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Commission permanente des Affaires sociales
Etude des règlements de la loi no 65 sur les
services
de santé et les services sociaux
Séance du 15 septembre 1972
(Neuf heures quarante-quatre minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! La commission des Affaires sociales se
réunit, ce matin, pour continuer à étudier les
règlements du projet de loi 65. J'inviterais l'honorable ministre
à nous adresser quelques mots au début de cette
séance.
Déclaration de M. Castonguay
M. CASTONGUAY: Merci, M. le Président. Lors de la dernière
séance, nous avons fait une revue d'un certain nombre de modifications
que nous nous proposions d'apporter au projet de règlements. Depuis
cette séance, tenue mercredi dernier, il y a neuf jours, nous avons
poursuivi le travail d'analyse des suggestions qui nous ont été
formulées. Nous avons notamment rencontré, tel qu'il avait
été convenu, les responsables de l'Association des
infirmières; nous avons eu une rencontre extrêmement positive.
J'espère qu'elle sera également considérée comme
ayant été fructueuse.
Nous avions, lors de la dernière séance, convenu
qu'à cette séance-ci je vous remettrais une copie du projet de
règlements dans l'état où il est présentement. Par
contre, j'avais mentionné mon désir de reprendre, au terme de la
séance, le projet, étant donné qu'il s'agit d'un document
de travail. Si nous voulons être vraiment sincères, la
séance de ce matin peut donner lieu à d'autres modifications.
C'est pourquoi j'aimerais reprendre le document de travail, de telle
sorte qu'il ne circule pas et qu'on ne donne pas des interprétations au
projet de règlements qui seraient inexactes. Notre travail doit se
poursuivre; il y a encore une certaine série de questions où, au
ministère, nous nous interrogerons également à savoir
précisément ce que nous devons faire par rapport à un
certain nombre de règlements.
En plus des suggestions que vous pourrez nous faire, il y a
également un certain nombre de questions où notre jugement n'est
pas formulé de façon définitive. Il y a aussi la
rédaction des textes qui, à certains endroits, peut
mériter d'être précisée quant à la forme ou
encore pourra comporter des modifications, selon les avis que les
légistes du ministère pourraient donner.
Pour toutes ces raisons, je préférerais qu'au terme de
cette séance nous reprenions le document de travail.
Je voudrais aussi souligner je ne sais pas si c'est la coutume
mais je crois qu'il y a lieu de le faire le travail qui a
été effectué par les officiers du ministère dans la
préparation de ce règlement. Il s'agit là d'une
tâche considérable qui a été effectuée dans
des délais relativement courts. Ceci ne signifie pas que le travail a
perdu en qualité par suite de ces délais mais ç'a
exigé un effort considérable de rédaction, d'analyses des
représentations qui ont été formulées, de
discussions avec différents groupes pour bien nous assurer que nous
saisissions bien ce qui nous avait été formulé. Il y a eu
là un travail extrêmement méticuleux et je voudrais le
souligner ici devant les membres de la commission.
Quant à la procédure à suivre, M. le
Président, l'autre jour nous avons pris le projet et, section par
section, nous avons analysé les modifications. J'ai fait état des
modifications que nous proposions d'apporter et vous avez, les membres de la
commission, soit posé des questions, soit formulé des suggestions
au fur et à mesure que nous avons procédé. Ceci est
dû au fait qu'il s'agit d'un règlement et que les questions ne
sont pas nécessairement reliées étroitement les unes aux
autres.
Pour la même raison, je suggérerais ce matin que nous
procédions de la même façon et que nous passions le
règlement section par section.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le ministre vient de
nous remettre un autre document très volumineux qui comporte le texte
original du règlement et les textes suggérés avec les
commentaires. Evidemment, c'est un document de travail que nous aurions
aimé revoir à partir des commentaires que nous avons faits lors
des deux premières séances et aussi en nous
référant aux nombreux mémoires qui ont été
produits à la commission parlementaire.
C'est une liste de 105 mémoires que je vous avoue humblement ne
pas avoir eu le temps de lire au complet depuis une semaine, étant
donné que nous avons dû siéger en commission parlementaire
tous les jours ouvrables des commissions parlementaires. C'est la
quatrième journée de séance cette semaine et il y en a eu
la semaine dernière. J'enlève évidemment les
journées de fin de la semaine ou chaque député doit
retourner dans son comté pour rencontrer ses électeurs et faire
son bureau de comté.
Tout cela pour vous dire que nous sommes conscients que nous travaillons
sur un document de travail extrêmement important. Nous en sommes
conscients d'abord en constatant le nombre élevé de personnes qui
assistent aux séances de cette commission sans avoir même le droit
de parole. C'est donc un signe que ce sur quoi on se penche actuellement
intéresse pas mal de monde. Nous travaillons donc dans des conditions
difficiles. Je comprends aussi que le ministre veuille procéder le plus
rapidement possible et qu'il a accepté ce processus démo-
cratique de consulter, de soumettre les règlements aux
commissions parlementaires, ce qui autrefois, il y a quelques années,
n'était pas chose courante, mais qui semble maintenant heureusement
devenir une procédure habituelle pour des législations
extrêmement importantes.
Je souhaite que, plus tard, cette façon de procéder soit
poussée encore plus loin, tenant compte des contraintes de temps, tenant
compte de l'importance de respecter un échéancier qui a
peut-être été fixé par le ministère des
Affaires sociales. Mais enfin, je pense que si c'était une loi, nous
demanderions certainement au ministre d'avoir encore plus de temps, de remettre
à un peu plus tard les décisions quant à la
rédaction finale. Nous aurions aimé avoir les mêmes
délais quant aux règlements. Même si les officiers, le
ministre l'a dit il y a un instant, depuis une semaine, depuis dix jours, ont
rencontré des groupes, des infirmières le ministre nous l'avait
également dit à la dernière séance, le ministre a
probablement rencontré aussi d'autres groupes et des documents
importants et nouveaux ont été soumis par des groupes au
ministère des Affaires sociales.
Nous en avons, nous aussi, parce que c'est le devoir de l'Opposition de
prendre connaissance le plus possible de tous les travaux qui sont
effectués. Les officiers du ministère le ministre l'a
souligné ont effectué un travail extrêmement
considérable et complexe depuis quelques jours. Tout cela pour mettre en
lumière le rôle difficile que nous avons à jouer, compte
tenu du peu de temps à notre disposition, quand il s'agit
d'interpréter et de traduire les préoccupations des organismes
vis-à-vis de la commission parlementaire, vis-à-vis du
ministère des Affaires sociales et vis-à-vis du ministre, dans
les mots exacts, justes, qu'il faut employer pour que nous prenions tous
ensemble conscience des problèmes de ceux qui vont vivre ces structures,
ces règlements tous les jours. Une fois que la commission parlementaire
aura adopté ces règlements, ce ne sera pas la commission
parlementaire qui vivra quotidiennement dans les établissements les
problèmes du bill 65. Nous, nous allons passer à d'autres
tâches et, si le ministre nous rapporte les règlements dans un an,
là, nous aurons l'occasion de nous pencher sur le problème
à nouveau, mais, en fait, nous ne serons pas conscients, comme ceux qui
sont ici le seront, peut-être des lacunes ou des déficiences de
ces règlements.
Il faut dire aussi que ce n'est pas comme une loi. Des
règlements, c'est plus facile à rouvrir, parce que c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui les adopte. Je pense bien qu'il faudra,
d'un autre côté, en faire usage et, à l'usage, j'imagine
que tous ceux qui ont des suggestions à faire n'hésiteront pas
à les faire au ministère, à condition qu'à cet
endroit il y ait des officiers qui puissent disposer de suffisamment de temps
pour voir, au jour le jour, le fonctionnement de ces règlements et
recevoir de la part des établissements des suggestions qui seront
traduites en améliorations le plus tôt possible et non pas dans
quelques années.
Etant donné que le ministre a mentionné le travail qui a
été accompli par les fonctionnaires, je voudrais mentionner que,
parmi ces fonctionnaires, il y en a déjà qui avaient
travaillé sur la première série de règlements
à laquelle le député de Dubuc, le Dr Boivin, avait
consacré plusieurs semaines et plusieurs mois. Ces officiers ont
déjà eu un bon entraînement et l'expérience qu'ils
ont acquise leur a certainement servi à retenir le meilleur, j'imagine,
de ces règlements.
Tout le monde est d'accord là-dessus. Probablement qu'on aurait
aimé qu'il y ait autre chose qui soit retenu, mais on va essayer de le
traduire devant la commission parlementaire.
Je ne voudrais pas prolonger indûment, je voulais souligner ces
points pour montrer que nous étions bien conscients de l'importance du
travail que nous accomplissons. Nous allons l'accomplir au meilleur de notre
connaissance. Nous apprécions personnellement les communications qui
nous ont été adressées et nous essaierons de les traduire
le plus éloquemment possible. Nous souhaitons que le ministre et ses
fonctionnaires s'y arrêtent, les retiennent et les traduisent sous forme
de loi.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, moi, comme les autres
évidemment, j'ai pris connaissance des nombreux mémoires qui ont
été soumis après l'annonce de certaines modifications
apportées à la réglementation du projet de loi 65.
Parfois, les amendements ont apporté des précisions, amendements
assez importants. Mais je pense que cette réglementation prouve que le
ministre des Affaires sociales devient de plus en plus raisonnable. Je crois
que d'autres ministres auraient intérêt à imiter le geste
du ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: Venant d'une personne d'âge mûr comme vous,
le compliment me fait grand plaisir.
M. GUAY: Mais, si je le dis, c'est en espérant que ça
continue.
Je sais qu'il y a eu des rencontres entre le ministre et certains
groupes impliqués directement dans ce projet de loi ou cette
réglementation. Il s'agira pour le législateur de faire en sorte
que les contacts, les communications entre les professionnels deviennent de
plus en plus faciles afin que ces services soient de mieux en mieux
dispensés.
Si le législateur oublie dans cette réglementation des
points importants qui échappent à son attention, je crois
qu'à ce moment, étant donné que le ministre pose ce geste,
on doit permettre à d'autres personnes que celles du ministère de
revoir une réglementation déjà formulée,
déjà
écrite, si je peux m'exprimer ainsi, et d'en transformer le
contenu. Il y aura toujours lieu d'ouvrir le volume de la réglementation
au moment où le besoin se fera sentir.
Je dis, aujourd'hui, que les organismes impliqués pourront faire
parvenir au législateur les modifications qu'ils désirent. Pour
ma part, je m'engage à étudier à son mérite chaque
demande et à intervenir au besoin auprès du ministre.
Si j'ai soulevé le problème des communications entre
professionnels, c'est que je pensais au milieu rural qui est
défavorisé, tout le monde le reconnaît. A partir de
là, on souhaite qu'il y ait des rencontres entres les professionnels de
plusieurs disciplines et je pense que le projet de loi comme tel le permet. Il
ne faudrait pas non plus que cette réglementation vienne enlever
l'aspect bénéfique du projet de loi.
Après avoir pris connaissance de la brique de documents de
travail que le ministre vient de nous faire parvenir, je suis très
heureux de constater qu'il est encore possible d'apporter des changements.
C'est un document de travail qui est grandement valable. Essayons de faire en
sorte qu'il soit le plus parfait possible. Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, ce n'est pas sans un certain
sentiment de gravité, pour ne pas dire d'appréhension et
même parfois de malaise que, pour notre part, nous abordons cette phase
très importante de nos travaux depuis une semaine. Je me rends
très bien compte que le ministre, tout autant que nous de l'Opposition,
que tous ces groupes qui vont avoir à oeuvrer dans les hôpitaux,
se trouve dans un dilemme. Le dilemme se situe ainsi: Nous avons adopté
une loi qui va transformer d'une façon profonde la vie de tous ceux qui
participent aux soins des malades et aux soins des clients des agences
sociales. Une loi très importante donc, mais une loi qui ne peut
être exécutée sans que des règlements correspondent
non seulement à l'esprit de la loi, mais aussi aux meilleures conditions
possible de dispensation des soins. Or, il n'est pas toujours facile
d'effectuer ce passage des principes aux applications, des intentions aux
réalités.
Je dirais même que dans certains domaines aussi importants que
celui-là, les règlements peuvent devenir aussi importants, sinon
parfois plus importants que la loi. C'est le député de Montmagny
qui rappelait l'autre jour qu'en ce qui concerne la loi 26, les
règlements étaient aussi importants que la loi elle-même,
et c'est la raison pour laquelle ils avaient été discutés
en même temps; ce qui donnait l'avantage de pouvoir passer de la pratique
à la théorie constamment dans les discussions qui ont eu lieu et
aussi dans les représentations qui ont été faites.
Je crois que dans ce domaine de l'application de la loi 65, la situation
est presque identique.
D'ailleurs nous l'avons vu lorsque la Loi des hôpitaux a
été adoptée, il y a quelques années.
Les discussions se sont déroulées durant plusieurs
années avant qu'un consensus puisse se faire, ce qui montre à
quel point il est difficile de passer des principes aux
réalités.
Nous en voyons une autre preuve dans le fait que, pour les
règlements, le ministre a reçu 105 mémoires, ce qui
témoigne non seulement de l'intérêt des gens
intéressés à l'application de ce projet de loi, mais
également de leurs difficultés, de leurs problèmes, de
leurs appréhensions. Je pense que c'est répondre à un
véritable idéal de participation que de faire tout son possible
pour écouter ceux qui auront à vivre ce projet de loi.
Par contre, je ne suis pas sans sympathiser avec le ministre qui est
pris par des impératifs de vitesse. Bien entendu, lorsque nous avons
adopté une loi aussi importante, nous avons hâte de la voir mise
en application et il importe qu'à la date de la mise en vigueur d'une
loi, si possible, les règlements puissent être mis en vigueur en
même temps.
Nous avons souvent perdu un peu trop de temps dans ce domaine, dans le
passé. Je comprends parfaitement que le ministre veuille
précipiter les choses. Cependant, ces deux objectifs, d'une part celui
de la participation, du réalisme et de l'efficacité et, d'autre
part, la mise en vigueur simultanée d'une loi avec ses
règlements, il faut quand même essayer, dans toute la mesure du
possible, de le concilier.
Je pense que la célérité relative dont nous avons
tous fait preuve depuis que le projet de loi 65 a été
présenté pourrait être un garant de l'avenir. Il n'y a pas
eu de perte de temps, je crois, dans la discussion du projet de loi 65,
malgré les nombreux mémoires qui ont été
présentés et les auditions qui ont eu lieu devant la commission.
Même, le temps que nous avons pris a permis au ministre de faire une
tournée dans les différentes régions, afin d'expliquer aux
gens l'esprit et la philosophie du projet de loi. Cela lui a permis
également de modifier ses conceptions sur certains points.
Tout cela a eu pour effet d'améliorer le projet de loi. Parfois,
il peut être utile de vouloir "perdre" un peu de temps, puisque cette
perte de temps peut se solder, en définitive, par une
amélioration de la communication entre les parties et par une
amélioration des textes qui devront régir les activités
des professionnels de la santé dans les mois ou dans les années
qui viennent. Même si je suis d'accord avec le ministre et l'ancien
ministre que les règlements ne sont pas comme une loi, qu'ils peuvent
être plus facilement modifiés, que le lieutenant-gouverneur en
conseil, à son loisir, peut en décider ainsi, en pratique, nous
savons très bien que les règlements ne sont pas aussi
aisément modifiables que cela.
Après avoir effectué ce travail de Pénélope,
ce travail d'Hercule, il y a un tel soupir de soulagement chez tous ceux qui
ont eu à s'en
occuper, qu'ils ne sont pas très portés à ouvrir
à nouveau ce projet et à y effectuer des changements
nécessaires.
Il faut que les pressions soient assez fortes pour que des
fonctionnaires qui passent à d'autres tâches, qui sont très
occupés, consentent à ouvrir suffisamment l'oreille pour inciter
leur ministre à ouvrir à nouveau des règlements aussi
importants.
Donc, je pense que ce n'est pas une perte de temps que de prendre un peu
plus de temps pour rédiger des règlements le plus parfaitement
possible avant qu'ils entrent en vigueur. Une des conditions qui
m'apparaît peut-être la plus propice à amener une meilleure
rédaction de ces textes, c'est précisément la
participation, encore une fois, de tous ceux qui auront à les vivre.
Ils l'ont fait, par la présentation de mémoires nombreux,
ils l'ont fait par des rencontres avec, probablement, le sous-ministre, avec le
ministre, mais je ne peux quand même pas m'empêcher de souhaiter
avoir été un petit oiseau pour entendre ces conversations car je
suis sûr que nous aurions pu remplir davantage notre rôle ce matin
si nous avions assisté à ces échanges.
Nous aurions souhaité, afin de mieux remplir notre rôle,
participer davantage à ces échanges au lieu de tout simplement
avoir le résultat ce matin. Car, en avoir le résultat quelques
minutes avant une assemblée nous oblige à feuilleter très
rapidement, à ne pas saisir toutes les implications d'un texte, nous
empêche de réfléchir à toutes les
répercussions, les conséquences que tel petit article peut avoir.
