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Commission permanente des Affaires sociales
Budget supplémentaire
Projet de loi no 65
Loi de l'organisation des services de santé et
des services sociaux
Séance du jeudi 23 décembre 1971
(Quinze heures dix huit minutes)
M. OSTIGUY (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
M. LACROIX: J'invite le député de Rouville, M. Ostiguy,
à présider la séance de la commission. Les membres de la
commission seront, outre le ministre, le député de l'Assomption,
le député de Kamouraska et le député de Pontiac.
Les autres sont retenus dans d'autres commissions. Est-ce agréé?
Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs! La séance est ouverte. M.
le ministre.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je crois qu'on avait
laissé de côté le poste 2, article 1.
M. LAURIN: J'avais une autre question à ce sujet. La
dernière question que j'ai posée était sur la formation
des agents.
Bureaux régionaux et locaux
M. CASTONGUAY: Cela est sur le poste 3, article 1.
M. LAURIN: Oui.
M. CASTONGUAY: Je vous avais mentionné le fait que nous avions
révisé les normes. Je vais les apporter. Nous avons aujourd'hui
les normes. J'ai mentionné à ce moment-là que je n'avais
pas les conclusions du travail qui a été fait. Je n'étais
pas en mesure de vous dire de quelle façon ces normes pouvaient
être modifiées à la suite du travail. J'ai demandé
à certains qui sont directement dans l'administration de l'aide sociale
de venir ici. Probablement pourra-t-on donner les renseignements.
M. LAURIN: Quant au personnel aussi, M. le ministre, étant
donné qu'il semble s'établir une distinction de plus en plus
nette entre les agents de sécurité et les agents de bureau,
est-ce que vous avez procédé à une nouvelle classification
des tâches pour chacun?
M. CASTONGUAY: L'agent de bureau, vous verrez par les qualifications qui
sont demandées, doit avoir des qualifications différentes de
l'agent de sécurité sociale. Quant au travail qu'ils doivent
faire, leur travail dans les faits est différent. Est-ce qu'il y a un
document, une directive précise qui leur dit exactement quelles sont les
tâches qu'ils assument par rapport aux agents de sécurité
sociale? Encore là, je ne suis pas en mesure de le dire. On pourra
demander au responsable, M. Robert, d'apporter cette précision, au
besoin. Mais il y a eu une analyse des tâches à effectuer dans les
bureaux. Je ne veux pas affirmer, parce que je n'ai pas le renseignement exact,
mais je serais porté à croire que oui, étant donné
justement qu'on a mis l'accent sur l'engagement d'agents de bureau.
M. LAURIN: M. le ministre, des articles ont paru récemment et
font état d'analyses qui auraient été faites par vos
services sur le contrôle des prestations de bien-être social. Ils
concluent qu'un échantillonnage, fait sur un certain nombre de demandes,
aurait permis d'établir que, si la loi avait été
strictement, intégralement respectée, on aurait pu faire des
économies considérables. On mentionnait même le chiffre de
$35 millions. Est-ce que vous pourriez nous parler un peu plus de cette
enquête qui a été faite et des conclusions auxquelles vous
en êtes venu pour l'avenir?
M. CASTONGUAY: Certainement. Et plus tard, dans l'étude des
crédits, j'aimerais aussi faire une certaine analyse du montant de $79
millions au poste budgétaire 17 article 13. Mais pour le moment, si je
comprends bien, vous aimeriez que l'on s'en tienne plutôt à
l'aspect des contrôles...
M. LAURIN: Du personnel.
M. CASTONGUAY: Oui. Dans un document daté du 3 septembre que nous
avions adressé au Conseil du trésor et qui portait, justement,
sur un ensemble de mesures à prendre pour améliorer le
fonctionnement de l'administration de la Loi d'aide sociale, cette question des
contrôles était abordée. Nous avons
réorganisé les équipes de contrôle, tel que je l'ai
mentionné lors de l'étude du budget. Au lieu de les faire passer
dans un bureau ou de réviser l'ensemble des cas, on a pris une
méthode sélective.
D'abord, on croyait qu'en les dirigeant vers les bureaux, il pourrait y
avoir des problèmes et en les orientant vers des types de dossiers on
croyait aussi qu'il pourrait y avoir des problèmes.
J'ai ici ce que nous disions dans ce mémoire. Je pense que, pour
faire le pont du mois de septembre au mois de décembre, si vous me le
permettez, je vais vous indiquer ce que nous disions très
précisément au mois de septembre. Et après cela, je vous
donnerai le dernier rapport que j'ai en main, en date du 22
décembre.
On disait: "Devant l'évolution des coûts, nous nous sommes
interrogés sur les possibilités plus immédiates
d'infléchir leur croissances sans
nécessairement se reporter à la révision
complète du système. Nous avons aussi envisagé certaines
mesures ad hoc de contrôle qui, dans l'attente des effets
bénéfiques des correctifs en cours, permettraient de pallier les
carences actuelles de la mise à jour des bénéficiaires et
de capitaliser sur les économies possibles qui résulteront d'un
meilleur contrôle de l'admissibilité.
Tout en soulignant le caractère très aléatoire des
observations qui suivent à ce stade, nous croyons pouvoir tirer
certaines conclusions préliminaires. Les travaux de vérification
effectués à ce jour nous laissent entrevoir des économies
qui pourraient théoriquement atteindre 14 p.c. des coûts du
régime. Ce chiffre prête cependant à caution parce que le
travail ne portait encore que sur un échantillonnage limité de la
clientèle, soit 10 p.c. à 12 p.c. des dossiers dans vingt-cinq
bureaux où cela est concentré sur les cas d'admissibilité
où le repérage est le plus facile. C'est ce que je viens de
mentionner. Il faut nécessairement s'attendre à un rendement
décroissant au fur et à mesure que la vérification
progressera vers les autres couches de bénificiaires. Par exemple, les
veuves, les invalides etc., les inaptes clairement identifiés au
travail.
Un facteur de 10 p.c. à 12 p.c. sera probablement plus
réaliste. C'est un rapport interne qui était adressé au
ministre des Finances et à Michel Bélanger comme président
du Conseil du trésor. C'est de ce chiffre que l'on a sorti le chiffre de
$35 millions.
Maintenant, si vous voulez, nous allons poursuivre. Au surplus, il
existera toujours un plancher que l'on ne saurait dépasser. Ce plancher,
sous d'autres juridictions, se situe aux environs de 5 p.c. On parle des cas,
sans appeler cela des fraudes, nécessairement par la nature de cette
loi, les difficultés d'appliquer des contrôles, les
difficultés d'interprétation etc. où il reste une marge,
et aussi des fraudes, parce qu'il y en a.
Compte tenu des attitudes propres à notre population qui,
particulièrement, dans certaines régions ne favorise pas la
stricte application du régime, une application efficace au Québec
pourrait tolérer environ un écart de 7 p.c. Cela veut dire que
nous pouvons nous attendre par une surveillance plus étroite à
des économies de l'ordre de 3 p.c. à 5 p.c, ce qui se traduit en
chiffres concrets par des gains annuels de $10 millions à $15 millions.
Il va de soi, neuf mois seulement après la mise en vigueur du
régime, que ces prévisions conservent un caractère
très aléatoire.
Alors, c'est ce qui était dit au mois de septembre, au moment
où nous avions mis le système de vérification en
marche.
Maintenant, j'ai ici un rapport subséquent. C'est le rapport
d'inspection, je vais vous le lire, adressé à M. Jean-Guy Houde,
sous-ministre adjoint à l'administration, par M. Jean-Claude Dubois, du
service du contrôle. "Pour votre gouverne, je vous transmets une copie du
rapport des activités de la section des bureaux, de la division de
vérification, pour la période du 18 octobre au 17 décembre
1971. Le travail de vérification s'effectue conformément avec les
cédules de travail. La situation est la suivante: nombre de bureaux: 111
je reviendrai parce que l'on a dit 126, l'autre jour, et c'est 126 en
fait mais il y a des bureaux itinérants. Alors, eux, leur travail de
vérification porte sur des bureaux où il y a des dossiers.
Vérification complétée parmi ces bureaux: 30. Le nombre de
dossiers qui avaient été identifiés comme devant faire
l'objet d'une analyse où les erreurs, les fraudes sont les plus
susceptibles de se produire: 39,000. Vérification
complétée: 13,000, donc à peu près le tiers des
dossiers dans le programme de vérification établie. Ce programme
doit se terminer au mois de février.
A la lecture de ce rapport, vous constaterez que le nombre de cas
annulés par nos équipes de vérification représente
22 p.c. des dossiers qui furent sélectionnés. Encore là
c'est 22 p.c. de dossiers sélectionnés.
Des réductions sont effectuées dans 16 p.c. des dossiers.
Notre échantillonnage représente 25 p.c. des dossiers actifs des
30 bureaux indiqués sur notre rapport. Il faut aussi se rendre compte du
fait que ces 30 bureaux n'ont pas été choisis au hasard.
C'étaient des bureaux où il y avait de bonnes raisons de croire
que c'était là que les vérifications donneraient le plus
de résultats.
Après une période de deux mois, nous avons
réalisé 30 p.c. de notre programme. Les diminutions sur une base
annuelle se totalisent à $6,668,000 pour l'ensemble de la
révision de ces 13,000 dossiers. Il est difficile de faire une
projection sur les résultats globaux de ce programme de
vérification car nous avons commencé par vérifier les
dossiers des bureaux situés dans les milieux urbains. Durant la
période du 20 décembre 1971 au 7 janvier 1972, le personnel de la
vérification est assigné à l'étude de nos deux
projets d'enquêtes, soit celui de la région métropolitaine
de Montréal et la liste des doubles qui fut compilée à
l'aide de l'ordinateur.
Alors, nous en sommes là. J'ai d'autres rapports
antérieurs où l'on en parle. Cela peut être
intéressant pour vous donner un peu plus de lumière. Dans un
rapport de M. Jean-Claude Dubois, service du contrôle financier
opérationnel, il est dit, outre les statistiques de la même nature
que ceux que je viens de citer, et qui ne sont pas intéressantes
à lire parce que c'est un rapport antérieur plus partiel, voici
certains renseignements additionnels.
A la lecture de ce rapport, vous constaterez que les cas annulés
par les équipes de vérification représentent 23 p.c. des
dossiers sélectionnés. Les raisons de ces annulations sont les
revenus de travail, donc revenus de travail non déclarés, souvent
soit par l'employeur ou par celui qui le reçoit. On ajoute ici entre
parenthèses: centres de main-d'oeuvre, assurance-chôma-
ge, Commission des accidents du travail, adresses inconnues, personnes
absentes et ne répondant pas à nos avis de convocation. En termes
de pourcentage, les raisons d'annulation se répartissent comme suit: 50
p.c. à cause du revenu du travail non déclaré, 10 p.c.
autres revenus, 10 p.c. adresses inconnues, 10 p.c. absents, et 20 p.c.
divers.
Maintenant, il y a un autre phénomène qu'il faut
mentionner parce que dans le cas, dans les chiffres qu'on nous cite, les
pourcentages sont relativement élevés. Mais, le problème
suivant se pose. Vous voyez ici 50 p.c. où il y a des revenus du
travail, et 10 p.c. d'autres revenus. Il se produit que, lorsqu'une personne
reprend son emploi, elle peut nous aviser. Si elle nous avise après le
premier d'un mois, le chèque de ce mois est émis de toute
façon. Il faut les émettre le premier, pour le 20. Nous ne
pouvons pas, tant et aussi longtemps que notre système d'ordinateur ne
sera pas complété, refaire des transactions à
l'intérieur de cette période de 20 jours. Alors, même si on
nous avise, nous ne sommes pas capables de souper. Lorsqu'on va essayer de
rechercher ces paiements par la suite, c'est toujours assez difficile.
Un autre problème se pose aussi constamment. Il est mis en
lumière, ici. Lorsqu'une personne est dans l'attente d'un droit,
Commission des accidents du travail, Commission d'assurance-chômage, on
fait la demande des prestations, il y a des enquêtes, etc.. On vient nous
voir dans nos bureaux, et on demande de l'aide. La loi prévoit qu'il est
possible d'accorder de l'aide sous forme de prêts, pour éviter
qu'une situation se détériore. Ce prêt normalement doit
être remboursé par la suite. Il y a une foule de paiements qui
sont effectués, qui, lorsqu'on les regarde au plan des contrôles,
sont des paiements qui auraient dû être
récupérés ou des paiements qui n'auraient pas dû
être faits mais qui ne le sont pas...
Les agents ne peuvent pas poser de gestes spécifiquement. Il faut
changer le système administratif pour les régler. Ces paiements
apparaissent comme étant des surpaiements. Ils en sont, de fait, dans un
cas. Dans l'autre cas, ce sont des paiements où on devrait être en
mesure de les récupérer. Mais ça coûterait plus cher
et ce serait plus difficile de le faire pour ce que ça pourrait
rapporter, ces prêts étant faits à des personnes dans
l'attente d'un droit.
Tout ça pour dire que, d'après les renseignements que nous
avons, nous pouvons estimer que les économies par un meilleur
système de vérification, de contrôle, par un meilleur
système administratif, ce sur quoi nous travaillons le
système de vérification et de contrôle est pas mal meilleur
et les liens avec l'assurance-chômage, les accidents du travail
permettraient que les paiements se fassent plus vite. On peut anticiper et
faire des économies qui vont varier, d'après le niveau actuel des
prestations, entre $12 millions et $15 millions par année au maximum.
Au-delà de ça, mon impression nette, c'est que nous allons tomber
dans des méthodes qui vont revêtir un certain caractère
odieux. Il y a là vraiment un problème qui se pose et qui n'est
pas un problème administratif ou législatif. Il s'agit de
déterminer, compte tenu de la situation des bénéficiaires
d'aide sociale, du niveau des prestations qu'on ne veut pas qualifier
d'exagéré, jusqu'à quel point on est prêt à
aller dans la multiplication des formes de contrôle.
M. LAURIN: J'aurais une autre question, M. le Président. Est-ce
que ces coupures qui ont été effectuées, d'après
les renseignements que vous avez eus, ont provoqué beaucoup de
réactions chez ceux qui en ont été, je ne dirai pas les
victimes, mais les sujets?
M. CASTONGUAY: Généralement pas. L'administration est
faite de telle sorte, pour autant que tout ce que j'ai pu voir aussi bien en
cours de ma tournée parce que c'était commencé.
D'ailleurs, il y avait des équipes dans le passé, sauf qu'elles
fonctionnaient un peu différement. A un moment donné, le nombre
de personnes qui y était affecté a diminué.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y avait les équipes du
vérificateur général de la province qui travaillaient en
collaboration avec celles du ministère. Mais là, le
vérificateur n'est pas associé à cette
opération.
M. CASTONGUAY: ... Le vérificateur et les équipes dans le
passé le faisaient pour le régime canadien de l'assistance
publique. En même temps, ça servait les fins du ministère.
De plus c'était une vérification de tous les dossiers d'un
bureau. Alors que cette opération que nous effectuons
présentement en est une plus sélective, elle est faite par le
ministère lui-même.
M. BOIS: En parlant de la récupération, M. le ministre,
tout à l'heure vous disiez qu'il y a certains montants qui ne sont pas
récupérables. Est-ce que vous voulez dire, par exemple, que ce
seront des versements d'un ou de deux mois qui coûteraient
peut-être plus cher au ministère de récupérer que
de...
M. CASTONGUAY: Prenez le cas très grave d'une personne qui perd
son emploi. Il fait une demande à la Commission de
l'assurance-chômage. Il vient à nos bureaux, une semaine plus tard
et nous dit: Je n'ai plus d'argent. Alors on lui fait un prêt, supposons
de $75 ou $100. On lui verse un montant. On lui dit: C'est remboursable, parce
que vous êtes dans l'attente d'une prestation de la Commission de
l'assurance-chômage. Tout cela est beau, le paiement est fait. Quand les
paiements de l'assurance-chômage commencent, essayer de ravoir le montant
qu'on lui a versé, c'est très difficile. Dans ce sens-là,
il y a une certaine récupération qui se fait, mais ce n'est pas
possible de les faire toutes.
Vous êtes dans une main-d'oeuvre assez flottante, vous êtes
dans des situations...
M. CLOUTIER (Montmagny): A ce moment-là vous ne signifiez pas
à la Commission des accidents de travail ou à la Commission de
l'assurance-chômage qu'il y a un transport de créance, si on veut
utiliser cette expression?
M. CASTONGUAY: Sur cette question très spécifique, je
demanderais à M. Robert de répondre. Si ma mémoire est
bonne, ce sont des prestations qui sont incessibles et insaisissables, tout
comme celles du régime de rentes le sont et, si ma mémoire est
bonne, celles de la Commission des accidents de travail. Il faut se fier
à la bonne volonté des individus. Encore-là, M. Robert,
j'aimerais vérifier ce que je vous donne de mémoire. Mais, je
crois que ces prestations sont incessibles et insaisissables, tout comme les
allocations familiales.
M. BOIS: Je voulais demander ici, même si cela se passe entre
représentants gouvernementaux, soit de fédéral à
provinces, si c'est absolument non transférable?
M. CASTONGUAY: Dans les lois, c'est ce que nous ferons vérifier,
par exemple, la Loi des allocations familiales présentement, les
prestations ne sont pas saisissables. C'est directement inscrit comme une
disposition de la loi. Dans la Loi du régime de rentes, vous retrouvez
la même chose. Je crois qu'on la retrouve dans la Loi des accidents de
travail. Alors, entre administrateurs on ne peut pas faire d'ententes qui vont
à l'encontre des dispositions de la loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Actuellement la récupération est
faite par le ministère à Québec. Est-ce qu'il est question
que la récupération de ces sommes soit faite par les bureaux
locaux?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): La récupération chez ceux qui ont
eu des avances d'argent, comme celles dont on vient de parler?
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas si elle est faite...
M. CLOUTIER (Montmagny): Elle est faite au ministère.
La formule pour les surpaiements, que ce soit une avance que le
bénéficiaire a eue en attendant d'avoir une prestation
d'assurance-chômage ou une prestation des accidents du travail ou une
rente de la Régie des rentes, appelons cela un surpaiement, la
récupération est faite par le ministère au service des
paiements que dirige, je pense, M. André Roy. La formule, le
bénéficiaire la reçoit. Il doit la signer et prendre une
entente avec le ministère, tenant compte de ses moyens financiers,
tenant compte de ses revenus et même tenant compte de l'allocation du
bien-être social qu'il retire encore à ce moment-là.
C'est pour ça que je pose la question au ministre. On aura la
réponse tout à l'heure quand M. Robert sera ici. J'avais des
questions mais je pense bien qu'il serait préférable qu'on passe
à un autre article.
M. LAURIN: J'aurais une dernière question. Est-ce que le
rôle respectif des agents de bureau et des agents de
sécurité sera très distingué,
spécifié d'une part, et est-ce que cette fonction de
contrôle sera assignée aux agents de bureau ou à quelqu'un
d'autre?
M. CASTONGUAY: On demandera tantôt, si un changement est
envisagé. A titre de renseignement, c'est un peu malheureux, Jean-Guy
Houde, sous-ministre adjoint et de qui dépend ce groupe, à cause
de la charge de travail, est tombé malade il y a environ une dizaine de
jours, et là, il est absent. Il aurait pu apporter aussi une certaine
quantité d'informations que d'autres ne sont peut-être pas en
mesure d'apporter de façon aussi précise quant aux
prévisions d'avenir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre est également ministre de la
Santé, il doit veiller sur la santé de ses fonctionnaires
d'abord. Je ne veux pas lui en faire un reproche.
M. CASTONGUAY: La santé mentale est bonne. Il semble très
motivé, un peu trop même et ce sont les conséquences d'un
excès.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il faudrait qu'il fasse comme le ministre. Il
faudrait qu'il prenne la bonne habitude d'aller faire du ski tout près
de Québec, à Saint-Ferréol. Les questions que j'avais
à poser au poste 3, M. le Président, j'aimerais mieux les
réserver pour les fonctionnaires lorsqu'ils seront ici. Il y a des
points techniques et je pense qu'on pourra réserver le poste 3 et passer
soit au poste 7.
M. LE PRESIDENT: Poste 7.
M. CLOUTIER (Montmagny): Soins aux malades mentaux.
Commission Nepveu
M. CASTONGUAY: Me permettriez-vous, avant de faire une correction au
poste 7, j'ai relu la transcription l'autre soir, lorsque nous avons
commencé l'étude, il était assez tard et ça s'est
fait assez subitement. Lorsqu'on a parlé de la commission, je vous ai
dit que le mandat était prolongé au 31 mars. J'avais eu des
discussions avec M. Nepveu et c'était exact dans mon esprit, sauf que
l'arrêté en conseil n'était pas encore passé. Je
voudrais seulement corriger
cela. Je l'ai rappelé le lendemain matin pour m'assurer aussi que
les renseignements que j'ai donnés quant aux honoraires, aux frais,
étaient bien exacts. C'est le cas. Il m'a même dit qu'ils
n'utiliseront pas tous les crédits, selon lui, qui sont
mentionnés ici.
Il y a un petit détail que je voulais corriger, c'est que
l'arrêté en conseil pour prolonger leur mandat n'était pas
encore passé au moment où je vous l'ai dit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais là, il est passé.
M. CASTONGUAY: Il n'est pas encore passé. J'ai demandé
à M. Nepveu de me le faire parvenir et je ne l'ai pas encore
signé.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, le ministre s'est
compromis maintenant.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs, il n'y a pas de difficulté. Quand je
vous ai dit que la rédaction du rapport on m'a posé la
question était commencée, il m'a dit que ça allait
très bien. Il y a une bonne partie du rapport qui en plus... On n'en est
pas uniquement au niveau de la première rédaction, mais au niveau
de la rédaction à peu près définitive. Il me dit
que ça procède très bien et m'a demandé une
prolongation de mandat jusqu'au 15 février, à peu près. Si
on veut vraiment leur permettre de finir le travail, il y a là une
documentation importante, il y a encore quelques annexes à publier, je
pense qu'on est mieux de les laisser terminer, j'aimerais d'autant plus que
cette documentation-là soit bien classée et qu'on s'assure que
tout le centre de documentation est réparti aux endroits où il
doit aller, des parties importantes au ministère et peut-être une
certaine partie à la Régie de l'assurance-maladie ou certaine
partie de la Régie des rentes.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est d'abord la qualité du travail. Ils
n'auront pas de reproches pour quinze jours ou un mois de délai.
M. CASTONGUAY: C'est pour cela que je voulais apporter ces quelques
précisions. Je crois qu'ils font un excellent travail.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous passons au poste 7 maintenant.
M. CLOUTIER (Montmagny): On suspend le poste 7.
M. LE PRESIDENT: On suspend ce poste.
Soins généraux Services
psychiatriques
M. CLOUTIER (Montmagny): Je demanderais au ministre de nous donner les
explications qu'il a en main à ce moment-ci, quitte à
compléter un peu plus tard s'il y a des fonctionnaires qui viennent
à la commission.
Dans les notes que l'on nous a remises, on dit que ce crédit
supplémentaire est requis pour tenir compte d'ajustements
nécessaires à la première prévision
budgétaire. Est-ce que le ministre pourrait expliciter davantage?
M. CASTONGUAY: Il y a deux types d'ajustement. Un premier type porte sur
des augmentations des salaires et le deuxième sur l'annualité des
dépenses.
Quant au premier type, on a pris pour fin d'estimation budgétaire
dans le domaine des services psychiatriques, un taux d'augmentation de 6 p.c.,
alors que dans les faits, à partir des budgets approuvés pour les
hôpitaux psychiatriques, cela aurait dû être 9 p.c. Il y a
tout le phénomène de recrutement du personnel, il y a le
glissement dans les échelles de salaire même si vous n'augmentez
pas. Il y a eu dans ce secteur, si ma mémoire est bonne, certains
rajustements aussi dans les échelles de traitement pour des
catégories bien spécifiques.
Ceci est la première partie. C'est purement le salaire et cela
représente un montant de $3,718,000 et non pas de nouveaux programmes ou
des dépenses dues à des constructions, ou des choses comme
celles-là.
M. BOIS: Vous parlez de $3 millions. Si vous mettez le montant à
$5 millions, est-ce pour arrondir ce montant.
M. CASTONGUAY: Non. Il y a un second point. On me dit que certaines
dépenses approuvées en 1970, dont la répercussion s'est
fait sentir en 1971, auraient été sous-évaluées. Et
là le montant est de $1,282,000. Voici le détail qu'on me donne
pour cette sous-évaluation. Il y a d'abord le nombre de placements en
foyers affiliés et l'augmentation des taux. Nous payons maintenant pour
les personnes dans ces foyers affiliés, $4.50 par jour: Cela a
été rajusté. Le nombre de personnes placées en
foyers affiliés a augmenté par rapport aux prévisions.
Ce sont des demandes assez difficiles à prévoir. Vous ne
pouvez pas imposer un plafond rigide et dire: On place 5,000 personnes et, si
un hôpital psychiatrique ou l'ensemble des hôpitaux psychiatriques
jugent qu'on doit en placer 5,500, on ne peut pas dire, gardez les 500 à
l'extérieur de l'hôpital ou dans l'hôpital. C'est le type de
programme auquel vous êtes pratiquement obligé de donner suite
à la demande qui vient de l'intérieur.
Le deuxième point: il y a eu des conventions collectives qui ont
été signées j'y faisais allusion dans le premier
avec les travailleurs sociaux, les psychiatres, les psychologues entre
autres. Ceci représente une augmentation d'un demi-million de
dépenses au cours de l'année et les contributions au fonds de
pension sont sous-estimées de l'ordre de $332,000.
