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Commission permanente des affaires sociales
Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
Séance du mercredi 2 mai 1973
(Neuf heures quarante-quatre)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs !
L'honorable député de Montmagny.
Aide sociale (suite)
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, pour le programme 2,
hier soir, il nous restait à étudier l'élément no
2, l'aide préventive et l'élément 4, la Commission d'appel
de l'aide sociale.
A l'aide préventive, ce sont les agences de services sociaux?
M. CASTONGUAY: Non, en fait, M. le Président, la distinction qui
est faite ici, entre les prestations indiquées "Aide aux ménages
privés de moyens de subsistance" et "Aide préventive", c'est que,
dans l'élément 2, ce sont des prestations qui sont versées
à des personnes qui ont des revenus, mais des revenus insuffisants, qui
sont au travail et qui, en l'absence d'aide ou de prestation, risqueraient de
tomber complètement sous l'assistance sociale. En fait, on a fait
état hier des dispositions des $40 par famille plus $5 par enfant qui
sont déduits et qui font en sorte qu'une personne, même si elle a
certains revenus, peut continuer de recevoir de l'aide sociale. Alors, cette
disposition et les quelques autres de la Loi de l'aide sociale visent à
prévenir la détérioration des situations.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ce montant-là couvre des
besoins ordinaires ou s'il ne couvre que des besoins spéciaux? Parce
que, dans la loi, on distingue...
M. CASTONGUAY: C'est de la nature plutôt...
M. CLOUTIER (Montmagny): Car la loi stipule que c'est pour éviter
qu'une personne tombe sous le coup de la dépendance sociale. Alors, on
peut lui fournir de l'assistance, de l'aide sociale. Est-ce que ce seraient ces
personnes-là?
M. CASTONGUAY: Pour toutes les pensions de base, c'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous étiez outillés
l'an passé pour séparer ces montants ou si c'est une
approximation qui a été faite pour l'an dernier, pour 72/73.
Vous pouviez avoir de vos bureaux locaux les renseignements
suffisants.
M. CASTONGUAY: Et même sur le fichier central de l'aide sociale
nous avons ces données.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela ira, M. le Président. Il y aura la
question de l'élément 4, peut-être que M. Blier a quelques
questions ... Alors, c'est, je crois, la première année,
où M. Blier est responsable de la Commission d'appel de l'aide
sociale.
Il a succédé à Me Bouchard qui a passé
presque toute sa carrière de fonctionnaire dans ce domaine de la
sécurité sociale. Je voudrais demander à M. Blier de nous
dire un peu la somme de travail que la commission a à faire et si, avec
ces crédits qui lui sont accordés il y a 25 p.c, je pense,
d'augmentation il va être capable de répondre à la
demande, au fardeau de travail.
M. CASTONGUAY: Si j'en juge par le travail de l'an dernier qui a
été bien exécuté, je pense que les crédits
de cette année devraient être suffisants, d'autant plus que,
lorsqu'il y a des périodes plus actives, nous avons toujours recours
à du personnel occasionnel ou du personnel prêté par
d'autres directions du ministère. Je ne pense pas que dans le moment il
y ait lieu de penser qu'il y aurait des difficultés de s'administrer
avec le budget actuel.
Il serait peut-être bon aussi, M. Blier, de donner les
statistiques récentes sur le nombre de nouveaux cas qui indiquent
qu'à mesure bien, ça c'est mon interprétation
que les améliorations ont été apportées
aussi bien au plan administratif qu'au plan des prestations, le nombre des
appels a eu une certaine tendance à baisser. Alors, il y a cette
donnée-là aussi par rapport aux crédits demandés
qui apparaît assez importante.
On s'est rendu compte qu'au cours des mois d'octobre, novembre et
décembre, les appels se situaient dans les environs de 200, parfois
ç'a atteint 220 par mois, et en janvier les appels ont diminué
à 150; déjà en février et mars on pouvait sentir la
réaction et la décision du ministère d'augmenter les
prestations à compter du 1er janvier. Parce qu'en février, il n'y
a eu que 88 demandes d'appel, en mars je n'ai pas le rapport devant moi
mais je pense que c'est 110, quoique ç'a augmenté en
avril, mais ça semble avoir eu un effet sur les demandes d'appel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les appels, est-ce que vous avez un classement
par genre de cas? Est-ce qu'on peut classifier?
Il y a eu des appels sur les taux de prestations payées. Il y en
a peut-être pour des enfants à charge, des questions de pension
chez leurs parents ou une question de revenu du travail. Est-ce que vous avez
un certain classement?
M. CASTONGUAY: Le classement n'est pas encore effectué. Nous
avons actuellement mis en pratique un recueil, un répertoire des
décisions. Le répertoire n'a été
complété que récemment. On n'a pas étudié ce
répertoire pour déterminer la tendance des appels, mais ce sera
sûrement fait d'ici la fin du mois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour les diminutions en février, alors
que vous n'avez eu que 88 appels, vous sentez que la différence est
causée par les modifications. Mais vous ne pouvez pas le
déterminer par le nombre de dossiers.
M. CASTONGUAY: Je ne peux pas l'affirmer hors de tout doute pour le
moment. Simplement par une tendance mathématique, on peut le
déduire, étant donné que la plupart des appels, disons 50
p.c, sont des appels pour insuffisance. Le fait d'augmenter les prestations a
sûrement une implication sur le nombre d'appels.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant à la répartition
géographique de la somme de travail, est-ce qu'il y a eu une
évolution depuis le début? Hier, on a un peu touché
Montréal. On a dit que les demandes de révision, au bureau
régional, pour la région de Montréal, étaient pas
mal plus fortes que celles des autres régions. Je pense que
c'était 23 p.c. par rapport à 8 p.c., sans prendre comme trop
formelles ces statistisques. Est-ce que, du côté des appels, il y
a un déplacement, Montréal par rapport aux autres
régions?
M. CASTONGUAY: Non, il y a beaucoup plus d'appels à
Montréal que dans d'autres régions parce que la population est
plus considérable. Proportionnellement, c'est à peu près
la même chose que pour les autres régions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Là où les assistés sociaux
sont plus sensibilisés, à cause des avocats populaires ou des
gens qui s'occupent davantage de ces dossiers, est-ce que vous avez beaucoup
plus de dossiers qui viennent à la Commission d'appel?
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement. Ce qui se produit, c'est que
des avocats populaires viennent souvent à la commission pour se
renseigner. Il est possible qu'à la suite de leur rencontre avec les
membres de la commission ou avec des officiers, des appels qui seraient
normalement venus à la commission ne viennent pas. Ce n'est pas à
cause des avocats populaires qu'on a plus ou moins d'appels, parce qu'ils font
le jeu dans les deux sens aussi. S'ils s'aperçoivent qu'il y a vraiment
lieu d'en appeler à la commission, ils le font et représentent
les appelants. Par contre, s'ils s'aperçoivent que l'appelant n'a pas
nécessairement raison, ils ne lui conseilleront pas d'aller devant la
Commission d'appel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez l'impression que la
population des assistés sociaux, en général, est au
courant des mécanismes qu'elle peut utiliser comme la demande de
révision, plus la demande de la Commission d'appel?
M. CASTONGUAY: La publicité se fait par le bureau local et le
bureau régional qui informent l'appelant des possibilités d'aller
en appel sur la décision du bureau régional. A savoir s'il y a
une publicité suffisamment répandue sur la commission, je ne
pourrais pas vous le dire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est votre façon de communiquer
avec l'appelant lui-même? Est-ce que vous avez seulement, la plupart du
temps, cette communication écrite...
M. CASTONGUAY: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... juste sa formule ou si, la plupart du
temps, il se présente devant la Commission d'appel?
M. CASTONGUAY: J'ai fait part aux autorités du ministère
que, depuis le mois de septembre, on avait amélioré le
système, en ce sens qu'on s'est rendu compte que les appelants ne se
présentaient pas à l'audition, du moins dans une proportion assez
large, peut-être 30 p.c. ou 35 p.c. Ceci me paraissait assez anormal
parce qu'à ce moment les appelants eux-mêmes se privaient d'une
excellente chance d'expliquer leur point de vue et, ensuite, la commission
était aussi privée des possibilités de bien juger le cas.
Cela mettait la commission dans l'obligation de juger le cas seulement selon
les documents qui avaient été considérés par le
bureau local et le bureau régional.
A partir de septembre et d'octobre surtout, nous avons tenté un
effort pour que les appelants comparaissent. En plus de la lettre convoquant
les appelants, nous nous sommes assurés, par téléphone,
que les appelants soient présents ou soient représentés.
Parce qu'on s'est rendu compte aussi que souvent une simple lettre parvenait
à l'appelant mais ce dernier ne pouvait pas se présenter à
l'audition parce que, physiquement, il ne pouvait pas se déplacer ou
encore parce qu'à la date fixée pour l'audition, quelque chose
était survenu qui l'empêchait de se présenter. Et comme on
ne se renseignait pas sur les causes de l'absence, on concluait que l'absent
n'était pas intéressé à se présenter. Cela
nous paraissait un peu anormal. Si on tient pour acquis que, anciennement, il y
avait peut-être 30 p.c. ou 35 p.c. des appelants qui ne se
présentaient pas à l'appel, je pense qu'aujourd'hui cela est
diminué en bas de 5 p.c.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les endroits où vous
siégez facilitent réellement leur présence devant la
Commission d'appel?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est décentralisé suffisamment
pour cela. Pouvez-vous me donner une idée du nombre d'endroits où
on a siégé en dehors de Montréal et de Québec?
M. CASTONGUAY: On siège dans tous les endroits.
M. CLOUTIER (Montmagny): Par région ou...
M. CASTONGUAY: II y a une région où on ne siège pas
souvent parce que ce n'est particulièrement pas possible d'y aller,
c'est dans la région de Natashquan, Aguanish, passé Sept-Iles,
enfin, Blanc-Sablon. On y va...
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous allez dans toutes les régions?
M. CASTONGUAY: On va dans toutes les régions. Les commissaires
vont même à domicile, si la personne ne peut pas se
déplacer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez suffisamment de
commissaires pour faire cette décentralisation et aller dans ces
régions? Le travail peut-il s'accumuler à un moment donné?
Les dossiers peuvent-ils s'accumuler devant...
M. CASTONGUAY: Disons qu'il n'y a pas d'accumulation de dossiers et le
nombre de commissaires me paraît suffisant pour le moment. Je dirais que,
pour une moyenne de 150 appels par mois, neuf commissaires peuvent suffire
à la demande pour le moment.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour le moment. Avec les modifications
susceptibles encore d'être apportées du côté de
l'aide sociale, évidemment, le nombre de bénéficiaires
devrait normalement diminuer avec le nouveau régime d'allocations
familiales et peut-être d'autres lois aussi. A ce moment-là,
est-ce que le rôle de la Commission d'appel pourra davantage être
dirigé vers d'autres programmes de sécurité du revenu?
Est-ce que cela serait une possibilité, à un moment
donné?
M. CASTONGUAY: En fait, si ma mémoire est bonne, s'il y a des
appels en ce qui a trait aux allocations familiales québécoises
et aux allocations scolaires, c'est la commission qui les reçoit; en ce
qui a trait au Régime des rentes, c'est un autre mécanisme.
M. CLOUTIER (Montmagny): Là, on en reparlera avec... Mais le
système fédéral, c'est la commission de révision
conjointe avec le fédéral.
M. CASTONGUAY: II m'apparaît clair que c'est une commission qui
doit garder un rôle en permanence vis-à-vis des programmes de
sécurité du revenu.
M. GUAY: Maintenant, est-ce que ceux qui se prévalent de leur
droit d'appel ont normalement raison d'aller en appel? Disons que l'on
reçoit à nos bureaux un grand nombre de personnes. Quand on
examine les mécanismes de la loi, on leur dit: Moi, je crois que ce
serait préférable que vous alliez en appel. Est-ce que,
normalement, ceux qui vont en appel ont le droit d'y aller? Je veux dire par
là: Est-ce que cela arrive assez souvent à la Commission d'appel
de changer la décision qui avait été rendue par des agents
ou encore l'agent était-il suffisamment informé pour poser une
telle décision, par exemple, dans un cas?
M. CASTONGUAY: Le nombre d'appels accueillis se situe au niveau de 15
p.c. à 20 p.c. du total des appels reçus. On se rend compte, par
ailleurs, que même dans le cas où les appels sont rejetés,
il y a toujours un avantage pour les appelants de venir devant la commission en
ce sens qu'ils sont satisfaits après l'audition d'avoir reçu le
traitement auquel ils avaient droit. Ils ont la satisfaction d'avoir
été entendus, d'avoir pu expliquer tous leurs problèmes et
d'avoir pu demander des explications.
M. GUAY: Maintenant, qui juge qu'un appel doit être rejeté
ou agréé?
M. CASTONGUAY: Les commissaires audienciers.
M. GUAY: Avant de décider de réviser complètement
un cas, il y a d'abord une première filtration des cas, à savoir
si réellement ils ont raison d'aller en appel?
M. CASTONGUAY: Non. L'audition a lieu et, à l'étude du
dossier, on ne peut pas conclure avant l'audition si l'appel sera acueilli ou
sera refusé. C'est seulement au moment de l'audition parce qu'au moment
de l'audition souvent on prend connaissance de faits nouveaux ou de faits qui
n'ont pas été nécessairement inscrits au dossier. Il peut
aussi y avoir certains cas d'interprétation de la loi, et c'est
seulement après avoir entendu l'appelant ou les témoins qu'on
peut décider, prendre la décision soit de l'accueillir, soit de
le rejeter.
M. GUAY: Maintenant, est-ce que vous prenez contact directement avec le
bénéficiaire chaque fois, soit par écrit, soit par
téléphone ou autrement? Dans le cas, par exemple, où vous
revisez une demande et n'avez pas les renseignements suffisants pour être
en mesure de bien juger, est-ce que vous entrez en contact avec le
bénéficiaire?
M. CASTONGUAY: Avec l'appelant? M. GUAY: Avec l'appelant.
M. CASTONGUAY: C'est-à-dire si l'appelant est
représenté, oui. On fait tous les efforts
voulus pour avoir tous les renseignements; si l'appelant lui-même
n'est pas en mesure de nous fournir les renseignements utiles, nous faisons une
enquête plus poussée, nous demandons la présence de
témoins.
