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Commission permanente des affaires sociales
Etude du projet de loi no 55
Loi sur la protection des personnes
handicapées
Séance du mardi 28 septembre 1976 (Dix heures quarante-cinq
minutes)
M. Bonnier (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des affaires sociales siège pour
entendre les mémoires relatifs à la loi 55, Loi sur la protection
des personnes handicapées. Les membres réguliers de la commission
sont ici. Le seul changement est que...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
Le Président (M. Bonnier): Oui, M. le député
de Johnson... C'est le président, oui! M. Dionne
(Mégantic-Compton) remplace M. Fortier (Gaspé).
M. le ministre, je vous donne la parole.
Remarques préliminaires M. Claude
Forget
M. Forget: M. le Président, je vous remercie d'avoir
assumé au pied levé cette responsabilité en attendant
l'arrivée du président d'office. Je n'ai pas de remarque
d'introduction à faire. Je crois que nous avons quelques minutes de
retard. Pour ma part, je souhaite la bienvenue à tous les groupes qui
ont exprimé le désir de se faire entendre et qui, effectivement,
se feront entendre au cours de cette première journée.
Comme on le sait, une deuxième séance est prévue
pour le 5 octobre. Il est possible, étant donné le nombre assez
élevé de mémoires reçus jusqu'à maintenant
et d'intentions déclarées de paraître devant la commission,
c'est-à-dire 30 au total, que plus de deux séances soient
nécessaires. Nous verrons à la fin de la deuxième
jusqu'à quel point il sera nécessaire d'en prévoir
d'autres et combien.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce votre intention de siéger
ce soir?
M. Forget: Non. Cela ne sera pas possible, ce soir, je pense.
M. Bellemare (Johnson): Cet après-midi?
M. Forget: Cet après-midi, si possible, à partir de
14 heures. Maintenant, on peut aller jusqu'à 12 h 30 apparemment, s'il
n'y a pas d'objection et reprendre probablement vers 14 h ou 14 h 30 au plus
tard, puisque nous aurons quand même encore quelques groupes à
entendre avant la fin de la session de cet après-midi.
Alors, c'est tout. Je n'ai pas de remarque d'introduction. J'aurai
peut-être, à l'occasion, certaines interventions à faire,
mais...
Le Président (M. Bonnier): Le député de
Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. Charron: Je me joins également au ministre pour
souhaiter la bienvenue à tous ceux qui ont accepté notre
invitation à se prononcer sur ce projet de loi, appelons les choses par
leur nom, afin de nous aider à faire de cette loi importante, la
meilleure loi possible.
J'aimerais dire tout de suite que l'opinion que je me permettrai
d'exprimer n'en est et très volontairement qu'à
l'état de brouillon. J'ai parcouru la loi, j'ai essayé d'en
percevoir, à l'aide de ceux qui travaillent avec moi, les implications,
mais nous étions les premiers à convenir que les
témoignages que nous nous apprêtons à entendre vont nous
aider considérablement, puisqu'ils viennent du milieu même de ceux
qui vivent ces problèmes, à aller plus loin. D'avance, et sans
autre excuse, je veux affirmer qu'à plusieurs occasions, il est vrai,
notre opinion sera défaillante sur un certain nombre de sujets, mais
nous sommes ici pour la faire.
Du fait, d'ailleurs, que nous entendions les groupes avant la
deuxième lecture est une indication très nette que, des deux
côtés de la table, je pense, nous sommes d'avis que c'est un
projet de loi qui est amendable, qui sera vraisemblablement amendé, et
plusieurs viendront nous dire que, pour être efficace et juste, il devra
être amendé.
Quelques mots, seulement, M. le Président, pour signaler dans
quel esprit nous abordons ce projet de loi important pour la
société québécoise. Une première lecture du
projet de loi nous amène à faire un commentaire
général, c'est de saisir, je pense et nos invités
nous aideront à le clarifier que la première impression,
c'est qu'il s'agit d'une loi incomplète. Aux profanes que nous sommes
dans cette matière, déjà quand même, notre petit
bagage d'expérience dans ces dossiers nous permet de dire qu'il y a des
omissions, volontaires ou involontaires nous le verrons en cours de
route mais si nous voulons faire de cette loi autre chose que ce que son
titre indique, une loi de protection, mais vraiment une véritable loi de
développement de la personne handicapée, les omissions nous
apparaîtront très claires au fur et à mesure que nous
entendrons les groupes.
Je pense que la loi, par exemple, semble viser deux clientèles
très précises: les handicapés visuels, les
handicapés physiques et mentaux, qui peuvent faire l'objet d'un
reclassement professionnel, mais elle délaisse et gravement
à l'occasion les handicapés qui, eux, ne peuvent pas
être recyclés professionnellement et, en particulier, aussi, la
catégorie des handicapés que nous connaissons et que sont les
enfants handicapés.
Le projet de loi est incomplet aussi, à première vue sur
des services aussi importants que le transport pour les personnes
handicapées, le logement dans les foyers de groupe, les barrières
architecturales, l'éducation des jeunes handicapés, le sort
réservé aux handicapés mentaux, le coût aussi
chargé aux parents d'enfants et aux adultes qui devraient être
hébergés pour recevoir des soins. Toutes des choses, je pense,
qu'une loi
complète aurait avantage à inclure ou, à tout le
moins, à volontairement exclure, après explication, soit en se
référant à un pouvoir de réglementation, soit en
ajoutant des pouvoirs à l'office qui est constitué. Je pense que
nous aurons l'occasion aujourd'hui, avec un des groupes qui s'annonce sur notre
liste, M. le Président, d'approfondir la question des droits des
personnes handicapées. A notre avis, les principes de base devraient
être les mêmes que ceux de n'importe quel autre citoyen. Je pense
que l'aspect trop protecteur du projet de loi lui portera défaut.
Nous gagnerons aussi, je pense, à amender la loi et à
recevoir des indications comment le faire et à quel endroit le faire
quant au rôle de l'office. On a l'impression qu'il s'agit souvent d'une
autre superstructure du ministère des Affaires sociales, partiellement
ou difficilement intégrée au reste du réseau et qui, en
même temps, ne posséderait pas les pouvoirs nécessaires
pour agir. Donc, il me semble que nous travaillons sur un projet tellement
attendu et qui nécessairement il faut bien l'admettre aussi
mettra tellement de temps après qu'il sera adopté avant
d'être à nouveau modifié pour que nous nous appliquions
à le faire le plus complet possible au moment où nous abordons
cette séance d'audition qui précède la deuxième
lecture.
J'aurai l'occasion, M. le Président, au cours des questions que
je poserai aux différents témoins, de développer un
certain nombre d'aspects qui me sont apparus encore une fois incomplets, qui
rendent la loi incomplète et je veux assurer la commission comme tous
ceux qui nous font l'honneur d'être ici aujourd'hui et qui le seront dans
les prochains jours, de notre plus grande disponibilité à les
entendre, à accepter leur point de vue et à les inclure, s'ils ne
sont pas retenus par le gouvernement, à l'occasion les retenir pour
notre part dans les amendements que nous suggérerons si nous en sommes
convaincus, au moment de l'étude article par article après la
deuxième lecture. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bonnier): L'honorable
député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare (Johnson): Je suis très heureux ce matin de
prendre part à la commission parlementaire qui fait un pas très
intéressant dans un domaine bien particulier.
Le ministre, avant la deuxième lecture, a bien voulu entendre les
différents mémoires qui seront soumis ces jours prochains pour
éclairer un peu la situation dans ce domaine bien particulier des
handicapés.
Mes remarques préliminaires sur ce projet de loi seront, M. le
ministre et M. le Président, très brèves, parce qu'il y a
un très grand nombre d'organismes qui ont manifesté le
désir de se faire entendre. Particulièrement, ils ont
présenté des mémoires qui ont été
étudiés dans les milieux spécifiques et qui
démontrent la valeur de certains arguments qui sont apportés pour
demander de modifier la loi pour qu'elle devienne plus réaliste.
Le principe que met de l'avant ce projet de loi 55 est fort louable,
surtout dans la période que nous vivons, dans ce modernisme qui tend
plutôt à être très rapide pour régler les
situations. C'est un domaine qui, je pense, ne doit pas être
traité à la légère et doit être
condiséré d'une manière particulière afin que les
personnes handicapées puissent jouir de tous les droits et de toutes les
libertés qui leur permettront véritablement de s'épanouir
et de participer réellement et pleinement à l'évolution de
notre société québécoise. Il ne faut pas en faire
deux groupes distincts et j'aurai l'occasion, lors de l'étude de
certains mémoires de vous dire pourquoi.
Là où il y a sûrement des divergences de vues et
parfois une opposition très farouche et particulière, c'est sur
les moyens qui sont recommandés dans la loi afin d'utiliser certains
media, certains facteurs particuliers pour atteindre l'objectif louable,
très louable, que tous recherchent, celui de rendre service à ces
handicapés.
J'ai été particulièrement étonné de
constater, à la lecture de nombreux mémoires qui ont
été soumis pour audition devant cette commission parlementaire,
que la majorité des organismes oeuvrant dans le milieu des personnes
handicapées soutient que le ministère des Affaires sociales, par
le biais du projet de loi no 55, n'a pas adopté la meilleure approche
pour normaliser et j'emploie le mot normaliser la situation des
personnes handicapées et faciliter leur intégration dans la
société québécoise dont ils font partie, au
même titre, quant aux droits, professions et libertés que tous les
autres citoyens québécois.
Voici, M. le Président, règle générale, ce
qu'on reproche au ministère des Affaires sociales. Ce n'est pas une
vaine critique, ce sont simplement des suggestions que nous voulons faire pour
attirer l'attention du ministre, qui est peut-être fort bien
intentionné, mais qui, par des moyens détournés,
s'appliquerait à décentraliser un système pour le rendre
bureaucratique. Il voudrait le planifier d'une manière différente
de celle que demandent les mémoires que nous serons appelés
à étudier.
Premièrement, il y a là un manque de politique globale en
vue d'intégrer toutes les personnes handicapées à la vie
sociale, toutes; pas seulement un secteur d'handicapés, mais toutes les
personnes qui ont à souffrir d'être handicapées au point de
vue corporel, que ce soit par la cécité ou autrement, pour les
adapter véritablement à la vie sociale, économique,
culturelle de leur milieu et de la société
québécoise en général.
Il y a là, je pense, un manque de politique globale.
Deuxièmement, la création d'une structure impersonnelle et
très bureaucratisée qui aura comme résultat de consacrer
le rôle marginal des personnes handicapées dans des sections
à part. Ce n'est pas cela. Ce n'est pas ce que veulent les
handicapés. Ils ne veulent pas être traités
différemment et surtout être bureaucratisés par une
certaine discipline autre que celle de tous les citoyens à part
entière.
Troisièmement, l'absence d'une préoccupation réelle
des autorités en place pour la dimen-
sion humaine du problème qu'on cherche aujourd'hui à
solutionner par une loi particulière.
Ces objections, M. le Président, M. le ministre, que l'on
retrouve à des degrés divers dans presque tous les
mémoires, me semblent suffisamment sérieuses pour justifier, de
la part du ministre des Affaires sociales, une volonté très nette
de procéder à une révision complète des mesures
envisagées dans le projet de loi 55, après avoir entendu ces
honorables messieurs qui se sont donné beaucoup de peine et de tracas
pour préparer ces mémoires qui ont été
étudiés dans le vrai milieu des handicapés.
Cela ne sert à rien d'élaborer des projets de loi pour le
simple plaisir de faire des lois à consonances diverses, pour donner
l'apparence qu'on s'est occupé du problème, mais qu'on n'a pas
trouvé la véritable solution pour y remédier. En tant que
législateurs, il nous appartient, je pense, de prendre le temps qu'il
faut pour étudier tous les aspects d'une question aussi
profondément humaine et particulièrement difficile d'application,
quand il s'agit de ce secteur éprouvé de notre population, afin
d'éviter que, par omission, ou par inadvertance, le législateur
crée une situation qui serait pire que celle qui existe à l'heure
actuelle.
Nous voulons véritablement, je pense, aujourd'hui, tous ensemble,
la commission parlementaire et tous ceux qui ont préparé les
mémoires, donner la pleine mesure concernant les handicapés et
surtout leur apporter le soutien qu'ils méritent,
particulièrement dans les heures difficiles que vivent ces gens.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): On avait dit que M. Benjamin
Faucher remplaçait M. Lecours et qu'également M. Orner Dionne
remplaçait M. Fortier. On me suggère de nommer comme rapporteur
le député de Bourget. Adopté?
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Brisson): Aucun autre commentaire? Je
demande à la Montreal Association for the Blind de se faire entendre.
Mr. Williams, please.
Montreal Association for the Blind
M. Lesage (Robert): M. le Président, mon nom est Robert
Lesage. Je suis avocat. Je représente la Montreal Association for the
Blind. Je suis accompagné de M. Wilfrid E. Williams, directeur
général de la Montreal Association for the Blind depuis douze
ans, qui est une autorité en matière des besoins des aveugles et
qui a été requis par le comité américain national
pour l'accréditation des établissements pour aveugles pour faire
l'évaluation de l'Institut new-yorkais des aveugles. Je suis aussi
accompagné d'une autre autorité à l'emploi de la Montreal
Association for the Blind, M. William Rodkin, qui détient un
diplôme en éducation du Collège de Boston, qui a aussi un
certificat de réhabilitation de l'Université du Manitoba.
Il est membre de plusieurs associations et également d'un
comité américain de la fondation américaine For the Blind
on Mobility.
The Montreal Association for the Blind est un établissement qui
existe depuis 1908, incorporé par une loi spéciale de la
Législature en 1910. C'est, dans le domaine des aveugles,
peut-être l'établissement qui a la plus grande
longévité et qui, dans la région de Montréal,
rayonne, particulièrement dans la communauté anglophone, depuis
très longtemps et qui obtient le support financier privé des
citoyens et aussi, depuis quelques années, une assistance substantielle
du ministère des Affaires sociales.
Peut-être pour l'information de quelques personnes, The Montreal
Association for the Blind procède présentement à
l'entraînement de moniteurs qui, éventuellement, essaimeront dans
la province de Québec pour dispenser une aide mécanique aux
aveugles dans un nouveau programme que le ministère songe à
mettre sur pied incessamment.
The Montreal Association for the Blind, qui consacre ses énergies
à essayer de rendre la vie plus facile aux aveugles, évidemment,
n'a pas eu le loisir ni, si vous voulez, les facilités de pondre un
mémoire élaboré sur la loi 65. Nous nous excusons de
l'avoir fait de façon si humble et si simple et de ne vous soumettre que
des suggestions qui sont peut-être très spécifiques, mais
qui veulent être la contribution de gens qui sont dans le métier.
Je ne suis pas un expert dans le domaine. M. Williams et M. Rodkin sont
à votre disposition pour répondre à vos questions.
Je veux simplement signaler, au départ, que nous sommes en
complet accord avec le principe du projet de loi lui-même, sur la
création d'un office de protection pour les handicapés.
Déjà, lors de la commission Castonguay-Nepveu, The Montreal
Association for the Blind avait fait une recommandation pour qu'il y ait, au
ministère de la Santé du temps, une section particulière
qui s'intéresse à ces problèmes. Nous constatons,
peut-être que nous l'avons constaté un peu tard, et nous nous en
excusons, que le projet de loi touche directement les aveugles, que le projet
de loi abolirait la Loi de la canne blanche.
Sur ce sujet particulier de la canne blanche, je n'ai pas de
commentaires fondamentaux à proposer, sauf que déjà, au
tout début du mémoire, nous soulignons que la canne blanche,
c'est quelque chose qui, peut-être, est dépassé, en ce sens
que toutes les cannes pour les aveugles ne sont pas blanches. Nous avons, ici,
des spécimens de cannes de toutes espèces qui ne sont pas
nécessairement des cannes blanches.
Evidemment, la canne blanche existe toujours. Je ne veux pas dire que la
canne blanche est disparue, au contraire. Je veux tout simplement dire que la
loi qui crée des pénalités et des infractions du fait que
quelqu'un aurait ou n'aurait pas une canne blanche, il faut y repenser, parce
que toutes les cannes ne sont pas blanches. Il y a des moniteurs qui peuvent
avoir des cannes pour aveugles et qui se promènent et la loi en ferait
probablement des contrevenants. Ces cannes ont été
développées par des techniques scientifiques
et les aveugles eux-mêmes ne sont pas tous désireux de se
faire indentifier par des cannes blanches.
Je n'insiste pas plus qu'il ne faut sur ces représentations, mais
il faut quand même ajuster la loi à la réalité de
1976.
Un des points majeurs de nos représentations, c'est l'article 46c
et nous y faisons référence à la page 7 de notre
mémoire.
C'est l'article dans lequel on tire la ligne entre les handicapés
et ceux qui ne le seraient pas. On y dit que le pourcentage d'incapacité
d'une personne "doit être d'au moins 30% s'il s'agit de capacité
physique et d'au moins 20% s'il s'agit de capacité mentale"
diminuée. Le handicapé est celui "dont le degré
d'insuffisance ou de diminution est égal ou supérieur à ce
pourcentage".
Nous soulignons à la commission qu'un critère de
capacité physique ne répond pas nécessairement à
notre façon de concevoir le problème, à nos besoins, en ce
sens que c'est beaucoup plus la capacité fonctionnelle que la
capacité physique d'une personne qui nous intéresse. Nous
réalisons, évidemment, qu'il s'agit là du cadre dans
lequel les règlements seraient conçus. Il s'agit d'une loi-cadre.
Il s'agit d'une loi qui n'est pas complète en elle-même, qui ne
pourra être complète que lorsque les règlements auront
déterminé, comme le dit l'article 82, "les normes et
barèmes pour l'évaluation de l'insuffisance ou de la diminution
de la capacité physique ou mentale." Il y aura également des
règlements qui détermineront l'aide matérielle qui sera
accordée aux handicapés.
Nous suggérons instamment à la commission de se
défaire de ce critère de capacité physique pour utiliser
une autre expression. Nous suggérons, dans le mémoire, à
la page 7, une rédaction qui réfère, en anglais, à
"performance"; en français, à l'exécution ou au
fonctionnement, à l'habileté fonctionnelle d'une personne. Encore
une fois, nous verrions d'un bon oeil que la loi-cadre soit suffisamment souple
pour permettre que l'on puisse venir en aide à tous les
handicapés dont le fonctionnement dans le milieu où ils doivent
agir serait corrigé. Ce n'est pas un critère de capacité
physique à l'image de ceux qui peuvent être établis dans
des échelles de la Commission des accidents du travail.
La deuxième remarque qui se rattachera, éventuellement,
à ce que nous venons de dire est la définition de
l'handicapé visuel que l'on trouve à l'article If et que nous
commentons à la page 3 de notre mémoire.
Le projet de loi propose de définir le handicapé visuel
par les mots "toute personne considérée aveugle d'après
les normes médicales reconnues". Il nous semble, d'une part, qu'il y a
une contradiction entre aveugle et handicapé visuel en ce sens
qu'où bien on est aveugle ou bien on est handicapé visuel.
Ensuite, référer à des normes médicalement
reconnues, c'est s'en remettre à des débats qui ont cours, des
débats peut-être écologiques. Nous suggérons
plutôt que l'optométrie moderne, la technologie, la sociologie
exigent que les personnes qui sont défaillantes du point de vue visuel
à un degré tel qu'elles ne peuvent pas vivre normalement dans
leur environnement ordinaire soient considérées comme des
handicapés visuels. Nous suggérons d'élargir la
définition de l'handicapé visuel. Et je me permets aussi de
souligner l'article 48, qui fait que l'office peut inviter une personne
à se soumettre à un examen par un professionnel de la
santé librement choisi par elle; il pourrait y avoir un conflit entre
les normes déterminées par les optométristes et les normes
qui pourraient être déterminées par le corps
médical.
De toute façon, nous ne voulons pas épouser cette
thèse; nous voulons tout simplement vous souligner que s'en remettre
à une norme qui serait tout à fait objective et précise,
qui ne serait pas un niveau ou un seuil, cela pourrait empêcher des gens
qui sont vraiment des handicapés visuels de bénéficier des
mérites de cette loi.
Nous suggérons que cette définition soit en accord avec la
nouvelle définition que le ministère proposera,
éventuellement, pour que les handicapés visuels puissent
bénéficier du programme d'aide mécanique, d'aide aux
aveugles. Nous suggérons aussi une définition qui soit en accord,
par le fait même, avec la Loi de la Régie de l'assurance-maladie.
Si on a des lois comme la Loi sur la protection des personnes
handicapées qui donne une définition d'handicapés visuels,
il faudrait la retrouver dans les règlements ou dans la Loi de la
Régie de l'assurance-maladie. En somme, si les gens sont
handicapés visuellement, qu'on puisse savoir de qui il s'agit dans cette
loi qui est une charte des droits des personnes handicapées.
Nous avons fait une suggestion à la page 6 de notre
mémoire qui est à l'effet de faire partager par le patronat, les
employeurs, les responsabilités sociales que la Société a
envers les personnes handicapées.
Nous suggérons c'est une suggestion que
l'expérience commande que les employeurs qui emploient plus de
100 personnes soient tenus d'employer au moins deux personnes
handicapées et reconnues ou accréditées auprès de
l'office de la protection des handicapés, deux personnes par cent
employés.
Voilà, M. le Président, messieurs, essentiellement les
recommandations du Montreal Association for the Blind. Nous couvrons un domaine
bien particulier de l'aide aux handicapés que nous voulons la plus
discrète et la plus efficace possible pour que ces gens puissent
regagner leur milieu normal le plus tôt possible. Nous vous soumettons
ces recommandations de façon tout à fait ouverte. C'est notre
petite contribution. Encore une fois, M. Williams et M. Rodkin sont ici pour
répondre à vos questions.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il des questions?
M. Bellemare (Johnson): Suis-je le premier?
M. Forget: C'est comme vous voulez. Je peux vous céder la
parole si vous voulez.
M. Bellemare (Johnson): Me Lesage vient de
nous dire que le patronat devrait partager; quand il y a cent
employés, engager deux handicapés. Mais à la page 6 il
dit: "An effective quota system of this sort exists in Great Britain." Ce
système existe en Grande-Bretagne. A-t-il des données
spéciales sur ce système qui existe en Grande-Bretagne ou si
c'est une réglementation pure et simple? Est-ce une loi spéciale
ou est-elle contenue dans les lois sociales particulières en
Grande-Bretagne?
M. Lesage: M. Williams va répondre à votre
question.
M. Williams (W.E.): S'il vous plaît, M. le
Président, je parlerai en anglais pour votre convenance. Je parle
français très lentement et il est difficile pour moi de
m'exprimer en français.
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes meilleur que moi en
anglais.
M. Williams: Merci. The short delay between the publication of
the notice for the Parliamentary commission sitting and the date of our
submission did not permit me to ascertain up to date the situation in Great
Britain or on the continent, or in Europe on the continent. But, I know it
exists in Great Britain. I believe that the quota runs from two to four per
hundred. It means that not only the blind or individually handicaped but any
kind of severely handicaped person covered by a labour law can ask the
government employment service to help place him in an industry in a suitable
occupation. The result is that in the year I last looked at it 70% of the
trainees in a center for the blind in England became employed within six months
following their rehabilitation courses.
M. Bellemare (Johnson): You have no knowledge of any
documentation about it?
M. Williams: I have...
M. Bellemare (Johnson): For the moment, you just heard about
it?
M. Williams: No, I have seen it in operation.
M. Bellemare (Johnson): You can say today if it is in the law or
the réglementation.
