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Commission permanente des affaires sociales
Projet de loi no 40 Loi de la Commission des Affaires
sociales
Projet de loi no 41
Loi modifiant la loi sur les services
de santé et les services sociaux
Séance du mercredi 23 octobre 1974
(Dix heures quatorze minutes)
M. CORNELLIER (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux. Il y a quelques
changements à la liste des membres de la commission: M. Pelletier
(Kamouraska-Témiscouata) remplace Mme Bacon (Bourassa), M.
Côté (Matane) remplace M. Bonnier (Taschereau), M. Malépart
(Sainte-Marie) remplace M. Lecours (Frontenac) et M. Ostiguy (Verchères)
remplace M. Verreault (Shefford).
J'invite les représentants des centres locaux de services
communautaires de la région 6A (Montréal) à bien vouloir
s'approcher de la table et à faire la présentation de leur
mémoire, en ayant soin de s'identifier pour le bénéfice
des membres de la commission et pour l'exactitude du journal des
Débats.
Pour le bénéfice des membres de la commission et des
visiteurs, je dois annoncer que, ce matin, la commission ne siégera que
de dix heures à onze heures et reprendra ses travaux, cet
après-midi, â treize heures trente. Vous pouvez
procéder.
Centres locaux de services communautaires de la
région 6A (Montréal)
M. PAQUETTE (Pierre): M. le Président, mon nom est Pierre
Paquette; je suis directeur général du CLSC de Saint-Henri. A ma
gauche, M. Pierre Duplessis, médecin, président du comité
d'implantation de l'Université du Québec à Montréal
et, à ma droite, M. Pierre Ouimet, directeur général du
Centre local de services communautaires de Montréal-Nord.
Nous représentons les quatorze CLSC de la région 6A et
nous sommes leurs porte-parole sur certains éléments du projet de
loi 41 qui touchent plus particulièrement les centres locaux de services
communautaires. Evidemment, nous avons eu un court laps de temps pour
préparer ces amendements, étant donné que c'était
l'été et la difficulté de rejoindre les membres des
différents conseils d'administration durant cette période. Pour
cette raison, nous nous sommes donc attachés à certains points du
projet de loi qui touchaient plus particulièrement la philosophie des
CLSC. Or, cette philosophie, que nous essayons de véhiculer depuis deux
ans, selon l'esprit de la loi 65, en est une de participation.
Les centres locaux de services communautaires sont évidemment une
nouvelle institution dans le réseau des affaires sociales.
Lorsque les centres locaux de services communautaires ont
été implantés, évidemment, ils recherchaient
particulièrement la participation des usagers et des citoyens des
différents territoires. Nous invitions également, pour ces
raisons, la population à définir ses besoins et ses aspirations
dans les différents domaines de la santé, des services sociaux et
de l'action communautaire. Pour amener la population à définir
ses besoins, nous voulions que cette même population soit présente
à toutes les parties de décision en ce qui concerne les
différentes orientations.
Evidemment, il est facile, dans une institution de santé ou de
service social, de donner des soins, de donner des services et même de
donner des services d'excellente qualité, mais il est beaucoup plus
difficile de faire en sorte que la population se sente impliquée dans
ces services et dans cette action. Or, à Montréal, dans la
région 6 A, comme probablement partout au Québec, les centres
locaux de services communautaires se sont attachés
particulièrement à définir des services avec la population
du territoire concerné.
Les articles que nous avons touchés particulièrement et
dont vous avez copie, M. le Président, dans le mémoire que nous
avons présenté, seront défendus par mes confrères.
Nous aurons aussi une conclusion à vous soumettre.
L'esprit de ces résolutions veut faire en sorte que les gens, les
membres de nos conseils d'administration et la population en particulier, se
sentent à l'aise de fonctionner à l'intérieur du
réseau et particulièrement dans notre institution, qu'ils se
sentent habilités à prendre les décisions d'orientation et
de programmation nécessaires de façon à permettre aux
employés, aux permanents des CLSC de bien faire leur travail et surtout
de répondre adéquatement aux besoins de cette même
population qui est évidemment différente d'un secteur à
l'autre du Québec et même d'un secteur à l'autre de la
région 6 A.
M. Ouimet présentera les premiers articles et M. Duplessis ira
par la suite vers la conclusion. Je vous remercie, M. le Président.
M. OUIMET (Pierre): La première recommandation touche le premier
article en ce qui concerne les définitions de
"bénéficiaire" et "d'usager". Dans les deux cas, nous avons
ajouté "ou toute personne qui a participé à des
activités de l'établissement depuis moins de deux ans." Notre
intention était de permettre aux gens qui n'utilisent pas ou qui ne
consomment pas des services mais qui participent à des comités
comme bénévoles de pouvoir être considérés
comme usagers.
Exemple: des bénévoles à l'accueil ou des
comités consultatifs au conseil d'administration, etc. L'article, tel
qu'il était formulé, ne se trouvait pas à inclure cette
catégorie de citoyens.
M. DUPLESSIS (Pierre): Pour enchaîner, dans cet esprit de
participation dont nous parlions, nous avons touché également
l'article 19 du projet de loi no 41, ce qui revient à dire l'article 50
du bill 65. Nous pensons remodeler sérieusement les conseils
d'administration, étant au fait que la distribution des services en
appelle à cette notion de participation. Nous avons donc
décidé de présenter un mémoire. Plutôt que
d'élire cinq personnes majeures du territoire, en tant qu'usagers, on
devrait songer à l'élection de sept personnes majeures. Le nombre
de sept a été retenu, en ce sens que l'on voulait que les usagers
aient une participation majoritaire et une voix majoritaire en tant que pouvoir
décisionnel au conseil d'administration. Nous voulons respecter la
réforme qui était sous-jacente dans le bill 65 et nous pensons
qu'il est impérieux que les usagers soient majoritaires.
L'article 19 continue en mentionnant deux personnes nommées pour
deux ans, par le lieutenant-gouverneur en conseil. Nous avons remodelé
deux concepts principaux ici, à savoir la nomination des personnes et,
en second lieu, la population du territoire. Le concept d'élection, pour
nous, devrait prévaloir sur celui de nomination. Nous pensons que
l'expression populaire et même l'expression des citoyens pure, dans un
sens démocratique, est davantage une élection qu'une
nomination.
Nous pensons également que la population du territoire se
définit de plus en plus, non seulement comme des usagers, mais aussi
comme des groupes socio-économiques qui oeuvrent dans le territoire
concerné et à qui le centre local de services communautaires
distribuera, à un moment ou l'autre, des services. Nous pensons qu'il
est grand temps que la loi tienne compte de ces groupes
socio-économiques et en reconnaisse l'importance au niveau des conseils
d'administration.
Nous recommandons à la commission de modifier la loi en ce sens
que deux personnes seraient élues, cette fois, et non nommées,
élues pour deux ans, parmi les groupes socio-économiques du
quartier desservi par le CLSC.
Je laisse la suite de la recommandation à vos lectures, en page
6.
Dans le même état d'esprit, nous pensons que le premier
paragraphe de l'article 50 du bill 65 remplace le mot "élu" par le mot
"nomination". En continuant la lecture de cet article 19 du projet de loi 41,
nous revenons à deux paragraphes. Le premier mentionne: "une personne
élue pour deux ans par les professionnels à l'emploi du centre"
et l'autre: "une personne élue pour deux ans par l'ensemble des membres
du personnel non professionnel à l'emploi du centre".
J'attirerais votre attention sur un fait très important. Nous
commençons à roder des équipes dites multidisciplinaires
au niveau de ces centres locaux de services communautaires. Dans l'approche en
tant que services offerts aux demandeurs, il n'y a plus de division
étanche entre professionnels et non-professionnels. L'exemple le plus
simple serait celui des auxiliaires familiales où, dans les
équipes infirmières-médecins, même
secrétaires qui sont, à un moment ou l'autre, impliqués
dans des décisions médicales, elles cèdent la place
à un concept plus élargi. Cette équipe multidisciplinaire
retient mal les divisions professionnelles et non professionnelles. Ainsi
devrait-il en être au niveau du conseil d'administration où la
structure décisionnelle devrait refléter celle du centre
elle-même et celle des usagers qui préféreraient
l'abrogation de ces deux divisions.
Nous proposons donc qu'il y ait deux personnes élues parmi les
gens qui travaillent dans le centre local de services communautaires et que ces
deux personnes soient élues également pour deux ans. Et nous ne
retenons plus les deux divisions professionnelles et non professionnelles.
Ceci serait la recommandation 6 à la page 7.
Ainsi, l'article 19 b) de la loi 41 serait retranché.
Je cède maintenant la place à mon collègue qui a
plus d'expérience dans la direction générale et qui
reprendra le dernier article, l'article 19 e).
M. OUIMET: En ce qui concerne les directeurs généraux, sur
ce point comme sur tous les autres points, mais peut-être avec plus de
force, les représentants des CLSC étaient unanimes pour
recommander que le directeur général n'ait qu'une voix
consultative au conseil d'administration en se basant sur une argumentation
assez simple. On se dit que le droit de vote du directeur général
ne lui donnerait, à toutes fins pratiques, pas plus de pouvoirs. Il y a
deux hypothèses: si le directeur général, en
présentant un dossier, rallie la majorité, il n'a pas besoin de
son droit de vote. S'il ne rallie pas la majorité, il n'en a plus besoin
non plus. Le seul cas où il en aurait besoin, d'une certaine
façon, c'est dans l'égalité des voix et, à ce
moment-là, cela le met dans une position assez difficile.
Alors, nous recommandons que ce qui existe actuellement dans la loi 65,
à savoir que le directeur général n'ait qu'une voix
consultative, soit maintenu.
Si on conclut, je crois que notre rapport se résume à
ceci: nous désirons une participation majoritaire des citoyens, des
usagers aux conseils d'administration, sans négliger pour autant
l'apport du personnel à ce conseil d'administration, toutefois, en
essayant d'éviter cette distinction entre professionnel et
non-professionnel, comme M. Duplessis l'a expliqué tantôt.
Nous souhaitons aussi que les gens qui se retrouveront dans ces conseils
d'administration soient élus et non pas nommés.
M. DUPLESSIS: Nous sommes maintenant disponibles pour vos questions,
s'il y en a.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. FORGET: Merci, M. le Président. Je désire, en premier
lieu, souhaiter la bienvenue aux représentants des centres locaux de
services communautaires et les remercier d'un mémoire conjoint. Il
s'agit d'une initiative de leur part qui permet à cette commission de
prendre connaissance de façon synthétique des positions qui
auraient pu, en d'autres circonstances, être présentées
isolément, et je les en remercie.
J'aimerais leur poser quelques questions en rapport avec les
recommandations qu'ils viennent de nous exposer. Mais, avant, j'aimerais
peut-être demander s'il y a une raison particulière, ou si c'est
simplement la difficulté de rejoindre tout le monde à temps, pour
laquelle ils s'expriment au nom des CLSC d'une région en particulier,
plutôt que de l'ensemble des CLSC.
M. PAQUETTE: La raison est assez simple, M. le ministre. Nous avons
travaillé, depuis deux ans, assez étroitement avec notre conseil
régional qui a mis sur pied un comité visant à regrouper
les CLSC et à les faire participer à des travaux communs.
Or, c'est regroupés autour de notre conseil régional que
nous avons travaillé, depuis plus particulièrement un an, et
développé, si vous voulez, des idées un peu communes au
niveau de la participation des citoyens.
C'est principalement pour cette raison, regroupés autour de notre
conseil régional, que nous avons développé ces
différents plans de travail et aussi des modalités de travail
à l'intérieur de notre région.
M. FORGET: Je vous remercie.
M. DUPLESSIS: C'est sûr que les communications sont plus faciles
à l'intérieur de la région 6 A, qu'elles ne le seraient
dans toute la province.
Les CLSC sont habitués dans la région 6 A de se regrouper
assez souvent sur des thèmes de travail, ce qui me semble plus difficile
à l'échelle de la province.
M. FORGET: Je vois. Vous faites, comme première recommandation,
la recommandation que toute personne qui a fourni des services de santé
ou des services sociaux dans un établissement ou qui a participé
à des activités... J'ai bien compris, je pense, votre souci
d'accorder une part à des comités vous avez cité
des exemples comme le comité de bénévoles à
l'accueil et des groupes de ce genre. Je crois que vous reconnaîtrez
peut-être, cependant, que la façon dont votre suggestion est
formulée est beaucoup plus large que ça, puisque, effective-
ment, des groupes qui ont déjà des représentants au
conseil d'administration et, en particulier, les employés du CLSC sont
compris dans la formulation que vous utilisez. Toute personne qui a
participé à des activités de l'établissement, cela
comprend évidemment le personnel à l'emploi du centre.
M. OUIMET: Est-ce que...
M. DUPLESSIS: Je pense que nous avons respecté une disposition de
la loi qui était celle que les employé du centre ne soient pas
intervenants au niveau décisionnel dans les élections, par
exemple.
M. FORGET: Oui.
M. OUIMET: Effectivement, on complète en disant: "A l'exclusion,
toutefois, d'une personne employée par ledit établissement". On
le garde.
M. FORGET: Mais cela, c'est votre deuxième recommandation. La
première recommandation, quand on la lit complètement, n'est
assortie d'aucune restriction. Vous dites: "Toute personne... etc. qui a
participé à des activités de l'établissement". Je
soumets que pour atteindre les fins que vous poursuivez et que vous avez
décrites par des exemples, une rédaction différente
s'imposerait, puisque tel que je lis cela, ça inclut les
employés.
M. OUIMET: Au fond, nous avons repris la définition qui est
donnée dans le projet de loi 41 en y ajoutant tout simplement "ou qui a
participé à des activités de l'établissement".
Même dans le projet de loi, je crois qu'il n'y a pas de restriction
spéciale non plus.
M. FORGET: Non, mais on parle des gens qui ont reçu des services
de santé des établissements et on énumère qu'ils ne
doivent pas être partie à des groupes ou à des
collèges électoraux qui ont accès au conseil
d'administration à un autre titre.
La définition que vous suggérez ne fait pas cette
exclusion, ou supposez-vous qu'elle est assortie des mêmes exclusions que
la définition qui paraît dans la loi?
M. PAQUETTE: Nous considérons, M. le ministre, qu'effectivement
c'est assorti des mêmes restrictions au niveau du personnel.
M. FORGET: Je vois. Je vous remercie. La troisième recommandation
que vous faites se réfère à l'élection des usagers,
à l'assemblée des usagers ou au conseil d'administration
présumément du centre local. J'aimerais que vous nous exposiez un
peu, peut-être, votre expérience, l'expérience d'un certain
nombre de centres locaux qui ont vécu, puisque certains sont de
création trop récente pour l'avoir vécu, des
élections, le degré de participation de la population en
général. Je pense qu'il serait utile d'avoir cette indication
pour savoir, jusqu'à quel point on atteint les objectifs de
participation dans le processus actuel.
M. PAQUETTE: M. le ministre, à Saint-Henri
particulièrement, puisque c'est là que je travaille, nous
fonctionnons depuis près de deux ans, tout au moins un an et demi en
tout cas, et le degré de participation à nos assemblées
générales cela comprend, entre autres, les
assemblées d'élection à différents moments de la
phase d'implantation a été de l'ordre de 150 à 200
personnes. Au niveau des comités de travail, lors de la phase de
préimplantation et d'implantation, nous avions un conseil
d'implantation, si vous voulez, d'une vingtaine de personnes qui ont
continuellement suivi les travaux, se sont redivisées en
sous-comité et sont allées travailler à l'intérieur
d'ateliers de travail regroupant chacun 20 à 30 personnes d'une
façon assez régulière. Lorsque le moment est venu d'entrer
effectivement à l'intérieur de la structure, donc d'avoir la
charte et de fonctionner, la participation à l'élection a
été de 225 personnes à cette étape. Depuis ce
temps, près d'un an maintenant, la phase de participation des membres du
conseil d'administration et d'un comité consultatif élargi a
toujours été assez vivante et s'est toujours maintenue d'une
façon assez stable à toutes les étapes de cette
participation. En ce qui concerne le secteur de Saint-Henri, la participation a
été excellente et s'est particulièrement maintenue.
Peut-être que mon confrère de Montréal-Nord pourrait aussi
ajouter d'autres choses au niveau de cette participation.
M. LACROIX: Est-ce que je pourrais vous demander combien de personnes
dessert votre CLSC?
M. PAQUETTE: Nous avons un bassin de population de 32,000.
M. LACROIX: 32,000, et vous considérez qu'avec une participation
de 150 à 200 c'est très démocratique?
M. PAQUETTE: Je considère qu'au niveau d'une assemblée
générale, si je fais référence aux diverses
assemblées générales de groupes constitués du
quartier que sont ou bien les caisses populaires ou bien d'autres
comités sociaux ou culturels, cette participation se situe en haut de
l'échelle du nombre.
Par contre, je suis d'accord avec vous et c'est probablement ce
que sous-entend votre question que la participation des citoyens
à un travail de santé et social pourrait évidemment
être beaucoup amélioré. Mais il faut aussi entrer dans le
décor, je crois. Cette participation des citoyens à la
gérance ou, tout au moins, à la détermination de leurs
priorités dans le domaine social et dans le domaine de la santé
est assez nouvelle puisque ce n'est pas au niveau des hôpitaux, des
centres d'accueil ou des centres de services sociaux qu'il y avait,
expressément contenue, cette participation au niveau de la
détermination des objectifs.
Je suis d'accord avec vous et c'est probablement ce que vous
souhaitez que cette participation s'affirme et s'amplifie beaucoup et
nous mettons tout en oeuvre pour que cette participation augmente. Evidemment,
nous ne sommes pas satisfaits de ce degré, nous voulons aller encore
plus loin dans cette participation.
M. LACROIX: J'ai été hospitalisé durant quatre mois
en 1973 et je me demande quelle formation et quelle compétence cela me
donne comme administrateur d'un hôpital. Les médecins ou les
religieuses ou d'autres personnes se sont occupés du système
hospitalier depuis de nombreuses années, et l'on oublie de les remercier
bien des fois. Je me demande si le fait d'être hospitalisé,
d'être un usager d'un centre hospitalier donne une compétence
particulière pour être membre du conseil d'administration.
M. OUIMET: D'abord peut-être que la question des hôpitaux on
n'est pas habilité pour en traiter, on représente les CLSC.
M. LACROIX: Le CLSC est dans l'hôpital, chez nous. Je ne sais pas,
chez vous, comment cela fonctionne. Je sais toujours bien que cela nous a fait
perdre 50 lits dont on avait besoin pour la population.
M. OUIMET: Au point de départ, disons qu'on fait confiance
à l'intelligence des citoyens ordinaires, tout en ne négligeant
pas l'apport des travailleurs de l'établissement. Je pense que c'est une
complémentarité. Si nous insistons sur la participation des
citoyens, peut-être que c'est dans l'esprit de la réforme des
services de santé et des services sociaux et que cet acteur nouveau,
dans le paysage, va permettre des changements qui, autrement, seraient plus
difficiles.
C'est sûr que cela pose des problèmes au niveau de la
participation, comme vous le disiez tantôt. A Montréal-Nord, notre
bassin de population est de 100,000 et nous avons rejoint, de façon
directe, depuis un an que nous existons, environ 450 ou 500 personnes,
c'est-à-dire des gens qui se sont déplacés d'une
façon ou d'une autre pour participer à une ou plusieurs
rencontres, et peut-être une soixantaine de personnes ont
été extrêmement actives dans des comités. Vous me
direz que ce n'est pas beaucoup et nous en sommes conscients, en termes de
quantité de participation, mais les CLSC sont nouveaux et il y a une
question de sensibilisation de la population à faire.
M. DUPLESSIS: J'insisterais peut-être sur un point: nous assistons
pour la première fois à
une définition des objectifs par les usagers eux-mêmes. Il
faut séparer, je pense, la définition des objectifs d'une
"opérationnalisation" de ces mêmes objectifs. Nous ne demanderons
pas aux gens qui sont aux conseils d'administration de gérer les budgets
et d'avoir à produire une gestion correcte de ces mêmes
objectifs.
Je pense qu'il y a deux parts. Il y a la part réflexive, et pour
une fois l'impact que créent les services sur la personne sont
mesurés par les usagers, et ce même conseil mandate une direction
et des employés pour réaliser un certain travail. Nous assistons
à une réforme qui, à mon sens, est souhaitable et à
tout le moins, pour l'instant, elle permet des visions très
positives.
M. LACROIX: Au point de vue de l'administration du CLSC, l'an
passé, aux Iles-de-la-Madeleine, le budget d'opération du CLSC
était de l'ordre de $235,000, et cette année, si mes informations
sont valables elles me viennent de quelqu'un du bureau d'administration
ce serait de l'ordre de plus de $700,000. Je me demande si le point de
vue administratif ou le point de vue des budgets, ce n'est pas important.
M. DUPLESSIS: Je pense que c'est important, mais il me semble que nous
faussons un peu la raison de notre venue ici et que nous nous embarquons dans
un débat sur une situation très précise, ce qui
m'embête un peu à cause du mandat que j'ai reçu ce
matin.
M. LACROIX: Quand ça ne fait pas votre affaire, ça vous
embête.
M. DUPLESSIS: Non, je ne dirais pas ça. Je dirais que nous
débordons un peu et que c'est une situation qu'il faudrait
réexaminer avec tous les éléments en main. Je pense que
nous sommes un peu mal placés, vous en conviendrez avec moi, pour
régler une situation très particulière. Je m'excuse.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable ministre.
M. FORGET: J'aimerais poser une question relativement à la
recommandation no 4. Vous faites observer, vous déplorez même, je
pense, une ingérence politique qui s'exprime par les nominations faites
par le lieutenant-gouverneur en conseil, c'est-à-dire le gouvernement.
J'aimerais vous rappeler peut-être un peu comme un ancien
philosophe grec avait dit de la langue que l'ingérence politique
ça peut être la plus mauvaise et aussi la meilleure des choses
étant donné que l'existence même des CLSC, je pense que
vous en conviendrez, résulte de l'ingérence politique dans le
réseau de distribution des soins. Je pense que vous devez manifester la
même ambivalence vis-à-vis de cette intervention plutôt
qu'une crainte non mitigée qui semble se dégager de votre
texte.
J'aimerais que vous puissiez nous expliquer sur quoi vous vous basez, en
fait, pour déplorer ces nominations. Est-ce qu'il s'agit d'une
expérience vécue qui aurait montré que les nominations
faites par le lieutenant-gouverneur en conseil jusqu'à présent,
dans les CLSC que vous connaissez, ont été un facteur de
difficulté ou de mauvais fonctionnement ou de discorde de façon
générale? Evidemment, il est toujours possible que sur un
individu en particulier il y ait une erreur de jugement mais, de façon
générale, il y a eu quand même un certain nombre de ces
nominations dans les CLSC de la région 6. Est-ce que vous pouvez faire
état d'une expérience généralement négative
de leur participation?
M. DUPLESSIS: Disons que la question me revient et je suis un peu mal
placé pour y répondre parce que je n'ai jamais, en ce qui me
concerne personnellement, assisté à ces nominations. Je ne sais
pas si mes deux confrères ont des expériences
là-dessus.
M. PAQUETTE: Chez nous non plus, M. le ministre, nous n'avons pas encore
de nomination du lieutenant-gouverneur en conseil, même si nous avons
fait nos suggestions dans ce sens; je crois que des réponses devront
nous venir très prochainement. L'esprit qui était sous-jacent
à cette recommandation, M. le ministre, était que nous nous
attachions particulièrement à la définition des membres
qui doivent être nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil,
à savoir les groupes socio-économiques du territoire desservi par
le CLSC.
Etant donné que c'est pour cette raison que ces personnes
paraissent au conseil d'administration et nous trouvons d'ailleurs souhaitable
qu'il y ait des représentants de ces groupes socio-économiques,
nous pensons qu'il pourrait être possible de permettre à ces
groupes de bénéficier de la même structure
d'élection dont bénéficient les autres catégories
qu'on appelle usagers. Nous pensons, à ce moment et là
nous laissons la partie réglementation de ces élections à
vos soins et aux soins de votre ministère qu'au niveau de la
théorie, il serait peut-être intéressant que les
différents groupes socio-économiques "listés" et
acceptés par le ministère, c'est-à-dire comme étant
des groupes socio-économiques, puissent, par un moyen collégial
quelconque, eux-mêmes élire, ou même suggérer au
ministre les noms en question, que le ministre pourrait ratifier si ces
personnes font effectivement partie de groupes socio-économiques. Cela
devrait être, à notre avis, le critère pour que ces
personnes paraissent aux conseils d'administration, de façon à ne
pas permettre à une autre tranche participante de la population
d'être représentée au conseil par un autre mécanisme
que le mécanisme à peu près général qui
prévaut au sein de nos conseils d'administration.
Maintenant, si vous me permettez, M. le
ministre, au niveau de notre expérience personnelle, nous ne
sommes pas placés pour répondre, parce que nous n'avons pas eu ni
d'expériences heureuses, ni d'expériences malheureuses en ce sens
et aucun des CLSC de notre région, à notre avis, ne nous a
rapporté des expériences malheureuses venant des personnes
nommées par le lieutenant-gouverneur.
M. FORGET: Je pense que c'est malgré tout une constatation assez
importante à faire à ce moment-ci, c'est-à-dire que sans
discuter le mérite théorique de votre recommandation, il demeure
que c'est assez significatif de savoir qu'elle n'est pas basée
nécessairement sur une expérience malheureuse constatée
dans les faits, mais sur un souhait quant à ce qui vous paraît
comme une organisation idéale.
Maintenant, j'aimerais peut-être que vous fassiez un petit effort
supplémentaire pour nous préciser ce que, selon vous, est un
organisme socio-économique. Il y a un groupe qui a paru devant nous,
hier, et qui a osé en faire une définition. Je dis "osé"
parce que c'est une définition, dans les meilleures circonstances,
difficile à faire, et je pense que le groupe a convenu avec nous que sa
définition n'excluait personne finalement. Donc elle n'était pas
très opérationnelle, si on veut. J'aimerais que vous fassiez
peut-être un effort correspondant pour voir si vous aurez plus de
chance.
M. DUPLESSIS: Je me vois mal placé pour élucider davantage
le problème car dans le territoire où je suis plus
spécifiquement concerné, le centre-ville, je dois vous dire, M.
le ministre, que nous avons une véritable mosaïque sociale. Quand
on parle de groupe socio-économique, on inclut les groupes
bénévoles, un peu toutes les activités aussi qui se
rattachent à des associations ou des groupes professionnels. Je pense
que la définition se veut plus large que restrictive et ce sont
peut-être les années qui vont nous aider à découvrir
ou à définir plus spécifiquement ce qu'on entend par
groupe socio-économique. On a peut-être en tête, une liste
de quelques groupes chez nous, mais c'est vraiment si vaste et si large qu'on
ne veut pas la restreindre à cette étape-ci.
C'est un peu dommage de ne pas pouvoir préciser davantage, mais
ça fait appel à des concepts qu'on découvre lors du
recueil de cette participation ou de cette sensibilisation qu'on essaie de
faire dans le milieu.
M. FORGET: M. le Président, je n'ai pas d'autres questions, du
moins pour le moment. Je vous remercie beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Personnellement, je tiens également
à vous féliciter pour votre mémoire et à vous
féliciter aussi pour le travail que vous faites à
l'intérieur des organismes...
M. LACROIX: Tu peux les remercier à genoux; ils travaillent pour
vous autres! Mets-toi à genoux; ils travaillent pour vous autres.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je crois que c'est difficile de faire de la
partisannerie quand on parle de soins, de services de santé, à
moins que les libéraux n'en fassent jusque-là.
M. LACROIX: Quand le diable se fit vieux, il se fit moine!
M. BEDARD (Chicoutimi): En tout cas, je tiens à vous
féliciter également pour le travail que vous faites au niveau des
CLSC, de tous les CLCS qui contribuent à ce que la population se sente
plus à l'aise face aux services de santé qui lui sont
dispensés.
Je sais que, sur ce point, plusieurs députés
libéraux auraient quelque chose à dire. Ils auront l'occasion de
le faire. D'ailleurs, ils l'ont fait en commission parlementaire lors de
l'étude des crédits.
M. LACROIX: Je trouve ça drôle. Vous vous servez de
ça pour nous battre et on se fait élire plus fort.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai jamais pensé aux CLSC en termes
de moyens de pression politiques ou d'instruments politiques. Je verrai
à en discuter plus longuement avec le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Avec plaisir, avec preuves à l'appui.
M. BEDARD (Chicoutimi): II est bien chanceux parce que son budget est
augmenté...
M. LACROIX: J'espère que le ministre le note.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... est triplé en ce qui concerne le CLSC
de son comté.
M. LACROIX: J'espère que le ministre en tient note et qu'il va
couper les dépenses.
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a des questions déjà qui ont
été abordées par M. le ministre. Je n'ai pas l'intention
d'allonger le débat. Simplement, lorsque vous parlez, à l'article
1, d'une nouvelle définition du terme "bénéficiaire" en y
ajoutant tous ceux qui ont participé à des activités de
l'établissement, du point de vue pratique, cela peut représenter
quoi en nombre de personnes? Cela peut mener jusqu'où en termes de
personnes?
M. OUIMET: Dépendant, évidemment, des CLSC...
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, je comprends.
M. OUIMET: ... disons qu'actuellement, à Montréal-Nord,
par exemple, cela voudrait dire 450 personnes qui ont participé à
des comités ou à des assemblées.
M. BEDARD (Chicoutimi): Même si les soins ne leur ont pas
été dispensés, je comprends que, du fait qu'ils ont
participé à des comités, ce serait votre suggestion qu'ils
soient habilités à ce moment-là.
M. PAQUETTE: Etant donné M. le député, que dans la
structure des CLSC, il y a quand même quatre modules qui sont l'accueil,
la santé, le social et l'organisation communautaire ou l'action
communautaire, il est bien difficile de déterminer quand un participant
à différentes assemblées du CLSC travaille à
l'intérieur de l'action communautaire ou ne travaille pas à
l'intérieur de l'action communautaire, travaille à
l'intérieur de l'accueil ou ne travaille pas à l'intérieur
de l'accueil. Il est facile de parler d'usagers quand on parle de services de
santé. Il est assez facile de parler d'usagers si on parle de services
sociaux, si c'est une personne qui se rend en entrevue chez un professionnel
des services sociaux. Mais il est assez difficile de déterminer quand un
résident du territoire sera un participant à l'action
communautaire ou sera un participant à l'accueil. Pour nous, un
participant à l'action communautaire, c'est aussi la personne qui
travaille en comité pour déterminer des objectifs
"d'opérationnalisation", si vous voulez, des services du CLSC, parce
qu'à ce moment-là cette personne dans le comité participe
à l'action du CLSC; elle participe donc à l'amélioration
des services et participe également à l'amélioration des
conditions de vie des citoyens du territoire.
Pour nous, cette personne fait de l'action communautaire ou participe
à l'action communautaire. On pourrait aussi dire la même chose au
niveau de l'accueil.
Dans ces termes, les personnes qui participent à des
comités sont des usagers mais comme le terme usager est quand même
restreint dans notre mentalité habituelle à quelqu'un qui
reçoit un service identifié pour lequel il remplit une carte
d'introduction, si vous voulez, ou d'admission, cela nous semble quand
même restrictif. Il ne faudrait pas restreindre à ce niveau mais
bien encadrer les quatre modules de l'activité générale du
CLSC.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez parlé de danger
d'ingérence politique et vous avez souligné je pense que
c'était heureux que vous le fassiez qu'en ce qui vous concernait,
en tout cas, vous n'aviez aucune réprimande à faire dans ce sens,
aucun cas particulier d'une ingérence indue, du point de vue
politique.
Je pense qu'il est heureux qu'il en soit ainsi, je ne sais pas si on
doit féliciter le ministre là-dessus.
Je voudrais savoir si, concernant ces nominations par le
lieutenant-gouverneur, vous êtes consultés. Est-ce qu'il y a un
mécanisme de consultation? Est-ce qu'il y a des possibilités,
pour le CLSC, de recommander des personnes au niveau du ministère?
M. PAQUETTE: II n'y a pas de mécanisme de consultation
prévu à l'intérieur de la loi. Mais en ce qui nous
concerne, parce qu'il faut parler d'expérience, dans ce domaine, nous
avons envoyé des recommandations au ministre, qui nous a retourné
les recommandations nous demandant de nommer d'autres personnes, de
façon à avoir un choix plus varié.
Dans ce sens, il y a quand même eu une communication. Mais quand
nous parlons, à l'intérieur de notre mémoire, de cette
partie et que nous soulignons qu'à notre avis, à notre
connaissance, dans notre région, personne ne s'est plaint d'une
façon bien identifiée, nous voulons aussi, d'une certaine
façon, comme le disait mon confrère, faire de la
prévention parce que c'est aussi le rôle du CLSC.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... préventive.
M. PAQUETTE: Si vous voulez. Mais en ce qui concerne les nominations
faites actuellement, je pense qu'il faut sûrement féliciter le
ministre puisqu'il n'y a pas eu de plainte, quelle qu'elle soit, dans ce
domaine. Nous voulons que cet esprit soit non seulement maintenu mais soit
inclus à l'intérieur d'un texte qui aurait les mêmes
résultats que nous vivons actuellement, c'est-à-dire faire en
sorte que les gens soient satisfaits, si possible, des personnes qui
siègent au conseil d'administration.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une dernière question. Lorsqu'on parle de
professionnels de la santé, est-ce que vous trouvez que c'est un terme
qui peut créer de la confusion au niveau de la population?
Ne pensez-vous pas que la population, dès qu'on parle de
professionnels de la santé, par réflexe, ne pense pas, d'une
façon tout à fait spéciale, à des médecins
plutôt qu'à tous ceux qui sont inclus dans une définition
beaucoup plus large de ce qu'on peut appeler professionnels de la santé
à l'intérieur du bill 65?