M. GUAY : On a l'impression que les gens ne croient pas tellement
à la Commission d'appel. Quand on leur parle d'aller en appel, ils nous
disent que cela ne change rien. C'est assez souvent la réflexion qu'ils
nous font. Je pourrais prendre un cas, par exemple, et cela se produit assez
souvent dans des cas de remboursement, où on demande aux gens: Si vous
ne croyez pas devoir rembourser tel montant, communiquez avec la Commission
d'appel, allez en appel. Ils nous disent: Dans des cas, on est allé,
dans d'autres cas, cela ne donne rien. Je me demande si les appelants ou les
bénéficiaires sont suffisamment informés de leurs droits
concernant la Commission d'appel. Est-ce que les agents dans les points de
service sont suffisamment préparés à expliquer au
bénéficiaire ou à l'appelant de quelle façon il
peut faire valoir son point de vue? Le bénéficiaire a
réellement l'impression que c'est quelqu'un qui est là, qui porte
un jugement arbitraire dans un bureau et qui dit: Tu n'as pas droit. Il va
prendre comme exemple d'autres personnes qui, dans des conditions semblables,
ont des montants différents du sien.
Disons que ce n'est jamais, ou très rarement, dans les cas
d'augmentation que les gens vont en appel ou désirent y aller. C'est
toujours dans des cas où ils croient leurs droits brimés, c'est
bien sûr. Je me demande si la commission, les commissaires ne pourraient
pas informer suffisamment les agents de bureau afin que ces gens soient mieux
préparés à aller en appel et, si ça se fait, que
l'appelant lui-même puisse faire un effort supplémentaire pour
fournir des renseignements plus détaillés concernant les droits
qu'il croit avoir. Je pourrais prendre des exemples de remboursement que les
gens reçoivent, et on leur demande d'aller en appel pour vérifier
si le ministère a le droit de le faire. Prenons, par exemple, des
personnes qui se voient diminuer les prestations à cause d'un
remboursement qu'ils auraient peut-être dû effectuer ou ce qu'ils
appellent une dette envers le ministère des Affaires sociales ou une
partie de ce montant est retenue sur leurs prestations de
sécurité de la vieillesse. J'ai déjà
communiqué avec les bureaux locaux qui nous disent que c'est absolument
normal. Est-ce que le ministère a le droit de le faire? J'ai
demandé à des personnes d'aller en appel et elles m'ont dit: Cela
ne donnera rien puisque les agents nous ont dit de ne pas aller en appel avec
ça.
M. CASTONGUAY: Sur les montants retenus, sur les taux payés, la
commission n'a pas d'autorité pour se prononcer sur la perception qu'en
fait le ministère. Nous n'avons d'autorité que sur les cas de
décision se rapportant à la loi elle-même.
M. GUAY: Est-ce que ces remboursements qui sont demandés par la
division de la perception sont toujours jugés raisonnables? C'est
peut-être là. Quand on demande aux personnes d'aller en appel, on
leur dit: Peut-être que le ministère a été mal
informé. S'il y a lieu, allez en appel afin d'établir si,
réellement, vous êtes dans l'obligation de le rembourser.
M. CASTONGUAY: Ce que la Commission d'appel peut faire dans un cas
semblable, c'est de savoir si le montant de remboursement était
justifié, en ce sens que, si le ministère réclame un
montant, c'est qu'il prétend avoir payé sans autorité. La
commission peut tout simplement établir le montant auquel l'appelant
avait droit. Si vraiment le ministère avait raison sur le montant qu'il
aurait dû verser à l'appelant, le remboursement n'est pas de la
compétence de la commission par la suite. Si le ministère
décide de percevoir, soit tant par mois ou par déduction, ce
n'est pas de la compétence de la commission.
M. GUAY: II n'y a rien qui nous dit que ce n'est pas possible que ce
soit une erreur de l'agent de bureau, de celui qui a consenti un montant auquel
les gens n'auraient pas eu droit.
Maintenant, bien sûr que ces gens ont accepté le montant
qui leur était donné, sauf qu'à un moment donné ils
sont obligés d'en rembourser une partie et ils ne le peuvent
réellement pas. Est-ce que ces cas-là peuvent aller devant la
Commission d'appel?
M. CASTONGUAY: S'il est établi clairement que le montant de la
réclamation est justifié, la Commission d'appel n'a pas
juridiction sur un appel de cette nature. La commission a juridiction seulement
pour établir si vraiment l'appelant avait droit à tel ou tel
autre montant. Mais sur la réclamation que le ministère fait
à l'appelant, la commission n'a pas juridiction.
M. GUAY: En ce qui concerne les besoins spéciaux on en a
parlé hier est-ce que la Commission d'appel, depuis que la
nouvelle façon d'accorder un montant pour les besoins spéciaux
existe... Est-ce que cela a réduit considérablement le nombre
d'appels?
M. CASTONGUAY: Vous voulez parler des règlements qui sont
entrés en vigueur au 1er avril. Il y aura une répercussion sur
les appels seulement à compter du 15 mai, probablement, parce que les
demandes faites concernant les besoins spéciaux sont d'abord
étudiées au bureau local. Si l'appelant n'est pas satisfait, il
demande une révision au bureau régional. C'est seulement
après la demande de révision, s'il y a refus, que l'appelant fait
sa demande d'appel à la commission. Ce qui veut dire qu'on pourrait,
peut-être, avoir des répercussions vers le 15 mai.
M. GUAY: II y a combien de commissions?
M. CASTONGUAY: Dans le moment, il n'y a pas de changement.
M. GUAY: Combien y a-t-il de commissaires à la Commission d'appel
actuellement?
M. CASTONGUAY: Neuf commissaires, y compris le président.
M. GUAY: Vous disiez tout à l'heure que vous vous déplacez
dans la province. Est-ce que c'est dans presque toutes les régions, sauf
celles que vous avez mentionnées?
M. CASTONGUAY: C'est cela, oui.
M. GUAY: Est-ce que vous allez sur demande ou si vous attendez qu'un
certain nombre de dossiers soient accumulés avant de vous rendre dans
une région?
M. CASTONGUAY: C'est-à-dire que nous tendons à
répondre à la demande dans les plus brefs délais possible.
H peut arriver, par contre, que si nous avons seulement une demande, disons
à Drummondville, par exemple, et que nous avons cinq demandes à
Trois-Rivières, nous allons d'abord faire les cinq demandes. Quoique
cela ne peut pas tarder, avant de faire l'autre demande. Mais habituellement,
les demandes d'appel s'ajoutent assez rapidement, de sorte que nous ne tardons
pas plus de quinze jours, avant d'aller dans une région.
M. GUAY: Est-ce que les commissaires ont l'obligation de faire rapport
mensuellement au ministre?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. GUAY: Est-ce que les commissaires font également des
recommandations au ministre, par exemple, disons dans certains problèmes
qui vont se poser dans une région, problèmes qui vont se poser
dans plusieurs cas, mais de façon semblable. Est-ce que les commissaires
peuvent recommander au ministre de prendre telle ou telle mesure
corrective?
M. CASTONGUAY: II nous arrive de faire des observations, des
commentaires sur certains cas particuliers qui se présentent. Il n'entre
pas dans nos attributions de dire formellement: Voici ce que nous recommandons,
voici ce que nous suggérons. On peut tout simplement faire des
observations sur des cas particuliers. Il se peut que ces cas particuliers,
s'ils sont portés à la connaissance du ministère,
s'ajoutent à d'autres cas particuliers déjà connus, de
sorte que cela ne devienne plus une règle d'exception mais que cela
devienne une règle générale. Mais on ne se sent pas
placé du tout pour faire des recommandations spéciales dans ce
domaine.
Je peux ajouter là-dessus M. le Président, que nous
suivons continuellement quant à nous les décisions de la
Commission d'appel, justement pour déceler dans ces décisions,
par les remarques qui y sont faites et le sens de ces décisions, s'il y
a des modifications opportunes. C'est une de nos sources importantes
d'ajustement.
M. GUAY: Les causes qui sont portées en appel, le plus souvent,
pour quelles raisons bien spécifiques le sont-elles?
M. CASTONGUAY: J'ai parlé tout à l'heure du
répertoire de décisions qui avait été mis à
jour et cela a pris un peu de temps parce que nous avons été
obligés de remonter au tout début de la commission.
L'épuration de ce répertoire n'est pas faite et je ne peux pas
vous donner des statistiques et vous dire si telle cause, par exemple, est due
à l'insuffisance ou si telle autre cause est due à des questions
de concubinage ou à des questions de succession, de donation, des
questions de revenu, de travail; je ne pourrais pas vous donner les
détails, dans le moment, de ces demandes. Mais approximativement je
pourrais vous dire que 40 p.c. au moins des demandes d'appel sont des demandes
pour insuffisance tout simplement.
M. GUAY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le programme 2, les
éléments 1 et 2...
M. CLOUTIER (Montmagny): Une dernière question, M. Blier, est-ce
que, pour certains appelants, il peut y avoir des problèmes de frais de
transport à un moment donné et cela peut-il être
défrayé par le ministère des Affaires sociales ou une
allocation supplémentaire, un besoin spécial?
M. CASTONGUAY: Le ministère a mis à la disposition de la
commission un certain montant qui peut être utilisé à ces
fins et on l'utilise dans les cas où on juge que c'est plus rentable de
demander à l'appelant de se déplacer d'un lieu et de rencontrer
les commissaires dans un autre lieu. Supposons, par exemple, que l'on ait cinq
cas à faire à Rivière-du-Loup et que, dans un
arrondissement, disons, de 50 milles de Rivière-du-Loup, il y ait un
autre cas; alors on se dit à ce moment-là que c'est plus facile
de faire venir cette personne-là. Dans la même journée, on
va tenir les six auditions et on n'aura pas à déplacer deux
commissaires qui devront prendre peut-être une autre journée pour
aller entendre un seul cas. Dans ce cas-là, on demande à
l'appelant s'il lui est possible de se déplacer et on paye les frais de
transport.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, quant à moi, M. le
Président, je n'ai rien d'autre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 2, éléments
1, 2, 3, 4. Adoptés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une dernière remarque pour dire au
ministre que je suis heureux de voir que M. Blier est revenu au
ministère des Affaires sociales et qu'il va faire un excellent
collaborateur.
M. CASTONGUAY: Oui, et si vous me permettiez un commentaire, le
programme d'aide sociale, je l'ai souvent dit en Chambre à la suite de
questions, est un programme extrêmement difficile à administrer.
Malgré la période un peu difficile des débuts en 1970,
lorsque le programme a été mis en application, quant à
moi, je trouve que les responsables de l'application du programme, en incluant
les responsables de la Commission d'appel, font un excellent travail et qu'il y
a lieu de le souligner.
Au fur et à mesure que le temps passe, l'administration de ce
programme se fait de façon toujours améliorée et donne
lieu à de moins en moins de difficulté. On sait jusqu'à
quel point c'est important de faire en sorte que ce programme-là soit
administré d'une façon humaine, tout à la fois efficace,
mais humaine, par rapport à la situation des bénéficiaires
ou de ceux qui font appel à ce programme. Je voulais le souligner
également, parce qu'il me semble qu'ils ont fait un travail excellent et
qu'ils sont en voie de poursuivre diverses initiatives pour toujours
améliorer l'application de ce programme.
M. LAURIN: M. le Président, hier je vous avais demandé
comment on en était arrivé aux $8. Je ne sais pas si quelqu'un
pourrait me répondre ce matin.
M. CASTONGUAY: J'ai donné la réponse de façon
générale en rapport avec les budgets ou l'allocation des budgets.
M. Garcia, qui est ici, peut donner le chiffre plus précis.
Normalement, le ministère utilise les normes du Montreal Diet
Dispensary pour essayer de déterminer certaines choses: les seuils de
pauvreté, les montants requis pour les différents besoins que
peuvent avoir les personnes à faible revenu. Dans ce cas-là, le
Montreal Diet Dispensary prévoit, lui, que les besoins d'ameublement
sont un besoin spécial. Alors, il ne donne pas de nonnes. Les normes du
Montreal Diet Dispensary traitent l'ameublement comme un besoin spécial.
Il a fallu nous tourner vers d'autres sources et une des sources que nous avons
regardées, c'est l'enquête de Statistique-Canada sur les
dépenses de consommation des ménages. Voici une étude qui
a été faite en 1969 et pour toutes les familles. Les gens
dépensent 4.6 p.c. de leurs revenus pour les meubles. Cela c'est
l'ensemble des familles. Pour les familles à faible revenu, celles par
exemple dont le revenu est inférieur à $3,000, c'est 3.7 p.c.
Celles dont le revenu est de $3,000 à $4,000, c'est 4.2 p.c. et, de
$4,000 à $5,000, c'est également 4.2 p.c. Alors, on a
comparé ces dépenses-là avec les montants qu'on
dépensait dans l'aide sociale, et la prévision qu'on faisait pour
l'année 72/73, au mois de février, pour l'année en cours,
c'était $6.7 millions. C'est le chiffre qui a été rendu
public.
D'autre part, on estimait alors que le budget d'aide sociale serait de
$360 millions pour l'année. Il s'est avéré que c'est un
peu inférieur à ça, tant mieux. Alors, ceci
représentait 1.9 p.c. des dépenses des ménages.
Maintenant, dans l'aide sociale, il y a un certain nombre de
bénéficiaires qui sont en chambre et pension. Alors, ces
bénéficiaires-là, évidemment, ont des meubles qui
leur sont fournis. Je veux dire que ça fait partie du coût de leur
chambre et pension. Alors, c'était déjà pris en compte
d'une façon ou d'une autre.
De toute façon, ils n'étaient pas admissibles aux besoins
spéciaux.
Si on éliminait la partie du budget d'aide sociale qui
était consacrée aux chambre et pension et il a fallu le
faire de façon approximative on en arrive à 2.2 p.c Et
l'allocation qui a été acceptée par le conseil des
ministres est une allocation de $10.5 millions. Ces $10.5 millions
représentent 3.5 p.c. du budget des bénéficiaires d'aide
sociale qui ne sont pas en chambre et pension, comparativement à 2.2
p.c. avec l'ancienne formule.
Une fois que vous avez les 3.5 p.c., il s'agit de déterminer
à qui vous donnez l'argent. On a choisi de donner $4 et $8.
M. LAURIN: Mais par contre, si les dépenses consacrées
à l'ameublement diminuent au fur et à mesure que la classe
sociale diminue, ce n'est pas parce que le besoin disparaît. C'est
simplement parce que les ressources manquent.
M. CASTONGUAY: C'est ça, c'est une dépense
élastique, enfin, ce que les économistes appellent une
dépense très élastique, qui augmente avec les revenus. Les
gens qui ont de gros revenus vont se procurer des meubles de meilleure
qualité. Il semble que ça augmente plus vite. C'est le contraire
pour la nourriture. La nourriture, c'est très "inélastique",
ça représente une proportion beaucoup plus grande du budget des
personnes à faibles revenus que des personnes à revenus...
M. LAURIN: Merci beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 3, élément
1.
Assistance-médicaments
M. CASTONGUAY: M. le Président, avant de commencer le programme
3, élément 1, on pourrait peut-être, étant
donné que ce programme est administré par la Régie de
l'assurance-maladie, demander en même temps à M. Després de
répondre aux questions que les membres de la commission pourraient avoir
sur le régime d'assurance-maladie. J'ai demandé
également à Mme Leclerc-Chevalier, qui est
présidente du Conseil de pharmacologie, de venir se joindre à
nous ce matin pour répondre aux questions plus spécifiques qui
pourraient être posées en rapport avec la liste des
médicaments.
