui
devra être interprété à partir de sa
rédaction, des choses qui n'étaient pas dans l'intention du
législateur. Et il faudra que ce soit absolument précisé
même si on est rassuré par l'intention du législateur. Car
si cette intention n'est pas traduite dans les mots, elle peut être
interprétée de façon différente.
Je vais vous poser une question, Me Jasmin. Est-ce que le ministre des
Institutions financières, lui qui accorde des lettres patentes et
reçoit les requêtes il les accorde ou il les refuse
ne pourrait pas exercer une influence assez prépondérante dans ce
processus de reconversion des institutions d'ici la période de temps qui
est fixée par la législation? Est-ce qu'il n'y a pas de
précautions à prendre de ce côté?
M. JASMIN: Je ne sais pas si, à ce point de vue-là, il y
aurait des dispositions spéciales à prendre avec le ministre des
Institutions financières mais je pense que cela relève surtout du
ministre des Affaires sociales.
M. CLOUTIER: Mais pour les lettres patentes?
M. JASMIN: A la recommandation du ministre, je le vois mal refuser les
lettres patentes. C'est une question évidemment d'entente entre les deux
ministères.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, je ne veux pas faire allusion à un
ministre en particulier, mais est-ce qu'il ne peut pas, à un moment
donné, y avoir une entente entre deux ministres, le ministre des
Affaires sociales et le ministre des Institutions financières dans le
cas d'une institution qui ne se serait pas conformée à certaines
normes de fonctionnement exigées par le ministère et qu'il y
aurait certaines sanctions...
M. JASMIN: Il pourrait annuler ces lettres patentes mais...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. JASMIN: ... mais d'ici deux ans, si on fait abstraction des
institutions à caractère privé ou à but lucratif,
il va y avoir seulement une sorte d'institutions. Alors le ministre des
Institutions
financières a toujours le droit, je pense, d'annuler la charte
d'une corporation particulière, définie, si sur requête,
etc. avec le processus mentionné dans la Loi des compagnies... Ici, ce
qui nous inquiète un peu, quant à nous, c'est que dans deux ans
d'ici, il n'y aura qu'une seule sorte de corporations sans but lucratif, ou
dites publiques actuellement. Je pense bien que le ministre des Institutions
financières n'a pas grand-chose à dire maintenant. Est-ce que
cela répond à votre question, M. Cloutier?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. LE PRESIDENT: Mme Filion, nous vous remercions.
M. JASMIN: C'est nous qui vous remercions.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à la fin
de la période des questions, vers 4 heures. Nous commencerons par
l'Association des parents de l'Institut Anbar.
(Suspension de la séance à 12 h 28).
Reprise de la séance à 17 h 40
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales):
Je voudrais donner un renseignement. Les députés et les
ministres, quand ils sont en session, ne peuvent sortir de la Chambre avant que
la période des questions ne soit terminée.
Cet après-midi, il y a eu certains débats qui ont
retardé la période des questions et comme le ministre et les
députés doivent rester en Chambre, je me fais l'interprète
de chacun pour nous excuser de ce retard. Je suis certain que vous comprenez ce
qu'est la vie parlementaire.
Maintenant, ce matin, nous avons demandé que les gens venus
à titre personnel veuillent bien prendre la parole. Il y avait MM.
Boyle, Doré et MacDougall qui n'étaient pas présents ce
matin, mais j'avais aussi promis au représentant de l'Association des
parents de l'Institut Anbar qu'il pourrait présenter son
mémoire.
Si MM. Boyle, Doré et MacDougall veulent bien résumer leur
mémoire, dans quelques instants, nous allons les écouter...
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas, mais je pense qu'ils n'étaient pas
ici ce matin.
M. LE PRESIDENT: Ils n'étaient pas ici ce matin.
M. CASTONGUAY: Dans ce cas-là, nous devrions donner
préséance à l'Institut Anbar.
M. LE PRESIDENT: J'invite donc l'Association des parents de l'Institut
Anbar.
Association des parents de l'Institut
Anbar-Voyer
M. FOREST: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, je m'appelle Lucien Forest, je suis président de
l'Association des parents des écoles Anbar-Voyer et
vice-président de la Fédération provinciale des
associations de parents pour l'aide à l'handicapé.
M'accompagnent dans la salle, tous les directeurs de notre association.
Pour épargner du temps, nous ne les nommerons pas.
Certain que vous avez tous lu, à quelques exceptions près,
notre mémoire, je voudrais insister dans ce résumé sur
certains points.
M. le Président, je vous remercie de m'en donner l'occasion, et
vous messieurs, merci de votre attention.
J'ai pu assister à d'autres séances de votre commission et
j'ai été frappé des revendications administratives, des
considérations salariales, des privilèges acquis à
maintenir.
Mais je n'ai rien entendu sur le droit des patients, des proches de
l'enfant exceptionnel, de celui qui ne peut pas par exception faire entendre sa
voix.
Nous avons pris conscience, nous les parents d'Anbar des erreurs
passées, de notre part de
responsabilités et nous voulons continuer à redresser la
situation, en exemple pour d'autres dans l'institution de notre choix.
Si je suis ici, c'est pour remplir le rôle d'informateur par la
critique du passé et créer le ferme propos d'améliorer
l'avenir. Je crois que nous nous sommes bien identifiés dans notre
mémoire. Nos craintes, nos désirs, nos espoirs y sont bien
décrits. Nous nous faisons protecteurs des enfants retardés, il y
en a près de 170,000 dans la province de Québec.
Par nos visites fréquentes et inattendues chez Anbar, nous nous
assurons du maintien et de l'évolution des normes élevées
dans ces écoles. Nous remplaçons en somme les
représentants du ministère qui devraient visiter ces
écoles et ne le font pas. Près de deux ans déjà se
sont écoulés dans le passé, sans qu'un seul responsable ne
se présente à ces écoles. Nous nous faisons protecteurs,
nous nous voulons protecteurs parce que nous nous sommes voués à
la défense de leurs droits en tant que citoyens, non pas de
deuxième classe, mais en tant que citoyens québécois ayant
les mêmes droits que vous et moi. Droit à une vie aussi
entière que possible selon leur état, droit confirmé par
l'organisation des Nations-Unies et accepté par le Canada qui en est
membre, droit pour l'exceptionnel de vivre et travailler et droit d'être
heureux, droits que le bill 65 menace, droits que nous voulons défendre
dans ce mémoire.
Messieurs, s'il vous plaît, il ne faudrait pas confondre les
usagés d'Anbar, nous les parents, et l'Institut Anbar, institution
privée avec qui nous gardons liberté entière y compris
cette liberté que je viens défendre de passer de nouveaux
contrats avec elle.
Représenter quelque 1,200 enfants, pensionnaires chez Anbar,
c'est aussi représenter leurs pères, mères, frères,
soeurs; quelque 6,000 personnes. Soit dit en passant, si nous obtenons quelque
chose, des milliers d'autres familles en bénéficieront.
Ces quelque 6,000 personnes ont, elles aussi, des droits; des droits
menacés par le bill 65. Ce bill leur enlève le choix de
l'institut pour leur enfant, ce bill veut leur enlever le droit à la
tutelle, le droit à la paix familiale, en les forçant, si
possible, à garder leur enfant chez eux, au foyer, un foyer
qu'éventuellement le déficient détruira. Le
déficient dans un foyer requiert l'attention de la mère
vingt-quatre heures par jour, et cela, au détriment du reste de la
famille. Aussi, combien de mères devenues veuves souffrent d'être
seules pour subvenir aux besoins de leurs grands enfants retardés, et
combien de grands enfants retardés souffrent quand la mère meurt,
leurs frères et soeurs ayant leur propre famille à élever.
Quand le grand arriéré est devenu adulte, il est souvent trop
tard, dans son cas, pour bénéficier de la vie de l'internat. Ne
croyez pas qu'étant retardés ces enfants-là ne peuvent pas
souffrir: au contraire, ils sont plus sensibles que nous à l'affection,
à l'amour de leurs parents et tuteurs. Quand cela leur manque
soudainement, le choc est beaucoup plus vif que pour l'être normal qui,
lui, éventuellement, se suffira à lui-même.
Seuls ceux parmi vous qui ont eu à garder un enfant
déficient au foyer pourront nous comprendre, nous, parents, et admettre
que la place du déficient est en internat. Je ne dis pas asile,
où il végétera en attendant la mort, mais dans une
institution où tout son potentiel, si petit soit-il, sera exploré
et où on lui apprendra à profiter de ce petit "possible" qu'on
aura trouvé chez lui.
A l'institut Anbar, c'est fait. Si nous pouvons sauver nos droits de
parents, nous continuerons à planifier en vue d'une fondation familiale
à charte.
C'est une corporation sans but lucratif. Avec cette fondation, nous
voulons protéger, dans le plein sens du mot, l'arriéré
mental devenu adulte, de 18 ans et plus, que la société voudrait
bien oublier. Pour vous aider à comprendre cette idée de
fondation, permettez-moi de vous lire deux courts paragraphes de notre
mémoire, 14.3 et 15 b)
La Fondation se donne pour objectif la mise en commun des fonds
monétaires, part d'héritage à l'enfant, assurances,
dotation, dons des parents, contributions annuelles de charité etc.,
dont les revenus annuels seront exclusivement consacrés à la
construction et aménagement de "communauté de travail et vie
protégée" pour les 18 ans et plus non récupérables
dans une société compétitive et dont le pronostic
exigerait un internement asilaire. 15 b): La Fondation deviendra un organisme
indépendant et verra à la gestion des biens confiés ou
assurance-survie du déficient; elle en décide l'application du
revenu selon les recommandations de l'APEAV, ainsi que du conseil de recherche
de l'institut, le tout en cherchant un accord sur la législation sociale
au Québec. Sa nature et son objectif visent à tout investissement
valable en "arriération mentale", à fournir un climat de
créativité, de liberté et d'exercice dynamique des
familles dans leurs droits et devoirs. Elle vise à soulager les
investissements ministériels et à tenir les coûts à
un niveau raisonnable en compétition gaillarde avec toute autre forme de
gestion institutionnelle.
Ce projet est irréalisable si le bill 65 devient loi tel que
présenté, car cette Fondation se voudrait indépendante de
qui que ce soit. Les parents étant les seuls ayant droit
d'administrer.
L'Institut Anbar, là où sont nos enfants, loin de
s'opposer à nos plans, nous encourage. Un respect mutuel existe entre la
direction et nous-mêmes dans toutes nos relations. L'Institut s'est dit
prêt à collaborer avec nous dans notre projet de fondation; l'aide
de tous leurs cadres peut nous être assurée.
Cette Fondation deviendrait une branche de notre association qui,
éventuellement, se suffirait à elle-même. Une fois bien
établie, elle
devrait pouvoir s'entendre, pour des expansions de service, avec
l'institut Anbar-Voyer ou toute autre institution susceptible de mériter
son choix, assurant que les parents seuls puissent dicter, à la
direction choisie, les normes d'hébergement et de soins
médicaux.
Il nous faut condamner le bill 65 tel que présenté.
L'association des parents protège les enfants exceptionnels et, dans ce
bill, il n'y a pas d'exception pour eux. Ce bill enlève ces enfants
à la tutelle des parents et les livrent à des gens qui n'ont
aucune compétence pour les soigner dans le sens large du mot; ça,
nous n'en voulons pas.
Nous sommes absolument contre les garderies où les enfants ne
sont réellement qu'une source de revenus pour le ou la
propriétaire. Trop de ces bonnes dames et de ces bons messieurs, ou de
vieilles gardes-malades, se trouvent soudainement une vocation et
hébergent des enfants. L'expérience a prouvé que ce
n'était pas une vocation, mais bien l'espoir d'un revenu facile à
gagner.
Il y a chez Anbar-Voyer des centaines d'enfants qui viennent de
garderies, qu'Anbar-Voyer a acceptés à la demande même du
ministère, des enfants maltraités, parfois
enchaînés, parfois encagés. M. le Président, vous
réalisez que je parle en parent, en travailleur. Pourquoi avons-nous
peur du bill 65? C'est qu'en tant que citoyen, est-ce que je peux partir et
aller visiter un hôpital, une institution publique? Moi, je vous dis non.
Est-ce que je peux rencontrer le directeur facilement si mon enfant est
pensionnaire là? Non.
C'est à peine si on peut se rendre à la
réceptionniste ou parler à un deuxième ou troisième
commis. Ce n'est pas intéressant pour nous.
Le Dr Anbar, le Dr Voyer, la directrice générale, Mme
Neilson m'ont tous reçu sans aucun rendez-vous, non pas parce que
j'étais président de l'association, dans le temps je ne
l'étais pas, mais parce que mon enfant était pensionnaire chez
eux. Nous en voulons de ça. Nous voulons être capables de parler
à ceux qui ont la responsabilité de nos enfants.
En institut public, est-ce que le psychiatre, le psychologue veulent
parler avec nous de nos enfants, de notre enfant? Non. Ils se sauvent de nous,
ou encore ils nous donnent des généralités, ou encore
s'ils ne peuvent se sauver de la rencontre, ils nous insultent en nous disant
que nous sommes des sans-coeur pour avoir placé notre enfant. Nous ne
voulons pas de ça.
Nous avons aussi peur que tous ces administrateurs dans ces ORAS, dans
les centres locaux ne soient que les amis des députés ou de ceux
qui auront travaillé... Nous avons peur que ce ne soient seulement que
les gars qui ont travaillé pour le parti; leur nom va arriver au
ministre qui, lui, le soumet au lieutenant-gouverneur qui, lui, accepte tout ce
que le ministre lui présente. Nous avons peur de ça.
Nous avons vu dans le passé ce qui est arrivé quand on a
prétendu vouloir être avec le peuple. Nous avons peur de
ça. Nous avons fait de la politique. Nous avons fait du syndicalisme.
Nous avons déjà été élus. Nous savons
comment cela se passe. Aujourd'hui, c'est le bien-être de nos enfants qui
est menacé et nous nous devons de vous le dire.
Nous avons déjà vu des gens du ministère, à
de très rares exceptions, se présenter à nos fêtes
à l'institut et geler devant la porte, incapables de passer la porte
parce qu'ils avaient peur de regarder un mongol ou un difforme. Nous en avons
vu d'autres qui avaient un visage plein de répugnance à la vue
des enfants. Ce n'est pas intéressant pour nous. Ce n'est pas
intéressant.
Nous croyons réellement que l'institut public peut exister, peut
coexister avec l'institut privé. Je crois que le ministre est au courant
que plusieurs documents d'Anbar sont présentement dans les instituts
publics. Plusieurs moniteurs, éducateurs d'Anbar, formés par
Anbar, sont maintenant au service du ministère. Si je peux me permettre
cette comparaison, à New York il y a deux compagnies d'autobus, à
Montréal il n'y en a qu'une.
A Montréal, vous attendez; le chauffeur fume sa cigarette. A New
York, il y a concurrence; le premier rendu, c'est lui qui a les passagers, au
coin.
Dans les cas d'institutions pour enfants, c'est la même chose, la
même possibilité. Les deux catégories privées et
publiques, peuvent s'entraider et se faire une concurrence qui ne peut
être qu'à l'avantage de nos enfants.
Je suis un peu plus rapide que je l'aurais cru, mais je ne veux quand
même pas abuser de votre temps. M. le Président, le ministre dit
souvent à la radio, â la télévision, dans les
journaux, qu'il veut la participation des citoyens. Je me demande de quelle
façon je pourrai participer à l'ORAS quand le projet de loi 65 me
donne deux heures par année pour assister à une assemblée
publique. Je dis deux heures parce que j'imagine que le bon directeur voudra
nous endurer deux heures de temps, une fois par année. Qui va aller
là, qui va oser se présenter là et s'élever contre
l'ORAS, de peur que son petit gars ne devienne le souffre-douleur à
l'institution où il est? Nous allons y aller.
Vous tous, qui avez fait de la politique, vous savez que, dans la salle,
à n'importe quelle assemblée, on a toujours des amis qui sont
prêts à nous appuyer. Dans mon cas, il y aura quelqu'un pour me
fermer la gueule et dire: Moi, je suis satisfait. Cela, je l'ai vu des
centaines de fois dans les assemblées politiques et syndicalistes.
Nous avons un terme dans notre mémoire pour le projet de loi 65.
Nous l'appelons "délinquant". On m'a même dit que le terme
était fort. Je ne l'ai pas enlevé parce que je dis que c'est
vrai; il est un projet de loi délinquant parce qu'il fait penser
à un projet de loi de dictateur, n'ayant aucune exception pour les
exceptionnels. Il ne respecte aucunement le droit de ces enfants tel que
déclaré par l'Organisation des Nations-Unies.
Si ce n'est pas abuser de votre temps, je peux vous lire la
déclaration qui est en appendice 2 de notre mémoire.
Déclaration des droits généraux et particuliers des
déficients mentaux: "Attendu que la déclaration universelle des
droits de l'homme, adoptée par les Nations-Unies, proclame que tous les
êtres humains, sans aucune distinction, jouissent de droits égaux
et inaliénables de dignité humaine et de liberté; Attendu
que la déclaration des droits de l'enfant, adoptée par les
Nations-Unis, proclame les droits de l'enfant handicapé physiquement,
mentalement ou socialement, au traitement, à l'éducation et aux
soins requis par son état.
La Ligue internationale des associations d'aide aux handicapés
mentaux proclame les droits généraux et particuliers du
déficient mental comme suit: le déficient mental a les
mêmes droits fondamentaux que les autres citoyens du même pays et
du même âge. Le déficient mental a droit aux soins
médicaux et aux traitements physiques appropriés à son
état ainsi qu'à l'éducation, à l'instruction,
à la formation, à la réadaptation et aux conseils qui
l'aideront à développer au maximum ses capacités et ses
aptitudes, quelle que soit la gravité de son handicap. Aucun
déficient mental ne doit être privé de cette assistance en
raison de la charge financière qu'elle représente.
Le déficient mental a droit à la sécurité
économique et à un niveau de vie décent. Il a le droit
d'accomplir un travail productif ou d'exercer toute autre occupation utile.
Le déficient mental a le droit de vivre au sein de sa famille ou
d'un foyer s'y substituant, de participer à toutes les formes de la vie
communautaire et de s'adonner à des activités
récréatives, compatibles avec son état. Si son placement
en établissement spécialisé est nécessaire, le
milieu et les conditions de vie devront être aussi proches que possible
de ceux de la vie normale.
Le déficient mental doit pouvoir bénéficier d'une
tutelle qualifiée lorsque cela est indispensable à la protection
de sa personne et de ses biens. Toute personne intervenant directement dans le
traitement ou l'hébergement du déficient mental, ne peut se voir
confier de fonction tutélaire.
Le déficient mental doit être protégé contre
toute exploitation, abus ou traitement dégradant. S'il est l'objet de
poursuites judiciaires, il doit bénéficier d'une procédure
régulière qui tienne pleinement compte de son degré de
responsabilité.
Etant donné la gravité de leur handicap, certains
déficients mentaux ne sont pas capables d'exercer effectivement
l'ensemble de leurs droits. Pour d'autres, une limitation de ces droits ou
même leur suppression peut-être nécessaire. La
procédure utilisée aux fins de cette limitation ou de cette
suppression devra préserver également le déficient mental
contre toute forme d'abus. Elle sera fondée sur une évaluation
par des experts qualifiés, de ses capacités sociales. Cette
limitation ou suppression des droits sera soumise à des révisions
périodiques et préservera un droit d'appel à des instances
supérieures.
Par-dessus tout, le déficient mental a droit au respect. C'est
signé: La Ligue internationale des associations d'aide aux
handicapés.
Avant de passer à nos recommandations, M. le Président,
nous aimerions j'ai changé les mots que j'avais écrits, ce
n'est pas poli demander au ministère de changer son habitude de
parler de subventions aux parents.
Nous nous opposons, de toutes nos forces, à ce terme humiliant et
injuste de subventions. Nous, parents d'exceptionnels, avons rempli nos devoirs
envers la société. Nous avons payé tous les impôts
réclamés aux niveaux fédéral, provincial, municipal
et scolaire.
Nos enfants, en tant que citoyens à part entière, ont
droit à l'éducation. Ils ont droit aux soins médicaux.
L'arriération mentale est une maladie et leur droit à
l'assurance-maladie paie pour l'hébergement.
De plus, plusieurs parents paient un certain montant mensuel,
supposément selon leur capacité, montant décidé par
je vais le dire parce que je l'ai dans la tête, excusez-moi, M. le
Président un fonctionnaire célibataire, ou s'il est
marié, payé largement.
Nous ne sommes pas subventionnés. Ce que le ministère paie
pour nos enfants n'est que notre part légitime du trésor
provincial.
Messieurs, je voudrais bien que cette épithète soit
enlevée du nom de parents d'exceptionnels. Elle est réellement
trop une infraction aux lois existantes.
Dans les grandes villes, pour rénover, on démolit les
taudis, les quartiers délabrés, mais on protège les
valeurs, les monuments. M. le Président, nous exprimons au ministre
notre volonté de rénover. Il vous faut donc démolir, mais
s'il vous plaît, protégez le monument d'Anbar et
légiférez pour que d'autres semblables soient bâtis.
Avec votre permission, M. le Président, je demanderais au Dr
Voyer, père d'exceptionnel, de présenter nos recommandations.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. VOYER: M. le Président, je serai très bref.
Nos recommandations sont dans la partie III du mémoire.
Nous demandons, premièrement, un amendement au bill 65,
permettant la corporation composée de parents capables d'oeuvrer
auprès de l'exceptionnel, avec, si possible, la participation aussi des
employés de l'institution à capital social. Il nous semble que
c'est une forme très démocratique, une initiative très
démocratique. Si nous insistons, c'est pour une
seule raison. Vous avez entendu cette voix de l'ex-syndicaliste, M.
Forest, "J'ai oeuvré pendant des années avec les parents et j'ai
trouvé, et j'ai appris beaucoup sur le plan démocratique. J'ai
appris que les parents par l'instrument d'une institution, avaient vraiment
fait un vrai cours d'éducation pour adultes, avaient compris la
créativité et l'initiative propres et tout ce qui pouvait sortir
de leurs propres énergies". Je pense à une corporation, au moins
comme exemple dans la province, une corporation sans but lucratif de parents,
exclusivement de parents, je ne dis pas qu'ex officio, les représentants
du gouvernement ne peuvent pas assister aux assemblées, c'est sûr,
mais c'est ce que nous demandons.
Nous demandons, deuxièmement, la possibilité d'une
fondation familiale. Nous avons beaucoup de parents qui ont des legs de
laissés à leurs enfants. Nous ne demandons pas une protection
d'un capital acquis, nous n'avons au fond actuellement que des fonds promis,
engagés par des parents généreux qui donnent une part de
leurs économies pour leur enfant arriéré. Nous vous en
demandons la possibilité de gestion, exactement comme l'UNAPI de France,
aujourd'hui, gère ou cogère 400 institutions. Il en gère
120 complètement et totalement. Les parents, en France, gèrent
des institutions à côté des institutions publiques.
Nous demandons cela non pas parce que nous sommes attachés
à l'argent. Nous demandons cela parce que cela nous permet de nous
rencontrer, de parler, de nous initier ensemble. J'étais pourtant un
neuro-psychiatre, je dirais que j'ai plus appris avec ces parents, que j'ai
appris sur les bancs de l'école pour aider l'arriéré. J'en
ai à peine entendu parler à l'université. J'ai appris de
ces parents à oeuvrer. Si la fondation leur donnait le nerf de la
guerre, le nerf nécessaire... Je vous dis que lorsqu'on s'engage avec
son argent, on assiste aux assemblées d'étude et aux
comités.
Nous demandons, troisièmement, que le bill 65 puisse permettre un
déblocage de permis, surtout pour les plus de dix-huit ans.
Nous avons des cas extraordinaires, nous avons 288 garçons et
filles, actuellement, qui ont atteint l'âge de 18 ans; il y en a
quelques-uns que nous avons laissés partir, parce qu'ils avaient un
quotient déjà amélioré et une capacité de
fonctionner à 80 et non plus à 70. Nous avons passé deux
semaines à un procès à Saint-Jérôme, parce
que l'accusé a commis une exaction tout de suite après la
sortie.
Ces enfants ont besoin nous en avons 281 et nous demandons
que le bill 65 puisse débloquer au moins, le plus vite possible, les
fondations. Si on lançait ces 281 à Montréal, eh bien, je
m'attendrais à une action policière et judiciaire
extrêmement ardue, dans les jours qui suivent.
Quatrièmement, nous demandons que le bill 65 permette aux parents
d'être présents dans les négociations per diem. J'ai eu
l'occasion devant
M. Cloutier, autrefois, M. le Président, d'amener des parents, M.
Gagnon etc., pour les négociations syndicales, pour les
négociations per diem. Les parents ont tellement appris là, ce
que c'était le bien-être. C'était une occasion
exceptionnelle pour les parents de s'éduquer à la chose publique,
aux budgets que les gouvernements votent et aux difficultés dans
lesquelles nos gouvernements se trouvent. Je me rappellerai toujours M. Gagnon,
Mme Hallett, et tous nos directeurs, ceci avait la valeur de cours
extrêmement précieux pour eux, d'autant plus qu'ils sont mordus
par la problème à la maison.
Le droit de tutelle, eh bien, on se répète à deux
reprises. Je m'excuse il y a une erreur dans l'autre, à 9 c'est "normes
de tutelle". Ici, c'est le "droit de tutelle". L'association de parents demande
de plus en plus d'avoir le droit de tutelle sur les enfants, surtout pour les
orphelins et les délaissés, dont s'occupe l'association, surtout
sous la direction de M. Forest; il y a un vrai réveil de tutelle
à l'endroit de ces enfants délaissés.
Quant au droit de surveillance des soins, pour les transferts d'une
institution à une autre, nous voulons que la permission des parents soit
admise pour transférer un enfant de Chicoutimi à Montréal
et de Montréal à Chicoutimi, etc.. et toutes les normes de
stabilité autour de l'enfant, des soins et du personnel. La charge
financière, eh bien là, nous demandons que la participation des
parents au per diem cesse.
Les enquêtes sont plus dispendieuses que la contribution des
parents, à la fin. Deuxièmement, je crois que les parents ont
déjà acquis ce droit à un per diem total. Mais, cependant,
que le gouvernement se venge de nous en nous donnant la possibilité de
nous rengager avec nos économies, c'est-à-dire, à mettre
plutôt à la fondation, et à prendre une participation plus
grande, même pécuniaire, mais libre, avec beaucoup
d'éducation à la gestion.
Normes de placement. Dans les normes de placement, je crois que c'est
compris d'emblée.
Les normes de tutelle. Bien, il y a une norme de tutelle,
c'est-à-dire que nous avons compris vite à la direction d'Anbar
que tout nous tombait sur les épaules. On avait une
responsabilité presque de tutelle de ces enfants comme entreprise
privée. Mais, moi, parlant comme parent, je trouve que le droit de
tutelle ne doit jamais être cédé à des gens qui sont
en charge d'hébergement. On ne peut pas les laisser faire comme on veut,
les gens qui sont en charge des soins lorsqu'on sait ce qui arrive, et
même l'Etat. Il me semble que le droit de tutelle doit être
retiré à l'Etat lorsqu'une association de parents prend ce droit,
et est capable de l'assumer autour d'une institution.
Le droit de permis d'opérer. On demande un droit égal de
permis d'opérer à toute institution publique.
Le droit de représentation. Nous voulons bien être
représentés, et surtout dans les préparations des textes
légaux, en ce qui concerne
l'enfance adaptée. Parce que, remarquez bien, nous sommes ici les
usagers d'Anbar. Nous ne sommes pas l'entreprise privée d'Anbar. Je veux
bien que, nous, les parents, soyons représentés. Je ne demande
pas qu'Anbar soit représentée mais que nous, les parents, soyons
représentés dans toutes négociations, quant aux textes
légaux, etc.
