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Commission permanente des affaires sociales
Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
Séance du mardi 14 mai 1974
(Dix heures quarante et une minutes)
M. LAFRANCE (Président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
Nous reprenons ce matin l'étude des crédits du
ministère des Affaires sociales au programme 3, Assistance-maladie.
L'honorable député de Saint-Jacques.
Assistance-maladie (suite)
M. CHARRON: Nous avions déjà entamé la discussion
là-dessus. Des collègues du parti ministériel avaient
surtout, à l'instar du député de Frontenac,
souligné quelques points qu'ils avaient à faire entendre. J'aime
autant garder le même sujet. On avait commencé d'aborder la
question des médicaments, et le député de Frontenac nous
avait exprimé une opinion qui semble partagée par plusieurs de
ses collègues je veux dire dans sa profession à
l'extérieur de l'Assemblée, à l'effet que l'Etat
québécois paie de façon considérable pour des
médicaments qu'il pourrait se procurer à un prix relativement
moins élevé. L'excuse passepartout vient du fait qu'on peut
affirmer qu'il existe une commission qui fait une révision permanente.
On a effectivement, au cours de la dernière année, modifié
certains prix de médicaments, mais je ne crois pas que la commission,
surtout devant certains chiffres que nous a fournis le député de
Frontenac, puisse se satisfaire aussi rapidement de cette explication.
Même si cette commission de révision des prix agit,
même si on travaille au niveau de la Régie de l'assurance-maladie
à adapter un peu plus normalement le coût défrayé
par l'Etat québécois pour ces médicaments, il reste que
nous devons avoir une explication plus solide, il me semble, de la situation
actuelle. J'admets qu'on travaille à la corriger. Cela semble se faire
lentement, puisque les chiffres donnés par le député de
Frontenac sont ceux en cours; donc aucune modification n'est à
espérer pour les prochaines semaines ou pour les prochains mois sur ces
prix. J'aimerais bien savoir, avant même qu'on ait apporté une
correction, comment il se fait que ces prix ont été fixés
de cette façon. Je veux retourner au processus original,
c'est-à-dire savoir quel genre de consultation le ministère ou la
régie ont eue avec les compagnies de produits pharmaceutiques? Comment
a-t-on procédé? A-t-on procédé par soumission?
A-t-on procédé par une évaluation différente? Je ne
sais pas, mais comment en est-on arrivé à cette situation
aujourd'hui, au point qu'on puisse se permettre de souligner des exemples
abracadabrants qu'il faudrait certainement modifier pour l'avenir?
M. FORGET: M. le Président, je crois qu'un certain nombre
d'éléments doivent être expliqués pour comprendre le
contexte dans lequel le régime d'assistance-médicaments est
administré.
En premier lieu, ce qu'il faut souligner, c'est que le ministère
ou la régie dans ce régime d'assistance-médicaments n'est
pas un acheteur. Il est essentiellement un tiers payant. Il rembourse aux
pharmaciens le coût des ordonnances médicales qui sont
distribuées à la population. Cette situation implique que les
processus normaux de négociation, dans le sens traditionnel du mot, qui
sont envisagés lors d'achats en masse par le gouvernement, ne sont pas
applicables puisque, essentiellement, il ne s'agit pas d'un achat massif, mais
de spécifier des conditions très diverses en vertu desquelles un
fabricant va assurer la distribution de produits pharmaceutiques à des
grossistes, dans certains cas, et, dans d'autres cas, à des
détaillants dont l'importance, au point de vue de l'écoulement de
certains médicaments, varie énormément et dont la
situation géographique aussi varie énormément.
Il est clair que les prix, qui peuvent être faits à un
pharmacien qui, dans le centre d'une ville, a un achalandage très
important, vont être sensiblement différents du prix qui doit
être fait à un pharmacien qui est dans une région
éloignée où l'achalandage est très faible.
Or, il est apparu au début de ce régime
d'assistance-médicaments qu'une des conditions qui devaient être
respectées par le régime, c'était de permettre au
pharmacien de faire ses frais quant aux coûts qui lui sont
remboursés, quelle que soit la situation d'éloignement
géographique et la faiblesse de son volume, de manière à
assurer une accessibilité générale sans taxer les
pharmaciens pour financer la distribution des médicaments.
Etant donné la très grande difficulté, au
début du régime, de prévoir des zones ou un zonage, de
sorte qu'il y ait des prix différents ou des dispositions de ce genre,
il est inévitable que, dans certains cas, les prix faits par les
fabriquants à certains pharmaciens à haut volume soient plus
avantageux que ceux faits ailleurs.
Cette politique quant aux prix, c'est-à-dire la
non-négociation, il ne s'agit pas d'un achat fait par le gouvernement,
mais d'un prix qui est essentiellement le prix de liste du fabricant au
grossiste, majoré d'une marge qui permet d'absorber les coûts de
distribution. Elle a été mise en vigueur sans interruption du
début du régime, en août 1972, jusqu'en décembre
dernier et sans exception.
Pendant cette période de temps, on a quand même pu
remarquer, alors que l'inflation, comme on le sait, se faisait sentir aussi
dans le
secteur des médicaments, une stabilité et même un
léger déclin dans le niveau moyen des prix fournis par le
régime.
En janvier 1974 est intervenue une modification aux prix
énumérés dans la liste pour les médicaments, pour
refléter le plus précisément possible non seulement les
prix annoncés par les fabricants, leurs prix de liste, mais les
pratiques effectivement suivies, au point de vue des prix.
Un relevé fut effectué chez les distributeurs, de
manière à examiner le prix effectivement payé pour les
médicaments et particulièrement les médicaments de
consommation à volume élevé. Comme résultat de
cette analyse, les prix d'un certain nombre de produits de consommation
élevée furent unilatéralement réduits. Le prix qui
apparaît à la liste actuellement en vigueur depuis janvier 1974
est le prix moyen pondéré qui a été observé
comme prévalant, l'an dernier, au niveau de la distribution de ces
médicaments.
Tous les médicaments où une économie annuelle, pour
le régime, de $3,000 ou plus était possible, en vertu d'une
réduction de ce genre, ont effectivement vu leurs prix diminués.
L'observation de l'expérience en cours montre une économie
annuelle, par rapport aux prix en vigueur en 1973, d'environ $500,000, qui sera
réalisée à la suite de cette réduction
unilatérale dans le niveau des prix remboursés.
Maintenant, c'est un processus de révision qui se poursuit et les
effets de la concurrence se font sentir dans le secteur des médicaments
comme dans d'autres secteurs.
Je pourrais d'ailleurs citer un exemple, celui qui nous a
été souligné vendredi dernier, dans le cas d'un produit de
la compagnie Pfizer, tétra-cyne. Le prix pour l'édition du mois
de juillet 1974, c'est-à-dire la cinquième édition de la
liste, passera de $1.68 pour seize capsules à $0.55 pour seize capsules.
Donc, on a là un exemple des réductions envisagées lors
des révisions périodiques qui sont effectuées.
Pour résumer, le gouvernement n'achète pas ces
médicaments, donc ne peut pas négocier s'il le pourra
éventuellement, c'est un sujet, comme je l'ai dit, qui est à
l'étude via le service central des achats et demander des
soumissions, puisqu'il n'est pas l'acheteur; il ne peut qu'annoncer les prix
auxquels il rembourse. Il est tenu, dans cette politique de remboursement,
d'assurer des conditions de remboursement équitables, même pour
les pharmacies de faible volume dans des régions
éloignées. Il a effectivement fait des réductions
unilatérales que les fabriquants auraient pu qualifier d'arbitraires
mais qu'ils ont acceptées, qui résultent, cette année, en
une économie de $500,000 en dessous des prix de liste qui sont
normalement utilisés.
Tous les médicaments n'ont pas la même importance, et ceci
on doit le souligner, en terminant, dans la liste des médicaments. Par
exemple, le médicament que je viens de citer, c'est un antibiotique de
la compagnie Pfizer qui a une réduction substantielle de $1.68 à
$0.55 pour seize capsules. Il représente moins de $2,000 d'achat annuel
ou de remboursement annuel dans l'ensemble du réseau des pharmacies.
Donc, si nous devons changer ou modifier notre stratégie,
étant donné qu'il s'agit de plus de 4,000 médicaments
maintenant qui sont sur la liste, on envisage mal d'amorcer des
négociations sur 4,000 produits à la fois. Il faudra, sans aucun
doute, définir une approche sélective et s'intéresser, en
premier lieu, aux produits à haute consommation. A ce sujet, j'ai
quelques statistiques qui sont intéressantes: Sur les 4,000
médicaments de la liste, il n'y en a que 170 pour lesquels nous
remboursons une somme qui est de plus de $10,000 par année,
c'est-à-dire, plus exactement, $5,000 sur six mois.
Il y a 357 produits pour lesquels nous faisons un remboursement qui se
situe entre $2,000 et $10,000 par année, c'est-à-dire 11.8 p.c.
Tous les autres produits, c'est-à-dire essentiellement plus de 85 p.c,
représentent des achats annuels de moins de $2,000. On peut citer des
cas individuels dans cet immense nombre de produits qui ne représentent
presque rien au total.
Mais, pour ce qui est des produits à haute consommation, nous
avons déjà agi cette année et, comme je l'ai
indiqué, nous étudions les possibilités de poursuivre
cette action sur le plan des prix. C'est une question qui est fort complexe,
qui nécessite de considérer également la manière
dont les fabricants réagiraient à des pressions accrues du
gouvernement sur une partie de leur marché. Nous sommes conscients du
danger de voir les marges bénéficiaires, qui seraient
diminuées pour la vente de médicaments en vertu du régime,
être compensées par des hausses correspondantes pour les
médicaments que nous ne remboursons pas à l'ensemble de la
population. Cette possibilité qu'ont les fabricants d'utiliser en
quelque sorte des clientèles qui sont séparées par des
compartiments étanches fait qu'il faut être prudent dans cette
politique, de manière qu'on n'obtienne pas des résultats
contraires à ceux qu'on recherche.
M. CHARRON: M. le Président, à la suite de la
réponse que vient de me donner le ministre, j'ai quelques brèves
questions à partir même de la réponse qui, je dois
l'admettre, était sensiblement complète. D'abord, en les prenant
l'une après l'autre, comme elles me viennent à l'esprit, vous
avez parlé d'une approche sélective maintenant pour
vérifier le prix payé par l'Etat dans le remboursement. Cette
approche sélective sera-t-elle celle que vous avez esquissée,
c'est-à-dire qu'on choisira j'imagine, parmi les 170 produits qui
coûtent plus de $10,000 par année l'unité, en
commençant par les plus consommés en descendant?
M. FORGET: Oui.
M. CHARRON: C'est comme ça que vous allez procéder au
cours de l'année?
M. FORGET: Bien, c'est tout probable. Comme je l'ai dit, il est
difficile d'imaginer qu'on puisse négocier 4,000 produits en
commençant une journée déterminée. Il faut
être sélectif. Maintenant, est-ce que la base de
sélectivité sera celle-là ou sera une autre base par
fabricant? Ce sont des genres de considérations stratégiques, si
vous voulez, auxquelles nous nous livrons dans le moment et pour lesquelles je
n'ai pas de conclusion, je ne suis pas en mesure d'annoncer des conclusions. Je
ne suis pas sûr, de toute façon, si nous avions à tirer des
conclusions de cette analyse, qu'il serait nécessairement dans
l'intérêt public d'en parler ici. En effet, s'il s'agit d'une
négociation, il va falloir aussi garder nos cartes autant que possible,
comme vous le comprenez. Mais c'est au moins possible d'envisager qu'on va
aborder le problème de cette façon.
M. CHARRON: Au moment où vous allez vous lancer dans des
négociations de ce genre enfin, il y en a déjà qui
sont conduites, mais que vous allez les poursuivre vous avez
vous-même fait mention du danger que le détaillant et même
le fabricant se reprennent sur d'autres produits pharmaceutiques qui, eux, sont
d'usage courant pour l'ensemble du public qui n'est pas couvert par le
régime actuel.
Est-ce qu'actuellement, au ministère, on détient un
tableau d'ensemble de cette situation des produits pharmaceutiques, je veux
dire de la hausse des prix au cours des dernières années,
particulièrement depuis l'entrée en vigueur du régime
d'assistance-médicaments, pour vérifier à quels endroits
en particulier, l'appât du gain s'est porté et quels domaines en
sont le plus touchés? Est-ce qu'on peut dire qu'au moment où vous
allez entreprendre cette nouvelle correction des prix, vous avez un tableau
d'ensemble de la situation des abus qui sont souvent faits dans le domaine des
médicaments?
M. FORGET: Pour confiner mes remarques au secteur des prix, puisqu'on a
souvent dans le passé fait allusion à l'abus de consommation des
médicaments, c'est un sujet sur lequel la conférence
fédérale-provinciale des ministres de la Santé a, à
plusieurs reprises, indiqué qu'il y avait un consensus parmi les
ministres de la Santé au Canada pour agir et susciter soit une
orientation nouvelle de l'effort publicitaire des entreprises de production de
médicaments, ou autrement de susciter des corrections sur ce plan.
Mais si l'on parle strictement de la situation des prix, ça fait
partie de la réponse à la question que vous avez posée, de
l'ensemble des questions que nous essayons justement de rassembler, l'ensemble
des faits que nous essayons de rassembler. Avant de prendre une orientation
très ferme à ce sujet, il faut aussi songer à une autre
dimension de ce problème des médicaments. C'est que non seulement
remboursons-nous le coût des médicaments payés aux
assistés sociaux et maintenant aux bénéficiaires du
maximum du supplément du revenu garanti, mais nous remboursons aussi,
d'une certaine manière, aux hôpitaux le coût d'acquisition
de médicaments.
Cela représente une masse monétaire annuelle d'environ $55
millions d'achat de médicaments. C'est donc un pouvoir d'achat
très considérable, mais qui est malgré tout dilué
en étant distribué sur un nombre incalculable de produits
individuels et un nombre très subtan-tiel de fabricants. Lorsque nous
parlons des achats faits par les pharmaciens pour le compte des assistés
sociaux, nous soulevons une difficulté, mais lorsque nous parlons
également des achats faits par les hôpitaux pour le compte des
malades hospitalisés et de la difficulté qu'il peut y avoir
à concerter une action, étant donné l'autonomie de ces
centres hospitaliers et la très grande importance qu'ils attachent
à leur capacité continue de pouvoir orienter eux-mêmes
leurs achats dans ce secteur, alors on soulève un autre ordre de
difficultés et cela aussi fait partie du tableau que nous examinons.
M. CHARRON: M. le Président, le ministre vient de faire mention
de ce régime. Je crois que nous avions, d'ailleurs, abandonné la
discussion, vendredi, sur ce sujet qui avait été soulevé
par un autre collègue, des personnes âgées qui jouissent du
maximum de revenu mensuel garanti et peuvent se prévaloir de
l'assistance-médicaments. On a soulevé je pense que
plusieurs députés pourraient déposer des copies de
plaintes sur la table le fait qu'aussitôt qu'une personne voit son
revenu dépasser, ne serait-ce que de $1, le maximum de revenus permis
pour bénéficier de l'assistance-médicaments, elle perd ce
droit.
Entres autres, des gens se trouvent disqualifiés à cause
de revenus minimums qu'ils ont. Je peux donner un cas, M. le Président,
pour ensuite entendre les commentaires du ministre. Ainsi, on rencontre des cas
comme celui d'une personne qui, parce qu'elle reçoit $8 par mois de la
Régie des rentes, voit sa pension fédérale réduite
de $4 et perd son droit d'obtenir gratuitement les médicaments dont elle
a besoin. C'est un cas réel qui m'a été soumis. Quand on
sait ce que coûtent par mois les médicaments à de
nombreuses personnes âgées, je pense qu'on peut se scandaliser
d'une telle situation.
Je ne sais pas combien de personnes au Québec se trouvent
privées de ce droit du fait qu'elles ont un revenu minimum qui leur
vient de quelque source que ce soit, y compris de la Régie des rentes du
Québec. Je me demande s'il n'y a pas possibilité d'imaginer ou
d'entrevoir, dans les premières étapes où on va
nécessairement étendre le programme, de l'étendre d'abord
à ces gens-là au revenu très minime
qu'elles ne peuvent refuser, en fin de compte, puisque ça leur
vient de la Régie des rentes, mais qu'elles doivent accepter au prix de
la perte d'un droit essentiel, Surtout pour des personnes âgées,
celui aux médicaments.
Cette situation, je n'ai pas la prétention de la soumettre pour
la première fois au ministre; je suis convaincu que ceux qui
administrent ce programme ont déjà considéré cette
lacune comme étant la première, peut-être, du
régime. J'aimerais savoir ce qu'on a fait face à ce
problème et ce qu'on entend faire au cours de la prochaine année
financière, surtout pour cette catégorie de personnes les plus
directement touchées.
M. FORGET: M. le Président, je suis heureux qu'on revienne
à cette question qui avait été posée, je crois, par
le député de Shefford, vendredi dernier. Malheureusement, il
n'est pas ici pour entendre la réponse.
Il y a plusieurs façons d'aborder ce problème.
Malheureusement, chacune d'elles nous fait toucher du doigt certaines
difficultés qui, sans atteindre l'essence des régimes
impliqués, montrent malgré tout les difficultés de relier
les uns aux autres des régimes comme ceux de la sécurité
de la vieillesse, de la Régie des rentes et maintenant de
l'assistance-médicaments.
Nos premiers efforts ont porté du côté du
régime de rentes pour examiner s'il était possible de permettre
aux bénéficiaires de renoncer à leur rente, dans les cas
où ils reçoivent une rente d'une valeur minime, de manière
à pouvoir bénéficier du plein supplément du revenu
garanti. Des difficultés qui semblent insurmontables se sont fait jour
de ce côté, qu'il serait assez long d'expliquer dans tous leurs
détails, pour lesquels je me bornerai à donner au moins une
illustration. Une personne qui atteint l'âge de 70 ans et qui
reçoit sa rente en vertu du régime de rentes du Québec
pourrait dans certaines circonstances renoncer à sa rente de retraite.
Mais une des caractéristiques du régime de rentes est de
permettre à un bénéficiaire de plus de 70 ans de
réclamer, à une date quelconque, après 70 ans, la
rétroactivité, à partir de la date où il a atteint
70 ans. On voit une certaine difficulté à permettre à une
personne qui a effectivement 70 ans de ne pas réclamer une rente de
retraite, pendant la période où elle encourt des dépenses
de médicaments élevées, de manière à se
qualifier au plein supplément de la sécurité de vieillesse
et, subséquemment à un épisode qui peut durer quelques
mois, alors que le besoin de médicaments disparaît, de demander
rétroactivement, pour la même période, le versement du
régime de rentes. On voit là une certaine difficulté, non
seulement administrative, mais une certaine cause de se préoccuper de la
justice distributive d'un tel arrangement administratif.
Il y a aussi d'autres réserves que l'on peut formuler, d'un
caractère technique, telles que, par exemple, la difficulté qu'il
y a à prolonger la période pendant laquelle une personne peut
effectivement renoncer à ou suspendre, pendant un certain temps, les
avantages qui découlent pour elle d'un régime de rentes. Il y a
un changement de statut qui intervient durant cette période, comme par
exemple l'allongement de la période pendant laquelle on calcule son
admissibilité au régime et la diminution que cela entrafne sur le
niveau de sa rente dans les années subséquentes, puisque la
période pendant laquelle elle n'a pas bénéficié
d'un régime de rentes, mais qu'elle était admissible au
régime, se trouve augmentée.
Donc, le revenu moyen, qui n'est pas augmenté pour autant,
diminue pendant la période, ce qui diminue la rente qu'elle recevra
éventuellement lorsqu'elle décidera de se joindre au
régime.
Bien sûr, on peut faire, devant toutes ces difficultés
j'en passe, il y en a plusieurs de ce genre des propositions ad
hoc. Le danger de faire des propositions ad hoc pour résoudre un
problème comme celui-là, c'est de changer la configuration
générale du régime de rentes ou de le rendre tellement
complexe qu'il devienne un peu comme la Loi de l'impôt, si vous voulez,
très difficile à assimiler, très difficile à
expliquer, et met à peu près tous les bénéficiaires
dans la position où ils ne savent pas exactement à quoi ils ont
droit et quelle est la conséquence de leurs actions.
Donc, après avoir examiné ces difficultés, nous
nous sommes tournés d'un autre côté pour voir s'il serait
possible de modifier le régime lui-même
d'assistance-médicaments. De ce côté, essentiellement, la
question que l'on pose c'est de savoir si, en plus de ceux qui
bénéficient du supplément du revenu garanti, on devrait
étendre les bénéfices à d'autres catégories
de bénéficiaires.
Premièrement, la réponse est très courte à
ça. C'est qu'à un moment précis, il est impossible de le
faire sans une modification à la loi puisque c'est la loi
elle-même qui précise que ce régime n'est destiné
qu'à ceux qui ont le maximum du revenu garanti en vertu de la Loi de la
sécurité de la vieillesse. Mais cela pose également un
autre problème qui est de tracer une autre ligne de démarcation.
Il est clair que dans toute ligne de démarcation, que l'on
s'arrête à ceux qui reçoivent la moitié du maximum
ou à un chiffre quelconque, il va toujours rester des cas
frontières où, avec $1 en moins, on aurait droit à la
prestation d'assistance-médicaments, et avec $1 en plus, on n'y a plus
droit. Pour pallier cette difficulté, il y a encore des complications
techniques que l'on peut imaginer pour tenir compte du montant de
médicaments, etc. Mais là aussi on débouche rapidement sur
des complications techniques très considérables.
Maintenant tout ceci est pour dire que le problème est
compliqué. Mais nous n'avons pas nécessairement abandonné
nos efforts pour y apporter des solutions, au prix peut-être de
quelques complications et au prix peut-être d'un
élargissement ou d'une libéralisation du régime. Il y a
d'autres problèmes qui sont posés, tels que les délais qui
s'écoulent entre les modifications aux prestations de rente, qui sont
reçues par les bénéficiaires, et la période
où le paiement en vertu du régime de sécurité de la
vieillesse se trouve modifié. Il y a des délais dans la
transmission des données entre les deux régimes qui font que nous
aurons aussi des difficultés de ce côté.
Encore une fois, j'ai voulu donner un peu une description de la nature
du problème parce qu'on en a vu des descriptions très sommaires
qui tendent à faire croire qu'il s'agit tout simplement de
décréter que ceux qui reçoivent $8 ou moins de la
Régie des rentes pourraient tout simplement y renoncer et
automatiquement obtenir des bénéfices auxquels ils n'ont pas
droit, ce qui semble tomber sous le sens commun.
Le sens des travaux qu'on a faits depuis ce temps il faut se
rappeler qu'on est à quelques mois, seulement, du début du
régime et que ces difficultés avaient été seulement
imparfaitement anticipées a consisté à nous faire
voir que le problème était beaucoup plus compliqué et que
sans modifier profondément le régime des rentes, dans le fond, il
n'y avait pas de solution à rechercher de ce côté. M.
Martin, qui est ici et qui pourrait donner des renseignements
supplémentaires, a examiné la question du point de vue du
régime d'assistance-médicaments lui-même, de manière
à déterminer s'il n'y a pas des possibilités, à
l'intérieur de ce régime, de l'assouplir ou de l'étendre
un peu.
Mais, encore une fois, je pense qu'il confirme le fait qu'on
débouche sur un amendement à la Loi de l'assurance-maladie si on
veut véritablement résoudre ce problème.
M. CHARRON: Je suis d'accord. Avez-vous quelque chose à
ajouter?
M. FORGET: Non, je pense que c'est complet comme exposé.
M. CHARRON: Je suis également convaincu de cela. Toute
modification devrait mener à une modification à la loi. Je suis
aussi d'avis que ce n'est pas le régime des rentes qu'il faut essayer de
forcer et d'étendre pour permettre une gratuité de
médicaments à un plus grand nombre de citoyens, mais plutôt
ce régime lui-même.
Actuellement, il y a 150,000 personnes. Est-ce le chiffre exact?
M. FORGET: 155,000.
M. CHARRON: II y a 155,000 personnes dont le revenu mensuel est de $170
au total et qui, ici, peuvent se prévaloir de
l'assistance-médicaments, plus les assistés sociaux, qui
totalisent quelque chose comme...
M. FORGET: A peu près 400,000, ou 440,000, mais d'après
les derniers chiffres, il y a une diminution assez régulière.
M. CHARRON: 400,000 à 440,000, disons. Dans les projets et dans
les études, si, par exemple, on envisageait d'étendre le
régime à des personnes qui outre les $170 déjà
alloués, comme ils le sont aux assistés sociaux pour une personne
seule, ont un revenu supplémentaire mais qui provient de l'Etat, comme
par exemple du régime des rentes ou d'une autre source, d'une pension
quelconque datant d'une toute autre époque, avant même l'existence
du régime des rentes ou quoi que ce soit, est-ce que cela grossirait
énormément le nombre de bénéficiaires, en plus des
155,000 dont nous parlons? Je parle des personnes âgées.
M. FORGET: Essentiellement, vous visez toutes les personnes
âgées de 65 ans et plus qui n'ont pas le maximum.
M. CHARRON: Oui, ou celles qui reçoivent un supplément en
provenance de l'Etat.
M. FORGET: Parlez-vous du supplément en vertu de la Loi sur la
sécurité de la vieillesse?
M. CHARRON: C'est ça.
M. FORGET: Cela représenterait environ 150,000 personnes de
plus.
M. CHARRON: De plus. Et le coût serait évalué
à combien?
M. FORGET: Environ $8.3 millions, si on prend le même chiffre que
pour les 155,000 personnes déjà couvertes.
M. CHARRON: M. Martin, vous savez sans doute que vous êtes
à la tête d'une régie qui annonce un surplus pour la
deuxième année. Vous ne serez pas surpris de voir que ce surplus
fait de vous une cible très appréciée, parce que quand on
parle de programme qui signifierait, par exemple, $8 millions de plus et qu'on
sait que le surplus accumulé, à la fin de 1973/74, est aux
alentours de $65 millions... Non?
M. FORGET: Fin de 1973/74.
M. CHARRON: Oui. A la fin de 1972/73, le surplus est de $53
millions?
M. FORGET: Plus que cela.
M. CHARRON: Plus que cela. Vous voyez, vous mettez juste un peu plus
d'eau dans mon moulin.
M. FORGET: Les faits m'obligent à dire que c'est plus que
ça.
M. CHARRON: II est évident que face à un
régime qui annonce un surplus quand, en même temps, on
examine la possibilité d'étendre des soins aussi essentiels, je
pense, dans une société moderne j'allais dire
sociale-démocrate que la gratuité des médicaments,
il y a certainement là un endroit où on peut poser un point
d'interrogation, terminer la phrase et attendre la réponse du
ministre.
M. FORGET: Le surplus qui s'accumule au régime
d'assurance-maladie ne doit pas être considéré globalement
comme disponible. Depuis quelques années, en fait depuis le début
du régime, effectivement, le conseil d'administration de la régie
a recommandé et le ministre a accepté l'idée selon
laquelle une réserve devait exister de manière à
prévoir toute variation subite et imprévue dans le niveau des
entrées fiscales qui soit équivalente à environ un
mois de prestations au point de vue des revenus.
Ceci correspond à une somme que M. Martin pourrait
préciser, mais qui diminue sensiblement le surplus apparent. Je pense
que c'est de l'ordre maintenant de $40 millions à $45 millions, qui
doivent être considérés comme une réserve
nécessaire pour assurer un paiement ininterrompu des services
prévus par le régime. Remarquez que ces surplus sont d'ailleurs
confiés à la Caisse de dépôt et sont investis avec
le même succès que la plupart des autres actifs confiés
à la Caisse de dépôt.
Pour ce qui est de l'excédent, il y a un surplus
d'accumulé, mais le chiffre qui doit véritablement être
utilisé, ce n'est pas le surplus accumulé qui représente
un certain nombre de décisions passées, aussi de circonstances
passées qui n'étaient pas nécessairement
entièrement prévisibles. Mais on doit s'interroger sur le surplus
annuel à prévoir pour l'avenir. Si l'on considère la
situation pour l'année qui vient, avec l'introduction non seulement de
ce régime de médicaments pour personnes âgées, mais
du régime de soins dentaires et l'introduction prochaine d'un
régime de gratuité des prothèses orthopédiques, le
surplus annuel que l'on peut anticiper va rapidement s'amenuiser au point
même de ne pas être, dans le fond, supérieur peut-être
à la marge d'erreur qui existe toujours dans des estimations ou, du
moins, d'être si minime que toute augmentation substantielle de la
couverture du régime risquerait de causer, à très court
terme, la probabilité d'une augmentation des prestations.
Donc, c'est un argument qui a, sans aucun doute, son poids et qui,
d'ailleurs, a fait sentir son effet par l'accroissement progressif de la
couverture non seulement pour l'assurance-maladie, mais pour les soins
dentaires et pour les prothèses qui est un développement qui est
prévisible pour un avenir encore incertain au point de vue de la date,
mais certain quant à son éventualité prochaine. Alors,
c'est un argument qui a joué, mais qui nous met dans une situation
où, étant donné, d'autre part, que des négociations
sont amorcées dans une large mesure et que les résultats de cette
négociation devraient être connus avant que l'on se prononce sur
l'importance future du surplus ou même sur son existence, il nous
paraît sage, pour le moment, d'observer un moment d'arrêt dans
l'utilisation de ces surplus.
M. CHARRON: M. le Président, sans attendre que cette année
même nous arrivions à l'objectif que je posais tout à
l'heure d'une gratuité totale des médicaments pour les personnes
âgées, il me semble qu'au cours de l'année nous pourrions
procéder à une modification de la loi pour étendre cette
gratuité à un plus grand nombre de bénéficiaires.
Encore une fois sans atteindre le plein objectif en une seule année,
ça demeurera à examiner, mais en admettant cette hypothèse
que nous ne pouvons pas l'obtenir en une seule année, est-ce que l'on
peut s'attendre, au cours de l'année qui vient, à une
modification de la loi? A cet égard, je peux vous assurer de la
collaboration de l'Opposition pour que nous ayons, à la fin de
l'année, un plus grand nombre de bénéficiaires, c'est
probable, mais de catégories différentes de celle qui est
déjà là, c'est-à-dire ceux qui ne
bénéficient que du revenu mensuel garanti, et que des
modifications soient donc apportées dans ce sens-là, en
particulier pour les personnes qui ont un très faible revenu
supplémentaire, mais qui les prive, comme je le rappelais tout à
l'heure, de ce droit à l'assistance-médicaments. Parmi les
modifications à l'étendue de la couverture du régime
auquel on doit s'attendre d'année en année, puisque c'est un
engagement que nous avons pris, est-ce qu'il est possible d'attendre, cette
année, dans ce domaine précis de l'assistance-médicaments,
des modifications?
M. FORGET: II est trop tôt, M. le Président, pour donner
des précisions à cet égard. J'ai indiqué que le
problème, qui a été souligné à deux
reprises, des difficultés de couverture à la marge pour certains
bénéficiaires faisait l'objet d'une attention de notre part, que
des études avaient été faites sur lesquelles les
conclusions finales n'ont pas été tirées.
D'autre part, il y a en dehors de ce régime, qu'il s'agisse des
assistés sociaux ou des personnes âgées, d'autres
régimes de gratuité de médicaments distribués dans
le réseau, même aux malades sur pied, et il y aura lieu, au cours
de l'année, d'évaluer les mécanismes qui ont
été utilisés jusqu'à présent pour assurer
cette distribution de manière à voir si on doit effectuer des
modifications au régime et incorporer ou non ces autres régimes
à celui de l'assurance-maladie. Toutefois, aucune décision n'a
encore été prise; ce sont encore des sujets qui font l'objet
d'études de notre part.
M. CHARRON: M. le Président, pour ce qui est des
médicaments, à moins que d'autres collègues aient des
questions...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Frontenac.
M. LECOURS: M. le Président, la semaine dernière j'ai
soulevé la question de la tétracycline; je disais que seize
capsules étaient remboursées à $1.68. J'ai
vérifié mes factures, j'en ai apporté ici que j'ai
achetées moi-même le 24 janvier 1974 alors que j'ai payé
$10.29 pour 1,000 capsules de tétracycline. Je ne crois pas que la
distance ait quelque chose à voir avec le prix des médicaments.
Le prix des médicaments est uniforme partout dans la province et les
compagnies paient pour le transport des médicaments.
Maintenant, il y aurait peut-être d'autres questions qu'il
faudrait se poser à propos de la tétracycline qui est un exemple
parmi beaucoup d'autres médicaments. Il y a 26 groupes différents
de tétracycline qu'on présente dans le formulaire. Le premier,
disons, pour seize capsules, coûte $0.24; le 26e, pour seize capsules,
est coté à $2.43. Je trouve cela pas mal exorbitant comme marge
entre $0.24 pour seize capsules et $2.43 pour seize capsules. Il faudrait se
poser une question: Est-ce qu'on peut nous garantir la qualité de la
tétracycline à $0.24 pour seize capsules? Est-ce la même
qualité de médicament, la même sécurité pour
nos patients que le médicament à $2.43 pour seize capsules? Je
crois que nos fonctionnaires devraient pouvoir répondre à cette
question, c'est très facile; je pense qu'on devrait avoir une
réponse.
Il arrive une autre chose aussi, quand vous nous dites que maintenant
vous avez décidé que seize capsules de tétracycline de la
compagnie Pfizer coûtera $0.55, ça veut dire que le prix au
pharmacien est d'environ $0.17 pour seize capsules. Il va recevoir deux fois et
demie le prix que lui coûtent seize capsules. Déjà il
reçoit $2.15 pour compter les seize capsules. Je pense que ces
honoraires sont déjà valables, $2.15 pour compter seize capsules;
ça ne prend tout de même pas plus d'une minute pour compter seize
capsules. Je pense qu'à l'heure actuelle, le grand principe de base
qu'il faudrait changer dans votre formulaire, c'est celui-ci: Vous calculez
toujours des formats de seize capsules, 25 comprimés, 50
comprimés, alors que le pharmacien ou le médecin qui vend des
médicaments achète toujours ces médicaments-là
à 1,000 capsules du coup et peut-être 10,000 du coup. Il faudrait
se demander s'il ne serait pas plus logique de rembourser les pharmaciens au
prix de la quantité de 1,000 capsules de tétracycline et non au
prix de seize? Moi-même, si j'avais acheté seize capsules de
tétracycline chez un grossiste, probablement que je paierais environ $1.
Mais je pense que c'est là le principe. A l'avenir, je pense qu'il
faudrait demander à nos fonctionnaires de faire les calculs plutôt
en vertu de celui qui achète des produits pharmaceutiques non pas au
petit format de seize mais à des formats de 1,000 ou des
quantités de 10,000.
M. FORGET: M. le Président, le député de Frontenac
fait allusion à un des problèmes que nous considérons
évidemment dans cette évaluation d'une nouvelle approche
relativement au prix des médicaments. Faudrait-il privilégier un
format ou un format très considérable? Je pense que, dans
certains cas de médicaments très peu consommés, c'est
présumer que tous les pharmaciens au Québec, alors que le
régime rembourse moins de $2,000 par année pour l'ensemble des
bénéficiaires, pour 750,000 bénéficiaires, je pense
que c'est présumer plus que la réalité que de croire que
tous les pharmaciens au Québec vont se procurer tous ces
médicaments en format de 1,000 au moins.
Je pense que, si l'on faisait une telle présomption, nous aurions
de la part de l'Association des pharmaciens propriétaires de très
nombreuses protestations puisqu'ils nous ont affirmé, ces choses n'ont
pas été faites sans consultation avec eux, qu'ils
n'étaient pas tous en mesure d'acheter les médicaments en grand
volume. Maintenant, il se peut qu'on veuille leur faire absorber le coût
de certaines pratiques de distribution, mais encore une fois il faut
s'arrêter sur les implications d'une telle approche relativement à
l'accessibilité à ce programme de médicaments à
travers le Québec.
D'autre part, il faut aussi se préoccuper d'un aspect dans la
préparation des listes et essentiellement de ne pas faire plus de choix
qu'il est absolument nécessaire pour la saine administration du
régime. La liste elle-même est déjà l'objet,
à l'occasion, de certaines critiques auxquelles, je pense, il est
possible d'apporter des réponses puisqu'il y a là aussi des
consultations avec les organismes professionnels, critiques qui sont
basées sur l'exclusion de certaines marques ou de certains
médicaments de la liste.