Il y a, aussi bien pour la signature de conventions, le nombre de
placements en foyers, que le fonds de pension, un détail qui doit
être ajouté. La direction des services psychiatriques, dans le
passé, avait son propre service comptable. Les augmentations
budgétaires d'une année à l'autre ont été
assez substantielles, dans le secteur des services psychiatriques, de telle
sorte que des virements de crédit étaient plus faciles. Si on
regarde le livre des prévisions budgétaires de l'an dernier, pour
les services psychiatriques, on s'aperçoit que nous avions
plafonné de façon assez sérieuse, assez draconienne. Les
estimations qui ont été faites auraient dû être plus
précises que par le passé.
Cela n'a pas été possible, semble-t-il, d'avoir ce
degré de précision. Si vous regardez, l'an dernier, les
estimations brutes étaient de $125 millions et nettes $123 millions.
Cette année, les estimations brutes étaient de $129 millions et
nettes de $119 millions. Le contrôle, disons le plafonnement des
dépenses était assez serré de ce
côté-là. Ce dépassement de $5 millions, en tout et
partout, doit être vu aussi en regard de ce plafonnement de
dépenses et des méthodes de prévisions qui, dans le
passé, étaient un peu moins rigoureuses parce que les budgets ont
augmenté d'une façon assez rapide dans le passé.
M. BOIS: Et pour appuyer votre budget, ici, est-ce qu'il y a
réellement une augmentation substantielle du nombre des malades
chroniques?
M. CASTONGUAY: Le seul endroit où il y a une augmentation dans le
volume des services, c'est au niveau des placements en foyers affiliés
à des hôpitaux psychiatriques où on continue la cure en
dehors de l'hôpital.
M. CLOUTIER (Montmagny): A ce moment-là, même s'il y a plus
de malades dans un foyer affilié, et s'il y en a moins dans les
institutions sauf évidemment les nouveaux patients qui entrent
dans les institutions pour combler les vides il reste qu'il y a des
conventions collectives. Vous ne pouvez pas diminuer le personnel même si
vous avez moins de malades à l'intérieur des grandes
institutions. Le personnel est là, en vertu de la convention
collective.
M. BOIS: Je comprends, mais ce qui arrive peut-être, M. le
député de Montmagny, c'est que ceux qui sortent des grandes
institutions, et s'il y a augmentation dans ce cas-là, sont sans doute
normalement remplacés dans l'institution principale.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'imagine qu'au fur et à mesure que les
patients sont dirigés vers des foyers affiliés, d'autres prennent
leur place à l'intérieur des institutions.
M. CASTONGUAY: Dans les très grandes, comme l'Annonciation,
Saint-Michel-Archange, Saint-Ferdinand, la tendance à la diminution
graduelle du nombre total se poursuit lentement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur un certain nombre d'années.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): En regard des augmentations de traitement
les $3,718,000 est-ce que la dernière convention
collective signée avec les psychiatres se traduit par cette
augmentation?
M. CASTONGUAY: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'aucune façon?
M. CASTONGUAY: Non, d'aucune façon. D'ailleurs, elle n'est pas
signée encore.
M. CLOUTIER (Montmagny): Elle n'est pas signée encore. Est-ce
qu'il y a une raison particulière pour qu'elle ne soit pas
signée?
M. CASTONGUAY: Bien, c'est que nos négociations ne sont pas tout
à fait terminées.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre nous avait annoncé durant
une séance de la commission parlementaire, il y a un mois, qu'elle
devait être signée le lendemain.
M. CASTONGUAY: Est-ce que j'avais dit qu'elle devait être
signée le lendemain?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui... M. CASTONGUAY: Il est possible.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, elle n'est pas signée.
M. CASTONGUAY: Elle n'est pas signée. Nous avons eu des
problèmes de détails. Je viens d'en discuter un avec les
négociateurs, tout juste avant de venir ici, qui touche aux droits
acquis, dans les caisses de retraite, par les psychiatres. Ce n'est pas tout
à fait terminé. Il n'y a plus de divergeances fondamentales. En
fait, il y a un accord qui a été conclu et il reste, dans les
clauses ou les dispositions détaillées, certains points. Le
dernier, semble-t-il, est celui de la caisse de retraite.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a des provisions, dans ces
$3,700,000, pour la signature de la convention avec les psychiatres ou si le
ministre devra prévoir d'autres crédits sur le prochain
exercice?
M. CASTONGUAY: Il n'y a pas de crédit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il n'y a pas de provisions ici.
M. CASTONGUAY: Non, non, je veux dire que l'on n'aura pas à
prévoir d'autres crédits selon les renseignements que l'on m'a
donnés.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est prévu. M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous gardez le détail confidentiel?
M. CASTONGUAY: Pardon?
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous gardez le détail confidentiel si
les psychiatres ne savent pas, à ce moment-ci... Bien, ils ont l'offre
confidentielle...
M. CASTONGUAY: Bien, on s'est entendu, ils ont eu l'offre. Ils l'ont
acceptée. Il reste quelques détails techniques que nous avons
à préciser.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. CASTONGUAY: Bien, en fait, je peux donner quelques indications.
La raison, c'est qu'anciennement, si vous vous souvenez, les
psychiatres, dans les hôpitaux psychiatriques, étaient des
employés de ces hôpitaux rémunérés à
salaires. Nous allons vers une nouvelle option. C'est celle d'une
rémunération à la vacation. A ce moment-là, le
psychiatre devient en quelque sorte un travailleur indépendant, sauf
qu'il y a une condition qui s'y rattache, c'est que le psychiatre ne peut pas
aller à volonté dans un hôpital et dire: Ce matin, je fais
une vacation et vous me reverrez quand cela me plaira de revenir. Il doit
s'engager à donner un certain nombre de vacations pour assurer le bon
fonctionnement de l'institution.
A partir du moment où le mode de rémunération est
modifié, le psychiatre devient un travailleur indépendant, en
quelque sorte, et doit assumer, à l'intérieur de sa
rémunération, le coût de ses vacances, le coût de ses
congés de maladie, le coût de ses avantages sociaux, etc. Ceci
amène à demander un examen de chacune de ces dispositions,
congés de maladie... Et le dernier des points, c'était celui des
fonds de pension, des caisses de retraite, parce que certains ont
travaillé, par exemple, cinq ans dans une institution. Dans la caisse de
retraite, il est dit que, pour avoir droit à la contribution de
l'employeur, il faut avoir travaillé au moins dix ans. Ces
gens-là nous demandent: Faites-nous compter notre temps encore. Alors on
dit: Vous ne pouvez pas avoir les deux. Si vous voulez avoir tous ces
avantages, vous avez la formule de salaire. Si vous ne voulez pas du salariat,
si vous voulez assumer vos charges à l'intérieur de la
rémunération qui est versée, bien faites-le.
C'est ce genre de problèmes qui sont en train d'être
résolus.
M. CLOUTIER : Est-ce qu'il restera des foyers affiliés qui auront
une rémunération de moins de $4.50 par jour?
M. CASTONGUAY: La règle générale
présentement parce que les exceptions, je ne suis pas en mesure
de vous le dire est de $4.50.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et la moyenne du nombre de patients dans ces
institutions, c'est de 4 à 10, je pense.
M. CASTONGUAY: C'est à peu près cette taille de
foyers.
M. CLOUTIER (Montmagny): En ce qui concerne le poste 7, M. le
Président, je n'ai pas d'autres questions.
M. LE PRESIDENT: Adopté. On pourra passer au poste 14.
Services aux adultes
M. CLOUTIER (Montmagny): Poste 14, M. le Président. Est-ce que le
ministre pourrait nous donner quelques détails de ce montant
demandé de $4,000,000?
M. CASTONGUAY: Si vous vous souvenez, en avril dernier, le gouvernement
du Canada a haussé le montant du supplément du revenu garanti. A
ce moment-là, nous avions revisé les règles applicables
aux personnes dans les foyers d'hébergement, de telle sorte qu'on
laisse, aux personnes qui reçoivent un supplément de revenu
garanti, un montant de $31. Pour les autres personnes...
M. CLOUTIER (Montmagny): Au lieu de $22 qui existait jusqu'à ce
moment-là?
M. CASTONGUAY: Oui. Est-ce que c'était $125, $104?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'était $22 qui restait.
M. CASTONGUAY: Nous avons donné un montant de $31, soit $1 par
jour qui doit être remis à l'individu pour le supplément du
revenu garanti et la pension de vieillesse. Pour les personnes qui ont des
revenus d'autres sources, il y avait des paiements qui leur étaient
faits dans le passé et, dans ces paiements, on leur demandait de payer,
selon les cas, une partie du coût des soins infirmiers qu'elles
recevaient dans ces foyers. A cause de ceci, on s'est aperçu
qu'il y avait une certaine différence de traitements, d'abord
entre ces deux catégories de bénéficiaires, parce que,
dans certains cas, cela voulait dire que le client privé payait pour ses
soins infirmiers jusqu'à ce qu'il n'ait plus d'argent et, par la suite,
on l'établissait dans l'autre système où on lui laissait
un certain montant par mois.
En plus, le traitement de ces personnes, au plan financier, était
quelque peu différent de celui dans les hôpitaux pour malades
chroniques où les frais sont complètement assumés lorsque
c'est une institution qui a une entente en vertu de la Loi de
l'assurance-hospitalisation.
Dans les foyers, vous avez trois catégories de patients qui ont
été divisées pour des fins administratives: S-1) S-2)
S-3). Dans les hôpitaux pour malades chroniques, c'est censé
être un état un peu plus grave que S-3). Cela devient assez
ténu comme différence à faire et vous savez les
difficultés auxquelles ça mène. Si les personnes ne sont
pas traitées de la même façon, au plan financier, on essaie
de les diriger, peu importe leur état, vers l'institution où
ça coûte le moins cher. D'autant plus que, dans certains cas, il
nous reste encore une ou deux institutions d'assistance publique. Là, si
la personne n'est pas déclarée un cas d'assistance publique, elle
doit payer le plein coût. On a commencé à faire cette
clarification au niveau des foyers: soit d'assumer le paiement des services
infirmiers et de charger un montant uniforme à tout le monde pour les
frais d'hébergement au lieu de charger des montants différents
selon qu'on recevait le supplément du revenu garanti ou qu'on ne le
recevait pas. Je pense que c'est une politique qu'on va continuer à
étendre. D'ailleurs, on veut faire le tour de toute la question parce
que, dans le domaine de l'enfance, il y a des différences de traitement
de cette nature-là. Il y a là un cas différent: celui des
hôpitaux psychiatriques. On a saisi, à tout le moins, l'occasion
de l'augmentation du supplément du revenu garanti, pour faire ce
changement. Ceci nous amène des dépenses pour les soins
infirmiers, qui ne sont plus payées par les bénéficiaires
des services, de $1,950,000. A notre avis, cela va donner, comme
résultat, une bien meilleure utilisation de nos ressources plus
équilibrée, et un système plus équitable selon le
type d'institution dans lequel vous vous trouvez. Si vous êtes dans la
catégorie S-3) il n'y a pas de raison pour laquelle vous paieriez une
certaine partie de vos frais alors que le lendemain, si l'on vous
déclare malade chronique, vous allez payer plus d'autant plus que ce
sont des décisions assez arbitraires. En plus, on sait que l'état
des personnes évolue. Alors, $1,950,000 pour ceci.
Deuxièmement, l'ouverture des foyers: avec l'ouverture de
nouveaux foyers la continuation du programme, les foyers dont la construction
n'a pas été arrêtée, et pour diverses raisons, le
nombre de cas privés, dans ces foyers d'hébergement, a
baissé de 5 p.c. Comment expliquer ça? Je ne suis pas en mesure
de l'expliquer. Est-ce à cause de leur emplacement, etc.? Mais la
prévision a été faite d'après la proportion de cas
privés et des cas d'assistance publique pour lesquels on payait, et elle
a baissée de 22 à 17 p.c. avec, comme résultat, que pour
les nouveaux foyers ouverts, on a dû assumer les frais pour six cents cas
de plus que prévu. Ce qui donne une augmentation de dépenses de
l'ordre de $2,050,000., pour un total de $4,000,000. C'est la raison de ces
deux articles. En contrepartie de ceci, au poste 13- 1- 12 du budget au service
à l'enfance, dans les subventions, l'an dernier en 1970-71, nous avions
demandé des crédits de $80,000,000, cette année de
$88,000,000. Ceci était basé sur un certain rythme d'ouverture de
nouveaux établissements. Les échéances dans l'ouverture de
ces établissements sont quelque peu différentes de celles
prévues...
M. CLOUTIER (Montmagny): On est dans le service aux adultes, c'est
14.
M. CASTONGUAY: Service à l'enfance. Ce que je veux dire, c'est
qu'en contrepartie, on a fait le gel de $4,000,000 dans les services à
l'enfance. Or ici, en fait, on ne demande pas des crédits de $4,000,000
en plus, mais on fait un virement qui ne peut pas être permis sans passer
par la voie du budget supplémentaire parce qu'on est à deux
articles différents.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais il reste que dans tout le budget
supplémentaire que nous demande le ministre, $89 millions, la
majorité des dépenses est partageable en vertu du régime
canadien d'assistance publique. Les $83 millions de la page 2 sont partageables
avec le gouvernement fédéral à 50-50. C'est ce qui permet
au ministre des Finances de dire que ses recettes, ses revenus d'exercice sont
plus considérables que ceux qui sont prévus. C'est une
façon pour lui d'augmenter ses revenus en permettant au ministre des
Affaires sociales de dépenser plus.
M. CASTONGUAY: Là, je ne sais pas s'il a pris cela en
considération.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il a pris ce moyen, ce serait un moyen
dangereux. De toute façon ça lui coûterait plus cher.
M. CASTONGUAY: Je croyais qu'il avait dit que ses revenus étaient
plus élevés, basés sur les encaissements et non pas pour
les raisons que vous venez de mentionner.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Poste 14, adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste 17. Nous pourrons revenir au poste 3.
Aide sociale
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense que nous pouvons traiter des deux
postes, 17 et 3 ensemble. Nous ne pouvons pas les dissocier. D'ailleurs nous
avions commencé tantôt à...
M. CASTONGUAY: Sur la hausse des coûts, étant donné
ce qui a été écrit, ce qui a été dit, je
n'ai pas voulu. On m'a sollicité à certaines reprises, vous
pouvez l'imaginer, pour que je fasse des déclarations. Compte tenu du
fait que je savais que nous étions pour étudier ces
crédits, je n'ai pas dit un mot, j'ai attendu pour le faire avec vous.
Pour cette raison, par contre, je vous demanderais de me permettre de lire les
notes et l'analyse que nous avons faites.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon la déclaration la
plus éloquente, je pense, là-dessus, avait été
faite lors de l'étude des prévisions budgétaires du
printemps dernier. J'avais dit au ministre que j'avais donné ce genre
d'explication à trois ou quatre reprises et que le ministre reprenait
maintenant la même argumentation à son compte. J'ai alors dit que
je ne serais pas scandalisé s'il revenait à la fin de l'exercice
avec une demande de budget supplémentaire assez considérable.
C'était évident, il y avait $267 millions réels l'an
dernier, $271 millions demandés pour cette année. Alors
c'était évident qu'il y aurait un budget supplémentaire. A
partir de là le ministre peut faire d'autres déclarations.
M. LAURIN: Qui vont répondre à toutes les questions qu'on
voulait lui poser, je présume.
M. CASTONGUAY: Un certain nombre parce qu'il y en a certaines, je
ne sais pas encore. La hausse des coûts de l'aide sociale de même
que le coût élevé de l'aide sociale peut être
analysée sous quatre titres différents: difficultés de
faire une estimation initiale valable, des facteurs intrinsèques
à la nouvelle Loi d'aide sociale et à son administration qui ont
aussi contribué à hausser les coûts; l'incohérence
du système de sécurité de revenus et des services à
la main-d'oeuvre. Je reviendrai sur cela parce que je pense qu'il n'est pas
juste d'analyser les coûts de l'aide sociale hors du contexte ou encore
de les analyser uniquement par rapport à l'évolution de la
situation de l'emploi. Il y a enfin cette dernière partie,
l'évolution de la situation de l'emploi et de la main-d'oeuvre.
Là aussi, si je dis qu'il n'est pas possible de répondre à
toutes les questions, c'est qu'il y a des bases différentes pour
calculer la main-d'oeuvre, le chômage etc. Nous en sentons, nous en tout
cas, les incidences.
Difficultés de faire une estimation initiale valable. Je confirme
ce qu'a déjà dit M. Cloutier. Il est peut-être bon de le
reprendre d'une façon un peu plus détaillée. La nouvelle
Loi d'aide sociale a été mise en vigueur le 1er novembre 1970.
Elle ne s'est appliquée qu'aux cinq derniers mois de l'exercice 70/71.
En plus, pendant cette période de cinq mois, la mise en place du
système administratif se poursuivait: décentralisation des
dossiers, ouverture de bureaux etc. Les rapports qui nous étaient
transmis, soit par le service de bien-être de la ville de Montréal
et par les autres bureaux ne se faisaient pas d'une façon aussi
rigoureuse, aussi systématique que cela avait été
désirable.
Alors, il y a deux facteurs. La révision des dossiers s'est
terminée, en fait, vers le mois de mai et s'est poursuivie pendant tout
l'hiver. La nouvelle loi est aussi très différente des anciennes.
Particulièrement en ce qui a trait au logement et aux besoins
spéciaux. On avait, dans les anciennes lois, des prestations fixes,
pratiquement, pour certaines catégories. En plus, on reconnaît
beaucoup plus clairement le droit à l'assistance. On a les paiements qui
sont faits aux fins du logement, qui peuvent être majorés s'ils ne
sont pas suffisants, au niveau du bureau régional, et toutes les
dispositions relatives aux besoins spéciaux.
Au niveau des besoins spéciaux je vais revenir sur ces
chiffres-là un peu plus loin graduellement, à mesure que
le temps a passé, les bénéficiaires de la loi, les agents
de sécurité, les groupements qui aident les
bénéficiaires, ont vraiment trouvé toute la signification
de ces dispositions. Vous allez voir tantôt. Je vais vous donner des
chiffres sur l'évolution des prestations moyennes. Cette partie des
besoins spéciaux coûte passablement plus cher que ce qui avait
été prévu au départ ou entraîne des
déboursés plus élevés que ce qui avait
été prévu au départ.
Un autre facteur qui est ressorti et je vous donnerai certaines
statistiques tantôt les anciennes lois comportaient un certain
degré d'arbitraire. On avait, en plus, des paiements qui étaient
versés, l'assistance supplémentaire, l'assistance d'urgence et,
selon les régions, les niveaux de prestations étaient assez
variables. La nouvelle loi a eu un effet d'égalisation, qui était
un des effets recherchés lorsque cette loi a été
approuvée, mais l'égalisation s'est faite
généralement en remontant et non pas en baissant. C'est un autre
effet. Il y a eu aussi, pendant cette période, la nouvelle Loi de
l'assurance-chômage qui a pris effet. Et encore là, les
dispositions sont très différentes de celles du passé. Le
gouvernement du Canada avait préparé des estimations de ce que
cela devait signifier au niveau de l'aide sociale et on nous disait que la
nouvelle Loi de l'assurance-chômage apporterait des baisses de
prestations. Les fonctionnaires du ministère contestaient ces chiffres
et, encore là, c'est assez difficile de déterminer qui avait
raison. Evidemment, je faisais plus confiance aux prévisions qui ont
été faites chez nous. Mais c'est assez difficile de faire des
estimations, parce que les gens viennent graduellement à savoir comment
utiliser ce genre de loi. C'était une autre des difficultés.
Nous avions deux estimations quant à l'effet de la nouvelle
loi.
Egalement, pendant la même période, il y a eu
l'augmentation du supplément du revenu garanti qui a pris effet et qui
apportait aussi des modifications quant au montant et au nombre de
bénéficiaires dans cette catégorie de
bénéficiaires âgés. Je n'entre pas dans les
prévisions en ce qui a trait à la situation du chômage ou
de la main-d'oeuvre, mais vous avez autant de facteurs qui étaient assez
difficiles à estimer.
Pour toutes ces raisons, si on regarde aujourd'hui, en
rétrospective, je pense que, pour 1971-1972, on aurait dû, au mois
d'avril dernier, retrouver dans les crédits demandés un montant
qui aurait pu varier entre $310 millions et $325 millions, si on introduit tout
cela, si on regarde leur effet après coup et aussi si on regarde la
tendance des dix dernières années, pour reprendre ce que vous
disiez. Peu importe l'évolution de la situation de l'emploi, etc., il y
a toujours eu une hausse, sauf au début de 1969 je crois, quand il y a
eu le changement apporté au niveau des moins de trente ans, personnes
seules, où il y a eu une certaine stabilisation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Peut-être momentanée, pas sur une
période d'un an. Je pense qu'il y a toujours eu des
dépassements.
M. CASTONGUAY: L'excédent des coûts non prévisibles
en fait, ou l'excédent des coûts dont on parle vraiment, se situe
plutôt entre $25 millions et $40 millions, si on tient compte de ces
facteurs.
Maintenant, dans la Loi d'aide sociale elle-même et à cause
de son application, il y a aussi d'autres facteurs qui ont entrafné une
hausse des coûts. D'abord, le plus grand accès à la Loi
d'aide sociale, l'augmentation des bureaux, je pense que cela a un effet. Ce
n'est pas un effet qui est déplorable. Si la loi est bien
administrée, l'ouverture de bureaux, la plus grande accessibilité
fait que la loi joue son rôle.
L'augmentation du personnel, de la même manière.
L'information sur la Loi d'aide sociale, ça a été
noté à plusieurs reprises que ce soit par le comité
Boucher, que ce soit par divers organismes dont la commission, pour que les
gens sachent vraiment quels sont leurs droits. Alors, dans la mesure où
l'information faite répondait à ce besoin, les coûts ont
augmentés. En plus, les bénéficiaires sont aidés
beaucoup plus qu'ils ne l'étaient dans le passé par la commission
d'appel d'une part. De plus il y a la révision des bureaux
régionaux également et il y a des groupements comme à
Montréal, le comité de coordination, anti-pauvreté qui
apporte de l'aide aux bénéficiaires. Et encore là,
généralement ça signifie des montants de prestation plus
élevés. Il y a aussi une pression qui s'exerce et qui a
continué de s'exercer. Ceci, je pense que c'est presque tous les ans,
étant donné que l'inflation s'est maintenue. Il y a
évidemment une pression plus grande qui s'exerce sur le système
à mesure que les prix augmentent.
Il y a eu aussi en cours d'année, et ceci n'était pas
prévisible, certains changements dans les règlements. Si vous
vous souvenez, à un moment donné, on a annoncé par exemple
que l'équité était haussée de $8,000 à
$15,000 dans les maisons, vous avez eu des paiements qui ont été
poursuivis au-delà de 18 ans lorsque l'enfant continuait à
fréquenter l'école. Ce sont certains changements qui ont
également entrafné des coûts.
M. BOIS: Excusez-moi, M. le ministre, je voudrais poser une
question.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BOIS: Dans la question d'équité, est-ce que vous la
considérez par exemple comme un acquis pour la province, comme un
actif?
M. CASTONGUAY: Nous n'accordions pas d'aide si une personne avait une
maison dont l'équité était plus que $8,000. On
considérait que c'était un actif où on réduisait
l'aide. Aussi on le faisait sous forme de prêt et là, on allait
rechercher après, on demandait un remboursement, on faisait signer.
D'une part, ça réduisait le nombre des
bénéficiaires et ça pouvait apporter certains
remboursements. On a monté cette limite à $15,000 sans demander
de remboursement. A partir de ce moment-là, le nombre des
bénéficiaires a sûrement augmenté et les
remboursements ont été annulés. On a annulé toutes
les demandes de remboursement, même les promesses de remboursement qui
avaient été signées antérieurement à partir
du 1er novembre 1970.
Cela a eu un petit effet sur les coûts, pas un effet
énorme, mais il y en a eu un. Il y a eu aussi dans le cas de l'aide
préventive, et je vous donnerai les chiffres c'étaient des
nouvelles dispositions de la loi où les prévisions étaient
assez diffciles à faire, d'autant plus que connaissant le fardeau sur
les agents de sécurité sociale pour l'administration courante
on pouvait imaginer qu'au début ces dispositions de la loi ne
serviraient pas tellement. Il était assez difficile de faire une
prévision. Je vous donnerai des chiffres tantôt sur le nombre de
cas où ça semble avoir été utilisé.
Maintenant, dans le système administratif j'ai mentionné
tantôt les problèmes auxquels nous faisons face. Je ne reviendrai
pas sur ça. L'incohérence du système de
sécurité du revenu, ceci m'apparaît dans une situation
où le chômage se maintient à un niveau élevé,
où il y a inflation, un facteur qu'on ne peut pas négliger. Et
aussi lorsqu'on ajoute à ceci les problèmes dans les
réseaux de service de main-d'oeuvre.
La lenteur dans la réorganisation des systèmes de
sécurité de revenu. Il y a très peu d'encouragement
à réintégrer le travail. On a
des échos fréquents d'employeurs qui recherchent des
employés et qui ne sont pas capables d'en trouver, même s'il y a
du chômage, même s'il y a des bénéficiaires d'aide
sociale.
Cela, c'est intrinsèque au système, je l'ai dit. Je pense
que l'on en a suffisamment discuté mais, en situation de maintien de
chômage, cela accentue le programme. Il y a également des
problèmes au niveau des services de main-d'oeuvre. Encore
récemment, le directeur des centres de main-d'oeuvre du Canada, à
Montréal, disait que, dans la région de Montréal, il y
avait à peu près 10,000 emplois vacants. On se retrouve avec ce
nombre de bénéficiaires d'aide sociale d'autre part, dont
je vous donnerai les statistiques un certain nombre sont aptes au
travail.
