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Commission permanente des affaires sociales
Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
Séance du jeudi 10 mai 1973
(Dix heures quinze minutes)
M. HOUDE (Limoilou, président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs!
Je voudrais porter à votre attention quelques changements parmi
les membres de la commission: M. Ostiguy, de Rouville, remplace M. Lacroix, des
Iles-de-la-Madeleine, et M. Lariviè-re, de Pontiac, remplace M.
Saint-Germain, de Jacques-Cartier.
L'honorable député de Montmagny.
Conférence fédérale-provinciale
sur la santé
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, à moins que le
ministre n'ait quelques déclarations spéciales à faire
je sais qu'il brûlerait du désir de parler de la
conférence fédérale-provinciale mais étant
donné que nous l'avons questionné en Chambre hier, nous pouvons
reprendre l'étude des crédits là où nous les avions
laissés la semaine dernière. Je pense que c'était à
l'élément 9.
M. CASTONGUAY: Je peux peut-être faire un bref commentaire de la
nature de l'information. Hier, on a discuté en Chambre, et
mentionné dans les journaux, de façon particulière, la
proposition quant à la formule de transfert de sources de revenus
fiscaux, soit les six points d'impôt, plus les revenus, la taxe d'accise
sur le tabac, l'alcool, le brandy, les choses comme celles-là.
Maintenant, ce qui n'a pas tellement ressorti dans les journaux, de même
que dans les questions d'hier, c'est qu'il y a une formule de transition qui
est en négociation depuis deux ans et demi, avant d'en arriver à
l'étape définitive d'un transfert fiscal. Si vous avez
remarqué, pour une des deux sources, il était
suggéré qu'elle commence en 1975. Quant à l'autre source,
en 1977. Je veux seulement signaler que dans la formule de transition
proposée par le gouvernement fédéral, et qui est en
discussion depuis deux ans, basée sur les coûts dans une
année de base, indexés en fonction de l'indice de l'augmentation
du produit national brut ajustée d'après une formule qui va en
décroissant pendant la durée de cette période de
transition, depuis le mois de janvier, deux éléments nouveaux ont
été apportés, ajoutés par le gouvernement
fédéral. Le premier consiste à changer un peu la
façon d'entrer dans la période de transition, c'est-à-dire
le choix de l'année de base, et aussi les pourcentages à ajouter
au produit national brut. Il était suggéré que dans la
première année, ce serait le produit national brut, plus 3/4 de 1
p.c, qui serait le facteur d'escalation; pour les années
subséquentes, ce serait le produit national brut, plus 1/2 de 1 p.c, et
ainsi de suite.
Cette nouvelle formule aurait pour effet de faire
décroître, dans la première année d'application, ou
plutôt de prendre dans l'année de base: 1 p.c; dans la
deuxième: 80 p.c, dans la troisième: 60 p.c. ; dans la
quatrième: 40 p.c, et ainsi de suite, ce qui, au total, pour la
période selon les projections de coûts effectuées,
signifiait une addition à leur formule originale, leur proposition
originale, de l'ordre d'un peu plus de $20 millions.
En second lieu, les provinces avaient fait état du fait que si,
dans une année, l'objectif n'était pas atteint,
c'est-à-dire les coûts dans l'année de base,
multipliés par l'augmentation du produit national brut, plus le
pourcentage dont je viens de faire état, c'était demander aux
provinces d'assumer un risque assez grand. Au cours des deux ans et demi, des
garanties ont été graduellement ajoutées par le
gouvernement fédéral. C'est-à-dire que, s'il y a
dépassement dans une année, le gouvernement fédéral
partage dans ces dépassements. Malgré cet assouplissement de la
part du fédéral, les provinces ont dit, en janvier: Lorsqu'il y a
dépassement dans une année, il est fort probable que la nature de
ce dépassement va être telle que dans l'année suivante, il
va y en avoir encore.
Par exemple, si c'est dû au résultat d'une convention
collective, il est peu possible de penser que, dès l'année
suivante, on puisse réduire les coûts. Ce ne sont pas des
coûts qui se réduisent d'une année à l'autre. Entre
janvier et avril 1973, le gouvernement fédéral a introduit un
élément de partage, s'il y a dépassement par rapport
à l'objectif, qui fera en sorte que pour un dépassement
donné, dans une année, il partagerait, cette
année-là, dans une certaine mesure, et dans les années
subséquentes, sur une base décroissante. A ceci, nous avons
répondu c'était dans la déclaration de M. Garneau
que nous croyons, aussi bien pour cette question de partage des risques,
s'il y a dépassement dans une année, pour les années
subséquentes, que cela devrait être réintroduit dans la
base, parce que les provinces, en définitive, sont tout aussi
intéressées que le gouvernement fédéral à
effectuer des contrôles ou à dépenser d'une manière
responsable dans ce secteur. S'il y a des dépassements, on ne peut pas
tenir pour acquis que c'est dû à une mauvaise administration et
que cela puisse être corrigé tout de suite l'année
d'après.
Egalement, pour la même raison, nous sommes revenus avec la
demande à l'effet que le fonds de restructuration de $30 per capita qui
est proposé, soit inclus dans la formule de paiement de la part du
fédéral, de telle sorte qu'au terme de cette période de
transition, les transferts fiscaux qui seront effectués tiendront compte
également des paiements versés en vertu de cette caisse de
restructuration. Encore là, on sait fort bien qu'une telle caisse, qui
pourrait être utilisée pendant la période de l'entente
et
qui peut être utilisée pour des immobilisations et des
frais d'opérations, va faire en sorte qu'on va atteindre un certain
niveau de dépenses qui ne pourra pas être arrêté
brusquement à la fin de l'entente, même si, par l'utilisation
d'une telle caisse, des économies et une meilleure utilisation de
ressources dans le reste du secteur pourraient être
réalisées.
Ceci explique brièvement, à tout le moins, les deux
principaux points que M. Garneau, ministre des Finances, faisait ressortir dans
sa déclaration, en ce qui a trait à la formule de transition.
Cela vous permet aussi de mieux suivre le dossier, j'espère, quant aux
derniers ajustements qu'avait proposés le gouvernement
fédéral.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au cours de la conférence, est-ce que
vous avez utilisé les études sur les coûts de santé
pour les prochaines années qui ont été faites au
ministère des Affaires sociales, sous l'autorité de M.
Hurtubi-se, je crois?
M. CASTONGUAY: Pour toute cette question, depuis le début, nous
avons fait des projections et au fur et à mesure que la formule du
gouvernement fédéral a été modifiée, les
changements dans les projections ont été apportés. Ces
projections ont été faites par M. Claude Chapdeleine, de la
direction des affaires extraministérielles, mais en utilisant des
coûts qui provenaient, d'une part, de la direction du financement et
aussi de la direction de la planification. Ce sont des projections qui ont
été faites en prenant deux hypothèses, c'est-à-dire
une hypothèse qui rencontrerait à peu près l'objectif tel
que visé par le gouvernement fédéral et une
hypothèse où ces coûts ne seraient pas atteints,
c'est-à-dire sans être dans des pourcentages d'augmentation
exagérés, des pourcentages d'augmentation quelque peu plus
élevés, de telle sorte qu'on puisse voir l'effet de la formule du
fédéral, si l'objectif visé est atteint,
c'est-à-dire au terme de la période des coûts augmentant
à peu près au même rythme que l'augmentation de la moyenne
mobile du produit national brut sur une période de cinq ans, voir quel
serait donc l'effet de l'application de cette formule et, d'autre part, avec
des hypothèses de coûts un peu plus élevés, quels
sont les risques que le Québec serait appelé à supporter
et quel serait le partage qu'effectuerait le gouvernement fédéral
dans ces risques.
C'est avec ces données, ces calculs et ces projections que nous
avons réagi tout au cours des deux années aux propositions du
gouvernement fédéral.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les autres provinces avaient
employé un peu le même système de défense, si je
peux employer l'expression, ou d'argumentation?
M. CASTONGUAY: C'est toujours difficile de savoir, en fait, quel est le
travail interne qui a pu être effectué par les autres provinces
pour étayer leurs positions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que je veux dire, c'est que, même
avant la conférence, est-ce que vous aviez échangé entre
les provinces des informations sur les coûts, de façon à
présenter un peu d'homogénéité dans la
défense du dossier, dans les représentations durant la
conférence?
M. CASTONGUAY: Bien, il y a des échanges, à tel point,
comme vous avez pu le voir, que la position des provinces était
très unanime sur ce plan-là, à quelques nuances
près, et on peut imaginer toutefois que, selon la taille des provinces,
certaines sont moins bien équipées que d'autres pour faire des
études de cette nature.
M. CLOUTIER (Montmagny): En termes d'années, quelle est la
projection que vous avez utilisée? Est-ce que vous avez pu faire une
projection jusqu'en 1977?
M. CASTONGUAY: Cela va jusqu'en 78/79.
M. CLOUTIER (Montmagny): Jusqu'en 78/79. Quant à la caisse de
restructuration, est-ce que les conditions seraient assez flexibles? Est-ce que
c'est un peu la même chose que la caisse d'aide à la santé,
en ce sens qu'il y aura un plafond que vous devriez utiliser chaque
année, ou si toute la caisse peut être disponible, mais avec un
degré de fluctuation pour chacune des provinces?
M. CASTONGUAY: Bien, sur ce plan-là... D'abord, c'est une caisse
qui pourrait être utilisée aussi bien pour des immobilisations que
pour des frais de fonctionnement. Un des points sur lequel les provinces ont
insisté énormément, c'est qu'il n'y ait pas justement de
cadres préétablis quant à l'utilisation de ces sommes. On
sait que, pour la caisse d'aide à la santé, c'était
à des fins d'enseignement et de recherche et aussi à des fins
d'immobilisation, et non pas d'opération ou de fonctionnement. Alors,
dans ce cas-ci, cela a été le message des provinces tout au long
de ces discussions, si on veut vraiment qu'elle puisse être
utilisée d'une façon assez souple par les provinces, compte tenu
de l'état différent de développement de leurs ressources.
L'Ontario a pu prendre une avance dans certains secteurs. Québec a pu
prendre une avance dans d'autres secteurs, par exemple, dans le
développement des cliniques externes, il y a eu beaucoup plus
d'investissements de faits au Québec que dans certaines autres
provinces. Alors, le développement des centres locaux de services
communautaires ne progressera pas nécessairement de la même
façon, étant donné les problèmes à
résoudre qui varient d'une province à l'autre. Alors, cela a
été le message continuel de la part des provinces que nous
puissions utiliser cette caisse de la façon la plus souple possible, et
même ça explique aussi la raison pour laquelle nous avons
demandé que ce soit introduit dans la formule de base, de telle sorte
qu'on puisse l'utiliser de la façon qui nous apparaît la plus
appropriée.
Maintenant, M. Forget me dit que...
La caisse en étant une de restructuration, une restriction qui
apparaît dans sa formulation, qui est encore évidemment
très préliminaire, c'est qu'elle ne doit pas être
utilisée pour l'expansion de la couverture des services actuellement
assurés, l'addition de nouveaux bénéfices, mais
véritablement pour introduire des formules nouvelles de distribution des
services actuels. Le but étant toujours une meilleure efficacité
de ce qui existe déjà plutôt qu'une expansion.
M.CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais pour un programme je pense
à des réseaux de soins à domicile qui deviennent des
formules de substitution à l'hospitalisation, soit pour éliminer
l'hospitalisation ou la raccourcir alors vous ne pourriez pas, à
l'intérieur de cette caisse, augmenter le nombre de réseaux,
augmenter le volume des services?
M. CASTONGUAY: En fait, c'est plutôt sur l'autre plan, dire, par
exemple, on ne pourrait pas utiliser ces fonds-là dans le cadre du
régime d'assurance-maladie pour couvrir un nouveau type de soins qui
n'est pas couvert et le rendre gratuit. Ou encore, on sait quelle est la gamme
des services couverts en clinique externe en vertu de
l'assurance-hospitalisation, et certains des services ne sont pas couverts.
Alors, on ne pourrait pas utiliser la caisse pour étendre la couverture
de l'assurance-hospitalisation, mais, d'autre part, ceci n'empêche pas
d'utiliser la caisse pour développer le réseau des soins à
domicile ou d'autres choses semblables si c'était la décision
prise.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un réseau qui existe déjà.
Et du côté des immobilisations, est-ce que ça pourrait
faire double emploi avec la caisse d'aide à la santé?
M. CASTONGUAY: Si nous l'utilisions, si nous voulions l'utiliser
à cette fin-là, elle pourrait être utilisée à
des fins d'immobilisation sans qu'on ait spécifié dans quel
secteur spécifique. Alors, sur ce plan-là, il n'y avait pas de
restriction.
M. CLOUTIER (Montmagny): La seule chose que je veux ajouter
là-dessus, c'est que, quand la caisse d'aide à la santé a
été créée, un montant de $500 millions, si je me
souviens bien, il n'y avait pas de limite annuelle d'utilisation de la caisse.
Et ce qui est arrivé, la deuxième année je pense, le
gouvernement fédéral, de façon unilatérale, a
plafonné le montant utilisé. Je me souviens qu'une année,
on l'a fixé à tant par tête, et c'étaient $10
millions. Quand on est engagé dans une construction aussi importante que
celle du centre hospitalier universitaire à Sherbrooke, ça
pouvait poser des problèmes, parce qu'il ne restait plus d'argent pour
d'autres immobilisations. C'était ça le problème. Je pense
bien qu'il faudrait peut-être mettre dans l'entente, au début, une
clause selon laquelle, s'il y a des plafonnements, ça ne devrait pas
être fait d'une façon unilatérale, que ce soit
discuté avant, de façon à ne pas mettre les provinces en
face d'une situation difficile.
M. CASTONGUAY: Bien, ça vient également à ce
point-là lorsqu'on dit qu'on voudrait qu'elle soit introduite dans la
formule de base. Au lieu de dire, par exemple, le produit national brut plus .8
de 1 p.c. comme facteur d'escalation d'un montant de base qui est la
dépense réelle en telle année, ce serait le montant de
base de la dépense réelle en telle année, augmenté
de la moyenne mobile du produit national brut, plus .8 de 1 p.c, plus le
montant de la caisse qui viendrait constituer le paiement pour cette
année-là. Le montant de la caisse alloué, ça ferait
partie directement de la formule et on saurait d'avance exactement ce qui
pourrait être versé en vertu de cette caisse. Et on pourrait alors
imaginer diverses façons d'aménager ces paiements.
M.CLOUTIER (Montmagny): Jusqu'à quel point, peut-on accepter la
crainte de M. Turner à l'effet que l'écart serait
considérable avec les années, l'écart en faveur des
provinces, dans les réclamations qu'elles font avec des points
d'impôt, au plan financier?
M. CASTONGUAY: Le ministre des Finances est celui qui est responsable de
la discussion en ce qui a trait aux modalités éventuelles ou plus
immédiates de transfert de sources de revenu fiscal et, sans vouloir
limiter la discussion, je pense que ce ne serait pas tout à fait
approprié de ma part de commencer à discuter cet aspect-là
et aussi, compte tenu du fait, comme le premier ministre l'a dit hier, que nous
voulons étudier les contrepropositions plus attentivement avant d'en
dire plus sur la question.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, pour le ministre, son
argent est fait avec les allocations familiales, il n'a pas besoin de programme
de santé.
M. GUAY: J'aurais une question à ajouter, M. le
Président.
Les montants qui proviendront de cette caisse de restructuration, est-ce
que le ministre pourra quand même les utiliser avec suffisamment de
souplesse et de largeur là où les besoins sont les plus pressants
et ne pas être limité, si
on enlève l'extension de la couverture de l'assurance-maladie?
Est-ce que le ministre pourra quand même ici au Québec les
utiliser là où cela lui conviendra le mieux pour combler les
besoins les plus pressants ou s'il sera limité strictement aux
volontés du gouvernement central?
M. CASTONGUAY: Dans la présentation par le gouvernement
fédéral de cette caisse de restructuration, le gouvernement
fédéral a donné des indications à l'effet qu'il
voulait laisser le plus de souplesse possible dans l'établissement des
critères ou dans la façon dont les provinces pourraient utiliser
cette caisse. Toutefois, les provinces sont un peu craintives face à des
expériences telles que celle que relate le député de
Montmagny, et c'est pourquoi elles ont toutes en fait sur ce plan
exprimé le même point de vue, la même crainte. La pression
sur ce plan s'exerce pour que cela soit introduit dans les paiements de base
faits par le fédéral sans limitation autre peut-être que
celle mentionnée par M. Fortin.
M. GUAY: En fait, les provinces veulent décider elles-mêmes
de l'utilisation de ces montants. Je pense que c'est un peu normal, parce que
les provinces connaissent mieux les besoins, les priorités chacune dans
son contexte.
M. CASTONGUAY: Oui. D'autant plus qu'un des aspects qu'il est important
de souligner est que le gouvernement fédéral partage à 50
p.c. l'assurance-maladie et que le gouvernement fédéral partage
à 50 p.c. l'assurance-hospitalisation et bien souvent, les gens ont
l'impression que le gouvernement fédéral partage à 50 p.c.
l'ensemble des dépenses de la santé. Or, ce n'est pas le cas. En
fait, lorsqu'on prend les dépenses totales du Québec dans le
domaine de la santé, on se rend compte que, par la participation du
gouvernement fédéral dans deux programmes, ceci signifie qu'il
partage à peu près 39 p.c. ou un peu moins de 40 p.c. des
dépenses dans le domaine de la santé, parce qu'il y a des
secteurs, comme celui des hôpitaux psychiatriques par exemple, qui ne
sont pas couverts. Il y a aussi dans l'assurance-maladie des soins tels que les
soins optométriques auxquels le fédéral ne participe pas.
Je pourrais continuer l'énumération, mais c'est ce qui fait que
le gouvernement fédéral n'assume qu'environ un peu moins de 40
p.c. des coûts de la santé au Québec au cours d'une
année.
M. GUAY: Et pour être acceptable, ce pourcentage devrait
s'élever à combien, selon le ministre?
M. CASTONGUAY: En mentionnant ce fait-là, ce que je voulais faire
ressortir, c'est qu'étant donné que le gouvernement, à
même ses propres budgets, assume 60 p.c. ou un peu plus de 6 p.c. des
coûts et que sa situation, au plan de sa marge de manoeuvre par rapport
d'une part à ses revenus fiscaux et, d'autre part, aux besoins on
sait que la marge est moins grande au niveau du gouvernement
fédéral, cela a été démontré dans
divers rapports de comités le gouvernement a donc tout
intérêt à utiliser le mieux possible ses budgets dans le
domaine de la santé puisqu'il en paie plus que la moitié, puisque
c'est lui qui administre directement ses services et puisque cela pèse
plus lourdement sur ses revenus que cela n'est le cas au niveau du gouvernement
fédéral.
C'est une des raisons pour lesquelles les provinces disent: "Ecoutez, on
est en mesure de prendre nos responsabilités et si des fonds
additionnels doivent être versés, qu'on dise: Très bien, ce
n'est pas pour étendre la couverture d'un régime tel que celui de
l'assurance-maladie, c'est pour restructurer le système ou aider
à la restructuration du système, mais cela, nous sommes capables
de le faire sans qu'on nous mette un cadre pour nous dire comment le
faire."
M. GUAY: Est-ce que le ministre a donné les indications à
savoir jusqu'à quel point il pouvait amoindrir ses désirs ou ses
volontés à défaut de tout perdre, si on peut s'exprimer
ainsi? Jusqu'à quel point le Québec, ou même les autres
provinces, selon le cadre de la discussion, sont prêts à aller
dans l'amollissement des volontés pour gagner le plus possible sans pour
autant échouer totalement face à cette discussion?
M. CASTONGUAY: Vous comprendrez que je ne peux encore une fois parler
pour les autres provinces. Ce que je peux simplement rappeler, c'est que, en
janvier, les provinces, dans un très grand nombre, se ralliaient
à la position du Québec quant au transfert de points
d'impôt. Ce désir semblait être encore plus unanime à
la dernière conférence, comme portrait général. Un
élément dont on doit aussi tenir compte dans ceci, c'est qu'en
vertu de l'assurance-hospitalisation, le gouvernement fédéral,
dans les neuf autres provinces, doit, s'il voulait dénoncer les
ententes, tenir compte du fait qu'une période de cinq ans doit
s'écouler à partir du moment où la décision est
prise. Alors, s'il voulait procéder par la voie de la
dénonciation ou de l'annulation éventuelle des ententes dans le
cadre de l'assurance-hospitalisation, il faudrait qu'il laisse s'écouler
une période de cinq ans. Alors, ceci donne un pouvoir assez grand, une
certaine sécurité dans cette négociation de ne pas se
retrouver, comme vous le dites, vis-à-vis de rien subitement.
M. GUAY: Mais est-ce que, dans les propositions qui ont
été faites, les gains sont déjà prévisibles?
Est-ce que c'est déjà appréciable?
M. CASTONGUAY: Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. GUAY: Disons que, dans le cadre des discussions sur ce que le
Québec devrait récolter de cette caisse de restructuration,
est-ce qu'on peut déjà considérer cela comme étant
partie d'un succès remporté? Parce qu'on a parlé
d'échec dans les premiers jours de la conférence. Alors, il ne
faudrait pas non plus donner l'impression que cela a été
complètement inutile, ces discussions.
M. CASTONGUAY: Cela fait deux ans et demi, cela remonte à
décembre 1970, le départ de la négociation en ce qui a
trait aux programmes de la santé quant à l'établissement
d'une formule de paiement per capita ou selon le produit national brut, et le
but de cet exercice était de mener à une autre étape
éventuellement qui serait celle d'un arrangement permanent sous la forme
d'un transfert fiscal, dans l'esprit des provinces à tout le moins ou
dans l'esprit du Québec. Au cours des deux dernières
années, le gouvernement fédéral a apporté, si ma
mémoire est bonne, à trois reprises des améliorations
à la formule qu'il a proposée initialement. Alors, il y a
définitivement progrès sur ce plan et avant-hier, pour la
première fois, il a fait des propositions concrètes quant
à un transfert fiscal. Là, on discute vraiment sur les
mêmes questions. Jusqu'ici, on discutait de la formule de transition sans
discuter de ce qui suivrait, et c'est un élément à long
terme qui est extrêmement important.
Il n'y a pas eu entente avant-hier mais de là à dire que
le dossier n'a pas progressé, cela serait inexact. Il y a eu trois fois
des améliorations apportées à la formule proposée
par le gouvernement fédéral et il y a maintenant sur la table une
contreproposition au point de vue du partage fiscal. Ce sont des
contrepropositions qui, à mon sens, démontrent que si le
processus se poursuit, on va pouvoir en arriver à une entente, à
moins qu'à un moment donné, le gouvernement fédéral
revienne totalement sur ses positions, ce qui me paraîtrait assez
invraisemblable. C'est beaucoup plus dans la nature d'établir des
montants de transfert qui sont satisfaisants pour la période de
transition et, après la période de transition, des transferts de
revenus fiscaux qui paraissent satisfaisants. C'est sur cela que porte
maintenant la discussion et non plus sur les principes sur lesquels il y aurait
divergence. C'est un progrès dans ce sens-là.
M. GUAY: On souhaite au ministre un franc succès et on
l'encourage à continuer à tenir son bout, si je peux m'exprimer
ainsi, pour le bien du Québec.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une dernière question là-dessus.
A cette conférence des ministres de la Santé, avez-vous eu la
chance de parler de la santé ou si vous n'avez pas parlé que de
finance?
M. CASTONGUAY: Au cours de l'après-midi, nous avons
discuté de santé, en fait. Si vous voulez, je peux vous donner
rapidement la liste des questions discutées. Il y a eu une assez longue
discussion sur le développement des centres locaux de services
communautaires et comme à toute conférence
fédérale-provinciale qui se respecte, nous avons formé un
nouveau comité fédéral-provincial, pour suivre le
développement des centres locaux de services communautaires,
échanger de l'information entre provinces, joindre les ressources au
plan de l'évaluation ou de l'analyse de certains problèmes dans
le développement de ces centres.
Nous avons également discuté, brièvement, de
certains problèmes qui se posent à cause des juridictions
provinciales, quant aux dons d'organes ou de tissus humains à des fins
de transplantation, si ceux-ci s'effectuent d'une province à l'autre; la
même chose pour certains problèmes qui peuvent exister dans le
domaine de la psychiatrie, lorsqu'une personne résidant dans une
province se retrouve dans une autre province et qu'elle se dit être
placée en cure fermée. Des problèmes en fait, pas de
transférabilité, mais pour faire en sorte que les
législations provinciales se complètent vraiment, lorsque se
posent des problèmes de résidence ou de mouvement d'une province
à l'autre. C'est un aspect qui a été discuté. Il a
été discuté de la nécessité également
de mettre un peu plus d'importance sur l'information, l'éducation en ce
qui a trait aux maladies vénériennes.
On a fait état des difficultés que tout le monde semble
rencontrer et que nous avions discutées au moment de l'étude de
Loi de la protection de la santé publique quant à
l'identification des personnes et des contacts qu'une personne affectée
a pu avoir. Il y a eu certaines discussions sur la nécessité de
mettre plus d'accent sur l'information dans ce secteur.
Enfin, il y a eu une discussion sur deux aspects touchant les
médicaments. Le premier est une offre du gouvernement
fédéral d'effectuer des achats, comme on dit, en vrac, en grosse
quantité, pour le compte des provinces, de médicaments par le
truchement du ministère des Services et Approvisionnements. Certaines
provinces semblent être intéressées par cette proposition.
Quant à nous, nous avons fait état du fait que nous avons un
service des achats et que, pour passer à côté de ce
service, d'abord, il faudrait se poser la question, à savoir s'il est
bon de le faire et deuxièmement, il faudrait changer la loi. Ceci porte
sur les achats de médicaments pour des établissements, telles les
unités sanitaires, par exemple.
En ce qui a trait aux autres établissements, nous avons fait
état des efforts effectués par l'Association des hôpitaux
pour le regroupement des achats, l'introduction d'une liste qui permet une
certaine concurrence sur ce plan, la possibilité aussi, dans les
règlements de la loi 65, que des établissements se groupent aux
fins d'achat de certains éléments, de certains articles, tels les
médicaments et que, sur ce plan,
également, il nous faudrait changer la loi 65 et les
règlements, si nous voulions passer pardessus les hôpitaux dans
l'achat des médicaments.
Nous avons dit que notre orientation allait dans le sens d'une
décentralisation, de laisser aux hôpitaux, dans toute la mesure du
possible, la possibilité qu'ils exercent leur pouvoir de gestion et que
si nous soutrayions la question de l'achat des médicaments pour en faire
un achat centralisé, cela irait à l'encontre de cette orientation
qui a été prévue. Alors, nous avons dit: Nous
surveillerons l'expérience avec intérêt, mais nous n'y
participerons pas.
Egalement, le gouvernement fédéral, à la suite de
la conférence que nous avions eue à Régina portant sur la
question de la publicité sur les médicaments, a fait état
de certaines propositions qui circulent à l'intérieur du
ministère fédéral sur cette question.
Nous avons convenu de les analyser d'un peu plus près et la
discussion se poursuivra au plan technique lors de la rencontre des
sous-ministres au mois de juin.
C'est à peu près ce que nous avons discuté au cours
de l'après-midi. Cela fut fort intéressant et instructif.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je remercie le ministre de ces détails
sur la dernière conférence. J'aimerais revenir à
l'étude des crédits, au programme 16. H nous restait à
étudier, si ma mémoire est bonne, les relations professionnelles,
l'agrément et les communications. Il y aura peut-être aussi
l'OPTAT. On va peut-être pouvoir en dire un mot avant de finaliser nos
travaux.
Relations professionnelles
M. CLOUTIER (Montmagny): Elément 9: Relations professionnelles.
Je vois que les responsables sont ici. Soit que nous étudiions cet
élément ou que nous étudiions l'agrément. Il faudra
les prendre...
M. CASTONGUAY: Nous pouvons peut-être demander pour les relations
professionnelles M. Larouche et ses collaborateurs, M. Boileau, etc...
M. CLOUTIER (Montmagny): Ma première question serait... A moins
que M. Larouche ne veuille nous faire un résumé de ce qui est sur
la table actuellement, de ce à quoi l'on travaille, de ce que sont les
dossiers. De toute façon, ma première question sera
celle-là. Quels sont les dossiers qui, actuellement, retiennent
l'attention de la direction générale des relations
professionnelles?
M. CASTONGUAY: II faudrait peut-être préciser au
préalable que les objectifs poursuivis par la direction
générale des relations professionnelles se résument
à ceci. D'abord, en fait, nous nous proposons comme objectif d'essayer
d'obtenir des ressources humaines qui sont dans le milieu qu'elles participent
et qu'elles collaborent de façon positive à la réalisation
des objectifs que poursuit le ministère dans le réseau de la
santé et des services sociaux.
Nous avons aussi comme objectif de développer des politiques en
matière de gestion de personnel et en matière de relations de
travail, des politiques qui nous permettront une utilisation optimale de
l'effectif, compte tenu des besoins des individus et aussi, des besoins des
établissements.
La poursuite de ces objectifs peut signifier qu'au plan des relations de
travail à proprement parler, nous avons comme préoccupation de
maintenir les relations les plus positives possible avec les regroupements de
salariés, c'est-à-dire les différentes centrales
ouvrières. A ce moment-ci, je pense que je répond globalement
à la préoccupation de M. Cloutier en ce sens que nos
préoccupations sont les suivantes: d'abord, nous travaillons à
maintenir les relations les plus positives possible avec tous les regroupements
syndicaux avec lesquels nous avons à transiger, regroupement de
salariés et regroupement de professionnels, professionnels qui sont pour
une partie dans les établissements, qui sont syndiqués dans les
établissements et professionnels de la santé en
général, en dehors des établissements.
Comme dossier de travail aussi, nous avons le maintien des relations
avec tous les regroupements de cadres qui oeuvrent dans le secteur, cadres
à tous les niveaux, cadres intermédiaires, cadres
supérieurs qui sont à se regrouper présentement et qui
veulent transiger avec le ministère.
Nous avons aussi comme préoccupation dans nos dossiers des
relations de toutes sortes avec les regroupements d'établissements.
Et enfin, nous essayons, en dehors de tous ces regroupements de
salariés, de professionnels, de cadres et d'établissements, de
maintenir le dialogue avec les gens en tant qu'individus dans le réseau,
d'une part, les individus qui ne sont pas regroupés et d'autre part ceux
qui sont regroupés; essayer de maintenir le contact à ce
niveau.
Nous avons dans nos dossiers aussi on pourra l'expliquer avec
plus de détail si des questions sont posées par la suite .