M. Williams: It is a law.
M. Bellemare (Johnson): It is a law.
M. Williams: I do not have the reference to it.
M. Bellemare (Johnson): You do not have it with you...
M. Williams: No, but I am proposing to get it.
M. Bellemare (Johnson): Yes, that would be nice.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions de la part
du député de Johnson?
M. Bellemare (Johnson): II y a une autre question que je voudrais
bien voir éclairée, c'est sur le pourcentage dont a parlé
Me Lesage tout à l'heure dans l'article 46. Il trouve que l'article de
la réglementation du lieutenant-gouverneur en conseil ne doit pas
être moins de 30% s'il s'agit d'une incapacité physique et d'au
moins 20% d'incapacité mentale.
Votre argumentation est de faire disparaître ce pourcentage pour
l'appliquer véritablement, comme vous le disiez tout à l'heure,
plutôt à son comportement dans son environnement habituel et par
ses aptitudes fonctionnelles à rendre les services, à se rendre
des services ou à en rendre aux autres, simplement c'est
là ma question par quelle sorte de barème à
établir. Dans notre expérience politique, nous avons de multiples
cas de gens qui viendraient nous dire: Ecoutez, j'appartiens à cette
classe de handicapés physiques; mais là il y a une
prévision au moins qui, par ordre en conseil, délimiterait un
certain pourcentage au point de vue physique de 30% et de 20% au point de vue
mental. Il y a une sécurité. Mais vous, dans votre argumentation,
vous dites que c'est son comportement dans l'environnement habituel, dans son
comportement fonctionnel qui devrait être le critère de base pour
lui accorder les bénéfices de la loi.
M. Lesage: M. le Président, probablement que M. Williams
aurait quelque chose à ajouter à ce que je vais dire. Nous sommes
en face d'une loi-cadre. Cette loi ne nous permet pas de juger exactement du
système, des mécanismes qui vont effectivement être mis en
place, tant que nous n'aurons pas les règlements. Il y a un
péché, peut-être, dans cette loi. A la fin, on voit que les
règlements entrent en vigueur le jour de leur publication, à
l'article 82. Il devrait y avoir, dans cette loi comme dans d'autres lois,
comme le gouvernement avait commencé à le faire de temps à
autre, des dispositions voulant que ces règlements ne puissent entrer en
vigueur avant qu'il n'y ait un avis préalable, un communiqué, et
là on pourrait effectivement savoir le groupe de personnes que l'on
vise.
M. Bellemare (Johnson): Je suis heureux de vous l'entendre dire,
M. Lesage. Parce que mon collègue, le député de
Saint-Jacques, et moi-même, avons protesté souvent sur bien
d'autres lois pour qu'on nous apporte des lois... ce sont les bureaucrates qui
font la réglementation après, souvent n'ont pas entendu les
mémoires, ils n'ont pas participé aux discussions parlementaires
et nous arrivent avec une réglementation qui souvent détruit
presque l'effet même de la loi. Je suis particulièrement heureux
de vous entendre dire cela et j'espère que le ministre ne prendra pas
cela comme un préavis; mais, que cela vienne de vous plus que de nous,
j'espère que le ministre est sensible a votre présentation
puisqu'il l'est moins à la nôtre. Que la réglementation
soit faite un peu
avant et qu'elle soit soumise à des législateurs qui ont
à appliquer une loi, je pense que c'est la logique même.
M. Lesage: Alors, je vous...
M. Bellemare (Johnson): Vous allez en parler au ministre,
j'espère.
M. Lesage: M. Bellemare, vous êtes plus près de lui
que je ne le suis.
M. Bellemare (Johnson): Voyez-vous cela. Les temps ont
changé. J'ai déjà vu certains maîtres souvent
proches du ministre. On appelait cela du lobbying, dans ce temps-là.
M. Lesage: Etant donné qu'il s'agit d'une loi-cadre...
Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Boudreault: Cela se faisait du temps de l'Union Nationale.
M. Bellemare (Johnson): Non, aujourd'hui. Vous irez voir les gens
qui attendent sur le banc, devant le bureau du ministre.
M. Lesage: Comme il s'agit d'une loi-cadre, c'est plutôt le
principe qu'il faut déterminer ici. Nous croyons qu'une
référence à un pourcentage d'incapacité ou de
capacité physique est une notion troublante en elle-même. Parce
que, qu'est-ce que la capacité physique? Est-ce que la capacité
physique qui se rattache à un handicap donné ou la
capacité physique globale d'un individu? Est-ce que, parce qu'un
individu aurait 30% d'incapacité physique, il serait incapable de vaquer
à ses occupations tandis que celui qui aurait 28% d'incapacité
physique serait capable? C'est là que nous croyons que le concept
lui-même devrait être modifié. On serait peut-être
beaucoup plus favorable à un pourcentage si on lisait: 30% de
capacité fonctionnelle.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez l'expérience, Me Lesage,
de la réglementation qui existe à la CAT où vous
êtes venu, en bien des circonstances, plaider en faveur d'une certaine
incapacité partielle ou permanente. La réglementation de la CAT
reconnaît certaines incapacités fonctionnelles et aussi certaines
incapacités corporelles. La loi, pour vous, dans l'article 46, serait
trop limitative.
Est-ce que vous seriez plutôt en faveur d'une
réglementation qui ressemblerait un peu à celle qu'on applique
à la CAT?
M. Lesage: Je laisserais plutôt M. Williams
répondre...
M. Bellemare (Johnson): Non, non, mais...
M. Lesage: Evidemment, d'après ce que vous me dites...
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai pas demandé cela à
M. Williams, j'ai demandé cela à un homme qui pratique souvent
avec la CAT et qui connaît les bases fonctionnelles et surtout les
données qu'on a à la CAT.
M. Lesage: Oui. Excusez, Monsieur. A la CAT, comme devant les
tribunaux, on essaie c'est peut-être plus facile devant un
tribunal que devant la CAT de toute façon, d'apprécier,
dans le concret, c'est ça la règle de droit, l'incapacité
physique et il se peut qu'une incapacité physique
appréciée objectivement donne lieu à une incapacité
fonctionnelle beaucoup plus grande et c'est le rôle du tribunal
d'apprécier cette incapacité fonctionnelle et d'évaluer
l'indemnité en conséquence.
Si on s'en tient, par une loi, à un degré
d'incapacité physique, la norme objective, ces gens vont dire: Un bras,
c'est 25%; donc, quelqu'un à qui il ne manque qu'un bras n'est pas un
handicapé, celui qui a un bras coupé. Je ne sais pas, je prends
un exemple. Celui qui perd un oeil, c'est 25%, la norme, par les
médecins; donc, ce n'est pas un handicapé. C'est un
handicapé, mais pas un handicapé qui aurait droit au
bénéfice de cette loi.
M. Williams aimerait ajouter quelque chose.
M. Bellemare (Johnson): Juste avant d'aller à M. Williams,
parce qu'il va me répondre d'une manière très positive, je
voudrais vous poser, à vous, la question suivante. C'est que, justement,
avec l'article 46, quand on établit les barèmes, si on les
applique à l'article 48, quand il s'agit de trouver, après un
examen par un professionnel de la santé... Est-ce que ces deux articles
sont concordants? Est-ce qu'on peut dire qu'ils sont concordants?
M. Lesage: II y a une relation entre les articles.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais suivez-moi deux minutes. C'est
ce que je veux vous faire dire, qu'il n'y a pas de concordance établie.
On dit un barème et, ensuite, on dit selon un spécialiste de la
santé qui établira, pas les 30% s'il s'agit d'une
incapacité physique, mais fonctionnelle; c'est ça que veut dire
l'article 48. Je pense que c'est ça.
M. Lesage: Si c'était ça, M. Bellemare, je dirais
qu'il y aurait une contradiction entre les articles 46 et 48...
M. Bellemare (Johnson): Oui, il y en a une, il y en a une.
M. Lesage: ... et qu'il faudrait élargir justement les
termes de l'article 46 et c'est ce que nous demandons.
M. Bellemare (Johnson): C'est parce que ça va revenir
à la régie et c'est là que la réglementation va
être différente. Parce que, dans l'article 46, on impose 30% de
physique et, dans l'article 48,
on dit: Le médecin de la santé établira le
fonctionnel. C'est ça que va dire la réglementation. Je n'ai pas
d'autres questions.
M. Lesage: M. Williams aimerait dire quelque chose.
M. Williams: S'il vous plaît, M. le Président.
I think that we, as far as I am concerned, would leave... As far as I am
concerned, Sir, I would be happy to leave the preparation of the law in the
hands of the legislators. So I will not attempt to suggest a proper answer, the
correct answer, I would like rather to speak about the problem. The problem is
that we are all different and I suppose that one can say if one loses one's
finger, one has only a little handicap. Unless, of course, when he is a concert
pianist or a violinist, in which case, the loss of the finger might be of great
magnitude.
In the little experience I have had, I find that it is not always
possible to separate the physical and the mental capacities or incapacities. A
person who is a little handicapped in many or all of his faculties, just a
little, maybe he is truly more incapacitated than somebody who has lost a leg,
or an arm or an eye. And this is the problem of trying to find how much the
person needed the arm, the leg, the eye or all the other capacities. That does
not seem to respond to a mathematical formula, but perhaps, could be devised in
such a fashion with professionals in the field of medecine, sociality and
rehabilitation, based upon the need of the person for readaptation.
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre.
M. Forget: Merci. J'aimerais revenir sur la question de la canne
blanche pour être bien sûr que je comprends pas les
vôtres personnellement les recommandations du MAB. Vous
suggérez d'une part que la définition de la canne blanche soit
élargie pour inclure toutes les cannes qui sont particulièrement
fabriquées en fonction des handicapés visuels ou des
aveugles.
Par ailleurs, vous ne semblez pas le recommander, mais, dans vos
remarques, vous avez suggéré que les pénalités ou
les infractions que la loi crée pour une fausse utilisation de la canne
blanche soient enlevées.
Est-ce que ce n'est pas un peu paradoxal que de définir aussi
largement la canne blanche, qui devient n'importe quelle canne, dans le fond,
puisque personne, à première vue, ne pourra dire si une canne a
été fabriquée particulièrement pour un aveugle ou
pas on ne peut pas la distinguer d'une autre sorte de canne et de
maintenir des pénalités pour une utilisation de cette canne,
donc, de n'importe quelle canne, par d'autres personnes que des
handicapés visuels? Il me semble qu'il y a là une contradiction.
Je prends note du fait que des voyants peuvent utiliser la canne pour fins
d'instruction, etc., dans les cours de mobilité pour les aveugles, je
pense que c'est un point qui est fort utile. Mais je ne vois pas que l'on
conserve une infraction pour une définition aussi large, parce qu'on va
couvrir des situations qu'on n'a certainement pas l'intention de couvrir.
De quel côté pencheriez-vous si vous aviez à
choisir?
M. Lesage: M. le Président, M. le ministre, nous n'avons
pas eu personnellement le temps de faire une étude approfondie des
méthodes ou des modifications qu'on pourrait suggérer pour
peut-être trouver une meilleure formule.
Nous disons tout simplement que la canne blanche ne peut pas être
définie comme une canne blanche. Il faut élargir cette motion de
la canne blanche, si on maintient le même système de
pénalisation et de contrôle de l'utilisation de la canne blanche.
C'est pourquoi nous avons fait une suggestion d'ouvrir la
définition.
Sur l'opportunité de maintenir des pénalités, je
pense que ce contre quoi nous cherchons à protéger, le
handicapé c'est l'imposture de la part de quelqu'un qui se ferait passer
pour un aveugle, sans l'être, pour bénéficier de certains
avantages.
Il faudrait peut-être penser à des pénalités
qui se rattachent justement à l'imposture de la part de quelqu'un qui
veut se faire passer, par l'utilisation d'une canne, pour un aveugle. Là
s'arrêtent mes suggestions.
Je ne peux pas, n'ayant pas étudié à fond les
mécanismes et le projet de loi, vous faire d'autres suggestions plus
concrètes. Je peux tout simplement dire que ce n'est pas fréquent
que des gens soient poursuivis pour usage abusif d'une canne blanche.
M. Forget: Non, ce n'est pas fréquent. D'ailleurs, il y a
eu un doute considérable dans l'esprit d'un très grand nombre de
personnes, à savoir si la loi de 1969 n'avait jamais été
promulguée et appliquée. Certainement, sur ce point, on a au
moins une raison de croire que, si elle n'a pas été
appliquée, effectivement, il y avait des doutes sérieux dans
l'esprit des gens qu'elle pouvait l'être.
Vous soulevez un doute plus considérable quand vous
suggérez que peut-être elle ne devrait pas l'être, parce que
je vois mal que l'on fasse une infraction du port de la canne. Si on
définit une canne blanche comme à peu près n'importe
quelle canne, je comprends qu'on peut se rabattre sur les intentions, mais il
est à peu près clair qu'on n'aura pas d'infractions basées
seulement sur des infractions, étant donné la difficulté
de preuve.
Cela nous amène presque automatiquement à enlever toutes
ces dispositions de la loi. Peut-être que c'est souhaitable. Dans le
fond, ce n'est pas tellement la formule que je recherche, c'est de savoir de
quel côté l'association penche. Est-ce pour une extension de la
définition ou un abandon de la notion d'une protection juridique
spéciale pour le port d'une canne?
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, me permettez-vous
une question? Est-ce que les exceptions à la règle
générale ont subi bien des manquements? Y a-t-il eu beaucoup de
cas qui ont été notés, dans le passé, qui ont
été des cas mar-
ginaux, qui peuvent être contestés, un petit nombre?
M. Forget: Je n'ai aucun exemple à l'esprit, encore que
nous n'ayons pas fait, je pense, un relevé exhaustif des plaintes qui
auraient pu être logées en vertu de cette loi. Encore une fois, je
crois que cet exercice a été futile, parce qu'il existe une
notion très largement répandue que cette loi n'a jamais
été promulguée. Aucune poursuite n'aurait pu être
entreprise dans un tel contexte.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce fréquent qu'on puisse
trouver, parmi ces gens qui portent une canne blanche, des gens qui seraient
des...
M. Charron: Des imposteurs.
M. Bellemare (Johnson): ...imposteurs?
M. Lesage: M. le Président, on m'informe qu'il n'y a pas
vraiment de cas connus de poursuites.
M. Bellemare (Johnson): Comme le dit le ministre, la loi n'a
jamais été promulguée.
M. Lesage: Oui. D'autre part, nous n'aimerions pas voir
complètement disparaître de la loi la mention de la canne blanche
en ce sens que, par une canne blanche, quelqu'un puisse se faire passer pour un
aveugle. Peut-être pourrait-on élargir l'article 72 qui concerne
les infractions et mentionner que celui qui veut se faire passer pour un
handicapé visuel avec l'usage d'une canne blanche commet une
infraction.
M. Bellemare (Johnson): Un permis spécial et payer une
taxe.
M. Forget: C'est ce qu'on dit à l'article 72, paragraphe
e): "porte ou utilise une canne blanche sans être un handicapé
visuel". Ce que vous suggérez, si je comprends bien c'est: Se livre
à des manoeuvres qui sont équivalentes à de la fraude ou
à de faux prétextes en utilisant, entre autres moyens, une canne
pour se distinguer. Cela devient une espèce d'infraction tellement vague
que je ne sais pas si on rend service à qui que ce soit.
M. Lesage: M. le Président, le paragraphe e) de l'article
72 comporte l'infraction qui nous satisferait en soi. A ce moment, la
définition que nous suggérons aurait son utilité parce que
c'est une canne qui peut servir à identifier un aveugle.
M. Forget: Bon. Pour ce qui est de la définition...
M. Bellemare (Johnson): Si vous me permettez...
M. Forget: Je vous en prie.
M. Bellemare (Johnson): En même temps que le paragraphe e)
de l'article 72 s'appliquerait, il y aurait toujours la consistance de
l'article 59 dans la loi qui prévoit que, dans le cadre d'un plan de
reclassement professionnel, l'office accorde de l'aide matérielle. C'est
là le joint aussi. Pour obtenir de l'aide matérielle de l'office,
il faudrait absolument qu'il soit reconnu comme un aveugle.
Donc, à partir de là, il a droit au port de la canne. Vrai
ou faux?
M. Lesage: Oui, mais il y a des gens qui n'ont peut-être
pas besoin d'aide matérielle.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Lesage: II y a peut-être des aveugles qui n'en veulent
pas d'aide matérielle.
M. Bellemare (Johnson): Qui ne veulent pas d'aide
matérielle. Oui, mais ils ont droit au port de la canne.
M. Forget: Cela va?
M. Bellemare (Johnson): Pour moi, cela va.
M. Forget: Toute cette question de définition
d'incapacité ou de handicap, de degré de handicap dans la loi,
l'argumentation que vous avez tenue est, dans une certaine mesure,
évidemment, une argumentation de bon sens. Les exemples que vous avez
cités sont assez facilement compréhensibles. Il reste que
l'objection que vous a formulée le député de Johnson est,
malgré tout, assez bien fondée également. Je ne suis pas
sûr que vous ayez véritablement répondu à cette
préoccupation.
Si l'on veut conférer des droits aux handicapés en
général, il est peut-être important je le soumets,
à titre d'hypothèse, au moins que l'exercice de ces droits
ne soit pas soumis à l'arbitraire administratif d'un office ou d'un
organisme quelconque qui, s'appuyant sur une définition très
vague, puisse considérer que quelqu'un qui a 10% de diminution de
capacité est un handicapé, quand cela fait son affaire, et qui
peut décider le lendemain que quand c'est 18%, ce n'en est pas un.
Autrement dit, il s'agit d'avoir une certaine certitude dans la
définition de ces droits. La réponse de le voir formulé
dans le règlement n'en est pas véritablement une.
Il faut voir que l'effort qui est fait au niveau de la loi ici, aurait
très bien pu être fait au niveau de la réglementation. Nous
avons tenté, au contraire, de cerner la notion du handicapé dans
la loi plutôt que dans la réglementation, parce que c'est le pivot
même d'une législation qui cherche à déclarer des
droits qui soient bien précis et qui puissent être
revendiqués, même par un appel devant un organisme d'appel ou un
tribunal administratif, le cas échéant. D'ailleurs, ces recours
sont prévus. Si on se fie à l'arbitraire, bien
intentionné, je veux bien, d'un office, on tombe dans l'arbitraire.
Donc, ce sera généralement bien fait, puisqu'on n'a pas de raison
de soupçonner que les gens soient mal intentionnés qui auront
à appliquer la loi, mais
cela pourra, à l'occasion, être mal fait. Il n'y aura aucun
recours.
M. Lesage: M. le Président, je suis tout à fait
d'accord avec le principe énoncé par le ministre des Affaires
sociales, si on avait des lois qui nous donnaient tous les
éléments nécessaires pour établir et
vérifier les droits des gens, ce serait certainement plus satisfaisant
à la lecture d'une loi. J'avais mes doutes, parce que l'article 82
laisse au lieutenant-gouverneur en conseil d'établir les normes et
barèmes pour l'évaluation de l'insuffisance ou de la diminution
de la capacité physique ou mentale d'une personne et fixer le
pourcentage d'incapacité prévu au paragraphe c) de l'article 46.
Donc, le lieutenant-gouverneur en conseil va lui-même dire comment on
évalue une telle incapacité. Est-ce que ce sera 30% pour la perte
d'un oeil ou 25%? Dans le moment, on sait que c'est 25%. Est-ce que les normes
et barèmes vont laisser une latitude au professionnel qui sera
appelé, lui, suivant sa conscience professionnelle, à les
interpréter et à les appliquer? Je suis tout à fait
d'accord qu'on laisse aux professionnels indépendants
l'appréciation du cas, comme le laisserait entendre l'article 48.
Nous craignons que la norme choisie de l'article 46, même si c'est
celle-là qu'on devait retrouver telle quelle et textuellement dans les
règlements, soit un empêchement pour de véritables
handicapés visuels d'obtenir l'aide matérielle qui est
prévue par cette loi.
M. Forget: Vous savez, ce qu'il faut craindre, et cette crainte
est basée sur des discussions avec des organismes analogues dans
d'autres pays, c'est que n'importe quel organisme qui sera créé
ou qui pourrait être imaginé pour s'occuper des handicapés
cherche à faire bonne figure, cherche à s'occuper du plus grand
nombre de handicapés possible, puisque cela fait une belle image et de
belles statistiques à la fin de l'année.
Le danger, c'est que, si un seuil relativement bas n'est pas
établi dans la loi, il soit effectivement fixé à un niveau
très élevé de manière à avoir beaucoup de
gens qui ont des handicaps en nombre considérable, mais des handicaps
mineurs, qu'il est plus facile d'aider avec succès que ceux qui sont
véritablement dans des situations de plus grand besoin.
C'est là un danger auquel nous ont alertés des
autorités responsables des programmes de réadaptation pour les
handicapés. C'est, d'ailleurs, une réalité que l'on
connaît aussi ici dans des organismes existants. Comme il y a un but bien
précis, celui de vraiment faire un effort particulier pour le
handicapé difficile à intégrer et difficile à
normaliser, il est dangereux de permettre une trop grande
libéralité, puisque l'organisme en question va pouvoir justifier
son existence, en apparence au moins, par des chiffres très
élevés.
Donc, il y a ces choses dont il faut tenir compte. J'attirerais
également votre attention sur la distinction qu'il faut faire entre une
définition d'incapacité pour fins d'indemnisation et une
dé- finition d'incapatité qu'il faut faire pour
l'établissement d'un programme de réadaptation. Ce n'est pas du
tout la même chose, puisque, dans un cas, on a affaire à une
donnée relativement statique et, dans l'autre cas, on veut
évaluer un potentiel. Le potentiel dépend beaucoup plus de
l'évaluation de la capacité physique et mentale que de
l'évaluation de la capacité fonctionnelle, à un moment
donné, puisque c'est justement celle-là qu'il s'agit de faire
évoluer par les programmes de réadaptation.
Il faut faire attention à ne pas prendre le résultat que
l'on recherche comme point de départ, parce que, évidemment, par
définition, on n'aura pas beaucoup de travail si on prend acte de la
situation actuelle comme acquise.
Un dernier point, M. Lesage, M. Williams et M. Rodkin; vous avez
mentionné la question des ratios dans l'entreprise. J'ai eu l'occasion
de discuter de ces politiques avec les autorités, en Grande-Bretagne, du
ministère des Services sociaux et de la Santé, de même
qu'en Allemagne de l'Ouest et en Belgique. Dans les trois pays, existent des
dispositions analogues à celles que vous mentionnez pour la
Grande-Bretagne. Je ne sais pas si vous avez, relativement aux
handicapés visuels, des informations plus précises, mais le
jugement qui est porté dans ces trois pays sur ces mesures, c'est
qu'elles n'ont pas été efficaces.
En Grande-Bretagne, on a effectivement des entreprises qui ont des
handicapés à leur emploi, mais on a plutôt satisfait la
lettre de la loi que son esprit. On a organisé des petits ateliers
protégés à l'intérieur des entreprises, qui n'ont
rien des caractéristiques normales de l'emploi. On a satisfait à
la loi en surface et, dans le fond, on n'a créé que des
espèces de centres d'occupation au sein de l'entreprise.
En Allemagne de l'Ouest, les entreprises ont le choix de payer une
amende plutôt que de se conformer à cette disposition et, dans
l'immense majorité des cas, les entreprises paient l'amende, qui est de
l'ordre de 25 marks par mois, pour échapper à cette exigence.
