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Commission permanente des affaires sociales
Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
Séance du jeudi 3 mai 1973
(Dix heures dix minutes)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs!
Programme 3, éléments 1 et 2, adopté.
J'aimerais mentionner le remplacement de certains membres de la
commission. M. Brown (Brome) remplace M. Lacroix (Iles-de-la-Madeleine) et M.
Bossé (Dorion) remplace M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Programme 16: Direction et gestion du ministère. Elément
1.
Direction et gestion du ministère
M. CASTONGUAY: M. le Président, avant de passer à
l'étude du programme 16, j'aurais une suggestion, si les membres
l'acceptent. La raison pour laquelle je la formule tout de suite, c'est qu'il y
aurait un peu de préparatifs. Comme vous l'avez constaté, nous
avons dit qu'une des priorités au cours de l'année était
l'organisation de meilleurs services au plan des urgences: communications,
transport, organisation des urgences. Nous avons demandé la
collaboration des conseils régionaux et ils ont répondu de
façon très positive. Et même, ils assument, en fait, la
responsabilité de comités d'implantation, de groupes de travail
d'implantation composés de gens qui sont directement impliqués,
dans chaque région, dans le fonctionnement des services d'urgence,
etc.
Nous avons préparé à leur intention et à
l'intention de tous ceux qui sont dans cette opération un petit document
audio-visuel sur le problème des urgences. J'ai pensé que ce
serait peut-être intéressant c'est un document audio-visuel
qui dure une quinzaine de minutes de vous donner un portrait plus
précis de ce qui est en voie d'être fait. Cela donne une
idée de la qualité du travail fait par la direction des
communications. Cela donne une idée de la façon qu'on essaie
d'impliquer les conseils régionaux et les gens du milieu dans des
travaux, parce qu'on a parlé beaucoup de décentralisation et de
déconcentration. En même temps, cela donne une idée du
contenu ou des objectifs visés dans cette question et un peu des
échéances visées. Si les membres de la commission
étaient d'accord, soit à 4 heures cet après-midi, parce
qu'il faut monter l'affaire à l'avance, ou à 8 heures, ce soir,
au début de la séance, nous pourrions prendre quinze ou vingt
minutes pour regarder ce petit document audiovisuel. Vous verrez les efforts de
décentralisation et de déconcentration qui sont faits,
d'implication des gens, les objectifs visés pour la question du
transport des urgences, une idée de la valeur du travail de la direction
des communications du ministère, tout ça combiné en
même temps. Comme cela est un problème très important, cela
permettra peut-être de vous donner une information qui vous permettra de
mieux saisir et, au besoin, de nous questionner davantage sur cet aspect.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, M. le Président.
M. GUAY: Quant à moi, je suis d'accord.
M. CASTONGUAY: Est-ce que nous leur demandons pour 4 heures cet
après-midi ou 8 heures ce soir?
DES VOIX: A 4 heures.
M. CASTONGUAY: Pour 4 heures, très bien. Merci.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour projeter des films, c'est peut-être
mieux le soir.
M. CASTONGUAY: Si on ferme les lumières ici, je pense bien que ce
sera très bien.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord!
M. CASTONGUAY: Je l'ai regardé dans mon bureau mardi, en plein
jour, et il n'y a pas de problème.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord!
M. CASTONGUAY: Pour le programme 16, l'administration, nous avons entre
autres le Conseil des affaires sociales et de la famille. Est-ce qu'avant de
prendre les directions du ministère, étant donné qu'il y a
certaines interrelations, vous aimeriez que nous entendions le président
du Conseil des affaires sociales et de la famille?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, on pourrait entendre M. Marier, le
président, et après ça, on pourrait également
entendre M. Fortier, de la Régie des rentes, quitte, après
ça, à entrer dans le ministère.
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas si le juge Fortier va pouvoir venir ce
matin parce que, présentement, à cause du décès de
M. Prieur, il doit agir comme président de la Caisse de
dépôt et placement du Québec en tant que
vice-président. Il m'avait dit hier qu'il ne savait pas s'il pourrait
être présent ce matin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, nous l'entendrons à un autre
moment, très bien.
M. CASTONGUAY: M. Marier.
On se souviendra qu'au début de l'année le Conseil des
affaires sociales et de la famille nous avait proposé des objectifs pour
73/74, objectifs qui nous ont aidés dans la formulation des objectifs du
ministère. Le conseil, qui travaille à plus long terme et qui
s'intéresse dans une perspective à moyen et à long terme,
a fait publier ces objectifs; étant donné la perspective dans
laquelle ils ont été formulés, j'ai demandé que des
copies soient distribuées aux membres de la commission. Voulez-vous en
faire circuler?
Est-ce qu'on pourrait demander à M. Marier, tout comme pour la
Régie de l'assurance-maladie hier, de nous faire un bref rappel des
activités du conseil et des mandats qu'il a reçus?
M. le Président, l'an dernier le Conseil des affaires sociales et
de la famille avait fait une première expérimentation de ses
rôles, l'étude de ses rôles et la préétude de
trois questions qui avaient été portées à son
attention par le ministre des Affaires sociales, à savoir la question
des politiques à développer à l'endroit des comités
de citoyens, des politiques destinées à favoriser
l'épanouissement de la famille québécoise et la question
du concept du revenu minimal qui faisait partie des recommandations de la
commission Castonguay-Nepveu. Ces tâches se sont
développées normalement. Le conseil a mis au point un programme
de consultation des comités de citoyens, un programme qui a
été soumis, conformément à la loi, au ministre des
Affaires sociales et approuvé. Ce programme de consultation des
comités de citoyens est présentement entrepris à l'aide
d'une équipe que nous sommes à mettre en place.
Parallèlement à ce programme de consultation des comités
de citoyens, le conseil a aussi reçu autorité de commanditer une
étude à l'Institut canadien d'éducation des adultes, sur
la signification sociale des groupes populaires. Le contrat en vertu duquel
cette étude sera faite sera, en fait, signé cette semaine.
Du côté des politiques destinées à favoriser
l'épanouissement de la famille, dans le cadre d'un plan directeur, le
conseil a fait un certain nombre de recommandations au ministre, parmi
lesquelles un programme de consultation auprès des organismes familiaux,
une recherche inventaire des études existantes sur la famille
québécoise contemporaine et leurs implications en matière
de politique familiale préalablement à la tenue d'un colloque de
scientifiques qui aurait pour but d'identifier les études de politiques
familiales nécessaires, étant donné la
problématique, la conjoncture dans laquelle la famille
québécoise se trouve.
Pour faire suite à ces approbations de principe, le conseil a
soumis au ministre et a obtenu l'autorisation de tenir une consultation des
organismes familiaux. Cette consultation sera mise en oeuvre au cours des
toutes prochaines semaines. Une recherche inventaire sur la famille, du point
de vue de ces problèmes et des politiques à développer, a
reçu notre approbation et est commanditée au professeur Colette
Carisse, de l'Université de Montréal, qui va travailler avec une
équipe. Le contrat de cette recherche sera aussi signé cette
semaine. Il s'agit non seulement d'un inventaire, mais d'une étude
critique à utiliser dans un colloque de scientifiques qui devrait se
tenir au cours de l'automne et de l'hiver 1973-1974.
Sur la question du concept du revenu minimum, un plan directeur est en
élaboration. Il s'agit là d'un problème complexe, compte
tenu de la problématique dans laquelle ce problème se situe,
problématique de société de consommation, une
société où les revenus ne sont pas distribués
également, une société où il existe une nouvelle
conscience des phénomènes de pauvreté, tant de la part du
public que de ceux qui sont moins favorisés.
En même temps qu'il donnait suite aux voeux exprimés par le
ministre, le conseil considère que son rôle de prédilection
est celui de l'identification des objectifs que la société
québécoise devrait se donner dans le domaine des affaires
sociales et de la famille. Dans ce cadre de soucis, compte tenu de l'horizon
1980, la constitution d'un plan directeur est sur le métier, qui sera
vraisemblablement soumis au conseil au cours de l'automne prochain. Toutefois,
entre les objectifs que nous devrions poursuivre à moyen et à
long termes et les objectifs à court terme, il y a une relation intime.
On prépare maintenant l'avenir. C'est pour cela que le conseil n'a pas
voulu se désintéresser de la question des objectifs à
formuler chaque année, conformément à une tradition que le
ministre des Affaires sociales a instituée. C'est dans ce contexte, et
avec les moyens qui étaient à ce moment-là à la
disposition du conseil, que nous avons recommandé au ministre des
objectifs à poursuivre au cours de l'année 1973-1974 et aussi
avec des références sur les moyens de poursuivre ces objectifs de
façon systématique.
Ce document a été rendu public par M. Castonguay il y a
déjà quelque temps. La publication en a été
autorisée. C'est celle qui vous a été
distribuée.
Le conseil se propose de faire chaque année la même sorte
de réflexion et de produire des recommandations au ministre en temps
utile.
Je pourrais peut-être ajouter un mot avant de passer à la
période de discussion. Je pense qu'il est extrêmement important de
souligner jusqu'à quel point la recherche dans ce secteur est
nécessaire. Bien que nous ayons au ministère une direction de la
planification qui, en définitive, est responsable des travaux de
recherche au sein du ministère, il est important de souligner que cette
direction est beaucoup plus appelée à travailler sur des
questions plus immédiates, plus à court terme, plus
concrètes, à cause de la pression qui s'exerce, à cause
des activités du ministère car, dans une large mesure, outre la
formulation de politiques, l'action du ministère
est au plan administratif. Sa première responsabilité, il
me semble, est de faire en sorte que les programmes, les établissements
fonctionnent. Alors, les exigences sur la direction de la planification du
ministère, forcément, que nous le voulions ou non, sont toujours
beaucoup plus à court terme, beaucoup plus immédiates, beaucoup
plus concrètes. C'est la raison pour laquelle nous avions jugé
opportun de créer un tel Conseil des affaires sociales et de la famille.
Pour ma part, je suis bien conscient du temps que peut prendre ce type de
travail et aussi du temps qu'exige, dans la formation d'un tel conseil, la
phase qu'on pourrait appeler préliminaire, au cours de laquelle les
membres d'un tel conseil apprennent à vivre ensemble, à adopter
des modes de travail communs, des modes de pensée communs. Il y a aussi
tous les problèmes de collecte des données qui ne sont pas
à sous-estimer, l'analyse etc. Je crois que nous avons, avec le Conseil
des affaires sociales et de la famille, un complément extrêmement
utile et, si nous voulions le reproduire au sein du ministère, nous ne
serions pas capables de le faire malgré toute la bonne volonté
qu'on pourrait y mettre.
Je pense aussi qu'il est assez important de souligner
malgré le fait que nous ayons une direction de la planification pour
laquelle nous demandons cette année des crédits de $1 million et
un conseil pour lequel nous demandons des crédits de $250,000 en regard
en fait de dépenses probables de l'ordre d'à peu près
$206,000 ou $207,000, ce qui constitue une augmentation par rapport aux
dépenses probables de cette année que nous nous sommes
dotés, au Québec en fait ce travail avait
été commencé particulièrement au sein de l'ancien
ministère de la Famille et du Bien-Etre social d'instruments que
ne possède, à ma connaissance, aucun autre gouvernement au niveau
des provinces. A certaines reprises, au cours de conférences
fédérales-provinciales, au cours des visites que nous avons
reçues, ainsi au cours de la dernière année nous avons
reçu de multiples visites de groupements qui nous viennent d'autres
provinces et même des Etats-Unis, nous avons été en mesure
de voir jusqu'à quel point ces travaux de recherche, qui s'effectuent,
sont nécessaires et nous permettent de prendre des avances dans certains
secteurs dont on peut être raisonnablement fier par rapport à ce
qui se fait dans d'autres provinces.
Je voulais mentionner ceci parce qu'il y a toujours le danger, dans un
ministère, face à certaines lenteurs administratives qu'on
aimerait bien, dans bien des cas, pouvoir éviter, mais qui sont
attribuées au fait qu'il s'effectue des recherches et de la
planification dans un ministère.
Je pense qu'il y a là deux ordres de problèmes qui ne sont
pas de même nature. Quant à moi, je trouve qu'on ne peut faire de
meilleurs placements que ceux qui sont faits au type de la recherche, aussi
bien au sein du ministère qu'au sein du conseil.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Dubuc.
M. BOIVIN: Combien de fois siégez-vous par année?
Où siégez-vous? Faites-vous le tour de la province? Avez-vous un
programme itinérant? Ce sont les questions que j'avais à poser.
Quels sont les corps représentatifs que vous considérez comme
valables à consulter?
M. CASTONGUAY: Le nombre de réunions du conseil, c'est à
peu près dix par année. Si on compte la période
d'été, c'est à peu près une fois par mois. Les
comités spéciaux du conseil siègent, toutefois, en plus.
On peut dire que le nombre de réunions du conseil et de ses
comités approche... Je n'en ai pas fait le calcul, mais j'ai
l'impression que c'est autour de 25, en tout.
Jusqu'à maintenant, nous avons siégé à
Québec et à Montréal, mais il n'est pas exclu que nous
puissions siéger dans d'autres régions.
Quant aux corps représentatifs que nous consultons, si vous vous
en référez à la loi, les consultations doivent être
sujettes à l'approbation préalable du ministre. Nous avons deux
consultations sur le métier. Il s'agit des organismes familiaux. Dans ce
cas, sur les plans provincial, régional et local, ce sont ces organismes
qui s'occupent de la famille. Au plan provincial, ils sont réunis dans
un regroupement qui s'appelle les Organismes familiaux associés. H y a
aussi des organismes, comme la Fédération des unions de familles,
le Service d'orientation et les foyers, et ainsi de suite. Ce seront ces gens
qui seront nos interlocuteurs, dans le cas de la consultation sur les
politiques familiales.
Dans le cas de la consultation des comités de citoyens, le
problème est plus difficile. Cela constituait une sérieuse
difficulté d'approche. Dans ce secteur, sauf peut-être dans le
monde anglophone, à Montréal, il n'y a pas d'organisme qui les
réunit. Aussi, nous avons prévu un type de consultation qui
comprend, dans chaque milieu, l'identification des personnes qui sont actives
dans les groupes populaires, et la préparation, avec eux, dans chaque
milieu, de réunions plus vastes, où seront invités tous
les représentants des comités de citoyens de la zone ou du
secteur en question.
Cependant, si nos interlocuteurs sont limités, dans le cas de ces
consultations spécifiques, un certain nombre de groupes ont pris
l'initiative de porter à notre attention un certain nombre de
problèmes. A ce moment-là, nous les recevons et en faisons
l'étude, s'il y a lieu.
M. BOIVIN : Avez-vous des séances publiques, par exemple,
où les corps représentatifs, les organismes de pression, ou
certaines sociétés comme l'AFEAS, ont la possibilité de
vous rencontrer pour qu'on ne puisse pas dire que vous opérez simplement
en vase clos?
M. CASTONGUAY: Non.
M. BOIVIN : II vous faut la permission du ministre pour recevoir...
M. CASTONGUAY: Dans le cas particulier que vous mentionnez, dans le
cadre de la consultation des organismes familiaux, il est prévu,
d'abord, une préconsultation des organismes provinciaux,
préalable à une invitation à tous les groupes qui se
considèrent intéressés aux problèmes de la famille
à nous faire des représentations. Nous irons dans toutes les
régions du Québec où nous pourrons trouver des
interlocuteurs et sans doute que l'AFEAS, en particulier, puisque vous l'avez
nommée, sera invitée à nous faire des
représentations et nous serons en mesure d'en discuter avec elle
publiquement.
M. BOIVIN: Mais toujours via vos conseils familiaux. Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu qu'il y ait des séances publiques pour que ce soit plus
direct?
M. CASTONGUAY: II y aura des séances publiques.
M. BOIVIN: Mais est-ce qu'ils seront encore obligés de passer par
vos organismes familiaux? Je trouve que ça fonctionne un peu trop en
vase clos.
M. CASTONGUAY: En fait, il y aura les deux. Nous sommes en communication
avec les fédérations provinciales et régionales et nous
aurons une préconsultation avec elles. Mais, par la suite, il y aura des
réunions publiques dans chaque région.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Marier, dans l'organigramme, vous avez trois
services qui relèvent du conseil. Vous avez la consultation, on vient
d'en parler, vous avez le secrétariat du conseil et vous avez la
recherche. Pourriez-vous nous dire un peu comment sont organisées, au
sein du conseil, ces trois sections quant à leur importance et quant
à leur structure?
M. CASTONGUAY: Pour ce qui est du secrétariat du conseil, il a
été le premier service à être organisé et le
secrétaire, le titulaire, en est M. André Escojido. Pour ce qui
est des deux autres services et de leur développement, nous avons eu un
certain nombre de problèmes de recrutement de personnel. Il nous a
été très difficile, en raison de ce que le personnel du
conseil relève de la Fonction publique, de recruter des chefs de
service. Une autre considération est apparue aussi. C'est que, si nous
faisons, disons dans le domaine de la consultation, des consultations
limitées dans le temps, nous avons vu un avantage à retenir du
personnel spécialement préparé à la sorte de
consultation spécifique dont il est question et c'est pour ça que
nous avons adopté un nouveau mode d'organisation, la constitution
d'équipes qui sont là pour un temps limité et une
tâche spécifique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant à la recherche, M. Marier, est-ce
que vous avez, disons dans les centres qui sont mis à la...
M. CASTONGUAY: Quant à la recherche, il y a là le
même problème. Nous avons pu recruter du personnel, trois agents
de recherche et quelques assistants-techniciens. Mais il s'agit de gens qui
n'ont aucune expérience et que nous devons former à la
tâche. Dans les circonstances, nous avons fait appel à une
expertise, celle du professeur Marc-Adélard Tremblay, qui est en
même temps le directeur de l'Ecole des gradués de
l'Université Laval, qui est bien connu dans les milieux de recherche.
Alors, avec son concours, nous pouvons planifier des opérations de
recherche et en faire la supervision.
Mais là encore, en raison de ce qu'il est difficile de recruter
du personnel de grande expérience et à la fois
spécifiquement relié aux intérêts de recherche du
conseil, nous avons choisi la formule de la commandite et c'est pour ça
que nous nous sommes adressés à l'Institut canadien de
l'éducation des adultes qui avait produit des travaux par rapport aux
groupes populaires et que nous avons discuté avec eux d'un projet
conformément aux objectifs du conseil et commandité ce projet.
C'est aussi ce qui est arrivé du côté de la recherche
inventaire sur la famille contemporaine. Dans ce cas, c'est le professeur
Colette Carisse de l'université de Montréal, bien connue pour ses
études et qui a une longue carrière en matière
d'étude familiale, qui est en charge de l'équipe qui
réalise cette recherche inventaire commanditée par le
conseil.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous pouvez aussi utiliser les
facilités ou les ressources du ministère au service de la
recherche ou si vous fonctionnez indépendamment du ministère?
M. CASTONGUAY: Le conseil est distinct du ministère. C'est une
corporation indépendante, statutaire si vous voulez, et nous avons du
ministère toute l'information qui est disponible au public. Cependant,
nous considérons que le ministère a ses outils propres et que le
conseil devrait avoir ses outils propres. Si dans l'analyse des programmes, les
fonctionnaires du ministère ont toutes sortes d'informations qui
proviennent des systèmes statistiques, cette sorte d'information n'est
pas disponible au conseil. Cependant, le conseil peut aller chercher dans le
public des informations auprès des usagers et recueillir là une
donnée qui, habituellement, n'est pas disponible au ministère et
qui est complémentaire à la sorte d'information que le
ministère est susceptible de recueillir pour étayer ses
orientations.
M. BOIVIN: C'est pour ça que...
M. CASTONGUAY: Me permettez-vous juste un petit commentaire? Le
sous-ministre adjoint aux affaires extra-ministérielles siège
avec le conseil de telle sorte que des liens s'établissent et sont
maintenus. Lorsque nous recevons des demandes du conseil, il est toujours, avec
cette liaison, beaucoup plus facile pour nous de les analyser, d'en comprendre
la portée. Pour le conseil aussi, j'imagine que la même chose joue
dans l'autre sens dans le choix de ses travaux et ils peuvent avoir une
meilleure connaissance de ce qui s'effectue au sein du ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le sous-ministre n'y va pas comme membre du
Conseil supérieur des affaires sociales. Est-ce qu'il est membre?
Oui.
M. CASTONGUAY : Si vous vous souvenez, le conseil est composé de
quinze membres. Le sous-ministre des Affaires sociales, le président de
la Régie des rentes et le président de la Régie de
l'assurance-maladie siègent au conseil d'office. Ils ont droit de se
faire représenter. Le Dr Brunet s'est fait représenter, dans le
passé, par le sous-ministre adjoint aux affaires
extra-ministérielles.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Beausoleil.
M. CASTONGUAY: M. Beausoleil. Récemment. Et depuis son
congé d'un an, par M. Bergeron.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une autre question, M. Marier. Dans le public,
en général, est-ce que vous croyez qu'il y a eu assez
d'information sur le rôle du Conseil des affaires sociales et si la
population, les groupes qui devraient l'être du moins, sont assez
sensibilisés au travail et aux responsabilités du conseil et
à l'utilisation qu'ils peuvent faire du Conseil des affaires
sociales?
M. CASTONGUAY: La réponse à cette question est
évidemment non. Cependant, on peut se demander si une large
publicité sur les rôles du conseil aurait été
appropriée jusqu'à ce que le conseil puisse se manifester au
public à l'occasion de projets concrets.
Dans cette perspective, le temps est venu pour le conseil de se
manifester. Il y a quinze jours, à l'occasion d'une réunion
à Chicoutimi, j'ai parlé assez abondamment des travaux du
conseil. Parmi les personnes qui se joignent à nous pour les deux
consultations, nous avons l'avantage d'avoir une personne qui est
spécialisée dans les questions de relations publiques et de
publicité, avec laquelle nous allons sans délai développer
un programme pour faire connaître le conseil, à l'occasion des
initiatives et de sa manifestation auprès de la population, surtout dans
le cas des deux consultations, celle auprès des groupes populaires et
celle auprès des organismes familiaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on vous perçoit maintenant
également comme le Conseil supérieur de la famille autant que
comme celui des affaires sociales? Cela porte le nom du Conseil
supérieur de la famille, mais, au début, il y a eu une certaine
contestation de cette forme de représentation des intérêts
de la famille. Etant donné que vous avez eu beaucoup de contacts avec
les organismes familiaux depuis, dans le cadre de la consultation que vous
faites, est-ce que ces difficultés se sont aplanies et que, maintenant,
le rôle du Conseil des affaires sociales et de la famille est
accepté à part entière?
M. CASTONGUAY: Je le crois. Je le crois. Nous avons travaillé en
très étroite collaboration avec les organismes familiaux et ils
n'ont pas hésité à nous signaler leurs problèmes.
Vous vous souviendrez qu'ils ont des représentants au sein du conseil et
que le conseil a constitué un comité spécial au sein
duquel ces représentants ont l'occasion de faire valoir leur point de
vue. D'ailleurs, ce n'est pas étranger au fait que les premières
manifestations publiques du conseil seront dans le secteur de la famille.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, jusqu'à maintenant, on a
toujours vu le Conseil des affaires sociales et de la famille comme
étant un organisme un peu méconnu. Il a été
formé par une loi sanctionnée en 1970 et, à certains
moments, quand on a parlé du Conseil des affaires sociales et de la
famille, on semblait nous demander ce que c'était au juste, quel est son
rôle.
Moi, j'aimerais savoir ce matin si le ministre peut confier un travail
bien particulier au conseil, un travail de consultation bien spécifique
sur un sujet donné. Je pense, par exemple, à la
préparation d'un projet de loi ou d'une législation concernant,
entre autres, la protection de la jeunesse. Je sais que vous avez fait des
recommandations notamment concernant un revenu minimum et je pourrais tenter de
savoir, en même temps, si vous êtes satisfait de ce qui a
été fait, disons parallèlement à la première
question.
M. CASTONGUAY: J'aimerais faire un commentaire avant de demander
à M. Marier de compléter. Lorsque le Conseil des affaires
sociales et de la famille a été créé, d'abord, la
loi disait que c'était un organisme de consultation et de recherche.
Nous nous sommes entendus dans les débuts pour que ce qui touche le
court terme soit fait au ministère et pour que ce qui touche les moyen
et long termes soit beaucoup plus de la préoccupation du conseil, pour
les raisons que je mentionnais au début.
En second lieu, nous avons inscrit dans le projet de loi, à
l'époque, dans la loi maintenant, la possibilité pour le ministre
de confier des
travaux au Conseil des affaires sociales et de la famille. Alors, je
peux demander au conseil d'effectuer des mandats et, d'ailleurs, c'est ce qui a
été fait.
Le conseil, d'autre part, peut aussi faire des recommandations quant aux
travaux qu'il aimerait entreprendre. Alors, sur ce plan, j'espère que
ça répond clairement à la question. Maintenant, les
travaux de législation, le travail de mise en place d'un projet de loi,
à mon sens ça doit s'effectuer à l'intérieur du
ministère, étant donné qu'il y va de la
responsabilité directe du gouvernement. Il peut y avoir consultation,
collaboration, etc., mais je ne crois pas que ce soit correct de demander au
conseil de préparer un projet de loi sur une question.
M. GUAY: Non, d'accord.
M. CASTONGUAY: Maintenant, peut-être que M. Marier pourrait aussi
compléter la réponse, mais je voulais au moins donner, quant
à nous, de quelle façon je voyais les choses.
Le conseil a été préoccupé par la
définition de ses rôles, il n'a pas voulu faire double emploi avec
les organismes existants. Son rôle n'est pas d'ailleurs toute la
consultation. La consultation peut être faite directement par le
ministre; la commission parlementaire, par rapport au projet de loi, est
capable de consulter. Il y a aussi qu'il faut tenir compte, au plan de la
programmation régionale, de l'existence des conseils régionaux
des services de santé et des services sociaux. H y a une division
naturelle des rôles qui s'effectuent entre ces différentes
fonctions de consultation.
M. GUAY: II y a beaucoup de recommandations, je pense que plusieurs
partent de quelque chose d'existant. Vous avez mentionné comme projet,
évidemment, un travail de recherche concernant un revenu minimum. C'est
peut-être une opinion un peu personnelle que je vous demande ce matin,
mais est-ce que vous êtes dans l'ensemble satisfait du travail qui a
été fait concernant les conférences
fédérales-provinciales tout récemment? Je ne suis
peut-être pas en droit de vous poser la question, mais vous y touchez aux
recommandations 1.6, 1.8, 1.9, à plusieurs endroits.
M. CASTONGUAY: Dans le document que vous avez en face de vous qui traite
des objectifs que nous avons recommandés au ministre pour l'année
73/74, il y a une prise de position nette sur la nécessité
d'apporter dans les prestations une cohérence. Il y a là un appui
implicite ou explicite je ne me souviens plus de la lettre du rapport
aux objectifs poursuivis par le ministre des Affaires sociales dans
cette question.
M. GUAY: Etant donné qu'il y a une concordance, est-ce le
ministre qui a puisé dans vos recommandations ou si c'est vice versa?
Proba- blement que c'est le ministre qui a été inspiré par
vos recommandations.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il n'y a pas un trop grand parallélisme
entre le ministère puis le Conseil de la famille? Est-ce qu'il y a un
rôle objectif, un rôle autonome, si vous voulez, du Conseil de la
famille? C'est ça qu'on a de la misère à percevoir
là. Vous dites qu'il y a les commissions parlementaires, qu'il y a le
ministère, que pour des recherches qu'on n'a pas on va au
ministère. Pourriez-vous nous donner des rôles spécifiques
du Conseil de la famille où on peut dire que le Conseil de la famille
mène quelque chose?
M. GUAY: Que personne d'autre ne peut faire.
M. BOIVIN : C'est ça qu'on a l'impression quand on lit tous les
objectifs. On se demande si vous n'avez pas tout simplement ramassé le
travail qui a été fait par d'autres et vous dites: Bien, oui,
c'est correct.
M. CASTONGUAY: Alors là si vous parlez des objectifs...
Les grands esprits se rencontrent toujours, c'est pour ça que
vous voyez certains...
M. BOIVIN: II y a du danger que le Conseil de la famille n'ait pas
l'autonomie nécessaire pour faire des recommandations bien personnelles
au ministre. C'est pour ça qu'il y a un Conseil de la famille; autrement
on va laisser les commissions parlementaires et les fonctionnaires agir.
M. CASTONGUAY: Non, le conseil jouit d'une autonomie complète,
compte tenu des limitations que la loi lui apporte. Les recommandations qui ont
été faites pour l'année 73/74 sont le fruit de longues
discussions du conseil sans apport au ministère à ce travail.
Je reviens à la réponse que j'ai faite à M.
Cloutier: Le ministère possède ses outils propres; il ne demande
pas au ministère des Affaires sociales sa documentation, la
documentation fonctionnaire, il la recueille lui-même, c'est lui qui
perçoit les problèmes et qui les travaille avec ses outils
propres.
M. BOIVIN: Est-ce que le ministre vous donne l'équipement, le
personnel nécessaire pour effectuer tout le travail que vous avez
à faire?
M. CASTONGUAY: Je peux dire que tout ce que nous avons demandé au
ministre des Affaires sociales jusqu'à majntenant a été
accepté. Je tiens cependant à dire que le processus de
consultation est un processus lent; quand, autour d'une table, on est 20
à prendre une décision, ça prend du temps. C'est beaucoup
plus facile de prendre une décision quand on est
seul avec sa responsabilité. Quand il faut consulter, ça
prend du temps.
Quant à la contribution du conseil, je crois qu'elle est
originale; elle ne se situe pas au niveau de la préparation des lois,
elle reflète l'opinion des membres du conseil. A mesure que les grandes
consultations vont se faire directement avec le public, elle aura de plus
grandes chances de refléter l'opinion du public, des régions et
des groupes qui y sont actifs. Parmi les fonctions du conseil, parmi les
projets en cours, nous avons des consultations dans le domaine des groupes
populaires et de la famille. Evidemment, nous allons avoir là des
représentations sur les besoins de la famille québécoise
ou les besoins ressentis en milieux populaires sur la satisfaction qui est
ressentie par le public à la suite des programmes existants.
Ces données vont permettre de faire une sorte d'évaluation
des orientations, des politiques et des programmes gouvernementaux, une sorte
d'évaluation qui échappe ou qui est distincte de
l'évaluation que les fonctionnaires peuvent faire eux-mêmes. Les
fonctionnaires ont à leur disposition des statistiques, des
études. Le conseil sera plus près du public d'une certaine
façon que les fonctionnaires, et c'est là que, je crois, on
pourra trouver l'originalité de la contribution du conseil.
M. BOIVIN: Vous dites que vous êtes plus proche que les
fonctionnaires mais quand je vous parle, par exemple, de consultations
itinérantes dans toute la province, il n'y en a pas eu de faites encore?
Je vois tellement de pressions de la part, par exemple, d'une
société comme l'AFEAS qui écrit au député,
c'est une affaire épouvantable; à l'avenir je vais leur demander:
Avez-vous rencontré le Conseil de la famille? Est-ce qu'ils pourront,
ces organismes qui deviennent des organismes de pression, faire une recherche
considérable? Cela facilitera, même ça empêchera le
dédoublement de certaines recherches qui sont faites par certaines
sociétés qui réclament souvent des subventions pour faire
ces études. C'est bien important, à mon sens, que vous vous
teniez proche de ces sociétés qui ne sont pas seulement des
organismes de pression, qui sont des organismes qui font des études
sérieuses.
M. CASTONGUAY: C'est prévu et ça n'a pas pu avoir lieu
avant, mais maintenant les approbations sont complètes, les
équipes de mise en place sont en voie de se compléter et
ça va se faire au cours des prochains mois.
M. BOIVIN: Merci.
M. GUAY: J'aimerais, M. le Président, dans le rôle qui est
confié au conseil, même s'il est pas mal autonome, savoir si c'est
le seul organisme qui porte le nom actuellement, je pense, de Conseil des
affaires sociales et de la famille puisque le nom du ministère a
été changé en celui du ministère des Affaires
sociales... on a l'impression que ce Conseil de la famille fait plutôt un
travail de coulisse, un travail dans l'ombre. Ce n'est peut-être pas
toujours le résultat apparent qui compte.
A des moments bien précis, par exemple, on en a besoin et les
recommandations du conseil seraient, je pense, bien utiles. Je reprends
l'exemple dont je me servais tantôt, celui d'une loi de protection de la
jeunesse. J'aimerais savoir si le ministre n'a pas demandé au conseil de
se pencher spécialement sur ce problème-là, ce n'est
peut-être pas dans le mandat du conseil. Le conseil n'a peut-être
pas reçu ce mandat, mais je pense que surtout dans une occasion comme
celle-là, les recommandations du Conseil de la famille, puisque
ça touche de très près le fonctionnement de la cellule
familiale, il me semble que le Conseil des affaires sociales et de la famille
serait l'organisme le mieux placé, à cause de ses moyens de
consultation.
On interroge des groupes, c'est bien sûr, mais on est constamment
dans un domaine où les gens sont touchés directement, où
les gens peuvent avoir à certains moments donnés un parti pris
dans le problème, dés gens qui ont peut-être indirectement
des intérêts à sauver. Si le conseil si c'est
possible, ce n'est peut-être pas impossible doit se pencher sur un
problème comme celui-là, je pense que ce serait un travail bien
spécifique qui relèverait de ce Conseil des affaires sociales et
de la famille, qui serait en mesure d'orienter les parlementaires vers ce qui
répondrait le mieux aux besoins. Etant donné que cela touche de
très près la famille, le conseil serait tout indiqué pour
nous faire des recommandations.
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai dit plutôt, le conseil,
jusqu'à maintenant, a considéré que les commissions
parlementaires avaient la capacité de solliciter, de la part des
organismes familiaux et du public, leurs avis sur des projets de loi. C'est
dans cette optique que nous n'avons pas fait de travaux particuliers dans ce
sens. Il y a un seul exemple où le conseil a fait des
représentations au sujet d'une loi et c'est au cours de l'année
dernière. Il a fait parvenir au ministre des représentations sur
la Loi de l'organisation des services de santé et des services sociaux,
représentations, d'ailleurs, qui vous ont été
communiquées à l'occasion des travaux de la commission
parlementaire.
M. GUAY: Très utiles, d'ailleurs.
M. CASTONGUAY: Maintenant, sur la question de la protection de la
jeunesse, quant à moi, je peux demander au président du Conseil
des affaires sociales et de la famille d'examiner la question compte tenu des
mandats que les membres ont déjà, s'il croit qu'ils
étaient en mesure d'étudier certains aspects de cette question.
Pour ma part, je suis conscient du fait qu'il y a énormément
à faire dans ce secteur-là
et je ne verrais pas cela d'un oeil négatif du tout, au
contraire.
M. GUAY: Evidemment, si on dit que les commissions parlementaires ont
toutes le pouvoir de consulter ces organismes, je suis bien conscient et je ne
voudrais pas non plus que le conseil se voie dans l'obligation de
rédiger un projet de loi, loin de là; sauf qu'il ne faudrait pas
minimiser le rôle de ce Conseil des affaires sociales et de la famille et
que de temps en temps on soit en mesure de dire qu'il y a un résultat
concret de donné, qu'il y a des recommandations bien précises qui
ont été faites. Si cet organisme est bien situé dans ce
rôle de consultation, auprès des personnes qui soumettent des
opinions au conseil, je pense qu'on pourrait s'en servir et ça serait
justement de préciser, même pas d'élargir... je vois que ce
serait son rôle d'agir comme cela.
M. LAURIN: J'aurais une seule question. Outre les consultations dont
vous nous avez parlé, est-ce que vous avez d'autres projets, sinon pour
l'année qui vient, pour les années qui viennent, auxquels vous
songez?
