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Commission permanente des affaires sociales
Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
Séance du jeudi 9 mai 1974
(Dix heures dix-huit minutes)
M. LAFRANCE (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
Aide sociale (suite)
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, les semaines passent vite, vu que
nous avions ajourné à mardi. Alors, nous recommençons tout
de suite l'étude des crédits des Affaires sociales et nous
revenons au programme 2. Il y avait deux questions en suspens, l'une par le
député de Rouyn-Noranda et l'autre par le député de
Saint-Jacques. Le député de Rouyn-Noranda avait la parole lors de
l'ajournement d'hier. Alors, M. le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, nous en étions, à
l'ajournement d'hier, à discuter des cas très pénibles qui
se posent aux familles advenant une séparation de fait. La
réglementation, si je m'en rapporte à la réponse que j'ai
eue hier, exige que s'écoule un délai de trente jours avant que
le ministère puisse venir en aide à la mère de famille
dans ces cas de séparation.
Je disais, à l'appui de mon argumentation hier, dans ces cas de
séparation de fait, l'époux abandonne simplement le foyer et la
mère de famille se retrouve avec des enfants, sans aucun moyen de
subsistance. A l'appui de cette argumentation, M. le Président, on peut
citer certains exemples, tels que le fait que, dans des cas d'abandon du foyer
par l'époux, il se sauve généralement avec tout l'argent
disponible, ce qui fait que l'épouse se retrouve sans aucun moyen.
Le ministère exige qui s'écoule un délai de trente
jours, suivant les explications qu'on nous a données à certains
moments, parce que, si on ne laisse aucun délai s'écouler, il y a
risque que ce soit un abandon de foyer plutôt théorique que de
fait. Vu qu'il y a un délai de trente jours, évidemment,
ça donne plus de temps aux agents du bien-être social pour faire
les vérifications et pour s'assurer qu'il n'y a pas de versement
d'allocations dans des cas qui ne seraient pas de réels cas de
séparation.
Si on considère le sujet de cette façon, bien entendu,
plus le délai est long, moins il y aura de risques. Par contre,
j'aimerais que l'on considère ce sujet d'une autre façon,
c'est-à-dire comme le ministre le laisse souvent entendre, d'une
façon humaine. Il peut y avoir 10 p.c. de cas d'abus ou environ, je peux
me tromper sur le pourcentage, si c'est 15 p.c, ça ne m'offusquera pas
qu'on me le dise. Parce qu'il y a un risque d'abus, nous assistons au fait
suivant: Non seulement on pénalise, mais on risque même que des
enfants ne reçoivent pas trois repas par jour dans 85 p.c. ou 90 p.c.
des cas, parce qu'il y a un risque dans 10 p.c. ou 15 p.c. des cas.
Je crois comprendre, suivant les réponses qu'on nous a
données depuis le début de cette commission parlementaire, que la
philosophie du ministère vise à aider les gens dans le besoin en
sachant à l'avance qu'il y a des risques d'abus ou de fraude. Mais la
loi n'est pas faite en fonction d'éviter les abus ou les fraudes, elle
est faite en fonction d'aider ceux qui sont dans le besoin, si j'ai bien
compris toutes les réponses qui ont été
données.
Dans d'autres domaines, les réponses que nous avons eues ont
été satisfaisantes parce que nous avons retrouvé cette
philosophie. Le ministère, sachant qu'il y a certains risques d'abus,
prend ces risques-là; il préfère prendre les risques
plutôt que faire souffrir des gens qui ont besoin. Par contre, dans le
domaine qui nous intéresse particulièrment, celui qui a
été soulevé à la fin de la dernière
séance, il ne semble pas que l'on retrouve cette même philosophie.
Remarquez bien que je ne veux pas dire par là que le ministère
s'acharne contre des personnes dans le besoin dans ces cas-là. Je veux
dire que le délai, dont la raison d'être est probablement de
tenter d'empêcher des abus, est un délai qui est trop long.
Puisque le ministre il l'a si souvent déclaré
a le désir de voir s'améliorer l'administration de ses
services, de voir améliorer sa loi, sa réglementation il
nous a semblé, à plusieurs occasions, prêt à toute
amélioration possible je crois que nous pouvons nous attendre,
aujourd'hui que le ministre nous dise qu'il y aura modification dans ce
délai. Je sais qu'à la fin de la dernière séance,
il a été dans l'impossibilité de s'engager, mais, depuis
hier, il a sûrement dû en discuter avec ses collaborateurs et je
m'attends que ce matin il fasse un bout de chemin nous justifiant, quant
à nous, de passer à d'autres sujets.
Je veux vous faire remarquer, M. le Président, que le but de
refuser, hier, mon consentement à l'adoption du programme 2
n'était pas de bloquer les travaux inutilement. Je pense que cela a
permis au ministre de faire certaines consultations, un certain temps
s'étant écoulé, et si, au moins, on a un engagement qui
nous paraît raisonnable... Je pense que nous aussi, nous avons eu
à plusieurs occasions à faire notre effort dans le sens de la
collaboration. Je ne sache pas que, du moins depuis le début de la
présente commission, ni moi, ni le député de
Saint-Jacques, n'ayons tenté de bloquer inutilement les travaux en nous
acharnant spécifiquement sur certains sujets. Nous avons, je pense
en tout cas moi, en ce qui me concerne tenté de discuter
ces crédits de la façon la plus
positive possible et avec le désir d'apporter notre
coopération à leur étude.
Ce matin, avant de discuter davantage, avant d'aller plus loin, je
voudrais demander au ministre s'il n'aurait pas une nouvelle approche de ce
sujet. Et, suite à ses commentaires, nous verrons ce qu'il y aura lieu
de faire.
M. FORGET: M. le Président, lors de la discussion d'hier sur les
mécanismes de dépannage qui sont prévus dans le
fonctionnement du régime d'aide sociale, j'ai indiqué que les
catégories, qui étaient prévues pour une aide ayant un
caractère d'urgence, pouvaient être élargies et pouvaient
conduire à un assouplissement de ces règles ou à leur
élargissement, au moins de manière que d'autres cas, non
anticipés lors de leur première formulation, puissent recevoir
l'aide dans les cas où une urgence sociale se manifeste.
Il est donc dans l'esprit de ces remarques d'hier et tout à fait
cohérent d'adopter, vis-à-vis de la question que soulève
le député de Rouyn-Noranda, la même attitude qui indique en
effet certains problèmes réels et non pas factices qui peuvent
être provoqués par des séparations subites, de facto, et
qu'il serait opportun de réviser les règles administratives qui
existent, auxquelles a fait allusion le député, comme, par
exemple, cette règle de 30 jours. C'est donc une orientation qu'il nous
paraît non seulement possible, mais souhaitable de prendre.
Je remercie d'ailleurs le député de Rouyn-Noranda de nous
avoir souligné cet aspect du fonctionnement ou de l'application des
règles d'attribution de l'aide sociale. Il est possible, sur ce point,
comme je l'indique, d'apporter un élargissement par une modalité
qu'il reste à déterminer, mais qui peut prendre plusieurs formes
et qui contribuera, de toute façon, à résoudre les
problèmes qui viennent de nous être décrits.
Alors, c'est effectivement un engagement, si vous voulez, que l'on peut
prendre d'ores et déjà. Je suppose que, devant cette
réponse, le député de Rouyn-Noranda n'aura plus aucune
hésitation à se joindre à nous dans l'approbation de ce
deuxième programme.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que le ministre me permettrait
une question? En attendant que vous ayez changé la
réglementation, je prends la parole du ministre, je n'ai pas de raison
de ne pas la prendre.
En tout cas, quand j'ai eu à discuter avec lui, dans le
passé, et qu'il m'a donné sa parole, il l'a tenue.
Je la prends, mais je voudrais savoir si, d'ici à ce qu'une
décision soit prise parce que j'ai cru comprendre qu'elle ne sera
pas prise aujourd'hui le ministère peut autoriser les bureaux de
bien-être social à utiliser la caisse de dépannage pour des
cas semblables à celui que j'ai mentionné.
Je crois savoir qu'il y a une différence entre utiliser la caisse
de dépannage et inscrire un bénéficiaire sur la liste de
paie. M. le Président, je pense que le ministre va comprendre que mon
but n'est pas d'obstruer la commission, mais d'en arriver à une solution
pratique. Si on maintient le délai de 30 jours, on sait que ce
délai de 30 jours permettait aux agents de faire les
vérifications, permettait à tout le monde de savoir où on
en était et de savoir aussi si la séparation était
permanente. Mais, si le ministre acceptait d'autoriser les bureaux à
utiliser cette caisse de dépannage, cela voudrait dire que le maximum
d'aide possible, dans un cas comme ça, ne serait quand même que
l'équivalent d'un mois soutiré de la caisse de dépannage.
Si, durant cette période d'un mois, la preuve est faite que le
bénéficiaire a abusé de la situation, le ministère
serait évidemment justifié de ne pas continuer à verser
ces prestations.
M. FORGET: M. le Président, pour répondre à cette
question spécifique, il doit d'abord être établi que la
décision est effectivement prise, puisque je l'annonce, et que le
délai n'est pas considérable pour la rendre effective.
Il y a, cependant, un règlement qui prévoit
spécifiquement ce délai et il sera nécessaire de modifier
le règlement de manière à permettre un changement dans la
façon dont les bénéfices sont accordés.
Cependant, un tel changement peut survenir, comme on le sait,
rapidement. Malgré tout ce qu'on en dit maintenant et qui n'est pas
dénué de fondement en totalité, c'est peut-être un
avantage, malgré tout, de la réglementation que sa
rapidité.
M. SAMSON: M. le Président, me serait-il permis d'interrompre le
ministre très amicalement pour lui dire que, si c'était dans la
loi plutôt que dans la réglementation et soumis à
l'Opposition avant que ce soit accepté, peut-être que ça
aurait été différent et qu'il n'aurait pas besoin de
penser à changer sa réglementation?
M. FORGET: On peut seulement dire que peut-être ce serait
différent puisque aucune loi n'est parfaite, comme aucun
règlement n'est parfait. Evidemment, il y a le jugement de plusieurs
personnes qui est appelé à être porté sur un projet
de loi; même si ce ne sont pas les mêmes personnes, c'est
également vrai des règlements. Il arrive que des
règlements, comme des lois, doivent être modifiés.
Mais nous avons une illustration d'un cas au moins où cette
facilité ou cette souplesse de la réglementation peut être
avantageuse.
A tout événement, cette modification peut être
introduite et ça ne peut prendre que quelques jours effectivement pour
obtenir une telle modification. D'ici là, il n'est pas
véritablement possible de donner des directives qui aillent à
l'encontre des règlements puisque ce serait, comme on le sait, un acte
irrégulier, qui
peut cependant être rendu régulier dans des délais
très brefs.
M. SAMSON: M. le Président, je suis satisfait de la
réponse du ministre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, nous revenons sur la question du
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Laquelle était restée en suspens.
M. FORGET: Vous aviez exprimé un intérêt à
entendre une description peut-être sommaire, puisque l'on pourrait passer
plus ou moins de temps à la faire, des opérations de placement ou
de revalorisation sociale des bénéficiaires de l'aide
sociale.
Je demanderais, à ce sujet, à M. Houde et à ses
collaborateurs de nous donner un aperçu des activités qui se sont
déroulées dans ce secteur.
En 1973, un comité directeur de l'Opération placement, qui
touchait le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre du Québec
et le ministère des Affaires sociales, a été mis sur pied
pour favoriser le retour au travail des bénéficiaires d'aide
sociale.
Le comité directeur, dans son orientation, a
préféré développer des liens permanents entre la
main-d'oeuvre du Québec et l'aide sociale plutôt que de faire une
opération comme telle, une opération assez rapide. Ce sont des
mécanismes qui ont été développés entre les
deux ministères pour avoir une notation particulière des
bénéficiaires de l'aide sociale qui ont un problème
d'emploi. On n'a jamais voulu, dans ces liens, toucher à des mesures
coercitives, mais nous avons développé les possibilités de
ceux qui étaient aptes au retrour au travail, et ceux qui
désiraient et pouvaient occuper un emploi, de les orienter vers un
travail correspondant à leurs capacités.
Opération placement
M. CHARRON: M. le Président, ma première question sur
cette opération, que j'admets bien, comme vient de le signaler le
ministre dans sa réponse, est une opération qui n'est pas
isolée, mais qui doit faire partie d'une politique d'ensemble. Est-ce
que le responsable, au conseil des ministres, est toujours le ministre du
Travail ou si c'est le ministre des Affaires sociales?
M. FORGET: Le responsable de la reclassification?
M. CHARRON: En fait, de ce qui avait été annoncé
à la fin de 1972, lorsque l'opération a été
lancée. C'était, semble-t-il, au niveau des partages politiques,
beaucoup plus la responsabilité du ministre du Travail, comme on vient
de le signaler, que celle du ministre des Affaires sociales. Est-ce que c'est
toujours le ministre du Travail qui est responsable au chapitre politique de
cette opération? On avait dit que c'était M. Cournoyer, pour le
nommer, qui était en charge du projet, et que M. Frigon, qui
était le secrétaire général adjoint du Conseil
exécutif, était son bras droit dans cette matière; est-ce
que ce sont toujours les mêmes responsables?
M. FORGET: Oui, en effet.
M. CHARRON: Est-ce que le ministère a procédé
à un autre je pense que M. Houde y a fait allusion à une
séance précédente inventaire de la clientèle
pour fins de cette opération? Le bilan que nous avions datait d'avril
1972, où on avait analysé en pourcentage qui, des assistés
sociaux, étaient aptes au travail, qui n'étaient que
légèrement handicapés. Est-ce qu'il y a des chiffres plus
récents que ceux que nous avions à cette époque?
M. FORGET: Vous avez entendu, il y a une mise à jour continuelle
de ces données.
C'est un inventaire permanent qui existe et nous avons des statistiques
mensuelles qui rajustent le pourcentage de ceux qui sont aptes au travail.
L'inventaire est fait sous forme de cartes volantes dans les bureaux, de
sorte qu'il est tenu à jour de façon permanente.
M. CHARRON: Sans demander un dépôt aussi exhaustif que le
précédent, puisque la mise à jour permet une
évaluation mensuelle de cette clientèle, est-ce que la proportion
d'aptes au travail, d'employables immédiatement pour reprendre
les classifications sommaires qu'on avait faites en avril 1972 et de
légèrement handicapés, qui totalisaient quelque chose
comme 73,000 ou 74,000, peut-être un peu plus, 75,000, allons
jusque-là, soit 2.9 p.c. de la clientèle, 3 p.c. de la
clientèle pouvant être directement concernée par
l'Opération placement, est-ce que cette proportion, dis-je, a grossi ou
diminué?
M. FORGET: Elle a diminué? M. CHARRON: Oui.
M. FORGET: La proportion a diminué. Nous avions, si vous
permettez, M. le Président, au 1er juin 1973, comme employables grade 1,
selon notre classification nous avons sept degrés
d'employabilité 2.79 p.c...
M. CHARRON: Est-ce que je peux vous demander de reprendre cette
statistique?
M. FORGET: Oui. Au 1er juin 1973, au premier grade
d'employabilité, nous avions 5,037 bénéficiaires, donc
2.79 p.c. de toute la clientèle
apte au travail de classe 1 et, au 1er mars 1974, 4,394, pour un
pourcentage de 2.54 p.c.
M. CHARRON: Un simple commentaire avant de poursuivre sur cette analyse.
Je me souviens très bien de la réponse de M. Castonguay, à
l'époque où le premier bilan était apparu au moment du
lancement de l'opération, qui disait de cette affirmation gratuite et
souvent malhonnête à l'égard des
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale les qualifiant de
paresseux, de profiteurs ou de dépendants, que cette statistique qui
avait alors été déposée, la première que
nous ayons connue, mentait littéralement et faisait mentir ces gens, car
on découvrait que, de toute la proportion de bénéficiaires
de la Loi de l'aide sociale, c'était à peine à
l'époque 2.9 p.c, disons environ 3 p.c. de la clientèle qui, sans
dire que c'était 3 p.c. de paresseux, auraient pu travailler si
l'occasion leur en avait été donnée et qu'effectivement la
grande majorité des bénéficiaires de l'aide sociale ne
peuvent pas travailler et se trouvent dans des situations où ils ne le
pourraient pas, physiquement ou pour toute autre raison.
Or, les nouveaux chiffres que nous avons ce matin sur la diminution de
ce pourcentage ne font, à mon avis, que confirmer ce que le
prédécesseur du ministre des Affaires sociales avait
affirmé: c'est qu'on a encore moins raison de faire porter sur
l'ensemble des bénéficiaires cette accusation puisque,
effectivement, le nombre de gens aptes à travailler est encore moindre,
en proportion, qu'il y a quelques mois et que ça ne veut pas dire,
même si cette proportion est infime, que toute cette proportion est faite
de gens qui s'accrochent au bien-être social ou vivent aux dépens
du bien-être social. Peut-être que certaines de ces personnes
n'attendent qu'une occasion de placement pour réintégrer le
circuit économique du travail.
C'est une statistique importante qui nous permet de continuer avec
quelques questions.
On avait fait mention des programmes de recyclage et on
prévoyait, nous avait-on dit, je crois, l'année dernière,
que de 5,000 à 10,000 personnes pourraient se prévaloir de ces
programmes de recyclage. Quelle est la statistique actuelle? Combien de gens se
sont prévalus des programmes de recyclage de l'opération
placement?
M. FORGET: M. le Président, vous me permettrez ici de faire une
correction sur les objectifs que nous avions. Nos objectifs étaient,
dans une première année, de placer 5,000
bénéficiaires d'aide sociale et, en formation professionnelle ou
en recyclage, d'en placer 1,000. Après neuf mois d'activité de
l'opération placement, nous avons effectivement placé 5,126
bénéficiaires d'aide sociale sur un emploi permanent. En
formation, malheureusement, nous n'avons pas atteint notre objectif de 1,000;
nous en avons placé 461. C'est surtout à cause des
périodes pour placer, en formation, les bénéficiaires; ce
sont des périodes bien précises.
M. CHARRON: Qu'est-ce que vous appelez en formation?
M. FORGET: En formation professionnelle surtout et il y a aussi, pour
les adultes, la formation de base, lorsque la scolarité est
nécessaire.
M. CHARRON: C'est-à-dire que ces gens-là, effectivement,
ne travaillent pas, ne sont pas réintégrés sur le circuit
du travail. Ils sont en formation...
M. FORGET: C'est cela.
M. CHARRON: ... en vue d'avoir un travail par la suite.
M. FORGET: C'est cela.
M. CHARRON: Et du temps où ils sont sur cette formation ou ce
recyclage, ils ne sont plus dépendants de la Loi de l'aide sociale, mais
ils sont plutôt bénéficiaires des ententes sur la formation
professionnelle; est-ce exact?
M. FORGET: C'est cela.
M. CHARRON: Ils sont 461, actuellement?
M. FORGET: Oui.
M. CHARRON: A propos de cette classification, justement, des aptes au
travail et des inaptes au travail, est-ce qu'on peut avoir des statistiques?
Parmi ces gens classifiés aptes au travail, dans combien de cas
s'agit-il de familles monoparentales, comme on a l'habitude de les appeler?
c'est-à-dire qu'une mère de famille, par exemple, une femme
seule, comme les cas que mentionnait le député de Rouyn-Noranda
dans la précédente question, pourrait être
considérée comme apte au travail, mais, du fait qu'elle est seule
et qu'elle a l'éducation d'enfants à assurer, on peut
difficilement lui demander, même si physiquement elle est en parfaite
santé et peut-être même techniquement préparée
à occuper un certain emploi, d'abandonner l'éducation de ses
enfants et de retourner au travail.
M. FORGET: Ces statistiques ne sont pas vraiment disponibles, M. le
Président, pour une raison fondamentale, c'est que nous pensons que, si
notre action doit se retourner vers des services à offrir à la
clientèle, il nous faut une meilleure connaissance de la
clientèle. J'ai demandé à mes gens, avec les gens de la
planification, de développer un modèle d'analyse plus
nuancé qui tiendra compte justement de ce genre de facteurs, dont les
degrés d'aptitude
et d'inaptitude, de façon que, d'ici l'an prochain, nous ayons
une meilleure orientation.
Il ne faut pas oublier, évidemment, que ce projet est quand
même récent. Une deuxième dimension est qu'il faut aussi
éviter l'écueil de voir, dans l'opération placement, un
placement à tout prix. Cela n'aura de sens que si nous la voyons dans
l'optique d'un service qu'on peut offrir aux clients, d'une meilleure gamme de
choix auxquels ils peuvent accéder librement. C'est la philosophie que,
jusqu'ici, nous avons suivie.
Pour raffiner le degré de choix ou le degré de services,
il est évident que cela passe par une analyse de clientèle, que
le ministre d'ailleurs m'avait demandée, dès son arrivée,
et qui est en voie d'élaboration.
M. CHARRON: Maintenant, pour les mécanismes de liaison de cette
opération, si le ministre me permet de poursuivre sur cette question, on
nous avait dit, l'année dernière, que cinq régions sur les
dix régions économiques connues du Québec étaient
couvertes par l'opération. Est-ce que l'ensemble du Québec est
maintenant couvert ou si ce sont toujours les mêmes régions?
