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Commission permanente des Affaires sociales
Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
Séance du vendredi 4 mai 1973
(Onze heures)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs!
Programme 16, élément 7.
Direction et gestion du ministère
(suite)
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je demanderais, via M.
le Président, via le ministre des Affaires sociales, à M. Nepveu,
qui est directeur de la programmation, si c'est le consentement de la
commission, de nous faire un petit laïus et de nous donner les
informations qu'il jugera utile de nous donner, à ce moment-ci, sur sa
direction générale, avant que nous lui adressions des
questions.
M. CASTONGUAY: M. le Président, comme on l'a souligné
précédemment, la direction générale de la
programmation est présentement en voie de réorganisation. La
décision qui a été prise au ministère a
été de fusionner l'ancienne direction générale de
la programmation et l'ancienne direction générale des programmes
spéciaux. Cette nouvelle direction générale comprendra
cinq directions. Une direction des programmes généraux de
santé, une direction des programmes généraux des services
sociaux, une direction des programmes spéciaux, la direction, bien
connue de l'équipement et une direction des systèmes de
gestion.
La direction des programmes généraux de santé sera
composée de six services. Le premier sera celui des services de soins
préventifs. On pourra y revenir tantôt, à l'occasion
peut-être, d'explications sur la mise en place des départements de
santé communautaires et de l'intégration des unités
sanitaires et de certains autres services aux départements de
santé communautaires; un service des soins aux malades aigus mais aux
malades physiques; un service des soins prolongés; un service des soins
aux malades psychiatriques aigus ou chroniques, donc soins de courte, moyenne
et longue durées; un service de la santé dentaire et, enfin, un
service de l'épidémiologie.
Quant à la direction des programmes généraux de
services sociaux, elle comprendrait elle-même quatre services. Il y
aurait un service de l'action communautaire, qui sera particulièrement
chargé des CLSC. Il y aurait aussi un service de la consultation
psycho-sociale, qui sera responsable des programmes mis en application dans les
centres de services sociaux. On a fait allusion, hier, à la
réorganisation des centres de services sociaux. Il y aurait un service
de la réadaptation, qui couvre la réadaptation des enfants et des
adultes et enfin un service de l'hébergement.
La direction des programmes spéciaux comprendra un service de la
probation, un service de placement et un service je ne sais pas comment
on l'a appelé on a dit de démonstration ou de projets
spéciaux, si vous voulez.
Quant à la direction de l'équipement, elle a
été elle-même réaménagée. Alors, on y
retrouve le service d'études techniques, le service de plans et devis,
le service d'entretien et de transformation et un nouveau service, celui de la
coordination des travaux. Enfin, on a regroupé dans un cinquième
service le mobilier et ce qu'on appelait l'équipement médical
spécialisé ou les appareils médicaux
spécialisés.
Enfin, la direction des services de gestion est une unité
administrative, disons, relativement récente au ministère, qui
comprend elle-même quatre services: celui de l'élaboration des
normes et standards de gestion; un service-conseil en gestion auprès des
établissements; un service-conseil en informatique auprès des
établissements il y a déjà eu, je pense, des
explications de données sur ce service, et enfin, des services communs
dont on a parlé brièvement de l'activité
récemment.
Quant à pourvoir ces diverses unités administratives de
personnel, disons que, dans plusieurs des directions, il y avait
déjà du personnel en place. Le personnel de l'ancienne direction
de la programmation, on l'a souligné hier, passe en majeure partie
à la planification. Pour remplacer ce personnel, le ministère a
fait appel à des effectifs déjà en place dans des centres
d'activité, notamment dans des centres hospitaliers, et également
à l'Association des hôpitaux de la province de Québec, si
bien que M. Guy Saint-Onge, qui était directeur général de
l'AHPQ, nous a été prêté par L'AHPQ pour une
période donnée et prendra la direction des programmes
généraux de santé. Son personnel sera composé
d'environ une vingtaine de personnes, avec un bureau assez important à
Montréal en proportion de l'importance des activités de
santé dans Montréal. Mais il y aura des gens d'assignés
à chacune des régions de la province.
Quelques commentaires en plus, sur les services des soins
préventifs. Disons que les activités des unités
sanitaires, activités de protection de la santé de la
mère, activités de dépistage, santé scolaire au
niveau primaire, doivent se poursuivre pendant la période où nous
nous appliquerons à mettre en place des départements de
santé communautaire.
Le processus est engagé. Est-ce que vous êtes
intéressés ou non à savoir comment on procède?
C'est très important pour nous.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a des programmes précis. Pour
l'instant, je ne vou-
drais pas qu'on s'attache tellement au contenu du programme
lui-même parce que nous aurons d'autres sections pour les programmes. Ce
que je voudrais surtout, c'est le fonctionnement de la direction de la
programmation, fonctionnement interne et, d'autre part, le fonctionnement par
rapport aux autres directions générales, comme la
planification.
Parce qu'hier soir, vous avez entendu la discussion. On voulait savoir
le processus de traitement d'un programme à l'intérieur du
ministère à partir de sa conception, sa planification, au moment
où ce programme est transféré à la programmation et
ensuite, d'autres directions générales qui apportent aussi leur
concours et, également, les gens de l'extérieur.
M. CASTONGUAY: Me permettriez-vous alors de raccrocher au point
où mon collègue, M. Aubert Ouellet, a laissé hier? Si vous
vous souvenez, vous lui avez posé une question sur la
réorganisation et le développement de services dans la
région de l'Outaouais. Alors, je resterai sur le même exemple. M.
Ouellet a souligné que la planification était impliquée
par son service de la conception des programmes généraux et son
service de la conception du réseau de distribution de soins et de
services sociaux, par tout ce qui a trait soit à la mise en place de
nouveaux services, soit encore en ce qui concerne l'accroissement de services
existants ou la réduction de services et, fréquemment aussi, par
les programmes qu'il conçoit par le réaménagement de la
distribution des services. H vous a donné l'exemple du programme sur la
périnatalité, programme dont la mise en application
entraîne des regroupements par exemple de services d'obstétrique,
de pédiatrie, etc.
Dans la région de l'Outaouais, je ne veux pas reprendre toutes
les explications de mon collègue Ouellet, il vous a dit qu'il avait
impliqué assez tôt dans son étude de la situation, la
programmation, ce qui est un fait. Vous êtes sans doute au courant que
nous ne sommes pas arrivés du premier coup peut-être à la
meilleure proposition ou à la meilleure solution. C'est tout de
même heureux parce que cela a permis de la consultation dans le milieu,
consultation auprès des citoyens, du Conseil régional de la
santé et des services sociaux, consultation aussi auprès des
établissements. Si bien qu'à un moment donné, nous
recevions à la programmation une commande en ce qui avait trait au
réaménagment de l'hôpital du Sacré-Coeur de Hull,
pour ce qui concerne les soins aux malades physiques, alors centre hospitalier
de soins spécialisés, également une commande pour la mise
en place de quatre centres d'accueil d'hébergement pour les personnes
âgées, commande également de développement de
ressources pour les malades chroniques et commande qui n'est pas... la
décision est définitive, mais nous n'avons pas encore la commande
en ce qui a trait à la mise en place de cinq centres locaux de services
communautaires parce qu'il reste â la planification à
réviser les ressources déjà en place, les ressources que
nous allons mettre en place aussi, parce que j'ai mentionné
tantôt, et à nous indiquer un endroit pour situer ces cinq
nouveaux centres locaux de services communautaires.
A partir du moment où nous avons la commande, disons que nous
devons procéder légèrement différemment, pour ce
qui a trait à l'hôpital du Sacré-Coeur de Hull, de la
façon dont nous procéderons pour les centres d'accueil pour les
personnes âgées. Dans le cas de l'hôpital du
Sacré-Coeur, nous avons désigné une personne de
l'équipe de Guy Saint-Onge pour élaborer, en collaboration avec
le centre hospitalier concerné et ses consultants
spécialisés, si le centre a retenu les services de certains
consultants, un programme fonctionnel. Donc, définition des
activités et détermination du personnel nécessaire, des
installations nécessaires, ce qui comprend bâtiments,
réaménagement ou construction, agrandissement, matériel,
dispositifs, etc, et également détermination des coûts.