Autrement dit, cette situation ne nous met pas dans les meilleures conditions
pour apporter une contribution valable.
C'est la raison pour laquelle je souscris aux remarques du
député de Montmagny qui a souhaité une sorte de
léger moratoire, d'une semaine ou deux, qui nous aurait permis justement
de mieux saisir le résultat des négociations, des conversations
qui ont pu avoir lieu entre divers groupes et le ministre, et même qui
n'ont pas eu lieu entre d'autres groupes et le ministre ou le
sous-ministre.
Nous aurions peut-être pu aussi arriver à une meilleure
rédaction si nous avions pu dialoguer avec des professionnels de la
santé. Je sais bien qu'il serait impossible de recommencer tout ce qui a
eu lieu dans la discussion du projet de loi 65 où nous avons longuement
dialogué avec chacun des groupes mais étant donné
l'importance de ces règlements, l'importance qu'ils auront dans les
années qui viennent, il me semble que si on avait pu trouver un moyen de
limiter le nombre de groupes de professionnels avec lesquels nous aurions pu
nous entretenir, nous aurions sûrement profité de ce dialogue pour
en arriver à une meilleure rédaction du texte.
Ce ne sont que des souhaits que je peux émettre et je sais que la
décision ne nous appartient pas. La décision appartient au
gouvernement qui est investi de la responsabilité du pouvoir mais il
reste que, pour effectuer un meilleur travail, ce que l'Opposition
désire toujours faire, il nous faut quand même certaines
conditions. Et ces conditions, en l'occurrence, même si elles existent
à 50 p.c. ou 60 p.c. ou 70 p.c. d'ailleurs, la discussion de ces
règlements en commission le prouve il demeure qu'elles me
paraissent, malgré tout, insuffisantes et que, d'accord avec mon
collègue de Montmagny, je dis que nous devons travailler dans des
conditions difficiles.
Pour ma part, j'aurais préféré travailler dans des
conditions plus faciles afin que nous puissions apporter une meilleure
contribution à la rédaction d'un texte qui va imprimer une
orientation différente à nos institutions qui s'occupent des
soins de santé. Cela devrait se solder par une meilleure protection du
public, par une meilleure distribution des soins et une amélioration du
capital humain de la nation.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aurait d'autres députés?
Le député de Gaspé-Sud.
M. FORTIER: M. le Président, lors de la discussion des
différentes sections des règlements de la Loi de l'organisation
des services de santé et des services sociaux, j'aurai quelques
commentaires à faire concernant la définition des hôpitaux
et l'organigramme dans les centres hospitaliers concernant les médecins
et le conseil d'administration. Egalement, les infirmières ont
demandé qu'on discute du "nursing" et que la directrice de ce service
relève directement du directeur général. En cours de
route, avec l'étude des sections, on pourra en parler.
M. LE PRESIDENT: Très bien. L'honorable ministre.
M. CASTONGUAY: Les seuls commentaires que je voudrais formuler à
la suite des interventions des différents membres de la commission,
c'est que très souvent on critique le gouvernement parce qu'il n'agirait
pas, selon eux, assez vite ou encore parce qu'il n'agit pas. Je retiens cette
critique. Elle ne s'appliquera pas au ministère des Affaires
sociales.
Quant au temps, je voudrais mentionner à nouveau que nous avons
déposé le projet de loi en juillet 1971, il a été
adopté vers le 20 décembre 1971 ; nous avions donc mis une
période d'environ six mois pour l'étude active de ce projet de
loi. Dès le mois d'août dernier, nous abordions cette étude
après avoir permis à chacun d'en prendre connaissance et la loi a
donc été adoptée en décembre 1971.
Quant au règlement, il a été publié en mai
1972 et ça fait donc bientôt quatre mois. Nous avons
déjà eu une première séance la semaine
dernière. J'aurais pu rester silencieux, attendre vos suggestions,
après ça avoir l'air bon prince et répondre de
façon positive. J'ai voulu plutôt aborder la question non pas sur
un plan stratégique mais d'une façon très ouverte et
déjà j'ai indiqué tous les changements que nous
croyons nécessaire d'apporter. Nous tenons aujourd'hui une autre
séance, j'ai accepté bien volontiers.
Je voudrais faire remarquer aussi que nous sommes conscients de cette
nécessité de faire un travail sérieux et nous y avons mis
le temps. Cela nous crée aussi des difficultés en ce sens que
toute cette recherche d'une plus grande participation exige
énormément de temps, exige énormément
d'énergie alors que, pendant que les semaines, les mois se
déroulent, nous devons aussi assumer nos responsabilités au plan
administratif.
Dans un ministère comme celui des Affaires sociales, l'ancien
ministre peut en témoigner de même que le député de
Dubuc, les choses n'arrêtent jamais. La pression n'arrête jamais.
Nous sommes également dans une situation difficile. Il n'est pas simple
de faire de tels travaux alors que les activités courantes, les
responsabilités courantes qui sont les nôtres doivent être
assumées pleinement à tout moment. C'est le seul commentaire que
je voulais faire pour indiquer aux membres que, tout en prenant leurs remarques
d'une façon objective, il n'en demeure pas moins que la
difficulté à laquelle on fait allusion s'applique aussi bien
à nous, même si elle procède de raisons quelque peu
différentes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne veux pas continuer la discussion
longuement sur cette question, mais j'ai seulement une remarque à faire
sur la suggestion qu'a faite le député de Bourget, il y a un
instant, suggestion que j'avais laissé sous-entendre moi aussi, que cela
aurait été évidemment plus complet comme mécanisme
si nous avions pu permettre aux groupes ayant produit des mémoires de se
faire entendre devant la commission parlementaire. Mais, tenant compte du
nombre de mémoires, quant on connaît le travail en commission
parlementaire on l'a fait à l'occasion de plusieurs lois, on le
fait maintenant à l'occasion du bill 250, on l'a fait pour le projet de
loi 65 105 mémoires, à un rythme de cinq à six
mémoires par jour de commission, on s'imagine ce que cela
représente comme lourdeur du mécanisme. Je ne pense pas que, pour
les règlements, on puisse le faire comme cela a été le cas
pour la loi. Je pense qu'il est évident que ce ne sera pas possible.
Mais, d'autre part, c'est impossible parce que cela n'a pas
été prévu. On ne l'a pas prévu dans
l'échéancier des travaux. Par contre, il faut bien se rendre
compte que des organismes ont produit des mémoires sur les
règlements. Ils ont travaillé tout l'été dans des
conditions difficiles pour eux aussi, car, l'été, ils ont bien
autres choses à faire que de préparer des séances
d'étude sur des règlements. Entre autres, je me souviens que des
organismes ont tenu des réunions publiques dans toutes les
régions du Québec. Franchement, tous les organismes ont pris la
chose au sérieux et se sont donné beaucoup de peine pour produire
leurs commentaires. La commission, le ministère, le gouvernement, les
fonctionnaires, le ministre ont pris connaissance de tous ces mémoires.
Le ministre a apporté, ensuite des modifications nombreuses et on lui a
mentionné que, sur cette question, non seulement nous n'avions pas de
reproche à lui faire, mais qu'il a fait preuve d'une collaboration
évidente en annonçant tout de suite au début des travaux
de la commission parlementaire les différentes modifications que,
dès ce moment, il était prêt à accepter. Il a
rencontré également d'autres organismes qui ont demandé
à se faire entendre de nouveau. Nous aussi. Nous avons rencontré
ceux qui ont demandé à rencontrer les partis d'opposition. Nous
avons accepté de discuter avec eux. Je constate aussi que des organismes
ont été encore plus loin. Ils ont produit, compte tenu de leurs
possibilités, de leurs ressources en personnes, physiques et
matérielles, des documents extrêmement fouillés. Entre
autres, j'ai les infirmières qui nous ont fait parvenir d'autres
documents, les administrateurs d'hôpitaux, la Fédération
des médecins spécialistes.
Le président ne m'en voudra pas de dire que c'est l'organisme qui
a peut-être le plus de ressources et matérielles et physiques. Ils
nous ont produit un nouveau document très fouillé, en
référant aux travaux de la commission parlementaire.
Evidemment, il ne serait pas juste, non plus, ce matin de dire qu'on
permet aux organismes de se faire entendre quand ces derniers n'ont pas
été avertis et qu'il en manque. Ce n'est pas tout le monde qui a
pu se déplacer. Je pense que, plus tard, à une autre occasion, on
trouvera peut-être un autre mécanisme pour permettre aux
organismes, après que nous aurons pris connaissance de certaines
modifications, de nous dire les points importants sur lesquels ils ne sont pas
d'accord. Il y a certainement des points plus importants pour certains
organismes et ils aimeraient sûrement les faire ressortir.
Je pense que nous connaissons l'opinion de certains organismes, mais si,
dans la matinée d'autres organismes qui assistent aux séances de
la commission parlementaire veulent soulever des points sur lesquels ils ne
sont pas du tout d'accord parce que cela entrafne des complications pour eux,
je pense que personne ne se scandalisera si le ministre et les porte-parole des
différents partis reçoivent des messages pour rediscuter certains
points. Je pense que c'est un mécanisme qui pourrait être
acceptable dans les circonstances et qui ne priverait personne de s'exprimer,
si ce n'est pas oralement, du moins par écrit.
Ce sont les commentaires, M. le Président, que je voulais faire.
Le député de Dubuc m'a
fait penser tantôt â un point important que nous pourrons
souligner durant les travaux de la commission parlementaire; c'est qu'il y a
encore les anciens règlements de la Loi des hôpitaux qui, je le
redis, sont bien faits. Ils avaient besoin d'être
améliorés; ils le sont. De larges sections de ces
règlements peuvent servir comme règlements internes dans les
établissements. Il y a encore de larges secteurs qui ne sont pas
couverts par ces règlements qui laissent plus de latitude aux
établissements dans le plan d'organisation. On pourrait donc les
utiliser dans les établissements pour soumettre des plans d'organisation
au ministère. Je pense qu'il y aurait avantage à retenir des
sections importantes. Pour l'instant, M. le Président, ce sont les
commentaires généraux que nous voulions faire. Nous
interviendrons sur certains points particuliers.
M. LE PRESIDENT: Il s'agit, ce matin, pour les membres de la commission
d'étudier les règlements et de soumettre leurs commentaires. Il
ne s'agit pas d'approuver ces règlements. Sans plus de préambule,
nous allons procéder à l'étude par sections. J'inviterais
les membres de la commission, s'ils ont des commentaires, à les faire.
Sinon, nous procéderons tout de suite. La section I :
Délimitation des régions.
M. CLOUTIER (Montmagny): La seule modification, c'est qu'on a
changé les noms. La région de Montréal, on l'appelle la
région de Montréal-métropolitain; il y a aussi la
région des Laurentides, et la région sud de Montréal, tel
que le ministre l'a expliqué. Je n'ai pas d'autres commentaires à
faire sur cette section.
M. CASTONGUAY: J'ai mentionné à ce sujet, la semaine
dernière, la possibilité que nous additionnions à la
région de Montréal métropolitain le comté de
l'Assomption pour les raisons que j'avais mentionnées.
Section Il Les conseils d'administration
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Sinon, nous
allons passer à la section Il: Les conseils d'administration.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministère reçoit
ces suggestions actuellement?
M. CASTONGUAY: Je ne me souviens pas à quel endroit c'est
acheminé, si c'est acheminé aux missions régionales
plutôt qu'au ministère, mais je sais que les votes sont en voie de
se prendre. J'ai vu, par exemple, hier soir, le maire de Québec, qui me
disait qu'il avait exercé son droit de vote au cours de la
journée. Je sais par diverses conversations, divers rapports que les
choses semblent procéder normalement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, le mois d'octobre est un mois propice
pour voter!
M. LE PRESIDENT: Article 1.2.3. Le député de
Saint-Laurent.
M. PEARSON: Je voudrais demander une directive au ministre. Pour la
région du Montréal métropolitain, pour ces
élections, comment procédez-vous? Il y a plusieurs
municipalités, elles sont 27 ou 28.
M. CASTONGUAY: D'abord, la région a été
scindée en trois. Une procédure a été
élaborée et transmise à chacun des maires aussi bien pour
les mises en nomination que pour les votes. Nous ne les réunissons pas
en une séance, mais le tout s'est fait par correspondance. Maintenant,
les détails précis, je me souviens d'avoir bien
étudié cette procédure, elle semble donner de bons
résultats. Nous n'avons pas eu de critique.
M. PEARSON: Y a-t-il eu des difficultés où cela s'est
fait?
M. CASTONGUAY: Pas à ma connaissance.
M. VAILLANCOURT: Dans la région de Montréal ou dans la
région des Cantons de l'Est, chaque municipalité, chaque maire
soumettait quatre noms, ensuite il y avait une élection. Tous les maires
de la région votaient pour le candidat de leur choix. C'est
ça?
M. CASTONGUAY: C'est ça. Et c'était au plus grand nombre
de votes reçus. Chacun pouvait proposer des candidats, chacun
était appelé à voter et là c'était au nombre
total de votes reçus que le choix se faisait.
M. VAILLANCOURT: Et on devait en élire quatre, je crois.
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Article 1.2.3 Article 1.2.4.
III - Exercice des pouvoirs IV - Personnel
M. LE PRESIDENT: Section III, Exercice des pouvoirs, article 1.3.1.
Article 1.4.1. Personnel, section IV. Article 1.4.2.
Le député de Bourget.
M. LAURIN: A I, est-ce que le ministre peut nous dire pourquoi il a
ajouté que les règlements du concours devaient être
approuvés par le ministre?
M. CASTONGUAY: Nous avons eu assez souvent, au cours des derniers mois,
des critiques sur les nominations des directeurs généraux des
établissements. Ici, je constate que nous parlons des directeurs
généraux des conseils régionaux mais c'est sensiblement la
même
chose que nous allons retrouver pour les établissements. Cela
provenait de diverses raisons, des procédures plus ou moins bien
formulées avec tous les risques que cela présente. Alors, il nous
semble, pour de tels concours, si on en vient à une procédure
aussi uniforme que possible dans toute la province, que cette procédure
donne justice à tous les candidats. Il y a lieu de viser un tel but et
c'est la raison pour laquelle nous croyons qu'ils devraient être
établis par le conseil d'administration et approuvés par le
ministre. Donc, c'est uniquement sur le plan de la procédure parce
qu'après, si vous remarquez, la décision de la nomination demeure
une décision du conseil. Le jury n'a pour but de faire en sorte qu'une
liste de personnes qui paraissent admissibles soit dressée.
Parce que nous avons eu des plaintes assez sérieuses et une fois
un directeur général nommé, s'il n'est pas
compétent ou s'il ne suscite pas vraiment l'assentiment des membres du
conseil d'administration, cela crée des difficultés
sérieuses et c'est cela que nous voulons éviter. Nous ne visons
pas à imposer une procédure mais plutôt nous assurer que la
procédure est adéquate.
M. LAURIN: Est-ce que dans ces procédures on peut établir
les conditions auxquelles doit répondre un candidat, des
prérequis en ce qui concerne son expérience antérieure, sa
scolarité, son curriculum vitae, ainsi de suite?
M. CASTONGUAY: Oui, M. le Président.
M. LAURIN: Et votre intention serait d'en arriver à une
conception assez uniforme pour tous les conseils régionaux, pour tous
les établissements hospitaliers, les centres d'accueil etc.
M. CASTONGUAY: Compte tenu des caractéristiques de chaque classe
ou des types d'organismes, de leur taille et compte tenu de ces
différenciations, je crois qu'il y a avantage à le faire.
M. LAURIN: Ce travail d'approbation peut devenir assez important.
Avez-vous pensé que peut-être vous pourriez laisser cela à
la Fonction publique ou si vous voulez réserver cela au ministre des
Affaires sociales personnellement?
M. CASTONGUAY: Je crois qu'il est préférable que ce soit
réservé au ministre des Affaires sociales. Nous avons une bonne
direction des relations professionnelles dirigée par M. Gaudreault et
nous essayons de faire en sorte que les exigences ou l'analyse de ces questions
soit vraiment colorée ou tienne compte du fait que nous sommes dans le
secteur des affaires sociales. Le danger, si tout cela est remis à la
Fonction publique, c'est qu'on en arrive à l'établissement de
règles extrêmement rigides et extrêmement uniformes qui ne
tiendraient pas compte de cette réalité particulière.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Bourget pense que
cela va être plus vite avec la Fonction publique.
M. LAURIN: Au contraire. Il ne faut pas voir dans ma question le moindre
soupçon d'approbation à une mesure de ce genre-là.
M. GUAY: Est-ce que les principaux critères d'approbation seront
connus?