M. DUPLESSIS: Je pense que votre remarque est pertinente en ce sens que
la référence habituelle des gens qui demandent des services,
quand on accroche une étiquette professionnelle, c'est beaucoup plus le
médecin. Je dois vous dire qu'il y a des expériences heureuses
qui ont été tentées dans certains centres de services
médicaux, qui sont des expériences qui visent à mettre des
équipes en charge de problèmes par rapport à des
individus. Par exemple, des infirmières du côté
psychiatrique ou même des
toxicomanes qui ont délaissé l'usage de la drogue et qui
prennent en charge d'autres toxicomanes. Pour les alcooliques, c'est un peu la
même chose. Je vous réfère aux Alcooliques anonymes, par
exemple: c'est franchement fantastique. On est à se demander si le
concept professionnel ne doit pas être remodelé au sens de
sécuriser un peu plus le demandeur de services, parce que quand il voit
quelqu'un, au lieu de lui demander s'il est médecin, il lui demande
simplement s'il fait partie de l'équipe. On vise à faire
disparaître le plus possible l'étiquette de professionnel parce
que les expériences les plus modernes tentées aux Etats-Unis, et
celle des Alcooliques anonymes nous le révèle, celles qui ont le
plus de succès avec certains types de thérapies là
je ne parle pas d'interventions très spécialisées en
médecine ne sont pas nécessairement celles des
professionnels de la santé au sens d'un long entraînement ou d'un
long "training", si vous voulez. Il serait bon qu'une expérience soit
tentée au niveau des services communautaires pour que les centres qui
travaillent déjà en ateliers de travail perdent
l'étiquette puisque l'entraînement consacre quand
même quelqu'un comme étant un professionnel de la santé,
pour l'instant on ne peut pas s'en retirer et qu'on voie si
l'expérience est fructueuse ou non. On pourra se pencher
là-dessus, à la lumière de cette expérience, dans
peut-être un ou deux ans.
M. BEDARD (Chicoutimi): Penser, peut-être, à la
possibilité de trouver une autre appellation que celle de professionnel
de la santé.
M. DUPLESSIS: Oui, qui serait plus heureuse, je le pense.
M. BEDARD (Chicoutimi): On demandera une suggestion au
député des Iles-de-la-Madeleine. On peut en parler puisque ce
n'est pas méchant.
Merci.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Rosemont.
M. BELLEMARE: Monsieur, dans un bassin de 32,000 personnes, vous donnez
des services à combien de personnes?
M. PAQUETTE: Dans le bassin de 32,000 personnes que nous desservons et
à la période où nous en sommes rendus, la période
de démarrage, c'est bien sûr que nous ne recouvrons pas
actuellement l'entité des services que nous aurons quand nous serons
complets.
Nous n'avons actuellement que treize employés; nous suivons la
démarche normale prescrite à l'intérieur des structures du
ministère en ce qui concerne les CLSC. Actuellement, nous donnons des
services réduits et nous en implantons au fur et à mesure que nos
program- mes et nos budgets sont approuvés. Or, nous rejoignons
actuellement autour de 1,000 à 2,000 personnes avec une équipe de
treize permanents, c'est-à-dire qui viennent chez nous recevoir des
soins de santé, parce que c'est la seule dimension qui est actuellement
intégrée étant donné l'obligation que nous a faite
le ministre, en avril dernier, d'intégrer une clinique populaire. Alors,
ce n'est qu'à cette dimension-là actuellement que nous
fonctionnons et nous sommes encore en période dite de
démarrage.
M. BELLEMARE (Rosemont): 1,000 à 2,000, annuellement ou
mensuellement?
M. PAQUETTE: C'est-à-dire pendant la période où
ç'a été calculé, ce qui fait à peu
près une période de quatre mois.
M. BELLEMARE (Rosemont): Quel est le budget?
M. PAQUETTE: Notre budget actuel est un budget de fonctionnement au
niveau de la programmation uniquement, et il est actuellement de $123,000.
M. BELLEMARE (Rosemont): Cela fait cher la personne.
M. PAQUETTE: Oui mais...
M. DUPLESSIS: Puis-je? J'ai une expérience à vous citer
où il y a un passé un petit peu plus long. Dans le service de
santé où je travaille, qui est en voie de se transformer
probablement en module d'un centre local de services communautaires, nous
atteignons certainement 30 p.c. de la population annuellement, avec un budget
de $100,000. Et ceci au niveau de la santé physique et mentale.
M. BELLEMARE (Rosemont): Vous parlez toujours du district
Saint-Henri?
M. DUPLESSIS: Non, je parle du district centre-ville.
M. BELLEMARE (Rosemont): Centre-ville sud?
M. DUPLESSIS: Non, centre-ville centre.
M. BELLEMARE (Rosemont): Centre-ville centre, d'accord.
M. DUPLESSIS: Evidemment, la création des CLSC est encore
très neuve et dès qu'il y aura un petit peu d'ancienneté
et que les modèles seront rodés, je pense qu'on atteindra
facilement de 30 p.c. à 40 p.c. ou 50 p.c. de la population. Je crois
que c'est énorme quand on s'aperçoit que 30 p.c. d'une population
requière des soins, en ce qui me concerne, médicaux et
de santé mentale, et on imagine tout l'aspect d'accueil, l'aspect
social qui pourrait être développé.
M. PAQUETTE: J'ajouterais, M. le Président, si vous me permettez,
M. le député, juste pour compléter l'information, que sur
le budget dont je vous ai parlé il y a quand même une partie qui
ne relève pas des soins à la population, et M. le ministre
pourrait sûrement préciser là-dessus au niveau de
l'information. Il y a toute une partie qui est de recherches parce qu'on est en
implantation, donc il y a un programmeur-analyste et il y a un coordonna-teur
qui font les enquêtes pour préparer les programmes tels que le
ministre le désire. Actuellement, au niveau des soins qui sont
apportés, il n'y a qu'une partie du budget, totalisant $50,000, qui va
à cette partie des soins eux-mêmes. Il y a 2,000 personnes qui
sont enregistrées sur des cartes, qui reçoivent des soins de
santé. En plus de ça, il faudrait aussi "lister" l'ensemble des
personnes avec lesquelles nous dispensons de l'organisation communautaire ou de
l'intervention dite sociale.
M. BELLEMARE (Rosemont): Ma dernière question: Pouvez-vous
expliquer à la commission si sept personnes élues à
l'assemblée amélioreraient vos services?
M. DUPLESSIS: Je pense que oui. Encore hier, j'étais à une
réunion de ce comité d'implantation chez nous et on se demandait
comment on pourrait arriver à représenter toutes ces
espèces de composantes sociales. Je parlais tantôt de
mosaïque sociale; il y en a tellement qu'on se demande qui nous devons
rejeter plutôt que qui nous devons incorporer.
A mon sens, le chiffre 7, ici, revêt un caractère un peu
circonstanciel; c'est sept par rapport à un conseil d'administration de
treize personnes qui peuvent voter. Si on est assez habile pour choisir sept
usagers qui seraient représentants de sept couches sociales, je pense
qu'on a un portrait assez global de l'ensemble. Je vous dirais que cinq, c'est
bien près de sept. Je suis d'accord avec vous. La seule
différence, c'est qu'au niveau du vote la représentativité
ou la majorité est définitivement acquise du côté
des usagers.
Personnellement, je suis en train d'élaborer une formule qui
ferait participer davantage d'autres groupes d'individus ou d'autres
représentants. Ce ne serait pas au conseil d'administration, puisque la
loi nous prescrit tant d'individus, mais ces représentants pourraient
donner une nouvelle image au niveau des services. Je pense pouvoir vous dire
que sept serait un chiffre bien inférieur à ce dont on aurait
besoin. Mais vous n'êtes pas sans savoir qu'un conseil d'administration
composé de trente ou quarante personnes ne peut absolument pas
fonctionner. Nous voulons nous en tenir à sept person- nes avec un
pouvoir décisionnel, mais créer des comités consultatifs
d'individus qui amélioreraient davantage la qualité des services
qu'on entend distribuer.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Sainte-Marie.
M. MALEPART: Pourriez-vous me dire, au niveau des élections qui
ont eu lieu pour choisir les usagers, s'il y a des endroits où on a eu
de la difficulté à avoir le quorum?
M. OUIMET: Je peux vous parler de Montréal-Nord où il y a
eu une élection du conseil provisoire au mois de mars; nous avons eu 350
personnes.
M. MALEPART: Saint-Henri et Montréal-Nord semblent avoir une
participation énorme, mais dans Montréal vous représentez
environ quatorze CLSC; alors, est-ce que dans les quatorze CLSC c'est la
même expérience qui a été vécue ou si dans
d'autres endroits il y a eu plus de difficultés que chez vous?
M. PAQUETTE: Effectivement, M. Malé-part, il y a des CLSC dans la
région qui, à cause de leur degré d'implantation, de
l'étape où ils sont rendus dans l'implantation ou dans l'impact
auprès de la population... Pour certains, c'est au niveau des
comités consultatifs, parce qu'il n'y en a que cinq qui sont au niveau
des chartes et de l'implantation elle-même. Mais, même au niveau de
l'implantation, il y a toujours le fait que cela peut être difficile de
temps à autre de réunir le quorum de 100. D'ailleurs, même
dans les centres hospitaliers, dans les centres d'accueil, nous avons eu de la
difficulté, même dans la région de Montréal,
à réunir des quorums et, au conseil régional, nous avons
dû faire des nominations, tel que la loi le prévoit, au niveau des
usagers.
Alors, pour répondre à votre question: Oui, il arrive dans
des secteurs qu'il est difficile de réunir le quorum de 100. Par contre,
je pense que ce quorum est quand même un indice minimum de
représentativité qu'il faut maintenir, à moins de trouver
un autre mécanisme pour cette élection.
Mais c'est quand même un minimum et c'est aussi un peu une
espèce de baromètre de notre action, d'une certaine façon.
Remarquez qu'il y a aussi beaucoup d'intervenants qui peuvent entrer en ligne
de compte et faire en sorte qu'à un moment donné, pour une
période de l'année, ce soit plus difficile. Mais je pense que, si
un CLSC ne réussit pas au niveau d'une assemblée
générale à réunir 100 personnes, ça ne veut
pas dire qu'il a mal travaillé mais ça veut dire qu'il doit
sûrement faire des efforts dans un autre sens pour attirer cette
population-là à son assemblée générale
annuelle.
M. MALEPART: J'aurais une autre question.
Vous mentionnez les groupes socio-économiques. Tantôt, vous
avez dit que vous avez des conseils consultatifs. Pourriez-vous nous mentionner
quels sont, concrètement, les groupes socio-économiques avec
lesquels vous oeuvrez dans votre milieu?
M. DUPLESSIS: D'abord, j'aimerais vous dire que la Chambre de commerce
est sollicitée, que des groupes comme University Settlement ont
été pressentis, de même qu'un centre d'accueil
regroupé auprès du CEGEP du Vieux Montréal. Nous sommes en
train d'intéresser, par exemple, le YMCA, qui distribue des
activités dans le cadre du conditionnement physique, le centre
Aérobix. Cela va vous paraître probablement des choses farfelues
mais, pour nous, cela a une incidence percutante au niveau de la population. On
parle de conditionnement, d'entraînement, de gymnastique; tout est
galvaudé et on se demande quel est le vrai profil, où devons-nous
aller et quelle est la vérité là-dedans.
Nous essayons d'intéresser le plus possible ces groupes. Il y en
a qui sont bénévoles, il y en a d'autres qui fonctionnent,
disons, à rentabilité, des entreprises privées, c'est
sûr, mais qui ont tous quelque chose à dire et qui ont une
certaine part de la crédibilité du public qu'il faut recueillir,
analyser, essayer d'inventorier et de mettre à profit pour ne pas
doubler ces mêmes services et aussi les utiliser ou établir des
mécanismes d'affiliation et d'entente.
M. MALEPART: Pour ma part, je ne les trouve pas farfelues. Ce que je
recherche, c'est au niveau paroissial, plus bas, plus près de la
population. Les groupes que vous m'avez mentionnés, je pense bien qu'ils
sont représentatifs mais ils sont pas mal plus éloignés de
la population si je prends les quartiers Saint-Henri, Sainte-Marie,
Saint-Jacques. Dans ces coins-là, je pense que ce n'est pas le YMCA qui
représente la population du milieu. Au niveau local, au niveau
paroissial, dans ces milieux-lâ, vous savez, les gens ont encore l'esprit
de clocher; pouvez-vous mentionner des noms de groupes qui collaborent avec le
CLSC?
M. PAQUETTE: En ce qui nous concerne, à Saint-Henri, monsieur,
j'ajouterais à des groupes déjà nommés par M.
Duplessis trois comités qui sont des comités consultatifs du CLSC
et qui travaillent au niveau de certaines portions, si vous voulez, de la vie
du CLSC. Je mentionne- rais le club de l'Age d'or, qui est en plein centre du
quartier et qui est logé par la ville de Montréal, le
comité de pastorale des paroisses Saint-Henri-Sainte-Elisabeth
regroupées et la Caisse populaire Saint-Henri, qui nous sert,
d'ailleurs, de comité consultatif de gestion.
Or, elle s'occupe un peu plus particulièrement de notre aspect
financier et nous conseille le ministre va être sûrement
satisfait de cette chose sur la façon de faire fructifier notre
argent pour qu'en restant en caisse pendant un certain temps, on puisse avoir
les meilleurs intérêts avec les services les moins chers.
M. BELLEMARE (Rosemont): Pour la question de la nomination par le
lieutenant-gouverneur, est-ce que vous souhaiteriez que ce soit vraiment une
personne du milieu qui oeuvre à un certain niveau? Si on regarde tous
les organismes, je pense que le CLSC s'éloigne des organismes
implantés au niveau local. Par exemple, la plupart des CLSC
considèrent comme désuet pour ma part, non les
conférences Saint-Vincent-de-Paul, les organismes de loisirs paroissiaux
et, je pense que c'est un endroit que vous avez négligé, les
caisses populaires. Il y a différents comités comme le conseil
des fabriques. Je me demande s'il ne serait pas bon que les nominations du
lieutenant-gouverneur se fassent à partir de ce potentiel de personnes
qui font un travail social dans le milieu, mais qui ne sont peut-être pas
intégrées au niveau des CLSC.
M. OUIMET: Effectivement, à Montréal-Nord, c'est le cas.
La plupart des organismes que vous avez mentionnés ou qui ont
été mentionnés par mes confrères tantôt ont
participé activement à la mise sur pied du CLSC au tout
début et ils continuent à participer. Alors, quand on parle de
groupes socio-économiques, ce serait, au point de départ, je
pense, ces groupes de base, encore peut-être des groupes paroissiaux qui
seraient les représentants de ces groupes socio-économiques,
quitte à ce que, en cours de route, on établisse des listes plus
élaborées.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Messieurs, je vous remercie de votre
présentation et de votre participation.
La commission suspend ses travaux jusqu'à treize heures
trente.
(Suspension de la séance à 11 h 8)
Reprise de la séance à 13 h 47
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre, messieurs! La commission des
affaires sociales reprend ses travaux. Je m'excuse des quelques minutes de
retard. J'inviterais, sans plus tarder, le représentant de
l'hôpital Laval.
Hôpital Laval
M. BONNEAU (Louis-Philippe): M. le Président, merci de nous
recevoir. Mon nom est Louis-Philippe Bonneau. Je suis le président du
conseil d'administration de l'hôpital Laval. Et m'accompagnent le
directeur général, le Dr Jean Grenier, à ma droite, et le
conseiller juridique, Me Robert Lesage.
Nous nous présentons devant vous parce que nous croyons que le
projet de loi 41 nous fournit l'occasion de vous exposer un problème
qui, je pense, n'est pas du tout unique à l'hôpital Laval mais est
assez général, à notre sens, pour que votre commission en
soit saisie.
Je me propose tout simplement de vous présenter le
problème dans ses grandes lignes. Je demanderai après, avec votre
permission, au Dr Grenier, directeur général, de faire
l'exposé du problème, et à Me Lesage de vous exposer ce
que le mémoire vous propose, un peu d'explications sur les
modalités que nous avons cru utile de vous proposer pour régler
ce problème.
Pour le bénéfice de ceux qui ne connaîtraient pas
l'hôpital Laval, c'est une institution qui a déjà
fêté son 50e anniversaire depuis quelques années, qui a
commencé comme une institution strictement réservée aux
tuberculeux et qui, graduellement, par la force des choses, a
développé une expertise importante qui est devenue à peu
près unique dans la région au plan de la chirurgie thoracique et,
bien sûr, cela s'est manifesté en particulier par la chirurgie
cardiaque. A telle fin que, dans l'évolution normale des choses,
après deux ou trois mutations de corporations qui sont passées
d'une sorte d'amicale à une société, qui
éventuellement est devenue la corporation telle qu'on la connaft
aujourd'hui, à travers ces mutations s'est introduit une autre mutation
ou au moins une variante qui est le regroupement des gens qui s'occupaient de
la cardiologie. C'est une corporation qui se nomme l'Institut de cardiologie de
Québec.
Nous avons essayé énergiquement, quand la loi 48 a
été promulguée, de trouver des accommodements à
l'intérieur de l'hôpital, qui respecteraient l'esprit de la loi et
qui feraient en sorte que nous essayions de conserver ce que nous croyons une
richesse à l'intérieur de l'hôpital, cette unité
autour d'une discipline, qui est la cardiologie et la pneumologie qui reste,
bien sûr, dans la tradition de l'hôpital. Puisque nous avions
commencé avec les tuberculeux, l'évolution normale sur le plan
médical était, bien sûr, la pneumologie.
Donc, nous avions ces deux richesses à l'intérieur d'une
richesse plus grande qui est l'hôpital et nous essayions de les
conserver, tout en respectant l'esprit de la loi qui, si nous la lisons bien,
n'est pas très enthousiaste pour des agglomérats, mais encourage
une unité administrative qui soit réellement une unité et
non, je le répète, un agglomérat de parties.
C'est donc dans cet esprit que nous avons cheminé. Quand le
projet de loi no 41 a été publié, nous avons cru qu'il y
avait là une possibilité de vous sensibiliser à une
façon de voir que nous avons et qui pourrait peut-être
régler non seulement notre problème, mais le problème d'un
bon nombre d'hôpitaux qui sont des hôpitaux
surspécialisés, comme le nôtre, et qui ont aussi une
affiliation universitaire. Je ne sais pas si c'est une sorte de relation
univoque entre l'affiliation et la surspécialisation, mais, enfin, la
majorité, sinon la totalité des hôpitaux qui sont
nommés surspécialisés sont aussi affiliés pour fins
d'enseignement et de recherche.
Alors, c'est dans ce contexte que nous vous présentons nos
commentaires. Je demanderais maintenant, avec votre permission, au Dr Grenier
d'exposer le problème tel qu'il se présente à
l'hôpital Laval, toujours avec cet esprit que nous croyons qu'il est
beaucoup plus général que celui que l'hôpital Laval pose.
Merci.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Grenier, vous avez la parole.
M. GRENIER (Jean): Merci. M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, je voudrais compléter ou ajouter aux
remarques de notre président, M. Bonneau, en faisant deux
considérations, si cela m'est permis; la première, plus
générale, concernant l'administration des milieux hospitaliers et
la seconde, spécifique aux hôpitaux qui, comme le nôtre, ont
des pointes d'excellence.
Je conçois que ces problèmes ne sont pas nouveaux. Ce
n'est pas l'exposé d'un phénomène nouvellement
étudié ou nouvellement découvert. La situation
traditionnelle en milieu hospitalier et, sous l'empire de la loi
présente, cette situation me paraît peu changée sur
le plan administratif a ceci de particulier qu'il y a dédoublement dans
la ligne d'autorité.
Cette situation particulière, on pourrait la détailler
mais je crois qu'elle a déjà été exposée
suffisamment. L'idée de l'aborder ici n'est pas de la critiquer ou de
proposer des remèdes généraux, comprenant très bien
les implications immenses que ceci comporterait et sachant, d'autre part, que
l'expérience nous a déjà démontré qu'il y a
moyen, au niveau d'un hôpital général en particulier, de
fonctionner malgré cette difficulté particulière propre au
milieu.
Donc, les résultantes de cette situation ne sont pas
nécessairement catastrophiques, du moins au niveau d'un hôpital
général, quant au fonctionnement normal d'un centre
hospitalier
standard, disons. La deuxième considération c'est que
l'évolution de la médecine hospitalière se fait à
partir de l'expertise acquise dans certains centres où se font
l'enseignement, la recherche et le développement de techniques
diagnostiques et de techniques de soins particuliers. Dans beaucoup de cas, au
Québec, nous sommes les témoins passifs de cette
évolution. Au fur et à mesure que l'expérience est acquise
ailleurs, par des communications, par des congrès nous sommes mis au
courant de ces nouvelles choses et nous les adoptons graduellement. Mais, par
ailleurs, nous avons la chance, dans quelques-uns de nos hôpitaux, en
particulier à Québec et à Montréal, d'avoir des
centres chez nous qui ont justement comme vocation de participer à la
recherche et à l'enseignement, à l'élaboration de
techniques diagnostiques ou thérapeutiques nouvelles.
Ces centres, on les reconnaît en général comme des
pointes d'excellence; ils sont reliés, comme on le disait tout à
l'heure, aux universités pour fins d'enseignement et aux
universités et à d'autres organismes pour fins de recherche.
Dans ces secteurs appelés pointes d'excellence ou appelés
centres ou appelés instituts, secteurs tertiaires ou encore secteurs
superspécialisés, on a une situation différente où
la mise en application de la situation générale de
l'administration en milieu hospitalier est extrêmement difficile. Les
caractéristiques particulières de ces centres, je les
décrirais comme étant une turbulence continuelle, une
capacité de s'adapter rapidement et aussi une capacité de
communiquer aux individus, aux équipes multidisciplinaires travaillant
dans ces groupes-là une motivation qui, entre autres, se manifeste par
des possibilités d'affiliation, de regroupement et d'une certaine
capacité de prise de décisions sur le plan local, de façon
à s'adapter rapidement, à faire face rapidement à des
changements et à des évolutions nouvelles.
Or, la situation que je décrivais tout à l'heure et qui
prévaut dans l'ensemble des centres hospitaliers est un embêtement
considérable au moment où on pense à une unité, un
centre d'activité ou un regroupement de centres d'activité
formant une pointe d'excellence.
Déjà les règlements reconnaissent que des services
multidisciplinaires peuvent exister, mais ces services, de la façon dont
on les conçoit, sont des regroupements multidisciplinaires
médicaux relevant du Conseil des médecins et non pas des
entités administratives capables de faire face aux problèmes, de
participer et de compléter un processus de prise de décision.
Alors, ce que l'on suggère, c'est que dans les centres
hospitaliers où il y a des pointes d'excellence, pour les raisons que
j'ai énumérées tout à l'heure et beaucoup d'autres
on pourrait élaborer beaucoup plus longuement là-dessus
il nous paraît nécessaire d'avoir une centralisation de la
prise de décision, une capacité de faire face aux
problèmes et aux changements plus rapidement et de s'adapter.
M. BONNEAU: Avec votre permission, M. le Président, je
demanderais maintenant à Me Lesage de vous exposer la technique ou enfin
la partie juridique que nous avons imaginée qui pourrait peut-être
aider à obvier aux problèmes que nous affrontons.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Certainement, M. Lesage, la parole est
à vous.
M. LESAGE (Robert): M. le Président, vous trouverez aux pages 7
et suivantes du mémoire de l'Hôpital Laval les solutions
législatives préconisées que nous avons regroupées
en quatre recommandations. Les deux premières recommandations sont des
recommandations accessoires aux recommandations principales qui suivent. Les
deux premières recommandations se trouvent à la page 8 et les
deux secondes à la page 9. En fait, nous avons opté pour cet
ordre de présentation en suivant l'ordre des articles de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux.
Notre première recommandation présuppose que l'on
reconnaît dans la loi l'existence d'un secteur
surspécialisé pour un centre hospitalier, secteur
surspécialisé qui constitue une unité administrative. Vous
savez que présentement l'organigramme qui est préconisé,
que l'on retrouve dans le règlement et que les articles 28, 29 et 30 du
projet de loi veulent consacrer, est constitué de quatre grandes
directions sous l'autorité du directeur général, soit la
direction des services administratifs, la direction des soins infirmiers, la
direction des services hospitaliers et, cas spécial, la direction des
services professionnels.
Nous préconisons que le secteur surspécialisé soit
une unité administrative qui se rattache directement au directeur
général et qui ait un chef à sa tête. Je reviendrai
là-dessus, mais pour l'instant, notre première suggestion c'est
que ce chef, ce directeur de secteur surspécialisé ait une voix
consultative au conseil d'administration, et c'est ce que nous recommandons
dans la première recommandation à l'effet de modifier l'article
20 du projet, qui se rattache lui-même à l'article 51 de la loi
où on trouve le mode de constitution d'un conseil d'administration d'un
centre hospitalier.
Nous nous trouvons par le fait même à suggérer que
le directeur des services professionnels d'un hôpital ait voix
consultative au conseil d'administration. Présentement, ce n'est pas
prévu dans la loi. La deuxième recommandation c'est simplement de
déplacer la disposition qui est prévue à l'article 14 du
projet de loi pour l'insérer à l'article 29. Nous soumettons que
l'article 14 qui traite des plans d'organisation et qui se situe dans les
dispositions ou qui veut modifier l'article 43 en ajoutant l'article 43 a)
régissant les plans d'organisation, excusez-moi, l'article 43 b),
l'article 14 propose d'ajouter deux articles, l'article 43 a) et l'article 43
b). L'article 43 b) est un cas spécial pour les
centres hospitaliers, et cet article 43 b) ne devrait pas se trouver
dans l'ensemble des articles qui régissent les plans d'organisation mais
bien dans les dispositions spéciales concernant les centres hospitaliers
et les centres de services sociaux.
Nous avons vu, dans cette disposition, un procédé de
nomination des chefs de département, ce qui nous amène, M. le
Président, à nos recommandations principales que l'on trouve
à la page 9. Nous préconisons d'ajouter à l'article 78
trois articles: 78 c), 78 d) et 78 e). Le premier de ces articles contient la
définition de ce que nous, nous préconisons comme un secteur
surspécialisé avec les éléments d'un tel secteur,
c'est-à-dire qu'il s'agirait d'un secteur qui se situe dans un centre
hospitalier affilié à l'université, qui groupe des
professionnels, des chercheurs et des professeurs, qui poursuit des objectifs
hautement scientifiques et qui exerce ou qui accomplit ses activités
sous une direction unique.
Nous préconisons qu'une telle définition constitue un
article qui indique bien quand un tel secteur surspécialisé
pourra se trouver dans un centre hospitalier.
A la tête de ce secteur surspécialisé nous voulons
nommer un directeur. La formule de nomination que nous avons
suggérée à l'article 78 d) s'inspire des procédures
qui ont été reconnues dans le règlement et dans l'article
43 b) pour les nominations de chef de département dans le cas d'un
hôpital affilié à une université. Nous
suggérons que ce directeur de secteur surspécialisé soit
un médecin. Ceci nous amène à l'article 78 e), qui
définit les pouvoirs que ce directeur de secteur
surspécialisé aurait. Ce directeur de secteur
surspécialisé aurait à la fois un pouvoir administratif et
une autorité fonctionnelle ou de compétence. Je soulignais tout
à l'heure que l'organigramme de base, dans un centre hospitalier,
prévoit quatre grandes directions. Quand on arrive â la direction
des services professionnels, il y a une césure, une interruption dans la
ligne d'autorité. Si le directeur des services professionnels
relève du directeur général, la loi ne prévoit pas
présentement que le directeur des services professionnels a une
autorité administrative hiérarchique ou verticale, on peut
l'appeler comme on veut sur les professionnels dont il est appelé
à surveiller les activités, lesquels professionnels seraient
limités, si le bill est adopté tel quel, aux médecins.
Le Dr Grenier a déjà souligné que les
départements cliniques ne sont pas des entités administratives et
c'est peut-être là qu'est la faiblesse de la loi et
l'originalité de la proposition que nous soumettons. Nous
suggérons que contrairement à un département clinique qui
relève du conseil des médecins, où il n'y a pas
d'autorité administrative, il y ait, dans un hôpital où il
existe un secteur surspécialisé, un directeur de ce secteur
surspécialisé.
Le directeur aurait des pouvoirs administra- tifs
délégués par le directeur général, lui
permettant de coordonner les activités de son secteur et aussi une
autorité de compétence, une autorité participant à
celle du directeur des services professionnels sur l'ensemble des
professionnels de son secteur. C'est l'originalité de la
proposition.
Maintenant, M. le Président, vous me permettrez de vous
suggérer d'ajouter dans le texte de l'article 78 e) que nous vous
proposons, à la troisième ligne, après le mot
"activité", les mots "professionnelles et scientifiques", parce que nous
réalisons que, le texte ayant déjà été
trituré, peut-être on a perdu le sens original. La première
phrase, en somme, devrait concerner l'autorité de compétence,
l'autorité fonctionnelle du directeur du secteur
surspécialisé. Alors, la phrase se lirait comme suit: Le
directeur d'un secteur surspécialisé dirige et coordonne, sous
l'autorité du directeur général, les activités
professionnelles et scientifiques du secteur. Et après, l'autre phrase
qui lui permet d'exercer une autorité administrative.
Nous vous soulignons que, de fait, à l'hôpital Laval,
ça se passe comme ça, sauf erreur. Peut-être que des
précisions pourraient vous être apportées, mais il y a ces
entités propres, l'Institut de cardiologie et le centre de pneumologie,
qui ont à leur tête un directeur, lequel coordonne les
activités du secteur sous l'autorité du directeur
général. La loi, présentement, ne donne pas de cadre
légal pour l'existence d'une telle entité et ce cadre
légal est souhaité par le personnel professionnel à
l'intérieur de l'hôpital, afin d'assurer son existence, afin de
garantir aux médecins et aux autres professionnels que l'avenir de
l'hôpital Laval pourra déboucher dans ces secteurs où on
pourra évoluer, comme le disait le Dr Grenier, avec une capacité
de s'adapter qu'on ne retrouve peut-être pas dans d'autres milieux
hospitaliers.
La quatrième suggestion, en fait, veut se rattacher à
l'article 30 du projet de loi, lequel limite les pouvoirs du directeur des
services professionnels à l'égard des responsabilités qui
sont déjà confiées au directeur des soins infirmiers, au
directeur des services hospitaliers ou au directeur des services
administratifs.
Nous désirons ajouter que le directeur des services
professionnels verrait sa responsabilité limitée également
par les responsabilités confiées au directeur du secteur
surspécialisé. Nous vous suggérons encore ici, si vous
nous le permettez, de remplacer, à la quatrième ligne, soit la
troisième ligne du bas de la page, le mot "données" par le mot
"reconnues". Et l'article se lirait comme ceci: Coordonner et surveiller les
activités professionnelles et scientifiques qui s'exercent dans
l'établissement, sous réserve des responsabilités
reconnues au directeur d'un secteur surspécialisé, au directeur
des soins infirmiers, au directeur des services hospitaliers et au directeur
des services administratifs par les règlements ou le plan
d'organisation.
La raison de cette variante, c'est que nous
préconisons que les responsabilités du directeur
surspécialisé soient écrites dans la loi. En
conséquence, ces responsabilités ne lui seraient pas
conférées ou données par les règlements. Elles lui
seraient reconnues par le fait que le plan d'organisation reconnaîtrait
l'existence d'un tel secteur surspécialisé. Il s'avère
donc que le secteur surspécialisé ne serait créé
que dans les cas où le ministre approuve un plan d'organisation
créant un tel secteur. Nous croyons que la formule est originale, la
formule donne des garanties, la formule est une amélioration, si vous
voulez, de la loi générale parce qu'on pourrait prévoir
l'organisation de secteurs surspécialisés qui se rattachent
à un secteur de soins généraux.
M. BONNEAU: Ceci termine, M. le Président, la présentation
de notre mémoire.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): La parole est au ministre, M. Forget.
M. FORGET: Je vous remercie. Je désire remercier l'hôpital
Laval de cette intervention sur un aspect qui est certainement très
particulier et, dans une certaine mesure, très technique du projet de
loi et de la loi elle-même dans son application actuelle mais qui
revêt un intérêt certain pour l'ensemble des centres
où sont reconnus des services ultra-spécialisés, soit
donc, en pratique, presque la totalité des centres hospitaliers
où se pratique l'enseignement et qui sont affiliés à des
universités.
J'aimerais, comme d'habitude, poser un certain nombre de questions pour
m'aider à comprendre le sens véritable de ce qui est poursuivi
par l'hôpital Laval dans ce mémoire. J'aimerais que vous fassiez
peut-être un certain effort, sans nécessairement aller dans tous
les détails, mais malgré tout un certain effort pour nous dire,
de façon peut-être un peu plus concrète, la nature des
pouvoirs, essentiellement des pouvoirs administratifs que vous souhaiteriez que
le directeur de cette unité ultra-spécialisée
possède. Je pense, en particulier, à la question suivante: II
existe dans le projet de loi une proposition de faire quatre directions qui
s'attachent à quatre aspects différents du fonctionnement d'un
centre hospitalier.
Si vous avez une direction unique d'un centre
ultra-spécialisé, je suppose que vous impliquez que la direction
des soins infirmiers, par exemple, et la direction des services hospitaliers,
pour ne nommer que ces deux-là, sont amputés, pour autant, de
leurs responsabilités relativement à un secteur
d'activité. J'aimerais d'abord vérifier si ma
compréhension est exacte et, ensuite, voir plus en détail
jusqu'où, dans votre esprit, va cette délégation
d'autorité à un chef de département, dans ce cas-ci
à un chef de département ultra-spécialisé.
M. BONNEAU: M. le Président, avec votre permission, je
demanderais au Dr Grenier de répondre à la question de M. le
ministre.
M. GRENIER: M. le Président, M. le ministre, je peux essayer de
répondre à votre question par le processus inverse,
c'est-à-dire la description de la situation actuelle. La situation
actuelle est celle où le directeur d'un centre
surspécialisé a, à toutes fins pratiques, les pouvoirs et
l'autorité, autorité surtout morale, qui lui sont
délégués de par sa responsabilité de directeur de
département de département multidisciplinaire dans ce cas
et qui touchent les actes professionnels, plus essentiellement les actes
médicaux strictement.
Or, l'ensemble des activités qui sont l'essentiel, la raison
d'être: les activités d'enseignement, les activités de
recherche, les activités de soins, demandent quotidiennement des
réorientations, des accommodements avec les objectifs, des
représentations au niveau du conseil d'administration, des
représentations au niveau du comité de régie ou du
comité de direction. Ces accommodements, dans le contexte actuel,
biaisent un peu la situation logique qu'on a essayé de mettre en place
et font, à toutes fins pratiques, double emploi, de telle sorte que
toute solution recherchée l'est à deux niveaux différents.