M. FORGET: L'ensemble du Québec est actuellement couvert.
Cependant, il y a quelques endroits où les services d'un agent de
main-d'oeuvre du Québec ne peuvent être assurés en
permanence. Mais l'ensemble des régions est couvert par les services de
valorisation et de retour au travail.
M. CHARRON: Dans la banque de projets, on avait prévu, je crois,
la somme de $5 millions, c'est exact?
M. FORGET: Oui.
M. CHARRON: Actuellement, si je retrouve le chiffre du programme que
nous sommes à discuter... Ce n'est pas ici qu'on va le retrouver, mais
au ministère des Finances, je crois.
M. FORGET: Oui.
M. CHARRON: Est-ce que le même montant est encore prévu
pour cette année?
M. FORGET: C'est le même montant qui est prévu, c'est $3
millions qui sont prévus pour cette année. Est-ce que cela ne
figure pas comme élément distinct, ces $5 millions.
M. CHARRON: Au ministère des Finances.
M. FORGET: Le budget est à l'autre ministère.
Le budget n'est pas dans ça.
Je me demandais si cela figurait dans ça.
Ce n'est pas dans notre budget.
M. CHARRON: Si vous me permettez, je ne veux pas faire
d'irrégularités administratives non plus, mais en jetant un coup
d'oeil sur le budget du ministère des Finances, on voit que, pour
1974/75, tout crédit pour la réalisation de projets favorisant
l'emploi de bénéficiaires d'aide sociale et d'étudiants
pourra augmenter, avec l'approbation du Conseil du trésor. Je crois que
c'est ce dont nous parlons actuellement. Il est de $5 millions pour 1974/75.
Donc, il y aurait $3 millions de ces $5 millions au programme que nous sommes
à discuter; l'opération placement et les autres $2 millions
seraient pour l'emploi d'étudiants. Peut-être que je dois poser la
question au ministère des Finances, bien sûr, mais j'essaie
auparavant d'obtenir une information. Vous dites que, cette année, c'est
$3 millions que le ministère des Finances aura à assurer pour ce
programme?
M. FORGET: C'est l'information que j'ai eue.
M. CHARRON: L'année dernière, en 1973/74, si je regarde
encore une fois le bilan du ministère des Finances, la somme
effectivement dépensée avait été de $8,865,070 et
encore une fois pour les deux programmes: placement de
bénéficiaires d'aide sociale et placement d'étudiants. De
cette somme de $8,865,070, combien effectivement ont été
strictement pour les bénéficiaires de la Loi de l'aide
sociale?
M. FORGET: L'an dernier, $5 millions ont été
engagés dans opération placement. Maintenant, les $5 millions
n'ont pas été dépensés comme tels. Il y a eu un
programme de $1 million pour le ministère de l'Agriculture qui a
été plus ou moins touché, parce qu'il a été
approuvé un peu tard dans l'année 1973, pour les récoltes
et tout. Maintenant, le reste, $4 millions, a été effectivement
engagé dans des programmes de projets.
M. CHARRON: De ces $4 millions, quelle proportion ou quel montant, si
vous l'avez en tête, est allé au secteur des Terres et
Forêts, ou une partie d'opérations dans certaines régions
du Québec?
M. FORGET: $350,000 au projet MIDER. M. CHARRON: Trois cent...? M.
FORGET: $350,000.
M. CHARRON: $350,000. Dans quelle région en particulier ces
projets de Terres et Forêts?
M. FORGET: Sur la Côte-Nord. M. CHARRON: Côte-Nord. M.
FORGET: Oui.
M. CHARRON: N'y avait-il pas en même temps des opérations
de ce genre dans la région du bas du fleuve? Dans le cadre de
l'Opération dignité, comme on la connaît maintenant, est-ce
que la réponse gouvernementale n'avait pas été, à
même les fonds là-dessus, un appui à certaines
régions, la région de M. le président et d'autres du bas
du fleuve?
M. FORGET: Le seul projet qui a été présenté
par le ministère des Terres et Forêts a été le
projet MIDER sur la Côte-Nord. C'est le seul projet qui a
été accepté au niveau de l'opération placement,
pour $350,000. Maintenant, cela était une composante de deux autres
volets. Il y avait trois programmes. Les deux autres vont être soumis
incessamment.
M. CHARRON: Alors, dans quel autre secteur en particulier a-t-on
utilisé cet argent, si on le prend sur l'organigramme du gouvernement du
Québec, c'est-à-dire $350,000 dans les Terres et Forêts
pour recycler, dans le circuit du travail, des bénéficiaires de
l'aide sociale? Les autres allaient dans quel domaine en particulier?
L'industrie?
M. FORGET: II y en a eu surtout dans le domaine de l'agriculture et de
la petite industrie, pas l'industrie comme telle, mais disons l'aspect
artisanal, coopératif. Il y a eu aussi $2 millions aux Travaux
publics.
M. CHARRON: Ah oui! Les Travaux publics, c'est exact.
Lorsque l'opération s'introduit dans le monde de la petite
entreprise, par exemple, pour recycler les travailleurs de l'aide sociale,
est-ce que cela s'accompagne d'une subvention ou d'un appui à la petite
industrie en question pour employer ces gens, en plus?
M. FORGET: II n'y a pas eu de programme du genre de
présenté.
D'ailleurs, cela n'a pas cette dimension encore. C'est vraiment de
quelques projets qu'on parle, où c'est très expérimental
et sur lesquels il faudra d'ailleurs se repencher, je pense,
personnellement.
M. CHARRON: L'année dernière, on avait aussi abordé
le fait que les coûts de cette opération placement étaient
totalement assumés par le gouvernement du Québec et qu'ils
n'étaient absolument pas partagés avec le gouvernement
fédéral en vertu du régime canadien d'assistance
publique.
Est-ce que c'est toujours le cas? Est-ce qu'on a essayé d'aller
chercher de nos taxes et de nos impôts au gouvernement central pour
obtenir une participation qui permettrait d'augmenter les crédits de
cette opération et ainsi la faciliter? Ou est-ce encore totalement
assumé par le Québec?
M. FORGET: L'opération placement, com- me telle, est totalement
assumée par le Québec. Maintenant, au point de vue de l'emploi,
il y a aussi beaucoup d'autres initiatives qui sont prises et qui ne sont pas
reliées à l'opération placement. Il y a un certain nombre,
par exemple, d'ateliers protégés qui ont été
financés directement par les programmes fédéraux
d'Initiatives locales, d'autres directement par le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de l'Immigration du gouvernement fédéral,
après entente avec le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre
ici, à Québec.
J'ai eu, personnellement, l'occasion de rencontrer, la semaine
dernière, les gens du ministère de la Main-d'Oeuvre et de
l'Immigration au niveau du gouvernement fédéral. Il y a des
projets. Le gouvernement fédéral veut collaborer avec les
provinces pour tenter d'améliorer les occasions d'emploi pour les
personnes...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Excusez-moi. Je demanderais à M.
Houde, s'il a à parler à nouveau, de s'approcher du
microphone.
M. CHARRON: Pour passer à l'histoire!
M. FORGET: ... pour tenter d'augmenter la disponibilité de
travail pour les personnes défavorisées, que ce soit celles sur
l'aide sociale ou encore les handicapés physiques et mentaux, et
d'élaborer avec elles des programmes.
A ce moment-là, il y aura des discussions sur le partage des
coûts. Cela ne relève pas du régime d'assistance publique.
Cela relèverait directement du ministère de la Main-d'Oeuvre.
M. CHARRON: Fédéral.
M. FORGET: Fédéral. Les ententes doivent se faire avec
l'accord du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre du Québec
et nous sommes impliqués parce que cela touche des clientèles
communes, si vous voulez.
M. CHARRON: M. le Président, le ministre vient de faire allusion
à la participation indirecte, je dirais, qu'ont eue, dans ce genre
d'opération placement ou dans la réintégration des
bénéficiaires de l'aide sociale dans le circuit du travail, les
initiatives fédérales, les Initiatives locales, par exemple. Il
va sans dire que plusieurs des personnes qui s'inscrivaient à la
création d'un Projet d'Initiatives locales j'ai des exemples
concrets du comté que je représente, où cela s'est produit
qui sollicitaient un projet et qui le voyaient approuvé pour une
durée X, étaient effectivement, jusqu'alors ou des
bénéficiaires de l'assurance-chômage, ou des
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale du Québec. Ils
profitaient d'une initiative fédérale, si vous voulez, pour se
réintégrer là-dedans.
Les critiques étaient vives, je pense, de la part des milieux
québécois à ce genre de programmes, parce qu'ils n'avaient
qu'une durée X et que, par la suite, sans que le Québec ait eu un
contrôle et une possibilité de planifica-
tion, à l'expiration de ces Projets d'Initiatives locales, il se
pouvait fort bien que toutes les personnes qui avaient
"végété" dans ce genre de projets se retrouvent à
nouveau, sans que le Québec ait pu faire quoi que ce soit pour les
réintégrer de façon définitive dans le circuit du
travail, par une formation professionnelle ou autre, sur la liste des
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale.
J'imagine que ce n'est pas sans causer de problèmes. J'aimerais
peut-être obtenir, sur ce genre de difficultés de planification du
fait que deux têtes gouvernementales s'ingèrent dans la
planification, les commentaires du ministre sur ce qu'il entend faire avec
cette situation et savoir comment le gouvernement du Québec s'en est
tiré, en fin de compte.
M. FORGET: M. le Président, j'aimerais profiter de la question
qui m'est posée pour revenir un peu en arrière, aussi, et relever
les commentaires qu'a faits le député de Saint-Jacques. Ils
méritent d'être soulignés, parce qu'ils vont tout à
fait dans le sens de nos préoccupations et, je pense, des
préoccupations de tous les membres de cette commission. Ce sont les
remarques qu'il a faites relativement à la perception et aux opinions
qui sont parfois exprimées sur le caractère de la
clientèle de l'aide sociale. Il a parlé des
préjugés qui existent relativement à cette
clientèle, préjugés défavorables qu'il a
condamnés et qu'il a reliés à des indications statistiques
sur la clientèle qui montrent clairement que de tels
préjugés ne sont rien d'autre que des préjugés et
qu'ils doivent être combattus.
C'est aussi notre avis qu'il y a une perception des
bénéficiaires de l'aide sociale qui leur est
préjudiciable, qui est même préjudiciable, parfois,
à leur possibilité de réintégration dans des
milieux de vie plus normaux que l'aide sociale et qu'il est important de
combattre. Nous sommes d'autant plus heureux, donc, de voir que les
statistiques donnent raison à l'opinion que nous en avons
nous-mêmes et que partage le député de Saint-Jacques. Dans
le but de sensibiliser le public en général à ces
données, à ces réalités, nous avons
envisagé, pour cette année, un programme d'information, des
activités d'information dont le but est de modifier c'est un
processus difficile que de modifier des perceptions qui sont répandues
dans le public, mais nous voulons les modifier malgré tout, dans la
mesure de nos moyens de telles perceptions.
Il nous semble qu'il y ait à cela des avantages multiples. Il y a
l'avantage immense que ces gens sont dans des situations parfois inextricables
et qu'ils ont le droit de ne pas voir ces opinions répandues sur leur
compte, alors qu'elles les frappent injustement.
Mais ils ont également le droit de compter que la
société ne se ferme pas à leur égard et que,
particulièrement eu égard à des possibilités
d'emploi, il n'y ait pas de ces discriminations qui les visent plus ou moins
ouvertement.
D'ailleurs, une statistique qui est complète celle qui a
été fournie indique le même phénomène
puisque si l'on va à l'autre extrême dans la classification de la
clientèle, c'est-à-dire les dépendants, on remarque que
les non aptes à un retour au travail, ceux qui sont à l'autre
extrême, à titre de dépendants, mais pour lesquels aucune
espèce de question ne se pose, ont vu leur proportion augmenter, du 1er
juin 1973 au 1er mars 1974, de 57.8 p.c. à 62.1 p.c. Ce qui veut dire
que, sur les quelque 400,000 bénéficiaires de l'aide sociale, il
y a 62 p.c. de dépendants pour lesquels aucune espèce de question
ne peut se poser. Il s'agit de personnes pour lesquelles, indépendamment
de toute considération de revenu ou de motivation, il n'y a pas
de...
M. CHARRON: C'est à peu près 50,000?
M. FORGET: Non, en chiffres exacts, étant donné la
diminution du nombre des bénéficiaires aussi, durant la
dernière année, il s'agit, en mars 1974, de 107,000 personnes,
sur un total de 173,000, qui sont des dépendants.
Donc, c'est un spect qu'il est important de souligner. D'autres
classifications établies selon d'autres barèmes montrent, par
exemple, qu'environ 40,000 ménages, à l'exclusion des familles
seules dont 40,000 sur 80,000 environ sont constitués par
des ménages dont le chef de la famille est de sexe féminin,
l'immense majorité de ces familles étant dans la situation
où, par exemple, la femme est soit veuve, divorcée ou
séparée, de fait ou légalement, et avec des enfants. Il y
a 40,000 ménages avec un nombre évidemment plus
considérables de dépendants, si l'on considère qu'il y a
des enfants.
Donc, ces statistiques doivent être connues de manière
à changer ces perceptions. C'est une des activités auxquelles
nous nous livrerons sur le plan de l'information.
Maintenant, pour ce qui est de l'autre aspect de ce problème,
celui de l'intégration dans un milieu de travail, par l'opération
placement et par d'autres moyens, on a cité le chiffre de 5,126
personnes qui, cumulativement, durant l'année écoulée, ont
été placées par différents efforts de ce genre et
de 461 personnes qui ont bénéficié de mesures de formation
professionnelle.
Ces chiffres sont intéressants à comparer aux annulations
des dossiers de l'aide sociale, c'est-à-dire la sortie du réseau
d'une certaine partie de sa clientèle durant l'année, qui se
chiffrent à 10,834 ménages. Ces chiffres sont intéressants
parce qu'en comparant le nombre de personnes placées au nombre
d'annulations, on se rend compte que près de 50 p.c, ou peut-être
un peu plus de 50 p.c. des annulations de dossiers, sont la suite d'une
activité de placement ou de formation professionnelle.
Relativement au programme... Oui?
M. CHARRON: Je m'excuse, cela peut parfois être le résultat
d'une démarche du bénéfi-
ciaire lui-même. L'annulation du dossier, parce qu'il y a retour
au travail, ne veut pas dire que c'est simplement l'incitation gouvernementale
de l'opération qui a fait que ces personnes sont retournées au
travail. Certains bénéficiaires retournent au travail
d'eux-mêmes.
M. FORGET: Ce sont des possibilités, il y en a encore d'autres
à venir.
M. CHARRON: Je voulais simplement apporter cette... Je prie le ministre
de continuer parce que c'est important.
M. FORGET: Pour laisser ces statistiques, sur lesquelles on pourrait
parler longuement, le député de Saint-Jacques a aussi
soulevé le problème des différents programmes qui, outre
l'opération placement, peuvent permettre ou pourraient permettre
théoriquement d'absorber une partie de la clientèle employable de
l'aide sociale.
On vient d'expliquer que nous étions continuellement
impliqués par des efforts avec tous les organismes, soit de ce
gouvernement ou d'un autre gouvernement, pour multiplier les occasions
d'emploi, les occasions de valorisation sociale de la clientèle de
l'aide sociale. Il nous importe, quant à nous, de multiplier ces
occasions, puisque l'objectif, c'est effectivement de favoriser un retour au
travail permettant un revenu supérieur plus acceptable. C'est là
la considération principale; tous les autres moyens sont donc d'une
catégorie ou d'un ordre bien inférieur dans notre échelle
de préoccupations. Si cela peut se faire par toutes sortes de
programmes; qu'ils dépendent de notre ministère ou d'un autre, je
pense que c'est bien secondaire, l'objectif étant d'aider ces personnes
à découvrir des débouchés qui permettront
d'augmenter leurs revenus.
Effectivement, cependant, selon l'information dont je dispose, il ne
semble pas que les programmes PIL ont été un
débouché important pour la clientèle de l'aide sociale.
Donc, ces projets, qui manquent, en effet, de continuité, n'ont pas
provoqué étant donné qu'il y en avait peu
d'inscrits parmi les assistés sociaux à ces programmes des
problèmes de retour à l'aide sociale, sous forme de reflux.
Cependant, il ne faut pas oublier une chose, c'est qu'un emploi, même
temporaire, joue un rôle préventif, si vous voulez, qui peut
être important. Des études ont démontré que, plus
était longue la durée de la période pendant laquelle une
personne est bénéficiaire de quelque prestation sociale que ce
soit, plus est difficile sa réintégration dans la main-d'oeuvre
pour toutes sortes de raisons: des habitudes qui se perdent et des attitudes
d'esprit, un manque de crédibilité, si l'on veut, de ces
personnes vis-à-vis des employeurs éventuels, lorsque ça
fait des années qu'elles n'ont pas assumé d'emploi. Cela fait
qu'un emploi même temporaire, s'il maintient une personne dans une
situation de productivi- té, d'activité sociale, empêche
cette espèce de dégradation de l'employé habilité,
si l'on veut, et permet de retrouver une situation, un an ou deux ans plus
tard, qui n'est peut-être pas meilleure, mais, au moins, qui n'est pas
détériorée à cet égard. Donc, cela peut
jouer un rôle. Pour ce qui est d'autres difficultés de
planification, on vient d'expliquer que, conscients précisément
des difficultés de planification lorsque plusieurs agences
gouvernementales sont impliquées, des initiatives ont été
prises l'opération placement en est une de manière
qu'il y ait la meilleure concertation possible. La solution n'est pas
véritablement qu'un seul organisme ou un seul ministère s'occupe
de tous les problèmes, parce qu'à vouloir essayer de
résoudre tous les problèmes, on retrouve à
l'intérieur d'un ministère forcément les mêmes
difficultés de coordination. Le problème se reproduit, mais
à une autre échelle. Les problèmes de coordination sont
réels et il faut essayer de les surmonter, mais ils ne sont pas
nécessairement pires si deux ministères plutôt qu'un seul
se partagent la tâche. Au contraire, peut-être, des ressources
différentes et parfois plus adaptées à la solution des
problèmes peuvent être ainsi mises à contribution,
souvent.
M. CHARRON: M. le Président, dans la réalisation... Oh! je
crois que le député de Frontenac avait demandé la
parole.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Frontenac.
M. LECOURS: M. le Président, j'aimerais ajouter quelque chose
concernant les personnes qui demandent une prestation et qui vont se
présenter au bureau local du bien-être social. Chaque fois, on
leur remet un certificat médical et on les retourne chez le
médecin pour faire remplir ce certificat médical, même
s'ils ne sont pas malades. Il en résulte que 75 p.c. des certificats
médicaux sont des certificats de complaisance. Cela rend la tâche
doublement difficile, après ça, pour les agents, de recycler ces
personnes. Je pense qu'il y aurait peut-être lieu, de la part du
ministère, de faire part de la chose au Collège des
médecins, pour avertir mes confrères moi-même aussi,
j'en suis responsable, je n'ai pas peur de le dire et leur demander
d'être plus sévères avant d'accorder un certificat
médical d'incapacité au travail.
M. FORGET: M. le Président, on peut faire des purges.
Je vais demander à mes collaborateurs de faire des commentaires
plus détaillés. Cependant il est important de souligner, je
pense, qu'il n'y a pas une obligation générale, ni même
majoritaire en pratique, d'obtenir des certificats médicaux pour
bénéficier de l'aide sociale.
M. LECOURS: II y a des endroits qui à chaque fois...
M. FORGET: II peut y avoir dans certains cas, pas dans tous les cas, des
demandes de certificat médical qui apparaissent au dossier pour des
raisons de convenance et de commodité permettant ainsi, dans le cas, par
exemple, où le dossier doit être traité par plus d'un agent
de sécurité sociale ou s'il y a des changements de personnel, que
toutes les données utiles à la compréhension du cas se
retrouvent au dossier lorsque cette connaissance est indispensable, au moins
très utile. Mais il n'y a pas de règle générale
d'exiger des certificats d'incapacité de travail sur une base
médicale.
M. LECOURS: On nous les envoie quand même.
M. FORGET: J'aimerais avoir les références précises
parce que...
M. LECOURS: II s'agit de sortir les dossiers. Dans ma région en
particulier, sortir les dossiers. Pour la plupart des gens, ça va
être marqué, disons, anxiété, des diagnostics comme
ça qui sont très vagues; ça ne veut rien dire en
réalité au point de vue médical.
M. FORGET: Oui, nous sommes d'accord. J'aimerais examiner au
mérite la situation.
M. LECOURS: Je connais plusieurs personnes en très bonne
santé; quand elles se présentent au bureau du bien-être
social à Thetford Mines, on les envoie voir leur médecin de
famille avec un certificat médical, on leur demande de le faire remplir.
C'est bien sûr que ces gens-là, lorsqu'ils arrivent avec un
certificat médical, ils se trouvent une maladie quelconque. Ils disent:
J'ai mal dans le dos.