M. Després, pourriez-vous venir ici? Jean-Guy, laisserais-tu la
place à Mme Chevalier? En premier lieu, on pourrait peut-être
demander à M. Després, qui est le président directeur
général de la Régie de l'assurance-maladie, de faire
quelques commentaires qu'il juge pouvoir intéresser de façon
particulière les membres de la commission.
D'abord, comme premier élément, on pourrait
peut-être toucher à l'aspect financier pour le dernier exercice,
bien que les données soient encore préliminaires puisque le
vérificateur général des comptes en est à terminer
la vérification des livres de la régie. La régie accusera
encore cette année un excédent des revenus sur les
dépenses d'environ $29 millions, ce qui est légèrement
supérieure à ce qui avait été anticipé au
début de l'exercice financier.
La raison principale de cette augmentation est attribuable à des
contributions plus élevées que prévu perçues des
particuliers et des employeurs, légère augmentation dans la
participation du gouvernement fédéral en vertu de la Loi sur les
soins médicaux. Quant aux coûts des services assurés, ils
sont demeurés passablement en ligne avec ce qui avait été
prévu initialement.
Pour les professionnels rémunérés à l'acte,
nous avions prévu $325 millions et les chiffres définitifs
devraient se situer à environ $327 millions. Du côté du
remboursement des rémunérations aux ministères des
Affaires sociales et de la Justice pour des traitements versés à
des professionnels de la santé, nous avions prévu $36 millions;
on prévoit débourser $42 millions. La raison principale de cette
variation est attribuable à la rétroactivité qui a
été versée aux psychiatres à la suite du
renouvellement de leur convention collective ou de l'entente avec le
ministère.
Quant aux frais d'administration, nous avions prévu $21 millions
et je pense que le chiffre total se situe» à ce niveau pour
l'exercice financier qui vient de se terminer.
Du côté des principales activités, on peut dire
qu'il y a eu d'abord l'élaboration des mécanismes administratifs
nécessaires pour administrer pour le compte du ministère des
Affaires sociales le programme de médicaments qui a débuté
au mois d'août 1972. Nous avons également élaboré
les mécanismes administratifs pour administrer le programme de soins
dentaires pour les enfants. Il restera à adapter ces mécanismes
aux ententes, dès qu'elles auront été signées.
Nous avons aussi complété l'élaboration du
système de validation par l'historique des services rendus aux
bénéficiaires qui ajoutera un nouvel élément de
contrôle à toute la chaîne de traitements des relevés
d'honoraires que nous avons élaborés. C'est un système qui
est assez complexe et qui devrait, cependant, nous permettre, tant au niveau
des consommateurs que des dispensateurs de soins, de déceler certaines
aberrances qu'on pourrait difficilement déceler autrement. IL s'est
aussi effectué au cours de l'année du rattrapage tant au
niveau...
M. LAURIN: Quel genre d'aberration?
M. CASTONGUAY: Actuellement, nous sommes en mesure du déterminer
des aberrances au niveau d'un bénéficiaire pris individuellement
mais il faut revoir l'ensemble de sa fiche, alors qu'avec le système de
validation par l'historique des services rendus, il y aura intégration
avec les fiches des divers dispensateurs qui lui ont procuré des
services au cours d'une période donnée; ce qui nous permet
d'établir une bien meilleure liaison. De même aussi, on est
actuellement obligé de suivre sur le plan individuel, par exemple,
certaines applications de règles du préambule. Si on prend la
chirurgie, on sait que les soins préopératoires, habituellement,
sont compris dans les honoraires versés pour l'intervention si celle-ci
a lieu dans les 90 jours, par exemple, de l'examen ou de la consultation. Ceci,
actuellement, doit être suivi au plan individuel alors qu'il sera
possible, par ce système, de le suivre au plan de l'informatique et
d'établir la liaison appropriée entre le dispensateur qui a
procuré les soins au bénéficiaire et celui qui les a
reçus.
De même aussi, nous serons en meilleure posture pour retracer par
voie de l'informatique les bénéficiaires qui voient divers
médecins pour recevoir des services qui ne sont peut-être pas
toujours requis au plan médical.
Quant à d'autres activités, il y avait du rattrapage
à faire au niveau des échanges avec les professionnels de la
santé. Ceci a été complété.
Au niveau des réclamations complexes qui exigent une expertise
professionnelle, nous n'avons pas pu effectuer tout le rattrapage que nous
avions anticipé d'abord, parce que nous étions à court de
médecins; noua avons eu recours à des médecins à
temps partiel et nous avons bon espoir de remédier à la situation
au cours du prochain exercice.
Tout de même, il faudrait souligner, par exemple, que nous avons
augmenté d'à peu près 900 p.c. le nombre de
réclamations complexes qui ont pu être soumises au comité
d'appréciation des relevés d'honoraires au cours du dernier
exercice.
Du côté des services reçus, hors du Québec,
par les bénéficiaires, la majorité du rattrapage qu'il y
avait à faire a été effectuée. Il reste encore
certains points à régler et ceux-ci le seront par l'introduction
d'un nouveau système, fort probablement d'ici la fin de juin. La plupart
des retards qui se produisent sont dus au fait que souvent l'information que le
médecin étranger remet aux bénéficiaires qu'il
traite
ne nous permet pas de faire l'évaluation qui s'impose et nous
devons communiquer à nouveau avec ce professionnel pour obtenir des
renseignements additionnels.
Aussi, dans le but de faciliter la tâche de ceux qui, pour une
raison ou pour une autre, pourraient recevoir des services à
l'extérieur, nous avons préparé un dépliant
spécifique qui indique bien les renseignements qu'ils devraient demander
aux professionnels de la santé qui les traitent, s'ils doivent recevoir
des services assurés.
Aussi, pour les gens des villes frontalières, nous avons
réussi à doubler le nombre de professionnels de la santé
qui ont accepté de dispenser les services assurés aux tarifs en
vigueur au Québec: alors que, l'an dernier, nous n'en avions que quelque
250, nous excédons les 500 cette année. A ce moment-là,
nous évitons une bonne partie des tracasseries administratives que ces
gens auraient s'ils devaient chaque fois demander des renseignements dont nous
avons besoin pour évaluer le remboursement auquel ils pourraient avoir
droit. De ce côté, je pense qu'il y a une amélioration
sensible qui s'est manifestée.
Aussi, nous avons fait par voie d'échantillonnage et
identifié un bon nombre de demandes de paiement que nous avions
acquittées en début de régime et qui présentaient
certaines aberrances.
Toutes ces demandes seront réévaluées et
réglées au cours du prochain exercice financier.
Du côté de la recherche et de la statistique, nous avons
fourni au ministère des Affaires sociales un certain nombre de
données susceptibles d'aider le ministère dans la
négociation des ententes qui sont expirées le 30 juin 1972; nous
avons également fait un certain nombre d'autres études
susceptibles de permettre au ministre de mieux mesurer peut-être la
rentabilité du programme. C'est ainsi que nous avons fait une
étude visant à comparer les principaux changements qui ont pu
survenir, par exemple dans la pratique médicale, depuis
l'avènement du régime d'assurance-maladie. La comparaison,
évidemment, l'historique étant très court, a dû se
faire sur une base trimestrielle. Nous y avons comparé pour les
médecins omnipatriciens aussi bien que pour les diverses
spécialités les services qui étaient dispensés dans
chacun des trimestres de l'année 1971 avec les trois trimestres
correspondants de l'année 1972. Les constatations évidemment qui
en ont résulté ont été transmises à titre de
renseignement aux membres de la régie et au ministère des
Affaires sociales aussi, encore une fois pour peut-être compléter
les dossiers qu'ils sont...
Dans le rapport annuel de la régie, dans l'annexe statistique,
une comparaison se fera entre les services dispensés par trimestre pour
les quatre trimestres de l'année 1971 et les quatre de l'année
1972.
Je m'excuse, mais nous pourrions peut-être demander à M.
Després de donner certains des faits saillants de cette étude
avec les réserves qui doivent l'accompagner évidemment pour les
raisons que M. Després a indiquées. Je pense qu'il y a certains
points qui ressortent et qui sont assez intéressants quant au "pattern"
de l'évolution, du volume des services, du volume des services par
patient, du coût, etc.
Evidemment, l'étude a été préparée de
la façon suivante, c'est-à-dire que nous avons regroupé
les médecins spécialistes par spécialités et les
médecins omnipraticiens par régions. Ceci a été
fait pour chacun des trois premiers trimestres de 1971, comme je l'ai
mentionné, avec les trois premiers trimestres de 1972, pour chacun des
médecins qui, au cours de ces trimestres, ont reçu une
rémunération supérieure à $5,000, ce qui faisait
une rémunération moyenne d'environ $20,000 par année, ce
qui pouvait nous permettre d'établir qu'ils étaient en pratique
active.
Les principales constatations que nous avons faites, c'est que, par
exemple, au niveau de la rémunération, on a distingué,
pour le groupe des spécialités chirurgicales qui s'adressent
à des champs anatomiques restreints, que la rémunération
varie entre $16,000 et $19,000, sauf pour l'obstétrique qui est une
spécialité en déclin. Les autres spécialités
chirurgicales montrent une rémunération qui se situe entre
$14,000 et $15,000, sauf pour la neurologie. Alors, sur une base trimestrielle,
on peut donc observer une première différence. Quant à
l'anesthésie-réanimation, dont l'exercice est principalement
relié à la chirurgie, la rémunération se situe
à un niveau inférieur à celui des autres groupes. Les
spécialités médicales qu'on peut diviser en deux groupes,
le premier dont le champ d'action est relié aux téguments et
muqueuses dont les traitements se font plutôt à l'aide d'agents
physiques, tels l'allergie, la dermatologie et la physiatrie, qui se situent
à un niveau de rémunération qui est appréciablement
plus élevé, soit $17,000, que celui des autres
spécialités où la rémunération se situait
entre $10,000 et $13,000. Quant à l'omnipratique, elle se situait,
à peu de chose près, au même niveau de
rémunération que les autres spécialités
médicales, c'est-à-dire entre $10,000 et $13,000.
L'étude nous a permis également de noter que la neurologie
et la neurochirurgie sont deux spécialités qui se situent au
palier inférieur de chacun de leurs groupes. Quant à la variation
de 1972 par rapport à 1971, pour les trimestres que nous avons
étudiés, elle s'avère pratiquement nulle pour l'ensemble
des médecins, bien qu'elle fluctue en moins ou en plus pour certaines
spécialités et ce, sans logique apparente. En d'autres termes, il
n'y a pas eu, pour l'ensemble des médecins, d'augmentation entre la
rémunération moyenne de 1971 et celle de 1972. On a essayé
d'examiner également la variation dans le pourcentage des
médecins exclus. C'est-à-dire, si le nombre de médecins
que nous excluons à chaque trimestre est
demeuré relativement stable. Non. C'est qu'il y a une
augmentation dans le nombre de médecins que l'on exclut à chacun
des trimestres de 1972 par rapport à 1971. La seule hypothèse,
évidemment, qui a pu retenir notre attention jusqu'ici, repose sur une
augmentation dans les absences périodiques, fort probablement pour des
raisons de vacances ou stages d'étude. Nous n'avons pas les outils pour
préciser la validité de cette hypothèse-là, bien
qu'on croie qu'elle colle à la réalité. Quant au nombre de
patients différents qui étaient vus par trimestre par les
diverses catégories de médecins, on se rend compte qu'il diminue
de façon appréciable, pour la plupart des
spécialités, sauf pour la chirurgie thoracique et plastique
où le total augmentait de 7 p.c. à 8 p.c. Donc, au point de vue
du nombre de patients, on a observé une diminution et ce, pour
l'ensemble des médecins en 1972 par rapport à 1971, sur une base
trimestrielle.
Le nombre d'actes par patient, sauf pour l'ophtalmologie, montre une
augmentation appréciable. C'est donc dire que, d'une part, le nombre de
patients a diminué mais, par contre, pour les patients traités,
ils ont reçu un plus grand nombre de services que cela a
été le cas en 1971.
Si tous les services étaient nécessaires, donc, nous avons
obtenu des meilleurs traitements pour les patients, des traitements plus
complets.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Després, je m'excuse, est-ce que vous
venez dire que, pour l'ophtalmologie seulement, il n'y a pas eu augmentation du
nombre d'actes en 1972?
M. CASTONGUAY: ... il sourit là-bas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je demande ça, c'est parce qu'on discute
des problèmes des corporations professionnelles. C'est un renseignement
dont on a besoin.
M. CASTONGUAY: En ophtalmologie, le nombre d'actes par patient n'a pas
augmenté, selon les constations qu'on a pu faire. Quant au coût
par patient, aucune des spécialités qui ont été
étudiées ne montre une diminution. Pour quelque cinq
spécialités, ce coût était stable, alors que, pour
la grande majorité, il y avait des augmentations appréciables.
Quant au nombre total des actes, alors que le nombre de patients diminue pour
l'ensemble des spécialités, le nombre total des actes augmente
pour les spécialités médicales, soit
l'anesthésie-réanima-tion, ainsi que pour la chirurgie
générale, plastique et thoracique. Par contre, le total des actes
reliés aux spécialités chirurgicales à champ
anatomique restreint montre une diminution. Quant au nombre de visites et de
consultations, trois tendances assez significatives se dégagent. Le
groupe des spécialités chirurgicales à champ anatomique
restreint montre une diminution appréciable du nombre de visites et de
consulta- tions. Il en est de même pour l'allergie, la dermatologie et
l'anesthésie-réanimation. Concernant cette dernière,
cependant, il faut noter que ces actes ne constituent que 10 p.c. de la
pratique. Quant au nombre d'actes diagnostiques et thérapeutiques, ce
type d'actes s'accroît de façon importante.
L'anesthésie-réanimation montre une augmentation qui est encore
plus significative que pour d'autres spécialités. Quant au nombre
de tous les autres actes, ce qui inclut les actes d'anesthésie,
chirurgie, radiologie, psychiatrie, la tendance générale montre
une diminution sensible dans la dispensation de ces actes, par rapport aux
autres types d'actes dont nous avons parlé précédemment.
Concernant le nombre d'actes diagnostiques et thérapeutiques par visite
et consultation, on peut dire que les tendances observées, ici sont les
mêmes que celles qui ont été observées
précédemment à l'égard du nombre d'actes de ce type
qui sont posés par patient. Le coût moyen unitaire pour le total
des actes ou le coût par acte diminue pour l'ensemble des
spécialités médicales et de l'anesthésie alors
qu'il augmente ou demeure stable pour l'ensemble des spécialités
chirurgicales. Il est à noter que nous avons observé, sur ce
point, des tendances inverses dans le nombre total des actes. On peut dire, en
résumé, d'une façon générale, que les
spécialités médicales ont eu tendance à poser plus
d'actes à un coût unitaire moindre, alors que les
spécialités chirurgicales ont eu tendance à poser moins
d'actes à un coût unitaire plus élevé.
