Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des Affaires sociales
Projet de loi no 65 - Loi de l'organisation des
services
de santé et des services sociaux
Séance du jeudi 25 novembre 1971
(Seize heures huit minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Bill 65. M. Castonguay a un commentaire à faire.
Avis du Conseil des affaires sociales et de la
famille
M. CASTONGUAY: M. le Président, avant de commencer l'audition des
organismes, j'aimerais distribuer aux membres de la commission un commentaire
que j'ai reçu du Conseil des affaires sociales et de la famille sur le
bill 65. Je crois que c'est au cours des discussions de la commission qu'il
avait été mentionné qu'il pourrait être utile de
demander l'avis de ce conseil. Je l'ai fait, étant donné que le
conseil en est encore ou n'en était qu'à ses débuts,
vraiment, au moment où cet avis a été donné,
où cette demande a été formulée. On m'a remis un
avis qu'on me dit ne pas être aussi complet, aussi fouillé qu'on
l'aurait voulu et qu'on ne le considère pas comme étant un avis
disons au sens de la loi du Conseil des affaires sociales et de
la famille.
Malgré ces réserves que les membres du Conseil des
affaires sociales et de la famille ont voulu exprimer, j'ai cru qu'il serait
utile de distribuer ce document aux membres de la commission parlementaire.
Avant de le faire, toutefois, j'ai communiqué avec le président,
toujours compte tenu du fait que le conseil nous dit dans ce document ne pas
avoir, au moment où l'avis lui a été demandé,
l'organisation qui lui aurait permis autrement de donner un avis
réellement conforme aux dispositions de la loi.
Je demande qu'on distribue ce document aux membres de la commission.
Document sur l'enfance inadaptée
M. CASTONGUAY: De plus, même si ceci n'est pas relié
directement au bill 65 mais vu qu'il s'agit d'un sujet extrêmement
important, c'est-à-dire l'orientation des politiques et programmes pour
l'enfance inadaptée au Québec, compte tenu du fait qu'il y a
environ 200,000 enfants que l'on peut considérer comme faisant partie de
l'enfance inadaptée, compte tenu également du fait qu'il y a
quelques années un livre blanc avait été publié sur
la question et que nous avons poursuivi notre travail comme nous l'avions
mentionné au moment de l'étude du budget, nous avons en main un
document de travail sur l'enfance inadaptée qui a été
préparé au sein du ministère des Affaires sociales.
Ce document sera communiqué demain par le sous-ministre à
l'occasion d'un congrès de la Fédération des services
sociaux à la famille, comme document de travail et non pas comme
politique définitive du ministère, parce que nous croyons qu'il
doit faire l'objet de discussions, être complété,
être nuancé au besoin. Mais avant qu'il soit rendu public, j'ai
cru qu'il serait opportun de saisir cette séance de la commission pour
en remettre une copie à chacun des membres de la commission.
Demain également, des copies seront envoyées aux media
d'information et à la presse spécialisée. Je demande
également, même si la séance n'avait pas pour but
l'étude de cette question, qu'on distribue une copie de ce document de
travail.
Mémoires annexés au journal des
Débats
M. CASTONGUAY: M. le Président, lors de la dernière
séance, nous avions convenu que nous demanderions au secrétaire
des commissions de communiquer avec tous les organismes qui n'avaient pu encore
se faire entendre relativement au projet de loi 65.
Le secrétaire des commissions s'est acquitté de ce mandat
et plus d'une vingtaine d'organismes ont demandé que leur mémoire
soit annexé au journal des Débats. Ils ont dit qu'étant
donné la teneur de leur mémoire et le fait que le projet de loi
avait été discuté de façon très approfondie,
ils ne jugeaient pas utile ou nécessaire de se faire entendre par la
commission.
Je voudrais remercier ces organismes de leur collaboration et je pense
bien qu'avec la permission des membres de la commission, nous pourrons demander
que ces mémoires soient versés au journal des Débats.
*
Quant aux autres organismes, la plupart nous ont dit qu'ils voulaient se
faire entendre pour mettre en relief un point particulier de leur
mémoire, craignant que, malgré les discussions très
longues sur le bill 65, cet aspect particulier de leur mémoire pourrait
passer inaperçu.
Nous avons aujourd'hui une vingtaine d'organismes qui ont
été convoqués. Compte tenu de l'entente que nous avions
faite, nous allons poursuivre cet après-midi et ce soir jusqu'à
ce que tous les organismes aient été entendus.
Je demanderais la collaboration de chacun des porte-parole des
organismes pour que les présentations soient aussi brèves que
possible. Nous avons vos mémoires en main. Nous les avons
étudiés ou nous allons les étudier, attentivement; vous
pouvez en être assurés. Je vous demande cette collaboration de
telle sorte que ceux dont les noms apparaissent les derniers sur * Ces
mémoires seront publiés en annexe à la suite de la
prochaine réunion de la commission permanente des Affaires sociales.
la liste puissent se faire entendre également aujourd'hui et que
ce soit à une heure raisonnable, non trop tardive ce soir ou dans la
nuit. Merci, M. le Président.
M. LAURIN: J'ai un simple commentaire, pour marquer le plaisir qu'a
ressenti la commission de recevoir autant de mémoires et le regret
où nous sommes de ne pas pouvoir y accorder toute l'attention que nous
accordons habituellement, en ce qui concerne les audiences, les discussions et
le dialogue qui s'engagent, car la raison impérieuse qui nous demande
d'agir ainsi, c'est que la population a besoin au plus tôt d'un projet de
loi de ce genre qui va rendre tellement de services. C'est en raison de cet
impératif que nous demandons, au fond, aux organismes qui se
présentent ici de nous excuser pour ce tempo peut-être un peu plus
rapide qui sera le nôtre à l'occasion de cette dernière
séance.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous désirez dire un mot?
M. BOIS: On est prêt à coopérer pour que les gens
puissent être entendus.
M. LE PRESIDENT: J'invite les représentants de la Faculté
de médecine de l'Université de Sherbrooke. Je demande à
tous ceux qui présentent un mémoire de bien vouloir
s'identifier.
Faculté de médecine de
l'Université de Sherbrooke
M. MALTAIS: M. le Président, je suis Roger Maltais, prêtre
et d'une époque qui permettait comme une chose courante qu'on
reçoive, à un moment donné, le titre de monseigneur.
Je représente le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.
Le centre hospitalier est une entité réelle, mais non juridique,
qui est formée justement de deux entités juridiques, la clinique
de l'Université de Sherbrooke et l'Université de Sherbrooke
elle-même, dont le secteur immédiatement intéressé
par notre démarche d'ajourd'hui est la faculté de
médecine.
Je suis président du conseil d'administration de la clinique de
l'Université de Sherbrooke et recteur de l'université. Je suis
accompagné, à mon extrême droite, du Dr Théodore
Lévesque, secrétaire de la faculté de médecine; du
Dr Victor Marchessault, directeur de la division des sciences cliniques
à la faculté de médecine et directeur médical
à la clinique; du Dr Richard Béland, directeur du
département des sciences du comportement à la faculté; du
Dr Gilles Pigeon, vice-doyen de la faculté de médecine et,
à ma gauche, de Mme Madeleine Côté, directrice
générale de la clinique de l'université; du Dr Jules
Lamarre, membre du conseil d'administration de l'université, et du Dr
Claude Lanctôt, directeur de la division de médecine sociale.
L'idée de préparer un mémoire nous est venue de
certaines dispositions du projet de loi 65 qui, à notre avis; nous
empêcheraient de poursuivre jusqu'à son niveau de perfection que
nous considérons nécessaire l'unification de ce complexe
formé de la clinique et de la faculté. Ce travail s'est fait en
collaboration et sous la responsabilité immédiate du vice-doyen
de la faculté, le Dr Gilles Pigeon.
Comme vous nous avez demandé d'être aussi ad rem que
possible pour pouvoir être aussi brefs que possible, je ne puis trouver
personne de mieux informé des fins détails du mémoire et
de ses points saillants que celui qui a présidé à sa
rédaction. C'est pourquoi, si vous me le permettez, je passerai la
parole au Dr Pigeon.
M. PIGEON: M. le Président, dans l'esprit de l'organisation des
services de santé et des services sociaux, l'article 2 du bill 65
stipule que la loi s'appliquera à toutes les institutions. Il est donc
évident que celles où il se donne de l'enseignement sont
également impliquées. Il est également évident que
le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke y est aussi
impliqué.
Le comité des doyens des facultés de médecine du
Québec a eu l'occasion, récemment, devant cette même
commission de souligner l'extrême importance de prévoir et de
favoriser, dans le projet de loi soumis, la mission d'enseignement et de
formation universitaire au niveau des hôpitaux d'enseignement. A cette
occasion, M. le ministre des Affaires sociales, dans ses commentaires, a cru
bon de faire sienne une suggestion du mémoire du comité des
doyens des facultés de médecine en rappelant, et je cite, "qu'il
est important que la loi projetée consolide ce qui est acquis tout en
étant assez souple pour permettre l'exploration de nouvelles
formules."
Nous croyons acquise la réalité du Centre hospitalier
universitaire de Sherbrooke composé de la faculté de
médecine de l'Université de Sherbrooke qui a débuté
en 1966 et de la clinique de l'Université de Sherbrooke, hôpital
universitaire intégré qui a ouvert ses portes en 1969. Aussi,
nous avons pensé, M. le Président, dans le mémoire que
nous vous soumettons aujourd'hui, vous rappeler néanmoins que cette
réalité du Centre hospitalier universitaire vit dans deux
structures, l'une émanant du conseil d'administration de
l'Université de Sherbrooke et l'autre, du conseil d'administration de la
Clinique de l'Université de Sherbrooke et qu'il faut pallier
quotidiennement les inconvénients des deux structures tout en
poursuivant un objectif unique: l'amélioration de la santé de la
population et les progrès des sciences de la santé sans avoir une
unité de direction; le bill 65, dans sa version actuelle, ne nous permet
pas d'espérer une solution permanente à nos
difficultés.
Vous me permettrez donc, M. le Président, en conclusion, de
rappeler seulement la recommandation de notre mémoire:
Considérant que la clinique de l'Université de Sherbrooke
est un hôpital universitaire intégré qui reconnaît
comme buts principaux l'enseignement et la recherche, bien que devant fournir
les meilleurs soins possibles aux malades;
Considérant que la faculté de médecine et la
clinique de l'Université de Sherbrooke ont été
conçues à l'origine comme une seule institution: le Centre
hospitalier universitaire de Sherbrooke;
Considérant que cette conception a permis le recrutement d'un
corps professoral et professionnel reconnu;
Considérant que l'arrivée de ces professionnels de la
santé a permis de donner à la région des Cantons de l'Est
des soins tertiaires et des soins régionaux dont elle était
dépourvue auparavant ;
Considérant que l'assemblée des professeurs de la
faculté de médecine et non seulement le bureau médical a
contribué à faire du centre hospitalier universitaire le berceau
de la planification régionale des services de santé au
Québec et considérant que ces deux institutions sont physiquement
réunies et partagent des services communs;
Considérant les multiples efforts d'intégration qui ont
été poursuivis jusqu'à maintenant;
Considérant que le bill 65 détruira entièrement les
mécanismes qui ont difficilement été vécus
jusqu'ici pour assurer cette intégration, obligerait à de
nouveaux prodiges de coexistence constructive et consacrerait deux institutions
séparées;
Nous recommandons que des dispositions soient prises pour permettre une
intégration totale de la faculté de médecine de
l'Université de Sherbrooke et de la clinique de l'Université de
Sherbrooke en une seule entité: le Centre hospitalier universitaire de
Sherbrooke, afin d'assurer l'établissement d'une unité de
direction indispensable à la poursuite de ces objectifs.
M. le Président, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je crois qu'il est
approprié de faire un commentaire. Nous savons que le Centre hospitalier
universitaire de l'Université de Sherbrooke a voulu, comme on l'indique
dans le mémoire, développer à la fois la faculté de
médecine et le centre hospitalier d'une façon aussi
intégrée que possible.
On nous rappelle également ce que j'ai mentionné lorsque
les représentants des hôpitaux d'enseignement de
l'université McGill ont soumis leur mémoire. Il y a toutefois une
dimension qu'il me semble nécessaire d'introduire dans la
considération dé cette question. C'est que le centre hospitalier
universitaire rend des services à la population et que c'est la
principale institution dans cette région; il nous faut nous assurer que
ces services soient adaptés le plus possible aux besoins de la
population. Pour ce faire, il nous semble qu'une structure qui permet,
justement, la représentation de la population, des
intéressés au fonctionnement du centre hospitaliter est un
objectif valable, d'autant plus que les personnes qui sont formées dans
ce centre doivent et devront recevoir un enseignement qui est adapté le
plus possible aux modes de distribution de soins tels qu'on les rencontre dans
tous les autres centres, dans tous les autres endroits où ils seront
appelés à les pratiquer.
Alors, pour concilier à la fois ce désir de permettre une
intégration aussi grande que possible pour le bon fonctionnement
à la fois de la faculté et du centre hospitalier et aussi cette
exigence que les mécanismes de distribution de soins soient aussi bien
coordonnés que possible avec les autres institutions dans le territoire,
soient aussi adaptés que possible aux besoins de la population, je crois
que, de façon générale, les structures proposées
dans le bill 65 doivent demeurer. Quitte à ce que l'on y introduise des
mécanismes un peu plus souples que ceux prévus dans le bill 65,
pour faciliter la liaison au plan du fonctionnement quotidien des deux
institutions.
Ce serait également ignorer un autre problème à mon
avis qui est important, c'est celui des sources diverses de financement pour
les fins de service de santé, les fins d'éducation et pour les
fins de recherches. Je crois que, sur ce plan-là également, il
est assez important que l'on puisse identifier clairement les coûts, les
contributions etc., qui vont à chaque secteur.
Je ne rejette pas, au contraire, les propositions ou l'objectif
visé, dans la recommandation qui nous est faite dans ce mémoire,
mais je crois que nous devons le poursuivre par une modalité quelque peu
différente de celle qui nous est proposée.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Est-ce que je me trompe en pensant que ce que vous craignez
le plus dans le projet de loi 65, c'est qu'il enlève à la
faculté le pouvoir de nommer, à la tête des
différents départements, des professeurs choisis par la
faculté de médecine, dans une proportion aussi grande que cela
existe actuellement et qui a constitué pour vous une sorte de garantie
de la qualité, aussi bien des services que de l'enseignement? Si je ne
me trompe pas, et si vous craignez que la loi 65 amène un changement qui
soit dangereux pour les objectifs que vous poursuivez, est-ce que vous
pourriez, à la lumière de la promesse que vient de faire le
ministre de se montrer souple dans la recherche d'un mécanisme propre
à assurer les mêmes objectifs, nous donner des suggestions propres
à assurer la réalisation des mêmes objectifs avec des
moyens nouveaux qui seraient conformes à l'esprit du projet de loi
65?
M. PIGEON: Si vous me permettez, M. le Président, le Dr Richard
Béland répondra à M. Laurin.
M. BELAND: La question de la nomination des professeurs, dans plusieurs
des cas, est un point qui est déjà prévu dans les contrats
d'affiliation avec les universités où dans certains cas on
stipule un certain contrôle, une certaine consultation qui est beaucoup
plus dans certains cas...
M. LAURIN: C'est beaucoup plus marqué...
M. BELAND: C'est beaucoup plus marqué. Maintenant, il est
évident qu'au CHU de Sherbrooke, tous les professeurs sont membres
officiels, de fait, du bureau médical. Mais, cela implique,
évidemment, une double structure de nomination dans les deux cas,
c'est-à-dire comme professeur à la faculté et aussi comme
médecin clinicien à la clinique de l'Université de
Sherbrooke. Si vous me le permettez, M. le Président, je ne sais pas si
cela répond à votre question, mais rapidement, il y a
peut-être un point que je voudrais soulever de nouveau à
l'occasion du commentaire de M. le ministre. Je pense qu'il est évident
que le problème de la distribution des soins, qui est
l'élément majeur du bill 65, doit être relié au
problème du centre hospitalier de l'Université de Sherbrooke.
Dans la perspective du bill 65, il y a une structure qui est
prévue à partir de l'office régional pour tout ce qui
regarde la distribution des soins. Dans une telle perspective de distribution
de soins, il est évident, je pense, que tout le monde serait d'accord
pour que, du côté de la distribution des soins, dans le cadre du
bill actuel, ça relève directement de l'office régional
sur le même pied que les autres organismes qui ont comme fonction de
distribuer les soins. Là où ça devient plus complexe c'est
qu'il est très difficile de donner, en même temps, à une
même institution, trois objectifs ultimes ou deux objectifs ultimes. Il
est évident qu'il faut s'en donner un, les autres étant soit des
contraintes qu'on s'impose ou des objectifs secondaires.
Si on définit le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke
comme une institution d'enseignement et que son objectif ultime est la
formation des travailleurs de la santé, il est clair que, pour faire cet
enseignement, il y a un certain nombre de contraintes dont il faut tenir
compte, en termes de production ou de structures de production si vous
me permettez l'expression "production" dans un cas d'éducation
mais, il est évident qu'il faut tenir compte, à la fois de la
recherche et à la fois des soins, parce qu'il est impossible dans un
milieu de formation des travailleurs de la santé de dissocier
l'élément "enseignement", étant donné que les soins
sont à la base de l'enseignement.
Mais, il est également évident que, pour être
capable de planifier, de coordonner les ressources, il faut absolument
s'assurer d'une unité de direction que vous avez d'ailleurs
soulevée à plusieurs reprises, dans le texte, pour justifier tout
un système intégré. Le fait que plusieurs sources de
financement servent actuellement dans le milieu de l'enseignement ou au Centre
hospitalier universitaire, au niveau de l'enseignement, des soins et de la
recherche, implique beaucoup plus cette intégration de l'unité
pour être capable de s'assurer qu'ayant à faire face à
plusieurs sources de financement, on ne soit pas impliqué dans plusieurs
sources de direction ou de mécanismes de prise de décision dans
une même institution physiquement intégrée. Il est clair
que ça pose des problème majeurs si, à chaque fois qu'on a
une source de financement, il faut créer un pôle de
décision. On est pris avec un problème qui dit que plus on a de
sources de financement, plus on va avoir de pôles de décision.
Dans cet esprit de centre de décision où à une institution
on donne l'enseignement comme priorité ou comme objectif ultime il faut
absolument, à ce moment-là, s'assurer cette coordination des
efforts et des ressources à l'intérieur du système.
Deux mots pour terminer. Il est clair aussi que, dans la région
de Sherbrooke, avant l'introduction ou l'établissement du centre
hospitalier, il y avait quand même des ressources qui étaient
relativement insuffisantes pour la création d'un centre complet de
formation et d'enseignement. Il y avait des hôpitaux qui distribuaient
déjà des soins mais on n'avait pas l'équipement ou la
sous-structure essentiels à l'enseignement. Le fait d'intégrer
les ressources a permis justement de créer ce centre qui essaie de plus
en plus de se développer. C'est dans cette perspective qu'on
espérerait en tout cas, de plus en plus, pouvoir travailler à
donner le maximum d'efforts vis-à-vis d'un centre essentiel pour la
formation des travailleurs de la santé actuellement. Je vous
remercie.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions, je remercie les
porte-parole de la Faculté de médecine de l'Université de
Sherbrooke.
M. BELAND: Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: J'invite les Cadres infirmiers unis inc.
Les Cadres infirmiers unis
M. ROBERT: M. le Président, mon nom est Michel Robert et je
représente les différents groupements qui ont soumis ce
mémoire. Je suis accompagné par Mme Joan Borcheron, la
présidente des Cadres infirmiers unis inc., ainsi que de Mlle
Hélène Tremblay, à ma gauche, qui est la présidente
du Syndicat professionnel des diététistes du Québec.
Il ne s'agit pas d'un mémoire qui porte sur
l'ensemble du projet de loi ou qui se prononce sur les principes du
bill. Non pas que les organismes que je représente n'aient pas d'opinion
à ce sujet-là mais ils n'ont pas jugé bon d'en faire part
dans ce mémoire. Ce mémoire porte exclusivement sur un aspect
très particulier du projet de loi, qui est décrit à
l'article 75 du bill 65. Plus particulièrement, le mémoire porte
sur la question de la détermination des conditions de travail, pour les
employés-cadres au sein du milieu hospitalier.
Vous savez évidemment que, malgré certaines promesses du
gouvernement actuel concernant le syndicalisme de cadres, nous n'avons pas
encore, semble-t-il, de projet de législation déposé
concernant le syndicalisme de cadres et que, d'autre part, dans le milieu
hospitalier, il y a actuellement une émergence assez fantastique du
syndicalisme de cadres au niveau surtout des professionnels.
Pour vous donner une idée du nombre des cadres dans le milieu
hospitalier qui ne pourraient pas correspondre à la définition du
mot "salarié" au sens du code du travail, je pense qu'on pourrait parler
approximativement de 25,000 employés dans le milieu hospitalier. A ce
moment-ci, il y a plusieurs associations, plusieurs groupements qui se sont
formés ou qui sont en formation et qui tentent par divers moyens
d'exercer une influence sur la détermination de leurs conditions
d'emploi, soit par voie de négociations dites collectives ou
semi-collectives, soit par voie de négociations collectives d'un contrat
individuel type.
Effectivement, le gouvernement, jusqu'ici, a accepté de
négocier collectivement, si je puis dire, avec certains organismes
représentatifs, des contrats individuels types de travail,
c'est-à-dire une sorte de contrat pour une durée
déterminée qui serait signé par les institutions
concernées et qui serait' également signé par les cadres
qui ne peuvent pas être accrédités en vertu du code du
travail.
Donc, devant ces phénomènes, nous suggérons aux
membres de cette commission de recommander à l'Assemblée
nationale de modifier l'article 75 du bill 65. L'article 75 du bill 65
prévoit que les employés qui ne sont pas régis par une
convention collective de travail et qui ne sont pas des fonctionnaires ou
employés du gouvernement c'est-à-dire qui ne tombent pas sous le
coup de la Loi de la fonction publique, soient nommés et
rémunérés suivant les effectifs, normes et barèmes
établis par règlement.
Or, nous croyons qu'il existe actuellement et qu'il existera dans
l'avenir d'autres ententes que des conventions collectives pures, si je puis
dire, c'est-à-dire des conventions collectives au sens du code du
travail. Il existe déjà des ententes, je pense, pour les
résidents et les internes qui pourraient être des conventions
collectives au sens de la Loi des syndicats professionnels mais pas
nécessairement des conventions collectives au sens du code du travail.
Or, le texte qui est actuellement soumis par le gouvernement semble restrictif
et pourrait être interprété comme voulant dire que les
conventions collectives auxquelles on réfère dans l'article 75
sont seulement celles qui sont conclues en vertu du code du travail à La
suite d'une accréditation et même qui sont conclues à
l'intérieur des limites du bill 46 qui a été adopté
en juin dernier.
A ce moment-là, ceci, à mon point de vue, ferme la porte
à toute forme d'entente, toute forme autre qu'une pure convention
collective pour les autres employés que ceux qui sont couverts par les
conventions collectives.
C'est pourquoi nous suggérons que dans le texte de l'article 75
on parle non seulement de convention collective mais on parle également
d'entente. C'est le nouveau texte que nous suggérons, que vous retrouvez
à la page 9 du mémoire où on suggère d'ajouter:
"...et qui ne sont pas régis par une convention collective de travail ou
toute autre entente entre le gouvernement et un employé ou un groupe
d'employés relative à leurs conditions d'emploi..." pour
justement tenir compte de ce phénomène soit d'un contrat
individuel type de travail qui peut exister entre lés parties, soit
encore d'un contrat individuel négocié collectivement ou encore
purement et simplement une convention collective ou un document qui n'est pas
conclu nécessairement en vertu du code de travail mais qui peut
être conclu en vertu de la Loi des syndicats professionnels.
Evidemment, vous me direz que, si le gouvernement déposait un
projet de loi prévoyant des mécanismes nouveaux pour le
syndicalisme de cadre, mes réserves deviendraient peut-être
inutiles je serais probablement d'accord avec vous mais il ne
semble pas que dans les mois qui viendront, ce projet de loi sera
déposé.
De plus, l'article 75 a réglé le problème de la
sécurité d'emploi pour les employés-cadres du secteur des
affaires sociales. Evidemment, cette sécurité d'emploi est
extrêmement importante et c'est l'un des principaux problèmes qui
concernent les cadres du milieu hospitalier.
Les employés syndiqués couverts par des conventions
collectives bénéficient évidemment de la
sécurité d'emploi en ce sens qu'ils ne peuvent pas être
congédiés ou disciplinés ou démis de leurs
fonctions sans juste cause et l'arbitre, évidemment, qui siège
soit au conseil d'arbitrage, soit comme président d'un tribunal unique
peut apprécier la justesse et la suffisance des motifs
allégués par l'employeur.
Le cadre n'étant pas protégé par une convention
collective peut être congédié avec un avis,
conformément aux dispositions du code civil, c'est-à-dire un avis
d'un mois ou plus, tout dépend de sa situation et des conditions de son
emploi.
Dans le projet de loi no 65, on suggère la protection qui est
accordée aux fonctionnaires par la Loi de la fonction publique et plus
particulièrement, par l'article 61 de la Loi de la fonction publique.
Bien que ceci représente,
évidemment, un progrès considérable sur la
situation actuelle, puisqu'actuellement il ne bénéficie d'aucune
sécurité d'emploi, nous ne croyons pas que cette formule soit la
plus appropriée dans les circonstances. D'abord, il est évident
que la Commission de la fonction publique, à notre point de vue, serait
surchargée, puisqu'il faudrait ajouter au nombre d'employés sous
sa juridiction, quant à cet aspect de la loi, environ 25,000 cadres.
De plus, la Commission de la fonction publique, son expérience si
on veut, se situe dans un autre domaine que celui de l'administration
hospitalière. Et souvent les questions de compétence que pourrait
être appelée à juger la Commission de la fonction publique
comportent des aspects disons professionnels ou médicaux ou
paramédicaux qu'un organisme autre, à notre point de vue, serait
plus en mesure d'apprécier.
Nous suggérons à la fin de notre mémoire de laisser
aux différentes parties le soin de s'entendre sur des mécanismes,
en vue de prévoir un moyen d'éliminer l'arbitraire dans les
congédiements, les suspensions et l'imposition des autres peines
disciplinaires pour les cadres hospitaliers.
Je n'ai pas autre chose à ajouter; vous nous avez demandé
d'être brefs. Nous sommes prêts à répondre aux
questions.
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je crois que le point que l'on
nous expose est clair. Comme je l'ai mentionné déjà, la
Loi de l'organisation des services de santé ou des services sociaux ou
le projet de loi parce que nous en sommes toujours à
l'étape d'un projet de loi ne visait pas à changer les
mécanismes ou le cadre des relations de travail tels qu'ils existent
présentement. En ce sens, les représentations qui nous sont
faites, je crois que nous pourrons y donner suite, afin qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté. Ce n'est pas notre intention de changer, parce projet
de loi qui touche à l'organisation des services, les dispositions
relatives qui peuvent s'appliquer ou ne pas s'appliquer, comme on nous l'a
mentionné, touchant aux relations de travail.
Sur le point spécifique, je ne crois pas que j'aie d'autres
commentaires à faire, sauf que je crois que les recommandations qui nous
sont formulées ici, relativement au projet de loi 65, sont
justifiées. Quant à l'aspect plus large du syndicalisme, le cadre
dans ce secteur, je vais référer le mémoire au ministre de
la Fonction publique qui, comme vous le savez, est le responsable, quant au
gouvernement, de ces questions.
M. LAURIN: M. le Président, j'aimerais dire à M. Robert
que la première recommandation qu'il nous a faite au sujet de l'article
75 avait été faite également par la
Fédération des médecins omnipraticiens, je pense, dans le
même esprit, afin d'apporter une clarification à un article de loi
qui n'allait pas nécessairement à l'encontre des
intérêts actuels des cadres, mais qui demande peut-être
à être précisé davantage. Quant à votre
deuxième représentation, je crois voir une certaine
réticence à ce que ce soit le ministère de la Fonction
publique qui s'occupe de cette question. J'ai l'impression que vous manifestez
une préférence pour le ministère du Travail, en
l'occurrence.
M. ROBERT: Ou le ministère des Affaires sociales. On voit
difficilement comment, par exemple, la Commission de la fonction publique
pourrait décider si...
M. CASTONGUAY: Me permettez-vous juste un commentaire? Peut-être
que je n'ai pas été suffisamment clair, lorsque j'ai parlé
de référer la question au ministère de la Fonction
publique.
Je n'ai pas à l'esprit l'aspect bien spécifique de
l'article 75, j'avais â l'esprit la question du syndicalisme pour les
cadres. Comme vous le savez, si je le reférais là, c'est que le
ministre de la Fonction publique, dans toutes les négociations, dans
tous les aspects qui touchent aux relations de travail en ce qui a trait aux
hôpitaux, à l'enseignement, etc., les agences, le service social,
est le ministre responsable pour autant que le gouvernement est
concerné. C'était dans ce sens-là que je faisais cette
observation.
M. LAURIN: Je mentionnais aussi le ministère du Travail parce que
lors de la discussion des crédits du ministère du Travail, nous
avons eu un long échange avec le ministre, justement sur
l'élaboration d'une loi prochaine sur le syndicalisme de cadres. Je sais
que les travaux, d'après ce qu'il nous a dit, sont pas mal
avancés. Bien que le problème ne puisse être
réglé immédiatement, peut-être que
déjà des orientations se dessinent dont on pourrait profiter dans
les ajustements administratifs ou les mécanismes prévus.
M. ROBERT: Pour continuer peut-être à répondre
brièvement à votre question, on comprend mal comment la
Commission de la fonction publique pourrait décider si, par exemple, le
directeur médical, le directeur des services professionnels ou la
directrice du nursing d'un hôpital doit être
congédié, eu égard à toutes les conditions propres
au secteur hospitalier, parce que, souvent, dans ces cas-là, il faut
apprécier la compétence, le milieu et l'institution. Je pense
qu'on ne voit pas comment la Commission de la fonction publique serait
l'organisme approprié pour décider d'une recommandation, parce
que, selon l'article 61, la Commission de la fonction publique, avant de
congédier un employé, devrait normalement faire enquête et
faire une recommandation au
ministre. Maintenant, il n'y a pas que les congédiements non
plus, il y a les congédiements, il y a les transferts, il y a
l'imposition des peines disciplinaires, le changement du contenu de la
fonction, etc., les relations entre les divers cadres à
l'intérieur de l'entreprise.
On préférerait qu'il y ait un organisme propre au secteur
des affaires sociales qui serait prêt à jouer ce
rôle-là.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres commentaires, nous
allons...
M. BOIS: J'aurais une question, M. le Président. Est-ce que M. le
ministre pourrait dire ici si, à la page 11, par exemple, la partie qui
traite des réalisations du centre hospitalier universitaire, par
exemple, va être réglée parce que ce que nous avions
déjà discuté de la question de l'enseignement, par
exemple? Parce qu'ici, il est fait mention de cliniques.
M. CASTONGUAY: Pendant votre absence, M. Bois...
M. BOIS: Je m'excuse d'avoir été absent
obligatoirement...
M. CASTONGUAY: ...on a passé à un autre organisme. Je vous
dirai un mot tantôt.
M. BOIS: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors, madame, mademoiselle, messieurs, je vous
remercie. J'invite les directeurs régionaux de la psychiatrie.
Les directeurs régionaux de la
psychiatrie
M. LORTIE: M. le Président, je suis Gilles Lortie, directeur
régional de la psychiatrie pour la région de Montréal;
j'ai à ma droite, le Dr Pierre Martel, directeur régional pour la
région de Sherbrooke, à ma gauche, le Dr. Pierre Déorn,
directeur régional pour la région de Valleyfield, et le Dr Louis
Boyer, pour la région des Bois-Francs.
Si nous avons voulu présenter un mémoire à la
commission parlementaire au sujet du bill 65, c'est d'abord parce que nous
représentons ici les soignants d'à peu près 50 p.c. des
malades qui occupent les lits de la province.
Deuxièmement, c'est parce que depuis quelques années, nous
avons vécu une expérience qui ressemble par certains points
à la création des offices régionaux des affaires sociales.