M. CASTONGUAY: J'ai mentionné que l'objet de prédilection
du conseil, ce sont les objectifs à moyen et à long termes, et
dans ce cadre-là, nous sommes à constituer un plan de
travail.
Cela devrait donner lieu à des travaux très
considérables qui pourront s'échelonner sur les trois ou quatre
années qui viennent. Il est possible aussi que, par rapport à la
question de la notion de revenu minimum, le conseil recommande un certain
nombre de travaux au ministre, mais nous n'en sommes pas encore là.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais deux courtes questions, M. Marier.
L'an dernier, vous aviez un budget de $300,000. Le ministre nous a dit
tantôt que vous dépenseriez un peu plus que $200,000. Qu'est-ce
qui n'a pas été réalisé? C'est l'engagement du
personnel, tel que vous l'avez mentionné au début de vos
remarques, ou si ce sont des travaux qui n'ont pas été faits?
M. CASTONGUAY: Alors, là il y a un rythme de travail que j'ai
qualifié de très lent au début, pour toutes sortes de
circonstances qui échappent au contrôle, de sorte que les projets
dont j'ai fait état, nous espérions pouvoir les engager au cours
de la dernière année et cela n'a pas pu être fait.
Le processus budgétaire est une affaire qui s'étend sur de
longs mois; et au moment où le budget a été fait,
étant donné la progression des travaux, il apparaissait que nous
n'aurions guère plus besoin que le montant qui a été
prévu. Là, j'ai l'impression, avec les projets qui sont en cours,
que nous nous dirigeons vers un niveau de dépenses plus normal.
Evidemment que le non-engagement des chefs de service est
impliqué là-dedans, comme aussi bien des retards dans le
développement des programmes dont je vous ai parlé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une dernière question. Est-ce que vous
pourrez nous dire, si vous ne l'avez pas de mémoire, qui fait partie du
Conseil supérieur des affaires sociales à ce moment-ci? Vous avez
le rapport annuel? Pour les fins du journal des Débats.
M. CASTONGUAY: Alors, le conseil est formé du Dr Lise
Frappier-d'Avignon, qui occupe en même temps la fonction de
vice-présidente; du Dr Gilles Blais, de l'Université de
Montréal; de M. John Brierley, de l'université McGill,
spécialiste dans les questions du droit de la famille. Il a
été membre du conseil pour l'exercice; en fin d'exercice, il nous
a fait parvenir sa démission que nous regrettons beaucoup, et d'ailleurs
pour des motifs personnels. Le conseil compte aussi sur le concours de M.
Lucien Chevrette, de la région de Trois-Rivières; de M.
Léo Cormier, de Montréal; de M. Robert Dean, de la FTQ; du Dr
Georgette Gélinas; du Dr Robert Gourdeau. Le Dr Fernand Lemelin faisait
partie des premiers membres du conseil, il a été remplacé
par Mlle Nicole David, qui est infirmière et professeur à
l'université Laval.
Il y a M. Clément Letourneau, un des vice-présidents de
l'Union professionnelle des agriculteurs, l'UPA; M. Raymond Parent, de la CSN;
M. Roger Prud'homme, du service social aux familles de Montréal; Mme
Yvette Rousseau, qui est encore associée à la
Fédération des femmes; Mme Taylor, de Montréal, qui est
associée au champ de l'enfance exceptionnelle, et Mme Marthe
Vaillancourt, des mouvements familiaux à Chicoutimi.
M. BOIVIN: II n'y a pas beaucoup de représentation rurale tout de
même. Je comprends que ce n'est pas sur le plan géographique. Il y
a beaucoup de spécialistes, c'est bon. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
d'en tenir compte? C'est toujours du Montréal et du Québec. Il y
en a une de Chicoutimi.
M. CASTONGUAY: Mme Rousseau est maintenant de Montréal, mais elle
était de Sherbrooke au moment où elle a été
nommée. Mme Vaillancourt est de Chicoutimi. M. Clément Letourneau
est de Saint-Césaire, c'est un cultivateur, les autres sont de la
métropole, de Québec et de la région métropolitaine
de Montréal.
M. BOIVIN: Dans les prochaines nominations, il y aurait peut-être
lieu de tenir compte de cela un peu, de sortir un peu de Montréal et de
Québec et d'avoir un peu de représentation rurale. Il y a des
spécialistes aussi dans ces régions éloignées.
M. CASTONGUAY: Ce serait désirable; ce-
pendant, dans le cas du choix des premiers membres, je pense qu'il faut
dire que cela a été fait après une consultation et ces
gens avaient tous été recommandés par des groupes. Je suis
bien d'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, on remercie M. Marier et on lui souhaite
de ne pas se gêner pour faire parvenir de bons avis au ministre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Autres questions sur le programme
16?
M. CASTONGUAY: Est-ce que nous pourrions demander maintenant à
Gill Fortier, même si ces crédits n'apparaissent pas, étant
donné les problèmes que j'ai mentionnés plus
tôt...
M. le Président, si vous me permettez de faire quelques
commentaires préliminaires, mon premier commentaire sera au sujet du
nouveau conseil d'administration de la régie. Depuis le 1er mai, la
régie a un conseil d'administration à caractère
représentatif. Comme vous le savez, autrefois, il y avait trois
régisseurs, soit moi-même, et MM. Stanton et Dupont. Depuis le 1er
mai, à la suite de la loi qui a été adoptée
l'été dernier, le gouvernement a nommé les douze personnes
qui doivent faire partie du conseil d'administration.
Alors, il y a des représentants du monde des affaires, M.
Stangland, de la Consolidated-Bathurst, et M. Pouliot, qui est directeur du
bureau des tarifs. Il y a des représentants du monde syndical, M.
Laforest, de la CSN, et M. Dion, de la CSD. Il y a également des
représentants de groupes socio-économiques, soit Me Rioux, de
Trois-Rivières, qui est très actif dans les mouvements familiaux
et M. Guérard, qui est cultivateur à Plessisville.
Il y a des représentants des bénéficiaires: Mme
Giroux de Québec, qui reçoit une rente de veuve de la
régie, et il y a aussi un représentant des retraités dont
le nom, malheureusement, m'échappe pour le moment, qui est de Rimouski
peut-être que son nom me reviendra tout à l'heure
qui représente les retraités. Il y a également deux
représentants choisis parmi les fonctionnaires du gouvernement et ce
sont, dans le cas échéant, les deux anciens régisseurs,
MM. Dupont et Stanton.
Quant à la régie, au cours de l'année 1972, les
faits saillants sont les modifications qui ont été
apportées à la loi, comme vous le savez, l'augmentation
substantielle des rentes de veuve et des rentes d'invalidité,
l'augmentation aussi du taux de l'indice des rentes qui était de 2 p.c.
et, maintenant, les rentes peuvent être augmentées de 3 p.c. par
année, et l'augmentation également du maximum des gains
admissibles. Le nombre de bénéficiaires à la fin de
l'année était d'environ 125,000, sous le Régime de rentes
du Québec, et nous avons versé, au cours de l'année 1972,
près de $57 millions ou $58 millions en prestations.
En plus d'administrer le Régime de rentes du Québec, comme
vous le savez, la régie administre les allocations familiales et les
allocations scolaires. Il en a été question ici. Le montant des
paiements est connu, également le fonctionnement des deux
législations. Dans l'autre secteur, il y a la Loi des régimes
supplémentaires des rentes par laquelle nous exerçons un
contrôle et une surveillance des régimes de retraite
privés. Alors, il n'y a pas eu de développement particulier dans
ce secteur. Nous continuons toujours l'enregistrement des nouveaux
régimes, nous surveillons les régimes existants en obtenant des
rapports qui sont analysés, soit des analyses actuarielles pour
établir la situation financière de ces régimes. Nous
surveillons également les placements de ces régimes. Tous les
placements sont examinés et je puis faire rapport à ce sujet que
l'examen des placements des régimes a été jusqu'ici
très satisfaisant. Il semble que la très grande majorité
des régimes se conforment à la loi et aux règlements
à ce sujet et que, dans l'ensemble, ces placements semblent très
bons.
Je n'ai pas d'autres commentaires. Si vous avez des questions, il me
fera plaisir d'y répondre.
M. BOIVIN: Dans les régimes privés, vous parlez de leurs
placements, est-ce qu'il y a des placements en dehors de la province?
M. CASTONGUAY: Oui. Il peut y avoir des placements en dehors de la
province parce que, vous savez, si vous investissez en actions de compagnies,
nécessairement, vous êtes obligés de sortir en dehors de la
province parce que les compagnies par actions qui exercent leur activité
uniquement dans le Québec et dont les placements sont valables et
reconnus sont tout de même très limitées.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on peut dire que ces placements-là sont au
moins canadiens?
M. CASTONGUAY: II n'y a pas eu d'analyse de faite à ce sujet,
mais je pense que l'on peut affirmer que les placements sont canadiens.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le cadre des travaux qui vont s'effectuer
entre les gouvernements provinciaux et le fédéral, suite à
la conférence de la semaine dernière, on va réviser le
Régime de rentes du Canada et ces travaux devront tenir compte des
modifications qui ont été apportées au régime de
rentes du Québec l'an dernier. Est-ce que la régie, actuellement,
prépare des travaux spéciaux et sera appelée à
participer à ces travaux qui vont se poursuivre au sujet du
Régime de rentes canadien et du Régime de rentes du
Québec.
M. CASTONGUAY: D'abord, la régie a un
service. Je ne sais pas s'ils l'appellent comme cela : Un service
d'actuariat. Les analyses actuarielles qui ont été
présentées en 1970, comme au moment des amendements qui ont
été proposés à la loi en juin dernier, ont
été effectuées par 1! service de la régie. Au
moment aussi de l'analyse des modifications, dispositions de la loi à
cette époque, et de la préparation du projet de loi, nous avons
associé aussi étroitement que possible la régie à
ces travaux.
Même si, en définitive, la régie est un organisme
chargé de l'application, la loi n'a pas de fonction de formulation de
politique, il n'en demeure pas moins que l'expérience acquise par
l'administration de la loi, le programme d'information de la régie,
également, qui lui permet d'obtenir des réactions de la part des
bénéficiaires et des cotisants, sont tous des
éléments qui font que nous croyons nécessaire de nous
associer aussi étroitement que possible à la régie pour
ces travaux.
A la suite de la conférence fédérale-provinciale de
la semaine dernière je ne sais pas si la lettre a
été expédiée nous avons demandé
à M. Fortier de s'associer avec son personnel à la direction de
la planification et plus spécifiquement à M. Garcia de la
direction de la planification du ministère, dans les travaux qui
pourront être effectués à la suite de cette
conférence.
M. CLOUTIER (Montmagny): Evidemment, je ne voudrais pas anticiper sur
les discussions qui vont se poursuivre entre les gouvernements mais
probablement que le ministre, surtout dans le domaine du Régime de
rentes... Evidemment, c'est un domaine où nous avons surtout
l'initiative, surtout la loi de l'an dernier; nous avions souligné au
ministre des Affaires sociales combien il était important que le
Québec garde dans se secteur tout le leadership qu'il avait. Cela a
été fait, je pense, par la loi de l'an dernier. Il y a des
mesures qui ont continué d'affirmer que le Québec, dans le
domaine du Régime de rentes, voulait conserver toute sa marge de
manoeuvres sans s'éloigner cependant de certains degrés de
compatibilité avec le régime canadien. Est-ce que le ministre
peut nous dire, à ce moment quelle sera son attitude vis-à-vis
des travaux de la conférence et si déjà les discussions,
qui ont eu lieu la semaine dernière, laissent présager certaines
difficultés particulière dans l'agencement des deux
régions?
M. CASTONGUAY: II y a, d'une part, au niveau du gouvernement
fédéral des propositions qui apparaissaient dans le document de
travail.
L'ontario a fait des propositions quelque peu différentes; le
Manitoba a fait des commentaires sur les propositions de l'Ontario, plus
certaines propositions et, comme on le sait, le gouvernement
fédéral ne peut pas apporter d'amendement sans avoir le
consentement des deux tiers des provinces participantes, représentant
les deux tiers de la population de ces provinces. Quelle va être l'issue
des discussions au sein des autres provinces avec le gouvernement
fédéral? Il est un peu tôt pour le dire. Je ne suis pas en
mesure de 1e dire, en définitive.
Quant à nous, nous avons dit que nous allions participer à
ces travaux. Si nous pouvons arriver à une plus grande harmonisation des
prestations, je n'y vois pas d'objection. J'ai rappelé toutefois que
l'on soulignait dans le document de travail le fait que, dans l'avenir, pour
les autres programmes autres que les assurances sociales, ce seraient les
provinces qui fixeraient les normes quant au niveau des allocations. Dans ce
cas, j'ai rappelé, que si cela s'appliquait aux autres programmes
c'était pour tenir compte de conditions qui peuvent varier d'une
province à l'autre et que, en vertu des mêmes raisonnements, le
même raisonnement peut conduire à la même conclusion,
c'est-à-dire que dans le cas du Régime do rentes, il n'est pas
absolument nécessaire qu'il y ait équivalence parfaite. Cela peut
toutefois simplifier les problèmes administratifs d'employeurs qui ont
des opérations dans plus d'une province. C'est la position que j'ai
prise à l'occasion de la conférence.
Au retour de la conférence, comme mandat initial, étant
donné que nous avons apporté nos amendements l'an dernier, sans
hausser le taux des contributions, il n'en demeure pas moins que c'est un
régime qui peut être amélioré.
On n'a qu'à examiner le niveau des prestations et je pense bien
qu'on peut conclure que ce régime peut encore être
amélioré. L'an dernier, nous visions à éviter que
les taux de contribution n'augmentent d'avantage ou à un niveau plus
élevé que celui des autres provinces. Alors, il n'est pas
impossible que, dans ce travail, on débouche sur des amendements au
Régime de rentes du Québec. La contrainte, je l'ai
indiquée très clairement aux gens du ministère et on
devait la communiquer également à M. Fortier et à ses
collaborateurs. Il me parait extrêmement important que, par les
modifications qui pourraient être envisagées, on évite de
faire en sorte que le niveau maximum que la Caisse de dépôt
atteindra ou l'accumulation des réserves du régime ne soient
diminués en dessous du niveau projeté, compte tenu des
amendements apportés en juin dernier. De même, il importe que la
période où on anticipe que la réserve deviendra nulle ne
soit pas rapprochée.
L'an dernier, nous avions apporté des modifications pour faire en
sorte que les bénéficiaires profitent ou reçoivent les
avantages des placements qui ont rapporté des taux
d'intérêt plus élevés que ceux prévus lors de
l'établissement du régime. Nous ramenions en fait, à ce
moment-là, la courbe de progression de la réserve à peu
près à ce qu'elle devait être au moment de
l'établissement du régime. C'est la contrainte majeure que j'ai
donnée à M. Garcia,
qui, en même temps, se trouvera être celle qui devra
être utilisée par tous ceux qui, de notre côté,
travailleront à cette question.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a des études comparatives qui ont
été faites avec l'Ontario, en dehors des autres provinces?
M. CASTONGUAY: II y a deux régimes, en fait: le Régime de
rentes du Québec et le Régime de pensions du Canada.
Malheureusement, je n'ai pas apporté mes tableaux.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a des différences substantielles?
D'abord, c'est la même prime?
M. CASTONGUAY: C'est le même taux de cotisation, sauf qu'il
s'applique maintenant à une tranche de salaire un peu plus
élevée au Québec. Par conséquent, les rentes de
retraite peuvent atteindre un niveau un peu plus élevé au
Québec. Les rentes de veuve, les rentes d'invalide sont d'environ $50
plus élevées au Québec que dans les autres provinces.
L'indexation pour tenir compte de l'augmentation des prix est à un taux
maximum de 3 p.c, alors que, dans les autres provinces, l'indexation n'est que
de 2 p.c. Je pense bien que ce sont les quatre différences majeures
entre les deux régimes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont les différences qui ont
été introduites l'an dernier.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel serait l'échéancier de ces
discussions avec le fédéral pour le Régime de rentes?
Est-ce que cela va se poursuivre dans une table séparée ou
si...
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Table séparée.
M. CASTONGUAY: Le gouvernement fédéral aimerait pouvoir
apporter ses amendements au cours de l'automne. Quant à nous,
étant donné que nous faisions là un travail qui ne
s'inscrivait pas de la même façon tout à fait que les
autres travaux, nous n'avons aucun échéancier parce que nous
n'avons aucune décision de prise.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on a parlé de consultation?
Est-ce qu'au niveau fédéral on s'est engagé à
consulter les provinces avant d'apporter le régime final?
M. CASTONGUAY: Ils sont obligés de le faire, vis-à-vis des
autres provinces; autrement, ils n'auront pas l'acquiescement des provinces.
Alors, on nous a demandé de nous joindre à ce groupe de travail
qui va être mis sur pied spécifiquement à ces fins.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre croit qu'il pourrait
amener le fédéral à accepter les mêmes amendements,
les mêmes modifications qui ont été faites l'an dernier au
Régime de rentes du Québec quant au niveau de salaire, au niveau
de revenus couverts?
M. CASTONGUAY: Nous allons, à l'occasion de ces travaux, j'en
suis assuré, faire état des raisons pour lesquelles nous avons
apporté telle et telle modification, mais je ne vois pas comme
étant dans notre rôle d'essayer de convaincre les autres provinces
et le gouvernement fédéral qu'ils devraient faire exactement la
même chose.
A mon sens, ce qui importe, c'est que nous ayons un régime qui
réponde à nos besoins ici. Je me demande même s'il est
nécessaire que le Régime de pensions du Canada soit analogue dans
toutes les autres provinces. Ce sont des points de vue qui m'apparaissent
importants quant à nos programmes, nos lois ici. Mais, dans le cadre des
travaux pour le Régime de pensions du Canada, je ne crois pas que nous
devions insister outre mesure.
M. BOIVIN: II n'y a pas de participation du fédéral
à ce régime?
M. CASTONGUAY: Le Régime de pensions du Canada, c'est le
fédéral qui l'administre dans les neuf autres provinces et, au
Québec, c'est le Québec.
M. BOIVIN: Et si, par exemple, nous, on participait à
l'assistance publique, ce qu'on a ajouté l'an passé, la
correction qu'on a apportée, évidemment il participe sur d'autres
plans au régime d'assistance publique. Alors, n'y aurait-il pas moyen
d'avoir une participation du fédéral à ce
régime?
M. CASTONGUAY: Là, c'est un régime d'assurances sociales,
tout comme le régime des accidents du travail est financé dans
chacune des provinces et, dans le cas de l'assurance-chômage, vous n'avez
qu'une source de financement, ce sont les cotisations; mais là, c'est
vrai qu'ils ont frappé quelques problèmes de déficit.
Mais, dans le cas du Régime de pensions du Canada et du Régime de
rentes du Québec, ce sont vraiment les cotisants qui participent et il
n'y a pas de financement partagé par la voie des impôts au niveau
des deux gouvernements.
M. BOIVIN: On n'est pas appelé, la province de Québec,
à payer pour les autres provinces. Les autres non plus.
M. CASTONGUAY: Pas du tout.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les résultats de
l'année 1972 s'éloignent des prévisions qui avaient
été faites?
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il faut dire oui, cela s'éloigne des
prévisions. Vous savez, ces prévisions ont été
faites dans un certain contexte, et je pense que le ministre est encore en
meilleure posture que moi pour le dire. La situation économique a
considérablement changé entre le moment où on a fait
l'analyse actuarielle avant la création du régime et la situation
qui peut exister en 1972. Par exemple, vous avez eu un phénomène
au sujet des rentes de retraite à cause des nouvelles dispositions de la
Loi sur l'assurance-chômage qui sont à l'effet que, du moment
qu'une personne reçoit une rente soit du Régime de rentes du
Québec, soit du Régime de pensions du Canada, elle n'est plus
admissible à l'assurance-chômage. Ceci a eu pour effet de retarder
la retraite de plusieurs personnes qui ont préféré
à un juste titre retirer les prestations d'assurance-chômage, qui
étaient beaucoup plus élevées que les prestations du
Régime de rentes. Là, dans certains cas, il y a normalement un
groupe de personnes qui auraient demandé leur rente de retraite en 1972
et qui vont probablement la demander en 1973.
Par rapport aux projections de l'an dernier, est-ce que c'est trop
à court terme? Vous avez fait vos commentaires je m'excuse, M. le
juge par rapport à l'analyse actuarielle de 1966. Par rapport
à celle qui a été refaite en 1970 bien non, en 1970
on a apporté des changements par rapport à celle de l'an
dernier, est-ce que c'est à court terme?
Cela s'éloigne un peu. Je pense que les montants payés
sont moindres que ce qui avait été prévu.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'an dernier, à l'occasion de
l'étude de la loi, une nouvelle analyse actuarielle avait
été faite. Je suppose que c'est l'intention de la régie de
non pas refaire l'analyse actuarielle d'envergure qui a été faite
mais de comparer les résultats à ceux de 1972. Je suppose que
dans le rapport...
M. CASTONGUAY: II y a eu une nouvelle analyse actuarielle en 1972.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, c'est cela.
M. CASTONGUAY: Je pense que là on serait peut-être en
meilleure posture...
M. CLOUTIER (Montmagny): Tous les cinq ans.
M. CASTONGUAY: ... pour comparer les résultats de 1973 avec ce
qui a été prévu en 1972. Parce qu'on prévoit payer
environ $100 millions cette année. On a payé $58 millions l'an
dernier.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce qui vous fait $144,500,000 depuis le
début du régime.
M. CASTONGUAY: A la fin de 1972. Mais, dans la seule année 1973,
on va payer $100 millions.
M. LAURIN: Plus que vous prévoyiez?
M. CASTONGUAY: Non, non. Les $100 millions sont à peu près
dans les prévisions des versements.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant au mécanisme de révision
des demandes, c'est un régime conjoint avec le
fédéral.
M. CASTONGUAY: Un mécanisme d'appel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un mécanisme d'appel, oui. Est-ce qu'il
y a eu des modifications, M. Fortier, ou si vous prévoyez des
modifications? Vous continuez de fonctionner avec ce mécanisme conjoint.
Il n'est pas question que vous ayez votre propre mécanisme d'appel?
M. CASTONGUAY: Il n'en a pas été question. Cela a
été établi au début parce qu'on a voulu avoir une
jurisprudence unique sur les deux régimes. A ma connaissance, il n'a pas
été question de changer le système.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a eu des mofidications dans les
normes de l'appel, en 1972, pour certaines catégories de
bénéficiaires? Je sais que, dans le rapport de l'an dernier, vous
faisiez état d'un assouplissement des normes pour l'invalidité.
Est-ce qu'il y a eu d'autres modifications?
M. CASTONGUAY: Non. Dans le cas de l'appel, le processus, il y a la
demande qui est faite par le requérant. Il y a une décision qui
est rendue par la régie. Si le requérant n'est pas satisfait de
cette première décision, il peut demander une révision de
cette décision. La régie procède à réviser
le cas et, si la décision n'est pas favorable au requérant, il
peut s'adresser à la commission d'appel des pensions. Il faut qu'il
demande la permission d'appeler. Si le président de la commission lui
accorde la permission d'appeler, sa cause est entendue par la commission
d'appel des pensions. C'est le même processus à ce sujet.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant aux normes d'admission, aux rentes
d'invalides, vous n'avez pas changé les...
M. CASTONGUAY: On ne peut pas changer parce que la loi définit en
quoi consiste l'invalidité. Nous, à la régie, nous nous
sommes fait une certaine idée de cette définition, de la
façon qu'on doit l'interpréter et il y a évidem-
ment plusieurs requérants qui sont allés en appel devant
la commission d'appel des pensions. Je pense que dans 90 p.c. à 95 p.c.
des cas, la décision de la régie a été maintenue,
ce qui indique que l'interprétation que la régie a pu faire de la
notion de l'invalidité, les juges de la commission d'appel des pensions
la voient également dans la même optique que la régie.
J'aurais été beaucoup plus inquiet si, dans 50 p.c. des cas, la
décision de la régie avait été cassée parce
qu'on aurait pu voir là que la régie avait une approche
incorrecte. Evidemment, la définition de l'invalidité est
sévère. Il n'y a aucun doute là-dessus. Il faut que la
personne, de façon permanente, soit incapable de faire un travail
rémunérateur. Ce n'est pas une invalidité temporaire, ce
n'est pas une invalidité partielle. C'est ce qu'on appelle, dans le
langage courant, une invalidité totale et permanente. C'est la
définition qu'il y a dans la loi. Evidemment, nous l'appliquons avec
assez de libéralité mais nous en sommes quand même tenus
à cette définition.
Le libéralisme, ça va vous conduire loin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a le goût des digressions.
Est-ce que, M. le Président, vous avez certaines études
spéciales qui ont déjà été faites à
partir des discussions qu'on a eues en Chambre l'an dernier ou les discussions
en commission parlementaire sur les possibilités d'abaisser l'âge
de retraite graduellement, de 65 ans à 60 ans?
M. CASTONGUAY: Sur cette question, j'aimerais faire des commentaires, M.
le Président. Le problème est un problème relativement
important, étant donné qu'un certain nombre de personnes
atteignent l'âge de la pension de vieillesse et que leur conjoint ne
l'atteint pas nécessairement. C'est là que s'est posée une
partie du problème. Egalement une partie de la population qui travaille
trouve de plus en plus de difficulté, si elle perd son emploi, à
retourner sur le marché du travail à mesure que l'âge
augmente pour diverses raisons, formation, etc.
Il y a une certaine réticence de la part des employeurs:
état de santé, manque de mobilité. C'est clair que les
personnes qui atteignent un certain âge ont plus de difficulté
à retourner sur le marché du travail que les plus jeunes. C'est
une autre raison pour laquelle ce problème se pose. Toutefois, des
claculs ont été faits et on sait l'écart qui existe entre
les niveaux de pension de vieillesse, de supplément du revenu garanti et
les niveaux, par exemple, d'aide sociale. Si nous visions à abaisser
rapidement l'âge de retraite de 65 ans à 60 ans, simplement dans
les programmes de sécurité de revenu, par le truchement de la
pension de vieillesse, du supplément du revenu garanti, si nous le
faisions, en fixant les mêmes niveaux pour la pension de vieillesse,
supplément du revenu de garanti, nous prendrions la décision
d'allouer des ressources telles, étant donné le nombre de
personnes entre 60 ans et 65 ans, qu'à peu près toute
amélioration pour le reste de la population, par le truchement d'un
programme de revenu garanti, serait reportée pour une période de
temps considérable. Egalement, dans le Régime de rentes, si
nous...
M. LAURIN: ... des sommes, par exemple, est-ce que ça
changerait?
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas si Aubert Ouellet... Non, malheureusement,
il n'est pas ici, mais nous pourrions donner les chiffres. C'est dans les
quelques milliards pour le pays, et pour le Québec, on peut prendre le
tiers. Je me demande si ce n'est pas quelque chose de l'ordre de plus de $2
milliards par année. Dans le Régime de rentes, si nous baissions
l'âge de la retraite à 60 ans, sans réduire le montant des
pensions, c'est-à-dire en donnant le plein montant des pensions, il
faudrait hausser automatiquement le taux de contribution car, autrement, cela
aurait un impact considérable sur la caisse. Il y a aussi un autre
phénomène dans tout ceci: Est-ce qu'il est juste,
nécessaire, de forcer la réduction de l'âge de la retraite,
parce que, lorsque nous prenons la décision par un régime, comme
le Régime de rentes du Québec, par la pension de vieillesse, par
exemple, d'abaisser l'âge de la retraite, automatiquement, les employeurs
emboîtent le pas assez rapidement et cela devient l'âge reconnu de
la retraite. On sait qu'avec l'augmentation de la longévité,
l'amélioration de l'état de santé de la population, des
personnes peuvent être très en mesure de continuer à
participer très activement au marché du travail, même si
elles ont atteint l'âge de 60 ans. Il me semble que cette question n'a
pas encore été suffisamment mûrie, pour que l'on puisse
commencer à faire une réduction systématique des
âges de retraite, et qu'en plus, les incidences, quant à
l'implantation d'un programme beaucoup plus adéquat pour l'ensemble de
la population qui souffre de déficience de revenus, pourraient
être reportées. Une possibilité qui peut être
examinée dans le cadre du Régime de rentes du Québec,
c'est qu'à mesure que nous approchons de la fin de la période de
transition, que les rentes de retraite prennent une valeur un peu plus
élevée en montant absolu pour ceux qui se retirent. Il y a une
possibilité, ce serait celle d'octroyer des pensions à un
âge un peu inférieur à 65 ans, en appliquant une
réduction actuarielle. Encore là, dans le cas d'un régime
d'assurance sociale, on peut se demander si les réductions actuarielles
sont vraiment l'approche à prendre.
M. BOIVIN: Est-ce qu'elles ne pourraient pas être volontaires? On
sait que les grandes compagnies, actuellement, organisent un régime de
préretraite et le préretraité consent même à
une diminution, c'est-à-dire qu'il retire moins à 60 ans qu'il
retirera à 65 ans.
M. CASTONGUAY: Dans le cas des régimes privés, je sais que
ce sont des choses qui se font. Dans le cas d'un régime d'assurance
sociale, il me semble qu'il y a là quelque chose d'un peu faux dans le
fait d'apporter une réduction dans le montant de la retraite, parce que
la personne va demeurer, pour le reste de ses jours, avec ce montant de pension
réduite de 60 ans jusqu'à 65 ans. Mais ces décisions, on
les oublie par la suite, malheureusement. Même, si on a pris cette
décision à un moment donné, il reste qu'une fois qu'elle a
été prise, cela n'apporte pas plus d'argent si on regrette
d'avoir pris cette décision.
Il me semble que l'on doit viser, le plus rapidement possible, à
établir justement un revenu garanti qui fera en sorte que toutes les
personnes, peu importe leur âge, peu importe la raison... parce que la
personne qui, en fait, à 50 ans, qui est aux prises avec des
problèmes d'invalidité, la mère de famille dont le mari
meurt et qui a des enfants, est aussi mal prise que la personne qui a 60 ans.
Et c'est la raison pour laquelle, de plus en plus, l'idée du revenu
garanti fait son chemin parce que les causes peuvent être tellement
différentes. Si nous prenions cette décision d'abaisser
l'âge de la retraite dans de tels programmes, j'ai l'impression qu'on
pourrait priver d'autres personnes, comme cela a été le cas dans
le passé, de prestations adéquates.
A titre d'idée de l'ordre de grandeur des coûts
impliqués dans les régimes privés, M. Fortier me dit que
pour abaisser l'âge de la retraite de 65 ans à 60 ans, mais
maintenir le niveau des rentes, cela doublerait les coûts des
régimes privés. Si on laisse le coût au même niveau
et on baisse l'âge de 65 ans à 60 ans, cela veut dire qu'on
réduit d'à peu près de moitié les rentes de
retraite. Et dans un régime d'assurance sociale, c'est une
décision qui m'apparaît assez délicate à prendre que
de dire: On va baisser les rentes de retraite si la personne se retire un peu
plus tôt. Il me semble que c'est plutôt par le truchement d'une
autre approche, le revenu garanti, que l'on doit tendre à régler
ces problèmes.
M. BOIVIN: Vous ne croyez pas au volontariat?
M. CASTONGUAY: Dans les régimes privés, oui. Si la
personne fait ce choix, d'accord. Dans un régime comme celui-là,
j'aurais de grandes hésitations parce qu'il me semble que l'accent doit
plutôt être mis dans la transformation des régimes
existants, par exemple, d'assistance sociale, vers un régime de revenu
garanti pour répondre à ces problèmes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre, tantôt, a dit que vers la
fin de la période de transition qui se termine le 31 décembre
1975...
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... à ce moment-là, qu'est-ce qui
serait possible si le ministre voulait préciser davantage
en réduisant la valeur actuarielle?
M. CASTONGUAY: On va atteindre une rente de retraite de l'ordre de $130.
Alors, une réduction actuarielle, par exemple, pour quelqu'un qui
prendrait sa rente de retraite à 64 ans, cela apporterait
peut-être une réduction de 10 p.c. Cela laisserait une rente de
$117. Ce n'est pas trop mal, mais si la personne prend sa rente à 60
ans, on en arriverait à des taux de l'ordre de $60 par mois et au bout
de quelques années, le problème de l'insuffisance de revenu se
manifeste à nouveau. Si l'objet était de verser à peu
près $130 et qu'on n'en verse que $60...
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, je pense bien qu'avec
l'indication qu'a donné le fédéral en parlant de 64 ans,
au cours de la conférence la semaine dernière et dont nous avons
parlé hier ou avant-hier, il serait important pour la régie et le
ministère de pousser les études dans ce sens aussi. A 64 ans, je
pense que, si on offrait la possibilité dans le cadre du régime
d'assurance sociale qui est le Régime de rentes, même en
réduisant la valeur de la pension, de le prendre à 64 ans, je
crois que, dans bien des cas, cela pourrait peut-être résoudre des
problèmes.
M. CASTONGUAY: Je comprends qu'il ne faut pas voir seulement le long
terme; il faut voir aussi le court terme et c'est d'ailleurs dans ce sens qu'on
a haussé les prestations d'aide sociale pour les personnes de 60 ans et
plus de $20 pour un couple au 1er avril; mais toutes ces décisions
partielles qui peuvent être prises sont des décisions qui peuvent
avoir pour effet de retarder la modification du régime d'aide sociale en
un véritable régime de revenu garanti, à mon sens. Parce
qu'à mesure qu'on bouche les trous des problèmes particuliers, on
retarde la solution d'ensemble et on se rend compte que de plus en plus de
causes peuvent faire en sorte qu'une personne, parfois cela peut être
l'âge, parfois cela peut être l'état de santé,
parfois cela peut être le marché du travail, parfois cela peut
être son manque de formation, parfois cela peut être la
mobilité qui n'est pas assez grande, se retrouve dans des
problèmes d'insuffisance de revenu. Et chaque fois qu'on prend des
décisions partielles, on reste pris avec un groupe, comme on le voit,
parce qu'il y en a eu de multiples décisions partielles de prises dans
le passé dans le domaine des programmes de la sécurité du
revenu.
On voit malgré tout qu'il reste un groupe qui est toujours le
groupe perdant, celui qui reçoit l'aide sociale. C'est pourquoi,
vis-à-vis de cette question, au moment où on entre vraiment dans
un réexamen global et une étape qui, il me semble, est la plus
prometteuse pour l'établissement du revenu garanti, je serai très
réticent
vis-à-vis des changements partiels comme ceux-là pour ne
pas compromettre l'objectif plus général.
M. BOIVIN: Vous dites que dans les régimes privés, c'est
de nature à augmenter la prime, le coût.
M. CASTONGUAY: Ou réduire la rente.
M. BOIVIN: Comment expliquer que le syndicalisme laisserait faire cela
à la préretraite à peu près pour toutes les grosses
compagnies? L'aluminium favorise la préretraite actuellement. Je
comprends que cela peut peut-être créer de l'embauchage.
M. CASTONGUAY: N'oubliez-pas...
M. BOIVIN: Dans quelle mesure cela peut-il être favorable?
M. CASTONGUAY: ... que l'employeur a un certain avantage aussi. S'il
croit que le rendement de ses employés baisse passé un certain
âge, il a intérêt à les remplacer par des plus
jeunes.
M. BOIVIN: N'y aurait-il pas lieu de les protéger et de les
empêcher de prendre leur prétraite? Le syndicalisme devrait
être là pour protéger le coût du régime.
M. CASTONGUAY: On a un contexte de convention collective et les
conventions sont négociées et il me semble que c'est aux
syndicats à faire valoir les meilleurs intérêts de leurs
employés.