Quant au coût total des trois types d'actes qui ont
été considérés, on peut dire que le coût
total des actes diagnostiques et thérapeutiques accuse une augmentation
pour la plupart des spécialités médicales alors qu'il
montre une baisse pour les autres actes, sauf pour l'omnipratique.
Quant aux variations dans la fréquence moyenne des actes
basée sur le nombre de médecins les ayant posés durant les
trimestres considérés, on peut dire que la fréquence des
visites avec examen ordinaire au cabinet ou à l'hôpital diminue,
alors que la fréquence des visites avec examen complet majeur au cabinet
augmente. En définitive, il y a eu, en quelque sorte, un
déplacement des examens ordinaires vers les examens complets ou complets
majeurs qui sont des examens nécessairement plus longs.
A la clinique externe, la fréquence des examens ordinaires et
complets a augmenté. Quant à la fréquence des visites dans
les hôpitaux pour malades chroniques et convalescents de même que
dans les foyers, celles-ci accusent une augmentation pour la
spécialité de chirurgie générale et les
spécialités médicales. Il faut noter cependant que ces
visites ne sont faites que par un nombre relativement restreint de
médecins.
Quant à la consultation, on observe un peu le même
phénomène, c'est que la consultation ordinaire a tendance
à diminuer et qu'il y a en
quelque sorte un déplacement vers la consultation
intermédiaire ou majeure. Quant aux actes diagnostiques et
thérapeutiques, si on les analyse, on s'aperçoit que les
piqûres d'hyposensibili-sation et la cuti-réaction sont deux actes
dont la fréquence augmente sensiblement.
Les examens microbiologiques diminuent en fréquence de même
que les analyses d'urine. Quant à la fréquence des
exérèses de cérumen ainsi que les injections de substance
sclérosante, il y a une augmentation appréciable. J'ajouterais
inquiétante. Cela a augmenté de façon très
appréciable.
Quant aux autres injections telles les sous-cutanées et
intramusculaires, il y a une diminution dans la fréquence.
M. LAURIN: C'est réjouissant.
M. CASTONGUAY: Quant aux traitements physiatriques, la fréquence
accuse une augmentation par rapport à l'année 1971. Quant aux
autres actes, on peut peut-être observer que, du côté des
omnipraticiens en 1972, il y a eu une tendance à utiliser d'une
façon beaucoup plus marquée la psychothérapie individuelle
de trente minutes, chose qui ne se produisait pas en 1971, par exemple.
Ce qu'on peut dégager de tout ceci, c'est que durant les trois
premiers trimestres de 1972 comparés aux trois premiers trimestres de
1971, il semble que, pour les médecins à qui la régie a
versé une somme supérieure à $5,000 par trimestre, il y a
eu moins de patients vus, il y a eu plus d'actes de posés à
l'égard de chacun des patients traités. Le nombre de patients vus
par médecins non totalement a diminué; le nombre
total d'actes qui ont été posés au cours du traitement a
augmenté. Ce qui peut nous laisser supposer qu'il y a eu un traitement
plus complet et qu'il y a eu une orientation particulière vers certains
actes diagnostiques et thérapeutiques, notamment en ce qui concerne
certains actes, comme l'exérèse de cérumen et
l'augmentation assez appréciable dans les injections sclérosantes
qui ont été données, de même que divers types de
traitements de physiatrie où on a observé une fréquence
plus considérable. Par contre, la rémunération moyenne en
1972 par rapport à 1971, encore une fois par médecin, est
demeurée stable.
Avant de passer aux commentaires ou questions que les membres de la
commission aimeraient poser, il y a trois aspects que j'aimerais traiter en
plus de ce que M. Després vient d'exposer. Premièrement, la
question de la distribution géographique des médecins. En second
lieu, j'aimerais faire quelques commentaires sur les négociations et
aussi le contrôle ou les mécanismes prévus relativement
à certaines situations anormales auxquelles M. Després a fait
allusion et aussi l'extension de la couverture, compte tenu du fait que, comme
M. Després l'a mentionné, l'exercice 72/73 s'est terminé
par un surplus.
En ce qui a trait à la distribution géographique ou la
répartition des médecins, nous avions fait l'hypothèse en
1970 et au moment de l'étude de la loi et au moment des
négociations c'est un point qui avait été assez crucial;
c'était l'établissement d'un tarif unique pour un même acte
que la rémunération soit la même, peu importe qui
pose l'acte.
Nous avions également dit que ceci aurait un effet positif sur le
recrutement ou phénomène d'attrait de l'omnipratique. Nous avions
également mentionné qu'à notre avis, et si nous nous
basions sur l'expérience de l'assistance médicale,
l'établissement du Régime d'assurance-maladie aurait un effet
positif sur la distribution des médecins au plan géographique.
C'est-à-dire que la possibilité ou les revenus n'étant
plus influencés par le niveau de revenu moyen ou le niveau de revenu
d'une population donnée, nous étions susceptibles de voir une
tendance quelque peu différente s'établir quant à
l'augmentation du nombre de médecins dans les diverses régions.
La régie a fait une étude et nous pourrons revenir au besoin sur
cette question plus tard, mais j'ai eu des données qui concordent de la
part du Collège des médecins et il serait peut-être
intéressant de lire rapidement deux ou trois des conclusions de
l'étude de la régie et c'est l'étude qui nous a
été transmise en date du 16 mars.
Alors, on dit: Le nombre d'omnipraticiens recevant des paiements de la
régie est passé de 2,417 en 70/71 à 3,300 en 1972, donc
une augmentation de 900 en deux ans. Dans ces 900, par contre, il faut
être un peu prudent, il y en avait eu environ 250 qui étaient des
résidents, qu'antérieurement n'avaient pas de permis de pratique
et aujourd'hui ont un permis de pratique pour le travail qu'ils peuvent faire
en fin de semaine ou le soir, en dehors de leurs activités normales,
comme résidents.
Alors, donc une augmentation de 36.5 p.c. au cours de cette
période de deux ans dans le nombre d'omnipraticiens.
C'est dans l'Outaouais que l'augmentation relative a été
la plus forte, soit 47.9 p.c. Ici, il est important de rappeler qu'il n'y a pas
là présentement d'hôpital d'enseignement. Ce sont donc des
omnipraticiens en pratique que nous retrouvons là. En fait, les 250
résidents auxquels j'ai fait état, on les retrouve presque
exclusivement à Montréal et à Québec.
M. BOIVIN: Ce sont des immigrants. Est-ce qu'il y a une distinction
entre les immigrants et les résidents ordinaires?
M. CASTONGUAY: Non.
M. BOIVIN: Parce qu'il y a beaucoup d'immigrants qui agissaient comme
résidents!
M. CASTONGUAY: Non. Ce sont des résidents, définitivement
aux études...
M. BOIVIN: En stage...
M. CASTONGUAY: ... en stage de formation, oui.
La concentration des omnipraticiens à Montréal et à
Québec a été légèrement plus
prononcée en 1972 qu'en 70/71. La part de Montréal est en effet
passée de 66.6 à 61.9 de l'ensemble du Québec. La
région de Québec représentait 16.9 p.c. de la province en
1972 comparativement à 16.3 en 1971.
Le nombre d'omnipraticiens par 100,000 habitants est passé de 39
en 1970-71 à 55 en 1972, soit une augmentation de 41.0 p.c.
Le nombre de médecins spécialistes et c'est
là où, au plan de la distribution géographique, je crois
que c'est le plus important recevant des paiements de la régie
est passé de 3,537 en 70/71 à 4,249 en 1972, soit une
augmentation de 20.1 p.c. Je pense bien que l'on ne pourra plus jamais parler
d'exode après cela.
L'augmentation la plus prononcée s'est fait sentir dans la
région de Québec où elle a été de 28.3 p.c.
Il semble que les spécialistes deviennent relativement moins
attirés vers Montréal. En effet, les médecins
spécialistes de Montréal, représentaient en 70/71, 69.1
p.c. de l'ensemble des spécialistes du Québec. En 1972, cette
proportion diminue à 68.2. Par contre, la part de la région de
Québec a fait un bond important si l'on considère que la
période étudiée est relativement courte. La proportion des
spécialistes pratiquant dans cette région est, en effet,
passée de 15.1 p.c. à 16.1 p.c. Le nombre de médecins
spécialistes par 100,000 habitants est passé de 58 en 70/71
à 70 en 1972, soit une augmentation de 20.7 p.c.
Voici donc une première série de données. J'en ai
une autre série des tableaux qui m'ont été transmis par le
Collège des médecins qui, je crois, ont été
reproduits dans le Médecin du Québec. Au besoin, nous pourrons en
faire des photocopies.
Maintenant, en ce qui a trait aux négociations, nous avons,
depuis la fin des ententes, en juin 1972... D'abord, il a fallu attendre un
certain temps pour que les données deviennent disponibles. IL y a
toujours les délais de transmission, il y a les délais requis
pour la validation des paiements, etc. Une fois que ces données ont
commencé à devenir disponibles, la régie a établi
des profils de pratique et analysé les données aux fins de
produire l'information nécessaire pour les négociations, le
renouvellement des ententes. D'une part, dans les profils, il s'est
avéré comme le mentionnait M. Després dans
un certain nombre de cas individuels, que les profils de pratique
présentent des caractéristiques tout à fait anormales.
Alors, ces profils ont été transmis au Collège des
médecins qui nous a dit, si ma mémoire est bonne
c'était l'expression vraiment utilisée que le
Collège des médecins ne voulait pas s'intéresser à
une analyse qui ne portait que sur des aspects économiques.
Antérieurement, le Collège des médecins nous avait dit,
lorsque la régie lui avait envoyé des cas individuels, qu'il ne
pouvait pas se prononcer sur un cas individuel. Il fallait le situer dans un
ensemble plus large. Lorsque la régie a envoyé l'ensemble plus
large, il a dit: On ne veut pas toucher à des aspects
économiques.
Alors, le problème se pose. Il y a un certain nombre de ces cas
qui démontre clairement que des médecins abusent du
système et c'est la même expérience que dans le cas des
compagnies d'assurances, das le passé, c'est la même chose que
dans le cas de l'assistance médicale. Je ne crois pas qu'il y ait lieu
de se scandaliser outre mesure, je ne crois pas non plus qu'il y ait lieu
d'être surpris, mais d'autre part, je crois qu'on doit être
conscient du phénomène et qu'on ne peut l'ignorer. Alors, face
à cette impossibilité dans laquelle est la régie d'agir
elle-même... Parce qu'on se souviendra qu'en 1970, un des objets du
débat, aussi bien au moment de l'adoption de la loi qu'au moment des
négociations, était la crainte que le gouvernement s'immisce dans
la pratique médicale et en vienne à dire, par voie de normes et
par voie de pouvoirs octroyés à la régie, aux
médecins comment pratiquer leur médecine. Alors, la régie
n'est pas en mesure de refuser le paiement face à des constatations
comme celles de cette nature-là. Procéder par voie de poursuites
judiciaires n'est pas non plus un procédé approprié parce
qu'elle doit le faire pour des cas individuels, la preuve est extrêmement
difficile à établir et aussi il y a un certain caractère
odieux, à moins qu'il ne s'agisse de fraude manifeste. Mais pour un
certain nombre de ces cas d'abus, il y a un certain caractère odieux.
L'appareil judiciaire n'est pas nécessairement le plus approprié
pour corriger ces situations.
Alors, nous avons consulté ce qui se fait, la législation,
les mécanismes établis dans d'autres juridictions, et nous en
sommes venus à la conclusion qu'il nous fallait établir des
commissions de révision qui seraient aptes à étudier ces
profils que lui transmettrait la régie. Si ces commissions jugent que
les actes posés ont été faits à des
fréquences trop grandes ou encore que les tarifs demandés
à la régie ne correspondent pas aux actes posés, ou encore
s'il n'y avait pas nécessité au plan médical ou au plan
optométrique, pour les soins optométriques, par exemple, si la
commission de révision en vient à une de ces conclusions, elle
peut recommander à la régie soit de réduire les paiements,
réclamer un remboursement, ajuster au plan financier. Et la régie
sera alors tenue de donner suite aux recommandations de ces commissions.
Donc, nous allons présenter incessamment en Chambre un projet de
loi à cet effet. Nous avons consulté les
fédérations et celles-ci disent que, tout comme pour le
contrôle de l'acte médical qui, en fait, est de la juridiction du
Collège des médecins, dans une certaine mesure, le même
principe d'autodiscipline doit s'appliquer quant aux conventions collectives.
Elles se
disent donc en accord, en principe, sur la formation de telles
commissions et elles nous ont même fait des suggestions précises
quant à la composition de ces commissions. Donc, nous allons
présenter un projet en Chambre très bientôt à ce
sujet.
Au sujet des négociations, nous avons eu, depuis la signature des
premières ententes, des amendements qui ont été apportes
périodiquement. Ce processus a été suivi, soit pour
ajouter des actes qui n'étaient pas couverts au début, parce
qu'ils n'étaient pas posés, ou encore des clarifications, des
modifications aux règles d'interprétation, des modifications sur
certains tarifs.
Nous avons identifié certains cas où la fréquence
des actes posés semblait, d'après tous les barèmes,
être exagérée, et de l'avis même des
fédérations, si mes renseignements sont exacts. En premier lieu,
avant même que tout le travail d'analyse ait été
terminé, nous avons fait des propositions, par exemple, sur cette
question des injections sclérosantes, de l'exérèse de
cérumen, pour corriger une situation qui, de l'avis de tous, doit
être corrigée. Le travail d'analyse se poursuit et devrait fort
probablement être terminé et être placé sous forme de
proposition au cours du présent mois de mai.
D'ailleurs, un certain nombre de rencontres ont eu lieu avec les
fédérations dans le cadre de ces négociations. La phase la
plus active des négociations va évidemment s'amorcer au moment
où tout ce travail d'analyse qui a été fait par la
Fédération des médecins spécialistes, si je
comprends bien, peut-être selon des modes quelque peu différents,
est en voie de se terminer.
C'est le deuxième aspect. Quant à l'extension de la
couverture du régime, sachant que, l'an dernier, la régie avait
fait un certain surplus, même s'il était relativement faible, et
qu'elle nous avait dit, dans ses projections pour l'exercice qui vient de se
terminer, qu'elle anticipait un autre surplus, cette fois-ci le surplus semble
être plus élevé qu'anticipé, nous devions nous poser
la question de l'extension de la couverture, pas simplement pour des raisons de
surplus, mais je mentionne ceci parce que ça facilite les choses.