Suppression des droits. C'est dans la déclaration telle que lue
par M. Forest. Nous ne demandons que la conformité du bill 65 à
la déclaration des Nations-Unies. Nous avons senti dans le bill
et je vais vous faire une petite remarque qu'on s'était
inspiré de la Loi du bien-être de France, mais on a oublié
une chose, par exemple, c'est qu'en France, on a tout de suite
spécifié, dès le début et ça c'est encore
une omission qui pour nous, heurtés déjà par une
expérience d'un enfant dans nos familles nous a fait bien mal on
a bien choqué nos émotions en ne mettant pas, dès le
début, comme en France, le droit aux parents, tout premier, choix de
l'institution, le droit de surveillance et le droit, non seulement du choix
d'institution, mais le droit de participation à l'institution
même. Et ça, comme le droit du choix du médecin. Cela a
été bien oublié.
Le traitement de faveur: L'association des parents de l'institution
Anbar ne demande pas un traitement de faveur. Nous demandons que toutes les
associations de parents soient traitées de la même manière
que nous, parce qu'on entendait dire de temps en temps un bon
fonctionnaire un peu indiscret nous disait: Vous autres, à Anbar, on ne
vous touchera pas, vous travaillez bien, vous faites votre possible, ce n'est
pas parfait mais vous faites votre possible, nous ne vous toucherons jamais.
Bien non. M. le Président, la loi est la loi pour tout le monde. Nous
voulons nous soumettre, nous ne demandons pas de patronage, nous ne voulons pas
de subventions gouvernementales, jamais.
Nous ne venons pas demander de l'argent, nous venons demander notre
participation libre, possible dans une corporation de parents. Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier le
président de l'Association des parents, le Dr Voyer et, si vous me le
permettez, j'aurais un assez bon nombre de commentaires à faire. Je
pense bien qu'il s'agit là d'un mémoire, d'une situation, d'un
problème général exposé qui mérite
peut-être plus de commentaires que d'autres.
J'aurais aimé écrire mes notes d'une façon,
peut-être, un peu plus ordonnée; vous m'excuserez si je ne
procède pas de façon aussi ordonnée que je l'aurais voulu.
D'abord, il y a un commentaire d'ordre général, à mon
avis, qui s'impose: c'est que, dans le domaine de l'enfance exceptionnelle au
Québec, la sensibilisation, la compréhension des problèmes
est encore assez récente pour plusieurs.
Malheureusement aussi, bien des gens ne savent pas vraiment ce qui se
passe dans ce secteur et nous avons nous-mêmes, comme ministère,
eu à découvrir des situation extrêmement
déplorables, comme celle dont vous faites allusion dans votre
mémoire. En parallèle existe l'institut Anbar-Voyer et je dois
dire, je ne sais pas, il y a eu peut-être manque de communication
que les fonctionnaires du ministère, notre directeur de
l'accréditation, le Dr Martin Laberge, est allé le visiter
et je pense qu'il vous a rencontré, Dr Voyer, il y a deux ou
trois mois, avec M. Claude Sylvestre du ministère et le Dr Laberge m'a
fait un rapport très favorable, impressionnant même sur ce qui se
passe.
Je crois aussi que, dans le passé, au niveau des
fonctionnaires... Je ne veux pas excuser les choses qui ont été
faites, qui n'étaient pas adéquates de leur part; mais
peut-être aussi que certaines réactions qu'ils ont pu avoir
peuvent se comprendre, parce que, dans plusieurs institutions qu'ils ont
visitées, ils ont vu des choses inacceptables et ils ont adopté,
dans leur rapport, des attitudes qui ne s'appliquaient pas
nécessairement à votre institution je crois que c'est
peut-être assez exact et qu'ils ne vous ont pas toujours fait
justice.
Il y a peut-être eu d'autres problèmes. De toute
façon, je ne suis au ministère que depuis seize mois et j'essaie
de faire une synthèse de ce qui a pu se produire. Lorsque le bill a
été préparé, nous avons tenté et il
faut se rapporter maintenant à un monde assez complexe qui est celui de
la santé et des services sociaux nous avons tenté de
proposer un projet de loi qui permettrait un regroupement ou des regroupements
d'institutions aussi adéquats que possible. Nous n'avions pas la
prétention je crois que je l'ai dit dès la première
séance de la commission de recouvrir, avec ce projet, ou de
toucher toutes les réalités, toutes les situations. C'est
justement pourquoi nous avons tenu ces séances, pour pouvoir
écouter les représentations.
Ici, il y a, à mon avis, une situation bien particulière.
Je ne crois pas que l'on puisse l'assimiler aux institutions, aux autres
institutions qui pourraient lui ressembler par diverses
caractéristiques. Il nous faut donc, à mon sens, rechercher un
moyen de reconnaître cette situation dans le projet de loi.
Je passe à d'autres questions plus particulières et je
vais essayer de les prendre dans un ordre un peu plus spécifique, un peu
plus ordonné. Je veux parler du droit des enfants du droit des parents,
des droits des enfants et des droits des parents ou des personnes, aux choix
des institutions. A propos de ceci, lorsque nous avons présenté
le projet de loi, nous n'avons pas étant donné que c'est
une loi qui touchait uniquement l'organisation voulu introduire dans
cette loi les objectifs généraux poursuivis, de peur que l'on
nous dise: Voici, par une loi qui touche aux strucutres, vous proposez des
objectifs.
Vous parlez de droits alors que ce ne sont pas les structures qui
animent les institutions, ce sont plutôt les hommes, etc. De toute
façon, à des demandes qui nous ont été
formulées, nous allons ajouter à ce projet de loi des
dispositions touchant aux droits des personnes.
Il y a d'autres aspects de la question. Lorsque vous parlez de la
tutelle qui, à mon sens, devront être repris dans la mise
à jour de la Loi de la protection de la jeunesse. Et le travail est
amorcé. Fort probablement qu'en 1972 nous aurons des modifications
à proposer à la Loi de la protection de l'enfant. Je ne crois pas
que le présent projet de loi soit approprié à cette
fin.
Vous nous parlez aussi de la possibilité, de l'importance de
pouvoir créer une fondation familiale. Sur ce plan, je ne sais vraiment
pas ce qui a pu retarder cela. J'ai demandé au Dr Laberge, qui est avec
moi, d'examiner le dossier, parce qu'il existe des fondations au Québec,
et je ne vois pas pourquoi, si des gens qui ont, dans leur famille, des enfants
qui sont affectés de déficience mentale, veulent contribuer
à une fondation, ceci ne pourrait être fait. De toute
façon, je vais examiner le dossier.
Dans le projet de loi, le problème nous a été
soumis. Encore là, les officiers, au moment où nous avons
rédigé ce projet, nous ont dit qu'il n'était pas
nécessaire, étant donné que les fondations ne
procédaient pas d'une loi comme la Loi des hôpitaux dans la
Loi des hôpitaux actuelle, par exemple, il n'y a pas de disposition
touchant aux fondations; elles existent d'introduire une telle
disposition dans le projet de loi 65. De toute façon, je
préfère relever le dossier.
Vous nous faites aussi une proposition et des suggestions quant à
la possibilité que les parents et les employés puissent jouer un
rôle prédominant ou majoritaire, ou assumer la
responsabilité de l'administration d'une institution. C'est une
suggestion qui, venant d'un groupe je ne dis pas de tous les groupes
comme le vôtre, mérite également une très
sérieuse considération.
Il reste une dernière question, je crois, j'en ai peut-être
oublié, qui est celle du per diem. Présentement, nous avons une
situation assez curieuse. Dans les hôpitaux pour malades chroniques, par
exemple, une personne ne paie pas au Québec, si l'hôpital a un
contrat avec l'assurance-hospitalisation. Si cette personne est dans un foyer
d'hébergement et considérée comme n'étant pas
malade chronique, mais nécessitant des soins de garde assez continus,
elle paie un montant, une partie de ce qu'il en coûte pour son
hébergement et ses soins, parce que là, elle n'est pas sous le
coup de la loi de l'assurance-hospitalisation, elle est sous le coup de la loi
de l'assistance publique et le traitement est différent.
Je ne mentionne que ceci, pour montrer une inconsistance, parce que la
différence entre la personne qui est dans le foyer d'hébergement
qui demande des soins presque continus et le malade chronique, elle est
très artificielle.
En plus, vous avez l'autre cas qui nous a été
mentionné hier. Des personnes qui sont hospitalisées dans les
hôpitaux psychiatriques, hôpitaux qui fonctionnent en vertu de la
loi des hôpitaux pour malades mentaux, elles aussi doivent payer une
partie, alors que celui qui est affecté d'une maladie physique et qui
est dans un hôpital en vertu de la loi de l'assurance-hospitalisation
n'est pas appelé à payer. Je pourrais multiplier les exemples
où, vraiment, il n'y a pas de logique, et ces différences
viennent plutôt du fait que des lois, comme la loi de
l'assurance-hospitalisation, ont été établies et ont
catégorisé des choses; dans d'autres secteurs, les mêmes
lois ne sont pas appliquées.
La loi de l'assurance-hospitalisation a eu cet effet-là, parce
que l'on n'a pas inclus les hôpitaux pour malades mentaux, par exemple.
Nous avons dit qu'au 1er avril 1972, je l'ai mentionné hier ou
avant-hier lorsque la conférence des hôpitaux psychiatriques nous
a présenté son mémoire nous éliminerions les
frais pour les personnes hospitalisées dans les hôpitaux
psychiatriques.
Nous sommes également en voie de réviser toute notre
politique de frais d'hébergement. Il y a des personnes qui sont
logées dans des foyers de personnes âgées, qui
reçoivent une aide assez substantielle de l'Etat, lorsque l'on examine
toute la question, et d'autres reçoivent très peu, d'autres
même sont obligé de payer, alors que leur situation, en fait, ne
devrait pas exiger qu'ils doivent payer. Je pense que le cas que vous nous
mentionnez en est un cas patent.
Il nous faut faire toute une révision de ces politiques ou de ces
règles. Ceci, nous devons le faire dans un cadre et je
soulève la question parce que je pense qu'elle mérite
d'être soulevée dont nous n'avons pas l'entier
contrôle.
La Loi de l'assurance-hospitalisation doit être conforme à
la Loi fédérale de l'Assurance-hospitalisation. Nous avons
mentionné à un certain nombre de reprises que cette sorte de
disposition, très artificielle à notre sens, devrait être
éliminée.
De toute façon, nous sommes bien conscients de ce problème
et, si j'ai pris soin de faire un certain tour de la question, c'est pour
indiquer que ce n'est pas un problème unique. A mon sens, il
s'insère dans un ensemble un peu plus grand et nous devons en arriver,
non pas à changer des morceaux du portrait, mais plutôt à
essayer d'établir une politique pour les frais d'hébergement
ou l'absence de frais d'hébergement qui éviterait
toute différence artificielle entre des types de situations comme c'est
le cas présentement.
Nous étudions donc ce problème et j'espère qu'avant
trop longtemps, nous serons en mesure d'y apporter des modifications, compte
tenu aussi de nos limites sur le plan budgétaire comme gouvernement.
J'aurais peut-être aussi une autre petite
remarque, mais je pense que je vais la garder pour le moment. C'est
plutôt... Non, je pense bien que ça n'a pas d'importance.
Je m'excuse d'avoir été un petit peu plus long dans ces
commentaires, j'ai voulu les faire pour essayer de faire le point dans un
secteur où je sais qu'il y a encore beaucoup d'amélioration
à apporter, dans un secteur aussi où les nuances ou les
distinctions qui s'imposent n'ont pas toujours été faites et pour
rassurer les parents des enfants dans la mesure où il m'est possible de
le faire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, les commentaires que
vient de faire le ministre des Affaires sociales, en faisant une revue des
problèmes qui se posent dans le secteur de l'enfance inadaptée,
les remarques, dis-je, qu'il a faites sont très opportunes, je crois. Il
faudrait peut-être aller un petit peu plus loin: j'endosse la majeure
partie de ces remarques et je voudrais y ajouter qu'au début, les
institutions Anbar même si je m'adresse à l'Association des
parents, je parle à ce moment-ci des institutions elle-mêmes
ont répondu à un besoin aigu, dans le Québec, de
places d'hébergement pour les enfants inadaptés. On sait combien,
il y a quelques années, ce problème-là était aigu
et malgré qu'il s'est fait un effort assez extraordinaire du point de
vue de l'implantation de nouvelles ressources, il reste encore que les besoins
ne sont pas tous comblés.
Au début, la tentative de résoudre ce
problème-là est venue presque exclusivement du côté
de l'entreprise privée, dont Anbar a assumé une grande partie des
responsabilités par les 1200 places qui ont été mises
à la disposition des parents qui avaient dans leur famille un ou deux
enfants inadaptés ou même plus.
Les institutions Anbar ont toujours été reconnues.
J'étais heureux tantôt d'entendre le ministre des Affaires
sociales parler du rapport du Dr Laberge, qui est directeur du service
d'accréditation. Le rapport du Dr Laberge a souligné le travail
excellent que l'on faisait dans ces institutions, disant que les parents
trouvent plus facile de communiquer avec ou d'être entendus par ce genre
d'institutions qui fonctionnent moins en vertu de règles solennelles ou
de communications difficiles. C'est fort compréhensible, et il serait
souhaitable que, dans le secteur public, ce genre de communications plus
faciles entre la clientèle de l'institution et les parents puissent
s'établir aux endroits où elles n'existent pas ou là
où elles n'existent pas assez.
Alors, les parents des enfants qui sont dans les institutions Anbor
il y en a 6,000 si on le prend au niveau de la famille ont mis
sur pied des projets, entre autres un projet extrêmement important de
fondation. Et nous avons eu l'occasion, au cours des travaux de la commission
je pense, d'effleurer seulement le sujet. Et je pense qu'avec votre
association, on entre véritablement au coeur du sujet des
fondations.
Le ministre a dit antérieurement, lorsque nous en avions
parlé, la première fois, qu'il y aurait lieu d'introduire des
précisions dans la législation, parce que ce n'était
certainement pas l'intention du législateur de vouloir éliminer
ou même gêner cet apport extrêmement précieux que les
gens peuvent fournir dans le secteur social, soit sous forme de
bénévolat ou à l'intérieur d'un cadre un peu plus
précis que celui des fondations.
Autant, autrefois, le problème majeur était celui de
l'hébergement des enfants inadaptés, autant, aujourd'hui, le
problème majeur est celui de leur fournir des ateliers ou des cadres de
réhabilitation, des cadres de travail véritablement
adaptés à leurs conditions et à leur comportement. Le
secteur public aura aussi ses projets que le ministère devra envisager
à court terme, à moyen terme et à plus long terme. Mais le
ministère des Affaires sociales, le gouvernement, avec les contraintes
budgétaires qui sont les siennes, ne pourra certainement pas
résoudre aussi rapidement qu'il le devrait tout ce problème aigu
des enfants inadaptés qui sont rendus à l'âge adulte,
à l'âge de 18 ans, et qui doivent vivre, qui doivent aussi avoir
un certain cadre qui les protège, cadre de travail et cadre de vie qui
les protègent. Il y a des expériences qui ont été
faites et qui sont un succès. On en a parlé à l'occasion
de la visite des psychiatres ici, on a parlé du Mont-Providence, on a
parlé de CAPEC et on aurait pu aussi mentionner d'autres initiatives de
réhabilitation.
Mais le gouvernement, seul, ne pourra pas, étant donné
l'ampleur des budgets qui devront être consacrés en un assez court
terme à ce secteur, suffire à la tâche. Il est important
que des initiatives qui s'offrent à lui, comme celles que vous offrez
par l'intermédiaire, par le truchement de votre fondation, puissent voir
le jour et puissent se réaliser. Je ne sais pas de quelle envergure
pourraient être les investissements que votre fondation pourrait mettre
de l'avant. De toute façon, si j'en juge par le nombre d'enfants, 281
on l'a mentionné tantôt dont vous devez prendre soin
immédiatement, je suppose que ce seraient des investissements assez
importants. Le ministre a dit qu'on allait s'enquérir au
ministère des raisons pour lesquelles ce dossier n'aurait pas eu de
suite actuellement; ou peut-être y aurait-il quelque chose qui
empêcherait certains déblocages: il est possible que ce soient les
permis de construction pour l'aménagement de ces ateliers qui pourraient
recevoir ces enfants.
Pour ma part, je dirais au ministre que, si les projets s'inscrivent
dans les normes ordinaires d'aménagement d'ateliers, je ne vois pas
pourquoi votre association de parents pourrait proposer des projets qui ne
pourraient pas cadrer avec une politique globale d'aménagement
d'ateliers. Tenant compte des caractéristiques que vous voulez
introduire, tenant compte du caractère peut-être un peu
spécial, étant donné votre expérience, que vous
voulez introduire dans ces réalisations, je pense bien qu'il n'y aura
aucune difficulté de la part du ministère des Affaires sociales,
et il ne devrait pas y avoir d'empêchement à vous permettre
d'aller de l'avant et de réaliser, dès maintenant, dans ce
secteur, la mise en place des ressources nécessaires pour les adultes et
les enfants inadaptés. Si c'est le problème des fondations, vous
avez dans votre secteur ce genre d'établissement qui vous est
particulier, mais il y a d'autres j'en profite pour le mentionner au
ministre initiatives qu'il faudrait encourager et à qui il
faudrait laisser continuer leur travail, comme les fondations qui s'occupent
des enfants handicapés pour les colonies de vacances, ou des enfants
caractériels. Je pense que, à ce point de vue-là, le
ministre nous a rassurés maintes fois.
Dans son esprit, dans l'esprit de ses fonctionnaires, il n'y a aucun
empêchement à ce que le ministère des Affaires sociales
donne son assentiment à la réalisation de ces projets.
La fédération a aussi mentionné un autre aspect
bien important du projet de loi numéro 65 cela a
été réclamé par d'autres organismes c'est la
création possible d'une autre catégorie d'institutions ou
d'établissements qui seraient des institutions privées sans but
lucratif, qui pourraient permettre un épanouissement plus facile, de
l'initiative et un fonctionnement peut-être plus facile, et qui pourrait
permettre aussi une plus grande motivation, à certains points de vue. Je
pense qu'on a été suffisamment explicite parmi ceux qui ont
présenté des mémoires sur cette question. Je pense bien
que le ministre des Affaires sociales pourra considérer
sérieusement cette possibilité d'ajouter cette catégorie
d'établissements ou de les reconnaître dans la législation.
M. le Président, je voudrais remercier la fédération, je
voudrais remercier son président, M. Forest, qui, dans un langage direct
et franc, sincère, nous a présenté un témoignage
qui a retenu notre attention. Il a parlé comme président de
l'Association des parents et il a véritablement, je pense, traduit les
inquiétudes et les préoccupations de son groupe. Je voudrais
aussi remercier le Dr Voyer qui, depuis longtemps est associé à
cette oeuvre des institutions et qui apporte une collaboration très
étroite à l'Association des parents. Il est bien connu pour son
grand intérêt envers cette catégorie qu'on appelle
l'enfance inadaptée.
M. BOIS: M. le Président, je tiens à remercier très
sincèrement M. Forest et le Dr Voyer d'avoir présenté leur
mémoire. Il y aurait quelques questions que j'aimerais poser. Par
exemple, à la page 2, vous dites que vous représentez quelque
1,200 enfants pensionnaires qui, je crois, sont répartis dans sept
institutions. Quelle est la moyenne de personnes qui sont requises pour tant
d'enfants pour s'occuper de l'administration, des soins à donner ainsi
que de l'éducation?
M. FOREST: M. le Président, quand il s'agit de statistique, le Dr
Voyer est plus en mesure que moi de répondre. Des chiffres, je n'en ai
pas personnellement.
M. VOYER: Je vais répondre à cette question. Actuellement,
nous employons plus de 600 personnes pour 1,200 enfants. Les groupes sous
éducation sont de huit à quinze, cela dépend de la
difficulté que présente l'enfant. Nous avons, par exemple,
à Carillon, là où nous voudrions former notre
communauté de travail, des enfants qui travaillent en atelier par
groupes de treize, quatorze ou quinze dans les ateliers de menuiserie, avec un
moniteur. Alors, un moniteur par quinze. Il y a des moniteurs de jour et il y
en a de soir. Les enfants ont affaire à trois moniteurs par jour. Il y a
un moniteur de classe parce qu'il y a quelques heures de classe le matin ou
l'après-midi pour ceux qui sont encore capables de suivre une classe et
le reste du jour se passe en atelier. Mais l'enfant n'a jamais plus d'une
demi-journée de classe parce qu'il n'est pas capable de faire plus, il
se fatigue très vite. Nous le mettons au travail C'est un
entraînement au travail, un entraînement à la vie, mais un
entraînement au travail pour les plus évolués. La
proportion est d'à peu près deux enfants par membre de
personnel.
M. BOIS: Je vous remercie de cette réponse. Maintenant, à
la page 5, je remarque qu'au bas de la page, vous parlez des allocations que
vous recevez présentement, soit $13 par jour par enfant. En fait, est-ce
que c'est une allocation qui est versée par votre ministère M. le
ministre ou si c'est une...?
M. VOYER: Nous n'avons qu'une très faible proportion de patients
privés, elle est même à ignorer puisqu'il y a cinq familles
qui paient pour leur enfant dans nos écoles présentement. Le per
diem, nous le considérons comme un paiement de service par le
ministère qui est versé lors de placements par les services
sociaux. Nous avons coûté au gouvernement $11 l'an dernier par
enfant. Nous coûtons cette année $13 par enfant. La masse
salariale a augmenté de $2 c'est-à-dire qu'il y a $4 pour
l'enfant ce sont des dépenses variables pour un enfant et
$9 de masse salariale que le gouvernement a assumé à 100 p.c.
M. BOIS: Ma question s'adresserait à M. le ministre. Est-ce que
dans un cas comme dans celui de ces institutions, cela représente un per
diem identique, ou à peu près, aux autres institutions qui
pourraient être lucratives.
M. CASTONGUAY: Dans les problèmes qui existent
présentement, nous avons toute une
série d'institutions, des centaines, nous avons des per diem et
nous n'avons aucune base de comparaison. Alors, dans certains cas, on a des
regroupements, mais il n'y a pas de critères tellement précis, il
n'y a pas de base tellement précise. Ce qui se produit, c'est que
parfois on fait des comparaisons entre des institutions, qui peuvent être
assez justes. Je pense que si l'on trouvait des institutions qui donnent la
même qualité de services ou le même standard que
l'institution Anbar-Voyer, on pourrait faire des comparaisons. Je ne sais pas
s'il y en a qui existent, avec exactement le même "pattern", le
même type d'enfants, la même taille. Je ne le sais pas. Mais c'est
un des grands problèmes et c'est un des problèmes qu'on essaie de
résoudre en introduisant une nouvelle formule-budget, qui n'est pas
comprise dans ce projet de loi, pour un grand nombre d'institutions, de telle
sorte qu'on puisse faire des comparaisons d'une institution à une
autre.
M. BOIS: J'aurais une autre question à poser au Dr Voyer. A la
page 4, vous parlez du fait que vous êtes absolument contre les garderies
qui sont une source de revenus pour le ou la propriétaire. Est-ce que
vos institutions fonctionnent sur une base absolument non lucrative?
M. VOYER: Non. Le Dr Anbar, le fondateur, a commencé sur une base
privée et il a toujours continué sur une base privée.
Cependant, sa formation universitaire le préparait à collaborer
avec des parents, c'est-à-dire que c'est un homme qui veut garder
absolument sa liberté privée. Et sa base est tout à fait
ce qu'on appelle la première partie des compagnies; sa corporation est
à base tout à fait lucrative. Et d'ailleurs, nous-mêmes,
parents, trouvons et avons trouvé dans nos recherches parce que
ça fait tout de même depuis 1963 que l'Association de parents fait
des recherches que la motivation était beaucoup plus grande quand
la direction de l'institution était donnée à un homme
d'une certaine envergure administrative. D'ailleurs, Anbar est
diplômé d'Harvard en administration et il a toujours
demandé aux parents d'être forts et de passer des contrats "en
grande force".
Il a toujours voulu garder sa liberté privée. D'ailleurs,
il viendra la défendre ici, ce n'est pas à nous de la
défendre. Je ne suis pas ici pour parler pour Anbar; je suis ici pour
parler pour les parents.
M. BOIS: Est-ce que les parents qui placent des enfants chez vous ont,
à un moment donné, une prime spéciale ou un remboursement
quelconque à faire, soit...
M. VOYER: Non, jamais à nous. Nous n'avons jamais accepté,
jamais, d'aucun parent, quelque surplus que ce soit; au contraire, nous
assumons des dépenses de transport en vacances dans les familles, etc.
En toute liberté, Anbar a toujours fourni le transport gratuit, dans
toutes les maisons de Montréal on distribue les enfants pour les
fins de semaine à Montréal sans jamais demander un sou aux
parents. Nous acceptons ce que le service social, et maintenant le
ministère lui-même, nous donne directement et c'est tout. Nous
n'avons jamais exigé le chèque d'allocations familiales et rien;
cela est sûr et certain.
M. FOREST: Je crois, M. Bois, que votre question était bien
posée. Moi, je dois payer un surplus au ministère, tous les mois,
pour mon enfant; pas à l'institut, au ministère, et plusieurs
autres le font. A part cela, on nous a ôté notre allocation
familiale qui est versée quelque part. Je ne sais pas où mais,
moi, je ne l'ai pas.
M. BOIS: Est-ce qu'en plus, vous avez une surcharge à payer, en
plus de votre allocation familiale?
M. FOREST: C'est une surcharge sur mes impôts. Si vous acceptez
que j'ai droit à cet hébergement et à ces soins,
d'après notre système d'assurance d'aujourd'hui, c'est un
surcroît d'impôts que vous exigez au ministère quand vous me
demandez un montant à part. Surtout que vous m'enlevez l'allocation
familiale qui a pourtant été votée pour tous les enfants
québécois. Cela est un surplus. A l'institut, on ne m'a jamais
rien demandé, jamais.
M. BOIS: Je vous remercie, messieurs. Cela répond à la
question que je vous ai posée. Merci, M. le Président.
M. GUAY: M. le Président, j'aurais quelques brèves
questions. On a mentionné tantôt un nombre quand même assez
effarant d'enfants handicapés. On a même mentionné que les
institutions spécialisées dans ce domaine étaient assez
rares, c'est-à-dire en quantité nettement insuffisante. Les
écoles ou les instituts comme celui d'Anbar et Voyer, par exemple,
peuvent satisfaire, selon vous, à quel pourcentage des besoins
actuels?
M. VOYER: Nous avons à Anbar à peu près... Il y a
18,000 retardés dans des institutions, cela comprend même les
prisons. Je ne sais pas combien il y en a dans des institutions vraiment
dynamiques et suivant un programme progressif pour l'enfant. Je ne saurais
fournir de statistiques. Je sais qu'il y en a 18,000. Il y en a en prison, dans
des centres comme le Centre Saint-Vallier à Montréal, un peu
partout, distribués dans la province, à Saint-Jean-de-Dieu; il y
en a ici et même à Bordeaux, qui attendent des procès pour
de petites exactions de rien. J'ai déjà été en
sortir, qui n'ont pas de causes. Il y en a partout, distribués un peu
partout dans les institutions. Il y a 170,000 enfants retardés. Si l'on
compte les adultes retardés mentaux, on
arrive à 400,000 en bas de 70 de quotient intellectuel.
Si nous allons jusqu'à 80, ça augmente un peu plus. C'est
dire qu'il y a un problème de communauté.
D'ailleurs, l'Institut Anbar et son institut de recherche sont
affiliés aux instituts de futurologie. Or, nous ne voyons qu'une
solution, c'est l'organisation de communautés de travail, soit agricoles
autant que possible rurales, genre kibboutz ou voivodie, comme en
Pologne ou ailleurs mais qui doivent être faites progressivement
dans la liberté et non pas imposées, car ce n'est tout de
même pas de la prison. Je crois que, dans la liberté et les
familles se mobilisant, on peut le faire.