Nous avons aussi comme préoccupation de coordonner l'application des
différentes conventions de travail qu'on a dans le réseau avec
comme objectif, au niveau de la coordination, de l'application des conventions
collectives, d'utiliser au maximum les ressources humaines dans le secteur. Un
des objectifs que nous poursuivons dans ce sens-là, c'est d'essayer
d'accroître la mobilité des gens qui sont dans le réseau,
la mobilité interétablissement et la mobilité interne dans
les établissements. Ceci, je pense, peut, en jouant avec cette variable
de la mobilité du personnel, permettre une utilisation beaucoup plus
rationnelle des
ressources. On sait que, dans les dispositions de nos différentes
conventions collectives, après un certain nombre d'années
d'ancienneté, les gens se voient assurer une garantie de revenu. Dans
nos conventions collectives de travail, on a réussi à obtenir de
la partie syndicale certains mécanismes qui nous permettent, lorsqu'on
assure la garantie de revenu à certains individus, de les relocaliser
dans d'autres établissements. Alors, nous nous employons à faire
en sorte que ces clauses-là ne demeurent pas lettre morte ou
inopérantes, de telle sorte que l'on puisse réduire à un
minimum le nombre d'individus qui se voient assurer une garantie de traitement
et qui ne sont pas utilisés pleinement dans le réseau.
Deuxièmement, un autre facteur important de coût ou de
productivité, je pense que c'est le problème du cloisonnement
assez étanche qui peut exister entre les différentes
catégories occupationnelles à l'intérieur de chacun des
établissements. Alors, dans les conventions collectives qui ont
été négociées, certaines ouvertures ont
été faites du côté de la notion de poste et du
côté des cédules de travail et nous entreprenons, de
concert avec nos partenaires sur le plan patronal et de concert avec les
parties syndicales, certaines expériences pour essayer de changer cette
notion de poste ou de faire en sorte que cette notion de poste nous permette
quand même une utilisation rationnelle des effectifs.
En ce qui concerne toujours les relations de travail, nous avons aussi
comme préoccupation de maintenir, même si nous ne sommes plus en
négociation avec les centrales ouvrières, le dialogue avec elles
pour essayer de régler, au fur et à mesure où ils se
présenteront, différents problèmes qui peuvent surgir et
qui n'ont pas déjà fait l'objet d'une entente collective. Ceci
pour essayer d'aplanir les difficultés et faire en sorte que la
prochaine ronde de négociations soit peut-être plus facile
à compléter.
Enfin, la poursuite de nos objectifs très généraux
signifie qu'au niveau des politiques de gestion et des politiques de personnel,
on a l'intention de jouer un rôle toujours plus immédiat en temps
que conseillers auprès des établissements dans
l'élaboration de toutes leurs politiques de personnel, soit la
rémunération, soit les politiques de perfectionnement, formation,
classification du personnel, normes d'emploi et le reste. Dans les très
grandes lignes, ce sont les objectifs que poursuit la direction
générale des relations de travail et les principales implications
que ces objectifs supposent. Peut-être qu'à l'occasion de
questions, on peut préciser ceci.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a plusieurs dossiers qu'on voudrait
toucher. Je sais que mon collègue, le député de Dubuc,
siège également à la commission de la fonction publique.
Il va avoir des dossiers dont il voudra discuter, mais moi, je voudrais en
traiter un d'abord, de façon très pratique. Il arrive souvent
et actuellement il y a des dossiers qui s'étudient au
ministère que le ministère veuille transformer la vocation
de certains établissements. D'ailleurs, vous avez touché, dans
les objectifs que vous poursuivez, le regroupement d'établissements et
l'utilisation maximale des ressources. Cela affecte les conditions de travail.
De façon pratique, je voudrais vous demander... Supposons que vous
touchez à la vocation d'un établissement comme La
Miséricorde, à Montréal. Pardon?
M. CASTONGUAY: Catherine Booth.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. On pourrait en prendre plusieurs, mais je
prends l'hôpital de la Miséricorde, qui a tout de même des
centaines et des centaines d'employés. Ma première question est
la suivante: A quel moment a-t-on fait appel à vos services pour
étudier les implications d'un tel dossier, soit la planification et la
programmation?
M. CASTONGUAY: Dès l'élaboration des politiques et
dès la prise des décisions de fermeture, en tant que
sous-ministre adjoint et membre de l'exécutif, j'ai évidemment
une vue d'ensemble de tout ce qui doit s'effectuer dans le secteur. D'une
façon plus particulière, lorsque, dans la réalisation d'un
programme quelconque qui suppose la fermeture d'un établissement la
décision est prise de le fermer, on demande à chacune des
directions générales, dont la mienne, un rapport à savoir
si nous sommes d'accord sur la fermeture de l'établissement à une
date donnée et si nous avons le laps de temps requis pour effectuer les
démarches nécessaires pour essayer de régler les
problèmes que cela peut supposer au niveau du personnel avant de
procéder à la fermeture. Dès que je reçois un
dossier où on me propose la fermeture d'un établissement, je fais
faire une étude au niveau de ma direction pour savoir ce que cela peut
impliquer en termes de personnel, en termes de déplacement, en termes de
possibilité de relocalisation. Lorsque nous sommes d'accord, nous
donnons notre assentiment pour la fermeture de l'établissement et, de
notre côté, nous entrons immédiatement en communication
avec les associations patronales, avec l'établissement et avec les
différentes centrales syndicales pour essayer de régler les
problèmes que cela suppose au niveau du personnel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que des centrales syndicales sont
prévenues un peu à l'avance ou si elles ne sont consultées
qu'après que la décision est prise et qu'à ce
moment-là vous planifiez la relocalisation?
M. CASTONGUAY: C'est-à-dire que les centrales syndicales sont
avisées de la fermeture lorsque la décision est prise quant
à la fermeture. Les centrales syndicales sont averties. On
leur donne un délai suffisant pour transiger avec elles et
étudier les façons à prendre pour relocaliser les gens et
pour diminuer l'impact que cela peut avoir au niveau des individus. Si les
centrales syndicales ont des représentations à faire quant
à l'opportunité de la fermeture, c'est évident que nous
sommes prêts à en discuter avec elles mais elles ne participent
pas à la décision.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'un comité spécial est
formé pour la relocalisation du personnel? Comment est constitué
ce comité-là? Est-ce que le ministère du Travail...
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais ajouter ici qu'en plus de la
relocalisation peut-être qu'on peut introduire, parce que c'est une
dimension qui est présente, le recyclage aussi est un
élément de formation différent que des relocalisations
peuvent entraîner, étant donné que cela fait partie du
mécanisme.
En fait, le ministère des Affaires sociales, avec ses
partenaires, l'Association des hôpitaux de la province de Québec,
lorsqu'il s'agit d'établissements dans le domaine de la santé,
avec les associations patronales qui existent, de concert avec ces
associations-là, a formé un service provincial de placement dont
la fonction est de procéder à la relocalisation des gens et
à l'étude des problèmes que suppose une fermeture au
niveau des individus, et il conseille l'établissement où la
fermeture se fait pour tout le processus. Dans le secteur des affaires
sociales, la procédure à suivre en matière de
relocalisation ne fait pas l'objet d'une nouvelle négociation au fur et
à mesure où on a des fermetures. Dans la convention collective,
nous avons déjà convenu avec la partie syndicale de toute la
procédure à suivre en matière de fermeture. En fait, il y
a deux optiques possibles que l'on peut adopter dans les cas de mise à
pied. C'est soit de discuter de chacun des cas au mérite ou de convenir
d'avance, en négociation avec la partie syndicale, des mesures à
prendre dans une perspective de fermeture. C'est l'optique que nous avons
adoptée, en ce sens que notre convention collective contient
déjà dans ses dispositions tous les mécanismes
nécessaires à suivre dans les cas de fermeture. Ce qui veut dire
qu'au niveau des principes il y a déjà entente quant à ce
que l'on doit faire avec les salariés en cas de fermeture.
C'est pour ça que notre comité qui voit au replacement
d'individus est un comité purement patronal parce qu'il s'agit
là, comme dans d'autres secteurs, d'appliquer certaines clauses de la
convention collective qui sont déjà convenues avec la partie
syndicale. C'est évident que le syndicat local, qui est sur place,
continue à nous faire des recommandations, que ces recommandations font
l'objet d'études et qu'à un moment donné, on pourra
apporter certains remèdes particuliers à une situation qui
déroge un peu de l'ordinaire.
C'est à ce moment-ci que peuvent intervenir, à l'occasion,
d'autres solutions que la relocalisation pure et simple, comme par exemple, du
perfectionnement et du recyclage. Parce que si on a une catégorie
d'individus qui, avec un minimum de recyclage, de formation ou de
perfectionnement pourraient être utilisés dans d'autres
établissements, où on a une carence pour certaines
catégories de personnel, eh bien là, on procédera à
la mise en place d'un programme de formation pour régler ce
problème; plutôt que de relocaliser les gens purement et
simplement, on les formera, et ensuite, on les relocalisera.
Pourriez-vous donner un ordre de grandeur du nombre de personnes qui ont
eu affaire avec ce service suite à des changements, des fermetures
d'établissements, des changements de missions, pour donner un
idée de l'ampleur de l'opération depuis un certain temps et pour
montrer que lorsque la négociation a été effectuée
ou que les ententes ont été signées l'automne dernier, ces
dispositions touchant la relocalisation du personnel ont été
précisées dans les conventions suite à une
expérience sur un nombre de cas relativement élevés?
Quant au nombre d'individus qui doivent actuellement être
relocalisés, ils sont environ 300 dans le secteur des affaires
sociales.
M. CLOUTIER (Montmagny): A la suite de regroupement
d'établissements ou de fermeture d'établissements?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Fermeture, surtout.
M. CASTONGUAY: Fermeture ou regroupement, je n'ai pas de statistiques.
Changement de missions, aussi.
Maintenant, il faut dire que les statistiques quant au nombre
d'invididus replacés sont difficiles à trouver avec justesse
parce qu'auparavant, jusqu'à tout dernièrement, le replacement se
faisait de façon un peu sporadique et selon le gré des individus
en place. Au cours de la dernière convention collective, on a introduit
des mécanismes qui font que les employeurs sont maintenant
obligés, avant d'embaucher quelqu'un de l'extérieur, d'offrir
prioritairement des emplois aux gens qu'on a mis à pied ailleurs. Du
côté des salariés, il y a une contrepartie en ce sens que
dans la mesure où on a des postes disponibles à leur offrir
ailleurs, ils sont obligés d'aller ailleurs, ce qui pouvait être
douteux dans l'ancienne convention collective.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ces employés peuvent retirer
de l'assurance-chômage?
M. CASTONGUAY: La question est toujours débattue.
M. CLOUTIER (Montmagny): Actuellement, quand il y a une fermeture,
automatiquement, les employés ne reçoivent pas de
l'assurance-chômage?
M. CASTONGUAY: Actuellement, non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne vous demande pas un chiffre
précis, si vous ne l'avez pas, mais pouvez-vous me donner un nombre
approximatif de dossiers que votre direction générale a
touchés quant à la fermeture d'établissements ou
regroupement d'établissements? Une vingtaine, une quarantaine?
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas de chiffres là-dessus. Je m'excuse,
quelle était la question?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je demandais à M. Larouche combien de
dossiers sa direction générale a pu toucher durant la
dernière année, un chiffre approximatif, pour donner une
idée, est-ce 20, 40, 60 dossiers? Je comprends que les dossiers n'ont
pas tous la même envergure. Quand on tombe dans un hôpital comme la
Miséricorde, il peut y avoir des centaines de personnes
impliquées.
M. CASTONGUAY: Comme vous le savez, M. Larouche est en fonction depuis
peu de temps. Tantôt, nous allons demander au Dr Laberge, du
côté de l'approbation, de nous donner le bilan.
Il a fait préparer des tableaux très
détaillés qui vont permettre aux gens d'apporter toute
l'information sur ce plan. On peut lui demander immédiatement, si vous
le désirez.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, on le demandera tantôt. Au sujet du
bill 65, il permet certains regroupements, est-ce que vous avez eu, à
votre souvenance, des dossiers à étudier dans le cadre du bill
65, regroupement ou changement de vocation d'institutions?
M. CASTONGUAY: Suite au bill 65, le principal dossier est celui de
l'implantation des CSS qui, sur le plan du personnel, a certaines implications.
Maintenant, au niveau des employés syndiqués, nous avons des
relations présentement avec les centrales syndicales pour disposer des
problèmes au fur et à mesure qu'ils se présenteront. A
l'heure actuelle, les relations se font très normalement. Il n'y a pas
de problèmes, actuellement, dans ce dossier. On a aussi certains
problèmes au niveau du personnel de cadre et nous sommes en pourparlers
avec la Fédération des services sociaux à la famille, en
particulier, pour disposer de ces problèmes. On peut dire
qu'actuellement, au moment où on se parle, tout se déroule
très normalement sur le plan des relations de travail en ce qui concerne
l'implantation des CSS. C'est de loin le dossier le plus important sur lequel
nous avons à travailler présentement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qui peut impliquer combien de personnes?
M. CASTONGUAY: En fait, tous les services sociaux. Il y a, je ne sais
pas combien de personnes, environ une quarantaine d'établissements qui
seront directement touchés par ça. Ce sont des
établissements où les effectifs sont quand même
relativement peu nombreux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ça peut dépasser 1,000
employés?
M. CASTONGUAY: M. Ouellet peut nous donner l'information. Seulement dans
la région de Montréal, il y en a 1,500.
M. GUAY: Si je peux me permettre, est-ce qu'il y a des services...
M. CLOUTIER (Montmagny): Un instant... M. GUAY: C'était
précisément là-dessus.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce qu'on n'a pas terminé
encore.
M. CASTONGUAY: M. Ouellet doit nous donner, par ordre de grandeur... En
71/72, l'ensemble du personnel des agences de service social au Québec
était de 3,164 personnes. Cela inclut évidemment les
professionnels, le personnel administratif, les stagiaires, le personnel de
secrétariat, etc.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour étudier ce dossier, des CSS, la
quarantaine de centres impliqués, les 3,000 personnes, quels sont les
participants à la discussion, les centrales syndicales, l'association
des...
M. CASTONGUAY: Le service de relations de travail de la
Fédération des services sociaux à la famille, la direction
générale des relations professionnelles du ministère,
d'une part, et comme interlocuteurs, les différents groupes de
salariés syndiqués représentés principalement par
la Fédération nationale des services qui est affiliée
à la CSN, et un très petit nombre d'individus qui sont avec la
Fédération des travailleurs du Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): A quelle fréquence siégez-vous?
Est-ce que le dossier avance?
M. CASTONGUAY: En fait, il y a des rencontres. On peut dire qu'il y a eu
deux rencontres jusqu'à maintenant à la demande de la partie
patronale. C'est la partie patronale qui a pris l'initiative de convoquer les
centrales syndicales pour leur faire part des objectifs poursuivis et leur
suggérer une procédure à suivre dans ces cas. Il faut dire
que, déjà, les conventions collectives contiennent les prin-
cipes à suivre, mais pour que l'opération ne consiste pas
en une pure et simple application de convention collective avec les
possibilités d'arbitrage et de conflit que ça peut créer,
on a cru opportun de former ce comité, de convoquer quand même les
centrales, de leur faire part des effets possibles au niveau du personnel, de
toute l'opération, d'essayer de les convaincre de l'opportunité
de l'opération et ensuite, de discuter avec eux de
l'interprétation à donner à telle et telle clause afin de
faciliter les choses.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Dubuc va
continuer.
M. BOIVIN: Je sais que M. Larouche a été le porte-parole
du gouvernement à la table centrale. Je voudrais savoir son titre exact,
quand a-t-il été intégré au ministère et son
mandat est-il terminé à la table centrale?
M. CASTONGUAY: Quant à son titre exact, il est sous-ministre
adjoint, responsable des relations professionnelles. Il a remplacé
à ce poste, M. Gilles Gaudreault, qui était le sous-ministre
adjoint et qui est maintenant le directeur général du Conseil
régional de Montréal. A quel moment a-t-il été
nommé officiellement? Son mandat a pris effet au début de
mars.
M. BOIVIN: Est-ce que votre mandat est terminé comme porte-parole
du gouvernement?
M. CASTONGUAY: Comme porte-parole du gouvernement, une fois pour
toutes.
M. BOIVIN: C'est terminé. Qui a pris votre place?
M. CASTONGUAY: En fait je n'ai été remplacé par
personne. Les mandats étaient terminés. Il y a certains
problèmes d'application et d'ajustement.
M. BOIVIN: Cela s'est terminé à une date
précise.
M. CASTONGUAY: Oui. C'est-à-dire que le mandat de la
négociation comme telle était terminé depuis avant ma
nomination comme sous-ministre adjoint. J'étais demeuré
conseiller du gouvernement pour essayer de régler certains
problèmes d'implantation et d'application de conventions collectives ou
de décrets. Dans mes fonctions actuelles, à un moment
donné, je puis être appelé à donner un avis sur ce
qui a été fait au moment de la négociation. Mais, mon
mandat comme porte-parole est définitivement terminé depuis
longtemps.
M. BOIVIN: Dans le domaine de la santé, est-ce que le ministre a
l'intention de poursuivre ses négociations de façon
séparée, c'est-à-dire dans le secteur de la santé?
Est-ce qu'il y a une...
M. CASTONGUAY: II y a deux situations en fait. Certaines ententes
doivent être conclues par le ministre des Affaires sociales en vertu de
la loi ou des précédents et il y en a d'autres qui doivent
être conduites dans un cadre plus large que celui qui a été
établi pour tout le réseau des affaires sociales. Dans ce cas,
nous procédons, comme vous le savez, avec l'Association des
hôpitaux ou les diverses associations représentatives des
établissements, mais en coordination étroite avec le
ministère de la Fonction publique. Cette situation me paraît
représenter un équilibre désirable et, pour ma part, je
m'opposerais fortement à ce qu'on centralise au niveau d'un
ministère ou d'un organisme toute la négociation dans le secteur
des affaires sociales pour ce qui a trait à la deuxième partie.
Il est clair qu'il nous faut coordonner notre action, qu'il nous faut nous
insérer dans la politique générale du gouvernement. Mais,
en même temps, nous devons être présents et nous devons
avoir un rôle très clair en collaboration avec nos partenaires;
autrement, ce serait, presque à coup sûr, la fin de toute
tentative, de tout effort de maintien des conseils d'administration, de
l'autonomie des établissements, de décentralisation. C'est
pourquoi sur ce point ce ne seraient pas uniquement des objections de ma part
qui seraient de forme, mais ce seraient des objections fondamentales de
principe. Par contre, je dois dire que je ne sens pas de pression qui s'exerce
pour modifier ceci.
En ce qui a trait à des ententes particulières, comme dans
le cadre de l'assurance-maladie, où la loi rend responsable le ministre
des Affaires sociales, la signature des ententes, encore là,
étant donné les catégories bien particulières de
personnes impliquées dans des ententes, je crois que c'est une situation
qui doit demeurer. E nous faut, évidemment, présenter nos mandats
pour approbation au Conseil du trésor, par exemple, à la Fonction
publique, également, même si nous n'y sommes pas tenus, je pense
bien, légalement, en ce qui a trait à la Fonction publique. Je
crois qu'il est nécessaire de le faire aux fins d'une bonne coordination
par rapport à la Fonction publique, et qu'il est obligatoire de le faire
quant au Conseil du trésor, étant donné le fait qu'il y a
des implications financières. Ce mécanisme, à mon sens, me
parait désirable et doit être maintenu.
D'ailleurs, à ce plan, j'ai été
intéressé de voir comment on l'a reproduit en ce qui a trait au
ministre de la Justice, par rapport à l'assistance judiciaire.
M.BOIVIN: Est-ce qu'il y a un bureau de relations de travail qui est
organisé au ministère? Est-ce qu'il a été maintenu?
Est-ce que M. Morin fait encore partie du ministère?
M. CASTONGUAY: M. Morin n'est plus au ministère, il est
maintenant au ministère du Travail, au service de la recherche.
Maintenant, le service des relations de travail existe toujours à la
direction générale des relations profession-
nelles. En fait, c'est une des sections importantes de la direction
générale.
M. BOIVIN: Maintenant, je voudrais savoir quelle est l'idée qu'on
se fait au ministère des Affaires sociales des relations qu'on doit
avoir avec le ministère de la Fonction publique. Justement, vous avez
touché un peu le point. Je suis allé à la discussion des
crédits de la Fonction publique où il n'y a plus de
sous-ministre; le personnel de cadre s'est évaporé, les gens sont
rendus dans les différents ministères. Vis-à-vis de la
prochaine négociation je comprends que c'est un problème
pour le gouvernement dans son ensemble de quelle façon se
prépare-t-on au ministère des Affaires sociales?
M. CASTONGUAY: II y a une question très générale,
par rapport à la Fonction publique.
M. BOIVIN: On parle beaucoup du Conseil du trésor, par exemple.
Est-ce que le ministère de la Fonction publique devra disparaître
pour être greffé, au Conseil du trésor, à un autre
ministère?
M. CASTONGUAY: D'abord, pour faire dis-paraitre le ministère de
la Fonction publique, cela demanderait des changements à la
législation actuelle. Cela ne peut pas être fait uniquement par
décision d'ordre administratif. A mon sens, le ministère de la
Fonction publique en est un dont l'existence est nécessaire aux fins
d'établir les grandes lignes des politiques, salariales ou autres, dans
le domaine des relations de travail ou des relations professionnelles, aux fins
de jouer aussi un rôle de coordination entre l'action des divers
ministères intéressés.
Face aux mandats qui lui sont soumis, le Conseil du trésor doit
analyser certains aspects, au plan pécuniaire particulièrement.
Une des choses qui ressortent, c'est que dans l'organisation actuelle du
Conseil du trésor, il n'y a pas l'équipe d'évaluateurs
suffisante pour lui permettre de jouer vraiment son rôle. C'est un aspect
à l'examen, comme on a dû probablement le mentionner lorsque vous
avez participé aux travaux de la commission de la fonction publique.
Quant à la préparation de la prochaine convention collective,
nous allons demander à M. Larouche, peut-être, quelles sont ses
observations sur ce point précis.
J'ai l'impression, comme M. Castonguay vient de le dire, qu'on a
absolument besoin, au niveau des Affaires sociales, d'un mécanisme de
coordination quelconque pour que les politiques en matière de relations
de travail qui sont celles du ministère des Affaires sociales soient
compatibles avec les politiques que le gouvernement adopte en ce qui concerne
ses fonctionnaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous me permettez, M. Larouche, pouvez-vous
avancer votre micro? Je crois qu'en arrière on a un peu de
difficulté à saisir tous vos propos.
M. CASTONGUAY: Alors, cet instrument de coordination est absolument
indispensable si on veut que le gouvernement ait des politiques en
matière de relations de travail et une politique salariale qui soient
compatibles entre les gens qui sont dans le réseau de
l'éducation, le réseau des affaires sociales et chez les
fonctionnaires. A l'intérieur de ce mécanisme de coordination qui
doit exister, je pense que c'est la préoccupation de notre direction
générale aux Affaires sociales que de faire valoir les
particularités propres au secteur pour faire en sorte, par exemple, que
si au niveau de la Fonction publique et au niveau d'une politique salariale on
en vient à la conclusion qu'on doit avoir tel niveau de
rémunération, eh bien... J'ai l'impression qu'il nous appartient
à nous de faire des recommandations à ce niveau, et aussi et
principalement quant à la structure de la rémunération
à l'intérieur du secteur des affaires sociales.
Nous avons aussi à obtenir le concours et les conseils des
établissements en ce qui concerne l'élaboration de ces
politiques, parce qu'il ne faut surtout pas faire cela en laboratoire, en vase
clos. Il faut être près des gens qui oeuvrent dans le champ
d'activités de l'élaboration de ces politiques. Alors, j'ai
l'impression que nous, nous avons un rôle très important dans
l'élaboration des politiques pour la prochaine ronde des
négociations en tant que fonction-conseil et auprès des
établissements et auprès du ministère de la Fonction
publique au niveau de la coordination.
M. BOIVIN: J'accepte bien... Il me semble qu'il y a une coordination
nécessaire mais il y a un mot que le ministre a échappé
tout à l'heure en disant qu'il n'était pas tellement
obligé de passer par la Fonction publique, mais qu'il fallait se
rapporter au Conseil du trésor.
M. CASTONGUAY: Pour les ententes où c'est le ministre des
Affaires sociales qui est chargé de signer ces ententes. Par exemple,
pour l'assurance-maladie, en fait, je ne crois pas que la loi nous y oblige,
c'était le point que je voulais essayer de faire ressortir,
peut-être que je ne l'ai pas exprimé clairement, nous ne sommes
pas, je crois, légalement tenus de soumettre les mandats dans le cadre
de l'assurance-maladie au ministère de la Fonction publique. Nous devons
les soumettre toutefois au Conseil du trésor.
Pour ces ententes, signées par le ministre des Affaires sociales,
sous la responsabilité du ministre des Affaires sociales, pour les
autres qui doivent se faire dans le cadre de la législation, c'est la
loi 46...
Il y a la loi 46, mais il y a aussi la Loi de la Fonction publique, mais
je pense qu'à ce moment-là, le ministre de la fonction
publique,
comme tel, n'intervient que lorsque le gouvernement s'engage par voie de
convention collective. Ce qui n'est pas le cas avec les professionnels de la
santé et c'est le cas avec les gens des établissements et dans le
secteur parapublic.
Il faut remarquer que nous l'avons fait pour l'assurance-maladie et pour
les ententes de cette nature, malgré tout, parce que je pense qu'il est
important de reconnaître le rôle que doit jouer le ministère
de la Fonction publique au plan de la coordination.
M. BOIVIN: J'allais parler aussi du regroupement du personnel de cadre.
Est-ce que vous avez l'intention au ministère des Affaires sociales de
syndicaliser les cadres ou le personnel de cadre?
M. CASTONGUAY: En ce qui concerne le syndicalisme de cadre, il faut dire
tout d'abord qu'il n'y a pas de loi qui permette aux cadres d'obtenir des
accréditations et de s'engager dans des négociations collectives
de même type que celles que nous avons avec les groupes de
syndiqués. Cependant nous avons des associations de cadres qui existent
déjà dans le secteur des Affaires sociales et
indépendamment des lois existantes, nous avons eu une attitude assez
positive et nous avons accepté de rencontrer dans le passé ces
associations de cadre.
Nous n'avons jamais entrepris de rapport collectif avec ces cadres,
cependant, nous avons toujours accepté leurs représentations et
nous avons même convenu avec eux de certaines formes de contrat
individuel type que nous recommandions à nos établissements de
signer.
Il faut dire que, jusqu'à aujourd'hui, les rapports avec les
associations de cadre qui se sont formées, se sont faits normalement
sans trop de heurts et les résultats sont assez positifs de ce
côté.
Alors, effectivement, nous entretenons des relations avec des
groupements de cadre, mais nous n'avons pas de convention collective ou de
rapport collectif de travail avec ces gens.
M. BOIVIN: En ce qui regarde l'engagement du personnel, est-ce que
toutes les personnes qui seront engagées au ministère de la
Santé devront passer par la Commission de la fonction publique?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas là une fonction qui relève de
la direction des relations professionnelles. La direction des relations
professionnelles agit en ce qui a trait aux réseaux des
établissements, pour le personnel du ministère...
M. BOIVIN: C'est-à-dire, d'abord, aux fonctionnaires du
ministère.
M. CASTONGUAY: ... lui-même, c'est dans la direction de
l'administration sous la responsabilité de M. Jean-Guy Houde, et plus
spécifique- ment du service du personnel du ministère dans le
cadre de la loi touchant la Commission de la fonction publique.
M. BOIVIN: En ce qui regarde les négociations de la santé,
avec les médecins, j'ai appris, par exemple, que des gens étaient
à salaire à temps complet et qui avaient droit à l'acte
médical. Je voudrais savoir quelle est la conception au ministère
de la Santé en vue des négociations avec les médecins,
s'il va maintenir encore cette idée qu'un salarié a droit
à l'acte médical. Parce qu'il y avait trois choses bien
déterminées, que l'on avait fait déterminer au
ministère: l'acte médical, la vacation et le salaire. Et, dans
notre conception, il était bien entendu que celui qui était
à salaire n'avait pas droit à l'acte médical. Pour avoir
droit à l'acte médical il fallait se mettre à vacation.
Pour la mobilité du professionnel, si vous voulez, il était
nécessaire que l'on ait des professionnels à vacation et ils
avaient droit, quand ils ne travaillaient pas à vacation, à
l'acte médical. Mais j'entends dire qu'il y a des gens qui ont
négocié un salaire et qui posent aussi des actes
médicaux.
M. CASTONGUAY: Ici, sur ce point, il faut d'abord distinguer, à
mon sens, trois types de situation. Nous avons les médecins
fonctionnaires dans les unités sanitaires-, M. Corbeil va être ici
d'une seconde à l'autre et pourra peut-être au besoin, si vous le
désirez, faire état de l'entente qui existe avec eux et dire
où cette question particulière est revenue à la surface
l'automne dernier. C'est une première situation, à mon sens. Nous
avons également la situation d'établissements tels les
hôpitaux psychiatriques ou les anciens hôpitaux psychiatriques qui,
aujourd'hui, sont des centres hospitaliers mais avec vocation dans le domaine
de la psychiatrie, où vous retrouvez, par exemple, des omnipra-ticiens
à salaire. Donc, leur lien par rapport à l'établissement
est quelque peu différent de celui du médecin qui est
rémunéré à l'acte médical, qui est en
pratique privée en quelque sorte, même si une partie de ses
activités se déroule au sein d'un centre hospitalier, un
médecin spécialiste, un médecin omnipraticien.
Je pense bien que la situation à laquelle vous faites allusion a
trait aux omnipraticiens en hôpitaux psychiatriques et aux omnipraticiens
dans les établissements Domrémy, mais particulièrement les
omnipraticiens en hôpitaux psychiatriques. Dans le moment, ce sont des
ententes qui ont été signées, je ne me souviens pas, avant
1969...
Pour les omnipraticiens en hôpitaux psychiatriques. D'abord, nous
avons là un groupe qui n'est pas formé en syndicat
accrédité, premièrement; et je pense que c'est là
une des données par rapport à ce que mentionnait tantôt M.
Larouche. En second lieu, ces omnipraticiens sont
rémunérés à salaire depuis je ne sais pas combien
de temps, c'est le régime qui existe depuis un certain temps. Nous avons
fait faire
des relevés par la Régie de l'assurance-maladie et nous
avons constaté que ces médecins obtiennent une
rémunération à l'acte pour les activités qu'ils ont
le soir, les fins de semaine, en dehors de leurs heures
régulières de travial. Alors, c'est une situation de fait qui
existe depuis longtemps. Ce n'est pas nous qui l'avons créée dans
le cadre d'une nouvelle négociation.
Comme vous le savez, nous avons discuté avec eux une nouvelle
entente et les discussions se déroulent depuis longtemps; il y a des
divergences de points de vue quant à l'échelle qui a
été proposée et sur la durée de l'application de
l'entente.