Il serait possible évidemment d'avoir une liste de 40,000
médicaments au lieu de 4,000, mais encore une fois il s'agit de savoir
où s'arrêter. Si l'on devait non seulement exclure certains
médicaments, mais n'inclure que certains formats, même des
médicaments acceptés, l'on interviendrait peut-être
davantage dans certaines habitudes presque professionnelles des pharmaciens,
qui peuvent avoir à déterminer en fonction de la fréquence
de consommation des quantités qu'ils veulent acheter.
Encore une fois je ne ferme pas la porte à une possibilité
d'évolution de ce côté puisqu'il est évident que, si
l'on développe une autre approche, il pourra sembler opportun d'utiliser
dans tous les cas les formats les plus considérables qui donnent
ouverture à des escomptes ou à des réductions pour le
volume. C'est d'ailleurs en se servant de cette approche que nous avons
diminué unilatéralement le prix affiché pour un certain
nombre de médicaments et que nous avons réalisé des
économies.
Mais, étant donné que toute restriction entraîne
certaines frictions et dérange certaines habitudes dans la distribution
des médicaments, ces restrictions ne devraient intervenir que
lorsqu'il existe des économies potentielles de quelque substance
à réaliser pour le régime. Lorsque le coût total
d'achat de certains médicaments est inférieur à $10,000
pour l'ensemble du réseau pour toute une année, l'économie
qu'on peut réaliser en choisissant un seul format, par rapport à
deux ou trois qui offrent beaucoup plus de flexibilité pour le
pharmacien et peut-être des possibilités de services meilleurs, ne
semble pas en valoir la chandelle.
Mais, très certainement, du côté des
médicaments à fort volume, il y a un effort à faire. La
suggestion du député de Frontenac à l'effet d'utiliser
à ce moment-là, ce serait très raisonnable, les plus forts
volumes serait sans doute retenu. D'ailleurs je pense qu'implicitement c'est ce
qui a été fait par les prix pondérés. On a pris
acte des réductions obtenues par les pharmaciens pour les achats en
grande quantité.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Frontenac.
M. LECOURS: M. le Président, j'aimerais savoir si les compagnies
canadiennes-françaises ou du moins celles qui produisent ici dans la
province de Québec sont favorisées sur votre liste. Beaucoup de
compagnies ou de représentants de compagnies qui passent chez moi se
plaignent souvent que de petites compagnies de l'Ontario ont la
préférence parfois vu qu'elles vendent à des prix beaucoup
plus bas que chez nous.
M. FORGET: II n'y a aucune préférence implicite ou
explicite au niveau des prix, puisque la liste se borne à
énumérer des médicaments qui satisfont à un certain
nombre de critères professionnels ou techniques et à
énumérer les prix que les fabricants affichent, pour la
distribution de ces médicaments. Donc, s'il y a une discrimination au
niveau des prix, elle est faite par les fabricants eux-mêmes qui ont des
pratiques de prix différentes de ceux de leurs concurrents.
Depuis l'introduction, dans les éditions successives de la liste,
on a vu une proportion croissante de produits fabriqués au
Québec. On a vu également un élargissement de la
concurrence pour toutes les catégories de produits.
M. FORGET: ... Le nombre de dénominations je pourrais
avoir ce chiffre-là cet après-midi si on le juge suffisamment
important pour lesquelles il n'y a qu'un seul fabricant a diminué
de façon très sensible entre les différentes
éditions de la liste. Il y a une concurrence accrue, il y a une
fabrication accrue au Québec, encore que, pour ce qui est de la
fabrication au Québec, comme on le sait, les substances de base sont, en
totalité, importées. Il s'agit essentiellement d'un
conditionnement des produits qui se fait à différents niveaux au
Québec, mais il s'agit toujours de conditionnement et parfois seulement
de réemballage, comme on le sait. Plus l'entreprise est petite, plus la
proportion de valeurs ajoutées au Québec est faible.
J'aimerais faire un commentaire sur l'élément qualitatif
et les considérations qualitatives. Le Québec, contrairement
à une autre province qui est l'Ontario, n'a pas opté pour un
régime ou pour un service d'évaluation qualitative des
médicaments inscrits sur la liste. Pour le faire, il aurait fallu
installer des laboratoires d'expertise extrêmement coûteux dont la
fonction aurait largement fait double emploi avec d'autres laboratoires du
même genre qui pourraient exister, si la même attitude était
prise par chaque province, dans chacune des dix autres provinces et au niveau
fédéral également.
Nous avons pris, au contraire, l'attitude d'utiliser au maximum les
évaluations qui sont faites sur le plan canadien et nous nous sommes
intéressés à discuter, avec les responsables du programme
d'inspection de la qualité des médicaments, de
l'établissement d'un échéancier ou d'une liste de
médicaments qui devait faire l'objet d'une évaluation qualitative
en priorité. Là encore, ce qui nous a inspirés, c'est
d'inscrire en priorité sur cette liste, dont le principe a d'ailleurs
été accepté par les responsables fédéraux du
programme, les médicaments à haut volume. Actuellement, il y a
une référence qui est contenue au manuel des médicaments
à la norme GP-4 qui est une norme de fabrication, qui s'applique aux
fabricants comme tels et qui est basée sur une inspection des
installations matérielles qui servent à la fabrication.
Il y a un programme qui est très ambitieux, soit le programme
QUAD dont on a entendu parler. C'est un véritable programme
d'évaluation des médicaments, non seulement du médicament
une fois pour toutes, mais même de chaque lot de médicaments sur
une base d'échantillonnage. Ce programme QUAD est à ses
débuts, mais tout nous permet d'espérer que, d'ici à la
fin de l'année prochaine, suffisamment de médicaments auront fait
l'objet d'une évaluation qualitative de ce genre-là qui comporte
à la fois un test chimique et un test de bio-disponibilité,
c'est-à-dire l'évaluation de la capacité de l'organisme,
du métabolisme d'accepter et d'utiliser les éléments
actifs avec une certaine efficacité.
Ces tests seront donc très complets et ils seront utilisés
dès qu'ils seront disponibles pour permettre l'inclusion ou l'exclusion
d'un produit de la liste. Pour le moment, nous en sommes à des normes de
fabrication et essentiellement à une consultation avec les milieux
professionnels sur l'inclusion ou l'exclusion possible d'un
médicament.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Frontenac.
M. LECOURS: M. le Président, nous les médecins, souvent,
sommes inquiets de voir un produit comme le nitropurantoïne, à 50
milli-
grammes disons, coté à $0.09 pour 25 comprimés
alors qu'une autre compagnie, disons celle qui le vend le plus cher, le cote
à $2.58 pour 25 comprimés. Vu que c'est un produit qu'on emploie
dans l'infection urinaire, pour des maladies assez sérieuses, est-ce
qu'on peut se fier au premier médicament vendu à 25
comprimés pour $0.09?
M. FORGET: C'est la question à laquelle on est impatient
d'apporter une réponse. Encore faut-il, pour le faire, que des tests
soient faits. Ces tests, comme on le sait, sont effectués par le
programme QUAD qui est à ses débuts. Nous avons pris la
décision de ne pas doubler un tel programme. L'Ontario avait pris, au
début, la décision de faire elle-même ses tests; elle vient
de renverser la vapeur de ce côté-là, puisqu'ils s'en
allaient dans la direction d'un programme extrêmement coûteux qui
ferait double emploi avec le programme fédéral. Il y a eu une
rencontre des principaux responsables des programmes
d'assurance-médicaments récemment, groupant le
fédéral et les provinces qui se sont mis d'accord sur un
programme d'évaluation qualitative des médicaments et sur la
nécessité d'établir une liste des priorités.
Ce sont ces résultats que nous devons attendre, à moins de
mettre sur pied tout un mécanisme, tout un laboratoire d'expertise dont
on ne voit pas la nécessité tant et aussi longtemps que ces
mécanismes prévus nous donneront satisfaction.
L'écart que l'on cite quant aux médicaments est un
écart communément observé. J'ai ici la publication de
l'Ontario du programme "par cost" qui a eu principablement pour but de
sensibiliser les professionnels impliqués, les médecins, les
pharmaciens et aussi le public sur les écarts très
considérables des médicaments que l'on retrouve dans à peu
près toutes les catégories. Cela va d'un rapport de un à
dix pour certains médicaments, très peu nombreux, mais le rapport
est assez important pour plusieurs autres. Tout ce que l'on peut faire, dans le
moment, c'est souligner l'existence de ces écarts et attirer l'attention
des professionnels sur la nécessité pour eux de bien comprendre
que s'ils prescrivent le médicament le plus cher, alors qu'ils font
encourir un coût additionnel et évitable aux patients, ils doivent
avoir pour cela une raison professionnelle assez bien fondée,
puisqu'autrement, ils risquent de prescrire simplement en se faisant
l'écho d'un effort publicitaire plus intensif qui est fait pour
certaines marques et qui correspond d'ailleurs parfois aux coûts les plus
élevés dans certaines catégories de
médicaments.
Pour le moment, tant que nous n'avons pas un barème ou un
critère objectif basé sur une évaluation scientifique, on
ne peut faire autre chose que d'attirer l'attention des professionnels en
donnant tous les prix, en remboursant tous ces médicaments, qu'ils
soient chers ou pas chers, et en faisant porter sur eux la responsabi-
lité de s'assurer que s'ils prescrivent un médicament qui est
plus cher que celui dont le coût est plus modique dans une liste
déterminée, ils ont pour ça des raisons professionnelles
dont ils sont raisonnablement certains. Autrement, c'est un coût
additionnel qui est évitable. Depuis le 1er février, cette
décision se prend effectivement en deux paliers puisque non seulement le
médecin jouit-il d'une discrétion quant aux produits qu'il
prescrit, mais le pharmacien est autorisé à faire une
substitution. Les mêmes conseils de prudence s'adressent aux pharmaciens
de ne pas utiliser le droit de substituer au détriment du patient, mais
afin de le diriger vers une marque qui semble également efficace et qui
est de coût plus modeste.
M. LECOURS: Est-ce que le pharmacien peut, pour revenir à notre
fameux produit tétracycline, donner un médicament qui
coûterait plus cher au gouvernement, même si on prescrit la
tétracycline? Ou est-ce qu'il doit en choisir un qui coûte moins
cher, qui est moins dispendieux?
M. FORGET: La substitution comme telle n'a pas été
adoptée pour des raisons d'économie, mais pour une raison de
liberté dans l'exercice professionnel.
Maintenant, nous sommes conscients du fait que maintenant qu'elle
existe, elle crée une situation nouvelle sur le plan des coûts,
qui fait partie du contexte dont je discutais tantôt et qui nous
amènera peut-être à redéfinir les conditions de
remboursement des médicaments selon la liste. Cela fait partie de nos
préoccupations. Maintenant, l'introduction de cette loi est un
événement trop récent pour avoir déjà
changé les habitudes. Nous avons le sentiment qu'il faut suivant
d'ailleurs l'expérience de certaines autres provinces, comme la
Saskatchewan, où la substitution est en vigueur depuis plus longtemps
plusieurs années avant que la substitution effectuée par
le pharmacien devienne véritablement significative.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Vanier.
M. DUFOUR: M. le Président, j'aimerais demander au
ministère si les pharmacologues étudient la possibilité,
présentement, de réintégrer dans le formulaire certains
médicaments combinés qui nous rendraient énormément
service lorsqu'il nous arrive de soigner des malades. Il y a des gens qui,
parfois, vont jusqu'à absorber 40 à 60 pilules par jour, alors il
ne reste pas grand place pour le steak et les légumes. Un malade peut
avoir plusieurs maladies concomitantes et à ce moment, on est pris, avec
le médicament non combiné, à lui prescrire parfois des
quantités astronomiques de médicaments qu'il doit absorber par la
bouche.
C'est malheureux mais je crois qu'il y a des médicaments
combinés qui sont excellents, qui
nous ont rendu d'excellents services. Une fois qu'ils sont
combinés, ils ne reviennent pas plus cher que les médicaments
uniques. Ce serait peut-être une économie pour le ministère
et, en plus, cela rendrait énormément service. Au lieu de prendre
trois pilules, si vous en prenez seulement une vous avez l'air beaucoup moins
malade et vous vous croyez beaucoup moins malade que si vous prenez trois
pilules du coup. Alors, si vous en prenez trois, plus trois autres, plus trois
autres, finalement vous pouvez prendre jusqu'à douze pilules de suite,
admettons qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre chaque pilule. Mais je
crois qu'il faudrait étudier certainement, dans un avenir
rapproché, la possibilité de réintégrer certains
médicaments combinés.
M. FORGET: M. le Président, en effet, la première ou
peut-être la seconde même édition de la liste ne contenait,
je crois, aucun médicament combiné. L'édition de janvier
dernier inclut entre 70 et 80 médicaments combinés. Il n'est pas
du tout exclu que la liste de médicaments combinés s'allonge.
L'inscription d'un médicament, en plus de s'assurer qu'elle satisfait
à différentes normes de fabrication et qu'elle correspond
à un besoin dépend, dans une large mesure, des demandes
spécifiques qui sont faites et des discussions qui ont lieu avec les
groupes professionnels.
Maintenant, il est clair que le très grand nombre de
médicaments qui existent sur le marché s'explique, en grande
partie, par la combinaison presque infinie de différents
ingrédients actifs ou de différents éléments actifs
que l'on retrouve dans des proportions diverses dans plusieurs marques de
commerce. L'effort publicitaire et l'effort concurrentiel de certains
fabricants ont parfois comme résultat la production d'une combinaison
légèrement différente de ses concurrents. Si l'on devait
accepter en principe, en bloc, toutes les combinaisons, on ouvre le
régime à une situation presque incontrôlable, situation qui
serait aussi peut-être c'est certainement le sens des
préoccupations dont s'est fait l'écho le comité
consultatif de pharmacologie préjudiciable à la
santé du public étant donné que la multiplication des
combinaisons rend plus difficile la médication étant donné
les interactions possibles de plusieurs substances que l'on trouve
présentes dans le même médicament.
C'est la crainte de ces interactions qui explique, pour une large part,
la prudence avec laquelle on introduit les médicaments combinés
surr la liste. Ils ne sont pas exclus. La liste s'est rapidement
développée sous cet aspect, récemment. Il n'y a aucune
exclusion de principe, sauf une indication générale de prudence
que les médicaments combinés, qui sont inscrits sur la liste,
doivent correspondre à un besoin bien connu et bien
caractérisé par les professionnels, dans le secteur.
M. DUFOUR: Une autre question, M. le Président. Certains
hôpitaux ont la possibilité de donner des médicaments aux
cancéreux, de fournir les médicaments aux cancéreux.
Certains autres hôpitaux ne le peuvent pas, même s'ils soignent des
cancéreux. Il y a certains cancéreux, qui sont soignés
dans mon hôpital, où on ne fournit pas les médicaments et
on les astreint à payer des médicaments extrêmement
dispendieux, qui vont parfois jusqu'à $75 par mois, alors que s'ils se
font soigner dans un autre hôpital, ils ont droit à ces
médicaments. Est-ce que c'est possible et est-ce que l'on peut
remédier à cet inconvénient?
M. FORGET: La situation, à laquelle vous faites allusion, tire
son origine d'un épisode durant lequel un certain programme conjoint
fédéral-provincial a permis d'offrir certains médicaments
gratuits pour le traitement de certaines affections comme le cancer, comme
également le glaucome ainsi que la fibrose kystique. Ces subventions
spéciales ont été données, à l'origine,
à un nombre limité de centres hospitaliers qui disposaient, dans
ces secteurs, d'un centre de spécialisation, soit pour le traitement du
cancer, du glaucome ou de la fibrose kystique.
Lorsque ces subventions ont été interrompues, le
problème de continuité s'est posé puisque des pratiques
avaient été établies pendant plusieurs années et la
gratuité a été continuée dans un régime
partiel. C'est à cela que je faisais allusion tantôt, lorsqu'en
réponse à une question j'ai indiqué qu'il y a ces
régimes partiels de gratuité de médicaments, qui,
d'ailleurs, ne sont pas limités à ces trois cas mais qui
s'étendent également aux malades souffrant de tuberculose, dans
les anciens sanatoriums, ainsi qu'aux malades psychiatriques qui sont suivis en
externe dans certains centres hospitaliers.
Ces cinq catégories de bénéficiaires constituent en
quelque sorte des malades chroniques, qui doivent encourir des coûts de
médication assez élevés. Cette situation en vertu de
laquelle seulement certains centres hospitaliers sont habilités à
distribuer ces médicaments fera l'objet d'un examen de notre part, de
façon à voir de quelle manière on peut en faire un
régime plus généralement accessible, encore que la
médication ne doit pas être divorcée des autres services
professionnels. Il est important de ne pas avoir à utiliser un
régime de médicaments gratuits pour certaines maladies
spécifiques comme substitut à l'existence de ressources
spécialisées pour le traitement suivi de ces cas. Donc, je pense
qu'il sera probablement nécessaire de maintenir un lien entre certaines
ressources, certaines cliniques spécialisées dans le traitement
de certaines maladies et la possibilité, pour ces cliniques, de
distribuer des médicaments lorsque cela s'impose, dans certains cas bien
définis.
Mais les deux ne devraient pas être divorcés. Je pense
qu'il n'est pas possible d'envisager une distribution gratuite par n'importe
quel hôpital de toute une catégorie de médicaments sans
qu'il y ait là les ressources spécialisées
nécessaires pour assurer que cette accessibilité ne donne pas
lieu à des abus ou alors à une médication qui se continue
au-delà du besoin qui lui a donné naissance.
M. DUFOUR: Mais si le centre peut fournir un spécialiste qui
soigne le cancer par la chimiothérapie, qui est habilité et
reconnu, je crois qu'on doit lui donner tous les moyens pour rendre service
à une population donnée. Autrement, vous n'avez pas de centre,
à Québec, assez grand, même à Montréal, pour
prendre tous les cancéreux. Alors, il faut diversifier. Il faut soigner
les cancéreux à tous les hôpitaux.
Comme vous le savez, la chimiothérapie prend beaucoup de vogue
présentement. On en fait beaucoup. A l'hôpital, supposons que
c'est payé mais, dès que le malade sort de l'hôpital, cela
lui prend une médication per os, par la bouche, et on ne paie pas ces
médicaments. Je crois que le cancéreux, c'est un être qui
doit attirer notre sympathie plus que les autres et je crois qu'on devrait
payer les médicaments.
C'est une idée personnelle que j'ai.
M. FORGET: Je suis d'accord avec le député. C'est un
problème important que ce problème d'accessibilité
à des médicaments gratuits pour certaines affections chroniques
qui entraînent des coûts, en médicaments, extrêmement
élevés. Les quelques cas qu'on a mentionnés sont des
bonnes illustrations de cela. Nous sommes conscients de la
nécessité de nous assurer que l'accessibilité est aussi
générale que possible, compte tenu des remarques qu'on a faites
sur la nécessité que ce soit contrôlé par un
spécialiste dans le domaine de la maladie en question.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Frontenac.
M. LECOURS: M. le Président, je vais renchérir sur les
avancés de mon confrère, le député de Vanier. Chez
moi, très souvent, j'ai l'occasion de référer des
patients, à Sherbrooke ou à l'Hôtel-Dieu de Québec,
à des spécialistes qui traitent plus spécialement les
maladies cancéreuses. On nous les retourne, chez nous, avec souvent des
médicaments et des ordonnances mais ces personnes doivent se
déplacer régulièrement pour revenir à Québec
ou à Sherbrooke chercher leurs médicaments. Ce ne sont pas tous
des millionnaires, ces patients. Ils ne peuvent même pas travailler, ils
sont trop malades pour travailler.
Je pense que c'est une injustice envers les patients qui demeurent loin
des grands centres, qui ne peuvent pas recevoir gratuitement leurs pansements,
leurs médicaments, tel que mentionné par le Dr Dufour.
M. FORGET: M. le Président, c'est un problème réel,
mais nous avons aussi expérimenté cette situation dans le cas des
malades psychiatriques, il y a quelques années, et nous avons
constaté une situation aberrante à cet égard: la
distribution, par certains centres hospitaliers, de médicaments par la
poste, pour des durées indéfinies sans qu'il y ait,
périodiquement, un contrôle sur l'effet de la médication,
le besoin de continuer une médication. Il est clair qu'il peut y avoir
des aménagements pour des périodes de temps limitées, pour
faciliter la distribution des médicaments, et l'accessibilité
dans des cas où certains régimes particuliers de gratuité
existent. Mais il serait très dangereux de généraliser la
pratique de la distribution, par le courrier, de médicaments sans la
supervision professionnelle qui s'impose. C'est la raison pour laquelle, s'il
n'existait pas de ressources spécialisées adéquates dans
un milieu, c'est la seule solution, qui est, malgré tout,
peut-être préférable à l'autre, soit que le patient
assume lui-même le coût total de sa médication, dans
certains cas comme la fibrose kistique, par exemple, qui peut être une
dépense absolument incontrôlable pour une famille de revenus
moyens.
Alors, un moindre mal, c'est peut-être une visite
périodique de contrôle pour vérifier l'effet de la
médication et renouveler les prescriptions.
C'est probablement la seule ressource que l'on a, de toute façon,
si on ne peut pas multiplier les ressources spécialisées dans
tous les milieux.
M. DUFOUR: J'admets votre point de vue, il est excellent, à moins
qu'il y ait un contrôle. Mais si le spécialiste qui a
traité le cancéreux à l'Hôtel-Dieu de Québec
retourne son malade disons à Thetford-Mines, le médecin sur place
a le dossier en main et contrôle la médication. Il est là,
c'est lui qui contrôle la médication et qui peut dire: On continue
ce mois-ci. Je ne suis pas pour qu'on envoie des médicaments par la
poste. C'est aberrant cette chose, mais que le médecin sur place
vérifie, voie son malade au moins une fois par mois pour dire: on
répète encore ce mois-ci, ou on communique avec le
spécialiste, on vous retourne dans le centre spécialisé.
Je crois que le problème est à étudier, il y a quelque
chose à faire. Je ne sais pas ce qu'on peut faire mais il faudra se
pencher sur ce problème.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, je ne veux pas prolonger le
débat, je voudrais simplement poser une question au ministre. Il me
semble que, dans ce cas-ci et personnellement des gens sont venus me
voir au bureau avec les mêmes problèmes que celui que
soulève le docteur Dufour, qui étaient non pas des
assistés sociaux mais des gens à faible revenu c'est une
question qui se rattache à celle que l'on discutait tout à
l'heure par rapport aux médica-
merits aux personnes âgées, qui sont des cas
frontières. Peut-il exister, à l'intérieur du
ministère, un endroit où on étudie des mesures pilotes
d'aide avant qu'un certain régime ou un règlement soit
établi d'une façon universelle de façon à tenir
compte de ces cas marginaux? Je prends comme exemple ces cancéreux. Moi
j'en ai eu, en tout cas, qui ne recevaient pas encore l'assistance sociale, et
dont l'épouse devait recevoir ces médicaments aussi dispendieux
que le soulignait le député de Vanier ou le député
de Frontenac tout à l'heure. Elle était vraiment dans
l'impossibilité de les prendre ailleurs et elle tenait à se faire
soigner par tel type de médecins qui soignait à tel
hôpital.
Est-ce qu'il y a un endroit quelconque, à l'intérieur du
ministère, où on pourrait s'adresser pour certains cas marginaux,
de façon que le ministère monte des dossiers, que ce soient des
expériences pilotes, avec toute la relativité nécessaire,
et qui pourraient aider éventuellement à l'établissement
d'une politique?
M. FORGET: M. le Président, l'établissement de
régimes pilotes pour la gratuité de n'importe quel service
il est à peu près sûr que les gens aiment mieux la
gratuité que l'absence de gratuité n'est pas susceptible
de nous apprendre rien qu'on ne peut pas soupçonner au départ. La
difficulté étant, bien sûr, d'étendre à plus
de catégories de bénéficiaires à la fois qu'il
n'est financièrement possible de le faire des programmes qui ne sont pas
encore universels. Lorsque nous considérons le problème des
médicaments, il existe des catégories assez facilement
identifiables dont une partie est couverte actuellement, c'est-à-dire
les assistés sociaux, pour une part, les personnes âgées
qui n'ont pour seul moyen de subsistance que les pensions qu'elles
reçoivent de l'Etat et, en troisième lieu, c'est ce sur quoi nous
discutions juste avant la deuxième question, ce sont certaines maladies
chroniques qui font que le coût de médication devient
véritablement un fardeau financier considérable.
Pour la personne qui, durant l'année, va avoir à remplir
une ordonnance, de façon très occasionnelle il faut
peut-être se souvenir que, même si le prix des médicaments
est élevé, le prix moyen d'une ordonnance médicale est de
l'ordre de $3.50, je crois même si elle a des revenus modestes,
à condition qu'il s'agisse d'une expérience qui ne se renouvelle
pas fréquemment, il ne s'agit pas d'un problème aussi
considérable que certains autres frais que l'on pourrait
considérer comme des candidats à des régimes universels.
Mais, lorsque la maladie devient chronique, lorsque les dépenses
deviennent régulières à tous les mois, et ça
indéfiniment, là on a la possibilité de problèmes
sérieux sur le plan d'une insuffisance de revenus. Mais c'est un peu
l'effort qui est esquissé et c'est peut-être dans cette mesure un
effort expérimental que ces régimes partiels de gratuité
de médicaments aux malades psychiatriques, qui sont souvent
évidemment marginaux quant aux revenus dont ils peuvent disposer et pour
qui la médication peut être très lourde, en termes
financiers, à supporter s'ils ont à le faire entièrement.
Il y a aussi la fibrose kystique qui affecte des enfants et qui engendre des
frais de médicaments de $600, $700 ou $800 par année, sans
difficulté, et les maladies pour lesquelles toutes sortes de
considérations humanitaires, le cancer par exemple, indiquent qu'une
aide peut être appropriée et même nécessaire,
où le coût des médicaments peut être
élevé, d'ailleurs, lorsqu'une chimiothérapie se
révèle opportune.
Ce sont peut-être là des projets, si vous voulez,
expérimentaux qui ne sont pas encore tout à fait
généralisés, comme le député de Frontenac
l'a souligné et également le député de Taschereau,
mais qui nous permettront d'évaluer l'expérience qui a
été faite depuis quelques années et puis d'assouplir ou
d'améliorer les mécanismes de distribution. Si l'on a vraiment
des réponses pour les maladies prolongées, à
caractère chronique, qui requièrent une médication
soutenue, on aura fait beaucoup, je pense, pour diminuer le problème
auquel on vient de faire allusion.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Elément 1, programme 3?
M. CHARRON: Pour autant que ça ne termine pas la discussion sur
l'assurance-maladie, je veux bien adopter n'importe quel
élément.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Sur l'assistance-maladie? Cela
dépend, si vous avez encore d'autres questions à poser
là-dessus.
M. CHARRON: C'est parce qu'on s'est entendu pour faire le débat
sur l'assurance-mala-die ici; c'est d'ailleurs pourquoi on a la présence
de M. Martin. Nous n'avons discuté jusqu'ici que d'un aspect, celui des
médicaments et il y en a d'autres. Le ministre lui-même a fait
remarquer que l'entrée en vigueur du régime d'assurance-maladie
nous mettait sur la voie où, d'année en année, nous
allions évaluer la possibilité d'étendre la couverture de
ce régime. Au cours de la dernière année, un pas
considérable et fort appréciable a été fait dans le
domaine des soins dentaires pour les enfants de 0 à 8 ans. Est-ce que,
en tout premier lieu, je peux demander au ministre s'il est possible de
déposer une copie de l'entente avec les dentistes, qui est survenue sur
cet article?
M. FORGET: Oui, cela a été distribué aux media
d'information le jour où cela a été annoncé. C'est
un document public, on peut en obtenir des copies; j'en aurai probablement cet
après-midi, suivant le nombre; c'est un document de plusieurs pages.
M. CHARRON: D'accord. M. le Président, l'année
dernière, nous avions eu une longue discussion je n'ai pas
l'intention d'y revenir sur l'étendue, le choix, comme le dit le
ministre lui-même, ou les frontières que l'on a mises à ce
régime. Le choix de 0 à 8 ans avait été largement
explicité par le prédécesseur du ministre actuel et avait
fait, je pense, le consensus de la commission à l'époque. Il nous
avait également expliqué pourquoi, entre le choix de 0 à 8
ans et le choix de 7 à 15 ans, on avait plutôt choisi le premier
groupe d'âge qui, à l'époque, totalisait environ 540,000
enfants, si les chiffres sont exacts.
On nous avait dit que, si le programme couvrait plutôt les enfants
de 7 à 14 ans, le nombre aurait été de 942,000. Cela veut
dire que, si on étendait de 0 à 14 ans les deux groupes à
la fois, c'est 1,482,000 personnes au lieu de 540,000, et les coûts
auraient été de l'ordre d'à peu près $15
millions.
Est-ce que c'est toujours la même estimation que l'on a cette
année, quant à l'étendue générale du
programme de 0 à 14 ans? Est-ce que l'évaluation, si on prend
comme guide l'entente survenue avec les dentistes, totaliserait encore le
même montant de $15 millions?
M. FORGET: C'est sensiblement les mêmes chiffres, mais
peut-être M. Martin peut-il donner des précisions
là-dessus.
Ce sont les mêmes chiffres puisque l'expérience, qui n'a
pas été faite encore avec le programme de 0 à 8 ans, n'a
pas démontré que les estimations sont excellentes ou doivent
être modifiées. Pour l'instant, disons que ce sont les
données qu'on conserve comme estimation préliminaire.
M. CHARRON: En fait, M. le Président, je vous l'ai dit, je ne
veux pas reprendre tout ce débat, le choix a été fait et
le programme est en vigueur. Il reste que pour une catégorie d'enfants,
si vous me permettez l'expression, il s'agit maintenant de droits acquis. Ces
enfants, tous les jeunes Québécois entre 0 et 8 ans, ont
maintenant le droit d'avoir ces soins de façon totalement gratuite.
Pour le groupe pour qui le programme arrive alors qu'il est dans la
dernière année, c'est-à-dire le groupe qui bientôt
atteindra l'âge ou le programme ne le couvrira plus, est-ce qu'il est
possible de prévoir que ce programme prendra une extension annuelle? Le
groupe qui normalement devrait disparaître du groupe qualifiable
sera-t-il couvert d'année en année et le programme
connaîtra-t-il une extension en suivant l'enfant jusqu'à
l'âge de 14 ans, l'âge avec lequel nous avions travaillé
l'année dernière? Avant que le ministre me réponde non, je
veux savoir s'il en a fait une estimation mathématique,
financière, en même temps que politique? Parce que j'ai entendu
déjà un dentiste, je ne sais plus lequel en particulier de cette
profession, mais un homme que les dentistes avaient choisi pour être leur
représentant, qui exprimait le danger que les soins soient interrompus
en fin de compte pour des raisons financières, à un moment
où l'enfant en est à sa deuxième dentition.
Il est toujours plus important, et on en avait convenu l'année
dernière, que ce soit la première dentition, pour un nombre
considérable de raisons, qui soit couverte par l'Etat; donc, le choix de
0 à 7 ans était à cet égard justifié. Mais
il serait extrêmement malheureux qu'un enfant, qui à l'âge
de 6, 7 ou 8 ans, se trouverait à bénéficier des soins,
ait à abandonner ces soins pour des raisons financières au moment
où il en est à sa deuxième dentition et où il peut
avoir plus largement besoin de ce service qu'en tout autre temps.
De 0 à un an ou de un an à deux ans, il est très
difficilement pensable qu'un enfant, à moins de circonstances vraiment
pénibles, ait à bénéficier de cette gratuité
de services. Est-il pensable qu'un enfant qui actuellement
bénéficie des services verra ce service le suivre quand il aura
9, 10 ans, graduellement?
M. FORGET: Tout est pensable lorsqu'il s'agit de savoir de quelle
manière les frontières, pour reprendre l'expression que vous
m'avez attribuée, probablement avec raison je ne me souviens plus
du mot que j'ai utilisé les frontières d'un régime
de gratuité de services et de soins peuvent être
repoussées. On peut imaginer, si l'on adopte l'hypothèse que vous
avez faite, que le régime se développe de la manière que
vous indiquez, en ajoutant un groupe d'âge, année par
année. Mais il est aussi possible de considérer d'autres
façons de faire évoluer le régime et ceci peut-être
à la lumière de l'expérience qui sera faite durant la
première année.
Il demeure vrai, de toute manière, qu'à moins d'envisager
ce qui n'a jamais été le cas que le régime
s'appliquerait dans un avenir prévisible et immédiat à
l'ensemble de la population, rendu à 18 ans, si c'est là que l'on
fait se terminer l'enfance, une partie des arguments que vient de
présenter le député de Saint-Jacques pourrait
également s'appliquer. On dira ou on pourrait dire à ce
moment-là: Une personne qui, depuis sa naissance, a reçu des
soins devrait-elle être mise dans la situation de devoir les interrompre
ou les faire cesser alors qu'elle parvient à la maturité,
à sa majorité? C'est une question qu'on peut sans doute
poser.
On peut sans doute souhaiter aussi c'est un souhait que je fais
en même temps que le député de Saint-Jacques et tous les
membres de la commission, sûrement que l'on puisse étendre
le régime de manière à en faire bénéficier
tout le monde. Cependant, c'est peut-être une approche un peu
individualiste au problème de la santé dentaire. Il faudra aussi
se poser la question: Est-ce qu'il est plus important de prolonger dans la
même lignée ou de s'assurer
qu'effectivement l'ensemble du groupe d'âge déjà
couvert reçoit les services prévus dans le régime? Il y a
un aspect d'éducation à la santé dentaire dans ce
régime qui est important, quelle que soit la limite d'âge qui le
définit, qui permet de dire qu'indépendamment des services qui
sont fournis, il y a aussi une certaine habitude à la
fréquentation du cabinet du dentiste qui est acquise durant cette
période, indépendamment de toute considération de revenu
parce que tous les dentistes, ou du moins un certain nombre de ceux avec qui
j'en ai parlé, sont persuadés qu'une certaine partie de leur
clientèle, même de revenu moyen ou supérieur à la
moyenne, considère tout simplement comme superflue la consultation du
dentiste alors que la dentition permanente n'est pas encore apparue.
Il y a donc un élément d'éducation à faire
et il faudra s'assurer que cette base d'éducation à la
santé dentaire soit véritablement générale. C'est
peut-être là une dimension moins individualiste des objectifs du
programme, mais qui me paraît tout aussi importante, de s'assurer que ce
régime se réalise pleinement pour un groupe d'âge
quelconque; c'est aussi une dimension concevable de l'expansion du programme.
Il n'y a pas encore de décision qu'il soit nécessaire de prendre
quant à l'expansion du programme puisqu'on vient tout juste de le mettre
en vigueur. Encore une fois, c'est un peu l'expérience qui s'accumulera
au cours des prochains mois qui nous permettra de voir où sont
véritablement les priorités dans le développement. Est-ce
tout simplement plus de la même chose ou si c'est un peu autre chose,
mais peut-être pour un peu la même clientèle?
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne vois pas en quoi, M. le ministre, vous
trouvez que l'approche dont vous parlez, l'éducation dentaire, le fait
d'amener les jeunes à la fréquentation des bureaux de dentistes,
indépendamment des coûts dentaires, puisse être une approche
moins individualiste que celle mise de l'avant par le député du
comté de Saint-Jacques à l'effet d'augmenter d'un an à
chaque année, par règlement ou autrement, d'une façon
très stricte la couverture de manière que les enfants de 8 ans
qui, aujourd'hui, bénéficient de la gratuité des services
et reçoivent même certains soins ne soient pas en dehors du
service tout de suite à partir de l'année prochaine mais, au
contraire, puissent continuer la fréquentation, comme vous dites, des
bureaux des dentistes avec la différence que ce serait d'une
façon tout à fait gratuite.
C'est drôle mais je suis porté à croire que notre
approche est beaucoup moins individualiste que la vôtre, à moins
qu'on nous dise qu'il y a des sommes énormes à mettre sur
l'éducation dentaire dont parle M. le ministre.
M. FORGET: M. le Président, il me fait plaisir de saluer le
député de Chicoutimi. Je pense qu'il arrive à point
nommé puisqu'on est sur le point d'aborder la santé. Je souhaite
qu'il soit parfaitement rétabli.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'ai eu l'occasion de visiter l'hôpital de
Chicoutimi...
M. FORGET: Cela vous a permis de voir par l'intérieur...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... de voir ses laboratoires, sa clinique
d'urgence et sa clinique externe. Les recommandations qu'on fait et les
plaintes sont justifiées en grande partie, M. le ministre.
M. FORGET: Je suis désolé de voir que, pour se documenter
sur l'état du réseau, il lui ait fallu traverser
l'expérience personnellement.
J'espère qu'il n'en fait pas de reproche au service
d'information.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne suis pas allé aux soins dentaires;
je suis allé à l'hôpital.
