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Commission permanente des affaires sociales
Etude des crédits du ministère des
Affaires sociales
Séance du jeudi 30 mai 1974
(Dix heures treize minutes)
M. LAFRANCE (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! Nous reprenons ce matin l'étude des
crédits du ministère des Affaires sociales.
Protection et hébergement
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On m'a demandé de revenir pour
quelques instants au programme 8, étant donné qu'il y aurait de
petites explications à demander au ministre de la part du
député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Disons que ça peut être plus long;
non, ce n'est pas un privilège de l'Opposition.
M. le Président, au niveau du programme 8, on a parlé
à un moment donné des familles d'accueil ou foyers nourriciers.
Dernièrement, en fait depuis un certain temps, plusieurs associations de
foyers nourriciers se sont formées et ont manifesté leur
mécontentement face à la hausse qui avait été
annoncée et qui est en vigueur pour les foyers nourriciers depuis le 1er
janvier 1974. Le ministre est sûrement au courant de plusieurs
recommandations de ces associations qui, effectivement, n'étaient
satisfaites d'aucune façon en ce qui a trait à la hausse des taux
payés pour les foyers nourriciers. Leurs arguments étaient,
globalement, que les hausses qui ont été annoncées pour
les foyers par rapport à ce qui existait depuis 1967; ou plutôt
que la politique du ministère ne constituait pas une hausse; au
contraire, si on tenait compte du coût de la vie, pour eux cela
équivalait même à une diminution de la contribution du
gouvernement pour ces parents nourriciers qui recevaient des enfants.
J'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs de ces associations, entre
autres celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Je dis très sincèrement qu'ils avaient l'impression qu'ils
étaient traités un peu par le gouvernement, non pas comme
étant des personnes, en acceptant dans leur foyer des enfants
délaissés pour toutes les causes qui peuvent s'imaginer, qu'elles
n'avaient pas l'impression d'être traitées par le gouvernement,
comme exécutant un travail social.
Ces foyers nourriciers émettaient l'opinion qu'étant
donné la hausse inadéquate qui est en vigueur depuis le 1er
janvier 1974, ils avaient plutôt l'impression que le ministère ou
encore la société les considéraient un peu comme des gens
qui effectuent tout simplement une transaction financière en acceptant
de recevoir des enfants abandonnés, plutôt, autrement dit, que de
faire oeuvre de solidarité humaine et de dévouement.
Je crois que le ministère est à même de constater
que, même s'il y a les centres d'accueil, humainement parlant, les foyers
nourriciers représentent un milieu qui reflète beaucoup plus de
chaleur humaine, beaucoup plus, disons, d'amour dont les enfants ont besoin,
que les institutions qui sont en place, avec tout le respect qu'on leur doit.
Je voudrais savoir de la part du ministre si effectivement il a reçu de
telles doléances de la part des parents nourriciers, les associations de
parents nourriciers, et s'il a l'intention, en fait, de penser, tenant compte
du coût de la vie, à hausser les traitements, les subventions qui
sont données présentement aux parents nourriciers.
M. FORGET: M. le Président, ça me fait plaisir de
répondre à la question, d'autant plus que, techniquement, nous
sommes bien dans l'article 9 puisque la question se réfère aux
foyers nourriciers. Le programme 8, essentiellement, traitait des programmes de
réadaptation de l'enfance et des adultes, essentiellement des centres
d'accueil pour les différentes catégories d'enfances
inadaptées. La question spécifique des foyers nourriciers nous
place dans le contexte du programme 9; donc, techniquement, nous pouvons
commencer l'étude.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne jouis pas d'un privilège en y
faisant référence, autrement dit.
M. FORGET: C'est cela, ça élimine la question de
privilège. On pose la question à savoir si notre ministère
a été saisi des demandes des foyers nourriciers sur
l'augmentation qu'ils jugent insatisfaisante des taux qui leur sont
versés. Oui, bien sûr, on a été saisi de ces
demandes; d'ailleurs, on est assez habitué à ce que les gens nous
demandent un peu plus d'argent. C'est une chose assez courante. Je pense qu'il
ne faut pas donner à ces demandes, parce qu'elles émanent des
foyers nourriciers, une dimension émotive ou symbolique plus grande
qu'elle n'a dans d'autres secteurs. Le problème qui est posé est
essentiellement un problème de fait: Est-ce qu'il sera possible avec ces
taux, sans créer d'injustices, d'obtenir un nombre suffisant de foyers
nourriciers de qualité durant l'année courante ou est-ce que ce
ne sera pas possible?
Il ne nous semble pas qu'il y ait de difficulté à ce
niveau, au contraire, Il a été possible, jusqu'à
maintenant, d'assurer les placements dans des familles d'accueil. On sait que
les centres de services sociaux sont d'ailleurs préoccupés de la
qualité des foyers d'accueil et on a vu récemment, d'ailleurs,
dans les journaux, plusieurs appels, plusieurs séances organisés
par
les centres de services sociaux pour sensibiliser les familles
d'accueil, les préparer à leur rôle; ceci constitue un
développement normal qui ne semble pas mis en péril, d'aucune
manière, par les taux qui sont versés.
Il faut voir, dans la création d'un certain nombre d'associations
de foyers nourriciers peut-être autant de préoccupations de
s'assurer l'accès à des informations, à des contacts avec
le milieu professionnel que constituent les centres de services sociaux que
dans un désir d'obtenir des taux supplémentaires. Il y aurait eu
dans les six années passées beaucoup plus de raisons de
créer des associations pour réclamer des hausses, puisqu'il n'y
avait pas de hausse.
Il semble assez étonnant de relier la création de ces
associations à l'annonce de hausses puisque c'est certainement un pas
dans la bonne direction du point de vue des familles d'accueil au moins.
Pour ce qui est du taux, je ne me souviens pas des chiffres exacts que
nous avions produits, nous avions évalué la hausse moyenne des
taux bruts à 32 p.c. Cela se comparait très favorablement
à la hausse du coût de la vie dans la période
s'étendant de 1967 à 1973. C'était passablement
supérieur à la hausse du coût de la vie pendant cette
période. On a connu bien sûr cette année, et l'an dernier,
une inflation assez forte, mais on sait que, de 1967 à 1972, le taux
d'inflation a été très modeste, ce qui fait que les taux
qui sont effectivement versés cette année tiennent compte de
l'inflation, il n'y a pas de diminution.
Je sais qu'on a essayé dans certains milieux de montrer qu'il y
avait eu une hausse inférieure à cela, mais c'est par un artifice
qui n'est pas tout à fait honnête, à mon avis, puisqu'on
déduisait le montant reçu par les familles d'accueil au titre des
allocations familiales, à l'époque où elles les ont
reçues, ou qu'on déduisait des sommes versées
désormais par les centres d'accueil des allocations familiales qui sont
reçues. Evidemment, peu importe la source de financement pour les
familles d'accueil, soit dans le passé, soit maintenant; ce qui importe,
c'est le montant d'argent qu'ils reçoivent. Ce montant, effectivement,
subit une hausse moyenne de 32 p.c., supérieure à ça dans
certains cas et légèrement inférieure dans certains
autres, selon les groupes d'âge. C'est une hausse sensible.
D'autre part, on a fait valoir par des études de budget que le
montant en chiffres absolus donné aux familles était insuffisant.
Nous avons basé nos calculs sur une évaluation des
dépenses des ménages au Canada; c'est le relevé du Bureau
fédéral de la statistique.
Les montants qui sont versés aux familles d'accueil sont
essentiellement équivalents à ce que cette étude des
coûts des ménages, ajustés pour l'augmentation du
coût de la vie, montre comme moyenne des dépenses des familles
canadiennes pour l'entretien des enfants.
Certaines comparaisons ont été faites où on compte
deux fois la même dépense. Evidemment, si on compte deux fois la
même dépense, on peut produire toutes sortes de résultats
bizarres. Par exemple, on a calculé dans le coût d'entretien des
enfants des dépenses que le ministère des Affaires sociales
finance par d'autres moyens que l'allocation de base aux foyers nourriciers.
Ces dépenses, qui sont des dépenses spéciales, n'ont pas
à figurer évidemment dans une étude de budget, une
étude qui tend à démontrer les dépenses de base
puisqu'elles sont couvertes par d'autres moyens.
On sait qu'en plus du barème de base il est possible, à la
discrétion des centres de services sociaux, en fonction d'un certain
nombre de problèmes particuliers qui sont mentionnés dans les
directives, qui ont d'ailleurs été publiées, de verser une
somme mensuelle qui peut aller jusqu'à $50 dans le cas d'enfants qui ont
des problèmes particuliers. Ces dépenses particulières, si
on les enlève des budgets hypothétiques qui nous ont
été montrés, laissent paraître que pour les
dépenses de base d'alimentation, de vêtement et de logement, les
taux actuels se comparent exactement aux dépenses moyennes
ajustées pour l'augmentation du coût de la vie des familles
canadiennes.
Il y a d'ailleurs dans ça aussi une surévaluation de ces
dépenses parce que le coût moyen d'entretien des enfants est
supérieur au coût marginal d'entretien d'un enfant pour une
famille qui dispose déjà d'une maison. Il est assez
inusité d'entendre dire qu'une famille d'accueil aurait fait
l'acquisition d'une maison nouvelle dans le seul but de recevoir des enfants
qui y sont placés. Ordinairement, une famille qui s'intéresse
à recevoir des enfants le fait parce qu'elle a des disponibilités
d'espace. Dans les coûts moyens, on impute à la garde des enfants
une partie du loyer, une partie de dépenses qui sont fixes, dans le
fond, pour les familles et que l'on rembourse malgré tout aux familles
d'accueil, implicitement, par ces barèmes de base.
Dans la mesure où ces familles d'accueil auraient les mêmes
frais de logement et ne se logent pas plus grandement pour la simple raison
qu'elles ont des enfants placés chez elles, cette partie du
barème de base représente pour eux une contribution aux
dépenses qu'ils encourraient de toute façon.
Donc, pour toutes ces raisons, il nous paraît que les
barèmes de base sont bien suffisants, sont égaux au coût
moyen d'entretien des enfants, mais ils incorporent des éléments
qui sont des coûts fixes pour la famille d'accueil, de toute
manière. Un barème supplémentaire permet d'absorber des
frais spéciaux et, effectivement, c'est une question de fait:
Pouvons-nous ou ne pouvons-nous pas obtenir assez de familles d'accueil de
qualité pour effectuer les placements qui doivent être faits? De
ce côté, il n'y a absolument pas de raison de s'alarmer.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je suis quand même...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Si vous permettez, le député
de Taschereau aurait une question, sur le même sujet.
M. BONNIER: Par rapport à cette question, M. le Président,
étant donné que nous sommes quand même dans l'ordre, il y a
deux questions que je me pose. D'abord à savoir si, depuis l'annonce de
ces nouveaux taux, il y a eu un fort taux de désappointement pratique.
Est-ce qu'il y a un certain nombre de familles qui ont dit: Venez reprendre nos
enfants?
Il y a une autre question aussi, M. le Président, mais c'est par
rapport aux résultats positifs quant à cette politique ou
à cette philosophie de placement d'enfants en foyers nourriciers par
rapport aux centres d'accueil. J'aimerais savoir si le ministre a les
réponses quant au taux de permanence des enfants. Est-ce que, par
exemple, on constate, peut-être à cause de la
rémunération qu'on reçoit ou pour d'autres raisons, que
les enfants changent souvent de foyer, ce qui serait évidemment au
détriment des enfants?
M. FORGET: Pour ce qui est de la première question, j'ai
l'impression mais on pourra peut-être le confirmer que nous
avions l'an dernier probablement plus de ce genre de problème de foyers
qui se désistaient devant l'insuffisance des taux. Cette année,
à ce jour, personnellement, je n'ai eu connaissance d'aucun cas qui ait
été signalé, alors que c'était différent
l'an dernier, où j'ai eu connaissance de cas particuliers.
Les responsables du placement je ne sais pas s'il y en a ici
pourraient discuter plus pleinement du problème de la rotation
extrêmement rapide, du roulement extrêmement rapide de certains
foyers. Il ne faut pas oublier une chose; c'est que certains enfants sont
difficiles, qu'il y a des ajustements qui sont difficiles.
C'est essentiellement pour cette raison, que les centres de services
sociaux dans un certain nombre de régions, je pense qu'on a pu voir les
annonces même dans les journaux où les appels au public ont
essayé de sensibiliser, de former, de donner une aide aux foyers
nourriciers pour les aider à assumer des responsabilités qui
peuvent parfois être très lourdes. Certains enfants placés,
évidemment, occasionnent des difficultés très graves; il y
a eu des cas d'incendies volontaires, etc. C'est très pénible et
ça peut susciter un certain roulement.
Mais toute cette question des placements, comme on le sait, doit faire
l'objet et fait l'objet d'un examen et d'efforts pour améliorer la
qualité, en somme, du placement en assurant une plus grand permanence,
un suivi de la part des travailleurs sociaux qui sont responsables du dossier.
C'est un exercice qui va demander plusieurs mois et même plusieurs
années d'efforts. Dans l'ensemble de l'Amérique du Nord, on a
beaucoup de difficulté à assurer ce suivi. Il y a un
problème de fardeau de tâche, si vous voulez, pour les
travailleurs sociaux, d'assurer un nombre suffisant de manière à
ce qu'ils puissent suivre ces dossiers et s'en occuper.
Il y a presque un problème administratif. Il est
nécessaire d'améliorer l'information disponible sur les
placements. On a d'ailleurs déjà eu l'occasion d'en parler, ici
à la commission; en parlant de la contribution des parents, on avait
souligné qu'il y avait des coûts administratifs pour
l'administration de ces contributions, ce que j'ai admis. J'ai également
indiqué qu'il était nécessaire, de toute façon,
qu'il soit question de contribution ou pas, de consacrer des ressources pour
assurer que les informations soient disponibles pour suivre ces enfants, savoir
où ils sont, et déceler des problèmes de roulement trop
considérable de façon systématique. Il ne faut pas oublier
que nous avons actuellement environ 23,000 enfants placés, c'est un
chiffre approximatif, et même le fait qu'il est approximatif indique
qu'il y a des améliorations possibles dans notre système
d'information. Mais pour suivre semaine par semaine les mouvements et les
problèmes de 23,000 enfants, c'est une tâche assez
considérable et il faudra améliorer les simples aspects
administratifs de ce programme.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que ce n'est pas exact que, très
récemment, des travailleurs sociaux ont présenté un
mémoire dans lequel ils exprimaient les difficultés des
travailleurs sociaux dans le Québec à placer des enfants,
à trouver des foyers nourriciers?
Entre autres, ils alléguaient le fait que pour ces familles,
même avec la hausse des taux annoncée par le gouvernement,
ça représentait quand même des dépenses
supplémentaires à ce qui était accordé par le
gouvernement.
M. FORGET: Là-dessus, il y a eu de gros efforts au cours des
derniers mois d'abord au niveau des centres de services sociaux
pour améliorer la qualité et aussi le nombre des personnes
responsables pour mieux évaluer les foyers nourriciers. En ce qui
concerne la difficulté de trouver des foyers nourriciers
adéquats, d'après les rapports qu'on a et M. Bernier est
ici, le responsable de la programmation des services sociaux il n'y a
pas eu de problèmes majeurs de recrutement de familles, de foyers
nourriciers par les centres de services sociaux et il n'y a pas eu de
désengagement massif des foyers nourriciers.
Il y a eu des discussions, on les a rencontrés, et il semble que
malgré certaines résistances la majorité des foyers
nourriciers acceptent la nouvelle politique. C'est sûr qu'ils
préféreraient avoir des tarifs supérieurs à ceux
qu'ils reçoivent, mais ils ne sont pas seuls; je veux dire que tous les
centres d'accueil nous demandent des tarifs journaliers supérieurs et on
doit jouer entre ce qui est possible et ce qui est souhaitable, ce qui nous
paraît réalisable.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme vous le dites, il n'y a pas de
désengagement massif, de
désistement massif des foyers nourriciers mais est-ce que cette
difficulté de trouver des foyers nourriciers existe? Est-ce que c'est
exact que les travailleurs sociaux rencontrent cette difficulté?
M. FORGET: Ils la rencontrent, mais je pense qu'ils l'ont toujours
rencontrée. Ce n'est pas un phénomène nouveau; il y a des
périodes où trouver un foyer nourricier adapté à
certains enfants et qui convient à un type d'enfants peut être une
difficulté assez majeure. Vous savez fort bien que, quant aux enfants
susceptibles d'être placés en foyers nourriciers, les efforts
actuels portent à les garder dans leur milieu familial dans toute la
mesure du possible et à dépanner ou aider la famille à en
prendre soin, et, lorsqu'il y a lieu, à trouver un foyer nourricier.
C'est souvent pour les enfants les plus difficiles. Trouver des foyers
nourriciers adéquats, cela a toujours été une
difficulté et c'en est encore une. Il faut penser au nombre; dans la
ville de Montréal, le roulement et le nombre sont assez importants et
assez considérables.
M. BEDARD (Chicoutimi): A combien approximativement évaluez-vous
le nombre d'enfants qui, à l'heure actuelle, sont dans des foyers
nourriciers?
M. FORGET: Aux alentours de 23,000 à 25,000.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que cela se présente assez souvent
la situation d'une famille qui reçoit plus d'un enfant en placement?
M. FORGET: Oui, c'est assez fréquent; j'ai déjà vu
des statistiques que je n'ai pas ici mais il y a un très grand nombre de
foyers nourriciers qui reçoivent plus d'un enfant. Sur le nombre,
jusqu'à trois c'est régulier; plus de trois, c'est marginal.
C'est de deux à trois enfants. Il y en a beaucoup qui reçoivent
de deux à trois enfants. C'est rare que ça dépasse le
chiffre de trois.
M. BEDARD (Chicoutimi): Approximativement, toujours je comprends
que c'est difficile d'être précis là-dessus à
combien évaluez-vous le nombre de foyers nourriciers?
M. FORGET: Autour de 20,000.
M. BEDARD (Chicoutimi): Autour de 20,000.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Frontenac.
M. LECOURS: M. le Président, j'aimerais saisir la commission
permanente des affaires sociales d'une situation qui prévaut à
plusieurs endroits présentement. C'est qu'il y a une certaine personne,
professeur de CEGEP, qui parcourt les centres de services sociaux de la
province pour déprécier la politique du gouvernement en ce qui
concerne les foyers nourriciers, la politique pour les enfants
handicapés. Et elle a le culot, en plus de ça, à la fin de
ses réunions, de quêter auprès de ces parents peu
fortunés, de leur demander de payer ses dépenses pour se
déplacer jusqu'à Thetford-Mines, comme elle l'a fait la semaine
dernière. Je proteste contre cette situation que je trouve
réellement lamentable et je crois que le ministre devrait se servir de
son influence pour prévenir de telles réunions dans les autres
services sociaux de la province.
M. FORGET: M. le Président, ce sont des événements
qui peuvent toujours se produire. Nous ne sommes pas les gardiens de tous les
citoyens qui peuvent vouloir se livrer à des activités comme
celles-là. Je n'ai vraiment pas de possibilité d'empêcher
qui que ce soit de faire des représentations contre les politiques que
nous mettons de l'avant. Je pense que je peux déplorer, en effet, que
l'on fasse encourir des coûts à des familles qui, d'après
même le raisonnement soutenu par ces personnes, ont des ressources
insuffisantes.
M. LECOURS: On passe le chapeau après les réunions, c'est
inacceptable. Ces mêmes personnes qui prétendent défendre
les pauvres, il faut en douter.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'il est je n'ai pas de
commentaires à faire sur cette intervention exact que la grande
majorité des foyers nourriciers se situe au niveau des familles qui ont
un faible revenu plutôt que parmi les familles qui auraient les moyens
financiers de recevoir les enfants?
M. FORGET: Là-dessus, si vous faites appel aux foyers, aux
familles à revenu moyen, pour aider à la réception
d'enfants en foyers nourriciers, je pense que c'est un appel qui est
très bien venu. Il est exact que, très souvent, les foyers
nourriciers ont été recrutés chez des gens à revenu
soit en bas de la moyenne et aussi très souvent en région rurale,
pour des enfants d'origine urbaine. Ce n'est pas un phénomène
récent, c'est un phénomène qui dure depuis que la formule
de foyers nourriciers existe, et qui n'est d'aucune façon reliée
à la politique actuelle du ministère. Mais il est beaucoup plus
difficile, pour les travailleurs sociaux, de trouver des foyers nourriciers
dans les classes moyennes ou bourgeoises que dans les classes modestes et je
pense que c'est quelque chose qu'il faut essayer de corriger dans toute la
mesure du possible. C'est pourquoi nous croyons qu'il est important que les
foyers nourriciers soient considérés comme un support familial
à l'enfant et que le problème financier ou l'aide
financière soit une partie, importante,
d'accord, qui doit ne pas être d'abus, qui ne doit pas inciter
à placer des enfants encore là, ça nous
apparaît important mais qui doit fournir une famille d'accueil qui
est apte à recevoir des cas-problèmes.
Je pense que, si le recrutement des familles d'accueil était plus
facile et plus nombreux dans les classes plus à l'aise, cela aiderait
considérablement le travail des centres de services sociaux et des
travailleurs sociaux. C'est un phénomène social
généralisé au Québec qui, je pense, existe aussi
dans les autres provinces.
M. BONNIER: M. le Président, je voudrais justement souligner que
cela renforce, en fait, l'argument que c'est difficile de trouver le juste
milieu par rapport à la rémunération exacte. En effet, si
la rémunération était trop augmentée, il y aurait
un danger je veux dire qu'il faut qu'elle soit juste qu'un certain
nombre de familles ne voient dans l'hébergement d'enfants qu'un
supplément de revenus, ce qui est très dommageable pour
l'ensemble du service et la philosophie des foyers nourriciers, et même
aux enfants. C'est pour cela que c'est difficile à ajuster.
M. BEDARD (Chicoutimi): Tout à l'heure, j'ai été
quand même un peu surpris que le ministre qualifie de réaction
émotive, pour employer son expression, toutes les récriminations
qui ont été acheminées tant vers le ministère que
dans les bureaux de l'Opposition de la part des foyers nourriciers face
à la hausse qui est en vigueur depuis le 1er janvier 1974. Pour ma part,
à la lecture de ces rapports ou de ces mémoires, je ne peux
vraiment pas déduire qu'il s'agissait, de la part de ces parents
nourriciers ou de ces associations de parents nourriciers, d'une
réaction émotive. Au contraire, ils se basaient sur des
arguments, quand même, très terre à terre, à savoir
le problème financier dans lequel ils se trouvaient placés,
même avec la hausse en vigueur depuis le 1er janvier 1974.
Tout à l'heure, on nous a laissé entendre que la plupart
des parents nourriciers se situaient au niveau des familles qui ont un revenu
moyen et même en bas de la moyenne. Je trouve que les foyers nourriciers
font vraiment preuve d'un esprit de dévouement dans le rôle qu'ils
jouent ; ils font preuve également de solidarité humaine. Ils
soulignent au ministère le fait que, souvent, tant par le
ministère que par la société, ils sont perçus
trop souvent, hélas! comme des gens qui, en acceptant des
enfants, opèrent une sorte de transaction financière qui a comme
conséquence d'augmenter leur revenu familial.
Dans la plupart des mémoires que j'ai eu l'occasion de lire
je comprends qu'on ne va quand même pas les lire ici en commission
il ressort que du point de vue de l'analyse financière, ils
prétendent tous que si on tient compte de la hausse du coût de la
vie depuis 1967 on ne peut pas ignorer cette hausse du coût de la
vie, elle n'est pas seulement sensible, elle est très astreignante
si on tient compte d'un pourcentage moyen de 7 p.c. de l'augmentation du
coût de la vie, de 1967 à 1974, on en arrive à la
conclusion que la hausse annoncée le 1er janvier 1974
représentait, dans le fond, une baisse par rapport à 1967. Par
exemple, dans le cas des enfants de 3 ans, ça représentait une
baisse de $3.35, soit 5.4 p.c. Dans le cas des enfants de trois à dix
ans, une baisse mensuelle de $8.67, soit 12.1 p.c. Et dans le cas des enfants
de 10 à 16 ans, ça représentait par contre une
augmentation de $5.75, soit 7 p.c. C'était constant à
l'intérieur des mémoires qui ont été
acheminés tant vers l'Opposition que vers le gouvernement.
J'aimerais savoir ce que le ministre pense de ce calcul qui tient compte
non pas d'un aspect émotif, mais d'un aspect purement financier,
purement terre à terre et très justifié.
M. FORGET: M. le Président, je vais être obligé de
répéter ce que j'ai dit tantôt. Premièrement, je
pense que j'ai dit exactement le contraire de ce que le député de
Chicoutimi m'attribue comme affirmation. Quand j'ai parlé de
réactions émotives, je n'ai pas parlé des demandes...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je m'excuse, je comprends que vous ne les avez
pas toutes...
M. FORGET: ... exprimées par les foyers nourriciers, mais
plutôt des...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... que vous n'avez pas voulu vérifier
l'ensemble.
M. FORGET: ... échos que le député voulait leur
donner. L'émotion ne se retrouve pas, je pense bien, dans les calculs,
mais dans la signification qu'il semble vouloir attribuer à ces calculs.
Pour ma part, puisqu'il me demande ce que j'en pense, je n'en pense rien de
très bon. Quand on prend un calcul artificiel comme celui-là, on
peut évidemment prouver n'importe quoi Si on prend un taux moyen
d'augmentation des prix de 7 p.c, depuis 1967, évidemment, on peut
prouver que notre fille est muette ou n'importe quoi. Mais effectivement...
M. BEDARD (Chicoutimi): Si je comprends bien, est-ce que...
M. FORGET: Si vous me permettez, je vais terminer. Effectivement, si
l'on prend l'augmentation du coût de la vie, pendant les six
années qui séparent 1967 de 1973, si on examine les études
sur les budgets des familles, les dépenses moyennes des familles au
Canada pour l'entretien des enfants, on ne trouve pas des conclusions comme
celles-là qui sont fabriquées de toutes pièces. Or, quand
on nous produira des chiffres qui ont du sens, on aura essentiellement l'esprit
ouvert pour les recevoir et en tenir compte. Ce que nous avons d'ailleurs fait
dans
les taux qui ont été annoncés. Mais des calculs
comme ceux-là ne prouvent rien d'autre que l'imprécision ou la
confusion des esprits qui les font.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que je dois comprendre de la part du
ministre que je comprends que cela peut toujours être discutable
les 7 p.c. d'augmentation annuelle du coût de la vie...