Nous connaissons déjà au départ le montant qu'on met
à notre disposition pour refaire ce centre hospitalier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous dites: Nous connaissons au départ.
Est-ce que c'est la direction du financement qui vous l'a transmis?
M. CASTONGUAY: La direction de la planification a fait l'étude
des besoins, a déterminé un programme général et a
dit quels soins spécialisés seront donnés dans ce centre
et, comme vous l'a dit, Aubert Ouellet, a consulté le financement au
cours de son travail. On en est arrivé à la conclusion qu'il
serait possible de réaliser, de réaménager l'hôpital
du Sacré-Coeur de Hull avec un montant de il a été
annoncé, $8 millions. Quand on prépare le programme
fonctionnel, il faut faire une répartition tout en maintenant un
agencement le plus fonctionnel possible des services; il faut quand même
faire une répartition entre les divers départements
concernés à l'hôpital et les services de soutien, dans le
cadre des fonds qui nous sont alloués. On a cette première
préoccupation dès l'élaboration du programme
fonctionnel.
M. CLOUTIER (Montmagny): La préoccupation est contrainte.
M. CASTONGUAY: La contrainte crée chez nous une
préoccupation, nécessairement et toujours. C'est automatique. On
vit dans un état de contrainte permanent. Pendant l'élaboration
du programme fonctionnel, les gens qui y travaillent ont besoin de l'appui et
des conseils de la direction de l'équipement, donc des techniciens
professionnels dont ingénieurs, architectes, et également, de
notre direction des systèmes de gestion, dont l'une des
responsabilités consiste à développer des normes de
gestion, concernant le personnel dans les établissements, et à
rece-
voir et analyser les plans d'organisation et à faire ses
recommandations aux autorités. Donc, cela ne se fait pas en serre
chaude, simplement à la direction des programmes généraux
de santé. Vient un moment où le programme est écrit, nous
parait complet et a été discuté, parce qu'il a
été préparé en collaboration avec
l'établissement et ses consultants. Vient un moment où le
programme est remis effectivement à la direction de l'équipement.
Je peux vous dire, dans mes propres mots, ce qui se passe à la direction
de l'équipement mais j'ai un collègue ici, que vous connaissez
bien, je pense, tout le monde, qui pourra vous apporter beaucoup de
précisions.
A la direction de l'équipement, on convertit ce programme
fonctionnel en un programme technique de façon à pouvoir remettre
des indications très précises aux professionnels dont
l'établissement retiendra les services, à savoir son ou ses
architectes, ses ingénieurs de diverses spécialités, et
également les consultants auprès de l'architecte, des
ingénieurs et de l'établissement.
Nous avons, je vous l'ai mentionné tantôt, un service qui
s'occupera de la coordination des travaux. Je veux simplement souligner que
déjà, au stade de l'élaboration du programme technique, ce
service est saisi du projet. Des esquisses préliminaires seront
préparées par l'architecte, seront soumises à notre
direction de l'équipement qui, à son tour, devra revenir aux gens
qui ont élaboré le programme fonctionnel, parce qu'il y a
fréquemment des retouches et des interprétations à faire
de ce qu'on a converti en pieds carrés.
On demandera à l'architecte, par le truchement du conseil
d'administration, de préparer ses esquisses définitives. Les
esquisses définitives seront de nouveau soumises, pour approbation,
à votre service des plans et devis. On procédera ensuite à
l'élaboration des plans et devis, qu'on peut appeler, encore là,
dans des projets assez considérables, préliminaires et, dans un
deuxième temps, définitifs. Puis les établissements
retiennent les services d'un mandataire coordinateur qui les guide dans
l'élaboration de tous leurs contrats à passer avec des
professionnels et également dans les demandes de soumissions et
dans...
M. CLOUTIER (Montmagny): Qui dépend de qui? De la
corporation?
M. CASTONGUAY; De la corporation. Ces services sont retenus par la
corporation. Sur le rôle du mandataire coordonnateur, je pense que,
tantôt, un de mes collègues pourra fournir plus de
précisions. Notre service de la coordination des travaux n'existait pas;
on vient de le mettre en place. Je dois souligner en passant, qu'au sujet du
directeur, celui qui en prenait charge, on a appris son décès, il
y a deux jours. Il s'agit donc de le pourvoir en personnel.
Ce service de la coordination des travaux, comme son nom l'indique, aura
à s'assurer constamment de la réalisation des étapes
prévues au cheminement critique qui aura été
établi, parce qu'on sait que, dans une construction, à un moment
donné, ce n'est pas une tour de Babel parce qu'on coordonne mais il
reste qu'il y a beaucoup de corps de métiers et de spécialistes
dans tout ça. Il y a plusieurs choses qui doivent se faire en même
temps et à tel moment plutôt qu'à tel autre, etc.
Je n'ai pas encore assisté à la fin d'une construction.
J'imagine que ça doit ressembler un peu à l'accouchement. Le
bébé est au monde, tout le monde est heureux et il prend vie.
Moi, je viens d'arriver. Il faudra être assez prudent dans
l'élaboration de notre cheminement critique de telle sorte que, par
exemple, le matériel, les appareils médicaux, tous ces
dispositifs, tout cet équipement, on s'en préoccupe à un
stade donné des travaux pour que, lorsque l'établissement sera
livré et accepté, qu'on soit pratiquement prêt à le
mettre en activité.
Autre rôle...
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant que vous ne transfériez dans une
autre section, combien est-ce que cela peut prendre de temps? M. Nepveu,
évidemment, vous venez d'arriver, vous n'avez pas vu l'opération
complète mais à partir du début, du moment de la
planification, de la première demande jusqu'au terme, la
réalisation, l'ouverture, cela peut prendre combien de temps? Avez-vous
établi une moyenne?
M. CASTONGUAY: La première commande que j'ai reçue, en
arrivant à la programmation, a été une commande de CLSC.
Ce que j'ai essayé de faire, en collaboration avec des collègues
de toutes les directions, au ministère, a été de cerner
les diverses activités qu'implique la mise en place d'un CLSC, dans un
premier temps.
Dans un second temps, cela a été d'assigner des temps
opérationnels à chacune de ces activités qui ne se feront
pas nécessairement toutes en succession, mais qui peuvent se faire
parallèlement, et bien situer les moment où, pendant qu'on
exécute une activité principale, il y a deux activités,
accessoires, par exemple, qui peuvent être accomplies en même
temps. Dans le cas des CLSC, tous les spécialistes qui m'entourent m'ont
dit qu'il n'y avait pratiquement pas possibilité de mettre en place un
CLSC en respectant toutes les préoccupations de formation, de structure,
de participation, etc., en moins de 73 à 79 semaines. Cela est un an et
quelques... Il va s'agir entre nous d'essayer de gagner du temps et cela est
dans le cas d'une location.
Dans le cas d'une construction, on en était à 139
semaines, me dit-on. Encore là, on a un défi, c'est
théorique. En pratique, il va falloir, pour gagner du temps, que chacun
fasse sa part. Si l'un peut gagner 15 jours ici et l'autre une semaine
là, et trois jours, tout va compter, ce
qui démontre toutefois qu'il faut exercer quand même une
surveillance très étroite sur de telles opérations.
L'exemple que j'avais pris tantôt est l'exemple qui avait
été choisi hier: celui du centre hospitalier de Hull. J'ai
demandé qu'on fasse le même exercice. On va faire l'exercice, mais
on veut être très prudent et on en est à la phase de
l'identification des activités. On n'a pas encore assigné des
temps opérationnels. Je sais que l'expérience acquise au
ministère est à peu près trois ans et plus pour la mise en
place d'un centre hospitalier, pour la réalisation de travaux de
réaménagement d'importance. C'est à peu près ce que
l'expérience a révélé jusqu'ici. Je ne peux pas
vous le donner d'une façon précise, d'une façon
théorique. J'ai demandé qu'on fasse la même chose et je
sais qu'ils sont pas mal plus avancés parce que cela avait
déjà été fait dans le cas de l'implantation des
centres d'hébergement sauf que, dans le cas de l'implantation des
centres d'hébergement, il y a une partie des activités et
une partie assez importante qui nous échappe, jusqu'à un
certain point, parce que la mise en place du bâtiment se fait par le
truchement de la Société d'habitation du Québec. Il faudra
leur demander, à eux aussi, des temps moyens pour des
établissements de 50, 75, 100 lits et plus.