Dans notre mémoire, nous avons choisi de soulever dans le
résumé qui vous est présenté trois points
particuliers. D'abord, la question des offices régionaux des affaires
sociales, puis la représentation à ces organismes et enfin la
question de la représentation de la psychiatrie ou plutôt de
l'hygiène mentale au niveau du projet de loi no 65.
Elle est encore trop centrée sur ses besoins immédiats,
oubliant les objectifs à long terme et oubliant surtout la
nécessité de la répartition des ressources en fonction des
services offerts dans certaines régions. La politisation,
évidemment toujours possible, pourrait alors présider à la
distribution des ressources.
Les élus au niveau des centres locaux de services communautaires
ou au niveau des conseils d'administration de ces centres locaux sont
généralement non initiés et peuvent se sentir incapables
de faire valoir leur point de vue en face d'administrateurs ou de
professionnels qui, par leur simple présence au sein de ces structures,
intimident ces élus de la population qui, d'ailleurs, se font de plus en
plus rares au fur et à mesure qu'on monte dans l'organisation des soins
jusqu'à l'office régional de santé, ce qui ne veut pas
dire que nous soyons contre cette représentation qui nous parait
souhaitable, au contraire.
La formation adéquate de la population à ce genre de
participation, cependant, est d'une nécessité impérieuse
et on doit s'y attaquer tout de suite si nous voulons y arriver d'ici au moins
dix ans.
Quant à l'ORAS, nous soutenons la thèse, dans notre
mémoire, que dans sa forme proposée, il coiffe un système
de représentation fictif, qu'il n'a aucun pouvoir véritable
d'organisation et qu'au lieu de décentraliser le pouvoir, au contraire,
il le centralise davantage et ne permette aucune concentration à
certains niveaux, qu'ils soient géographiques ou par centre
d'intérêt, ce qui pourtant semble nécessaire.
L'ORAS, ainsi conçu, émanant de la base, nous semble
voué à l'échec, sans mentionner les actions politiques qui
pourraient encore exercer des pressions à ce niveau, simplement parce
que les personnes qui en feraient partie représentent tant de
disciplines diverses, même si elles sont reliées les unes aux
autres, que le chaos nous semble inévitable.
La suggestion que nous proposons comporte aussi ce danger. Il nous
suffit de se rappeler les luttes qui ont opposé les services importants
de l'ex-ministère de la Santé.
L'ORAS, au lieu d'être soutenu par la base, devrait être un
organisme relevant directement du ministère des Affaires sociales. Il
pourrait alors contrôler les activités des institutions dont il
avait la responsabilité, mais surtout sur lesquelles il avait les
pouvoirs essentiels de contrôle. Il serait, en somme, l'extension du
ministère dans chacune des régions. Il aurait la
possibilité, comme la loi créant les ministères le permet,
de distribuer les budgets nécessaires tout en instaurant les moyens de
contrôle voulus.
La formule proposée par le bill 65 ne prévoit pas ce
contrôle, sinon de façon indirecte. Les pouvoirs d'enquête,
qui sont inclus dans le projet de loi no 65, pourraient être maintenus,
mais de façon un peu plus démocratique il nous
semble, s'inspirant de l'article 11 de la Loi des hôpitaux et, au
besoin, des articles 16 et 17 de cette même loi.
Notre mémoire fait des suggestions précises quant aux
corps intermédiaires qui pourraient être consultés pour les
nominations à ces nouveaux offices régionaux des affaires
sociales à la condition, toutefois, que ces nominations demeurent
toujours nécessaires.
Ce que nous voulons dire ici, c'est que si ce sont des organismes qui
émanent du ministère, ils seront composés d'un personnel
administratif et de membres de la fonction publique qui auraient ce
contrôle sur les organismes voulus. Ils pourraient être
orientés ou on pourrait leur permettre d'avoir des comités
consultatifs qui pourraient être choisis par des organismes, comme des
universités ou les fédérations de médecins,
l'association des hôpitaux ou, encore, les services de bien-être,
etc.
Enfin, il n'est prévu à aucun endroit dans le projet de
loi no 65 que les psychiatres ou que des équipes de santé mentale
seront représentés à tous les niveaux de distribution des
soins. Nous désirons fortement discuter ce sujet avec les membres de la
commission parlementaire, car il nous apparaît comme primordial.
Nous ne voulons pas, en tant que psychiatres, ne faire que du
traitement, nous voulons surtout faire de la prévention en santé
mentale.
Nous ne résumons pas ici toutes les raisons que nous avons
d'insister, mais chacun peut en prendre connaissance aux pages 11 et suivantes
de notre mémoire de même qu'à l'appendice c).
M. CASTONGUAY: M. le Président, les deux premiers points
soulevés dans le mémoire ont fait l'objet de bien des
discussions. On nous dit ici que la population n'est peut-être pas tout
à fait prête à ce genre de participation et qu'il nous
faudrait la préparer à participer si l'on veut y arriver d'ici
dix ans, comme premier point. Une des façons de la préparer
à participer davantage est peut-être de lui donner un peu plus de
chance de participer, quitte à ce qu'on supplée aussi par
d'autres moyens. Déjà, à ce sujet, nous avons
engagé, avec entre autres l'Association des hôpitaux, le dialogue
de telle sorte que l'on puisse développer une petite brochure assez
sommaire où l'on peut donner, sans diriger la personne, des
renseignements aussi objectifs que possible sur ce qu'est un membre d'un
conseil d'administration, par exemple, quel est le rôle qu'il est
appelé à jouer, quelles sont ses responsabilités, quel est
son engagement vis-à-vis de l'institution, etc. J'espère qu'avec
l'association, nous serons en mesure de développer là un premier
instrument. Il y a d'autres moyens aussi qui peuvent être pris. Sur cette
première question, on enregistre évidemment vos
représentations, c'est un point sur lequel il y aura certainement des
discussions ici, au sein de la commission. Je ne suis pas tout à fait
assuré que tous les membres de la commission vont partager ce point de
vue.
Quant au second point, les offices régionaux, également,
vous touchez à un des aspects du projet de loi, je l'ai mentionné
à plusieurs reprises, qui a été le plus contesté.
Selon les mémoires qui nous sont soumis, l'on opte pour une formule ou
pour une autre ou pour des combinaisons de deux approches. Ici, vous nous
suggérez que les ORAS soient, en fait, des émanations directes
des ministères quitte à ce qu'on les couple d'organismes
consultatifs. Encore sur ce point-là, d'autres se joignent à
vous, bien d'autres organismes, dans les mémoires qui nous ont
été soumis; d'autres ne partagent pas tout à fait ce point
de vue, selon qu'ils optent pour une plus grande ouverture sur la
participation. Alors la deuxième question, en définitive, est
reliée aussi dans une certaine mesure à la première et je
ne crois pas que je ferais poursuivre, que je ferais progresser le débat
si je vous questionnais sur ces deux aspects bien particuliers, compte tenu de
tout ce qui a été dit jusqu'à maintenant.
Quant au troisième aspect, je comprends votre
préoccupation. Sur ce point, toutefois, je voudrais simplement, à
moins que l'on puisse formuler une recommandation qui m'apparaît
transposable dans un tel projet de loi. A plusieurs reprises j'ai
mentionné ici, à la commission, que ce projet de loi ne veut pas
entrer dans les programmes de soins ou de services tout comme il ne veut pas
entrer, dans la mesure ou cela n'est pas nécessaire de le faire, dans le
détail des structures internes, des compositions d'équipes, que
ce soit au plan de l'administration, de la dispensation des services, etc. Nous
ne l'avons pas fait, que ce soit pour les aspects, par exemple, de la
médecine physique, préventive où les gens qui sont dans ce
secteur s'inquiètent également, avec raison. Alors je comprends
votre préoccupation.
Mais je me demande si, de façon précise, concrète
et d'une façon aussi qui pourrait apporter des résultats utiles
dans l'avenir, il est possible, à l'intérieur du projet de loi
65, autrement que dans des organismes tels que l'office régional, mais
dans les structures de distribution de services, de répondre directement
aux voeux que vous formulez.
M. LAURIN: M. le Président, sur la participation, je crois quand
même qu'il y a une idée nouvelle qui nous est apportée pour
la première fois, c'est celle de la formation, "training on the job", si
on peut appeler cela comme cela, de ceux qui seraient appelés à
siéger aux conseils d'administration. Je pense que c'est une avenue
très intéressante et je vois que le ministère s'en
préoccupe déjà par ses contacts avec l'Association des
hôpitaux. Je pense en effet qu'il faudrait arriver à
systématiser ce travail de formation, surtout dans un domaine qui est
tellement complexe et où la nécessité du contrôle
des coûts s'impose d'une façon aussi impérieuse.
En ce qui concerne vos suggestions sur
l'ORAS, comme l'a dit le ministre, plusieurs représentations nous
ont été faites dans un sens ou dans l'autre. Je pense que l'ORAS
est un organisme très moderne dans ce sens qu'il est à la
jonction de la population et de l'Etat. On cherche un moyen d'articuler les
fonctions des citoyens et les fonctions de l'Etat dans un double objectif de
déconcentration et de décentralisation. On pensait au
départ qu'on pouvait aboutir à ces deux objectifs en même
temps, mais on s'aperçoit parfois et de plus en plus que les deux
objectifs de déconcentration et de décentralisation peuvent
s'opposer, peuvent arriver à s'opposer et que l'un n'implique pas
nécessairement l'autre. Vous suggérez que l'ORAS soit
plutôt un représentant de l'Etat, cela nous a été
suggéré récemment par des diplômés en
administration qui doivent poursuivre leurs recherches à ce point de
vue-là. Par contre, presque tous les mouvements de citoyens et tous ceux
qui veulent participer pleinement, les agents de la santé, demandent
plutôt que l'ORAS représente les besoins de la base. Je pense que
les deux conceptions se valent, se défendent et qu'il ne faille pas les
renvoyer dos à dos, ni les rejeter l'une ou l'autre, parce qu'il s'agit
plutôt de trouver le point de jonction. J'espère que le ministre
pourra nous arriver avec des amendements qui résoudront ce noeud gordien
d'ici quelques jours.
Quant à vos représentations sur la représentation
de l'hygiène mentale, je pense qu'elles se situent dans la ligne de
celles qui nous ont déjà été faites. Je suis bien
d'accord avec le ministre qu'un projet de loi ne peut pas tout résoudre,
ne doit pas s'immiscer dans les programmes, mais il reste quand même
qu'un projet de loi doit quand même être conforme aux
impératifs scientifiques, techniques d'une profession. Or, le principe
qu'ont souligné toutes les organisations de psychiatres qui sont venues
ici est celui d'une continuité de soins qui est peut-être plus
élaborée, plus impérative dans le champ de la psychiatrie
que dans certaines autres disciplines, justement du fait que la maladie
psychiatrique est par définition une maladie chronique, qu'elle dure
longtemps et qu'on doit s'en occuper à tous les stades d'une
façon aussi intensive, soit au stade de la prévention ou au stade
de la réadaptation. C'est précisément cet impératif
qui demande que, dans les structures, cette continuité devienne
possible. Je pense que c'est plutôt le voeu que vous émettez quant
à la forme où cet impératif devra se couler dans les
faits. Il reviendra bien sûr à la commission de faire ses
suggestions, de travailler certaines formules qui viseront à nous
assurer cet objectif et en ce sens-là, je pense que vos
représentations nous sont très utiles.
M. LORTIE: Je vous remercie. M. le Président, je n'aurais que
quelques mots à ajouter. Je dois tout d'abord dire que je suis
très heureux de cette initiative qu'a mentionnée M. Caston- guay
de faire en sorte que les gens puissent participer à des conseils
d'administration et à leur rôle. Ce dont je m'inquiète
surtout, c'est que les gens ne soient pas suffisamment intéressés
à se présenter pour être élus. Là, je pense
qu'il y a de la promotion à faire. Pour ce qui est du point de jonction
dont parlait le Dr Laurin, j'espère que notre suggestion pourra
être retenue.
Le point de jonction pourrait se faire précisément au
niveau des consultants, des membres de la fonction publique qui travailleraient
dans les offices régionaux de santé.
Encore une fois, pour ce qui est de l'hygiène mentale, je me
demande si ce n'est pas possible de prévoir dans la loi qu'il y ait
continuité d'une étape à l'autre, depuis le CLSC jusqu'au
CHU, au besoin, parce que le psychiatre, quand il traite un malade, commence
à le traiter en première ligne et il le traite en deuxième
et en troisième ligne, contrairement aux autres spécialistes qui
peuvent se passer le malade de l'un à l'autre, ce qui, en psychiatrie,
ne se fait que très rarement. C'est ce point que je voulais ajouter.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Dorchester.
M. GUAY: J'aurais quelques questions à poser à M. Lortie.
C'est une question que je pose assez souvent. Combien y a-t-il de psychiatres
dans la province actuellement, en activité?
M. LORTIE: Actuellement, avec la dernière promotion, il doit y
avoir à peu près 460, 475 psychiatres dans la province.
M. GUAY: Est-ce que c'est suffisant comme effectif pour faire face aux
besoins grandissants dans ce domaine?
M. LORTIE: Non, c'est nettement insuffisant. Dans notre mémoire,
nous citons des chiffres. Nous en sommes arrivés, après certains
calculs, à la nécessité d'avoir environ 600 psychiatres
dans la province de Québec qui s'occuperaient de soins actifs au niveau
de la première ligne, aussi bien que dans les hôpitaux
généraux et les hôpitaux psychiatriques. Nous ne comptons
pas là-dedans les administrateurs et ceux qui font de la recherche ou
ceux qui font de l'enseignement, simplement les soignants.
M. GUAY: Maintenant, vous mentionnez que vous souhaitez comme
nous le souhaitons tous que les soins psychiatriques aient une
continuité, soient une continuité d'autres soins. Est-ce possible
actuellement, étant donné la pénurie de psychiatres que
nous connaissons?
M. LORTIE: Cela ne se fait pas, malheureusement, actuellement dans toute
la province,
cette continuité. Mais où ça se fait, ça
donne des résultats assez extraordinaires. Il y a un hôpital
à Montréal entre autres qui a doublé le chiffre de ses
nouvelles inscriptions en deux ans et qui n'a pourtant augmenté son
budget que de 25 p.c. depuis cinq ans.
M. GUAY: Il n'y en a pas en chômage actuellement?
M. LORTIE: Non. M. GUAY: Merci.
M. CASTONGUAY: Une dernière et brève question au Dr
Lortie. Comment croyez-vous qu'on pourrait atteindre un tel objectif dans le
projet de loi? En imposant par les dispositions de la loi l'obligation à
une institution d'un palier de recevoir un malade référé
par un autre palier ou une autre institution? Remarquez que je suis tout
à fait sympathique à ce que vous exprimez, mais je ne vois pas
comment le transposer dans un texte de loi, alors que nous avons des
institutions qui ont un degré d'autonomie, qui sont autonomes, ou qui
sont des entités distinctes. Je sais que nous voulons, pour les centres
locaux de service communautaire, nous assurer que chaque centre sera lié
au moins à une institution. Nous ouvrons la porte dans le projet de loi
et c'est une des choses que nous voulons encourager aux contrats
d'affiliation entre institutions, mais comment aller au-delà de ceci
dans un projet de loi?
M. LORTIE: Le Dr Deom a peut-être une réponse.
M. DEOM: Je pense, M. le ministre, que le malade mental est un malade au
même titre que n'importe quel autre malade. Lorsque, dans les
hôpitaux généraux, on admet des cardiaques et les cas
d'appendicite aiguë, enfin toute la catégorie de malades, qu'on
puisse admettre aussi le malade mental, dans n'importe quelle institution.
Comme le Dr Lortie le mentionnait, à tous les niveaux de soins, de
prévention et de traitements, que ce même malade puisse être
traité, tout en tenant compte de la spécificité de la
maladie mentale. La maladie mentale est une maladie qui est malheureusement
bien souvent longue et chronique. Un malade mental n'est pas un malade qui fait
une grippe qui dure de deux à trois jours ou qui fait une amygdalite
qu'on opère et qui sort en 24 heures.
Cela prend une continuité de soins et il faut absolument que
l'équipe, non seulement le psychiatre, mais l'équipe
multidisciplinaire en psychiatrie soit représentée à tous
les niveaux et aussi d'autant plus parce que le malade mental, à cause
de sa maladie, est un être qui est tout à fait impuissant dans la
société, et si personne ne s'en occupe, s'il n'y a pas de loi
précise qui vienne le protéger, il sera malheureusement
oublié comme il l'a été avant 1960.
M. CASTONGUAY: Très bien. La seule chose, ce que vous dites
là, je le sais. Mais comment le transposer dans un projet de loi? A
moins d'autres suggestions, la seule façon dont je vois ça c'est
dans les droits de l'individu quant au service de santé.
M. LAURIN: Il y a aussi en accélérant la mobilité
du professionnel. Le professionnel qui serait le même au CLSC, le
même à l'unité psychiatrique de l'hôpital
général, le même au grand hôpital psychiatrique en
vertu d'une organisation et d'un système qui permettrait cette
mobilité du professionnel, aussi bien que du malade.
M. CASTONGUAY: Oui, cela on ne le fera pas par le projet de loi mais
c'est désirable.
M. LORTIE: Il est peut-être seulement possible de le faire par les
ordonnances ou les règlements qui viendront après, avec le projet
de loi. Mais je me demande si la loi d'hygiène mentale qu'on nous promet
ne pourrait être intégrée peut-être à la loi
65.
M. CASTONGUAY: J'ai vu cette recommandation que vous nous avez faite.
Vous nous dites qu'ici on peut stigmatiser le malade mental en ayant une loi
différente. Là, on se bute à certaines difficultés.
Chaque loi a un objet bien précis et, ici, nous avons une Loi de
l'organisation des services. Dans le projet de loi à venir sur
l'hygiène mentale, l'objet visé est la protection de la personne
sous traitements psychiatriques comme premier objectif.
Il s'agit d'un principe très différent et même si
les motifs qui vous appellent à faire cette demande étaient bons,
je crois qu'en Chambre, il serait assez difficile parce que ça pourrait
combiner deux principes aussi différents et pour des motifs aussi
humanitaires constituer un précédent que nous pourrions utiliser
à d'autres reprises pour introduire d'autres projets de loi comportant
deux principes. Je pense que ce sont deux lois de nature très
différente à mon avis et j'aime autant le dire
immédiatement, je sais que les officiers légistes et le
comité de législation n'accepteraient pas une telle demande,
compte tenu de la façon dont les lois sont présentées
à notre assemblée et débattues.
Remarquez que ce n'est pas parce que je veux me trouver un moyen
détourné de ne pas combiner les deux ensemble.
M. LE PRESIDENT: Alors, je remercie les porte-parole des directeurs
régionaux de la psychiatrie.
M. LORTIE: Merci.
M. LE PRESIDENT: J'invite les porte-parole de l'Institut Philippe Pinel
de Montréal.
Institut Philippe Pinel de Montréal
M. GENDREAU: M. le Président, je suis Gilles Gendreau et je
représente le conseil d'administration et surtout le président,
Me Alain Lortie, qui est en dehors de la province et qui m'a demandé
à la dernière minute de bien vouloir représenter le
conseil d'administration. L'Institut Philippe Pinel est un hôpital
spécialisé en psychiatrie et surspécialisé dans le
traitement total, et la garde, nous insistons, le traitement et la garde de
personnes ayant des comportements violents, dangereux ou criminels.
Ces patients proviennent de plusieurs sources. Qu'il suffise de dire que
les patients peuvent venir du lieutenant-gouverneur, du ministère des
Affaires sociales, du solliciteur général du Canada, d'autres
institutions psychiatriques et même venir pour fins d'observation au
centre d'observation pour des expertises pour le compte des tribunaux de
juridiction criminelle.
Pour toutes ces raisons, l'Institut Philippe Pinel de Montréal
apparaît comme étant le seul établissement du genre
à répondre à des besoins bien précis pour toute la
population du Québec.
C'est pour cette raison que vous voudrions mentionner un certain nombre
de recommandations qui sont effectivement davantage reliées aux
politiques et aux objectifs précis de l'Institut Philippe Pinel.
En soumettant l'Institut Philippe Pinel à un office
régional des Affaires sociales, nous craignons que la fonction
spéciale et unique de l'institut ne soit compromise. Nous croyons, en
effet, qu'il serait normal que cette office régional ne soit
préoccupé que des problèmes limités à ceux
de son territoire et que, dès lors, l'institut soit limité pour
autant dans ses opérations.
Si, par exemple, un office forçait l'institut à admettre
un grand nombre de personnes qui ont besoin de traitements psychiatriques, mais
qui ne sont ni violents, ni dangereux, à quoi alors pourrait servir cet
établissement qui a été conçu comme étant un
centre de traitement total à sécurité maximum? De la
même façon il faudrait se demander qui aura autorité pour
autoriser les nouveaux services indispensables aux fins poursuivies par
l'Institut Philippe Pinel. Ceci nous apparaît donc important en regard
des fins spécifiques que poursuit l'Institut Philippe Pinel.
Nous voudrions attirer l'attention des membres de la commission
parlementaire au sujet du conseil médical et professionnel. Il s'agit
des articles 76, 79 et 80 où la loi prévoit la formation de deux
conseils consultatifs au sein d'un hôpital: le conseil des professionnels
en général et le conseil des médecins et des dentistes de
façon plus précise. Pour ce qui est du domaine des hôpitaux
généraux, nous croyons qu'il s'agit là d'un pas en avant
extrêmement intéressant, où il y a vraiment la
consécration en quelque sorte des professions paramédicales. Or,
à l'Institut Philippe Pinel, cette reconnaissance des professions
paramédicales est déjà un fait accompli depuis au moins
deux ans. Ceci s'explique en effet par le fait que le traitement repose sur une
équipe multidisciplinaire et surtout sur un effort concerté d'un
travail interprofessionnel. C'est pourquoi on retrouve à l'Institut
Philippe Pinel un bureau médical et professionnel qui regroupe en un
seul corps, non seulement les médecins, mais tous les professionnels qui
participent aux équipes thérapeutiques.
Par conséquent, appliquer intégralement les dispositions
des articles que nous avons mentionnés tout à l'heure
équivaudrait, quant à nous, à faire un pas en
arrière puisque ceci nous forcerait à revenir à faire la
distinction entre médecins d'une part et autres professionnels d'autre
part. Nous insistons pour dire que le traitement étant quelque chose de
complet, il doit y avoir cette interdisciplinarité. Par
conséquent, nous soumettons que l'on devrait prévoir à ces
articles la possibilité qu'il n'y ait qu'un seul organisme qui
grouperait à la fois tous les médecins et tous les
professionnels. Nous vous référons à cet effet à
notre recommandation 2.
Le directeur des services professionnels. A l'Institut Philippe Pinel,
le surintendant cumule à la fois les fonctions de directeur
général et de directeur médical. Dans un
établissement tel que l'Institut Philippe Pinel où les trois
éléments importants sont les aspects médicaux, les
questions administratives et les questions de sécurité il
ne faut pas oublier le genre de clientèle qui est envoyée
à l'Institut Philippe Pinel il serait important de comprendre que
l'expérience dans des institutions de ce genre peut amener à
faire que l'on sépare les champs de responsabilité de l'aspect
médical, de l'aspect administratif et de l'aspect sécuritaire et
qu'il y a probablement risque de mettre par exemple la question
sécuritaire, même si elle est très importante, prioritaire
par rapport à l'aspect médical.
Ainsi, nous risquerions de détruire un des objectifs fondamentaux
que représente Pinel, qui est de traiter en même temps que de
garder dans un certain milieu sécuritaire. Aussi, nous soumettons, sur
cette question, que les articles 77 et 78 devraient prévoir qu'un
conseil d'administration puisse confier à une personne le cumul des
fonctions dites administratives et des fonctions dites médicales qui
incluraient à ce moment-là les fonctions de gardes de
sécurité.
La composition et le pouvoir des conseils d'administration. Le projet de
loi no 65 prévoit, à l'article 50, des dispositions concernant la
composition des conseils d'administration des centres hospitaliers. A l'heure
actuelle, le conseil d'administration de l'Institut Philippe Pinel de
Montréal est composé de quatorze membres représentant le
gouvernement, les milieux universitaire et hospitalier, le milieu des agences
sociales et communautaires, le milieu des affai-
res et des professionnels et, en même temps, le personnel
professionnel de l'Institut Philippe Pinel de Montréal.
Nous demandons si seule l'appartenance territoriale stipulée
à l'article 50, paragraphe a), peut faire obstacle à la
représentation des groupes déjà mentionnés. Quant
à nous, le milieu tel que déjà représenté au
conseil d'administration doit avoir préséance sur le territoire,
étant donné les caractéristiques déjà
décrites de l'Institut Philippe Pinel. Nous référons
à ce sujet à notre recommandation 4.
Quant aux pouvoirs dont un centre hospitalier disposera pour s'acquitter
de ses fonctions, le projet de loi 65 les réduit malheureusement
considérablement, et encore, ils ne pourront être exercés
que dans les cadres fixés tantôt par le lieutenant-gouverneur en
conseil, tantôt par l'ORAS.
C'est vrai que c'est avec des fonds publics qu'on a
défrayé le coût de la construction de l'Institut Philippe
Pinel et ce sont des fonds publics qui en assurent son fonctionnement.
L'Institut Philippe Pinel ne peut donc pas reprocher au gouvernement de vouloir
décider la façon dont il sera administré. Cependant, le
gouvernement a décidé que le pouvoir d'administrer serait
à l'avenir partagé officiellement entre trois paliers: le
lieutenant-gouverneur en conseil, l'ORAS et le conseil d'administration des
institutions. Ce partage des pouvoirs entre trois paliers d'administration est
déjà, sur papier, source de confusion. Dans la pratique,
messieurs, nous craignons que l'esprit d'initiative de l'institution ne soit la
victime de l'ordre nouveau, désormais fondé sur la
délégation des pouvoirs. Cette délégation devant
fatalement passer par le crible de la bureaucratie.
Il y a là un problème que nous vous soumettons, tout en
étant bien conscients que nous affirmons le principe que les fonds
publics doivent être nettement contrôlés. Mais nous ne
voulons pas risquer l'initiative et l'autonomie nécessaires aux
objectifs.
Je pense que c'est là une des principales remarques que le
conseil d'administration tenait à faire. Pour résumer cette
intervention, messieurs, nous demandons, quelle que soit la politique que le
gouvernement entend suivre en matière de réorganisation du milieu
hospitalier, que la vocation spéciale de l'Institut Philippe Pinel de
Montréal soit préservée et que l'on ne sacrifie pas cette
institution de caractère provincial aux impératifs
légitimes d'une réorganisation administrative.
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'aimerais faire quelques
commentaires et j'aurai fort probablement une question à poser. Je ne
prendrai pas les commentaires dans l'ordre. Je vais être bref. Lorsque
vous nous parlez de la nécessité dans la loi d'établir un
conseil des médecins et un conseil des professionnels
séparés, vous retrouvez dans plusieurs lois ce genre l'obligation
de former un comité ou une struc- ture pour une fin bien
spécifique. Dans le cas présent, le conseil des médecins
et dentistes est formé pour contrôler spécifiquement les
actes posés.
Mais la formation de tels comités, ordonnés par la loi,
n'empêche aucunement la formation de tout autre comité et si, chez
vous, vous avez un grand comité qui groupe tout le monde, qui joue un
rôle professionnel, qui fonctionne très bien, l'un n'empêche
pas l'autre. Mais nous voulons assurer qu'à tout le moins, il y aura un
comité qui comprend tous les médecins, tous les dentistes, qui va
assurer un contrôle des actes professionnels.
Alors, je crois qu'on ne vous empêche pas de faire davantage que
la loi le demande. Au contraire, on établit un minimum.
La deuxième des remarques est un peu de la même nature. La
loi dit qu'il faut nommer un directeur général et il faut nommer
un directeur des services professionnels. Je ne suis pas légiste, je
vais vérifier ce point avec les légistes du gouvernement, mais je
ne crois pas que la loi dise que ce doivent être nécessairement
deux individus. On peut imaginer que, dans certains hôpitaux de taille
assez réduite, il peut exister une personne qui doit cumuler les deux
fonctions pour des raisons autres que celles que vous avez mentionnées
et c'est au conseil d'administration de déterminer s'il confie à
la même personne les responsabilités qui doivent être
nommément, par contre, confiées à un individu comme
directeur général et à un individu comme directeur des
services professionnels, étant donné que le projet de loi exige
que ces deux postes soient créés, mais je ne crois pas que le
projet de loi exige que ce soient deux individus.
Quant à la question d'appartenance à une région,
étant donné le rôle plus large que joue l'Institut Philippe
Pinel, à plusieurs reprises, j'ai mentionné que nous
étions conscients de cette dimension particulière que prenaient
certaines institutions et, de la même manière, dans les
mécanismes qui pourront être prévus pour la nomination des
membres au niveau des conseils de ces institutions. Toutefois, ce fait, tout
comme le caractère particulier de l'institut, parce que d'autres
institutions ont des caractères bien particuliers aussi, nous entendons
maintenir, évidemment, des institutions à caractère
particulier, me porte à croire â ce stade-ci, à tout le
moins, que ce n'est pas une raison suffisante de les soustraire des
mécanismes prévus au plan des efforts qui peuvent être
faits soit aux fins de régionalisation, de coordination des institutions
entre elles.
Justement, sur ce point, vous avez parlé des coûts. Je
pense qu'il est important aussi pour qu'on soit tous conscients de certaines
des répartitions de coûts qui ont été faits dans le
passé, compte tenu des grands besoins qui existent, de bien être
conscients que les mécanismes qui ont fonctionné dans le
passé, on peut se demander parfois si vraiment ils ont
donné lieu à une répartition adéquate des
coûts. Je pense qu'il serait intéressant que vous disiez, pour les
membres de la commission, approximativement, combien a coûté
l'Institut Philippe Pinel, le nombre de lits et ce qu'il en coûte pour
son fonctionnement par année, de telle sorte qu'on puisse voir comment
on répartit les coûts dans un système où,
évidemment, on a fait appel à la bonne volonté de tout le
monde, on a fait appel à leurs qualités administratives, etc.,
mais où chacun a procédé indépendamment les uns des
autres.
M. GENDREAU: Je pense qu'en tant que vice-président du conseil
d'administration, vous me posez une question qu'en tant que citoyens et
professionnels nous nous sommes posée à plusieurs occasions,
devant un certain malaise pour assumer une responsabilité qui a
coûté à la province, pour la construction, au-delà
de $16 millions si je ne m'abuse, si ce n'est plus, et qui coûte
certainement pour chaque individu qui est placé là un certain
nombre de mille dollars extrêmement élevé. Je pense que
nous étions en face, à l'Institut Philippe Pinel, d'un
problème de commencement. Il y a là un problème majeur en
ce qui concerne même la science de traitement de ce genre de patients,
dont personne actuellement, même au Canada, ne s'occupe vraiment; nous
sommes actuellement l'institut qui le fait. Il est évident,
actuellement, qu'il faudra arriver à diminuer les coûts. Le
conseil d'administration est vraiment inquiet de la façon dont on va
être capable de diminuer les coûts parce que nous ne croyons pas
que la province puisse soutenir très longtemps et à profusion les
institutions de ce genre.
Devant la surspécialisation exigée, nous ne savons pas
vous répondre et je pense que s'il y avait, ici, les administrateurs de
l'intérieur, je ne sais pas s'ils diraient autre chose que je peux vous
dire, mais je peux vous dire que nous faisons vraiment des efforts pour
diminuer ces coûts-là.
Il est vrai que ça coûte cher, mais ce que nous ne
voudrions pas, c'est que, pour diminuer les coûts, on cesse de faire
servir Pinel aux objectifs qu'il voulait. C'est tout simplement ça,
parce que nous croyons qu'il faut diminuer les coûts.
M. CASTONGUAY: Alors, pour qu'il n'y ait pas de malentendu, ce qui
m'importe, c'est qu'on essaie d'éviter, dans toute la mesure du
possible, les exceptions pour l'avenir, de telle sorte qu'il y ait une
meilleure allocation de ressources; au départ, lorsqu'on fait les
immobilisations et par voie de conséquence, les coûts de
fonctionnement qui en résultent. C'était le but de ma question et
le but de mon observation.