Si, à deux niveaux différents et parallèles, des solutions
sont recherchées, il est normal et humain que les solutions soient
différentes de part et d'autre. On se trouve donc maintenant dans la
situation de discuter laquelle des deux solutions adopter.
Ceci n'est pas mauvais en soi, administrativement, d'avoir deux
solutions à envisager, quitte à choisir la meilleure, mais
l'aspect humain joue dans cela. Ainsi, devant un problème particulier,
qui, finalement, est responsable de sa solution, puisqu'il s'agit rarement d'un
problème concernant strictement les soins infirmiers ou d'un
problème concernant strictement les soins hospitaliers ou proprement
médical? Il y a une intrication très étroite et ceci est
d'autant plus vrai dans ces centres que les traditions n'ont même pas le
temps de s'établir. Le plus souvent, en fait, l'administration le fait
par tradition. On a déjà eu ce problème à
régler. On l'a réglé d'une certaine façon. Le
processus a pu être long, mais on y a trouvé solution et on
procède, alors que, dans un secteur d'excellence, les traditions n'ayant
pas le temps de s'implanter, tous les jours on a des décisions à
prendre. Les mécanismes actuels ne le permettent pas ou, du moins, ne
permettent pas de s'assurer qu'une personne est d'abord et en première
instance responsable de trouver des solutions.
Or, il y a un jeu de renvoi de balle qui est automatique et qui est un
peu inévitable, qui est très insatisfaisant, très
démotivant pour ceux qui, de part et d'autre, ont à essayer de
trouver des solutions et à s'assurer que le secteur fonctionne de
façon satisfaisante. Je ne sais pas si cela définit
suffisamment.
M. FORGET: Oui.
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Excusez-moi. Pour le
bénéfice de la commission, est-ce que vous pourriez vous
identifier à nouveau, s'il vous plaît?
M. GRENIER: Certainement. Jean Grenier, directeur général
à l'hôpital Laval.
M. BONNEAU: Voulez-vous que nous deux, nous nous identifions de
nouveau?
LE PRESIDENT (M. Carpentier): Non, c'était simplement pour
répondre à la demande de certains membres de la commission qui
m'avaient demandé l'identification.
M. LESAGE: Si vous me permettez, M. le Président, de poursuivre,
pour compléter la réponse du Dr Grenier, je ne crois pas que la
suggestion implique une amputation des pouvoirs du directeur des services
infirmiers ou du directeur des services administratifs. Il s'agit plutôt
d'un partage des pouvoirs du directeur général et des pouvoirs du
directeur des services professionnels. Cela n'implique d'aucune manière
l'amputation des pouvoirs des autres directeurs des autres sections. Nous
imaginons, par exemple, que ce directeur de secteur surspécialisé
n'aurait que peu à voir avec le directeur des services administratifs
qui doit s'occuper du maintien de l'installation, etc., sauf lorsque ça
concerne immédiatement son secteur surspécialisé. Par
contre, il pourrait jouer un rôle au plan de l'agencement des
activités de coordination avec le directeur des soins infirmiers ou le
directeur des services hospitaliers.
M. FORGET: Me Lesage, j'ai un peu l'impression que vous êtes en
train de jeter le bébé avec l'eau du bain si vous poursuivez
davantage parce que, essentiellement, si le problème n'est pas de
limiter l'autorité d'autres directions, je comprends mal le sens de la
demande puisqu'il n'y a pas de conflit de juridiction, je pense, entre le
directeur des services professionnels et le directeur général, si
on fait abstraction complètement des autres directions.
C'est la nécessité de composer, si vous voulez, dans une
localisation complexe avec différents secteurs d'activité que
j'avais compris être à la source des problèmes de
coordination que l'on voulait résoudre, mais si on dit qu'il n'y a pas
de problème de ce côté, c'est une solution à la
recherche d'un problème, ou du moins il me semble.
Pour être plus concret, j'aimerais donner quelques exemples. Il
est clair que si l'on envisage une direction unique pour un secteur ultra
spécialisé, on pourrait, à la limite, envisager que, des
activités qui sont utilisées par tous les départements
cliniques, ultra-spécialisés ou pas, dans un centre hospitalier,
sont fournies, selon la loi et les règlements actuels, par exemple, dans
le cadre des services dits hospitaliers, par les archives. Cela, je pense que
c'est un exemple assez approprié. C'est très simple. On pourrait
imaginer que si on veut véritablement une direction unifiée, dans
un département clinique, il y aura donc des dossiers à part et
qu'on n'aura pas une mise en commun des archives qui devraient, en principe,
autrement, servir à tout l'établissement hospitalier. C'est dans
ce sens que je dis: Est-ce que vous envisagez un genre de soustraction des
responsabilités du directeur des services hospitaliers dans des secteurs
qui sont actuellement de sa compétence pour réaliser justement
une meilleure intégration fonctionnelle de toutes les autres
activités qui collaborent à l'efficacité totale de ces
services ultra-spécialisés? Si oui, c'est une modification
substantielle et on pourra faire des commentaires là-dessus une fois
qu'on connaîtra la réponse à votre question, mais il
demeure qu'il est important de savoir ce que c'est dans votre esprit au
juste.
M. BONNEAU: Je vous remercie, M. le Ministre. Le Dr Grenier va
répondre à cette question, si vous le permettez, M. le
Président.
M. GRENIER: M. le Président, M. le ministre, la réponse
à la question posée comme ça, c'est oui. Le
département multidisciplinaire actuellement reconnu regroupe un certain
nombre de professionnels, essentiellement des médecins. Sur le plan
administratif, cela nous semble insatisfaisant. Nous voudrions y voir
regroupés dans une entité administrative les services
spécifiquement rattachés ou très majoritairement
rattachés à cette pointe d'excellence ou à ce secteur
surspécialisé. Ceci comprend donc un certain nombre
d'unités de soins qui relèvent normalement de la direction des
soins infirmiers, sans pour autant dégager la responsabilité ou
l'autorité des soins infirmiers sur ces départements pour ce qui
est des actes infirmiers, un certain nombre de services actuellement
rattachés au service hospitalier et un certain nombre d'autres services
traditionnellement rattachés à ce qu'on appelait la direction
médicale ou la direction des services professionnels.
L'ensemble de ces services étant rattachés, disons,
spécifiquement à la pneumologie forment une entité, avec
une personne responsable, devant le directeur général,
d'étudier et de proposer des solutions aux problèmes qui se
posent dans le secteur au lieu de la situation actuelle où cinq ou six
directeurs sont plus ou moins mêlés à ces problèmes
sans que l'un d'entre eux en ait la responsabilité essentielle.
J'ajouterai ici que dans le cadre de la loi on parle d'autorité mais au
moment où je parle je pense beaucoup plus à un leadership. Je
crois que cette personne qui assumerait l'autorité l'exercerait vraiment
à travers un leadership beaucoup plus qu'à travers une
autorité fonctionnelle ou hiérarchique. Mais actuellement elle ne
le peut pas et, si elle essaie de le faire, elle va à l'encontre de la
loi.
M. FORGET: C'est-à-dire que, dans le moment, tout ce qu'on peut
avoir c'est le leadership, on n'a pas l'autorité. Vous aimeriez avoir
les deux?
M. GRENIER: C'est ça.
M. FORGET: Mais si je peux vous faire ce commentaire, il me semble
malgré tout que vous avez commencé votre exposé en parlant
du caractère souhaitable d'une unité de gestion. Si je
m'arrête à la description que vous venez de donner du monde tel
que vous l'envisagez, alors vous avez certainement l'unité de gestion
mais à l'intérieur d'un sous-ensemble de l'hôpital,
c'est-â-dire l'unité de gestion d'un département
ultra-spécialisé. Mais ce n'est plus la même unité
de gestion dont il me semblait qu'on parlait au départ, l'unité
de gestion du centre hospitalier dans son ensemble. Je suis bien d'accord qu'on
peut préférer l'un à l'autre, c'est votre droit le plus
strict. Il demeure qu'on ne s'approche certainement pas, à mon avis, de
l'unité de gestion si on fractionne en autant de petits hôpitaux
chacun des hôpitaux d'enseignement puisque c'est un petit peu
peut-être que j'exagère un peu, je veux bien la direction
que vous aimeriez que la loi et les règlements prennent.
M. BONNEAU: M. le Président, je crois que je peux parler ici au
nom du conseil d'administration pour dire d'une façon très
énergique que ce n'est en aucune façon l'esprit qui règne
au conseil d'administration de l'hôpital Laval de morceler
l'hôpital Laval. Nous essayons de trouver à l'intérieur
d'une unité de gestion de l'hôpital Laval, qui prend les
intérêts de la maison dans son entier, des formules qui gardent ce
que j'ai appelé tantôt les richesses que les années nous
ont données, sur tous les plans: plan médical, plan infirmier et
tout le reste, qui font partie d'une tradition, qui ont besoin d'une certaine
unité morale à tout le moins, si on ne peut pas avoir une
unité administrative. Mais l'unité morale, vous savez très
bien aussi que c'est tellement fragile qu'à un moment donné les
gens qui sont les plus vivement impliqués dans ce processus se disent :
Qu'est-ce qui va arriver demain, qu'est-ce qui va arriver après-demain?
Ils voudraient avoir, avec raison nous croyons, un certain nombre de garanties
que la loi, une sorte de loi-cadre, leur fournirait.
C'est dans ce contexte, loin de vouloir morceler. Si c'était pour
morceler, je serais le premier à m'y opposer de façon la plus
énergique possible et avec tous les membres du conseil.
M. FORGET: Remarquez que je ne veux pas, par mes remarques, laisser
croire que je ne suis pas sympathique à l'idée d'avoir une
situation claire et qui conduise â la satisfaction, justement par sa
clarté, de tous ceux qui se retrouvent au sein d'une même
structure de travail. Il demeure que si vous avez, avec accès au conseil
d'administration, des directeurs, peut-être en nombre multiple,
d'unités ultraspécialisées qui ont chacun le
contrôle total sur l'ensemble des ressources à la fois
professionnelles, mais dans un sens large, et des autres ressources dont ils
ont besoin, le conseil d'administration va avoir une lourde tâche que de
réaliser malgré tout, il me semble, l'unité d'action de
l'ensemble. Mais vous n'avez pas besoin de réagir à ceci, ce
n'est qu'une opinion personnelle, qui n'est pas invincible, d'ailleurs. Il
reste que j'aimerais vous poser une dernière question, peut-être,
et à cela non plus vous n'êtes pas tenus de répondre si
vous préférez ne pas le faire, mais dans quelle mesure avez-vous
consulté l'ensemble des médecins, des professionnels
médecins qui sont à l'hôpital, non seulement ceux qui sont
dans l'unité ultraspécialisée, mais les autres
également, sur une proposition comme celle-là?
M. BONNEAU: M. le Président, je voudrais répondre à
M. le ministre de la façon suivante. Vers 1871-7 2 il s'est fait,
à l'hôpital Laval, une vaste opération dirigée par
le conseil d'administration qui a donné lieu à une série
d'objectifs dans lesquels on retrouve, bien sûr, l'orientation
générale de l'hôpital. Tout ça a été
maintenant inséré dans le plan d'organisation et tout le reste.
Alors il n'y a aucune hésitation à répondre, tous les
professionnels, non seulement les médecins, mais enfin largement le
personnel de l'hôpital Laval a été consulté, a
donné son avis; et je pense qu'on peut dire qu'en 1972, à cet
instant-là, il y avait unanimité à peu près
complète.
Depuis ce temps, je peux dire que l'unanimité s'est à peu
près maintenue complète. Je ne voudrais pas dire par là
qu'il n'y a pas quelques exceptions qui ne sont pas tout à fait
d'accord, qui voudraient voir leur secteur un petit peu mieux
protégé, un petit peu mieux mis en exergue, mais en gros je peux
aussi réaffirmer que la majorité des professionnels, au moins des
médecins et largement des autres professionnels, est aussi encore du
même avis.
Pour ce qui est de la modalité technique que nous vous proposons,
il est bien sûr que là, nous, je pense que je peux vous dire, en
particulier, que le conseil d'administration est, majoritairement et
très largement majoritairement, à une exception près,
à toutes fins pratiques, en faveur de ce que nous vous proposons. Mais
pour savoir si, de façon précise, chacun des professionnels
à l'intérieur de l'hôpital est en faveur d'une
modalité telle que nous la proposons, nous n'avons pas fait une
dernière consultation puisque vous connaissez les délais qui nous
ont été impartis.
M. FORGET: Je vous remercie, c'est tout, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je veux vous féliciter également
de votre mémoire qui, pour employer votre expression, apporte une
solution originale, l'expression de Me Lesage, à une situation bien
particulière. Pour enchaîner sur les questions posées par
le ministre, vous êtes également président du conseil
d'administration?
M. BONNEAU: Du conseil d'administration, oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le conseil d'administration a
approuvé ce mémoire dernièrement?
M. BONNEAU: Oui. Hier après-midi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que vous l'aviez fait parvenir il y
a déjà quelques jours?
M. BONNEAU: M. le Président, voici comment ça s'est
déroulé. J'avais fait un sondage auprès du conseil, de
façon relativement précise mais encore en termes
généraux. Subséquemment à ce sondage, nous avons
fait un petit comité, avec notre conseiller juridique, et nous avons
rédigé le mémoire que nous vous avons envoyé. Et
subséquemment, hier, nous avons eu une séance
spécifiquement consacrée à la discussion de ce
mémoire. Et comme je l'ai dit tantôt, de façon
extrêmement majoritaire à une exception près, tous les
membres du conseil sont d'accord que ce serait, si vous consentiez à ces
modifications, une solution dont ils seraient très heureux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cette exception dont vous parlez, est-ce que ce
serait le conseil consultatif des professionnels qui...?
M. BONNEAU: Non, le conseil consultatif des professionnels ne fait pas
partie du conseil d'administration. Ils nous ont signifié leur
désaccord eux...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ils vous ont signifié leur
désaccord?
M. BONNEAU: Oui, mais c'est bien sûr que les membres du conseil
sont aussi au courant du fait que ce que nous appelons le CCP j'ai lu la
lettre d'ailleurs de ce groupe au conseil d'administration ...
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans un des amendements que vous proposez
à la page 8 de votre mémoire, à savoir la présence,
au niveau du conseil d'administration, du directeur de tout secteur
surspécialisé ou ultra-spécialisé, avec voix
consultative seulement, est-ce que, jusqu'à maintenant, je ne sais pas,
le directeur du département de cardiologie est continuellement
consulté, face à des décisions qui peuvent concerner le
département ultra-spécialisé.
M. BONNEAU: Je pense qu'on doit répondre oui, bien sûr,
à cette question parce que, comme le directeur général
vous l'a expliqué, il a, de fait, une autorité morale
relativement grande et il dirige un secteur assez unifié. Pour ce qui
est de sa présence au conseil d'administration, il y a eu une sorte de
tradition qui a voulu que depuis longtemps le président de l'Institut de
cardiologie soit invité, à titre consultatif, au conseil
d'administration.
M. BEDARD (Chicoutimi): La tradition est maintenue.
M. BONNEAU: Personnellement, j'ai demandé de nouveau,
après les élections du mois de juin, que le conseil refasse cette
invitation et il est invité pour une année avec un autre
directeur, le directeur des services financiers, à titre d'observateur,
et quand il demande la parole, s'il y a lieu, le président la lui donne
pour qu'il puisse fournir certaines explications.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant ce que vous proposez d'une
façon globale dans votre mémoire, est-ce qu'il n'y a pas eu
déjà des échanges avec le ministère des Affaires
sociales sur l'opportunité d'instaurer ou de mettre en pratique les
recommandations que vous faites au niveau de votre mémoire? S'il y a eu
certains échanges d'idées avec le ministère des affaires
sociales, est-ce que vous pourriez nous dire quelles en sont les
conclusions?
M. BONNEAU: M. le Président, nous avons eu avec le
ministère, bien sûr, comme la loi nous le demande... Nous avons
proposé un plan d'organisation qui essayait d'être le plus strict,
suivant la loi 48 et les règlements. Nous avons, après beaucoup
de difficultés et, en fait, je pense que ce sont des
difficultés normales à l'intérieur de l'hôpital
fait un certain consensus qui nous a permis de présenter un plan
d'organisation au ministère. A l'heure actuelle, suivant notre
interprétation de la loi, suivant notre interprétation des faits
à l'hôpital Laval, ce plan d'organisation nous a été
retourné avec la mention : II y a telle chose qui ne fonctionne pas, il
faudrait recommencer. C'est à cet instant-là que nous avons cru
qu'il y avait un intérêt assez fort, de la part de votre
commission autant que de l'hôpital Laval, de revoir la situation d'un
autre angle et d'essayer de s'y attaquer en modifiant peut-être un peu la
loi 48 pour qu'on puisse accommoder, faire entrer cette réalité
qu'est l'hôpital Laval, et quelques autres qu'on mentionnait
tantôt, dans un cadre qui semble être extrêmement difficile
pour lui, à l'heure actuelle.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je dois comprendre que jusqu'à
maintenant, en fait, ces échanges se sont soldés, en somme, par
une...
M. BONNEAU: Ils sont pendants, monsieur.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... attitude négative de la part du
ministère face à vos recommandations.
M. BONNEAU: Je ne dirais pas, M. le Président, que c'est une
'attitude négative. C'est une attitude... On nous a posé beaucoup
de questions auxquelles nous pouvions difficilement trouver des réponses
dans le cadre de la loi. C'est une sorte de difficulté de
réconcilier la loi avec la réalité de l'hôpital
Laval, en définitive. Je pense bien qu'on se représenterait
devant le ministère avec un autre plan d'organisation, qui serait
approuvé à l'intérieur, qui reprendrait les grands
éléments, les grandes lignes de force qu'on trouve à
l'intérieur de l'hôpital, et on aurait probablement le même
genre de difficulté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ma question s'adresserait, d'une façon
peut-être particulière, à Me Lesage. Vous avez
présenté ce mémoire dans l'esprit d'une
amélioration de la loi générale, pour employer votre
expression. Est-ce que vous ne croyez pas qu'en termes de législateur,
cette situation, qui est quand même d'exception, devrait non pas se
retrouver à l'intérieur de la loi générale, mais
devrait s'inscrire plutôt ailleurs, que ce soit au niveau de la
réglementation ou à un autre niveau?
Je comprends que c'est un cas particulier dans le sens que maintenant on
parle de l'hôpital Laval.
Le Dr Bonneau a laissé entendre, tout à l'heure, que
peut-être le mémoire traite d'un cas particulier, mais que cette
situation se retrouve dans bien des hôpitaux où l'enseignement se
fait. Mais, comme processus législatif, est-ce que Me Lesage croit que
des situations d'exception à une loi générale ne doivent
pas s'inscrire normalement à l'intérieur de cette loi?
M. LESAGE: M. le Président, la loi est une loi cadre. La loi doit
offrir un cadre suffisant pour qu'on puisse régler les cas particuliers
peut-être par le truchement d'un plan d'organisation. Ce que nous
soumettons, c'est que, d'abord, le cas peut se répéter à
quelques exemplaires, peut-être pas à des centaines d'exemplaires.
En conséquence, il est opportun que la loi prévoie ce genre
d'autorité qui est confiée à une seule personne, à
la fois autorité administrative et autorité de compétence.
Cela n'existe pas dans la loi actuellement. Il n'y a rien dans la loi qui
permette de confier à un directeur une autorité administrative et
une autorité fonctionnelle. Nous croyons que c'est là la
formule.
De là à dire: II faut que ça s'applique à
l'hôpital Laval, plutôt qu'à tel autre hôpital ou dans
tel autre hôpital, il y a encore une discrétion qui pourrait
être exercée par le ministre par l'approbation du plan
d'organisation qui est soumis. Alors, à lui de contrôler, à
ce moment, si les éléments qui justifient l'exis- tence d'un tel
secteur se retrouvent dans l'hôpital qui en fait la demande. Nous ne
réglons pas carrément le problème; nous ouvrons le cadre.
Nous créons le cadre pour qu'on puisse trouver une solution à ces
problèmes. Plutôt que d'avoir un institut spécialisé
qui ne fait que ça, on a un département dans un hôpital qui
est axé sur une recherche particulière, des activités
spéciales et qui commande une direction unique exercée sous
l'autorité du directeur général qui, lui, coordonne
l'ensemble des activités de l'hôpital.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le ministre a abordé ce sujet tout
à l'heure; maintenant, moi, je voudrais avoir des explications pour
être sûr d'avoir bien compris. Le fait d'accepter la recommandation
que vous faites visant à donner une autorité hiérarchique
ou verticale à un directeur des soins ultra-spécialisés,
est-ce que ça n'empiète pas nécessairement on en a
parlé tout à l'heure sur l'autorité des autres
directeurs qui sont prévus au niveau du plan d'organisation? Il me
semble que c'est assez clair. Remarquez que je ne me prononce pas sur le fond;
ça ne veut pas dire que ça ne doit pas être comme
ça. Mais, à la lecture de votre mémoire, on peut voir, par
exemple, qu'à la page 7 vous dites textuellement: "Nous pensons qu'un
directeur de secteur surspécialisé pourrait harmonieusement
coordonner sous l'autorité du directeur général l'action
non seulement de son équipe multidisciplinaire, mais aussi des autres
services sans lesquels le secteur superspécialisé ne pourrait
exister". Vous énoncez à la page 6 de votre mémoire que,
même si cette recommandation était acceptée et qu'il y
avait une lacune corrigée dans la loi, il resterait des
déficiences je cite ce que vous dites à la page 6 à
l'avant-dernier paragraphe dans le sens qu'elle ne reconnaîtrait
pas "une autorité administrative suffisante au chef d'un tel
département pour lui permettre de coordonner les services administratifs
et hospitaliers connexes aux activités d'un tel département".
Je peux peut-être mal comprendre, mais, à mon sens, il ne
peut qu'y avoir empiètement si le directeur en question doit jouer
efficacement son rôle, au niveau du département dont il a la
responsabilité. Je voudrais savoir, premièrement, si c'est le
cas, très clairement.
Deuxièmement, comment voyez-vous le profil clair d'un
prolongement de ce travail de responsabilités qu'aurait le directeur en
question par rapport au travail qui est dévolu, par le plan
d'organisation prévu par la loi, aux autres directeurs?
M. LESAGE: M. le Président, n'étant pas moi-même
médecin, peut-être que ma manière de voir les choses
diffère un peu...
M. BEDARD (Chicoutimi): Les avocats sont un peu...
M. LESAGE: On va peut-être mieux se
comprendre M. Bédard. Cela dépend de ce que l'on entend
par empiètement. Nous proposons que ce directeur de secteur
surspécialisé ait une autorité qui participe de celle du
directeur général. Alors remarquez quant...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je m'excuse de vous interrompre. Quand je parle
d'empiètement, cela peut paraître négatif dans le sens
qu'on va chercher un droit à quelqu'un, auquel on n'a pas droit. Ce
n'est pas dans ce sens que j'emploie ce terme. Je ne voudrais pas que vous
l'interprétiez comme négatif, comme allant chercher...
M. LESAGE: Non, non.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... des choses qui appartiennent de droit
à d'autres.
M. LESAGE: Non, non, d'accord. Mais il est vrai que ceci serait
créer un supérieur aux autres directeurs de départements
parce que ce directeur de services surspécialisés participe de
l'autorité du directeur général. Or, le directeur
général est le supérieur des directeurs des autres
services, que ce soit le service administratif, le service hospitalier ou le
service des soins infirmiers.
Alors, à ce moment-là, si on parle d'empiétement,
je dis: Non. Je dis que c'est comme si le directeur général avait
un adjoint, lequel adjoint a de plus une autorité fonctionnelle pour
faire fonctionner son département. Ce n'est pas la création d'une
division des soins infirmiers à l'intérieur de ce secteur
surspécialisé, il n'y aura toujours qu'une division, qu'une
direction des soins infirmiers, toujours qu'une direction des services
administratifs ou une direction des services hospitaliers.
Mais déjà, dans le moment, les services de
l'hôpital, à l'intérieur de ces directions, sont
particularisés. Il y a des infirmières qui sont en cardiologie et
il y en a d'autres qui sont en pneumonologie. Cela existe déjà.
Cela n'enlèvera pas à la directrice du nursing son obligation et
son droit de surveillance de la discipline, le contrôle du
département, répartition du personnel, etc. Mais elle devra
justement s'en rapporter non seulement au directeur général mais
aussi d'abord au directeur du secteur surspécialisé dans ce
secteur.
M. GRENIER: M. le Président, s'il m'était permis, je
ferais un dernier commentaire en rapport avec les dernières questions
qui ont été posées. La situation des dualités de
lignes administratives et la présence de nombreuses zones grises en
milieu hospitalier ne sont pas les sujets vraiment qui nous amènent ici.
Sans doute qu'on les a mentionnés parce qu'ils sont sous-jacents au
problème, mais ce n'est pas du tout ce que nous nous proposons de
résoudre. C'est un travail d'Hercule que de parvenir à ça,
et cela prendra sans doute bien d'autres travaux, bien d'autres mémoires
pour y parvenir.
Le problème particulier qu'on voulait souligner, c'est que
l'essence propre ou la dynamique particulière d'un groupe qu'on appelle
l'équipe multidisciplinaire, et qui s'oriente vers la recherche,
l'enseignement et ces choses-là, est telle qu'en dehors de la
possibilité de quelque chose qui est du genre de ce qu'on propose ici,
ces centres, d'une part, n'auraient pas pu se développer et, en
étant privés, ils ne peuvent pas vraiment se développer
sainement, poursuivre leurs activités et leurs buts. C'est
l'expérience d'un certain nombre d'années d'administration en
milieu hospitalier qui vous est communiquée par ces paroles, et c'est le
résultat de la réflexion d'un bon groupe pendant un bon nombre
d'années.
Et est-ce que la solution est parfaite et ne comporte aucun
inconvénient? Je ne le crois pas. Il nous paraît que c'est la
solution optimale à un problème particulier qui existe en un
certain nombre d'exemplaires, dont le nôtre. On n'est pas plus
prétentieux que ça.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une dernière question. Vous avez dit
qu'à une exception près, cette recommandation avait fait
l'unanimité.
M. BONNEAU: Au conseil d'administration, oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est ça. Est-ce que je pourrais savoir
non pas qui n'était pas d'accord, mais quels étaient les
arguments apportés par ces gens qui n'étaient pas d'accord? Les
principaux...
M. BONNEAU: II n'y a pas d'argument principal, c'est une question
d'interprétation et de motivation. Enfin, notre interlocuteur, en
l'occurrence, est toujours extrêmement bien intentionné. Il croit
que ce n'est pas la façon d'aborder une solution.
Ils divergent d'opinion, mais je pense qu'il est très sain qu'il
y ait, à l'intérieur du conseil, une personne qui ne soit pas
d'accord. Cela arrive de temps en temps, même au gouvernement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela arrive ici fréquemment, aussi,
à l'Assemblée nationale! Merci.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Alors messieurs, nous vous remercions.
M. BONNEAU: Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): J'inviterais maintenant les
représentants de l'hôpital Marie-Clarac.
Vous pouvez procéder en vous identifiant et en présentant
vos collaborateurs immédiats.
SOEUR ANSELME: Soeur Anselme, directrice générale.
M. LALONDE (Pierre): Pierre Lalonde, comptable.
Hôpital Marie-Clarac
M. LESAGE (Robert): M. le Président, mon nom est Robert Lesage.
Je représente l'hôpital Marie-Clarac.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Très heureux de refaire votre
connaisse ! Alors, Sr Anselme.
M. BEDARD (Chicoutimi): II ne faut jamais parler en ce sens!
M. LESAGE: M. le Président, j'exposerai les vues de
l'hôpital Marie-Clarac.
S'il est un droit, dans la province de Québec, qui a une valeur
considérable, c'est le droit de s'exprimer, de dire ce que l'on pense.
Nous venons un peu ici comme étant la conscience politique pour jeter un
peu de lumière sur ce qui nous paraît être l'exercice d'un
pouvoir législatif quelque peu abusif à l'endroit d'une
organisation qui n'est pas unique, un hôpital, l'hôpital
Marie-Clarac des Soeurs de Charité de Sainte-Marie, hôpital qui
existe depuis 1963.
Nous voulons mettre la lumière sur le boisseau et cesser,
peut-être, de camoufler certains effets ou conséquences de la loi.
Nous avons l'audace, M. le Président, de venir ici
peut-être sommes-nous le rare organisme qui a cette audace vous
entretenir de choses qui ne sont pas plus agréables qu'il ne faut
à entendre.
Nous sommes un peu stupéfaits des interprétations
farfelues que l'on a données à l'article 17 du projet de loi no
41, qui modifie l'article 49 de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. C'est l'objet principal de notre mémoire.
Qu'une association comme la Fédération des administrateurs
de services de santé et de services sociaux se méprenne sur la
portée de l'article 49 tel que proposé, nous considérons
que cela exprime la frustration qui provient peut-être d'un certain
manque d'autonomie des directeurs généraux
d'établissements et que l'on veut saisir l'occasion d'affirmer qu'il y a
une réduction des pouvoirs du conseil d'administration dans l'article 49
et qu'en conséquence, il y a une réduction équivalente des
pouvoirs des directeurs généraux, ce dont je doute
personnellement beaucoup. Qu'un chef syndical en profite pour avancer que les
conseils d'administration sont des instances où les syndicats ont droit
de représentation, cet élan démagogique ne peut pas
tromper les gens avertis parce qu'on ne lit nulle part, dans la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, que le groupement syndical a
une représentation quelconque. Que les employés aient une
représentation, d'accord, mais que les syndicats aient une
représentation, non.
Mais que l'AHPQ, l'Association des hôpitaux de la province de
Québec, vienne adapter une interprétation, ici devant vous,
à l'effet que l'article 49 réduit les pouvoirs des conseils
d'administration des hôpitaux, j'en perds mon latin. Je me demande ce
qu'on a pu penser, comment on a pu en arriver à cet effort intellectuel.
Je me demande si l'association des hôpitaux est encore l'association des
hôpitaux ou si ce n'est pas, plutôt, l'association des conseils
d'administration des établissements.
Que tous ces gens aient convaincu le représentant officiel du
Parti québécois, qui a fait une grande déclaration
à l'ouverture des débats de cette commission, au moins, je
reconnais...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vous interromps, je ne les avais pas
rencontrés avant.
M. LESAGE: De toute façon, je reconnais au moins la bonne foi de
son représentant, qui, étant donné la technicité ou
la complexité de la question, a pu croire que telle était
l'intention ou la portée de cet article. Mais, M. le Président,
le comble, et je le dis sans mitiger la haute considération que j'ai
pour les conseillers juridiques du gouvernement, particulièrement en
cette matière, c'est que nous trouvons dans les notes explicatives une
explication qui vous berne, qui berne le lecteur, qui a peut-être
berné tous ces gens mais qui nous, ne nous bernera pas.
L'article 17, il faut le lire; la note explicative sur l'article 17,
à la page 2 a) du projet de loi dit ceci: "L'article 17 empêche un
établissement dont les actifs immobiliers sont la
propriété d'une corporation sans but lucratif d'aliéner
ses biens sans l'accord des membres de la corporation propriétaire".
On présente donc cette disposition comme limitant le pouvoir d'un
établissement, et établissement signifie conseil d'administration
de l'établissement. On dit qu'il sera empêché
d'aliéner les immeubles d'une corporation qui est propriétaire de
ces immeubles.
M. le Président, le conseil d'administration d'un
établissement n'a jamais eu ce pouvoir. Donc, il n'est pas question de
l'en empêcher. Il ne l'a jamais eu. En fait, ce que l'on donne par
l'article 17, en modifiant l'article 49, c'est tous les pouvoirs de la
corporation à l'établissement, c'est-à-dire au conseil
d'administration créé suivant la loi. Ce n'est pas une
restriction des pouvoirs de ce conseil d'administration mais une extension
globale de tous les pouvoirs. On dépouille la corporation qui existait,
la corporation propriétaire de tous ces pouvoirs à l'exception de
ceux qui sont mentionnés là et à l'exception d'un autre
pouvoir qui apparaît à
l'article 51, qui régit la constitution des conseils
d'administration et qui permet à la corporation qui maintient un centre
hospitalier de nommer quatre membres au sein d'un conseil d'administration de
11 personnes.
On a pu voir dans cette disposition un aspect absolument technique,
secondaire, mais nous affirmons que les droits fondamentaux des gens sont en
cause, et ce sont les droits à la disposition de son propre patrimoine,
à son usage et à l'indemnisation lorsqu'il y a confiscation.
Permettez, messieurs, que je revienne un peu en arrière
puisqu'à notre époque le pouvoir politique est détenu par
des gens qui ont peut-être moins de racines politiques qu'autrefois,
étant donné que ceux qui, faisant leur apprentissage,
étaient trop jeunes pour parler du soir au matin sont devenus trop vieux
pour s'exprimer. On n'a pas pu bénéficier peut-être des
richesses de l'expérience acquise. Permettez quand même que je
revienne un peu en arrière pour faire l'historique de ce qui s'est
passé dans le domaine de l'hospitalisation, les activités des
centres hospitaliers, ce qui vous indiquera à quelle étape on en
est rendu dans ce processus de socialisation.
En 1961, avant la Loi de l'assurance-hospitalisation, les hôpitaux
naissaient ou étaient créés par le bon vouloir soit de
communautés religieuses, soit de gens qui desservaient une
clientèle particulière, soit encore, de façon purement
philantrophique, par un organisme quelconque. En 1961 arrive la Loi de
l'assuran-ce-hospitalisation qui offre à tous les citoyens les services
de santé, les services hospitaliers, et qui permet en même temps
à ces établissements qu'on disait hôpitaux d'être
rémunérés pour les services qu'ils dispensaient mais en
gardant toutefois le contrôle et la gestion. Cette loi,
bénéfique sûrement pour l'ensemble de la population, a
été suivie et, comme conséquence logique et requise, de la
Loi des hôpitaux en 1962.