Nous avons fait déjà fait passer beaucoup d'enfants de la
masse de résidents à l'entraînement à la masse
salariale. Le gouvernement nous paye les 100 p.c. du salaire. Nous avons notre
cuisinier à Carillon, nous avons une vingtaine de filles qui sont aussi
salariées. C'est-à-dire que nous les réhabilitons
nous-mêmes, ils passent à la masse salariale, deviennent membres
de syndicats et employés chez nous. C'est ce qui est intéressant
et c'est ce que nous voulons stimuler, mais il nous faut faire des
aménagements, des constructions, pour pouvoir employer ces 281 sujets.
Nous en employons à peu près je ne sais pas une
quarantaine qui sont salariés actuellement, chez nous.
Remarquez bien, ce sont des gens qui n'ont pas de jugement; ils
pourraient aller s'acheter une Chrysler demain avec le petit argent qu'ils
accumulent à la banque. Leur salaire, ils l'accumulent dans un compte
"in trust". Il nous faut les contrôler, il nous faut les préserver
contre eux-mêmes.
J'ai vu, de l'Abitibi, deux garçons qui nous sont arrivés
à Noël parce qu'ils nous reviennent à l'Aima mater
avec de l'argent. "Moi, j'ai gagné $700 dans les mines." Pauvre
petit garçon, il venait boire ça à Montréal. Nous
aurions bien aimé le garder encore quelque temps, ce
garçon-là, avec son compagnon.
M. GUAY: Maintenant, pourriez-vous nous indiquer si la tendance, dans ce
genre d'handicapés, diminue ou augmente actuellement? Est-ce qu'il y a
un rythme alarmant?
M. VOYER: Non, je dirais qu'il y a des préservations. Il y a une
prévention médicale. Je ne suis pas un spécialiste dans la
prévention, mais nous savons fort bien qu'avec le contrôle du
facteur RH, nous allons en avoir 15 p.c. de moins. Il y a différents
contrôles qui s'en viennent tranquillement. Je pense qu'il va y avoir une
diminution dans un sens. Dans un autre sens, c'est moins sûr. M .
Aldrinet, qui fait partie de notre groupe de recherches, a assisté
à un congrès aux Etats-Unis; il a aussi fait récemment une
conférence au COEM de Saint-Jérôme et il y disait que, par
contre, il y a des facteurs qui nous montrent qu'il va y avoir certainement une
augmentation pour d'autres raisons. M. Aldrinet est le spécialiste
là-dedans; moi, je ne m'y connais pas.
M. FOREST: Notre psychologue nous avertit que c'est la première
génération qui survit réellement avec les soins
médicaux modernes qu'ils peuvent obtenir.
Avant, les enfants mouraient plus tôt, à 8, 9, ou 10 ans;
mais là, c'est la première génération qui peut
réellement survivre, grâce aux nouveaux soins médicaux.
M. GUAY: Cela voudrait dire, évidemment, que nous avons quand
même des efforts à faire de ce côté.
Dans un autre ordre d'idées, dans la distribution des soins,
est-ce que la distribution de ces soins est surveillée, ou est-ce que
vous avez la visite régulière, par exemple, d'inspecteurs
à votre institution?
M. VOYER: Il nous vient des personnes qui comptent les pilules dans les
pharmacies; je crois que l'Etat se déconsidère dans certaines
choses.
M. CASTONGUAY: Vraiment, sur ce, Dr Voyer, nous avons
réorganisé la direction de l'accréditation au
ministère et le Dr Martin Laberge qui est ici en a pris la direction.
J'aimerais mieux, étant donné les types d'inspection qui ont pu
se faire à certains moments je ne veux pas porter le blâme
sur qui que ce soit que l'on se reporte à ce qu'a pu être,
peut-être, le climat des dernières rencontres, pour aussi faire
montre de l'amélioration qui a pu se produire.
M. GUAY: Un dernier commentaire.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais laisser commenter le Dr Voyer?
M. VOYER: Oui, parce que je comprends très bien, M. le
Président, que le ministre veuille absolument nous dire, parce que nous
sommes très reconnaissants que le gouvernement s'éveille au
problème. Et je dois dire que je dois respecter les mouvements et,
d'ailleurs, le bill 65, s'il nous heurte, nous, dans les questions de
fondations, il nous mettait en grande part. Par contre, nous sommes très
contents des initiatives gouvernementales, parce que, nous-mêmes, nous
sentons le besoin que le gouvernement gouverne. Dans les petites questions
administratives et je crois que c'était cela l'origine des
conflits autrefois c'est que le gouvernement venait surveiller les
frigidaires. Je me rappelle Mme Guénette qui disait: Les frigidaires
sont vides, il pense, lui, que je mets de la nourriture et que je ne la fais
pas manger, que, deuxièmement, je vais l'accumuler, qu'à
l'arrière tout va se gâter. Voyons, j'aime cela que le
frigidaire
soit vide, il me semble. "Elle a présenté cela à
l'inspecteur du gouvernement et cela eut l'air de le choquer". Plusieurs choses
comme celles-là se sont produites. Quand un gouvernement ne gouverne
pas, mais veut nous administrer à l'intérieur, je crois qu'il
prend un fort risque. Mais cela change. D'ailleurs, le bill 65 montre cette
volonté du gouvernement de gouverner et ça, ça va donner
des devoirs, je pense, aux inspecteurs supérieurs à visiter les
frigidaires qui ont été vidés. De cela nous en sommes
très contents et nous en remercions le ministre; je dois vous dire que
la visite du Dr Laberge nous a beaucoup plu. Après la visite des
spécialistes qu'on nous envoie j'espère qu'on va nous en
envoyer souvent, des vrais, et des gens qui nous stimulent il faut voir
notre personnel se mettre au travail.
La meilleure façon d'avoir un personnel efficace, c'est d'avoir
les parents et les inspecteurs du gouvernement dans nos écoles et
ça, nous le souhaitons.
M. GUAY: Un dernier commentaire dans le sens que vous avez
mentionné, la participation. Je suis très heureux de vous avoir
entendu si bien démontrer cette participation des parents, d'abord quant
à l'institution à choisir et vous avez démontré
cette participation réelle, j'irai même jusqu'à dire que
vous êtes la participation. Je pense que, pour nous, législateurs,
c'est une preuve évidente, une preuve de plus que la participation des
parents, des citoyens est non seulement une chose possible, mais dans plusieurs
cas, c'est chose faite et c'est chose absolument nécessaire.
M. LE PRESIDENT: Le Dr Laurin.
M. LAURIN: Je me limiterai donc à quelques brèves
remarques. M. Forest, votre désir de participation ne me surprend pas.
Je sais, en tant que psychiatre, ce que c'est d'avoir un enfant exceptionnel.
Déjà, la souffrance que par identification un parent ressent
à l'idée de voir son enfant moins bien préparé pour
les luttes de l'existence le rapproche davantage de son enfant, d'une part, et
surtout quand il est obligé de s'en séparer pour une assez longue
période de temps, cela ne fait qu'aiguiser encore la qualité de
son amour. Je pense bien que c'est là une des raisons pour lesquelles,
dans les institutions qui s'occupent d'arriérés, il y a une telle
participation des parents et qu'il y a aussi tellement d'associations de
parents qui s'occupent des enfants retardés.
Je pense bien qu'à ce titre-là, vous pouvez, en effet,
donner l'exemple de la participation à tous les autres groupes
sociaux.
Il reste aussi que les institutions qui reçoivent vos enfants
oeuvrent dans un secteur extrêmement difficile. Je sais ce que demande la
réadaptation de ces enfants-là. Cela demande des techniques
extrêmement complexes qui ne sont pas toutes élaborées
d'ailleurs. En plus de cela, vous vous trouvez dans un secteur qu'ont
négligé lamentablement non seulement l'Etat dans les
années précédentes, mais aussi la profession
médicale, la profession psychiatrique et aussi les autres professionnels
de la santé, et c'est peut-être là un des domaines qui,
précisément, était très fertile pour les
dévouements individuels, aussi bien professionnels que privés. Et
dans ce sens-là, je pense qu'il faut se féliciter que, dans une
société, il y ait des associations de parents, comme vous, il y
ait des professionnels qui font tous leurs efforts pour faire les premiers pas
et montrer par là la voie à suivre à l'Etat. Il reste,
cependant, qu'au fur et à mesure que ce besoin est mieux compris, que la
population est sensibilisée, que les compétences se multiplient,
pour prendre soin de ces enfants ou pour gérer ces institutions, un
double besoin se fait sentir.
Le premier est celui d'une amélioration sans cesse la plus rapide
possible de la qualité scientifique des institutions en même temps
qu'une amélioration de la gestion administrative. Je pense bien que les
corporations professionnelles de la santé aussi bien que l'Etat vous
doivent leur collaboration compréhensive, bienveillante sous le signe de
la compréhension réciproque. J'espère que dans l'avenir
nous verrons cela de plus en plus.
Le deuxième problème qui se pose est celui de la
coordination entre les institutions privées et les institutions
publiques. Je ne vois pas cela comme un domaine de compétition, comme
vous l'avez présenté tout à l'heure, où un vendeur
présente sa marchandise, les autobus et tout ça, le premier
arrivé prend les clients. Au contraire, je vois cela comme une sorte de
complémentarité d'articulation et là aussi l'Etat a un
rôle à jouer. Je crois que le projet de loi 65 est un des moyens
que l'Etat peut mettre en oeuvre pour amener cette coordination, cette
articulation du secteur privé et du secteur public, puisque les deux
secteurs actuellement contiennent de ces cas d'enfants exceptionnels. En plus
du projet de loi 65, il y aurait lieu d'instituer, peut-être grâce
au bill 65, des programmes de coordination et nous verrons, ce que nous n'avons
jamais vu jusqu'ici, non seulement une bonne volonté, une estime, une
compréhension réciproque mais également des programmes
d'échanges, soit pour les services, soit pour le personnel. Je pense que
c'est déjà parler d'une façon prématurée,
car le ministre, j'en suis sûr, l'an prochain, nous présentera des
programmes dans ce sens-là.
Tout ceci est simplement pour dire que je comprends votre
méfiance à l'endroit du projet de loi 65, du fait que vous avez
été seuls, ou peut-être parmi les seuls à faire un
travail immense jusqu'ici, et que vous voyez l'Etat arriver. Mais il faut que
l'Etat arrive un jour, je pense, simplement pour le bien des institutions. Et
l'Etat n'est pas nécessairement maléfique, au contraire, je crois
qu'il peut être extrêmement bénéfique dans la mesure
où le besoin de
parents comme vous sont bien saisis, bien compris; dans la mesure
où il arrive justement pour comprendre les besoins de la
collectivité et qu'il donne les ressources qui conviennent et qui
tiennent compte justement de toutes les facettes de la réalité.
Je pense que cette méfiance, que je comprends très bien,
s'atténuera dans la mesure justement où votre désir de
participation sera bien saisi et dans la mesure où on pourra, d'une
façon rationnelle, logique même, à la lumière de
l'amélioration du développement des diverses disciplines
scientifiques, apporter à votre préoccupation, à votre
demande, les réponses qu'il faut.
M. FOREST: M. le Président, les paroles du ministre et de MM. les
députés sont très chaudes à mon coeur. Nous n'avons
jamais douté de la sincérité du législateur. Nous
avons simplement eu peur, nous avons encore peur, nous transpirons encore parce
que, dans le bill 65, ce n'est pas écrit, les bonnes intentions de
chacun de vous en particulier. Nous vous demandons de protéger vos
bonnes intentions en vous assurant que, lorsque vous aurez décidé
de laisser la politique, si quelqu'un vous remplace, il ne pourra pas nous
"maganer".
M. CASTONGUAY: Simplement un petit commentaire que je voudrais faire
je l'ai déjà fait c'est qu'il faut faire attention,
à l'égard des projets de loi, de ne pas les interpréter
trop strictement. Il y a une tout autre armature législative qui existe
et il n 'est pas nécessaire de répéter dans chaque projet
les dispositions qui peuvent être utilisables, qui existent ailleurs.
Cela aussi, c'est un des problèmes que nous affrontons
présentement, j'oserais dire, c'est que bien des gens prennent un projet
de loi et le lisent, s'attendant de trouver tout le contenu, toutes les
dispositions législatives applicables alors que, dans certains cas, on
les retrouve dans d'autres pièces législatives.
Je suis conscient de ceci. C'est une remarque qui a été
faite à plusieurs reprises et, dans la mesure où il nous est
possible d'ajouter des dispositions, même si des officiers
légistes nous disent qu'elles apparaissent ailleurs, je vais insister
pour que ce soit fait, de telle sorte qu'on dissipe ces inquiétudes qui
semblent surgir, à mon avis, inutilement dans certains cas, mais
à cause de la technique des rédactions législatives.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Mesdames, messieurs, je vous remercie. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 8 h 30.
(Suspension de la séance à 19 h 7)
Reprise de la séance à 20 h 35
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
Afin d'entendre tous les organismes qui sont ici ce soir, je vais
demander la coopération de tout le monde. Il faudra donc que tous
résument leur mémoire et je vais demander aux membres de la
commission de résumer leurs questions. J'invite M. Pierre-R. Boyle, M.
Gaétan Doré et M. Charles McDougall à titre personnel.
MM. Boyle, Doré et McDougall
M. BOYLE (Pierre-R): Permettez-moi de me présenter. Je suis
administrateur au Montreal General Hospital, M. McDougall est au Montreal
Children's Hospital, et M. Doré est conseiller au service de
l'éducation de l'Association des hôpitaux du Québec.
Nous venons de terminer nos études et nous voulons
présenter ce mémoire. Nous ne venons donc pas ici en tant que
représentants des institutions où nous travaillons mais
plutôt en tant qu'individus intéressés à participer
activement aux changements qui s'effectueront dans le milieu de la santé
et du bien-être au Québec dans les années à venir,
puisque nous aurons à travailler à l'intérieur des cadres
qui seront élaborés à la suite de ce présent projet
de loi.
Avant de continuer, j'aimerais m'excuser du problème de
communication qu'il y a eu à un moment donné. Je remercie les
membres de la commission de nous écouter.
A la lecture du bill, nous nous sommes penchés plus
particulièrement sur la question de la répartition du pouvoir
entre les organismes régionaux et le ministère. Ayant
endossé les objectifs généraux et particuliers de la
commission Castonguay-Nepveu et reconnaissant le besoin d'une
décentralisation du pouvoir décisionnel au niveau
régional, nous avons relevé les quelques lacunes qui suivent : 1)
la centralisation apparente du pouvoir décisionnel au niveau du
ministère ne nous semble pas apte à favoriser et à
valoriser la participation des consommateurs comme des pourvoyeurs de services
de santé et de bien-être. Il existe encore dans le bill 65 un
écart considérable entre le centre de décision et le
centre de l'action. Le pouvoir de décision demeure encore presque
entièrement entre les mains du ministère, l'ORAS étant
limité à une fonction de boîte aux lettres. Ceci aurait
pour résultat d'alourdir le processus de décision sans en
augmenter la qualité ou l'efficacité. Nous devons donc remettre
en question la valeur d'un organisme régional représentatif tel
que l'ORAS, puisque ce dernier n'a à toutes fins pratiques que
très peu de pouvoirs réels de décision.
Nous proposons donc un modèle régional visant à
satisfaire simultanément à deux besoins
respectifs: premièrement, le besoin des organismes
régionaux et institutionnels de participer activement aux
décisions visant à subvenir à leurs propres besoins;
deuxièmement, nous reconnaissons la nécessité d'une
certaine continuité entre la planification provinciale sur le plan
global du réseau et les activités dans chacune des
régions. Pour ce faire, nous proposons une structure régionale
composée de deux organismes principaux. Premièrement, la
création d'un conseil d'administration des affaires sociales dans
chacune des régions. Cet organisme va, en fait, remplacer l'ORAS. Ce
conseil a sensiblement la même composition que l'ORAS, proposée
dans le projet de loi, mais diffère considérablement de ce
dernier en ce qu'il est l'organisme de décisions je dis bien de
décisions en matière de services de santé et de
services sociaux pour cette région. Brièvement, les fonctions
principales du conseil d'administration, qu'on peut abréger sous la
forme du mot CARAS, sont les suivantes: premièrement, l'appropriation du
budget régional global, selon les besoins des institutions publiques et
des programmes régionaux ou spéciaux qui relèveront de sa
juridiction; deuxièmement, planifier, approuver et surveiller tout
programme régional; troisièmement, approuver et surveiller tous
les programmes nouveaux et spéciaux dans les établissements de
santé et de bien-être qui sont sous sa juridiction. Ceci fait
exception des programmes à ampleur provinciale tels que les services de
santé dans les écoles, par exemple.
Le deuxième organisme que nous voulons proposer est
essentiellement une décentralisation physique partielle du
ministère des Affaires sociales dans chacune des régions, en vue,
encore une fois, de rapprocher le centre de décisions du centre
d'action. Ceci pourrait s'effectuer par la création d'une espèce
de mini-ministère portant le nom de bureau régional des affaires
sociales. Ce bureau gouvernemental est dirigé par un sous-ministre
régional des affaires sociales dont j'élaborerai le rôle
tantôt. Mené directement par le ministre des Affaires sociales, ce
sous-ministre régional s'entoure d'une équipe de
spécialistes divisée en cinq secteurs, c'est-à-dire
planification, programmation, accréditation, administration et
financement.
Le bureau régional des affaires sociales aura pour fonction,
premièrement, d'assumer les fonctions de conseil, recherche et aide
technique auprès du CARAS, c'est à dire l'organisme populaire de
décisions, et auprès des établissements à la
demande de ceux-ci. Deuxièmement, le bureau régional devra servir
d'agent de liaison entre la région et le ministre. Troisièmement,
il aura la responsabilité de gérer au jour le jour les programmes
d'envergure provinciale au sein de la région, selon les directives du
ministère. Ceci, nous l'espérons, favorisera l'élaboration
de programmes provinciaux mieux adaptés aux besoins réels du
milieu.
Brièvement maintenant, le rôle du sous- minstre
régional. Nous voulons, en la personne du sous-ministre régional,
un représentant gouvernemental qui, intégré au milieu
et ceci est très important, je crois possède une
compréhension profonde de ses besoins et qui, simultanément, soit
en mesure de juger de l'acceptabilité des politiques de cet organisme
administratif régional qu'est le CARAS, dans l'optique du plan
d'ensemble provincial établi par le ministère. Pour ce faire, le
sous-ministre régional siège comme membre actif au conseil
d'administration régional des affaires sociales et a droit de veto sur
toute décision du conseil qui, selon lui, ne cadre pas avec les
objectifs, plans et politiques générales du ministère.
Une soupape de sécurité a toutefois été
prévue dans le modèle afin de prévoir la
possibilité d'un conflit d'intérêts personnel entre le
sous-ministre et certains membres du conseil d'administration régional
et afin d'assurer un certain degré de flexibilité dans le
modèle. Alors, dans le cas où le sous-ministre régional
exerce son droit de veto, le comité administratif du CARAS peut faire
appel de cette décision directement au ministre, lorsque c'est
jugé nécessaire.
Or, en conclusion, on peut dire qu'il y a deux objectifs visés
par notre proposition. Le premier est celui de proposer une structure qui
devrait à la fois rapprocher le centre de décision du centre
d'action et transmettre des pouvoirs aux représentants de la population,
par la création d'un conseil d'administration régional des
affaires sociales.
Nous croyons que l'appui que peut apporter le bureau régional des
affaires sociales devrait permettre un équilibre entre le besoin d'une
structure qui corresponde à une planification globale provinciale et le
besoin des consommateurs dans l'action qui lui est attribuée.
Alors, je tiens à remercier les membres de la commission de nous
avoir permis de nous faire entendre. Je pense que, pour nous tous, l'exercice
d'avoir travaillé, premièrement, sur le bill, puis d'en avoir
pris connaissance et d'avoir eu l'occasion de pouvoir nous exprimer de la
sorte, est une expérience qui est très bénéfique.
Je vous en remercie.
Maintenant, je vous demanderai d'adresser des questions au groupe en
entier et je les dirigerai comme elles viendront.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier MM. Boyle,
Doré et McDougall pour leur mémoire. Je crois aussi qu'il est
intéressant de voir des individus comme eux présenter, à
titre personnel, un tel mémoire et nous présenter, d'une
façon qui se veut aussi objective, dénuée
d'émotivité que possible, etc., des recommandations dans ce
domaine, des recommandations d'ailleurs qui portent surtout sur les aspects
structurels du projet de loi.
Nous allons étudier ce mémoire. Je voudrais simplement
faire quelques commentaires pour indiquer jusqu'à quel point il est
difficile
toutefois d'en arriver à un juste équilibre sur cette
question de décentralisation et, en même temps, d'introduction de
la participation.
Si vous avez assisté à certaines des séances, vous
aurez probablement remarqué que j'ai mentionné à quelques
reprises ou rappelé qu'il n'existe pas de pouvoir de taxation au niveau
régional, ni au niveau local, ce qui est une particularité qui ne
peut être ignorée, parce qu'il s'agit de fonds publics.
En ce sens, les organismes régionaux, à mon avis, ne
peuvent pas avoir tout à fait la même latitude que des organismes
municipaux ou des organismes scolaires régionaux.
On nous propose, en contrepartie, la formule du budget global. Encore
là, il ne faut pas oublier qu'il y a deux préoccupations sur ce
plan. Il y a le développement des ressources et le fonctionnement des
ressources. Et nous en sommes dans ce secteur à développer
à la fois les outils permettant de mesurer comment les besoins sont
satisfaits et quelles sont les déficiences. Il nous reste encore
passablement de travail à faire. Il n'y a pas de critère encore
extrêmement précis lorsqu'on examine la multitude des divers types
de besoins.
Au coût du fonctionnement aussi, nous nous retrouvons avec des
difficultés, nous en avons traité quelque peu cet
après-midi celle de mesurer le rendement des institutions. Nous
partons d'une situation qui existe et il nous faut tendre vers une situation
où nous serons plus en mesure de mesurer le rendement, d'évaluer,
de pouvoir déterminer quelles pourraient possiblement être des
allocations dans des régions sur une base per capita etc., etc. Mais,
nous en sommes encore loin; alors, ceci nous empêche, à mon avis,
d'aller aussi loin que vous le proposez, sur le plan de la
décentralisation.
Il reste aussi une chose qui est ressortie, je pense, assez clairement,
au cours des audiences: le désir des gens de ne pas avoir de trop
grandes régions, même au niveau des offices régionaux, de
peur que, si les régions sont trop grandes, leurs problèmes ne
soient ignorés dans l'ensemble d'une région qui pourrait
comprendre, par exemple, un centre urbain assez important.
Alors, nous avons donc cette demande assez insistante pour qu'il y ait
plusieurs régions et, à ce moment-là, se pose donc un
autre problème, c'est celui du recrutement du personnel et des
coûts qu'entraînerait le fonctionnement d'offices régionaux
qui auraient d'aussi grands pouvoirs. Le recrutement du personnel
compétent est un problème difficile à résoudre,
surtout lorsque nous sommes au niveau de la gestion, de bons gestionnaires. Il
y a aussi le problème des communications qui se pose plus on multiplie
le nombre d'offices.
Alors, tout ceci pour dire qu'en proposant le bill 65 tel qu'il est
là, nous n'ignorons pas les objectifs à plus long terme, mais il
y a des contraintes, des difficultés, que nous ne pouvons ignorer. En ce
sens, le bill 65 sur certains plans constitue une étape en avant,
à notre avis qu'il sera possible de parfaire dans l'avenir. D'autant
plus que, à ce qui a trait aux offices régionaux je l'ai
déjà mentionné, c'est peut-être l'aspect du projet
de loi où tous les mémoires qui nous ont été
présentés sont assez unanimes dans leurs propositions de
modification des offices régionaux il est évident qu'il
nous faut apporter des modifications à cette structure proposée
au projet de loi.
Dans ce sens, les propositions que vous nous faites, malgré les
réserves que je viens d'exprimer, vont certainement nous être
utiles et je vous remercie pour le mémoire que vous nous avez
présenté.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, un très court
commentaire. Je veux féliciter les trois jeunes qui, hier,
étaient des étudiants et qui aujourd'hui ont plongé dans
le côté pratique de leur profession. Le bill 65 va les toucher de
très près.
Le ministre, tantôt, a noté que vous avez
présenté votre mémoire sans émotivité. Il
aurait été surprenant que les diplômés en
administration hospitalière, une science qui est assez froide par
définition n'aient pu contrôler leur émotivité
devant la commission des Affaires sociales. Vous avez proposé des
structures: bureau des affaires sociales, conseil d'administration des affaires
sociales. Pour ma part, on ne fera pas de débat de fond sur les
structures, je pense bien qu'il y a du mérite dans les structures que
vous proposez, vous en avez fait une étude.
Il y a aussi dans le projet de loi d'autres structures qui probablement,
éventuellement feront l'objet d'un essai. Ce que je retiens surtout, ce
n'est pas l'appellation que vous avez suggérée, ce qu'il faut
retenir je pense bien, ce sont les mandats ou les responsabilités que
vous avez voulu confier à ces structures. Pour ma part, au sujet de la
décentralisation, comme les autres organismes qui l'ont
mentionnée, vous avez suggéré qu'il y ait davantage de
décentralisation. Je crois que vous aviez raison de faire cette
suggestion parce que, comme vous le dites si bien dans votre mémoire,
à quoi bon assurer la participation, assurer une représentation
équilibrée si, en fin de compte, les structures qui sont
là, les organismes régionaux, les ORAS ou les centres des
institutions n'ont pas de pouvoirs ou, à toutes fins pratiques, sont des
pouvoirs tellement contrôlés qu'ils ne peuvent pas prendre
eux-mêmes certaines décisions qu'ils devraient prendre.
J'aurais une réserve, cependant, en ce qui concerne la
planification. Je vous la poserais sous forme de question. Dans votre conseil
d'administration des affaires régionales, vous indiquez "planifier,
approuver, surveiller tout programme régional". En ce sens, j'aurais
certaines réserves. Je ne sais pas si dans le mot "planification" vous
avez voulu indiquer toute la grande planification qui aurait été
faite dans ces régions du développement des affaires
sociales?
M. BOYLE: Je pense qu'il est important de souligner la participation
d'organismes nous avons suggéré le bureau régional
des Affaires sociales qui auraient fonction de conseil. Ce que nous
prévoyons, c'est que, dans une région où il y a une
planification pour un genre ou une gamme de services, les spécialistes
ou les représentants du bureau régional qui seront directement
attitrés par le ministère orientent cette planification dans
l'optique du plan d'ensemble.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a une expérience?
Peut-être qu'à ce jour vous n'avez pas pu voir de près les
expériences des comités de planification? Vous avez
peut-être vu de près, à Sherbrooke, le comité des
Cantons de l'Est, vous avez peut-être vu le comité de l'Outaouais.
Je pense aussi au Lac-Saint-Jean. Je pense qu'il y a trois ou quatre
comités de planification à l'oeuvre dans le moment. Avez-vous eu
l'occasion de participer de près aux travaux de planification faits par
ces comités dans le domaine de la santé?
M. BOYLE: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous n'en avez pas eu l'occasion. De toute
façon, je pense bien que le ministère des Affaires sociales doit
être assez prudent dans la délégation de pouvoirs en ce qui
concerne la planification. D'autre part, même si le ministère des
Affaires sociales ne délègue pas autant de pouvoirs qu'il le
pourrait, pour toutes sortes de raisons, question de faciliter le travail,
question de prudence, question de coordination avec les autres
ministères et notamment le ministère des Finances, qui doit
assumer la répartition des budgets à l'intérieur de tous
les ministères ou les services du gouvernement, il reste que le
ministère devra s'assurer la participation et la collaboration de tous
ceux qui, dans le territoire, peuvent lui apporter une contribution dans la
planification. Le ministère ne peut certes pas planifier en vase clos
évidemment, il doit faire appel à tous ceux qui peuvent lui
apporter une contribution positive.
