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Commission permanente des affaires sociales
Projet de règlement concernant la Loi
sur les services de santé
et les services sociaux
Séance du mercredi 3 avril 1974
(Dix heures trente-cinq minutes)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires sociales. Etude du projet de règlement
concernant la contribution des bénéficiaires de la Loi des
services de santé et des services sociaux.
L'honorable ministre des Affaires sociales.
Exposé de principes
M. FORGET: Je vous remercie, M. le Président. J'aimerais, au
début, faire un bref exposé de principes et passer ensuite
à la discussion.
Le 27 décembre 1973, paraissait dans la Gazette officielle du
Québec le texte d'un projet de règlement en vertu de la Loi sur
les services de santé et les services sociaux. Depuis, le délai
de 90 jours s'est écoulé, tel que prévu par cette loi.
Avant de présenter ce projet au lieutenant-gouverneur en conseil, la
commission permanente des affaires sociales a été réunie
de manière à étudier le projet de règlement en
question. L'étude d'un projet de règlement par une commission
parlementaire est une pratique peu fréquente et qui n'est d'ailleurs pas
exigée par la loi laquelle, au contraire, attribue au gouvernement la
responsabilité de son application par l'adoption de mesures
administratives diverses, y compris des règlements sur différents
sujets. Toutefois, l'importance de certaines questions est telle qu'il
apparaît de temps à autre utile de discuter, avant qu'ils ne
soient en vigueur, les principes et les modalités de certains
règlements. C'est ce que nous allons faire aujourd'hui relativement
à la contribution des bénéficiaires de certains
établissements de santé et de services sociaux.
Depuis la publication du projet, le 27 décembre, un grand nombre
d'organismes et de groupes ont fait connaître leurs points de vue sur la
réglementation proposée. On trouvera une liste des
mémoires ou commentaires reçus qui comprend plus de 40 noms
d'organismes divers. En outre, le ministre ou des fonctionnaires des Affaires
sociales ont rencontré ces personnes qui ont ainsi communiqué par
écrit ou d'autres, avec qui ces questions ont été
discutées.
Un certain nombre de questions ont été abordées
lors de ces communications écrites ou verbales. J'aimerais aujourd'hui
décrire les objectifs qui supportent les mesures recomman- dées
ainsi que les modifications qu'il apparaît opportun d'introduire dans le
projet de règlement afin d'améliorer son effet et d'atteindre
plus complètement ses objectifs.
D'abord les objectifs. Ce règlement aborde pour la
première fois, dans le domaine des services sociaux, une question
très importante, celle du partage des responsabilités entre
l'Etat d'une part, et l'individu bénéficiaire et sa famille,
d'autre part. La première innovation consiste précisément
à introduire dans un règlement les modalités de ce
partage, du moins sur le plan pécuniaire. Il s'agit en effet d'un
domaine où a régné jusqu'à maintenant ce que
certains dénomment la "flexibilité" mais qu'il serait plus juste
de qualifier au mieux, de discrétion administrative et au pire
d'arbitraire.
En effet, alors que le principe abstrait d'une contribution parentale,
par exemple, est proclamée par plus d'une loi, son application a
toujours été laissée à un palier administratif
incertain. Les modalités générales faisaient l'objet de
directives administratives alors que leur exécution était
partagée entre différentes instances, chacune, incertaine de ses
responsabilités et donc, de son autorité.
Cette situation a été génératrice de
disparités, pour ne pas dire d'injustices inexplicables et donc,
intolérables. Par conséquent, l'introduction d'un
règlement dans ce domaine constitue en soi une amélioration, car
il fournit une base publique, ce que les nombreux commentaires dont il a
été l'objet prouvent abondamment et une base ferme pour la
solution des cas particuliers, avec tout le raffinement et les modalités
d'ajustement aux situations diverses que l'on peut désirer.
Outre leur caractère public et officiel, nous sommes, je pense,
tous d'accord sur un autre objectif auquel devraient correspondre les
règles de contribution financière des
bénéficiaires. Cet objectif consiste à faire correspondre
le partage des coûts entre les parents, d'une part, et la
collectivité représentée par l'Etat, de l'autre, au
partage des rôles ou des responsabilités entre la famille et
l'Etat. Il s'agit, en effet, d'un partage des responsabilités et non pas
du remplacement de l'un par l'autre. L'Etat ne doit pas se substituer aux
parents auprès de l'enfant, même lorsqu'il s'agit d'un enfant
frappé d'un handicap sérieux. Ce que l'Etat doit faire, c'est, au
contraire, aider la famille à remplir son rôle indispensable
auprès de l'enfant et cela, non seulement auprès de l'enfant dit
normal, mais aussi auprès de l'enfant handicapé.
Au Québec, l'Etat joue ce rôle de complément ou
d'appoint de deux manières. En premier lieu, grâce à des
allocations familiales qui atteignent depuis le 1er janvier 1974 de nouveaux
sommets, il procure une assistance financière significative aux
familles, directement reliées à la présence des enfants de
manière à permettre à ces familles de satisfaire plus
complètement aux besoins ordinaires de l'existence pour ces enfants. En
deuxième lieu,
il met à la disposition des familles, des services de
spécialistes soit au sein des centres de services sociaux, soit dans les
centres d'accueil pour aider et prolonger l'action des familles dans le
développement maximum du potentiel de certains enfants qui
éprouvent des difficultés particulières à cause de
divers handicaps.
Le Québec dépense chaque année une centaine de
millions en allocations familiales et un montant équivalent pour ces
divers services spécialisés. Jamais ces deux formes d'aide
gouvernementale à la famille ne doivent être
considérées comme rendant cette dernière superflue. Les
allocations familiales n'absorbent qu'une partie des dépenses
nécessaires à l'entretien des enfants et le travail des
spécialistes, quoique le coût en soit assumé en entier par
l'Etat, sera trop souvent inefficace s'il n'est pas appuyé et
prolongé par l'action de la famille naturelle de l'enfant ou de sa
famille d'adoption.
La contribution financière des bénéficiaires ou de
leurs familles est basée sur les mêmes principes, sur ce
même partage de responsabilités. La charge maximum
envisagée correspond au plus au total des coûts attribuables
à la fonction d'hébergement. Dans tous les cas, les coûts
des services professionnels attribuables à la présence des
spécialistes en éducation spéciale ou encourus pour
compenser les services personnels nécessités par des handicaps
physiques ou mentaux particuliers, sont exclus de la contribution exigée
des parents. Ce qui, par contre, leur est imputé en propre est une part
des coûts encourus principalement pour loger et nourrir ces enfants, une
responsabilité et un coût qui appartiennent sans conteste à
leurs familles et pour laquelle l'assistance qu'elles peuvent recevoir est
limitée aux allocations familiales.
Certains, quoiqu'ils soient peu nombreux, ont proposé que l'Etat
assume en entier cette dernière responsabilité. On a pour cela
invoqué les analogies que l'on a cru percevoir entre l'éducation
et les services à l'enfance du ministère des Affaires sociales.
Cette analogie est factice. En effet, l'éducation est offerte à
tous les enfants sans distinction. La gratuité des écoles n'a
donc pas tellement pour but de soulager les familles qui ont des enfants de ce
fardeau financier que de l'aménager en tenant compte de la
capacité de payer relative des familles afin que le coût de
l'éducation ne vienne pas brimer le développement des enfants,
particulièrement ceux venant de milieux défavorisés sur le
plan financier.
La gratuité inconditionnelle hypothétique des services
à l'enfance s'adresserait au contraire à un nombre beaucoup plus
restreint d'enfants et aurait pour effet de relever les familles
impliquées de la presque totalité de leurs responsabilités
financières à l'égard de certains enfants et cela, aux
dépens de l'ensemble des familles qui conserveraient ces
responsabilités à l'égard des leurs et parfois à un
niveau de revenu inférieur à celui des familles ainsi
avantagées.
Enfin, il faut se souvenir qu'il s'agit d'une contribution
financière liée aux coûts encourus pour
l'hébergement de certains enfants et non pas aux coûts
découlant de services professionnels rendus pour venir en aide à
ces enfants. C'est d'ailleurs pourquoi une autre analogie également
invoquée par certains est aussi fautive. L'assurance-hospitalisation
donne accès à des services hospitaliers gratuits, mais ces
services sont d'abord ceux d'une équipe de soignants professionnels
même si, lors d'une hospitalisation pour soins aigus et de courte
durée, ils impliquent également, mais cela d'une manière
très secondaire, des services d'hôtellerie.
Lorsque, par contre, l'hébergement dans un milieu institutionnel
devient un élément quasi permanent du mode de vie d'une personne,
qu'il s'agisse d'un adulte ou d'un enfant, il est normal que les revenus d'une
telle personne, y compris les allocations qu'elle-même ou sa famille
reçoit précisément dans le but de défrayer les
dépenses courantes de l'existence, soient mis à contribution
plutôt que d'être à la charge de la collectivité,
étant entendu que les autres services plus directement
thérapeutiques soient assumés par l'Etat.
Comme les contraintes économiques et financières font
sentir leur poids sur les gouvernements comme sur les individus, s'il fallait
choisir entre la gratuité inconditionnelle de l'hébergement dans
les institutions à vocation sociale, ou le développement de
l'accessibilité et de la qualité des services
spécialisés fournis quant à eux gratuitement à ceux
qui en ont besoin, le gouvernement actuel du Québec opterait sans
hésitation pour des services plus abondants et meilleurs plutôt
que de prendre en charge des dépenses que toutes les familles assument
déjà dans les circonstances normales et devraient assumer dans
une mesure analogue lorsqu'elles ont recours de manière soutenue
à certains services publics.
Pour terminer cet exposé des objectifs qui nous guident,
permettez-moi de vous dire que cette politique de contribution des
bénéficiaires ou de leur famille au coût des services
d'hébergement en établissement ou dans une famille d'accueil se
base aussi sur des considérations d'équité envers
différentes familles qui ont des enfants touchés par des
handicaps analogues, mais qui assument à leur égard des attitudes
fort différentes. Il importe en effet que l'Etat, par ses politiques
à leur endroit, ne fasse pas en sorte que son aide soit d'autant plus
faible qu'une famille démontre une conscience aiguë de ce qu'elle
seule peut apporter à l'enfant handicapé, soit l'appui constant
au développement du moindre potentiel et l'affection que des
études ont démontré en être le complément
irremplaçable.
Toutes ces familles ont déjà été
frappées par les hasards de l'hérédité, de la
biologie et de l'environnement. D ne faut pas que l'Etat, par
une action mal mesurée, aménage son aide de manière
à paraître pénaliser la plupart des familles ainsi
touchées au profit du petit nombre de celles qui
préféreraient se dérober le plus possible à une
responsabilité certes très lourde, mais d'autant plus importante,
car même si l'Etat ne devrait idéalement intervenir que pour
complémenter l'action de la famille dans les faits, il est parfois
amené à s'y substituer. H faut tout faire pour empêcher que
de telles exceptions ne deviennent la règle générale.
J'aimerais maintenant aborder un certain nombre de modifications au
projet de règlement publié en décembre dernier. Tel
qu'énoncé plus tôt, les mémoires reçus ainsi
que les discussions qui eurent lieu depuis quelques semaines avec de nombreux
individus ou groupes ont permis de dégager un certain nombre de
modifications au projet de règlement publié le 27 décembre
dernier.
Ces modifications sont les suivantes:
En premier lieu, la contribution des parents pour des enfants
placés en centre d'accueil ou dans un centre hospitalier pour maladies
psychiatriques doit être limitée au montant qui serait payable par
cette famille si l'enfant était placé dans une famille d'accueil,
compte tenu de son âge et des autres facteurs qui servent à
déterminer la contribution des parents, plutôt que d'être
égale au prix de journée de l'établissement.
En deuxième lieu, la demande d'exonération, ainsi que le
paiement ou la perception des sommes envisagées par ce règlement
seront la responsabilité des centres de services sociaux, plutôt
que du ministre des Affaires sociales.
Troisième lieu: toute personne, bénéficiaire ou
parent d'un bénéficiaire, pourra se prévaloir d'un droit
d'appel d'une décision d'un centre de services sociaux devant la
commission d'appel de l'aide et des allocations sociales, dont la
compétence sera réaménagée en
conséquence.
Quatrièmement: La contribution d'un bénéficiaire ou
de sa famille aux frais d'hébergement en centre d'accueil ou en famille
d'accueil sera, au minimum, égale aux allocations familiales
reçues au titre d'un enfant du deuxième rang, et, pour
l'excédent, reliée à la capacité de payer des
parents, de manière à majorer d'un dollar par mois le montant de
cette contribution pour chaque $48 de revenu annuel de la famille après
exemption. Une telle limite réduit effectivement de moitié,
relativement à un revenu donné, la contribution originellement
envisagée par le projet de règlement, au-dessus des minima
prévus qui subissent eux-mêmes une diminution de $15 par mois.
Cinquièmement: La contribution des parents aux frais
d'hébergement sera également réduite chaque mois,
proportionnellement au nombre de jours que l'enfant aura passés dans sa
famille durant le mois. Ainsi, les dépenses faites par la famille pour
permettre et aménager ces périodes de réunion familiale
serviront effectivement à diminuer sa contribution financière au
placement.
Sixièmement: Lorsque le placement est effectué pour rendre
accessibles à l'enfant certains services d'éducation
spéciale, par exemple: école pour sourds, des mécanismes
seront prévus pour aider financièrement les parents de
manière à placer ceux-ci dans la même situation où
se trouvent les parents qui doivent placer leurs enfants en pension pour raison
d'accessibilité scolaire normale.
Septièmement: La contribution maximum des parents sera
établie à 80 p.c, au lieu de 100 p.c. des barèmes de base
versés aux familles d'accueil, de manière à aider les
parents à défrayer les dépenses diverses qui sont
encourues pour préparer le retour dans sa famille de l'enfant
placé, ou pour lui fournir certains avantages
supplémentaires.
Huitièmement: Les centres de services sociaux seront
autorisés à consentir un plafonnement de la contribution des
parents au niveau minimum prévu (égal à l'allocation
familiale reçue) dans certains cas d'enfants polyhan-dicapés
lorsque l'âge de l'enfant et la durée du séjour en
établissement démontrent l'impossibilité totale d'une
réintégration dans la famille.
Ces modifications n'épuisent pas nécessairement la liste
des corrections dont certaines sont plus techniques et d'intérêt
formel. Cependant, on peut se convaincre que le gouvernement a
écouté attentivement les représentations qui lui ont
été faites et qu'il en tient compte, de même qu'il tiendra
compte des délibérations de cette commission avant de
présenter un projet final à l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil. Chacune de ces modifications est
significative et pourtant nous retrouvons dans le projet tel que modifié
la même affirmation du principe de responsabilité parentale,
principe qu'à peu près personne n'a contesté.
En effet, il s'agit dans cette politique nouvelle non pas d'une
opération financière, sauf pour ses apparences superficielles,
mais bien plutôt d'une affirmation non plus seulement verbale mais
opérationnelle et concrète d'une idée de
responsabilité parentale à l'égard des enfants et tout
particulièrement des enfants inadaptés physiques, mentaux ou
sociaux. Ce sont de tels enfants qui, plus que les autres peut-être, ont
besoin de l'appui moral et maternel que procure une famille. L'Etat, quelque
désireux qu'il soit de venir en aide à de tels enfants, ne
pourrait leur rendre plus mauvais service qu'en permettant d'affaiblir ou de
minimiser l'appui irremplaçable qui ne peut venir que de là.
Voilà, M. le Président, les quelques remarques que je
voulais faire au début des travaux de la commission.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Avant de continuer, j'aimerais
mentionner quelques changements aux membres de la commission. M. Lessard
(Saguenay) remplace M. Charron (Saint-Jacques), et M. Roy (Beauce-Sud) remplace
M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Caron, je pense que vous avez quelques changements à faire
quant aux membres...
M. CARON: II y aura un rapporteur officiel, est-ce que les membres sont
d'accord pour que ce soit M. Bonnier?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce que les membres acceptent M.
Bonnier comme rapporteur de la commission?
M. CARON: Accepté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Accepté. L'honorable
député de Verdun, j'aimerais à avoir le changement
des...
M. CARON: Changements du côté ministériel: En
remplacement de M. Bacon, M. Roger Lapointe de Laurentides-Labelle; en
remplacement de M. Bellemare, M. Glen Brown (Missisquoi); en remplacement du Dr
Dufour, M. Carpentier (Laviolette); du Dr Lecours, M. Veilleux (Saint-Jean) et
M. Bernard Lachance (Mille-Iles) remplace M. Verreault.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. BEDARD (Chicoutimi): De Chicoutimi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Chicoutimi.
Remarques de l'Opposition
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, c'est évident que
l'importance de l'application du règlement que nous avons à
étudier ce matin est primordiale parce que, comme on le sait, elle
touche des milliers de personnes à travers le Québec, entre
autres je sais bien que c'est sujet à correction peut-être
au moins 27,000 enfants qui sont placés dans des foyers
nourriciers, environ 14,500 enfants qui sont placés dans des
institutions également presque une vingtaine de mille de personnes
âgées; également ceci concerne naturellement tous les
foyers de qui dépendent ces enfants qui sont placés dans des
institutions.
L'application de ce règlement est d'autant plus importante et
mérite d'être étudiée d'une façon
approfondie. On sait très bien qu'il touche des familles qui, en plus,
pour une très grande proportion, sont des familles dont les moyens sont
très modestes, parmi les plus modestes de notre société,
sont également des familles qui sont frappées par le malheur ou
par la tragédie, dont personne n'est à l'abri, entre autres des
familles qui sont frappées par la maladie ou par la mort d'un conjoint.
Des familles qui sont frappées par un endettement, en fait, très
accentué. Des familles qui sont aux prises avec des problèmes de
désaccord familial. Des familles qui sont aux prises aussi avec des
enfants qui sont frappés par une sorte de comportement anormal. Des
familles qui sont frappées par le fléau du divorce. Des familles
qui, en plus de tous ces problèmes quoi qu'en ait dit M. le
ministre tout à l'heure dans son exposé si elles ne
réussissent pas, à l'intérieur des cadres de ces
règlements, à trouver une solution qui soit juste et
équitable, qui soit humaine, sont quand même placées devant
une société qui n'a pas, jusqu'à maintenant, mis en place
les ressources préventives auxquelles elles seraient en droit de
s'attendre, entre autres, quand on pense à un système de
garderies, un réseau de garderies publiques, qui a été
déjà promis dans un premier discours inaugural, mais qui
était complètement absent des préoccupations du
gouvernement dans un deuxième discours inaugural et qui n'existe pas,
également à un service inadéquat en ce qui a trait aux
services d'aide sociale.
Je comprends que M. le ministre, ce matin, nous a apporté
certaines modifications qu'il nous dit avoir cru bon d'apporter après
avoir écouté les représentations ou les
récriminations des groupes qu'il a eu l'occasion de rencontrer ou avec
lesquels il a eu l'occasion d'échanger des communications, soit verbales
ou écrites. On nous a apporté ces amendements ce matin. Je trouve
cela tout à fait non pas les amendements, je ne les trouve pas
inconvenants et inconvenables inconcevable, par exemple, qu'on nous
apporte cela juste ce matin à nous de l'Opposition et aux autres partis.
Il me semble qu'il aurait été normal que nous en soyons
informés avant plutôt que d'essayer ce matin de jouer à
essayer de donner l'image d'un gouvernement qui a écouté les
récriminations des différents corps constitués et qui,
après étude, en arrive à avoir la condescendance de donner
suite à certaines des représentations que ces groupes ont pu
faire. Je crois que nous aurions pu en être informés avant ce
matin.
Une chose est certaine cela, le ministère était
à même de le constater c'est que les directives nouvelles,
le règlement nouveau en passant, nous l'apprenons ce matin
ne sont pas en vigueur, selon les paroles de M. le ministre. Nous aurons
l'occasion de voir que le gouvernement, en certains cas, s'est conduit comme
s'ils étaient en vigueur. Parce qu'on s'est permis, à la
lumière et en se basant sur ce règlement et les anciens
règlements, de faire des réclamations en bonne et due forme
à des milliers de citoyens qui sont touchés par ce
règlement en termes de réclamations et de comptes à payer.
Une chose est certaine, le gouvernement a été à même
de constater que, par rapport à ses premiers règlements, son
degré d'humanisation ou de consolidation des structures du point de vue"
humain faisait vraiment défaut et qu'on ne pouvait pas faire autrement
que de remarquer une certaine insensibilité, à mon sens, des
planificateurs gouvernementaux face à cette ligne que veut donner le
gouvernement d'une préoccupation tout à fait particulière
pour l'humanisation des services sociaux. Ces directives nouvelles ont
apporté, à mon sens, la confusion chez les parents. Nous avons
été à mérne de le constater dans nos
bureaux de députés je suis convaincu que ce n'est
pas seulement dans mon cas, c'est dans le cas de tous les députés
par cette procession ininterrompue de gens qui sont venus nous voir et
qui étaient en désarroi de se voir face à des factures
qu'on leur réclamait en fonction de l'application de ce
règlement. Nous pourrons en donner des exemples à M. le ministre,
plusieurs exemples au gouvernement.
Ces nouvelles directives ont aussi apporté, je crois, une
certaine peur chez les enfants, une instabilité émotionnelle chez
les enfants.
Je me demande jusqu'à quel point on a pu se payer le luxe de
courir à ces conséquences-là, dans le sens que bien des
parents, étant frappés par ces nouveaux règlements, le
côté inhumain qu'ils pouvaient comporter sur certains aspects
parce qu'il y a d'autres aspects qu'il faut considérer, je l'admets...
Ces règlements avaient des conséquences financières telles
qu'ils posaient la question aux parents à savoir s'ils auraient les
moyens de continuer à pouvoir garder leurs enfants à
l'intérieur des institutions ou à l'intérieur des foyers
nourriciers de telle façon que ceci a eu comme conséquence au
point de vue émotionnel, à mon sens, de créer
l'instabilité et la peur chez bien des enfants. Mais je comprends qu'il
n'y a pas seulement ça. Ces règlements ont également
apporté, d'une façon tout à fait particulière,
l'exaspération chez les travailleurs sociaux qu'on a essayé,
d'une certaine façon, de convertir en collecteurs du gouvernement face
aux demandes ou aux factures présentées en fonction de ces
règlements. En tout cas, on aura l'occasion de le discuter d'une
façon plus approfondie à la lumière des règlements
et des amendements qui sont apportés, quoique les amendements ne
changent pas l'esprit, à mon sens. Ils peuvent peut-être changer
les montants, mais ils ne changent pas l'esprit. Ces nouveaux règlements
ont apporté une exaspération certaine chez les travailleurs
sociaux, encore une fois, qu'on a essayé de convertir en collecteurs. Je
trouve ça d'autant plus cynique de la part du gouvernement que ce
travail de collection qui est normal, qui devait être fait, on l'ait
confié à des gens qui, effectivement, font un travail social qui
fait qu'ils ont gagné la confiance des gens de qui ils analysent les
problèmes. A ce moment-là, je trouve tout à fait
inconvenant que le gouvernement se soit référé à
ces personnes pour essayer de récupérer tout simplement des
sommes d'argent.
En fait, cette loi, dans sa première version... On a les
amendements ce matin, et j'accepte difficilement qu'on les ait ce matin. J'ai
de la difficulté à me mettre en tête que ça peut
être le fruit d'une longue réflexion; ça peut être le
fruit aussi d'une très belle stratégie qui essaie de donner
l'exemple d'un gouvernement qui essaie de prendre et de désamorcer d'une
certaine façon les protestations qui s'annonçaient et qui
étaient très précises. Toutes ces protestations, c'est
facile d'en avoir l'image par les nombreux mémoires; ils doivent
être rares, les mémoires qui... Je comprends qu'on ne les a pas
tous vus, nous autres, on en a eu seulement quelques-uns et, ce matin, on est
face à la situation où tout le gouvernement a eu l'occasion d'en
lire beaucoup plus que nous. De toute façon, ceux qu'on a lus nous
permettent de voir jusqu'à quel point les nouveaux règlements ne
répondent pas à cette supposée image ou
préoccupation du gouvernement d'humaniser les politiques sociales dans
ce domaine. Ces nombreux mémoires, plus les processions de gens qu'on a
eues à nos bureaux de député, montrent jusqu'à quel
point ces gens ont quelque chose d'important à dire. Ce que nous
n'acceptons pas et je pense qu'il faudrait le régler dès
maintenant, je ferai une motion en ce sens c'est que ces personnes qui
ont le droit de s'exprimer et c'est conforme à l'esprit du bill 65 qui
dit qu'on doit accentuer la consultation à l'intérieur des
groupes qui sont concernés par des lois eh bien, je pense que
c'est inacceptable qu'ils n'aient eu que la possibilité de rencontrer le
gouvernement. Je crois que cette commission est vraiment l'occasion, si le
gouvernement est sérieux dans son travail de consultation, de permettre
à ces corps, à ces organismes qui ont fait parvenir des
mémoires, de se faire entendre au niveau de cette commission afin de
pouvoir accoucher, si on peut employer l'expression, d'une loi qui
réponde vraiment aux besoins d'humanisation qui est nécessaire
dans ce secteur où sont concernées des familles qui sont, encore
une fois, en grande majorité les plus démunies à mon sens,
et celles pour qui le gouvernement a des devoirs tout à fait
particuliers.