M. FORGET: La distinction que j'ai faite est basée sur la
façon dont la question m'a été posée,
peut-être, par le député de Saint-Jacques, en parlant de
droits acquis. Si l'on considère le problème sous cet angle,
c'est-à-dire d'un droit acquis à l'individu qui a
bénéficié de soins gratuitement jusqu'à l'âge
de huit ans de recevoir une continuation du régime, c'est un peu en
pensant à ça que j'ai songé à une approche
individualiste. Il demeure que, même s'il ne continuait pas à
recevoir des soins gratuits, comme je l'ai indiqué, arrivé
à 18 ans au moins, le programme actuel ne dépasserait pas
l'âge de 18 ans dans l'avenir prévisible le même
problème pourrait se poser, la même question pourrait être
formulée. Mais je pense qu'au-delà des services qu'il a
reçus il a aussi contracté une habitude de fréquentation,
il a été sensibilisé à l'importance de la
santé dentaire. La santé dentaire qu'on lui aura permis de
conserver ou même d'améliorer jusqu'à l'âge de huit
ans aura préparé sa dentition permanente de manière plus
satisfaisante que ce ne serait le cas autrement. Même s'il y avait
interruption du régime, il y aurait déjà un acquis qui est
une sensibilisation, une éducation, une préparation, simplement
sur le plan de la dentition permanente qu'il a au moment où il a atteint
huit ans.
M. CHARRON: Justement, M. le ministre, peut-être que cette
éducation, cette sensibilisation à l'importance des soins
dentaires qu'il aura eues parallèlement à la gratuité des
soins, de zéro à huit ans encore une fois, je fais
référence au porte-parole des dentistes qui exprimait la grande
intention qu'avait cette profession d'accorder autant de soin au
côté préventif et à l'éducation qu'aux
services au cabinet importance qui deviendra quotidienne maintenant,
justifient que la personne en
question, une fois intéressée à la protection de
ses dents, veuille bénéficier de services adéquats par la
suite. Ce qui serait dommage, c'est qu'une fois rendus à neuf ans, alors
qu'ils sont sensibilisés à l'importance de visiter leur dentiste,
de suivre tous les traitements nécessaires, aussi bien préventifs
que curatifs, ces gens ne puissent pas pour des raisons financières le
faire. En fin de compte, cela ressemble à certaines initiatives locales
où on crée littéralement un besoin, où on
répond de façon parfois inadéquate à un besoin pour
le retirer par la suite, une fois que la clientèle s'y est
habituée. C'est le cas des garderies, c'est le cas de l'aide aux
personnes âgées et on est dans un cas, là. Je pense que
votre approche justifie exactement notre position également et qu'elle
justifie l'étendue progressive du régime, d'année en
année, pour suivre cette clientèle.
M. FORGET: Votre exemple est peut-être mal choisi, puisque, si on
comparaît vraiment aux garderies, c'est plutôt la situation
où l'enfant n'a plus recours aux garderies, parce qu'il est trop vieux,
que l'interruption de la subvention elle-même. Le programme va
continuer.
M. CHARRON: Vous ne voulez pas revenir là-dessus.
M. FORGET: Mais je n'ai pas indiqué qu'il ne se
développerait pas dans la direction d'une limite d'âge
supérieure. Vous m'avez posé la question: Est-ce concevable? J'ai
dit: Oui, c'est concevable. Il est également concevable de voir se
développer le régime d'une autre manière, si son
développement dans une autre dimension parait prioritaire par rapport
à celle-là. Il n'est pas question, je pense, de droits acquis.
C'est un concept qui ne semble pas s'appliquer dans ce cas.
M. CHARRON: Non, non, d'accord.
M. FORGET: Mais il me semble qu'il s'agit, en plus des services
reçus, de la préparation d'un enfant, de son éducation
à certaines dimensions de son état de santé. Il sera
important de savoir et de s'assurer que des mesures soient prises aussi, par
hypothèse, si ce n'était pas le cas, pour assurer une
accessibilité générale et aussi uniforme que possible au
moins à ces services de zéro à huit ans. Je pense que, de
ce côté, il aura des efforts qui paraîtront aussi
concevables.
M. CHARRON: Puis-je demander au ministre, M. le Président, ou
à M. Martin, qui possède peut-être ces chiffres, dans le
nombre d'enfants, combien d'enfants, actuellement, sont couverts par le
régime 0 à 8 ans?
M. FORGET: Environ 600,000.
M. CHARRON: Vous l'évaluez à 600,000.
Dans le groupe frontière des huit ans, ceux qui, l'année
prochaine, s'il n'y avait pas étendue du régime, le quitteraient,
de ce groupe, combien...
M. FORGET: De mémoire, ce sont des enfants qui sont nés
nous sommes en 1974...
M. CHARRON: 1966.
M. FORGET: ...huit ans avant en 1966. Il me semble que la
génération, cette année-là, était autour de
95,000 naissances. En gros, ce serait le chiffre qui me viendrait à
l'esprit mais il faudrait vérifier.
M. CHARRON: Donc, aux alentours de... M. FORGET: Autour de 95,000.
M. CHARRON: ...90,000 à 95,000 jeunes de huit ans. Est-ce que
l'on peut faire une projection financière, pour ces 90,000 jeunes qui
auront neuf ans l'année prochaine, si on devait leur assurer
également les soins comme ils les ont actuellement?
M. FORGET: On pourrait le faire assez grossièrement parce qu'on
connaît mal l'effet du programme...
M. CHARRON: Le coût.
M. FORGET: ...sur le plan financier. On a fait une estimation. Elle a
été publiée d'ailleurs. On dit que le programme pourrait
coûter, pour une année complète, environ $9,500,000, tel
qu'il est conçu actuellement. Mais, personnellement, j'ai des
réserves sur cette estimation, tant qu'on n'aura pas fait
l'expérience au moins de quelques mois de programme. Mais, si l'on fait
ça grossièrement, on pourrait dire qu'une tranche d'âge
pourrait représenter peut-être $1 million, comme première
estimation.
M. CHARRON: C'est $1 million à peu près.
M. FORGET: A peu près, j'imagine. Cela est fondé vraiment
sur des données très estimatives dans le sens qu'on n'a pas
l'expérience de la fréquentation du dentiste...
M. CHARRON: C'est dix fois le prix d'un ascenseur qu'on n'utilise pas,
à peu près.
M. FORGET: Je ne suis pas au courant du prix des ascenseurs.
M. CHARRON: Je vous ferai parvenir un document, M. Martin.
M. FORGET: Je l'ai lu.
M. CHARRON: Autre aspect, M. le Président, de
l'assurance-maladie. Le ministre y a fait allusion. Peut-être pourrais-je
l'inviter à élaborer plus longuement sur ce qu'il a men-
tionné tout à l'heure, les prothèses, ce qui
peut-être éviterait des questions que, de toute façon, j'ai
l'intention de lui poser.
Quelles sont les intentions? Quel est le programme à venir dans
l'étendue de la couverture du régime d'assurance-maladie au
chapitre, en particulier, des prothèses?
M. FORGET: L'intention est manifeste depuis près d'un an puisque
lors de l'adoption du projet de loi 21, en juillet dernier, l'inclusion dans la
couverture du régime des prothèses a été
spécifiquement prévue. Un comité a été
formé en septembre, je crois. Il m'a remis son rapport il y a environ
deux ou trois semaines. Ce comité était présidé par
un physiatre de Québec, le Dr Denis Jobin. Nous sommes actuellement
à considérer les implications de ce rapport pour une mise en
application d'un régime de gratuité des prothèses
orthopédiques.
La couverture exacte du régime a fait l'objet de certains travaux
du comité qui a été créé à cette fin.
Les recommandations du comité font, à leur tour, l'objet d'une
analyse pour ce qui est de l'application finale, définitive, formelle de
ce projet. Un certain nombre de questions administratives demeurent à
être réglées. Il faudra aussi, comme dans le cas de
l'assistance-médicaments, déterminer les prix. C'est une
responsabilité qui incombe au ministre de déterminer les prix.
Cette détermination ne peut pas être faite indépendamment
des mécanismes de distribution qui sont retenus. Enfin, la couverture
elle-même doit être précisée, comme je l'ai
indiqué tantôt.
De toute manière, ce sujet demeure à l'étude. Je
rencontrerai prochainement l'ensemble du comité pour discuter d'un
certain nombre de questions et d'interrogations que je me pose à la
suite de la lecture que j'ai faite de son rapport et d'une analyse sommaire qui
en a été faite.
M. CHARRON: Est-ce qu'il est possible que vous demandiez à ce
comité de reprendre son travail?
M. FORGET: Non. Je n'anticipe pas de lui demander de reprendre son
travail. Il a fait un travail excellent.
M. CHARRON: Mais sur certains points, je dis.
M. FORGET: Les interrogations que nous nous posons sont basées
sur la nécessité pratique d'administrer un régime alors
que le comité avait surtout pour but d'en définir la
configuration générale en allant simplement au-delà de la
prescription qui se trouve dans la loi: que le gouvernement peut rembourser des
prothèses.
Mais quelles prothèses, comment, distribuées de quelle
façon, jusqu'où, etc.? Alors on a apporté un certain
nombre de réponses, mais qui ne sont pas nécessairement
administrables comme telles sans un certain nombre d'autres décisions
sur les prix, sur certains mécanismes de distribution.
Mais le rapport et je ne voudrais pas, par les interversions qui
demeurent et que j'exprime, indiquer que le rapport est insatisfaisant, loin de
là est un rapport très bien fait, qui nous apporte un
très grand nombre d'éléments de réponses.
M. CHARRON: M. le Président, ces questions sont importantes parce
que depuis que la loi a été modifiée et qu'elle laisse
donc entrevoir l'entrée en vigueur toujours prochaine et
éventuelle de cette gratuité, plusieurs handicapés, qui
ont à attendre ce service, en connaissant la gratuité prochaine,
attendent. Selon certains rapports médicaux, dans certains cas cela peut
être dangereux pour certaines personnes.
La question que j'ai à poser est claire: Maintenant que
l'Assemblée nationale s'est prononcée si ma mémoire
est fidèle unanimement pour que ce service fasse partie du
régime d'assurance-maladie du Québec, maintenant que le
comité a fini son travail, est-ce qu'on peut s'attendre que le ministre,
dans la suite logique qu'il doit donner au rapport du comité, fasse
diligence? Et quand pouvons-nous prévoir est-ce au début
de l'automne ou à une autre date? l'application de la loi
déjà votée il y a presque un an?
M. FORGET: Malheureusement, M. le Président, étant
donné encore une fois ces interrogations qui demeurent, je ne suis pas
en mesure d'annoncer une date. Malheureusement, encore une fois, c'est un sujet
qui demeure à l'étude.
Bien sûr, nous faisons diligence. Nous sommes conscients que lors
de l'annonce théorique de l'introduction d'un régime, il y a
beaucoup d'attente et d'expectative qui sont engendrées et, donc, des
retards qui sont volontaires, dans certains cas, et qui peuvent porter
préjudice dans une certaine mesure.
Cependant, nous avons la responsabilité d'avoir un régime
qui soit justifié. Il s'agit d'achat d'équipement assez
coûteux. Il faut un régime qui soit responsable au point de vue de
l'implication de professionnels qualifiés dans un réseau de
distribution. On part de zéro, en quelque sorte, dans ce secteur.
Donc, nous ferons diligence et je peux indiquer que la date qui sera
éventuellement annoncée se situera certainement à
l'intérieur de l'exercice financier pour lequel nous étudions les
crédits.
M. CHARRON: Je l'espère. Par une conférence de presse,
j'imagine, ou une déclaration ministérielle, sans que nous ayons
copie du texte avant la déclaration, pour continuer les bonnes
façons de procéder que le ministre a employées?
M. FORGET: Pourvu que vous l'ayez pendant, c'est déjà...
Cela me donne le plaisir de...
M. BEDARD (Chicoutimi): ......... vous allez l'annoncer.
M. CHARRON: M. le Président, il y a d'autres domaines
prévisibles où l'assurance-maladie pourrait être
étendue. Je ne sais pas si c'est dans l'immédiat ou dans un
avenir plus lointain mais, enfin, on en a déjà fait une question:
la chiropratique, d'une part, c'est un sujet qui est sur la table depuis
suffisamment longtemps, la physiothérapie, les services d'ambulance,
n'est possible d'envisager qu'un jour ou l'autre cela se greffe au
régime d'assurance-maladie du Québec?
Dans les trois domaines que je viens de mentionner, quelle que soit la
date où les possibilités financières et les
décisions politiques concorderont, est-ce que le ministre a encore
l'intention de procéder à peu près de la même
façon que pour le domaine que nous venons de quitter, soit celui des
prothèses, c'est-à-dire modifier la loi d'abord, et inclure,
ensuite, une disposition dans la loi qui ferait que l'entrée en vigueur
de telle et telle disposition de la loi est à la discrétion du
lieutenant-gouverneur en conseil, faire faire les recherches, les travaux,
attendre les rapports de comités et, ainsi j'emploie
l'expression, même si elle est un peu forte faire languir les gens
qui, plus nécessairement que d'autres, attendent l'entrée en
vigueur de ces dispositions, ou s'il attendra d'être parfaitement
assuré, jusqu'au niveau du Conseil du trésor, qu'il peut
promouvoir l'entrée en vigueur de nouvelles dispositions de
l'assurance-maladie avant de les annoncer publiquement?
M. FORGET: M. le Président, pour ce qui est des
développements immédiats, il faut dire que l'amendement de
l'été dernier permet d'aller plus loin que nous irons
effectivement sur le simple plan des prothèses orthopédiques.
D'ailleurs, un autre comité a été mis sur pied pour
étudier le problème des prothèses visuelles, des aides aux
personnes aveugles ou partiellement aveugles. Certains équipements
électroniques nouveaux permettent des développements fort
intéressants dans ce secteur, mais il y a aussi
présumément d'autres éléments qui peuvent
être inclus.
Ce sujet est à l'étude de façon concurrente. Nous
n'avons pas encore de rapport dont nous puissions faire état à ce
sujet. La question générale ou la question de principe
soulevée par le député de Saint-Jacques me semble mener
à une seule réponse, qui est la suivante: Lorsque l'on
considère le développement des régimes universels, lorsque
l'on considère, en particulier, l'acceptation d'un principe
d'élargissement de la couverture d'un régime, on prend une
décision d'une telle importance qu'il me semble approprié de la
faire débuter par un projet de loi qui permet de signifier à tous
une intention sur un sujet capital. C'est toujours une dimension nouvelle que
l'on ajoute puisqu'à l'intérieur même d'un contexte
où les services sont déjà assurés, les
modifications de détail ne requièrent pas des mesures
législatives. Mais lorsqu'on veut déboucher sur un champ
entièrement nouveau, il me parait assez normal d'avoir recours d'abord
à une loi qui autorise le gouvernement à entreprendre ces
études et ces travaux.
Si l'on veut faire précéder les lois de travaux, on
anticipe une décision de principe fort importante. On ne résoud
pas pour autant les expectatives puisqu'elles peuvent toujours se nourrir
d'autre chose que des projets de loi, et l'on place peut-être
l'Assemblée nationale presque devant un fait accompli. Il me semble
qu'il est plus normal, dans la plupart des cas, quand on envisage une nouvelle
couverture, de le faire par un amendement à la loi.
M. CHARRON: Si tous les ministères, ou même le vôtre
tenons-nous en à celui des Affaires sociales avait
nécessairement besoin d'un nihil obstat de l'Assemblée nationale
avant d'entreprendre des études dans les différents domaines
qu'il a à couvrir, on n'en finirait pas. Je pense que le
ministère des Affaires sociales, dès 1971, se penchait sur la
question des garderies; un rapport a été fait à ce sujet,
ç'a été repris, rediscuté, aussi bien à
l'intérieur du ministère qu'avec le public, et, que je sache, il
n'y a jamais eu de loi adoptée, enfin depuis que je suis ici, en tout
cas, qui établisse un réseau de garderies par la loi avant
même qu'on ne sache si on a les possibilités matérielles ou
politiques de le faire. C'était la même chose, je pense: on n'a
pas attendu la Loi de l'assurance-maladie...
M. FORGET: Est-ce qu'on suggérerait que l'on présente un
projet de loi sur le sujet?
M. CHARRON: Sur les garderies? Gardez ça pour plus tard. C'est
une discussion intéressante, ne mélangez pas ce qui s'en
vient.
Je n'aime pas la distinction que vient de faire le ministre parce
qu'elle me paraît ne pas résister à l'analyse bien
longtemps. Dans nos traditions, la façon de procéder des
gouvernements lorsqu'un principe est soumis à l'Assemblée
nationale et adopté, c'est que toutes les études en cours, son
évaluation et tout ça... Sinon, c'est la responsabilité
d'un gouvernement que de soumettre à l'attention des élus du
peuple un projet quelconque en disant qu'il en a lui-même assumé
la portée politique, la portée financière et qu'il juge
apte autant son conseil des ministres que la population en
général à connaître ce projet de loi. Je ne voudrais
pas que ça se reproduise parce que dans le cas des gens qui attendent
pour les prothèses, c'est depuis le 7 juin 1973, si je ne m'abuse, que
cette loi a été adoptée, il y aura bientôt presque
un an, et on ignore encore la date où cela entrera en fonction.
J'ai posé cette question d'ordre général, avec des
exemples particuliers sur lesquels j'aimerais
revenir maintenant. D y a, par exemple, le service ambulancier; je sais
que nous en reparlerons lorsque nous parlerons également des
systèmes d'urgence dans les hôpitaux. Mais la possibilité
de greffer le service ambulancier à la gratuité du régime
d'assurance-maladie, est-ce que, actuellement, au sein du ministère,
cela fait l'objet d'études? Est-ce qu'il y a, avant même que la
loi soit adoptée, un comité qui s'est penché sur la
question pour voir s'il est bon ou non de la soumettre à
l'Assemblée nationale à un moment ou l'autre? Par exemple,
j'imagine que les CRSSS ont partie liée un peu dans la consultation qui
doit être menée à cet égard. Que se fait-il du
côté du service ambulancier au point de vue de la gratuité?
Je ne parle pas au point de vue du fonctionnement, nous en parlerons plus tard;
je parle de la possibilité de joindre la gratuité des services
ambulanciers aux autres services déjà couverts par F
assurance-maladie.
M. FORGET: J'aimerais, malgré tout, préciser
puisqu'on y est revenu la réponse générale que je
faisais tantôt. Il est exact que le projet de loi 21 de l'an dernier a
précédé les études du comité Jobin sur les
prothèses. D'autre part, il serait inexact de prétendre que la
loi a été présentée à l'Assemblée
nationale sans le bénéfice d'une évaluation
préalable de la possibilité d'un tel régime ou d'une telle
extension du régime et de ses avantages. Le Dr Gustave Gingras a remis
à mon prédécesseur, avant l'étude de ce projet de
loi, même avant sa rédaction, une étude
préliminaire, qui était une étude de "faisabilité"
pour employer probablement une mauvaise traduction d'une telle
extension. Mais c'était une étude qui démontrait les
avantages de l'extension, ses possibilités, sans dire comment elle se
ferait. Le comment suit l'adoption du principe; je pense que cela, c'est assez
logique.
Pourquoi sommes-nous, à cette date-ci, presque un an après
l'adoption du projet de loi, encore à pied d'oeuvre? Pour toutes sortes
de raisons qui tiennent, d'une part, à ce que le comité a
été créé en septembre; il a eu douze séances
de travail; son mandat original était très bref. Mais, comme
souvent il arrive à des comités où les gens qui y
fonctionnent siègent à temps partiel, parce qu'ils ont d'autres
occupations, il n'a pas pu remettre son rapport avant, disons, la fin d'avril
je pense que c'est à peu près ça ou la
mi-avril. Donc, il n'était pas question d'une mise en vigueur au 1er
janvier, puisque nous attendions dans l'intérim. Il est difficile de
bousculer les gens dont on sollicite l'expertise dans de tels cas où ils
ont d'autres occupations dont ils acceptent de se dégager de
façon limitée.
Ce sont des aléas qui sont inévitables dans la mesure
où un ministère essaie de faire appel à une expertise qui
est extérieure à ses propres ressources. Et dans tous les cas,
malgré la meilleure volonté du monde, on encourt de tels
délais. Maintenant, pour ce qui est des autres projets, j'imagine, ou
des autres questions auxquelles a fait allusion le député de
Saint-Jacques, il est évident que nous procéderions de la
même façon, par une étude de "faisabilité" qui
précéderait le projet de loi. Après, probablement un
comité serait formé en collaboration avec la Régie de
l'assurance-maladie, si c'était la Régie de l'assurance-maladie
qui administrait un régime particulier, de manière que ça
s'applique et que ce soit administrativement faisable. C'est la démarche
que nous avons poursuivie dans le cas des prothèses.
Pour ce qui est des ambulances, la distinction que le
député de Saint-Jacques fait entre les problèmes de
fonctionnement et les problèmes de financement est appropriée.
Nous avons considéré que la priorité dans ce secteur,
c'était d'améliorer le fonctionnement de ces services et c'est
là-dessus que nous aurons bientôt des mesures à annoncer.
Pour ce qui est du financement, il s'agit d'une autre question à
laquelle nous n'avons pas attaché le même caractère de
priorité. Il existe, dans la plupart des régions du
Québec, non seulement des ambulances, mais parfois trop
d'ambulances.
Le problème essentiel, c'est d'assurer leur coordination, entre
elles, et leur coordination avec les services d'urgence hospitaliers et
évidemment leur expédition rapide sur les lieux d'un accident.
Tout ce problème de coordination ou de fonctionnement revêt un
très haut niveau de priorité quant à nous. Les
problèmes de financement qui peuvent exister seront
étudiés subséquemment.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Taschereau.
M. BONNIER: Est-ce que je pourrais poser une question d'ordre
très général à ce moment-ci? Au début de
l'étude de ces crédits vous le direz si je suis hors
d'ordre j'ai demandé au ministre s'il pouvait nous donner une
idée des priorités de son ministère, et on nous a
distribué un texte, nous donnant les idées
générales. Ce que je trouve difficile dans la discussion des
crédits de ce ministère-ci, c'est que, quand on aborde la
question des affaires sociales et qu'on relie ça aux humains qui
existent, tout semble être prioritaire.
Evidemment, on peut toujours donner des services sous forme de plus en
plus gratuite et, à mesure qu'on passe programme par programme, on
voudrait pousser plus loin les crédits qui sont affectés à
tel ou tel type de services. Moi, j'aimerais bien, pour mon intelligence et
pour la bonne disoussion de ces différents crédits, qu'en tant
que membre de la commission on puisse aussi établir une espèce de
pondération entre les différents services nécessaires aux
besoins humains.
Il semble bien que la première priorité d'un
ministère comme le ministère des Affaires
sociales, ce serait de fournir des services que j'appellerais de survie
d'abord, comme premier palier. Que ce soit dans le domaine des besoins sociaux,
que ce soit dans le domaine des besoins médicaux, que ce soit pour les
enfants, que ce soit pour les vieillards, j'aimerais que dans nos discussions,
si c'était possible, on ait toujours une espèce de lumière
qui s'allume, puis qui nous dise: N'oubliez pas les autres domaines. C'est une
remarque qui m'est revenue à la suite de la suggestion du
député de Saint-Jacques, par rapport à l'extension
à donner au programme dentaire.
C'est bien sûr que c'est très valable en soi, mais si on
donne de l'extension à tel service, dans la globalité des
crédits qui sont disponibles au ministère des Affaires sociales,
ça peut vouloir dire que dans d'autres domaines on en aurait moins.
C'est peut-être plus particulier à ce ministère-ci,
peut-être qu'aussi le ministère de l'Education est concerné
là-dedans par rapport à des besoins humains fondamentaux auxquels
le ministère doit d'abord correspondre.
Après ça je trouve qu'il y a des besoins du
développement des individus auxquels on pourrait aussi
accédérer si des crédits existent. J'aimerais, moi, que
cette idée d'ensemble existe dans l'étude des crédits et
que si nécessaire, à un moment donné, le ministre nous
dise: Je suis bien d'accord là-dessus, mais cependant, étant
donné tel autre aspect que vous allez aborder ou que vous avez
abordé, on ne peut pas. Je veux dire il y a une espèce
d'équilibre dans tout ça, que j'aimerais qu'on ait constamment en
vue. Autrement, on peut pousser le ministère à intensifier tel
programme mais, dans l'allure générale du ministère, on
peut aboutir à un manque d'équilibre par rapport aux besoins
fondamentaux des gens.
Je donne un exemple. On va parler de vieillards, et je suis
préoccupé de la question des vieillards, comme je suis
préoccupé de la question des garderies, si on voulait regarder
les deux extrêmes. Mais où est-ce que je vais mettre de
l'importance, est-ce que c'est ça, est-ce que ce sont les soins
dentaires? Cela me préoccupe constamment, je n'ai pas de réponse,
mais j'aimerais bien que le ministre à un moment donné dise aux
membres de la commission: Ecoutez, on pourrait pousser un peu plus loin, mais
on ne peut pas à cause de telle chose. C'est quand même lui et les
officiers de son ministère qui sont responsables de cet
équilibre, puis il faudrait qu'en tant que membre de la commission on le
garde aussi. Je ne sais pas si les autres seraient d'accord.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président l'intervention du
député de Taschereau est loin d'être hors du sujet, je
pense, elle est même très importante, à mon avis. Quand
nous étudions je ne veux pas donner de leçon au
député de Taschereau en me basant sur ma longue expérience
parlementaire, mais je veux simplement expliquer comment nous fonctionnons
depuis le début le budget du ministère, pour l'Opposition
ou pour n'importe quel membre de la commission, peu importe l'allégeance
politique, il y a deux choses à retenir, à mon avis: d'abord, un
budget, en soi, porte des choix. Ce qu'il faut trouver, nous, lorsque nous
posons des questions, c'est quels ont été les choix du
ministère.
Vous avez parfaitement raison, il y a les garderies, il y a les soins
aux vieillards, il y a les soins dentaires aux enfants, il y a le service
ambulancier et quoi encore? Tout à l'heure, on parlera d'autres
domaines, de consultation psychosociale. Tous ces domaines, à la fois,
sont à couvrir et ne peuvent pas être tous couverts en même
temps de façon totale; de cela, tout le monde en conviendra. Ressources
humaines, ressources financières, etc., tout contribue à imposer
une limite. Ce qu'a fait le ministre actuel, pour nous proposer un budget de
cette envergure, c'est qu'il a fait en notre nom, au nom des
Québécois, puisque c'est sa fonction, des choix. Il a dit: Dans
tel domaine, ce sera cela pour cette année; dans tel autre, nous mettons
plus; dans tel autre domaine, c'est à l'étude, on verra avant
d'agir. Ici, nous soutirons cette information, nous allons rechercher quels ont
été ces choix et, par la suite, nous pouvons les critiquer, dire
qu'à tel endroit, dans le respect de la fonction qu'il occupe et en
même temps pour la responsabilité du poste que nous occupons, nous
croyons qu'il a fait un mauvais choix; ou, comme je l'ai signalé
tantôt, lorsque l'année dernière on a décidé
que, parmi toutes les priorités qu'il pouvait y avoir, vraiment les
priorités de tous les domaines, il fallait donner aux enfants
jusqu'à 7 ans la gratuité des soins dentaires, nous l'avons fait
à ce moment-là, cela a été un excellent choix,
l'année dernière.
Il y a d'autres endroits, par exemple les garderies, où le choix
a été moins bon à notre avis, où on a mis moins de
disponibilités et humaines et financières
où, politiquement, il nous semble qu'on s'oriente mal. On aura
l'occasion de le signaler, mais l'étude des crédits est faite
pour cela. Soyez convaincus je le dis aussi bien à l'intention du
député de Taschereau que du ministre lui-même que de
n'importe quel autre membre de la commission que même si j'assume
pour la première fois ce rôle aux Affaires sociales, je me base
sur mon expérience pour dire que je ne veux pas perdre de vue le fait
que la tâche est immense à couvrir. Mais quand je pose des
questions comme, par exemple, sur l'extension du service des soins dentaires,
une évaluation, M. Martin me répond et je prends sa parole que,
grosso modo, l'extension, que nous soumettions et que nous proposions parce
qu'elle nous semblait bonne, en fait, c'était notre choix à nous,
nous
le suggérions au ministre, est de l'ordre de $1 million à
peu près, elle signifierait $1 million par la suite.
C'est une information qu'il est bon de déposer sur la table parce
que ce sera au ministre, au cours de l'année qui vient, à faire
le choix. Evidemment, si nous proposions quelque chose qui signifierait un
déboursé de $500 millions pour la première année,
je vois mal le réalisme de notre proposition et vous feriez bien de nous
rentrer dedans à corps perdu et le ministre ferait bien de la rejeter de
la main. Mais là, nous avons une proposition sur la table et nous
laissons au ministre le soin de nous dire que la proposition que nous avons
faite n'est pas irréaliste. Politiquement, elle me semble bien se tenir,
aussi bien dans la qualité des soins que dans la réalisation du
but, de l'objectif de la gratuité des soins partout.
On laisse au ministre le soin de vérifier si, dans le budget
qu'il nous présentera l'année prochaine, il n'est pas possible de
trouver, dans les deux milliards quelque cent millions de dollars, $1 million
pour le faire.
Enfin, c'est cela et soyez convaincus que, pour le reste, nous allons
encore en sortir, des priorités. On va encore sortir du terrain à
couvrir, mais toujours...
M. BONNIER: II faut voir à un équilibre aussi.
M. CHARRON: ... en vue de voir ce qui a été fait, quels
choix ont été faits et quels autres choix pourraient être
faits. C'est la discussion, il me semble, que nous avons depuis le début
et qui est profitable. Je ne pense pas qu'on ait fait perdre le temps de
quiconque depuis le début.
M. BONIER: Ce n'est pas ça que je veux dire.
M. CHARRON: Non, non, j'en conviens.
M. BONNIER: Cela ne s'adresse pas juste à vous autres.
M. CHARRON: M. le Président, puisque nous achevons,
j'espère terminer le programme 3 par quelques questions plus
particulièrement sur l'administration de la régie pendant que
nous avons son porte-parole.
L'année dernière, nous avions discuté des abus qui
avaient déjà lieu, disait-on, dans l'utilisation du régime
par des médecins. On avait mentionné, à l'époque,
l'existence du comité de révision. Mêmes certaines
enquêtes ont eu lieu sur certaines situations anormales qui avaient
été portées ou à l'attention du directeur de la
régie ou du ministre des Affaires sociales lui-même. Je voudrais
savoir ce que la régie, dans son administration, a fait au cours de
l'année à ce chapitre précis des abus qui lui
étaient signalés et en vue d'éviter ceux qui pourraient se
produire.
M. FORGET: Les mêmes procédures essentiellement se sont
poursuivies. Enfin, vous connaissez le système, je pense, de
vérification de services auprès des bénéficiaires.
Selon ce système, tous les professionnels sont
échantillonnés et font l'objet d'une vérification
sur une période de deux ans, on les passe tous à partir de
questions posées aux bénéficiaires, à savoir s'ils
ont bien reçu les services pour lesquels le professionnel a
réclamé de la régie. Il y a, par ailleurs, des plaintes
qui viennent directement à la régie. Au cours de l'année
je n'ai pas le chiffre précis des plaintes qui ont
été déposées ou encore d'enquêtes qui ont
été amorcées, mais le processus se poursuit. Les
enquêtes interviennent dans les cas où on détecte des
irrégularités de la part des professionnels. Au total, depuis le
début de la régie, quelque 600 plaintes ont été
examinées, parmi lesquelles un certain nombre ont donné lieu
à des enquêtes, parce qu'elles paraissaient motivées. Il y
a eu des poursuites intentées dans environ 50 cas. Actuellement, la
décision des tribunaux a été rendue dans 33 cas, dont 30
touchaient les professionnels eux-mêmes, puisque trois
bénéficiaires ont été condamnés pour avoir
fraudé la régie effectivement.
M. CHARRON: Et les 30 professionnels ont-ils été
condamnés?
M. FORGET: II y a eu deux acquittements sur les 30.
M. CHARRON: II y a deux acquittements sur les 30.
Une fois que ces professionnels ont été condamnés
par les tribunaux suite aux démarches de la régie, est-ce que le
cas revient ensuite devant l'Office des professions ou le corps professionnel
lui-même?
M. FORGET: Tous ces cas sont signalés au collège en
question, à l'Ordre des dentistes ou à la Corporation
professionnelle des médecins.
M. CHARRON: Est-ce qu'il s'agit surtout de médecins, dans les 28
cas?
M. FORGET: Ils sont plus nombreux. M. CHARRON: Oui.
M. FORGET: Surtout; médecins omnipraticiens ou
spécialistes.
M. CHARRON: Savez-vous si l'ancien Collège des médecins,
je ne sais plus comment l'appeler maintenant...
M. FORGET: La Corporation professionnelle des médecins.
M. CHARRON: La Corporation professionnelle des médecins. Je suis
de la vieille époque; j'ai du mal à me recycler.
Savez-vous si des dispositions ont été prises par
l'Association professionnelle des médecins à l'égard de
ces médecins depuis le temps où les tribunaux ont rendu leurs
sentences?
M. FORGET: Des dossiers ont été soumis au collège
par la régie. Mais le collège, à cause des dispositions de
son ancienne loi, avait assez peu de moyens, je pense, d'agir, et dans beaucoup
de cas il n'a pu agir. C'est la raison pour laquelle les comités de
révision ont été établis l'an dernier par la
même loi 21, au mois de juillet, pour que des profils de pratique
puissent être soumis à ces comités pour analyse et pour
recommandations à la régie quant au montant à payer.
Auparavant, ces dossiers étaient envoyés au
collège. Les profils étaient soumis aux différents
collèges. Mais les mécanismes dont ils disposaient à ce
moment ne leur permettaient pas d'agir comme, je pense, les nouvelles loi vont
leur permettre de le faire par l'intermédiaire de leur comité de
discipline.
M. CHARRON: Je voudrais revenir tout à l'heure sur les
comités de révision qui sont inclus dans la loi 21. Mais, encore
une fois, sur les sentences, si vous voulez, la régie n'a aucun moyen de
pression ou quoi que ce soit auprès des associations professionnelles
pour que des mesures disciplinaires soient prises à l'égard de
ceux qui ont été en faute?
M. FORGET: Non. Le seul moyen qu'on a est de leur transmettre
l'information. Quant aux actions à prendre, c'est le collège qui
les détermine lui-même par sa procédure interne et par sa
réglementation.
M. CHARRON: Maintenant, quand ces professionnels ont été
trouvés coupables, il s'agissait, j'imagine, d'avoir fraudé la
régie en demandant le remboursement d'actes médicaux non commis
ou...
M. FORGET: Pour services non rendus. M. CHARRON: Services non rendus. M.
FORGET: C'est le cas le plus général.
M. CHARRON: Est-ce que dans les sentences des honorables juges se
trouvait l'obligation de rembourser la régie pour les montants en
cause?
M. FORGET: Non. La loi prévoit des amendes jusqu'à un
maximum de $1,000 par chef d'accusation. C'est tout ce que la loi
prévoit.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a eu, effectivement, remboursement de la part
de certains professionnels?
M. FORGET: Dans certains cas, oui.
M. CHARRON: Pouvons-nous dire dans la majorité des cas de
fraude?
M. FORGET: Je pense que oui, on pourrait dire dans la
majorité?
M. CHARRON: Et pour les bénéficiaires du
régime...
M. FORGET: Pour eux, il y a eu seulement la condamnation à une
amende.
M. CHARRON: Versée...
M. FORGET: Evidemment, c'était pour de petits montants, en
général. Quand même, c'étaient des fraudes.
M. CHARRON: Les comités de révision sont au nombre de
cinq, comme la loi le prévoit?
M. FORGET: C'est exact.
M. CHARRON: Comment fonctionnent-ils?
M. FORGET: II y en a quatre de formés, actuellement.
M. CHARRON: Oui.
M. FORGET: Celui des optométristes ne l'est pas encore. La loi
prévoit leur établissement, leur composition...
M.,CHARR0N: Oui.
M. FORGET: ... et donne aux comités de révision la
possibilité d'établir eux-mêmes leurs règles de
régie interne. Les quatre comités qui ont été
formés se sont réunis et ont établi des règles de
régie interne pour la conduite de leurs affaires. Ils ont
commencé, récemment, à étudier les dossiers qu'on
leur a préparés, les profils de pratique de certains
professionnels de la santé. C'est un peu tôt pour dire qu'il y a
un seul modèle de fonctionnement. Les comités s'interrogent
actuellement non seulement sur les dossiers, mais sur la façon
d'étudier ces dossiers parce que c'est nouveau comme mécanisme.