M. FORGET: II faudrait s'assurer qu'il ne s'agit pas de
l'assurance-chômage plutôt que de l'aide sociale.
M. LECOURS: L'aide sociale. Je parle de l'aide sociale.
M. FORGET: L'aide sociale exige des certificats médicaux pour les
besoins d'ordre médical et ça ne doit pas jouer; la
réponse qu'on vous a donnée était complète.
D'ailleurs il resterait à examiner au mérite les dossiers dont
vous faites part.
Je pense que, dans ce cas, comme on l'a dit hier, outre les directives,
les normes et les règlements eux-mêmes, il peut y avoir des
attitudes qui sont adoptées sur une base d'habitude locale. Ce que je
peux suggérer c'est qu'essentiellement, de façon interne, on peut
s'assurer que, dans les régions où un tel phénomène
semble se produire, on indique au personnel que ce n'est pas une exigence
générale, qu'elle n'est pas d'ailleurs utile pour
déterminer le montant de la prestation, ni le statut du
bénéficiaire, mais que, si on demande le rem- boursement d'un
besoin spécial, là c'est différent. Par exemple, une
prothèse doit être accompagnée de certaines preuves de
nature médicale.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je pense qu'il ne faudrait pas
prendre trop à la légère les revendications du
député de Frontenac. J'ai eu connaissance aussi de certains cas
où il semble qu'on demande trop facilement des certificats
médicaux.
UNE VOIX: On ne vous en a pas demandé.
M. SAMSON: M. le Président, à votre affirmation, à
l'effet que, moi, on ne m'a pas demandé de certificat médical,
c'est vrai. J'ai l'impression que si on continue à en demander autant
que ça, puis si les médecins sont obligés de donner des
certificats de complaisance autant qu'ils sont obligés de le faire, ce
serait peut-être mieux de me les envoyer à moi, ça
prendrait moins de temps.
M. LECOURS: Les employés du gouvernement en ont souvent...
M. SAMSON: De toute façon, donner un certificat de complaisance,
M. le Président, on n'a pas besoin d'être médecin pour
faire ça. Sérieusement, j'ai eu connaissance aussi qu'on demande
facilement des certificats médicaux; peut-être qu'il y a des
raisons qu'on ne connaît pas, qui militent en faveur de cette demande.
Mais, dans la mesure où cela est possible de l'éviter, j'ai
l'impression que le ministère aurait avantage à donner des
directives pour qu'on n'abuse pas de cette formule. Je vous donne franchement
mon impression.
Dans certains cas, l'impression que j'ai eue, c'est que c'était
une tracasserie qu'on voulait imposer au bénéficiaire pour tenter
de le décourager de faire certaines demandes. C'est une impression, je
vous la livre aussi franchement que ça. J'espère que cette
impression n'est pas fondée, mais je l'ai en tout cas. Tout ce qu'on
pourrait faire pour me prouver que je n'ai pas raison de penser ça,
ça me ferait bien plaisir, M. le Président.
M. FORGET: Ce vers quoi nous tendons effectivement, c'est d'associer le
certificat médical à des cas de paiement où c'est dans
l'intérêt même du bénéficiaire qu'il en ait
un.
On a cité, par exemple, le cas des prothèses; il est
évident qu'avant de payer une prothèse, il y va de
l'intérêt même du bénéficiaire qu'il y ait un
certificat médical. Il faut tendre à restreindre de plus en plus
la demande de ce genre de certificats pour d'autres types de besoins.
Maintenant, il ne faut pas oublier que les règlements ont
évolué très rapidement. Il existait, par
exemple, une diète, il y a à peine un peu plus d'un an,
qui faisait que les bénéficiaires tendaient à se rendre
chez les médecins en grand nombre et cela a soulevé des
difficultés. Cette dimension est disparue des règlements.
Au niveau du transport, nous venons, encore une fois, de demander aux
réseaux de transport d'urgence pour fins médicales de se servir
d'un jugement approprié. Evidemment, dans le cas où l'individu
est hospitalisé à la suite d'un transport, c'est inutile de faire
constater ensuite, après coup, qu'il avait effectivement besoin de
transport et des choses semblables. Il doit subsister, à certains
endroits, une tendance, encore une fois, un accent qui relève du
passé. En nous soulignant ces situations d'espèces, vous nous
aidez évidemment à accélérer la tendance que nous
voulons imprimer au mouvement.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais poser une question.
Est-ce que cette demande de certificats médicaux, telle que nous la
constatons, ne serait pas reliée un peu au fait que les agents devraient
effectuer une certaine classification des bénéficiaires? Par
exemple, quels sont les bénéficiaires qui, de tel âge
à tel âge et compte tenu du certificat médical au dossier,
peuvent être aptes au travail? Est-ce que cela ne serait pas justement un
moyen pour l'agent de mieux diriger son effort vers l'obtention d'un emploi
pour des assistés sociaux ou non?
M. FORGET: Si c'est fait, ça n'a jamais été
autorisé. Il n'y a qu'un seul endroit dans la loi où l'aide est
encore reliée à l'aptitude ou l'inaptitude; c'est le cas des
jeunes de moins de 30 ans qu'on dit aptes au travail et qui sont limités
à $85. C'est le seul cas. Et, d'aucune façon, les demandes qui
ont été faites, dans le cadre de l'administration du
régime ou dans le cadre de l'opération placement, de même
que les statistiques qui en sont tirées, de même que le
détail des activités demandé aux agents, ne font
état de ces distinctions qui deviendraient vite arbitraires dans un
cadre comme celui que nous avons. Ce n'est pas du tout le cas, à notre
connaissance.
Maintenant, encore une fois, que certains agents, par des attitudes qui
sont encore quand même récentes, le fassent, c'est possible; mais
je pense qu'encore là, nous gagnons du terrain. Ce serait contraire
à la philosophie dont nous avons fait part. Si vous aviez des
indications, encore une fois, ça nous aiderait.
M. SAMSON: Mais est-ce que cela ne se produirait pas, comme vient de le
souligner M. Houde, dans les cas des moins de trente ans? Parce qu'on est apte
à travailler ou considéré comme tel par le
ministère étant âgé de moins de trente ans. Est-ce
que cela ne serait pas un peu une incitation à aller chercher un
certificat médical?
M. FORGET: Dans ces cas, c'est possible. J'avais souligné
je ne me souviens plus si c'est au député de Saint-Jacques ou au
député de Rouyn-Noranda en réponse à une
question antérieure, que nous ressentions encore, de la part du
réseau, des réactions à l'endroit des jeunes de moins de
trente ans qui ne travaillent pas. C'est survenu dans plusieurs régions
et il se peut, encore une fois, que malgré les attitudes que nous
prenons, des agents substituent quand même les leurs au niveau de cas
pratiques. Pour être franc, sur ce plan, j'ai eu et je continue d'avoir
certaines inquiétudes. Il se peut qu'il y ait là certains
éléments de réponse, mais maintenant il me semble qu'on ne
pourrait pas en faire une liaison de l'ordre de celle que le
député de Frontenac vient de souligner. La remarque que vous
faites est pertinente et elle nous préoccupe, nous y veillons.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce qu'il me serait possible de
poser quelques autres questions sur des sujets qui ont été
soulevés tantôt par le député de Saint-Jacques?
M. CHARRON: Moi, il me reste exactement trois petites questions sur
l'opération placement et vous pourrez revenir aisément
après.
M. SAMSON: D'accord.
M. CHARRON: Encore une fois, ce sont plus, je crois, des questions
d'information. Dans les statistiques que vous nous avez données quant au
nombre de gens placés à la suite de l'opération, au cours
de la dernière année financière, quelle est la proportion
d'emplois permanents et d'emplois occasionnels?
On nous avait dit, la dernière fois, 71 p.c. permanents et 29
p.c. occasionnels. Est-ce encore la même proportion?
M. FORGET: Je n'ai pas les statistiques exactes. Vous dites que c'est 71
p.c; je serais porté à croire que c'est plus que 71 p.c.
aujourd'hui.
M. CHARRON: De permanents?
M. FORGET: De permanents. Les efforts portent sur un emploi permanent,
une situation permanente. Ce qui me porte à croire cela, c'est le nombre
de placements réels effectués et la diminution de notre
inventaire, parce qu'on suit les bénéficiaires qui sont
placés aussi. Après, ils sont suivis tant par l'agent de
main-d'oeuvre que par l'agent d'aide sociale, et la diminution est permanente.
Je crois qu'elle est exacte en chiffres absolus.
M. CHARRON: Le ministre du Travail, par arrêté en conseil,
dois-je dire, parce que l'Assemblée nationale a rejeté notre
proposition, a accepté de hausser le salaire minimum à $2.10
l'heure. Je voudrais savoir si cette modification
du salaire minimum, avec les effets d'entraînement que cela a, va
inciter le ministre à modifier la table qui figure au règlement,
à partir de laquelle se fait le partage entre le revenu assuré
par le travail et l'allocation à laquelle a droit un
bénéficiaire d'aide sociale qui retourne au travail, pour les
premiers mois où il effectue son retour au travail. Est-ce que cela sera
modifié en conséquence?
M. FORGET: Vous parlez de la comptabilisation...
M. CHARRON: Oui, revenu de travail et participation aux premier,
deuxième, troisième mois et les mois suivants, de la part du
ministère. C'est ce qui est à la page 45 du règlement, je
crois.
M. FORGET: Le but de cette comptabilisation partielle des revenus durant
les premiers mois de retour au travail est de diminuer la désincitation
et joue un peu le rôle d'ailleurs, c'est explicitement son
rôle dans le cas du revenu inférieur à $25 pour une
personne seule ou inférieur à $40 pour une famille d'une
exemption relativement à d'autres mesures. C'est une question qui peut
toujours être réexaminée, cette question des exemptions,
mais il n'y a pas de relation directe entre la hausse du niveau absolu du
revenu provenant du salaire minimum et le niveau de l'exemption de base,
puisque l'effet de l'une et de l'autre mesures se fait sentir à des
bouts opposés, en quelque sorte, de l'échelle des revenus.
M. CHARRON: Mais le pourcentage du revenu qui est conservé pour
fins de calcul de l'aide, est-ce qu'il sera modifié en fonction du fait
que le revenu réel se trouve à être augmenté de
$0.10 l'heure?
M. FORGET: Pour répondre très directement à votre
question, aucune modification n'est envisagée actuellement, mais, comme
je l'ai indiqué à plusieurs reprises et comme l'expérience
passée le démontre, cette réglementation de l'aide sociale
n'est jamais figée pour bien longtemps. Elle constitue une
réglementation très vivante, au moins par les transformations
qu'elle connaît continuellement, pour la raison précise que ce
régime est encore nouveau, même si on en parle depuis plusieurs
années. Nous sommes continuellement à le perfectionner, à
le faire évoluer. Les changements qui interviennent, interviennent avec
une fréquence, du moins dans le passé récent,
malgré tout, assez grande. Donc, la question que vous posez, parmi
d'autres, va sûrement faire l'objet d'un réexamen.
M. CHARRON: Une dernière question: Est-ce qu'on
réexaminera également la modification qui a été
apportée dans le calcul du revenu, qui figure à la page 47 du
règlement où l'on dit: "Les revenus compris dans le calcul de
l'aide sont réduits de $15, plus $5 par enfant pour toute autre
famille".
Les $5 par enfant paraissent-ils encore suffisants ou, de l'avis du
ministre c'est une suggestion que je fais dont le ministre devra tenir
compte dans les modifications éventuelles des tables ne
devraient-ils pas être augmentés? On me répondra facilement
que les allocations familiales sont là pour compenser. Mais on a eu
l'occasion, dans nos précédentes heures de discussion, de
remarquer que l'allocation familiale n'est pas la seule façon d'aider
les familles à assumer les charges. Il nous semble enfin c'est
l'opinion que j'exprime et j'espère qu'elle sera
considérée par le ministre au moment où il se penchera sur
les tables que cette proportion de $5 par enfant n'est pas suffisante,
qu'elle devrait être, à notre avis, augmentée. Donc, il
s'agirait de réduire plus considérablement, comme effet
d'entrafnement, le revenu mensuel réel à partir duquel les
calculs se font. Je fais la remarque en espérant qu'elle sera
retenue.
M. FORGET: Ce sont, évidemment, comme celle qui a
été mentionnée précédemment, des questions
qui peuvent être réévaluées périodiquement.
Il ne faut pas oublier cependant ce que nous avons dit au début
même des travaux de la commission des affaires sociales sur
l'étude des crédits, relativement au processus d'examen du
régime de sécurité de revenu, examen que nous avons
décrit assez complètement, à ce moment-là, et qui a
pour but précisément de faire évoluer le régime de
façon assez substantielle vers un régime plus
véritablement complet de garantie de revenu. Cette disposition du
règlement qui est effectivement une disposition de cumul de revenus, est
une préfiguration peut-être modeste mais, malgré
tout, une préfiguration de ce que pourrait devenir le soutien du
revenu si nous adoptons un régime minimum garanti avec certaines des
caractéristiques que l'on prête souvent à ces
régimes.
Comme ce processus est en cours, tel que je l'ai indiqué, nous
avons à considérer si nous devons anticiper les conclusions, ou
plutôt, puisque le processus est bien amorcé et se déroule
favorablement, attendre pour prendre ces décisions que nous puissions
faire quelque chose de plus substantiel. Donc, c'est dans ce contexte qu'il
faut aussi voir la question précise posée par le
député de Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
Certificats médicaux
M. SAMSON: M. le Président, si vous me permettez, avant de
revenir au placement, je voudrais poser une autre question au ministre
en ce qui concerne les certificats médicaux. Je pense que c'est
mardi que j'ai eu l'occasion de citer le fait que certains médecins, pas
tous évidemment, exigeaient un paiement des assistés sociaux qui
allaient chercher un certificat médical. Compte tenu du fait que ces
gens, qui ont besoin d'aller chercher un certificat médical, sont parmi
ceux qui ont le moins la possibilité de payer pour un tel certificat,
est-ce que le ministre n'a pas l'intention de considérer que, pour les
cas où il y a demande de paiement, le ministère défraie ce
coût, soit en remboursant directement le bénéficiaire, soit
en remboursant directement le médecin qui aurait produit le certificat
médical, tel que cela se fait au niveau des compagnies d'assurance
privées? Lorsqu'elles requièrent un examen médical d'un
postulant, celles-ci lui demandent de se présenter chez son
médecin avec un formulaire qu'on lui donne. Le médecin, si je
comprends bien, remplit ce formulaire et envoie le certificat médical
à la compagnie d'assurance. Sur réception du formulaire, la
compagnie d'assurance paie au médecin le prix de la visite. Maintenant,
je dis cela sous toutes réserves parce que, depuis l'assurance-maladie,
je ne sais pas si les médecins sont payés directement par les
compagnies d'assurance ou par le régime d'assurance-maladie.
De toute façon, cela se faisait auparavant, mais c'est tout
simplement pour imager le sujet que je veux expliquer. Lorsqu'on demande
à des bénéficiaires du bien-être social de payer
pour un certificat médical, à ceux-là qui, certainement,
n'ont pas le moyen de le faire, je pense que c'est tout simplement injuste
envers ces gens. Je ne peux pas non plus prétendre que le médecin
n'a pas raison de demander un tel paiement parce que, suivant les informations
que nous avons, il y a peut-être une surdemande de certificats
médicaux. Si un médecin est obligé de délivrer 20
ou 25 certificats médicaux par semaine, c'est quand même autant de
temps de pris sur son temps de pratique pour lequel il pourrait être
normalement rémunéré.
Si le ministre pouvait nous donner certaines indications
là-dessus, cela nous permettrait peut-être ou bien d'être
satisfaits immédiatement, ou bien d'aller plus loin dans notre
discussion.
M. FORGET: M. le Président, la question qui est posée est
d'un intérêt certain. Cependant, je pense qu'il faut distinguer,
à cet égard, ce que les textes disent et ce que la pratique,
effectivement, comporte.
Nous avons le sentiment qu'il existe un très grand nombre de cas,
en théorie au moins, où le régime de l'assurance-maladie
ne couvre pas certains certificats, par exemple, dans les cas où de tels
certificats ne sont pas exigés par des lois. Il peut y avoir très
certainement, par exemple dans le cas d'examens médicaux exigés
pour fins d'emploi, des charges qui sont faites au client.
Cependant, il existe une autre catégorie d'évaluations
médicales ou de certificats qui sont, en théorie, non couverts
mais qui, par une interprétation généreuse des
règlements et de la couverture des régimes, sont effectivement
fournis sans frais et remboursés par la régie.
Il me semble qu'effectivement, dans le cas des certificats et du petit
nombre de certificats qui sont effectivement nécessaires pour
l'administration de l'aide sociale, encore une fois on a attiré
tantôt l'attention sur la possibilité que des exigences, de fait,
dépassent celles que le ministère entend imposer c'est une
question dont on va s'occuper autrement. Pour le petit nombre de certificats
qui sont véritablement requis, cela ne pose peut-être pas un
très grand problème, étant donné
l'interprétation assez large de la couverture du régime.
Maintenant, encore une fois, c'est un point sur lequel, lorsque des cas
particuliers nous sont soulignés, il nous devient plus facile
d'évaluer l'importance du problème et de voir si, effectivement,
on fait payer aux assistés sociaux des certificats qui leur sont
essentiels. Mais je ne fais pas référence, par exemple, à
des pratiques comme des bilans de santé qui, en théorie, ne sont
pas couverts par le régime d'assurance-maladie ou le régime
d'assurance-hospitalisation et que tout le monde obtient assez facilement sans
avoir à défrayer quoi que ce soit.
Je pense que les mêmes avantages peuvent être donnés
aux assistés sociaux sans bouleverser personne et c'est un peu
l'hypothèse qu'on fait. S'il y a des cas particuliers, encore une fois,
si on voit qu'ils sont assez nombreux pour vraiment nous alarmer, il faudrait
bien sûr, si on nous les souligne, qu'on voie les mesures à
prendre.
M. SAMSON: Disons, M. le Président, que je ne pourrais pas dire
que c'est une question tellement alarmante. Il n'a pas été
porté, en tout cas, à ma connaissance que tous les
médecins l'exigent. Peut-être que quelques-uns le font. Est-ce que
je peux conclure qu'advenant que des cas semblables soient portés
à notre attention, on puisse dire à la personne concernée
qu'elle peut s'adresser à son médecin, en lui soulignant que cela
peut être couvert par le régime d'assurance-maladie?
M. FORGET: Non. Comme je l'ai dit, il faut distinguer les textes et les
pratiques. Strictement, on ne peut pas affirmer que la couverture
réglementaire ou légale de l'assurance-maladie permet de
défrayer de tels bilans, de tels certificats médicaux. Le but de
mes remarques était simplement de souligner que l'interprétation
de fait de ces règlements et de la couverture des régimes est
telle que, pour 99.9 p.c. des cas, je pense que le problème ne se pose
pas ou ne devrait pas se poser relativement aux assistés sociaux parce
qu'il ne se pose pas dans le cas d'un très grand nombre de personnes qui
auraient certainement les moyens de payer ce
bilan et qui ne paient pas à cause de cette interprétation
libérale de la couverture du régime.
Interprétation sur laquelle on peut être d'accord ou pas,
mais effectivement les moyens de contrôle qu'il faudrait instituer pour
faire observer à la lettre et avec rigueur des règlements de ce
genre, qui sont des règlements sur lesquels on peut exprimer des
jugements fort divergents dans des cas particuliers, n'en vaudraient pas la
chandelle essentiellement. Donc, il y a cette interprétation
libérale à laquelle on peut faire appel dans des cas
particuliers.
Il y a aussi le problème de fond que, si des certificats
médicaux étaient systématiquement demandés alors
qu'ils ne sont pas nécessaires, le problème lui-même,
indépendamment de la solution qu'on lui apporte, est un peu factice ou
exagéré.
Donc, en nous soulignant ces cas particuliers, comme on l'a
indiqué, on verra d'abord s'ils sont assez nombreux, s'ils ne peuvent
pas être corrigés en indiquant au personnel d'inviter un moins
grand nombre d'assistés sociaux à se munir d'un certificat
médical. Quant au reste, s'il y a un problème qui demeure, encore
une fois, j'ai l'impression que l'interprétation de la couverture du
régime, dans les quelques cas où c'est nécessaire,
peut-être que, sans que les règlements soient modifiés pour
autant, des solutions peuvent effectivement être apportées.
M. SAMSON: Compte tenu de l'expérience et de la pratique,
advenant qu'il y ait il y en a, je pense une trop forte demande
de certificats médicaux, on le fait trop fréquemment, si le
ministère des Affaires sociales avait à rembourser pour le
paiement exigé par les médecins, d'abord s'il arrivait que les
médecins se décident finalement, à force d'avoir trop de
demandes, à demander paiement, si le ministère était
appelé à les rembourser ou que la Régie de
l'assurance-maladie était appelée à les rembourser, ce
remboursement aurait un effet modérateur, je pense, sur certains agents
qui ont peut-être tendance à trop souvent se défiler devant
leurs responsabilités je dis bien se défiler devant leurs
responsabilités en disant aux gens: Allez vous chercher un
certificat médical.