C'est tout le problème des centres de main-d'oeuvre qui ressort
aussi ici et dont on subit les contrecoups. Je ne reviens pas, pour le moment,
sur l'opération de dépistage d'emplois. Ce sont des
problèmes qu'on affronte périodiquement.
Il y a également une pression qui s'exerce sur le système
à cause du niveau relativement élevé des prestations
d'assurance-chômage. Les gens ont passé une période
à retirer l'assurance-chômage, avec un niveau de prestations.
Lorsque cette période se termine, ils reçoivent de l'aide
sociale. Ils essaient d'en recevoir le maximum. Ils ne voient pas de raisons
pour lesquelles, dans un type de programme, on en recevrait plus que dans un
autre, alors qu'ils sont toujours en chômage. Pour eux, une loi ou une
autre, cela ne veut rien dire par rapport à leur état de
chômage et leurs problèmes vis-à-vis de leurs enfants ou de
leurs familles.
La pression s'exerce sûrement. Vous allez voir, je vais vous
donner des chiffres tantôt.
Il y a aussi le problème déjà souligné. Si
je le rappelle, c'est que je ne veux pas prendre tout le fardeau de cette
augmentation au budget, ou encore qu'on l'impute aux fonctionnaires du
ministère qui font leur possible, ou qu'on l'impute à l'absence
de contrôle.
Il y a aussi le problème du régime
d'assurance-chômage, de l'administration de la Loi de
l'assurance-chômage qui ne fait pas les liens avec les services de
main-d'oeuvre et l'aide sociale, avec les résultats qu'une personne peut
être en chômage pendant un certain nombre de mois et, au moment
où on pourrait, de la façon la plus opportune, déterminer
un programme de recyclage, il faut s'assurer que, lorsque sa période
d'assurance-chômage va se terminer, elle continue d'être
aidée, soit au plan d'un programme comme la formation professionnelle ou
l'aide sociale, de telle sorte que l'on prenne les moyens de l'aider le plus
tôt possible.
Bien souvent, ce qui se produit, c'est qu'au moment où l'on
commence à agir, la situation est déjà
détériorée. La personne a été en
chômage pendant un certain nombre de mois et, une fois ses prestations
terminées, c'est nous qui en héritons. Cela est un des
problèmes qui a déjà été souligné
dans des mémoires antérieures aux conférences
fédérales-provinciales.
Vous avez également un autre programme qui n'aide pas la
situation, c'est celui de la formation professionnelle des adultes. On sait
fort, bien et j'en ai des témoignages et des échos
que, dans bon nombre d'endroits dans le Québec, vous avez des gens, des
mères de famille, qui retournent à l'école prendre une
quatrième, une cinquième année, et tout ceci pour recevoir
des prestations plus élevées que celle de l'aide sociale.
Dans certains cas, on me dit même qu'on va jusqu'à retirer
des enfants de l'école pour garder les plus jeunes à la maison
pour que la mère puisse aller suivre des cours de formation
professionnelle. Le choix des candidats est fait par le gouvernement du Canada,
et par les députés aussi pas seulement par les centres de
main-d'oeuvre et je le dis parce que ce sont des faits.
Je ne veux pas que l'on dise que c'est nous je reviens sur cela
qui sommes responsables de ce type de dépenses et que nous n'en
sommes pas conscients et que c'est une administration fautive.
M. BOIS: ... Ce ne sont pas les députés qui font cela, M.
le ministre.
M. CASTONGUAY: Certainement. M. BOIVIN: C'est normal.
M. CLOUTIER (Montmagny): Des députés
fédéraux?
M. CASTONGUAY: Oui. Là, ils ont le programme.
M. BOIVIN: Ils les dirigent vers les secours.
M. CASTONGUAY: Oui, mais est-ce qu'ils connaissent les besoins de la
main-d'oeuvre de la région? Les témoignages que j'ai eus me
portent à croire que ce serait beaucoup mieux si c'étaient les
centres de main-d'oeuvre dans un programme bien conçu où on a
d'abord les besoins de main-d'oeuvre dans une région, la main-d'oeuvre
qui existe, la différence entre sa formation et ses besoins, et que l'on
essaie de faire un équilibre entre les deux. Ce n'est pas le cas
présentement dans nombre de situations.
Deuxièmement, ces gens, s'ils reçoivent des cours de
formation professionnelle, sont dans les mêmes situations que les
bénéficiaires d'aide sociale. Ils ont besoin de revenus d'une
part, et ils ont besoin de dépenses ou de certains montants pour couvrir
leurs frais de transport pour se rendre à leurs cours, peut-être
l'achat de livres ou d'outils. Mais encore là, une autre des
incohérences du système, les paiements qu'ils reçoivent
sont plus élevés que ceux de l'aide sociale.
Alors, il y a une pression additionnelle pour l'aide sociale pour que
l'on hausse les paiements. Aussi, il y a une addition de facteurs qui font que
la mentalité des gens se déforme assez
souvent, et que l'on essaie de tirer du système partout où
on est capable, le maximum de fonds du gouvernement même si c'est plus ou
moins honnête de le faire. On leur offre, bien souvent,
l'opportunité ou la tentation à tout le moins de le faire par
tous ces dédoublements de programmes et ces incitations. Alors, c'est un
autre facteur, j'en suis convaincu, et je le mentionne. Après cela, vous
avez l'autre beau problème qui a été mentionné
à plusieurs reprises soit celui des deux réseaux de centres de
main-d'oeuvre qui ne se complètent pas. Alors, là, ne se
complétant pas, bien souvent, ils se font concurrence au niveau des
fonctions qui peuvent apporter le plus de résultats au point de vue
statistique, c'est-à-dire, placer le plus rapidement les
employés. Qui est-ce qui en souffre? Ce sont les
bénéficiaires de l'aide sociale. Avec le résultat que les
comités de retour à la vie normale ont été
formés pour essayer de suppléer à cette carence. Alors au
lieu d'avoir des réseaux de services de main-d'oeuvre, de centres de
main-d'oeuvre bien coordonnés, ou encore, qui assument la gamme des
fonctions, on n'en a pas que deux, on en a un troisième.
Et là, avec la nouvelle Loi de l'assurance-chômage, on est
en voie d'en développer un quatrième. Si vous regardez
attentivement la Loi de l'assurance-chômage, il est question de services
de placements pour deux premières entrevues. Ce sont des centres de
main-d'oeuvre pour autant que je suis concerné, que l'on est à
aménager.
Et là, se pose un autre problème. Si je le mentionne,
c'est parce qu'il est là, aussi. Pour garnir ses services de placements,
le gouvernement du Canada a fait des annonces pour recruter son personnel. Les
conditions de qualifications de ce personnel ressemblent beaucoup à
celles de nos agents de sécurité sociale. Mais là, on leur
offre un peu plus que nous versons à nos agents, avec le résultat
que nous avons perdu un certain nombre d'agents. Ceci n'aide pas à
l'administration de la loi d'aide sociale.
Quand je parle de l'incohérence des systèmes de
sécurité du revenu, des services de main-d'oeuvre, ce n'est pas
de la théorie. C'est concret. J'ai voulu reprendre les exemples pour
qu'enfin nous venions peut-être à comprendre, quand on voit des
augmentations de coûts comme celles que nous avons, que si nous voulons
arriver à quelque chose de plus cohérent, utiliser mieux ces
sommes, il va falloir, non seulement parler en termes de contrôle
administratif et de fraude, mais que l'on vienne à être tous
convaincus que le problème est beaucoup plus profond que cela.
C'est l'évolution de l'économie, de la main-d'oeuvre et du
chômage.
J'ai ici une certaine série de données. Je vais essayer
d'être aussi clair que possible parce qu'encore là il y a
certaines choses qui sont assez difficiles à assortir.
Regardons le portrait du chômage en pre- mier lieu. Pendant les
mois de 1971 par rapport à 1970, ce n'est pas clair du tout quel a
été l'effet direct sur la Loi de l'aide sociale si l'on regarde
le niveau du chômage. Pendant certains mois mars, avril, juin,
septembre et octobre le nombre de personnes en chômage en 1971 a
été un peu plus élevé qu'en 1970. Ce sont ceux
déclarés officiellement chômeurs par Statistiques
Canada.
Octobre 1971, par exemple, en total, hommes et femmes, 3,000 de plus
qu'en 1970. Soit 162,000 par rapport à 159,000.
Septembre, 161,000 par rapport à 147,000.
Août, moins de chômeurs en 1971 qu'en 1970.
Juillet, 184,000 dans les deux cas: juin, 191,000 par rapport à
188,000: mai, moins en 1971 qu'en 1970; avril, 234,000 par rapport à
203,000.
On ne peut pas attribuer cette augmentation d'environ $80 millions par
rapport à l'an dernier à l'augmentation du nombre de
chômeurs, tel qu'on le constate par les statistiques officielles du
chômage, calculées de la façon qu'on la calcule, je le
mentionne.
Il y a une autre donnée de ce portrait qui est importante, c'est
la participation à la main-d'oeuvre. Et encore là, le portrait
n'est pas tout à fait clair. Je vais vous donner des exemples. La
population inactive ne suit pas de façon très claire une courbe
qui correspond à l'augmentation ou à la diminution du
chômage, d'après Statistiques Canada.
M. BOIVIN: Est-ce que ceux qui vont aux écoles pour le
fédéral sont considérés comme des
chômeurs?
M. CASTONGUAY: Non, ils sont retirés de la définition.
M. BOIVIN: Est-ce que ce n'est pas un facteur qui peut faire varier?
M. CASTONGUAY: C'en est un. C'est cela que je veux faire ressortir. On
change la base du nombre de personne dans la main-d'oeuvre et du nombre de
personnes en chômage. Ce dernier est fait par échantillonage, mais
on change la base, pour des raisons comme celle-là. Le portrait n'est
donc pas tellement clair. Je vais vous donner les taux de participation
à la main-d'oeuvre: 1971 par rapport à 1970, c'est à peu
près toujours la même chose: mai 1971, 69.9 p.c; mai 1970, 70.0
p.c.; juin 1971, 70.4 p.c; juin 1970, 69.5 p.c; octobre 1971, 68.6 p.c; en
1970, 68.2 p.c.
Vous avez là des données qui sont extrêmement
difficiles à analyser et qu'on ne peut pas utiliser pour dire que
l'effet de la situation de l'emploi se répercute directement du
côté du chômage. On doit plutôt, je crois, regarder
quel est le nombre de bénéficiaires et l'augmentation du nombre
des bénéficiaires des prestations et essayer de conclure en
faisant la part des
choses, parce qu'on a une nouvelle loi, qu'on a le supplément du
revenu garanti qui a occasionné un départ de personnes
âgées de la Loi de l'aide sociale et essayer de voir quelle est la
part des choses dans tout ça.
C'est assez difficile à dire, mais les chiffres que j'ai sont les
suivants: En novembre 1971, personnes seules bénéficiaires de la
Loi d'aide sociale, 104,000 par rapport à 99,700 en décembre
1970. Des familles, en novembre 1971, 88,300 par rapport à 88,800 en
décembre 1970. Vous avez une diminution du nombre de familles des
bénéficiaires. Pour un grand total de personnes seules et de
familles, sans compter les personnes à charge, de 192,900 en novembre
1971 par rapport à 178,600 en décembre 1970. Une augmentation de
8 p.c. Ici, il y a d'autres données qui apparaissent
intéressantes et je les mentionne pour décortiquer cette
augmentation de 8 p.c. pendant les dix mois de l'année une
augmentation de personnes avec emploi, bénéficiaires d'aide
sociale, de 67 p.c. C'est l'aspect préventif ou de réadaptation
de la Loi d'aide sociale qu'on voit ressortir ici.
M. LAURIN: M. le ministre, est-ce que ce serait possible d'avoir un
exemplaire de ce tableau-là aussi?
M. CASTONGUAY: Oui. Alors qu'en décembre 1970, il y avait 2,965
personnes qui avaient un emploi, mais qui recevaient de l'aide, nous en avions,
en novembre 1971, 4,962. Les personnes aptes au travail et sans emploi,
d'après les données que nous avons ici, sont passées de
47,000 à 67,000. Quand on essaie de faire le pont entre cela et la
situation du chômage, on ne se retrouve plus. C'est pour ça que
j'ai voulu d'autres chiffres avant. C'est une augmentation de 40.9 p.c. et
c'est, d'après nos définitions des aptes au travail.
M. BOIVIN: C'est la première année.
M. CASTONGUAY: C'est pour la première, de décembre 1970
à novembre 1971, les onze derniers mois. Cette augmentation du nombre
des aptes au travail, sans emploi, est forte chez les moins de 35 ans. En fait,
88 p.c. du nombre que je vous ai donné, des 20 mille, se situent...
M. LAURIN: Le plus grand nombre des chômeurs se situe dans la
catégorie d'âge de 19 à 25 ans.
M. CASTONGUAY: Pour nous autres, 35 ans et moins, ou les moins de 30
ans. On peut faire ressortir les moins de 30 ans plus facilement à cause
des prestations.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a une hausse considérable à
partir du mois d'août?
M. CASTONGUAY: Dans quoi?
M. BOIVIN: Dans ce que vous dites, les aptes au travail.
M. CASTONGUAY: Les aptes au travail...
M. BOIVIN: Parce que je sais qu'il y a de grandes compagnies, quand il y
a eu le coût du 10 p.c. des Etats-Unis, qui, au lieu de mettre certaines
personnes en chômage, les ont recyclées... .
M. CASTONGUAY: Les aptes au travail, sans emploi ce sont ceux
dont on parle l'augmentation en pourcentage, en prenant comme base 100
en décembre 1970, en janvier, 108; en février 118; augmentation
de 8 p.c. en janvier, 10 p.c. en février; 125, en mars; 126, en avril;
134, en juin; 138, en juillet; 132, en août; 142, en septembre; 141, en
octobre; 140, en novembre. Il semble que, depuis juillet, ça s'est
plafonné, parce que c'était à 138 en juillet et c'est 140
en novembre.
M. BOIVIN: Mais ça aurait dû diminuer, à partir de
juillet. Cela a augmenté.
M. CASTONGUAY: Je vous donne les chiffres.
M. BOIVIN: Mais, normalement, il y a moins de chômage au mois de
juillet.
M. CASTONGUAY: Cela a baissé un peu en août, mais ça
s'est plafonné depuis juillet. C'est le total d'après ces
chiffres-là. C'est le nombre de personnes. Les prestations moyennes,
c'est assez intéressant. J'aurais une couple de commentaires
après ça à faire, parce qu'on a parlé de notre
mesquinerie, dans les taux d'indexation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre dit: C'est intéressant.
Mais, du point de vue d'analyse et de statistiques, ce n'est pas
intéressant pour les résultats.
M. CASTONGUAY: Les prestations moyennes sont aussi intéressantes
quant aux résultats parce qu'on voit que les bénéficiaires
reçoivent passablement plus par famille qu'ils ne recevaient il y a un
an. C'est dans ce sens-là que je le dis. C'est à cause de toutes
les critiques qui ont été faites vis-à-vis de
l'insuffisance des prestations. Assez souvent, en Chambre, j'ai dit que
j'aimerais qu'on ait des chiffres un peu plus exacts avant de commencer
à faire des modifications aux règlements de la loi. On voit que
c'était assez sage de le faire. Aux familles, pour la période de
décembre 1970 à novembre 1971, augmentation de 16.6 p.c. dans le
montant moyen des prestations. Je reviens à ce que je disais
tantôt: par les dispositions au plan du logement et des besoins
spéciaux, par les ajustements à la table de base, les prestations
d'aide sociale par rapport à il y a onze mois en
moyenne, aux familles, sont maintenant de 16.6 p.c. plus
élevées. En d'autres termes, elles sont de $173.75 par mois, par
famille, comparativement à $149.00 au mois de décembre dernier
par famille. Aux personnes seules: une augmentation de 28.8 p.c. avec le
résultat que nous avons aujourd'hui une prestation moyenne de $94 par
mois comparativement à $73.20 en décembre 1970.
Les ajustements en pourcentage n'ont pas été tout à
fait égaux selon les régions. J'ai parlé tantôt du
niveau différent, selon les régions, d'après les anciennes
lois. Mais il n'en demeure pas moins que le portrait est celui-là. C'est
ce qui explique pourquoi, après une telle augmentation, l'indexation au
taux de 2 p.c. qui est appliquée pour la première fois
m'apparaîssait,... Compte tenu de cette augmentation au cours de
l'année et dans l'attente d'une révision un peu plus en
profondeur des règlements en liaison avec le Régime de rentes du
Québec et les allocations familiales, cela m'aurait paru
prématuré d'apporter une indexation différente de celle de
2 p.c. telle qu'elle avait été prévue au moment où
on a adopté la loi. Je voulais aussi le mentionner.
Ce sont toutes ces causes qui ont apporté cette augmentation. Si
on compare avec nos voisins de l'Ontario parfois, c'est
réconfortant, parfois, ça l'est moins, parfois, c'est
déprimant je voudrais simplement dire, sans tirer de conclusion
que les chiffres que nous avons indiquent qu'en juin 1971, par exemple, en
Ontario, par rapport à juin 1970, le nombre de
bénéficiaires a augmenté de 21 p.c; il est passé de
273,000 à 330,000...
M. LAURIN: A Québec?
M. CASTONGUAY: Non, en Ontario. Et le montant des prestations...
M. LAURIN: Il était de 273,000?
M. CASTONGUAY: De 273,000 à 330,000. Le montant des prestations a
augmenté de 26 p.c. Une augmentation en nombre de 21 p.c. et en montant
de 26 p.c.
M. LAURIN: Et le montant mensuel est de combien par rapport
à...
M. CASTONGUAY: J'ai ici, pour un mois, ce sont des montants
inférieurs à ici, juin 1971, $20,600,000, ce qui fait à
peu près $250 millions. Leur fardeau d'aide sociale est donc moins lourd
que le nôtre d'environ $100 millions si on en juge par le mois de juin
1971.
Ce ne sont pas des crédits que vous demandez avec plaisir. Ce
sont par contre des crédits qui m'apparaîssent nécessaires
étant donné la nature des bénéficiaires et aussi
l'effet de la nouvelle loi par rapport à bien des problèmes qui
ont été mentionnés, comme l'insuffisance de
prestations.
J'espère aussi que cela m'a permis de préciser certaines
choses. Si je ne l'ai pas fait plus tôt, c'est que je voulais en faire
avec vous une analyse un peu plus complète, même si cela a
signifié que, pendant un certain nombre de jours, il y a des
renseignements plus ou moins exacts qui ont circulé. Je voulais le faire
d'une façon un peu plus complète et répondre aux questions
en même temps.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je remercie le ministre
de cette analyse très honnête, très fouillée de la
situation. Comme il l'a dit il y a un instant, ça lui a donné
l'occasion de revoir ce dossier et de préciser certaines choses qui,
dans le cadre de cette demande de $79 millions, étaient importantes.
Comme je l'ai dit tantôt, nous avions prévu au mois de
juillet dernier cette demande de budget supplémentaire parce que le
montant demandé pour l'exercice 71/72 était, à toutes fins
pratiques, équivalent à celui de l'année
précédente. Quand je dis à toutes fins pratiques, c'est
qu'une augmentation de $4 millions avait été demandée.
M. le Président, le ministre a raison de dire qu'il ne faut pas
voir dans les résultats qui sont attribués à son
ministère, la conséquence de politiques qui sont
appliquées dans son ministère. Evidemment, il n'est pas
responsable du nombre de chômeurs. Il n'est pas responsable du nombre de
personnes qui ont recours à la Loi de l'aide sociale. Les
ministères à vocation économique en sont d'abord
responsables. Il en a toujours été ainsi et ce sera toujours
comme cela. Le ministère des Affaires sociales est à un
carrefour. Il subit les assauts des déficiences du point de vue
économique, du point de vue de la recrudescence du chômage, de
l'augmentation de la perte des emplois, enfin, c'est le ministère qui en
subit les conséquences.
Le ministre ne nous l'a pas dit tantôt, mais je crois bien
déceler dans cette analyse très fouillée qu'il a faite et
des efforts qu'il fait pour coordonner davantage la politique dans le domaine
de la sécurité sociale, une inquiétude, même s'il ne
l'a pas dit expressément. Cette inquiétude est partagée
par beaucoup de gens. Elle est aussi partagée par les partis de
l'Opposition et particulièrement par celui qui a assumé ces
responsabilités pendant quatre ans.
Les prestations d'aide sociale ont augmenté depuis deux ans
d'environ $150 millions. Elles étaient d'environ $200 millions en
1969-1970. Maintenant elles sont de $350 millions. Comme je l'ai dit
tantôt, ce n'est pas un blâme, c'est une constatation que nous
faisons. Je sais que le ministre est conscient que ça ne peut pas
continuer à cette allure. L'augmentation des prestations ne peut pas
continuer à cette allure sans qu'il y ait des dommages assez
considérables au plan du partage des budgets entre les différents
ministères. Les $150 millions consacrés à l'aide sociale
depuis deux ans, sans qu'il y ait en place de politique intégrée
du revenu,
sans que le gouvernement fédéral ait consenti à
modifier substantiellement son attitude et sa façon de recevoir les
demandes du Québec pour intégrer davantage, pour coordonner
davantage, sont inquiétants. Cela ne peut pas continuer ainsi, parce que
ça exerce une pression très considérable sur les
ministères à vocation économique. Le ministre
prépare ses prévisions budgétaires pour 72/73.
Je ne sais pas, à la lumière des chiffres de cette
année, ce $350 millions à l'aide sociale, quel est le montant que
le ministre a pensé d'inscrire dans les prévisions pour le
prochain exercice? Il reste que, s'il veut être logique avec tout ce
qu'il vient de nous dire, il devra écrire pour la prochaine année
un chiffre substantiellement supérieur à ces $350 millions, ce
qui va davantage exercer de pressions sur les autres ministères.
Evidemment, il n'y a pas de solutions miracles. On n'a qu'à
reprendre tantôt la liste de tous les points qu'il a mentionnés,
des points qui sont réels et qu'on a l'occasion de vérifier tous
les jours. Je ne reprends qu'un seul exemple: la politique
d'assurance-chômage et des centres de main-d'oeuvre. Il y a des gens qui
tomberont en chômage et qui pourront retirer des bénéfices
de $100 par semaine. Il y a les personnes âgées qui profitent du
supplément du revenu minimum garanti. Prenons l'exemple de deux
personnes âgées qui actuellement retirent $255. Si je prends la
moyenne des prestations payées par le ministère des Affaires
sociales du Québec aux familles, la moyenne est de $173.75.
On voit tout de suite le décalage et la pression qui va s'exercer
chez ceux qui n'ont pas atteint l'âge de la sécurité de la
vieillesse, 65 ans. Ils sont tout de même à 60 ans et il leur
reste quelques années à parcourir. Ils ne sont plus aptes au
travail dans bien des cas. Etant donné le métier qu'ils ont
exercé, ils sont devenus des inaptes au travail.
Ils pratiquaient un métier qui demandait un grand effort
physique. Ils étaient, soit des travailleurs forestiers, des
pêcheurs, soit des cultivateurs. A ce moment-là, ils
s'aperçoivent qu'entre les deux régimes, un dont la
responsabilité relève du gouvernement central, l'autre de la
responsabilité du gouvernement du Québec, il y a un
décalage assez marqué.
D'autre part, entre l'assurance-chômage et l'aide sociale, il y a
aussi un décalage très marqué. Il y aura des personnes
peut-être un peu moins avantagées. Quant à la personne
seule, en vertu de l'assurance-chômage, est-ce qu'elle peut retirer $100
par semaine, indépendamment du statut familial? J'assume qu'elle peut
retirer $100 par semaine. La moyenne pour une personne seule est de $94, le
décalage est moins considérable.
Je corrige, M. le Président, c'est $100 par semaine
d'assurance-chômage. Cela lui fera $400 par mois, alors que la moyenne
mensuelle pour un célibataire, en vertu de la Loi de l'aide sociale, est
de $94. On voit tout de suite le décalage extrêmement
considérable qu'il y a entre deux régimes de prestation dont l'un
commence au moment où l'autre finit.
Je sais qu'en pratique, ce n'est pas facile de trouver des solutions. La
solution est dans ce que tous les gouvernements du Québec ont
réclamé, particulièrement ces dernières
années. C'est surtout depuis 1965 qu'on s'est appliqué à
faire la démonstration qu'il était urgent et important d'apporter
davantage de coordination dans tout le système.
Si la proposition quant aux allocations familiales était
acceptée, si nous donnions suite au projet de loi qui est devant
l'Assemblée nationale, je ne sais pas de combien ça pourrait
soulager le budget de l'aide sociale. Le ministre en a peut-être une
idée mais ça l'amène c'est dans cette
intention-là que la loi a été faite en plus d'aider
aux familles nombreuses, surtout, les familles de quatre enfants et plus,
à assumer le coût des obligations que crée la taille de
cette famille.
Il y a aussi un aspect de redistribution, non pas tellement à
l'intérieur de la Loi d'aide sociale, mais plutôt à
l'intérieur du régime d'allocations familiales. J'aimerais
entendre le ministre nous dire, s'il le peut à ce moment-ci, de combien
la Loi d'aide sociale pourrait être soulagée si le régime
d'allocations familiales était mis en place.
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas encore de données à ce sujet
parce que nous travaillons présentement sur trois plans.