M. FORGET: Vous, vous avez trouvé ça.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... il les considère comme une base
factice?
M. FORGET Absolument. Regardez l'augmentation du coût de la vie
depuis 1973, vous n'obtenez pas un taux moyen de 7 p.c.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, mais si... M. FORGET: Alors, c'est
factice.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... on prend de 1967 à 1974, j'aimerais
savoir quel est le pourcentage d'augmentation du coût de la vie...
M. FORGET: On peut le retrouver...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... selon les chiffres du ministre.
M. FORGET: ... à la bibliothèque de l'Assemblée
nationale ou les recherchistes peuvent le trouver, c'est un chiffre qui est
connu. De mémoire, je ne peux pas vous le donner à des
décimales près. Mais...
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que c'est près de 30 p.c?
M. FORGET: ... c'est fort inférieur au taux qui a
été accordé, qui est un taux moyen de 32 p.c. De
mémoire là,... Alors, on me dit que c'est 25 p.c, de 1967
à 1973, et on a augmenté de 32 p.c. Donc, il y a un gain net de 7
p.c. d'augmentation réelle, si vous voulez, des taux en 1974 par rapport
à ce que ces taux auraient été si on avait tenu compte de
l'augmentation du coût de la vie, si cela avait été
indexé depuis 1967. On aurait eu ces taux et on aurait ajouté 7
p.c. en plus. Donc, je ne pense pas qu'on ait là une diminution des
taux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je me permets d'exprimer que c'est
peut-être facile de jouer sur les 7 p.c. de différence. Il ne
faudrait pas oublier que vous venez d'affirmer qu'il y a eu 25 p.c.
d'augmentation du coût de la vie.
M. FORGET: Personne ne nie qu'il y a eu 25 p.c.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon. Même à 25 p.c...
M. FORGET: Mais ce n'est pas un taux moyen de 7 p.c. par année;
sur sept ans, 7 p.c. par année, cela fait au-delà de 60 p.c.
d'augmentation des prix. Alors, l'ordre de grandeur des deux chiffres n'est
absolument pas comparable. Il faut encore voir ce qu'est la
réalité avant de faire une affirmation comme celle-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai pas fait d'affirmation.
M. FORGET: Vous avez dit...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai pas fait d'affirmation.
M. FORGET: Vous avez utilisé dans votre calcul un taux de 7 p.c.
par année.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vous ai parlé de certains calculs qui
avaient été faits par des gens qui ont présenté des
mémoires. Je ne les ai pas pris à mon compte.
M. FORGET: Je vous ai dit que je ne les prenais pas au
sérieux.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'ai demandé tout simplement l'opinion du
ministre. Même si on prend comme base de référence que
l'augmentation du coût de la vie est de 25 p.c, on se rend compte que la
hausse, qui a été annoncée le 1er janvier 1974, est
très minime.
M. FORGET Bien, elle est de 32 p.c. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise? Elle est de 32 p.c. puisqu'on ne l'avait pas indexée pendant
six ans. Et on a non seulement rattrapé le temps perdu, mais on l'a
dépassé. Ce n'est pas par désir de présenter un
chiffre magique, mais il faut quand même représenter la
réalité telle qu'elle est.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce l'intention du ministère de donner
suite à la demande de plusieurs parents nourriciers ou d'associations de
parents nourriciers à l'effet que le montant, qui leur est
accordé présentement, soit indexé au coût de la vie?
Est-ce que le ministère pense à une indexation possible pour
l'avenir?
M. FORGET: Dans cette matière comme dans d'autres, j'ai
déjà indiqué que lorsque surtout on fait le
réaménagement d'un régime, il peut être souhaitable,
plutôt que d'avoir une méthode automatique, machinale
d'augmentation des barèmes d'une année à l'autre, de se
laisser la possibilité, à la lumière de
l'expérience que nous traversons dans le moment, qui vise justement
à examiner de plus près tout le phénomène des
placements, à voir si non seulement une majoration pour tenir compte du
coût de la vie s'impose mais si, par exemple, l'an prochain, certains
changements structurels ne seront pas indiqués aussi. Donc, on ne
perd
aucune espèce de flexibilité. Et, d'une certaine
manière, il est aussi facile de majorer de manière explicite les
taux l'an prochain que d'avoir une indexation qui va s'appliquer de
façon machinale et automatique.
Les familles, de toute façon, ont reçu l'assurance, les
groupes que nous avons rencontrés, que nous révisions constamment
la situation et que s'il paraissait qu'il était nécessaire de
changer la structure, qui a été innovée cette année
au point de vue des groupes d'âge ou autrement, cela aussi ferait l'objet
d'un examen. Ce ne sont pas des révisions que l'on peut faire de
façon mécanique. Ce sont des révisions auxquelles il faut
réfléchir, qu'il faut discuter et qui auront lieu en temps et
lieu à la même date qu'une augmentation mécanique pourrait
avoir lieu.
Aucun préjudice n'est causé en refusant d'inscrire dans
les règlements des mécanismes automatiques qui, simplement,
peuvent être des excuses pour ne pas penser au problème une fois
par année.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Gaspé.
M. FORTIER: M. le Président, est-ce que je comprends qu'en
revenant en arrière sur le programme 8 qui a été
adopté, on discute actuellement de la protection de l'enfance?
M. BEDARD (Chicoutimi): On est au programme 8.
M. FORGET: On est effectivement, au programme 9.
M. FORTIER: Actuellement, oui.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Programme 9, adopté?
M. FORGET: Il faudrait distinguer les deux éléments.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Oui.
M. FORGET: D'une part, vous avez les foyers et, d'autre part, les
services aux personnes âgées.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre...
M. BONNIER: C'est l'élément 1 seulement qui serait
adopté?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Oui, oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre croit que les parents
nourriciers sont dans une situation avantageuse par rapport aux centres
d'accueil?
M. FORGET: De quelle manière? Je ne comprends pas la question, je
m'excuse.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans certains mémoires, on
prétendait que les parents nourriciers étaient dans une situation
de désavantage par rapport à l'aide du gouvernement qui est
apportée au niveau des centres d'accueil. Est-ce que je pourrais avoir
les commentaires du ministre?
M. FORGET: A mon avis, c'est comparer des pommes et des oranges. Les
enfants qui sont référés à des centres d'accueil,
normalement, ne seraient pas référés à des familles
d'accueil ou à des foyers nourriciers. Il y a des services
professionnels de réadaptation, d'éducation
spécialisée dans les centres d'accueil, qui n'existent pas,
évidemment, dans les familles d'accueil, puisque ce sont des enfants qui
fréquentent les écoles ordinaires.
Je ne vois vraiment pas comment on peut en arriver à une
comparaison comme celle-là. Encore une fois, peut-être que je ne
comprends pas pourquoi on a voulu la faire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant les allocations familiales, par
rapport à des enfants qui sont placés dans des foyers
nourriciers, est-ce que le ministre pourrait nous expliquer si on les remet
directement, à l'heure actuelle, aux parents qui ont placé les
enfants ou si on les remet à l'agence sociale, quitte à la
remettre aux parents nourriciers? Est-ce remis, effectivement, directement
entre les mains des parents nourriciers?
M. FORGET: Comme vous le savez, depuis le 1er janvier, avec le nouveau
régime d'allocations familiales, il y a une orientation qui est claire,
c'est que les allocations familiales seront effectivement remises aux familles.
Cependant, comme la situation antérieure au 1er janvier était
différente, encore une fois, on revient au problème de
l'information, qui a été soulevé par le
député de Taschereau. L'information n'était pas, dans tous
les cas, dans la forme et avec les détails nécessaires pour
permettre de remettre directement aux familles, de façon
immédiate, les allocations familiales.
Alors, nous vivons une période de transition à cet
égard, qui peut être accélérée dans des cas
particuliers par la demande que ferait une famille d'un enfant placé de
recevoir l'allocation familiale. A ce moment-là, le processus serait
accéléré par cette famille. Mais éventuellement,
cela va se faire pour l'ensemble des familles qui sont des enfants
placés.
Il s'agit d'un nombre considérable d'enfants. Le système
d'information, nous l'avons constaté plus particulièrement au
moment de ce transfert, ne permettait pas d'indiquer à la Régie
des rentes, qui administre le programme d'allocations familiales, la liste, les
adresses, les
noms, etc., l'âge de ces enfants, de manière à
permettre le versement des allocations familiales; non seulement l'âge,
mais l'ordre des enfants puisque, maintenant, le montant en dépend.
Donc, il faut reconstituer ces dossiers. Mais il est toujours possible,
pour une famille en particulier... Les centres de services sociaux s'occupent
d'informer les familles de ces difficultés et de les aider à
effectuer la transition vers le nouveau régime. Cela se fait
progressivement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'il peut arriver, à brève
ou longue échéance, que les allocations familiales puissent
être envoyées directement aux parents des enfants?
M. FORGET: Oui, c'est l'objectif visé.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quitte à ceux-ci de payer directement les
foyers. C'est l'objectif qui est poursuivi à l'heure actuelle?
D'une façon très succincte naturellement, lorsque vous
avez établi cette hausse qui a été annoncée le 1er
janvier 1974, est-ce que vous vous basiez sur des critères de coût
réel de ce que ça peut coûter ou pourrions-nous
connaître l'échantillonnage approximatif des critères sur
lesquels le ministère s'est basé?
M. FORGET: Oui. Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, la
Direction de la planification a pris les statistiques fédérales
qui portent sur l'étude des dépenses des ménages. C'est un
relevé fait à tous les deux, trois ou quatre ans c'est
irrégulier par le bureau Statistique Canada et qui montre les
revenus et les dépenses des ménages au Canada. Ces chiffres ont
été pris en fonction du nombre d'enfants, etc. Donc, ils ont
été traités de manière à ce qu'ils
reflètent, en 1974, la hausse du coût de la vie, des
dépenses des ménages. Le relevé date de 1969, je crrois,
et les études des budgets des familles fait par le Montreal Diet
Dispensary ont été utilisées pour évaluer la
distribution à l'intérieur du total entre différents
points de dépenses des budgets des familles. Ceci a permis d'isoler des
dépenses pour lesquelles on fait des paiements aux foyers nourriciers,
c'est-à-dire qu'il y a dans les dépenses des familles des
montants pour certains paiements, des cadeaux, enfin des dépenses qui
sont, par exemple, des dépenses spéciales pour l'achat de verres,
de prothèses, etc., comme des lunettes ou des soins dentaires. Dans le
cas d'enfants placés, on ne demande pas aux familles d'utiliser leur
allocation de base pour payer ce genre de services-là. Alors,
l'étude des budgets familiaux faite par le Montreal Diet Dispensary, qui
est l'organisme le plus versé dans ce genre de questions au
Québec, a permis d'éliminer, dans les dépenses de base
établies par les relevés du bureau Statistique Canada, ces
éléments pour lesquels on paie spécifiquement et de
déterminer la part des dépenses des familles au titre des enfants
dont elles ont charge, d'en déterminer le montant.
Ces montants, on les a arrondis à quelques cents près et
c'est le montant des allocations qui sont versées aux foyers nourriciers
pour les enfants de différents groupes d'âges. Certaines
hypothèses doivent être faites dans ces calculs mais,
essentiellement, les taux que nous avons sont la meilleure approximation que
l'on peut définir du niveau réel des dépenses des familles
dans l'ensemble du Canada. Cela inclut donc des familles à très
haut niveau de revenus, avec des enfants qui ont des besoins spéciaux.
Mais, dans le cadre de nos allocations, on paie spécialement pour ces
besoins spéciaux. Donc la moyenne n'est sûrement pas sous
évaluée et cela produit les montants qui sont dans les
barèmes essentiellement, à 100 p.c. Il y a des arrondissements,
on ne donne pas une allocation mensuelle de $83.82; c'est arrondi mais
essentiellement ce sont ces chiffres. Il y a certaines hypothèses qui
doivent être faites mais tout cela est basé sur des données
disponibles, des dépenses des ménages et la distribution de ces
dépenses par catégories de dépenses.
M. BEDARD (Chicoutimi): Disons, par exemple, qu'un enfant en foyer
nourricier brise d'une façon substantielle la propriété
des parents nourriciers; est-ce que c'est possible, à ce
moment-là, pour une famille de réclamer?
M. FORGET: II n'y a pas dans le régime une assurance tous risques
implicite ou explicite, en ce sens qu'une famille d'accueil qui accepte un
enfant accepte, en théorie, également le risque que peut
entraîner sa présence au titre de la responsabilité civile
ou des dommages qu'il peut imposer à la famille.
Cependant, sur une base ad hoc, en traitant chaque cas d'espèce,
des dédommagements sont possibles et une répartition de ces
risques est faite où le gouvernement assume, malgré tout, une
part parfois tout le fardeau substantielle du fardeau. Il y a un
certain danger à dégager les familles d'accueil de toute
responsabilité à cet égard...
M. BEDARD (Chicoutimi): Sûrement.
M. FORGET: ... donc, nous traitons tous ces cas comme des cas
d'espèce. Mais il n'y en a pas un nombre très considérable
de toute façon. En général, les parents nourriciers ont
été remboursés des dommages subis. Je me souviens de
l'incendie d'une ferme, par exemple, où le feu avait été
mis par l'enfant. Je pense qu'il y a eu une compensation à ce
moment-là, parce que la grange avait passé au feu. Ce sont des
problèmes qui ne font pas partie d'un contrat stipulant qu'ils sont
assurés contre toute éventualité. Cependant, ils
reçoivent l'aide gouvernementale...
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans des cas spéciaux.
M. FORGET: ... dans la majorité des cas, je pense bien, où
leur propre responsabilité, dans le fond, n'est pas en question.
M. BEDARD (Chicoutimi): Par exemple, disons qu'un enfant a besoin de
soins dentaires spéciaux qui représentent une dépense
assez considérable, compte tenu du revenu de la famille, et que
l'enfant...
M. FORGET: C'est un besoin spécial.
M. BEDARD (Chicoutimi): S'il y a un besoin spécial, est-ce que la
famille...
M. FORGET: Le centre de services sociaux bénéficie d'un
fonds.
M. BEDARD (Chicoutimi): ...les parents nourriciers peuvent faire une
demande au ministère?
M. FORGET: Absolument, ils font la demande non plus maintenant au
ministère, mais au centre de services sociaux. Ils la faisaient
auparavant au centre de services sociaux qui la référait à
un service du ministère qui approuvait de façon centrale chaque
demande individuellement. Nous avons donné aux centres de services
sociaux plus d'autonomie à cet égard et nous leur avons
distribué un fonds de $2,500,000 en fonction de la population enfantine
dans chaque région. C'est le nombre d'enfants au Québec,
2,500,000, je pense, et chaque région a la part de ces $2,500,000 qui
correspond au nombre d'enfants dans cette région.
Il y a une certaine liste je pense qu'on en a déjà
discuté ici de besoins spéciaux qui sont effectivement des
choses qui peuvent être assumées par les centres de services
sociaux, y compris les soins dentaires dans le cas des enfants de plus de sept
ans, évidemment, puisque maintenant c'est assumé par le
régime universel en bas de sept ans, les lunettes, le transport, dans
une certaine mesure, enfin des choses qui dépassent les obligations
ordinaires, les dépenses ordinaires de gîte, d'alimentation et de
vêtement, le remplacement du vêtement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Autrement dit, la politique du ministère
est que lorsque certaines dépenses sont occasionnées par des
parents, dépenses dépassant en fait la moyenne ordinaire des
déboursés requis, le ministère est sensible à la
revendication...
M. FORGET: C'est explicitement prévu. M. BEDARD (Chicoutimi): ...
des parents.
M. FORGET: II y a un mécanisme décentralisé le plus
souple possible pour permettre justement l'attribution de ces sommes sans des
délais excessifs. Maintenant, ce qu'il est intéressant de
souligner, c'est que dans le passé ces sommes étaient
réservées aux enfants placés. On a souvent dit que si des
flexibilités analogues pouvaient être disponibles pour
éviter des placements, nous aurions une action préventive parce
que, dans certains cas d'enfants qui ont justement à faire face à
des besoins spéciaux, il y a une certaine tentation je ne dirai
pas davantage à recommander un placement pendant quelques mois de
manière à qualifier l'enfant à des bénéfices
dont il ne jouirait pas autrement. Or, nous avons désormais
indiqué que ce fonds de $2,500,000 pouvait être utilisé par
les centres de services sociaux pour des besoins spéciaux, même
pour des enfants qui ne sont pas placés mais qui restent dans leur
famille, de manière à éviter un placement. Nous leur
faisons confiance dans l'utilisation de ces sommes pour ne pas effectivement
innover des services universels qui dépasseraient, quant à leur
coût, évidemment, les possibilités de financement dans
l'immédiat, mais les utiliser strictement pour éviter des
placements dans les cas où ça peut être fait de cette
manière.
C'est une expérience qui a été faite cette
année. Nous espérons beaucoup de cette expérience, mais
évidemment, à la fin de l'année, il faudra
l'évaluer et voir si elle a donné les résultats
escomptés.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce serait tout, en ce qui me concerne, à
l'élément 1.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Elément 1, adopté.
Elément 2?
Le député de Taschereau.
Hébergement des personnes
âgées
M. BONNIER: M. le Président, hébergement des personnes
âgées. Je sais que, pour délimiter le besoin d'institutions
dans une région déterminée, le ministère doit faire
appel à un certain nombre de normes, de moyennes. En
général, pour ce qui est des foyers d'hébergement pour
personnes âgées, si je ne me trompe, c'est six lits par 100
personnes âgées de 65 ans et plus. A partir de ce
moment-là, évidemment, on a établi des moyennes sur la
base des régions administratives, telles que délimitées
à la suite de l'application de la loi 65.
Est-ce qu'il serait possible, M. le Président, que ces moyennes
soient également appliquées sur une base de sous-régions?
Je donne un exemple. Dans la région 03, la moyenne que nous avons
serait, si je suis bien informé, de 8.3 lits par 100 personnes de 65 ans
et plus. Cependant, lorsque nous examinons cette moyenne par rapport à
la région métropolitaine de Québec, nous tombons en
dessous de la moyenne, soit à 5.7. De là se produisent des
difficultés évidentes; par exemple, l'année
dernière, dans cette région, nous avons eu 1,432 demandes, alors
que nous avons pu procéder à 213 placements.
Evidemment, toutes ces demandes ne sont pas nécessairement
évidentes, mais il y en a un certain nombre, en tout cas, auxquelles on
aurait certainement dû répondre, surtout quand on regarde la
qualité parfois de logis qu'habitent un certain nombre de personnes
âgées dans le milieu de Québec, pour ne pas préciser
davantage et souligner la basse-ville en particulier. Je demande donc, M. le
Président, au ministre si c'est possible de réévaluer ces
besoins sur une base de sous-régions, surtout dans le domaine des
personnes âgées. Je comprends que, dans la même
région économique, il puisse y avoir des foyers à 75, 100
ou 150 milles qui sont à moitié vides, mais, quand on
considère toute la psychologie de la personne âgée, si on
l'envoie si loin de son milieu naturel, elle reçoit moins d'amis, moins
de parents et le reste. Cela occasionne dans le fond, je pense bien, parfois,
une mort prématurée, justement une espèce de
dépression qui peut s'installer.
Alors, je pose ma question: Ne serait-il pas possible de faire cette
évaluation sur une base de sous-régions et non pas de très
grandes régions économiques ou administratives?
M. FORGET: M. le Président, le problème d'un
déséquilibre au niveau des sous-régions à
l'intérieur d'une même région se pose sans aucun doute.
Mais il faut, je pense, voir que déjà la détermination
d'un objectif au niveau de l'accessibilité égale dans toutes les
régions à un minimum de ressources constitue une priorité.
Nous sommes si loin de cet objectif dans certaines régions, que ce
serait anticiper grandement sur nos capacités de financer une expansion
beaucoup plus rapide que celle qui est déjà envisagée que
de parler déjà d'essayer d'établir un équilibre au
niveau sous-régional.
Au niveau régional, les disparités sont extrêmement
grandes dans le moment puisqu'on peut observer qu'avec les ressources actuelles
ainsi que les additions aux programmes qui sont prévus pour un avenir
immédiat, en vertu du programme d'addition de 2,400 lits qui a
été annoncé l'an dernier et sur lequel je pourrai faire
des commentaires tantôt, nous aurons, en 1976, au total, 32,784 places
dans les foyers pour personnes âgées au Québec. Si on
rapproche cela de l'ensemble de la population du Québec, en 1976 nous
dépasserons encore l'objectif de 6 p.c. de personnes âgées,
six places pour 100 personnes âgées de 65 ans et plus, nous
atteindrons 6.7 p.c.
M. BONNIER: Pour la province?
M. FORGET: Pour la province. Ceci est dû aux extrêmes
disparités de la situation de départ puisque même avec ce
total en 1976, avec les additions qui sont exclusivement dans les
régions qui sont en dessous de la norme, nous aurons encore dans
certaines régions 10.3 lits et encore dans d'autres régions,
après des additions très importantes, 5.3 lits par 100 personnes
âgées. Donc, c'est du simple ou double.
M. BONNIER: II y a des écarts.
M. FORGET: Les écarts vont continuer d'être
considérables malgré les efforts qu'on fait pour combler les
trous, si vous voulez. Donc, il faudra probablement envisager un autre effort
pour au moins obtenir ces 6 p.c. dans toutes les régions. Quand on
l'aura fait, il faudra voir s'il est possible, au niveau sous-régional,
d'améliorer les choses; mais il est clair que certaines régions
sont si loin des autres que c'est de ce côté que doit porter
l'effort prioritaire. La situation de la région de Montréal, en
particulier, à laquelle s'appliquent les 5.3 p.c. est absolument grave
à cet égard. Comme on sait, c'est dans la région de
Montréal que nous ajoutons, pour la région 6-a), 840 lits; pour
la région 6-b), 185 lits; pour la région 6-c), 760 lits; donc
environ 1,700 lits, sur les 2,400 seront dans la région de
Montréal. Malgré tout, ils n'atteindront pas encore les 6 p.c.
sauf dans la région 6-b). Donc, il y aura un effort
supplémentaire qui sera requis dans cette région-là.
Pour ce qui est des disparités au niveau sous-régional, il
ne faut pas oublier, d'autre part, la vocation régionale des centres de
services sociaux. Pourquoi je le mentionne dans ce contexte? C'est qu'il faut
de plus en plus ne pas considérer ces ressources comme des ressources
locales et, tant qu'on n'aura pas obtenu un équilibre
sous-régional, même pas comme des ressources
sous-régionales mais véritablement comme des ressources
régionales. Je sais les difficultés que cela peut poser mais
l'intervention, malgré tout, du centre de services sociaux au niveau des
placements, l'application de critères uniformes permettraient, au niveau
d'une région, au moins d'utiliser les ressources existantes pour
vraiment faire face aux priorités de placement des personnes
âgées. Si des mécanismes de placement existent au niveau
sous-régional, nous aurons non seulement des disparités dans la
disponibilité des ressources mais des disparités criantes dans le
type de personnes ou la gravité des cas qui, effectivement, ont
accès au placement. Là, ce serait répercuter au niveau des
individus les disparités d'accessibilité géographique et
ce serait empirer la situation. C'est pourquoi nous attachons tellement
d'importance au rôle d'accessibilité régionale qu'ont les
centres de services sociaux; comme vous le savez, dans la plupart des
régions, il n'y a qu'un centre de services sociaux et son rôle est
précisément de pallier, dans toute la mesure du possible, les
disparités au niveau sous-régional en donnant un accès
égal aux personnes âgées de toute la région aux
ressources existantes.
M. BONNIER: Je ne veux pas allonger le débat là-dessus, M.
le Président, mais je pense bien que le ministre constate que, pour ce
qui
est de cette catégorie de personnes qu'on appelle les personnes
âgées, surtout lorsqu'elles sont le moindrement malades,
lorsqu'elles ont à être hébergées à une
centaine de milles de chez elles, cela cause un problème psychologique
assez important. Bien sûr, lorsqu'on arrive au barème
régional, je suis tout à fait d'accord sur son argument que si on
s'en vient trop rapidement au niveau des sous-régions, on
accélère ces écarts qui existent à
l'intérieur d'une même région.
Sans doute, c'est dû à un manque de planification dans le
passé, si on retrouve dans une même région beaucoup plus de
lits que ce que les besoins auraient requis normalement, Mais, par ailleurs, on
a aussi une difficulté ! pratique, c'est qu'on a des personnes
âgées qui ! refusent, à toutes fins pratiques, je pense
bien, d'aller trop loin de leur milieu naturel. Je comprends que ce n'est pas
un problème facile.
M. FORGET: Cette difficulté est tout à fait réelle,
d'autant plus qu'on a créé des précédents
antérieurement en créant des petits foyers au niveau de la
localité, qui ont accrédité l'idée d'une ressource
locale. Il est évidemment im- ; possible de poursuivre un programme de
créa- j tion de foyers locaux, au niveau de chaque petite
municipalité, non seulement parce qu'il y a tout simplement trop de
municipalités et que ce serait un programme qui serait d'une envergure,
pour couvrir la province, impossible à assumer, mais également
parce que, pour toutes sortes de raisons qui ont trait au fonctionnement
interne des centres d'accueil pour personnes âgées, notamment, le
désir d'obtenir des activités de loisir, des activités qui
permettent le maintien, le plus longtemps possible, d'une certaine autonomie
résiduelle qui demeure malgré tout et qui doit être
maintenue et développée, il faut que les établissements
soient d'une certaine taille, si ces services doivent être disponibles.
Cela rend, encore une fois, leur multiplication à une petite
échelle dans chaque localité véritablement impossible,
sauf dans les centres urbains, évidemment, où le problème
ne se pose pas de la même façon.
La difficulté existe sans aucun doute. Maintenant, encore une
fois, la priorité je pense que ce n'est même pas un choix
s'impose d'elle-même de combler les trous évidents qui
existent dans l'accessibilité au point de vue géographique. C'est
l'objet du programme qui a été annoncé l'an dernier et qui
est sur le point de se réaliser.