Evidemment, je ne veux peut-être pas trop les blâmer non
plus parce qu'il arrive, avec la charge des responsabilités des agents,
avec le nombre de "case load", que les agents n'ont pas toujours le temps
d'aller faire les enquêtes sur place. Ils doivent prendre une
décision en fonction des renseignements qu'ils ont à leur
portée.
Evidemment, si on demande aux bénéficiaires d'aller
chercher un certificat médical et qu'on peut verser le certificat
médical au dossier, même s'il est de complaisance, cela permet
à l'agent de prendre une décision et il est couvert. C'est ce
qu'il nous semble. Ce n'est peut-être pas dans ce sens que c'est
interprété, mais cela peut être une explication.
M. LECOURS: Certains agents le font, ce n'est pas le sens de la loi,
mais certains agents le font, et ils le font d'une façon
exagérée dans ma région.
M. SAMSON: C'est cela. Nous sommes ici pour vous dire ce qui se passe.
Ce qui se passe, comme on nous le répète depuis quelques jours,
ce n'est pas toujours selon les directives. Ce n'est pas toujours selon le sens
de la loi. Notre impression est que si on est capable d'apporter un maximum ou
un minimum d'exemples, si vous voulez, cela peut permettre au ministère
d'apporter les correctifs qui s'imposent.
M. le Président, dans ce domaine, nous avons cru voir que
ça se passe ainsi. Par exemple, on sait qu'il y a certains cas qui sont
justifiables. Le cas d'aides ménagères, de prothèses ou de
choses comme ça.
Mais, quand un bénéficiaire se présente et qu'il a
besoin d'aide parce qu'il n'a pas d'emploi, parce qu'il n'a pas
d'assurance-chômage, c'est un manque de revenu son affaire, ce n'est pas
une maladie nécessairement. Mais, dans un cas comme ça, on peut
dire: Allez vous chercher un certificat médical, tout à coup on
on ne le dit pas comme ça, mais ça veut dire à peu
près ça vous trouverait quelque chose, on mettrait
ça dans le dossier et tout le monde aurait la paix. C'est
peut-être la minorité, mais cela nécessite, je pense, une
action.
M. FORGET: M. le Président, je voudrais réaffirmer aussi
fermement que possible qu'un certificat médical, de façon
générale, n'a rien à faire avec l'administration du
programme d'aide sociale puisque c'est un programme de soutien du revenu qui
est lié à une déficience entre les revenus et les besoins
évalués par les barèmes établis par
règlement. Il n'est pas nécessaire d'avoir ce certificat. Si des
pratiques de ce genre qui divergent de la politique officielle du
ministère, de la loi et des règlements tels que nous les
interprétons, se sont produites, il y a des mécanismes internes
de vérification et de directive au personnel qui peuvent corriger cette
situation. Donc, il n'est pas question de dire qu'il faut des certificats
médicaux et d'expliquer comment on peut les obtenir et de mettre sur
pied un mécanisme de financement des certificats médicaux. Il
s'agit, de manière interne, par une meilleure information, s'il en est
besoin, du personnel ou des indications plus fermes, d'indiquer que de tels
certificats, généralement, ne sont pas requis. Et, même
s'ils sont au dossier, ils n'aident pas le bénéficiaire à
avoir un cent de plus. C'est la même somme qui lui sera versée
même si on dit qu'il est paraplégique; il aura la même somme
que s'il est bien portant et a bon pied, bon oeil et est capable de travailler.
Donc, ça n'influe en rien sur les sommes qu'il peut obtenir, sauf s'il a
besoin, évidemment, d'un appareil orthopédique ou de
diètes ou des choses dans ce genre. Mais il y a relativement peu de
personnes impliquées et, à ce moment-là, ce n'est pas un
certificat de
complaisance qu'il faut, c'est un véritable certificat qui fait
suite à un examen médical véritable et orienté pour
des fins thérapeutiques.
Donc, c'est une question dont on va se préoccuper, comme on l'a
indiqué d'ailleurs; s'il y a des pratiques qui sont divergentes de nos
politiques, nous allons voir à ce qu'elles se corrigent. Pour ce qui est
de permettre un paiement de ces certificats, je pense que ça pourrait
très bien avoir l'effet contraire, comme arrive souvent le fait que
lorsqu'on paie on a plus plutôt que moins. Je pense que ce n'est pas
véritablement la direction qu'on voudrait prendre que d'inaugurer un
besoin spécial qui s'appellerait certificats médicaux. Cela
aurait tendance, en effet, à se retrouver dans tous les dossiers et
créer une difficulté de plus pour l'administration du
programme.
Alors, on va essayer de régler le problème dans les faits
plutôt qu'au niveau d'une expansion des besoins spéciaux et d'un
nouveau régime de paiement.
M. SAMSON: Remarquez bien, M. le Président, que ce que je vise
par mon intervention, ce n'est pas tellement que le ministère en arrive
à payer le coût de ces certificats médicaux. Ce que je vise
surtout, c'est d'en réduire les demandes, en réduire le
nombre.
M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous dire aussi
quelles sont les directives émises aux différents directeurs des
bureaux de bien-être social dans le Québec, relativement aux
relations avec les membres de l'Assemblée nationale? Est-ce qu'ils ont
des directives de collaboration ou est-ce qu'ils ont des directives
restrictives? J'aimerais savoir la politique du ministère dans ce
sens.
M. FORGET: II est inscrit dans la loi et les règlements que toute
personne a droit à obtenir une révision de son dossier et,
éventuellement, peut aller en appel.
Il y a deux paliers de révision administrative. Il y a la
possibilité d'un appel. Il est évident que, pour certaines
personnes qui sont des bénéficiaires du régime, ces
procédures et ces recours sont seulement en partie accessibles, parce
qu'elles sont mal informées de ces possibilités ou ont besoin
d'assistance pour effectuer ces recours.
Donc, il est normal qu'elles aient, à l'occasion, recours
à une assistance extérieure qui peut très bien être
le député de leur comté. Celui-ci, à défaut
d'avoir reçu cette indication ou de l'avoir suffisamment bien comprise
ailleurs, peut leur indiquer les recours qui sont disponibles, qui leur sont
ouverts et il peut les orienter, les aider dans leurs efforts. C'est dans cet
esprit que les députés, comme d'autres, sont invités
évidemment, sont accueillis, sont censés être accueillis
dans le réseau, pour aider les assistés sociaux à obtenir
satisfaction, à obtenir la réalisation de leurs droits.
Il est bien évident que les députés par leurs
fonctions sont plus que d'autres en mesure d'intervenir de cette façon,
puisqu'on s'adresse à eux. L'indication générale que nous
fournissons aux gestionnaires du réseau, c'est d'apporter leur
collaboration à des demandes d'aide qui leur sont acheminées de
cette manière.
M. SAMSON: M. le Président, le ministre a bien compris
qu'évidemment ma préoccupation n'était pas tellement en ce
qui concerne les révisions, parce que, d'après le genre de
demandes ou de plaintes ou d'information que nous avons de la part des
bénéficiaires qui viennent nous voir, ce ne sont pas tellement
des cas qui auraient besoin d'une révision selon la formule habituelle,
que des cas qui auraient besoin d'une compréhension humaine dans des
brefs délais. La plupart du temps je pense que tous les
députés sont d'accord avec moi là-dessus quand on
vient nous voir, c'est parce qu'il y a urgence. Quand on fait
référence au processus de révision, tout le monde va
admettre qu'il ne faut pas être pressé, parce que le processus de
révision prend un certain délai et, quand les gens ne sont pas
pressés, ils ne viennent pas nous voir.
On n'est pas pris tellement avec des problèmes comme ça.
Les problèmes qu'on nous soumet sont des problèmes d'urgence ou
des cas spécifiques où il y a un manque de revenu et urgence,
soit que le bénéficiaire ait mal compris ce qu'on lui a dit ou
qu'il se soit mal exprimé et qu'on l'ait mal compris, d'autre part.
Là, ils viennent nous voir et ils nous expliquent la situation. Parfois,
nous, on la voit d'une façon différente et vous allez comprendre
pourquoi.
C'est que beaucoup de bénéficiaires, en présence de
fonctionnaires du bureau de bien-être social et devant l'appareil
évidemment qui est impressionnant pour cette classe de gens, sont
peut-être parfois mal à l'aise pour expliquer leur cas et
peut-être réticents à l'expliquer aussi. Quand on vient au
bureau du député, c'est un bureau qui est complètement
différent. Vous savez que ce n'est pas impressionnant, un bureau de
député, surtout avec les services que nous accorde
l'Assemblée nationale. Une seule secrétaire, ça
n'impressionne personne.
M. CHARRON: Vous avez raison.
UNE VOIX: Le bureau d'aide sociale non plus.
M. SAMSON: Le bureau d'aide sociale non plus. Ce n'est peut-être
pas impressionnant dans le sens que ce n'est pas toujours efficace, mais c'est
impressionnant dans un certains sens.
Quand on entre dans un bureau où il y a un paquet de gens qui
travaillent et où on vous fait attendre parce que cela se passe
dans les bureaux de bien-être social en avant...
M. CHARRON: On leur fait prendre un numéro.
M. SAMSON: On leur fait étaler leur pauvreté dans le hall
d'entrée; ça c'est impressionnant et c'est gênant, à
part cela. Je vous le dis, moi. Il y en a qui sont mal reçus, M. le
ministre, et j'en ai eu connaissance personnellement. Je vais vous donner un
cas type; après avoir communiqué avec le directeur, celui-ci
accepte de recevoir une personne parce que c'est un cas réellement
urgent. Cette personne se rend, elle donne son nom en entrant et elle attend:
Quand ce sera ton tour, on te passera. Quand est venu le tour, l'agent qui
avait une autre conception que celle de son directeur peut-être
que le directeur, ayant plus de responsabilités, comprend mieux que
certains agents en voyant la personne qu'il avait déjà
vue, et pour laquelle il avait déjà un préjugé
parce que, lui, avait pris une décision qui n'était pas correcte
dans les circonstances, il a tout simplement engueulé la personne devant
tout le monde. Cela ne m'a pas été rapporté par n'importe
qui, c'est mon épouse qui était là; elle était
là parce qu'elle était allée conduire une vieille dame qui
n'avait pas de moyen de transport. Elle a pris connaissance de cela.
Ce n'est pas un cas généralisé, M. le ministre, je
vous l'avoue, c'est un cas isolé; mais si on a un cas isolé dont
nous sommes en mesure de prendre connaissance directement, il peut
peut-être y avoir des cas isolés dont on n'a jamais connaissance.
C'est dans ce sens que je veux vous dire que ça peut être
impressionnant pour certaines gens et ça peut les mettre mal à
l'aise. Peut-être que parfois ils n'expliquent pas leur affaire comme il
faut et ils sont mal compris. Là, ils arrivent chez nous; chez nous,
peut-être qu'on nous en raconte davantage et ça nous permet de
voir la situation d'une autre façon. S'il y a une collaboration
possible, par un simple coup de téléphone et en apportant des
faits nouveaux dans le dossier, ça peut rendre des services à ces
gens, alors que si on s'en tient strictement à la loi,
c'est-à-dire en allant en révision, là, on ne leur rend
pas service du tout parce qu'une révision qui prend un, deux et
quelquefois trois mois, ça ne met pas du pain sur la table le jour
où on en a besoin.
C'est dans ce sens-là que je trouve cela important. Pas des
interventions partisanes, je pense qu'aucun député n'en fait de
cette façon-là. Le mandat que nous recevons vient du public et
quand on intervient au nom d'une personne, c'est un mandat que nous avons de
cette personne. Je pense que personne ne conteste cela, d'ailleurs. C'est en
fonction de cela que nous avons à intervenir. Quand on a une
collaboration, c'est-à-dire quand on veut nous écouter, quand on
veut nous parler, plusieurs cas se règlent sans qu'on brise de vitres.
Mais quand on bloque systématiquement, et cela arrive dans certains
bureaux du Québec... J'ai eu l'occasion de faire affaires avec tous les
bureaux du Québec, comme vous le savez, et dans certains bureaux on a
bloqué systématiquement. Il y a déjà eu, si je me
rappelle bien, en 1971, une directive de M. Castonguay. Depuis 1970 que je
siège en cette Chambre, nous avions des blocages systématiques
dans presque tous les bureaux du Québec et, à partir du moment
où il y a eu une directive interne, je pense, ça a
commencé à être plus réceptif et les cas se sont
discutés plus sur une base de gros bon sens et sans que personne n'aille
à l'encontre de la loi. Avec cela, on peut collaborer avec les bureaux
de bien-être social et on peut rendre des services à la
population. Ce qu'on vise, quel que soit le député en cette
Chambre, quelle que soit son étiquette politique, tout le monde vise la
même chose: donner des services à une population qui en a
besoin.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Bourget.
M. BOUDREAULT: Je voudrais renchérir un peu sur ce que M. Samson,
le député de Rouyn-Noranda, vient de dire. Le
député n'est pas toujours l'interlocuteur qualifié dans
certains secteurs, certains comtés, parce que je pense que les
inspecteurs sont plus politisés que nous, alors on fait du tort
même à nos bénéficiaires si on leur suggère
de dire que c'est nous qui les envoyons là. C'est assez fort. Moi, j'ai
vu des fonctionnaires municipaux, durant la campagne électorale, dont la
voiture était plus décorée que mon char allégorique
quand j'ai fait ma campagne. Imaginez-vous comment on peut servir
d'interlocuteur quand on arrive au niveau des bénéficiaires. On
leur dit: Ne dis pas un mot, fais cela, ne dis pas que je t'envoie. On camoufle
notre affaire. Je me demande si notre rôle est réellement valable
au niveau de ces gens. C'est l'argument que je voulais apporter.
M. FORGET: M. le Président, j'aimerais commenter ces deux
interventions, parce qu'elles touchent un point essentiel qui a
déjà été discuté d'ailleurs. On a dit
quelles étaient les mesures que nous prenions pour améliorer les
relations entre la clientèle d'aide sociale et les bureaux. Evidemment,
ce dont on parle ce matin, ce sont les manifestations que la situation n'est
pas encore parfaite. Il faut voir quelles sont les meilleures mesures que notre
ministère peut adopter pour faire diminuer ces problèmes.
Nous considérons que certains efforts généraux sont
essentiels. Je veux simplement en faire le rappel ici. Il y a d'abord ce souci
du perfectionnement en informant et en sensibilisant les agents d'aide sociale
aux dimensions humaines, aux relations humaines, à la qualité des
relations humaines qu'ils doivent avoir avec leur clientèle. C'est un
élément important de leur formation professionnelle, un
élément que nous essayons de leur donner par un programme de
perfectionnement. C'est un élément parmi d'autres. Il y en a
d'autres de nature plus générale également qui sont
importants et qui,
par exemple, affectent le niveau de la rémunération. Une
fois établis ces stages de perfectionnement ou ces cours de
perfectionnement qui portent à la fois sur l'aspect, encore une fois,
des relations humaines et de l'aspect plus technique du travail, nous aurons
des personnes mieux formées et plus qualifiées qui risquent
d'être attirées dans d'autres réseaux et nous faire
retomber dans une situation qui pourrait être équivalente à
celle du départ. Donc, il est important que nous fassions des efforts,
et nous avons l'intention de faire des efforts de manière que la
rémunération de ces agents nous permette d'être
concurrentiels pour garder les meilleurs éléments, une fois ces
efforts de formation faits.
Mais ce sont là des politiques générales. Les
problèmes que vous mentionnez nous affectent aussi comme employeur. Les
attitudes que nous devons adopter à cet égard, relativement au
rôle que le député ou d'autres groupes qui peuvent vouloir
prendre, à très juste titre, la défense de cette
clientèle, sont malgré tout commandées par la
nécessité que, comme employeur, l'appui que nous pouvons accorder
soit à l'intervention des députés soit à d'autres
groupes ne soit pas perçu comme un élément de motivation
du personnel. Il est important que, comme employeur, nous ne soyons pas
perçus par les agents du réseau comme les alliés de ceux
qui ont envers eux des critiques et qui sont vus un peu par eux comme des
critiques, comme un peu dans une situation adverse, pour des raisons absolument
valables.
Précisément notre but est de faire évoluer cette
situation pour qu'il n'y ait pas de relation d'antagonisme entre la
clientèle et les agents du réseau. Il est très important
que le personnel soit hautement motivé, qu'il sente, dans les
autorités du ministère, le désir de le voir se
perfectionner, de voir se développer son attitude de manière
positive. Et, progressivement, si cette attitude positive se maintient, si leur
motivation est élevée, si leur formation se fait, ils vont de
plus en plus percevoir l'intervention du député, l'intervention
d'autres groupes qui agissent au niveau de la défense des
assistés sociaux comme des interventions positives qui les aident et qui
complètent leur travail.
Mais il faut pour nous il est important que les
députés le comprennent éviter, en voulant trop
rapidement changer des situations, de faire sentir à ces employés
que le ministère se joint à leurs critiques encore une
fois, je ne nie pas la valeur des critiques et qu'ils se sentent en
quelque sorte persécutés par tout le monde, y compris leur
employeur. Ils doivent comprendre qu'ils ont notre appui pour se
développer, pour se perfectionner et que, lorsqu'ils se
développeront et se perfectionneront, à ce moment-là le
problème qu'on soulève sera, en grande partie, résolu. Ils
verront très clairement qu'en effet la motivation de tous ceux qui
soulignent des cas ou attirent l'attention des agents sur des cas particuliers
qui ont été plus ou moins bien traités, c'est la
même préoccupation que celle qu'ils doivent avoir eux-mêmes,
donner de très bons services. De telles interventions ont pu, dans le
passé, engendrer chez les agents d'aide sociale des
anxiétés. Ils savaient que le réseau était à
s'établir, il y avait beaucoup d'imprécisions encore dans la
façon dont la loi était administrée. Evidemment,
c'était une période difficile qui a engendré des
antagonismes où il y a ce problème de perception des deux
côtés qui laisse croire que l'on ne poursuit peut-être pas
les mêmes objectifs. C'est illusoire, ce sont les mêmes
objectifs.
Mais il est important, encore une fois, que ces agents soient
persuadés que nous les appuyons. Nous les appuyons sur le plan d'une
rémunération adéquate, sur le plan du perfectionnement et
nous leur faisons confiance. Au fur et à mesure que ce processus se
développera, ils verront justement ces interventions comme des
interventions positives.
M. SAMSON: M. le Président, je suis absolument d'accord avec le
ministre. Je ne voudrais, pour aucune considération, que ou les
directeurs de bureaux de bien-être social, ou les agents se sentent
persécutés de quelque façon que ce soit.
Si vous voulez une déclaration de principe, je vais vous dire
tout simplement que je suis contre toute forme de persécution. C'est un
peu pour ça, parce qu'on est d'accord avec le ministre, qu'on pose
certaines questions. Autant on ne voudrait pas que ces employés se
sentent persécutés, autant on n'accepte pas que les
bénéficiaires se sentent persécutés.
C'est pourquoi on a un rôle à jouer. Nous devons jouer ce
rôle. Mais peut-être, M. le Président, que, dans la
recherche d'une meilleure compréhension de toutes parts, il faudrait
expliquer à ces gens que les interventions faites par les
députés peuvent autant aider le travail de l'agent parce qu'elles
peuvent parfois, permettre d'éclaircir des situations. Il reste qu'il y
a des bénéficiaires qui viennent nous voir, comme vous le savez,
et qui ont, eux aussi, des préjugés contre les agents. Autant il
y a peut-être des agents qui ont des préjugés, autant des
bénéficiaires peuvent avoir des préjugés contre
certains agents. Là, ils viennent nous voir et ils se sentent
persécutés. Une fois qu'on est allé aux renseignements et
que nous avons obtenu suffisamment de renseignements, on est en mesure de
constater, dans certains cas, que l'agent avait bien fait son devoir.
Là, si c'est nous qui l'expliquons au bénéficiaire, en lui
donnant des explications qu'il avait peut-être déjà
reçues, mais auxquelles il n'était pas réceptif, à
ce moment-là, il devient plus réceptif parce que c'est dit par
quelqu'un d'autre, quelqu'un en qui il a quand même une certaine
confiance puisqu'il est allé le consulter.
Dans certains de ces cas, cela règle le problème. C'est
une collaboration qui peut autant aider les agents qu'elle peut aider le
bénéficiaire, dans certains cas. On parlait hier,
justement, à l'Assemblée nationale, de médiateurs. C'est
un peu le rôle qui nous est dévolu, dans le fond, parce que, s'il
n'y avait pas un conflit en puissance de quelque façon que ce soit, ces
gens ne viendraient pas nous voir. S'il y a un conflit en puissance, nous avons
toujours intérêt à donner satisfaction à toutes les
parties intéressées pour arrêter le conflit en
puissance.
Cela, c'est le genre de travail que nous faisons. En tout cas, c'est
comme ça que je le vois et, en discutant avec mes autres
collègues de l'Assemblée nationale, j'ai l'impression que tous,
nous voyons notre rôle de la même façon.