M. BOIVIN: Est-ce que la création d'emplois que cela pourrait
occasionner ne favoriserait pas davantage...? Est-ce que ç'a
été examiné à ce point de vue?
M. CASTONGUAY: Encore là, est-ce que c'est prendre le
problème du bon côté que de forcer les gens à se
retirer à 60 ans alors qu'ils seraient désireux de continuer, de
demeurer actifs pour régler un problème qui, à mon sens,
est un problème de création d'emplois. N'oubliez pas qu'à
60 ans, parfois c'est une retraite assez hâtive et il y a tout le
problème des loisirs. Il y a bien des gens qui ne sont pas
préparés. C'est une question qui est assez...
M. BOIVIN: Seulement le coût du régime, cela serait bon
qu'on prenne des dispositions pour protéger ou que cette chose soit dite
aux gens...
M. CASTONGUAY: Ils le savent. Ils négocient et aujourd'hui, dans
les négociations, on tient compte autant des salaires que des avantages
sociaux.
M. BOIVIN: Combien en pourcentage cela peut augmenter...
M. CASTONGUAY: il ya actuellement une réunion d'une association
qu'on appelle Canadian Pension Conference qui groupe des employeurs, des gens
du monde syndical et je pense qu'à Toronto ces jours-ci, elle fait
justement une étude de cette question, le problème de
l'abaissement de l'âge de la retraite. C'est dans le journal que j'ai lu
où quelqu'un a exposé que, si on en venait à adopter une
mesure comme cela dans les régimes privés, dans certains cas,
cela pourrait vouloir dire doubler le coût pour l'employeur.
Evidemment, les employeurs et les syndicats et tout le monde sont bien
au courant que si vous payez la pleine retraite à 60 ans plutôt
qu'à 65 ans, c'est évident que cela coûte plus cher.
M. BOIVIN: Ils n'appellent pas cela la retraite mais la
préretraite.
M. CASTONGUAY: Parlez-vous d'une préretraite d'un an ou
d'un...
M. BOIVIN: Non. La préretraite définitive mais où
l'assuré consent à une réduction.
M. CASTONGUAY: Oui. Cela existe souvent dans la plupart des
régimes privés, quelqu'un qui veut prendre sa retraite, ce qu'on
appelle une retraite anticipée. Il retire une rente qui est moindre.
C'est généralement à la demande de l'employé
et cela n'est pas obligatoire; si l'employé n'en fait pas la demande, il
n'est pas forcé.
M. BOIVIN: Vous ne pouvez pas considérer ce monsieur qui prend sa
retraite comme un invalide que vous avez décrit tout à
l'heure.
M. CASTONGUAY: Non. Pas du tout.
M. BOIVIN: Cela veut dire qu'il ne retirera pas sa pleine rente non
plus, même s'il prend sa préretraite et que cela est consenti par
le régime privé.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Dorchester.
M. GUAY: Je pense que là où cela cause des
problèmes qui sont assez difficiles à résoudre, c'est
concernant un paquet de cas particuliers et je me demande s'il n'y aurait pas
lieu d'adoucir un peu le sens qu'on donne actuellement à
invalidité. On dit que c'est une personne qui n'est pas en mesure de
faire un travail rémunérateur. Mais je me demande si on enlevait
un peu de sévérité à ce mot qui signifie
l'invalidité complète et permanente... Cela serait
peut-être la façon de résoudre un bon paquet de cas qui
se posent de façon particulière. On peut prendre comme
exemple une personne qui a 63 ans, qui se rend au centre de main-d'oeuvre.
C'est bien clair qu'on lui dit: Vous n'avez plus l'âge pour être
sur le marché du travail. Il reste quand même quelques
années à cette personne pour s'organiser autrement et sans pour
autant élargir, parce que les disponibilités ne le permettent pas
d'élargir complètement et d'un coup sec de 65 à 60 ans
l'âge de la retraite.
Il y aurait peut-être lieu de regarder d'une façon
différente ce mot "invalidité" qui, à toutes fins
pratiques, vient bannir, d'un régime de sécurité, des
personnes qui ne sont pas invalides complètement mais qui ne peuvent
détenir un emploi à titre de travailleurs ordinaires.
M. CASTONGUAY: Si, dans un régime d'assurance sociale, on assure
des risques clairement identifiés: La retraite, le décès,
l'invalidité et si on veut que ce soit vraiment de la nature d'une
assurance sociale, il faut que ce risque d'invalidité soit bien
défini et que ce soit vraiment l'invalidité, non pas les carences
du marché du travail, qui soit couverte.
Pour les cas qui ne sont pas couverts, soit par ces régimes ou
soit par les accidents du travail, vient s'ajouter l'assistance sociale et,
dans une autre étape, le revenu garanti. De plus en plus clairement, on
se rend compte que si on essaye, par le truchement des régimes
traditionnels d'assurance sociale ou d'autres régimes de même
nature, de répondre à divers cas particuliers à mesure
qu'ils s'identifient, on va encore se retrouver dans la situation où
nous sommes.
Dans le passé, on avait identifié le cas particulier des
mères nécessiteuses. On avait reconnu le problème de
l'invalidité au niveau de l'assistance. On s'est retrouvé avec
toute une gamme de régimes d'assistance qui étaient plus ou moins
justes et équitables, qui devenaient de plus en plus corrompus, et c'est
de là qu'est sortie l'idée d'avoir un régime pour
compenser les insuffisances de revenus sans égard à la cause et
qui comporterait des dispositions telles que, pour tous ceux qui sont aptes
à travailler, il y aurait un encouragement à retourner
travailler. Que ces régimes soient conçus de telle sorte que ce
soient les gens qui fassent les choix les plus appropriés au lieu
d'avoir toute une machine administrative qui essaye de les classifier au fur et
à mesure que les nouvelles catégories de problèmes sont
identifiées.
M. BOIVIN: Mais si lors d'une révision, pour y revenir, il
était prouvé que l'employeur a mis cet employé à la
retraite à cause d'un manque de mobilité, d'efficacité,
vous seriez pris pour payer l'invalidité.
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement parce qu'on ne peut pas
uniquement se fier au fait qu'un employeur a décidé de mettre un
employé à la retraite parce qu'il le considère invalide.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles un employeur peut vouloir
libérer un employé. Dans certains cas, c'est une très
bonne raison de trouver qu'il est invalide et il entre dans le cadre du
régime de l'employeur.
Mais on ne peut pas automatiquement accepter ça. H faut examiner
les cas. Dans bien des cas, on en vient à la même conclusion. Mais
il y a des cas où il est beaucoup moins clair qu'un individu soit
réellement invalide au sens d'un emploi. Prenez un exemple. Les
exemples, ça cloche toujours mais vous avez le cas d'un instituteur qui
ne peut plus enseigner parce qu'il a des troubles de la voix. Il est
évident que pour quelqu'un qui doit s'adresser à des
élèves, il ne peut plus enseigner mais, grâce à ses
connaissances académiques, il est certain qu'il peut occuper plusieurs
autres emplois. Il n'y a aucun doute là-dessus.
M. GUAY: Par contre, il y a d'autres lois qui empêchent les
employeurs de verser un salaire partiel aux travailleurs. Un travailleur est
complètement travailleur ou il ne l'est pas. On ne peut pas trancher et
dire: Tu vas faire un travail à 10 p.c. à 15 p.c. ou à 20
p.c.
M. CASTONGUAY: Je voudrais bien être clair. Je ne veux pas nier
que ce que vous exposez soit des problèmes réels. Je ne veux
absolument pas nier ça mais c'est la façon d'apporter les
réponses satisfaisantes à ces problèmes qui est
importante. Dans le passé, c'est une des causes premières qui ont
fait en sorte que, malgré la multiplicité des programmes, on a
encore des problèmes de pauvreté, de discrimination.
Justement, on a approché ces problèmes un par un à
mesure qu'ils ont été identifiés et que ceux qui n'avaient
pas suffisamment de voix pour se faire entendre ou qui étaient dans des
groupes non encore identifiés ou que la société n'aime pas
trop reconnaître, ce sont ceux qui sont restés pour compte. Leur
nombre est allé en augmentant.
C'est la raison pour laquelle il m'apparait extrêmement important
d'être conscient de ces problèmes mais de faire en sorte qu'on les
approche d'une façon beaucoup plus générale dans l'avenir.
La formule est le revenu garanti.
M. GUAY: Concernant l'invalidité, actuellement, quelqu'un qui est
jugé invalide, au sens de la loi, peut bénéficier des
prestations du Régime de rentes. On peut prendre un autre cas qui semble
bien semblable, presque pareil. Lui n'est pas admissible à ce
régime. Pour lui, ça semble discriminatoire. Si on prend les deux
personnes qui peuvent être dans des conditions identiques, on peut
peut-être se poser la question. Qui a pris la décision de
verser?
M. CASTONGUAY: II y a d'abord eu la décision de la régie.
Il y a la possibilité pour l'individu d'aller en appel. Mais il y a
à un
moment donné une décision qui est prise. Si vous prenez un
cas particulier, il est possible que la régie se soit trompée,
que la commission d'appel des pensions se soit trompée, mais que
voulez-vous? Cela n'est pas devant n'importe quel tribunal.
A un moment donné, il y a une décision prise. Il est
certain que, dans le cas que vous citez, celui a qui on a refusé compare
son cas à celui du voisin et il prétend qu'il est aussi invalide
que l'autre. Mais il faut que quelqu'un tranche.
M. GUAY: Est-ce que les professionnels de la santé, les
médecins, ont quand même un rôle à jouer?
M. CASTONGUAY: Absolument. C'est évident, nous avons plusieurs
médecins qui travaillent pour la régie. En plus de ça,
lorsque le requérant demande une révision de son cas, il subit un
examen par un spécialiste qui n'est pas un employé de la
régie, qui est indépendant de la régie. Dans chaque cas,
nous faisons faire cet examen. A la suite de cet examen, lorsque l'expert que
nous avons consulté conclut à l'invalidité, il est
évident que nous acceptons cette décision.
M. GUAY: Je suis également au courant qu'il y a des prestateurs
qui auraient eu droit, à l'âge de la retraite, à 65 ans,
aux bénéfices du Régime de rentes mais qui ont
demandé l'annulation. Ils ont reçu des formules.
Considérant qu'ils désiraient demeurer sur le marché du
travail et, comme on l'a dit tantôt, recevoir des prestations
d'assurance-chômage, ils ont demandé l'annulation de leur demande
au Régime de rentes. Est-ce que ça s'est produit bien
souvent?
M. CASTONGUAY: Voici ce qui est arrivé. D'abord, la loi le
prévoit, lorsque quelqu'un a demandé sa rente de retraite et
qu'il a commencé à encaisser les chèques, il ne peut
être question qu'il annule sa demande.
M. GUAY: D'accord.
M. CASTONGUAY: Mais lorsque la nouvelle Loi d'assurance-chômage
est entrée en vigueur, un nombre considérable de travailleurs ont
été pris par surprise. Nous nous sommes trouvés dans la
situation où des gens, au lieu de retirer $100 par semaine, auraient
retiré une rente de $30 par mois. Je n'hésite pas à le
dire, on a tordu un peu le règlement et on a accepté, pendant une
certaine période, qu'il y ait des annulations de demandes de rentes de
retraite et ceci a été fait de concert avec la Commission
d'assurance-chômage, qui a compris le problème aussi. Il
n'était pas juste pour les travailleurs qui ne connaissaient pas ces
dispositions de se faire répondre: On cesse le paiement de vos
prestations d'assurance-chômage, parce que vous retirez une rente du
Régime de rentes du Québec.
Il y a de très nombreux cas qui ont été
annulés. Mais à partir de ce moment, on a adopté une
procédure où on a averti chaque requérant : Vous nous avez
soumis une demande pour une rente de retraite, vérifiez avec le bureau
de la Commission d'assurance-chômage. Si vous décidez d'annuler
votre demande, faites-nous le savoir mais, si voulez maintenir votre demande,
faites-nous le savoir également. On a évité cette
situation.
Actuellement, avec chaque formule de demande de retraite, il y a un
petit dépliant de la Commission d'assurance-chômage qui indique
clairement quelle est la situation. De façon générale,
nous n'avons plus ce problème.
M. GUAY: La Commission d'assurance-chômage s'est ajustée
face à cela aussi du seul fait qu'un prestateur avait demandé et
avait été accepté au paiement du Régime de rentes.
Il s'est vu annuler ses prestations d'assurance-chômage parce que la
commission a considéré que c'était possible qu'il soit
à sa retraite.
J'ai fait le joint assez rapidement, parce que le cas s'est posé
chez nous à plusieurs reprises. Je suis content que vous donniez cet
éclaircissement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Bourget.
M. LAURIN: Est-ce que vous trouvez pertinents cette recommandation, cet
article de la nouvelle Loi de l'assurance-chômage?
M. CASTONGUAY: Je ne répondrai pas là-dessus, je vais
demander au ministre.
Au plan financier, ç'a pu être utile, mais je trouve que
c'est mélanger des pommes et des oranges. Ce n'est pas un risque, c'est,
en fait, un événement qui est connu, qui est prévisible
que celui de la retraite.
M. LAURIN: Avez-vous fait des recommandations?
M. CASTONGUAY: Nous en avions fait en janvier 1971, dans un
mémoire présenté après que le livre blanc sur
l'assurance-chômage eut été déposé; lorsque
je regarde le déroulement des événements
subséquents, les quelques recommandations que nous avions faites
à cette époque-là, si elles étaient tombées
dans des oreilles plus réceptives, il y aurait peut-être eu un
petit peu moins de problèmes pour certaines personnes.
M. LAURIN: Est-ce que votre lettre s'est vraiment rendue à
Ottawa?
M. CASTONGUAY: C'était un mémoire.
M. LAURIN: Est-ce qu'il s'est vraiment rendu?
M. CASTONGUAY: J'en ai discuté avec le titulaire du
ministère de l'époque.
M. LAURIN: Donc, il s'était rendu.
M. CASTONGUAY: Donc, il s'était rendu, mais je pense qu'il n'a
pas été écouté.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'était M. MacEachen.
M. CASTONGUAY: M. Mackasey, M. Desroches, sous-ministre, dans le
temps.
M. LAURIN: Est-ce qu'il est possible, M. le ministre, d'envisager, du
point de vue actuariel, un régime d'assurance sociale souple à ce
point qu'il permettrait à un employé de retarder ou d'avancer
l'âge de sa retraite?
M. CASTONGUAY: Dans le Régime de rentes du Québec, le
cotisant peut retarder jusqu'à 70 ans et il y a des avantages pour lui
à le faire. D'abord, pendant la période de transition, pour
chaque année pendant laquelle il retarde, il vient s'ajouter 10 p.c. au
niveau de sa rente, et lorsque la période de transition sera
terminée, il pourra substituer un montant de gains au cours d'une
année plus élevé pour remplacer, dans le nombre
d'années que l'on prend en considération pour les fins
d'établir sa rente, un montant inférieur. Alors, il aura encore,
en plus du fait qu'il continue de retirer son revenu du travail, la
possibilité d'améliorer sa rente de retraite. Avant la retraite,
ce qui est fait dans des régimes privés et que l'on retrouve dans
des régimes comme le Régime de retraite des fonctionnaires, des
enseignants, c'est la possibilité de verser des contributions
additionnelles en plus des contributions régulières, qui
achètent, en quelque sorte, des montants additionnels de pension. Dans
les régimes d'assurance sociale, il existe peut-être de telles
dispositions, mais je n'en connais pas. Je ne sais pas si...
M. LAURIN : J'ai demandé si c'était possible, maintenant,
je demande au ministre plutôt si ça lui paraîtrait
souhaitable un régime à ce point souple qu'un employé
pourrait retarder ou avancer l'âge de la retraite selon sa condition,
selon...
M. CASTONGUAY: II peut le faire dans le moment, pour un groupe
d'âges de cinq ans, en fait, 65 ans à 70 ans. En dessous de 65
ans, je pense qu'on entre dans une tout autre série de problèmes,
ceux que je mentionnais tantôt. Et comme il est possible,
personnellement, pour tout individu, d'utiliser diverses formules si quelqu'un
veut se constituer une rente additionnelle et même de
bénéficier du dégrèvement d'impôt, il me
semble qu'il y a là une certaine souplesse, parce qu'une personne peut
fort bien dire: Bien, moi, je vais me constituer une rente pour deux ans, 63
ans et 64 ans, et après, je sais que je recevrai pension de vieillesse
et rente du Régime de rentes du Québec. Et là, il peut le
faire par diverses formules, comme dans les compagnies de fiducie, les
mouvements coopératifs, les assureurs, mutuelles et autres et
bénéficier de dégrèvements d'impôt. Parce
qu'ici se posent des problèmes d'abord administratifs qui pourraient
être fort complexes et, en plus, un certain problème
d'équité. S'il y avait des avantages additionnels
d'accordés à ceux qui font le choix de se retirer avant tel
âge, je pense qu'il faut qu'ils soient ouverts un peu à tous
à ce moment.
M. LAURIN: Vous avez ajouté aussi, tout à l'heure, une
remarque à l'effet qu'au lieu de combler d'une façon partielle et
épisodique les besoins de certaines catégories de citoyens, il
vous semblait préférable d'explorer comme voie d'avenue le revenu
minimum garanti. Est-ce que, dans votre optique, l'adoption de cette
hypothèse ou de cette solution ferait éventuellement
disparaître le régime actuel de pension de vieillesse, en ce sens
qu'il serait intégré dans la solution du revenu minimum
garanti?
M. CASTONGUAY: II y a une certaine ouverture dans le document de travail
du gouvernement fédéral pour que soit repensé le
régime de pension de vieillesse et de supplément de revenu
garanti. Parce que, dans le contexte du revenu garanti, un régime qui
donne les prestations uniformes n'a plus tout à fait sa place.
L'idéal est que tout cela vienne se marier dans un seul régime.
Le possible est peut-être assez...
M. LAURIN: ... recommandé à votre commission d'ailleurs.
Est-ce que cette idée a aussi été adoptée par
Ottawa?
M. CASTONGUAY: Je ne peux pas dire que l'idée a été
adoptée. Il y a une porte dans le document de travail qui est ouverte
pour l'examiner à tout le moins.
M. LAURIN: Mais cela vous semble encore souhaitable qu'on puisse
intégrer...
M. CASTONGUAY: Dans la logique des choses, oui. Nous ne sommes pas dans
un domaine où il y a seule la logique qui...
M. LAURIN: Mais il reste quand même que, dans le cadre des
discussions que vous avez tenues...
M. CASTONGUAY: Je dis cela aussi parce qu'il y a des droits acquis. On
sait fort bien que, lorsqu'on touche à la pension de vieillesse, les
gens ont contribué par la voie de leur formule d'impôt et qu'il y
a un certain droit acquis. On est dans un domaine assez...
M. LAURIN: Mais si le fédéral ne changeait pas
d'idée, le Québec ne pourrait pas en arriver à cette
intégration, même avec les conditions d'adaptabilité qui
ont été consenties. Donc, cela serait un locus minons
resistantiae.
M. CASTONGUAY: Je suis obligé de vous croire sur parole.
M. LAURIN: Quel est le montant total des régimes
supplémentaires de rentes actuellement?
M. CASTONGUAY: II y a en vigueur dans la province de Québec
environ 5,000 régimes supplémentaires de rentes, mais la
régie n'en surveille que 3,500. Les autres régimes sont
surveillés soit par l'Ontario, soit par l'Alberta. Il y a des
régimes aussi qui sont sous le contrôle du gouvernement
fédéral, comme les régimes des banques, des compagnies de
chemins de fer, des entreprises qui relèvent de la juridiction du
fédéral, parce que le fédéral a une loi semblable
à cela aussi.
Il y a évidemment une entente avec les provinces qui ont une
législation équivalente pour qu'il n'y ait qu'une seule
juridiction. Par exemple, si une entreprise a 300 employés en Ontario et
200 au Québec, c'est l'Ontario qui exercera la surveillance et le
contraire est vrai, si la pluralité des employés est dans le
Québec, c'est Québec. Mais il y a environ 5,000 régimes en
vigueur actuellement.
M. LAURIN: Et la différence entre les 5,000 et les 3,500 tient au
fait précisément qu'il y a des régimes, soit
fédéraux...
M. CASTONGUAY: II y a des régimes qui sont...
M. LAURIN: ... ou soit des régimes où il y a plus
d'employés couverts par ces régimes dans d'autres provinces.
M. CASTONGUAY: C'est cela. Il y a les régimes
fédéraux aussi.
M. LAURIN: Et le montant total des sommes couvertes par ces
régimes, est-ce que vous en avez une idée? C'est $3,500.
M. CASTONGUAY: Vous voulez dire...
M. LAURIN: Par les placements que vous surveillez, est-ce que vous
pouvez vous faire une idée?
M. CASTONGUAY: On n'a pas de statistiques précises
là-dessus. On a eu un programme de statistiques non financières.
Il y a un rapport qui a été publié. Il n'y a pas eu encore
de programme de statistiques financières, mais je pense que les avoirs
des régimes de pension peuvent se situer, au Canada, à $15
milliards, peut-être.
M. LAURIN: Oui.
M. CASTONGUAY: Alors, on peut faire une proportion pour
Québec...
M. LAURIN: Du tiers, encore une fois.
M. CASTONGUAY: ... du tiers. C'est un ordre...
M. LAURIN: ... malgré qu'il parait qu'on est plus
intéressé que les autres Canadiens à avoir des pensions.
Donc, cela serait peut-être un peu plus que le tiers.
M. BOIVIN: Est-ce que la Commission des accidents du travail a subi
votre surveillance?
M. CASTONGUAY: Non. M. BOIVIN: Qui la surveille?
M. CASTONGUAY: C'est le surintendant des assurances.
M. BOIVIN: Parce qu'il y a des sommes considérables à la
commission.
M. CASTONGUAY: Ces sommes-là sont maintenant sous le
contrôle de la Caisse de dépôts et placement du
Québec. Depuis l'an dernier.
M. BOIVIN: Maintenant, le ministre des Institutions financières,
quelle surveillance est-ce qu'il exerce sur ces assurances? Il n'a pas affaire
aux compagnies d'assurance.
M. CASTONGUAY: Le surintendant des assurances relève du ministre
des Institutions financières et c'est le surintendant des assurances qui
exerce la surveillance sur toutes les sociétés d'assurance
à charte provinciale et un certain contrôle au niveau de
l'émission de permis d'exploitation pour les autres. C'est
également lui qui, par le truchement du surintendant des assurances,
surveille les activités de la Commission des accidents du travail.
M. BOIVIN: Est-ce que le ministre des Affaires sociales a fait une
étude du paiement des cas d'accidents de travail auxquels il est
obligé d'apporter des suppléments? Parce qu'il en avait
été question l'an passé, au sujet des indemnisations de la
Commission des accidents du travail, qu'il y avait des sommes
considérables qu'on ne payait pas. Comme député, j'ai eu
à intervenir plusieurs fois sur des indemnisations qui étaient
ridicules, qui n'avaient pas de sens, qu'on devait compenser en donnant des
suppléments par l'aide sociale.
M. CASTONGUAY: II y a eu de nombreux amendements du côté
des accidents du travail, non pas seulement pour les nouvelles prestations mais
pour ajuster les prestations antérieures. Encore l'an dernier, en
décembre 1971, de nouveaux amendements ont été
apportés pour hausser le niveau des salaires couverts, le niveau des
prestations je crois que c'est rendu jusqu'à $9,000 et
étendre aussi le champ
d'application. En même temps, il y a eu une certaine mise à
jour des niveaux de prestation. Aujourd'hui, je ne sais pas vraiment quel est
le montant d'aide sociale que nous versons à des
bénéficiaires des accidents du travail; je ne suis pas en
mesure...
M. BOIVIN: Est-ce que ce serait possible de le savoir?
M. CASTONGUAY: Je peux demander d'examiner cette question.
M. BOIVIN: II y en a un qui se promène en avant du parlement
depuis longtemps. En plus de ça, j'en ai plusieurs dans mon
comté; on est obligé d'intervenir auprès du ministre des
Affaires sociales pour complémenter leur indemnisation.
M. LAURIN: Quel est le pouvoir d'intervention de la régie en ce
qui concerne la surveillance des placements des régimes
supplémentaires de rentes? Est-ce que vous avez eu à
l'exercer?
M. CASTONGUAY: II y a un règlement de la régie qui
détermine dans quelle valeur les sommes d'un régime non
assuré parce que le régime qui est complètement
assuré auprès d'une société d'assurance-vie tombe
sous la surveillance du surintendant des assurances et il n'y a pas de
problème ... Ce règlement détermine quels sont les
placements permis à un régime de rentes. Ces placements permis
s'inscrivent dans la même ligne que les placements permis à une
société d'assurance-vie, sauf certaines exceptions parce qu'on
permet qu'une partie plus importante de l'actif soit investie en actions. Comme
je l'ai mentionné tout à l'heure, l'examen de ces placements a
commencé en 1972. Je ne pense pas qu'on ait pu faire l'examen de tous
les régimes, parce qu'il a fallu bâtir un cahier contenant les
placements admissibles d'après la loi. Cela a été un
travail assez considérable, parce que je dois dire que ça
n'existait pas au niveau du gouvernement provincial et même l'aide qu'on
a pu demander au niveau du gouvernement fédéral là-dessus,
il semble que les documents n'étaient pas très à jour.
L'examen a révélé, dans certains cas... Par exemple, il
est arrivé qu'une municipalité, pas nécessairement une
municipalité mais un régime, détenait une proportion
d'obligations municipales trop élevée par rapport à ce qui
est permis. Les gens ont été avertis et on m'a dit qu'on n'avait
eu aucune difficulté à faire corriger ces anomalies qui, dans
certains cas, étaient minimes par rapport à l'actif.
Supposons que quelqu'un n'aurait pas dû posséder plus de
tant pour cent des obligations de la ville de Montréal. Prenons 10 p.c,
et il en possédait 12 p.c. Ce n'est pas ça qui met le
régime en danger. On ne m'a pas signalé de cas où il y
aurait des placements absolument à rencontre de la loi et où on a
connu une résistance à corriger les placements.
On ne sait pas, on n'a pas fini l'examen. Parfois, on entend dire
qu'apparemment, il y a des régimes qui ont des placements dans les
peintures. En Ontario, en 1965, le gouvernement a obligé un
régime qui avait ses placements en or à en disposer. Je pense
bien qu'aujourd'hui les administrateurs du régime doivent adorer le
fonctionnaire qui leur a fait vendre leur or. De toute façon, on n'a pas
eu de choses semblables. Il semble que c'est très satisfaisant.
M. LAURIN: Vous jouez donc, de ce point de vue, le rôle que joue
le surintendant des assurances pour les fonds de pension en faisant partie de
compagnies d'assurance agréées.
M. CASTONGUAY: Le surintendant des assurances, lui, surveille les
placements des sociétés d'assurance-vie et nous, nous faisons la
même chose à l'égard des régimes de rentes.
M. LAURIN: Combien de membres de votre personnel sont affectés
à la distribution des allocations familiales et scolaires?
M. CASTONGUAY: Environ une centaine d'employés. Cela peut varier
entre 100 et 110.
M. LAURIN : Quel est le montant total des économies que vous
réaliserez lorsque les allocations familiales et scolaires seront
distribuées par Ottawa?
M. CASTONGUAY: Nous, à la régie...
Question irrecevable.
Je ne sais pas, mais si vous demandez ça à la
régie, vous pouvez supposer qu'on ne fait pas d'argent actuellement. Les
frais d'administration sont payés par le ministère des Affaires
sociales. Pour la régie, pour nous, il n'est pas question de faire un
profit ou des économies. Je pense même qu'on ne fait pas
d'économie...
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela coûte $2,200,000 actuellement.
M. CASTONGUAY: C'est très bon marché, un excellent
travail...
M. LAURIN : C'est une bonne raison pour le continuer et l'amplifier.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, quand une personne
atteint l'âge de 70 ans, il a automatiquement droit à la rente de
retraite. Maintenant, c'est elle qui doit en faire la demande à la
régie. Est-ce que, si elle oublie de le faire, soit parce qu'elle ne
connaît pas la loi ou pour d'autres raisons, il y a une
pénalité? Est-ce qu'elle perd...
M. CASTONGUAY: Dans le cas de celui qui atteint l'âge de 70 ans,
il y a possibilité d'une rétroactivité d'une année.
S'il vient à 71 ans, on va payer une année en arrière,
mais s'il vient à 72 ans, on ne va payer qu'une année en
arrière aussi. Dans toutes les prestations, il y a cette
rétroactivité d'une année, sauf pour la rente de retraite
entre 65 et 70 ans.
Est-ce qu'il y a bien des cas où la demande est faite en
retard?
A 70 ans...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vous dis ça parce qu'en pratique,
j'en ai vu. C'est moi qui ai signalé au travailleur qu'il avait droit
à sa retraite, au Régime de rentes.
M. CASTONGUAY: A 70 ans?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, 70 ans. Evidemment, c'est à
l'occasion des déclarations d'impôt qu'on voit l'âge et on
le leur signale. Mais ne pensez-vous pas qu'à la régie, au
ministère du Revenu, on a la déclaration d'impôt, on a
aussi l'âge du citoyen, ne pensez-vous pas que la régie ou le
ministère du Revenu ne pourrait pas aussi le signaler dans le cas
où il dépasserait l'âge? Ce n'est pas tout le monde...
M. CASTONGUAY : Vous avez parfaitement raison et nous faisons des
études dans ce sens. Non seulement pour cette situation, mais pour
essayer de découvrir s'il n'y aurait pas des moyens automatiques pour
signaler que telle personne a droit à telle prestation, que ce soit la
rente de retraite ou même la rente de veuve.
Vous suggérez, en collaboration avec le ministère du
Revenu, qu'on nous signale les gens qui ont pu atteindre l'âge de 70 ans;
ça pourrait être une solution.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme suggestion, on pourrait peut-être
retenir... Le ministère qui envoie le permis d'immatriculation, le
permis de conduire ne l'oublie pas. Quand la date de naissance arrive, la carte
s'en vient avec le compte. Cela pourrait être une suggestion.
M. CASTONGUAY: Maintenant, c'est un domaine que nous explorons parce
que, malgré toute la publicité et l'information que l'on peut
donner, malheureusement il reste des gens qui oublient ou, avec le temps, qui
n'y pensent plus. Mais ce n'est pas facile de trouver des mécanismes.
Vous en suggérez un auquel on a déjà pensé. Il y en
a peut-être d'autres, mais c'est un domaine que nous voulons explorer
davantage, d'essayer de rejoindre, nous, ceux qui auraient droit à une
prestation et qui ne l'ont pas demandée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ma part, M. le Président, ça
va.
M. GUAY: Maintenant, pour les gens de 65 ans, est-ce que l'envoi de
formule est automatique?
M. CASTONGUAY: Non.
M. GUAY: II faut que les gens la demandent?
M. CASTONGUAY: II faut que les gens la demandent parce qu'à ce
moment-là il faut qu'ils soient retirés du marché du
travail. Alors, on ne peut pas le savoir nous.
M. GUAY: Maintenant, des gens ont porté à ma connaissance
qu'ils avaient reçu une formule de demande de la Régie des
rentes. Alors, je me demandais si la régie ne faisait pas parvenir
automatiquement des formules.
M. CASTONGUAY: Non. Je ne sais pas d'où elle venait, mais elle
devait venir de l'employeur? Peut-être de son employeur.
M. GUAY: C'est possible.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le public en général, il
semble y avoir un doute. On ne sait pas à quel moment ils arrêtent
de contribuer. Alors, je pense qu'il y aurait de l'information à donner
là-dessus. De 65 à 70 ans, ils continuent de contribuer s'ils
travaillent?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): A 70 ans, même s'ils travaillent, s'ils
retirent des revenus, ils ne sont pas obligés de contribuer,
c'est-à-dire que leur contribution cesse. En bas de 18 ans, il n'y a pas
de contribution à payer, non plus. Avec des programmes
Perspectives-Jeunesse et les autres programmes, les emplois d'étudiants
l'été, on leur retient maintenant des contributions
d'assurance-maladie ou d'assurance-chômage. Alors, il faudrait que celui
qui a moins de 18 ans et celui qui a 70 ans et plus sachent qu'ils n'ont pas
à contribuer au Régime de rentes.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'autres questions? Merci bien.
Elément no 1 : Direction.
M. CASTONGUAY: Apparemment, on a demandé, hier, que les
commissions siègent de 10 h 30 à 13 heures. Si, par contre, les
membres veulent que nous arrêtions maintenant, je n'ai aucune
objection.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas d'objection à arrêter
tout de suite. D'abord, on n'a pas suffisamment de temps pour passer à
travers une direction générale.
M. CASTONGUAY: On peut l'adopter.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pardon? La direction? C'est dans
celle-là qu'est le ministre? Dans le no 1? On va lui donner la chance
d'expliquer son affaire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 16 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
Reprise de la séance à 16 h 25
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs!
Au début de cette séance je tiendrais à faire
remarquer que nous avons passé actuellement 9 heures et 50 minutes sur
l'étude des crédits du ministère des Affaires sociales. Je
demanderais un peu de coopération de la part des membres pour qu'on
puisse terminer ce travail le plus rapidement possible, sans enlever le droit
de parole à personne.
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut poser des questions sur ce qu'on vient de
voir ou si c'était juste...
M. CASTONGUAY: Si vous n'avez pas d'objection, on pourrait
peut-être prendre le programme 16, les diverses directions, et au moment
où nous arriverons justement à l'élément du
programme, le député pourra poser ses questions.
M. LAURIN: D'accord!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément 1 : Direction.
M. LAURIN: On était rendu à: Administration.
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. LAURIN: Je remarque que c'est le même sous-ministre qui cumule
les deux postes de l'administration et de l'aide sociale. C'est temporaire,
j'imagine?
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement.
M. LAURIN: Ah bon! Très bien! Donc, c'est qu'il vous a
semblé que les deux postes étaient absolument compatibles et
qu'il était même utile de les unir et que la direction des deux
administrations en était facilitée?
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement. Il s'agit beaucoup plus que
l'individu qui occupait le poste de l'administration à ce
moment-là était apte et intéressé et que cela
facilitait les choses sûrement au départ. Mais, en soi, il n'y a
pas de lien absolu pas plus pour ces deux directions, l'une par rapport
à l'autre, que pour toute autre. Ce qui nous est apparu important
surtout, c'est que l'aide sociale ait le statut d'une direction
générale à cause de la dimension de la tâche. Je
pense qu'on se réserve le droit dans le temps de changer d'avis. Mais,
pour le moment, il nous a paru opportun de confier à M. Houde les deux
responsabilités.
M. LAURIN: Etant donné ces deux importantes directions, il faut
en conclure que la
capacité de travail du sous-ministre adjoint est fantastique.
M. CASTONGUAY: Je vous laisse le soin de conclure.
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut demander au sous-ministre les commentaires
d'usage sur la direction, l'augmentation, par exemple, des chiffres?
M. CASTONGUAY: L'augmentation de? M. LAURIN: Budgétaire.
M. CASTONGUAY: Pourriez-vous préciser le sens de votre question,
M. Laurin? Est-ce que vous parlez de la direction de l'administration comme
telle?
M. LAURIN: Oui. Celle-là, au numéro 3.
M. CASTONGUAY: La direction de l'administration comme telle a 826 postes
autorisés en regard de 806, je pense, l'an dernier, du moins
d'après le tableau comparatif que j'avais. Elle n'a pas connu de
développement de services autres que ceux que lui assignait sa vocation
au sens de l'ancien organigramme. Ces directions sont demeurées les
mêmes sauf qu'au niveau de la direction des systèmes, ces
vocations se sont précisées. Au niveau du budget, nous avons
maintenant mis en place une équipe axée sur le budget-programmes.