Les délais dans sa réalisation je pense avoir eu
l'occasion d'en parler, mais il n'est pas déplacé d'en parler
à nouveau sont dus au désir que nous avons eu de permettre
à ces nouveaux centres d'accueil pour personnes âgées de
rendre disponibles, en quelque sorte à titre de centre de jour, les
ressources dont ils disposent à une population de personnes
âgées qui n'est pas effectivement hébergée dans le
centre.
Maintenant, la préparation du programme fonctionnel et du
programme technique, l'évaluation des coûts impliqués,
puisque c'était quand même quelque chose de nouveau, expliquent en
totalité les délais qui se sont écoulés depuis
l'automne pour l'adoption d'un programme. Au simple niveau des immobilisations
requises, les efforts de raffinement et aussi d'économie qui ont
été faits dans la conception de ces nouveaux centres incluant des
centres de jour ont malgré tout permis, encore une fois, de
préciser le concept et d'effectuer une économie qui peut
s'évaluer globalement à environ $7 millions, par rapport à
ce qu'aurait été le programme si on n'avait pas pris ces
soins.
Maintenant, nous sommes à la veille de pouvoir faire
démarrer un certain nombre de ces projets. La réalisation,
maintenant que toutes ces étapes préliminaires de programmes
fonctionnel et technique a été franchie, devrait être
relativement rapide, par rapport à la construction, par exemple, d'un
établissement unique où on doit élaborer le programme
technique et fonctionnel etc., à partir de zéro. Ces
étapes ont été franchies, ce qui permet dans le fond
d'économiser un temps équivalent à celui qui a
été passé jusqu'à ce jour pour définir ces
concepts. On le fait pour 28 centres d'accueil à la fois et c'est le
même travail qu'on n'aura pas à répéter 28 fois, qui
est fait une fois pour toutes.
M. BONNIER: Je sais que le député de Chicoutimi peut en
poser, mais est-ce que je peux poser une dernière question?
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vous en prie.
M. BONNIER: Je voudrais savoir, M. le Président, s'il est
possible de concilier des services de jour à l'intérieur d'une
construction, qui serait faite sous l'empire de la Loi de la
société d'habitation du Québec, de foyers à loyers
modiques pour personnes âgées. Est-ce que c'est possible de
discuter avec le ministère des Affaires sociales en vue d'avoir une
espèce de services de jour à l'intérieur d'un tel
édifice?
M. FORGET: Ecoutez, M. le Président, je ne voudrais certainement
pas exprimer au nom de la Société d'habitation et de
logement...
M. BONNIER: A condition qu'elle le veuille bien, évidemment.
M. FORGET: Pour ce qui est des centres d'accueil, cependant, il semble
clair que le fait qu'ils incorporeront des centres de jour ne causera pas de
difficulté de financement auprès de la Société
d'habitation dans la mesure où les espaces requis pour le centre de jour
feront partie des espaces, par exemple, salle de loisir,
cafétéria, etc., qui sont prévus pour la clientèle
interne et qui ne sont pas identifiés comme tels. Il s'agit simplement
d'espaces peut-être un peu
plus grands, mais encore là dans l'évaluation de ces
normes, il y a une certaine souplesse, ce qui permet d'éviter des
difficultés de financement à cet égard.
Maintenant, pour ce qui est des habitations à loyer modique, il
n'est pas impossible qu'une approche comme celle-là puisse être
acceptable à la Société d'habitation. Encore une fois, ce
n'est pas une question dont je peux répondre pour la
société.
M. BONNIER: C'est parce que ce serait...
M. FORGET: J'aimerais mieux ne pas commenter là-dessus.
M. BONNIER: ... de nature à diminuer la pression pour la
construction d'un nouveau centre.
M. FORGET: II est clair que c'est une alternative qui doit être
envisagée dans tous les cas, alternative d'ailleurs
préférable pour toutes les personnes qui conservent une certaine
autonomie. Parce qu'il est même meilleur pour leur santé mentale
d'avoir un logement que d'être en foyer puisque, dans le foyer, ils sont
véritablement traités comme des personnes qui ne peuvent rien
faire pratiquement par elles-mêmes. Cela contribue parfois à des
problèmes plutôt qu'à leurs solutions. Cela crée une
oisiveté qu'il faut combler, et peut-être aussi des
problèmes d'ennui, etc., qui peuvent avoir des effets sur l'état
de santé physique.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme on le sait, du point de vue statistique,
la population âgée de plus de 65 ans passera, approximativement,
de 7 p.c. à 8.7 p.c. en 1982. Je crois que l'objectif que devrait viser
une politique pour les personnes âgées serait de les garder le
plus longtemps possible dans leur milieu afin de prévenir une
dégradation physique et mentale prématurée. Je peux me
tromper, mais je crois que, dans le passé, on a peut-être trop
souvent pensé en termes de construction de foyers pour loger les
vieillards. Je crois qu'il faudrait plutôt essayer d'assurer le plus
possible l'autonomie financière des vieillards et de se doter, via les
CLSC, par exemple de services à domicile, de soins de santé
à domicile pour les vieillards, d'auxiliaires familiales pour les
travaux ménagers, de popotes roulantes, de services de loisir et de
lieux de rencontre pour les vieillards et, également, penser à un
service d'urgence 24 heures par jour.
Je crois qu'une politique à long terme, en fait, au niveau des
personnes âgées devrait contribuer à assurer
également leur autonomie financière par l'amélioration du
régime de rentes et par l'instauration d'un revenu annuel garanti
décent. Je sais bien que ce dernier souhait est presque
irréalisable dans un système fédéral, parce que les
pensions de vieillesse...
M. BONNIER: Ce n'est pas sûr.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... comme on le sait, viennent d'Ottawa, du
gouvernement fédéral, alors que l'aide sociale, d'autre part, est
la responsabilité du gouvernement du Québec. Je pense qu'une
politique à long terme doit contribuer tout au moins, quel que soit le
moyen qu'envisagera le gouvernement, à assurer l'autonomie
financière des couples âgés. Parce qu'il arrive des
situations qui sont très difficiles.
Il y a, par exemple, la situation d'un couple où l'homme a
toujours été le seul à travailler. Disons qu'à 65
ans, il arrête de travailler et que sa femme a 62 ans. Ce couple ne va
recevoir qu'une pension de vieillesse pour une seule personne, ce qui aura
comme effet que pendant trois ans, à moins qu'il ait d'autres moyens de
subsistance, ce couple devra vivoter jusqu'à ce que la femme, l'autre
conjoint, ait atteint l'âge de 65 ans.
Je pense qu'on a déjà abordé cet aspect d'assurer
le transport /gratuit aux vieillards. Maintenant, j'aimerais savoir s'il y a
une expérience, concernant une politique générale des
personnes âgées, qui devrait viser non pas à placer les
vieillards mais à essayer, le plus possible, de les garder dans leur
milieu en assurant, dans la limite du possible, le plus de soins ou en mettant
le plus de disponibilités face à leurs besoins.
Par exemple, je crois qu'une opération dans ce sens a
été mise de l'avant à l'intérieur des projets PIL.
C'était par l'organisme ASTA, qui oeuvrait dans le secteur
Hochelaga-Maisonneuve et au centre de services aux personnes âgées
de la rive sud, à Québec. Il y a eu un début, en fait, le
travail dans ce sens, c'est-à-dire de soins à domicile.
J'aimerais savoir si ces demandes ont été acceptées par le
ministère, mais surtout si la préoccupation du ministère
est dans ce sens, s'achemine vers une politique d'essayer de donner le plus de
soins possibles aux vieillards, chez eux, plutôt que d'essayer de
régler la situation en les plaçant dans des hôpitaux ou
dans des institutions.
M. FORGET: M. le Président, en effet, nous discutons actuellement
d'un élément de programme dont le titre indique par
lui-même sa limite, c'est-à-dire l'hébergement des adultes
et des personnes âgées. Cela s'inscrit dans l'ensemble des
programmes. On a déjà eu l'occasion, au programme 4 en
particulier, de parler des services à domicile.
Il est évident que ce que le député de Chicoutimi
décrit, est effectivement ce qui constitue notre politique
vis-à-vis des personnes âgées. Cette année, nous
pourrons développer de façon sensible, par exemple, les services
d'auxiliaires familiales et, soit dit en passant, les auxiliaires familiales de
même que les services
d'infirmières visiteuses sont deux services ou deux composantes
qui font partie de la conception du ministère quant au rôle des
CLSC.
D'ailleurs, le député de Taschereau, je pense, est assez
familier avec le CLSC de la basse-ville pour témoigner de ce
développement, parce que, particulièrement au CLSC de la
basse-ville, c'est un des besoins qui ont été retenus.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce le seul député en bons
termes avec le CLSC de sa région?
M. FORGET: C'est un des peu nombreux qui a un CLSC qui fonctionne dans
sa région, dans le moment. C'est pour cela que je fais allusion à
lui. Il y en a d'autres, aussi, mais ils ne sont pas présents ici, je
pense.
Très spécifiquement, c'est une des priorités qui
ont été retenues au niveau de ce CLSC, parce qu'on sait qu'il y a
des priorités différentes qui peuvent être retenues: des
services de repas à domicile, des visites aux personnes
âgées constituent une partie importante de ce programme.
Nous y consacrons évidemment des fonds, particulièrement
pour ce qui est des auxiliaires familiales qui sont accrus de $1 million, cette
année, ce qui devrait permettre à des personnes
âgées de rester dans leur milieu naturel de vie et de recevoir des
services.
C'est, sans aucun doute, une des orientations qui vont continuer
à recevoir notre attention. Il y a un corollaire important à
comprendre, c'est que 6 p.c. de places pour personnes âgées ne
sont possibles qu'à la condition que des services comme ceux-là
se développent. Mais l'expérience d'un certain nombre de pays
montre que cet ordre de grandeur quant à la disponibilité des
places en foyers pour personnes âgées est tout à fait
viable si des services à domicile se développent. H n'y a aucune
raison que ce ne soit pas le cas ici aussi mais ça va prendre un
développement que nous avons l'intention d'assurer au fur et à
mesure des disponibilités budgétaires pour accroître ces
services aux personnes âgées. C'est un bon placement sur le plan
économique mais c'est également, sur un plan de services mieux
adaptés aux besoins des gens, une solution préférable
puisque la plupart des personnes âgées préfèrent, si
elles le peuvent, demeurer dans leur milieu habituel. Toute dislocation de leur
milieu de vie est considérée par eux vraiment comme un pis-aller,
dans la plupart des cas.
M. BEDARD (Chicoutimi): L'adaptation est très difficile au point
de vue psychologique.
M. FORGET: Assurément. Maintenant, il y a un aspect qui a
été relevé qui mérite des commentaires. Je me suis
rendu compte, à partir de plusieurs interventions récentes, qu'il
est mal compris, et c'est la sécurité du revenu pour les
personnes âgées et particulièrement les couples dont l'un
se trouve au-dessus de 65 ans alors que l'autre n'est pas encore
éligible à la pension de vieillesse. Ce que l'on ne semble pas
réaliser dans le moment c'est que c'est un problème presque
factice. Il est réel puisque les gens ne semblent pas conscients de la
solution, mais il y a une solution très simple. Cette personne qui a
moins de 63 ans dans un couple et qui ne reçoit pas de pension de
vieillesse peut demander une allocation d'aide sociale. Cette allocation d'aide
sociale, qui sera évaluée en fonction des besoins du couple, lui
permettra de recevoir une somme qui la mettra dans une situation à peu
près équivalente à ce que ce couple recevrait si les deux
étaient éligibles aux pensions de vieillesse. C'est donc une
chose qui est d'ores et déjà possible et qui est peut-être
mal connue du public. Un couple à la retraite où l'un des
conjoints a moins de 65 ans peut faire une demande à l'aide sociale et
devient éligible aux prestations pour les couples. L'ordre de grandeur,
je ne l'ai pas présent à l'esprit mais essentiellement on
versera, à ce moment-là, la différence entre la pension de
vieillesse et le maximum du revenu garanti qui est versé à celui
des deux qui est éligible parce qu'il a plus de 65 ans et la prestation
d'aide sociale pour un couple composé de deux adultes. C'est un
supplément qui est loin d'être négligeable et qui va
permettre de les mettre essentiellement dans la même situation que si les
deux recevaient la pension de vieillesse et le supplément de revenu
garanti applicable au couple. Parce que, comme on le sait, ce n'est pas le
double.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que financièrement, vous
pouvez palier la situation maintenant. Psychologiquement parlant, je pense
qu'il y aurait avantage, à longue échéance, à ne
pas obliger un des conjoints à être sur le service social.
M. FORGET: Ce point de vue-là, très humblement, nous ne le
partageons pas puisqu'à notre avis ces caractéristiques
négatives ou ces connotations négatives que l'on voit à
l'inscription à l'aide sociale sont tout à fait
déplacées quant à nous. L'immense majorité des
bénéficiaires d'aide sociale, comme je l'ai dit lorsque nous
discutions ce programme, sont des personnes qui ne sont absolument devant
aucune autre possibilité, aucune autre ressource. Ce sont soit des
infirmes, des aveugles, des personnes handicapées ou des personnes
âgées, des personnes qui n'ont aucune scolarisation ou qui ont
perdu leur emploi alors qu'elles ont plus de 50 ans. Il n'y a absolument rien
d'anormal à ce qu'une personne âgée fasse une demande et je
pense que l'on simplifie un peu les choses en disant que c'est dégradant
que de faire appel à l'aide sociale. Pas du tout! Encore là on
voit un exemple d'une catégorie de bénéficiaires qui sont
déjà là, un conjoint dans un couple dont l'autre est
bénéficiaire de la sécurité de vieillesse. Il me
parait normal qu'ils bénéficient de ce
régime et qu'ils ne se sentent pas culpabilisés parce
qu'ils s'adressent à l'aide sociale. C'est un bénéfice
normal, qui est prévu par les lois, c'est un droit pour eux de le
recevoir. Je pense qu'il n'y a pas de problème dans le fond sauf un
problème de perception. Mais c'est un problème malheureux qu'on
ne devrait pas encourager.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Rosemont.
M. BELLEMARE: M. le Président, pourquoi le ministère ne
laisse-t-il pas aux personnes âgées le supplément de
pension qui vient de l'indexation des pensions de vieillesse du
fédéral? Et, j'ai une autre question, si vous me permettez: Si,
dans le comté de Rosemont, j'obtenais de la ville de Montréal un
terrain pour la somme de $1, est-ce que le ministère serait
disposé à étudier la possibilité de construire un
foyer pour les personnes âgées, dans le comté de
Rosemont?
M. FORGET: Pour ce qui est de la première question, il est clair,
je pense, que les sommes que nous permettons aux personnes âgées
qui sont dans des foyers de conserver à titre d'allocations de
dépenses personnelles, ou d'allocations de menues dépenses, ont
été majorées très sensiblement au cours des deux,
trois dernières années. C'est de l'ordre de presque 100 p.c.
d'augmentation. C'est parti de $30 par mois, il y a quelque temps, pour
atteindre maintenant $50. Donc, il y a eu des majorations très
significatives au point même d'atteindre un niveau où la situation
comparative d'un couple ou d'une personne seule qui vit chez elle et qui a plus
de 65 ans, étant donné toutes les dépenses qu'elle doit
assumer, est défavorable par rapport à la situation d'une
personne qui est hébergée dans un foyer d'hébergement. Il
nous semble qu'il doit exister un certain équilibre entre la situation
financière de ces catégories de personnes et, de ce
côté, nous n'avons pas péché par défaut de
générosité.
Il faut se rendre compte que l'Etat absorbe toutes les dépenses
de subsistance de ces personnes, en plus de leur donner des services
professionnels de nursing, loisirs, etc., dans les cas où ça se
fait, mais, malgré tout, cela se fait dans bien des cas et les
coûts sont fortement supérieurs à la contribution
exigée des personnes âgées. C'est une contribution normale
qui s'établit maintenant aux alentours de $5 par jour mais qui les
décharge de toute espèce de responsabilité
vis-à-vis des frais ordinaires de l'existence. Ces $50 d'argent de
poche, en quelque sorte, par mois, ce me semble une situation
immensément préférable à celle de la plupart des
personnes âgées qui restent chez elles.
Il ne faut pas être injuste de ce côté; les taux sont
augmentés très rapidement, au point même qu'il a fallu
marquer un temps d'arrêt pendant un certain temps, puisque nous avons
aussi des adultes de moins de 65 ans qui sont dans les centres d'accueil et
à qui nous avons aussi donné une allocation de dépenses
personnelles de plus en plus considérable. Elle était de $22 il y
a quelques années, elle est maintenant de $40. C'est, là aussi,
presque 100 p.c. d'augmentation. Maintenant, il y a une disparité; une
personne de 64 ans qui est dans un centre d'accueil, qui est
hémiplégique ou Dieu sait quoi, n'a que $40; l'année
suivante, elle va recevoir $50. Pourtant, sa situation n'est pas
changée. Je comprends, la réponse est facile, vous donnez $10 de
plus à la personne de 65 ans et moins. C'est, bien sûr, une chose
que l'on peut faire mais, encore là, il faut tenir compte des
disponibilités financières. Dans les hôpitaux pour malades
chroniques, l'allocation est de $15; là aussi il faut une majoration,
mais ça montre qu'il y a des disparités encore
considérables et la priorité devrait être, là aussi,
de diminuer les disparités avant de faire monter les taux plus
qu'à un certain niveau.
Un certain nombre de résidents, des personnes âgées,
nous avaient fait parvenir un relevé de leurs dépenses mensuelles
à ces titres-là: achat de dentifrice, de journaux, de tabac, etc.
Vraiment, en considérant l'éventail des dépenses et le
niveau de ces dépenses, la somme de $50 pour la plupart d'entre eux, est
encore aujourd'hui suffisante; ce n'est pas un luxe, on ne peut
évidemment pas s'acheter une voiture avec cela; ce n'est pas de cela
qu'on parle non plus. C'est suffisant pour ces menus besoins, étant
donné l'équilibre à respecter, encore une fois.
Pour ce qui est de l'acquisition de terrains pour $1, vous comprenez
qu'il est relativement facile d'obtenir des terrains pour $1. D'ailleurs, le
ministère des Affaires sociales dispose dans la région de
Montréal, je pense, de plusieurs millions de pieds carrés; par
les établissements du réseau, souvent des espaces
inutilisés et qui seront utilisés pour les fins de
l'établissement d'institutions dans un avenir prévisible.
Alors il est possible d'assurer l'implantation de centres d'accueil, si
ce n'était que de ça, à des frais absolument
négligeables.
Le grand problème n'est pas celui-là. C'est d'abord
d'assumer le coût de construction et aussi le coût de
fonctionnement qui s'élevait l'an dernier ça doit
être plus maintenant à $4,000 par pensionnaire par
année. C'est le coût net, ça, tenant compte que le
pensionnaire paie déjà une certaine partie des frais. Ce
programme pour personnes âgées que nous considérons dans le
moment et dont le budget s'élève à environ $80 millions
cette année, a subi durant les sept dernières années, une
progression absolument fantastique. Encore là, on sait qu'on ne
répond pas à tous les besoins et c'est véritablement de ce
côté-là que les contraintes existent.
Il n'est pas possible de doubler ou de tripler rapidement un budget qui
est rendu à $80 millions. Maintenant, comme vous le savez, on a
ce programme de construction de 2,400 lits. Pendant les dix-huit
prochains mois ou deux ans, ça va prendre toutes nos ressources pour en
assurer la réalisation.
M. BELLEMARE: Vous allez en construire actuellement trois ou quatre dans
l'ouest de Montréal. Il n'y en a aucun dans l'est, je me pose des
questions.
M. FORGET: Ah oui!
M. BELLEMARE: Où allez-vous en construire dans l'est?
M. FORGET: La distribution, je ne l'ai pas en mémoire, mais il y
en a un peu partout. Maintenant, il ne faut pas oublier qu'il y a eu
récemment, dans le secteur nord-est de Montréal, un certain
nombre de foyers qui se sont ouverts. Il y a une nécessité
d'établir un certain équilibre géographique à
l'intérieur de l'île de Montréal, mais il y a eu 900 places
nouvelles, je pense, qui se sont ouvertes dans le secteur nord-est.
M. BELLEMARE: Nord-est, d'accord. Mais dans le centre-est, vous n'avez
rien dans le centre-sud-est.
M. FORGET: J'ai ici une distribution très grossière.
Montréal, centre, 300 places prévues, une addition nette de 240
places; Montréal, centre-ouest, 100 places; Montréal, sud-ouest,
100 places; Montréal, nord-ouest, 100 places, soit un total de 840.
Alors, non, il n'y en a pas beaucoup dans l'est.
M. BELLEMARE: Vous venez de me démontrer, M. le ministre, la
nécessité de la construction d'un centre pour les personnes
âgées dans le comté de Rosemont, parce qu'on n'a rien.
M. FORGET: Je suis heureux, si c'est une démonstration de ce
besoin-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'on pourrait continuer dans la
démonstration des besoins de la région Saguenay-Lac-Saint-Jean,
d'avoir d'autres, l'implantation d'autres foyers également?
Concernant l'indexation dont on a parlé tout à l'heure,
à l'heure actuelle, si je comprends bien, l'indexation n'est pas remise
au vieillard; le bénéfice de cette indexation...
M. FORGET: Non.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... est remis au foyer, à l'institution.
Je comprends que les foyers, étant donné la hausse du coût
de la vie, tout ça peuvent en avoir besoin en fait. Maintenant, il est
clair que la hausse du coût de la vie existe aussi pour le vieillard.
Est-ce que le gouvernement pense à une possibilité soit de leur
laisser le bénéfice de l'indexation ou encore, je ne sais pas,
par un autre moyen, d'augmenter la somme qui, à l'heure actuelle, est
laissée au vieillard pour ses dépenses personnelles?
M. FORGET: Oui, effectivement, au 1er janvier 1975, nous avons
indiqué que nous réviserions les allocations de dépenses
personnelles qui sont laissées à même les pensions de
vieillesse aux résidents des foyers pour personnes âgées.
Donc, les indexations trimestrielles qui interviendront d'ici là seront
récupérées par les foyers, dans le cas de ceux qui sont en
foyers. Mais, au 1er janvier 1975, nous ferons le point et nous verrons s'il
est opportun et il le sera probablement dans une certaine mesure
de permettre une augmentation qui ne sera pas de l'ordre, cependant, de 25 p.c.
ou de 30 p.c, comme cela a été le cas lors des années
passées.
Je pense qu'il y a peut-être eu une hypothèse de base que
les augmentations continueraient d'être de cet ordre-là. Elles
seront modestes, mais en ligne peut-être avec l'augmentation du
coût de la vie, tel qu'il s'applique à la somme qui est
déjà détenue ou conservée par le
bénéficiaire.
M.BEDARD (Chicoutimi): Le ministre est sûrement au courant d'un
cas qui est arrivé au pavillon de Sept-Iles, je crois, où
l'institution a décidé de laisser le bénéfice de
l'indexation au vieillard, de ne pas la prendre à son compte.
Par la suite, on sait qu'il y a eu des discussions entre l'Association
des centres d'accueil pour adultes et le ministère. Est-ce qu'on
pourrait en savoir les résultats?
M. FORGET: Oui, il y a eu de ces difficultés, mais il nous est
paru important qu'une décision sur le montant laissé comme
allocation de menues dépenses, comme elle s'inscrit, dans le fond, dans
le contexte d'une sécurité de revenu, etc., soit prise par le
gouvernement et pas ailleurs, de manière, peut-être, à vous
laisser le plaisir de nous poser des questions à ce sujet, ce qui est un
plaisir renouvelé, d'ailleurs, mais de manière aussi à ne
pas créer de situation inégale entre les résidants de
différents foyers. Il ne nous parait pas possible que sur un point comme
celui-là la décision soit mise à un autre niveau qu'au
niveau gouvernemental.
Nous avons indiqué aux autorités du foyer que nous
attachions une très grande importance au fait qu'elles se conforment aux
indications reçues du ministère. Je pense que c'est en voie de
règlement, ou c'est peut-être effectivement réglé
maintenant. Cela remonte quand même à quelques semaines
seulement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Frontenac.
M. LECOURS: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce serait sur le même sujet, si vous
permettez.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On va laisser finir le député
de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): A titre d'information, à qui est
versée la pension? Est-ce au ministère ou au centre
d'accueil?
M. FORGET: Non, au bénéficiaire lui-même. Le
bénéficiaire reçoit, comme toutes les personnes
âgées, son chèque de pension, y compris le
supplément du revenu garanti, et il doit faire le versement
lui-même au centre d'accueil.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que c'est peut-être difficile
d'avoir la réponse, mais qu'est-ce que le gouvernement retire
globalement de la part des institutions? Quel est le montant global?
M. FORGET: Je vais essayer de vous trouver la réponse. Je pense
que ça ne parait pas comme tel au budget puisque c'est
considéré comme un revenu déductible des dépenses
par l'établissement et que nous payons le budget net. Maintenant, je ne
le sais pas, il y a peut-être quelque part des informations
là-dessus.
Je pense qu'on peut, grosso modo, dire qu'il y a actuellement 30,000
places à $5 par jour, ce qui fait cinq fois 365, multiplié par
30,400 places, et vous aurez une estimation. C'est ce qu'on ferait
nous-mêmes si on voulait trouver le chiffre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que...
M. FORGET: C'est à peu près 25 p.c. des coûts.
M. BEDARD (Chicoutimi): En tout cas, on a la méthode de calcul et
elle est très claire.
M. FORGET: C'est à peu près cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): II s'agit de le faire. Est-ce que les budgets
des institutions sont déterminés en tenant compte de ces
montants?
M. FORGET: Absolument. Autrement dit, on ne paie pas deux fois le foyer.
Ce n'est pas un profit pour le foyer; il s'agit d'une somme qui est
assumée par le bénéficiaire et qui diminue d'autant la
dépense publique pour le programme. C'est très clairement
établi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous nous avez dit qu'à partir du
début de 1975, le bénéfice de l'indexation reviendrait aux
vieillards.