Je pense que cela fait partie des familles dont parle le discours
inaugural, dans un passage de quelques lignes concernant les Affaires sociales.
Je comprends que, à ce moment-là, il n'y avait pas les
allocations familiales à annoncer, cela devenait plus important qu'on le
retrouve au 23e paragraphe où l'on dit qu'une attention prioritaire
continuera d'être accordée à la famille, aux
défavorisés, aux catégories de personnes comme les
personnes âgées et les enfants dont les conditions et les besoins
particuliers imposent des devoirs spécifiques à l'Etat. C'est
bien un cas où l'Etat a des devoirs spécifiques d'une part, les
parents, je suis d'accord, mais l'Etat aussi a des devoirs d'une façon
spécifique.
Je crois donc qu'il serait vraiment impensable que, ce matin, on ne
donne pas l'occasion à tous les groupes concernés qui ont
envoyé des mémoires de pouvoir se faire entendre. Je crois que
c'est d'autant plus important que je m'aperçois d'une chose, c'est que
le gouvernement a eu l'occasion, soit verbalement ou par écrit, de les
écouter et en est arrivé à la conclusion et les
amendements auxquels nous avons à faire face ce matin en sont la preuve
qu'il devait changer, s'il voulait humaniser, à mon sens, qu'il
devait apporter des amendements à ces nouveaux règlements. Je
crois que si ces orga-
nismes étaient entendus, non pas seulement par le gouvernement,
mais également par l'Opposition, et que s'ils avaient l'occasion de
faire valoir vraiment leur point de vue, de discuter, à ce
moment-là et je pense que le gouvernement, s'il est logique, ne
peut pas refuser cette possibilité ceci aurait peut-être
comme résultat d'amener encore de nouveaux amendements qui sont
nécessaires en plus de ceux dont nous a fait part le ministre ce matin.
Autrement dit, si on veut vraiment et cela est une occasion tout
à fait particulière autre chose qu'une étude
technocratique ou une étude comptable des difficultés
qu'affrontent les personnes qui sont concernées dans ces
règlements, si l'on veut et c'est l'occasion rêvée
faire une étude sur l'aspect humain, en allant au fond des choses
et à la source même, en fait, des problèmes qui sont
concernés par ces nouveaux règlements, je crois que ce ne sont
pas seulement quelques conversations avec le gouvernement ou quelques
correspondances qui peuvent vraiment amener ce dialogue. Ce dialogue, en effet,
aura comme conséquence, comme résultat, à mon sens, une
loi qui soit conforme aux besoins des personnes concernées par ces
règlements.
Motion pour entendre les
intéressés
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce qu'il faut, ce n'est pas une étude
technocratique, encore une fois, ou une étude comptable, mais une
étude humaine. Pour cela, un contact est nécessaire et le
gouvernement ne peut pas le refuser à ces gens comme il ne peut pas le
refuser aussi à l'Opposition. Celle-ci, ce matin, est aux prises
à la dernière minute avec un amoncellement de rapports, de
mémoires qui sont envoyés par des organismes; ce matin, elle est
aux prises à la dernière minute avec des amendements qui sont
apportés par l'honorable ministre des Affaires sociales. Autrement dit,
pour les organismes concernés, dans l'intérêt de tous ceux
qui sont également concernés par cette loi, dans
l'intérêt aussi de l'Opposition et c'est un droit de
l'Opposition de pouvoir, le plus efficacement possible, faire valoir le point
de vue de la population ou des organismes concernés le
gouvernement ne peut pas nous refuser ce contact direct qui, à mon sens,
serait beaucoup plus humain et beaucoup plus efficace encore que celui
déjà fait. A ce moment-là, je présenterais une
motion pour que la commission entende les groupes qui ont fait ou qu'il
leur offre des ententes des représentations auprès du
ministre des Affaires sociales.
Je comprends que je n'ai pas complètement touché le fond
de la question mais, préalablement, j'en fais non seulement une question
de principe mais tout simplement une question de décence
législative.
Lorsqu'on apporte une loi qui va concerner encore une fois une partie de
la population la plus démunie, des gens les plus frappés,
à ce moment-là, on doit donner l'occasion, à mon sens,
à ces groupes de se faire entendre pour que l'Opposition puisse, autant
que le gouvernement, faire valoir ses points de vue devant cette
commission.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, avant de venir à la motion, avec
la permission du député de Chicoutimi pour qu'on discute de la
motion qu'il vient de présenter, j'espère qu'on me permettra de
faire quelques commentaires, suite aux propos que vient de tenir l'honorable
ministre des Affaires sociales.
Or, j'ai écouté avec beaucoup d'attention l'exposé
d'un motif du ministre des Affaires sociales qui a fait appel à certains
principes et à certains objectifs du gouvernement dans une dialectique
qui semble un peu nouvelle, surtout au ministère des Affaires sociales,
de façon à changer certains mots, certaines désignations
ou encore de vouloir donner d'autres significations à des mots qu'on
utilise habituellement.
Or, j'ai bien écouté les soi-disant principes du ministre,
ses objectifs et j'ai été quand même surpris de constater
le nombre de contradictions qu'on pourrait relever entre les principes que le
ministre nous a établis ce matin et ceux que nous avons entendus
à l'occasion d'études de lois que nous avons eues, même au
ministère des Affaires sociales, même au gouvernement, des lois
qu'on a entendues dans l'éducation ou ailleurs. On fait beaucoup appel
à la responsabilité parentale. C'est une chose un peu nouvelle,
dans ce gouvernement, de nous parler de responsabilité parentale alors
que, par tous les moyens, on a enlevé la responsabilité aux
parents. Je ne veux pas faire de parallèle et parler d'autres lois qu'il
y a ailleurs dans le gouvernement, mais je trouve quand même qu'il y a un
manque de cohésion dans les politiques et dans les principes
d'administration gouvernementale.
Le ministre aurait dû tout simplement résumer sa
pensée à un simple fait, à une simple situation. C'est que
le gouvernement veut avoir plus d'argent parce qu'il ne veut pas augmenter les
taxes, alors il taxe par voie de réglementation. Je pense que cela
aurait été beaucoup plus simple, tout le monde aurait compris et
on aurait gagné du temps.
Nous avons devant nous un gouvernement qui ne veut pas augmenter les
taxes, mais qui a changé les termes. Au lieu de parler de
défavorisés, au lieu de parler de personnes handicapées,
on parle de bénéficiaires. C'est quand même quelque chose
de voir jusqu'à quel point on place certaines subtilités. On
semble vouloir jouer avec les mots et on semble vouloir jouer avec les
principes.
On arrive avec des règlements qui nous sont
présentés devant l'Assemblée nationale, ce matin,
dans quel but? Dans un seul et unique but, celui d'aller chercher des
cotisations chez les parents ou les personnes qui ont des membres de leur
famille qui sont en quelque sorte handicapés, qui sont impotents ou
encore des personnes qui sont hospitalisées dans des institutions pour
malades chroniques, dans des institutions un peu
spécialisées.
C'est tout simplement cela. Il n'y a pas d'autre chose que cela dans les
règlements du ministre. Le gouvernement veut avoir de l'argent. Le
gouvernement y va par voie de réglementations et on se demande, encore
une fois, qui va payer. On sait très bien le ministre le sait
que les assistés sociaux ne paieront pas. Donc, il y a
déjà une catégorie où le cas est
réglé. On sait très bien que ceux qui sont les mieux
nantis, ceux qui gagnent de gros salaires, ceux que certaines personnes
appellent les protégés du système, eux, vont payer sans
enquête parce qu'ils vont envoyer des chèques à la fin de
chaque mois ou à la fin de chaque période et le gouvernement
n'aura pas à faire d'enquête.
Mais le gouvernement se prépare, comme le disait l'honorable
député de Chicoutimi, à faire des personnes, qui sont des
travailleurs sociaux, des enquêteurs sur les revenus des familles, des
enquêteurs pour voir, pour aller scruter à la loupe dans les
comptes de banque s'il n'y aurait pas des petits revenus
d'intérêt, des petites pensions ou des petites assurances, une
assurance-chômage qui arrive six mois en retard pour tâcher encore,
en quelque sorte, de s'attaquer directement aux travailleurs du Québec,
aux gagne-petit et à ceux qui ont à subir l'entre-deux du
régime politique, du régime économique qu'on a au
Québec.
Je pense qu'on aurait été beaucoup plus honnête, du
côté du gouvernement, de procéder de cette façon et
de le dire clairement à la population au lieu d'essayer de dorer la
pilule pour venir nous parler des bénéficiaires alors que ce ne
sont pas des bénéficiaires, ce sont des contributions qu'on veut
aller chercher, ce sont des personnes qui contribuent auxquelles on veut avoir
affaire.
Encore une fois je le dis, ce seront des enquêtes, ce seront des
inspecteurs, des enquêteurs, des contrôleurs, qui iront fouiller
dans les maisons, qui iront fouiller chez les personnes, chez les travailleurs.
On n'a pas pensé aux travailleurs saisonniers. On ne pense pas aux
agriculteurs non plus qui ont quand même des revenus qui changent d'une
année à l'autre ou d'une saison à l'autre. On ne pense pas
à ces choses. On ne pense pas non plus de quelle façon on va
évaluer, par exemple, les revenus de ceux qui ont des petits commerces,
des propriétaires de petites entreprises. Quand je parle de petites
entreprises, je ne parle pas de l'industrie, mais de petits commerces
marginaux, de petites entreprises artisanales.
Alors, de quelle façon le gouvernement se prépare et de
quelle façon le gouvernement va aller là-dedans? On sait
très bien que ceux qui ont l'obligation, qui n'ont pas d'autres choix
que d'avoir recours à l'aide sociale présentement, ont à
subir ces enquêtes. Maintenant, pour les personnes qui ont
déjà à souffrir la lourde épreuve d'avoir une
personne handicapée dans leur famille, le gouvernement, dans le but
d'humaniser ses politiques, dans le but d'humaniser les lois sociales, va
contribuer à faire en sorte de persécuter ces gens-là
davantage. Parce qu'ils ont la pénible épreuve d'avoir un
handicapé dans leur famille, ils vont avoir à subir les
contraintes de l'administration gouvernementale, des inspecteurs et des
contrôleurs.
M. le Président, en ce qui me concerne, je suis indigné,
pour ne pas dire plus, de voir de quelle façon le ministère des
Affaires sociales du Québec cherche à régler, ou, en
quelque sorte, à alléger le fardeau des familles
défavorisées, de ceux qui ont la pénible épreuve,
comme je viens de le dire, d'avoir des personnes handicapées, d'avoir
des personnes malades.
Or, M. le Président, pour échapper à toutes ces
contraintes gouvernementales, et on en fait même mention dans les
règlements, il restera trois solutions à la population, s'ils ne
peuvent pas satisfaire aux exigences, aux normes, s'ils ne peuvent pas se
conformer aux versements que le gouvernement exigera. Il restera trois
solutions: le divorce, l'abandon de l'enfant ou le bien-être social.
Alors, je ne peux pas dire que c'est le ministère des Affaires sociales,
M. le Président, c'en est presque rendu le ministère des Affaires
antisociales. Je m'excuse d'être dur dans mes propos, mais, M. le
Président, j'ai tellement eu de personnes à mon bureau depuis
quatre ans, j'en ai eu encore en fin de semaine, j'en ai des comtés
avoisinants. Nous recevons des lettres de toutes les régions de la
province de Québec, nous recevons des mémoires, et le
gouvernement est sourd aux appels de ces gens-là. M. le
Président, il faut nous donner la peine de recevoir ces gens-là
dans nos bureaux pour nous rendre compte dans quelle situation sont
placées les familles des catégories qui sont concernées
dans ce projet de loi. Que le gouvernement ait donc la décence et
l'honnêteté de dire, tout simplement: C'est une taxe nouvelle
qu'on va chercher dans les portefeuilles des gagne-petit, des travailleurs du
Québec, des agriculteurs, de ceux qui ont des revenus modestes, de la
classe moyenne, qui sont toujours la classe tampon, à l'heure actuelle,
entre la classe des puissants, la classe des riches et la classe des
défavorisés, de ceux qui sont dans l'aide sociale.
Je pense, M. le Président, que, si on avait été
plus honnête du côté du gouvernement, cela aurait
été beaucoup plus réaliste.
Maintenant, M. le Président, l'honorable député de
Chicoutimi a présenté une motion aux fins d'entendre les
organismes sociaux, les organismes qui s'occupent de services sociaux,
les organismes des parents, il y a eu plusieurs mémoires qui nous
ont été donnés. Ces gens-là désireraient se
faire entendre. Je pense que ce serait dans l'intérêt des membres
de la commission parlementaire, ce serait dans l'intérêt du
gouvernement et ce serait dans l'intérêt, surtout, du
ministère des Affaires sociales d'entendre ces gens-là, et de
leur permettre de déposer leur mémoire et de s'expliquer devant
la commission parlementaire afin que nous puissions, nous, de l'Opposition, les
interroger pour connaître leurs points de vue et leur permettre de nous
faire connaître leurs doléances. J'appuie entièrement cette
motion présentée par l'honorable député de
Chicoutimi et j'estime que le gouvernement devrait même, si c'est
nécessaire, prendre, une semaine, deux semaines, trois semaines de plus
avant l'adoption finale de ces règlements, étudier ces
mémoires de façon à apporter des amendements parce que, en
ce qui nous concerne, M. le Président, pour autant que le
règlement nous le permettra, nous voulons apporter des amendements aux
règlements, parce que les règlements, dans leur forme actuelle,
je tiens à le dire au ministre tout de suite, nous ne les accepterons
pas.
J'espère que le gouvernement n'a pas voulu, ce matin, uniquement
se limiter à jouer à la démocratie en voulant consulter
l'Opposition pour dire, par la suite: L'Opposition était d'accord, nous
l'avons consultée, nous avons pris connaissance des mémoires qui
nous ont été soumis et, à partir de ce moment-là,
en grand démocrate, le gouvernement dit: Nous procédons par
consultation.
Je tiens à dire tout de suite au ministre, à l'avance, que
les règlements tels que rédigés, je me verrai dans
l'obligation de voter contre, à moins qu'ils soient amendés et
qu'ils tiennent compte de la situation réelle et également du
fait que, dans les familles où il y a des enfants handicapés ou
des personnes hospitalisées dans des institutions spéciales, pour
ces familles où il y a des frais additionnels dont on ne semble pas
tenir compte, il y a quand même des visites qui doivent se faire dans les
institutions. Cela a créé des obligations à des familles
qui n'ont pas à subir comme dépenses ces épreuves et dont
on n'a pas tenu compte dans le projet de règlements.
J'aimerais quand même qu'on tienne compte de certains faits et
qu'on tienne compte également du fait que, si le gouvernement veut
réellement s'orienter vers un régime de revenu annuel garanti, il
devrait tenir compte du fait que les personnes défavorisées,
handicapées, ont droit à des égards tout à fait
spéciaux, ont droit à des égards particuliers de la part
du gouvernement, sans avoir à subir l'odieux, je dis bien l'odieux,
d'une taxe spéciale, directe et discrétionnaire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
Réponse du ministre
M. FORGET: M. le Président, l'honorable député de
Chicoutimi a déploré la rapidité avec laquelle cette
commission a considéré les amendements que j'ai exposés ce
matin au projet de règlement qui a été publié il y
a trois mois.
On sait, et il en est fort conscient lui aussi également, que
plusieurs recommandations ont été faites, d'ailleurs une liste
circule, je pense, qui montre le nombre de mémoires ou de lettres
reçus. Ce qui ne figure pas sur la liste, c'est la date à
laquelle la plupart de ces représentations nous sont parvenues et
à laquelle la plupart de ces discussions ont été
tenues.
Il a semblé important de donner suite, dans les meilleurs
délais, à ces expressions d'opinion, de manière à
faire les modifications qui s'imposaient le plus tôt possible, si on
jugeait que certaines modifications devaient être apportées, de
manière à faire cesser l'inquiétude ou
l'anxiété que le député de Chicoutimi a
lui-même invoquée.
Les amendements que nous proposons ont effectivement été
arrêtés seulement hier et il n'était donc pas possible de
donner un très long préavis. La période de consultation
comme telle que prévoit la loi est de 90 jours et s'est terminée
la semaine dernière. Il n'était pas vraiment possible, avant
cette date d'hier, de faire le point sur l'ensemble de ces propositions.
On peut déplorer ces délais, mais je pense qu'on
utiliserait peut-être à meilleur escient le temps de cette
commission en examinant au mérite chacune de ces suggestions
d'amendement, de manière précisément à faire
avancer le débat. Mes collaborateurs du ministère ainsi que
moi-même serons disponibles pour éclairer les membres de la
commission sur les implications ou la nature des changements
recommandés. Si je comprends bien, cette commission peut discuter de ces
projets, elle peut prendre le temps qui lui apparaît opportun et sage
pour le faire et c'est vraiment ici que la discussion doit se tenir
plutôt que dans nos bureaux privés, en anticipant, en quelque
sorte, les discussions qui peuvent être faites ici en public, de
manière à permettre aussi au public de mieux comprendre à
la fois les raisons qui nous ont inspirés et aussi la nature des
modifications qui sont considérées.
Donc, sur ce point, il n'est pas question d'avoir voulu faire de la
stratégie, mais simplement d'apporter la réponse la plus rapide
possible à une situation qui est importante, qui est la cause, pour un
certain nombre de groupes, d'inquiétudes et de représentations
fort vives et nous avons cherché à le faire le plus tôt
possible après l'échéance du délai de 90 jours.
Maintenant, encore une fois, nous sommes disponibles pour en discuter.
Il y a eu une confusion, en effet, et je ne cacherai pas que nous essaierons,
à l'avenir, dans des change-
merits de nature comparable, d'apporter dans l'introduction d'une
nouvelle politique peut-être un préavis et de favoriser une
discussion plus ample. Il me serait facile de mettre cela sur le compte d'une
prise en charge récente du ministère, je ne le ferai pas
cependant parce que je pense que, même dans ces circonstances, il aurait
été souhaitable et peut-être possible théoriquement
de faire mieux.
Maintenant, c'est certainement une leçon que nous tirons de cette
expérience et dont nous tiendrons compte à l'avenir.
J'aimerais faire quelques remarques sur les propos qu'ont tenus à
la fois le député de Chicoutimi et le député de
Beauce-Sud relativement au rôle des travailleurs sociaux et du
gouvernement dans la mise en application de ces politiques.
La situation antérieure au premier janvier, à cet
égard, était une situation de partage des responsabilités,
mais partage des responsabilités qui n'excluait certainement pas les
travailleurs sociaux puisque c'étaient eux, dans cette situation
antérieure comme dans la situation qu'on envisage pour l'avenir, qui
avaient la responsabilité de déterminer dans quelle mesure
l'assistance financière de l'Etat était nécessaire et
l'inverse de cette médaille, l'autre face de cette même
médaille, c'est la contribution des parents. Il est clair que ces
services n'ont jamais été considérés comme des
services qui étaient entièrement pris à sa charge par
l'Etat, ni dans la situation ancienne, ni pour l'avenir, et il a toujours
été nécessaire de déterminer ce partage des
responsabilités.
Il ne s'agit pas d'un impôt; il s'agit, au contraire, de
déterminer la part que doit assumer l'Etat, compte tenu des ressources
de la famille. C'est toujours ainsi que ces mesures de services sociaux ont
été administrées et ont été conçues.
La tentative que nous faisons maintenant d'insérer dans les
règlements des règles qui étaient contenues dans des
directives n'a pas pour but essentiellement de changer cette
responsabilité, si ce n'est pour l'accroître et la confier plus
encore à un niveau local, aux travailleurs sociaux et aux centres de
services sociaux. Les deux sont à ne pas confondre, même si la
plupart des travailleurs sociaux travaillent effectivement pour ce qu'on
appelait avant les agences sociales, maintenant les centres de services
sociaux. Il reste que la responsabilité qui est confiée aux
centres de services sociaux n'implique pas nécessairement que ceux qui
ont à traiter avec une famille, à s'intéresser à
ses problèmes, à lui porter un secours, une assistance
professionnelle, sont les mêmes personnes qui devront à toutes les
étapes, effectivement, devenir les percepteurs de cette contribution et
les administrateurs de cette contribution. Il nous semble cependant
préférable que cela soit fait sur le plan local par les centres
de services sociaux plutôt que par le gouvernement lui-même, de
manière à éviter cette division des responsabilités
entre les agences et le ministère qui a été une source de
difficultés dans le passé, une source d'imprécision des
responsabilités, d'imprécision aussi quant à
l'autorité, à la fois des agences ou du ministère, pour
régler certains cas particuliers spécialement difficiles.
Donc, il ne s'agit pas de transformer les travailleurs sociaux en
percepteurs. Il s'agit au contraire de faire assumer une responsabilité
qui affecte de façon intime les familles, qui est importante à un
niveau local plutôt que de façon centralisée. On
espère de cette manière avoir une administration peut-être
plus humaine, si vous voulez, pour employer cette expression, plus sensible aux
problèmes particuliers de certaines familles.
Pour ce qui est de la motion qui a été
présentée par le député de Chicoutimi, j'aimerais
rappeler que nous sommes à faire l'étude, non pas d'un projet de
loi, mais d'un règlement. Il est, à mon avis, déjà
important de voir que dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, on prévoit effectivement un délai de 90 jours
avant la mise en vigueur d'un règlement en vertu de cette loi,
après la date d'une première publication. On a vu, par les
mémoires qui ont été reçus d'ailleurs dans une
certaine mesure par les membres de l'Opposition et des oppositions, que ce
délai a été effectivement utilisé. Les remarques
que nous ont faites nos deux collègues de Chicoutimi et Beauce-Sud
indiquent assez clairement qu'ils ont été en mesure de prendre
connaissance des préoccupations d'un certain nombre de ces groupes au
moins et qu'ils sont en mesure maintenant d'exprimer un point de vue qui
reflète leurs connaissances de ces opinions et de ces
préoccupations.
Il m'apparaît inopportun pour plusieurs raisons d'envisager que la
discussion d'un projet de règlement prenne la même envergure que
celle d'un projet de loi, parce que cette distinction entre un projet de loi et
un projet de règlement demeure importante pour assurer un fonctionnement
raisonnablement efficace de l'ensemble de l'appareil de l'Etat qui doit, dans
le cours normal des choses, adopter un très grand nombre de
règlements pour, précisément, mettre en application les
lois. S'il entreprend de donner à chaque règlement le même
traitement, au point de vue des procédures parlementaires, qu'à
un projet de loi, on serait rapidement dans l'impossibilité de
régler des problèmes.
Dans le cas précis qui nous occupe, il faut voir que si l'on
décidait d'entendre des groupes, il faudrait suspendre de façon
sensible les travaux de cette commission de manière que tous les groupes
en soient saisis, et on prolongerait d'autant l'imprécision et l'attente
qui affectent un très grand nombre de familles. Tant que ce travail
n'est pas complet, un certain nombre de groupes demanderaient sûrement
des délais additionnels pour préparer ou compléter des
mémoires ou en préparer de nouveaux. Devant la
nécessité d'entendre de la même façon tous les
groupes, il faudrait peut-être remettre à plus d'un mois les
séances de cette commission.
Je pense que, pendant tout ce temps, la
confusion que l'on a déplorée de l'autre côté
de la table se prolongerait; on serait dans l'impossibilité de
remédier à des situations actuelles qui devraient recevoir un
remède, et il me semble donc inopportun que l'on aille au-delà
d'une discussion qui peut être aussi pleine et aussi entière que
possible en commission parlementaire. Encore une fois, il est possible de vous
éclairer, selon vos voeux, sur la nature des changements que nous avons
suggérés ce matin. Il est possible également de
considérer les modifications que vous pouvez vouloir soumettre et
débattre. Je pense que, de cette manière-là, on peut, par
la connaissance directe ou indirecte que vous avez des positions qu'ont
défendues ou que défendraient un très grand nombre de
groupes et que nous avons nous-mêmes aussi, puisque nous les avons aussi
entendus privément, il est possible d'aboutir à des conclusions
qui seront satisfaisantes pour tout le monde.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay sur la motion. J'inviterais le député à s'en
tenir strictement à la motion pour le moment.