Les autres activités au plan des services auxiliaires et du personnel se
sont raffermies, mais il n'y a pas de vocation nouvelle.
M. LAURIN: C'est donc simplement une consolidation, une normalisation et
une progression rationnelle.
M. CASTONGUAY: Oui. Il était logique qu'il en soit ainsi, parce
que la direction de l'administration fut la première constituée
d'ailleurs. Elle existait même, en fait, sous les anciens
ministères.
M. LAURIN: II n'y a pas de faits nouveaux ou d'orientations nouvelles
qui se dessinent au cours de l'année qui vient?
M. CASTONGUAY: Oui, il y en a une très importante, c'est l'accent
que nous mettons sur les systèmes d'information. Elle fournit en fait le
support majeur qui vient appuyer les directives d'un comité des
systèmes de l'information intégrée. Cet effort se canalise
au plan de deux secteurs principaux. Le système quant aux ressources,
c'est-à-dire quant à l'"input" dans le réseau des affaires
sociales et le système quant aux données de la clientèle.
Après avoir établi un système d'information plus valable
à l'aide sociale, ces deux dimensions majeures auront en deux ou trois
ans un impact certain sur les données dont le ministère disposera
pour agir. C'est l'orientation majeure.
M. LAURIN: Est-ce que ce réseau d'informatique est relié,
d'une certaine façon, à d'autres ministères à
vocation similaire pour fins de banque de données ou pour un meilleur
fonctionnement des ministères à vocations parallèles?
M. CASTONGUAY: II faut distinguer entre l'aide sociale ou la
sécurité du revenu, d'une part, et le réseau de services.
Au niveau de l'aide sociale, nous sommes en voie d'établir un
système par lequel les bureaux seront liés au niveau central. Et
du niveau central, nous effectuerons des liaisons par voie d'informatique avec
d'autres organismes, comme la Commission des accidents du travail, la
Commission d'assurance-chômage, la Régie des rentes du
Québec et le ministère du Travail.
Au niveau des services, le même lien n'est pas conçu, parce
que nous n'avons pas encore, dans les faits, un véritable réseau
intégré d'information. Mais nous sentons que nos systèmes
sont tels qu'ils impliquent une normalisation et que nous devrons, sinon
intégrer au plan des opérations, intégrer certainement au
plan de la conception des systèmes, d'abord, ce qui se passe dans le
réseau avec nous, avant de songer, ensuite, dans une couple
d'années, je pense, à faire des liens avec les autres
ministères. En fait, nous avons cette première phase à
franchir.
M. LAURIN: Est-ce qu'un effort analogue est tenté au niveau de
l'informatique, en ce qui a trait aux relations entre les ministères et
les établissements, que ce soit à vocation sociale ou sanitaire?
Je sais que des efforts ont été entrepris depuis quelques
années dans cette direction. Est-ce qu'ils ont été
poussés, au cours de l'année?
M. CASTONGUAY: A ce moment-ci, je vais parler à la fois pour
l'administration et la programmation, le rôle de l'administration
étant de fournir le support interne au système d'information
intégré, et le rôle de la programmation étant
d'assurer une rationalisation de l'informatique dans le réseau et ses
liens, jusqu'à un certain point, avec le niveau central. Il existe,
justement, au niveau des systèmes de gestion vous pourrez revenir
sur la question, M. Laurin un service dont le rôle est
précisément de l'assurer. Ce service compte parmi ses programmes
de l'année vous pourrez poser la question à M. Marcel
Piché des activités qui ont justement pour but de tendre
vers le sens que vous mentionnez.
M. LAURIN: Mais, quand même, l'effort est continuel.
M. CASTONGUAY: L'effort est engagé, mais il est
préliminaire. Nous avons établi
certains critères de départ. Nous sommes
présentement dans une phase d'inventaire des activités
d'informatique dans le réseau.
M. LAURIN: Est-ce que des programmes de données sont
établis au niveau de la division de l'informatique, en vue de recherches
pouvant être menées, soit sur le plan démographique ou sur
le plan des services?
M. CASTONGUAY: Oui. Au plan de la recherche, nous touchons la direction
de la planification. Il existe deux efforts principaux pour joindre des
activités de recherche, de planification et de prévision.
M. LAURIN : Vous avez parlé de deux programmes, je crois, l'an
dernier.
M. CASTONGUAY: C'est cela. Peut-être pourrions-nous, encore une
fois, y revenir tout à l'heure. L'un est le projet AP-3, qui est en voie
de se concrétiser assez rapidement et qui a pour but de fournir un
modèle prévisionnel plus stable à l'aide sociale et
même de simuler des changements possibles. L'autre est un projet qui a
pour nom: "Médics" et qui tend à permettre d'évaluer des
interrelations dans le domaine de la santé. Si vous vouliez des
détails sur la nature et la dimension du projet, et sur le stade
où ils en sont rendus, M. Hurtubise, ici, serait notre expert. Au moment
des crédits de la planification, je pense que ce serait opportun d'y
revenir.
Là-dessus, il serait peut-être bon d'insister sur le fait
que les efforts qui ont été mentionnés l'an dernier se
sont poursuivis de façon très concrète et très
pratique. Ces programmes prennent pas mal de temps avant de donner des
résultats. M. Ouellet pourra en parler lorsqu'on parlera de la
planification, j'ai vu des documents où on commence à avoir des
données assez complètes, par exemple, sur les effectifs, sur
certains problèmes épidémiologiques, où nos
données s'accumulent progressivement. Au cours de l'année qui
vient, c'est notre intention de transmettre aux services de santé
communautaires, aux conseils régionaux, des données beaucoup plus
nombreuses pour que les programmes soient reliés à des besoins
réels et identifiés dans la population, au point de vue des types
de maladies et des types de situations à corriger. De ce
côté, cela progresse vraiment de façon satisfaisante.
M. LAURIN: Est-ce que le vérificateur général a
influé d'une façon quelconque sur les systèmes de
vérification interne que vous aviez adoptés? Est-ce que d'autres
systèmes vous ont été proposés?
Il y aurait, par exemple, la vérification opérationnelle,
le "management audit" ou l'analyse des systèmes ou l'analyse des failles
ou des carences des systèmes actuels avec la correction
éventuelle.
M. CASTONGUAY: Par rapport à l'aide sociale surtout?
M. LAURIN: Par rapport aux activités générales du
ministère.
M. CASTONGUAY: II nous fait périodiquement des rapports sur ces
vérifications. Mais, à ma connaissance, à moins que je ne
me trompe, il fait généralement des observations portant sur la
vérification d'un élément ou d'un programme
spécifique. Mais, à ma connaissance, il n'y a pas de
recommandation de nature générale.
Dans le domaine de l'aide sociale, à cause de sa nature, j'ai
établi certains liens avec les vérificateurs. Nous avons
examiné ensemble leur mandat de façon que leurs activités
viennent compléter les nôtres et se concilier avec elles. Au
niveau des services, toutefois, comme le ministre le disait, le
vérificateur s'en est tenu à des observations auxquelles nous
répondons d'ailleurs, et certaines ont donné lieu à des
mesures correctrices, mais d'une façon toujours particulière.
M. LAURIN: Par exemple?
M. CASTONGUAY: Ce serait M. Forget qui serait le plus apte à
répondre.
Nous recevons périodiquement des rapports du bureau du
vérificateur sur, par exemple, le coût de certains programmes,
comme celui de la tuberculose ou des programmes en vertu desquels existent des
accords de partage avec le gouvernement fédéral, le régime
canadien d'assistance publique ou celui de l'assurance-hospitalisation. Ce sont
des rapports qui soulèvent certains points à l'occasion desquels
nous préparons des commentaires qui indiquent soit des actions
déjà prises pour corriger les difficultés
soulignées ou qui indiquent des travaux en préparation qui auront
un effet analogue. Il y en a eu durant l'année, sur tous ces programmes,
puisque ce sont des programmes qui se reproduisent d'année en
année, et chaque année apporte l'occasion de constatations
nouvelles. De mémoire, les derniers rapports portaient en particulier
sur les établissements privés dans le domaine des services
sociaux où l'existence de contrats était soulignée. Des
contrats ont été signés durant les dernières
années où certaines carences étaient encore
observées, qui étaient portées à l'attention du
ministère. Nous avons indiqué au vérificateur que cette
situation était en voie de se corriger.
M. LAURIN: En ce qui concerne l'approvisionnement, est-ce que la
création récente du nouveau ministère de
l'approvisionnement, si on peut l'appeler comme ceci, ou de l'Equipement, va
amener des changements dans vos procédures, c'est-à-dire les
procédures que vous aviez établies?
M. CASTONGUAY: Voulez-vous dire par
rapport aux établissements ou par rapport au ministère
lui-même?
M. LAURIN: Par rapport aux méthodes qui étaient suivies
jusqu'ici, par exemple, pour les besoins en équipement des
institutions.
M. CASTONGUAY: On a continué la tendance par exemple, lorsqu'un
établissement était la propriété du
ministère des Travaux publics, de former une corporation et de
transférer la propriété de l'établissement. Et
ça, on l'a continué. Je ne sais pas combien il peut rester
d'établissements qui sont encore la propriété des Travaux
publics mais on voudrait terminer cette opération, de telle sorte qu'au
plan de la gestion de l'établissement ce soit bien le conseil
d'administration qui soit responsable et dans le cadre des règlements
sur la Loi des services de santé, des services sociaux, qu'il puisse
effectuer sa gestion, ses achats, ses approvisionnements sans avoir à
passer par un organisme central comme le ministère des
approvisionnements.
Sur ce plan, l'adoption de la loi ne modifie en aucune façon le
changement. Cela aurait été, aussi, nettement à l'encontre
de la tendance que nous avions prise avec le budget global, dont nous pourrons
reparler à l'élément 5 du programme, parce que là
nous avons une première analyse des résultats obtenus. Je pense
qu'on voit que c'est la bonne orientation à prendre.
M. LAURIN: Je remarque aussi que dans services auxiliaires vous
mentionnez: service de Québec, service de Montréal, que les
autres régions ne sont pas mentionnées. Est-ce à dire
qu'elles sont incluses dans l'une ou l'autre des deux régions qui
apparaissent sur l'organigramme?
M. CASTONGUAY: Exclusion faite de Montréal, qui mérite son
service parce que nous y avons un édifice, les services de Québec
sont responsables de toutes les autres régions.
M. LAURIN: De toutes les autres régions, y compris celle de
Hull?
M. CASTONGUAY: Oui, y compris celle de
Hull.
M. LAURIN: Oui.
M. CASTONGUAY: C'est plus facile à cause du réseau central
d'autorisation.
M. LAURIN: Au niveau du budget du contrôle, je vois
"surpaiements." Est-ce que vous pourriez m'expliquer un peu la raison de
l'inclusion de cet élément dans...
M. CASTONGUAY: J'ai le directeur du budget et contrôle à
côté de moi, peut-être pourrait-il... Certainement... Alors,
à l'heure actuel- le, disons que ça comprend quatre sections bien
distinctes. Une partie s'occupe spécifiquement du contrôle de
récupération des surpaiements de l'aide sociale. Or, il y a une
section qui s'occupe spécifiquement de ça. Il y en a une autre
qui fait un certain contrôle, je dirais opérationnel, de l'aide
sociale et qui va disparaître évidemment avec le temps, à
mesure qu'on va programmer le système d'aide sociale. Les deux autres
sections s'occupent du contrôle des agences pour les placements des
enfants et des adultes.
Alors, c'est une section, je pense, qui va être
aménagée avec le temps, va être transformée, sera
distribuée d'une autre façon. Il va rester probablement, à
la fin, seulement les surpaiements de l'aide sociale elle-même. C'est une
section de collection.
M. LAURIN: En ce qui concerne enfin le personnel, est-ce que vous avez
toujours vos programmes de formation des employés? Est-ce qu'il y a eu
des modifications, cette année, quant à la qualité ou
à la durée des cours?
M. CASTONGUAY: Oui, j'aurais souhaité que le directeur du
personnel soit ici, mais nous avons fait des progrès assez
considérables sur ce plan. A l'aide sociale d'abord, parce que nous lui
avons donné une priorité. Nous avons eu des activités
d'animation qui ont pour but de définir en commun des problèmes,
et cette définition de problèmes, par une prise de conscience du
personnel, a eu des résultats très heureux, je pense, surtout au
plan de l'agressivité vis-à-vis de la clientèle.
M. LAURIN: Elle a diminué.
M. CASTONGUAY: Elle a diminué, je pense, pour les gens moyens.
Ensuite, nous avons...
M. LAURIN: Avez-vous pu en déceler les causes?
M. CASTONGUAY: J'ai fait une tournée à travers toute la
province, dans les dix régions, et j'ai rencontré tout le
personnel. Et la cause majeure, c'était le sentiment très vif que
les gens des régions avaient que les gens du niveau central ne
connaissaient pas leurs problèmes. Une impression que nous avons
réussi à dissiper largement et aussi une non-compréhension
des contraintes du système gouvernemental, et particulièrement du
système de la fonction publique. Sans défendre ce système,
le fait de le connaître et de le comprendre a joué pour beaucoup
dans leur meilleure compréhension. Enfin, certaines perspectives que
nous leur avons laissé entendre, quant au nouveau système et
surtout le fait que nous étions prêts et que nous avons tenu
compte de leurs remarques générales dans l'orientation des
nouvelles activités de l'aide sociale. Et tout ça, de
façon générale, a évidemment évité de
canaliser vers la
clientèle une agressivité qui, au fond, se tournait contre
nous.
M. LAURIN: L'agressivité a atteint sa véritable cible?
M. CASTONGUAY: Je pense que oui. Je vous avoue que ces journées
ont été extrêmement dures et, à mon sens,
extrêmement profitables. Comme on m'a dit, sur la Côte-Nord,
très froidement, cela fait cinq ans qu'on distribue quelques millions de
dollars et cela fait cinq ans qu'on ne voit absolument personne, et les
gens...
M. LAURIN: Oui, mais c'était déjà passé.
M. CASTONGUAY: On parlait de la direction de l'aide sociale. Non, mais
je pense que ça fait du bien. Ensuite, on a pensé, comme
deuxième priorité, aux chefs de bureau, parce qu'un
deuxième type de préoccupation des agents, au fond, c'est qu'ils
sentent bien que l'organisation dans le bureau n'est pas apte à
répondre aux besoins pressants. Dans les petits bureaux, on sent une
meilleure coordination, justement parce que le bureau étant petit, tout
le monde peut savoir un peu où tout se trouve. Dans un bureau un peu
plus important, l'absence d'organisation joue contre le
bénéficiaire et contre les agents et si les chefs de bureau, qui
n'ont pas de préparation immédiate, ne sont pas en mesure d'aider
leurs agents à s'organiser, vous avez un problème
immédiat.
Alors, nous avons axé notre programme avec l'Université du
Québec à Rimouski, sur des préoccupations très
concrètes. Le chef de bureau qui arrive le matin, le premier matin,
c'est un problème d'organisation; le second, c'est un problème de
personnel et ainsi de suite. Et on passe à travers les divers
problèmes.
Les réactions que nous avons eues dans l'Est du Québec ont
été excellentes et nous comptons généraliser le
programme cet automne. Enfin, nous sommes en discussion au niveau de
l'éducation, par le réseau collégial, pour faire en sorte
qu'un programme de formation permanente s'instaure à compter de
l'automne, d'abord sur des notions plus fondamentales, comme les notions
légales, des notions de psychologie appliquée, mais pour
finalement déboucher probablement sur une certaine spécialisation
prise au sens restreint du mot que peut permettre le réseau d'aide
sociale, de façon à distinguer entre l'attribution et les
activités de référence de la clientèle.
M. LAURIN : Cela se pratique sous forme de cours du soir, suivis de
façon permanente au long de l'année?
M. CASTONGUAY: Le programme permanent n'a pas débuté
encore, mais il existe dans certaines régions. Cela se pratique surtout
sous forme de cours du soir. Je n'écarte pas la possibilité qu'on
le fasse dans le jour aussi.
M. LAURIN: Donc, si les employés ont
bénéficié des nouveaux cours que vous leur donnez, qui
s'améliorent chaque année, de la même façon le
ministère aussi a profité des représentations qui lui ont
été faites et ceci a conduit à des changements au niveau
de l'organisation ou de la communication ou de l'information?
M. CASTONGUAY: Oui. Effectivement, comme je le disais d'abord, les
grandes coordonnées du système ont été
modifiées quelque peu en fonction des remarques des agents. C'est une
première dimension. Une deuxième dimension, c'est que nous avons
tendu à déléguer beaucoup plus d'autorité aux
paliers régionaux, à la suite des réflexions des agents
qui nous faisaient remarquer fort justement que l'autorité qu'ils
avaient serait d'autant moins grande que l'autorité de leurs paliers
régionaux le serait moins. Au plan de l'information, nous avons d'abord
fait un encart spécial dans "le 65 à l'heure" et nous avons
ensuite établi des mécanismes de communication pour consulter la
base sur des sujets qui peuvent leur être d'intérêt
immédiat, par exemple, une caisse de dépannage pour les
bénéficiaires. Je pense qu'ils sont vraiment à même
de nous donner des avis valables sur la nature que cela pourrait prendre, et
cela c'est un sujet. Il y en a eu beaucoup d'autres et je pense que le climat
amélioré que l'on constate à l'aide sociale dépend
pour beaucoup de cette mesure.
M. LAURIN: Donc, cela aboutit à une multiplication des
réseaux d'information d'une part et deuxièmement à un
certain degré de déconcentration.
M. CASTONGUAY: Exactement, en peu de mots.
M. LAURIN: Est-ce que vous entendez faire profiter de ce programme, de
ces initiatives, de ces expériences, les employés de la ville de
Montréal, qui ne semblent pas avoir bénéficié des
mêmes avantages? Est-ce qu'il y a un moyen que le ministère
pourrait prendre pour mettre à la disposition des employés de
Montréal ces mêmes initiatives?
M. CASTONGUAY: Nous comptons effectivement les leur offrir. La
tournée à laquelle je me référais s'est faite aussi
avec les employés de la ville de Montréal. Cela a
été un des points cruciaux de la tournée, leur
acceptation, au fond, de notre présence, et nous avons entamé
avec la ville de Montréal des discussions qui ont justement pour but de
le faire. Il nous paraissait important de le faire dans un climat d'acceptation
parce qu'au plan de la formation, je pense que, sans cette acceptation, nous
n'irions pas tellement loin. Mais j'ai bon espoir que la ville, cet automne,
bénéficiera aussi des mêmes activités de formation.
En fait, j'en suis pratiquement certain.
M. LAURIN: Je m'en réjouis.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Autres questions?
M CASTONGUAY: II y a peut-être un point à mentionner. A la
suite du départ de M. Roger Robert, nous avons été
extrêmement chanceux de pouvoir recruter comme directeur
général de l'aide sociale, M. Colpron, qui vous a parlé
quelque peu mardi. Il a eu une expérience extrêmement riche dans
le passé et cela l'a même amené, pendant quelques
années, en Amérique du Sud dans des programmes de
développement, d'administration. Il y a aussi M. Grenier, qui est son
adjoint et qui était à la direction des relations
professionnelles. Il apporte, lui, une autre expérience que je crois
extrêmement utile, de telle sorte que par la présence à la
fois de M. Houde, M. Colpron, M. Grenier et les autres, il y ait un
mélange d'expérience et de connaissances diverses. Je crois que
cela a contribué aussi, ces compléments, de façon
très prononcée, à l'amélioration du fonctionnement
du système.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Eléments 1 à 9,
adoptés.
M. LAURIN: Non. Il reste 4 à faire. Affaires
extraministérielles.
Affaires extraministérielles
M. CASTONGUAY: Alors, est-ce qu'on pourrait demander à M.
René Bergeron... Avant de commencer, je voudrais mentionner que, l'an
dernier, M. Gilles Beausoleil était le sous-ministre adjoint responsable
des affaires extraministérielles.
M. Beausoleil a pris, en quelque sorte, un genre d'année
sabbatique. M. Raynault, le président du Conseil économique du
Canada, lui a demandé s'il accepterait de faire un travail dans le cadre
du Conseil économique du Canada pour un an. Nous avons accepté de
libérer M. Beausoleil à cette fin. Lorsqu'on regarde la valeur
des travaux du Conseil économique, il y a intérêt à
faire en sorte que, outre la valeur de ces travaux au plan du pays, les
caractéristiques plus particulières à chaque région
ne soient pas camouflées dans des ensembles nationaux, que les
préoccupations, les perceptions propres à la province de
Québec ne s'estompent pas. C'est dans ce sens que M. Raynault m'avait
parlé au moment où je l'ai rencontré avant ce prêt
et il m'a semblée que, pour M. Beausoleil, tout comme pour le
ministère dans l'avenir ou d'autres ministères selon
l'orientation que prendra M. Beeausoleil, il y avait là un prêt de
services qui pouvait être fort utile, et également pour les
travaux du Conseil économique du Canada. M. René Bergeron, qui
occupe maintenant le poste de sous-ministre adjoint aux affaires
extraministérielles, occupait le poste de sous-ministre adjoint à
la programmation l'an dernier, avant la fusion des deux directions, programmes
spéciaux et programmation.
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut demander à M. Bergeron les
"highlights"?
M. CASTONGUAY: Les "highlights" se ramènent à ceci. C'est
que la direction générale s'occupe d'assurer les relations entre
le ministère et les organismes en dehors du ministère. A ce
titre, la direction s'est occupée de la préparation d'un certain
nombre de conférences, tant au niveau provincial que
fédéral, et s'est occupée également de la
coopération France-Québec dans le domaine des affaires
sociales.
Je pourrais vous apporter quelques précisions plus tard, si c'est
nécessaire, quant au nombre de ces démarches, quant au nombre de
missions qui sont allées en France ou qui ont pu venir ici et le nombre
de coopérants. Voilà en gros, ce à quoi s'est
employée la direction générale, en plus du fait de
collaborer à une étude en matière de politique,
d'orientation, de révision, d'examen du domaine de la recherche
scientifique dans le secteur des affaires sociales.
M. LAURIN: C'est la question, en fait, que je voulais vous poser et que
j'estime, probablement, la plus importante. Jusqu'à quel point avez-vous
progressé dans la voie qui nous était indiquée, l'an
dernier, à cet égard?
M. CASTONGUAY: Pour ce secteur particulier, je m'en voudrais de ne pas
vous fournir des renseignements complets et suffisamment précis. Mais
comme j'occupe le poste depuis maintenant quatre ou cinq semaines, je m'en
remettrais, si vous voulez bien, au Dr...
M. LAURIN: II y avait trois comités de recherche, l'an dernier,
je crois?
M. CASTONGUAY: Le comité de la recherche médicale, le
comité de la recherche opérationnelle et le comité,
disons, de la recherche socio-économique.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a eu progrès cette année et si
oui, dans quel sens?
M. CASTONGUAY: Disons que les progrès sont limités par les
budgets, si je peux dire.
M. LAURIN: Oui. Est-ce que les budgets ont été
augmentés?
M. CASTONGUAY: II y a eu un certain transfert. Ce qui est arrivé,
la première année, particulièrement pour les budgets en
recherche socio-économique, l'argent disponible n'a pas
été accordé à cause du manque de connaissance du
milieu, selon toute probabilité. C'était une innovation. L'an
dernier, le contraire est survenu; il y a eu des difficultés
budgétaires d'un
autre ordre; c'est qu'on a manqué d'argent et le travail s'est
continué, par le comité sous la présidence de M.
Gérald Fortin. Je pense qu'on peut dire qu'on a donné
réponse à la plupart des demandes dans le secteur; leur budget a
été accru et, en fait, je pense, que c'est une initiative qui
nous est apparue très heureuse jusqu'à maintenant et que nous
nous proposons de maintenir.
M. LAURIN: Est-ce qu'on pourrait avoir la liste des projets qui ont
été subventionnés?
M. CASTONGUAY: Certainement.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y en a encore eu beaucoup plus dans le domaine
de la recherche médicale que dans les deux autres?
M. CASTONGUAY: Oui. Il y a une plus longue tradition du
côté du Conseil de la recherche médicale et on n'a pas
voulu non plus pénaliser le Conseil de la recherche médicale pour
la création des autres comités ou des sommes d'argent disponibles
pour les autres. Le budget du Conseil de la recherche médicale a
été maintenu stable; il n'a pas été augmenté
de façon appréciable.
M. LAURIN: C'est de quel ordre déjà? $5 millions?
M. CASTONGUAY: $1 million ou $800,000 par rapport à $350,000 ou
$400,000.
M. LAURIN : Oui.
M. CASTONGUAY: Ils apparaissent dans un programme plus loin, le
programme 14. $870,000 pour la recherche biomédicale; $468,000
socio-économique; $250,000 et $250,000. Et les deux derniers
éléments: recherche épidémiologique et recherche
opérationnelle sont souvent financés de façon conjointe ou
totale par le gouvernement fédéral mais apparaissent à nos
budgets. La recherche socio-économique est entièrement à
la charge du Québec. La recherche biomédicale est aussi à
la charge du Québec.
M. LAURIN: II y a eu beaucoup d'études parues cette année,
des études qui, souvent, étaient des critiques sur la
façon dont les fonds de recherche d'origine fédérale ou
provinciale étaient dispensés aux divers organismes de recherche,
qu'ils soient universitaires ou non. Est-ce que la direction des affaires
extraministérielles s'est intéressée à ces
problèmes, à ces études, à ces critiques? Et, en
a-t-elle tiré des conclusions, même des recommandations à
faire au conseil des ministres à ce sujet ou des politiques à
proposer?
M. CASTONGUAY: Je pense qu'on pourrait dire que nous avons eu la chance
au ministère d'avoir comme conseiller spécial au cours de
l'année M. Bonneau qui a passé l'année avec nous,
prêté par l'université Laval. M. Bonneau, en collaboration
avec la direction de la politique scientifique des affaires
extraministérielles a travaillé, au cours de l'année, sur
ce problème de la politique scientifique. Un rapport complet doit nous
être soumis d'ici trois ou quatre mois qui sera "circularisé" au
point de vue d'opinion, qui est un assez gros document dont j'ai vu un certain
nombre de chapitres préliminaires. C 'est un document qui met en cause,
justement, la politique scientifique dans le domaine des Affaires sociales et
qui touche nécessairement au ministère de l'Education, au
comité des politiques scientifiques et au problème de la
participation du gouvernement fédéral et son action directe ou
indirecte. Cela touche aussi au problème des coûts indirects ou
directs de la recherche à l'intérieur des milieux d'enseignement,
la comptabilité de ces coûts.
Cette année a passé presque entièrement en
études et les recommandations devraient nous arriver au niveau
supérieur, au ministère, au cours des trois prochains mois.
M. LAURIN: Vous vous dirigez vers un projet d'élaboration d'une
politique scientifique proprement québécoise.
M. CASTONGUAY: Dans le domaine des Affaires sociales, quitte à
discuter où on peut avoir des sommes d'argent nécessaires.
M. LAURIN: Mais cela n'a pas encore donné lieu à des
discussions ou négociations avec le palier fédéral?
M. CASTONGUAY: Non, pas vraiment... M. LAURIN: C'est encore assez...
M. CASTONGUAY: ... ni non plus au niveau... Même si cette
politique est de nature des Affaires sociales, elle affecte
nécessairement la politique qu'aura le gouvernement du Québec et
qui a été annoncée d'une façon préliminaire
par le comité de la politique scientifique. Mais, pour la rendre
opérationnelle, cela entraîne un certain nombre de
décisions qui devront être prises au niveau gouvernemental.
M. LAURIN: Cela serait peut-être pour l'année prochaine ou
dans deux...
M. CASTONGUAY: Nous espérons pouvoir être capables de faire
des recommandations l'année prochaine.
M. LAURIN: Mais entre-temps, il reste quand même que le
ministère a des décisions à prendre qui affectent le
statut des chercheurs et de la recherche. Par exemple, je pense à la
décision que le ministre a annoncée récemment
en ce qui concerne les hôpitaux affiliés au centre Laval.
Je n'ai pas été sans examiner cette directive du
ministère, ni aussi sans examiner les réactions auxquelles elle a
donné lieu dans certains quartiers universitaires de Laval, en
particulier. Je pense à la réaction qu'elle a provoquée
chez le récipiendaire du prix David, le Dr Claude Fortier. En l'absence
de cette politique, quels sont les critères qui guident le
ministère actuellement?
M. CASTONGUAY: Le document critiqué d'abord n'est pas un
document...
M. LAURIN: Oui mais je sais...
M. CASTONGUAY: ... ou une décision du ministère.
M. LAURIN: ... que finalement le ministère sera obligé
d'en faire état, d'en tenir compte.
M. CASTONGUAY: C'est une décision de l'université.
M. LAURIN : Oui.
M. CASTONGUAY: Je pense que c'est important que ce n'est pas la
décision du ministère qui a été mise en cause par
le Dr Fortier. Je pense que ce sont des conflits internes à
l'université.
M. LAURIN: Comme les universités et les facultés sont
financées par le gouvernement, il y a toujours des liens qui
s'établissent, des consultations qui se font.
M. CASTONGUAY: Tout ce que je veux dire est que l'inquiétude n'a
pas été causée par le ministère, sinon par le fait
que le ministère a demandé un avis à l'université
qui les a forcés à se prononcer et qui a entrafné des
difficultés.
Au point de vue des priorités, peut-être...
J'ai un commentaire additionnel à faire. Même si le
document qui a été conçu au sein de l'université a
pu susciter une ou des réactions, il n'en demeure pas moins que cela est
mieux que pas de document. Et dans ce document, je pense qu'il y a des
éléments extrêmement valables, comme le fait de vouloir
désigner un nombre limité d'hôpitaux affiliés pour
les fins, vraiment, de l'enseignement et de la recherche dans le plein sens du
mot, et après cela, un certain nombre d'autres hôpitaux où
dans certaines conditions, il pourrait se faire de l'enseignement et de la
recherche. C'est déjà une certaine clarification qui s'imposait,
il me semble, parce que, dans bien des cas, on nous a attesté que tel
hôpital était un hôpital d'enseignement et de recherche ou
encore qu'il se faisait de la recherche, et vous pouviez avoir peut-être
un chercheur et jamais personne n'évaluait ce qu'il faisait. Il
travaillait absolument seul. Alors, il y a un effort là de
rationalisation qui me paraît valable.
On faisait aussi des recommandations qui me semblent fort pertinentes
sur le plan de la constitution de véritables équipes. On aborde
aussi un des problèmes assez délicats qui est celui du
financement. Alors, même s'il y a eu critique, je pense que cela est
sain, et vous êtes mieux placé même que moi pour
connaître certaines, pas des tensions, mais des divergences d'opinions
entre les fondamentalistes, les cliniciens, etc. Et, c'est dans ce sens que je
crois que le travail qui s'effectue à l'université et les fins
que nous poursuivons, quant à nous, nous mèneront, graduellement,
dans un contexte qui est très sain, à l'élaboration d'une
politique scientifique dans le secteur des Affaires sociales, ce qui n'existe
pas.
M. LAURIN: II y a, par ailleurs, au sein de l'Institut national de la
recherche scientifique, un groupe qui a été établi cette
année pour s'occuper exclusivement de recherche dans le domaine de la
santé, et ce groupe, j'imagine, est subventionné exclusivement
par le ministère des Affaires sociales ou partiellement...
M. CASTONGUAY: Des commandites.
M. LAURIN: Les deux questions que j'aurais à poser à ce
sujet sont les suivantes: la première: Dans quelle proportion ce groupe
est-il financé par le ministère des Affaires sociales? Et,
deuxièmement, est-ce que le ministère des Affaires sociales, par
le biais de sa direction des affaires extraministérielles, a
étudié le scheme actuel qui est de confier les recherches
à l'Institut national de la recherche scientifique d'une façon
privilégiée par opposition à une autre formule qui serait
d'associer d'une façon plus large toutes les universités et non
pas seulement l'Institut national de la recherche scientifique, qui est une
branche de l'Université du Québec?
M. CASTONGUAY: Je voudrais dire d'abord que le ministère ne
finance pas d'une façon privilégiée d'aucune façon
l'INRS par rapport aux autres. Et ce que nous subventionnons à
l'intérieur de ce secteur, c'est selon les mêmes critères
que les autres universités, c'est-à-dire des projets qui sont
à l'intérieur de centres hospitaliers, comme à
Saint-Jean-de-Dieu, par exemple, où il y a des projets de recherche, et
c'est simplement à ce titre que nous finançons, et c'est
très partiel.
Par ailleurs, le deuxième problème que vous posez, la
politique de la recherche scientifique que nous élaborons actuellement
touche directement à ce problème et il y a des propositions de
suggérées qui vont dans le sens où vous l'indiquez, qui
sont encore à l'état d'ébauche mais qui aboutiront sous
peu. M. Bonneau s'est engagé à terminer, avec le groupe des
affaires extraministérielles, ce rapport d'ici la fin du mois de mai ou
du mois de juin au plus tard et d'avoir une version qui sera soumise au
ministère pour, après cela, discussions, et on peut mettre six
mois ou plus de discussions.
Ce n'est pas un travail qui va se perpétuer et qui touche
directement ce problème de la concertation, de la coordination des
efforts de recherche du ministère des Affaires sociales en relation avec
le ministère de l'Education et en relation avec une politique
scientifique qui se tient.
Vous soulevez du même coup un peu tout le problème du
statut de l'INRS. Vous connaissez les arguments pour et contre une formule ou
l'autre. Je ne sais pas si c'est le moment opportun de le discuter ici.
M. LAURIN: D'ailleurs, cela appartient au ministère de
l'Education...
M. CASTONGUAY: C'est pour cela que je disais que je ne sais pas si c'est
le moment opportun.
M. LAURIN: ... encore plus qu'au ministère des Affaires sociales.
Par ailleurs, comme il y a des liens importants avec le ministère des
Affaires sociales, je voulais quand même...
M. CASTONGUAY: Nous en sommes bien conscients, d'ailleurs.
M. LAURIN: Je sais très bien que ces documents extrêmement
importants sont d'abord pour consommation interne, mais je me demandais
jusqu'à quel point il vous serait possible de contenter l'appétit
des membres de l'Opposition et de les aider à prendre connaissance un
peu du problème en leur communiquant soit certaines études qui ne
prêtent pas à controverse ou qui pourraient éclairer notre
lanterne, en tout cas, pour mieux comprendre le problème.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, je n'ai aucune objection à distribuer
des documents mais quel type de documents?
M. LAURIN: En ce qui concerne les documents qui vont vous servir
à élaborer cette politique sur la recherche.
M. CASTONGUAY: Vous voulez dire le rapport de M. Bonneau?
M. LAURIN: Oui, par exemple.
M. CASTONGUAY: C'est un rapport qu'on a l'intention de rendre public,
vous pouvez en être assuré.
M. LAURIN: Bon, parfait. Merci. Est-ce qu'il y a d'autres programmes,
à part ceux qui mettent votre direction en contact avec le gouvernement
fédéral, la France, l'INRS? Est-ce qu'il y a d'autres programmes
qui ont été étudiés par votre direction cette
année?
M. CASTONGUAY: II n'y a pas de programme particulier, l'idée est
de favoriser cette coordination avec les autres niveaux de gouvernement, les
autres juridictions et de faire cette démarche dans une perspective de
prospection, de développement nouveau. Il n'y a pas de problème
particulier, il n'y a pas de programme particulier, devrais-je dire, mais il y
a des études. Notre direction a participé à des
études particulières, bien sûr. Le ministre faisait
allusion je pense que c'est avant-hier à la question du
logement. Etant donné que c'est une préoccupation qui a des
incidences sociales, nous nous y sommes arrêtés, nous avons
étudié cette question-là, c'est encore à
l'étude. Il y a du travail qui a été fait chez nous au
sujet, par exemple, de la proposition fédérale en matière
d'arrangements financiers de santé et nombre d'autres questions de ce
genre-là.