Enfin, en Belgique, on a, dans les lois, une disposition analogue mais
on ne l'utilise pas et on n'a pas l'intention de l'utiliser, sauf comme menace
dans les cas où certains employeurs refuseraient systématiquement
de participer volontairement à des programmes de réadaptation. Le
conseil que les autorités de ce pays nous ont donné, c'est que
c'était une disposition inutile dans la loi et que, si elles avaient
à refaire la législation, elles ne la retiendraient pas.
Ce sont des remarques d'ordre général, bien sûr, qui
visent la situation d'ensemble des handicapés. Je pense qu'il est
important d'apporter ces précisions parce qu'il reste que ce sont des
expériences de longue date, de plus de 20 ans dans chacun des pays; mais
elles sont générales parce qu'elles touchent tous les
handicapés. Peut-être que pour les handicapés visuels, il y
a des preuves de succès plus probant que dans le cas des
handicapés en général. Je serais reconnaissant au Montreal
Association, si elle avait de la documen-
tation à cet effet, de nous la communiquer tout de suite ou de
nous la faire parvenir éventuellement.
M. Bellemare (Johnson): II n'y a pas que les handicapés
visuels. Il est question dans le pourcentage au prorata de 2%. Il y a
les...
M. Forget: C'est formulé en termes
généraux.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez l'expérience formidable
faite par la CAT selon laquelle on a établi un certain critère de
base pour la réhabilitation des handicapés physiques dans les
industries et qui a connu un grand succès par la persuasion et par
certaines démarches que font aujourd'hui les services de la
réhabilitation. Ces services sont assez actifs.
La suggestion mérite sûrement qu'on explore de
manière plus concrète, et non pas simplement dire qu'ailleurs,
cela n'a pas été bon et on la rejette. La suggestion est fort
intéressante parce que c'est une espèce de charte qu'on
bâtit une loi spéciale qui devrait pourvoir à
certains avantages pour aider les handicapés.
J'aurais une autre question, si le ministre a terminé. C'est la
dernière.
M. Forget: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Cela concerne les chiens-guides. C'est
devenu assez populaire. Cela existe aujourd'hui, mais il y a certaines
municipalités qui causent des entraves à cette organisation des
chiens-guides et on voit que le ministre se réserve... La
définition à l'article 1c donne: entraîné dans une
école reconnue par le lieutenant-gouverneur en conseil pour guider un
handicapé visuel. A l'article 82g, vous retrouvez la façon dont
on déterminera, après avoir passé par une école,
les formalités, les conditions d'immatriculation des chiens-guides.
Avez-vous rencontré certaines difficultés, vous les
représentants de la Montreal Association, à ce sujet? Avez-vous
des suggestions que vous pourriez nous apporter quant à cet article
particulier parce qu'on va légiférer sur les chiens-guides?
M. Lesage: Je vais demander à M. Williams de
répondre à cette question, même si je suis un amateur de
chiens.
M. Williams: I am afraid that the subject of white cane and guide
dogs are very emotional. Mr Rodkin has some experience in the field of
readaptation involving the use of guide dogs. I think that he is the better
person to describe the situation, but in our experience, the schools in the
United States, all across the country, certainly in the East, have been most
accomodating to Canadians who wish to travel there to get a dog.
The one disadvantage to a population or to a person who speaks French is
that there may, or may not be a dog that has been trained to respond to French
commands.
I think if that problem could be solved, as long as they do not close
the border, they have dogs to spare and it might be economical; but that is a
disadvantage, and if some solution can be found, I think perhaps you would find
the right answer to the question. But I vould like Mr Rodkin to indicate the
extent of the use of dog guides.
M. Bellemare (Johnson): On devra avoir des chiens bilingues.
M. Rodkin: Perhaps you know that very few blind persons cas use a
dog. As a matter of fact, less that 2% of the visually handicaped population in
North America can physically use a guide dog, even if they wish to, 2%
only.
M. Bellemare (Johnson): Only.
M. Rodkin: Only. Of that number, less than half use a dog.
Usually for their own preference prefer not to. In Canada, in a recent document
Vision Canada that you might be familiar with, there are only approximately 250
guide dog users in the whole country. The reason is not that there are not
enough dogs, there are more dogs at the dogs schools than blind persons who are
available to use them or who can use them. We encourage all those persons who
should use a guide dog but often who are hesitant, we try to encourage the use
of a guide dog when possible. It is a good method of getting around for the
very small proportion of persons who can. But the fact is that the demand is
very small and this has always in Canada prevented the establishment of a dog
school, because the demand is just so small. The publicity is very large, the
demand is very small.
M. Charron: M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: Je voudrais revenir sur l'importante question, qui va
certainement suivre tous nos travaux, de la détermination, de la
capacité d'un citoyen à bénéficier des effets de
cette loi ou pas.
Effectivement, nous allons nous arrêter souvent, je pense, je l'ai
vu en parcourant les mémoires que nous entendrons aujourd'hui
même, sur la définition de la personne handicapée, telle
qu'elle apparaît au paragraphe 1e, telle qu'elle apparaît encore
à 46c et les pouvoirs du lieutenant-gouverneur en conseil tels qu'ils
apparaissent à 82b. Cela ne sera pas inutile que nous nous
arrêtions et le temps qu'a déjà pris la commission sur
cette question n'est certainement pas de trop, puisqu'il s'agit effectivement
d'un des aspects les plus importants de la loi.
Je lis dans le mémoire que vous avez présenté, Me
Lesage, à la page 7, le texte que vous nous invitez à utiliser
pour remplacer le paragraphe 46c lequel, à première vue nous est
très sympathique, puisque, plutôt que de faire appel à une
norme qui serait fixée un peu arbitrairement par le législateur
ou par le ministre, si c'était dans un pouvoir de réglementation,
ce serait déterminé
par comme vous le dites vous-même des professionnels
dans le champ de la médecine, de la réhabilitation et de la
sociologie.
Il me semble que si cette critique est juste, de la norme de
capacité, vous nous invitez vous-même un peu à une
contradiction dans un autre aspect du mémoire. Vous nous invitez
à déterminer, au paragraphe 1f, l'acuité visuelle qui
servira de base à la détermination d'une personne
handicapée ou non sur le plan visuel. C'est-à-dire que vous nous
suggérez, à 46c, de nous en remettre aux professionnels de la
médecine, mais vous-mêmes nous demandez d'inclure à 1f des
critères qui peuvent être tout aussi discutables que ceux des 30
ou 20% de 46c lorsque vous nous priez d'inclure à l'intérieur du
projet de loi une définition supplémentaire de la personne
handicapée visuelle qui irait jusqu'à, et je lis: "Toute personne
dont l'acuité visuelle de chacun de ses yeux après correction au
moyen de lentilles rétractives appropriées excluant les
systèmes optiques spéciaux, les additions supérieures
etc.", angle de vision et tout.
Je pense que nous devrions nous en tenir à l'une ou à
l'autre. Ou bien la loi ne va pas dans des critères de 20% ou 30%
d'angle de vision etc. et s'en remet aux critères professionnels qui
déterminent que cette personne est handicapée ou non, un
médecin ou ceux que vous avez signalés. Si nous devons
décrire aussi précisément que cela ce qu'est une personne
handicapée visuelle, il n'y a pas de mal en soi. Je dis bien que la
chose est encore discutable, il n'y a pas de mal en soi à ce qu'à
un autre article nous en venions à fixer un pourcentage quant à
la capacité. Il me semble qu'il faut choisir l'un ou l'autre. Ou bien le
législateur remet à des professionnels le soin de
déterminer le statut d'un citoyen ou bien il ne le fait pas.
M. Lesage: M. Williams va répondre à votre
question.
M. Williams: M. le Président, M. Charron, I think what you
have said explains why I had to say earlier that I leave the making of law to
the legislator. Perhaps this is a contradiction in the same level of law that
in fact the ophtalmologists and the optometrists and the social workers and the
rehabilitation professionals agree on the definition in section 1f. They agree
that that is a measurable, observable, visual acuity. So, if it should not be
there, perhaps it should be in the regulations or something like that. The
other one is valid also. Perhaps it had to be dealt with in another manner,
but, in our opinion, both are valid.
M. Charron: Je vous remercie de votre réponse, M.
Williams. Effectivement, je pense qu'une définition scientifique,
puisqu'elle est celle d'ophtalmologistes, d'optométristes et de tous
ceux qui sont de près ou de loin appelés à travailler avec
des aveugles, des handicapés visuels, puisqu'elle semble faire
l'unanimité du monde professionnel, mériterait de se retrouver
dans une réglementation, mais non pas dans la loi. Il se peut aussi
qu'une pareille catégorie de professionnels aussi qualifiés
d'ailleurs on en entendra au cours de l'audition des mémoires
s'entende pour dire par exemple je ne veux pas défendre le
critère qui est là, je le remets en question que,
lorsqu'une personne, à cause d'une incapacité physique, d'un
handicap physique, va jusqu'à perdre jusqu'à 30% de sa
capacité fonctionnelle normale, cette personne est donc une personne
handicapée sur le plan de la permanence, et la permanence est un
élément important de l'article 1e pour définir la personne
handicapée. Je ne sais ce que je vous dis là, mais je me dis:
Peut-être que les professionnels, aussi, comme ceux qui travaillent
à l'occasion avec la Commission des accidents du travail
là on ne parle pas de la bureaucratie de la Commission des accidents du
travail, c'est une toute autre paire de manches, mais de ceux qui travaillent
à fixer l'admissibilité des travailleurs en viennent
à dire que, lorsque c'est 30%, il est évident que cela se pose de
façon permanente et que la personne serait bénéficiaire de
cette aide. Quitte à modifier les 30% ou 20% par un autre chiffre. Je
n'inclus aucunement les préoccupations d'image de l'office qu'avait le
ministre les Affaires sociales tantôt. J'essaie de le faire dans le sens
de l'intérêt des citoyens qui sont visés par cette loi. Il
me semble quand même qu'on devra arriver, à un moment
donné, à fixer un barème. Qu'il soit établi par le
plus grand nombre de professionnels possible, qu'il laisse place au moins
d'arbitraire possible, je pense que nous en conviendrons tous, qu'il soit
même le plus souple possible, étant donné les citoyens dont
on parle, je pense que tout le monde en conviendra également. Mais je
pense que le projet de loi devra, à un moment ou à un autre,
comporter un palier à partir duquel nous allons fixer le fait qu'un
citoyen peut être bénéficiaire de cette loi ou pas. Je ne
pense pas, parce que si on devait adopter telle quelle je ne dis pas
qu'elle ne peut pas nous aider à mieux travailler la suggestion
que vous nous faites pour remplacer le paragraphe 46c, je partage assez bien
l'opinion du ministre que nous laisserions là place à
l'arbitraire. Dieu sait que tous les députés autour de cette
table peuvent témoigner de la partie d'arbitraire qui accompagne les
jugements de la Commission des accidents du travail. Combien de citoyens
viennent nous voir à notre bureau nous demandant d'intervenir parce
qu'un médecin, qu'ils disent injuste à leur endroit, a
fixé à 18% le taux d'incapacité, ce qui leur permet de
recevoir moins que si cela avait été 21%, nous demandent de leur
recommander un médecin conciliant, un médecin ouvert d'esprit, un
médecin qui aime les travailleurs et qui, lui, sous pareil examen, en
viendrait à dire: C'est 21%, ce qui permettrait au travailleur
accidenté en question de recevoir une contribution financière
émanant de la Commission des accidents du travail plus
élevée que celle à laquelle il a droit.
C'est-à-dire que je ne voudrais pas qu'on commence la même
chose ici, au moment où on
est enfin en train d'avoir une loi pour les personnes
handicapées.
M. Bellemare (Johnson): M. le ministre, pour faire suite à
ce que le député de Saint-Jacques dit quant au critère qui
existait dans la loi fédérale des pensions aux aveugles,
critère de base qui était exigible pour être
bénéficiaire d'une pension d'aveugle, est-ce que ce
critère sera conservé ou maintenu? Il existait
déjà, ce critère; pour obtenir une pension d'aveugle du
fédéral, il fallait avoir un certain critère qui
répondait à certaines données des ophtamologistes, qui
faisaient que ce critère était défini. Est-ce que ce
critère sera conservé ou s'il est conservé
présentement?
M. Forget: Vous faites allusion à certaines lois
d'assistance qui ont précédé l'aide sociale,
pré-sumément?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Forget: Ces lois-là, comme vous savez, ont
été remplacées par l'aide sociale, mais n'ont pas
été abrogées; donc, elles continuent à avoir leur
effet pour ceux qui en étaient bénéficiaires au moment de
la promulgation de la loi, en novembre 1970, je crois. Il reste un certain
nombre de ces personnes qui reçoivent encore plus au titre de ces lois
dites catégorisées. Il y a la Loi pour les mères
nécessiteuses, la Loi pour les invalides et la Loi pour les aveugles. Je
crois qu'elles sont au nombre de 90, au Québec, les personnes qui
continuent à bénéficier de ces lois. Donc, les
critères auxquels vous faites allusion continuent à s'appliquer
pour elles et ne seraient d'aucune manière modifiés par cette
loi-ci.
M. Bellemare (Johnson): Non, non, mais, dans l'avenir, est-ce que
ces critères qui valaient, dans le temps, pour établir la
cécité, pour établir le handicapé visuel, ne
pourraient pas être repris pour que ce soit plus déterminant et
empêcher l'arbitraire, comme disait le député de
Saint-Jacques?
M. Forget: Oui, bien, je n'ai pas d'objection à ça.
C'est peut-être d'ailleurs en s'inspirant de ces lois ou de
l'expérience avec ces lois qu'on a abouti à ces critères.
Encore une fois, je pense que je pourrais reprendre les paroles du
député de Saint-Jacques tout à l'heure. L'idée
commune, je pense, est d'avoir quelque chose de certain le plus possible, de
moins arbitraire possible; que ce soit 20% ou 30%, ça semble des
pourcentages qui nous ont été recommandés. Je ne sais pas
exactement sur quelle expérience, on pourra probablement avoir des
renseignements plus complets là-dessus si la commission le souhaite.
Mais je crois qu'il faut distinguer la formule de l'idée d'avoir
une définition la plus précise possible et la plus susceptible de
donner une garantie à des personnes handicapées
sérieusement qui vont effectivement être couvertes.
M. Bellemare (Johnson): C'est parce que, M. le ministre, si
quelqu'un arrivait avec 29%, handi- capé physique, qu'est-ce qui
arriverait, si la loi dit 30%? La loi dit 65 ans pour une pension de vieillesse
et au type qui arrive à nos bureaux et qui a 64 ans et 11 mois, on ne
peut pas dire: Tu as droit à la pension de vieillesse, c'est 65 ans,
c'est le critère. Là, ça va être pareil. Si le
critère de base, au point de vue handicapé physique, c'est 30%,
s'il a 29%, il ne peut pas. Ce n'est pas assez souple, comme on l'a dit tout
à l'heure.
M. Forget: Vous n'avez pas d'alternative très claire
à ça. Vous avez l'alternative d'avoir deux individus qui vont
dire à cette même personne, c est 32% et l'autre, c'est 29%. La
souplesse vient du fait que c'est arbitraire. Il y en a un autre qui est
probablement dans la même catégorie, qui ira voir un
troisième professionnel et qui ne sera pas admissible. Le
phénomène que vous indiquez, on peut l'éliminer seulement
si tout le monde, toute la population est considérée comme
handicapée. Il faut s'arrêter quelque part et il est clair
qu'entre le dernier cas qui va être admissible et le premier qui ne l'est
pas, que vous le définissiez par l'arbitraire du jugement d'un individu
ou par une loi, il va exister de ces cas-là nécessairement.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez sûrement, à votre
ministère, des gens tellement bien préparés qui pourraient
planifier ça d'une manière plus souple. Parce que ce qu'on a
à reprocher à la CAT présentement, c'est qu'il y a des
tribunaux d'appel.
M. Forget: Alors, on prendra des informations auprès de la
CAT pour s'en inspirer.
M. Bellemare (Johnson): II y a des bons bouts à la CAT, il
n'y a pas seulement des mauvais bouts.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne veux pas parler
de choses trop personnelles, mais il arrive tout de même qu'à la
suite d'un accident, certains médecins me donnent 30%, au-delà de
30% d'incapacité physique, et je n'ai jamais senti que j'avais besoin,
pour me débrouiller, de la protection gouvernementale.
Mais rien n'empêche que, si j'étais forgeron, travailleur
de la construction, menuisier, ou si j'avais à travailler physiquement,
je serais réellement un handicapé.
Si vous avez comme barème un pourcentage d'incapacité
physique, sans faire l'analyse des occupations, du métier, de la
profession de celui qui subit ces handicaps physiques, vous passez
complètement à côté du problème à mon
avis. L'incapacité physique, le handicap apporté par
l'incapacité physique, est en relation directe avec la fonction.
M. Bellemare (Johnson): Et les revenus possibles de l'individu
qui a besoin d'être aidé. Mais ce ne sont pas tous les cas qui
sont comme le vôtre. Vous n'avez pas 30% d'incapacité.
M. Saint-Germain: J'ai 30% d'incapacité, d'après
certains médecins, selon un rapport officiel.
M. Bellemare (Johnson): Ne dites pas cela dans votre
comté.
M. Saint-Germain: Mais je n'ai pas eu de fracture du crâne,
M. le Président. Il nous arrive très souvent...
M. Bellemare (Johnson): Etes-vous parmi les douze qui ne
reviennent pas?
M. Saint-Germain: II nous arrive très souvent, à la
suite d'accidents de travail, par exemple, qu'on voit des gens
handicapés physiquement, avec relativement un bas pourcentage
d'incapacité. Cela désorganise leur vie complètement. Il y
en a d'autres qui peuvent l'être beaucoup plus et, pour qui, cela devient
pratiquement anodin.
Je soutiens tout de même que, dans la définition, la
diminution de capacité physique est simplement une facette qui doit
nécessairement être rattachée. Si vous êtes
violoniste et que vous perdez deux ou trois doigts de votre main, c'est la fin
de votre carrière.
M. Bellemare (Johnson): Ou bien violoniste...
M. Saint-Germain: Oui.
M. Bellemare (Johnson): ... ou un pianiste.
M. Saint-Germain: C'est la même chose. Tandis que, pour
d'autres, c'est sans gravité.
M. Bellemare (Johnson): A la Commission des accidents du travail,
le barème de l'incapacité physique qui est établi est un
barème qui est sujet, pour l'indemnisation, à tout un lot de
critères, quant au revenu, quant au salaire qu'il gagnait les douze mois
précédents. Il y a tout un lot de critères qui viennent
s'ajouter pour l'indemnisation. Pour établir l'incapacité,
d'accord; mais, pour le reste, une fois qu'elle est établie, pour faire
le paiement, il y a toute une série de règlements qui
comportent...
M. Saint-Germain: Si vous avez un travailleur qui a un
métier, mais qui a comme base une excellente éducation, une
excellente formation, qui a une scolarité assez avancée, ce type
a une facilité d'adaptation que son voisin n'aura peut-être pas
s'il est limité exclusivement à un champ d'activité. Il y
a l'âge, il y a toute une série de...
M. Bellemare (Johnson): Très bien.
M. Saint-Germain: Vous avez des handicapés qui sont en
chaise roulante et qui se débrouillent très bien, tout en faisant
leur vie.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions? Je vous
remercie infiniment, M. Williams.
M. Bellemare (Johnson): N'oubliez pas d'avoir des communications
avec le ministre des Affaires sociales, M. Lesage.
M. Lesage: Quant aux documents que nous pourrons nous procurer
sur la réglementation ou la législation en Grande-Bretagne, si on
peut le faire assez tôt, on les fournira au président de la
commission parlementaire.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'on pourrait en avoir une
copie?
M. Bonnier: M. le Président, comme documentation, si vous
en avez, par exemple, de d'autres provinces qui ont des programmes d'aide aux
entreprises, de façon à insérer, d'une façon plus
régulière et substantielle, les handicapés dans
l'entreprise, ce serait intéressant également.
M. Williams: M. le Président, M. le ministre, honorables
membres, je vous remercie de la séance très agréable de ce
matin pour le bénéfice des handicapés.
M. Bellemare (Johnson): Why do you not speak French all the time?
It is better.
M. Williams: C'est trop long.
M. Bellemare (Johnson): This is a very good French.
M. Williams: Mercil
Le Président (M. Brisson): Thank you, Mr Williams.
J'appellerais maintenant l'Association des hôpitaux de la province de
Québec. M. Jean-Claude Tremblay, vice-président exécutif
et directeur général. M. Tremblay.
Association des hôpitaux de la province de
Québec
M. Cardinal (Maurice): J'apporte une correction. Mon nom est
Maurice Cardinal.
Le Président (M. Brisson): M. Cardinal, oui.
M. Cardinal: Je suis membre de l'Association des hôpitaux
de la province de Québec.
M. Bellemare (Johnson): Cardinal? Maurice, cela va.
M. Cardinal: Cela se passe de commentaires. M. Bellemare
(Johnson): Maurice, cela va. M. Cardinal: Cela va bien.
Le Président (M. Brisson): M. Cardinal, vous pouvez vous
asseoir.
M. Cardinal: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission parlementaire, je
voudrais, au point de départ, vous remercier d'avoir
accepté de nous recevoir ce matin, afin de permettre à
l'Association des hôpitaux de vous faire part de ses observations.
J'aimerais, avant de commencer, présenter mes collègues. Tout de
suite à ma gauche, Me Ghislaine Gosselin, conseiller juridique de
l'association.
M. Bellemare (Johnson): Pas trop vite, s'il vous plaît!
M. Cardinal: Oui. Me André DesRochers, secrétaire
général de l'association, M. Louis-Marie Lavoie, membre de
l'exécutif; M. Dick Henderson, qui est aussi membre de
l'exécutif.
M. Bellemare (Johnson): Non, décidément je ne pense
pas qu'il y ait de candidat possible dans cela, pas même Maurice
Cardinal.
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! M.
Cardinal, continuez.
M. Cardinal: Vous avez déjà eu des
expériences avec des Cardinal.
M. Bellemare (Johnson): Oui, il y en a un qui est
handicapé.
M. Cardinal: Seulement pour situer l'Association des
hôpitaux, c'est un organisme qui regroupe la très grande
majorité des hôpitaux de la province de Québec. Cela se
situe aux environs de 215 membres.
M. Bellemare (Johnson): Une possibilité de 280 à
peu près.
M. Cardinal: Je dirais 216. M. Bellemare (Johnson):
216?
M. Cardinal: Approximativement.
M. le Président, je ne sais pas la procédure
habituellement employée devant la commission parlementaire.
Le Président (M. Brisson): Vous avez produit un
mémoire?
M. Cardinal: Oui, on a produit un mémoire.
Le Président (M. Brisson): Alors, vous avez quinze minutes
pour faire un résumé de vos remarques ou un résumé
de votre mémoire. Est-ce que vous préférez qu'on vous pose
immédiatement des questions?
M. Cardinal: Si vous préférez...
M. Bellemare (Johnson): Je pense, M. le Président, qu'il
serait normal que M. Cardinal ou que Mlle Ghislaine Gosselin puisse nous donner
son point de vue, les grands principes généraux, les objections
qu'ils peuvent manifester vis-à-vis de certains articles de la loi, la
formation de l'office, l'effet des règlements sur l'application de la
loi. Je pense que vous pourriez nous donner votre point de vue. Après
cela, on vous posera les questions...
Le Président (M. Brisson): Qu'est-ce que vous pensez qui
n'est pas bon dans la loi?