M. CASTONGUAY: Oui, il va le falloir. Parce que si vous lisez le
quatrième alinéa: Un conseil d'administration doit annoncer tout
concours pour la nomination dans deux journaux publiés dans la
région, au moins un mois... Il doit en outre donner avis de la date des
séances au ministre au moins un mois à l'avance. Les
règlements du concours ayant été établis et
approuvés, toute personne qui veut en prendre connaissance peut
communiquer avec l'établissement et généralement les avis
de tels concours dans les journaux indiquent quelles sont les qualifications
requises, de telle sorte que des personnes ne fassent pas de demande
inutilement si leurs qualifications ne sont pas vraiment conformes.
M. GUAY: C'est le même système que pour la Fonction
publique, sauf que c'est assumé par le ministère des Affaires
sociales. Cela irait plus vite. D'accord.
M. BACON: Cela irait plus vite.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre pourrait nous dire à quel genre
de concours on a pensé ou on pense? Est-ce que ce sont plutôt des
examens scolaires ou des entrevues?
M. CASTONGUAY: Si on s'en reporte aux examens de la Fonction publique
pour les concours habituels pour les postes de directeurs
généraux des établissements, il peut y avoir une partie
écrite, mais la partie la plus importante est l'entrevue.
M. LE PRESIDENT: Article 1.4.2. Article 1.4.3. Article 1.4.4.
M. LAURIN: A l'article 1.4.3, pourquoi le ministre croit-il absolument
essentiel que le délégué du ministre participe à
l'établissement de la liste d'éligibilité?
M. CASTONGUAY: S'il fait partie du jury, il me semble qu'il n'est pas
majoritaire, il n'est qu'une personne, et s'il participe au jury qui dresse
cette liste...
M. LAURIN: Est-ce que ce n'est pas une façon indirecte,
cependant, de faire peser davantage l'influence du délégué
du ministre que celle des autres membres quand on connaît les relations
intimes qui existent entre l'établissement et la direction des Affaires
sociales, quand
on connaît le poids que peut faire peser la discussion d'un
éventuel budget?
M. CASTONGUAY: Je serais porté à vous dire que, de
façon générale, lorsque nous dépassons certaines
limites en déplaçant notre poids, on ne se gêne pas pour
nous le faire savoir. Au besoin pour en saisir les gens
intéressés qui pourraient le faire savoir publiquement ou, si
vous êtes là, on sait qu'on peut immédiatement vous saisir
de tout geste de notre part qui pourrait être un petit peu anormal et on
nous le fait savoir quand on pense que nous dépassons un petit peu les
limites du raisonnable.
M. LAURIN: On peut vous le faire savoir, mais ça ne change pas
grand-chose la plupart du temps.
M. CASTONGUAY: Depuis deux ans, je vous mettrais au défi
d'indiquer des nominations de directeurs généraux
d'établissements où vraiment le ministère a fait des
pressions indues. Au contraire, on nous a sollicités dans un certain
nombre de cas pour que nous renversions les décisions prises par un
conseil d'administration pour divers motifs, et nous avons été
extrêmement prudents. Nous croyons que c'est une responsabilité
d'un conseil d'administration et nous avons fait extrêmement attention.
Moi, je vois plutôt la présence d'un représentant du
ministère dans un tel jury comme apportant une aide technique,
professionnelle dans l'évaluation des soumissions données. Il
n'en demeure pas moins que ces jurys qui vont être formés ou les
membres qui les composent n'ont pas à assumer ce genre de rôle
très souvent, alors qu'au ministère nous avons des
spécialistes dont le rôle est conçu beaucoup plus comme
étant un rôle de support, de conseil, d'appui.
C'est dans ce sens-là qu'ils doivent l'exercer, d'autant plus que
le jury ne contribue qu'à dresser une liste et que c'est le conseil
d'administration qui prend la décision finale. Le jury n'impose pas un
choix au conseil d'administration.
M. LAURIN: Théoriquement, vous avez raison, mais pour avoir
travaillé dans ce milieu un bon nombre d'années, je sais qu'en
pratique ce n'est pas toujours comme ça, ni que c'est perçu, ni
que c'est effectué ainsi. Dans la réalité, ce
délégué de ministre va souvent donner l'impression
d'être un membre plus égal que les autres.
M. CASTONGUAY: Mais je vous ferai remarquer, Dr Laurin, qu'avant, dans
bien des cas, il n'y avait aucune règle du jeu. Alors, si un type
était plus entreprenant qu'un autre, il devenait peut-être un peu
plus pesant que les autres.
M. LAURIN: Je suis d'accord qu'il n'y avait pas de règle avant,
mais il y a peut-être aussi le danger de tomber de Charybde en Scylla,
d'un état où il n'y avait pas de règle à un autre
état où il y aurait peut-être ou trop de règles ou
des règles qui peuvent aller à l'encontre de l'idéal de
décentralisation que vous avez souvent mani festé dans ces
discussions.
Je me rappelle que, quand vous parliez du futur conseil régional
à qui vous vouliez confier graduellement beaucoup de pouvoirs, vous avez
souvent manifesté l'intention de laisser le conseil régional
s'occuper de ces affaires dans le plus grand nombre de sujets possible. Un des
sujets les plus importants, c'est précisément les nominations
importantes.
Si vous introduisez dans le mécanisme un élément
qui va faire poids plus que d'autres, vous pouvez prêter le flanc, avec
le temps, au fur et à mesure que la situation évoluera, à
des accusations ou à des soupçons d'intrusion trop marquée
ou trop constante du gouvernement dans les affaires locales.
Je pense que ça peut être un danger, et un danger
réel.
M. CASTONGUAY: Remarquez, j'ai bien confiance dans les capacités
des officiers du ministère mais, dans l'établissement d'une
liste, purement, alors qu'il n'est qu'un dans un jury composé de quatre
membres, le danger que vous soulignez, je le retiens, mais il ne me
paraît pas, compte tenu aussi de l'expérience que nous avons eue,
exagéré et mettre en cause vraiment la valeur du
mécanisme.
M. LAURIN: Je pense que vous pouvez corriger certains abus avec cette
règle. Mais il faut penser qu'on peut en créer un autre.
Connaissant la mentalité qui prévaut, parfois, dans ces
milieux-là, je sais que, si on ne choisit pas le candidat qui est
proposé par le délégué du ministre, on peut avoir
des représailles dans d'autres démarches importantes qu'on peut
être appelé à faire.
C'est souvent comme ça que ça peut être senti.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... le député de Bourget disait
tantôt qu'ayant évolué dans ce milieu-là il
était conscient de... Alors, ayant évolué, non pas dans ce
milieu-là, mais dans le milieu que vous connaissez, je suis aussi
conscient des problèmes que ça peut causer en pratique.
Si on se reporte à l'article 1.4.1., on dit, au deuxième
paragraphe: "Les règlements du concours doivent être
établis par le conseil d'administration et approuvés par le
ministre." Déjà là, il y a un poids assez
considérable, parce que le
ministre donne son approbation aux règlements du concours.
Deuxièmement, sur quatre personnes qui forment le jury, il y en a une
qui vient du ministère. Loin de moi l'idée de nier la
compétence du délégué du Bureau des relations de
travail, dirigé par le sous-ministre, M. Gaudreault. J'ai eu l'occasion,
même ces derniers mois, de constater, au moins dans quelques cas en
particulier, que la chose s'était très bien faite et qu'il n'y a
eu aucune discrimination.
Mais il peut aussi arriver théoriquement on sait qu'en
pratique ça va se passer comme ça que, dans certains
conseils d'administration, pour différentes raisons, on
interprétera le choix du délégué du ministre comme
un choix véritablement impératif. Cela est inévitable, on
va conclure à ça.
M. CASTONGUAY: Il n'y aura pas de choix fait par le
délégué du ministre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, il n'y a pas de choix, mais il participe
à l'établissement de la liste d'éligibilité. Alors,
il peut certainement donner une indication. D'autre part, je comprends que le
délégué du ministre, qui fait partie du jury, doit avoir
les mêmes privilèges que les autres.
Mais nous nous demandons si ces privilèges sont à part
égale, s'ils sont partagés dans la proportion de un quart ou si
sa présence indique véritablement plus que sa participation de 25
p.c. Je n'ai pas l'intention de dresser des épouvantails, mais le
directeur général, et au conseil régional, et au conseil
de l'établissement, c'est le poste clé.
Il ne doit régner, dans ces nominations, aucun soupçon.
C'est l'homme qui doit obtenir la confiance du conseil d'administration et de
tout le personnel de l'établissement. C'est lui qui est au centre de
toutes les activités administratives de l'établissement et
ça doit être un homme indiscuté au sein de
l'établissement.
Je me suis posé la question. Je suis conscient des remarques qu'a
faites le député de Bourget.
Je sais qu'en pratique ce n'est pas facile de dire: Parce que c'est le
délégué du ministre et qu'il fait partie des quatre
membres du jury, il faut le mettre à l'écart et il faut qu'il
n'exprime aucun avis. A ce moment-là, il faudrait le considérer
comme incompétent ou persona non grata dans le milieu. Enfin, je pense
qu'il y a un danger et le ministre en est conscient. Je ne sais pas si on doit
accepter de commencer sur ce pied, quitte à exercer une surveillance. Le
ministre a invité tout le monde, les établissements qui auront
connaissance d'abus à les signaler. Il est possible qu'en pratique nous
ayons à accomplir cette tâche ingrate de dire qu'il s'est produit,
à un tel endroit, un abus. Nous assumerons notre responsabilité
à ce moment-là.
M. GUAY: On peut dire au ministre qu'un homme averti en vaut deux; alors
il y a deux ministres.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes toujours à la section IV. Personnel:
article 1.4.4.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, la semaine
dernière j'ai fait état de la durée de trois ans. Cela me
paraissait une période assez courte. C'est 1.4.5, excusez-moi.
M. LE PRESIDENT: C'est l'article 1.4.5. Continuez.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, à l'article 1.4.4, je n'ai pas de
remarque. La période est assez courte pour recruter véritablement
des hommes qu'on va chercher dans d'autres postes importants. Avec
l'expérience et la compétence qu'ils ont, disons que ça.
va faire hésiter plusieurs personnes à accepter un contrat
d'engagement de trois ans sans savoir ce qui va se produire au bout de ce
terme.
Pour ma part, je pense qu'on devrait introduire une période plus
longue. J'ai mentionné l'exemple des régies gouvernementales
où il y a un engagement de dix ans; peut-être que c'est un peu
long dans le domaine des établissements mais il y aurait un moyen terme
à trouver, cinq ans. Il y aurait aussi un mécanisme à
prévoir, le conseil d'administration, pour cause, pourrait soumettre que
l'homme en poste devrait être déplacé.
M. LE PRESIDENT: Le député de Trois-Rivières.
M. BACON: M. le Président, ou bien on rend les règles de
renvoi plus difficiles en gardant la période de trois ans ou on augmente
la période de tois à cinq ans. Je suis de l'avis du
député de Montmagny. Sûrement qu'on va éloigner des
candidats; une période de trois ans est beaucoup trop courte. S'il est
entre les mains du conseil d'administration pour un renvoi, ce ne sera pas
tellement intéressant, de trois ans en trois ans, de voir remettre
toujours son mandat en cause.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre disait la semaine dernière
qu'il peut être engagé pour une période plus courte
à l'essai, comme dans la fonction publique; il peut être
engagé pour six mois ou pour un an. Mais je ne vois pas beaucoup de
personnes assumer la responsabilité d'un établissement important,
comme directeur général, sans venir pour une période de
trois ans, s'il a déjà ailleurs sécurité d'emploi,
expérience, compétence, bon traitement, etc.
M. BACON: Les critères de renvoi, est-ce que ce sera
laissé à la discrétion du conseil d'administration?
M. CASTONGUAY: Un instant. On nous dit: Vous ne devez pas trop
intervenir dans la sélection. De la même façon, dans les
motifs de renvoi, c'est le conseil d'administration qui est responsable. On
doit faire bien attention, d'au-
tant plus qu'on sait que si une personne est engagée à
contrat, qu'elle fait un bon travail de façon générale
et c'est l'expérience les conseils d'administration ont
tendance à renouveler son mandat et non pas de renvoyer une personne
sans raison. A ce moment-là ils se placent dans l'impossibilité
de recruter un autre candidat valable.
Il y a une espèce de contre poids ou de force qui fait en sorte
qu'un conseil d'administration doit être prudent s'il décide de ne
pas renouveler un contrat. Sans cela, il se place dans l'impossibilité
de réengager.
Sur la période, j'ai exprimé mon opinion la semaine
dernière très clairement, je crois, à tel point qu'on en a
reproduit des extraits dans les journaux. Je ne voudrais pas revenir sur
ça. Je puis dire toutefois qu'on peut considérer une
période quelque peu plus longue que trois ans.
M. LAURIN: Le mandat d'un député?
M. CLOUTIER (Montmagny): Le mandat d'un député est de cinq
ans. L'élection peut être déclenchée au bout de
quatre ans mais c'est cinq ans.
M. BACON: Trois ans, je trouve que c'est une période trop courte.
Je comprends que le conseil d'administration aura des impératifs, mais
il reste que le directeur général est un peu entre les mains du
conseil d'administration par une période de trois ans. Il faut, quand
même, penser à ce qui peut se produire dans le rouage, dans le
fonctionnement.
M. CASTONGUAY: Je peux vous mentionner que, jusqu'à
présent, il ne semble pas y avoir grand danger parce que,
déjà, nous avons des échos à l'effet que plusieurs
personnes vont poser leur candidature pour ce poste de directeur
général des conseils régionaux. Déjà,
connaissant les règles du jeu, nous savons qu'un bon nombre de personnes
ont l'intention de poser leur candidature. Alors, si cette clause était
aussi restrictive, on n'en entendrait pas parler.
M. CLOUTIER (Montmagny): On prend des points de comparaison. Pour les
régies gouvernementales, c'était un mandat de dix ans; le mandat
de. député, c'est cinq ans.
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas nécessairement bon.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, d'accord. J'ai dit qu'il y aurait un moyen
terme. Mais le député, c'est cinq ans. Une population qui vote
pour un député, je suis convaincu que, dans bien des cas, elle
prend une chance. Elle peut être "pognée" pendant cinq ans.
M. BACON: Mais le député n'a pas de sécurité
d'emploi.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est pour cela que je dis que la
période de trois ans pourrait être, à mon avis,
étendue à cinq ans. Ensuite, faisons confiance au conseil
d'administration et pour l'engagement, et pour le reste, car le conseil
d'administration doit être capable d'apprécier la valeur d'un
homme.
M. LE PRESIDENT: Article 1.4.6?
M. LAURIN: On n'a pas eu la réponse définitive du
ministre.
M. LE PRESIDENT: Il a dit qu'il le considère.
M. LAURIN: Il le considère.
M. CASTONGUAY: Je le reconsidère.
M. BACON: A l'étude.
M. LAURIN: Est-ce à l'étude ou s'il va nous annoncer sa
décision?
M. LE PRESIDENT: Oui, c'est à l'étude. Article 1.4.6?
M. LAURIN: Article 1.4.6. Est-ce qu'on peut demander au ministre
pourquoi il a biffé les règles et barèmes pour la
détermination des effectifs etc., ainsi que l'article 1.4.7? Est-ce que
c'est parce que les règles et barèmes pour la
détermination des effectifs ne seront plus établis par
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil?
M. CASTONGUAY: On me fait remarquer que nous sommes dans un
règlement. Or, on disait qu'on était pour le faire par
règlement. Il y a là une certaine inconsistance. De fait, s'il y
a négociation, les barèmes seront ceux convenus par
négociation. S'il n'y a pas négociation, il peut y avoir des
consultations et, lorsqu'un barème est établi, il est transmis
aux établissements.
M. LAURIN: Ils peuvent donc être établis par
négociation, par règlement, par arrêté en conseil.
Il y a diverses méthodes, quoi.
M. CASTONGUAY: Quant aux effectifs, il y aura soumission d'un plan
d'effectifs et discussion avec nos directions.
M. LAURIN: Est-ce que je peux demander au ministre ce qu'il entend par
plan d'organisation du conseil régional? Est-ce que cela comprend la
vocation des hôpitaux et des diverses institutions?
M. CASTONGUAY: C'est purement le plan d'organisation de...
M. LAURIN: Du conseil?
M. CASTONGUAY: ... ses structures administratives de personnel, purement
internes.
M. LAURIN: En somme, l'organigramme? M. CASTONGUAY: C'est cela. M. LE
PRESIDENT: Article 1.4.7?
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur les articles 1.4.6. et 1.4.5, je voudrais
attirer l'attention du ministre. Quand on arrivera au directeur
général et au plan d'organisation du conseil d'administration des
établissements, il faudra faire le même genre de remarque.
M. CASTONGUAY: Article 1.4.7. Je voudrais souligner en passant que nous
l'avons éliminé parce que nous ne croyons pas qu'il est opportun,
dans une réglementation comme celle-ci, d'introduire des questions
touchant aux conditions de travail.