Nous ne voulons pas nous substituer aux autres directions du
ministère, bien sûr, qui ont des mandats bien précis en
regard de la planification des opérations du ministère mais,
encore une fois, notre action se veut une démarche de coordination, de
catalyseur, si je peux dire, et dans une perspecitve de prospection.
M. LAURIN: Combien d'employés compte actuellement votre direction
et parmi ces employés, combien de cadres professionnels?
M. CASTONGUAY: A l'heure actuelle nous avons quelque 24 ou 25
employés dont quatre cadres.
Elément 4.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté.
M. CASTONGUAY: M. Claude Forget, s'il vous plaît. Au moment de
commencer l'élément de financement, vous vous souviendrez que
nous avions discuté l'an dernier de l'extension de la formule du budget
global à la suite de l'expérience de l'année
précédente. Pour les fins de l'étude des crédits,
à cause de l'importance de cette nouvelle approche de financement, j'ai
demandé il y a quelque temps à M. Forget et à ses
collaborateurs de préparer une analyse des résultats obtenus
à l'aide de cette formule et j'ai ici un certain nombre de copies de
l'analyse sommaire qu'ils ont préparée.
Je vais en faire distribuer quelques copies; je crois que cela donne une
lumière assez intéressante sur cette approche nouvelle. On sait
comment le problème, d'abord, du financement est important, mais on sait
aussi comment les processus budgétaires qui s'étaient
développés dans les cadres de l'assurance-hospitalisation
donnaient lieu à de plus en plus de frustrations au sein des
établissements, rendaient les relations de plus en plus difficiles entre
le ministère et les établissements.
M. LAURIN: Nous n'avons pas le temps de le lire; on pourrait
peut-être le résumer.
M. CASTONGUAY: Bien oui. Si vous étiez d'accord, nous pourrions
demander à M. Forget de le résumer parce que c'est vraiment un
des aspects capitaux des activités de cette direction que celles de
préparer, approuver des budgets des établissements,
établir les relations avec les établissements et ceci dans un
contexte et un effort, disons, d'assainissement des finances des
établissements et de décentralisation.
Alors, le texte, que vous avez sous les yeux, est moins un effort pour
évaluer une méthode particulière de financement qu'une
analyse, en quelque sorte, sur la base d'un échantillon passablement
représentatif de l'évolution de la situation financière
sur quatre années, c'est-à-dire de 1970 à 1973, pour 23
hôpitaux. Le choix de 23 repose sur le fait que ces hôpitaux ont
été inclus dès 1971 dans cette formule de financement et
que nous disposons à leur égard de données relativement
plus complètes et détaillées à cause de
ça.
On peut vouloir évaluer l'expérience du budget global
d'une autre façon, qui ne fait pas l'objet de ce texte,
c'est-à-dire au point de vue de son apport dans la gestion
hospitalière et de la plus grande flexibilité, espérons-le
du moins, que le budget global permet aux administrateurs hospitaliers
d'utiliser dans leurs décisions, dans leur gestion quotidienne.
De ce côté, évidemment, c'est à plus long
terme qu'il est possible de dresser un bilan parce que ces changements se font
sentir seulement après, avec le recul de quelques années.
Le texte, que vous avez devant les yeux donc, est un effort pour
évaluer strictement un plan financier, l'impact non seulement du budget
global mais d'autres mesures financières qui ont été
prises depuis quelques années, à la fois sur le plan de la
liquidité des établissements et sur le plan d'un ajustement
progressivement amélioré entre le montant du budget
accordé par le ministère et le niveau effectivement
réalisé des dépenses.
Alors, si l'on prend la situation que l'on observe à la fin de
1970, on voit que les 23 hôpitaux ont encouru, en 1970, des
dépenses nettes de $246 millions; ce qui fait que même
malgré leur nombre restreint, ils représentent, malgré
tout, environ 45 p.c. des dépenses couvertes par
l'assurance-hospitalisation cette année.
Malgré un niveau de $246 millions de dépenses, ils ne
disposaient, pour l'année 1970, que d'un budget de $211 millions; ce qui
veut dire que l'année qui a précédé les nouvelles
mesures financières, ils ont encouru un déficit de $34,500,000.
Ceci représentait 14 p.c. de leurs dépenses nettes mais cela
représentait 16 p.c. des budgets pour l'année.
Cette situation, étant donné qu'il s'agit
d'établissements universitaires, est un peu moins favorable que celle de
l'ensemble des autres établissements.
Pour les 23, l'année 1970 se termine également avec une
situation de trésorerie assez difficile puisque les exigibilités,
à court terme, s'élevaient, dans leurs cas, à $62
millions; ce qui correspondait à trois mois de fonctionnement pour eux.
Donc, d'une certaine façon, si vous voulez, cela correspondait à
une moyenne de comptes à payer de plus de trois mois puisque dans les
frais de fonctionnement, sur trois mois, on compte aussi les salaires, qui eux,
bien sûr, ne souffrent pas de retard.
Il y avait, de fait, à la fin de cette année, par des
informations que nous possédons d'autres sources, une maturité
moyenne des comptes à payer de l'ordre de 180 jours. Le budget, qui a
été approuvé en 1971, est donc le premier qui l'a
été selon la méthode du budget global, et il a
représenté une augmentation de 24.3 p.c. par rapport au budget de
ces établissements pour l'année précédente. Comme
il y avait un déficit en 1970, qui correspondait à 16 p.c, on
faisait donc ce rattrapage de 16 p.c, plus une augmentation de 8 p.c. d'une
année à l'autre. On peut ventiler cette majoration de 8 p.c. en
quelques éléments principaux dont la plus importante est
constituée par près de 4 p.c. pour la majoration de prix et de
salaires. Les autres se distribuent en différents autres postes comme
l'annualisation de nouveaux services ou des nouveaux services organisés
en 1971.
Simultanément, avec l'ajustement des budgets, qui était
une caractéristique importante du budget global, se sont
effectués, en 1971, des versements pour les années
antérieures qui se sont élevés, cette
année-là, à $23,500,000. Alors, l'impact de ces versements
sur les exigibilités, à la fin de l'année 1971, cette
première année d'opération, est illustré par une
diminution du chiffre mentionné pour 1970, de $62 millions à $42
millions, soit $19.6 millions de moins, donc une réduction de ces
exigibilités à court terme de trois mois à 1.8 mois de
fonctionnement. Ce qui, sur la base de la maturité moyenne à
l'échéance des créances, des dettes dues aux fournisseurs,
représentait une diminution de 180 à environ 120 jours. Cent
vingt jours, c'est malgré tout quatre mois encore. Donc, il y avait
à la fin de 1971 un certain chemin qui demeurait à parcourir.
Malgré l'accroissement des budgets accordés en 1971, il y
a eu un déficit pour 1971 de $10,500,000, qui représentait 4 p.c.
du budget net approuvé pour la période. Donc, le déficit,
sur une base procentuelle, est passé de 16 p.c. à 4 p.c. de 1970
à 1971. Pour 1972, les budgets approuvés reflètent un
accroissement de 6.5 p.c. environ, par rapport au budget de l'année
précédente. Comme il y a là aussi une absorption du
déficit de l'année antérieure, de 4 p.c, il reste donc
pour 1972 une majoration effective de 2.5 p.c. C'est extrêmement mince
comme majoration réelle des budgets des hôpitaux.
M. LAURIN: C'est quasiment un gel.
M. CASTONGUAY: C'est quasiment un gel. Cependant, 0 faut noter une
chose. C'est que
les conventions collectives étaient expirées, depuis le 30
juin 1971, ce qui fait que les budgets, originairement approuvés pour
1972, n'avaient pas à faire de provisions pour les nouvelles conventions
collectives dans l'attente d'un règlement. Ce qui veut dire
qu'effectivement, sur cette masse de $300 millions, on ne prévoyait que
$2,800,000 pour la majoration des prix et des salaires. Cela correspondait
seulement au mouvement des employés dans les échelles, le
mouvement normal d'un échelon à un autre.
D y avait aussi certains nouveaux services, répartis sur deux
ans, qui nous donnent un chiffre d'environ $7,500,000 à comparer avec
$350 millions; c'est donc quelque chose de l'ordre de 2 p.c. de ce qui,
essentiellement, est l'ensemble du développement correspondant à
la majoration des budgets, pour la plus grande part.
A la fin de 1972, on observe encore un déficit de $4.3 millions.
La valeur relative de ce déficit, même s'il est, en termes
absolus, à peu près le même qu'en 1971, c'est
évidemment encore plus bas, puisqu'il y a eu une certaine croissance au
niveau des prix et des budgets eux-mêmes.
Sur un plan financier, on marque un temps de stabilité au point
de vue de la liquidité des établissements en question, puisque
les exigibilités, à court terme, du groupe représentent,
à la fin de l'année, 1.9 mois de fonctionnement. En effet, la
maturité moyenne des créances, des dettes aux fournisseurs est
à peu près à un niveau identique.
Il est trop tôt pour fournir une analyse détaillée
du déficit de 1972, mais il est certain qu'une part importante est
constituée par un élément, c'est-à-dire l'ouverture
de certains lits qui avait été entreprise sans autorisation et
qui représente environ $1.2 million sur un total de $4 millions.
Pour l'année 1973, on observe une majoration substantielle des
budgets, ce qui est normal, étant donné la signature des
conventions collectives, de 15 p.c. dans le niveau des budgets
approuvés, dont 12.14 p.c, soit une somme de $34 millions, est
représentée par des majorations de prix et de salaire.
On remarque également une majoration de $5 millions,
c'est-à-dire 1.78 p.c, qui correspond à l'accroissement du volume
des activités de 1970 à 1972, ce qui nous permet de
refléter la situation courante au point de vue du volume ou au point de
vue de l'utilisation de la capacité à la fin de l'année
1972, dans le niveau des budgets pour 1973.
On peut conclure, d'après les indications déjà
connues, qu'il y a très certainement eu un rapprochement significatif
entre les budgets et le niveau des dépenses réelles. Cela peut
être dû à deux facteurs. C'est dû très
certainement à une majoration sensible du niveau des budgets, surtout
durant la première année d'application du budget global, qui
repose essentiellement sur les dépenses réelles d'une
année antérieure.
C'est dû aussi, sans aucun doute, à des contrôles
budgétaires, à la fois au niveau des établissements et au
niveau du ministère, qui se sont affermis, puisque maintenant, il faut
passer sur un plan peut-être d'établissement individuel, on
observe un assez fort nombre d'établissements qui ont fonctionné
en 1972 avec un niveau de budget net qui était essentiellement le
même que celui de 1971.
M. LAURIN: Je remarque donc que vous avez cessé, pour le moment,
de payer des dettes antérieures des hôpitaux; vous avez
effectué un temps d'arrêt. Pour combien de temps avez-vous
l'intention de prolonger ce temps d'arrêt?
M. CASTONGUAY: II semblait que la situation était, sinon
entièrement restaurée au niveau de la liquidité, du moins
elle ne revêtait plus le même degré d'extrême
gravité et qu'il était maintenant possible d'analyser de plus
près les chiffres disponibles et de voir si on se trouvait en face d'un
phénomène qui se poursuivrait indéfiniment ou s'il y
aurait, au contraire, une stabilisation.
Il sera maintenant possible de faire bientôt le bilan des
déficits accumulés des différents établissements et
de déterminer avec beaucoup plus de précision que c'était
possible il y a six mois ou un an, l'envergure des ressources
financières nécessaires pour clarifier la situation de
façon complète.
Il faut dire que les délais dans la réception de
l'information nécessaire simplement à dresser la liste des sommes
requises est tellement long, même maintenant, qu'il s'écoule
nécessairement un délai extrêmement considérable
d'au-delà d'un an entre la fin d'un exercice financier et le moment
où on peut véritablement prétendre avoir un tableau
complet.
A cause des sommes considérables consenties en 1971 pour
effectuer un certain rattrapage, il était sans doute prudent d'observer
l'effet de ces mesures de façon à pouvoir avoir un tableau.
M. LAURIN: Quel est l'objectif que vous poursuivez? Ramener cette somme
de $46 millions à combien? Ou encore, en termes de maturité de
créance, à quel nombre de jours? Qu'est-ce qui vous paraît
le plus souhaitable?
M. CASTONGUAY: II est certain que toute maturité moyenne des
exigibilités à court terme au-delà de trente jours, pose
des problèmes puisque ça entraîne des coûts
additionnels au niveau des fournisseurs.
Donc, ça nous parait être un objectif à poursuivre
de réduire ce délai à moins de quinze jours de
fonctionnement, dans le fond, puisqu'on parle de l'ensemble des coûts de
fonctionnement comme point de référence.
Et il semble maintenant, étant donné le rapprochement
entre les montants que représentent respectivement les budgets
approuvés et les dépenses réelles que l'effort financier
néces-
saire pour fermer cet écart est de l'ordre du possible.
M. LAURIN : Est-ce que cette année, à cause des objectifs
de réduction des coûts que le ministre poursuit depuis trois ans,
ça vous a amené à réduire au minimum l'ouverture de
nouveaux services?
M. CASTONGUAY: Ce sont deux processus qui...
Est-ce que je pourrais apporter une petite nuance si ce n'était
que pour le journal des Débats? C'était un objectif non pas de
réduction des coûts, mais de stabilisation de la croissance des
coûts. Et je pense bien qu'avec la marge qui existait au niveau de la
gestion de certaines économies, c'était un objectif possible
comme les résultats le démontrent, mais qui ne doit pas aller
jusqu'à un objectif de réduction des coûts.
M. BOIVIN: Durant cette opération...
M. LAURIN: ... Il n'a pas répondu encore.
M. CASTONGUAY: J'allais justement dire ça.
M. BOIVIN: Dans le même ordre d'idées, durant cette
opération, combien avons-nous ouverts de lits d'hôpitaux?
M. CASTONGUAY: Les statistiques...
M. BOIVIN: Vous en avez fermé, je suppose?
UNE VOIX: Autant qu'on en a ouvert.
M. CASTONGUAY: J'ai des données ici d'un autre ordre, sur le plan
des immobilisations depuis 1970, je pense que c'est assez important, parce que
ce n'est pas seulement un nombre de lits.
Depuis 1970, il y a eu et c'est un rapport que j'ai ici de M.
Louis-Philippe Langlois, directeur de l'équipement en $145
millions en projets d'hôpitaux touchant 45 établissements qui ont
été terminés depuis avril 1970, $95 millions dans des
projets touchant 97 établissements du côté du
bien-être.
En projets en voie de construction d'hôpitaux ou de
réaménagement pour $38 millions. Et du côté des
services sociaux, des centres d'accueil, $17 millions en touchant sept qui sont
présentement en voie, et à divers stades de préparation
des plans pour des projets touchant des hôpitaux, il y en a 41 qui
signifieront des immobilisations de l'ordre de $95 millions. Du
côté des centres d'accueil présentement, il y a des projets
touchant 14 établissements pour $20 millions.
M. LAURIN: Les CLSC ne sont pas là-dedans?
M. CASTONGUAY: Oui. Mais il n'y a pas beaucoup... Ce sont des frais
mineurs d'immobilisation de ce côté-là. Je voulais au moins
donner ces chiffres pour montrer qu'il y a eu un effort considérable
malgré tout, même si ça n'a pas porté sur des
additions nombreuses de lits pour traitement actif.
On a eu l'ouverture d'hôpitaux qui étaient
déjà commencés, tel qu'à Thetford, à
Shawini-gan, etc. Et il y a aussi le projet de la ville de Laval, un projet
assez considérable; Asbestos va ouvrir très bientôt et
Saint-Henri, où là on a une combinaison. C'est tout ça qui
se réflète dans les chiffres que je viens de donner ici, qui sont
assez substantiels.
M. BOIVIN: Mais combien de lits a-t-on fermé et combien a-t-on
ouvert?
M. CASTONGUAY: Nous allons demander. Nous avons toutes les
données sur les fermetures avec le Dr Laberge.
M. BOIVIN: Ce n'est peut-être pas à la bonne place.
M. CASTONGUAY: On pourrait, tantôt, au niveau de la planification
de la programmation toucher ces questions. En attendant, on va demander que les
tableaux soient identifiés. Nous pourrions peut-être
poursuivre...
M. LAURIN : On pourrait peut-être en donner une liste tout
simplement.
M. CASTONGUAY: Avec le financement. Pendant ce temps, M. Houde va
identifier à quel endroit on peut trouver ces données.
M. LAURIN: Mais la question que je posais, c'était surtout en
termes de tendance. Est-ce qu'il y avait eu une tendance bien sûr,
cela se reflète toujours au niveau du financement, finalement
à restreindre, quand même, encore durant cette année
l'ouverture de nouveaux services ou l'agrandissement de nouveaux services,
à la lumière des objectifs de financement poursuivis?
M. CASTONGUAY: Les crédits disponibles pour le
développement ne sont pas en effet extrêmement
élevés, si on les compare au total des crédits
consacrés au fonctionnement des services existants. On note, par
exemple, au titre du développement, en 1972, un chiffre et on
parle ici, encore une fois, seulement des 23 établissements en question
d'environ $8 millions pour le développement proprement dit de
services qui ont été inaugurés soit en 1971 et pour
compléter, à ce moment-là, une année
complète, au niveau budgétaire, soit en 1972. Donc, $8 millions
sur une masse totale qui se chiffrait, à cette époque, par
environ $300 millions. Donc, ce n'est pas une somme considérable.
Mais il faut dire que, dans l'année qui a
précédé, ces 23 hôpitaux ont
été aussi le siège, si vous voulez, de l'ouverture de
près de 700 lits. Le coût de ce développement est
reflété dans les chiffres dont je vous ai fait part tantôt,
c'est-à-dire dans les 8 p.c. de développement. Pour 1971, il y
avait une demande de 700 lits nouveaux. En fait, les exemples qui me viennent
à l'esprit, c'est Saint-François-d'Assise, c'est St-Mary's
à Montréal, c'est le CHUL. Il y en a probablement d'autres. Il y
avait, au total, près de 700 lits impliqués.
Maintenant il y a peut-être aussi, si vous me permettez, dans
cette question, un aspect assez important. C'est que, dans le dernier rapport
sur le financement et les ressources dans le domaine hospitalier publié
par Statistique-Canada, nous voyons qu'au Québec, nous sommes au
troisième rang pour le plus bas taux d'occupation des lits, à 76
p.c. Il y a là un aspect assez important. Et c'est dans ce sens,
justement, que le budget glogal peut donner une certaine souplesse aux
administrations, pour mieux utiliser les ressources existantes. Parce
qu'à un moment donné, on peut se demander si, en investissant
davantage dans un type de ressource, on ne se prive pas de ressources
financières qui pourraient faire en sorte qu'on utilise mieux ce qui
existe. Alors, il faut être bien prudent sur ce plan
également.
M. BOIVIN: Au sujet du financement de déficits qui sont faits
à même des emprunts d'obligations par les
établissements...
M. CASTONGUAY: Par les emprunts à long terme, il n'y en a pas,
non, couramment, et il n'y en a pas eu, non plus, en 1972. Il y a cependant des
emprunts autorisés par le ministère pour des fins de
fonctionnement, des emprunts à court terme, de manière que des
dépassements autorisés dans les budgets tels qu'approuvés
ne détériorent pas la situation de liquidité des
établissements en question. Il y a une somme d'environ $26 millions qui
est ainsi autorisée à l'heure actuelle.
M. LAURIN: Mais non pas $4 millions? Vous mentionniez $4 millions, ici,
à la page 5.
M. CASTONGUAY: Non. Il s'agit évidemment, quand on parle de $26
millions, d'un stock, si vous voulez.
M. LAURIN: Pour l'ensemble?
M. CASTONGUAY: Les $4 millions, c'est le déficit pour une
année en particulier. Et l'année est pour les 23 hôpitaux
par rapport aux 250.
M. LAURIN: Mais pour l'ensemble et sur les années
déjà courues, c'est $26 millions.
M. CASTONGUAY: Pour l'ensemble des établissements, non seulement
des établissements de santé mais les établissements de
services sociaux et pour l'ensemble des années, il y a actuellement $26
millions.
M. LAURIN: Justement, je voulais vous demander quelle était la
politique du ministère en ce qui concerne l'autorisation des emprunts,
en ce qui concerne le court terme, le moyen terme, le long terme, le
fonctionnement, l'immobilisation?
M. CASTONGUAY: Pour ce qui est du long terme, c'est la politique
traditionnelle en vertu de laquelle les constructions dont le coût est
assumé par le ministère font l'objet d'émissions
d'obligations à long terme, prévoyant un amortissement en
général sur 40 ans dans tous les cas où les
dépenses de nature capitale impliquées dépassent $1
million. Dans les cas où les coûts sont inférieurs à
$1 million, étant donné les frais afférents à une
émission d'obligations, le paiement est fait par voie d'une subvention
directe à même les crédits budgétaires. Ce sont les
articles 12 et 13, je crois, des crédits.
Pour ce qui est des autres types d'emprunts, il y a, en vertu d'une
directive émise en 1972, trois catégories qui sont
distinguées. Une première catégorie est constituée
par un emprunt à très court terme qui a pour but de permettre
à un établissement de maintenir un fonds de roulement
satisfaisant lorsque des dépenses imprévues ou des
dépenses particulièrement importantes, qui se font une fois par
année ou un petit nombre de fois par année, interviennent, alors
que son financement régulier lui provient du ministère en 26
paiements égaux. Ce sont des emprunts qui doivent être faits pour
un maximum de 90 jours et qui doivent être amortis à même,
justement, ces 26 paiements, par les six paiements égaux qui suivent la
période de l'emprunt. Cette première catégorie n'a pas
à être autorisée par le ministère; elle est
laissée à la discrétion de l'établissement.
Malgré tout, sur ce point, nous avons, à la suite de
discussions avec les institutions bancaires, obtenu au bénéfice
des établissements certains taux plus avantageux que ceux qui avaient
cours jusque-là dans une large mesure. Il y avait, bien sûr, des
exceptions.
Une deuxième catégorie est constituée par des
emprunts autorisés spécifiquement par le ministère pour
financer à court terme des travaux d'immobilisations. Puisque les
émissions d'obligations ne se font qu'une fois que les dépenses
ont été faites, en cours de route, il faut payer
évidemment les professionnels et les entrepreneurs. C'est fait à
même des crédits rotatifs ou des crédits qui sont ouverts
spécifiquement pour ces fins en vertu d'une lettre émise à
la banque à cette fin pour un montant précis.
Enfin, une troisième catégorie, dans le domaine du court
terme, est constituée par des emprunts à court terme de
consolidation de passifs. C'est dans cette catégorie qu'il faut
particulièrement ranger les $26 millions auxquels je faisais allusion
tantôt.
M. GUAY: Maintenant, pourriez-vous nous dire quel est le total des
emprunts?
M. LAURIN: Ou le montant de la dette totale des hôpitaux?
M. GUAY: Ou le montant de la dette totale des hôpitaux; ce serait
peut-être plus simple.
M. CASTONGUAY: Le montant de la dette totale comporte, en premier lieu,
ces $26 millions. Pour ce qui est des emprunts de la toute première
catégorie, qui sont faits par les hôpitaux et à leur
discrétion, c'est une information que nous n'avons pas, puisque nous
n'avons pas à les autoriser. Pour ce qui est de la dette non pas
assumée, mais garantie par le gouvernement, il faudrait qu'un
relevé à jour soit fait. Ordinairement, ces relevés sont
faits à la date de l'année financière; le dernier chiffre
serait donc celui de la fin de mars. Il est probablement aux environs de $600
millions. Ce serait le chiffre approximatif dans le moment, mais je pourrais
vous donner un chiffre plus précis.
Dr Boivin, pour répondre à votre question sur les
fermetures et les ouvertures, voici les chiffres les plus précis qu'on
peut avoir. En 1971, M. Forget a dit qu'il y avait eu 700 lits actifs
d'ouverts. Si on prend, par contre, les fermetures dans la même
année pour les soins de courte durée et de longue durée,
il y en a eu pour 358 lits. Cela donne une idée à peu près
du nombre de lits. On pourra vous donner aussi, demain, l'image globale
simplement du nombre total de lits en 1971 et en 1973. Parce qu'on ne compte
pas, dans les fermetures, les hôpitaux qui remplacent d'anciens
hôpitaux. Par exemple, à Gaspé, où il y a un
hôpital nouveau qui remplace l'ancien hôpital, on ne calcule pas
que l'ancien hôpital, c'est une fermeture.
M. BOIVIN: II peut être utilisé pour les malades
chroniques.
UNE VOIX : Ou pour d'autres fins.
M. CASTONGUAY: L'édifice était inutilisable, on l'a fait
évaluer.
La proportion, en 1971, ce serait à peu près de 700 lits
ouverts et 358 lits pour malades aigus et chroniques fermés.
M. BOIVIN: Sur le marché des obligations, est-ce que le taux se
maintient? Est-ce que le marché des obligations est aussi bon, par
exemple, que dans la province?
M. CASTONGUAY: M. Forget, est-ce que vous pourriez nous donner une
idée du taux?
M. BOIVIN: Est-ce que le taux des obligations se maintient, sur le
marché des obligations, aussi bon que le crédit de la
province?
M. CASTONGUAY: Sur cette question par- ticulière, la
responsabilité est beaucoup moins directe qu'elle ne l'était
jusqu'à maintenant. Toute cette question est maintenant assumée
par le ministère des Finances, c'est-à-dire que la
négociation des emprunts est assumée par le ministère des
Finances qui le fait dans le cadre général...
Moi, j'ai vécu des institutions financières et de
façon normale, les obligations des établissements, qui sont
couverts par subventions du gouvernement du Québec, ont à peu
près la même évolution de taux que celle du gouvernement
lui-même. Les taux ont suivi la même courbe un peu
fléchissante.
Il y a une légère prime en quelque sorte; elle s'est
maintenue jusqu'à récemment assez bien.
M. BOIVIN: Aussi bien que dans l'éducation?
M. CASTONGUAY: Aussi bien qu'en éducation, sauf qu'il faut
exclure les commissions scolaires qui ne sont pas dans le même cas et qui
n'émettent pas d'obligations comme telles et dont les emprunts n'ont pas
tout à fait la même courbe de taux. Pour l'éducation au
niveau financier...
M. BOIVIN: II a été un temps que le taux même
était meilleur que celui de la province.
M. CASTONGUAY: Oui, mais c'étaient des accidents de parcours, des
petites variations en haut et en dessous qui dépendaient pour beaucoup
des époques où certains groupes, comme les groupes de fonds de
pension et tout ça, avaient des avoirs liquides et la demande devenait
plus forte.
M. BOIVIN: La vente se faisait mieux pour les hôpitaux; ils
avaient plus confiance encore aux hôpitaux?
M. CASTONGUAY: Je ne pense pas que ce soit une question de confiance; je
pense vraiment que c'est une question de disponibilité par rapport
à l'offre et à la demande sur un marché donné.
M. LAURIN: Est-ce que vous êtes en mesure de vous rendre compte
des procédures d'achat des hôpitaux, des institutions, des
établissements? Et est-ce que vous êtes en mesure également
d'exercer un certain contrôle sur ces procédures d'achat, par
exemple, en ce qui concerne, contrat sur invitation ou sans soumission ou avec
soumission? Est-ce qu'un effort a été fait pour réduire si
possible les coûts dans ce domaine?
M. CASTONGUAY: Dans le domaine des approvisionnements courants.
Les règlements de la loi sur les services de santé et les
services sociaux traitent de façon fort explicite des exigences d'appels
d'offres dans le cas des approvisionnements. Une révi-
sion récente des règlements de l'assurance-hospitalisation
supprime la nécessité d'un contrôle ad hoc sur chacun des
contrats, comme c'était le cas anciennement, dépassant $5,000 ou
pour une durée supérieure à un an. Ce qui veut dire qu'on
s'en réfère maintenant à la discrétion des
établissements dans le cadre cependant des obligations que leur fixent
les règlements â ce sujet. Il appartiendra aux
vérificateurs externes des établissements de relever les
dérogations possibles qui peuvent se glisser dans l'observation des
règlements puisque la constatation du respect des règlements fait
partie désormais de leur mandat de vérification. Donc,
spécifiquement, la réponse est non, puisqu'il s'agit d'une
question qui relève des établissements d'affaires sociales.
M. LAURIN: On me signalait récemment un exemple d'une institution
qui s'approvisionnait en lait à trois sources différentes. En
somme, le même produit était livré par trois maisons
à des coûts divers. Je sais bien que c'est très minime,
mais comme symptôme d'une maladie qui pourrait être plus
générale, je me demandais s'il y avait moyen pour votre service
de suivre ça d'un peu plus près et d'amener des correctifs
nécessaires, parce que multiplié par le nombre
d'établissements et de produits en cause, ça peut signifier,
à la longue, des économies apppréciables.
M. CASTONGUAY: M. Forget, est-ce que, sur cette question, vous pourriez
m'expliquer le travail d'analyse que vous faites par centre d'activités
et aussi pour pouvoir identifier des variations dans les coûts? En
même temps que nous visons à une décentralisation, il y a
toujours la tendance inverse qui pourrait nous faire revenir vers une plus
grande centralisation.
Alors, il y a cette technique d'analyse qui a été
développée pour essayer d'identifier des endroits comme
ceux-là.
Il ne faut pas oublier que les nouveaux règlements de la loi sont
en vigueur depuis le 1er janvier, qu'on a fait des sessions d'information, que
l'AHPQ en a fait, que les gens sont beaucoup pris dans le processus des
élections pour le mois de juin et dans différents
problèmes et que l'information sur la mise en place des
règlements doit se poursuivre. Le docteur Laberge, qui est responsable
de l'agrément, se propose, à l'automne on s'est entendu
pour retarder à l'automne d'avoir un questionnaire qui va
contrôler jusqu'à quel point les règlements ont
été appliqués dans les hôpitaux. Le questionnaire
est prêt et on se propose, au cours de l'automne, septembre, octobre,
novembre, de le "circulariser", de le donner, par exemple, aux responsables de
l'agrément qui vont dans les établissements et que ce document
soit rempli, qu'il nous permette de juger en bonne partie de l'application des
règlements. Et ça nous apparaît peut-être une des
façons, à part celle du financement.
On connaît, par exemple le docteur Laberge me rapportait
des exemples très typiques l'achat de la viande. On vient livrer
la viande et on ne contrôle pas le poids. On commande 150 livres de
viande et, si vous la pesez, et on l'a fait, on s'aperçoit qu'il y a 95
livres de viande à toutes fins pratiques, avec ce que ça peut
représenter. Une analyse financière ne peut permettre de
déceler ces anomalies. Alors, le docteur Laberge, par l'agrément,
effectue des contrôles à ce niveau-là. Je pense que ces
processus de contrôle externe, par une autre direction, vont apporter une
solution partielle, en plus des contrôles financiers qui existent. On
sait qu'il y a des abus, il en existe. On pense qu'encore là, ce n'est
pas la majorité et que la plupart des administrations sont saines. Ces
choses-là seront contrôlées progressivement par
l'application des règlements, par des contrôles sur place et par
des contrôles financiers.
M. BOIVIN : Vous nous dites qu'au-dessus de $5,000, par
règlement, vous exigez des soumissions. Aux affaires municipales, c'est
$10,000.
M. CASTONGUAY: Ma référence aux $5,000 était par
rapport aux anciennes exigences des règlements de
l'assurance-hospitalisation qui exigeaient que le ministère approuve
spécifiquement tout contrat, autre qu'un contrat de travail, impliquant
une somme de plus de $5,000. Cette exigence-là est supprimée,
mais elle est remplacée par une exigence plus générale,
quant aux procédures ou aux modalités, par laquelle on fait
l'adjudication d'un contrat d'approvisionnement, c'est-à-dire la
procédure d'appel d'offres concurrentiel. Pour revenir à ce que
M. Castonguay mentionnait, il y a bien sûr plusieurs possibilités,
au niveau d'une analyse des coûts des établissements, pour faire
ressortir, non pas sans doute les causes comme, par exemple, les
procédures d'achats déficientes, mais au moins les manifestations
extérieures, si l'on peut dire, d'une gestion déficiente à
ce niveau.
Nous avons tenté, depuis l'instauration du budget global, de
définir de façon aussi rigoureuse que possible, des centres de
coûts ou, si vous voulez, des centres d'activités, d'en
spécifier le contenu et de spécifier, pour chacun d'eux, une
unité de mesure ou de volume de l'activité qui s'y exerce de
façon à pouvoir obtenir des coûts unitaires dont les
variations extrêmes pour certains établissements nous
préviennent de la présence de phénomènes qui
méritent une explication plus en profondeur. Le but de ceci est de nous
permettre de concentrer nos énergies, si vous voulez, au niveau du
ministère, sur les situations aberrantes ou sur les situations
difficiles et de sélectionner en quelque sorte le travail en fonction de
la gravité des problèmes plutôt que,
précisément, comme l'exigeaient les règlements
antérieurs, en nous faisant soumettre individuellement chacune des
décisions.
C'est donc un processus plus sélectif, encore que ce soit une
technique qui doive s'élaborer sur plus d'une année puisque la
définition des centres d'activités impose une certaine
standardisation non pas au niveau du fonctionnement, mais au moins au niveau de
la comptabilité pour être bien certain que les coûts sont
représentés de façon homogène dans tous les
établissements. Donc, c'est un processus de familiarisation du personnel
impliqué qui, nécessairement, prend du temps. Cependant,
dès maintenant, nous avons pu établir, par un calcul
systématique des coûts unitaires, des situations qui appellent des
corrections et sur lesquelles nous avons parfois attiré l'attention des
conseils d'administration.
Dans tous les domaines, puisqu'il y a un très grand nombre de
centres d'activités ainsi définis, il y en a effectivement de 75
à 80, soixante-dix-huit était le dernier chiffre, je ne sais pas
si on en a ajouté depuis, qui épuisent en quelque sorte le
contenu au point de vue des activités et aussi au point de vue du
coût des établissements.
Alors, on a trouvé des situations assez problématiques du
côté, par exemple, du fonctionnement des pharmacies,
l'établissement de coûts extrêmement élevés,
extrêmement variables au niveau des services alimentaires, au niveau du
"nursing", enfin dans tous les grands centres d'activités au niveau de
l'entretien et du fonctionnement des installations matérielles, au
niveau de l'entretien ménager; enfin, il n'y a presque pas de domaine
où l'on ne remarque pas des variations pour certains
établissements qui méritent une explication, explication qui a eu
lieu dans des rencontres systématiques avec les conseils
d'administration qui étaient saisis pour la première fois d'un
problème comme celui-là, c'est-à-dire de leur position
relative.
M. LAURIN: ... institution...
M. CASTONGUAY: En quelque sorte, oui. Et la réaction des conseils
d'administration et des administrateurs d'établissement est
extrêmement positive à ce type d'information dont ils ne
disposaient pas jusqu'ici. Ils ont certainement accordé leur
collaboration à cet effort de façon que pour l'année 1972,
ils se sont engagés à réaliser et ont effectivement
réalisé des économies par rapport au coût de
fonctionnement normal entre $4 millions et $5 millions. Pour 1973, ils se sont
engagés à des économies de l'ordre de $7 millions. C'est
beaucoup et peu. C'est beaucoup en termes absolus et c'est peu en termes
relatifs. D faut dire cependant...
M. LAURIN: C'est beaucoup en termes de promesses.
M. CASTONGUAY: C'est beaucoup en termes de promesses, mais il faut dire
que ce sont des promesses écrites, n'est-ce pas, ce sont des engagements
qui ne sont pas assortis de sanc- tion autre qu'une certaine perte de face pour
celui qui se fait fort de réaliser un objectif et qui échouerait
dans sa promesse.