M. Cardinal: II serait peut-être bon de dire ce qui est bon
dans la loi aussi. Je vais aller très vite comme présentation.
Tout d'abord, nous avons été surpris de constater l'intention du
gouvernement de créer un office de la protection des personnes
handicapées, sans l'intégrer ou tout au moins le relier au
réseau des affaires sociales. En effet, l'absence de structures au
niveau régional ou de liens avec les structures régionales
existantes réduit sensiblement l'accessibilité aux services
qu'entend fournir le gouvernement aux personnes handicapées. Nous
aurions préféré que ce projet de loi puisse
s'intégrer à la Loi sur les services santé et services
sociaux, le chapitre 48, afin de fournir à toute personne
handicapée une assistance complète sur les plans à la fois
humain, professionnel et financier. Dans cet ordre d'idées, nos
commentaires et recommandations suggèrent des correctifs importants afin
d'assurer une protection globale aux droits des personnes handicapées et
non seulement leur droit au travail. Finalement, nous croyons que les
modifications de concordance avec les autres lois devraient être faites
systématiquement, contrairement à la technique employée
dans l'actuel projet de loi qui consiste à octroyer
préséance à certains articles de cette loi sur toute loi
particulière, à moins de mention expresse dans cette loi
particulière. L'Association canadienne de la santé mentale,
division du Québec, avec qui nous avons eu des échanges sur notre
document, s'est déclarée complètement d'accord avec notre
approche concernant cette loi. Le projet de loi no 55, intitulé Loi sur
la protection des personnes handicapées, se veut de par son titre de
portée générale mais, lorsqu'on en étudie le
contenu, nous raélisons qu'il s'attarde à une catégorie de
personnes handicapées, soit celle qui est apte à
réintégrer le marché du travail.
Les services qui sont rendus par nos établissements peuvent se
comparer dans certains cas avec ceux rendus par les ateliers
protégés et sont, pour autant, essentiels pour assurer à
tout handicapé souffrant d'incapacité physique ou mentale des
soins médicaux et des programmes de réadaptation.
Ces handicapés, lorsqu'ils sont inscrits ou admis dans un
établissement, ne sont pas des employés, mais reçoivent
des services de santé et des services sociaux. Toutefois, ils
répondent aux conditions d'enregistrement auprès de l'office et
devraient, en conséquence, se voir attribuer une assistance tel que
prévu au chapitre III du projet de loi.
Nous vous recommandons donc d'ajouter une nouvelle section au chapitre
III, prévoyant que toute personne handicapée enregistrée
auprès de l'office et qui est inscrite ou admise dans nos
éta-
blissements reçoive une assistance équivalente à
celle prévue pour les personnes handicapées qui sont inscrites
dans les ateliers protégés et que des subventions soient
prévues pour nos établissements, afin de les aider à
maintenir une équipe multidisciplinaire apte à répondre
aux besoins spécifiques de toute personne handicapée.
Si vous voulez, Me Gosselin va donner les idées
générales des recommandations contenues dans notre
mémoire.
Le Président (M. Brisson): Me Gosselin.
Mme Gosselin (Ghislaine): M. le Président, messieurs,
effectivement, nous avons fait une étude assez poussée du projet
de loi no 55 et avons, en particulier, noté des commentaires et
recommandations pour chacun des chapitres qui s'y trouvent en tenant compte de
la philosophie qui devrait se dégager dans le titre même
proposé.
A l'article 1e, pour les définitions de personnes
handicapées, nous avons demandé de reformuler cette
définition, de façon à inclure le plus possible, toute
personne handicapée car elle s'attarde aux fins du chapitre II aux
droits de la personne handicapée, et, en particulier, lorsqu'on fait la
connotation entre le chapitre II et la Charte des droits et libertés de
la personne, on s'aperçoit que cette loi tente d'assurer une protection
à toute personne handicapée en plus de lui assurer
l'égalité qui est préconisée dans la Charte des
droits de l'homme.
A titre d'exemple, je serais une personne handicapée du simple
fait que je porte des lunettes, et, en conséquence, si on me refusait la
possibilité de louer un logement du fait que je porte des lunettes, il y
aurait préjudice à mon handicap; or, je pense qu'à titre
de handicapée, je pourrais, aux fins du chapitre II,
bénéficier des avantages pour dénoncer ce préjudice
et exercer tout recours. Le chapitre II est une notion de principe, et je ne
vois pas comment on puisse limiter la possibilité d'exercer un recours,
ou du moins, d'assurer une protection simplement à des personnes qui
souffrent d'incapacité permanente. En particulier, à titre
d'association des hôpitaux, il serait peut-être bon de demander
à un psychiatre jusqu'à quel point un malade mental est une
personne ayant une insuffisance permanente. Pour eux, ces gens sont, pour ainsi
dire, tous récupérables, et, en conséquence, ils ne
pourraient pas bénéficier du chapitre II, ou, du moins, ne
pourraient pas être inclus comme tels.
Je pense que c'est un préjudice. Si on parle de droit, c'est un
principe. Il devrait inclure toute personne handicapée, quel que soit
son handicap.
Pour ce qui est du chapitre III, qui est l'article 46, pour fins
d'enregistrement, si j'avais immédiatement à le critiquer, tout
comme la première association l'a fait remarquer, nous sommes
également tout à fait en désaccord avec le taux qui est
fixé dans la loi. Nous considérons qu'indépendamment du
degré d'insuffisance, une personne handicapée peut avoir besoin
d'un plan de reclassement professionnel. Il est inacceptable que la loi
prévoie un pourcentage fixe d'incapacité pour déterminer
si une personne peut être enregistrée auprès de
l'office.
Je voudrais simplement ici faire une parenthèse et noter, en
particulier, parce que, dans tous les cas, il ne faut pas l'oublier, il y a
tant l'incapacité physique pour une personne, qu'aussi le
problème d'incapacité mentale. Il est très difficile,
d'une part, d'évaluer l'incapacité. Après avoir entendu
les commentaires des parties qui ont exposé leur mémoire tout
à l'heure, et ceux de l'assemblée ici, je voudrais ajouter
simplement que nous croyons qu'il est impossible de fixer une incapacité
d'une personne simplement d'un point de vue objectif, car le subjectif entre
toujours en ligne de compte. Ainsi, une personne souffrant de la perte d'un
bras, suivant son métier, se verrait attribuer un taux
d'incapacité supérieur à une autre qui n'en a pas besoin
pour son travail. C'est du subjectif et cela doit entrer en ligne de
compte.
D'ailleurs, suivant le professionnel qui aurait à faire une
expertise médicale, nous considérons qu'il est vraiment difficile
d'obtenir un taux fixe pour la même personne. Une même personne
handicapée pourrait aller voir deux médecins différents et
obtenir des taux vraiment différents d'incapacité. Notre
proposition veut que des critères d'évaluation devraient
être élaborés dans les règlements qui serviront de
base pour déterminer qu'une personne est admissible ou pas.
M. Bellemare (Johnson): C'est-à-dire que c'est plus
fonctionnel que physique.
Mme Gosselin: Ce qu'il est important de déterminer dans la
loi, selon nous, c'est qu'une personne, en autant qu'elle ait besoin d'un plan
de reclassement professionnel, quel que soit son taux d'insuffisance, puisse
l'obtenir. Pour une certaine objectivité, il faudrait quand même
des critères de référence qui pourraient être
élaborés dans les règlements.
De plus, et c'est peut-être aussi un peu plus large, par le
degré, tel que proposé, en particulier pour un malade mental qui
aurait un taux d'incapacité de 10% et qui serait facilement
réintégrable par un plan de reclassement dans une période
de six, sept ou huit semaines, doit-on sous-entendre qu'il doive attendre qu'il
soit détérioré jusqu'à 20% avant de lui offrir sa
collaboration? C'est une question de philosophie.
M. Bellemare (Johnson): Oui. Si vous me le permettez. Est-ce
qu'un handicapé mental, à la minute qu'on lui dit qu'il a un
critère d'incapacité mentale, comme un handicapé physique,
à partir de ce moment, ne s'établit-il pas dans son esprit un
stress qui lui vaut immédiatement un certain degré
d'incapacité permanente?
Mme Gosselin: Je ne suis pas médecin. Il me serait
difficile de vous répondre à cela.
M. Bellemare (Johnson): Il y a des psychologues qui peuvent
établir cela, je pense, beaucoup plus qu'un maître. C'est une
question importante
dans la fixation du barème de 30 au point de vue physique et de
20 au point de vue mental, parce que quelqu'un qui est physiquement
handicapé, à partir de ce moment-là, développe un
stress qui lui cause un préjudice et qui lui donne véritablement,
en partant, un pourcentage d'incapacité fonctionnelle. Je pense qu'il
faudrait ajouter cela aux critères de base.
M. Cardinal: C'est presque variable à l'infini.
M. Bellemare (Johnson): Oui. Cela dépend du
caractère.
M. Cardinal: C'est presque particulier à chaque individu,
au caractère de l'individu, à l'acceptation de son état et
à sa volonté de se réhabiliter.
M. Bellemare (Johnson): C'est pour cela que je dis qu'au lieu
d'être physique, cela devrait être fonctionnel.
M. Cardinal: Probablement.
Mme Gosselin: Effectivement, la recommandation qui a
été proposée dans notre mémoire est le
résultat de consultations auprès de psychiatres. Il est vraiment
difficile pour deux psychiatres de donner un taux d'incapacité semblable
à une même personne suivant ne serait-ce le stress que la personne
a lorsqu'elle a à passer cette expertise médicale. Mais, en plus,
ce qui est noté dans nos recommandations à l'article 46, c'est
que, pour fins d'enregistrement auprès de l'office, il ne faudrait pas
nécessairement ne qualifier que les personnes qui pourraient recevoir de
l'aide matérielle, mais toute personne pourrait être
bénéficiaire pour recevoir d'autre aide que de l'aide
matérielle, quitte à ajouter des articles pour dire ensuite qui
pourrait recevoir une aide matérielle. Parce que la protection qu'on
offre à une personne handicapée, ce n'est pas seulement une
protection pour lui apporter de l'argent, si elle en a besoin, cela va beaucoup
plus loin que cela.
M. Bellemare (Johnson): Tout à l'heure, on a fait une
relation entre les articles 46 et 48. Vous avez assisté à ce
débat avec Me Lesage. On a dit que l'article 48 obligeait la personne
à se soumettre à ce qu'on appelle un professionnel de la
santé. Dans votre mémoire, que j'ai lu, au lieu de professionnel
de la santé, vous dites plutôt le médecin. Etablissez-moi
la différence, pour moi, personnellement.
Mme Gosselin: Pour vous personnellement? Je vais vous dire que
l'association croit...
M. Bellemare (Johnson): Qu'est-ce qu'un professionnel de la
santé?
Mme Gosselin: C'est exactement notre recommandation, on vous
demande de le définir.
M. Bellemare (Johnson): Bon!
Mme Gosselin: C'est assez confus. En particulier, on vous
suggère de dire que c'est un médecin qui aurait à faire
l'expertise.
M. Bellemare (Johnson): C'est cela. C'est ce que je voulais vous
entendre dire.
Le Président (M. Brisson): Messieurs, nous devons
arrêter à 12 h 30, afin de reprendre à 14 h 30. La
commission suspend ses travaux jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
Reprise de la séance à 14 h 45
M. Brisson (président de la commission permanente des affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
M. Tremblay et l'honorable député de Johnson ont-ils
d'autres questions? Hormis que Me Gosse-lin continue son exposé.
Mme Gosselin: S'il vous plaît!
Le Président (M. Brisson): Continuez votre exposé
et ensuite nous aurons une période de questions. D'accord?
Mme Gosselin: M. le Président, M. le ministre, je vais
continuer à la page 4 du mémoire. Il s'agit de l'article
où on donne la définition du mot "ministre" sans spécifier
qui il est et nous recommandons que ce soit le ministre des Affaires sociales,
compte tenu que cette loi devra s'appliquer parallèlement avec la Loi
sur les services de santé et les services sociaux. A l'article 1k, la
définition d'atelier protégé, nous avons un
intérêt particulier à demander une reformulation de cette
définition.
M. Bellemare (Johnson): Ce serait tout autre que le ministre des
Affaires sociales.
Mme Gosselin: Nous voulons éviter toute autre
possibilité.
M. Bellemare (Johnson): II n'y a pas eu de... Pourquoi cette
délicatesse spontanée?
M. Forget: Je laisse le député de Johnson faire ses
propres conjectures.
M. Bellemare (Johnson): Influence indue.
Mme Gosselin: A l'article 1k, lorsqu'on définit l'atelier
protégé, on fait une exclusion des centres d'ergothérapie
et de réadaptation fonctionnelle maintenus dans un établissement
et, préalablement, nous disons bien que les établissements, ce
sont toutes les catégories d'établissements tels
qu'établis au chapitre 48 ou à la loi 65.
Nous proposons plutôt de redéfinir l'atelier
protégé de façon qu'à la lecture de l'article, nous
soyons convaincus que nous sommes vraiment exclus de la définition
d'atelier protégé. Dans nos centres hospitaliers, nous retrouvons
en particulier deux catégories de personnes handicapées que nous
avons catégorisées en disant: Des personnes handicapées
qui ont besoin de traitements médicaux, mais qui ne permettent pas
d'espérer une possibilité d'intégration. Il y aurait les
personnes en période de réadaptation, qui pourraient être
sous-subdivisées également et les handicapés
réadaptés. Les deux premières catégories de ces
personnes handicapées se retrouvent dans nos centres hospitaliers, comme
nous représentons ici l'Association des hôpitaux, ou dans d'autres
établissements établis en vertu du chapitre 48, lesquels sont
sous la responsabilité, dans les centres hospitaliers, du
médecin, en vertu de la loi, et, en conséquence, nous ne
pourrions d'aucune façon répondre à la définition
d'atelier protégé.
La définition que nous proposons serait: "Toute corporation ou
société de biens ou de services autonome, dont l'objet principal
est d'employer des personnes handicapées au sens du chapitre III ne
pouvant travailler dans des conditions ordinaires, pour leur fournir un travail
utile et rémunérateur".
De cette façon, comme, pour les centres hospitaliers, leur objet
principal n'est pas d'employer, nous serions convaincus de ne pas
répondre à la définition d'atelier protégé.
De toute façon, le législateur démontre bien qu'on veut
exclure les établissements de cette définition. Nous le faisons
de façon un peu plus explicite par nos recommandations.
M. Bellemare (Johnson): Mais le terme est bien
général. Je pense bien qu'on posera tout à l'heure des
questions.
Mme Gosselin: Ce qui nous a surpris, c'est qu'en particulier,
quelques-uns de nos centres hospitaliers ont des ateliers de thérapie
industrielle où, sensiblement, des personnes handicapées, tout
comme dans des ateliers protégés, travaillent. Mais ce travail
est considéré comme phase de traitement pour
réintégration ou pour services de santé et services
sociaux tout simplement.
A l'article 5, ce n'est qu'un commentaire. Nous demandons que la
dernière proposition du premier paragraphe soit exclue;
considérant que, dans le premier paragraphe proposé, on dit: Le
handicapé visuel doit être considéré comme s'il
n'était pas accompagné d'un chien, nous trouvons un peu superflu
ensuite de lui faire payer ou défrayer le coût de passage pour le
chien.
A l'article 12, M. Cardinal...
M. Bellemare (Johnson): Expliquez-moi donc un peu mieux.
L'article 5 dit, "accompagné d'un chien-guide qu'il tient en
laisse..."
Mme Gosselin: On dit qu'un handicapé visuel a accès
aux moyens de transport avec son chien comme s'il n'était pas
accompagné d'un chien.
M. Bellemare (Johnson): Ah bon!
Mme Gosselin: D'accord? On le dit dans la première phrase
de l'article et, immédiatement, on dit: "Lorsque le chien occupe un
siège pour lequel un prix est exigé, le handicapé visuel
doit acquitter ce prix".
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, si vous me
permettez, est-ce que vous avez des cas où les gens ont
été obligés de payer, dans le transport public, s'ils
avaient des chiens avec eux?
Mme Gosselin: Ce qu'on a voulu faire ici, c'est simplement...
Maintenant, on pourra l'exiger parce que c'est écrit dans la loi.
M. Bellemare (Rosemont): Jusqu'à maintenant, il n'y a pas
de cas précis que vous pouvez nous donner.
Mme Gosselin: Pas à notre connaissance. M. Bellemare
(Rosemont): Merci.
Mme Gosselin: L'article 12 fait des articles 2 à 6, qui
prévalent sur toute autre loi spéciale, une priorité de
ces articles, à moins que cette loi particulière n'énonce
s'appliquer nonobstant ces articles.
Ou on va faire des modifications d'une façon empressée
dans plusieurs lois particulières, ou on retire cette loi. En
particulier, je n'ai retenu qu'un exemple de cela, parce que parmi les
personnes handicapées, il ne faut jamais oublier que les malades mentaux
sont inclus et que dans les malades mentaux, vous avez aussi les
incapables.
En vertu de la loi électorale en particulier, l'incapable ne
pourrait exercer son droit de vote. Par l'article 12, maintenant, il est
sous-entendu qu'il pourrait l'exercer, parce qu'on dit qu'il a des droits,
qu'il a la possibilité d'exercer ses droits.
Ce n'est qu'un exemple pour retirer en particulier l'article 12. Je
pense que toutes les lois disent "nonobstant les autres lois
particulières, notre loi prévaut." Même pour un avocat,
c'est difficile à comprendre; pour un profane, je pense que cela va
l'être encore plus.
M. Bellemare (Johnson): ... nonobstant...
Mme Gosselin: "Les articles 2 à 6 prévalent sur
toutes dispositions d'une loi particulière qui leur serait contraires,
à moins que cette loi n'énonce expressément s'appliquer
malgré ces articles."
Vous avez énormément de lois particulières qui
existent présentement. Il faudrait ajouter, à toutes ces lois
particulières, un article, lorsqu'il serait nécessaire, pour les
faire maintenant appliquer, nonobstant l'article 12 de la loi 55
proposée.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'en feriez pas une section de
personnes à part de la loi générale?
Mme Gosselin: Des personnes handicapées?
M. Bellemare (Johnson): Vous ne les traiteriez pas comme une
section différente des droits généraux, comme la Ligue des
droits de l'homme le disait dernièrement, dans l'application de cettte
loi? Il faut faire bien attention. Il faut que les handicapés soient
considérés comme des humains, au même titre que tous les
autres. Ceci est décrit dans un mémoire de la Ligue des droits de
l'homme, où il est dit que la loi tend à les séparer et
à en faire deux catégories: la catégorie des hommes qui
sont physiquement aptes au point de vue santé physique et mentale, et
une autre catégorie entre ceux-là.
La Ligue des droits de l'homme disait qu'il ne faut pas faire cela. Il
faut que ces gens soient trai- tés sur le même pied que tous les
humains, qu'ils aient les mêmes droits, les mêmes
privilèges, les mêmes libertés que tout le monde. A partir
de ce moment-là, je ne sais pas si vous ne faites pas de
discrimination.
Mme Gosselin: Ils ont effectivement les mêmes droits; ils
n'ont pas l'exercice de leurs droits. A l'article 2, dans le projet de loi 55,
on dit: "Toute personne handicapée a droit à la reconnaissance et
à l'exercice, en pleine égalité, des droits et
libertés de la personne, sans distinction, etc."
Au Code civil, on prend la peine de dire qui sont les personnes
incapables, justement pour leur assurer une protection, parce qu'elles ne sont
pas aptes à exercer leurs droits, sans pour autant leur soustraire leurs
droits. L'article 2 aurait préséance non pas sur le Code civil,
parce que c'est une loi générale, mais sur toutes les lois
particulières qui découlent du Code civil.
M. Bellemare (Johnson): Continuez et on reviendra peut-être
sur ce point de vue.
Mme Gosselin: Avec plaisir. A l'article 14, on dit: "L'Office a
son siège social dans la Communauté urbaine de Québec."
Toutefois, on ne prévoit aucun bureau régional. Nous proposons
une décentralisation de l'office afin d'assurer aux personnes
handicapées une accessibilité aux services, ces bureaux
régionaux étant plus sensibilisés à leurs besoins
particuliers et connaissent davantage les ressources du milieu.
M. Bellemare (Johnson): Mais il y a une disposition
spéciale dans la loi qui prévoit que c'est possible, parce qu'on
dit que cela peut être transporté dans un autre lieu, avec
l'approbation du lieutenant-gouverneur.
Mme Gosselin: Le siège social seulement. M. Bellemare
(Johnson): Oui, le siège social.
Mme Gosselin: Le siège social peut être
transporté.
M. Bellemare (Johnson): Mais l'un contient l'autre, le plus
contient le moins. Dans toute loi générale, je pense que c'est
sûrement implicite. La Commission des accidents du travail peut ouvrir
des bureaux, mais ce n'est pas dans sa loi constitutive. Elle a ouvert des
bureaux dans toutes les régions après. On n'a pas eu à
revenir devant le Parlement pour faire décréter qu'il y aurait un
bureau à Rimouski, à Sept-lles, au Cap-de-la-Madeleine ou dans
les diverses régions. La loi qui la constituait lui donnait, exactement
comme ici, le droit, en vertu d'un arrêté en conseil,
d'établir différents bureaux.
Mme Gosselin: Différents bureaux, ce n'est pas
prévu à l'article 14.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas clair, peut-être.
C'est un bon point.
Mme Gosselin: On lui donne seulement la possibilité de
transférer son siège social.
M. Bellemare (Johnson): Je ne sais pas si... Le siège
social.
Mme Gosselin: Oui, mais c'est un siège social dans la
province, alors que nous proposons qu'il y ait un siège social et des
bureaux régionaux.
A l'article 15 qui compose l'office de dix personnes, en particulier,
d'un président et d'un vice-président nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil et quatre membres choisis parmi les
fonctionnaires de différents ministères...
M. Bellemare (Johnson): ... quatre ministères
spécifiques qui sont nommés.
Mme Gosselin: ... qui sont nommés.
M. Bellemare (Johnson): Qui sont nommés là, dans la
loi; les quatre ministères qui en feront partie sont nommés dans
la loi.
Mme Gosselin: Oui, les ministères sont nommés dans
la loi.
M. Bellemare (Johnson): Bien sûr, ce n'est pas n'importe
quel ministère. Ce sont quatre ministères qui sont bien
spécifiés dans la loi.
Mme Gosselin: C'est cela. Considérant que l'office a pour
fonction, en vertu de l'article 30, paragraphe g), de représenter les
personnes handicapées auprès des ministères, nous
craignons, si quatre membres sont déjà des fonctionnaires des
différents ministères, qu'il y ait conflit
d'intérêts entre les besoins des personnes handicapées et
les directives émises par chacun des ministères auprès de
leurs fonctionnaires représentés au sein du conseil de l'office.
Nous sommes, de plus, surpris que cet article ne prévoie qu'une
consultation des organismes les plus représentatifs des personnes
handicapées, alors qu'il devrait, selon nous, choisir parmi eux la
majorité des membres qui devraient composer l'office. En
conséquence, nous recommandons de réduire le nombre des
fonctionnaires dans la composition de l'office et de voir à ce que des
membres soient les représentants des organismes les plus
représentatifs des personnes handicapées.