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas de commentaire à faire.
M. BOIS: M. le Président, je n'ai pas de commentaire,
excepté que je voudrais féliciter et remercier ces messieurs de
s'être présentés et je lirai leur mémoire
très attentivement.
M. GUAY: Moi également. Je suis très heureux d'avoir
entendu un autre son de cloche, celui de personnes qui viennent proposer
quelque chose d'autre, quelque chose qui n'est pas inséré
à l'intérieur du projet de loi proprement dit.
Vous semblez mentionner j'ai cru voir réfléter
ça dans le mémoire un échec sans la participation
de tout le monde, soit des profes- sionnels et des citoyens. Vous avez
également mentionné des bureaux régionaux des affaires
sociales. Est-ce que vous avez étudié pour savoir combien il
serait possible d'avoir de BRAS?
M. BOYLE: Nous avons touché ceci brièvement dans le
mémoire. Nécessairement, le nombre de régions
impliquées, à l'ampleur de la province, va affecter directement
le genre de fonctionnement qui va en découler et les coûts
d'opération et les coûts d'administration de ces
différentes structures. Comme nous l'avons dit au tout début,
nous avons lu à fond le rapport de la commission Castonguay-Nepveu et il
nous semble que les critères qui y sont émis, en vue de la
délimitation des différentes régions, nous sont
acceptables. Je pense qu'on ne peut pas dire: Il nous faut un paquet de
régions parce qu'à l'intérieur de Montréal, c'est
trop gros pour un conseil régional unique.
Mais je pense qu'il faut accepter qu'une région devrait
être délimitée par sa nature. C'est une entité qui
est déterminée par le genre de fonctionnement, les
différents "patterns" de distribution et d'utilisation des services de
santé, la mobilité des patients et ainsi de suite. Ce sont toutes
sortes de choses dont il faut tenir compte et je pense qu'il faut être
bien prudent dans la délimitation et la spécification de ces
différentes régions. C'est pourquoi nous avons cru que le nombre
de trois à six régions nous serait acceptable.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. Boyle, votre mémoire m'intéresse grandement
à cause d'un modèle de gouvernement, d'un commencement de
gouvernement régional auquel il accorde une grande attention. Je me suis
posé quand même quelques questions. Dans votre modèle,
êtes-vous sûr que le sous-ministre régional pourrait
être assez au courant des politiques générales du
ministère? Est-ce que la création d'un sous-ministre
coordonnateur serait suffisante? Est-ce qu'il ne faut pas aussi que le
sous-ministre régional participe à la vie je ne dirai pas
quotidienne mais à la vie interne du ministère, d'une
façon un peu plus étroite.
Car si, d'un côté, il doit être sensibilisé
d'une façon profonde aux besoins et aux ressources du milieu, de la
même façon, il doit être aussi sensibilisé aux
problèmes du ministère, aux problèmes qui, souvent, sont
interreliés aux cinq divisions que vous mentionnez. Est-ce qu'il n'y a
pas un petit défaut d'équilibre dans votre modèle?
M. DORE: Voici. Ce que vous dites vous avez parfaitement raison
de souligner ce point-là le problème pour trouver
l'équilibre est toujours en fonction des gens qui sont en place. Vous
pouvez avoir des sous-ministres régionaux
qui pourraient communiquer avec un coordonnateur, et celui-ci pourrait
faire le joint entre le centre et la région. Tout dépend des gens
en place aussi, ce système-là ne fonctionnera peut-être
pas. Je crois que, selon les individus qui seront en place, le système
pourrait au moins fonctionner.
C'est plus en fonction des individus qu'en fonction d'un modèle
comme celui-ci.
M. LAURIN: Je vois qu'à la page 7 vous donnez comme fonction
à ce CARAS "d'approprier le budget régional ou global selon les
besoins." En matière d'administration, qui est votre
spécialité, est-ce qu'il vous parait possible que le gouvernement
central confie à un gouvernement régional des sommes aussi
considérables alors que les membres de ce CARAS ne seraient pas
élus?
M. DORE: Nous reconnaissons que c'est certainement un problème
comme vous reconnaissez que nous ne sommes pas des légistes mais bien
des administrateurs. Nous pensons que le cadre politique au sujet duquel nous
ne sommes pas "conversants", la présence du sous-ministre
régional qui a vraiment un droit de veto... Je pense qu'il est important
de reconnaître que tout ce qui va se passer à ce conseil
d'administration régional, s'il est en dehors des cadres du
ministère dans le plan de l'ensemble, s'il va à l'encontre de
certaines des politiques du ministère, il va nécessairement
être réfuté par ce sous-ministre régional qui, nous
l'espérons, sera vraiment un représentant du ministre dans la
région et sera choisi comme tel.
M. LAURIN: En somme, selon votre organigramme, le sous-ministre
régional serait véritablement le BRAS du ministre, et
compenserait, selon vous pour les pouvoirs important comme l'appropriation de
budgets que pourrait lui confier le ministre. En somme, le ministre serait
présent au niveau régional de telle façon que le
contrôle et la responsabilité seraient présents aussi.
M. DORE: Non seulement le ministre, mais on voit toute l'équipe
qui existe au niveau central et qu'elle soit présentée au niveau
régional, qu'elle vive avec le conseil d'administration les
problèmes régionaux, la demande régionale et les
différentes ressources qui existent au niveau régional.
M. LAURIN: J'aurais une question à poser au ministre. Une
structure existe ou va exister pour l'éducation en vertu de laquelle on
va confier des sommes très importantes à un conseil scolaire de
l'île, par exemple. Evidemment, il y aura des élections au niveau
des commissions scolaires et les commissions scolaires
délégueront les membres au conseil de l'île et,
actuellement, il y a un impôt scolaire. A supposer qu'il arrive un jour
où l'impôt scolaire disparaisse pour être confié
totalement aux municipalités, il y aurait quand même
élection et le conseil scolaire de l'île ou d'autres pourraient
continuer à dépenser des sommes que leur donne le ministre de
l'Education. Croiriez-vous qu'il serait nécessaire de leur retirer un
pouvoir d'appropriation budgétaire qui leur aurait été
confié quelques années auparavant?
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas voulu faire porter tout le poids de
l'argument sur le fait qu'il n'y a pas de taxation. Il ne faut pas oublier que,
dans le domaine scolaire, les structures se sont érigées
graduellement à partir des commissions scolaires régionales, dans
le cas de Montréal. Il y a des commissions scolaires qui existent dans
les municipalités et on a des traditions qui se sont établies. En
plus, il y a des critères assez précis pour déterminer
quel devrait être le nombre d'élèves par professeur. Vous
connaissez votre population scolaire à l'avance, alors que dans le
secteur dans lequel nous sommes, nous sommes encore assez loin du barême
pour déterminer les coûts etc., et nous sommes aussi dans une
situation où il y a vraiment des déséquilibres entre les
besoins et les ressources selon les régions, les populations.
Il y a vraiment là un problème. Si on me demandait comment
faire une allocation équitable d'un budget par région, même
si j'avais une armée de spécialistes avec moi, je ne crois pas
que nous serions capables de résoudre le problème. Il y a cette
difficulté de normes. Il y a aussi le fait, comme je le mentionnais, que
dans le moment on n'a pas une image claire du niveau d'efficacité des
institutions. Il est clair qu'il y a des hôpitaux qui sont très
bien administrés et il y en a d'autres qui coûtent très
cher pour donner à peu près les mêmes services. Si on prend
donc, pour répartir un budget par région, la situation actuelle,
on peut presque donner une prime dans certains cas à
l'inefficacité. Il y a, à mon sens, des étapes à
franchir avant qu'on puisse atteindre ça.
Il y a un commentaire que je voulais faire et je pense qu'il est
pertinent dans le type de discussion que nous avons. On a demandé
à plusieurs reprises aux institutions, à des groupes de nous
aider dans des travaux de planification, que ce soit le Comité des
services de santé des Cantons de l'Est, les doyens et les hôpitaux
d'enseignement, McGill, Montréal, Sherbrooke, etc. pour le
développement des hôpitaux d'enseignement. Dans d'autres cas
ce sont deux hôpitaux je pense, à Grand'Mère et
à Trois-Rivières on leur a dit: Entendez-vous donc sur la
façon dont vos deux hôpitaux devraient se développer pour
qu'il y ait un partage des services, que ceux-ci se complètent et
répondent aux besoins des deux populations de façon à
éviter qu'on continue de faire des doubles emplois extrêmement
dispendieux. Et malgré le fait qu'on insiste énormément
sur les limites budgétaires ce n'est pas par caprice, elles
sont
là et il semble toujours qu'au moment où on expose
les choses, les gens le comprennent généralement, ce qui
nous revient, ce sont des projets qui dépassent de beaucoup nos moyens.
Je pourrais vous donner des exemples précis, je ne le fais pas, et c'est
pour ça que j'ai voulu faire une énumération, ce ne sont
pas les individus en cause que je veux critiquer, mais c'est qu'on a encore
aussi un peu de tradition peut-être, un peu plus de rigueur à
atteindre dans tout cet effort pour impliquer davantage les gens. Tout
ça est assez nouveau malgré tout.
J'ai un exemple très précis à l'esprit, où
il avait été assez clair que nous pouvions consacrer une somme de
$3 millions; or, on nous a présenté un plan où il aurait
fallu peut-être engager $12 millions ou $15 millions. Il y a des
écarts encore aussi considérables que ceux-là.
Ce n'est pas simplement pour moi une question de taxation. Si je la fais
ressortir, c'est que s'il n'y a pas au moins ce frein chez les individus
d'avoir à aller chercher l'argent ou une partie de l'argent qu'on
dépense, j'ai l'impression que les coûts monteraient en
flèche. Et on ne peut pas, à mon sens, se lancer trop rapidement
dans ce genre d'aventure. C'est pourquoi le projet de loi et je l'ai dit
dès le début est une étape et on voudrait que ce
soit une étape dans la bonne direction, quitte à ce que, une fois
celle-là franchie, on puisse en franchir d'autres.
M. LAURIN: Remarquez que le mémoire que nous présentent
ces trois messieurs nous fait penser quand même à des mesures de
contrôle; ils en mentionnent de façon particulière. Il nous
fait penser à des mesures de contrôle au niveau régional
qui pourraient compenser pour les divers facteurs que vous mentionnez. Je pense
que c'est la première fois qu'on a un mémoire qui nous
présente comme cela des facteurs de contrôle au niveau
régional. On avait coutume jusqu'ici de les considérer au niveau
québécois, au niveau central. C'est en ce sens que ce
mémoire m'intéresse beaucoup et que ça peut constituer une
avenue intéressante. On peut penser à d'autres moyens de
contrôle au niveau régional et qui, quand même, sont
reliés directement au ministère. Je reconnais bien la valeur des
arguments que vous présentez et connaissant la progression très
rapide des coûts au cours des onze dernières années, c'est
bien sûr qu'aucun gouvernement ne peut se permettre le luxe de voir
"shy-rocketter" les coûts des institutions.
M. CASTONGUAY: Exactement.
M. LE PRESIDENT: Nous remercions MM. Boyle, Doré et McDougall de
leur mémoire.
M. BOYLE: Nous vous remercions beaucoup, M. le Président, M. le
ministre et MM. les membres de la commission.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais maintenant inviter le Centre d'orientation,
services psychologiques, pour une raison. C'est qu'ils ont un voyage
organisé et doivent partir à 9 h 45. Il y a une entente, c'est
une question... ils demeurent à Montréal.
Centre d'Orientation
M. LEBEAU (Georges): M. le Président, nous vous remercions de
bien vouloir vous ajuster à cette exigence de départ. Mon nom est
Georges Lebeau, président du Centre d'orientation, clinique
psychologique et internat de rééducation pour
enfants-problèmes surdoués le seul centre dans la province pour
enfants surdoués. C'est une institution privée
subventionnée, à but non lucratif, selon la troisième
partie de la Loi des compagnies. J'ai souligné ce détail parce
que notre mémoire est centré beaucoup sur ce fait.
A ce moment-ci, je vais laisser la parole à Mlle Guindon, qui est
la directrice du Centre d'orientation depuis bientôt 25 ans.
Elle est, par l'acquisition de son expérience, de plus en plus
l'âme de l'institution et est responsable du mémoire que nous
présentons ce soir.
M. LE PRESIDENT: Très bien!
MLLE GUINDON: M. le Président, à l'appui du présent
mémoire du Centre d'orientation, nous nous permettons de citer les
paroles de M. le ministre des Affaires sociales lors de la session du 24
août 1971: "Maintenant, il reste un autre problème et je n'ai pas
l'intention de l'escamoter ou d'éviter sa discussion; c'est qu'il y a
des institutions qui reçoivent des fonds de deux sources: des fonds du
gouvernement et des fonds de sources privées, et qui sont des
corporations sans but lucratif. Cette question mérite probablement
d'être discutée, d'être approfondie... Il faut d'abord se
rappeler quels sont les services rendus par ces institutions".
Messieurs, affirmant que tel est notre cas, nous avons voulu participer
à cette discussion en y apportant les commentaires et les suggestions
nés de l'analyse des services tout à fait particuliers rendus par
notre institution, que nous qualifions d'unique en son genre.
Le Centre d'orientation est un organisme qui, en vingt-cinq ans, a suivi
12,702 clients; a rééduqué en internat 197 surdoués
mésadaptés; a reçu en consultations
régulières le personnel de 45 institutions; a formé en
spécialisations 255 professionnels.
Dans la réorganisation des services de santé et des
services sociaux que propose le bill 65, est-il prévu une place pour une
institution privée à but non lucratif qui, telle que le Centre
d'orientation: aide des personnes aux prises avec des difficultés
socio-affectives momentanées, préve-
nant ainsi des désorganisations plus sérieuses; fournit
aux personnes qui la sollicitent une assistance psychologique prolongée;
permet à des familles perturbées, grâce à des
interventions dynamiques, de développer et renforcer des liens
indispensables à une vie stable et intégrée à la
société; étend ses services hautement
spécialisés à une clientèle qui provient de toutes
les régions de la province; a développé un processus de
rééducation en internat pour l'enfant surdoué,
mésadapté et contribue, par un travail soutenu auprès des
parents, à redonner à la vie familiale un sens plus humain; a
créé la profession de psycho-éducateur pour l'application
de ce processus; a fondé le Centre de psycho-éducation du
Québec; a adapté à Boscoville le processus de
rééducation totale à la rééducation du jeune
délinquant; a collaboré avec les universités de
Montréal et de Sherbrooke à l'évolution de la profession
de psycho-éducateurs et a publié les recherches appliquées
à ce domaine.
Le bill 65 prévoit-il des institutions privées à
but non lucratif, qui, telles que le Centre d'orientation, contribuent à
la sélection et à la formation en cours d'emploi du personnel non
professionnel des internats de rééducation; participent à
titre de consultant à l'organisation du milieu et de la stratégie
éducative dans ces internats; suivent le cheminement
rééducatif des jeunes inadaptés dans ces institutions au
moyen d'évaluations psychologiques périodiques; offrent trois
programmes de spécialisation postdoctorale: psychologie clinique,
psychothérapie, assistance psychologique, pour rendre les services
énumérés plus haut à la clientèle et aux
institutions, ce qui est rapporté dans les annexes de la page 10
à la page 17; collaborent avec l'Institut de psychologie de
l'Université de Montréal à la formation des internes et
des résidents en psychologie clinique, et avec l'Ecole de
psycho-éducation de l'Université de Montréal pour la
formation des stagiaires et des internes en psycho-éducation; effectuent
des recherches axées sur l'étude des problèmes
suscités par la pratique professionnelle pour renouveler les modes
d'intervention; publient les résultats de ces recherches dans les
articles des revues, cahiers scientifiques et volumes, ce qui est
rapporté dans les annexes.
Nous abordons maintenant les recommandations.
D'abord la modification des définitions proposées par le
bill 65 pour permettre l'insertion dans l'organisation des services de
santé et des services sociaux de l'institution privée
subventionnée à but non lucratif par, tout d'abord, la
nodification des définitions de l'article 1 b) et 1 d).
Je me permets de le noter ici: aux pages 4 à 10, vous avez les
modifications comme telles. D'abord, modification à propos de
"l'institution publique"; nous aimerions que l'article 1 b) soit modifié
de cette façon: "Institution publique, une institution maintenue par une
corporation sans but lucratif, selon les modalités de cette loi." Ce qui
veut dire qui permettrait donc, si on ajoutait cet aspect, l'institution
privée à but non lucratif. Aussi, la modification de l'article 1
d): "Institution privée subventionnée, une institution maintenue
par une corporation sans but lucratif, qui reçoit des fonds de source
privée, auxquels s'ajoute une subvention gouvernementale, selon une
entente conclue avec le ministre."
Et, par voie de conséquence, la modification des articles
suivants: 4, 5 et 8, touchant la collaboration avec les institutions publiques;
à l'article 4, au lieu de "les institutions", "publiques et
privées subventionnées; à l'article 5, nous ajouterions
aussi, toujours, "l'institution privée subventionnée", ainsi
qu'à l'article 8.
Les articles 9 et 45...
M. LE PRESIDENT: Mlle Guindon, excusez-moi seulement un instant. Les
modifications suggérées et les commentaires, nous allons les
faire inscrire au journal des Débats.
MLLE GUINDON: Parfait.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous sommes d'accord pour épargner du
temps et permettre aux membres du comité de vous poser des
questions?
MLLE GUINDON: Certainement, certainement .
Je pourrais peut-être continuer: aux articles 9 et 45, sur la
représentation dans les structures; 83 et 85, pour la conservation de ce
type d'institution; 93, 95, 96 et 104, pour permettre des conditions favorisant
la spécialisation et la recherche appliquée, et nous aurions
espéré la révision des règlements des articles 133
pour permettre l'innovation et 136 pour insérer l'institution à
but non lucratif dans les institutions privées
subventionnées.
Commentaires. Le bill 65 ne devrait-il pas tenir compte de l'existence
de l'institution pilote privée maintenue par une corporation sans but
lucratif, d'où surgissent des innovations souhaitées et
nécessaires à l'amélioration des modes d'intervention?
La province pourra-t-elle, dans l'avenir, se dispenser de centres qui
sont à l'avant-garde dans leurs champs respectifs, soit par leurs
services hautement spécialisés, soit par la remise à jour
constante des modes d'intervention appropriés à
l'évolution des besoins de la population? Des institutions,
régies par des corporations privées à but non lucratif et
offrant ces garanties de dynamisme, ne devraient-elles pas trouver place dans
le réseau
de la réorganisation actuelle? Ceci termine nos commentaires.
(Voir annexe D)
M. CASTONGUAY: Merci. C'est un autre mémoire qui apporte des
éléments intéressants d'information.
J'aurai simplement quelques très brefs commentaires, non pas, au
début, sur le statut que vous demandez j'en dirai quelques mots
par la suite mais sur des aspects, comme lorsque vous dites "la
conservation de ce type d'institution."
Là, si je m'en reporte aux fonctions que vous assumez, cela est
très clair dans mon esprit et le projet de loi ne vise pas à
faire disparaître des types de services. Je l'ai mentionné
à plusieurs reprises. Je le mentionne de nouveau, parce que je crois que
c'est important. Le projet de loi n'est pas un projet qui comporte ou qui fixe
une gamme de programmes; par exemple, nous ne parlons pas, dans le projet de
loi, des programmes touchant à la réadaptation des individus sur
le plan physique, et c'est extrêmement important. Ce sont des programmes
qui doivent être assumés, exécutés par les
institutions et le projet de loi ne vise qu'à donner un cadre
d'organisation pour ces institutions.
C'est la même chose pour la recherche qui s'effectue.
Si le projet de loi n'est pas assez clair, encore là, nous
croyons qu'il est important, dans un grand nombre d'institutions, que ce soit
dans les hôpitaux même ou dans des centres locaux de services
communautaires, qu'il s'effectue de l'enseignement, qu'il s'effectue aussi de
la recherche, pour autant évidemment qu'il y a des ententes entre les
institutions d'enseignement, les institutions de services et au plan de la
recherche. Evidemment, les critères ou les arrangements sont
généralement requis par les organismes, on y accorde des
subventions de recherche. Sur ce plan-là aussi, je crois qu'il n'y a pas
de difficulté à la question que vous soulevez.
Pour l'innovation, c'est la même chose. Je ne crois pas qu'une loi
doive être interprétée aussi strictement que certains
groupements le font. La loi, dans bien des cas, établit un cadre et il
est possible, tout en demeurant dans l'esprit de la loi, d'aller plus loin. La
loi ne peut pas tout prévoir, encadrer, déterminer quelles
doivent être les activités. De la même façon, et
surtout dans un domaine comme celui des services de santé, il faut
laisser place à l'innovation. Sur ce plan aussi, le projet de loi ne se
veut pas un frein à l'innovation.
Il reste la question du statut, de la représentation dans les
structures, de la collaboration avec les institutions publiques. Disons que je
voudrais, sur ce plan, poser une question. Je pense bien que ce qui importe,
c'est l'information que vous nous transmettez, dans le contexte, justement, de
ce que nous avons dit au début des séances de la commission. A
titre d'information, dans le fonctionnement de votre centre, quel est à
peu près la répartition des fonds ou de vos revenus qui
proviennent de subventions gouvernementales? Quelle est la partie qui vous
provient d'autres sources, soit de la Campagne de la fédération
des oeuvres ou de paiements faits par des individus?
M. LEBEAU: Environ 40 à 45 p.c. de sources privées et le
reste, du gouvernement.
M. CASTONGUAY: Lorsque vous dites privé, est-ce que c'est par la
voie de...
M. LEBEAU: Pardon, de ma clientèle.
M. CASTONGUAY: Directement. Paiements par les individus.
M. LEBEAU: Dans la mesure où ils ont les moyens de payer.
M. CASTONGUAY: Merci.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais une question
à poser, soit à Mlle Guindon ou à quelqu'un d'autre. A la
page 3, vous dites: Le bill 65 ne devrait-il pas tenir compte de l'existence de
l'institution pilote privée, maintenue par une corporation sans but
lucratif. Quel est exactement le sens de cette représentation. Je
comprends que vous preniez des initiatives et qu'à certains points de
vue, vous pouvez être considéré comme ce genre
d'institution ou ce genre d'organisme. Est-ce que, dans le projet de loi 65,
vous voudriez avoir certaines reconnaissances de fait pour l'institution pilote
ou si, dans l'administration, dans les programmes gouvernementaux, vous
voudriez que l'on tienne compte du fonctionnement spécial que requiert
une institution qui met de l'avant des programmes, des projets pilotes?
MLLE GUINDON: C'est, après tout, le fait qu'on aurait aimé
rester une institution privée, à but non lucratif, et, à
cause même de la définition de l'institution publique, on ne se
sentait plus capable d'être une institution privée à but
non lucratif. C'était surtout à ce point de vue-là. Le
fait aussi que nous sommes une institution pilote privée. Nous croyons
que notre conseil d'administration et la façon dont nous avons
fonctionné depuis 25 ans devraient nécessairement être
conservés. C'est ce qui nous a permis d'innover continuellement dans le
domaine de la rééducation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous retrouvez dans cette formule,
la formule d'institution privée sans but lucratif, une marge de
manoeuvre où vous pouvez vous exprimer et vous épanouir plus
facilement?
MLLE GUINDON: Il nous semble, en tout cas, d'après les
réalisations qui ont été faites
depuis 25 ans et qui continuellement se renouvellent, c'est aussi une
institution assez spécialisée, hautement
spécialisée. Nous croyons que ce serait difficile d'être
standardisé comme les autres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Même si on tient compte de l'information
du ministre, il y a un instant, que cela ne change rien dans les programmes qui
vous sont permis?
MLLE GUINDON: On a bien dit dans les programmes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans les programmes.
MLLE GUINDON: On a bien dit dans les programmes. Mais dans la
constitution du conseil d'administration, nous croyons qu'il faut que le
conseil d'administration connaisse véritablement le travail qui est
assez spécialisé. La composition du conseil d'administration est
donc très importante.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vous remercie de toutes ces
précisions parce que, évidemment, il est important de savoir
exactement ce que vous entendez par corporation d'institution privée
sans but lucratif afin que le législateur puisse voir toute la
dimension, comment cela se traduit en pratique et constater que ce n'est pas
seulement un voeu pieux, mais que cela peut se traduire par des
réalisations et un fonctionnement tenant compte de votre façon
à vous de travailler depuis 25 ans et des programmes que vous mettez en
application.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, Mlle Guindon, je vous remercie d'avoir
présenté votre mémoire, avec le Dr Lebeau. Il y a une
question que je voudrais vous poser: dans la recommandation que vous faites ici
sur la question des institutions à but non lucratif, est-ce que vous
recommanderiez cela pour toutes les institutions ou seulement pour la
vôtre?
M. LEBEAU: J'imagine que le cas peut s'appliquer à d'autres, mais
nous ne sommes pas venus défendre la cause d'autres institutions. Je
voudrais aussi ajouter, M. le Président, à la question de M.
Cloutier, que nous ne demandons aucun statut particulier, mais en lisant le
projet de loi 65, nous ne trouvons aucune mention d'un organisme privé
subventionné sans but lucratif. Nous avons l'impression que nous sommes
totalement ignorés, que nous n'existons pas dans le bill 65.
M. BOIS: C'est-à-dire, ce que vous trouveriez bon pour
vous-mêmes, comme institution non lucrative, vous le trouveriez bon aussi
pour d'autres institutions non lucratives?
M. LEBEAU: J'imagine bien. M. BOIS: C'est tout ce que je voulais savoir.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget. M. LAURIN: Pas de
commentaire.
M. LE PRESIDENT: Alors, madame, monsieur, je vous remercie. Je vous
souhaite un bon voyage.
M. LEBEAU: Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: J'invite maintenant l'Association des
psycho-éducateurs du Québec.
Association des psycho-éducateurs du
Québec
M. THERIAULT (Charles): M. le Président, permettez-nous d'abord
de nous présenter, Charles Thériault, président de l'APEQ,
à ma gauche. M. Gilles Gendreau, notre porte-parole. M. Gilles Gendreau,
qui est psycho-éducateur, est ex-directeur de Boscoville et actuellement
directeur du Centre professionnel de psychoéducation du
Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, vous tombez bien, parce
que le ministre de l'Education est avec nous pour entendre votre
mémoire.
M. GENDREAU: Messieurs, je pense que nous allons demander tout
simplement de ne pas lire les recommandations sachant qu'elles seront sans
doute publiées dans le journal des Débats. (Voir annexe E). Nous
allons résumer à l'extrême notre contribution pour
souligner que, d'une façon générale, les membres de
l'association sont tout à fait d'accord sur l'esprit et le principe qui
ont essayé d'animer le projet de loi 65. Nous voudrions faire remarquer
que, pour nous, dans ce principe, il est important que les organismes qui sont
proches du champ des réalisations, aient des pouvoirs pour être
capables de répondre aux objectifs qui leur sont confiés. Nous ne
voudrions pas qu'il faille 65 signatures pour réparer ou faire quelque
chose comme bien souvent on sait qu'il le faut dans la fonction publique.
Cependant, pour nous, la décentralisation signifie que
l'individualisation des services... surtout, notre profession veut que nous
travaillions à partir des besoins de l'enfant et de l'individu. Pour
nous, quand on parle d'accessibilité, c'est aussi de cela qu'il
s'agit.
Nos principales remarques, à la page 4 et à la page 5,
nous voudrions les faire à propos d'un problème auquel nous ne
croyons pas que la population soit suffisamment sensibilisée. M. le
ministre faisait remarquer au début de l'après-midi
comment il était difficile à la population de se sensibiliser au
problème de l'enfance exceptionnelle, de l'enfance inadaptée.