Cette même question va revenir un peu plus tard à d'autres
endroits. Je pense qu'il y a lieu d'éviter, par une loi sur
l'organisation des services, d'introduire des dispositions touchant les
conditions de travail. Il y aurait vraiment, sauf à certains moments,
pour la protection des droits acquis, lors d'engagements, de personnes qui sont
en place présentement... A l'exception de cet aspect, nous avons cru
opportun d'éliminer toute question touchant aux conditions de travail.
Nous ne croyons pas que cela soit l'endroit pour le faire.
M. GUAY: Est-ce que le ministre a reçu des représentations
particulières à cet égard?
M. CASTONGUAY: Certaines ont été faites. Les raisons aussi
pour lesquelles nous avions introduit cet article au départ, c'est que
cela a donné lieu à certains moments à de la confusion et
aussi, par la suite, à un certain ressentiment possible lorsque des
gestes avaient été posés et nous croyions, au moment de la
rédaction du projet, qu'il y avait lieu de mettre les choses bien
clairement, mais à la suite des représentations qui ont
eé faites, nous avons cru préférable de
l'enlever.
M. GUAY: D'accord.
Pouvoir et classification des
établissements
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres commentaires, nous allons
passer à la partie Il: Pouvoir et classification des
établissements. Section I: Pouvoir des corporations. L'article 2.1.1. Il
n'y a aucun commentaire. L'article 2.1.2.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un nouvel article.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre peut nous expliquer ce qui est
à la base de ce nouvel article 2.1.3?
M. CASTONGUAY: Ici, nous avons cru que pour certains types
d'établissement, il pouvait être intéressant de penser
à la formule coopérative. Evidemment, le but n'est pas de faire
en sorte qu'il puisse y avoir des dividendes sur des parts sociales mais que ce
soient les intéressés eux-mêmes, exclusivement dans les cas
des centres d'accueil, par exemple, qui puissent former le conseil et
gérer l'établissement. Alors, la loi prévoyait que nous
devions établir les dispositions précises quant à la
formation d'une telle coopérative ou d'un organisme à
caractère coopératif pour de telles fins. Je crois bien que nous
tenterons de mettre cette formule à l'épreuve dans un endroit
avant de l'étendre ailleurs. Nous avons reçu, comme gouvernement,
don d'une magnifique résidence avec un terrain splendide. Cette
propriété, selon nous, pourrait être utilisée comme
centre d'accueil pour des personnes âgées. Et au lieu de former un
conseil, selon les dispositions de la Loi 65, nous avons pensé qu'il y
aurait peut-être lieu de faire une expérience étant
donné, d'autant plus, qu'il s'agit d'un don d'une telle résidence
avec les dispositions, avec la possibilité que nous donnent les
dispositions de la Loi 65, et de former une coopérative dans ce
cas-là. Voilà la raison.
M. GUAY: C'est une formule qui n'a jamais été
expérimentée au Québec encore?
M. CASTONGUAY: A ma connaissance, dans ce secteur, je ne le crois pas.
Il y a peut-être eu un cas d'exception quelque part, mais je ne le crois
pas.
M. LE PRESIDENT: Section Il, Classification des centres locaux de
services communautaires. Article 2.2.1.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 2.2.1,je n'ai pas de question.
M. LE PRESIDENT: Article 2.2.2.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'article 2.2.2,nous en avons
discuté...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, c'est l'article 2.3.1, le suivant.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 2.3.1, nous avons eu une longue
discussion lors d'une séance précédente. D'autre part,
dans les nouveaux documents qui nous ont été remis par certains
groupes, on en fait également largement état. Des discussions ont
eu lieu avec le ministre et, sauf erreur, les fonctionnaires du
ministère. Le ministre n'a introduit aucune modification dans cet
article 2.3.1. Il garde la même classification. Est-ce que le ministre
pourrait préciser davantage les discussions qu'il
a eues et les éclaircissements nouveaux qu'il peut apporter sur
cette importante section?
M. CASTONGUAY: J'ai indiqué clairement la semaine
dernière, par suite des commentaires des députés
vos commentaires et d'autres que les craintes qui étaient
formulées me paraissaient tout à fait non fondées.
Classifier des établissements, ce qui est demandé depuis bien
longtemps, et prendre des décisions quant à leur organisation, ce
sont deux choses bien distinctes. Soit qu'on retienne l'idée de la
classification des établissements ou qu'on l'abandonne totalement.
Si vous avez des suggestions à nous faire, je les
écouterai avec grand intérêt, mais je crois qu'on
mélange deux questions et cette confusion peut inquiéter les
gens. Il faut bien faire la distinction entre la classification de
l'établissement et l'étude des besoins d'un établissement
en équipement, en services, selon l'évolution des besoins, selon
l'évolution de la population, etc. Ce sont deux choses totalement
différentes, d'autant plus que des changements de classification sont
possibles; rien ne les empêche. C'est purement la question de savoir
à un moment donné à quelle catégorie un
établissement appartient par rapport à un autre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que des organismes comme les conseils
régionaux vont être associés à ce travail de
classification des établissements hospitaliers ou si c'est le permis qui
va venir du ministère qui va indiquer dans quelle catégorie
l'établissement se situe, permis qui va donner également d'autres
spécifications?
M. CASTONGUAY: La responsabilité de l'émission des permis
appartient au ministre. C'est une responsabilité qui ne peut, à
mon avis, être partagée quant à l'émission des
permis. Je l'ai indiqué la semaine dernière, c'est une
responsabilité qui est assez lourde. Quant à la classification,
il me semble qu'il va de soi que ce doit être fait en même temps
que le permis est émis. Maintenant, si un établissement n'est pas
satisfait, il pourra faire des représentations, comme cela peut se
faire, évidemment, et le conseil régional, s'il croit qu'il doit
s'associer à ces représentations, rien ne l'empêchera de le
faire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gaspé-Sud.
M. FORTIER: C'est seulement pour bien faire comprendre que les centres
hospitaliers de soins généraux et les centres hospitaliers de
soins spécialisés, il n'y a pas de muraille entre les deux. Pour
qu'un hôpital soit actif, il faut que ce soit un centre où on peut
donner tous les soins courants, et cela s'applique aux centres hospitaliers de
soins généraux.
M. CASTONGUAY: La classification ne change en rien l'organisation. Les
hôpitaux, tels qu'ils sont présentement, le jour où le
règlement va être approuvé, vont demeurer ce qu'ils
sont.
Sauf qu'on va dire: L'hôpital Sainte-Anne-de-Beaupré
appartient à telle catégorie et l'Hôtel-Dieu de
Québec appartient à telle autre catégorie. Si, à un
moment donné, dû au changement de la population de
Sainte-Anne-de-Beaupré il doit y avoir un changement de
catégorie, il se fera. Cela sera étudié non pas par
l'agrément, à savoir s'il doit y avoir du nouvel
équipement, mais cela va être étudié par tout le
monde en cause, soit l'établissement, la planification, la
programmation, le financement, les relations professionnelles au besoin
l'agrément qui dans ses visites nous fera des représentations
le conseil régional... Si, à un moment donné, cet
hôpital doit changer de classe, par suite de toutes les décision
qui peuvent être prises avec l'évolution, il changera de classe.
Alors, il n'y a absolument rien qui empêche des changements de
classification.
M. FORTIER: Très bien.
M. GAGNON: M. le Président, je suis un peu surpris et je suis
convaincu que l'assistance est un peu surprise également. Voici un cas
où le député de Gaspé-Sud, qui est adjoint
parlementaire au ministère des Affaires sociales, qui aurait dû ou
qui a participé ou qui n'a pas participé à
l'élaboration de documents aussi importants, ici, à la commission
demande au ministre des informations. Je ne sais pas si la collaboration, avec
des hommes compétents tels que le Dr. Fortier, n'a pas été
un peu négligée. Je suis surpris de cette attitude-là. Je
suis convaincu que le Dr Fortier aurait participé et aurait
apporté des lumières merveilleuses.
M. FORTIER: M. le Président, je dois dire ici qu'il y a une
grande...
M. GAGNON: Confiance.
M. FORTIER: ... entre le ministre et moi-même, entente. Nous nous
voyons assez souvent pour régler ces questions-là. C'était
seulement une observation, comme on m'a demandé de le faire. D'ailleurs
le ministre était au courant de cette observation, je lui en ai
parlé avant la séance. Il a dit: Très bien, faites
l'observation.
M. GAGNON: Cela pose des points d'interrogation. Je trouve cela bien que
l'adjoint parlementaire...
M. CASTONGUAY: Posez-vous-en si vous voulez, mais je pense que la
réponse du Dr Fortier est celle qui m'apparaît la plus
satisfaisante.
M. GAGNON: Il sauve la situation.
M. CASTONGUAY: Encore hier soir, je demandais au Dr Fortier d'assister
à une rencontre d'information et de m'en faire rapport. Je l'ai vu ce
matin et je ne crois pas... En tout cas, je crois que ce sont des
problèmes qui, s'ils existaient, devraient être discutés
entre moi et le Dr Fortier.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: J'aimerais demander au ministre ce qui lui a fait
préférer la classification selon le niveau de soins plutôt
que sur la durée des soins?
M. CASTONGUAY: Les deux apparaissent, à mon avis, M. le
Président. Nous avons d'abord, pour les hôpitaux de traitements
actifs, les centres hospitaliers, on a les soins généraux, les
soins spécialisés, les soins ultraspécialisés et
après cela, nous avons les secondes catégories pour les soins
prolongés.
M. LAURIN: Je sais que les deux apparaissent, M. le ministre, mais dans
l'ordre où ils apparaissent, il me semble que la
préférence, que l'aspect niveau de soins est
privilégié par rapport à l'aspect durée. Je sais
bien que l'aspect durée apparaît dans la suite des paragraphes,
mais il me semble que le critère principal soit quand même celui
du niveau des soins plutôt que celui de la durée.
M. CASTONGUAY: Il y a peut-être aussi une erreur de
présentation. C'est-à-dire que les trois premières
classifications de niveau se situent dans la catégorie des soins actifs
et il y aurait peut-être lieu de mettre un premier grand groupe qui soit
les soins actifs et avoir les soins généraux, les soins
hospitaliers spécialisés et ultraspécialisés, et
une deuxième et grande catégorie, les centres hospitaliers de
soins prolongés. Cela n'a pas été fait mais c'est
l'idée qui est sous-jacente. Il y a probablement lieu de corriger,
d'avoir deux sous-groupes et à l'intérieur des sous-groupes les
distinctions qui sont apportées. Je pense que c'est le sens de la
question. En fait, dans notre esprit, c'est ce que cela veut dire, mais ce
n'est pas indiqué comme tel dans le texte.
M. LAURIN: Par ailleurs, M. le Président, je me rends bien compte
que lorsque le ministre doit émettre un permis chaque année, il
doit bien le faire sur la base de renseignements qui déterminent le
caractère d'un hôpital. Il a dit tout à l'heure qu'il ne
peut partager cette lourde responsabilité avec personne.
M. CASTONGUAY: Quant à l'émission du permis.
M. LAURIN: C'est cela. Il reste que la nature humaine étant ce
qu'elle est, une fois qu'un établissement a été
classifié dans une certaine rubrique... ou lorsqu'une étiquette
est apposée sur une bouteille, bien souvent on ne prend plus la peine de
voir ce qu'il y a dans la bouteille, on ne regarde que l'étiquette et on
essaie même de faire correspondre le contenu de la bouteille à ce
qui est marqué sur l'étiquette.
Ceci veut dire que, lorsqu'un établissement a été
une fois classifié dans une certaine rubrique ou catégorie, cela
peut préjuger ceux qui ont à transiger avec cet hôpital,
à discuter de questions budgétaires, de questions d'organisation.
Cela peut orienter leurs pensées et leurs décisions dans le sens
de l'étiquette ou de la rubrique qui a été établie
pour lui. C'est humain, c'est psychologiquement normal qu'on procède
ainsi.
Est-ce qu'il n'y a pas danger que ceci rende plus difficile un jour
lorsque les conseils régionaux seront constitués
leur tâche, leurs responsabilités, non pas complètes mais
partielles, dans l'établissement de la vocation de chacun des
hôpitaux, dans l'établissement du réseau de coordination
qui doit être institué entre ces diverses catégories
d'institutions et dans la présentation d'un plan global de services de
santé pour la région? On connaît justement la contrainte
que fait peser sur plusieurs l'établissement d'une certaine
étiquette, d'une certaine rubrique.
Je comprends, d'un côté, que le ministre ne peut pas
émettre de permis sans connaître la caractéristique d'un
hôpital. Par contre, étant donné le danger que ça
peut constituer, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'agencer l'article de
façon à sauvegarder l'avenir, le rôle futur des conseils
régionaux?
M. CASTONGUAY: Il y a aussi d'autres considérations. On sait fort
bien que, si aucun effort n'est fait pour déterminer la nature d'un
établissement à un moment donné, sa vocation, sa fonction,
on court le risque d'en arriver à un éparpillement de ressources
qui n'est pas sain. Nous sommes dans un domaine où les ressources sont
rares, aussi bien au plan de l'équipement qu'au plan du personnel
compétent. Nous sommes aussi dans un domaine où
l'éparpillement de ressources donne lieu bien souvent à une
qualité inférieure de services.
Nous avons d'assez nombreux exemples de la prolifération de
services spécialisés qui n'apportent pas de bons
résultats. Ce n'est pas une opinion personnelle. Nous avons encore
récemment demandé une étude sur un type de services
à un médecin extrêmement compétent qui n'avait aucun
motif de dire au ministère: Il y a prolifération de services qui
ne donnent pas de bons résultats. C'est la conclusion à laquelle
il est arrivé.
Il y a aussi cette contrepartie, on ne doit pas voir dans la
classification des établissements uniquement un moyen de geler la
situation. On doit plutôt voir un moyen d'identifier ce qu'elle est. Et,
une fois qu'elle est identifiée clairement, je crois qu'il est davantage
possible d'apporter les correctifs qui s'imposent. Alors
que, si on a un portrait un peu vague, un peu confus, c'est beaucoup
plus difficile pour un conseil régional ou pour tous les gens en cause
de porter des jugements.
M. LAURIN: Je suis bien d'accord avec vous qu'il ne faut pas confondre
classification et organisation, même si dans la pratique les deux peuvent
chevaucher lors des discussions entre les centres hospitaliers et les
autorités du ministère. Il reste quand même que votre
réponse m'indique que le ministère va peser d'un poids plus lourd
que les conseils régionaux lorsqu'ils sont constitués.
Vous dites vous-même que vous avez l'intention et qu'il
s'avère nécessaire de mettre fin à l'éparpillement
ou d'empêcher un éparpillement trop grand. Mais il reste
encore une fois je vous ramène à ce dont on parlait à
l'article 16 de la loi 65 que c'est un des rôles que vous vouliez
donner au conseil régional de mettre fin ou d'empêcher cet
éparpillement. Mais là vous vous trouvez quand même
à faire passer la décision du côté du
ministère. Quand on fait ça au tout début de l'application
d'un projet de loi, il y a bien du danger que ça continue d'être
comme ça, même une fois que les conseils régionaux seront
créés, parce que l'habitude sera prise.
M. CASTONGUAY: Sur ce, je ne veux pas faire preuve d'obstination. Une
chose que nous pouvons considérer c'est demander l'avis au conseil
régional sur la classification des établissements.
On lui confie des rôles. On peut lui confier ce
rôle-là.
M. BOIVIN: Pensez-vous que le conseil régional sera
compétent pour juger de la qualité des soins qui se donnent dans
un établissement?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas la question.
M. BOIVIN: Je n'ai pas d'objection pour la classification, mais, pour la
distribution des permis et la détermination de la vocation, je ne
croirais pas qu'il soit sage même de laisser ça dans les mains du
ministre. C'est pour ça que, lors de la discussion, j'ai parlé
d'un conseil d'agrément. Cela va revenir plus loin dans la
détermination des permis. Pour la classification, c'est certain qu'il y
a un danger, même si le ministre a un conseiller. Aujourd'hui, il a un
bon conseiller; demain, il en a un moins bon. Alors, qui déterminera
réellement de la qualité? Je n'accepte pas que le conseil
régional puisse juger de la qualité des soins qui se donnent dans
un centre hospitalier.
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas si je saisis bien tout ce qui est dit.
L'émission des permis est une responsabilité que la loi attribue
très clairement au ministre. J'avais exposé les motifs et je ne
crois pas que l'on puisse reprendre, à ce moment-ci, la discussion des
articles du projet de loi.
A mon sens, nous parlons de la classification, article 163.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, pour les établissements.
M. CASTONGUAY: On nous dit que, si c'est établi uniquement par le
ministère sans qu'il y ait aucun avis demandé, même s'il
est évident que nous aurons des représentations, ça peut
introduire un caractère de rigidité purement dans la
classification.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est à la page 26 de la loi 65, section
des permis et à l'article 163, dispositions transitoires.
M. CASTONGUAY: Bon!
M. BOIVIN: La classification des hôpitaux, je vois cela comme un
inventaire. Je ne crains pas, à condition que, dans l'émission
des permis, on ait un organisme qui conseille.