M. FORGET: J'ai dit que nous reviserions la position de manière
qu'une modification entre en vigueur en janvier 1975.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a des difficultés
administratives importantes pour qu'il n'y ait pas possibilité
d'établir ce mode peut-être plus tôt que 1975? Les
vieillards, à l'heure actuelle...
M. FORGET: Ce n'est pas une décision administrative, M. le
Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... sont quand même pris dès
maintenant, et pas seulement au début de 1975, avec cette hausse du
coût de la vie, cette nécessité, en fait, de voir leur
budget de dépenses augmenté, même si c'est d'un montant
minime.
M. FORGET: M. le Président, ce ne sont pas des raisons
administratives qui nous ont fait il faut être très clair
là-dessus différer jusqu'en janvier 1975. Nous avons le
sentiment que le niveau absolu des allocations, étant donné la
situation des personnes âgées du même âge qui sont
dans leur propre foyer, ne défavorise pas les personnes qui sont dans
les foyers. Les personnes qui n'ont que la pension de vieillesse et le
supplément du revenu garanti et qui vivent chez elles, je suis convaincu
qu'elles ne disposent pas de $50 par mois nets pour s'acheter des journaux, le
tabac et des choses dans ce genre. Donc, en considérant la situation de
ceux qui sont placés dans des foyers par rapport à ceux qui ne le
sont pas, nous en sommes venus à la conclusion qu'il serait
peut-être déraisonnable et peut-être un peu aussi injuste
alors qu'on assume tous les autres frais vis-à-vis de ces
personnes qui restent chez elles que de majorer trop rapidement une allocation
qui, encore une fois, a subi une hausse de $30 à $50 sur une
période de deux ans.
Je pense qu'on a anticipé un peu l'inflation, dans le fond. Je ne
pense pas que ce soit pénible. Il faut dire que ces gens ont tous les
services et ce sont des douceurs qu'ils se paient avec $50 par mois. Nous
aimerions pouvoir en dire autant des bénéficiaires de l'aide
sociale et de tous les autres bénéficiaires d'un régime de
sécurité de revenu. C'est la raison pour laquelle nous observons
ce moment d'arrêt dans la hausse, parce qu'il y a une question de justice
et d'équilibre, encore une fois, entre les personnes qui ont 65 ans et
celles qui en ont 64 et qui sont infirmes et qui reçoivent $40. Encore
une fois, l'étude du dossier ne nous permet pas de dire qu'ils sont
véritablement dans une situation intenable ou impossible. Evidemment, ce
n'est pas le luxe, mais le but d'un régime de sécurité de
revenu c'est d'assurer un minimum justifiable, et je pense que $50 par mois,
pour des menues dépenses, dans la situation actuelle, c'est
justifiable.
C'est un jugement que nous portons. On peut être critiqué
pour ce jugement, mais, tenant compte de toutes les considérations,
c'est une position qui est défendable.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous dites que
ces $50 leur permettent de se payer certaines douceurs normales, mais il
arrive des situations où des vieillards ont des besoins tout à
fait spéciaux en termes de médicaments.
M. FORGET: Précisément, depuis janvier, cette année
si vous voulez me donner des arguments, je vous en suis bien
reconnaissant, parce que je n'avais pas mentionné celui-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non, je suis d'accord, je veux
surtout...
M. FORGET: Vous savez, comme il n'y a pas eu d'indexation, cette
année, j'aurais pu dire, et ce serait vrai, que depuis le 1er janvier
les personnes qui n'ont que ce montant ont quand même une hausse
implicite de leur allocation, puisqu'elles n'ont plus à faire de
déboursés pour leurs médicaments. Ce ne serait pas faux et
je pense que cela irait très bien comme explication, n'est-ce pas?
M. BEDARD (Chicoutimi): On n'est pas ici pour mettre le ministre en
boîte, on est ici pour s'informer correctement de la situation.
M. FORGET: Daccord.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le ministre nous laisse entendre en fait...
M. FORGET: Je voulais vous dire que j'étais reconnaissant de
l'argument que vous me donnez qui fait partie du contexte général
dans lequel cette décision de reporter à l'an prochain la hausse
a été prise.
M. BEDARD (Chicoutimi): II me fait plaisir de rendre service au
ministre. Mais, quand même, ça donne aussi une idée que
nous sommes au courant de la situation.
M. FORGET D'accord.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant l'usage je voulais en arriver
là des médicaments dans les foyers, le CRSSS de la
région de Trois-Rivières a dénoncé, un moment
donné, l'usage abusif des médicaments dans les centres d'accueil.
Est-ce que le ministre a mis en pratique leur recommandation de doter les
centres d'accueil de services pharmaceutiques? Est-ce qu'à la suite de
cette mise en garde on a l'idée peut-être d'étendre cette
politique à travers la province?
M. FORGET: La recherche de solutions est actuellement en discussion
à l'intérieur du ministère. Il y a un groupe de
représentants du ministère, avec les pharmaciens d'hôpitaux
principalement, qui discutent des moyens à prendre pour y parvenir.
Il y a un problème de coût et il y a un problème de
disponibilité.
On envisage, au cours de l'année, d'assurer, dans toute la mesure
du possible, la présence ou, enfin, une surveillance pharmaceutique dans
les foyers, dans les centres d'accueil. Les modalités sont à
l'étude. Ce n'est pas réalisé encore. On a tenu compte de
l'étude qui a été faite à Trois-Rivières. Il
s'agit de trouver les meilleures modalités possible au moindre
coût possible.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministère envisage la
possibilité ou l'avantage financier que cela pourrait représenter
de doter les centres d'accueil de services pharmaceutiques, sur place?
M. FORGET: Les études qui ont été faites
jusqu'à présent, tant à Trois-Rivières qu'ailleurs,
semblent indiquer qu'il y a deux problèmes. Il y a un problème de
distribution des médicaments. Ce problème a été
étudié et contrôlé par les questionnaires qui sont
envoyés par la direction de l'agrément, chaque année,
avant l'émission des permis.
Il y a aussi un deuxième facteur, qui est l'éducation des
personnes elles-mêmes à l'intérieur des foyers. Cela
présente un problème plus difficile. Il ne s'agit pas uniquement
de contrôler la distribution de médicaments, mais aussi de
convaincre les gens qui sont là. Les personnes âgées ont
tendance à aimer les médicaments et à vouloir en
prendre.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est peut-être à cause de l'ennui
qu'elles ont là.
M. FORGET: Peut-être, un peu. Elles apprécieraient
probablement les visites régulières de la députation! Il
reste qu'il y a un effort d'éducation à faire. Un des
phénomènes, par exemple, qui est assez régulier dans ces
centres, c'est que, si une personne prend une couleur de pilule ou un type de
pilule et qu'elle est mieux au bout d'une semaine, tout le monde dans le foyer
veut avoir la même pilule. Les gens se passent les pilules assez
facilement.
Alors, il y a un effort de surveillance de la pharmacie. Il ne faut pas
s'imaginer que c'est le seul effort qu'il faut faire. C'est un des rôles,
par exemple, des CSLC; à ce niveau on a essayé d'avoir des
contacts avec les gens dans les foyers pour leur expliquer l'usage des
médicaments.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais, de prime abord, est-ce que vous pensez que
cela pourrait s'envisager et que financièrement ce serait avantageux
d'avoir des pharmacies à l'intérieur?
M. FORGET: C'est-à-dire qu'il ne faut pas avoir un pharmacien
à l'intérieur.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non!
M. FORGET: Ce que l'on pense, c'est qu'il faut avoir un pharmacien qui
va y aller, que ce
soit un pharmacien d'hôpital ou un pharmacien en pratique
privée. Donc, il faut qu'il y ait un pharmacien qui ait un certain
rôle sur la distribution, qui s'assure que la distribution des
médicaments est adéquate.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Taschereau sur la même question et l'honorable député de
Trois-Rivières, par la suite.
M. BONNIER: Justement sur l'efficacité de la distribution ou de
l'utilisation des médicaments, on a porté à mon attention
disons que c'est la ligue des droits de l'homme, en particulier, qui a
attiré mon attention là-dessus sur, apparemment, l'usage
abusif de certains tranquillisants dans certaines institutions, peut-être
privées dans le fond, pour que les vieillards ne soient pas trop
bruyants. Je ne sais pas si c'est exact, mais, apparemment, il y a un gros
problème. Je ne sais pas si le ministère est au courant de ce
problème.
M. FORGET: Cela existe sûrement. Cela existe aussi probablement
dans les hôpitaux, je veux dire le soir pour être tranquille. Mais
je pense que là c'est un effort collectif. Il y a, à la fois, la
demande, l'offre et les contrôles qui ne sont pas faciles. Je peux vous
assurer qu'il y a sûrement de gros efforts faits au niveau du
ministère par la direction de l'agrément, particulièrement
au moment de ses visites, pour s'assurer qu'il y a un contrôle de la
distribution de médicaments et qu'on évite ce type d'abus, que ce
soit dans un foyer pour personnes âgées ou ailleurs. Dans les
centres pour les enfants, on a eu ce type de problèmes. On a des
infirmières qui y vont assez régulièrement et qui, enfin,
surveillent cela dans toute la mesure du possible. C'est la collaboration d'un
peu tout le monde qui peut aider à régler ce problème.
Je pourrais peut-être donner quelques indications sur certains
efforts qui sont faits pour, d'abord, nous mettre mieux au courant de cette
catégorie de problèmes. On se souviendra probablement qu'à
la fin de l'année dernière un groupe de malades dans les
hôpitaux chroniques de Montréal ont publié un livre
intitulé "Nous, les oubliés", qui soulève un certain
nombre de problèmes de ce genre dans les hôpitaux chroniques et
les centres d'accueil.
Notre direction de l'agrément a rencontré ce groupe pour
discuter, de façon générale, des moyens à mettre en
oeuvre pour améliorer dans le fond, c'est une dimension de cela
la qualité des services dans les établissements de soins
de longue durée. Ces rencontres se continuent et donnent lieu à
différentes initiatives, comme, par exemple, des rencontres pour les
directrices de "nursing" des foyers et des hôpitaux chroniques, qui ont
lieu dans la région de Montréal avec des fonctionnaires et des
médecins de la direction de l'agrément du ministère des
Affaires sociales, de manière à développer des pratiques
et des méthodes de distribution des services de soins infirmiers, qui
vont minimiser ce genre de problèmes.
C'est un effort d'éducation qu'il est nécessaire de
faire.
De la même façon, la direction des relations
professionnelles, par les programmes de perfectionnement qui sont disponibles,
a encouragé des cours, à des infirmières, dans les
hôpitaux chroniques, où on les sensibilise au problème des
relations humaines qui existe inévitablement dans des milieux où
les gens restent durant de très longues périodes de temps. Ceci
semble pouvoir donner des résultats intéressants.
Evidemment, ces relations peuvent être difficiles. Des personnes
qui sont, pendant de très longues années dans des
établissements de soins prolongés peuvent, à l'occasion,
être irritées. Il y a toutes sortes de relations interpersonnelles
qui peuvent s'envenimer. Je pense qu'il s'agit de sensibiliser le personnel
à ces difficultés et à apporter des réponses
positives.
Il y a plusieurs efforts, en somme, qui se font et qui vont continuer
à se faire. En particulier, peut-être, l'automne prochain, un
effort particulier va être fait de ce côté.
M. BACON: Dans ce domaine, M. le Président, en question
supplémentaire, relativement à l'étude qui avait
été faite par le CRSSS du centre du Québec, j'ai eu des
contacts avec les pharmaciens d'hôpitaux qui ont travaillé sur ce
dossier et il me semble qu'ils seraient prêts, en fait, à
collaborer. Au point de vue des coûts, ils pourraient étendre, je
pense, assez facilement leurs services à des foyers ou ces
choses-là.
Il y a toute la question de "stockage", aussi, des médicaments.
La même chose pour les cliniques Domrémi. J'ai l'impression qu'au
point de vue des coûts, vous n'arriveriez pas à un montant
tellement plus élevé que ceux que vous avez actuellement, les
coûts fixes dans les pharmacies.
Je me permets, M. le Président, si je peux un peu élargir
cela, de dire que c'est la même chose pour les services alimentaires. Je
pense que c'est un sacré problème dans les foyers pour personnes
âgées que toute cette question des services alimentaires. Je me
demande comment il se fait que le ministère n'utilise pas ou ne demande
pas aux services alimentaires des hôpitaux, qui sont bien
équipés, bien organisés, de ne pas étendre leur
rayonnement aux foyers d'hébergement de personnes
âgées.
Je sais que dans un cas, dans notre région, on a eu des
problèmes, à un moment donné, parce qu'en fait, au point
de vue alimentation des personnes âgées, je pense qu'ils
étaient certainement obligés de leur donner des
médicaments pour leur faire digérer ce qu'ils leur faisaient
manger. J'ai vu des menus qui étaient difficiles à digérer
pour un gars de mon âge. Imaginez-vous que le gars qui avait le double de
mon âge, ce qu'il pouvait faire?
Je comprends mal comment il se fait que vous n'utilisiez pas les
services des hôpitaux, tant en pharmacie qu'en services alimentaires.
Pour le coût, ce serait peut-être, dans des cas, l'addition d'un
professionnel, même de quelques personnes qui seraient peut-être
des techniciens en alimentation, quelque chose comme cela, et ce ne serait pas
un coût tellement élevé pour desservir un assez grand
territoire.
M. FORGET: Dans ce secteur, il y a, depuis au-delà d'un an, un
comité conjoint de l'Association des pharmaciens et des
établissements de santé, l'APES, qui est l'ancienne Association
des pharmaciens d'hôpitaux du Québec, et du ministère qui
travaille à essayer de définir justement les relations entre les
centres hospitaliers et les centres d'accueil, pour le contrôle de la
médication, par exemple.
Ces discussions se sont avérées plus difficiles que,
j'imagine, à la fois les deux parties individuellement avaient
supposé. D y a toutes sortes de questions incidentes qui ont
été soulevées à l'occasion de ces discussions,
telles que des problèmes de rémunération. Evidemment, le
comité continue son action. Il y a eu des moments d'arrêt un
certain temps, alors qu'on ne semblait pas vouloir voir les choses de la
même façon.
Mais le comité a repris son action et nous espérons le
voir déboucher sur des suggestions concrètes, comme on
l'indiquait tantôt, pour trouver des moyens de collaboration entre les
centres hospitaliers et les centres d'accueil, sans éliminer la
possibilité, dans certains cas, que la collaboration se fasse avec, s'il
n'y a pas de centre hospitalier, par exemple, à proximité d'un
centre d'accueil, un CLSC, dans le cas d'un service de pharmacie, si c'est
nécessaire ou même avec les pharmaciens d'officine, dans d'autres
situations.
M. BACON: Mais n'avait-il pas été question, pour arriver
à toutes ces choses, que la localisation des centres d'accueil pour les
personnes âgées soit à proximité des hôpitaux,
justement pour essayer de se donner des services et d'éliminer des
coûts qui sont quand même assez élevés?
Même si idéalement on devrait avoir un pharmacien dans
chaque foyer et une technicienne en alimentation, je pense qu'au point de vue
du coût on n'arriverait pas.
M. FORGET: Effectivement, cela peut être souhaitable dans certains
cas. D'un autre côté, on attirait notre attention tantôt sur
les disparités régionales ou sous-régionales. Il peut se
faire que dans certains cas, pour combler une lacune au point de vue de
l'accessibilité géographique, il n'y ait pas de foyer ni
d'hôpital et, si on crée un foyer, il sera forcément loin
d'un hôpital. Mais, ce qui est important, c'est de développer ces
liens fonctionnels. Comme on le sait, c'est un des objectifs du
ministère depuis plusieurs années d'abolir les barrières
et c'est d'ailleurs un des objectifs qui a présidé à la
fusion des deux anciens ministères, de Bien-Etre, où
étaient les foyers de personnes âgées, et de Santé
de manière que ces liens puissent s'établir.
Mais il y a plus que simplement des réformes de structures
administratives, il y a des habitudes de pensée aussi qui freinent, si
on veut, dans une certaine mesure le développement d'une collaboration
comme celle-là. Mais, l'intervention des conseils régionaux, dont
c'est l'un des buts, et l'action de comités comme ceux que j'ai
mentionnés où le ministère, avec l'Association des
pharmaciens d'établissement, essaie de définir des règles
nouvelles du jeu permettant ce genre d'interrelations devraient bientôt
nous faire déboucher sur ce genre de contrats de services, en quelque
sorte, qui peut s'étendre, en effet, du service de pharmacie à un
service de diététique. Enfin, il n'y a probablement pas de
possibilité d'avoir une diététiste dans chaque foyer, ce
ne serait même pas opportun, mais il y a certainement, pour les personnes
âgée, des diètes spéciales et des choses comme
ça où il serait bon qu'il y ait une collaboration. C'est une
idée qui certainement mérite d'être retenue.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Frontenac.
M. LECOURS: M. le Président, dans mon comté il y a environ
cinq foyers pour personnes âgées. J'ai l'occasion de les visiter
très souvent. La plainte que je reçois le plus souvent de la part
de ces personnes vient du fait qu'elles paient elles-mêmes leur pension.
Supposons des personnes qui peuvent avoir $10,000 ou $15,000 en banque et qui
doivent payer, comme au foyer de Disraëli, $3,000 par personne pour vivre
dans ce foyer. Je me demande si une pension aussi élevée est
justifiée? Chez nous, comme à Black Lake, il y a un foyer de 26
places où 12 personnes peuvent travailler. Ce furent des
décisions prises il y a plusieurs années, dans les années
1966 à 1970, alors que, je pense, on n'avait pas assez calculé la
rentabilité de ces foyers. Je me demande si le prix, dans un foyer
particulier, est basé sur le budget de ce foyer ou sur l'ensemble de la
province de Québec, le prix que ça coûte dans les foyers
pour l'ensemble de la province de Québec.
M. FORGET: De ce côté là aussi, la réponse
à la dernière question, c'est que traditionnellement ces charges
imposées aux "cas privés" des foyers étaient basées
sur le budget de l'établissement. Cependant, dans la situation actuelle
les gens sont envoyés à un foyer ou à un autre pas
nécessairement parce qu'ils le choisissent mais parce qu'ils sont
placés là; il y a une disponibilité. Des disparités
entre des foyers qui n'étaient pas tout à fait reliées
à la qualité des services reçus mais qui
reflétaient différentes caractéris-
tiques de fonctionnement, et même la taille des foyers sont
apparues comme des difficultés de plus en plus grandes. Les gens
disaient: Pourquoi je paierais plus cher à tel foyer qu'à un
autre? Je n'ai pas demandé d'être ici. Donc, cela crée une
certaine pression pour une uniformisation des taux pour les cas
privés.
Maintenant les cas privés représentent, en quelque sorte,
le reliquat d'une époque où les foyers n'étaient pas
conçus comme on les conçoit maintenant, c'est-à-dire comme
des centres d'accueil pour des personnes qui n'ont pas d'autonomie et qui ont
besoin de soins, mais comme des endroits où on prenait sa retraite,
choisissant volontairement d'aller en foyer. Il était normal, dans un
système électif comme celui-là, que les gens paient pour
l'ensemble des coûts puisque, évidemment, c'était un choix
qu'ils faisaient de se loger de cette façon plutôt que de tenir
maison. Ces gens-là, dans une certaine mesure, sont encore dans le
système. Il est difficile de tout changer d'un coup puisque,
effectivement, les critères nouveaux qui sont développés
ne s'appliquent qu'aux nouvelles admissions et qu'il y a une certaine
difficulté à les appliquer rétroactivement, même une
impossibilité.
D'autre part, jusqu'à maintenant, les coûts du programme
sont partageables avec le fédéral en fonction du régime
canadien d'assistance publique que l'on retrouve à toutes les
sauces, comme on le voit qui permet un partage pour les cas publics, les
cas d'assistance publique. Les personnes qui ont des ressources dans ce
régime d'assistance publique sont présumées payer. C'est
une autre application de ce principe qu'il faut évaluer les ressources
et que ceux qui ont les ressources doivent payer le coût; ceux qui n'en
ont pas reçoivent une assistance financière pour défrayer
ces services.
Il a été question, depuis quelques années, que l'on
fasse des foyers un régime universel, mais en tenant compte de nouveaux
critères selon lesquels ça devient en quelque sorte des "nursing
homes", des endroits où on reçoit les personnes qui en ont besoin
eu égard à leur état de santé, et non parce
qu'elles choisissent d'une certaine façon un nouveau mode de vie. Mais
cette transformation ne peut se faire que progressivement, encore une fois, par
l'application de nouveaux critères et aussi par une modification aux
accords de partage de coût. L'Ontario qui a voulu, par exemple, anticiper
ce développement et faire des "nursing homes" qui correspondent à
notre notion nouvelle, plus ou moins, du rôle d'un foyer
d'hébergement pour personnes âgées, a été
considéré comme non admissible au régime canadien
d'assistance publique et a perdu le partage fédéral sur un
programme de plus de $100 millions. Ceci se poursuit depuis quelques
années. L'Ontario a voulu faire ce changement très rapidement et
placer peut-être le gouvernement fédéral devant un fait
accompli; la seule conséquence pratique immédiate a
été la perte d'une contribution de plusieurs dizaines de millions
par année.
C'est sans doute un développement souhaitable que la
transformation de ce régime en un régime universel dans le sens
où les charges d'hébergement seraient les mêmes pour tout
le monde, comme c'est le cas dans le moment; mais dans l'intérim nous
avons ces personnes qui ont été placées en fonction de
critères fort différents de ceux qui vont progressivement
s'appliquer et en vertu de la conception d'un réseau de services qui
était fort différente de celle qui existe maintenant. C'est pour
cela qu'on doit vivre avec ce reliquat encore un certain temps.
M. BEDARD (Chicoutimi): Puisqu'on en est au niveau des plaintes et des
demandes régionales, est-ce que je peux demander au ministre s'il y a
des projections de construction de foyers à l'intérieur de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean?
M. FORGET: La région numéro 2.
M. BEDARD (Chicoutimi): Les demandes qui sont faites au
ministère...
M. FORGET: Non, il n'y en a effectivement pas dans la région
numéro 2. Le niveau actuel des ressources comparées à la
population établit le nombre de places à 8.6 par 100 personnes
âgées, étant donné la population estimée pour
1976, alors ça fait partie des disparités.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Verdun.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant les plaintes, on a reçu
quelques plaintes de foyers à l'effet...
M. CARON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je m'excuse, le député de
Chicoutimi n'avait pas tout à fait terminé. Le
député de Verdun après.
M. BEDARD (Chicoutimi): On a reçu quelques plaintes, je comprends
que ça peut paraître banal comme tel, concernant le fait que, dans
certains foyers, le responsable se permet d'ouvrir, je ne sais pas à
quel titre, la correspondance des personnes âgées. Je comprends
qu'il y a des règles du code civil, mais est-ce que le ministère
a des règles très strictes concernant ce fait et je ne
sais pas prévoit même des sanctions dans le cas de
responsables qui se permettent un tel comportement?
M. FORGET: Strictement en vertu des lois que le ministère
administre, non. Puisqu'il s'agit de la violation du courrier, de la vie
privée, etc., c'est en fonction d'autres lois que ça devrait
être fait. Cela peut être l'objet de plaintes et même de
poursuites en vertu probablement du code criminel. Pour ce qui est des
questions qui sont un peu plus directement reliées à nos
responsabilitées, nous envisageons, dans le règlement qui
incorporera un certain nombre de règles sur la contribution des
bénéficiaires, etc., comme on le sait puisque ç'a
été publié, d'avoir des règles assez
précises sur la comptabilité, dans le sens de la
responsabilité de rendre compte, des personnes qui administrent des
fonds qui appartiennent à des bénéficiaires.
On trouve ça dans les foyers pour personnes âgées la
responsabilité, le devoir de rendre compte au ministre, sur demande, que
cette gestion a été faite rigoureusement. Alors, si on voit
qu'une personne âgée n'est pas dans la mesure de se
défendre, de défendre ses intérêts, il serait
possible, en vertu de cette réglementation, d'exiger que des comptes
soient produits et que, par exemple, les allocations de sécurité
de vieillesse qui ont été encaissées, etc., et les
dépenses qui ont été inscrites au compte, tout ça
soit justifié et expliqué.
Alors, ça, c'est au niveau de la réglementation. Nous ne
pouvons pas faire beaucoup plus pour ce qui est, encore une fois, de relations
qui n'affectent pas l'établissement comme tel, mais qui sont au niveau
des individus. Cela relèverait vraiment d'autres types de
législation.
On peut en déduire que c'est sûrement un comportement que
n'accepte pas le ministère.
M. FORGET: Sans aucun doute. D'ailleurs, notre direction de
l'agrément, lorsqu'elle visite les établissements, s'assure que,
de ce côté, les procédures normales existent et que l'on
ouvre un compte séparé, par exemple, pour chaque
bénéficiaire dont on administre les biens. Même si ce n'est
pas une curatelle, il y a quand même une administration de fait qui est
effectuée. La direction de l'agrément s'assure que cette
comptabilité est tenue, qu'il y a des pièces justificatives et
qu'on peut justifier l'utilisation de ces fonds. Encore une fois, on le fait
dans l'intérêt des bénéficiaires.
On n'a probablement pas, pour le faire, toute l'autorité
légale. D'ailleurs, je ne vois pas comment on l'aurait directement
puisqu'il s'agit de leur faire observer le code criminel. On ne doit pas voler
les gens, essentiellement.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Verdun.
M. CARON: M. le ministre, vous êtes un peu au courant de mon cas
parce que j'ai eu l'occasion de vous rencontrer à votre bureau de
Montréal. Vous savez qu'à Verdun, à venir au 1er janvier,
on avait notre service de placement. Depuis le 1er janvier, on doit passer par
la rue Saint-Timothée, où est le troisième âge. Vous
savez que le service que la ville de Verdun possède est un service
exemplaire et où les gens sont humains. Vous savez, l'important
là-dedans, ce n'est peut-être pas toujours de placer les
personnes, c'est la façon dont les inspecteurs qui se rendent sur les
lieux discutent avec les personnes. Des personnes d'un certain âge, je
pense qu'il ne faut pas les brasser.