M. LESSARD: M. le Président, lorsque le ministre fait une
différence entre des règlements et une loi, je dois lui dire que
nous avons, à plusieurs reprises, précédemment, eu
l'occasion de discuter avec des groupes concernés sur des
règlements. Alors, il ne s'agit pas de venir compliquer la loi. Il
s'agit tout simplement d'appliquer un principe dont s'est vanté le
gouvernement, lors du discours inaugural, c'est-à-dire d'appliquer la
social-démocratie. La social-démocratie, c'est d'abord de la
participation. Je comprends aujourd'hui que le ministre fait amende honorable.
Je comprends que le ministre aujourd'hui nous dit: C'est vrai qu'on a fait des
erreurs. Mais ce n'est pas comme cela qu'on va corriger les erreurs. Ce n'est
pas en tentant d'attirer la sympathie, maintenant que les problèmes ont
été soulevés. Pour notre part, nous ne nous opposons pas
à la rationalisation des services. Je pense que l'un des objectifs de ce
règlement est de tenter de rationaliser les services. Ce que nous
n'acceptons pas et ce que nous n'accepterons pas, c'est que le gouvernement
joue continuellement à la cachette. Le 27 décembre 1973, alors
que l'Assemblée nationale ne siégeait pas, le gouvernement a
décidé d'appliquer un nouveau règlement. Je comprends que
ce nouveau règlement n'est pas en vigueur actuellement, mais alors que
le ministre a parlé de discuter le règlement avant qu'il ne soit
en vigueur, je trouve curieux que le ministre ait tout simplement
décidé en janvier dernier de faire revivre d'anciens
règlements. Je trouve curieux que le ministre ait, en janvier,
décidé de faire payer à des gens des montants d'argent
qu'ils ne payaient pas auparavant. Cela a créé une situation de
confusion. Même si le règlement n'est pas en vigueur actuellement,
d'anciens règlements le sont.
Quand le ministre nous dit que cela va prendre du temps, je lui dit: En
plus de cette motion que nous proposons, nous avons aussi l'intention de
soumettre une autre motion, c'est-à-dire la motion de suspendre pour le
moment, non seulement l'application des règlements qui nous sont soumis,
mais la politique qu'a décidé d'adopter, depuis janvier dernier,
le gouvernement actuel. Cela fait cinq ans que cela fonctionne comme cela et
cela n'a pas fait mourir le gouvernement et je ne pense pas, avec 102
députés, que cela va jeter le gouvernement à terre. Je
pense, M. le Président, qu'il est important, pour une fois, que nous
discutions à plein d'une situation qui touche pas mal de monde et qui
touche les gens qui sont les plus "poignés" dans la
société québécoise, des gens qui ont à
souffrir de certains handicaps. Nous avons l'occasion d'en discuter en
profondeur, si nous acceptons que les groupes intéressés viennent
se faire entendre.
Le ministre nous a dit tout à l'heure qu'il avait reçu 40
mémoires. Nous, nous en avons reçu quatorze et nous les avons
reçus il y a quelques jours.
Le ministre nous dit: On vient vous consulter, les membres de
l'Opposition, on est prêt à accepter vos recommandations. Moi, je
dis au ministre qu'avant de faire des recommandations, il faut prendre
connaissance des mémoires qui ont été
préparés par ces gens. C'est ça aussi qu'on veut, comme
Opposition. Ce n'est pas la première commission parlementaire où
on arrive comme ça. C'est la troisième commission parlementaire
où on arrive tout simplement et on dépose à l'Opposition
une série de mémoires, une série d'informations dont on
n'a pas eu le temps de prendre connaissance. Si on veut faire notre "job", M.
le Président, si on veut faire notre travail, il faut exiger qu'on ait
de l'information. On ne sera pas le complice d'un gouvernement qui fait de la
consultation pour la frime. On ne sera pas le complice d'un gouvernement qui
parle de social-démocratie et qui refuse à des gens qui sont les
plus poignés dans la société québécoise de
se faire entendre.
Moi, je veux discuter avec ces gens. Je veux leur poser des questions
à ces gens. Je veux aller au fond du problème. Quand c'est le
temps d'entendre les grosses compagnies, c'est drôle que ce gouvernement
entende les grosses compagnies. Mais quand c'est le temps d'entendre les
petits...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plait! Il est
défendu de manifester.
M. LESSARD: ... ça, on laisse ça de côté. Je
disais tout à l'heure au député social-démocrate de
Taschereau que ce gouvernement était le contraire de Robin des Bois.
Robin des Bois pénalisait les riches au profit des pauvres. Là,
on pénalise les pauvres au profit des riches. C'est ça que je
trouve absolument curieux. Moi, je trouve que le ministre ne devrait pas du
tout
refuser, au contraire, il aurait dû appuyer notre motion, lui qui
a eu l'occasion de consulter, de travailler avec ces gens. Je ne suis pas
sûr que, dans les nouveaux règlements, le ministre a
accepté les recommandations normales, pas toutes les recommandations,
mais celles qui sont légitimes, des 40 mémoires. Je veux le
savoir, je veux savoir si les amendements que nous soumet le ministre ce matin
et dont on prend connaissance correspondent à des droits
légitimes de ces citoyens. Il me semble que c'est normal. Il me semble
que c'est juste pour ces gens.
M. le Président, en ce qui nous concerne, on refuse tout
simplement de participer à de la consultation de la frime. On veut que
ces gens puissent se faire entendre. On veut, pour une fois, parce qu'on a eu
l'occasion de le constater depuis quelque temps et tous les
députés ont eu l'occasion de constater comment ces gens
étaient poignés, parce que, justement, suite à une
politique cachottière du gouvernement, comme le disait le
député de Beauce-Sud, on refuse d'augmenter les taxes
ouvertement, mais on taxe indirectement les petits. Cette politique
cachottière du gouvernement a créé une confusion totale
chez ces gens. Depuis quelques semaines, j'ai eu l'occasion de voir plusieurs
personnes qui sont aux prises avec ces problèmes, qui nous ont
expliqué leur problème. Mais je veux que ces gens puissent
expliquer aussi à d'autres députés, à une
commission parlementaire, de telle façon qu'on puisse aller au fond du
problème, qu'on puisse trouver des solutions qui correspondent aux
droits de ces gens, aux besoins de ces gens. Et pour ça, j'aime mieux me
fier à ces gens que de me fier au ministre. Parce que, quand le ministre
dit: On fait amende honorable, on regrette les erreurs, je dis que ce n'est
quand même pas la première fois que ça se fait des erreurs
au ministère des Affaires sociales. C'est quand même le
ministère qui devrait être le plus humain, mais malheureusement on
a, à plusieurs reprises, eu l'occasion de protester contre certaines
politiques qu'on appliquait immédiatement sans aucune consultation.
Moi, je pense que si la social-démocratie du gouvernement est
vraie, si l'humanisation dont nous parle le gouvernement dans les discours
inauguraux et tout ce que vous voudrez, c'est vrai, c'est un premier pas que
vous devez faire ce matin. La motion qu'on propose est logique et elle entre
dans le cadre, je voudrais que le député de Taschereau en parle
un peu, de cette social-démocratie qui exige au moins que les citoyens
québécois puissent participer à des décisions
gouvernementales. Ce n'est pas une décision comme n'importe quel
règlement. C'est une décision qui concerne des gens, qui concerne
des citoyens. Autre chose, je ne peux pas, ce matin, je ne suis pas assez
informé pour discuter de ça. Ce matin, je m'aperçois que
le ministre a reçu 40 mémoires. Nous autres, on en a reçu
quatorze. Moi, je veux, comme député de l'Opposition, comme tous
les députés de l'Opposition, avoir l'occasion de prendre
connaissance de ces mémoires. Si les organismes concernés ne sont
pas prêts ce matin à se faire entendre, on va suspendre le
règlement. On va retarder encore 90 jours s'il le faut.
On va suspendre les perceptions que l'on fait depuis janvier 1974, on va
dire aux gens: Dormez en paix. On va suspendre cela et l'étudier et si
cela prend douze mois, cela prendra douze mois, mais les gens vont se faire
entendre, parce que cela fait cinq ans que l'on fonctionne. Le ministre nous
parle d'urgence. C'est drôle, l'urgence arrive, mais cela fait cinq ans
que l'on fonctionne avec les anciens règlements. Pendant ce temps, M. le
Président, il y a beaucoup de parents de handicapés qui sont
venus nous voir pour nous expliquer leur situation, nous dire que cela leur
causait des problèmes, mais au moins les perceptions n'étaient
pas aussi fortes que dans le cas présent, au moins c'était
l'agent du service social qui discutait avec les gens et la politique
était un peu plus humaine.
Je vous dis que même si on attendait six mois, cela ne mettra pas
en danger les finances du gouvernement, dont le budget est de $6 milliards et
quelques cents millions. Je vous le dis, moi, appliquez donc l'un des principes
que vous prônez de façon erronée, je suis bien d'accord.
Vous ne savez pas ce que c'est que la social-démocratie, vous ne la
pratiquez pas, mais au moins donnez-nous une preuve, ce matin, que vous avez au
moins un peu le goût de la pratiquer. C'est ce que je voudrais, et je
pense, M. le Président, que cette motion est légitime, normale,
et qu'elle devrait recevoir l'accord de tous les députés du
gouvernement libéral actuel comme de l'Opposition. C'est que, justement,
si on s'aperçoit que l'on consulte soit, par exemple, sur le livre blanc
des Terres et Forêts ou sur autre chose, les grosses compagnies, il est
important aussi que l'on consulte les petits et je demande que l'on appuie
cette motion.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Disons que c'est pour appuyer également
mon confrère dans la demande que nous avons faite concernant
l'opportunité et la nécessité d'entendre les personnes
concernées, qui ont déjà soumis des mémoires et
d'autres associations qui voudraient en soumettre.
M. HARVEY (Charlesbourg): Sur un point de règlement, si
l'honorable député me le permet, je ne voudrais pas non plus
faire de procédurite et je sais qu'à cet égard il
possède cette compétence professionnelle, mais il a quand
même déposé sur la table une résolution ou,
même plus loin, il a proposé une motion qui est actuellement
discutée. Je pense qu'il n'a pas
besoin de revenir lui-même pour appuyer sa propre motion et,
à cet égard. M. le Président, je pense que le parrain de
cette soumission, pardon, de cette motion...
M. ROY: Ne parlez pas de soumission.
M. HARVEY (Charlesbourg): Enfin, on peut en parler, parce que c'est
quand même très populaire. J'espère bien que vous n'avez
pas changé d'opinion là-dessus?
M. ROY: Ne nous parlez pas de soumission ce matin.
M. HARVEY (Charlesbourg): On peut en parler. De toute façon, M.
le Président, la motion qui a été présentée
par le député de Chicoutimi est maintenant discutée
à cette table, et je pense que le député de Saguenay va
encore plus loin en proposant une nouvelle qui va même jusqu'à
convaincre et proposer de suspendre carrément le règlement. Je
pense qu'à cet égard, on va au-delà de nos
prérogatives et le lieutenant-gouverneur en conseil, c'est-à-dire
le Conseil exécutif, qui a préconisé, en fait, ce
règlement est cette même autorité qui peut, demain matin ou
dans des délais raisonnables, réviser, réévaluer,
décider enfin d'une nouvelle orientation à prendre et même
jusqu'à supprimer, éliminer complètement ce
règlement.
Je pense que le député de Chicoutimi n'a pas à nous
convaincre que sa motion est recevable ou non recevable. C'est au
président ou à la présidence qu'il appartient de
décider si la motion présentée par le député
de Chicoutimi, qui va beaucoup plus loin dans les termes mêmes d'une
abolition ou d'une suspension de règlement... Dans ce cas, je pense, M.
le Président, que vous n'aurez pas d'hésitation à
déclarer non recevable cette deuxième motion. On ne peut
présenter une deuxième motion lorsque, déjà, nous
avons une motion à discuter à la table. A cet effet, je pense que
si d'autres collègues ont à apporter leurs commentaires
là-dessus... Le député de Beauce est allé de ses
propres commentaires en appuyant la motion. A ce moment-là, je
considère que si on ne veut pas tourner en rond et si on ne veut pas
à tour de rôle... Vous savez que le rôle le plus facile
à jouer dans une commission parlementaire, surtout lorsqu'il y a une
tribune, lorsqu'il y a un public, c'est de donner son "show". Je pense bien
qu'on a entendu le "show" du député de Saguenay. On a entendu
celui du député de Beauce-Sud. Mais, maintenant, on discute une
motion qui peut être rejetée ou qui peut être
acceptée selon que vous déciderez, M. le Président, de la
mettre aux voix.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je me permets d'accorder cinq minutes
au proposeur de la motion.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je suis bien surpris, M. le Président, en
fait, qu'on commence à être légaliste, d'une part, M. le
député, d'autre part, M. le ministre tout à l'heure. Quand
on regarde les nouveaux règlements, en plus d'être technocratique
et d'être comptable, on est légaliste. On nous a parlé des
90 jours, des difficultés, etc. Je pense que, s'il y a une place
où on ne doit pas être légaliste, c'est bien dans la
situation où on évalue, en fait, le besoin de milliers de gens
qui sont concernés par cette loi. D'autant plus que, tout à
l'heure, d'ailleurs je n'ai fait aucun "show" parce que je me suis abstenu de
parler dans le "show" alors qu'on a permis, même s'il y avait une motion
sur la table, d'aborder le fond. Parce que, si j'avais eu à le faire,
j'aurais pu très facilement dire et c'est ma conviction à
part cela que l'application de ces règlements a pour effet que
les allocations familiales qui servaient avant aux enfants vont maintenant tout
simplement venir garnir les coffres du ministère des Affaires sociales
et...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BEDARD (Chicoutimi): ... également, tel que je l'ai dit, que
les agents sociaux devenaient des collecteurs. Autrement dit, que toute la
phraséologie que nous a faite tout à l'heure le ministre
était tout simplement une phraséologie avec une certaine
qualité littéraire pour nous annoncer une hausse de taux pour les
bénéficiaires de ces règlements.
Je considère que le gouvernement qui se targue de
social-démocrate ne peut pas encore une fois refuser cette
première opportunité qu'il a de montrer qu'il croit un peu ce
qu'il affirme dans des textes et que c'est impensable, en fait, qu'on puisse
refuser aux organismes, qui ont trouvé le moyen de faire des
mémoires, de les produire auprès du ministère, la
possibilité de se faire entendre. D'autant plus qu'à la suite de
ces mémoires, le ministère s'est senti dans la
nécessité d'apporter des amendements, ce qui veut dire que ces
gens avaient quelque chose à dire. Je crois qu'on serait
complètement irréaliste si on n'acceptait pas le principe que les
gens les mieux préparés pour nous expliquer la situation ne sont
pas les technocrates, ne sont pas ceux... Même nous qui sommes assis
à nos sièges de l'Assemblée nationale, ce n'est pas nous,
ce sont ceux qui sont pris avec le problème.
Ces gens sont les mieux placés, les mieux préparés
pour nous expliquer la situation, l'expliquer à toute cette commission
qui siège aujourd'hui. Je crois que, si on se permet de les
écouter tous ensemble, comme le ministère semble l'avoir fait
verbalement ou par écrit, à ce moment-là je suis convaincu
qu'on va arriver, comme résultat, à d'autres amendements qui vont
encore humaniser beaucoup plus les règlements qu'ils ne le sont
présentement. Qu'on ne nous apporte pas des questions légalistes;
on n'est pas devant un projet de loi, on est devant
des règlements. On est surtout devant des règlements qui
touchent des milliers de personnes c'est important, cela parmi
les gens qui ont le plus besoin que l'Etat s'occupe d'eux. Alors, comment ne
pas se permettre, ce matin, de ne pas accéder à la demande de
l'Opposition à l'effet que ces personnes se fassent entendre.
Vous savez, vous parlez de la confusion qui existe à l'heure
actuelle. Moi, je considère, et je ne voudrais pas être
démagogique, mais je trouve que ce gouvernement-là fonctionne
toujours par l'image. On essaie de nous accentuer maintenant la confusion qui
existe depuis cinq ans pour essayer de nous amener l'image d'un gouvernement
qui veut mettre de l'ordre. Cette situation existe depuis cinq ans. Pourquoi ne
peut-elle pas continuer durant un mois? D'abord, il n'y a pas tant de confusion
que cela parce que, effectivement, quand on regarde les mémoires, je
pense que si j'ai à choisir entre la supposée confusion qui
existe depuis plusieurs années, si j'ai à choisir entre cette
confusion et le désarroi qui se lit d'une façon très
claire à la lumière des textes et des mémoires qui sont
présentés, qui nous ont été
présentés, des représentations qui nous ont
été faites, à ce moment-là, face à ce
désarroi qui est exprimé dans les mémoires et dans les
contacts que nous avons eus avec les gens concernés par cette
loi-là, j'aime mieux, en fait, cette supposée confusion dont nous
a parlé le ministre, à mon sens, simplement pour essayer d'amener
l'image d'un gouvernement qui essaie de mettre de l'ordre là ou existait
le désordre.
Je ne vois pas sur quel principe quelques membres, ici, de la
commission, pourraient se baser pour refuser à l'Opposition une demande,
à mon sens, qui est aussi valable que celle qu'on présente, qui
est aussi réaliste et qui répond, justement, à ce besoin
de consultation; mais, consultation véritable, consultation humaine,
contact direct avec des gens qui sont concernés par les problèmes
dont font état les règlements.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, je pense que c'est un fait, la
question que nous discutons, ce n'est pas une question purement
matérielle ou une question strictement administrative. Je pense que le
ministre des Affaires sociales l'a précisé. Il s'agit beaucoup
plus de savoir comment nous allons atteindre certains objectifs. Dans cet
esprit-là, M. le Président, je pense qu'il n'y a personne ici qui
a intérêt à faire quelque partisanerie que ce soit.
Par ailleurs, nous sommes conscients qu'il s'agit d'êtres humains
qui sont en cause, beaucoup plus que des procédures administratives et,
à cause de cela, cela nous prend certainement un éclairage. Bien
sûr que cela prend un éclairage. On en a eu dans nos
comtés, c'est vrai. Personnellement, j'ai eu des représentations
d'organismes, de personnes. J'ai lu cer- tains mémoires. Je n'ai pas lu
tous les mémoires.
J'aimerais proposer un amendement à la proposition du
député de Chicoutimi. Je pense que, si on lit un certain nombre
de mémoires cela a été mon expérience
on revient sur certaines idées fondamentales, soit qu'on traite des
principes mêmes qui sont impliqués, parce que, même s'il
s'agit de règlements, c'est sûr qu'on ne peut pas faire autrement
que de retourner à un principe de base de fonctionnement d'une
législation sociale, c'est-à-dire quel est le rôle
prépondérant de l'Etat, quel est le rôle
prépondérant des parents. Je pense que c'est vraiment sous-jacent
dans ces règlements. Dans certains mémoires que j'ai lus, on en
traite de ce principe. On traite aussi des différentes catégories
de handicapés, on ne voudrait pas qu'ils soient tous traités de
la même façon. Après ça, il y a un certain nombre de
commentaires par rapport au fonctionnement même des barèmes.
M. le Président, peut-être dans l'esprit de la proposition
telle qu'elle a été énoncée, j'aimerais soumettre
un amendement à l'effet qu'au lieu d'écouter 40 ou 45 organismes
et avoir, malgré la bonne volonté de chacun, un certain nombre de
redondances, il me semble que, si quelqu'un était chargé de nous
préparer une excellente synthèse, une synthèse qui
traiterait des principes qui ont été soulevés dans ces
mémoires, de la distinction entre les différents types de
handicapés et la façon dont ils devraient être
envisagés et, troisièmement, sur les barèmes qui ont
été suggérés, ça nous donnerait, je crois,
une vue assez objective du problème et ceci mettrait en meilleure
posture chacun des membres de cette assemblée pour mieux discuter.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Beauce.
M. ROY: M. le Président, pour faire suite à la motion
présentée par le député de Chicoutimi et à
l'amendement proposé par le député de Taschereau, je
voudrais quand même relever un point que le ministre a mentionné
tout à l'heure à l'effet qu'il ne s'agit pas d'une loi, mais
qu'il s'agit de règlement? Le député de Saguenay l'a
très bien dit et j'appuie les propos que le député de
Saguenay a tenus concernant les précédents qui ont
déjà été créés. Il ne s'agirait pas
d'un précédent, mais souventefois la commission parlementaire a
siégé pour étudier les règlements.
La plus récente que nous ayons eue portait sur un projet de
règlement concernant les contenants, qu'on a eu par le ministère
des Affaires municipales. Cela n'a fait de mal à personne. Justement
parce que cela touche quelques grosses compagnies, comme on le disait tout
à l'heure, le ministre a décidé d'attendre un bout de
temps avant de convoquer à nouveau la commission parlementaire pour
entendre ces représentants.
M. le Président, il y a quelques mémoires qui nous ont
été présentés. Il y en a un, entre autres, je me
permets de le citer, de la Fédération provinciale des
associations de parents pour l'aide du handicapé Inc.; dont le
mémoire a été signé par son président, M.
Lamontagne. Il y a des points de ce mémoire qui méritent une
attention spéciale et sur lesquels nous aurions des questions à
poser à ces personnes. On dit que les parents qui vivent cette situation
n'ont certainement pas choisi délibérément d'avoir un
enfant handicapé, je cite le mémoire ils ont
été soumis comme tous à la loi des probabilités.
Doit-on pénaliser davantage les parents? On dit que le projet de
règlement est injuste. Dans un autre paragraphe, on dit qu'il est
arbitraire. On dit qu'il est discriminatoire également dans un autre
paragraphe.
M. le Président, nous aimerions, en ce qui nous concerne,
questionner ces gens de façon à savoir leur point de vue.
Même si le mémoire est passablement explicite, nous aurions des
questions additionnelles à leur poser. Il y a également des
commentaires et recommandations qui ont été faits par
l'Association de paralysie cérébrale du Québec à la
commission parlementaire des affaires sociales. Ce n'est pas un mémoire
qui a été soumis à la commission parlementaire, c'est un
mémoire qui a été soumis au ministre et qui est
signé par le délégué, M. Serge Dépatie. Nous
aurions également des questions à poser aux personnes qui ont
présenté ces mémoires. Il y a aussi l'Association des
parents des enfants handicapés de Shawinigan et de Grand-Mère,
par M. Roch Régis, qui nous a soumis des copies de lettres, des
recommandations, des points de vue. Ces gens-là, c'est leur désir
de se faire entendre devant la commission parlementaire sur les points qu'ils
nous ont fait connaître. Nous aurions également des questions
à poser concernant la Corporation professionnelle des travailleurs
sociaux du Québec, qui se sont intéressés de très
près à ce mémoire et qui ont apporté des points
extrêmement importants qui devraient faire l'objet de
considérations particulières à l'occasion d'une
séance de la commission parlementaire. Il y a des mémoires qui
nous ont été soumis aussi par d'autres groupes, dont un
mémoire qui a été signé par Mlles Luce Cloutier et
Paule Evrard, concernant tous ces problèmes soulevés; Mlle Evrard
est professeur de philosophie au CEGEP François-Xavier-Garneau. Il y a
eu des points qui ont été soulignés, des points qui ont
été soulevés. Il ne serait que normal de pouvoir entendre
et de pouvoir interroger ces personnes. Je vous fais grâce, M. le
Président, je pourrais en citer plusieurs autres, mais tout cela
démontre que ce problème est très important. Il ne s'agit
pas d'un problème de rationalisation des services. C'est un
problème qui concerne le projet de règlement.
Il concerne la contribution des bénéficiaires, section 7,
et c'est bien inscrit à la page 2, au milieu de la page: cela concerne
les contributions des bénéficiaires. Alors, on aimerait quand
même être en mesure d'avoir l'opinion et le point de vue des
groupements intéressés, des groupements concernés, parce
qu'il s'agit d'un problème qui touche les personnes les plus
démunies de la société. Si le ministère des
Affaires sociales avait vraiment une vocation et un rôle social à
jouer, ce serait à ce niveau-là qu'il devrait commencer.