M. GENDREAU: M. le Président, puis-je dire que nous sommes
enfin, personnellement et je pense que je peux parler au nom du conseil
d'administration tout à fait d'accord sur les remarques de M. le
ministre,
M. LAURIN: Maintenant, M. Gendreau, je pense que la vocation propre de
Pinel que je connais très bien, comme vous le savez, est quand
même en grande partie régionale, puisque, même si, à
prime abord, elle a plutôt une allure scientifique, en ce sens qu'on
s'occupe d'un certain nombre de malades dont personne ne s'occupe ou ne veut
s'occuper, la plus grande partie de ses malades sont concentrés dans la
grande métropole. A toute fins pratiques, il y a un recoupement qui,
pour la plus grande partie des malades, fait de l'institut Pinel une
institution montréalaise en grande partie.
Bien sûr, aussi longtemps qu'il n'y aura pas d'institution
similaire dans d'autres capitales régionales, comme Québec ou
Sherbrooke, il faudra bien envoyer ces malades spéciaux à
Montréal. Mais, justement, il faudra bien attendre, étant
donné les coûts dont parlait le ministre tout à l'heure,
qu'il y en ait assez dans les autres régions pour qu'on puisse les
multiplier.
Je dois vous avouer que je ne partage pas trop vos appréhensions
en ce qui concerne une carence possible de l'ORAS à reconnaître
une vocation propre à Pinel. Si cette vocation a pu finalement
être acceptée par le ministère de la Santé,
même si cela a pris du temps et si on a dû se heurter à
beaucoup d'obstacles, je ne vois pas de raisons pour lesquelles un ORAS qui,
lui, est beaucoup plus près des problèmes de la région,
aurait de la difficulté à reconnaître cette vocation. Et,
en conséquence, il a accordé à cette institution, qui a
une vocation spécifique, les moyens, les règlements, les fonds
dont elle a besoin. L'ORAS serait peut-être plus en mesure quand
même d'assurer cette coordination dont Pinel a quand même besoin
avec les autres institutions, ou médicales, ou psychiatriques, ou
sociales, de la région.
En tout cas, j'espère que ma conception optimiste
prévaudra contre la vôtre qui m'apparaît plus
pessimiste.
M. GENDREAU: M. le Président, je voudrais simplement
répondre que, tout à l'heure, le Dr Déom disait que le
malade mental était, par définition, le plus oublié. Je
pense que le malade mental qui a commis un délit et qui est un criminel,
à plus forte raison, avec toute la philosophie qu'il y a derrière
cela, on a tendance à l'oublier encore plus que les autres parce que, en
arrière de ça, il y a tous les préjugés contre
celui qui a commis un délit. Je pense que c'est dans cette perspective
que nous voudrions que la philosophie... Parce qu'il ne faut pas oublier que
c'est extrêmement important, à travers la philosophie même
de l'action sociale; on a une chose qui est extraordinaire au Québec,
c'est qu'on a réussi à s'occuper de ces criminels et à les
soigner. Cela, il ne faudrait pas qu'on le regrette, même si ça
coûte énormé-
ment cher et s'il y a d'autres besoins. C'est dans ce sens que nous
pensons qu'une allure peut-être un peu trop régionale pourrait
risquer, devant l'ensemble et l'ampleur des problèmes, de faire oublier
cette question qui nous apparaît l'un des objectifs à
poursuivre.
M. LAURIN: Quant aux coûts très élevés que
comporte une telle institution, je rejoins votre pessimisme parce que,
justement, il s'agit d'une catégorie de malades qui sont très mal
connus encore, au point de vue scientifique. Il faudra beaucoup de recherches
avant de pouvoir en arriver à une connaissance plus approfondie. Mais
nous en savons quand même assez, cependant, pour réaliser que,
pour s'occuper de ces patients-là, il faut des équipes de
professionnels plus nombreuses, encore mieux formées et non seulement
des professionnels, mais des équipes d'auxiliaires aussi, dans le sens
de la réadaptation et, en ce sens-là, je pense qu'une
expérience pilote comme celle-là, toute onéreuse qu'elle
soit, s'impose.
Là, je pense que c'est une réponse qu'on peut donner au
ministre. Non seulement des institutions comme celle-là sont
exceptionnelles, mais ce sont des institutions pilotes aussi. Je pense que,
pour une institution pilote, un Etat est plus capable de faire des sacrifices
que pour une institution uniquement exceptionnelle.
M. CASTONGUAY: Je suis d'accord, docteur, qu'on doive innover, faire de
la recherche, mais on doit aussi partager les ressources et c'était dans
ce genre d'esprit que je faisais mon observation.
Je ne remets pas en cause le principe de l'Institut Philippe Pinel, mais
je me pose des questions quant au coût de construction et quant au
coût de fonctionnement, face à certains autres besoins, et on me
dit que le conseil d'administration fait de même. Et je me dis, si les
décisions avaient été prises dans un ensemble un peu plus
grand où on aurait pu comparer avec d'autres choix, par exemple je pense
à certains besoins dans le domaine de l'enfance je pourrais en
énumérer un certain nombre peut-être qu'on aurait
donné une taille un peu plus réduite à l'institut,
peut-être qu'où aurait été un peu moins
généreux dans tout l'aspect matériel de l'institut. Il en
aurait résulté des frais d'opération moins grands pour
l'avenir et on aurait pu faire un travail tout aussi valable. C'est dans ce
sens-là.
M. LE PRESIDENT: M. Bois.
M. BOIS: M. le Président, en assumant que l'année
dernière, par exemple, il y a même eu une demande faite de la part
des membres de la commission de ne pas inclure les soins psychiatriques dans le
projet de loi 8, est-ce que, comme représentant devant cette commission,
vous jugez que la difficulté cette année, devant le projet de loi
no 65, provient autant du professionnel que de l'institution elle-même,
du professionnel qui pratique la psychiatrie?
M. GENDREAU: Je ne comprends pas le sens de votre question.
M. BOIS: C'est que, l'année dernière, on avait
demandé, par exemple, d'exclure les soins psychiatriques dans le bill 8
qui concerne l'assurance-maladie. Est-ce que, cette année, les
difficultés que vous voyez pourraient naître surtout sur le plan
médical plutôt que sur le plan de l'institution Pinel?
M. GENDREAU: Je pense que, dans la remarque que nous faisons, nous
parlons de l'aspect du patient et donc du médecin, des professionnels
qui vont travailler auprès des patients. Vous voulez parler de la
cinquième recommandation si je comprends bien?
M. BOIS: Oui, oui, justement.
M. GENDREAU: Je pense que là, il est important parce que
l'on veut envisager que ce soit un tout qu'on ne laisse pas de
côté l'aspect des professionnels et des malades au
détriment des aspects administratifs. Je veux dire l'aspect
administratif au détriment plutôt des aspects du malade et des
professionnels. C'est pour cela que nous pensons qu'il doit y avoir un tout
dans cette loi.
M. BOIS: M. le Président, je tiens à féliciter le
représentant. A la page 6 de votre mémoire, juste à la fin
de l'article 4, vous dites quelque chose que je trouve extrêmement
à point et pour lequel je tiens à vous féliciter.
M. LE PRESIDENT: M. Gendreau, je vous remercie. J'invite maintenant le
porte-parole de l'Université de Montréal, et hôpitaux
affiliés.
Université de Montréal et hôpitaux
affiliés
M. LAROSE (Roger): M. le Président, messieurs les ministres,
messieurs. Je suis Roger Larose, vice-recteur à l'administration de
l'Université de Montréal, et je représente
l'Université de Montréal, ses facultés de la santé,
médecine, pharmacie, chirurgie dentaire, nursing; ses cinq
hôpitaux affiliés: Notre-Dame, Hôtel-Dieu de
Montréal, Saint-Luc, Sainte-Justine, Maisonneuve-Rosemont, et ses trois
instituts de recherche: l'Institut de cardiologie, l'Institut du cancer et
l'Institut de recherches cliniques. Je suis accompagné d'un vice-doyen
de la faculté de médecine, le Dr Jean Mathieu, qui est à
ma droite, immédiatement à ma droite, du Dr Pierre Nadeau, qui
est à sa droite, qui est le président du Conseil des
médecins de l'Hôtel-Dieu de Montréal, et de Me Jacques
Girard, à ma gauche, qui est le secrétaire général
de l'Université de Montréal.
Comme vous l'avez vu dans le mémoire, notre préoccupation
est le maintien de la relation efficace qui existe déjà, depuis
plusieurs années, entre la faculté de médecine et les
hôpitaux affiliés et, plus généralement, entre
l'Université de Montréal, les hôpitaux affiliés et
les instituts de recherche affiliés. Nous acceptons, comme vous vous en
êtes rendu compte, de vivre à l'intérieur du projet de loi
no 65, mais nous pensons que les amendements que nous suggérons
permettront de mieux maintenir cette relation efficace entre
l'université, les hôpitaux et les instituts de recherche. Le
mémoire a d'ailleurs été préparé en
collaboration avec les hôpitaux et les instituts de recherche. C'est Me
Jacques Girard, le secrétaire général de
l'université, qui en a fait la rédaction avec le doyen Bois et le
vice-recteur à la gestion académique, André Archambault.
Avec votre permission, j'inviterai Me Jacques Girard à vous le
présenter.
M. GIRARD: M. le Président, tout comme M. Larose vient de le
dire, le mémoire que nous vous soumettons aujourd'hui a
été voulu par le comité interhospitalo-universitaire,
comité qui regroupe les représentants de l'Université de
Montréal et les représentants de chacun des hôpitaux et des
instituts affiliés à l'Université de Montréal.
Suite à la publication du projet de loi no 65, le comité a
jugé important de soumettre un mémoire, mais il a voulu, par
ailleurs, que ce mémoire ne traite que des implications du projet de loi
au niveau de l'enseignement et de la recherche.
Je me contenterai de résumer les principes qui sous-tendent tout
le mémoire et qui apparaissent dans les cinq premières pages,
puisque les amendements que nous suggérons en regard des
différents articles sont le résultat direct de ces principes que
nous retrouvons dans les premières pages. Nous posons tout d'abord le
principe suivant, qui est le rôle de l'université dans le domaine
de la santé et des affaires sociales. L'université, dans ce
domaine comme dans tous les autres, est responsable de l'enseignement
supérieur et de la recherche. Elle assure cet enseignement
supérieur et cette recherche par sa faculté de médecine,
mais également ses autres facultés de la santé et certains
de ses départements dans le domaine des affaires sociales.
Quels sont les moyens dont doit disposer l'université pour
remplir efficacement ce rôle? Il apparaît de plus en plus nettement
qu'il lui faut, pour l'accomplir, au niveau des sciences cliniques, un milieu
qui soit favorable, qui soit complet et qui soit total et ce milieu, ce sont,
bien sûr, les hôpitaux et les instituts eux-mêmes. Devant
cette nécessité, l'université n'a pas hésité
à s'affilier, au cours des récentes années, des
hôpitaux et également des instituts et elle a l'intention, dans
les prochains mois, de s'affilier d'autres hôpitaux et d'autres instituts
et cela, pour assurer, précisément, un enseignement efficace des
sciences cliniques. Ces hôpitaux et ces instituts ont, suite à
l'affiliation, un double mandat. Tout d'abord, celui, comme tous les autres, de
dispenser des soins, mais également, celui de dispenser l'enseignement
et de faire progresser la recherche.
L'université et les hôpitaux estiment que, pour accomplir
efficacement ce rôle, il faut que l'université soit
présente dans les structures mêmes des hôpitaux et des
instituts affiliés. Cela est au. niveau principalement des conseils
d'administration mais également au niveau des autres organismes, des
hôpitaux et des instituts.
Il apparaît également à l'université et
à ses institutions affiliées de faire une distinction très
nette des budgets, entre les budgets affectés aux soins et les budgets
affectés à l'enseignement et à la recherche.
Nous estimons que dans ce domaine, l'université, en collaboration
étroite avec ses institutions affiliées, a un rôle
très particulier et très important à jouer, si elle veut
pouvoir efficacement planifier le développement de l'enseignement et de
la recherche.
Par ailleurs, lorsque nous demandons que ces budgets soient clairement
identifiés et que la responsabilité de l'université soit
nettement précisée, nous ne voulons pas pour autant nous exclure
du système prévu par le projet de loi no 65. Nous pensons que la
réconciliation, au niveau de la planification et du développement
des budgets des soins et du budget de l'enseignement et de la recherche, peut
se faire, précisément au niveau de l'office régional des
affaires sociales, à condition bien entendu, comme nous le
suggérons dans le mémoire, que la représentation de
l'université y soit une représentation véritable et que
parmi les fonctions de l'office régional on retrouve cette
préoccupation à l'égard de l'enseignement et de la
recherche.
En terminant, M. le Président, somme toute, le but du
mémoire est de souligner que les institutions affiliées à
une université et où, en plus des soins, il se dispense de
l'enseignement et de la recherche, ont des caractères très
particuliers qui doivent être précisés dans le projet de
loi.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier les
représentants de l'université pour ce mémoire je
note avec beaucoup d'intérêt le fait qu'un comité
interhospitalo-universitaire fonctionne parce que je ne suis pas sans
savoir que l'Université de Montréal, au cours des
dernières années, et dans le passé, a eu de grandes
difficultés avec ses instituts et ses hôpitaux d'enseignement.
Encore au moment où je suis passé, comme président de la
commission d'enquête à l'Institut de cardiologie, qui fait sous
bien des aspects l'orgueil des Québécois, il n'existait aucune
relation avec l'université aux fins de l'enseignement de la
médecine dans cet institut.
UNE VOIX: C'est exact.
M. CASTONGUAY: Il en était de même si
ma mémoire est bonne en ce qui a trait à l'Institut
de microbiologie, qui fabrique des produits qui semblent être de
qualité suffisamment bonne pour être exportés aux
Etats-Unis dans bien des endroits.
Si je mets cet élément en relief, ce n'est pas pour faire
revivre des souvenirs pénibles ou des choses désagréables,
mais c'est pour mettre l'accent, pour les membres de la commission et pour ceux
qui prennent connaissance de ces discussions, sur les difficultés qui
existent dans le secteur de la santé, dans le domaine de l'enseignement
et même à ces niveaux. Je puis dire que, de façon
générale, les représentations que vous nous faites nous
apparaissent bien sensées. J'espère bien que dans les
dispositions finales du projet de loi, nous aurons pu faire un pas en avant qui
vous permettra d'avoir des relations encore plus efficaces, plus
étroites avec vos hôpitaux ou vos institutions, soit au niveau de
la nomination des responsables, soit au niveau des relations à tous les
plans.
Quant à la question également soulevée de la
distinction entre les budgets pour les soins, l'enseignement et la recherche,
nous partageons aussi cet objectif et nous travaillons en ce sens. Il n'est pas
toujours facile, présentement, de faire cette distinction. Vous savez
que nous avons pris l'habitude, par la voie de certains programmes qui sont
officiellement des programmes de financement de soins, de financer d'autres
activités et nous nous intéressons grandement à cette
question parce que je crois que nous aurions tout à gagner si nous
savions clairement ce qui va vraiment aux soins, ce qui va à
l'enseignement et ce qui va à la recherche.
En ce qui a trait à la recherche, justement, à chaque fois
que la chose nous est possible, nous posons déjà des gestes pour
nous assurer que cette clarification va se faire.
Je voudrais vous remercier pour ce mémoire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. Larose, les problèmes que vous nous avez
très bien exposés dans votre mémoire me sont
évidemment bien connus puisque j'en ai fait mon pain quotidien pendant
de nombreuses années. Il reste que, quand j'ai lu le projet de loi 65
pour la première fois, j'ai vu que c'était, non pas une des
faiblesses du projet de loi, mais un des secteurs où les
précisions s'imposaient davantage. Car nonobstant les
considérations du ministre voulant que l'équilibre entre
l'université et ses institutions affiliées avait
été difficile à établir, s'était
heurté à beaucoup d'obstacles prolongés, je pense quand
même que vous en étiez arrivé à établir un
équilibre harmonieux entre les objectifs respectifs de
l'université et des institutions affiliées.
Et c'est précisément au moment où vous en
étiez arrivé à établir cet équilibre que
vous êtes obligé de le remettre en question par l'adjonction d'un
troisième organisme avec lequel il va falloir également
établir des relations qui vont vous permettre de réaliser vos
objectifs. A première vue, on peut penser que ce sera peut-être un
peu plus difficile qu'avec les hôpitaux puisqu'à la longue
l'université pouvait faire valoir aux hôpitaux qu'elle leur
rendait énormément de services au point de vue de la
qualité des soins, au niveau du personnel très
spécialisé dont elle pouvait lui assurer la présence,
alors que le but premier de l'ORAS sera précisément une
coordination, une planification des soins. Ce sera centré sur les soins
et on voit à première vue dans le projet de loi que
l'enseignement et la recherche sont plutôt des services qui vont
entraîner des contrats de location, si l'on peut s'exprimer ainsi, et lui
donneront une position un peu ancillaire, un peu subsidiaire par rapport
à cet objectif très important et essentiel et qui s'impose
d'ailleurs, de la planification régionale des soins.
A ce moment-là, je souhaitais et je souhaite encore que les
fonctions de l'ORAS en ce qui concerne l'enseignement et la recherche soient
davantages précisées, que les conditions de location de services
soient plus précisées et que surtout le rôle majeur de
l'université dans la continuation d'une bonne qualité
d'enseignement qui est la seule, à long terme, à pouvoir garantir
la qualité des services puisse être assurée. Encore une
fois, je reconnais bien que dans un projet de loi on ne puisse pas faire des
exposés philosophiques, des préambules qui souvent posent un tas
de problèmes au point de vue de l'interprétation. Il reste quand
même que je pense que le ministre nous a donné l'assurance que le
projet de loi sera amendé en ce sens que les objectifs seront plus
clairement précisés, que les orientations se dessineront
davantage. J'espère qu'on en arrivera à un texte qui montrera
davantage le rôle extrêmement important que continue à jouer
l'université en coordination avec l'ORAS pour assurer à sa
façon la qualité des soins, ce qui n'apparaît pas toujours
à première vue. Je pense que, pour ma part, j'ai bien compris vos
préoccupations ainsi que vos recommandations et j'essaierai d'en tenir
compte.
M. LAROSE: Merci beaucoup.
M. BOIS: J'ai une question, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: A la page 9 de votre mémoire, à l'article 7, vous
dites: "Il faut distinguer très nettement entre les budgets de soins et
les budgets d'enseignement et de recherche." Dans les budgets de la recherche
universitaire à l'heure actuelle, quel est le pourcentage qui est
composé de subventions du gouvernement et quelle est la partie qui
pourrait être celle de l'Université de Montréal?
M. LAROSE: Il n'y a vraiment pas d'argent qui vient de
l'Université de Montréal. L'Université de Montréal
vit en somme de fonds publics des frais de scolarité qui
nous viennent pour le fonctionnement dans la proportion d'environ 80 p.c. du
gouvernement provincial. A la recherche, les sources de financement sont plus
nombreuses. Il y a par exemple les organismes fédéraux de
subventions à la recherche; il y a aussi ce que je pourrais appeler les
subventions de département à l'intérieur à la fois
du gouvernement fédéral et du gouvernement provincial; il y a
aussi des sources comme des fondations qui font de la distribution de
subventions à la recherche, à la recherche médicale
particulièrement. Si j'ai bien compris votre question,
l'université n'a pas d'argent.
Nous avons un fonds de dotation d'un peu plus de $2 millions. Je pense
qu'à ce point de vue nous sommes une des universités les plus
pauvres. Nous n'avons vraiment pas de fonds à disposer à la
recherche. Il nous est possible parfois de voler un peu d'argent au budget de
fonctionnement pour des projets de recherche très valables, qui ne sont
pas subventionnés directement par des organismes de l'extérieur,
mais ça reste quand même assez faible.
M. BOIS: Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je vous remercie.
M. LAROSE,: M. le Président, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à 8 h
15.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
Je dois demander aux représentants de Jewish General Hospital et
de l'Institut de psychiatrie communautaire et familiale si leur
représentant est ici.
Alors, les porte-parole n'étant pas ici, nous allons demander la
Fédération des infirmiers et infirmières unis inc.
Fédération des infirmiers et
infirmières unis
MME BLAKER: M. le Président, je suis Mme Gloria Blaker,
présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers unis et de
la Fédération des infirmières et infirmiers unis.
Je suis accompagnée, à ma droite, de Mlle Joan Martin,
vice-présidente, et à sa droite, Mlle Hélène
Wavroch, trésorière; à ma gauche, Mme Madeleine Morgan,
conseillère technique et, à sa gauche, Mlle Irene Mitcheson,
secrétaire.
Depuis notre demande au secrétaire de la commission de nous
inscrire sur la liste d'appel de la présente commission, notre mouvement
est devenu la Fédération des infirmières et infirmiers
unis. Nous regrettons le fait que les commissaires n'aient pas eu le temps de
parcourir notre mémoire. En effet, des difficultés techniques
nous ont empêchés de vous le faire parvenir plus tôt.
Si, par ailleurs, nous avons insisté pour nous présenter
devant vous, c'est que nous désirons recevoir des réponses
à nos questions inscrites dans notre mémoire. Ainsi, nous
relevons, à la page 18 du chapitre 3: "Concernant l'article 75 du projet
de loi 65" des questions. Cet article du projet de loi soulève, de notre
part, en tant que fédération syndicale, beaucoup de points
d'interrogation. Cet article s'applique-t-il aux infirmières ne faisant
pas partie des cadres qui ne sont pas syndiqués travaillant dans toute
institution publique au sens de la loi?
Le règlement dont il est question serait-il élaboré
par l'institution même, l'ORAS ou le ministre lui-même? A cet
égard, la clarté ne nous apparaît pas
éblouissante.
Les normes dont il est fait mention, sont-ce des normes qui ont trait
aux exigences de la qualité des soins ou aux conditions de travail?
En tenant compte de l'incidence du budget global à chaque
institution, peut-on en conclure qu'il sera loisible à ces institutions
d'établir des barêmes de salaire autre que ceux
déterminés provincialement par la négociation
collective?
Les infirmières ci-haut mentionnées seront-elles soumises
aussi à l'article 61 de la Loi de la fonction publique en ce qui
concerne leur congédiement? Nous vous référons
également à la page 42, chapitre 3, concernant l'article 145 du
projet de loi. Ainsi, en effet, le bill 46, qui déterminait les
groupements visés par la négociation provinciale d'une convention
collective,
s'est avéré fort confus au niveau de
l'interprétation de cette loi. Aussi, pour élucider tout doute,
tenant compte du fait que la Fédération des infirmières et
infirmiers unis négocie provincialement pour les infirmières du
secteur des affaires sociales, nous demandons que la Fédération
des infirmières et infirmiers unis soit inscrite à l'article 145
comme groupement négociant provincialement pour les infirmières
en vertu du bill 46.
Nous aurions espéré que cet article 145 apporte plus de
précisions en ce qui concerne la négociation de convention
collective.
En ce qui concerne l'ensemble de notre mémoire, ne voulant pas
accaparer le temps de la commission à notre présentation, nous
vous référons au chapitre 4, soit celui de nos recommandations et
nous attendons vos réponses à nos questions ci-haut
mentionnées ainsi que les questions que vous voudrez bien nous adresser.
J'aimerais aussi lire nos recommandations.
Recommandation 1: Que l'Etat assure dès maintenant les soins
dentaires à l'adolescent et à la femme enceinte;
Recommandation 2: Que l'Etat reconnaisse à tout citoyen du
Québec quels que soient sa race, sa couleur, son sexe, son âge, sa
langue, sa religion et ses opinions politiques le droit aux services de
santé et aux services sociaux.
Recommandation 3: Que l'Etat reconnaisse à tout citoyen du
Québec, quels que soient sa race, sa couleur, son sexe, son âge,
sa langue, sa religion et ses opinions politiques, le droit de participer
à la gestion des institutions des services de santé et des
services sociaux, ainsi qu'à la détermination des besoins de la
communauté;
Recommandation no 4: Que l'Etat entame un dialogue avec les institutions
où se retrouve un haut pourcentage de citoyens juifs afin que soit
respecté leur droit de satisfaire aux exigences de leur religion; sans
préjudice pour les autres citoyens de langue ou de religion
différentes;
Recommandation 5: Que soient éliminés de l'article 15, les
mots suivants: "ou de tout autre groupe de personnes déterminé
par les règlements";
Recommandation 6: Que le choix des régions où sera
implanté un ORAS se situe sur le modèle correspondant aux
activités administratives économiques du Québec en vue
d'une coordination interministérielle plus efficace;
Recommandation 7: Que soient remplacés les mots: "la
nécessité de la consultation de cette catégorie
d'institutions est supprimée" par "cette représentation sera
comblée par deux autres représentants des groupes
socio-économiques";
Recommandation 8: Qu'un mécanisme démocratique soit
adopté pour l'élection des membres du conseil d'administration
d'un ORAS;
Recommandation 9: Que soit définie claire- ment la notion
"groupes socio-économiques" (article 9);
Recommandation 10: Que le directeur général d'un office
soit nommé pour une période n'excédant pas 5 ans;
Recommandation 11: Qu'au 2e alinéa de l'article 49a), cinq
personnes élues pour quatre ans par la population du territoire desservi
par le centre suivant les règles et la procédure établies
à cette fins par règlement de l'office de la région dans
laquelle le centre est situé, soit remplacé par "six personnes
élues";
Recommandation 12: Que le directeur général du centre
(article 49), fasse partie "ex-officio" du conseil d'administration sans droit
de vote;
Recommandation 13: Que l'article 50a) soit remplacé par: a) sept
personnes résidant dans le territoire desservi par le centre,
élues pour quatre ans par l'ensemble des citoyens du territoire à
l'assemblée annuelle;
Recommandation 14: Qu'à l'article 36 b) du projet:
"établir la procédure qui doit être suivie au cours des
séances publiques d'information" soit ajouté "et
d'élections";
Recommandation 15: Que soient éliminés de l'article no 53,
les mots suivants: "les professionnels exerçant leur profession à
l'institution de même que";
Recommandation 16: Que tel que proposé à l'article 76, le
conseil consultatif des professionnels soit composé de tous les
professionnels exerçant leur profession dans le centre;
Recommandation 17: Que le conseil des professionnels élise un
directeur des services professionnels agréé par le conseil
d'administration du centre hospitalier ou du centre de service social;
Recommandation 18: Qu'advenant le refus d'agrément par le conseil
d'administration de la proposition du conseil des professionnels, ce dernier
serait tenu d'apporter autant de nouvelles propositions qu'il serait
nécessaire pour arriver à un accord;
Recommandation 19: Que soit déterminé à l'article
89 le véritable mécanisme qui sera utilisé pour
l'approbation des règlements relatifs à l'administration des
institutions publiques;
Recommandation 20: Que le ministère des Affaires sociales en
collaboration avec le ministère du Travail et le ministère de
l'Education prévoie l'accessibilité du plus grand nombre
d'infirmières à l'étude postscolaire en nursing
communautaire;
Recommandation 21 : Qu'au moment de la fusion, de la fermeture ou de la
conversion d'une institution où les infirmières sont membres de
notre mouvement, la Fédération des infirmières unies soit
appelée officiellement à collaborer afin que la fusion, la
fermeture ou la conversion s'opère dans un climat le plus serein
possible en tenant compte des conventions collectives en vigueur;
Recommandation 22: Que le code des pro-
fessions, la Loi médicale, la Loi des infirmières soient
déposées à la commission parlementaire où nous
sollicitons dès maintenant le droit de nous faire entendre;
On sait que le code des professions et la Loi médicale ont
été déposés en première lecture, mais nous
attendons la Loi des infirmières.
Recommandation 23 : Que la Fédération des
infirmières unies soit inscrite nommément dans l'article 145
comme groupement négociant provincialement pour les infirmières
en vertu du bill 46;
Nous avons aussi reproduit des chiffres qui vous donnent l'inventaire
des infirmières et infirmiers quant au syndicalisme. Nous avons dû
le faire parce que, lors de la présentation de l'AIPQ, les chiffres
suivants ont été donnés: 15,000 infirmières et
infirmiers syndiqués, 15,000 infirmières et infirmiers non
syndiqués.
M. CASTONGUAY: Je voudrais remercier la Fédération des
infirmières et infirmiers unis pour ce mémoire qu'ils nous
présentent. Je vais être très bref dans mes commentaires.
En premier lieu je reprends un peu, dans l'ordre, les commentaires qui
ont été faits on nous adresse une certaine série de
questions sur l'article 75. Normalement, le mécanisme de la commission
parlementaire est plutôt d'informer les membres de la commission qui
auront à se prononcer sur le projet de loi que d'informer ceux qui
viennent se présenter devant la commission.
Je reconnais le besoin d'information, d'expliquer quels sont les
objectifs poursuivis par le gouvernement, mais le but de la commission
parlementaire, qui est un aspect bien particulier dans le processus, est
plutôt d'informer les membres de la commission. Si je comprends bien le
sens des questions, ou même si c'est formulé sous forme de
questions, c'est dans le même sens que le mémoire qui nous a
été présenté cet après-midi par les cadres
infirmiers unis.
Si je fais erreur, une fois mes commentaires terminés, il y
aurait peut-être lieu de mentionner si c'est vraiment, comme sens
général, différent. Je me reporte également aux
commentaires que j'ai faits cet après-midi quant à la nature du
bill 65, par rapport aux relations de travail, et c'est dans le même
sens, je pense bien, que l'on doit voir l'article 145 qui ne vise pas à
donner des accréditations au sens du code du travail, étant
donné qu'il y a déjà, d'autre part, dans la
législation du travail, les mécanismes appropriés pour la
reconnaissance syndicale, la reconnaissance au plan des négociations.
Alors, ce projet de loi n'a aucunement l'intention de modifier la
législation ouvrière.
Quant aux diverses recommandations, évidemment, certaines
s'adressent à des aspects autres que le bill 65 tels les soins
dentaires, la formation de personnel infirmier, etc. Etant donné que le
bill ne touche pas ces aspects, je ne crois pas qu'il y ait lieu, pour le
moment, de discuter ces questions même si les recommandations qui sont
formulées portent sur des aspects importants. Quant aux autres
recommandations qui sont directement reliées au bill 65, je pense
qu'à chaque recommandation, j'ai eu l'occasion de faire des commentaires
et, dans un certain nombre de cas, j'ai déjà indiqué le
désir du gouvernement soit de clarifier, soit d'ajuster les dispositions
du projet de loi ou des dispositions qui sont mentionnées dans ce
projet.
Enfin, quant à l'ensemble des lois qui touchent aux corporations
professionnelles, dès que l'ensemble de ces lois aura été
déposé, déjà nous avons dit en Chambre qu'elles
sont toutes référées à la commission parlementaire
spéciale formée aux fins d'entendre les représentations
sur cet ensemble de projet de loi, y compris la Loi des infirmières.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas de commentaire particulier à
faire. Sauf que je voudrais adresser une question au ministre. Pour
répondre à la recommandation 22, étant donné que le
code des professions et la Loi médicale ont été
déposés en première lecture, est-ce que la Loi des
infirmières le sera incessamment, la Loi des infirmières et les
autres qui concernent le secteur de la santé?
M. CASTONGUAY: Avant l'ajournement pour Noël.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on les aura en Chambre au
moment...
M. CASTONGUAY: Oui, oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...où nous pourrons étudier le
projet de loi no 65?
M. CASTONGUAY: Vous avez vu que déjà le code des
professions, qui comprend la majeure partie des dispositions touchant les
corporations professionnelles, étant donné que dans les lois
particulières on ne retrouve que les dispositions particulières,
donne un grand nombre de réponses qui ont pu être soulevées
lors de l'étude du bill 65; quant aux autres projets de loi, ils vont
être déposés au cours des travaux la semaine prochaine. Je
suis convaincu que certains seront déposés.
Exactement, à quel rythme et à quelle date et comment
puis-je donner la garantie qu'ils seront tous déposés avant qu'on
aborde en Chambre la deuxième lecture du projet de loi 65,
j'hésite. Mais vous pouvez être assuré que tous les projets
vont être déposés.
M. CLOUTIER (Montmagny): En ce qui concerne la santé
particulièrement?
M. CASTONGUAY: Comme je dis, tous les projets concernant la
santé.
M. LE PRESIDENT: Mesdames, je vous remercie.
MME MORGAN (Madeleine): Est-ce qu'on peut poser une question au sujet,
justement, du Code des professions, la Loi médicale et la Loi des
infirmières? Est-ce qu'on pourrait savoir si les trois vont être
présentés en même temps et à la même
commission?