Il semble que maintenant les divergences portent uniquement sur la
durée de l'application de l'entente et sur la question de la
rétroactivité dans ce cas. C'est une situation de fait que nous
avons et une des questions qui m'inquiètent dans une certaine mesure,
c'est le type de contrôle qu'exercent certains établissements dans
ce secteur. Lorsque l'on examine les chiffres, les montants de
rémunération que ces médecins ont pu obtenir par la
rémunération à l'acte alors qu'ils devaient consacrer
normalement le plus clair de leurs activités à un
établissement puisqu'ils étaient payés pour une fonction
à plein temps...
Alors, c'est la situation. Dans le renouvellement de ces ententes, nous
n'avons pas demandé, comme pour les médecins...
M. BOIVIN: Qui a signé ces ententes? Est-ce que ce sont les
établissements? Parce que c'était bien déterminé au
ministère.
C'est pour cela qu'on avait demandé aux gens qui étaient
au Conseil du trésor et aux gens qui étaient à la
négociation. On avait établi ces trois choses exactement pour que
cela n'arrive pas. Celui qui était à salaire était
à temps complet, mais on voulait avoir quelqu'un qui puisse travailler
à différents établissements et on avait trouvé une
formule qui était la vacation. C'est impossible. Quelqu'un qui est
à salaire doit se donner à temps complet. S'il n'est pas content
de son salaire qu'il le négocie, qu'il le fasse monter son salaire. Mais
il était entendu que ceux qui avaient ainsi des stages à faire,
devaient être à vacation. Quand ils ne seraient pas à
vacation il avait été déterminé trois heures
et demie pour une vacation ils pouvaient en faire une, deux, trois,
quatre, cinq, qu'ilsen fassent même... on n'avait pas limité la
vacation parce qu'on s'était dit qu'un médecin qui va faire
tellement de vacation ne pourra pas poser d'acte, il ne va travailler
qu'à vacation. Mais, par ailleurs, on lui permettait de poser des actes
de façon raisonnable s'il avait par exemple trois, quatre vacations, il
pouvait travailler le reste du temps à l'acte médical.
Au ministère, la conception était bien comme telle, mais
peut-être qu'il y a des établissements qui ont
dérogé à cette chose. Mais je ne verrais pas que des
ententes aient été signées quand on avait si bien
déterminé la...
M. CASTONGUAY: Si vous me le permettez, tantôt j'ai
distingué les médecins fonctionnaires. C'est une chose. Les
spécialistes en psychiatrie sont dans un régime à vacation
pour la très grande majorité qui leur permet, en plus de la
vacation, d'obtenir de la rémunération à l'acte en
fonction de ce que vous dites. Maintenant, le problème que vous
soulevez, il se pose. Cette question ou cette situation a trait plus
particulièrement aux omnipraticiens en hôpitaux psychiatriques et
dans les cliniques Domrémy.
Je vais demander à M. Corbeil, qui a entendu vos questions, de
traiter de cet aspect. A quel moment remonte les ententes actuelles dans ce
secteur?
Pour ce qui est de ce qu'il est convenu d'appeler les médecins
hospitaliers, il y a trois régimes de rémunération qui
existent actuellement: La rémunération à salaire, à
la vacation et à l'acte. Il faut peut-être immédiatement
rappeler que quand on me parle en termes de négociation
d'omnipraticiens, il ne s'agit pas d'un renouvellement d'ententes, il s'agit
d'une entente qui est je ne dirais pas en négociation, comme les
hommes de la Fédération des omnipraticiens le disent en
discussion depuis quatre ans.
Il fut un temps où il n'y avait pas de syndicat
accrédité.
Il s'agit d'une première convention, et si on discute
exclusivement de rémunération à salaire avec eux, c'est
parce que c'est le choix qu'ils ont fait, ils ont demandé une
rémunération à salaire.
M. LAURIN: Est-ce que je peux vous interrompre une minute? Vous dites
qu'ils n'appartiennent pas à un syndicat accrédité, mais
est-ce qu'ils ne font pas partie quand même de la
Fédération des omnipraticiens qui, elle, est
accréditée?
M. CASTONGUAY: La Fédération des médecins
omnipraticiens est une fédération de syndicats.
M. LAURIN: Elle les représente quand même.
M. CASTONGUAY: Oui, c'est avec la fédération des
omnipraticiens que les représentants du ministre discutent. C'est une
reconnaissance de fait, mais ce n'est pas une reconnaissance de droit, comme
dans le cas des syndicats accrédités. Le ministre n'est pas seul
à cette négociation, il y a évidemment c'est la loi
qui l'exige de toute façon l'Association des hôpitaux. On
peut même dire que l'Association des hôpitaux est le principal
interlocuteur de la fédération dans ce type de
négociations.
Il y a donc une rémunération à salaire qui est
discutée avec les omnipraticiens en institutions psychiatriques. Il
existe une rémunération à la vacation et à salaire,
selon le choix que les
médecins peuvent faire, dans le secteur de la psychiatrie en
vertu d'une entente qui était une première entente signée
le 9 mars 1972, si ma mémoire est bonne.
Nous sommes aussi en négociation avec la Fédération
des médecins spécialistes pour convenir d'une
rémunération de dispositions normatives quant aux médecins
autres que spécialistes qui oeuvrent dans des institutions
psychiatriques.
M. BOIVIN: II y a des spécialistes comme des omnipraticiens qui
sont dans ces cas.
M. CASTONGUAY: La demande de la Fédération des
médecins spécialistes, pour ce qui est des médecins
qu'elle représente, prévoit trois types de
rémunération, soit le salaire, la vacation et l'acte, selon le
cas.
Pour répondre à la question que vous posiez
tantôt...
M. BOIVIN: Ce n'est pas spécifique aux omnipraticiens;
c'était compris pour tous les médecins.
M. CASTONGUAY: D'accord. Je voudrais répondre à la
question plus spécifique que vous souleviez tantôt: Où
remonte cette situation? Nous avons demandé, au cours des derniers mois,
à M. Corbeil d'aller faire un relevé dans certains
établissements psychiatriques pour voir cela plus clairement, parce
qu'il y a des choses qui nous ont paru un peu confuses dans ce secteur.
Peut-être que M. Corbeil peut vous donner un certain portrait de ce qu'il
a relevé.
M. BOIVIN: Dans les conventions collectives, c'était bien
déterminé en partant. Je croirais que ça pourrait venir,
par exemple, des établissements qui se sont prévalus de certains
droits qu'ils n'avaient pas.
M. CASTONGUAY: Comme on l'a mentionné, il n'y a pas eu de
convention dans ce secteur.
M. BOIVIN: Je le sais.
M. CASTONGUAY: C'est pour ça qu'on s'est retrouvé,
à un moment donné, devant une situation de fait. Il y a des
médecins spécialistes, des médecins omnipraticiens dans
les établissements psychiatriques qui sont à salaire, non pas en
vertu d'une convention collective. Toutes sortes de pratiques se sont
développées en fait. C'est pourquoi nous avons été
obligés de faire un relevé pour avoir un portrait assez clair,
avant de pouvoir poursuivre cette discussion. D'une part, on discutait des
salaires, mais on oubliait de faire état du fait qu'il y avait d'autres
éléments, dont celui de cette rémunération à
l'acte. On oubliait de faire état du fait que ces salaires continuaient
d'être payés sans égard à l'âge des
médecins. On a retrouvé des médecins qui, rendus à
un âge assez vénérable, recevaient un plein salaire, alors
que, dans le régime plus général, on a des dispositions
touchant la retraite pour ceux qui sont salariés. Quant aux autres, ce
sont généralement les bureaux médicaux qui révisent
les privilèges d'année en année, alors qu'il semblait que
ce n'était pas la situation. Il y a là une situation assez
particulière.
M. BOIVIN: Qui est responsable de l'exécution de la convention
collective? Ces trois choses avaient été
déterminées.
M. CASTONGUAY: Mais il n'y en a pas, là, docteur.
M. BOIVIN: Mais oui, cela a été déterminé,
ce principe.
M. CASTONGUAY: Ce que je veux dire, là...
M. BOIVIN: Cela a été déterminé dans la
négociation pour tous les médecins qu'il y avait trois sortes de
rémunération. On l'a mentionné à différentes
reprises; je l'ai mentionné, moi, à ceux qui négociaient
que c'était impossible, le salariat avec l'acte médical.
Quelqu'un qui veut absolument travailler, si vous voulez, à salaire et
à l'acte médical, doit aller à vacation. C'est ça
que je veux savoir: Comment se fait-il qu'on ait sorti de ces cadres?
M. CASTONGUAY: Je ne pense pas qu'essentiellement les politiques soient
différentes, si j'essaie de me rappeler les mandats que j'ai eus et les
mandats que j'ai. Le ministre continue de considérer comme étant
possibles trois types de rémunération pour les médecins
que j'ai appelés tantôt les médecins hospitaliers. Il n'est
pas permis, cependant, à un médecin de cumuler deux types de
rémunération dans un même établissement. Pour
prendre des exemples très concrets, lorsqu'on a négocié
avec les omnipraticiens en institution psychiatrique, nous étions
ouverts à une rémunération à la vacation ou
à salaire. Le choix des omnipraticiens en institution psychiatrique
s'est porté sur le salariat. Nous avons donc négocié dans
ces termes. Nous avions négocié auparavant avec des gens d'une
discipline fort intéressante, les psychiatres. Incidemment, j'ai
découvert dans un hôpital un psychiatre de 82 ans. Je
présume que, dans cette discipline, c'est possible plus qu'en chirurgie
cardiovasculaire, mais cela nous a quand même un peu
étonnés. Le choix des psychiatres s'est porté sur la
vacation, avec une possibilité pour certains d'entre eux qui le
désiraient, parce que sans doute ils avaient déjà des
investissements en termes de fonds de pension et d'autres avantages sociaux,
d'opter pour le salariat. Un psychiatre ne pouvait pas opter à la fois
pour deux types de rémunération comme ceux-là;
c'était l'un ou l'autre.
Avec les autres spécialistes en institution
psychiatrique, le même type de débat se fait et on
conviendra de l'un de ces trois modes ou possiblement de deux de ces modes pour
ces médecins. Je ne pense pas que ce soit sensiblement différent
comme politique.
M. BOIVIN: Le problème se pose actuellement. Je comprends qu'il
n'y a pas eu de négociations spécifiques là-dessus, mais
il avait bien été déterminé, lors de la
négociation, que c'était impossible. Est-ce que les
établissements ont été mis au courant de ça? Est-ce
qu'ils ont signé des contrats avec des médecins omniprati-ciens,
par exemple, où ils permettaient le salariat et l'acte
médical?
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais rappeler juste une chose?
M. BOIVIN: Le problème actuellement était, à mon
sens, réglé; c'est parce qu'on s'est écarté de la
négociation.
M. CASTONGUAY: Docteur, si vous vouliez, je pourrais...
M. BOIVIN: Oui.
M. CASTONGUAY: ... essayer de refaire le point. Les ententes, dans le
domaine de la fonction publique, les conventions collectives sont
appliquées si ce sont des médecins engagés dans des
unités sanitaires par le ministère des Affaires sociales, la
Commission de la fonction publique, dans le cadre de la loi pour l'engagement
du personnel, l'administration des conventions par le ministère. Dans le
cas de l'assurance-maladie, les ententes signées par le ministre des
Affaires sociales sont appliquées, tel que c'est dit dans la Loi de
l'assurance-maladie, par la Régie de l'assurance-maladie. Les autres
ententes négociées, pour le personnel syndiqué, sont
appliquées par les établissements.
Nous retrouvons une ou deux catégories particulières
d'individus pour lesquelles il n'y a pas eu d'entente de signée, de
convention collective. Les hôpitaux ont fait des arrangements individuels
tout comme les hôpitaux continuent de faire des arrangements individuels,
dans certains cas, avec des médecins, comme vous le savez, avec beaucoup
de médecins, en dehors de l'assurance-maladie. Par exemple, je pense au
Centre hospitalier universitaire où les médecins
reçoivent, d'une part, de la rémunération en vertu de
l'assurance-maladie. Mais ces établissements font des ententes avec les
médecins qui font de l'enseignement, qui dispensent des soins et font de
la recherche. Dans le cas des hôpitaux psychiatriques, rien ne les
empêchait de faire des ententes avec les médecins qu'il leur
paraissaient nécessaire d'engager pour les fins de dispensation de soins
dans leurs établissements.
Malgré que dans le cadre des ententes négociées une
politique ait été établie, comme M.
Corbeil vous l'a dit, cette politique, de façon
générale, est maintenue. Dans ces cas particuliers, nous sommes
les témoins, en fait, d'une situation qui remonte à fort
longtemps et qu'on essaie de clarifier et d'aménager, d'une façon
plus appropriée. Je pense bien que personne n'est allé à
l'encontre de vos directives dans le temps parce que vos directives ne
pouvaient pas rejoindre ces établissements. Vous ne pouviez pas les
forcer à entrer dans un type particulier d'entente individuelle avec les
médecins. C'est cela la situation.
M. BOIVIN: Vous maintenez ce principe, actuellement, que quelqu'un qui
est à salaire, il faut qu'il ait une allocation pour avoir droit
à...
M. CASTONGUAY: Sauf dans ce cas-là, où nous avons une
situation de fait. Je pense qu'il y a là un problème bien
particulier. Vous avez, par exemple, des médecins, dans ce
cas-là, soit des spécialistes, soit des omnipraticiens, qui ont
un salaire pour une demi-journée, un demi-salaire.
M. BOIVIN: C'est de l'allocation.
M. CASTONGUAY: Non, un demi-salaire. Bien, c'est la situation de
fait.
M. BOIVIN: Pourquoi ne pas avoir dit que c'était établi,
trois heures et demie?
M. CASTONGUAY: Ce sont les hôpitaux qui sont entrés...
M. BOIVIN: La Régie de l'assurance-maladie.
M. CASTONGUAY: ... qui ont fait ces ententes-là...
M. BOIVIN: Qu'est-ce que la Régie de l'assurance-maladie a fait
là-dedans? Est-ce qu'elle a payé ou si elle s'est
préoccupée des principes établis?
M. CASTONGUAY: Elle a appliqué les ententes signées.
M. BOIVIN: Par les établissements.
M. CASTONGUAY: Ce sont des cas particuliers, tous ces cas que l'on
relève, ce sont des ententes faites par les établissements avec
des médecins omnipraticiens, avec des médecins
spécialistes. Il n'y a rien qui pouvait empêcher la Régie
de l'assurance-maladie de les rémunérer à l'acte s'ils
posaient des actes en dehors des ententes qu'ils avaient signées
individuellement avec ces établissements. Alors, la régie les a
payés. C'est légal.
M. BOIVIN: II y a une sorte de médecins, si vous voulez,
où ce sera difficile: Par exemple,
les médecins de l'armée, qui sont payés par le
gouvernement fédéral. Qu'est-ce qu'on leur donnera? Est-ce qu'on
permettra l'acte médical, par exemple, pour les médecins de
l'armée qui sont déjà à salaire au gouvernement
fédéral? Ce sera un point. Je le note pour que vous puissiez
régler l'affaire lors de la prochaine convention.
Alors, nous sommes satisfaits si les principes sont maintenus. Cela
aidera sûrement à la prochaine négociation avec les
médecins. Cela clarifiera des situations, et la régie saura quoi
faire ainsi que les établissements.
M. CASTONGUAY: C'est un dossier qui remonte à fort longtemps, qui
n'est pas facile, celui que vous soulevez.
Je pense qu'on ne peut pas faire abstraction du passé totalement
et des circonstances particulières dans lesquelles oeuvrent ces
médecins. Alors on ne peut pas, non plus, imposer à un groupe qui
discute de bonne foi, unilatéralement, nos vues sur ce plan-là.
Je ne pense pas, non plus, que ce serait bon de le faire.
Alors quant aux principes généraux, par contre, je crois
que c'étaient des principes qui étaient sains et nous les avons
maintenus.
M. BOIVIN: J'ai fini ce point. Au sujet de ceux que vous engagez, les
occasionnels, j'ai appris une chose extraordinaire à la fonction
publique, à savoir qu'on avait des gens saisonniers pour le travail
saisonnier, occasionnel, et qu'on avait sorti un autre terme: contractuel. Cela
veut dire qu'on peut répéter par exemple, on peut engager
quelqu'un pour quatre mois et répéter le contrat pendant trois,
quatre, cinq, six, sept fois. Alors je sais qu'au ministère des Affaires
sociales, vous aviez engagé de façon occasionnelle des agents de
bien-être. Est-ce que vous avez beaucoup d'employés qui ont
été engagés comme occasionnels, au cours de cette
année?
M. CASTONGUAY: D'abord, je voudrais faire seulement un petit rappel
très bref quant aux contractuels. Lorsque je suis arrivé au
ministère, je me suis vite rendu compte que les procédures de
recrutement, particulièrement pour du personnel de cadre, etc.,
étaient relativement longues. Je me suis dit : Qu'a fait le
ministère dans le passé pour résoudre ces problèmes
vis-à-vis des exigences urgentes? Je me suis rendu compte que dans
certains cas, on avait fait appel à des gens sur une base contractuelle,
ou encore, on avait demandé à des établissements de
prêts de service. Le Dr Lambert, par exemple, qui était
payé par l'Hôpital Saint-Michel-Archange, travaillait pour le
ministère.
Alors, face aux lenteurs de toute la machine, la Commission de la
fonction publique, l'affichage des concours, les tenues de concours, etc., et
face aux besoins, d'autre part, urgents, nous avons engagé un certain
nombre de personnes par la voie de contrats. Cela nous a permis de les avoir
plus rapidement, mais au fur et à mesure que la fonction publique fait
ses affichages, tient ses concours, nous demandons à ces gens de se
qualifier.
Cela nous a permis de résoudre ce problème et, dans
certains cas, aussi, cela nous a permis, au lieu de nous engager en permanence
vis-à-vis de quelqu'un, de passer un contrat avec quelqu'un qui ne
voulait pas venir en permanence dans la fonction publique; ou encore, cela nous
a permis d'en évaluer certains avant qu'ils n'arrivent à la phase
des examens et à la procédure de sélection du
ministère de la Fonction publique.
Je pense bien qu'on a essayé de répondre, comme dans le
passé, à des exigences pressantes, d'une part, devant des
lenteurs et des difficultés, d'autre part, dû à la machine
telle qu'elle est établie.
Quant à la question des occasionnels, dans le secteur de l'aide
sociale, je vais demander à M. Houde de vous faire un certain portrait
évolutif, compte tenu du fait que cette question a évolué
à mesure que s'est stabilisé le réseau d'aide sociale.
M. LAURIN: Avant de terminer, est-ce que vous pourriez nous dire combien
de ces contrats vous avez passés?
M. CASTONGUAY: Dans le cas des contractuels, cela touche environ une
douzaine de personnes et, globalement, cela touche moins de $200,000.
M BOIVIN: Mais ne croyez-vous pas qu'il y ait un certain danger
d'éviter la Commission de la fonction publique? On a formé la
fonction publique pour réévaluer, si vous voulez, pour
améliorer le fonctionnarisme...
M. CASTONGUAY: Remarquez que je suis d'accord sur le principe; sauf que
lorsque ça prend un an, et qu'on a besoin de quelqu'un d'une
façon urgente, que les gens se disent que dans le réseau, il y a
des problèmes, qu'en Chambre, on se fait poser des questions: Qu'est-ce
que vous faites? On se fait dire: Vous étudiez dossier par dessus
dossier, les réponses ne viennent pas. Alors je trouve que face au
système, on doit le respecter, et dans la très grande
majorité des cas, c'est ce que nous avons fait, mais que
vis-à-vis des cas d'exception, on a dû utiliser ce
mécanisme, comme vous l'avez fait dans le passé.
M. BOIVIN: Pour le personnel de cadre, peut-être, quand vous dites
pour aller chercher quelqu'un dont on a besoin. Mais est-ce qu'au niveau, par
exemple, des agents sociaux...
M. CASTONGUAY: Je vais demander à M. Houde de vous faire le bilan
sur ce plan, parce que c'est vraiment une autre question.
Comme vous le savez, quand la Loi de l'aide sociale a été
mise en vigueur, il a été nécessaire
de transposer sur la nouvelle base tous les dossiers antérieurs.
La pression est devenue telle que le ministère a senti le besoin
graduellement d'autoriser les divers bureaux à engager le personnel
additionnel requis pour cette phase de transition.
Le nombre des occasionnels, à ce moment, s'est
élevé jusqu'à 700 personnes, ce qui était un nombre
élevé. Au fur et à mesure que les opérations se
sont stabilisées par la suite, ce nombre est redescendu graduellement
au moment où je vous parle à environ 300
occasionnels sur un total d'environ 2,000 personnes. Comparativement à
d'autres régimes, même sous d'autres juridictions, le pourcentage,
à l'heure actuelle, n'est pas très élevé.
Il l'est d'autant moins qu'à la suite d'une analyse d'effectifs,
on s'est rendu compte, au niveau du Conseil du trésor, qu'environ 125
personnes de plus étaient requises pour que le réseau d'aide
sociale fonctionne à pleine efficacité. Compte tenu du fait qu'un
nouveau système doit contribuer à réduire le volume de
travail de bureau, on nous a demandé de ne pas combler ces postes, sinon
par voie occasionnelle, quitte à voir ensuite dans quelle mesure cela
devrait être nécessaire sur une base permanente, et de faire de
même avec les postes vacants qui occasionnent un certain surplus de
travail aux agents qui demeurent en place.
Il semble bien qu'avec le nouveau système, une nouvelle
procédure fera en sorte qu'à l'avenir les occasionnels seront
qualifiés au départ, auront priorité dans les nouveaux
postes et verront même leur travail comme occasionnels reconnu comme
temps de probation aux fins de la loi, et que la situation se stabilisera
complètement. Et d'ailleurs, par la voie des journaux ou par les
réactions du public, aujourd'hui on sent que la situation est en voie de
se résorber de façon assez prononcée.
M. BOIVIN: Avant de devenir permanent, ça prend quatre mois. Il
est occasionnel pendant quatre mois et après ça il devient
permanent.
M. CASTONGUAY: Le quatre mois est la période maximum pour
laquelle on peut les embaucher la première fois.
M. BOIVIN: Est-ce qu'il y en a beaucoup d'occasionnels qui ont vu leur
situation répétée? Est-ce qu'ils ont fait plusieurs
périodes de quatre mois?
M. CASTONGUAY: Oui. Il y en a qui ont même été
jusqu'à 18 mois justement à cause de cette contrainte qui faisait
que le Conseil du trésor et à juste titre, à mon
sens nous a demandé d'attendre de voir les effets du nouveau
système avant de les mettre en fonction sur une base permanente.
M. BOIVIN: Ce que le ministère des Affaires sociales est capable
de faire très rapidement, pourquoi la Fonction publique
évidemment, ce n'est peut-être pas ici que je devrais poser la
question ne le fait-elle pas?
M. CASTONGUAY: Je suggérerais que vous la posiez à la
Fonction publique.
Je pense qu'une réponse honnête quand même est que
l'engagement comme occasionnel est très rapide, se fait sur une simple
formule qu'on autorise au niveau central. Tandis que quand on ouvre des
concours pour donner accès à tous à travers le
Québec, on recueille des milliers de candidatures qui doivent subir
à la fois un examen écrit et un examen oral.
Même si on veut s'en prendre à la Commission de la fonction
publique moi j'aurais bien des choses à dire il reste
qu'elle fait face à un problème presque logistique de
répartir sur quelques mois dés milliers de candidatures en leur
donnant à tous une chance égale d'accès. Et ce n'est pas
un problème facile à résoudre.
M. BOIVIN: J'y vois un danger pour la Fonction publique, et ce que je
trouve curieux, c'est une démission en bloc, pratiquement, à la
Fonction publique, du personnel de cadre. Je me demande si ce ne sont pas
toutes ces raisons. Si ça a été fait dans tous les
ministères, si l'Education a fait la même chose, on a un personnel
occasionnel qui peut être des personnes politiques. On engage
occasionnellement des gens en dehors...
M. CASTONGUAY: Cet engagement de personnel dans les bureaux d'aide
sociale sur une base occasionnelle remonte bien avant les changements qui ont
pu avoir lieu au ministère de la Fonction publique. C'est venu d'une
demande du Conseil du trésor pour la stabilisation du réseau et
c'est en voie de se résorber. Et c'est dû, les problèmes de
temps lorsqu'il y a problèmes de temps à la
Commission de la fonction publique et non au ministère de la Fonction
publique, parce que les engagements se font par la commission. La situation
à laquelle vous faites allusion, le ministère de la Fonction
publique n'a pas à voir à ça.
M. BOIVIN: Je comprends, mais qui est responsable de la Commission de la
fonction publique? C'est le ministère de la Fonction publique.
M. CASTONGUAY: Bien, c'est le président de la commission, au
premier titre.
M. BOIVIN: Je comprends mais c'est le ministre qui est responsable.
M. CASTONGUAY: Devant la Chambre et devant le cabinet mais...
M. BOIVIN: C'est une situation qui est un peu curieuse, la
démission de presque tout le personnel de cadre devant l'action des
ministères. Ce sont des questions qui devraient être posées
à chaque ministère si c'était fait dans
chaque ministère. Il y a des milliers de personnes qui ont
été engagées, qui avaient peut-être des raisons
d'être engagées mais ça pouvait être des
récompenses à des personnes de la politique. Cela ouvre la porte
à un patronage éhonté de la part du gouvernement
actuel.
M. CASTONGUAY:. Non, docteur, sur ce je m'excuse. Dans le cas des
bureaux d'aide sociale, je pense bien que ce n'est pas à M. Houde
à répondre à cette question les
considérations dont il a fait état sont les considérations
précises pour lesquelles il y a eu un certain nombre d'engagements de
personnes sur base occasionnelle. Et je ne pense pas qu'il y ait eu, à
ma connaissance en tout cas c'est la première fois que j'entends
qualifier ainsi cette opération de patronage
éhonté.
M. BOIVIN: Qu'est-ce que vous voulez? J'ai le droit de le penser devant
les faits.
M. CASTONGUAY: J'ai le droit de répondre aussi.
M. BOIVIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, ce n'est peut-être pas à
l'article relations professionnelles que je peux poser ma question mais on y a
touché. Est-ce que ce serait possible d'avoir la liste des noms, par
exemple, du personnel au ministère, ceux qui sont médecins
à l'emploi du ministère, soit permanents, occasionnels ou sous
toute autre forme, avoir les noms et les traitements, la qualification et les
fonctions de chacun d'eux et également l'échelle de salaire? Cela
m'intéresserait d'avoir ça, si c'est possible; ce n'est
peut-être pas à cet endroit que je dois poser ma question mais,
puisqu'on a touché à l'ensemble du problème, ça
m'intéresserait d'avoir cela.
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous voulez avoir dans cette liste le nom des
médecins à l'emploi des unités sanitaires?
M. GUAY: Egalement, si c'est possible, ceux qu'on a appelés les
médecins fonctionnaires des unités sanitaires.
M. CASTONGUAY: C'est possible. M. GUAY; D'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément 9, adopté?
M. LAURIN: Non, j'ai des questions. On a interrompu Me Corbeil au moment
où il était en train de nous donner les résultats de
relevés qu'il avait faits à l'occasion de la discussion avec les
omnipraticiens en institutions psychiatri- ques. Est-ce qu'on pourrait vous
demander de continuer?
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas insisté parce que je n'ai pas les
documents avec moi. Je serai obligé de le faire de mémoire, et je
vous avoue que ça m'ennuie un peu parce que je ne pourrai pas donner des
choses précises. Parmi les choses notées, j'ai mentionné
tantôt, et c'est particulièrement vrai pour les
spécialistes, l'âge relativement élevé. Je n'ai pas
fait de moyenne d'âge, mais il n'était pas très rare de
trouver des médecins au-dessus de 70 ans et même de 75 ans. Et
c'est une situation que nous ignorions passablement. On a pu constater, par
exemple, que le niveau de rémunération, évidemment,
n'attirait pas beaucoup les débutants. En fait, il n'y a pas de jeunes
médecins si ce n'est quelques médecins de 35 ans, 36 ans; ce ne
sont déjà plus des débutants.
On a constaté également qu'il y avait eu passage
considérable de médecins au statut de plein temps qui avaient
choisi le demi-temps ou le temps extrêmement partiel. On a
constaté aussi, particulièrement chez les spécialistes,
des modes de rémunération un petit peu étonnants,
c'est-à-dire que ça participait et du salariat et de la vacation
et de l'acte. Disons que pour le moment c'est à peu près les
principales constations que je pourrais soulever; ces constatations et les
documents ont été transmis aux deux fédérations
médicales.
M. LAURIN: Le ministre avait commencé à dire qu'il lui
avait semblé qu'il y avait un contrôle insuffisant des
autorités des activités des médecins à
l'intérieur de ces institutions, particulièrement en ce qui
touche la rémunération et le mode de participation aux
activités.
M. CASTONGUAY: J'ai fait le compte ici entre les relevés que nous
avons eus de la Régie de l'assurance-maladie et les données que
nous avions, d'autre part, quant aux traitements versés par les
établissements. Dans un cas, entre autres, si ma mémoire est
bonne, un médecin travaillait à demi-temps à deux places;
ça faisait plein temps. Donc, plus les déplacements, il allait
chercher $62,000 en honoraires en plus.
Alors, vous pouvez imaginer que devant des données comme
celles-là, qui ne sont pas ressorties au moment de la négociation
et, comme Me Corbeil l'a dit au moment de la négociation, nous ne sommes
pas seuls, il y a aussi des établissements. Ces faits-là n'ont
pas été indiqués par qui que ce soit. Il a fallu aller les
chercher. Dans les relevés qu'a faits M. Corbeil, on n'a pas fait
état de cette situation. Ici, j'ai donné un cas, un exemple
extrême évidemment. Il y a la moyenne, pour ceux qui
étaient à plein temps, de leur rémunération, soit
de $12,000 à l'acte et, pour ceux qui étaient à temps
partiel, $31,000. Alors on peut se demander, avec raison, devant des chiffres
comme ça. qui sont considérables, si vraiment les
établissements exercent un contrôle suffisant. Ma
conclusion, c'est celle que j'ai livrée tantôt, cette question
doit faire partie de toute la réévaluation de cette
situation-là, car je crois que dans certains cas on n'exerce pas un
contrôle suffisant.
M. LAURIN: Est-ce à dire qu'il y a des omnipraticiens qui
étaient rémunérés à l'acte pour des actes
qu'ils posaient pendant le temps qu'ils étaient salariés?
M. CASTONGUAY: Bien là, je ne peux pas dire ça, ce serait
porter une accusation qui ne serait pas fondée; mais on peut se demander
si, par contre, les nombres d'heures qui devraient être normalement
consacrées à un établissement pour une fonction à
plein temps y était toujours bien consacrées.