M. CASTONGUAY: On va revenir sur les dispositions des règlements
touchant l'établissement des normes. Nous avons considéré
et analysé la suggestion que vous nous avez faite pour
l'établissement des normes. L'article 94 dit: " Nul ne peut exploiter un
établissement s'il ne détient un permis délivré
à cette fin par le ministre". Cela est très clair. Je ne pense
pas qu'on puisse revenir à la loi.
Quant à la classification, qui est de la nature, comme vous le
dites, d'un inventaire, à la suite des représentations
formulées, je n'ai pas d'objection à ce qu'on envisage de
demander un avis au conseil régional pour qu'il nous dise si un
hôpital doit appartenir à la catégorie des centres
hospitaliers pour soins généraux ou pour soins
spécialisés ou encore pour soins prolongés.
M. BOIVIN: Le conseil régional, ça peut être pour le
mieux ou pour le pire. Le conseil régional va vouloir maintenir des
soins, souvent, qui n'auront pas la qualité voulue.
M. CASTONGUAY: Nous ne sommes pas liés par un avis.
M. BOIVIN: Mais je ne voudrais pas que le ministre reste avec un
conseiller pour déterminer ces choses-là. Je voudrais que des
organismes déterminés conseillent le ministre et que ce soit dans
les règlements.
M. CASTONGUAY: Au plan des normes, nous reviendrons sur cette
question-là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: On donne au conseil régional
énormément d'autorité ou, du moins, on semble vouloir le
rendre responsable de l'organisation totale des soins médicaux dans une
région donnée. Avec une définition aussi précise
dans la classification des hôpitaux et en laissant directement aux
autorités du ministère la responsabilité de classer les
hôpitaux, il me semble que, dès le début, même avant
l'application de la loi, on impose au conseil régional un carcan assez
rigoureux.
Il est tout de suite astreint, si vous voulez, à une
classification bien précise, bien déterminée,
peut-être, comme le disait le Dr Brunet, qu'il y a des mots ici qui n'ont
pas la même signification pour tous les gens, mais il me semble tout de
même qu'on les astreint d'une façon immédiate à une
classification...
M. CASTONGUAY: La loi contient une disposition faisant obligation de
faire une classification. On définit donc un mode de classification
qu'il s'agit ensuite d'appliquer. Dans l'application de cette classification
on doit la faire, alors elle doit se faire au moment où il y a
l'émission des permis nous disons: Nous allons demander l'avis du
conseil, savoir est-ce que l'hôpital X entre dans telle catégorie
ou dans telle autre?
M. SAINT-GERMAIN: Nous avons eu, hier, une soirée d'information
et les médecins ne semblent pas être trop heureux de cette
classification. Aussi bien au niveau des médecins que vis-à-vis
des membres du conseil régional, il va falloir que ces gens-là
soient motivés, surtout les membres du conseil régional. Il va
certainement falloir que ces gens ressentent le fait qu'ils jouent un
rôle important dans l'organisation des soins hospitaliers.
Je me demandais si on ne pourrait pas avoir une classification plus
large, quitte à revenir plus tard lorsque, en fait, on aura connu le
point de vue des différents comités régionaux qui auront
à travailler dans le concret.
M. CASTONGUAY: Il y a peut-être aussi un détail à
ajouter: c'est que cette classification ne se fera pas avant bon nombre de
mois, c'est-à-dire au moment du renouvellement des permis. Cela va
donner aussi un bon moment pour étudier cette question.
M. SAINT-GERMAIN: On semblerait admettre assez facilement qu'on pourrait
classer les hôpitaux relativement aux soins actifs et aux soins
prolongés. Je me demande s'il ne serait pas plus prudent de faire
simplement cette division quitte, avec l'expérience, avec le temps,
à y revenir si ce n'est pas efficace.
M. CASTONGUAY: C'est déjà fait dans les faits. Si on parle
du Pavillon Georges-Frédérique à Drummondville, il est pas
mal clair que c'est un établissement qui donne des soins
prolongés alors que si on parle de l'Hôpital Sainte-Croix,
à côté, il est clair que c'est un hôpital de
traitements actifs.
Dans les faits, cette grande distinction est pas mal effectuée.
Il y a peut-être quelques cas d'exception mais, de façon
générale, c'est accepté de part et d'autre, il n'y a pas
de discussion entre les ministères sur ce fait.
M. SAINT-GERMAIN: Peut-être que les définitions devraient
être plus précises, plus claires parce qu'il semble tout de
même y avoir une incompréhension qui se glisse quelque part.
M. CASTONGUAY: Il y a peut-être 25 méthodes de classifier
les établissements. Il y en a qui ont été tentées
dans le passé par le nombre de lits. On peut y ajouter ensuite des
distinctions en plus du nombre de lits, selon qu'il se fait de l'enseignement
ou qu'il ne s'en fait pas, on peut reprendre... En tout cas, il y a autant de
méthodes... A ce moment-là il est clair que si on en adopte une,
on ne peut pas satisfaire tout le monde au départ.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, excusez-moi, je ne sais pas si j'ai bien rendu
mon opinion, M. le Président, mais je veux dire qu'on en adopte une au
tout début sans l'avis des conseils régionaux.
M. CASTONGUAY: Les conseils régionaux, leur rôle est
beaucoup plus de savoir si tel établissement entre dans une
classification ou dans une autre que de déterminer un mode de
classification.
M. SAINT-GERMAIN: Ne croyez-vous pas qu'avec l'expérience et le
temps ils pourraient facilement arriver à déterminer
eux-mêmes, si on leur laissait une certaine latitude, le soin de...
M. BACON: Chaque région aurait sa méthode
d'évaluation, ce serait difficile.
M. SAINT-GERMAIN: Il y a peut-être un autre point, M. le
Président, que j'aimerais faire ressortir. J'avoue de par la loi, c'est
le ministère qui est responsable des permis mais il faudrait, à
mon avis, qu'il existe aussi dans la loi, pour les mêmes raisons, une
collaboration, même si en dernier lieu le ministre reste responsable. Il
devrait peut-être y avoir dans la loi quelque chose qui permettrait au
moins aux gens du comité régional d'avoir un mot à dire
parce qu'ils vont avoir une opinion très bientôt
là-dessus.
M. CASTONGUAY: Si on regarde la situation, le renouvellement des permis
se fait de façon quasi automatique, à moins qu'il y ait des
raisons extrêmement sérieuses. Le jour où vous ne
renouvelez pas un permis signifie la fermeture d'un établissement. On ne
le fait pas à
moins d'avoir des raisons extrêmement sérieuses. Nous avons
prévu dans la loi un mécanisme d'appel des décisions
négatives qui pourraient être prises. De façon
générale, et dans une année, il se renouvelle 99 p.c. des
permis. Quand nous ne renouvelons pas, c'est à cause des dangers qui
peuvent exister au plan de la sécurité des patients, au plan de
la qualité des soins, laquelle nous ne jugeons pas. C'est le rôle
du Collège des médecins, du Collège des
chirurgiens-dentistes et nous n'allons pas examiner la qualité de l'acte
médical. Nous recevons leurs recommandations. Sur la
sécurité, il y a des normes dans la Loi du ministère du
Travail; s'il y a un danger pour la sécurité, on rencontre les
directeurs des établissements, on en discute avec eux. On essaie que des
améliorations soient faites. D'ailleurs, on dépense, cette
année, probablement une couple de millions au ministère pour
améliorer la sécurité dans ces établissements. Et
ce n'est que si un établissement ne se conforme pas et que vraiment il y
ait danger qu'on en arrive à la décision, extrêmement
pénible à prendre, de ne pas renouveler un permis. En plus, il y
a un mécanisme d'appel qui est prévu, précisément
pour éviter qu'il y ait de l'arbitraire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Personnellement, j'aime bien cette distinction, cette
procédure, centre hospitalier, soins généraux, soins
spécialisés et soins prolongés. Mais je demande pour
quelle raison exacte, dans soins spécialisés, vous avez fait une
nouvelle classe, soins spécialisés et
ultra-spécialisés. Est-ce que c'est suffisamment important pour
en faire une classe à part?
M. CASTONGUAY: La raison, c'est de distinguer certains
établissements qui ont un rôle particulier dans des
activités très spécialisées, qu'on appelle
ultra-spécialisées, telles que décrites
antérieurement. Nous avons précisé dans le dernier texte
qu'il pouvait s'agir d'un ou de domaines qui nécessitent en fait surtout
des ressources humaines et souvent des ressources physiques très
particulières. C'est une distinction. On peut donner l'exemple de
l'Institut de cardiologie et l'Institut de neurologie, qui nécessitent
des équipes humaines et physiques très particulières et
qui sont assez bien identifiables en général.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le sous-ministre vient de prendre des exemples
concrets. Je comprends facilement que l'Institut de cardiologie et celui de
neurologie soient des établissements ultra-spécialisés.
Mais prenons la ville de Québec. Si je comprends bien, le Centre
hospitalier universitaire, le CHUL, serait un établissement
ultra-spécialisé. L'Institut de cardiologie de l'hôpital
Laval serait un établissement ultra-spécialisé. Est-ce que
l'Hôtel-Dieu de Québec, l'hôpital du Saint-Sacrement,
l'Enfant-Jésus et Saint-François d'Assise seraient des
hôpitaux ultra-spécialisés? Chacun possède un
secteur de pointe dans lequel il se spécialise.
M. CASTONGUAY: Je ne voudrais pas donner de décisions qui
seraient définitives. On a regardé les classifications mais il
n'y a pas eu de permis d'émis. C'est donc un peu
prématuré. Mais l'idée est que ces hôpitaux
étant donné qu'ils ont un secteur de pointe ou deux, seraient
considérés comme ultra-spécialisés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ultra-spécialisés, mais est-ce
qu'on indiquerait sur le permis le secteur dans lequel ils le seraient?
M. CASTONGUAY: Pas sur le permis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on l'indiquerait ailleurs?
M. CASTONGUAY: C'est-à-dire qu'on a des discussions avec
l'université, la faculté de médecine, pour
déterminer avec eux quels sont les secteurs de pointe de ces
hôpitaux. Nous espérons, pour la région de Québec,
par exemple, être capables d'envoyer une lettre disant qu'en accord avec
l'université et le ministère tel hôpital est reconnu comme
secteur de pointe dans tel ou tel domaine.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce seraient surtout les hôpitaux qui
feraient l'enseignement et la recherche.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): On peut dire la même chose pour les
hôpitaux de Montréal, dont l'hôpital Maisonneuve,
Notre-Dame, l'Hôtel-Dieu, Sainte-Justine, Montreal Children's, Montreal
General, Royal Victoria qui seront des hôpitaux
ultra-spécialisés.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous savons comment cela se passe au
ministère. L'établissement soumet un budget, demande des
effectifs et de l'équipement pour développer certains services.
Actuellement, on leur dit: Des contraintes financières ne nous
permettent pas de vous accorder tel équipement ou tels effectifs. C'est
la réponse. On ne dit pas: Actuellement, vous êtes classés
dans telle catégorie d'établissement. A l'avenir, au lieu de
dire: Nous n'avons pas du budget pour cette section, est-ce qu'on leur
répondra supposons que l'Hôtel-Dieu de Gaspé; je
prends l'exemple dans le comté de l'adjoint parlementaire, demande un
équipement spécial pour les maladies du coeur, les
infarctus, au point de vue traitement Vous n'êtes pas
classés dans les établissements ultraspécialisés ou
vous êtes classés dans les établissements
spécialises, donc, nous vous donnons cet équipement? Est-ce que
ce sera la raison qu'on invoquera?
M. CASTONGUAY: Si nous faisions cela, ce serait mal assumer nos
responsabilités comme ministère. La décision de savoir si
l'Hôtel-Dieu de Gaspé doit avoir de l'équipement pour tel
type de maladie ou faire fonctionner tel type de services doit procéder
d'autres motifs qu'une classification qui a été faite à un
certain moment. Cela dépend, premièrement, à mon sens, du
bassin de population, des effectifs qui peuvent être disponibles et des
moyens financiers que nous avons. Je sais qu'à certains endroits on a
donné de l'équipement, mais qu'il n'y a jamais eu de personnel
qui a suivi. Cela peut paraître très bien, mais cela n'a
donné aucun résultat. Cela a été un gaspillage de
ressources. Nous sommes de plus en plus conscients du besoin de prendre des
décisions qui sont fondées sur des besoins, des
possibilités, des moyens d'action. C'est une des raisons pour lesquelles
nous croyons nécessaire d'associer dans tout ce travail les conseils
régionaux et qu'au ministère nous avons voulu développer
un programme d'immobilisations. Nous en avons déjà publié
une tranche. Nous allons en publier une autre tranche, soit celle concernant
les établissements qui ne relèvent pas de la caisse d'aide
à la santé. La question de la classification ne devra pas
intervenir dans ceci. Si j'insiste sur cela, c'est qu'à mon sens
la discussion que nous poursuivons, je comprends qu'elle est faite de
façon objective il est nécessaire d'insister sur la
contrepartie. Je ne voudrais pas qu'on voie dans cette nécessité
de classifier une source de craintes injustifiées dans les
établissements.
M. CLOUTIER (Montmagny) : J'ai posé des questions à la
séance précédente et je les pose encore aujourd'hui dans
cet esprit. C'est très important, comme le ministre vient de le faire,
qu'il apporte des précisons. J'ai tenté de faire ressortir que ce
que le ministre peut faire en classifiant les établissements, il pouvait
le faire autrement. Il pouvait le faire par les budgets. Il pouvait donner une
réponse, sans dire que l'établissement était
classifié dans une catégorie particulière. Il pouvait,
dans son espirt, le classifier là. Je pense que classifier ici, si nous
nous en tenons aux déclarations précises que vient de faire le
ministre, c'est juste reconnaître un état de fait parmi les
établissements.
Un établissement qui est équipé actuellement a les
ressources pour donner tel type de soins dans les soins actifs, il est
équipé pour donner des soins généraux et c'est
important qu'il en donne, il est équipé pour donner des soins
spécialisés. On pourrait prendre toutes les régions du
Québec, mais prenons celle de la Gaspésie. Il est important, en
Gaspésie, qu'il y ait l'hôpital l'Hôtel-Dieu de
Gaspé, l'hôpital de Chandler et l'hôpital de Maria. Je ne
voudrais pas trop m'avancer sur le type de services qui sont donnés
à ces hôpitaux, mais étant donné les grandes
distances, 75 milles, 100 milles, 125 milles ou 150 milles, entre les
établissements hospitaliers, il est important qu'ils soient capables de
donner des soins spécialisés, qu'il y ait au moins des
spécialistes. Parce que toute la politique du ministère des
Affaires sociales, avec la collaboration de tous les organismes, du
Collège des médecins et ainsi de suite, a tenté d'amener
dans ces régions des équipes de spécialistes les plus
complètes possible.
Alors, il est important que cette classification n'ait pas pour but de
figer définitivement une institution dans un moule, mais que ça
serve plutôt à la reconnaître actuellement, à
reconnaître quel type de services elle donne. Mais que cela n'ait pas
pour conséquence de classer définitivement une institution alors
que le conseil régional si je me reporte à l'article 16 de
la Loi 65, aux paragraphes c), d), e) et f) dans les pouvoirs du conseil
régional a tous ces pouvoirs de mentionner au ministre... prenons
l'exemple du paragraphe c), "de recevoir et entendre les plaintes des personnes
auxquelles un établissement situé dans la région pour
laquelle le conseil régional est institué n'a pas fourni les
services de santé et les services sociaux que la présente loi
leur donne droit de recevoir, et de faire à l'établissement en
cause et au ministre les recommandations qu'il juge appropriées à
ce sujet."
Il est entendu que si une personne de Gaspé n'a pas les services
à son hôpital. Elle entre d'urgence et elle n'a pas les services
qu'elle doit avoir parce que l'hôpital aurait été
classé dans une mauvaise catégorie, le conseil régional
est obligé d'intervenir et de faire des représentations, de tenir
compte des plaintes de cette personne qui n'aurait pas reçu les soins,
les services qu'elle doit recevoir.
Evidemment, si on prend les paragraphes d), e) et f), c'est la
même chose. Je pense que l'on devrait associer le conseil régional
à ça, on l'a dit tantôt, mais infailliblement il va
être associé, même si le ministère ne l'associe pas
au commencement. Il va être associé à ce travail, il va
être obligé de porter un jugement sur le travail de classification
qu'on aura fait au ministère des Affaires sociales.
Quant à moi, j'accepte la déclaration que vient de faire
le ministre. Je voudrais que les fonctionnaires également retiennent
cette déclaration de principe indiquant que c'est tout simplement une
classification, mais ce n'est pas une façon pour le ministère des
Affaires sociales de catégoriser définitivement une institution
et d'accepter définitivement un plan de développement des
ressources dans le territoire. Il serait malheureux que ce soit fait dans cette
intention. On a exprimé des craintes que ça baisse la
qualité des soins ou que ça élimine certains services ou
certaines équipes dans certaines
régions. Si la déclaration d'intention qui vient
d'être faite est respectée, ces inconvénients ne se
produiront pas.