Alors, étant donné le problème très
important qu'il touche, je pense qu'il est tout simplement normal que le
ministre accepte la proposition de l'honorable député de
Chicoutimi et qu'il permette à toutes les personnes
intéressées qui ont fait parvenir des mémoires ou qui sont
désireuses de se faire entendre devant la commission parlementaire de
pouvoir se faire entendre à nouveau parce qu'il ne faut jamais oublier
le ministre le sait très bien que le règlement
découle de la loi et qu'il a exactement la même portée que
la loi, qu'il est soumis aux mêmes obligations vis-à-vis des
citoyens.
Etant donné qu'il s'agit de règlements qui ont force de
loi, je pense qu'il est de la plus haute importance qu'on accepte la
proposition du député de Chicoutimi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Comme il est midi, la commission
suspend ses travaux à cet après-midi, vers 3 h 45 ou 4 heures,
immédiatement après la période des questions à
l'Assemblée nationale.
(Suspension de la séance à 12 heures)
Reprise de la séance à 15 h 52
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, Messieurs!
L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, le député de
Taschereau a fait un amendement ce matin à la suite de la motion du
député de Chicoutimi, selon lequel, si je résume, il
accepterait notre motion, pour autant qu'il s'agirait de regrouper un certain
nombre de mémoires et de résumés. Disons que c'est une
suggestion qui pourrait être intégrée à
l'intérieur de notre motion: c'est une suggestion, cependant, qui n'est
pas complète. Je me méfie un peu de mon député
social-démocrate de Taschereau à tendance pé-quiste, mais
j'ai trop peur que ce soit une façon de noyer le poisson. En effet, je
pense que la motion du député de Chicoutimi ou l'essentiel de la
motion du député de Chicoutimi est de permettre aux groupes
intéressés de se faire entendre. On peut facilement, je pense, et
le secrétaire de la commission peut le faire, résumer les
mémoires ou comparer les mémoires, où, il serait
probablement possible de demander aux différents corps
intéressés de regrouper leurs mémoires et d'entendre un
nombre limité de personnes. Mais qui va choisir ces personnes? Est-ce
que ça va être le gouvernement ou est-ce que ce seront les
associations? Pour ma part, je pense qu'il s'agit d'un sujet fort
important.
Je pense que c'est la première fois que nous avons
véritablement l'occasion d'étudier cette affaire, ce
problème. Je pense que, contrairement à ce que m'a dit le
ministre ce matin, il n'avait pas consulté la population en ce qui
concerne son projet avant de le mettre en vigueur. C'est vrai que, si on
discute de ce projet en particulier, il attendait, avant de le mettre en
vigueur, de consulter les groupes intéressés. Cependant, il avait
mis un autre projet en vigueur, soit l'arrêté en conseil du 1er
février 1974 et là, il n'y a pas eu consultation de population.
Lorsque je parlais de suspension ce matin, de cet arrêté en
conseil, c'était spécifiquement celui-là.
En ce qui me concerne, je serais prêt à accepter
l'amendement du député de Taschereau, cependant, pour autant
qu'il s'intègre à l'intérieur de la motion du
député de Chicoutimi, pour autant qu'on conserve l'essentiel de
la motion du député de Chicoutimi qui est de permettre aux
personnes, aux groupements intéressés de se faire entendre.
Encore là, j'en appelle aux principes sociaux-démocrates de ce
gouvernement, j'en appelle à l'humanisme de ce ministre.
Il me semble que si, justement, sur certains règlements, nous
avons eu l'occasion d'entendre, en particulier sur les contenants, certaines
grosses compagnies intéressées, il serait normal, pour ce
gouvernement "social-démocrate", entre guillemets que l'on permette aux
popula- tions et aux groupements intéressés de se faire entendre
à cette commission parlementaire.
En ce qui concerne l'urgence, M. le Président, je dois dire
encore et répéter que cela fait quand même un certain
nombre d'années que ce système existe et je ne parle pas du
système qui a été adopté par arrêté en
conseil, le 1er février 1974, mais je pense quand même que
l'ancien système a déjà fonctionné. Je ne pense pas
que l'on mette en jeu les revenus, les crédits du gouvernement, que l'on
risque la faillite du gouvernement sur un budget de $6 milliards quelques cents
millions, je ne pense pas qu'il y ait urgence extrême d'imposer une taxe
au plus démuni de la société québécoise et,
quoi que l'on dise, il s'agit d'une taxe cachée, il s'agit justement
d'une façon d'administrer en cachette. M. le Président, cette
taxe est imposée aux faibles, aux petits, pendant que des compagnies de
pétrole ne payent pas de taxe.
Je soutiens donc que la motion du député de Chicoutimi est
celle qui devrait être acceptée par ce gouvernement
"social-démocrate", entre guillemets. Personnellement, je pense que nous
avons exposé des raisons et, pour ma part, en tout cas, j'ai
terminé et je pense avoir tout dit sur cela.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Avant de donner la parole à
l'honorable député de Beauce-Sud, je voudrais mentionner le
remplacement d'un membre de la commission: M. Brisson remplace M. Lecours
(Frontenac).
M. ROY: M. le Président, je veux seulement dire que je n'ai pas
changé d'avis sur les propos que j'ai tenus ce matin. Je maintiens qu'il
est nécessaire, important que l'on permette aux gens
intéressés, aux groupements, aux associations, de se faire
entendre devant la commission parlementaire. En ce qui me concerne, bien que
j'aie bien compris les nuances ou, en quelque sorte, la suggestion de
l'honorable député de Taschereau, je ne voudrais pas que l'on se
limite à ce moment-là et que l'on prive certains groupes qui
auraient des points de vue particuliers, de pouvoir se faire entendre
séparément, parce que, parfois cela peut être assez
difficile de faire un consensus global pour dire que tout le monde dit la
même chose. Il y en a qui, parfois, peuvent avoir des points de vue
différents ou quelque chose à ajouter qui leur est
particulier.
Je ne voudrais pas que cette façon de procéder brime les
possibilités de ces personnes de se faire entendre
séparément.
Je n'ai pas à répéter, M. le Président, ce
que j'ai dit ce matin. Je maintiens mes propos, je continue à dire que
c'est une taxe déguisée et que l'on est ici pour discuter de la
contribution des bénéficiaires et non de l'amélioration
des services de santé et des services sociaux.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'honorable député de
Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, pour faciliter la procédure,
pour que l'on aborde vraiment la question de la discussion des
règlements, je voudrais retirer mon amendement.
D'ailleurs, j'avais dit que je proposais, j'avais l'intention de
pour qu'on vote vraiment sur la motion principale. Je dois comprendre aussi que
peut-être que si...
M. LESSARD: Cela ne plairait pas au ministre.
M. BONNIER: Non, au contraire, je crois que...
M. LESSARD: D y a eu un caucus à midi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. BONNIER: J'ai dit qu'on devrait avoir une synthèse. On peut
l'avoir soit écrite, soit verbale. Si le ministre était d'accord
pour la faire au moins verbalement, je serais bien heureux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous reprenez vos sentiments de ce matin?
M. LESSARD: C'est votre social-démocratie. M. BONNIER: C'est
très démocratique. UNE VOIX: Cela va venir. UNE VOIX: C'est
très libéral, très libéral.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! s'il vous plaît.
L'honorable ministre.
M. FORGET: M. le Président, j'aurai, j'espère, l'occasion
de faire plusieurs commentaires sur le fond de la question qui préoccupe
ou devrait préoccuper cette commission. J'observe avec une certaine
surprise que ce problème que l'on veut discuter est effectivement remis
à d'autres moments et à plus tard sous prétexte qu'il faut
que plusieurs personnes participent ou que plus de personnes participent
à cette discussion. C'est un moyen commode, je pense, pour éviter
de discuter du fond du problème.
M. LESSARD: Si c'est ça, nous sommes prêts à en
discuter.
M. FORGET: J'aimerais beaucoup mieux que cette commission se
préoccupe du fond du problème que d'une question de
procédure dans ces travaux.
Je vous ai écouté très religieusement,
j'espère que vous pouvez faire la même chose, pour ce qui est de
la motion dont nous avons été saisis, qui tendrait à
faire...
M. LESSARD: Pas trop d'intentions, par exemple.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! s'il vous plaît. A
l'ordre!
M. FORGET: Je n'ai même pas l'ambition d'être votre
émule à cet égard. Pour ce qui est de la motion qui est
devant nous, strictement sur le motion telle que présentée par le
député de Chicoutimi, j'aimerais faire remarquer deux choses. La
première, c'est que, comme on nous l'a dit aujourd'hui et comme c'est la
réalité, il importe et nous sommes d'accord sur cette
position que la situation actuelle, qui comporte une facturation faite
aux familles en vertu d'un règlement adopté sous
l'autorité de la Loi de l'assistance publique et en vertu de directives
administratives, soit corrigée de manière à apporter
précisément les allégements et les adoucissements qui font
l'objet du projet de règlement et particulièrement du projet de
règlement tel qu'amendé, tel que modifié
conformément aux suggestions que je faisais ce matin.
Il est important que ces adoucissements prennent effet le plus
rapidement possible et je crois qu'il serait pour moi un peu oiseux d'insister
sur la nécessité d'en venir le plus rapidement possible à
des conclusions. Les débats que l'on souhaite voir se prolonger n'auront
qu'un effet, soit de retarder la date où un meilleur régime,
reflétant à la fois les préoccupations d'un tas de groupes
de même que les discussions de cette commission, pourra effectivement
entrer en vigueur.
La suspension indéfinie, pouvant aller jusqu'à un an,
à laquelle on faisait allusion ce matin, n'est pas une réponse
à l'attente des différentes personnes qui sont visées par
le projet de règlement, n'est pas une réponse
particulièrement aux critiques que nous avons acceptées, pour une
part importante, qui ont été dirigées vers la situation
actuelle. C'est donc avec un certain sentiment, non pas d'urgence mais de
l'importance de régler ce problème, de le régler de
façon plus acceptable qu'il ne l'est dans l'état actuel des
choses, que j'ai saisi cette commission d'un projet de modification. C'est dans
le même esprit que je crois que nous devons nous y adresser, en
délibérer le plus rapidement possible, de manière à
nous éclairer davantage et à nous permettre de présenter,
pour approbation, au lieutenant-gouverneur en conseil le projet de
règlement tel qu'amendé et ceci dans les plus brefs
délais. Ce n'est donc pas une situation que nous aimerions voir se
prolonger indéfiniment et je m'étonne un peu que l'on nous fasse
une suggestion de cette nature.
M. LESSARD: M. le Président,...
M. FORGET: Si vous le permettez, je n'ai pas terminé.
M. LESSARD: D'accord, excusez.
M. FORGET: Pour ce qui est du deuxième point, qui est
l'opportunité d'entendre des
groupes qui ont déjà fait connaître leurs opinions
par écrit au ministère, de même que, pour une large part,
aux membres de l'Opposition, je dois adopter une position très ferme de
refus à considérer une possibilité comme celle-là.
Je voudrais rappeler que le but d'une discussion en commission parlementaire
est de permettre aux membres de la commission d'éclairer le gouvernement
sur l'exercice d'un pouvoir que la loi lui confère, qui est celui de
soumettre à l'approbation du lieutenant-gouverneur des règlements
en vertu desquels ces lois seront appliquées. Cette occasion, qui est
donnée à tous les membres de l'Assemblée nationale,
membres d'une commission permanente, devrait être pleinement
utilisée.
On nous a dit qu'on avait reçu, effectivement, un certain nombre
de mémoires, près d'une quinzaine, et qu'on n'a pas eu le temps,
effectivement, de les consulter ou de les analyser. Curieusement, nous
prétendons avoir consulté, pris connaissance de ces documents et
les refléter dans les recommandations que j'ai exprimées ce
matin, dans les modifications que nous voulons voir intervenir dans le projet
de règlement. Nous nous sommes attendus que, en particulier les membres
des partis d'Opposition présents à la commission parlementaire,
feraient ce même effort de lecture...
M. LESSARD: On n'a reçu les mémoires qu'hier, M. le
ministre.
M. FORGET: ... de compréhension de ces mémoires. Certains
ont été reçus très récemment. Malgré
tout, nous prétendons que cet effort devrait être fait et qu'on ne
devrait pas chercher à faire faire, par ces groupes, le travail qui
revient normalement aux membres de la commission, d'analyser ces
mémoires et de faire part de leurs conclusions et de leurs
recommandations à la commission parlementaire. Effectivement, nous avons
des propositions. J'aimerais beaucoup, plutôt que de perdre un temps
encore immense à débattre une proposition qui aurait pour effet
seulement de prolonger les délais, de les prolonger de façon
inutile, puisque ces mémoires ont été reçus, ces
groupes ont été rencontrés, du moins par le ministre ou
ses collaborateurs, et nous prétendons avoir trouvé des
réponses à toutes les représentations qui pouvaient
être acceptables. C'est dans le but de faire un dialogue avec l'ensemble
des membres de cette commission que nous avons soumis des propositions qui
incorporent la plupart des demandes qui ont été faites ou qui les
reflètent dans une mesure appréciable. Il ne faut pas oublier que
les recommandations que nous avons faites réduisent de façon fort
sensible le niveau des contributions demandées.
Donc, c'est une position que je crois absolument nécessaire
d'adopter, c'est-à-dire une étude sérieuse par des
personnes qui ont été en mesure de recevoir des
représentations, qui, je le sais, pour l'avoir constaté
personnellement, ont effectivement reçu des groupes, se sont entretenues
avec eux à ce sujet, ont eu une discussion sérieuse avec eux pour
connaître leur position sur ce projet, en ont tenu compte dans toute la
mesure du possible et ont soumis sans délai à l'approbation du
lieutenant-gouverneur le projet de règlement tel que modifié qui,
seul, est en mesure d'améliorer la situation actuelle, beaucoup mieux et
sans commune mesure avec des délais additionnels qui, en soi, ne
changent rien.
M. LESSARD: Je dois dire, M. le Président, en réponse
à ce qu'affirme le ministre, que nous n'avons reçu effectivement
les mémoires qu'hier. M. le Président, je dois dire que nous
avons été avertis que cette commission n'allait siéger que
jeudi. Je dois dire que nous n'avons reçu que quatorze mémoires
alors que le ministre nous dit qu'il en a reçu quarante. Je dois dire,
comme député de l'Opposition, que nous avons aussi le droit,
lorsque nous siégons en commission parlementaire, d'obtenir tous les
renseignements nécessaires. Je dois, par exemple, répondre
à certaines affirmations du ministre. Ce que nous disons et ce que nous
proposons lorsque nous voulons que les groupes soient entendus, ce n'est pas
dans le but de permettre que l'arrêté en conseil que le ministre
avait caché jusqu'ici, l'arrêté en conseil du 1er
février 1974 que le ministre avait caché, je le
répète que le ministre avait adopté sans aucun
renseignement je dois dire que nous demandons que cet
arrêté en conseil soit suspendu, que la situation soit celle
d'avant le 1er février 1974. Nous demandons, dis-je, que les corps
intermédiaires soient entendus pour connaître complètement
le fond de la question.
M. le Président, je dois dire au ministre que nous, de
l'Opposition, n'avons pas la science infuse, que nous ne pouvons pas
pénétrer des mémoires juste en les regardant. Je dois dire
que ce n'est pas au cours de la nuit que nous avions la possibilité
d'étudier quatorze mémoires. C'est vrai qu'on a regardé un
certain nombre de mémoires. Mais il y a d'autres mémoires que le
ministre a reçus. C'est vrai que nous avons rencontré quelques
groupes, très limités. Encore une fois, ce n'est que jeudi que
nous avons appris que cette commission devait siéger. Vendredi, je pense
que mon collègue, le député de Chicoutimi, a envoyé
un télégramme au ministre, à vous, M. le ministre, afin de
recevoir tous les mémoires, vendredi dernier.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est cela.
M. LESSARD: Nous pensons qu'avant de se prononcer sur ce
problème, nous avons des questions à poser au ministre, j'en suis
assuré, mais avant de se prononcer de façon
éclairée sur ce problème, nous avons nous aussi le droit
d'obtenir ces mémoires. Nous aurions aussi le droit d'interroger les
personnes intéressées et de discuter avec elles. C'est cela.
Nous demandons tout simplement de retarder la contribution de gens qui
sont actuelle-
ment démunis et qu'on a mis à contribution en date du 1er
février 1974 et, rétroactivement, en janvier 1974. Nous demandons
que ce règlement soit suspendu. Nous demandons que ces gens puissent
être entendus et qu'on revienne, pendant X temps, jusqu'à ce que
nous puissions entendre ces gens-là, étudier les mémoires,
à la situation qui existait en décembre 1973. C'est cela que
l'Opposition demande, M. le Président. Je pense que c'est acceptable par
le gouvernement actuel. Je pense que cela ne met pas en danger les comptes
publics. Ce que nous voyons actuellement est bien plus dangereux avec Paragon
qui a obtenu $740,000 de contrats du gouvernement...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. LESSARD: ... que de permettre à ces gens de se faire entendre.
Cela en est un scandale, par exemple. Entendre une population, cela n'est pas
un scandale, bande de sociaux-démocrates démodés!
M. LACHANCE: Arrête donc de faire de la politique !
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a des gens ici dans cette salle qui
seraient prêts à se faire entendre tout de suite.
M. LACHANCE: Qu'il parle sur le sujet!
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous lui fermez la porte?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! Le
député de Saguenay.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, je pense qu'encore une fois
il y a une chose que je trouve curieuse de ce gouvernement. Chaque fois qu'un
groupe de gens plus ou moins organisés ces gens-là sont
plutôt des gens dispersés dans l'ensemble de la population, dans
l'ensemble des régions du Québec et n'ont pas d'organisation
comme telle chaque fois qu'on a quelque chose à faire à
ces gens-là, on vote des arrêtés en conseil et on ne les
consulte pas. Si c'étaient des organismes syndicaux qui sont forts, si
c'étaient des compagnies papetières qui sont fortes, jamais on
n'aurait le front...
M. LACHANCE: Tu te répètes. Tu as tout dit cela ce
matin.
M. LESSARD: ... de voter des règlements mais parce que,
justement, ces gens sont plus ou moins organisés comme les
bénéficiaires de l'aide sociale, là on
légifère par arrêté en conseil. Là, on dit
à ces gens-là: Non, nous ne voulons pas vous entendre. On peut
bien vous entendre dans l'officine du bureau du ministre. On peut bien vous
entendre en cachette, mais en commission parlementaire, ce n'est pas pour vous
autres. La démocratie, ce n'est pas pour vous autres. La participation,
ce n'est pas pour vous autres. C'est cela que vous dites en votant contre notre
motion aux gens qui sont ici aujourd'hui et qui sont prêts à se
faire entendre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, j'aimerais quand même ajouter une
chose pour faire suite aux propos que nous avons tenus ce matin. On sait
très bien qu'en vertu de notre règlement, la commission
parlementaire est soumise aux mêmes règlements que
l'Assemblée nationale. Alors, dans nos règlements, en vertu du
chapitre 15 des articles 164, 165, 166, 167, 168 et suivants, il est bien dit
que, lorsque le ministre se réfère à un document, on peut
exiger le dépôt du document.
M. le Président, en vertu de notre règlement, je pense
qu'il est normal qu'on demande en premier lieu au ministre de déposer
une copie de tous les documents, et le règlement nous permet de tenir
cette exigence, de donner le dépôt de tous les documents de
façon que nous puissions en prendre connaissance, les étudier,
les examiner de façon à nous en faire une opinion plus juste.
Cela n'empêche pas le ministre de permettre à ceux qui sont ici de
pouvoir être interrogés, de permettre aux membres de la commission
parlementaire ainsi qu'à tous ses représentants d'être
capables de soumettre des points additionnels s'ils aiment les soumettre devant
la commission parlementaire de l'Assemblée nationale.
Mais comme le ministre fait référence aux documents qu'il
a en main, les députés ont toute la liberté et le
gouvernement doit acquiescer à leurs demandes et nous remettre une copie
de chacun des mémoires. Je trouve normal, logique, qu'on prenne
connaissance de ces mémoires et de ces règlements avant de
procéder au vote, parce que j'estime bien que le ministre va demander
aux membres de la commission s'ils sont d'accord sur ce règlement ou
non. En ce qui me concerne, je n'ai que huit mémoires en main, j'ai fait
les recherches nécessaires au bureau, les mémoires ne sont pas
venus, quelques associations nous en ont fait parvenir. Les associations n'ont
pas été informées comme telles qu'elles pouvaient venir
devant la commission parlementaire et que les partis d'Opposition pourraient
les interroger, elles ne nous ont pas ce n'est pas un reproche que je
leur fais fait parvenir leurs mémoires. C'est parce qu'il y a eu
quelque chose d'assez embrouillé de la part du gouvernement dans ce
sens. J'exige, en ce qui me concerne, le dépôt de tous les
mémoires que le ministre a en main et qu'on suspende la séance de
la commission parlementaire de façon à permettre aux membres de
l'Opposition d'étudier ces mémoires et nous pourrons y revenir et
discuter par la suite du projet de règlement, article par article.
M. LACHANCE: La motion...
M. ROY: J'en fais une demande expresse, M. le Président, et je me
réfère aux règlements de l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. FORGET: M. le Président, on soulève une question de
règlement qui, à mon avis, ne s'applique pas dans le cas
présent puisque le règlement qu'invoque l'honorable
député de Beauce-Sud est relié à la citation
textuelle d'une partie d'un document. Je n'ai cité aucun document de
façon textuelle, il est question, de façon
générale, de représentations faites. Je déplore
cependant qu'on adopte une attitude comme celle-là qui ne résulte
qu'en une espèce de mesure dilatoire et j'aurais cru qu'il serait
possible de discuter peut-être, à l'occasion de l'étude de
certains articles du projet de règlement, de certaines recommandations
faites par certains groupes. Cependant, si, pour arriver à cette
fin...
M. ROY: A condition qu'on les ait. On ne les a pas.
M. FORGET: ... on doit suspendre, pour une période d'une semaine,
les travaux de la commission, je ne vois là qu'une mesure dilatoire qui
nous empêchera même de faire allusion textuellement au texte des
mémoires. Il est visible que ce que l'on veut, c'est retarder les
travaux de la commission alors que l'on n'a pas fait son "home-work", son
travail et qu'on allègue de façon générale des
problèmes...
M. ROY: J'invoque le règlement. Le ministre sait très
bien...
M. FORGET: ... dont on n'a pas pris connaissance avant de venir discuter
ici.
M. ROY: M. le Président, j'ai invoqué le
règlement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Question de règlement.
M. ROY: J'ai invoqué le règlement. Le ministre est en
train de nous prêter des intentions. Nous n'avons pas prêté
d'intention au gouvernement, nous nous sommes limités aux faits. Je
trouve qu'il est normal et le ministre n'a pas à faire
d'interprétation et à nous prêter des intentions que nous
n'avons pas. Il n'est pas question pour nous de retarder indûment les
travaux de la commission parlementaire. Nous avons été
convoqués devant la commission parlementaire pour discuter d'une
question et le gouvernement ne nous a pas donné les documents qu'il a en
main. Je pense que ce n'est pas chinois ni grec que de demander que nous ayons
en main une copie des documents pour pouvoir discuter de cette question. Que le
ministre ne charrie pas là-dessus et j'invoquerai le règlement
encore si c'est nécessaire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je regrette, mais je dois dire au
député de Beauce-Sud que je ne peux pas autoriser le
dépôt de documents parce que ce ne sont pas des documents
officiels. Je regrette donc, mais la question est
irrégulière.
M. ROY: Qu'est-ce que vous faites de l'article 177, M. le
Président, page 63, de notre règlement? Quand un ministre cite,
ne serait-ce qu'en partie, un document, il peut être requis sans autre
formalité de le déposer immédiatement à moins qu'il
ne déclare qu'il est contraire à l'intérêt public de
le faire. C'est l'article 177 de notre règlement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): II n'a cité aucun document
spécifique. L'honorable député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je ne peux pas trouver
l'épithète qui pourrait s'appliquer quand je vois le raisonnement
du ministre des Affaires sociales dans le sens qu'il fausse toute la.
discussion, et il le sait à part cela. Il fausse tout le sens de la
motion. Ecoutez, je ne fais pas d'interruption pour rien. Laissez parler les
autres.
Il fausse tout le sens de la motion. Il se permet même d'aller
avec des arguments aussi mensongers à mon sens, comme: II n'y a aucune
allusion à cela.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
Vous n'avez pas le droit d'interpréter les paroles que le
ministre a dites.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est ce que le ministre fait depuis
tantôt.
M. ROY: ... s'applique au ministre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a deux poids, deux mesures,
ici?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Non, il y a seulement un poids et une
mesure et vous n'avez pas le droit d'interpréter...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je prends les paroles textuelles du ministre. Je
ne fais pas d'interprétation. Ses paroles sont là. Il a dit
textuellement que le procédé de l'Opposition était de
vouloir retarder tout simplement l'étude sur...