Je sais qu'après 1971 il y a eu une grande évolution dans
ce sens. A partir d'octobre 1973, on a peut-être senti certaines
réticences à un moment donné. Cela semble se corriger,
mais je vous dis que ce n'est pas corrigé partout. Je ne vous donnerai
pas de nom, M. le Président, immédiatement; je les donnerai au
ministre en particulier. Je suis certain que le ministre verra à ce que
ça s'arrange sans que personne ne subisse de préjudice.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Est-ce que les membres de la commission
auraient des questions à poser sur le programme 2: Aide sociale?
M. SAMSON: Oui, M. le Président, j'aurais d'autres questions. Je
m'excuse.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): II est midi. Nous y reviendrons. La
commission suspend ses travaux jusqu'à quatre heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 3)
Reprise de la séance à 16 h 20
M. LAFRANCE (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! Nous reprenons l'étude des
crédits du ministère des Affaires sociales. Le
député de Saint-Jacques aurait une intervention?
M. CHARRON: Oui, M. le Président, c'est pour corriger une
affirmation que j'ai faite ce matin, juste avant la suspension. Avant de
céder la parole au député de Rouyn-Noranda ce que
j'ai encore l'intention de faire, d'ailleurs, parce que c'est lui qui l'avait
au moment de la suspension j'avais péremptoirement affirmé
que j'avais terminé mes questions en ce qui concernait le programme 2.
Or, sont survenus quelques incidents depuis ce temps, M. le Président,
et j'aimerais signaler tout de suite, à l'intention du ministre, que je
n'ai pas terminé mes questions sur le programme 2, que j'ai l'intention
de reprendre, à la lumière de quelques mathématiques
nouvelles, le programme 2 Aide sociale.
M. FORGET: Je me trouve à avoir suppléé à la
carence de l'inspiration du député de Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Pourriez-vous me permettre, s'il vous
plaît, de signaler à la commission que M. Bonnier est
remplacé par M. Lachance comme membre de la commission, pour cette
séance?
Vous pouvez poursuivre.
M. CHARRON: Je pense que c'est le député de Rouyn-Noranda
qui a la parole.
M. SAMSON: M. le Président, j'avais quelques petites questions
qui ont été suscitées lorsqu'on a parlé de
placement ce matin. Je voudrais demander au ministre si, dans les directives
qui sont données aux responsables du placement, on leur demande de
considérer d'une façon je dirais peut-être pas
humaine, car je pense qu'ils le font sur cette base autant que c'est possible
que le placement qu'ils veulent offrir aux assistés sociaux doit
être conforme à leurs possibilités, à leurs
capacités. Cela m'amène à vous donner, pour mieux
expliciter ma pensée, un exemple. J'ai eu connaissance qu'un bon jour on
a tout simplement coupé le chèque d'allocations sociales à
quelqu'un à qui on avait offert, par l'entremise de ce service, un
emploi.
Le type, c'est un travailleur habitué à faire du forage au
diamant en forêt, un homme robuste, qui a les mains à peu
près trois fois larges comme les miennes. Vous voyez le genre, quelqu'un
qui est habitué à travailler durement. Je ne sais pas comment on
en est arrivé à cette conclusion, mais on a trouvé un
emploi pour ce type, une bonne fois.
M. CHARRON: Danseur de ballet?
M. SAMSON: Presque, presque. Imaginez-vous, aide-cuisinier, dont les
principales fonctions étaient de laver la vaisselle ou de faire quelque
chose dans ce genre-là. Immédiatement, la réaction a
été la suivante: On a presque insulté ce gars-là
qui était habitué à travailler dur et à faire des
gros travaux. L'envoyer dans une cuisine, ce n'était pas le genre du
tout. L'agent de placement n'est peut-être pas au courant qu'il y a des
habitudes et qu'il y a des gens qui ont leur dignité; lui faire faire ce
travail, c'est comme si on l'avait insulté. D'ailleurs, je l'aurais mal
vu avec un essuie-verre, avec les mains qu'il a; il n'aurait sûrement pas
été capable, à moins de casser le verre.
C'est peut-être partir d'un exemple rare, mais cela m'amène
à vous demander quelles sont les mesures prises pour qu'au moins on
s'assure que le placement ne devienne pas seulement un prétexte de
coupure d'allocation, que ce soit réellement une forme permettant aux
bénéficiaires de se réorienter dans le domaine du travail
et ne pas revenir comme assisté social dans un mois ou deux. Si j'ai
bien compris, en tout cas, ce qu'on vise, c'est de les réintégrer
au travail, et non d'utiliser les moyens dont se sert actuellement
l'assurance-chômage. C'est un autre palier du gouvernement auquel j'ai
beaucoup de reproches à faire dans ce domaine, ils utilisent ce moyen.
On est prêt à leur offrir n'importe quoi, mais du genre d'ouvrage
que personne ne veut avoir pour tout simplement leur retirer leur chèque
d'assurance-chômage; c'est ce qu'ils font au fédéral, et
j'espère qu'au provincial on n'est en pas rendu là.
J'aimerais que le ministre nous rassure et nous dise quelles sont ses
intentions.
M. FORGET: M. le Président, c'est sans hésitation que je
peux rassurer le député de Rouyn-Noranda relativement à
cette question puisque, comme je l'ai affirmé dans le passé, il
n'est pas question d'envisager un régime qui comporte des
éléments...
M. SAMSON: Punififs.
M. FORGET: ... punitifs, qui forcent l'assisté à
s'intégrer ou à accepter un emploi, mais à élargir
les possibilités qu'il a devant lui, le mieux possible.
Il est évident qu'on ne peut contrôler le milieu du
travail, ce qui, par définition, n'est pas possible pour les agents de
placement. Un placement qui serait inadapté, qui serait sans relation
avec les ressources ou les capacités de la personne qui accepte un
emploi serait de très courte durée et deviendrait rapidement un
nouveau problème pour l'agent de placement. Donc, l'intérêt
même de l'administration d'un programme de placement indique qu'il faut
essayer d'ajuster le mieux possible les capacités individuelles et les
offres d'emplois disponibles. Il demeure qu'il n'est peut-être pas
toujours possible de trouver un emploi de foreur, un emploi dans le même
champ d'activité. Une certaine mobilité est observée dans
le cas d'un grand nombre de travailleurs, indépendamment de leur
présence temporaire sur les listes de bénéficiaires de
l'aide sociale. Sans vouloir s'attacher à des cas extrêmes, il
demeure qu'il n'est pas anormal que l'on présume qu'il y a une certaine
mobilité dans les emplois. Mais, malgré tout, on a indiqué
d'ailleurs, ce matin, que l'on cherchait à élargir pour les
assistés sociaux les possibilités de se valoriser par une
participation à la main-d'oeuvre et aussi d'obtenir des revenus
supérieurs, ce qui est évidemment... (Brève panne
d'électricité) ... porter attention à ces
caractéristiques de la main-d'oeuvre ou des personnes que l'on va
chercher à placer.
Je ne sais pas s'il serait utile de décrire plus
complètement le processus, mais c'est un processus de sens commun,
d'essayer de faire cet ajustement le mieux possible, sous réserve
évidemment de cas exceptionnels où on a pu, peut-être,
porter un jugement déficient.
On me mentionne que le placement se fait par les agents de la
main-d'oeuvre; au fond la question rejoint les politiques de main-d'oeuvre de
façon ultime et non les nôtres.
M.SAMSON: M. le Président, peut-être me sera-t-il permis de
dire au ministre que je comprends que ce n'est pas facile pour les agents de
main-d'oeuvre d'en arriver à un placement adapté au
bénéficiaire. Mais, puisque ce n'est pas facile pour eux d'y
arriver vous l'avez mentionné vous-même cela rejoint
un peu le grief que je voulait soulever. Si ce n'est pas facile pour eux, on le
sait que ce n'est pas facile de trouver quelque chose d'adapté, il ne
faut surtout pas pénaliser le bénéficiaire parce qu'on n'a
pas réussi à trouver quelque chose d'adapté à ses
capacités.
Maintenant, je voudrais souligner un autre point dans le même
ordre d'idées. Je voudrais soulever le point suivant. Ma crainte, c'est
que si on est bien rigide et si on oblige les assistés sociaux à
accepter des emplois qui ne sont pas adaptés à leurs
capacités, évidemment, en leur disant que s'ils n'acceptent pas
on leur enlèvera tout simplement leur allocation sociale, nous risquons
tout simplement de voir quelqu'un d'autre, qui est sur le marché du
travail et qui n'est pas au bien-être social, manquer d'emploi, ne pas
avoir d'emploi disponible alors qu'on offre à des assistés
sociaux des emplois qui ne sont pas disponibles pour d'autres catégories
de personnes. Ce qui aurait comme conséquence de sortir du réseau
un bénéficiaire pour l'envoyer au travail et de prendre, en
dehors du réseau, quelqu'un qui n'est pas au travail ou qui manque de
travail temporairement pour l'envoyer dans le réseau parce qu'on ne lui
permet pas... Cela est un peu ma crainte.
Maintenant, le ministre pourrait peut-être profiter de sa
réponse pour nous faire part du
taux de conservation d'emploi des 5,126 personnes qu'on a
mentionnées ce matin. Le taux de conservation est de combien?
M. FORGET: II y a eu une réponse, ce matin, là-dessus.
M. SAMSON: Je m'excuse, je n'y ai peut-être pas porté
attention.
M. FORGET: 80 p.c.
M. SAMSON: 80 p.c. de conservation. Si le ministre peut...
M. FORGET: Maintenant, l'expérience est encore
récente.
M. SAMSON: C'est récent, oui.
M. FORGET: II y a plusieurs placements qui sont récents.
M. SAMSON: Evidemment, on pourra avoir une meilleure idée quand
cela aura duré au moins un an, parce que le taux de conservation peut
être de 80 p.c. pour un mois ou deux, à court terme, mais sur une
période d'un an, si le taux de conservation est très
réduit, cela voudrait dire qu'il faudrait peut-être envisager une
autre méthode.
M. FORGET: Pour ce qui est du problème que l'on vient de
soulever, il est clair qu'une des meilleures réponses que l'on peut
apporter à la sécurité du revenu est une politique de
croissance économique qui provoque un accroissement des emplois. Il est
clair c'est un thème que je n'ai pas l'intention de
développer ici que c'est une autre facette de la
sécurité du revenu, de façon très réelle
cependant, qui est tout aussi importante et à laquelle le gouvernement a
accordé tout autant d'importance qu'aux développements de
prestations sociales. Il est évident qu'on n'accomplirait rien si, pour
donner un emploi à un assisté social, on privait quelqu'un
d'autre d'un emploi.
Mais, dans un climat général où le nombre d'emplois
total s'accroît, il est possible de faire des gains sur les deux fronts,
en accroissant les possibilités de travail de tout le monde, et des
assistés sociaux en particulier.
Je pense que c'est à peu près tout ce que l'on peut dire
sur ce sujet puisque, encore une fois, il n'est pas question d'adopter une
approche punitive vis-à-vis de ces opérations, une approche
punitive que, d'ailleurs, on serait impuissant à vraiment utiliser
puisqu'il faudrait pour ça contrôler le milieu de travail et
déboucher sur des mesures qui dépasseraient clairement la
compétence de l'aide sociale.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
s'il a été porté à son attention des cas où,
par exemple, pour une fille-mère, les employés du bien-être
social inciteraient cette personne à se trouver du travail, au risque de
lui accorder une allocation pour les services d'une ménagère ou
d'une bonne qui pourrait prendre soin de l'enfant quand la mère serait
au travail? Est-ce que le ministre a pris connaissance de certains de ces
cas?
M. FORGET: M. le Président, dans ces cas comme dans celui que le
député de Rouyn-Noranda a soulevé tantôt, j'aimerais
le référer à l'analyse des plaintes que nous recevons et
à l'analyse des plaintes que le Protecteur du citoyen lui-même
reçoit.
Il est évident que le député de Rouyn-Noranda fait
allusion, non pas à des politiques ou à des règlements,
mais à des pratiques...
M. SAMSON: Oui.
M. FORGET: ... qui dérogeraient, en quelque sorte, ou qui
dépasseraient ou qui seraient en deça des lois et des
règlements. C'est donc par les plaintes que l'on peut évaluer
l'importance d'un tel phénomène. Je sais qu'il n'y en a pas. Je
ne me souviens pas qu'il y ait de telles plaintes, de façon
systématique, dans les rapports que j'ai consultés sur l'analyse
des plaintes reçues au ministère et sur l'analyse des plaintes
faite par le Protecteur du citoyen.
Il y a un certain nombre de cas dont on a discuté plus tôt
qui sont effectivement mentionnés, mais un cas comme celui-là
n'est pas contenu dans le rapport du Protecteur du citoyen cette année,
et je ne crois pas non plus qu'on en ait fait état dans l'analyse des
plaintes que j'ai vue pour cette année, telle qu'on la reçoit au
ministère.
M. SAMSON: Disons, M. le Président, que je prends la parole du
ministre, qui dit qu'il n'en a pas reçu.
C'est fort probable parce que celles dont j'ai eu connaissance, j'en ai
discuté avec les directeurs concernés et il y a eu un changement,
en tout cas, d'attitude qui a réglé le problème pour les
cas dont j'ai pu prendre connaissance. Je suis satisfait que le ministre me
dise que ça se fait dans la pratique et qu'aucune directive n'est
donnée dans ce sens. Si c'est seulement dans la pratique que ça
se fait, c'est plus facile à corriger. Evidemment, c'est inadmissible
qu'on dise à une mère de famille: Va travailler et on va engager
quelqu'un pour prendre ta place à la maison. Il vaut mieux, à ce
moment-là, tout simplement laisser la mère à la maison et
lui donner l'allocation qui serait peut-être l'équivalence dans
presque tous les cas.
Je n'ai pas l'intention d'aller beaucoup plus loin là-dessus, car
je sais que le député de Saint-Jacques a plusieurs questions
qu'il semble vouloir poser dans un domaine que je crois déjà voir
venir. La seule question que j'aurais à poser, en terminant c'est
dans le même domaine, d'ailleurs; je n'ai pas l'impression qu'il a
l'intention de poser cette question, c'est
pourquoi je me risque à la poser est celle-ci: Est-ce
qu'il sera donné, dans l'avenir, aux députés de
l'Assemblée nationale de prendre connaissance des barèmes avant
les changements ou la proposition de changements pour que ce soit
discuté à l'Assemblée nationale, comme ce fut le cas, par
exemple, pour les allocations familiales: Evidemment, à ce
moment-là, c'était une loi et non des règlements, mais le
ministre peut-il nous dire s'il a l'intention d'étendre cette pratique
même pour les règlements?
Nous avons des réponses à donner à la population,
nous avons de l'information à donner. Si on avait la possibilité
d'être consultés, nous pourrions faire les débats suivant
les options que nous avons, mais cela serait sûrement utile pour toutes
les parties intéressées et au moins je dis au moins
la population n'aurait pas l'impression, qu'elle a présentement, que ces
choses se font sans que les élus du peuple aient à dire un seul
mot.
Je pense qu'il serait valable, en tout cas, que nous ayons à nous
prononcer, soit à l'occasion d'une commission parlementaire qui pourrait
être convoquée lors d'un changement de barème.
M. FORGET: C'est une réponse en deux parties.
En premier lieu et je soupçonne que c'est ce qui inspire,
en partie tout au moins, la question du député de Rouyn-Noranda
cette question des pouvoirs réglementaires est dans l'air ces
jours-ci, et dans les journaux. On peut évidemment vouloir en
débattre, mais il conviendra avec moi, je pense, que cette question
dépasse largement le cadre de l'étude de ces crédits. Je
ne voudrais certainement pas présumer de l'évolution de notre
philosophie sur la séparation des pouvoirs législatif et
exécutif à l'occasion d'une réponse fournie sur un point
particulier. Sur cette question de l'utilisation du pouvoir
réglementaire, qui n'est rien d'autre dans le fond que l'exercice par
l'exécutif de ses responsabilités un gouvernement, tout le
monde le sait, est appelé à prendre des décisions;
certaines de ces décisions sont incorporées dans de simples
résolutions, certaines autres le sont dans des règlements qui
donnent autorité d'effectuer des paiements, etc. je pense que
vouloir réduire le pouvoir de l'exécutif peut, encore une fois,
se considérer et se discuter dans un plus large contexte, mais qu'il
doit demeurer un instrument permettant au gouvernement de réagir dans
des délais raisonnables à des problèmes qui lui paraissent
mériter des solutions.
Le deuxième élément de ma réponse, c'est que
ce pouvoir réglementaire dans le cas de l'aide sociale a toujours
été utilisé et je cite le passé
récent à cet égard dans l'intérêt des
bénéficiaires de manière à majorer, en fonction des
problèmes aussitôt qu'ils étaient perçus et bien
définis, les taux de prestations, les condi- tions d'accès
à ces prestations, ou corriger des difficultés d'application des
règlements qui sont clairement de la responsabilité du pouvoir
exécutif puisqu'il a la responsabilité de répondre devant
l'Assemblée nationale de l'utilisation des deniers publics. Si l'on
observe le déroulement des différentes modifications au
régime d'aide sociale depuis plusieurs mois, on constate que chaque
modification a contribué très fortement à augmenter le
niveau moyen des prestations, beaucoup plus que ne l'auraient fait des
règles établies législativement en fonction de
barèmes forcément rigides et qu'il est impossible de modifier,
parfois, si l'Assemblée ne siège pas, etc., ou si le calendrier
législatif l'interdit pour toutes sortes de raisons.
Donc, je note la question qui est posée sur un plan
théorique, je pense, sur un plan général, qui est encore
une fois en quelque sorte dans l'actualité, étant donné
les mémoires qui ont été présentés ici cette
semaine par la chambre de commerce. Mais j'attire aussi l'attention sur les
effets, bénéfiques dans l'ensemble, que l'utilisation du pouvoir
réglementaire a apportés dans l'administration du régime
d'aide sociale: Une meilleure administration, mais aussi des prestations
moyennes qui se sont accrues à un rythme supérieur à celui
que prévoient d'autres mesures qui sont plus rigidement
imbriquées dans la législation.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais juste souligner que je ne
suis pas satisfait de la réponse du ministre évidemment, mais je
ne poursuivrai pas le débat compte tenu du temps que nous avons à
notre disposition et des autres choses que nous avons à étudier.
Mais, pour les fins du journal des Débats, pour que ce soit inscrit, je
voudrais réitérer à cette commission ce que j'ai dit cet
après-midi à l'Assemblée nationale en réponse
à la déclaration ministérielle du ministre.
LE PRESIDENT (M. Ostiguy): Le député de Saint-Jacques.
Aide accrue
M. CHARRON: M. le Président, comme je vous le rappelais tout
à l'heure, je croyais devoir terminer mes interventions sur le programme
2 et, comme l'a dit le ministre lui-même, il a suppléé
à ma carence d'inspiration cet après-midi par une
déclaration ministérielle. Si j'interviens, c'est que j'ai la
conviction que c'est la seule carence à laquelle le ministre a
suppléé cet après-midi, celle de mon inspiration. Mais ce
n'est pas dans la déclaration ministérielle qu'on retrouve un
acte de suppléance de la carence alimentaire que certaines familles
connaissent, ou d'autres moyens essentiels également.
M. le Président, je veux faire ces quelques remarques de
façon très positive, comme j'ai essayé de le faire dans
l'ensemble du débat
depuis le début. Le cadre de la Chambre nous invite
particulièrement à certaines réactions surtout lorsque,
que ce soit par manque de courtoisie ou non, je l'ignore, on est pris par
surprise par une déclaration ministérielle, contrairement aux
habitudes que d'autres ministres entretiennent avec l'Opposition. On est
obligé de mettre en évidence très rapidement certains
points où l'Opposition et le gouvernement diffèrent d'opinion ou
de conception. C'est ce que j'ai essayé de faire et je pense ne pas
l'avoir fait dans des termes qui dépassaient la norme, disons-le, cet
après-midi à l'Assemblée.
J'ai plutôt l'intention, dans le même cadre, de reprendre
ici cette discussion pendant quelques minutes. Je me souviens du moment
où nous avions cette discussion de l'ensemble des budgets de l'aide
sociale, de sa réglementation. Je pense faire le consensus en disant
qu'il est de notre habitude de travailler avec des millions et des milliards,
dans le cas de budgets aussi vastes que ceux des Affaires sociales. Mais
parfois nous sommes malhabiles, lorsque nous devons discuter de budgets qui,
pour être minimes dans leur totalité, sont vitaux lorsqu'il s'agit
d'assurer la subsistance de certains citoyens.
Par exemple, je considère que cet près-midi nous n'avons
pas échappé à ce que j'avais signalé
précédemment. Ce qui ressort et ce qu'on veut faire ressortir cet
après-midi, c'est que le gouvernement du Québec vient de
décider d'augmenter ses dépenses au chapitre de l'aide sociale de
$16.6 millions. Pour l'année en cours, nous dit-on, le supplément
sera de $13.9 millions. Voilà donc le geste positif, et politique en
même temps, du gouvernement, $16 millions de plus à l'aide
sociale. On n'a qu'à distribuer un seul million et pour tout le monde
cela parait comme une somme astronomique.