M. LAURIN: Mais vous avez dit quand même, tout à l'heure,
que comme il n'y avait jamais eu de convention collective, les autorités
devaient s'en tenir à des ententes contractuelles avec celui-ci, ou
celui-là, c'était une agglomération de cas particuliers
qui avaient été négociés à la faveur des
circonstances, et ce n'est pas étonnant qu'on trouve une bigarrure quand
même de situations dans ce domaine.
M. CASTONGUAY: Non, ce n'est pas étonnant et la
négociation est, là comme ailleurs, un phénomène de
normalisation des rapports. A ce niveau-là, on ne rencontre pas de
difficultés particulières ni avec les médecins, ni avec
les hôpitaux...
M. LAURIN: Nous avons simplement la nécessité
d'uniformiser à partir de faits partiellement connus et de faits qui
sont complètement connus. Avez-vous l'impression qu'ils sont
complètement connus maintenant?
M. CASTONGUAY: Bien, c'est difficile à dire, mais je pense que
les principaux faits sont maintenant connus. Là-dessus, et les
hôpitaux et les fédérations acceptent facilement la
discussion pour convenir de normes ayant pour effet de régulariser des
situations un peu étranges.
M. BOIVIN: Avec des contrôles.
M. CASTONGUAY: Cela inclut des mécanismes de contrôle.
M. LAURIN: Oui, puis des cadres aussi et des politiques. Est-ce qu'il y
a des raisons particulières pour lesquelles ce syndicat n'est pas encore
accrédité?
M. CASTONGUAY: C'est-à-dire qu'il n'y a pas, à proprement
parler, un syndicat des omnipraticiens en institution psychiatrique. Il y a,
à l'intérieur d'une fédération de médecins
qui s'appelle la Fédération des omnipraticiens du
Québec, un groupe qui oeuvre principalement en institution
psychiatrique. Ces gens-là pourraient se former en syndicat et demander
l'accréditation.
M. LAURIN: Vous ne savez pas pourquoi ils ne l'ont pas fait?
M. CASTONGUAY: Non.
M. LAURIN: On a fait état, dans les journaux, du grand nombre de
médecins qui avaient quitté ce genre de services. Par exemple, on
disait qu'à un moment donné, il y avait 120 omnipraticiens dans
les institutions psychiatriques ou dans les centres Domrémy, et qu'il
n'y en avait plus que 40. Est-ce uniquement à cause de la
négociation ou s'il y a d'autres facteurs qui expliquent ces
changements?
M. CASTONGUAY: J'aimerais faire état d'un fait sur ce point.
Lorsqu'on regarde les besoins de la population en général et
qu'on regarde la concentration de médecins dans certains hôpitaux
psychiatriques, tous à plein temps, théoriquement à tout
le moins, pour traiter, en fait, les affections physiques des malades dans
l'établissement c'était assez surprenant.
L'an dernier, par exemple, à Saint-Michel-Archange cinq
omnipraticiens ont quitté. Il y a une population de malades d'environ
3,000 et je ne sais pas combien ils avaient de médecins à plein
temps à l'époque pour simplement les affections physiques de ces
gens-là qui ne sont pas nécessairement des malades physiques au
premier titre. On peut se demander s'il n'y a pas eu un
déséquilibre dans un certain nombre d'établissements.
Lorsque j'ai appris que cinq médecins omnipraticiens avaient
quitté Saint-Michel-Archange, j'ai communiqué avec le directeur
général pour qu'il nous dise si ceci lui créerait des
problèmes dans les semaines et les mois à venir. La situation
s'est vite stabilisée, cela n'a pas créé de
problème. On peut se demander si, dans un certain nombre de cas, il n'y
avait pas exagération et si la présence en trop grand nombre de
médecins dans de tels établissements ne privait pas la population
à l'extérieur de services de médecins qui pouvaient
être requis. Dans le "background" de cette question de diminution de
médecins, je pense que c'est extrêmement important d'en tenir
compte, d'autant plus, comme on le sait, que depuis un certain nombre
d'années le nombre de patients dans ces établissements a quelque
peu diminué. En plus, un certain nombre se retrouvent aujourd'hui dans
des foyers affiliés, etc. et peuvent être traités par
divers mécanismes. Maintenant, peut-être que vous voulez ajouter
sur le phénomène lui-même.
Cela dépend aussi, je pense bien, de l'utilisation que les
institutions font de leurs médecins à l'acte. Il y a le
médecin omnipraticien qui est
là en première ligne mais les institutions ont
également recours aux services de spécialistes, et certaines plus
que d'autres, ce qui, évidemment, fait varier les besoins en termes de
praticiens généraux. On a constaté, par exemple, que pour
une institution semblable à celle de Saint-Michel-Archange il y a quinze
omnipra-ticiens tandis qu'il y en a cinq ou six à Saint-Michel-Archange.
La conclusion qui s'impose n'est pas nécessairement que
Saint-Jean-de-Dieu en a un trop grand nombre, c'est peut-être dans les
politiques générales que la différence se situe mais ce
sont des différences qui nous ont frappés quand même.
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez nous dire exactement sur quel point,
très précisément, l'entente, la négociation ou la
discussion pour reprendre votre terme bute actuellement?
M. CASTONGUAY: C'est-à-dire que j'utilise le mot discussion si on
me dit que cela dure depuis quatre ans et le mot négociation si on me
dit que cela dure depuis un an et demi, selon le cas. C'est un point que les
omniprati-ciens et ceux qui ne sont pas, si vous voulez, dans la structure
syndicale certains diraient l'"establishment", mais ce ne sont pas des
mots que j'utilise ...
M. LAURIN: C'est un mot anglais.
M. CASTONGUAY: Oui. ... comprennent difficilement. Il est sûr que
les discussions ou même les négociations ont commencé en
1969 mais il est sûr que tacitement, d'un commun accord devant la venue
du régime d'assurance-maladie, les négociateurs, des deux
côtés de la table, ont décidé de consacrer leur
temps à la négociation du régime général. Ce
n'est qu'après la conclusion d'une entente concernant le régime
général que les parties ont repris la discussion et ont, en fait,
vraiment entamé les négociations quant à la
catégorie de médecins concernés.
M. BOIVIN: Mais...
M. LAURIN: Il n'a pas fini encore.
M. CASTONGUAY: Où actuellement les parties achoppent, c'est
d'abord essentiellement une question d'argent. La partie que j'appellerai
gouvernementale, parce qu'il y a et les représentants du ministre et,
bien sûr, les représentants de l'Association des hôpitaux,
estime offrir une échelle de salaire comparable, en termes d'avantages,
en termes d'intérêts, aux revenus que se ferait, pour le
même nombre d'heures, un praticien dans le régime
général, ce que tente de réfuter, évidemment, la
partie syndicale.
Il y a aussi des difficultés qui existent au niveau des clauses
normatives et cela se comprend de la façon suivante. Jamais, auparavant,
les parties en cause, que ce soit les hôpitaux, les
fédérations médicales ou le ministre des Affai- res
sociales anciennement, le ministre de la Santé n'ont eu
à essayer de cerner les besoins des institutions et, en somme, essayer
de trouver l'identité du médecin hospitalier. Là, on tente
de le faire, c'est difficile et c'est pénible.
Je pense que nous n'avons pas réussi à le faire du
côté gouvernemental, pas plus que la partie syndicale n'a
réussi à le faire, même si elle nous a remis un projet de
convention maintes fois révisé et de plus en plus
considérable. Un exemple de ce que je veux dire et qui ne veut pas
blâmer particulièrement la partie syndicale, mais illustrer la
difficulté. On nous présente une clause qui s'appelle mutation,
mouvement de personnel. Cette clause, qui a trois pages de texte, on ne peut
pas l'accepter, parce qu'elle n'est vraiment pas un outil adapté
à ce genre d'institutions, ni, prétendons-nous, à la
catégorie de médecins concernée, quand on considère
simplement que l'institution qui retient le plus grand nombre de
médecins omnipraticiens, c'est Saint-Jean-de-Dieu, avec quinze
médecins. On ne peut pas avoir une clause qui parle de mutation,
rétrogradation, mise à pied etc., quand il s'agit de quinze
personnes. Il y a difficulté de la part des parties de trouver les
clauses qui conviennent à ce type de salariés ou à ce type
de médecins particulier.
Il y a évidemment aussi, outre les salaires dont on doit convenir
à compter de la signature de l'entente, la question de la
rétroactivité. La partie syndicale voudrait que la
rétroactivité parte de 1969.
M. LAURIN: Est-ce que vous n'aviez pas promis cela dans une offre
écrite, faite le 16 septembre 1969?
M. CASTONGUAY: C'est exact. Je ne peux pas vous dire si c'est le 16
septembre, mais j'ai relu cette lettre et c'est bien exact que j'avais
écrit cette lettre. Je pense qu'en 1969 je ne détenais pas le
mandat du même ministre. J'avais écrit cette lettre, d'ailleurs,
à plusieurs autres syndicats, aux anatomo-pathologistes, par exemple,
avec lesquels on a conclu une entente au même moment où on a
conclu l'entente concernant le régime général. J'ai
expliqué aux omnipraticiens dans quelles circonstances cet engagement du
ministre avait été fait. Quand on a commencé à
négocier en 1969, on pouvait normalement croire qu'une
négociation comme celle-là prendrait six ou huit mois, au maximum
un an. On s'est rapidement rendu compte dans toutes nos négociations que
ce qui préoccupait la partie syndicale et même la partie
gouvernementale à ce moment-là, c'était davantage le
régime d'assurance-maladie qui se dessinait. Chacun tentait ou de
marquer des points ou, tout au moins, de ne pas se créer de
problèmes vis-à-vis de l'éventuel régime. C'est ce
qui explique, comme je le disais tantôt, que les parties ont tacitement
convenu d'arrêter ces négociations pour faire le régime
général.
Mais, lorsque la lettre a été écrite, tout ceci
n'était pas prévu. On s'attendait donc à une
obligation là, je fais une analogie avec tout ce que
j'appellerai le syndicalisme traditionnel semblable aux obligations que
les employeurs ou le gouvernement avaient déjà prises avec les
syndicats traditionnels, soit une obligation de rétroactivité de
dix ou douze mois. Vous savez que, quand il s'agit de syndicat
accrédité, la partie syndicale a un délai pour je
pense que c'est une dizaine de mois convenir d'une convention. Au bout
de ce délai, il y a soit grève ou lock-out ou possibilité
de décertification. C'est un engagement qui se situait, par analogie,
dans cet esprit. Nous avons soumis la même argumentation aux autres
syndicats avec lesquels nous avons eu à négocier, que ce soit
avec les anatomo-pathologistes, les psychiatres ou les médecins
spécialistes autres que psychiatres dans les mêmes institutions
psychiatriques. C'est une argumentation qui a été retenue et,
avec ces syndicats, nous avons convenu d'une rétroactivité au 15
janvier 1971, la même date que l'on propose aux omnipraticiens.
M. LAURIN: A cause de cela, vous pensez que cela ne doit être
considéré ni comme un retrait par rapport aux propositions
antérieures, ni comme une pénalisation à ce groupe de
médecins pour des lenteurs dont ils ne sont peut-être pas
entièrement responsables?
M. CASTONGUAY: D'abord, je 'suis convaincu qu'il ne s'agit pas d'une
pénalisation, parce qu'on pense que l'offre est de même nature que
pour les autres.
Ensuite, quant au délai, ils ne sont sûrement pas plus
imputables à la partie gouvernementale qu'à la partie syndicale.
Je note, comme j'ai noté à la partie syndicale, que si, pour la
Fédération des omnipraticiens, cela avait été un
dossier aussi important, comme maintenant ils le prétendent, ils
auraient peut-être fait comme les anatomo-pathologistes ou comme la
Fédération des médecins spécialistes et ils en
auraient fait un prérequis de négociations. C'est peut-être
ce qui explique qu'on a signé avec les anatomo-pathologistes en
même temps que le régime général. En
négociations, c'est un peu comme cela que les choses se passent.
Evidemment, je ne sais pas ce qui serait arrivé si on en avait fait un
prérequis. Je ne leur reproche pas de ne pas l'avoir fait. Je ne sais
pas ce qui serait arrivé. Mais je pense que la fédération,
comme toutes les parties à une table de négociations, ce faisant,
a agi dans ses intérêts.
M. LAURIN: Est-ce que cette offre de paiement rétroactif portait
aussi bien sur la garde que sur la rémunération salariale, en
1969 et en 1973?
M. CASTONGUAY: Non, le problème de la garde est un
problème qui n'est pas touché par la rétroactivité
parce qu'il a été réglé par une entente
particulière...
M. LAURIN: En octobre 1969.
M. CASTONGUAY: ... en octobre 1969. Et là où cela peut
vraiment s'appliquer, dans les trois grandes institutions,...
M. LAURIN: Mais est-ce que les omnipraticiens voudraient y revenir quand
même, sur le problème de la garde?
M. CASTONGUAY: Oui, le problème de la garde se pose de la
façon suivante: il y a un taux de rémunération qui est le
taux du salaire régulier pour la garde à l'hôpital. Cela ne
pose pas de problème. L'établissement détermine ses
besoins. Par exemple, Saint-Michel-Archange et Saint-Jean-de-Dieu
déterminent s'ils ont besoin d'un omnipraticien à l'hôpital
24 heures par jour. Là où c'est plus difficile, c'est de
s'entendre sur la rémunération de la garde en
disponibilité. L'obligation n'est pas la même pour un
omnipraticien, par exemple, à Saint-Charles-de-Joliette, qui doit
être en disponibilité peut-être à dix ou quinze
milles de l'établissement et qui doit se rendre d'urgence, autant que
possible dans les 20 minutes qui suivent, que pour un médecin, je ne
sais pas, à Roberval, par exemple, qui, de toute façon, n'irait
peut-être pas plus loin que chez lui. Alors, on a des difficultés
à ce niveau. Mais cela ne me semble pas une difficulté
majeure.
M. BOIVIN: Avez-vous le même problème avec les
spécialistes qui pratiquent, incidemment, dans les hôpitaux
psychiatriques? Est-ce que cela s'en vient ou si vous...
M. CASTONGUAY: Nous sommes en négociations avec eux. Evidemment,
le problème se pose assez différemment. La
Fédération des médecins spécialistes, tout au moins
à ce niveau, dans ce dossier, semble nettement favoriser la
rémunération à l'acte. Evidemment, cela élimine un
paquet de problèmes...
M. BOIVIN: Ils sont moins longtemps aussi.
M. CASTONGUAY: ... pour convenir de la clause normative.
C'est-à-dire que si l'on convient d'une rémunération
à l'acte, il est bien sûr que ce sont les taux de l'entente
générale qui s'appliqueront, et les dispositions
générales de l'entente du régime général.
Cela évite un paquet de discussions mais cela ne règle rien quant
à la recherche de l'identité du médecin hospitalier qui
doit se traduire par des dispositions normatives dans l'entente des
omnipraticiens.
M. LAURIN: Est-ce que l'indexation annuelle ne constitue pas une autre
pierre d'achoppement étant donné que, dans votre offre d'avril
1971, il y a le même taux prévu pour une durée de trois ans
ou de deux ans, alors que dans les autres négociations, que le
ministère mène avec des professionnels, il y a un taux
d'indexation annuelle?
M. CASTONGUAY: Pouvez-vous être plus spécifique lorsque
vous dites l'indexation...
M. LAURIN: Bien, par exemple, mettons un taux d'augmentation
annuelle,...
M. CASTONGUAY: Oui.
M. LAURIN : ... est-ce qu'il y a une difficulté là-dessus
étant donné que, dans votre offre du 5 avril, il y a un montant
global d'augmentation qui porte sur deux ou trois années, selon la date
de terminaison, 1974 ou 1975?
M. CASTONGUAY: Mais par rapport à quel autre groupe faites-vous
la comparaison?
M. LAURIN: Habituellement, quand on négocie des structures de
salaires, il y a une augmentation pour une année et une autre
augmentation pour l'autre année. Les augmentations ne sont pas vues en
vrac portant sur deux ou trois années. La structure des salaires montre
une augmentation annuelle.
M. CASTONGUAY: Je pense que, indépendamment de ça,
l'analogie peut, quant à nous, difficilement se faire. Ce qu'on tente de
faire avec la Fédération des omnipraticiens, pour ce groupe,
c'est d'essayer de développer une éche-le de salaires qui, d'une
part, tienne compte des politiques générales du gouvernement dans
la Fonction publique mais aussi qui particularise un peu ce groupe de
médecins cliniciens.
Si vous remarquez, par rapport aux médecins fonctionnaires, par
exemple, le nombre d'échelons est beaucoup plus restreint que dans le
cas des fonctionnaires. Alors, on peut atteindre beaucoup plus rapidement le
maximum dans une classe donnée. C'est ce qu'essaie de faire ressortir Me
Corbeil, en disant qu'on a essayé de particulariser.
Si on regarde juste le taux d'augmentation on voit qu'on a un taux
d'augmentation pour une période qui couvre plus qu'une année,
mais je pense qu'il faut aussi introduire, dans cette comparaison, le nombre
d'échelons à l'intérieur de la structure. Il y a cet
élément qui les distingue par rapport à un autre groupe.
Je pense le plus proche, avec lequel on peut les comparer, c'est le groupe des
médecins fonctionnaires.
Cela a été particularisé au niveau des
échelons et cela a été particularisé aussi au
niveau du revenu ou de l'échelle de salaires elle-même. On a
comprimé une échelle qui existe de 1972 à 1975 pour les
médecins fonctionnaires et on a aussi modifié le nombre
d'échelons. Alors, on ne peut pas réclamer les avantages
consentis aux autres professionnels du gouvernement et, en même temps,
vouloir se particulariser. C'est ce qu'on a tenté de soutenir. Ce genre
d'échelle, qui tenait compte de ce qui est payé aux
médecins fonctionnaires dans la fonction publique et qui, comme je le
disais, a été particulari- sée, on a fait aussi sa
vérification quant au régime général.
Vérification faite, nous pensons que le médecin qui recevrait le
salaire de l'échelle, pour 35 heures reçoit à peu
près l'équivalent du médecin dans le régime
général, qui ferait une pratique normale, qui ne serait pas ce
qu'on a maintenant appelé un déviant.
M. LAURIN: Est-ce que, dans votre discussion, vous laissez entendre
qu'un médecin omnipraticien, à Domrémy ou dans les
hôpitaux psychiatriques, ne devrait pas, une fois son travail
terminé, faire du travail à l'acte, le soir ou en fin de
semaine?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas notre décision, mais nous sommes loin
de nous scandaliser du fait, en soi, qu'ils pratiquent en dehors d'un
hôpital, en dehors des heures de travail. Il y a une demande
médicale considérable. Si quelqu'un peut concilier un excellent
travail en milieu hospitalier avec une pratique hors les murs, nous n'avons
absolument rien contre cela.
M. LAURIN: Donc, dans la mesure où le travail hospitalier serait
très bien fait, à la satisfaction de tous ceux qui exercent des
contrôles et qu'en sus il y ait une rémunération sous un
autre mode, qui serait excellente aussi, vous n'auriez pas d'objections?
M. CASTONGUAY: Aucune objection.
M. BOIVIN: A vacation, le contrôle est plus facile. C'est
difficile pour un homme à salaire. S'il se met à vacation, il y a
un contrôle dans l'institution où il va, tandis que, s'il est
à salaire, c'est vague. Le salariat peut exiger des gardes, peut exiger
toutes sortes de choses.
M. LAURIN: Mais, comme le dit Me Corbeil, il y a une demande
considérable, actuellement, à cause de la surconsommation.
M. BOIVIN: Oui. Je n'ai pas d'objection à ce qu'il aille à
vacation. Cela va le payer autant, cela va peut-être le payer plus.
M. LAURIN: Est-ce qu'il n'y a pas une autre raison aussi? Quand on voit,
par exemple, les cliniques Domrémy fermer. Des médecins, qui
avaient pris l'habitude de travailler dans ce genre d'institutions, du jour au
lendemain, voient ces institutions fermer et sont obligés de se recycler
ailleurs. Peut-être qu'ils veulent garder des portes ouvertes et toucher
à deux modes de pratique en même temps.
M. CASTONGUAY: Cela peut également les inciter à examiner
la possibilité d'agrandir ce qu'il est convenu d'appeler, faussement je
pense, la clientèle privée ou la clientèle hors les
murs.
M. LAURIN: Maintenant, qu'est-ce qui va
arriver si la discussion ne conduit pas â une entente dans tel
délai? Est-ce que des conditions ont été
fixées?
M. CASTONGUAY: Sur ce plan, nous avons un régime bien
particulier, comme on l'a fait ressortir. Comme les établissements
doivent fonctionner et que nous ne sommes pas tenus de négocier
collectivement, nous avons dit: On est prêts à poursuivre cette
discussion pour un temps et, passé ce temps, nous allons dire aux
établissements: Voici, vous pouvez continuer d'engager vos
médecins, en leur offrant telles conditions de salaire, de travail,
etc.
M. LAURIN: Ce qui serait un recul pour le principe de la
négociation collective ou sectorielle.
M. CASTONGUAY: Ecoutez, il reste qu'il y a aussi le fonctionnement des
établissements à considérer. Cette situation
d'instabilité.
Je pense que nous avons démontré par divers moyens que
nous sommes bien en faveur de la négociation collective. Lors des
ententes de l'automne dernier, c'est le secteur des Affaires sociales qui a
signé le premier, il n'y a pas eu de décret.
Nous avons, à la suite de 1970, tout mis en oeuvre pour essayer
de signer malgré la loi 41 les conventions dans les plus
brefs délais, et nous avons pu le faire. Et nous avons eu, dans tous les
autres cas les hôpitaux privés, les agences de service
social des difficultés, mais nous avons toujours essayé
d'axer notre action sur la négociation de conventions collectives. Et
dans ce cas-là, malheureusement, s'il n'est pas possible d'en arriver
à une entente, malgré notre désir de discuter parce
que c'est vraiment de la discussion nous avons, par contre, l'autre
obligation de voir que les établissements puissent fonctionner en
sachant où elles sont dans tout ceci.
Il y a des individus, des médecins en cause également.
Nous avons dit qu'après telle date nous communiquerons avec les
établissements et nous leur dirons quelles sont les conditions qu'ils
peuvent offrir sur une base individuelle.
C'est peut-être tout simplement qu'on peut voir les choses d'une
façon peut-être un peu plus positive qu'un échec de la
négociation; ça pourrait être simplement un temps
d'arrêt qui permettrait aux parties et là je pense d'abord
aux établissements hospitaliers, aux médecins de chacun des
établissements de se parler davantage qu'elles ne l'ont fait dans
le passé pour essayer de cerner véritablement ce statut de
médecin hospitalier qui n'a pas encore été trouvé.
Et rien ne s'oppose à ce que des négociations aient lieu par la
suite.
M. BOIVIN: Les négociations ne peuvent pas se faire seulement
pour le milieu. Vous dites qu'ils pourraient se former en syndicat. Mais vous
allez avoir le problème aux urgences. De plus en plus les omnipraticiens
travaillent à l'urgence. Il va y avoir encore un syndicat
d'omnipraticiens pour les urgences. Vous en avez besoin dans les CLSC qui vont
s'ouvrir, ça va être encore le même problème.
Vous allez avoir des omnipraticiens qui vont travailler à la
prévention, dans les unités sanitaires. Sans doute, il y aura un
chef, mais tout ce travail va s'exécuter avec les omnipraticiens. Est-ce
que vous allez avoir encore un autre syndicat à la prévention? Il
me semble...
M. CASTONGUAY: Mais docteur, il y a un certain principe sur le plan du
regroupement à des fins syndicales que l'on doit reconnaître,
c'est la liberté d'association et le mécanisme
d'accréditation. Et si un groupe de médecins, à un moment
donné, veut se former dans un cadre particulier, c'est à lui de
le décider.
Et après ça, il y a un mécanisme
d'accréditation, à moins que l'on remette cela en cause. Quant
à nous, nous devons négocier avec les parties qui se sont
volontairement formées et qui ont été
accréditées. Et ces évolutions dans les formations de
syndicats prenant des caractéristiques particulières, je pense
que ce mécanisme a été sain dans l'ensemble.
Mais ce n'est pas nous qui le déterminons. Ce sont eux qui
décident entre eux...
M.BOIVIN: Ils peuvent le faire, mais on a des problèmes dans les
différents secteurs.
M. CASTONGUAY; Oui, mais encore là, si on n'avait qu'un grand
syndicat qui ne faisait ressortir aucune nuance quant aux problèmes
particuliers que les membres peuvent vivre, on arriverait probablement à
d'autres types de problèmes. Les particularités seraient
noyées dans un trop grand syndicat qui tendrait à trop
uniformiser et peut-être que ce ne serait pas mieux. Je pense que ce jeu
où les gens se regroupent, selon qu'ils en sentent le besoin, a
été sain dans l'ensemble. On doit s'y plier.
M. LAURIN: J'ai d'autres questions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Continuez, continuez !
M. LAURIN: Je pensais qu'on ajournait à midi et demi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, non continuez !
M. LAURIN: Bon. Mes autres questions sont sur Sherbrooke et
Trois-Rivières. Je sais bien qu'une partie touche les relations de
travail et une autre touche au fond l'organisation des services mais je me
demandais si on ne pouvait pas l'aborder ici. Est-ce qu'il y a du nouveau quant
au règlement qui a pu être effectué?
M. CASTONGUAY: Vous parlez de l'Institut psycho-social?
M. LAURIN: L'Institut psycho-social et la Clinique antialcoolique de
Sherbrooke.
M. CASTONGUAY: Je vais demander à M. Larouche d'en traiter, en
rappelant que dans le cas de l'Institut psycho-social, à un moment
donné, une partie du personnel a démissionné.
En fait, en ce qui concerne l'Institut psychosocial, vous savez sans
doute qu'il y avait deux factions parmi les salariés, deux attitudes
à prendre concernant l'intégration, soit au CH, soit au CSS. Le
ministère a entretenu des relations avec les deux groupes, il s'est fait
jusqu'à un certain point l'intermédiaire entre les deux groupes
auprès du conseil d'administration de cette même institution pour
essayer de faire en sorte que les gens puissent participer chacun selon son
optique à l'intégration des services. Evidemment, cela
occasionnait un certain nombre de problèmes parce que, sur le plan
purement administratif, c'est l'institution qui devait décider de
s'intégrer à un endroit plutôt qu'à l'autre. Le Dr
Brunet a rencontré les parties et a fini par s'entendre avec chacune des
parties sur un modus vivendi. Ce modus vivendi, dans son application, a
occasionné certains problèmes et une des factions, en fait le
groupe de psychologues et de travailleurs sociaux, à ma connaissance, a
décidé à un moment donné, après avoir fait
des représentations au ministère, de démissionner purement
et simplement de l'institution. Nous, évidemment, on ne pouvait que
très difficilement imposer à l'institution de reprendre des gens
qui, de leur propre chef, avaient démissionné. Nous avions
toujours été d'accord sur le fait que ce modus vivendi qui avait
été convenu entre les parties soit respecté et on faisait
les représentations qui s'imposaient auprès de la direction pour
ce faire. Maintenant, les gens ayant démissionné, ça
coupait nos moyens d'intervention énormément.
Ce qu'on a fait à ce moment-là, c'est qu'on a
été obligé d'accepter ces démissions mais on s'est
organisé pour voir à ce que la population de la région
n'ait pas à subir le contrecoup de cette divergence de vues entre des
salariés d'un établissement. En fait on a
délégué deux personnes du ministère des Affaires
sociales auprès du conseil d'administration de l'Institut psychosocial
pour voir à ce que les dossiers se transmettent correctement et que sur
le plan professionnel le travail soit fait de façon adéquate.
C'est la situation en ce qui concerne l'Institut psycho-social.
Certaines démarches ont été faites auprès du
ministère pour qu'on oblige le conseil d'administration à refuser
des démissions, puis à garder les gens, mais ça, c'est une
démarche qu'on n'a pas accepté de faire.
M. LAURIN: Est-ce que les démissionnaires vont être
intégrés au CSS?
M. CASTONGUAY: C'est-à-dire qu'individuellement ils peuvent
s'intégrer au CSS. Evi- demment, il n'y a aucune objection à ce
que ces gens-là aillent, en tant que salariés, au niveau du CSS;
il n'y a aucune restriction.
M. LAURIN: Les services qu'ils rendaient ne sont plus rendus
évidemment.
M. CASTONGUAY: L'institution a pris les mesures, puis elle s'est
occupée de recruter des gens pour continuer d'offrir ces services. Il
faut dire que tout ça, c'est pour une période de temps
très courte, parce que c'est sur le point d'être
intégré au CSS. Alors, c'est la situation à l'Institut
psychosocial.
M. LAURIN: Et pour Sherbrooke? Je sais que vous aviez accordé une
sorte de moratoire.
M. CASTONGUAY: C'est un petit établissement, très
petit.
M. LAURIN: Oui, je sais. Mais, au point de vue des principes, il est
important.
M. CASTONGUAY: Oui, oui d'accord, mais il est bon de dire, malgré
tout, qu'il est petit. Les principes apparaissent sous une lumière
différente. Ce qui est arrivé dans ce cas-là, c'est qu'il
y a eu soit un départ du responsable du dossier ou épisode de
maladie, alors que nous avions demandé à cet
établissement, qui est de la nature d'une clinique externe, si ma
mémoire est bonne, un centre de jour, de nous présenter un
programme où il identifierait son rôle précis parce
qu'il y a beaucoup de variantes, selon les établissements, quant aux
fonctions exercées et aussi un plan d'intégration au CSS.
A cause du départ ou de la maladie de cet individu, de ce fonctionnaire
qui était responsable du dossier, la chose n'a pas été
suivie et, au terme de la période, nous nous sommes rendu compte que,
d'une part, le financement devait arrêter et les subventions et, d'autre
part, comme il n'y avait pas eu de suite donnée, on n'a su qu'à
la dernière minute que l'établissement n'avait pas fait son
travail. Ce n'était pas peut-être par mauvaise foi;
peut-être par incapacité de le faire à cause de la nature
de la demande qui était formulée et du type de personnel en
place.
Lorsque nous avons vu cet état de fait et qu'il n'était
pas question de mauvaise foi comme vous le dites, les principes sont
importants et c'est un établissement qui donnait des services
nécessaires, même si sa taille était petite nous lui
avons accordé un délai, une subvention pour pouvoir continuer de
fonctionner et de l'aide technique pour qu'il effectue justement cette
identification de fonctions et un programme d'intégration. Et les choses
sont rentrées dans l'ordre pour autant que je sache.
M. LAURIN: Alors, nous pourrons reparler du problème plus
général à l'occasion de l'OPTAT.
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous voulez voir les responsables de
l'OPTAT?
M. LAURIN: Moi, j'aurais des questions à leur poser.
M. CASTONGUAY: II va falloir faire attention. Si je mentionne ceci,
c'est que l'OPTAT n'est pas responsable du réseau
d'établissements.