M. LACHANCE : Les travaux parlementaires... c'est ce que vous voulez
dire?
M. BEDARD (Chicoutimi): ... le fond des nouveaux règlements. Il
sait très bien que c'est faux, à part cela. Il a même
amené un argument
voulant que l'on ait même allégué que l'on pouvait
suspendre d'un an. On n'a jamais amené d'argument dans ce sens.
M. LACHANCB: C'est le député de Saguenay qui a dit
cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pas seulement trois mois, on a parlé d'un
mois par rapport à une situation qui existe depuis cinq ans, une
situation de confusion, en fait, à laquelle le ministre a fait allusion
tout à l'heure.
Je trouve qu'en termes de discussion, pour que ce soit profitable et
honnête, que ce que demande l'Opposition à l'heure actuelle, ce
n'est pas seulement l'Opposition qui le demande, ce sont également les
corps intermédiaires, les organismes qui ont fait des rapports, ils
demandent d'être entendus.
Vous faites allusion à des rencontres que l'on a eues hier. Oui,
on a eu des rapports, je vais vous l'expliquer. J'ai pris la peine de vous
envoyer un télégramme, M. le ministre, pour vous demander de nous
envoyer tous les rapports, de manière à ne pas avoir à
retarder inutilement la discussion. Vous avez cru bon de ne pas le faire. Vous
avez cru bon de tenir pour acquis que l'Opposition ne devait pas lire ces
rapports. C'est votre responsabilité. Si, aujourd'hui, on demande le
dépôt de ces rapports, cela dépend de qui? Cela
dépend de l'incurie, de la manière à mon sens
irresponsable dont vous vous êtes comporté...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BEDARD (Chicoutimi): ... en ne répondant pas à une
demande de l'Opposition que l'on est obligé de faire ici. Nous, nous
avons hâte d'aller au fond de la question. Le fond, ce n'est pas
seulement le règlement. Le fond de la question aussi, du point de vue
humain, est d'entendre les personnes qui sont aux prises avec le
problème sur lequel on a à discuter, de cesser d'avoir l'air de
beaux technocrates, bien assis dans de beaux sièges, alors que les gens
qui sont pris avec les problèmes sont capables de nous les expliquer
beaucoup mieux que l'honorable ministre ne peut le faire, à mon sens. Je
redis encore tout ce que l'on a dit jusqu'à maintenant, d'ailleurs vous
avez été obligé de changer le règlement, à
la suite de leurs représentations.
Ceci montrait jusqu'à quel point vos règlements
étaient simplement une étude technocratique, une étude
comptable, dans le but d'essayer, d'une façon détournée,
je ne dirais pas d'imposer une nouvelle taxe, mais tout simplement d'imposer de
nouvelles charges à ceux qui sont déjà pas mal pris par le
fait qu'ils ont des enfants qui doivent être placés dans des
foyers nourriciers.
On ne l'aurait pas demandé, ce matin. La demande qu'on a faite,
ce matin, sur laquelle vous nous accusez de vouloir retarder les travaux de la
commission, c'est votre faute si on l'a faite aujourd'hui. Si vous aviez
répondu comme un ministre responsable, à mon sens, aurait
dû le faire, si vous nous aviez, à la suite du
télégramme que j'ai personnellement envoyé au
ministère des Affaires sociales, donné les rapports, nous ne
ferions pas cette demande aujourd'hui. S'il y a une demande qui est
raisonnable, qui est normale, qui est responsable de la part de l'Opposition,
c'est bien cette demande. Expliquez donc à la population et à
ceux qui sont là pourquoi vous ne nous avez pas envoyé ces
rapports.
Personnellement, étant chargé des affaires sociales, je
n'ai pas cinquante personnes à mon service, mais je dois vous dire une
chose. Je tiens à la dire, parce que c'est important. C'est que l'on a
eu un rapport, il y a trois jours, un mémoire. On l'a
étudié. Les autres mémoires sont arrivés seulement
hier. J'ai passé tout l'après-midi avec un groupe, hier. Je ne
pouvais quand même pas prendre les quinze groupes. Je n'ai pas les moyens
du gouvernement de faire des tournées, en fait, bien plus
électorales sous le couvert de la consultation, des tournées
électorales dans tout le Québec, comme cela se fait avec les
garderies d'enfants et tout ce que vous voudrez.
DES VOIX: A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): Je pense qu'on ne peut pas demander plus que
cela à l'Opposition. Notre demande était très normale.
Encore une fois, n'essayez pas de mettre la faute sur l'Opposition, sur la
demande qu'on fait aujourd'hui. C'est la faute du ministère des Affaires
sociales et, à mon sens, c'est dû à
l'irresponsabilité du ministre des Affaires sociales de ne pas avoir
donné suite au télégramme et à la demande normale
que nous faisions. On ne demande pas de délai. On vient de nous dire que
ce sont des délais inutiles. Le délai de 90 jours de
consultation, est-ce qu'il a été inutile? Il n'a tellement pas
été inutile que vous avez changé votre loi. Pourquoi ne
pas accepter qu'à un moment donné, si on écoutait les
groupes intéressés on ne pourrait pas y amener d'autres
modifications? Pourquoi penser que vous êtes les seuls à
être capables de comprendre leurs problèmes, leurs
représentations, puisque vous avez eu la chance de les rencontrer et que
nous de l'Opposition, nous ne serions pas capables d'en faire autrement et
même de convaincre, à la lumière de leurs renseignements,
le gouvernement de changer encore ces règlements, de les amender encore?
Ne venez pas nous accuser de vouloir retarder indûment les travaux de la
commission. Cela est faux. C'est une dialectique qui est inacceptable, à
mon sens, pour un ministre responsable, parce que je ne veux rien retarder, je
peux vous le dire. On n'a pas cinquante fonctionnaires, on fait ce que l'on
peut avec les outils qu'on a. Je pense qu'on a
fait le maximum, nous de l'Opposition. Si vous refusez d'une part
d'entendre les personnes, les organismes qui veulent se faire entendre, vous
refusez, vous dites que vous donnez un "non" catégorique, c'est la seule
place, il me semble, où le gouvernement est capable d'être
catégorique, refuser aux gens de se faire entendre, ce qui serait tout
à fait normal, si vous refusez, en plus de cela, de nous donner les
rapports, pourquoi êtes-vous en commission? Pourquoi êtes-vous en
commission?
UNE VOIX: Pour vous entendre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous êtes là pour nous entendre.
J'ai écouté votre raisonnement, tout à l'heure, que la
commission était là pour éclairer le gouvernement. Vous
voulez qu'on vous éclaire, donnez-nous les moyens de vous
éclairer, donnez-nous-les, ces rapports. C'est avec cela que vous vous
êtes éclairés avec vos tournées, vos rapports
écrits, ce que vous nous avez dit, tout à l'heure.
C'est avec vos tournées que vous vous êtes
éclairés, et vous osiez dire, tout à l'heure, dans votre
exposé, qu'on est à la commission pour éclairer le
gouvernement. Puis, vous ne donnez même pas les moyens à
l'Opposition...
M. BONNIER: Pour éclairer la population.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... cette opposition-là, que normalement
vous devriez respecter... Vous ne respectez pas les idées
sociales-démocrates. Vous essayez seulement d'emprunter l'image du
parti. A mon sens, vous devriez au moins respecter le principe que vous avez
énoncé, à l'effet que nous sommes ici pour vous
éclairer. Nous vous demandons simplement de nous donner les moyens;
d'une part, donnez-nous tous les mémoires. C'est normal. Il n'y a pas de
cachette là-dedans, quand même. Donnez-nous, d'autre part
et cela, vous le refusez à mon sens ce serait nécessaire,
la possibilité de faire entendre les organismes. Je peux même
faire un marché pour montrer jusqu'à quel point on ne veut pas
retarder, et que c'est faux ce que vous avez dit. Cela, je ne l'accepte pas,
parce que ce n'est pas vrai. Vous le savez, à part cela, et
intellectuellement, ce n'est pas correct de prendre une dialectique comme cela
pour essayer de contourner nos demandes, tout à fait justifiées.
On va les étudier, les règlements. Promettez-nous... Si vous
êtes aussi soucieux de la consultation, donnez-nous les rapports. On va
consulter les règlements, on va travailler aux règlements, au
fond de la question. Acceptez de vous engager à rencontrer
postérieurement les organismes qui voudraient se faire entendre à
cette commission-ci. On ne retardera rien. Engagez-vous à les entendre.
Entre-temps, ce qui serait normal, acceptez de suspendre, en fait, le
règlement dont on a fait état tout à l'heure. On ne
retardera rien. On va commencer dans cinq minutes, tout de suite. Essayez de me
trouver des arguments pour refuser tout cela, ne pas passer au fond de la
question.
M. LACHANCE: Vous voulez imposer les assistés sociaux et les
allocations familiales.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez tous changé d'idée. Il y
en a un qui a eu un bon mouvement de coeur tantôt...
M. LACHANCE: Bien non, bien non!
M. BEDARD (Chicoutimi): ... le député de Taschereau, qui a
eu un bon mouvement de coeur. Il a regardé notre demande, la motion que
j'avais faite. Il a laissé parler son bon sens. Puis vous avez vu que
non...
M. LACHANCE: Vous aimez retarder les travaux de la Chambre.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... seulement il l'acceptait, mais il proposait
encore une chose qui avait du sens, une synthèse de tous les rapports
qui avaient été présentés et nous sommes
d'accord...
M. MASSICOTTE: Pour un délai de 90 jours.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... pour l'appuyer dans ce sens-là. Mais
vous vous êtes réunis en caucus et vous avez tous changé
d'idée.
M. LACHANCE: Nous avons parlé des travaux de la Chambre à
ce caucus.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez bien peur de les entendre, ces
gens-là.
M. LACHANCE: Nous n'avons pas peur de les entendre, ils ont
été entendus.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous n'avez pas peur, commençons tout
de suite, il y en a qui sont prêts à se faire entendre.
M. LACHANCE: Ce n'est pas la question, nous parlons sur la motion. Le
vote sur la motion.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dites non.
Vote sur la motion
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Les membres de la commission sont-ils
prêts à se prononcer sur la motion?
M. LACHANCE: Oui, monsieur.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Quels sont ceux qui sont en
faveur?
M. LESSARD: Nom par nom, M. le Président; faites l'appel.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): En vertu de quel article?
M. LESSARD: M. le Président, en vertu de l'article que, quand on
vote en commission parlementaire, on demande tout simplement le vote nom par
nom.
M. BRISSON: Pour que le vote puisse être enregistré, il
faut cinq députés...
DES VOIX: A main levée.
DES VOIX: On n'est pas à l'Assemblée nationale.
M. ROY: En commission.
M. LESSARD: ... que le vote soit enregistré, M. le
Président, et je demande que ce soit enregistré. Je demande qu'on
fasse l'appel des députés.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je demande quel article.
En vertu de l'article 140: "Les votes en commission ont lieu à
main levée. Le président ne vote pas, sauf en cas
d'égalité des voix."
M. LESSARD: Faites-le, faites l'appel, M. le Président.
Vous avez la liste des députés.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Quels sont ceux qui sont en
faveur?
M. BEDARD (Chicoutimi): Ils ont même honte de voter et
d'enregistrer leur vote.
M. LESSARD: Ils ont honte de montrer leur vote.
UNE VOIX: Les votes se font à main levée.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non, vous le savez, ne vous obstinez pas
là-dessus, faites le vote enregistré. Vous faites perdre du temps
à la commission.
M. MASSICOTTE: Vous en faites perdre depuis le matin, vous devriez
avoir...
M. LESSARD: M. le Président, je demande qu'on fasse l'appel des
députés.
M. HARVEY (Charlesbourg): Est-ce que vous discutez d'abord de
l'amendement proposé ou...
M. LACHANCE: Non, l'amendement a été retiré.
M. LESSARD: ... accepte l'amendement.
M. HARVEY (Charlesbourg): Le député de Charlesbourg
était en Chambre, il a pris part au débat qui se tient
actuellement en Chambre; il est ici maintenant et il aimerait être
éclairé avant de voter. Je pense que c'est bien normal.
M. LACHANCE: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors vous exigez...
M. LESSARD: M. le Président, qu'on fasse l'appel des
députés!
UNE VOIX: M. le Président, cela prend cinq membres.
M. ROY: Pas pour les commissions. Le président de la
commission...
UNE VOIX: En vertu du règlement...
M. BRISSON: ... qui est l'article 149 qui dit que les votes en
commission ont lieu à main levée.
M. LESSARD: C'est cela.
M. BRISSON: Vous avez l'article 105 qui dit que pour un vote
enregistré ça prend cinq députés qui le
demandent.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pourquoi avez-vous peur du vote
enregistré?
Ne perdons pas de temps, nous allons étudier...
Allons-y au vote.
UNE VOIX: Nous n'avons pas peur qu'il soit enregistré.
UNE VOIX: Nous pourrions demander ceux qui sont en faveur...
M. ROY: Le président nomme les députés un par un,
les membres de la commission et ils disent, à ce moment-là, s'ils
sont pour ou contre.
M. LESSARD: Au moins, M. le Président... M. ROY: C'est une
tradition établie...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Un instant, je ne veux pas
créer de précédent...
M. LESSARD: Ils sont capables de...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): ... mais l'article 149
spécifie très bien qu'en commission parlementaire, le vote se
prend à main levée mais, pour satisfaire les membres de
l'Opposition, je vais faire l'appel des députés.
UNE VOIX: C'est cela, ils sont capables de lever le bras toujours.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Lapointe? Etes-vous en faveur de
la motion présentée?
M. LAPOINTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre?
M. FORGET: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Brown (Missisquoi)?
M. BROWN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Bédard (Chicoutimi)?
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Bonnier (Taschereau)?
M. BONNIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Boudreault (Bourget)?
M. BOUDREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Lessard (Saguenay)?
M. LESSARD: Pour.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Carpentier (Laviolette)?
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Fortier (Gaspé)?
M. FORTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Brisson?
M. BRISSON: Contre.
UNE VOIX: Contre les petits.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Massicotte
(Lotbinière)?
M. MASSICOTTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. ROY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Lachance (Mille-Iles)?
M. LACHANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La motion est rejetée 10
contre 3.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Chicoutimi.
Motion pour dépôt de documents
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour faire vite, quand même, faisant
allusion aux demandes que nous avons faites, je voudrais présenter une
motion pour que soit déposée devant la commission copie de tout
mémoire, correspondance reçus par le ministre des Affaires
sociales concernant le règlement sur la contribution des
bénéficiaires.
On ne fera pas un long débat là-dessus, quand on voit les
députés ministériels refuser la première
motion.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! Aucun commentaire, le vote
a décidé.
M. LESSARD: M. le Président,...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. LESSARD: M. le Président, je regrette, le député
de Chicoutimi soumet une motion; sur toute motion, le député de
Chicoutimi a le droit de parler vingt minutes, en commission parlementaire.
Alors, je pense que, s'il a certains commentaires à faire, il peut le
faire avec votre permission et votre permission doit être
donnée.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui, évidemment, je lui ai
accordé la permission de parler sur la motion, mais il n'a pas le droit
d'interpréter le vote qui vient de se passer, c'est
décidé.
M. LESSARD: Je suis d'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Chicoutimi.
UNE VOIX: J'ai le droit de l'appréhender.
M. BEDARD (Chicoutimi): Sur cette motion, M. le Président, nous
ne perdrons pas de temps, je demande tout simplement le vote
appréhendant le résultat.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, la motion se lit comme suit:
"Que soit déposé devant la commission copie de tout
mémoire ou correspondance reçus par le ministère des
Affaires sociales concernant le règlement sur la contribution des
bénéficiaires."
Est-ce que les membres de la commission sont prêts à voter
ou si le ministre a quelques mots à dire avant?
M. FORGET: Je voudrais indiquer, M. le Président, qu'il n'y a
rien de secret dans les communications que nous avons reçues. Au
contraire, d'ailleurs, nous savons, parce que c'est indiqué au bas d'un
certain nombre de lettres, que déjà les membres de l'Opposition
les ont reçues de même que d'autres membres de l'Assemblée
nationale ont reçu copie de ces lettres. Quand on parle de
mémoires d'ailleurs on exagère grandement la nature des
représentations qui nous ont été faites il s'agit
d'un certain nombre de lettres et d'au plus une demi-douzaine de
mémoires véritables. Il n'y a rien de secret là-dedans et
je ne pense pas qu'il soit même nécessaire de voter
là-dessus, on peut mettre à la disposition du secrétaire
de la commission, le texte de ces documents sans difficulté et vous les
faire parvenir dans quelques jours.
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, d'accord, on peut tenir pour acquis que
c'est à notre disposition?
M. FORGET: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je demanderais le vote.
M. FORGET: II n'est pas nécessaire de prendre un vote
là-dessus puisque ce sera fait.
M. BEDARD (Chicoutimi): On va déposer les documents.
M. FORGET: Les documents seront déposés chez le
secrétaire de la commission.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je demande le vote.
M. FORGET: C'est une formalité. UNE VOIX: Unanime.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, la motion est acceptée
unanimement.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, j'aurais une autre
motion à l'effet que la commission recommande la suspension de
l'application du règlement sur la contribution des
bénéficiaires de façon à maintenir la situation
antérieure jusqu'à ce que la commission ait fait rapport.
M. FORGET: M. le Président, cette motion...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Un instant, M. le ministre, on va
prendre connaissance...
M. FORGET: D'accord.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, si vous me permettez,
peut-être pour être plus spécifique dans la motion, ce
serait l'application du règlement du 1er février 1974,
règlement 7447, 1er février 1974.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je dois déclarer que cette
motion est non receva-ble, étant donné que cela implique des
deniers publics.
M. BURNS: M. le Président, laissez-nous au moins argumenter sur
le plan de la recevabilité.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'accord, allez-y sur le plan de la
recevabilité.
M. LESSARD: M. le Président, article 64 des règlements, il
est vrai qu'une motion ne peut être présentée que par un
représentant du gouvernement, après recommandation du
lieutenant-gouverneur en conseil, lorsqu'elle a pour objet l'exécution
de travaux publics, l'allocation de subventions, l'imposition d'une charge
additionnelle sur les revenus publics ou sur les contribuables, la remise d'une
somme due à l'Etat, la concession de biens appartenant à l'Etat,
l'autorisation de consentir quelque emprunt... Mais, lisez bien le dernier
paragraphe: "Toutefois, cette règle ne s'applique pas à une
motion qui exprime seulement une opinion abstraite sur une matière
énumérée ci-dessus".
M. le Président, tous les mercredis, nous avons l'occasion, comme
députés de l'Opposition, de présenter des projets de loi.
On vient de discuter justement de l'augmentation du salaire minimum de $2.15
à $2.50. Je pense que certains employés du gouvernement vont
être touchés.
M. BURNS: On en discute actuellement au moment où on vous
parle.
M.LESSARD: On en discute actuellement, M. le Président. Nos
motions ont toujours été acceptées en commission
parlementaire, pour autant que cela ne comporte pas spécifiquement une
dépense de deniers publics, c'est un voeu. La commission peut toujours
faire un voeu auprès du lieutenant-gouverneur. Un membre de cette
commission parlementaire peut toujours demander qu'on suspende un
règlement qui, je l'avoue, a des conséquences sur les deniers
publics. Cependant, c'est ce que nous faisons chaque mercredi. C'est ce que
nous sommes en train de faire actuellement.
M. BURNS: M. le Président, avec la permission de la commission,
je n'en suis pas membre, est-ce que je peux dire un mot, oui?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce que les membres de la
commission sont d'accord? Allez-y.
M. BURNS: Merci.
M. MASSICOTTE: On est bon!
M. BURNS: Vous avez besoin d'être bon, je suis de bonne humeur
!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Je pense que ce serait, et je vous incite à ne pas
donner suite à l'indication, parce que je ne l'ai pas prise comme une
décision, que vous avez rendue tantôt, mais vous nous avez
donné une indication du côté où vous pencheriez si
jamais vous aviez à décider de la recevabilité de cette
motion. Je vous incite très fortement à ne pas vous lancer dans
cette erreur, parce que nous avons constamment et régulièrement
l'occasion de faire des recommandations. Ce qu'il est bien important de savoir,
c'est que, même si la motion du député de Chicoutimi
était acceptée, cela ne veut pas dire que l'arrêté
en conseil en question est aboli. Il faut bien s'entendre. On sait fort bien
que les pouvoirs d'une commission sont des pouvoirs limités. Même
à l'égard d'un arrêté en conseil, les pouvoirs de
l'Assemblée nationale sont, sous certaines facettes, limités,
puisque c'est un pouvoir du lieutenant-gouverneur en conseil. Ce que nous
demandons tout simplement, c'est que la commission exprime son opinion
relativement à la suspension de l'application.
Evidemment, le lieutenant-gouverneur en conseil pourra toujours dire, si
jamais la commission adopte la motion du député de Chicoutimi: Je
suis au-dessus de l'opinion de la commission. Il aurait le droit techniquement
de le faire. Je dois dire que cela va lui mettre une drôle de pression
morale sur le dos, au lieutenant-gouverneur en conseil, c'est-à-dire au
cabinet des ministres. Il reste quand même qu'il me semble que c'est dans
la plus pure tradition du parlementarisme que le député de
Chicoutimi vous arrive et dise: Je suis d'avis que la commission des affaires
sociales où on siège actuellement devrait faire signe au
gouvernement d'aller dans telle ou telle direction.
La direction dans laquelle le député de Chicoutimi vous
demande d'orienter le gouvernement quant à une expression d'opinion,
c'est de suspendre l'application de cet arrêté en conseil. Il me
semble, M. le Président, que les mots mêmes, cela saute aux yeux,
de la motion du député de Chicoutimi vous incitent à
déclarer immédiatement que cette motion-là est
parfaitement recevable. S'il y avait le moindre doute dans votre esprit,
concernant la recevabilité, je vous demande en grâce, pour
l'avenir de nos travaux, de suspendre temporairement, brièvement les
travaux de la commission, c'est parfaitement votre droit en tant que
président de commission, et de vous adresser au président de la
Chambre ou à l'un des vice-présidents qui serait disponible pour
le consulter sur la recevabilité de cette motion. Parce que j'ai
nettement l'impression que votre décision a des conséquences pour
l'avenir. Chaque fois qu'un dépu- té, remarquez qu'il soit de
l'Opposition ou... Peut-être qu'une bonne journée le
député de Taschereau, avec les bonnes idées qu'on lui
connaît depuis quelque temps, va nous arriver avec des choses et va dire
au gouvernement: Ce n'est pas de même que vous auriez dû agir. Je
n'aimerais pas cela que le député de Taschereau se fasse
bâillonner à un moment donné devant une affaire comme cela.
Alors, je vous demande en grâce, M. le Président...
M. CARPENTIER: Ne vous inquiétez pas!
M. BURNS: Parlez-vous au nom du député de Taschereau? Je
pense que le député de Taschereau est capable de parler en son
nom.
M. CARPENTIER: Je peux vous dire de ne pas vous inquiéter
à son sujet.
M. BURNS: Je ne m'inquiète pas. Je veux le protéger
à l'avance.
M. BOUDREAULT: Nous sommes 102 pour le protéger.
M. BURNS: M. le Président, je veux tout simplement vous demander
de tenir compte également, avant de prendre votre décision
finale, mais s'il y a doute, d'aller voir le président. Je vous
réfère à l'article 65 qui nous dit que: Le
président doit mettre en délibération toute motion mais
dès qu'une motion lui paraît irrégulière, en
elle-même ou par les buts qu'elle veut atteindre, il doit le signaler
à l'Assemblée et il peut, après avoir motivé sa
décision, refuser qu'on en délibère...
M. le Président, je pense que vous nous avez signalé
c'est comme cela que j'ai compris votre début de décision
qu'il y avait peut-être lieu de révoquer ou de ne pas
recevoir cette motion. Mais vous n'avez pas, je pense, tenu compte non plus,
dans cette indication de votre décision, des dispositions de l'article
64, sixième paragraphe, qui nous dit tout simplement je vous lis
l'article: Une motion ne peut être présentée que par un
représentant du gouvernement, après recommandation du
lieutenant-gouverneur en conseil lorsqu'elle a pour objet direct, et
sixièmement, l'autorisation de consentir quelque emprunt ou quelque
obligation engageant le crédit de l'Etat.
Toutefois, cette règle ne s'applique pas je pense que
c'est bien important que vous pesiez bien ces mots-là de notre
règlement à une motion qui exprime seulement une opinion
abstraite sur une matière énumérée ci-dessus.