Pour répondre à votre question, cela a été
fait de façon assez précise dans le cas des CLSC ; dans les
autres c'est en voie d'élaboration.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que vous avez donné tantôt, M.
Nepveu, 73 à 79 semaines, c'est dans le cas de la location d'un CLSC et
les 139 semaines, c'est pour la construction d'un CLSC.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous alliez enchaîner sur un autre...
M. CASTONGUAY: Ce que j'allais dire, c'est qu'une fois la nouvelle
ressource en activité, notre rôle ne s'achève pas
là.
Notre rôle en est un de soutien à la gestion et en est un
également de la surveillance de la réalisation des programmes,
mais cela n'en est pas un toutefois d'inspection-contrôle, rôle qui
est joué par la direction de l'agrément et ce n'en est pas un non
plus d'évaluation des programmes. Parce que l'on a bien souligné
hier que les programmes généraux étaient conçus
à la planification et c'est à la planification qu'il revient
à un moment donné d'évaluer... de réévaluer
ces programmes, si vous voulez.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les explications de M. Ouellet, hier, et les
vôtres, M. Nepveu, m'amènent à vous poser la question
suivante. Cette planification s'est penchée sur l'étude de
l'établissement de certaines normes. C'est à partir de là
que la programmation doit travailler. Est-ce que, dans les études
pratiques que vous faites, vous, parce que vous devez déboucher sur un
dossier concret, devez recommander...
M. CASTONGUAY: Toute l'organisation...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... dans les faits, une proposition
précise de tel aménagement, tel type d'aménagement, avec
tel programme? Est-ce que, d'après l'expérience de votre
direction générale, il vous arrive de demander ou de
suggérer à la planification de corriger certaines normes qui, en
pratique, vous apparaissent difficiles d'application ou non
réalistes?
M. CASTONGUAY: Nous ne demanderons pas à la planification de
corriger des normes comme telles. Mais ce que nous demanderons à la
planification, et c'est arrivé et cela vient d'arriver ce matin encore,
c'est d'étudier avec nous la possibilité dans une situation
donnée, d'assouplir telle ou telle norme et, concrètement, c'est
ce qui se fait. Parce que, si vous prenez le cas du dossier de Hull il a
été rendu public ce dossier et que vous le comparez aux
normes théoriques qui ont été aussi, je pense,
publiées et qui vous ont été remises, vous allez
peut-être demander pourquoi, ici, ce petit écart dans un sens et
pourquoi, un peu plus loin, un petit écart dans un autre. Mais
justement, c'est que, après consultation avec le milieu, discussion avec
le milieu, prises de conscience de notre part, de certaines
réalités auxquelles on n'avait peut-être pas songé
au départ, on reprend le tout avec la planification et la planification,
bien, consent à assouplir ses normes.
J'aimerais, M. le Président, faire seulement un commentaire, ici,
au sujet des normes. Il est exact que la planification a
développé des normes; il est exact, comme M. Nepveu le dit,
qu'elles sont utilisées de la façon qu'il le décrit.
Peut-être aussi un commentaire général s'impose et c'est le
suivant. Ces normes ne sont pas des normes qui sont appliquées de
façon rigoureuse et draconienne. Et le meilleur exemple, c'est que,
lorsque vous verrez les documents, les cahiers qui ont été
préparés à l'endroit des conseils régionaux, qui
seront terminés très bientôt, les inventaires
régionaux, vous allez constater que, pour diverses catégories
d'établissements, par exemple, ou de ressources, des normes dans bien
des régions sont dépassées, et, quelquefois, par des
marges assez considérables.
Alors, nous avons dit, il y a trois ans, que nous voulions mettre
l'accent sur les endroits, ou les ressources qui sont les plus
déficientes au départ, les endroits aussi les plus
défavorisés sur le plan socio-économique en
général. Ces normes nous servent donc à mesurer des
écarts et notre travail, si on avait conçu l'application de ces
normes d'une façon extrêmement rigoureuse, aurait signifié,
à bien des endroits, des fermetures, simplement pour dire que l'on
est
au-dessus de la norme et que l'on ferme, ce qui n'a pas
été fait.
Au contraire, au fur et à mesure que nous progressons, que nous
avançons, nous essayons de combler où il y a des
déficiences et, dans les autres endroits, où il y a des surplus,
nous essayons de procéder, lorsqu'il y a des problèmes qui se
posent, par voie de réaménagement, mais ces normes servent
et cela, je pense qu'il est important de l'indiquer comme outils de
travail qui nous permettent de voir, par rapport aux priorités
fixées, de quelle façon des décisions concrètes,
dans tout un processus tel que l'ont élaboré M. Ouellet et M.
Nepveu, peuvent être prises. C'est un outil à travers d'autres
outils et d'autres considérations, et non pas une vache
sacrée.
Maintenant, pendant que j'ai la parole pour une minute, je voudrais
juste souligner une chose. Je sais que tout cela est extrêmement
intéressant, mais je voudrais simplement rappeler que nous
dépassons maintenant 14 heures et qu'il y a d'autres crédits dans
d'autres ministères et je voulais souligner ceci, parce qu'à un
moment donné, il va y avoir un temps limite qu'il va falloir
s'imposer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, je comprends que cela fait 14 heures, mais
il y a des sujets extrêmement importants et c'est le ministère le
plus important du gouvernement. Tout près de $2 milliards. On le voit,
non seulement par...
M. LAURIN: Son budget ou son titulaire?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je m'en venais à des
considérations sur l'importance, par le budget...
M. CASTONGUAY: Par la qualité de ses fo nctio nnaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...par le titulaire, la vigueur des
négociations qu'il conduit avec le gouvernement fédéral,
le nombre et la qualité des fonctionnaires qui sont ici et on pourrait
en ajouter. La qualité des anciens ministres qui ont passé dans
ce ministère-là...
M. CASTONGUAY: La qualité des membres de la commission
parlementaire des affaires sociales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Encore là, disons que la norme de dix
heures a été fixée par l'Assemblée nationale. Il ne
faudra pas l'appliquer trop rigoureusement. Si je me base sur les observations
que vient de faire le ministre, on va l'appliquer avec...
M. CASTONGUAY: Non, je voulais mentionner que, pour les autres,
même si parfois leur budget n'est pas élevé, il y a
peut-être des problèmes. Peut-être qu'il faudrait que vous
les aidiez à faire en sorte que, dans les années prochaines, leur
budget soit plus élevé, à titre de
considération.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est au ministre des Affaires sociales d'avoir
une bonne pensée pour les autres ministères. Mais, de toute
façon, le ministre a souvent des conférences
fédérales-provinciales, il ne faudrait pas terminer trop
rapidement de façon que, périodiquement, il vienne faire rapport
devant la commission des difficultés ou des succès des
conférences. Il y en a une la semaine prochaine sur la santé.
Alors, il y a peut-être des choses que le ministre aimerait
lui-même discuter en commission parlementaire. Alors, après la
conférence, on aura l'occasion de siéger encore. Mais, de toute
façon, M. le Président, ce n'est pas pour... On insiste surtout,
vous le constatez, sur la présentation que chacun des directeurs
généraux, des sous-ministres font du fonctionnement, afin que, si
jamais il y a des cas pratiques, non seulement durant l'étude des
prévisions budgétaires, mais durant l'année, des cas
pratiques sont devant l'opinion publique, on soit capable, la population
qui est renseignée, qui est beaucoup plus renseignée que les
députés soit capable d'analyser beaucoup mieux les
difficultés qui peuvent se présenter dans l'aménagement
des ressources. Je pense que c'est bon que le public soit capable de porter un
meilleur jugement. Au lieu, parfois, de faire de la contestation
négative, dans le cas de l'implantation des ressources, les gens vont
apporter plutôt une collaboration positive afin de trouver la meilleure
formule et la meilleure solution d'implantation de ressources.
M. CASTONGUAY: J'ai bien pris soin de dire que toute cette discussion
était extrêmement intéressante, mais j'ai rappelé
une contrainte.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, d'accord. On connaît cela, les
contraintes.