Il est clair, comme nous l'avions dit au début du régime,
que nous envisagions d'en étendre graduellement la couverture. Nous
avons posé un certain nombre de questions à la régie et la
régie a étudié, pour essayer d'identifier quelles seraient
les extensions de couverture qui seraient les plus appropriées, qui
pourraient être appliquées d'une façon adéquate
à la régie.
Graduellement, nous nous sommes orientés vers la couverture des
prothèses d'une part et le document qui a été
préparé par la régie a été distribué.
Comme je l'ai mentionné tantôt, l'étude effectuée
par le comité sous la présidence du Dr Gingras devrait nous
être livrée incessamment.
Certaines possibilités sont aussi examinées, tout en
étant bien prudents afin de ne pas faire naître d'espoirs qui
pourraient être exagérés. Par exemple, nous sommes au
courant qu'il existe, aux Etats-Unis, c'est utilisé dans certains pays
dans le monde entier, des appareils qui permettent aux aveugles de lire sans
utiliser de textes imprimés en braille.
Il me semble qu'il y a là un domaine que nous devons investiguer
de façon très sérieuse. Ce type d'appareil, s'il pouvait
être utilisé dans la province pourrait aider
considérablement les aveugles. Il y a là un aspect particulier au
Québec, étant donné que l'impression de textes en braille
ne peut pas se faire à la même fréquence. Il n'y a pas la
même disponibilité de textes que pour les textes de langue
anglaise, compte tenu du nombre relativement faible des personnes de langue
française que nous retrouvons au Québec et au Canada.
Nous examinons aussi je mentionne ceci, nous n'en sommes encore
que dans les débuts des possibilités comme
celle-là. En fait, notre but serait qu'on puisse assurer le plus
possible l'autonomie des gens aussi bien au plan des prothèses qu'au
plan peut-être de certains appareils comme ceux-ci. Dans le projet de loi
modifiant la Loi de l'assurance-maladie qui doit être
déposé devant la Chambre, des dispositions seront inscrites pour
l'extension de la couverture à ce type de prothèse,
orthèse et appareil.
Quant à la question des soins dentaires, nous n'avons eu le
résultat des négociations qu'en fin de semaine. Le
député de Bourget a demandé que ces propositions soient
déposées en Chambre cet après-midi ou demain selon le cas.
Elles seront déposées.
Nous savons les dangers de mettre l'accent dans une trop large mesure
sur les extractions dentaires. Nous avons une étude qui a
été effectuée par la régie sur le nombre
d'extractions dentaires dans le cadre de la chirurgie buccale et là, il
faut se rappeler que ces extractions se faisaient en milieu hospitalier, sous
anesthésie, de façon générale; ces hospitalisations
auraient dû normalement être contrôlées au plan de
l'admission des malades comme les autres malades, selon des règlements
du Conseil des médecins et dentistes. Lorsqu'on voit le nombre assez
renversant d'extractions qui ont été faites...
M. LAURIN: Ce n'était pas en clinique externe.
M. CASTONGUAY: Dans un grand nombre de cas, à ce qu'on me dit, ce
n'était pas en clinique externe.
Il y en a un bon nombre qui étaient faites en clinique externe.
Il y en avait d'autres aussi qui étaient faites concurremment avec
l'hospitalisation à d'autres fins et également une
hospitalisation spécifique pour l'extraction dentaire.
M. LAURIN: Je pense qu'il faudrait...
M.CASTONGUAY: II y avait de l'anesthé-sie.
M. BOIVIN: ... de l'anesthésie générale. Quelle
différence y a-t-il entre les grandes villes et les milieux ruraux?
M. CASTONGUAY: On pourrait peut-être le demander au Dr Laberge,
qui a fait une analyse assez précise avec je ne sais pas qui, des
statistiques par hôpital de la chirurgie buccale. Peut-être
tantôt qu'on pourra demander une réponse à cette
question.
Nous évaluons de toute façon la question au plan des soins
dentaires et une loi a été adoptée par l'Assemblée
nationale. Nous avons mis dans nos propositions l'accent sur les aspects
préventifs. Nous avons voulu être prudents et, je crois, avec
raison, sur les extractions. Il nous a fallu aussi établir certaines
règles qui nous apparaissaient nécessaires quant à la
restauration pour éviter que chaque fois qu'on touche un petit point, il
n'y ait pas de règle pour déterminer ce qui sera payé.
Nous devons être prudents d'autant plus que la couverture des enfants
dans un tel régime ne représenterait qu'une partie de la pratique
des dentistes. Nous ne leur demandons pas de faire le grand saut et d'engager
toute leur pratique.
Nous allons évaluer les résultats, la situation, à
la suite du vote pris par l'Association des chirurgiens-dentistes. Il y a un
certain nombre de possibilités, je pense, qui se présentent. Il
est trop tôt pour dire quel geste nous allons poser mais il me semble
toujours important que nous puissions faire des progrès sur ce plan.
Nous aurons aussi l'occasion de discuter du transport des malades et il
est possible que, dans un avenir plus ou moins long, certains des frais
incidents au transport des malades puissent être couverts par la
Régie de l'assurance-maladie, au fur et à mesure qu'en
collaboration avec les conseils régionaux qui assument les
responsabilités dans l'organisation des services d'urgence et du
transport des malades et un système de communication qui sont
reliés à ces questions, leurs travaux progresseront; nous verrons
ainsi plus clairement quel type de geste nous devrons ou nous pourrions poser
sur ce plan.
C'étaient ces quelques commentaires que je voulais faire. Enfin,
en ce qui a trait à l'assistance-médicaments , je ne parlerai pas
de la liste en elle-même mais il y a un aspect qu'il m'apparaît
nécessaire de souligner. C'est que, depuis l'établissement du
régime d'assistance-médicaments, nous avions aussi pris comme
hypothèse que l'assistance-médicaments pouvait avoir un effet
positif sur la distribution des pharmaciens hors des centres urbains; les
derniers rapports que nous avons eus sont à l'effet que 19 pharmaciens,
simplement depuis le mois d'août dernier, sont allés
s'établir en dehors des grands centres urbains. Si l'on regarde la
période limitée et le fait que c'est un nouveau régime, je
crois que c'est un aspect extrêmement positif qu'on doit souligner, parce
que l'établissement d'une pharmacie, par un pharmacien, n'est pas
quelque chose de trop simple.
Il faut tout de même qu'il s'organise à divers plans aussi
bien personnels que professionnels et ces résultats sont donc
extrêmement encourageants.
Egalement, un aspect qui m'apparaît encourageant aussi, c'est le
fait que, malgré les dangers au plan du volume de réclamations
que peut présenter un tel programme, les coûts se sont
stabilisés d'une façon extrêmement encourageante dès
les premiers mois de l'application du régime. D'ailleurs vous pouvez
voir dans les crédits, compte tenu du fait que pour l'exercice 72/73,
les crédits demandés n'étaient pas pour une année
complète, qu'il y a un écart pas tellement élevé
entre les crédits prévus pour 73/74.
Enfin, tout en ne touchant pas la composition de la liste
elle-même j'aimerais mieux, s'il y a des questions, demander
à Mme Chevalier de les analyser, de les traiter .Nous avons
toutefois effectué un certain nombre d'études. Elles se
poursuivent au fur et à mesure que les données deviennent
disponibles et que ces données deviennent de plus en plus valables
statistiquement.
Pour avoir une meilleure idée des phénomènes
touchant la prescription des médicaments, d'une part, et aussi pour
avoir une meilleure idée des comportements des fabricants, d'autre part,
par rapport au mécanisme de la liste des médicaments,
l'hypothèse qui avait été faite, l'an dernier, au moment
de l'introduction de la liste, c'est que l'information devenant disponible par
la voie de la liste des médicaments, nous réintroduirions au
niveau du fabricant des éléments de concurrence qui n'existaient
plus, compte tenu des modes de distribution, des modes de vente, des modes
d'information ou de publicité utilisés par les fabricants.
Les premières données qui se dégagent ne peuvent
pas être analysées de façon définitive mais nous
avons des données qui ont été analysées par le
Conseil de pharmacologie qui démontrent, sans relier les changements de
prix pour un médicament par rapport au volume de consommation de ce
médicament malgré tout et c'est l'élément
qui manque encore que les baisses dans les coûts des
médicaments ont été assez nombreuses. Dans certains cas,
il y a eu des augmentations. Dans un bon nombre de cas, le prix des
médicaments est demeuré stable.
Nous avons vécu certains problèmes; au début,
certains fabricants ont voulu fausser le jeu de la liste des médicaments
en envoyant des textes qui ressemblaient étrangement à ceux
publiés par la régie dans son manuel et nous avons demandé
aux fabricants de cesser ce genre de pratique. Nous avons des indications
à l'effet que certains fabricants ne respecteraient pas les
règles du jeu. Alors qu'ils inscrivent dans la liste un prix qui est
supposé être le prix qu'ils
exigent des grossistes, ils exigent des pharmaciens détaillants
des prix quelque peu inférieurs. Nous allons examiner ces
phénomènes d'un peu plus près et, si les fabricants ne
veulent pas jouer les règles du jeu, c'est-à-dire, une saine
concurrence, nous allons être obligés de passer à une
étape subséquente qui est celle que nous avions examinée
lors de l'établissement de la liste et que nous avions rejetée
à ce moment-là, c'est-à-dire l'établissement d'un
prix maximal pour un type de médicament donné apparaissant sur la
liste.
Jusqu'à maintenant, nous avons une liste qui a été
bâtie à partir strictement de critères de qualité;
les prix sont ceux qui sont normalement exigés au niveau du grossiste.
Nous avions fait l'hypothèse que l'information devenant disponible, nous
réintroduisions un élément de concurrence. Je crois encore
que cette approche était valable si nous voulions faire en sorte que les
bénéficiaires du programme aient les meilleurs médicaments
et que les contribuables paient un prix raisonnable.
Les fabricants, dans l'ensemble ont accepté ce système
mais, si toutefois certains veulent changer les règles du jeu et que le
mouvement devait s'étendre, nous procéderons de la façon
que j'ai indiquée.
Il y a peut-être un dernier point à mentionner, je
m'excuse, en ce qui a trait à l'extension de la couverture.
La régie, sur un plus long terme, sur une période de cinq
ans, et compte tenu de l'augmentation assez rapide du nombre de
médecins, doit prévoir, au cours des prochaines années,
à cause de l'augmentation du nombre d'étudiants dans les
facultés de médecine, augmentation considérable,
l'assouplissement des règles touchant l'admission à l'exercice de
la médecine pour les médecins qui viennent de l'étranger.
Il ne faut pas oublier que ce surplus, qui a été plus
élevé que celui de l'an dernier, selon les projections de la
régie, va tendre à décroître à mesure que les
années vont passer. Alors, nous ne sommes pas non plus dans une position
où on voit, quant à l'avenir, des surplus qui vont en augmentant
d'année en année. Nous avons une position qui est satisfaisante,
mais nous devons aussi être prudents et ne pas considérer que ce
phénomène de surplus est un phénomène qui va aller
en s'accentuant au cours des prochaines années.
Mme Chevalier, est-ce que vous aimeriez faire quelques commentaires sur
la liste avant de commencer, compte tenu du fait que, très
bientôt, nous allons apporter encore d'autres modifications, une nouvelle
édition de la liste?
La première liste des médicaments est en vigueur depuis le
1er août 1972. Nous avons pris une année à préparer
la liste avec la collaboration des industries, des associations de praticiens,
des collèges, des organismes qui regroupent les praticiens, les
médecins, les pharmaciens et les hôpitaux. Aussitôt cette
liste en vigueur, soit le 1er août 1972, nous avons commencé la
mise à jour de la seconde édition. Parce que faire une mise
à jour, cela prend six mois, à cause de la documentation
scientifique qu'il nous faut réviser. L'industrie nous soumet des
dossiers scientifiques pour chacun des produits pour lesquels elle
présente une demande. Alors, c'est très long à
étudier par le conseil. Nous avons un groupe d'experts de 102
consultants qui représentent les 21 domaines de la pratique
médicale. Alors, quand il est extrêmement difficile de se
prononcer sur la valeur thérapeutique d'un produit, nous demandons
à un ou plusieurs experts, dans le domaine concerné, de nous
donner leur avis sur la valeur thérapeutique de ce produit et nous
retournons aux fabricants pour demander: Avez-vous autre chose à nous
fournir? S'ils n'en ont plus, on se prononce sur la valeur thérapeutique
du produit ou sur sa non-valeur.
Maintenant, pour la qualité des produits, comme nous ne voulions
pas faire double emploi avec des organismes déjà existants, nous
avons établi un certain nombre de critères et le critère
de la qualité était que le produit devait être
accepté par la direction générale de la protection de la
santé et que le fabricant devait répondre à la norme
74-GP1 qui est la norme du ministère des Approvisionnements et Services,
la norme canadienne de bonne fabrication des produits pharmaceutiques. Il y a
à peu près 200 industries qui nous demandent d'analyser leurs
produits. On a 123 compagnies différentes. Alors, on ne pouvait pas
aller se balader dans 123 compagnies et voir si elles travaillent bien. Comme
il y a un organisme désigné à cette fin, le
ministère des Approvisionnements et Services, nous sommes en
communication constante avec cet organisme. Quand on nous dit: Tel fabricant
répond à la norme, nous acceptons d'analyser ses produits pour
inclusion éventuelle dans la liste. Les autres critères de
sélection sont les mêmes que ceux qui avaient été
établis par le comité interministériel si ma
mémoire est bonne, c'est en 1966 et le comité consultatif
d'approbation de la toute première liste. Ce sont les mêmes
critères, sauf que, dans la première liste, celle du mois
d'août, nous avions exclu les médicaments dont l'usage
était réservé au milieu hospitalier. C'est à cause
de la première catégorie de bénéficiaires qui
étaient des patients externes. On se disait qu'ils n'avaient pas besoin
d'anesthésiques généraux par exemple, et de tous ces
produits-là, c'était allonger la liste pour rien. Maintenant,
nous les considérons, depuis le 1er mars dernier, parce que les
hôpitaux doivent également se soumettre à cette liste.
Est-ce que je peux donner des statistiques sur la troisième?
Oui. Peut-être que vous pourriez, avant de donner des
statistiques, indiquer le nombre de médicaments inscrits sur la liste ou
l'absence d'inscription à partir des mécanismes que vous avez
établis.
En d'autres termes, est-ce que vous avez subi
des pressions de quelque sorte que ce soit pour inscrire des
médicaments qui ne vous ont pas semblé indiqués selon les
critères que vous aviez sélectionnés?