Il s'agit de voir le peu d'intérêt que la population
apporte à cette notion de centre d'accueil et comment, même le
législateur, a de la difficulté à percevoir ce
problème, cette structure de centre d'accueil. Nous voudrions attirer
votre attention sur ce problème en particulier. Parce que nous croyons
qu'il y a peu de personnes qui vont parler de cette structure qui est une
structure dont on ne sait pas exactement ce qu'elle est. Nous savons que le
centre d'accueil n'est pas dans l'esprit des gens quelque chose de clair. Si
vous remarquez la définition que nous trouvons dans le projet de loi 65,
nous retrouvons qu'il est parfois trop essentiellement perçu comme en
fonction du dépannage plus qu'en fonction du traitement. L'Association
des psycho-éducateurs est tout à fait d'accord sur l'esprit de
prévention qu'on veut absolument répandre dans le traitement de
l'inadaptation et d'une façon très générale. On
vous fera remarquer que, malgré tous les efforts que l'on fera pour
l'inadaptation, il y aura toujours de la place et nécessité de
centres spécialisés pour le traitement. Un traitement à
l'internat exige autre chose qu'une maison bien administrée au plan
physique, de la propreté et une bonne alimentation. Un traitement
implique du personnel compétent, une philosophie et, vraiment, des
professionnels pour faire ce travail.
Remarquez ce que le projet de loi fait des professionnels dans les
centres d'accueil. Il n'y en a tout simplement pas. Le directeur est une
personne dont on définit les fonctions principalement comme un
administrateur et très souvent, regardez la définition, il n'y a
aucun conseil de professionnels. On ne fait absolument pas mention dans les
attributions au centre d'accueil du rôle d'un professionnel quelconque.
Nous savons qu'il y a des centres d'accueil qui ne peuvent pas penser à
des traitements. Mais nous savons également qu'il y a des centres
d'accueil qui devront spécialiser leurs traitements, qui devront avoir
du personnel spécialisé. Nous remarquons que le
législateur ne permettra pas, si on conserve la loi telle qu'elle est
là, au centre d'accueil, de faire de la recherche, de faire de la
formation de personnel, ce qui veut, à toutes fins pratiques, pour notre
profession en particulier, lui couper d'une façon très
générale ces endroits de formation. Parce que ce sont dans la
définition que nous envisageons les centres d'accueil, par exemple
Boscoville, ou autres endroits comme ceux-là qui vont devoir se
définir quelque part. Il n'y aura plus d'endroit de stage, plus de
recherche, plus de contrat avec les universités. Que deviendront les
centres d'accueil? Des centres d'hébergement.
Nous croyons que le législateur doit faire extrêmement
attention à cette problématique, parce que dans les structures,
les centres d'accueil n'ont pas bonne réputation. Il est vrai que les
centres d'accueil sont des fourre-tout pour bien des choses. Remarquez, on
parle de centre d'accueil et on pense à un foyer d'hébergement
pour vieillards, pour jeunes enfants, pour exceptionnels, pour
délinquants, pour un tas de choses. Je pense qu'il est extrêmement
urgent de préciser les catégories. Quelles sont les fonctions que
les centres d'accueil vont devoir prendre et surtout insister pour que ceux qui
doivent faire des traitements aient les moyens et qu'on puisse être
capable de fournir à ces personnes qui vont animer les centres d'accueil
la possibilité de faire de la recherche, de recevoir des
étudiants pour la formation et tous les avantages qu'un organisme en
santé doit avoir?
Nous croyons que, pour nous, cela est une chose extrêmement
importante. Et nous tenions absolument à attirer votre attention sur cet
aspect des structures qui nous semble malheureusement avoir été
oublié. Nous ne reprochons pas cela au législateur, mais nous
sommes bien convaincus que la population n'est pas avertie de ces
choses-là.
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous me permettez un simple commentaire
à ce stade-ci? Je pourrais vous référer à la Loi
des hôpitaux où vous trouverez une définition
extrêmement simple de ce qu'est un hôpital et pourtant vous avez
sous cette définition-là des institutions extrêmement
élaborées, raffinées dans leurs structures qui comportent
des programmes de recherche, de services très
spécialisés.
Ici, dans le projet de loi, c'est pour dissiper l'inquiétude que
vous manifestez. Je le mentionne immédiatement: nous n'avons pas voulu,
justement, figer dans des dispositions législatives une
énumération de types d'institution où l'on aurait fait un
effort pour définir exactement ce qu'elles doivent être.
Nous avons voulu plutôt proposer une catégorie
générale et, à l'intérieur de cette
catégorie, étant donné que les types peuvent varier, nous
n'avons pas voulu non plus proposer des structures de fonctionnement interne,
pour laisser, dans toute la mesure du possible, à chaque institution, le
soin d'établir sa structure interne la plus appropriée.
Quant à la question de recherche d'enseignement, nous en sommes
conscients aussi. Je crois d'ailleurs que c'était l'objet de ce que les
représentants de Boscoville voulaient nous transmettre comme message; je
suis allé à Boscoville et j'ai vu le travail qu'ils font. Si le
projet n'est pas assez clair sur le fait que des activités
d'enseignement et de recherche peuvent prendre place dans cette
catégorie, nous allons le modifier, parce que c'est évident. Vous
n'avez pas à nous convaincre de la nécessité d'avoir de
telles activités.
Maintenant, une autre dimension de la ques-
tion, c'est celle-là qui est importante, c'est qu'en dehors du
projet de loi, bien souvent, ce qui conditionne aussi, d'une façon
très concrète, ce qui se produit dans les institutions, ce sont
les budgets accordés. Sur ce plan, évidemment, nous pouvons
varier la gamme des choses qui sont financées par le ministère
dans les diverses institutions et, c'est par là que, bien souvent,
l'innovation se fait, que la gamme des activités financées se
détermine, beaucoup plus que par un projet de loi ou dans une loi.
C'est la raison première pour laquelle nous n'avons pas voulu
aller dans tout ce degré de détails, de peur d'encadrer trop
rigidement une réalité mouvante, une réalité
très diversifiée et parfois, comme vous le dites, difficile
à préciser.
M. GENDREAU: M. le Président, je voudrais simplement ajouter...
Je suis tout à fait d'accord avec vous, M. le ministre, sauf qu'il
faudrait quand même laisser de la place pour qu'il y ait aussi des
professionnels dans les centres d'accueil. On n'en fait pas mention.
M. CASTONGUAY: Oui, mais il va y en avoir.
M. GENDREAU: Oui, je comprends, mais on en fait mention partout, sauf
quand il s'agit de la catégorie des centres d'accueil et, je pense que
là, il y a un esprit. Il faut absolument attirer des professionnels dans
ces endroits et je pense qu'il est évident qu'il va y en avoir partout;
mais il est assez remarquable que, dans cette structure-là, on n'en
fasse pas mention.
M. CASTONGUAY: A l'endroit où nous le précisons de
façon spécifique, c'est parce que nous voyons la
nécessité qu'il y ait une structure obligatoire, telle que le
conseil des médecins et dentistes. Dans les autres cas où il
n'est pas, à notre avis, nécessaire ou bon d'établir,
d'autorité ou par une loi, une structure interne; nous ne l'avons pas
dit. Mais ça ne signifie pas que ce qui n'est pas dit est
défendu; au contraire. La loi ne doit pas être
interprétée d'une façon négative comme
celle-là, à mon avis.
M. GENDREAU: Mon interprétation n'est pas du tout
négative. Je veux simplement préciser qu'il m'apparaît
important de valoriser les centres d'accueil et je pense que ce projet de loi
doit y contribuer, parce qu'il y a toute une mentalité qu'il faut
transformer. Je pense que, si on a pu faire quelque chose de bien avec les
jeunes délinquants, c'est qu'il y a eu justement cette mentalité,
cette philosophie, qui a fait qu'on a pu avoir des professionnels. Je pense que
c'est dans ce sens-là qu'il faudrait aussi pousser, pour qu'il y ait de
plus en plus de professionnels qui travaillent dans ces centres d'accueil, pour
éviter qu'on les confonde de façon à penser que ce sont
des garderies.
M. CASTONGUAY: Je ne voudrais pas que vous preniez mes commentaires en
mauvaise part.
M. GENDREAU: Non, je ne les prends pas en mauvaise part.
M. CASTONGUAY: Je suis d'accord sur la nécessité qu'il y
ait une plus grande prise de conscience, une valorisation, comme vous le dites,
mais il y a des instruments divers pour le faire, et ce que je vous ai
exprimé, c'est le danger que, si on essaie trop de le faire par un
projet de loi, on vous encadre d'une façon rigide, alors qu'il y a
peut-être d'autres moyens d'apporter cette valorisation que vous
recherchez.
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce que les membres de la commission ont des
remarques?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, vous disiez, dans un échange
intéressant, qu'il vous apparaissait que, pour les centres d'accueil, on
n'insiste pas assez sur l'aspect positif, comme on le fait pour les centres
hospitaliers et les centres de service social. On a des dispositions
particulières dans le projet de loi qui font référence
à des comités spéciaux, des comités de
professionnels, médecins, dentistes, ainsi de suite.
Par contre, il y a des dispositions d'ordre général dans
le projet de loi, notamment des articles 41 à 76 mais, dans les
dispositions générales, vous trouvez aussi au sein des conseils
d'administration une représentation des professionnels qui oeuvrent dans
le centre de service social comme dans toutes les autres institutions.
Déjà, c'est une indication qu'il y aura des professionnels. Si je
prends le conseil d'administration d'un centre d'accueil, à la rubrique
6, c'est une personne nommée annuellement par les professionnels
exerçant dans le centre. Même si elle est faible, c'est une
indication qui a une portée. Vous voudriez plus que ça.
M. GENDREAU: Je voudrais qu'on fasse tout son possible pour être
capable de défaire les préjugés négatifs qu'il y a
par rapport à cela. C'est simplement notre position de la
protection...
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que vous voulez souligner, c'est une
question d'approche, c'est une question de contexte de créer autour du
centre d'accueil une attitude que dans ces centres on va avoir une approche
aussi positive à l'endroit des centres d'accueil. Ce ne sont pas des
endroits fourre-tout où l'on met n'importe quelle sorte de
clientèle, n'importe comment, où se trouvent des populations en
transition parce qu'il n'y a pas d'autres endroits à les placer mais
c'est là un endroit où il y a véritablement une formation
et une réadapta-
tion de l'enfant ou de l'individu avant qu'il soit relancé ou
réintroduit dans la vie normale, dans la société normale.
Je ne sais pas si on peut traduire ça par... C'est plutôt une
question de mentalité. Je pense que c'est peut-être un peu
difficile de le traduire dans un texte de loi quand il n'y a pas de disposition
particulière à l'endroit des centres d'accueil. De toute
façon, vous avez raison de faire ressortir que l'approche doit
être positive. Vous avez des centres d'accueil qui ne sont pas, par
rapport aux autres institutions du projet de loi 65, des institutions qui sont
de moindre calibre ou dont la fonction est moins importante compte tenu de
chacune des responsabilités des institutions.
Je suis parfaitement d'accord avec vous sur ce point de vue-là et
même le seul fait d'avoir fait ressortir cet aspect-là au cours du
débat, je pense bien que ce n'est pas inutile, tout le monde en a pris
conscience.
M. LAURIN: ... du projet de loi 65 en vous promenant dans les
institutions où vous voudriez qu'il y ait des conseils de professionnels
en disant: La loi prévoit ça, qu'est-ce que vous attendez pour en
faire?
M. GENDREAU: Je pense que ce que nous voulons, dans le fond,
c'est...
M. LAURIN: C'est de vous servir de la loi comme d'une incitation.
M. GENDREAU: Je pense que la loi, dans ce domaine-là, doit aussi
inciter les points faibles des structures à se développer. C'est
dans ce sens-là que nous concevons qu'elle peut être un ferment
pour attirer des gens de valeur dans ces milieux et, en même temps, que
les structures, que les conseils d'administration sentent qu'ils ont des
obligations face à la société, que le législateur
veut que ces centres d'accueil fournissent un service de qualité.
Vous allez dire que c'est idéaliste, mais je crois qu'une loi
doit avoir cette fonction-là surtout... On veut que la loi freine les
abus mais elle doit aussi stimuler les faiblesses à être
guéries.
M. LAURIN: Indiquer des avenues.
M. GENDREAU: Absolument. C'est le point de vue de notre association face
à cette question.
M. LAURIN: Ce qui rend la chose difficile, c'est qu'il y a certains
centres d'accueil très élaborés où il faut des
conseils professionnels au même titre que dans un hôpital, et
d'autres, par exemple, je pense à un petit foyer qui reçoit
quatre vieillards, où ce n'est sûrement pas nécessaire de
prévoir un conseil de professionnels.
M. GENDREAU: C'est tout le problème qu'on pose. Vous avez le
centre d'accueil c'est tout un tas d'histoires. Je comprends que le
problème, M. le ministre, est si difficile à définir.
M. CASTONGUAY: Me permettez-vous, peut-être, un petit jeu de mots?
Ce mémoire diffère un peu des autres. On a l'impression que le
client trouve qu'il n'y en a pas assez alors que, dans les autres cas, le
client semblait trouver le projet de loi 65...
M. GENDREAU: Justement, M. le ministre, on considère que les
points faibles doivent être stimulés par une loi aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): En somme, vous voulez introduire une dimension
sociale dans un projet de loi à caractère social.
M. GENDREAU: Il nous apparaît, nous, que c'est la position que
nous devons prendre. Nous, qui travaillons dans ce centre d'accueil, savons
tout ce que nous avons à faire dans la population pour être
capables de faire valoir ça. Et ça ne fait pas longtemps qu'il y
a des professionnels dans les centres d'accueil. Les centres d'accueil
où il y a de vrais professionnels, il n'y en a pas beaucoup.
M. CASTONGUAY: Me permettriez-vous de faire un bref commentaire? Au
Manoir Charles-de-Foucault, lorsqu'il a été remis en marche au
cours de l'été, après sa fermeture au printemps, il y a eu
des communications qui se sont établies avec Boscoville et probablement
avec d'autres institutions pour s'assurer que ce qui serait fait le serait
d'après les meilleures normes possibles et que ça se ferait en
communication et non de façon isolée, de telle sorte que les gens
qui y travailleraient ne se sentent pas isolés, puissent sentir qu'ils
font partie d'un ensemble qui est en évolution. Je pense que c'est
peut-être aussi par des gestes concrets comme ceux-là que nous
montrons de façon plus claire nos intentions. C'est un cas patent. Je
crois qu'il est possible de le citer pour vous encourager, à tout le
moins, et confirmer que nous partageons ce type de désir que vous
avez.
M. LE PRESIDENT: M. Bois.
M. BOIS: D'après ce que vous semblez dire ici, c'est que, dans
les centres d'accueil, le rôle des diverses professions ne serait pas
assez défini ou établi d'une façon assez claire...
M. GENDREAU: Nous considérons, à toutes fins pratiques,
que ça paraît assez étrange pour le profane qui lit
ça. Dire: Pas de professionnels là-dedans. Au fond, nous
n'insistons pas tellement. Justement, à plus forte raison, quand on voit
le préjugé. C'est ça que nous voulons souligner. Il n'y a
pas assez d'insistance sur le fait qu'il faut des professionnels. On pense
à surveillants, on pense à gardiens, mais pas aux
professionnels.
M. BOIS: Est-ce que votre crainte serait que, si ça n'existe pas
dans le projet de loi, que ça viendra par des règlements du
ministère?
M. GENDREAU: Je n'ai pas de crainte là-dessus. Les craintes que
nous avons, c'est qu'on ne se serve pas de cette occasion pour faire progresser
certains aspects du problème, parce qu'on va mettre encore des
surveillants. On ne parle pas de la qualité de personnel
là-dedans. Et pour nous, c'est grave, c'est ce qui est important. On ne
veut pas que les centres d'accueil soient simplement des centres de
dépannage et de transition. On ne sait plus après cela ce qu'ils
vont faire. Cela va toujours et de plus en plus vite actuellement. Les enfants
qui vont aller dans les centres d'accueil vont être de plus en plus
compliqués à traiter parce qu'on va faire de la prévention
et qu'on va garder dans les écoles régulières les enfants
qui vont être capables de vivre dans des milieux qu'on avait avant, dans
des internats. On va avoir de plus en plus des gens compliqués dans ces
milieux-là. Il va falloir du personnel de plus en plus
spécialisé et on croit qu'on n'insiste pas assez. On ne met pas
assez l'accent sur le traitement. C'est notre point de vue. Remarquez que
c'était une lecture. Peut-être qu'après une autre lecture
ou une réinterprétation, on serait dans l'erreur. Mais nos
membres nous ont souligné cela.
M. BOIS: Merci beaucoup, monsieur.
M. LE PRESIDENT: MM. Gendreau et Thériault, nous vous remercions.
Je vais inviter maintenant, à titre personnel, M. Georges-Jacques
Turcotte.
Les membres de la commission ont pris connaissance de votre
mémoire. Le ministre en a pris connaissance, ainsi que les officiers du
ministère. Vous avez la parole.
M. Georges-Jacques Turcotte
M. TURCOTTE: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, mesdames, mesdemoiselles, messieurs. Avant de m'exprimer sur le
sujet qui nous intéresse tous, je vous demande de tout coeur d'avoir
l'obligeance d'accepter mes excuses pour mon élocution qui peut laisser
à désirer. Depuis quatre ans, j'étudie pour corriger mon
élocution par des travaux, par des efforts personnels. C'est la
première fois que je parle en public. Le but de ma présence ici
est de défendre mes semblables handicapés de la province de
Québec et de réclamer justice pour eux. Mon but n'est donc pas
politique. Est-il humain et logique que tous les handicapés qui sont sur
le marché du travail, y compris les fonctionnaires, les soumettent
à une pension parfois insuffisante?
Il me semble que tous, nous avons un droit de citoyenneté au
travail, avec une liberté normale. Je suis d'accord que les
étudiants, les gens sans emploi passent avant nous. Mais, dans
l'ensemble, après tout, le soleil luit pour tout le monde.
Si ce désir ne se réalise pas, il y aura une
répercussion. Pourquoi les handicapés reçoivent-ils une
petite pension qui leur permet à peine d'exister?
Pourquoi ne confierait-on pas certains travaux aux handicapés,
plutôt que de leur accorder un revenu inacceptable? Ils sont dans
l'obligation d'être soumis à la charité publique, ce qui
pourrait avoir de mauvaises répercussions, par suite de la fermeture
draconienne par les pétitionnaires, concernant les lois de corps
professionnels et de métiers. Il y aura une augmentation
budgétaire considérable au ministère des Affaires
sociales; le ministère du Travail aura des difficultés, de
même que les autres ministères. Aussi, les contribuables
d'impôt subiront les effets de l'augmentation, pour les raisons que j'ai
mentionnées.
Les règlements des compagnies d'assurances auprès des
industries, compagnies et hôpitaux, ne sont pas à l'avantage de
mes semblables, ce qui représente un empêchement de
l'intégration sur le marché du travail.
Je suis en faveur des règlements. Il y a eu des
exagérations de leur part. Il ne faut tout de même pas nous
considérer tous dans la même situation.
Serait-il possible de former un comité interministériel
pour régler les problèmes dont je discute présentement?
Aussi, je parle en termes interministériels concernant lesdits
problèmes en cours.
Est-ce parce que nous ne possédons pas de diplôme avec
l'estampille rouge? Peu importe que l'individu soit ou non intelligent et de
jugement le diplôme est considéré en premier lieu. La
société doit-elle nous laisser de côté et nous
traiter comme quantité négligeable? Il y a certainement quelque
chose de bon à notre crédit.
C'est notre intelligence et notre jugement, nous pourrions certainement
coopérer à la production économique de notre pays et de
notre province.
Les handicapés remplissent leur devoir avec beaucoup plus
d'ardeur, de spontanéité et de courage que bien des gens normaux
qui sont sûrs d'eux et souvent se prennent pour d'autres.
Pour résoudre nos problèmes, permettez-moi de vous
soumettre mes suggestions: Augmenter la pension des invalides et des personnes
âgées en donnant du bonheur bien mérité, en prenant
la minime pension des handicapés qui sont dans une grande
nécessité parmi les assistés sociaux.
Le comité de l'embauchage de la main-d'oeuvre des
handicapés à l'intérieur du gouvernement a
été formé il y a deux ans et commence sa troisième
année d'existence.
Qu'a accompli ce comité à ce jour? Bien peu de chose, car
j'y ai référé mes confrères et consoeurs et les
raisons données devenaient pour moi criantes et fantastiques.
Si j'en juge par ce que je vois pourtant, il y aurait tant de chose
à faire dans l'intérêt des handicapés, mais on ne
semble pas bouger tellement. A-t-on peur de prendre certaines
responsabilités? Je suis avec vous, M. le Président et MM. les
membres de la commission, nous ne pouvons pas légaliser les technocrates
et les autodidactes, mais quelle est la différence entre les deux? Les
technocrates sont considérés très forts en théorie,
mais que sais-je en pratique? Les autodidactes, eux, prenons-les comme une
force dans la pratique, d'après leur talent naturel. Je crois qu'il y a
quelque chose de très intéressant pour l'avancement aux sciences
dans notre pays, n'est-ce pas?
Ceci est la faute des lois des corps professionnels et de
métiers, comme je le disais il y a quelques minutes. Dans leur argument,
dans leur refus, d'accepter les handicapés, les hôpitaux et les
compagnies me donnent la raison suivante: les règlements de la
convention collective. Ceci est une raison, une porte de sortie qui a peu de
valeur et inacceptable il n'en est même pas question dans lesdits
règlements. Personnellement, je ne puis vous le certifier, je n'ai pas
eu la chance de les consulter car il y a de nombreux sujets qui
m'enbrouilleraient.
Mais je ne crains pas de me mettre au blanc pour les handicapés,
bien que cela semble porter ombrage à certaines personnes.
Tout ce que je veux, c'est que l'on reconnaisse, une fois pour toutes,
que les handicapés ont le droit de vivre comme tout le monde et que la
plupart d'entre eux ont un potentiel qui devrait être mieux
exploité par les autorités en place. Nous ne demandons pas
l'impossible, mais la place qui nous revient dans la société
d'aujourd'hui.
Je vous laisse sur ces réflexions en vous priant de bien
méditer pour apporter une solution efficace à la situation
actuelle des handicapés, avec beaucoup d'intérêt et
d'action et non en théorie.
Je vous serais très reconnaissant, M. le Président et
messieurs les membres de la commission, d'exprimer votre point de vue, car la
situation que nous subissons est très urgente et sérieuse.
Je profite de l'occasion pour remercier publiquement les
autorités gouvernementales et les anciens et nouveaux membres de
l'Assemblée nationale sans distinction politique.
Pourquoi ne confierait-on pas certains travaux aux handicapés,
plutôt que de leur accorder un revenu inacceptable qui les place dans
l'obligation d'être sur la charité publique, ce qui pourrait avoir
des mauvaises répercussions, par suite de la fermeture draconienne des
usines aux pétitionnaires concernant les lois de corps professionnels et
de métier? Il y aurait une augmentaiton budgétaire
considérable au ministère des Affaires sociales et le ministre du
Travail subirait des difficultés et c'est de même pour les autres
ministères. Aussi les contributions d'impôt subiront l'effet de
l'augmentation pour les raisons que j'ai mentionnées.
Les règlements des compagnies d'assurances auprès des
industries, compagnies et hôpitaux ne sont pas à l'avantage de mes
semblables, ce qui représente un empêchement de
l'intégration sur le marché du travail. Je suis en faveur desdits
règlements, mais il y a un peu d'exagération de leur part. Il ne
faut toujours même pas nous considérer tous dans la même
situation.
Serait-il possible de former selon nos connaissances un comité
interministériel pour régler les problèmes dont je discute
présentement?
Maintenant... à la page 2. Je vais vous dire exactement cela. Si
je suis encore présentement au service de l'Etat du Québec, c'est
grâce à la compréhension de certains directeurs, de mes
compagnes et compagnons pour qui j'ai travaillé, en un mot, je me
considère chanceux d'avoir été fonctionnaire depuis
environ vingt-sept ans, car je n'aurais certainement pas pu occuper un autre
emploi qui aurait exigé de gros efforts et de longues heures de travail
pour en arriver au sommet où je suis présentement, ce qui vous
donne la preuve du résultat.
Si jamais je change de fonction à un autre ministère, je
garderai un très bon souvenir des employés de ma présente
fonction. Je vous dois à tous une profonde reconnaissance, c'est une
expérience pour la société.
Cependant, aujourd'hui, je me demande pourquoi le ministère de la
Fonction publique ne me reconnaît pas mon expérience, mes
années de service et ma compétence dans un domaine que je connais
si bien, soit le bien-être des handicapés. De plus d'après
ma déclaration au début de mon intervention, si ce n'est pas
à la fermeture des lois très restreintes...
Je termine ici, M. le Président, et m'excuse s'il y a eu un petit
peu... mais malheureusement il faut comprendre ma situation, étant
donné que je suis un autodidacte handicapé de la parole et je
l'ai souligné tout à l'heure, c'est la première fois que
je suis devant le public. Vous avez une idée de ce que je voudrais vous
parler. Je vous donne un résumé d'une expérience qui dure
depuis au-delà de 23 ans et j'ai fait un genre d'intervention par
correspondance auprès du ministère des Affaires sociales et il
semble que le ministère du Travail a bougé un peu.
Alors, je termine, M. le Président et j'espère que vous ne
m'avez pas trouvé trop long et pas trop mêlé dans mon
intervention. Je tiens à vous remercier de m'avoir donné le droit
de parole.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: Je voudrais vous remercier pour votre mémoire et
aussi je pense bien qu'il est dans l'ordre de vous féliciter pour la
persévérance et le travail que vous avez accompli pour surmonter,
comme vous le mentionnez dans votre mémoire, ce handicap dont vous avez
été affecté.
Au ministère des Affaires sociales, je crois, depuis un certain
nombre d'années, il s'est fait
un effort pour aider vos confrères handicapés, même
si ces efforts ne sont peut-être pas suffisants, par le
développement d'ateliers protégés. Il y a ici un
problème ou un aspect de la question qu'il est bon de souligner. C'est
que, comme gouvernement, il y a certaines initiatives que nous sommes plus en
mesure de pouvoir prendre, pour autant que la population est de plus en plus
consciente de l'existence de ces problèmes. Parce que, comme
gouvernement, il est évident que nous ne pouvons résoudre tous
les problèmes qui existent et qu'il nous faut la collaboration des
employeurs, la collaboration des syndicats, la collaboration de tous les
membres des corporations professionnelles; il nous faut aussi la
compréhension du public en général. Il y a encore beaucoup
de progrès à faire. Quant à nous, nous allons
bientôt déposer des modifications aux lois des corporations
professionnelles, qui vont constituer une mise à jour de cette
législation. J'espère que ces lois ou modifications auront
l'avantage de corriger certaines des lacunes que vous avez
mentionnées.
Du côté des employeurs et des syndicats, je vais
transmettre copie de votre mémoire à mon collègue, le
ministre du Travail, et aussi je vais m'informer de l'état des travaux
de ce comité auquel vous faites allusion.
Enfin, en ce qui a trait au ministère des Affaires sociales, nous
allons continuer notre travail et essayer de multiplier les efforts pour faire
en sorte que l'aide que nous apportons aux handicapés physiques et
mentaux soit encore plus grande que celle que nous avons apportée dans
le passé. Je voudrais vous remercier pour ce mémoire que vous
avez présenté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un seul mot, M. le Président. J'appuie
les paroles que vient de dire le ministre des Affaires sociales à
l'endroit de M. Turcotte. Je voudrais le féliciter et le remercier de
s'être intéressé aux travaux de la commission, même
si ça n'entre pas directement dans le cadre du projet de loi 65, parce
que ça ne touche pas aux articles précisément, mais il a
soulevé un problème qui a des relations indirectes avec le projet
de loi 65.