M. LAURIN: M. le Président, comme disait Vauvenargues, ce qui va
sans dire vaut encore mieux en le disant, et comme le texte de loi
spécifie quand même les grandes orientations, les grandes
fonctions du conseil régional, il serait opportun, je crois, et
pédagogique, d'inclure dans les règlements quelque chose qui se
réfère à ces fonctions, en ce qui concerne le
détail des diverses fonctions qu'il est appelé à
effectuer.
C'est la raison pour laquelle je demandais tout à l'heure au
ministre s'il ne pouvait pas, dans ce texte des règlements, inclure
à un moment donné les fonctions du conseil régional afin
que l'on voit un peu mieux l'articulation des rôles entre le conseil
régional et le ministère et les fonctionnaires du
ministère. D'ailleurs la même remarque vaudrait pour d'autres
articles; ici, on touche à la classification, mais les mêmes
remarques pourraient être pertinentes pour d'autres règlements qui
ont trait à d'autres fonctions dont parle le projet de loi.
M. CASTONGUAY: C'est une suggestion, mais pour le moment je ne peux pas
donner de réponse définitive. Il peut y avoir des aspects qui
pourraient être oubliés, mais cette suggestion me semble
extrêmement raisonnable et elle mérite d'être retenue.
M. LE PRESIDENT: Le député de Trois-Rivières.
M. BACON: Est-ce qu'on pourrait savoir du sous-ministre, pourquoi ces
réticences à ne pas indiquer sur les permis les secteurs de
pointe des différents hôpitaux?
M. CASTONGUAY: Vous entrez, je pense, dans des détails qui ne
sont pas nécessairement utiles. Comme je l'ai signalé avec M.
Cloutier, ce n'est pas par le permis qu'on va déterminer le
développement d'un hôpital. Je pense que le permis doit s'en tenir
â la classification qui est mentionnée dans les règlements.
Maintenant, il n'y a pas d'objection absolue. Remarquez aussi qu'on a fait
valoir le danger de faire des catégories trop étanches. Si on
commence, à l'intérieur des catégories, à
délimiter des fonctions ultra-spécialisées, il me semble
qu'on ne va pas dans la bonne direction.
M. BACON: Hors des grands centres, comme Québec et
Montréal, est-ce qu'il y aura des hôpitaux avec des services
ultra-spécialisés?
M. CASTONGUAY: Il y en aura sûrement. Il y en aura à
Sherbrooke. On peut penser qu'il y en aura à d'autres endroits. Il
faudra qu'ils soient regardés un à un, mais rien n'empêche
qu'il puisse y en avoir ailleurs.
M. FORTIER: Le classement des institutions, de la façon dont le
ministre l'a expliqué, n'est pas mauvais, mais, quand je vois que des
institutions, qui vont être désignées comme
ultra-spécialisées, seront connues de toute la population par les
journaux ou autres media d'information, je me demande si, à ce
moment-là, il n'y aura pas affluence de clients à ces
hôpitaux. Je ne sais pas si le ministre prévoit des
immobilisations pour des hôpitaux reconnus comme
spécialisés, entre autres, dans deux maladies qui se classent
parmi les premières au Canada, le cancer et les maladies du coeur, car
je crois qu'il y aurait une abondance de clients et un retard, entre autres,
à soigner pour le coeur, on peut, peut-être, suffire
des cancéreux. On sait que les jours ou les semaines sont
extrêmement importants au niveau de cette maladie.
M. CASTONGUAY: Nous venons de dire qu'il y aurait simplement la
classification ultraspécialisée, sans indiquer, dans
l'émission du permis, quel est le secteur de pointe. Dans les faits, les
gens le savent cependant. Moi, je sais fort bien que, si je m'attends à
recevoir des soins ultra-spécialisés et que je vais à un
hôpital de 50 lits, il y a de fortes chances que je ne puisse pas les
recevoir. Je sais fort bien, cependant, que, si je vais à l'Institut de
cardiologie, même si le ministère ne fait aucune
désignation, aucune classification, je vais probablement recevoir les
soins les plus spécialisés qu'il peut y avoir dans ce
secteur-là. Il y a aussi une nuance ici. Je crois que les soins dans un
hôpital spécialisé par rapport à des soins
ultraspécialisés sont de qualité différente. Il
faut faire une nuance. Les soins peuvent être de bonne qualité
dans chaque catégorie, sauf que, dans une classe, on peut donner des
soins qui demandent des ressources plus grandes, plus d'expertises pour des
affections ou des états différents.
Nous ne voulons pas introduire une notion de qualité en faisant
des classes, mais simplement une notion de spécialisation.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Quand on parle de classification, infailliblement, on touche au
degré d'autonomie qui peut être laissé à chaque
centre hospitalier. Dans le cas des centres locaux de services communautaires
on l'a passé, mais j'y reviens ce que les gens craignent
actuellement, c'est de se voir imposer un type de services. Moi, j'aimerais
connaître le degré d'autonomie qui sera laissé à ces
centres-là, tenant compte des services qui sont déjà
dispensés. C'est une crainte qui a été soulevée
à quelques reprises par des gens qui s'occupent de la mise en marche de
ces centres. Quel sera leur degré d'autonomie tenant compte de l'absence
de services offerts cela peut toucher l'équipe-
ment aussi afin qu'on soit plus en mesure de répondre aux
besoins, au lieu de se diriger vers des services qui ne seraient pas utiles
dans le milieu? Etant donné qu'ils ne sont pas classifiés, cela
va devenir impossible d'ajuster le type de centre local qui pourra convenir
à telle région.
Etant donné qu'il n'existe qu'une classe, j'aimerais
connaître le degré d'autonomie qui sera laissé à
chacun de ces centres locaux de services communautaires, afin qu'ils
déterminent presque eux-mêmes les besoins du milieu. Est-ce que ce
sera possible?
M. CASTONGUAY: Nous avons publié un document de travail dont je
vous enverrai une copie. Vous allez voir que, dans tous les centres locaux de
services communautaires, on croit qu'il doit y avoir d'abord des soins
généraux, la première des choses. Le plus essentiel, le
plus important, au départ, est d'assurer une base de soins.
Quant aux autres types de soins, nous voulons laisser le plus de
latitude possible aux centres locaux de faire les études de besoins, de
possibilités de personnel, etc., et après discussion, parce
qu'intervient aussi une question de budget, déterminer les autres
services qui peuvent être rendus. Mais nous voulons donner dans toute la
mesure du possible, et vous allez le voir dans le document que nous envoyons,
que nous remettons aux groupements qui s'intéressent présentement
au développement de centres locaux de services communautaires, le plus
de latitude possible.
M. GUAY: Alors, au départ une même vocation...
M. CASTONGUAY: Nous ne voulons pas faire de classification à
l'intérieur des CLSC, justement.
M. GUAY: ... de services généraux, mais ils ne seront pas
nécessairement, avec l'application, complètement identiques.
M. CASTONGUAY: Dans ceux qui sont en fonction présentement et
ceux qui sont en élaboration, je ne crois pas qu'il y en ait deux qui
soient identiques. Au contraire chacun va avoir des caractéristiques
différentes.
M. GUAY: Croyez-vous qu'il pourra exister une différence bien
nette et bien définie entre les centres urbains et les centres ruraux et
qu'il y aura lieu par la suite d'apporter une classification, si c'est
nécessaire?
M. CASTONGUAY: Sur la question de la classification, je ne voudrais pas
me prononcer maintenant. Nous avons laissé le plus de latitude possible,
comme vous voyez, disant qu'il y a une classe. Nous ne disons pas qu'il y en a
quatre, trois ou deux. Le portrait va apparaître de plus en plus
clairement à mesure que nous allons évoluer et que nous allons
voir, à partir des discussions que nous avons, les études qui se
font, les caractéristiques de ces centres.
Il est fort probable qu'il va y avoir des caractéristiques
différentes dans les centres ruraux par rapport aux centres urbains.
On a parlé, par exemple, du problème des
médicaments. Dans un centre comme Québec, cela ne pose pas les
mêmes problèmes que dans bien des centres ruraux. On parle des
soins dentaires, juste pour donner deux exemples. Il est fort probable qu'on va
retrouver, comme vous le dites, des caractéristiques
différentes.
M. GUAY: Le même principe va s'appliquer en ce qui concerne les
centres de services sociaux, j'imagine, et les mêmes règles.
M. CASTONGUAY: Au niveau des centres locaux de services communautaires,
en ce qui a trait aux services sociaux, oui. Au niveau des centres de services
sociaux, étant donné qu'ils vont avoir une fonction beaucoup plus
régionale, il va y avoir beaucoup plus
d'homogénéité, des fonctions de placement qu'on va
retrouver dans chacun, etc.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN : J'aurais une autre remarque générale en ce qui
concerne cette section sur la classification. Quand on prend une base de
classification qui nous amène à détailler d'une
façon assez approfondie les rubriques qui vont entrer dans la
classification, cela comporte toujours un certain danger, parce que
l'énumération est toujours limitative. Elle se trouve à
exclure, qu'on le veuille ou non, certaines catégories de soins non
encore inventés ou qu'on peut avoir oubliés. C'est toujours un
peu dangereux. C'est la raison pour laquelle les Français en particulier
préfèrent des formules plus générales, plus
souples, dans lesquelles ensuite, par voie administrative, on inclut, au
besoin, telle ou telle chose.
Ici, je remarque avec la base de classification que vous avez choisie,
que vous êtes obligé d'énumérer des services. Est-ce
qu'il n'y a pas un certain danger qu'au fur et à mesure de
l'évolution de la médecine, par exemple, des services qui
étaient considéré comme spécialisés au tout
début deviennent de plus en plus courant avec l'évolution des
choses? Par exemple, je prends la psychiatrie. Il y a quinze ans, on ne voulait
même pas l'inclure dans les hôpitaux généraux
spécialisés, maintenant on se rend compte qu'il faut l'inclure un
petit peu partout, même dans les centres locaux de services
communautaires.
C'est un peu la même chose pour des nouveaux services comme la
physique nucléaire, etc.
Est-ce qu'il n'y a pas un certain danger que ce soit limitatif et que
ça vous cause un certain nombre de problèmes à un moment
donné?
M. CASTONGUAY: D'abord l'idée générale, c'est que
nous voyons ça comme des minimums. Peut-être que le texte
mériterait d'être clarifié à ce sujet-là mais
déjà, si on regarde attentivement l'alinéa b) de l'article
2.3.1, on voit, environ à la neuvième ligne: Ils peuvent en outre
offrir d'autres services, notamment...
Justement, on a voulu montrer que ce n'est pas une
énumération exclusive. Je suis aussi allé en France et
j'ai vu des textes magnifiques. Mais entre les textes et la
réalité, j'ai vu des différences énormes. On a de
beaux textes en France et bien souvent la réalité est tout
à fait différente. Cela semble être dans les habitudes,
dans les conceptions qu'on se fait alors qu'ici c'est un peu différent,
j'en conviens.
C'est pourquoi nous avons voulu prendre une approche un peu
différente et donner des minimums plutôt. Je pense que l'esprit se
manifeste beaucoup plus clairement dans b). On peut essayer de clarifier le
texte à ce sujet-là.
M. LAURIN: Est-ce que là aussi ces classifications, ces
paragraphes a) b) c) d) pourront être modifiés avec la
collaboration des conseils régionaux lorsque leurs plans d'organisation
seront soumis au ministère? Pour passer à des questions plus
détaillées, est-ce que vous avez pensé à inclure
même dans a), dans les centres hospitaliers de soins
généraux, des services de psychiatrie?
Je sais que dans certaines régions les soins psychiatriques sont
considérés comme des soins de première ligne.
M. CASTONGUAY: En fait, on n'en a pas mis parce que, quand ils sont
là, en général, ils doivent être présents;
c'est un minimum. Ils doivent exister. Lorsqu'ils sont indiqués,
normalement ils doivent exister. Ce n'est vraiment pas la classification qui va
déterminer les services ou le département clinique. Lorsqu'on
arrive plus loin dans les départements cliniques, c'est vraiment le plan
d'organisation de l'hôpital qui va déterminer les
départements et les services existants.
En fait, le ministère approuvera le plan d'organisation mais
c'est dans le plan d'organisation des services professionnels qu'on va
retrouver l'énumération des départements.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Président, on donne peut-être
l'impression de piétiner sur un article mais, personnellement, je pense
que c'était important que le ministre amène des précisions
et donne la portée exacte du sens de la classification. C'est un peu une
notion nouvelle. Par exemple, habituellement dans l'éducation, quand le
ministre classifie une institution à caractère public ou
semi-public, automatiquement, ça implique des subventions, ça
implique toutes sortes de choses.
Je pense que c'est important, et ça peut empêcher les gens
de grimper dans les rideaux inutilement.
M. CLOUTIER (Montmagny): On a aussi cette classification plus loin. On
ne l'a pas ici, établissements publics, établissements
privés conventionnés. Le ministre a introduit une foule de
modifications aux règlements mais ici on ne l'a pas. A l'Education, ils
l'ont comme partage fondamental mais ici on ne l'a pas.
Ici, c'est sur le niveau et sur la durée des soins. L'autre
classification existe aussi mais pour fins de budget, pour fins de subventions
et d'établissement de conditions spéciales d'exercice entre le
ministère des Affaires sociales et l'établissement
lui-même. Cette classification-là existe aussi.
M. LAURIN: A propos de b), j'aimerais attirer l'attention du ministre
sur une répétition, une tautologie. On dit à b): Les
centres hospitaliers de soins spécialisés offrent, en outre des
services offerts dans les centres hospitaliers de soins généraux,
des services de médecine interne, de chirurgie générale.
Chirurgie générale parait déjà dans a). Jepense
qu'il ne faudrait pas le répéter.
M. CASTONGUAY: On a fait une correction à a) et on ne l'a pas
reportée à b).
M. LAURIN: En ce qui concerne b), nulle part dans les règlements
ou ailleurs ne parait une définition de ce que le ministre entend
exactement par services de santé communautaires. Est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu de le préciser?
M. CASTONGUAY: Les fonctions sont dans le nouveau texte, plus loin.
M. LAURIN: Ah bon!
M. CLOUTIER (Montmagny): Je veux m'excuser auprès du
député de Saint-Laurent, la classification dont il vient de
parler est dans la loi, dans les définitions.
La réglementation en tient compte, mais elle est dans la loi:
établissements publics, établissements privés
conventionnés et établissements privés.
M. LAURIN: Le ministre, tout à l'heure, a dit qu'il voulait
garder une certaine souplesse; c'est la raison pour laquelle il avait inclus
"notamment". Psychologiquement, il faut considérer ceux qui vont lire
ces règlements avant de penser à ajouter de nouveaux services
à la neurochirurgie, à la radiothérapie. Est-ce que ce ne
sera pas difficile de faire accepter ça, soit au niveau local, soit au
niveau régional, soit au niveau étatique? La force de
l'imprimé étant ce qu'elle est...
M. CASTONGUAY: L'imagination de tous les intéressés est
assez fertile sur ce plan que votre crainte ne me paraît pas tellement
devoir être retenue.
M. LAURIN: Je tenais quand même à la mentionner.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autre commentaire, nous allons passer
à l'article 2.4.1: Classification des centres de services sociaux.
M. LAURIN: En ce qui concerne les questions qui ont été
soulevées sur les permis à l'occasion de la discussion de
l'article sur la classification, est-ce qu'on aura l'occasion d'y revenir
à un autre article?
M. CASTONGUAY: Dans la section sur l'émission des permis, si tout
n'a pas été dit évidemment.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 7.1.1.
Classification des centres d'accueil
M. LE PRESIDENT: Article 2.4.1. Section V: Classification des centres
d'accueil, article 2.5.1.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au sujet des centres de services sociaux,
est-ce que le ministre a eu des représentations particulières de
la part de la Fédération des services sociaux?
M. CASTONGUAY: Sur la question de classification.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 2.5.1. Article 2.6.1.
M. GAGNON: Un instant. On parle des centres de réadaptation;
est-ce que celui de la Commission des accidents du travail se trouve inclus
à l'intérieur de ça ou bien si c'est un organisme
indépendant?
M. CASTONGUAY: Le Centre de réhabilitation des accidents du
travail a toujours fonctionné en marge de la Loi des hôpitaux, ce
qui était une situation anormale à mon sens, qui a
déjà été soulignée à quelques
reprises. Pour cette raison, l'an dernier nous avons formé un
comité composé du président de la Commission des accidents
du travail, du président de la Régie de l'assurance-maladie, d'un
représentant du ministère des Affaires sociales et nous lui avons
demandé d'examiner cette question. Nous avons reçu le rapport, il
y a quelque temps. Je l'ai soumis au cabinet et des décisions ont
été prises; très bientôt je les annoncerai.
M. GAGNON: Dans le règlement, c'est dire que ça ne
régit pas encore le centre, qui va faire le sujet d'une disposition plus
tard?