Une pression avec un grand "p" ou un petit "p"? Les deux. Lorsque nous
avons fait les premiers travaux de la liste, nous avons communiqué avec
les organismes, avec le Collège des médecins, le Collège
des pharmaciens, le Collège des dentistes, la FMOQ, la FMSQ,
l'Association des dentistes, toutes les associations de pharmaciens. Nous les
avons réunis au ministère. Nous leur avons demandé s'ils
acceptaient toujours les critères de sélection qui avaient
été acceptés, il y a quelques années, et qui
avaient été approuvés de nouveau au comité
consultatif de la régie, qui était beaucoup élargi,
où il y avait d'autres ministères, des associations de
consommateurs. C'est un comité qui était très large. Ces
fameux critères avaient été approuvés, année
après année. Ils les ont approuvés, comme de raison. On
est en communication constante avec ces organismes de praticiens et les
collèges.
Nous avons donc préparé la première liste, en
demandant à toutes les industries, les produits qu'ils désiraient
voir inscrits dans la liste. Nous leur avons dit: Faites une demande
d'inscription sur une formule préparée à cette fin. On
demandait, pour chacun des produits, de nous fournir cinq rapports d'essai
clinique contrôlé selon une méthodologie scientifique. Vous
savez, des rapports, on peut en avoir haut comme ça pour un produit. Il
n'y en a pas un qu'on puisse retenir, parce qu'il n'y a pas de statistiques. Ou
bien, ce sont des histoires comme: On pense que, le patient prétend
que... On ne peut accepter ces choses-là. Il faut que ce soit un rapport
d'essai clinique scientifique. C'est quand même assez difficile à
trouver. C'est ce qui a conduit aux travaux de la première liste.
En août 1970, il y a eu l'effet surprise. On ne fournissait pas
à lire les journaux qui parlaient du programme. A la fin du mois
d'août, on a réuni, on a invité la FMOQ, la FMSQ, les
pharmaciens. Ils ont tous répondu à notre demande, sauf les
spécialistes, qui nous ont répondu avec un peu de
désinvolture que s'ils voulaient nous rencontrer, ils nous
appelleraient. Aux omnipraticiens qui disaient: On ne peut plus pratiquer avec
cette fameuse liste. C'est impossible, on leur a demandé de nous fournir
une liste de médicaments qu'ils considéraient comme essentiels
à leur pratique, mais en nous donnant les raisons, non pas une liste
énumérative qu'on était capable de faire nous-mêmes,
parce qu'il y a 25 produits sur le marché; alors, la liste qu'on aurait
pu faire, ce sont les produits qui n'étaient pas dans le manuel. On a
demandé ça en août 1972. On a reçu une liste
simplement énumérative, sans raison, il y a à peu
près trois semaines. J'ai communiqué avec le président du
Collège des médecins et je lui ai dit: Ecoutez, la liste que vous
m'avez envoyée, j'aurais pu la faire moi-même, parce que je sais
ce que les médecins demandent. On est au courant. Ils ont formé
un comité avec le Collège des médecins, l'Association des
spécialistes, l'Association des omnipraticiens. Ils sont en train de
préparer un document pour les médicaments qu'ils
considèrent essentiels à leur pratique, en nous donnant les
raisons de leur demande. Cela s'en vient, ce n'est pas arrivé encore. La
première liste, on l'a reçue, il y a trois semaines
seulement.
Entre-temps, nous avons préparé une deuxième
édition qui est en vigueur depuis janvier 1973. Aussitôt qu'une
édition est en vigueur, on commence l'édition suivante, parce que
ça prend six francs mois pour préparer une liste. C'est à
cause des communications avec l'industrie. Vous savez, pour l'industrie, chacun
de ses produits est le meilleur et il doit être absolument là.
C'est beaucoup de communications avec les fabricants, avec le gouvernement
provincial aussi, avec le ministère des Institutions financières
pour la protection du consommateur, avec le ministère de l'Industrie et
du Commerce pour le prix des produits et le prix du réseau de
distribution.
La troisième édition a été remise au
ministre Castonguay qui l'a présentée au conseil des ministres.
Elle a été acceptée et est en photocomposition pour
publication dans la Gazette officielle.
Je peux vous donner pour votre information les changements entre les
première, deuxième et troisième éditions. Remarquez
bien que les critères sont toujours demeurés les mêmes et
que la demande n'est pas un critère. Ni la pression ni la demande ne
sont un critère d'inclusion.
Dans la première édition, pour les dénominations
communes la dénomination commune, c'est l'entité chimique
on avait 688 dénominations communes, dans la deuxième 752
et dans la troisième 828, toujours avec les mêmes critères.
Cette augmentation est due au fait que certains fabricants ne demandaient pas
l'inclusion des produits. Alors, ils l'ont demandée quand ils ont vu que
la liste demeurerait, parce que, vous savez, la plupart des gens pensaient que
la liste ne serait jamais en vigueur et l'autre moitié pensait qu'elle
ne durerait pas longtemps.
Les fabricants ont décidé qu'il fallait demander
l'inscription des produits. Il y a de nouveaux fabricants aussi qui ont
été reconnus comme répondant à la norme 74-GP1, la
norme de bonne fabrication. Ce sont tous les produits de ces fabricants qui
nous ont été soumis et c'est ce qui les a fait passer de 688
à 828. Maintenant, quant aux dénominations commerciales aux
médicaments, c'est une entité chimique avec une forme
pharmaceutique et un dosage. Cela passe à la première
édition à 1402, à la deuxième, 2015, et à la
troisième, 2160.
Four les produits, c'est la même chose: entité, forme,
dosage avec un fabricant. Pour
une marque déposée, tous avez dans la première,
2998, dans la deuxième, 3515 et dans la troisième, 3795. Si tous
voulez faire la comparaison avec ce qui existe sur le marché, il y en a
25,000. Pour ce qui est de 3795, je reviens aux dénominations communes
de la troisième édition, je dis que 828, cela peut sembler un
nombre peu élevé, mais tous avez des hôpitaux qui
fonctionnent avec 400 à 500 dénominations communes. Il y en 828.
Je ne pense pas que les gens soient privés. Cela ne comprend pas les
produits dont l'usage est réservé exclusivement au milieu
hospitalier. C'est une autre liste qui est en préparation.
Quant aux associations médicamenteuses, dans la première
liste, il y en avait 6 p.c, dans la deuxième, 7 p.c, et dans la
troisième, 8 p.c. Si l'on compare cela avec des organismes qui sont
désignés pour l'étude des produits, l'organisme le plus
huppé pour cette étude, c'est le NASNRC, National Academy of
Science National Research Council, qui a évalué tous les produits
sur le marché aux Etats-Unis. Sur 1,200 associations, il en a reconnu 4
p.c. comme efficaces. On a 8 p.c. ici, je ne sais si on étudie les
mêmes, mais on en a 8 p.c. Alors, je ne pense pas qu'on puisse dire que
les associations ont été bannies de façon radicale comme
on lit souvent dans les journaux. Elles n'ont pas été bannies,
elles ont été reconnues sur le critère selon lequel, si
une association offre des avantages thérapeuthiques sur chacun des
produits pris isolément, on reconnaît l'association. Ce qui est
intéressant ici, c'est la concurrence entre les fabricants. Dans la
première liste, vous aviez 75 p.c. des produits qui n'avaient qu'un seul
point d'origine. Pas tous le même fabricant, mais chacun des produits
n'avait qu'un seul point d'origine. Dans la deuxième liste, 74 p.c. et
dans la troisième, 43 p.c. des produits. Vous voyez l'augmentation de la
concurrence. C'est évident que chaque fois qu'une compagnie copie un
produit, elle le vend moins cher, c'est sûr. Ce n'est jamais
arrivé qu'une compagnie nous ait fait une demande pour un produit qui
n'avait qu'un seul point d'origine et qui vendait son produit plus cher. C'est
toujours moins cher. C'est ce qui nous fait espérer la baisse du
coût éventuelle du régime, je ne dis pas
nécessairement des produits mais du régime.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je m'excuse, mais il y a une grosse
différence. Vous partez de 70...
M. CASTONGUAY: Soixante-quinze.
M. CLOUTIER (Montmagny): Soixante-quinze et vous tombez à 43.
M. CASTONGUAY: D'accord, oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans cette différence, il est possible
que des manufacturiers ne vous aient pas fait connaître la fabrica- tion
qu'ils faisaient au début. Est-ce que c'est possible?
M. CASTONGUAY: Non, absolument pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le point d'origine.
M. CASTONGUAY: C'étaient des produits qui n'avaient qu'un seul
point d'origine et qui étaient fabriqués par un fabricant
unique.
Alors, dans la deuxième liste, il y avait 75 p.c. des produits et
dans la troisième liste il y en a 43 p.c. et le prix est toujours plus
bas, le prix qui nous est soumis est toujours plus bas. Et quand un produit est
présenté, c'est toujours en bas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais vous saviez qu'ils ne le fabriquaient pas
à ce moment-là au début?
M. CASTONGUAY: Absolument, parce que l'on avait la fabrication totale de
chacun des 123 fabricants de la liste. On a même la fabrication de ceux
qui ne sont pas inclus et qui pleurent pour y être inclus.
Quel remède leur recommandez-vous? Mon Dieu! Quel remède!
Une association.
Quant aux produits qui sont extrêmement demandés et dont la
valeur thérapeutique n'est pas reconnue, il est impossible de changer
nos critères d'inclusion dans la liste; même si un produit fait
l'objet d'une demande très poussée, répétée,
on ne peut pas l'inclure si on n'a pas de preuve de la valeur
thérapeutique des produits. Depuis l'application de la liste, il y a
plusieurs fabricants qui ont mis en marche des projets de recherche, selon une
méthodologie scientifique et appréciable pour prouver la valeur
thérapeutique de leur produit.
Maintenant, il y a un autre changement aussi. Il y a plusieurs
fabricants qui parce que les fabricants, vous savez, ne sont pas tous
nés au Québec il y a, dis-je, des compagnies
multinationales et nationales qui font venir de leur maison mère des
produits simples pour remplacer les associations médicamenteuses qui ne
sont pas acceptées. Alors, cela est un changement...
Je vais dire un mot quant aux prix. Il a été
souligné que certains fabricants vendaient aux pharmaciens à un
prix très inférieur à celui indiqué dans la liste.
Nous avons communiqué avec l'association qui avait fait cette
déclaration célèbre et on nous a dit qu'il n'y avait pas
de statistique à l'appui. Je trouve un peu étrange que l'on
avance des choses comme cela et que l'on n'ait pas de statistique à
l'appui. Nous avons institué une recherche avec le ministère de
l'Industrie et du Commerce pour lui demander de nous aider à
évaluer le profit acceptable, parce que, vous savez, dans la liste,
c'est le prix pour un format donné. Supposons qu'un médicament
est présenté en trente unités, c'est parce
que l'on calcule que le format thérapeutique on n'appelle
pas cela comme cela parce que c'est un terme consacré ou le
format rationnel, le format d'ordonnance est celui qui est le plus couramment
demandé.
Alors, pour établir un système de comparaison entre les
différentes marques déposées il fallait arrêter en
format. Le fabricant nous a donc donné son prix pour un format
déterminé, celui de la liste, mais il arrive que le fabricant ne
vende pas ses médicaments par trente unités, il peut aussi bien
les vendre en 1,000 et en 5,000. Alors, il est évident que le pharmacien
ne paiera pas le prix de liste.
Le travail que nous avons institué avec le ministère de
l'Industrie et du Commerce est le suivant: Nous essayons de déterminer
si le profit que l'on prétend exorbitant et qui est fait par le
pharmacien entre en deçà des produits permis pour des achats en
grosses quantités et si ce que le réseau de distribution actuelle
coûte peut être acceptable. C'est le travail que nous avons
commencé avec le ministre de l'Industrie et du Commerce.
Mais il est impossible de dire actuellement si c'est vrai ou si c'est
faux. C'est possible que cela se fasse. Merci.
Je ne sais pas si vous avez d'autres questions...
M. LAURIN: Est-ce que vous concluez que les 21,000 médicaments
que vous n'avez pas inclus dans votre liste ont une qualité scientifique
douteuse?
M.CASTONGUAY: Non. On n'a jamais avancé que les
médicaments qui n'étaient pas dans la liste n'avaient pas de
valeur. On a dit que l'on ne nous avait pas apporté la preuve de la
valeur thérapeutique. Ce n'est pas la même chose. Comme,
d'ailleurs, on ne s'est jamais prononcé sur la valeur
thérapeutique des différentes marques déposées. Ce
sont des marques déposées qui correspondent à une
même entité chimique, mais il n'y a aucun organisme qui puisse se
prononcer sur la valeur thérapeutique. Alors, on n'est pas
gêné de ne pas se prononcer, personne peut le faire, ni le
fédéral, n'importe qui... à moins que ce soient des essais
cliniques très poussés, cela va toujours être sur deux
produits. C'est impensable de penser qu'un jour on puisse se prononcer sur la
valeur thérapeutique.
M. LAURIN: Mais il reste que les cinq essais cliniques, scientifiques,
que vous demandez équivalent à la preuve que l'efficacité,
sinon thérapeutique...
M. CASTONGUAY: Oui, et comme les autres, on n'en a pas
apporté.
M. LAURIN: ... du moins biologique. Donc, si l'on ne peut pas faire la
preuve pour les 21,000 médicaments, cela veut dire que leur
efficacité scientifique ou thérapeutique est douteuse?
M. CASTONGUAY: Vous pouvez en douter, si vous voulez, mais nous ne
dirons pas qu'ils sont inefficaces. On dit qu'on ne nous a pas apporté
la preuve de leur valeur thérapeutique. Je mettrais en doute
l'efficacité des produits, par exemple, comme les produits
brevetés, parce que ce sont des formules. Vous savez, si, en 1973, alors
que tout est public, on conserve des formules secrètes de 1902, moi je
trouve ça un petit peu drôle. Mais pour les produits qui ne sont
pas brevetés, qui ne sont pas de formule secrète, c'est qu'on ne
nous a pas apporté la preuve. Maintenant, il y a des produits qui sont
exclus pour d'autres raisons. S'ils font l'objet de publicité
auprès du grand public, on ne les accepte pas, pour que le consommateur
ne fasse pas une demande à ceux qui font les ordonnances. Alors, c'est
un critère d'exclusion, les produits qui font l'objet de
publicité auprès du grand public.
M. GUAY: Alors, en deux mots, ça veut dire qu'il y a des produits
qui peuvent avoir une qualité thérapeutique acceptable, sauf
qu'étant donné que la preuve n'a pas été
établie, ils ne sont pas dans la liste.
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. GUAY: Est-ce que les fabricants sont réticents à
fournir ou à essayer ou à tenter de faire la preuve
thérapeutique d'un produit?
M. CASTONGUAY: Etre réticent à tenter de faire la preuve,
non. Vous savez, quand on demande cinq rapports, on en reçoit cinq
pouces, quand ce n'est pas quinze pouces. Je puis vous dire que l'industrie
nous accorde une collaboration à laquelle je m'attendais, mais à
laquelle la plupart des personnes ne s'attendait pas, une grande collaboration.
C'est vrai.