M. CASTONGUAY: Tous les projets de loi touchant les corporations
professionnelles sont référés à une commission
spéciale de la Chambre qui a été formée pour
entendre toutes les représentations touchant cet ensemble.
MME MORGAN: Ce sera la même commission pour ces trois-là
spécifiquement?
M. CASTONGUAY: Ce sera la même commission, oui.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie. Les porte-parole de l'Institut
Anbar.
Institut Anbar
M. BARAKETT (Raymond): M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, je suis Raymond Barakett, le conseiller juridique de
l'Institut Anbar. J'ai avec moi le fondateur et directeur
général, le Dr Anbar, à ma droite; à ma gauche, son
adjointe, Mme Nelson; encore à ma droite, le Dr Voyer, directeur
médical, et le Dr Landriault, chef des services médicaux;
à ma gauche, M. Daniel Holdrinet, directeur des services
professionnels.
Nous aimerions vous exprimer notre gratitude pour avoir accepté
notre demande d'audition sur le projet de loi no 65. Permettez-nous de
mentionner au tout début que nous ne sommes pas venus vous demander des
subventions pour nos institutions.
Cette année, nous avons négocié un contrat à
forfait pour la location de nos services au gouvernement. Nous demandons
seulement le droit de continuer de négocier de tels contrats avec le
ministre pour des services qui doivent toujours respecter les normes et les
standards déterminés par l'Etat.
Par conséquent, nous nous opposons aux définitions des
diverses institutions de l'article 1 du projet parce que nos institutions,
contrairement aux institutions sans but lucratif dont non seulement les
dépenses d'opération, mais aussi les pertes sont assumées
par l'Etat, nos institutions, dis-je, ne sont pas subventionnées. C'est
pourquoi des institutions comme les nôtres devraient, nous le soumettons,
être appelées plutôt institutions privées à
contrat qu'"institutions privées subventionnées".
Parmi les nombreux sujets que nous avons examinés dans notre
mémoire, il y en a deux que nous désirons souligner lors de cette
audition. En premier lieu, il y a certains articles du bill qui, lorsque
appliqués à des institutions privées comme les
nôtres, ont pour effet pratique de les transformer, de les convertir en
institutions publiques. Nous soumettons que ces articles vont à
l'encontre de la nature même des institutions privées.
Les articles 101 et 143 obligent les institutions privées
à dévoiler leurs états financiers. Le vérificateur
général peut, en vertu de l'article 144, vérifier les
livres et comptes de toute institution privée dont les dépenses
sont payées à même les fonds publics.
Les articles 30 et 35 donnent des pouvoirs d'enquête
extraordinaires à l'ORAS. L'article 120 d) permet au ministre d'assumer
l'administration provisoire d'une institution subventionnée qui a
encouru une dépense non prévue au budget approuvé et en
vertu de l'article 138, le lieutenant-gouverneur en conseil peut destituer
toute personne qui fait partie de telle institution qui a autorisé ou
approuvé une telle dépense.
Les résultats: ces institutions privées, converties
à toutes fins pratiques en institutions publiques, deviendront pour le
gouvernement, nous vous le soumettons, aussi coûteuses que les
institutions sans but lucratif subventionnées. Ceci coûtera
beaucoup d'argent au gouvernement et aucun gain d'aucune sorte ne peut en
être attendu par le public.
Puisque c'est l'Etat qui doit fixer les normes et standards de
santé, d'hygiène, de sécurité et d'éducation
qui s'appliquent à nos institutions, c'est l'Etat qui a le droit et
l'obligation même, nous en convenons, d'inspecter et de voir à ce
que ces normes et standards soient suivis sous peine de perte de permis.
Mais en vertu de quel principe assumer notre administration ou destituer
un de nos membres si le budget approuvé n'a pas été
respecté puisque c'est nous seuls qui devons supporter les frais et les
déficits. Ces articles ont aussi un effet très sérieux sur
la possibilité de négocier un contrat à forfait avec
l'Etat. Ceci nous amène à exposer le deuxième point que
nous désirons vous souligner aujourd'hui, à savoir qu'à
toutes fins pratiques, l'article 136 empêche la libre négociation
d'un contrat à forfait avec le gouvernement. Nous croyons l'article 136
foncièrement et ouvertement injuste pour nos institutions parce que,
premièrement, cette disposition n'envisage pas une compensation
raisonnable pour le grand risque encouru dans l'exploitation de nos
institutions; deuxièmement, il ne permet pas une compensation
adéquate pour notre efficacité administrative;
troisièmement, il ne permet pas la libre négociation d'un contrat
à prix fixe.
La notion de risque. On ne tient aucunement compte du grand risque
particulier à nos institutions. Les institutions Anbar
nécessitent une mise de fonds considérable pour l'acquisition
d'immeubles, bâtiments, équipements et meubles de nature
très spécialisée qui ne peuvent être utilisés
que pour les fins d'une telle institution. Le permis, en vertu de l'article 97,
n'est valide que pour un an. Au cas de perte de permis, on ne pourra disposer
de ces biens que
difficilement et, par conséquent, on court un grand risque de
perdre une proportion considérable de ces biens, d'encourir une perte
énorme. Or l'article 136 ne mentionne pas la notion de risque.
La notion d'efficacité. L'article 136 ne mentionne non plus
aucune compensation pour l'efficacité administrative. Pourtant, cette
efficacité administrative des organisations privées n'est pas
illusoire. Les institutions Anbar, depuis 17 ans, louent au gouvernement
québécois des services de la plus haute qualité dans le
domaine du retard mental à un coût qui, aujourd'hui encore,
s'établit à une moyenne totale de $13 par jour et par enfant.
Poursuivant un but de régionalisation de ses services, le gouvernement a
lui-même ouvert plusieurs institutions dans la province. C'est un fait
établi que ces institutions fonctionnent à des coûts
plusieurs fois plus élevés que les coûts exceptionnellement
bas des Institutions Anbar. Toutefois, l'article 136 ne tient pas compte de la
notion de l'efficacité administrative.
La possibilité de négocier un contrat à fortfait.
L'expérience nous montre qu'un contrat à forfait est avantageux
pour le gouvernement et encourage l'efficacité dans les institutions.
Cependant l'article 136, tel que rédigé, empêche la
négociation d'un contrat à prix fixe avec le gouvernement, parce
qu'il oblige le ministre à ne s'en tenir, premièrement, qu'au
remboursement des dépenses admissibles en vertu des règlements;
deuxièmement, qu'à la rémunération correspondant
à un pourcentage annuel, que fixent les règlements, de la valeur
de l'investissement financier du propriétaire. Ce qui constitue à
notre avis deux contradictions flagrantes avec la notion d'un contrat à
forfait négocié librement. Nous soumettons que l'article 136
devrait être amendé pour permettre la libre négociation
d'un contrat à prix fixe pour des services qui sont toujours sujets
à l'inspection par le gouvernement qui, lui, détermine les normes
et standards.
Nous suggérons, également, que l'article 136 soit
amendé pour éliminer les notions de dépenses
d'exploitation, remboursement des dépenses admissibles, pourcentage de
la valeur de l'investissement financier, de façon à permettre la
libre négociation avec le ministre de contrats à prix fixe ou
à per diem avec nous. Nous désirons remplir pleinement notre
obligation de fournir des services de qualité, toujours sujets à
l'inspection et à l'approbation du gouvernement et, en contrepartie,
nous nous attendons à un contrat qui nous permettra de continuer de
fonctionner librement, pour le bénéfice du déficient
mental dans la province. Merci.
M. CASTONGUAY: Premièrement, M. le Président, je veux
remercier les représentants de l'Institut Anbar. Nous avons
déjà eu l'occasion d'écouter les représentants de
l'ADEP, de discuter de leur mémoire, de cette question analogue dans une
large mesure. L'Association des parents de l'Institut Anbar ou des parents des
enfants de l'Institut Anbar nous a également présenté un
mémoire qui soulève d'autres aspects de la question.
Alors, je vais être bref. Je crois qu'il est exact de dire
qu'à certains moments, lorsque le ministère a dû fermer les
institutions, il a référé des enfants à l'Institut
Anbar, ce qui est une indication certaine d'une reconnaissance de services
conformes à des normes jugées acceptables de part et d'autre.
Alors, il n'est pas question de reprendre la discussion sur ce plan. Donc, je
me transpose à ce qui a trait au projet de loi et nous avons
proposé un mode pour établir les relations, au plan financier,
entre le gouvernement et les institutions. Si nous l'avons fait, c'est qu'il
m'apparaît assez clair qu'au cours des dernières années, un
ou des modes adéquats ont pu être établis.
On a modifié, il y a quelque temps, l'approche d'un grand nombre
d'institutions. On a distingué entre les salaires payés pour le
personnel, les montants payés pour les autres frais d'exploitation; on a
introduit, en définitive, une semi-formule budgétaire. On avait
eu, antérieurement, d'autres formules de paiement de per diem ou
fixé selon d'autres critères ou d'autres méthodes qu'il ne
m'appartient pas d'énumérer pour le moment. Avec le
résultat qu'il y a eu des changements d'apportés. Il y a une
certaine insatisfaction, une certaine insécurité qui règne
que ce soit au plan de la durée des contrats il en est fait
mention ici ou sur d'autres plans.
Alors, il nous faut, je crois, établir un mode de relation, au
plan financier, plus permanent, plus stable et qui permette aux institutions de
fonctionner ou de savoir si elles ont un avenir ou non dans ce secteur. J'ai
déjà mentionné pour plusieurs raisons, les attitudes du
ministère' quant à l'avenir des établissements
privés. Il n'en demeure pas moins qu'une des causes de cette
incertitude, à mon avis, ou de ce flottement ou de ces modifications
dans les modes de financement, provient du fait qu'il existe toujours un
inconnu du côté du ministère et c'est celui de mesurer,
d'une certaine façon, une fois les paiements effectués, quels
sont les coûts d'exploitation.
En dehors du secteur privé, nous n'avons pas de barème. On
a beau comparer avec le secteur public, bien souvent ce sont des institutions
difficilement comparables. De toute façon, même à
l'intérieur du secteur public, nous n'avons pas encore de barème
et ce n'est pas particulier au Québec qui nous permette de
comparer d'une façon juste et précise les coûts ou les
performances d'une institution à l'autre. Alors, un des aspects du
projet de loi qui, il me semble, pourra aider à faciliter
l'établissement de relations plus saines, plus permanentes, plus
adaptées à la situation est cet article touchant la
présentation d'états financiers, de telle sorte que, tout comme
pour tout autre service public ou service à caractère public,
soit dans le
domaine des transports ou autre, on ait, comme gouvernement, les
éléments ou les documents nécessaires pour analyser la
situation.
Quant au mode de financement proposé dans le projet de loi, ou le
mode de relations financières, nous avons eu, comme je l'ai
mentionné, des représentations d'autres organismes, en
particulier, l'association, l'ADEP et nous entendons, avant de
réintroduire ou d'apporter des modifications définitives au
projet de loi, apporter des clarifications à cet aspect du projet de
loi, de telle sorte que nous puissions avoir un équilibre plus
adéquat pour l'avenir.
Je crois que le contenu du mémoire est suffisamment clair. Il ne
m'est pas nécessaire d'adresser des questions pour en préciser
certains aspects. Merci.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais faire un
très court commentaire parce qu'effectivement nous avons
déjà eu l'occasion, au cours des auditions antérieures,
d'entendre les organismes qui nous ont exposé des problèmes des
secteurs privés. Nous en avons aussi eu l'occasion quand l'association
des parents des enfants qui sont dans les institutions Anbar est venue devant
la commission.
Le commentaire que je voudrais faire est celui-ci. Je n'ai pas
l'impression même au terme des séances de la commission
que nous aurons obtenu des certitudes ou que nous aurons
précisé exactement la place que le secteur des institutions
privées continuera d'occuper dans le secteur des affaires sociales. Il
n'est pas surprenant qu'il en soit ainsi parce que, dans le secteur de
l'éducation, depuis déjà dix ans qu'on a touché au
secteur de l'éducation à partir du bill 60 et des autres
législations qui ont suivi, la question de la survie des institutions
privées revient en surface à certains moments, sous une forme ou
sous une autre, soit sous l'aspect pédagogique, soit sous l'aspect
financier. Je ne dis pas qu'il est normal qu'il en soit ainsi et je regrette
qu'il en soit ainsi.
C'est un peu malheureux, étant donné que les institutions
privées, que ce soit dans l'éducation ou dans le secteur des
affaires sociales, occupe tout de même une place importante et il est
normal que le débat se poursuive. Cela fait déjà plusieurs
années que le débat dure. Il ne faut pas s'en scandaliser. Nous
discutons la place des institutions privées dans le secteur des affaires
sociales comme nous l'avons discutée dans le secteur de
l'éducation. Est-ce que le débat doit durer éternellement?
Le flottement auquel a fait allusion le ministre tantôt, est-ce que nous
devons essayer d'y mettre fin le plus tôt possible? Je comprends que
c'est plus facile de le désirer que de préciser toutes ces
questions qui sont en suspens, qui sont en discussion.
De toute façon, je retiens de votre représentation devant
la commission et de celles qui ont été faites par l'ADEP et
d'autres organismes, qu'il y a encore des points extrêmement importants
en discussion au sujet des institutions privées, du secteur
privé, des institutions comme les institutions Anbar qui occupent une
place importante et essentielle pour l'enfance inadaptée. Je me demande
qui aurait rendu les services que vous avez rendus si vous ne l'aviez pas fait?
Parce qu'alors le secteur public n'a pas assumé ses
responsabilités; le gouvernement, financièrement, n'était
pas capable non plus de les assumer.
Vous avez souligné que certains articles devraient être
précisés, d'autres devraient être modifiés. Sur le
plan financier, vous avez parlé du contrat à forfait que vous
venez de signer et qui est actuellement en vigueur. C'est la question que je
voudrais poser. Est-ce que ce genre de contrat, le contrat à forfait,
pourrait profiter d'une reconduction en tenant compte de l'article 136? Est-ce
que le ministre pourrait me répondre? C'est peut-être un peu
technique, mais...
M. CASTONGUAY: Je ne crois pas que le projet de loi de toute
façon, peu importe ce que seront les dispositions définitives
puisse modifier un contrat, par exemple, d'une durée d'un an qui
vient d'être signé ou dont la durée n'est pas
expirée. Le projet de loi va comporter d'ailleurs des dispositions de
transition qui éviteraient ce genre de situation. Mais cela, c'est sans
présumer de ce que sera le contenu définitif de l'article 136 ou
des articles de même nature.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je note,
évidemment cette précision du ministre et je retiens aussi ce
qu'il vient de dire. J'en conclus également que d'autres contrats
à forfait comme ceux que vous avez signés ne seront pas
possibles, même en vertu de l'article 136 modifié.
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas dit ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous n'avez pas dit ça. J'ai donc
conclus trop vite, M. le Président. Je termine ici mes remarques, nous
aurons l'occasion au cours des séances subséquentes de la
commission et en deuxième lecture de statuer notre position
définitive quant au secteur important que vous représentez.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, nous aussi, nous aurons l'occasion de
statuer nos positions définitives. Cependant, il y a peut-être un
parallèle que j'aimerais amener ce soir parce que je viens d'avoir une
entrevue avec une oeuvre qui s'occupe des enfants inadaptés. Si on se
réfère aux lois actuelles pour voir toutes les complexités
qui découlent justement de cette chose-là, le tout vient d'une
loi qui est définitivement
sanctionnée par la province de Québec, la Loi de la
loterie publique. Je me demande ce que ce sera quand nous aurons affaire
à l'application du projet de loi no 65.
M. le Président, je comprends qu'il faut avancer, qu'il faut
aller de l'avant, qu'il faut absolument voir les modifications à
certains systèmes qui existent dans le Québec, mais plus nous
étudions ça, plus je réalise qu'éventuellement
demain, chaque fois qu'il faudra s'adresser à quelqu'un, nous aurons
seulement à parler en signes de piastre au nom d'une administration plus
efficace, plus cohérente et peut-être plus collective, je n'oserai
pas dire le mot "socialisante", parce que ça peut blesser certaines
oreilles très chastes. Mais quand même, M. le Président, je
crois que si on fait un parallèle aujourd'hui entre ce qui existe dans
des oeuvres charitables et ce qui, demain matin, existera au point de vue
médical, nous ne sommes ni au commencement, ni à la fin de nos
déboires. C'est tout ce que j'ai à dire.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres commentaires ou questions, je
vous remercie. J'invite les porte-parole de la Clinique des jeunes de
Montréal, Montreal Youth Clinic.
M. CASTONGUAY: Ils n'ont pas de mémoire.
M. LE PRESIDENT: Ils nous ont demandés...
Clinique des jeunes de Montréal
MLLE FRASER (Barbara): M. le Président, mesdames, messieurs, je
suis Barbara Fraser et je représente la Clinique des jeunes de
Montréal. Voici à ma gauche Rosa Harris, directrice de la
clinique, et à ma droite, Le Dr Michel Whitehead, notre directeur
médical. Suite à l'étude du texte du bill 65, la Clinique
des jeunes de Montréal croit devoir exprimer ses craintes et son
insatisfaction concernant certains aspects de la loi.
Bien que la clinique reconnaisse la légitimité du
désir du gouvernement provincial de vouloir assurer une certaine
uniformité aux structures des services de santé et des services
sociaux dans la province, elle espère pouvoir expliquer par les
commentaires suivants pourquoi cette structure n'est pratiquement pas
applicable à un service tel que celui de la clinique.
Nos trois motifs principaux de mécontentements sont les
suivants:
Premièrement, la clinique ne s'intègre à aucune des
classifications préconisées au début de la loi, ce qui a
pour effet de nous conférer un statut vague et un mandat
imprécis.
Deuxièmement, le bill ne laisse aucune place aux institutions
à caractère non bureaucratique et, de ce fait, ébranle la
base sur laquelle repose notre clinique.
Troisièmement, le bill ne permet pas un système de
gouvernement interne, système qui s'est avéré efficace
dans le cas de notre clinique.
La Clinique des jeunes fut fondée il y a plus de trois ans afin
de desservir la communauté des adolescents. Cette communauté ne
pouvait être définie géographiquement vu qu'une
partie de la clientèle était de passage ou
économiquement vu que l'on rejoignait des jeunes des différentes
couches sociales et économiques. Les patients avaient cependant
plusieurs points en commun dont le principal était un
désenchantement et un manque de confiance vis-à-vis des services
de santé disponibles. Avant l'avènement de la clinique, plusieurs
adolescents ne pouvaient trouver remède à leurs maux. Notre
communauté en est une d'aliénation.
La politique de la Clinique des jeunes était de préserver
l'anonymat de sa clientèle, espérant ainsi que le fait de ne pas
poser de question contribuerait à donner un traitement plus complet
à un plus grand nombre de jeunes. L'expérience s'est
avérée positive. A ce jour, nous avons vu et traité plus
de 4,000 individus qui, n'eût été de la clinique,
n'auraient peut-être pas reçu le traitement médical dont
ils avaient besoin.
Si le bill 65 est adopté tel quel, il sera très difficile
pour la clinique de continuer à fonctionner selon le présent
système. Nous citons l'article 30, section Il du bill: "Toute personne
qu'un office désigne par écrit a, en tout temps, accès
à tous les documents qui sont en possession d'une institution..." Cet
article ébranle le principe de base fondamental de la clinique.
La clinique a toujours été réceptive à la
communauté des jeunes qu'elle dessert. Elle comporte présentement
deux conseils: un conseil consultatif professionnel et un conseil consultatif
communautaire, qui veillent mutuellement au bon fonctionnement de la clinique
et s'équilibrent l'un et l'autre. Les conseils établissent la
politique de la clinique et agissent comme gouvernement. En d'autres mots, le
pouvoir a toujours été aux mains de ceux qui
bénéficient des services de la clinique, comme de ceux qui y
travaillent. L'adoption du bill 65 signifierait que ce système de
gouvernement interne ne pourrait continuer d'exister puisqu'un centre local de
services communautaires dont le conseil d'administration est défini par
le bill doit répondre uniquement à l'office qu'on lui
assigne.
Cette proposition en elle-même ne serait pas mauvaise. Cependant,
vu qu'un service tel que la clinique ne s'intègre à aucune
catégorie d'un centre local de services communautaires, il n'aura aucune
représentation à l'office de la région. La clinique ne
dessert pas une communauté locale mais plutôt une
communauté plus large et plus difficile à définir. Elle
est en quelque sorte un centre de services communautaires
spécialisés. Le bill ne prévoit rien pour un service comme
le nôtre.
La clinique a toujours témoigné d'une grande
flexibilité dans son approche des problèmes,
changeant sa structure au besoin et de façon rapide après
de nombreuses consultations et mûre réflexion. Le bill nous
empêcherait d'effectuer des changements importants, tel l'installation
d'une bibliothèque, rapidement. Nous devrons nous plier à un
système bureaucratique avant de pouvoir apporter des modifications. Voir
articles 48, 49.
En considération de ces faits, nous espérons que le
gouvernement examinera à nouveau les aspects de la loi qui
détruisent littéralement et très particulièrement
la base d'opération de notre clinique.
De plus, nous espérons que le gouvernement
réévaluera tous les aspects de cette loi en communiquant avec
plusieurs services communautaires déjà existants en vue de
profiter de leur expérience avant d'adopter le bill 65. Merci.
M. CASTONGUAY: J'ai simplement quelques commentaires. Dès le
début des audiences, j'ai voulu rassurer des groupes analogues quant
à la portée du projet de loi no 65. J'ai dit à plusieurs
reprises que ce n'était pas notre intention de couvrir de tel type de
services: services à caractère bénévole ou services
principalement à caractère bénévole
communautaire.
J'ai également dit que c'était notre intention de
clarifier s'il y a besoin le projet de loi à cet effet.
Depuis ce temps, en réfléchissant à la question, je
me suis demandé si la formule coopérative ne pourrait pas
être utilisée. Je voudrais vous poser une question. Nous voulons
éviter une chose évidemment, et je l'ai dit. Le problème
qui se posait, c'était de concilier ce dynamisme du milieu, ce besoin de
souplesse d'une part et aussi, à un certain moment, il y a un point de
rencontre, lorsque des fonds publics sont accordés; lorsque, aussi, des
services sont donnés et qu'il y a besoin d'établir certain
contrôle au plan de la qualité. Nous avons les corporations
professionnelles pour le faire. Mais il y a peut-être une formule
coopérative à introduire dans ce projet de loi qui permettrait
justement de faire le pont entre les deux. Voici la question que je voulais
vous adresser: Est-ce que vous recevez des subventions d'un organisme comme
l'OPTAT ou d'autres sources? Do you receive grants from OPTAT, for example?
MME FRASER: Du gouvernement fédéral.
M. CASTONGUAY: Du gouvernement fédéral.
M. WHITEHEAD: Les deux dernières années, nous avons
reçu de l'argent du gouverne- ment fédéral. Avant cela,
nous ne recevions presque rien.
M. CASTONGUAY: Il ne demande pas de contrôle, il n'exerce aucun
contrôle.
MME FRASER: Non.
M. CASTONGUAY: Il est plus riche que nous.
M. WHITEHEAD: Il reçoit un rapport par année.
M. CASTONGUAY: Pardon?
M. WHITEHEAD: Chaque année, nous soumettons un rapport des
activités de la clinique, mais c'est le seul contrôle. En plus de
ça, nous sommes en relation avec le YMCA de Montréal, qui fait de
la surveillance sur les travailleurs de la rue, des jeunes. C'est une
coopération entre la clinique et nos YMCA que le gouvernement d'Ottawa
subventionne.
M. CASTONGUAY: Comme il nous faut aller voter, je crois, je vous adresse
une dernière question, très rapidement. Il y a un vote en Chambre
présentement. En vertu de quel programme est-ce que le gouvernement
fédéral vous subventionne? Est-ce Perspectives-Jeunesse ou s'il
s'agit de subventions à l'hygiène d'un ministère
fédéral?
MME FRASER: Le ministère de la Santé et du Bien-Etre
social.
M. CASTONGUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les autres membres ont des questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais une question. Etant donné que
je connaissais ces programmes subventionnés par le
fédéral, est-ce que vous n'êtes pas obligés de faire
approuver votre projet par le ministère des Affaires sociales?
M. WHITEHEAD: Chaque année, nous soumettons une demande d'aide.
La première fois que nous nous sommes rendus à Ottawa, il y a eu
une rencontre avec quelques personnes pour décider si nous étions
une bonne organisation à appuyer. Chaque année, il faut faire une
demande...
M. LE PRESIDENT: Si vous voulez nous excuser cinq minutes, nous allons
voter. Vous pouvez attendre ici.
(Suspension de la séance à 21 h 19)
Reprise de la séance à 21 h 25
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Bourget a des
questions?
M. LAURIN : Est-ce que vous faites surtout du traitement social, ou
médical ou psychiatrique avec la population de patients dont...?
MME HARRIS: Nous sommes premièrement une clinique
médicale, psychiatrique aussi. Il y a quatre travailleurs qui n'ont pas
de diplôme universitaire, mais qui ont l'avantage de bien soigner la
communauté. Mais c'est premièrement une clinique médicale
et psychiatrique avec des médecins volontaires.
M. LAURIN : Est-ce que vous êtes associés avec un
hôpital quelconque qui vous fournit des services?
MME HARRIS: Nous sommes associés avec l'université McGill
et l'hôpital Douglas. Nous sommes aussi affiliés à titre
non officiel à l'hôpital Royal Victoria.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny vous a posé
une question, M. Cloutier. Est-ce que vous allez y répondre?
M. CLOUTIER: Je dois la répéter. J'ai demandé
tantôt, avant que nous partions pour le vote, si vous envoyez au
gouvernement d'Ottawa, pour obtenir une subvention, une copie de la formule au
gouvernement du Québec pour qu'il approuve, du moins pour qu'il
n'apporte pas objection à votre projet?
M. WHITEHEAD: Oui, ça fait maintenant deux fois que nous envoyons
une soumission à Ottawa Chaque fois, nous avons envoyé la
même chose à Québec pour obtenir la permission.
M. CLOUTIER: Oui, je me souviens parce que, tantôt, quand vous
avez donné votre réponse, autour de la table ici les membres de
la commission ont paru un peu surpris de voir que le gouvernement canadien
pouvait subventionner un organisme sans que le Québec n'ait un droit de
regard. Mais je me souviens qu'à une conférence des ministres
provinciaux de la Santé à Halifax, alors que le Dr Goyette, un
haut fonctionnaire du ministère de la Santé d'Ottawa, assistait
à la conférence, nous avions convenu que nous n'avions pas
d'objection à ce que, dans le domaine de la recherche et dans le domaine
de l'hygiène, le gouvernement canadien subventionne des projets
expérimentaux, des projets pilotes, mais à condition que le
Québec puisse en surveiller l'application et voir s'il devait, oui ou
non, apporter une objection.
Alors, c'est dans ce contexte-là que votre demande s'est inscrite
au gouvernement.
M. WHITEHEAD: Chaque fois, selon mon information, nous avons suivi la
coutume de demander et avons reçu l'approbation du gouvernement du
Québec.
M. CLOUTIER: Le seul commentaire que je voudrais faire, M. le
Président, c'est que nous ne connaissons pas suffisamment bien les
modalités de fonctionnement de vos cliniques et les résultats. Je
pense qu'à la suite de la présentation de ce mémoire, il y
aurait intérêt à ce que vous fassiez parvenir, si ce n'est
déjà fait, au ministère des Affaires sociales,
peut-être davantage de précisions sur l'action des cliniques que
vous administrez.
M. WHITEHEAD: Certainement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, je voudrais poser une question. Est-ce
que vous croyez absolument que le ministère des Affaires sociales est
obligé de tout savoir et de tout connaître pour qu'une chose aille
bien dans l'administration des services sociaux?
M. WHITEHEAD: Certainement. C'est important.
M. BOIS: Deuxièmement, est-ce qu'à ce jour, la province de
Québec a tiré ombrage du fait que vous receviez des subventions
sans que la province ne le sache ou n'en soit pas tout à fait
informée?
M. WHITEHEAD: Nous pensons que le gouvernement de Québec sait que
nous recevons de l'aide du gouvernement d'Ottawa.
M. BOIS: A l'article 2, aimeriez-vous mieux que je vous questionne en
anglais? Would you prefer that I ask you the questions in English? At the item
No 2, you say that the Bill leaves no place to the institutions which are not
administered by non bureaucratic people, by, what we call the people of the
Government. What do you mean by this exactly?
MME HARRIS: We generally try and limit the amount of information that we
take at the desk from the people who see the doctor at our clinic. I have seen
the fear that with the passing of the Bill, we will be given a list of
questions that we must ask to each person who comes to our clinic, and this
will take away from the effect of having no questions asked of persons passing
through our clinic.
You see when we are talking about bureaucracy, we mean what seems to our
clientele to be unnecessary questions asked at the desk and, you know, when a
person comes in to register to see the doctor.
M. BOIS: Now, another question. Do you think that the services that you
render to the youth in Montreal will be better if it is administered or,
surveyed by the Provincial Government through Bill 69 in all the other items
which will...
MME HARRIS: It is difficult to say. I would say that we run a risk of
losing a great deal of a value if Bill 65 is passed. We would have to change
drastically to accommodate for the Bill and although, eventually, this might
lead to a better clinic, the interim can quite effectively destroy us.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions à poser:
Alors, monsieur et madame, je vous remercie. I thank you.
J'invite maintenant les représentants des Catholic Family and
Children's Services, M. Coulson.
Catholic Family and Children's Services
M. MacKLEM: M. le ministre, MM. les membres de la commission, messieurs
et mesdames: Je suis Richard Macklem, je suis directeur de Rolls Royce, en
Amérique du Nord, et je suis vice-président des Catholic Family
and Children's Services et membre du conseil de l'administration. A ma droite,
est M. Coulson, le directeur général, et à ma gauche, le
Dr Edward McCracken, membre du conseil d'administration. Il est
éducateur.
Messieurs, est-ce mieux que je parle en français ou en anglais?
Peut-être que si je parle en anglais, je peux m'exprimer plus
précisément, mais c'est comme vous voulez.
M. LE PRESIDENT: Comme vous voulez. Si vous voulez parler anglais, vous
pouvez parler anglais.
M. MacKLEM: The Catholic Family and Children's Services is a member
agency of the Federation of Catholic Community Services, and as its name
implies, it employs professional social workers providing services to English
language clients requiring help with children and family problems. By this, I
mean such things as arranging foster homes and adoptions, helping unwed
mothers, dealing with marital problems, family counselling, providing services
to the aged and to adolescent children.
We administer a budget of just under a million dollars, of which the
Government of Quebec funds some 75 p.c, and this is mainly utilized in salaries
and related expenses of approximately a hundred workers, most of them are
former graduate social workers, I should say social work professionals who
carry a load of some 4,300 cases per year.
Gentlemen, we do not propose to read our brief in full, in view of the
lateness of the hour, but we would wish to highlight certain main points.
First of all, I would like to say that the views expressed in our brief
represent the views of our board of directors and of our professionnal staff
combined. It is presented in three parts. It covers regional and language
considerations, ethnic and religious considerations and finally, professional
and organizational needs.
Each section has its own set of recommendations, and they speak for
themselves. However, the main thrust of all these recommendations is to
demonstrate the need for a continuation of English language services for
clients who speak that language. In the field of social work, Gentlemen,
language is not just a matter of communication. It is, as we say in our brief,
the tools of the trade. It is the very essence of the activity. It goes to the
heart of the requirements of the professional worker. For the social worker to
understand fully the problems of his client, expressed as they usually are in
the vernacular and against the cultural background, which is that of English
Canada, that social worker must be from the English language sector. Our
clients demand and need English language help and the Government of Quebec can
and must recognize their right to receive it.
Further, we wish to stress the need for a strong community voice in the
organization and delivery of social services. We believe this can best be
accomphished by a far greater participation of elected volunteer boards that is
envisaged in the first draft of Bill 65. In our agency, our directors play a
major administrative role.
Gentlemen, I can tell you that personally, I spend, maybe, $75 to $100 a
year working with our agency. Finally, I wish to thank you for providing us
with the opportunity to present our views. My two colleagues may wish to add
their own comments to what I have said, and after that, we should be happy to
try to answer any questions which you may have.