Premièrement, il y a les modifications à apporter au
Régime des rentes du Québec, sur lesquelles nous travaillons et
qui vont avoir une certaine incidence sur l'aide sociale. Nous avons les
allocations familiales qui vont aussi avoir une incidence. Il s'agit de refaire
ou de réexaminer l'équilibre des prestations dans la Loi de
l'aide sociale. Après un an d'expérience de cette loi, il est bon
d'examiner les règlements. Ce que nous faisons, nous l'avons dit
à plusieurs reprises. Ces règlements vont avoir aussi une
incidence sur les coûts.
Dans le moment, ce seraient des prévisions qui porteraient sur
l'application de la loi qui n'est pas encore tout à fait
déterminée. Je ne suis pas en mesure de donner la
réponse.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand les études seront un peu plus
avancées, il sera intéressant de voir dans quelle mesure cela
pourra influencer la répartition des montants d'argent selon les divers
types de programmes.
Je voudrais revenir justement sur la répartition de ces montants
d'argent suivant les divers programmes.
Il ne faudrait pas tenir pour acquis, évidemment, parce qu'on
paie $350 millions cette année, en 71/72, à l'intérieur du
régime d'aide sociale, que tous les bénéficiaires ont
droit véritablement à l'allocation dont ils ont besoin,
qu'ils reçoivent l'allocation dont ils ont besoin. Le ministre a
mentionné lui-même, tantôt, qu'il y a une catégorie
de personnes qui reçoivent des allocations auxquelles elles n'ont pas
droit.
Jusqu'où peuvent aller les contrôles? C'est une autre
question. Les contrôles, quand ils ont passé une certaine
étape, il n'est pas possible d'aller au-delà, sinon ils
coûtent plus cher que les sommes qu'on voudrait
récupérer.
D'autre part, il y a aussi des montants d'argent qui sont versés
mais qui le sont à l'intérieur de la loi. Ce sont des avances qui
sont faites aux bénéficiaires et il y a des recours qui sont plus
difficiles à exercer les uns que les autres.
Il ne faudrait pas non plus assumer que ces personnes qui
reçoivent des avances bénéficient indûment de la Loi
d'aide sociale. Elles en bénéficient dans le cadre de la loi.
Mais il y a certainement un ajustement et une meilleure
répartition à faire de ces sommes de $350 millions envers les
assistés sociaux. Il y en a peut-être qui en reçoivent trop
et d'autres qui n'en reçoivent pas assez.
La question s'est posée quand nous avons apporté, devant
l'Assemblée nationale, la loi 26. A ce moment-là, nous avons
intégré tous les régimes, toutes les catégories
d'assistés sociaux, de bénéficiaires, dans une seule
catégorie. Il y avait avant cela des invalides, des aveugles, des aptes
au travail, des inaptes au travail pour douze mois, moins de douze mois, plus
de douze mois.
Il reste qu'il y a certainement deux catégories de
bénéficiaires. Il y a ceux qui sont aptes au travail; il y a ceux
qui ne le sont pas, pour différentes raisons. Je ne sais pas s'il faudra
qu'on explore davantage cette notion d'aptes au travail et d'inaptes au
travail. Les aptes au travail ce sont des personnes qui, tout de même,
sont en transit dans le cadre de la Loi d'aide sociale. On doit les en sortir
le plus tôt possible par des mesures, par du travail qu'on va leur
trouver, des emplois, de la réhabilitation, de la formation
additionnelle.
Ce sont tous ces moyens qui vont les faire sortir du réseau
d'aide sociale. Quant aux autres, on doit absolument accepter qu'elles restent
à l'intérieur de la Loi d'aide sociale, qu'elles demeurent des
bénéficiaires mais qu'elles reçoivent un meilleur
traitement. Parce que le ministre sait que la moyenne de prestations qui est
versée actuellement, dans certains cas, c'est suffisant; mais le
ministre sait que, dans certains cas, cela crée véritablement des
problèmes. On n'a pas besoin que tous les députés
reçoivent des gens à leur bureau et on est en face de cas
concrets.
Ce n'est pas parce que les députés, les fonctionnaires du
ministère n'en sont pas convaincus. Ils sont convaincus que dans
beaucoup de cas le niveau de prestations versé n'est pas suffisant.
Mais, je veux dire aussi au ministre, avant d'accepter qu'on
généralise le système en entrant dans un système de
sécurité du revenu minimum garanti,
généralisé à l'ensemble de la population,
qu'aujourd'hui on a une clientèle de 500,000 personnes environ à
l'assistance sociale, 193,000 dossiers en novembre 1971, à une moyenne
de 2.5 ou trois personnes par dossier, cela voudrait dire environ 500,000
assistés sociaux. On pourrait facilement atteindre le chiffre d'un
million de personnes, avec un programme de sécurité du revenu
minimum garanti. Tout dépendrait des seuils de pauvreté qu'on
établirait et de la proportion de ces seuils qui serait atteinte, qui
serait compensée par les programmes. Alors, avant d'entrer dans un
régime comme cela qui pourra entraîner des dépenses assez
considérables, il faudra que les mécanismes de jonction entre le
marché du travail d'abord, d'un côté, et du
réservoir d'assistés sociaux qui sont aptes au travail soient
beaucoup plus étroits, beaucoup mieux établis qu'ils ne le sont
actuellement.
Le ministre nous a donné un exemple tantôt. Il y a 10,000
emplois disponibles à Montréal et avec le nombre
d'assistés sociaux, il n'y a personne pour occuper ces
emplois-là. Sont-ce des emplois fortement spécialisés?
J'en doute. Je pense qu'il y a certainement une grande partie de ces emplois,
dans une proportion très considérable, qui pourrait être
assumée par des travailleurs ordinaires, sans une préparation
trop poussée. Alors, il y a certainement là un lien qui ne
s'établit pas entre les employeurs d'un côté, et d'autre
part, le réservoir de personnes disponibles au travail et qui seraient
capables d'occuper un emploi. Alors, tant que ces mécanismes n'auront
pas été davantage explorés, n'auront pas été
améliorés, je pense qu'il est difficile d'entrer, de franchir une
autre étape, une étape trop générale. On pourrait
franchir des étapes partielles, comme celle des allocations familiales,
comme celle de la réforme des tables, de la retouche des tables de la
loi 26. Ce sont des étapes qui pourraient être franchies. On
pourrait améliorer le traitement, les régimes d'allocations pour
certaines classes de population, comme on l'a fait dans d'autres articles, cet
après-midi, pour les personnes qui sont en institution. En fait, elles
ont plus d'argent à leur disposition.
M. le Président, ce sont des considérations
générales que je voulais faire sur cet article de $79 millions.
Je voulais dire que le ministère des Affaires sociales n'a pas les
instruments de contrôle sur ces montants. Il doit assumer la
responsabilité de verser des prestations les meilleures possibles,
tenant compte des contraintes qu'il a, de verser les meilleurs régimes
de prestations, les mieux intégrés, les mieux coordonnés
possible, aux assistés sociaux. Il reste qu'il faudra que tous ses
collègues soient sensibilisés comme je l'ai fait pendant
plusieurs années. Les sensibiliser, ce n'est pas toujours facile de
traduire cela en résultats concrets, mais qu'ils soient très
sensibilisés à l'importance des responsabilités que
doivent assumer les ministères à vocation économique. A ce
moment-là, s'ils réussissent l'opération, ils auront plus
d'argent. Le ministre des Affaires sociales
en aura moins besoin et il y en aura plus de disponible pour qu'il
puisse mettre de l'avant et réaliser des programmes du côté
économique.
M. BOIS: M. le Président, quant à nous, nous n'avons
aucune idée sur les omissions que le ministre et son personnel peuvent
faire. En réalité, nous ne nous arrêterons pas sur la
question administrative. Nous constatons, malgré tout, avec les
statistiques qui nous ont été fournies tout à l'heure et
que M. le ministre nous fera parvenir, en temps et lieu, qu'il y a certainement
augmentation des besoins sur le plan social, autant dans le volume, par
individu, que dans la quantité.
Il y a beaucoup de vrai aussi dans ce que l'on dit sur la question de la
distribution des partages du produit de la taxe entre le fédéral
et les provinces. Mais d'un autre côté, M. le Président,
nous constatons que cette répartition est surtout une question
administrative de la taxation. Cependant, ce que nous remarquons surtout, c'est
que nous vivons dans un système social et économique qui est
vicié par la base et qui fait la glorification d'un système qui
est faux.
A l'heure actuelle, même si M. le ministre voulait distribuer plus
qu'il n'a, il ne pourrait sans doute le faire, même si on appliquait cet
adage: "Aux petits des oiseaux, Dieu donne la pâture". En
réalité, si les biens de la terre ne sont pas accessibles avec un
système économique meilleur, même si M. le ministre est
très juste dans son administration et qu'il la fait, disons, avec la
plus grande franchise et la plus grande loyauté, autant à
l'endroit des citoyens du Québec que du gouvernement lui-même, je
pense bien que l'on ne réussira pas à équilibrer les deux
bouts, même si l'on parle de la classification de ceux qui peuvent
être aptes au travail et de ceux qui ne le sont pas. Ceci parce qu'en
réalité, dans l'administration du ministère des Affaires
sociales, je ne pense pas que cela constitue une lutte entre ceux qui sont des
personnes aptes au travail et les économiquement pauvres.
Pour autant que nous sommes concernés, nous aimerions que le
gouvernement, et nous le demandons très fermement, se penche vraiment
sur l'économique. Nous croyons que, par la suite, ce
système-là sera réglé et que le ministre pourra
certainement régler et ajuster d'une façon beaucoup plus
aisée la part de son budget dans celui qui constitue le total de la
province de Québec.
M. le Président, après ces quelques remarques, je dois
dire que nous approuvons les crédits supplémentaires qui sont
demandés par le ministre des Affaires sociales, mais j'aimerais beaucoup
que le gouvernement tienne compte des correctifs économiques à
apporter à la situation générale dans la province et que
l'on s'y penche ardemment dès que quelqu'un dans le cabinet des
ministres aura accepté d'en parler.
Merci, M. le Président.
M. LAURIN: M. le Président, pour ma part, je reprends à
mon compte la plus grande partie des commentaires du député de
Montmagny, que j'ai trouvés très pertinents, sauf peut-être
les dernières remarques qu'il avait à faire sur le revenu minimum
garanti que j'aimerais discuter davantage avec lui et avec le ministre quand le
moment viendra.
En écoutant le ministre nous défiler ses statistiques et
expliquer cette augmentation considérable du budget de l'aide sociale,
je vous avoue que j'avais un frisson qui me passait dans le dos. Surtout quand
on considère que l'augmentation considérable que nous connaissons
cette année fait suite à une augmentation presque aussi
considérable l'an dernier le député de Montmagny
l'a bien montré et que le budget a augmenté à ce
titre, à ce chapitre, de près de $150 millions en un aussi court
laps de temps.
Dans les explications que le ministre a données, il a
commencé par parler des caractéristiques principales de la loi
26. La loi 26, c'est la Loi de l'aide sociale. Pour moi, c'est la loi du bout
de la route, c'est-à-dire une loi qui vient après toutes les
autres. Après que nous connaissons les résultats de
l'organisation d'une société, des fruits de l'organisation de
cette société, une loi qui doit régler, si on veut, ce que
les autres lois n'ont pas été capables de régler, et qu'on
devrait régler, c'est-à-dire la situation de l'emploi, de la
main-d'oeuvre.
C'est une sorte de règlement de ce qui a été mis
sur les tablettes, de ce que l'appareil gouvernemental administratif n'a pu
absorber, n'a pu assimiler. C'est une loi de décantation, un culot, un
précipité qui reste après que la réaction chimique
a absorbé tous les éléments actifs. En ce sens-là,
c'est toujours une loi triste, une loi dont il est triste de parler
également. Surtout quand on considère que, dans ces 193,000
dossiers, il s'agit de familles, d'êtres humains, que nous connaissons,
qui viennent nous voir à nos bureaux, qui nous écrivent des
lettres, qui nous font des représentations par l'intermédiaire de
groupes, de comités.
En somme pour moi, c'est un assemblage de misères et de
déboires qui sont très tristes à considérer. Et
vous avez commencé par parler de la loi 26, évidemment, parce
qu'il faut bien que les gouvernements s'occupent de ces cas spéciaux qui
sont tous des cas difficiles. Il faut bien essayer de faire la meilleure loi,
et je pense que la loi 26, constituait une amélioration, malgré
tout, considérable, par rapport à toutes les autres lois que nous
avons connues. On a pris beaucoup de temps pour la faire, pour la discuter,
pour l'approuver, et ensuite on a pris beaucoup de temps pour faire les
règlements. Vous nous avez dit, M. le ministre, que les résultats
des 17 premiers mois de son aplication ont donné quand même des
résultats que vous estimez appréciables. Je retiens surtout dans
ce que vous avez dit, que ça a quand même conduit à une
égalisation interrégionale à la hausse, des prestations
qui ont été versées.
Evidemment j'aurais beaucoup de questions à vous poser
là-dessus. Etant donné que ce vous nous dites est une moyenne, ce
sont des statistiques qui, comme toutes les statistiques, donnent des moyennes.
Je vous poserai probablement des questions sur les résultats de
l'application de cette loi sociale région par région. Je me doute
bien que, dans certaines régions, elle a donné probablement de
moins bons résultats que dans d'autres. Il serait utile pour nous de
connaître les régions où elle a donné les meilleurs
résultats et les régions où elle en a donné les
moins bons.
M. CASTONGUAY: Je vous ferai parvenir les tableaux. D'accord.
M. LAURIN: De même qu'il est important pour nous de savoir
à quelle catégorie d'individus ou de familles ayant tel ou tel
besoin particulier, elle a le mieux profité, ou le plus profité,
et à quelles autres catégories d'individus ou de familles, elle a
le moins profité.
M. CASTONGUAY: On entre là dans un problème d'analyse de
statistiques où on n'a pas encore les outils en main, pour aller
à ce degré de raffinement. Nous travaillons activement, je vous
en ai parlé à un moment donné, à notre projet
d'analyse, et même d'assimilation, qui suit son cours mais n'est pas
encore appliqué. Entre-temps, on va être en mesure au cours des
prochains mois en janvier, le nouvel ordinateur est censé
être installé au ministère d'avoir graduellement des
statistiques. L'amélioration de nos données statistiques va se
faire sentir graduellement. On ne travaille pas uniquement au plan de
l'équipement, du personnel, mais aussi au plan de la programmation dans
ce domaine-là.
M. LAURIN: A ce sujet-là, je suis peut-être aussi bien
d'ajouter immédiatement la question générale que je
voulais vous poser. Est-ce qu'il serait possible d'avoir par région le
type d'information suivante? A propos des régions administratives, le
nombre d'assistés sociaux, par région, le nombre d'enfants
impliqués et, s'il est possible de pousser plus loin, nous donner aussi
la catégorisation c'est-à-dire combien dans ce groupe par
région, le nombre de mères seules, le nombre d'handicapés
physiques.
M. CASTONGUAY: Quand vous parlez des mères seules, vous voulez
dire qui ont charge de famille?
M. LAURIN: Oui, les veuves ou célibataires ou
séparées, ainsi que le coût d'assistance sociale pour
chacune de ces régions.
M. CASTONGUAY: Déjà, M. Garcia m'indique un tableau, je
vais vous faire envoyer un jeu de tableaux assez détaillé;
célibataires, coût par région. M. Garcia est ici, on a la
transcription, alors on le fera parvenir à chacun.
M. LAURIN: Dans l'évaluation de la loi 26, aussi, vous avez fait
état de changements que vous avez apportés au règlement en
cours de route.
Justement vous les avez apportés parce que votre ministère
a parfois constaté de lui-même, parfois à la suite des
représentations qui lui ont été faites, un certain nombre
de lacunes, ou d'insuffisances dans la loi dont vous avez tenté de
corriger les principales. Je suis sûr que vous admettrez avec moi qu'il y
en a d'autres qui tiennent justement au fait qu'on ne peut pas tout
prévoir, pour commencer, et deuxièmement qu'il y a certains types
de besoins qui ont été moins couverts que d'autres par rapport
aux contraintes de la réalité, par rapport à une
réalité qui évolue constamment. Nous aurons probablement,
j'aurai, en tout cas, des questions précises à poser
là-dessus au cours de la discussion qui suivra.
Dans un deuxième temps, vous avez tenté de vous
élever au-dessus de ce résultat global et toujours
déplorable du grand nombre d'assistés sociaux pour essayer
d'expliquer, jusqu'à un certain point, pourquoi on en est rendu à
ce point-là. Dans un premier temps, vous avez parlé de
l'incohérence du système qui touche aussi bien ce qu'on appelle
le système de sécurité du revenu que l'évolution de
la situation de la main-d'oeuvre, les façons qu'on a de nous rendre
compte de l'évolution de ce tableau.
Je dois vous avouer qu'ici, à l'inquiétude dont faisait
état le député de Montmagny, moi, j'ajouterais des
qualificatifs plus violents malgré la placidité et
l'équanimité et mon tempérament. J'ajouterais à
l'inquiétude, à la préoccupation dont a fait état
le député de Montmagny, une sorte d'impatience devant des
obstacles qu'on a déjà identifiés, qu'on a
déjà expliqués, qu'on a déjà
dénoncés, dont on aurait les moyens de se débarrasser mais
qui persistent quand même toujours sur notre route et qui nous
empêchent d'atteindre un objectif que non seulement vous, mais tous les
partis, ici au Québec, se sont fixés.
Je pense que je n'ai jamais entendu encore de plaidoyer aussi
éloquent pour la centralisation, l'uniformisation, la cohérence,
la globalité de nos lois sociales et en particulier de la
sécurité sociale que celui que vous nous avez fait très
froidement en énumérant les problèmes auxquels vous vous
êtes heurtés, problèmes que vous affrontez à tous
les niveaux, qui sont tellement nombreux qu'on les découvre à
tous les détours de la route si l'on peut s'exprimer ainsi. Ces
problèmes ont trait aux services de placement, à la façon
de faire les statistiques de l'emploi et de la main-d'oeuvre ou aux mesures de
sécurité du revenu ou à la Loi de
l'assurance-chômage. Jamais on a vu autant les articulations
réciproques de tous les programmes de sécurité sociale,
que ce soient ceux que vous administrez vous-même ou que ce soient ceux
qu'administre votre collègue du ministère du Travail. C'est
là qu'on se rend compte que ces
deux ministères doivent, pour une grande part de leurs
activités en tout cas, travailler constamment ensemble, la main dans la
main. Après avoir entendu ce que j'ai entendu ce matin, j'ajouterais
aussi le ministère de la Fonction publique puisqu'on se rend bien compte
qu'on ne peut pas traiter de ces problèmes-là sans
intégrer ou inquiéter le ministre de la Fonction publique.
Bien sûr, il y a là une conséquence du passé.
Si le Québec n'avait pas, en 1940, laissé à un autre
gouvernement sa juridiction sur l'assurance-chômage, il n'y a aucun doute
qu'on ne serait pas au point où on en est actuellement. Mais il y a
aussi un changement dans la nature des programmes. Je pense qu'en 1940, quand
on parlait d'assurance-chômage, on parlait simplement d'une caisse de
dépannage pour les employés qui avaient perdu leur travail. On se
rend compte qu'avec les additions successives à la Loi de
l'assurance-chômage et surtout avec la loi C-229 que
l'assurance-chômage est devenue un dispositif, un élément
extrêmement important, considérable du dispositif tout entier de
la sécurité du revenu et même de la sécurité
sociale. C'est donc devenu un élément sur l'échiquier, un
élément qui est beaucoup plus important, beaucoup plus
considérable qu'il ne l'a jamais été.
Il suffit d'ailleurs de voir les conséquences qu'aura la
réglementation qui va accompagner cette loi C-229 sur les
employés de notre fonction publique, les employés de
l'Hydro-Québec, par exemple, tous les employés des régies,
d'une part, et d'autre part, tous les employés des hôpitaux en
même temps que ceux des commissions scolaires, pour se rendre compte
à quel point il est très difficile de planifier l'assistance
sociale, la sécurité sociale, le soutien du revenu, la
sécurité du revenu, sans maîtriser cet
élément essentiel du dispositif. Je pense qu'on pourrait dire la
même chose sur l'articulation des divers services de placement. On
pourrait dire la même chose sur la nouvelle Loi d'assurance-chômage
qui, pour la première fois, empiète d'une façon
très directe dans votre domaine, qui est celui des congés de
maternité, des services sociaux et qui va encore vous compliquer la
tâche, outre l'élément que vous avez mentionné tout
à l'heure, celui de créer une sorte de quatrième service
de placement. Egalement, quand on parle de la façon dont se font les
enregistrements pour les services de formation professionnelle, à quel
point ça s'articule mal avec les besoins, les nécessités
et les activités qui sont le lot de votre ministère.
Je pense que ceci rend, non seulement, comme le disait le
député de Montmagny, la pression de plus en plus forte pour une
action qui doit venir au plus tôt, mais que cette incohérence ne
peut absolument plus durer, à cause des raisons que vous avez
mentionnées et sur lesquelles j'appuie à nouveau.
C'est-à-dire, non seulement les dédoublements de programmes
ce que nous connaissions déjà, avec tout le gaspillage
d'argent et d'énergie que cela provoque mais aussi le manque
d'articulation avec et cela a une conséquence immédiate
sur la misère des gens un nouvel élément sur lequel
vous avez mis l'accent aujourd'hui, l'incitation à des prestations plus
élevées dans tous les domaines.
Vous avez donné deux exemples extrêmement frappants de ces
incitations de prestations élevées et je crois que ça va
devenir de plus en plus terrible et malheureux en même temps parce que
nous avons le dernier bout du bâton, nous n'avons jamais l'initiative.
L'initiative est toujours prise ailleurs et on est obligé de supporter
les conséquences des actions, des initiatives entreprises par un
gouvernement qui a la priorité législative, qui a le pouvoir de
dépenser qu'on n'a pas, qui, en plus d'avoir la priorité
législative et le pouvoir de dépenser, a également une
marge de manoeuvre beaucoup plus grande que celle que notre gouvernement
québécois possède.
A cause de cela, on va toujours arriver à cette même
conclusion que des programmes vont nous être imposés, ils vont
justifier des dépenses trop élevées. Vous l'avez
d'ailleurs souligné avant d'aller à la conférence du 16 et
du 17 décembre. On va nous imposer des programmes qui coûtent
très cher et, après cela, on sera obligé de prendre la
suite, alors qu'on n'en a pas les moyens. Non seulement directement, mais
indirectement, puisque les bénéficiaires québécois
de ces lois fédérales vont avoir des points de comparaison qui
nous seront toujours défavorables, qui vont justifier leurs pressions,
leurs réclamations, d'une part, et qui, en même temps, vont avoir
sur eux le même effet que la publicité abusive que toutes les
compagnies à la télévision a sur les adultes et les
enfants, c'est-à-dire une stimulation souvent artificielle des besoins.
Ce nouvel argument psychologique et moral m'apparaît aussi important que
les arguments administratifs et les arguments législatifs que vous avez
apportés jusqu'ici.
Ceci me paraît donc un désastre dont nous mesurons de plus
en plus l'ampleur. Je ne sais pas quel moyen vous allez prendre ou nous allons
prendre mais je souhaite que cet état de choses qui, bien souvent, est
marqué au coin de l'arrogance, de l'intransigeance ou d'une
méconnaissance de nos besoins, va être saisi de plus en plus par
l'opinion publique, afin qu'on se sente, que vous vous sentiez soutenus par
cette opinion, pour prendre des mesures absolument essentielles. Bien
sûr, il y en a une qui me vient à l'esprit immédiatement:
l'occupation du terrain, planifier notre propre sécurité sociale.
Mais je sais que c'est extrêmement difficile, étant donné
cette marge de manoeuvre que nous n'avons pas, les fonds que nous n'avons pas
et une Constitution qui ne bouge pas. Mais je pense que, si notre population
devient de plus en plus consciente de cela, il va falloir que notre imagination
nous fournisse des moyens
inédits et ingénieux qu'on n'a pas encore
trouvés.
Dans un troisième temps, vous vous êtes
élevés à un niveau encore plus élevé, non
plus seulement l'incohérence d'un système déjà
très complexe entre santé, bien-être, soutien du revenu,
d'une part, et Québec et fédéral de l'autre, mais vous
êtes allés plus loin en disant: Au fond, les principes de
l'organisation économique, comment peut-on, dans une économie
moderne, créer de l'emploi, puisque, si nous ne parvenons pas à
créer de l'emploi, à mettre au travail les gens qui arrivent sur
le marché du travail, fatalement, quel que soit le système,
provincial ou fédéral, on va se retrouver au fond devant des
difficultés analogues?
Je pense bien que votre critique qui n'en était pas une
elle était peut-être implicite s'adressait aux
ministères à vocation économique. Vous invitiez à
une sorte de collaboration peut-être plus organique, plus constante entre
les ministères à vocation économique et les
ministères à vocation sociale qui sont plus souvent
obligés de ramasser les résultats ou de réparer les pots
cassés.
Moi aussi, j'espère que dans les années qui vont suivre,
on assistera à une coordination plus efficace entre les
ministères à vocation économique et les ministères
à vocation sociale. Nous pourrions ainsi faire diminuer, dans la mesure
du possible, avec les moyens qui sont les nôtres, si on ne peut pas les
étendre, le nombre des chômeurs d'une part, et d'autre part
augmenter, plus rapidement et avec plus d'efficacité, l'identification
des aptes au travail, articuler les demandes de ces aptes au travail avec le
réservoir ou le bassin des emplois disponibles comme le
député de Montmagny et vous-même l'avez souligné, de
façon qu'on en arrive à une politique articulée, non
seulement entre les grands ministères à vocation
économique et vocation sociale, mais que tous les ministères, au
point de vue de l'administration, soient capables d'en arriver à cette
concertation.