En 1962, c'est la date de la première loi des hôpitaux dans
la province de Québec et la Loi des hôpitaux de 1962 a servi de
gabarit pour la Loi sur les services de santé et les services sociaux
qui était édictée en 1971 alors qu'on a élargi le
champ d'application de la Loi des hôpitaux à toute espèce
d'institution qu'on a appelée établissement. En 1962, on a commis
la première erreur, M. le Président, celle d'appeler
hôpital public un hôpital maintenu par une corporation sans but
lucratif. A cette époque il n'y avait pas d'objection ni même
d'inconvénient à ce qu'on appelle hôpital public une
corporation sans but lucratif qui maintenait un hôpital parce que, de
toute façon, cet hôpital était ouvert au public;
c'était un hôpital sans but lucratif qui donnait ses services
à la population, c'était donc un hôpital public.
Mais il eut mieux valu à cette époque appeler cette
institution un hôpital d'intérêt public, comme on l'a fait,
si vous voulez, dans le domaine de l'éducation alors qu'on a
appelé certaines institutions privées des institutions
d'intérêt public, mais qui sont privées. Ce qu'il ne faut
pas perdre de vue c'est qu'en 1962, tous ces hôpitaux et ils
étaient rares, je pense qu'on en a dénombré sept ou huit,
sauf erreur, qui appartenaient au gouvernement étaient des
hôpitaux dont les intérêts étaient privés mais
hôpitaux qui se sont dits publics parce qu'ils étaient ouverts au
public, parce qu'ils étaient administrés par des corporations
sans but lucratif. Et c'est cette notion et cette confusion que l'on importe et
que l'on trame avec nous et qui nous conduit peut-être où nous en
sommes aujourd'hui.
En 1962, on a introduit dans la Loi des hôpitaux certaines
règles sur l'administration d'un hôpital. Mais ces règles
qui donnaient certaines limites à un conseil d'administration et qui
prévoyaient qu'il devait être composé de telle et telle
manière, ces règles laissaient tout de même à
l'hôpital le droit de nommer les administrateurs, sauf un, le
délégué du bureau médical. On a introduit, en 1962,
le mécanisme du bureau médical dirigé par le directeur
médical qui déléguait un membre au conseil
d'administration.
Qu'est-ce qui se passe en 1971? En 1971, la Loi sur les services de
santé et les services sociaux abolit la Loi des hôpitaux et la
remplace, s'étend à tous les établissements; ces
établissements, qu'on dit publics mais qui ne sont pas plus publics
qu'ils ne l'étaient, sont forcés d'abandonner la gestion de leur
administration à un conseil d'administration et je le dis
étranger, un conseil d'administration qu'ils n'ont pas voulu, un conseil
d'administration qu'ils n'ont pas nommé, qui ne représente pas
leurs membres, sauf une partie de leurs membres. Et, à ce
moment-là, le conseil d'administration qu'on appelle le conseil
d'administration de l'établissement ou l'établissement obtient,
c'est ce que dit l'article 49 actuel, les pouvoirs de gestion sur
l'établissement.
C'est du nouveau pour tous les établissements, hormis les centres
hospitaliers. Pour les centres hospitaliers, ça s'entendait, les
conseils d'administration qu'eux-mêmes se nommaient avaient un pouvoir
sur la gestion de l'établissement, c'est bien sûr. Mais,
là, on transpose; on change le conseil d'administration et on donne
à ce nouveau conseil d'administration pouvoir entier sur la gestion des
établissements.
La commission parlementaire a siégé à de multiples
reprises; elle a entendu de multiples mémoires et a pu réaliser
avec quelle difficulté le principe est accepté. De fait, la loi
est entrée en vigueur et les conseils d'administration des
établissements publics ont été constitués avec
pouvoir sur la gestion des établissements. Gestion des
établissements ne signifie pas tous les pouvoirs de
l'établissement. Cela ne signifie pas, par exemple, les pouvoirs de
régie interne, le
pouvoir de nomination des officiers, le pouvoir de faire des rapports,
le pouvoir de déléguer quelqu'un pour signer des
chèques.
Cela ne signifie pas le pouvoir de fermer l'établissement, de
changer l'orientation de l'établissement, d'aliéner un immeuble.
Cela ne signifie pas puis, là, je vous le signale parce que
ça peut avoir une incidence particulière le pouvoir de
recruter de nouveaux membres, de démettre des membres ou de les
remplacer. Cela ne signifie pas le pouvoir de discuter avec le ministre de la
conversion de l'hôpital. Donc, il reste des pouvoirs, à part les
pouvoirs de gestion, qui sont des pouvoirs de la corporation. Les corporations,
comme l'hôpital Marie-Clarac et comme beaucoup d'autres, ont maintenu,
à côté de leur conseil d'administration de
l'établissement, un conseil d'administration traditionnel, le conseil
d'administration de la corporation suivant le avis juridiques reçus,
parce qu'il est difficile pour un organisme de fonctionner simplement en
assemblée générale, comme on semble vouloir le penser.
Travailler en assemblée générale, ce n'est pas la
formule la plus souple, quand vous avez affaire, par exemple, à un
organisme ce n'est pas le cas de l'hôpital Marie-Clarac de
3,500 personnes, comme on entendait parler hier. Alors, il faut
nécessairement qu'il y ait un conseil d'administration pour s'occuper de
ces autres pouvoirs. Qu'est-ce qui arrive en 1974?
Permettez-moi, avant d'arriver à 1974, de souligner le fait que
la Loi sur les services de santé et des services sociaux offrait une
possibilité. Elle offrait la possibilité de la conversion qui
n'était pas la formule la plus satisfaisante pour les hôpitaux. En
effet, ces hôpitaux, surtout les hôpitaux gérés par
des communautés religieuses, n'existaient pas pour un
intérêt pécuniaire; ils existaient pour maintenir une
oeuvre selon leur conception, une oeuvre qui était la leur par laquelle
ils croyaient rendre un service au public. Je pense qu'ils exerçaient
une activité utile, tout au moins, une activité
légitime.
Alors, cette activité, par la conversion qui est l'alternative,
disparaît. La conversion signifie que les membres de la corporation
disparaissent, que l'hôpital ou l'établissement devient un
hôpital régi uniquement par la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, c'est-à-dire constitué
uniquement de son conseil d'administration. A ce moment-là, il y a
l'équivalence entre la corporation et l'établissement ou son
conseil d'administration.
Cette formule de conversion, qui n'était pas la meilleure,
souffrait d'une autre lacune, parce qu'il n'y a aucun mécanisme
prévu dans la loi pour établir les conditions d'une conversion ou
l'indemnisation des membres qui sont lésés par le fait
d'être obligés d'abandonner leur oeuvre. Il y a eu des
conversions. Le fait est que, depuis 1971, il s'est manifesté
certainement suffisamment de frustrations pour que les communautés
religieuses ou d'autres, réalisant qu'ils n'avaient pas la
maîtrise ou la gestion suffisante de leur établissement,
préfèrent en sortir, et ils en sont sortis en se convertissant.
Il est assez curieux que les communautés religieuses se convertissent;
dans certains cas, ça ressemble beaucoup plus â de l'apostasie
qu'à de la conversion.
En 1974, M. le Président, on arrive avec le bill 41, qui veut
régler un problème.
Je pense qu'au-delà de la technicité on n'a pas vu le
problème. On a vu le problème de la technique, on a vu le
problème de l'organisme bicéphale, l'organisme avec deux conseils
d'administration, ces deux conseils d'administration partageant des
responsabilités mal comprises par le monde de la finance, mal comprises
dans les conseils régionaux, mal comprises par tous les fonctionnaires
parce qu'il y a un aspect légal là-dedans qu'on ne comprend pas.
On ne comprend pas. Pourquoi cette distinction est-elle demeurée? Elle
est demeurée pour qu'il n'y ait pas de spoliation. Aujourd'hui, on veut
la faire disparaître; en la faisant disparaître, on spolie, on
confisque parce qu'à ce moment-là tous les pouvoirs de la
corporation passent au conseil d'administration de l'établissement, sauf
ceux qu'on voit ici. Qu'est-ce qui reste? Il reste le veto sur
l'aliénation d'un immeuble.
Nous disons que c'est absolument sans importance et insignifiant, que
c'est une réserve maintenue là pour assurer que dans
l'étude des titres, en cas d'aliénation, il y ait bien cette
continuité de la transmission des immeubles, mais il ne sert à
rien d'être propriétaire d'un immeuble dont on n'a pas la gestion,
d'un immeuble hypothéqué au maximum, d'un immeuble engagé
pour toutes les dettes de la corporation qui sont faites par le conseil
d'administration. C'est un pouvoir absolument superflu et qui ne signifie rien.
L'orientation de l'établissement...
UNE VOIX: On ne vous écoute pas.
M. LESAGE: Que voulez-vous? Le pouvoir de donner son avis sur
l'orientation de l'établissement, M. le Président, je pense que
c'est quelque chose, tout de même. C'est peu, mais c'est quelque chose.
Il reste le pouvoir, qui est écrit à l'article 51, de nommer
quatre personnes sur un minimum de onze au conseil d'administration. Nous
disons que ce n'est pas de cette manière qu'une personne peut utiliser
sa propriété. J'ai fait une démonstration, dans le
mémoire, des droits qui découlent du droit de
propriété sur lesquels je ne veux pas revenir parce que ça
paraît un peu technique.
Cela, c'est l'étape que nous franchissons. L'étape
actuelle, c'est celle où le conseil d'administration devient tout
puissant. La corporation est mise à l'écart, complètement.
Demain, il n'y a rien de plus simple et de plus facile, sans revenir devant
cette commission parlementaire... Et je ne fais pas de procès
d'intentions au gouvernement actuel et au ministre des Affaires sociales parce
que, comme beaucoup l'ont dit
avant moi, ce n'est pas à lui que j'impute des intentions, mais
il faut que les droits des gens soient garantis dans des textes. C'est
seulement dans les textes que le citoyen peut avoir la garantie de ses
libertés et la garantie de les faire valoir. Ce n'est pas votre
intention qui compte, c'est l'intention qui découle de ce qui est
exprimé dans le texte et il faut nécessairement s'en remettre aux
mots.
Cette digression étant faite, je vous dis que la prochaine
étape est la suivante. Le ministre peut, en utilisant les pouvoirs qui
lui sont conférés au chapitre de la fusion et de la conversion,
articles 82 et suivants, décréter d'office qu'il est inutile
d'avoir des corporations qui se désintéressent, qui n'ont plus
rien à dire, qui n'ont plus rien à faire, qui n'ont plus
qu'à subsister pour opposer leur veto, éventuellement, à
un changement d'orientation qui arrivera peut-être dans vingt ans ou
à une aliénation qui arrivera peut-être dans vingt ans. En
conséquence, il décrète la fusion ou la conversion de :et
établissement en vertu de l'article 82.
La protection actuelle de la loi est contenue à l'article 84 qui
dit que c'est l'établissement qui négocie les conditions de la
conversion avec le ministre. "L'établissement ne peut pas être
converti sauf aux conditions établies entre lui et le ministre."
Qu'est-ce que l'établissement? C'est le conseil d'administration.
L'établissement peut décider lui-même de l'abolition de la
corporation et c'en est fait de tout ce qui peut rester d'intérêts
privés dans une corporation qui, autrefois, était celle, en 1960,
qui donnait les services hospitaliers à la population du
Québec.
Nous ne discutons pas le droit de surveillance, de contrôle dans
une saine mesure de l'utilisation des fonds publics.
C'est pourquoi le pouvoir de gestion lui-même laissé
à un conseil d'administration constitué suivant la loi peut
encore s'entendre, à condition que ces pouvoirs de gestion respec-tent
encore les traditions qui sont imposées par a corporation, mais
déjà on est allé très, très oin.
Aujourd'hui, on veut enlever tout ce qui este à la corporation.
Nous préconisons qu'il faut absolument ne pas adopter ou
écarter cet article 17, ou mieux 'aut maintenir la formule actuelle qui
ne donne pas satisfaction à ceux qui avaient mis sur pied ces
établissements dans une large part; mieux vaut la maintenir telle
quelle. Il faudrait introduire, à tout le moins, une formule
d'indemniation pour les intérêts qui sont lésés, une
formule qui tienne compte non seulement de la valeur de la
propriété mais qui tienne compte gaiement de ce qui c'est
peut-être un peu une comparaison boiteuse pourrait s'appeler du
recyclage ou qui tienne compte en somme lu fait qu'on abandonne une
activité.
Je veux tout de suite faire la mise au point suivante. Il n'est pas
question pour l'hôpital Marie-Clarac de venir réclamer ici la
fusion ou la conversion de l'hôpital. L'hôpital Marie-Clarac n'est
pas à la recherche d'une indemnité en argent. Nous voulons tout
simplement faire la lumière avec audace et quand même avec
sincérité sur les effets de cette loi et ne pas camoufler le sens
véritable, la portée véritable de cette disposition. Si
vous pensez régler un problème juridique avec cette disposition,
vous en créez d'autres. Vous créez des problèmes
d'interprétation des lois corporatives, que ce soit les lois des
compagnies ou les lois spéciales.
Voilà, M. le Président, la recommandation principale du
mémoire de l'hôpital Marie-Clarac. Nous avons d'autres
recommandations. Vous avez, par exemple, au chapitre III, Contrôle de
l'Etat, un commentaire à l'effet que les articles 14 et 43, qui donnent
au ministre des pouvoirs concernant le plan d'organisation, en font en somme le
martre de la situation. Ces pouvoirs sur le plan d'organisation sont des
pouvoirs de contrôle absolument total sur la dispensation des services.
Ainsi on veut priver un organisme de ses activités, on peut lui en
imposer d'autres. Il importe, M. le Président, comme il est reconnu dans
d'autres secteurs de la loi, qu'un droit d'appel soit accordé des
décisions du ministre à cet égard, parce que nous sommes
impuissants à nous défendre devant l'autorité des hauts
fonctionnaires.
Sur la question des permis, M. le Président, nous signalons
l'article 40. Je me permets de signaler qu'hier j'ai escamoté une
même recommandation dans le mémoire de l'association des
hôpitaux privés, de l'ADEP. L'article 40 camoufle lui aussi un
droit ou la suppression d'un droit qui n'a pas été mis en
évidence. Si vous lisez l'article 106, préconisé par
l'article 40 du projet de loi, vous y verrez, en le comparant avec l'autre
article 106 qui est dans la loi, qu'on a supprimé le droit d'appel
lorsqu'un permis n'est pas renouvelé. Or, tous les permis sont annuels
et expirent le 31 décembre. Donc il est très facile à
l'autorité, au pouvoir exécutif de décider dans
l'intérêt supérieur indiscutable de la nation que le permis
n'est pas renouvelé et c'en est fait, l'établissement ne peut
plus fonctionner.
M. le Président, nous disons que, s'il est un droit que l'on se
doit de préserver, c'est le droit de maintenir une activité
légitime et de la discuter ouvertement. Le ministère est
informé d'un débat qui est sub judice dont je ne parlerai pas,
mais, si des circonstances analogues se présentaient, il n'y aurait pas
de débat, parce qu'il n'y aura pas de droit d'appel. On l'enlève
par l'article 40. C'est un moyen très facile d'entériner des
diktats tout à fait autocratiques et non susceptibles de discussion.
Enfin, à la fin de notre mémoire, nous nous dissocions
d'une suggestion qui a été faite par l'Association des
hôpitaux à l'effet que le conseil d'administration d'un
établissement puisse combler lui-même la vacance dans le cas d'une
vacance au conseil d'administration. Si cela peut être justifiable dans
le cas du remplacement d'un usager, où il faut mettre en branle
des mécanismes qui imposent des délais, des complications,
ceci n'est pas justifiable dans le cas où il s'agit de la
représentation des membres de la corporation. Et, à ce
moment-là, il n'y a rien de plus facile si, par exemple, un des membres
du conseil d'administration, nommé par la corporation,
décède, de s'en rapporter à la corporation pour qu'elle
nomme un nouveau membre. Si on veut encore supprimer ce droit-là, il ne
restera plus rien à faire pour les corporations.
Je m'excuse d'avoir aussi brutalement dit ce que l'on pense tout bas. Je
l'ai dit pour d'autres qui ne sont pas ici et qui le disent dans d'autres
milieux.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Merci bien, Me Lesage.
J'invite maintenant le ministre des Affaires sociales.
M. FORGET: Merci, M. le Président. J'aimerais féliciter
l'hôpital ou la corporation de l'hôpital Marie-Clarac de ce
mémoire bien senti, et peut-être également, si on me
permet, féliciter Me Lesage, leur procureur, non seulement pour le brio
de sa présentation mais peut-être pour son bonheur dans le choix
de ses clients puisque, dans ses nombreuses apparitions devant nous, il a
encore réussi à ne pas se contredire une seule fois, mais s'il
parle pour plusieurs parties différentes. Il a même su varier le
ton de ses présentations avec la nature de celles-ci, ce qui est sans
doute le signe d'un excellent procureur.
UNE VOIX: Et maintenant, la douche!
M. FORGET: II y a quelques commentaires qui, étant donné
la nature du mémoire, prennent plutôt les apparences d'un
plaidoyer. Je n'ai pas l'intention de commenter en détail chaque
élément. Malgré tout, puisque c'est peut-être une
occasion unique de le faire, il est peut-être utile d'attirer l'attention
sur un certain nombre de propositions ou un certain nombre de choses qui ont
été dites, mais dont l'interprétation peut
évidemment varier selon le point de vue où l'on se place.
Pour ce qui est des pouvoirs de la corporation, cette commission a
entendu, ces jours derniers, des arguments qui sont diamétralement
opposés à ceux que nous venons d'entendre relativement aux
pouvoirs des conseils d'administration, formés en vertu de la loi. Je
crois que la discussion, qui a eu lieu aujourd'hui, illustre très bien
la nature des problèmes que l'amendement que nous cherchons à
apporter veut trancher.
En effet, j'attire l'attention, encore une fois, des membres de la
commission sur l'article 43 de la loi actuelle, qui est inchangé, et qui
laisse très peu de place au doute ou à l'ambiguïté,
au moins tant et aussi longtemps qu'on le lit seul, puisqu'on dit que tout
établissement public et une corporation au sens du code civil et que
dans le cadre des règlements, cette corporation peut exercer tous les
pouvoirs d'une telle corporation, ce qui inclut normalement et
évidemment la disposition sur les actifs immobiliers.
L'article 49, qui est l'objet d'un amendement, a pu être
interprété je crois faussement mais a pu être
interprété comme une restriction à ce pouvoir puisqu'il
semble restreindre cette autorité sur la gestion de
l'établissement. Et c'est la raison pour laquelle ce bout de phrase sera
éliminé dans l'amendement que nous avons
déposé.
Il n'en demeure pas moins que relativemen à la disposition des
actifs et au pouvoir de nomination de quatre membres, dans le cas des centres
hospitaliers, au conseil d'administration formé selon la loi, il s'agit
de pouvoirs spécifiques qu'il a été convenu de conserver
aux corporations, pouvoirs qui ne sont pas négligeables. Même si
et je l'accepte volontiers on peut différer d'avis sur
l'opportunité d'une telle modification dans les lois au cours des
années, il demeure qu'il ne devrait plus subsister d'ambiguité ou
de confusion quant aux pouvoirs respectifs de ces deux instances: d'une part,
1a corporation, propriétaire des actifs, et d'autre part, le conseil
d'administration, mises à part bien sûr, les différences
d'opinion qu'il n'y a peut-être pas d'espoir de pouvoir concilier dans
une société où tout le monde peut s'exprimer quant
à l'opportunité, encore une fois, d'une telle évolution
législative.
Pour ce qui est de l'utilisation du terme "public" et de
l'interprétation que l'on a placée sur l'utilisation abusive,
erronée ou trompeuse selon les arguments que nous avons entendus qui a
été faite de ce mot, il y a bien peu qu'on puisse dire, si ce
n'est reprendre, en quelque sorte, l'historique qu'on a fait et qui montre que
c'est un mot qui a évolué dans sa signification au cours des
années.
Il a toujours eu un sens assez précis, mais, en effet, au cours
des années, la signification qu'on lui a attribuée a subi une
modification, un modification que je peux expliquer, mais qui
représente, je pense, une progression et 1e développement d'une
idée, dans une ligne de continuité, malgré tout, qui est
réelle.
Pour faire cet historique, il faut remonter bien avant la Loi des
hôpitaux de 1962. Il faut remonter à la loi fédérale
sur l'assurance-hospitalisation de 1958, je crois, qui établissait un
régime d'assurance-hospitalisation au Canada et qui contenait un certain
nombre de critères pour que le gouvernement fédéral
accepte d partager les coûts de l'assurance-hospitalisation. Un de ces
critères, c'était le caractère public des
établissements qui devaient distribuer les soins Le caractère
public était défini dans cette loi fédérale comme
étant équivalent à sans but lucratif. C'est, en effet, la
définition qui a été reprise par le Québec en
1962.
Avec les années, cependant et les argu-
merits que l'on entend encore aujourd'hui montrent que cette opinion
était peut-être bien fondée il est devenu
évident que la simple référence au but non-lucratif d'un
établissement ou d'une institution n'était pas
nécessairement tellement significative en elle-même et qu'il
fallait aller au-delà pour donner un véritable contenu, un
contenu significatif à la notion d'établissement public. C'est ce
qui nous a amenés, ce qui a amené le Québec en particulier
à adopter, en 1971, une loi qui donnait au mot "public" une nouvelle
définition. Elle n'était pas contraire à la
définition originale mais la développait en associant le
caractère public à une certaine structure d'autorité et
d'organisation au sein de l'établissement. C'était, je pense, au
moins, une notion plus substantielle, une définition plus
réaliste de ce que peut être un établissement public oar
rapport à un établissement privé, plutôt qu'une
simple référence au motif, dans le fond, de gains ou d'absence de
gains, qui sont des éléments essentiellement subjectifs et qui ne
peuvent pas être vérifiés, sauf par rapport à la Loi
des compagnies, ce qui, en somme, est un cercle vicieux.
Il y a donc eu cette évolution qui s'est accompagnée d'une
autre évolution qui n'a pas été mentionnée par Me
Lesage, mais qui était néanmoins significative, puisque,
dès 1962, les hôpitaux du Québec ont été
requis de séparer leur patrimoine, de faire un partage de patrimoine en
vertu duquel les actifs utilisés par un hôpital étaient
distincts des actifs de tout organisme bénévole ou autre qui,
jusqu'à ce moment-là, administrait l'hôpital.
C'est à partir de ce partage de patrimoine, tout autant
qu'à partir d'une définition d'un établissement public
qu'il faut retracer l'évolution que nous avons connue depuis.
Ce qui est important, je pense, pour la population et l'ensemble de ceux
mêmes qui ont oeuvré au sein des établissements depuis des
années, ce n'est pas tellement de savoir comment ont été
disposés les actifs et les droits de propriété, mais de
savoir qu'il y a, à travers tous ces changements dans le statut
juridique des établissements, une continuité qui a
été maintenue dans l'intention, dans le but poursuivi, lors de la
création d'une oeuvre hospitalière comme on l'appelait à
l'époque et cette continuité qui a obligé, pour toutes
sortes de raisons, l'Etat, à un moment donné, à se
substituer aux initiatives privées. Pourvu que cette continuité
de l'oeuvre hospitalière soit maintenue, je pense qu'il est faux de
parler de nationalisation. Cela a été toujours des entreprises
nationales dans le sens au moins où elles servaient le public,
l'ensemble de la collectivité, et elles continuent de l'être dans
le même sens et avec la même orientation.
Ce qui importe, bien sûr, ce n'est pas seulement que l'oeuvre se
continue, quoique c'est la considération la plus importante; c'est aussi
que ne soient pas spoliés des individus, des groupes qui, par leurs
efforts, ont pu créer ces oeuvres à une époque
passée.
Mais c'est ici aussi que l'on revient à la notion de but lucratif
ou de but non-lucratif. Il est clair qu'au-delà de l'absence de
spoliation, il serait peut-être abusif d'envisager ces oeuvres
hospitalières comme ayant donné occasion à la constitution
d'actifs monnayables. Je ne pense pas que c'était le but poursuivi
à l'époque et ce n'est pas encore, j'en suis persuadé, le
but poursuivi par les groupes qui se sont identifiés à ces
oeuvres dans le passé et qui continuent de le faire, dans une certaine
mesure, jusqu'à maintenant.
Mais ces groupes savent très bien qu'il n'y a pas eu spoliation
dans le sens limité où on doit employer ce mot,
c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu une exploitation des membres de ces
groupes au profit de la collectivité en général et que,
dans les règlements intervenus, le gouvernement s'est toujours
attaché à respecter des règles d'équité
naturelle qui s'imposent dans ces cas-là, comme dans tous les autres, et
peut-être plus dans ces cas-là, étant donné encore
une fois, le caractère de l'oeuvre hospitalière.
Je ne commenterai pas davantage. Je pense qu'il fallait peut-être
faire cette mise au point pour au moins, en respectant un point de vue
différent, montrer qu'il y avait aussi une autre façon de
considérer la question.
Pour ce qui est des remarques détaillées qui sont peu
nombreuses, vous me permettrez seulement de signaler qu'à l'article 40,
qui supprime effectivement le droit d'appel dans le cas de non-renouvellement
de permis, le but de l'amendement n'est pas de faire cette suppression comme
telle. C'est une chose qui peut fort bien être reconsidérée
puisque l'esprit de l'article tel qu'il est rédigé, de toute
façon, indique qu'un appel est possible dans le cas de retrait. Comme le
renouvellement est annuel, il s'agit d'une distinction un peu factice entre les
deux, que nous n'avons pas l'intention d'utiliser à notre profit. C'est
tout, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je tiens à féliciter
également la corporation de son mémoire; à
féliciter également son procureur, Me Lesage, pour son ton de
sincérité qui était tel que si son client n'était
pas innocent, il aurait réussi à le convaincre qu'il
l'était.
Je m'explique quand même assez difficilement... Au niveau de
l'article 40, je comprends que vous en aviez contre le fait qu'on avait
enlevé le renouvellement, l'aspect renouvellement...
M. LESAGE: Je suis très satisfait de la déclaration du
ministre, parce que je pense que c'était un droit quand même assez
important. Ayant vécu des difficultés, je suis très
heureux de voir que ce droit n'est pas supprimé.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pas plus que le droit non plus à un
recours à la cour supérieure d'une certaine façon parce
que la cour Supérieure, comme vous le savez, a un droit de regard sur
tous les organismes judiciaires ou quasi judiciaires qui sont formés et
qui ont à rendre des jugements. Je pense que ça ne
l'enlève pas non plus.
M. LESAGE: M. le Président, je ne veux pas exprimer d'opinion
juridique j'en ai déjà suffisamment comme ça.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez employé le terme spoliation
à un certain moment; cela m'amène à poser une ou deux
questions à celui, je pense, qui est le mieux placé pour y
répondre, à savoir le ministre des Affaires sociales. Me Lesage,
dans son exposé, a parlé du fait qu'en 1968 il y avait seulement
sept ou huit c'est ce que vous avez mentionné...
M. LESAGE: Je crois, oui. Je n'ai pas fait de vérification
personnelle, j'ai lu cela quelque part. Sept ou huit centres hospitaliers
propriété de l'Etat. C'est ce que j'ai dit.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ma question au ministre sera la suivante: A
l'heure actuelle, au moment où on se parle, quel est le nombre, le
nombre est passé à quoi?
M. FORGET: II y en a peut-être cinq ou six qui demeurent la
propriété du gouvernement. Il y en a eu un maximum d'une
trentaine, je crois, qui à un moment donné étaient
propriété du gouvernement. Nous avons effectué, depuis
deux ans environ, les transferts de la propriété des immeubles
aux corporations ou peut-être devrais-je dire aux établissements
qui les administrent, qui les administraient déjà d'ailleurs. Un
certain nombre de cas reste en suspens, soit que les démarches ne soient
pas complétées ou, dans des cas encore moins nombreux, que le
transfert, pour des raisons qui n'ont rien à voir en somme avec
l'orientation prise, ne serait pas possible, pour des raisons physiques, par
exemple, alors qu'un très petit hôpital dans une région
éloignée partage un édifice avec d'autres services
gouvernementaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'on pourrait avoir une idée de
la somme globale je comprends que détailler serait un peu
compliqué des indemnités qui ont été
déboursées, des sommes qui ont été
déboursées par le gouvernement aux fins de compléter ces
transactions?
M. FORGET: Dans les cas d'hôpitaux qui étaient la
propriété du gouvernement, il n'y a eu évidemment aucun
paiement d'effectué, sauf exception. Ma réponse est incorrecte,
paradoxalement. Parfois, au moment où un hôpital était
construit par le ministère des Travaux publics et au moment de son
ouverture, le gouvernement a fait techniquement des avances pour ce qui est
convenu d'appeler l'inventaire de base. Cette avance figurait encore aux
comptes publics comme une dette due au gouvernement et il est arrivé que
ces dettes soient rayées. Il a fallu pour cela effectuer au moins
nominalement une subvention. Il n'y a pas eu d'autre paiement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends la situation globalement mais dans
le cas des autres qui n'appartenaient pas au gouvernement?
M. FORGET: Je ne pourrais pas de mémoire vous donner le tableau
de la situation.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vous le demande globalement là, est-ce
que c'est possible?
M. FORGET: Ce sera possible; je suggère peut-être que dans
le cadre de l'étude des crédits on puisse discuter de cette
question. De mémoire, il y a plusieurs millions d'impliqués;
évidemment, plusieurs dizaines de centres hospitaliers sont
impliqués. Mais je ne peux pas être plus précis â ce
moment-ci.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que le ministre n'ait pas tous ces
chiffres à la mémoire. Je pourrais peut-être formuler une
demande à l'effet que, pour autant que c'est possible, on puisse les
faire parvenir à l'Opposition, sans pour cela attendre un prochain
débat sur les crédits. J'imagine que le ministre est
d'accord.
M. FORGET: Oui, sans doute.
M. BEDARD (Chicoutimi): Me Lesage, vous dites qu'avec l'article 49, on
enlève, d'une façon globale, tous les pouvoirs de gestion,
même avec l'application de la loi jusqu'à celle-ci sur laquelle
nous discutons. Est-ce que vous pourriez me renseigner jusqu'à quel
point, en fait, des pouvoirs de gestion étaient exercés, du point
de vue pratique, par les corporations à but non lucratif et qui,
à l'heure actuelle, ne pourraient plus être exercés par ces
corporations à cause de l'article 49?
M. LESAGE: M. le Président, les pouvoirs de gestion sont
actuellement exercés par le conseil de l'établissement...
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord, mais tout dépend de la
définition de ce qu'on appelle la gestion. Vous avez dit qu'il y avait
quand même, malgré les pouvoirs de gestion qui, à l'heure
actuelle, sont entre les mains du conseil d'administration, selon la
définition qu'on peut avoir du mot gestion, ce que ça implique
légalement, que des pouvoirs étaient exercés.
des actes pouvaient être posés par les corporations et ne
pourront plus l'être maintenant.
M. LESAGE: C'est ça, je vais vous donner des exemples concrets.
Beaucoup d'établissements ont maintenu leur conseil d'administration
traditionnel. Arrive, disons, une émission d'obligations; il faut
émettre des obligations pour un hôpital, et c'est arrivé
dans le cas de l'hôpital Marie-Clarac. Là il faut donner des
garanties. Qui donne les garanties? Qui signe les documents comme quoi la
corporation est engagée?
Alors les gens qui donnent les garanties sont doubles, parce qu'on a,
pour ne pas faire d'erreur, demandé de ratifier ça au conseil
d'administration de l'établissement, et également demandé
de ratifier ça au conseil d'administration de la corporation, avec
double signature, double délégation; ça suppose deux
conseils d'administration. Maintenant vous me forcez à faire un peu de
petite histoire. J'ai fait la grande. La petite, c'est que le 12 septembre
1973, un arrêté ministériel a été
adopté pour modifier le règlement général. Cet
arrêté ministériel a modifié le règlement
2.1.1 et a ajouté le règlement 2.1.3. L'effet de ces
règlements était le même que celui qu'on veut
régulariser par l'article 49.
Tout à l'heure, le ministre citait l'article 43 comme
étant une disposition à l'effet qu'un établissement public
est une corporation qui exerce tous les pouvoirs d'une telle corporation. C'est
une opinion juridique que j'énonce. Cet article 43 n'a aucun sens si on
ne le limite pas aux corporations créées en vertu de la loi,
c'est-à-dire dans le contexte du paragraphe de la section 3 qui commence
à l'article 39. Et il fallait un article comme l'article 43 pour dire
que l'établissement créé en vertu de la loi avait les
pouvoirs d'une corporation en vertu du code civil.
A ceci s'ajoutait le pourvoir donné par l'article 129 au
lieutenant-gouverneur en conseil, paragraphe d), de déterminer les
pouvoirs connexes ou ancillaires que peut exercer une corporation
constituée en vertu de la présente loi ou résultant d'une
fusion ou conversion faite en vertu de la présente loi. Les pouvoirs du
lieutenant-gouverneur en conseil étaient donc de déterminer les
pouvoirs d'une corporation créée par la loi. C'est ce qui
existait avant le 12 septembre 1973.
Le 12 septembre 1973, on a dit: on va légiférer sur les
pouvoirs des autres corporations, celles qui existaient avant la loi, et
là on dit que les pouvoirs de ces autres corporations sont
exercés par le conseil de l'établissement, et c'était tout
à fait ultra vires. Nous en avons informé à ce
moment-là, le ministère. De toute façon, le
règlement a été adopté quand même, et
là, l'article 49 vient donner une valeur légale à ces
dispositions réglementaires.
Les pouvoirs dont nous sommes privés sont ceux que j'ai
énoncés tout à l'heure; par exemple, le pouvoir de
négocier notre conversion, le pouvoir d'ajouter de nouveaux membres,
d'en enlever, le pouvoir d'avoir un conseil d'administration pour signer des
chèques, obtenir un rapport, par exemple, du conseil d'administration de
l'établissement. Si deux entités sont reconnues dans plusieurs
articles de la loi, soit l'établissement et la corporation, il faut
qu'il y ait des mécanismes de communication entre ces deux
entités, ces deux êtres qui possèdent des pouvoirs, deux
instances, comme a dit le ministre.
Présentement, évidemment, la corporation, c'est peu de
choses. Il ne lui reste peut-être pas tellement à faire, sauf
à se voir administrée par un conseil qu'elle n'a pas
nommé.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autres questions.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Rosemont.