M. LAURIN: Oui, je sais qu'il y a eu une modification
récente.
M. CASTONGUAY: Non, mais c'est pour ça, parce que...
M. LAURIN: On a scindé la fonction traitement de la fonction
accueil.
M. CASTONGUAY: Bien, l'information, la recherche, on peut discuter de
tout ça avec le Dr Boudreau, si vous le voulez. Par contre, les
problèmes de réseau de services et d'intégration, on en
discutera avec les autres fonctionnaires du ministère.
M. LAURIN: Oui, je voulais aussi poser une autre question. Est-ce qu'il
y a du nouveau au sujet de la question du Foyer des Hauteurs? Est-ce que le
conflit paraît plus près "de se régler qu'il ne l'a
été dans le passé?
M. CASTONGUAY: En ce qui concerne le Foyer des Hauteurs, comme vous le
savez, suite aux plaintes formulées par les représentants de la
FNS, nous avons fait un certain nombre de recommandations et nous avons fait
part de ces recommandations à la Fédération nationale des
services. La fédération nationale des services, dans un
communiqué de presse et dans une lettre que nous avons reçue
longtemps après le communiqué de presse, nous a fait part qu'elle
était insatisfaite de la nature des recommandations que nous avions
faites.
Nous avons répondu à la Fédération nationale
des services que nous voulions la rencontrer pour discuter de tous et chacun
des points. Ce qui appert, après enquête, c'est que les points ou
les choses qui ont été reprochées au Foyer des Hauteurs,
dans plusieurs cas, remontent à une période de neuf ou dix ans,
une période aussi longue que cela; en fait, on a ramassé, sur une
période de dix ans, un certain nombre de choses et à un moment
donné on accuse une administration de permettre tel état de
choses, ce qui n'est pas vrai.
Ce que l'on a l'intention de faire, c'est de rencontrer la partie
syndicale et de corriger toutes et chacune des erreurs ou des renseignements
qu'elle a pu obtenir et qui sont faux. On peut dire que les gens, au Foyer des
Hauteurs, sont bien traités et ne sont pas en danger. On peut
déjà dire cela et on va rencontrer la partie syndicale et le lui
dire.
M. LAURIN: On pourra y revenir à l'agrément, d'ailleurs.
C'est tout ce que j'avais comme question spécifique. J'aurais une
dernière question aussi générale à poser, c'est sur
la négociation avec les dentistes. Est-ce qu'il y a des chances que cela
reprenne, est-ce qu'il y a eu de nouveaux développements depuis
l'annonce que vous avez faite, et est-ce qu'il y a quelque chose de vrai dans
l'affirmation qu'on a lue dans les journaux que les dentistes voulaient
négocier un programme préventif plus ample, plus large que celui
que le ministère voulait appliquer? C'est surtout cette dernière
question qui m'intéresse.
M. CASTONGUAY: J'aimerais d'abord, au départ, rappeler
l'expérience que nous avons eue avec la chirurgie buccale, qui est dans
le "background", on en a fait état au début de nos discussions
sur les crédits, et qui a fait en sorte que pour certains actes nous
avons voulu être relativement prudents, d'autant plus que, dès le
début des négociations, la partie syndicale nous disait qu'elle
était d'accord sur la nécessité de mettre l'accent sur la
prévention, l'éducation à une meilleure hygiène
dentaire, etc.
Nous avons fait un travail considérable au cours de
l'année et demie, depuis l'adoption de loi. Je pense que vous pouvez en
juger par les documents que j'ai déposés en Chambre et dont je
vous ai remis copie. La décision a été prise par 240
membres d'une association qui, au maximum, pourrait représenter
au-dessus de 1,500 dentistes; ils sont plus de 1,500. Nous voulions d'une part,
lorsque nous avons appris la décision prise à l'occasion de cette
assemblée, évaluer la situation. Il y a eu aussi le fait que le
président a démissionné; c'est un fait, je pense, assez
significatif. Aussi le nouveau président du comité de
négociation a dit qu'il démontrait un intérêt
à poursuivre la discussion, la négociation. Alors, nous nous
sommes dit: Nous allons évaluer la situation.
Pour ne pas reprendre un processus qui pourrait durer un an ou deux, sur
des affirmations extrêmement générales, j'ai demandé
à Me Corbeil et Me Meloche de communiquer avec le comité de
négociation, pour lui demander de mettre par écrit les
propositions ou les aspects de l'entente qui, selon lui, devraient être
modifiés. C'est bien beau de dire qu'on aurait aimé mieux mettre
plus d'accent sur ça que sur ça, ou sur un programme de nature
différente, mais cela fait un an et demi que cela a été
discuté et négocié et j'attends d'avoir cette
réponse. D'autre part, nous examinons la situation pour voir quels sont
les moyens à prendre pour que les gens aient pour leurs enfants un
programme de soins dentaires approprié. Sur le point plus précis,
peut-être que M. Corbeil peut répondre à votre
question.
J'aimerais peut-être tout d'abord noter que c'est le groupe des
chirurgiens dentistes, l'Association des chirurgiens dentistes, l'ACDQ, avec
lequel les représentants du ministre ont discuté
le plus, non seulement le plus longtemps, mais peut-être le plus
intensément. Nous avons formé des sous-comités techniques.
Les représentants du ministre étaient assistés de deux
experts dentistes. Ils ont consenti à se faire presque donner des cours
de dentisterie et pendant 18 mois il y a eu un travail extrêmement
intensif et qui se devait d'être intensif.
Contrairement au monde médical, le monde dentaire n'avait pas de
règles, de normes générales, ni quant au taux à
fixer, ni quant à ce que l'on pourrait appeler des règles
d'application ou même des règles professionnelles.
Ces documents ont été fabriqués de toutes
pièces de toutes pièces, j'insiste là-dessus
avec l'association, de sorte que les 40 ou 50 règles, je ne me souviens
pas exactement, qui sont dans le projet soumis à la partie syndicale,
sont vraiment des textes qui sont le résultat des discussions des
parties et d'un consensus des parties. C'est un travail extrêmement
considérable. Je le note parce que, ce qu'on ne sait pas, actuellement,
c'est si, à la dernière minute, on ne remet pas ça en
cause, ce qui voudrait effectivement dire des rediscussions extrêmement
longues.
Je veux noter, également, qu'aux deux dernières
séances de négociations, il a été bien entendu que
les seuls points, sur lesquels les parties n'étaient pas d'accord,
concernaient des taux; donc, nous étions d'accord avec l'ensemble des
règles d'application. C'était simplement sur les taux et les taux
concernant deux choses: Les taux des extractions dentaires et les taux de
certaines obturations.
Pour faire le lien avec la prévention, il est évident
qu'ayant examiné avec soin le résultat du régime de
chirurgie buccale et voulant avoir un régime de prévention,
c'est-à-dire d'abord de restauration et non pas de vidage de bouches, on
n'a pas eu des taux très incitateurs pour l'extraction dentaire. Mais ce
faisant, nous nous étions engagés dans le chemin montré,
au tout début des négociations, par l'association elle-même
et par d'autres associations professionnelles de dentistes. C'est donc sur ces
taux qu'il y a eu des accords. Quant à la couverture comme telle,
même si nous n'avons pas à négocier une couverture, les
règlements des lois ne sont pas habituellement négociés,
on a convenu d'un mécanisme qui s'appelait celui de la consultation
privilégiée. On a dit : Voici, messieurs, ce que le ministre
entend proposer par voie de règlements pour couverture; que vous en
semble? Cela a été pas mal plus loin que cela; il y a eu
là aussi un assentiment de la part de l'association. C'est la raison
pour laquelle on a été un peu surpris de voir certaines
déclarations par quelques-uns des officiers de ce syndicat ou de cette
association à caractère syndical.
Je peux ajouter qu'il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit d'un
régime qui ne toucherait qu'une partie de la clientèle de ces
dentistes. On n'engage pas tout leur avenir. D'autre part, depuis leur
assemblée, j'ai eu l'occasion de rencontrer certains dentistes, de
discuter la question avec eux. Ceux que j'ai rencontrés se sont dits
extrêmement déçus, parce qu'ils voyaient, par cette
entente, la possibilité d'organiser, pour des groupes d'enfants, des
séances particulières portant sur une meilleure hygiène
buccale. Ils pouvaient voir aussi, par cette entente, la possibilité
d'introduire dans le système le nouveau personnel qui va se former,
hygiénistes dentaires, alors que présentement on sait que ce
personnel n'est pas tellement nombreux. Et ceux que j'ai rencontrés se
sont dits extrêmement déçus.
Je pense qu'il nous faut évaluer la situation très
sérieusement et c'est pourquoi aussi je mentionnais tantôt que
notre désir est de faire en sorte que les gens reçoivent les
services en vertu de la loi qui a été adoptée.
M. LAURIN: Est-il exact qu'ils vous ont fait des suggestions pour
étendre la couverture à des actes que ne couvrait pas l'entente?
Deuxièmement, qu'ils souhaitaient, pour ne pas dire exigeaient, une
mesure qui n'est pas de leur ressort, en somme, qui est la fluoration?
M. CASTONGUAY: A la première question, il est certain que les
dentistes auraient préféré que la couverture soit plus
totale, y compris qu'on aille dans les prothèses mais là, il y a
eu un choix du gouvernement de fait. Là-dessus je ne dis pas
qu'on s'est mis d'accord la partie syndicale a semblé en prendre
son parti assez tôt, d'abord, dans les négociations, avant
même qu'on discute des principales règles d'application, et on ne
s'attendait pas à ce qu'on nous ressorte ce problème. Cela n'a
pas semblé, tout au moins dans les six derniers mois, être un
problème considérable.
Il semblait que c'était une couverture acceptable pour les
dentistes, en termes économiques, et acceptable aussi socialement,
même, par eux.
Votre deuxième question était sur la fluoration.
M. LAURIN: La deuxième, c'était la fluoration.
M. CASTONGUAY: Là aussi, je ferais le même genre de
remarques. Bien sûr, les dentistes ont manifesté, via la table de
négociations, ce désir qui était connu depuis fort
longtemps. Mais, là non plus, on n'en a pas fait un prérequis, un
point d'achoppement. J'ai plutôt l'impression qu'à la
dernière minute, comme un sauteur avant de sauter, il y en a qui sautent
et il y en a qui ne sautent pas. On a eu plus peur d'un régime, à
la toute dernière minute, au niveau tout au moins des officiers.
C'est peut-être principalement parce qu'on ne nous a pas encore
communiqué les points précis sur lesquels il y aurait des
accords. Si on nous communique des points précis, ce sera possible de
les examiner, de les régler dans des
délais fort raisonnables.Si on veut remettre ça en
question, il y aura d'autres décisions peut-être à
prendre.
M. LAURIN: De toute façon, vous avez pris des mesures pour que la
négociation reprenne sous d'autres et de meilleurs auspices.
M. CASTONGUAY: De meilleurs auspices, c'est à eux de
déterminer les gestes qu'ils peuvent poser, parce que je crois que nous
avons posé tous les gestes, quant à nous, qui devraient
être posés. Quanta la reprise des négociations, dans ce
cadre, quant à moi, je voudrais examiner justement ce qu'ils doivent
nous communiquer, parce que je n'ai pas l'intention d'attendre un an ou deux,
dans le même type de discussion, pour que cette loi soit
appliquée.
M. LAURIN: Mais quelles autres mesures pourraient être prises si
la négociation collective n'aboutissait pas? Ce serait un
décret?
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement un décret. Il y a
d'autres possibilités, la possibilité des ententes individuelles,
il n'y a rien qui nous empêche de le faire. Si on n'est pas capable, que
voulez-vous? Cela fait pratiquement deux ans que cette loi a été
adoptée et je pense que c'est une loi qui a été
jugée nécessaire par l'Assemblée nationale. Et si on nous
ramène, au dernier moment, des considérations qui auraient
dû être apportées au cours de la négociation, je
pense qu'on pourrait penser à cette approche.
Il y a aussi le développement de services dans un autre cadre,
soit les Centres locaux de services communautaires ou dans les cliniques.
Les dernières paroles du Dr Laurin me rapellent que, vraiment, si
je regarde toutes les négociations auxquelles j'ai participé,
c'est peut-être celle qui s'est précisément faite sous les
meilleurs auspices, et en termes de climat et en termes d'investissement de la
part des parties, investissements techniques, de recherches, de travail, de
rigueur. C'est peut-être la raison pour laquelle nous sommes
particulièrement ceux de l'équipe technique en tous cas
déçus et étonnés. La seule explication que
je trouve c'est celle que je mentionnais tantôt, c'est la peur, à
la dernière minute, de s'inscrire dans un régime où, bien
sûr, on risque, par la suite, d'être assez bien identifié,
comme portrait, en termes non seulement économique, mais comme
praticien, dans le fond.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je ne voudrais pas
décourager le ministre, mais j'ai encore pour au moins deux heures de
questions à poser; je vais résumer ça dans cinq minutes,
si le ministre me le permet.
J'aurais aimé intervenir sur chaque point, mais je vais
résumer cela rapidement. Je vais demander ceci au ministre ou à
Me Corbeil: Quel est le statut qu'on offre aux médecins qui vont
pratiquer dans les CLSC, en termes monétaires maximum?
M. CASTONGUAY: Présentement, des ententes ont été
faites sur le plan local par les CLSC eux-mêmes et la
rémunération pour les services rendus par ces médecins est
celle versée par la Régie de l'assurance-maladie. Maintenant,
nous étudions cette question parce que et je faisais état,
par exemple, des discussions que nous avons eues à Ottawa, avant-hier
on peut se demander si c'est le mode le plus approprié de
rémunération dans le cadre des CLSC.
Alors, nous étudions cette question. Mais, présentement,
les CLSC ont fait des ententes particulières avec les médecins
qui les ont acceptées et la rémunération versée
pour les services rendus est celle de l'assurance-maladie. Dans certains cas,
le médecin la perçoit. Dans d'autres cas, le médecin a
accepté un salaire et c'est un peu le même principe que
dans les hôpitaux d'enseignement les montants payés par la
régie sont versés au médecin qui les remet, en
contrepartie de son salaire, au Centre local de services communautaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pourquoi faites-vous une différence
entre le salaire maximum offert aux médecins du CLSC et le salaire
maximum offert aux médecins omnipraticiens dans une institution
psychiatrique?
M. CASTONGUAY: II n'y a pas eu de politique du ministère quant
à un niveau de salaire précis pour les CLSC; ce sont les CLSC
eux-mêmes qui ont convenu d'ententes avec leurs médecins.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le médecin, qui est couvert
par la convention collective, par la fonction publique, peut pratiquer le soir
et les fins de semaines ou si la même clause est demeurée, qui
exclut tout autre acte?
M. CASTONGUAY: Non, la loi stipule l'exclusivité ou, du moins, la
régie interprète les dispositions actuelles de la loi comme
signifiant l'exclusivité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a des médecins qui
pratiquent dans la fonction publique et qui émargent au budget de la
Régie de l'assurance-maladie?
M. CASTONGUAY: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): II a le droit de pratiquer pour l'urgence, mais
est-ce que le concept de l'urgence est assez large?
M. CASTONGUAY: La question s'est posée
pour seulement quelques médecins au niveau des unités
sanitaires et nous avons convenu d'un principe sous forme de temps
supplémentaire, puisque les actes sont posés en dehors de leur
travail normal. Nous les rémunérons suivant certains
critères qui ont été établis par la direction de
l'agrément. Si nous n'avons pas généralisé la
politique ou si nous avons jugé avec le ministère de la Fonction
publique qu'elle suffisait, c'est que c'étaient des cas
extrêmement limités en nombre et qui se résorbent,
d'ailleurs.
D n'y en a pratiquement plus. Ce point a été
discuté avec les médecins fonctionnaires, d'ailleurs ils en
étaient très satisfaits.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une dernière question. Je voudrais qu'on
libère si possible ceux qui ont affaires aux relations professionnelles.
Quant à la nouvelle convention, le comité dont a parlé le
ministre pour régler les problèmes dans le domaine de
l'assurance-maladie relativement aux abus de certains médecins, est-ce
vous qui négociez actuellement ce mécanisme avec les
fédérations ou si ça va être indiqué ainsi
dans la loi?
M. CASTONGUAY: Là il s'agissait de dispositions
législatives et ç'a été à la suite des
rapports que nous avons reçus de la régie, des discussions que
nous avons eues au moment de l'analyse de ces rapports au sein du
ministère, l'analyse des gestes à poser, que nous avons conclu
qu'un mécanisme devenait nécessaire. On a examiné ce qui
se faisait à l'extérieur. On en a discuté après
avoir eu ce bilan de ce qui se fait dans les autres provinces. Finalement, nous
avons élaboré les négociateurs ont
été consultés un projet de commission de
révision. Et là, j'ai rencontré le président de la
Fédération des médecins spécialistes de même
que le président de la Fédération des médecins
omnipraticiens. Dans le cas du collège, je devais rencontrer ses
représentants. Malheureusement, je n'ai pu le faire, à la
dernière minute, il est arrivé quelque chose. Le sous-ministre
les a rencontrés et nous avons noté attentivement toutes leurs
observations. Nous en avons tenu compte dans une large mesure au moment de
l'élaboration du projet de loi. Mais ça ne m'apparaissait pas
comme étant une question négociable étant donné que
c'est de la nature de la législation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on négocie d'autres choses
actuellement que la convention collective qui est en vigueur avec les deux
fédérations, ou si on prépare la prochaine
négociation de façon très active?
M. CASTONGUAY: II y a eu beaucoup de travail d'analyse de fait depuis
l'automne dernier, à mesure que les données nous sont devenues
disponibles par la Régie de l'assurance-maladie. Le travail d'analyse
est en voie d'être terminé et au fur et à mesure que ce
travail s'est déroulé, certains actes ou certaines règles
ont apparu devoir être modifiés en priorité. Nous avons
donné des mandats, en cours de route, aux négociateurs pour
aborder et négocier ces questions avec les
fédérations.
Un certain nombre d'amendements ont été apportés
aux ententes.
Quant au bilan plus général, comme je le disais, le
travail d'analyse est en voie d'être terminé et d'être mis
sous forme de position du ministère. D'autre part, les
fédérations nous avaient dit qu'elles voulaient également
faire un tel travail et elles ont les renseignements de la régie pour
faire leur propre travail d'analyse. Je ne sais pas où elles en sont, on
nous a dit, à un certain nombre de reprises, que c'est en voie
d'être terminé.
Quant aux démarches plus immédiates avec les
fédérations, je peux demander à M. Corbeil d'y
répondre.
On peut noter que depuis la conclusion de la première entente on
a été, à toutes fins pratiques, en négociation
presque permanente avec les fédérations, par exemple, avec la
Fédération des médecins spécialistes. Nous en
sommes au douzième amendement à l'entente. Un peu moins, mais
également à plusieurs amendements avec la
Fédérations des omnipraticiens, plus, évidemment, les
dossiers courants, ceux dont on a parlé tantôt. Par le biais des
amendements, on peut presque dire qu'on a un peu commencé à
discuter du renouvellement de l'actuelle entente. Par exemple, dans
l'amendement no 10 qui doit être signé bientôt une
des fédérations nous a indiqué son accord on tente
de corriger un problème qui a déjà été
soulevé ici, celui du taux d'un acte qui s'appelle l'injection
sclérosante, comme celui du taux d'un acte qui s'appelle
l'exérèse de cérumen.
Par l'amendement no 12, on tente de corriger un problème en
physiatrie. Ces mécanismes de négociation permanente jouent. Au
niveau de la partie gouvernementale, quant au renouvellement, la phase de la
cueillette des données a été faite, la phase de l'analyse
est presque terminée. On peut presque dire qu'on en est à la
phase de la rédaction des positions. Dans le cas d'une des
fédérations, on a vu des travaux qui semblent être
analogues à ceux que l'on poursuit nous-mêmes. Il y a même
discussion pour savoir s'il n'y aurait pas moyen d'avoir échange des
documents de recherche et d'analyse tout en conservant, chacune des parties
bien sûr, nos conclusions pour le moment.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dernière petite question, M. le
Président.
M. BOIVIN: La commission de révision, moi, je voudrais que cela
revienne. Je ne sais pas si ça va revenir.
M. CASTONGUAY: Ecoutez, j'ai fait état d'un certain nombre de
choses, mais c'est un projet de loi.
M. BOIVIN: Est-ce que cela peut revenir ailleurs?
M. CASTONGUAY: Cela va revenir au moment où je vais
déposer le projet de loi en Chambre.
M. BOIVIN : Je voudrais bien qu'on en parle un peu, moi, de la
commission de révision.
M. CASTONGUAY: J'ai voulu, bien volontairement, donner des informations
sur nos intentions dans ce secteur-là.
Mais passé ce que j'ai dit, je n'en dirai pas plus long, parce
que c'est un projet de loi, et je pense bien que sa place, c'est en
Chambre.
M. BOIVIN: Cela va avoir des grandes répercussions sur les
corporations professionnelles.
M. CASTONGUAY: On en discutera au moment où...
M. BOIVIN: Ce n'est pas seulement pour savoir ce que le ministre en
pense. On veut lui dire ce qu'on pense aussi.
M. CASTONGUAY: Oui, oui. M. BOIVIN: Cela peut aider.
M. CASTONGUAY: Je le comprends, Docteur, mais simplement, là on
étudie les crédits, et si on se lance dans une longue discussion
de ça, on ne finira jamais. Il me semble que le moment approprié,
c'est lorsqu'il sera déposé en Chambre. Je n'ai pas d'objection
du tout.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une dernière petite question pour ouvrir
l'appétit du ministre. En bas de l'organigramme, dans la Direction
générale des relations professionnelles, il y a un petit carreau
qui s'appelle "actuariat", est-ce que c'est le ministre qui est descendu
là pour prendre charge de ça?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission suspend ses...
M. CASTONGUAY: Un instant. Est-ce que je pourrais juste demander une
chose? D'abord est-ce que l'élément 9 est approuvé?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais il y a l'agrément qui est
très important. C'est là-dessus que s'appuie toute l'action du
ministère, les normes. Alors il faudra entendre longuement
l'agrément cet après-midi. Il y a les communications qui sont
très importantes. On le comprend, on fera la démonstration, ou
elle se fait elle-même la démonstration. J'aimerais qu'on
communique aussi avec le Dr Boudreau; on le voit souvent à la
télévision, mais j'aimerais causer avec lui devant la commission
parlementaire aussi.
M. CASTONGUAY: Alors est-ce que c'est l'ordre dans lequel nous nous
entendons? L'agrément, communications...
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela relève de l'organigramme, en fait.
Cela relève du ministre et c'est dans l'organigramme, alors on peut les
passer tout de suite.
M. CASTONGUAY: Après ça, le Dr Boudreau.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et après ça les programmes qui
seront passés assez rapidement, même très rapidement.
M. CASTONGUAY: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission suspend ses travaux
jusqu'à s.eize heures.
(Suspension de la séance à 13 h 8)
Reprise de la séance à 16 h 12
M. HOUDE (Limoilou) (président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous sommes rendus
à la section de l'agrément. Cela pourrait facilement être
une direction, c'est aussi important. Le ministre l'a mise au-dessus des
directions générales même. D se l'est
réservée, en passant par le sous-ministre.
M. le Président, comme nous avons procédé
antérieurement avec chaque sous-ministre responsable d'une direction,
via le ministre, on pourrait demander au grand responsable de cette direction,
le Dr Laberge, de nous donner les remarques qu'il jugera opportun de nous
donner, à ce moment-ci, quitte à entrer un peu plus loin dans les
secteurs qui paraîtront susceptibles d'être discutés un peu
plus.
LE PRESIDENT (M. Caron): La parole est au ministre.
M.CASTONGUAY: La direction de l'agrément comprend quatre
services: le service de la conception des normes; le contrôle des
établissements; l'évaluation des normes et l'émission des
permis, puis le service des mesures de sécurité ou mesures
d'urgence.
A la conception des normes, le responsable ou le chef du service est M.
Roger Ladouceur. Au cours de l'année 72/73, les efforts de ce service
ont été consacrés à des travaux dans le domaine de
l'élaboration des normes, à la préparation de certains
règlements, à la standardisation de certaines parties de dossiers
médicaux et également à la fabrication de formulaires.
L'an passé, devant la même commission, si vous vous
rappelez, j'étais assez enthousiaste pour les normes qu'on devait
élaborer en cours d'année. Nous avons fait des efforts tout le
long de l'année. Nous avons une façon de procéder qui est
la suivante, c'est-à-dire que nous définissons le but ou
l'objectif des normes que nous proposons, nous établissons une
structure, nous élaborons les grandes lignes des normes, nous demandons
des consultations à des gens qui sont à l'extérieur du
ministère, mais dans le milieu concerné. Ensuite, nous allons
devant les corporations professionnelles, leur demander leur avis sur les
normes et travailler avec elles, en comité. Ensuite, nous revenons au
bureau du sous-ministre. Il arrive parfois qu'il y a un, deux ou trois
chapitres sur cinq qui peuvent tomber lors de cette révision. Alors
qu'à un moment donné notre enthousiasme diminuait un peu, je me
suis demandé si ce n'était pas plus facile, dans notre
ministère, d'écrire des lois que d'écrire des normes. Mais
je me suis rendu compte qu'il faut d'abord les lois; les règlements et
les normes viennent après. Si elles avaient été
écrites il y a une année, il y a des normes qui seraient à
reprendre actuellement, à cause, justement, des lois ou des
règlements qui sont là.
Il reste cependant que, dans le cours de l'année, en plus de
faire les normes chez nous, nous sommes allés à Ottawa à
quelques reprises. Pour ne pas rester complètement pris avec Ottawa,
dans le dernier procès-verbal, on a fait introduire la phrase suivante:
"II est bien entendu que l'établissement de ces normes n'oblige en
aucune façon les provinces à les adopter.
Ce sont elles et elles seules qui décident, en dernier lieu, s'il
est souhaitable de fixer des normes. C'est pour rester dans la ligne de
pensée du ministre.
Au cours de l'année, des normes ont été
publiées sur les colonies de vacances, qui ont été
appliquées l'an dernier et que nous avons l'intention d'appliquer
également cette année. Il y a eu des normes sur les garderies de
jour, qui sont en marche depuis environ un an et demi et qui sont
appliquées. On a vu, que le gouvernement fédéral donnait
une subvention pour écrire des normes. On aurait aimé qu'il
envoie l'argent au ministère des Affaires sociales. On leur aurait
envoyé nos normes. Il y a eu des normes pour les services de pharmacie
dans les centres hospitaliers; elles sont sur le point d'être
terminées. En effet, nous avons des services de pharmacie pour les
centres hospitaliers et également pour les centres d'accueil qui sont
différents. Nous avons des normes qui sont actuellement à
l'étude au ministère de l'Education. Ce sont des normes de
nutrition en milieu scolaire, mais le travail est terminé, chez nous, au
ministère des Affaires sociales.
Nous avons des normes de services alimentaires qui sont également
terminées. Nous avons des normes en cytodiagnostic ou en cytologie. Nous
avons des normes d'archives médicales; si je me rappelle bien,
l'Association des archivistes médicaux de la province de Québec
est absolument en accord avec nos normes. Elle nous félicite même
des normes que l'équipe a préparées, mais nous les avons
préparées avec des archivistes. Ce sont les normes d'archives qui
vont franchir le dernier...
M. BOIVIN: Ils se félicitent.
M. CASTONGUAY: Dans le fond, c'est un peu cela. C'est signé par
soeur Tanguay. Si vous la connaissez, c'est fort possible qu'elle se
félicite!
Je voudrais juste vous faire remarquer que ce qui est dit apparaît
sous mon nom dans le journal des Débats.
M. CLOUTIER (Montmagny): II ne faut pas que le ministre prenne seulement
ce qu'il y a de meilleur dans ce qui est dit. D faut qu'il prenne tout.
Tantôt, nous allons lui faire dire des blâmes à l'endroit du
ministre. C'est le ministre qui va se blâmer, dans le journal des
Débats.
M. CASTONGUAY: L'humour du Dr Laber-ge n'est pas toujours le mien! Je
voudrais bien vous rappeler que, quand c'est rapporté dans le journal
des Débats, c'est toujours au nom du ministre. Il faut que le ministre
accepte les fonctionnaires qu'il a.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est cela. Il faut qu'il les prenne tels
qu'ils sont !
M. CASTONGUAY: Le service des normes a également travaillé
aux projets de règlements pour les laboratoires. Cela a
été assez long. Il s'agit des laboratoires de biologie
médicale, de biochimie, d'hématologie et d'immunologie, que vous
avez vus dans la loi 30. Cela va aller devant le Collège des
médecins. Du Collège des médecins, ce sera dans la Gazette
officielle. Nous avons également les règlements pour la
radiologie diagnostique. Je devais, en fait, demain midi, rencontrer le
président de l'Association des radiologistes, qui a revu les normes avec
nous, avant de les présenter au collège ou qu'elles soient
publiées dans la Gazette officielle. Il y a des formulaires de demandes
pour les permis d'opération. Il y a également des projets de
règlements en radiologie thérapeutique. On a
procédé sensiblement de la même façon,
c'est-à-dire qu'on a établi des objectifs, des structures. On a
écrit des normes et on a fait appel à des individus qui sont en
radiothérapie ou en radiologie thérapeutique et qui ont pu nous
aider à construire ces règlements.
Il y en a également pour les laboratoires de radioisotopes qui
vont se joindre aux autres pour aller à la commission de la
législation pour le bill 30. Il y a également des normes
d'équipement, de fonctionnement et d'inspection des opérations
pour les embaumeurs et les directeurs de funérailles. C'est un peu moins
emballant pour un médecin. Il y a un projet de règlement
également pour les services ambulanciers on en a parlé
l'autre jour où on parle des véhicules, de
l'équipement, de la formation de ceux qui s'occupent de cela, des
communications, du personnel.
C'est également un projet de règlement qui est, en fait,
un projet de règlement d'hygiène. Dans les feuilles que je
mentionnais tantôt, la préparation de certaines feuilles au
dossier médical...
Je donnerai juste un bref commentaire sur ces normes. Je sais
qu'à certains moments on a dit que les normes semblaient être
sacrées, au ministère des Affaires sociales. Je rappelle que ces
normes ne sont pas des normes sur le plan du développement des
ressources, mais ce sont des normes minimales pour assurer une qualité
de services pour la protection de la population, que ce soit dans le cadre de
la loi 65 ou encore dans le cadre en ce qui a trait aux émissions de
permis ou dans le cadre de la Loi de la protection de la santé publique
pour les objets bien spécifiés, comme le Dr Laberge le mention-
nait, des choses comme le laboratoire où il se fait usage de
radioisotopes, etc.
Une autre partie du travail des normes a été d'essayer de
standardiser certaines feuilles au dossier médical. Ce qu'on a fait avec
le collège, les fédérations, l'Assocation des bureaux
médicaux de la province, feuilles sommaires, des consentements à
remplir à l'admission, lorsqu'il y a intervention chirurgicale,
lorsqu'il y a anesthésie, autorisation d'autopsie.