Ce sont des comités de pairs qui veulent très sérieusement
commencer le travail qui leur est confié. Pour l'instant, il n'y a pas
de méthode précise de déterminée par eux ils
sont en train de le faire actuellement devant des dossiers
précis.
M. CHARRON: Quand le cinquième comité sera-t-il
formé, celui des optométristes?
M. FORGET: La Corporation professionnelle des optométristes avait
négligé, contrairement aux corporations professionnelles des
médecins et des dentistes, de nous faire parvenir les noms des personnes
qu'elle doit désigner et à partir desquelles la nomination du
comité de révision est faite.
J'ai donc communiqué par écrit avec la corporation
professionnelle pour lui indiquer les obligations que la loi lui impose
à cet égard. Tout récemment, la corporation me faisait
parvenir la liste de six optométristes à titre de candidats pour
la formation de ce comité.
Donc, il sera possible de donner suite, dans un assez bref délai,
maintenant, à la formation de ce cinquième comité.
M. CHARRON : Dans les quatre comités déjà
existants, n'est-il par réapparu ce conflit à propos duquel
même l'ancien ministre des Affaires sociales avait cru devoir intervenir,
l'année dernière? Certaines professions verraient, dans
l'existence de ces comités et dans ces pouvoirs de la régie,
nouveaux depuis la loi 21, l'année passée, une intervention
possible de l'Etat dans la pratique de leur profession. Ceci se transposerait,
je dirais, par un manque de collaboration assez évident.
J'ai ici des titres: "Les médecins spécialistes
prêts à contester les allégations de Castonguay". "Le Dr
Robillard déclare: Nous ne tolérerons jamais que la régie
contrôle la pratique médicale". Enfin, on sait que
là-dessus fondée parfois, non fondée dans d'autres
cas il existe une espèce de sensibilité à outrance
chez des professions au sujet de tout contrôle, et non seulement dans la
pratique médicale. Je crois que la régie ne va pas jusqu'à
ce point. Il reste que le public, les citoyens, les contribuables sont
sceptiques quant à l'application véritable du régime. Bien
des gens, enfin, ont l'impression les quelques cas que M. Martin nous a
signalés le laissent voir, même si cela ne doit pas entacher
toutes les professions et la réputation de tous les professionnels de la
santé, je ne crois pas que l'entrée en vigueur du
régime a signifié, pour la plupart de ces professionnels, une
augmentation de revenus, une possibilité assez aisée de passer
à la "castonguette", comme on l'a appelée, comme l'a
signalé le député de Rouyn-Noranda, qui participait
à nos débats la semaine dernière.
En même temps, dit-on, pour les citoyens, une diminution de la
qualité des soins, c'est-à-dire maintenant qu'ils fonctionnent
à la "castonguette" il est beaucoup plus difficile de les avoir,
etc.
En fait, tout ce climat qui entoure l'exercice des professions de la
santé est parfois fondé sur le fait que les professions,
médicales ou paramédicales, sont très
réservées quant à l'ouverture de leur dossier au public et
à l'Etat.
Alors, est-ce que, quant au travail de ces comités de
révision, on a senti une résistance, de la part des professions,
quant au rôle, essentiel à mon avis, que doivent jouer ces
comités de révision?
M. FORGET: Comme M. Martin l'a indiqué, l'expérience est
trop courte pour l'évaluer. Ces comités ont été
formés à la fin de 1973. Ils ont eu leur première
réunion au tout début de l'année 1974. Ils se sont mis
à l'étude des dossiers en premier lieu pour déterminer les
modes d'action, une méthode de travail. Il n'est donc pas possible de
savoir si la création de ces comités aura l'effet
recherché.
Je crois qu'il faut leur donner le temps de faire leurs preuves. Ce sont
des comités qui vont de pair, mais cela garantit au moins que les
standards qu'ils vont appliquer ou les jugements qu'ils vont porter vont
refléter des préoccupations professionnelles et non pas
simplement des préoccupations de contrôle financier.
D'autre part, ils ont, d'après la loi, une fonction assez claire
qui est justement d'être saisis des cas qui, à première
vue, apparaissent irréguliers et effectivement voir s'il y a
irrégularité ou pas. S'ils devaient constater que, dans tous les
cas, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, on serait en droit de
se poser la question à nouveau. Je pense qu'il faut leur donner le
bénéfice du doute et croire que ceux qui ont été
désignés par leur corporation professionnelle pour siéger
à ces comités vont s'acquitter de leur devoir consciencieusement.
Il n'y a pas de raison d'en douter, pour le moment, et il n'y a pas, je pense
bien, en général de raison d'en douter. C'est une
hypothèse qui est à la base de la création de ces
comités à savoir qu'on peut avoir cette séparation des
rôles entre, d'une part, la corporation professionnelle qui se
préoccupe strictement des dimensions professionnelles, sans se
préoccuper directement des implications financières des modes de
pratique et une structure ad hoc qui s'intéresse, avec la participation
de professionnels, à ces dimensions, mais de façon presque
exclusive.
C'est une façon de faire les choses; il faut voir à
l'expérience si ça va être une façon heureuse de
faire les choses. Pour le moment, nous n'avons aucune raison d'en douter.
Encore une fois, il faut leur donner le temps de faire leurs preuves.
M. CHARRON: M. le Président, pour ce qui est du programme 3, j'ai
terminé. Je veux remercier M. Martin que j'ai eu le plaisir de retrouver
après avoir travaillé avec lui aux crédits de l'Education.
J'espère que l'année prochaine vous ne serez pas au
ministère de l'Agriculture, parce que, là, je ne vous suivrai
pas.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, éléments 1, 2 et 3 du
programme 3, adoptés. La commission suspend ses travaux jusqu'à
16 heures cet après-midi, pour le programme 4.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
Reprise de la séance à 16 h 16
M. LAFRANCE (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! De retour à l'étude des
crédits du ministère des Affaires sociales, programme 4: Services
communautaires. Elément 1: Soins généraux.
Adopté.
M. CHARRON: Vous essayez de passer entre les deux joueurs de
défense, si j'ai bien compris.
M. FORGET: M. le Président, avant que nous commencions les
délibérations j'aimerais faire distribuer le texte de l'entente
relative à l'assurance-maladie intervenue entre le ministre des Affaires
sociales et l'Association des Chirurgiens-dentistes du Québec,
conformément à la demande qui a été exprimée
ce matin. Je vous souhaite de lire ça dans les premières heures
de la journée, c'est une lecture qui est plus facile avant neuf heures
le soir.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Cela endort bien.
M. SAMSON: M. le Président, le ministre m'a souligné en
Chambre que je n'avais pas été des vôtres ce matin. J'ai
l'impression que ça ne vous a pas permis d'avancer plus, vous
êtes...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Nous autres, on l'a constaté.
M. CHARRON: On était complètement
désorienté.
M. LECOURS: Vous auriez appris des choses, par exemple.
M. SAMSON: Oui?
M. LECOURS: Vous auriez appris d'autres choses.
M. SAMSON: J'espère que vous avez délégué
quelqu'un pour m'en parler.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Oui, le journal des Débats.
M. SAMSON: Le journal des Débats? Je ne suis pas "liseux".
M. FORGET: Vous trouverez bien quelqu'un pour vous faire la lecture
à haute voix.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le programme 4. Vous savez que nous avons 17
programmes à étudier et nous en sommes au quatrième. Le
député de Chicoutimi a demandé la parole.
Services communautaires M. BEDARD (Chicoutimi): Au niveau du
programme 4, concernant les CLSC, je comprends qu'il est très tôt
pour faire un bilan de cette expérience. L'honorable ministre a eu
l'occasion de faire une tournée, bien des contacts et bien des
déclarations. Il est peut-être en mesure de nous donner des
renseignements au moins sur ses impressions concernant les rencontres, en fait,
concernant la mise en marche des CLSC jusqu'à maintenant non seulement
quant à leur utilité mais quant à leur
efficacité.
On sent déjà que la mise sur pied du réseau est
peut-être plus difficile que prévu en ce sens qu'une des
principales raisons de cette difficulté serait peut-être la
résistance que cela rencontre au niveau du milieu même, en
particulier, en tout cas en ce qui regarde notre manière de voir les
choses, une résistance tout à fait particulière, des
professionnels de la santé. Cependant, nous aimerions attirer
l'attention du ministère sur certains dangers qui guettent
l'implantation du réseau.
Si l'on se réfère au texte de base où
étaient exposés les objectifs que le ministère pousuivait
en créant les CLSC, on se rappellera qu'il devait y avoir trois types
d'activités à l'intérieur du CLSC, à savoir:
l'accueil, des services intégrés de santé et de services
sociaux et l'action communautaire. De l'extérieur, il semble que la
médecine traditionnelle soit vraiment très
privilégiée par rapport à une approche
intégrée. Je crois normale dans un sens cette résistance
tout à fait particulière de la part de la médecine
traditionnelle, mais je crois qu'il faudrait essayer de trouver des solutions
afin de rectifier cette tendance.
Est-ce que le ministère, ou le ministre dans ses tournées
a fait son propre bilan de l'expérience et pourrait nous en faire part,
quitte à revenir avec d'autres sous-questions? Je comprends que c'est
une question très générale.
M. FORGET: M. le Président, c'est en effet une question
très générale et c'est une question qui est, dans une
certaine mesure, prématurée, puisque l'on nous invite à
tracer un bilan d'une expérience qui, malgré le temps qui s'est
écoulé depuis le début des discussions sur ce concept, est
encore à ses débuts. Donc il y a un bilan qui ne pourrait
être qu'extrêmement provisoire et qui ne pourrait être qu'un
bilan d'étape. Il serait peut-être intéressant et je
vais peut-être le demander à M. Nepveu de tracer un tableau
des efforts faits durant l'année pour l'implantation de ces services et
des difficultés rencontrées. Ce n'est un secret pour personne
qu'une approche innovatrice dans ce secteur est susceptible de créer et
de soulever un grand nombre de problèmes qui pourront être
résolus en temps et lieu, et sans aucun doute des difficultés
dans la transition d'un régime de prise en charge, en premier lieu, de
la santé publique qui était très traditionnelle vers une
prise en charge différente, et, aussi, d'une intégration de
plusieurs éléments de service qui, jusqu'à maintenant, ont
toujours été considérés un peu comme en vase
clos.
Donc, il y a à la fois le changement des orientations pour
certains programmes spécifiques et une mise en commun de certaines
activités qui, auparavant, je ne dirais pas s'ignoraient les unes les
autres, mais fonctionnaient largement en parallèle.
Malgré tout, on est au début de cette expérience.
Le député de Chicoutimi a raison de souligner les trois
activités ou les trois éléments de programme enfin,
ce n'est certainement pas la bonne désignation à leur donner si
on ne veut pas introduire de confusion dans nos débats les trois
facettes, si vous voulez, du fonctionnement des CLSC. Il s'est montré
inquiet de la prédominance qu'il décèle ou qu'il croit
déceler des services médicaux dans les CLSC.
Je pense que ce serait être trop optimiste quant aux
difficultés mêmes d'implantation que de parler d'une
prédominance des services médicaux, puisqu'il y a des
difficulés à ce niveau, que l'on n'ignore pas. Il y a,
malgré tout, dans l'évaluation des besoins qui est faite, une
certaine prépondérance qui est souvent exprimée pour des
services médicaux qui représentent parfois la facette la plus
connue de l'éventail des activités que supporte le
ministère des Affaires sociales et, donc, peut-être, la direction
où se porte, en premier lieu au moins, la préférence des
populations, des clientèles intéressées.
A tout événement, peut-être que le plus utile, c'est
de passer à une description sommaire de l'expérience et de
l'étape où nous en sommes dans cette expérience.
M. BEDARD (Chicoutimi): Disons, quand même, que j'avais
dirigé mon intervention surtout dans le sens de la résistance qui
pouvait être décelée de la part des professionnels de la
santé. Je comprends que je ne voulais pas demander un rapport à
l'honorable ministre sur l'ensemble de tout ça. Le fonctionnaire pourra
nous le donner tout à l'heure. Mais sur le point précis de la
question que je vous ai posée, de la préoccupation, en fait,
qu'on a pu remarquer de l'extérieur concernant la résistance au
niveau du milieu des professionnels de la santé, suite à ses
contacts, suite à ses rencontres avec les CLSC, quelle est l'opinion du
ministre sur ce point particulier? Je crois qu'il est plus en mesure de nous le
dire que...
M. FORGET: M. le Président, je ne veux pas indiquer un ordre pour
procéder. Mais je me demande si cela n'aiderait pas l'intelligence de la
discussion de procéder d'abord par une description sommaire de ce qui a
été fait...
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord.
M. FORGET: ... quitte à faire des commentaires d'ordre
général ou particulier subséquemment.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous me répondrez par la suite.
D'accord.
M. FORGET: Depuis que la Loi sur les services de santé et les
services sociaux a été adoptée, loi dans laquelle on
retrouve la définition de ce qu'est le centre local de services
communautaires, il y a eu 69 projets d'annoncés et 69 projets pour
lesquels il y a eu un peu ou beaucoup de travail de fait, parce que certains
projets sont quand même très récents.
Jusqu'ici, nous avons onze CLSC en activité. Nous en avons en
activité presque complète mais il me faut nuancer parce que vous
avez fait allusion, tantôt, aux grands ensembles d'activités dans
les centres locaux, à savoir les services d'accueil, les services de
santé, les services sociaux et l'action communautaire.
Nous ne retrouvons pas, généralement, les quatre ensembles
d'activités bien équilibrés. Dans certains milieux
où la demande pour les services de santé étaient
très pressante, notamment dans des milieux ruraux éloignés
des centres hospitaliers, ce sont des services de santé qui se sont
implantés en premier. Dans ces centres locaux en milieu rural où
les services de santé ont été implantés en premier,
dans certains cas les médecins du milieu ont participé
très activement à la mise en place d'au moins une partie de
l'établissement du secteur qui les concernait, donc de la distribution
des soins. Dans d'autres, c'est un fait que les médecins du milieu ont
suivi l'expérience et, dans ces cas, ils ont observé de jeunes
confrères qui ont, pour reprendre une expression du président de
la Fédération des omnipraticiens, tenté
l'expérience pour le milieu rural.
Ainsi, graduellement et assez lentement, sont venues se greffer des
activités de services sociaux et, dans certains cas aussi, des
activités d'accueil. Je ne saurais dire, toutefois, que dans le milieu
rural les activités d'action communautaire soient en ce moment
très actives. Dans les milieux urbains, c'est différent.
D'ailleurs, l'approche d'implantation a été différente
parce que certains centres locaux de services communautaires étaient
presque enracinés dans la population, en ce sens que les milieux avaient
été informés, animés, les citoyens avaient
été invités et motivés à prendre en charge
leurs propres problèmes, tant et si bien que c'est probablement les
activités d'action communautaire ou d'organisation communautaire qui ont
prévalu. Ces mêmes citoyens ont fait appel aux ressources
professionnels du monde de la santé et du monde des services
sociaux.
Il y a eu des expériences heureuses et il y a eu des
expériences moins heureuses. Pour ne citer qu'un cas, le cas
d'Hochelaga-Maisonneu-ve, j'ai quand même pris connaissance, à un
moment donné, du rapport d'un médecin qui s'est retiré de
l'entreprise, mais qui nous conseillait fortement de la reprendre et de la
poursuivre parce qu'il avait foi en cette entre-
prise. Où il nous parait, quand même, dans l'ensemble des
expériences que nous tentons, le plus facile de procéder, c'est
encore quand on prend vraiment le temps de suivre le processus que nous avions
défini au départ, à savoir qu'on prenne le temps de bien
informer la population, de telle sorte qu'après et rapidement la
population puisse prendre en charge cette expérience d'implantation,
tout en s'adjoignant, par exemple, ce qu'on a appelé, nous, des
animateurs-analystes qui ne sont pas du ministère. Il reste que le
ministère, en fait, ne fait que désigner un chargé de
projet qui est fort utile lors de la période d'information.
Il est utile non pas pour influencer la population, non pas pour prendre
des décisions à la place de la population, mais plutôt pour
permettre quand même aux gens de communiquer plus facilement avec notre
grosse boîte administrative qui est quand même assez complexe.
Alors, le chargé de projet aide beaucoup les gens à entrer en
contact, à se mettre en rapport avec les divers services de notre
ministère.
M. CHARRON: Je ne veux pas vous interrompre...
M. FORGET: Non, non, allez-y.
M. CHARRON: Ce chargé de projet, justement, c'est un des premiers
articles à point d'interrogation dans la réalisation de la mise
sur pied des CLSC. Est-il exact de dire que, dans certains cas vous avez
mentionné 69 et, en passant, je voudrais demander si on peut avoir la
liste complète des projets d'implantation des CLSC, de ces 69 cas
la personne même ou le choix même du chargé de projet nuit
certains groupes l'ont maintenu à l'implantation du CLSC
ou peut causer des difficultés à l'implantation du CSLC, du fait
qu'il paraissait, à certains groupes, dans certaines régions du
Québec et dans Montréal également, être
imposé?
M. FORGET: II est bien sûr que, lorsque nous avons, dans un
service, une quinzaine d'employés appelés chargés de
projets, nous n'obtenons pas de chacun tout ce que nous pourrions souhaiter
obtenir. D'abord, il me faut dire, à la décharge de ces
chargés de projets, qu'en général ils sont très
jeunes. Ce n'est pas un défaut...
M. CHARRON: Non.
M. FORGET: ... mais ce que je veux dire, c'est que quand ils ont
commencé, ils n'avaient même pas l'expérience d'un
processus complet; également, certains chargés de projets
étaient des gens qui avaient vécu en milieu urbain et, pendant
les années précédant leur entrée au travail, en
milieu universitaire, qu'ils ne connaissaient peut-être pas toujours
très bien les réalités du monde rural, du milieu
rural.
Je pense que la société québécoise est
formée d'un certain nombre de sociétés. Alors, nos
chargés de projet font leur propre expérience et peut-être,
malheureusement, sur le dos de certaines populations. D'autre part, je dois
vous dire que les autorités au ministère étaient
très conscientes de ce problème. Notre ministre, très
tôt après avoir pris charge de son ministère, a
demandé à rencontrer le groupe de l'action communautaire, avant
je crois tous les autres chargés de programme et on en a beaucoup chez
nous.
Egalement le sous-ministre, le chef du service de l'action communautaire
et moi-même, depuis trois mois, rencontrons régulièrement
nos chargés de projet. Je pense qu'il y a eu chez eux une
évolution non seulement à cause de ces rencontres ces
rencontres ont certainement été bénéfiques
mais également à cause de l'expérience graduelle que ces
gens prennent dans les divers milieux. En plus, nos chargés de projet,
qui n'étaient pas nombreux au départ, actuellement ils sont en
nombre suffisant...
M. CHARRON: Quinze?
M. FORGET: ... ils sont une quinzaine. On me dit douze, alors il y en a
trois à venir. Douze ce n'est quand même pas beaucoup pour ce
nombre de projets. Ils étaient moins nombreux il y a quelque temps,
puisque j'ai appris le nom, moi, ce matin, d'un nouveau chargé de
projet. Alors ces chargés de projet ont été appelés
à pied d'oeuvre à se présenter tantôt dans un milieu
rural, tantôt dans un milieu urbain et encore là les milieux
urbains différent les uns des autres.
M. CHARRON: Ces jeunes fonctionnaires, moi je crois au mérite de
leur âge, pour ce type de travail particulier qu'ils ont. Je crois que
c'est un avantage, je ne dirais pas dans tous les domaines, mais dans
celui-là en particulier de mise sur pied. C'est un projet qui à
mon avis appartient à cette génération en particulier, le
type d'action qui a été menée par cette
génération. Le choix de l'âge de ces jeunes fonctionnaires
n'était certainement pas mauvais.
Ce qui m'inquiète, et c'est pourquoi je vous ai posé la
première question, c'est que les différents échos qu'on en
a eus de tous les côtés étaient que, d'une part, ils
étaient affreusement universitaires comme on nous l'a dit dans quelques
cas, c'est-à-dire que la formation théorique et technique
l'emportait sur beaucoup de choses. Je crois que vous l'avez partiellement
reconnu vous-même dans ce que vous venez d'affirmer.
D'autre part, à ce désavantage de sortir directement de la
serre chaude de Roger Gau-dry ou d'un autre, il y a le fait qu'ils ne
provenaient pas du milieu où souvent ils avaient à travailler.
Mon collègue de Chicoutimi peut peut-être le mentionner; je ne
sais même pas si c'est sa région mais je prends la sienne comme
exemple. Pour l'implantation d'un CLSC dans
la région du Saguenay-Lac Saint-Jean, d'un ou de deux CLSC,
n'aurait-il pas mieux valu, tout en faisant confiance à la jeunesse et
au dynamisme de ses fonctionnaires, que cette personne soit du milieu, qu'elle
connaisse la mentalité du Saguenay-Lac Saint-Jean?
Vous avez dit vous-même que la société
québécoise est constituée d'un grand nombre de petites
sociétés. On en est au tout début, mais je crois que la
première maladresse je ne veux pas leur faire porter le
blâme non plus la première erreur de tactique dans
l'établissement de CLSC a commencé là. Je ne suis pas
obligé de croire tout ce qu'on me donne comme informations sur les CLSC,
j'en prends et j'en laisse, je vous prie de me croire; je ne prends pas comme
parole donnée tout ce qui me parvient, mais on me dit que cela a
été, dans certains cas, parmi les difficultés
d'implantation de CLSC, vraiment un facteur important. Pour d'autres, cela a
été un agacement; les groupes, aussi bien les professionnels que
la population du milieu, ont fini par passer par-dessus ou alors
l'évolution dudit chargé de projet s'est faite en
conséquence, et, après une période d'hésitation,
s'est très bien adapté au milieu, travaillent avec le milieu
à la réalisation du projet. Mais dans d'autres cas, cela a
été plus difficile et cela a fait mal de faire démarrer le
projet.
M. FORGET: D'accord, mais je dois tout de même dire que dans tous
les cas l'animateur analyste n'est pas imposé par le ministère,
n'est pas désigné par le ministère. L'animateur analyste,
c'est le groupe promoteur, le groupe qui s'intéresse et qui prend
l'affaire en main qui le recrute. A ce moment-là, le chargé de
projet n'est pas en cause, ce n'est pas lui qui impose un animateur analyste
dans le milieu, c'est le milieu qui choisit son propre animateur analyste.
M. BEDARD (Chicoutimi): II est toujours en relation, quand même,
avec le chargé de projet qui, lui, va à une école unique
plutôt que d'avoir la formation du milieu.
M. FORGET: Evidemment, notre chargé de projet et il n'a
probablement pas tort dans les circonstances se perçoit un peu
comme un agent de changement, un agent de développement, si vous voulez,
dans un milieu donné. Tout tient à ses qualités humaines,
après cela. Je me souviens de Fridolin qui disait un jour, dans une
revue, en parlant des colonisateurs: On s'en vient vous fonder. Si notre
chargé de projet se présente en disant : On s'en vient vous
changer, je pense bien que cela ne marchera pas.
M. CHARRON : D'accord.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais à partir du moment où ce
chargé de projet est un agent de changement, tel que vous le dites, ou
un agent de développement, comment peut-il changer efficacement sans
avoir, au préalable, une connaissance pratique du milieu lui-même?
Avant de changer le milieu, la meilleure formation pour le changer c'est la
formation qu'on a de la connaissance de ce milieu.
M. FORGET: D'accord, mais il reste, je l'ai dit, que le chargé de
projet est un type qui joue un rôle à fond au niveau de
l'information, au départ, et après cela au niveau des relations
entre le comité provisoire ou le groupe promoteur et le
ministère.
Mais cette action de changement, c'est quand même la
communauté locale qui l'assume, ou le groupe qui a accepté de
travailler à l'implantation du centre local.
M. CHARRON: M. le Président, nous ne pouvons pas demeurer
longtemps sur cette question des chargés de projet, je veux juste avoir
une dernière information. Est-ce que ces 12 ou éventuellement 15
personnes dont vous avez parlé travaillent par région ou s'il y a
une autre détermination quant à leur travail?
M. FORGET: Par région, oui, mais je sais que j'ai des
chargés de projet de Montréal qui vont dans d'autres
régions à proximité de Montréal. D'ailleurs, la
grande région administrative est divisée en trois régions
de services de santé et de services sociaux.
M. CHARRON: Etant donné que les services dans les CLSC sont
définis par les conseils d'administration de ces CLSC, comment
détermine-t-on les budgets de fonctionnement?
M. FORGET: Les besoins d'abord sont identifiés par le groupe
promoteur; les programmes qu'on dit provisoires sont élaborés par
le groupe promoteur en collaboration avec le chargé de projet, qui peut
fournir des indications, et le programme est présenté à
notre direction du financement. Notre direction du financement utilise un
certain nombre de critères pour déterminer le budget. Comme je
l'ai dit tantôt, dans certains secteurs, on a mis l'accent sur les
services de santé parce que les besoins les plus ressentis par la
population, qu'il fallait satisfaire, étaient les besoins de
santé. Dans d'autres secteurs, cela a été l'action
communautaire. Alors, il appartient au représentant de la direction du
financement d'en arriver à un certain équilibre. Evidemment,
là il se fait de la négociation entre le groupe promoteur, le
chargé de projet qui, généralement, appuie le groupe
promoteur puis la direction du financement qui a quand même des budgets
puis des limites à ces budgets.
M. CHARRON: Tant que le CLSC en est à la phase d'implantation
je pense à chez nous dans le centre-sud de Montréal
c'est encore provisoire. Est-ce que les dirigeants provisoires
participent à l'établissement du budget de fonctionnement,
comme vous venez de me le décrire, de la même façon que si
la structure était véritablement établie?
M. FORGET: II arrive assez tôt qu'il y a un budget de
démarrage pour aider le bureau provisoire à poursuivre son
travail. De ce budget de démarrage, on passe à un budget de
fonctionnement initital et ce budget de fonctionnement est sujet à
révision au fur et à mesure du développement des
activités.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez parlé tout à l'heure de
69 projets dont 11 en activité vraiment...
M. FORGET: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez parlé également dans
certains cas d'expériences heureuses; dans d'autres cas
d'expériences moins heureuses.
Concernant, d'une façon pratique, la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. FORGET: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Où la classeriez-vous?
M. FORGET: Concernant la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
d'abord, nous n'avons que trois projets dans la région no 2 et le
troisième vient tout juste d'être annoncé. Pour ma part, je
ne parlerais pas d'expériences malheureuses parce que je ne pense pas
qu'il soit monté à mon bureau un problème en provenance de
la région no 2. Donc, cela veut dire que les gens se tirent d'affaire.
Qu'ils rencontrent des difficultés là-bas, je n'en doute pas,
mais probablement pas de problèmes insolubles.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ou encore ils ne sont pas dans les onze vraiment
en activité.
M. FORGET: Non, non, d'accord.
M. CHARRON: Je pense que, s'il n'en est pas monté de la
région no 2, il en est peut-être arrivé sur votre bureau en
provenance du centre-sud de Montréal. Vous comprendrez bien que je m'en
voudrais de ne pas en parler cet après-midi. Je ne veux pas faire un cas
particulier du CLSC qui couvre la région que je représente ici,
mais on m'a signalé qu'une des difficultés était la
présence de la ville de Montréal, dans le sens administratif du
mot. C'est-à-dire que les ententes avec la ville de Montréal pour
l'administration des affaires sociales ont encore un effet lorsqu'il s'agit de
l'implantation du CLSC.
Là, je ne crois pas parler uniquement pour le CLSC du centre-sud,
mais j'imagine que tous ceux Hochelaga-Maisonneuve, par exemple
qui se trouvent sur le territoire de la ville de Montréal sont soumis
à la même difficulté d'implantation. C'est quelque chose de
supplémentaire que n'ont pas d'autres CLSC dans d'autres régions,
le fait que la ville de Montréal est partie. Par exemple je ne
parle pas sans exemple le conseil d'administration provisoire du CLSC
centre-sud a été, pendant un long moment, à la recherche
d'un dentiste pouvant travailler pour les services de santé. Si je dis
que cela a probablement été sur votre bureau, c'est parce qu'on a
écrit à un nombre considérable de personnes, d'abord au
ministre lui-même, aux sous-ministres, au directeur de la planification,
à M. Séguin des affaires sociales à Montréal. On
s'est aperçu que, pour l'entrée en fonction d'un dentiste dans le
centre-sud de Montréal, tout était bloqué pour la
nomination de cette personne à l'exécutif de la ville de
Montréal. Pour des raisons, comme d'autres, qui restent à
expliquer, Montréal tardait à faire connaître sa
réponse.
A mon avis, aux dernières nouvelles que j'en ai, Montréal
n'a pas encore fait connaître sa réponse. Est-ce qu'il y a moyen
dans l'implantation, et surtout dans le fonctionnement ultérieur du CLSC
lorsqu'il sera bien implanté, d'éliminer ou de réduire au
minimum les difficultés administratives causées par la
présence de la ville de Montréal dans le domaine des affaires
sociales pour les CLSC?
M. FORGET: C'est un problème assez étendu dans la ville de
Montréal et assez complexe. C'est un problème, dans le fond,
auquel on commence uniquement, au cours de cette année, à
s'attaquer. Cela touche à la fois les soins à domicile et les
services de santé de la ville de Montréal.
L'objectif qui a été poursuivi jusqu'à
présent, c'est d'éviter, dans toute la mesure du possible, que
les modifications qui sont en cours n'entraînent une diminution des
services pour la population cela a été un des objectifs
principaux que le personnel continue à fonctionner dans toute la mesure
du possible dans cette période de transition et d'éviter
aussi un dédoublement des services qui va coûter de l'argent
inutilement et qui pourrait être difficile à faire
disparaître par la suite.
Alors, la seule chose dont on peut vous assurer, c'est qu'au cours de
cette année, d'ici à la fin de l'année, des efforts
particuliers vont être faits. Il y a eu déjà des rencontres
et il y en aura d'autres pour arriver à des ententes avec la ville de
Montréal. Il y a des problèmes syndicaux qui sont liés
à cela, il y a des problèmes d'intégration de personnel,
il y a des problèmes de financement. Nous sommes en train de faire face
directement à ce problème au cours de cette année. La
décision a été prise, en fait, il y a quelques mois
seulement, que l'intégration devrait se faire au cours des douze
prochains mois.
M. CHARRON: Si je signale ça, c'est que je crains que l'objectif
que l'Assemblée nationale a voté et les principes qui ont
été rappelés tout à l'heure, qui entourent la
philosophie, si vous voulez, de l'implantation de CLSC soient en danger. Il
serait dommage que ce soit une administration municipale stérile qui
paralyse la réalisation de cet objectif.
Est-ce que les efforts qui sont faits je prends votre parole
dans les discussions avec la ville de Montréal vont dans le sens
que je signalais tantôt, c'est-à-dire la réduction au
minimum de la présence administrative de Montréal et une
autonomie des CLSC qui soit équivalente à celle de toutes les
autres régions du Québec où il n'y a pas cette
présence municipale dans le domaine social?
M. FORGET: Je ne voudrais pas laisser l'impression qu'il y a eu, de la
part de la ville de Montréal, des résistances ou des
empêchements.
M. CHARRON: Non, non.
M. FORGET: On a eu le même problème, si vous prenez la
région de Sherbrooke, d'intégration des unités sanitaires
au niveau de certains CLSC et aussi la distinction, à savoir quelles
sont les activités qui vont au département de santé
communautaire par rapport au centre local.
Ce que vous dites, il y a des problèmes qui sont reliés
avec la ville de Montréal, mais on frappe aussi des problèmes
dans le sens contraire. Le CLSC, à un moment donné, voit arriver
deux ou trois infirmières qui viennent des unités sanitaires et
là, ils ne veulent plus les voir arriver parce que ce n'est pas le
même groupe, ce n'est pas le même esprit et ce n'est pas la
même dynamique. Par contre, ces infirmières doivent
s'intégrer quelque part. A l'occasion, c'est au niveau du CLSC qu'elles
doivent s'intégrer. Là, les CLSC nous disent: Vous nous les
imposez. Tout à fait d'accord qu'on les leur impose d'une certaine
façon. Il faut respecter les objectifs du CLSC mais il faut aussi
respecter les individus qui travaillent à l'intérieur du
réseau et leur assurer d'être capables de fonctionner et de
maintenir leur travail dans l'avenir.
C'est un problème assez complexe. Je ne vous dirais pas qu'il n'y
aura pas des incidents de parcours mais on en est très conscients et
très sensibles.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Frontenac a
demandé la parole.
M. LECOURS: M. le Président, j'aimerais connaître le budget
glogal pour l'année 1973/74 affecté aux CLSC et celui
prévu pour 1974/75.
J'aurais peut-être une autre remarque à faire à
propos du chargé de projet. Je suis toujours surpris de voir une ville
comme Thetford-Mines, où on envoie un chargé de projet pour
lancer un
CLSC, alors que déjà on a des services adéquats
dans cette ville.
J'ai remarqué la même chose pour Sherbrooke, alors qu'on a
quatre hôpitaux bien organisés, on a même un surplus de lits
là-bas, on a un surplus de tout, au point de vue médical,
à Sherbrooke. Pourquoi un CLSC dans une place où ils n'en ont pas
besoin? Pourquoi, dans mon comté, ne pas penser plutôt à
Saint-Méthode, qui est un petit village où il n'y a pas de
médecin du tout présentement, où il y a un foyer avec des
malades chroniques et seulement une infirmière licenciée pour
tout ça?
Il faut se poser de sérieuses questions, à l'heure
actuelle. Pourquoi ce gaspillage d'énergie et d'argent, dans les villes
où il y a déjà des services médicaux très
bien organisés? Pourquoi choisir ces endroits avant de choisir les
places éloignées où, réellement, il y a des manques
sérieux au point de vue de la santé?
M. FORGET: Relativement à la question des budgets, M. le
Président, le crédit que nous examinons comporte plusieurs
éléments à plusieurs composantes.
Pour ce qui est des CLSC, la question portait, je pense, sur l'exercice
qui vient de se terminer. Relativement aux dépenses pour les centres
locaux de services communautaires, il s'agit effectivement d'une somme de
$3,800,000. Il faut rapprocher ce chiffre d'une somme de près de $8
millions qui apparaît au même crédit et qui émarge au
programme des unités sanitaires. Il faut le rapprocher également
d'une somme assez substantielle qui a été, au moment du discours
du budget, annoncée comme une charge nouvelle que le gouvernement
provincial prenait à ses frais et qui correspond aux dépenses du
Service de santé de la ville de Montréal et de certaines autres
municipalités, une somme d'environ $7.5 millions. Ceci veut dire, pour
ne parler que de l'aspect de la santé des CLSC, que nous
dépensons actuellement ou nous dépenserons, pour le
prochain exercice financier une somme qui atteindra près de $16
millions pour la santé communautaire, ce qu'on peut comparer à
une somme qui est inférieure à $7 millions pour les CLSC.
Il s'agit cependant, sur le plan de la santé, en partie des
mêmes objectifs. L'organisation remarquable de certains soins
spécialisés, dans certaines régions, ne diminue en rien le
besoin qui existe.
Il a été reconnu depuis longtemps, témoin le
programme des unités sanitaires, témoin, dans certaines villes du
Québec, des programmes de santé publique fort bien
organisés à certains égards, comme celui de la ville de
Montréal et de certaines autres municipalités qui totaliseront,
l'an prochain, plus de $16 millions.
Dans ces milieux, les services de santé spécialisés
qui sont organisés ont montré qu'il était
nécessaire d'organiser des services autres que les services hospitaliers
pour prendre en
charge effectivement des mesures de santé publique sur le plan
préventif, la vaccination, les cliniques maternelles et infantiles. Je
fais malgré tout une brève allusion aux services de soins
à domicile qui, dans une large mesure, représenteront l'an
prochain ils sont aussi dans ces crédits-là une
dépense de plus de $9 millions. Ce sont là des
éléments épars d'un ensemble de mesures qui ont toujours
existé, mais, encore une fois, de façon éparse, et que le
centre local de services communautaires, ne s'en tenant qu'au simple aspect de
la santé, veut regrouper et réaménager sur un plan local
et aussi, ce qui est important, assurer de façon générale,
à l'ensemble du territoire du Québec, puisque dans le moment il y
a une disparité flagrante entre les centres urbains comme ceux de
Montréal et de certaines municipalités de la région de
Montréal et Québec, qui bénéficient de cliniques,
par exemple, pour les enfants et les mères, les soins dentaires, etc.,
et les endroits où ces services ne sont pas accessibles de la même
façon ailleurs au Québec.