M. COULSON: Mr. Minister, Mr. President, members, very briefly, I would
like to forward some of the principal preoccupations of our staff, as a result
of workshop discussions that we have had on a preliminary level concerning Bill
65 as we understand it at this point. The practitioner preoccupations, the
social worker in the field at this point, have to do with the following few
items. No one is a concern about excessive centralization of decision-making.
The anticipated inflexibility, if such excessive centralization becomes a fact,
and the negative effects on services. We are dealing with services which have
to have a local community connection, we have to be flexible, we have to be
able to change with one month's notice, half way through the year, and the
workers have expressed a concern that without strongly decentralized units of
service and of administration, we will find an extremely rigid and inflexible
system, as we understand it at this point.
Secondly, the question of planning and of programming of social
services. The practitioners feel they are, in a manner of speaking, the
experts, like those of you who have dealt with the White Paper have heard the
same thing from men in commerce and in business. They feel that their
participation in planning is extremely important and do not, at this point,
feel confident that their participation is assured.
Thirdly, in terms of Montreal, without repeating unnecessarily the
recommandations in our brief, we have moved ahead, I think very quickly in the
last year and a half in terms of interagency co-ordination and co-operation,
and the need that we seem to feel the strongest is the absence of a regular,
available and assessable Ministry of Social Affairs planning ressources. At
this point, our planning is disjointed, is on a purely voluntary level; we have
recognized our needs and our problems, but we would welcome more strongly
something in the area of the regional jointed planning body. We are
unressourced and without this kind of function available to us on a regular
basis shortly working with us in assessing and developing social services, we
feel we are going to continue to struggle on without great effectiveness.
These brief points I would like to point out to you are the expression
of the staff of our agency only; they are in strong sympathy with the
objectives of the Bill, they have expressed some reservations and have asked me
to communicate in behalf of them their concern in the areas I spoke of, as well
as their willingness to work as closely as they are invited to, with the
Ministry and his representatives in planning even on a prelimilary level for
the first steps of the new development of social services.
M. McCRACKEN: Simplement quelques remarques d'orientation.
Premièrement, l'idée de diversification dans l'administration.
Hier, dans la Gazette, j'ai lu une description de la réorganisation
d'Air Canada. Autrefois et sans succès, avec beaucoup de pertes, on y a
décidé de décentraliser toute l'opération et c'est
sûrement un commencement. Il me semble qu'aujourd'hui, le point pour
avoir du succès dans l'administration, est d'avoir des centres non plus
étroits mais séparés et diffusés. Le
deuxième point, est seulement la question de la langue et les rapports
avec la clientèle. Depuis des années j'ai comme
préoccupation, comme vocation...le mot qu'on dit en français "des
faux amis". Aujourd'hui, nous avons essayé d'aller à
Montréal en auto; arrivés presque à Saint-Hyacinthe, il
nous était impossible de continuer. A ce moment-là, nous avons
pensé de peut-être acheter ou emprunter des raquettes. Mais, that
would have made us racketeers and so, it would be impossible to arrive in
Quebec as a racketeer, because a racketeer is not a person who porte des
raquettes. En d'autres mots, n'oubliez pas qu'avec beaucoup de clients, je dois
parler en jargon, en argot, I say in English, you are a pain in the neck, or if
you permit me a pain in the ass, I am not talking about neck, I am not talking
about ass or I am not talking about pain. But this is a part of the everyday
jargon that English speak. Many of my French friends say this is a terrible
language and I would say, vis-à-vis de ça, à la
française: C'est aussi pour un Anglais une langue terrible. Il est
impossible de la connaître. Dire que quelqu'un est parfaitement bilingue,
c'est presque une impossibilité. Avoir des discussions intimes avec des
personnes qui appartiennent à une autre échelle de la vie, c'est
souvent bien difficile.
Ce n'est pas une question de nationalisme, mais c'est une question
de...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je peux vous demander de... Si possible,
could you talk about bill 65, come back to the bill, please?
M. McCRACKEN: D'accord. Après ça, nous avons quelques
programmes which it is beginning to develop. There are areas now of family
planning. There is the question of abortion, there is the question of family
life education. So, these, you will find refered to in our presentation. We ask
you to take them under consideration. Thank you very much.
M. CASTONGUAY: Merci. Je voudrais remercier, M. le Président, les
représentants du Catholic Family and Children Services pour leur
mémoire. Le seul commentaire que je veux faire, étant
donné que les autres aspects du mémoire ont été
couverts dans d'autres mémoires nous allons l'étudier
touche à la question de la langue. Si l'on examine la
législation dans le domaine des services sociaux, des services de
santé au Québec, on constate que cette législation n'a pas
été faite sur une base linguistique.
Dans la mesure où les services gardent des attaches avec la
population qu'ils doivent desservir, il me semble que l'équilibre que
l'on retrouve présentement entre les personnes qui reçoivent des
services et celles qui les donnent, sera maintenu dans l'avenir. Je ne crois
pas qu'on puisse dire, par exemple, qu'un hôpital comme le Montreal
Children Hospital qui reçoit une partie de clientèle de langue
française n'a été, en aucun moment, obligé, par
législation ou autrement, d'ajuster son personnel pour répondre
à cette demande. Si je comprends bien, présentement le personnel
est réparti de telle sorte que les gens de langue française,
comme ceux de langue anglaise, reçoivent des services appropriés
en s'adressant à cet hôpital.
Je prends celui-là comme exemple. Dans d'autres institutions, le
même phénomène s'est produit. Certaines ont
été plus lentes dans leur évolution, mais il me semble
que, dans la mesure où les institutions pourront être
reliées à la population qu'elles desservent, il sera
possible de garder ou de maintenir, ou d'atteindre, selon les cas,
l'équilibre nécessaire, dans la composition des personnels, pour
que les services soient rendus de façon adéquate.
C'est la façon pour le moment dont j'envisage ce problème
de langue dans les services. Merci.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un seul commentaire, M. le Président. Le
problème que vous nous avez souligné se rattache à
l'aspect qui a déjà été mentionné,
particulièrement par les communautés juives qui sont venues
devant la commission parlementaire, à savoir la question de langue, la
question de culture, tenir compte de l'aspect culturel, surtout dans les
services sociaux. Le ministre a parlé des institutions tantôt. Il
est exact qu'à notre connaissance il n'y a aucune institution qui
dispensait des services en langue anglaise, que ce soient des centres
hospitaliers ou des centres de services sociaux, qui n'ait été
obligée, par législation, de modifier les modalités de
dispensation des services.
C'est un aspect important; je ne crois pas que l'on doive, dans une
législation telle que le bill 65, préciser ces choses-là
quand vous mentionnez particulièrement de tenir compte dans la ville de
Montréal, des différences culturelles qui existent. Etant
donné que les régions ne sont pas définies dans le projet
de loi, il est évident que tout ça va se préciser par la
suite et non pas à l'intérieur du projet de loi, mais dans la
mise en vigueur de la législation.
Les aspects que vous avez soulignés sont importants, mais je ne
crois pas que le projet de loi 65...
Je n'ai trouvé aucune atteinte à ce qui existe
actuellement comme différence culturelle, comme modalité de
dispensation des services sociaux. C'est dans la pratique que l'on verra si les
décisions qui seront prises, si la réglementation qui va
découler du projet de loi no 65 vont gêner ou paralyser les choses
ou vont causer des difficultés dans la dispensation des soins.
M. MacKLEM: I am very pleased to hear your assurances in this regard.
Nevertheless, in studying the Bill and in discussions both at the Board and at
our professional workers level, there was a fear that the ability for the
English language sector to organize itself and deliver its services as it
wishes to in its own language would be threatened by this Bill. Possibly we are
wrong, Gentlemen, but this is the impression that was left with us.
M. LAURIN: Etant donné que votre groupe est le seul groupe
anglophone à ma connaissance qui semble préoccupé par cet
aspect et nous en avons quand même entendu un certain nombre
j'aimerais savoir d'une façon plus précise ce qui a pu
inquiéter vos membres quant au maintien...
M. MacKLEM: I do not know, Sir, what English language groups have
brought before you but our particular agency is in the business of delivering
services. We are an agency which is providing services at the agent level. We
are not a federation, we are not a funding body, we are actually providing the
services and therefore, possibly, this is the reason why it is a particular
preoccupation with us. We know our clients, we know the people we deal with and
we know what they need and what they want.
M. LAURIN: Je comprends que ce soit une préoccupation mais
qu'est-ce que vous avez vu de précis, de concret dans le texte de loi?
What have you seen precisely in the law? What article? What item have you seen
which gives a certain amount of substance to your fear?
M. COULSON: Je vais répondre à ça. Les six agences
familiales de Montréal ont tenu avec nous des réunions, des
conférences pour discuter de la coordination des services. Je pense que
c'est l'impression générale que la signification de la valeur
linguistique dans la création, l'administration et la direction des
services en est un peu absente. Nous n'avons donc pas nécessairement une
conviction mais une impression...
M. LAURIN: Speaking for the Minister, I think, it was deliberate. He did
not want his bill to be jeopardized by this problem which really has not arisen
practically.
M. COULSON: Je voudrais parler pour les travailleurs sociaux. Nous avons
chez nous des ateliers où nous avons discuté de ça. Il y a
eu des séminaires où d'autres agences ont discuté
officieusement au point de vue du conseil d'administration et au point de vue
des employés, et il existe nous en avons la preuve une
certaine inquiétude du point de vue de la planification et de
l'administration des services. Particulièrement chez les praticiens, on
se demande si l'ambiance professionnelle doit changer radicalement dans
l'avenir. Est-ce que l'on peut anticiper la continuation de nos bases
professionnelles de services? C'est un sujet d'inquiétude, je pense.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: A la page 6 du mémoire anglais vous dites: "We believe
that Bill 65 confuses and even suggests a denigration of the role of the
private sector in relation of that of the Government." Pouvez-vous m'expliciter
ce que vous mentionnez ici, à la page 6 du mémoire, à la
septième ligne?
M. MacKLEM: Gentlemen, there is no denying that the Bill, as it was
orginally
presented, greatly reduced the role of the privately elected boards of
directors that now exist.
In our particular agency, our directors are drawn from all sectors of
the City of Montreal with the view to having an input into the agency of the
needs, social work needs, various areas of the City. It is not an easy thing to
do when he does know his work. We try to do this. And we also feel that it
permits the parishes in Montreal, the people who live in the communities and so
on to express themselves to the agency, to their board representations.
Under Bill 65, of course, the representations of the private sectors are
greatly reduced.
M. BOIS: J'aurais une autre question. Pour autant que la langue est
concernée pour vous, est-ce que vous auriez peur qu'à un moment
donné un gouvernement composé de types comme Lemieux et
Chartrand, par exemple, vienne vous aider dans ce secteur? You cannot give any
answer?
M. McCRACKEN: No, it is difficult to give ans answer but, by the same
token, many of our executives are chosen, they are not all executives. Some of
them are working men, some of them are merchants, many of them happen to be
businessmen because somehow or other there is a feeling and it is not unique
that one must make a contribution of services for the privilege of living in
the community. And so, this is part of our tradition and these people do give
their time and their effort.
You heard Mr. Macklem say that he works 70 hours at least; I am sure he
worked 150 hours. He is a top executive. This is time given on Saturday, and
Sunday, and in the evenings. And this is done without complaint, without
remuneration of any kind and he likes to do it. Simply as I say, because this
is part of a tradition. So that is what we mean, I think, here. If we would
have ouvriers, workers, but that, often times, is not in their tradition; but
if it were, they would be most welcome. And we would hope to have many of these
people making their contribution which would be different from the contribution
that I might make but a contribution of either of my colleagues here because
they would bring a different view of the community. It is simply that
point.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous d'autres commentaires? Gentlemen, I thank
you.
M. MacKLEM: Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: J'invite l'Institut Canado-Polonais du Bien-Etre
incorporé.
Institut Canado-Polonais du bien-être
M. RYBIKOWSKI: M. le Président, M. le ministre, messieurs. Mon
nom est Michel Rybikowski, je suis le président de l'Institut
Canado-Polonais à Montréal. A ma droite est M. Tarnowski,
vice-président, et M. Krajewski, qui est directeur général
de notre institut. A ma gauche, M. Lewandowski qui va vous présenter
notre commentaire sur le projet de loi no 65. Avec nous, ce sont aussi des
représentants de notre organisation, des Polonais de Montréal,
qui sont membres de notre institut. Je passe maintenant la parole à M.
Lewandowski.
M. LEWANDOWSKI: Au nom de l'Institut Canado-Polonais du bien-être,
nous remercions la commission parlementaire de l'Assemblée nationale de
nous avoir invités et convoqués pour présenter notre
mémoire aujourd'hui, concernant le foyer de vieillards. Je
tâcherai d'être très bref.
M. le ministre, M. le Président, il y a plus d'un quart de
siècle, en 1944, eut lieu la fondation du Foyer canadien-polonais pour
les vieillards à Knowlton et puis à Montréal.
Petit à petit, par des efforts, par des sacrifices et le travail
bénévole et généreux des membres des associations
polonaises, nous avons réussi à atteindre le but tant
espéré et tellement nécessaire pour notre colonie: fonder
un foyer sur la rue Bélanger, un foyer pour les vieillards.
Ce foyer, depuis 1966, est vraiment la fierté de la colonie
polonaise. Cette oeuvre est administrée par des Canadiens
québécois d'origine polonaise d'une haute valeur morale et
professionnelle. Elle est soumise à un contrôle rigoureux du
gouvernement avec un contrat renouvelable tous les ans.
Maintenant, après ces années, il est difficile de
s'imaginer la colonie polonaise dans la province sans l'hospice des vieillards,
tellement ce foyer est ancré dans notre vie. Nos pensionnaires, au
nombre de 92, restent sous les soins d'un personnel dévoué. De
nombreuses personnes bien disposées multiplient tous les jours des
marques de sympathie pour leur rendre la vieillesse plus acceptable dans un
milieu qui leur est proche.
Ici, au Canada, dans la province de Québec, les Polonais qui ont
dû quitter la Pologne souvent à cause de circonstances tragiques
des deux guerres, après avoir passé les sévices des camps
de concentration allemands et soviétiques ou bien les mauvais
traitements du travail forcé, ont trouvé un refuge et une patrie.
Nous sommes très reconnaissants au Canada et à cette province.
Mais la langue française, nous l'admettons, est leur point faible, mais
pas à cause de la mauvaise volonté.
En arrivant ici, il fallait donner du pain à la famille et penser
à l'avenir pour ne pas devenir un fardeau de la société
qui nous a généreusement acceptés et adoptés. Nous
comprenons tous que les nouveaux venus doivent graduellement participer
à la société québécoise mais, comme a bien
voulu le souligner l'ancien
ministre Cloutier, et nous lui en rendons grâce, les nouveaux
Canadiens peuvent conserver leurs coutumes et leur culture originale. Et la
culture, c'est l'ensemble de la langue, d'une certaine manière de vivre,
de la religion et de traditions séculaires auxquelles nous, Polonais,
sommes particulièrement attachés.
Pour un vieillard, surtout, la possibilité de parler dans son
entourage la langue natale maternelle, de conserver cette liaison spirituelle
et même physique avec les siens, souvent de la même ville, de la
même campagne, ou même de la même école, est un grand
bonheur. Sans cela, la solitude de leur vieillesse deviendrait
insupportable.
Je dois ajouter, M. le ministre et MM. les membres de cette commission,
que nous, Slaves, nous nous comprenons mutuellement. Un Polonais, un Ukrainien,
un Russe, un Tchèque, même s'ils parlent chacun leur langue, ils
se comprennent. On peut avoir cette liaison spirituelle. Les Polonais se sont
rendu compte déjà, en 1944, qu'à côté des
droits qui leur sont accordés, ils doivent prendre sur leurs
épaules des responsabilités parmi lesquelles la protection du
vieillard est très importante.
Ils ont conçu cette idée de créer un foyer pour les
vieillards. Ce foyer restera toujours, messieurs, un patrimoine
québécois rendant des services énormes à la colonie
polonaise et à la colonie slave.
L'institut que nous représentons est une corporation sans but
lucratif et il désire le rester.
Nous ne voulons aucun gain. Il appartient à ces huit associations
polonaises qui sont représentées ici sur le banc. Elles ont tout
mis en commun pour ce but charitable. Elles ont mis leur
propriété, leur bonne volonté, leur labeur.
Le projet de loi pourrait signifier la liquidation et la fin du foyer
tel que conçu. Pourquoi? Si notre institut devenait attaché
à une des régions créées en vertu du paragraphe 3,
il deviendrait une institution régionale au service de tous les
habitants de cette région, sans distinction d'origine et il serait
inaccessible aux gens d'origine polonaise ou slave qui habitent en dehors de
cette région. Ces gens seraient privés, dans leur vieillesse, du
milieu polonais qui est tellement important à leur survie.
Deuxièmement, si l'exécutif de cet institut devait
être nommé selon le paragraphe 51, l'administration passerait
entre les mains de gens qui ne parlent pas le polonais et qui n'ont rien en
commun avec la culture polonaise. La maison érigée par la
communauté polonaise deviendrait pour elles sans aucune utilité
et le propriétaire serait totalement exclu de l'administration de
l'hospice créé par leur effort commun.
Pour ces raisons, nous nous sommes permis, très respectueusement,
de proposer dans notre mémoire, les amendements suivants. Ils sont
très courts, alors, je me permettrais de les lire. C'est très
court. Nous demandons que, dans le cas où l'institution dessert
spécifiquement un groupe ethnique, elle ne soit pas soumise à la
juridiction d'un organisme régional. Que le lieutenant-gouverneur en
conseil puisse établir une régie à l'échelle
provinciale, afin d'exercer toute juridiction intermédiaire sur ce genre
d'institution. Et enfin, que notre foyer garde son identité propre,
qu'il soit reconnu comme une institution privée et qu'il garde le
pouvoir de nommer ses membres et ses administrateurs.
Nous sommes convaincus que sa structure actuelle correspond bien au
milieu qu'il dessert et que ce milieu participe réllement à
l'organisation de notre institution. Ces changements que nous proposons
ce sont des changements réllement mineurs à une institution
déjà existante, à une institution
spécialisée seraient une vraie bénédiction
pour ceux qui y sont déjà et pour ceux qui leur
succéderont.
Et en plus, il nous semble à tous les Polonais que nos
conclusions sont absolument conformes aux intentions de votre gouvernement qui
a en vue, en premier lieu, le bien-être de ses citoyens et de ses
vieillards aussi, naturellement.
Les paroles encourageantes de M. le ministre Castonguay,
prononcées dans la salle en bas, à la présentation du
mémoire de l'Association des foyers pour les adultes, dont nous faisons
partie, les paroles que je répète: "Pas d'expropriation, dissipez
vos craintes", nous ont donné l'espérance toute nouvelle que nos
demandes seront exaucées et que l'institut polonais pourra continuer son
oeuvre. Notre seul et unique désir, messieurs, est de rendre paisibles
les derniers jours et années de nos compatriotes et de nos
estimés concitoyens, unis dans une ambiance familière et sereine,
sous le toit de notre foyer. Je vous remercie.
M. CASTONGUAY: M. le Président, comme on vient de le mentionner
en rappelant les paroles que j'ai mentionnées plus tôt, à
l'occasion de l'étude du mémoire de l'Association des foyers pour
adultes, j'espère que c'est de nature à rassurer les
représentants de l'Institut canado-polonais. Ce n'est évidemment
pas notre intention, en introduisant le bill ou le projet de loi no 65, de
priver de cette ressource un groupe qui, comme vous le mentionnez, a fait des
sacrifices, dans un désir d'entraider les siens et plus
particulièrement ses personnes âgées. Comme je l'ai
mentionné à plusieurs reprises, notre but n'est pas
celui-là. Nous ne voulons pas, comme gouvernement, nous emparer
d'institutions ou encore de prendre une institution, sans raison valable, pour
qu'elle reçoive une nouvelle catégorie de
bénéficiaires de ces services. Alors, dans ce sens-là, je
crois que je dois de nouveau vous rassurer.
Le projet de loi a peut-être été sous certains plans
interprété trop littéralement. Nous voulons plutôt,
comme je l'ai mentionné à certaines reprises, assurer une
meilleure coordination des services et une meilleure intégration lorsque
nécessaire, continuité dans les services lorsque
nécessaire, et aussi assurer, partout où c'est
nécessaire et j'emploie bien le qualificatif "nécessaire"
une meilleure rotation, un meilleur renouvellement dans les conseils
d'administration. Ce soir nous avons entendu deux organismes qui nous expriment
des points de vue sur la participation. Je pense que, dans votre milieu, ce que
vous nous décrivez est vraiment le résultat d'efforts de
participation de vos concitoyens. Alors, au plan bien technique, quelles sont
les clarifications qui peuvent être nécessaires au projet de loi
pour concrétiser ou encore pour vous réassurer
complètement? Je ne crois pas que ce soit tellement nécessaire de
le mentionner ici ce soir, mais je voulais simplement rappeler ce que j'ai
déjà dit.
M. LEWANDOWSKI: Nous vous remercions et vous pouvez être
assuré de notre pleine coopération, M. le ministre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, j'aimerais faire
un commentaire, à l'endroit du groupe des Polonais, un groupe
extrêmement sympathique, et je dois dire que je pense qu'il serait normal
que nous notions au nom de la commission, d'ailleurs comme pour ceux qui sont
venus auparavant ce soir, vous vous êtes exprimés, pour des
Polonais, dans un excellent français. Cela montre que, même si
vous êtes soucieux de préserver la culture polonaise, vous n'avez
pas refusé non plus de dialoguer avec les gens avec qui vous vivez. Le
fait d'avoir voulu construire un foyer pour personnes âgées de
votre groupe, cela ne voulait pas dire non plus, j'imagine, que vous refusiez
que les personnes âgées ne s'intègrent d'avantage à
la communauté québécoise mais c'était pour leur
procurer des services qu'autrement, peut-être, il aurait
été difficile de leur rendre. C'est pour cela que nous avons
suivi avec beaucoup d'intérêt le développement de votre
institution, qui véritablement fonctionne très bien. Mais d'autre
part, je voudrais souligner ceci. J'ai écouté la réponse
du ministre et, à plusieurs reprises au cours des travaux de la
commission, il a voulu atténuer certaines appréhensions de
certains groupes qui ont exprimé des réserves devant la
commission et qui voulaient lui faire préciser certains textes du projet
de loi. Je comprends, moi aussi, que, connaissant le ministre, comme nous le
connaissons depuis plusieurs années, je n'ai pas de doute sur ses bonnes
intentions et je n'ai pas de doute non plus sur les objectifs qu'il poursuit
avec l'introduction du projet de loi no 65.
Je voudrais répéter ce qu'on a dit à plusieurs
reprises. Il reste qu'il y a des textes législatifs qui sont
rédigés de telle façon. Je comprends qu'on veuille bien
interpréter très largement, mais le ministre nous rassure
à l'effet qu'il ne faut pas interpréter trop littéralement
les textes de loi, mais quand on connaît la profession juridique, quand
les juristes vont avoir à interpréter le texte de loi, ils vont
l'interpréter tel qu'il est rédigé.
Vous avez fait des suggestions qui introduiraient peut-être un peu
de souplesse dans la législation, le bill 65. Je ne dis pas qu'il faille
dans une législation aussi importante qui a pour objet de
réorganiser les services de santé et les services sociaux... On
ne peut pas commencer à introduire une foule d'exceptions. Ce n'est pas
l'intention d'un projet de loi, ce n'est pas d'abord de prévoir des
exceptions. Mais, d'autre part, je pense que, dans les recommandations que vous
avez faites, dans les trois recommandations, il y certainement quelque chose
à retenir, pour introduire davantage de souplesse dans une
législation qui, même si elle veut introduire davantage de
coordination, de réorganisation dans le secteur des services sociaux et
des services de santé, n'a pas pour objet d'abord de détruire ce
qui existe et ce qui fonctionne bien. Il s'agit d'améliorer aussi un
système et d'apporter des améliorations.
Alors, je pense bien que le ministre a conçu sa
législation dans cet esprit. C'est pour cela qu'à chaque fois
et c'est la première fois que nous avons l'occasion de faire
cette sorte de remarque au cours de l'étude du projet de loi 65
qu'il sera possible, sans fausser l'orientation qu'on veut donner à la
législation, chaque fois qu'il sera possible d'introduire, non pas des
mesures d'exception, mais des mesures qui assouplissent le projet de loi
lui-même... Vous avez la suggestion d'un office qui ne coïnciderait
pas avec une région mais qui coïnciderait plutôt avec
d'autres critères et d'autres facteurs. Je pense que c'est une
suggestion qui vaut la peine de fouiller davantage et qui devrait être
retenue. Cette suggestion est faite par l'Institut canado-polonais, mais elle
pourrait s'appliquer aussi à d'autres groupes qui sont venus devant la
commission parlementaire et qui ont fait ressortir d'autres problèmes de
nature particulière. C'est une suggestion je ne sais pas si elle
devrait être retenue de la façon qu'elle a été faite
mais de toute manière je crois qu'il y a dans cette suggestion
véritablement un effort positif et constructif de la part de votre
association pour apporter quelque chose de nouveau dans les études de ce
projet de loi et pour apporter un essai de solution.
D'autre part, je comprends la façon dont les conseils
d'administration sont prévus dans le projet de loi. Evidemment si on
tient compte que les membres du conseil d'administration sont nommés en
vertu des nouveaux critères, je pense bien que, pour le conseil
d'administration de l'Institut canado-polonais, vous ne retrouverez pas dans
les différents groupes socio-économiques à Montréal
les gens qui vont répondre aux critères que vous-mêmes avez
fixés comme membres du conseil d'administration.
Alors, en tenant compte de cette première suggestion, il y a
peut-être des assouplissements à introduire qui n'auraient pas
tellement de caractère d'exception qu'on voudrait institutionnaliser
dans le projet de loi. D'autre part, s'il est bon de ne pas multiplier les
exceptions,
on reconnaîtra la valeur d'une législation, la
qualité d'une législation dans le fait qu'elle ne crée pas
inutilement des problèmes mais qu'en apportant une
réorganisation, une amélioration de ce qui existe actuellement,
elle ne crée pas d'autres sortes de problèmes qu'elle aurait pu
éviter autrement.
C'est le commentaire que je voulais faire ce soir et je pense bien que
le ministre et nous, aurons l'occasion d'en reparler lors des séances
subséquentes de la commission.
M. LAURIN: Quant à nous, M. le Président, nous voudrions
simplement partager le soulagement et la satisfaction qu'ont dû provoquer
chez vous les assurances que vient de vous donner le ministre.
M. LEWANDOWSKI: Nous vous remercions. Si vous saviez, monsieur, avec
quelle angoisse et inquiétude nos pensionnaires attendent le verdict de
la loi 65.
M. CASTONGUAY: Dites-leur d'être rassurés.
M. LEWANDOWSKI: Nous vous remercions. M. LE PRESIDENT: Un instant, un
instant.
M. TARNOWSKI: Nous serions très fiers si notre proposition ne
servait pas seulement à notre institution mais servait à tout le
Canada et à toute la province.
M. SHANKS: L'excellente pensée de Me Lewandowski s'explique
très bien, c'est Son Excellence le ministre plénipotentiaire du
gouvernement polonais en exil ici au Canada.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je vous remercie. J'invite maintenant le
Conseil des oeuvres et du bien-être de Québec.
Conseil des oeuvres et du bien-être de
Québec
M. LEFRANÇOIS (Richard): M. le Président et MM. les
membres de la commission parlementaire, mon nom est Richard Lefrançois.
Je suis responsable du service de la recherche au Conseil des oeuvres et du
bien-être de Québec. J'ai à mes côtés M.
Jacques Turcot qui est également du service de la recherche, qui a
été un des principaux responsables de la rédaction du
mémoire que nous avons soumis et dont il vous dressera un bref
résumé dans quelques instants.
Au préalable, j'aimerais souligner que le COBEQ a obtenu une
séance de consultation auprès de 70 organismes affiliés
qui ont pu exprimer leur point de vue concernant le document de travail que
nous leur avions soumis. On a évidemment tenu compte de leurs
suggestions, de leurs critiques et de leurs com- mentaires dans la
rédaction finale. C'est la procédure que le COBEQ a suivie dans
la présentation de ce mémoire qui se subdivise en quatre grands
thèmes principaux, à savoir la réorganisation, le
fonctionnement, la décentralisation et la participation.
Nos observations sont donc regroupées autour de ces quatre
principaux thèmes. On peut dire en général que, bien que
nous soyons en accord sur le principe du bill, il y a quand même place
pour de l'amélioration et nos recommandations, nos remarques portent
précisément sur des aspects de base, des aspects de principe
plutôt que sur des aspects techniques qui, jusqu'à présent,
ont surtout été soulignés. Sans plus tarder, je laisse la
parole à M. Turcot.
M. TURCOT (Jacques): D'abord, nous avons relevé quelques
ambiguïtés dans la définition des éléments de
la structure proposée. Ces ambiguïtés sont sans doute
attribuables au fait que la plupart des articles du projet de loi no 65
concernent l'aspect administratif plus que l'aspect social de la
réorganisation des services.
C'est afin de pallier cette lacune que nous faisons des recommandations
concernant le mécanisme de formation au travail multidisciplinaire,
concernant les responsabilités du gouvernement envers les organismes qui
voudront demeurer privés et concernant l'établissement de
mécanismes de coordination.
Nos recommandations ont été pensées en fonction des
intérêts des bénéficiaires de services. En ce qui a
trait à la participation, nous croyons que les efforts du
ministère des Affaires sociales sont timides. On semble souscrire
à un principe sans engager un processus véritable de
participation. Il ne suffit pas d'offrir à la population des
sièges au conseil d'administration des institutions pour consacrer le
principe de la participation des citoyens.
Il faut que ces conseils d'administration détiennent des pouvoirs
de décision, non uniquement des normes de contrôle à
appliquer. Il faut aussi que la population soit informée des
possibilités de participation qui s'offrent à elle. C'est dans
cet ordre d'idées que nous recommandons que la population soit
informée, non seulement des services dont elle pourra
bénéficier, mais aussi des structures permettant sa
participation.
Pour la même raison, nous voulons qu'une des fonctions explicites
de la CLSC soit l'animation sociale. Pour favoriser la participation et aussi
afin de démocratiser la structure proposée, nous recommandons que
le seul mode de sélection des membres des conseils d'administration soit
l'élection, et que les deux-tiers de ceux-ci soient composés de
représentants de la population.
Nous constatons que le projet de loi no 65, instaure des structures
décentralisées administrativement et territorialement alors que
toute décision revient au sommet de la hiérarchie
ministérielle. Etant donné que nous appuyons
la politique de décentralisation que le ministère des
Affaires sociales vise dans la réorganisation des domaines de la
santé et du bien-être mais que nous croyons que cette politique
doit se réaliser parallèlement au niveau administratif,
territorial et de décision, nous recommandons une redistribution des
pouvoirs dans la structure de sorte que les ORAS aient plus de pouvoir de
décision, tout en étant des outils au service des
institutions.
Enfin, l'ensemble des critiques menées par les corporations des
professionnels, par les institutions et associations oeuvrant dans le domaine
de la santé et du bien-être nous porte à croire qu'un
projet pilote mis sur pied dans une région administrative serait une
expérience bénéfique pour tous ceux qui seront
touchés par la loi 65, pour autant qu'une évaluation
complète de cette expérience permette une révision du
projet de loi pour le plus grand bien des Québécois.
M. CASTONGUAY: Je voudrais remercier les représentants du Conseil
des oeuvres et du bien-être du Québec. Ce mémoire porte sur
les aspects généraux du projet de loi. Je crois que les
commentaires qui nous sont faits sont clairs, de même que les
recommandations. M. le Président, je vais me contenter de remercier les
représentants pour ce mémoire. Je ne crois pas qu'il y ait des
points particuliers, dans le moment, sur lesquels j'aurais des questions
à poser.
M. BOIS: A la page 15, quand vous dites participation, vous mentionnez
à l'article 17 que le seul mode de sélection des membres des
conseils d'administration des institutions soit l'élection. Est-ce que
vous voulez dire l'élection à l'intérieur des institutions
elles-mêmes, que ce soient toutes les institutions sociales ou les
conseils exécutifs des institutions hospitalières?
M. TURCOT: Toutes les institutions publiques qui sont constituées
par le bill 65.