A l'article 30, qui donne les principales fonctions de l'office, nous
aVons simplement ajouté quelques qualificatifs dans les descriptions, en
particulier au paragraphe c), "élaborer et mettre en oeuvre des
programmes d'information publique". Nous demandons qu'il soit ajouté
simplement le qualificatif "périodique" pour assurer une information
constante aux personnes handicapées. Dans ce même paragraphe,
lorsqu'on dit "destinés à faciliter la participation de la
personne handicapée à la vie socio-économique", nous
demanderions qu'il soit ajouté "à faciliter l'intégration
et la participation". Au paragraphe f), lorsque l'office peut
représenter les personnes handica- pées devant les
ministères ou tout autre organisme, mais en particulier pour les
établissements, nous demandons que le mot "établissements" soit
exclu de cette description, compte tenu que la loi 65 permet déjà
aux personnes handicapées une représentation auprès des
établissements, soit par deux usagers dans un centre hospitalier
à courte durée qui siègent au conseil d'administration, et
plus particulièrement lorsqu'il s'agit de centres hospitaliers de soins
prolongés ou encore dans les centres d'accueil par les comités
des bénéficiaires, tel que prévu" à la loi 65.
Enfin, nous demandons au paragraphe g) d'ajouter après
"prothèses ou orthèses", pour être sûr de couvrir
tout équipement, l'expression "ou tout autre équipement
similaire".
A l'article 35, qui détermine les conditions pour qu'un atelier
protégé soit agréé par l'office, nous proposons
qu'un comité d'admission soit obligatoire dans un atelier
protégé. Le comité déciderait de l'admission d'une
personne handicapée en vertu des critères d'admission
élaborés dans un règlement interne. Il serait
peut-être opportun d'ajouter au mémoire qui est soumis devant vous
que ces règlements pourraient être soumis à l'office tout
simplement. En conséquence, l'office pourrait référer des
personnes handicapées à un atelier protégé, mais
non l'obliger à accepter tout handicapé confié par lui. La
surveillance que doit assurer l'atelier protégé devrait
être d'ordre médico-social plutôt qu'une surveillance
médicale et professionnelle telle que proposée à l'article
c), et, enfin, le paragraphe d) est aussi sujet à commentaires. Les
informations ou documents requis par l'office devraient être
énumérés par règlement du lieutenant-gouverneur
afin d'éviter toute atteinte inutile à la vie privée d'une
personne handicapée. Tel que ce paragraphe est présentement
rédigé, l'office aurait une discrétion illimitée,
ce qui nous semble inacceptable.
Dans les pouvoirs donnés à l'office, à l'article
36, contrairement aux fonctions qui doivent être d'informer et de
conseiller, selon l'article 30 du projet de loi, on lui donne, ici, au
paragraphe c), les pouvoirs de s'ingérer dans l'administration des
ateliers protégés, lorsqu'on oblige un atelier
protégé à recevoir toute personne handicapée et
à l'engager.
Comme commentaire à ce sujet, il faudrait peut-être ajouter
que les ateliers protégés, bien souvent, sont conçus pour
certaines personnes handicapées ayant besoin d'une réadaptation
spéciale ou, du moins, d'un travail spécial pour fins de
réadaptation, et ce n'est que dans les critères d'admission qu'il
serait possible de déterminer qui, dans les personnes
handicapées, aurait avantage à aller dans tel atelier
protégé plutôt que dans un autre.
L'article 46, je l'avais commenté ce matin; je vais le laisser
pour la période de questions si vous voulez y revenir.
A l'article 48, nous avons demandé, tel que je l'ai dit ce matin
de remplacer les mots "professionnel de la santé " par le mot
"médecin". D'ail-
leurs, il serait peut-être opportun, ici, de souligner qu'à
différents endroits dans le projet de loi 55 nous employons le mot
"professionnel", les mots "expert, professionnel de la santé" et qu'il y
aurait peut-être intérêt à le définir, parce
que c'est assez confus. Reclassement professionnel, professionnel de la
santé, expert, qui sont effectivement les gens qu'on veut couvrir dans
cela?
A l'article 53, ce n'est qu'une faute de frappe, le mot "article"
devrait plutôt se lire "section", si on vérifie la section
anglaise.
L'article 55 de la loi dit: "L'Office complète alors
l'évaluation du demandeur, ou procède, s'il y a lieu, à
une nouvelle évaluation et décide de son aptitude à un
reclassement professionnel". Encore ici, c'est l'office qui décide alors
qu'on lui a donné dans ses pouvoirs un rôle de conseiller.
Nous ne pouvons accepter que l'office évalue de façon
aussi unilatérale de l'aptitude pour une personne à un
reclassement professionnel. L'office devrait, sur réception des
documents attestant les possibilités pour une personne handicapée
d'être reclassée, décider d'accepter ou de refuser avec
motifs la demande qui lui est soumise.
Dans le même ordre d'idées, à savoir que l'office
devrait plutôt avoir un rôle de conseiller et non un rôle de
décision, à l'article 57 du projet de loi no 55, nous
considérons qu'il y a ingérence de la part de l'office lorsqu'il
décide de préparer le plan de reclassement professionnel. Nous
suggérons que l'office, par l'entremise de ses bureaux régionaux,
ait un rôle de coordination pour veiller à ce qu'une personne
handicapée se voie préparer un plan de reclassement professionnel
mais non que l'office prépare ce plan de reclassement professionnel.
A l'article 61, la lecture nous a paru un peu ambiguë. Nous avons
douté un peu de la liberté d'une personne handicapée de
choisir ou du moins d'émettre son opinion lorsqu'un plan de reclassement
professionnel lui est préparé, d'autant plus qu'elle devra signer
un engagement, par la suite, de respecter ce plan d'organisation professionnel
au risque de se voir couper toute aide matérielle.
Nous proposons en conséquence de modifier l'article 61 de
façon à imposer à l'office de supporter les frais de
l'exécution du plan de reclassement professionnel et de
reconsidérer dans son entier les conditions d'engagement de la personne
handicapée de façon à lui assurer la liberté qui a
été prévue à l'article 58.
A l'article 67, on spécifie, entre autres, dans le texte de
l'article, qu'un tel contrat a une durée d'au plus six mois et n'est
renouvelable que deux fois consécutivement. La durée du contrat
est donc pour un maximum de 18 mois, nous considérons qu'il serait utile
de prévoir une formule afin d'éviter des abus mais non de
déterminer d'une façon aussi arbitraire les temps maximaux de la
durée d'un contrat. En particulier, ici encore, il faut toujours penser
à un malade mental, qui peut avoir besoin de plus de 18 mois afin
d'être réintégré, et il est bien entendu qu'il est
aussi nécessaire d'éviter qu'il y ait abus.
A l'article 68, et après avoir pris connaissance d'une
façon globale du projet de loi 55, nous considérons qu'une
personne handicapée qui a signé un contrat d'engagement
professionnel et est en phase de traitement ou de réintégration
sociale ne peut, à ce moment-là, être
considérée comme un salarié. Nous préconisons
toutefois qu'une somme forfaitaire lui soit allouée à titre
incitatif.
M. Bellemare (Johnson): Vous outrepassez les dispositions du Code
du travail.
Mme Gosselin: Oui, complètement.
M. Bellemare (Johnson): C'est opposé complètement
à la Loi du salaire minimum et à toutes les obligations de la
commission, des autres...
Mme Gosselin: C'est cela. Effectivement, si on fait une analogie
entre une personne handicapée qui est en phase de reclassement à
l'intérieur d'un atelier protégé et un
bénéficiaire qui pourrait être une personne
handicapée, mais qui se trouve à l'intérieur d'un centre
hospitalier, pourrait se voir attribuer les mêmes services, pourrait
être tout aussi bien dans un centre hospitalier appelée à
fournir un travail, mais son travail ne serait pas considéré
comme lien de subordination employé-employeur, mais simplement pour lui
permettre, comme phase de traitement, de développer ses
possibilités afin de réintégrer le milieu du travail. Mais
c'est toujours une phase de traitement ou du moins un processus qui va l'amener
à une réintégration. Mais dès qu'elle n'est pas
réadaptée, on ne peut pas la considérer comme pouvant
recevoir les mêmes avantages.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez des gens qui vont se servir de
cela pour abuser dans bien des circonstances, comme vous avez eu dans certains
endroits des gens qui ont abusé des déficients mentaux pour faire
faire des "shows" dans certaines... Ils leur donnaient quelques dollars et en
abusaient véritablement. On a appelé cela des "freak shows". Il y
a eu un abus lamentable de ce côté-là. Ils sont
allés en cour et ils ont gagné. Imaginez-vous! Il ne faut pas que
cela existe non plus chez les handicapés et qu'ils soient soustraits
à la Loi du code du travail, particulièrement au salaire minimum,
dans tous les cas, même s'ils sont en période de
réadaptation.
Mme Gosselin: II faut quand même penser que la personne qui
est réadaptée, même si elle est handicapée, peut
travailler et recevoir le salaire minimum ou même un salaire
supérieur, si elle est apte à remplir son emploi, si elle est
vraiment réintégrée.
Mais tel qu'on le spécifie ici, il s'agit d'une personne
handicapée soumise à un plan de reclassement professionnel. Selon
nous, elle n'est pas encore réintégrée, mais en phase de
réintégration. C'est un traitement qu'on lui donne ou quelque
chose qui ressemble à ça, en conséquence, on devrait lui
donner un montant forfaitaire qui serait à titre incitatif, mais non la
soumettre à toutes ces lois.
M. Bellemare (Johnson): Mme Gosselin, je m'oppose
catégoriquement à tout ce qui va défavoriser un
handicapé pour le séparer de la masse populaire, de tout le
monde. En partant, je ne peux pas accepter ça. C'est un
handicapé, il a déjà à subir
énormément de choses. Qu'on le soustraie de la Loi du Code du
travail, qu'on le soustraie de la Loi du salaire minimum et ça, et
ça, et ça, on en fait une personne d'une zone différente.
On est en train de créer une zone différente, on est en train
faire une loi pour créer une zone différente. Je comprends que
vous faites une suggestion, que ce n'est pas dans la loi, mais c'est une
suggestion qui va fort loin...
Mme Gosselin: C'est parce que je sais...
M. Bellemare (Johnson): Je crois bien qu'il faut être
extrêmement prudent pour ne pas en faire des gens qui, étant
déjà handicapés, soient dans une catégorie
différente des autres humains. Il y a des exploiteurs publics qui, dans
le cas des pauvres d'esprit ou débiles mentaux, pourraient les exploiter
à leur façon, si c'était dans la loi. Je comprends que
c'est une suggestion. Mais je m'oppose catégoriquement à ce que
les handicapés sociaux soient différents, au point de vue droits
et exercice de liberté, de tous les autres.
Mme Gosselin: Si vous me permettez simplement une dernière
remarque, tel que je l'avais expliqué au début, nous avons fait
deux catégories de personnes handicapées, et celle qui est
touchée présentement c'est celle qui est en phase de
réadaptation. Dès qu'elle sera réadaptée
parce qu'en phase de réadaptation, c'est quand même temporaire
c'est un traitement qu'on lui offre.
M. Bellemare Johnson): J'ai connu des gens, en service
professionnel, qui allaient chercher des apprentis dans les écoles
d'arts et métiers et leur payaient un salaire bien moindre qu'à
un homme ordinaire qui était un apprenti, et ils abusaient de ces gens.
Ils étaient corrects au point de vue légal. Cela n'a jamais
été contesté.
Mme Gosselin: A l'article 80, nous ne pouvons accepter qu'un
agent de la paix puisse pénétrer sans avertissement pendant les
heures de travail dans les locaux d'un employeur ou que tout autre membre de
l'office en fasse autant sans motif valable. Pour ce qui est de l'agent de la
paix, nous demandons carrément qu'il soit exclu de cet article,
considérant qu'il pourrait entrer dans un atelier protégé
comme dans n'importe quelle autre maison en vertu du code criminel s'il a motif
de croire qu'une infraction ou un acte criminel a été commis.
Pour ce qui est des membres de l'office, nous essayons au moins
d'atténuer ce qui est dans l'article en y ajoutant qu'il a des motifs
valables de croire qu'une des dispositions de la présente loi a
été enfreinte.
M. Bellemare (Johnson): La police n'a pas d'affaire dans
ça. Régime policier...
Mme Gosselin: En dernier lieu, à l'article 82,
considérant l'importance des règlements qui seront
édictés en vertu de cette loi, nous croyons qu'il est important
de prévoir un avis du projet des règlements dans la Gazette
officielle du Québec et permettre à tout organisme
impliqué de faire valoir ses commentaires dans un délai minimum
de 90 jours.
M. Bellemare (Johnson): Vous ne croyez pas que cela aurait
été mieux avant? Que les règlements auraient
été mieux avant?
Mme Gosselin: C'est une solution... Fort probablement.
M. Bellemare (Johnson): Oui, fort probablement. Vous avez le
ministre qui est proche, vous devriez le lui dire.
Mme Gosselin: ...
M. Bellemare (Johnson): Nous autres, ça ne prend plus, on
leur dit que les règlements devraient accompagner la loi. Ah! vous allez
voir, ça va être parfait. Le législateur doit voir aussi
à ce que les règlements soient véritablement l'idée
de ce que la loi nous donne. Six mois ou trois mois plus tard, on arrive avec
une réglementation qui est complètement à part de ce qu'on
a discuté. Je suis bien heureux de voir que vous dites "au moins 90
jours" et d'avoir la chance d'entendre des commentaires sur les
règlements. J'espère que le ministre a lu ça avec beaucoup
d'attention, et ne venant pas de l'Opposition officielle...
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce que c'est vous le ministre? Je
suis en train de me demander qui est le ministre, si c'est vous.
M. Bellemare (Johnson): Je ne comprends pas.
M. Bellemare (Rosemont): Je demande si c'est vous le
ministre.
M. Bellemare (Johnson): Je suis sourd.
M. Bellemare (Rosemont): Je n'ai rien compris, moi non plus, de
ce que vous avez dit.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas nouveau. Vous aviez un
mandat pour venir à Québec, mais ce n'était pas au
Parlement.
M. Bellemare (Rosemont): Vous avez compris cela en 1973.
M. Bellemare (Johnson): On continue, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Votre mandat n'était pas au
Parlement; c'était à Québec qu'on vous avait
envoyé.
Le Président (M. Brisson): Est-ce que vous avez
terminé? Avez-vous d'autres remarques?
M. Bellemare (Rosemont): Vous vous en êtes aperçu au
Cap-de-la-Madeleine?
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que vous avez d'autres remarques? Alors, les questions.
L'honorable député de Johnson a-t-il d'autres questions?
M. Bellemare (Johnson): On va commencer.
Le Président (M. Brisson): Je pensais que vous aviez
terminé.
M. Bellemare (Johnson): Comme ministre, je me trouve bien
honoré, M. le ministre.
M. Charron: Nous n'avons pas une procédure très
régulière, M. le Président, depuis le début des
travaux de la commission. Nos témoins ont eu largement à
répondre au moment où ils étaient en train de livrer leur
mémoire.
M. Bellemare (Johnson): Justement.
M. Charron: Habituellement vous le savez également
le ministre parrain de la loi est le premier à répliquer;
par la suite, vous appelez les Oppositions dans leur rang respectif.
M. Forget: M. le Président, je n'ai pas de questions
particulières, étant donné...
M. Bellemare (Johnson): On ne l'a pas fait sans l'autorisation du
ministre d'abord, sans l'autorisation du président. Si l'autorisation ne
nous avait pas été donnée, on ne serait pas intervenu. Je
sais que les commissions parlementaires ne se conduisent pas ainsi mais c'est
tellement agréable, pendant la lecture et les explications qui sont
données sur le sujet même, d'avoir l'explication voulue. Cela
raccourcit souvent les débats, hormis qu'on voudrait en faire d'autres
pour d'autres fins.
M. Forget: Pour savoir si c'est agréable, il faudrait que
vous demandiez l'opinion de ceux qui écoutent plutôt que de ceux
qui parlent.
M. Bellemare (Johnson): Les réponses qui m'ont
été données sont bien satisfaisantes.
M. Forget: J'en suis fort aise. Pour le moment, M. le
Président, je n'en ai pas d'autres.
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre n'a aucune
question. Si j'ai permis que le député de Johnson pose des
questions, c'est que, voyant que tout allait bien, j'ai donné une
certaine latitude. Etant donné que je n'ai eu aucune objection, je vous
ai laissé continuer, tout simplement. Est-ce que vous auriez d'autres
questions?
M. Charron: Moi, j'en ai, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Saint-Jacques.
M. Charron: J'aimerais ramener les représentants de
l'Association des hôpitaux à leur mémoire, à la page
6. C'est une question de détail, en passant. Puisque vous avez cru bon
de le souligner vous-même, pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour
entendre votre opinion.
Quelle est la politique actuelle des hôpitaux du Québec
lorsqu'un visiteur d'un patient se présente accompagné d'un
chien-guide?
M. Cardinal: Je vous avoue que je n'ai pas connaissance des
politiques qui sont actuellement en vigueur dans les hôpitaux. Je peux
vous donner une opinion strictement personnelle. Je pense que l'aveugle serait
admis avec son chien, s'il devait circuler dans l'hôpital, avec certaines
précautions, bien sûr. C'est tout à fait une opinion
personnelle; je ne connais pas la politique du réseau.
M. Charron: Je vous pose la question à partir d'une
expérience que j'ai connue dans un hôpital du nord de la ville de
Montréal. Une personne hospitalisée recevait effectivement la
visite d'un aveugle et on retenait, pour des raisons sanitaires qui peuvent
être explicables, l'animal à l'étage inférieur et on
demandait à l'aveugle de se rendre de lui-même à
l'étage du visiteur.
La plupart du temps, le patient, n'étant pas alité,
pouvait descendre et accueillir son visiteur. Mais, dans l'hypothèse
où il aurait été alité, face à la
disposition que contient l'article du projet de loi à l'effet que telle
personne a alors le devoir d'assurer la sécurité et le confort du
handicapé visuel, je me demande si dans un hôpital du
Québec, actuellement, on aurait le souci, retenant, pour des raisons
sanitaires, l'animal à l'étage inférieur, de
déléguer quelqu'un pour accompagner le visiteur handicapé
visuel jusqu'à la chambre du patient qu'il veut voir. Je pose la
question à partir d'un cas que j'ai connu.
Quant à votre position sur le fait que l'article 5 oblige un
handicapé visuel à payer le prix du métro ou le prix de
l'autobus pour son chien, j'ai trouvé cela d'une mesquinerie
épouvantable également. Je me demande pourquoi le projet de loi
allait ajouter jusqu'à ce détail, quand on sait, comme on l'a dit
ce matin, qu'il y a 250 chiens qui accompagnent des aveugles dans le
Québec et que, dans le Canada en entier, les risques que cela contribue
au déficit de la commission de transport sont, c'est le moins que l'on
puisse dire, minces. La mesquinerie aurait été meilleure à
un autre endroit que dans une loi qui vise ces personnes.
J'aimerais toucher un autre point de vue, l'article 35, l'admission dans
les ateliers protégés. Je n'ai pas compris la raison de votre
suggestion; j'ai compris la suggestion dans ses détails objectifs,
à savoir plutôt que de laisser à l'office le soin
d'introduire, dans un atelier protégé, un handicapé de son
choix, vous préférez que les ateliers aient eux-mêmes un
comité d'admission par lequel ils pourraient refuser une personne
à l'occasion,
pour une raison ou pour une autre, recommandée par l'office.
Pourquoi?
Mme Gosselin: Enfin, on ne dit pas que la personne
handicapée a le choix de l'atelier protégé; on dit que
l'office peut obliger un atelier protégé à recevoir une
personne handicapée. Selon nous, cela ne va pas nécessairement
dans l'intérêt de la personne handicapée, car les ateliers
protégés, tels qu'on peut en connaître présentement,
à l'exemple de CENTRAP, ne sont pas nécessairement valables pour
toute personne handicapée.
Certaines personnes handicapées qui y sont peuvent avoir avantage
pour fins de réintégration, mais pour d'autres personnes
handicapées, elles auraient intérêt à aller dans un
atelier protégé où ce qui se fait est plus opportun
à leurs besoins, alors que les critères d'admission tiendraient
compte justement de ce qui est offert dans l'atelier protégé. On
pourrait aussi voir le besoin de la personne handicapée. S'il correspond
à ces critères, il y aurait sûrement avantage.
M. Charron: Je comprends votre point de vue. Vous touchez
à un problème réel, mais je pense que votre suggestion ne
le résoud pas. J'ai visité, au cours de tournées dans tout
le Québec, depuis que je suis responsable des affaires sociales pour
l'Opposition, plusieurs ateliers protégés. Je me suis entretenu
avec plusieurs personnes qui étaient là et observé un peu
comment elles vivent. Il m'est arrivé, à l'occasion, même
si je passais très brièvement, de rencontrer des personnes qui ne
se disaient pas au bon endroit, que, par exemple, ce genre de travail ne leur
convenait pas, qu'elles seraient plus à l'aise dans un atelier
protégé où on utilise un autre genre de matériau
que celui qui demande l'utilisation du bois. Certaines personnes se sentent
allergiques à la poussière que dégage le bois, etc.
Ce sont des problèmes réels qui rendent à ces
personnes le traitement très difficile. Je crains c'est pourquoi
je partage une bonne partie de votre opinion si c'est l'office
uniquement qui place les personnes, que, finalement, après leur avoir
trouvé une place quelque part, on prévienne quelqu'un en lui
disant: Toi, on t'a trouvé une place dans un atelier
protégé. Surtout si l'office est à Québec, sans
bureaux régionaux on reviendra là-dessus, parce que vous
avez raison j'imagine l'appareil, comme tout ce qui touche les affaires
sociales, très pyramidal, avec l'obligation continuelle d'aller au
sommet de la pyramide et d'attendre que son numéro soit tiré et
qu'on dise: Au CENTRAP de la ville d'Anjou, il y a une place de libre. La
personne de Montréal-Nord pourra aller là.
On prévient, le 03273739 qu'il y a une place pour lui dans
l'atelier de la ville d'Anjou. S'il n'est pas heureux c'est son droit
s'il n'est pas bien, s'il a, par exemple, des difficultés
d'adaptation avec les autres personnes qui sont là également...
Cela existe aussi. Il y a des citoyens qui quittent un travail, non pas parce
qu'ils n'aiment pas le travail, mais parce qu'ils ne sont pas capables d'en-
durer les gens qui travaillent avec eux. Cela arrive aussi. Vous voyez tout le
problème que cela va engendrer. Il va falloir qu'il porte une plainte
à l'office, qu'il s'adresse à l'office, que cela remonte toute la
pyramide. Il va avoir fait un an dans l'atelier, où il n'est pas heureux
et il n'aura pas encore reçu une réponse du haut de la pyramide
de l'office à savoir si on peut le changer de place ou non. Très
probablement, au bout d'un an, on va lui répondre qu'aussitôt
qu'on aura une place ailleurs, on le préviendra. On va l'oublier
là.
Un an après, il va encore se remettre à faire des
démarches. Je comprends l'objectif d'éviter de toujours recourir
au haut de la pyramide pour obtenir un soulagement qui peut être
applicable avec un peu de bonne volonté, sauf que, si nous mettons des
comités d'admission au niveau même des ateliers
protégés, est-ce que nous aurons résolu ce
problème? Je pense même qu'on risque à l'occasion de le
compliquer. En tout cas, il pourrait s'adresser à quelqu'un sur place
pour lui dire: Pourriez-vous me changer d'endroit? La personne sur place
pourrait établir des contacts avec d'autres comités d'admission,
d'autres ateliers protégés et dire: Y a-t-il quelqu'un chez vous
qui voudrait venir chez nous? Il me semble que cela se ferait plus facilement
que si on oblige ces échanges qui peuvent se faire sur le plan
horizontal à suivre toujours la courbe d'autorité, appelez cela
une courbe, la ligne droite d'autorité qui existe dans le secteur des
affaires sociales. En ce sens, je retiens, en tout cas, pour analyse
ultérieure, la suggestion d'un comité d'admission au niveau
même de l'atelier protégé, parce qu'effectivement je pense
qu'elle peut on verra dans l'analyse apporter un meilleur
traitement, humain, rapide et immédiat, à la personne
handicapée qui s'y trouve qu'autrement.