M. BELLEMARE (Rosemont): Lors de l'achat des terrains et de la
construction de la bâtisse, est-ce que vous avez eu des subventions du
gouvernement ou d'autres organismes?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE (Rosemont): Est-ce que vous avez les montants, grosso
modo?
M. LESAGE: Pour les montants, je vais peut-être demander
à...
SOEUR ANSELME: Aux alentours de $2 millions.
M. BELLEMARE (Rosemont): $2 millions, ça, c'est une subvention du
gouvernement pour une corporation...
SOEUR ANSELME: Du fédéral et du provincial. $1 million et
demi du provincial et presque $1 million du fédéral.
M. BELLEMARE (Rosemont): Pour une corporation privée.
SOEUR ANSELME: La corporation a mis alors $2,150,000.
M. BELLEMARE (Rosemont): En tout cas, alentour de $2 millions.
SOEUR ANSELME: Oui, $2,150.00
M. LESAGE: Cela finançait la moitié à peu
près de l'investissement; l'autre moitié a été
financée sur le crédit de la corporation elle-même, les
soeurs de Charité de Sainte-Marie. En 1973, il faut dire, pour rendre
justice à tout le monde, que le gouvernement a assumé quand
même la dette par le renouvellement de l'obliga-
tion. Mais ce n'est pas une question de piastres, surtout.
M. BELLEMARE (Rosemont): Non, c'est pour savoir. Maintenant, depuis
1963, depuis la construction de Marie-Clarac, qui est une belle bâtisse,
d'ailleurs je vais visiter un ami de temps en temps, en passant
est-ce que vous avez eu des dons ou des legs de certaines personnes
décédées? Si vous me permettez la vulgarisation des mots,
avant ça on disait: On laisse ça aux Soeurs. Est-ce que c'est
arrivé?
SOEUR ANSELME: II y a un type qui nous a donné $5, une fois, pour
un service rendu.
M. BELLEMARE (Rosemont): J'entends les personnes
décédées.
SOEUR ANSELME: Zéro, comme ça.
M. BELLEMARE (Rosemont): Vous n'en avez pas eu. Je comprends que vous
n'êtes pas obligée de savoir les avoirs ou les
équités des gens qui sont chez vous, mais est-ce que vous avez
une idée des moyens des personnes qui demeurent chez vous, des sommes
d'argent qu'elles ont? Ce n'est pas les pauvres qui rentrent chez vous,
n'oubliez pas ça; à Marie-Clarac, il n'y a pas tellement de gars
sur le bien-être social.
SOEUR ANSELME: Non, non. On parle de l'hôpital Marie-Clarac,
à présent, ce n'est pas la résidence Angélica. La
résidence Angélica, c'est une pensionnat pour vieilles
personnes.
M. BELLEMARE (Rosemont): Vous êtes situés sur le boulevard
Gouin?
SOEUR ANSELME : C'est trois dans un, parce qu'il y a les locataires, les
pensionnaires et l'infirmerie.
M. BELLEMARE (Rosemont): C'est blanc bonnet et bonnet blanc.
SOEUR ANSELME: Non, non! ce sont des choses différentes,
Angélica et l'hôpital...
M. BELLEMARE (Rosemont): Ce sont deux corporations.
SOEUR ANSELME: Ce sont deux corporations différentes...
M. BELLEMARE (Rosemont): D'accord.
SOEUR ANSELME: ... deux oeuvres différentes.
M. BELLEMARE (Rosemont): J'aime autant vous poser les questions tout de
suite car je les aurais posées au sujet de Angélica, corporation
relative à la même bâtisse ou à la même
institution, si vous aimez mieux.
SOEUR ANSELME: Non, ce n'est pas du tout la même
bâtisse.
M. LESAGE: Ce sont deux administrations, deux établissements,
mais nous sommes les mêmes représentants.
M. BELLEMARE (Rosemont): D'accord, c'est ça. C'est dans ce
sens-là. C'est pour ça que je vous pose la question. Une personne
qui est sur le bien-être social, si on téléphone chez vous
pour la placer à Marie-Clarac, est-ce que vous l'acceptez au foyer
d'hébergement? J'entends Angélica, si vous aimez mieux.
SOEUR ANSELME: Angelica. C'est Angélica qui...
M. BELLEMARE (Rosemont): Je m'excuse si je mêle les deux; c'est
parce que pour moi c'est pareil.
SOEUR ANSELME: C'est le gouvernement qui s'est chargé d'entrer
des personnes. On l'a laissé libre. Nous avons fait l'oeuvre et on est
là pour le bien de tout le monde. C'est le gouvernement, c'est le
bien-être social qui s'occupe d'accepter ou pas.
M. BELLEMARE (Rosemont): Si la personne a un plus gros pécule,
elle est plus considérée...
SOEUR ANSELME: Mais non! mais non!
M. BELLEMARE (Rosemont): ... que le gars qui est sur le bien-être
social?
SOEUR ANSELME: Non.
M. BELLEMARE (Rosemont): Non? Je suis heureux de vous l'entendre
dire.
UNE VOIX: Cela n'a aucune importance.
M. BELLEMARE (Rosemont): Je vous remercie. Cela me fait plaisir de vous
l'entendre dire, parce que j'en ai plusieurs à placer chez vous.
M. LESAGE: Adressez-vous au gouvernement.
M. BELLEMARE (Rosemont): Pas d'autres questions.
Résidence Angélica
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Ma soeur, messieurs, je vous remercie et
j'invite maintenant les représentants de la Résidence
Angélica.
SOEUR ANSELME: Les mêmes.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Ce sont les mêmes
représentants, si j'ai bien compris.
SOEUR ANSELME: Oui.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Nous poursuivons.
SOEUR ANSELME: La directrice est absente, elle est en Europe. Sa maman
est très malade alors, moi, je fais le bouche-trou.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Je suppose que Me Lesage est de nouveau le
porte-parole.
M. LESAGE: M. le Président, c'est exact.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Je l'invite donc à procéder
immédiatement.
SOEUR ANSELME: II est bon.
M. BELLEMARE (Rosemont): Ne lui dites pas qu'il est trop bon, ça
va coûter plus cher.
M. LESAGE: M. le Président, nous vous présentons un
problème tout à fait différent. Résidence
Angélica est un centre d'accueil privé, un centre d'accueil qu'on
dit privé qui est constitué d'une corporation sans but lucratif
dans laquelle les soeurs de Charité de Sainte-Marie ont tous les
intérêts. Ce sont elles qui administrent Résidence
Angélica.
La corporation Résidence Angélica a pris les moyens pour
demeurer un centre d'accueil privé. Ceci, vous le comprendrez
facilement, ça va sans explication. Mais, étant donné le
caractère particulier de la résidence, étant donné
qu'il s'agit d'une oeuvre, encore une fois, poursuivie par une
communauté religieuse, elles tiennent à diriger leur oeuvre,
à l'administrer, à se rendre utiles à la communauté
dans la conception qu'elles se font d'un centre d'accueil pour une
clientèle qui aime à venir à Résidence Angelica qui
est un bel établissement le long de la rivière des Prairies.
Nous avons eu des problèmes parce que c'est une corporation sans
but lucratif, qui ne poursuit pas de but pécuniaire. Parce que
c'était une corporation sans but lucratif, on était en face des
articles 10 et 11 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux. Il y avait deux moyens de rester privé. Le premier moyen
était de changer notre structure corporative, puis d'être une
corporation à capital-actions, donc se donner l'illusion ou l'image
d'une corporation à profits. Le deuxième moyen était de
refuser tous les cas d'assistés sociaux à Résidence
Angélica et, à ce moment, nous aurions pu fonctionner sans le
secours des fonds gouvernementaux, et c'est possible. Maintenant, ce n'est pas
l'objectif poursuivi, mais c'est une possibilité. Nous n'aimerions pas
être placés dans l'obligation de faire un choix entre demeurer
privé et n'accepter que des gens qui ont les moyens ou bien
disparaître et devenir public. Si le choix se pose de cette
manière, l'option sera de demeurer privé.
Le ministère étant informé, nous avons eu des
discussions franches et...
SOEUR ANSELME: Et longues.
M. LESAGE: ... longues avec le ministère. Nous voyons dans
l'article 5 du projet de loi, qui propose une exception par la modification de
l'article 11, la solution qui est préconisée par le gouvernement.
Il faut vous dire que l'Etat a refusé l'une et l'autre des solutions que
la loi nous offrait pour rester privé. On nous a refusé de
modifier notre charte pour faire une corporation à capital-actions et
puis on a refusé, évidemment, de sortir les gens qui
étaient là et qui sont des assistés sociaux. Il faut dire
que la porte de Résidence Angélica a toujours été
ouverte, que les admissions ont toujours été faites par le
système des mécanismes, autrefois du ministère du
Bien-Etre, que jamais il n'y a eu de contrôle exercé par les
religieuses sur les gens admis à Résidence Angélica. Les
moyens des gens ne sont pas ce qui intéresse les religieuses, ce qui
ferait que les services pourraient être d'une qualité
différente pour l'un ou pour l'autre.
Nous sommes donc très heureux de saluer une possibilité de
demeurer un organisme privé, tout en bénéficiant des fonds
du gouvernement pour les services donnés aux assités sociaux.
Mais nous avons plusieurs interrogations, M. le Président. D'abord,
quand on lit l'article 11 qui dit que le gouvernement pourrait financer
jusqu'à 80 p.c. des dépenses de l'établissement, s'il
était un établissement public, au titre de ses dépenses
courantes de fonctionnement, nous avons des difficultés
d'interprétation.
Nous nous demandons quelle est la base sur laquelle s'appliquent ces 80
p.c. La règle des 80 p.c. est inspirée, croyons-nous, de ce qui
existe en matière d'éducation où les établissements
reconnus d'intérêt public peuvent être financés
à 80 p.c. et les parents des enfants paient les autres 20 p.c. Ici, nous
voyons que c'est un peu le même système qui justifie le pouvoir
exécutif de préconiser une solution analogue dans le secteur des
affaires sociales.
Mais quand on dit 80 p.c. des dépenses courantes de
fonctionnement, nous ne comprenons pas ce que cela signifie. Si cela signifie
ce que l'on entend en comptabilité par des dépenses courantes de
fonctionnement, incluant frais de finance, dépréciation,
amortissement, qu'on prenne un terme ou l'autre suivant que c'est le capital
emprunté ou le capital investi, cela va. C'est-à-dire que 80 p.c,
à ce moment-là, des dépenses qui nous sont
nécessaires pour fonctionner, c'est la norme que nous avions comprise et
je dis que cela va, mais toujours à la condition que nous puissions
trouver les autres 20 p.c. chez les résidents parce que Résidence
Angélica ne bénéficie d'aucune source magique
d'approvisionnement. Si le gouvernement ne paie pas la totalité des
frais pour équilibrer le
budget, ce sont ceux qui bénéficient des services qui vont
le payer parce que nous offrons un service et nous demandons le prix en
retour.
Maintenant, il s'agit de savoir de quoi on parle. Nous avons tendance
à assimiler dépenses courantes de fonctionnement â
dépenses admissibles, au sens de l'article 6.2.9 du règlement.
Parce qu'à 6.2.9 du règlement, il est question du budget de
fonctionnement et des dépenses courantes de fonctionnement d'un
établissement public. Nous disons que si c'est le sens technique qu'il
faut donner à l'article 11, celui que le pouvoir exécutif a
donné à l'article 6.2.9, eh bien, au lieu de parler de 80 p.c.
des dépenses de fonctionnement, il faudrait plutôt parler de 60
p.c, peut-être 50 p.c. Ainsi, on ne couvrirait pas les frais de finances,
les frais d'amortissement et il faudrait aller chercher chez les
bénéficiaires la différence. Nous croyons que le cadre de
la loi devrait être élargi pour englober non seulement les
dépenses admissibles dans le cas d'un établissement public, mais
aussi les dépenses qu'il est possible pour le ministre de subventionner,
même si elles ne sont pas admissibles, tel que prévu au
règlement, toujours à l'article 6.2.9.
Peut-être ici y a-t-il une question de rédaction. Il est
vrai qu'à l'article 6.2.10, on dit que certaines dépenses peuvent
être admissibles dans le cas d'établissements
conventionnés, ce qui élargirait le sens des dépenses
admissibles. Mais l'article 11 nous ramène à ce qui serait une
dépense admissible dans le cas d'un établissement public et de
là notre inquiétude. Cela est simplement pour essayer de
définir la base sur laquelle les 80 p.c. s'appliquent.
Le deuxième point, nous disons que nous voulons avoir un budget
équilibré, cela s'entend. Nous ne recherchons pas de profit, nous
le déclarons. Ce que nous voulons, c'est de joindre les deux bouts. Pour
joindre les deux bouts, il faut que les bénéficiaires couvrent la
différence de ce que cela coûte. A ce sujet, nous avons eu des
problèmes d'interprétation avec les fonctionnaires du
ministère au sujet de l'article 134 parce qu'il y a deux méthodes
pour qu'un établissement privé puisse toucher des fonds du
gouvernement, ce sont les articles 133 et 134.
L'article 133 prévoit une rémunération à
taux forfaitaire en vertu d'un règlement qui n'existe pas et l'article
134 prévoit une rémunération suivant les services rendus
et les dépenses reconnues admissibles en vertu des règlements.
Donc, l'article 134 aurait un sens plus large puisqu'on parle de
dépenses admissibles pour établissements privés que
l'article 11 préconisé par le projet de loi où on parle de
dépenses admissibles pour un établissement public.
Ce que nous voulons clair, noir sur blanc, c'est que nous ne voulons pas
qu'on nous oppose une interprétation qui nous a déjà
été faite. On nous a dit: D'accord, on va financer une partie des
dépenses, mais la différence, vous allez sortir ça de
votre poche.
En somme, on disait : On va financer 80 p.c. des dépenses mais on
va placer 100 p.c. d'assistés sociaux et la différence, vous la
payez de votre poche. Nous, on a dit : C'est une impossibilité
économique. Nous nous sommes heurtés à
l'interprétation de l'article 134. Nous voulons que ce soit clair et
net. C'est pour cela que nous faisons une suggestion dans notre mémoire
de remplacer, aux 8e et 9e lignes, l'expression "sont admissibles en vertu des
règlements" par l'expression "seraient admissibles au budget de
fonctionnement ou autrement subventionnées si l'établissement
était un établissement public" et en ajoutant la phrase suivante:
"La convention doit permettre à l'établissement privé de
toucher des bénéficiaires la proportion de ses dépenses
d'opération, y compris la dépréciation de ses actifs
immobilisés, qui ne lui est pas remboursée par le ministre".
En somme, il nous importe peu que ce soit 20 p.c. de
bénéficiaires qui paient la différence ou que ce soit 20
p.c. qui soient payés par l'ensemble des bénéficiaires. Ce
qui importe, c'est que nous puissions toucher des bénéficiaires
la différence qui manque. Autrement, on ne peut pas opérer cet
établissement dans ces conditions. Cela ne sert à rien de faire
des exercices de style; il va falloir que l'on retourne à nos positions
initiales et demander l'une ou l'autre de ces formules, et
éventuellement au détriment de la population.
Je veux attirer aussi votre attention sur une dernière
difficulté. C'est qu'il existe un règlement, dans le moment, qui
plafonne la contribution des bénéficiaires, des résidants,
qu'on les appelle bénéficiaires ou pas. Ce règlement qui
plafonne la contribution, sauf erreur, à $10, peut signifier qu'on ne
sera jamais capable de trouver la différence qui nous manque.
Dans le moment, par exemple, les services de résidence peuvent
être couverts par les $10, mais les services d'infirmerie ne le peuvent
pas. Or, Résidence Angélica possède une infirmerie qu'elle
a bâtie à la demande du ministère parce que les gens
placés par le ministère avaient besoin de ce service. Les
services en infirmerie coûtent $30 par jour. Alors, c'est certain qu'il
faut que ce soit absorbé par la masse des autres revenus. On ne pourrait
pas, sur une longue échelle, fonctionner avec des chiffres comme
ça sans pouvoir demander une compensation.
En somme, si le gouvernement plafonne les revenus des
bénéficiaires, il faut qu'on ait, de l'autre côté,
l'assurance qu'il couvre la différence. Si, à ce
moment-là, on dépasse les 80 p.c. prévus à
l'article 11, on est pris dans notre problème, et on n'a pas de
solution.
Nous demandons donc que le cadre de la loi soit élargi pour nous
permettre de négocier un contrat avec le ministère, et ce n'est
pas la loi qui va régler nos relations, mais c'est ce contrat avec le
ministère. Le contrat devrait pouvoir être fait dans la
légalité pour assurer une opération saine.
Maintenant, nous avons d'autres remarques dans notre mémoire.
L'une concerne l'ingérence de l'Etat. Permettez-moi tout simplement de
signaler qu'il n'est pas nécessaire que tous les articles qui donnent
des pouvoirs au ministre les donnent à l'égard de tout
établissement. Il vaudrait mieux qu'on limite ces pouvoirs à
l'égard des établissements publics et si l'établissement
est un établissement conventionné, qu'on discute, qu'on stipule
par contrat que les mêmes contrôles vont s'appliquer. Autrement, on
se trouve à mettre la charrue devant les boeufs.
Nous avons une remarque au sujet de l'article 113, qui concerne la
capacité d'accepter un don ou un legs d'une personne
hébergée dans l'établissement. Nous ne faisons aucun
commentaire au sujet de la capacité d'accepter un don, mais au sujet de
la capacité d'accepter un legs, nous disons que cette disposition vient
contredire l'article 769 du code civil, qu'elle n'a pas sa place dans la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, qu'elle
présuppose la captation ou la suggestion de la part de
l'établissement à l'endroit des personnes qui y demeurent,
qu'elle est une entrave à la liberté limitée de tester que
notre mère patrie, l'Angleterre, nous a laissée avec le
traité de Québec et que ce serait, en somme, une disposition qui
devrait être écartée de cette loi.
Quant à la contribution des bénéficiaires, je viens
d'en parler en abordant l'article 116 qui donne au ministre le droit de fixer
la contribution des bénéficiaires. Si cette contribution est
plafonnée dans le cas d'un établissement privé, nous
pouvons été acculés dans un cul-de-sac.
Sur la question des permis, je n'ai pas à faire d'autres
commentaires puisque l'honorable ministre nous a déjà
rassurés sur le droit d'appel en cas de non-renouvellement.
C'étaient nos représentations, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Merci bien, Me Lesage. L'honorable
ministre des Affaires sociales.
M. FORGET: Je vous remercie. Je remercie les représentants de la
Résidence Angélica. Ici encore, on se trouve en présence
peut-être d'un problème particulier et, ici encore, c'est
peut-être un plaidoyer plus qu'une demande de modification
spécifique. Quoique des modifications spécifiques au projet de
loi y sont aussi contenues et découlent du plaidoyer, c'est
véritablement le plaidoyer qui, je pense, doit retenir notre
attention.
Nous venons d'entendre une argumentation qui, dans la limite qu'elle se
trace elle-même, est valable, mais qui est un peu une illustration de la
logique de l'absurde, si vous me permettez cette expression, et ceci sans
vouloir jeter quelque blâme que ce soit à ceux qui en sont les
auteurs. Il demeure que les objectifs que poursuit l'établissement et
ceux que poursuit le gouvernement dans ces dossiers sont clairement
différents.
Pour l'établissement, l'objectif, c'est le maintien de son statut
privé et toutes les autres considérations deviennent ou non
compatibles avec cet objectif. Il a été possible à Me
Lesage de démontrer que, dans la limite ou dans le contexte
défini par un tel objectif, toutes les alternatives qui étaient
proposées étaient peut-être également à
rejeter. C'est pourquoi j'emploie l'expression une logique de l'absurde,
puisque c'est une logique, bien sûr, mais qui découle de la
poursuite d'un objectif qui n'est peut-être pas compatible en
totalité avec ceux que poursuit la loi.
La loi n'a pas pour but de maintenir le statut de quelque
établissement que ce soit, mais atteindre un certain nombre d'objectifs
qui sont énumérés dans la loi et dont je vous ferai
grâce, évidemment. Ces objectifs supposent, cependant,
l'utilisation de certains moyens. Un des moyens qui retiennent l'attention dans
le cadre de ce problème soulevé par la Résidence
Angélica, c'est la nature de l'organisme qui doit utiliser les
ressources matérielles et humaines mises à la disposition de la
population pour répondre à un certain nombre de besoins. Quel
genre d'organisme va se faire l'instrument privilégié de la
responsabilité qu'a assumée le gouvernement du Québec
vis-à-vis de la population? Est-ce que ce sera un véhicule
privé dans ses caractéristiques ou est-ce que ce sera un
véhicule public? Il est clair, d'après l'esprit de la loi 48, que
ce véhicule privilégié, c'est un véhicule public,
c'est une corporation publique. Toute dérogation à cette
règle générale doit, malgré tout, se faire et peut
être considérée, mais seulement si elle est compatible avec
les objectifs généraux de la loi.
Or, les demandes de la Résidence Angélica sont un peu
équivalentes à une mise de côté de la loi, puisque
les seules possibilités qui existent de vivre à
l'intérieur des objectifs définis par la loi lui semblent
également inacceptables et semblent aussi, dans une large mesure,
inacceptables au ministère.
L'établissement ne souhaite pas assumer le caractère d'un
établissement à but lucratif, c'est-à-dire d'une
société à capital-actions. Les religieuses ne souhaitent
pas, et nous ne le souhaitons pas plus qu'elles, cesser les services aux
personnes qui sont actuellement hébergées chez elles et qui sont,
dans la totalité des cas, je crois, des personnes qui ne pourraient pas
être hébergées à la Résidence Angelica sans
l'appui financier du gouvernement.
Il me semble que c'est bien au niveau des objectifs plutôt qu'au
niveau des modalités que les différences existent. Et la longueur
des discussions qui sont intervenues entre l'établissement et le
ministère des Affaires sociales à ce sujet est due non pas au
manque d'imagination dont ont fait preuve les deux parties, mais justement
à l'impossibilité peut-être de trouver
un moyen qui soit à la fois acceptable pour atteindre les
objectifs visés par l'établissement, et acceptable aux yeux du
ministère pour atteindre ses objectifs à lui.
Il est clair que si cet établissement voulait être un
établissement entièrement privé et se croyait capable
d'opérer sans le secours de l'Etat, nous n'aurions aucune raison
d'imposer un mode d'organisation particulier. C'est une alternative qu'ils ont
voulu examiner, je pense qu'elle leur est aussi désagréable
à considérer qu'elle peut nous l'être à
nous-mêmes. Donc, je n'en parlerai pas davantage.
Pour ce qui est de l'autre proposition de l'alternative, qui est de
continuer vis-à-vis des bénéficiaires leur oeuvre
actuelle, leur travail actuel, mais d'être soustraits, à toutes
fins pratiques, aux exigences de la loi, je pense que c'est là qu'il y a
une impossibilité du côté du ministère à
vraiment manifester son accord. Il est clair, et je voudrais donner certaines
indications puisque...
SOEUR ANSELME: II y a toujours moyen.
M. FORGET: ... cette question a été mentionnée, du
moins à nos yeux, que la règle prévue à l'article
11 b) du projet de loi, et en vertu duquel un établissement qui pourrait
fonctionner en ne recevant pas plus de 80 p.c. des sommes qui lui seraient
normalement versées, ne s'inspire pas du tout de la pratique que l'on
observe dans le secteur de l'éducation. Le chiffre seul est le
même, c'est une coincidence ou un hasard, si vous voulez, mais ça
n'a aucune signification, et aucune espèce d'implication ne doit en
être tirée.
En effet, dans notre esprit, il n'est pas concevable qu'un
établissement conserve son statut privé en pénalisant si
vous voulez, d'une certaine manière, ses bénéficiaires par
l'imposition d'une charge supplémentaire à celle qu'ils auraient
à supporter s'ils étaient dans un établissement public. La
situation qui est envisagée, c'est au contraire le cas où
l'établissement qui veut conserver un statut particulier prend
lui-même à sa charge, en quelque sorte, cette
pénalité financière, ce qui n'est pas impossible dans les
cas où un établissement qui est sans but lucratif s'est vu doter
d'un fonds suffisant pour lui permettre d'acquérir ses actifs
immobiliers qu'il consacre au service du public, et pour lui permettre
même d'assumer une partie des coûts de fonctionnement d'un tel
établissement.
Lorsqu'on est en face d'un tel établissement véritablement
sans but lucratif, dans le sens fort du mot, qui a le souci du service au
public poussé à un tel point, je pense que l'on peut faire une
exception quant au statut qu'il doit assumer en vertu d'une loi, et c'est
l'esprit dans lequel le paragraphe b) de l'article 11 a été
prévu. Mais s'il s'agit simplement d'une disposition qui permettrait un
statut d'exception, dont les bénéficiaires feraient les frais
essentiellement, je crois que là il y a véritablement divergence
dans les conceptions et je crois que c'était peut-être essentiel
de préciser ces points. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas encore
possible de chercher des moyens d'arriver à des conclusions communes,
mais il demeure...
SOEUR ANSELME: Je ne peux pas me prononcer...
M. FORGET: ... que les objectifs, je pense, sont différents. Il y
a, de la part du ministère, une préoccupation d'assurer, par un
véhicule privilégié de gestion des établissements,
ces responsabilités dans le secteur, et ceci ne peut pas se faire en
dehors du cadre de la loi.
M. LESAGE: M. le Président, Soeur Anselme voudra sûrement
ajouter quelque chose à ce que j'ai l'intention de dire. Il est
évident que nous ne parlons pas le même langage.
Il est certain que si la formule que vous préconisez peut
fonctionner dans le cas d'établissements qui ont des ressources qui leur
viennent soit d'un fonds de dotation, de legs ou de donations, ce n'est pas le
cas des Soeurs de Charité de Sainte-Marie qui opèrent
Résidence Angélica.
Je ne crois pas qu'on puisse mettre en doute la qualité des
services. Si l'Etat veut mettre de l'avant comme priorité que les
services soient dispensés par un véhicule public, il ne s'ensuit
pas que les services dispensés par le véhicule privé ne
soit pas aussi valables. Dans le cas de Résidence Angélica, il
s'agit pour l'Etat d'obtenir des services, services qui sont déficients
dans ce secteur. Les services que Résidence Angélica offre sont
des services en quelque sorte d'appoint pour le gouvernement dans la
philosophie qu'il se fait de la dispensation des soins ou de son obligation
envers les personnes âgées. Même comme services d'appoint,
ces services ont une valeur, et si ces services ne sont pas dispensés
par l'Etat, s'ils sont dispensés par une institution privée comme
Résidence Angélica, l'Etat doit payer leur juste valeur.
Il n'est pas question de spéculer sur la valeur des services
fournis. Vous faites appel à une espèce de conscience sociale
dont nous nous dissocions en ce sens que nous ne voulons pas vivre, pour
Résidence Angélica, la spoliation, l'étatisation et la
confiscation, au profit du gouvernement, des biens de Résidence
Angélica, pour en faire un établissement qui deviendrait un
établissement public sur lequel on n'aurait aucun contrôle.
Au contraire, placé devant l'alternative de choisir entre
maintenir un statut privé, car c'est, je pense, dans cette province,
encore un droit que nous avons d'exercer des activités légitimes,
sous réserve que ces activités répondent aux mêmes
critères de compétence et de qualité... je pense qu'on ne
peut pas nous faire grief de vouloir maintenir notre droit de
gérance.
Je cède la parole à Soeur Anselme.
SOEUR ANSELME: Moi je dis qu'on veut pouvoir avoir la direction. Nous ne
voulons pas autre chose parce que ç'a beaucoup d'importance. Parfois il
y a des implications à... Nous voulons maintenir un esprit
là-dedans, mais si nous n'avons pas l'autorité, si nous n'avons
pas la gérance, on est aussi bien d'aller faire un autre
métier.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): II ne semble pas, de la part des membres
de la commission, y avoir d'autres commentaires. Je remercie Soeur Anselme.
Messieurs, je vous remercie et j'invite maintenant, d'après l'ordre du
jour qui m'est donné ici, le Dr Jean-Pierre Gravel, qui a demandé
de témoigner à titre personnel. Dr Gravel.
Docteur Jean-Pierre Gravel
M. GRAVEL (Jean-Pierre): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de la commission parlementaire, identification d'abord.
Je vous présente Me Jacques L'Heureux, avocat qui sera cet
après-midi mon conseiller juridique et je m'identifie comme étant
le Dr Jean-Pierre Gravel, médecin spécialiste en ophtalmologie,
habilité à pratiquer dans la province de Québec depuis
1969 et pratiquant à l'Hôtel-Dieu de Québec depuis
1971.
J'ai fait des études de surspécialité
supplémentaires au certificat de spécialiste, qui
dépassaient sa compétence, en Angleterre, un an, en greffe d'yeux
ou en greffe de cornée, en chirurgie des voies lacrymales et, ensuite,
en France, huit mois, à titre de boursier du Commonwealth, boursier du
Collège international des chirurgiens et boursier McLaughlin, devant
mériter ensuite un titre universitaire dans un hôpital
universitaire pour faire de l'enseignement. Je suis aussi, depuis le 18 juin
1974, pour m'identifier encore, membre du conseil d'administration de
l'Hôtel-Dieu de Québec, représentant élu des
usagers, au nombre de 356 sur 404. C'est le seul hôpital, d'ailleurs,
dans la région administrative no 3 où on a doublé le
nombre des effectifs au point de vue de la participation des usagers.
Je suis impliqué par votre projet de loi 41 et je suis surpris
d'être ici, à peu près tout seul, sauf la
fédération qui est déjà venue ici vous
présenter quelque chose. Je suis surpris de voir ce qui se passe dans ce
bill 41. Je vous ai soumis mon mémoire, on ne perdra pas de temps. Au
sujet de la famille d'accueil, paragraphe o) de l'article 1, je n'en parle pas.
Ce que je voulais dire dans ça, tout simplement, en bref
résumé, c'est que vous, M. le ministre, vous aviez mis "famille
d'accueil" dans le texte de loi, à l'article o), et, moi, je me disais:
Une famille d'accueil, qu'est-ce que c'est? Je me posais des questions, dans
l'hôpital. Moi, je suis au bout de la ligne, je vois le malade, je le
reçois, je le soigne. Parfois, il est en retard, le docteur, comme ici,
je suis en retard pour la commission et je vous en sais gré. Je ne vous
le reproche pas, M. le ministre, parce qu'en fin de compte vous avez
donné un délai de quinze jours additionnels pour produire les
mémoires.
La famille d'accueil me semblait être, selon ma conception de
médecin, tout simplement une place où on peut loger des gens qui
sont en attente dans les hôpitaux. On sait que le taux
révisé quotidien est, par exemple, à l'Hôtel-Dieu de
Québec, de $106 par jour pour garder un malade inutilement. Je ne dis
pas qu'on les garde inutilement, mais je veux dire que, si on garde quelqu'un
sous observation, parce qu'il faut qu'on le voie un peu tous les jours ou tous
les deux jours avant qu'on l'envoie, pour être bien sûr qu'il est
en sécurité et qu'il n'y aura pas de complications, il y a
certains cas, comme ça, qui pourraient peut-être aller en famille
d'accueil à des taux peut-être de $15 ou $20 par jour, pour autant
qu'il y a un comité qui peut surveiller les familles et voir
réellement si elles peuvent leur donner le couvert et le gîte. A
ce moment-là, ça pourrait peut-être baisser nos
coûts. Mais, dans le fond, les lits seraient vides à
l'hôpital.
Est-ce que, réellement, 90 p.c. d'occupation dans un
hôpital correspond à la réalité? Eh bien, je me le
demande. Moi, je fonctionne dans l'hôpital, je vois comment cela se
passe. Je pense que les comités d'évaluation médicale ou
de séjour ne fonctionnent peut-être pas assez fortement, parce
qu'il n'y a pas tellement de choses qui les forcent à fonctionner. Quand
je vois un médecin qui vient à l'hôpital une journée
ou tous les deux jours admettons qu'il vienne deux jours par semaine
et que le patient attend dans sa chambre à $106 par jour pour
être opéré trois jours après, alors qu'il serait
prêt, moi, cela me scandalise un peu. Je pense qu'il faut que vous
obteniez la collaboration du médecin actuellement. Moi, je suis un de
ces médecins qui sont jeunes et qui ont toujours pensé qu'il y
avait moyen de faire quelque chose pour la santé. Je pense que vous
devez obtenir la collaboration des médecins en général et
ne pas les frustrer.
Actuellement, dans les hôpitaux, vous avez deux sortes de
médecins. Vous avez les médecins qui sont hospitaliers, qui
donnent des soins. Vous en avez d'autres qui donnent des soins et qui donnent
de l'enseignement. En général, on considère qu'un
médecin qui a fait cinq années d'études universitaires
dans une université du Québec ou ailleurs, qui a quatre
années de surspécialité et parfois une année de
surspécialité ou encore un autre morceau de
surspécialité, devrait être habile, compétent et
qualifié pour faire de l'enseignement. A ce titre, je pense que l'on n'a
pas besoin de donner une juridiction excessive à l'université
dans un contrat d'affiliation dont on ignore les termes actuellement. Alors que
l'on discute le bill 41, on ne l'a pas en annexe, ce contrat d'affiliation.
Je pense que tous les médecins dans un
centre hospitalier affilié à l'université devraient
avoir le droit de reconnaissance universitaire. Or, il se produit des choses
assez bizarres; par exemple, c'est mon cas personnel, je ne suis pas sub judice
et je vais en parler. J'étais reconnaissable au point de vue
universitaire à Sherbrooke en 1971 comme professeur adjoint. A
Québec, je ne le suis pas à l'université Laval, et,
pourtant, j'enseigne depuis trois ans avec un intérêt
marqué aux résidants qui aiment venir prendre mon enseignement.
Je dis que la démarcation est assez nette entre les médecins qui
enseignent et ceux qui n'enseignent pas. Les résidents et les internes
qui veulent apprendre quelque chose, c'est au contact du malade et du
médecin qu'ils apprennent. A ce moment, ils choisissent le
médecin qui leur montre quelque chose et ils se départissent,
vont à côté ou s'éloignent du médecin qui ne
leur montre rien.