Vous m'avez dit que cela irait bien, que cela irait aussi bien que
c'était administré. Jusqu'à maintenant, rien ne s'est
fait. J'ai un cas en particulier, un type de 64 ans; je l'ai envoyé au
troisième âge. Un jeune homme de 25 ou 26 ans y est allé et
a dit à la madame: Personne n'a affaire à intervenir. M. le
ministre, je pense que, dans certains cas, si on intervient, quels que soient
les députés qui vont intervenir, quel que soit le parti, je pense
que c'est notre devoir de le faire quand les gens ne sont pas assez humains
pour s'en occuper. Dans ce cas-là, la dame est malade, le monsieur
aussi, c'est un cas chronique, il a 64 ans, et c'est sa jeune fille de 15 ans
qui est obligée de s'occuper du père. Je pense bien que ce n'est
pas normal. Une fille de 15 ans devrait être, à l'école,
pour commencer, et, deuxièmement, ce n'est pas à une fille de 15
ans à prendre soin de son père, à faire le médecin,
à le laver, enfin, tout.
Je pense qu'il y a quelque chose à faire à votre bureau de
Montréal, et ça presse. Je ne vois pas pourquoi votre
ministère certains de vos fonctionnaires a enlevé
le bureau à Verdun quand il n'y avait rien à lui reprocher. S'il
y avait eu quelque chose à lui reprocher, d'accord, mais n'ayant rien
à lui reprocher, je ne vois pas pourquoi on l'a fait.
En plus de cela, il y a des dépenses qui se font; on arrive au
1er juin, les gens sont payés à Verdun par la ville de Verdun
à ne rien faire. Ces gens sont sur les tablettes et on me dit que depuis
le 1er avril c'est la responsabilité du gouvernement provincial. Je ne
vois pas pourquoi le gouvernement quelque gouvernement que ce soit
garde des gens sur les tablettes.
M. le ministre, je pense que vous devez faire une enquête assez
approfondie. Les inspecteurs, hommes ou femmes, qui vont voir les malades
à la maison, au moins, qu'ils soient humains.
Je vais taire le nom ici. Mais je vous demanderais, s'il vous
plaît, de voir à ce que les gens qui circulent, soient humains
même s'ils ne trouvent pas de place pour les gens.
C'est un cas. Je vous dis que c'est une fille de quinze ans, et ce n'est
pas normal. La fille devrait être à l'école, et son
père, qu'on le place.
On a dit que le député n'a pas d'affaire à
intervenir. Dans ces cas, je vais intervenir. J'ai même dit à une
dame, lundi je suis bien à l'aise de le répéter
dont le mari de 74 ans était à l'hôpital de Verdun
et ne pouvait pas retourner à la maison: N'allez pas chercher votre
mari.
Je pense, M. le ministre, qu'il se dépense de l'argent un peu
partout pour rien. On vient de faire une liste électorale où on
dépense $4 millions. Ces $4 millions, on aurait dû les prendre
pour nos vieillards; ils auraient été mieux placés que
pour faire une liste électorale, quand on sait bien qu'il n'y aura pas
d'élection cette année. Au Conseil du trésor, tâchez
donc, pour les deux prochaines années, de vous faire voter cet argent
pour penser à nos vieillards.
M. FORGET: M. le Président, j'apprécie l'appui du
député de Verdun au sujet d'obtenir $4 millions de plus pour le
programme. Je pense qu'il a tout à fait raison.
M. CARON: Ils seraient bien mieux placés qu'ils ne le sont cette
année, surtout qu'en plus de faire une liste électorale, on se
fait critiquer. Alors, on est aussi bien de ne pas en faire et donner cet
argent à ceux qui en ont besoin.
Vous savez qu'on est quinze ans en retard au Québec pour le
placement des personnes âgées.
M. FORGET: Le député de Verdun, avec qui j'en ai
discuté, sait évidemment que ce problème de la prise en
charge des services de placement municipaux par les centres des services
sociaux, comme toute espèce de transition ou changement, s'accompagne de
circonstances aussi déplorables que celle qu'il a mentionnées.
C'est pénible, et je voudrais lui donner l'assurance que c'est une chose
dont on va s'occuper maintenant.
Je ne veux pas non plus minimiser ou surestimer les capacités de
résorber facilement des difficultés de transition comme
celles-là. La responsabilité a été, effectivement,
donnée aux centres de services sociaux. Pour ce qui est de
l'intégration du personnel ou des problèmes d'intégration
comme tels, c'est un processus qui est forcément long. Il y a des droits
acquis. Il y a un tas de choses qui doivent être négociées
dans des circonstances comme celles-là.
Evidemment, cela crée des tensions, cela crée des
anxiétés. Il peut y avoir aussi l'inexpérience de
certaines personnes à qui on confie, tout à coup, de nouvelles
tâches. Je pense qu'il faut, malgré tout, continuer de faire
confiance aux centres de services sociaux qui regroupent des gens qui, dans le
fond, n'ont pas d'autre but que d'apporter une aide compétente et de
qualité. Mais il est important que l'on suive le développement du
processus d'intégration des services de placement municipaux. C'est un
processus qui se continue cette année, qui a été
souhaité de bien des façons et pour plusieurs raisons,
financières et autres, au plan des municipalités, au plan de
l'intégration des services et d'une certaine cohérence des
processus de placement aussi.
Maintenant, il est évident que ce sont des avantages
peut-être un peu abstraits pour les bénéficiaires, qui ne
devraient pas être appelés à être
pénalisés à cause de ces transformations. Je pense que le
député de Verdun a raison d'intervenir, en effet, pour s'assurer
que les gens soient traités convenablement. On va prendre note de son
intervention.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 29)
(Reprise de la séance à 20 h 10)
M. LAFRANCE (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs! Nous reprenons l'étude où nous
l'avions laissée ce matin, programme 9, élément 2.
M. FORGET: Adopté?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour se replacer dans le contexte concernant les
foyers pour personnes âgées, je pense que M. le ministre
était d'accord lui aussi, qu'une politique à long terme doit
plutôt tendre à garder le plus possible les vieillards dans leur
propre milieu familial plutôt que de penser simplement à les
reloger dans des institutions ou ailleurs. Bref il faut axer les efforts du
ministère vers les soins via les CLSC à
domicile.
J'avais posé une question au ministre concernant les soins
à domicile. Comme vous le savez, certains services à domicile
pour personnes âgées qui avaient débuté avec les PIL
avaient demandé de l'aide au ministère, entre autres, l'ASTA qui
oeuvrait dans le secteur Hochelaga-Maisonneuve. J'avais demandé au
ministre si les représentations qui ont été
formulées par l'ASTA ont trouvé grâce auprès du
ministère.
M. FORGET: Relativement à ce projet, il ne faudrait pas
interpréter ma réponse comme étant nécessairement
un précédenj ou l'indication d'une pratique
générale, mais relativement à ce projet PIL-ASTA, il sera
effectivement absorbé par le CLSC Hochelaga-Maisonneuve.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est irrévocable, cette décision?
Il y avait un service SSD, Service de soins à domicile, qui est
né à la demande...
M. FORGET: L'ensemble des services de soins à domicile.
M. BEDARD (Chicoutimi): L'ensemble des services de soins à
domicile qui sont nés à l'occasion de l'adoption de la loi
65.
M. FORGET: Peut-être me permettrez-vous de préciser que
cela a précédé la loi 65.
Ces projets originent des projets de démonstration qu'on
appelait, à l'époque, les programmes conjoints
fédéraux-provinciaux. Ce sont des espèces de subventions
nationales à la santé, qui prévoyaient un financement
partagé entre Ottawa et les provinces. Tous les services de soins
à domicile ont constitué des projets à frais
partagés. A la fin des années soixante je ne me souviens
pas exactement quand le fédéral a indiqué son
intention de se retirer progressivement en trois ans de l'ensemble de ces
programmes, ce qui fait qu'effectivement depuis 1972,
je crois, le Québec a continué seul le financement de ces
services.
M. BEDARD (Chicoutimi): Maintenant, n'avait-il pas été
confirmé d'une façon toute spéciale à l'occasion de
la loi 65... En tout cas, peu importe... Quelle est la politique à long
terme du ministère vis-à-vis de ces associations qui offrent des
services de soins à domicile et qui, par exemple, concernant les
personnes âgées, laissent entendre que c'est une grande
épargne financière pour le gouvernement, le fait qu'elles
assument justement ces soins à domicile pour les personnes
âgées? Cela peut représenter, selon leur
appréciation, des frais pour l'Etat de $5 à $11 environ pour les
vieillards et que ces frais seraient beaucoup plus élevés si ces
vieillards étaient placés dans des institutions, dans un
hôpital général ou dans un centre hospitalier, où on
sait que les frais s'élèvent, en fait, à des montants qui
vont de $50 à $80 par jour.
M. FORGET: Relativement à ça, évidemment, on se
reporte en arrière...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ils ont prétendu être les
oubliés, vous aviez parlé de ça, les oubliés du
ministère des Affaires sociales.
M. FORGET: Sur bien des aspects, ils n'ont pas été
oubliés. Au contraire, s'il y a un groupe d'organismes avec lesquels
nous avons eu des relations parfois difficiles d'ailleurs, mais de toute
façon qui débouchent positivement, de plus en plus, c'est avec
ces organismes. On revient un peu en arrière au point de vue de
l'étude des crédits, M. le Président; je me permets de le
faire observer. Nous avons déjà eu l'occasion durant
l'étude des crédits d'en discuter: peut-être alors que
...
M. BEDARD (Chicoutimi): Par rapport aux foyers d'hébergement,
oui, d'une façon générale.
M. FORGET: D'une façon générale. Le
député de Chicoutimi n'était pas avec nous à cette
période-là, mais ça fait partie du programme no 4,
services communautaires. Essentiellement, sur un plan d'organisation, sur un
plan d'orientation, j'ai répondu, je crois, ce matin, que c'était
un objectif de développer ces services. Seulement, le
développement de services à domicile rendait possible un objectif
de six lits pour cent personnes âgées; donc, au point de vue des
objectifs, j'ai clarifié la situation ce matin.
Pour ce qui est des aspects administratifs sur lesquels le
député de Chicoutimi pose une question, même si on en a
déjà parlé un peu, il reste que tous ces services seront
progressivement intégrés au fur et à mesure de la
formation des départements de santé communautaires dans les
départements de santé communautaires qui, comme on le sait, se
retrouveront dans 31 centres hospitaliers dans différentes
régions du
Québec. L'intégration a déjà eu lieu dans la
région de Chicoutimi, d'ailleurs, et elle suit son cours dans les autres
régions, encore une fois, au fur et à mesure de la
création des départements de santé communautaires.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand on parle de services à domicile
pour les personnes âgées, est-ce qu'il y a une amorce concernant
le fait de leur prodiguer des soins médicaux à domicile, de leur
fournir, par exemple...
M. BELLEMARE: Ce n'est pas l'élément, M. le
Président, on revient à l'élément 2 qui a
déjà été adopté au programme 4.
M. FORGET: Je pense que le député de Rosemont a un peu
raison. Comme je l'ai indiqué tantôt, il y a des amorces dans les
CLSC j'en ai parlé ce matin dans les centres de services
sociaux qui administrent, quant à eux, les services d'auxiliaires
familiales. Cela aussi fait partie du programme 4 et il y a du
développement de ce côté. Une somme d'environ $1 million
est prévue.
M. BEDARD (Chicoutimi): A cet élément? M. FORGET: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le Dr Claude Paradis, gériatre assez bien
connu, dans un volumineux document intitulé Plan pour une politique de
développement de la gériatrie et de la gérontologie au
Québec, publié à la suite des expériences et des
constatations qu'il a faites dans d'autres pays qu'il a eu l'occasion de
visiter, a jugé que nous étions ici mal structurés et
arriérés concernant une politique à long terme pour les
personnes âgées.
Il faisait état, dans un premier temps, du droit acquis qu'ont
les personnes âgées de pouvoir profiter de largesse de l'Etat lors
de leur retraite en fonction de tous les services qu'ils ont pu rendre dans le
passé. Il faisait entre autres deux constatations sur lesquelles
j'aimerais avoir les observations de M. le ministre.
Premièrement, il prétendait que les personnes
âgées étaient mal préparées à la
retraite et il préconisait une certaine information qui fait
défaut à l'heure actuelle auprès de ces personnes
âgées. Il parlait entre autres de la possibilité
plutôt que de penser à leur procurer continuellement un
petit travail, même une fois à la retraite d'essayer de
programmer à long terme une retraite progressive, alors que ce qui se
produit à l'heure actuelle, c'est que, arrivée à la
retraite, la personne arrête de travailler du jour au lendemain. Est-ce
que je pourrais avoir les observations de M. le ministre concernant cette
première constatation du Dr Claude Paradis?
M. FORGET: Je suis tout à fait d'accord sur ces
constatations.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous êtes d'accord est-ce qu'il se fait
quelque chose au ministère? Est-ce qu'il y a quelque chose de
pensé en termes de programmation, d'information tel qu'il le
préconisait au niveau des vieillards? Est-ce qu'il y a un programme qui
est pensé pour une retraite progressive du vieillard, plutôt que
du jour au lendemain?
M. FORGET: Dans la limite de nos disponibilités
budgétaires, j'attirerais l'attention du député de
Chicoutimi sur l'existence à l'intérieur d'un programme de
santé communautaire ou de service communautaire dans les CLSC de
ce secteur d'action communautaire qui a pour but justement d'aider les gens,
entre autres, à se préparer ou à faire face à
certaines situations nouvelles, par exemple la vieillesse. Dans certains cas,
les gens réussissent par eux-mêmes à organiser leur vie
à leur retraite, mais c'est peut-être en effet l'exception. Il est
souhaitable, sans aucun doute, qu'on puisse aider les gens à occuper les
périodes de loisirs qui deviennent très considérables et
à s'organiser une vie acceptable.
C'est précisément le but de l'action communautaire bien
comprise. C'est justement d'aider les gens à s'aider eux-mêmes,
à faire face à des situations nouvelles ou à des
situations qui peuvent être la vieillesse, qui peuvent être aussi
une période, par exemple, qui suit un accident où une personne
devient inadaptée ou infirme, la grossesse, la venue d'un enfant. Enfin,
ce sont toutes des situations nouvelles auxquelles les gens doivent s'ajuster,
pour lesquelles ils ont parfois besoin d'aide pour s'ajuster justement parce
que c'est nouveau pour eux. Les capacités des individus de s'ajuster
à des situations nouvelles diffèrent. C'est le but que l'on veut
atteindre par ces services. Comme n'importe quel service nouveau, il va falloir
une période de rodage et d'apprentissage de la part des gens qui ont
à faire ce travail.
Il est facile, dans une certaine mesure, relativement facile, de
diagnostiquer le problème. Il est parfois plus difficile d'imaginer les
façons d'y répondre parce que ces façons de
répondre à des besoins comme ceux-là doivent être
assez bien adaptées aux circonstances de différents milieux. Une
action comme celle-là dans un milieu rural, dans une région
donnée du Québec, va être très différente de
ce qu'on va trouver dans un milieu urbain. Alors, je pense qu'il va falloir
montrer passablement de patience pour attendre que se développent des
services complets à cet égard, pour des raisons
budgétaires, et aussi parce que ce sont des idées valables qui
méritent qu'on y consacre des ressources. Mais on n'a pas
découvert, je pense, toutes les formules et toutes les recettes qui sont
susceptibles de nous apporter les réponses et du succès dans les
réponses.
M. BEDARD (Chicoutimi): Avec la mise en pratique...
M. BONNIER: M. le Président, j'aimerais faire la remarque
suivante. Je ne pense pas que le gouvernement, quel qu'il soit, puisse se
porter responsable de toutes les mesures d'éducation en vue de
situations comme celle qui est soulevée par le député de
Chicoutimi. Je pense que les entreprises, actuellement, ont une drôle de
responsabilité, et un bon nombre d'entre elles ont des programmes de
mise à la retraite d'une façon, disons, pondérée.
Elles commencent par leur donner un mois de vacances au bout d'un certain
nombre d'années et après cela deux mois. Quand ils arrivent
à 65 ans, ils ont un an de vacances, ils sont déjà
habitués.
A ce point de vue, j'hésiterais à demander au
ministère de faire un travail trop précis, sinon que de
travailler en collaboration avec les entreprises.
M. BEDARD (Chicoutimi): Sans mettre le poids de ce travail d'information
uniquement sur le dos de l'Etat, j'imagine que cela peut se faire et que cela
doit se faire en collaboration avec les industries et les organismes en
place.
M. FORGET: Oui. Le but de l'action communautaire, c'est l'utilisation
des ressources du milieu, justement pour résoudre des problèmes,
plutôt que de construire des services complètement
développés. En effet, c'est dans cet esprit, d'ailleurs, je
pense, que le député de Taschereau a fait sa remarque. C'est tout
à fait l'objectif.
M. BEDARD (Chicoutimi): Justement, face aux efforts que peuvent faire
les industries ou encore les différents organismes pour sensibiliser le
vieillard ou aider les personnes âgées, du fait que ces milieux ou
ces organismes s'en occupent, c'est d'autant plus important, que le
ministère ait aussi une politique, non pas dans le sens de prendre tout
le poids, sur son dos, mais dans le sens de travailler en coordination avec les
employeurs et les industriels.
Egalement, dans le document en question du Dr Claude Paradis, on faisait
une deuxième grande constatation. Le docteur prétendait que les
professionnels de la santé et des services sociaux n'étaient
guère mieux préparés à répondre aux besoins
de la population croissante des gens âgées. Il préconisait,
entre autres, de promouvoir la recherche et l'enseignement universitaire. Il
allait même jusqu'à parler de la mise sur pied d'une chaire en
gériatrie, à l'université Laval.
Le ministère est-il sensible à cette proposition? Je ne
m'attends pas à une réponse par un oui ou non.
M. FORGET: Nous sommes sensibles à des propositions qui, si je
comprends bien, ont pour essence d'améliorer la préparation des
différents professionnels, de les aider à accomplir leur
tâche, encore que ce ne soit pas principalement la vocation du
ministère des Affaires sociales, mais c'est aussi, la vocation, sur le
plan profes-
sionnel, des ordres professionnels et de l'Office des professions, de
façon générale, et aussi celle du ministère de
l'Education, pour ce qui est de la première formation.
Malgré tout le Dr Laberge est ici, ce soir nous
avons porté une attention dans un domaine connexe qui est la
gérontologie, par une participation du ministère à des
cours de gérontologie ou de soins aux personnes âgées, aux
malades chroniques, qui se donnent traditionnellement par l'Association des
foyers pour adultes, je crois, et qui l'ont été cette
année en collaboration avec la Direction de l'agrément du
ministère, où on a fourni des éléments de formation
au personnel de ces établissements.
Je pense d'ailleurs que le médecin dont vous parlez est aussi
consultant au ministère des Affaires sociales. Je pense' que ça
indique probablement qu'un certain nombre de ses préoccupations ont
été mises à profit.
M. BEDARD (Chicoutimi): Depuis longtemps?
M. FORGET: Depuis deux mois. Il était en Europe avant.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, il a visité plusieurs pays. Il
préconisait entre autres nous n'irons pas trop loin, est-ce qu'on
va aller jusqu'à la couleur politique? la création de
petites auberges où les chances de réhabilitation, selon lui, et
les conditions de vie seraient supérieures à celles fournies par
les grands hôpitaux psychiatriques.
M. FORGET: Vous savez, M. le Président, qu'on peut souhaiter, en
effet, repartir à zéro comme ça plusieurs fois durant la
vie d'un système comme le système hospitalier. On peut changer
les conceptions, l'organisation idéale; on ne peut pas cependant
démolir tous les hôpitaux ou même une partie substantielle
des hôpitaux pour les reconstruire afin de les ajuster aux conceptions
d'une époque donnée. Il y a là un investissement social
très considérable. Il est évident qu'en 1974 on ne
construira plus les monstres je pense qu'on peut utiliser le mot parce
que ceux qui y vivent sont d'accord pour utiliser le même mot que
constitue par exemple un établissement comme Saint-Jean-de-Dieu, ou
Saint-Ferdinand-d'Halifax, ou Saint-Michel-Archange. Il est évident que
ce sont des institutions monstrueuses par leurs dimensions. Mais, malgré
tout, elles existent, et on ne peut pas les reproduire. Il faut, avec le temps
bien sûr, orienter les programmes d'aménagement physique en
fonction des conceptions nouvelles mais forcément on est toujours en
retard, en fait, à cause de ça sur ce qu'on peut concevoir de
mieux. Mais je pense que c'est inévitable dans n'importe quelle
société et c'est seulement le signe que la société
en question a fait des progrès puisqu'elle trouve toujours sa sitution
insatisfaisante, à un moment donné.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'ailleurs, le degré de civilisation
d'une1 société s'évalue souvent à la
manière dont cette société traite, entre autres, les
citoyens les plus démunis et ses personnes les plus
âgées.
C'est dans ce sens, pour essayer d'avoir une prospective la plus juste
possible de l'idéologie, qui est à la base de la politique du
ministère dans le domaine particulier des personnes âgées,
que je posais mes questions.
M. FORGET: D'ailleurs, je pense avant de quitter ce sujet
que c'est vrai, en effet. Une société peut
généralement être jugée à la façon
dont elle traite les plus démunis de ses membres, et les personnes
âgées qui ne font plus partie de la main-d'oeuvre sont parmi cette
catégorie.
Je pense, malgré tout, sans vouloir nous faire de compliments
injustifiés, que le Canada et le Québec comptent parmi les
sociétés qui, malgré les imperfections qui subsistent sans
aucun doute, accordent peut-être le régime de
sécurité de revenu, par exemple, et jusqu'à un certain
point aussi les services qui sont parmi les plus substantiels, les plus
étendus, même dans le monde occidental.
Evidemment, nous sommes conscients qu'il y a des progrès
considérables à faire, mais il ne faut pas sous-estimer
malgré tout l'effort qui est fait déjà et qui est
substantiel, encore une fois relativement parlant puisqu'on ne peut que se
comparer à d'autres pays là-dessus.
Il est clair que c'est un défi qui demeure important puisque la
proportion de notre population âgée va s'accroître à
cause de la pyramide des âges qui se modifie rapidement. Et simplement
pour maintenir le niveau de services actuels, sans compter l'augmentation
désirable, il faudra consacrer des ressources de plus en plus
considérables au troisième âge.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Vanier.
M. DUFOUR: M. le Président, je tiens d'abord à
féliciter le député de Verdun qui a fait une intervention
ce matin qui n'a pas été retenue pendant longtemps. Il nous a
parlé des malades. Je pense qu'on est en train de discuter d'un budget,
on touche seulement un côté, le côté de la
sénilité et on laisse de côté tout simplement la
sénescence.
Je pense qu'il aurait fallu toucher ce dernier point davantage et
s'étendre davantage sur le sujet. Le cas rapporté ce matin par le
député de Verdun est très pénible et il se
répète de nombreuses fois dans nos milieux. Qu'est-ce qu'on va
faire pour les vieillards malades, démunis? Je crois que c'est à
ce moment qu'on doit s'arrêter. Je comprends les vieillards en
présénilité, et dans leur état de
sénilité, ils ne sont pas malades, ils peuvent subvenir à
leurs besoins.
Mais on en a dans nos clientèles moi, je suis
médecin pratiquant et on rencontre tous
les jours des vieillards dans la misère, en
prédémence ou en démence sénile. Qu'est-ce qu'on va
faire de ces gens? Est-ce qu'on va les laisser seuls à la maison, sans
défense? On essaie de leur trouver un gîte, on en est incapable.
On fait tout pour les soulager. Parfois on trouve un voisin qui va aller
essayer de les nettoyer et de les nourrir, mais je crois qu'à ce moment
on doit se pencher sur nos vieillards malades.
Qu'est-ce que vous allez faire pour mes malades, pour ceux d'un autre
médecin, pour tous nos malades de la province? Je pense que nos
vieillards méritent qu'on se serve d'eux. On ne laisserait pas vieillir
ou mourir des chiens dans des cabanes ou dans la misère comme on laisse
mourir nos vieillards.
J'ai su qu'à Saint-Michel-Archange, à Québec,
même si c'est une grosse boîte à savon, les chambres au
moins sont propres. Si on prenait quelque argent pour engager du personnel, on
pourrait peut-être placer là certains de ces vieillards qui
croupissent dans la misère noire. Moi, réellement, je suis un peu
révolté de cet état de choses. Je perds des heures et des
heures à appeler ici et là. On fait enquête et après
on envoie un autre pour faire enquête, pour voir si le premier ne s'est
pas trompé et pour voir si le médecin n'exagère pas;
finalement, on n'exagère pas.
Le ministère envisage-t-il une politique, pas dans dix ans, mais
d'ici un ou deux mois, afin d'aider les médecins à sortir ces
pauvres malheureux de leur misère noire. Je vous dis sincèrement
que j'ai mon voyage, que mes confrères ont leur voyage, et on n'arrive
à rien. Alors, je voudrais une réponse. Est-ce que demain on
pourra penser qu'on peut soulager cette misère humaine?
M. FORGET: M. le Président, il n'y a pas de solution magique et
instantanée à des problèmes qui sont évidemment de
la plus grande envergure. Depuis quelques années et encore couramment,
le ministère des Affaires sociales s'est employé à fermer
des établissements clandestins, des établissements dont les
standards étaient inacceptables et à relocaliser les personnes en
question. Pour ce qui est de multiplier le nombre de places, il y a, bien
sûr, des contraintes financières, mais aussi des contraintes de
temps. Le programme dont j'ai fait état ce matin de 2,400 places
était quand même une contribution substantielle au
règlement de cette question.
Il y a malheureusement des délais qu'il faut observer, ne
serait-ce que pour bien planifier ces ressources et les réaliser
à un coût acceptable. Il est évident que tout le monde
souhaiterait une réponse instantanée. Cependant, trouver des
milliers de places dans l'espace d'un mois me semble absolument impossible. Si
l'on veut des ressources modernes, si l'on veut des ressources acceptables, il
faut prendre le temps, évidemment, de les construire, ce qui va se
faire. Ce qui ne veut pas dire que dans l'intérim on ne continue pas
à être vigilant envers des situations qui sont marginales, qui
sont inacceptables.