Nous vous donnons, M. le Président, une opinion abstraite. C'est
cela la motion du député de Chicoutimi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. FORGET: M. le Président, parmi les documents que j'avais crus
nécessaires pour la
discussion d'aujourd'hui ne figurait pas notre cahier de
règlements, et je pense avoir fait un oubli fort important pour m'aider
dans les méandres de la procédure dans laquelle on veut nous
guider. Je n'ai certainement pas le plaisir la satisfaction de pouvoir
rivaliser avec le leader parlementaire de l'Opposition officielle quant
à la connaissance intime qu'il a des procédures parlementaires.
Il me semble malgré tout que quelques remarques pourraient
peut-être être de nature à vous éclairer dans la
décision qu'on vous invite à prendre.
En premier lieu, et c'est un point sur lequel je n'insisterai pas, parce
qu'il est plutôt formel, il me semble que la motion porte sur un sujet
qui est, en soi, irrégulier dans le débat de cette commission qui
a été réunie pour débattre un projet de
règlement en vertu du chapitre 48 des lois de 1971 et non pas en vertu
de la Loi de l'assistance publique. D'autre part, et ce qui est peut-être
plus directement relié à la suggestion qu'on vous fait, il semble
que l'analogie qu'on veut tirer entre la motion qui est au feuilleton de
l'Assemblée nationale relativement, par exemple, à la majoration
du salaire minimum est une motion dont l'objet n'est pas effectivement de
décréter ou de recommander positivement la majoration du salaire
minimum mais qu'elle a l'objet de prononcer un blâme à l'endroit
du gouvernement pour n'avoir pas augmenté à un niveau aussi haut
et injustifié que l'aurait voulu l'Opposition officielle le salaire
minimum.
Mais c'est une motion de blâme et non pas une motion ayant un
effet direct sur le salaire minimum. Ce qu'on nous invite à faire ici,
c'est adopter une motion dont l'effet direct serait de suspendre l'application
d'un règlement...
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, c'est...
M. FORGET : ... il me semble qu'il s'agit non pas d'une opinion
abstraite mais d'une intimation très directe au gouvernement
d'accroître sa participation financière par exemple au financement
des foyers nourriciers en supprimant la contribution parentale et c'est une
dépense directe de deniers publics.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais bien qu'on lise bien la
motion. Nous n'avons aucun pouvoir ici d'annuler un arrêté en
conseil. Nous n'avons aucun pouvoir, le pouvoir appartient à ce pauvre
lieutenant-gouverneur. Nous l'avons fait en ce qui concerne la Jacques-Cartier,
par exemple à maintes et maintes reprises, une commission
parlementaire a eu l'occasion de faire des recommandations. Cela ne veut pas
dire que le lieutenant-gouverneur va accepter la recommandation. Cependant,
étant donné que ce n'est qu'une recommandation, cela
représente exactement l'article 65, dernier paragraphe: "Toutefois,
cette règle ne s'applique pas à une motion qui exprime seulement
une opinion abstraite sur une matière énumérée
ci-dessus". Il n'est pas dit dans cette motion que la commission suspende
l'application des règlements. Cela, c'est affirmer quelque chose de
façon catégorique. Nous n'avons pas ce pouvoir. Le seul pouvoir
que nous avons, c'est de recommander, c'est justement l'un des rôles
d'une commission parlementaire. On ne décide rien en commission
parlementaire, absolument rien, on est obligé de faire rapport au
président quand on étudie des lois. On n'accepte pas des lois en
commission parlementaire, on fait des suggestions, on fait des recommandations.
Nous l'avons fait à maintes reprises. M. le Président, tel que
l'expliquait tout à l'heure le député de Maisonneuve, si
vous avez quelque doute dans votre esprit, ce serait un précédent
extrêmement dangereux pour l'avenir des commissions parlementaires que
vous n'acceptiez pas cette recommandation, que vous n'acceptiez pas cette
opinion abstraite, tel qu'on le précise à l'article 65 du
règlement.
Il me semble que c'est clair, que la commission recommande et c'est l'un
des rôles d'une commission parlementaire. Il ne s'agit pas d'engager le
gouvernement dans la dépense de deniers publics, je peux bien
recommander en commission parlementaire de construire un pont sur la
rivière Saguenay et les députés à la table peuvent
bien être d'accord avec moi qu'on recommande au lieutenant-gouverneur de
construire un pont sur la rivière Saguenay et ça va être
une motion qui va être acceptée, mais ça ne veut pas dire
que ce pauvre lieutenant-gouverneur va accepter ça. Parce que c'est lui
qui a la responsabilité des deniers publics. C'est ça que je vous
soumets et je vous le soumets pour l'avenir du parlementarisme et l'avenir de
ce qui va se discuter par la suite en commission parlementaire, de ne pas faire
une erreur comme celle qui serait de refuser la proposition qui nous est
soumise. Je vous invite, si vous avez des doutes, à voir le
président de l'Assemblée nationale ou de voir les deux
vice-présidents.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, simplement une remarque.
Je trouve encore une fois, sur notre motion, que l'honorable ministre emploie
un raisonnement qui, à mon sens, est fallacieux, qui est à
côté de la question. Il se permet encore des accusations
gratuites. Il nous accuse d'être dans les méandres de la
procédure. Il oublie une chose, c'est que sa manière de se
comporter fait que c'est lui qui décide de s'embourber dans la
procédure. Parce qu'il a simplement à dire oui, c'est
suffisamment expliqué, c'est une recommandation. Est-ce que le
gouvernement a peur à ce point-là des recommandations? On va
commencer à se poser des questions sur l'effet que peuvent avoir les
mémoires et les recommandations que font les citoyens
auprès du gouvernement. C'est une recommandation, ça ne nous lie
pas. Cela ne lie pas le ministre, ça ne lie personne.
C'est une recommandation que l'on peut placer au même titre que
les autres recommandations dont il a pu être fait état à
l'égard du ministre. Ce n'est pas autre chose que cela. Est-ce que l'on
est rendu à avoir peur des recommandations?
Encore une fois, ne nous dites pas que c'est de la procédure:
Vous vous embourbez dans la procédure. On dirait que la commission, du
côté ministériel, a peur de commencer tout de suite
l'étude du règlement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
Je ne veux pas que le député de Chicoutimi donne...
M. BEDARD (Chicoutimi): Fasse la même chose que l'honorable
ministre?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): ... des opinions sur l'attitude des
membres du parti ministériel.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que c'est sacré?
Alors, tout ce que je crois c'est que, tout simplement, cela devrait
être accepté très rapidement, si on ne veut pas s'embourber
dans la procédure, comme l'a dit l'honorable ministre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): En vertu de l'article 64,
troisièmement: L'imposition d'une charge additionnelle sur les revenus
publics ou sur les contribuables m'indique clairement que je ne peux pas
recevoir cette motion d'autant plus qu'elle recommande la suspension de
l'application du règlement. Même si vous recommandez, cela
implique le troisièmement de l'article 64. Je déclare donc,
irrecevable...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est incroyable. Cela implique...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
Vous n'avez pas à interpréter ma décision.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est bien important, votre décision.
M. LESSARD : J'aurais envie de demander que l'on fasse rapport, M. le
Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): Avant de discuter du fond, est-ce que
l'honorable ministre a un autre exposé à faire? Est-ce que l'on
pourrait au moins avoir une copie des amendements qu'on nous a
donnés?
M. FORGET: Ont-ils été distribués ce matin?
M. BEDARD (Chicoutimi): Quelques-uns. Ce n'étaient pas les
amendements formels. Au moins cela.
Propositions d'amendements
M. FORGET : Ce sont des propositions générales
d'amendements, ce ne sont pas des textes de règlement, de manière
à permettre aux honorables membres de l'Opposition de faire leurs
commentaires avant qu'un libellé final soit arrêté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que l'on pourrait en avoir une copie?
M. FORGET: C'est ce texte dont vous avez déjà la copie,
depuis ce matin je pense. Il me fera plaisir de vous en donner une autre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, je ne sais pas si c'est par erreur mais on
n'en a pas eu.
M. FORGET: Je sais que votre confrère en a eu une.
M. BEDARD (Chicoutimi): Peut-être un de mes confrères mais
je n'en ai pas eu.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 1.
M. BEDARD (Chicoutimi): Un instant, j'ai une question à poser
à l'honorable ministre, concernant le règlement auquel on a fait
allusion: 7447, le 1er février 1974, Loi de l'assistance publique. Je
voudrais demander à l'honorable ministre si ce règlement est
valide et si c'est ce règlement qui lui permet d'agir à l'heure
actuelle concernant, en fait, les réclamations qui se font
déjà à partir du 1er janvier auprès des
contribuables?
M. FORGET: 365, 374, les règlements adoptés en vertu de la
Loi de l'assistance publique.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... 365, 374. Est-ce qu'il est en vigueur
présentement?
M. FORGET: II est en vigueur, en effet.
M. LESSARD: Est-ce qu'il est en vigueur rétroactivement au 1er
janvier 1974?
M. BEDARD (Chicoutimi): II est...
M. FORGET : Ce règlement est venu établir les taux de
contribution aux coûts d'hébergement dans les centres d'accueil et
les foyers
nourriciers et prend la place d'un règlement antérieur et
plus précisément aussi de directives antérieures puisque
c'est à la fois sur un pouvoir réglementaire et sur un pouvoir
administratif qu'ont été basées, dans le passé, les
contributions des parents.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce sont les mêmes barèmes que dans
l'autre règlement?
M. FORGET : Ce sont effectivement les mêmes barèmes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si cela s'applique, est-ce que vous pouvez nous
expliquer, puisque ce règlement est en application, est valide, pourquoi
cet acharnement du gouvernement à ne pas vouloir retarder la suspension
du premier, tout à l'heure, du règlement
général?
M. FORGET : II s'agissait du même.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, ce n'est pas le même.
M. FORGET: C'est celui dont vous souleviez la suspension.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, on parlait du projet de règlement
général.
M. FORGET: Le projet du règlement général n'a pas
besoin d'être suspendu, puisqu'il n'est pas en vigueur.
M. LESSARD: D'accord, c'est exactement...
M. FORGET: C'était de celui-là que vous parliez.
M. BEDARD (Chicoutimi): II l'est indirectement par le
règlement...
M. FORGET: II ne l'est pas indirectement, il ne l'est pas du tout
puisqu'il est en vertu d'une autre loi et qu'il ne peut être en vigueur,
à moins d'être adopté par le conseil des ministres, ce qui
n'a pas été fait.
M. LESSARD: Pourquoi parlez-vous tellement de l'urgence d'adopter le
deuxième règlement alors que, par le premier règlement,
soit celui du 1er février 1974...
M. FORGET: Pour les raisons que vous avez invoquées
vous-mêmes, c'est-à-dire la nécessité
d'améliorer la situation qui est faite aux familles, aux parents
naturels et autres en vertu des directives et des règlements
actuels.
Contribution des bénéficiaires
M. LESSARD: Sur quel règlement vous ba-siez-vous pour exiger des
réclamations des parents de personnes handicapées avant
l'adoption de l'arrêté en conseil du 1er février 1974?
Aviez-vous une formule?
M. FORGET: ...qui est la base légale sur laquelle vous nous
interrogez. Effectivement, depuis le tout début des services sociaux
à l'enfance ou du moins aussi longtemps qu'on peut aller en
arrière, aussi longtemps qu'on peut retracer les pratiques à cet
égard, les contributions des parents ont été, à des
exceptions sur lesquelles je reviendrai tantôt, imposées en vertu
d'un pouvoir administratif. Le but du règlement envisagé est
précisément d'asseoir, de manière plus ferme et plus
publique, les règles qui servent à effectuer ces
contributions.
Cette base juridique est une base également valable dans le cadre
de nos lois. Pour effectuer une telle facturation, c'est une base qui a
été éprouvée, mais qui est, sans aucun doute, moins
satisfaisante, étant donné son manque de publicité, qu'une
réglementation formelle qui édicte précisément les
droits des familles et leurs obligations et qui, surtout, est
administrée rigoureusement, de manière à prévenir
des injustices ou des passe-droits qui peuvent se glisser dans l'exercice d'un
pouvoir discrétionnaire sur un plan purement administratif.
M. BONNIER: Est-ce que cela veut dire, dans ce cas, M. le ministre, que
cette perspective de vouloir faire contribuer les parents n'est pas
nouvelle?
M. FORGET: Non, c'est une politique qui a toujours été
établie. D'ailleurs, si l'on se réfère à la Loi de
l'assistance publique, le titre même de la loi indique que c'était
une loi pour autoriser le gouvernement à offrir une assistance
financière aux familles, mais qui prévoyait, dans ses termes
mêmes, une contribution des familles elle-mêmes, même
à l'époque, je crois, des municipalités ou des organismes
de bienfaisance. C'était une loi qui était très
limitée quant aux obligations de l'Etat pour le financement des
services. C'était une loi qui permettait à l'Etat d'assurer un
financement d'appoint, mais qui ne créait pas des services sociaux
généralement, des services publics gratuits.
Donc, c'est une pratique qui a toujours existé et qui s'est
concrétisée par des directives administratives qu'on peut
retracer au moins au cours des derniers dix ou quinze ans les
données sont peut-être moins faciles à obtenir pour une
période antérieure des directives administratives qui
décrétaient certaines pratiques, certaines façons
d'établir le revenu des familles et de faire la perception. La
perception, d'ailleurs, se faisait directement par le ministère, alors
que l'évaluation des revenus se faisait par les agences sociales qui
transmettaient une formule à cet effet au ministère, lequel
faisait la perception. Encore une fois, c'est plus ou moins une description
à peu près complète des procédures suivies dans le
passé.
J'ai fait allusion cependant à une exception. C'est l'exception,
par exemple, qui est prévue dans la Loi de la protection de la
jeunesse.
L'article 27 prévoit une contribution des parents
déterminée par un juge de la cour du Bien-Etre social ou de la
cour qui a à décréter des cas de placements à
l'occasion. Il existe aussi, je pense, une disposition analogue, je ne suis pas
absolument certain, dans la loi sur les jeunes délinquants, qui est une
loi fédérale, mais qui est également administrée
par la cour de Bien-Etre social.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous parlez de directives administratives; elles
étaient appliquées par qui?
M. FORGET: Elles étaient appliquées à deux niveaux.
Elles étaient appliquées vis-à-vis...
M. BEDARD (Chicoutimi): De quelle façon?
M. FORGET: ... du client individuel et vis-à-vis de la famille.
Elles étaient appliquées par les travailleurs sociaux qui
évaluaient les revenus des familles, et qui déterminaient avec
elles, comme c'était envisagé de le faire dans les
règlements en vertu de barèmes décrétés par
le ministère, la contribution qu'ils devaient effectuer. Cette
information était ensuite transmise pour fins de perception à un
service de l'ancien ministère de la Famille et du Bien-Etre, et depuis,
du ministère des Affaires sociales.
M. BEDARD (Chicoutimi): Où allaient les allocations
familiales?
M. FORGET: Les allocations et cela, c'est une modification qui
est importante, en effet pour les enfants placés n'allaient pas
aux familles. Dans la situation envisagée, ces allocations seront
versées aux familles, ce qui diminue d'autant la contribution nette
à laquelle elles sont tenues, par rapport à la situation
antérieure. C'est-à-dire que, plutôt que de diminuer les
montants de la contribution d'une allocation qui ne leur serait pas
versée, il est prévu que l'allocation leur sera versée, de
manière à les traiter, en somme, comme tous les autres parents
à cet égard, et à ne pas faire de distinction selon que
l'enfant est placé ou pas.
M. BEDARD (Chicoutimi): Maintenant, d'accord, elles vont aux familles;
mais en raison de l'augmentation des taux, c'est tout simplement en
attendant...
M. LESSARD: Un retour.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... pour que cela retourne directement, en
fait...
M. FORGET: Les sommes qui leur sont versées au titre des
allocations familiales, leur sont versées pour subvenir aux besoins des
enfants. Evidemment, si l'Etat assume une responsabilité
prédominante à cet égard, il est convenable, il est
normal, et c'était le cas dans le passé, puisqu'on ne leur
versait tout simplement pas l'allocation, que cette allocation serve d'abord
pour le maintien de l'enfant. Maintenant, j'aimerais attirer l'attention des
membres de cette commission sur le fait que, tenant compte des modifications
annoncées ce matin, il y a plusieurs personnes qui recevront
effectivement, en allocations familiales ou en allocations familiales et aide
sociale combinées, au titre des enfants, un montant supérieur,
parfois le double, à la contribution minimum qui est exigée.
Puisque cette contribution sera fixée à $22, alors que pour le
premier enfant, par exemple, dans l'aide sociale...
UNE VOIX: Pourquoi parle-t-on là-bas, M. le ministre? Vous n'avez
pas le droit de parler.
M. FORGET: C'est une question de chiffres. Dans le cas de l'aide
sociale, le premier enfant est effectivement bénéficiaire d'une
somme de $68.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le ministre, d'une façon très
précise, comment était utilisée l'allocation familiale
avant? Où allait-elle? Comment était-elle utilisée? Pour
qui, à l'avantage de qui? Je peux peut-être répondre;
est-ce que c'est exact qu'elle était...
M. FORGET: Elle était, pour une large part,
récupérée par le ministère des Affaires sociales
et, pour une autre part, elle était versée dans un fonds commun,
qui était utilisé par les agences sociales pour subvenir à
certains besoins. Ce fonds a été maintenu, même s'il ne
sera plus alimenté directement par les allocations familiales. Il s'agit
d'une somme de $2,500,000, qui est repartie entre les différentes
agences, et qui leur permettra de répondre à un certain nombre de
besoins spéciaux, tels que décrits dans l'annexe, un document qui
leur a été remis et que je pourrais vous citer, si vous le
voulez.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si je comprends bien, elles étaient
retenues par l'agence, avant...
M. FORGET: Pour une part, seulement.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... et puis, elles servaient d'une façon
spécifique à l'enfant.
M. FORGET: Elles servaient de façon générale,
à l'ensemble des enfants qui étaient sous la surveillance ou la
garde, si vous voulez, sous les soins d'une agence sociale, et non pas à
un enfant pris spécifiquement. D'ailleurs, il faut se rappeler que l'on
parle d'allocations familiales à un montant fort inférieur aux
niveaux qui ont cours aujourd'hui. Donc, la somme dont on parle, qui
était d'environ la moitié, je crois, des allocations familiales
versées pour le compte de ces enfants, représentait une somme par
exem-
ple, de $4 par mois, qui était versée dans un fonds commun
pour l'enfance fonds commun qui était utilisé, encore une
fois, pour des besoins spéciaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quelle proportion?
M. FORGET: En totalité.
M. BEDARD (Chicoutimi): Sous l'ancien régime, est-ce que ce n'est
pas exact qu'effectivement il y avait un fonds pour l'enfant, il y avait des
sommes réservées spécialement, d'une part, pour ses
besoins, d'une façon spécifique, vêtements, anniversaire ou
de petites dépenses, plus un fonds qui était consolidé en
faveur de l'enfant et qu'on lui remettait à 18 ans et que l'application
de votre loi fait que ce fonds n'existe plus pour l'enfant? C'est ça en
réalité.
M. FORGET: Effectivement, l'explication que je viens de vous donner est
la plus générale et la plus complète que je puisse vous
donner et c'était essentiellement une situation d'un fonds commun qui
était utilisé pour les besoins spéciaux, fonds qui a
été maintenu.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est peut-être l'explication la plus
générale, mais ce n'est sûrement pas la plus
précise. Je vous demanderais de me rectifier quand j'affirme
qu'effectivement auparavant cette somme d'allocations familiales allait au
bénéfice de l'enfant.
M. FORGET: De l'enfant en particulier?
M. BEDARD (Chicoutimi): De l'enfant en particulier.
M. FORGET: Ce n'était pas la politique" suivie. Au meilleur de ma
connaissance, la politique suivie était la constitution d'un fonds qui
était utilisé non pas spécifiquement pour un enfant, mais
de façon générale. Il y avait, bien sûr, dans
l'allocation au foyer des sommes spécifiques. C'est peut-être
à ces sommes que vous faites allusion, qui pouvaient servir à
payer, par exemple, une allocation d'argent de poche pour les menues
dépenses des enfants et qui variait selon l'âge de l'enfant et
également certains prélèvements qui étaient faits
à même les sommes versées au foyer nourricier pour
constituer des réserves qui ne leur étaient pas versées
mensuellement mais à des intervalles différents, par exemple pour
le renouvellement de vêtements. Il s'agit à ce moment-là de
sommes qui ne s'ajoutent pas, qui ne sont pas les sommes dont vous parliez, ce
sont des sommes provenant des allocations familiales ou d'une partie seulement
des allocations familiales non récupérées par le
ministère, mais d'une somme qui se trouvait à l'intérieur
même du per diem, si l'on veut, versé au foyer nourricier.
M. BEDARD (Chicoutimi): Il reste qu'à un moment donné
cette somme servait pour la constitution c'était au moins la
politique de plusieurs agences d'un fonds dont l'enfant était le
seul bénéficiaire et qui lui était remis à
l'âge de 18 ans, ce qui n'existe plus. A l'heure actuelle, cela s'en va
dans les coffres du gouvernement. On donne l'argent à la famille et,
d'une autre part, en élevant les taux, les barèmes, on demande
simplement à la famille d'être dépositaire pour un certain
temps, un temps très relatif, d'un montant, quitte à le remettre
tout de suite dans les coffres du gouvernement. Souvent on demande cette chose
à des familles qui déjà ont de la misère à
assurer leur subsistance, on demande à ces familles pauvres de faire de
l'épargne, autrement dit de rester pauvres, d'avoir de la
difficulté et d'avoir l'héroisme de garder en main une somme pour
la remettre au gouvernement; ce qui fait que l'héroïsme, il ne faut
pas y croire plus qu'il ne le faut, pas plus de la part du gouvernement que de
la part des familles pauvres, je l'espère au moins. A ce
moment-là, étant donné les besoins primordiaux de la
famille, cette famille ne peut pas faire autrement que d'engager ces sommes.
Ceci veut dire qu'à un moment donné cette famille se
réveille endettée vis-à-vis du gouvernement. Elle continue
à avoir la pression de l'endettement, en plus de tout le reste en termes
d'endettement. En plus de ça, elle a un endettement vis-à-vis du
gouvernement. Alors, pour faire le travail, de percevoir ce montant qu'on
demande par héroïsme à des familles pauvres de garder en
réserve, quand elles ont besoin de l'employer, on demande aux
travailleurs sociaux de s'en charger, à eux qui ont acquis la confiance
de ces gens parce qu'ils se sont penchés sur leurs problèmes. Ce
qui est tout à fait normal, humainement parlant. C'est à ces gens
qu'on demande, si je comprends bien vos règlements, d'aller percevoir ce
montant.
En fait, les règlements sont cyniques dans leur application.
Plutôt que d'y aller visière levée de la part du
gouvernement, d'exiger le paiement, on passe par un intermédiaire. Pas
n'importe quel intermédiaire, l'intermédiaire qui a su gagner la
confiance des gens qui sont dans les difficultés. On place cet individu
dans une situation qui devient intenable vous en savez quelque chose
celle d'être, d'une part, quelqu'un qui est attentif aux besoins
sociaux des familles dont il a la responsabilité, d'autre part,
d'être le percepteur honnête du gouvernement, implacable du
gouvernement. Vous savez que cela amène, à ce moment-là,
des déchirements concernant le travailleur social, des
déchirements tels qu'il se peut qu'il refuse de faire ce travail. La
preuve en est qu'il y a tout un groupe à Montréal qui a
refusé de le faire parce que, tout simplement, ce n'est pas humain.
Dans ce sens, je trouve ces règlements inhumains. C'est
impensable que le gouvernement, encore une fois, n'y aille pas directement
quand il veut hausser, quand il veut imposer il n'y aura pas des taxes
déguisées, on ne fera
pas de démagogie mais quand il y a un compte à
percevoir, je trouve cela impensable qu'il le fasse percevoir par le
travailleur social.
M. FORGET: Vous permettez? M. BEDARD (Chicoutimi): Oui.
M. FORGET: La perception par le travailleur social est évidemment
une conclusion qui ne se dégage pas du règlement comme tel. C'est
une projection ou une interprétation que vous faites.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'était dans les amendements, ce matin.
Vous venez juste de le dire.
M. FORGET: Non. Si vous en prenez connaissance de façon
attentive, vous allez voir que les responsabilités de l'application de
l'ensemble des mesures de placement, y compris les dispositifs financiers, sont
confiées aux centres de services sociaux. Les centres de services
sociaux ne sont pas seulement des clubs ou des groupes de travailleurs sociaux.