M. LAURIN: Cela m'amène à l'autre question que je voulais
vous poser. Un certain nombre d'établissements ont pris l'habitude de se
départir de certains services techniques qu'ils assumaient, comme la
buanderie et autres, pour les confier à des services externes sous forme
de contrats, d'une part, et de l'autre, non seulement une institution peut
avoir choisi de le faire, mais plusieurs groupes d'institutions peuvent avoir
décidé en même temps de le faire afin d'avoir de meilleures
conditions soit pour l'achat d'équipement, de fournitures ou même
de services. Est-ce que cette tendance s'est continuée cette
année? Est-elle favorisée par le ministère?
M. CASTONGUAY: Bien, je laisserais peut-être mon collègue
de la programmation répondre à cette question puisque c'est une
activité de regroupement de services qui fait plutôt l'objet de
ses préoccupations. Je sais, sans préjdudice à ce qu'il
peut dire plus en détail sur les projets qui sont à
l'étude, qu'à l'heure actuelle peu de choses se sont
réalisées à l'exception, par exemple, de la buanderie
communautaire dans la région de Québec et, évidemment, une
autre activité qui est depuis longtemps regroupée d'une certaine
façon, c'est-à-dire l'activité de l'informatique ou
traitement de la paie et certaines autres activités d'informatique dans
certains établissements sur une base plus ou moins régionale. Il
y a évidemment d'autres projets dont...
M. LAURIN : Au point de vue biologique, les pansements, la garde...
M. CASTONGUAY: II y a les achats regroupés par le biais de
l'Association des hôpitaux. Ce programme suit son cours d'après
les renseignements que nous recevons de l'Association des hôpitaux de
temps à autre. C'est une activité qui se continue.
M. LAURIN: En somme votre analyse, dont vous parliez tout à
l'heure, de coûts unitaires ne tient pas compte encore de ces nouvelles
méthodes, de ces nouvelles orientations.
M. CASTONGUAY: Non, elle n'en tient pas compte et elle n'en tiendra pas
compte sauf que dans la mesure où ces méthodes-là
réussissent à atteindre leur objectif de réduire les
coûts d'approvisionnement de certaines fournitures, bien sûr, le
coût unitaire diminuera non seulement pour ces
établissements-là en particulier, mais il est probable que le
coût modal ou le coût moyen, si l'on veut, de l'ensemble des
établissements diminuera aussi, ce qui veut dire que le point de
référence pour tous les autres sera d'autant plus strict.
Mais encore, on forme beaucoup d'espoir sur des formules de
regroupement. Il faut peut-être dire que ça affecte aussi les
ressources administratives du milieu et des expériences de regroupement
de services, dans le fond, n'ont pas de justification autre que celle de
l'efficacité, et l'efficacité n'est pas facile à
atteindre, comme certaines expériences de regroupement nous l'indiquent,
parce qu'avec la taille de ces histoires, grossissent aussi les
problèmes de gestion auxquels ils ont à faire face.
M. LAURIN: Etant donné l'implication financière de la
question que j'ai posée, est-ce qu'on pourrait demander au directeur de
la programmation de répondre à cette question-là pour le
moment?
M. CASTONGUAY: M. le Président, tantôt, mon
prédécesseur disait qu'il était assis dans la chaise du
directeur des relations professionnelles depuis à peu près quatre
semaines; moi-même, je viens de m'asseoir dans celle du directeur de la
programmation. Alors, j'ai des collègues, directeurs des services de
l'équipement et des systèmes de gestion, et je me permettrai, si
vous voulez, de leur passer la parole pour apporter une réponse plus
précise à la question posée par le Dr Laurin.
En fait, de façon générale je pense que M.
Piché va donner des précisions nos efforts, au cours de la
dernière année, ont surtout porté, en ce qui concerne les
efforts du ministère, à évaluer l'efficacité des
efforts de regroupement qui avaient été faits
antérieurement. Exemple, la buanderie communautaire. Avant de se lancer
dans des répétitions de la même expérience, il y a
eu des efforts importants pour évaluer l'efficacité de gestion et
des coûts de celle de Québec, par exemple, qui fonctionne assez
bien, pour pouvoir juger de la situation.
En ce qui concerne, par exemple, l'informatique, on en a, à
toutes fins pratiques, gelé le développement, pour évaluer
l'impact. Actuellement, on est arrivé à la conclusion que le
système de paye personnelle ne pourrait être fait que s'il
était organisé sur une base efficace de gestion et être
rentable, mais que toutes les autres expériences diverses d'un centre
d'informatique à l'autre sont à un coût extrêmement
élevé. On a mis un gel sur tout nouveau projet, tant que le
comité d'expertise sur l'informatique du ministère, en relation
avec les centres d'informatique du réseau, ne serait pas arrivé
à des conclusions très spécifiques et à un plan
d'ensemble.
D me semble qu'il ne s'agit pas d'avoir X centres d'informatique, mais
d'avoir un réseau d'informatique à des fins spécifiques de
gestion, de recherche ou de toute autre nature. Alors, je pense que c'est ce
qui s'est passé dans tous les efforts de regroupement, à
l'exception peut-être du regroupement des achats qui s'est fait,
particulièrement, par l'intermédiaire de l'Association des
hôpitaux qui a continué ses efforts dans ce sens-là.
Peut-être que M. Piché pourrait donner certains
renseignements plus précis. Pour ce qui a trait aux achats, on a
justement entrepris une étude, en coopération avec l'AHPQ afin
d'explorer la possibilité, dans certaines régions, où son
système fonctionne, d'intégrer à son système les
autres établissements du ministère des Affaires sociales qui ne
sont pas des hôpitaux.
Alors, évidemment, cette étude qui a
démarré, à toutes fins utiles, depuis environ trois mois,
en coopération avec l'AHPQ, ne verra pas son aboutissement, au plan de
l'avant-projet, beaucoup avant le mois d'octobre, et je pense bien qu'au cours
du mois de décembre, pour l'ensemble des régions du
Québec, on devrait avoir des éléments d'une politique
d'achats en commun pour diverses régions du Québec, et puis
également les éléments, au moins les composantes
principales, d'un système qui pourrait être étendu à
l'ensemble de la province de Québec, pour ce qui a trait à
l'achat en commun, probablement au cours de l'année 1974. Cela pourrait
être assorti d'un projet bien concret de fonctionnement où on
décrirait le fonctionnement du système d'achat en commun avec les
règles du jeu et tout ça.
Enfin, ce sont des voeux à l'heure actuelle, parce qu'on est
à la phase de l'inventaire, de la possibilité dans chaque
région. Pour ce qui a trait aux buanderies communautaires, comme le
mentionnait le sous-ministre, on s'appuie sur une expérience très
concluante dans la région de Québec.
Avant d'aller plus loin, on analyse justement ces extras là. Dans
la région de Québec, des gestes ont été
posés il y a environ quatre ou cinq ans et ils nous apparaissent
positifs. Le coût à la livre est passé de $0.21, je pense,
à $0.11, en partant de 1966. La buanderie communautaire de
Québec, selon les données que nous avons, est
sous-utilisée; elle pourrait prendre un volume encore plus grand avec
les mêmes effectifs et le même équipement. On va explorer,
évidemment, à partir de la fin mai, la possibilité de
rentabiliser davantage la buanderie communautaire de Québec. De
là à déborder dans les autres régions pour voir ce
que ça pourrait donner, évidemment ce seront des études
régionales.
M. LAURIN: Malgré qu'on soit encore assez peu avancé, je
suis bien d'accord sur votre prudence. Peut-on quand même dire que
l'orientation est vers l'extension, une double extension, en ce qui concerne le
nombre d'établissements regroupés, d'une part, et
deuxièmement les éléments couverts par la politique
d'achat? C'est-à-dire que ce soit en produits alimentaires, biologiques,
pharmaceutiques et ainsi de suite. Est-ce que ça tvous parait assez
concluant ce qui a été acquis jusqu'ici, pour qu'on puisse penser
que c'est la voie de l'efficacité?
M. CASTONGUAY: Cela nous parait à l'heure actuelle fort
intéressant au plan économique,
de procéder à des achats en commun. Maintenant, il faudra
y aller également avec beaucoup de prudence parce que dans les
régions évidemment, on insiste beaucoup pour que les fournisseurs
soient préférablement choisis dans une région
donnée. Moi, je pense que c'est tout à fait valable, dans la
mesure où ça se défend au plan économique. Il y a
toutes sortes de contingences, de contraintes comme celles-là, dont il
faudra tenir compte de sorte que j'ai bien l'impression qu'au plan des
modalités, d'une région à l'autre, même si le
système était appliqué d'une façon
générale, avec les mêmes politiques, les mêmes
procédures, dépendant enfin du milieu, ça pourrait donner
peut-être des résultats différents.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Comme il passe six heures, la
commission suspend ses travaux à vingt heures.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 15
M. HOUDE (Limoilou, président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs.
M. LAURIN: J'ai deux autres questions à poser, M. le
Président. Maintenant que le budget global est étendu à
tous les hôpitaux, est-ce que le directeur du financement pourrait nous
évaluer quels avantages, en gros, et quels inconvénients
possibles aussi, en gros, sont apparus? Et quelle est l'interprétation
qu'il peut donner de l'expérience?
M. CASTONGUAY: A part ceux déjà soulignés sur un
plan de liquidité ou de financement plus étroitement
défini, les avantages sont ceux mêmes de la
décentralisation que ce régime de financement permet, puisqu'il
permet les arbitrages à l'intérieur de l'enveloppe
budgétaire, par l'administration de chaque établissement. On
pourrait épiloguer longuement sur les avantages de la
décentralisation par rapport à la centralisation, mais je pense
qu'il n'y a pas d'autre justification qu'on puisse donner de cette option,
à la fois sur le plan de la gestion et sur le plan presque
philosophique, à savoir qui décide ou qui détient le
pouvoir sur des affectations de ressources détaillées.
Les inconvénients sont ceux aussi de la décentralisation,
puisqu'on peut, au moment où un tel régime existe, chercher en
vain les leviers d'un contrôle détaillé par le
ministère, sur certaines décisions particulières entre des
activités concurrentes, au sein d'un même établissement.
Jusqu'à un certain point, le contrôle donc est diminué. Il
ne faut cependant pas que la perte de contrôle aille jusqu'au point que
les affectations de crédits qui sont décidées par
l'Assemblée nationale ne soient pas respectées. Le dilemme qui
est posé par une ventilation des crédits budgétaires, par
exemple cette année, en fonction d'un budget-programmes et une
méthode de financement global des établissements est une question
qui a fait l'objet de plusieurs discussions, à la fois au
ministère et en collaboration avec le Conseil du trésor. La
résolution de ce dilemme pose plusieurs problèmes presque
fondamentaux, puisque le PPBS, ou le budget-programmes, constitue un effort
pour définir des activités par leurs résultats,
plutôt que par les ressources qui sont utilisées pour obtenir ces
résultats, alors que tout effort pour ventiler les budgets de
façon détaillée, traditionnellement et c'est
peut-être la seule façon que l'on connaisse repose, au
contraire, sur les ressources plutôt que sur les résultats. Donc,
il faut inventer au niveau des établissements une nouvelle façon
de diviser cette masse globale que constitue le budget actuellement, dans des
sous-enveloppes significatives, dans les termes mêmes où ces choix
sont posés par l'Assemblée nationale, par la ventilation des
crédits.
Nous avons bon espoir que, durant l'année
en cours, nous allons découvrir les moyens de faire ce
raccordement, mais cela pose des questions techniques extrêmement
difficiles, qui ont demandé un effort considérable jusqu'à
maintenant, simplement pour bien les comprendre, esquisser leur solution. Et
à supposer même qu'on puisse développer une solution
convenable au plan des concepts, au plan des idées, il faut entrevoir
une période de plusieurs mois et peut-être de quelques
années pour une application absolument satisfaisante. Cela pourra
d'ailleurs fournir l'occasion d'un développement et d'une simplification
du système administratif et du système financier avec lesquels
doivent vivre les établissements.
On nous disait récemment c'est une chose qu'on est
peut-être porté à oublier quand on est au ministère
qu'un établissement hospitalier doit préparer annuellement
pas moins de 125 documents financiers distincts, soit pour satisfaire à
nos propres exigences, soit pour satisfaire aux exigences du gouvernement
fédéral, y compris le Bureau fédéral de la
statistique, soit pour satisfaire à différentes exigences qu'il
se fixe lui-même, bien sûr, et qui sont également
inévitables.
Donc, il y a un besoin de coordonner tout cela et de diminuer le fardeau
que cela représente. Je crois que le travail accompli jusqu'à
maintenant donne des espoirs qu'on pourra réussir à
alléger le fardeau et en même temps à respecter les
arbitrages, les allocations de ressources faites par l'Assemblée
nationale jusqu'au niveau de l'établissement et non seulement dans les
décisions prises par le ministère, et ceci de façon
significative.
M. LAURIN: Est-ce que l'introduction dans le tableau d'un palier
intermédiaire, tel que celui du CRSS, va compliquer ou faciliter votre
tâche, telle que vous venez de la décrire?
M. CASTONGUAY: Cela demeure à déterminer selon le
rôle que viendront assumer les conseils régionaux dans la
surveillance des activités des établissements et dans les
modalités de l'intervention du ministère auprès
de-l'établissement. Jusqu'à maintenant, évidemment, c'est
une expérience trop nouvelle pour que l'on puisse tirer des conclusions
et même l'inspection des termes de la loi ne nous avance pas beaucoup
plus, si ce n'est qu'on laisse entrevoir que certaines activités peuvent
être déléguées par le ministre aux conseils
régionaux. Il restera à voir, au cours des mois à venir,
jusqu'à quel point certaines activités de financement ou de
contrôle financier peuvent être déléguées de
cette façon.
M. LAURIN: Vous en tenez compte dans vos discussions, mais vos
décisions ne sont pas arrêtées dans un sens ou dans
l'autre.
M. CASTONGUAY: Exactement.
M. LAURIN: J'avais posé une question, l'an dernier, en ce qui
concerne le budget global, à l'effet que cette nouvelle technique
pouvait s'avérer à l'avantage du plus grand nombre des
institutions, mais pouvait peut-être en pénaliser certaines autres
dont la vitesse de croisière n'avait pas été atteinte.
Est-ce qu'au cours de l'année, vous avez pu vous rendre compte que, pour
certaines institutions, tel pouvait être le cas et, si oui, quelles
mesures ont pu être prises pour corriger cet inconvénient?
M. CASTONGUAY : Je crois qu'il importe de distinguer entre une technique
d'analyse budgétaire et une technique de financement et les
décisions qui doivent l'accompagner et qui nécessairement la
sous-tendent. Que l'on finance des établissements par voie de budget
global ou par voie de budget ligne par ligne, il y aura évidemment
toujours des décisions qui se greffent à ces budgets et qui les
expliquent. A cet égard, le budget global n'est pas du tout
différent de toute autre espèce de budget. Tous les
développements de ressources doivent être approuvés en
eux-mêmes et ne peuvent évidemment pas l'être par la voie de
la formule de financement, du moins pas celle que l'on utilise dans le moment
puisqu'elle ne pourrait...
M. LAURIN: L'action a pu se faire par le biais de la programmation
ou...
M. CASTONGUAY: Précisément.
M. LAURIN: ... par la discussion avec d'autres directions
générales.
M. CASTONGUAY: C'est la voie normale que ces ajustements
prendraient.
M. LAURIN: L'an dernier, vous nous aviez parlé d'un nouveau
service de planification financière. Est-ce qu'au cours de
l'année la mise en vigueur effective de ce service a pu être faite
et est-ce que déjà vous pouvez en voir certains
résultats?
M. CASTONGUAY: Sans aucun doute. Le service a fonctionné pendant
toute l'année. Il a rendu des services fort appréciables,
particulièrement dans le domaine du développement des outils
d'analyse des budgets, particulièrement l'analyse des centres
d'activité, le développement, par exemple, du calcul des modes,
l'étude des variations, en ce sens que c'est tout un travail technique
qui a pour but de donner, aux représentants financiers ou à ceux
qui s'occupent effectivement des relations financières avec les
établissements, des outils de travail. En fait, ce travail s'est
poursuivi durant toute l'année.
Il porte maintenant sur des aspects un peu plus sophistiqués si
on veut, c'est-à-dire l'impact des activités de haute
spécialisation sur les budgets des établissements. On essaie de
déterminer certains coefficients qui permettent de mieux saisir les
raisons de certaines variations. Il
en est de même des coûts de l'enseignement clinique
où un travail se poursuit. En parallèle avec cela, se poursuivent
des études particulières auxquelles l'organe d'information du
ministère, à l'occasion, fait écho. Je pense par exemple
à une étude sur les services de tuberculose. Il y en a qui sont
en cours également sur un tas d'autres sujets en passant par les
buanderies communautaires jusqu'à la prévention du suicide.
Enfin, il y a toutes sortes d'études particulières qui sont
à différents stades d'élaboration.
Il faudrait peut-être dire aussi que devant l'expérience
accumulée, même si elle est brève, par la direction de la
planification financière, nous avons réorganisé aussi, de
façon modeste peut-être par rapport à la
réorganisation d'ensemble du ministère, le fonctionnement du
financement de façon à confier à la direction de la
planification financière deux activités qui se situaient
ailleurs. Il y a le groupe qui participe à l'analyse des coûts des
centres d'activités, non pas cette fois à développer des
instruments de travail mais à faire essentiellement un travail
d'ensemble. Il y a un groupe qui fait porter son attention sur deux ou trois
centres d'activité et qui va développer de façon plus
significative l'an prochain cette activité, puisque cela a
apporté largement jusqu'à maintenant à la
préparation d'un plan de travail, de questionnaires, etc.
Il y a aussi le service des données financières qui a
été rattaché à la planification financière,
de façon que ça constitue maintenant une direction qui a des
activités cohérentes, mais malgré tout, assez
polyvalentes, dans le domaine des études, de l'analyse et de
l'accumulation des données.
M. LAURIN: Est-ce que vous prévoyez augmenter les effectifs ou
les travaux dans cette division?
M. CASTONGUAY: En général, pas beaucoup, sauf dans le
domaine de l'analyse des coûts où le recrutement est
extrêmement difficile; largement parce que nos espoirs de ce
côté sont extrêmement élevés, peut-être
par rapport au marché de la main-d'oeuvre très
spécialisée qui est nécessaire dans ce secteur. Donc, il
faut user de beaucoup de patience et se résoudre peut-être
à former, avec le temps, ce personnel; ce qui prend évidemment
beaucoup de temps et qui nous oblige à procéder beaucoup plus
lentement.
M. LAURIN: Est-ce que vous vous rappelez brièvement les
conclusions de l'étude que vous avez menée sur les coûts de
l'enseignement clinique?
M. CASTONGUAY: Malheureusement, on n'en est pas venu encore à des
conclusions. Ce que nous avons fait à ce jour a consisté à
comparer les méthodes suggérées par différents
organismes pour faire ressortir ces coûts. Il y a plusieurs études
qui ont été faites, soit ad hoc, l'une par le Centre hospitalier
de l'Université de Sherbrooke, l'autre par le Centre hospitalier de
l'université Laval, qui sont évidemment doux centres où
l'incidence de ces coûts est particulièrement remarquable et qui
s'étaient employés à développer des méthodes
qui étaient différentes. Nous avons comparé et nous avons
essayé d'en voir les mérites relatifs. Nous nous sommes aussi
inspirés d'expériences faites ailleurs, notamment des
études faites par la Conférence canadienne des écoles de
médecine je ne me souviens pas le titre français de ce
groupe et d'études analogues par un groupe de la
Colombie-Britannique. Actuellement, nous en sommes à la comparaison des
méthodologies. Il semble, malgré tout, que l'impact des
activités d'enseignement sur les hôpitaux soit peu sensible au
niveau des coûts unitaires, contrairement à une croyance assez
répandue, mais qu'il est pratiquement remarquable en ce qui a trait
à la prolongation des durées de séjour dans les
hôpitaux d'enseignement, donc ce qui n'affecte pas directement les
coûts unitaires.
M. LAURIN: Une dernière question. Je remarque qu'au cours de
l'année 1972, vous avez dépensé $1.1 million de plus que
prévu pour une ouverture non autorisée de lits.
Comment expliquer que ceci apparaisse, pour la première fois
semble-t-il, au cours d'une année budgétaire, 1972, alors que
cela n'apparaissait pas auparavant? Est-ce que c'est en raison des frustrations
des institutions locales, face à la politique du ministère?
Deuxièmement, comment a-t-on pu en arriver à cette
dépense, sans que le ministère s'en rende compte plus tôt,
assez tôt pour corriger la situation?
C'est l'ouverture non autorisée de lits.
M. CASTONGUAY: Je n'irai pas jusqu'à affirmer que c'est un fait
sans précédent. C'est peut-être un fait auquel nous avons
été particulièrement sensibles parce qu'il était
d'ordre considérable et je ne dirai pas non plus qu'on ne s'en est pas
aperçu avant la fin de l'année. Il reste que cette
opération était lancée et ne s'arrêtait pas aussi
facilement que ça. Donc, il y a eu cet écart entre les
autorisations et la réalité durant l'ensemble de
l'année.
M. LAURIN : Ou est-ce qu'il peut s'agir d'un malentendu?
M. CASTONGUAY: Je laisserai à toutes les parties en cause le soin
d'interpréter ce qui s'est passé, mais il nous semblait, quant
à nous, être assez clair qu'il s'agissait d'une ouverture non
autorisée.
Là-dessus, je pense que c'est bon d'insister. Il y avait
certaines habitudes du milieu, que ce soit pour l'ouverture de lits, pour
l'achat de certains équipements, de les acheter puis de
faire approuver par la suite. Cela faisait partie, je pense bien, des
budgets déficitaires à la fin de l'année, de la
différence entre le budget réel et le budget autorisé et
à ce moment, le ministère ne réussissait jamais à
attraper le recul. Je pense que c'est l'introduction du budget global et de la
responsabilité de l'établissement dans ses choix qui ont fait
apparaître de façon plus aiguë, à un certain moment,
une explication nécessaire pour justifier un budget global
dépassant le budget global autorisé et accepté par
l'institution. Cela a mis fin, à toutes fins pratiques, à cette
habitude on a l'impression que cela achève d'ouvertures de
lits non autorisées ou encore d'achat d'équipement non
autorisé. Cela nous parait fondamental-, tout autant on est d'accord
pour que les établissements prennent leurs responsabilités, tout
autant on est d'accord qu'ils les prennent à l'intérieur de
masses monétaires disponibles et non pas de choisir dans des masses
monétaires qui ne sont pas disponibles.
M. LAURIN: Cela a été un exemple caveat emptor.
M. CASTONGUAY: C'est très impressionnant, semble-t-il; j'en ai
entendu parler en dehors du ministère et vous aussi. Vous êtes
même allé, semble-t-il.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a d'autres points sur lesquels nous ne vous
avons pas posé de questions mais sur lesquels vous aimeriez
épilo-guer?
M. CASTONGUAY: Non, sauf peut-être pour attirer votre attention
très brièvement sur un autre aspect d'une réorganisation
qui a consisté à répartir les responsabilités au
sein de la direction d'analyse et de contrôle budgétaire, en
fonction pour une large part de la distinction entre les différentes
catégories d'établissements et les différents
crédits que le ministère administre vis-à-vis du secteur
parapublic, de façon à avoir une harmonie aussi parfaite que
possible entre la ventilation des crédits budgétaires et les
responsabilités administratives au sein de cette direction. C'est la fin
et la concrétisation de la refonte des crédits selon un nouveau
modèle qui nous a permis aussi de mettre un dernier point, si vous
voulez, à l'organisation administrative de la direction d'analyse des
budgets. Ce qui nous permettra, nous l'espérons, d'améliorer
encore le contrôle budgétaire en déterminant très
clairement un centre de responsabilité pour chaque crédit, et
peut-être de vous fournir encore des informations plus complètes
à pareille date, l'an prochain, en permettant justement un suivi
beaucoup plus poussé.
Moi, je voudrais peut-être épiloguer sur un point. M.
Forget a parlé de la planification financière.
Seulement pour illustrer le genre de travaux qu'elle fait, qui sont des
travaux très préliminai- res, peut-être simplement... on
nous parle souvent des listes d'attente, pour donner un exemple. On a deux
types d'analyse: une qui nous vient de la planification financière, une
étude de l'occupation des lits dans un certain nombre d'hôpitaux
de Montréal, et une autre qui nous vient de la direction de la
planification, étude que nous avons amorcée sur l'occupation des
lits et qui a été faite tout d'abord à Québec parce
qu'on nous dit qu'il y a des listes d'attente extraordinaires,
épouvantables, etc.
Ces deux études-là vont un peu dans le même sens,
avec des données de départ complètement
différentes. Celle de la direction de la planification démontre
que, dans trois hôpitaux, où on a fait une étude des listes
d'attente existantes, on s'est rendu compte qu'en moyenne, par exemple, pour
les urgences, tous les gens qui étaient sur la liste d'attente
d'urgence, en fait, dans trois hôpitaux de la région de
Québec, étaient admis dans les cinq ou six jours qui suivaient
leur demande. Pour les demandes électives, la moyenne, ou enfin, 60 p.c.
ou 70 p.c. des gens étaient admis dans les 30 jours suivant la demande,
ce qui démontre tout de même une mobilité assez grande. 90
p.c. des patients attendaient moins de trois mois pour être
hospitalisés et la médiane du nombre de jours d'attente se situe
entre 20 et 30 jours. Voilà pour trois hôpitaux de
Québec.
Par ailleurs, du côté de la planification financière
ce sont des outils qu'on commence à avoir, comme disait M. Forget
on a étudié, dans la région de Montréal,
l'occupation des lits comparée à 71/72 et on aura 1973 dans le
temps. On a de gros hôpitaux de Montréal, on peut les nommer
peut-être. En 1971, par exemple, le pourcentage d'occupation est de 80.5
p.c; en 1972, 71.7 p.c, à Fleury. A l'Hôtel-Dieu de
Montréal, 79.5 p.c, 77.6 p.c. A Jean-Talon, 78.6 p.c. 69.5 p.c. A Jewish
General, 81.8 p.c, 84.5 p.c. A Général LaSalle, 74 p.c. 67 p.c. A
Maisonneuve-Rosemont, 80.2 p.c. 64 p.c. Toutes ces choses ne sont pas
analysées en détail, il peut y avoir, à chaque endroit,
des raisons spécifiques, des modifications, des constructions ou des
raisons comme des grèves qui motivent... Il reste que l'année
1972 a été moins pire pour les grèves.
Il y a tout de même une tendance qui est révélatrice
d'une moyenne, c'est que, pour tous ces hôpitaux, le pourcentage
d'occupation en 71/72 a baissé. Je pense que c'est significatif. Pour un
cas particulier, je ne pense pas qu'on puisse dire que cela a une signification
mais, pour l'ensemble, on voit des hôpitaux, Lachine par exemple, qui
passent de 70 p.c. à 63 p.c; ce sont des moyennes d'occupation et c'est
tout de même très bon. Souvent, les mêmes hôpitaux qui
sont ici viennent nous demander des augmentations de lits en prétendant
qu'il y a des listes d'attente et qu'ils ont tant de cas de ci et de ça.
Je pense que de plus en plus nous aurons des instruments pour être
capables de justifier des décisions.
M. LAURIN: On ne peut pas s'empêcher de conclure que c'est
dû à des obstacles internes, à ce moment-là, qui
restent à identifier.
M. CASTONGUAY: Par rapport à une demande qui diminue pour
l'hospitalisation, par rapport à des services externes. Par ailleurs,
nos budgets, l'occupation des cliniques externes, l'occupation des centres
d'urgence augmente, la demande des médecins en externe augmente et, de
plus en plus, les gens veulent être suivis en externe comme, d'ailleurs,
ils en prennent l'habitude. S'ils vont aux Etats-Unis dans les grandes
cliniques, ils ne sont pas hospitalisés sans raison, ils ne sont pas
hospitalisés et ils exigent de plus en plus de ne pas être
hospitalisés quatre jours d'avance pour une opération qui
pourrait être faite le lendemain de leur admission.
On a aussi des analyses qui montrent qu'à certains hôpitaux
vous entrez le soir et vous êtes opéré le lendemain matin,
parce que vos examens ont été faits en externe alors que, dans
d'autres, vous entrez le vendredi soir pour être opéré le
mardi ou le mercredi qui suit parce que vous subissez vos examens une fois
admis à l'hôpital. Tous ces moyens, pour utiliser la ressource la
plus dispendieuse, soit le milieu hospitalier, nous paraissent fondamentaux
dans notre planification financière. 11 y a peut-être aussi, sur
le plan des obstacles externes... on pourrait penser que la question du
personnel est évidemment extrêmement importante et c'est pourquoi
on a fait distribuer de nouveau l'étude Québec-Ontario qui montre
que, sur le plan de la rémunération du personnel, les
hôpitaux au Québec ne sont pas en désavantage. Je pense que
là aussi il était bon de s'assurer, de faire les recoupements sur
ce plan. Il y a peut-être un dernier renseignement, pour donner une
réponse plus complète à ce qui a été
demandé avant l'ajournement cet après-midi sur la situation nette
dans les lits. Pour les maladies aiguës, dans les hôpitaux publics
généraux de 1970 à 1973 il y a eu une augmentation de 887
lits.
Pour les hôpitaux privés généraux, il y a eu
une diminution de 352 lits. Il y a les hôpitaux fédéraux
généraux où il y a eu diminution de 167 lits, pour un gain
net de 368 lits, malgré ce tableau qu'on voit d'autre part. Pour les
malades chroniques où la pression est d'un autre ordre, de 1970 à
1973, il y a eu une augmentation dans les hôpitaux publics de 1,628 lits;
dans les hôpitaux privés, une diminution de 122 lits et dans les
hôpitaux fédéraux, il y a eu une augmentation de 206 lits
c'est probablement ici chez les vétérans attachés
au Centre hospitalier et à Sainte-Anne-de-Bellevue pour une
augmentation nette, totale de 1,712 lits.
Lorsqu'on compare ces chiffres par rapport, d'abord tout indique qu'au
plan des hôpitaux pour traitements de courte durée, ce n'est pas
là qu'il y avait une pénurie à part quelques endroits. Il
y a donc eu des ajustements; dans les hôpitaux pour malades chroniques,
lorsqu'on se rapporte au nombre total de lits qui en 1970 était à
peu près de l'ordre de 9,000, l'augmentation de 1,712 a
été passablement prononcée. Je pense donc que les efforts
pour essayer de corriger où la pression est la plus forte,
d'après ces données, ont porté, qu'ils ne se sont pas trop
faits au hasard.
M. BOIVIN : Dans vos statistiques pour l'occupation de vos lits,
avez-vous vérifié si les plaintes viennent
évidemment du public et des médecins les administrateurs
peuvent se garder des lits plus que c'est nécessaire parce que
l'impression qu'on nous crée quand vous nous dites: On nous ouvre des
lits sans autorisation, cela a bien l'air qu'on en ferme aussi sans
autorisation. L'occupation est de 63 p.c. et de 67 p.c.
M. CASTONGUAY: Mais on n'a pas toutes les réponses à
toutes les questions et ce sont justement des études comme celles-ci qui
vont nous donner des réponses. On a eu au cours de l'année
plusieurs demandes. Par exemple, on nous dit qu'il y a une liste d'attente de
1,000 dans un hôpital X. A certains endroits, on a relevé tout
simplement les diagnostics d'admission ou les raisons d'admission. A certains
endroits, c'est tout à fait satisfaisant. Cela correspond ou cela semble
correspondre à des demandes réelles. A un autre endroit, vous
allez avoir 50 p.c. des demandes d'admission qui sont pour amygdalectomie.
Alors, sur une demande de 700, quand vous avez 350 demandes pour
amygdalectomie, ce n'est pas très impressionnant et cela ne justifie pas
une augmentation.
On est à étudier ces phénomènes et il y a
des problèmes. Notre politique en obstétrique, par exemple, est
reliée à cela. L'occupation moyenne en obstétrique, c'est
à peu près de 50 p.c. à 60 p.c. dans la majorité
des endroits. Quant à l'occupation moyenne en pédiatrie, et tout
cela n'est pas nécessairement la faute ni des médecins ni des
administrations hospitalières, c'est qu'il y a quinze ans, on admettait
beaucoup d'enfants pour être traités à l'intérieur
du milieu hospitalier. Aujourd'hui, la tendance a changé et la
plupart des pédiatres disent que 90 p.c. des enfants peuvent être
traités en externe. Cela a diminué considérablement les
besoins en lits au niveau pédiatrique. Ce sont des changements dans la
pratique hospitalière que le ministère a de la misère
à suivre parce qu'entre l'autorisation par exemple d'une construction et
sa réalisation, il peut s'écouler trois ou quatre ans. On peut
donner l'exemple des soins intensifs, des unités coronariennes. Il y a
dix ans, on ne construisait pas des unités coronariennes, c'était
une notion inconnue. Aujourd'hui, à peu près tous les
hôpitaux ont besoin d'une unité coronarienne. Un hôpital de
300 lits a besoin d'une unité coronarienne. Alors, il y a tout ce
rajustement à la technologie moderne qui fait qu'il y a de ces
anomalies qui s'expliquent. Et il y a aussi le fait que les gens ont
moins tendance à être hospitalisés inutilement, ce qui est
un de nos objectifs.
M. BOIVIN : Est-ce que ce travail a été fait dans tous les
hôpitaux de la province ou simplement à Québec et à
Montréal? Parce que je ne douterais pas qu'il puisse y avoir assez de
lits à Québec et à Montréal peut-être.
M. CASTONGUAY: Je vais demander au Dr Laberge. On a un autre genre
d'étude. C'est que toute cette information se dégage
graduellement de diverses sources. On a fait une étude de la chirurgie
buccale, des actes posés en chirurgie buccale.
Vous allez voir, on obtient là sur certains hôpitaux, en
dehors de Québec et de Montréal, des données fort
intéressantes quant à l'utilisation qu'on fait de ressources
hospitalières à des fins qui apparaissent plus ou moins
appropriées et aussi quant aux coûts qui en découlent. Et
de là l'importance que les conseils de médecins et dentistes
établissent des normes d'admission et de contrôle, les directions
de ces hôpitaux, et au besoin aussi pour nous. Il se dégage des
conclusions parce que, face à certains besoins comme ceux pour les
malades chroniques, on voit comment certaines ressources sont
utilisées.
Vous allez voir aussi un autre tableau qui est assez frappant, assez
saisissant même.
M. BOIVIN: II a été fait en dehors?
M. CASTONGUAY: Ce sont des recoupements de statistiques de la
Régie de l'assurance-maladie avec les données du ministère
et, vous allez voir, cela porte, dans ce cas, davantage sur des hôpitaux
dans les milieux en dehors des grands centres.
En fait, cela répond un peu à une question du Dr Laurin,
hier, sur les chirurgiens-dentistes et les extractions dentaires en milieu
hospitalier. Au régime de chirurgie dentaire, il y a 96.1 p.c. qui a
été donné pour un acte, soit l'extraction dentaire.
C'est-à-dire $1,708,000. On a regardé où ces extractions
dentaires étaient faites. La majorité sont faites en milieu
hospitalier et les malades sont hospitalisés, c'est-à-dire qu'ils
sont dénombrés à l'assurance-hospitalisation, ils ont
été comptés par l'hôpital comme une journée
d'hospitalisation parce qu'ils ont couché à l'hôpital.
M. LAURIN: Est-ce que c'est à l'occasion d'une hospitalisation
pour une autre maladie ou si l'admission avait été
décidée spécifiquement pour l'extraction? Il faudrait
savoir cela.