Il a soulevé des problèmes extrêmement importants
parce qu'il est exact qu'il y a eu beaucoup de chemin de fait depuis quelques
années dans l'aide qui est fournie par le gouvernement et même la
prise de conscience que les handicapés eux-mêmes ont prise de
leurs problèmes.
Ils ont assumé dans bien des secteurs leurs
responsabilités. Pour ma part, j'ai eu souvent l'occasion de rencontrer
les organismes des aveugles, c'est un exemple que je donne parce qu'il y a
beaucoup d'handicapés qui l'ont fait dans d'autres secteurs, mais je
cite particulièrement les aveugles. Nous avons tenté de les
intégrer dans certains secteurs hospitaliers, notamment dans la
technologie médicale en radiologie.
C'est un des aspects du problème, c'est un des endroits où
nous avons tenté de les intégrer, de leur faciliter un travail
normal. Je vous remercie, M. Turcotte.
M. TURCOTTE: Est-ce que vous me permettez de poser une question?
Croyez-vous pouvoir amender la loi des corps professionnels et hospitaliers
pour nous faciliter l'intégration dans les régions
éloignées? Je m'excuse si je reviens là-dessus parce que
ce n'est pas relatif au bill 65, mais ça se rapporte aux Affaires
sociales. Si, par exemple, vous adoptez la loi telle quelle, automatiquement,
les handicapés tomberont sous l'assistance sociale. Si, par exemple,
vous amendez la loi, en ce qui concerne les handicapés, automatiquement,
les Affaires sociales sont libérées et enfin les gens
handicapés pourront travailler comme de bons citoyens et, en même
temps, le ministère du Travail aura la préséance, la
juridiction de former un genre de service.
Je vais revenir là-dessus, les dépenses que nous faisons
présentement, pour le budget des Affaires sociales, ça retombe
sur nous autres. C'est nous qui payons les taxes et, si vous maintenez la
prévision que vous avez faite tout à l'heure, ça veut dire
qu'il y a une bonne présentation et ça n'oblige pas les
handicapés à ne rien faire ou à avoir...
C'est là que je veux en venir, M. le Président si vous me
permettez si je ne suis pas hors d'ordre.
M. BOIS: Je connais M. Turcotte et je dois faire ce témoignage.
Depuis plus de 20 ans et, même si c'est un des handicapés de la
parole, je dois lui rendre mes hommages les plus sincères pour tout le
travail social qu'il a fait. Je le connais, je l'ai suivi et l'acte du courage
qu'il a accompli ce soir en venant ici exposer ses opinions personnelles lui
donne certainement beaucoup de mérite. Je crois qu'à la suite des
paroles du' ministre des Affaires sociales, il y aura lieu d'aborder ce
problème-là.
M. LAURIN: Je joins mes remerciements et mes voeux à ceux qui ont
déjà été exprimés.
M. TURCOTTE: Je vous remercie beaucoup.
M. LACROIX: J'ai été très heureux de collaborer
avec vous et avec les membres des différents partis de l'Opposition pour
vous aider, dans toute la mesure du possible, et je pense que vous pouvez
compter sur l'appui des député de toutes les formations
politiques pour vous aider dans la lutte admirable que vous soutenez depuis de
nombreuses années. Je vous félicite bien chaleureusement.
M. TURCOTTE: Pour terminer, je tiens à vous remercier. Je suis
ému et impressionné parce que c'est le but de ma vie,
étant donné que j'ai travaillé moi-même, que j'ai
fait des recherches, et j'ai pensé soulager mes sembla-
bles. Je suis très heureux que tous les gens et les membres de la
commission soient d'accord avec moi. J'espère que le tout va se
réaliser. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Merci, félicitations et nos meilleurs voeux.
M. LACROIX: Nos félicitations.
M. LE PRESIDENT: La Corporation psychiatrique de la rive-sud. Au nom de
la commission, je dois vous dire que nous avons tenu notre parole. Nous avons
réussi à entendre les mémoires de tous les organismes. Je
vous remercie de votre coopération. Nous allons maintenant entendre le
Dr Doyon.
Corporation psychiatrique de la rive sud
M. DOYON: Je suis le Dr Doyon, chef du service de psychiatrie de
l'hôpital Charles-Lemoyne, et directeur de la Corporation psychiatrique
de la rive sud. Si nous avons décidé de présenter ce
mémoire, c'est parce que nous croyons que le malade mental n'est pas
bien défendu avec le bill 65. Nous croyons que les organismes en place
pour dispenser des services psychiatriques sont mal organisés et nous
croyons que nous avions trouvé une réponse intéressante.
Cette réponse est menacée de disparaître avec le bill 65,
du moins d'après le témoignage de certains hauts fonctionnaires
du ministère des Affaires sociales qui sont venus nous visiter.
Le premier chapitre de notre mémoire porte sur la philosophie
actuelle des services pour les malades mentaux. Il est évident que la
législation actuelle, de même que le projet de loi 65, fait une
place intéressante aux hôpitaux pour malades mentaux qui, à
mon avis, devraient déjà être en voie de disparition et
malheureusement ils sont en pleine expansion.
Je crois que, comme solution à la maladie mentale, c'est comme si
on essayait de résoudre le problème de la pollution de la
province en établissant un barrage au niveau de Rimouski et en essayant
d'épurer les eaux du Saint-Laurent. Je crois qu'il faut travailler
à l'inverse et aller dans les villes, dans les villages et aller
à la source pour tarir ce qui rend les gens malades.
En dehors des hôpitaux pour malades mentaux, le projet de loi 65
mentionne que dans les centres hospitaliers on peut hospitaliser les malades de
toutes sortes de catégories y compris les malades handicapés
mentalement. Cependant, même si l'hôpital général
et je le sais par expérience pour y travailler depuis à
peu près douze ans est un progrès certain sur ce qui
existe dans l'hôpital mental, même s'il a l'avantage d'être
dans la communauté qu'il dessert, même s'il a l'avantage
d'être dans le milieu médical où il devait être,
même s'il a l'avantage d'être près des familles, la vie du
malade et des psychiatres dans les hôpitaux généraux n'est
pas toujours facile et éprouve de nombreuses difficultés que nous
mentionnons dans le mémoire.
On sait, premièrement, que les hôpitaux
généraux n'ont pas été construits pour le malade
mental, que l'architecture de l'hôpital général est faite
de lits autour desquels on a installé toutes sortes de laboratoires, de
salles d'opération, de cafétarias, etc., alors que le malade
mental qui est mobile, on a fini par le constituer à peu près
comme un prisonnier dans l'hôpital général.
On l'empêche de circuler, parce qu'on le considérait comme
dangereux, alors que le malade qui est à l'hôpital pour les
malades mentaux peut au moins aller prendre l'air de temps à autre.
Nous disons ensuite que l'hôpital général est
toujours trop petit pour recevoir tous les malades qui s'y présentent;
cela fait à la fin que les malades s'accumulent dans les salles
d'urgence qui ne sont nullement organisées pour des malades mentaux. Or,
comme ce sont toujours les plus grands malades qu'on est obligé de
garder dans les salles d'urgence, on arrive avec la situation suivante: c'est
que les plus malades d'une région sont gardés et traités
dans les salles d'urgence sur des civières. Il n'y a jamais eu non plus
suffisamment de place dans les hôpitaux généraux pour
installer tous les services nécessaires pour les services externes pour
traiter les malades et empêcher qu'ils ne se présentent de nouveau
pour hospitalisation.
Un autre point que nous mentionnons et où nous trouvons que le
bill 65 menace l'organisation pour le service au malade mental c'est que le
bill 65 morcelle la clinique externe dans ce qu'on appelle dans le bill le
CLSC; il fait une entité distincte de l'hôpital, qu'on appelle le
centre hospitalier et il fait une entité distincte du centre d'accueil.
Or, nous considérons que tous ces organismes devraient être
reliés sous un même conseil d'administration; autrement, nous
avons affaire à des organismes pas assez souples pour pouvoir s'occuper
adéquatement du malade. Le malade mental est un malade dont on peut
facilement essayer de se débarrasser en le poussant le plus loin
possible. C'est la raison pour laquelle on s'est réveillé avec
des hôpitaux pour malades mentaux aussi considérables.
C'est une situation qu'il faut éviter, en forçant le
milieu à le garder chez lui et à trouver des solutions dans son
milieu.
Alors, il faut que l'organisme qui va s'occuper du malade mental soit
capable de fournir tous les services nécessaires au malade. Ceci veut
dire des soins externes, des soins aigus, des ateliers, des foyers,
l'hospitalisation à long et à court termes, des traitements pour
les enfants, des traitements pour les vieillards des traitements pour tous ceux
qui en ont besoin. Quand nous avons installé le service de psychiatrie
à l'hôpital Charles-Lemoyne, nous savions qu'il était
impossible de le faire fonctionner si nous
n'avions pas une corporation distincte qui allait organiser
graduellement tous ces services que nous avons mentionnés. Je ne connais
pas d'hôpitaux généraux qui se soient souciés dans
le passé d'organiser des ateliers, des foyers ou des cliniques externes
pour les malades mentaux.
Cela a été notre premier souci, avec la corporation
psychiatrique, d'organiser ces services sous un même conseil
d'administration et nous espérons continuer de les organiser si on nous
laisse survivre.
C'est à peu près l'essence du mémoire.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier le Dr
Doyon, de la Corporation psychiatrique de la rive sud, pour le mémoire
qu'il vient de nous présenter.
Il y a un commentaire que j'aimerais faire. Au moment de l'étude
des crédits du ministère des Affaires sociales au mois de juin,
nous avons discuté de façon assez détaillée de
l'orientation de l'action que nous devons prendre comme gouvernement et aussi
que tous les services sont en voie de vouloir prendre, les questions sur
lesquelles on s'interroge dans le milieu relativement aux problèmes de
l'hygiène mentale, de façon générale.
A ce moment, nous avions déposé un document de
travail.
Il donnait disons les grandes lignes, telles que vues par le
ministère, d'une orientation possible que nous voyions à ce
stade. Nous avions dit qu'il nous apparaissait nécessaire de faire le
point après neuf ans du travail commencé par la Commissions des
hôpitaux psychiatriques de 1962, présidée par le Dr
Bédard. Nous avons donc formé, à la suite de
l'étude des crédits et de la présentation de ce document
de travail, un comité de la santé mentale qui regroupe des
professionnels de diverses disciplines, de divers milieux, aussi bien milieux
de travail que milieux au plan géographique. A ce comité
participe également de façon active le sous-ministre adjoint
à la planification du ministère, M. Aubert Ouellet. Nous comptons
beaucoup sur le travail de ce comité pour nous fixer de nouvelles
orientations ou encore infléchir certaines des orientations prises par
le ministère au cours des dernières années dans ces
programmes, ces politiques, etc.
J'ai également mentionné à un certain nombre de
reprises que la législation actuelle partant sur les hôpitaux pour
malades mentaux de façon générale serait
révisée, mise â jour et que cette législation
mettrait dorénavant l'accent sur la personne qui a besoin de traitements
psychiatriques et non plus sur les institutions comme cela a été
le cas dans le passé alors que la notion qui primait était
l'internement. Il y aura donc là au plan législatif une
étape qui sera franchie, que l'on ne peut évidemment saisir par
le projet de loi 65 qui ne touche pas à cet aspect de la protection de
la personne sous traitement psychiatrique.
Je prends donc votre mémoire comme étant une autre
pièce qui vient s'ajouter au dossier démontrant la
nécessité de faire le point dans ce secteur, de réviser
les orientations prises et d'ajuster en conséquence les actions, les
gestes du ministère. Je voudrais vous remercier pour ce
mémoire.
M. DOYON: Je suis heureux que le ministre Castonguay mentionne que la
législation sera centrée sur l'individu, mais je crois qu'il est
très important quand même de s'occuper des structures
administratives en ce qui nous concerne, parce que c'est toujours par ça
qu'on a été handicapé. Je me souviens d'avoir signé
moi-même un mémoire, il y a quelques années, qui a
été envoyé à M. Cloutier dans le temps, demandant
que tous les services de psychiatrie des hôpitaux généraux
soient sortis des hôpitaux généraux parce qu'on avait trop
de difficultés à survivre. L'histoire a prouvé qu'on avait
raison parce que, depuis ce temps, il y en a plusieurs qui ont
fermé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si je me souviens bien, c'était de
sortir les services de psychiatrie des hôpitaux généraux et
de faire des réaménagements. C'était de
réaménager des centres de services plus complets, sur une base
différente, à l'intérieur des institutions
hospitalières.
M. DOYON: C'était de les sortir, de les détacher
administrativement des hôpitaux généraux pour qu'on puisse
s'autoadministrer, afin de se donner ce dont on avait besoin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais comme aménagement à
l'intérieur de l'hôpital général, vous vouliez que
ce soient des services complètement indépendants,
complètement autonomes, mais réaménagés en fonction
du malade que vous aviez à traiter. D'ailleurs, vous l'avez
décrit dans votre mémoire, vous y avez fait allusion quand vous
avez parlé d'aménagement et de construction des hôpitaux.
Voici mon seul commentaire, docteur. Je vois la liste des membres de la
corporation à la fin de votre mémoire vous avez une
dizaine de membres de la corporation est-ce que les dispositions qui
touchent les conseils d'administration viennent sensiblement bouleverser votre
façon de recruter vos membres et de fonctionner?
M. DOYON: Quand on a organisé cette corporation, on a
cherché un nombre minimum de membres pour pouvoir fonctionner et,
à peu près six mois après qu'on a été sur
pied, on nous a dit: "Cela ne marche plus, votre affaire; vous allez être
intégrés à l'Hôpital général. On a
cessé de chercher des membres. C'est bien sûr que, lorsqu'on
marque dans le bill 65 "quatredes membres vont être
nommés par le gouverne-
ment", ça nous fait un peu peur. Qui va venir? Si ce sont des
gens qualifiés dans le domaine de la santé mentale, on est bien
d'accord. Mais c'est un peu inquiétant.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, est-ce que vous avez des
objections sérieuses à ce qu'il y ait, dans votre corporation une
représentation un peu élargie? Je ne sais pas s'il y en a, il y
en a peut-être, je vois qu'il y a une dame dans la corporation, il y a
des professions non identifiées, il y en a qui sont peut-être
là comme représentants de la population en général,
ce ne sont peut-être pas tous des spécialistes. Parce que je ne
peux pas les identifier tous à ce moment-ci.
De toute façon, vous n'avez pas d'objection à ce qu'il y
ait une représentation, même si votre corporation s'occupe d'un
problème extrêmement spécialisé, dans le domaine de
la psychiatrie. Vous n'avez pas d'objection à ce qu'il y ait une
représentation un peu élargie. Tout ce que vous craignez, c'est
la façon dont on vous amène ces quatre nouveaux membres dans la
corporation.
M. DOYON: Comme je l'ai dit au début du mémoire, le malade
mental, ce n'est pas un gars qui vote très fort. Je ne pense pas que le
gouvernement soit très intéressé à nous amener des
gens pour faire de la cabale politique dans les conseils d'administration de la
psychiatrie. Je ne pense pas que ce soit bien rentable de sa part.
M. CLOUTIER (Montmagny): La psychiatrie et la politique ne font pas
très bon ménage, sauf quand on retrouve ça chez un
député.
M. CASTONGUAY: Je dois aussi rappeler que les gouvernements, quels
qu'ils soient, n'ont pas juste une préoccupation en tête, celle de
faire de la cabale politique.
M. LAURIN: M. le Président, je trouve très
intéressant que le Dr Doyon mette le doigt sur les facteurs qui,
à mon avis, ont empêché jusqu'ici le service de psychiatrie
de l'hôpital général de dispenser des services
adéquats. Nous en avons déjà parlé, mais je pense
que c'est quand même important de signaler que voilà
l'expérience d'un praticien qui, depuis quinze ans, s'est rendu compte
des obstacles qui entravaient son action, et ces obstacles sont très
réels.
Un autre aspect qui m'a intéressé, c'est que le Dr Doyon
met l'accent, comme le Dr Lazure l'avait fait avant lui, sur la
continuité des soins. Une des caractéristiques différentes
de la spécialité psychiatrique, c'est que,
précisément le Dr Doyon me corrigera si
j'interprète mal sa pensée la même équipe
doit s'occuper d'un malade, à partir du moment de son premier contact
avec l'équipe, jusqu'au dernier moment, à travers tous les
paliers de la structure.
Je ne sais pas comment cette nécessité scientifique, cette
nécessité d'assistance psychiatrique peut s'incorporer dans un
projet de loi, mais je pense que le projet de loi doit s'y mouler d'une
certaine façon puisque c'est là une constatation à
laquelle on ne peut pas échapper. Je ne sais pas si j'interprète
bien votre pensée là-dessus. J'ai l'impression que la Corporation
de la rive Sud, au fond, joue, à l'endroit du malade psychiatrique, le
même rôle que l'ORAS doit jouer. En ce sens que, si on comprend
bien le rôle de l'ORAS, ce sera sa fonction de mettre sur pied toute une
série de centres hospitaliers, de centres locaux de services
communautaires, de centres d'accueil, de centres de services sociaux qui, au
fond, auront la fonction de suivre le malade dans toutes ses
pérégrinations.
En psychiatrie, le problème difficile est que la même
équipe doit se retrouver à travers toutes ces institutions. Et je
comprends le Dr Doyon qui veut protéger sa corporation parce que c'est
l'organisme qui, jusqu'ici, lui semble capable de suivre à la trace le
malade à travers toutes ces institutions. Je pense que c'est pour
ça qu'il veut la protéger. Cela m'amène à poser une
question au ministre.
Comment, à l'intérieur de l'ORAS, pourra-ton remplir les
fonctions qu'une corporation polyvalente comme celle-là permet
actuellement, c'est-à-dire suivre le malade à travers tous les
paliers? Est-ce qu'il serait possible, à l'ORAS, d'une façon ou
d'une autre, que ce soit par la présence d'un directeur adjoint, comme
le Dr Lazure le mentionnait l'autre jour, ou à travers les fonctions
qu'on pourrait lui attribuer? Comment l'ORAS pourra-t-il remplir, à
l'endroit du malade psychiatrique, les fonctions de continuité des soins
que les deux psychiatres qui sont venus nous parler devant la commission jugent
essentielles?
M. CASTONGUAY: Je crois que c'est par les ententes entre les diverses
institutions que ces mécanismes devraient s'établir, non pas par
des dispositions législatives. Je prends un autre exemple pour illustrer
la nécessité d'avoir des activités d'enseignement dans les
centres locaux de services communautaires ou, tout au moins, dans certains.
Cela n'est pas dit comme tel que, dans le développement des centres
locaux comme les services communautaires, nous entendons insister et presque en
faire une condition, là où cela nous apparaît possible
qu'il y ait entente entre une université ou une institution
d'enseignement et le centre local. De la même façon, dans les cas
où il devrait y avoir ces communications, nous demanderons aux
institutions de faire les ententes nécessaires. Nous n'avons pas cru que
nous devions prévoir ceci dans la loi, de telle corte que les ententes
puissent se faire uniquement là où c'est nécessaire, et
prendre aussi la forme la plus appropriée pour s'adapter aux
fonctionnements des deux institutions qui seront parties à
l'entente.
Lorsque nous aurons précisé, de façon
définitive, la fonction de l'office, cela pourra être une des
préoccupations que cet office aura, d'assurer la coordination
nécessaire entre les institutions, l'échange des patients,
etc.
M. LAURIN: A supposer, M. le ministre, qu'un service de psychiatrie
d'hôpital général soit, selon ce que le Dr Doyon vient de
nous décrire, inadéquat, insatisfaisant au point de vue des
locaux, au point de vue de l'administration générale de
l'hôpital, est-ce que l'ORAS aura les pouvoirs d'imposer à un
hôpital particulier des conditions plus adéquates pour dispenser
des soins?
M. CASTONGUAY: Là, nous entrons vraiment dans une question de
programmation, d'une part, et d'autre part, dans les pouvoirs que devra avoir
l'ORAS. Et, à ce stade-ci, je me sens un peu embêté pour
donner une réponse. Est-ce que la programmation serait à ce
niveau? Est-ce qu'elle serait au niveau central? Les pouvoirs à exercer
dans de tels cas, à quel niveau se situeront-ils? Je pense bien que si
je vous donnais la réponse par référence aux dispositions
du projet de loi actuel, ce serait un peu vide de sens. Je
préférerais plutôt attendre que nous apportions les
modifications au projet de loi à ce niveau, pour que nous reprenions
cette discussion.
M. LAURIN: Un autre exemple, quand même, que je voudrais vous
apporter: à supposer que, pour une région, un CLSC qui comprend
une équipe psychiatrique, qui dessert une population de 25,000
habitants, ne soit pas suffisant pour desservir les besoins psychiatriques
d'une collectivité. Supposons par exemple que, comme ça existe
actuellement, il faille établir une clinique externe psychiatrique dans
une localité ou une autre, outre le CLSC, est-ce que cela vous parait
possible? Et quel serait l'organisme qui aurait pour mission de pouvoir le
faire? Le centre hospitaliser, le CLSC ou l'ORAS?
M. CASTONGUAY: D'abord, cela me paraît possible. Normalement, une
fois la décision prise de le faire, et après cela parce
que là, il y a une décision qui touche à la planification
et ça ne devrait pas être pris uniquement par le milieu, la
décision définitive devrait être prise par le
ministère, quitte à ce qu'elle soit proposée,
discutée avec les intéressés, le centre hospitalier, le
CLSC, étant donné que ça engage des fonds
l'implantation devrait être faite par le centre hospitalier, aidé
de l'organisme, soit le ministère, soit l'office, qui assumera la
responsabilité au plan de la programmation dans cette région.
M. LAURIN: Est-ce que ça répond à votre
problème, Dr Doyon?
M. DOYON: Je crains qu'on ne se retrouve encore avec des portes
fermées, ce qu'on a trop vécu. On n'a pas assez de
facilités, de mobilité à travers le système.
On est toujours pris avec des malades avec lesquels on ne sait pas quoi
faire. Et puis, telle autre institution qui est censée répondre
à nos besoins a décidé de nous fermer ses portes et, comme
nous ne faisons pas partie du conseil d'administration de l'autre institution,
on n'a pas un mot à dire et il faut subir nos ennuis. Alors, il faut des
systèmes complets dans lesquels on peut voyager facilement.
M. CASTONGUAY: Mais si vous remarquez, justement, nous avons voulu
prévoir, pour répondre à ces préoccupations, des
représentations entre les institutions, à divers niveaux, pour
apporter un élément de solution à ce problème. Il y
a aussi certains pouvoirs que nous retrouvons dans le projet de loi qui peuvent
paraître excessifs à certains, mais à d'autres, je pense
qu'ils paraissent moins dangereux, pour pouvoir intervenir à certains
moments dans des situations comme celle à laquelle on fait allusion ici.
Ce que le docteur dit, nous le vivons, et je suis bien conscient qu'il y a des
barrières.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester a une
question.
M. GUAY: M. le Président, dans le domaine de la santé
mentale, on a souligné plus d'une fois, qu'il semblait impossible
actuellement de fournir autant de services que la clientèle en demande.
J'ai nettement l'impression qu'un peu moins d'efforts ont été
consentis dans le domaine de la santé mentale qu'ailleurs et,
peut-être qu'il y a du rattrapage à faire dans ce domaine. Votre
mémoire comporte, évidemment, certains aspects très
intéressants que, si on avait plus de temps, on pourrait discuter. Mais,
il reste tout de même que, dans le domaine de la santé mentale
où la clientèle semble grandissante et ce n'est pas moi
qui l'invente, cela nous a été dit ici à la commission
dans le passé, si on compare, par exemple, avec le domaine du
coeur et celui du cancer, on semble avoir consenti des montants assez
importants, pour ne pas dire extraordinaires alors que justement on a un peu
oublié le domaine de la santé mentale. Il semble même
exister une pénurie de psychiatres actuellement, pour tenter de
guérir tous ceux qui sont guérissables.
Votre mémoire mentionne que trop de malades font appel à
vos services. A ce moment, croyez-vous que le projet de loi 65, malgré
ses imperfections, malgré peut-être sa difficulté
d'application sur plusieurs plans, peut améliorer nettement cette
situation-là?
M. DOYON: Pour répondre adéquatement à votre
question, je pense qu'il faut dire deux choses. D'abord, tous les
problèmes que nous avons vus dans le domaine de la santé mentale
ne sont pas la faute du gouvernement. Je pense qu'il y a eu, pour une large
part, le manque d'effectifs qualifiés pour s'en occuper. C'est la
première difficulté.
Ce que nous craignons dans le bill 65, c'est qu'il y ait trop de
morcellement dans les organisations dont nous avons besoin pour nous occuper
adéquatement d'une population. Nous voudrions obtenir, sous un
même conseil d'administration, le centre hospitalier, la clinique
externe, le centre d'accueil, l'atelier, les foyers, tout ce dont nous avons
besoin pour fonctionner dans un district, dans un secteur et non pas 56
conseils d'administration qui vont décider différentes politiques
à leur façon.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Alors, Dr Doyon, au nom des membres de cette commission
je vous remercie.
Présentation des autres mémoires
M. CASTONGUAY: Avant de terminer cette séance, M. le
Président, est-ce que je pourrais dire quelques mots pour demander
l'opinion des membres de la commission sur la poursuite de nos travaux?
Il nous reste encore un certain nombre d'organismes, une trentaine, je
crois...
M. LE PRESIDENT: Quarante-quatre.
M. CASTONGUAY: Quarante-quatre qui ont exprimé le désir de
se faire entendre. D'abord, il me semble qu'à ce stade-ci nous devrions
demander au secrétaire des commissions parlementaires de ne plus
accepter de demandes d'audition.
Le projet de loi a été déposé au mois de
juin, alors je pense qu'il y a eu un délai plus que raisonnable.
Déjà, aujourd'hui, certaines personnes nous ont dit: Nous
avons assisté à vos audiences et nous constatons qu'il y a une
certaine répétition, ou encore, nous constatons que ce que nous
voulons dire a déjà été dit et nous n'insistons pas
pour être entendus.
J'ai l'exemple de l'Institut Boscoville où les gens sont venus me
voir et m'ont dit: Voici quelle est notre préoccupation. Elle a
déjà été formulée et pour nous ce ne serait
que de vous faire perdre votre temps que de venir répéter cela
ici.
Aussi, il y a le temps de ces individus qui doivent se déplacer,
etc.
Une autre personne ici a fait de même aujourd'hui et a dit qu'elle
ne croyait pas devoir soumettre verbalement son mémoire.
Alors ce que je proposerais, M. le Président, c'est que nous
demandions au secrétaire des commissions parlementaires, qui a la liste
des mémoires, de communiquer avec ceux qui ont dit qu'ils voulaient
présenter un mémoire pour leur demander si c'est toujours leur
intention d'être entendus par la commission ou s'ils croiraient
satisfaisant que nous prenions connaissance du mémoire comme membres ou
encore comme gouvernement et que nous portions au besoin les recommandations au
Journal des Débats si c'est possible, de telle sorte que ces gens qui
ont voulu nous soumettre un mémoire retrouvent au moins les
recommandations dans le journal des Débats comme ceux qui sont venus
présenter leur mémoire. Et ceux qui nous demanderont d'être
entendus, nous les recevrons comme il avait été convenu
originalement, mais on fera un certain tri ou l'on se fiera évidemment
au secrétaire des commissions parlementaires pour faire ces
communications. Et dès qu'il aura pu rejoindre les organismes, que nous
aurons la liste de ceux qui désirent se faire entendre, nous pourrons
fixer une date subséquente pour une autre audience ou une autre
série d'auditions de la commission.