M. BOIS: Vous voulez dire ici, toutes celles qui sont mentionnées
à la fin du mémoire.
M. TURCOT: Les conseils d'administration, oui. Qu'il n'y ait pas de
nomination.
M. LEFRANÇOIS: Je pense qu'on pourrait peut-être ajouter un
commentaire au niveau des ORAS. Si c'est un organisme qui se veut
représentatif des différents groupes socio-économiques
à la base, je pense qu'à ce moment-là il n'est pas
nécessaire qu'il y ait une super-structure qui vienne également
imposer ou donner un ton, disons, aux politiques qui peuvent être mises
de l'avant au niveau des CLSC ou des institutions d'accueil ou des autres
institutions. C'est un peu dans ce sens-là que les commentaires ont
été formulés.
M. BOIS: En fait, c'est un principe démocratique que vous
recommandez. Au lieu qu'une nomination soit faite par l'autorité pour
les différents organismes sociaux, que ce soit fait parmi les membres
qui le composent. Est-ce que c'est ça?
M. LEFRANÇOIS: C'est-à-dire que le principe de
l'élection doit être répandu à tous les niveaux
quelle qu'en soit la structure, parce qu'autrement cela devient un carcan qu'on
nous impose et qui risque d'avoir des répercussions à tous les
niveaux. D'ailleurs, je pense que plusieurs organismes ont exprimé le
même point de vue. Je pense que l'élection, c'est un point de vue
sans vouloir faire le procès de la démocratie qui
nous apparaît important.
M. BOIS: Je vous remercie beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, je vous remercie.
Le Conseil interprofessionnel du Québec. L'Association des
psychiatres du Québec.
Association des psychiatres du Québec
M. NAIMAN: Mon nom est James Naiman, je suis président de
l'Association des psychiatres du Québec; à ma droite est le Dr
Lemelin, trésorier de l'association.
Vu l'heure tardive, je vais essayer d'être aussi bref que possible
et également je crois avoir peut-être étant ici
depuis le début de l'après-midi saisi un peu plus l'esprit
du projet de loi 65 que je ne l'avais saisi simplement d'après la
lecture.
Un mot au sujet de l'Association des psychiatres. Nous avons
débuté comme association professionnelle, nous sommes maintenant
un syndicat professionnel et si j'en occupe actuellement la présidence
et que mon nom est Naiman, c'est que l'Association des psychiatres a toujours
respecté le principe de l'alternance, que la présidence aille
à tour de rôle à un francophone et à un anglophone.
Alors, je suis le président parce que c'était le tour de
l'anglophone. Je le dis parce que je crois que, peut-être, ça
prouve qu'en dépit de toutes les différences de points de vue qui
peuvent exister entre les psychiatres, nous avons tout de même,
peut-être, un certain exemple à montrer dans nos relations. Entre
nous, inutile de dire que la majorité de l'association est
canadienne-française et francophone et l'a toujours été.
Par conséquent, ceci est une décision de la part de Canadiens
français d'avoir voulu cette alternance, de sorte que les
présidents ont été des personnes aussi diverses que le Dr
Roberts, le Dr Cleghorn et le Dr Camille Laurin, à des dates
différentes. A ma gauche, le Dr Lapointe qui est le secrétaire de
l'Association des psychiatres.
Je vais m'attaquer à ce que je considère comme les points
essentiels de notre mémoire
et je suis certainement disposé à répondre aux
questions qui touchent n'importe quel aspect. Tout d'abord, au sujet du chiffre
de 50 p.c. de lits et tant de lits psychiatriques, je ne me porte pas garant de
ce pourcentage qui se trouve sur la première page. Il m'avait
été donné par un collègue; j'avais cru qu'il
était exact; j'ai voulu le vérifier, mais il a été
impossible de le faire. Le Dr Lortie l'a répété cet
après-midi. Je ne sais pas si c'est vraiment 50 p.c. ou si c'est 40 p.c.
En tout cas, c'est un pourcentage très élevé. Par contre,
on a parlé du nombre de psychiatres dans la province et s'il y en a
assez. A un moment donné, je le mentionne, durant une certaine
décennie qui s'est terminée il y a quatre ans, le nombre moyen de
psychiatres qui quittaient le Québec était de deux par
année. Depuis le 1er janvier 1970, il est mentionné dans mon
mémoire qu'il y en avait 40; le chiffre est maintenant rendu à
42. Nous espérons que l'exode va diminuer après la signature de
l'entente collective syndicale que nous espérons signer avec le
représentant du ministère demain matin à
Montréal.
Pour en revenir au projet de loi no 65, je vais mentionner les
différents points que nous considérons comme étant
essentiels du point de vue psychiatrique, non pas dans l'ordre de leur
importance, mais dans l'ordre de leur simplicité, en commençant
par les plus simples.
Le premier, c'est la question du secret professionnel. Ce point a
déjà été soulevé dans le mémoire du
Collège des médecins et dans celui de la Fédération
des médecins spécialistes du Québec. Nous
considérons que le secret professionnel peut être utile dans
d'autres domaines de la médecine; nous croyons qu'en psychiatrie il est
absolument indispensable. Qu'un fonctionnaire de l'ORAS puisse avoir
accès au dossier d'un patient et prendre connaissance des détails
de sa vie intime nous parait absolument impensable. Et nous désirons
protester vigoureusement contre cette disposition de la loi. Nous pensons que
l'ORAS devrait être capable d'exercer les fonctions qui lui sont
attribuées sans qu'il soit nécessaire d'avoir accès aux
dossiers des malades. La seule conséquence de cette disposition sera que
le dossier va être incomplet. Ma première résidence en
psychiatrie était à l'Hôpital des Vétérans de
Montréal, qui était un hôpital fédéral, et le
gouvernement fédéral avait, de par la loi, accès aux
dossiers des malades.
Le résultat est que les dossiers étaient extrêmement
incomplets et que nous mettions des diagnostics comme...
M. CASTONGUAY: Seulement un commentaire, ici. Si cet aspect n'a pas
été mentionné dans le projet de loi, c'est que le secret
professionnel sur tout ce qui touche les médecins et les dentistes est
couvert dans le code de procédure civile québécois et que
les officiers légistes n'ont pas jugé utile de le reproduire dans
le projet de loi.
Vis-à-vis des craintes qui ont été
mentionnées, j'ai dit à plusieurs reprises que nous introduirions
cet aspect dans le projet de loi. Mais le code de procédure civile, si
vous référez à je ne me souviens pas quel article, couvre
déjà cette question et, dans chaque projet de loi, les officiers
légistes s'opposent à ce qu'on répète tout le
bagage des dispositions qui pourraient s'appliquer à une question
particulière.
M. NAIMAN: Nous sommes d'accord là-dessus si nous avons votre
assurance, nous aimerions peut-être que le texte qui définit les
pouvoirs de l'ORAS puisse être modifié de manière à
couvrir ces dispositions. Je crois que quelques mots suffiraient à nous
rassurer là-dessus.
Le second point est la question du directeur des services professionnels
dans les institutions psychiatriques. Le texte de loi, à l'article 151,
mentionne que le surintendant n'existera plus. Il s'appellera le directeur des
services professionnels. Le titre de ce monsieur ou de cette dame nous
intéresse fort peu. Par contre, ce qui nous intéresse, c'est
qu'elle sorte de personne sera-t-il? Sera-t-il un diplômé de
l'Ecole nationale d'administration ou sera-t-il un psychiatre?
Nous tenons à ce qu'il soit un psychiatre. Nous avons
écouté plus tôt, dans l'après-midi, le
mémoire de l'Institut Philippe Pinel. Pour ceux d'entre vous qui ne sont
pas psychiatres, je désirerais rappeler qui est Philippe Pinel. Philippe
Pinel était un psychiatre au temps de la révolution
française qui a enlevé les chaînes des patients à la
Salpêtrière parce qu'il pensait que les patients psychiatriques
n'étaient pas aussi dangereux qu'on le pensait à
l'époque.
Au nom de ce qui semble préoccuper beaucoup le ministre, soit
l'efficacité et la sauvegarde des fonds publics, il aurait
peut-être été plus efficace de garder les patients
enchaînés. C'est pour ça que nous tenons beaucoup à
ce que le directeur des services professionnels soit un psychiatre et
cela a d'ailleurs déjà été dit dans le
mémoire des directeurs des institutions psychiatriques qui ait
reçu la formation nécessaire à administrer une institution
psychiatrique selon les données modernes de l'institution
psychiatrique.
Par exemple, l'Association psychiatrique américaine
décerne un certificat spécial en administration d'institutions
psychiatriques. On peut être psychiatre sans être capable
d'être administrateur. Personnellement, je suis psychiatre et je
n'entreprendrais pas l'administration d'un hôpital psychiatrique de 4000
lits. Je ne me considère pas capable de le faire. Il y a, par contre,
d'autres psychiatres qui en sont capables, qui peuvent le faire et je crois
qu'ils devraient être nommés à des postes de ce genre.
Cela, je crois, nous parait une chose extrêmement importante.
Maintenant, ces deux points-là étant simples, je vais
passer aux autres points de notre
mémoire. Si vous regardez à la page 5, au haut, vous
trouverez le résumé des points qui nous concernent le plus et
là, nous passons à des choses plus controversées dont il a
été question plus tôt cet après-midi et il nous sera
difficile d'éviter une certaine longueur.
Il me semble que, dans l'intégration de la psychiatrie dans la
médecine, il y a deux extrêmes. Un extrême avait
été préconisé par le Dr Paumelle et par certains de
ses disciples et c'est la séparation complète des deux
disciplines.
Le sous-ministre avait eu la bienveillance de me faire parvenir un
mémoire à ce sujet cet été et j'ai fait des
commentaires.
Ceci me paraissait un point de vue extrême et le fait qu'il
n'avait pas été entendu au-delà du 13e arrondissement de
Paris me faisait croire que les autorités parisiennes également
hésitaient à l'étendre au reste de la ville de Paris, et
que probablement elles avaient des raisons valables de le faire.
Par contre, dans le bill 65, il me semble que la psychiatrie est
noyée. Comme je dis dans le mémoire, on a supprimé la
division des services psychiatriques du ministère de la Santé,
nous n'en réclamons pas la restitution ou le rétablissement.
Certains de nos membres le désirent, nous sommes parfaitement
disposés à accepter des structures différentes, mais je
crois que, dans la structure administrative proposée par le ministre, la
psychiatrie se trouve complètement noyée au point de vue
administratif, et nous le redoutons également, au point de vue
budgétaire. Nous pensons que les deux vont aller ensemble.
Le Dr Lortie, dans son mémoire, avait fait un commentaire quelque
peu analogue et M. Castonguay lui avait demandé de faire une proposition
concrète. A la suite de cela, ce n'est pas dans le mémoire mais
c'est ma réaction à la question que M. Castonguay avait
posée au Dr Lortie, je proposerais qu'à l'article 41 du bill 65
on ajoute un paragraphe e): Corporation régionale de santé
mentale. Qu'est-ce que nous entendons par cela et pourquoi nous le voulons?
Nous pensons que, dans certains cas, l'hôpital psychiatrique peut
remplir un rôle utile. Nous pensons que, dans d'autres cas, le service de
psychiatrie d'un hôpital général peut remplir un rôle
utile. Nous pensons, par contre, que dans d'autres cas encore où il n'y
a pas de structures existantes, où l'essai d'intégration de la
psychiatrie dans l'hôpital général a été une
faillite... Je pourrais nommer les hôpitaux, mais je ne tiens pas
particulièrement à me faire faire un procès pour libelle
diffamatoire. Je crois que le ministre sait de quels hôpitaux il s'agit.
Il y en a certains à Montréal, S'il veut que je les nomme
confidentiellement, je le ferai. C'est pour cela que nous désirons dans
ce projet de loi une certaine ce que vous avez dit monsieur
souplesse qui permette la variabilité des structures selon les besoins
locaux, selon ce qui existe déjà. Nous avons entendu cet
après-midi, il me semble, des représentations faites par des
organismes qui fonctionnent. Je crois que les organismes qui fonctionnent, il
ne faut pas les chambarder. Le dernier point sur lequel je veux m'exprimer
concerne l'enseignement et la recherche.
L'enseignement, nous le savons, relève du ministre de
l'Education. Néanmoins, comme M. Castonguay le sait fort bien,
l'enseignement dans les facultés de médecine est largement
subventionné par son ministère. L'enseignement et la recherche
peuvent être considérés comme du luxe et peuvent être
considérés comme des choses qui peuvent être
séparées, rigoureusement du travail clinique. C'était le
point de vue que les représentants de l'Université de
Montréal ont exprimé ici cet après-midi. Nous sommes en
désaccord sur ce point de vue. Nous ne pensons pas que l'on peut
vraiment séparer les soins des patients, l'enseignement et la recherche.
Nous pensons que c'est un trio qui va inévitablement ensemble, si l'on
veut une haute qualité de soins et également si l'on veut
établir par des faits, et non seulement par des discussions et des
débats, quelles sont les structures administratives qui sont les plus
valables et les plus efficaces et les moins coûteuses pour rendre service
à la population.
Je crois que présicément la multiplicité des points
de vue qui ont été exprimés indique bien que nous n'avons
pas atteint en psychiatrie le stade de connaissance où nous pouvons
vraiment dire que telle ou telle solution est la meilleure. Je crois qu'il
devrait être "built in", je m'excuse de l'anglicisme, je n'en connais pas
l'équivalent en français, dans le projet de loi, que les
structures fassent l'objet d'une révision constante afin de voir ce que,
en effet, on pourrait peut-être précisément faire.
Quelqu'un a mentionné ici des projets pilotes, je pense qu'il n'est pas
nécessaire au niveau de toute la province de faire tout de suite la
même chose. On pourrait avoir des projets pilotes, on pourrait voir ceux
qui fonctionnent le mieux et on pourrait alors étendre le système
là où c'est étendu. Je vous remercie.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais remercier
l'Association des psychiatres pour ce mémoire. Je serais tenté de
faire un commentaire sur ce que j'ai pu dire cet après-midi lorsque j'ai
parlé de la recherche de l'efficacité ou de la
nécessité de contrôler les coûts. J'espère que
j'ai mal saisi, mais j'ai voulu être cet après-midi aussi
nuancé que possible. Il est évident que l'Etat n'a pas de
ressources illimitées et que nous sommes obligés de
contrôler les coûts tout en gardant bien vivement à l'esprit
qu'il y a des priorités, qu'il y a divers types d'allocations de
ressources à faire. C'est le point que j'ai voulu faire ressortir, je
n'ai pas voulu donner l'impression que nous voulions rebrousser chemin, reculer
et arrêter tout progrès. Sur ce point-là je voudrais
répéter
ceci, compte tenu de la remarque que l'on a faite et de l'association
qu'on a faite avec les prisonniers enchaînés du temps de
Pinel.
En ce qui a trait aux directeurs des services psychiatriques, dans la
Loi actuelle des hôpitaux pour malades mentaux, il n'est pas dit que ce
doit être un psychiatre et je crois qu'à la fois le gouvernement
et ceux qui ont eu à se prononcer ont toujours, lorsque les psychiatres
étaient disponibles, nommé des psychiatres pour occuper ces
postes. Il ne nous a pas paru nécessaire de consacrer ceci dans le
projet de loi, de même que, dans les agences de service social ou dans
les centres de services sociaux, nous n'avons pas dit que ce devait être
telle catégorie de personnel professionnel qui devait occuper tel poste.
Il me semble qu'en même temps qu'on nous dit que nous allons trop dans
les détails à certains endroits, l'on nous reproche de pas aller
suffisamment dans les détails à d'autres endroits alors que
justement l'expérience que nous avons a démontré que, sans
que les lois précisent ces points, les conseils d'administration ou les
gouvernements ont agi avec le sens commun. Quant aux autres aspects, comme ils
portent sur des questions déjà discutées, j'ai
écouté avec attention ce qui vient d'être dit et je
voudrais remercier à nouveau les représentants de
l'association.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, votre mémoire
est comme ceux soumis par tous les psychiatres au cours des autitions de la
commission, c'est le quatrième ou le cinquième groupe de
psychiatres dont le mémoire est extrêmement important. Il y a deux
types de sujets dans votre mémoire, il y a un type de sujet qui peut
faire l'objet de discussions, peut-être pas ici mais lors de
l'étude des prévisions budgétaires du ministère des
Affaires sociales, à savoir les types de structures et la
responsabilité, la direction des services psychiatriques, la question de
l'imputation des sommes à la psychiatrie, ainsi de suite.
Il y a une question que je voudrais vous poser, il y a une remarque dans
votre mémoire que je trouve extrêmement importante, c'est l'exode
des psychiatres. La première fois, à ma connaissance, on a
parlé de l'exode des médecins à l'occasion des
difficultés qu'on a connues, mais au sujet des psychiatres, à ma
connaissance, c'est la première fois que nous parlons de l'exode en
termes de chiffres.
A quoi attribuez-vous surtout l'exode, les 42 départs en moins de
deux ans?
M. NAIMAN: Je crois qu'il y a diverses raisons à cet exode. Je
crois que vous n'ignorez pas que le bill 8, c'est-à-dire le bill de
l'assurance-maladie, diffère d'une façon assez
considérable des lois analogues dans les autres provinces du Canada. A
cet égard, les psychiatres n'ont pas été traités
plus mal que qui que ce soit. Ils ont été traités comme
les autres médecins. L'échelle des tarifs qui a été
négociée à la table de la FMSQ l'a été sur
le même pourcentage pour la psychiatrie que pour les autres
spécialités. Il y a par contre le fait qu'il y a dans diverses
spécialités de la médecine des questions d'offre et de
demande, dans les autres provinces du Canada et aux Etats-Unis, qui sont
différentes.
Je ne connais pas les chiffres exacts, mais les autres
spécialités où il y a eu des exodes sont en
radiothérapie et en anesthésie. En radiothérapie, je crois
que le nombre est faible, mais le pourcentage est relativement
élevé, peut-être même plus élevé que
chez nous. Je crois que ceci dépend tout simplement du fait qu'à
l'heure actuelle il suffit d'ouvrir n'importe quelle revue psychiatrique pour
trouver des annonces où on demande des psychiatres un peu partout, au
Canada et aux Etats-Unis. Moi, dans mon courrier du matin, je reçois des
offres venant de l'Etat de Californie, de l'Etat de New-York en disant que les
Canadiens n'ont pas besoin de passer d'examen ou devront le faire dans un an ou
dans deux ans, la province de la Saskatchewan fait aussi des annonces partout.
Il est extrêmement facile en psychiatrie de se trouver des postes
ailleurs.
En chirurgie générale ou en médecine interne, par
exemple, il est extrêmment difficile pour un interne de Montréal
d'aller s'installer ailleurs. Il devrait accepter un poste nettement
inférieur à celui qu'il occupe ici, s'il travaille par exemple
dans un hôpital universitaire, et par conséquent le
déplacement est beaucoup plus difficile. La demande pour les services
psychiatriques est beaucoup plus considérable que l'offre. Il n'y a pas
suffisamment de psychiatres et, comme je dis, l'entente que nous
espérons signer demain va nous l'espérons
améliorer quelque peu la situation mais jusqu'à la signature de
cette entente, certainement en milieu hospitalier les différences
étaient considérables et les gens sont partis.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'anticipais la réponse, sans
connaître tous ces faits évidemment, j'imaginais que vous
toucheriez ce point-là. Je l'ai posée parce que justement
l'entente se signe demain et, dans tout ce contexte-là, je voulais voir
si l'entente qui va se signer demain, sans connaître de précision,
avait pour objet d'obvier un peu à cet exode que l'on connaît dans
le domaine de la psychiatrie.
M. NAIMAN: Je pense que oui, mais j'en reviens au thème de
l'enseignement et de la recherche. Dans l'entente que nous allons signer demain
nous avons atteint avec le ministère un accord qui, sur le plan de la
rémunération, rend la psychiatrie au Québec tout à
fait compétitive avec la psychiatrie ailleurs au Canada.
Par contre, ça dépend là des administrations, si
les tâches qui sont données aux psychiatres sont trop
restrictives, si on leur dit: Vous ne pouvez être payés que si
vous voyez des malades, si vous avez un petit projet de recher-
che en tête, on ne va pas vous payer pour cela, etc., si on fait
des chinoiseries de ce genre, je crois que la rémunération
financière à elle seule ne va pas être suffisante.
Je suis satisfait de l'entente qui sera signée demain sur le plan
financier. Je crois que, sur ce plan-là, il n'y aura plus de
problèmes et que ce ne sera plus une raison pour les gens de
quitter.
Est-ce que les gens vont continuer à quitter? Je pense que
ça dépendra du climat à l'intérieur des
institutions hospitalières.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, j'aurais d'abord une question à
poser. A la première page, on dit que le Dr Camille Laurin, qui aurait
été votre prédécesseur, mentionnait que la
psychiatrie n'était pas une spécialité comme les autres.
Heureusement, ça a peut-être été l'occasion de
produire un honorable député qui n'est pas comme les autres. Et
ce n'est pas péjoratif.
M. LAURIN: Je vous en remercie.
M. BOIS: La question que j'ai à poser est à l'article 7 de
vos recommandations. Vous parlez ici, par exemple, que, dans les cas
d'institutions, 50 p.c. de tous les lits d'hôpitaux du Québec sont
occupés pour des fins psychiatriques, alors que vous ajoutez par
exemple, que, si on exclut les services psychiatriques d'hôpitaux
généraux, même 30 p.c. des autres patients ont quelque
chose qui, en réalité, a trait à la psychiatrie.
Si je fais des calculs bien simples, ça veut dire que plus de 65
p.c. des patients hospitalisés dans le Québec ont besoin, dans
une marge plus ou moins grande, de services psychiatriques.
M. NAIMAN: C'est vrai dans le Québec et ailleurs. Ce n'est pas
plus élevé dans le Québec. Ce sont des chiffres qui sont
plus ou moins généraux dans tous les pays civilisés
où l'on maintient des statistiques plus ou moins valables. Ce qui se
passe en Union Soviétique, nous ne le savons pas, parce qu'on n'y publie
pas de statistiques. Mais, dans des pays comme l'Angleterre, les Etats-Unis,
les chiffres sont à peu près les mêmes partout.
M. BOIS: Cela veut dire que, pour toute institution
générale qui est reconnue pour se spécialiser en
médecine générale par exemple ou en chirurgie, vous
retrouveriez les mêmes proportions?
M. NAIMAN: Oui, je dirais que le pionnier dans ce domaine a
été le Mont Sinaï Hospital à New York qui, avant
d'avoir un service de psychiatrie, avait nommé deux psychiatres dans
chaque service: obstétrique, gynécologie, chirurgie, etc. Il y
avait 85 psychiatres à ce moment- là. C'est un hôpital de
700 ou 800 lits et chaque malade était vu, ou du moins, il y avait un
psychiatre disponible pour la consultation, non pour le traitement. Par
exemple, un enfant était dans le plâtre et était devenu
très angoissé. L'enfant était dans un plâtre et ne
pouvait regarder que le plafond. Il ne pouvait pas voir le reste de son corps.
Le psychiatre a fait la suggestion très simple de mettre des miroirs
pour que l'enfant puisse voir le reste de son corps, pour qu'il puisse voir ses
pieds.
Ceci a réglé le problème. Ce que je veux dire est
que tous ces patients-là n'ont pas besoin de soins psychiatriques,
d'être suivis par un psychiatre, mais qu'un psychiatre a un rôle
à jouer. Et ceci est de plus en plus accepté, je dirais à
peu près partout.
Le Mont Sinaï Hospital a été le pionnier de
ça, il y a à peu près 30 ou 40 ans à New York et
les autres, graduellement, petit à petit, se sont acheminés dans
cette direction.
Je dirais que, dans un hôpital général, la
consultation aux autres services de l'hôpital est probablement encore
plus importante ou au moins tout aussi importante que d'avoir un service de
psychiatrie, avoir des lits psychiatriques proprement dits. Je crois que,
très souvent, le psychiatre peut jouer un rôle comme dans
l'exemple que je vous ai donné.
M. LAURIN: Pour continuer la question du député de
Montmagny, sur les 42 psychiatres qui ont quitté le pays, combien
étaient de langue anglaise?
M. NAIMAN: Je vais vous donner les chiffres dans un instant, Dr Laurin.
Sur les 42 qui ont quitté, il y avait 34 anglophones et 8 francophones.
En remontant à 1952, il y a un total de 85 qui ont quitté dont 67
anglophones et 18 francophones. La proportion est donc d'à peu
près, grosso modo, quatre anglophones et un francophone. Cette
proportion semble se maintenir à travers les années.
M. LAURIN: Je sais qu'étant donné le rôle national
joué par l'université McGill dans la formation des psychiatres,
il y a toujours eu un mouvement, une mobilité des psychiatres à
partir de Montréal. Est-ce que vous avez constaté que ce
mouvement s'était accusé?
M. NAIMAN: Si vous regardez à la page 4, Dr Laurin, vous allez
voir que nous avons fait la comparaison: de 1952 à 1967
c'est-à-dire avant que la situation politique ne change au point de vue
médical, il y a 29 personnes qui sont parties. C'est pour une
période de 16 ans. Cela fait donc une moyenne d'environ un
"demi-psychiatre" par année. Durant 1968 et 1969, nous avons eu un total
de 14. Donc, cela a grimpé à une moyenne de 7 par année. A
partir du moment où il a été question de la Loi de
l'assurance-maladie, alors, qu'on en a parlé, depuis le début de
1970, cela a grimpé. Nous
avons donc eu 13 départs en 1970 et nous en avons eu 29 en 1971.
Il y en a qui partent encore parce qu'il y a des gens qui ont
déjà pris la décision de partir. Je crois que nous voyons
les suites de la grève du bill 41 et de tout ce qui s'est passé
à cette époque-là. Il y a des gens qui à ce
moment-là avaient pris la décision de partir. Ils avaient des
maisons à vendre. Ils avaient des enfants à l'école de
sorte que cela s'est échelonné. Est-ce que cela va
s'arrêter? J'espère que l'entente de demain va aider à
arrêter cet exode. Etant donné que nous avons remonté
jusqu'en 1952, la différence entre le déplacement normal de
psychiatres formés par McGill qui sont allés ailleurs... Nous ne
prenons que les psychiatres qui ont obtenu le certificat de spécialiste
en psychiatrie du Collège des médecins et chirurgiens de la
province de Québec. Il y en a certains qui viennent d'ailleurs et qui
viennent se former à McGill pour repartir. Cela ne figurerait pas sur
ces chiffres de toute façon parce que ce seraient des gens qui
n'auraient jamais eu l'intention d'exercer la psychiatrie au Québec et
ils n'auraient pas pris l'examen de spécialiste en psychiatrie du
collège provincial, cet examen qui a existé depuis 1955. C'est la
première année où il y a eu un examen séparé
du collège royal. Nous n'avons pris que cela. Par conséquent, les
autres ne figurent pas du tout.
M. LAURIN: Je n'avais qu'une autre remarque générale
à ajouter. Comme l'a noté le député de Montmagny,
c'est le cinquième ou le sixième groupe de psychiatres que nous
entendons et qui nous font valoir leurs recommandations. J'en conclus ou que
les psychiatres parmi les médecins sont plus contestataires que les
autres, peut-être à cause de leur travail ou encore qu'ils ont des
problèmes particuliers plus aigus dans la conjoncture actuelle et qu'ils
comptent que la loi 65 pourrait les aider à les résoudre. J'ai
l'impression que les deux raisons peuvent peut-être chevaucher. Je vois
que votre mémoire comporte des suggestions concrètes,
précises que je trouve, pour ma part, intéressantes.
Il me fera plaisir de fouiller davantage. Merci.
M. NAIMAN: Merci.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous d'autres commentaires? Messieurs, je vous
remercie. J'invite maintenant les porte-parole du Montreal Convalescent
Hospital.
Montreal Convalescent Hospital
MME. PINEO (Noreen): M. le Président, distingués membres
de la commission parlementaire des Affaires sociales, mon nom est Noreen Pineo.
Je suis la présidente du Montreal Convalescent Hospital. J'ai avec moi,
ce soir, mes confrères du comité pour l'étude du projet de
loi 65. A ma gauche, Mme Kane, vice-présidente; Mlle Francine Payette;
à ma droite, Mme Howard et M. John Gregory, notre administrateur.
Le Montreal Convalescent Hospital a pris connaissance et a lu avec
intérêt le projet de loi 65 présenté par
l'Assemblée nationale du Québec. Son conseil d'administration
vous a fait parvenir un mémoire dont j'ai mandat aujourd'hui, ce soir,
de vous transmettre le contenu. Si vous me le permettez et si vous n'y voyez
pas d'objection, ma langue maternelle étant l'anglais, je m'exprimerais
en anglais. Je crois cependant que vous avez déjà des copies
françaises de notre mémoire, si vous préférez
suivre le texte en français. Est-ce que j'ai votre permission de
continuer en anglais?
M. LE PRESIDENT: Oui.
MME PINEO: Merci beaucoup. I am going to omit the first part of our
presentation and to begin with the introductory remarks. La présentation
commence à la page 3. The board of administration wants it clearly
understood that it has no argument with the principle of the proposed
legislation to coordinate health and welfare services and to... Am I not close
enough to...?
M. LE PRESIDENT: One moment, please.
M. CASTONGUAY: May I interrupt you just for a minute? Do you intend to
read the whole brief or just give us a résumé?
MME PINEO: The salient points of the brief. M. CASTONGUAY: Thank you
very much.
MME PINEO : I realize it is very late. With your proposed legislation to
coordinate health and welfare services and to concurrently assure the
availability of these essential services, as efficiently and economically as
possible, to all segments of the population.
What concerns the board of administration of this hospital is that Bill
65, if enacted in its present form, would eliminate most, if not all, private
initiatives and would tend to even do further harm by discouraging the
participation of highly qualified community minded citizens in this sphere of
health and welfare services.
Serious concern was also expressed by the board of administration as to
the questionable legalities of Bill 65 with regard to the powers given to the
Minister of Financial Institutions, with regard to the dissolution of the
corporate legal status of an hospital thus in effect expropriating
without compensation but, worse than that, striking at the very Gore and
philosophy of the Civil Law of this Province holding the testator's desires and
wishes to be sacrosanct at all times.
Since the Montreal Convalescent Hospital
was chiefly developed, constructed and built from funds made available
to it through the specific wishes of testators in various wills, the question
arises as to the legality of the powers contained in Bill 65 which would tend
to wholly disregard our entire structure on the Laws of Wills and Trusts.
I will proceed then to the question of trusteeship versus participation.
Hospital trusteeship was born from a disinterested concern on the part of
public-spirited citizens in community health organization. Hospital trusteeship
has always represented a democratic form of local government, that of citizen
groups working co-operatively with professional groups to provide the community
with efficient health services.
These hospital trustees were not professional providers of care. In most
cases, they were not consumers of care in the institution which they were
helping to organize or to manage or, if they were, they did not sit as such on
the governing board but rather as general representatives of the community.
Indeed, the fact of being associated with the hospital in any capacity
used to be considered as a disqualifying factor for the position of trustee. As
an example, it is still believed in many circles that no physician practicing
in a hospital should be a member of the governing board of their hospital. To
this day, we have one province in Canada which forbids it by law.
Now, the next point that concerns us is that, in article 50, the
article of the proposed Bill it stipulates that the board of directors
of a hospital should consist of fourteen persons. Now, it is our opinion that
if this board consists of fourteen persons, then there would no corporate body
other than the governing board. The Bill does not provide for the possibility
of a general assembly of corporation members from which part of the governing
board could be elected.
One consequence would be the constitution of a mixed board whose members
of outside origin would not be the direct representatives of the community but
rather Government appointees upon recommendation by certain designated
socio-economic groups.
Another consequence appears even more important and far-reaching. The
concept of trusteeship is replaced by the concept of participation. This
desinterested trustees are replaced by interested parties, consumers from the
territory, physicians, professionals, non-professionals, staff, etc. It is
possible that the representation of different and sometimes opposed groups
within the governing boards of a hospital may bring conflict, confusion and
perhaps cahos as it has been the case recently in some CEGEP, because it seems
that representatives of interested groups, very seldom transcend the respective
interests of their groups in order to pursue the common good of the
institution. It is then recommended, first, that the representatives of the
community on hospital governing boards be not Government appointed, but rather
selected according to a democratic procedure such as an election among a
general assembly of corporation members recruited from the community as it is
the case at present in the Montreal Convalescent Hospital.