A ce point de vue-là, je pense qu'on est obligé aussi de
considérer la question du revenu minimum garanti, elle revient par
l'autre bout. Cette question est très générale
peut-être, comme le dit le député de Montmagny, il faut
prendre beaucoup de précautions avant de penser à l'instaurer
parce que, là aussi, on fait luire des espoirs, des appétits, on
ouvre une porte par laquelle beaucoup de gens vont s'engouffrer. Il reste qu'il
faudra peut-être en arriver à cette conclusion que le revenu
minimum garanti vaut mieux qu'une loi qui, en un sens, sera toujours
insuffisante, toujours palliative, toujours compensatoire, viendra post hoc. Au
moins, le mérite du revenu minimum garanti, c'est de pouvoir être
intégré dans une politique générale de
l'économie d'un pays, du fait qu'elle accroît le pouvoir de
consommation et qu'elle élimine des variables qu'autrement on est
toujours obligé de considérer et qui rendent plus complexe le
travail du législateur.
Il y a non seulement les avantages financiers immédiats pour les
pauvres mais il y a égale- ment les avantages économiques,
administratifs et même politiques d'une mesure comme celle-là. Je
sais que le moment n'est pas venu d'entamer cette discussion. Je sais que
peut-être les imbroglios, les obstacles dont vous parliez tantôt
constituent précisément un empêchement à pouvoir en
discuter d'une façon aussi rapide que vous le voudriez. J'imagine quand
même que ces obstacles, ces imbroglios ne pourront pas et ne devront pas
nous empêcher, nous retarder trop longtemps dans la discussion de ce
problème qui, pour ma part, m'apparaît véritablement
essentiel à cause, d'une part, des avantages que j'ai signalés et
aussi à cause des insuffisances de la Loi de l'aide sociale. Enfin,
à cause de ce que le rapport d'une certaine commission que vous
connaissez bien nous apprend et qui devient intolérable, c'est
l'augmentation et l'ampleur du taux de pauvreté au Québec. Il y
aurait là une exigence sociale à laquelle nous ne pouvons pas
nous dérober.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Vous nous aviez dit que le Régime de rentes
diminuerait le volume des allocations sociales. Mais en principe, en
général, de quelle façon peut-on penser que les assurances
sociales pourront diminuer les allocations sociales? Je vois que l'assurance
sociale, qui est payée à même un gain antérieur, va
augmenter le salaire minimum et, en augmentent le salaire minimum, vous
êtes obligés d'augmenter les allocations sociales. Je voudrais
savoir, parce que j'ai lu une de vos conférences à ce sujet, dans
quelle mesure l'assurance sociale, le Régime de rentes, le Régime
d'assurance-maladie, peut-être même le Régime
d'assurance-hospitalisation, pourraient être payés à
même les revenus. Dans quelle mesure le Régime d'assurance sociale
va diminuer vos allocations sociales?
M. CASTONGUAY: Non. Avant de passer au Régime de rentes, la Loi
des accidents du travail verse à des personnes qui, par suite d'un
accident ou d'une maladie dite professionnelle, sont devenues totalement
invalides. Si, avec la Loi des accidents du travail, vous versez à cette
famille, compte tenu de la présence de la femme et des enfants,
supposons $250. par mois, cela vous fait un revenu de $3,000 par année.
Dans la mesure où ce revenu est suffisant pour répondre aux
besoins, l'aide sociale est diminuée d'autant ou annulée. De la
même façon, dans le cas du Régime de rentes du
Québec, des rentes de veuves sont payées. Des rentes d'invalides
et des rentes à des personnes qui prennent leur retraite, à cause
de l'âge.
On sait que dans la Loi de l'aide sociale, nous avons un assez bon
nombre de bénéficiaires. Ce sont des veuves qui sont
obligées de rester à la maison pour prendre soin de leurs
enfants, les élever, des invalides qui, par suite de leur état de
santé, ne peuvent pas retourner sur le marché du travail.
Nous voulons hausser les prestations versées en vertu du
Régime de rentes du Québec. Dans la mesure où ces
prestations seront suffisantes ou plus élevées, ces personnes
n'auront pas à faire appel dans la même mesure à l'aide
sociale.
De plus, étant donné qu'au cours des cinq dernières
années dans le Régime de rentes ou la Caisse de
dépôt, les montants accumulés sont plus
élevés que ceux prévus par suite de la hausse des taux
d'intérêt plus élevée de ce qui avait
été anticipé. On peut qualifier cette accumulation de
surplus. Et on peut utiliser, à mon sens, ce surplus pour hausser ou
donner des prestations à des personnes qui n'ont pas pu se qualifier au
Régime de rentes du Québec parce qu'il n'existait pas. Les veuves
et les invalides qui, au moment où ils sont devenus veuves ou invalides,
n'ont pas pu bénéficier du Régime de rentes, il y a moyen
de leur apporter une aide additionnelle de ce côté. Dans la mesure
où, par ce régime, on apporte des prestations qui sont plus
élevées, nous allons avoir un fardeau moindre au plan de l'aide
sociale.
M. BOIVIN: Mais dans l'assurance sociale, en général, vous
dites que les intérêts ont augmenté sur les montants que
l'on a perçus, c'est une incidence si vous voulez. Mais, de façon
générale, quand vous remettez de l'assurance sociale; par
exemple, que le régime des hôpitaux devienne comme une
régie, que cela soit gardé sur le salaire. A force de remettre de
l'assurance sociale, vous affectez le salaire minimum. La personne à qui
on exige des primes pour ses assurances sociales, cela fait augmenter le
salaire minimum. Lorsque le salaire minimum augmente, vous êtes
obligés d'augmenter les allocations sociales.
M. CASTONGUAY: D'accord, mais quand je dis modifications au
Régime de rentes, c'est sans modifier le taux de contribution.
M. BOIVIN: Dans le cas présent.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BOIVIN: Mais je dis en général.
M. CASTONGUAY: A ce moment-là, on entre dans une tout autre
discussion où il y aurait pas mal d'autres éléments
à introduire. Aussi, je pense qu'il est exact de dire qu'un
régime comme les allocations familiales, il faut le financer. Il y a
aussi les taxes. Dans la mesure où les impôts, les revenus du
travail sont plus élevés, cela tire le salaire minimum un peu
plus mais cela supporte la demande du côté de la consommation.
La présence des régimes d'assurance sociale, depuis la
guerre, a eu un effet stabilisateur sur l'économie. D'ailleurs, on le
voit dans les discussions qui ont précédé
l'établissement des allocations familiales. C'était une des
principa- les raisons de répartir plus largement le pouvoir d'achat de
telle sorte que l'on ne se retrouve plus dans des situations de fluctuation
comme en 1929-1930.
C'est évident que, si l'on hausse les contributions au
Régime de rentes, cela va venir à avoir un effet sur le niveau de
salaires. Cela aura une pression à la hausse sur le revenu minimum mais
cela a beaucoup d'autres effets.
M. BOIVIN: Vous êtes obligés d'augmenter vos allocations.
Les gens se plaignent qu'il n'y a pas assez de différence entre le
salaire minimum et les allocations sociales que vous payez.
M. CASTONGUAY: On touche un autre problème, un autre point. C'est
tout le problème du revenu garanti auquel faisait allusion le Dr Laurin.
C'est celui auquel on veut s'attaquer par le régime d'allocations
familiales aussi, les allocations familiales étant payées aussi
bien aux personnes qui travaillent qu'à celles qui ne travaillent
pas.
Plus elles sont élevées, moins on est obligé d'en
tenir compte dans l'aide sociale et moins d'aide sociale entre en contradiction
avec le salaire minimum et l'incitation au travail.
UNE VOIX: Je suis tout à fait d'accord avec vous.
M. BOIVIN: Maintenant, dans les $89 millions que vous avez
demandés, est-ce que vous avez prévu une augmentation du salaire
minimum, parce que cela pourrait affecter considérablememt vos
allocations sociales?
M. LAURIN: Un autre ministère...
M. BOIVIN: Je voulais savoir les relations qu'il y a entre le
ministère du Travail...
M. CASTONGUAY: Nous discutons avec le ministère du Travail et il
est probable qu'à un moment donné, dans le mécanisme de
fixation du salaire minimurn, dans un délai pas tellement lointain,
cette détermination du salaire minimum se fera conjointement, parce
qu'il y a une incidence au plan économique dans le salaire minimum et il
y a aussi une incidence au plan social.
Il reste que, pour les fins budgétaires du gouvernement, le
salaire minimum est avant tout une ordonnance de payer tant. Dans les budgets
où l'on peut trouver des employés qui sont au-dessous du salaire
minimum, si on hausse le niveau, il faut rajuster les budgets. Mais ce n'est
pas le cas aux Affaires sociales, on n'a pas de travailleurs saisonniers ou
occasionnels ou...
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans ce que le ministre a dit au sujet du
Régime de rentes tantôt, est-ce que l'on peut prendre cela pour
une annonce de législation? Est-ce que c'est le
contenu de la future législation qu'il nous a donné?
M. CASTONGUAY: Une partie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une partie. Alors, cela va être plus
vaste que cela. Mais j'aime cela venir étudier les prévisions
budgétaires. Le ministre nous donne toujours des avant-goûts de sa
législation, soit qu'il le fasse consciemment ou...
M. CASTONGUAY: Vous ne pouvez pas dire que je suis cachottier, je vous
le dis à l'avance...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, le ministre...
M. CASTONGUAY: Et je m'attends même, dans un cas comme celui-ci,
de faire l'analyse des résultats avec vous. J'aurais pu, au cours des
dernières semaines d'ailleurs, j'ai été
tenté de le faire à quelques reprises discuter de ces
budgets...
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, cela ne nuit pas au
ministre pour passer sa législation parce que, déjà, nous
nous préparons mentalement avec les renseignements que nous obtenons et
nous nous conditionnons...
M. LAURIN: A ce sujet-là, M. le ministre, est-ce que vous
étudiez actuellement les propositions qui vont ont sûrement
été faites de salaires garantis pour les femmes seules, soit
qu'elles ont élevé leurs enfants, soit qu'elles ont perdu leur
mari et qu'elles sont privées de tous moyens de subsistance et que les
enfants sont encore avec elles?
M. CASTONGUAY: Si on se dirige vers le revenu minimum, il n'est plus
nécessaire d'examiner des catégories. Vous avez vu le projet de
loi sur les accidents du travail, où le salaire de la femme est
porté de $104 à $140. Cela touche un bon nombre de ces personnes.
Vous avez vu, aussi, pour le Régime de rentes, la même chose.
Alors, dans le moment, nos efforts se limitent de ce
côté-là, sur ce plan spécifique des femmes. Est-ce
qu'il serait possible d'envisager une étape avant d'aller plus loin vers
le revenu garanti, dans le sens de celui que vous mentionnez? J'ai des
hésitations parce que c'est relancer un autre programme transitoire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il n'est pas possible de raccourcir la
période de transition du Régime de rentes de dix ans, en tenant
compte des surplus?
M. CASTONGUAY: Les personnes âgées, en fait, si on regarde
l'allocation des ressources par les programmes de sécurité et du
revenu, ne sont pas celles, présentement, qui ont la pire allocation
parce que, si l'on prend à la fois la pension de vieillesse, le
Régime de rentes et elles ont bénéficié de
la période de transition le supplément du revenu garanti,
elles en reçoivent beaucoup plus, en fait, toute proportion
gardée, que d'autres personnes moins âgées, comme les
bénéficiaires de l'aide sociale. Le problème a souvent
été mentionné des personnes de 62 ans, 63 ans, 64 ans, les
invalides, les veuves, les enfants; l'effort sur les allocations familiales.
Etant donné que, depuis un certain nombre d'années, l'accent a
été mis de façon considérable sur les personnes
âgées au plan mesure de sécurité du revenu, je ne
crois pas que ce serait une allocation de ressources prioritaire par rapport
à d'autres besoins.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre pense qu'il y aura des
difficultés insurmontables, administrativement et financièrement,
à ce que l'âge de sécurité de la vieillesse soit
abaissé graduellement de 65 à 60 ans, en tenant compte du
Régime de rentes, du Plan de pension du Canada, du Régime de
rentes du Québec et des différents régimes qui
existent?
M. CASTONGUAY: D'abord, il me semble que j'ai
réfléchi sur ce plan-là les premières
questions que l'on doit se poser sont d'un autre ordre. Avec l'augmentation de
la longévité, l'état de santé de la population, le
type d'occupation, le marché du travail d'aujourd'hui, pas mal de
personnes atteignent l'âge de 60 ans en bien meilleur état
physique que ce n'était le cas anciennement. La diminution des heures de
travail, les services de santé, en tous cas tout cela y a
contribué. Est-ce qu'il est désirable, souhaitable de retirer du
marché du travail, à 60 ans, des personnes qui ont
peut-être moins de vigueur physique que les plus jeunes, mais qui ont un
bagage de connaissances, d'expériences, etc? Est-ce qu'aussi cela ne
pose pas un problème de loisirs, d'occupation, d'organisation de vie qui
est assez sérieux et qui devrait être examiné quelque peu
en plus des problèmes d'ordre financier ou administratif? Au plan
financier, baisser l'âge de la retraite de 65 à 60 ans signifie
une allocation de ressources énormes. Plus vous baissez dans les
âges, plus le nombre de personnes est élevé.
M. BOIVIN: Au sujet de l'idée dont vous avez parlé pour
les femmes, surtout devant les statistiques qui sortent actuellement du
fédéral et où l'on dit qu'une des grandes causes du
chômage, c'est l'emploi de la main-d'oeuvre féminine, est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu d'étudier la possibilité d'organiser un
salaire de la ménagère?
M. CASTONGUAY: C'est ce que M. Laurin mentionnait tantôt.
M. BOIVIN: Cela coûterait peut-être moins cher. La
mère au foyer est une cuisinière, une ménagère, une
infirmière qui diminuerait peut-être l'hospitalisation...
M. CASTONGUAY: Les allocations familiales vont être une incitation
à demeurer au foyer par la façon dont elles sont
proposées. Dans la mesure où les femmes, qui veulent aller
travailler, le font pour combler un salaire qui est insuffisant, si les
allocations familiales sont beaucoup plus adéquates ces salaires
insuffisants sont au bas niveau des revenus et les prestations les plus
élevées dans les allocations familiales proposées sont
à ce niveau-là cela tend dans le sens que vous mentionnez.
Ce sont les mères de famille qui vont recevoir ces allocations et cela
peut avoir une certaine incitation sur ce plan-là.
M. LAURIN: M. le ministre, je sais que vous faites actuellement
l'étude d'ajustements au règlement. Est-ce que vous pouvez nous
dire où vous en êtes rendu, quand vous pensez pouvoir prendre une
décision et, en particulier, est-ce que vous tentez d'ajuster les
besoins, par exemple, en nourriture, aux études scientifiques qui ont
été faites par exemple par le Montreal Diet Dispensary Club ou
d'autres organismes quant au contenu calorique et diversifié essentiel
d'une part, et d'autre part quant à l'augmentation, inflationnaire ou
non, du coût de la nourriture?
Il y a beaucoup d'assistés sociaux qui nous disent que ce qui est
prévu actuellement au règlement ne correspond pas à la
réalité.
M. CASTONGUAY: Je suis d'accord si on prend ça
spécifiquement ce que l'on appelle N.V.P.D. c'est plus bas
que les niveaux du Montreal Diet Dispensary. On s'en aperçoit, d'autre
part, par les besoins spéciaux. On est à les compléter
passablement, et on ne sait pas comment les familles font l'allocation à
l'intérieur. Une des choses qui est claire, c'est que les montants pour
les besoins spéciaux, les limites maximums fixées sont
généralement atteintes. On dit: Pour tel type de besoins, on peut
aller jusqu'à tant de dollars. Généralement, ce qui est
accordé tend vers le montant maximum. Il y a une pression très
forte sur les agents de sécurité sociale de ce
côté-là. Qu'en est-il de ces montants qui, une fois
obtenus, sont utilisés à d'autres fins? C'est une des choses
qu'il nous faut regarder. Autant il serait intéressant, utile et bon de
se rendre à ces niveaux-là, il n'en demeure pas moins que
ça pose tout le problème de l'allocation des ressources qu'on
peut consacrer à ce type de programme.
M. LAURIN: Les critiques que j'entends le plus souvent sont celles qui
ont trait à la nourriture. Le barème ne semble pas
répondre aux exigences de la réalité. Sur le logement il y
a aussi beaucoup de critiques. Surtout, par exemple, si un enfant quitte la
maison, ça ne veut pas dire qu'il faut changer de logis
nécessairement. Ils sont déjà tellement repliés sur
eux-mêmes que, même si un enfant part, le logement devient tout
juste, un peu plus habita- ble. A part ça, il y a le coût du loyer
aussi qui grimpe d'une façon plus rapide qu'on peut ajuster les
barèmes. La troisième critique que j'entends le plus souvent est
celle des besoins spéciaux, particulièrement en ce qui a trait
aux médicaments, en attendant que la loi soit en vigueur, et surtout les
prothèses.
M. CASTONGUAY: Du côté du logement, nous nous sommes rendu
compte d'abord que les paiements versés, dans les habitations à
loyer modique, variaient passablement selon les bureaux. En certains endroits,
les bureaux payaient $40 le minimum selon les règles de la
Société d'habitation du Québec; en d'autres endroits, ils
payaient selon les règles de la Loi de l'aide sociale. Il semble que les
règlements étaient appliqués d'une façon assez
stricte, particulièrement dans les grandes villes, avec le
résultat qu'il y avait très peu d'incitation, pour les offices
municipaux d'habitation, d'accueillir dans leurs logements des assistés
sociaux. Nous avons fait une entente avec la Société d'habitation
du Québec. L'arrêté en conseil a été
accepté hier soir et ça va être annoncé au cours des
prochains jours. Nous payons le même montant partout à travers la
province, c'est-à-dire $70, ce qui correspond à la moyenne des
revenus, dans les habitations à loyer modique, perçus par les
offices d'habitation. Là, on enlève une certaine pression sur les
offices d'habitation.
A ce moment-là, pour eux, prendre un assisté social ou un
bénéficiaire de la Loi de l'aide sociale ne signifie pas un
déficit possible. Ils partagent dans les déficits. Alors, cela
devrait avoir un certain effet sur le plan du logement. C'est un des gestes que
nous venons de poser qui n'est pas tout à fait inscrit dans les
règlements eux-mêmes.
Du côté des médicaments, vous entendez
peut-être des plaintes, je ne le nie pas. De tous les indices que nous
avons présentement nous voyons que la consommation des
médicaments au Québec augmente à un rythme
extrêmement rapide et non pas seulement pour les
bénéficiaires de l'aide sociale. Et là, il y a un
problème très sérieux. J'ai eu des données, j'ai vu
même des dossiers de pharmaciens, pour des familles, d'une consommation
de médicaments qui fait peur présentement, surtout de
tranquillisants. Il y a aussi une consommation qui m'apparaît inutile et
dispendieuse de vitamines chez les adultes, selon tout ce qu'on me dit. Je ne
suis pas médecin, mais on me dit que cela n'a à peu près
pas d'effets. Malgré tout, on en prescrit beaucoup. Nous avons saisi le
collège des pharmaciens et le collège des médecins de la
question. Dans le programme d'assistance-médicaments, je pense que nous
devrons nous interroger fortement sur le type de liste de médicaments
couverts, de même que sur les frais modérateurs possibles pour
certaines catégories de médicaments, parce que là, il y a
un problème qui dépasse la dimension étroite que nous
discutons.
Les gens, à mon sens, ne sont pas toujours en mesure de juger
s'ils ne prennent vraiment pas assez de médicaments. Tous les indices
nous montrent qu'ils en prennent probablement beaucoup trop.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a une augmentation?
M. CASTONGUAY: Là, il n'y a pas qu'un problème de
coûts. Lorsqu'on parle de l'assistance-médicaments, il y a
peut-être certaines lenteurs dans son implantation. Il y a un
problème qui, en tant que responsable de la santé, est
inquiétant. On ne doit pas poser de gestes trop hâtifs. Il y a un
phénomène très sérieux.
M. BOIVIN: Mais, est-ce qu'il y a une augmentation du prix des
médicaments ou de la quantité des médicaments?
M. CASTONGUAY: Dans la quantité. Il y a des augmentations de
prix. Il y a eu des augmentations. On en a signalé une il y a quelques
mois. Mais, il y a une augmentation dans la quantité de
médicaments, pas seulement chez les bénéficiaires d'aide
sociale, mais dans la population en général. Est-ce que c'est le
siècle dans lequel on vit, le mode de vie, les nouvelles habitudes? En
tout cas, c'est une forme d'échappatoire. Il se fait une très
forte consommation de tranquillisants.
M. LAURIN: Parlez-nous des prothèses, M. le ministre.
M. CASTONGUAY: Pour les prothèses, c'est une des choses que nous
examinons dans les règlements de la Loi de l'aide sociale. Nous nous
demandons si nous ne devons pas aborder le problème un peu
différemment, à mesure qu'on a étendu la couverture des
services d'assurance-hospitalisation, etc., si on ne doit pas l'envisager
plutôt sur ce plan-là. D'autant plus que dans certaines
institutions, les prothèses sont fournies gratuitement.
M. LAURIN: Je suis bien d'accord avec vous là-dessus. Une autre
critique que j'entends assez souvent, est celle des revenus permis,
assurance-incendie permise, assurance-vie permise. Il semble que la loi ne
corresponde pas toujours aux conditions existentielles des gens. Cela peut
placer en tout cas certaines familles dans certaines difficultés. De la
même façon aussi, quand un enfant part, soit sur le marché
du travail, ou pour poursuivre ses études, vous y avez fait allusion
tout à l'heure, est-ce que ce sujet-là est à
l'étude également?
M. CASTONGUAY: D'une part, on sait fort bien que bien des gens
reçoivent des revenus et ne les déclarent pas. Ils travaillent
une ou deux journées, ils prennent du travail occasionnel ou
irrégulier.
La limite est plus ou moins fictive dans leur cas. Dans d'autres cas,
c'est suivi de façon assez précise, assez étanche, et, au
niveau où ces revenus sont présentement, c'est relativement bas.
Mais là, on pose tout le problème. Si nous changeons dans ce
sens-là, nous nous en allons vraiment vers du revenu garanti et, si nous
sommes pour le faire, je pense qu'il faut le faire dans le contexte d'une loi
qui soit vraiment pensée dans ce sens-là.
C'est une des questions qui est à l'étude avec les
nouveaux modes, surtout le meilleur moyen au plan informatique qu'on est en
voie de se donner et les modèles d'analyse. Il n'est pas impossible
qu'au cours de l'année on fasse, dans un cas, une expérience
pilote dans une région donnée, pour voir quelles
possibilités s'offrent, par cette voie, de s'en aller vers le revenu
garanti.
M. LE PRESIDENT: Est-ce adopté?
M. LAURIN: Non, M. le Président. On se plaint aussi parfois, M.
le ministre, que la façon dont les assistés sociaux sont
accueillis dans certains bureaux laisse à désirer, que le
caractère de confidentialité des informations laisse à
désirer, que le nombre des informations qu'on demande, et la
façon dont on les demande, ne respecte pas toujours la dignité de
ces gens qui déjà se sentent humiliés. Je sais que vous
avez déjà été saisi du problème. Est-ce que
des correctifs ont été apportés ou sont
apportés?
M. CASTONGUAY: Déjà, si vous remarquez, les plaintes sont
moins grandes qu'elles ne l'étaient il y a un an. C'est
déjà un bon signe. Ceci vient d'un ensemble de facteurs. La
multiplication des bureaux a aidé, l'aménagement des bureaux
aussi. Les bureaux tels qu'aménagés d'après les normes ou
les plans des Travaux publics ne se prêtaient pas à la
confidentialité, à une réception des
bénéficiaires ou des personnes qui se présentaient
à ces bureaux. Alors, il y a eu des discussions et on a
sensibilisé davantage les Travaux publics sur la nécessité
de locaux plus adéquats, mieux aménagés. Il y a aussi
l'augmentation du personnel et sa formation. Il ne faut pas oublier que,
pendant la période où les pressions étaient les plus
fortes, les dossiers étaient en voie de révision, les gens
étaient impatients; il y avait un surcroît de travail chez le
personnel. Cette phase étant terminée et les agents connaissant
mieux la loi, la révision des dossiers étant terminée,
plus de temps peut être consacré aux
bénéficiaires.
Changement des modes administratifs. On travaille présentement
à la réduction du nombre de formules, ce qui prend beaucoup de
temps lorsqu'on ouvre un dossier d'un nouvel assisté social. Quand ces
formules administratives seront réduites en nombre, ça va donner
encore plus de temps.
Ce sont tous des éléments sur lesquels nous travaillons.
En discussion avec le Greater Montreal Antipolity Committee, nous avons fait
une
entente aussi à l'effet d'ouvrir sur une base d'essai des
comptoirs d'accueil, je ne me souviens pas du terme exact, "Hospitality Booth".
Je sais qu'on a fait une entente pour en ouvrir dans au moins trois bureaux. Je
ne sais pas ici si M. Robert... Est-ce que ça fonctionne
présentement? Bon. Alors, c'est une autre façon d'accueillir les
gens, les diriger, les aider, pour qu'ils se sentent un peu plus à leur
aise.