Je reviens maintenant au bill 41 et je vais prendre vos articles qui
sont intéressants, l'article 43-b. L'article 43b, M. le ministre, dit
textuellement: "Le plan d'organisation d'un centre hospitalier doit pourvoir
à l'organisation des départements cliniques dans le centre et
à la nomination des chefs de département". Je suis tout à
fait d'accord sur cela. "S'il s'agit d'un centre hospitalier affilié
à une université, la nomination des chefs de département
doit être faite conformément aux termes du contrat d'affiliation".
Or, on ignore les termes du contrat d'affiliation. Il est malheureux qu'on ait
à se prononcer sur l'article 43b, tel quel. On sait, par exemple, que
dans la Loi sur le louage des choses, on a inséré, à la
fin, une annexe qui montrait le contrat exactement avant qu'on adopte en
troisième lecture une telle loi.
Ignorant les termes du contrat d'affiliation, il faut concevoir que la
nomination des chefs du département peut se faire d'une façon
consultative ou bien décisionnelle avec l'université. S'il s'agit
d'une décision qui doit être prise avec l'université, je
m'y oppose. Premièrement, par conflit d'intérêts quant
à moi. Deuxièmement, pour d'autres conflits
d'intérêts qui vont surgir, à cause de la concurrence qui
existe entre les médecins et les divers centres hospitaliers. Il est bon
que, dans un réseau, il existe une concurrence, M. le ministre, il n'est
pas bon qu'il n'y ait qu'une seule autorité. Il est bon qu'il y ait au
moins deux autorités où les médecins pourront aller. Dire
que dans les centres hospitaliers de Québec ou d'ailleurs
affiliés à l'université, on ne permettrait qu'à des
médecins reconnus de pratiquer et de faire de l'enseignement, ce serait
lier, M. le ministre, parce que vous savez que quand on montre à
opérer à un résidant, on ne demande pas toujours au
patient la permission de faire opérer ce résidant.
Si je vous demandais, vous, M. le ministre, si vous aviez besoin d'une
greffe de la cornée: Voulez-vous que je vous opère ou si vous
voulez que ce soit mon résidant? Je pense que, honnêtement, vous
diriez : Je préférerais que ce soit vous. Cela est une chose. M.
le ministre, si on prend, dans la ville de Québec, les cinq
hôpitaux dits d'enseignement, actuellement, mais qui sont d'abord des
hôpitaux de soins, car la loi 65 est d'abord une loi dans tous ses
articles, sauf l'article 88 faite pour les soins, à ce moment, je
pense que c'est bon de laisser dans la ville une possibilité pour les
médecins spécialistes qui seraient en conflit
d'intérêts, comme moi, par exemple, et comme d'autres qui sont
refusés. Vous le savez par la commission de révision, parce que
vous êtes chargé de l'application de la loi. J'ai ici trois
témoignages de la commission de révision, hôpital Queen
Elizabeth de Montréal, hôpital St.Mary. Je ne mentionnerai pas de
nom, on n'est pas sub judice, on est post judice. Ces choses ont
été faites l'année passée et il y a là une
chose assez intéressante: c'est de voir comment on refuse un
médecin d'après son comportement.
Alors on dit, par exemple: Dr Untel pointed out that he will not
recommend Dr X to McGill University for the clinical teaching unit. It was
pointed out that the executive committee felt that there was not sufficient
grounds to say no to Dr X as all his credentials were in order. Dr Untel felt
that there will be a method of holding him in check by creating a service non
McGill.
Cela veut dire que des médecins dans des centres hospitaliers, M.
le ministre, ne veulent pas voir d'autres médecins entrer dans leur
empire médical. Je pense qu'à ce moment, c'est exercer de la
discrimination envers un jeune médecin spécialiste qui arrive sur
le marché du travail. Vous allez me dire, M. le ministre: Bien oui, mais
dans le fond le contrat d'affiliation permettra une reconnaissance
universitaire pour certains médecins et, s'il y a des conflits
d'intérêts, ils se tasseront un peu ailleurs. Ils iront à
Montmagny, à Amqui, à Matane, à Schefferville. M. le
ministre, je vous dirai une chose. Quand un médecin fait cinq
années d'études universitaires, quatre années de
surspécialité et qu'on l'entrafne dans les centres les mieux
équipés, soit Québec, Montréal et d'autres
hôpitaux, quand il ne va pas en Angleterre, aux Etats-Unis ou en France,
et quand on sait que le médecin canadien-français est
pratiquement le médecin le plus favorisé au point de vue de la
médecine, au point de vue de la compréhension des choses et au
point de vue de l'acquisition des connaissances, je veux dire par là que
le médecin canadien-français est un médecin ouvert sur les
Etats-Unis et les techniques, ouvert sur le médecin canadien-anglais,
comme le médecin canadien-anglais ne peut pas l'être autant que
nous. On est ouvert sur la France, et la France est ouverte sur la Suisse,
l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Et, en plus, on va faire des stages de
spécialité en Angleterre. Nous sommes dans une position des plus
privilégiées comme médecins au Québec, M. le
ministre. Mais je pense qu'il ne faut pas, en aucun temps, brimer des gens qui
se donnent la peine d'aller chercher des connaissances à
l'étranger, lorsqu'ils reviennent en ville. Je pense que le
débit de malades pour faire des choses surspécialisées est
dans les grandes villes.
Les gens de Montmagny partent pour aller vers Québec pour
s'établir. Mais les gens de Québec ne partent pas pour s'en aller
à Sainte-Thècle.
Or, par un contrat d'affiliation, vous pouvez permettre à
l'université un excès de juridiction qui déplacerait des
médecins pour faire taire les fameux syndicats qui disent: On n'a pas de
médecin à Schefferville. A Schefferville, il y a deux
médecins, il y a 4,500 de population mobile, monsieur. Mais mettez un
ophtalmologiste ou un autre spécialiste là, ne l'équipez
pas ou même équipez-le, il n'aura pas le débit. Qu'est-ce
que vous voulez que j'y fasse? Il faut qu'il ait un débit et il faut
qu'il ait de l'équipement. Si on en envoie un peu partout dans les
régions reculées de la province, d'accord, on va satisfaire un
équilibre. Mais vous aurez un médecin frustré. Parce que
vous avez besoin de médecins heureux et vous avez besoin de leur
collaboration.
C'est le médecin, M. le ministre, qui sait où couper sur
les coûts, avec vous. Mais vous ne devez pas être tout seul dans
cette barque. Le médecin est le dernier, en bas, qui est capable de
dire: Ce patient part aujourd'hui. En partant aujourd'hui, évidemment il
y en a un autre qui entre, on ne sauve rien. Mais, dans le fond, lorsque le
jour viendra où il faudra construire plus qu'hôpitaux, à ce
moment-là on pourra resserrer.
Mais, si on commençait tout de suite, ce serait quand même
important. Vous avez besoin, M. le ministre, de la collaboration des
médecins. Elle est très importante et vous ne devez les frustrer
d'aucune façon.
Ceci étant dit, je dirai qu'en 1960 l'Association des bureaux
médicaux avait déposé un mémoire relatif à
l'assurance-hospitalisation provinciale. Alors, en page 60, je lis: "Ce droit
du patient de choisir son médecin est déjà reconnu par la
Loi des accidents du travail, 1957, section IV, article 28, paragraphe 4". Cela
est le libre choix du médecin, qui est très important. Un patient
a le droit de choisir son médecin. Or, si un médecin n'a pas le
droit de choisir son hôpital, parce qu'il est bloqué au point de
vue universitaire, je ne vois pas comment le patient peut réellement
choisir son médecin. A ce moment-là, si je ne suis pas dans un
hôpital universitaire et que je n'ai pas l'équipement comme dans
un hôpital universitaire, parce que je suis ailleurs, cela veut dire que
le patient de la Commission des accidents du travail ne peut pas choisir son
médecin. A ce moment-là, si vous voulez laisser l'article de loi
tel quel, l'article 43... un peu plus loin, où il y a demande de
nomination des médecins, il faudra à ce moment-là modifier
la loi de la Commission des accidents du travail.
M. le ministre, l'Association des bureaux médicaux s'était
déjà prononcée sur la valeur ou les priorités dans
les hôpitaux relativement à la dispensation des soins et son
organisation, la dispensation de l'enseignement et la recherche. La conclusion
était que les soins prédominaient partout et avaient
préséance sur l'enseignement. Et écoutez bien celle-ci:
Lorsqu'un patient se rend à l'hôpital avec un doigt coupé,
qu'il s'agisse d'un hôpital de Gaspé, de Matane, d'Amqui, de
Québec ou de Montréal, le patient va à l'hôpital en
fonction d'un besoin, c'est-à-dire recevoir des soins pour son doigt
coupé. Personne ne peut le nier. Il ne demande pas à un interne
ou à un résidant de faire de l'enseignement avec son doigt
coupé mais il demande de recevoir des soins et qu'on répare son
doigt. Il ne s'oppose pas cependant à ce qu'on fasse de l'enseignement
avec son doigt. Je ne m'oppose pas, moi non plus, à l'enseignement mais
je pense que les soins sont plus importants que l'enseignement. Il ne faudrait
donc pas mettre l'enseignement et les soins sur le même pied et provoquer
de plus un conflit administratif lorsqu'il s'agit de nommer les chefs de
département alors que la priorité doit être et toujours
être accordée aux soins et non à l'enseignement.
Je touchais ici seulement les chefs de département. Or, dans des
principes de saine gestion moderne de personnel, il faut assurer une promotion,
pour que les gens soient heureux dans un département. Si c'est la
promotion universitaire dans un département, vous avez des
médecins qui sont universitaires et d'autres qui ne le sont pas, parce
que c'est au bon plaisir de l'université, malgré qu'ils soient
compétents, bien, à ce moment-là, si on n'est pas capable
d'assurer une promotion, les médecins ne seront pas heureux dans ce
service. Il faut que les médecins soient heureux. Il faut leur donner
une occasion de l'être. A ce moment-là, il faut assurer un ordre
de promotion pour devenir chef de service, qui n'est pas contingenté ou
donné par excès de juridiction à l'université, qui
peut être en conflit d'intérêts.
Moi, c'est bien simple, mon conflit d'intérêts, je vais
vous le dire tout de suite. Je suis un médecin de la greffe de la
cornée. J'en fais 25 par année. Il s'en fait au CHUL depuis deux
ou trois ans. Il s'en faisait à l'Hôtel-Dieu depuis 20 ans, un peu
moins. Mais je suis arrivé et j'en fais 20 à 25 par année.
J'en ai fait trois depuis une semaine.
Le problème, monsieur, se pose dans le sens de la concurrence
entre les médecins et c'est une bonne chose. C'est important qu'il y ait
une concurrence chez les médecins, pour autant que cela ne nuise pas aux
malades.
Alors, le problème est bien simple ici, pour la ville de
Québec. Je ne manque pas d'yeux, donnez-moi en des malades à
greffer et je vais vous les greffer tout de suite.Ce sont les malades qui me
manquent, M. le ministre!
L'article 20 du projet de loi no 41 veut modifier l'article 51, en
remplaçant le paragraphe e): "par une personne élue pour deux
ans
par le Conseil des médecins et dentistes". Dans l'ancienne loi,
la personne n'était pas élue mais était
désignée, ce qui permettait au Conseil des médecins et
dentistes de ne pas faire d'élection et de choisir, en conflit
d'intérêts, certains médecins.
Avec ce nouveau paragraphe, c'est-à-dire une personne
élue, on oblige le Conseil des médecins et dentistes à
faire une élection et on permet la démocratie, malgré que
la démocratie dans les bureaux médicaux est souvent
viciée. La seule implication défavorable que j'y vois est que
cette personne élue par le Conseil des médecins et dentistes, qui
va se retrouver au conseil d'administration, sera élue pour deux
ans.
Or, on sait que dans les bureaux médicaux et nos conseils de
médecins, on élit des exécutifs pour un an.
Généralement, on prenait le président du Conseil des
médecins et on le foutait en haut, au conseil d'administration.
Là, cela va faire un petit dérangement.
Mais, d'un autre côté, cela implique plus de monde. A ce
moment-là, cela permet une meilleure démocratie, aussi. Les
conflits d'intérêts ont moins de chance de rester seuls dans un
coin.
Malheureusement, aux conseils d'administration, selon l'article 51, il
n'y a qu'un médecin, selon votre suggestion, c'est-à-dire dans la
loi actuelle, au conseil d'administration d'un centre hospitalier. Ceci est
représentatif des médecins, mais, comme je vous le dis, un seul
médecin, c'est pratiquement courir vers la frustration des
médecins dans un hôpital.
Sans vouloir donner trop de choses aux médecins dans leurs
empires, il faudrait quand même penser que ce serait peut-être bon
d'en avoir au moins deux. Lorsqu'un médecin part du Conseil des
médecins et dit: Moi, Un Tel, je représente la résolution
ou je donne la résolution de tel conseil des médecins, et que
moi, membre du conseil d'administration, j'arrive en haut et je dis:
Regarde-moi donc ça, ce n'est pas la même chose que ce que j'ai
entendu à l'autre bout, ce n'est pas le même vote. De majoritaire,
c'est passé à unanime. Il y a des mécanismes à
prévoir. A ce moment-là, c'est une bonne chose qu'il y ait un
deuxième médecin au conseil d'administration comme chien de garde
pour le premier.
Je suggérerais donc, M. le ministre, qu'il y ait deux personnes
élues pour deux ans par le Conseil des médecins et dentistes.
Ceci assurerait une plus grande honnêteté, etc.
L'article 24 suggère de remplacer l'article 54. Cela, ici, a
trait à la procédure des élections dans les centres
hospitaliers. J'y ai participé. J'ai mis ma machine électorale en
marche, suite au rejet d'un médecin qui avait été
refusé à l'Hôtel-Dieu, sur la reconnaissance universitaire
et non sur la compétence, toujours parce qu'il était
qualifié en greffe de cornée. Le second paragraphe de l'article
54 proposé mentionne que le conseil régional désigne un
président d'assemblée pour les élections. C'est
très bien. Il faut cela.
Il serait important que le président d'assemblée ne soit
pas un membre ou un préposé de l'hôpital. Je veux dire par
cela que la personne qui est là... Aux élections qu'on a eues en
juin 1974, d'abord, ils ont manqué de bulletins de vote. Ils ont
été obligés d'en imprimer dans la soirée. Ils
n'attendaient pas autant de monde que cela parce qu'ils avaient une bonne
machine électorale. Un patient, c'est un électeur. Vous devez
savoir cela, les médecins députés. On dit: Un patient au
quart d'heure, c'est un électeur à l'heure!
Alors le président qu'on avait, nous, c'était le directeur
général ou un autre et, à ce moment-là, il
était membre lui-même du conseil d'administration, peut-être
avec voix consultative, mais quand même c'était lui qui
était là avec un autre, qui était quand même dans
l'hôpital.
Il faut que ce président d'élection soit impartial. Pour
cela, il ne doit être aucunement relié au conseil
d'administration. Lorsque les membres d'un conseil d'administration ont
oeuvré pendant un an ou deux ensemble et ils mangent des
sandwiches à la fin de la réunion il est évident
qu'il s'établit des liens de sympathie et d'amitié
réciproques qui font que les nouveaux venus aux élections peuvent
être défavorisés si le président d'élection
est membre de l'hôpital ou si quelqu'un d'autre prend la parole durant la
tenue des élections pour occuper le temps des usagers qui sont en train
de voter.
Il y a une chose qui est arrivée, qui est assez drôle,
à l'Hôtel-Dieu. Comme je vous dis, où on a doublé
les effectifs de participation. Cela n'a été mentionné
nulle part mais en tout cas, on le sait. Une chose est arrivée, qui est
assez drôle. C'est que parmi l'assemblée de 434 personnes, il y
avait des maniaques. A un moment donné, le président
d'élection a dit: Vous faites un X là et un X là. Vous
faites deux X. Les gens ont dit: Cela va faire, on ne fait pas deux X.
Là, il y a des gens à tendances maniaques qui ont dit: Eh, cela
ne se passera pas de même. Ils se sont levés. Il a fallu que je me
mette à côté du directeur général et que je
fasse un signe de paix pour que les gens se rassoient. On était en train
de perdre le contrôle.
Les gens n'acceptent pas que lorsqu'il y a deux membres du conseil
d'administration comme usagers à élire, on aie à voter
pour deux à la fois. Il faudrait que ce soient les deux qui ont le plus
grand nombre de votes, mais avec un seul X sur les quatre, les cinq ou les six
candidats qui se présentent. C'est une suggestion que je vous fais.
Une autre chose, M. le ministre. Il faudrait quand même qu'il y
ait des amendes de prévues, aussi. Je vous parle encore par
expérience. Il faudrait que des amendes soient prévues pour des
gens qui se présentent comme usagers, qui signent leur demande de
nomination et lorsque le compte des votes est fait et qu'ils gagnent,
qu'ils entrent et qu'ils sont élus, disent â la
dernière minute : Je ne veux pas me faire élire.
Je vais passer ça au troisième qui n'a pas
été élu. Prenez-en bonne note, M. le ministre.
L'article 63 de la loi n'a pas été corrigé, et
l'article 63 je pense que c'est votre conseiller juridique qui aurait
peut-être dû voir à ça devrait être
modifié en remplaçant, dans la troisième et la
quatrième ligne, le mot "désigné" par le mot "élu",
parce que là on va élire. Cet article sera alors de concordance
nécessairement car, dans les élections, le conseil des
médecins et dentistes ne désignerait pas quelqu'un ou un membre,
mais l'élirait en vertu du paragraphe e) du nouvel article 51.
Maintenant, l'article 34 c'est juste une modalité anglaise
suggère de modifier l'article 91 de la loi 65. Or, le choix du
terme anglais dans la version anglaise est inapproprié. Au lieu
d'employer "Canadian Association of Medical Protection", qui est une mauvaise
traduction et qui n'est pas le terme juridique de la corporation, n'est-ce pas,
il faudrait employer le terme légal de cette association. Parce que,
vous le savez, M. le ministre, on s'entend.
L'article 35 suggère de remplacer l'article 92. L'article 92, je
suis obligé de m'y référer parce que réellement
c'est la pierre d'achoppement. Je le lis textuellement: "Un médecin ou
dentiste peut exercer sa profession dans un établissement dès sa
nomination par le conseil d'administration". On ne dit pas que c'est
l'université qui nomme, heureusement. Le statut et les privilèges
dont il peut jouir sont déterminés par les règlements. On
les a déjà. Je sais bien, M. le ministre, que vous pouvez les
modifier n'importe quand par arrêté en conseil et publication dans
la Gazette officielle du Québec. Mais on ajoute: "et, dans le cas d'un
établissement affilié à une université, par le
contrat d'affiliation".
Cela veut dire c'est ambigu cette phrase-là que
moi, je pourrais demander à entrer dans un centre hospitalier dit
affilié, parce que ça va être affilié, mes statuts
et privilèges vont être déterminés aussi par le
contrat d'affiliation. Si l'université ne m'aime pas, s'il arrive qu'il
y a un directeur de département qui ne m'aime pas et que le doyen me
dise: Je ne résous pas ton conflit, je ne déplace pas un
capitaine pour un matelot, a ce moment-là, je suis lésé
dans mes droits et je pense que ce n'est pas correct. Il va falloir
décider dans le contrat d'affiliation si c'est décisionnel ou si
c'est consultatif, et l'inclure dans la loi.
Je pense que nous avons, comme médecins, de même que
l'université, un rôle à jouer, et le gouvernement aussi; on
a un grand rôle, c'est de donner les soins. Mais c'est auprès des
malades et des médecins que les internes et résidants peuvent
apprendre quelque chose. Je pense que dans l'organisation des soins et des
nominations des médecins comme chefs de départements, dans les
hôpitaux, il faudrait quand même assurer un mécanisme de
contrôle qui éviterait des conflits d'intérêts et un
excès de juridiction de l'université.
Moi, je suis d'accord avec l'université, j'aurais peut-être
fait un des meilleurs professeurs, pour l'enseignement dans les hôpitaux,
mais pas au point de décider du recrutement des médecins. Parce
que je calcule qu'un médecin, même s'il ne parle pas couramment
l'anglais ou n'est pas au courant de tout, rend des services, et que c'est
à côté de ces services-là que le jeune
médecin apprend.
Maintenant, à l'article 92 a), il y a une autre chose: la licence
de pratique du médecin. Je m'excuse d'être long mais, que
voulez-vous, cela fait longtemps que je vous attends, pas ce matin, je veux
dire que ça fait longtemps que j'ai hâte de venir vous rencontrer.
Vous savez, avant on donnait une licence de pratique aux médecins,
l'université donnait un diplôme de médecin, la licence de
pratique venait automatiquement, on donnait un numéro. Mon numéro
c'est 65218, pour votre information, cela veut dire que j'ai fini en 1965 et
j'ai le numéro 218 dans le code. Cela veut dire que si on permet
à l'université un excès de juridiction dans la nomination
et le recrutement des médecins dans un centre hospitalier, même
s'il est affilié, on limite, on restreint le droit de pratique des
médecins et la licence de pratique.
Un médecin spécialiste qui a cinq années
d'études universitaires et quatre autres d'études de
spécialité, cela fait quand même neuf années
d'études médicales, je comprends qu'il n'a pas eu le temps de
penser aux implications humaines de sa propre personne parce qu'il pense
à celle des autres, il étudie et il est bien savant, mais il
reste une chose, c'est que je trouve que ça lèse le
médecin. Il ne faudrait pas qu'il y ait des médecins
frustrés.
Vous savez qu'à la commission de révision on est rendu
à 24 ou 25 cas, vous savez qu'il y a un cas en suspens qui est sub
judice et je n'en parlerai pas, mais par politesse je peux quand même
vous dire que ce médecin-là a été refusé sur
la recommandation d'un directeur de département universitaire
lui-même en conflit avec un autre hôpital. A ce moment-là,
la recommandation faite par le comité d'examen des titres les
médecins d'un hôpital, qui est généralement
universitaire a été faite au conseil d'administration qui
n'a voulu rien changer à la recommandation du Conseil des
médecins.
On ne s'est pas assuré de voir si réellement le
médecin était compétent ou pas; on s'est juste basé
sur la reconnaissance universitaire. Et cela s'est fait à
l'Hôtel-Dieu de Québec, cette année, au mois d'avril plus
précisément. En tout cas, M. le ministre, je ne vous en parlerai
pas plus longtemps; vous êtes au courant, je l'espère.
J'espère que ma lettre n'a pas été
"crépinisée" et rapetissée.
Or, l'article 92a) dit: "Un médecin ou dentiste désirant
exercer sa profession dans un centre hospitalier doit adresser au directeur
général un formulaire de demande de nomina-
tion conformément aux règlements. Le comité
d'examen des titres, dont la composition est déterminée par les
règlements, étudie la demande du candidat et fait rapport au
Conseil des médecins dans les 30 jours". M. le ministre, 30 jours, c'est
trop ! Imaginez-vous donc le pauvre médecin qui est là et qui
attend, lui; il attend 30 jours. Après ça, on dit: Le Conseil des
médecins "adresse ensuite dans les 30 jours une recommandation au
conseil d'administration" et la décision écrite est rendue dans
les 90 jours. Cela fait trois mois qu'il attend, le pauvre diable! Pendant ce
temps, il y a des gens, qui attendent jusqu'au mois de janvier et
février pour avoir des rendez-vous avec les ophtalmologistes dans
d'autres départements de la ville. Je ne trouve pas cela correct; je
trouve qu'aussitôt qu'un médecin a fait sa demande de nomination,
ça devrait aller plus vite que ça. Il me semble que sept à
huit jours pour la demande au comité d'examen des titres devraient
suffire si ce sont des docteurs, parce qu'on ne sait pas ce que vous allez
mettre dans votre règlement. Ce ne seront peut-être pas des
docteurs. Je suppose que ça en sera. De toute façon, sept
à huit jours; c'est amplement car ces docteurs sont toujours dans
l'hôpital; alors, il y a moyen de les rejoindre, vous savez.
Maintenant, les 90 jours lors de la réception de la demande, cela
veut dire que ça laisse 60 jours au conseil d'administration. Le conseil
d'administration se réunit tous les mois pratiquement. Vous savez, si
jamais il y avait quelque chose qui n'allait pas, on peut toujours mettre le
médecin dehors après. On peut quand même procéder,
je pense, plus rapidement. De toute façon, la majorité des
médecins, c'est du bien bon monde, comme tout le monde, d'ailleurs. Ils
ont tous des conflits d'intérêts comme n'importe quelle personne
qui n'est pas médecin.
On arrive ici à la nomination d'un médecin. Le
médecin fait sa demande pour entrer, disons, à l'hôpital
Saint-Sacrement. On dit: "S'il s'agit d'un centre hospitalier affilié
à l'université... On suppose qu'ils vont être
affiliés, parce qu'on sait bien je suis moi-même membre du
conseil et c'est public, d'ailleurs que le 1er juillet 1975, votre
sous-ministre, Brunet, nous a demandé de signer les contrats avant le
1er. Alors, on sait bien qu'à ce moment-là ça peut
arriver. "Le conseil d'administration prend avec l'université la
décision conformément aux termes du contrat d'affiliation". Or,
on ne l'a pas. Il y a seulement une petite chose qu'on a, c'est le contrat
d'affiliation de février 1974 qui a été
révisé depuis ce temps-là et qui dit, en page 7:
Obligations conjointes du centre hospitalier et de l'université. Le
centre hospitalier ou l'hôpital et l'université s'engagent
réciproquement a, b, c, patata, d): "A participer conjointement dans la
mesure permise par le règlement". Bien, "permise par le
règlement", ça laisse peut-être une ouverture, mais je
pense qu'elle n'est pas suffisante dans les textes de loi. Il faudrait
écrire consultatif ou décisionnel. Je crois que vous n'avez pas
le droit de donner, du moins je vous recommande, je vous supplie de ne pas
donner un excès de juridiction à l'université dans les
hôpitaux affiliés. Donnez-leur en une sur l'enseignement, si vous
voulez; qu'ils nomment les médecins qu'ils veulent comme professeurs ou
comme chargés d'enseignement, mais qu'ils laissent les médecins,
qui peuvent faire une pratique médicale honnête et
spécialisée, s'ils sont spécialisés, la faire
convenablement.
Il y a une chose qui est quand même curieuse, M. le ministre;
c'est en date du 5 juillet 1974. J'ai ici une lettre de votre directeur par
intérim d'une des directions du contentieux. On dit là-dedans,
à propos de la nécessité d'être reconnu comme
enseignant par l'université dans un hôpital universitaire: "Nous
avons effectué des recherches dans les textes de loi et
règlements. Il resterait, cependant, à vérifier dans le
contrat d'affiliation de votre centre hospitalier, en l'occurrence, dans votre
cas, un contrat conclu entre l'Hôtel-Dieu de Québec et
l'université Laval, si des conditions spécifiques ne sont pas
imposées à un médecin pour que celui-ci soit reconnu
officiellement comme enseignant dans un hôpital universitaire, etc."
A un moment donné, on dit: Toutefois... De toute façon, on
n'a pas le contrat; ça, c'est au mois de juillet. Cela veut dire que le
contentieux n'a pas le contrat; je ne sais pas si vous passez ça au
contentieux, mais une chose est certaine, c'est que le contrat, nous autres,
nous ne l'avons pas. On est à la veille d'adopter cette loi et je ne
sais même pas quelle est ma sécurité, M. le ministre, dans
la ville. Si je suis obligé de me déplacer à
Notre-Dame-de-1'Espérance, moi médecin spécialiste, qui ai
un an en Angleterre et huit mois en France de surspécialité, je
ne vois pas réellement ce que je vais aller faire à
Saint-Ambroise-de-Loretteville, ni à Schefferville. Il me faudrait
pratiquer dans mon bureau, faire une pratique réellement mitigée,
jouer à l'optométriste. Je ne tiens pas à être un
optométriste; les optométristes, c'est quand même du bon
monde. Ce que je trouve malheureux, en parlant des optométristes, c'est
qu'on n'a pas encore fait le point sur les trois "O", les ophtalmologistes, les
optométristes et les opticiens, alors qu'il y aurait tant moyen de le
faire. Ce n'est pas au niveau des individus que ça ne marche pas; c'est
au niveau des associations. Au niveau des individus, ça va très
bien. Regardez les références entre optométristes à
la régie qui passent à un ophtalmologiste et vous allez voir que
ça marche très bien.
Maintenant, tout refus de candidature doit être motivé par
une cause juste et raisonnable. La cause juste et raisonnable c'est bien
difficile à définir, bien difficile.
Le renouvellement de nomination. Imaginez donc, M. le ministre, je suis
là depuis trois ans, puis au mois de janvier 1975 on signe le contrat
d'affiliation. Qui ça? Les médecins, le Conseil des
médecins? Le conseil d'administration? Je
suppose que c'est le conseil d'administration, envers et contre le
Conseil des médecins, si le Conseil des médecins dit non. Peu
importe. De toute façon je suis là moi, depuis trois ans, qui
fais de l'enseignement sans être reconnu; les résidants m'aiment,
mes malades m'aiment, ils m'élisent, je me présente ici. Puis, au
mois de février, on me met à la porte parce qu'on dit: Toi,
l'université ne t'agrée pas.
M. le Président, je me sens lésé. Je me sens
lésé simplement, je trouve que ce n'est pas bien. Il va falloir
réviser ça. On dit ensuite: Tout médecin, et c'est
drôle, M. le Président, comme ils manquent d'information. Je suis
ici pour vous informer vous êtes ici pour apprendre les
gens; je ne veux rien vous imposer, je veux vous suggérer des choses. Je
suis sûr que ces recommandations auront à être
approuvées ensuite ailleurs. De toute façon, tout médecin
ou dentiste qui n'est pas satisfait d'une décision rendue à son
sujet peut en appeler, peut aller à la commission des affaires sociales.
Cela c'est formidable, parce que, à ce moment-là, on tombe devant
un comité qui a cinq membres, quorum cinq membres, et puis là on
dit: Tenez-vous bien, on risque d'attendre encore longtemps.
Le texte, je suis sûr que ce n'est pas fait exprès.
Regardez ça. La commission étudie le cas, la commission
article 36, prenez ça les conseillers juridiques notifie par
écrit et sans délai sa décision à la personne qui a
inscrit l'appel. Cela peut vouloir dire que la commission, si elle n'est pas
prête à rendre sa décision, peut peut-être attendre.
Mais aussitôt qu'elle l'a rendue, sa décision, là elle la
rend vite. Alors peut-être que le médecin va attendre longtemps.
Alors si moi je suis là au mois de janvier, que je me fais mettre
à la porte et que la décision est rendue le 1er avril, à
minuit le 2 je la reçois. A ce moment-là j'ai quand même
perdu quatre mois de mes privilèges. On dit à part ça que
cette commission on ne peut même pas aller, avoir des ordres. En fait
c'est final, cette affaire-là.
Il n'y a même pas moyen de revenir là-dessus. Alors toute
personne visée par une décision de la commission doit s'y
conformer sans délai. Ce serait important qu'il y ait un délai et
que ce délai soit impératif. Que la décision soit rendue
rapidement c'est-à-dire que la décision, lorsqu'elle est rendue,
soit envoyée par télégramme, ça n'a pas
d'importance, seulement ça prend une journée ou deux. Mais que le
temps entre l'audition, l'enquête, la preuve et l'étude du cas,
que ça prenne trois mois, il me semble que ce n'est pas bien.
On n'admettrait peut-être pas ça dans la fonction publique,
je ne sais pas. En tout cas, de toute façon, moi je pense qu'il faudrait
changer ça. Remarquez bien que dans le texte des règlements que
vous avez faits, découlant de la loi 65, c'est de l'arbitraire
actuellement. Il y a un cas qui est pendant actuellement. Le médecin est
arrivé au pays depuis la fin du mois de juin. Il pratique dans un
bureau. C'est un médecin pour opérer. Il pratique dans un bureau,
il voit des malades. Le malade lui demande: A quel hôpital
opérez-vous? Il dit: J'attends ma réponse, vous avez une
cataracte, je vais vous mettre sur la liste d'attente.
Les patients peuvent parfois trouver que la liste d'attente est longue,
mais il y a une chose; vous parlez d'humanisation des soins, M. le
Président, j'aime vous le rappeler, c'est le thème de
l'année. Que sera-til l'année prochaine? Probablement autre
chose. Mais cette année, étendons donc l'humanisation jusque chez
les médecins pour ne pas les frustrer. Ce sont peut-être des cas
particuliers, mais ce sont des cas qui sont importants, parce que les cas qui
n'ont pas de problème on ne s'en occupe pas, ça roule, mais les
cas qui en ont ce sont de ceux-là qu'on doit justement s'occuper.
Alors dans vos règlements actuels de la loi 65, parce que le bill
41, le bill 40, vos projets de loi ne sont pas encore adoptés en
troisième lecture, ni approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil, il reste qu'il y a de l'arbitraire dans la décision
actuellement que la commission de révision a à rendre. Je ne fais
pas de reproche à la commission de révision actuellement, dans un
cas donné qui est sub judice, de ne pas avoir rendu de décision,
mais vous comprendrez avec moi l'inquiétude que j'ai que ce
médecin soit une des premières victimes du bill 41, en donnant un
excès de juridiction, par contrat d'affiliation avec
l'université.
Voyez-vous, ce médecin est en greffe de cornée, lui aussi.
Il s'en vient à l'Hôtel-Dieu, je le recrute, il fait sa demande,
il est en concurrence avec un autre hôpital, bien on me le bloque. Ce
n'est pas que je tienne à avoir un médecin sous mes ordres. Pas
du tout, de l'ouvrage j'en ai par-dessus la tête, puis j'aimerais bien
ça des fois être un fonctionnaire, vous savez, être un
fonctionnaire, 2 à 5, ou avoir quelque chose.
Le samedi et le dimanche, je vais vous dire ce que je fais, M. le
ministre, je vais à domicile. Il n'y a pas beaucoup de médecins
spécialistes qui font ça. Je pense qu'il y a des universitaires
qui seraient gênés de le faire. Voyez-vous le professeur
d'université qui s'en va à domicile, qui monte au
troisième étage, à Limoilou. J'opère un patient le
vendredi, en externat, pour une cataracte, M. le ministre, tandis que d'autres
le gardent dix jours à l'hôpital. Je sauve au gouvernement, au per
diem actuel de $106 par jour, $1,000. J'envoie le service des soins à
domicile que vous défrayez, vous, par vos contrats et je vais voir le
patient à domicile. Quand j'ai à monter au troisième
étage dans un escalier qui chambranle comme ça, M. le ministre,
vous ne me direz pas que ce n'est pas humain de voir dans quoi vivent les
gens.