Ce qu'on voudrait c'est, autant que possible, qu'on ne les impose pas
à tous les centres hospitaliers. On leur fournit les feuilles tout
simplement. Mais dans une étude récente, on s'est rendu compte
qu'à peu près 85 p.c. à 90 p.c. des centres hospitaliers
les utilisaient.
Autorisation de communiquer des renseignements, on a essayé
d'avoir une feuille standard. Autorisation pour photographie,
cinématographie ou enregistrement sonore chez les malades. Formule de
demande pour avortement, selon la loi fédérale. Formule
également pour les opérations stérilisantes, soit les
vasectomies ou ligatures des trompes. Toutes ces formules, vous le devinez sans
doute, ont été vues et revues par le contentieux du
ministère avant d'être laissées libres.
Il y a des consentements au prélèvement de tissus et
d'organes sur une personne vivante. Des consentements au
prélèvement de tissus et d'organes sur un cadavre. Des
consentements personnels à l'autopsie.
Il y a d'autres feuilles qui sont actuellement à l'étude,
comme le protocole opératoire. Je n'ai jamais compris pourquoi on n'a
pas le même protocole opératoire quand on fait une intervention
chirurgicale à l'hôpital de Rouyn-Noranda, à Sept-Iles ou
à un hôpital de Québec. On a essayé de standardiser
un protocole opératoire.
On a standardisé une formule pour les comptes rendus d'accidents,
demandes d'admission, consultations. Là j'en passe un peu. Consultations
avec un professionnel, avec un médecin. Des formules de
préadmission. Autorisations pour la sortie d'un corps après
décès. Ce ne sont pas des feuilles qui sont bien longues, mais il
faut consulter pas mal de monde avant d'en laisser aller une.
Rapports d'anatomo-pathologie, je pense que je pourrais appliquer la
même remarque que pour le protocole opératoire: pourquoi n'a-t-on
pas le même rapport d'anatomo-pathologie, ce n'est pas une formule
standardisée dans tous les hôpitaux? Le protocole
opératoire, je tombe dessus.
On a même, à la suggestion du député de
Dubuc, préparé une formule sur les protocoles
d'anesthésie: anesthésie générale,
épidurale, ra-chidienne, codale, en bloc ou locale. Encore là
c'est beaucoup plus facile pour tous les professionnels de la santé, que
ce soient les médecins ou autres professionnels de la santé qui
vont d'un établissement à l'autre, de retrouver les mêmes
formules, alors c'est le but.
Et je vous répète que ces formules n'ont pas
été imposées à personne, elles sont tout simplement
soumises. Les dernières que je vous mentionne sont encore à
l'étude entre le collège et nous.
On a des formules sur la banque de sang. Celles-là ont
été acceptées. Sur les réactions transfusionnelles,
celles-là ont été acceptées également.
Celles-là, on les a vues avec l'association des hématologistes,
c'est eux qui nous les ont, en fait, proposées.
Enfin, on a préparé un projet de dossier
médico-social pour les centres locaux de services communautaires. On
aimerait que dans les centres locaux de services communautaires on se serve du
même dossier; le dossier est actuellement au Collège des
médecins. On attend d'avoir les impressions du collège, l'avis du
collège pour faire les changements, les modifications qui
s'imposent.
On a trois autres formulaires qui ont été
préparés dans le but de voir si le règlement de la Loi sur
les services de santé et les services sociaux est suivi. On a
l'intention, à partir de septembre ou octobre cet automne, d'aller dans
les centres hospitaliers, les centres d'accueil et les centres locaux de
services communautaires remplir un formulaire qui ne s'attaque pas à
tous les règlements sans exception mais aux principaux
règlements, qui pose des questions. A la lumière de ces
questions, on va pouvoir réaliser si réellement les
règlements sont en vigueur ou si les gens se sont occupés de
mettre le règlement en application.
On se réfère toujours au règlement, le
règlement 3214 ou 3215, il y en a qu'on saute comme je vous dis mais on
demande, par exemple: Donnez le pourcentage des malades admis qui ont
été prévenus de leur admission au moins 24 heures à
l'avance. C'est dans le règlement quelque part. Alors on fera des
un terme anglais "spot checks" dans le règlement pour savoir si
le règlement est en application. On a pensé qu'il était
trop tôt actuellement. Même si les règlements sont en
vigueur depuis janvier, les nouveaux conseils d'administration entrent en
fonction au mois de juin ou à la fin de juin. Alors je pense qu'on va
attendre à l'automne pour ces trois formulaires. Ce sera la
responsabilité de notre service d'aller dans les établissements
s'enquérir et les aider à remplir ces formules parce qu'il y en a
des fois qui n'auront peut-être pas le temps de lire le règlement,
ils ne sont pas trop au courant du règlement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Docteur, je ne veux pas vous interrompre mais
après l'énumération de cette liste imposante de documents
sur lesquels le travail est déjà effectué à ce jour
dans votre service, je voudrais savoir ce sur quoi vous allez travailler au
cours de l'exercice 73/74. Quels sont les documents précis à part
ce que vous avez mentionné dont vous allez commencer incessamment
l'étude? Dans quel secteur allez-vous orienter vos efforts?
M. CASTONGUAY: Dans ceux que j'ai énumérés ici, il
y en a à peu près trois ou quatre qui sont terminés. Les
autres ne le sont pas. Alors l'objectif de notre service de conception des
normes, dans l'année, si on pouvait passer à travers ça et
faire accepter tout cela, je pense qu'on aurait réalisé quelque
chose.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une fois que vous les avez
préparés, qu'ils ont été acceptés, ils vont
devenir des documents officiels avec lesquels on va travailler à
l'intérieur et à l'extérieur du ministère.
D'où vous viennent les premiers commentaires ou les premières
réactions?
M. CASTONGUAY: Là vous voulez dire...
M. CLOUTIER (Montmagny): En fait il y a des résistances quand
vous mettez des normes, quand vous avez des documents officiels. Prenons par
exemple le document que vous allez faire pour certains types de médecins
spécialistes en anesthésie. Supposons...
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... la procédure dans la salle
d'opération. A ce moment-là, est-ce que l'Association des
hôpitaux a été consultée, la
Fédération des médecins spécialistes...
M. CASTONGUAY: La FMOQ, le Collège...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... les spécialistes, les
anesthésistes ont été consultés?
M. CASTONGUAY: ... l'Association des anesthésistes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la Régie de
l'assurance-maladie est concernée...
M. CASTONGUAY: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... par un tel document?
M. CASTONGUAY: Non, en fait, ce sont des formules, ce ne sont pas les
normes. Les dernières que je vous ai mentionnées, c'est en dehors
des normes...
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, prenons là où il y a
des normes, prenons les garderies, par exemple. Je comprends que ce n'est pas
un programme subventionné d'une façon générale mais
prenez un document où vous avez établi des normes.
M. BOIVIN: ... spécialité, par exemple, au point de vue
géographique dans la province, comment allez-vous déterminer
cela? Prenez Chicoutimi, par exemple; on dit que l'hôpital est
menacé de perdre ses quatre spécialistes, en
ultra-spécialités, comme la chirurgie cardio-vas-culaire,
la neurochirurgie, la radiothérapie, l'hémodialyse, un rein
artificiel.
Comment appliquez-vous les normes dans les
ultra-spécialités? Est-ce que tout cela va être
envoyé à Québec et à Montréal?
M. CASTONGUAY: Je vais essayer de répondre à M. Cloutier,
d'abord. La résistance, il y en a très peu parce qu'on fait le
travail avec eux. Je vais vous donner l'exemple des normes d'archives. Il y en
a deux que je ne vous ai pas mentionnées, les normes de nursing, parce
que c'est un peu plus compliqué et un peu plus long, mais on a des
normes de bibliothèque médicale. On va commencer par les
hôpitaux d'enseignement. Ces normes sont faites. On a invité les
hôpitaux d'enseignement, les quatre doyens, à nous
déléguer quelqu'un. Alors, on a travaillé cela ensemble.
Le jour où ces normes vont sortir, ce seront leurs normes. Ils sont
heureux de voir arriver ça pour savoir un peu comment se guider, combien
de revues, de périodiques, de volumes il faut dans un hôpital
d'enseignement, disons.
Les normes de diététique, on les a préparées
avec les diététiciennes. La corporation les approuve. Elle est
d'accord. Les archives, je les ai mentionnées tantôt. De la
résistance, il y en a très peu.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans certains cahiers de normes, cela a une
répercussion sur les coûts.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): A ce moment-là, de quelle façon
avez-vous associé les autres directions générales,
supposons la direction générale du financement, à vos
travaux? Est-ce une fois que le cahier a été en application que
la direction a commencé à crier et que cela faisait mal dans les
budgets?
M. CASTONGUAY: C'est justement la partie qui, à un moment
donné, m'a fait passer de l'optimisme au pessimisme. C'est que quand les
normes sont terminées, elles vont à l'exécutif. Chaque
direction générale prend connaissance des normes, que ce soit la
direction générale...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le ministre qui parle ici. Continuez.
M. CASTONGUAY: ... du financement. Cela peut être le financement,
la planification, la programmation, les relations professionnelles. Ils vont me
mettre en garde que telles normes impliquent des dépenses, ou du
personnel, ou des espaces. Alors, c'est pour cela qu'il s'en fait barrer de
petits bouts, à un moment donné. Mais ce que je veux dire, quand
les normes sortent du ministère, toutes les directions sont en accord,
ou elles les ont vues et acceptées.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a des documents qui sont... Vous
en avez trois en application, je pense, actuellement, de terminés.
M. CASTONGUAY: Oui. Garderies de jour, colonies de vacances... je vais
essayer de me rappeler de l'autre...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, d'accord.
Est-ce que vous avez d'autres questions?
M. BOIVIN: Alors moi, quant aux normes, deux choses
m'intéressent. C'est le service ambulancier. Comment appliquez-vous les
normes géographiquement pour donner la certification? Je devance
peut-être là, par exemple.
M. CASTONGUAY: Cela n'est pas du. tout notre domaine de dire qu'à
Chicoutimi il va y avoir de la chirurgie cardiaque, de l'hémodynamie, de
l'hémodialyse. Cela ne nous regarde pas du tout.
M. BOIVIN: Qui?
M. CASTONGUAY: Cela est déterminé par la planification et
la programmation du ministère.
Dans toutes ces opérations, nous ne le faisons
généralement pas à l'intérieur du ministère
seul. Lorsque l'on croit qu'il y a des questions de cette nature à
préciser, on forme généralement, avec des gens du milieu,
des groupes de travail de telle sorte qu'ils soient impliqués
très directement. Ce n'est qu'après des discussions,
l'implication, de plus en plus, des conseils régionaux qu'on en arrive
à essayer d'orienter ce que doit être la vocation de chaque
établissement. Alors, cette planification, qui est impliquée,
programmation, est, dans toute la mesure du possible, faite par les gens du
milieu.
M. BOIVIN: Quand la planification est passée et quand la
programmation est passée, cela revient à l'agrément.
M. CASTONGUAY: Bien, au moment...
M. BOIVIN: C'est lui qui détermine les certificats.
M. CASTONGUAY: ... de l'émission des permis. Il va émettre
les permis à partir des grandes catégories qui apparaissent dans
la loi et dans les règlements. Mais ce n'est pas lui qui
détermine, a priori, si, dans tel endroit, il devrait y avoir plus ou
moins de services que ceux qui existent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, on pourrait y revenir au moment
où on prendra des cas particuliers d'implantation de ressources
ou de réaménagement de ressources. On fera le processus
comme on a déjà commencé à le faire. On prendra des
cas spéciaux et on les prendra du commencement à la fin. Parce
qu'il y a des dossiers importants qui sont en discussion. Je pense qu'il serait
bon qu'on les prenne comme exemple type.
La deuxième section de votre service...
M. LAURIN: Excusez. Avant que vous ne terminiez, j'avais une autre
question là-dessus. Je ne sais pas si le Dr Laberge est en mesure de
répondre immédiatement en détail, mais sur la conception
des normes, touchant les services d'ambulance, par exemple, le genre
d'équipement que doit contenir une ambulance, le personnel, sa formation
et tutti quanti, est-ce que votre étude est terminée
là-dessus? Je sais que vous aviez commencé vos travaux.
M. CASTONGUAY: Pour vous répondre, Dr Laurin, à ce
moment-là, il ne s'agit pas de normes mais d'un projet de
règlements qui va se joindre au bill 30.
C'est en vertu de l'article 50 du bill 30, dans les pouvoirs
réglementaires, un règlement qui permet de faire des normes
concernant les services ambulanciers. Ces normes ont été faites.
J'ai le texte ici.
Je vais vous donner les grandes lignes, si vous voulez, parce que cela,
ça va...
M. LAURIN: A moins que le ministre n'ait pas d'objection à
déposer un texte comme cela. Je sais que cela nous serait très
utile, étant donné l'actualité du problème.
M. CASTONGUAY: Sauf que, comme on le mentionnait, avant qu'il soit
adopté, il doit demeurer sous forme d'avis, en fait, pour 90 jours dans
la Gazette Officielle. Je ne sais pas à quelle étape il est
rendu, mais il n'a pas été vu, selon la procédure qu'on
décrivait plus tôt, par l'ensemble des directions et on sait
toutes les implications qu'un tel document peut avoir. Je n'ai pas d'objection
à ce qu'on vous en remette une copie, de façon non
officielle...
M. LAURIN: Non officielle.
M. CASTONGUAY : ... parce que c'est un document et...
M. LAURIN: D'accord.
M. CASTONGUAY: ... j'aimerais que vous le traitiez plutôt pour
votre information personnelle, pour ne pas créer de remue-ménage
dans le milieu.
M. LAURIN: Cela épargnerait du temps.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on en a tenu compte? L'an passé, je vous
avais dit que les normes d'ambulance, il ne fallait pas que ce soit trop
sévère, parce que les blessés... Non, non, mais je demande
s'il y a un travail qui a été effectué de ce
côté-là. Parce que ce qui arrive, c'est que les
blessés restent sur la route. On avait mis en cause l'histoire des
policiers. On voulait savoir, par exemple, dans le cas d'un passant qui veut
rendre service à un blessé, qui a intérêt à
le conduire immédiatement à l'hôpital, si les assurances
couvraient les blessés, si le ministère des Affaires sociales
couvrait ces blessés qui prennent place dans un véhicule qui
n'est pas déterminé nécessairement pour les
blessés. Il y a les malades. Ce qui presse, c'est le temps, l'urgence.
J'aime mieux être ramassé par un chariot à cochons et me
rendre immédiatement à l'hôpital que de rester sur le bord
de la route, comme les policiers provinciaux font actuellement. On vous a dit,
l'an passé, qu'ordre était donné aux policiers provinciaux
de laisser les blessés sur le bord de la route, dans une couverture,
plutôt que de les embarquer dans leur voiture, même si c'est
commandé par un médecin. J'ai donné certaines
prescriptions à des policiers, lors de certains accidents mais les
policiers ont refusé de prendre le malade et de le transporter à
l'hôpital.
C'est bien important qu'on puisse compter sur la collaboration de tout
le monde pour rendre service à des blessés, à des malades,
qui sont au bord de la route.
M. CASTONGUAY: Disons que le texte, c'est un projet de règlement
qui n'est pas passé encore à l'exécutif. Il va s'en aller
après cela au comité de législation et sera 90 jours dans
la Gazette officielle. On pourra encore y faire des changements ou des
modifications durant cette période.
Cela commence tout simplement avec les différentes
définitions. Il y a un chapitre sur le véhicule lui-même,
un chapitre sur l'équipement, ce qu'il faut avoir ou ce qu'on demande
comme équipement; la section II, c'est l'équipement
médical; la section III, c'est l'équipement de communication. On
a insisté pour que les ambulances aient au moins un appareil de
téléphone, pour pouvoir appeler un centre hospitalier, dire qu'on
s'en vient, qu'on sera là dans 35, 40 ou 45 minutes, avec un malade.
S'il a une fracture du crâne, le centre hospitalier pourra dire: Vous
n'êtes pas au bon endroit. Nous autres, on ne fait pas de neurochirurgie.
Allez plutôt dans un autre centre hospitalier. C'est pour éviter
de perdre du temps ou éviter de promener le patient d'un
établissement à l'autre.
Il y a le chapitre 3 sur le personnel, qui traite de ce qu'on demande
comme qualifications au personnel, scolarité et tout cela. En fait, au
début, on est assez modeste. On demande tout simplement de
connaître le petit livre de l'ambulance Saint-Jean, des premiers soins
à un blessé. H y a aussi les qualifications professionnelles,
pour le chauffeur, le préposé, quelles sont ses
responsabilités, ses qualifications personnelles et
professionnelles.
Au chapitre 4, c'est l'opération et le contrôle. On dit:
Toute ambulance ne transportant pas un malade ou un blessé doit
s'arrêter sur la scène d'un accident. C'est quelque chose qui
avait déjà été mentionné. Il y a des
formules pour le transport dans l'ambulance qui doivent être remplies par
le centre hospitalier qui reçoit le malade.
M. BOIVIN; Que s'est-il passé au ministère de la Justice
pour les policiers et est-ce que vous avez vu à l'assurance?
M. CASTONGUAY: Sur ce plan, on discute ici des normes et on peut
rejoindre uniquement le personnel, la question des ambulances, en vertu de la
Loi de la protection de la santé publique. Toute l'autre question que
vous avez posée qui a trait à la responsabilité, en fait,
aux problèmes qui peuvent se poser, si quelqu'un en aide un autre, je
l'ai soumise au moment où vous l'aviez soulevée à Me
Jacques Morency. Cela dépasse, en fait, la loi. On tombe dans les
rapports entre individus. Je sais qu'il peut se poser des problèmes,
mais il n'est pas possible d'éliminer ces problèmes qui sont
réglés en fait dans le code civil, au chapitre des rapports entre
individus.
Je peux vous faire transmettre l'opinion que Me Jacques Morency avait
rédigée ou avait préparée après
l'étude de cette question-là.
M. BOIVIN: C'est parce que vous allez restreindre, avec les normes que
vous avez là...
M. CASTONGUAY: Je m'excuse.
M. BOIVIN: ... encore le nombre d'ambulances.
M. CASTONGUAY: Non, non, ce n'est pas le but, docteur.
M. BOIVIN: Ce n'est pas le but, mais en fait...
M. CASTONGUAY: Voulez-vous, je vais juste dire un mot, s'il vous
plaît? Ce n'est pas le but, mais simplement, on nous a fait état,
à plusieurs reprises, du fait qu'à des endroits, on utilise des
équipements qui ne sont pas appropriés. Il y a du personnel qui
n'est pas qualifié et qui peut causer du dommage. Il faut avoir un
service d'ambulance. Il faut faire en sorte qu'il s'améliore, que le
personnel soit plus compétent. C'est ce que nous visons par ceci. En
faisant cela, on ne détruit pas autre chose qui n'est pas du service
ambulancier. C'est là que se posent en dehors du service ambulancier les
problèmes de risque que peut prendre quelqu'un qui veut aider, dans un
cas comme vous le dites. Je suis bien conscient, comme vous, qu'on doit essayer
de faire en sorte que ce genre de bénévolat se continue dans
toute la mesure du possible. On ne le freine pas du tout par ceci. Tout ce
qu'on fait, c'est qu'on voudrait essayer, par des normes, d'améliorer
graduellement la qualité des équipements, du personnel pour le
transport des malades dans les ambulances. Pour la balance, l'autre
problème est un problème qui peut se soulever dans certains cas
au plan de la responsabilité.
M. BOIVIN: J'en suis, c'est bien clair qu'il faut améliorer ce
service-là, mais d'un autre côté, il peut arriver que cela
restreigne un peu le service. Je vous dis que c'est essentiel qu'on ait la
collaboration de tout le public. Je me demande même si le
ministère de la Justice ne devrait pas voir à ce qu'un ordre soit
donné, au moins aux policiers, qui ne sont tout de même pas des
imbéciles, qui sont toujours sur la route, pour qu'ils ramassent au
moins les blessés.
M. CASTONGUAY: Peut-être qu'il y a des informations ou des cas
particuliers. Prenons la Communauté urbaine de Montréal, il y a
une excellente collaboration au plan du transport des malades par son service
de police. De nombreuses municipalités, celle dans laquelle je demeure,
par exemple, la cité de Sillery, ont des véhicules mixtes. Le
personnel est très bien formé, extrêmement courtois et il
joue cette fonction.
M. CLOUTIER (Montmagny); Ce n'est pas une municipalité
fusionnée, Sillery?
UNE VOIX: Pas encore.
M. BOIVIN: Là, vous me donnez des arguments dans les endroits
où les services sont très rentables.
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas rentable, c'est payé par...
M. BOIVIN: Dans les grandes villes, c'est rentable. Je vous parle, par
exemple...
M. CASTONGUAY: ... les contribuables de Sillery, le service de transport
par les policiers. Ce n'est pas rentable. Personne ne fait de profit avec cela.
C'est un service à la population payé par les contribuables.
M. BOIVIN: Je parle du service ambulancier à Québec et
à Montréal, il n'y a aucun doute. Vous me dites qu'il y a de
l'aide de la police sur ce côté-là. Mais prenez sur nos
grand-routes, où le service est encore moins rentable, parce qu'à
Québec, on peut dire que les ambulanciers dans le service privé,
c'est déjà rentable, avec la population. Dans les régions
rurales ou sur les grand-routes, ces services-là sont encore moins
rentables. C'est là qu'il serait nécessaire que les policiers
fassent un effort.
M. CASTONGUAY: C'est pourquoi nous avons demandé à chacun
des conseils régionaux
de s'impliquer dans la question de l'organisation des services
d'urgence, que ce ne soit pas fait directement du ministère, de telle
sorte que toutes les conditions particulières, dans chacune des
régions, soient prises en considération, dans le but
d'améliorer et non pas de détruire ce qui existe. C'est pourquoi
chaque conseil régional, à ma connaissance, a accepté le
mandat qui lui a été proposé dans le développement
et l'amélioration des services de transport, des services d'urgence.
C'est qu'on ne voulait pas appliquer un système uniforme à
travers la province, justement pour les raisons que vous venez de...
M. GUAY: Maintenant, toujours concernant ce service, advenant, dans
l'application des normes, par exemple, que certains ambulanciers ne
satisferaient pas aux normes, est-ce qu'ils vont avoir quand même un
temps de rattrapage pour se recycler, si c'est possible, pour effectuer des
changements sur les véhicules, pour se procurer l'équipement
nécessaire? Parce que je crois, étant dans une région
rurale, qu'il existe déjà, dans certaines localités, des
services ambulanciers qui répondent plus ou moins bien je le dis
aux besoins. Ces personnes sont probablement disposées à
effectuer le recyclage, à se moderniser en équipement, mais
présentement, c'est mieux d'avoir ça que de ne rien avoir. Ce que
j'avais souligné en discutant sur la loi 30, c'est que je ne voulais pas
non plus qu'on applique les normes d'une façon telle qu'on vienne
enlever des services qui existent déjà et qui seraient
difficilement remplaçables. Qu'il y ait une transformation, qu'il y ait
une amélioration dans la qualité des services, je suis
parfaitement d'accord sur cela, c'est ce que je souhaite, mais avec une
certaine souplesse d'application, telle que ces personnes, ces gens qui donnent
des services aient le temps de se refaire.
M. CASTONGUAY: Vous pouvez être assuré... Le point que vous
soulevez est très pertinent. Il n'y a pas eu de normes dans le
passé dans ce secteur, sauf certaines normes que les associations ont pu
donner à titre indicatif, et c'est notre intention de faire en sorte
que, lorsque les normes seront finalement adoptées, il y ait une
période suffisante pour permettre aux gens de modifier leur
équipement, d'améliorer leur formation lorsque c'est
nécessaire. Le but est d'améliorer et il faut être bien
conscient que, dans une situation où, à un certain moment, on
applique de nouvelles normes, il faut laisser un certain temps
d'ajustement.
M. GUAY: Maintenant, est-ce que les normes comprennent également
un certain nombre de véhicules, tenant compte du bassin de population,
ou si ce n'est pas dans les normes, c'est uniquement dans la qualité des
services avec les outils qu'ils possèdent actuellement?
M. CASTONGUAY: La question du nombre de véhicules, la question de
leur répartition, etc., cela se fait dans le travail dont on a
exposé certains aspects l'autre jour.
M. GUAY: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le deuxième service, le service
d'inspection. Qui est responsable et sur quoi travaille-t-on actuellement?
Qu'est-ce qu'on a fait en 72/73 et qu'est-ce qu'on va faire? Quelles sont les
priorités?
M. CASTONGUAY: Le responsable est le docteur Roland Leblanc. On a fait,
dans le service de contrôle, la vérification de la qualité
des services dans les établissements. On a formulé les
recommandations nécessaires et recueilli des données en vue de la
nouvelle classification. Dans les centres hospitaliers de soins
prolongés et les centres d'hébergement pour personnes
âgées, il y a eu 434 visites d'évaluation, 390 visites de
contrôle. Dans la division des centres d'accueil pour enfants, il y a eu
758 visites et 338 enquêtes spéciales, pour un total de 1,920
visites au cours de l'année.
Avez-vous d'autres questions?
M. LAURIN: Par rapport à l'an dernier, c'est une nette
augmentation?
M. CASTONGUAY: L'an dernier, on en avait moins de 1,000; on en a 1,920
cette année, parce qu'il y a des endroits où on va plus d'une
fois. D'ailleurs, il y a un nombre d'établissements qui est assez
élevé, et seulement dans le premier trimestre de cette
année, on a 411 établissements clandestins qu'on est allé
visiter à une, deux et trois reprises.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le programme de visites que vous
venez de mentionner a été fait en vertu d'un plan précis
ou si les priorités sont changées à cause de certaines
urgences, de certaines situations qui sont révélées au
public?
M. CASTONGUAY: Le programme pour l'année 1973 a été
fait en novembre et en décembre 1972. On a fait un programme pour
l'année. Dans chaque semaine, dans chaque division, soit pour les
enquêtes spéciales, soit dans le domaine de l'enfance ou dans le
domaine des personnes âgées, on s'est laissé des espaces
pour répondre aux urgences.
Il y a quelque chose. On a mentionné ce matin le Foyer des
Hauteurs, quelque chose comme ça, on se laisse des espaces pour
être capable d'aller là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez deux points de
départ pour vos services d'inspection, un à Québec, un
à Montréal, ou s'ils partent tous de Québec?
M. CASTONGUAY: Tous de Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la composition de l'équipe
qui va inspecter?
M. CASTONGUAY: En général, il y a un médecin, une
infirmière. A la suite de cette visite-là, ils vont demander un
pharmacien, une diététicienne, une nutritionniste ou un autre
professionnel quelconque, ou ils vont nous recommander, s'il y a des doutes sur
la qualité des services médicaux, de demander au collège
de faire une enquête.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez quelqu'un de la direction
générale concernée? Si vous visitez une institution de
l'enfance, est-ce que vous avez quelqu'un des services à l'enfance, qui
va être capable d'ajouter à la compétence de
l'équipe?
M. CASTONGUAY: Je voudrais faire juste une remarque ici. Lorsque nous
avons situé la direction de l'agrément, dans le
secrétariat du ministère, nous avons cru qu'il était
important de diviser les fonctions, étant donné que, dans les
autres directions générales, les gens sont directement
impliqués dans leurs relations avec les établissements et que,
dans une certaine mesure, ce qui se déroule comme activité dans
les établissements est conditionné par des décisions que
les officiers des directions générales régulières
ont pu prendre. On croit que les inspections doivent être faites par un
groupe totalement séparé, de telle sorte qu'elles soient faites
de la façon la plus objective possible et qu'on ne passe pas de jugement
sur les propres gestes que nous avons passés nous-mêmes.
Alors, de façon générale, les inspections, on a
voulu les faire effectuer sous la direction du directeur de l'agrément,
par ses équipes à lui, de telle sorte qu'il se sente bien libre,
dans son travail, de porter les jugements appropriés.
Maintenant, un problème se pose, et on en est devenu de plus en
plus conscient au cours de la dernière année. C'est le suivant:
Dans les centres hospitaliers, par exemple, vous avez des corps professionnels
qui ont été constitués depuis plus longtemps, le
Collège des médecins, et vous avez aussi, à
l'intérieur de ces établissements, des organismes de
contrôle tels que le bureau médical, qui exerce un rôle de
contrôle sur la qualité des soins et le collège vient, en
plus, compléter, en aidant les bureaux médicaux à se
structurer, à faire fonctionner des comités, en s'assurant que
ces comités fonctionnent, alors que, dans d'autres domaines,
particulièrement dans ce que nous appelons les services sociaux, disons
l'enfance, soit les cas de protection, soit les cas de délinquance, nous
n'avons pas à l'intérieur, présentement, les mêmes
mécanismes. Il n'y a pas de structures à l'intérieur qui
avaient été établies dans le passé. Le type d'actes
ou de services rendus ne se prête pas aux mêmes mécanismes
d'évaluation. Cela n'a pas été développé
comme cela a été fait dans les hôpitaux, et les
corporations professionnelles, étant plus jeunes, moins
stabilisées, n'ont pas joué ce même rôle. Alors, on
n'a pas de contrôle interne et de contrôle par la voie de
corporations professionnelles sur la qualité des services rendus.
Et la direction de l'agrément fait un travail extrêmement
valable sur des aspects tels que ceux que le docteur vient de mentionner. Mais
je crois qu'il nous faut songer de plus en plus à intéresser les
corporations professionnelles à un autre type d'évaluation
externe sur le travail des professionnels dans ces établissements. Et
aussi, nous avons discuté de la possibilité de former une
équipe de deux, trois ou quatre individus, spécialistes dans le
secteur, de retenir leurs services, peut-être pour une période de
temps, et de leur demander d'aller faire des évaluations de nos
différents établissements dans le domaine de l'enfance, non pas
au plan de l'hygiène, de la qualité de la nourriture, des
données comme celles-là, mais beaucoup plus pour évaluer,
d'une façon externe, la valeur des programmes de réadaptation des
jeunes, de réinsertion sociale, etc.
Je crois que ce serait une initiative extrêmement utile.
Peut-être qu'on associera dans ceci des représentants de certaines
corporations professionnelles. En tout cas, nous avons commencé la
discussion. Le projet n'est pas complété; mais, face aux
problèmes que vous avez perçus dans le domaine des
établissements de l'enfance...
M. LAURIN: Le ministère subventionnerait-il ces corporations pour
s'acquitter de leurs tâches?
M. CASTONGUAY: Si nous formions une telle équipe, il est
évident que nous paierions les frais. Dans le cas des corporations
professionnelles, vous avez vu que, lorsque nous avons présenté,
dans le premier projet, un financement par le gouvernement, les corporations
nous ont dit: Si vous faites ça, nous allons perdre notre pouvoir.