M. LAURIN: Est-ce que les comptoirs d'accueil donnent aussi aux
assistés sociaux l'information dont ils ont besoin?
M. CASTONGUAY: On a établi certaines ententes avec eux. On leur a
dit oui, mais vous n'irez pas par contre fouiller dans les dossiers et tout
ça. Ils ont dit: Très bien. Si je comprends, les résultats
sont bons.
UNE VOIX: D'ailleurs...
M. CASTONGUAY: Venez donc vous asseoir pour parler dans un des micros,
s'il vous plaît. M. Robert, que vous avez déjà
rencontré d'ailleurs.
M. le Président, quand nous avons mis en place ces comptoirs
d'accueil, avant de demander aux groupes communautaires d'envoyer le
délégué, il y a eu entre les délégués
et notre personnel de bureau, des réunions périodiques. Autrement
dit, les premières réunions entre notre personnel et les
délégués des groupes, ont été assez
difficiles. Maintenant, nous avons de ces comptoirs d'accueil à Verdun,
à Montréal-Nord et à Longueuil, et le rendement est
réellement, de part et d'autre, assez extraordinaire. Cela facilite
réellement le travail de l'agent de sécurité sociale,
à l'effet que toute l'information est donnée par le
délégué des groupes aux assistés sociaux.
Quand l'assisté social se présente, qu'il veut être
aidé, il a réellement toute l'information voulue. Il ne demande
pas l'impossible parce que les délégués lui ont fait part
des règlements.
M. LAURIN: J'ai une dernière question, M. le ministre. On a
constaté une certaine méfiance des assistés sociaux
à l'endroit de la Commission d'appel parce qu'ils ont souvent
l'impression que, s'ils s'adressent à cette cour-là,
nécessairement ou trop souvent, leurs prestations seront coupées.
Je ne sais pas ce qui est à la base de ce malaise mais ce sont des
représentations qui m'ont été faites à certains
moments.
M. CASTONGUAY: Il y a peut-être là un fait sans
être mesquin, je ne veux pas reprendre non plus l'expression des
non-instruits c'est qu'il faut rappeler qu'il est assez difficile de
transiger avec un certain nombre des assistés sociaux. Ils sont souvent
aigris, impatients. Ils ont une connaissance assez limitée de ce qu'est
une loi, des règlements. Ils portent aussi parfois des jugements qui ne
sont pas tout à fait exacts sur le traitement qu'une autre personne a
reçu et calculent qu'ils devraient avoir les mêmes
bénéfices.
Il y a, de ce côté-là, un aspect un peu difficile.
Ce sont des choses, je crois, que l'on vit à tous les niveaux; au niveau
des agents de sécurité sociale on le voit par les lettres
que nous recevons au niveau des bureaux régionaux, et au niveau
de la commission d'appel.
J'ai déjà, je crois, cité ici les statistiques de
la commission d'appel. On reçoit des rapports tous les mois. De
mémoire, je ne m'en souviens plus, mais il y a un certain nombre de cas
qui sont rejetés, un certain nombre de cas où l'appel est
maintenu, les prestations sont augmentées. Je ne crois pas qu'au niveau
de la commission il y ait beaucoup de cas où on réduit les
prestations.
Je ne sais pas si M. Savard ou M. Robert peuvent confirmer cela. Dans la
question de la commission d'appel, il y a à peu près 10 p.c. des
jugements qui sont maintenus. Quand on va à la commission d'appel, c'est
que la commission d'appel maintient le jugement, c'est-à-dire maintient
l'appel...
UNE VOIX: C'est ça!
M. CASTONGUAY: ... et l'on hausse les prestations. Dans 90 p.c., on
maintient la décision prise par la révision.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a des cas où on la réduit?
M. CASTONGUAY: Non, on ne la réduit pas.
M. LAURIN: J'aurais aussi une autre question. Dans la révision de
vos règlements, est-ce que vous envisagez de donner un peu d'argent aux
assistés sociaux pour les loisirs ou comme argent de poche?
M. CASTONGUAY: Dans la mesure où l'on a des niveaux pour les
besoins ordinaires qui sont inférieurs au niveau, disons, du Montreal
Diet Dispensary, à part de besoins spéciaux par exemple, l'achat
d'ameublement ou des choses comme cela.
Si on entre dans le niveau des loisirs, on est dans des besoins
ordinaires. Supposons qu'on donne $100 pour les besoins ordinaires alors
que d'autres normes nous indiquent que ce devrait être $120 si on
dit que dans les $100, il y en a $97 pour la nourriture, le vêtement et
$3 pour les loisirs, c'est fictif, en fait.
Tant et aussi longtemps qu'on n'est pas rendu à un niveau plus
élevé, je pense que, si on commençait à
disséquer les montants, ce serait tromper un peu les choses.
M. LAURIN: Une dernière question, M. le ministre. Est-ce que vous
avez l'intention de répondre à la lettre des femmes, chefs de
famille, de la région de Lévis?
M. CASTONGUAY: Je reçois beaucoup de lettres, mais je ne savais
pas que les femmes...
M. LAURIN: C'est une lettre à laquelle faisait allusion un
journaliste du Soleil dans son numéro du lundi 20 décembre 1971.
Il essayait de vous sensibiliser au problème des femmes, chefs de
famille, seules, sans moyens de subsistance.
M. CASTONGUAY: J'espère que, par tout ce qui a été
dit aujourd'hui, ça apparaît que nous sommes sensibilisés
dans une certaine mesure. J'espère bien aussi que les gens au bureau
vont y répondre.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. CASTONGUAY: Jean-Guy Villeneuve me dit qu'on y a répondu
hier.
M. LAURIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous aurions
aimé terminer avant la suspension des travaux. Il y aurait encore
quelques questions, les questions que nous avions posées au ministre en
Chambre, surtout les questions d'administration, les questions techniques, au
poste 3. Je ne sais pas si le ministre est en mesure de répondre, de
donner des documents.
Bureaux régionaux et locaux (suite)
M. CASTONGUAY: J'ai ici des données écrites.
Premièrement...
M. LE PRESIDENT: Je pense que le poste 17 serait adopté à
ce moment-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au sujet des postes 17 et 3, le
député de Bourget a posé des questions. En dernier, ces
questions avaient trait au poste 3, l'accueil, la réception dans les
bureaux. De toute façon, M. le Président, c'est l'habitude de
réserver un poste pour la Chambre. Disons que nous réservons le
poste 3 après avoir entendu la réponse du ministre.
M. CASTONGUAY: J'ai ici des tableaux, dès listes. Ici, on a
extrait, parce que ça été une séance assez dense de
questions l'autre soir, les questions du procès verbal de la Chambre. M.
Robert, me dit-on, sera en mesure de répondre à ces questions. En
plus, j'ai ici les listes spécifiques qui correspondent aux questions
où l'information devra être donnée par écrit. Il
semble qu'il y ait eu 17 questions dans cet échange très
agréable qui a duré à peu près cinq minutes.
M. CLOUTIER (Montmagny): On écoute.
M. CASTONGUAY: D'abord, la première question, c'est quel est le
mécanisme qui a été utilisé pour engager 250
employés occasionnels dans des postes régionaux et locaux?
Il faut faire un retour en arrière. Quand nous avons mis en
vigueur la Loi de l'aide sociale, nous avions environ 1,350 postes
d'autorisés. Maintenant nous devions nous baser sur une norme qui
était de 200 cas par agent de sécurité sociale. En plus de
cela, il y a une autre norme pour l'aspect clérical qui est un clerc
pour trois agents de sécurité sociale. Bien que nous ayons eu
à peu près dans ce temps 1330 postes d'autorisés, il nous
a fallu, selon cette norme, avoir à peu près 1600 personnes. Nous
avons donc embauché, en plus des postes qui n'étaient pas
comblés, des occasionnels. Ce personnel dont nous avons besoin, est
constitué d'occasionnels qui sont en place. En cours de route, nous
avons fait faire une étude du système et il a été
décidé que nous devions créer environ 245 nouveaux postes.
Mais en somme ce que nous avons fait, c'est que nous avons
régularisé une situation alors que les gens étaient
déjà en place. Quant à ces occasionnels, nous en ferons
des permanents aussitôt que les concours de recrutement seront
ouverts.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, si je comprends bien, il y aura des
concours et ces occasionnels pourront se présenter aux concours.
M. CASTONGUAY: Se présenter aux concours.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et s'ils sont acceptés par la Fonction
publique, ils seront élus. S'ils ne sont pas acceptés, ils
seront...
M. CASTONGUAY: Par la Fonction publique. Maintenant ces concours doivent
s'ouvrir au tout début de 1972, probablement dans la première
quinzaine de janvier. Ces concours de recrutement ont été tenus
dans deux régions: le Nord-Ouest québécois et la
région de l'Outaouais. Mais dans tout le reste de la province, tous ces
concours-là doivent ouvrir au début du mois de janvier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ceux qui venaient du
ministère de l'Education vont être obligés de subir
l'examen? Vous avez cela dans d'autres...
M. CASTONGUAY: Ce que nous appelons les surnuméraires du
ministère de l'Education.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CASTONGUAY: Il y a eu deux étapes. D'abord, il y a eu une
étape où nous avons embauché environ 110 personnes qui
nous ont été imposées par le ministère de
l'Education.
Sur ce nombre de 110, quelques-uns ont été mis à
leur retraite, nous en évaluons d'autres
comme employés marginaux, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent
pas donner le rendement voulu. Mais tout de même, sur 110, nous en avons
actuellement environ 70 qui sont très valables. Il y a une
deuxième étape. Il y a environ deux mois, on nous a
suggéré cette fois-ci 50 noms, mais il y avait une période
de rodage. Si le type ne donnait pas le rendement voulu, nous pouvions le
retourner. Sur 50 nous en avons gardé 26. Et ces 26 ont
été placés aux 245 postes qui ont été
créés récemment.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous voulez, M. Robert, prendre les
questions...
M. CASTONGUAY: Quelle a été l'expérience de l'essai
d'un nombre d'anciens professeurs d'école technique comme agents de
sécurité sociale? Je viens de répondre un peu à
cette question. Environ 70 sur 110 ont été très valables.
Combien ont-été mis à l'essai? Il y en avait 110, combien
sont demeurés? 70. Combien ont décliné une offre de cette
nature, et combien ont dû être remerciés en raison de
l'impossibilité de s'adapter? Personne n'a été
remercié. Il y a quelques cas actuellement à être
traités par la Commission de la Ponction publique. Si nous calculons,
nous avons fait des représentations en conséquence, comme
employés marginaux. Troisième question: Sur les 245 postes dont
il est question, combien d'enseignants occupent ces postes de caractère
permanent. Je l'ai mentionné tout à l'heure, 26. Combien y-a-til
d'agents de bureau dans les régions, dans les bureaux régionaux
et locaux? Pour la question agents de bureau, nous n'avons pas les
statistiques. Nous avons dit que nous avons deux classes de personnel, ce que
nous appelons les techniques et les clercs. Nous avons 478 clercs en poste
actuellement. Cinquième question: Quel est le nombre précis de
ces professeurs qui sont actuellement au service du ministère des
Affaires sociales? Alors c'est 96, 70 en fonction plus les 26 derniers. Les
autres sont encore au sein du ministère, ce sont des cas qui ne sont pas
réglés. On désire le dépôt de la liste des
245 fonctionnaires. Il n'y a pas 245 fonctionnaires en poste parce qu'il n'ont
pas encore été embauchés, quoiqu'il y ait des occasionnels
en place avant la création de ces nouveaux postes.
On vous remettra la liste telle que demandée, dates
d'engagements, bureaux, noms.
Maintenant quelles sont les qualifications requises pour devenir agents
de bureau?
J'ai la description des dossiers.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous nous la remettrez comme document.
M. CASTONGUAY: Décrire le processus d'engagement d'un directeur
de bureau. Y a-t-il concours? Dans la question de l'engagement d'un directeur
de bureau, non seulement c'est un plan de carrière, il faut qu'il ait
passé par l'avancement nécessaire et, pour occuper un certain
poste, il y a certaines normes. Il faut qu'il suive le plan de carrière
officiellement et, dans certains bureaux, c'est classe I. Dans certains
bureaux, c'est classe principale. Mais il faut qu'il soit qualifié pour
occuper ce poste-là.
On demande copie des avis de concours publiés à cette
occasion. Je crois que cette réponse peut vous être fournie.
Résumer le dépôt des avis de concours qui doivent contenir
les qualifications exigées. Combien de bureaux ont dû être
scindés au cours de l'année? Deuxième question: Combien de
bureaux ont été ajoutés pour fins d'administration de
poste? C'est à peu près la même question. Au cours de la
dernière année, nous avons ouvert 36 nouveaux bureaux et nous en
prévoyons, d'ici un an, dix nouveaux.
Le nombre de bureaux en fonction: 116 bureaux à travers le
réseau plus seize bureaux régionaux. Le nombre complet est de 245
postes permanents. A) les noms, B) les comtés, C) les bureaux où
sont envoyés ces gens-là, D) date de leur entrée comme
employés occasionnels, E) date où ils sont devenus permanents, F)
quelles ont été les qualifications requises, G) est-il possible
que la liste d'éligibilité émise par la Fonction publique
ait été déposée?
Je crois vous avoir fait part que ces postes ne sont pas encore
comblés. On va vous remettre la liste.
M. CLOUTIER (Montmagny): On veut avoir la liste d'implantation des
bureaux, les nouveaux bureaux ouverts et les nouveux bureaux à
ouvrir.
M. CASTONGUAY: Elle est dans le dossier.
Question 15 : A quel moment ont été terminés les
concours? Ils seront tenus au cours du mois de janvier. Question 16: Combien
d'employés parmi les 245 ont été l'objet d'une mutation,
c'est-à-dire du ministère de l'Education au ministère des
Affaires sociales? Je l'ai mentionné tout à l'heure. A même
ces 245 postes, 26. Question 17: Comment se fait-il qu'on ouvre un nombre de
bureaux additionnels et que les crédits sont demandés seulement
pour le personnel, où prend-on l'argent pour l'administration
générale? Quant à la location des bureaux, on
réfère le tout au ministère des Travaux publics. Liste des
nouveaux bureaux ouverts. On peut donner la liste facilement, c'est la question
numéro 18.
Question no 19: Les critères d'éligibilité des
agents de sécurité sociale établis par la Commission de la
fonction publique sont-ils établis en collaboration avec le
ministère des Affaires sociales? Quant aux normes de base de la
scolarité, le ministère des Affaires sociales n'a absolument rien
à dire, mais quant aux normes d'éligibilité, quant aux
fonctions à accomplir par un agent de sécurité sociale ou
un agent de bureau, c'est-à-dire un clerc il y a
réellement des communications avec le ministère des
Affaires sociales. Question no 20: Pouvez-vous nous assurer que les
normes seront plus élevées et spécifiques que dans le
passé? Je présume que c'est pour le recrutement du personnel.
J'ai fait allusion, l'autre soir, à l'analyse que nous avons
faite avec des étudiants à la maîtrise d'administration
à propos des tâches. J'ai dit qu'une fois que nous aurons des
résultats de cette analyse, nous allons demander à la Commission
de la fonction publique de réviser certaines de ces normes. Alors, on me
demandait: Est-ce que vous allez vous assurer que les normes vont être
plus élevées? Je ne suis pas en mesure de juger.
Une dernière question, no 21: Le programme de formation
élaboré est-il mis en application? Sinon, quand sera-t-il mis en
application? Ce programme-là est à l'étude depuis environ
six mois par un groupe de personnes assez spécialisées et nous
devons commencer le programme information-formation au cours du mois de janvier
qui vient.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, en terminant, ce
que je suggère, c'est qu'on nous remette les documents dont il a
été question et que nous adoptions tous les postes sauf le poste
3, que nous pouvons, comme d'habitude, réserver pour la Chambre, au cas
où il y aurait d'autres questions à poser avant l'adoption.
M. LE PRESIDENT: Alors, la séance est levée sine die.
(Fin de la séance à 18 h 15 )
Séance du jeudi 23 décembre 1971(Vingt heures
vingt-huit minutes)
M. OSTIGUY (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Projet de loi no 65 Amendements
M. LE PRESIDENT: Avant de céder la parole, il y a un amendement
ici.
M. CASTONGUAY: Je crois qu'il faut dire Commission des Affaires sociales
pour l'étude du bill 65 pour le journal des Débats.
M. LE PRESIDENT: Ah oui! Commission des Affaires sociales pour
l'étude du bill 65, il y a un amendement qui avait été
accepté ici. Pour le journal des Débats, je devrais lire le
texte. "Le titre: Loi de l'organisation des services de santé et des
services sociaux est remplacé par le titre: Loi sur l'organisation des
services de santé et des services sociaux!'
M. CASTONGUAY: La raison pour laquelle j'ai demandé au
président de procéder ainsi, c'est que dans la liste des
amendements que j'ai remis, on a fait les amendements aux articles mais le
titre n'apparaissait pas.
M. LE PRESIDENT: Alors, à l'article... vous avez les
amendements?
M. CASTONGUAY: Ils vont apporter une copie des amendements. Est-ce que
vous aimeriez que je lise les amendements au fur et à mesure sur les
articles où il y avait eu des questions?
Nous avions, à l'article 1, inséré dans la
deuxième ligne du paragraphe g), après le mot "installation" ce
qui suit: "autre qu'un cabinet privé de professionnel".
Pour le centre hospitalier, nous l'avions à l'article h) et nous
avons dit que, pour les centres locaux de services communautaires, on
introduirait le même membre de phrases. C'est l'objet de ce premier
amendement à l'article 1. Cela va? Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. CASTONGUAY: Le second, à l'article k), qui traite de la
définition de professionnel, remplacer dans les troisième et
quatrième lignes du paragraphe k) les mots: "exerce une profession
déterminée". Là on avait eu une certaine discussion sur le
sens de profession. On a donc suggéré que ce soit remplacé
par les mots "fait partie d'un groupement déterminé" pour ne pas
être lié par l'expression "profession" qui pourrait se
référer aux corporations professionnelles. Cela va?
Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LAURIN: M. le ministre, est-ce que cela signifie aussi que, dans
l'annexe qui paraîtra une fois que le projet de loi sera
sanctionné, que vous ajouterez les autres groupes qui vous ont fait des
représentations?
M. CASTONGUAY: L'autre jour, nous avions précisé
qu'après le paragraphe 10 de l'annexe ou la ligne 10, qu'on pourrait
ajouter deux groupements qui sont déjà formés ou qui font
l'objet de projet de loi: la Corporation des psychologues et la Corporation des
chimistes professionnels.
Alors, il est proposé dans la série d'amendements que ces
deux groupements soient ajoutés à la liste.
M. LAURIN: Il y avait d'autres groupes, aussi, qui ne sont pas encore
incorporés. Je parle, par exemple, des physiothérapeutes...
M. CASTONGUAY: Là, nous le ferons par règlement en vertu
du pouvoir réglementaire.
M. LAURIN: Vous le ferez par règlement.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. BOIVIN: Il y a les bactériologistes aussi.
M. CASTONGUAY: Mais ils ne sont pas groupés en corporation. Ils
n'ont pas une corporation au sens de la définition qui est donnée
ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais dans les projets de loi
déposés pour étude devant la commission, il reste les
denturologistes, les physiothérapeutes, les chiropraticiens, les
podiatres, les acousticiens en prothèse auditive. Cela, ce sont les
projets de loi déposés.
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il sera mal vu par les légistes
d'anticiper que vous allez adopter ce projet de loi au complet.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, d'accord. Le mieux que vous pourriez
faire, ce serait d'ajouter une autre annexe et de marquer: Projet de loi devant
la commission.
M. LAURIN: C'est cela que je veux dire, M. le Président. Si vous
vous réservez par règlement le droit d'ajouter, cela, je pense,
garantit l'avenir. Mais, je voulais simplement que pour l'annexe on puisse
inclure ceux qui sont déjà acceptés, dont les corporations
sont déjà connues.
M. GUAY: S'il y a une possibilité à mesure qu'ils seront
en corporation, à ce moment-là, comme on le demande, qu'ils
soient inclus, je n'ai pas d'objection.
M. CASTONGUAY: On n'a aucune raison, quant à nous, de limiter
cette liste-là, de les faire adhérer au conseil des
professionnels. Plus il va y avoir de monde qui discute ensemble à
l'intérieur de l'hôpital, mieux cela va être, quant à
nous. L'article suivant était l'article 3 et ici, après l'article
3 d)...
M. BOIS: Excusez, M. le ministre. Vous avez mentionné le
paragraphe 1 l), excusez-moi, il y avait un amendement à k), il y avait
1) après.
M. CASTONGUAY: Qu'est-ce qui était proposé à
1)?
M. BOIS: ... cabinet de professionnels. M. GUAY: C'est à
l'article 3.
M. CASTONGUAY: Alors, à l'article 3, le paragraphe d), lorsque
nous disons dans le texte de loi "à mieux adapter les services de
santé et les services sociaux aux besoins de la population et à
répartir entre ces services les ressources humaines et
financières de la façon la plus juste et rationnelle possible" on
a dit qu'il serait important d'ajouter, aussi, au plan des
particularités ou du déséquilibre régional. Alors,
nous suggérons que l'article se lise ainsi "à mieux adapter les
services de santé et les services aux besoins de la population". Et
là, nous ajouterons "en tenant compte des particularités
régionales et à répartir entre ces services les ressources
humaines et financières de la façon la plus juste et rationnelle
possible."
M. GUAY: On m'a posé une question, M. le ministre, que je
voudrais vous poser ce soir. Pourriez-vous donner un exemple de
particularité régionale?
M. CASTONGUAY: Particularité régionale? On en a eu une
très claire à un moment donné, qui a été
mise en évidence. C'est pour cela que je vous la cite, parce qu'il y en
a plusieurs autres. Lorsque je suis allé à Hull au cours de ma
tournée, on a fait ressortir le fait qu'il n'y avait pas de ressources
ou d'institutions pour les jeunes délinquants dans la région de
Hull.
M. GUAY: Alors, c'est ce genre de particularités qui peuvent ne
pas être les mêmes dans chaque région mais qu'on peut
retrouver un peu partout?
M. CASTONGUAY: C'est cela. L'article 4. On a fait remarquer avec raison
qu'à la première ligne l'expression "toutes personnes"
était au pluriel. Ce devrait être au singulier. On dit: Remplacer,
dans la première ligne, le mot "personnes" avec un "s", par le mot
"personne" au singulier. Adopté.
L'article suivant, c'est l'article 7. Si vous le permettez, je pourrais
faire lecture de l'amendement proposé et vous dire par quel
raisonne-
ment nous sommes arrivés à ceci. En fait, nous avions
comme article l'autre jour: "Toute personne a droit de consulter son dossier
médical dans un établissement ou, suivant le cas, son dossier
ayant trait aux services sociaux qu'elle a reçus d'un
établissement, sauf si le médecin qui traite cette personne en
ordonne autrement pour des raisons reliées aux traitements qu'on donne
à cette personne".
Alors, nous avions dit droit à la personne d'avoir accès
à son dossier, sauf si le médecin en ordonne autrement pour des
raisons reliées aux traitements. On a soulevé les arguments que
vous connaissez c'est vous qui les avez soulevés les
dangers. Je ne les reprends donc pas. Mais, après examen de la question,
nous nous sommes dit, nous en sommes arrivés à la suggestion
suivante, en définitive. Au lieu de donner un droit d'accès aux
dossiers et toutes les conséquences qui ont été
dites, une personne qui n'aurait pas accès à son dossier pourrait
en avoir besoin, forcément, pour diverses raisons, si on ne lui donne
pas accès à ce dossier, même sans créer un droit, et
que lui juge que c'est essentiel nous avons prévu une
procédure pour faire en sorte qu'il puisse l'obtenir.
Alors ça, c'est le premier mécanisme.
Deuxièmement, on a dit que le transfert des dossiers était
important. Etant donné qu'on légifère pour des
établissements, en premier lieu on met une obligation de transfert du
dossier d'un établissement vers un médecin ou un dentiste
conformément aux règles qui sont exposées. Alors le
dernier paragraphe de l'article 7 se lirait je ne sais pas si vous
voulez que je fasse la lecture: "Toute personne à qui un
établissement refuse l'accès à son dossier médical
ou à son dossier ayant trait aux servicces sociaux qu'elle y a
reçus, peut, par requête sommaire, s'adresser à un juge de
la cour Supérieure, de la cour Provinciale ou de la cour des Sessions
pour en obtenir communication". On ne met pas de droit à l'accès.
Ce sont les règles actuelles qui demeurent. Mais on prévoit cette
procédure. Le juge, quant à lui, ordonne à cet
établissement de donner à cette personne accès à
son dossier à moins qu'il ne soit d'avis qu'il serait gravement
préjudiciable à la santé de cette personne de prendre
connaissance de son dossier. Le fardeau n'est donc pas sur un médecin
identifié ou quoi que ce soit. Après avoir fait les consultations
nécessaires, le juge peut dire non. Il n'est pas obligé d'y
donner suite. Il peut, enfin, sur la procédure de transfert: "Toute
personne a droit d'obtenir d'un établissement où elle a
reçu des services qu'il fasse parvenir à un autre
établissement, ou à un médecin ou dentiste qu'elle
désigne, une copie, un extrait ou un résumé de son dossier
médical conformément aux règlements". Et là, si
nous avons mis "conformément aux règlements", c'est qu'il peut y
avoir des mécanismes de transfert pour que ce ne soit pas
interprété trop strictement et qu'un hôpital soit
dépouillé d'un dossier dont il pourrait avoir besoin.