Lorsqu'on annonce $16 millions tout à coup de
débloqués pour aider les pauvres et les indigents, la somme
parait énorme. Tout le monde en conviendra, je ne pense pas qu'aucun
député autour de la table dispose de cette somme pour ses revenus
personnels. Quand on annonce $16 millions, cela paraît souvent de la
poudre aux yeux. Dans la réalité, oublions l'angle
étatique et l'angle budgétaire de l'ensemble de la
collectivité québécoise $16 millions sur $6
milliards, lorsqu'on descend à l'échelle du
bénéficiaire de l'aide sociale prenons le premier cas,
celui avec lequel nous avons travaillé souvent au cours de ce
débat que signifie l'augmentation de cet après-midi? $7
d'augmentation mensuelle pour un adulte seul. Cela veut dire $1.75 par
semaine.
Si les $16 millions sont du tape-à-l'oeil, au moment où
ils sont annoncés avec une série de zéros et comme un
geste gouvernemental, nous avons, nous, l'obligation, comme commission
parlementaire, de nous dire: Une fois répartis entre les
bénéficiaires de l'aide sociale, qu'est-ce que ça signifie
pour chacun de ces gens dont nous avons la responsabilité d'assurer une
subsistance digne, normale, en 1974? Si je décorti- que les chiffres
fournis par le ministre même, à la suite de sa déclaration
ministérielle, pour un adulte, l'augmentation annoncée cet
après-midi qui n'est qu'un rajustement à une inflation
qu'il subit, lui, depuis qu'elle est en cours, qu'il subit quotidiennement
représente $7, soit $1.75 par semaine de plus pour faire face
à ses besoins de nourriture, de vêtements, ses dépenses
personnelles, son logement, son chauffage comme l'a signalé le
député de Rouyn-Noranda dans son intervention à
l'Assemblée nationale son électricité, enfin, tous
les besoins de toute personne normale.
C'est peut-être beau, $16 millions, quand c'est annoncé
comme cela; cela parait peut-être un geste très
social-démocrate, mais lorsqu'on regarde la vérité
à l'autre bout, il y a quelqu'un qui donne, mais qu'est-ce que ça
signifie pour quelqu'un qui reçoit? Ce quelqu'un reçoit $1.75.
Vous connaissez le taux actuel de l'inflation. C'est d'ailleurs parce qu'il est
énorme et parce qu'il est, comme le signale le ministre, devenu tel
qu'il convient de rajuster les barèmes une nouvelle fois. C'est dans ce
contexte que ce $1.75 par semaine se dépose dans les revenus de cette
personne. Le prochain ajustement, les règlements du ministre des
Affaires sociales en cette matière le prévoient, à
l'article 3.07, est pour janvier 1975. Si le rythme de l'inflation de 1974, qui
est actuellement de quelque 10 p.c, se poursuit et il n'y a aucun
indice, surtout pas dans le contexte fédéral actuel, montrent que
des mesures précises interviendront d'ici quelques semaines ou quelques
mois pour combattre le taux de cette inflation ce $1.75, que nous
rajouterons dans les poches de nos concitoyens les plus démunis, qui
dépendent de la Loi de l'aide sociale, que vaudra-t-il d'ici le 1er
janvier 1975 comme pouvoir d'achat réel?
Je prétends que ce $1.75 de plus par semaine qu'on accorde
à cette personne sera complètement érodé comme
pouvoir d'achat lorsqu'on arrivera à la nouvelle indexation. Ce qui me
permet, entre parenthèses, de signaler cette demande, formulée
à plusieurs reprises, que l'indexation, qui figure à l'article
3.07 du règlement de l'aide sociale, ne soit plus annuelle, mais bien
trimestrielle. Ce $1.75 sera complètement disparu car on annonce 20 p.c.
d'augmentation du prix du boeuf; on annonce une augmentation de $0.04 sur le
prix du lait, très bientôt c'était dans les journaux
de cette semaine on annonce éventuellement des rajustements sur
différents taux inévitables à un citoyen, que ce soit dans
les régions périphériques des grandes villes du
Québec ou dans les grandes villes mêmes, inévitables.
Donc, quand le ministre interviendra, en vertu de l'article 3.07, le 1er
janvier 1975, pour rajuster les taux selon les barèmes connus et dont on
a discuté au moment du programme 1 sur les allocations familiales, il se
retrouvera, en quelque sorte, à peu près au même endroit
où il se retrouve aujourd'hui.
II devra à nouveau suppléer et plus encore, puisque tout
ce qu'il accorde aujourd'hui aux bénéficiaires de l'aide sociale
sera vraisemblablement disparu. Je ne crois pas faire de démagogie ni
d'extrapolation pessimiste, je me base nettement sur une étude de la
réalité, à partir de laquelle, d'ailleurs, le ministre a
posé ce geste, je dois dire. Nous étudions tous les deux la
même réalité. La position que j'énonce, cet
après-midi, au nom de l'Opposition, est claire. Ces avantages que l'on
annonce, aujourd'hui, d'ici quelques semaines, allons jusqu'à dire
quelques mois, seront complètement disparus.
Allons à l'autre bout de l'échelle, les familles
touchées. Je mentionnais une personne seule. Jusqu'à ce jour,
deux adultes et trois enfants, c'est-à-dire une famille normale,
à peu près moyenne au Québec, qui dépendaient de
l'aide sociale recevaient au total, au chapitre de l'aide sociale je
n'inclus pas les allocations familiales pour cette fin $313. Avec la
nouvelle réglementation et la modification annoncée cet
après-midi en faisant partie du groupe qui reçoit le maximum
d'augmentation de son revenu, elle aura $11 de plus. Le ministre a eu raison et
a été honnête de signaler que, pour les
bénéficiaires, cela augmentait de $7 à $11, selon les cas.
J'ai signalé le cas de $7, on passe de $170 à $177. Signalons le
cas maximum. Voici un cas maximum de $11, cette famille de deux adultes et
trois enfants; au lieu de recevoir $313 par mois, en vertu de l'annonce qui
nous a été faite cet après-midi elle recevra maintenant
$324. L'augmentation de $11 par mois divisée entre ces cinq personnes
humaines, les deux adultes et les trois enfants, représente une
augmentation, pour chacune de ces personnes humaines de $0.45 par semaine, pour
faire face à l'inflation actuelle.
Oui, M. le Président, et encore une fois, je ne crois pas faire
ce qu'on appelle de la petite politique partisane avec des chiffres, mais
simplement revoir ce que ça veut dire dans le pouvoir d'achat
réel. Le geste que le ministre pose, dit-il lui-même dans sa
déclaration, c'est pour permettre à ces familles de faire face
à l'inflation. $16 millions que le gouvernement du Québec
débloque pour permettre à ces familles de faire face à une
inflation que le gouvernement actuel, je le répète, est incapable
dans le système actuel de combattre. Il doit attendre les gestes d'un
autre gouvernement pour s'ajuster par la suite. Peu importe ceci. Quels sont
donc ces outils nouveaux que donne le gouvernement québécois, cet
après-midi, aux citoyens les plus démunis, par exemple deux
enfants, trois adultes, à l'inflation? C'est $0.45 de plus pour chacune
de ces personnes par semaine.
Que le ministre ne se surprenne pas. En même temps que nous disons
qu'aucun d'entre nous ne peut blâmer le ministre pour un geste vers une
augmentation dans ce genre, en même temps que nous appuyons la
déclaration de cet après-midi, les partis d'Opposition ont
jugé de leur devoir de réduire à sa réelle
portée ce que ça veut dire. Ce que le gouvernement
québécois annonce cet après-midi, c'est que, pour des
familles de deux parents, trois enfants, chacune de ces personnes humaines aura
maintenant $0.45 de plus par semaine pour faire face à la hausse du
coût de la vie, qui n'est pas annoncée comme devant
s'éteindre, qui est galopante actuellement, qui a même conduit le
gouvernement fédéral à déclencher des
élections prématurées, puisqu'on ne sait plus, ni d'un
parti ni de l'autre, comment faire face à cette inflation. Si les partis
politiques en sont à ne plus savoir comment faire face à cette
inflation, comment croyez-vous que ces familles qui vivent sur l'aide sociale
savent comment y faire face? Le gouvernement québécois leur
apporte, aujourd'hui, $11 par mois à ces familles de trois enfants et
deux adultes. Que nous qualifions cette augmentation de minime, d'insuffisante,
je pense que c'est faire une analyse réelle du cas.
Maintenant, M. le Président, avant de terminer ces remarques, il
y a un deuxième volet que je me dois de signaler. J'ai signalé en
Chambre, tout à l'heure, que cela ne rétablissait même pas,
à mon avis, l'injustice qui avait été faite à ces
familles, au moment du vote que nous avons pris et de l'adoption que nous avons
faite des nouveaux taux d'allocations familiales, en décembre dernier.
Pas besoin de rappeler à tous les membres de la commission qui ont
assisté à ce débat ce que nous soutenons dans cette
thèse.
Tout le monde sait qu'à la suite des allocations familiales
universelles, selon un principe que tous les sociaux-démocrates doivent
soutenir; le principe de l'universalité des mesures sociales, à
la suite, dis-je, de l'adoption d'allocations familiales universelles, le
ministre a pris sur lui pour des raisons qu'il a défendues et
que, à mon avis, il a encore à défendre parce qu'elles
n'ont pas fait le poids pour maintenir une équité entre
ceux qui travaillent au salaire minimum et ceux qui ne le font pas il
aura l'occasion de reprendre ces raisons en décembre dernier, de
rajuster, mais de façon défavorable, je crois, aux
assistés sociaux, les barèmes en vigueur à ce
moment-là. Nous avons soutenu, contrairement au ministre il aura
l'occasion de le reprendre et je soutiens encore que ce geste
était défavorable aux bénéficiaires de l'aide
sociale. J'ai réaffirmé en Chambre, cet après-midi ce que
nous avons déjà prétendu dans une motion de blâme
présentée le 22 décembre dernier. Dans une fin de session
où le gouvernement bousculait l'Opposition afin d'adopter une hausse du
salaire des juges de $5,000 par année, ce débat avait
été presque ignoré.
Mais pour les nouvelles allocations familiales, vous connaissez
l'échelle: $15 au premier enfant, etc., selon le nombre. Cela voulait
dire, pour une famille, je dirais, qui peut échapper à la
dépendance de l'aide sociale et qui vit de ses propres revenus
professionnels ou ouvriers,
peu importe par exemple une famille de trois enfants, qu'avec les
nouvelles allocations familiales, on mettait dans ses goussets $576 francs,
nets.
M. FORGET: M. le Président, vous permettez que j'interrompe
brièvement...
M. CHARRON: Oui.
M. FORGET: ... le député de Saint-Jacques. Nous nous
retrouvons ici dans la même situation que mardi de cette semaine, en
débattant ce qui fait l'objet d'une motion qui est au feuilleton depuis
plusieurs semaines également. Je me demande si le député
de Saint-Jacques adopterait vis-à-vis de cette motion ou de ce
débat, aujourd'hui, la même attitude coopérative qu'il a
adoptée relativement à la première.
M. SAMSON: M. le Président, je soulève un point de
règlement. Puisque l'on fait référence au feuilleton et
que j'y ai, personnellement, une motion inscrite, qui concerne les
barèmes du bien-être social et la rétroactivité dont
j'ai parlé cet après-midi, je voudrais souligner, en fonction de
cette question de règlement, que nous avions espéré
pouvoir discuter bien avant aujourd'hui cette motion présentée.
Il y a nettement un risque qu'elle ne soit jamais discutée, et
j'explique pourquoi. En fonction de notre règlement, comme vous le
savez, chacune de ces motions peut être appelée pour deux
mercredis consécutifs. Donc, pour deux mercredis consécutifs, il
y a actuellement une motion du Parti québécois qui est
discutée et qui sera discutée un autre mercredi; il y a une autre
de nos motions, qui était urgente et qui est annoncée pour deux
autres mercredis, ce qui nous reporte à trois semaines. Là, il y
aura deux autres motions du Parti québécois qui seront
discutées, ce qui veut dire un mois de plus. Compte tenu du fait que,
régulièrement, à chaque année vers la fin de mai,
il y a la motion omnibus dont le ministre prendra sûrement
connaissance... Non, l'automne passé aussi, nous avions dû subir
cette motion omnibus. Le ministre comprend ce que je veux dire. On supprime
tout simplement la journée des députés. Donc, il n'y a
aucune possibilité que ces motions, ni la nôtre, ni celle de
l'honorable député de Chicoutimi, qui, je pense, est
reliée, à ces problèmes, ne soient discutées.
D'autant plus que si elles pouvaient être discutées, ce serait en
fonction du règlement qui nous régit à l'Assemblée
nationale, ce qui veut dire que chacun fait son discours et le proposeur a un
droit de réplique. Mais il ne peut pas y avoir une discussion de
façon aussi intéressante, je pourrais dire, que celle que l'on
peut avoir à l'occasion de la discussion des crédits parce qu'on
peut alors poser des questions et avoir immédiatement les
réponses, faire des déclarations et avoir aussi des
répliques.
C'est pourquoi, quant à moi, je ne pose aucune espèce
d'objection à ce que l'honorable député de Saint-Jacques
puisse continuer à débattre son point de vue sur cette question.
Je continue, cependant, à maintenir la position que j'ai prise. Ayant
déjà fait connaître mon point de vue cet après-midi,
je maintiens le même point de vue.
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Ostiguy): J'ai écouté le
député de Saint-Jacques depuis quelques minutes et j'ai justement
l'intention de le rappeler à l'étude des crédits. J'ai
senti qu'il s'éloignait du sujet, qu'il était en train de faire
un débat. Je voulais donc le rappeler à l'étude des
crédits, au programme 2: Aide sociale.
M. CHARRON: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
m'éloigner du sujet. Je ne crois pas le faire. Je veux simplement
signaler ceci sur la Loi de l'aide sociale, telle que modifiée, depuis
cet après-midi, dans sa réglementation.
J'ai affirmé en Chambre que cela ne corrigeait pas ce que nous
avons prétendu être une injustice faite à l'égard
des bénéficiaires de l'aide sociale en décembre dernier.
J'affirme maintenant ce que je n'ai pas pu faire en Chambre des
chiffres à cet égard.
Une famille constituée de deux parents et de quatre enfants,
lorsque nous avons voté le régime des allocations familiales, se
trouvait à recevoir $912 de plus par année. Une famille de deux
parents et de quatre enfants, mais qui, elle, est bénéficiaire de
l'aide sociale, si elle reçoit le plein montant de ses chèques
d'allocations familiales, ne reçoit plus ce qu'elle recevait auparavant
de l'aide sociale et n'a vu son revenu augmenté, elle, que de $696. Cela
fait que, pour une même famille deux parents, quatre enfants
cela a été, d'un côté, comme on dit, un
revenu net, clair, de $912 de plus et, actuellement, même modifié,
cela ne signifie qu'un revenu net et clair de $696 de plus pour une personne
qui est sur l'aide sociale, soit une différence de $240 avec une
même famille, ayant le même nombre d'enfants, qui n'est pas
dépendante de l'aide sociale.
Je ne donne que ces statistiques, M. le Président. Une famille de
deux parents, cinq enfants, avec les nouvelles allocations familiales, a vu son
revenu augmenter annuellement de $1,248 par le gouvernement. Une famille sur
l'aide sociale, avec le même nombre d'enfants, verra maintenant son
revenu, suite aux nouvelles dispositions annoncées cet
après-midi, augmenter de $900. L'écart est toujours de $348. Nous
avons soutenu que cela augmentait l'écart entre les riches et les
pauvres et je continue à faire cette affirmation, même à la
suite des modifications annoncées cet après-midi.
Je dis, toutefois, M. le Président, pour être
honnête, que le précédent règlement de l'aide
sociale défavorisait également les familles de deux adultes,
trois enfants, de $24. Maintenant, deux parents, trois enfants, non
bénéficiaires de
l'aide sociale, ont un revenu augmenté de $576 et ceux qui sont
bénéficiaires de l'aide sociale ont maintenant un revenu
augmenté de $684. L'écart négatif que subissait ce groupe
de familles deux parents, trois enfants est maintenant rendu
positif. Mais les familles nombreuses sur l'aide sociale sont
défavorisées par rapport aux familles nombreuses qui ne sont pas
sur l'aide sociale. C'est particulièrement celles-là que nous
devrions aider avant toute autre chose, puisque ce sont probablement celles qui
ont le plus de difficultés à faire face à la hausse du
coût de la vie.
Dernière remarque, M. le Président, que je veux faire
avant d'entendre les commentaires des autres députés, membres de
la commission. Je ne cherche pas à retirer une gloire inutile de ce
phénomène, mais, lorsque le nouveau taux d'indexation de 1974
avait été annoncé, nous avions signalé au ministre,
par voie de communiqué dans les journaux, que nous estimions cette
indexation inférieure de 3 p.c. à 4 p.c. à ce qu'elle
devait être. Nous nous basions, à ce moment-là, sur le taux
d'inflation de 1973. C'étaient les chiffres dont nous disposions et
c'étaient ceux à partir desquels le ministre avait
procédé à son indexation.
Nous affirmions, à cette époque, que le taux devait
être supérieur de 3 p.c. à 4 p.c. Nous n'avions pas
reçu de réponse, à ce moment-là. Une fin de
non-recevoir avait été opposée. Cet après-midi, le
ministre affirme: Nous estimons maintenant que la base sur laquelle nous avions
établi les nouveaux taux de 1974 s'avère
sous-évaluée de près de 4 p.c.
L'Opposition n'a pas l'intention de prendre gloire de ce genre de
prévisions que nous avions faites et de dire: Nous vous l'avions dit il
y a quatre mois. Il n'y a pas de gloire à prendre. Au contraire, c'est
une hausse qui aurait dû arriver il y a quatre mois.
Il y a des gens qui ne l'ont pas eue et qui, depuis quatre mois, n'ont
pas reçu l'appui gouvernemental qu'ils auraient dû avoir pour
faire face à cette inflation. Je soutiens encore, en conclusion, que ce
ne sont pas les $0.45 par semaine qu'on ajoute aux familles de deux adultes et
trois enfants pour faire face à l'inflation qui constituent un outil
vraiment efficace dans le cadre actuel.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Frontenac.
M. LECOURS: J'aimerais seulement faire remarquer au député
de Saint-Jacques qu'il faut penser à ceux qui paient des taxes, aussi.
Disons que moi-même, je trouve que cette indexation de 4 p.c. ne
règlera pas complètement le problème des assistés
sociaux, mais tout dernièrement, j'avais l'occasion de rencontrer les
ouvriers de la terre dans mon comté, et j'ai discuté de leur
problème. Je sais que les questions concernant les règlements
3.02 et 3.03 sont les plus importantes pour eux.
Maintenant, je dois les rencontrer encore dimanche qui vient et je vais
pouvoir au moins leur annoncer que, même sur l'article 3.01, on a une
augmentation. Je pense que c'est déjà important. Et moi, en tant
que député de Frontenac et en tant que défenseur des
assistés sociaux, au même titre peut-être que le
député de Saint-Jacques ou des autres députés ici
présents, je dois dire merci, mais merci à ceux qui paient des
taxes parce que, tout de même, ce sont eux qui vont payer en fin de
compte.
Je pense que nous devons nous réjouir au moins que ces personnes
vont pouvoir vivre d'une façon plus convenable.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, programme 2, élément
1.
M. FORGET: J'aimerais faire quelques remarques.
M. SAMSON: Allez-y, M. le ministre.
M. FORGET: M. le Président, il y a encore quand même trop
de choses qui ont été dites et sur lesquelles je ne puis pas
être d'accord, même dans l'intérêt d'une
accélération des travaux de cette commission, malgré que
je serais enchanté d'offrir des possibilités à nos
oppositions de poser des questions sur d'autres programmes. Il m'apparaït
malgré tout important de rectifier certaines de ces remarques qui ont
été faites et qui semblent témoigner de la même
myopie que l'on caractérise souvent par une expression en vertu de
laquelle on accuse certaines personnes de perdre de vue la forêt et de ne
regarder que les arbres. Dans le cas du député de Saint-Jacques,
je pense que cette expression pourrait être transformée et lui
dire qu'il ne regarde que les heures et les minutes plutôt que de
regarder l'horloge, parce que si on pousse son raisonnement à son point
extrême, il est bien évident que les sommes en vertu desquelles
nous augmentons l'aide sociale qu'il s'est plu à
considérer comme dérisoires en les calculant sur une base
hebdomadaire seraient décidément très minuscules si
on les divisait en nombre d'heures et même en nombre de minutes et,
pourquoi pas, à un taux par seconde. Il demeure que ce sont les
mêmes augmentations dont il dit ne pas vouloir attribuer le mérite
à la position de son parti en décembre mais auxquelles il
attachait, dans ce contexte, énormément d'importance. Ces
mêmes 4 p.c, qui ont même donné lieu à
l'émission, apparemment, d'un communiqué de presse par son parti,
deviennent maintenant une mesure dérisoire, alors qu'elles sont
accordées au moment où elles doivent s'appliquer,
c'est-à-dire au mois de juin qui est le mois qui sert d'objectif quant
à la détermination d'un niveau moyen de prestation pour une
année.