Il y a eu encore, cette dernière année, un assez grand
nombre de fermeture d'établissements qui présentaient des
situations intolérables, et cette vigilance du ministère va se
continuer. On peut d'ailleurs en fournir un exposé puisque le
responsable de cette opération au ministère est ici. Il est
possible de donner une description assez colorée des situations qu'on y
a trouvées et auxquelles on a pu remédier.
Il reste que le développement des ressources se heurte à
des contraintes. La raison pour laquelle nous insistons tellement sur de
meilleures procédures d'admission et une sélectivité plus
grande dans les admissions, c'est précisément que,
réalisant les contraintes qui existent, il nous apparaît essentiel
de donner la priorité à ceux dont l'état le justifie
vraiment.
Maintenant, encore une fois, ce n'est pas une solution
instantanée. Personne n'a suggéré comment on pouvait
trouver en quelques jours les centaines de places qui seraient
nécessaires, pour ne pas dire les milliers de places qui seraient
nécessaires et qui font sans aucun doute défaut. Je l'ai dit ce
matin, nous sommes encore très loin, dans certaines régions du
Québec, des niveaux acceptables quant à la disponibilité
des places. D'un autre côté, il ne faut pas chercher dans la
multiplication des lits d'hébergement la réponse à ce
problème. Nous allons consacrer dès cette année et
ç'a été fait dans le passé aussi des sommes
considérablement accrues pour les services à domicile. Par ces
deux moyens, nous espérons trouver finalement un certain
équilibre entre les besoins et les ressources.
M. DUFOUR: Je comprends votre problème, M. le ministre, les
ressources sont faibles, mais il reste tout de même une chose. Est-ce que
vous êtes au courant qu'à Saint-Michel-Archange, autrement dit
à Mastaï, un hôpital qu'on achève de vider des
déments, il y aurait des lits disponibles présentement? On dit
qu'il y a beaucoup de place.
Je crois que c'est un hôpital convenable qui pourrait, au moins,
nous dépanner. Je crois qu'il n'y aurait aucune immobilisation;
l'hôpital est là, prêt à servir. On l'a vidé
des déments et je ne vois pas pourquoi on ne placerait pas là des
vieillards malades.
M. FORGET: II y a eu, dans le cas de Saint-Michel-Archange, des
pavillons qui étaient anciens et un d'entre eux, en particulier, qui a
été démoli. On peut, bien sûr, dire qu'il y avait de
la place et qu'on aurait pu y mettre des personnes âgées, sauf que
la raison de cette évacuation et de la démolition, c'est que
l'édifice n'était plus sécuritaire. On l'aurait fait
simplement au risque des personnes qui auraient été
hébergées, ce qui veut dire que
finalement on ne l'aurait pas fait, mais qu'on aurait consenti des
dépenses plus considérables que celles que représente,
dans le fond, la construction d'un foyer neuf. Je pense que tout le monde
aurait pu, à juste titre, nous reprocher de dépenser davantage
pour la rénovation, pour fins sécuritaires, d'un édifice
qui était condamné et qui a été
évacué et démoli pour cette raison-là. C'est
malheureusement une situation contre laquelle on ne peut rien.
Il est sûr que, si l'on s'abstient de toute rénovation, il
est possible de trouver physiquement des espaces, mais c'est de l'entreposage
que l'on ferait à ce moment-là; ce ne sont pas
véritablement des services acceptables et qui satisfont aux normes.
M. DUFOUR: Mais est-ce qu'on peut dire qu'actuellement on met de
l'avant, on pousse sur certains projets qui ne sont pas d'extrême
urgence? Là, on en a un urgent et on ne s'arrête pas à le
régler d'une façon convenable. Pendant ce temps-là, on
projette et on projette; on dépense de l'argent pour des gens qui en ont
moins besoin. C'est un peu aberrant pour quelqu'un qui est en dehors de la
politique et qui voit cela du dehors. On fait des projets, on essaie de
soulager et d'entretenir des gens qui n'en ont souvent pas besoin du tout et
puis les pauvres vieillards malheureux, les handicapés, on ne s'en
occupe pas.
Nous avons à répondre tous les jours à des cas
semblables. C'est un peu cela, le cri du peuple, que j'ai voulu apporter. Je
vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Un peu dans le même ordre d'idées, M. le
Président. Je pense qu'il faut faire ressortir la différence
entre un foyer pour personnes âgées ordinaires et des besoins qui
sont différents de ceux d'un foyer, qui sont un peu les besoins d'un
hôpital, si vous voulez, qui permettrait de garder des vieillards qui
sont malades en permanence. C'est dans ce sens-là que, dans le
comté de Rouyn-Noranda, par exemple, où nous avons un
hôpital qui est désaffecté présentement, les
pressions de la population viennent pour demander au ministre de faire en sorte
que soit utilisé à nouveau cet ancien hôpital pour des fins
semblables, soit pour les personnes âgées qui sont malades ou
encore peut-être que cela pourrait être étendu aussi, parce
que l'édifice est quand même assez important.
C'est un peu dans ce sens que les demandes nous parviennent et que les
besoins se font sentir. Ce n'est pas nécessairement un foyer ordinaire.
On sait que des personnes malades les occupent présentement certains
foyers ordinaires, parce que, faute de pouvoir faire mieux, on se contente de
cela, mais il est important, qu'on en arrive à une solution pour les
person- nes âgées malades. Le député de Vanier a
absolument raison. On a les mêmes problèmes chez nous et dans
d'autres comtés aussi on retrouve ces problèmes-là. Cela
pourrait permettre, si on trouvait une telle solution, de
décongestionner les foyers pour personnes âgées qui, comme
vous le savez, sont remplis à craquer. Je pense que tout le monde est au
courant qu'il y a de longues listes d'attente et que les centres de services
sociaux se doivent de faire des enquêtes et, en quelque sorte, de choisir
à travers les listes d'attente ceux-là qui sont les plus
pressants au risque, parfois, d'avoir un jugement plus ou moins bon et de
donner plus ou moins justice.
Peut-être que le ministre pourrait en profiter pour me mentionner
je sais que des officiers supérieurs de son ministère se
sont rendus dernièrement visiter les lieux, en ce qui concerne l'ancien
hôpital Youville si les études sont rendues assez loin
pour, au moins, nous annoncer un embryon de solution, sinon une solution
complète.
M. FORGET: Malheureusement, je ne suis pas en mesure de répondre
à la question précise ou spécifique du
député de Rouyn-Noranda, j'attends le rapport en question.
La visite a été effectuée, dit-on, je n'ai pas
effectivement reçu de rapport. Cependant, si l'on en juge par des
expériences extrêmement similaires qui se déroulent dans
d'autres régions du Québec, je suis à peu près
sûr que le résultat d'une évaluation de ce genre sera de
dire que l'utilisation de l'hôpital Rouyn-Noranda pour les fins
mêmes d'hébergement de personnes âgées ne serait pas
possible, à moins d'y consacrer une somme qui serait probablement de
l'ordre de $1 million. C'est du moins une expérience que nous
traversons, relativement à l'utilisation d'un autre hôpital pour
des fins analogues, et ça illustre très bien le caractère
peut-être un peu subjectif de l'importance qu'on accorde de part ou
d'autre à certains projets.
Il est clair que, lorsque l'on dit, comme on vient de le faire, que
certains projets ne sont pas importants et qu'on pourrait les différer,
je pense qu'on serait assez mal pris de préciser dans le fond quel
projet il faut différer. Il y a à peu près seulement du
côté hospitalier où des sommes importantes sont
engagées. Je ne sais pas si vraiment il serait concevable que le
réaménagement de cliniques externes, cliniques d'urgence soit
diminué ou supprimé pour majorer la construction de foyers pour
personnes âgées. Je pense que c'est vraiment en ces termes qu'il
faut établir un équilibre. Nous ne prétendons pas que
l'équilibre établi dans le moment est le meilleur possible ou le
meilleur imaginable, mais il n'est certainement pas très
différent d'un autre équilibre que quelqu'un d'autre pourrait
établir puisqu'évidemment il y a des besoins de ces deux
côtés.
Encore une fois, les solutions miracles, mal-
heureusement, s'évanouissent au fur et à mesure qu'on s'en
approche. C'est un peu comme les mirages dans le désert. Des ressources
gratuites, au fur et à mesure qu'on s'approche de leur utilisation, se
métamorphosent en ressources coûteuses. C'est assez remarquable,
c'est un phénomène qui m'étonne toujours, mais je vous
prie de me croire qu'on ne s'y habitue même pas, malheureusement. Mais il
reste qu'il n'y a vraiment pas de solution miracle. On peut y consacrer sans
aucun doute des ressources plus considérables, \ mais au dépens
de quel autre programme puisque, finalement, c'est le genre de choix qui
s'impose.
M. SAMSON: M. le Président, je suis absolument d'accord avec le
ministre, il n'y a pas de solution miracle. Cela le surprend peut-être
à chaque fois, mais je pense qu'avec toute l'expérience qu'il a
il ne devrait pas se surprendre, c'est qu'il y a des besoins et les besoins
doivent être comblés de quelque façon.
M. FORGET: Je garde mon pouvoir pour...
M. SAMSON: Bien entendu, en comblant ces besoins, ça va
coûter quelque chose, c'est clair. On n'essaie pas, en tout cas, pour ma
part je n'essaie pas de dire au ministre qu'il y a une solution miracle qui
l'attend au coin de la rue, ce n'est pas vrai.
Par contre, il demeure que dans certains coins il y a peut-être
possibilité d'utiliser des locaux qui sont disponibles. Si ça
coûte trop cher par exemple seulement pour les personnes
âgées malades, ça pourrait peut-être servir aussi en
même temps pour d'autres fins qui sont connexes, ce qui pourrait rendre
aussi des services. Finalement, en utilisant ces locaux pour plusieurs fins,
ça amoindrirait le coût de fonctionnement de chacune des
spécialités concernées. C'est dans ce sens que je voudrais
faire comprendre au ministre qu'au Québec ça peut se retrouver
à différents endroits où finalement il y a des locaux qui
deviennent ou qui deviendront disponibles, suite à de nouvelles
constructions qui pourraient être utilisées à des fins
comme ça, soit pour personnes âgées ou malades
chroniques.
De toute façon, ceci m'amène à cette question,
à moins que vous en ayez parlé auparavant et que le ministre ait
déjà donné des réponses. Je m'excuse, je n'ai pas
pu suivre toutes les séances, vous comprendrez facilement que cela n'a
pas été facile pour nous autres non plus de suivre tout
ça. Mais cela m'amène à demander au ministre si encore au
Québec plusieurs foyers privés sont actuellement
subventionnés, dans l'ensemble.
M. FORGET: Oui, il en existe plusieurs. Je ne pourrais pas vous donner
le nombre facilement, cependant.
M. SAMSON: Comparativement aux autres foyers ça
s'élèverait à peu près à quel
pourcentage?
M. FORGET: C'est environ la moitié.
M. SAMSON: Environ la moitié actuellement qui sont des foyers
privés qui reçoivent des subventions du ministère.
Est-ce que vous continuez à les subventionner, du moins
jusqu'à ce que le ministère ait suffisamment de foyers publics
pour suffire à la demande?
M. FORGET: II est exact, qu'aucun nouveau permis n'est couramment
émis pour des foyers privés. Ceux qui existent sont aux
mêmes normes que les foyers publics et sont soumis essentiellement au
même processus de financement et de contrôle que les foyers
publics. Ce qui fait que, la situation à leur égard, dans la
mesure où elle satisfait ces deux types de critères, nous permet
d'envisager de continuer la situation actuelle.
Sauf, évidemment, les cas, qui se reproduisent assez
fréquemment, malgré tout, de fermeture volontaire où un
propriétaire, soit qu'il ait atteint l'âge de la retraite ou qu'il
ait décidé d'abandonner ce genre de poursuite ou
d'activité, décide de fermer, auquel cas il est transformé
en foyer public ou fermé, le cas échéant. Il en est de
même des foyers qui sont administrés par des communautés
religieuses et qui, selon les circonstances, décident de fermer ou de
convertir le foyer pour l'utilisation de leurs propres membres. Il n'y a pas,
de ce côté, de développement majeur.
M. SAMSON: Est-ce que vous avez, dans les prévisions, plusieurs
nouveaux foyers à être construits incessamment?
M. FORGET: Oui, 28.
M. SAMSON: 28. Au cours...
M. FORGET: Au cours des prochains 18 mois, je dirais.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le ministre a sûrement entendu parler, des
difficultés qui surviennent dans certains centres d'accueil. Je
voudrais, d'une façon toute spéciale, m'informer concernant
certains malaises qui existent ou qui existaient entre autres au centre
d'accueil Rouville, de Marieville. Je le fais à la suite de plusieurs
lettres que nous avons reçues. J'imagine que le ministère aussi
en a reçu...
M. FORGET: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... et, également, d'articles de journaux
qui ont été publiés justement à la suite de ce
conflit qui existait dans ce centre d'accueil. Il semblait y avoir une
difficulté de cohabitation entre le directeur
général, M. Bellavance, d'une part, et les
employés. Il semblerait que, en tout cas le ministre me corrigera, d'une
part, M. Bellavance considérait que le syndicat était tout
simplement un ennemi qu'il fallait abattre, d'autre part, c'est
l'impression qu'il a donnée à certains il y a eu un groupe
de citoyens ou un comité de citoyens qui ont fait des
représentations auprès du ministère et constataient, entre
autres, des choses qui les surprenaient, comme la démission de certains
cadres dans une période relativement courte. On trouvait curieux
également que le ministère ait tenu une seconde enquête
auprès de l'établissement en date du 1er août 1973, qu'il
ait fait l'analyse de la situation et qu'il n'ait pas remédié aux
problèmes. C'est toujours selon les prétentions de ce groupe de
citoyens. Egalement, les citoyens en question s'interrogeaient sur la bonne
gestion du centre qui, apparemment, accumule ou accumulait déficit sur
déficit.
Je voudrais demander au ministre si, effectivement, il y a eu
enquête. Je sais que des enquêtes ont été faites.
Quel en est le résultat, une fois pour toutes? Est-ce qu'on en
était, par exemple, arrivé à une conclusion lors d'une
première enquête faite? Si elle était défavorable,
quelle que soit la partie pour laquelle elle l'était, est-ce qu'il y a
des raisons pour lesquelles le ministère n'a pas agi?
M. FORGET: Oui, la perception du député de Chicoutimi
relativement...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas ma perception. Je veux dire que
c'est l'image qui est ressortie tant au niveau de la correspondance que nous
avons eue qu'au niveau de ce qui est sorti dans les journaux.
M. FORGET: C'est pourquoi j'allais dire que vous aviez raison.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ah bon! Même si j'ai raison, je tiens
à donner raison aux vraies personnes qui se sont occupées du
problème.
M. FORGET: La perception à l'effet que tout ne va pas pour le
mieux dans le meilleur des mondes à ce centre d'accueil est exacte, bien
sûr, comme les journaux l'ont relaté, C'est d'ailleurs ce qui a
motivé des enquêtes.
Il y a environ un an et demi ou deux ans, M. Victorin Laurin, directeur
de l'Hôtel-Dieu de Québec, a été nommé par le
ministre de l'époque pour enquêter sur le fonctionnement et
l'administration du centre d'accueil de Rouville. C'était peu de temps
après la fusion des deux établissements qui l'ont
précédé, le centre d'accueil Marieville lui-même et
Boisjoli, je crois. M. Laurin devait enquêter sur les difficultés
qui existaient à ce centre.
M. Laurin, dans son rapport, n'a pas conclu à autre chose
qu'à des difficultés sur le plan des relations humaines entre le
directeur général, le conseil d'administration et des cadres de
l'établissement. Il n'a fait, au fond, aucune recommandation
spécifique, si ce n'est que les uns et les autres devraient
peut-être être mieux instruits de leurs rôles respectifs et
plus conscients de la nécessité de collaborer, ce qui n'appelait
pas beaucoup d'actions très précises de la part du
ministère, sauf peut-être un effort qui a été fait
pour sensibiliser les différentes parties, ce que, d'ailleurs, M. Laurin
s'était employé à faire durant son séjour à
l'établissement.
Malheureusement, je pense que ses sages conseils n'ont pas
nécessairement porté fruit. Il s'est avéré, durant
les derniers mois de l'année 1973 et les premiers mois de l'année
1974, que les relations humaines entre les différentes parties ne
s'étaient pas améliorées.
J'ai, d'ailleurs, reçu personnellement un groupe du personnel du
centre d'accueil, lors d'une visite à Saint-Hyacinthe, qui m'ont remis
d'ailleurs un mémoire ou une pétition à ce sujet. Des
fonctionnaires de la direction des relations professionnelles se sont rendus
sur place pour mettre à jour l'information dont nous disposions sur la
situation. Ils se sont abstenus de conclure, puisqu'ils ont appris, à ce
moment-là, que le conseil régional de la rive sud de
Montréal avait été saisi du problème, qu'il faisait
une enquête lui-même et qu'il aboutirait présumément
à des recommandations nouvelles.
Cependant, cette enquête n'est pas terminée. Nous en
attendons les conclusions avant de voir s'il est possible de faire quelque
chose. Evidemment, les problèmes de relations humaines, comme on le
sait, selon l'expression, c'est toujours la faute des deux côtés
un peu et il n'est pas facile d'identifier un coupable et une cause bien
précise. Il y a tout un complexe de circonstances. Je ne sais pas s'il
est possible de résoudre facilement et rapidement une situation qui
existe depuis longtemps.
Enfin, avant de conclure, peut-être y aura-t-il des suggestions
concrètes qu'on pourra mettre en oeuvre, mais il reste que c'est une
situation où il n'y a pas d'irrégularités graves, dans le
sens de détournement de fonds ou de problèmes très
facilement identifiables comme ceux-là. Il s'agit pour toutes les
parties puisqu'il y en a plusieurs d'apprendre à vivre
ensemble et de placer les intérêts des bénéficiaires
de l'établissement au-dessus de tous les autres.
Je pense que c'est le plus grand problème. S'ils peuvent
être convaincus de le faire, tant mieux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais, dans une situation comme cela, lorsque le
ministère, par exemple, s'aperçoit que les parties en question
devraient s'entendre et qu'il arrive à la conclusion qu'il n'y a pas de
possibilité d'entente entre les parties, est-ce qu'il y a une action
tout à fait particulière que doit entreprendre le
ministère? Dans ce cas, cela fait longtemps, quand même, que cela
dure. Je crois qu'on peut dire que le ministère doit s'être fait
une idée
définitive sur les possibilités de réconciliation
de ces personnes qui devraient, normalement, collaborer entre elles.
A partir de ce moment-là, quelle politique peut se permettre le
ministère?
M. FORGET: M. le Président, on n'a pas de stratégie
générale de relations humaines, sauf d'intervenir à titre
de conciliateur quand c'est possible. Maintenant, encore une fois, pour le
moment il s'agit d'une question qui est un peu hypothétique, puisqu'avec
les derniers rapports qui nous parviendront, dans la mesure où il y a
des recommandations, s'il y a des chances de résoudre le problème
en adoptant les recommandations, nous les adopterons certainement si, encore
une fois, elles nous semblent offrir des chances de régler effectivement
le problème.
Ce sont toujours des cas d'espèce. C'est essentiellement ce que
je veux dire: il n'y a pas véritablement de recette qu'on pourrait
appliquer à coup sûr dans tous les cas.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans ce cas particulier, comme vous l'avez dit,
il n'y a peut-être pas de fait grave dans le sens, comme vous le dites,
de détournement de fonds ou quelque chose de semblable, mais il y a
quand même une situation qui est intenable. Il me semble que...
M. FORGET: C'est pour ça qu'on fait des enquêtes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, mais les enquêtes... A un moment
donné, il faut quand même que le ministère en vienne
à prendre une décision. Je suis convaincu que le ministère
met quand même au-dessus de ces gens-là, comme priorité, en
fait, le mieux-être des gens qui y sont hébergés.
M. FORGET: Oui, sans aucun doute. Pour employer un peu l'expression
colorée de mon collègue, le ministre du Travail, lors d'un
conflit dans un autre domaine, ce qu'il faut pour régler ça, ce
n'est pas un ministre, c'est un magicien. Mais, ceci dit, il y a
peut-être des mesures concrètes à prendre encore une fois,
je ne veux pas anticiper les résultats de l'enquête. La
première a débouché sur le voeu que les gens s'entendent
et veuillent bien faire l'effort pour s'entendre. Cela ne semble pas avoir
été suffisant, donc on va attendre ce deuxième rapport. Je
sais que c'est long mais que voulez-vous? Je pense qu'il fallait aussi
peut-être leur donner la chance de montrer qu'ils pouvaient ou ne
pouvaient pas s'entendre. Nous allons bien voir. S'il y a une solution, encore
une fois, il me fera plaisir de l'adopter. On aimerait bien que le
problème se règle un jour.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je l'imagine, pour les gens qui y demeurent
à l'heure actuelle.
Garderies
M. BEDARD (Chicoutimi): Maintenant, à l'intérieur de ce
programme, je voudrais aborder, comme d'ailleurs le ministre doit s'y attendre,
le problème des garderies, la politique des garderies du
ministère. Comme on le sait, le ministre d'Etat aux Affaires sociales a
effectué une grande tournée de consultation sur un projet du
gouvernement de financer les familles à faible revenu plutôt que
d'implanter un réseau public de garderies.
Comme on le sait, ce document identifiait, entre autres, quatre types de
services: à savoir la garde en milieu familial, la garde en milieu de
travail ainsi qu'enseignement supérieur, les garderies de jour et, comme
quatrième type de service, les haltes garderies. Je sais que le ministre
d'Etat aux Affaires sociales était accompagné, à ce
moment-là, de députés. Est-ce qu'il y a des
députés qui ont fait toute la tournée...
M. FORGET: ... à cette commission.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... avec le ministre d'Etat aux Affaires
sociales? Naturellement, le ministre d'Etat a sûrement eu des entretiens
avec le ministre des Affaires sociales. Je voudrais savoir si, à la
suite de cette tournée, comme bilan de consultation, parmi les positions
qui étaient énoncées dans le projet de travail, il y a des
positions du ministre ou du ministère qui ont changé?
M. FORGET: C'était le but de la consultation que de voir si elles
devaient être changées et en quoi. Effectivement, elles ont
été changées dans un certain nombre de cas. Comme on l'a
indiqué...
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre peut
détailler?
M. FORGET: ... il y a une dizaine de jours, on sera en mesure dans
quelques semaines de préciser tous ces détails de manière
complète.
Maintenant, ce que nous avons indiqué également, c'est que
le principe pouvait être considéré comme acquis que les
services de garde d'enfants seraient inscrits parmi les programmes du
ministère des Affaires sociales et que, de cette manière, dans la
mesure où les garderies en particulier satisfont aux normes du
ministère des Affaires sociales, elles pourraient être
assurées de continuer leurs activités.
Quant aux modalités en vertu desquelles elles pourraient
continuer leurs activités, les détails des formules de
financement, les détails du programme lui-même j'ai dit qu'on
serait en mesure de les annoncer un peu plus tard.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je crois que les grandes lignes de cette
politique du gouvernement en matière de garderies sont assez connues.
Lors de la commission parlementaire sur
les règlements pour les handicapés sociaux, le ministre
avait dit qu'un réseau de garderies public coûterait à
l'Etat entre $30 millions et $40 millions et que l'Etat n'avait pas, autrement
dit, les moyens de payer ça pour le moment. Est-ce que le ministre croit
toujours que c'est impossible pour l'Etat?
M. FORGET: Je n'ai pas dit que le Québec n'avait pas les moyens
de payer un réseau de garderies ou un service de garderies. Ce que j'ai
indiqué à tous les moments, c'est qu'au moment où, dans
certains secteurs de l'opinion, on s'intéressait à cette
question, si ce choix devait se faire de manière éclairée,
il fallait être conscient des conséquences d'un tel choix, et
qu'il était important de ne pas seulement parler des avantages qui sont
indéniables, puisque nous avons retenu le principe, mais de bien
réaliser jusqu'où pourrait nous amener la réalisation d'un
principe comme celui-là qui va faire en sorte effectivement que certains
autres programmes ne se réalisent pas, puisqu'on ne peut pas tout avoir.
Seuls les enfants s'imaginent que tout est possible.
Donc, il était nécessaire de le préciser, de le
répéter. Quand j'ai dit que $30 millions ou $40 millions
pourraient représenter l'investissement nécessaire dans un tel
réseau, je n'ai certainement pas fait d'exagération. Si l'on
regarde l'expérience de certaines provinces canadiennes, c'est
même une estimation très modeste du coût possible d'un
certain régime de service de garde des enfants.
Donc, il faut être conscient de ces conséquences et ne pas,
de manière qui pourrait être qualifiée d'irresponsable,
dire: Oui, nous aurons des services de garde des enfants et cacher à la
population ce à quoi nous nous engageons en son nom. Si cela,
maintenant, est bien compris et qu'on y tient encore, nous sommes d'avis que
les services de garde des enfants peuvent, dans certaines situations,
être extrêmement utiles et même indispensables pour assurer
un épanouissement et une participation normale d'un certain nombre de
familles, par exemple au marché du travail, à la vie
économique ou faciliter des périodes de formation ou
d'éducation qui peuvent permettre à des gens de se recycler et de
développer leur potentiel.
C'est un des objectifs que nous poursuivons, d'ailleurs, par l'ensemble
de nos programmes. Donc, il n'y a pas de raison que nous écartions un
moyen particulier de réaliser ces objectifs, mais il n'est pas
indifférent de le faire d'une façon ou d'une autre, parce que,
selon la façon qui sera retenue, les conséquences pourront
être plus ou moins considérables et plus ou moins dommageables
pour d'autres programmes, puisqu'il faut toujours choisir. Et c'est sur quoi
nous avons tenu à attirer l'attention du public.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais il reste que, comme politique
générale, le ministère a quand même renoncé,
si on peut dire, à l'établissement d'un réseau public de
garderie et a opté plutôt pour une politique où le
gouvernement cesserait une fois pour toutes les subventions directes aux
garderies pour employer la politique de donner ces subventions directement aux
individus ou aux usagers. C'est assez clair comme politique globale, comme
ligne de force?