Ce sont des règlements qui vont être rédigés,
qui vont être publiés avant d'être approuvés. Mais le
deuxième principe est celui du transfert des dossiers non pas
auprès du patient.
M. QUENNEVILLE: Quand vous parlez de dossier, est-ce que ça
comprend la radiographie?
M. CASTONGUAY: Cela fait partie du dossier.
M. LAURIN: M. le Président, je suis content de cet amendement
pour deux raisons. La première, parce que ça enlève au
médecin l'odieux d'avoir à refuser coup sur coup une autorisation
qu'un patient pourrait lui demander avec insistance. En agissant de cette
façon, ça ne détruira pas la relation thérapeutique
qui autrement aurait eu grandement à en souffrir. Deuxièmement,
c'est que ça introduit un tiers lorsqu'un conflit de cette nature peut
surgir et qu'un tiers est beaucoup plus en mesure, surtout s'il est juge, de
comprendre le bien-fondé soit de l'argumentation du patient, soit de
celle du médecin.
Car autrement, avec la première formulation, on aurait
demandé au fond à un médecin ou à un travailleur
social d'exercer un rôle qui n'est pas le sien. Le rôle d'un
médecin et d'un travailleur social est de soigner, et non pas
d'autoriser telle ou telle communication, d'accorder un droit en somme. Dans la
première formulation, on lui aurait demandé d'exercer une
fonction juridique, alors que, dans cette formulation-là, on demande au
juge qui est parfaitement habilité à remplir cette fonction
d'exercer une fonction juridique. En plus, je pense qu'humainement parlant
c'est beaucoup mieux, du fait que ça introduit une personne
d'expérience pour juger des facteurs de toutes les dimensions, des
problèmes qui peuvent se poser dans des cas de ce genre. Selon mon
expérience, quand un patient fait une requête de ce genre, il y a
toujours un problème humain qui se pose. C'est bon qu'on laisse le soin
d'en juger d'abord à un tiers, à quelqu'un qui a une grande
expérience humaine comme on peut supposer qu'un juge en possède.
Donc, cet amendement me satisfait.
M. BOIVIN: Moi, je trouve qu'il y a beaucoup d'amélioration dans
les amendements. Mais, il y a deux cas précis que j'avais
mentionnés. Un médecin attitré d'une compagnie d'assurance
aurait-il le droit d'aller au dossier, directement?
M. CASTONGUAY: On ne change pas la situation du tout par cet
article-là. Si vous remarquez, c'est simplement sur le transfert entre
un hôpital et un médecin ou entre deux hôpitaux. La seule
autre chose ajoutée est le fait qu'une personne qui tient absolument
à son dossier, pour une raison quelconque, peut
s'adresser à un juge pour l'obtenir. On ne change pas la
situation vis-à-vis des médecins des compagnies d'assurance ou
des examinateurs des compagnies d'assurance, ce sont les règles...
M. BOIVIN: Cela leur prend la permission du malade pour aller au
dossier. Maintenant il y a une autre chose à considérer. Est-ce
que l'établissement aura le droit de se servir du dossier du malade sans
avoir une représentation médicale, par exemple, en cour? Je
comprends qu'il peut y avoir des faits dans le dossier qu'il soit
nécessaire de porter à la connaissance de la cour pour
défendre l'établissement, pour que l'établissement se
défende. Mais, il y a un point où je voudrais que le patient ait
une certaine protection, que le dossier ne vienne pas contre lui non plus.
M. QUENNEVILLE : Il faut que vous soyiez relevé du secret par le
patient, en cour.
M. BOIVIN: Il doit y avoir des faits... Qu'un établissement ne se
serve pas du dossier à son profit.
M. QUENNEVILLE: Pas plus. C'est pour cela qu'ils envoient un
médecin. Il est possible qu'il soit nécessaire que des faits
sortent du dossier, en dehors du secret professionnel. Si vous voulez, s'il y a
eu des erreurs médicamenteuses, ou des choses comme ça.
Je ne voudrais pas que l'établissement n'ait pas la
possibilité de se servir du dossier, mais je voudrais que le patient ait
la protection aussi d'un médecin et d'un avocat pour un dossier qui
pourrait servir contre lui.
M. CASTONGUAY: On ne change absolument pas les règles.
C'était ça l'autre jour. Finalement...
M. BOIVIN: Je parle de l'établissement qui a la garde du dossier.
Est-ce qu'ils ont le droit de prendre le dossier du malade et de l'apporter en
cour?
M. CASTONGUAY: Non, les mêmes règles continuent de
s'appliquer. On n'y change rien.
M. BOIS: M. le Président, je reviens à la question de
l'assurance. C'est la même chose qui s'applique à peu près
partout. Je fais de l'assurance-vie. Pour transférer de l'information
à un autre médecin, au médecin personnel d'un individu,
à la suite d'un médecin examinateur de compagnie d'assurance,
ça prend une autorisation de transfert signée devant un
témoin, et sur du papier officiel à part ça.
M. BOIVIN: Je parle de l'établissement qui a la garde du dossier.
Voici qu'à un moment donné...
M. CASTONGUAY: Pouvez-vous me dire, docteur, quelles sont les
règles, présentement, selon vous?
M. BOIVIN: D'après moi, ils n'auraient pas le droit de sortir le
dossier sans la permission au moins du médecin. L'avocat peut le sortir
si le médecin qui représente le patient peut lui dire les
inconvénients qu'il y aurait à sortir ce dossier-là pour
lui à la cour.
M. CASTONGUAY: Il y a aussi l'autorisation du patient, à cause
des règles de la confidentialité. Si vous examinez, il y a un
seul article qui touche à cette question, c'est l'article 7. Si vous le
lisez tel qu'amendé, il n'y a absolument rien qui ne change ces
règles que vous venez d'énoncer, absolument rien, en aucune
façon.
M. BOIVIN: Même pour l'établissement.
M. CASTONGUAY: Même pour l'établissement.
M. BOIVIN: Et si l'établissement veut s'en servir, ça lui
prendra la permission du patient?
M. CASTONGUAY: C'est ça. On ne change pas les règles. Il y
a également, dans la sixième ligne du premier alinéa de
l'article 7 je pense que c'est le député de Saint-Sauveur
qui avait suggéré cet amendement d'ajouter les mots: "ou
encore" après "patient". Alors, ce serait insérer dans la
sixième ligne du premier alinéa, après le mot "patient",
les mots "ou encore", de telle sorte que la lecture soit la suivante: "Nul ne
peut en donner ou prendre communication, même aux fins d'une
enquête, si ce n'est avec l'autorisation expresse ou implicite du
patient, ou encore sur l'ordre du tribunal ou dans les autres cas prévus
par la loi ou les règlements". Il faut que ce soit bien clair que ce
sont des conditions séparées et non pas qu'elles
s'additionnent.
M. BOIVIN: Mais, "ou du tribunal" que vous ajoutez, est-ce qu'un
tribunal peut ordonner en ce qui concerne le secret professionnel?
M. CASTONGUAY: Sur l'ordre du tribunal...
M. BOIVIN: Est-ce que, en réalité, un médecin peut
se récuser derrière le secret professionnel? Mais si son dossier
y va...
M. QUENNEVILLE: J'ai été appelé plusieurs fois en
cour pour des situations comme celle-là. Pour représenter
l'établissement en cour cela prend nécessairement un
médecin. Il va y aller avec le dossier et il va être
lui-même lié par le secret. C'est de cette façon-là
qu'on procède habituellement.
M. BOIVIN: Ils mettent le mot "encore".
M. QUENNEVILLE: Je n'ai pas vu ça, "encore".
M. CASTONGUAY: "... ou encore...
M. BOSSE: Cela ne changerait rien. Quand le médecin vient en
cour, il vient sur l'ordre d'un tribunal. Il ne révèle que ce qui
est au dossier.
M. BOIS: J'avais demandé cette chose-là, M. le ministre,
afin de ne pas lier l'autorisation implicite du patient avec l'ordre du
tribunal. Ce que je voulais tout simplement, quand j'ai posé la
question, c'était de séparer les deux. C'est-à-dire que si
le tribunal demande quelque chose, le médecin, conformément
à sa discipline professionnelle, sera lié par son secret quand
même devant le tribunal.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. BOIS: Mais l'autorisation du patient et l'ordre du tribunal sont deux
choses séparées.
M. GUAY: Il faut remplacer la virgule par "ou encore", pour que ce soit
plus clair.
M. CASTONGUAY: On laisse la virgule, mais on ajoute "ou encore", pour
que ce soit plus clair que ce sont deux choses séparées.
M. CLOUTIER (Montmagny): On remplace la virgule.
M. CASTONGUAY: Après le mot: "patient", virgule. Il faudrait
transformer un peu le texte. J'ai le texte ici: Insérer dans la
sixième ligne du premier alinéa, après le mot "patient",
virgule, fermer les guillemets, les mots "ou encore".
M. BOIVIN: Est-ce que le juge devra avoir l'assentiment du patient?
M. BOSSE: Présentement, ce n'est pas nécessaire.
M. BOIVIN: Présentement, mais moi, je tiendrais à ce que
le secret soit gardé au patient.
M. CASTONGUAY: Ce sont les règles du code de procédure
civile qui s'appliquent quant au médecin. Il y a seulement le juge, pour
la bonne administration de la justice, qui peut exempter un médecin du
secret professionnel.
M. BOIVIN: Et même le médecin peut être
condamné.
M. CASTONGUAY: Cela n'est pas touché.
M. QUENNEVILLE: Si le juge délie le médecin, il n'y a pas
de problèmes.
M. BOIVIN: Il peut être condamné.
M. QUENNEVILLE: Non, pas après, je ne pense pas. Jamais je ne
croirai, voyons donc!
M. BOIVIN: Cela se voit, des médecins qui sont condamnés
à cause du secret professionnel.
M. QUENNEVILLE: Après avoir été délié
du secret?
M. BOIVIN: C'est-à-dire qu'il se tait, mais le juge le condamne.
Est-ce que ce n'est pas arrivé à une infirmière,
dernièrement, en cour? Elle n'a pas voulu parler et elle a
été condamnée.
M. BOSSE: Non, c'est une travailleuse sociale dont vous parlez.
Dernièrement, à la suite d'un accident survenu sur la rive
sud.
M. SAINT-GERMAIN: Le juge voulait la faire parler mais elle ne voulait
pas.
M. BOIVIN: Elle prétendait que c'était un secret
professionnel.
M. SAINT-GERMAIN: C'est cela.
M. BOIVIN: Elle a été condamnée quand
même.
M. SAINT-GERMAIN: Elle a été condamnée.
M. LAURIN: Elle a eu bien raison!
M. SAINT-GERMAIN: Là, je ne le sais pas! Une chose que je sais,
c'est qu'ils ne peuvent pas avoir raison tous les deux.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 17.
M. LAURIN: M. le Président, je regrette, le ministre n'a pas
apporté d'amendement à l'article no 16.
M. CASTONGUAY: Le regret est enregistré, M. le Président.
A l'article 17, on a suggéré, l'autre jour, de remplacer
"quotidiens" par le mot "journaux", alors c'est cela qui est fait
spécifiquement: "Il doit être ensuite publié sans
délai dans deux journaux circulant dans la région pour laquelle
le conseil régional est institué."
M. LE PRESIDENT: Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article...
M. GUAY: Un instant, M. le Président, j'aimerais une explication.
Pourquoi quotidiens
et non journaux? Sans doute, c'est parce que dans plusieurs
régions, il n'y a pas de quotidiens, ce sont uniquement des journaux.
Mais si c'est un journal qui, par exemple, circule au mois? Est-ce qu'il y a
des régions où il n'y a pas deux journaux, par exemple, comme un
hebdo?
M. CASTONGUAY: Cela n'a pas besoin d'être nécessairement un
journal de l'endroit. On dit deux. Dans le Lac Saint-Jean, par exemple, le
Soleil plus la Voix du Saguenay.
M. CLOUTIER (Montmagny): Régional, cela couvre une grande
région.
M. BOSSE: Cela circule dans toute la province.
M. LE PRESIDENT: L'article 21.
M. CASTONGUAY: A l'article 21, si vous vous souvenez, nous avons
ajouté un représentant des collèges d'enseignement
général et professionnel. Il s'agit de changer dans le premier
alinéa, la troisième ligne, "20 par 21". Après le
paragraphe a), ajouter le paragraphe b) "un par les collèges
d'enseignement général et professionnel" et tous les autres
paragraphes, vous allez changer leur numérotation, c, d, e, f.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 22.
M. CASTONGUAY: C'est encourageant quand tout le monde se presse de
donner son assentiment.
M. GUAY: Quand tout le monde a collaboré, quand le ministre a
aussi bien collaboré dans les amendements qui ont été
suggérés par la commission parlementaire, je pense que cela
va...
M. BOSSE: Ce sont des cadeaux de Grec, attention.
M. CASTONGUAY: A l'article 22, à la suite de ces changements, si
ma mémoire est bonne, pour qu'il y ait un meilleur équilibre
à la rotation, nous avions suggéré que huit des premiers
membres du conseil d'administration d'un conseil régional autres que
ceux qui sont élus par les maires, sont nommés pour un an.
M. LAURIN: A l'article 21 ou l'article 22, M. le ministre, il est trop
tard pour recommander qu'il y ait d'autres représentants que ceux
élus par les maires. Par exemple, je me rappelle la
représentation qui avait été faite par l'Association des
bureaux médicaux de la province de Québec qui aurait aimé
que des représentants des associations de bien-être ou des
associations de services sanitaires de la région soient aussi
consultés. J'imagine que vous avez aussi considéré cette
hypothèse.
Est-ce que je peux vous demander simplement la raison pour laquelle vous
l'aviez écartée dans vos délibérations?
M. CASTONGUAY: Tous ces groupements en fait, si on en fait la liste,
sont extrêmement nombreux. Si on commence à le faire par des
associations de professionnels, qui choisir à ce moment? Et d'autant
plus qu'à l'intérieur des établissements, les
professionnels ont leur structure, sont représentés ou peuvent
faire entendre leur voix au conseil d'administration.
Si on procède par des nominations en provenance de groupements
représentant les catégories de types de services, les organismes
sont plus ou moins dynamiques selon les régions, l'éventail des
types d'organismes qui fonctionnent au plan régional est très
différent et, encore là, qui choisir?
Il s'agit de voir une de ces listes pour voir jusqu'à quel point
il y en a. On l'a fait lorsqu'on a fait la consultation pour le conseil des
affaires sociales et de la famille et je me demande si nous n'avions pas plus
de 200 organismes.
Combien avait-on d'organismes? Est-ce que c'est toi qui as suivi cela?
Quand on a fait la consultation pour le conseil des affaires sociales et de la
famille? Le nombre d'organismes consultés dans les régions? C'est
certainement au-dessus de 200... peut-être 250.
M. LAURIN: C'est simplement qu'après le dernier comité
plénier, j'ai eu une sorte d'arrière-pensée. Je me suis
rappelé tout à coup que les maires en général n'ont
pas accordé beaucoup d'intérêt aux questions de
santé, de bien-être social. Lors de la dernière
conférence provinciale-municipale, il avait même été
question de retirer, dans un laps de temps déterminé, la
responsabilité des municipalités en ce qui concerne leur service
de santé. Je me suis demandé quels intérêts ils
auraient à ces services de santé maintenant qu'on leur retire
même les activités qu'ils exerçaient auparavant.
Mais, par ailleurs, je me suis rappelé aussi l'activité
assez remarquable de certains groupes, comme les conseils de
développement social qui sont nés récemment et qui ont
beaucoup d'activités, les bureaux médicaux également qui
ont manifesté beaucoup d'intérêt...
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez un commentaire. C'est que lors de la
première version, nous avions justement à l'esprit ces
organismes, les groupements socio-économiques.
On nous a dit: Qu'est-ce que c'est, si vous ne les définissez pas
plus précisément? On a voulu chercher un mode électif.
C'est pour cela qu'on a laissé tomber les groupes
socio-économiques parce que, comment limiter, dans la
définition,
seulement ceux qui sont dans le secteur de la santé et du
bien-être? Ce sont ceux qui s'occupent de l'organisation et du
fonctionnement des services et on va les retrouver par les autres
désignations, dans une assez large mesure. Il y a peut-être une
clarification nous avons constaté cela à la suite de
discussions et par les journaux lorsque l'on dit: Quatre des membres
sont élus pour deux ans par les maires. Ce ne sont pas
nécessairement des maires qui vont venir siéger. Ils ont toute la
latitude de nommer des individus qui ne sont même pas membres des
conseils municipaux. Ce sera à eux de le déterminer.
Maintenant, lorsqu'on a dit: On les retirera sur une certaine
période d'années, les services qu'ils ont, c'est que l'on voit
que, dans toutes les municipalités de la province, il n'en reste que
douze qui ont des services de santé, et organisés de façon
très différente. Il y a Montréal, Québec,
Outremont, je crois, qui ont des services raisonnablement organisés ou
bien organisés. Les autres, c'est à peu près nul. Ils sont
privés de l'unité sanitaire. Leurs citoyens se trouvent à
porter, en fait, des fardeaux différents et reçoivent des
services très différents. Au plan de l'administration de ces
services-là, pour cette raison et aussi pour des fins
d'intégration, on s'est dit: Nous allons les intégrer dans les
services ordinaires. Mais ils ont des préoccupations malgré tout,
et on le sent en les rencontrant, en discutant avec eux. Je comprends
qu'à la conférence provinciale-municipale, il y avait des
questions autres qui les préoccupaient, répartition du fardeau et
tout cela. Mais ils ont des préoccupations.
M. BOIVIN: Ils ont des préoccupations. J'ai été
maire pendant 23 ans et il n'y a pas une fin de semaine qu'un maire ne soit pas
pris avec des problèmes, en particulier, par exemple, en psychiatrie,
soit des intoxiqués ou des malades qui perdent la raison en fin de
semaine. Ils ont toujours des plaintes. Ils vont se préoccuper de nommer
des gens. La plupart nommeront le médecin.
M. CASTONGUAY: Il s'agit aussi vis-à-vis des services,
aussitôt que l'on fait des changements dans les services dans une
région, d'avoir les représentations des maires. Ils sont
généralement dans le portrait et ils insistent pour que l'on
établisse des services et voir à ce que ce soit bien
réparti. Ils défendent les intérêts locaux, et ce
n'est pas mauvais qu'il y ait cette voie-là qui vienne contrebalancer
celle qui quand on regarde les autres membres nous vient
plutôt de l'intérieur du système.
M. LAURIN: En somme, la suggestion que l'on pourrait faire à ces
organismes qui se disent et qui se veulent très dynamiques, ce serait
peut-être de faire, lorsque le moment des elections approche, des
représentations auprès des maires pour que le maire
suggère des représentants de leurs organismes à la suite,
justement, des services qu'ils ont rendus à la communauté, des
activités dont ils ont fait montre au cours des deux ou trois
années qui précèdent.
M. BOIVIN: Je ne vois pas, nécessairement, qu'ils nomment
quelqu'un qui est à la table du conseil. Ils vont nommer soit une
infirmière, soit un médecin, soit quelqu'un qui a...
M. CASTONGUAY: Un actuaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un ancien ministre. Je voudrais dire que, dans
mon comté, il y a une municipalité, celle où je demeure,
où le maire est une dame qui vient d'être élue et qui est
une infirmière. Elle est certainement sensibilisée, dans ce
cas-là, aux problèmes de santé et de bien-être.
C'est un cas que je souligne. Je n'ai pas les craintes du député
de Bourget. Peut-être que les maires, actuellement, ne sont pas assez
sensibilisés, mais il suffit qu'on leur donne une responsabilité
pour qu'ils reprennent conscience de l'importance, pour eux, d'assumer des
responsabilités que les municipalités ont déjà eues
mais qu'elles n'ont plus. Je pense que c'est un essai qu'il vaut la peine de
tenter du point de vue des...
M. LAURIN: On pourrait voir à l'expérience ce que cela
donne.
M. BOIVIN: Il s'agit du côté médical. Mais du
côté social, il n'y a pas une semaine qu'un maire n'a pas la
visite des travailleurs sociaux. Peut-être qu'à Montréal ce
n'est pas la même chose. Mais dans notre région, il s'impose que
la municipalité ait des représentants comme cela.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. CASTONGUAY: L'article 50. Alors, l'article 22 est adopté
aussi?
C'est ce dont nous avions discuté l'autre jour.
M. LE PRESIDENT: Article 50, adopté?
M. CASTONGUAY: Alors, articles 50, 51 et 52, nous avions dit "personne
majeure" dans chaque cas, pour le droit de vote.
M. GUAY: Ce n'est que pour éviter évidemment qu'il y ait
des personnes mineures, des enfants et des malades en psychiatrie?
M. CASTONGUAY: Maintenant...
M LE PRESIDENT: Articles 50, 51, 52 et 53, adopté?
M. LAURIN: Avec le regret qu'il n'y ait pas plus de représentants
élus.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Article 53, c'est le français qui est
corrigé dans le texte.
M. LE PRESIDENT: Article 58?
M. CASTONGUAY: Attendez un peu, l'article 58? Ah oui ! on avait dit que
les membres du conseil d'un établissement public élisent parmi
eux, chaque année, le président et le vice-président de
l'établissement. Maintenant on avait noté que, pour les
séances, pour les conseils régionaux, au cas
d'égalité des voix, le président avait un vote
prépondérant. On a suggéré que ce soit
ajouté ici, pour les établissements. Alors on suggère que
soit ajouté à l'article 58 un deuxième alinéa qui
se lit comme suit: "Au cas d'égalité des voix à une
assemblée des membres du conseil d'administration, le président a
un vote prépondérant". Alors c'était pour fins de
concordance.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 62.
M. CASTONGUAY: Cela n'a pas été discuté l'autre
jour.
On s'est aperçu en cours de route, en faisant la révision,
qu'avec trois membres du conseil d'administration de l'établissement
nommé annuellement par le conseil, dont un doit avoir été
élu, dans le paragraphe (a), et si on va à l'autre article dans
le cas des centres hospitaliers, nécessairement il doit y avoir
également un représentant du conseil des médecins et
dentistes et également du conseil des professionnels, que l'on gelait
à tout jamais le droit à tout autre représentant
d'être sur le conseil. C'est pour cela qu'on a mis quatre, rien que pour
que ce soit possible aux autres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Même dans le cas d'un
établissement affilié à une université à ce
moment-là, c'est encore gelé?
M. CASTONGUAY: Par contre on a pensé que c'était la
meilleure façon. Il y a une question de grosseur.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, pour fonctionner.
M. CASTONGUAY: Mais s'il est avec voix consultative dans le cas d'une
université, est-ce que l'on considère qu'il est vraiment membre?
Non.
M. LAURIN: Moi, j'aurais une autre remarque à vous formuler
là-dessus. On dit les formules du président du conseil
d'administration, du directeur général. Je sais bien qu'il faut
préserver l'unité de direction évidemment. Mais par
ailleurs, étant donné que le directeur général et
le directeur des services professionnels d'un établissement ont beaucoup
de questions à régler en commun, et que ce serait peut-être
difficile pour le directeur général d'informer le directeur des
services professionnels de tout ce qui s'est dit à la réunion et
étant donné que le comité administratif parfois peut avoir
besoin d'avoir des explications techniques, que le directeur
général ne peut pas donner parce que cela n'entre pas dans le
domaine de sa compétence, je me demande si ce ne serait pas utile
d'ajouter avec voix simplement consultative un droit de parole uniquement pour
le directeur des services professionnels, un peu comme conseiller technique et
un peu comme "resourceman", comme on dit en anglais. Ceci afin de pouvoir
donner des renseignements sur l'état de l'établissement ou sur
les problèmes qui peuvent se poser. C'est une suggestion que je fais au
ministre, c'est pour ajouter à l'efficacité du comité
administratif...
M. CASTONGUAY: Remarquez, moi...
M. LAURIN: ... sans mettre en danger cependant le principe
d'unité de direction sur lequel je suis tout à fait d'accord.
M. CASTONGUAY: Mon sentiment, pour avoir siégé à
certains conseils, c'est que si c'est un bon conseil, il fonctionne bien.
Aussitôt qu'on a besoin de quelqu'un pour des renseignements, on le fait
venir. Doit-on aller jusqu'à imposer ou spécifier dans la loi
qu'il doit y être? Est-ce qu'on devrait le mettre dans les
règlements, possiblement? Un bon conseil fait venir le comptable, quand
c'est le temps de discuter de comptabilité ou le directeur des finances,
ou le directeur des services...
M. BOIVIN: Cela va trop l'appesantir.
M. LAURIN: Remarquez que ça n'appesantirait pas tellement,
puisqu'il y a seulement cinq... mais...
M. CASTONGUAY: Maintenant, on peut le mettre par les règlements.
Au plan de la structure interne, on est allé au strict minimum et
intentionnellement, pour ne pas alourdir les structures à certains
endroits, peut-être artificiellement. Dans les règlements, on
pourra y ajouter un peu plus de souplesse, selon les cas, ou articuler un peu
plus.
M. LAURIN: De quelle façon, par exemple, est-ce que ça
pourrait se dire dans les règlements?
M. CASTONGUAY: Chaque fois, par exemple, qu'il est question de
présenter des rapports techniques touchant les services professionnels,
c'est le directeur des services professionnels qui devrait être le
premier appelé à les présenter.
M. LAURIN: Mais est-ce que ce ne serait pas quand même utile pour
le directeur du service professionnel de se rendre compte de ce qui se passe au
comité administratif, du genre de leurs préoccupations, de la
direction de leurs discussions? C'est une question que je pose.