It is also recommended that the community served by different hospitals
be not identified with a territory so that some competent and available persons
who are not living within this territory and hence who are not consumers of
care in that institution could nonetheless become members of its governing
board.
I think I will leave, the, the question of the present trusteeship
versus the future board members, but what we are concerned about is that we
feel and we respectfully submit that our community cannot likely dispense with
the high level of competence, availability, initiative and goodwill represented
by present hospital trustees.
Furthermore, even if an entirely new group of trustees as competent, as
available and as full of initiative and goodwill could easily be found, it is
submitted that such a sudden and global change of trustees would no be
advisable for the best interest of the institutions.
Therefore, we recommend that such organizational changes as need be
legislated be gradually phased in, but by clearly delineated steps, and we also
recommend that hospital governing boards be organized so that appointments
and/or election there to be carried out in stages.
The question of inquiry, the three procedures of inquiry, one originated
by the regional bureau, as outlined in articles 30 to 35, another originated by
the Minister, article 102, still another originated by the Lieutenant-Governor
in council, article 129 and article 130, should be reduced to one procedure of
inquiry upon a signed order of the Minister.
With regard to sanctions, the excessive sanction of dismissal, article
138, or stiff fines, article 146, we feel should be deleted. They are
unwarranted penalties to voluntary board members and might alienate competent
citizens from participating in hospital management.
The question of contracts, well, this is of concern to us too, but I
will pass it by.
M. CASTONGUAY: If you will allow me just one comment, I think the
English version of the Bill does not correspond to the French version with
respect to contracts. In French, I think it appears more clearly that it is the
approval only for certain categories of contracts that would have been
specified in the regulations.
MME. PINEO: I see.
M. CASTONGUAY: It is not our intention to approve all contracts.
MME PINEO: Every little contract, I see. Thank you. Now, with regard to
private donations versus public property, there is not a word in the proposed
bill about the property of present institutions.
The corporations created by the Bill would be mere management
corporations, as described in article 8 for regional bureaus and article 45 for
all other institutions. The rights of ownership of present corporations on
land, building and other assets are completly ignored in the Bill. However, the
power of expropriation granted to the regional bureaus in article 8-1 and the
powers of amalgamation conversion granted to the Minister of Financial
Institutions in articles 83 and 84 do not include any mention of consultation
with, let a long consent of the concerned institutions. Furthermore, there is
no provision for the possible need for reversion of assets to the estate of a
donator, that expropriation or merger procedure might necessarily entail.
Endowments which were made by private citizens to specific institutions
for specific purposes may not be seized upon by the regional bureaus or even by
the Minister himself. The testator's will generates legal rights and
obligations that cannot be ignored. On that point the constitutionality of Bill
65 may well be questioned. Our recommendations then are as follows:
The representatives of the community on hospital governing boards be not
Government appointed but rather selected according to such democratic
procedures as already availed in the constitution of the Montreal Convalescent
Hospital.
That the community served by hospitals be not identified with a
territory.
That such organizational changes as need be legislated be gradually
phased in but by clearly delineated steps.
That hospital governing boards be organised so that appointment and or
election thereto be carried out in stages.
That control measures be flexible enough so as not to stifle initiative
and creativity among hospital trustees and that where justified the corporate
identity of each hospital be maintained in relation to its properties, bequests
and endowments.
Thank you !
M. LE PRESIDENT: M. Castonguay.
M. CASTONGUAY: Je voudrais vous remercier également pour ce
mémoire que vous nous présentez. Le seul point sur lequel je
voudrais faire des commentaires, ou encore répéter, c'est sur les
derniers aspects que vous avez traités quant aux volontés des
donateurs, des testataires, quant aux dangers que vous voyez, dans ce bill, de
spoliation de la propriété privée. Encore là, c'est
un peu la même chose que ce que je mentionnais au sujet du mémoire
précédent. Si le code de procédure civile dans ce
cas-là contient des dispositions relatives au secret professionnel, de
la même manière ici, il s'agit d'aspects suffisamment reconnus par
toute l'habitude, la tradition, et nous ne croyions pas qu'il devait falloir
les répéter explicitement dans le bill. Mais devant les
représentations qui nous sont faites, c'est une question que nous avons
soulevée auprès des légistes du gouvernement. Cela n'est
pas notre intention d'introduire dans la législation de disposition qui
pourrait aller à l'encontre de la volonté de personnes qui ont
fait des dons, qui y ont attaché des conditions ou qui les ont faits
dans un sens donné. Alors, vis-à-vis de cette crainte que l'on
nous exprime et qui ne nous apparaissait pas à tout le moins
fondée au moment du dépôt de la loi, je crois que nous
apporterons les précisions qui s'imposent. Quant aux autres aspects qui
touchent aux structures, aux modalités de fonctionnement, je crois que
ces aspects ont déjà fait à plusieurs reprises l'objet de
discussions, nous notons attentivement le contenu de votre mémoire.
MME. PINEO: Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez des commentaires?
M. BOIS: Non, pas de commentaires.
M. LE PRESIDENT: Alors, j'invite tous les Groupements populaires de
Québec.
Les Groupements populaires de Québec
M. PARENT: M. le Président, je m'appelle Roger Parent, la
secrétaire est Mlle Rachel Laberge. Nous ne prétendons pas parler
au nom de toute la population, nous ne sommes pas des professionnels.
Nous sommes des représentants de groupes de citoyens qui oeuvrent
dans le milieu populaire depuis quelques années, pour le bien-être
de leur population. Nous sommes des responsables de services
créés par et pour la population et contrôlés par
elle. Nous sommes des citoyens directement concernés par le bill 65,
ceux qui auront à subir ses effets quotidiens, bons ou mauvais. Plus
exactement, nous sommes le Comité de citoyens de Saint-Sauveur, le
Comité des citoyens de l'aire 10, le Centre socio-médical de
Québec Enr., le Centre de références et d'information. Je
peux continuer?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. PARENT: Voici en résumé les démarches qui ont
été faites pour l'étude du bill 65 :
Première étape, les représentants des
diffé-
rents groupes populaires ont pris connaissance des grandes lignes du
bill 65.
Deuxième étape, nous exprimons nos principales critiques
et nous mettons sur pied les bases d'un bill 65 vu par les citoyens.
Troisième étape, on laisse le soin à un petit
groupe de trois de rédiger le mémoire qui est ensuite
vulgarisé et rediscuté par les différents groupes de
citoyens.
Quatrième étape, le mémoire terminé, et
corrigé est accepté par trois de ces groupements et
présenté à la commission parlementaire.
Cinquième étape, le mémoire servira comme
instrument de travail auprès des citoyens en général pour
les éveiller à leur responsabilité face aux services de
santé et aux services médicaux.
A cette étape, si vous le permettez, M. le Président, la
secrétaire va vous lire le document. Nous n'aurons pas le temps de tout
vous lire ce soir; je sais que vous avez entendu bien des mémoires par
des gens qui ont bien voulu vous les donner professionnellement. Nous, nous
parlons au nom de gens qui ont besoin des services et non ceux qui donnent les
services. Il y a une grosse différence entre les recevoir et les
appliquer.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, vous nous en faites un
résumé, s'il vous plaît.
MLLE ROBERGE: Oui, justement, c'était pour vous dire que je ne
lirai pas les deux annexes, elles sont plutôt des modalités qui
pourraient peut-être servir à la formulation d'un nouveau bill. Je
vais me permettre de parler surtout du problème qui nous apparaît
la question de fond. Voici pourquoi on a présenté un
mémoire. M. Castonguay a affirmé que l'on ne pourra modifier que
certaines modalités. Nous avons compris surtout ceci: Ne vous faites pas
d'illusion, il n'y aura pas grand-chose qui va changer, le bill 65 va passer de
toute façon. Pourtant, nous avons quand même choisi de venir faire
connaître notre point de vue. Il a la valeur de notre expérience
dans notre milieu. Nous voulons tout de suite relever une
ambiguïté. Le ministre insiste sur le fait que le bill 65 apporte
une réforme administrative, c'est-à-dire une meilleure
organisation et une meilleure coordination des services de santé et des
services sociaux. Pour nous, cela veut dire trois choses. Une meilleure
organisation dans ce bill 65, cela veut dire qu'on se fait organiser. Nous ne
prenons pas les décisions qui nous concernent. Une fois de plus le
gouvernement se fait le bon papa gâteau et laisse tomber son rôle
d'agent éducateur aux dépens de ceux qui ont un profond besoin de
se réaliser. Il nous impose des solutions, il nous force à
consommer davantage au lieu de nous aider et de nous donner les moyens
d'être les créateurs. Encore des solutions artificielles
temporaires et nuisibles au développement de l'ensemble à moyen
et long termes.
Une autre fois, on essaie de nous plonger dans un état de
dépendance et de passivité. Des gouvernants qui se voudraient au
service du peuple, au lieu d'essayer de l'asservir sans cesse, lui donneraient
des outils pour la participation. Ils encourageraient les initiatives de base
en lui fournissant les moyens techniques et financiers nécessaires
à la réussite. Un tel gouvernement irait même
jusqu'à y susciter l'envie de travailler au mieux-être de la
communauté par l'animation. Nous voulons une loi qui instituerait un
fonds d'action pouvant permettre aux gens d'agir en adultes responsables.
Dans une foule de secteurs, des millions sont dépensés
pour faire des recherches qui ont le plus souvent des effets très
secondaires sur la vie concrète. Cependant, on hésite toujours
lorsqu'il est question d'investir directement sur l'homme. Nous pensons que
l'homme doit être le principal agent de sa formation et qu'il est le
mieux placé pour chercher et trouver ce qui lui convient. On est plus
heureux dans sa cabane que dans le château d'un étranger, c'est
notre expérience.
Rien, rien dans ce projet de loi ne parle de fournir aux citoyens
ordinaires les moyens de s'organiser. On nous propose de siéger
bénévolement dans des organismes, dans l'organisme de l'autre
sans nous y accorder de pouvoir réel.
Articles 49 à 51. Tout groupe qui acceptera l'aide
gouvernementale, nos dirigeants se donnent la possibilité de le
réduire sous son joug. 89 à 93. Même les groupes qui n'y
ont pas eu recours, parce qu'ils n'ont pas attendu le gouvernement pour agir,
ce dernier se donne le pouvoir de les assimiler ou de les détruire.
La principale question à la quelle nous voulons qu'une telle loi
réponde n'est pas: Que pensez-vous faire pour régler nos
problèmes? Mais plutôt: Que pensez-vous faire pour nous aider
à construire nous-mêmes ce qui répond à nos
besoins?
Nous disons qu'il faut faire le pari, il faut miser sur l'homme et lui
donner les chances de gagner. Si une fois de plus on l'organise, au lieu de
l'aider à s'organiser, on ne fait que le droguer: ça calme la
douleur, mais ça ne guérit pas.
Nous détestons l'attitude de nos gouvernements qui veulent se
créer par ce projet de loi juges, mesure et seule norme de ce qui est
bon ou mauvais. C'est définitif, le bill 65, nous n'en voulons pas.
Une meilleure organisation dans ce bill 65 veut dire aussi,
deuxièmement, qu'on se fait coloniser: des intellectuels et des
professionnels vont prendre la place des gens du milieu. Partout on parle
beaucoup de participation, c'est d'ailleurs la principale raison qui nous
amène ici. Le mot "participation" veut dire dans le Larousse "avoir
part" et non "donner part ou prendre part". Cela veut dire que tous les
citoyens "ont part" à la vie québécoise dans la mesure
où ils le désirent. Actuellement les
"bons du gouvernement" ou ce bill 65 veulent créer des
mécanismes où ils permettent la participation. On se demande
beaucoup de quel droit ils le font ou plutôt le permettent-ils? Nous ne
sommes pas intéressés à recevoir certains permis de
participation à l'organisation des services de santé et des
services sociaux. Nous désirons participer à l'organisation au
titre de citoyens.
Nous sommes capables, à partir de notre culture, de
définir nos besoins, de déterminer nos moyens et nos objectifs
ainsi que de faire les choix nécessaires qui nous permettront de prendre
en main la situation.
La participation dans ce bill 65, il n'y en a pas, ou elle est
très bien camouflée. D'ailleurs, le meilleur exemple de cette
fausse participation camouflée commence ici à cette commission
parlementaire. Nous ne croyons pas à ce mécanisme et, si nous
sommes ici, c'est pour vous le dire.
Quelques fonctionnaires rédigent un bill. Après la
première lecture, c'est la présentation des mémoires.
Presque la totalité de ceux qui viennent ici forment deux types
d'amendements. Les premiers dits de la droite, désirent garder leurs
pouvoirs obtenus par d'autres bills, les autres dits de la gauche,
réclament leurs droits fondamentaux: être leurs propres agents de
développement, entre les deux, la vertu. Doit-on déduire que
c'est vous autres ou ce bill 65? Vous redonnez quelques-uns de vos pouvoirs aux
citoyens, mais nous n'en voulons pas de votre pouvoir. Il est faux et
usé.
Tant que le bill 65 ne permettra pas aux citoyens d'être
responsables de leur développement, nous n'en voulons pas. Nous voulons
la vraie participation, celle de tous les citoyens, le nouveau pouvoir. C'est
définitif, le bill 65, nous n'en voulons pas.
Une' troisième raison, la meilleure organisation de ce bill 65
veut dire encore qu'on se fait hypnotiser. Volontairement le gouvernement garde
la population passive et endormie: elle ne pense plus, elle ne bouge plus, elle
rêve.
On vous voit venir, vous nous proposez un semblant de participation dans
la structure que vous avez imaginée, puis dans deux ou trois ans vous
direz: On vous a offert la participation, mais les gens ne sont pas
intéressés. Dans une telle structure la population restera
sûrement passive et endormie. Vous le prévoyez, nous en sommes
sûrs. On vous le dit tout de suite, votre structure n'a pas pour but
l'autogestion. Vous préférez garder dans la dépendance
sociale la majorité de nos concitoyens. Vous préférez par
votre structure que la population ne pense pas trop, ne bouge pas trop. On
préfère que la population rêve. Elle rêve en
consommant toujours plus, en se posant de moins en moins de questions. On
gagerait que vous avez des parts à Télé 4 ou à
Radio-Canada, vous ne voudriez surtout pas leur enlever leurs auditeurs. Vous
perpétuez et ajoutez à notre aliénation économique
une aliénation sociale et politique.
Merci beaucoup. Cajolez-la, prenez-en soin de votre bébé
dépendance et de sa soeur aliénation. Cela rassurera vos
contribuables, mais on vous prévient: ça se réveillera
à un moment donné bien brutalement et alors le ministère
de la Justice deviendra plus important que le ministère des Affaires
sociales.
Ce bill 65, nous n'en voulons pas. Pour terminer, nous voudrions vous
dire que nous voulons un autre bill 65. M. Castonguay aura beau parcourir toute
la province pour dire que cette réforme n'est qu'administrative, nous
rejetons la philosophie que sous-entend ce projet de loi et qui affirme que les
citoyens sont des irresponsables de naissance, impropres à
évoluer même si on leur en fournissait les moyens.
Nous sommes d'accord sur le fait qu 'il y a de la place pour le
changement dans le domaine des affaires sociales et de la santé. Ce que
nous tenons à souligner, c'est qu'une vraie et courageuse réforme
dans ce domaine s'attaquerait aux problèmes de fond, s'attaquerait au
fond du problème, partirait de la base de nos besoins et de nos
priorités. Vous trouverez ci-joint deux annexes qui sont un essai de ce
que pourrait être le bill 65 et qui vont servir d'instruments de travail
au niveau de la population. C'est préparé en tableaux, c'est
très simple à comprendre et je crois que, même si nous
n'avons pas pu vous remettre le mémoire avant, vous pourrez, en le
feuilletant, comprendre assez facilement les recommandations que nous
suggérons pour le nouveau bill 65. M. Parent.
M. PARENT: Pour faire suite, M. le Président, nous avons une
expérience de trois ans de clinique médicale
bénévole faite par les citoyens, pour les citoyens et dans le
milieu du citoyen. Je pourrais donner un exemple, M. le Président qui
n'est pas arrivé il y a deux ans ou trois ans, ni deux mois ni trois
mois, mais qui est arrivé samedi. Je ne sais pas si M. le ministre sait
comment la "castonguette" fonctionne souvent, pour une affaire d'ainsi soit-il,
une affaire simple.
Ma femme a eu un accident samedi dernier, non pas il y a trois ou cinq
mois. Nous sommes allés à l'hôpital samedi matin; dans la
nuit de dimanche, le médecin lui a passé des examens. Elle est
restée là au moins une heure, une heure et demie. Nous sommes
revenus chez nous. Ils ne passaient pas de radiographie dans la nuit; je ne
sais pas pourquoi, mais ils n'en passaient pas.
Nous y sommes retournés le dimanche après-midi. On a
passé des examens, des radiographies à ma femme disant que
c'était une entorse qu'elle avait eue. La "castonguette" a servi deux
fois. Une fois ou deux dans la nuit, une fois le dimanche, une fois ou deux
fois. Nous y sommes retournés le lundi matin, nous avons encore
passé l'avant-midi là. Cela a encore fait la même chose. Le
médecin a dit que c'était une entorse.
Ce n'est pas la faute du gouvernement, mais on vous donne les erreurs du
milieu que nous connaissons et que vous ne connaissez pas ici.
Cela ne se fait pas dans un bureau; ces erreurs-là se font dans
notre milieu. Nous y sommes retournés le lundi, ils ont dit que
c'était une entorse qu'elle avait eue. Nous retournons chez nous. Le
médecin nous appelle, il dit: Vous avez un os cassé; le
médecin qui vous a soignée n'a pas examiné votre
radiographie avant, vous avez un os cassé et vous allez revenir à
l'hôpital.
Remarquez bien ce que je vous dis. C'est le lundi et il me dit: Vous
allez revenir le mardi, non, le mercredi . Venez donc jeudi. Je
dis à ma femme: Tu as un os cassé, le docteur te demande de venir
jeudi, cela ne marche pas. Je rappelle l'hôpital, je demande à la
garde-malade s'ils font des plâtres le mardi et le mercredi.
Elle me répond que oui, que ça dépend si c'est
nécessaire. Je dis que c'est nécessaire. Le médecin a dit
qu'à la radiographie, les autres ne l'avaient pas vu, ils l'ont vu cet
après-midi. Elle a un os de cassé. Je lui ai demandé s'ils
faisaient des plâtres dans l'après-midi. Elle me répond:
Cela dépend si la jambe est bien enflée.
Ma femme n'a pas une jambe enflée, mais elle veut avoir un
plâtre. Donc, elle a eu son plâtre cet après-midi. La
"castonguette" a fonctionné peut-être bien sept ou huit fois
je ne l'ai pas compris pour avoir un plâtre cinq jours
après. Nous ne critiquons pas directement le gouvernement, mais nous
critiquons les dépenses de millions qui se font à l'heure
actuelle pour le service que vous donnez, pour l'aide sociale que vous donnez,
le service qui n'est pas tel qu'on le conçoit.
Nous mettons le service santé avec les affaires sociales.
Monsieur, tout à l'heure, parlait toujours du domaine social. Ce soir,
je n'ai pas entendu parler du domaine social; je n'ai pas entendu une seule
parole de toute la soirée à ce sujet. Je ne sais pas si vous en
avez entendu parler les autres jours de la façon dont on doit servir le
public, et ce, dans, notre milieu. Je ne parle pas professionnellement; je sais
bien que si le ministre Castonguay va à l'hôpital, il va avoir un
meilleur service que moi, le Dr Laurin aussi, et tous ceux qui sont ici.
Mais nous autres, comment pourrait-on dans notre milieu... Nous avons
notre clinique depuis trois ans, nous l'avons faite bénévolement,
socialement: aller voir les gens avant qu'ils ne meurent pour être
capable de les soigner et non pas quand ils sont morts. Je vous ai parlé
d'un cas, je pourrais vous en citer bien d'autres. C'est un cas concret, qui
s'est produit cette semaine dans ma famille. Je pourrais vous citer, M. le
ministre, plusieurs autres cas. Le service n'est pas adéquat pour
l'argent que nous dépensons.
Je vais vous dire une chose: le milieu que je représente n'est
pas celui qui donne le plus d'impôts ou qui en donne le plus pour le
service de santé, parce que ce sont des gens qui gagnent $30, $40, $50,
$60 par semaine.
Si un type enlevez ma femme de là qui gagne $15 par
jour et qui est obligé d'aller cinq jours à l'hôpital, le
service de santé ne lui coûte rien mais combien cela lui
coûte-t-il sur son salaire? Il a eu son plâtre seulement au bout de
cinq jours, ce sont cinq jours de retard sur un salaire de $10 ou de $15 par
jour. Un type n'a pas le moyen de faire ça. Nous avons le service de
santé mais nous ne l'avons pas directement pour rendre le service que
vous prétendez donner.
M. CASTONGUAY: D'abord je voudrais vous donner un petit conseil. Je vous
suggérerais de communiquer avec la Régie de l'assurance-maladie
et de rapporter le cas que vous venez de mentionner pour qu'action soit prise.
S'il y a abus, il nous faut le savoir pour pouvoir corriger. C'est la
Régie de l'assurance-maladie qui est chargée de ça.
Vous nous dites que le Comité de citoyens de Saint-Sauveur, de
l'aire no 10 et notre Centre socio-médical de Québec, ce sont des
choses que nous avons formées et que nous voulons conserver. Ce n'est
pas le but du bill 65 d'aller toucher ça. Je l'ai mentionné
à d'autres groupes qui sont venus ici, des groupements qui se sont
formés bénévolement, de cette nature-là, on ne veut
pas les rejoindre par le bill 65 et détruire ça, au contraire.
Par contre ce que l'on veut créer par le bill 65 et nous espérons
que ça peut être bon et que ça peut bien fonctionner... Je
suis bien conscient qu'il y a des problèmes, qu'il y a des besoins qui
ne sont pas satisfaits. C'est mon but d'essayer d'apporter une meilleure
réponse. Je peux vous garantir qu'ici, les membres qui siègent
à cette commission et qui ont écouté toutes les
représentations qui nous ont été faites ont cet objectif
à coeur également.
J'aime mieux, en fait, entendre le type de représentations que
vous faites verbalement que la façon dont elles son écrites. Je
pense que les problèmes que vous vivez et ce que vous avez décrit
verbalement c'est vraiment le type de problèmes que vous vivez et ce
sont ceux-là que nous voulons résoudre. Merci.
MLLE. ROBERGE: Si vous le permettez, s'il vous plaît. J'ai
assisté à toutes les commissions parlementaires, M. Castonguay,
et c'est à peu près toujours la même réflexion que
vous passez à savoir que vous n'êtes pas intéressé
à toucher à ces services. Je suis bien prête...
M. CASTONGUAY: Pas à ces services, j'ai dit les comités de
citoyens.
MLLE ROBERGE: Les comités de citoyens dans les cliniqques de
quartiers.
M. CASTONGUAY: On a exprimé au début de la commission la
crainte qu'on voulait s'emparer d'une façon quelconque... Je ne vois pas
par quelle partie du bill on ferait ça. J'ai mentionné que ce
n'était pas ça.
MLLE ROBERGE : Vous le faites par les conseils d'administration des CLSC
et nous, nous relèverons des CLSC. Vous, pendant votre
règne, je ne pense pas que vous soyez éternel, on peut
peut-être se fier à votre parole pour les quelques années
que vous serez là. Je me fie aux papiers. Les CLSC qui seront nos futurs
conseils d'administration ne sont pas représentatifs de la
population.
M. CASTONGUAY: Ils ne vous regrouperont pas, en tout cas, vous pouvez en
être assurée. Je l'ai dit à plusieurs reprises, ce n'est
pas vous pouvez être rassurée sur ce point-là,
quitte à ce qu'on modifie le texte le but du bill 65 de venir
envelopper, par les CLSC, les comités de citoyens.
MLLE. ROBERGE: Demain, nous rencontrons un de vos sous-ministres
à ce sujet-là. Nous serons subventionnés très
bientôt par le gouvernement provincial et c'est dans le langage qu'ils
emploient.
M. CASTONGUAY: Je parle des comités de citoyens.
MLLE. ROBERGE: Le Centre socio-médical de Québec ou la
Clinique du comité des citoyens de l'aire no 10.
M. CASTONGUAY: Si vous voulez que nous discutions de cet
aspect-là maintenant, le Centre socio-médical, vous voulez qu'il
soit financé dans une certaine partie, vous avez des frais à
assumer. Encore, sur ce plan-là, j'ai mentionné à
plusieurs reprises depuis le début qu'il y a un problème
difficile, celui à la fois de nous assurer avec les fonds publics
cela ne sera pas la première fois que ça se produit que
ces fonds-là sont bien dépensés. D'autre part, faire le
joint entre le désir qu'ont les gens que vous avez de ne pas vous voir
écraser par des structures. Si on a déposé un projet de
loi et avant de l'adopter en Chambre, si on l'a déféré
pour étude ici, c'est qu'on voulait voir justement quelles
étaient les réactions, quelles étaient les
améliorations qu'on pouvait apporter.
On n'est pas assez cynique, comme votre mémoire le dit et
je sais que ce n'est pas vous qui avez écrit le mémoire, je le
sens dans vos remarques et dans la façon dont vous vous exprimez.
MLLE ROBERGE: Je suis une des trois personnes qui l'ont
rédigé.
M. CASTONGUAY: Nous ne sommes pas assez cyniques pour passer des heures
et des heures à écouter les gens alors que nous n'aurions eu tous
ici aucune intention d'écouter vraiment et d'apporter des
modifications.
Ce problème d'essayer de trouver un point d'équilibre a
été mentionné à quelques reprises et c'est une
question à laquelle, une fois les auditions terminées, nous
allons essayer d'apporter une solution qui satisfait davantage que celle
proposée dans le projet de loi.
M. PARENT: M. le ministre, prenez la page 5, la principale question et
ça résume à peu près toutes nos questions sociales
dont monsieur a parlé. Nous voulons vivre dans le social et le
communautaire et les services de santé. Notre point de vue du milieu,
ça ne s'apprend pas à l'université, ça ne s'apprend
pas ici dans les bureaux du gouvernement, ça s'apprend dans le milieu
où nous sommes. Nous l'avons vécu, nous avons l'expérience
de trois ans de clinique bénévole.
La participation, la principale question à laquelle nous voulons
qu'une telle loi réponde n'est pas: Que pensez-vous faire pour
régler nos problèmes? Mais plutôt: Que pensez-vous faire
pour nous aider à construire nous-mêmes ce dont nous avons besoin?
Aux paroles que vous venez de dire nous répondons que notre clinique est
en marche. Nous attendons la réponse du gouvernement pour être
capables de continuer, et non pas que le gouvernement s'empare de tout. On vous
ôte des ennuis, nous sommes capables d'avoir soin de nous-mêmes.
Les citoyens, on le calcule assez vieux, assez âgés aujourd'hui.
Selon les paroles que vous avez déjà dites, le citoyen doit
dialoguer. Nous ne faisons que cela. Le citoyen aujourd'hui est capable
d'essayer de se bâtir lui-même, au lieu que le gouvernement
s'empare de tout. Prenez seulement ces lignes-là, ça veut dire la
réponse que vous venez de nous donner et c'est ça que nous
voulons attendre.
Nous avons demandé une subvention au gouvernement. Cela fait au
moins cinq mois. Les médecins et tout ça, on est prêt
à marcher mais on ne l'a pas encore.
M. CASTONGUAY: Non.
M. PARENT: Le dialogue dont vous parlez, on ne l'a pas eu avant non
plus. C'est justement ça. Notre point de vue est qu'au lieu de passer la
loi, on fasse les amendements à la loi et qu'on adopte la loi
après. Il n'y aura pas de critique, il n'y aura rien ici. On va faire
des amendements à la loi et on adoptera la loi après. Là,
on fait la loi et on fait les amendements après. C'est dans tout,
ça. C'est pour ça, M. le ministre, aujourd'hui, si la
convocation... C'est mon point de vue, c'est le point de vue des comités
de citoyens, nous ne sommes pas des professionnels, nous vous l'avons dit tout
à l'heure, mais nous faisons notre possible pour réveiller le
citoyen lui-même sans passer toujours par les lois gouvernementales et
attendre que les lois viennent le secourir comme le bien-être social, et
secourir tout le monde toujours au crochet du gouvernement.
Il y a bien des gens qui sont capables de le faire eux-mêmes, mais
avec l'aide du gouvernement, au lieu que le gouvernement essaie de les aider,
le contraire de ce que le comité de citoyens attend de vous.
M. CASTONGUAY: Pour vous rassurer, on est un peu moins mauvais que vous
le pensez.
Ce n'est pas une loi, c'est un projet de loi. C'est juste un document
imprimé et là on l'étudie avant de l'adopter. Les
amendements, les changements ne seront pas des changements à une loi, ce
sont des changements à un projet de loi. Ce n'est pas encore une
loi.
MLLE ROBERGE: Dans l'expérience passée, en tout cas, les
projets de loi d'aide sociale n'ont pas été tellement
modifiés. Par exemple, on attend le projet de loi 69 qu'on pensait avoir
pour janvier et, dernièrement, votre ministère nous a dit que ce
ne serait peut-être pas encore pour janvier mais seulement pour
l'été prochain. Là aussi...
M. LE PRESIDENT: M. Bois.
M. BOIS: M. le Président, il me fait plaisir de rencontrer des
gens de ma région. J'en suis très heureux. A la suite du
mémoire qui a été présenté ici, je pense
bien que ce serait peut-être bon de prendre quelques moments pour
répéter peut-être une vérité de Goethe qui
disait: Vérité fâcheuse vaut mieux qu'erreur profitable, la
vérité guérit la douleur qu'elle peut causer. Si je me
réfère ici à la page 4 du mémoire, je vois
cependant que, dans l'avant-dernier paragraphe, on mentionne à la
dernière ligne: Des millions sont dépensés pour faire des
recherches qui ont le plus souvent des effets très secondaires sur la
vie concrète. Je pense bien que M. le ministre va se rappeler que, lors
de l'étude des crédits de 1971, je lui ai mentionné ce
printemps que, dès la prochaine session, je verrais à le
questionner d'ailleurs d'une façon extrêmement serrée
à ce sujet.
Cela, M. le ministre, je vous en avais fait part que dans l'optique des
citoyens, disons que les documents de recherche, c'est une très bonne
chose, mais pour autant qu'on n'atteint pas les gens dans les biens qui sont en
mesure de les servir, bien des fois on risque de passer à
côté.
A la page 7 du mémoire, il y a une autre vérité qui
m'a frappé, surtout que cela vient des citoyens. On dit dans le
deuxième paragraphe: "...être les propres agents de leur
développement..." C'est qu'en réalité la population a une
fierté et une fierté qui lui est acquise, surtout dans les
comtés ouvriers, comme dans les comtés agricoles, je pense bien
que ce sont les endroits où le bon vouloir se manifeste. Je suis
à même de le constater dans mon propre comté, un endroit
où il y a beaucoup de sociétés sans but lucratif.
Et incidemment, M. le ministre, j'ai eu l'occasion de faire une remarque
au début de la soirée, même dans le cas d'une oeuvre
sociale dont j'aurai à m'occuper dès demain matin, parce qu'il y
a justement une question de formalité, de fonctionnarisme qui bloque
certaines choses et il faut des pressions pour faire démarrer ça.
Je pense bien que ce que les citoyens désirent, c'est qu'à un
moment donné il n'y ait pas trop de fonctionnarisme dans ce qu'on
appelle la vie qu'on vit tous les jours et les agents qui sont appelés
à nous la fournir.
A la page 8, je vois, au troisième paragraphe: "...elle
rêve en consommant toujours plus et en se posant de moins en moins de
questions..." A l'heure actuelle, nous sommes en voie de devenir une
société de consommation de bénéfices sociaux et je
devrais m'adresser à vous, M. le Président, afin que cette
question soit réellement considérée lorsque les
amendements seront apportés au projet de loi no 65. A l'heure actuelle,
plus on donne des bénéfices, moins le peuple participe, plus nous
faisons une société passive qui, demain, attendra tout de ses
ministres, du gouvernement et de ceux qui seront, demain, avec une certaine
popularité en mesure de causer du trouble à la
société.