Il me semble donc qu'il ne faut pas perdre de vue l'ensemble de ce
système qui, par une modification de taux, vient ajouter à des
sommes qui, elles-mêmes, se sont rapidement
accrues. Ces rajouts ne prétendent pas combler le besoin de base,
mais viennent s'ajouter pour compenser non pas l'ensemble de l'insuffisance de
revenus mais celle qui découle d'une augmentation des prix. Elle est
donc reliée à cette augmentation et du même ordre, ces
quelques pour cent dont on parle, on parle, en somme, d'une inflation de 10
p.c. plutôt que d'une inflation de 5 p.c. ou 6 p.c, et c'est sur cette
marge qu'il convient d'apprécier l'augmentation accordée et non
pas sur l'ensemble des revenus qui doivent être garantis aux
assistés sociaux.
Cette majoration qui est intervenue dans le passé je me
permets, encore une fois, d'insister sur son caractère a fait
hausser la prestation moyenne de pourcentage fort impressionnants; non
seulement fort impressionnants, mais fort au-delà de l'augmentation du
coût de la vie durant la même période. J'ai cité,
à l'Assemblée nationale, ces pourcentages dans les prestations
moyennes. Pour les personnes seules, 45 p.c. sur quatorze mois, en dépit
des autres modifications qui ont pu en affecter quelques-unes à la
baisse. Ceci vaut particulièrement pour les familles, car il s'agit de
20 p.c. dans leur cas, en dépit des mesures qui ont eu pour but de
constituer un régime de sécurité du revenu qui soit
cohérent, dans le sens suivant: il n'est pas suffisant les propos
que nous avons échangés cette semaine le montrent
d'accorder un appui aux assistés sociaux, sans se préoccuper de
cette catégorie de personnes et de familles qui se trouvent tout juste
sur la marge et tout juste au-dessus des revenus des assistés
sociaux.
Nous avons discuté d'un processus de révision des
programmes de sécurité du revenu, en vertu desquels il serait
possible de compléter les régimes actuels, de diminuer le manque
d'incitation au travail et de permettre précisément de faire ce
que nous avons fait en janvier avec les allocations familiales cette
partie des programmes de soutien du revenu qui est dirigée
spécifiquement vers la prise en charge des coûts découlant
d'une famille alors que nous avons adopté ces mesures qui
bénéficient non seulement aux assistés sociaux, mais
également aux travailleurs à revenu modeste. Il reste que ces
majorations c'est ce que l'on oublie de mentionner des
allocations familiales ont bénéficié de façon
très substantielle aux travailleurs à revenu modeste en apportant
un élément additionnel fort important à leur revenu. Il
s'agit là d'une mesure essentielle si l'on veut déboucher sur un
programme global de sécurité du revenu et non pas seulement sur
une solution partielle qui attache toute l'attention à ce segment,
inévitablement très important, des assistés sociaux. On
doit déboucher sur une politique d'ensemble de sécurité du
revenu, sur une politique de sécurité du revenu familial, un
problème qui affecte tout autant les travailleurs qui sont
rémunérés au taux du salaire minimum, que ceux qui le sont
à des taux comparables, légèrement supérieurs.
Ces revenus d'emploi ne reflètent pas les charges familiales et
il importe que, par un régime d'allocations familiales, un régime
de sécurité du revenu familial ces deux expressions
largement équivalentes nous apportions ce secours financier,
cette aide financière qui s'est majorée, qui a triplé.
Prétendre que cette majoration s'est faite aux dépens des
assistés sociaux, alors que l'on observe que la prestation moyenne aux
familles, durant la même période, s'est majorée de 20 p.c,
c'est, je pense, ne voir qu'une partie du problème et comparer des
choses qui ne sont pas comparables, c'est-à-dire ce qu'auraient
reçu les assistés sociaux si, précisément, nous
n'avions pas une vue globale du problème de la sécurité du
revenu, mais plutôt une vue partielle, comme semble vouloir insister pour
que nous la conservions le député de Saint-Jacques.
Il me semble qu'il est important de voir cet autre aspect de la
sécurité du revenu, c'est-à-dire les avantages qu'elle a
apportés pour les travailleurs à revenu modeste. Ce ne sont pas
les assistés sociaux qui ont financé cette majoration, puisqu'ils
ont eux-mêmes bénéficié je parle des familles
d'une majoration de 20 p.c. dans leurs prestations moyennes. Pour ce qui
est des cas individuels, on sait très bien qu'aucune famille, et ceci en
vertu des règlements, n'a souffert de diminution dans le soutien du
revenu qui lui était accordé, puisque ceci lui est garanti par le
règlement. Ce règlement, d'ailleurs, ne s'est appliqué
qu'à une infime minorité de familles, en janvier 1974, soit
environ 3,000 familles, sur un total d'environ 85,000. C'est donc une infime
minorité qui a bénéficié du seul statu quo; pour
toutes les autres, il y a eu des majorations.
Majorations des allocations familiales; majorations en partie
compensée par des diminutions d'aide sociale, mais majorations quand
même, et majorations suffisamment nombreuses et suffisamment fortes pour
que dans son ensemble la prestation moyenne versée aux familles soit
accrue de 20 p.c.
Donc, elles n'ont pas été pénalisées; elles
ont été au contraire avantagées par ces mesures. Encore
une fois, il faut se reporter en arrière, peut-être élargir
son horizon chronologique également, et pas seulement quant à
l'envergure des programmes, mais quant à l'horizon chronologique,
puisqu'une grande partie des comparaisons qui sont faites sont basées
sur la situation en décembre par rapport à la situation en
janvier, alors que l'on sait très bien que, précisément en
1973, en octobre 1973, pour anticiper les effets d'une majoration qui autrement
ne serait venue en vigueur qu'en janvier, les prestations d'aide sociale
avaient été majorées durant les trois derniers mois de
l'année, de manière justement à ne pas différer
plus qu'il ne fallait les majorations de l'aide sociale.
Si l'on fait donc une comparaison entre décembre et janvier, on
obtient une image faussée de l'augmentation intervenue durant
l'année, augmentation qui a déjà encore une
fois été anticipée en octobre, en partie, et qui a
continué de se faire sentir, sans diminution, pour toutes les familles,
en janvier, aucune d'elles n'ayant été pénalisée de
façon globale, puisqu'il existe une clause de droits acquis en quelque
sorte qui, malgré tout, n'a pas dû être invoquée
très souvent, mais dans un très petit nombre de cas. Avec les
modifications annoncées, même ces cas très peu nombreux le
deviendront encore plus. C'est une majoration qui illustre, encore une fois,
que ce régime d'aide sociale est susceptible d'être modifié
en cours de route, au fur et à mesure que l'examen des conditions
économiques au point de vue de l'évolution des prix, ou que
l'examen que nous faisons de l'administration du régime nous
révèle des possibilités d'apporter une
amélioration.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, au programme 2, les
éléments 1, 2, 3 et 4 sont adoptés. Programme 3:
Assistance-maladie. Le député de Frontenac.
Assistance-maladie
M. LECOURS: M. le Président, il y a une situation qui
prévaut dans cette province, que je me dois de dénoncer. Depuis
le 1er février 1974, aucun médecin n'aura le droit de dispenser
des médicaments à son patient. Encore une fois, ce sera le
pauvre, le défavorisé et surtout les grosses familles qui vivent
loin, à la campagne, qui devront défrayer le coût du
transport pour aller faire remplir leurs ordonnances, parfois à 20 ou 30
milles de leur demeure, car, dans leur village, il n'y a pas de pharmacien.
Ici, je m'en voudrais de ne pas rendre hommage aux médecins de
famille qui, depuis bon nombre d'années, ont distribué des
médicaments dans leur localité respective, se souciant peu de
savoir si le malade avait l'argent nécessaire pour défrayer le
coût de ces médicaments. Trouvez-moi un pharmacien qui a fait
crédit aux malades. Trouvez-moi un pharmacien qui a donné
gratuitement des médicaments à un enfant malade dont le
père ne pouvait payer, étant invalide, chômeur ou en
grève.
Les médecins l'ont fait à tous les jours. En tant que
médecin de campagne, je crois que cette nouvelle situation, où le
médecin ne pourra distribuer les médicaments à son
patient, se traduit encore une fois par une médecine moins humaine. Que
dire de la liste des médicaments remboursés par
l'assurance-maladie. Le prix remboursé pour le même
médicament, de même dosage, de même qualité, peut
varier d'une façon excessive. Qu'on consulte la liste des
médicaments rédigée par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, où on voit un médicament
comme Gravol qui peut coûter, auprès de certaines compagnies,
$0.10 le comprimé, alors que d'autres compagnies vont le vendre $0.01 le
comprimé. La tétracycline, un antibio- tique très
employé peut coûter $15 le mille, alors que certains pharmaciens
vont la vendre peut-être $0.25 le comprimé.
Je trouve ridicule, à l'heure actuelle, qu'il y ait une marge
aussi importante. J'aimerais que la commission des affaires sociales se penche
sur ce problème, pour trouver peut-être un prix moyen pour les
médicaments employés. Prenez le valium, le librium, pour employer
des noms connus; à l'heure actuelle, il peut y avoir une variation
extraordinaire dans le prix des médicaments. Je ne sais pas si ce serait
une politique possible à instituer, mais je dis une chose.
Présentement, dans plusieurs pharmacies, on fait de la
substitution; on fait payer au gouvernement le prix du tétrex ou de la
tétracycline et on passe une copie, en remplacement, qui va coûter
environ $0.01 le comprimé ou la capsule. Je pense que c'est
intolérable, et il devrait y avoir une enquête dans ce
domaine-là pour voir si on peut améliorer la situation.
Aussi, il faudrait parler des médicaments combinés qui
devraient être ajoutés à la liste des médicaments
remboursables. Vous savez que, présentement, des produits comme librax,
bentylol et phénobarbital, qui sont des produits combinés, ne
sont pas remboursables par le gouvernement. Pourtant, s'ils étaient
remboursables, le gouvernement pourrait épargner $2.10 au moins pour
l'honoraire du pharmacien en plus du prix du médicament qui, souvent,
revient au double du prix normal. C'est une autre chose que je trouve
passablement anormale. Si on pouvait ajouter 25 produits combinés
à la liste des médicaments qu'on possède
déjà, on pourrait améliorer ce formulaire d'une
façon extraordinaire. Plusieurs pharmaciens m'en on fait la remarque et
il y aurait peut-être lieu de créer une commission pour voir
à ajouter des médicaments combinés qui pourraient
réellement faire économiser de l'argent à la province de
Québec, aux contribuables, tout en améliorant le sort de ceux qui
doivent payer ces médicaments.
Je ne peux pas laisser passer cette occasion sans demander à
cette commission des suggestions. Si un patient souffre d'angine ou de
claudication intermittente, l'assurance-maladie ne rembourse pas de
médicament comme per-santine, peritrate, hydergine, vasodilan; c'est une
chose inconcevable. A l'heure actuelle, dans les universités, nos jeunes
médecins, qu'est-ce qu'ils apprennent? Dans les livres les plus
récents, les plus grands spécialistes en médecine
suggèrent encore comme traitement ces médicaments; comment
expliquer que nos "finfins" du ministère trouvent, eux, que ça ne
vaut rien? J'en suis très surpris. Si ça ne vaut rien, vous avez
le devoir, messieurs...
M. DUFOUR: Vous renseigner.
M. LECOURS: ... pas seulement de vous renseigner, mais de prendre des
procédures judiciaires contre des personnes qui trompent la
population. Il y a des médicaments, comme l'hydergine qui
coûte $0.25 le comprimé, qui sont prescrits à des
assistés sociaux qui doivent se servir de prestations d'assurance
sociale pour les payer au lieu d'acheter de la nourriture à leurs
enfants. Je pense que c'est inconcevable et c'est une chose qui devrait
être étudiée de plus près.
Il y aurait aussi la question des médicaments gratuits aux
bénéficiaires d'un supplément de revenu. Souvent, ces
personnes, parce qu'elles ne reçoivent pas le maximum du
supplément du revenu, n'ont pas droit aux médicaments gratuits;
c'est une autre chose que je trouve un peu surprenante. Parfois, c'est
seulement $10 qu'elles reçoivent de moins que le maximum prévu
par la loi et, à cause de cela, elles n'ont pas le droit d'avoir leurs
médicaments remboursés par le gouvernement. Je crois qu'on
devrait faire quelque chose dans ce sens.
Il faudrait parler aussi des dentistes. Disons qu'une loi a
été adoptée tout récemment pour le traitement
gratuit des enfants jusqu'à 8 ans. C'est une loi qui est très
louable à l'heure actuelle mais, dans ma région, on a une grave
pénurie de dentistes. Cela prend environ douze mois pour avoir un
rendez-vous chez un dentiste, présentement. Qu'est-ce qui va nous
arriver? A quoi bon adopter des lois si on ne prévoit pas avoir au moins
la personne la plus importante, le dentiste, parce que c'est lui qui donne le
traitement? Que penser aussi, à l'heure actuelle, du fait qu'on
rembourse $4 pour les obturations d'un assisté social, alors qu'avec la
loi que vous venez d'adopter pour les enfants vous allez payer, je crois, de $7
à $8 la dent? Pourquoi cette différence entre l'assisté
social et votre nouvelle loi? Ce sont seulement des remarques peut-être
d'ordre général, mais pour moi, en tant que médecin de
campagne, en tant que député qui défend les pauvres gens,
les assistés sociaux, je vous demande de faire quelque chose.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. FORGET: Le député de Frontenac a fait allusion à
un assez large éventail de questions dont quelques-unes, la
dernière en particulier, dépassent évidemment le cadre
strict des travaux de cette commission puisqu'elles relèvent de
l'administration du régime de soins dentaires. Comme M. Martin, qui est
président de la régie et qui est chargé de
l'administration de ce régime, n'a pas d'autres occasions de se faire
entendre ici ou de donner des explications sur l'administration du
régime, je n'ai pas d'objection à ce qu'on touche aussi ces
problèmes.
Nous y viendrons tantôt peut-être. Cependant, en
réponse aux observations faites par le député de
Frontenac, j'aimerais donner au moins quelques indications qui peuvent situer
les choses dans leur perspective véritable.
Pour ce qui est de l'interdiction qu'il a mentionnée relativement
à la distribution des médicaments par les médecins
à compter du 1er février, il fait évidemment allusion
à l'entrée en vigueur des lois régissant les professions
et du code des professions, le 1er février, en vertu duquel cette
nouvelle législation interdit à un médecin de distribuer
des médicaments. C'est une règle qui sera sans doute
appréciée à sa juste valeur dans le contexte actuel,
puisqu'elle vise à diminuer des possibilités de conflit
d'intérêts, mais qui, je pense, est tout à fait
justifiée, qui a fait l'objet de discussions en commission parlementaire
et qui a été retenue comme une règle raisonnable. Le
médecin étant celui qui prescrit, il semblait dangereux en
principe qu'il soit aussi celui qui vende le médicament. Cependant,
étant donné la situation d'éloignement de certaines
populations et l'absence de pharmacies, il est nécessaire de
préciser que certains médecins peuvent demander de l'Association
professionnelle des pharmaciens un permis pour la distribution et la vente des
médicaments, lorsque les circonstances sont telles qu'il en va de la
santé du public. Effectivement, on m'informe que 54 médecins ont
un tel permis de distribution, qui est décerné lorsque les
circonstances en font une solution appropriée.
On me dit que c'est en vertu de l'entente plutôt qu'en vertu de la
loi. A tout événement, cette possibilité existe, elle est
utilisée et elle permet de répondre aux difficultés qui
sont soulevées par le député de Frontenac. Il est possible
de l'utiliser plus largement peut-être, mais il faut aussi noter que
l'introduction, il y a quelques années, en août 1972, du
régime d'assistance-médicaments a suscité apparemment
l'établissement d'un certain nombre de pharmacies dans des
localités qui n'en avaient pas, parce qu'elle rendait rentable le
fonctionnement d'une pharmacie. Cela a donc contribué à rendre
plus accessibles à la population générale des services de
cette catégorie de professionnels, les pharmaciens, et a donc
diminué l'ampleur du problème, qui est réelle dans
certains cas qu'a soulignés le député de Frontenac.
Pour ce qui est du prix des médicaments, il souligne
l'éventail des prix, qui est observable en effet, par exemple en
examinant la liste des médicaments. On pourrait discourir longuement sur
le problème du prix des médicaments. Je m'empresse d'ajouter que
c'est une question à laquelle j'attache personnellement une très
grande importance et que j'étudie de près, de manière
à voir quelles sont les mesures qu'il serait possible de prendre pour
connaître d'abord la situation à fond, l'améliorer si c'est
possible, non seulement à l'avantage du gouvernement qui paie les
médicaments pour les assistés sociaux, mais également, si
c'est possible, à l'égard de toute la population qui doit se
procurer des médicaments. C'est une question à l'étude
mais, avant même de pouvoir conclure de façon
générale ou d'adopter des politiques nouvelles à cet
égard, je voudrais attirer l'atten-
tion sur les corrections qui sont apportées, non seulement quant
à la liste des médicaments elle-même, mais quant au prix
auquel le gouvernement rembourse les pharmaciens pour certaines
catégories de médicaments.
En janvier 1974, la liste qui a été publiée a
introduit, pour la première fois, des prix qui ont été
déterminés de manière légèrement
différente que dans le passé, de manière à
refléter davantage les prix effectivement payés par les
pharmaciens pour certaines médications à consommation très
grande. Certains des exemples qu'a fournis le député de Frontenac
tombent dans cette catégorie, comme par exemple le valium et certains
autres médicaments de cette nature.
Le prix de ces médicaments a été substantiellement
réduit dans la liste, c'est-à-dire le prix auquel effectivement
le gouvernement rembourse ces médicaments aux pharmaciens. Il y a donc
déjà eu une action dans ce domaine. Ce n'est qu'au 1er
février que s'est appliquée, comme je l'indiquais tantôt,
la nouvelle législation professionnelle, y compris la nouvelle Loi de
pharmacie qui permet effectivement la substitution. Donc, avant le 1er
février, ce problème ne se posait pas. Il se pose maintenant.
Nous avons une documentation sur les effets qu'a eus la substitution dans
d'autres provinces où elle s'applique également.
Nous avons demandé que l'expérience soit suivie de
près ici, subséquemment à ces changements de
législation, de manière que les mesures appropriées
puissent être prises. C'est une expérience ou une situation qui
est trop récente au Québec pour que nous puissions tout de suite
généraliser à partir de quelques exemples particuliers. Il
est clair que cela crée une situation nouvelle, ce pouvoir de
substitution qu'ont maintenant les pharmaciens. Cela peut avoir des
implications quant aux prix qui sont inscrits sur la liste des
médicaments et qui déterminent les sommes qui sont
remboursées aux pharmaciens.
La question de l'inscription sur la liste des médicaments de
produits combinés ou de médicaments combinés a
été soulevée, comme certaines autres, dans le
passé, relativement à cette liste. Ce qu'il faut comprendre,
c'est que cette liste est l'objet d'une révision continuelle.
Jusqu'à maintenant, nous en sommes à la quatrième ou
cinquième édition; la quatrième, je crois, est celle que
le député de Frontenac a dans les mains. Une cinquième
édition paraîtra en juillet de cette année. Chaque
édition s'est accompagnée de modifications importantes dans le
nombre de médicaments qui sont portés sur la liste.
Cette liste est préparée sous l'autorité du
ministre par le ministère, par le comité consultatif de
pharmacologie dont l'existence et les rôles sont prévus dans les
amendements à la Loi de l'assurance-maladie qui a été
adoptée il y a quelques années. Ce comité est
constitué de professionnels spécialisés dans ces
questions. Ils consultent, dans la préparation de la liste, non
seulement les répertoires de médicaments et les
évaluations faites par la direction générale de la
protection de la santé au ministère fédéral de la
Santé, relativement au contrôle des aliments et drogues, mais
également les normes établies par le ministère
fédéral relativement à la bonne fabrication.
Mais la consultation ne s'arrête pas à ces listes, à
ces évaluations; elle s'étend aussi aux groupes de
professionnels, dont l'Association professionnelle des médecins et les
fédérations médicales, de manière à
s'assurer que la liste comprend bien tous les médicaments qu'il est
essentiel de retrouver dans une telle liste. On a trouvé dans la presse,
dans les journaux, plusieurs discussions sur le grand nombre de
médicaments qui existent sur le marché, médicaments dont
la valeur thérapeutique est parfois contestée, mais dont le
nombre même pose un problème. Il y a beaucoup plus de
médicaments que de maladies, comme on le sait. Il y a des choix qui
doivent, sans aucun doute, être laissés aux praticiens. Mais le
but de la liste est de fournir tous les moyens réputés valides
sur un plan thérapeutique pour le traitement de toutes les maladies
connues.
Ceci inclut même certains médicaments combinés,
quoique, là-dessus, beaucoup de réserves soient exprimées
sur un plan professionnel, ce qui a fait que les premières
éditions de la liste en comprenaient fort peu; les éditions
successives en ont admis un certain nombre.