M. CASTONGUAY: Vous voyez, il y a dans les règlements
actuellement un comité de régie qui est prévu. Là,
c'est à un autre palier. Là, on est vraiment au palier du conseil
d'administration qui, lui, forme un comité administratif pour des fins
purement administratives. Dans les règlements, on peut prévoir
que, pour l'administration courante, il devrait y avoir un comité de
régie de formé, composé de a), b), c), d). Il y a un
certain nombre de modalités. Est-ce que ma réaction est d'imposer
des structures qui, à certains endroits, par une loi, pour des raisons
particulières, fonctionneraient plus ou moins bien? Les
règlements nous donnent beaucoup de latidude pour tous ces
mécanismes-là. C'est pour cela que, dans la loi, au plan des
structures, on n'a pas voulu en ajouter...
M. LAURIN: Réduire ça au minimum.
M. BOIVIN: C'est souvent mis en cause aussi. Je comprends que quelqu'un
qui est mis en cause doive sortir, mais quand ce n'est pas lui personnellement,
ce sont ses services qui sont mis en cause.
M. CASTONGUAY: Et là, c'est vraiment un comité du conseil
d'administration.
M. LAURIN: Vous préféreriez que ce soit fait par
règlement. Ce serait votre intention d'établir par
règlement une participation...
M. CASTONGUAY: ... Là, il y a aussi un principe, c'est qu'on
ajoute au comité administratif un membre qui n'est pas membre du conseil
d'administration.
M. LAURIN: Oui, je comprends. M. CASTONGUAY: Evidemment.
M. BOIVIN: Un conseil d'administration a tous ses fonctionnaires quand
il en a besoin. Mais, il ne faut pas les obliger à ce qu'ils soient tous
là quand ils sont en cause.
M. LAURIN: Il faudrait que ce soit fait par voie de
règlement.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CASTONGUAY: On va regarder la suggestion et il y a tout un
équilibre qu'on va chercher de nouveau au plan de ces
règlements.
M. GUAY: Je pense, M. le ministre, qu'automatiquement on pourrait
prendre l'exemple d'une entreprise. C'est automatique, si on a besoin d'avoir
un renseignement uniquement sur la question des finances, on fait venir le
spécialiste des finances. A ce moment-là, je pense qu'une grande
partie de cela se fera automatiquement, comme cela se fait un peu ailleurs.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. LAURIN: Les remarques que je faisais, M. le Président,
s'appliquent à tout comité administratif de tout
établissement évidemment.
M. BOIVIN: J'ajouterai que les commentaires du député sont
quand même valables.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 69.
M. CASTONGUAY: Bon. A l'article 69, il a été dit l'autre
jour que, tout comme pour le directeur général des conseils
régionaux, il ne pourrait être bon que, dans certaines
catégories ou certaines classes d'établissements, le directeur
général doive s'occuper exclusivement des devoirs de sa
fonction.
Donc après le premier alinéa de 69, voici le texte qui est
proposé pour répondre à cette demande: "Les
règlements déterminent les classes d'établissements dans
lesquels le directeur général doit s'occuper exclusivement du
travail de l'établissement et des devoirs de sa fonction". C'est le
même texte que lorsqu'il fut question des conseils régionaux.
M. LAURIN: D'accord.
M. CASTONGUAY: Adopté?
M. BOIVIN: Si l'établissement est petit, par exemple?
M. CASTONGUAY: Là les règlements vont déterminer
les classes, alors pour les petits, c'est justement pour ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 71.
M. CASTONGUAY: Là, c'était sur la destitution du directeur
général. On a dit: Ce sont uniquement les deux tiers des membres
présents, ça peut devenir assez arbitraire et dangereux, alors il
a été suggéré les deux tiers de ses membres,
c'est-à-dire les membres du conseil d'administration. Cela se lirait:
"le vote affirmatif d'au moins les deux tiers de ses membres à une
assemblée convoquée à cette fin."
M. LE PRESIDENT: Adopté. M. LE PRESIDENT: Article 77?
M. CASTONGUAY: Les pouvoirs du conseil des médecins et dentistes
sont exercés par un comité exécutif formé de cinq
médecins ou dentistes désignés par le conseil des
médecins et dentistes, du directeur général de
l'établissement et du directeur des services professionnels. Et
là ici, on a dit: Voici, il se pourrait que ça crée des
problèmes s'il y a moins que cinq médecins. Alors, on dit que les
pouvoirs du conseil des médecins seront exercés par le conseil
des médecins au complet s'il y a cinq membres au moins, mais s'il y en a
plus que cinq, là, le fait de l'amendement est de dire que s'il y en a
plus que cinq, ils peuvent former un comité exécutif qui n'en
comprendra que cinq. Alors insérez, dans la deuxième ligne,
après le mot "dentistes" ce qui suit: Dans un établissement
comptant plus de cinq médecins et dentistes.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CASTONGUAY: Ici, on avait suspendu l'autre jour l'article 87, qui
n'apparaît pas dans les amendements proposés. Il y a eu une
certaine discussion, à savoir, au moment des explications, si j'avais
erré en interprétant qu'un tel contrat, j'avais mentionné,
n'était valide qu'avec l'approbation du conseil régional. Ce
n'était pas ça. On a demandé s'il n'y avait pas la
possibilité de donner certains pouvoirs à ce niveau aux conseil
régionaux. On en a rediscuté et, finalement, la conclusion
à laquelle on en arrive est que, s'ils n'exercent qu'un pouvoir comme
celui-là, ils peuvent l'exercer de toutes sortes de façons. Ce
n'est pas dans un ensemble de responsabilités où le conseil doit
établir un équilibre. Alors, on peut en allant à
l'extrême voir un conseil, si le contrat n'était valide que
lorsqu'il approuve, retenir l'approbation parce qu'il n'a pas d'autres
responsabilités, enfin, au plan de l'exécution. Ce ne nous
apparaît pas être quelque chose d'équilibré que leur
donner un tel pouvoir.
M. LAURIN: J'avais provoqué cette discussion en raison de mon
désir de voir le conseil régional exercer des
responsabilités plus grandes que celles que lui confiaient le projet de
loi. C'est la raison pour laquelle je comprends que, strictement, logiquement
parlant, ça peut être difficile de confier à un organisme
des pouvoirs qui dépassent un peu le mandat que lui confie l'article 16.
Dans ce sens-là, je comprends très bien les considérations
du ministre. Pour raison de concordance je suis obligé de me plier
à son avis, de ce point de vue-là, tout en regrettant encore une
fois que l'article 16 n'ait pas été amendé en
conséquence.
M. CASTONGUAY: C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas
proposé d'amendement.
M. LE PRESIDENT: Article 92.
M. CASTONGUAY: Nous avions eu une communication du Collège des
médecins. On nous mentionnait, d'une part, la formulation du premier
alinéa et deuxièmement, le Dr Boivin avait mentionné le
problème possible, la nécessité de l'immunité. Ce
sont les amendements que nous avons apportés. Ils visent à
corriger ces deux choses.
Le collège des médecins parlait non seulement de la
nomination mais du renouvellement. On me dit que lorsqu'on dit la nomination,
ça implique aussi le renouvellement. Il serait superflu de le dire.
M. LAURIN: Superfétatoire.
M. CASTONGUAY: Superfétatoire. C'est la raison...
M. BOIVIN: D'après le règlement de l'institution, est-ce
qu'ils pourront inclure qu'il y a une application tous les ans?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BOIVIN: Un renouvellement tous les ans. C'est là probablement
que ça se fera.
M. CASTONGUAY: On dit: "Tout établissement où existe un
conseil de médecins et dentistes doit instituer un conseil d'arbitrage
chargé de décider de tout conflit entre cet établissement
et les médecins-dentistes qui exercent leur profession concernant la
nomination et ça veut dire le renouvellement la
réinstallation ou le congédiement de ces
médecins-dentistes."
M. BOIVIN: Parce que je sais qu'actuellement les hôpitaux...
M. LE PRESIDENT: Adopté, l'article 92.
M. LAURIN: Une seconde, M. le Président. Est-ce que ça
tient compte aussi des problèmes qui peuvent être soulevés
par l'existence d'une convention collective, des griefs? Supposons qu'une
convention collective accorde telle prérogative à un
professionnel, une infirmière par exemple parce que les
infirmières sont syndiquées est-ce que l'article tient
compte de ça?
M. BOIVIN: Dans leur façon de procéder dans la convention,
les lois du travail s'appliquent.
M. CASTONGUAY: C'est vrai, c'est simplement pour les médecins et
dentistes.
M. BOIVIN: Ici, j'ai la déclaration d'un médecin.
M. CASTONGUAY: On ne touche pas les conventions et les
règlements, les dispositions
des conventions qu'ils peuvent toucher. En fait, c'est ce qu'on appelle
dans votre langage des privilèges d'exercice.
M. LAURIN: En somme, vous avez exclu de l'article tout ce qui touchait
les conventions collectives en remplaçant "conflit entre cet
établissement et les professionnels" par "conflit entre un conseil
d'administration et les médecins et dentistes", ce qui trouve à
exclure les autres professionnels. Et l'autre représentation que vous
nous avez faite aussi était sur ces fameux droits des médecins.
Je vois que l'article ne retient pas ce terme...
M. CASTONGUAY: C'est exact parce que ce sont des expressions dans le
langage courant mais ce sont des droits qui n'ont jamais été
inscrits dans aucune législation et on ne les touche pas ici. On
prévoit une procédure mais je ne crois pas que ce soient des
droits réels. D'ailleurs, on appelait ça aussi des
privilèges.
M. LAURIN: Oui et on peut même dire que ce sont des conditions de
pratique, les termes d'un contrat à intervenir entre un professionnel et
un conseil d'administration lorsqu'il est engagé en fin de compte.
M. CASTONGUAY: Oui. M. BOIVIN: C'est un droit...
M. CASTONGUAY: C'est à cause de cela qu'on l'a mis là au
nombre de lits bien souvent.
M. LAURIN: En somme, ce ne serait pas par un article de loi qu'on
devrait déterminer ça, ce serait dans un autre document à
intervenir lorsqu'on discute de l'engagement de quelqu'un. Cela n'a pas
à prendre place dans un article d'un projet de loi.
M. CASTONGUAY: Prenons dans l'hôpital x, le médecin, pour
des raisons de tout ordre, s'est vu attribuer 20 lits. Si on commence à
parler de droit, il peut dire qu'en permanence il a droit à 20 lits dans
cet hôpital pour ses malades. Mais je ne crois pas que ce soit ça
qu'on lise.
M. BOIVIN: Même pour l'entrée d'un médecin qui est
refusé par exemple, ça peut servir aussi.
M. CASTONGUAY: Cette procédure-ci? M. BOIVIN: Oui, il peut faire
un grief...
M. CASTONGUAY: Concernant la nomination.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté.
Article 129.
M. CASTONGUAY: Il y aurait le paragraphe o) semble-t-il, à la
septième ligne, il faut dire "celles" au lieu de "ceux".
Après le paragraphe o), il avait été
suggéré que, dans les centres locaux des services communautaires,
on prévoie la possibilité ou l'obligation d'établir un
conseil des médecins et dentistes, mais là, vu qu'il pouvait y en
avoir de diverses tailles, on avait convenu que ce devrait être fait par
règlement. Alors, le paragraphe qui est suggéré
après o) serait p) "imposer aux catégories de centres locaux de
services communautaires qu'il désigne l'obligation d'établir un
conseil des médecins et dentistes ayant les mêmes fonctions que
celles des centres hospitaliers et déterminer la composition de ce
conseil et de son comité exécutif s'il y a lieu.
M. LAURIN: Je suis parfaitement d'accord, M. le ministre, mais est-ce
qu'il ne vous semblerait pas utile d'ajouter aussi un "conseil des
professionnels"?
DES VOIX: Nous l'avons au paragraphe o). M. CASTONGUAY: Paragraphe o).
M. LAURIN: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe p), ça va? Adopté.
M. CASTONGUAY: Là, on change les lettres qui désignent les
autres alinéas.
M. LE PRESIDENT: Article 129, adopté.
UNE VOIX: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 152.
M. CASTONGUAY: Pour répondre à un voeu cher au
député de Montmagny, on a remplacé...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je traduisais à ce moment-là les
voeux chers à d'autres personnes qui ont été bien
identifiées.
M. CASTONGUAY: La toxicomanie et l'aide à la tempérance
par le...
M. LAURIN: On n'a jamais su le fond de l'histoire quand même!
M. CLOUTIER (Montmagny): L'alcoolisme.
M. GUAY: Est-ce qu'on pourrait demander, pour éclaicir le fond du
problème qui a plané l'autre soir peut-être pas le
problème, mais ce qui a fait sourire certaines personnes le
dépôt d'un rapport?
M. CLOUTIER (Montmagny): Si on veut ajourner la session, il faudra
remettre ça à la prochaine session.
M. GUAY: D'accord! Je ne manquerai pas de le soulever à la
prochaine occasion.
M. LE PRESIDENT: L'article 152, est-ce que ça va?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 153.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'article 153, c'est la même chose. Cela
va!
M. LE PRESIDENT: Article 154. UNE VOIX: C'est la même chose.
M. CASTONGUAY: Maintenant, il avait été dit aussi:
Insérer dans l'article 3, après le paragraphe b), un
alinéa qui existe présentement dans la loi. C'est une
énumération, il avait été dit de venir en aide aux
autres organismes institués dans le but de combattre l'alcoolisme et les
autres toxicomanies. On maintient un article qui existe dans la loi
présentée.
M. LE PRESIDENT: Article 154, adopté. M. CLOUTIER (Montmagny):
Adopté. M. LE PRESIDENT: Article 166.
M. CASTONGUAY: Ici on nous a fait remarquer... D'abord remplacer, dans
la première ligne, les mots "à un" par les mots "dans le cas".
L'article 159 s'applique dans le cas d'un établissement. Ce n'est pas
à l'établissement qu'il s'applique autre qu'un centre...
M. LAURIN: D'accord!
M. CASTONGUAY: Maintenant, à la suite de discussions ici sur
l'effet de cet article et après réflexion, il est important de
reporter la date au 30 juin 1973 parce que les négociations pour le
renouvellement des conventions sont en cours ou peuvent être en cours et,
si on ne veut pas leur imposer brusquement un nouveau régime de
négociations, il faut laisser l'année s'écouler. Sans
cela, on imposerait un nouveau régime brusquement.
M. LAURIN: Il y a en effet un bon syndicaliste de mon parti qui m'a fait
valoir cet argument et qui se rappelait son temps.
M. CASTONGUAY: C'est lui d'ailleurs qui me l'a souligné. On l'a
examiné avec raison.
M. GUAY: C'est une question de logique. M. LE PRESIDENT: Article 166,
adopté. UNE VOIX: Adopté. M. LE PRESIDENT: Article 168.
M. CASTONGUAY: A l'article 168, l'autre jour, si vous vous souvenez, je
vous ai mentionné, à l'article 149, que nous avions encore
certaines hésitations quant à l'abrogation de la Loi de
l'assistance publique, qu'il nous fallait faire certaines vérifications
et que je voulais avoir une opinion étanche sur ça avant que cet
article soit abrogé. J'avais demandé qu'on en suspende la
discussion. Alors, la manière de régler ce problème,
étant donné qu'il n'a pas été possible de voir si
l'abrogation de la Loi de l'assistance publique, de façon
définitive, ne créerait pas de problèmes, c'est de faire
en sorte que cet article 149 puisse entrer en vigueur à une date
différente de l'entrée en vigueur de la loi.
M. BOIVIN: Est-ce à cause des plans conjoints?
M. CASTONGUAY: Il y a eu aussi le fait que, dans certains cas, on fait
des paiements à des individus, dans les foyers par exemple, et on
invoque que ces demandes sont faites en vertu de l'article 4, de l'article 7 de
la Loi de l'assistance publique.
On a désigné aussi des institutions d'assistance publique.
Ce qui leur donne des exemptions de taxes, taxe sur les matériaux, taxe
de vente sur les matériaux, des choses comme cela en plus du fait du
Régime canadien d'assistance publique.
On ne voudrait pas abroger l'article sans être assuré que
cette loi-là n'a plus aucune utilité. C'est la raison.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. GUAY: Est-ce que l'annexe apparaîtra...
M. CASTONGUAY: Dans la loi.
M. GUAY: Oui. Maintenant je ne sais pas s'il n'y aurait pas lieu... Le
ministre nous a donné sa confirmation, il nous a dit qu'il serait
ajouté une corporation. Ce n'est probablement pas possible de l'inclure
à la loi et j'avais pensé, si c'est possible, d'indiquer toute
autre corporation professionnelle pouvant s'ajouter pour laisser quand
même une porte ouverte, remarquez bien...
M. CASTONGUAY: La porte est ouverte par les règlements. Attendez
un peu. C'est l'article
M. GUAY: L'article 1 j)?
M. CASTONGUAY: L'article 1 k): "Une personne ou des membres d'une
corporation mentionnés à l'annexe ou qui exerce ou qui fait
partie d'un groupement déterminé par règlement."
M. GUAY: Je vous remercie, cela vient de me rassurer une autre fois.
M. BOIVIN: Pour ajouter les corporations, est-ce que l'on ne pourrait
pas attacher cela à l'autorité du lieutenant-gouverneur?
M. CASTONGUAY: C'est cela. Par règlement.
M. BOIVIN: Par règlement, mais le lieutenant-gouverneur. ..
M. CLOUTIER (Montmagny): Etant donné que nous avons passé
tous les amendements, j'aimerais, avant de terminer, demander au ministre s'il
a pris connaissance du télégramme du Montreal Association for the
Blinds? Est-ce que le ministre a répondu à leurs craintes?
M. CASTONGUAY: Tout cela, c'est au sujet de leur service. Pourriez-vous
le relire, je le sais, je l'ai vu. Je n'ai pas...
M. CLOUTIER (Montmagny): Article 133 et article 134.
M. CASTONGUAY: Article 133 et article 134. "Re: Amendement Bill 65
urgently request assurance that sections 133 and 134 with their reference to
paragraph b) of section 11 permit the Government to support indigent blind
adults and children in residence as previously understood with officers of your
Department. Stop. Montreal Association for the Blind is a non profit
organization since 1910 and cannot change its status without risk of losing
substantial private support. Stop. If it is possible in the new Bill for the
Government to subsidize private profit making institutions we believe it should
also be possible for the Government to subsidize private non profit
institutions."
En fait, ils ont des craintes non fondées. On a vu qu'il peut y
avoir des institutions privées conventionnelles, sans but lucratif,
à qui on accorde une aide totale ou partielle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense bien que ce qu'ils ont voulu...
M. CASTONGUAY: C'est évident qu'il va falloir qu'ils changent
leur conseil d'administration sans cela...
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. CASTONGUAY: ... si on passe la loi pour tout laisser en place.
D'ailleurs, vous connaissez toutes les rivalités qui existent dans ce
secteur.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CASTONGUAY: Au plan financier, c'est le problème qu'ils
soulèvent. La réponse c'est oui. S'il y a des craintes
sous-jacentes à cause du fait que nous voulions ajuster leur conseil
d'administration, on s'est entendu que c'est cela le but de la loi, on ne peut
revenir en arrière.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non. Les craintes qui ont été
portées à notre attention et probablement à l'attention du
ministre aussi, depuis que la nouvelle version a été
déposée, depuis que nous étudions le projet de loi, ont
trait surtout à l'article 2, à savoir les organismes qui sont
exclus dans certains cas. Exemple, l'Institut national canadien des aveugles en
est un qui obtient des souscriptions populaires et je pense bien qu'ils sont
couverts par l'article 2, parce que leurs activités sont
supportées principalement par des souscriptions publiques.
Ils sont aussi subventionnés dans le cas en particulier, des
organismes familiaux, comme l'UIOF ou la Fédération des unions de
familles. En fait, tous les organismes familiaux sont des organismes
bénévoles dont la majeure partie du budget est constituée
de souscriptions publiques mais ils ont aussi des subventions du gouvernement
qui sont importantes. C'est pour cela qu'on nous a demandé si on
était couvert par l'article 2. Dans tous les cas, je répondais:
Oui, même si la subvention gouvernementale pouvait représenter
plus que 50 p.c. de leur budget.
M. CASTONGUAY: Dans le cas où l'on parle d'associations qui
existent pour des fins d'éducation, de participation, d'information, on
ne vise pas cela. On vise des services ici. C'est cela qui est important. Par
l'article 2, on peut les exclure si ce ne sont que des activités de
cette nature-là. D'ailleurs, c'est cela le but. Tous ces organismes
d'éducation, d'information, de participation, de consultation, en fait,
cela, je l'ai dit souvent, même si on leur donne des subventions pour
qu'ils jouent leur rôle, et qu'ils se structurent le but de la loi n'est
pas de les toucher, de les encadrer. La loi vise les organismes dispensateurs
de services.
M. CLOUTIER (Montmagny): Là, on voulait avoir des
précisions, c'est en regard de la partie du texte de loi qui dit:
"supportées principalement par des souscriptions publiques." Il arrive
que plusieurs de ces organismes reçoivent une subvention importante du
gouvernement et la subvention gouvernementale est plus importante que la
souscription publique. Alors, ils nous ont dit: Est-ce que ce serait un
argument pour le gouvernement ou une raison pour le gouvernement de dire: Il
faudra que la subvention que l'on vous accorde soit moins importante que...
M. CASTONGUAY: Il y a rien...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre n'a pas poussé le
raffinement jusqu'à utiliser un texte de loi pour réduire la
subvention, alors que ce n'est pas l'idée du tout.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs, c'est clair par la nature de ces associations
qu'il ne s'agit pas d'une loi qui leur serait appliquable. Disons, que lorsque
l'on parle de la structure interne des établissements, c'est clair.
Maintenant, ils ont peut-être autre chose à l'esprit. On a
établi certaines règles pour l'octroi de nos subventions si l'on
veut que vraiment cela devienne des organismes dynamiques. Mais au lieu
d'appliquer des règles, des contrôles sur la façon de
dépenser leur argent cela pourra bien souvent les orienter dans leurs
activités à cause des subventions qu'on leur donne dans un sens
différent de celui dans lequel eux jugent bon de s'orienter. C'est qu'on
établit des règles où on leur dit: On va vous donner tant
si vous obtenez tant. En plus de cela, si les gens ne veulent pas contribuer
à un type donné d'activités d'une association, c'est donc
signe qu'il y a quelque chose de sérieux quand on pense aux associations
traditionnelles où presque tous les fonds vont à des frais
d'administration. Il y en a un certain nombre qui ont la vie dure et qui
existent presque en vase clos. Continuer à les subventionner
indéfiniment, je pense que l'on peut se poser des questions.
M. BOIVIN: Est-ce qu'un hôpital public pourrait disposer d'une
certaine section pour faire de l'hébergement sans que le gouvernement
ait à payer pour ces personnes?
M. CASTONGUAY: Bien, il faudrait... attendez un peu.
M. BOIVIN: Cela a déjà été demandé,
je pense, au Jeffery Hale.
M. CASTONGUAY: La meilleure des façons, à ce
moment-là, ce serait de former une corporation séparée.
Pour changer la vocation il faut qu'ils aient la permission... payer ou ne pas
payer. Ils peuvent l'avoir... Il faut qu'il y ait contrôle. On ne peut
pas changer la vocation d'une partie de leur hôpital sans...
M. BOIVIN: Pour la changer, est-ce que vous êtes obligé de
former une corporation?
M. CASTONGUAY: Il faut qu'ils aient l'autorisation. C'est une question
d'ordre général.
M. BOIVIN: Alors ils peuvent héberger à même les
lits qu'ils ont, à condition qu'ils aient la permission.
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Alors la séance est levée
sine die.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais souligner, M. le Président,
que le premier ministre tenait à assister à la fin de nos travaux
et à remercier l'Opposition de sa collaboration.
M. LAURIN: Le premier ministre est à la veille de dire: "Finis
coronat opus".
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Comme on vient de discuter évidemment d'une loi
très importante et que toute loi peut être amendée, comme
je l'ai déjà souligné au cours de cette commission, qu'on
n'hésite pas à y revenir aussi souvent que nécessaire pour
corriger ce qui a pu échapper à l'oeil attentif du
législateur. Et on voit s'ajouter le premier ministre, je pense que cela
se confirme.
M. CASTONGUAY: En fait, j'ai déjà mentionné,
à ce sujet, que la Loi de l'assurance-maladie a été
adoptée en juillet 1970, ou juin 1970. Il y a eu quatre lois par la
suite qui ont eu des effets dans ce secteur-là...
M. LAURIN: Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
polissez-le sans cesse et le repolissez.
M. BOURASSA: Juste un mot pour féliciter, d'abord, le ministre,
du travail considérable qu'il a fait dans l'une des lois les plus
importantes, je pense, que l'on va adopter au cours de la session et, avec le
bill 28...
M. LAURIN: L'adopter.
M. BOURASSA: ... et féliciter évidemment la collaboration
qui a été apportée par les partis de l'Opposition et qui
s'est faite d'une façon particulièrement constructive et sereine,
nous donnant un signe de la confiance que l'on peut avoir dans les institutions
parlementaires et de l'avenir qu'on peut donner au travail des commissions
parlementaires.
M. CASTONGUAY: Sans faire de pathos, j'aimerais remercier les membres de
la commission. On a fait un travail extrêmement agréable et
constructif et c'est exact que nous avons bénéficié du
travail de tous les membres de la commission. On en a encore un exemple avec
l'article 7, ce soir, où la discussion nous a permis d'améliorer
grandement cet article-là.
Alors, je voudrais vous remercier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Probablement que le ministre des Affaires
sociales a les meilleurs légistes aussi de tous les
ministères.
(Fin de la séance à 21 h 38)