M. CASTONGUAY: Je pense que le ministre a ajouté, pour revenir
à la question des normes, la directive que nous avons eue de notre
sous-ministre est la suivante. De considérer les normes comme des
objectifs à atteindre, même dans les cas d'organisation et de
réorganisation, mais à tout prix de ne rien sacrifier à la
qualité des soins. Cela, on l'a retenu.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant vous, M. Nepveu, il y avait M. Bergeron,
qui était à cette direction-là. Est-ce que, depuis le
début, depuis que les normes ont été
étudiées, est-ce qu'il y a eu un changement radical et majeur,
à la direction de la planification, à votre connaissance, des
normes qui avaient été édictées?
Hier, quelqu'un a dit ici que maintenant c'étaient les normes de
la commission Caston-guay-Nepveu. J'espère que vous serez à
l'aise,
M. Nepveu et M. le ministre, pour travailler avec les normes de la
commission Castonguay-Nepveu.
M. CASTONGUAY: Dans l'esprit, si vous me permettez, dans lequel les
normes sont utilisées, d'abord à cause du fait que c'est
considéré comme étant un outil de travail en fonction
d'objectifs à atteindre et non pas pour application immédiate et
rigoureuse, la question que vous posez prend un relief particulier.
Récemment, nous nous sommes rencontrés et nous avons
discuté de cette question de révision possible de certaines
normes. A la suite d'une discussion assez longue, nous avons conclu qu'elles
pourraient continuer de servir encore dans le sens que nous les utilisons,
parce qu'avant de pouvoir les remettre en cause il y a un certain nombre de
choses qui doivent être évaluées plus loin. Il y a aussi le
fait que ces normes, comme on le mentionne, sont des objectifs à
atteindre dans une certaine perspective de temps et que leur valeur
apparaîtra graduellement à mesure que l'équilibre du
système sera quelque peu modifié.
On peut dire: La norme pour les lits, pour traitement actif, est de X
par 1,000 habitants et, dans la détermination de cette norme, on calcule
qu'il doit y avoir un réseau de consultations externes, de services
d'urgence, de centres locaux de services communautaires. Si ces consultations
externes, ces services d'urgence, ces centres locaux de services communautaires
n'existaient pas, il faudrait modifier la norme.
Il est clair qu'il ne faut pas l'appliquer de façon rigide, de
façon immédiate, avant que les autres éléments du
système soient développés. S'ils ne l'étaient pas
et que nous essayions d'appliquer cette norme de façon immédiate,
cela serait illogique, cela serait incorrect. Mais, avant de remettre
immédiatement la norme en question, il faut attendre de voir les effets
graduels. C'est pour cela qu'il est très important d'insister et
c'est pourquoi je voulais le faire. M. Nepveu a insisté
également, le Dr Brunet aussi sur le fait que ce sont des
objectifs vers lesquels nous tendons.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est pour cela que j'ai insisté depuis
quelques minutes un peu plus là-dessus et hier soir aussi parce que
c'est toute la base de l'action du ministère des Affaires sociales. A
partir des normes qui sont conçues à la planification, les autres
qui seront conçues, des normes médicales, soit à
l'agrément ou des normes que les négociateurs feront accepter
dans les conventions collectives, c'est à partir de là que toute
la politique du ministère se développera.
M. CASTONGUAY : Je m'excuse. Je ne voudrais pas prolonger cette
discussion. Mais, outre les normes, ce qui apparaît extrêmement
important et de plus en plus on essaie d'orienter notre action dans ce
sens c'est le développe- ment de programmes également. Et
je ne veux pas faire une critique sur le passé. Ce n'est pas dans ce
sens que je fais la remarque mais, graduellement, je crois qu'il devient de
plus en plus important de penser en termes de programme. Je ne dis pas que
c'est nous qui avons commencé cela. Je pense que, lorsque les soins
à domicile ont été élaborés, c'était
pensé comme un programme. On voulait atteindre une fin et on a dit: Pour
atteindre cette fin, il faut faire telle, telle chose.
La notion de programme en fonction d'objectifs, et je comprends qu'il y
a entre des normes, cela aussi est une des pièces ou un des fondements,
en fait, de notre action.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que j'aimerais que le ministre fasse
ressortir je pense bien qu'il ne l'a pas oublié c'est la
difficulté de faire admettre dans les programmes à frais
partagés avec le fédéral les types de programmes et les
substitutions de programmes. C'est pourquoi nous avions tellement
insisté le ministre continue d'insister, je pense qu'il le fera
encore la semaine prochaine sur la plus grande marge de manoeuvre qui
doit être laissée aux provinces, je parle du domaine de la
santé, pour substituer des programmes plus adéquats, tenant
compte de l'évolution, qui permettront de rejoindre plus facilement
certains objectifs.
Les soins à domicile faisaient justement partie d'un programme de
substitution à l'hospitalisation. Cela avait comme conséquence de
soulager l'implantation ou la demande pour des ressources.
Je pense que nous avons suffisamment traité de la question des
normes. Je suis satisfait de ce qu'on m'a dit, des réponses qu'on a
données, que c'étaient des objectifs à atteindre et non
pas des clôtures très rigides qu'on ne peut pas franchir.
Autrement, cela sera très difficile dans la programmation de
réaliser des choses qui sont acceptables par les régions et qui
tiennent compte des situations différentes d'une région à
l'autre.
M. GUAY: De toute façon, probablement que les normes seraient
difficiles à respecter de façon constante à cause des
contraintes budgétaires qui semblent une préoccupation assez
importante de la part de la programmation. C'est beau de fixer des normes;
c'est ce qu'on veut atteindre. C'est beaucoup plus explicable dans le cas
d'objectifs à atteindre que dans le cas de normes établies qui
doivent être respectées de façon rigide. Si on
établit des normes et qu'ensuite on n'a pas les budgets suffisants pour
respecter ces normes, à quoi servent les normes? Alors, si on les
établit comme étant des objectifs à atteindre, on peut
poser l'autre question. Dans quelle proportion peut-on être assuré
que ces normes ou ces objectifs seront atteints? Tout dépendra des
disponibilités budgétaires.
M. CASTONGUAY: Je pourrais peut-être ajouter un commentaire. Il ne
faut pas oublier que, dans le domaine de la santé, encore très
récemment, chaque hôpital était considéré
je prends l'exemple d'un hôpital comme une entité
autonome qui se développait d'après son propre dynamisme à
mesure que les besoins se faisaient sentir. L'introduction graduelle de la
nécessité de relocaliser certains services, de répartir
les niveaux de soins, de telle sorte qu'on puisse faire la meilleure
utilisation des équipes très spécialisées, des
équipements, est un changement dans la tradition du développement
des centres hospitaliers. C'est clair que ce changement a pris quelque temps
à être compris, accepté par les gens du milieu. Je ne dis
pas que c'est un phénomène négatif. Au contraire, cet
attachement à une institution, cette fierté que les gens avaient,
c'est quelque chose qui est sain et qu'il faut faire attention de ne pas
démolir. On essaie aussi sur ce plan de faire bien attention.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément 7. Adopté?
M. LAURIN: M. le Président, j'ai quelques questions. J'ai lu avec
intérêt, dans la revue "65 à l'heure" récemment, le
modèle que vous suivez lorsqu'il s'agit de planifier de nouveaux
services dans une région au point de vue social, au point de vue
sanitaire, la coordination à effectuer entre ces divers services, la
relocalisation qu'il importe parfois d'effectuer. Comme dit le ministre, il
s'agit de trouver le meilleur équilibre des ressources, chaque
institution n'est pas véritablement autonome et doit se situer à
l'intérieur d'un plan régional. Je suis très concient des
difficultés que cela peut poser dans certaines régions où
parfois on a une surabondance de certains services par rapport à la
carence de certains autres. Je sais qu'il peut y avoir des habitudes locales
qu'il est difficile de corriger surtout lorsque ces habitudes locales sont
aiguisées par des déclarations d'hommes politiques, soit
publiques ou soit au cabinet du ministre. Je me rends compte que cela peut
causer des problèmes difficiles.