Ce sont des organismes, des établissements parapublics qui donnent des
services sociaux, mais qui comportent un certain nombre de professionnels.
C'est une question, pour eux, d'organisation interne, de voir à ce que
la division des tâches soit faite en tenant compte des
préoccupations comme celles que vous avez exprimées. Pour ce qui
est de l'implication des travailleurs sociaux comme tels, il est
envisagé qu'ils seront affectés à des
responsabilités qu'ils sont en mesure d'accomplir mieux que n'importe
quelle autre catégorie de professionnels. Ce sont, sans aucun doute, les
activités d'interventions psychosociales auprès de la famille. Il
s'agit pour eux d'aider la famille.
Je ferai remarquer, cependant, qu'ils ont toujours effectué ce
travail d'évaluation des revenus de la famille, puisqu'une de leurs
responsabilités est de déterminer dans quelle mesure cette
famille a besoin d'aide. Ils ne peuvent pas le faire, à moins de
connaître précisément toute sa situation, y compris sa
situation économique, puisque cela peut déterminer, dans une
large mesure, les recommandations qu'ils vont lui faire et l'appui qu'ils
peuvent lui accorder.
Une fois que cette détermination est faite, j'estime qu'il est
plus raisonnable de faire administrer l'ensemble de la mesure, non pas de
façon centralisée par le ministère, mais de le faire de
façon décentralisée en confiant aux centres de services
sociaux, qui sont des organismes, qui ne se confondent pas avec la corporation
professionnelle des travailleurs sociaux. Ce sont des établissements qui
peuvent très bien avoir et qui ont effectivement toutes sortes de
professionnels pour répartir les tâches de la manière la
meilleure possible. Etant plus près des problèmes, étant
dans la mesure de faire des réponses peut-être plus rapidement,
ils sont certainement aussi bien placés et, à mon avis, beaucoup
mieux pour administrer une loi. Comme vous le savez, c'est d'ailleurs la
pratique générale dans le secteur des affaires sociales que de ne
pas, dans la mesure du possible, donner les services directement, administrer
les problèmes directement, mais voir à ce que cette
administration se fasse indirectement par la voie d'établissements
parapublics qui ont un conseil d'administration, qui sont en mesure de
refléter plusieurs préoccupations qui sont évidemment
moins perceptibles dans le cadre d'une administration centralisée.
C'est le but du règlement. Ce n'est pas le but de se
départir des responsabilités, mais d'attribuer des
responsabilités en fonction d'un plan d'ensemble qui existe dans ce
secteur comme il existe dans d'autres secteurs, des secteurs de services de
santé, etc., c'est le même souci de porter dans le secteur
parapublic toutes les activités de services proprement dits.
M. BEDARD (Chicoutimi): En dehors de la dialectique que vous employez,
à propos de conseillers sociaux, aides sociaux, tous ces gens qui
travaillent ensemble, humainement parlant, c'est une grande famille, ce que
vous voulez nous dire, à travers toute la dialectique que vous avez
employée, la réalité n'est-elle pas que, dans le fond le
centre de service social, on le change en une agence de perception, on en fait
une agence de perception. Remarquez qu'avant je trouvais que cela avait
beaucoup plus d'allure, c'était beaucoup plus réaliste qu'on
demande au travailleur social de faire l'évaluation des moyens de la
famille dont il avait la responsabilité. Il était sur le terrain,
il était près des gens, près de leurs problèmes. Il
ne le pourra plus maintenant. C'est le règlement qui décide.
C'est le règlement qui fait maintenant l'impératif des
moyens.
M. FORGET: ... il y avait des lignes directrices. Il ne faisait pas
selon sa fantaisie.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous venez juste de me dire qu'il n'est plus un
percepteur. Vous ne voulez absolument plus qu'il soit un percepteur. Il n'est
plus un évaluateur non plus. Il va falloir se comprendre. Vous l'avez
fait pour quelque chose ce règlement. Vous l'avez fait pour fixer des
normes.
M. FORGET: II évalue les revenus, il n'évalue pas les
normes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous évaluez... Bon! Je vais prendre vos
propres paroles. Le règlement évalue les revenus. Ce n'est plus
le travailleur social qui le fait alors qu'à mon sens avant
c'était beaucoup plus normal.
M. FORGET: Vous jouez sur les mots. Quand on évalue les revenus,
on évalue les revenus en particulier. On n'évalue pas des revenus
abstraits.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas abstrait cela.
M. FORGET: Ce n'est pas le règlement qui évalue le revenu
d'une famille. Cela peut se faire seulement par un individu qui établit
quel est le revenu d'une famille. Cela ne peut pas se faire par les
règlements. Ce que nous évaluons, c'est la contribution qui est
due, étant donné le revenu ainsi évalué. Il ne faut
pas confondre les deux.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est fixe, c'est automatique, c'est
régi.
M. FORGET: II y a toujours eu des lignes directrices pour guider le
travailleur social dans la détermination du montant qui devait
être contribué par la famille et par le gouvernement
respectivement. Il y a toujours eu des lignes directrices.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous venez de nous apprendre quelque chose.
M. FORGET: Ce que nous voulons faire par ce règlement, c'est
rendre publiques et officielles ces lignes directrices plutôt que de les
laisser au sein de directives.
M. BEDARD (Chicoutimi): En fait, l'évaluation qui se faisait des
besoins, qui se faisait au niveau de la famille, qui était faite par le
travailleur social, maintenant d'évaluateur qu'il était, vous en
faites, en définitive, un percepteur. Vous imbriquez, en fait, à
l'intérieur du centre de service social, quelqu'un appelons-le
comme on veut qui, effectivement, va s'occuper d'une façon tout
à fait particulière d'être le percepteur. Est-ce que c'est
cela?
M. FORGET: Le percepteur change de place. Il a toujours
existé.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pourquoi ne pas mettre le percepteur à la
bonne place.
M. FORGET: C'est là qu'il est dans le règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non. En fait c'est le gouvernement...
M. FORGET: Vous voulez avoir une administration centralisée
à tout prix. En vertu de quoi?
M. BEDARD (Chicoutimi): Le percepteur c'est le gouvernement. En fait, on
fait faire le travail indirectement par des gens qui ont acquis la confiance du
milieu. Au niveau d'un compte, au niveau de la facturation, pourquoi est-ce que
ce n'est pas fait directement par le gouvernement à l'individu? Pourquoi
obliger des gens, à l'intérieur du centre de service social, ou
des gens qui sont sur le champ, à essayer d'expliquer toute cette
politique de facturation du gouvernement et de demande de compte, autrement dit
de perception? Qui en profite? C'est le gouvernement? Pourquoi est-ce que ce
n'est pas le gouvernement qui directement...
M. FORGET: Ce sont les familles qu'on peut aider de cette
façon-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): Qu'il en souffre l'odieux au moins.
M. FORGET: Comme ces règles sont incorporées dans un
règlement, je ne me fais pas tellement de soucis sur la question de
savoir qui porte l'odieux de la détermination des barèmes. Il est
clair que ces barèmes doivent non seulement être
édictés à un moment donné et être
édictés de la façon la plus publique, la plus officielle
possible, ce que seul un règlement peut faire, ils doivent aussi
être administrés. Ce sont deux opérations distinctes. Je ne
crois pas qu'une administration centralisée beaucoup d'exemples
nous sont fournis de cette proposition soit préférable,
soit meilleure à priori comme on semble le suggérer, qu'il
s'agisse de contributions financières ou qu'il s'agisse de tout autre
aspect dans la distribution des services.
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, comment expliquez-vous ce refus de bien
des travailleurs sociaux, à Montréal entre autres, de faire cette
perception parce qu'ils ne veulent pas porter l'odieux des mesures du
gouvernement?
M. FORGET: Comme je l'ai indiqué, il s'agit là d'un
problème d'organisation du travail au sein des centres de services
sociaux, mais il n'est pas requis par le règlement que ce soient des
travailleurs sociaux qui perçoivent les sommes; il est cependant
indispensable que ce soient eux, comme toujours, qui établissent quels
sont les revenus d'une famille puisque ça contribue à
l'évaluation de l'ensemble des problèmes d'une famille. C'est une
information qu'ils ont et qu'ils communiquaient anciennement au
ministère qui, ensuite, l'utilisait de manière
centralisée. Leur perception et leur image, si vous voulez, ou leur
rôle auprès des familles ne sera pas changé, si, au lieu de
transmettre ces renseignements au gouvernement, ils les transmettent à
un autre service du centre de services sociaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): En principe, du point de vue administratif, si
vous employez toujours cette expression, il y aura en définitive, pour
servir le gouvernement, un percepteur à l'intérieur du centre de
service social?
M. FORGET: Forcément, puisqu'il y a une perception à
faire.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est ce que je vous demande, carrément
attitré à cette fonction?
M. FORGET: Ceci dépend des programmes, des plans d'organisation
qui nous sont soumis par les centres de services sociaux; cette question a
été discutée avec eux et ils nous ont indiqué que
ce problème en particulier posait une difficulté d'adaptation
mais qu'ils se sentaient en mesure de la surmonter avec succès et qu'ils
ne voyaient pas un problème insurmontable dans la prise en charge de
cette responsabilité.
M. BEDARD (Chicoutimi): Peut-être qu'au niveau des technocrates,
ils ne voient pas de problèmes insurmontables, mais est-ce que, dans les
mémoires que vous avez reçus et dont on ne connaît pas la
teneur, il n'a pas été question de récriminations et de
positions très précises dans ces mémoires concernant ce
mécanisme qu'on essaie de mettre en place?
M. FORGET: Sur cet aspect particulier d'une décentralisation de
certaines activités, je ne crois pas que cela ait fait l'objet de
représentations particulières.
M. BEDARD (Chicoutimi): A aucun moment, dans les mémoires que
vous avez reçus, il n'a été question de cette position du
travailleur social qui devient...
M. FORGET: C'est une autre question.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non. Je vous le demande. Il en a
été question là-dedans...
M. FORGET: Comme vous le savez, les journaux en ont fait état. Je
vous ai déjà donné la réponse à ceci, il
s'agit d'un problème d'organisation interne des centres de services
sociaux. Comme corporation professionnnelle, ils peuvent exprimer des
réserves à un certain rôle, à une extension nouvelle
d'un rôle traditionnel qu'ils ont assumé. C'est une question
qu'ils vont sûrement discuter à l'intérieur de chaque
centre de services sociaux de manière à déterminer quelle
est l'organisation du travail, la division des tâches qui est la plus
susceptible de satisfaire aux impératifs professionnels de leur groupe
en particulier.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant l'allocation familiale, vous nous
avez dit d'une façon très précise qu'elle serait
versée aux parents?
M. FORGET: En effet.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quitte à ce que ces parents paient les
comptes du gouvernement.
M. FORGET: Comme vous le savez, dans tout état de prestation
sociale, nous avons préféré, plutôt que de mettre en
quelque sorte en tutelle des bénéficiaires ou ceux qui
reçoivent des prestations sociales, en présumant que s'ils ont
certaines responsabilités, ce problème a été
soulevé à l'occasion des comptes d'électricité, des
comptes d'eau, des taxes municipales, etc., il fallait percevoir à la
source toute prestation sociale pour satisfaire à ces exigences. Nous
avons toujours maintenu l'attitude qu'il fallait faire les versements à
toutes les familles ou à tous les individus selon le cas, de la
même façon, sans se préoccuper ou sans préjuger
d'avance de leur volonté d'honorer leurs obligations dans la limite de
leurs moyens.
M. BEDARD (Chicoutimi): Les allocations familiales vont aux parents
alors qu'avant ces allocations familiales étaient retenues par
l'agence... quelle partie?
M. FORGET: Pour une partie assez faible, pour le cas des enfants qui
était de dix ans et douze ans, il s'agissait du tiers seulement de
l'allocation qui était retenu. C'était à ce
moment-là de $6 et il y avait seulement $2 de retenu. Evidemment, les
montants ont varié mais il s'agissait d'une faible fraction de
l'allocation qui était retenue, l'autre fraction était
récupérée par le gouvernement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Seulement une faible fraction et seulement pour
une certaine catégorie.
M. FORGET: Pour l'ensemble des enfants, je crois qu'il y avait une
rétention. Sauf que certains enfants ne recevaient aucune allocation
familiale. Mais c'est un point plutôt technique, on peut l'explorer, si
vous le désirez. Il y a certains enfants qui n'avaient droit à
aucune allocation familiale. Donc, il n'y avait pas de rétention
puisqu'il n'y en avait pas. Pour ceux qui en avaient, il y avait une fraction
qui était retenue par l'agence, une fraction d'un montant fort
inférieur au montant actuel des allocations familiales.
M. BEDARD (Chicoutimi): A part cette fraction minime, pour employer
votre expression, qui était retenue par l'agence, le reste de
l'allocation familiale allait avant à l'enfant, pour
dépôt.
M. FORGET: C'était récupéré par le
gouvernement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela allait au bénéfice de
l'enfant, avant.
M. FORGET: La faible fraction, qui était retenue, était
retenue au bénéfice de l'enfant.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui.
M. FORGET: L'autre fraction allait au gouvernement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, mais elle servait seulement à
l'enfant, à ce moment-là.
M. FORGET: La partie qui était retenue? M. BEDARD (Chicoutimi):
C'est cela. M. FORGET: Pour l'enfant. M. BEDARD (Chicoutimi): C'est cela. M.
FORGET: Elle servait à l'enfant.
M. BEDARD (Chicoutimi): A l'enfant seulement, alors que, maintenant, ce
n'est plus le cas.
M. FORGET: Elle sert également à l'enfant. C'est un
régime complètement différent. Il n'y a pas une
rétention par l'agence. Le montant total de l'allocation est
versé à la famille et une partie de cette allocation sera
retournée à l'agence ou au centre de services sociaux pour payer
le coût de l'hébergement de cet enfant dans un centre d'accueil ou
dans un foyer nourricier.
M. BEDARD (Chicoutimi): La partie qui servait à l'enfant servait
aux besoins spécifiques de l'enfant, c'est ce que je veux dire. Que ce
soit, comme vous avez dit, anniversaire, cadeaux de Noël ou encore la
constitution d'un fonds qui pouvait lui être remis à ses 18 ans.
Spécifiquement pour l'enfant, et ni directement, ni indirectement, le
gouvernement n'allait en chercher sur cette partie.
M. FORGET: En effet...
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors qu'à l'heure actuelle,
indirectement, parce que cela est versé aux parents, le gouvernement va
en chercher une partie.
M. FORGET: II va en chercher une partie comme il allait chercher une
partie anciennement mais il ne va pas tout chercher.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand ce n'est pas tout.
M. FORGET: II ne va pas tout chercher dans les barèmes de base,
s'il va chercher davantage, c'est en fonction d'une évaluation du
revenu.
M. BEDARD (Chicoutimi): N'est-il pas vrai que dans certains cas il va
tout chercher?
M. FORGET: Dans certains cas, selon le revenu de la famille.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans la plu- part... Selon le revenu de la
famille. Alors comment évalueriez-vous le pourcentage où la
situation est telle que le gouvernement va tout chercher de ce qui est de
l'allocation familiale, ce qui auparavant servait à l'enfant?
M. FORGET: C'est une situation où le rôle de la famille
atteint un niveau tel que cette récupération se fait
effectivement.
M. LESSARD: La nouvelle taxation.
M. FORGET: Ce n'est pas une nouvelle taxation, c'est simplement une
contribution de l'Etat, une assistance financière au placement des
enfants qui est mesurée en fonction du revenu et qui est progressive,
c'est-à-dire que plus le revenu est bas, plus la contribution de l'Etat
est considérable, plus le revenu de la famille est élevé,
moins cette contribution de l'Etat est grande, donc, inversement, plus
croît la participation financière de la famille aux frais
d'hébergement de l'enfant.
M. BEDARD (Chicoutimi): De toute façon...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, je me demandais si le
député de Chicoutimi avait fini ses questions, parce qu'avant
d'aborder la question des barèmes, M. le Président, j'aimerais
aussi savoir si, dans le passé, le gouvernement a fait des distinctions
entre différents types de handicaps, par exemple, handicaps mentaux,
handicaps physiques ou d'autres handicaps que j'appellerais sociaux,
c'est-à-dire, des enfants qui, malheureusement, doivent subir la
répercussion de certaines mésententes dans les relations
maritales. Il me semble qu'à ce moment-là l'évaluation des
problèmes n'est pas la même et peut-être même, est-ce
que l'on ne pourrait pas aussi évaluer la contribution d'une
façon différente de la part des parents?
M. FORGET: Dans le cas d'enfants qui doivent fréquenter certaines
institutions pour fins d'accessibilité scolaire, la situation
antérieure est telle que la contribution était nulle. Les
recommandations que nous faisons sont de placer ces familles dans la même
situation que toutes les familles qui doivent placer un enfant pour fins
d'accessibilité scolaire. Cela se trouve même dans le cas
d'enfants qui n'ont aucun handicap, comme on sait, mais dont les familles
vivent dans des régions éloignées. Ils reçoivent
à ce moment-là, une somme de $700 par année pour payer
cette pension et, lorsqu'ils sont dans des résidences
d'étudiants, ils doivent payer $85 par mois, ce qui fait une
différence pour dix mois de l'année, de $15 par mois, par
enfant.
M. BONNIER: Dans les cas de paralysie cérébrale et des
choses comme cela, M. le
ministre, est-ce que vous considérez que ces cas, de toute
façon, dans la plupart des cas, doivent être placés, tandis
que dans d'autres cas, il me semble qu'il peut arriver que des parents
préféreraient que l'enfant soit placé mais sans que cela
soit essentiel. A partir de ce moment-là, est-ce qu'il y a des
distinctions, de la part du ministère, quant aux types de handicaps dont
l'enfant est affecté?
M. FORGET: Quoique le problème des enfants handicapés soit
un problème important sur lequel justement, même ce matin, nous
avons annoncé qu'un changement dans le projet de règlement
était considéré, il reste que l'immense majorité
des enfants placés sont des enfants qui ne souffrent pas effectivement
de handicap. Si l'on pense aux enfants placés en foyers nourriciers, la
plupart de ces enfants sont placés pour des raisons familiales: ils ne
sont pas placés à cause de paralysie cérébrale ou
à cause d'hémiplégie ou de paraplégie, etc.
M. LESSARD: C'est un handicap psychologique, c'est un handicap
psychologique.
M. FORGET: La distinction malgré tout est assez importante,
puisque la question porte spécifiquement sur les handicaps. Donc, pour
l'immense majorité des enfants en foyers nourriciers, il s'agit de
difficultés familiales ou de difficultés de comportement
peut-être, mais non pas de handicaps physiques ou psychomoteurs, etc.
Dans les cas de handicaps, il existe un problème qui est sensible
surtout dans le cas d'enfants handicapés, si lourdement et pour lesquels
tout effort de réhabilitation ou de normalisation s'avère
impossible. Cependant, il est un fait qu'on ne peut catégoriser ces
enfants avant un certain temps, avant qu'un certain effort ait
été fait. Nous avons probablement tous à l'esprit,
certainement on nous a mentionné un certain nombre de cas d'enfants
très lourdement grevés de handicaps qui sont demeurés dans
leur famille et qui, à cause de cela ont réussi à
fonctionner, sinon normalement, du moins presque normalement. Ce sont des cas
extrêmement lourds, particulièrement dans ces cas où le
placement institutionnel ou le placement en foyer est presque une condamnation
malgré tout, lorsque ce n'est pas la famille naturelle qui seule, si
elle peut, est en mesure d'apporter toute l'aide, toute l'affection, tout
l'appui extrêmement considérable qui est nécessaire dans
ces cas; c'est seulement dans ces cas qu'on peut espérer une
amélioration. C'est d'autant plus important que, pour ces enfants, tous
les efforts soient faits pour qu'ils restent dans leur milieu familial.
J'aimerais d'ailleurs indiquer que c'est de ce côté que des
efforts devraient être faits avec des ressources accrues pour favoriser
le maintien de ces enfants dans leur famille le plus longtemps possible de
manière à leur donner toutes les chances. Il faut donc pour cela
envisager des mesures d'assistan- ce aux familles, mais pas d'assistance
financière tant que d'assistance au point de vue des services.
Par exemple, dans le budget de l'année qui vient, il y a une
somme de $1 million qui serait ajoutée au programme des auxiliaires
familiales. Je pense que c'est là une contribution beaucoup plus
significative pour ces familles que simplement un règlement financier ou
une subvention additionnelle. Ce dont elles ont besoin, c'est d'une aide. Elles
ont aussi besoin des possibilités de placement à court terme de
manière à parfois se soustraire à la pression très
considérable que constitue le soin de ces enfants, à prendre
quelques vacances. Il existe des possibilités par les centres de
services sociaux de les placer à court terme pour permettre justement ce
répit indispensable aux familles.
De ce côté, il est nécessaire de prévoir des
services. Je rappellerais, ne serait-ce que pour mémoire, qu'il y a
malgré tout un effort très considérable qui est fait de ce
côté, un effort qui atteint une centaine de millions de dollars
par année et les services à l'enfance sont quand même
passablement développés. Ils pourraient l'être davantage.
Ils pourraient peut-être aussi comporter des services professionnels plus
spécialisés, mais c'est une tâche à plus long terme,
que la formation de ce personnel.
A tout événement, différentes mesures peuvent
être envisagées pour aider ces familles. C'est là une des
priorités que nous devons nous donner et que nous nous sommes
effectivement données de voir tout ce qu'il était possible de
faire pour aider les familles qui ont des enfants handicapés à
subvenir à leur besoin et malgré tout, à continuer
à assumer leurs responsabilités. Parce que, dès que la
famille elle-même et la société se résignent
à placer l'enfant, on le condamne le plus souvent à ne pas sortir
de son handicap et à y demeurer à un état plus ou moins
constant. Il existe des exceptions, mais dans le cas, par exemple, de
déficients mentaux, il y a une différence sensible lorsque la
famille est capable d'assurer un appui. Il y a des exemples multiples de cela.
Certaines familles n'en sont pas capables cependant, soit psychologiquement,
soit matériellement et le placement, bien sûr, devient, à
ce moment-là, inévitable et nécessaire.
Garderies
M. BEDARD (Chicoutimi): Sur le plan des services, dans le dernier
budget, est-ce qu'il y a des sommes significatives pour l'établissement
d'un réseau public de garderies?
M. FORGET: J'ai fait allusion aux auxiliaires familiales. Pour ce qui
est des garderies, je pense que vous connaissez l'effort qui est fait pour
définir des orientations dans ce secteur. Lorsque ce sera fait...
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand vous par-
lez d'effort, voulez-vous parler des tournées électorales
qui se font?
M. FORGET: Des tournées de consultation, n'en déplaise
à l'honorable député de Chicoutimi, pour essayer de
connaître les sentiments de la population vis-à-vis d'un projet
comme celui-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous n'avez pas besoin de consulter.
M. FORGET: Nous n'avons pas besoin de consulter. Je suis
intéressé d'obtenir votre commentaire.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est parce que j'avais lu avec beaucoup
d'attention et de plaisir le premier discours inaugural, avant les fêtes,
où on parlait de l'établissement d'un réseau public de
garderies.
M. FORGET: Non. On a parlé d'un programme de garderies.
M. BEDARD (Chicoutimi): En tout cas, on aura l'occasion d'y revenir.
M. FORGET: Oui, sans aucun doute.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous faites une différence entre un
programme et un réseau?
M. FORGET: Si vous voulez qu'on y revienne à une autre
occasion?
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'un vrai programme de garderies ne
serait pas, en fait, l'établissement d'un réseau?
M. FORGET: Pas toujours.
UNE VOIX: C'est antiréglementaire.
M. BEDARD: Au contraire, ce n'est pas antiréglementaire. On parle
des services auxiliaires pour aider ces familles qui sont concernées par
la loi je pense qu'ils ne comprennent même pas la loi je
pense que c'est réglementaire, M. le Président, alors, concernant
un réseau public ou un programme de garderies, pour employer votre
expression, à part les tournées, est-ce qu'il y a des
sortes...
M. FORGET: M. le Président, on veut faire porter le débat
sur une question qu'on sait très bien relever d'une autre
préoccupation que celle-ci. On parle des contributions, et, tout
à coup, nous voilà dans les garderies.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le ministre, c'est vous qui venez d'amener le
sujet. Vous vous permettez, avec un grand plaisir et un grand gonflement, de
dire qu'il y a des sommes qui sont consacrées, à l'heure
actuelle, et qui vont aider beaucoup plus que du point de vue financier. Vous
venez de nous parler des aides.