M. LAURIN: Il y a combien de mémoires encore.
M. CASTONGUAY: Il yena 44 mais parmi ces 44, je vois par exemple la
Fédération des travailleurs du Québec. Elle nous l'a
soumis hier, alors déjà cela baisse à 43 et 42, car le
premier est passé c'est vrai dans cette liste-là, la Campagne des
fédérations du Montréal métropolitain. Alors
déjà, dans la liste ici, on indique 44, mais il y en a
quelques-uns qui sont passés. Justement un, je vois, 43, c'est cette
dame qui m'a dit aujourd'hui, Mme Gertrude Arel, qu'elle ne voulait pas
être entendue. Donc, cela baisse à 41. Alors il y a une certaine
épuration, je pense, et nous pourrions demander au secrétaire de
la commission de faire les communications. Je vois, par exemple, dans la liste
au numéro 12, L'Institut Anbar. Nous avons eu l'Association des parents,
nous avons eu le Dr Voyer, peut-être que l'institut n'a rien à
ajouter à ce qu'ils nous ont dit, mais il aimera avoir un document
inscrit au journal. Alors c'est ce genre de préoccupations...
L'Université de Montréal, les Hôpitaux affiliés,
est-ce que c'est la même chose que les hôpitaux de McGill?
Si oui, je sais qu'il y a assez de communications pour qu'ils soient au
courant du mémoire. Peut-être vont-ils nous dire: Prenez-en
connaissance, on n'a pas besoin d'être entendu. Et nous entendrons, par
contre, tous ceux qui exprimeront le désir de se faire entendre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, si vous me
permettez de faire un commentaire à la suite de ce que vient de proposer
le ministre, il est entendu qu'il reste un nombre assez important d'organismes
qui ont manifesté le désir, il y a déjà quelque
temps
cependant, de se faire entendre devant la commission. Si cela est vrai
qu'il y a des organismes dans cette liste qui probablement ne manifesteront pas
le désir de venir présenter verbalement leur mémoire
à la commission, il y en a d'autres par contre qui, à ma
connaissance, insisteront pour venir présenter un mémoire. Je
pense bien qu'ils ont une représentation qui va souligner certains
points particuliers. On voit par la liste les types d'organismes. Alors, on n'a
aucune objection, au contraire, à concilier le temps qui sera mis
à notre disposition pour faciliter, à tous les organismes qui
voudront venir, leur présence à la commission parlementaire,
comme nous l'avons fait pour les cinquante organismes environ qui sont venus
jusqu'à présent. Il est intéressant de noter qu'il n'y a
pas un projet de loi, à ma connaissance, qui a suscité autant
d'intérêt et la présence d'autant d'organismes devant une
commission parlementaire.
Par contre, on pourrait dire qu'il y a beaucoup d'organismes qui se
ressemblent, ou qui sont le prolongement l'un de l'autre, où il y a des
gens qui sont les porte-parole d'organismes qui sont venus ici à
plusieurs titres et, soit une compagnie mère ou des filiales, ils sont
venus dans une organisation qui chapeautait une filiale. Alors peut-être
qu'il y aura moyen de réduire cette liste de 44 organismes environ
à une liste plus modeste, mais par contre les organismes auront tout le
loisir de s'exprimer.
Alors le secrétaire des commissions communiquera avec eux. Il ne
s'agit pas d'exercer une pression, c'est évident, pour leur demander de
s'abstenir de venir devant la commission, ce n'est pas du tout mon
intention.
M. CASTONGUAY: Ils sont objectifs, ce ne sont pas des employés du
gouvernement.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est vrai. Nous avons ici tous les
fonctionnaires qui s'occupent des travaux de la commission; ce sont des gens
très compétents et consciencieux. Il n'y a aucune pression qui
sera faite, mais nous saurons exactement les organismes qui tiennent à
venir devant la commission et qui auront un droit de parole aussi
illimité que les autres ont eu jusqu'à présent. Il ne
s'agit pas non plus de brimer qui que ce soit. J'ajouterais cependant
une suggestion à ce que vient de dire le ministre. Quand le
secrétaire fera la liste complète des organismes qui
désirent venir devant la commission, à ce moment-là,
peut-être qu'il y aura lieu de faire une petite réunion, un genre
de comité directeur avec un représentant de chacun des partis
politiques pour voir combien ça pourrait prendre de temps pour entendre
tous ces mémoires qui restent et comment ça pourrait se concilier
avec le travail sessionnel parce que nous sommes requis aussi à
l'Assemblée nationale pour d'autres travaux législatifs.
Il y a un comité directeur pour le comité de la
liberté de la presse. Je pense que ça pourrait aider à
planifier le travail de la commission. J'ajoute cette suggestion à celle
que le ministre a faite il y a un instant.
M. GUAY: M. le Président, j'endosse également les propos
du ministre mais pour autant qu'on ne ferme pas la porte à ceux qui
désirent se faire entendre. J'ai également l'impression que pour
plusieurs organismes ou plusieurs groupes, s'ils sont assurés ou s'ils
peuvent tenir pour acquis que leur mémoire sera versé en entier
au journal des Débats, à partir de ce moment-là, ça
peut être tout différent. C'est extrêmement difficile pour
nous de deviner ou de dire qu'un organisme est plus important que l'autre. Je
pense que ça serait bien mauvais d'établir des priorités
à l'intérieur de ceux qui veulent se faire entendre. Mais, comme
l'ont dit le ministre et le député de Montmagny, pour autant
qu'on ne ferme pas la porte et qu'on n'empêche pas ceux qui aimeront se
faire entendre de venir, j'endosse entièrement ces propos.
M. LAURIN : Pour ma part, je me rallie aux propositions du ministre moi
aussi.
M. CASTONGUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux sine die.
(Fin de la déance à 22 h 54).
ANNEXE A
RECOMMANDATIONS de la Campagne des fédérations du
Montréal métropolitan (1) Que l'article (lc) du bill 65
contienne une définition précise, avec statut juridique, de
l'institution privée et qu'une exception soit prévue à
l'article (2) pour couvrir ce type d'institution. 2) Que le bill 65
prévoie, au niveau régional, une division conjointe de
planification et de coordination entre le gouvernement et le secteur
privé. 3) Que soit reconnu dans le bill 65 le droit pour chaque personne
de recevoir des services dans sa langue et de consulter la ressource et le
professionnel de son choix. 4) Que toute conversion ou fusion d'institutions
soit décidée après consultation et discussion avec l'(les)
institution(s) concernée(s). 5) Que soit prévu un
mécanisme d'appel qui serait une Commission provinciale et qui aurait
sous sa juridiction les conversions, les fusions, les permis et toute plainte
présentée par un groupe ou par une personne. 6) Que le bill 65
soit amendé de façon à accorder des pouvoirs de
décision aux centres locaux de services communautaires et que ceux-ci
deviennent responsables, au niveau local, de la coordination des services
sociaux, des services de santé, d'assistance sociale, de placement et
d'éducation, soit par contrat de services tel que défini dans
l'article 45, soit par un règlement du bill 65. 7) Que le droit d'appel
pour l'annulation et la suspension de permis jouisse des mêmes
privilèges que les autres droits d'appel dans les Cours de la province.
8) Que soit déterminée l'assemblée générale
pour les centres hospitaliers, d'accueil, de service social et pour les offices
régionaux afin qu'il soit possible de procéder à une
véritable élection des membres des conseils d'administration, au
lieu des méthodes de nomination prévues dans le bill 65. 9) Qu'un
pouvoir réel et garanti soit donné à chaque
assemblée générale des institutions
préconisées. 10) Que la majorité des membres du conseil
d'administration de chaque institution soit élue parmi les membres de
son assemblée générale. 11) Que la population ait la
possibilité de se prononcer sur la qualité et l'efficacité
des services.
Les Fédérations sollicitent aussi du
gouvernement
I) une délimitation territoriale des régions
prévues dans le bill 65. La région administrative 6, telle que
définie dans l'étude du Ministère de l'Industrie et du
Commerce (1967), englobe un territoire où la population à
desservir est particulièrement nombreuse. Il faut prévoir,
à l'intérieur de la région 6, des sous-régions sous
une administration centrale et tenir compte des groupes naturels.
Il) les moyens de préserver le caractère confidentiel des
dossiers des clients, au cours des enquêtes spécifiées dans
la section 2, articles 31 et 32, et devant la Cour, tel que prévu dans
la section 5, article 113.
III) une définition des Centres de service social qui tienne
compte des besoins nouveaux et des nouvelles formes de service social
élaborées pour y répondre, v.g. l'organisation
commutaire.
IV) une prévision des différents types de services sociaux
offerts dans les centres locaux de services communautaires: services aux
individus, services aux collectivités.
V) une clarification des rôles respectifs du gouvernement et des
associations professionnelles dans l'établissement des critères
d'admission des professionnels dans les institutions.
ANNEXE B
MEMOIRE SOUMIS PAR LA CORPORATION DES DIETETISTES DU
QUEBEC
A LA COMMISSION PARLEMENTAIRE DES AFFAIRES
SOCIALES
INTRODUCTION
Fondée en 1956, la Corporation des diététistes du
Québec a été connue sous le nom de l'Association de
Diététique du Québec jusqu'en 1965.
Le but de cette association était de protéger la
population en général en surveillant l'application des principes
de la nutrition ou en éduquant le public en matière de nutrition.
Dans l'intérêt de la santé publique, il était aussi
nécessaire que la profession soit régie par une
législation qui définissait les obligations et les
responsabilités de ses membres.
Cependant, les disciplines scientifiques sur lesquelles s'appuie la
pratique de la diététique et de la nutrition ont rapidement
évolué et son champ d'activité s'est parallèlement
étendu et défini en créant des relations d'un type nouveau
avec les autres professions connexes. Cette évolution dans les
connaissances et la pratique de la diététique a permis d'en
arriver à un nouveau concept de la fonction du diététiste
et d'adapter l'orientation sociale de sa responsabilité
particulière aux nouveaux besoins et aux nouvelles structures de la
société.
Au moment où la commission d'enquête sur la santé et
le bien-être social étudiait un nouveau régime de
santé, il était devenu nécessaire de reviser certains
points de la loi de la C.D.Q.; ceux-ci étaient périmés,
déficients, et ne permettaient plus à la Corporation d'exercer
son rôle fondamental: celui de protéger la santé
publique.
C'est dans cette optique que l'on doit prendre les commentaires et
recommandations de la C.D.Q. au sujet du Bill 65. La C.D.Q. souscrit aux
objectifs majeurs de ce bill, et c'est d'ailleurs en fonction de ceux-ci
qu'elle veut surtout par le présent mémoire définir le
rôle qu'elle croit devoir y jouer.
LE BILL 65 ET LE PROFESSIONNEL
Au chapitre I, on voit que le rôle du diététiste a
évolué depuis ses débuts. Conséquemment, alors
qu'autrefois il suffisait à la C.D.Q. de contrôler le titre, il
est aujourd'hui nécessaire de lui déléguer dans une
certaine mesure le pouvoir de réglementer les conditions d'exercice de
la profession dans l'intérêt du public.
Nous sommes conscients que ce problème du contrôle de
l'exercice de la profession devrait trouver sa solution dans la
législation professionnelle qui doit être incessamment
déposée.
Par ailleurs, comment ne pas s'inquiéter devant la
définition du professionnel, telle que donnée au paragraphe (j)
de l'article 1 du Bill 65.
En effet, le paragraphe (j) de l'article 1 ne retient que les "groupe(s)
de personnes à qui la loi confère le droit exclusif d'exercer une
profession."
Mais n'est-ce pas là refuser à l'avance à la
profession de diététique cette reconnaissance avant même
d'être entendue, comme elle est en droit de s'attendre.
Il est vrai que le même paragraphe (j) de l'article 1, dans sa
deuxième partie, confère au Lieutenant-Gouverneur en Conseil le
droit de déterminer, par règlement, d'autres groupes de
professionnels; mais, on ne dit pas par quel mécanisme ce droit va
être exercé, ou à tout le moins, s'il le sera dans le cadre
de la législation professionnelle à venir.
La C.D.Q. recommande donc: 1- Que l'étude du bill 65 soit
coordonnée avec celle du code des professions et de ses lois connexes;
2- Que, subsidiairement, le bill 65 étende la définition du
"professionnel" dans l'article 1 (j) pour comprendre les membres d'un groupe
qui contrôle le titre, même s'il ne contrôle pas l'exercice
de leur profession; 3- Que la détermination de d'autres groupes de
professionnels, suivant l'article l(j), soit soumise au mécanisme
qu'instituera le code des professions et ses lois connexes.
LE BILL 65 ET LA REGLEMENTATION
Par le paragraphe (s) de l'article 133, le bill 65 donne au
Lieutenant-Gouverneur en Conseil le pouvoir de "déterminer les
règlements qu'un office ou une institution peut ou doit adopter."
Par ailleurs, l'article 162 prévoit que "les règlements
adoptés en vertu de la Loi des hôpitaux demeurent en vigueur, dans
la mesure où ils sont conciliables avec la présente loi." Il
s'agit évidemment d'une disposition transitoire normale.
Le bill 65 ne prévoit aucun mécanisme de simple
consultation préalable avec les professionnels ou directeurs de services
qui devront vivre avec les nouveaux règlements. Par contre, l'article 76
prévoit d'instituer un conseil consultatif des professionnels dans
chaque centre hospitalier et centre de service social, mais nous verrons au
chapitre III que ce conseil tel que conçu ne nous aide pas.
Cette absence de mécanisme de consultation préalable avec
les professionnels inquiète la C.D.Q. et avec raison. A titre d'exemple,
rappelons-nous des règlements de la Loi des hôpitaux
adoptés à la hâte en janvier 1969, sans consultation
préalable avec la C.D.Q., résultat: ces règlements ne sont
pas appliqués de façon systématique, et lorsqu'ils le
sont, le service de diététique en souffre.
Nous croyons nécessaire de parler de ces règlements pour
un double motif: illustrer les conséquences d'un manque de consultation
et situer lé rôle du diététiste dans le nouveau
régime de santé au moment même de l'établissement
des nouvelles structures.
On sait que les règlements de la Loi des hôpitaux placent
la diétothérapie, l'enseignement et la recherche sous la
responsabilité du directeur médical (articles 54 h et 54 j) et
l'administration des services alimentaires sous la responsabilité du
directeur des services auxiliaires (articles 69 et 71 f ).
Ce système a pour effet :
D'attribuer deux patrons à un même service, le service de
diététique, lequel n'est pas mentionné dans les
règlements; formule qui va à l'encontre d'un grand principe de
saine administration, soit l'unité de direction, l'unité de
commandement et la centralisation du contrôle. -ou-
De diviser le dit service en deux parties: soit la
diétothérapie, la recherche et l'enseignement d'une part et
l'administration d'autre part.
En outre, cette seconde alternative a pour effet de séparer la
production alimentaire globale de celle des régimes
thérapeutiques. Inévitablement, ce procédé de
décentralisation entraîne une augmentation importante du
coût d'opération, et du coût d'implantation.
A la lumière de ces réflexions, on voit que pour assurer
aux malades un traitement diététique conforme aux ordonnances
médicales, et fournir aux hôpitaux, un service de
diététique fonctionnel où la nutrition normale et
thérapeutique ont l'importance qu'elles méritent, il faut
permettre au diététiste de jouer pleinement son rôle,
toujours dans l'intérêt du public, et pour ce, il est
nécessaire de le consulter.
La C.D.Q. recommande donc: 4- Que le bill 65 prévoie un
mécanisme de consultation préalable avec les professionnels de la
santé, y compris le diététiste lors de l'étude et
de l'adoption de ses nouveaux règlements.
LE BILL 65 ET LE CONSEIL CONSULTATIF DES
PROFESSIONNELS
L'article 76 du bill 65 prévoit qu'"un conseil consultatif des
professionnels est institué dans chaque centre hospitalier et centre de
service social" et que "ce conseil est composé de tous les
professionnels exerçant leur profession dans le centre."
La C.D.Q. favorise la formation d'un tel conseil consultatif en autant
qu'il soit véritablement représentatif de toutes les professions
qui font partie du centre hospitalier et centre de service social.
La simple présence de tous les professionnels au sein d'un tel
conseil dans ces deux types d'institutions ne peut suffire à favoriser
une saine consultation. Il faut éviter que la loi du nombre l'emporte
sur le caractère représentatif des divers groupes.
Il faut "que la limitation rigide des champs d'exercice des divers
professionnels, comme mesure de protection du public, soit assouplie lorsqu'une
profession est exercée en équipe ou dans un milieu
organisé qui peut assumer la responsabilité globale des actes
posés", (7.1.6, Rapport Castonguay-Nepveu ).
Ce but ne saurait être atteint par la formation d'un conseil de
médecins et de dentistes d'une part et d'un autre formé des
autres professionnels de la santé, le tout coiffé d'un
comité exécutif composé d'un nombre égal de
représentants de chacun de ces deux conseils professionnels, tel que
recommandé par le Collège des médecins et chirurgiens de
la province de Québec. C'est pourquoi la C.D.Q. s'oppose à cette
recommandation.
Si l'on veut un travail d'équipe, il faut "qu'aucune profession
ne soit juridiquement assujettie au contrôle d'une autre profession"
(7.1.3, Rapport Castonguay-Nepveu). Il est donc essentiel que toutes les
professions fassent partie du Conseil consultatif des professionnels, à
statut égal.
La C.D.Q. recommande donc: 5- Que toutes les professions jouissent d'un
statut égal au sein du Conseil consultatif des professionnels
institué dans chaque centre hospitalier et centre de service social; 6-
Que chaque conseil consultatif en plus de faire des recommandations ait aussi
pour fonction de canaliser l'information entre les professions et le conseil
d'administration.
LE BILL 65 ET LE ROLE DU DIETETISTE DANS LES
"ORAS"
L'éducation du public en matière de nutrition et
d'alimentation rationnelle fait partie intégrale de la fonction
particulière du diététiste.
Cette éducation a pour effet direct la santé et le
mieux-être d'une population.
Le nouveau concept du rôle du diététiste et
l'orientation sociale de sa discipline cadre très bien avec les
objectifs des nouveaux offices régionaux des affaires sociales. De par
sa formation, le diététiste est le mieux habilité pour
planifier et élaborer des programmes relatifs à la nutrition,
pour voir à leur implantation et déterminer le nombre de
diététistes nécessaires à la réalisation de
ces programmes.
La C.D.Q. recommande donc: 7- Que le diététiste soit
membre du conseil d'administration de l'office régional des affaires
sociales prévu aux articles 3, 4 et suivants du bill 65 afin de:
conseiller et collaborer à l'élaboration des programmes de
développements en matière d'alimentation; évaluer
et recommander les budgets de ces services dans les différents
centres.
LE BILL 65 ET LE ROLE DU DIETETISTE DANS LES
CENTRES
Les centres, tel que défini à l'article 1 du bill 65,
accueillent l'ensemble de la population québécoise.
Pour prévenir les carences nutritionnelles au sein d'une
population et maintenir et améliorer l'état nutritionnel des
individus, ces centres devront pouvoir enseigner les principes de base d'une
alimentation saine et équilibrée.
Ce service devra avoir une double dimension: enseignement
préventif et enseignement curatif.
Le diététiste qui a pour but de servir la population en
général est le mieux formé pour donner un tel enseignement
aux collectivités et aux individus en santé ou nécessitant
une alimentation thérapeutique.
La C.D.Q. recommande donc: 8- Que le diététiste soit
responsable de l'élaboration des programmes d'enseignement de nutrition
et de diétothérapie à tous les niveaux des centres, afin
d'améliorer la qualité de l'alimentation dans toutes les couches
de la société.
LE BILL 65 ET LE DIETETISTE DANS
L'ADMINISTRATION
Le diététiste dans les centres hospitaliers a la
responsabilité du service alimentaire et doit pour bien accomplir son
rôle de gestion quotidienne favoriser l'interrelation avec les autres
services de l'institution.
Ce résultat ne saurait être atteint sans que le
diététiste soit associé de très près au
contrôle de l'administration du centre, car plusieurs décisions
des comités administratifs peuvent affecter le service alimentaire, vu
sa grande complexité, notamment :
L'aspect financier son budget, le quatrième en importance
dans l'institution, fait qu'il est intéressé à toutes
décisions prises par le directeur des finances;
L'aspect médical et infirmier le service alimentaire
contribue largement au traitement du malade et conséquemment, les
décisions du Conseil des professionnels et celles du service des soins
infirmiers, peuvent en influencer le fonctionnement;
L'aspect du personnel le grand nombre et la diversité des
employés du service alimentaire, du professionnel à la
main-d'oeuvre non spécialisée, justifie la présence du
diététiste au moment où l'on discute des politiques du
personnel.
La C.D.Q. recommande donc: 9- Que le diététiste, faute
d'être membre du comité administratif, soit à tout le moins
consulté ou avisé â l'avance de toute décision
administrative ayant une incidence directe ou indirecte sur le service
alimentaire et diététique, vu l'impact financier qu'a le budget
du service alimentaire sur le budget global et l'importance de son
interrelation avec les autres services de l'institution.
ANNEXE C
MEMOIRE PRESENTE PAR LE BARREAU DU QUEBEC
Le projet de loi vise une réforme profonde des structures et des
institutions existantes dans le domaine de la santé et des services
sociaux dans les termes et suivant les définitions les plus larges.
Le Barreau du Québec reconnaît l'effort du
législateur à repenser la structuration des services de
santé et de bien-être social dans la province; il ne
prétend pas discuter dans l'ensemble, le principe même de ces
réformes ni les aspects proprement techniques au monde de la
santé que, sans doute, les associations et les institutions
concernées examineront de plus près.
Nous mentionnerons cependant, qu'en général et dans
l'ensemble du projet de loi, (en admettant favorablement le principe qui fixe
une réforme des services impliqués dans le but d'assurer une
meilleure cohésion et un meilleur service au justiciable), le Barreau du
Québec se demande si les modalités proposées ne sont pas
d'une rigueur qui risque de mettre en échec les intentions
envisagées et il croit qu'il serait préférable de
procéder à cette réforme par étapes en mettant
davantage l'accent sur la participation active de ceux qui oeuvrent dans le
domaine. Tout en reconnaissant la nécessité de coordination, le
Barreau du Québec craint que la loi projetée ne vienne
anéantir toute initiative valable et qu'en assumant au départ une
responsabilité trop large et en anéantissant à toutes fins
pratiques les institutions existantes, l'Etat ne risque, en un trop court
délai, de faire échec à son propre désir.
D'autre part, le Barreau du Québec se doit de rappeler certains
principes de droit fondamentaux et de mentionner certaines des dispositions du
projet de loi 65 qui lui paraissent abusives, particulièrement en ce qui
concerne les droits de propriétés, les droits acquis, la
confidentialité, les pouvoirs d'enquête et la liberté des
personnes.
I DU DROIT DE PROPRIETE ET DES DROITS
ACQUIS
A) FUSION ET CONVERSION DES INSTITUTIONS
1 - Explication du projet de loi
Par le jeu des articles 41 à 50, 61, 83 à 88
inclusivement, 93 et 136, le projet de loi prévoit: a) que le ministre
des Institutions financières peut, sur la recommandation du ministre des
Affaires sociales, former en corporations par lettres patentes des institutions
publiques (article 41 ); b)ces institutions sont à toutes fins pratiques
contrôlées dans le cas d'un hôpital, d'un foyer, d'un centre
de service social, par l'Etat (article 50 et 51); la notion de membre de la
corporation est abolie et la nomination de la majorité des membres se
fait par le truchement direct ou indirect de l'Etat; c) le ministre des
Institutions financières, sur recommandation du ministre des Affaires
sociales, peut entre autres, convertir une corporation existante en une
corporation prévue aux articles 41, 50 et 51, c'est-à-dire
contrôlée par l'Etat, sans demande ni consentement de la
corporation existante et sans qu'il soit question d'indemnité ou de
modalités (articles 83 et 84); d)une exception a été faite
toutefois dans le cas d'une institution privée (corporation à but
lucratif) qui peut être fusionnée ou convertie à sa demande
aux conditions agréées entre elle et le ministre (article 85); e)
les mots "conversion ou fusion" sont des euphémismes. En fait, ils font
disparaître l'ancienne ou les anciennes corporations puisque celles-ci
cessent d'exister et que la nouvelle corporation acquiert tous les biens et
assume toutes les obligations des corporations fusionnées ou converties
(article 87 et 88); f ) l'article 93 (3ième paragraphe) prévoit
que dans les deux ans de la promulgation de la loi, pour qu'une corporation
dite publique puisse obtenir un permis d'opérer un hôpital, un
foyer ou un centre local de services communautaires, elle doit avoir
été constituée en vertu de la présente loi ou
résulter d'une conversion ou fusion prévues aux paragraphes
précédents; g) quant aux corporations dites privées, elles
gardent leurs structures corporatives; elles peuvent obtenir un permis et
opérer sous contrat avec l'Etat et même retirer une
rémunération, conformément aux règles
établies à l'article 136.
2- Conséquences réelles Toutes les
institutions maintenues par les corporations sans but lucratif (institutions
erronément définies comme "publiques") cesseront d'exister et
seront remplacées par des corporations contrôlées par
l'Etat, sans leur demande, sans leur consentement et sans mention d'une
indemnité; Le projet de loi prévoit une seule
catégorie d'institutions, celle prévue aux articles 41, 50 et 51,
avec un nombre fixe d'administrateurs nommés suivant le système
unique.
La rigueur du projet de loi va jusqu'à enlever toute
discrétion au ministre même en vue de permettre à telle ou
telle institution de continuer d'exister comme auparavant s'il le
désirait. Le processus de "fusion et conversion" prévu au
projet de loi (articles 83 et 84) est susceptible d'équivaloir dans
certains cas, à une expropriation sans indemnisation ce qui violerait le
principe fondamental du droit de propriété reconnu dans toute
société démocratique; Dans les deux ans de la
promulgation de la loi (article 93, paragraphe 3) toutes les corporations
actuelles sans but lucratif qui oeuvrent dans le domaine social et de la
santé auront cessé d'exister.
3- Recommandation
Si l'Etat persiste à vouloir conserver le principe de la fusion
des institutions hospitalières, d'hébergement et de services
sociaux, il devrait prévoir, par une modification au projet de loi, un
mode juriciaire ou quasi-judiciaire en vue de fixer les modalités et
l'indemnisation résultant d'une telle expropriation.
B) GEL DES INSTITUTIONS
1- Explication du projet de loi
L'article 45 prévoit, dans le cas d'une institution dite
publique, un contrôle serré sur les acquisitions, constructions,
locations, agrandissements; rendant illusoires les pouvoirs
conférés à cette institution.
L'article 46 prévoit l'autorisation de l'Etat pour l'utilisation
à d'autres fins d'une institution acquise en tout ou en partie
grâce à une subvention.
L'article 48 va plus loin : "Nul ne peut, sans l'autorisation du
ministre, changer la nature de l'exploitation d'une institution, ni
céder ou louer une institution en totalité ou en partie."
Donc, qu'une institution soit publique ou privée, qu'elle soit
subventionnée ou non, qu'elle s'autofinance en tout ou en partie par
l'intermédiaire de ses membres ou autrement, elle demeure obligée
d'obtenir l'autorisation du ministre seul pour changer la nature de son
exploitation, pour la céder ou la louer en totalité ou en partie.
Bien plus, à cause des mots "Nul ne peut", cet article affecte les
droits non seulement des propriétaires que ceux des locataires ou
occupants.
2- Conséquences réelles Dans la Loi des
hôpitaux actuelle, adoptée en 1962 (article 3) une disposition
semblable a été introduite gelant le droit des
propriétaires d'hôpitaux de disposer de l'entreprise sans le
consentement du ministre. De ce point de départ, le gouvernement
franchit maintenant une seconde étape par laquelle il se donne le droit
de convertir les corporations existantes en des corporations à toutes
fins pratiques contrôlées par l'Etat. L'article 48 a pour
effet de geler maintenant les biens des corporations dites privées.