Alors, on a pris une position mitoyenne et on a dit: L'Office des professions
pourra verser des subventions dans certains cas, si ça s'avère
nécessaire, pour que les corporations qui n'en auraient pas le moyen
puissent s'acquitter de fonctions de contrôle comme celles-là. Ce
serait dans ce cadre-là.
M. BOIVIN: II existe, je crois, Dr Laberge, des organismes
d'accréditation, même américains. Certains hôpitaux,
pour avoir un bon classement, sollicitaient même l'accréditation
de ces organismes. Avez-vous des contacts avec ces associations qui travaillent
dans le domaine de l'accréditation?
M. CASTONGUAY: L'organisme avec lequel on a eu des contacts et on en a
encore, c'est le Conseil canadien d'accréditation. Maintenant, son
travail est très différent du nôtre et je pense que vous
allez comprendre ça rapidement. Le
Conseil canadien d'accréditation va dans les hôpitaux
on en a 164 qui le demandent. Ceux qui ne le demandent pas, le
conseil n'y va pas. Alors, il va peut-être dans une centaine
d'établissements. On est allé dans 1,920 établissements.
Ce n'est pas tout à fait la même chose. On va dans les centres
d'accueil. Avez-vous déjà entendu dire que le Conseil canadien
d'accréditation est allé dans un centre d'accueil, dans un foyer,
dans un centre de transition, dans un centre d'hébergement, dans un
centre de réadaptation pour les enfants ou les mésadaptés
sociaux? Il n'a jamais mis les pieds là. J'étais au courant,
comme vous, qu'il y avait des organismes d'accréditation.
Ma grande surprise a été de savoir que, dans 80 p.c. ou 85
p.c. des établissements qui relèvent du ministère des
Affaires sociales, ils n'ont jamais mis les pieds là. Alors il faut que
quelqu'un y aille, à un moment donné.
M. BOIVIN: Les normes d'accréditation de ces organismes sont
assez sévères, sont...
M. CASTONGUAY: Elles sont plus élevées que les
nôtres. Ah oui, les normes d'excellence. Tandis que les nôtres, ce
sont des normes minimales.
M. BOIVIN: Seulement, c'est un travail qui se fait, déjà,
que vous n'avez pas besoin de faire.
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. BOIVIN: Vous pouvez donner plus d'attention au petit...
M. CASTONGUAY: C'est-à-dire qu'on arrive dans des centres
hospitaliers, disons, qui ont une accréditation du Conseil canadien, qui
ont une accréditation du collège. On n'a pas à mettre les
pieds là à moins qu'il y ait des plaintes très
spécifiques, disons, regardant les services alimentaires ou quelque
chose comme cela. Mais on n'a pas à y aller. Ce sont des normes
d'excellence, justement, tandis que nous, ce sont des normes de qualité
minimales.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président...
M. BOIVIN: II y avait les normes de sécurité mais
cela...
M. CASTONGUAY: On y revient à la fin. M. BOIVIN: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, à quatrièmement. Mais
là, je voudrais rester au deuxièmement, si on me le permet,
l'inspection. Vous avez visité 1,900 établissements. Quelle est
la tendance de vos rapports d'inspection, à ce moment-là? Est-ce
que la tendance générale est favorable?
M. LAURIN: Est-ce que le député de Montmagny me
permettrait une autre question préalable? Dans la planification que vous
faites de vos visites, est-ce qu'il y a une attention plus spéciale
apportée à certains types d'établissements, justement
parce qu'ils ont été moins étudiés que les autres,
dans le passé, ou qu'ils sont venus à votre connaissance plus
tardivement?
M. CASTONGUAY: Disons, Dr Laurin, qu'on ne fait pas de différence
quand on va appliquer des normes, que ce soit un établissement public ou
privé.
M. LAURIN: L'inspection, votre programme d'inspection.
M. CASTONGUAY: Dans notre programme d'inspection, c'est sûr que
certains établissements, que je ne mentionnerai pas, on y fait plus
attention; on y fait deux, trois ou quatre visites dans l'année. Pour
donner un exemple très concret, à Préville, on avait douze
visites l'an dernier. Alors y aller plus souvent que douze fois, il aurait
fallu qu'on couche là, pratiquement. C'est pour vous dire qu'il y a des
établissements qu'on a à l'oeil, qu'on surveille de très
près. A la suite des visites, on fait des recommandations à
l'établissement. Les recommandations étant faites, on retourne
voir si elles sont appliquées, oui ou non.
Je dirais qu'actuellement le mouvement, depuis une année, le plus
frappant, c'est la réceptivité des gens à nos
recommandations. Il nous répondent en nous remerciant d'être
allés les visiter. Et s'ils disent: Vous nous avez fait huit
recommandations, ils reprennent toutes nos recommandations une par une pour
nous dire lesquelles sont en application et ils nous disent qu'on est encore
les bienvenus pour y retourner.
Il y a une autre chose que je voudrais ajouter. C'est que lors d'une
réunion, il y a deux ans ou deux ans et demi, avec les
représentants de l'ADEP, à laquelle je participais, l'Association
des hôpitaux privés avait formulé le voeu qu'on les
prévienne avant d'aller faire les visites. Je me suis engagé
formellement que jamais je ne leur dirai quand on ira faire une visite, jamais,
ni pour eux, ni pour les établissements publics. On sonne à la
porte, on se présente, on a une carte d'identité et on fait
l'inspection.
C'est une accusation qu'on a souvent: Les gens sont prévenus
quinze jours, trois semaines d'avance. Ce n'est pas exact.
M. LAURIN: Des descentes de police!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Montmagny.
M. CASTONGUAY: Je voudrais faire un bref commentaire aussi. C'est qu'au
fur et à
mesure que le travail de la Direction de l'agrément s'est
régularisé, que des décisions ont été
prises, cela a eu un effet indirect très salutaire et dans certains cas,
de leur propre chef, des directeurs d'établissements ont pris la
décision d'apporter des modifications, des améliorations. Dans
d'autres cas, ils ont pris la décision de fermer leurs portes
vis-à-vis de l'impossibilité de satisfaire à des normes
minimales.
Alors je pense qu'il y a cet aspect-là, aussi, qui mérite
d'être souligné.
M. LAURIN: Une dernière question. Dans les 1,900 visites que vous
avez faites, quel est le pourcentage des établissements publics et
privés qui en ont bénéficié? C'est une
première question. Deuxième question: Est-ce que vous auriez
voulu en faire davantage? Par exemple, est-ce que c'est une question de
personnel qui vous a empêchés d'en faire davantage?
M. CASTONGUAY: A la première question, nous avons visité,
sans exception, tous les centres d'accueil, publics ou privés. Nous
avons visité également les CLSC. Ce n'est pas tellement
compliqué, il y en a cinq avec des permis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ceux qui vont lire le journal des
Débats, le ministre est divisé, est déchiré;
à certains moments il dit qu'il y en a cinq et à d'autres moments
il dit qu'il y en a sept.
M. CASTONGUAY: Disons qu'il y en a deux en instance de permis, alors
ça fait cinq et deux, sept. Les centres d'accueil, la section de
l'enfance...
M. CLOUTIER (Montmagny): On prendra plutôt la réponse du Dr
Laberge.
M. CASTONGUAY: ... la section des personnes âgées ont tous
été visités, tant les publics que les privés, pour
répondre à votre question. Ce qui n'a pas été
visité au complet, ce sont les centres hospitaliers pour soins
généraux c'est le collège qui fait ce travail
et les centres hospitaliers pour chroniques. Une bonne proportion a
été visitée, particulièrement les centres
privés pour lesquels on avait peut-être certaines
hésitations. En dehors de cette liste, ceux que je vous mentionnais
tantôt, il y a 411 établissements qu'on appelle clandestins qu'on
a retrouvés soit par le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, soit par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche ils avaient des permis d'hôtellerie soit par
les municipalités. Alors, on a fait la visite de ces 411
établissements en janvier, février, mars et avril 1973; nous
avons d'ailleurs un rapport sur ces 411 établissements.
M. LAURIN: Donc, vous avez le personnel qu'il faut pour le programme que
vous vous êtes fixé?
M. CASTONGUAY: Je demanderais à M. Houde de répondre
à cette question.
En fait en nombre, le personnel serait suffisant, mais en
qualité, compte tenu des exigences nouvelles, des tâches, des
besoins peut-être de réorientation, le Dr Laberge a, dans sa
direction, un certain nombre de personnes pour lesquelles il faudrait
peut-être davantage songer à des affectations précises.
D'autre part, le fait de combler des postes soulève des
difficultés assez considérables, particulièrement sur le
plan des échelles de salaire des infirmières par rapport à
la compétition du réseau. Et je dois dire que ces efforts, il les
a faits en dépit de difficultés très grandes sur ce plan.
Et Dieu sait si nous nous en sommes parlé! Je pense que nous...
M. LAURIN: Vous êtes en train de le subodorer.
M. CASTONGUAY: Oui. Mais la réponse serait non en fait...
En fait, le problème c'est que si nous comparons les
échelles de salaire chez les professionnels de la santé, disons
chez les infirmières, les consultantes en nursing, les
diététiciennes, les nutritionnistes, archivistes et
médecins, si on compare ça avec disons les échelles de
salaire dans le réseau hospitalier je pense à une
consultante en nursing qui a quitté le ministère pour aller
gagner $5,200 de plus ailleurs les échelles de salaire sont en
général meilleures dans le réseau hospitalier. Quand
j'arrive aux médecins, j'ai contacté des médecins en
pratique générale ou en spécialité, j'ai fait des
efforts pas mal suprêmes pour leur demander de venir se joindre à
nous au ministère; j'ai l'impression que ça ressemble à un
recrutement de missionnaires pour aller en Chine. On m'a demandé de leur
offrir en salaire au moins ce qu'ils paient en impôt; quand je leur
montre les échelles de $18,000 ou $19,000. Alors, il reste que c'est
très difficile.
On parlait ce matin des occasionnels; il y a deux médecins
occasionnels actuellement dans notre service.
M. CLOUTIER (Montmagny): II faudra peut-être saisir de ce
problème la direction des relations professionnelles qui va discuter
avec la fonction publique.
M. CASTONGUAY: J'attends de mieux connaître M. Larouche pour lui
parler.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je reviens à ma question de
tantôt. Vous avez fait 1,900 inspections. Qu'est-ce qui se dégage,
de façon générale, de ces rapports d'inspection, les
conclusions? Est-ce que les rapports sont, dans l'ensemble, favorables ou s'il
y a des lacunes? Est-ce que chacune de ces inspections révèle des
lacunes, quelques-unes plus graves, d'autres moins graves, évidemment,
d'autres assez graves
pour conduire à la fermeture de l'établissement?
M. CASTONGUAY: Disons qu'on n'a pas mis de chiffres, je rêvais,
à un moment donné, de les qualifier en particulier les
centres d'accueil parce que c'est le grand nombre à 1, 2, 3, 4,
5, correspondant à excellent, très bon, bon, médiocre ou
à fermer. Dans l'ensemble, il y en a de très bons, il y en a des
excellents, il y en a des bons, il y en a des moyens et il y en a des
médiocres et il y en a à fermer.
Si c'était à fermer, on en a fermé. On va y arriver
probablement, à un moment donné. On en a fermé 86 depuis
le début.
M. CLOUTIER (Montmagny): Depuis le début. Cela veut dire...
M. CASTONGUAY: Depuis la Direction de l'agrément, depuis 1970 et
quelques-uns au début de 1971, 1972 et 1973.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez fermé 86
établissements.
M. CASTONGUAY: 86.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, quand vous fermez un
établissement, comme cela, cela pose le problème de reloger ces
personnes. Cela peut être des adultes. Cela peut être des enfants.
Qu'est-ce que vous faites à ce moment-là? Vous donnez une
commande à la Direction de la planification et de la programmation? A
qui vous vous confiez, M. le ministre?
M. CASTONGUAY: Dans les permiers temps on avait, en même temps, le
problème de trouver un endroit pour mettre les patients où l'on
effectuait une fermeture. Est venu s'ajouter un groupe de personnes, M.
Cardinal, Mlle Jeannette-Marie Bertrand, M.Beaudoin, il m'en manque un, qui
s'occupent du placement. Alors, ils sont prévenus le plus longtemps
possible à l'avance que tel établissement va fermer pour voir au
placement de ces gens-là, pour voir à trouver d'autres ressources
pour ces gens.
Le problème...
Je m'excuse. Dans la direction de M. Gi-rouard, programmes
spéciaux à la programmation...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... placement.
M. CASTONGUAY: Alors, nous les prévenons. On a une excellente
collaboration d'eux. Mais je pense qu'ils ont certains problèmes. On a
des ressources, apparemment. Mais il semble qu'on ne connaît pas les
adresses.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous ne connaissez pas les adresses. Il
manquerait de ressources.
M. CASTONGUAY: Non, non, mais il arrive, à un moment donné
on va prendre un exemple qu'il faut diminuer la capacité
d'un établissement de 50 lits. On place la commande et on vous dit: II
faut sortir 50 pensionnaires de tel établissement pour que ce soit
conforme à nos normes. Alors, ils nous disent, au bout d'une semaine: On
a trouvé deux places. Oui, mais il y en a 50 à placer, et
dépêchez-vous parce que la semaine prochaine il y en aura
peut-être un autre qui va fermer. Alors, il y a des problèmes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans quel secteur, en particulier, les
problèmes sont-ils les plus aigus? Est-ce pour les enfants? On sait
qu'il y a eu beaucoup de constructions d'établissements pour l'enfance,
surtout l'enfance handicapée mentalement. D'autre part, pour les
adultes, il y a eu la construction de foyers pour personnes qui sont
ambulantes. Mais est-ce surtout du côté des malades chroniques que
vous auriez des problèmes?
M. CASTONGUAY: Surtout du côté des malades chroniques.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il vous semble, à ce
moment-ci, que cela vous prendrait un grand nombre de lits pour régler
le problème dans l'immédiat? Est-ce qu'il y aurait un gros effort
à faire de ce côté?
M. CASTONGUAY: II y en a un qui se fait actuellement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais cela voudrait dire quoi en nombre de
lits? De combien auriez-vous besoin pour des établissements qui
attendent, dont vous devriez convertir la vocation? On a parlé de
l'hôpital de la Miséricorde dans le centre de Montréal qui
pourrait être, éventuellement, converti pour des malades
chroniques et qui pourrait loger 400 personnes. De temps en temps, on dit:
Bien, si tel hôpital peut ouvrir, on va prendre le vieil hôpital
d'à côté et on va en faire un centre pour malades
chroniques. Alors, si le ministre pouvait nous donner un aperçu du
problème de placement.
M. CASTONGUAY: Vu que vous m'adressez directement la question, je vais y
répondre dans une certaine mesure. J'ai mentionné, au
début des travaux, qu'un des problèmes, au plan du
développement des ressources, qui est le plus aigu, à mon sens,
c'est celui des ressources pour malades chroniques. A deux titres, en fait: II
y a le développement de ressources pour répondre aux besoins et
aussi il y a le fait que, dans certains cas, la qualité des ressources
existantes laisse à désirer. L'accent a été mis,
dans le passé, dans les investissements, sur le développement de
ressources pour les soins aigus.
A certains moments, ça me surprend juste-
ment de penser qu'on met toujours l'accent sur la réaffectation
d'anciens établissements pour les malades chroniques, alors que les gens
doivent y demeurer pendant de longs moments dans des conditions très
pénibles.
Alors, nous avons demandé à la direction de la
programmation et de la planification d'examiner le problème d'une
façon particulière. Vous avez mentionné le cas de
l'hôpital la Miséricorde. Il y a également le cas d'autres
hôpitaux. On pourrait mentionner possiblement Pasteur, etc., où
cette possibilité de réutilisation de ressources se
présente. Maintenant, je me demande si nous ne devrons pas
également j'attends les rapports qui vont nous être faits
aller peut-être un peu plus loin et penser aussi à de
nouveaux investissements.
Je pense en particulier à une ville comme la ville de
Québec. Cela me surprend toujours de voir les sommes
considérables qui ont été investies dans des
hôpitaux pour traitement actif, alors que, pour les malades chroniques
je ne mets pas en cause la bonne volonté des responsables de ces
établissements-là; au contraire, je trouve que c'est
extraordinaire, dans certains cas, de voir le travail qu'ils font ce
sont généralement nos plus vieux établissements, que ce
soit l'Hôpital général, ici, qui date presque des
débuts de la colonie, en fait.
Alors, cette question, nous l'étudions. Maintenant, quant aux
préoccupations du Dr Laber-ge, évidemment, elles sont plus
spécifiques et plus reliées aux problèmes qui se posent au
moment de la fermeture d'un établissement où il est
nécessaire de déplacer des gens à cause de locaux qui ne
sont pas adéquats. C'est pourquoi il ne peut pas vous donner une
idée générale, comme les gens de la planification et de la
programmation, qui sont plus impliqués dans cette
détermination.
Je dois dire aussi qu'un autre aspect qui rend le travail du Dr Laberge,
de son équipe et des membres du service de placement difficile je
pense que tout le monde va accepter ça c'est qu'on ne peut pas
maintenir en place des ressources inutilisées avec un personnel
compétent, dans l'éventualité où nous devrons
prendre les décisions de fermeture ou des décisions de cette
nature. C'est ça qui rend aussi les opérations difficiles. Dans
certains cas, je dois dire qu'ils ont fait un travail merveilleux d'imagination
et d'appel à la collaboration. Je pense que c'est le moment de le
souligner.
Par exemple, je me rappelle le cas qui avait été
identifié, il y a un certain temps, de personnes âgées, des
femmes, qui ont été transférées dans la
résidence des infirmières de l'hôpital Saint-Luc. Elles
étaient combien? Environ 240, puis le transfert s'est fait dans l'espace
de quinze jours, entre l'Aide à la femme, puis l'école
d'infirmière.
Vous pouvez imaginer, lorsqu'on en arrive à la conclusion qu'un
nombre de personnes aussi élevé ne reçoit pas des services
adéquats, quel type de problèmes ça pose.
En travers de ceci, et pour l'agrément, étant donné
sa responsabilité au plan des mesures de sécurité, et pour
le service de placement se posent des problèmes d'urgence aussi. On a vu
l'autre jour, dans la région de Terrebonne, qu'il y a eu un glissement
de terrain. Avant de déterminer si ça devait aller plus loin, oui
ou non, il n'y avait pas de chance à prendre, il a fallu évacuer
130 enfants et leur trouver un endroit à une demi-heure d'avis.
Alors, c'est le genre de travail qu'ils font et ils obtiennent, dans des
cas comme celui-là, dans des cas d'urgence, selon les rapports que je
reçois du Dr Laberge, de M. Gendron, de M. Girouard, de Mlle Bertrand,
une collaboration de la part du milieu, qui est vraiment remarquable. Dans ce
cas-là, on a signalé, de façon particulière, la
collaboration des gens du milieu. Alors, il y a des aides extérieures,
mais il y a aussi un travail d'une nature très particulière,
parce qu'on ne peut pas garder un stock de lits, de personnel, disponibles, non
utilisés pour des situations comme celles rencontrées à
l'agrément.
Lorsqu'on regarde le nombre extraordinaire de cas auxquels ils ont eu
à faire face depuis trois ans, c'est vraiment surprenant qu'ils aient pu
régler tous ces problèmes. Au fur et à mesure que le
travail se poursuit, évidemment, le nombre de situations de cette nature
va en diminuant.
Je voulais apporter aussi cette précision, parce que ce n'est pas
un problème qui va en croissant au plan de la direction de
l'agrément; c'est un problème qui va aller en se résorbant
graduellement.
M. BOIVIN: C'est bien important que vous ayez les ressources pour les
hôpitaux pour malades chroniques, parce que, si vous ne les avez pas, il
se fait un blocage du côté des hôpitaux pour malades aigus,
qui coûte encore plus cher.
M. CASTONGUAY: Je pourrais peut-être vous mentionner rapidement la
classification des établissements. Centre hospitaliers publics; on a des
soins de courte durée et des soins prolongés. Soins de courte
durée: généraux, il y en a 76; spécialisés,
67 et ultraspécialisés, 21.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'après les règlements de la loi
65?
M. CASTONGUAY: Oui, c'est la classification.
M. CLOUTIER (Montmagny): Que vous avez faite.
M. CASTONGUAY: C'est le travail - je suis rendu dans le troisième
de M. Crépin. Est-ce que vous voulez passer à
ça?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, je suis
encore dans l'inspection, moi. Je ne suis pas rendu là. Je
m'excuse. J'avais une autre question; nous pourrions y venir rapidement. Vous
avez mentionné tantôt qu'il y avait 411 établissements
clandestins. Ce fait qu'il y en ait 471...
UNE VOIX: Vous avez dit 471 ?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je m'excuse. C'est 411 qu'il a mentionné
tantôt. Je ne veux pas diminuer le problème. Je ne veux pas
l'augmenter non plus, mais il y a un problème. Quand il y a des
établissements clandestins qui viennent au monde, ça crée
un problème pour tout le monde. D'abord, pour le ministère qui ne
sait pas quelles sont les conditions d'habitation des gens qui sont là.
C'est dans quel secteur? Est-ce surtout pour les personnes âgées
et est-ce localisé dans certaines régions du Québec en
particulier?
M. CASTONGUAY: J'aimerais faire un bref commentaire pour situer cette
question. Lorsque j'étais à la commission d'enquête, on m'a
signalé, à plusieurs reprises, l'existence de ces
établissements clandestins. Cela n'est pas un phénomène
nouveau qui proviendrait d'un développement insuffisant des ressources
au cours d'une période récente. C'est un phénomène
qui dure depuis déjà assez longtemps et auquel on s'est
attaqué d'une façon systématique. Je voulais
préciser ceci, pour qu'il n'y ait pas de malentendu sur cette
question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais est-ce que vous avez des statistiques sur
le nombre de ceux qui ont pu être découverts, qui ont pu
naître depuis douze mois? Est-ce qu'il y en a des nouveaux qui sont venus
au monde depuis douze mois?
M. CASTONGUAY: Non, c'est le contraire. Depuis douze mois...
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous en avez fermé?
M. CASTONGUAY: ... il y en a qui sont fermés. Les 411
établissements qu'on appelait clandestins, on a fini par les identifier
de la façon que je vous mentionnais tantôt, soit par le
ministère du Travail, un autre ministère et la
municipalité. C'étaient nos sources d'information.
A partir des visites de reconnaissance, des visites d'évaluation
par l'infirmière de l'agrément, des services sociaux de la
région, de l'étude des dossiers région par région,
des visites des établissements susceptibles de fermeture, de
l'étude finale des dossiers on a fait les recommandations.
Les résultats de l'opération, c'est que, sur 411
établissements inscrits, il y a des dédoublements de noms ou
d'adresses. Cela nous a ramené la liste à 371. Après
vérification, il y en a 170 qui se sont rayés ou qui ont
été rayés de la liste et qui n'existent plus.
Il y a 52 établissements qui doivent être
considérés comme chambre et pension. Il y en a 42 dont
l'étude d'un permis d'exploitation doit se poursuivre jusqu'au 30 mai
1973. Il y en a 76 qui, selon notre recommandation au sous-ministre, le Dr
Brunet, doivent recevoir un permis d'exploitation comme étant des
centres d'accueil pour cas privés seulement, hébergement et
surveillance.
Il y en a 31 qui nécessitent une fermeture. On en a mis 11
à court terme pour donner une chance à Mlle Bertrand et
compagnie; 16 à moyen terme et 4 à long terme. Dans ceux à
fermer, il y a une quinzaine de jours, je suis allé en visiter
quelques-uns avec M. Langlois, directeur des services techniques et M. Cantin
et, au troisième, ils n'ont pas voulu venir visiter; ils en avaient vu
assez.
Maintenant, nous avons demandé aussi la collaboration des
autorités municipales, des agences de service où les
établissements, soit dans le secteur social ou du côté
hospitalier... parce que ce problème prend naissance quelque part. La
Direction de l'agrément ne peut pas être partout à la fois.
Si on approvisionne en quelque sorte des établissements clandestins,
sans... on perpétue un problème. Alors nous avons demandé
aux autorités municipales, aux hôpitaux, aux agences de services
sociaux leur collaboration de telle sorte que ce phénomène vienne
à cesser une fois pour toutes.
Alors il y a deux lettres actuellement qui ont été
envoyées, celle signée par le ministre aux municipalités,
leur demandant de nous informer et celle du Dr Brunet adressée aux
services sociaux des centres hospitaliers. On veut également adresser
une lettre aux services sociaux tout court pour leur dire de s'assurer, avant
de placer un patient, que ce n'est pas un établissement clandestin, que
c'est un établissement qui possède un permis du ministère.
Parce qu'on peut en fermer et à mesure qu'on va en fermer il va s'en
ouvrir d'autres, si...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce dans la région de Montréal
surtout que se trouvent les établissements clandestins, ou si c'est un
peu partout dans la province?
M. CASTONGUAY: Je les ai région par région et, selon le
CR3S, dans les régions 5, 6-A et 6-B. Il y en a dans toutes les
régions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Plus dans la région de
Montréal?
M. CASTONGUAY: Oui, c'est là qu'est la plus grosse population. Je
les ai tous par région ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y en a de gros
là-dedans?
M. CASTONGUAY: Dans ceux à fermer, ou...
M. CLOUTIER (Montmagny): Bien, dans ceux à fermer et dans ceux
que vous allez conserver, à qui vous allez donner un permis, est-ce
qu'il y en a de taille moyenne, 100 lits?
M. CASTONGUAY: Dans ceux à fermer, il y a ceux que j'ai dit
tantôt à court terme, il s'agit d'établissements
indésirables. Il y a 11 établissements comprenant 125
pensionnaires. Ce sont tous de petits établissements de personnes de 65
ans et plus, 34 pensionnaires de 64 ans et moins pour un total de 159
personnes. Alors là, vous avez 159 personnes dans 11
établissements. Le deuxième groupe à fermer à moyen
terme, il y a 16 établissements comprenant 61 personnes de 65 ans et
plus et 107 de 64 ans et moins, cela fait 168 personnes dans 16
établissements. Ce sont encore de petits établissements.
Troisième groupe à long terme, ce sont 4
établissements qui comprennent 85 personnes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors c'est de dix à vingt
personnes.
M. CASTONGUAY: Si vous voulez, j'aimerais faire un autre commentaire
à ce sujet. Je ne sais pas s'il va être
répété, mais ça me parait toujours surprenant de
voir combien de personnes sont, en définitive, délaissées
par leurs parents et la société en général. Ces
établissements sont situés dans des milieux où il y a un
voisinage et c'est assez extraordinaire de penser que dans bien des cas de
telles situations comme celles-là ont pu se perpétuer sans que
personne ne dise un mot, que ce soit les parents ou le milieu. C'est un reflet
sur la société ou certaines personnes qui n'est pas à leur
honneur, à mon avis. Malgré toute la bonne volonté du
gouvernement, du ministère et de ses officiers, il reste qu'il y a
certains de ces problèmes qui ne seront réglés pour autant
que la population sera davantage consciente de la nécessité
d'assumer une responsabilité auprès de parents ou de personnes
âgées. C'est assez...
M. BOIVIN : II y a le coût de la construction et puis il y a la
Loi nationale de l'habitation où on met deux chambres, trois chambres...
C'est impossible que le vieux trouve la place dans l'habitation familiale.
Maintenant, le coût de l'habitation qui est tellement
élevé, je pense bien que cela n'aide pas les familles à
avoir soin des personnes âgées.
M. CASTONGUAY: Ce que je veux dire, c'est qu'il y a des gens je
comprends qu'il y a des problèmes sur ce plan que jamais ils ne
sont visités, en aucun temps. C'est plutôt ça que je veux
faire ressortir. Il y a des gens qui voisinent ces établissements ou ces
maisons et qui jamais ne dénoncent ces situations. Cela me
paraît...
M. GUAY: Maintenant, dans ces foyers clandestins, il doit quand
même y avoir une constatation répétée qui se tienne
dans tous les établissements.
Quelles sont ces principales constatations? En premier lieu, qu'est-ce
qui est le plus mauvais et quel est le plus gros problème?
M. CASTONGUAY: Je vais commencer en vous disant que dans l'un des
établissements il y a un règlement affiché au mur, qu'on a
photographié, sur lequel on peut lire: "Pour votre bien personnel, comme
aussi pour le bon renom de ce foyer, garder une grande discrétion sur ce
que vous voyez et entendez dans cette maison". Cela commence par là. Les
problèmes qui sont absolument inacceptables, ce sont des
problèmes d'hygiène.
M. CLOUTIER (Montmagny): On a cela au conseil des ministres aussi. C'est
une question pour le ministre.
M. CASTONGUAY: Sur le plan de l'hygiène, on peut voir des choses
mais on peut en sentir également. Il y a des problèmes de service
alimentaire. J'ai eu la chance de voir à terre, sur le plancher, des
assiettes pour les patients, et il y avait trois petits minous qui se
promenaient à travers les assiettes. Il y a des problèmes
d'entassement. Une fois, j'ai trouvé trois lits dans une cuisine. Dans
la cuisine, pas dans une chambre. Trois lits, et il y avait de la vaisselle
sale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas de poêle.
M. CASTONGUAY: Cela vous donne... Comment?
M. CLOUTIER (Montmagny): Trois lits, pas de poêle.
M. CASTONGUAY: Trois lits, pas de poêle. J'ai une photo, je ne
sais pas si je peux la montrer, ce n'est pas bien beau à voir.
Je voudrais aussi insister sur le fait que c'est une situation qui est
en voie d'être éliminée, ce n'est pas une situation qui se
développe. Je voudrais insister sur cela. Je dois dire qu'il n'a pas
été possible de faire cette opération plus tôt parce
qu'il y avait d'autres problèmes. Vous avez vu le volume
d'activités, vous avez vu les résultats, les décisions qui
ont dû être prises; on s'est attaqué à une situation
qui ne pouvait être réglée brusquement, qui demandait des
efforts soutenus et c'est pourquoi nous arrivons en définitive au terme
de l'opération. J'espère qu'au cours de 1973 il va être
possible de finir ceci et de le régler.
M. GUAY: II y a également des établissements qui se
situent tout près de la norme respectable, des établissements qui
se voient retirer leur permis pour des choses qu'ils considèrent comme
étant assez minimes. Donc, si
c'est des changements à l'établissement, des changements
physiques, c'est facile à faire. On voit des propriétaires
d'établissement qui se croient lésés dans leurs droits
parce que ce que va leur demander le ministère, c'est des changements
qui sont tellement mineurs qu'ils ne croient pas bon d'effectuer ces
changements. Ensuite, quand ils se voient retirer les personnes qui
étaient sous leur responsabilité, ces gens-là sont
fâchés, ils ne sont pas contents du tout.