M. GUAY: Est-ce que ça veut dire qu'à chaque fois qu'on
aura fait la preuve de la qualité thérapeutique d'un produit, il
pourra être ajouté à la liste?
M.CASTONGUAY: Oui, la liste est continuellement mise à
jour...
M. GUAY: Scientifique.
M. CASTONGUAY: C'est-à-dire de la valeur thérapeutique du
produit.
M. GUAY: Valeur thérapeutique et preuve scientifique.
M.CASTONGUAY: Et preuve scientifique de la valeur thérapeutique.
La liste est perpétuellement mise à jour. Quand une
édition paraît, ça fait déjà deux mois qu'on
travaille sur
la suivante. Il y a des produits qui sont retirés aussi, parce
que si, à la lumière de nouvelles données, vous pouvez
ajouter un produit, vous pouvez en retirer aussi.
Le sirop pour le rhume, qu'est-ce que vous pensez de ça?
Le sirop pour le rhume, il me semble qu'on en a assez parlé dans
les journaux.
Non, mais c'est parce que cela a été cité. Vous
parliez des journaux, cela a été cité comme étant
une des grandes faiblesses de la liste, l'absence de nombreux sirops pour le
rhume.
Vous savez, les sirops pour le rhume que l'on trouve sur le
marché... C'est plus difficile d'essayer de nommer un produit qui n'est
pas dedans que des produits qui sont dedans, vous savez. C'est un
mélange inouï de produits qui entrent ou en interaction ou en
antagonisme les uns avec les autres.
M. LAURIN : Et qu'est-ce que vous faites de l'effet placebo?
M. CASTONGUAY: L'effet placebo. Il y en a des placebos dans la liste.
Ecoutez, s'il faut considérer tous les médicaments comme des
placebos, on n'a pas besoin de faire de liste. Mais dans la série des
non-classifiés, 92, il y a des placebos. Il y en a peut-être une
dizaine de sortes. L'effet placebo est réel et il faut en tenir compte.
On en a tenu compte également.
M. LAURIN: Des placebos en pilules, des placebos en injection.
M. CASTONGUAY: En capsules. En injection, il y a toujours de l'eau,
c'est assez facile. On l'a mise dans la liste aussi. H y a de l'eau par
injection dans la liste, mais on ne l'a pas mise dans les placebos, on l'a mise
dans les produits chimiques. Vous avez des capsules, des comprimés,
toutes sortes de choses en placebos.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pensais que le ministre était pour
vous demander si vous aviez eu des pressions pour mettre te gin dans la liste
à la place du sirop.
M. CASTONGUAY: Non, ça, on le prend après les
séances du conseil.
M. LAURIN: Est-ce qu'il n'y a pas aussi certains médicaments qui
coûtent quand même très cher et qui sont des
suppléments protéinés, à toutes fins pratiques? On
en a beaucoup parlé, ils ont été exclus en raison de la
cherté de leur coût. Je pense qu'il y avait certains
steroïdes.
M. CASTONGUAY: Non, un médicament n'a jamais été
exclu en raison du prix élevé. C'est un conseil consultatif de
pharmacologie, ce n'est pas la commission dont on avait parlé autrefois
qui avait droit de regard sur l'établisse- ment des prix. Alors, nous
demandons aux fabricants de nous donner un prix pour sa marque
déposée correspondant à une dénomination commune
acceptée pour un format donné. Nous prenons le prix qu'il nous
donne. On l'avertit bien, par exemple, on l'avertit souvent,
qu'éventuellement, si les prix sont trop élevés,
peut-être que ce seront les fabricants eux-mêmes qui forceront le
gouvernement à mettre des mesures restrictives sur les prix. Cela, on le
leur rappelle régulièrement, pour que les prix ne montent pas
trop. Nous avons entrepris une étude sur l'établissement des prix
malgré nos pouvoirs de conseil, et non de commission, avec les deux
associations qui regroupent les fabricants, L'ACIM qui est l'Association
canadienne de l'industrie du médicament, qui regroupe les industries
nationales et multinationales en général, ce sont des
compagnies qui ont des prix assez élevés et l'Association
des fabricants du Québec des produits pharmaceutiques.
Nous avons établi une étude pour essayer de comprendre
leur établissement des prix.
M. LAURIN: J'aurais une autre question, mais qui ne vous touche pas
exclusivement. Si un médecin, pour une raison ou pour une autre, tient
au produit qu'il prescrit, que ce soit simplement par la confiance qu'il
éprouve, même s'il n'y a pas d'essai clinique, scientifique de
l'efficacité thérapeutique, est-ce qu'il a quand même le
droit, en donnant des raisons, de faire accepter son ordonnance, quand il
s'agit d'un assisté social, par la Régie de
l'assurance-maladie?
M. CASTONGUAY: La liste veut être un outil de travail pour le
praticien, pour lui fournir une série de produits dont
l'efficacité thérapeutique est reconnue. Mais un outil de
travail, vous pouvez vous en servir, vous pouvez le laisser de
côté. On prépare cette liste parce qu'on sait que, avec les
exigences de sa pratique, il n'a pas le temps d'étudier la valeur
thérapeutique de 25,000 produits sur le marché.
Quand les médecins nous écrivent pour demander pourquoi
tel produit n'est pas dans la liste, on leur répond toujours. Cela
dépend du volume de correspondance qu'on a, parce que c'est assez
effarant. On répond aux lettres de chaque médecin sauf quand ce
sont des lettres circulaires. Parce qu'il y a des fabricants qui avaient
trouvé un petit truc, ils préparaient des lettres circulaires
qu'ils distribuaient à leurs médecins à travers la
province, en demandant aux médecins de changer des paragraphes.
Mais peut-être à cause de leurs occupations, les points de
suspension étaient à la même place, les virgules aussi.
Quand je me suis aperçu de ça, j'ai dit que je ne
répondais pas aux lettres circulaires mais que, quand leurs lettres
exprimeraient leur propre pensée, je répondrais. On leur donne
les raisons scientifiques quand on leur répond.
M. LAURIN: Je pense à des médecins qui n'ont pas le temps
de faire des essais scientifiques pour la valeur thérapeutique de leurs
produits mais qui, empiriquement, se sont rendu compte à plusieurs
reprises que tel médicament produit tel résultat. Bien sûr,
ils ne pourraient pas le prouver scientifiquement.
M. CASTONGUAY: Oui, je le sais.
M. LAURIN: Mais, quand même, leur conviction est très forte
et ils peuvent tenir à la prescription d'un médicament. Mais s'il
n'est pas dans la liste, est-ce que l'ordonnance et je pose la question
à M. Després peut être acceptée quand
même?
M. CASTONGUAY: L'ordonnance n'est pas acceptée parce que, aux
termes de la loi, nous sommes liés à ne payer que pour les
médicaments prescrits et apparaissant à la liste.
M. LAURIN: Je pense que c'est là une des raisons de la
tension...
M. CASTONGUAY: Qui a baissé beaucoup.
M. LAURIN: Oui, qui a baissé mais qui existe encore.
M. CASTONGUAY: Parce qu'il ne faut pas non plus oublier une chose. C'est
que c'était l'introduction d'un nouveau mécanisme qui venait
changer des habitudes établies depuis longtemps, des modes de
publicité je ne dis pas d'information mais de publicité
fort développés de la part des fabricants. Là, on
venait s'introduire dans ces habitudes et c'était normal que ça
suscite certaines réactions. C'est pourquoi je dis aussi que ça
va en diminuant.
Je dois vous dire que le nombre de lettres reçues, autant au
ministère qu'à la régie, était très
considérable dans les premiers mois du régime et que ça
s'est passablement résorbé. Dans chaque cas, nous avons
donné les explications requises et le bénéficiaire, en
consultation avec son médecin qui a examiné de plus près
la liste, a, dans la plupart des cas, trouvé un médicament qu'il
pouvait substituer à celui qu'il prescrivait.
Il y a aussi le fait que, à 1a conférence des ministres de
la Santé à Régina l'an dernier, on nous faisait
état que les médecins recevaient, sous forme
d'échantillons, gratuitement, une valeur appréciable. Certains
plaçaient ça à $3,000 ou $4,000 par médecin par
année.
Si jamais il y avait de ces cas que vous mentionnez, le système
laisse une certaine souplesse pour le médecin. D'autant plus que, dans
certains cas, on sait que des médecins revendent ces échantillons
ou, dans d'autres cas...
M. LAURIN: Ils les envoient en Afrique. M. CASTONGUAY: ... les envoient
en Afri- que par l'Association médicale internationale. Ce que je veux
faire ressortir, c'est qu'il y a une certaine souplesse parce que ce sont
vraiment des cas d'exception.
Alors que, dans le passé, bien souvent le médecin
était appelé à donner gratuitement des médicaments,
aujourd'hui, il y a une couverture aussi bien de ses actes que des
médicaments de façon générale. Je pense bien qu'on
doit être conscient de ce cas d'exception dans la révision de la
liste, mais si nous changions le principe de la liste pour ouvrir la porte
à ces cas d'exception, c'est la fin du système.
M. LAURIN: Mais avez-vous l'impression qu'au fur et à mesure que
la liste sera acceptée, qu'elle deviendra l'épine dorsale du
champ de l'ordonnance au Québec, on va1 assister à une
réduction progressive du nombre total de marques déposées,
offertes au public? Est-ce qu'on va aboutir, par exemple, peut-être
à une pharmacopée de 6,000 produits au lieu de 30,000 produits,
avec tout le gaspillage que cela peut comporter à tous les points de
vue?
M. CASTONGUAY: Vous savez que le Canada est le pays où il y a le
plus de pharmacopées officielles. On en a sept. La plupart des pays en
ont une, parfois deux. Ici, on en a sept. Je ne sais pas si on a voulu faire
plaisir à tout le monde.
M. LAURIN: On est un confluent.
M. CASTONGUAY: Oui. On a sept pharmacopées officielles. Si je
juge d'après l'augmentation de la concurrence qui s'est établie,
je ne pense pas que le nombre de marques déposées diminue. Au
contraire. Mais cela peut faire diminuer 1e coût, par exemple, des
médicaments. Mais je pense que ce qui est important, ce n'est pas
tellement le nombre de marques déposées. C'est le nombre du
dénominations communes, le nombre d'entités chimiques qui est
important. C'est que celles qui ne sont pas efficaces soient retirées
simplement du marché. Tant que le régime couvrait les
bénéficiaires de l'aide sociale, ce n'était pas trop
dangereux pour le fabricant. Mais maintenant que cela touche également
les établissements de santé, leur autre marché diminue. Et
je ne pense pas qu'un médecin va se faire des compartiments: Je prescris
pour un assisté social. Je prescris dans l'hôpital et ensuite, je
prescris pour quelqu'un d'autre. Ce sont des habitudes qui
s'établissent...
M. LAURIN: Les objectifs lointains sont la rationalisation,
l'uniformisation et l'épuration.
M. CASTONGUAY: C'est cela. Et la réintroduction de la concurrence
au niveau des fabricants.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a eu des études qui ont
été faites pour la reconnaissance légale
de certaines drogues qui peuvent être utiles en médecine,
comme le haschisch? Elles devraient avoir leur indication et on
arrêterait de faire des criminels pour peut-être des effets qui ne
sont pas pires que ceux de la boisson.
M. CASTONGUAY: Le conseil considère les produits qui sont
acceptés par la direction générale de la protection de la
santé. Il faudrait que la DGPS accepte ce produit avant qu'on le
considère.
M. BOIVIN: II n'y a pas de pression de la part de certains
médecins pour traiter, par exemple, des cancéreux, des chroniques
avec ces drogues...
M. CASTONGUAY: Non.
M. BOIVIN: ...qui ne sont pas légalisées. Il n'y a pas de
pression actuellement.
M. CASTONGUAY: II y a tout ce qu'il faut dans la liste pour traiter les
cancéreux et les chroniques, mais pour répondre
spécifiquement à votre question: Non, on n'a jamais eu de demande
dans ce sens.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est l'expérience des frais
modérateurs? Est-ce que vous songez à les étendre à
d'autres médicaments?
M. CASTONGUAY: Nous les avons éliminés après une
période de trois mois...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CASTONGUAY: ...et j'ai demandé à la régie
d'étudier la question. Pour pouvoir l'étudier, il fallait un peu
plus de temps. Nous les avions éliminés pour une période
de trois mois, si ma mémoire est bonne.
Elle a été prolongée jusqu'au 31 mai. De toute
façon si l'étude n'est pas encore disponible à ce
moment-là, nous prolongerons. Mais avant de réintroduire les
frais modérateurs si nous devions les réintroduire, cela va
être à la suite de l'étude de l'expérience.
Je peux vous dire que j'ai eu le rapport de l'étude hier et je
n'ai pas eu le temps de l'envoyer au ministre. J'ai regardé simplement
la conclusion, mais il apparaîtrait à la lumière de la
période que nous avons considérée que la suppression
temporaire des frais modérateurs n'a pas eu d'impact; en d'autres
termes, elle n'a pas contribué à augmenter la consommation des
médicaments auxquels s'appliquaient des frais modérateurs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Puis-je suggérer à mes
collègues qu'il reste dix minutes pour questionner M. Després?
Alors je pense que...
M. LAURIN : J'aurais une autre question à poser à M.
Després, cette fois. Vous avez mentionné tout à l'heure
que, parmi les recherches, vous avez fait une conclusion de l'étude
informatique que vous avez menée sur les soins non requis au point de
vue médical. Au point de vue méthodologique, quelles sont les
méthodes que vous avez appliquées, utilisées et qui vous
permettent de conclure que tels soins ne sont pas requis au point de vue
médical?
M. CASTONGUAY: Voici, c'est que nous n'avons pas tiré la
conclusion, justement, que ces soins n'étaient pas requis au point de
vue médical. Nous avons, si vous le voulez, conclu que, par comparaison
avec d'autres méthodes utilisées soit par un groupe de
médecins ou un ensemble de médecins examinés
individuellement, le profil de tel médecin présentait un certain
nombre d'aberrances qu'il faudrait faire examiner soit par la corporation
professionnelle, soit par un comité de révision, comme le
ministre l'indiquait parce que...
M. LAURIN : Pour voir si c'est un génie ou un
incompétent.
M. CASTONGUAY: II faut voir s'il n'a pas tout simplement dispensé
un peu plus de soins que l'état de son malade le requerrait.
Je m'excuse, mais on pourrait peut-être demander au Dr Laberge qui
a fait la révision des profils de façon très
méthodique de donner certaines caractéristiques de profils,
disons, anormaux.
M. LAURIN : J'aimerais bien cela.
M. BOIVIN: Dans le même ordre d'idées, quel a
été l'effet de l'assurance-santé sur la médecine
industrielle? Je vous pose cette question parce que je voudrais savoir... Par
exemple, l'exérèse de cérumen, c'était fait
autrefois par le médecin payé par la compagnie. C'est surtout
cela; je voudrais savoir où ces actes se posent. Est-ce dans la
consultation à l'industrie, facturée à l'acte
médical? Est-ce que cela existe encore? Est-ce qu'il y a eu des
négociations de la part, par exemple, de l'Association des
médecins industriels qui pourraient être à salaire? Ceci
ferait disparaître ces actes médicaux qui sont posés d'une
façon qui vous parait démesurée, comme
l'exérèse de cérumen.