On ne distingue pas s'il s'agit d'une institution qui reçoit ou
ne reçoit pas quelque aide, octroi ou subvention de l'Etat. L'article
irait donc jusqu'à s'appliquer à une oeuvre qui subsiste à
même ses propres fonds.
Cet article empêchera toute personne, dans quelque but que ce
soit, humanitaire, charitable ou même lucratif, d'organiser une
institution quelconque.
3- Recommandations
Le Barreau du Québec est d'opinion que toute disposition tendant
à assujettir à l'autorisation de l'Etat le changement de nature,
la vente, la cession d'une institution, qu'elle soit dite publique ou
privée, qu'elle soit sans but lucratif ou à but lucratif, devrait
être limitée aux institutions qui ont
bénéficié de subventions de l'Etat, à moins de
remboursement.
Il pense que cet article 48 devrait être amendé en
conséquence.
II - CONFIDENTIALITE ET POUVOIRS D'ENQUETE
1- Explication du projet de loi
Le projet de loi prévoit un office régional servant
d'intermédiaire entre le ministre et les institutions. Cet office est
administré par un conseil de 20 membres nommés pour trois ans par
le lieutenant-gouverneur en conseil après consultation des diverses
institutions de la région.
En vertu des articles 30, 31 et 32, un office régional peut
désigner une personne pour enquêter auprès d'une
institution, exiger d'elle tout renseignement qui a trait à
l'application de la loi, prendre communication de tout document de toute
institution, en faire des copies, et, s'il apparaît qu'une infraction a
été commise, saisir tout document pertinent pour que l'office en
conserve la garde.
Le ministère a également des pouvoirs d'enquête en
vertu d'autres articles du projet de loi.
2- Conséquences réelles On confie à
un office régional, qui n'est pas un organisme judiciaire ni même
quasi-judiciaire, dont les membres n'ont pas d'immunité judiciaire, des
pouvoirs d'enquête. Ces pouvoirs sont très larges,
exercés à la discrétion d'une personne, sans autorisation
judiciaire et sans qu'aucune plainte ne soit portée. L'exercice
de ces pouvoirs permet sans mandat de perquisitionner, la prise de photocopies,
la saisie de documents, encore à la discrétion de la personne
désignée. Aucune garantie n'est offerte sur la
qualité professionnelle de l'enquêteur désigné.
Ces pouvoirs risquent d'être exercés de façon trop
discrétionnaire et de mener à des abus, particulièrement
s'ils sont exercés à l'échelle régionale;
Ces pouvoirs ne sont limités par aucune disposition visant à
protéger l'aspect confidentiel de certains dossiers et à
respecter le secret professionnel, à l'exception des dispositions
contenues à l'article 35, lesquelles sont insuffisantes.
3- Recommandations
Le Barreau du Québec croit que des pouvoirs d'enquête
devraient être accordés à des enquêteurs
attitrés désignés par le ministère ou une
commission provinciale de la santé et que la saisie de documents et la
prise de copies devraient être assorties d'une autorisation judiciaire.
La seule exception qui pourrait être faite en faveur de l'organisation
régionale est le pouvoir d'enquête concernant la
comptabilité et les factures des institutions subventionnées par
le gouvernement.
Le Barreau du Québec remarque également qu'en vertu de
l'article 34, l'office et la personne désignée comme
enquêteur sont investis des pouvoirs et immunités des commissaires
nommés en vertu de la Loi des commissions d'enquête. Or, il semble
dangereux de confier de tels pouvoirs à un organisme régional
plutôt qu'à un organisme judiciaire ou quasi-judiciaire, telle une
régie ou une commission permanente.
III - REMARQUES PARTICULIERES
A) DEFINITIONS DE L'ARTICLE 1 l b) Institution publique: une
institution maintenue par une corporation sans but lucratif; l c) Institution
privée: une institution autre qu'une institution publique.
Ces définitions portent à une méprise, celle de
donner un caractère public à une corporation sans but lucratif,
alors qu'en soi une corporation sans but lucratif, n'a pas
nécessairement le caractère public qu'on lui assigne.
Essentiellement, une corporation sans but lucratif en est une dont les buts ne
sont pas d'en retirer un profit pour ses membres. Elle peut être
privée, publique ou d'intérêt public mais ce
caractère particulier d'être privée ou publique ne
dépend pas du fait qu'elle soit une corporation sans but lucratif.
De même, une corporation à but lucratif peut être
privée, publique ou d'intérêt public, telle une compagnie
de chemin de fer ou de téléphone.
En d'autres termes, la notion de corporation privée ou publique
ne dépend pas du fait qu'elle soit à but lucratif ou sans but
lucratif et le danger de poser des définitions qui ne correspondent pas
à la réalité risque d'entraîner des pertubations
graves et des discriminations sérieuses, comme d'ailleurs c'est le
cas.
B)APPEL DES SUSPENSIONS ET ANNULATIONS DE
PERMIS
Les suspensions et annulations de permis sont sujettes à un appel
devant un juge de la Cour provinciale.
Le Barreau n'aurait pas d'objection à ce qu'il n'y ait qu'un seul
appel à condition qu'il soit entendu par un banc de trois juges de la
Cour provinciale.
Quant à l'audition des appels, l'article III prévoit que
le juge en chef de la Cour provinciale en fixe péremtoirement la date
entre le trentième et le soixantième jour qui suit la production
de la requête au greffe.
Nous croyons que ce délai est trop court et qu'il doit se
rapporter au dépôt du dossier intégral et non au
dépôt de la requête. Nous suggérons que l'appel soit
entendu à compter de 60 jours après le dépôt du
dossier intégral au greffe par le ministre.
C)MESURES DISCIPLINAIRES
Parmi les mesures disciplinaires suggérées, il en est une
qui paraît particulièrement rigoureuse (article 120, paragraphe d,
127): le lieutenant-gouverneur en conseil peut, sur le rapport du ministre,
déclarer déchus les officiers ou membres d'un conseil
d'administration, ordonner la conversion ou liquidation d'une institution, dans
le cas où une institution publique ou privée subventionnée
a encouru une dépense qui n'est pas prévue au budget
approuvé par le ministre et qui n'a pas été
spécialement autorisée en vertu de l'article 136.
Cet article va très loin puisqu'en définitive, une
institution peut être forcée d'encourir une dépense.
D'autre part, le ministre peut retarder l'approbation nécessaire et
urgente. Enfin, un administrateur qui approuve une dépense peut ne pas
être au courant si elle fait partie ou non du budget.
Que les dépenses non approuvées mènent à une
sanction, cela va de soi. Mais le Barreau se demande si une telle infraction
peut aller jusqu'à apporter la déchéance des membres du
conseil d'administration, d'officiers et de l'institution elle-même.
Enfin, en vertu de l'article 147, un administrateur peut être
pénalisé s'il a autorisé l'accomplissement d'une
infraction.
LE TOUT RESPECTUEUSEMENT SOUMIS, LE BARREAU DU QUEBEC.
ANNEXE D
MODIFICATIONS SUGGEREES ET COMMENTAIRES PRESENTES PAR
LE CENTRE D'ORIENTATION
Article 1. article 1. b)"institution publique": une institution main- b)
"institution publique" une institution maintenue par une corporation sans but
lucratif; tenue par une corporation sans but lucratif, selon les
modalités de cette loi; article 1. . article 1. d) "institution
privée subventionnée": toute d) "institution privée
subventionnée": institution privée qui a conclu avec le ministre
i) une institution maintenue par une corpo-une entente prévue à
l'article 136; ration sans but lucratif, qui reçoit des fonds de source
privée auxquels s'ajoute une subvention gouvernementale selon une
entente conclue avec le ministre; ii) une institution privée qui a
conclu avec le ministre une entente prévue à l'article 136;
Commentaire: la définition du terme "institution publique"
devrait être modifiée pour permettre à certaines
institutions privées qui reçoivent des fonds de deux sources,
c'est-à-dire une subvention gouvernementale et des fonds de source
privée, de continuer à être maintenue par des corporations
sans but lucratif (selon la troisième partie de la Loi des Compagnies).
article 4. Un office a pour fonctions: article 4. Un office a pour fonctions:
a) d'assurer des communications soutenues en a) d'assurer des communications
soutenues entre le public, le ministre et les institutions tre le public, le
ministre et les institutions établies dans la région pour
laquelle il est publiques et privées subventionnées
établies institué; dans la région pour laquelle il est
institué; article 5. article 5. c)la meilleure utilisation possible des
ressources c) là meilleure utilisation possible des ressources
disponibles et le meilleur contrôle possible des disponibles, autant
celles des institutions pricoûts et de la qualité des services.
vées subventionnées que celles des institutions publiques, et le
meilleur contrôle possible des coûts et de la qualité des
services;
Commentaire: il serait souhaitable que s'établisse une
réelle communication et une collaboration entre le public, le ministre,
et toutes les institutions publiques et privées subventionnées
établies dans la région pour laquelle l'ORAS est institué.
L'institution privée subventionnée qui doit soumettre son budget
chaque année (article 137) à l'ORAS de sa région, devrait
se maintenir en communication constante avec l'office pour que ses services
tiennent compte de l'évolution des besoins de la région
desservie. Cette institution devrait également, par le truchement de
l'ORAS, collaborer avec les autres institutions régionales. L'ORAS
pourrait établir des conventions relatives aux services que cette
institution est habilitée à dispenser. article 9. article 9.
d)pour trois d'entre eux, des centres de service d) pour deux d'entre eux, des
centres de service social; social; e)pour trois d'entre eux, des centres
d'accueil; e) pour deux d'entre eux, des centres d'accueil;
f) pour six d'entre eux, des groupes socio-économiques les plus
représentatifs. article 45. a)conclure avec tout office, toute autre
institution ou tout autre organisme des conventions relatives aux services que
l'institution a pour fonction de dispenser; article 83. b)toute autre
corporation, quelle que soit la loi qui la régit, ayant des objets
similaires. article 85.
Une institution privée ne peut être fusionnée ou
convertie en vertu des articles 83 ou 84 qu'à sa demande et aux
conditions agréées entre elle et le ministre, qui doit
préalablement prendre l'avis de l'office dans le territoire duquel sont
situés les établissements maintenus par les corporations en
cause. article 93.
Un permis ne peut être délivré, sauf dans le cas
d'une institution privée, qu'à une corporation n'ayant pas
d'autre objet que celui de maintenir une institution. f) pour deux d'entre eux,
des institutions privées subventionnées à but non
lucratif; g) pour six d'entre eux, des groupes socio-économiques les
plus représentatifs. article 45. a) conclure avec tout office, toute
autre institution publique ou privée subventionnée ou tout autre
organisme des conventions relatives aux services que l'institution a pour
fonction de dispenser;
Commentaire: pour assurer une collaboration efficace entre les services
dispensés à la population de la région par les
institutions privées subventionnées aussi bien que par les
institutions publiques, ainsi que pour maintenir les coûts et la
qualité de ces services au meilleur niveau possible par l'effet d'une
saine émulation entre ces institutions, il est nécessaire que des
membres représentant les institutions privées
subventionnées à but non lucratif puissent être
nommés au conseil d'administration de l'ORAS. article 83. b) toute autre
institution publique, quelle que soit la loi qui la régit, ayant des
objets similaires. article 85.
Une institution privée subventionnée à but non
lucratif ne peut être fusionnée ou convertie qu'à sa
demande et aux conditions agréées entre elle et le ministre, qui
doit préalablement prendre l'avis de l'office dans le territoire duquel
sont situés les établissements maintenus par les corporations en
cause.
Commentaire: une corporation privée à but non lucratif,
régie selon la troisième partie de la Loi des Compagnies, ne
devrait pas être soumise à la possibilité d'être
fusionnée à une autre corporation ou convertie à d'autres
fins parce qu'elle poursuit des objets similaires à une institution
publique, par décret selon le bill 65. article 93. (à
clarifier)
Commentaire: l'article 93 serait à clarifier. A partir des notes
explicatives du bill 65, dernier paragraphe, il est dit: "Toute institution
publique ou privée devra, pour pouvoir dispenser des services de
santé ou des services sociaux, détenir un permis
délivré par le ministre." Dans l'article 93 même, il est
dit: "Un permis ne peut être délivré, sauf dans le cas
d'une institution privée, qu'à une corporation n'ayant pas
d'autre objet que celui de maintenir une institution. De toute manière,
après clarification à savoir si une institution privée
doit ou non obtenir un permis pour pouvoir dispenser ses services, pour plus de
précision en ce qui a trait à la délivrance des
article 95.
Tout permis doit indiquer les classes d'activité que son
détenteur est autorisé à exercer et les limites à
l'intérieur desquelles il peut les exercer. article 96.
Toute corporation qui sollicite un permis doit transmettre sa demande au
ministre dans la forme prescrite par les règlements, accompagnée
des documents prévus par les règlements. Le ministre
délivre le permis si la corporation requérante remplit les
conditions prescrites par la présente loi et les règlements.
article 104.
Le ministre peut suspendre ou révoquer le permis de toute
institution qui : a) a commis une infraction à la présente loi ou
aux règlements; article 133.
(voir p. 32 du bill 65) permis, il serait bon d'ajouter les deux genres
d'institutions privées selon l'article modifié 1-d). Cette
modification est d'autant plus essentielle que le Centre d'Orientation poursuit
des buts multiples. article 95.
Tout permis doit indiquer les classes d'activité que son
détenteur est autorisé à exercer et les exigences
minimales requises pour offrir ses services.
Commentaire: pour laisser â des institutions hautement
spécialisées tel le Centre d'Orientation une certaine latitude
dans leurs champs d'applications, il serait nécessaire de deviser des
critères pour la délivrance des permis qui ne nuiraient pas
à de telles initiatives en leur imposant un cadre trop restreint
d'activités. Ces critères devraient porter sur les exigences
minimales requises pour offrir ces services et non sur les limites de
l'activité exercée. article 96. (à modifier) article 104.
(à modifier)
Commentaire : ces articles sont à modifier parce que les
conditions précitées par la présente loi et les
règlements ne sont pas applicables intégralement à une
institution privée maintenue par une corporation à but non
lucratif selon la troisième partie de la Loi des Compagnies. article
133.
Les items suivants sont à modifier: a);b);e);g);
j);k);p);q);r).
Commentaire : pour laisser une certaine initiative et de la
créativité à des institutions dont les réalisations
ont fait preuve d'une compétence reconnue internationalement, il serait
nécessaire de deviser des règlements qui seraient aptes à
préserver et à favoriser une productivité en continuelle
évolution. De tels règlements, bien qu'ils puissent être
appliqués à bon nombre d'institutions pour maintenir un minimum
de qualité, ne devraient pas être utilisés pour enrayer le
dynamisme de certaines institutions pilotes comme le Centre d'Orientation qui
apportent les innovations et les développements souhaités dans
les domaines de la pratique professionnelle et de la recherche
appliquée.
article 136.
(voir p. 33 du bill 65)
Corollaire: Certaines précisions s'imposeraient aux articles
suivants: article 105.
Le ministre doit, avant de prononcer l'annulation ou la suspension d'un
permis, donner au détenteur l'occasion d'être entendu. D doit
aussi notifier par écrit sa décision, en la motivant, à la
personne dont il suspend ou annule le permis. article 120. c)(voir p. 29 du
bill 65) d)si une institution publique ou une institution privée
subventionnée a encouru une dépense qui n'est pas prévue
au budget approuvé par le ministre ou qui n'a pas été
spécialement autorisée en vertu de l'article 137. article
137.
Toute institution publique ainsi que toute institution privée
subventionnée doit soumettre chaque année à l'office de la
région dans laquelle elle est située, avant la date que le
ministre prescrit, son budget pour l'année financière suivante.
Ce budget est sans effet tant qu'il n'est pas approuvé par le ministre.
article 138.
(voir p. 34 du bill 65) article 136. (à modifier)
Commentaire: cet article doit être modifié pour permettre
aux institutions privées subventionnées de continuer à
être maintenues par des corporations sans but lucratif,
propriétaire de leur immeuble. L'article prévoit le cas des
institutions privées subventionnées à but lucratif mais
non le cas des institutions privées subventionnées à but
non lucratif. article 105. (à préciser)
Commentaire: il faudrait préciser par qui le détenteur
d'un permis doit être entendu avant que le ministre ne prononce
l'annulation ou la suspension de son permis. article 120. c)(à modifier)
d)si une institution publique ou une institution privée
subventionnée ne s'est pas conformée aux politiques
prévues dans l'administration du budget approuvé par le ministre
ou n'a pas fait spécialement autoriser une dépense majeure en
vertu de l'article 137. article 137.
Toute institution publique ainsi que toute institution privée
subventionnée doit soumettre chaque année à l'office de la
région dans laquelle elle est située, avant la date que le
ministre prescrit, son budget pour l'année financière suivante.
Ce budget est sans effet tant qu'il n'est pas approuvé par le ministre
selon des critères et des normes définis et connus à
l'avance. article 138.
(à modifier pour les mêmes raisons que l'article 120)
ANNEXE E
RECOMMANDATIONS PROPOSEES PAR L'ASSOCIATION DES
PSYCHO-EDUCATEURS DU QUEBEC INC.
Suite à notre étude du bill 65, nous recommandons que les
articles suivants soient modifiés pour une meilleure organisation des
services sociaux et des services de santé et pour une meilleure
réalisation des objectifs de décentralisation et de
démocratisation que se propose le législateur dans le
présent projet de loi.
Recommandation I
Que la définition de "centre d'accueil", à l'article 1 i,
soit modifiée de façon à établir une distinction
nette et précise entre les organismes chargés de
rééducation à court et à long terme. Ces deux
genres d'organismes supposent une population, une organisation et un personnel
différents quant à leurs buts et aux moyens de les atteindre. Que
la définition de tous les organismes de rééducation soit
suffisamment précise pour éviter toute confusion.
Recommandation II
Nous recommandons que l'article 1 j soit modifié pour qu'il
puisse se lire ainsi:
Professionnel: Toute personne détenteur d'un diplôme
décerné par une université reconnue dans les domaines des
sciences de la santé, du service social de la psychologie et de la
psycho-éducation et qui est membre d'un groupement professionnel
responsable au public des services rendus par ses membres.
En abordant l'étude du présent projet de loi, article par
article, nous croyons nécessaire de recommander une revision partielle
des pouvoirs dévolus au Ministre et au lieutenant gouverneur en Conseil.
Ces pouvoirs nous semblent tellement vastes qu'ils seraient de nature à
bloquer des initiatives locales ou régionales à empêcher la
démocratisation effective des structures et parfois à paralyser
l'action. Il nous semblerait opportun de décentraliser le pouvoir de
décision au même titre que le pouvoir d'administration tel que
nous l'avons souligné auparavant.
Recommandation III
C'est en ce sens que nous recommandons d'éliminer à
l'article 4 les restrictions apportées au pouvoir des Oras et remettant
au Ministre les "pouvoirs que la présente loi permet à un office
d'exercer mais que ses lettres patentes ne lui confèrent pas." Nous
croyons que tous les Oras, s'ils veulent remplir véritablement les
fonctions qu'on leur destine, doivent être égaux devant le
législateur et posséder tous les pouvoirs prévus dans la
loi.
A l'article 45, l'on donne les pouvoirs d'un Conseil d'administration.
L'on termine le présent article par le paragraphe qui suit: "Une
institution ne peut cependant acquérir, construire, louer, agrandir,
transformer ou aliéner un immeuble ni entreprendre ou cesser d'exercer
son ctivité sans l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil,
elle ne peut non plus exercer les pouvoirs mentionnés aux paragraphes A
à E sans l'autorisation du Ministre." Nous croyons qu'une
régionalisation des services sociaux et des services de santé
doit permettre à une Corporation de prendre en charge le paragraphe A de
l'article 45 en accord avec son office régional. En fait, nous croyons
qu'une institution peut en accord avec l'office de sa région conclure
avec toute autre institution ou tout autre organisme des conventions relatives
aux services que l'institution à pour fonction de dispenser; et ce, sans
référer nécessairement au Ministre.
Recommandation IV
Nous recommandons donc que l'article ci-haut mentionné se lise
maintenant comme suit: "Une institution ne peut cependant acquérir,
construire, louer, agrandir, transformer ou aliéner un immeuble ni
entreprendre ou cesser d'exercer son activité sans l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en Conseil; elle ne peut non plus exercer les pouvoirs
mentionnés aux paragraphes B à E sans l'autorisation du
Ministre.
Les prochaines recommandations sur certains articles concerneront plus
spécifiquement la formation des Conseils d'administration et
l'élection des directeurs généraux.
Recommandation V
Nous recommandons une définition plus précise du
paragraphe F de l'article 9 pour que nous sachions bien ce que l'on entend par
groupes sociaux-économiques les plus représentatifs.
Recommandation VI
Nous recommandons de modifier le paragraphe A de l'article 49. Nous
recommandons donc que les cinq personnes élues pour quatre ans par la
population du territoire desservi par le centre soient élues, non pas
suivant les règles et la procédure établies à cette
fin par règlement de l'office de la région dans laquelle le
centre est situé, mais suivant les règles et la procédure
démocratique établies à cette fin dans les
règlements du présent projet de loi: Nous souhaitons ainsi
être assuré d'un mode démocratique standard
d'élection applicable à tous les Oras.
Recommandation VII
Dans la formation des Conseils d'administration des institutions
mentionnées à l'intérieur du présent bill, nous
recommandons l'augmentation du nombre d'administrateurs élus par le
peuple et les divers organismes d'une région au profit du nombre
d'administrateurs nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil,
même après consultation. Nous recommandons d'accentuer la
démocratisation comme le souhaite le législateur, d'assurer une
meilleure participation des organismes régionaux et de prendre les
moyens pour intéresser la population à ces
responsabilités.
Recommandation VIII
Pour assurer une meilleure participation de la population et pour
permettre de découvrir les meilleures compétences possibles, nous
recommandons que le premier paragraphe de l'article 24 se lise comme suit: "Le
Directeur général d'un office est nommé pour une
période déterminée qui ne peut excéder dix ans, par
le lieutenant-gouverneur en Conseil recommandation du Conseil de l'office
à la suite d'un concours public tenu conformément à la loi
de la fonction publique.
Recommandation IX
Afin de protéger les droits des individus qui seront
référés aux diverses institutions, nous croyons
nécessaire que l'article 30 soit modifié. Nous demandons une
modification au droit de regard de l'enquêteur désigné par
l'office sur les documents en possession d'une institution. Nous recommandons
de modifier cet article afin de préserver le droit à la
confidentialité et au secret professionnel. Si une enquête
administrative est demandée, que le droit de regard de l'enquêteur
se limite aux documents administratifs. Par contre, si une enquête sur la
qualité du traitement est demandée, que l'enquêteur,
spécialisé dans le domaine, soit lié par le secret
professionnel et puisse enquêter sur le traitement tout en
protégeant le droit à la confidentialité des sujets
référés à l'organisme qui fait l'objet d'une telle
enquête.
Recommandation X
Etant donné le mandat confié à un centre de
rééducation, nous demandons, comme nous l'avons mentionné
plus haut, d'étendre le Conseil consultatif des professionnels au centre
d'accueil.
Conséquemment, nous recommandons que l'article 76 puisse se lire
ainsi: "Un Conseil consultatif des professionnels est institué dans
chaque centre hospitalier, chaque centre de service social et chaque centre
d'accueil.
Ce conseil est composé de tous les professionnels exerçant
leur profession dans le centre.
Il a pour fonction de faire des recommandations au Conseil
d'administration sur l'organisation scientifique et technique du centre.
Le Conseil consultatif élit chaque année un
président parmi ses membres."
Recommandation XI
Conséquemment à la recommandation de modifier l'article
76, nous demandons également la modification de l'article 63. Nous
recommandons que l'article 63 se lise comme suit: "L'administration courante
d'une institution publique relève d'un comité administratif
formé du directeur général de l'institution et de quatre
membres du Conseil de l'institution nommés annuellement par ce Conseil
réuni en assemblée générale. Dans le cas d'un
centre hospitalier, d'un centre de service social ou d'un centre d'accueil, le
président du Conseil des professionnels est aussi membre du
comité administratif ex officio.
Au moins un et pas plus de deux professionnels exerçant dans
l'institution doivent faire partie du comité administratif.
Recommandation XII
Comme l'article 73 limite le directeur général à de
l'administration pure et simple et
conséquemment à nos recommandations faites aux articles 76
et 63, nous recommandons que l'article 77 puisse maintenant se lire comme suit:
"Le Conseil d'administration de tout centre hospitalier, de tout centre de
service social ou de tout centre d'accueil doit nommer un directeur des
services professionnels après avoir pris l'avis du Conseil des
Professionnels".
Compte-tenu des besoins de formation du personnel professionnel dans le
domaine bien spécifique de la rééducation, il devient
indispensable que certains centres de rééducation puissent
participer à la formation de ce personnel professionnel en collaboration
avec les institutions d'enseignement qui offrent cette
spécialité. Le présent projet de loi doit viser à
garantir dans les centres d'accueil un haut standing du traitement offert
à ceux qui y sont référés.
Il en est de même de la recherche. Notre profession tient à
offrir des approches qualitatives à la population qui nous est
confiée en améliorant les techniques rééducatives.
Aujourd'hui, grâce à des recherches qui ont été
menées dans des centres de rééducation, en collaboration
étroite avec des organismes universitaires, des jeunes inadaptés
pourront reintégrer la société et y découvrir leurs
rôles propres alors que cette possibilité leur était
inconnue il y a à peine une décennie si non pour un très
petit groupe d'entre eux.
Ce souci de la recherche dans le domaine de la rééducation
demeure bien constant pour nous. Notre profession profite de l'apport
très important d'un centre d'approfondissement professionnel. Ces acquis
appréciables dans le domaine de la rééducation demeurent
un facteur important dans la montée vivante et bien actuelle d'une jeune
profession.
En effet, si nous voulons offrir à la population des jeunes
inadaptés des services susceptibles d'apporter une réponse
valable aux besoins bien spécifiques qu'ils expriment, il nous faudra
garantir deux outils indispensables que nous nous sommes donnés à
savoir: une formation professionnelle dynamique et un souci constant de
recherche.
Recommandation XIII
En regard de ces objectifs, nous recommandons que l'article 82 soit
modifié pour se lire maintenant comme suit: "En outre des services qu'il
peut offrir en égard à la classe à laquelle il appartient,
un centre hospitalier, un centre de service social ou un centre d'accueil peut
offrir des services d'enseignements et de recherche s'il est relié par
contrat à une institution d'enseignement qui est reconnue par le
Ministre de l'éducation; les termes de ce contrat doivent toutefois
être approuvés par le Ministre des Affaires sociales et par le
Ministre de l'Education."
Enfin, nous ne pouvons absolument comprendre la valeur de certains
paragraphes de l'article 133. Il nous a été impossible de saisir
l'opportunité de centraliser certains pouvoirs au lieutenant-gouverneur,
pouvoirs qui nous semblent relever de tout organisme responsable ayant le souci
de l'accomplissement du mandat qu'il assume en se donnant les règlements
internes qui favorisent la réalisation des objectifs poursuivis.
Recommandation XIV
Nous recommandons que les paragraphes i, j, k, q, de l'article 133
soient éliminés ou qu'on indique dans quelles circonstances
extraordinaires ils doivent être mis en application.
Conclusion:
En terminant, nous tenons à réitérer notre appui
à l'esprit de démocratisation inclus au bill 65. Les quelques
modifications que nous suggérons se veulent fidèles à cet
esprit. Comme groupement professionnel, nous nous tenons à la
disposition du législateur pour toutes consultations ou collaborations
qu'il souhaiterait de notre part.
L'Association des psycho-éducateurs du Québec
(Signé): Charles-H. Thériault, ps. é.
Président.