Il reste, cependant, qu'on doit toujours tenir compte, comme disait le
ministre, d'ailleurs, l'an dernier, de l'assentiment des populations
concernées. Je pense que pour en arriver à cet objectif il y a un
certain nombre de moyens à mettre en oeuvre. D'abord qu'une
véritable consultation ou participation des populations se fasse. Je me
demande si, actuellement, les moyens utilisés jusqu'ici par le
ministère sont suffisants. Par exemple, je me demande si les conseils
régionaux, qui sont encore assez jeunes, jouent actuellement leur
rôle, là où ils sont installés à cet
effet.
Je me demande s'il y a une coordination ou s'il y aura une coordination
efficace entre les conseils régionaux des affaires sociales et les
agents régionaux de la division de la program- mation dont le ministre
nous a parlé. D'ailleurs, j'en avais parlé dans ma
déclaration liminaire et à ce moment-là le ministre
m'avait dit que, lorsqu'on en viendrait à cet article de nos
discussions, il demanderait à M. Saint-Onge de nous donner les
éclaircissements nécessaires.
Je me demande aussi si l'information est suffisante. Je vais prendre
juste un exemple. Quand on a décidé de fermer l'hôpital de
la Miséricorde, on a eu l'impression que, dans le public, d'apès
les articles de journaux, la décision était subite,
imprévue, alors que je suis convaincu qu'elle n'a pas été
subite et imprévue, que cette décision-là a
été prise à la suite de longues études
menées par des comités. Et je serais porté aussi à
penser que la décision a été prise après des
consultations menées auprès des gens du milieu. Mais, par contre,
il n'y a rien de cela qui a paru dans les articles ou dans les
déclarations qu'on a pu lire à ce sujet. Je pense que c'est
là, en démocratie, une condition très importante qu'il ne
faut jamais oublier, cette nécessité de l'information, de la
circulation de l'information, de la consultation, de la participation, parce
qu'encore une fois, même si on a l'air de perdre du temps, en apparence,
on le regagne après, puisqu'après ça les décisions,
une fois prises, peuvent être appliquées plus rapidement et
surtout que la population en est véritablement contente, satisfaite, il
y a moins de récriminations et le gouvernement d'ailleurs y trouve son
avantage.
Je me demande donc s'il y a une mentalité, une philosophie, un
état d'esprit, d'une part, et deuxièmement une politique qui a
été ou qui sera mise en vigueur pour que ce processus de prises
de décision soit accompli dans des conditions qui respectent ces
objectifs plus démocratiques, plus modernes de participation, de
consultation, d'assentiment et de prise en considération de la
collaboration de la société aux projets qui
l'intéressent.
M. CASTONGUAY: Tout ce que vous dites là fait partie de nos
préoccupations, mais je ne crois pas qu'il puisse être mis sur
papier un genre de modèle théorique qui pourrait nous guider et
nous faire éviter tout écueil. Je pense qu'on est dans le domaine
des relations où s'introduisent toutes sortes de facteurs, toutes sortes
de considérations. Il nous faut donc essayer de viser les objectifs que
vous mentionnez et de réévaluer, dans les cas où nous
avons fait des erreurs, ce qui a mal été ou encore, si ce ne sont
pas des erreurs, ce qui a fait que ç'a accroché, parce que
parfois ça accroche, ce n'est pas de la mauvaise foi ni d'un
côté, ni de l'autre.
Et en ce sens-là, nous croyons qu'avec les conseils
régionaux, graduellement, parce qu'il ne faut pas non plus les
surcharger dans un premier temps, vous avez vu, par exemple, qu'ils ont des
responsabilités sur le plan des transformations des conseils
d'administration. C'est une opération assez délicate et assez
importante. Nous les avons impliqués dans la question des
services d'urgence et là c'est quelque chose d'un peu différent
parce que les gens nous disaient: Bien, ils n'ont pas de pouvoirs, ils ne
seront pas dans les décisions concrètes. Alors, on a voulu,
aussitôt que possible, justement, les impliquer sur ce plan-là
également. Il ne faut pas oublier qu'ils ont été
formés encore récemment. Alors, en plus, il nous faut leur donner
une information. Et des dossiers, comme on vous en a montré un projet
hier, sont en voie d'être terminés pour leur être
communiqués. Il y a eu un certain nombre de rencontres aussi avec les
conseils régionaux jusqu'à présent pour faire le point
avec eux, et ces rencontres vont se poursuivre, de telle sorte qu'on puisse
voir quelles sont leurs réactions, quelles sont leurs
préoccupations.
Egalement, nous avions le sentiment que, dans les quelques points chauds
que nous avions, si nous avions voulu transférer trop vite le dossier au
conseil régional, il aurait pu aussi y avoir un certain danger que les
conseils régionaux disent qu'ils avaient été formés
uniquement pour ramasser les pots cassés du ministère.
On voulait éviter ce danger-là également parce que
je pense qu'à certains endroits, avoir impliqué un conseil trop
vite, alors que les gens apprenaient graduellement à travailler en
prenant un concept un peu plus régional, cela aurait pu être leur
coup de mort. Il a donc fallu tenir compte de cela.
Dans les milieux, nous faisons face à un problème. A la
suite d'une déclaration de Léon Dion, que vous avez
sûrement lue, où M. Dion disait que je ne faisais pas ou que nous
ne faisions pas suffisamment confiance à la population, il y a des
points que j'ai, d'ailleurs, discutés avec lui par la suite, parce que
ce sont des problèmes fort complexes. Mais dans les milieux, il est bon,
d'une part, que les gens s'intéressent comme ils le font par la voie de
comités de citoyens, etc.
Par contre, ces groupements, qui sont dynamiques, ne connaissent pas
toutes les complications ou toute la complexité d'un
établissement de santé, par exemple, toutes les
considérations qui doivent entrer dans la constitution d'un programme.
Et malgré toute leur bonne volonté, il y a des fois qu'ils
court-circuitent certaines étapes qui doivent être franchies.
Certaines contraintes ne pèsent pas pour ces comités et je pense
à des contraintes de normes, sur le plan de la qualité des soins,
contraintes financières qu'on ne peut pas écarter, certaines
contraintes administratives qui leur semble peser lourdement mais qui doivent
être là. Il faut une bonne machine administrative si on veut que
de tels établissements fonctionnent.
M. LAURIN: Vous ne pensez pas, M. le ministre, qu'une bonne machine
administrative implique la prise en considération rationnelle,
scientifique de ces facteurs humains qu'on doit quantifier le plus
possible?
M. CASTONGUAY: D'accord, mais je veux dire, en parlant d'une bonne
machine administrative, que dans un établissement comme un centre local
de services communautaires, on aimerait que tout le monde soit impliqué,
soit dans le processus de décision, etc. On sait fort bien que dans
l'administration d'un tel centre, à un moment donné, cela prend
un directeur pour faire en sorte que, dans les opérations courantes,
lorsque des décisions doivent être prises, elles le soient. Cela
prend un certain contrôle sur le plan financier. Nous dépensons
des fonds publics, et sans mettre la bonne foi de qui que ce soit en cause, si,
à un moment donné, des fonds publics sont spoliés, mal
dépensés, évidemment il va y avoir une réaction, on
va dire qu'on gaspille les fonds. Alors, comment faire en sorte qu'on marie ce
dynamisme d'un milieu, ces préoccupations de groupes qui veulent avoir
réponse à leurs besoins avec un certain nombre de contraintes de
cette nature? C'est un problème extrêmement difficile.
Il y a encore énormément à faire sur le plan de
l'information non pas seulement de groupes comme les conseils régionaux
mais de la population aussi pour qu'elle devienne un peu plus consciente de ces
contraintes. Bien souvent, lorsqu'elles sont ignorées au départ,
c'est, parfois, la cause de frustrations par la suite. Nous avons eu des
exemple d'ateliers qui ont été lancés dans l'enthousiasme
et qui ont connu des échecs parce que, justement, on n'avait pas
pensé à l'essentiel. On avait voulu aller vite, que tout le monde
participe et on avait oublié des choses élémentaires au
chapitre d'une bonne administration.