Comme vous le savez, ces services-là ne sont pas assurés
à un des services proprement dits de la médecine industrielle,
comme les examens qui peuvent être nécessaires à des fins
d'emploi ou en cours d'emploi ne sont pas assurés par le régime
à moins que ces examens ne soient exigés par une loi du
Québec. Or, au plan de la médecine industrielle, il n'y a pas eu
beaucoup de changements qui se sont produits de ce côté-là,
parce que les services ne sont pas assurés et demeurent à la
charge de l'entreprise.
On a cependant observé, pour les actes que vous mentionniez que
cela se passait surtout en
cabinet privé ou en clinique externe et non pas dans le milieu
industriel.
M. BOIVIN : S'ils ont l'occasion d'exiger rémunération
pour ces actes, comme l'exérèse de cérumen, cela
était fait autrefois en clinique externe des industries. C'est ce que je
voudrais savoir, la répercussion que l'assurance-santé a eue sur
la médecine industrielle. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
d'établir des négociations pour les médecins de
médecine industrielle qui pourraient aller à salaire dans
l'industrie privée?
M. CASTONGUAY: A ce moment-là, il faudrait que les services
qu'ils accordent spécifiquement aux employés de l'entreprise
soient assurés, ce qui n'est pas le cas actuellement, parce que tout
service qui est dispensé à l'occasion d'examens faits pour des
fins d'emploi, à moins que ce ne soit exigé par une autre loi,
n'est pas assuré. Sur ce plan-là, ce n'est pas fait.
M. BOIVIN: Pour des fins d'emploi, oui, mais il y a des actes
médicaux, comme cela, qui se multiplient sur le plan industriel. Le
moyen de les faire disparaître serait de faire une négociation
pour ces médecins-là?
M. CASTONGUAY: Oui. Nous avons eu aussi des communications avec
l'association je ne me souviens plus du nom des médecins
qui s'intéressent à la médecine du travail de façon
plus particulière. Us voient beaucoup plus ces
problèmes-là en termes de programmes à établir pour
des industries données et les discussions doivent se poursuivre, mais
jamais ils ne nous ont proposé que nous couvrions un type d'acte
donné de façon générale dans le contexte où
ils travaillent et selon les méthodes qu'ils utilisent.
M. BOIVIN: Parce qu'à mon sens l'apparition de cet acte...
M. CASTONGUAY: On a mentionné cela à titre d'exemple mais
on va demander au Dr Laberge de donner certains exemples de pratique qui
présentent des caractéristiques un peu anormales.
En fait,le travail que nous avons fait l'a été à
partir des données fournies par la régie. On a regardé le
profil de chacun des individus ou de chacun des médecins qui fait
parvenir des honoraires à la régie ou qui reçoit des
honoraires de la régie pour un montant supérieur à $5,000
par trimestre. On a regardé la pratique générale et on a
regardé toutes les spécialités une par une. C'est en les
révisant une par une comme cela qu'on trouve des cas, à un moment
donné, qui sont complètement à part des autres. Prenons un
individu qui a $43,000 d'examens d'urine dans une année. Il a vu 9,000
malades.
On en trouve un qui fait pour $40,000 d'insufflations de la trompe
d'Eustache dans une année. C'est un individu qui a un revenu assez
convenable. On a parlé d'exérèse de cérumen; 6n en
trouve qui font 15 p.c. de leur revenu avec l'exérèse de
cérumen. Mais ce sont des cas particuliers, c'est-à-dire...
M. BOIVIN: Ce doit être dans le milieu industriel que vous notez
cela?
M. CASTONGUAY: C'est en cabinet privé ou à
l'hôpital. On a parlé tantôt des injections
sclérosantes très brièvement. On a pris des individus qui
ont reçu plus de $5,000 en injections sclérosantes au cours de
l'année. Environ 20 spécialistes ont reçu plus de $5,000,
dont quelques-uns $90,000 en descendant, pour un montant total de $500,000,
$550,000 ou $560,000. Du côté des médecins en pratique
générale, on en a une vingtaine qui ont reçu en injections
sclérosantes au-delà de $5,000. Cela représente pour les
trois premiers de la liste 98 p.c. et plus de leur revenu. C'est-à-dire
qu'ils ne font que ça avec des revenus de $90,000 ou $95,000 qui vont en
descendant. Le total se monte à environ $750,000. C'est ce qu'on appelle
un profil...
M. BOIVIN: On semblait dire tout à l'heure que le collège
n'avait pas le pouvoir d'intervenir dans ces cas. C'est assez facile de faire
la preuve des abus sur des cas particuliers.
M. CASTONGUAY: La première étape de ces cas-là est
de les rapporter au collège.
M. BOIVIN: II a le pouvoir de réagir.
M. CASTONGUAY: Disons que dans le cas de l'individu aux $43,000
d'examens d'urine, il faudrait voir si chacun des je ne sais pas combien de
mille examens d'urine était médicalement requis. D'après
le collège, c'est impossible. D'autant plus que souvent, en cabinet
privé, il y a beaucoup de médecins qui ne sont pas de...
M. BOIVIN: La commission, de quel pouvoir allez-vous l'investir pour
faire la preuve de ces abus? Elle va être au même titre que le
Collège des médecins.
M. CASTONGUAY: En Ontario, un tel mécanisme a été
mis en place, alors que le Collège des médecins procède
sur une base de cas par cas, dans le cadre d'un mécanisme disciplinaire
où il y a un mécanisme de preuve. En Ontario, tout comme les
compagnies d'assurance, d'ailleurs dans le passé, comme pour
l'assistance médicale, au lieu de procéder par un
mécanisme de preuve sur un cas donné où on fait
comparaître des témoins, cette commission, à l'examen, peut
conclure qu'il y a eu une fréquence trop
grande d'un certain nombre d'actes. Elle peut faire comparaître le
médecin, en discuter avec lui et recommander à la régie
les mesures appropriées. La régie sera tenue de suivre ces
recommandations. Si le médecin n'est pas satisfait, il y aura toujours
les recours normaux contre la régie. C'est le mécanisme qui a
été appliqué en Ontario et il semble donner de bons
résultats. Cela évite justement l'établissement de preuves
à ne plus finir sur des cas particuliers...
Parce que ce qui importe le plus dans ceci, c'est de faire en sorte
qu'on identifie un certain nombre de médecins qui, pour des raisons
peut-être inconscientes ou autres, abusent en quelque sorte du
régime. Comme c'est une minorité, je pense qu'il s'agit d'avoir
un mécanisme spécifiquement à cette fin.
L'expérience a été faite dans le passé par les
compagnies d'assurance. C'est très clair que les compagnies
identifiaient toujours un certain nombre de médecins sur lesquels elles
avaient un oeil un peu plus attentif. A l'assistance médicale, cela fut
la même expérience et là, on réintroduit le
même mécanisme.
Le demander au Collège des médecins? Il ne veut pas.
M. BOIVIN: L'autodiscipline qu'on attend des corporations
professionnelles, cela ne donnerait pas de rendement?
M. CASTONGUAY: Us ne veulent pas. Ils nous disent: Ecoutez, on est
prêt à exercer cette fonction pour des fins de déontologie.
Et ils ont insisté pour que, si nous établissions une telle
commission, une fois qu'elle aurait fait son travail, les rapports soient
communiqués au collège. Mais ils ne veulent pas le faire pour des
fins pécuniaires au premier titre. C'est la raison pour laquelle nous
allons proposer la création de cette commission. Dans le fond, je pense
bien que le collège a raison dans la mesure où les syndicats ont
été formés, que leur rôle s'est orienté de
plus en plus au plan de la qualité des soins, de la déontologie,
de l'amélioration des connaissances par la voie de programmes, de la
formation permanente, etc. Ce serait peut-être faire quelque peu machine
arrière que de les réintroduire dans cette question.
M. BOIVIN: C'est le fardeau de la preuve qu'ils refusent.
M. CASTONGUAY: Ils ne veulent pas s'engager dans tout ce
mécanisme, dire à la régie de payer ou de ne pas payer.
Ils disent que ce n'est pas leur rôle. Nous, on est prêt à
s'intéresser aux questions de déontologie, de discipline,
d'examens, de la qualité des actes par les mécanismes
d'appréciation, de la qualité professionnelle sur un plan plus
large, mais on ne veut pas se réintroduire dans les questions
d'argent.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Prési- dent, avant de terminer
cette séance, il reste à peu près cinq minutes, je
voudrais demander à M. Després si tous les sujets qu'il a
traités ce matin vont être présentés plus longuement
dans le rapport annuel du ministère.
M. CASTONGUAY: Oui, tous ces sujets seront présentés dans
le rapport annuel de la régie qui sera accompagné en plus d'une
annexe statistique qui permettra au lecteur de faire la comparaison et,
partant, de constater l'évolution qui s'est produite dans la
dispensation des services assurés aussi bien que dans leur consommation
en 1972 par rapport à 1971.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand peut-on s'attendre au dépôt
du rapport?
M. CASTONGUAY: Aux termes de la loi, il nous faut le faire tenir au
ministre d'ici le 30 juin. Je pense bien que, dans la dernière semaine
de juin, le rapport devrait lui être remis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, une question pour préciser les
chiffres que vous avez donnés au début. Vous avez parlé de
$29 millions. Est-ce que c'est le surplus accumulé de la régie,
depuis les débuts, ou si c'est seulement le surplus de l'année
72/73?
M. CASTONGUAY: C'est seulement le surplus de l'année. Nous
prévoyons qu'à la fin de l'exercice 72/73, le surplus se
chiffrera à environ $58.5 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Depuis le début?
M. CASTONGUAY: Depuis le début.
En même temps, la régie nous dit qu'elle devrait avoir,
pour faire face à des fluctuations dans le volume des demandes
notamment, au moins un mois de contributions en réserve, pour faire face
à ces imprévus. Un mois de contributions donne quoi? Un montant
de l'ordre de $38 millions. Alors, si on retient cette demande qui
m'apparaît logique, parce qu'il est toujours possible qu'il y ait des
fluctuations imprévues, l'ordre de grandeur du surplus, pour des fins
d'extension de couverture, apparaît plus précisément.
M. BOIVIN: Au sujet de la répartition géographique des
médecins, il y avait trois objectifs, il me semble, dont on avait
parlé, lors de la discussion sur les derniers crédits. Il y avait
la possibilité d'établir, par le Collège des
médecins, un stage destiné aux étudiants pour favoriser
les régions très éloignées. Est-ce qu'il y a eu
quelque chose de fait dans ce sens?
Il y avait aussi je pourrais en nommer trois des
immigrants. J'aurais bien voulu savoir combien il y a eu d'immigrants qui sont
entrés tout d'un coup dans la pratique. Peut-
être que le travail de recherche qui a été fait par
la régie peut être affecté par ce nombre d'immigrants qui
sont arrivés dans la pratique médicale. Et aussi, je voudrais
savoir si les universités utilisent, pour l'enseignement, tous les lits
disponibles dans la province. C'est que, si ces étudiants vont faire des
stages, par exemple, dans des régions éloignées comme en
Gaspésie, à Chicoutimi, en Abitibi, ils ont des chances, parce
que l'on disait que, pour le médecin, aller dans les places
éloignées, c'était surtout à cause de la femme.
Alors, si ces étudiants vont faire des stages dans ces hôpitaux
éloignés, ils ont des chances de se marier. La femme
réside avec le médecin dans ces places
éloignées.
M. CASTONGUAY: Nous demanderons au Dr Ouimet, M. René Boileau.
Nous avons les statistiques du collège. Je ne sais pas si vous avez les
rapports que je reçois. De toute façon, je pense qu'il serait
important d'apporter, peut-être, de demander à ma
secrétaire de sortir les statistiques qui montrent les nouveaux permis
émis, ou bien, je vais les apporter. Nous allons aussi faire état
du travail qui se poursuit dans le sens que vous indiquez.
Il y a un travail qui se poursuit, qui est rendu pas mal loin et que
nous espérons terminer vers le mois de juillet, qui touche ces
aspects-là précisément. M. Boileau s'y intéresse de
façon particulière, alors on pourrait discuter. Je ne pense pas
qu'on se réunisse cet après-midi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dernière question, M. le
Président. Est-ce que vous ajournez à 12 h 5?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou); C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans l'échéancier des
négociations avec les médecins, est-ce qu'on peut avoir quelque
chose d'assez précis quant au calendrier?
M. CASTONGUAY: J'ai vu hier soir nos deux négociateurs, Me Jules
Corbeil et Me Bruno Meloche, et comme je le disais, notre
échéancier vise à ce que nous ayons dans une forme
définitive nos propositions au cours du mois de mai. La
Fédération des médecins spécialistes nous dit
qu'elle serait prête, elle mais elle ne l'a pas fait encore
à déposer ses demandes incessamment. Quant à la
Fédération des médecins omnipraticiens, si j'ai bien
compris, il semble bien qu'elle attend nos propositions pour les analyser.
Alors, c'est l'étape suivante. Nous avons toutefois, comme je
l'ai mentionné, déjà déposé sur des points
particuliers des propositions. Des ententes sont intervenues pour modifier les
ententes originales. Je pense que nous sommes rendus à l'amendement 11
ou 12. Alors, il y a une espèce de mécanisme d'ajustement
perpétuel, mais il y avait une révision globale aussi qui
s'imposait. Le mécanisme de révision continue, disons, s'applique
toujours. Mais, quant à la révision plus globale, bien là
l'échéance est de déposer fort probablement d'ici la fin
de mai nos propositions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président,...
M. BOIVIN: J'aurais une petite question à poser. Est-ce que le
tarif unique vous a amené l'union des tables? Est-ce qu'il y aura une
table de négociations ou deux tables?
M. CASTONGUAY: Non, il y a deux tables.
M. BOIVIN: II y a encore deux tables de négociations. Le tarif
unique n'a pas favorisé la négociation à une table.
M. CASTONGUAY: Pas sur ce plan-là, non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, nous aurions eu
des questions à poser à M. Després et à Mme
Chevalier pour une journée, mais faute de temps nous devons rester sur
notre appétit; mais nous les remercions des réponses qu'ils nous
ont apportées.
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'on peut dire que le programme 3 est
adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, faute de temps.
M. CASTONGUAY: Maintenant, nous allons fort probablement poursuivre
demain matin à dix heures. M. Gill Fortier qui... Bon, alors nous
poursuivrons donc; je pense bien que ce sera demain matin.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, la commission suspend ses
travaux et la reprise des travaux sera annoncée à la Chambre cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 5)