Pour vous montrer que je suis de bonne foi, actuellement, la commission
de révision n'a aucun délai qui l'oblige à rendre sa
décision. Si la loi est adoptée, avant que la décision
soit
rendue, le médecin tombe sous le coup de la commission, du bill
40. Il est dit que toutes les procédures commencées, les affaires
pendantes, à la date d'entrée en vigueur de la présente
loi, sont déférées comme on l'emploie ici
à la commission pour décision même si l'enquête
était terminée à cette date. Je me demande si la
commission a fait une enquête et a entendu les gens qui se
présentaient. Puisque ça passe à une autre commission,
est-ce que ce seront les mêmes membres? Si ce ne sont pas les mêmes
membres, ils ne pourront pas juger de la même façon. Ils vont
être obligés de recommencer l'audition, alors, on double le
travail. Est-ce qu'on se serait pas mieux de permettre à la commission
de révision actuelle de rendre tout de suite sa décision sur les
choses pendantes avant que ce bill soit adopté? Si vous ne donniez pas
un excès de juridiction à l'université, je ne m'opposerais
pas.
Il y a autre chose. Actuellement, c'est de l'arbitraire au point de vue
des délais de décision de ces commissions de révision.
Aucune limite n'oblige la commission de révision ou oblige la commission
des affaires sociales à répondre immédiatement ou à
rendre une décision tout de suite. A l'article 3, de votre bill 40,
c'est juste un petit passage: "La commission est composée d'au moins
cinq et pas plus de neuf membres nommés pour un terme n'excédant
pas dix ans par le lieutenant-gouverneur en conseil qui choisit un
président et un vice-président parmi eux et qui fixe les
honoraires, allocations ou traitements ou, suivant le cas, les traitements
additionnels de chacun d'eux". C'est très bien. On dit: "Au moins un
membre doit être psychiatre et un autre médecin". M. le ministre,
est-ce que votre conseiller juridique pense qu'un psychiatre n'est pas un
médecin? Cela ne doit pas, ou c'est une gageure qu'on a prise pour voir
si le psychiatre va réagir. Moi, je réagis, en tout cas. Il me
semble que je rédigerais ainsi: Au moins, sur les deux membres, l'un est
psychiatre et l'autre n'est pas... C'est-à-dire deux médecins
dont l'un est psychiatre. C'est ça que je dirais, textuellement. A moins
que ce ne soit une gageure ou des choses extraordinaires.
M. le ministre, si vous donnez un excès de juridiction à
l'université, dans les centres hospitaliers affiliés où
ils décideront, conjointement avec un conseil d'administration, de
nommer les médecins qu'ils veulent et de les renommer, cela implique
beaucoup de choses. A ce moment-là, M. le ministre, vous créez un
ghetto universitaire, pour certains médecins, vous les frustrez
davantage.
L'article 43 suggère de remplacer l'article 129 de la loi 65
après le paragraphe n); on pourrait ajouter le paragraphe o) qui
pourrait se lire: Obliger tout établissement, où il se fait des
transplantations du rein, de la cornée ou d'autres choses, à
tenir un registre des organes prélevés actuellement, chez
nous, on ne tient pas de registre, à l'Hôtel-Dieu, les proches
parents ou le conjoint signent une feuille d'autorisation comme pour l'autopsie
et des receveurs indiquant l'utilisation de ces organes pour les soins,
la recherche ou l'enseignement et les pertes. Ce registre devra être
signé par le médecin qui prélève et le
médecin qui transplante l'organe. Ce paragraphe a pour but d'exercer un
contrôle qui n'existe pas dans le moment dans nos hôpitaux
il n'existe pas chez nous, en tout cas et pourrait prévenir ou
limiter les abus possibles.
Qu'est-ce qui arrive dans les banques d'yeux actuellement? On a tendance
à inciter le public à donner ses yeux, etc., mais il ne faut
quand même pas créer de besoin, il faut avoir assez de patients,
à mon avis, à greffer pour demander beaucoup d'yeux. D'accord, on
va s'en servir pour de la recherche mais je dois vous dire, M. le ministre, que
faire une greffe avec un oeil congelé à moins 79 degrés
centigrades, c'est de la glace. Il y a des cristaux de glace dans les cellules,
ils sont "pétés" quand vous réchauffez l'oeil. Elles ne
sont pas bonnes. Je parle en termes vulgaires, populaires pour me faire
comprendre, pour ne pas être loin de vous.
Disons que la viabilité cellulaire scientifiquement est atteinte
et que greffer un oeil, avec ça, ce n'est pas toujours bon. Alors, qu'on
les mette dans des réfrigérateurs pour les conserver; ils ne
peuvent pas servir souvent. Il y a seulement 10 p.c. réellement des
greffes où on a besoin de ces yeux.
Vous savez, il y a toujours un esprit de concurrence et puis il peut y
avoir de la publicité intempestive dans certains cas. Je n'accuse
personne, mais je sais que déjà, au Canada, on trouve qu'il y a
une banque d'yeux dans le Québec qui fonctionne drôlement bien et
on est bien content d'avoir des cornées canadiennes-françaises
pour greffer aux Anglais.
M. le ministre, je ne sais pas si vous me permettriez de parler, de vous
lire, sans mentionner le nom du médecin... Le cas est quand même
à la commission de révision. Est-ce que vous permettriez que je
le lise, sans mentionner de nom?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Dr Gravel, je veux bien vous accorder
encore quelques minutes, parce que je ne vous ai pas mis en garde au
début de vos remarques. Les règlements de la commission
prévoient que les témoins qui viennent faire des
représentations devant la commission ont normalement une période
de vingt minutes pour s'exprimer et, par la suite, les membres de la commission
peuvent, au besoin, poser des questions ou passer des commentaires. Sans
vouloir vous presser, sans vouloir vous priver de votre droit de parole, vous
me permettrez, en vertu de nos règlements, de vous demander de conclure
le plus tôt possible, étant donné l'heure.
M. GRAVEL: D'accord. Alors, ce que je demande, M. le ministre, c'est
tout simplement
qu'on ne donne pas un excès de juridiction pour la nomination des
médecins et le renouvellement des médecins dans les
hôpitaux affiliés. Je pense qu'alors, les médecins ne
seront pas frustrés. Moi, je ne suis pas frustré de m'occu-per
des résidants, de les faire opérer, de leur montrer tout ce que
je sais du mieux que je peux. Je ne suis pas frustré du tout de ne pas
être nommé au point de vue universitaire, mais ce que je demande,
c'est quand même qu'on m'assure une sécurité normale,
compte tenu des connaissances que j'ai été chercher à
l'étranger, compte tenu du fait qu'à une place, je suis reconnu
au point de vue universitaire, à Sherbrooke; ici, à
Québec, je ne le suis pas, et compte tenu du fait qu'un doyen
répond à ça: Ecoute, on ne déplace pas un capitaine
pour un matelot, etc.
M. le ministre, c'est simplement ça que je demande. Je demande
aussi que les délais soient impératifs, que les décisions
se prennent rapidement. Qu'on ne se foute pas des médecins; je sais
qu'on ne s'en foute pas, mais d'un autre côté, qu'on accorde un
peu plus d'attention, qu'on humanise un peu plus dans ces délais. Il se
fait des jeux de coulisses, vous le savez très bien, si vous lisez les
rapports des commissions de révision où il y a peut-être 24
ou 25 médecins, refusés et rentrés après. Cela pose
des problèmes et vous savez qu'il y a des conflits
d'intérêts. Ces conflits d'intérêts, il en existera
tout le temps, mais il faut essayer de les amenuiser au minimum et il faut
essayer, justement, de s'occuper des cas qui ont des problèmes. Les
autres, ça va très bien. Comme ça, vous allez avoir la
collaboration des médecins; du moins, une certaine partie des
médecins qui, eux autres, s'occupent de la chose. D'autres ne s'en
occupent pas, c'est malheureux, mais c'est comme en politique. S'il y avait
trop de citoyens qui s'occupaient des choses publiques, il y en aurait
peut-être moins parmi vous ici.
LE PRESIDENT (M. Comellier): Alors je remercie le docteur Gravel et je
cède maintenant la parole à l'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. FORGET: M. le Président, je n'ai pas de questions
spécifiques, étant donné le grand nombre de détails
fournis dans la représentation. Je voudrais assurer le Dr Gravel que
l'exhortation qu'il nous a adressée de faire tout en notre possible pour
obtenir la collaboration de ses collègues a été
écoutée attentivement et qu'on cherchera à s'inspirer de
ses conseils dans la préparation d'un texte final.
M. GRAVEL: Est-ce que j'ai un droit de réplique?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Très bref, oui.
M. GRAVEL: M. le ministre, je vous remer- cie beaucoup. Ce que je
voudrais dire, c'est qu'il faudrait quand même informer les directeurs
généraux et les conseils d'administration. Souvent les textes de
loi, ils ne les comprennent pas eux-mêmes. Ce qui arrive, c'est que,
parfois, quelqu'un dit: Oui, mais on ne peut pas prendre ce médecin,
parce qu'on ne peut pas le nommer chef de département, il faut prendre
l'avis de l'université. Or, en loi vous êtes avocat; moi,
je suis juste médecin, mais je me renseigne on dit: Prendre
l'avis, ce n'est pas suivre l'avis. Or, il y a des directeurs
généraux qui pensent encore que prendre l'avis, ça veut
dire suivre l'avis. J'ai dit à un directeur général, une
fois: Quand je vous demande quelle est la meilleure route pour aller à
Montréal, vous me dites: C'est la 20, parce qu'elle est plus droite.
J'ai pris votre avis, M. le directeur général, je ne suis pas
obligé de le suivre, j'aime le paysage scénique, je prends la
2.
Centre Cardinal Villeneuve Inc.
LE PRESIDENT (M. Comellier): Merci bien, M. Gravel.
J'invite maintenant les représentants du Centre
Cardinal-Villeneuve.
Comme il reste un autre groupe, un autre organisme à entendre
à la suite du Centre Cardinal-Villeneuve et sans vouloir brimer les
représentants du centre de leur droit de parole et de leur droit
d'expression, je demanderais votre collaboration pour accélérer
ou abréger vos commentaires, tout en les faisant les plus précis
possible, ce qui est nécessaire pour la commission, car nous voudrions
entendre, par la suite, l'Association des propriétaires de garderies
privées, ce qui mettra fin aux travaux de la commission pour cette
semaine.
M. LESAGE (Robert): M. le Président, mon nom est Robert Lesage.
Je suis secrétaire et conseiller juridique de la corporation et du
conseil d'administration du Centre Cardinal-Villeneuve. Je suis
accompagné du président du conseil d'administration, M. Maurice
Barbeau, et de Mlle Madeleine Bergeron, directrice générale et
qui a aussi été à l'origine de l'oeuvre qui s'appelle
aujourd'hui le Centre Cardinal-Villeneuve.
Nous sommes également accompagnés de directeurs de service
et de médecins en autorité au Centre Cardinal-Villeneuve. Nous
avons le plaisir d'avoir l'appui et la présence ici de
représentants d'autres centres de réadaptation que je voudrais
identifier, avec votre permission.
De l'Institut des sourds de Montréal, le père Bayard.
De l'Institut des sourds de Québec, le père Hervé
Gougé.
De l'Institut Louis-Braille de Montréal, les pères Wilfrid
Laurier et Gonneville.
De l'Institut Nazareth, soeur Parent.
De la Clinique de réadaptation de Québec, M. Lefebvre.
Nous avons également, avant de vous soumettre ce mémoire,
réuni les organismes qui, à notre sens, sont des centres de
réadaptation offrant des traitements actifs et qui sont des centres, en
somme, qui offrent plus que des soins d'entretien ou des centres
d'hébergement.
Nous avons ainsi obtenu l'assentiment unanime ou, au moins, pouvons-nous
dire, aucun désaccord sur les prises de position dans notre
mémoire et nous pouvons affirmer que le MacKay Center, que le Montreal
Association for the Blind et le Lethbridge Center sont d'accord sur notre
proposition principale.
Cette proposition principale, je vous l'énonce tout simplement.
Je prends note des remarques que M. le Président a faites tout à
l'heure. Il n'est pas question pour nous, malgré que nous ayons un
mémoire assez volumineux, de revenir sur des points qui ont
déjà été discutés et dont je sais que vous
avez la connaissance. Alors, nous nous limiterons autant que possible aux
points essentiels, mais tout en voulant au moins faire la démonstration
de nos demandes majeures.
Alors, la demande principale est celle de créer une
cinquième catégorie d'établissement et cette demande, en
somme, est une demande importante, qui ne découle pas directement du
projet de loi 41. Mais, étant donné que le projet de loi 41 remet
en question la Loi sur les services de santé et les services sociaux,
nous avons cru qu'il était temps que nous fassions connaître
à la commission les difficultés que nous avons
éprouvées dans l'application de cette loi afin que des services,
qui existent, puissent continuer à évoluer suivant les valeurs
que les gens du milieu considèrent comme essentielles et sans être
brimées par des classifications trop rigides.
Vous savez que, dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, il y a quatre catégories d'établissements: les
centres locaux de services communautaires, les centres hospitaliers, les
centres d'accueil et les centres de services sociaux.
Vous avez entendu déjà, hier, un commentaire à
l'effet que la distinction entre centre hospitalier et centre d'accueil
n'était pas claire dans la loi. J'avais à ce moment-là
indiqué que souvent, dans des cas frontières, c'est le
ministère qui décide lui-même de l'interprétation de
la classification d'un établissement donné.
Il arrive, M. le Président, que dans le cas des centres de
réadaptation, il y a justement des classifications qui sont faites sans
qu'il y ait une raison fondamentale pour déterminer si un centre
d'accueil est un centre hospitalier ou un centre d'accueil.
Il arrive également que, dans la définition de centre
hospitalier, on prévoit des traitements de réadaptation et, dans
la définition de centre d'accueil, on prévoit la même
chose. On a même une classification de centres d'accueil en centres de
réadaptation.
Au delà de cela, il existe des centres de réadaptation qui
sont présentement classés comme centres d'accueil, qui
n'accueuilent personne, des centres d'accueil qui donnent simplement des
services et qui n'accueillent personne. Il y a des centres d'accueil qui
donnent des services qui sont considérés comme des services
essentiels, dans le cas des sourds, par exemple, et des aveugles, parce que ce
sont des services très spécialisés et, souvent, qui
doivent être donnés à des multihandicapés qui ne
peuvent pas fréquenter d'autres institutions. Il arrive donc, en quelque
sorte, que la notion de centre de réadaptation dépasse largement
l'accueil et la notion de centre de réadaptation, parfois, fait que les
activités d'un centre de réadaptation et ce serait le cas,
par exemple, du Centre Cardinal-Villeneuve étant axées sur
la réadaptation physique, seraient plutôt de la nature de celles
que la loi prévoit pour un centre hospitalier.
Une chose est certaine, c'est que nous avons vécu des
problèmes que nous cherchons à identifier. Parfois il est
difficile et c'est avec l'expérience d'établir la
raison pour laquelle certaines difficultés, dans nos relations avec le
pouvoir exécutif ou l'administration provinciale, existent, mais nous
réalisons de plus en plus que nos difficultés existent parce que
nous sommes assimilés à une conception qu'on se fait d'un centre
d'accueil et que cette conception du centre d'accueil n'est pas celle d'un
centre de réadaptation.
Ainsi, par exemple, nous voyons que les règlements ne
prévoient pas, pour un centre de réadaptation, des services que,
dans un hôpital, on appelle des services hospitaliers. Vous avez par
exemple, au Centre Cardinal-Villeneuve, tout un secteur médical qui est
subdivisé en plusieurs services que, dans un hôpital, on
appellerait des services hospitaliers, ergothérapie,
physiothérapie, orthophonie, services auxiliaires de prothèses et
d'orthèses et un service de soins infirmiers complets.
Nous notons que ceci n'est pas prévu dans la conception qu'on se
fait d'un centre d'accueil où on donne simplement des soins courants.
Nous notons également que les formulaires qui sont utilisés ne
sont pas conçus pour ce genre d'opérations. Donc, cela ne
répond pas à la conception qu'on se fait d'un centre d'accueil,
si vrai que certains centres d'accueil utilisent des formulaires de centres
hospitaliers, si vrai que nous, au Centre Cardinal-Villeneuve, on doit entrer
sous la rubrique soins infirmiers à peu près peut-être, 40
p.c. ou 50 p.c. de notre budget, plus que cela, et que l'ordinateur ne peut
avaler cela d'un coup et rejette, évidemment, les données et
notre travail est traité à la main, M. le Président. Nous
sommes toujours un cas spécial.
Il y a aussi le fait qu'on adopte des règlements pour
déterminer, par exemple, les modes d'admission, que ce soit dans un
centre hospitalier ou dans un centre d'accueil, qui ne tiennent pas compte de
la vocation de ces centres d'accueil.
Le Centre Cardinal-Villeneuve est, il faut que je vous le dise, un
centre à vocation régionale qui dessert tout l'Est du
Québec et qui est un centre pour jeunes handicapés physiques
récupérables. C'est un centre de traitements actifs, c'est un
centre où on ne garde pas des enfants en hébergement qui ne sont
pas susceptibles de profiter des traitements qui sont offerts par une
équipe de professionnels spécialisés. En somme, nous
prenons un enfant d'un point A pour le faire passer au point B et, lorsque la
possibilité s'ouvre, l'enfant est intégré dans son milieu,
il est intégré, par exemple, dans le secteur public
d'enseignement quand c'est possible. Nous avons, en plus, des enfants qui
fréquentent le secteur pédagogique chez nous au nombre d'environ
200, nous avons un nombre égal d'enfants qui ne fréquentent que
la clinique externe, 300 enfants qui fréquentent la clinique externe et
qui sont donc soit d'âge préscolaire, soit intégrés
au milieu scolaire.
Mais il est certain et cela, c'est le message, si vous voulez
que les centres de réadaptation offrent un ensemble de services
qu'ils veulent intégrer, dans le meilleur intérêt de
l'enfant, pour le faire progresser le plus rapidement possible et
l'intégrer dans son milieu ou l'intégrer aux autres services qui
existent. Et, pour assurer, et nous en sommes fermement convaincus
le meilleur service aux enfants, pour que l'enfant puisse en profiter le
mieux possible, il faut un sensemble de services qui s'adapte à son cas,
que ce soit un sourd ou un aveugle chez nous, ce ne sont ni des sourds
ni des aveugles, mais des handicapés physiques profonds que ce
soient des services, en somme, qui soient administrés sous une direction
unique.
Nous avons la conviction ou l'impression que le processus
réglementaire qui se greffe sur la classification existante fait que
nous allons devenir une bofte d'hébergement. Le Centre
Cardinal-Villeneuve n'est pas une bofte d'hébergement; il offre des
services dans trois secteurs bien distincts qui sont le secteur médical,
le secteur pédagogique et le secteur psychosocial. Ceci, avec une
équipe de gens qui connaissent les enfants, qui connaissent leurs
problèmes, qui travaillent en commun et qui peuvent sortir le meilleur,
je pense, d'un enfant qui a été défavorisé par la
vie, toujours en relation avec ses parents. Nous faisons plus que ça
aussi, nous faisons du service à l'extérieur. Nous avons
je l'ai signalé des enfants en externat et nous sommes aussi
affiliés à l'université Laval pour l'enseignement. Il se
trouve que nous réunissons chez nous, dans notre établissement,
une quantité de cas médicaux qui sont très
intéressants, paraît-il, et que les membres de la profession
médicale suivent. Nous avons une équipe médicale, pas
à temps plein, évidemment, mais des gens qui viennent comme
consultants et nous donnons, en somme, des services qui sont axés sur la
réadaptation physique
Nous préconisons donc une classe distincte
d'établissements qui permettrait de réglementer de façon
séparée les centres de réadaptation et qui permettrait de
reconnaître, dans cette réglementation, qu'un centre de
réadaptation, ce n'est pas une bofte qui achète ses services
d'autres organismes, mais que c'est un endroit où, par la force des
choses, on est obligé de donner des services spéciaux. Quand
c'est un centre de réadaptation pour adultes, on peut penser, par
exemple, à des services d'ateliers protégés; quand c'est
un centre de réadaptation pour enfants, on peut penser à un
secteur pédagogique. Dans tous les cas, je pense qu'il faut faire une
distinction dans certaines conditions d'admission, parce que les conditions
d'admission où le centre de services sociaux a voix
prépondérante, ça peut très bien se comprendre
lorsqu'il s'agit de placer un enfant, cas de placement.
Mais, quand il s'agit d'identifier le besoin de l'enfant, nous
connaissons plusieurs institutions où seuls les membres de l'institution
sont en mesure de déterminer de façon peut-être pas
exclusive mais de façon prépondérante si l'enfant est en
mesure de bénéficier de ces services. C'est pourquoi, M. le
Président, nous préconisons une cinquième
catégorie, qui serait la catégorie des centres de
réadaptation, que nous définissons comme une installation
où l'on reçoit des personnes aux fins de diagnostics ou de
traitements en vue de pallier leurs déficiences physiques et
d'améliorer leur indépendance fonctionnelle.
Tous ceux qui nous accompagnent, les autres centres de
réadaptation, sont d'accord à ce qu'un statut spécial soit
fait aux centres de réadaptation, qui ne soient pas des centres
d'accueil ni des centres hospitaliers, et que les règles
particulières soient faites pour ces établissements. Nous croyons
que ce serait une amélioration, M. le Président, sur une
situation qui veut qu'à cause de l'importance ou de la dimension de la
gestion de l'ensemble de ces entreprises, on soit obligé de fonctionner
par catégorie. Nous croyons qu'il manque une catégorie, que ces
centres de réadaptation ne rentrent pas dans la case qui est
prévue pour eux dans l'ordinateur. Il faut faire une case
spéciale des centres de réadaptation. Les centres de
réadaptation actuellement, qui sont des centres d'accueil, pourraient
continuer d'exister sous un vocable qui pourrait être différent,
qui pourrait être centre de réhabilitation pour les
caractériels et ceux qui souffrent d'autres déficiences, les
sociaux-affectifs. Pour un centre de réadaptation où on donne des
traitements actifs, à ce moment-là, il devrait y avoir cette
option d'une catégorie spéciale.
M. le Président, voilà notre principale recommandation.
Maintenant, nous avons fait des commentaires spécifiques à
l'égard d'autres articles. Nous en avons fait, par exemple, au sujet de
l'article 13 qui propose ou qui permettrait la reconnaissance
d'établissements multivo-cationnels. Nous suggérons que cet
article soit
déplacé ailleurs parce que, comme je le signalais plus
tôt dans un autre mémoire, cette section de l'article 39 concerne
les établissements créés en vertu de la loi et des
établissements multivo-cationnels pourraient exister chez des
corporations ou pourraient être maintenus par des corporations qui
existaient avant la loi. Donc, il faudrait sortir cette disposition qu'on veut
ajouter et nous suggérons de l'ajouter à l'article 95 qui
concerne la délivrance des permis.
J'ai déjà fait des commentaires au sujet des pouvoirs du
ministre sur l'approbation des plans d'organisation. Nous insistons pour qu'il
puisse y avoir droit d'appel parce que c'est fondamental, le plan
d'organisation; ça peut jeter par terre notre institution ou ça
peut nous obliger à d'autres orientations.
L'article 17, je n'en parle pas. Aux articles 19, 20 et 21, il s'agit
des articles qui concernent les conseils d'administration. Nous faisons une
suggestion pour être en accord avec la pratique, c'est que, actuellement,
on dit que les professionnels ou le représentant des professionnels est
élu par le conseil consultatif ou par l'ensemble des professionnels ou,
s'il existe un conseil consultatif des professionnels, par ce conseil. Nous
préconisons de biffer cette référence au conseil
consultatif des professionnels parce qu'il existe un autre article dans la loi
qui dit que les pouvoirs du conseil consultatif des professionnels sont
exercés par un comité exécutif. Or, les conseils
régionaux, qui avaient à administrer ces dispositions pour
l'élection des professionnels dans les établissements, ont
donné invariablement comme règle de faire nommer le
représentant au conseil d'administration par l'ensemble des
professionnels, ce qui peut équivaloir au conseil consultatif des
professionnels mais la référence crée la confusion
suivante, c'est que, si on réfère au conseil consultatif des
professionnels, on donne le pouvoir à un comité exécutif
qui peut être constitué de cinq personnes. A ce moment-là,
on tombe dans un étranglement qui n'est pas, je pense, dans l'optique de
la disposition prévue.
Nous avons des commentaires, également, relativement à
l'article 53 qui a fait une place spéciale au conseil d'administration
de centres d'accueil qui reçoivent des adultes et des enfants. A
l'article 53, si vous me permettez, juste un instant, qui est
préconisé à l'article 22 du projet de loi, nous soulignons
qu'au paragraphe a) on adopte une rédaction qui crée encore une
confusion en disant: "dans le cas d'un centre d'accueil qui reçoit
uniquement des enfants de moins de 18 ans, deux des parents de ces enfants
élus pour deux ans par l'ensemble des parents".
Nous préférerions qu'on réfère tout
simplement à l'article 49 a) qui est préconisé par
l'article 18 du projet, et je m'explique. Si on dit, à l'article 53, le
représentant des parents est élu par l'ensemble des parents, ou
les représentants des parents sont élus par l'ensemble des
parents, on peut se demander si on crée une exception à la
règle qu'on veut poser à l'article 49 a), à l'effet qu'il
n'y a qu'un des parents qui vote pour un seul enfant. Il vaudrait mieux le dire
élu conformément à l'article 49 a).
Maintenant, on a fait aussi, au paragraphe b), toujours, de l'article
53, la suggestion que, dans le cas d'un centre d'accueil qui reçoit
à la fois des adultes et des enfants, un des représentants soit
pour les enfants, l'autre représentant pour les adultes. Ce
n'était pas prévu dans la loi actuelle, et ce qui arrive c'est
quelque chose qui devait arriver au centre Cardinal-Villeneuve. Nous avons, par
exception, un enfant de 18 ans qui n'est plus un enfant puisqu'il est majeur.
Donc il est un adulte, donc il doit être élu au conseil
d'administration. Vous voyez dans quelle situation on se place. Nous
suggérons donc que dans une situation semblable, lorsqu'un centre
d'accueil reçoit des adultes et des enfants, il y ait une règle,
que nous suggérons d'ajouter à l'article 24 et qui se lirait
comme suit:
Par dérogation au paragraphe b) de l'article 53, aucune
assemblée n'est tenue par les adultes entendons 18 ans
reçus dans un centre d'accueil, qui reçoit à la fois des
adultes et des enfants, si ces adultes ne représentent pas au moins 10
p.c. des bénéficiaires ou si leur nombre est moindre que dix.
Nous ne les défranchisons pas, parce que nous ajoutons, dans ce cas:
deux représentants sont élus au conseil, parmi les usagers ou les
parents de ces derniers, en suivant les dispositions de l'article 49 a) quant
au droit de vote. Alors tout le monde peut être élu, s'il
réussit à se faire élire par les voies
démocratiques.
Maintenant, nous avons un commentaire au sujet de l'article 28, que
d'autres ont fait avant nous, relativement au fait que le directeur
général deviendrait l'instrument du lieutenant-gouverneur en
conseil pour l'engagement du personnel, avec toutes les conséquences
dramatiques que nous avons pu imaginer. Au sujet de l'article 36, nous
désirons faire un commentaire. Ainsi que je lis dans mon
résumé, cet article modifie l'article 93 concernant les
contributions versées à un établissement.
Le centre exprime ici les commentaires de la Fondation
Cardinal-Villeneuve inc., organisme avec lequel nous avons des liens
étroits. Les amendements proposés sont ambigus et les
dispositions concernant la dissolution d'une corporation de gestion dont il est
fait mention dans ce nouvel article 93 n'ont pas leur place. Quant à la
disposition rétroactive du dernier alinéa, le centre formule une
objection de principe. Il est inacceptable de faire une disposition
rétroactive pour des contributions qui ont traditionnellement
été utilisées à des fins particulières
ce sont les termes utilisés il serait inacceptable d'en
faire une pour les contributions qui ont traditionnellement été
utilisées aux fins d'un établissement. Non seulement
l'ambiguité des termes peut donner lieu à des difficultés
juridiques, mais il n'appartient pas à
l'Etat d'usurper les pouvoirs que peuvent avoir ceux à qui ces
fonds ont été confiés et de préjuger des intentions
des donateurs. L'article 93 de la loi ne distingue même pas entre un
établissement privé et un établissement public.
Dans le cas de la Fondation Cardinal-Villeneuve, c'est un organisme qui
détient des fonds qui ont été donnés pour des fins
générales. Une des fins de la Fondation Cardinal-Villeneuve est
de venir en aide au Centre Cardinal-Villeneuve dans les secteurs où le
gouvernement ne peut pas suppléer. Evidemment, si des lois
rétroactives sont faites pour des fonds ou des dons faits pour des fins
particulières et qu'on veut régir, par des corporations tout
à fait spéciales, ces dons, on peut craindre que l'étape
suivante sera de dire: Les fonds qui ont été donnés pour
le fonctionnement du Centre Cardinal-Villeneuve, demain, doivent servir
à l'usage général du Centre Cardinal-Villeneuve. Le
gouvernement sabrerait d'un coup les fonds ou les actifs de la Fondation
Cardinal-Villeneuve.
M. le Président, je ne fais aucun commentaire au sujet de
l'article 40, puisque le ministre nous a déjà manifesté
que ce n'était pas son intention de supprimer le droit d'appel en cas de
non-renouvellement d'un permis. Nous faisons une suggestion, à l'article
50, qui nous paraît nécessaire pour la prolongation automatique
des mandats des membres des conseils d'administration jusqu'à
l'élection de leurs remplaçants, puisque la loi veut modifier la
durée des mandats de certains des membres du conseil d'administration.
On a choisi une formule année paire et année impaire et on ne
prévoit pas la prolongation entre-temps. C'est une suggestion que nous
vous faisons.
C'est l'essentiel de nos représentations. Nous sommes à
votre disposition pour répondre à toutes vos questions. Si vous
me le permettez, M. le Président, nous réalisons l'importance et
l'ampleur du travail qui serait peut-être requis pour donner effet
à notre suggestion principale. Nous vous offrons notre collaboration
pour compléter par des textes législatifs, au besoin,
l'implantation d'une cinquière catégorie d'établissements
afin que les délibérations de votre commission ne soient pas
retardées pour cette raison.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Merci bien, Me Lesage. L'honorable
ministre des Affaires sociales.
M. FORGET: Merci, M. le Président. J'aimerais remercier les
représentants et le procureur du Centre Cardinal-Villeneuve pour une
représentation très intéressante, très bien
raisonnée quant aux difficultés qu'ils éprouvent dans
l'application à leur cas particulier de certains aspects de la loi. Je
prends note, sans autres commentaires, d'un certain nombre de recommandations
particulières dont quelques-unes pourraient, peut-être, être
retenues après étude puisqu'elles portent sur certains aspects
plus techniques, disons, du projet de loi. Pour ce qui est de leur proposition
principale, je ne crois pas qu'il soit opportun d'indiquer une orientation
précise à ce moment-ci.
Je pense que nous avons bien saisi la nature de leurs
préoccupations et nous allons examiner avec soin cette partie de leur
mémoire. C'est tout, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je tiens également à remercier et
à féliciter le Centre Cardinal-Villeneuve pour son mémoire
qui est très sérieux c'est le moins qu'on puisse dire
et aussi très détaillé. Il touche bien des points,
cependant c'est pour cela que mes questions seront limitées; Me
Lesage en sait quelque chose qui ont été abordés
par d'autres mémoires déjà soumis à cette
commission. J'aurais peut-être une demande de détails concernant
un énoncé que vous faites à la page...
M. LESAGE: Nous n'avons pas de pagination.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, disons à la page 4, au
troisième paragraphe.
Vous dites que le Centre Cardinal-Villeneuve s'oppose à ce que
son service psychosocial passe sous la direction du centre local de services
sociaux et également s'oppose aux instructions présentes du
ministère des Affaires sociales de négocier une entente avec la
commission scolaire locale pour la dispensation des services
pédagogiques. Est-ce que vous pourriez élaborer un peu sur ces
deux points: les motifs d'objection et les dangers réels qui peuvent
exister?
M. LESAGE: M. le Président, évidemment c'est un point
sensible. C'est que pour nous on touche à la
désintégration de l'établissement. Si
l'établissement existe, c'est parce qu'il a su, dans ces trois secteurs
de pointe, les secteurs médical, pédagogique, psychosocial,
coordonner ses activités. Or, la tendance actuelle et on l'impute
au fait qu'on n'est pas dans la bonne catégorie est de demander
que notre service psychosocial relève du centre de services sociaux, de
demander que les services pédagogiques relèvent de la commission
scolaire et bientôt de demander que nos soins médicaux
relèvent d'un hôpital. Alors notre personnel ne dépendra
plus de nous et nous serons une boite qui essaiera de coordonner, suivant les
possibilités, des instructions qui viennent d'ailleurs. Nous voyons le
problème dans ça. Nous disons: La coordination est essentielle
â l'intérieur sans être menacée. C'est la
globalité de ces services qui fait que nous sommes utiles et, quand nous
sommes plus utiles, nous ne cherchons pas à accaparer une juridiction.
Si quelqu'un peut prendre nos enfants, leur donner des soins au moment
où ils peuvent les prendre, sans requérir
cet ensemble de services, nous les laissons aller. Mais nous ne pensons
pas, par exemple, que notre service social pourrait être assumé
par le centre de services sociaux, puisqu'il ne comprend pas
nécessairement les problèmes des enfants que nous avons chez
nous.
Nous ne pensons pas que notre service pédagogique pourrait
être assumé par la commission scolaire, parce qu'elle devrait
assumer en même temps les traitements médicaux. Or, les
commissions scolaires ne sont pas des centres de thérapie. Alors, il
faut se demander à qui on confie la responsabilité. Si nous avons
la responsabilité, nous voulons remplir notre rôle dans le
meilleur intérêt des enfants. Nous pensons qu'il est essentiel de
pouvoir coordonner tous ces services.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Alors, Me Lesage, Mlle Bergeron, M.