C'est un des problèmes sur lequel nous nous butons et je ne peux
pas penser que, malgré tous les efforts qui pourraient être faits,
cela ne prendra pas un certain temps à améliorer la situation. Ce
n'est pas simplement le ministère des Affaires sociales qui peut agir
mais il va falloir que cela se fasse. C'est une espèce de processus de
maturation, en fait, qui va devoir se poursuivre de telle sorte que les
désirs de participation, de regroupement de citoyens pour prendre en
charge davantage la conduite de leurs propres affaires dans une
communauté soit... c'est une autre étape à franchir, en
d'autres termes. Il y a eu l'étape où les gens ont
réalisé qu'il fallait qu'ils le fassent et ce n'est pas franchi
partout, cette étape, au contraire, et l'autre doit se faire
également.
C'est une autre des choses. En plus, viennent compliquer la situation,
à certains moments, des luttes entre groupes.
Nous en avons des exemples: des villes ou des municipalités qui
vivent pratiquement ensemble, en fait, pour des raisons historiques, sont
séparées et sont divisées aussi. A certains moments, nous
sommes presque devant des situations impossibles parce qu'il y a des
oppositions tellement fortes dans ces milieux qu'il n'est pas possible de faire
de consensus. Cela
aussi, c'est un problème, une contrainte extrêmement
difficile que nous ne pouvons pas, en ce moment, éliminer, malgré
tous les efforts que nous pourrions y mettre. C'est simplement le temps,
espérons-le, qui peut faire son oeuvre dans certaines de ces
situations.
M. LAURIN: Vous ne pensez pas que ce serait plus facile peur le
ministère de prendre une décision et de la faire accepter par la
population si l'information complète sur le dossier était mise
plus souvent à la disposition de l'opinion publique?
M. CASTONGUAY: C'est possible, mais, lorsqu'on donne l'information
complète sur un dossier, on nous dit: La décision a
été prise. Dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, nous avons
demandé à des gens du milieu de préparer un rapport. Le
rapport nous a été livré. Il n'y a pas eu de
décision prise; il y a eu certaines discussions. Déjà,
cela a déclenché tout un. mécanisme dans ce milieu. Comme
nous avons fait faire le travail dans le milieu je pense que
c'était une décision qui était sage que nous avons
rendu public le rapport avant de prendre des décisions, ce qui semble se
produire, c'est que, voyant clairement certaines des options qui pourraient
être prises, les groupes se dressent les uns contre les autres.
Même ce que vous dites n'est pas nécessairement toujours la
réponse. C'est pour ça que je dis que c'est extrêmement
complexe. Il n'y a pas de modèle théorique ou de solution unique
à ce problème. Je suis d'accord et nous sommes d'accord qu'il
faut impliquer les gens, qu'il faut donner la plus grande information possible.
Malgré ça, on se butte, dans des cas où on a voulu
respecter ça le plus intégralement, à des situations
où on se demande si le dossier progresse, oui ou non.
Je voudrais ajouter quelques mots qui peuvent aussi expliquer certaines
des difficultés dont on est conscient. Je ne pense pas qu'il y ait des
réponses qui ne scient jamais satisfaisantes. Il ne faut pas oublier
qu'au ministère on a eu et on a encore, malgré tout, des
limitations sur le plan du personnel, des fonctionnaires. Même si on a
une équipe qui est assez dynamique, il reste qu'il y a des lacunes, que
ce n'est pas facile à combler et que ça prend du temps.
Deuxièmement, les outils privilégiés qui ont
été mis en place pour permettre cette participation ne font que
commencer à apparaître. Aux conseils régionaux, il ne faut
pas oublier que les directeurs généraux ont été
nommés pour la plupart les derniers viennent d'être
nommés, la semaine dernière il y a, au plus, deux à
trois mois. Leur effet sur la participation régionale, sur un plan
régional, est négligeable jusqu'à maintenant. Lentement,
progressivement, avec entente avec eux, on les rencontre
régulièrement, on leur transfère des dossiers ou on les
implique dans nos dossiers. On l'a fait pour la région de Chicoutimi, on
l'a fait pour la région de Trois-Rivières jusqu'à un
certain point; à Baie-Comeau, Hauterive, on les a impliqués. Ce
sont des outils qui ne font qu'apparaître et où il n'y a pas
encore de tradition, ni d'habitude.
L'autre point qui est aussi important, c'est la modification des
conseils d'administration. Les conseils d'administration sont pour nous,
à toutes fins pratiques, un interlocuteur privilégié. Ces
conseils d'administration doivent ou devront représenter, jusqu'à
un certain point, le milieu de travail par les professionnels et par les gens
du milieu qui seront représentés. La population sera
représentée par des bénéficiaires et, à ce
moment-là, les conseils d'administration, à notre avis, vont
devenir des auditeurs beaucoup plus larges. Ils ont une responsabilité
très grande de transmettre de l'information, parce que le travail
préliminaire et les discussions se font à l'intérieur des
établissements. Il nous paraît important que, très souvent,
ce ne soit pas le ministère qui informe la population locale ou les gens
localement, mais le conseil d'administration lui-même.
Dans la loi, il y a des prévisions, par exemple, d'une
assemblée annuelle où les conseils d'administration devront faire
rapport de ce qui a été fait et aussi de ce qui va se faire.
Actuellement, on a l'impression que, si nous ne fournissons pas
l'information à la population, personne ne la fournit, tandis qu'avec
les conseils régionaux, avec les conseils d'administration
modifiés, on pourra répondre beaucoup mieux à ce type de
problèmes. Mais on ne les a pas encore et les élections ont lieu,
il faut dire avec quelle résistance. Par exemple, le seul fait d'avoir
une assemblée annuelle où on va faire rapport au public
sème la panique chez un certain nombre de conseils d'administration
existants et les gens se disent: Est-ce qu'il va falloir qu'on aille faire face
au monde? Cela va jusque-là et on n'a pas ces habitudes au point de vue
du travail. Sur le plan de l'information, parce que, peut-être, nous
n'aurons pas le temps d'y revenir, il me semble important de signaler qu'au
niveau du ministère, depuis un an et demi, M. Cyr a pris en charge la
direction des communications.
M. LAURIN: Excellente revue.
M. CASTONGUAY: Oui, et je voudrais dire là-dessus, pour
compléter, que l'équipe, qui était de cinq ou six
personnes il y a environ un an et demi, est maintenant de 40 fonctionnaires, ce
qui veut dire une équipe très dynamique. En plus de la revue "65
à l'heure", qui est, je pense, une initiative très heureuse et
qui s'adresse à un public particulier qui est d'abord et avant tout le
public des institutions, il y a l'émission Denis Jobin qui a
commencé il y a quelques mois et qui s'adresse au grand public, à
la radio, pour l'ensemble des problèmes du ministère. Elle n'a
pas encore, d'après les renseignements que nous avons, la cote
d'écoute qu'on voudrait, mais elle est très
appréciée.
Elle atteint, semble-t-il, d'après l'information que nous avons
eue récemment, environ 300,000 personnes.
Ce n'est pas totalement satisfaisant, mais nous poursuivons les
démarches et l'émission est assez bonne. Si vous avez l'occasion
de l'écouter, on répond à un ensemble de problèmes
que les gens se posent sur ce qui touche au ministère des Affaires
sociales. Un certain nombre de diaporamas sont disponibles. Le nombre en est
limité, mais le diaporama, par exemple, pour expliquer la loi 65 et le
film du ministre à ce sujet ont été montrés
à un nombre fantastique de personnes.
Il circule actuellement dans des CEGEP, dans des écoles
secondaires. Il a fait le tour d'à peu près tous les
établissements du ministère; c'est donc une information.
Actuellement, il y a un diaporama sur les conseils régionaux, il y en a
un sur la sexualité, qui sera disponible dans les écoles d'ici
quelques mois, que nous discutons avec l'Education mais qui est prêt. Et
le processus se continue.
Vous avez vu celui sur les urgences. Il y a ces moyens d'information qui
progressent. Il y a actuellement la tournée du ministère sur les
soins dentaires, qui est un succès; elle est actuellement à
Québec, au mail. Il y a un certain nombre de films qui ont
été réalisés; il y en a un sur les CLSC. On
envisage actuellement un processus d'information pour les gens à
l'intérieur du ministère, qui est encore déficiente parce
qu'il y a aussi des problèmes de communication à
l'intérieur du ministère.