M. FORGET: Ce qui nous parait important c'est d'essayer, dans au moins
un programme, d'éviter la bureaucratisation absolue d'une solution
à un problème social. Je pense que ceux qui insistent pour un
réseau public, un système public de garderies, feraient bien de
songer que les implications de ceci sont essentiellement de bureaucratiser une
structure, de créer une structure extrêmement lourde, lourde de
façon disproportionnée, d'ailleurs, avec le genre de services qui
sont donnés.
Si l'on parle maintenant de garderie publique, on parle d'une garderie
qui aurait un conseil d'administration de 10, 12 ou 13 membres, pour
administrer une garderie qui garde 30 enfants, avec des structures de
contrôle, des budgets officiellement soumis au gouvernement,
approuvés avec toutes les formalités qui s'appliquent à un
hôpital qui a un budget de $12 millions. Je pense que c'est là une
solution dans le fond, tout à fait ridicule et qui ne fait que
refléter des préoccupations, encore une fois, purement
bureaucratiques qui n'ont aucune espèce de rôle à jouer
pour donner des services aussi simples que d'aider les parents à assumer
leurs responsabilités vis-à-vis des enfants. On a d'ailleurs
réclamé dans les mêmes milieux, qui parlent de ces
choses-là, mais à d'autres moments, d'assurer que ces garderies
soient sous le contrôle des parents.
Il faut donc, je pense, donner les moyens aux parents d'affirmer leur
contrôle sur les garderies, et je pense que c'est le type de solution que
nous recherchons. J'aimerais bien savoir exactement à quel objectif
précis correspond le type de questions que posent, par exemple, le
député de Chicoutimi et d'autres personnes, quels objectifs
précis qui ne peuvent pas être remplis par des garderies, par
exemple, de type coopératif, qui seraient administrées par les
parents, gérées par les parents ou d'autres formes qui sont
beaucoup plus souples et qui s'adaptent beaucoup mieux à des services
qui sont essentiellement simples. Il ne s'agit pas d'administrer une structure
administrative gigantesque avec un directeur général, un
président du conseil d'administration et tout.
On ne semble pas réaliser que lorsque l'on parle d'une garderie
publique, c'est de ça que l'on parle, et c'est un peu ridicule à
mon avis, c'est tout à fait ridicule.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je crois au contraire moi, que cet aspect de
bureaucratie vous ne voulez pas imposer aux garderies, plutôt que de
l'imposer aux garderies qui existeraient s'il y avait un réseau, ce qui
serait quand même assez
limité. Est-ce que votre système de financement direct des
individus n'impose pas justement cette bureaucratie? Plutôt que de
l'imposer aux institutions, elle l'impose aux individus, ce qui est beaucoup
plus grave à mon sens.
M. FORGET: Les institutions sont faites d'individus, M. le
Président. C'est une formule qui existe dans bien des domaines et qui
n'a jamais causé beaucoup de souci. Je ne crois pas qu'on se plaigne de
la bureaucratie des allocations familiales. On a plusieurs exemples par contre
de difficultés avec la bureaucratie de certaines institutions publiques,
et je pense que si l'on compare les deux expériences, il n'y a aucune
espèce de mesures communes entre les deux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je pense être le porte-parole
fidèle de l'Opposition, et étant donné qu'on connaît
maintenant les grandes lignes...
M. SAMSON: J'invoque le règlement, M. le Président, je
m'excuse auprès de mon collègue, le député de
Chicoutimi, je ne voudrais pas qu'il prétende être le porte-parole
fidèle de l'Opposition, à ce moment-ci. Je veux bien qu'il soit
le porte-parole...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est parce que vous ne m'avez pas laissé
finir, de l'Opposition et de bien des associations de parents.
M. SAMSON: Je veux bien qu'il soit le porte-parole de l'Opposition
officielle, mais pas de l'Opposition, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Explication faite, on peut continuer.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, rectification sans tellement
d'importance.
Etant donné qu'on connaît les grandes lignes à
l'effet que, plutôt que d'établir un réseau public de
garderies, ce qui à mon sens aurait répondu beaucoup plus aux
attentes des Québécois qui sont touchés par ce
problème des garderies, qui auraient répondu beaucoup plus aux
attentes du milieu Québécois.
Surtout, si on s'en reporte au discours inaugural, il avait
été fait état, lors du premier discours inaugural...
M. FORGET: Cela prend de la consultation.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... de la préoccupation du gouvernement
d'établir une politique, en matière de garderies, qui
répondrait vraiment aux besoins du milieu. Je trouve que le
ministère s'est donné beaucoup de temps de réflexion pour
arriver à un résultat que je crois décevant, dans le sens
qu'encore une fois je crois que l'établissement d'un réseau
public de garderies aurait répondu beaucoup plus aux besoins du milieu
québécois.
Maintenant, on est pris avec une politique qui a définitivement
décidé de financer les individus plutôt que financer
directement les garderies par un budget global. Naturellement, ceci implique
que le réseau public; c'est foutu, pour ceux qui l'attendaient en tout
cas et qui avaient confiance; les Québécois peuvent en faire leur
deuil. Je crois qu'une vraie politique sociale, en matière de garderies,
qui tiendrait compte des besoins des milieux défavorisés, qui
aurait tenu compte de la nécessité de l'établissement,
comme vous l'avez dit, de garderies coopératives dans les milieux de
travail, dans les milieux populaires serait venue à la conclusion,
à mon humble opinion, de la nécessité de
l'établissement d'un réseau public de garderies.
On a employé plusieurs arguments â l'effet, par exemple,
que l'établissement d'un tel réseau coûterait de $30
à $40 millions. Je ne crois pas que cela ait été
exagéré, comme vous l'avez dit, en termes de coût. Mais je
crois que le gouvernement, lorsqu'il emploie cet argument de $30 à $40
millions pour l'établissement d'un réseau public de garderies, il
emploie un épou-vantail qui n'existe pas, dans le sens qu'un
réseau public de garderies, ça ne s'établit pas du jour au
lendemain. Cela peut coûter de $30 à $40 millions, peut-être
même un peu plus, mais il ne faut quand même pas donner
l'impression aux gens que c'est un déboursé immédiat que
le gouvernement devrait faire. Un réseau, ça s'établit
graduellement et on sait très bien que pour une première
année il y a quand même des évaluations
approximatives qui ont été faites ce serait quelques
millions de dollars que cela aurait pu coûter, pour la première
année, si on avait retenu l'idée d'un réseau public de
garderies.
M. FORGET: Si cela peut vous rassurer, je vous promets de ne pas
dépenser $40 millions cette année pour cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas afin d'être rassuré
que je fais cette intervention, c'est simplement pour vous dire notre position
et notre déception. Ce n'est pas seulement celle de l'Opposition
officielle, c'est également celle et on est à même
de le constater qui est véhiculée par bien des milieux qui
s'attendaient à une autre politique du gouvernement. Quand vous parlez
de $30 à $40 millions, il ne faut pas oublier qu'il y en a la
moitié, à moins que je me trompe, qui est financée par le
régime canadien d'assistance.
Je crois que l'argument de $30 à $40 millions, c'est plutôt
un faux-fuyant du gouvernement pour ne pas affronter le fédéral
afin de récupérer des sommes d'argent, de récupérer
des points d'impôt. S'il y a un secteur où le gouvernement devrait
ne pas avoir peur d'affronter le fédéral, c'est bien dans un
secteur aussi vital que celui des affaires sociales et entre autres, d'une
façon particulière, concernant un problème comme celui des
garderies parce que c'est l'ensemble de la population qu'il aurait
derrière lui pour l'aider dans ses revendications face à
Ottawa.
Cette attitude, à mon sens, du ministère, c'est simplement
une sorte de réflexe de peur, je me permets de le dire. Peut-être
que le terme est dur, M. le ministre; vous le corrigerez, je ne me fais pas
d'illusion. C'est, à mon sens, peut-être une attitude
d'aplatventrisme devant le fédéral qui, encore une fois, on s'en
aperçoit, se permet d'élaborer lui, ses politiques sociales et
détermine ses critères. On s'aperçoit que toujours le
Québec essaie, tout simplement, de s'intégrer dans une politique,
assez souvent, qui est déterminée en gros par le gouvernement
fédéral.
Le gouvernement a choisi un système qui finance les individus,
plutôt, encore une fois, que l'établissement d'un réseau
public de garderies. Je crois que ceci a comme conséquence de laisser le
développement de l'ensemble du réseau aux bons soins de
l'entreprise privée uniquement, de l'entreprise à but lucratif
qui, elle, va aller là où c'est payant, là où c'est
le plus rentable. Donc le réseau c'est un danger qui ne peut pas
faire autrement qu'exister va se développer en fonction de la
rentabilité, puisqu'on l'a laissé entre les mains des garderies
à but lucratif, de l'entreprise privée. Le réseau va se
développer en fonction de la rentabilité financière, pas
nécessairement toujours en fonction des besoins réels du milieu
québécois le plus défavorisé.
Deuxièmement, ça peut avoir comme conséquence que
l'aide du Québec, étant en dessous des coûts minimums de
fonctionnement, seules les garderies qui auront la possibilité de
réclamer plus que ce minimum vont pouvoir survivre. Effectivement, au
bout de la ligne, ceci peut signifier je le dis et je le crois
très sincèrement la fin de l'expansion et la mort,
à brève ou longue échéance, des garderies
populaires ou des garderies coopératives.
La raison en est très simple; c'est parce que ces garderies
s'adressent à une clientèle qui peut difficilement payer des
suppléments si minimes qu'ils soient.
La deuxième critique face puisqu'on en a parlé tout
à l'heure à la politique générale du
ministère en matière de garderies, c'est qu'à la
lumière des quelques précisions qui nous ont été
fournies la politique de financer ou de subventionner directement les individus
ou les usagers va contribuer à l'établissement et
là je rejoins une des préoccupations dont a parlé M. le
ministre tout à l'heure vraiment d'un système
bureaucratique, tatillon, avec des formules à remplir qui n'en finiront
plus, avec cette distinction que, plutôt que d'être supporté
par les institutions, ce régime bureaucratique va être
supporté par les milliers d'usagers et par les milliers d'individus qui
auront recours aux services des garderies. Entre autres, dans les lignes qui
ont déjà été énoncées par le
ministère, par les détails qu'on nous a donnés, on voit,
d'une part, qu'il y a l'obligation pour montrer jusqu'à quel point
ça va devenir bureaucratique pour les individus pour les bureaux
d'aide sociale, de faire l'évaluation des revenus des usagers, ce qui va
amener à la longue un surcroît de travail au niveau des bureaux
d'aide sociale. Cela va augmenter les files qu'on voit constamment aux bureaux
d'aide sociale et effectivement, je crois que psychologiquement même,
pour ce qui est des usagers, on va leur donner un peu l'impression d'être
des pensionnés de l'Etat.
La garderie si on croit que c'est un droit d'une société
humaine et non pas un privilège, à ce moment-là, je crois
qu'on aurait pu éviter ces difficultés bureaucratiques, parce que
c'est clair qu'il en existerait dans un réseau public de garderies
également. On aurait pu les éviter, à mon sens, aux
usagers, aux individus.
Egalement, on sait, à la lumière de ce qui nous a
été communiqué,1 qu'il va y avoir un
établissement de contrôle de garderies au niveau du personnel, des
prix. Il va y avoir de la bureaucratie de toute façon.
UNE VOIX: Non.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon. C'est clair.
M. FORGET: Vous êtes content là?
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a toutes les enquêtes qui vont
être faites par le bureau d'aide sociale au niveau de chacun des
individus. Il va y avoir également un système vous nous en
parlerez peut-être tout à l'heure de contrôle qui va
être nécessaire au niveau de chacune des garderies pour savoir si
l'enfant, effectivement, y est allé ou n'y est pas allé, s'il a
droit ou non à l'aide que l'Etat lui promet. Je trouve, au contraire,
que ce que vous avez adopté comme politique, cela va consister tout
simplement à faire des garderies quand on pense au bureau d'aide
sociale et à l'évaluation des revenus, etc. un nouveau
régime d'assistance sociale et un nouveau régime de formules, en
fait, qui n'en finira plus.
Egalement, parce qu'on le sait par les renseignements qui nous ont
été formulés, nous aurions une autre critique concernant
l'aide de $5 qui est fournie par le gouvernement. Que ce soit à $5 ou
même à $6 par jour, la contribution est en bas du coût de
fonctionnement. Le ministre le sait. Il y a plus d'un an, il y a eu un
comité bipartite qui était, à ce moment-là,
composé de représentants de garderies populaires, d'une part, et
des fonctionnaires du ministère, d'autre part. Ils ont
évalué ce coût de fonctionnement, il y a un an, et il
était à $6.83. Quand on a fait cette évaluation, cela ne
couvrait pas les dépenses d'immobilisation et de fonctionnement
proprement dites, qui sont inhérentes à l'établissement
d'une garderie.
A cause de la contribution nécessaire des individus ou des
usagers, la politique, nous en sommes convaincus, du gouvernement ne favorisera
pas l'implantation d'un véritable réseau
public de garderies naturellement cela l'écarte et,
bien plus, ne favorisera pas l'implantation de la formule de garderie
coopérative dans le milieu ouvrier, dans le milieu populaire.
Peut-être que dans l'esprit du ministère la politique a
été conçue pour aider les défavorisés pour,
en fait, favoriser l'implantation de garderies dans les milieux de travail et
dans les milieux populaires. Mais, dans les faits, à cause des
contraintes financières, l'implantation d'un véritable
réseau est dangereusement compromise, à mon humble opinion, par
cette politique de financement des individus ou des usagers. Plutôt que
de procéder par une subvention directe aux garderies, via un budget
global qui leur était accordé auparavant, cette politique pourra
avoir comme effet de signifier, à notre avis, la fin de l'expansion des
garderies coopératives ou populaires. Une chose certaine, c'est la mort
de l'embryon du réseau public de garderies...
M. DUFOUR: L'avortement.
M. BEDARD (Chicoutimi): ...que le ministère... Oui. Plutôt
que d'avoir accouché d'une vraie politique...
M. DUFOUR: Un accouchement prématuré.
M. BEDARD (Chicoutimi): ...qui aurait donné, en fait,
l'établissement d'un réseau public de garderies, je crois que le
ministère a avorté plutôt qu'accouché d'une
politique qui aurait vraiment...
M. DUFOUR: ...garçon.
M. BEDARD (Chicoutimi): ...répondu aux besoins du milieu
québécois.
M. DUFOUR: ...quinze jours avant le temps.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une chose certaine, et je le
répète, c'est la mort de l'embryon du réseau public de
garderies que le ministère finançait directement, entre autres
les dix garderies que le ministère finançait directement via un
budget global. Etant donné que l'on va arrêter, cela va être
la politique générale au niveau de tout le Québec, ces
subventions directes via un budget global aux garderies qui, à mon sens,
constituaient un début prometteur de l'établissement d'un
réseau public de garderies, vont devoir s'intégrer dans la
politique qui a été adoptée par le gouvernement.
D'ailleurs, on sait qu'à l'heure actuelle, le ministère
est en négociation avec ces garderies, non pas pour continuer ce qui
existait auparavant mais, au contraire, pour essayer, avec des
représentants de ces garderies, d'assurer la transition avec le moins de
fracas possible.
Si vous nous le permettez, nous aurions deux recommandations que nous
croyons devoir faire. Premièrement, nous croyons que le ministè-
re devrait donner suite aux conclusions du comité bipartite qui
était, encore une fois, composé de fonctionnaires et de
représentants de garderies, et qui avait évalué à
$6.83 le coût de fonctionnement. En raison de ce rapport, nous croyons
que le ministère devrait augmenter de $5 à $7 sa contribution et
devrait également, je crois, envisager la possibilité d'augmenter
la base minimum de $5,000 qui est dans les tables, au niveau des documents
qu'on nous a donnés et qui ont été véhiculés
à travers le Québec, à $7,500 ou $8,000.
Deuxièmement, pour corriger le danger que cette politique puisse
mettre fin à l'expansion des garderies coopératives en milieux
défavorisés, en milieux ouvriers ou en milieux populaires, le
ministre doit se battre pour obtenir au moins une chose, à savoir qu'une
subvention de départ soit accordée aux garderies à but non
lucratif ou aux garderies coopératives pour couvrir les frais
d'immobilisation et de fonctionnement qui sont inhérents à
l'établissement d'une garderie.
Si on n'obtenait que cela du ministère, je crois que ceci aurait
comme conséquence de favoriser ce n'est pas tellement important
que ce soit l'Opposition officielle qui l'obtienne mais si le milieu
québécois qui est touché, justement, par une politique de
garderie énoncée par le ministère... je ne me fais pas
d'illusions, je sais que ce n'est pas à l'Opposition officielle qu'on va
l'accorder, mais pourvu qu'on l'accorde, c'est ce qui est important s'il
y avait un budget de depart d'accordé, de favoriser, dis-je, l'extension
d'un réseau de garderies coopératives qui, lui, recrute sa
clientèle dans les milieux les plus défavorisés.
Ce serait, à mon sens, un premier pas vers l'implantation de
garderies dans le milieu ouvrier, dans le milieu populaire, autrement dit dans
le milieu québécois qui en a le plus besoin.
Peut-être que je pourrais demander au ministre si ces deux
recommandations, à savoir d'augmenter de $5 à $7 la participation
du gouvernement et la possibilité, en vue de favoriser
l'établissement de garderies, de donner un budget de départ
à ces garderies ou à ces groupes populaires qui voudraient
assumer la responsabilité au niveau de leur milieu, il y a des
possibilités qu'elles puissent trouver, soit partiellement ou
complètement, grâce à ses yeux.
M. SAMSON : M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
question au ministre?
Dans le cadre des consultations que vous avez faites, j'imagine que vous
avez consulté des mères de famille, pas seulement des groupes qui
sont directement concernés. Est-ce que vous n'avez pas eu envie de
demander aux mères de famille si elles n'aimeraient pas mieux recevoir
directement l'équivalant en revenu, plutôt que de voir le
gouvernement le donner à certaines garderies d'un réseau
public?
Si cela leur était demandé ou si vous leur
avez posé ce genre de questions, est-ce que plusieurs
mères de familles n'auraient pas donné comme réponse
qu'elles préféreraient avoir l'équivalent et demeurer
à la maison, plutôt que d'être obligées d'aller
travailler à l'extérieur et, à ce moment-là,
d'avoir besoin d'un réseau de garderies? En fait, lorsqu'il est question
de réseau de garderies, je pense qu'il faut reculer et regarder plus
loin que ça. C'est peut-être un besoin qui existe
présentement, mais pourquoi existe-t-Û? Pourquoi la mère de
famille est-elle obligée de faire garder les enfants? C'est parce que,
si je comprends bien, il y a un manque à gagner au foyer. On cherche par
tous les moyens, en allant travailler à l'extérieur, de combler
un budget familial qui est déficient.
Or, notre philosophie à nous est complètement
différente de celle que je viens d'entendre. Notre philosophie est de
permettre aux foyers de mieux se subvenir. Si on fait ça, je pense qu'on
travaillerait passablement plus pour l'unité familiale, pour la
conservation de l'unité de base de la société qui est la
famille.
Si je comprends bien, la question des garderies, dans la grande
majorité des cas, c'est parce que les mères de familles doivent
travailler pour subvenir aux besoins familiaux.
Si cela coûte un certain montant d'argent au gouvernement pour un
soi-disant réseau de garderies public, si on offrait l'équivalent
à ces mères de familles, je vous garantis que vous n'auriez pas
le même résultat. Vous n'auriez pas le même genre de
réponse et la grande majorité vous dirait: On aime mieux recevoir
ce qu'il faut pour nous permettre de rester chez nous. Les mères de
familles n'aiment pas ça être obligées d'aller travailler
à l'extérieur; c'est par besoin, par obligation qu'elles le font.
En passant, M. le Président, permettez-moi de dire au ministre qu'on a
déjà suffisamment une mauvaise expérience avec le
réseau d'éducation qu'on connaît aujourd'hui. Les enfants
ne doivent pas appartenir à l'Etat, c'est clair; ils doivent appartenir
au milieu familial. Chaque fois qu'on prend des dispositions pour les
déraciner du milieu familial, on se crée un autre genre de
problèmes. J'ai posé une question au ministre; j'ai
peut-être aussi, en même temps, fait part d'une certaine position,
mais, si c'est nécessaire je ne veux pas prendre le temps de la
commission plus qu'il ne le faut je peux en parler longuement aussi et
vous me retrouverez à l'opposé de ce que je viens d'entendre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Avant que le ministre réponde, deux
autres députés ont demandé la parole sur le même
sujet, le député de Frontenac et le député de
Taschereau.
M. LECOURS: Ayant fait le tour de la province avec le ministre d'Etat
aux Affaires sociales, j'ai pu constater que le problème des garderies
existe, c'est vrai, mais qu'il n'est pas prioritaire dans la province de
Québec. Je crois que, si le député de Chicoutimi
était plus au courant des affaires sociales, il ne défendrait pas
avec tant de force les garderies populaires.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous feriez mieux de suivre le dossier.
M. LECOURS: Je suis le dossier plus que vous, mon cher
député.
M. BEDARD (Chicoutimi): II y en a beaucoup qui sont
intéressés à ça.
M. LECOURS: J'aimerais vous dire des choses, par exemple, qu'on a
rencontrées à Montréal. On a vu des préposés
aux garderies populaires qui étaient tellement sales qu'on aurait
peut-être exigé de leur faire prendre une douche, au moins, avant
de les faire venir à notre assemblée. Je pense que les normes qui
devront être appliquées pour les garderies d'enfants devront
être très sévères envers au moins les
préposés, première chose, parce que ces mêmes gens,
qui sont les amis du député de Chicoutimi...
M. BEDARD (Chicoutimi): Pardon. De qui parlez-vous?
M. LECOURS: Je parle de vos amis que vous défendez dans les
garderies populaires.
M. BEDARD (Chicoutimi): Autrement dit, puisque vous semblez vouloir
faire une accusation, voulez-vous dire que tous ceux que vous avez
rencontrés au niveau des garderies populaires étaient le genre de
personnes que vous essayez de décrire?
M. LECOURS: Non.
M. BEDARD (Chicoutimi): Des indésirables, des gens qui n'avaient
aucune préoccupation sociale?
M. LECOURS: Une chance, on a visité des garderies privées
très bien tenues.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous les avez jugés par les cheveux
plutôt que de juger par les préoccupations sociales.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre! A l'ordre ! Il y a moyen de se
parler...
M. BEDARD (Chicoutimi): Parlez au niveau des principes et
laissez-moi...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre! D y a moyen de se parler. Je vais
accorder la parole à tout le monde, mais l'un après l'autre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous avez fait seulement des constatations
comme ça dans votre tournée, je comprends que vous n'ayez pas
d'idée sur l'ensemble.
M. LECOURS C'est déjà une constatation, je pense,
très importante.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Frontenac.
Je donnerai la parole au député de Chicoutimi
après.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord.
M. LECOURS: Moi, j'en suis que les normes...
M. BEDARD (Chicoutimi): Pourvu qu'on en reste aux questions de
principe.
M. LECOURS: ... devraient être appliquées d'une
façon sévère pour ceux qui travaillent dans les garderies,
aussi sur la façon dont on va éduquer nos enfants dans ces
garderies. On prétend que les garderies, c'est très important,
que si nos enfants ne vont pas dans les garderies, ils seront mal
éduqués.
Je m'oppose à cette position de certaines personnes qu'on a
rencontrées; je pense que la plupart d'entre nous n'avons pas
été dans les garderies d'enfants, et nous ne sommes pas plus mal
éduqués pour cela.
J'aimerais dire qu'on a visité plusieurs garderies privées
très bien tenues, et peut-être financièrement, moins
dispendieuses que les garderies populaires. On a vu des garderies populaires
où, pour 30 enfants, ils avaient douze personnes. Dans des normes comme
ça c'est impossible d'arriver, pour nous, dans la province de
Québec, à mon avis, à l'heure actuelle. Quand on parle de
réseau de garderies publiques universel, il faut se souvenir que pour
pouvoir obtenir de l'argent du gouvernement fédéral, il faut au
moins répondre aux normes du gouvernement fédéral.
Il y a certaines contraintes au niveau des différents plans de
gouvernement, et je pense que ça c'est une autre chose importante.
Il faudrait rappeler peut-être au député de
Chicoutimi qu'en Colombie-Britannique ils ont débuté avec un
projet de $2 millions il y a à peine six ans, et maintenant ils sont
rendus avec un projet de $40 millions. Cela veut dire que les coûts
augmentent â une vitesse extraordinaire. Ici, dans la province de
Québec, nous avons 450,000 enfants qui pourraient profiter de garderies
d'enfants, alors qu'en Colombie-Britannique ils en ont seulement 150,000. Je
pense qu'il faut garder ça en mémoire.
Il y aurait peut-être une réserve ici que j'aimerais
indiquer au ministre, c'est à propos des chèques envoyés
aux parents. Je pense que les chèques devraient être faits au nom
du parent usager et de la garderie. Parce que moi je crains beaucoup que
certains parents dépensent l'argent au lieu de le donner à la
garderie, et que les enfants perdent leur place à la garderie parce que
les parents ne paient pas la note. Je pense qu'il faudrait considérer
ça, parce que nous, en tant que médecins, nous avons vu ça
à plusieurs reprises des chèques destinés au
médecin qui étaient gardés par le patient et
dépensés pour d'autres fins que payer le compte de
médecin.
Avant de penser au réseau de garderies publiques universel, il
faudrait commencer avec un réseau qui correspond aux besoins de la
province de Québec, un besoin qui peut peut-être se situer
à environ 10,000 enfants, des cas les plus pressants, les familles
monoparentales, les enfants de parents qui sont malades, qui doivent aller
travailler pour subvenir aux besoins de leur famille.
Mais de là à étendre ça à toute la
province de Québec présentement, je pense que ce serait demander
trop d'argent à ce secteur et l'enlever à nos autres malades qui
ont besoin beaucoup de soins médicaux qui coûtent cher.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, j'hésite à parler de
cette question parce qu'on nous a dit qu'il y aurait une annonce officielle
dans une quinzaine de jours, mais le député...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Si vous hésitez à en parler,
on peut donner la parole au ministre.