Alors, devant le mémoire qui nous est présenté et
pour lequel je tiens à vous féliciter, vous exprimez des
vérités qui, sous une formule ou une autre, doivent
assurément atteindre des oreilles attentives. Je vous remercie et je
vous félicite.
Merci, M. le Président.
M. LAURIN: J'aurais une question à vous poser. En fait, le souci
que vous exprimez et qui a été exprimé par d'autres, nous
aussi nous l'avons exprimé au tout début quand on parlait de la
possibilité de non-récupération des initiatives valables
par une nouvelle structure administrative. Je vais vous poser une question
hypothétique: A supposer que le CLSC satisfait à vos exigences
humaines centrées sur une participation dynamique, verriez-vous encore
une possibilité pour votre clinique d'exister? Consentiriez-vous
à l'abandonner?
MLLE ROBERGE: Bien sûr, d'ailleurs vous avez l'exemple...
M. LAURIN : Quitte à accepter cependant des contraintes
administratives nécessaires.
M. PARENT: Nous n'avons pas parlé de l'administration. Nous
n'avons pas dit que c'était mal administré. Nous n'avons pas
d'objection, nous n'avons pas critiqué l'administration. Nous n'avons
rien dit contre l'administration. Nous avons parlé contre la
participation parce que nous avons formé nous-mêmes notre
clinique, les citoyens eux-mêmes avec des médecins et des
infirmières bénévoles. Le côté social dont on
a parlé toute la soirée, c'était bénévole,
mais du médical et du social.
Mgr Lavoie et moi, dans le quartier Saint-Roch, quand on
découvrait une personne morte depuis quatre ou cinq jours dans un
grenier, il aurait mieux valu la soigner avant qu'elle ne meure ou de l'envoyer
à l'hôpital où ça coûte
énormément cher au gouvernement. Lorsqu'on prend à temps
une maladie je parle toujours de mon milieu et lorsque l'on voit
ces choses se répéter plusieurs fois, on le voit dans le journal,
on a trouvé un vieux dans un grenier
qui était mort depuis quatre ou cinq jours. Bien on s'est dit
qu'il y a du service social et médical à faire dans notre milieu.
On l'a commencé il y a quatre ans.
C'est bien plus important le social et médical que les pilules,
tous les médecins, comme vous...
M. LAURIN:Pas moi.
M. PARENT: Bon, admettons. Mais la plupart des médecins donnent
des ordonnances à des gens de notre milieu. L'ordonnance coûte $6,
mais il ne sait pas que la personne n'a pas $2 dans sa poche. La personne s'en
va chez elle, mais elle n'est pas guérie, elle n'a même pas les $6
pour la payer. Donc elle reste chez elle. Nous avons vu cela, alors nous avons
établi notre clinique.
On leur a donné des soins. On a établi la pharmacie
gratuite avec les moyens qu'on avait dans ce temps-là. Ce n'est pas
seulement le social qu'on veut avoir, c'est de ne pas toujours secourir les
gens qui reçoivent du bien-être social. Il y en a plusieurs qui
font l'étape de cela. Le ministre va me dire: Les gens qui
reçoivent du bien-être social, ils ont tout dans les mains. On
sait cela. Mais rien n'empêche que, dans notre milieu, si quelqu'un l'a
déjà lu, on gagne $50, $60, $65 par semaine, et les gens ont le
coeur de travailler. Ce sont ceux-là que le gouvernement n'aide pas.
Personne ne les secourt. Donc, nous autres, avec nos médecins
bénévoles, on les secourait. On leur donnait le meilleur prix
qu'on pouvait pour les médicaments. C'est justement là où
il y a une différence de la population et du milieu pour le service
qu'on peut donner.
MLLE ROBERGE: Mais, voyez-vous, M. Laurin, je crois que, après la
page 9, vous avez la première chose. On dit, nous autres, qu'un bill qui
ferait que ce soit uniquement la structure qui change... Et ce qu'on voit,
c'est que la majorité des mémoires qui sont venus ici, sont venus
nous parler de structure. Nous ne sommes pas intéressés à
rentrer dans une nouvelle structure. Cela ne nous intéresse pas. Ce qui
nous intéresse, c'est que les valeurs changent. Et dès
qu'à l'intérieur d'un CLSC la participation sera vraiment
reconnue, les citoyens verront vraiment à leur affaire, nous sommes tout
à fait pour; mais on veut, par exemple, que le bill soit mis en fonction
des valeurs. Par exemple, voir à ce qu'une population se garde en
santé et non pas voir à mettre un bill pour la soigner. C'est
très différent au niveau des valeurs. Vous voyez. Nous, nos
cliniques sont faites pour garder la population en santé, pas pour
soigner les malades, ni faire de l'argent.
M. LAURIN: Vous notez, en somme, que votre clinique est basée sur
des valeurs et que, dans les structures, vous avez peur que les valeurs ne
soient pas là.
MLLE ROBERGE: Exactement. Nous n'avons pas peur; nous en sommes presque
sûrs.
M. LAURIN: Vous vous repliez sur vos cliniques. Mais, à partir du
moment où vous sauriez que les structures seraient habitées par
des nouvelles valeurs, vos objections tomberaient.
MLLE ROBERGE: Exactement. Comme, par exemple, à
l'intérieur du bill 26, nous sommes bien d'accord qu'on ait mis une
structure comme la cour d'Appel, mais à la cour d'Appel, ce sont encore
des fonctionnaires! Alors, nous n'y croyons pas, au départ, parce que
nous savons que cela ne marche pas encore. Avec les structures qui sont en
place, nous sommes d'accord, mais cela n'a rien changé.
M. LAURIN: Mais, à vous entendre parler des fonctionnaires,
parfois on dirait que ce ne sont pas des humains.
MLLE ROBERGE: C'est-à-dire que le type qui est devant une cour
d'Appel, ce n'est pas au type comme tel que j'en veux. J'en veux à son
papier qui est devant lui et qui est pris pour entrer dans ces
colonnes-là. Il est obligé de faire passer tout le monde dans le
même tuyau. C'est au tuyau que j'en veux, ce n'est pas à
l'individu comme tel. Et sa fonction l'oblige à suivre le tuyau.
M. BOIS: J'ai juste un petit commentaire à faire. Je pense bien,
ici, pour reprendre une interprétation de l'honorable
député de Bourget je ne voudrais pas dire que les
fonctionnaires sont des être inhumains, ce n'est pas là la
question que, quand ils ont affaire à une loi, il y a des
mécanismes, ils sont obligés de les faire appliquer. Et quand
c'est trop long, c'est celui qui attend qui en souffre.
M. PARENT: C'est justement cela qu'on vient de dire. C'est le
mécanisme de la loi et c'est celui qui attend qui en souffre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je veux noter d'abord que vous avez fait
beaucoup de suggestions pratiques, â partir de l'annexe no 2.
Honnêtement, on doit admettre que dans l'annexe no 2, il y a certainement
des choses qui doivent être lues et peut-être retenues aussi. Je
comprends que c'est du texte, mais c'est la façon de traduire dans le
texte, je suppose. Il y a certaines améliorations que vous voulez voir
introduire, même si les valeurs ne changeront peut-être pas toutes
à l'occasion du bill 65, dans le sens où vous le désirez.
J'essaie de saisir exactement l'objectif que vous poursuivez, disons le sens de
votre participation. Si j'ai bien compris, ce n'est pas une participation au
niveau de l'administration; c'est ce qui précède cela. C'est la
définition, une certaine définition. Vous vivez dans un milieu,
vous observez qu'il y a des besoins dans ce milieu-là. Vous sentez
que
la population est capable de les identifier et que vous êtes
capables, vous-mêmes de préciser certaines choses.
MLLE ROBERGE: Voyez-vous, M. le ministre, je crois qu'il y a une
réponse très précise à cela. Nous sommes
subventionnés au niveau fédéral pour une recherche au
Centre socio-médical de Québec. La recherche n'est pas faite par
des professionnels, officiellement. Nous avons comme membres, au niveau de la
recherche, tout le département de médecine sociale de
l'université Laval qui, sur les recommandations des citoyens,
répond aux questions des citoyens, non aux questions des professionnels.
Les citoyens veulent savoir, au niveau de la santé, où nous en
sommes rendus dans l'aire 10.
La recherche va répondre à cette question et va dire:
Nous, on vous suggère ceci, et elle nous a fait des suggestions pour la
mise en place justement de la clinique par rapport au gouvernement provincial
dans les futures démarches des CLSC. C'est ce qui fait tout le
changement. On administre officiellement nos choses. L'argent, on l'administre
mais on ne l'administre pas à partir de petits détails, on
aimerait demander au gouvernement provincial un montant global par année
et qu'à la fin de l'année, il juge de l'efficacité mais
qu'il n'essaie pas de juger avant le départ des citoyens non
professionnellement formés. A ce moment-là, l'administration nous
la ferions quand même selon ce que nous suggérons à
l'annexe 1 par des gens élus et non nommés parce qu'on a
bien peur de cela des gens élus par les différents groupes
et même élus par le lieutenant-gouverneur en conseil s'il veut en
nommer au niveau de ces organismes-là. On n'est pas contre le
contrôle, s'il est valable et s'il est nécessaire;
l'administration comme telle nous tenons beaucoup à la faire, mais dans
les objectifs mêmes des citoyens et non pas dans un objectif global
provincial, fédéral ou mondial.
M. CLOUTIER (Montmagny): Etant donné que vous m'avez
appelé M. le ministre, je vais donner...
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas nécessairement un compliment...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais demander au ministre depuis quand
il s'est aperçu de cela, que ce n'était pas un compliment. Est-ce
que c'est nouveau? Etant donné cette appellation, je voudrais
peut-être faire preuve de prudence maintenant que vous m'avez
attribué ce titre-là, est-ce que vous croyez que, en
général, ce serait... Je comprends que, pour une
expérience chez vous dans le secteur que vous connaissez, étant
donné qu'il y a un éveil de la population, peut-être parce
qu'il y a des besoins spéciaux dans ce coin-là, des
problèmes particuliers, il y a un éveil plus grand de la
population, il se fait peut être plus d'animation aussi, est-ce que vous
pensez qu'on pourrait généraliser cela dans toute la province
à ce moment-ci?
MLLE ROBERGE: Certainement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Remettez-nous des budgets, nous allons les
administrer.
MLLE ROBERGE: Avant que la population vous réponde cela, je
voudrais que le gouvernement fasse l'animation ou crée les
mécanismes pour animer la population et non pas l'endormir. Mais qu'il
les crée, qu'il n'attende pas que deux ou trois gars se décident
à trouver quelques sous, quelque part, pour se payer un animateur. Que
le gouvernement en place... dans les régions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Soyons réalistes,...
MLLE ROBERGE: C'est très réaliste, vous ne trouvez pas que
ce serait bien, on entendait ici répéter des gens qui disaient:
En Abitibi, il n'y a pas de gynécologue. Qu'est-ce qu'on attend pour
éveiller la population à ce problème-là? Je pense
que le gouvernement est conscient, on le lui a dit. Je crois que les
expériences des comités de citoyens dans les villes
démontrent très bien ce qui en est et qu'il devrait y avoir un
mécanisme, peut-être pas celui de l'animation, je ne sais pas, il
faudrait peut être en créer un autre pour d'autres régions,
mais qu'on voie à créer ces mécanismes qui permettent
à la population de s'en sortir d'elle-même...
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon...
M. BOIS: En Abitibi, s'il n'y a pas de gynécologue, je m'excuse
M. le député de Montmagny, le problème est
réglé parce que le gouvernement à l'heure actuelle paie
pour les avortements ainsi que pour la stérilisation, je crois,...
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, M. le Président,
je ne voudrais pas retarder la discussion, je crois qu'il n'y a pas un
gouvernement qui ne souhaite pas que la population s'occupe de ses
problèmes et qu'elle essaie de les résoudre et qu'il garde un
rôle supplétif.
M. PARENT: Mais la résolution de tout cela, nous voulions
là cela ne regarde pas directement le ministre mais si vous
faites un projet pilote avec nous, nous, nous avons l'expérience, vous
faites le projet pilote; nous n'avons pas demandé au ministre $300,000,
nous avons demandé au ministre $45,000 pour être capables de
soigner au moins... Je dis au ministre ce soir, sur $45,000 si on est capable
de soigner à
l'heure actuelle 10,000 personnes, combien cela fait-il pour chaque
personne? Nous n'avons pas le total mais nous avons 10,000 personnes dans un an
pour $45,000... Si le gouvernement est capable d'avoir des médecins et
des gardes-malades auxiliaires, et le service social pour ce prix-là,
nous fermerons notre clinique et nous la donnerons au gouvernement. Nous
demandons un projet pilote, c'est cela que je vous dis. Vous disiez tout
à l'heure: Si c'était bon dans toute la province. Cela pourrait
être bon.
Mais si on commence par l'expérience, la dernière
expérience, on l'a faite, mais, seulement, pas d'argent. On vous demande
au moins $45,000. Si on est capable de faire l'expérience avec $45,000
vous irez dans la province établir des centres médicaux pour
décongestionner les hôpitaux, et le gouvernement fera la
connaissance pour voir si c'est bon et si ce n'est pas bon. Cela aura
coûté seulement $45,000.
M. LE PRESIDENT: Je remercie M. Parent et Mlle Roberge de la
présentation du mémoire. Question de nous reposer un peu nous
allons prendre dix minutes pour nous délasser les jambes et après
nous continuerons.
(Suspension de la séance à 0 h 1)
(Reprise de la séance à 0 h 13)
M. LE PRESIDENT: J'invite maintenant l'Association canadienne des
bibliothécaires de langue française, section santé.
Association canadienne des bibliothècaires de
langue française
MLLE RICHER (Claude-Lise): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, je m'appelle Claude-Lise Richer. Il me fait grand
plaisir, au nom de l'Association canadienne des bibliothécaires de
langue française, de vous présenter les commentaires de
l'association au sujet du projet de loi sur l'organisation des services de
santé et des services sociaux. Je vous remercie de cette occasion qui
nous est donnée de nous faire entendre.
L'association qui groupe 11,000 membres résidant, en majeure
partie au Québec, se trouve surtout concernée par ses
bibliothécaires faisant partie de la section de la santé.
Permettez-moi d'abord de vous présenter les
délégués qui m'accompagnent.
A ma gauche, Mlle Pierrette Galarneau, présidente de la section
de la santé; à sa gauche, Mlle Agathe Malo, bibliothécaire
au ministère des Affaires sociales à Montréal; à ma
droite, Mme Marcel L'Espérance, chef de la bibliothèque à
l'hôpital Notre-Dame de Montréal et, à sa droite, M. Roger
Lauzon, chef de la bibliothèque à l'hôpital du
Sacré-Coeur de Montréal.
M. Marcel Hudon, président de l'ACBLF était avec nous cet
après-midi et une partie de la soirée, il a malheureusement
dû partir. Le mémoire a été rédigé
très brièvement afin d'énoncer les positions de
l'association en évitant le plus possible d'alourdir la tâche,
déjà si ardue, de la commission.
Nous mentionnerons d'abord deux points fondamentaux sur lesquels
s'appuient ensuite les deux recommandations que nous considérons
essentielles. Le premier point consiste à souligner le rôle
important des bibliothèques de la santé dans le maintien et
l'amélioration de la qualité des soins aux patients, de
l'enseignement médical et de la recherche clinique.
Dans le deuxième point, l'ACBLF désire rappeler le statut
officiel du bibliothécaire professionnel depuis l'avènement du
bill 175, constituant la Corporation des bibliothécaires professionnels
du Québec. De ces deux prémisses, il découle que le
bibliothécaire de la santé est un professionnel dont le travail
constitue une partie intégrante importante des centres hospitaliers.
Dans certains cas, ces responsabilités peuvent même
s'étendre à d'autres institutions concernées par le
présent bill. L'association propose les deux recommandations suivantes
qui découlent toutes deux des faits qui viennent d'être
énoncés. La première recommandation se rapporte à
l'article 1, paragraphe j).
L'ACBLF aimerait recevoir l'assurance que le projet de loi no 65
reconnaisse comme l'un des professionnels de l'institution, le
bibliothécaire professionnel oeuvrant dans une institution
concernée par ce bill.
La deuxième recommandation se rapporte à l'article 78.
L'ACBLF recommande aussi que la bibliothèque soit incluse parmi les
services qui relèvent de la juridiction du directeur des services
professionnels.
En conclusion, ces recommandations nous apparaissent comme étant
les plus importantes pour le moment. Cependant, l'ACBLF prévoit que,
dès l'adoption de la loi, le gouvernement voudra étudier entre
autres les règles désignant les institutions qui devront
comprendre une bibliothèque de la santé, la direction de ces
bibliothèques par des professionnels qualifiés, la nature et
l'envergure de ces bibliothèques de la santé.
Dans le but de pouvoir soumettre au moment opportun l'opinion de
l'Association des bibliothécaires sur ces points, les membres de la
section de la santé de l'ACBLF poursuivent leur étude en y
incluant aussi la régionalisation des bibliothèques de la
santé dans l'optique des nouvelles structures proposées par le
bill 65. L'association s'intéresse également à la
création d'un service central des bibliothèques de la
santé au niveau du ministère avec un bibliothécaire
consultant comme coordonnateur.
Nous espérons que les membres de la commission accueilleront
favorablement ces quelques commentaires et nous les prions d'accepter nos
remerciements pour l'attention accordée à notre
mémoire.
M. CASTONGUAY: Merci. Je voudrais simplement faire un bref commentaire.
Dans le projet de loi lui-même, nous n'avons pas voulu détailler
les structures internes des institutions pour éviter que ces structures
deviennent trop rigides. C'est la raison pour laquelle nous avons voulu garder
les dispositions touchant aux structures internes et l'organisation du
fonctionnement des institutions aussi limitées que possible. Sur ce
point, il me semble que d'autres aspects pourront être couverts dans les
règlements qui seront édictés en vertu de la loi mais,
encore là, il me semble important que nous laissions aussi aux
établissements eux-mêmes et aux institutions, à leur
conseil, à leur personnel responsable le soin de faire en sorte que les
structures qui existent soient les plus appropriées possible. Quant aux
désirs qu'il y a dans les hôpitaux, des bibliothèques aussi
adéquates que possible, qu'il y ait échange d'information des
diverses institutions, c'est évidemment un souhait que nous partageons
pleinement et ceci toujours dans la mesure de nos moyens.
Quant à votre voeu que ce mémoire soit reçu
favorablement, quoique les objectifs que vous visez quant au
développement de bons services à l'intérieur des
institutions, nous le partageons. Je ne suis pas tout à fait convaincu
que nous devions le faire aussi précisément et aussi rigidement
dans le projet de loi que vous le recommandez.
M. CLOUTIER (Montmagny): Seulement une question. Est-ce qu'il existe
l'équivalent de votre association du côté social?
Vous oeuvrez du côté de la santé, mais est-ce que du
côté social il existe une association des bibliothécaires
aussi?
MME MALO: Je ne pense pas qu'il existe une section sociale, mais elle
pourrait entrer soit dans la section des recherches spécialisées,
soit dans la section santé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ou dans la section?
MLLE MALO: Le domaine de la santé en fait, est assez large quand
même.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Pour avoir eu souvent l'occasion d'apprécier les
précieux services rendus au personnel médical par une
bibliothèque bien organisée, je me déclare tout à
fait d'accord avec vous. Un bibliothécaire spécialisé
devrait être considéré comme un professionnel. Et je suis
également d'accord qu'il devrait siéger parmi les professionnels
et aussi qu'il devrait relever du directeur des services professionnels. Le
ministre ne le sait peut-être pas, mais cette demande que fait cette
association se heurte à beaucoup d'obstacles dans nos hôpitaux,
parce que c'est considéré comme un service technique qui
relève plutôt des services administratifs, alors qu'en fait c'est
vraiment un service professionnel et ça doit entrer en rapport avec un
type de problèmes que, jusqu'ici, en tout cas, les professionnels ont
mieux compris et ont mieux organisé que les services administratifs.
Je sais très bien que ça ne peut pas entrer dans un projet
de loi, mais ça doit faire l'objet plutôt d'une
réglementation. Mais, je pense quand même qu'une certaine
impulsion du ministère pourra s'avérer utile, le moment venu,
pour contrer certains usages administratifs établis.
M. LE PRESIDENT: Madame, monsieur, je vous remercie. Le Foyer de
Charité de Pointe-aux-Trembles.
Le Foyer de Charité de
Pointe-aux-Trembles
M. VIAU (Pierre): M. le Président, MM. les membres de la
commission, mon nom est Pierre Viau. Je suis avocat et je suis
accompagné de l'abbé Ovila Bélanger qui est directeur du
Foyer de charité de Montréal. Nous avons hésité un
peu avant de nous présenter devant votre commission pour une bonne
raison, c'est que le
Foyer de charité a été formé il y a vingt
ans maintenant, par le cardinal Léger, à Montréal, avec,
comme base que toute personne qui travaille là le fait de façon
complètement bénévole, qu'il s'agisse du travail à
temps partiel, de services professionnels, de services ouvriers ou de personnes
spécialisées ou non. Toutes les personnes qui vont là le
font sur une base purement bénévole.
Deuxièmement, le Foyer de charité est financé sur
une base purement privée, c'est-à-dire qu'il n'accepte aucune
subvention gouvernementale. Il n'accepte aucune pension gouvernementale, qu'il
s'agisse de pension de vieillesse ou de pension ayant trait aux lois de la
santé, non pas par mépris pour les autorités en place,
mais simplement pour constituer un exemple, à la demande de
l'archevêque de l'époque, à Montréal, de ce que peut
créer le simple bénévolat et ce qu'on appelle chez les
catholiques, la charité.
Alors, ce foyer fonctionne sans dette de façon absolument
normale, avec 115 personnes actuellement et a toujours l'intention de continuer
à fonctionner. Nous avons, à la suite des nombreux
mémoires présentés devant cette commission, noté
les nombreuses remarques de l'honorable ministre à l'effet que des
organismes bénévoles comme celui-ci ne seraient pas
affectés ou qu'on trouverait une façon de ne pas les affecter par
le bill 65. Nous lui en savons gré.
Maintenant, je crois qu'il faut aller un peu plus loin. Après
avoir lu le projet de loi no 65 assez en détail et après avoir
pris connaissance de certains débats qui ont eu lieu devant la
commission parlementaire, nous croyons que le projet de loi aurait avantage
à être complété. Et la façon dont nous le
voyons, c'est en ajoutant peut-être une section.
Nous avons produit une annexe à notre mémoire, pour
être plus pratiques, qui prévoirait la possibilité pour des
organismes nous parlons ici, d'organismes sans but lucratif
financés complètement par des individus ou des groupes,
l'initiative privée de continuer à fonctionner tout
à fait librement sans qu'il y ait de contrôles gouvernementaux,
sauf évidemment les contrôles ayant trait aux applications des
normes de santé, de sécurité publique, etc., et aussi
qu'il y ait une façon de permettre l'éclosion et le
développement de nouveaux organismes comme ceux-là.
Dans le monde où nous vivons, nous sommes obligés
d'entrevoir un système beaucoup plus souple le tout soumis
respectueusement que celui qui est prévu actuellement dans le
bill et rédigé d'une façon très habile et
très bien conçue. Quant à nous, cela ne nous affecte pas
directement. Si on suit les déclarations du ministre, il y aura
certainement des amendements là-dessus. Mais nous disons que, pour des
raisons propres à l'individu, pour des raisons aussi d'ordre
administratif et de coût et je pense ici à l'exemple que
donnait l'association polonaise tantôt il y a certainement des
centres qui vont se créer quand même par l'initiative
privée et je pense que ces organismes doivent être prévus
dans la loi.
Evidemment, on peut demander; Qu'est-ce qui peut vous nuire dans cette
loi? Je pense que la loi peut être complète, peut être plus
complète en prévoyant quelque chose. Ce n'est pas
nécessairement ce qui est contenu dans la loi qui peut nuire et qui nous
inquiète, c'est par les choses qui n'y apparaissent pas et qui, il me
semble, devraient y être pour au moins garantir non seulement l'existence
des organismes en place, mais aussi la création d'autres organismes. Ce
qui aurait pour effet certainement d'assouplir le système et
d'alléger les tâches vraiment lourdes de l'Etat dans ce
domaine.
A tout événement, quant au Foyer de charité
lui-même, si des questions devaient être posées,
l'abbé Bélanger pourrait y répondre et donner exactement
comment fonctionne ce système.
M. BELANGER: Je pourrais ajouter quelque chose et dire en même
temps qu'il n'y a aucune organisation officielle, par exemple, comme un bazar,
un bingo, une tombola, jamais, jamais, jamais. Cela fait quinze ans qu'on
marche sans dette et nous n'avons pas l'intention de demander quoi que ce soit.
Comme on le disait tantôt, ce n'est pas un mépris du gouvernement,
c'est un témoignage de foi et de charité. Même nos
médecins avec les derniers renseignements, avec les dernières
possibilités, les médecins, les dentistes, ils ne veulent pas se
servir des cartes sociales. Là, on est obligé parce qu'on ne peut
pas aller à l'hôpital sans ça, alors on les a prises. Mais
ils ne veulent pas les prendre, ils veulent continuer à faire leur
service gratuitement. Ils en ont assez d'ailleurs avec le reste...
C'est un fait et je voudrais signaler que, depuis le commencement,
depuis 21 ans, ça fait 3,025 personnes qui n'étaient pas
aidées par aucune organisation existante et qu'on a secourues. Je vous
donne seulement deux ou trois exemples. Une fois des vidangeurs ont
appelé d'un dépotoir de la Pointe-Saint-Charles pour nous dire:
Il y a un Russe qui s'est sauvé de la Russie; il était en train
de mourir du cancer dans le dépotoir. Il ne relevait pas de Verdun, il
ne relevait pas de Montréal, il ne relevait pas de la province, il
relevait du bureau d'immigration à Ottawa et ces gens ne vont pas au
dépotoir à tous les jours, pas plus que nous, mais c'est une
personne humaine. Alors on l'a gardé cinq ou six mois, il y a un
médecin qui est passé, il restait à Dolbeau dans le temps,
et il a dit : Il a besoin de sérum. Il achète du sérum. Il
est venu une garde-malade et aujourd'hui c'est organisé.
Vous avez un bonhomme qui a donné bien du trouble et on a dit: On
le garde le trouble. Il est aveugle, il est sourd, il est muet, il est
épileptique, il est paralytique puis il est attaché. Il
était à la Crèche d'Youville à l'âge de
quatre ans, et les soeurs ont dit: Nous autres, nous ne
sommes pas capables d'arriver, il y en a 80 par salle. On l'a pris. On a
essayé de le placer, il n'y avait pas moyen, il y avait ci, il y avait
ça. Finalement, il est rendu à 21 ans puis il n'est pas encore
placé et on ne le placera plus, on l'aime beaucoup et ça ne sert
à rien, il y en a 965 qui attendent un foyer où ils pourraient
être reçus.
Un autre exemple, on en a reçu un dernièrement, un petit
bonhomme italien; ça faisait quatre ans que tous les services sociaux
essayaient de le placer. Les parents ont dit: Nous, on va se séparer
s'il ne part pas de la maison. On l'a pris et il y en a comme ça
à tout instant.
Ensuite, il y a autre chose, quand les gens sortent de prison ou encore
les alcooliques qui ont suivi des stages, après 21 jours, c'est fini.
Alors il y a des gens qu'on garde six mois, un an, un an et demi et on essaie
de les rendre à leur famille et c'est toujours gratuit. Celui qui peut
payer, on ne le prend pas.
Ce qui m'inquiéterait, moi, comme M. Viau dit, ce qui m'a
énervé un petit peu, c'est qu'on va être obligé
à chaque année, d'après ce que j'ai compris mais
là, je ne comprends plus ça parce que le ministre a dit le
contraire on serait obligé, chaque année, de demander la
permission d'exister.
On a mal compris, dans ce cas-là. D'après ce que vous avez
dit, il serait bienvenu qu'on ait une petite note qui permette à ces
gens d'exister. C'est seulement ça qu'on voudrait, continuer. Parce
qu'on n'a pas l'intention de changer. Alors, c'est notre témoignage en
même temps. Cela doit être reposant à la fin de la
journée, n'est-ce pas?
UNE VOIX: On ne vous demande rien, on voudrait rester comme
ça.
M. CASTONGUAY: Pour finir enfin les audiences, cela finit sur une bonne
note, parce que je pense bien que vous représentez le groupe le moins
intéressé qu'on ait entendu.
M. BELANGER: Ah ça!
M. CASTONGUAY: C'est rafraîchissant, enfin, et on doit vous
féliciter et vous pouvez être assuré que je prends bonne
note de vos suggestions. Remarquez que, même si on introduit des
dispositions dans la loi, comme vous le dites, pour faciliter, ou tout au
moins, pour indiquer que les groupes qui voudraient suivre votre exemple
peuvent le faire avec le minimum de difficultés, il n'en demeure pas
moins que ça ne demeure qu'un texte de loi et que c'est beaucoup plus
dans l'esprit de la population, ses attitudes, que ce genre d'exemple ou
plutôt que ce désir d'aider les autres se développe. Les
textes de loi sont généralement assez impuissants, quand il
s'agit de susciter ce désir d'aider les autres. De toute façon,
je pense bien que devant le genre de témoignage que vous nous faites, il
y a peu de choses à dire, si ce n'est qu'on admire tout ce que vous avez
fait et qu'on vous encourage fortement à continuer.
M. BELANGER: On va dire à nos gens de rester tranquilles et de
dormir tranquilles. Cela va être un grand soulagement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, seulement un
commentaire. Le ministre dit que vous êtes le groupe le moins
intéressé. Moi, je dirais que vous êtes le plus
désintéressé, parce que vous êtes
intéressés à ce qui se passe au sujet du projet de loi 65.
Alors, je n'ai pas d'autres remarques à ajouter, sauf les remarques que
j'ai faites antérieurement au sujet de la souplesse à introduire
dans le bill. Je pense que cela s'applique parfaitement au Foyer de la
charité et à l'oeuvre que vous poursuivez.
M. BELANGER: Il ne reste qu'une chose à faire, c'est de venir
visiter ça en passant, à n'importe quel moment, c'est toujours
ouvert. Il y a de la visite au Foyer, évidemment, c'est ce qui fait
vivre la maison.
M. LAURIN: Pour moi aussi, M. le Président, c'est un
témoignage rafraîchissant. Mon ancien professeur va se rappeler ce
qu'il me disait souvent: Finis coronat opus. Je vous l'applique aujourd'hui et
ça me fait plaisir d'autant plus de vous féliciter et de vous
encourager à continuer.
M. BELANGER: C'est pas mal réussi comme professeur.
M. BOIS: Non seulement vous êtes le groupe le moins
intéressé peut-être, mais vous êtes aussi le plus
intéressant justement parce que vous êtes
désintéressé. Mes sincères hommages et je pense
bien que M. le ministre considère bien la venue de ce
mémoire.
Merci, M. le Président. Mme Gertrude Harel
M. LE PRESIDENT: Je remercie M. Viau et M. Bélanger. Et pour
terminer, à titre personnel, Mme Harel.
MME HAREL: Gertrude Harel. M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, moi aussi j'ai bien aimé vos commentaires
précédents et je suis gênée d'avoir à ajouter
un autre mot à cela.
De toute façon, je vous félicite parce que je pense que
dans tous les cas, votre bienveillance semble à toute épreuve. Je
me contente de dire à M. le ministre que nous lui faisons confiance nous
aussi et nous sommes disponibles à notre façon.
Je vous remercie beaucoup de votre amabilité. C'est tout à
votre hommage, c'est à l'honneur de la commission, du personnel du
secrétariat et des gardiens. Parce que je pense
que, eux aussi, font partie de l'équipe. C'est ma façon
à moi de voir les choses, je ne sais pas si... Je vous remercie beaucoup
et je demande si c'est encore possible que mon mémoire et le texte de
cette présente intervention de ce soir soient inscrits au journal des
Débats.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
MME HAREL: Bonsoir, merci messieurs.
M. CASTONGUAY: Je vous remercie, au nom des membres de la
commission.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'au jeudi, 2
décembre, après la période des questions alors que les
membres de la commission seront invités à se réunir ici
pour faire une révision de tous les mémoires que nous avons
entendus. Le jeudi 2 décembre tout de suite après la
période de questions.
(Fin de la séance à 0 h 37)