Il y a toute une série d'efforts qui sont posés, avec des
résultats concrets pour certains et des résultats à venir,
qui vont permettre d'informer. Tout cela sans parler des communiqués de
presse. On est probablement un des meilleurs producteurs de papiers pour la
presse écrite et parlée du gouvernement. Il reste que chaque
communiqué demande un travail assez important. On s'efforce de
transmettre à peu près toutes les informations qui sont
disponibles, que ce soit pour des constructions, des subventions, des nouveaux
programmes. On a rendu toute une série de documents publics.
On fait un gros effort qui n'est pas parfaitement satisfaisant. Je
voulais simplement signaler que la direction des communications a pris un essor
considérable qui va porter tranquillement des fruits. On la consulte
même sur nos processus stratégiques. Par exemple, Baie-Comeau,
Hauterive, on les a consultés. A la Miséricorde, tous les gens
sur place avaient été consultés. Il y avait eu une longue
négociation. Le doyen de la faculté, l'université avait
été impliquée; les médecins avaient
été consultés. On avait discuté avec eux. Il y
avait eu toute une longue préparation du milieu et des discussions.
D'ailleurs, à Baie-Comeau et Hauterive, on nous a dit j'y
suis allé moi-même: Faites ce que vous voulez, mais
décidez. Cela fait un an que nous sommes assis ensemble, on est incapa-
ble de prendre une décision. On est incapable d'arriver à un
consensus. Prenez une décision; elle ne nous importe absolument pas,
pour autant que vous allez en prendre une.
On m'a dit ça. Les deux conseils d'administration au complet
étaient présents. On m'a affirmé ça. Les
médecins étaient présents; ils m'ont dit qu'Us
s'étaient réunis. Ils m'ont fait des rapports, je suis
allé les rencontrer. On m'a dit: Décidez, nous allons accepter
votre décision, quelle qu'elle soit.
Par la suite, on s'est aperçu qu'ils acceptaient la
décision parce que les deux pensaient qu'elle leur serait favorable. Ils
étaient tous les deux d'accord pour autant que c'était eux qui
avaient la plus grosse part du gâteau ou ce qu'ils considèrent
comme la plus grosse part du gâteau.
A ce moment-là, on voit les conséquences, on leur dit: On
prend une décision, on l'a mûrement réfléchie, on
l'a basée le plus possible sur des normes et, après consultation,
après avoir visité le milieu, après avoir envoyé
des gens des communications qui ont passé une semaine pour voir les gens
sur place, la population a répondu unanimement que la seule chose qui
lui importait, c'était la modération de la santé et des
soins, la qualité des soins et une fois que la décision est
prise, il y a un groupe, celui qui n'est pas satisfait, qui monte les gens.
Alors, c'est extrêmement difficile. On peut donner d'autres
exemples. Il y a une partie dont on est responsable. On fait des erreurs.
Quelquefois on prend de mauvaises décisions, on ne consulte pas assez,
mais il reste qu'il y a des nuances, qu'il y a de gros efforts à
l'intérieur du ministère pour essayer de prendre des
décisions.
M. LAURIN: Parmi les circonstances atténuantes, on aurait pu
invoquer l'absence d'outils valables comme ceux des dossiers régionaux
dont on parlait hier. Il est bien entendu qu'au fur et à mesure qu'ils
sont constitués, les conseils régionaux, aussi bien que les
conseils d'administration, pourront mener des études plus valables sur
leur milieu que celles qui ont été menées jusqu'ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Là-dessus, si le député de
Bourget me le permet, je ne voudrais pas soulever des problèmes qui,
j'espère, n'existeront pas en pratique, mais le ministre a
souligné tantôt des difficultés au plan régional
aussi. Il va y en avoir. Les disputes qui se produisent au niveau du
ministère vont se transporter au niveau de la région. On a fait
allusion tantôt à la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean ; au
moment où des propositions sont faites par la région, on le voit,
il y a certaines oppositions qui vont se dessiner. Le ministère ne
pourra pas se dégager non plus de toute responsabilité
vis-à-vis de la région parce que cela va prendre
nécessairement des arbitres entre les différentes pressions qui
vont naître au sein de la région, que ce soient, appelons cela
des chicanes de chocher ou des rivalités entre groupes, entre
professionnels. C'est pour cela que le ministère, même si le
dossier est transmis dans la région, ne devra pas dégager
entièrement sa responsabilité vis-à-vis de la
région. C'est comme cela que ça m'apparaît à ce
moment-ci.
M. LAURIN: M. le Président...
M. CASTONGUAY: Simplement une remarque, une boutade peut-être,
mais on a l'impression, il y a eu tellement d'informations ou d'efforts de
faits, que même les journalistes les plus alertes semblent avoir moins de
temps pour obtenir des documents du ministère avant même qu'ils
soient publiés et c'est un autre indice au moins de progrès
réalisé.
M. LAURIN: M. le Président, je voulais simplement dire que mes
remarques proviennent de l'inquiétude qui s'empare de moi parfois quant
au sort qui sera fait à cette évolution rapide et absolument
nécessaire. En ce qui me concerne, je suis absolument d'accord, je l'ai
déjà dit, sur les objectifs de la commission Castonguay-Nepveu,
sur les objectifs du ministère depuis trois ans, mais, pensant encore
une fois à ce qui s'est passé dans le domaine scolaire, je ne
voudrais pas que l'on affronte les mêmes difficultés, que l'on
assiste au même écart entre la population et les
ministères. Je voudrais que l'on y pense d'une façon telle que
l'on puisse mettre en place assez tôt des dispositifs qui vont nous
permettre non seulement d'éviter les écueils que l'on a
déjà rencontrés mais également de promouvoir le
plus rapidement possible les objectifs que l'on poursuit. Je voudrais que l'on
en arrive à la mise en place de moyens pratiques, parce que c'est
sûrement le grand défi le grand écueil, celui dont on
discute actuellement, quand on pense surtout que l'essentiel des fonds du
ministère vont pour les services sociaux ou sanitaires d'une part et,
deuxièmement, que toute la population est intéressée
à ce que cette réforme réussisse. Je me demande par
exemple, s'il n'y aurait pas moyen d'ajouter, dans les objectifs que vous
poursuivez actuellement, certains éléments, comme, par exemple,
une définition plus exacte du rôle des officiers du
ministère, particulièrement dans leur dimension régionale,
par rapport aux pouvoirs et aux objectifs des conseils régionaux.
Quand je me promène dans le Québec, je me rends compte
qu'il y a une ambiguïté, pour ne pas dire de la tension, entre les
conseils régionaux, même s'ils ne sont pas encore tout à
fait formés, s'ils ne sont pas encore opérationnels, et les
officiers du ministère, surtout les officiers supérieurs du
ministère. Il y a des membres des conseils régionaux qui m'ont
dit: On est là surtout pour la forme, on sait bien qu'on n'a pas encore
tellement de pouvoir, on nous en promet, mais on ne les a pas encore, mais on
s'en vient avec la grosse cloche. C'est l'officier supérieur du
ministère qui vient nous voir, que ce soit sur la Côte-Nord, que
ce soit à Sherbrooke ou même que soit à Montréal.
Une fois que les conseils régionaux ont placoté, ont
parlé, la décision finale est prise par l'officier
supérieur de la direction de la programmation et on est mis devant le
fait accompli. Souvent, c'est à cause d'une définition
insuffisante ou trop imprécise du mandat de l'officier supérieur
du ministère et du conseil régional.
Une deuxième chose à laquelle je pensais. Est-ce qu'il y
aurait moyen, pour faire avancer les dossiers régionaux, les prises de
décisions quant à la relocalisation des services,
l'élimination de certains services, l'ouverture de nouveaux services,
lorsque la discussion se poursuit, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'ajouter
à la division de la programmation un ou deux spécialistes en
sciences humaines dont le rôle serait justement d'écouter, d'aider
et de suggérer, peut-être, à l'occasion, des avenues ou des
approches qui pourraient permettre de détecter, de diagnostiquer les
obstacles et de prévenir les impasses? Même là, en
apparence, cela a l'air improductif d'ajouter des spécialistes de ce
genre. L'expérience de la gestion que j'ai eue depuis une dizaine
d'années me prouve que c'est loin d'être inutile et que, bien
souvent, un observateur un peu détaché qui assiste à
certaines réunions, en apparence, peut faire beaucoup pour faire avancer
la solution d'un problème. Je ne vois pas ça dans votre personnel
de la programmation, ce genre de spécialistes. Justement parce qu'il est
un peu plus détaché, un peu moins dans la ligne de
l'autorité, parfois il peut donner des observations ou faire des
diagnostics ou suggérer des solutions qui peuvent beaucoup aider
à la solution d'un problème.