M. CASTONGUAY: Ce sont des admissions décidées
spécifiquement pour extraction dentaire.
M. BOIVIN: Est-ce que l'extraction dentaire a été faite
par un médecin ou par un dentiste et est-ce qu'il y a eu une
étude sur les besoins et coûts?
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il serait intéressant de laisser le Dr
Laberge terminer. Vous allez voir, par exemple, que, dans un hôpital, 60
p.c. des admissions étaient pour des extractions dentaires, dans un
petit centre rural.
M. BOIVIN : Je crois que cela s'explique très bien.
Donnez-les.
M. CASTONGUAY: Je ne crois pas avoir de réponses à toutes
vos questions, mais je vais essayer d'en donner quelques-unes. Un million sept
cent mille dollars ont donc été donnés aux
chirurgiens-dentistes; 96.1 p.c. des montants versés aux
chirurgiens-dentistes l'ont été pour l'extraction dentaire. Si on
va du côté des chirurgiens buccaux, qui sont beaucoup moins
nombreux, en fait, ilssont 26, 43.6 p.c. de ce que nous leur avons versé
est pour l'extraction dentaire. Les chirurgiens-dentaires sont 1,736, dont 38
non participants. Aucun n'est désengagé et il y en a huit hors de
la province.
La moyenne de dents enlevées par fois a été 10.08
p.c. dents pour chaque cas d'extraction. Le total est 460,000. Je prends
seulement une sorte d'extraction, qui est l'extraction simple d'une dent. Je ne
parle pas d'extraction avec les dents recouvertes de muqueuses ou incluses ou
partiellement recouvertes de tissus osseux.
M. LAURIN: Est-ce qu'on a récupéré l'ivoire?
M. CASTONGUAY: Non. Pour savoir dans quels hôpitaux cela a
été fait, on a regardé les régions. La
région de Montréal, par exemple, représente 0.66,p.c. des
hospitalisations. C'est moins de 1 p.c. La région de la Gaspésie
représente 18.19 p.c. des hospitalisations.
Je ne donnerai pas toutes les régions. On a sorti quelques
hôpitaux. Le premier a 64.64 p.c. des hospitalisations en chirurgie qui
sont pour l'extraction dentaire, 61.04 p.c, 53 p.c, 52 p.c. On a pris 30
hôpitaux. Alors, on a représenté que le coût
d'hospitalisation je ne suis pas tellement sûr de ce chiffre, mais
il serait aux alentours de $4 millions, plus le coût d'anesthésie.
On a pris l'anesthésie faite par les anesthésistes pour les
extractions dentaires, celle faite par les omnipraticiens pour les extractions
dentaires, et on arrive à $1,100,000 d'anesthésie. On prend le
coût des extractions dentaires plus les anesthésies, plus les
hospitalisations, pour faire de l'extraction dentaire. C'est pour cela qu'il y
a eu des modifications survenues dans l'orientation du...
M. LAURIN: Une dent arrachée vaut plus cher qu'une dent en
place.
M. CASTONGUAY: II faut croire.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on a dit le nombre d'enfants et, ensuite, avez-vous
fait le travail pour voir si cela coïncidait avec le manque de dentistes
dans ces régions?
M. CASTONGUAY: Dans les statistiques que j'ai ici, je n'ai pas
l'âge des bénéficiaires. Je ne peux dire si ce sont des
enfants ou des adultes ou des personnes âgées, mais je sais que
cela a été fait en milieu hospitalier.
A la suite de cette étude, le Dr Brunet a écrit une lettre
aux présidents des conseils d'administration, directeurs
généraux, présidents du Conseil des médecins et
dentistes de chaque centre hospitalier, pour leur demander d'exercer, par
règlement interne, un contrôle étroit sur les admissions
pour extraction dentaire et de s'en tenir aux critères qui avaient
été établis dans l'entente entre les chirurgiens dentistes
et le gouvernement. Il y avait trois critères pour admettre un individu
à l'hôpital pour extraction dentaire. J'ai les critères
ici; je ne pense pas que ce soit nécessaire...
M. LAURIN: Les dents incluses...
M. CASTONGUAY: II y aurait une perturbation d'origine pathologique ou
traumatique qui exige des soins dentaires chirurgicaux immédiats. On
donnait comme exemple des soins dentaires urgents à la suite d'un
traumatisme ou un abcès douloureux avec oedème. Un critère
b) qui était les soins dispensés à un malade
hospitalisé et qui complète le traitement de la condition
qu'exigeait l'hospitalisation; le critère c) était des soins
rendus. Les soins rendus exigent le milieu hospitalier, soit par suite de
l'état général du malade, soit par leur nature même;
alors on avait comme exemple une cardiopathie grave, une hémophilie,
intervention dont la difficulté technique nécessite une
anesthésie générale.
M. BOIVIN: II y a des raisons qui s'expliquent parce que, dans ces
hôpitaux, comme en Gaspésie, il y a des gens qui sont très
éloignés et des extractions dentaires de dix dents sur une
personne peuvent nécessiter qu'une personne s'en aille à 50
milles; il peut avoir des hémorragies; c'en est une raison. Ensuite il
peut manquer de dentistes dans ces régions ou le dentiste prend le moins
de chances possible ou encore il est trop occupé; ça peut
favoriser. Cela ne se taille pas avec un couteau, l'histoire de dire: C'est un
cas d'hôpital et ce n'est pas un cas d'hôpital. C'est
réellement difficile de dire: On va...
M. CASTONGUAY: Mais il y a aussi le fait, docteur, qu'une
déficience dans les régimes, c'est que lorsque la personne passe
par la chirurgie buccale dans le programme d'assurance-maladie, elle n'a pas
à payer et les frais sont payés par l'assurance-maladie. Il y a
ça aussi et c'est pourquoi on a voulu commencer par les soins dentaires
et cela explique aussi notre réticence vis-à-vis du paiement trop
élevé pour les extractions. C'est pourquoi on a voulu mettre
l'accent sur la prévention, la restauration. Il y a aussi ce
phénomène. Toutes ces extractions ne se sont pas faites dans des
endroits très éloignés. Toutes ces extractions ne se sont
pas faites par des médecins non plus.
M. BOIVIN: Comme je vous dis, un malade qui reste loin, dans les
statistiques, il faut faire attention; on peut faire dire ce qu'on veut avec
les statistiques.
M. CASTONGUAY: Vous pourrez regarder la liste des hôpitaux, vous
allez voir...
M. BOIVIN: Est-ce qu'on pourrait avoir cette liste pour faire des
comparaisons?
M. CASTONGUAY: Avec ma permission, certainement.
M. BOIVIN: C'est comme l'urgence; c'est pour des gens qui sont
éloignés. Cela peut nécessiter l'hospitalisation, beaucoup
plus. Je ne veux pas excuser l'abus qu'il peut y avoir dans ça.
M. CASTONGUAY: Le point que j'ai essayé de faire ressortir, c'est
que, si on corrige, on peut trouver des ressources qui pourraient être
beaucoup mieux utilisés d'une part, et d'autre part, cela nous donne des
indications assez importantes sur des gestes qu'on doit poser au plan des
négociations pour faire en sorte qu'on ait des régimes mieux
équilibrés. C'est clair que la chirurgie buccale, telle que
conçue présentement, ne joue pas pleinement son rôle si 96
p.c. des paiements, qui sont faits sont pour des extractions ordinaires de
dents. Si on me disait : C'est 20 p.c, je dirais: Très bien. Mais
lorsque c'est rendu à 96 p.c, qu'est-ce que vous voulez, je me dis qu'il
y a quelque chose qui n'est pas correct.
Il me semble aussi important de dire que ce sont des analyses que nous
faisons et, ce que nous avons fait, ce n'est pas d'accuser les hôpitaux
ou les médecins. Nous avons écrit au conseil d'administration;
nous lui avons souligné le problème et nous lui avons
demandé de l'examiner avec le Conseil des médecins et d'apporter
des correctifs, s'il y avait lieu. Il n'est pas question de pénaliser
ces hôpitaux ou de porter des jugements de valeur, parce qu'à
chacun des endroits, il peut y avoir des explications qui dépassent
notre possibilité de compréhension. D'ailleurs, il y en a un
certain nombre qui nous ont écrit. Très peu nous ont écrit
pour dire que c'était bon et qu'ils continueraient. La plupart nous ont
dit qu'ils s'occuperaient du problème et qu'ils le regardaient
attentivement. Certains ont mis en doute nos données, nos statistiques.
Je pense que c'est possible qu'il y ait eu des erreurs.
L'intention de ces analyses n'est pas de fermer l'hôpital ou de
pénaliser qui que ce soit à l'intérieur, mais de donner
à l'administration et au médecin des instruments pour corriger
des situations qui apparaissent étranges pour le moins, qui nous
inquiètent et qui, je pense, ont inquiété tout autant les
administrations hospitalières. Parce que, la plupart du temps, ni les
conseils de médecins, ni les administrations ne sont au courant de ces
choses. Chacune se passe une par une et c'est simplement en recueillant les
données à la fin d'une année qu'on peut les mettre en
évidence. Je pense que ce sont des situations, comme disait M.
Castonguay, qu'on peut corriger par des négociations et aussi qu'on doit
s'efforcer de corriger, en informant les administrations hospitalières
qui prennent les décisions qu'elles doivent prendre. On ne leur dit pas
qu'il faut qu'il y en ait 5 p.c. ou qu'il faut qu'il y en ait moins de 10
p.c.
M. BOIVIN: L'important, c'est que ces soins aient été
nécessaires et que ces malades aient eu les soins qu'il fallait.
M. CASTONGUAY: On considère que c'est au conseil d'administration
et au Conseil de médecins de porter jugement là-dessus. Ce qu'on
peut faire, c'est de leur donner de l'information et de comparer leur
hôpital avec un autre hôpital de même grosseur et de
même régime.
M. BOIVIN: Parce que, pour diminuer les coûts, on pourrait
même dire que pour les amygdalites, ou n'hospitalise pas pour ça.
Cela se fait dans beaucoup de cliniques de Montréal, ça n'entre
pas dans les hôpitaux. Les médecins opèrent le malade et
ils l'envoient à domicile. Mais quel risque prendrait-on dans les
hôpitaux ruraux où les malades demeurent à dix milles,
quinze milles, vingt milles, cinquante milles? Parfois ça
nécessite trois jours d'hospitalisation qu'on peut penser inutiles. Je
remarque que c'est dans les régions éloignés, c'est pour
ça que je le signale; l'importance, c'est qu'on ne donne pas de soins
inutiles. Si ces soins étaient utiles...
M. CASTONGUAY: Quand vous aurez la liste, vous verrez que ce ne sont pas
toujours les régions éloignées. Ce sont des régions
comme Charny, par exemple...
M. BOIVIN: Vous parlez de Montréal et vous arrivez avec la
Gaspésie.
M. CASTONGUAY: Oui, mais j'ai montré quelle est la
disparité, si on prend toute une région, vous allez voir...
M. BOIVIN: On justifie des jours d'hospitalisation nécessaire
dans des régions éloignées. Pas seulement pour les
extractions dentaires. Les extractions dentaires, en particulier, parce qu'il y
a souvent des hémorragies, et on a des difficultés à
trouver un médecin pour corriger la situation.
M. CASTONGUAY: D'accord pour l'anesthésiste.
M. BOIVIN: On en voit qui meurent même pour des épistaxis
ou des extractions dentaires.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément no 5,
adopté?
M. GUAY: J'aurais une question à poser au ministre. Dans les taux
d'occupation de lits que vous avez mentionnés tout à l'heure,
est-ce que ça comprenait les hôpitaux pour malades chroniques?
Est-ce que le taux d'occupation est bien différent?
M. CASTONGUAY: II est beaucoup plus élevé.
M. GUAY: J'ai soulevé le problème l'année
dernière, spécialement pour la région chez nous, où
le taux d'occupation semblait à 100 p.c, c'est pour ça que
j'aimais à le faire préciser. Actuellement, au moment où
on se parle, il y a encore une quarantaine de malades chroniques qui
nécessiteraient l'hospitalisation dans ce genre d'hôpital et il
n'y a pas d'endroit, malgré l'augmentation considérable do lits
pour malades chroniques. Est-ce que dans certaines régions le
problème reste encore bien aigu?
M. CASTONGUAY: Cela varie selon les endroits, mais c'est
évidemment là qu'il y a le plus de pression. Par contre, on sait
que dans lesfoyers pour personnes âgées, il y a un assez bon
nombre de personnes qui ont été admises, non pas en raison de
besoin de services toujours mais par manque de ressources financières.
Dans les règlements de la loi 65, on a proposé la création
ou on va créer, en vertu des règlements, des comités
d'admission, de telle sorte que, dans les foyers pour personnes
âgées, il y aura des évaluations, que ce soient des
personnes qui soient admises selon la catégorie de foyer, mais des
personnes qui ne sont plus en mesure de prendre soin d'elles-mêmes. On
espère, de cette façon, qu'une partie des besoins soit satisfaite
à ce niveau de façon plus adéquate et que ça
soulage quelque peu la pression sur les hôpitaux pour malades chroniques.
Du côté des personnes âgées, avec le
développement de services à domicile, avec l'amélioration
des conditions financières par la pension de vieillesse,
supplément du revenu garanti, les hébergements du passé ou
des dernières années, pour des raisons d'ordre financier
diminuant ou étant réduites passablement, le problème
devrait s'améliorer dans une certaine mesure. Mais il est clair que
c'est au niveau des hôpitaux pour malades chroniques, par rapport aux
hôpitaux généraux, qu'il y a le plus de pression.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément no 5,
adopté?
M. BOIVIN: Au sujet de l'occupation, je doute toujours que les
administrateurs qui gardent plus de lits qu'il ne le faut, étant
donné les pressions qu'on fait, que si tel malade n'est pas
accepté, qu'on fait des causes aux administrateurs des hôpitaux,
je me demande s'il n'y aurait pas quelque chose à corriger, à
savoir combien il se garde de lits pour les cas d'urgence.
C'est bien important. Les statistiques, j'ai peu de cela, parce qu'il y
a tellement de pressions et de demandes du côté des
hôpitaux. Quand on arrive avec de telles statistiques, cela nous fait
réfléchir, si c'était publié, il y a des
administrateurs d'hôpitaux qui y goûteraient, c'est certain.
M. CASTONGUAY: Dans tout cela, je dirais que les administrateurs
d'hôpitaux n'aiment pas les statistiques non plus. C'est un début.
Ces analyses servent à avoir un meilleur portrait de la situation dans
la province.
M BOIVIN: Est-ce qu'on a amélioré les laboratoires des
hôpitaux? Ce peut être une cause encore. Si les laboratoires ne
travaillent pas le samedi, le lundi, s'il y a encore un jour de congé
dans la semaine, vous avez peut-être des manques d'occupation. On ne les
fait pas rentrer parce que le laboratoire ne marche pas le vendredi
après-midi, toute la journée du samedi et peut-être le
lundi matin. Alors, cela peut jouer encore dans l'occupation.
M. CASTONGUAY: Là-dessus, je pense que M. Forget a
expliqué tout à l'heure et c'est une attitude que nous maintenons
toujours, que nous faisons des analyses comparatives. Pour nous, il ne s'agit
pas de porter de jugement sur le fonctionnement des choses, mais si nous
comparons cinq hôpitaux dans une région urbaine comme à
Montréal par exemple, cinq hôpitaux de taille égale ou
équivalente et que, dans un ou dans deux ou dans trois, il y a une
occupation des lits de 85 p.c. ou de 86 p.c. et que, dans deux autres,
l'occupation est à 75 p.c. ou à 80 p.c, tout ce que nous pouvons
constater, c'est que l'occupation dans cet hôpital est anormalement basse
par rapport à un autre. C'est le principe à la base du budget
global et des centres d'activité que nous étudions et aussi de ce
problème des occupations. Il peut y avoir plusieurs causes et plusieurs
raisons, mais il reste que, si des hôpitaux réussissent à
fonctionner avec 85 p.c. ou 88 p.c. d'occupation, nous disons aux autres: Allez
les voir et regardez ce qui ne fonctionne pas chez vous. Cela nous
apparaît fondamental de leur donner l'information, quitte à les
aider par notre équipe de gestion au niveau de la programmation pour
trouver des solutions. Il peut y avoir utilisation des laboratoires, mais il
reste que, pour cette utilisation, le problème est le même dans
l'ensemble des hôpitaux. Si c'était uniquement en raison du fait
du non-travail le samedi ou le dimanche, l'occupation des lits dans l'ensemble
des hôpitaux du Québec devrait être en bas de cette
moyenne.
Ce sont évidemment des critères assez relatifs et un peu
grossiers, mais qui sont importants à notre avis et qui ont une
signification entre eux. Nous ne pouvons jamais comparer par exemple
l'hôpital de Gaspé avec l'hôpital Notre-Dame. On en est
très conscient. Mais si on compare l'hôpital de Gaspé avec
un hôpital dans un endroit éloigné de même grosseur
ou de même taille, on peut avoir une certaine analogie.
LE PRESIDENT: (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Dorchester.
M. GUAY: Je serais intéressé à avoir l'étude
qui a été mentionnée par le Dr Laberge tantôt
concernant l'extraction de dents en milieu hospitalier, étant
donné que, l'année dernière, on a touché ce
problème. Il n'y avait aucune étude disponible et maintenant que
cela l'est cette année, je serais intéressé à
l'avoir aussi, si c'est possible. Peut-être que cela nous est
donné de façon un peu confidentielle mais, de toute façon,
je serais très intéressé si le ministre le permet.
M. CASTONGUAY: Ce qu'on peut faire, c'est enlever le nom des
hôpitaux, et peut-être donner la région et vous donner les
pourcentages d'occupation.
M. GUAY: D'accord.
M. BOIVIN: Même sur le plan régional.
M. GUAY: A défaut d'avoir des noms d'hôpitaux, quoique ce
ne soit pas absolument nécessaire.
M. CASTONGUAY: Alors, je vais faire cela.
M. GUAY: D'accord. Vous êtes couvert de cette façon.
M. LAURIN: ... C'est un grand fonctionnaire.
M. CASTONGUAY: Un but, un but, ça va mieux.
M. BOIVIN: Les soins à domicile, cela va revenir à
l'élément 2?
M. CASTONGUAY: On a pris l'autre jour la décision de prendre les
directions du ministère, ce qui permettait, en plus de la discussion
générale, de soulever un bon nombre de questions. Normalement, on
aurait dû procéder avec le programme 4 et, dans le programme 4,
on
aurait vu soins généraux, soins à domicile;
programme 5: Services en milieu scolaire, etc. Alors, la méthode qu'on a
prise nous permet peut-être d'échapper quelques questions à
ce moment-ci.
M. BOIVIN: Dans les relations professionnelles.
M. CASTONGUAY: Si on approuve le programme 5, on pourrait
peut-être demander à M. Ouellet pour planification,
l'élément 6?
M. LAURIN: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, élément 5,
adopté? Elément 6.
M.CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, là, je peux poser
des questions. Je veux les prendre au commencement, les directions
générales. C'est pour cela que je ne suis pas intervenu
tantôt dans le financement, parce que j'aurais pu poser des questions qui
l'avaient déjà été. C'est toujours
désagréable.
Est-ce que M. Ouellet a un exposé à faire, avant qu'on
entre dans la période des questions? Est-ce que vous avez quatre
services dans votre direction générale? Est-ce que vous pouvez
préciser chacune d'elles ou si vous préférez qu'on vous
pose des questions?
M. CASTONGUAY: En termes de structures dans la direction
générale, par rapport à l'an dernier, il y a un changement
majeur. C'est que, l'an dernier, nous avions une direction de la planification
des services sociaux et de la sécurité du revenu. Pour suivre
l'évolution qui veut que, de plus en plus, la distinction entre les
services sociaux et la sécurité du revenu s'établisse
clairement, nous avons séparé ces deux directions qui, en fait,
impliquent des travaux extrêmement différents. C'est le changement
majeur qui est survenu en termes de structures dans notre direction
générale au cours de l'année.
Je pourrais peut-être mentionner que, l'an dernier, à la
même occasion, j'avais signalé que la priorité de notre
direction, au cours de l'année 72/73, consistait en la création
d'outils permanents de planification accordant une base solide d'information,
également de modèles, statistiques, etc. Nous avons, je pense,
réalisé assez bien cet objectif. Nous avons réussi
à constituer, par exemple, un dossier d'information sur le plan
régional, que nous serons en mesure de transmettre aux conseils
régionaux vers la mi-mai. C'est un dossier assez impressionnant, tant
par son volume que son contenu, qui donne des informations de base que les
conseils régionaux vont avoir à leur disposition. Ceci va
permettre aux conseils régionaux de ne pas avoir à partir de
zéro dans la compréhension de leurs statistiques, dans la
compréhension de leur situation régionale, comparativement
à celle que l'on retrouve dans les autres régions ou dans
l'ensemble du Québec.
C'est un inventaire, ce bouquin, qu'on appelle dossier régional,
qui comporte des données statistiques par régions
socio-sanitaires et touchant essentiellement la population, certaines
caractéristiques de la population de chaque région, et comprenant
également des données sur la sécurité du revenu,
les services de santé et les services sociaux. Ce sont des
données qui concernent surtout les ressources tant en termes humains
qu'en termes d'établissements, qui sont à la disposition de
chaque région pour dispenser les services. C'est un travail qui a pris
un an et demi à se réaliser, parce que les statistiques sociales
au Québec, comme partout ailleurs, sont dans un assez piteux
état. Pour se faire, cela a pris une équipe de cinq ou six
professionnels à temps plein, de notre service de recherche, qui ont
travaillé là-dessus. C'est un travail assez ingrat mais je pense
qu'il est d'excellente qualité.
Nous avons également réussi à mettre au point un
bulletin statistique, comme il a été mentionné
antérieurement, qui sera publié au cours du mois de mai; un
bulletin statistique qui vise essentiellement à fournir des informations
sur les principaux programmes du ministère. Cette fois-ci, non pas en
termes de ressources disponibles, mais en termes de services qui sont
effectivement rendus à des clientèles. Le premier numéro
de ce bulletin concernera exclusivement la sécurité du revenu,
donc les trois programmes dont le ministère est responsable, à
savoir l'aide sociale, les allocations familiales et le Régime de rentes
du Québec. Dans la constitution de ce dossier, de ce bulletin
statistique, nous avons recours à des collaborateurs multiples, par
exemple, les données de la Régie des rentes nous sont fournies
par la Régie des rentes; les données sur les allocations
familiales nous sont fournies également par le service des allocations
familiales à la Régie des rentes. Il s'agit de mettre ensemble
dans un même document des données qui pourront être utiles
aux chercheurs, en fait, à tous les gens qui s'intéressent aux
affaires sociales au Québec.
Nous avons également constitué, au cours de
l'année, un inventaire de toutes les ressources qui sont disponibles.
C'est un inventaire qui veut être continu, qui nous permet de savoir sur
une base régionale quelles sont toutes les ressources disponibles. Nous
avons également entrepris des études sur les causes de
mortalité par âge, sexe, région, groupe
socio-économique, etc.
Ces études ne sont pas encore très avancées, mais
c'est dans une perspective à plus long terme, parce que nous voulons, au
cours de l'année qui vient, mettre l'accent davantage sur
l'évaluation. Pour pouvoir faire l'évaluation, il faut d'abord
bien connaître la situation actuelle, telle qu'elle existe, donc
l'établir, à partir d'indicateurs numériques
utilisés également
dans d'autres pays du monde, pour qu'on puisse se comparer,
décrire la situation telle qu'elle existe. C'est dans ce sens que nous
avons entrepris des études sur les causes de mortalité, de
morbidité, par âge, sexe, région, groupe
socio-économique, etc.
M. CLOUTIER (Montmagny): En prenant chacune des...
M. CASTONGUAY: Cela serait pour demander à M. Ouellet s'il avait
mentionné que l'établissement du service de planification de la
sécurité du revenu était en prévision d'un
rôle plus grand du Québec dans ce secteur.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une bonne question. Est-ce que M. Ouellet
peut répondre?
M. CASTONGUAY: Les prévisions que nous faisons ne concernent pas
généralement ce type de questions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre pose des questions hors d'ordre, M.
le Président. Irrecevables à part cela.
M. LAURIN: Irrecevables!
M. CLOUTIER (Montmagny): Le premier service que vous avez dans votre
direction générale, M. Ouellet, c'est la planification des
services de santé. Vous avez, dans cette section, la conception des
programmes, le développement des ressources et l'évaluation. Il
faut avoir de bons yeux pour aller jusque dans les détails.
M. CASTONGUAY: Ou des bras assez longs. UNE VOIX: II est presbyte.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a un dilemme entre
l'opthalmologiste et l'opto-métriste, ou l'opticien d'ordonnances.
Le premier service est sous la direction de M. Pigeon; le
deuxième est sous la direction de M.Dahmen et le troisième
service, l'évaluation, je n'ai pas le nom. Je ne sais pas qui...
M. CASTONGUAY: Actuellement, sous la direction immédiate du
directeur de la planification des services de santé, parce que c'est un
service nouveau qui n'apparaissait pas l'an dernier. Donc, nous n'avons pas
encore eu le temps d'ouvrir de concours pour recruter quelqu'un pour prendre la
tête de ce service. C'est un service capital, mais il n'y a personne qui
le dirige présentement. Effectivement, il n'y a personne à
l'intérieur du service, présentement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le programme doit être pris au
sens de présentation du budget?
M. CASTONGUAY: Oui. Le programme doit être pris dans le sens de
présentation du budget. Parfois, à l'intérieur, nous
désagrégeons davantage. Par exemple, nous avons conçu au
cours de l'année un programme sur la périnatali-té. Il y a
un texte, je pense, qui vous a été distribué.
Nous avons appelé cela un programme alors qu'en fait c'est un
élément de programme dans la structure du PPBS. Nous sommes
obligés, évidemment, pour devenir plus spécifiques, de
désagréger davantage et les termes sont parfois
déplacés. On devrait plutôt parler d'élément
de programme, dans le sens budgétaire du terme.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est par votre direction
générale que vont s'introduire dans le ministère des
nouveaux programmes et c'est là, également, que vous allez faire
l'évaluation des programmes existants.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voulez-vous nous donner, brièvement, le
processus que vous utiliserez pour établir un programme d'implantation
de ressources, supposons dans le domaine des institutions de transition pour
l'enfonce, toute série d'établissements, soit pour les
déficiences mentales, déficiences physiques ou
caractérielles ou délinquants, etc? Voulez-vous nous donner le
processus que vous utiliserez et où cela ira en partant de chez vous, de
façon que, lorsqu'on prendra des cas concrets, on puisse raccourcir la
discussion?
M. CASTONGUAY: D'accord. Vous pouvez avoir un exemple de ce processus
dans le document sur la périnatalité.
Brièvement, ce qu'il s'agit de faire d'abord, c'est de
définir, le plus précisément possible, la clientèle
à qui on veut s'adresser, ses principales caractéristiques, ses
localisations. Ensuite, définir des objectifs les plus
opérationnels possible, ce qui veut dire, les plus chiffrables possible,
en termes de nombre et de date. Une fois que les objectifs opérationnels
sont bien établis, il s'agit ensuite, pour nous, d'examiner les moyens
les plus efficaces pour réaliser ces objectifs; les plus efficaces, cela
veut dire deux choses; d'abord, cela doit être les moyens les plus
économiques, compte tenu de leur capacité justement de nous
permettre d'atteindre les objectifs. Une fois que nous avons identifié
ces moyens, nous tentons de calculer les coûts qui sont impliqués
et également les ressources humaines. Finalement, nous travaillons sur
les échéanciers et nous tentons d'identifier, le plus clairement
possible, les critères qui nous permettront d'évaluer si ce
programme a l'impact désiré ou non, c'est-à-dire
qu'étant donné qu'on veut et qu'il nous semble absolument
nécessaire de faire l'évaluation des programmes, si nous voulons
réussir à utiliser de la façon la plus efficace possible
les ressources qui sont à notre disposition, il nous faut
déterminer, dès le point de départ, à partir de
quel critère nous allons évaluer ces programmes.
C'est la dernière étape de conception des programmes.
Une fois que le programme a été conçu, et parfois
c'est présenté en termes d'alternative au niveau des moyens, par
exemple, et au niveau des coûts en fait, la plupart du temps, cela
devrait être le cas c'est présenté à
l'exécutif du ministère.
Si l'exécutif du ministère désapprouve le
programme, parce qu'il n'est pas acceptable ou qu'il n'entre pas dans les
priorités du ministère, nous l'abandonnons tout simplement. Je
dois dire que cela n'est pas arrivé jusqu'à maintenant encore. La
plupart du temps, il faut préciser davantage certains aspects, modifier
certaines orientations, et nous revenons devant l'exécutif du
ministère jusqu'à ce que le programme soit finalement
approuvé.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, il ne passe pas du
premier coup.
M. CASTONGUAY: Un bon programme, généralement, ne passe
pas du premier coup. Une fois que le programme est approuvé, il
appartient essentiellement à la direction générale de la
programmation de le mettre en application, d'implanter ce programme à
travers les établissements, soit du secteur de la santé, soit du
secteur des services sociaux ou, lorsqu'il s'agit de sécurité du
revenu, il appartient soit à la Régie des rentes ou au service
d'allocations familiales de la régie ou à la direction
générale de l'aide sociale de les implanter.
M. CLOUTIER (Montmagny): En fait, M. Ouellet, vous êtes rendu
à la programmation. Avant cela, vous avez établi votre programme;
il a passé à l'exécutif; il a été
refusé; vous l'avez retourné en bas; il a été
retravaillé; il a été accepté. Le ministre aurait
dû le présenter quelque part, parce qu'il y avait des sommes
impliquées à ce moment.
M. CASTONGUAY: Le ministre fait partie de l'exécutif.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre préside l'exécutif,
oui, mais...
M. CASTONGUAY: M. Ouellet donne le cheminement à
l'intérieur du ministère. Si, par exemple, c'était pour
l'aide sociale, ce qui peut fort bien se produire, si cela implique des
nouveaux déboursés, c'est soit le cabinet, soit le Conseil du
trésor, s'il s'agit de ressources. De plus en plus, vis-à-vis du
Conseil du trésor, on essaie de procéder, au plan des
immobilisations, par voie de programme. On dira peut-être quelques mots
tantôt de tout le programme. On avait parlé de l'immobilisation
l'an dernier. Pour les centres hospitaliers, il est dans une forme presque
terminée pour être envoyé au Conseil du trésor sur
une période quinquennale, tout comme nous l'avions fait pour les
établissements d'enseignement.
M. Ouellet faisait abstraction de ces étapes...
M. CLOUTIER (Montmagny): En supposant qu'il était
autorisé...
M. CASTONGUAY: ... à l'extérieur du ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. Après cela, il est transmis
à la programmation, direction de M. Nepveu. Nous prendrons cette
étape tantôt.
M. CASTONGUAY: Lui ne se préoccupe pas d'argent.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. Ils font les matrices et la
production est faite ailleurs.
M. CASTONGUAY: Nous sommes présents aussi, après que le
programme a été implanté, pour l'évaluer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pardon?
M. CASTONGUAY: Pour l'évaluer. Parce que nous sommes aussi
responsables de l'évaluation continue des programmes, ce que nous
n'avons pas fait beaucoup jusqu'à présent. Nous avons cependant
commencé à en faire, comme les chiffres qui ont été
cités depuis le début des discussions parlementaire l'ont
démontré. Mais cela deviendra encore plus
systématique.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on vous envoie parfois des programmes existants
à réétudier, par exemple? Disons, un programme de soins
à domicile.
M. CASTONGUAY : Les programmes existants sont
réévalués, parfois même cette
réévaluation nous démontre la nécessité de
les modifier profondément.
Nous avons l'exemple, je pense, de la tuberculose où le
financement et vous, si je comprends bien, avez travaillé.
Oui. La tuberculose, c'est un bon exemple. On a, avec la direction du
financement, étudié la distribution des services de tuberculose
au Québec et nous nous sommes rendu compte qu'il y avait des
améliorations considérables à apporter dans ce
secteur-là, tant au niveau des modes de distribution des services qu'au
niveau des populations qui effectivement étaient atteintes. A partir de
là, actuellement, il y a des équipes au travail qui visent
justement l'objectif de préconiser un nouveau programme pour le
ministère. Je devrais signaler que, dans la conception de tous ces
programmes, il ne faudrait pas s'imaginer que c'est seulement la direction
générale de la planification qui fait le travail. Dans la
totalité des cas, en fait, il y a toujours des gens de la programmation
et du financement qui participent aux groupes de travail avec nous, pour
apporter des éléments de
connaissance plus approfondie du milieu, des éléments de
réalisme aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): En 72/73, l'an dernier, est-ce que vous avez
conçu beaucoup de programmes qui ont été
refusés?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas arrivé encore que des programmes sur
lesquels nous avons travaillé aient été refusés.
Disons que, progressivement, au fur et à mesure que l'on
développe des choses, nous informons tout le monde au
ministère... Nous informons régulièrement...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le sous-ministre aussi est à
l'exécutif?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, vous pouvez voir, à
l'exécutif, ce que vous avez conçu dans votre direction
générale. Vous pouvez avoir le pouls de l'exécutif.
J'imagine que vous faites des sondages avant d'aller trop loin dans vos
travaux.
M. CASTONGUAY: Justement, pas seulement dans la perspective de faire des
sondages pour voir si nous sommes dans la bonne voie, mais aussi pour avoir
l'"input" de tous les membres de l'exécutif, pour être bien
sûr que ce que nous sommes en train de développer fait partie de
la politique du ministère. Maintenant, pour ne pas travailler à
côté des...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le sous-ministre veut vous donner...
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il n'y a aucun programme qui a
été refusé. Il y en a qui ont été
retournés, ramenés, améliorés à la suite du
passage à l'exécutif.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je posais cette question-là parce que je
voudrais dire à M. le sous-ministre que, s'il y a des programmes qu'il
veut faire passer, on peut lui donner un coup de main.
M. CASTONGUAY: Je pense que ce serait bon de dire deux choses. Cette
préparation de programme est, malgré tout, un nouveau processus
et un nouveau processus qui est difficile parce qu'il est d'abord basé
sur des données et sur une connaissance épidémiologique,
par exemple, des problèmes avec des données sur la
réalité concrète, et aussi l'équipe de la
planification du secteur santé s'est matérialisée
lentement. Cela a été une des directions du côté de
la santé, particulièrement, où cela a été le
plus difficile de recruter du personnel expérimenté, etc. Je
pense que le programme de périnatalité que nous vous avons remis
est peut-être le premier et le meilleur de ceux qui ont été
conçus. Il y en a plusieurs qui sont actuellement en préparation,
comme le mémoire à l'enfance, qui est une série de
programmes concernant l'enfance, et ces programmes devraient aboutir au cours
de l'année prochaine. Je ne pense pas que M. Ouellet, au niveau de la
planification, ait jamais eu de difficulté à l'exécutif
à faire accepter un programme comme tel. Il y a beaucoup plus de
discussions sur le contenu, sur la forme, sur l'opération, sur les
modalités, sur la présentation et beaucoup plus de critiques, en
fait, comme un groupe d'étude, que de discussions, à savoir:
Est-ce qu'on prend celui-là, est-ce qu'on refuse celui-là? Cela
ne se passe vraiment pas comme cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais, il y a des alternatives. Si j'ai bien
compris, c'est à l'intérieur du même programme.
M. CASTONGUAY: C'est cela. Ce sont des choix et des alternatives et des
alternatives de coûts. Parfois aussi les choix ne dépendent pas de
nous parce qu'il y a des programmes qui nous sont présentés ou
des suggestions qui vont demander une autorisation du Conseil du trésor
ou du conseil des ministres etc., et on doit jouer à l'intérieur
de nos budgets. Certains des programmes devront être prévus
presque deux ans d'avance pour être introduits dans nos prévisions
budgétaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est votre service de la recherche
et des statistiques, dirigé par M. Hurtubise, qui travaille sur les
normes qui vont servir à l'élaboration de la planification dans
les programmes? Est-ce ce service qui va travailler sur les normes?