M. CASTONGUAY: En passant, le rapport était unanime.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il n'était pas minoraitaire.
M. GAGNON: Quand le rapport sera-t-il déposé?
M. CASTONGUAY: En temps et lieu, étant donné que nous
sommes en discussion sur certains aspects de sa mise en application
présentement.
M. LE PRESIDENT: Article 2.6.1. Il n'y a pas de commentaire? Partie III,
Les bénéficiaires de services. Section I, la qualité des
bénéficiaires de services. Article 3.1.1, article 3.1.2.
M. LAURIN: Je constate une grande disparité entre le texte
original et le texte suggéré à un tel point que tout
rapport entre les deux articles me semble avoir été perdu en
cours de route.
M. CASTONGUAY: On a fait sauter l'article 3.1.2. Dans le nouveau texte,
il faut garder une numérotation qui se suit.
M. LAURIN: Vous le remplacez par...
M. CASTONGUAY: Egalement, dans l'organisation du texte, en ce qui a
trait à l'obtention de renseignements, tout a été
regroupé au même endroit. Cela change la numérotation
à certains endroits.
M. LE PRESIDENT: Autres commentaires? Article 3.2.1.1. Article
3.2.1.2.
M. LAURIN: Vous indiquez les raisons qui ont amené les
modifications du texte original au texte suggéré.
M. CASTONGUAY: Pour l'article 3.2.1.1., nous avons eu des
représentations de la part particulièrement du Collège des
médecins sur la question de l'enregistrement en plus de l'inscription et
de l'admission. Il s'agit de cas, comme il est indiqué dans le texte,
qui sont uniquement référés à un centre pour des
fins d'examen, qui demandent de l'équipement... ou, l'endroit où
le médecin traitant fait son travail ne serait pas disponible. C'est
pour simplifier les choses et ne pas toujours être obligé
d'inscrire ou admettre un patient. Quant à la scission entre 3.2.1.1. et
3.2.1.2, étant donné que les procédures sont quelque peu
différentes, qu'elles sont différentes, il a été
jugé utile de faire une distinction très claire entre les
deux.
M. LE PRESIDENT: Autres commentaires? Article 3.2.1.2. Un nouvel
article.
M. LAURIN: Un autre article où sont spécifiées les
responsabilités relatives du conseil d'administration, du médecin
ou du dentiste par rapport à l'admission.
M. CASTONGUAY: Nous allons voir dans divers articles justement les
responsabilités en ce qui a trait aux centres hospitaliers ou les
pouvoirs, privilèges, peu importe le terme, du médecin sur ce
plan. En ce qui a trait à d'autres catégories
d'établissement, la responsabilité pour le placement est d'un
ordre différent. Je pense, par exemple, à un centre d'accueil
pour personnes âgées. Là, on verra que le centre de
services sociaux a un rôle à jouer.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des commentaires? Article 3.2.1.2.
Article 3.2.1.3. Dr Boivin.
M. BOIVIN: Nous avons eu des représentations au sujet de cet
article, mais je pense bien que la correction doit être satisfaisante. On
obligeait les établissements à accepter des malades d'urgence
sans spécifier qui faisait le diagnostic. C'est-à-dire qu'on
écartait le médecin et même l'institution. On les obligeait
à hospitaliser ou à accueillir des malades. Je pense que, avec la
correction actuelle, le malade entre d'urgence, le médecin fait ensuite
le diagnostic. On ne peut ainsi embarrasser les établissements de
personnes qui sont à une place où elles ne doivent pas
être.
M. LE PRESIDENT: Autres commentaires? Article 3.2.1.4.
M. CASTONGUAY: Précisément, Dr Laurin, à 3.2.1.2,
vous voyez, on commence dans le sens que vous le demandez.
M. LAURIN: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.1.5.
M. CASTONGUAY: Il n'est plus là, il est supprimé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nouveau 3.2.1.5.
M. CASTONGUAY: Ah! excusez. Je ne regardais pas dans la bonne
colonne.
M. LE PRESIDENT: Articles 3.2.1.3.; 3.2.1.4; 3.2.1.5; 3.2.1.6. Le
député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Pour quelles raisons est-ce que dans le bas, le dernier
article a été supprimé?
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.1.5., à la fin de l'article?
M. CASTONGUAY: Il est un peu difficile de s'y retrouver, mais c'est au
nouvel article 3.2.1.3 que vous retrouvez, dans la colonne, le texte
suggéré à la page précédente. C'est
justement le commentaire que faisait le député de Dubuc. Il se
lisait: "Un centre hospitalier doit admettre ou traiter..." Nous retrouvons
à l'article 3.2.1.3: "Un centre hospitalier doit s'assurer que toute
personne qui nécessite des soins d'urgence..."
M. PEARSON: Ah bon! Je n'avais pas saisi. Je craignais qu'à la
suite d'un accident, par exemple, on refuse un patient en disant: Va à
l'autre hôpital.
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.1.6. Article 3.2.1.7. Article 3.2.1.8.
Article 3.2.1.9.
M. LAURIN: Est-ce qu'il est toujours possible qu'un centre hospitalier
prévienne au moins 24 heures avant le moment prévu?
M. CASTONGUAY: C'est justement pourquoi nous avons inséré:
"... dans la mesure du possible."
M. LAURIN: Ah bon!
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas une obligation stricte, mais il y a un
souhait assez fort d'exprimé.
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.1.10.
M. LAURIN: Vous avez introduit une modification importante.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est là où les anciens
règlements seront utiles.
M. LE PRESIDENT: L'article 3.2.1.11 c'est un nouvel article.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cela signifie que certains peuvent
entrer sans que les services sociaux soient au courant?
M. CASTONGUAY: Bien, le...
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais cela arrive...
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas encore en application...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CASTONGUAY: ... cette réglementation, mais nous savons
qu'à certains moments on en a fait état c'est
extrêmement malheureux, il y a des gens qui peuvent conduire une personne
âgée dans un état où il est clair qu'elle ne peut
prendre soin d'elle et laisser cette personne là tout simplement. Ce que
je dis m'a été mentionné par les autorités
d'hôpitaux pour
malades à long terme. Donc, seulement pour cette raison, je crois
qu'il est important de ne pas bloquer la porte mais, d'un autre
côté, il faut savoir quelles sont les places disponibles, etc.,
afin de pouvoir faire des références de personnes lorsque les
besoins se font sentir.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Si non, nous
allons passer à la section Il: L'accès aux services
dispensés par les centres hospitaliers. Article 3.2.2.1. Article
3.2.2.2.
Accès aux services des centres
hospitaliers
M. BOIVIN: Est-ce que le ministre pourrait me dire cela arrive
à l'occasion de toutes les élections si c'est une bonne
raison de laisser sortir les malades pour les envoyer voter quand un
médecin le leur permet?
M. CASTONGUAY: Ce n'était pas pour des fins d'élection
mais pour assouplir un peu les règles sur les congés temporaires.
Nous connaissons les difficultés auxquelles font face l'administration
ou les personnes en cause lorsqu'une personne peut, pour de bonnes raisons,
vouloir obtenir un congé temporaire d'un centre hospitalier.
M. BOIVIN: Il peut y avoir des congés pour raisons d'affaire.
Cela peut être une sortie pour une journée et revenir
prendre leur lit le lendemain.
M. CASTONGUAY: Il peut y avoir aussi la personne qui subit des
traitements en réadaptation et qui est hospitalisée, étant
donné l'intensité de ses traitements. En fin de semaine, les
traitements n'étant pas reçus avec la même intensité
ou cessant, cette personne peut vouloir regagner sa famille pour quelques
heures, ce qui peut être bon de changer d'atmosphère et diverses
raisons de cette nature.
M. LAURIN: En psychiatrie, c'est très utilisé.
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.2.3.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 3.2.2.3., je voudrais seulement
signaler au ministre qu'il arrive souvent en pratique que le médecin
traitant ou le chirurgien dentiste traitant est d'avis qu'une personne doive
quitter le centre hospitalier. Mais ce qui arrive en pratique, c'est qu'il n'y
a pas toujours de la place dans les centres pour les malades à long
terme ou les malades chroniques. Alors, à partir du moment où le
médecin traitant avertit son patient qu'il faudrait maintenant quitter
l'institution et trouver une autre place dans les institutions pour malades
chroniques et lorsque le patient ne trouve pas de place et qu'il est inquiet,
je comprends que le médecin n'oblige pas, ne mettra personne dans
l'insécurité et ne le forcera pas à quitter l'institution
s'il n'y a pas d'institution de remplacement. Mais en pratique ça pose
joliment des problèmes quand il n'y a pas de place pour recevoir cette
personne.
Souvent quelqu'un appelle son député d'un hôpital et
dit: Mon médecin m'a dit que maintenant il faudrait que je m'occupe de
trouver une place dans une institution pour malades chroniques. Ou c'est la
famille qui nous avertit et qui nous dit : On a fait des démarches
partout, dans plusieurs institutions, et il n'y a pas de place. Alors, le
patient est dans l'insécurité. Est-ce que l'hôpital va le
mettre à la porte? Où va-t-il aller ensuite? La famille ne peut
pas le recevoir. Là, il y a un problème de joint entre des
établissements.
M. CASTONGUAY: Justement, c'est la raison pour laquelle nous confions
une responsabilités bien précise aux centres de services sociaux,
soit celle de tenir une bande d'information sur les places disponibles ou
occupées dans ce type d'établissement. Et c'est également
la raison pour laquelle nous avons voulu créer au ministère une
direction, un service qui s'occupe principalement de cette tâche. Son
rôle va être d'assister les centres de services sociaux et aussi de
s'occuper de cas bien particuliers. Vous n'êtes pas sans savoir qu'au
ministère également, on nous réfère des cas
extrêmement difficiles. Et déjà la création de ce
service a donné de bons résultats. On a reçu le premier
rapport de M. Girouard. L'idée est de confier une fonction clairement
identifiée sur ce plan aux centres de services sociaux, étant
donné l'ampleur, la difficulté du problème.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a des représentants de soins à
domicile d'un hôpital qui pourrait être chargés de
rencontrer immédiatement ces malades? Est-ce qu'il ne serait pas bon
qu'il y ait un représentant des services de soins à domicile qui
commence à prendre l'ampleur...
M. CASTONGUAY: Nous n'empêchons aucunement, au contraire, les
liens qui doivent s'établir entre le service social d'un hôpital,
les soins à domicile, etc. Tous ces gestes sont dans la bonne voie,
étant donné qu'ils facilitent justement la
réintégration des malades dans leur milieu ou encore leur
placement dans d'autres institutions. Alors, ce sont des choses que nous
encourageons.
M. GUAY: Maintenant, étant donné qu'on déplore le
manque de lits disponibles dans les hôpitaux pour malades chroniques,
même malgré la bonne volonté des services en place, bien on
a à déplorer je le répète aujourd'hui, ce
n'est pas la première fois que des malades chroniques n'ont plus
aucune raison de demeurer dans un centre hospitalier puisqu'il n'y a plus rien
à faire. Et ces personnes se retrouvent pendant des semaines, des mois,
et j'ai même des cas où cela s'est prolongé pendant plus
d'un
an et où ces personnes ne sont pas admises, faute de place, dans
un hôpital pour malades chroniques et ils se retrouvent sur le
pavé.
Les gens nous disent: Nous faisons notre possible mais est-ce qu'on doit
retirer d'un hôpital pour malades chroniques des patients
déjà installés pour y faire place à des cas qui
seraient à notre avis prioritaires?
M. CASTONGUAY: Ce problème n'est pas nouveau, je ne sais pas si
on en verra jamais la solution d'une façon parfaite, il s'agit d'essayer
d'améliorer la situation dans toute la mesure du possible. Les gestes
posés ici sur le plan des responsabilités conférées
aux centres de services sociaux, le nouveau service du ministère, tous
les efforts que nous faisons au plan de la programmation, les immobilisations,
tendent justement dans le sens que vous indiquez. D'autres gestes seront aussi
posés dans un avenir prévisible de la part du gouvernement sur ce
plan-là pour faire en sorte de viser toujours à améliorer
cette situation.
M. LE PRESIDENT: Autres commentaires? Article 3.2.2.4. Article
3.2.5.
M. GUAY: A 3.2.4, j'ai eu plusieurs représentations à mon
bureau à ce sujet-là. Quand on parle de dossiers, dans le cas par
exemple de l'entrée d'un malade chronique à un hôpital pour
traitements à long terme, il semble parfois assez difficile pour le
médecin traitant d'obtenir le dossier du patient. Je ne dis pas
difficile, mais cela semble assez long. On nous dit toujours: Je n'ai pas en
main le dossier du patient, donc c'est impossible d'ordonner l'entrée.
Est-ce qu'il y a des mécanismes assez souples ou assez rapides qui sont
prévus?
M. CASTONGUAY: Nous avons discuté toute cette question lors de
l'adoption du projet de loi et nous avons maintenant de nouvelles
dispositions...
M. GUAY: Je suis peut-être en retard.
M. CASTONGUAY: ... sur la transmission des dossiers dans la loi
elle-même pour viser à améliorer cette situation. Vous avez
raison et on va retrouver aussi dans les règlements, certains
règlements qui précisent la façon de mettre en application
les dispositions de la loi à ce sujet.
M. LE PRESIDENT: Articles 3.2 et 3.1. Le député de
Stanstead.
M. VAILLANCOURT: J'aurais une question pour le ministre. Est-ce que le
médecin doit continuer à être responsable
médicalement du malade quand le congé est autorisé,
lorsque ce malade reste à l'hôpital en attendant son
placement?
M. CASTONGUAY: C'est une question d'or- dre légal qui peut
être assez complexe quant au degré ou au maintien de la
responsabilité entre le médecin et son patient dans diverses
circonstances. J'aurais de grandes hésitations à tenter de
formuler une réponse. Je me demande s'il est possible d'apporter une
réponse absolue ou générale si chacun des cas n'est pas un
cas d'espèce.
Je pense que le médecin, sous toutes réserves, demeure
responsable du malade tant qu'il n'a pas quitté l'établissement.
Je pense que c'est la coutume habituelle dans l'hôpital que si vous
libérez un patient et qu'il ne peut pas partir pour des raisons sociales
ou autres, vous en demeurez responsable le lendemain ou les jours suivants,
s'il y demeure. L'hôpital aussi évidemment.
M. VAILLANCOURT: Croyez-vous qu'il soit normal qu'assez souvent le
médecin donne son congé à un malade chronique qui doit
retourner dans sa famille, étant donné qu'il n'y a aucun foyer
où ils peuvent l'accepter, ou une maison de convalescence?
M. CASTONGUAY: On revient au problème des ressources, des lits
disponibles pour répondre à tous les besoins. C'est un
problème qui est extrêmement difficile à régler et
qui existe depuis un bon nombre d'années, comme je le disais
tantôt. Je ne sais pas si jamais on aura une solution parfaite. Ce que
nous essayons, c'est, par divers moyens, d'améliorer toujours davantage
la situation.
M. VAILLANCOURT: Si je comprends bien, lorsqu'il y a des lits
disponibles, c'est préférable que le malade demeure à
l'hôpital que de l'envoyer chez lui, s'il n'y a personne pour en prendre
soin.
M. CASTONGUAY: Tout dépend de son état. Ce n'est pas nous
qui en jugeons, et je ne crois pas que nous puissions en juger par la voie de
règlements. La responsabilité est laissée au
médecin traitant.
M. VAILLANCOURT: Merci.
M. GUAY: Dans bien des cas, des patients je l'ai mentionné
l'autre jour refusent de quitter l'hôpital et il y a des gros mots
qui sont échangés avec le professionnel de la santé. C'est
dans ces cas-là que le malade tente de faire conserver par le
médecin la responsabilité de son état.
Si la réglementation dit que le professionnel de la santé
ou le médecin traitant doit congédier le malade, bien sûr,
que c'est assez sévère, assez strict.
M. CASTONGUAY: Excusez, mais on dit: "... n'a plus à demeurer
dans un centre hospitalier pour des raisons d'ordre médical." Le
médecin juge au plan médical. Si une personne s'entête pour
d'autres raisons, je ne crois pas
qu'on puisse transformer le médecin en une espèce d'agent
de probation ou de réhabilitation ou en un travailleur social.
M. GUAY: Si c'est le professionnel de la santé qui le dit.
M. CASTONGUAY: Sa responsabilité est au plan médical. Je
comprends qu'il y a des personnes, parfois, qui acceptent mal le jugement du
médecin. Que voulez-vous? Nous ne pouvons pas régler cela par
règlement. Ce sera toujours ainsi. Il y aura toujours des conflits entre
patient et médecin, comme il y en a entre d'autres personnes.
M. GUAY: Il n'y a aucun recours dans le cas d'un patient
mécontent?
M. CASTONGUAY: Il y a la formulation de plaintes au conseil
régional.