Je pense que vous avez une suggestion qui mérite d'être
retenue.
Mme Gosselin: Si vous me permettez d'ajouter simplement deux
petits commentaires. Nous avons tenté d'objectiver un peu la
possibilité d'être accepté ou non dans un atelier
protégé, parce que c'est quand même le besoin de la
personne handicapée. Mais l'article, il faut bien situer sa formulation:
L'office peut agréer un atelier protégé qui emploie les
personnes qu'on lui réfère. Si l'atelier refusait, ne serait-ce
qu'en prétextant que les besoins de la personne handicapée ne
seraient pas nécessairement satisfaits à cet atelier
protégé, il va perdre les subventions aux ateliers
protégés, parce que pour avoir une subvention il faut qu'il soit
agréée. C'est une des conditions qu'on lui impose.
M. Charron: L'article 36c dit que l'office peut, pour la
durée qu'il détermine, placer toute personne handicapée
dans un atelier protégé agréé, lequel est alors
tenu de l'engager.
Mme Gosselin: Tenu de l'engager.
M. Charron: En tout cas, tout ce problème reste...
Souvent, on se contente et c'est arrivé
fréquemment, d'ailleurs, dans le secteur des affaires sociales
d'établir des lois qui, à leur face même, ont une
certaine logique. C'est clair, on ne peut plus clair: L'atelier est tenu de...
On oublie de qui on parle, dans les faits. On se contente d'avoir une
réponse dans la loi. Est-ce que l'atelier est tenu ou non d'accepter la
personne qui est envoyée par l'office? Oui, l'article 36c le dit
clairement. Donc, la loi est bonne. Si tout est clair, la loi est bonne. Elle
n'est pas nécessairement humaine, parce qu'elle est bonne, la loi. On
s'en est aperçu dans l'application de certaines lois. Je pense que tous
les députés alentour de la table ont a une expérience du
réseau des affaires sociales qui leur permettra lorsqu'on
travaillera article par article sur cette loi, éventuellement, entre
nous, après la deuxième lecture d'aborder plus
profondément, plutôt que de nous satisfaire de la clarté de
la loi, les implications profondes dans la vie de ces personnes du projet de
loi.
J'ai une autre question, si je peux la retrouver, j'ai fait une
flèche. Vous avez parlé à un endroit des comités
bénéficiaires qui existent déjà dans les certres
d'accueil du réseau des affaires sociales. Si vous pouvez m'aider, me
dire quelle page. A l'article 30, page 10, dans le haut je l'avais
remarqué, on parle des fonctions de l'office. On dit que l'office doit
je vais tout de suite à f) "à la demande d'une
personne handicapée ou de son mandataire, le représenter
auprès des ministères, des organismes publics, des corporations
municipales et scolaires, des institutions d'enseignement, des
établissements, des compagnies d'assurance."
Vous nous demandez à toutes fins pratiques, d'exclure, dans cette
nomenclature d'endroits où l'office peut se porter représentant
d'une personne handicapée, les établissements comme ceux que vous
représentez et comme ceux que nous entendrons d'ailleurs, tout à
l'heure, les centres d'accueil du Québec. Parce que, dites-vous, la loi
65, chapitre 48, a prévu une structure dans ce genre. D'une part, les
usagers sont représentés aux conseils d'administration et,
d'autre part, dans les centres hospitaliers de soins prolongés ou dans
les centres d'accueil, il y a, en plus, un comité de
bénéficiaires.
Moi, j'ai rencontré souvent dans mes visites aussi, et les
députés peut-être également, des "militants" des
comités de bénéficiaires. Je dis "militants" entre
guillemets, mais ce n'est pas exagéré, parce qu'effectivement,
ils se sentent, ils sont, la plupart du temps, dotés d'une très
grande conscience à l'égard de tous ceux qu'ils
représentent et n'en finissent pas de trouver les moyens de venir en
aide à ceux dont ils sont les représentants.
Quand vous nous demandez d'exclure vos établissements de ces
endroits en disant que c'est déjà prévu par une autre loi,
je vous pose une question bien franche: Est-ce que c'est parce que vous
préférez faire affaires dans ce cas-là, il s'agira
bien de faire affaires avec des comités que vous connaissez, qui
sont à l'intérieur de l'institution, et qui, donc, peuvent avoir
des hauts et des bas dans leurs relations avec une administra- tion locale,
plutôt que de voir intervenir de l'extérieur un office qui, lui,
par exemple, n'a rien à faire avec le centre d'accueil
Georges-Frédéric, ou n'a rien à faire avec le... mais qui
ne parle que pour la personne qui est là?
Ecoutez! Je n'exagère pas en disant que, d'expérience...
Et je ne veux pas dire que c'est partout pareil, mais je le dirais à
l'attention des gens des centres d'accueil qui nous écoutent et qui vont
venir tout à l'heure. Je ne dis pas que c'est partout la même
chose, mais il y a des endroits où j'ai senti les comités de
bénéficiaires un peu en otage de l'administration. S'ils veulent
obtenir, par exemple, telle faveur pour le groupe, le samedi soir, ou s'ils
veulent obtenir telle organisation à l'intérieur du centre
d'accueil, il faut qu'à l'occasion, ils soient conciliants avec
l'administration sur un certain nombre d'autres points, et je ne voudrais pas
que les droits d'une personne soient un peu en balance par rapport à
toute la vie interne d'une institution. Si le comité de
bénéficiaires est, à cause d'une certaine raison, en
brouille avec l'administration parce qu'il a trop demandé,
l'administration n'a pas donné assez, etc., toute la vie interne... Dieu
sait que ça vit très interne, d'ailleurs, dans une institution de
soins prolongés. Que le droit d'une personne hospitalisée dans
telle chambre, soit mis en... C'est pour ça que, d'emblée, il me
paraît plus favorable que ce soit l'office qui intervienne dans ces cas
et non pas se fier uniquement sur les pouvoirs d'intervention des
comités de bénéficiaires qui, eux. peuvent vaquer à
toute autre fonction.
M. Cardinal: II nous est apparu que le handicapé pouvait,
par les mécanismes que vous avez identifiés, les usagers, le
conseil d'administration ou le comité des bénéficiaires...
Il y a un autre organisme qu'on n'a pas mentionné dans ça, auquel
le handicapé pourrait porter plainte, ce sont les conseils
régionaux de services de santé et de services sociaux. Cela nous
apparaissait ajouter encore une possibilité de recours et,
peut-être, ayant tellement de possibilités de recours, qu'il va en
perdre en fin de compte. Cela nous apparaissait plus localisé et plus
facile d'accès, le représentant au conseil d'administration, ou
le comité des bénéficiaires, ou le CRSSS de la
région.
M. Charron: Pourquoi ne voulez-vous pas que l'office prenne en
charge les personnes handicapées qui sont dans vos
établissements, lorsqu'il s'agit de les représenter dans leurs
droits? Vous acceptez que l'office les représente auprès des
ministères, des organismes publics, des corporations municipales, des
institutions d'enseignement, des compagnies d'assurance, mais, auprès
des hôpitaux, quand elles sont hospitalisées, vous dites: Non,
l'office n'a pas d'affaire ici. Si cette personne n'est pas contente, qu'elle
s'adresse aux deux usagers qui sont au conseil d'administration, qu'elle
s'adresse au comité de bénéficiaires s'il s'agit d'un
centre hospitalier de soins prolongés ou d'un centre d'accueil, qu'elle
s'adresse au CRSSS et on est habitué de travailler avec eux.
M. Cardinal: Je pourrais relever le commentaire que vous avez
fait tantôt en parlant des superstructures. Nous avons pensé que
les structures internes qui existaient dans nos établissements
étaient plus flexibles, plus accessibles que la superstructure de
l'office lui-même.
M. Charron: C'est pour cela.
M. Cardinal: Notre objectif n'était pas de restreindre les
droits du handicapé mais de souligner dans la loi qu'il avait
déjà des recours plus proches de lui, plus accessibles qui sont
à l'intérieur des établissements, et le CRSSS par-dessus
tout cela.
M. Charron: Ne craignez-vous pas...
M. Cardinal: Ce n'est pas une objection majeure par rapport
à cela, mais on trouvait plus pratique, plus humain puisqu'on
parle beaucoup de la dimension humaine de l'individu de le maintenir
à l'intérieur de son établissement ou de sa région
par les communications de conseils d'administration ou de comités
bénéficiaires ou CRSSS.
M. Charron: Est-ce que, sur le dos d'un directeur
général de centre hospitalier ou de centre d'accueil, une
pression venant de l'office, quant à un patient X dans cet
établissement, n'est pas plus pesante qu'une des nombreuses remarques
qu'a pu avoir un comité de bénéficiaires ou qu'un usager
du conseil d'administration peut avoir?
M. Cardinal: J'aurais l'impression qu'elle n'est pas plus pesante
dans la même proportion que le directeur général a pris une
bonne décision et se sente inconfortable. Il n'aimera pas l'intervention
de l'office, c'est sûr. S'il a pris une mauvaise décision et n'est
pas confortable dans sa décision, une intervention, que ce soit des
membres du conseil d'administration représentant les usagers ou son
comité des bénéficiaires ou le CRSSS, je pense que cela
pourra l'ébranler assez facilement si sa décision n'est pas
solide.
M. Charron: II n'y a plus d'autres questions.
M. Cardinal: C'est une façon de voir les choses.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il d'autres
questions?
M. Bonnier: A moins que le député de Johnson ait
quelque chose.
M. Bellemare (Johnson): J'ai déjà parlé
beaucoup.
M. Bonnier: Je voudrais simplement avoir une précision
relativement à l'article 68, votre deuxième recommandation. Je
pense qu'on a déjà émis des opinions quant à la
première, mais à la deuxième vous dites: "Attribuer une
somme forfaitaire pour une personne handicapée suivant le travail
qu'elle fournira". Qu'est-ce que cela veut dire, dans votre esprit, une somme
forfaitaire? Est-ce que, par exemple parce que l'on tient pour acquis
qu'il est non pas dans un atelier protégé mais chez un employeur,
en période de réadaptation cette somme forfaitaire serait
fournie par l'employeur, et selon quel barème?
Mme Gosselin: Ce n'est certainement pas en vertu de son
rendement. Ce serait peut-être une somme forfaitaire à être
déterminée. Effectivement, il faudrait peut-être noter
on n'en a pas fait de commentaire comme tel qu'on ne retrouve pas
les mots "atelier protégé" mais plutôt le mot "employeur"
à cet article. Par contre, on retrouve quand même un contrat de
réadaptation professionnelle. C'est de là qu'on disait qu'il
était en traitement ou du moins à une période
d'évolution pour être réintégré. La somme
forfaitaire qu'on voulait, c'était pour l'inciter à progresser
pour être apte à réintégrer ensuite le milieu
social, pour qu'il accepte que ce ne soit qu'une phase temporaire. C'est une
évolution qu'il a à faire, pour ensuite être
réadapté et réintégré dans le milieu.
M. Bonnier: Ce qui est confus, c'est l'expression "forfaitaire",
parce que cela peut être interprété différemment,
selon les employeurs, si je comprends bien. Serait-ce l'office qui devrait
déterminer la somme qui devrait être payée en regard, vous
dites non pas du taux de productivité mais je mettrais même du
taux de productivité de telle ou telle personne?
Mme Gosselin: En fait, ce serait probablement l'office qui aurait
à déterminer par règlement les modalités
d'application.
M. Bonnier: Cette même personne pourrait peut-être
rester après sa réadaptation dans cette entreprise.
Mme Gosselin: Oui, mais...
M. Bonnier: Ce serait une façon d'insérer des
handicapés sur le marché du travail.
Mme Gosselin: C'est cela. Dès qu'elle serait
réadaptée, par exemple, dès que le contrat de
réadaptation serait terminé, elle serait salariée, et
là tout change, le problème change, elle est une personne
entière avec tous les mêmes droits, l'exercice de ses droits et
tout cela. Mais, tant qu'elle est en période de réadaptation, qui
est une situation temporaire, on le fait comme incitatif, parce
qu'effectivement, ne serait-ce que du point de vue du salaire, si on lui donne
déjà le salaire minimum, etc. est-ce qu'elle a un
intérêt valable pour développer justement ses
capacités?
M. Bonnier: Mais si elle a le salaire minimum et là
dessus je rejoins le député de Johnson c'est qu'elle est
traitée comme un autre employé dans l'entreprise.
Mme Gosselin: Oui, et après?
M. Bonnier: Le seul inconvénient, c'est que
peut-être l'employeur X hésitera à l'employer si elle ne
fournit pas un rendement égal à celui de l'autre. Ce matin, on
faisait allusion à certaines lois qui existaient dans certains pays, et
l'honorable ministre a dit que cela ne fonctionnait pas si bien que cela dans
d'autres pays, qu'il faudrait trouver une autre formule. Est-ce que vous avez
réfléchi à cela? Est-ce que vous avez pensé, par
exemple, qu'un ministère quelconque devrait subventionner, d'une
façon ou de l'autre, des employeurs qui s'engageraient à
employer, à des taux égaux aux autres travailleurs, dans une
entreprise, un certain nombre de handicapés?
Mme Gosselin: II faut penser qu'une personne qui n'est pas
handicapée, si elle n'offre pas un rendement suffisant, même si
c'est le salaire minimum qu'on lui donne, serait sûrement
congédiée. Il ne faudrait surtout pas rentrer cette notion de
rendement pour la personne handicapée en particulier lorsqu'elle a
à suivre un plan de reclassement professionnel parce qu'on tente
justement, dans cette période, de la réintégrer. C'est
pour cela qu'on a voulu faire une certaine distinction; selon nous,
c'était dans l'intérêt de la personne handicapée
qu'on faisait cette distinction, pour l'inciter à
réintégrer et lui donner en même temps les
possibilités de le faire.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Ma question est très simple,
d'ailleurs, après les remarques qui ont été faites
à la page 8 concernant l'article 14, sur le siège social dans la
Communauté urbaine de Québec, vous avez fait une suggestion qui
semble très heureuse, d'avoir à départager les
responsabilités au point de vue régional. Je ne sais pas si le
ministre serait prêt à nous dire son opinion ou si c'est possible
de savoir s'il y aura à l'avenir une décentralisation par bureaux
régionaux, si c'est possible ou non.
M. Forget: M. le Président, étant donné
l'heure à laquelle nous sommes et le nombre des groupes qui ont
été convoqués, je suggérerais, plutôt que de
s'engager tout de suite dans un débat sur la loi, qu'on termine avec ce
groupe-ci et qu'on entende les autres groupes. Je pense que nous aurons
d'autres occasions de débattre les modalités d'application de la
loi.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, devant les
suggestions qui nous sont faites d'une manière aussi cordiale, aussi
constructive, le ministre se soustrait. Vous avez une preuve évidente de
sa mauvaise foi; il tente de soustraire à une réponse très
facile, il évite de dire: Oui, c'est facile. M. le député
de Johnson a peut-être raison. Nous allons y pourvoir. Là,
c'était un premier jet. Cela aurait été plus facile que de
passer en dessous de la clôture, parce que je ne lâcherai pas. Le
ministre va me dire si, oui ou non, il a l'intention d'avoir des bureaux
régionaux ou non. S'il dit: Non. D'accord, je ne lui en ferai pas grief.
Je cherche à savoir ce que vaut l'article 14 par rapport aux
commentaires et aux recommandations que nous fait l'Association des
hôpitaux de la province de Québec.
M. Forget: M. le Président, il me fera plaisir, le moment
venu, d'éclairer la lanterne du député de Johnson sur la
façon dont j'envisage l'application de la loi. Je dois dire qu'à
certains égards il a peut-être raison, mais, à d'autres
égards, il a probablement tort. Mais, encore une fois, il serait trop
long, à ce moment-ci, d'aborder cette discussion, et je crois
qu'étant donné les convocations qui ont été
envoyées, il serait plus sage de nous informer davantage avant de tirer
des conclusions peut-être hâtives, que le député de
Johnson peut regretter d'ici quelque temps lorsque, ayant été mis
au fait de plusieurs suggestions, il devra peut-être avec embarras
choisir une option différente de celle qui lui semble la plus claire
à l'heure actuelle.
M. Bellemare (Johnson): J'encourage le ministre à ne pas
prendre ma place et à ne pas vouloir faire les déductions qui
s'imposent dans mon cas. Je lui demande simplement, de nous répondre,
à la suite d'un mémoire qui est bien fait, des suggestions, des
commentaires et des recommandations de l'association; on a attiré son
attention et l'attention de la commission parlementaire sur un sujet, pour
savoir s'il y aura des bureaux régionaux pour décentraliser
l'administration de l'office et de l'application de la loi 55. Vous avez vu
cette subtilité arrogante du ministre? Il ne veut pas
répondre.
En Chambre, il n'y a rien de plus détestable au monde que de voir
l'arrogance du ministre quand il se lève, du haut de son trône,
dans toute sa splendeur, et fait tout un paragraphe pour ne rien dire. Ce n'est
pas ça que je veux savoir du ministre. Cela ne regarde pas ma
contradiction ou l'application des suggestions qui ont été
faites. Je demande au ministre, concernant la décentralisation du bill
55, si l'office ayant, à l'article 14, son siège social à
la Communauté urbaine de Québec, il y aura des bureaux
régionaux, oui ou non. Simplement, le ministre peut me dire oui et je
vais me contenter de sa réponse. S'il dit non, ça va être
plus simple que de tortiller et d'essayer de finasser. Ce n'est pas ça
qu'on veut savoir. On veut savoir s'il y en aura oui ou non. S'il dit non, il
n'y en aura pas; s'il dit oui, je vais me contenter de ça.
M. Forget: Je reviens à ma suggestion initiale, M. le
Président.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'ai le droit de
parole; j'ai le droit de continuer à questionner sur toutes sortes
d'autres sujets.
Le Président (M. Brisson): Si vous le permettez, nous
sommes ici pour entendre...
M. Bellemare (Johnson): Je comprends, mais j'ai d'autres
questions sur le mémoire.
M. Forget: A ces audiences, ordinairement...
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Forget: II y a un règlement que l'on suit. On s'en est
écarté jusqu'à maintenant, avec le consentement de tout le
monde, mais je crois qu'il faudrait peut-être mettre fin à des
débats qui n'ont pas leur place à ce moment-ci.
M. Bellemare (Johnson): Vous voyez, là, comment cela se
comporte un ministre!
Le Président (M. Brisson): Nous sommes ici... A
l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas étonnant que, dans le
public, on dise qu'au ministère des Affaires sociales on n'a pas de
réponse qui convienne.
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs!
M. Bellemare (Johnson): II n'y a pas de caméra.
Le Président (M. Brisson): Nous sommes ici pour entendre
les témoins qui ont été convoqués et pour leur
poser des questions afin de nous éclairer et d'éclairer la
commission davantage.
M. Bellemare (Johnson): Vous pensez qu'on est
éclairé par la réponse du ministre?
Le Président (M. Brisson): Article par article...
M. Bellemare (Johnson): Vous voyez comment on nous
répond.
Le Président (M. Brisson): ... le projet de loi sera
discuté, lorsque le temps sera venu. Le ministre, à ce
moment-là, pourra répondre à vos questions concernant
l'étude du bill article par article.
M. Bellemare (Johnson): On méprise les
délégations qui viennent nous voir, mon cher monsieur, par une
arrogance qui est coutumière chez le ministre.
Le Président (M. Brisson): Est-ce que vous auriez d'autres
questions, l'honorable député de Johnson?
M. Bellemare (Rosemont): II n'y a pas de caméra.
M. Bellemare (Johnson): Je n'en ai pas besoin pour faire mon
devoir, le député.
M. Bellemare (Rosemont): II n'y a pas de caméra.
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai pas besoin de ça pour
faire mon devoir.
Le Président (M. Brisson): Est-ce que le
député de Johnson a d'autres questions?
M. Bellemare (Johnson): Je fais comme le ministre, je ne vous
réponds pas.
Le Président (M. Brisson): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques ou d'autres questions? Je vous remercie, Me Gosselin et messieurs les
représentants de votre association.
M. Cardinal: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, nous voulons vous remercier de votre indulgence face
à notre présentation et surtout de l'intérêt que
vous avez semblé porter à nos commentaires.
Le Président (M. Brisson): Vous êtes les bienvenus.
Maintenant, j'appellerais l'Association des centres d'accueil du Québec.
M. Pierre Cloutier, directeur général.
Association des centres d'accueil du
Québec
M. Gaudreault: M. le Président, un léger correctif;
je suis Denis Gaudreault, j'agirai, en tant que président de
l'Association des centres d'accueil, comme porte-parole officiel de
l'association. Les collègues qui m'accompagnent sont effectivement M.
Pierre Cloutier, directeur général de l'Association des centres
d'accueil, et M. Jean-Paul Brouillette, président du Conseil
régional des centres d'accueil de la région 03 et
président du comité d'étude du projet de loi 55.
M. le Président, nous tenons d'abord...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, j'aurais une
question, s'il vous plaît.
Est-ce que ce sont des centres d'accueil pour personnes
âgées ou handicapées ou pour malades chroniques?
M. Gaudreault: J'avais l'intention de préciser quels
étaient les buts de l'association. Nous nous excusons; pour la
première fois dans un mémoire, nous n'avons pas inclus le
curriculum de notre association. Disons tout de suite que, depuis la fusion,
qui date déjà de deux ans, de l'APIE et de l'ACAA,
c'est-à-dire l'Association des centres d'accueil pour adultes et
enfants, nous regroupons environ 325 établissements, ce qui totalise
environ 27 000 lits, en plus d'un nombre croissant, de plusieurs milliers de
bénéficiaires en milieu externe.
Nous tenons à vous remercier de nous avoir invités
à présenter un mémoire et nous avoir invités
à cette commission parlementaire. Nous l'apprécions
fortement.
Je viens de rappeler très brièvement ce qu'est
l'association au niveau de sa clientèle. Je rappelle aussi un de nos
objectifs qui est de défendre les intérêts de nos membres.
Vous avez pu constater, en prenant connaissance de notre mémoire,
que
l'intérêt de nos bénéficiaires comprend aussi
l'intérêt de nos membres. Ce mémoire est construit
principalement dans l'intérêt de nos
bénéficiaires.
En ce qui concerne le contenu du mémoire, vous avez pu constater
qu'il contient une quarantaine de recommandations. A notre avis, le projet de
loi contient très peu de mesures sociales ou des mesures facilitant une
vie la plus normale et la plus intégrée possible.
De plus, le projet de loi semble peu penché en fonction d'une
clientèle enfance; même au niveau des adultes, il semble
élaboré davantage en fonction d'adultes devenus handicapés
à la suite d'accidents ou de maladies. Du moins, le terme "reclassement"
nous laisse entendre que les individus ont déjà été
classés dans le sens de la formation, de l'expérience au
travail.
Enfin, nous avons jugé bon de faire 40 recommandations, parce que
nous considérons que toutes les barrières actuelles qui limitent
les handicapés; nous considérons aussi la philosophie du MAS.