Plusieurs possibilités sont imaginables pour fournir de telles
sortes de services. Il a été concevable de prolonger
l'implication des municipalités dans la distribution des soins.
Cependant on sait que dès 1971, je crois, le gouvernement provincial a
accepté, à la demande des municipalités, d'assumer de
façon progressive le fardeau financier qui autrefois était
assumé par les municipalités. Les municipalités ont
clairement démontré leur désir de se départir de
cette responsabilité, faisant écho en cela probablement, pour une
part au moins, aux recommandations de la Commission d'enquête sur la
santé et le bien-être qui recommandait de créer des centres
locaux sous l'autorité de corporations autonomes, comme celles qui
administrent les hôpitaux eux-mêmes.
On sait également que dans plusieurs pays les services
d'unités sanitaires qui sont dotés en personnel par la fonction
publique ont été l'objet d'une réévaluation de leur
rôle, justement parce que ce statut, la centralisation de ces services,
pose des problèmes évidents pour tout le monde, étant
donné qu'il s'agit de services qui ne peuvent se donner seulement
à Québec, à Montréal ou dans certains centres
régionaux, mais qui doivent être disponibles de façon
très déconcentrée sur l'ensemble du territoire. Il a paru
à la commission qu'il était préférable de placer
ces services sous l'autorité de corporations locales. Comme on le sait,
la commission d'enquête s'adressait à ce moment-là
strictement à l'aspect santé de ces services et elle a
suggéré de regrouper sous un même toit, en quelque sorte,
les mesures de santé publique, les mesures de santé
préventive et de soins primaires qui pouvaient trouver
énormément de complémentarité les unes avec les
autres.
Lors de l'adoption de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, le ministère, qui avait fusionné les
activités et les préoccupations propres à la santé
et aux services sociaux, a jugé bon d'étendre la couverture de
ces services à des services généraux selon la même
conception dans le secteur des services sociaux, de manière à
rendre accessibles ces services sur une base décentralisée et ne
pas intégrer dans les cadres de la fonction publique cet aspect de ses
responsabilités, de manière à avoir plus de souplesse,
à obtenir des services qui ne soient pas nécessairement
uniformes, qui soient mieux ajustés aux besoins des différentes
régions.
C'est le but que ces différents services veulent réaliser,
veulent concrétiser. C'est un but à la fois
d'accessibilité plus uniforme à des services qui existent
déjà et qui sont, à partir de cette année,
financés entièrement par la province.
Mais ces services n'existent de cette façon, dans une certaine
mesure, que dans les centres urbains, plus évidemment, l'addition de
nouvelles dimensions sur le plan des services sociaux ou d'actions
communautaires où il a été assez souvent
démontré qu'un très grand nombre de problèmes au
niveau au moins de certains quartiers ne peuvent être résolus de
façon satisfaisante, à moins de chercher à impliquer plus
activement la population à la prise en charge de certains de ces
problèmes. Voilà à la fois les implications
budgétaires et la raison pour laquelle ces efforts sont faits,
même s'il existe des services de santé spécialisés
fort bien organisés.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. le député de
Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, ma question fait suite à la
question du député de Frontenac et peut-être des
députés de l'Opposition quant à l'implantation même
ou les décisions qui sont prises lors de l'implantation d'un CLSC. Je
pense qu'il ne se pose pas tellement de questions quant à l'objectif
général qui est poursuivi. Je pense qu'il y a pas mal de gens qui
sont d'accord sur cette décentralisation des services de santé ou
des services sociaux. Cependant, je pense que ce qu'on entend dire d'une
façon générale c'est qu'il y a peut-être un danger
cependant que cette décentralisation ou cette implantation de
décentralisation se réfère à certains
schèmes acquis d'avance et qui ne correspondent pas à des
réalités. Je me demande si on sait que le principe de base
d'organisation communautaire comme un CLSC c'est d'abord d'identifier les
besoins du milieu, identifier à un point tel qu'il faut que les gens
eux-mêmes soient d'accord pour l'implantation de tel et tel service
dans tous les cas, les onze cas où on a vu des CLSC, cette
première étape a été très bien suivie. Tout
à l'heure, on a dit que la première étape et
peut-être que j'ai mal saisi c'est d'informer les gens. Je pense
que la première étape c'est beaucoup plus de savoir ce que les
gens attendent de la part de ce CLSC en puissance et, après ça,
une fois qu'on sait ce qu'ils en attendent, quels devraient être les
services qui pourraient être rendus pourvu qu'il n'y ait pas
double emploi avec les services existants et qui correspondent à une
volonté réelle.
Si ces différentes attitudes et étapes étaient
suivies, M. le Président, je me demande si ce ne serait pas conciliable
avec beaucoup de souplesse, de façon qu'on n'aboutisse pas exactement
comme ça s'est fait un peu dans le domaine de l'éducation,
où on est parti avec un certain nombre de schèmes qui ne
répondaient pas tout à fait à la réalité,
aux problèmes, comme on le sait. Et on essaie de les ajuster, à
l'heure actuelle. Je me demande, moi, si cette première
découverte des besoins et l'association comme M. le ministre
disait tout à l'heure des gens, dans tout ce cheminement, ne
devraient pas être très rigoureux comme directives, de
façon également qu'une autre directive aussi rigoureuse soit une
très grande souplesse quant aux services qui sont nécessaires et
offerts dans chacun des milieux.
M. FORGET: M. le Président, il y a une difficulté
très considérable lorsqu'un gouvernement, quel qu'il soit, essaie
de présenter une formule nouvelle, un projet nouveau qui soit à
la fois nouveau et qui soit suffisamment directeur pour effectivement
réaliser les objectifs qu'on lui trace qui sont d'effectuer un certain
réaménagement, un certain changement, et à la fois assez
souple pour s'accommoder de toutes les circonstances particulières.
Probablement que si l'on faisait une histoire très
détaillée du cheminement de cette implantation des CLSC, on
découvrirait que, dans un effort de ne pas diriger, le ministère
peut-être, initialement au moins, s'est abstenu, de façon
extrême, de préciser les contenus et de préciser les
orientations minimums qui devaient se trouver réunis, justement dans le
but de permettre un ajustement aux réalités et aux besoins, tels
qu'ils sont exprimés au moins par les groupes qui assument la promotion
ou le développement de ces ressources.
En effet, il est difficile de dire aux gens: Faites ceci c'est nouveau,
c'est un développement et, en même temps, faites ce que vous
voulez. On engendre alors une confusion inévitable et on risque de se
retrouver avec quelque chose qui est complètement différent de ce
qui avait été anticipé. Cela peut être bon ou cela
peut être mauvais, mais cela peut aussi être quelque chose qui
rende impossible la réalisation d'objectifs qui ont été
tracés assez précisément par les recommandations d'une
commission d'enquête et aussi par les orientations inscrites dans la loi
et dans la vocation même du ministère.
Il est clair que nous devons restreindre notre action à notre
champ de compétence dans une large mesure. Donc, il y a certains choix
qu'il ne nous est pas possible d'envisager, quitte à devenir un peu
toute chose pour toute personne. Mais nous sommes conscients du besoin
d'ajuster ces structures nouvelles à des besoins régionaux. Donc,
c'est un équilibre difficile à réaliser entre une
souplesse et, en même temps, un changement véritable dans une
direction qui doit quand même correspondre à des objectifs assez
bien déterminés; sinon, on n'aura rien réussi en fin de
compte. On n'aura pas réussi à créer cette alternative
à des soins spécialisés, cette nouvelle façon, qui,
par hypothèse, sous-tend cet effort, de rendre accessibles des soins
primaires, des soins généraux à l'ensemble de la
population.
Or, c'est cet équilibre qui n'est jamais réalisé
parfaitement, que l'on essaie de réaliser et cela par
l'intermédiaire d'un très grand nombre de personnes qui ne sont
pas également nécessairement informées de tout ce
processus et ne partagent pas les mêmes perceptions dans tous les
détails, ce qui engendre évidemment des risques de confusion, des
risques de difficultés. Cependant, l'expérience s'accumule et
elle ajoute aux connaissances de tous ceux qui y participent. Il est possible
que l'on puisse entrevoir une période où il y aura beaucoup moins
de flottement dans les idées, où un certain nombre de
modèles se dégageront, modèles différents,
ajustés à des types de circonstances différentes et qui,
tout en permettant à la formule d'être assez souple, permettent,
malgré tout, d'orienter concrètement l'action dans
différents milieux.
On a cité tantôt la distinction qui semble de plus en plus
claire entre certains milieux urbains et certains milieux non urbains ou
ruraux. Ce sont peut-être deux modèles qui vont se détacher
avec plus de clarté. Il va peut-être en apparaître d'autres
au cours de l'expérience, ce qui permettra d'être à la fois
souple dans l'idée d'un CLSC, mais aussi assez concret et assez
précis quant à sa signification dans des circonstances
particulières.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Rosemont et,
après, le député de Chicoutimi.
M. BELLEMARE: M. le Président, avant de poser ma question, je
voudrais spécifier que ça ne s'adresse pas aux individus, mais
plutôt au système.
Avant de rêver aux CLSC dans la région de Montréal,
ne serait-il pas possible de trouver, au moyen de ces sommes gaspillées
pour rien, un système pour décongestionner les cliniques
d'urgence dans les hôpitaux de la région de Montréal?
M. FORGET: C'est précisément presque faire une
pétition de principe que de supposer que l'on puisse
décongestionner les hôpitaux sans présenter une alternative
préférable à celle-ci puisqu'en soi elle n'a pas d'autre
but que de décongestionner les hôpitaux. Il faudrait donc qu'on
nous en suggère une autre qui soit préférable à
celle-ci parce qu'elle est plus près
de la population, qu'elle correspond mieux à ses besoins, qu'elle
a une approche plus personnalisée envers l'individu qui a besoin de
services et qu'elle est moins coûteuse ou une combinaison de toutes ces
caractéristiques. C'est précisément pour essayer de
trouver cette alternative, essayer de lui donner corps, que l'idée de
centres locaux de santé et, subséquemment, de services
communautaires a été développée.
Il n'y a pas beaucoup d'alternatives imaginables, du moins, personne ne
nous a suggéré un schéma d'organisation de services
primaires, sauf un schéma peut-être purement étatique,
purement gouvernemental, dont nous avons fait l'expérience C'est une
expérience qui est assez longue pour nous permettre de l'évaluer,
puisque c'est l'expérience des unités sanitaires dans une
certaine mesure. Est-elle tellement favorable, sur le plan professionnel, sur
le plan de son efficacité pratique dans le milieu, pour qu'on veuille y
ajouter de nouveaux éléments ou, alors, tirer une leçon de
cette expérience qui était totalement à l'intérieur
des cadres de la Fonction publique.
Est-ce tellement favorable que l'on doive utiliser cette méthode
pour la développer et croire qu'on a véritablement une solution
de rechange au service hospitalier? Je pense que non. C'est une opinion qui
semble partagée par un certain nombre d'observateurs du fonctionnement
de ces unités sanitaires ou de ces services de santé publique
gouvernementaux.
Il y a toutes sortes de problèmes que cela pose. Cela pose des
problèmes, comme on sait, de disparité dans les échelles
salariales encore là, ce n'est peut-être pas impossible d'y
remédire mais il semble qu'en pratique ça constitue une
difficulté majeure de disparité dans les statuts, le
statut professionnel entre autres. Ainsi le recrutement, l'animation de ces
milieux, la motivation de ces milieux risquent de demeurer toujours
inférieurs et, donc, être un moins bon substitut à ceux que
l'on trouve dans un milieu plus autonome, comme un hôpital ou comme
n'importe quel autre type d'établissement qui peut, sans
référence toujours aux autorités hiérarchiques
gouvernementales, prendre localement un certain nombre de décisions,
rapprocher, autrement dit, les décisions sur un très grand nombre
d'aspects qui affectent la population, dans l'intérêt de qui ces
décisions sont prises.
On pourrait vouloir réformer toute la fonction publique et dire:
Les ministères pourront un jour fonctionner aussi bien que les
entreprises décentralisées ou l'entreprise privée. Dieu
sait qu'on l'a souvent exprimé dans bien des milieux et pour bien des
raisons. Si on prend la réalité telle qu'elle est, on ne semble
pas avoir d'autre choix que de faire, sur un plan local, une espèce
d'organisme décentralisé qui a une certaine mesure d'autonomie,
la plus large possible, et qui va développer, ene santé publique,
certaines activités de prest plus des services traditionnellement
assumés dation de services non spécialisés et
développer, donc, une solution de rechange aux hôpitaux. On a
recours parfois à ceux-ci sans besoin, simplement parce qu'ils sont
là et qu'ils sont très coûteux. Ils ont tendance, on le
disait encore récemment, à traiter les gens un peu comme des
numéros, un peu comme dans la vieille tradition de l'assistance
publique, si l'on veut, puisque essentiellement, à l'origine, les
cliniques externes étaient des dispensaires. Il semble que les
mentalités qui prévalaient à l'époque se
perpétuent malgré que le système, au moins de financement,
soit complètement changé.
C'est au moins l'hypothèse de travail qui est faite mais si elle
ne répondait pas aux buts, je pense qu'on aurait au moins un
problème, à défaut des autres qu'on peut passer sous
silence; on aurait au moins le problème d'un défaut de choix
valables et également expérimentés dans d'autres
régimes ou sous d'autres juridictions.
M. BELLEMARE: Pensez-vous, M. le ministre, qu'avec les CLSC de
Montréal vous allez aider à décongestionner les
hôpitaux et les cliniques d'urgence? Est-ce que vous trouverez le
personnel nécessaire dans les CLSC qui pourrait aider à les
décongestionner? Ferez-vous une espèce de pratique de clinique
d'urgence?
M. FORGET: Un des buts d'un CLSC, c'est de développer une
capacité de réponse, sur le plan médical comme sur le plan
social, à des besoins de soins primaires. Ce sont des services de
premier contact sur le plan médical, puisqu'il y a un certain nombre
d'urgences ou de personnes qui se présentent dans les urgences. Certains
ont évalué ce pourcentage à 80 p.c. des gens qui se
présentent à l'urgence ou à l'externe puisqu'il y a une
certaine confusion dans l'utilisation de ces deux mots. Dans les centres
hospitaliers, on peut, avec un simple et un unique contact avec un
professionnel de la santé ou un médecin, obtenir une
réponse satisfaisante à ses besoins.
De la même façon, on a discuté de certaines urgences
sociales dans un autre contexte, lors d'un crédit
précédent; il y a du dépannage à faire pour toutes
sortes de besoins, des enfants, des adolescents qui sont en fugue, des
problèmes d'expulsion de logis, etc. Il y a des besoins, sur un plan
local, auxquels il faut faire face et auxquels des organismes comme
ceux-là peuvent faire face en plus de l'action d'éducation et de
l'action de prévention qui, encore une fois, se déroulent dans le
moment et pour lesquelles on a toutes les peines du monde à conserver le
personnel qu'on a et, parfois même, à plus forte raison à
en engager du nouveau simplement pour remplacer les départs
naturels.
On a fait allusion au problème des dentistes. Il peut y avoir des
difficultés administratives, il y a aussi des problèmes de
recrutement qui se font sentir pour les infirmières également,
etc., dans tout ce réseau.
M. BELLEMARE: Merci.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): On reviendra à la philosophie de base
peut-être plus tard. M. Nepveu nous a laissé entendre qu'il
semblait l'avoir en main, il pourrait nous fournir la liste des projets
engagés et l'étape à laquelle ils sont rendus
présentement?
M. FORGET: On va vous la remettre ce soir ou demain.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord. Est-ce que je pourrais savoir comment
se fait le choix des projets, à partir de quels critères? Est-ce
que c'est à partir des recommandations de CRSSS ou à partir de
projets d'initiatives locales ou autrement, en tout cas, les critères de
choix des projets? Je voudrais savoir également si le critère de
population qui était déjà défini continue
d'être maintenu au niveau des CLSC.
M. FORGET: Je vais répondre. Au niveau de la planification, c'est
surtout chez M. Ouellet que se fait le choix à partir des
critères. Les critères de population et des districts ont
été maintenus au ministère actuellement. L'on tient compte
de divers facteurs dans le choix ou la détermination des choix.
L'absence de ressources humaines ou physiques est un facteur, la distance des
facilités les plus proches sur le plan hospitalier ou autres.
Il y a eu des facteurs de gestion ou d'administration courante, enfin
des décisions ont été prises sur des facteurs autres,
comme, par exemple, le remplacement d'un type d'institution
d'établissement par un autre. On a tenu compte aussi du facteur de
l'existence dans le milieu d'une demande de la population qui a
été prise en considération, c'est-à-dire qu'il y a
eu des endroits où les populations ont été animées
préalablement à la loi ou dès le départ de la loi
et où il y a eu une demande très précoce de groupes de
citoyens qui étaient convaincus du besoin de CLSC, et on en a tenu
compte dans la location des premiers CLSC et des listes
subséquentes.
Alors on considère les besoins. On considère aussi la
demande de la population dans toute la mesure du possible, la distance des
centres hospitaliers et, en plus, nos capacités financières ou
budgétaires pour l'implantation. Il y a eu certaines erreurs de
parcours. Actuellement, la liste est dressée et une liste de
priorités a été établie. La liste des derniers
projets date d'à peu près huit mois, je pense, et selon nos
demandes budgétaires au Conseil du Trésor, il y aura une
réévaluation des projets prioritaires pour l'avenir, pour
l'année 1975/76, 1976/77. De toute façon, l'impression qu'on a,
au niveau de la gestion où est situé M. Nepveu, c'est que, dans
le moment, il y aurait un besoin de stabilisation et de mise en place qui ne
nous rend pas trop désireux de nous multiplier. Je pense qu'on a besoin
d'une période de stabilisation pour mettre en place et faire fonctionner
ceux qui existent, leur permettre de s'établir de façon
satisfaisante.
M. FORGET: Si je peux ajouter un mot là-dessus, il y a aussi,
durant l'évolution du programme, des critères différents
qui se sont appliqués à différents moments. Il y a eu
initialement des dossiers, antérieurs même à l'endossement
public, qu'ils recevaient par la loi, qui reconnaissaient ce mode
d'organisation, et aussi des facteurs d'absence presque totale de ressources ou
de très grand éloignement.
Il y a eu, dans un deuxième temps, un certain effort pour
promouvoir l'établissement de ces centres sur une base régionale,
de manière, au moins dans un ou deux cas, à avoir une certaine
saturation pour permettre d'en évaluer l'impact, puisqu'il est
extrêmement difficile de mesurer l'impact d'une ressource nouvelle sur
l'ensemble des autres institutions de santé ou des autres
établissements de santé, si l'on n'a, dans une région,
qu'un ou deux établissements qui ne couvrent pas l'ensemble du
territoire et qui ne permettent pas d'évaluer globalement, lorsque le
système ou le réseau sera complet, quel en serait l'impact sur
l'utilisation des autres ressources.
Donc, il y a eu une tentative de faire une telle saturation dans
certaines régions. Il y a aussi eu une préoccupation de
créer des occasions de formation du personnel qui doit travailler dans
ces centres locaux de services communautaires, particulièrement du
personnel médical. Comme on le sait, nos facultés de
médecine se sont traditionnellement plus attachées au
développement de spécialistes que d'omnipraticiens et de
médecins de famille. Il paraissait nécessaire de provoquer ou
d'appuyer les propositions qui ont été faites par certaines
facultés de médecine de provoquer ou de susciter le
développement de centres où les omnipraticiens pourraient avoir
un entraînement approprié pour une pratique de ce genre. Il y a
donc eu successivement des critères qui sont intervenus de
différentes façons de cette manière-là.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Bourget.
M. BOUDREAULT: M. le Président, pour faire suite à ce que
les députés ont dit sur les CLSC et le dégagement dans les
hôpitaux, est-ce que les médecins sont consultés par le
Collège des médecins, qui est censé être
responsable, pour voir si réellement tout est bien appliqué dans
les CLSC, les consultations, etc.? Je me réfère toujours à
une clinique qui est dirigée spécialement par des
médecins. Cela ne coûte pas un sou à la province. Elle se
trouve sur la rue Bélanger à Montréal et s'appelle
Domus
Medica. Nécessairement, ce sont des médecins qui ont pris
en main leur clinique. Ils offrent un service de 24 heures par jour avec des
médecins en place et même un service de dentiste en plus. Cela ne
coûte pas un sou à la province. Si...
M. CHARRON: Cela tombe bien! Vous avez choisi votre journée pour
en parler !
M. BELLEMARE: II ne faut pas généraliser, je connais
à peu près tous les médecins qui sont là.
M. CHARRON: Moi, j'en connais quatre.
M. BOUDREAULT: Ecoutez, le service du médecin, qu'on l'ait
à la clinique ou à l'hôpital, évidemment, il faut
payer le médecin.
M. CHARRON: J'en connais seulement quatre.
M. BOUDREAULT: Je parle de services au niveau des CLSC. On est
obligés de construire les bâtisses, les administrer et le
médecin est payé de toute façon avec la petite
patente.
Ce que je veux dire, par là, c'est que c'est peut-être une
clinique qu'il faudrait analyser davantage. Si cela devenait rentable pour la
province de Québec d'aider même les médecins à en
bâtir d'autres, cela coûterait nécessairement meilleur
marché à la province de Québec. Les médecins ne
semblent pas d'accord avec moi, mais enfin je sais, par expérience, que
ces gars administrent très bien; ils rendent de grands services à
la population. Parce qu'ils sont dans un secteur hospitalier, qu'il y a de
grands hôpitaux autour d'eux, nécessairement, ils font un grand
travail de dégagement des services d'urgence. Ils diagnostiquent et cela
évite, à beaucoup de gens, de se rendre à l'hôpital
pour rien.
M. DUFOUR: Je crois bien que les médecins n'ont pas besoin de
l'aide du gouvernement pour construire. Pour ce qui est, de se servir du CLSC
pour débloquer les cliniques d'urgence et les cliniques externes, je
m'inscris en faux parce que ce n'est pas le nombre de patients vus de neuf
heures à cinq heures dans un CLSC qui va certainement dépanner.
Ils en voient à peine dix par jour, pour deux médecins.
Cela vous donne un peu l'idée. Je ne vois pas comment on pourrait
débloquer les hôpitaux par des CLSC, du point de vue
médical, j'entends.
M. BOUDREAULT: Je ne parle pas des CLSC, je parle d'une clinique
médicale exploitée par des médecins.
M. DUFOUR: D'ailleurs, c'est ce qui s'en vient.
M. BOUDREAULT: Bien, je pense que c'est une formule qui...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je ne veux pas parler de la clinique
médicale dont vient de faire état le député de
Bourget. Je pense que les journaux se sont chargés eux-mêmes d'en
faire la publicité, ce matin. Ils le feront encore.
Je veux plutôt aborder maintenant un sujet qui est propre aux CLSC
et qui est directement lié aux dernières interventions des
députés ministériels. Ce sont les relations entre les CLSC
et les organismes populaires. Je crois qu'une des raisons qui a fait dire
à notre aimable collègue de Rosemont que le projet des CLSC
était un rêve et qu'on devait plutôt penser à autre
chose tient compte d'un état d'esprit très répandu qui
fait qu'on aborde toujours avec méfiance les relations avec les
organismes populaires.
On a toujours extraordinairement peur de perdre le contrôle, la
gestion des citoyens.
Je me souviens très bien du débat sur les CLSC, où
nous nous battions pour un nombre accru de sièges au conseil
d'administration, pour la participation des citoyens. Les arguments qui nous
étaient opposés par le ministre étaient sensiblement
rationnels. Mais, à d'autres occasions, les arguments fusant des
députés ministériels faisaient preuve d'une crainte
énorme pour tout ce qui bouge, tout ce qui progresse, tout ce qui s'unit
et tout ce qui se défend dans le Québec.
Parmi les difficultés d'implantation des CLSC le ministre
a passé rapidement là-dessus et je le suivais attentivement
il aurait certainement pu mentionner la résistance du milieu
à un regroupement. Des gens qui n'avaient pas l'habitude de parler, qui
n'avaient pas l'habitude de se défendre, qui devaient fonctionner
parfois à l'encontre du gouvernement sont maintenant appelés
à prendre part à la décision.
Si cette décision a emporté l'unanimité de
l'Assemblée nationale si ma mémoire est fidèle
enfin des deux partis qui restent, ce n'était probablement pas
aussi unanime dans le coeur de chacun, j'ai l'impression. Si, dans certaines
régions du Québec, on connaît aujourd'hui des
difficultés d'implantation, c'est parce qu'il existe des organismes qui
font des difficultés, qui font obstacle à ces implantations et
pour qui la philosophie des CLSC, non seulement n'est pas acceptable, mais est
à combattre dans certains cas.
Le ministère lui-même a eu ses démêlés
avec les organismes populaires. J'ai moi-même soulevé la question
en Chambre à propos du CLSC de la basse-ville de Québec. Le refus
d'autoriser le CLSC de la basse-ville de Québec à conclure des
ententes avec les avocats populaires a remis en cause l'assurance que l'ancien
ministre des Affaires sociales avait donnée à l'effet qu'il
n'était pas question de les intégrer au CLSC. Le système
devait être souple.
Ce refus a été perçu, par ces groupes, comme une
tentative de récupération par certains CLSC de la basse-ville de
Québec. Sherbrooke aussi, si
je ne m'abuse, a eu le même genre de réaction.
Je demande encore au ministre de m'expli-quer, encore mieux qu'il ne
l'avait fait en Chambre, puisque le climat n'est pas le même ici, ce
refus, cette décision. Pourquoi donner une telle interprétation
restrictive de l'article 87? Et ma question est encore plus précise,
à partir de cet exemple précis où le ministre a
refusé une souplesse aux CLSC et, à mon avis, comme je le lui ai
signalé à ce moment-là, a pratiqué une
interprétation très limitée de la disponibilité que
laisse l'article 87 de la loi 65. Est-ce que le ministre ne s'est pas
lui-même, à ce moment-là, trouvé à apporter
de l'eau au moulin à tous les détracteurs de CLSC, ceux qui
disent que ce pourquoi il ne faut pas appuyer les CLSC, c'est que c'est une
porte ouverte à la participation populaire? On dit: On se sait pas
où cela va nous conduire, on ne connaît pas leurs orientations, on
ne sait jamais ce qu'un citoyen va sortir, on ne sait jamais ce que le
regroupement de gens qui ne se sont jamais regroupés peut créer.
Pour tous les petits potentats locaux qui ont occupé des postes de
décision, dans notre société traditionnelle, le moindre
regroupement de citoyens, à la base, est une attaque au pouvoir et
à la place qu'ils ont toujours occupée dans la
société.
Tous tirent profit de la lutte que le ministre mène à
l'encontre du CLSC de la basse-ville en disant: Vous voyez, aussitôt
qu'on entre les organismes populaires ou qu'on fait appel à la
participation des citoyens, ce sont les troubles qui commencent, ce sont les
problèmes. On va jusqu'à dire que ce sont des gens d'une option
politique différente et que, par conséquent, c'est
immédiatement une série de problèmes, qu'on n'aura pas le
contrôle sur l'appareil qu'on est en train de mettre en place.
Le ministre ne participera pas à l'étroitesse d'esprit que
certains députés ministériels manifestent à
l'occasion, il n'est pas lui-même victime de cette étroitesse
d'esprit, parce que je crois qu'il défend l'implantation des CLSC et
qu'il veille à leur implantation dans la philosophie originale que nous
leur avons votée.
Mais le ministre lui-même, par ce genre de comportement à
l'égard du CLSC de la basse-ville de Québec, se trouve à
ajouter de l'huile sur le feu, à ajouter des arguments aux
détracteurs des CLSC et à rendre encore plus difficile leur
implantation.
M. BELLEMARE: M. le Président, avant que ne réponde le
ministre, je pense que le député de Saint-Jacques a très
mal compris ma question. J'ai demandé s'il était possible de
décongestionner les cliniques d'urgence. Vous m'avez très bien
répondu et, j'ai posé la question: Est-ce que les CLSC pourraient
aider à décongestionner les cliniques d'urgence? Alors, je ne
vois pas où j'ai dit que j'étais contre les CLSC. S'il veut
préjuger, c'est tout ce qu'il sait faire.
M. CHARRON: N'avez-vous pas dit...
M. BELLEMARE: Je vais le laisser aller tant et aussi longtemps...
M. CHARRON: Je n'ai pas l'intention d'amorcer un débat de
procédure avec le député de Rosemont.
M. BELLEMARE: Moi non plus.
M. CHARRON: Mais n'avez-vous pas dit ou, alors, je vous ai mal
compris...
M. BELLEMARE: Vous avez mal interprété,
peut-être.
M. CHARRON: De la façon dont vous articulez peut-être,
peut-être avez-vous mal articulé, mais ce qui est parvenu
jusqu'à mes oreilles était que vous aviez dit, d'une part...
M. BELLEMARE: Si vous aviez les cheveux coupés...
M. CHARRON: ..."au lieu de rêver aux CLSC". N'est-ce pas ce que
vous avez dit?
M. BELLEMARE: C'est ce que j'ai dit.
M. CHARRON: Et n'avez-vous pas dit que c'était de l'argent
tiré par les fenêtres?
M. BELLEMARE: Je n'ai pas dit que j'étais contre; j'ai
posé des questions.
M. CHARRON: D'accord, en fin de compte, M. le ministre.
M. FORGET: M. le Président, j'aimerais essayer d'apporter un
éclaircissement relativement à la question qu'a posée le
député de Bourget et à une question sur un sujet
différent, mais malgré tout reliée à cela puisqu'il
s'agit toujours de CLSC, du député de Saint-Jacques.
Pour ce qui est des cliniques médicales, j'ai indiqué
à plusieurs reprises que non seulement nous n'avons pas d'objection
à ce qu'il se forme des cliniques médicales, mais qu'on peut
même se demander pourquoi il n'y en a pas eu avant aujourd'hui.
Certainement, la profession médicale n'a pas à attendre une
invitation du ministère des Affaires sociales pour prendre une
responsabilité comme celle-là qui consiste essentiellement
à assurer, à des conditions raisonnables d'existence et de vie
professionnelle pour ses membres, une continuité des services, une
permanence des services dans toutes les régions du Québec
où un certain nombre de médecins peuvent le faire. Cette
évolution n'est pas propre au Québec, d'autres pays l'ont
amorcée bien avant nous, la pratique de groupe. Il n'est pas
nécessaire, dans le cadre de la profession médicale, d'une
pratique autonome et libre, d'avoir aucune indication ou directive
gouvernementale à cet effet.
Il est évident que, si un tel développement
s'était produit il y a vingt, dix ou cinq ans, un certain nombre
de problèmes auraient été évités, tels que
la congestion considérable que l'on retrouve dans les centres
hospitaliers et qui est due, dans une part non négligeable, à la
sécurité qu'offrent les hôpitaux à cause de leur
disponibilité constante, 24 heures par jour et 7 jours par semaine.
C'est un développement que j'ai toujours accueilli avec beaucoup de
plaisir. C'est évident que ça ne nous coûte rien en sus de
ce qui est déjà payé pour l'assurance-maladie. C'est bien
normal, de toute façon, puisque ça n'entrafne aucuns frais
supplémentaires pour ces médecins; il s'agit simplement d'un
regroupement de leurs activités, d'une organisation peut-être plus
rationnelle de leur vie professionnelle dont ils sont les premiers à
bénéficier par un mode de vie plus raisonnable, qui n'implique
pas une présence continuelle et une garde latente
perpétuelle.
D'un autre côté, l'organisation des cliniques n'est pas de
nature à résoudre tous les problèmes de santé et,
en particulier, n'a jamais été suggérée comme une
solution à des problèmes de médecine préventive et
de santé publique qui sont importants. Ces cliniques offrent un cadre
qui n'est peut-être pas entièrement approprié ou
certainement pas utilisable sans modification pour l'emploi d'un personnel
auxiliaire sans autre qualification. Maintenant, des développements sont
toujours possibles pour permettre de donner des meilleurs services
puisqu'encore une fois, même si l'ensemble du territoire devait
être couvert, dans un certain sens, par les CLSC, il ne s'agirait, en
somme, que d'une fraction de la profession médicale et même d'une
fraction des généralistes qui serait regroupés dans ce
cadre-là; une fraction peut-être importante, mais, malgré
tout, une fraction seulement. Il est important que les services
médicaux, avec ou en parallèle avec l'organisation de CLSC,
soient organisés le mieux possible.
Faire une équation entre la pratique de groupe et le CLSC est,
à mon avis, se baser sur une fausse perception, sur une perception
im-complète de ce à quoi doivent servir les CLSC. Il n'y a pas
double emploi, comme on semble parfois le suggérer; il y a une
complémentarité entre les deux qui doit être
développée, dont on ne connaît pas encore
nécessairement tous les aspects a priori, mais qui fait l'objet de
discussions avec la Fédération des omnipraticiens, de
manière à voir à quel point ces aspects de
complémentarité peuvent être développés ou
exploités davantage. Donc, c'est un domaine où il est susceptible
et je suis le premier à l'espérer d'avoir des
développements. Encore une fois, des développements analogues,
indépendamment de la création de CLSC, se sont produits dans
d'autres pays où j'ai eu l'occasion d'aller et même de
bénéficier de ces services. Encore une fois, si, au
Québec, l'idée d'un CLSC a servi de stimulant dans l'organisation
de tels services, je pense qu'il faut la mettre au crédit de cette
initiative en grande partie puisque ç'a sûrement aidé
à suggérer l'idée d'une continuité des services
personnalisés. Et l'insistance que le gouvernement du Québec,
depuis 1970, apporte aux soins généraux par rapport aux soins
spécialisés a sans doute aidé aussi et aide sans doute
encore à accréditer une telle idée.
Pour ce qui est des remarques relativement aux groupes populaires,
j'aimerais peut-être préfacer mes remarques à ce sujet en
indiquant qu'il est assez remarquable de voir et c'est bien là
l'essence du problème que l'implantation des CLSC suscite des
doutes dans plusieurs secteurs de l'opinion et de la population. Il s'agit de
mettre en présence des groupes qui peut-être se sont peu connus
jusqu'à maintenant, qui peut-être ont inévitablement et
naturellement certains sentiments de méfiance les uns vis-à-vis
des autres, justement parce qu'ils appartiennent peut-être à des
couches sociales différentes et qu'ils ont eu peu souvent l'occasion de
collaborer. C'est ce que nous les invitons à faire dans une entreprise
où ils sont associés à des titres divers. Il est tout
à fait normal que les membres de cette commission, dans leur ensemble,
se fassent l'écho des différents aspects de ces
préoccupations, puisque si ce genre de problèmes n'existait pas
l'intérêt même de la formule serait nul, puisque le
problème serait résolu ou la question ne se poserait tout
simplement pas au départ.
C'est donc l'essentiel et très utile d'avoir des contributions
qui illustrent différents aspects des difficultés d'implantation,
ce qui permet de mieux comprendre les problèmes que nous traversons et
auxquels nous essayons d'apporter des solutions.
Relativement aux groupes populaires, l'attitude qui a été
la nôtre relativement pour être très
spécifique à ces contrats de services d'avocats populaires
à Québec a été la suivante, elle se résume
très simplement: Nous accueillons avec une ouverture d'esprit totale la
collaboration qui peut s'instaurer entre les CLSC et les groupes populaires.
Dans le même état de totale ouverture d'esprit nous accueillons
les perspectives de collaboration entre les pratiques de groupes, des
médecins pratiquant en groupe et les CLSC. Il y a des
complémentarités entre tous ceux qui s'occupent des affaires
sociales et les CLSC qui sont des éléments du système. Il
n'y a aucune réserve de principe quant à ces collaborations.
Cependant, nous avons voulu tracer une distinction très claire
entre une collaboration entre des organismes qui ont une existence, qui ont une
vie, une autonomie propre, et une décision de créer ou
d'établir, décision qui serait prise par le CLSC, en
parallèle avec lui-même, des groupes et leur prêter
l'essentiel ou la totalité des ressources qui sont nécessaires
à leur financement, parce que c'est développer ou pousser
l'idée de collaboration jusqu'à la création d'autres
organismes. Il me semble que c'est pousser l'idée de collaboration
beaucoup
plus loin qu'elle ne s'applique normalement. Il s'agit de collaborer,
d'accord nous en sommes, mais s'il s'agit de susciter la création
d'autres organismes, de leur donner la totalité de leur financement,
nous avons tout simplement rappelé que c'est une chose que le
ministère lui-même s'interdit de faire en dehors des cadres de la
loi qu'il applique.
La loi sur les services de santé et les services sociaux
prévoit certains modes d'organisation, de gestion des services de
santé et des services sociaux; elle prévoit qu'il y a des types
d'établissements qui sont régis par des corporations et des
conseils d'administration ayant une composition bien
déterminée.