M. BONNIER: Je voudrais quand même faire quelques
considérations sur les considérations du député de
Chicoutimi, si le ministre le permet. Je ne veux pas entrer en profondeur mais
tout simplement dire que le député de Chicoutimi insiste sur un
réseau public. Par ailleurs, j'ai suivi son argumentation avec beaucoup
d'intérêt et je ne suis pas sûr que c'est ça dans le
fond qu'il veut.
H est revenu à plusieurs reprises sur la formule
coopérative. Et je pense que son inquiétude vient du fait qu'il
n'est pas assuré que le ministère favorise dans les faits la
formule coopérative, du moins au niveau financier. Et c'est pour
ça, je pense, qu'il a l'air d'insister sur un réseau public.
Personnellement je ne suis pas d'accord sur la théorie que dans
le domaine des garderies il faille avoir un réseau public dans
l'organisation. Je ne dis pas que la surveillance générale ne
doit pas être confiée au ministère des Affaires sociales,
mais je pense que dans une garderie, étant de fait un
prolongement de la famille ou du moins de la mère on doit
retrouver la même atmosphère qu'on retrouverait à
l'intérieur d'une famille. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont
émis des opinions là-dessus, avec justesse d'ailleurs. Je crois
que la formule coopérative, M. le Président, est celle qui
s'avère la meilleure, puisque la formule coopérative les parents
peuvent ensemble définir leurs besoins, définir en second lieu
les services qu'ils veulent bien se rendre et, troisièmement,
contrôler la gestion même de ces services.
Je ne sais pas quelles sont les intentions du ministère. Le
député de Chicoutimi pense que, si le per diem est trop bas, les
coopératives ne pourront pas fonctionner, mais le ministère ne
nous a pas encore dit quel serait le per diem. C'est sûr que les
coopératives, si on veut qu'elles fonctionnent, il va falloir que le per
diem soit suffisant pour répondre aux dépenses, parce que dans
bien des cas ce sont surtout les économiquement faibles. Ils ne seront
pas en mesure de défrayer ces dépenses seuls, c'est bien
évident. Je vois ça dans la suggestion du député de
Chicoutimi. D'ailleurs, à la fin, j'ai senti qu'il recommandait que ce
secteur coopératif soit développé à condition qu'il
y ait certaines contributions financières de l'Etat.
Moi, personnellement, je serais tout à fait d'accord sur ce
secteur coopératif, ces initiatives coopératives qui forcent
jusqu'à un certain point les parents à continuer à
s'occuper du développement de leur enfant. De plus, ce qui est le
contraire dans un réseau public, les parents sont responsables du
contrôle et de la bonne gestion de la garderie.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si on veut la formation et l'expansion d'un
véritable réseau, c'est dans le sens de garderies
coopératives que le ministère aurait dû opter. Mettons de
côté "réseau public" pour employer l'expression "aurait
dû opter" pour octroyer des subventions directes aux institutions
plutôt qu'aux individus. Comme le per diem, à notre sens, à
la lumière de ce qu'on connaît, n'est pas suffisant, pour
faciliter la création et l'expansion de garderies coopératives,
il est clair qu'il est nécessaire qu'un budget de départ soit
accordé à ces gens-là quand on tient compte des
dépenses d'immobilisation, des dépenses de fonctionnement qui
sont inhérentes...
M. BONNIER: Si le député me permet, cette subvention peut
être différente du per diem. Vous pourriez avoir un système
où le per diem est payé aux parents, pour leur aider, parce que
la coopérative suppose que les gens sont autonomes.
Financièrement et autrement...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je sais.
M. BONNIER: Mais il pourrait y avoir, une fois la coopérative en
activité, des subventions comme pour d'autres types de
coopératives.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce qui est essentiel, c'est qu'il y ait
justement ce budget de départ. Peut-être que par la suite on
pourrait s'acclimater de la subvention définie par la politique du
ministère, la subvention aux individus.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. FORGET: C'est mon tour, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): C'est votre tour.
M. FORGET: On vient d'entendre un certain nombre d'interventions sur ce
sujet. On vient d'entendre, en particulier, du député de
Chicoutimi un long plaidoyer dont le sens m'échappe en grande partie
puisqu'alors que le gouvernement indique sa décision d'assumer des
responsabilités nouvelles pour aider les familles à assumer
certaines responsabilités de garde des enfants, plutôt que de
prendre note de façon, il me semble, raisonnablement positive, de cette
décision qui, malgré tout, est une décision qui est, dans
un sens, constructive, il s'empresse de porter une espèce de deuil d'un
rêve administratif qui, d'ailleurs, porte sur une compréhension et
même une projection des intentions qu'il impute au gouvernement sur des
moyens à prendre, moyens qui n'ont même pas été
annoncés.
M. BEDARD (Chicoutimi): Nous sommes capables d'aider.
M. FORGET: Je pense qu'au lieu d'entendre parler pendant près de
trois quart d'heure de problèmes de moyens et d'administration, comme on
en a été témoin, il aurait été plus
rassurant d'entendre parler des besoins des familles et de la manière
dont on entend y apporter des solutions plutôt que de faire porter les
interventions sur des problèmes budgétaires, des problèmes
administratifs et des problèmes de structure. Plusieurs jugements sont
passés, encore une fois, dans l'ignorance totale de ce que sera
éventuellement les dimensions de la politique gouvernementale quant
à la manière d'assumer cette aide aux familles.
Il me semble peu responsable de passer jugement sur des moyens qui n'ont
pas été annoncés. Je m'étonne encore plus quand on
nous dit qu'il est inexact ou qu'il est erroné de dire au public que
dans un avenir peut-être plus ou moins éloigné ces services
entraîneront des coûts. H me semble que c'est au contraire ce qu'il
faut faire si l'on croit un peu au processus démocratique puisqu'il est
facile de faire de la démagogie en annonçant des services et en
cachant les coûts. C'est ce que nous avons évité de faire.
Je trouve paradoxal qu'on nous en fasse le reproche.
Je trouve paradoxal également que l'on exprime autant de
méfiance envers les familles et qu'on suppose, au départ, que les
choix qu'elles feront quant à la façon dont les garderies
qu'elles contrôleront seront administrées seront essentiellement
de mauvais choix, qu'ils conduiront à des garderies mal
administrées ou administrées selon des principes avec lesquels le
député de Chicoutimi n'est pas d'accord.
Je me consolerai facilement si les familles choisissent un mode
d'administration pour les garderies avec lequel le député de
Chicoutimi n'est pas d'accord, pourvu que les familles,
elles, soient d'accord sur ce mode d'administration, comme elles sont
les seules à en décider, je pense qu'on peut leur faire confiance
pour en décider sagement et selon leurs intérêts. Le reste
ne me préoccupe pas beaucoup.
On souligne un tas de choses qui ont fait l'objet de consultations et
qui sont évidemment retenues très sérieusement et qui sont
considérées très sérieusement. Dans un but sur
lequel je n'ose pas m'interroger, puisque je trouverais peut-être trop
facilement la réponse, il est clair que, quinze jours avant l'annonce
d'une politique, il peut être avantageux, on l'a vu l'automne dernier,
d'annoncer une politique analogue. Je pense que c'est malgré tout faire
preuve de peu de sérieux que de baser une critique essentiellement sur
des questions administratives et de prendre comme point de
référence un programme qui n'avait pas pour but de façon
très explicite d'aider les familles, mais a pour but principal et but
premier de créer des emplois. Dans le fond, c'est l'essence de la
référence que nous avons entendue.
Notre objectif est différent. Il est d'aider les familles, non
pas de se substituer à l'assurance-chômage. Dans cette optique, je
pense que les remarques du député de Rouyn-Noranda, pour sa part,
sont plus constructive», puisqu'il a attiré l'attention de cette
commission sur le besoin d'assurer la sécurité de revenu
familial. Lorsque les régimes d'allocations familiales entraient en
vigueur le nouveau régime, en janvier il a montré
que c'était aussi une dimension qui nous préoccupait que
d'assurer la sécurité du revenu familial. Dans une certaine
mesure, nous y parvenons maintenant plus complètement qu'avant, mais
nous sommes aussi conscients que le député de Rouyn-Noranda et
tous les membres de cette commission que tout le travail n'est pas encore
accompli de ce côté et qu'il faudra encore, pendant un certain
temps, malheureusement, que le revenu des familles soit complété
par le travail des deux parents, même lorsqu'il y a des enfants en bas
âge.
Il serait sans doute souhaitable que cette nécessité soit
éliminée progressivement dans une certaine mesure, au moins, mais
dans l'immédiat, ce n'est pas financièrement possible.
Il nous parait, pour cette raison, qu un service de garderies, au lieu
d'être universel dans son application je ne parle pas ici des
aspects financiers, mais des clientèles qu'il devrait en priorité
essayer de desservir devrait être utilisé
précisément pour apporter une contribution à ce
problème d'insuffisance des revenus familiaux.
La situation des familles monoparentales est telle que, sur un plan de
stricte logique, l'Etat, qui, de toute façon, supporte ces familles, a
intérêt, pour des raisons de simple bon sens, à aider ces
chefs de familles à participer au marché du travail ou à
entrer éventuellement sur le marché du travail en favorisant, par
exemple, la fin des études ou une formation professionnelle, etc.
Il y a un certain nombre d'autres problèmes de ce genre qui
peuvent être améliorés ou soulagés par la
disponibilité de services de garde d'enfants. C'est l'optique dans
laquelle nous le faisons. Je pense que c'est autour de cet objectif qu'il
faudrait concentrer nos remarques. Bien entendu, comme on l'a souligné,
des normes doivent être appliquées, doivent être
observées. D'ailleurs, c'est déjà fait dans une large
mesure, puisque des normes ont été publiées depuis un
certain temps, au-delà d'un an, par le ministère des Affaires
sociales. Les permis sont délivrés après inspection et
nous ne relâchons pas nos efforts de ce côté, bien au
contraire.
Pour ce qui est, encore une fois, des formules administratives, nous
faisons confiance, contrairement à certains, au jugement des familles
pour choisir les formes administratives qui leur conviennent. La formule
coopérative est certainement une formule possible. Mais nous ne voulons
pas imposer celle-là plus que les autres. Nous faisons confiance aux
gens en leur laissant choisir par eux-mêmes la formule qui leur convient.
On peut assurer les membres de cette commission que le mécanisme retenu
pour le financement des services de garde permettra le développement des
coopératives de garde d'enfants, si c'est l'option que les parents
retiennent.
Donc, au niveau des moyens, je pense qu'il serait plus sage de retenir
les commentaires et surtout les jugements pour l'époque où ces
méthodes de financement, ces méthodes d'administration seront
connues.
Pour le moment, ce qui importe, c'est de retenir l'objectif et retenir
l'idée que les services qui sont actuellement assumés pourront,
d'une manière ou d'une autre, continuer à fonctionner pourvu,
encore une fois, que les normes soient satisfaites, des normes de
qualité et non pas d'autres normes des normes de
sécurité, d'hygiène et de qualité de services.
Attendons et, dans quelques jours, nous pourrons, après des
consultations qui se continuent sur des modalités, compléter et
annoncer publiquement l'ensemble de ces moyens.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Vanier.
M. DUFOUR: M. le Président, on a pas mal parlé des
garderies. On ne s'entend pas. C'est entendu que l'Opposition sera toujours
contre.
Je voudrais, moi, féliciter le ministère des Affaires
sociales du sérieux qu'il a apporté à étudier cette
question. Je crois que pour une fois l'étude a été
complète et bien faite. Nous attendons la rédaction du projet
final.
Si on écoutait le député de Chicoutimi et si nous
voulions réaliser son projet, je crois qu'il faudrait attendre
peut-être l'adoption de leur budget de l'an 1. Mais nous avons vu que
le
problème est urgent et je crois qu'il nous faut aller vite et
procéder sur un projet qui, nécessairement, va exiger des
modifications à mesure que les années passeront.
J'inviterais le député de Chicoutimi à faire la
même chose que nous avons faite, à visiter les garderies, non
seulement le groupe qu'il rencontre.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est déjà fait, M. le
Président.
M. DUFOUR: Peut-être a-t-il vu Chicoutimi mais qu'il aille
ailleurs. Qu'il fasse le tour de plusieurs régions de la province.
Peut-être entendra-t-il plusieurs sons de cloche et peut-être,
aussi, se trouvera-t-il encore à perfectionner son âme d'apostolat
!
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour un homme perfectionné, je
m'attendais à une autre sorte d'intervention, pas mal plus en
profondeur. En tout cas, je m'aperçois d'une chose. De par les
interventions qui ont été faites par les députés
qui ont fait la tournée...
M. DUFOUR: A cette heure-là, toi aussi, tu es pas mal ennuyant
!
M. BEDARD (Chicoutimi): ... ils vont difficilement au niveau des
principes. Ils semblent simplement avoir remarqué des détails et
n'avoir rien saisi de la critique de fond qu'on a pu faire à la
lumière des lignes de force...
M. DUFOUR: ... profond.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... de la politique des garderies, qui est
déjà connu par le gouvernement, à savoir celle de cesser
de subventionner directement les institutions pour subventionner plutôt
les individus. C'est dans ce sens que nous avons fait une critique,
étant donné que nous préférons la première
méthode à la deuxième.
Le ministre pourra faire l'usage démagogique qu'il voudra ou
l'interprétation démagogique qu'il voudra de mes propos ou de mes
critiques. Il ne peut quand même pas oublier que l'ensemble des critiques
que je fais est pour en arriver quelle que soit la compréhension
qu'il ait pu avoir de ces critiques à deux recommandations que
nous avons faites d'une façon très spécifique au
ministère, à savoir celle d'augmenter le montant de la
contribution de $5 à $7, d'envisager la possibilité de
l'augmenter à $7 pour faire suite, quand même, pas à une
analyse du député de Chicoutimi, mais à une analyse qui a
été faite par un comité bipartite qui était
composé non pas du député de Chicoutimi ou des
députés de l'Opposition, mais qui était composé des
représentants de garderies populai- res et des représentants du
ministère des Affaires sociales. Ce sont eux qui sont arrivés
à cette évaluation. C'est dans ce sens que nous avons plus
confiance...
M. FORGET: Ils l'ont désavoué, par la suite,
d'ailleurs.
M. BEDARD (Chicoutimi): S'ils l'ont désavoué, est-ce que
le ministre pourrait m'assurer, face à ce qui a été
annoncé, à savoir l'aide du gouvernement de $5, qu'il n'y aura
pas d'augmentation de ce montant? Je suis convaincu qu'il y en aura une parce
que je suis convaincu que le ministère va réaliser qu'il est
nécessaire qu'il y en ait une.
M. FORGET: Le document qui a servi à...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est une des recommandations que nous avons
faites. Je ne crois pas que ce soit négatif, cette recommandation.
M. FORGET: Si vous me posez une question, vous me permettez de
répondre?
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui.
M. FORGET: Le document qui a servi à la consultation mentionnait
$4 de contribution gouvernementale et $1 de contribution des parents.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est $5.
M. FORGET: Ce qui veut dire $5. Ce n'est pas un montant qui a
été annoncé, c'est un montant sur lequel la consultation a
porté. Comme le député de Chicoutimi, nous avons
évidemment, par la consultation que nous avons faite, reçu des
représentations relativement à ce chiffre et, là comme sur
d'autres points, il sera possible, dans quelques jours, de parler d'un chiffre
définitif et de le critiquer. Avant ce jour, ce ne sont que des
conjonctures.
M. BEDARD (Chicoutimi): N'est-il pas exact que le fruit de vos
consultations vous amènera, dans un avenir très rapproché,
d'ici le 15 juin, à réviser ce montant de $5 pour
l'augmenter?
M. FORGET: C'est ce que l'on verra quand nous ferons une annonce
complète.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que la décision
définitive n'est pas prise encore au niveau du ministère?
M. FORGET: Elle n'est pas annoncée, du moins.
M. BEDARD (Chicoutimi): Elle est prise, si je comprends bien?
M. FORGET: Ecoutez, j'ai indiqué...
M. BEDARD (Chicoutimi): Nous sommes dans les crédits, nous sommes
ici pour nous informer. Ce n'est pas de la politicaillerie. M. le ministre peut
décider quand il veut l'annoncer.
M. FORGET: J'ai dit que nous l'annoncerions dans quelques jours, et cet
interrogatoire sur des points de détail est tout à fait
déplacé. Je vous ai dit que ce n'était ni le lieu, ni le
moment d'en parler en détail. Vous voulez avoir cette information.
Malheureusement, ce n'est pas le moment que nous avons choisi pour en parler
puisque nous sommes encore à déterminer certaines choses. Lorsque
nous serons en mesure d'en parler, nous en parlerons, et vous aurez, à
ce moment, tout le loisir possible pour faire vos commentaires et vos
critiques, si ces propositions méritent de telles critiques.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne crois pas que ce soit un détail de
parler, au niveau de l'étude des crédits du ministère des
Affaires sociales, de cette contribution de $5 qui avait été
placée dans le document de travail ou de consultation.
M. FORGET: Je ne vous empêche pas d'en parler.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'ai la conviction que le ministère a
compris en tout cas c'est ce que nous, nous avons compris à la
suite des rencontres que nous avons eues avec plusieurs garderies que le
montant de $5 était insuffisant et qu'il était nécessaire
de l'augmenter. C'est la constatation que nous avons eue de certaines garderies
que nous avons visitées.
Nos recommandations étaient tout simplement à l'effet
d'espérer que le ministre en tiendrait compte. La deuxième
recommandation que nous avons faite, c'est très positif: dans le but de
permettre l'expansion et la naissance d'un réseau de garderies
coopératives, que le ministère envisage la possibilité
d'accorder un budget de départ à ces groupes qui veulent, sous la
forme coopérative, se former une garderie.
Tout simplement, je demande au ministre: Est-ce que le ministère
étudie ou a étudié la possibilité qu'un tel budget
de départ soit accordé à certaines garderies de forme
coopérative?
M. FORGET: M. le Président, je n'ai plus aucun commentaire
à faire sur cette question. J'ai déjà répondu
à toutes ces questions dans la mesure où je puis le faire
à ce moment-ci.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député du
Lac-Saint-Jean.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce qui veut dire que vous n'êtes pas en
mesure de répondre à ce moment-ci.
M. FORGET: Prenez-le comme vous voulez.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous faites de la politique.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Elément 2, adopté?
Le député de Vanier.
M. DUFOUR: Je suis prêt à passer à d'autres choses.
Les petits bébés vont bien.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministère va avoir un
contrôle sur les prix qui vont être exigées par les
garderies privées?
M. FORGET: Là-dessus, M. le Président, ma réponse
est la même que la précédente.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je considère que cette réponse
n'est pas tellement respectueuse envers la commission et envers le
système démocratique qui nous permet, à l'intérieur
de l'étude des crédits, de vous poser des questions. Nous avons
le droit d'avoir des réponses et non pas, comme vous le faites
présentement en adoptant une attitude de politicailleur, de vous voir
refuser de donner les réponses tout simplement pour pouvoir les annoncer
avec grand fracas dans quinze jours. C'est simplement de la politicaillerie,
ça. Surtout ce qui est choquant, M. le Président, c'est qu'on
nous a dit tout à l'heure, concernant l'aide du Québec de $5,
qu'une décision a été prise à l'heure actuelle. Si
ce ne sont pas des motifs de politicaillerie qui empêchent le ministre de
nous le dire dès maintenant, je me demande pour quels motifs on retarde
cette annonce qui, à mon sens, pourrait rassurer certains parents qui
sont très touchés par le problème des garderies.
M. FORGET: M. le Président, je ferais observer que nous parlons
de cette question, malgré que l'on dit que l'on refuse d'en parler,
depuis un bon moment et que, techniquement, elle ne paraît même pas
aux crédits. C'est donc qu'on n'a pas insisté beaucoup sur des
questions de procédure jusqu'à maintenant pour refuser de
répondre à des questions et donner des indications sur
l'orientation générale.
Si l'on nous pose des questions très spécifiques, d'ordre
administratif et budgétaire, encore une fois je regrette qu'on semble ne
trouver dans tout cela que des questions administratives et budgétaires
qui intéressent l'Opposition officielle. Il demeure que sur ces
questions administratives et budgétaires, qui sont relativement parlant
des détails d'application, nous sommes à compléter tous
ces détails de manière à donner des réponses
complètes, en temps et lieu.
De toute façon, ça n'apparaît pas aux
crédits; nous en discutons depuis une heure et demie. Donc, je pense que
nous avons, autant
que possible, éclairé l'opinion de la commission, autant
que faire se peut à ce moment-ci. Je pense, d'ailleurs, que le
député de Chicoutimi a eu passablement d'indications et de
réponses à plusieurs questions de fond. Pour le reste, je
l'invite à être patient comme un tas d'autres gens et à
prendre notre assurance que les garderies qui satisfont aux normes pourront
continuer leur fonctionnement de manière normale. Pendant la
période qui nous sépare de cette annonce officielle, nous serons
en communication, et nous avons déjà été en
communication, avec elles de manière à assurer une
continuité des services. Il n'y a donc aucune alarme qui soit
justifiée. Encore une fois, les questions de détails
administratifs et budgétaires seront réglées en temps et
lieu, comme elles le sont toujours, d'ailleurs, par le ministère des
Affaires sociales. Nous avons quand même l'expérience de plusieurs
programmes qui fonctionnent tant bien que mal et plutôt bien que mal,
d'ailleurs.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est très beau de la part du ministre
d'inviter la population et l'Opposition à la patience mais, il y en a
qui sont placés dans des positions très difficiles et qui peuvent
difficilement...
M. FORGET: Ils peuvent s'adresser au ministère; ils obtiendront
les éclaircissements et les garanties nécessaires.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... se satisfaire de cet appel à la
patience que fait le ministre. Je me réfère, par exemple,
à certaines garderies populaires qui ont été
subventionnées à l'intérieur des projets PIL et dont les
subventions se terminent ce mois-ci, c'est-à-dire dans quelques jours.
Certaines seront dans l'obligation de fermer leurs portes si elles n'ont pas
une assurance du ministère qu'elles recevront une certaine
subvention.
M. FORGET: ... cette assurance. Celles qui n'ont pas satisfait aux
normes et qui n'ont pas de permis, à cette date-ci, en effet, devront
interrompre leur activité et je pense que c'est normal.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait me donner le
nombre de celles qui n'ont pas obtenu ce permis?
M. FORGET: Cinq.
M. BEDARD (Chicoutimi) Quelles sont-elles? Vous n'avez pas les noms?
M. DUFOUR: Est-ce que c'est nécessaire que tu les aies ce
soir?
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas pour vous que je les demande, c'est
pour répondre aux téléphones qu'on a continuelle- ment de
ces gens qui ont essayé de remplir un rôle social, à mon
sens, durant un certain temps, et qui se demandent jusqu'à quel point le
ministère va continuer de les aider dans ce sens.
M. DUFOUR: ... Tartampion.
M. FORGET: II y a au-delà de 300 garderies sous permis, lundi de
cette semaine. Parmi les 300, il y a 59 garderies qui étaient des
projets PIL. Dans les projets PIL, il y en a 16 qui n'avaient pas de permis et
qui ont été visitées au cours des quinze derniers jours,
tant sur le plan de la sécurité, de l'hygiène et des
services; et cinq n'ont pas eu de permis dont deux, parce qu'il y avait un
refus du fédéral à les subventionner, à cause, soit
de nos normes ou des leurs. Une autre, c'est une question de règlement
municipal, et il en reste deux autres pour d'autres raisons, des raisons de
qualité de services ou de soins ou de locaux ou de manque de
sécurité. Ce sont des raisons qui ont fait qu'il y en a cinq qui
n'ont pas de permis.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que vous n'avez pas les noms
à la mémoire.
M. FORGET: Non. Mais, on a une liste de toutes les garderies avec
l'adresse de celles qui ont les permis et celles qui n'ont pas de permis.
M. BEDARD (Chicoutimi): Celles qui sont placées dans cette
situation sont déjà averties qu'elles devront cesser leurs
opérations ou encore que toutes subventions leur seront
refusées?
M. FORGET: Ce n'est pas nous qui le leur avons dit. Nous, nous avons
fait l'inspection, l'évaluation et nous avons transmis à la
Direction des finances la liste des garderies. La liste a été
transmise mardi de cette semaine.
M. BEDARD: Concernant les dix garderies qui étaient
subventionnées jusqu'à maintenant directement par le
ministère des Affaires sociales, je comprends qu'on nous a
déjà dit qu'il y avait, à l'heure actuelle, des
négociations, j'imagine, pour essayer de programmer à
brève ou à longue échéance le moment où ces
subventions seront terminées et où elles pourront
s'intégrer financièrement au système qui a
été annoncé, à la politique globale des garderies?
Est-ce exact?
M. FORGET: Exact.
M. LESSARD: Le ministre consulte ses fonctionnaires, le
député peut les consulter aussi.
M. BEDARD (Chicoutimi): II fait même répondre ses
fonctionnaires.
Simplement en terminant, au début de l'année, certains
journaux annonçaient que les
garderies coûteraient $5 par semaine pour les enfants
d'immigrants. Je voudrais savoir si c'est exact, d'abord.
M. FORGET: Est-ce que vous pourriez répéter votre
question, s'il vous plait?
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a certains journaux qui annonçaient
que les garderies coûteraient $5 par semaine pour les enfants
d'immigrants.
M. FORGET: Par semaine?
M. BEDARD (Chicoutimi): Pas $5 par...
M. FORGET: C'est un programme du ministère de l'Education. Il y a
des garderies spéciales pour l'intégration des immigrants au
milieu socio-culturel. Ces garderies ne sont pas sous notre juridiction mais
sous la juridiction du ministère de l'Immigration.
Alors, je ne peux pas vous répondre là-dessus, je n'en
sais rien.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous ne savez pas qui paie la
différence?
M. FORGET: Non. Je pense qu'il faudrait poser cette question à
l'étude des crédits d'autres ministères. Je ne sais
pas.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que le ministère des
Affaires sociales laisse complètement, en fait, l'administration de ces
garderies ou de ce programme entre les mains du ministère de
l'Immigration ou du ministère de l'Education.
M. FORGET: Oui, entièrement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Entièrement. Je n'ai pas d'autre
question.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, l'élément 2 du
programme 9 est adopté.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 19)