Je pense que nous avons, actuellement, entre 70 et 80 médicaments
combinés. D'autres peuvent venir s'y ajouter et les 25 auxquels a fait
allusion le député de Frontenac pourront l'être
également si le comité consultatif, par ses consultations,
établit qu'ils sont véritablement nécessaires.
Ce que l'on dit au sujet de ces médicaments combinés,
c'est qu'ils engendrent des risques d'interaction et d'effets secondaires qui
sont plus difficiles à contrôler et plus difficiles à
connaître pour le praticien, étant donné le très
grand nombre de médicaments et la très grande pression qui existe
chez les fabricants pour introduire des combinaisons nouvelles pour des raisons
de marketing beaucoup plus que pour des raisons strictement
thérapeutiques.
Mais ces questions font l'objet d'une évaluation continue et
d'une consultation continue du comité de pharmacologie avec les groupes
professionnels. On m'informe qu'à la suite de ces consultations il y a
un accord qui est réalisé, à chaque moment dans le temps,
bien sûr, puisqu'il y a toujours de nouveaux médicaments qui
s'ajoutent. Quand la liste est publiée, elle reflète un assez
large consensus avec les milieux professionnels impliqués.
On n'a qu'à se reporter à quelques listes en
arrière, de six mois en six mois, pour voir l'importance des additions
faites à chaque moment et des éliminations qui interviennent
également lorsque, par exemple, un médicament est retiré
par un fabricant c'est un cas
simple ou qu'un médicament, tout à coup, se
révèle insatisfaisant au point de vue du respect de certaines
normes.
Nous avons des discussions avec les responsables du programme
fédéral sur l'examen de la qualité des médicaments.
Ces discussions ont pour but de permettre aux provinces d'établir, avec
le ministère fédéral chargé de l'application de ce
programme de la qualité des médicaments, le programme
d'évaluation, la liste des produits qui feront l'objet d'une
évaluation, de manière que ce nouveau critère s'ajoute
à ceux qui sont présentement utilisés et qui sont
décrits dans la préface de cette liste.
Cette évaluation, comme on le sait, porte sur les
caractéristiques qui ne sont pas actuellement disponibles, telles que la
biodisponibilité, c'est-à-dire la capacité de ces
médicaments à être absorbés par l'organisme et
à faire effectivement la tâche pour laquelle ils sont
destinés. Les discussions que nous avons, par le Conseil consultatif de
pharmacologie, à ce sujet avec d'autres provinces nous indiquent
qu'effectivement la liste des évaluations pourra être
établie conjointement par cet organisme et les provinces, de
manière que les médicaments de plus grande consommation fassent
en priorité l'objet de ces évaluations. Nous contribuerons ainsi
à améliorer la liste comme un instrument non seulement de
sécurité sociale dans un sens large mais aussi comme un
instrument pour aider le médecin à apporter des réponses
effectives aux problèmes qui lui sont soumis.
Pour ce qui est de la pénurie de dentistes dans certaines
régions, c'est un phénomène auquel nous sommes
évidemment sensibles. C'est un phénomène, d'ailleurs,
auquel j'ai fait allusion lorsque j'ai annoncé le programme. Il est
évident que le programme de gratuité des soins dentaires, tout
comme le programme de gratuité des soins médicaux, ne
résoud pas à lui seul les disparités régionales
dans la disponibilité ou la présence de médecins ou de
dentistes.
Il ne faut pas oublier les efforts qui sont faits, d'autre part, pour
stimuler la production, en quelque sorte, de ce personnel
spécialisé par les différentes facultés, ce qui
vaut à la fois pour les facultés de médecine, dans un
autre contexte, mais également pour les facultés de chirurgie
dentaire, qui, durant les dernières années, ont effectivement
accru leurs effectifs étudiants.
Mais cette disparité régionale dans l'accessibilité
physique aux services ne diminue en rien l'intérêt de
développer des mesures d'accessibilité financière pour ces
dentistes qui existent.
Il est important d'assurer au moins un accès égal,
indépendamment du revenu des familles. C'est ce que le programme
prétend faire, il ne prétend pas régler tous les
problèmes de santé dentaire d'un coup. Nous aurons l'occasion,
lors d'études d'autres mesures, d'y contribuer, j'espère.
M. LECOURS: Les $4 d'obturation.
M. FORGET: Pour ce qui est de ce taux, j'ai demandé, lorsque les
ententes ont été signées avec l'Association des
chirurgiens dentistes, de corriger les barèmes selon lesquels sont
remboursés les dentistes pour les services qu'ils donnent aux
assistés sociaux.
Cet amendement est en voie de préparation, il interviendra dans
un très bref délai et il viendra, à ce moment-là,
harmoniser les tarifs dans les deux régimes.
M. LECOURS: II y a une autre question que j'aimerais poser. J'aimerais
savoir qui a fixé le prix de la tétracyne, de la compagnie
Pfizer, à seize capsules pour $1.68, alors qu'on peut en acheter tant
qu'on veut pour $12 le mille? Qui fixe ces prix? Je veux le connaître,
cet expert, moi. Je veux le connaître parce qu'il y a plusieurs produits
comme ça sur lesquels on se pose des questions étranges.
M. FORGET: Comme je vous ai expliqué, le mécanisme...
M. LECOURS: Je vous en vendrais, moi, à bien meilleur
marché que ça.
M. FORGET: Nous allons vous prendre au mot, si vous ne faites pas
attention.
M. CHARRON: Conflit d'intérêts.
M. FORGET: Pour des quantités limitées...
M. LECOURS: Vous ferez ça quand je ne serai pas là.
M. SAMSON: A condition que vous ne preniez pas un trop gros profit.
M. FORGET: Pour ce qui est de la détermination du prix des
médicaments, essentiellement, cette détermination s'est faite
jusqu'à maintenant, en demandant aux fabricants d'établir des
listes de prix auxquels ils peuvent fournir ces produits et en s'assurant que
ces prix représentent, autant que faire se peut puisque nous ne
pouvons pas inspecter les livres de tous les pharmaciens du Québec
les prix qui sont effectivement demandés.
J'ai également signalé que, dans le cas d'un certain
nombre de produits, effectivement, tous les produits, je préfère
omettre cette complication, ça nous entraînerait assez loin,
étant donné l'heure, mais dans le cas d'un certain nombre de
produits, je pense que c'est 25 ou 30, qui sont de très haute
consommation, la liste du mois de janvier a établi des prix qui sont
réalistes, étant donné les pratiques effectivement suivies
au niveau du fabricant, du grossiste et du détaillant.
Il se peut que ce processus doive se continuer mais, encore une fois,
tout le mécanisme d'établissement des prix dans le domaine des
médicaments fait l'objet d'une étude, et nous ne sommes pas
encore arrivés à des conclusions.
M. LECOURS: Par là, je veux prouver la faiblesse du gouvernement
en face d'une compagnie pharmaceutique qui décide de vendre ses produits
à $12 le mille aux pharmaciens, mais qui réussit à faire
accepter à $1.68 pour seize capsules le remboursement par le
gouvernement. Lui, il pousse la vente dans les pharmacies tant qu'il veut parce
que le pharmacien est sûr qu'il achète ça pour $12 le mille
et qu'il les revend $1.68 pour seize capsules, en plus de ses $2.10 de frais
pour honoraires professionnels.
Je pense que si le gouvernement n'est pas conscient de ce genre de
trafic qui se produit présentement, on n'aboutira jamais à
régler le problème des médicaments qui est le
problème majeur à l'heure actuelle, je pense, au niveau des
coûts qui s'en viennent.
M. CHARRON: Est-ce que le député de Frontenac dirait que
l'exemple qu'il donne peut se retrouver dans une série d'autres
médicaments, par exemple...
M. LECOURS: Sûrement...
M. CHARRON: ... entre le prix de détail au pharmacien et celui
que paie l'Etat québécois?
M. LECOURS: Sûrement, on peut le retrouver avec le valium, on peut
le retrouver avec le vivol, on peut le retrouver avec le librium et toutes ces
marques; on peut le retrouver dans plusieurs médicaments.
M. FORGET: Nous sommes tellement conscients de ce problème que
nous avons effectivement changé le mode de détermination de
certains prix dans la liste du mois de janvier, et nous avons
réalisé, grâce à ce changement...
M. LECOURS: C'est votre liste du mois de janvier que j'ai là.
M. FORGET: Nous avons effectivement réalisé une
économie de $500,000 dans l'administration du régime à
cause de ces modifications. Maintenant, il se peut et nous en sommes
conscients, c'est pourquoi nous continuons ce travail que d'autres
économies puissent être réalisées, mais tout ce
problème de négociation de prix des médicaments est un
problème plus complexe, je pense, que le député de
Frontenac ne semble le croire. Avant de pouvoir présenter une politique
entièrement nouvelle à cet égard, d'autres études
sont nécessaires que de simplement citer des cas d'espèce.
M. SAMSON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Si vous permettez...
M. SAMSON: ... sur le même sujet...
M. LECOURS: D'accord.
M. SAMSON: ... je considère les déclarations faites par le
député de Frontenac comme extrêmement sérieuses. A
l'appui de ses déclarations, on nous mentionne qu'une multitude de
produits peuvent se vendre à des taux semblables, en tout cas au prix de
gros, et à des taux semblables, exorbitants, au prix de détail.
Est-ce que, dans la recherche d'une solution à ce problème, M. le
Président, le ministre n'a pas l'intention pas
immédiatement, disons, parce que nous sommes à l'étude des
crédits et il y a d'autres commissions aussi qui doivent siéger
à l'occasion d'une intersession, par exemple, de convoquer une
commission parlementaire spéciale au cours de laquelle il nous serait
possible d'étudier ce sujet et où il devrait être possible
aux membres de l'Assemblée nationale d'entendre les parties
intéressées à cette question, autant le fabricant que le
fournisseur au gros ou au détail, ou le pharmacien, si vous voulez, ou
l'association des pharmaciens? Je pense que quand le ministre dit que c'est un
problème complexe, il a raison. Il a raison. Mais ce problème est
probablement complexe aujourd'hui parce que le public n'est pas suffisamment
informé de cette situation, et la façon d'en arriver à ce
que le public soit mieux informé, c'est qu'il y ait une discussion
publique à ce sujet. Je pense qu'il est humain, M. le Président,
de rechercher des profits, mais il est aussi humain de rechercher que ces
profits soient raisonnables, qu'il n'y ait pas abus, qu'il n'y ait pas non plus
exploitation.
Et la meilleure façon d'en arriver à un régulateur,
dans ce domaine comme dans certains autres, c'est de susciter un débat
public, car les gens qui abusent d'une situation sont un peu plus
gênés quand le débat devient public et, par cette pression,
par ce moyen de pression en tout cas, sont peut-être davantage
incités à être plus raisonnables. C'est la suggestion que
je fais au ministre, qu'il y ait commission parlementaire, à l'occasion
de l'intersession sur ce sujet. Qu'on prenne le temps qu'il faut pour convoquer
les parties intéressées; qu'on donne aux membres de
l'Assemblée nationale les informations qui sont déjà au
ministère afin que nous puissions avoir sur ce sujet un débat des
plus intéressants et qui permettrait peut-être d'en arriver
à de meilleures solutions.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On pourra passer le fluor en même
temps.
M. SAMSON: Est-ce que je dois considérer, par cette invitation de
la présidence, que vous demandez de convoquer aussi une commission
parlementaire spéciale sur ce sujet?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Cela viendra peut-être.
M. SAMSON: M. le Président, on pourra peut-être aussi
demander aux dentistes de venir devant cette commission et de nous expliquer
certaines prises de position qu'ils avaient l'an
dernier à l'encontre des denturologistes. On sentait, dans ce
débat, que les dentistes ne voulaient pas perdre un certain revenu en le
laissant aller aux denturologistes. Aujourd'hui, certains dentistes, en tout
cas, sous prétexte que cela peut protéger les dents, sont pour la
fluoration, alors qu'il y a quelques mois on était contre le fait de
permettre à d'autres personnes de produire et de vendre des dentiers
à un meilleur prix. Là, il y a une contradiction flagrante que je
ne m'explique pas et que le président probablement pourrait nous
expliquer lorsqu'il viendrait à une commission parlementaire, non pas en
tant que président parce qu'il n'a pas droit de parler en tant que
président. J'ai peut-être cet avantage sur lui aujourd'hui.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Vous avez posé la question au
président.
M. SAMSON: Je sais que ce n'est pas raisonnable; j'ai l'avantage sur lui
aujourd'hui et je ne veux pas abuser du fait qu'il est président et
qu'il n'a pas le droit de parole. C'est pourquoi, M. le Président, je
pense que nous devrions demander au ministre de convoquer cette commission
parlementaire et de vous permettre de venir nous expliquer tout ça,
à ce moment-là.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Vous avez présumé de mes
intentions et elles sont exactes. J'ai hâte.
M. SAMSON: M. le Président, vous n'avez pas le droit de parole,
mais je vous jure, moi, que je suis fier de ce que vous venez de dire
là.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Rosemont.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai quatre questions à
poser au ministre.
M. SAMSON: M. le Président, je m'excuse, mais j'invoque le
règlement; j'ai posé une question au ministre. Je ne veux pas
empiéter sur le droit de parole du député de Rosemont,
mais je pense que si on ne demande pas au ministre de nous donner
immédiatement une réponse, on peut peut-être oublier
ça. Je ne voudrais pas qu'on l'oublie.
M. FORGET: II me fait plaisir de répondre au député
de Rouyn-Noranda que je prends note de sa question.
M. SAMSON: Je suis assis à cette commission parlementaire avec
les meilleures intentions du monde, ne voulant pas retarder les débats,
mais cette provocation du ministre m'amène à vouloir aller plus
loin. Le ministre,...
M. BELLEMARE: M. le Président, ai-je la parole?
M. SAMSON: ... en plus de me dire qu'il prend ma question en note,
est-ce qu'il peut nous dire s'il considère que cette suggestion pourrait
apporter un élément intéressant dans ce débat,
concernant les questions que vient de soulever l'honorable député
de Frontenac?
M. FORGET: Je suis d'accord que c'est une question intéressante
et importante, c'est une suggestion dont je prends note avec plaisir.
M. SAMSON: Ah! merci, M. le Président, ça, c'est une
réponse.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Rosemont.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai quelques questions,
lesquelles seront très brèves, quatre, peut-être cinq. La
première, si les pharmaciens empêchent certains médecins de
vendre des médicaments sauf s'il y a entente entre le Collège des
médecins et le Collège des pharmaciens, pourquoi certains
pharmaciens font-ils des consultations? 2) Est-ce dans le livre ou le feuillet
du député de Frontenac? Je ne crois pas avoir entendu dire que,
sur la liste de produits pharmaceutiques, les cartes de Noël, les bas
nylon, les cartes mortuaires, les cartes de fête existent comme
remèdes; c'est la première fois que j'entends ça et je ne
crois pas que ce soit sur la liste.
Autre question: Quelles sont les catégories de personnes sujettes
à.ce programme? Quelles sont les modalités d'attention et de
contrôle des prestations de médicaments? Pourquoi les prestataires
de la Régie des rentes du Québec ne sont-ils pas admissibles
à ce programme? Le seront-ils bientôt? Sinon, pourquoi?
M. FORGET: Relativement à la première question, je renvoie
le député de Rosemont aux corporations professionnelles
impliquées. Effectivement, je ne crois pas qu'il est de mon ressort de
chercher à expliquer pourquoi, si tel est le cas, les pharmaciens
donneraient des consultations. Il est exact qu'ils ne peuvent donner des
consultations médicales, sans aucun doute. Pour ce qui est des
bénéficiaires du régime, ces bénéfices ne
sont pas couverts; il s'agit d'un programme d'assistance-médicaments
dont bénéficient les assistés sociaux.
Ce qui parait aux crédits du ministère, c'est cette partie
du régime d'assistance-médicaments dont bénéficient
les assistés sociaux. Il y a un autre régime, auquel le
député de Rosemont fait allusion, qui favorise les personnes
âgées qui reçoivent le maximum du supplément du
revenu garanti au titre de la sécurité de la vieillesse. Cet
autre budget, qui se chiffre par environ $8 millions ou $9 millions pour une
année complète, est assumé à même le budget
de l'assistance-maladie. Donc, il ne parait pas dans ces crédits-ci.
Les motifs qui font que cette autre mesure, qui est financée
à même le budget de l'assurance-maladie, ne s'applique qu'à
ceux qui ont le maximum du supplément du revenu garanti, tiennent
simplement au fait que la loi qui a étendu le régime ne couvre
que cette catégorie de bénéficiaires. On a voulu, de cette
manière, aider les personnes âgées dont la seule ressource
est constituée par leur pension de sécurité de vieillesse.
Autrement dit, les plus démunies des personnes âgées
bénéficient d'un régime d'assistance-médicaments
analogue â celui dont bénéficient les assistés
sociaux. C'était l'objectif initial poursuivi et qui est
incorporé dans un projet de loi et qui ne peut être étendu
par un règlement, mais qui demanderait une modification à la loi
qu'il est plus difficile d'apporter que dans le cas d'un règlement. On a
une illustration d'une rigidité qui fait que pour envisager une
extension au régime, il faut envisager un processus
législatif.
Maintenant, il faut comprendre, puisque c'est sous-jacent dans la
question qui a été posée, que tout régime qui n'est
pas universel va comporter une ligne de démarcation, qui va toujours
paraître arbitraire, entre la dernière personne, en quelque sorte,
qui a droit au régime, et la première qui n'y a pas droit ou qui
devrait y avoir droit, selon une autre conception de ce que le régime
doit être, mais qui se reproduirait plus tard, lorsque avec cet
amendement, nous déplacerions la frontière.
Donc, des problèmes réels existent de coordination de
différentes mesures de sécurité pour les personnes
âgées, sécurité de revenu pour les personnes
âgées. Ce sont des problèmes sur lesquels nous nous
penchons mais qui ne sont pas faciles à résoudre puisque,
à la fois sur le plan du régime de rentes, sur le plan de la
sécurité de la vieillesse et sur le plan du régime
lui-même d'assistance-médicaments, il y a des modifications
à apporter dont les implications, cependant, sont parfois nombreuses et
fort insoupçonnées et qu'il faut poursuivre jusqu'au bout de
manière à s'assurer qu'on ne produise pas des effets contraires
à ceux que l'on recherche.
Cette étude se poursuit pour empêcher, par exemple, que des
personnes qui reçoivent une rente de retraite très faible soient,
en quelque sorte, pénalisées. Mais il s'agit là d'un
problème difficile à résoudre, qui pourra,
éventuellement, déboucher sur un amendement à la loi. Nous
n'en sommes pas là dans nos travaux, dans le moment.
M. CHARRON: M. le Président, j'aurais des questions à
poser.
M. BELLEMARE: M. le Président, juste une question
supplémentaire, que j'ai omise. Je voulais la poser mais je l'ai omise
dans mes questions. On annonce que la cigarette peut être dommageable
à la santé. La façon la plus facile de se procurer des
cigarettes au meilleur marché, c'est dans les ventes de pharmacies.
Elles font des ventes de cigarettes. Est-ce que le ministère est au
courant de ça?
M. FORGET: Ecoutez, les pratiques que peuvent avoir les pharmaciens
échappent complètement, dans la situation actuelle, à la
juridiction du ministère des Affaires sociales. Si ces pratiques vous
troublent, comme elles peuvent en effet troubler quiconque s'intéresse
à l'état de santé, puisqu'il a été
prouvé que la consommation des cigarettes n'est pas favorable au
maintien d'un bon état de santé, il faut faire des
représentations auprès des corporations professionnelles qui
existent pour ça. Peut-être conseilleront-elles dans leur code de
déontologie qu'elles ne devraient plus vendre de cigarettes. Mais c'est
un problème qui doit se résoudre à cet endroit, pas au
ministère des Affaires sociales.
M. SAMSON: M. le Président, il est dit que la cigarette tue
lentement. Cela ne fait rien, on n'est pas pressé !
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Fumez! Fumez ! Vous n'êtes que
deux.
L'honorable député de Shefford m'avait mentionné
qu'il avait une très courte question. Si la commission veut la lui
permettre.
M. VERREAULT: M. le Président, j'aimerais connaître les
commentaires du ministre des Affaires sociales relativement aux personnes qui
reçoivent le revenu supplémentaire fédéral, les
gens qui sont à leur pension de 65 ans et qui ont droit à la
carte-médicaments. Dans un cas semblable, il arrive j'ai
plusieurs problèmes que les gens qui reçoivent une toute
petite pension, qui ne reçoivent pas le surplus ne peuvent pas l'avoir,
cette carte-médicaments.
M. FORGET: C'est le problème auquel j'ai justement fait
allusion.
M. CHARRON: On va embarquer dedans demain.
M. FORGET: J'ai dit que nous examinions toutes ces questions, qu'il y
avait plusieurs implications à examiner. Nous pourrons en discuter plus
complètement à la prochaine séance.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): La commission suspend ses travaux
jusqu'à un ordre nouveau de la Chambre.
(Fin de la séance à 18 h 1)