Maintenant, il y a toujours qu'ils se situent tout près de la
norme. Ce que j'aimerais savoir c'est si le ministère tient compte, si
c'est presque respectable, des disponibilités de la région. Vous
avez mentionné tantôt qu'il va y avoir des fermetures à
court terme, à moyen terme et un peu plus tard. Est-ce qu'on donne
suffisamment de temps au service en place pour reloger ces personnes? J'ai un
exemple à l'esprit où on a fait les choses de façon assez
rapide, c'est-à-dire que le permis était retiré en
décembre et que le service social de la région a
décidé de retirer les pensionnaires au début de novembre,
fin d'octobre, début de novembre. Les propriétaires de
l'établissement ont été assez choqués de la
chose.
M. CASTONGUAY: D'abord, je dois dire qu'il y a là une situation
extrêmement délicate. On se souviendra de certains incidents dans
le passé, ou accidents qui ont causé la mort de personnes; je
pense à des incendies, en particulier, qui démontrent
jusqu'à quel point il faut être vigilant particulièrement
sur les normes de sécurité. Face, toutefois, à l'autre
dimension du problème, il y a celui de décisions qui pourraient
paraître arbitraires de la part du ministère. Nous avons
introduit, dans la loi 65, pour les cas où il y a des
établissements détenteurs de permis auxquels le permis peut
être retiré, une procédure d'appel; et en plus la
direction du financement a examiné la question nous avons
établi une procédure.
Si vous voulez, on peut demander à M. Forget d'en donner les
principaux éléments qui visent à faire en sorte que,
malgré la fermeture, les pertes, au plan financier, soient
réduites dans toute la mesure du possible. Le financement ne cesse pas
nécessairement dès le moment où les personnes sont
déplacées. Ce sont les trois gestes que nous avons posés
pour, à la fois, assurer la protection des individus et, d'autre part,
ne pas pénaliser indûment les propriétaires et aussi, face
à des décisions qui pourraient être arbitraires
parce qu'il n'y a pas de vérité absolue dans cela leur
donner un certain mécanisme d'appel qui est dans la loi 65.
M. GUAY: II y a une autre chose que nous avons trouvée anormale,
c'est que ces pensionnaires ont été retirés de cet
établissement et placés dans un autre établissement
clandestin. C'est le service en question qui s'en est occupé. Les
propriétaires ont dit: Quelle différence y a-t-il entre deux
établissements, un clandestin et l'autre sans permis? Ils sont tous les
deux clandestins. C'est un problème qui s'est posé. J'ai
communiqué avec le service qui s'est occupé de reloger ces
personnes. Plusieurs ont été relogées chez des familles,
d'autres dans des foyers avec permis, dans des foyers qui répondent aux
normes. Mais quelques pensionnaires ont été également
relogés dans des foyers clandestins. Je ne veux accuser personne et dire
que le travail n'est pas bien fait. Probablement qu'à l'intérieur
d'un service des personnes ont reçu une ligne de conduite et ont agi de
bonne foi ou au meilleur de leur connaissance. Mais il faut tenir compte des
disponibilités, encore une fois.
M. CASTONGUAY: Je dois d'abord rapper-ler que c'est la première
fois, avec l'application de la loi 65, que le mécanisme de permis s'est
appliqué d'une façon intégrale, à la fin de cette
année. Avant cela, il n'y en avait pas qui couvrait l'ensemble des
établissements. En second lieu, la création du service de
placement au ministère est encore assez récente. Vous touchez
justement là la difficulté que nous rencontrions lorsque nous
procédions uniquement par les agences qui plaçaient, dans
certains cas, un peu au meilleur de leur connaissance, sans se
préoccuper trop trop de la question de savoir s'il y avait des permis,
oui ou non. C'est pourquoi, aujourd'hui, ces opérations sont conduites,
en premier lieu, sous la responsabilité du service de placement.
M. GUAY: Une formule qui semble fonctionner assez bien dans la
région chez nous, c'est de placer dans des familles soit des personnes
âgées qui ne sont pas des malades chroniques, ou encore des
personnes qui n'ont pas atteint l'âge de la retraite. Cela semble assez
bien aller. Si je peux faire une recommandation au ministère, c'est
d'exploiter à fond cette possibilité, si les résultats
sont bons, tenant compte constamment des résultats. J'ai eu l'occasion,
la semaine dernière, de rencontrer plusieurs personnes qui ont
été relogées dans des familles. On les appelle famille
à ration surveillée. Ces gens semblent bien heureux. Il y a
seulement un problème qui se pose, c'est que, pour les personnes qui
n'ont pas atteint l'âge de la retraite, l'allocation qui est
versée aux familles à qui ont en confie la garde n'est pas
tellement élevée. C'est peut-être le plus gros
problème. Si l'allocation était un peu augmentée, on
pourrait décongestionner les centres d'accueil, j'en suis à peu
près sûr. Ces centres pourraient devenir des établissements
pour malades chroniques qui ont un état de santé qui ne les
oblige pas à aller dans un hôpital pour malades chroniques, mais
qui peuvent aller dans un foyer assez bien organisé.
M. CASTONGUAY: On a un groupe qui est à veille de terminer son
travail, sous la responsa-
bilité de M. Girouard, je crois, sur la révision des
normes, des barèmes de paiement d'allocations. Il y avait des
barèmes assez disparates, selon qu'on était dans le milieu
psychiatrique ou de personnes âgées, les foyers nourriciers pour
les enfants, etc. Un travail est en train de se terminer sur cette
question.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Bourget.
M. LAURIN: L'existence de ces foyers clandestins et les lacunes qu'a
signalées le Dr Laberge, à la suite des inspections qu'il a
effectuées, sont évidemment des symptômes.
Le ministre a fait des considérations générales
à cet égard auxquelles je souscris entièrement, mais je me
demande s'il n'y a pas lieu d'en faire d'autres. La première, c'est que
les vertus de générosité ou d'humanitarisme sont à
la baisse dans notre société de consommation, alors que la
dureté, la "struggle for life", au contraire, sont à la hausse et
on peut penser que cela va peut-être continuer et il faut en tenir compte
comme d'une variable maintenant dans nos planifications.
La deuxième, c'est que les maladies chroniques vont aussi
être à la hausse pour deux raisons: d'abord parce que la
médecine est mieux en état de lutter contre les maladies
aiguës, d'une part, et, d'autre part, l'âge de la population
s'accroît et je pense bien que l'on aura de plus en plus de
problèmes avec nos personnes âgées, d'une part, et
deuxièmement, nos malades chroniques. Incidemment, je souscris beaucoup
au programme de planification dont vous avez parlé, l'élaboration
de normes.
Je suis tout à fait d'accord avec vous qu'il faut des
institutions pensées spécialement pour ces malades chroniques et
ces vieillards du fait qu'ils y vivent beaucoup plus longtemps que les malades
aigus où c'est un lieu de transition. Je me demande si on a eu recours
dans ce programme de planification à l'expertise de spécialistes
qui ont l'habitude de ces malades, soit les gérontologues ou les
physiatres, soit les neurologues ou encore des travailleurs sociaux, des
psychiatres ou des architectes aussi qui ont l'habitude de la conception de ces
modules et qui pourraient peut-être faire des études
espace-patient en psychologie institutionnelle. Il y a beaucoup d'études
qui ont été faites, par exemple, en psychologie institutionnelle,
en psychiatrie pour des malades à long terme et je me demande si cela ne
pourrait pas être utilisé dans l'élaboration de ces
modèles. Je pense que cela serait une très bonne chose.
Cependant, cela va plus loin. Je pense aussi qu'on peut considérer comme
une variable l'augmentation de la déviance dans nos
sociétés modernes, peut-être à cause des modes de
vie plus complexe, les interrelations plus difficiles. On constate, en tout cas
aussi longtemps que les programmes de prévention n'auront pas
donné leur effet, que la déviance s'accroît et cela va se
traduire par l'augmentation de services pour l'enfance inadaptée.
La question que je me pose à cet égard est la suivante :
N'y a-t-il pas une certaine catégorie de ces malades pour lesquels
l'entreprise privée, jusqu'à un certain point, sera toujours
déficiente malgré les qualités humaines que l'on peut
escompter? Je pense en particulier aux malades psychiatriques, aux malades
chroniques surtout lorsque leur état a atteint une certaine
gravité. Je me demande si, véritablement, l'entreprise
privée dans les circonstances actuelles et de plus en plus sera vraiment
en mesure de faire face à la musique. Je me pose la même question
pour l'enfance inadaptée: je me demande s'il n'y aura pas toujours
nécessité d'une adjonction de plus en plus grande du rôle
de l'Etat, peut-être en collaboration, selon un quantum, une proportion
qui reste à déterminer avec les initiatives locales, mais quand
même une contribution toujours grandissante de l'appareil public, ne
serait-ce qu'à cause des recherches que cela demande, des traitements
complexes que cela exige. A cet égard, je me demande quelle est la
proportion actuelle pour ces diverses catégories, malades chroniques,
déviants, vieillards, la proportion de lits ou d'établissements
publics ou privés, si la proportion change, s'il est dans les objectifs
du ministère que cette proportion change, si on en tient compte dans la
planification des objectifs du ministère. Ce sont des questions assez
larges, mais j'aimerais beaucoup que...
M. CASTONGUAY: Voici, l'attitude que j'ai prise et qui se reflète
dans les données d'ailleurs dont on a fait état au début
de nos travaux sur l'étude des crédits est la suivante: ce n'est
pas nécessairement une nouvelle orientation, mais nous devons
développer dans toute la mesure du possible des établissements
conçus selon les caractéristiques générales des
établissements selon la loi 65, en d'autres termes des corporations sans
but lucratif. Et pour prendre le secteur des personnes âgées, par
exemple, les quelque 3,000 lits qui ont été additionnés au
cours des trois dernières années sont des lits dans le secteur
des centres d'accueil, pour les personnes âgées, sans but
lucratif. On voit également, par les décisions qui ont
été prises, des modifications de vocation.
Le nombre de lits a augmenté dans les catégories comme les
malades chroniques je veux dire dans les établissements sans but
lucratif alors qu'il a diminué quelque peu dans les
établissements privés. La tendance est graduellement de s'en
aller vers un réseau de plus en plus sans but lucratif. Il me semble,
quant à moi, que l'entreprise privée peut jouer un rôle
utile dans des types de ressource où les gens ont encore leur autonomie,
mais où ils veulent changer de mode de vie à cause de
problèmes d'isolement, du problème où ça devient
plus difficile de s'alimenter seul. Il peut se développer des choses
comme, pour utiliser
une expression anglaise, des "retirement lodges", des
établissements de ce type. Et nous devons plutôt du
côté du secteur public développer des ressources dans le
sens que vous indiquez.
Nous devons aussi, il me semble, évaluer des expériences
comme celles qui ont eu lieu récemment où à partir de
foyers on a essayé d'apporter des services à des personnes
âgées qui demeurent dans leur milieu, mais à partir d'un
foyer. Je pense que, par les agences ou par les centres locaux de services
communautaires, on ne pourra pas toujours leur apporter des services ou,
disons, une amélioration de leur condition en ce qui a trait à
des choses comme les repas, les problèmes d'isolement, le
divertissement, etc. Et les quelques expériences qui ont
été menées récemment font présentement
l'objet d'une évaluation pour voir dans quelle mesure elles pourraient
être élargies.
Nous avons aussi un autre phénomène qui peut surprendre
quelques-uns, mais qui se constate. On a fait état de la baisse des taux
d'occupation des hôpitaux dans certains milieux pour le traitement actif.
Je pense que cela est une manifestation des résultats obtenus par le
développement des services en consultation externe, la
prévention, les soins à domicile, etc.D faut aussi continuer
à essayer de modifier l'équilibre dans les services des
établissements existants pour répondre à de nouveaux
besoins, tels que ceux que vous mentionnez. Il est clair que nous sommes dans
un domaine en évolution constante quant aux types de besoins qui se
manifestent d'une façon plus grande et par rapport à d'autres qui
se manifestent d'une façon un peu décroissante. Il faut ajuster
dans ce sens.
M. LAURIN: A cet égard, d'une façon concrète,
est-ce que la Direction de l'agrément a répondu à la
lettre de M. Pelletier de Terrebonne, je crois, qui émettait le
désir qu'il serait souhaitable de visiter les établissements qui,
prétendument, s'occupent de rééducation et qui, de fait,
ne s'en occupent peut-être pas tous et ne s'en occupent pas selon les
normes qui seraient acceptables par les corporations professionnelles ou selon
des normes édictées par le ministère des Affaires sociales
ou le ministère de l'Education?
M. CASTONGUAY: Là, on revient, vous parlez
particulièrement de l'enfance.
M. LAURIN: Oui.
M. CASTONGUAY: Nous revenons en fait au projet, auquel j'ai fait
allusion tantôt, de former une équipe spéciale à
cette fin et d'essayer d'intéresser les corporations. Maintenant, nous
travaillons aussi de façon très étroite avec le
ministère de l'Education. Un relevé a été fait
récemment avec ce ministère pour identifier le progrès
réalisé dans la prise en charge par le ministère de
l'Education des fonctions éducatives dans les divers types
d'établissements pour les différentes catégories de
mésadaptation et pour clarifier, à mesure que l'on procède
et que l'on bénéficie de l'expérience, comme le partage
des rôles doit s'effectuer.
On a vu, lorsque nous sommes allés dans certains
établissements, qu'il n'est pas possible de faire en sorte que tous les
enfants dans ces établissements participent au réseau scolaire
régulier. Ceci pose certains problèmes. On note de toute
façon des progrès sur ce plan. Il doit y avoir incessamment une
nouvelle rencontre avec le ministère de l'Education à la suite de
ce bilan, de cette étude des progrès réalisés.
Ainsi, de nouvelles directives seront émises à l'endroit
des établissements pour accélérer les choses dans les cas
où le processus doit être maintenant
accéléré, et aussi pour que le support financier qui doit
être apporté suive auprès des commissions scolaires ou de
nos établissements.
Alors, il y a un travail sur deux plans qui se poursuit, aussi bien en
collaboration avec le ministère de l'Education, par le truchement des
commissions scolaires et des institutions d'enseignement, et, de l'autre
côté, directement par nos mécanismes
d'évaluation.
M. LAURIN: Parce qu'il y a effectivement un danger, toute
pédagogie doit être psychologique, mais ce n'est pas tous les
psycho-pédagogues qui sont des éducateurs. Il faut trouver la
charnière entre les deux. Par ailleurs, je pense bien qu'il ne suffit
pas de la présence d'un ou deux moniteurs ou d'éducateurs
physiques dans ces centres pour en faire une institution de
rééducation.
M. CASTONGUAY: C'est un problème; celui que vous mentionnez m'a
frappé moi aussi dans une assez large mesure, c'est l'absence de
programmes bien identifiés avec des objectifs bien
précisés dans un certain nombre d'établissements de
protection de l'enfance ou d'établissements pour l'enfance. On y
retrouve une préoccupation de plus en plus grande pour que les enfants
soient bien nourris, bien logés, ce qui est une amélioration par
rapport à la situation d'il n'y a pas très longtemps, un
désir d'intégrer, sur le plan éducatif, les enfants, mais
des programmes assez limités, dans bien des cas, sur le plan des
activités de réadaptation et de réinsertion sociale. Et,
dans certains cas, toutefois, je dois dire que les établissements,
d'eux-mêmes et avec la collaboration du ministère, ont fait des
progrès considérables, vraiment impressionnants. On n'a pas une
situation où on peut dire qu'il y a un "pattern" assez uniforme, cela
varie encore. C'est pourquoi je pense qu'il nous faut passer par cette nouvelle
phase de dévaluation.
Je suis allé dans certains de ces établissements et c'est
assez remarquable de voir le travail qui semble s'y faire, même pour
un
profane; et dans d'autres, on ne sent pas la même
préoccupation.
M. LAURIN: D'une façon plus concrète, cette fois, quelle
est la cote qu'a donnée la direction de l'agrément à cette
institution dont les journaux ont parlé, d'une part, et
deuxièmement, est-ce que le ministère, en tenant compte de la
lettre de ce M. Pelletier, a institué des études plus larges du
genre de celle dont le ministre parle?
M. CASTONGUAY: Vous voulez parler de l'établissement...
M. LAURIN: Les Quatre-Vents.
M. CASTONGUAY: ... les Quatre-Vents. C'est un établissement qui
avait une bonne cote au ministère. Ces enfants recevaient à
demi-temps des cours, et l'autre demi-temps était consacré
à des exercices physiques ou de l'éducation physique. Il est
arrivé que quatre ou cinq professeurs ont demandé qu'au lieu
d'avoir moitié temps consacré aux loisirs et moitié
à l'éducation, de consacrer les trois quarts aux loisirs et une
partie moins grande à l'éducation. Alors, il y a eu un conflit
entre les professeurs et l'établissement. L'établissement a
congédié les professeurs. Les professeurs ont fait beaucoup de
fracas avec cela et ont accusé l'établissement de toutes sortes
de péchés. On avait le dossier de l'établissement, on a
envoyé quelqu'un pour vérifier et c'est un établissement
qui a une cote au moins bonne ou très bonne au ministère.
M. LAURIN: Est-ce que votre direction a pensé que la vocation de
cet établissement pouvait être repensé et que le
fonctionnement pourrait être amélioré pour mieux
répondre aux objectifs véritables de la
rééducation?
M. CASTONGUAY: Oui, il y a un travail actuellement qui se fait, d'abord
au ministère. Et à chacun des établissements où on
va, on tente de voir exactement quels sont leurs objectifs dans la
rééducation de ces enfants, les moyens qu'ils prennent pour les
atteindre, et si les moyens semblent efficaces ou non. S'ils ne semblent pas
efficaces, on le leur dit. Mais dans le cas que vous mentionnez, ce
n'était pas un mauvais établissement.
M. LAURIN: Dans quel sens la demande de M. Pelletier sera-t-elle
considérée?
M. CASTONGUAY: Bien, s'il désire aller voir
l'établissement, le visiter et se rendre compte des
problèmes...
M. LAURIN: Bien, il parlait plutôt du problème
général de la vocation des établissements de la
région en ce qui concerne la rééducation, une meilleure
adéquation des institutions aux objectifs poursuivis.
M. CASTONGUAY: Cela entre dans la réponse que je vous ai
donnée tantôt, que nous n'avons pas d'objection à ce que
des gens de l'extérieur viennent nous voir, des gens qui sont au
courant, qui connaissent les problèmes, qu'ils nous fassent des
recommandations ou des suggestions; je pense qu'ils seront bienvenus.
M. LAURIN: Très bien. Dernière question sur
Préville. Est-ce qu'il y a eu une suite aux recommandations qui leur ont
été faites?
M. CASTONGUAY: On a fait certaines constatations à
Préville lorsque nous y sommes allés. J'ai mentionné
tantôt qu'au cours de l'année 1972, c'était une des
accusations dans le dossier que le ministère ne s'était pas
occupé de l'établissement. On y est allé douze fois en
1972. On ne pouvait y aller beaucoup plus souvent que cela. On mentionnait dans
ce dossier que l'établissement était tout à fait non
conforme aux normes de sécurité, que c'était un nid
à feu, que c'était extrêmement dangereux. Alors, pour nous,
les inspecteurs les plus sévères que l'on connaisse, ce sont ceux
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Ils leur ont émis
un permis à la date du 1er septembre 1972, c'est donc dire qu'il
répondait aux normes de sécurité dans les
établissements. J'ai personnellement été vérifier
des portes qui étaient complètement libres, il n'y avait pas de
meuble devant, il n'y avait pas de glace à l'extérieur; on
mentionnait que les portes étaient barrées, mais cela aurait
été une façon assez rapide de vider l'établissement
que de laisser les portes débarrées, parce que la plupart des
patients sont des ex-patients en psychiatrie. On mentionnait que les
pensionnaires étaient enchafnés. On avait l'impression qu'il y
avait 250 malades enchafnés les uns aux autres. On parlait des chafnes
aux poignets. Au moment de ma visite, il y avait trois malades sous contention,
j'ai vérifié dans le dossier médical et c'était sur
ordonnance médicale. Lors d'une autre visite, j'ai vu qu'il n'y avait
qu'un seul malade sous contention. A une autre visite, il y en avait deux. La
nuit, il arrive qu'il y en a douze ou quinze sous contention, mais c'est
toujours sur ordonnance médicale. La contention se fait avec un bracelet
en cuir qui a environ trois ou quatre pouces de long et de l'épaisseur
de mon doigt avec une chaînette d'environ deux pieds après le lit.
Je n'ai vu aucune trace d'ecchymose aux poignets ou aux chevilles des patients.
Mais à la façon dont c'est rapporté dans le rapport, on a
l'impression que les 250 malades sont enchafnés les uns aux autres.
On avait des remarques sur les services alimentaires, et notre
diététicienne est passée, elle a fait des recommandations
et, à cet égard, le syndicat avait raison. Le syndicat disait
également qu'il n'y avait pas suffisamment d'employés, il
mentionne 70 employés. Il a oublié de mentionner qu'il y avait 30
autres employés qui ne sont pas syndiqués, cela en fait
100 au lieu de 70. Il y a le personnel de l'administration
également qui n'est pas inclus. Le problème, on l'a vu sous un
autre angle, ce n'est pas le nombre d'employés qui est insuffisant,
c'est le nombre de pensionnaires qui est trop grand; alors, on a demandé
à l'équipe de placement de diminuer la capacité, dans un
premier temps, de 254 à 207, si ma mémoire est bonne;
c'était une des recommandations.
On disait également qu'à Préville, tout ce qu'on
faisait, c'est de donner des narcotiques aux patients. Il y a une ampoule de
narcotique qui est sortie de la pharmacie au cours des trois dernières
années, cela a été vérifié par deux
pharmaciens de notre équipe et un pharmacien du fédéral
qui fait des tournées régulièrement.
Ensuite, on a parlé de lavement à une morte. J'ai appris
même avant d'être en médecine que les cadavres sont
constipés, mais savoir qu'une infirmière donne un lavement
à une morte, cela m'a donné quelques extrasystoles et je suis
arrêté là. On a parlé d'un patient qui est
décédé et qu'on a descendu au sous-sol et qui,
après cinq ou six heures, serait remonté allègrement dans
son lit. Je me suis dit: II y a eu une résurrection il y a 2,000 ans, il
y a pas mal de gens qui se posent des questions, il ne faudrait pas nous en
imposer une autre.
Ensuite, quant à la classe de l'établissement, cela
s'appelle hôpital, mais, en fait, c'est un centre d'accueil où on
garde ce qu'on appelle les A-l, A-2, A-3, A-4. Il y a quelques malades
chroniques, je ne me rappelle pas leur nombre, mais c'est entre cinq et dix qui
sont des malades chroniques, ceux qui, à la longue, sont devenus
chroniques. Ce sont les premiers malades que l'on a demandé de sortir de
Préville. On a fait une liste de recommandations. On en avait fait des
recommandations au cours de l'année 1972; nous étions
retournés au mois de septembre 1972 pour vérifier si les
recommandations faites avaient été appliquées.
Nous y sommes retournés encore, il y a environ une semaine, pour
voir si les recommandations faites sont appliquées, mais la
majorité des recommandations découle du placement d'environ 50
patients qu'il faut sortir de là pour les amener ailleurs. J'ai la liste
des recommandations, je ne vous la lirai pas. Il y a neuf recommandations, mais
la première étape, c'est que la capacité de
l'établissement soit établie à 207. Ils n'ont pas de
permis encore. On a dit qu'on n'émettra pas de permis tant qu'ils ne
seront pas rendus, qu'ils ne se seront pas conformés exactement à
ce qu'on dit, même s'ils ont un permis du ministère du Travail et
de la Main-d'Oeuvre, même s'ils ont un permis de la ville, ils n'auront
pas un permis.
M. LAURIN: Tant que les neuf recommandations n'auront pas
été exécutées.
M. CASTONGUAY: On a même mis des délais. On a dit: Que le
ministère fixe des délais à l'hôpital
Préville pour se conformer à ces recommandations et qu'il
signifie à la direction son intention de recourir, le cas
échéant, à la tutelle ou à la fermeture.
Différentes directions dans le ministère sont impliquées.
Selon que ce sont les employés, cela relève des relations
professionnelles. Le placement relève d'un autre service. C'est pour
cela qu'on suit le dossier et qu'on envoie quelqu'un tous les quinze jours,
actuellement, pour voir comment cela progresse.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! Il
passe six heures. La commission ajourne ou suspend ses travaux.
M. CASTONGUAY: II reste les communications.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non. Il reste l'émission des permis. Il
reste les mesures de sécurité. Le Dr Laberge n'a pas eu le temps
de toucher à ces deux aspects. Sur l'émission des permis, il a
commencé à nous lire une classification tantôt. Est-ce
qu'on ne pourrait pas avoir cette classification, au lieu de nous la lire?
Est-ce qu'elle est acceptée par les établissements? Est-ce
qu'elle est publique?
M. CASTONGUAY: On remettra la liste avec les données statistiques
sur les types de permis, selon les catégories, avec les données,
par région. Nous les avons pour les quatre années, 1970, 1971,
1972 et 1973.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qui est responsable de ce service de
l'émission des permis?
M. CASTONGUAY: C'est M. Maurice Crépin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qui est responsable de l'autre, des mesures de
sécurité?
M. CASTONGUAY: C'est M. Gendron. Et la liste des fermetures aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. En ce qui concerne l'agrément, je
serais prêt...
M. BOIVIN: II y a la sécurité. On voulait parler un peu
des malades psychiatriques, là où on a enlevé les barreaux
dans les chassis, il y en a quatre qui ont pris le large. Quelle
décision a été prise au ministère? Est-ce que
l'établissement a pris à sa charge cette décision
d'enlever les grilles dans les fenêtres?
M. CASTONGUAY: J'ai eu un premier rapport cet après-midi du
directeur des services professionnels, celui qu'il transmettait au coroner.
J'aurai un autre rapport du directeur général de
l'établissement. Maintenant, comme vous le savez, les
établissements sont ceux qui ont la responsabilité du
fonctionnement de
l'établissement, des soins aux malades, et dans le domaine des
établissements psychiatriques, c'est extrêmement malheureux, mais
il se produit, de temps à autre, des accidents de la nature de celui
auquel vous vous référez. Il y a une personne qui est morte. La
question est maintenant de savoir si le caractère ou les
caractéristiques des établissements doivent être
modifiées; c'est une question qui a fait l'objet de bien des discussions
dans le passé. Depuis une dizaine d'années, les
établissements ont essayé, dans toute la mesure du possible,
d'éliminer graduellement toutes les traces qui pouvaient donner
l'impression d'une prison dans ces établissements. Ils le font en y
mettant toutes les précautions possibles pour assurer la
sécurité des patients. Mais l'existence de barreaux dans les
fenêtres n'empêche pas et n'a pas empêché ou la
présence ou l'absence de barreaux certains malades,
malheureusement, de se suicider ou de se mutiler dans le passé.
Graduellement, les établissements ont changé les
caractères en enlevant les barreaux, en remplaçant cela par
d'autres dispositifs. C'est un problème qui n'est pas facile. Dans ce
cas, je ne crois pas qu'on puisse dire que, même s'il y a eu un accident
mortel, l'établissement ou qui que ce soit est à blâmer a
priori. L'enquête du coroner va se dérouler. Pour ma part, je
crois que, dans l'ensemble, les gestes posés par les
établissements visant à faire en sorte que ces
établissements psychiatriques, de moins en moins, revêtent le
caractère carcéral sont une bonne orientation à
prendre.
J'attends et je pense bien qu'il va nous falloir attendre.
M. BOIVIN: Surtout que c'est sub judice actuellement.
M. CASTONGUAY: Bien, il y a le coroner qui fait son enquête et je
pense qu'il serait imprudent de tirer des conclusions avant que le coroner ait
terminé son enquête.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, la commission décide
quoi, est-ce fini?
M. CASTONGUAY: Bien, tout dépend à peu près de
l'ampleur ou du nombre d'heures qu'on croit devoir poursuivre les travaux. Si
c'est un nombre limité, on pourrait peut-être ajourner à
demain matin. Si c'est un nombre d'heures assez long, étant donné
qu'il y a d'autres commissions, d'autres exigences, on continuerait ce
soir.
M.CLOUTIER (Montmagny): Disons que, quand on attaque un sujet, il vient
une multitude de questions à l'idée. On pensait bien avoir le
temps de passer avec le Dr Laberge les quatre sections de son service, mais il
y en a deux qu'on n'a pas touchées à toutes fins pratiques. On
lui donne congé quand même parce qu'on sait la somme de travail
très considérable qui s'accomplit. On l'a vu dans les deux
premières sections qu'on a touchées. Evidemment si on le retient
devant la commission, c'est le cas de tous les fonctionnaires, d'ailleurs, si
on les retient devant la commission parlementaire même si on sait
qu'ils ont beaucoup de travail c'est parce qu'il est important, je
pense, de faire une revue. C'est le ministère le plus important du
gouvernement. Il y a tout près de $2 milliards, il y a nombre de
programmes, on le voit par le budget, il y a seize programmes. C'est là,
je pense bien, où il y a le plus de fonctionnaires. Cela touche le plus
de population. Alors, c'est pour ça que ce ministère-là ne
devrait pas être, et en fait il ne l'est pas limité dans le nombre
d'heures. Ce n'est pas parce qu'on veut poser des questions embêtantes.
D'ailleurs, on le voit par le genre de questions qu'on pose, ce ne sont pas des
questions embêtantes, ce sont des questions pour véritablement
saisir toute la dimension des problèmes, Je pense que les fonctionnaires
eux-mêmes peut-être que ça leur révèle
certaines dimensions qu'ils n'avaient peut-être pas eu l'occasion
d'apprécier depuis qu'ils sont au ministère, ceux qui y sont
depuis une date un peu plus récente.
Alors, je pense que c'est une revue qui est extrêmement importante
pour tout le monde. C'est pour ça que je ne peux pas dire au ministre,
ce soir: On en a pour deux heures, on en a pour trois heures. Disons qu'on va
essayer de faire le plus rapidement possible, de ne pas étirer les
travaux de la commission pour le plaisir de les étirer. De toute
façon nous avons conscience de faire un travail extrêmement
important et positif autant pour le ministre qui, lui, en laissant parler ses
fonctionnaires qui parlent en son nom, découvre peut-être certains
aspects qu'il devra, durant la prochaine année, surveiller d'un peu plus
près ou discuter plus avant avec ses fonctionnaires. C'est dans ce
sens-là qu'on fait un travail ici. Alors c'est pour ça que je ne
peux pas dire deux, ou trois ou cinq heures.
M. CASTONGUAY: Je n'ai jamais mis en doute la pertinence des questions
depuis le début. D'ailleurs, comme vous avez vu, on a essayé
d'apporter les réponses les plus complètes possible. Alors, avec
ce désir manifesté de terminer le travail rapidement, je pense
bien qu'on peut ajourner à demain matin.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, la commission ajourne ses
travaux à demain, vendredi, à onze heures.
(Fin de la séance à 18 h 9)