En dehors de ça, nous n'apportons pas d'aide à des
organismes divers qui peuvent être parfois très méritants,
mais nous leur demandons de bien vouloir se plier aux exigences
générales de la loi. La même exigence si vous me
permettez de continuer, je vais juste terminer sur ces conditions ... et
pour illustrer ce que je dis, quand nous donnons une aide financière
à des organismes bénévoles, nous avons adopté la
règle de ne pas financer plus de 20 p.c. du budget de tels organismes,
de manière qu'il soit très clair que pour 80 p.c. de leur budget,
ils dépendent d'autres appuis et répondent véritablement
à d'autres attentes et d'autres préoccupations qui trouvent un
écho à l'extérieur du gouvernement dans un appui
concret.
Il nous semblerait donc un peu paradoxal que des établissements
aient une liberté plus grande à cet égard de mettre de
côté en quelque sorte l'application des lois qui régissent
les services pour financer des organismes qu'ils créeraient en
même temps. D'autre part, s'il doit y avoir, même dans ce cadre
plus restreint, des contrats de services, il nous semble qu'ils ne doivent pas
être des abdications pures et simples du contrôle normal et
démocratique que ces conseils d'administration peuvent exercer sur les
services.
Après tout, il y a une loi qui prévoit une participation
de la population aux conseils d'administration. On peut être en
désaccord avec la composition précise qui est prévue dans
la loi. On peut, comme le député de Saint-Jacques le rappelait,
vouloir augmenter cette participation. On peut, aussi et c'est une
suggestion qui évidemment a été faite lors de
l'étude de la loi et qui probablement continue d'exister dans certains
esprits vouloir réduire cette participation ou souhaiter qu'elle
soit moindre.
Cependant, notre responsabilité, à nous, c'est de faire
vivre cette participation en conformité avec les lois qui ont
été adoptées. Prendre un élément des
activités qui doivent être régies par un tel conseil
d'administration, le situer en dehors de ce cadre et permettre qu'on renonce
à tout élément de contrôle sur le lieu et le moment
où les services sont donnés, sur les informations qui sont
demandées au bénéficiaire et l'usage qu'on en fait, sur la
façon dont les services sont donnés, le contenu de ces services,
c'est à mon sens une abdication qui n'est pas dans
l'intérêt... qu'il n'est même pas possible à notre
ministère d'envisager, quoique, encore une fois, dans la mesure
où il y a des organismes autonomes on envisage avec beaucoup de
sympathie le fait qu'il y ait des liens de coopération et de
complémentarité.
M. CHARRON: M. le Président, dans la réponse du ministre
je ne sais pas s'il répondait directement à ma question
qui avait trait au CLSC de la basse ville de Québec quand il
disait qu'il ne s'agit pas de susciter de nouveaux organismes et de les
soutenir financièrement, je ne crois pas que ses propos allaient au cas
précis que j'avais soulevé comme exemple dans la question de
portée générale que j'avais énoncée. Il ne
s'agissait pas, pour le CLSC de la basse ville, de susciter un nouvel
organisme; c'était un organisme qui existait déjà, qui
répondait déjà depuis longtemps à des demandes de
services de dépannage sociaux, d'informations quant aux droits des
citoyens, et il s'agissait, pour ces gens, de choisir entre une association
indépendante, si vous voulez, un contrat de services avec le CLSC et une
intégration.
Est-il exact de dire que financièrement, pour le
ministère, une intégration de ces avocats populaires au CLSC de
la basse-ville aurait signifié à peu près le même
montant que le contrat de services que le CLSC de la basse-ville voulait signer
avec ces avocats, mais dans un statut d'indépendance relativement au
CLSC?
M. FORGET: Théoriquement, tout est possible. Tout dépend
des services que le CLSC lui-même aurait choisi de donner, et c'est bien
là une partie du problème. Le CLSC, s'il concluait un contrat de
services, renonçait à toute décision ou à tout
pouvoir de décision relativement à ces services et probablement
à leur envergure. Si le service existait, si cet organisme existait,
alors, tant mieux, il n'y aurait pas de problème et il s'agissait de
conclure un simple accord de coopération avec lui. Il s'agissait, en
fait, d'aller beaucoup plus loin que cela; il s'agissait non seulement de
coopérer avec un organisme préexistant, mais de lui fournir tous
les moyens de subsistance essentiels à sa survie, à son
maintien.
Il ne s'agit pas là d'une relation avec une tierce partie qui est
autonome et qui veut conserver son autonomie. Il s'agit de savoir si, au lieu
ce qui était également possible et ce qui continue de
l'être d'assumer ce service au titre des fonctions d'accueil et
d'information du centre, en prenant le même personnel et en faisant cela
à même ses propres ressources, il utilisait ces ressources pour
donner à un autre groupe une autonomie complète relativement
à ses activités, qui d'ailleurs, auraient pu devenir totalement
différentes, ce qui n'aurait diminué en rien l'obligation au
moins morale du CLSC de continuer son financement pour une activité qui
aurait pu changer totalement de caractère,
puisqu'il n'y avait rien qui restreignait le CLSC ou les avocats
populaires à une fonction précise.
M. BONNIER: Oui.
M. CHARRON: J'aurais une autre question, si le député de
Taschereau me le permet. On faisait état, dans cette discussion, d'une
rencontre qui aurait eu lieu entre le sous-ministre des Affaires sociales et
les directeurs des CLSC où on avait évoqué la
possibilité, pour les CLSC, de ce genre de contrats de services avec des
organismes populaires. On disait je pense que c'est le sous-ministre qui
va répondre que c'était à partir de cette
permission ou de cette façon d'interpréter la loi qu'on avait
procédé. Est-ce exact?
M. FORGET: II est exact qu'il y a eu une rencontre où ce
problème a été discuté, plusieurs mois avant, de
façon très générale. D'ailleurs, il demeure que,
dans la loi et les règlements, la possibilité de contrats de
services est évoquée. J'ai eu aussi l'occasion de rencontrer les
gens de la basse-ville pour discuter avec eux du problème concret des
avocats populaires dont on parle.
Autant il est possible pour les CLSC dans le sens que le ministre
l'a indiqué d'envisager des contrats pour certains services
très précis, autant il nous paraît important, en fonction
de la philosophie de la loi et de la loi elle-même, d'éviter que
le CLSC ne devienne un agent de distribution de subventions, à toutes
fins pratiques. C'est vraiment cela le danger. Cela s'applique aux avocats
populaires, mais il y a eu des demandes pour toute une série d'autres
contrats de même nature qui sont parties essentielles de la fonction des
CLSC. Il nous parait aberrant que ces services soient donnés par
contrat.
On peut même aller jusqu'à l'absurde et dire que le CLSC
sera simplement un établissement où il y aura un conseil
d'administration qui va se réunir pour donner des subventions à
des organismes avec lesquels il aura passé des contrats de services pour
l'ensemble de ses services.
M. CHARRON: Comme le ministère des Affaires culturelles.
M. FORGET: II nous paraît que l'esprit de la Loi sur les services
de santé et les services sociaux n'est pas cela. Cela a
été justement pour éviter ce morcellement, ce manque
dintégration des activités, ce manque de poursuite d'objectifs
communs à l'intérieur des CLSC. Les contrats de services sont
possibles, par exemple, avec un centre hospitalier ou avec les
départements de santé communautaires ou avec le centre de service
social pour certains services spécialisés. Il y a toute une
série de types de contrats de services qui nous paraît devoir
exister. Mais on pense que ces services doivent avoir une fonction
complémentaire aux fonc- tions primaires ou de base que le CLSC
lui-même doit assumer.
M. CHARRON: C'est la dernière question que je vais poser;
après ça, c'est le député de la basse-ville qui
posera les questions.
Si tout ce démêlé avec le CLSC de la basse-ville, je
sais que vous avez eu une rencontre par la suite à nouveau avec cet
organisme, tenait à l'interprétation de ces contrats de services
et de l'étendue qu'on peut donner à cette possibilité du
CLSC des contrats de services, est-ce qu'on peut dire que depuis ce temps, non
seulement ce CLSC en particulier, mais les autres, y compris ceux en
implantation, avant qu'on se retrouve dans la même situation, ont
été mis au courant de ces critères pour l'acceptation des
contrats de services? Est-ce qu'on sait maintenant de façon
précise là où le contrat de service va dans la philosophie
du CLSC et là où il y aura objection?
M. FORGET: Je répondrai qu'on a essayé dans toute la
mesure du possible à l'intérieur du ministère de
préciser ce qu'on voyait et ce qu'on entendait, sans pour autant
être capables de prévoir toutes les circonstances. On a eu des
échanges, par exemple, avec les chargés de projets pour discuter
du problème, le préciser. J'ai eu des rencontres avec un bon
nombre le ministre aussi a rencontré des gens sur ce sujet. C'est
sûr que le problème nous a fait préciser ce qu'on entendait
par contrat de services et qu'on essaiera à l'avenir d'éviter que
le problème surgisse de la façon qu'il a surgi à la
basse-ville, où il y a eu un affrontement qui nous paraît un peu
malheureux. Dans les rencontres qu'on a eues par la suite, l'entente a
été assez cordiale et les gens étaient assez d'accord. Mon
exemple privilégié, si vous voulez, je leur ai demandé:
Est-ce que vous seriez prêts à faire la même chose, par
exemple, pour un contrat de services avec les médecins qui vont
être situés dans la clinique l'autre côté de la rue?
Là, cela a fait saisir, apparemment, que ce n'était
peut-être pas une bonne affaire que le CLSC commence à distribuer
des services par des contrats de services. Cela nous paraît assez
fondamental.
M. CHARRON: D'accord.
M. BONNIER: M. le Président, est-ce que je dois comprendre que
les discussions se poursuivent sur cette définition plus précise
des contrats de services? D'autre part, est-ce que, dans cette philosophie de
complémentarité, il est nécessaire que les organismes, non
seulement de santé, mais de type social aussi, soient logés
à l'intérieur de l'édifice central du CLSC ou bien s'ils
peuvent être un des services du CLSC mais situés ailleurs?
M. FORGET: II n'y a pas d'exigences aussi formelles que celle-là
sur la situation physique des services.
Ce sur quoi nous formulerions des réserves, c'est si une telle
forme de collaboration prenait l'allure, en somme, de confier la
décision sur la façon, ou la manière, ou le lieu où
les services sont distribués à un groupe entièrement
extérieur au CLSC, qui n'aurait de compte à rendre à
personne, même pas à l'administration du CLSC.
M. BONNIER: Là-dessus, M. le Président, j'aurais une
petite question à poser au ministre. Je suis passablement d'accord avec
son optique et je n'ai jamais recommandé, personnellement en tout cas,
que le CLSC verse des fonds sans avoir droit de regard sur l'orientation de ces
fonds.
Je pense que c'est très important et j'ai discuté avec les
gens depuis, avec les gens concernés, pour ne pas les nommer. Mais je
pense qu'il y aurait lieu de s'entendre là-dessus. Cela me paraît
assez essentiel. C'est pour cela le sens de ma question. D'une part, vous me
dites qu'il n'est pas nécessaire que les services offerts se fassent
à partir d'un endroit physique central, cela peut être ailleurs.
J'admettrais. Est-ce que le dialogue peut être poursuivi un peu plus loin
si l'organisme en question là on parle des avocats populaires
mais cela peut être un organisme une autre fois accepte que
l'orientation de ses objectifs ainsi que la qualité de ses services
soient très bien spécifiées dans un accord, dans un
protocole d'entente entre cet organisme et le CLSC et soient soumis de plus
à l'inspection ou du moins au contrôle du conseil d'administration
du CLSC en question?
M. FORGET: Oui, je pense que c'est possible, en effet. Mais, à la
limite, n'est-ce pas, on peut s'interroger sur la raison d'être d'une
structure comme celle-là qui ne fait que reproduire, mais par des
contrats, ce que les règlements prévoient comme pouvoir de
décision des autorités d'un CLSC sur l'ensemble des services
donnés. Il y a, à ce moment-là, un aspect d'apparence
plutôt psychologique que réel. Il n'y aurait évidemment
aucune objection à ce que les gens s'écrivent des contrats
à l'intérieur d'un établissement s'ils
préfèrent fonctionner comme ça. Cela semble un peu lourd
comme fonctionnement.
J'insisterais à nouveau sur la nécessité qu'il y
ait une véritable autonomie des groupes avec lesquels on veut faire des
ententes. Autrement, c'est une coopération factice avec des organismes
qu'on a créés pour les besoins de la cause parce que l'on veut
collaborer avec eux. Je pense que l'idée de collaboration s'entend avec
un organisme qui a une substance propre, qui a un appui distinct et des racines
autres que l'organisme qui cherche à collaborer avec lui.
C'est un peu dans ce sens que je dis oui mais, évidemment, il y a
d'autres conditions qui nous paraissent...
M. BONNIER: Toute la question de la nécessité, à ce
moment-là.
M. FORGET: Cela me paraît devoir être regardé plus
globalement que simplement dans les seuls termes du contrat.
M. BONNIER: Je ne voudrais pas discuter plus longuement
là-dessus, M. le ministre, parce que cela correspond
véritablement à toute l'insertion dans une communauté x
d'un certain nombre de services qui sont mieux perçus, qui sont
perçus comme étant davantage du milieu s'ils sont distraits du
milieu physique et s'ils sont sous la responsabilité de gens du quartier
et tout ça.
Vous avez raison de dire que ce sont des raisons d'ordre psychologique
mais je pense que cela fait vraiment partie de la psychologie sociale que de
respecter cette espèce de fonctionnement. De ce point de vue, je trouve
que vos réponses me satisfont passablement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme vous le disiez tout à l'heure avec
raison, M. le ministre, ce n'est pas facile d'implantation, quand même,
un CLSC. Tout le monde peut être d'accord avec la philosophie de base et
peut être en désaccord et c'est normal avec certains
moyens d'application pour y arriver.
Concernant, par exemple, certains CLSC qui n'étaient pas tout
à fait conformes à la loi 65, est-ce qu'il y a quelque chose de
prévu pour, si on peut employer l'expression, non pas les mettre
à la raison, mais est-ce qu'il y a des rencontres de prévues ou
déjà faites avec certains CLSC qui ont refusé de se
conformer tout à fait aux structures déterminées par la
loi 65? Est-ce que vous avez l'intention d'apporter certains amendements
à la loi 65?
M. FORGET: Là-dessus, je dirais que les problèmes n'ont
pas été tellement considérables. D'abord, on a
utilisé tolérance et temps. On a pensé qu'il était
important de ne pas brusquer les choses. Je pense qu'il y a le CLSC
d'Hochelaga-Maisonneuve qui était dans cette situation et qui s'est
transformé au cours de l'année courante, conformément au
chapitre 48 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux.
Il existe, je pense, deux CLSC qui fonctionnent actuellement et qui
n'ont pas les conseils d'administration et les strucutres prévus dans la
loi. Il existe par ailleurs d'autres établissements aux prises avec des
problèmes identiques d'intégration, de philosophie, où
l'intégration n'a pas été faite en fonction de la Loi sur
les services de santé et les services sociaux.
Malgré certaines difficultés que nous avons pu avoir
à l'intérieur du gouvernement, nous avons pris le
côté de la tolérance et des discussions. Par exemple, ceux,
à Montréal, qui ne sont pas intégrés, il y a des
gens du conseil régional qui s'en occupent activement, qui les
rencontrent, qui discutent avec eux, et aux dernières nouvelles
que j'ai eues, il y a à peu près trois semaines, les discussions
se poursuivaient de façon assez amicale et assez franche et je pense que
le temps va régler ces problèmes-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que le dialogue a
réglé déjà une bonne partie des difficultés
d'adaptation qu'il pouvait y avoir.
M. FORGET: Une bonne partie des problèmes.
Il semble qu'ils vont s'intégrer progressivement sans vraiment de
problèmes très sérieux. Je ne veux pas présumer de
leur décision, il pourra y en avoir à prendre dans le temps. Mais
on a fait avec eux comme on a fait pour d'autres types d'établissements
qui présentaient des problèmes analogues, à toutes fins
pratiques.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): La commission suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 8
M. LAFRANCE (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
Après quelques minutes de repos, nous reprenons l'étude
des crédits du ministère des Affaires sociales, au programme 4.
Le député de Frontenac m'avait demandé la parole avant la
suspension.
M. LECOURS: M. le Président, je crois que nous devons l'admettre,
le bilan des CLSC dans notre province est plutôt négatif. Cette
grande découverte contenue dans le rapport Caston-guay-Nepveu prouve,
hors de tout doute, qu'il ne suffit pas d'avoir de bonnes idées. Il faut
aussi que cette réalité colle aux besoins des usagers
concernés par ces CLSC. Il ne faut pas minimiser ici les dépenses
encourues dans les CLSC jusqu'à présent. Il vaudrait mieux se
demander si les sommes d'argent ici dépensées peuvent se
justifier si l'on considère les graves problèmes que nous
rencontrons. Ici je me pose la question: La priorité majeure dans notre
province ne serait-elle pas le manque de lits d'hôpitaux pour des malades
chroniques?
Je suis très surpris de me faire dire que les déboires des
CLSC sont dus en grande partie au manque de compétence de certains
chargés de projet. Ma petite enquête personnelle m'a permis de
constater que plusieurs projets de CLSC en voie de création le sont sur
l'initiative de petits groupes qui pensent plus à se créer un
emploi qu'à répondre aux besoins bien légitimes d'obtenir
une médecine plus humaine en leur milieu. Je pourrais citer ici
plusieurs exemples où la formation de CLSC s'est faite sans consultation
aucune avec les médecins, avec les autres groupes
intéressés aux problèmes sociaux de leur milieu.
Peut-on se surprendre du peu d'enthousiasme de la population en
général et des médecins? Peut-on blâmer ces derniers
d'être inquiets à la pensée qu'ils ne furent même pas
consultés pour la formation d'un tel centre communautaire de
santé? Peut-on les blâmer de protester du fait que le
ministère a signé des contrats individuels avec certains
médecins de ces centres, alors que l'ex-ministre des Affaires sociales
avait reconnu à la FMOQ le droit exclusif de négocier avec le
gouvernement pour tous les médecins généralistes de cette
province? Peut-on les blâmer de protester du fait que l'implantation de
certains CLSC s'est faite à des endroits peu appropriés, tel
à proximité d'hôpitaux qui donnaient ces mêmes
services?
Devant un départ hésitant, devant cette réforme
hasardeuse des CLSC, je crois de mon devoir de demander à cette
commission un temps d'arrêt nous permettant de consolider les onze CLSC
déjà fonctionnels...
Je crois que cette expérience pourra être valable en autant
qu'on aura la patience d'attendre pour constater si, réellement, le CLSC
est
une aventure à éviter ou si, réellement, le
mieux-être de notre population l'exige.
M. FORGET: M. le Président, l'intervention du
député de Frontenac sur ce sujet n'appelle pas
spécifiquement de réponse de ma part, puisqu'elle n'est pas faite
sous la forme d'une question. Elle reflète malgré tout...
M. CHARRON: On s'en sort bien.
M. FORGET: ... une préoccupation que j'ai décrite, au
moins en termes généraux, cet après-midi, en indiquant que
les difficultés très réelles d'implantation d'un nouveau
programme comme celui-là créent dans différents groupes
sociaux des interrogations, des inquiétudes, des anxiétés,
même des antagonismes qui sont normaux, dans une certaine mesure,
étant donné que tout changement s'accompagne de sentiments
partagés, de problèmes qui sont, pour autant, réels. J'ai
essayé d'indiquer que nous en étions conscients et que nous
apportions à la solution de ces problèmes au moins certains
efforts qu'on est toujours libre, évidemment, de considérer comme
insuffisants mais des efforts réels, au point de vue d'une meilleure
adaptation de notre intervention tant auprès des groupes populaires, de
manière à être mieux compris et à voir comment notre
action et la leur peuvent se compléter, qu'auprès des
corporations professionnelles, et au tout premier rang de celles-ci,
évidemment, la profession médicale. Les media d'information se
sont fait l'écho des discussions qui se sont engagées avec la
FMOQ relativement à leur implication ou leur intervention dans les CLSC,
comme groupe.
Ces discussions, dont on ne peut rien présumer pour le moment,
puisqu'elles se déroulent encore et elles vont continuer à se
dérouler, j'imagine, pendant un certain temps, se font dans un climat
qui me paraît de bon augure. Je ne voudrais pas pécher par
excès d'optimisme en disant davantage, mais il me semble que la
Fédération des omnipraticiens qui, dans le passé s'est
montrée très ouverte à une coopération avec le
gouvernement dans l'introduction d'un certain nombre de mesures telles que
l'assistance-médicale, il y a quelques années et
l'assurance-maladie subséquemment, a toujours su défendre les
intérêts de ses membres.
Mais, qui, après quelques difficultés de parcours, qui
sont normales puisqu'il y a des intérêts à défendre,
a su également apporter sa contribution dans le passé. On n'a pas
du tout perdu espoir de l'obtenir pour l'avenir.
Relativement à ce programme comme je l'ai indiqué
d'ailleurs, c'est un programme qui se définit au fur et à mesure
qu'il progresse il y a un aspect qui me semble très important. On
a fait état tantôt de difficultés, évidemment, dans
la mise en route de certains projets, de l'inexpérience relative de tous
et chacun d'entre nous, et pas seulement des fonctionnaires ju- niors,
principalement affectés au démarrage de ces projets; à
tous les niveaux, à tous les paliers gouvernementaux, c'est une
expérience nouvelle. On a fait état de l'expérience qui se
gagnait, de la précision qui était acquise progressivement dans
l'orientation de ces efforts; ce qui fait qu'avec cette expérience, avec
ces discussions en cours on est loin de pouvoir prononcer un constat
d'échec relativement à la possibilité d'obtenir le
concours de ceux dont la collaboration est nécessaire. Je pense qu'on a
encore pas mal de chemin à parcourir avant de le faire et il me
paraît très important de souligner que le ministère des
Affaires sociales est très conscient des préoccupations
professionnelles des groupes avec lesquels il vient en contact.
Ce n'est pas la première fois que nous avons affaire à des
groupes de professionnels. Au contraire, notre secteur est peut-être
celui où il y a le plus grand nombre de groupes professionnels. Nous
sommes très conscients de la nécessité de faire en sorte
que pour les activités professionnelles qui se déroulent, par
exemple, à l'intérieur des établissements quels que
soient les désirs légitimes du gouvernement de contrôler
les dépenses et d'orienter l'action générale de ces
organismes dans une direction prévisible et voulue quant à ses
objectifs généraux malgré tout, dans leur
fonctionnement ceux-ci respectent l'autonomie professionnelle des
différents groupes. La nouvelle législation sur les professions
consacre, je pense, de façon non ambigiie le principe de l'autonomie
professionnelle de chaque profession, de l'autodiscipline, des
responsabilités de cette profession vis-à-vis du public. Il
serait incohérent de notre part d'avoir contribué, comme
ministère, à l'édification de toute une législation
professionnelle et après, vouloir mettre sur pied des services ou
vouloir faire fonctionner des établissement sans se préoccuper de
cette dimension.
En termes concrets, s'il s'agit toujours de difficultés
concrètes, il est évident qu'un nouveau modus vivendi doit
être élaboré. Encore une fois, ce modus vivendi, on essaie
de l'élaborer en collaboration avec le groupe qui s'est senti le plus
concerné, et avec raison, le groupe des omnipraticiens.
M. LECOURS: M. le ministre, peut-on espérer que le
président de la FMOQ pourra négocier au nom de tous les
médecins, même ceux qui travaillent dans les CLSC?
M. FORGET: Je vous renverrais à l'allocution que je
prononçais, il y a environ quinze jours ou trois semaines, lors du
congrès annuel de la fédération, où
j'annonçais une chose qui ne devrait plus être une nouvelle, mais
qui, apparemment, en était une, à l'effet que nous discutions
avec la fédération et que nous la considérions comme un
porte-parole autorisé. Cela a toujours été le cas, quoique
la façon dont cela se concrétise, dans des situations
particulières, a été assez modifiée. Il est
évident ce
n'est peut-être pas nécessaire de revenir sur tout
l'historique que dans la préparation d'un nouveau contrat, d'une
nouvelle relation ou d'un nouveau lien avec des établissements qui sont
eux-mêmes nouveaux un certain délai d'exploration était
nécessaire. Mais, en tous les cas, les médecins impliqués
ont été invités à se faire représenter et
à faire défendre leurs intérêts par leur
fédération, qui l'a fait d'ailleurs. Cela s'est fait, non pas
à leur insu, mais en leur présence. On reprend ces discussions
sur un autre palier maintenant, mais le même principe est affirmé,
peut-être de façon un peu différente. Mais essentiellement
nous avons toujours reconnu la fédération comme étant un
organisme qui avait le droit de défendre l'intérêt de ses
membres.
Encore une fois, les contextes varient d'une situation à l'autre.
Lorsqu'on négocie les tarifs à l'acte dans un régime qui
est déjà très connu, très bien rodé, on a
moins ces explorations à faire que lorsqu'on explore les
possibilités d'une situation nouvelle.
M. LECOURS: Personnellement, M. le Président, je crois que les
salaires offerts aux médecins qui pratiquent dans les CLSC sont justes
et je crois qu'ils sont rémunérés d'une façon tout
à fait normale. Je suis persuadé qu'il y a moyen d'arriver
à une entente entre les médecins et le ministère dans ce
domaine, assez facilement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, la réponse du ministre, si
elle était complète, manquait certainement de vigueur, à
mon avis, vigueur qu'il aura à démontrer en particulier au cours
des prochains mois.
Les expressions d'opinions qui viennent des membres du parti
ministériel, depuis que nous sommes à ce programme, s'ils en
viennent à dépasser la traditionnelle ligne de parti qui, dans
plusieurs cas, équivaut au mutisme, sont certainement symboliques de
quelque chose.
Si les députés ministériels n'hésitent pas,
à la table de la commission, à exprimer leur désaccord et
à émettre un constat d'échec aussi radical que vient de le
faire le député de Frontenac sur une législation qu'il y a
à peine deux ans leur propre parti et ce même gouvernement,
à quelques exceptions près, soumettaient à
l'Assemblée nationale, que faut-il s'imaginer qui se grenouille dans le
cabinet du ministre et dans les régions, quand tout cela
transparaît jusqu'à la table de la commission parlementaire? Ce
n'est pas une habitude très fréquente de voir des
députés ministériels s'ériger contre une politique
de leur propre parti, qui en est encore à l'implantation qui a fait
l'unanimité de la Chambre et l'unanimité, je crois bien, de tous
ceux qui oeuvrent dans ce secteur.
C'est donc dire qu'au sujet de l'implantation des CLSC et de la
philosophie que les CLSC amènent dans la vie sociale du Québec,
on a peut-être crié victoire trop rapidement. L'adoption à
l'unanimité de l'Assemblée nationale, ne doit pas être
considérée comme une victoire totale. Ceci nous ramène
encore à de justes proportions pour nous dire que ce n'est
peut-être pas nécessairement cette Assemblée, en haut, qui
est la plus représentative du Québec, une fois de plus. J'ai dit
que le ministre aurait peut-être dû démontrer plus de
vigueur, peut-être pas ici. J'espère, en tout cas, qu'il en
manifestera plus quand il s'agira d'implanter ce réseau de centres
locaux de services communautaires, malgré les pressions qu'il aura
à subir à l'intérieur de son propre parti ou même
à l'extérieur des lignes partisanes sur le simple front social.
Il admettra avec moi il l'a déjà admis depuis le
début de cette discussion que les résistances du milieu,
en particulier des groupes qui ont le plus largement dominé le secteur
des services sociaux et de santé au Québec, se font vives
à certains endroits. Le ministre aura besoin de prouver qu'il a une
poigne de fer à certaines occasions.
M. le Président, le député de Frontenac, depuis que
nous avons commencé à travailler à l'étude de ces
crédits, à plusieurs reprises, sur plusieurs programmes, nous a
apporté l'éclairage de son expérience de
médecin.
Je dois même dire que j'ai plus souvent entendu, je crois, le
médecin que le député de Frontenac à cette
table.
A certaines occasions, ses remarques portaient toute la valeur et toute
la qualité d'un homme dont la profession est d'oeuvrer dans ce secteur.
Les remarques qu'il nous a faites, par exemple, sur les médicaments ou
sur l'usage des médicaments dans sa région comme dans tout le
Québec ont certainement été utiles à la commission.
Les remarques qu'il nous a faites, également, quant à la
situation sociale de certains de ses commettants ont été un
apport positif à la commission.
Mais voilà maintenant que transparaissent les défauts de
cette profession, surtout lorsqu'elle est ancrée, je dirais, dans le
traditionalisme, dont le député de Frontenac n'est qu'un symbole
parmi tant d'autres, de la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec. Je pense, par exemple, que je
n'exagérerai pas en disant qu'au fond, de toutes les résistances
de la Fédération des médecins omnipraticiens du
Québec à l'implantation des CLSC... Je ne parle même pas de
la démagogie outrancière dont le Dr Gérard Hamel s'est
fait le porte-étendard, alors que, malheureusement, il se trouvait
à parle au nom de tous les médecins dans un langage à la
Yvon Dupuis, si je puis le qualifier.
M. LECOURS: C'était au mois de mai, il y a deux ans.
M. CHARRON: Je ne parle même pas de cet
épisode. Oh non! c'est encore plus récent que cela. J'ai
une citation du lundi 29 avril 1974. Cela fait à peine trois semaines.
Il charrie toujours de la même façon.
Les réticences de la Fédération des omnipra-ticiens
du Québec, au fond, quand on les scrute et quand on en enlève
toute la fausse émotion et la fausse protection professionnelle qu'on
essaie de mettre comme paravent devant toute défense
d'intérêt strictement matériel à l'arrière,
quand on scrute véritablement quels sont les intérêts que
défend le président de la fédération, ce sont des
intérêts pécuniaires, dans bien des cas, des
intérêts strictement financiers d'une classe sociale qui se
défend contre l'arrivée d'une concurrence et qui protège
ses intérêts devant le libre marché et la totale emprise
sur le domaine de la santé qu'elle a toujours eue.
Au fond, j'ai bien des sympathies pour des professionnels qui
défendent l'intégrité de leur profession. Nous avons
participé du mieux que nous avons pu, comme parti, à
l'élaboration du Code des professions, auquel nous avons
été appelés à travailler l'année
dernière. J'en suis.
Mais, quand cette défense de l'intégrité d'une
profession sert de paravent, de maquillage pour défendre des
intérêts réactionnaires vraiment rétrogrades qui
n'ont jamais servi les Québécois, on ne doit pas le passer sous
silence. C'est à ce moment-là qu'on doit montrer une certaine
vigueur. Le médecin Hamel, président de la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec,
déclarait que les médecins ne devraient même pas participer
au conseil d'administration des CLSC, devraient s'en retirer tellement c'est
abject que de partager la direction d'un instrument social avec les groupes
populaires, dont on ne sait d'où ils viennent, qui n'ont pas la
formation, qui n'ont pas la qualité, on sous-entendait presque la classe
que les médecins ont toujours eue dans ce domaine; c'était un
charlatan qui parlait. A ce moment-là le ministre des Affaires sociales
aurait dû lui répondre avec la même vigueur, ainsi que
l'Assemblée nationale, à l'unanimité, l'avait
mandaté de répondre, pour lui faire prendre sa place.
Il avait déjà qualifié la participation des
citoyens d'irresponsable. Il a immédiatement dit, à peine
après l'implantation, que les CLSC faisaient patate. Il a
immédiatement aussi invité les médecins à s'en
retirer. Ce genre de désobéissance civile dont on a si souvent
accusé n'importe quel leader syndical ou n'importe quel agent qui
regroupait des citoyens devant une loi ou un règlement qui lui
paraissait outrancier, on ne l'a guère rappelé à ce
médecin. Mais pourtant l'Assemblée a décidé que
maintenant cette caste qu'ont toujours été les médecins
dans la vie politique du Québec devait partager l'existence du pouvoir
et l'existence, surtout, d'un réseau de santé publique, universel
et approprié aux besoins des Québécois avec tous les
autres Québécois.
Qu'aujourd'hui un médecin s'en fasse le porte-étendard, je
ne m'en surprends pas. Mais je me surprends d'entendre cela du parti
ministériel et surtout de députés comme le
député de Frontenac. Celui-ci représente des citoyens dont
la situation il nous a fait état de plusieurs cas frise la
pauvreté et la misère. Il les a vaillamment défendus lors
de l'étude de programmes précédents. Mais, lorsque vient
le temps de défendre l'installation de services qui offrent une
même qualité à tous ses citoyens quelle que soit la classe
sociale à laquelle ils appartiennent, je m'étonne que le
député de Frontenac perde la vigueur qu'il nous a
démontrée lors des autres programmes. Est-ce que parce que
professionnellement il se sent menacé par l'existence des CLSC? Est-ce
que le député de Frontenac craint lui aussi, comme le docteur
Hamel, la participation des organismes populaires? Est-ce que le
député de Frontenac, s'il avait été en Chambre au
moment où nous avons voté la loi 65, aurait manifesté la
même opinion et aurait voté à l'encontre de son parti?
A mon humble avis, de tous les organismes que la loi 65 mettait sur
pied, de toute la réforme en quoi cela consistait la plus importante, la
plus humaine, celle que le Parti québécois a appuyée avec
le plus de vigueur et qu'il prie le ministre des Affaires sociales de continuer
à implanter, quelles que soient les objections du milieu, même si
elles doivent venir de l'intérieur de son parti, même si, au
prochain congrès du Parti libéral, il devra subir, pendant toute
une journée, les bêtises que les délégués lui
rapporteront de chacun des comtés. Malgré cela, le
député de Saint-Laurent, ministre des Affaires sociales, doit
continuer à veiller à cette implantation, et ce n'est pas
à moi à lui suggérer ce qu'il doit attendre de ses
collègues de son même parti. Ce que j'espère pour lui,
c'est que, dans l'immense réalisation, la tâche qu'il a à
faire et qui lui a été confiée par l'ensemble des
représentants du Québec à un moment donné, il
puisse avoir un meilleur appui de ses députés qui sont
innombrables, de ses députés alentour de lui pour réaliser
cette tâche immense.
Pour ma part, je représente depuis quatre ans les citoyens
probablement les plus défavorisés de l'île de
Montréal. La réalisation du CLSC centre-sud de Montréal
constitue indubitablement et je la défendrai jusqu'au bout
un acquis pour la population que je représente ici et qui, par deux
fois, m'a demandé de la représenter; et je suis convaincu que je
vais la défendre jusqu'à la réalisation complète
non seulement de la mise sur pied théorique et pratique du CLSC mais la
réalisation également, jusque dans ses moindres gestes, des
objectifs que nous lui avons signalés. Je suis convaincu en même
temps que la réalisation de ces objectifs ne pourra se faire que si le
ministre se sent appuyé par tous les groupes pour qui la
réalisation va certainement poser des problèmes mais qui,
à long terme comme l'ensemble des Québécois, vont y
prendre des profits indubita-
bles. C'est ce que nous avions décidé lorsque nous avons
appuyé le projet de loi; c'est ce que nous décidons encore
lorsque nous prions le ministre de veiller à une application
intégrale des programmes que nous lui avons votés et de la
philosophie que nous l'avons prié d'appliquer.
LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vais, peut-être plus tard,
répondre au député de Frontenac; mon confrère l'a
fait déjà mais en des termes plus clairs. Maintenant, je pourrais
peut-être continuer, à moins qu'il y ait d'autres
interventions.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai une question...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je me demande...
M. CHARRON: Je n'avais pas fini les questions que je me suis
partagées avec mon collègue. Nous venons de parler de la
Fédération des médecins omnipraticiens. Un des gestes que
j'avais oublié de mentionner, en plus du discours du Dr Hamel qui prend
aussi des décisions à certains moments, la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec
peut-être ma question doit-elle s'adresser plus
spécifiquement à M. Nepveu a décidé
d'implanter des cliniques où sont dispensés des services de
santé de type conventionnel et qui sont ouvertes 24 heures par jour. Un
de ces projets, c'est sur la rive sud de Montréal. Est-ce qu'on est en
mesure d'évaluer l'impact de ces réseaux parallèles?
J'emploie l'expression que Mme Dutrisac a déjà employée
à l'égard de ces services. Est-ce que l'établissement de
ces réseaux ont, en quelque sorte, nui à l'implantation de CLSC
dans des régions du Québec?
M. FORGET: Je pense que, jusqu'à présent, nous ne pouvons
pas évaluer l'impact de l'implantation des polycliniques sur notre
programme d'implantation de centres locaux de services communautaires parce
qu'il est évident que notre processus d'implantation est beaucoup plus
lent. Les polycliniques vont surgir avant nos centres locaux de services
communautaires, comment allons-nous nous en accommoder?