Tout en considérant ces deux facteurs, nous sommes étonnés
de voir que si peu de droits ont été affirmés et
réglementés dans le projet.
Sans minimiser l'importance de nos 40 recommandations, nous nous
bornerons toutefois à insister sur les aspects qui nous semblent majeurs
pour éviter de rentrer dans une lecture détaillée,
considérant que les honorables membres de cette commission ont eu le
temps de se familiariser avec le contenu de notre mémoire.
J'attire l'attention sur la recommandation no 1. Notre recommandation no
1 s'attache au titre même de la loi qui vise à la protection des
personnes handicapées. Dans le contexte d'un droit que nous
reconnaissons aux personnes handicapées, nous aimerions que disparaisse
de tout le texte de loi ce contexte de protection pour plutôt avoir un
contexte de développement de la personne handicapée.
Je donne aussi, à titre d'exemple, à l'article 1e,
lorsqu'on parle d'épilepsie, nous ne croyons pas qu'un
épileptique, uniquement parce qu'il est épi-leptique, devrait
avoir la protection, ou bénéficier des mécanismes de la
loi. Nous pensons, selon les principes que nous défendons, que, si
l'épilepsie est non contrôlée, à ce
moment-là, les mécanismes de la loi devraient s'appliquer.
En ce qui concerne l'article 32, dans les organismes reconnus, par
exemple, nous voulons toujours que...
Je passe à la deuxième recommandation majeure ayant
perdu, en cours de route, l'exemple notre recommandation no 6 qui
additionne des droits aux personnes handicapées. Toute personne
handicapée a droit d'accès aux lieux publics, selon nous, ainsi
qu'aux biens et services qui y sont disponibles. De façon
particulière, les lieux, les biens et les services distribués par
les institutions gouvernementales et paragouverne-mentales, par les
corporations municipales et scolaires, par les institutions d'enseignement et
les établissements doivent être accessibles aux handicapés
physiques.
Cette recommandation no 6, d'ailleurs, on la retrouve sous d'autres
formes, ailleurs dans notre mémoire. Nous insistons pour que les
barrières architecturales, les barrières physiques qui sont
imposées au handicapé disparaissent. Plutôt que des voeux,
nous voulons voir apparaître des incitatifs et même des
obligations.
La recommandation no 9 ensuite, en ce qui concerne la constitution
même de l'office. L'Association des centres d'accueil du Québec se
questionne sur la composition de l'office, sur la durée du mandat du
président et du vice-président d'autre part, mais ce qui est
important pour nous, en fait, sur toute la constitution de l'office, c'est la
représentativité. Pourquoi se limite-t-on aux quatre
représentants des ministères suivants: Travail et Main-d'oeuvre,
Education, Industrie et Commerce, Affaires sociales? Pourquoi ne
retrouvons-nous pas, entre autres, des représentants de l'Association
des parents des handicapés ou de clubs sociaux? Il nous
apparaîtrait plus fonctionnel et représentatif de former un
conseil comparable à celui qui existe dans les établissements de
services sociaux, lequel pourrait s'adjoindre une permanence pour accomplir le
travail.
De cette façon, on éviterait de s'imposer un carcan
administratif fort dangereux et peu efficace. Par ailleurs, ceci, croyons-nous,
favoriserait le dynamisme de l'office du handicapé.
Une autre majeure, la recommandation no 13, où nous
préférerions que le texte de loi parle plutôt des devoirs
que des pouvoirs. Le terme "doit " est employé à quelques
articles mais, à l'article 31 entre autres, on dit: L'office "peut",
etc. Nous insistons pour que le texte parle des devoirs plutôt que des
pouvoirs et que l'on mette plus d'impératifs. Ainsi, on devrait
remplacer aux paragraphes a) et b) de l'article 31, le mot "conseiller" par le
mot "inciter ", qui est, selon nous, plus fort.
Une autre recommandation majeure regroupe plusieurs de nos
recommandations. Ce sont les mesures additionnelles que nous suggérons,
qui touchent entre autres aux garderies, à qui on devrait accorder des
subventions spéciales par le projet de loi pour leur permettre de rendre
leurs services accessibles aux enfants handicapés. Il y a aussi
l'exploitation des handicapés et l'obligation que l'office devrait avoir
de dénoncer publiquement tout abus ou exploitation des personnes
handicapées. Il y a aussi la création de foyers de groupe en
nombre suffisant pour les handicapés et l'adaptation d'un enseignement
adéquat pour toute l'enfance handicapée.
Enfin, en ce qui concerne le train de mesures additionnelles, nous
insistons fortement sur l'aspect de l'information. Les centres d'accueil ont
adhéré aux principes de la normalisation, principes que l'on
discute souvent, qui sont reconnus de toute façon internationalement,
principes qui veulent que l'on reconnaisse aux handicapés les
mêmes droits, c'est-à-dire la même habitation, le même
travail, les mêmes loisirs, les mêmes services, les mêmes
salaires que tout individu normal.
Nous insistons sur le fait que normalisation ne veut pas dire
suppression ou disparition subite comme par enchantement des handicaps des
individus; normalisation veut dire les mêmes droits. Ceci suppose une
adaptation de la société. Cette
adaptation de la société, à notre avis, sera
permise en systématisant l'information, si l'on veut combattre en
définitive toutes les résistances qui sont rencontrées. Je
suis prêt à vous donner des exemples de foyers de groupe pour
handicapés qu'on a voulu installer dans des quartiers
résidentiels mais que les règlements municipaux et les
interventions d'un groupe de personnes l'ont empêché. Je pourrais
aussi citer l'exemple de prisonniers qu'on prétendait réhabiliter
qui ont voulu s'installer dans un secteur et qui ont été
rejetés purement et simplement de ce secteur. Tout le monde se gargarise
des droits des handicapés, c'est facile, mais il y a peu de personnes,
lorsqu'elles sont impliquées, qui sont prêtes à
reconnaître ces droits, peut-être parce que, tout simplement, c'est
un manque d'information qui crée et qui provoque la crainte. La crainte
dégage des résistances.
Quantitativement, nos recommandations n'impliquent pas
nécessairement que le projet n'a pas de mérite; au contraire, le
projet vient après avoir été attendu, comme l'ont
souligné plusieurs, depuis longtemps, mais nous pensons qu'il est quand
même insuffisant, tout comme le sont nos 40 recommandations. C'est
pourquoi nous terminons en demandant la création d'une commission
d'enquête sur la réadaptation des personnes handicapées,
afin que l'on puisse se doter enfin d'une politique sociale vraiment
fonctionnelle.
D'autant plus que l'impact d'une telle commission sur le public serait
beaucoup plus fort si l'on considère tous les préjugés,
toutes les barrières qui font que les droits des personnes
handicapées demeurent plus souvent des voeux pieux qui donnent bonne
conscience à notre société. Sur ce, nous sommes
disposés à répondre à vos questions. Nous vous
remercions.
Le Président (M. Brisson): Le ministre a-t-il des
questions?
M. Forget: Oui, M. le Président, je vous remercie. Merci
à M. Gaudreault et à ses collaborateurs pour leur mémoire.
Il me semble que dans votre analyse et vos recommandations, vous hésitez
un peu entre deux conceptions assez différentes de l'objectif de cette
loi. Vous semblez chercher dans une loi qui serait très globalisante,
très générale, la solution à toutes sortes de
problèmes qui sont, par exemple, des problèmes qui peuvent
trouver une solution et qui, sûrement, à un certain degré,
trouvent déjà certaines solutions, à l'intérieur
des établissements, et en particulier, des centres d'accueil. Cette
façon de voir les choses, c'est-à-dire, pour être bien
compris, d'avoir une nouvelle loi qui, en particulier,
décréterait des obligations nouvelles aux centres d'accueil
cela s'appliquerait, j'imagine, aux centres d'accueil, quant à un
certain nombre de propositions semble impliquer que les lois actuelles
sont insuffisantes pour assurer le travail de réadaptation dans les
centres d'accueil.
J'aimerais d'abord que vous expliquiez en quoi les lois actuelles sont
insuffisantes, parce que ce n'est pas du tout clair, à la lecture de
votre mémoire. Vous mentionnez, par exemple, l'éducation
spécialisée pour les enfants handicapés. Il y a, comme
vous savez, dans les lois de l'éducation, des obligations qui sont
faites depuis plusieurs années et qui, d'ailleurs, ont donné lieu
à l'établissement de classes spéciales, aux commissions
scolaires de s'occuper de l'éducation spéciale aux enfants
handicapés. Il y aura, après quatre ans d'élaboration
très bientôt, à moins que ce ne soit déjà
publié dans la Gazette officielle, le Code du bâtiment du
Québec, qui a été adopté à la recommandation
conjointe du ministre du Travail et du ministre des Affaires sociales, et qui
comporte l'abolition dans les édifices à être construits,
des barrières architecturales. Il y a donc déjà, à
la fois dans le secteur des affaires sociales, dans le secteur de
l'éducation, dans le secteur de l'accès aux édifices, des
dispositions législatives qui, à première vue, il
semblerait, permettent d'atteindre un bon nombre des objectifs. Vous semblez
plaider pour une loi qui ajoute encore dans les écoles, dans les centres
d'accueil et ailleurs, des obligations nouvelles. Est-ce le résultat
d'un jugement que vous portez sur l'incapacité actuelle de ces
différents organismes, à cause de la loi, de remplir leurs
fonctions?
M. Gaudreault: Si vous permettez, le directeur de l'association
pourra répondre à cette question.
M. Cloutier (Pierre): Je pense que notre mémoire veut
refléter effectivement deux aspects. Une de nos préoccupations,
c'est une politique sociale cohérente dans tous les
éléments qui sont actifs dans le secteur de la
réadaptation des handicapés. C'est un premier aspect. Bien
entendu, les centres d'accueil sont parties de ces éléments. On a
probablement une bonne partie de nos membres qui sont impliqués par une
quantité de notions décrites dans la loi. Toutefois, un des
aspects qu'on retrouve en pratique, c'est la coordination dans l'ensemble de
tout ce qu'il se passe, d'où ne se dégage pas, jusqu'à
maintenant, une politique de réadaptation globale pour la
société du Québec. C'est au fond l'esprit de ce qu'on veut
faire ressortir. A cela, on peut citer certains exemples. On a fait des
recherches au niveau des ateliers protégés au Québec. Je
pense qu'entre autres, votre ministère, M. le ministre, a
participé à essayer de démêler cette situation. On a
tenté aussi la même chose.
Je vous avoue que, de notre côté, les résultats
jusqu'où on a pu aller pour déterminer des lignes de
pensée et des orientations globales quant à la
réadaptation au travail je pense que c'est ressorti aussi dans
les questions de ce matin il n'y a pas de philosophie globale qu'on peut
retrouver sur laquelle asseoir un texte de loi. Même chose pour les
classes spéciales que vous citiez tantôt. C'est vrai qu'on a
créé des classes spéciales au niveau du secteur de
l'éducation. En tout cas, à notre connaissance, il n'est pas
acquis, et la mission MAS-MEQ qui existe dans notre secteur d'activité
plus précisément, ne dégage pas si facile-
ment... En tout cas, c'est très laborieux, ce processus
intellectuel qui est en train de se faire là-dedans pour donner des
lignes de pensée très cohérentes encore là. Il y a
un tas de discussions qui sont loin d'être terminées, qui font que
la philosophie globale de l'intégration scolaire n'est pas, à
notre avis, réglée tout à fait. De la même
façon, le Code du bâtiment... Pour oeuvrer dans le secteur des
handicapés comme individus depuis au moins cinq ou six ans, ça
fait au moins cinq ou six ans que les établissements concernés,
entre autres les centres d'accueil, font des pressions pour obtenir ce fameux
Code du bâtiment, et je suis fort heureux de savoir que c'est sur le
point de se réaliser. Mais, encore là, jusqu'à ce jour,
tout cela ne s'imbriquait pas dans un "jointage" qui devrait, à notre
avis, se traduire dans la loi. Au fond, c'est la réflexion qu'on veut
faire faire à la présente commission. C'est qu'on dit finalement:
C'est quoi, la politique globale de la réadaptation des personnes
handicapées? Après ça, en précisant pour
déficients mentaux, handicapés physiques, handicapés
visuels, etc., c'est quoi, la politique sociale du Québec face à
ça? C'est ce qu'on ne ressent pas dans le texte de loi. Je ne sais pas
si je réponds de votre question.
M. Forget: Plus ou moins. Vous savez, il y a plusieurs
théories, c'est vrai, dans le domaine de la réadaptation. Je
crois qu'on ne peut pas, par un texte de loi, supprimer les divergences
d'opinion. C'est légitime. Dans n'importe quelle société,
on veut la liberté d'opinion. Je ne vois pas en quoi un texte de loi va
solutionner les problèmes précis, soit à l'école,
soit dans les centres d'accueil, des problèmes qui ne pourraient pas
être résolus à cause de textes de loi incomplets, de
pouvoirs imprécis. Il me semble qu'il y a tout ce qu'il faut au point de
vue des instruments de travail pour régler les problèmes de ce
côté. Bien sûr, il peut s'agir de budgets, etc, mais ce
n'est pas la loi qui va régler cela, elle va coordonner seulement un
ensemble d'instruments.
Encore une fois, vous n'avez pas répondu à ma question sur
le plan de savoir pourquoi vous voulez d'autres instruments légaux,
alors qu'il semble que la législation actuelle, dans le domaine des
affaires sociales, au moins, pour parler de ce dont je connais le plus, donne
par exemple à un centre d'accueil ou un centre hospitalier tous les
pouvoirs dont il peut avoir besoin pour accomplir son rôle. Quel pouvoir
additionnel cherchez-vous, dans une loi, que vous n'avez pas
déjà, ou que vos membres n'ont pas déjà, qui vous
est essentiel pour assurer un rôle de réadaptation?
M. Gaudreault: M. le ministre, je pense que, dans le fond, c'est
peut-être le noeud du problème. Nous avons suggéré
une quarantaine de recommandations. Vous nous demandez quel pouvoir
additionnel, quelle loi additionnelle il faudrait adopter. Nous avons
peut-être un peu de difficulté à répondre. C'est
pour cette raison d'ailleurs que nous recommandons la création d'une
commission d'enquête.
Nous sentons, au fond, que, pour que soient reconnues les lois des
handicapés, nous avons besoin de la reconnaissance par le public en
général de ces lois et des applications concrètes.
Je vais prendre un exemple qui risque d'être péjoratif,
mais, à toutes fins pratiques, on prend les exemples qui font notre
affaire. Vous aviez besoin, pour combattre le crime, de la collaboration du
public. J'imagine que c'était un objectif qui a sans doute atteint ses
résultats. Le gouvernement a créé une commission
d'enquête pour alerter l'opinion publique. J'ai l'impression que cela a
fini par porter des fruits, même si, à très court terme,
cela n'a pas été aussi évident qu'on aurait aimé
que ce le soit.
Nous pensons qu'il était important de créer une commission
d'enquête, pour que la société québécoise se
voie dans la situation du crime organisé; nous avions aussi les
structures, nous avions les codes, nous avions le Code criminel, nous avions la
police, nous avons quand même créé une commission. Nous
pensons que, s'il y a des mécanismes et qu'en définitive, les
droits des handicapés ne sont quand même pas respectés,
peut-être qu'il serait tout aussi important pour les personnes
handicapées qu'on crée une commission d'enquête qui fera le
bilan de la situation, qui fera la synthèse de toutes les lois
existantes, qui examinera pourquoi, quand une loi existe, cela ne peut pas
fonctionner, on rencontre encore des résistances, qui permettra beaucoup
mieux que la simple dictée d'un projet de loi, qui permettra sans doute
beaucoup mieux d'alerter l'opinion populaire.
Nous pensons que c'est majeur de pouvoir faire au moins un bilan par le
biais d'une commission d'enquête, pour que la société
québécoise puisse regarder le sort qu'elle fait au
handicapé de façon parfois, peut-être, à choquer
l'opinion publique, mais pour finir par obtenir des résultats qu'on a
peut-être obtenus avec des moyens similaires dans d'autres pays.
M. Forget: Autrement dit, c'est simplement pour vous un
mécanisme d'information.
M. Cloutier (Pierre): II y a deux aspects, il y a celui du bilan
de la situation actuelle et il y a aussi...
M. Forget: Mais il y a des bilans qui ont été faits
dans le passé, si vous me permettez de le souligner. Il y a eu des
travaux de commissions d'enquête sur les services de santé et les
services sociaux, il y a plusieurs bilans qui ont circulé, je crois,
assez largement, un document du ministère d'il y a deux ans, qui a
été l'objet d'une consultation assez large; il y a eu des bilans
particuliers à certaines régions. Il y a eu des travaux qui ont
été faits sur le plan régional. Tout ce qu'on apprend par
ces bilans, c'est que la situation est une situation pour l'individu de
difficultés d'accès à une multiplicité de services
dont il pourrait bénéficier parce qu'ils existent
déjà, mais auxquels il peut difficilement s'adresser parce qu'il
en ignore
l'existence très souvent ou, même s'il en connaît
l'existence, qu'il faut être bien portant et n'avoir aucun handicap pour
se prévaloir des services destinés en principe à des
handicapés, étant donné que les services ne viennent pas
à l'individu, l'individu doit se déplacer vers la montagne. La
montagne ne se déplace pas vers l'individu.
Exposer cela encore pendant quelques années, c'est prendre
l'option de ne pas régler les problèmes, de ne pas apprendre
à les régler et faire la démonstration concrète
qu'on peut les régler, et de continuer à en parler. Ne
trouvez-vous pas que cela fait longtemps qu'on en parle effectivement, de
toutes ces questions, de l'orientation des ateliers protégés, par
exemple? A ma connaissance, cela fait depuis 1971 que cette question est
débattue. Je ne crois pas qu'on apprenne beaucoup de nouveau ni rien qui
suscite beaucoup la curiosité populaire, parce qu'il n'y aura pas de
scandale, il n'y aura pas d'exposé de situation douteuse, il va
peut-être y avoir une certaine image de confusion, de manque
d'orientation. Justement, plus on va retarder à en donner, plus cela va
durer.
L'autre aspect de votre texte, c'est qu'ayant porté ce jugement
sur ce qui m'apparaissait des carences dans les lois sociales actuelles, vous
tendez à une solution qui est de rendre les services au handicapé
dans le même contexte d'un peu de paternalisme de prestation de services
à des gens qui ont des besoins et non pas dans un contexte de
participation du handicapé, de la personne qui a des problèmes
vis-à-vis de la société. La participation la plus
significative, c'est évidemment celle qui lui permet d'assumer un
rôle comme tout le monde dans la société,
c'est-à-dire d'avoir un emploi. C'est comme cela que tout le monde se
valorise dans la société. Il faut, par excellence, que ce genre
de solution lui soit offert en priorité, me semble-t-il.
Vous tendez plutôt à regarder cela comme une distribution
de services, comme du traitement. N'est-ce pas une façon qui, en soi,
est un peu discutable, de vouloir traiter, alors qu'il ne s'agit pas tellement
de vouloir traiter, il s'agit au contraire de normaliser? On ne traite pas la
plupart des gens, c'est plutôt l'exception.
M. Cloutier (Pierre): C'est aussi le deuxième aspect de
votre première question, à savoir quels sont les instruments que
les centres d'accueil veulent de plus pour faire leur travail. Directement par
rapport au projet de loi no 55, les centres d'accueil vont continuer à
faire leur travail comme ils le faisaient auparavant. De façon directe,
les centres d'accueil sont relativement peu touchés en tant que
structures de service à l'intérieur de ce projet. On le comprend
en tant qu'organisme. Nous sommes un regroupement de centres d'accueil,
l'Association des centres d'accueil, toutefois, l'aspect que nous
défendons, c'est l'aspect des bénéficiaires. L'autre
aspect qu'il faut faire ressortir, c'est qu'entre autres la réadaptation
au travail dont vous faites état commence généralement
à la sortie du centre d'accueil. L'aspect thérapeutique, l'aspect
du traitement, c'est notre job. On va essayer de le faire. Mais, l'aspect de
l'intégration au travail, c'est quand le bonhomme est un peu prêt
à s'embarquer dans la vie. Là, il quitte notre
responsabilité, il n'est plus sous notre aile trop protectrice. C'est
l'esprit qu'on veut dégager, la partie de la réintégration
au travail, qui n'est pas une des parties les plus importantes de nos
réflexions, mais on s'attarde surtout à l'aspect du traitement
qui est le rôle social qu'on nous a donné en tant
qu'organisme.
M. Forget: II est évident de faire cette distinction qui
m'apparaît absolument de première importance, justement de traiter
dans des lois distinctes de ces deux aspects qui doivent demeurer distincts
à mon avis, la partie de réadaptation médicale ou
psychosociale qui permet à l'individu de fonctionner, mais qui ne
l'habilite pas pour autant à jouer un rôle dans la
société.
Il y a deux processus, à mon avis, très différents.
A vouloir les confondre dans un ensemble trop globalisant, on risque de les
confondre dans la réalité et de ne pas faire les changements qui
doivent être faits si les ateliers protégés, en
particulier, doivent cesser d'être des endroits où on envoie
souvent les gens pour y demeurer ou avec très peu d'ouverture vers le
milieu normal de travail, mais plutôt comme des centres d'accueil sous un
autre nom.
Si on veut changer cette réalité, il faut faire une
démarcation, à mon avis, très nette non seulement dans les
programmes appliqués dans l'un et l'autre organisme, mais aussi dans la
législation qui leur permet d'agir au niveau des structures. C'est
important. Pourquoi vouloir un parallélisme trop grand entre les
structures qui existent dans les organismes dont la tâche est de donner
des services à des gens qui ont des besoins de service de santé
ou de services sociaux avec des structures qui ont un rôle tout autre
d'intégration sociale, de réadaptation dans le milieu du travail,
donc avec une perspective de travail de rendement, de participation à
des activités économiques, plutôt que de recevoir des
services de façon relativement passive.
M. Cloutier (Pierre): Le rajout que j'aimerais faire, si vous me
le permettez, il demeure que la réintégration au travail est une
partie. C'est la phase finale de la réadaptation. Le rapport Bat-shaw,
qui vient d'être rendu public au printemps dernier sur la
mésadaptation sociale des enfants en centre d'accueil
particulièrement, faisait bien état que la
réintégration sociale dans le milieu était la phase
terminale de la vraie réadaptation, c'est-à-dire celle qui est
globale. Vous comprenez bien que le centre d'accueil qui agit en
réadaptation se soucie que, comme résultat final, le client soit
intégré sur le marché du travail. Sinon vous pouvez
préparer potentiellement tout individu à reprendre son travail.
Mais s'il ne peut jamais aller travailler pour un employeur en pratique, en
termes de rentabilité de services on aura manqué notre coup. Dans
cet aspect, c'est un des soucis
quand même des centres d'accueil que le résultat soit
positif.
M. Gaudreault: Et si j'enchaîne, M. le ministre, sur le
terme paternaliste que vous avez utilisé, nous comprenons que vous
pouvez être porté à le penser dans le contexte où
nous parlons de réadaptation et de mécanisme précis de
traitement. Je suis d'autant plus heureux d'avoir insisté sur nos
croyances aux objectifs de la normalisation et je vous rappelle que c'est
d'être beaucoup plus paternaliste que d'émettre une loi sur la
protection des personnes handicapées que de dire qu'on voudrait voir
plutôt le développement de la personne handicapée. Tout en
admettant vos arguments qui vous laissent penser que nous avons une vision
paternaliste de ce que devrait être le traitement aux handicapés,
je vous rappelle aussi que tout notre mémoire est basé
plutôt sur le développement de la personne que sur sa
protection.