M. GUAY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.3.1? Article 3.2.3.2?
M. LAURIN: M. le Président, à propos de 3.2. et 3.1., la
façon dont le nouvel alinéa est rédigé, est-ce que
ça ne peut pas favoriser une certaine négligence dans l'obtention
de l'autorisation puisqu'il est évident que, dans la très grande
majorité des cas, le chirurgien sera toujours capable de dire par
écrit que le retard à l'intervention pourrait être
préjudiciable?
M. CASTONGUAY: Evidemment, ce n'est pas fait dans ce but-là et,
encore ici, c'est vraiment au conseil d'administration et au conseil des
médecins à voir à l'application de ces
règlements-là. Je pense qu'il est important de laisser une porte
ouverte de façon telle que, dans des cas d'urgence ou dans des cas
où il est impossible parce que ça arrive d'obtenir
les signatures désirées, le médecin soit autorisé
par les règlements à...
M. LAURIN: Il y a un autre article qui prévoyait ça.
M. CASTONGUAY: Peut-être qu'il est de trop. Il a été
tout simplement mis là à la demande d'organismes, soit le
collège ou les fédérations, pour être le plus clair
possible sur la responsabilité du médecin dans ces cas-là.
L'objectif n'est pas du tout de négliger. Il y a un conseil des
médecins, il y a des comités qui doivent revoir les dossiers et
il y a des règlements internes.
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.3.2.
M. LAURIN: Pourquoi, M. le Président, a-ton changé le
libellé de cet article? Ce n'est plus la personne, maintenant, qui va
prendre la responsabilité totale de sa demande, c'est le médecin
qui va la partager?
M. CASTONGUAY: C'est simplement une question de concordance, la demande,
c'est au comité qui est formé par la loi. Et cette
demande-là est faite par la personne au médecin et c'est le
médecin qui l'apporte au comité. Ce n'est pas la personne qui
l'apporte. C'est conforme à la loi.
C'est conforme aux dispositions du code criminel à ce
sujet-là.
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.3.3., article 3.2.4.1., article 3.2.4.2.,
article 3.2.4.3., article 3.2.4.4., Article 5, sécurité du
bénéficiaire.
M. CASTONGUAY: Ici, simplement à titre de renseignement, je
rappelle que ces articles ont été ajoutés principalement
à la demande du Collège des médecins et chirurgiens.
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.5.1.
M. LAURIN : Voulez-vous nous laisser une petite seconde?
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. LAURIN: L'article 3.2.5.2. montre bien que c'est seulement en cas de
menace d'épidémie que ceci peut se produire.
On ne précise pas les mesures d'isolement non plus; ça ne
vous paraît pas nécessaire d'aller dans ces détails?
M. CASTONGUAY: Ce sont des questions, je pense bien, d'organisation
interne.
M. GUAY: Sur ce point, les médecins, les infirmiers, les
infirmières sont assez sévères et j'ai eu l'occasion de
subir la sévérité de gens qui font très bien leur
travail.
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous étiez en voie de contaminer par
suite de vos doctrines?
M. GUAY: C'était à la suite de l'élection et je
venais de donner la main au ministre des Affaires sociales.
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.5.2. Article 3.2.5.3. Le
député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Président, à l'article 3.2.5.3. il est
mentionné: Toute personne souffrant de maladie ou de condition qui, dans
l'opinion d'un médecin ce qui veut dire que ça peut
être simplement une interprétation peut être
préjudiciable aux malades ou au personnel ne peut travailler dans un
centre hospitalier aussi longtemps que cette condition demeure.
A ce moment-là, supposons qu'un médecin constate qu'une
infirmière est un peu agressive.
Dans son opinion, ça veut dire qu'il peut la suspendre? Est-ce
que c'est ce que ça signifie?
M. CASTONGUAY: C'est évidemment au plan médical, parce
qu'on dit: Dans l'opinion d'un médecin. Je pense bien que la remarque
que vous faites mérite d'être retenue et je vais demander de
revoir le texte. On dit: Dans l'opinion d'un médecin. Si ce sont des
questions autres qui portent sur la discipline ou quoi que ce soit, je ne crois
pas que ce soit l'endroit pour le faire. Il y aura probablement une
modification à apporter à moins qu'on me dise que "condition"
ajoute à "maladie" et que ça demeure dans le même sens
général. Je ne suis pas en mesure de juger.
M. PEARSON: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, dans le cas de
l'article 3.2.5.3. est-ce que ça ne viendra pas' en conflit avec
certaines dispositions des conventions collectives? Est-ce que ces
choses-là ne sont pas déjà négociées?
M. CASTONGUAY: Je pense bien que le sens n'est pas de lui enlever son
salaire, etc. Le sens est de faire en sorte que, si une personne
présente des dangers de contagion, d'infection, etc., elle ne puisse
travailler.
Maintenant, je peux faire réviser cet article, d'autant plus que
nous allons traiter de nouveau certains aspects de cette question dans la Loi
de la protection de la santé publique.
M. CLOUTIER: Est-ce que vous n'avez que... c'est dans l'opinion d'un
médecin, il n'y a pas vérification. Je ne sais pas mais je pense
qu'on devrait réviser cet article. C'est à revoir.
M. BACON: Définitivement...
M. CASTONGUAY: On me fait remarquer que nous avons introduit ici le
texte du collège mot à mot. Ce n'est pas la rédaction
définitive. Comme je le mentionnais au début, nous retenons les
commentaires qui ont été faits et nous allons le revoir dans
l'esprit de ces commentaires.
M LAURIN: J'attire l'attention du ministre sur le fait qu'il y a des
symptômes psychiatriques mineurs qui relèvent de la
responsabilité du médecin et qui, s'ils amènent cette
conclusion, pourraient causer certains problèmes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non seulement à l'hôpital, non
seulement dans le personnel du centre hospitalier peut-être ailleurs
aussi.
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.5.4.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a de beaux cas, c'est cela que vous voulez
dire.
M. LE PRESIDENT: Article 3.2.5.5.
M. BOIVIN: Cela revient à l'examen périodique.
M. CASTONGUAY: On sait d'autre part que parfois les conditions, en
traitant entre deux examens, peuvent se développer.
M. LE PRESIDENT: Sous-article un?
M. CASTONGUAY: Si j'en juge par vos commentaires pertinents à
l'endroit des chiropraticiens, hier.
M. LE PRESIDENT: Sous-article trois, sous-article quatre.
M. CLOUTIER (Montmagny): On m'informe que la commission va ajourner
à midi trente. Il en est près et nous venons de terminer la
section Il. Est-ce qu'on pourrait considérer...
M. CASTONGUAY: On peut peut-être prendre l'article 3.3.1 et aller
jusqu'à 3.3.5. Ces articles ne sont pas tellement longs. Je ne sais
s'ils présentent un caractère litigieux.
M. LE PRESIDENT: Commençons la section III. L'Action aux services
dispensés par les centres locaux de services communautaires et par les
centres de services sociaux. Article 3.3.1.
Cela va. Article 3.3.2?
M. GUAY: Sommes-nous à l'article 3.3.2? "Fournir tout
renseignement ou document exigé par le centre local ou le centre de
services sociaux relativement à son âge, son statut civil..."
D'accord. Mais on ajoute: "... et à l'objet de sa demande de services."
Je me demande un peu jusqu'où cette demande de renseignements peut
aller. Est-ce qu'il n'y a pas danger d'exagération? "L'objet de sa
demande de services", cela semble assez large.
M. CASTONGUAY: Tout à l'heure, vous mentionniez la
difficulté d'obtenir les renseignements. Il s'agit de trouver un
équilibre entre les deux difficultés. Jusqu'à quel point
peut-on demander des renseignements ou doit-on autoriser la demande de
renseignements et l'obtenir? Le but de ce règlement est de permettre au
centre local d'obtenir les renseignements dont il a besoin pour traiter le cas
particulier. Alors, nous avons essayé de le limiter par la
phraséologie qui est là. Ce n'est peut-être pas
suffisant.
M. GUAY: Si je pose la question...
M. CASTONGUAY: Justement, pour tenir compte du souci que vous
mentionnez, à
l'alinéa a), on a dit: "Les renseignements pertinents." Cela
demeure la responsabilité du centre local de déterminer ce qui
est pertinent. Il peut y avoir des demandes soit pour un placement, soit pour
des soins ou encore une consultation, une planification familiale, etc. Il peut
y avoir toutes sortes de demandes et cela peut être utile d'avoir un
certain minimum de renseignements pour pouvoir suivre le dossier et aussi pour
fins d'analyse de la demande, pour savoir le volume de services et les
effectifs requis. Il faut un minimum de renseignements aussi bien pour les fins
de services que pour les fins d'analyse. C'est dans ce sens-là. Nous
n'irons pas plus loin. Nous avons été très prudents et
nous avons laissé au centre local le soin de déterminer ce dont
il a besoin.
M. GUAY: Advenant le cas où, par exemple, des personnes,
s'adressant à un centre local, se voient demander des renseignements qui
seraient de nature trop confidentielle, est-ce que le patient peut, quand
même, en refusant de donner ces renseignements, le centre peut refuser de
donner ce service.
M. CASTONGUAY: C'est pour ça que nous avons limité au
minimum. Nous avons dit que l'individu doit fournir pour recevoir des
services simplement son âge, son statut civil et l'objet de sa
demande. C'est à b). C'est un minimum. S'il veut des services, il faut
au moins qu'il dise son nom, son âge, son statut civil et pourquoi il
vient au centre. Je pense que ça ne pose pas de problèmes. C'est
strictement ça qui est autorisé. S'il donne ces renseignements,
le centre doit s'en occuper.
M. GUAY: Actuellement, les gens se plaignent que certains agents
demandent des renseignements très poussés et ils refusent de les
donner.
M. CASTONGUAY: C'est pour ça d'ailleurs que nous avons mis un
article au début pour les bénéficiaires. Il y a
l'inscription, les renseignements qui peuvent être demandés et
simplement ceux-là. C'est limité au strict minimum, je pense.
M. GUAY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 3.3.3. Article 3.3.4.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y aurait possibilité que ces
règlements soient approuvés plutôt par le conseil
régional que par le ministre ou parait-il essentiel qu'ils soient
approuvés par le ministre?
M. CASTONGUAY: Ils ne sont pas approuvés par le ministre.
M. LAURIN: Tels règlements entrent en vigueur sur approbation par
le ministre.
M. CASTONGUAY: A quel endroit? M. LAURIN: Quatre.
M. CASTONGUAY: Sur approbation par le ministre. Excusez, vous avez
raison. Ici, il y a un point assez important. On a beau dire qu'ils n'ont pas
de pouvoir, on veut justement qu'il y ait certains critères qui soient
introduits dans ces règlements. Présentement, on dit: Dans les
foyers pour personnes âgées, dans les hôpitaux pour malades
chroniques, il n'y a pas de place. On trouve par contre à des endroits
des personnes qui sont hébergées là uniquement parce que
ça coûte moins cher qu'ailleurs par exemple. Ou il y a bien des
gens en foyers pour personnes âgées. Ce sont des
considérations de cette nature qui ont fait qu'il y a eu une admission,
alors qu'il me semble que l'accent devrait être beaucoup plus sur le
manque d'autonomie d'une personne, son besoin en services.
Nous voulons, dans l'approbation de ces règlements, nous assurer
qu'il va y avoir l'introduction de certains critères. Il n'en demeure
pas moins que c'est avec des fonds publics que tout le développement de
ces ressources se finance. Il y a un problème présentement et
nous devons intervenir. Plus tard, on pourra peut-être transférer
cette responsabilité. Mais là le problème est assez
aigu.
M. LAURIN: Mais vous n'éliminez pas la possibilité que,
plus tard, cette responsabilité-là soit transférée
au conseil régional.
M. LE PRESIDENT: Article 3.3.5.
Choix du médecin
M. LAURIN : J'aurais une remarque générale sur cette
section. Il n'y a aucun article qui mentionne le choix du médecin.
Lorsqu'on a passé au centre hospitalier, il y avait un article
très spécifique qui disait que tout patient avait le libre choix
de son médecin à l'intérieur du cadre des médecins
accueillis par l'hôpital. Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle on
n'a pas pris la même...
M. CASTONGUAY: L'article est dans la loi en fait. Il est de
caractère général. On nous a demandé, pour les
établissements de le répéter. Il n'ajoute absolument rien
à mon sens, mais on a insisté. On craignait qu'à un moment
donné, soit le directeur général ou l'établissement
en vienne à prendre des décisions qui doivent être
réservées au médecin et qu'ils en viennent à
décider qui va traiter dans le choix des médecins. Alors, nous
l'avons mis parce que nous n'avons aucune objection. Au niveau des centres
locaux de services communautaires, la même demande n'a pas
été formulée, c'est moins structuré. Maintenant, on
peut le répéter. Cela n'ajoute absolument rien, il est dans la
loi.
M. LAURIN: Non, cela ne veut pas dire que c'est interdit, le fait que ce
n'est pas dans la loi.
M. CASTONGUAY: L'article général est dans la loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le document qui va être
publié après la fin des travaux, j'imagine que, dans le
même document, on va retrouver et la loi et les règlements. Parce
que, dans d'autres lois, on dispose d'un document complet alors, les articles
comme l'article 6 auquel se réfère le député de
Bourget, sur la liberté du patient de choisir le médecin de son
choix, c'est bien indiqué dans la loi.
M. CASTONGUAY: Nous étions tellement désireux d'apporter
des modifications et d'écouter que nous n'avons même pas
pensé â la question de l'impression...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je m'excuse...
M. CASTONGUAY: Alors, là nous retenons la suggestion. Nous avons
tout avantage à donner la meilleure information possible quant au
contenu de cette loi et de ses règlements.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous essayons d'être en avant du
ministre.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes rendus à la section IV,
l'accès aux services dispensés par les centres d'accueil.
L'article 3.4.1. La commission va suspendre ses travaux.
M. CASTONGUAY: Jusqu'à mardi soir. A 8 heures.
M. LE PRESIDENT: Mardi à 8 heures.
M. CASTONGUAY: Il y a un problème.
Nous avons des échéances vis-à-vis de l'adoption de
ces règlements. Je me suis prêté à une discussion
très détaillée et je n'ai aucune objection à le
faire. Mais il n'en demeure pas moins que cela prend énormément
de temps et peut venir à nous créer des problèmes dans
l'application de la loi. Mardi soir, nous verrons donc où nous pourrons
nous rendre. Si le travail va bien et que nous sommes d'accord pour poursuivre,
il y aura peut-être avantage à poursuivre. Et si nous avons besoin
d'une autre séance, nous verrons...
M. BROCHU: La commission pourra décider à ce
moment-là d'ajourner...
M. CASTONGUAY: Je souhaiterais qu'on ne soit pas trop rigide si
possible, pour procéder.
Si vous me le permettiez, je voudrais simplement faire un commentaire.
Je réalise que dans la salle il y a un grand nombre d'infirmières
qui sont venues assister à cette séance. Je ne voudrais pas
qu'elles croient je pense bien que j'exprime le sentiment de chacun des
membres de la commission que nous ne sommes pas conscients de leur
présence ici. Simplement, nous sommes pris chacun de nous avec un
calendrier de séances de commissions parlementaires qui doit être
fixé par les règlements de la Chambre longtemps à
l'avance, ce qui nous impose des obligations. Nous avons aussi d'autres
obligations que celles des commissions parlementaires et, à certains
moments, ces obligations sont impérieuses. Il n'était pas
possible, au moment où nous avons abordé l'étude de ces
règlements, de savoir précisément le temps qui serait
requis.
C'est pourquoi il est difficile de tracer un programme bien longtemps
à l'avance. Je regrette nous ne les avons pas obligées
à le faire, elles sont venues ici ce matin volontairement, ce qui est un
signe d'intérêt vis-à-vis de cette loi et des
règlements que les parties des règlements qui les
intéressent au premier titre n'aient pas été
étudiées. Je m'en excuse et je pense bien que j'exprime là
le sentiment des membres de la commission.
D'un autre côté, je crois qu'elles vont réaliser que
la commission fait un travail sérieux. Ceci, malgré les
inconvénients que ça peut créer, est un gage quant
à l'objectivité et au souci que tous les membres de la commission
et le gouvernement ont de faire en sorte que cette loi et les règlements
soient aussi appropriés que possible.
Je voudrais leur dire, sans leur donner de faux espoirs tant qu'elles
n'ont pas vu le texte lui-même que, toutefois, pour ne pas laisser le
sujet totalement clos à l'occasion de cette séance de ce matin ou
rester muet savoir que nous avons reçu les représentations d'une
façon très positive et que le document de travail comporte des
modifications qui, je l'espère, sauront, non pas donner satisfaction, ce
n'est pas une question de satisfaction, mais sauront faire reconnaître la
valeur du travail, des responsabilités qu'elles assument,
particulièrement dans les milieux hospitaliers.
Nous aurons, je le crois bien, au rythme où nous allons,
l'occasion d'aborder ces questions mardi soir prochain.
M. LE PRESIDENT: Je remercie les députés de leur
collaboration et la commission ajourne ses travaux à mardi prochain, 8
heures.
(Fin de la séance à 12 h 41)