Une troisième chose à laquelle j'ai pensé, est-ce
qu'il n'y aurait pas moyen d'inciter les CRSS, quand ils seront
opérationnels, et même les conseils d'administration à
organiser des colloques régionaux sur leurs besoins, sur leurs
ressources au lieu que cela vienne toujours du ministère? Cela serait
peut-être plus efficace si ces colloques régionaux étaient
organisés par les conseils régionaux de services sociaux et que
les invitations viennent d'eux, que les ordres du jour soient faits par eux et
que les personnes-ressources qui doivent participer à ces
réunions soient choisies par eux. Je sais que les associations
médicales ou les associations de services sociaux en organisent de ces
colloques parfois, l'Association des hôpitaux et tout ça. Je
n'aimerais pas que ce soit simplement au début du régime. Je
pense qu'on en aura besoin constamment, que cela devra être
institué d'une façon quasi permanente, tellement les besoins sont
grands, l'étude en est préliminaire et qu'il faudra suivre ces
dossiers d'une façon constante. Je pense que ces colloques
régionaux organisés sur une base régionale locale feraient
beaucoup pour associer les professionnels ou les autorités
concernées et même la population à
l'élucidation de leurs besoins, justement à l'aide des
outils que le ministère commence à fournir de plus en plus
à toutes ces populations. De même, je pense qu'on devrait
continuer l'effort qui a été fait, qui a été
entrepris par le ministère, tel que le sous-ministre vient de nous le
dire, des émissions de radio, la fabrication d'audio-visuels, de
diaporamas, de bulletins statistiques. Je pense qu'il faudra encore continuer
dans cette voie. Je me rappelle avoir recommandé, dans le temps, qu'une
revue du ministère soit créée. Non seulement je suis
très heureux qu'elle ait été créée, mais je
suis très heureux de la teneur, de la haute qualité de cette
revue. Mais je pense qu'il faudra encore continuer dans ce sens pour que
l'information circule encore davantage dans un domaine aussi complexe et touffu
et encore mal connu que celui-là avec toutes les implications
financières que cela a.
Je pense aussi j'y ai fait allusion la dernière fois
qu'une des institutions qui n'est pas encore assez informée de
tout le travail du ministère, du sens de l'impact de la
révolution qu'on essaie de créer, ce sont les facultés de
médecine, les départements de médecine sociale ou
préventive, les comités du curriculum des facultés.
Je pense que l'effort n'a peut-être pas encore été
suffisant pour transmettre aux facultés de médecine les
philosophies, les objectifs, les documents, les informations qui pourraient
aider les facultés de médecine à réorienter leur
curriculum de façon à faire prendre conscience à
l'étudiant, au futur médecin, des objectifs que toute la
société québécoise poursuit. On déplore
souvent le peu de sens social du médecin; je pense qu'il ne faudrait pas
uniquement blâmer les médecins parce qu'ils reflètent un
peu le genre d'éducation qu'ils ont reçue. Même s'il y a eu
beaucoup d'amélioration au cours des quatre ou cinq dernières
années dans ce domaine, cela me paraît peu, à moi en tout
cas, par rapport à tout ce qu'ils devraient posséder dans
l'avenir parce que la dimension économico-sociale de la profession
médicale, des divers professionnels de la santé me parait
tellement importante qu'on ne fera jamais assez d'efforts pour qu'elle
s'aiguise et s'étende davantage. Je pense que c'est avec des mesures
concrètes comme celles-là qu'on pourra empêcher, d'une
part, que les nouveaux objectifs de la société
québécoise ne se réalisent pas et que c'est de cette
façon aussi qu'on fera en sorte qu'ils se réalisent plus
rapidement et surtout dans un consensus plus large de la société.
Loin de moi de prétendre, de penser que toute la société
l'acceptera. Quand je parle de consensus, je ne veux pas dire que tout le monde
soit content; mais au moins que les solutions les plus rationnelles et les plus
logiques soient quand même présentées devant l'opinion
publique et si des décisions doivent ensuite être prises qui ne
rallient pas tout le monde, c'est bien évident, on ne pourra pas faire
autrement, mais au moins l'essentiel aura été acquis.
Ce sont les trois ou quatre suggestions que je voulais faire. Je pense
qu'il y en aurait d'autres si on s'y mettait véritablement et
peut-être que le ministère pourra penser à d'autres au
cours de l'année.
M. CASTONGUAY: En fait, ce sont des préoccupations et des aspects
que vous soulevez sur lesquels je dois dire qu'il n'y a aucun désaccord
de notre part.
M. LAURIN: Encore une fois, des réformes aussi importantes que
celles-là ne peuvent réussir que quand on associe le plus
possible la population et quand on fait en sorte que ce fossé qui existe
toujours, il faut bien le reconnaître, entre les administrations et les
administrés diminue ou s'atténue le plus possible.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément numéro 7,
adopté?
M. CASTONGUAY: Et 8 aussi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément numéro 8,
adopté?
M. CASTONGUAY: Cela fait partie...
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont les programmes spéciaux? Il y a
tout le programme de placement mais on pourra y revenir à d'autres
moments de l'étude des prévisions budgétaires.
M. LAURIN: Est-ce que ce n'est pas inclus dans la nouvelle
direction?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est dans la nouvelle direction mais, dans la
présentation, c'est un article à part. On y reviendra plus tard.
On peut l'adopter.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément 8, adopté.
Elément 9.
M. LAURIN : Relations professionnelles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, un instant, Cela peut faire l'objet
de...
M. CASTONGUAY: Mardi et mercredi, on a une conférence
fédérale-provinciale.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, la commission ajourne ses
travaux sine die.
M. CASTONGUAY: Avant que nous ajournions, M. le Président, je
pense que nous avons fait une quinzaine d'heures; nous avons passé
toutes les directions en fait, sauf celle des relations professionnelles et il
y aura peut-être lieu aussi...
M. CLOUTIER (Montmagny): D'agrément.
M. CASTONGUAY: ... d'agrément, c'est ça. Quant aux autres
programmes, il y a bien des questions que nous avons couvertes. Je regarde le
programme 14, nous en avons discuté hier; l'équipement, nous en
avons parlé, ainsi que du programme 13.
M. LAURIN: On y reviendra.
M. CASTONGUAY: J'aimerais avoir une idée des membres de la
commission. Quel temps croient-ils que nous devrons consacrer à ces
crédits pour terminer? Est-ce que vous pensez que...
M. CLOUTIER (Montmagny): L'année passée, on a pris 25
heures, deux semaines?
M. CASTONGUAY: J'avais calculé à peu près 18
heures.
M. CLOUTIER (Montmagny): Réparties sur deux semaines.
M. CASTONGUAY: En temps réel.
M. LAURIN: A peu près la même chose. On va s'imposer
cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): On n'abusera pas, les questions seront assez
directes.
M. LAURIN: Juste avant qu'on ajourne les travaux, est-ce qu'il serait
possible d'avoir, comme la demande en avait été faite, l'an
dernier je pense que le député de Montmagny l'a
déjà demandée la liste des travaux
complétés, des travaux en cours, en ce qui concerne les
institutions de santé, les institutions de services sociaux?
M. CLOUTIER (Montmagny): II nous l'avait donnée l'an
passé. Quand on arrivera à ce sujet, cela facilitera beaucoup la
discussion, et c'est beaucoup plus rapide.
M. CASTONGUAY: Alors, M. Nepveu ou M. Langlois...
M. LAURIN: Comme l'an dernier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Santé, personnes âgées,
enfance, jeunesse...
M. LAURIN: C'est ça!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 12 h 26)