Nous essaierons autant que possible d'éviter les
dédoublements et peut-être de rechercher la collaboration, la
complémentarité entre les deux établissements. Je n'ai pas
de réponse immédiate, mais c'est l'esprit dans lequel, je pense,
nous travaillerons.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre conviendrait avec moi de qualifier ce
soir cette initiative des omnipraticiens comme allant à l'encontre des
intérêts de la population et en particulier de
l'établissement des CLSC?
M. FORGET: M. le Président, j'ai déjà fait un
commentaire assez détaillé sur cette initiative de la FMOQ. Je ne
peux qu'y renvoyer le député de Saint-Jacques. Il le retrouvera
aux Débats, si jamais sa mémoire lui fait défaut sur ce
point précis, mais pour faire l'économie des détails, pour
ce qui est de l'essentiel, je tiens à affirmer que toute
amélioration dans les méthodes de distribution des services,
quels qu'ils soient, nous paraît comme valable et comme souhaitable. Sans
aucun doute, le regroupement de médecins de manière à
assurer la continuité des services est un développement que l'on
ne peut qu'applaudir, qui va contribuer à résoudre un certain
nombre de problèmes.
Encore une fois, il ne s'agit pas de concurrence, sauf d'une concurrence
de bon aloi, et ce n'est pas l'intention du ministère, ce n'est pas
possible ni même concevable, dans un avenir prévisible, que l'on
évolue de façon que toute la profession médicale
s'inscrive au sein des CLSC. Donc, pour l'immense majorité dans
un avenir prévisible de la profession médicale, qui doit
continuer à fonctionner en dehors des établissements, il nous
paraît absolument souhaitable qu'elle organise sa pratique de
manière à donner de meilleurs services, des services plus
continus, plus personnalisés aussi, si c'est possible, de manière
à répondre à des besoins qui sont là et qui vont
continuer d'y être, même si nous avons l'ensemble du réseau
de CLSC complètement développé.
Pour reprendre un peu la métaphore de Madame Dutrisac que vous
avez soulignée, il s'agit peut-être de réseaux
parallèles, mais ce sont des lignes, même si elles sont
parallèles, qui sont d'inégale longueur. Donc, la comparaison ne
vaut pas pour sa totalité.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Rosemont.
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce qu'il serait possible, de
la part des fonctionnaires, de connaître le nombre de personnes qui
travaillent au CLSC dans le comté de Saint-Jacques, leur âge,
leurs fonctions, leur curriculum vitae, et aussi de savoir s'ils ont
été placés là parce qu'ils sont membres du Parti
libéral ou d'un autre parti? Est-ce que ce serait possible de le savoir?
Est-ce qu'on pourrait vérifier les documents demain ou
après-demain?
M. BEDARD (Chicoutimi): A six on n'a pas le temps de s'occuper d'en
placer, nous.
M. BELLEMARE: Est-ce que c'est possible de connaître leur nom,
leur âge, leurs fonctions et leur curriculum vitae, comme je l'ai
demandé tout à l'heure?
M. FORGET: II est sûrement possible, à partir de
l'information budgétaire, d'obtenir le nombre, et ça...
M. BELLEMARE: J'entends dans le comté de Saint-Jacques.
M. FORGET: II est possible, à partir des budgets approuvés
par un établissement en particulier, d'établir le nombre de
postes et la classification de ces postes. Normalement, c'est le cas pour tous
les établissements. Est-il souhaitable ou possible que des dossiers
personnels, que sont les dossiers de l'employeur, ce que nous ne sommes pas
nous sommes là comme un organisme de contrôle et non pas
comme un employeur soient livrés au domaine public ainsi que des
curriculum vitae et des documents transmis à l'employeur éventuel
au moment de la demande d'emploi à titre confidentiel?
Je pense que ce serait un précédent susceptible de
créer énormément d'anxiété dans tout le
réseau si on envahissait ainsi la vie privée des gens, mais on
peut donner les classifications, on peut donner la ventilation des postes et le
nombre de postes sans difficulté.
M. BELLEMARE : Alors, est-ce qu'on peut avoir ce que vous pensez qu'on
peut avoir?
M. FORGET: Oui, c'est une question de temps. Ce n'est peut-être
pas possible de l'avoir sur-le-champ, je ne sais pas. Est-ce possible de donner
l'indication?
UNE VOIX: Deux postes.
M. FORGET: Disons deux postes essentiellement, il y a deux personnes.
Est-ce que vous connaissez la classification?
UNE VOIX: Un animateur-analyste et une secrétaire, pour un budget
de $34,000.
M. FORGET: C'est un budget de démarrage, comme on l'a
expliqué tantôt; c'est un budget de base.
M. CHARRON: Est-ce que le député de Rosemont voudrait
savoir le nom de la présidente du comité provisoire du CLSC?
M. BELLEMARE: Quand je voudrai savoir quelque chose, je m'adresserai
à une personne intelligente, je m'adresserai au ministre.
M. CHARRON: Je peux vous le dire quand même.
M. BELLEMARE: Cela ne m'intéresse pas. M. CHARRON: Mme
Saint-Pierre. M. BELLEMARE: Je la connaissais.
M. CHARRON: Elle est membre de l'Association libérale de
Saint-Jacques.
M. BELLEMARE : Je la connaissais.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela ne l'empêche pas d'être une
bonne personne.
M. CHARRON: Alors, charriez tant que vous voudrez.
M. BELLEMARE: Charriez.
M. CHARRON: Peu importe, je trouve qu'elle fait un excellent
travail.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Chicoutimi avait une question à poser.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est au niveau des expériences qui ont
été faites concernant, par exemple, la région de
l'Outaouais. Je crois que cela a été vraiment une région
pilote où tout le réseau a été établi et
où il y a eu saturation de tout le marché. Est-ce qu'on pourrait
savoir la nature de cette expérience et les conclusions que vous en
tirez?
M. FORGET: On est un peu mal pris pour vous donner des conclusions
définitives.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est peut-être un peu tôt.
M. FORGET: En fait, ce qu'on connaît le mieux, ce sont les
problèmes; ce ne sont pas les résultats concrets.
M. CHARRON: Ce ne sont pas des solutions.
M. FORGET: On a mis pas mal de temps à identifier les
problèmes du fonctionnement des CLSC, etc.
M. BEDARD (Chicoutimi): La participation du milieu, etc.
M. FORGET: Je pense que, dans l'Outaouais, c'est une expérience
extrêmement intéressante de saturation. Si on prend le nombre de
districts prévus dans la région, il y a un CLSC prévu pour
chacun des districts et les processus d'implantation, je dirais, quitte
à laisser M. Nepveu ou M. Lord préciser, progressent de
façon satisfaisante. Les comités de promotion, la mise en place,
la mise en marche des CLSC, tout se fait selon les échéances
prévues et selon le temps prévu. Cela prend toujours plus de
temps que le ministre ou moi n'aimerions à l'occasion, mais, comme M.
Nepveu l'a dit tantôt, cela fait un peu partie de la nature même de
l'expérience et de la mise en place des CLSC.
C'est une région où il y a eu aussi des problèmes
de recrutement de professionnels, particulièrement des médecins;
je pense qu'il y a eu des problèmes particuliers à cet endroit.
Les négociations avec la Fédération des médecins
omnipraticiens se poursuivent; il y a une
rencontre, prévue pour demain, qui va porter
spécifiquement sur le problème des centres locaux. M. Larouche,
qui était ici tout à l'heure, me disait que cela augure de
façon très optimiste du résultat de ces discussions.
Deuxièmement, nous avons eu des échanges avec le service
de santé communautaire qui prend naissance à Hull.
Un directeur a été nommé, qui est un médecin
omnipraticien, extrêmement dynamique, extrêmement bien
intentionné et qui a donné une collaboration très
étroite à la mise en place du département de santé
communautaire, avec lequel nous avons eu des rencontres. Les fonctionnaires, M.
Mercier, M. Lord, et le groupe des chargés de projet dans la
région ont dû se rencontrer au cours de la semaine dernière
pour discuter des modalités d'assurer des services et les
échanges qui pourraient se faire entre le département de
santé communautaire et les CLSC, le partage des responsabilités
des unités sanitaires, des services de soins à domicile. Je pense
que c'est un dossier où on a connu les mêmes difficultés
que la plupart des places ou que de nombreuses places, mais où je dirais
que le dossier évolue de façon positive et dynamique.
M. BEDARD (Chicoutimi): Merci.
M. CHARRON: Est-ce que le problème de...
M. FORGET: M. Nepveu me dit que deux sur neuf sont déjà en
activité.
M. CHARRON: Vous avez fait allusion, en parlant du projet pilote de
l'Outaouais, au problème du recrutement de professionnels. Est-ce que
c'est pire là qu'ailleurs, ou y a-t-il d'autres endroits où le
problème a été plus aigu? Est-ce qu'il est encore un
problème auquel les CLSC ont à faire face en priorité?
M. FORGET: Je n'oserais pas le dire. Il y a eu des problèmes du
côté des services de santé, il y a eu aussi des
problèmes au niveau des services sociaux, à l'occasion du
transfert de personnel des centres de services sociaux au niveau des centres
locaux. Il faut bien réaliser ce qu'est cette expérience et ce
que la mise en place des CLSC exige du ministère. Une des choses qui ont
été évitées, c'est d'avoir tout
décidé avant, d'avoir pris toutes les décisions à
l'intérieur du ministère pour dire comment ça marchait
partout, puisque c'était comme ça que cela fonctionnerait. Comme
on a voulu assurer une participation, on n'a pas pris toutes ces
décisions. Il y a toute une série de problèmes qui se
posent, qu'on règle en cours de route avec les gens impliqués.
Cela nous permet de trouver des solutions qui, souvent, s'appliquent ailleurs.
C'est un problème très complexe, à cause de la
résistance à certains endroits, à cause de changements,
à cause aussi d'intégration du personnel d'unités
sanitaires, d'intégra- tion du personnel de certaines agences, à
l'occasion, pour des services de première ligne, et la présence
de la population. Tous ces gens doivent apprendre à travailler ensemble
et ce n'est pas facile. Ce n'est pas difficile uniquement par rapport aux
médecins, je pense qu'il ne faudrait pas dire: C'est purement ça
le problème. Il y a des endroits où les problèmes ont
été reliés au directeur général, par
exemple. Je peux vous en nommer un dans la région de Montréal,
que vous connaissez bien, où il semble que les problèmes
véritables ont été des difficultés de relations
entre le directeur général et les professionnels, non seulement
les médecins. Il y a d'autres types de problèmes ailleurs. Il ne
faut pas oublier que ces types de problèmes, on les rencontre dans
d'autres établissements aussi. C'est d'autant plus différent dans
les CLSC que c'est nouveau, que les règles du jeu ne sont pas
établies, que c'est du travail d'équipe, qu'il n'y a pas souvent
la préparation des professionnels pour faire ça. On a
d'excellentes relations avec les facultés de médecine. On a une
collaboration très étroite avec chacune des facultés de
médecine, ici à Laval, à Montréal, à McGill
et à Sherbrooke; elles collaborent avec nous pour nous aider dans
l'implantation, dans le fonctionnement et dans la recherche de solutions
à certains types de problèmes. Je pense que les problèmes
se résolvent lentement, mais progressivement et aussi selon les besoins
et selon les régions.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Frontenac.
M. LECOURS: M. le Président, je n'avais pas l'intention de
répondre au député de Saint-Jacques, malgré le
dégoût qu'il a semblé avoir pour moi et ma profession.
Il avait les pupilles tellement dilatées que j'avais quasiment
peur. Je me pensais à une clinique d'urgence, un samedi soir.
Tout de même, disons que je voulais défendre
l'intérêt de ma population qui pense qu'un CLSC à
Thetford-Mines n'est pas utile parce qu'on a des services. Mais il y a d'autres
villes dans ma région où on aurait besoin d'un CLSC, et
j'approuverais qu'on en organise dans ces places.
Le président du Parti québécois dans mon
comté, qui est médecin aussi, a la même idée que
moi. J'aimerais parler peut-être des salaires parce que, pour le
député de Saint-Jacques, c'est toujours la question des salaires
qui est importante. Il pense seulement à l'argent et pas à autre
chose. Savez-vous que, dans ma région, les praticiens
généraux gagnent en moyenne $32,500 par année? C'est
peut-être le salaire le plus bas de toute la province de Québec.
Savez-vous qu'on nous offre, après cinq années de pratique, dans
les CLSC, $30,000 par année, avec un mois de vacances payées, un
mois de recyclage, un fonds de pension de $4,000, qu'on nous paie des frais de
bureau, des infirmières,
qu'on pourrait bénéficier aussi d'infirmières pour
aller à domicile afin de porter secours à nos malades, aux grands
malades et aux chroniques? C'est cela qui m'intéresse en tant que
médecin. Je veux trouver des solutions. Quand, ici, je prends la parole,
ce n'est pas dans mon intérêt personnel. Je voudrais trouver des
solutions. Je suis très sincère quand je le dis. C'est pour cela
parfois que je me permets de critiquer mon propre parti politique. Il n'y a pas
d'autre raison à ça.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Programme 4? Le député de
Chicoutimi... Vous avez encore d'autres questions.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai quelques questions qui vont
demander des réponses assez brèves puisqu'elles sont
précises. Le 24 septembre 1973, l'ancien ministre quelques jours
avant le déclenchement des élections d'ailleurs donnait
son accord au comité de citoyens de Montmagny-Sud pour l'implantation
d'un CLSC dans leur district.
Le 15 janvier, le ministère change d'idée. Ce n'est plus
le district de Montmagny-Sud qui est retenu mais plutôt le
Grand-Montmagny, comme on l'a appelé. Alors, quelle est la distinction
et pourquoi ce changement malgré un accord formel qui semblait avoir
été donné le 24 septembre 1973?
M. FORGET: J'ai été saisi, à un moment
donné, du fait qu'un groupe de la population de Montmagny-Nord
s'était cru mandaté pour mettre en place un CLSC. Alors,
personnellement, j'en ai été surpris. J'ai consulté mon
chef de service et mon chargé de projet, et ils m'ont dit: Non, notre
CLSC, c'est dans Montmagny-Nord qu'il faut l'implanter parce que dans
Montmagny-Sud, actuellement, les services sont raisonnablement
distribués. Alors, nous sommes tout simplement revenus à
Montmagny-Sud sans jamais avoir voulu passer à Montmagny-Nord.
En fait, c'est un problème très technique. Montmagny est
un district, et la planification avait identifié Montmagny. Le CLSC
devait être établi à Montmagny-Sud. A un certain moment, il
y a un groupe, comme le dit M. Nepveu, de Montmagny-Nord qui s'est dit: Nous,
on fait un CLSC. Il y a eu une confusion de langage. Mais, de fait, le CLSC,
tel que prévu, sera situé à l'endroit prévu
originalement.
M. CHARRON: C'est-à-dire...
M. FORGET: Dans le district de Montmagny-Sud. Quant au chef-lieu... Il y
a une paroisse de l'autre côté, dans le comté voisin et qui
appartient...
M. CHARRON: Saint-Juste?
M. FORGET: Alors, dans Montmagny-Sud, quelle est la paroisse de l'autre
comté qui se joint au groupe? En tout cas, il y a une paroisse d'un
comté voisin qui s'est jointe au groupe de promotion. Il appartiendra
à ce groupe de promotion de déterminer le chef-lieu.
M. CHARRON: Ce n'est pas encore fait.
M. FORGET: Non, parce qu'on n'impose pas ça.
M. CHARRON: Non, non. Ils ne l'ont pas encore.
M. FORGET: Pas encore.
M. CHARRON: Alors, on est vraiment à l'étape
première de l'implantation.
Quand vous dites "un groupe de Montmagny-Nord s'était cru
mandaté pour implanter", à partir de quoi...
M. FORGET: A partir d'une confusion dans l'établissement des
districts où au lieu de spécifier Montmagny-Sud, il a
été spécifié, dans un document, simplement
Montmagny.
On a appris, apparemment, là-bas, qu'il s'agissait de Montmagny.
Alors, on s'est dit: Prenons-le, Montmagny. Mais on a rectifié le plus
rapidement possible.
M. CHARRON: Ce groupe de Montmagny-Nord sera desservi par quel CLSC,
éventuellement?
M. FORGET: Pour le moment, il n'y a pas de CLSC prévu pour
Montmagny-Nord, étant donné qu'il y a, à Montmagny, une
filiale du centre de services sociaux et un centre hospitalier
également, l'Hôtel-Dieu de Montmagny.
M. CHARRON: Dans un autre cas particulier, le CLSC de Saint-Pamphile,
près de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, les porte-parole de la
population avaient demandé qu'une campagne d'animation et de
consultation de la population se fasse avant l'implantation. Je crois que cela
s'était même fait par lettre formelle au ministère.
Est-ce qu'on a donné une réponse à cette demande et
est-ce que cela s'est produit? Où en est-on?
M. FORGET: Je vous avoue que, n'ayant pas le dossier devant moi...
UNE VOIX: Pourriez-vous vous approcher?
M. CHARRON: Moi, je vous comprends, mais c'est pour passer à
l'histoire.
M. FORGET: De fait, il y a eu une étape qui avait
été sautée au départ, cette étape
d'information et de consultation de la population. Effectivement, à la
suite de la demande du milieu, il y a eu des animateurs-analystes
d'engagés qui ont entrepris de faire cette étape. C'est
une demoiselle Bourgault qui a été choisie.
M. CHARRON: A Hochelaga-Maisonneuve, est-ce qu'on a remplacé les
médecins?
M. FORGET: Oui. Il y a un contrat de signé. Il y a même eu
des offres d'emploi. Si mes souvenirs sont bons, sous réserve de
l'exactitude des chiffres, je pense qu'ils en voulaient quatre et qu'il y a eu
onze demandes. Il y en a quatre ou cinq qui sont engagés à partir
du 1er juin ou du 1er juillet de cette année.
M. CHARRON: Dans ce CLSC, est-ce qu'on va intégrer les services
pour personnes âgées ASTA, comme on les connaît?
M. FORGET: Je suis absolument incapable de vous répondre.
M. CHARRON: C'est parce qu'on avait demandé au ministère,
je crois, de... Peut-être que cela va dans le même genre de
discussions que nous avons eues avant l'ajournement. Ce sont des contrats de
service avec des groupes qui travaillent déjà à
l'extérieur.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant le CLSC de Saint-Donat, un groupe de
citoyens de la région de Saint-Donat présentait, en
décembre dernier, je crois, un dossier qui demandait l'implantation d'un
CLSC dans la région. Est-ce que le ministère leur a donné
une réponse?
M. FORGET: Je présume que M. Ouellet a dû leur donner une
réponse. Saint-Donat n'est pas inclus dans les listes approuvées,
à ce jour. A ce moment-là, on leur répond que leur demande
va être prise en considération lors de la révision de la
prochaine liste des CLSC.
M. CHARRON: Pendant qu'on est en train de faire le tour, le haut du
comté de Kamouras-ka-Témistouata avait aussi fait une demande
pour obtenir un CLSC. Je crois qu'il y avait même eu une lettre de M.
Castonguay, à l'époque, pour donner l'accord au projet. Où
en est-on dans ce cas précis?
M. FORGET: Est-ce que c'est le fameux Saint-Eleuthère?
M. CHARRON: Oui, probablement. M. FORGET: C'est en cours.
M. CHARRON: L'accord est donné et le projet est en
implantation?
M. FORGET: C'est ça.
M. CHARRON: Est-ce qu'un budget de démarrage a déjà
été donné à ce CLSC?
M. FORGET: C'est à partir de l'hôpital. Il y a un budget,
il y a un animateur-analyste qui a été engagé.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, programme 4?
M. BEDARD (Chicoutimi): Avant de terminer, j'aurais peut-être
quelques mots à dire, parce que j'ai été quand même
surpris de certaines des interventions des députés
libéraux concernant leur opposition à l'implantation de CLSC.
Nous avions dit, au début de la première intervention que
j'avais faite à cette commission, qu'il était trop tôt
et je crois que c'est encore vrai pour faire le bilan de
l'expérience des CLSC.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je m'excuse.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est du sabotage!
M. CHARRON: Cela doit être les organismes...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... C'était plutôt surprenant de
voir certains députés libéraux qui semblaient avoir fait
leur bilan, à l'heure actuelle et vouloir même enterrer le projet.
Cela me ramenait quand même à un projet de loi qui a
été voté, comme l'a rappelé le député
de Saint-Jacques et c'est important à l'unanimité
de l'Assemblée nationale.
Cela me rappelait l'intention de la loi, elle-même. Je pense que
l'intention du législateur concernant je lis textuellement, c'est
bon de se remémorer l'intention du législateur de temps à
autre concernant certains textes de loi la réorganisation des
services de santé et des services sociaux était clairement
inscrite dans la loi, particulièrement à l'article 3 qui disait
ceci: "Le ministre exerce les pouvoirs que la présente loi lui
confère de façon, premièrement: à améliorer
l'état de santé de la population, l'état du milieu social
dans lequel elle vit et les conditions sociales des individus, des familles et
des groupes; deuxièmement, à encourager la population
c'est ça qu'on a voté, en fait à l'unanimité de
l'Assemblée nationale et les groupes qui s'y forment à
participer à l'instauration, à l'administration et au
développement des établissements de façon à assurer
leur dynamisme et leur renouvellement; troisièmement, à mieux
adapter les services de santé et les services sociaux aux besoins de la
population en tenant compte des particularités régionales".
Ce qui rejoignait, en fait, les textes de base où étaient
exposés les objectifs dont nous avons parlé au début de
cette commission, les objectifs que poursuivait le ministère en
créant les CLSC et qui représentaient, en fait, trois types
d'activités à l'intérieur du CLSC: l'accueil, des
services intégrés de santé et des services sociaux et
l'action communautaire.
Je trouve justement que par l'implantation des CLSC, quand on se
réfère à l'intention du législateur, autrement dit
quand on se réfère à ce que l'Assemblée nationale a
mandaté son ministre de la santé d'exercer, en termes de
préoccupation, on rejoignait et on continue de rejoindre les
préoccupations non seulement au niveau de la santé, mais les
préoccupations sociales qui étaient contenues à
l'intérieur du texte de loi parce que l'implantation du CLSC
assurément se fait c'est difficile, d'accord, mais il aurait
été surprenant qu'il en soit autrement selon des bases
très solides, si on se réfère toujours encore une fois
à l'esprit de la loi, dans le sens qu'elle se fait selon un processus
démocratique très louable. Ceci constitue, à mon sens, une
sorte de pouvoir humain je ne dirai pas de pouvoir dans le sens trop
large du mot très proche du milieu, des gens du quartier; c'est
cela l'esprit de la loi, quand on revient aux trois intentions que j'ai
énumérées tout à l'heure. Cette implantation
constitue également une sorte de pouvoir où on essaie de vivre
différemment les relations humaines en faisant un travail
d'équipe, à certaines occasions, en prenant des prises de
positions collectives. Autrement dit, c'est un commencement. Je trouve
très humain ce pouvoir de participation collective qui à mon sens
ne représente pas seulement une expérience humaine j'en
suis quand même convaincu mais une expérience qui ne sera
pas seulement louable mais qui sera également très efficace.
D'accord, on rencontre des difficultés, c'est normal encore une
fois. On nous dit qu'à l'heure actuelle il y a 69 projets qui sont en
marche, dont 11 sont vraiment beaucoup plus avancés que les autres.
On s'aperçoit que, parmi ces onze, déjà on a des
résultats qui sont très positifs. Ceci me fait dire que
mathématiquement parlant, même pas humainement parlant, si on se
fie à cette expérience des onze qui, à l'heure actuelle,
fonctionnent à plein, à ce moment-là on ne doit pas, comme
l'ont suggéré certains députés, arrêter mais,
au contraire, continuer en tenant compte de deux choses; je crois que c'est
nécessaire. Premièrement, que la philosophie de base reste
toujours la même celle que j'ai énumérée tout
à l'heure tout en faisant les applications, les accommodations,
des adaptations qui sont nécessaires concernant le milieu, que ce soit
le milieu rural, le milieu urbain ou tout simplement le milieu régional.
Je pense que ça fait tout à fait partie de l'état normal
d'une loi qui commence, en fait, à s'animer et qui va chercher une
grande partie de sa vitalité dans la population. Elle oblige à
collaborer bien des groupes qui ne marchaient pas ensemble avant, qui
fonctionnaient différemment, sans pour cela mettre en doute leur
manière de fonctionner ou d'être utiles à la
société. Ils fonctionnaient différemment et là sont
obligés de fonctionner ensemble, ce qui amène une certaine
difficulté.
Je considère que c'est un très bel effort de
décentralisation; c'est un bel effort aussi de démocratisation de
la santé vu qu'on l'applique au niveau de ceux qui en ont besoin.
Egalement, je crois que les CLSC constituent pour la population par les
résultats des onze projets dont on a parlé, une
accessibilité accrue aux soins de même qu'une participation du
milieu, qui à mon sens ne peut être que positive. Si on veut
être réaliste, cette loi a été adoptée
à l'unanimité. Je le dis très sincèrement, chacun
des députés libéraux qui ont fait une intervention a pris
le soin par après, comme le député de Frontenac, de dire
qu'il le faisait pour son comté, qu'il le faisait en toute
honnêteté. Mais, en toute honnêteté,
également, je me pose une question. Il reste que ce projet de loi a
été voté à l'unanimité. Je me demande
jusqu'à quel point, à ce moment-là, certains ne votaient
pas pour des phrases ronflantes qui font image, qui encore une fois semblent
essayer de donner un visage humain à un parti qui a toujours l'air de
vouloir fonctionner avec une image qui se rapproche de plus en plus de la
population. Ils votaient plutôt pour l'image que pour la
réalité. C'est évident que la réalité,
n'importe quelle personne réaliste pouvait s'y attendre, serait qu'il y
aurait certaines difficultés d'application d'un tel projet
d'implantation de CLSC. Je trouve que les efforts en terminant
qui ont été déployés jusqu'à maintenant sont
très grands, sont louables et, à mon sens, ne doivent pas
s'arrêter mais, au contraire, se déployer davantage pour avoir des
résultats qui apporteront des services de santé qui sont de plus
en plus près de la population et la desservent de mieux en mieux.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Si les membres de la commission n'ont pas de
questions à poser, est-ce qu'on peut considérer le programme 4
comme adopté?
M. CHARRON: Elément 1, oui.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Elément 2.
Soins à domicile
M. CHARRON: Elément 2, M. le Président, quelques
explications. Cette somme de $11,214,000 aux soins à domicile couvre
quel type de soins? Ils sont fournis par qui et à qui s'adressent-ils en
particulier?
M. FORGET: Ce sont des services de soins à domicile qui
s'adressent de façon spécifique à des malades
hospitalités, soit pour prévenir l'hospitalisation, ou encore, de
façon plus traditionnelle, pour permettre plus rapidement le retour des
gens hospitalisés à domicile, Et ces
soins à domicile sont administrés actuellement par des
conseils d'administration, en fait selon la troisième partie de la Loi
des compagnies. Et ça prend un certificat médical pour que la
personne puisse avoir accès aux soins à domicile, de nature
médicale; et ces soins sont assurés par des infirmières
qui vont à domicile et qui suivent la prescription médicale.
C'est presque entièrement basé sur les soins posthospitaliers,
pour faciliter le retour à domicile plus rapidement de ces
personnes-là.
M. CHARRON: Ces soins sont offerts dans tout le Québec?
M. FORGET: Essentiellement oui, quoiqu'il y a des régions
où les services sont moins développés que dans d'autres,
où c'est moins organisé, et l'objectif pour l'avenir, c'est de
les intégrer aux activités des départements de
santé communautaires en milieu hospitalier.
M. CHARRON: Qu'est-ce qui explique l'augmentation d'à peu
près $2 millions uniquement pour cette année?
M. FORGET: Essentiellement des hausses de salaire dues aux conventions
collectives.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Frontenac.
M. LECOURS: Tout à l'heure j'entendais dire, par le
sous-ministre, que les soins à domicile étaient possibles partout
dans la province de Québec. Je ne suis pas d'accord une minute. Chez
nous, on paye des taxes, puis on ne l'a pas encore, ce système.
J'aimerais bien que le ministre me garantisse qu'il va donner ordre à
l'hôpital général de Thetford-Mines, de commencer des
préparatifs en vue d'instituer chez moi, dans mon comté, les
soins à domicile, parce qu'on ne peut pas attendre un CLSC à
Thetfort-Mines, on n'en a pas besoin de CLSC.
M. FORGET: M. le Président, la question soulevée illustre
justement la difficulté. On a parlé plus tôt ce matin de la
nécessité de faire des choix, c'est une illustration de la
nécessité de faire des choix. On a prévu l'expansion de
plusieurs programmes, de divers services à d'autres articles, et on peut
à ce moment-ci, dans le temps, se poser des questions sur
l'opportunité d'une expansion rapide des services de soins à
domicile.
Des discussions ont eu lieu, échelonnées sur plusieurs
mois et même sur plusieurs années, avec l'Association des services
de soins à domicile, de manière à établir avec eux
une évaluation du travail fait depuis maintenant presque dix ans, et
peut-être une réorientation de certaines parties de leurs
activités. Je dois dire que je ne sais pas si tout cela a
été entièrement satisfaisant.
Pour ce qui est de l'accessibilité géographique uniforme
ou plus uniforme des ser- vices de soins à domicile, nous comptons sur
leur prise en charge par les départements de santé communautaires
qui sont responsables de l'ensemble d'un territoire, pour rendre accessibles,
sur une base aussi égale que possible, les ressources quand même
assez substantielles il s'agit de $11 millions qui sont
disponibles dans ce secteur, et peut-être, dans l'optique d'une
évaluation qui n'a pas été, encore une fois,
entièrement satisfaisante, une nouvelle évaluation de
l'orientation passée de ces services, de diriger leur action, encore
mieux, dans les secteurs de plus haute priorité.
Donc, pour le moment et tant que cette intégration et prise en
charge par les départements de santé communautaires n'est pas
faite, il a semblé plus sage de ne pas augmenter, plus que
l'augmentation inévitable qui découle de l'application des
conventions collectives, les services de soins à domicile, pour les
prochaines années.
M. LECOURS: M. le ministre, est-ce qu'il y a une raison
particulière à ce qu'un hôpital comme l'hôpital
général de Thetford-Mines ne soit pas autorisé à
instituer un tel système pour mes électeurs, surtout pour mes
grands malades qui souffrent d'amiantose?
Il y en a à peu près 50 qui doivent passer jusqu'à
un mois ou deux par hiver à l'hôpital. Je pense que ce serait un
moyen de m'aider, si on n'est pas capable d'avoir les 22 lits.
M. CHARRON: Je pense que le député de Frontenac confond
tellement bien ses électeurs et ses patients qu'il va finir par faire
des discours en disant : Bien chers patients !
M. LECOURS: Mes patients, ce sont mes électeurs. Même les
péquistes votent libéral; ils votent Lecours, chez nous. Ils se
font traiter par moi, ils me font confiance.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous leur demandez de quelle couleur ils sont
avant de les soigner?
M. LECOURS: Non, je les connais.
M. FORGET: M. le Président, je m'excuse du retard, du silence.
Pour ce qui est de l'augmentation de ces services, évidemment, nous
sommes conscients que toutes les régions, toutes les localités
n'ont pas un accès égal actuellement aux services de soins
à domicile. Les structures actuelles ont des imperfections qui nous
paraissent évidentes et qui sont telles qu'il nous paraît
nécessaire de réorganiser et de déplacer la
responsabilité pour ces services avant de songer à une expansion.
Cette intégration dans les services de santé communautaire va
permettre de répartir les ressources disponibles de façon plus
équitable peut-être, sans nécessairement, dans tous les
cas, augmenter les ressources disponibles.
Le cas auquel on fait allusion n'est pas isolé
et il y a plusieurs autres localités, présumément,
qui n'ont pas un accès égal. Même dans les centres urbains
où ces services existent, nous sommes persuadés que tous les
centres hospitaliers n'ont pas un accès uniforme, non plus, à ces
services de soins à domicile. C'est afin de changer, encore une fois,
l'organisation, de placer la responsabilité sur un plan
sous-régional auprès des services de santé communautaire
que nous avons différé toute expansion dans les soins de
"nursing" à domicile. Cependant, dans les mêmes crédits, il
y a aussi une autre dimension de ces services qui est constituée par les
auxiliaires familiales. Dans ces crédits ceci pour corriger ma
remarque de tantôt; c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je cherchais
à être éclairé il y a une augmentation de
$500,000 pour les auxiliaires familiales pour l'année qui vient, ce qui
effectivement, étant donné l'utilisation réelle des
crédits de l'année passée, constituera une masse
monétaire de $1 million pour l'expansion des auxiliaires familiales
à domicile. C'est une augmentation assez importante si on
considère le point de départ qui est d'environ $2 millions; c'est
une augmentation d'environ 50 p.c. dans la disponibilité d'auxiliaires
familiales.
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce que je pourrais savoir si
ces auxiliaires familiales dépendent des services sociaux?
M. FORGET: C'est cela, elles dépendent des centres de services
sociaux et des centres locaux dans la mesure, évidemment, où ils
sont en état de fonctionnement.
M. CHARRON: Programme 4.
Services en milieu scolaire
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Programme 4, élément 2,
adopté. Le programme 4 est adopté dans son entier. Nous passons,
avec plaisir, au programme 5.
M. CHARRON: Vous voyez, deux programmes depuis ce matin, ça va
bien! On va trop vite! Je pense qu'on va ralentir; le député de
Rosemont ne pourra plus nous suivre.
Le programme 5 traite d'un sujet que je n'aborde pas, pour la
première fois.
En effet depuis cinq ans que je fais les crédits du
ministère de l'Education, j'ai eu l'occasion à chaque
année, puisque le sujet revient à chaque année au
ministère de l'Education, de parler des services en milieu scolaire.
Effectivement, il y a une dizaine de jours, au moment où nous
procédions à l'étude des crédits du
ministère de l'Education, j'ai eu avec le ministre de l'Education
j'ai photocopie ici de nos transcriptions une discussion sur la
situation des cafétérias dans les écoles secondaires et au
niveau collégial également. Je ne veux pas reprendre l'aspect de
la discussion qui concernait proprement l'administration du système
scolaire qui est celle du ministre de l'Education actuellement, mais le
ministre de l'Education me renvoyait de lui-même, à plusieurs
reprises, à un comité où il y a participation
égale, si je ne m'abuse, à tout le moins conjointe, des deux
ministères, celui de l'Education et celui dont nous sommes à
étudier les crédits.
Le ministre de l'Education avait été alerté, au
cours de l'année dernière, par un groupe de la Commission
scolaire régionale de Chambly Alerte-Alimentation était le
nom que le groupe s'était donné qui joignait des parents
d'étudiants, le directeur de la régionale, certains directeurs
d'écoles secondaires polyvalentes. Le groupe avait apporté un
cahier qui faisait état d'une situation assez sombre, à tout le
moins fortement améliorable, la qualité de la nutrition dans les
polyvalentes et dans les collèges. Je crois qu'on s'en tenait
plutôt, dans ce texte précis, aux polyvalentes. Il signalait en
même temps et c'est vers là que je dirige mes questions
certains exemples puisés à l'étranger où
certaines collectivités assument d'elles-mêmes la nourriture
donnée aux étudiants dans les polyvalentes. Aux Etats-Unis, par
exemple, selon certains programmes dans certains Etats, la nourriture est
distribuée gratuitement aux étudiants à l'heure du midi. A
d'autres endroits c'est à un taux très minime. Je sais que la
CECM à Montréal a un programme d'alimentation des
étudiants c'est un domaine que je connais un peu mieux de
$0.65 par repas où on peut leur offrir une nourriture chaude et un repas
complet.
Je veux demander au ministre quelle a été l'étendue
du rôle de son ministère ou de son délégué
à ce comité et quelles études ont été
faites, cette année, en particulier sur cette question de la nourriture
dans les écoles, de la part du ministère des Affaires
sociales.
M. FORGET: Nous nous sommes engagés dans un processus de
consultation en collaboration avec le ministère de l'Education sur un
assez grand nombre de sujets. Je ne pourrais pas vous affirmer dans tous les
détails quels ont été tous les sujets de discussion. Il
est clair qu'il y a des préoccupations prédominantes. Pour nous
au moins, c'est une coopération entre les institutions d'enseignement et
les centres d'accueil pour enfants pour ce qui est de la prise en charge de
l'éducation des enfants qui sont dans les centres d'accueil. Elle a
donné lieu à plusieurs rencontres et à beaucoup d'efforts
de manière à bien définir les responsabilités
respectives des deux ministères. Ces efforts ont sans doute
occupé une large part des discussions. Il n'est pas exclu qu'ils aient
porté également sur d'autres domaines; en particulier, j'ai
distribué, au début de cette commission parlementaire, les normes
alimentaires qui ont été élaborées par le
ministère des Affaires sociales mais qui ont
donné lieu à des consultations. Ce sont probablement les
consultations auxquelles faisait allusion mon collègue de l'Education.