Barbeau, nous vous remercions. J'appelle maintenant...
M. LESAGE: M. Barbeau aimerait...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Certainement, M. Barbeau, je vous
cède la parole.
M. BARBEAU: Permettez-moi, M. le Président, de remercier les
membres de la commission d'avoir porté une attention à cette
représentation. Vous avez déjà souligné la
constance d'argumentation et des positions de notre procureur; cette même
constance, nous la renouvelons dans la coopération que nous voulons
offrir tant au service de l'institution que dans nos relations soit avec la
commission ou le ministère. Je vous remercie.
Association des propriétaires de garderies
privées
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Merci bien, M. Barbeau.
J'invite maintenant l'Association des propriétaires de garderies
privées.
Vous me permettrez de vous faire les mêmes commentaires que j'ai
faits pour les représentants qui vous ont précédés.
Sans vouloir nuire à la clarté de votre exposé ni à
la précision du mémoire que vous voulez bien nous soumettre, je
vous demanderais de résumer, pour autant que la chose vous sera
possible, afin de laisser le temps voulu aux membres de la commission de vous
faire expliciter, si besoin il y a, certains points de votre
présentation.
Vous pouvez procéder.
MME DESMARAIS: Je vous remercie, veuillez considérer notre
mémoire comme étant le dessert de la journée, Je ne sais
pas si vous allez le trouver amer ou sucré, mais enfin, c'est
laissé à votre discrétion.
Je ne voudrais pas que vous preniez panique à cause de toutes les
femmes qui sont à cette table non plus. Nous serons très
brèves dans notre mémoire.
J'aimerais bien vous présenter, avant de commencer...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Pardon, vous alliez le faire. J'allais
vous demander de vous identifier.
MME DESMARAIS: La vice-présidente de l'Association des
propriétaires de garderies Inc., Mme Micheline Labelle, qui
représente le Centre éducatif et Lycée mademoiselle
Merveille.
Mme Coneim, qui est à côté de Mme Labelle, est
propriétaire, avec M. Coneim, de La Bergerie, La Poussinière et
La Bourgeonnière. M. Coneim est secrétaire adjoint. Mme France
Chambefort est directrice et propriétaire de la Garderie l'Abri,
à Montréal. Mme Gélinas est propriétaire de
Blanche-Neige et secrétaire de l'association. Et Me Gélinas est
conseiller technique pour l'association. Moi-même, mon nom est Josette
Desmarais. Je suis la présidente de l'association et propriétaire
des garderies Les P'tits Bouts de Choux, toujours situées à
Montréal.
Donc, cela se lit comme suit. Mais avant, j'aimerais que vous vous
refériez à la page 2 où il y a un mot qui manque et qui
change complètement le sens, dans le deuxième paragraphe, la
deuxième ligne du deuxième paragraphe: Une garderie à but
"non lucratif", au lieu de "lucratif". Ainsi qu'au numéro 7, à la
même page: Les frais de la cour d'accès à la justice sont
assumés "pour" les créanciers et non "par" les
créanciers.
Le fameux plan Bacon que l'Assemblée nationale veut
concrétiser par le projet de loi 41 rencontre le désaveu de la
presse et du comité de l'Association des garderies populaires.
L'Association des propriétaires de garderies du Québec
Inc., pour sa part, approuve le projet Bacon parce qu'il subventionne le parent
directement au lieu de subventionner une ou des institutions. C'est la partie
la plus admirable de ce plan.
Les autres provinces ont institutionnalisé la pauvreté des
jeunes enfants. En ce sens, on créa un réseau de garderies d'Etat
parallèle au réseau de garderies privées.
On peut résumer ainsi la situation à Toronto: parce que le
chef de famille est pauvre, il n'a pour seule fin qu'une garderie pour les
seuls pauvres et dans son quartier de pauvres. C'est ainsi que l'on a
délimité la pauvreté.
En Ontario, le système bi-réseau présente de graves
inconvénients. En effet, l'enfant défavorisé se trouve en
lieu défavorisé. Par contre, le soir et en fin de semaine, il a
accès aux favorisés, au supermarché, dans la rue, partout
dans la vie courante les riches et les pauvres se côtoient.
A quoi peut être utile une échelle de subventions si elle
sert de barème à parquer les subventionnés ensemble?
Le présent bill 41 fixe le même phénomène car
le gouvernement désire limiter les parents subventionnés aux.
garderies sans but lucratif qui deviendront rapidement des garderies pour
défavorisés. Le diagnostic n'est-il pas juste?
Présentement, ayant le choix, les parents subventionnés
ont choisi la garderie privée en grande majorité. Au 13 septembre
1974, des 555 parents subventionnés, plus des deux tiers
fréquentent la garderie privée à but lucratif. Cette
tendance a fait disparaître 54 des 70 garderies PIL. C'est dire combien
les 54 PIL disparus ne répondaient pas à toute la population,
tant en qualité qu'en espace enfants.
Les garderies privées ont raflé la clientèle par
leur excellence et leur stabilité.
La garderie sans but lucratif deviendra rapidement onéreuse. En
Ontario, par exemple, la garderie d'Etat coûte en moyenne $11 par jour,
et cela sur le dos des contribuables. Le comité de liaison des garderies
populaires, pour sa part, réclamait $7 par jour/enfant de subvention
dès l'annonce du plan. Présentement, la garderie privée
opère au Québec avec un prix moyen de $4 à $6 par jour,
selon les services offerts.
Si le gouvernement persiste à subventionner le seul parent dont
l'enfant fréquente une-garderie à but non lucratif, il
déviera de ses politiques sociales traditionnelles.
Le gouvernement créera un précédent car: 1 La
subvention aux assistés de l'aide juridique peut être
perçue autant par l'abonné de pratique privée que par ceux
des centres communautaires. 2 Les allocations familiales et la pension de
sécurité de la vieillesse sont dépensées
auprès des entreprises privées. 3 L'assurance-santé
et l'assurance-hospitalisation profitent aux favorisés comme aux
défavorisés. 4 L'enseignement gratuit s'adresse à
toutes les classes sans discernement. 5 Les pharmaciens vendent des
médicaments aux assistés et se font payer par le ministère
des Affaires sociales. 6 La politique du ministère de l'Industrie
et du Commerce est de subventionner les entreprises privées. 7 Les
frais de la cour d'accès à la justice sont assumés pour
les créanciers à la protection des débiteurs, pauvres ou
riches. 8 L'aide sociale elle-même, conçue comme la
subvention par excellence, est dépensée par l'assisté
auprès des entreprises à but lucratif. 9 Les frais des
agences de protection et d'adoption de l'enfance sont assumés sans
discernement pour les foyers nourriciers, qu'ils soient pauvres ou riches.
Par le bill 41, le gouvernement entend réunir ensemble les
enfants subventionnés, ceux qui constituent la relève la plus
démunie de notre société, ceux qui doivent
fréquenter le milieu le plus favorable à leur
développement, ceux qu'on doit tenter de sortir des zones grises. Il ne
faut pas cloisonner les hommes en riches ou pauvres, même pendant
quelques années, et surtout pas pendant la période la plus
influençable de leur vie.
Si le projet de loi no 41 sortait dans sa forme actuelle, le
gouvernement placerait les enfants défavorisés dans un
état pire que celui qu'il entend corriger.
Les enfants subventionnés sont parfois, et même souvent,
issus de parents qui n'ont pas su résoudre leurs problèmes de vie
quotidienne. Grouper les rejetons de telles gens signifie que ceux-ci vont se
retrouver quotidiennement devant les mêmes problèmes qui les
assaillent. Cela ressemble à faire des confitures avec les fraises
gâtées sous prétexte que les saines n'ont pas besoin de
sucre. Cela fait penser au cuisinier qui utilise l'huile rancie pour la friture
sous prétexte que l'huile fraîche se marie bien avec la salade.
C'est le spectacle journalier des garderies d'Etat des autres provinces
où la politique sociale a fait malheureusement exception pour la tendre
enfance.
Dès le jeune âge, les enfants imitent les adultes et
prennent l'exemple des autres enfants également.
Des praticiens placent des enfants problèmes dans les garderies
ou les foyers nourriciers pour qu'ils captent l'essence d'un milieu
formé d'enfants sains. Toronto tente la même expérience en
sortant certains enfants des garderies d'Etat pour les placer en garderies
privées. La meilleure thérapie de l'enfant
défavorisé du Québec, c'est de laisser le choix aux
parents entre les garderies privées, les garderies "ghetto" sans but
lucratif ou toute autre forme de services de garde.
Il faut permettre à l'assisté de sortir l'enfant de son
milieu pour lui donner la meilleure chance, comme ce fut toujours la politique
du gouvernement. L'assisté doit avoir la chance de s'en sortir, de
sonder d'autres horizons, de côtoyer des gens plus
équilibrés, de suivre l'ensemble de la force la plus vive de la
société.
Si le projet de loi no 41 est adopté tel que conçu, le
gouvernement prononcera une condamnation de la pauvreté.
L'Association des propriétaires de garderies du Québec
Inc., consciente de son rôle social, propose d'amender le projet de loi
no 41 pour permettre à la tendre enfance de fréquenter la
garderie de son choix, garderie privée ou non, pour, entre autres, les
raisons suivantes: 1 Eviter l'escalade des coûts de la garde de
jour grâce à la concurrence. 2 Donner pleine liberté
aux parents de dépenser leurs subventions à la garderie qu'ils
jugent la plus apte à assurer le développement de leurs enfants.
3 Eviter le cloisonnement d'une partie de la population. 4 Abaisser
la disparité sociale. 5 Exploiter les ressources existantes en la
matière. 6 Eviter qu'en juillet 1975 les parents doivent renoncer
à leurs subventions pour
assurer à leurs enfants la fréquentation de la garderie
qu'ils auront choisie ou qu'ils voudront choisir. 7 Eviter de biaiser le
rôle de l'entreprise privée auprès de la tendre enfance,
entreprise privée qui joue le rôle le plus rentable dans
l'économie et le plus innovateur, ainsi que le plus
expérimenté. 8 Ne pas introduire l'instabilité des
services dans la garderie aux dépens des enfants, comme ce fut le cas
pour les 50 garderies PIL conçues dans le but de créer des
emplois et non pas d'être au service de la tendre enfance. Les garderies
privées ont fait les preuves de cette qualité par la
stabilité financière d'où découle la
stabilité pédagogique. 9 Eviter le manque de motivation et
d'émulation dans le service aux enfants, comme c'est le cas dans les
institutions sans but lucratif. 10 Eviter aux contribuables l'escalade
des coûts de garde de jour, comme c'est le cas dans le reste du Canada.
11 Eviter aux enfants les conflits de toutes sortes, tels qu'ils sont
connus dans le milieu scolaire.
Le propriétaire d'une garderie privée ne peut vendre ses
actifs à une compagnie sans but lucratif, car cette dernière n'a
pas d'argent.
La compétence et l'efficacité de l'entreprise
privée ne doivent pas être négligées, mais son
rôle doit être amplifié à l'avenir. Nul pays n'a fait
fi d'une tradition de trois quart de siècle, comme c'est le cas en
matière de garderie privée.
L'émulation et la compétition étant la meilleure
assurance de standard élevé, la jeune enfance ne
mérite-t-elle pas que les dirigeants de garderies se battent pour lui
assurer le meilleur environnement possible?
Cette demande ne signifie pas que toutes les garderies privées
acceptent d'héberger les enfants assistés. Il serait inutile que
tous les assistés fréquentent la seule garderie
privée.
La politique du régime d'assistance publique du Canada participe
financièrement quand les provinces financent des garderies-institutions.
Au Québec, les subventions s'adressent aux parents eux-mêmes.
Différence énorme en soi, ce qui devrait modifier l'attitude du
régime d'assistance publique du Canada. Les décisions du
régime d'assistance publique du Canada sont politiques. Cette politique
ne peut-elle pas être modifiée?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Merci, Mme Desmarais.
L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. FORGET: Je voudrais remercier, M. le Président, à
nouveau le groupe qui est devant nous. J'aimerais poser un certain nombre de
questions, enfin deux ou trois au plus, puisqu'il s'agit d'un bref
mémoire qui est essentiellement centré sur une question; la
question de statut privé des garderies et la possibilité de
continuer avec ce statut dans le cas d'un programme d'aide aux familles pour la
garde des enfants.
En premier lieu, il faut peut-être préciser un point et
c'est peut-être aussi une question. Il ne me semble pas que les
difficultés soulevées par le groupe qui est devant nous
découlent du projet de loi dont cette commission est saisie, puisque
rien n'empêche une garderie privée à but lucratif, en vertu
de la loi, de continuer à fonctionner et ceci, sans date limite.
J'aimerais qu'on m'explique cette partie-là du
mémoire.
MME DESMARAIS: Je pense que je vais laisser notre conseiller technique
vous expliquer cela; il le fera beaucoup mieux que moi.
M. GELINAS: Le problème auquel nous faisons face tourne autour du
chapitre 7, particulièrement de l'article 136...
M. FORGET: De la loi.
M. GELINAS: ... de la loi. Dans tous les organismes visés par la
Loi des services de santé, les sommes d'argent du public sont
versées à des établissements directement d'après
l'article 136.
Quant au plan Bacon, le mécanisme n'est pas le même,
à savoir que c'est le parent lui-même qui est subventionné
et non pas l'établissement.
M. FORGET: Vous permettez que je fasse un commentaire sur cette
argumentation, parce que je pense qu'elle ne découle pas de l'article.
L'article réfère à une circonstance qui est
envisagée par l'article 135, dans le cas de tout établissement
public qui soumet des budgets à l'approbation du ministère des
Affaires sociales. On dit: Les dépenses d'un établissement public
qui font l'objet de l'approbation d'un tel budget sont effectuées
à même les deniers votés annuellement à cette fin
par l'Assemblée nationale. Mais, dans le cas des services de garderie,
il s'agit spécifiquement d'un autre type de paiements; il s'agit des
paiements à des personnes et non pas à des institutions ou
à des établissements. Donc, cet article-là n'a aucune
application.
M. GELINAS: Tant mieux. Merci.
M. FORGET: Mais, je reviens avec ma question. Si vous ne basez pas votre
argumentation sur cet article, effectivement, il n'y a rien sujet
à correction de votre part, s'il y a un article dont le sens nous
échappe dans le projet de loi qui empêche les garderies
privées à but lucratif que vous représentez de continuer
à fonctionner, et ceci sans indication d'une date limite.
Ce que vous avez probablement à l'esprit, et je pense que c'est
peut-être à cela que vous songez, c'est non pas le projet de loi
mais certaines indications qui accompagnent le pro-
gramme de financement des services de garde, indications à
l'effet qu'à partir de 1975 les placements d'enfants dans les garderies,
qui seraient nouveaux à ce moment-là, devraient être faits
dans des garderies constituées sans but lucratif, soit publiques, soit
privées, sans but lucratif. C'est probablement cette
préoccupation, mais ce n'est pas du tout dans la loi; ça
découle de la formulation même du programme de financement de ces
services. Enfin, on peut aussi discuter de cette question mais il ne s'agit pas
de la loi.
Je vais poser une deuxième question, si vous permettez. Votre
mémoire reflète un désir de continuer un statut
privé; pas un statut privé sans qualifications mais avec une
insistance particulière sur la qualification de but lucratif,
c'est-à-dire une incorporation à but lucratif, ou alors un
propriétaire qui fonctionne sans incorporation. Est-ce que cette
argumentation est une chose particulièrement importante à vos
yeux, eu égard à la possibilité que la loi pourrait
prévoir une incorporation à but non lucratif pour une
garderie?
MME DESMARAIS: II semble que c'est sûr qu'on est des
propriétaires de garderies privées, à but lucratif, on le
souligne dans le mémoire. Je pense que l'insistance est
là-dessus, de laisser libre choix aux parents, même après
juillet 1975, d'envoyer l'enfant subventionné où ils veulent.
Maintenant, il y a eu des pressions par le ministère à savoir
que, si on ouvrait d'autres garderies, elles seraient automatiquement à
but non lucratif, sinon on n'aurait pas de permis.
M. FORGET: Oui, on revient à l'argument de tantôt que le
programme a été formulé avec cette condition. Je voulais
simplement savoir ma question était peut-être mal
formulée jusqu'à quel point, s'il était possible
d'être soit privé sans but lucratif ou privé à but
lucratif, vous tenez à cette différence spécifique de
l'intention lucrative. Ces entreprises ne sont malgré tout pas des
entreprises tellement vastes. Il ne s'agit pas de la grande entreprise, il
s'agit d'entreprises très modestes. Les dépenses normales, y
compris la rémunération normale de tous ceux qui y travaillent, y
compris le propriétaire, peuvent être prévues dans le cadre
du financement d'établissements sans but lucratif,
d'établissements privés sans but lucratif. Est-ce que c'est
tellement important cet élément d'intention lucrative à
vos yeux?
M. GELINAS: C'est passablement important. Celui qui se lance dans une
entreprise privée ne veut pas être un salarié, il veut
être plus que ça, il veut être un initiateur, un innovateur.
Il veut faire avancer son entreprise. Tandis que, dans une compagnie sans but
lucratif, le dirigeant est un salarié. C'est cette distinction
fondamentale entre le salarié et celui qui veut mettre de l'avant une
entreprise qui base notre mémoire.
M. FORGET: Je vois.
MME DESMARAIS: Maintenant, est-ce que je peux, M. le ministre, vous
demander la raison de cette insistance pour l'avenir sur les entreprises
à but non lucratif?
M. FORGET: Oui, il n'y a pas d'indiscrétion à le demander.
Il existe une considération assez générale dans le domaine
des affaires sociales où les préoccupations ou, si vous voulez,
les éléments de gain ont un certain caractère artificiel,
étant donné que les services dans une large mesure sont vendus
via un intermédiaire qui est, dans votre cas, les familles, à un
seul client, qui tend à déterminer l'élément de
profit ou de gain d'une manière un peu artificielle. Il ne s'agit pas
d'un libre marché dans la plupart des domaines des affaires
sociales.
Et cet élément est si artificiel, dans la plupart des
champs d'activité en affaires sociales, qu'il ne nous semble pas
approprié d'avoir recours à ce mécanisme de gestion qu'est
l'entreprise privée, puisqu'il faudrait décider, dans le fond,
administrativement du gain que ferait un propriétaire. Il semble que ce
n'est pas tout à fait ce qui est prévu par le fonctionnement
normal des lois économiques, que ce soit une décision
administrative.
Par ailleurs, on peut aussi y voir des objections de caractère
plus philosophique et une certaine incompatibilité que je vous laisse
à apprécier. Evidemment, c'est une question de point de vue entre
un certain champ d'activité et un certain mode de fonctionnement. De
façon plus immédiate, dans le cadre auquel vous faites allusion
aussi du régime d'assistance publique du Canada, il existe, là
également, des contraintes quant au partage des coûts, puisque ce
régime prévoit spécifiquement des organismes sans but
lucratif ou des organismes publics, selon la définition des lois
fédérales.
On a eu l'occasion, un peu plus tôt aujourd'hui, d'en parler, mais
il s'agit essentiellement d'une restriction de ce genre-là aux fins d'un
partage. Mais, malgré cette restriction, nous avons indiqué que
nous respecterions le choix qu'ont fait les parents dans le passé et
jusqu'à aujourd'hui et que nous continuerions l'aide aux familles qui
leur est donnée pour le placement des enfants. Cette aide continuerait
au-delà de juillet 1975, même dans le cas de placements
déjà effectués dans une garderie à but lucratif.
Donc, il n'y aura pas de discontinuité au niveau des familles s'il y a
déjà eu une option faite dans le passé. Nous nous sommes
engagés au moins à ce que les parents puissent laisser leur
enfant dans la même garderie, même au-delà de la date
indiquée de juillet 1975.
MME DESMARAIS: Oui, mais ça ne donne pas le libre choix aux
parents qui viendront après juillet 1975. Est-ce que vous êtes
d'accord là-dessus?
M. FORGET: Non, en effet; il y a une restriction à partir de
cette date pour ceux qui voudront pour la première fois placer un enfant
en garderie. Après juillet 1975, il n'y aura pas un libre choix.
MME DESMARAIS: Alors, est-ce que vous reconnaissez...
M. FORGET: II y a d'autres choix, malgré tout, qui demeurent
possibles, puisqu'il y a différents modes d'organisation autres que
celui-là. Il y a quand même un choix qui demeure entre
différentes garderies sans but lucratif, qu'elles soient publiques ou
privées.
MME DESMARAIS: Vous reconnaissez quand même que, automatiquement,
ces enfants-là, qui ne pourront pas venir dans des garderies à
but lucratif, seront regroupés ensemble?
M. FORGET: Pas nécessairement.
MME LABELLE (Micheline): Qu'est-ce qui arrive si on convertit une
société à but lucratif en société à
but non lucratif au point de vue des investissements d'un individu dans une
entreprise?
M. FORGET: C'est une question qui peut être évaluée
dans un cas spécifique puisqu'à ce moment-là il y a
essentiellement liquidation d'une société et création
d'une nouvelle société qui acquiert des actifs. Cette nouvelle
société est une société sans but lucratif qui
acquiert des actifs qui peuvent être évalués et qui peuvent
être acquis par cette société à leur valeur
dépréciée, si le nouvel organisme juge bon de les
acquérir.
MME LABELLE: A la condition qu'il ait de l'argent pour ça, pour
acheter.
M. FORGET: II est prévu, dans le cas de création d'une
nouvelle garderie sans but lucratif, qu'une subvention d'un montant maximum de
$5,000 est disponible, justement pour permettre l'équipement de
base.
MME LABELLE: Est-ce que vous avez déjà
évalué combien cela pouvait coûter, partir une
garderie?
M. FORGET: Oui, c'est à partir d'évaluation. Evidemment,
on peut dépenser $60,000, sans aucun doute, ou même davantage.
MME LABELLE: Je plains les enfants qui fréquentent...
M. FORGET: On a évalué des cas particuliers
d'équipement, et c'est à partir de cette évaluation que le
montant en question a été déterminé.
MME DESMARAIS: M. le ministre, je m'excuse, mais je trouve ça
complètement aberrant d'entendre des choses comme ça; comme j'ai
trouvé aberrant, à un moment donné, qu'il y ait une
tournée dans la province de Québec avec Lise Bacon, que certains
députés et certains médecins aient rencontré des
tas de gens mais n'aient jamais visité une garderie dans la
tournée. Ce n'est pas possible! Si vous n'aviez jamais vu une voiture,
vous ne sauriez pas ce qu'est une voiture; même si je vous disais 100,000
mots pour vous l'expliquer, vous ne pensez pas que si je vous en montrais une,
ça aiderait passablement plus? Est-il possible qu'on demande que
certains députés ou, enfin, certains fonctionnaires viennent
visiter des garderies privées? Qu'ils viennent voir ce qui se fait et
vous ne parlerez plus de $5,000 et peut-être d'un investissement de
$60,000, pensant que c'est une grosse affaire.
Les gens qui sont ici présents ont investi, tous, moi y compris,
bien au-dessus de cela. On a de grosses garderies et c'est la seule
façon qu'elles deviennent et qu'elles demeurent rentables. Nos
coûts sont passablement bas comparativement, par exemple, aux coûts
des projets PIL et la qualité des services demeure parce que,
forcément, quand vous avez beaucoup d'enfants, il vous faut quand
même un personnel que vous ne pouvez pas vous payer quand vous en avez
très peu. Ce n'est pas possible, je ne comprends pas comment il se fait
que tous ces gens-là ne soient jamais venus voir des garderies
privées.
Je voudrais simplement que vous me répondiez. Pour vous, est-ce
logique? Si c'est logique, expliquez-moi; moi, je n'ai pas compris.
M. FORGET: J'hésite à engager un débat sur le fait
que des tierces personnes ont ou n'ont pas visité des garderies ou des
garderies en particulier, mais vous me permettrez d'exprimer certains doutes
sur l'affirmation que vous faites. Je sais que des fonctionnaires responsables
au ministère de ces programmes ont visité des garderies et je
pourrais même dire qu'ils les ont toutes visitées, et certaines
plus d'une fois, puisque, avant l'émission des permis il y a
nécessairement, comme vous le savez, une visite des lieux et une
rencontre avec les responsables de chacune des garderies. Je crois que la
même affirmation pourrait être faite dans les autres cas que vous
avez mentionnés. Enfin, ceci nous amène un peu en dehors du sujet
précis dont cette commission est saisie, qui est un projet de loi qui
n'a pas les conséquences, je vous le suggère humblement, que
votre mémoire lui attribue, sans nier, cependant, un certain nombre de
problèmes, en effet, d'ajustements qui existent dans le programme
actuel.
M. CONEIM (Georges): Etes-vous conscient que le programme va enlever
toute valeur marchande aux entreprises privées que nous avons
montées? Un homme d'affaires normal
qui monte une entreprise peut, à tout moment, vendre son
entreprise, par une évaluation normale de son coût d'affaires, de
son chiffre d'affaires annuel. Avec votre programme, nous obligeant en 1975
à nous transformer en but non lucratif ou bien à ne plus accepter
que des enfants qui paient, vous aller former une concurrence et, par là
même, au bout de quelques années, nous priver de toute notre
valeur marchande. Ce qui revient à dire que vous allez, en termes crus,
nous trancher la gorge.
M. FORGET: M. le Président, je réitère les
remarques que j'ai faites tantôt. Je pense que ce n'est pas le lieu d'un
débat, je pense que j'ai posé les questions qui me semblaient se
dégager du mémoire. Je ne doute pas que les différentes
parties, les différents groupes qui paraissent à la commission
sont libres de conserver les opinions qu'ils peuvent avoir et qu'ils peuvent se
former à l'occasion de ces auditions; malgré tout, ce n'est pas
le rôle de cette commission que d'engager un débat. Je ne peux que
les remercier de nous avoir fait part de leur point de vue.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans votre mémoire, vous mentionnez
qu'à la mi-septembre 550 parents avaient profité de la nouvelle
politique des garderies alors que vous savez, j'en suis convaincu, qu'il y a
des milliers de familles québécoises qui ont besoin des services
de garderies. Vous mentionnez également qu'il y a des garderies qui ont
dû fermer leurs portes.
D'une façon globale, comment évaluez-vous
l'efficacité du programme de garderies, de la politique des garderies
qui a été mise sur pied par le gouvernement?
MME LABELLE: Bien, on peut se poser la question: Est-ce que vraiment les
mères québécoises ont besoin de tant de garderies?
Maintenant, quand on regarde les garderies privées, qui n'étaient
pas complètes avant le programme et qui, maintenant, se
complètent, je pense qu'on peut se poser la question: Est-ce qu'il est
vraiment nécessaire d'en créer d'autres aussi, à ce
moment-là? On se demande si la garderie privée ne sert pas
actuellement d'outil au gouvernement pour s'organiser et ensuite nous laisser
tomber.
Alors, c'est tout simplement cette question, qu'on est en droit de se
poser. Et, quand on dit qu'il y a seulement 555 familles qui font appel aux
services de garde actuellement, est-ce que vraiment la mère
québécoise a aussi besoin que ça de faire garder ses
enfants ou est-ce qu'elle est suffisamment prête à les faire
garder en milieu de garderie plutôt que par sa voisine, sa mère,
sa belle-mère, etc.? Il y a ça à se poser comme
question.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'il y aurait la question à se
poser aussi qu'il y a vraiment un besoin des mères canadiennes, des
mères québécoises, comme vous dites, maintenant que les
barèmes sont peut-être insuffisants, que cela ne le leur permet
pas?
MME LABELLE: II est évident que l'échelle est très
basse actuellement et que très peu de personnes peuvent en
bénéficier, sauf le parent monoparental ou encore des gens sur le
bien-être social, etc. Il est évident qu'une mince couche de la
société peut en profiter actuellement. C'est un premier pas qui
promettait beaucoup, mais qui laisse à douter actuellement. Vers quelle
tangente on va aller? Cela, on ne le sait pas. Je pense que cela peut
dépendre du gouvernement fédéral.
En tout cas, je pense que c'est un pas en avant. Il est vrai qu'à
cause de l'échelle des salaires peu de gens peuvent y faire appel. Cela
est sûrement à améliorer.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Rosemont.
M. BELLEMARE (Rosemont): M. le Président, j'ai plusieurs
questions à poser à ces personnes parce que j'ai fait partie de
la tournée avec Mme Bacon. Suivant les propos que l'honorable ministre a
tenus, j'aurais seulement une suggestion à vous faire: C'est que vous
demandiez au ministre, M. Forget, et à Mme Bacon, de vous entendre dans
une commission spéciale, ou appelez cela comme vous le voudrez, avec Mme
Bacon et aussi les députés qui ont fait la tournée avec
Mme Bacon. Je pense que là on pourrait discuter pas mal de ce qui se
présente dans votre mémoire.
Je reconnais plusieurs d'entre vous qui ont assisté, lors de la
tournée de Mme Bacon. Alors, là, je poserai les questions qui, je
crois, seront peut-être pertinentes ou non. C'est la suggestion que je
vous fais.
MME LABELLE: Elle est très appropriée, je pense, et je
vous en remercie beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Oui, en effet, sauf peut-être une
différence d'interprétation de l'article 136, concernant la
première ou la deuxième question de M. le ministre, votre
mémoire ne s'applique peut-être pas d'une façon directe au
projet de loi à étudier par cette commission-ci. Alors, la
suggestion que vous fait le député de Rosemont sera
peut-être plus de nature à vous éclairer sur le
problème qui se pose à vous présentement.
Madame voulait faire des commentaires?
MME CONEIM: Est-ce qu'il serait possible d'avoir cette réunion
avant que la loi soit adoptée?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Je ne peux
pas répondre présentement. Je ne sais pas si le ministre
est en mesure...
MME CONEIM: Ce problème doit être réglé avant
que la loi soit adoptée, parce que c'est un énorme danger; on
nous priverait, à ce moment-là, de notre travail et de tout ce
que nous avons investi. Cela représente un danger réel. Nous
voudrions être entendus avant que la loi soit adoptée.
M. FORGET: M. le Président, je dois réitérer ce que
j'ai dit tantôt au sujet de l'absence de relation stricte entre le projet
de loi et les préoccupations du groupe qui est devant nous. L'adoption
de ce projet de loi ne compliquera pas, ne rendra pas plus graves les dangers
qu'il voit dans la situation actuelle.
Pour ce qui est de la détermination d'un rendez-vous, je ne pense
pas que ce soit la place, à la commission parlementaire, pour prendre
des rendez-vous. On peut communiquer avec nous à d'autres moments et par
d'autres moyens. S'il est possible de les rencontrer, je me ferai un plaisir de
le faire.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Alors, mesdames et messieurs, je vous
remercie.
La commission ajourne ses travaux sine die.
MME DESMARAIS: Je vous remercie.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, vu qu'on parle
d'ajournement, étant donné que j'ai eu l'occasion d'en discuter
avec M. le ministre je pense que le ministre avait également
cette idée, de toute façon est-ce qu'on pourrait faire une
nouvelle et dernière rencontre de la commission pour permettre à
tous les membres de la commission, après avoir entendu les
mémoires, de faire le point? Cette réunion ne serait pas
tellement longue et ne s'acheminerait pas dans la discussion article par
article; ce ne serait pas une discussion particularisée, mais on
parlerait d'orientations générales, de part et d'autre.
M. FORGET: M. le Président, qu'on communique quant à
l'opportunité et au moment de cette rencontre. Ce n'est pas possible,
dans le moment, de donner une réponse.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais on peut tenir pour acquis qu'avant de
passer à la deuxième lecture...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'ajournement de la commission sine die
n'empêche pas que la commission puisse se réunir. Cela signifie
tout simplement que la commission ajourne ses travaux sans fixer de date
précise pour une prochaine réunion.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Comme la session reprend mardi prochain,
la commission pourra recevoir un ordre de la Chambre pour se réunir.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous le permettez, M. le Président,
simplement au niveau de la commission, j'aimerais avoir l'assurance qu'on aura
l'occasion, pour une courte réunion, de permettre aux membres de la
commission de faire une dernière séance. C'est simplement
ça.
M. FORGET: Je ne voudrais faire qu'une réserve je n'ai pas
d'objection, en principe réserve qui a trait au fait que les
usages des commissions et les règlements de l'Assemblée peuvent
peut-être nous donner une indication plus impérative que ça
quant à l'opportunité de faire rapport immédiatement. Je
n'en sais rien, je pose seulement la question. C'est la seule réserve
que je fais.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais enfin, puisqu'il n'y a aucune restriction
à une dernière réunion, parce que ça s'est fait
lors de la discussion de la loi 65, je pense que ça permettrait, suite
à l'avalanche de rapports que nous avons eus, de faire le point. Il me
semble qu'il y aurait avantage, parce que nous n'avons pas voulu trop prolonger
les discussions, de permettre à l'Opposition certaines questions au
niveau... par rapport au gouvernement.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Comme le ministre vient de le mentionner,
il ne semble pas y avoir d'objection de principe, mais je répète
qu'à partir de mardi prochain l'Assemblée nationale doit
siéger, et c'est à elle de déterminer la date et le lieu
des commissions lorsque les commissions doivent se réunir.
C'est la raison pour laquelle je dois ajourner sine die parce qu'il est
impossible actuellement de déterminer une date précise. Mais cela
n'empêchera pas, si nous en recevons l'autorisation de l'Assemblée
nationale, la commission des Affaires sociales de se réunir sur le
même sujet.
M. BEDARD (Chicoutimi): Remarquez que je ne suis pas d'accord sur votre
raisonnement à l'effet que c'est l'Assemblée nationale; la
commission elle-même a le pouvoir de décider qu'elle aura une
réunion en ce qui concerne la date et le moment...
M. FORGET: II reste qu'il va falloir, avec les problèmes de
coordination de plusieurs commissions qui peuvent avoir à siéger
à peu près au même moment, de... Je pense qu'on ne peut pas
décider d'avance que nos travaux auront priorité sur tous les
autres que la Chambre peut décider de nous assigner.
On ne peut pas avoir, effectivement, je pense, plus de deux commissions
qui siègent en même temps. Je pense qu'il va falloir se voir
là-dessus.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon! il y aura à déterminer,
peut-être, la date, parce que ce sera sûrement une réunion
très courte...
M. FORGET: Oui, d'accord.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... peut-être une seule séance.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 18 h 13)