M. FORGET: C'est parce qu'on me posait une question spécifique
sur la politique que nous avions vis-à-vis des enfants frappés
d'un handicap.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui. On va y venir aussi. Vous nous avez
parlé des auxiliaires familiales. Sur le même pied, je vous
demande, tout simplement, concernant les réseaux de garderies...
M. FORGET: Je vous ai répondu, d'ailleurs.
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, il n'y a rien de spécial de ce
côté, sauf les tournées.
M. FORGET: Et le programme qui est proposé à l'occasion de
ces tournées.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour quand prévoyez-vous l'application de
ce programme?
M. FORGET: Lorsque les décisions seront prises, le gouvernement
sera capable de prendre ses responsabilités et de mettre à
exécution les programmes qui auront été retenus.
M. LESSARD: En temps et lieu.
M. FORGET: Vous pouvez faire confiance au gouvernement pour cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Maintenant, vous, à titre de ministre des
Affaires sociales, avec les préoccupations que vous manifestez
présentement, quand vous nous parlez des auxiliaires familiales, je
pense que cela peut intéresser les gens de savoir dans quelle
période de temps je comprends que ce n'est pas à l'heure
et au jour près concernant les réseaux de garderies, on
peut s'attendre à quelque chose de pratique?
M. FORGET: Le plus tôt possible, comme je l'ai déjà
indiqué.
M. LESSARD: Lors du premier discours inaugural, vous annonciez un
programme de garderies. Dans le budget de cette année c'est clair
est-ce que vous avez des montants qui vous permettraient de satisfaire
à la promesse que vous avez faite dans ce grand discours de
rhétorique qu'était le discours inaugural, le premier de la
Législature?
M. FORGET: Vous avez déjà eu l'occasion d'entendre mes
réponses là-dessus. Je n'ai pas l'intention de discourir
davantage sur les garderies aujourd'hui. Je soumets humblement, M. le
Président, que ce n'est pas directement en rapport avec le projet de
règlement. Nous avons indiqué de manière
générale le genre de préoccupations
que nous avions vis-à-vis des garderies. C'est en effet un
service complémentaire. Il y a un programme, il y a une consultation.
Les décisions et les annonces viendront au moment voulu. Elles ne
viendront pas aujourd'hui, durant cette commission.
M. BONNIER: J'ai laissé la parole au député de
Chicoutimi, mais je n'avais pas tout à fait fini sur cette ligne, si
vous permettez.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord, allez- y.
M. BONNIER: Je voudrais seulement savoir une chose
peut-être que ma question n'est pas précise, M. le ministre
au sujet de vos perspectives d'avenir, peut-être pas
immédiatement. Mais dans ma pensée, il me semble qu'il faut quand
même établir une distinction, par rapport aux services
institutionnels entre des handicapés physiques et mentaux et d'autres
espèces de handicapés, que j'appellerais des handicapés
sociaux, soit par des problèmes de comportement à
l'intérieur de leur propre milieu. Pour certains enfants, on pense que
c'est peut-être préférable qu'ils aillent en institution.
Je suis, a priori, d'accord avec vous que ce n'est pas nécessairement le
placement en institution, à ce moment, qui est la meilleure formule,
tandis que, dans d'autres cas de handicap physique ou mental, cela s'impose
presque d'une façon absolue, du moins à un certain âge.
Alors, est-ce possible de penser qu'éventuellement on fera une
distinction entre les deux quant à la contribution financière des
parents, tenant pour acquis qu'à un moment donné ils n'ont
pratiquement pas le choix, il faut qu'ils aillent en institution, tandis que,
dans d'autres cas de handicaps sociaux, ce n'est peut-être pas aussi
absolu que ça?
M. FORGET: J'aimerais attirer votre attention sur une note qui n'est
peut-être pas aussi explicite que vous le désiriez, mais qui,
à la lumière de travaux qui sont encore en cours, pourra
être précisée dans un avenir immédiat. Dans le
paragraphe h) à la page 10 de ma déclaration de ce matin,
j'indique que "les centres de services sociaux seront autorisés à
consentir un plafonnement de la contribution des parents au niveau minimum
prévu (c'est-à-dire égal à l'allocation familiale
reçue) dans certains cas d'enfants polyhandicapés lorsque
l'âge de l'enfant et la durée du séjour en
établissement démontrent l'impossibilité totale d'une
réintégration dans la famille".
Dans cette mesure, il y aura un élément
d'évaluation professionnelle, de discrétion, si vous voulez, dans
l'évaluation de ces problèmes, permettant de limiter la
contribution financière essentiellement au montant de l'allocation
familiale dans les cas de placement indéfini, permanent, en quelque
sorte, lorsque la preuve aura été faite, sur un plan
professionnel, que c'est là la solution qui doit être retenue.
M. BONNIER: Ce qui est une amélioration, si vous me le permettez,
sur l'état actuel.
M. BEDARD (Chicoutimi): Selon les informations de tous les groupes, du
moins des mémoires qu'on a pu parcourir, la politique
générale des agences, et même du gouvernement,
était, sauf dans des cas d'exception, que toute l'allocation familiale
allait auparavant pour le bénéfice de l'enfant, tandis que,
maintenant, ce n'est plus le cas.
M. FORGET: L'information que vous avez, à ce sujet, me semble
différer de la situation qui prévalait et qui faisait que
seulement une partie de cette allocation allait aux enfants.
M. BEDARD (Chicoutimi): Puisque vous avez ces renseignements qui vous
permettent de dire le contraire, pouvez-vous me dire quel montant vous
perceviez par le biais de cette récupération dont vous nous
parlez, qui venait au gouvernement?
M. FORGET: C'est un renseignement qu'on pourrait vous identifier;
ça apparaît effectivement. Malheureusement, je n'ai pas ce
chiffre-là, mais c'est un montant assez important, qui était
récupéré, effectivement, et qui servait, bien sûr,
au financement de l'ensemble du réseau, comme toutes les sommes qui sont
récupérées. Mais, je regrette, je n'ai pas le montant avec
moi. C'est une somme très considérable.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'étaient, quand même, des cas
d'exception; je comprends qu'il pouvait y en avoir plusieurs.
M. FORGET: Pas des cas d'exception; c'était une situation
générale.
M. BEDARD (Chicoutimi): Effectivement, l'argent restait, au moins,
complètement entre les mains de l'agence.
M. FORGET: Je pourrais vous répondre, de la même
façon, que les sommes qui sont récupérées en
totalité resteront entre les mains de l'agence.
Il y a effectivement une récupération malgré tout,
puisque c'est la même...
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans l'élaboration de vos
règlements, est-ce que vous pouvez nous dire quel montant, quelle
augmentation vous vous attendez recevoir vous du gouvernement, à la
suite de l'application de la perception?
M. FORGET: Je n'ai pas une évaluation très précise,
encore une fois, puisque ces recommandations de modifications ont
été élaborées hier. Je ne suis pas certain qu'on
ait fait une nouvelle évaluation du total de la
récupération envisagée.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quant à ces mesures qui ont tant
d'implications comme vous le disiez, sur l'aspect financier des familles...
M. FORGET: C'est vous qui l'avez dit.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... sur les familles qui sont frappées,
il me semble que vous pourriez vous permettre de nous donner des chiffres quand
même assez précis de ce côté.
M. FORGET: J'aimerais attirer votre attention sur une affirmation que
j'ai faite et qui demeure, ce n'est pas une opération financière.
Elle n'a pas été faite en vue de récupérer une
somme donnée. Cette récupération va s'effectuer. Elle va
produire un revenu, mais ce n'est pas le but. Ce n'est donc même pas une
considération qui a été jugée importante lors de la
discussion des changements que nous avons proposés ce matin.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si ce n'est pas une opération
financière, pourquoi, dans un premier temps, nous a-t-on donné le
règlement que nous avons en main présentement et qu'à la
suite de représentations qui devaient avoir quand même des
implications financières, à la suite de représentations de
divers organismes vous avez cru bon de nous parler des amendements dont vous
nous avez parlé ce matin?
M. FORGET: Pour tenir compte des vues observées sur l'impact de
cette mesure sur les familles, bien sûr. L'impact financier sur les
familles est important, mais ce dont vous parliez depuis un moment, c'est
l'impact financier sur le gouvernement. C'est autre chose.
M. LESSARD: Ce n'est pas une opération....
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est une résultante, c'est une relation
de cause à effet.
M. LESSARD: ... c'est une opération financière
cachée du gouvernement. Mais, par exemple, c'est toute une
opération financière pour les citoyens.
M. FORGET: Ce n'est pas caché puisqu'on en parle en public.
M. LESSARD: Oui, mais celle du 1er février 1974 a
été cachée. C'est une opération financière
qui a des conséquences énormes sur les citoyens. On veut savoir,
M. le Président, quel montant le gouvernement percevait avant
l'application du règlement du 1er février 1974. Quel montant le
gouvernement percevra-t-il à la suite de la nouvelle application de ce
règlement? Nous allons voir si c'est une augmentation de taxes ou si ce
n'est pas une augmentation de taxes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le tableau va être clair, à ce
moment-là.
M. FORGET: De façon générale, je pourrais vous
indiquer que dans le passé nous percevions annuellement environ $2
millions et qu'il y avait environ $1,200,000 qui s'ajoutaient qui
étaient récupérés au titre des allocations
familiales; donc environ $3,200,000. Ceci pour le passé, comme un
chiffre approximatif, sous toutes réserves, puisque ce sont des chiffres
que nous n'avons pas de façon détaillée ici même
aujourd'hui.
Pour ce qui est de l'avenir, comme je l'ai indiqué, nous avons
suggéré ce matin des modifications au barème de
contributions. Nous ne sommes pas en mesure de vous dire
précisément ou même approximativement l'ordre de grandeur
de la récupération envisagée.
Il s'agira d'une somme supérieure à $3,200,000, mais il ne
faut pas oublier que les allocations familiales ont aussi été
majorées d'une somme également sensible aux mêmes
familles.
M. LESSARD: Ce n'est pas pour les parents, les allocations familiales,
c'est pour les enfants.
M. FORGET: C'est pour les enfants que nous faisons ces
dépenses-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous ne trouvez pas que vous commencez à
les gruger pas mal vos allocations familiales, avec les barèmes d'aide
sociale que vous avez baissés en même temps que vous avez
augmenté les allocations familiales, ce qui veut dire que vous donnez
d'une main et que vous prenez en partie de l'autre? Là, je
m'aperçois, à la lecture de ces règlements, que vous
êtes en train de reprendre des deux mains. Vous grugez encore. Les
allocations familiales, cela ne voudra plus rien dire tantôt. Cela va
simplement obliger des personnes à avoir des montants, des personnes qui
ont des difficultés à arriver. Cela a pour effet de les obliger
à économiser. Vous obligez les familles en difficulté
à économiser et à garder une grande partie de l'allocation
familiale pour pouvoir redonner au gouvernement. Ils ne sont pas capables
d'économiser. Vous les placez dans une situation d'héroisme. Ce
n'est pas possible, à moins de vouloir les endetter d'une façon
systématique.
M. FORGET: Dans le cas des familles qui ont des enfants placés,
effectivement, avec les contributions exigées, il demeure malgré
tout que, si ces enfants demeuraient chez eux, les dépenses qu'ils
encourraient, pour l'entretien des enfants, seraient encore supérieures
à la contribution qui est envisagée dans tous les cas, de telle
façon que l'on ne peut pas dire que les allocations familiales ne
servent pas effectivement aux besoins des enfants. Mais il est important de ne
pas oublier que, pour chaque enfant qui est placé, correspondent aussi
beaucoup d'enfants qui ne le sont pas, et les responsabilités des
familles sont entières pour ceux qui ne sont pas placés.
Lorsqu'intervient
un placement, ils ne sont certainement pas placés dans une
position pire, financièrement parlant, même avec ces
contributions, qu'ils le seraient autrement. Bien au contraire, d'ailleurs,
puisque le gouvernement, non seulement prend-il à sa charge tout
l'excédent de coût qu'implique un placement, un excédent
qui est parfois très considérable, mais la
récupération n'est pas complète même pour cela,
relativement aux allocations familiales.
M.LESSARD: M. le Président, je trouve qu'on tourne pas mal autour
du pot de la part du ministre. Il y a des problèmes sociaux au
Québec. On avait le problème de l'assurance-hospitalisation, on
avait le problème des soins hospitaliers. On a créé un
service qui ne s'autofinance pas par les taxes, d'accord, mais on a
créé l'assurance-hospitalisation. Ce n'est pas la faute des gens
s'ils sont malades ou s'ils ne sont pas malades. On a réparti sur
l'ensemble des citoyens du Québec l'assurance-hospitalisation. On avait
des problèmes d'éducation. On a essayé de créer
l'accessibilité de l'éducation à tout le monde. On a
rendu, un tantinet soit-il, l'éducation supposément gratuite. On
a un problème qui nous est soumis actuellement, qui est le
problème des handicapés sociaux. Ils n'ont pas choisi de
l'être et les parents non plus. L'Etat doit, dans ces circonstances,
prendre certaines responsabilités comme cela a été le cas
pour l'assurance-hospitalisation, comme cela a été le cas pour
l'éducation, comme cela a été le cas dans de nombreux
domaines. Cette chose-là ne doit pas s'autofinancer.
Il me semble qu'il appartient à l'Etat, comme gouvernement, dans
un système, justement, de social-démocratie, de faire partager
par l'ensemble des citoyens des problèmes que vivent individuellement
des familles, problèmes qu'elles n'ont pas choisis elles-mêmes.
C'est ça le problème fondamental. On dit, le principe classique:
Mais on a augmenté les allocations familiales! On a résolu le
problème des petits! On a augmenté les allocations familiales! En
même temps, on baisse les barèmes d'aide sociale. Là, on
augmente les allocations familiales pour les handicapés sociaux. En
même temps, on augmente les barèmes qu'ils doivent payer à
l'Etat.
C'est quoi, votre politique sociale, M. le ministre? C'est quoi? C'est
simplement prendre d'une main c'est de la publicité, votre
politique sociale et dire aux gens, on a augmenté les allocations
familiales, après, en cachette, par en dessous, on crée des
barèmes, étant donné qu'ils sont nouveaux, on augmente ces
barèmes et on va chercher d'une main, la main gauche, ce qu'on a
donné de la main droite. C'est le problème qui est fondamental.
Le gars qui gagne $15,000 par année n'a pas de problèmes, celui
qui gagne $20,000 n'a pas de problème. Mais est-ce que le gouvernement,
dans ce secteur, est prêt à prendre des responsa- bilités?
Je ne pense pas qu'actuellement vous preniez vos responsabilités. Je ne
pense pas que l'Etat, que le gouvernement libéral, comme
"social-démocrate", prenne ses responsabilités dans ce
domaine.
Dans tous les cas que j'ai vus au bureau et à qui on a
demandé des montants, montants qu'ils ne payaient pas avant, la plupart
du temps, ce sont des gens qui sont "poignés". Je vais simplement vous
donner un exemple, qui est pratique, qui n'est pas technocrate, que j'ai
vécu dans mon comté. Quelqu'un vient me voir, lundi dernier, et
me parle de la contribution qu'exige le ministère, il m'explique sa
situation. Il doit payer selon l'ancienne loi Lacombe, la Loi des
dépôts volontaires. Pourquoi? Avant l'assurance-hospitalisation,
pour sa petite fille, qui est une handicapée sociale il l'aimait
autant que, moi, j'aime la mienne, et que vous il a
dépensé $20,000 pour tenter de la faire soigner et de la
récupérer.
Aujourd'hui il est endetté au bout, le bonhomme. Et là, on
vient lui chercher, encore, un montant de $37. Il en a deux comme ça. Ce
sont souvent des familles, malheureusement où les cas se multiplient. Je
me dis, il me semble, M. le Président, que le gouvernement devrait... Ce
n'est pas, à mon sens, dans un bureau de technocrate qu'on va
régler les problèmes. Justement, avant ça, l'agent du
service social était au courant de chacun des problèmes, il
pouvait discuter des problèmes de chacun. Il pouvait tenir compte du cas
de chacun. Je comprends que le ministre, comme c'est le cas, par exemple, pour
la Loi de l'aide sociale, n'ira probablement pas saisir ces gens parce que la
plupart du temps il n'y a plus rien à saisir. On les met, par exemple,
dans une situation qui est drôlement confuse. Us sont pris avec cela et
ils viennent nous voir et on fait quoi? On n'est pas pour leur dire de ne pas
payer, comme députés. Ils ne sont pas capables de payer, dans la
plupart des cas. C'est un cas dont, probablement, dans la haute technocratie,
vous n'avez pas tenu compte. Mais cela va se multiplier, des cas comme
ceux-là, Ce sont malheureusement toujours des cas comme
ceux-là.
Je vous dis que le principe n'est pas de discuter de cette
affaire-là, le principe que ce soit au niveau des garderies, au niveau
des services sociaux, c'est de dire ceci: Est-ce que l'Etat, comme
gouvernement, québécois est prêt à prendre
dans, justement, votre objectif de social-démocratie ses
responsabilités pour permettre à chacune de ces personnes qui
sont handicapées sociales, d'avoir les mêmes services et de jouir
des mêmes avantages que toute autre personne qui est née
normalement? C'est cela le problème.
M. FORGET: J'aimerais répondre un peu à l'exemple que l'on
a cité tantôt, c'est un exemple intéressant.
Premièrement, parce que, en vertu des modifications que l'on
suggère, ce n'est pas $37 que ce père de famille aura
à
payer mais $22, ce qui est probablement une somme
inférieure...
M. LESSARD: II y a modification, mais c'est $37 que j'ai lu.
M. FORGET: C'est déjà une somme inférieure aux
sommes qu'il va recevoir aux titres de l'allocation familiale. Allez-vous
suggérer que l'allocation familiale devrait lui être
laissée en entier de façon à payer les dettes
antérieures? Je pense que, quand on lui demande de contribuer à
l'entretien de son enfant, qu'il soit placé ou non, on demande
qu'effectivement l'objet pour lequel l'allocation est versée serve
à cet enfant, plutôt qu'à d'autres fins.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord, mais contribuer selon ses moyens.
M. FORGET: C'est ce que le projet prévoit puisque c'est
déterminé en fonction du revenu.
M. BEDARD (Chicoutimi): Prenez comme exemple, au bureau. Depuis un mois,
toutes les réclamations et je suis convaincu que les autres
députés qui sont ici ont fait la même constatation, s'ils
pouvaient le dire de toutes les familles qui sont venues, qui sont aux
prises avec une réclamation de la part de l'Etat...
Il n'y a pas eu une famille riche qui soit entrée dans le bureau,
pas une. C'est la famille pauvre, il ne peut pas se faire autrement que ce soit
la famille pauvre qui soit pénalisée.
Moi, je m'en remets à votre discours inaugural. Dans votre
exposé du début, de ce discours inaugural, vous ne parlez pas
d'une politique, vous dites: Une attention prioritaire c'est quoi,
prioritaire, dans votre exprit? continuera d'être accordée
à la famille, aux défavorisés et aux catégories de
personnes comme les personnes âgées et les enfants.
Les enfants, on vient de s'apercevoir que, dans le fond, l'allocation
familiale qui leur servait, à leurs propres fins, avant, ne leur sert
plus maintenant. C'est fini, où sont-ils favorisés par votre
loi?
Pour les personnes âgées, on va l'aborder tout à
l'heure et, encore là, on va s'apercevoir d'une chose, c'est que les
augmentations qui leur sont données, effectivement, ce ne sont pas elles
qui en profitent, ce sont les institutions qui les prennent tout de suite. Je
n'ai rien contre le fait que les institutions les prennent. Elles en ont besoin
probablement, vu l'augmentation du coût de la vie, mais on oublie une
chose, c'est que, pour les personnes âgées aussi, le coût de
la vie augmente. La petite augmentation de $9 ou de $3 qu'elles ont, on s'en
aperçoit, et c'est régulier dans tout le Québec, c'est
l'institution qui la prend. Je ne suis pas ici pour condamner l'institution.
Probablement qu'elle en a besoin, mais il y a une chose qui est sûre, par
exemple, c'est que, prioritairement, c'est la personne âgée qui en
a besoin, parce qu'elle est aux prises avec la hausse du coût de la
vie.
A ce moment-là, qui doit payer? C'est l'Etat, à mon sens,
si on veut être logique avec ce qu'on appelle une attention prioritaire.
On s'aperçoit alors que, pour les familles, ce sont seulement les
familles pauvres qui ont de la difficulté. D'ailleurs, vous avez vu le
tollé de protestations concernant ce règlement. Elles n'ont pas
eu grand temps pour analyser toutes les implications financières. S'il y
a un tollé de protestations, c'est sûr que cela ne fait pas
l'affaire. Où est la priorité du gouvernement? En quoi y a-t-il
une attention prioritaire?
M. BOUDREAULT: Avez-vous terminé? M. ROY: Oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Comme il est six heures, la
commission ajourne ses travaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je demanderais et j'imagine qu'on nous le
refusera pas non pas un ajournement à dix heures demain matin,
mais un ajournement à quatre heures, de manière à nous
permettre d'avoir ce qui nous a été promis par l'honorable
ministre, à savoir les rapports qui lui sont parvenus ou la
correspondance qui lui est parvenue concernant les différents groupes,
les différents organismes. Je demanderais que ce soit reporté
à quatre heures pour nous permettre au moins de pouvoir prendre
connaissance et de pouvoir faire la critique la plus constructive possible de
ces règlements.
M. FORGET: J'aimerais ajouter quelques mots en commentaire aux remarques
que vous avez faites tantôt, lorsque vous posez la question, un peu
rhétorique à mon avis: Où sont les priorités du
gouvernement, lorsque l'on va chercher les allocations familiales qu'on a
accrues? Je pense que c'est une question rhétorique puisque vous avez,
d'une part, une augmentation de plusieurs dizaines et même de plusieurs
centaines de millions des allocations familiales, et vous avez ici une
perception qui est de l'ordre de $2 millions ou $3 millions en
supplément. Il n'y a aucune correspondance entre les deux. C'est une
question un peu rhétorique qui fait son effet, mais qui ne répond
pas précisément à l'argument d'aujourd'hui, qui est de
savoir si on va placer les familles qui ne placent pas leurs enfants dans la
situation d'avoir l'impression que le gouvernement les pénalise
effectivement, puisque, dans le cas de handicaps difficiles, dans le cas
d'enfants qui demandent des soins particuliers, une attention
particulière, ils auraient la solution facile de recourir au placement
et que, dans ce cas, l'Etat ignore les contributions qu'il fait
déjà pour le maintien de ces enfants par les allocations
familiales. Si c'est ce sentiment que vous voulez encourager, je pense que ce
n'est pas dans l'intérêt des enfants eux-mêmes, et un des
objectifs de cette politique, c'est de réaffir-
mer, mais de façon concrète, pas seulement avec des mots,
la responsabilité des familles pour ces enfants, particulièrement
pour ces enfants qui en ont un besoin spécial. Dans la mesure où
elles assument cette responsabilité, de ne pas leur donner le sentiment
qu'elles sont pénalisées financièrement, ce qui serait
inévitable, si l'on traitait comme un service absolument gratuit la
provision ou la fourniture des simples besoins essentiels de la vie, de
l'habitation, du gîte et du couvert, qui leur sont donnés dans les
établissements et dans les familles d'accueil.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que je dois comprendre que l'esprit des
paroles que vous nous avez dites serait le même que celui de M. Garcia,
qui veut que cette loi, dans le fond, soit faite pour les
Québécois qui veulent se débarrasser de leurs enfants?
M. FORGET: II existe...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est ce que vous affirmez indirectement.
M. FORGET: II existe des parents, c'est l'exception...
M. LESSARD: Si les lois sociales étaient mieux faites.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, à l'ordre!
M. FORGET: ... qui a des attitudes irrespon- sables. Il est important de
ne pas donner à ceux qui sont responsables, et qui sont la
majorité, l'impression qu'ils sont les dindons de la farce.
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, même étant...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne ses travaux
à demain matin, dix heures. C'est un ordre de la Chambre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas demain matin, dix heures, c'est
demain, quatre heures.
M. FORGET: Les documents sont à l'impression. Vous les aurez en
main.
M. BEDARD (Chicoutimi): Qu'est-ce que vous demandez à
l'Opposition? Soyons raisonnables, un peu. Vous nous demandez de passer la nuit
complète là-dessus?
M. FORGET : Vous semblez déjà préparés
à attaquer le sujet de nos discussions puisque nous avons
déjà passé quatre heures en commission sans les
aborder.
M. BEDARD (Chicoutimi): On semble préparé à...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A-lors, la commission ajourne ses
travaux à demain matin, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 04)