M. CASTONGUAY: Au niveau des normes, j'essaierai de répondre
aussi clairement que possible, quitte à me... On est habitué de
se contredire à l'intérieur, alors, on peut avoir des divergences
de vues. Au point de vue des normes, le service de la recherche et des
statistiques n'a pas une fonction de normalisation d'aucune façon. Il a
une fonction de cueillette d'information et de rationalisation de
l'information, quitte à participer après cela à
l'élaboration de programmes. C'est à partir de données,
à partir d'expertises qu'une autre direction, au niveau de la
planification, va élaborer des normes. On a deux types de normes, des
normes qui vont s'élaborer au niveau de la planification et d'autres
normes qui vont s'élaborer au niveau de l'agrément. Parce que
l'agrément doit aussi élaborer des normes pour agréer les
établissements selon leur type, leur nature et l'agrément est une
de nos directions qui élabore des normes qui sont habituellement
soumises aussi à l'exécutif et où la planification a son
mot â dire. Alors, on a deux types de normes, ces normes
nécessaires â l'agrément et des normes qui sont
élaborées au niveau de la conception des programmes ou de
l'évaluation des programmes dans la planification.
M. CLOUTIER (Montmagny): On continue dans ce domaine-là, en
reprenant la planification des services de santé. On a dit tantôt
que cette section était à établir des dossiers
régionaux.
M. CASTONGUAY: Cela a été établi par le service de
la recherche et des statistiques.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, c'est chez vous, cela. C'est toujours dans
votre direction, M. Ouellet.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Supposons que vous avez des demandes d'une
région, prenons l'exemple de la région de l'Outaouais, où
il y a des problèmes en matière d'équipement hospitalier.
De quelle façon allez-vous traiter ce dossier-là? A partir de
quoi? Qui a établi les normes générales dans le
ministère: tant par lit, tant par population, tant de lits par
population et pour les types de lits, ainsi de suite? Alors, voulez-vous me
faire le processus d'un dossier comme celui-là?
M. CASTONGUAY: D'accord. En ce qui concerne les normes à
l'intérieur du ministère, disons qu'elles servent de guide dans
la distribution des ressources, d'allocation des ressources; cela a
été établi à partir d'études
effectuées au Québec et à l'étranger. En
particulier les études effectuées par la commission
d'enquête sur la santé et le bien-être social. En fait les
normes de lits, par exemple, que nous utilisons sont exactement les mêmes
que celles préconisées par la commission d'enquête sur la
santé et le bien-être social.
Lorsqu'un problème comme la situation dans l'Outaouais se
présente, généralement quand des situations comme
celle-là se présentent, nous avons déjà
commencé à étudier les questions et nous sommes
généralement préparés dans ces courts délais
à apporter certaines solutions. Alors, nous avons comparé la
situation effectivement dans l'Outaouais par rapport aux normes que le
ministère utilise. Nous avons constaté qu'effectivement, dans
l'Outaouais, il y avait des ressources déficitaires par rapport à
ces normes. Je prends l'exemple des personnes âgées, où le
ministère utilise une norme de six places par 100 personnes
âgées de 65 ans et plus en termes de ressources
d'hébergement. Nous avons constaté que, dans l'Outaouais, selon
la population âgée qui existe là-bas, il faudrait environ
900 places d'hébergement et effectivement les ressources en 1973
étaient d'environ 600. Avec l'évolution de la population, on peut
constater qu'en 1976, encore un plus grand besoin existera dans cette
région-là. C'est à partir de là, de cette
étude de la situation, que nous présentons à
l'exécutif du ministère des alternatives en termes de
développement de ressources. C'est un exemple typique.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y a toute une réorganisation, une
réétude qui doit être faite des unités
sanitaires?
Est-ce que c'est rendu chez vous?
M. CASTONGUAY: L'étude, comme telle, est complétée
à ce niveau. La décision a été prise, à
l'intérieur du ministère, de combiner progressivement le travail
effectué jusqu'à présent dans les unités sanitaires
avec le travail qui sera désormais accompli par les services de
santé communautaires qui sont créés en vertu de la loi 65
et des règlements. L'étude est complétée; il s'agit
maintenant au fur et à mesure que les ressources sont disponibles, que
les services de santé communautaires et les centres locaux de services
communautaires se créent, de mettre progressivement en application cette
décision.
M. BOIVIN: Le dépistage des tuberculeux, tel que vous le disiez,
qui était fait autrefois par les unités sanitaires, se fera
à l'hôpital aussi et dans les CLSC?
M. CASTONGUAY: Exact.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je reviens à mon exemple de l'Outaouais.
Vous avez le cas des personnes âgées. Mais on retrouve dans un
problème comme celui-là l'équipement des ressources pour
toute cette région. Vous avez tout le problème, non seulement
pour les personnes âgées, mais vous l'avez pour les lits de
traitement actif, les lits pour malades chroniques. Alors vous faites appel
à d'autres services du ministère, comme le service de la
programmation. Est-ce que, à ce moment-là, le service de
programmation est engagé déjà dans le processus de
l'étude ou si vous lui remettez le dossier quand c'est fini?
M. CASTONGUAY: Non, c'est dès la préparation des
alternatives, dans le cas de l'Outaouais spécifiquement, et la
programmation et le financement ont été impliqués.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le financement aussi?
M. CASTONGUAY: Oui, parce qu'il y a des...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... des implications.
M. CASTONGUAY: Oui. Mon collègue Forget est fortement
préoccupé par les finances du ministère et c'est
avantageux d'avoir...
M. CLOUTIER (Montmagny): J'espère.
M. CASTONGUAY: Généralement, dans tous les groupes de
travail, sauf ceux de recherche et de statistique et de sécurité
du revenu, mais même là, en sécurité du revenu, on
travaille étroitement avec la direction de l'aide sociale, dans la
majorité des cas. Dans la plupart des cas, les autres directions du
ministère sont impliquées. J'ai mentionné la programmation
et le financement; je pourrais également ajouter les relations
professionnelles qui, la plupart du temps, sont également
impliquées parce qu'il y a des dimensions de relations
professionnelles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel est l'apport de l'extérieur que
vous utilisez pour la préparation d'un dossier comme ça?
Là, actuellement, je comprends que le conseil régional vient
à peine d'être organisé, mais vous avez des groupes de
pression à l'extérieur; vous avez déjà les gens de
l'institution, de l'établissement lui-même; vous avez toute une
série de personnes, de corps intermédiaires ou de groupes qui
sont intéressés dans la discussion de ce dossier. De quelle
façon est-ce que vous avez des fonctionnaires qui vont sur les lieux,
qui rencontrent ces gens? Quelle place leur est faite dans l'élaboration
de ce dossier?
M. CASTONGUAY: Juste avant de poursuivre sur ce plan, une des choses
qu'il est assez important de signaler, c'est que nous avons, depuis deux ans,
formé un nombre assez élevé de groupes de travail,
à l'extérieur aussi, auxquels on a pu attacher une ou deux
personnes du ministère pour diverses questions. Prenons le rapport
Perreault, au Saguenay-Lac Saint-Jean; c'étaient des gens du milieu. Je
donne ça à titre d'exemple. Il y a eu une étude
effectuée à Saint-Michel-Archange ou la région no 3, sur
tout ce qui touche au service de santé mentale. Je pense au rapport
Macdonald. En tout cas, on pourrait en énumérer je ne sais pas
combien. Il y a ce processus où parfois ce sont des spécialistes,
parfois plutôt ce sont des gens dans le milieu, dans les ressources,
comme par exemple le dernier groupe qui a été formé, je
pense que c'est à Laval et le Centre hospitalier de l'université
Laval avec des gens du ministère. Il y a cet apport sur des questions un
peu plus épineuses, des questions de précision de politique, des
questions de précision de programme, qui a été
utilisé considérablement on a fait état du groupe de
travail du Dr Gingras hier ou ce matin. Il y a cette partie que M. Ouellet ne
mentionnait pas mais qui a été utilisée de façon
très intensive.
Peut-être que, pour essayer de voir l'image globale, on ne peut
pas se limiter à une direction, dans le fond, parce que la
responsabilité de la direction de la planification, c'est de faire, sur
une base régionale, à partir de certaines normes, de certains
critères, des plans, de juger de l'opportunité à partir de
certains critères, de l'opportunité de ce qui nous vient de la
population ou du milieu local. C'est habituellement une demande pour un projet,
disons que c'est peut-être le plus concret, c'est pour un projet qui peut
être soit une rénovation, soit une augmentation de lits, soit une
amélioration des services de quelque nature que ce soit.
La planification se prononce donc sur l'opportunité, sur une base
un peu régionale en fonction de normes de l'opportunité de
réaliser ça. Une fois que la planification s'est
prononcée, c'est M. Nepveu, au niveau de la programmation, c'est une
direction, comme M. Nepveu l'a mentionné tout à l'heure; il est
là depuis un mois ou un mois et demi, et même si la direction est
en réorganisation, c'est une des conséquences de notre
modification de l'organigramme depuis l'an dernier, c'est la réalisation
de certaines faiblesses dans le secteur de la programmation.
La programmation a été réorganisée sous base
de services sociaux, de services de santé pour que les gens sachent de
façon plus précise à qui s'adresser sur un projet
précis. La direction des services de santé est pour un projet
particulier, dès que la planification considère que ce projet est
acceptable en fonction de normes générales. M. Saint-Onge, qui
est responsable du programme, est en train et achève de se monter une
équipe où il y a des gens qui viennent du milieu et qui vont
faire la consultation pour élaborer le programme fonctionnel qui va
aboutir à une réalisation concrète.
Le programme fonctionnel, c'est ce qu'on veut mettre à
l'intérieur du projet. Cela se fait avec les gens du milieu
concerné. C'est l'opération qui aboutit à l'autorisation
d'un arrêté en conseil avec la grandeur, la dimension, le
coût et qui doit être revue par le financement, pour s'assurer et
prévoir les coûts d'investissement, les coûts
d'opération.
Mais c'est la programmation qui a le dossier et qui doit le conduire
jusqu'à sa réalisation terminale en collaboration avec
l'établissement et selon les règles du jeu qui sont
établies dans les règlements. La partie de la planification est
un temps d'approbation en fonction de critères et de normes
générales. L'implantation est une consultation assez longue, la
plupart du temps, avec les gens du milieu et qui relève de la
programmation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il arrive que, dans certaines
régions, pour certaines raisons particulières, peut-être en
raison du peu de densité de la population, en raison de la situation de
l'équipement actuel dans le territoire, par rapport à ce qui
serait peut-être idéalement, ce ne seraient peut-être pas
les meilleurs endroits et la meilleure concentration? Est-ce qu'à ce
moment-là, vous êtes obligés d'assouplir vos normes de
temps, de lits par population ou les statistiques qui vous servent à
prendre une décision? Est-ce que vous avez une certaine souplesse de
façon à répondre aux exigences particulières d'une
région ou d'une...
M. CASTONGUAY: Je pense que si vous vous adressez à nous, on va
vous dire que oui, que nos normes et nos critères sont des objectifs. On
a essayé, le plus possible, d'éviter tout arbitraire. Sur le
nombre de lits accordés, on a été assez limitatif. Par
ailleurs, sur les besoins ou pour répondre au service, on a
essayé d'être le plus large possible dans nos contraintes
budgétaires. On a eu des rencontres et des modifications de nos
attitudes ou de nos décisions ont eu lieu, très
fréquemment, à la suite de telles rencontres, à la suite
de situations particulières sur une base régionale, à la
suite de certaines contraintes de distance, à la suite d'un certain
sentiment d'appartenance qui, de façon théorique, est
peut-être moins important. Dans ces décisions, habituellement,
c'est la programmation qui est impliquée, mais il y a toujours la
personne ou les gens de la planification qui demeurent impliqués dans le
dossier, c'est-à-dire sont consultés. Les décisions
importantes, à ce niveau, se prennent, en général,
après consultation du ministre et après discussion.
Je pense qu'il y a un bon nombre de décisions originales qui ont
été modifiées, à la suite de pressions ou de
représentations du milieu qui nous sont apparues justes et raisonnables;
par exemple, dans une ville de moyenne grosseur, on peut prendre l'exemple de
Trois-Rivières, où on a fait un certain nombre de propositions
sur une base régionale. On a rencontré les gens plusieurs fois.
Il y a eu un comité de formé, dans la région, de tous les
hôpitaux. H y a eu de nombreuses discussions; on les a rencontrés
encore il y a trois ou quatre semaines et on vise certains objectifs, on vise
une certaine rationalisation et un certain regroupement et on essaie de tenir
compte de la situation locale à l'intérieur de nos contraintes
budgétaires. Avec le temps, on finit pas s'entendre dans la grande
majorité des cas.
Je pourrais peut-être ajouter un commentaire à tout ceci.
C'est que nous avons aussi appris graduellement; nous avons commis certaines
erreurs et on a essayé au lieu de s'entêter et de dire:
Non, ce n'est pas vrai, on n'en a pas commis d'évaluer ce que
nous avons fait qui n'était pas correct. On a essayé de
procéder différemment les fois suivantes, dans le but non pas de
déjouer par stratégie nos interlocuteurs, mais de faire en sorte
que les solutions apportées comme le mentionnait, dans le cas de
Trois-Rivières, le Dr Brunet soient mieux acceptées dans le
milieu, de telle sorte qu'on maintienne davantage un bon climat et aussi, de
telle sorte que nous perdions moins de temps et d'énergie dans des
discussions qui deviennent parfois un peu stériles, lorsque les groupes
se raidissent trop. J'avoue, et je pense bien que tout le monde ici avoue bien
humblement que nous apprenons avec l'expérience et c'est pour cela qu'il
n'y a pas de "pattern" systématique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
exemples de ces erreurs qui ont été commises?
M. CASTONGUAY: Je pourrais vous en donner de bonnes, mais... Remarquez
que ce ne sont pas des exemples où on pourrait dire qu'un individu, au
sein du ministère, doit être blâmé. Je pense bien
que, de la façon que nous travaillons, lorsque nous avons commis des
erreurs, c'est un peu tout le monde dans la place, le ministre compris, qui
avait à faire son mea culpa et à dire: La prochaine fois,
essayons de procéder...
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, M. le ministre, à
partir du moment où une erreur est avouée, elle est à
moitié pardonnée. On ne peut pas...
M. BOIVIN: Au niveau de la planification, on a parlé, tout
à l'heure, de relations de travail. Qu'est-ce qu'on mijote au
ministère de ce côté-là, sur les relations de
travail? Est-ce qu'il y aura encore un bureau, par exemple? Est-ce que c'est de
là que cela doit venir? Parce qu'il en a parlé, tout à
l'heure, des relations de travail.
M. CASTONGUAY: Bien, il disait qu'il maintenait des liens. Lorsqu'on
aura fini l'élément 6, on pourra peut-être passer à
l'élément 7.
M. BOIVIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): Là, disons que c'est la programmation
qui est chargée d'étudier, d'approuver...
M. CASTONGUAY: Voulez-vous qu'on approuve le 6 puis, après cela,
qu'on passe...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est juste pour reprendre ce qui a
été dit tantôt. J'ai compris que c'était la
programmation qui introduisait les éléments de souplesse par
rapport aux normes, par rapport à la rigidité des normes, si j'ai
bien compris, parce que c'est la programmation qui est prise avec le
problème pratique. On y reviendra tantôt. M. Nepveu
complétera ces informations.
Je voudrais laisser la parole à mes collègues pour la
planification. J'aurai peut-être d'autres questions à poser
tantôt.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez complété votre
étude sur les fonctions des services sociaux que vous meniez l'an
dernier?
M. CASTONGUAY: Non, nous avons cependant produit certains textes, un
rapport-progrès, si vous voulez. Cette étude est
présentement complétée par un groupe de travail assez
extensif qui se situe dans le cadre de l'implantation des centres de services
sociaux, qui est essentiellement sous la direction de la programmation à
laquelle nous participons comme l'ensemble des directions du ministère.
C'est parti, en fait, d'un inventaire de ce que font
présentement les services sociaux, d'une comparaison des
fonctions et des approches d'une région à l'autre. Il y a
évidemment beaucoup de différences. Progressivement, je pense que
nous serons capables d'en arriver à ce que l'on dégage
l'essentiel de ces fonctions. Nous ne visons pas évidemment à en
arriver à ce que cela soit égal à travers tout le
Québec.
M. LAURENT: Est-ce que l'étude a été menée
en parallèle avec celle de la commission ou s'il y a eu une sorte de
fécondation réciproque entre les deux équipes?
M. CASTONGUAY: Dans le travail de la commission, M. Nepveu pourra
confirmer ou infirmer ça, nous n'avons pas eu de contact pendant que la
commission travaillait. Une fois que la commission a produit son rapport, il
est sûr que nous avons utilisé rapidement cette source
d'information et nous avons constaté que, sur bien des aspects, nous
arrivions exactement aux mêmes conclusions que la commission était
arrivée avec son groupe indépendant d'experts.
M. LAURIN: Mais même si l'étude n'est pas terminée,
vous allez quand même utiliser les résultats de cette étude
au niveau de la programmation, dans l'implantation des CSS.
M. CASTONGUAY: Oui. Il serait peut-être bon de mentionner qu'il y
a eu beaucoup de travail, on a même récupéré un
certain nombre de personnes de la commission, dont M. Nepveu n'est pas le
moindre, et aussi certains autres qui sont venus travailler avec nous au
ministère. C'est peut-être le document qui précise le plus,
celui qui est déterminé et qui a servi de base. On s'est
inspiré des travaux de la commission jusqu'à un certain point. Ce
document décrit les centres de services sociaux et s'efforce de
distinguer les fonctions entre le centre local et le centre de services
sociaux.
Ce document est un document assez général mais qui sert de
base à la distinction des fonctions. Actuellement, il y a une mission
provinciale qui travaille depuis déjà un an à
l'implantation des centres de services sociaux. C'est peut-être le plus
gros effort qu'a fait le ministère, qui n'a jamais été
fait jusqu'à maintenant pour impliquer les gens du milieu à une
réforme d'importance.
Il y a une mission provinciale qui travaille à ce problème
aidée de gens à temps plein. Il y a une mission régionale
pour chacune des régions qui a rencontré tous les gens. Il y a eu
des représentants des conseils d'administration et des directeurs
généraux de chacune des agences. Il y a eu des réunions
multiples qui se continuent pour aboutir, en juin, à la création
des centres de services sociaux.
Ce sont des regroupements assez importants à certains endroits,
comme à Montréal, par exemple, sur la rive sud, dans la
région 6B, à Québec et dans la Gaspésie. Il y a une
opération qui est très considérable, qui s'est vraiment
faite avec les gens du milieu. A partir des documents qui ont été
mis en place, des études de la commission, le travail de
définition opérationnel se continue par ce groupe de travail et
on considère, avec les gens du milieu, qu'il y aura encore lieu de
continuer pendant un an les efforts de définition, par exemple ce qui
doit se faire au niveau local, ce qui doit se faire au niveau
spécialisé ou au niveau du centre de services sociaux.
Le centre de services sociaux, dans notre esprit, doit devenir une
ressource de services sociaux spécialisés alors que le centre
local doit être une ressource de soins généraux de services
sociaux de première ligne. La définition et la distinction de ces
fonctions est très difficile, comme elle est difficile du
côté de la santé. Elle est peut-être encore plus
difficile du côté social, les termes ne sont pas toujours les
mêmes. Mais le travail progresse de façon remarquable et
même si on n'est pas capable de produire un grand document, les
idées se transposent.
Et à partir d'études comme celles de la commission, comme
celles qui ont été faites au ministère, ce sont les gens
du milieu qui font tous un effort collectif de définition de ces
fonctions.
M. LAURIN: Ils complètent et corrigent au besoin.
M. CASTONGUAY: C'est ça. Cela m'apparaît très utile
et ça fonctionne très bien. Cela ne fonctionne pas sans
difficultés mais... Et la réponse du milieu a été
excellente, tant du milieu français que du milieu anglais.
M. LAURIN: A partir du moment où on les consulte, habituellement,
les gens répondent bien.
M. CASTONGUAY: Ils sont plus que consultés, ils sont
impliqués.
M. LAURIN: Bon, on verra dans l'avenir. Vous aviez aussi parlé
l'an dernier de la définition d'une politique pour les personnes
âgées. Est-ce que vous avez continué ce travail-là?
Avez-vous publié des études et est-ce que, là aussi, on en
est rendu à un certain niveau opérationnel?
M. CASTONGUAY: Nous avons poursuivi le travail au cours de
l'année et il se poursuit toujours. L'année dernière, nous
avons surtout concentré nos efforts pour tenter de définir
quelles étaient précisément les fonctions des centres
d'hébergement pour les personnes âgées, à qui,
effectivement, ces centres devaient s'adresser, quels étaient les
objectifs que chaque centre devait poursuivre.
Comment devaient-ils être distribués sur le territoire?
Quelles doivent être les normes que le ministère utilise dans ce
secteur, etc?
Nous avons, depuis que ce travail est complé-
té, tenté de définir un programme de services
beaucoup plus général pour les personnes âgées. Dans
une première phase, nous avons concentré nos énergies sur
l'hébergement mais nous avons vite découvert qu'il fallait
élargir notre notion de services aux personnes âgées pour
tenter de leur donner la possibilité d'éviter, partout où
c'est possible et partout où les gens le veulent, la
nécessité de l'hébergement. Cela implique des services
à domicile, une ouverture des centres d'accueil sur les personnes
âgées qui ne sont pas hébergées. Cela implique, en
fait, une quantité assez considérable de ressources souvent
complexes et une étroite coordination entre les différents
services de santé et services sociaux. Ce travail se poursuit
présentement. Nous l'effectuons en collaboration avec des gens de
l'extérieur du ministère, par exemple des gens de l'Association
médicale du Québec et le comité sur la gériatrie
qui est impliqué dans ça. D'ici la fin de l'année 1973,
nous devrions être capables de proposer différentes avenues
possibles pour tenter d'améliorer le sort de l'ensemble des personnes
âgées et non pas seulement de ceux qui ont besoin
d'hébergement.
M. LAURIN: Dans un autre domaine, est-ce que l'opération
placement procède, d'une façon ou d'une autre, des travaux AP-3,
du modèle d'assimilation que vous aviez établi, modèle de
passage de l'état de bénéficiaire à l'état
d'actif et vice versa?
M. CASTONGUAY: II est difficile, dans ce genre de chose, d'identifier
une cause précise ou un facteur prépondérant dans ce type
de décision. Il ne fait cependant pas de doute dans mon esprit que les
travaux poursuivis dans le cadre d'AP-3 ont contribué à nous
sensibiliser davantage et également à nous montrer des
possibilités concrètes qu'il y avait de réintégrer
des bénéficiaires de l'assistance sociale sur le marché du
travail, à la condition que l'on y mette des efforts particuliers bien
adaptés à leur situation.
Ce travail se poursuit toujours. Nous contribuons évidemment
à l'opération placement par des études. Par exemple, au
cours du mois de novembre, nous avons fait une étude sur les
bénéficiaires de l'aide sociale qui, au cours du mois de
novembre, ont quitté l'aide sociale pour retourner sur le marché
du travail; nous avons analysé les caractéristiques de ces
bénéficiaires, les différentes régions, les
différents emplois, les caractéristiques des emplois qu'ils ont
occupés, etc.
C'est le genre de contribution qu'on peut offrir. AP-3 continue toujours
ses opérations. C'est un genre d'outil permanent que nous utilisons dans
la planification de la sécurité du revenu en
général.
M. LAURIN: Est-ce qu'il en est sorti autre chose de concret au cours de
l'année?
M. CASTONGUAY: Oui, nous avons pour- suivi différentes
études au cours de l'année. Nous avons aussi utilisé le
modèle AP-3 pour tenter d'analyser les transformations qui pouvaient
être apportées à l'aide sociale, à la suite de
l'implantation d'un nouveau programme d'allocations familiales. Nous allons
analyser différentes alternatives pour voir effectivement comment on
pourrait à la fois utiliser les ressources de la façon la plus
efficace possible et également la plus bénéfique possible
pour l'ensemble des bénéficiaires.
C'est un genre d'utilisation que nous avons fait. Evidemment, ces
études n'ont pas été publiées. Elles ne sont pas
non plus publiables tant que les décisions ne seront pas prises sur les
allocations familiales.
M. LAURIN: Mais votre assimilation est assez avancée pour
permettre de concrétiser telle ou telle avenue au cas où telle ou
telle décision serait prise.
M. CASTONGUAY: Ce genre de modèle n'est jamais au point et c'est
toujours déficient jusqu'à un certain point. Mais effectivement,
ça nous a beaucoup aidé, non seulement en tant que modèle
lui-même, mais parce que le modèle a contribué à
nous poser énormément de questions et à nous faire
rechercher différentes choses que nous n'avions pas pensé
rechercher auparavant et qui se sont avérées extrêmement
utiles dans la planification.
Ce modèle a aussi contribué, de façon lointaine,
à nous démontrer la nécessité d'organiser, de
façon encore plus efficace, les statistiques de l'aide sociale.
Nous avons maintenant, je pense, au Québec, avec la collaboration
de tous les gens impliqués, spécialement avec celle de la
direction de l'administration, par sa direction de la gestion, l'informatique,
la programmation et tout cela, une bande de données, qui est très
adéquate, en fait, sur le plan de la statistique et qui va nous
permettre justement de publier des données statistiques sur l'aide
sociale par région, qui vont être les statistiques les plus
extensives d'une province canadienne sur...
M. LAURIN: Incidemment, avez-vous trouvé les
économètres que vous cherchiez l'an dernier?
M. CASTONGUAY: M. Hurtubise pourrait peut-être répondre
davantage à cette question. Je sais que nous avons réussi
à engager quelques personnes au cours de l'année, dont au moins
un économètre, mais nous travaillons aussi étroitement
avec des gens de l'extérieur du ministère là-dessus, et en
particulier, avec des gens du laboratoire d'économétrie de
l'Université Laval, qui nous ont donné un coup de main vraiment
fantastique.
M. LAURIN: En ce qui concerne l'autre programme Medics, est-ce que vous
vous êtes approchés un peu plus de l'objectif que vous
visiez, la prédiction des besoins de santé qui
prévaudraient au cours des prochaines années, d'une part, et
deuxièmement, les meilleurs moyens de prévoir les ressources qui
répondraient à ces besoins?
M. CASTONGUAY: Je pense que nous nous sommes approchés de
l'objectif. Nous ne l'avons pas atteint, et sans doute, nous ne l'atteindrons
jamais à notre satisfaction.
M. LAURIN: Est-ce que certaines orientations se sont
dégagées et si oui, quelles sont-elles?
M. CASTONGUAY: Je pourrais peut-être demander à M.
Hurtubise, qui est le directeur immédiat du projet Medics, de venir vous
exposer brièvement les principaux développements qui ont eu lieu
au cours de l'année dans le programme Medics et également ce
qu'il envisage au cours de la prochaine année.
Il faut dire aussi que si leur modèle est trop bon, c'est que
l'on n'aura plus besoin d'eux. Alors, c'est pour cela que M. Ouellet dit qu'il
sera toujours nécessaire de le perfectionner.
Pour ce qui est de la question que vous avez posée, Dr Laurin, au
sujet des économètres, vous me permettrez un
élément de réponse. Disons que le support principal de ce
côté-là nous provient encore d'une affiliation assez
étroite et très sympathique d'ailleurs avec le laboratoire
d'économétrie de l'université Laval.
Alors, je pense que c'est lui rendre justice que de dire que c'est
encore notre appui principal au niveau des méthodes quantitatives et
particulièrement de l'économétrie.
Pour ce qui est du programme Medics comme tel, la première
année soit dit en passant, le programme Medics accuse à
peu près un an de retard au point de vue du développement par
rapport à AP-3; donc, on tire certaines leçons de AP-3, on essaie
d'éviter de commettre certaines erreurs, quand on arrive au même
stade, au niveau de Medics donc la première année de
Medics a été surtout un effort méthodologique pour
spécifier la structure de ce modèle et l'organisation
générale de travail qui allaient prévaloir pour les
prochaines années.
Cette année 72/73 a surtout été consacrée
à essayer de mettre un peu d'ordre dans les données multiples que
nous utilisons pour alimenter ce gigantesque oesophage mathématique, si
on peut s'exprimer ainsi.
Nous avons eu à surmonter les difficultés...
M. LAURIN: Du moment qu'il y a un estomac au bout, cela va.
M. CASTONGUAY: Nous avons éprouvé des difficultés
énormes notamment au niveau des données de la Régie
d'assurance-maladie qui constituaient un "input" important dans ce projet; ces
difficultés d'ailleurs ne sont pas encore totalement surmontées,
puisque nous avons à faire énormément d'épuration
et de tests de fiabilité, avant de pouvoir commencer à utiliser
ces données. C'est largement dans ce secteur que nous avons
consacré nos énergies; cette phase d'ailleurs a
déjà été faite au niveau de l'AP-3 pour ce qui est
d'épuration et des données d'aide sociale. Donc, maintenant on
commence à le faire sérieusement du côté des
données de la santé, particulièrement de celles de la
régie.
Du côté du ministère, cela va raisonnablement mieux,
parce que ces données ont beaucoup plus d'histoire. Je pense que les
contrôles à l'entrée, les procédures d'acquisition
données sont beaucoup plus serrées pour des raisons
évidentes. C'est qu'elles contrôlent les flots financiers. Donc,
elles sont assujetties à des contrôles beaucoup plus
adéquats. Pour l'élément de question que vous souleviez
quant au progrès réalisé au niveau de l'évaluation
des besoins, je pense que l'on doit dire en toute honnêteté que
nous sommes restés essentiellement avec la même approche, savoir
que nous prévoyons les besoins de santé de la population,
à travers les statistiques d'utilisation. Pour dépasser ce cadre,
qui n'est d'ailleurs pas vilain comme cadre de départ, il faudra, je
pense, changer de technologie ni plus ni moins, pour aller sur le terrain via
probablement une enquête de santé ad hoc ou permanente, pour aller
mesurer vraiment des paramètres qui nous permettront d'éliminer
cette masse de données que nous utilisons en ce moment, les anxieux bien
portants qui se présentent au système ou les gens qui, enfin, ne
feront que circuler pour le plaisir de circuler, et aussi pour aller
détecter les personnes qui ont des besoins de santé, mais qui,
faute de pouvoir se rendre aux ressources, ne font pas de demande expresse.
Alors, sur ce plan, on n'a pas d'amélioration notable à
signaler si ce n'est que nos procédures, nos méthodes, dis-je,
pour mesurer l'utilisation des services de santé, se font maintenant de
façon beaucoup plus serrée par une épuration assez rigide
des données qui nous proviennent de la régie pour ce qui est des
soins médicaux. Du côté de l'hospitalisation, cela va
raisonnablement bien, d'autant plus que les diagnostics affichent encore une
fois relativement un peu plus de fiabilité que ceux qui nous sont
carabinés par le biais de la Régie de l'assurance-maladie.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a des tendances qui commencent à se
dégager, même si elles sont sommaires ou frustres?
M. CASTONGUAY: D y a des perles, si on peut dire, que je ne pense pas
qu'il soit adéquat de discuter tellement en détail à cette
réunion-ci, qui se dégagent évidemment de l'exploration
préliminaire que nous avons commencé à faire des
données et, dans ce qui est peut-être le plus significatif
à ce moment-ci, il y a deux choses
qui sont vraiment frappantes. La première chose, ce sont les
disparités que l'on observe à l'échelon régional au
niveau des taux d'utilisation des services des médecins. Si l'on veut
examiner uniquement l'aspect profil de consommation, il y a des
disparités ou des écarts régionaux au plan statistique que
l'on observe, qui sont certainement significatifs et auxquels on pouvait
s'attendre d'ailleurs. Le deuxième élément
extrêmement significatif, c'est au niveau des profils de pratique, si
l'on veut voir comment les différents médecins produisent
différents types de services. A ce moment-là, je pense que l'on
est en mesure de se poser des questions assez sérieuses sur certains
actes qui sont posés, en particulier quand on regarde, par exemple, la
proportion de la pratique médicale qui est faite par les
spécialistes mais qui concerne les actes généralistes;
enfin, ce genre d'observation se manifeste d'une façon assez
concrète maintenant.
M. LAURIN: Et l'étude se poursuit?
M. CASTONGUAY: L'étude se poursuit. Maintenant, nous
déposerons au ministère au cours de juin ou juillet, toute une
batterie d'exploration avec le modèle et toutes les données qui
l'entourent et qui donneront lieu, à environ 50 à 60 simulations
de base avec différents hypothèses à la fois sur des
façons alternatives d'estimer les besoins de santé, des
façons alternatives de produire les soins d'une part avec la technologie
actuelle, telle qu'on la mesure, et avec des technologies alternatives en
modifiant fictivement les rapports dans les fonctions de production de
l'entreprise en jouant un peu sur les substitutions possibles au niveau des
effectifs humains, professionnels, médecins ou quasi médecins en
jouant également sur des hypothèses alternatives au niveau des
taux d'utilisation et ainsi du reste. Donc, il y a tout un plan de productions,
de simulations diverses qui sont en cours d'exécution; pour le moment,
on en est à mettre la dernière main aux données pour
alimenter le modèle.
M. LAURIN: Est-ce que vous transmettrez aux services de médecine
sociale et préventive des universités, là où cela
existe, ces études afin d'améliorer la qualité de leur
enseignement et, si possible, orienter différemment la formation des
étudiants en médecine afin de les rendre plus conscients de la
dimension économique de leur travail, ainsi que le ministre l'a
déjà souligné dans un exposé?
M. CASTONGUAY: A ce sujet, j'aimerais tout d'abord vous dire que nous
sommes extrêmement heureux d'avoir déjà pu
bénéficier de l'apport de plusieurs personnes que l'on retrouve
dans les départements de médecine sociale et préventive
dans certaines universités du Québec. Nous avons de plus
amorcé, parce que c'est là un des objectifs de base de ce
programme de recherche et de développement, une tentative de faire une
certaine concertation entre ce programme qui est quand même sous
l'initiative du ministère et des collaborations que l'on peut aller
chercher en milieu universitaire. Donc, ce travail est bien engagé et
nous bénéficions déjà de certaines contributions
notamment dans la région de Québec et également dans la
région de Montréal.
Nous articulons en ce moment la structure de travail pour justement
essayer de canaliser des énergies dans la mesure où il a des
groupes dans d'autres universités du Québec qui fonctionnent ou
qui travaillent sur des problèmes similaires pour, si vous voulez,
contribuer à ce programme. Et ce n'est pas simplement pour le plaisir de
dire qu'on a réussi à faire un bel orchestre, mais aussi parce
que ça permet à ces gens qui sont dans les milieux
universitaires, de créer un centre d'intérêt chez les
étudiants qui sont inscrits, par exemple, à des programmes de
maîtrse ou de doctorat, ne serait-ce que pour les acheminer vers des
programmes de thèse qui seront à la fois satisfaisants du point
de vue des critères, des exigences académiques et
également qui auront des débouchés du point de vue, si
vous voulez, des implications pour le ministère. Oui, exactement. Je
pense que c'est une contribution assez significative qu'il ne faudrait pas
négliger.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, puisqu'il passe dix heures, la
commission ajourne ses travaux à demain, onze heures. Est-ce qu'on peut
considérer que l'élément no 6 est adopté?
M. LAURIN: Oui, oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, élément no 6,
adopté.
(Fin de la séance à 22 h 6)