Un cahier de normes sera ou a été distribué par le
réseau de l'éducation lui-même. Il y a eu une discussion
qui a donné lieu à l'élaboration de ce cahier de
normes.
Une fois cela fait, le rôle de notre ministère relativement
à la distribution des aliments ou aux repas pris dans les
cafétérias des écoles, évidemment, se termine
là, puisqu'il s'agit clairement d'une responsabilité qui n'est
pas de notre ressort. Cependant, pour ce qui est de la nutrition,
généralement, il n'est pas du tout exclu, au contraire, il est
prévu des programmes d'information sur toutes les mesures à
prendre. La population étudiante doit en être informée;
elle doit recevoir non seulement de l'information, mais aussi faire l'objet
d'un certain effort de persuasion de la part de personnes qui oeuvrent dans les
services sociaux ou dans les services de santé en milieu scolaire. Cette
information va porter, entre autres, sur l'alimentation, en plus de porter sur
un tas d'autres questions comme les dangers résultant de la consommation
de drogues ou d'alcool, les problèmes d'éducation sexuelle,
d'autres problèmes sur l'hygiène dentaire, etc.
M. CHARRON: M. le Président, est-ce que les repas servis dans les
écoles sont contrôlés ou vérifiés par des
diététiciens du ministère des Affaires sociales? Je veux
joindre cela à la première question et surtout à la
réponse du ministre. Vous mentionnez que ce cahier, effectivement, fait
état de normes qui ont été établies par le
ministère. S'agit-il véritablement de normes dans le sens
où nous l'entendons dans le domaine de l'éducation,
c'est-à-dire que sont obligées de suivre les commissions
scolaires en fonction des budgets qui leur sont alloués, ou s'il s'agit
plutôt de conseils pratiques quant à l'alimentation qu'on doit
offrir, dans les genres d'aménagement de repas, viande, fruits, lait,
etc., mais que les commissions scolaires sont libres d'appliquer selon les
moyens financiers qu'elles ont?
Je dois vous dire que le repas modèle, qui est à peu
près donné dans ce document, n'est pas appliqué dans bien
des commissions scolaires. Un tas de mémoires venant de comités
de parents ou même de commissaires, à certains endroits, en font
mention. Alors, s'agit-il vraiment de normes? Est-ce que le ministre a vraiment
appelé cela des normes comme nous l'entendons dans le domaine de
l'éducation ou s'il s'agit plutôt d'une étude devant
conduire à des décisions par les autorités
concernées?
M. FORGET: M. le Président, il ne s'agit pas de normes dans le
sens utilisé par le ministère de l'Education, pas dans le sens
où le financement d'une commission scolaire va être menacé
si la diète n'est pas suivie, tel que prévu par ce document. Il
s'agit plus que des conseils ou des voeux pieux à l'intention des
responsables de l'alimentation en milieu scolaire. Cependant, une étude
a été faite sur l'alimentation de la population étudiante
au Québec. Il y a, comme on le sait, une étude sur l'alimentation
de l'ensemble de la population au Québec, qui donnera lieu à la
publication d'un rapport et à des recommandations spécifiques. Ce
cahier s'adresse non pas à des profanes, mais aux responsables des
services alimentaires. Les diététiciens et les
diététiciennes, qui oeuvrent dans ce milieu, ne sont pas à
l'emploi du ministère des Affaires sociales, mais à l'emploi des
commissions scolaires. Il y a tout lieu de croire qu'ils vont vouloir
s'inspirer de ces normes et même les considérer comme des choses
qui s'imposent, étant donné leur caractère et étant
donné le travail qui a été fait pour les
préparer.
Maintenant, encore une fois, il n'y a pas de sanction directe visant les
commissions scolaires. Il est important, malgré tout, de donner un
instrument de travail. Les comités de parents, qui existent, connaissant
l'existence d'un document comme celui-là, pourront l'utiliser pour
évaluer les services alimentaires qui sont fournis et aussi mesurer
peut-être c'est une dimension importante l'importance qu'il
faut attacher à l'alimentation des enfants. Il y a plus que simplement
la disponibilité de ces repas.
Il y a aussi l'influence que la famille peut exercer pour éviter
que les repas, qui peuvent être excellents quant à leur
composition, à leur équilibre sur le plan
diététique, soient effectivement ce que les enfants consomment,
parce que l'on sait très bien qu'il y a plus, là-dedans, que la
disponibilité. Tous ceux qui ont des enfants connaissent très
bien les attractions que peuvent constituer des diètes pas du tout
réglementaires.
Je pense qu'il faut habituer les enfants, dans le milieu scolaire,
à utiliser leur liberté; non pas les forcer à manger ce
qui est bon pour eux mais les éduquer à utiliser leur
liberté, dans le domaine de l'alimentation comme ailleurs, de
manière responsable et, dans le fond, dans leur
intérêt.
D'où l'importance des programmes d'information qui porteront sur
ces éléments aussi. La direction des communications du
ministère des Affaires sociales accordera une attention toute
particulière cette année au développement de moyens
audio-visuels qui seront mis à la disposition du personnel
affecté à ces services en milieu scolaire, pour aider les
familles et aider les écoles elles-mêmes à sensibiliser les
enfants aux avantages, sur le plan de la santé, du maintien de la
santé, d'une alimentation saine et équilibrée.
M. CHARRON: Dans les secteurs qualifiés de
défavorisés, pour employer l'expression souvent utilisée,
dans ce qu'on appelle aussi les zones grises, comme le centre-sud de
Montréal, est-ce que le ministère conduit des opérations
spéciales pour améliorer la nutrition qui a
souvent été qualifiée d'alarmante dans sa
qualité des enfants de 0 à 14 ans en âge de
croissance en particulier? Est-ce que dans ce milieu précis, en faisant
également état du fait que la nourriture scolaire n'est qu'un
aspect de la nutrition en général qu'un enfant va recevoir dans
sa famille... Là-dessus, les études sont déjà
complètes. Le Conseil supérieur de l'éducation a
déjà donné lui-même un avis particulièrement
sévère au ministre de l'Education dans ce domaine. Est-ce que le
ministère des Affaires sociales a partie liée à quelque
opération que ce soit dans ces milieux?
M. FORGET: En effet, sur deux plans, depuis quelques années, une
aide spéciale qui est substantielle mais qui n'est, sans aucun
doute, qu'un palliatif est apportée par le ministère
à certaines grandes commissions scolaires des milieux urbains où
se retrouvent évidemment un certain nombre d'enfants
défavorisés, pour apporter un supplément à la
diète de ces enfants.
Mais, encore une fois, il ne s'agit là que d'une mesure
intérimaire, cependant assez substantielle. Nous sommes, sur un autre
plan, engagés avec le ministère de l'Education dans une
opération de concertation qui a été lancée cet
hiver pour découvrir les moyens d'apporter de meilleures réponses
ou des réponses plus générales aux problèmes des
enfants venant de milieux défavorisés. Cette concertation entre
les deux ministères ne vise pas seulement, bien sûr, les
problèmes alimentaires c'est un aspect qui sera touché
mais vise l'ensemble de la sous-alimentation qui est physique
mais qui est aussi culturelle de certains milieux qui constitue un
handicap au succès scolaire de ces enfants et, donc, à leur
promotion sociale.
C'est une opération qui a été lancée cet
hiver, à laquelle nous attachons évidemment beaucoup d'importance
et qui intéresse en tout premier chef le ministère de
l'Education. Nous sommes associés au ministère de l'Education
mais c'est le ministère de l'Education qui assume comme il se doit,
puisqu'il s'agit d'une population scolaire et scolarisée, le leadership
de cet effort dirigé vers la scolarisation et toutes les mesures qui
entourent la scolarisation d'enfants venant de milieux
défavorisés.
M. BONNIER: M. le Président, est-ce qu'on peut savoir, à
ce niveau, si c'est spécifiquement dans des milieux urbains que se fait
cette étude ou si c'est également dans des milieux ruraux?
M. FORGET: Ce sera une mesure d'application générale. Le
mandat est en termes très généraux et vise tous les
enfants venant de milieux défavorisés.
M. BONNIER: A travers la province? M. FORGET: A travers la province,
oui. M. BONNIER: Sur tout le territoire.
M. BEDARD (Chicoutimi): A l'heure actuelle, est-ce qu'il se fait des
expériences plutôt en milieux urbains que ruraux?
M. FORGET: Pour ce qui est de cette initiative, comme je l'ai dit, le
leadership est vraiment assumé par le ministère de
l'Education.
Puisqu'il y a plusieurs aspects, l'aspect alimentaire est un aspect
mineur quoi-qu'important de toute cette question, et je pense que c'est
plutôt à mon collègue qu'il faudrait poser cette question.
Je pense qu'ils sont déjà engagés, dans une certaine
mesure, dans des actions concrètes, comme nous le sommes
nous-même; mais quant à nous, et c'est peut-être vrai de
leur côté aussi, nous ne considérons pas que ce que nous
faisons actuellement est la réponse, mais c'est, malgré tout,
mieux que rien pour le moment.
M. CHARRON: Mais ce que vous dites-là, je l'ai posée, la
question, au ministre de l'Education en présumant que c'était son
ministère qui assumait le leadership de cette opération qui se
fait en collaboration avec les instances, comme il les appelle,
décentralisées du ministère, c'est-à-dire les
commissions scolaires en plusieurs cas. Je sais qu'à Montréal,
c'est le Conseil scolaire de l'île de Montréal, à qui
d'ailleurs la loi-même qui l'a créé confère la
fonction d'oeuvrer en premier lieu dans les milieux défavorisés,
qui doit conduire cette opération.
Mais, puisque nous sommes à adopter les services de santé
en milieu scolaire, est-ce que ces services, dont, je suppose, nous avons le
directeur avec nous, couvrent l'ensemble du territoire québécois,
ceux dont nous avons à adopter les crédits?
M. FORGET: Pour les services de santé et de services sociaux en
milieu scolaire?
M. CHARRON: Les deux oui.
M. FORGET: Ils couvrent l'ensemble de la province, cependant nous sommes
à poursuivre la réalisation d'un objectif: une certaine
proportion entre le nombre de postes et le nombre d'étudiants. Les
crédits de cette année d'ailleurs comportent des
développements de ressources pour atteindre progressivement cet
objectif. Il y a un développement de ressources d'un peu plus de
$400,000 pour ce qui est des services de santé en milieu scolaire, et
d'environ $850,000 pour ce qui est des services sociaux en milieu scolaire.
M. CHARRON: C'est plus que $400,000.
M. FORGET: C'est-à-dire que je ne parle pas de l'augmentation
brute, je ne parle que des nouveaux postes, le développement, la
composante de pur développement. Il y a évidemment l'indexation
des salaires, l'augmentation des échelles, le coût additionnel,
l'augmentation de l'indice des prix.
M. CHARRON: Où sont ces nouveaux postes que vous mentionnez?
M. FORGET: Au sujet des nouveaux postes d'infirmières en milieu
scolaire ou de services sociaux en milieu scolaire, voici c'est qu'au...
M. BONNIER: II serait bon de parler des services sociaux tout à
l'heure, j'aimerais bien qu'on se centre sur la santé.
M. FORGET: Au point de vue des infirmières en milieu scolaire, au
tout début, il y avait des écarts considérables entre le
nombre d'infirmières dans une région par rapport au nombre
d'infirmières dans d'autres régions et, graduellement,
d'année en année, un budget supplémentaire a
été accordé de telle sorte qu'on établisse une
sorte d'égalisation.
De plus, comme l'a signalé tantôt le ministre, au
début, le ministère des Affaires sociales s'était
engagé à atteindre un objectif qui était, je crois, d'une
infirmière pour 2,000 élèves, et cette année, je
crois que nous sommes à, je le donne sous toute réserve, une
infirmière pour un peu plus de 2,600 élèves.
C'est 1 / 2,300. 1 / 2,300, c'est mieux, alors, 1 / 2,300.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Pourriez-vous répéter pour le
journal des Débats.
M. FORGET: Alors, avec un montant de $400,000, M. le Président,
il sera possible cette année de parvenir à une norme d'une
infirmière par 2,000 étudiants.
Dans l'ensemble des régions du Québec.
Et la répartition sera faite en fonction de la situation actuelle
dans chacune des commissions scolaires.
M. CHARRON: Quand on parle de services de santé en milieu
scolaire, est-ce que ce sont uniquement des infirmières postées
dans les polyvalentes, par exemple...
M. FORGET: C'est cela.
M. CHARRON: ... il n'y a pas de personnel itinérant?
M. FORGET: Aucun.
M. CHARRON: Est-ce que ces fonctions...
M. BONNIER: Cela veut peut-être dire que le travail est
essentiellement du type éducation, hygiène alimentaire, et ces
choses-là.
M. CHARRON: Prévention.
M. FORGET: II y a aussi une certaine quantité de dépistage
qui se fait, et maintenant que ces infirmières sont rattachées au
département de santé communautaire, les liens peuvent
s'établir beaucoup plus facilement entre le travail qu'elles font dans
les écoles et les références qu'elles sentent le besoin de
faire dans certains cas.
Les cas où ils décèlent des problèmes
particuliers qui méritent une visite en clinique externe pour une
évaluation plus poussée, soit des problèmes d'audiologie
ou des problèmes connexes qui sont décelés lors du travail
avec les maîtres à l'école. Cette relation qui y est
établie maintenant avec les centres hospitaliers permet une
référence beaucoup plus facile que ce ne pouvait être le
cas dans le passé.
Maintenant, tout ceci ne couvre pour l'instant que les services
scolaires du niveau secondaire. Les infirmières des unités
sanitaires ont traditionnellement assumé un rôle analogue
relativement aux étudiants ou aux élèves du niveau
primaire. Durant le cours de l'année, et c'est déjà fait
dans certains cas, les infirmières scolaires en quelque sorte
travaillant au niveau primaire seront intégrées également
aux services de santé communautaire. Ainsi, ces services 31
services au Québec assumeront vis-à-vis de la santé
de la population d'âge scolaire, jusqu'au niveau du CEGEP exclusivement,
une responsabilité d'ensemble et pourront assumer aussi ces rôles
de référence pour des problèmes qui requièrent des
ressources plus spécialisées dans le centre hospitalier où
ils sont basés.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Frontenac.
M. LECQURS: M. le Président, j'aimerais attirer l'attention sur
un problème que plusieurs médecins vivent dans ma région,
à cause des infirmières qui visitent les écoles. Elles ont
peut-être raison mais je pense qu'il y aurait lieu d'améliorer le
système. Par exemple, dans le village où je demeure, au printemps
on a eu une épidémie d'oreillons, de varicelle. Chaque fois
l'infirmière passait et elle envoyait tous les enfants à mon
bureau. Mais ça coûte cher, cela. Les oreillons et la varicelle,
ça ne demande pas toujours un examen médical. Parfois, elles vont
dans d'autres écoles, elles regardent dans les yeux et disent: Tu fais
de l'anémie, va voir ton médecin. Cela veut dire toujours des
frais pour les contribuables.
Je me demande, à l'heure actuelle, si réellement c'est le
rôle de l'infirmière que de diriger, pour de tels cas, chaque fois
l'élève chez le médecin.
M. FORGET: Ce sont évidemment des problèmes particuliers
qui peuvent être sujets à des améliorations. Il est clair
que, si la référence était systématique de toute
une population d'âge scolaire, il y aurait peut-être lieu de se
poser des questions. D'un autre côté, il faut peut-être
donner le bénéfice du doute aux enfants que l'on veut
protéger, dont on veut maintenir la santé, et faire une ou des
références parfois inutiles puisque le but même de ces
visites est de déceler des problèmes avant qu'ils ne
deviennent trop considérables et graves et retardent le progrès
scolaire de l'enfant. S'il y a des possibilités
d'épidémie, il faut une action évidemment assez
énergique. Il y a peut-être une formation dans ce domaine comme
dans d'autres domaines.
M. LECOURS: Une fois que l'épidémie est
déclarée, qu'elle est connue, je pense qu'il ne faudrait pas
s'alarmer outre mesure. Mais, en plus, on demande à ces mêmes
patients de revenir au bureau du médecin, se faire donner un certificat
médical comme quoi ils sont guéris avant de
réintégrer la classe. Cela fait deux visites souvent presque
inutiles alors qu'on connaît qu'il y a une épidémie dans la
région, que ce n'est pas quelque chose de bien grave.
M. FORGET: La désignation des chefs de service de santé
communautaire avec un entraînement en santé publique...
M. BEDARD (Chicoutimi): Une épidémie de plus ou de
moins.
M. FORGET: ... et peut-être...
M. LECOURS: On n'est pas attaché à l'argent, nous autres,
on va essayer d'améliorer cela.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Rosemont.
M. BELLEMARE: M. le Président, quelle est la politique du MAS
pour la nutrition en milieu scolaire?
M. FORGET: Bien, il y a eu une distribution dans...
M. BELLEMARE: Vous en avez parlé, d'accord. Je lirai le journal
des Débats. D'accord, je m'excuse.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est parce que...
M. CHARRON: En plus de m'entendre, vous aurez le plaisir de me lire.
M. BELLEMARE: Cela me fera plaisir.
M. CHARRON: M. le Président, services de santé en milieu
scolaire, élément 1, ça va.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Adopté? M. CHARRON: Oui, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Elément 1, adopté.
Elément 2.
M. CHARRON: Les services sociaux offerts en milieu scolaire sont de
quelle nature?
M. FORGET: Ces services sont offerts généralement par des
travailleuses sociales et des conseillères sociales. Il s'agit, dans
certains cas, d'aide psychosociale, disons, simple; il s'agit également
de relations entre l'école et la famille. On sait que c'est surtout la
travailleuse sociale qui va dans les familles, quand il y a des
problèmes de tous ordres; par exemple s'il y a des problèmes
d'absentéisme, on fera appel également à la travailleuse
sociale.
De plus, la travailleuse sociale est chargée de participer
à certains cours de formation, d'éducation des jeunes, en
collaboration avec l'équipe du service personnel aux
étudiants.
M. CHARRON: J'imagine que ces services s'adressent plus à une
clientèle du secondaire qu'à l'élémentaire.
M. FORGET: C'est ça.
M. CHARRON: Mais il doit quand même y en avoir, en particulier
pour les problèmes d'absentéisme, qui travaillent
également avec les jeunes de l'élémentaire.
M. FORGET: Ce n'est pas impossible, mais ce n'est pas organisé de
façon systématique au niveau primaire.
M. CHARRON: C'est surtout au secondaire. M. FORGET: C'est au niveau
secondaire. M. CHARRON: Et cette dépense...
M. BONNIER: Quand vous dites secondaire, vous n'incluez pas les
CEGEP?
M. FORGET: Non.
M. BONNIER: C'est parce que je remarque que, dans le domaine de la
santé et dans le domaine des services sociaux, les CEGEP, c'est
laissé de côté volontairement ou...?
M. FORGET: Non, je crois que les CEGEP ont également un budget
pour les services personnels aux étudiants.
M. BONNIER: Ici.
M. FORGET: Ici, nous parlons du secondaire, dans le moment.
M. BONNIER: Du secondaire.
M. CHARRON: Mais ici ce dont nous parlons, ce sont des transferts aux
commissions scolaires. En fait la travailleuse sociale dont vous parlez est
à l'emploi de la commission scolaire?
M. FORGET: La travailleuse sociale fait partie du personnel d'un centre
de services sociaux et elle part du centre de services
sociaux pour travailler en milieu scolaire. Alors,
généralement, elle va dans une polyvalente; elles peuvent
être deux également.
M. CHARRON: Quand, dans le budget on retrouve $8 milliards, je m'excuse,
$8 millions.
M. BONNIER: Oui?
A cette heure-ci, les chiffres se déplacent. $8,997,000, c'est
l'argent que le ministère verse aux commissions scolaires ou aux centres
de services sociaux?
M. FORGET: Aux centres de services sociaux pour les services sociaux en
milieu scolaire et aux services de santé communautaire pour les services
de santé en milieu scolaire.
M. BONNIER: M. le Président, est-ce qu'on pourrait savoir, pour
ces services-là aussi, quelles sont les normes? C'est un travailleur
social par combien d'élèves? Deuxièmement, jusqu'à
quel point sont-ils préoccupés par ce phénomène
qu'on qualifie de "dropout" dans nos polyvalentes modèles?
M. FORGET: Là, M. le Président, je ne me fierai plus
à ma mémoire, parce que tantôt je me suis aperçu que
je donnais le chiffre de 1973, au lieu de donner celui de 1974. Alors, je vous
avoue là que je ne saurais vous donner la norme sur-le-champ, mais ce
serait facile de l'obtenir et je vous la communiquerai.
M. BONNIER: Jusqu'à quel point donne-ton de l'importance à
ce phénomène de "dropout"?
M. FORGET: Cela fait partie, en général, des
problèmes d'absentéisme et de comportement difficile qui sont
notés dans les écoles et qui nécessitent d'établir
un contact entre la direction de l'école, les maîtres et la
famille, pour essayer de déceler s'il n'y a pas un problème qui
est susceptible d'une solution.
Alerter les parents sur la nature du problème dont ils peuvent
être insuffisamment conscients et essayer d'obtenir la collaboration de
la famille avec le milieu scolaire pour résoudre ces difficultés.
Cela fait partie éventuellement d'un problème de comportement, de
consommation de drogue ou d'absentéisme, d'un phénomène de
délinquance ou de pré-délinquance. C'est l'ensemble, c'est
l'éventail de ces questions qui fait l'objet du travail du travailleur
social en milieu scolaire et qui donne aussi à ce personnel l'occasion
de faire des références à des ressources plus
spécialisées et peut-être même de mettre en branle
des mécanismes tels que ceux qui sont prévus pour la protection
de la jeunesse lorsqu'il semble qu'un enfant est dans une situation telle qu'il
ne peut plus être laissé dans son milieu de vie habituel, qu'il a
besoin d'un recyclage quelconque, en quelque sorte, pour l'aider à
franchir une étape difficile.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Rosemont.
M. BELLEMARE: Au sujet de ces services sociaux, M. le Président,
est-ce qu'il y a une coordination de ces programmes avec le ministère de
l'Education?
M. FORGET: II y a une coordination sur un plan local avec les
commissions scolaires puisque ces personnes, comme on l'a expliqué
tantôt, travaillent en collaboration avec le personnel qui fait partie du
service personnel aux étudiants, qui est une des composantes du budget
et des normes budgétaires reconnues par le ministère de
l'Education. Il y a un effectif qui est là et le travailleur social
intervient avec cette équipe. Donc, il y a une coordination qui se fait
sur un plan personnel, en quelque sorte, avec les membres de cette
équipe de services personnels aux étudiants.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Moi, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Elément 2, adopté?
M. CHARRON: ... j'ai terminé l'élément 2. Si mon
collègue n'a pas d'objection, j'adopterais le programm 5.
M. BONNIER: Est-ce que je peux juste faire une petite intervention, M.
le Président? J'ai l'impression que la fatigue commence à gagner
mon ami de Saint-Jacques. Je ne veux pas allonger le débat, je veux
simplement faire remarquer au ministre ce qu'il sait sans doute qu'avec les
problèmes que nous rencontrons au niveau des polyvalentes, les
problèmes de comportement, c'est pour cela que je posais la question de
la norme... Ce que j'en sais, c'est que les travailleurs sociaux ne sont pas
suffisamment nombreux, sans doute, pour faire face au défi assez
important qu'ils ont à relever.
M. FORGET: Je vous suis reconnaissant de le signaler. Comme
l'augmentation très rapide des budgets du ministère à ce
chapitre depuis quelques années le démontre, il s'agit d'une des
priorités du ministère des Affaires sociales, et cela continuera
d'être une priorité pour les prochaines années,
particulièrement dans le domaine des services sociaux en milieu
scolaire. On vient d'indiquer que nous atteignons la norme, ou l'objectif que
nous nous étions fixé cette année pour les services de
santé en.milieu scolaire, mais ce n'est pas le cas pour ce qui est des
services sociaux.
Encore une fois, comme on vous l'a dit tantôt, les chiffres
précis me font défaut sur ce point, mais je sais de
mémoire que les normes que nous envisageons comme réalistes pour
les
prochaines années sont même en-deça de ce qui serait
idéalement souhaitable. Nous allons, malgré tout, essayer
d'atteindre ces normes le plus rapidement possible, quitte à voir si
nous pourrons, dans les années subséquentes, les
dépasser.
Il est clair qu'il y a un besoin de ce côté et cela peut
rendre d'immenses services. J'ai eu connaissance personnellement du travail
fait dans certains secteurs par les travailleurs sociaux en milieu scolaire et
je suis sûr qu'on peut leur rendre un très grand hommage, parce
qu'ils abattent un travail extraordinaire et extrêmement important.
Alors, on considère que c'est une priorité, on va continuer
à le considérer. Voyez seulement cette année, nous
ajoutons $850,000 pour la création de nouveaux postes, étant
donné les choix qu'il faut faire et qu'on ne peut pas mettre toutes les
ressources et les nouvelles ressources dans le même secteur. Il reste que
c'est malgré tout, en termes de pourcentage, une très grosse
augmentation, peut-être en termes de pourcentage, la plus grosse
augmentation de tous les programmes du ministère.
Soutien aux organismes volontaires
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Programme 5 adopté? Programme 6,
soutien aux organismes volontaires.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme "ce programme vise à favoriser la
participation de groupes volontaires dont les services contribuent à la
réalisation des programmes de santé et des services sociaux",
à l'élément 1, à savoir, soutien aux organismes de
santé, est-ce qu'il serait possible de connaître la liste des
subventions? Et également de savoir sur quels critères on se base
pour accorder ces subventions?
M. FORGET: On pourra vous remettre à la prochaine séance
une liste des projets. Ils ne sont pas tellement nombreux, parce que ce
crédit n'est pas tellement considérable. Pour ce qui est des
critères, les critères sont de deux sortes. Il s'agit
essentiellement de favoriser l'action d'organismes bénévoles qui
font montre d'une action autonome significative, qui bénéficient
d'un appui manifeste, concret et assez large. C'est la raison pour laquelle le
financement du ministère est très limité, mais il s'agit
aussi de soutenir non pas de façon discriminatoire, toutes
espèces d'organismes, mais ceux qui peuvent, par leur action, contribuer
à la solution de problèmes concrets plutôt que simplement
soutenir des campagnes d'information ou de publicité ou de recherches,
puisque la recherche est soutenue par un autre programme au ministère
des Affaires sociales, en vertu d'une évaluation spécifique de
projets qui sont soumis à des comités de pair. Donc il s'agit
essentiellement d'aider des organismes qui don- nent des services concrets
qu'ils font avec un appui substantiel et également concrets d'un secteur
important de la population, et de limiter notre participation à une
participation très minoritaire, effectivement 20 p.c. des budgets.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'il y en a plusieurs, organismes...
M. FORGET: Je peux vous donner une liste assez sommaire. Vous avez
l'Association de paralysie cérébrale, la Société
pour les enfants infirmes, l'Association des paraplégiques, l'Ordre de
Saint-Jean, l'Association des aveugles; du côté de la santé
mentale, l'Association canadienne de la santé mentale, les centres de
croix blanche de Montréal et de Québec, l'Institut
d'études sur l'alcoolisme et un certain nombre de congrès et de
symposiums à caractère scientifique et avec une dimension
internationale, c'est-à-dire extérieure au Québec
proprement dit, de manière à donner un certain rayonnement aux
activités qui se font ici ou alors à permettre à certains
milieux professionnels une ouverture sur ce qui se fait ailleurs, sur un plan
scientifique. Nous n'accordons aucun appui à des congrès qui ne
sont que des réunions sociales ou à des réunions de type
purement et étroitement professionnel.
Il faut qu'il y ait une dimension scientifique qui contribue soit au
rayonnement du Québec, soit à l'ouverture du Québec sur de
nouvelles idées, des expériences étrangères.
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, je n'ai pas de question sur
l'élément 2, ce qui veut dire qu'en ce qui nous concerne...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Programme 6, adopté?
M. BONNIER: Je m'excuse encore une fois. LE PRESIDENT (M. Lafrance):
Non, non.
M. BONNIER: Est-ce à l'intérieur de cet
élément 2 qu'on pourrait trouver l'aide à certains
organismes de type familial?
M. FORGET: Effectivement, c'est à l'élément 2 que
l'on trouve les subventions aux organismes familiaux. Effectivement, plus de la
moitié des sommes prévues pour cet élément sont
consacrées à des organismes familiaux. Il y a une somme
importante qui est donnée à l'OFAQ, Organismes familiaux
associés du Québec, à SERENA, à la
Fédération des unions de familles, au Service d'orientation des
foyers, à la Fédération du Québec pour la
planification des naissances. Donc, on a là toute une série
d'organismes qui reçoivent ensemble près de $300,000, sur un
total de $420,000. Le reste est donné à différents
organismes, comme des popotes roulantes dans un certain nombre de
régions, au Conseil canadien de développement social;
c'est la contribution du Québec aux travaux de ce conseil.
M. CHARRON: De toute façon, vous allez nous en donner la
liste.
M. FORGET: Je vais vous donner la liste à la prochaine
séance.
M. BELLEMARE: M. le Président, juste une seconde. Peut-être
que vous avez omis de dire que les sourds-muets ont aussi une subvention. Vous
ne les avez pas nommés dans les organismes que vous avez cités.
C'est peut-être une omission que vous avez faite.
M. FORGET: Je n'ai pas nécessairement fait une liste exhaustive.
J'ai énuméré les noms qui me sautaient aux yeux. Vous
allez avoir la liste totale à la prochaine séance.
M. BELLEMARE: Merci.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, programme 6, adopté. Programme
7, Consultation psycho-sociale.
M. CHARRON: Consultation psycho-sociale, si je comprends bien, c'est ce
que verse le ministère aux...
M. FORGET: Aux centres de services sociaux.
M. CHARRON: ... centres de services sociaux. Exactement. Bon, j'ai
très peu de questions, sauf peut-être une remarque. Le
ministère a déjà publié, en annexe à son
rapport annuel 1972/73, un dossier régional qui donnait des
données statistiques par région. Malheureusement, c'est le seul
document que l'on ait, le plus récent que l'on ait quand on veut
vérifier l'étendue des centres de services sociaux et, en
particulier, les services qu'ils couvrent et qu'ils offrent région par
région : je dirais même qu'en certains endroits, c'est presque
ville par ville.
Est-ce que le ministère a un document plus récent que
celui-là ou est-ce qu'à son rapport annuel, qu'il déposera
incessamment, il y aura également une annexe régionale, un
dossier régional?
M. FORGET: II y a une révision de ce document qui est en
préparation. Je crois pouvoir affirmer qu'en effet il sera produit comme
annexe au rapport annuel. Mais c'est une publication qui risque de devenir
désuète à moins d'être révisée et que
nous avons l'intention de réviser selon une périodicité
qui n'est pas totalement arrêtée actuellement.
M. CHARRON: Dans ces services, j'ai une seule question. Dans les
services qu'offriront les centres de services sociaux, avec ce budget que nous
nous apprêtons à leur voter, le ministre a déjà fait
état des services à domicile pour les personnes
âgées que ces centres de services sociaux auront à couvrir.
Est-ce qu'il peut donner plus d'explications, ce soir, sur ce genre de services
aux personnes âgées?
M. FORGET: II a été question de ça dans un autre
contexte également et je ne sais pas s'il n'y a pas peut-être un
peu confusion. Nous avons parlé de l'ouverture des centres d'accueil
pour personnes âgées dans les projets qui sont actuellement
à l'étude sur une base externe, en quelque sorte, des centres de
jour, mais cela ne paraîtrait pas, effectivement, dans ce programme.
M. CHARRON: Cela va être au programme 8?
M. FORGET: Ce serait au programme 8.
M. CHARRON: Au programme 8 ou au programme 9. Au programme 9.
M. FORGET: II y a évidemment des services de consultation et de
placement qui sont assumés par les centres de services sociaux mais ce
ne sont pas, comme tels, des centres de jour.
M. CHARRON: D'accord. Programme 7, adopté, M. le
Président, quant à moi.
M. BELLEMARE: Un instant, un instant!
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Rosemont.
M. BELLEMARE: Quel est le nombre de personnes touchées par ce
programme et quels en sont les résultats?
M. FORGET: Excusez-moi, je n'ai pas compris.
M. BELLEMARE: Quel est le nombre de personnes touchées par ce
programme et quels en sont les résultats?
M. FORGET: Le programme 7? M. BELLEMARE: Oui.
M. FORGET: II est assez difficile d'évaluer la clientèle
des centres de services sociaux puisqu'essentiellement toute la population,
à un titre ou à un autre, peut être appelée à
y faire appel.
Il faut se souvenir que les centres de services sociaux ont des
responsabilités, entre autres pour le placement, l'évaluation des
problèmes des familles et des enfants en difficulté et les
placements qui peuvent être recommandables dans des cas comme
ceux-là.
Alors cela s'adresse, en théorie, à toute la
population. Dans une année particulière, cela ne s'adresse
qu'aux enfants qui y ont fait appel. Malheureusement, je n'ai pas ce
chiffre.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas obligatoire. C'est juste grosso modo.
M. FORGET: Pour ce qui est des personnes âgées, c'est la
même chose. Tout le monde peut avoir besoin de ce service ou toute
famille peut avoir une personne âgée qui requiert un placement et
l'évaluation du besoin de ce placement, se fait sous les auspices du
centre de services sociaux.
Par exemple, les services d'adoption, les procédures d'adoption
sont sous la responsabilité des centres de services sociaux, de
même que l'évaluation d'un certain nombre de situations qui
peuvent requérir une assistance, comme les auxiliaires familiales ou
d'autres services de placement en foyer nourricier sur une base temporaire pour
des raisons de santé et autres.
M. BELLEMARE: Suivant l'expérience que vous avez eue à ce
jour, M. le Président, pour une conclusion rapide, est-ce que cela a
donné de bons résultats?
M. FORGET: Sans aucune doute, je pense que les centres de services
sociaux répondent à un besoin. Maintenant comme on le sait, les
centres de services sociaux sont l'objet d'une réorganisation
très profonde. Nous espérons pouvoir les placer dans une
situation encore plus favorable pour rendre des services à la
population.
Ils pourront, ayant désormais une vocation régionale, dans
la plupart des cas, mieux coordonner l'utilisation des ressources
institutionnelles, des ressources des établissements en fonction des
véritables besoins de l'ensemble de la région plutôt qu'en
fonction d'une évaluation qui se fait sur une base de localités
particulières ou sur une base d'accessibilité des ressources. La
coordination qui était faite anciennement entre les centres hospitaliers
et les ressources de placement pour soins prolongés sera
désormais assumée par les centres de services sociaux de
manière encore une fois à rendre optimale l'utilisation des
ressources de placement pour soins prolongés.
Nous avons le sentiment que ces mesures vont aider à
améliorer les services qui sont donnés à la population. Du
côté de l'adoption, il y a aussi des efforts pour
développer et stimuler l'adoption des enfants qui sont susceptibles
d'être adoptés. Une partie des ressources additionnelles qui sont
mises à leur disposition leur permet de développer leurs services
dans ces directions.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a quand même une augmentation de $10
millions qui est assez représentative, presque 20 p.c, qui est
consacrée à de nouveaux services. Pourriez-vous nous dire les
priorités?
M. FORGET: Ce montant de $10 millions est en partie apparent puisqu'il
résulte d'un transfert interprogrammes des sommes qui étaient
autrefois versées aux centres hospitaliers pour les services sociaux en
milieu hospitalier et qui sont désormais pris en charge par les centres
de services sociaux. C'est la contrepartie budgétaire de l'effort de
réorganisation qui est en cours, pour une part. Il y a aussi un
développement véritable. Il y a comme dans tous les autres
programmes et ça commence à faire une masse importante
l'augmentation des salaires et l'indexation qui représente une
somme de $3,500,000 sur les $10,600,000; il y a l'indice des prix, un autre
montant de $400,000 d'augmentation, ce qui laisse une somme de $4 millions pour
le développement des ressources durant l'année en cours, et un
coût additionnel, pour le prochain exercice financier, des
développements intervenus l'an dernier, pour un total de presque $3
millions.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Programme 7, adopté. La commission
ajourne ses travaux jusqu'à jeudi matin, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 1 )