M. Forget: Question de terminologie mise à part, je ne
voudrais pas que vous preniez offense d'un terme qui, je pense, est
peut-être une caricature. Il reste que l'expérience que j'ai
elle est limitée, il est vrai dans le domaine des affaires
sociales, c'est que les structures de type de service social ou de services
sociaux n'ont pas affiché un résultat ou un succès
particulièrement grand dans des efforts de réinsertion sociale
dans le milieu du travail. Je pense qu'on a beaucoup à apprendre de ce
côté. On a peut-être réussi des intégrations
sociales à d'autres égards, dans un milieu scolaire. De
façon progressive, il y a une orientation très claire de ce
côté-là. Il y a plus de 80 000 enfants au Québec,
dans les classes spéciales. Donc, il a dû y avoir un impact
certain, du côté même des enfants qui sont dans les centres
d'accueil, une scolarisation qui se fait par les voies normales de façon
de plus en plus importante. Donc, il y a des succès de ce
côté. Il y a des succès sur le plan de la
réadaptation fonctionnelle, physique, etc., mais de succès dans
le domaine de la réinsertion dans le milieu de travail, étant
donné la nature même des organismes, peut-être, leur
orientation, je n'ai pas d'exemple à l'esprit d'un très grand
succès, de façon générale. Il y a bien sûr
peut-être deux ou trois exceptions dans tout le Québec, mais cela
ne dépasse pas cela.
Le problème n'est pas tellement de savoir si on va appeler cela
du développement ou de la réadaptation, c'est de savoir si
effectivement en se collant à des façons d'organiser les services
propres au milieu des services sociaux, des services de santé, on a des
chances de succès. C'est pour cela que je me méfie un peu d'une
approche qui, en voulant avoir l'air de tout régler et en faisant une
espèce d'harmonie des structures qui peut sembler satisfaisante à
première vue, manque essentiellement l'objectif qui est différent
de l'objectif ordinairement poursuivi dans le domaine des affaires
sociales.
C'est la raison d'ailleurs pour laquelle c'est peut-être
l'occasion de le mentionner le projet de loi, de façon
très voulue, n'identifie pas le ministre responsable de cette loi au
ministre des Af- faires sociales. Il y a là une distinction qui est
voulue, encore une fois, parce qu'il pourrait très bien se faire qu'un
autre ministère, qu'un autre ministre soit mieux placé pour
assurer le succès d'un tel programme.
Donc, dans notre esprit, il ne s'agit pas du tout d'un prolongement des
activités des services sociaux ou des services de santé, il
s'agit d'une dimension nouvelle à ajouter, et ce n'est pas du tout de
défaire l'harmonie de nos structures, pour autant que des structures
puissent être harmonieusesje ne pense pas que ça le soit en
soi mais pour répondre un peu à votre préoccupation
de ne pas défaire l'espèce d'intégration de tout cela dans
un seul plan directeur. Il y a là une dimension nouvelle à
laquelle on n'a pas été assez sensible, et il ne faudrait pas
jeter le bébé avec l'eau du bain en voulant trop
homogénéiser les structures. Il s'agit là d'une fonction
nouvelle: assurer une place dans la société au handicapé.
C'est une chose qu'on n'a pas faite au Québec, point. On n'a pas
même commencé à le faire. On a eu des
velléités de le faire dans certains domaines, on a eu quelques
succès mineurs dans des cas très particuliers. Mais si on se
compare à ce qu'on a pu constater, ce que j'ai pu constater
moi-même, par exemple, en Belgique, il y a là probablement le
programme qui a le plus grand succès, l'approche est complètement
différente. Je suis persuadé moi-même que si on poursuit
l'approche actuelle, on n'aura jamais de succès.
C'est une question de mentalité, de façon de penser, dans
le fond. Les gens ont différents intérêts, ils ont
différentes motivations et il est clair que, dans notre réseau,
on n'a pas assumé cette responsabilité comme on le devait,
d'où l'importance d'un projet de loi. Mais si on veut trop
l'homogénéiser avec le reste des autres lois sociales existantes,
on va se retrouver, après un grand détour, exactement au point de
départ, c'est-à-dire une approche de service plutôt qu'une
approche d'intégration et de participation à la vie active.
Si on veut, encore une fois, valoriser le handicapé dans notre
société, il y a une façon par excellence de le valoriser,
c'est de faire la démonstration concrète, par un organisme
léger, un organisme simple, qui ne cherche pas à faire la
duplication des services existants, à faire la démonstration
qu'une fois, par ce moyen-là, on peut enregistrer des succès
réels, concrets qui permettent d'ailleurs de payer au handicapé
le même salaire qu'aux autres salariés. Parce que le
handicapé va être un citoyen également productif, il l'est
également pourvu qu'on lui en donne la chance. C'est la raison pour
laquelle on trouve dans la loi des dispositions qui rendent applicables toutes
les lois du travail, ce que nous ne faisons pas dans le moment,
précisément dans le réseau des affaires sociales.
J'ai été frappé de remarquer que,
conformément à cette façon de penser, l'Association des
hôpitaux nous recommandait de maintenir une exception pour les stagiaires
ou les bénéficiaires d'ateliers protégés. C'est une
position qui est tout à fait logique, dans l'optique où on leur
donne des services. Mais ce n'est pas du tout logique dans
l'optique où on essaie justement de valoriser leur potentiel
comme êtres humains, comme citoyens à part entière qui se
manifeste, encore une fois, par l'occupation d'une "job" comme tout le monde.
C'est comme ça qu'on manifesterait tangiblement qu'on est des citoyens
comme les autres. Les personnes handicapées sont capables de le faire,
on ne leur en donne pas la chance actuellement.
Je ne voudrais pas prendre une tangente, puisque j'ai
évité de le faire sur des questions de structure tout à
l'heure, mais je pense que les questions de structure sont bien secondaires,
les questions d'orientation majeure. Avant tout ceci, il faut une vocation
nouvelle, il faut un organisme nouveau pour une vocation nouvelle. Pas pour,
encore une fois, faire une variation sur un thème déjà
connu.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions? Le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, j'ai suivi avec attention
l'échange qui vient d'avoir lieu entre les représentants de
l'Association des centres d'accueil et le ministre. Bon nombre des points
à sou-veler, évidemment en particulier avec ces invités,
viennent d'être mis sur la table.
Avant d'aller à une question de détail, puisque le sujet
est chaud, j'aimerais me référer à la page 25 de votre
mémoire où... le débat qui vient d'avoir lieu entre les
deux conceptions, celle d'utiliser à plein, en espérant qu'elles
fassent mieux qu'elles n'ont jamais fait, les institutions du réseau
actuel, et une nouvelle institution que le ministre a décrite comme
légère, peut-être avec un peu d'exagération. Nous
verrons sa portée réelle lorsque nous tracerons son portrait
final. Nous discutons ici. J'aimerais me référer à cette
recommandation 36, de l'évaluation faite par les
établissements.
C'est là tout le litige. Si nous en sommes venus à
demander et à insister, comme bon nombre de personnes handicapées
et d'associations de personnes handicapées l'on fait, pour qu'on en
arrive à une véritable charte qui les concerne comme telles,
c'est que ces personnes n'avaient pas l'impression de recevoir pleins droits,
pleine aide et pleins services favorisant leur développement, à
l'intérieur des institutions actuelles.
L'article 57 nous dit que ce sera désormais l'office qui
préparera un plan de reclassement professionnel pouvant comprendre,
notamment, un programme de réadaptation fonctionnelle, une orientation
scolaire, un programme d'enseignement scolaire ou professionnel, un programme
de formation ou de rééducation, allant jusqu'à un
placement sélectif.
En proposition adverse, vous nous invitez à modifier le projet de
loi pour que ce soit encore je dis encore, parce que je pense que c'est
la pratique habituelle, actuelle l'établissement qui fasse
l'évaluation, l'orientation. On réserve à l'office un
certain rôle de conseiller aux fins d'assurer une meilleure
orientation.
Vous répétez que c'est l'établissement qui doit
prendre charge de l'évaluation et de l'orientation.
L'office n'aurait, à ce moment-là, comme fonction, que
celle d'être un pourvoyeur de fonds.
Nous avions parlé du comité Batshaw lorsque nous nous
sommes rencontrés sur le projet de loi éventuel qui touche la
protection de la jeunesse. Vous vous rappelez je vous l'avais
signalé à cette occasion que le comité Batshaw n'y
est pas allé de main morte quant à l'évaluation
générale des centres d'accueil dans leur rendement, quant
à l'aspect éducatif de ces programmes de réadaptation pour
jeunes déficients mentaux, par exemple, qui sont dans des centres
d'accueil.
Je ne les ai pas apportés avec moi, parce que je ne croyais pas
avoir à m'en servir aujourd'hui, mais je me rappelle que les indications
du rapport Batshaw sont je ne pense pas exagérer en le disant
négatives quant à l'évaluation qu'il a faite de
l'attention qu'on accordait, dans les centres d'accueil actuels, à ces
tâches.
Effectivement, la connaissance très réduite que je puis
avoir d'un certain nombre de centres d'accueil que j'ai visités ou dont
j'ai entendu parler ne m'incite pas à donner aux institutions actuelles
un chèque en blanc de confiance quant à leur préoccupation
pour développer chez elles les programmes de réadaptation
fonctionnelle, médicale, ou d'orientation scolaire ou professionnelle,
etc., des jeunes, en particulier, qui sont dans les centres d'accueil.
Cela m'a paru, à plusieurs endroits, aller c'est,
d'ailleurs, le constat que Batshaw fait un peu cahin-caha, selon les
relations que les établissements réussissent à
établir avec leurs employés, ce qui, en soi, est
déjà toute une épreuve et, deuxièmement, avec les
bénéficiaires du centre d'accueil lui-même.
Quant à moi, je ne suis pas étonné de voir que la
loi porte, dans son article 57, la rédaction actuelle.
Si on veut faire quelque chose, si on veut intervenir efficacement
et je le dis parce que je suis d'accord sur votre remarque quant au
titre de la loi dans le sens du développement de la personne
handicapée je pense, puisque celles qui existent n'ont pas
produit énormément depuis le début, à remettre
à une structure additionnelle qui s'attacherait uniquement à la
personne handicapée la création de ces programmes et le devoir de
s'occuper de l'orientation devant conduire jusqu'au placement sélectif,
donc jusqu'à la réinsertion sociale, qui est, comme vous l'avez
dit tantôt, M. Cloutier, la terminaison de ce qui s'appelle la
réadaptation.
Ma question est la suivante: Après avoir fait le constat de
l'opposition à votre proposition, et du texte de loi, à partir de
quelle opinion pouvez-vous nous demander aujourd'hui d'exclure l'office, que,
par ailleurs, vous ne contestez pas, puisque vous reconnaissez l'existence d'un
office? Pourquoi cet office aurait-il tous les pouvoirs, sauf
précisément celui de travailler à la réadaptation
à l'intérieur des établissements, que vous voulez
conserver, un peu comme les hôpitaux tout à l'heure, fermés
à l'office?
M. Gaudreault: Un premier aspect de la ques-
tion, par rapport à votre énoncé. Sur la commission
Batshaw, je tiens à préciser que les centres d'accueil
reconnaissent qu'ils ont eu certaines difficultés à organiser
vraiment de façon toujours efficace le traitement de la
réadaptation de la clientèle visée par la commission
Batshaw. On déplore seulement une chose. C'est que la commission Batshaw
a identifié les problèmes du centre d'accueil et a oublié
de tenir compte de l'environnement.
Peut-être que si le centre d'accueil, demain matin, réglait
tous ses problèmes et atteignait tous ses objectifs de façon
impeccable, j'aurais quelques exemples à donner. Un an après,
deux ans après, si on avait un paquet de moyens en branle,
peut-être que si on avait analysé un peu les causes aussi de
l'environnement pour lesquelles l'intégration se fait difficilement et
qu'on n'atteint pas certains objectifs, cela aurait été tout
aussi intéressant pour nous autres, les centres d'accueil.
D'autre part, je vous souligne que la clientèle qui est
touchée par la loi 55 n'a pas été touchée, à
mon avis, par la commission Batshaw, parce que celle-ci a touché surtout
à la clientèle mésadaptée, socio-affective. La
déficience mentale n'a pas été touchée je
crois qu'elle n'a pas été touchée ni la
clientèle des handicapés physiques ou mentaux en
général. C'est le premier aspect.
Justement, en ce qui concerne notre proposition de voir que
l'établissement ait la compétence pour faire l'évaluation
de la clientèle, on ne peut pas faire autrement, en tant qu'association
de centres d'accueil, de prétendre qu'on a la compétence pour
faire l'évaluation. On ne veut pas par là nécessairement
diminuer les pouvoirs de l'office, quoique qu'on n'ait pas essayé de
remplacer le ministère des Affaires sociales dans la rédaction de
notre mémoire. On s'est dit que le ministère des Affaires
sociales était très bien doté en effectif pour
prévoir ses propres mécanismes.
En ce qui concerne les centres pour handicapés, les centres pour
déficients, les écueils les plus importants rencontrés
à l'heure actuelle ne sont pas ceux qui sont impliqués dans le
processus d'évaluation de la clientèle. C'est beaucoup plus clair
dans ce cas que dans les cas des centres d'accueil pour
mésadaptés. Ce sont plutôt les facilités qu'on a de
procéder à une réinsertion sociale de la
clientèle.
J'ai cité des exemples tout à l'heure. On parle
d'intégration scolaire. On dit que l'intégration scolaire est
faite. Je prétends qu'elle n'est pas faite. L'intégration
scolaire, certains centres d'accueil ont envoyé presque toute leur
clientèle, y compris des déficients mentaux qui pouvaient avoir
un quotient intellectuel aussi faible que 25% ou 30% par rapport à une
normale de 100%, ont envoyé tous ces enfants dans l'école. Je
suis en mesure de vous démontrer qu'on n'a pas réussi à
intégrer cette clientèle dans l'école.
On a pris une responsabilité que l'institution avait. La
commission scolaire a pris cette respon-sabilit, mais on n'a pas
nécessairement intégré cette clientèle au milieu de
vie normale. Allez voir comment cela fonctionne dans une école? Vous
allez encore retrouver des écoles où il n'y a que des chaises
roulantes; vous allez encore retrouver des écoles où il n'y a que
des déficients. Je ne crois pas qu'on ait réussi et qu'on puisse
dire qu'on a fait un pas considérable en intégrant au niveau de
l'école les clientèles que nous avions en leur permettant au
moins de la fréquenter et d'être à la charge d'un organisme
qui s'appelle le ministère de l'Education.
On a fait un pas en avant et on a réussi quand même
à intégrer un grand nombre de cas. On ne peut pas
prétendre qu'on a réussi à faire de l'intégration
scolaire. Pour nous, c'est un obstacle. De la même façon, le
marché du travail, puisque c'est principalement cela qu'on doit
considérer; quant au marché du travail, peu importe les
habilités qu'on va développer, peu importe jusqu'à quel
point on va développer le degré d'autonomie de l'individu
handicapé, nous nous heurtons continuellement à toutes sortes de
barrières qu'on a énoncées dans le mémoire.
Evidemment, on a idéalisé en voulant qu'il y ait une
espèce de supercoordination de toutes ces structures, pour qu'enfin,
cela fonctionne. Nous reconnaissons peut-être implicitement aussi que
cela dépend peut-être d'un manque d'information flagrant et d'un
manque de communication flagrant avec la population qui développe des
résistances, parce qu'on n'a pas su lui démontrer qu'un
déficient mental, qu'un handicapé physique, cela ne mange
personne. Ces gens ont des problèmes, par ailleurs, avec lesquels il
faut que la population compose. Alors, en ce qui concerne l'évaluation,
je pense que c'est à l'établissement de faire l'évaluation
et l'orientation et que cette orientation est bloquée, à l'heure
actuelle, par des mécanismes qui sont externes, par notre
environnement.
M. Cloutier: Quant à l'aspect de la
réintégration, ce n'est que relativement récemment que le
centre d'accueil a eu précisément dans son mandat, venant des
autorités compétentes, la responsabilité de la
réintégration de façon prescrite. C'était
sous-jacent, bien entendu. A partir de maintenant, on vous avoue qu'on risque
et on dit qu'on peut être évalué sur la dimension
réintégration sociale, parce que maintenant, c'est dans notre
mandat précis, et d'ailleurs, c'est ce que Batshaw rajoute et c'est ce
qu'on dit aussi là-dedans. C'est dans notre mandat précis de
travailler à la réintégration sociale. Toutefois, le
ministre tantôt faisait état de ne pas chambarder toute la
structure existante, mais il fallait ajouter autre chose. La minute où
l'office, en termes d'évaluation et en termes de prescription à
un centre d'accueil devra appliquer tel ou tel programme, il faudra, d'une
part, qu'il connaissance l'ensemble des programmes qui existent dans nos
centres d'accueil, d'autre part, envoyer le bon client au bon endroit pour
assurer les plus grandes possibilités, puis demander à ce centre
d'accueil d'imposer tel plan de réadaptation. Là, il faut
connaître l'équipement qu'il faut pour l'appliquer, je ne parle
pas d'équipement matériel, je parle de ressources humaines. Je
vous dis que là, on a des risques énormes de mélanger des
structures et de ne pas rajouter, mais de mêler en-
core les cartes. Au fond, dans les centres d'accueil
précisément concernés dans l'aspect évaluation, ces
centres d'accueil le font depuis fort longtemps. Je pense que là-dessus,
on peut aller voir quel résultat peut apporter, par exemple, le
comité d'admission dans un centre d'accueil de réadaptation, quel
est l'état du dossier. J'en ai vu quelque mille pour ce qui est de mon
expérience personnelle. Je ne vous dis pas qu'ils sont tous très
parfaits, je vous dis qu'il y a des choses impressionnantes en termes de
compétence sur l'évaluation des programmes et des besoins de
réadaptation, et particulièrement, comme expérience
personnelle, dans les domaines des handicapés physiques, j'ai vu des
choses qui sont à voir. Je ne suis pas sûr qu'avec une structure
parallèle jusqu'à un certain point quand on touche le secteur
d'activité, on ne risque pas de mélanger des structures.
M. Forget: Je pense que le débat risque d'être un
peu porté à faux, il me semble, quand on... Je crois que tout
cela, c'est alentour de deux ou trois mots dans l'article 57. Je ne vois pas
que le problème soit aussi majeur qu'on semble le faire par le
débat qu'on a actuellement. Personnellement, je ne mets pas du tout en
doute la capacité, avec le temps, les ressources et les mandats plus
précis à cet égard de centres d'accueil de
réadaptation, d'assumer une responsabilité avec succès
dans certains aspects de la réadaptation. Le problème qui se pose
n'est vraiment pas celui-là. Pour citer l'exemple facile de la
région administrative de Québec, nous avons demandé, je
crois que c'est en 1974, à un comité interministériel
c'étaient les travaux préparatoires à cette loi
d'établir pour une seule région administrative du
Québec l'ensemble des ressources existantes auxquelles pourrait vouloir
ou devoir s'adresser une personne qui a un handicap quelconque.
Cela a pris pas moins de huit mois, si ma mémoire est bonne,
à ce comité interministériel seulement pour faire
l'inventaire des possibilités. Il y a des programmes de perfectionnement
au ministère fédéral de la Main-d'Oeuvre, il y a des
programmes ici, il y a des programmes là, dans à peu près
tous les ministères, qu'il s'agisse du ministère de l'Education,
de celui des Affaires sociales, certains programmes pour favoriser l'emploi
à tel et tel ministère, à différents niveaux, etc.
Il y avait une liste très impressionnante des ressources.
Le problème ne se pose donc pas de savoir si les ressources sont
là ou pas. Très souvent, elles y sont. Le problème est de
savoir comment les coordonner. Or, faire appel aux structures en place ne
règle absolument rien. On sait ce qu'elles sont dans le moment et elles
ne sont pas particulièrement coordonnées. Bien sûr, elles
appartiennent à un réseau d'établissements qui doivent, en
principe, se parler et s'échanger des services. Il reste que, dans un
cas concret, une personne qui est hémiplégique, à
Québec, dans le moment, et qui se demande si elle ne pourrait pas
occuper un emploi et qui doit faire les démarches auprès des
centres de Main-d'Oeuvre du Canada, du ministère du Travail, du
ministère de l'Education, formation des adultes, etc., qui doit courir
les formules d'inscription, les dates de cours, voir si l'évaluation
qu'on peut faire de sa capacité physique va être faite à
temps pour lui permettre de choisir une option professionnelle, bien s'assurer
que l'option professionnelle est en fonction justement de l'évaluation
qui a été faite de ses capacités de réadaptation,
s'assurer s'il y a un employeur qui est disposé à la prendre
à l'essai, etc., tout ça, qui va le faire dans le moment? Je n'ai
jamais eu de réponse à cette question, et c'est la raison pour
laquelle on suggère de créer un office pas pour donner des cours,
pas pour remplacer le ministère de l'Education, pas pour remplacer les
bureaux de placement, pas pour remplacer les employeurs, mais, pour s'assurer
que, dans le cas d'un individu qui est mal pris et qui a besoin d'aide pour
mettre ensemble tous ces éléments, on lui donne une aide
effective, qu'on dresse avec lui un programme qui va comporter
différents éléments, le premier étant une
évaluation professionnelle, le deuxième étant de
l'information sur les cours et les emplois disponibles, le troisième
étant une aide pour s'y inscrire, trouver les façons de se
déplacer pour aller à ces cours, si c'est là le
problème, faire les démarches auprès d'un employeur pour
le sensibiliser au potentiel qui peut exister, utiliser cette information pour
le choix des options au niveau de l'éducation des adultes, etc. Il n'y a
absolument aucun organisme, à l'heure actuelle, qui fait ce travail, et,
à moins d'en créer un, je ne vois pas comment on va effectivement
donner une réponse à ça. Je pense que ce n'est pas
critiquer ni l'efficacité des programmes de formation professionnelle,
ni l'efficacité ou la qualité des évaluations
professionnelles qui sont faites. Il reste que tous les ingrédients pour
faire le gâteau sont sur la table, mais il n'y a personne pour battre les
oeufs avec le lait pour en faire un gâteau. C'est aussi bête que
ça, et, à moins qu'on mette sur pied un organisme pour le faire
et un organisme qui est orienté vers le but final à atteindre
plutôt que vers le genre de ressources qui doivent être
utilisées pour le faire, autrement dit, qui est plus axé sur la
société et le rôle du handicapédans la
société plutôt que le monde des services sociaux et le
monde des services de santé, je pense qu'on pourra peut-être
trouver la formule; mais ce ne sera peut-être pas la formule susceptible
de nous assurer l'objectif final qui est l'intégration dans le milieu du
travail, si on parle de ça, et je pense que c'est un volet très
important. C'est le moyen de rendre autonome économiquement un individu,
de le valoriser aux yeux de ses pairs, aux yeux de sa famille, de son
entourage. On n'a pas d'organisme pour le faire. Je suis convaincu, encore une
fois, pour me répéter, je m'excuse, M. le Président, si je
me répète, que nous n'avons pas, à l'intérieur du
réseau des affaires sociales, le potentiel actuellement pour le faire
avec les organismes existants. Ce n'est pas les condamner individuellement ou
collectivement. Ce n'est pas déprécier la qualité des
services qu'ils peuvent rendre, mais ce sont des éléments d'un
tout, et le tout, il n'y a pas de
maître-d'oeuvre du tout. C'est relativement facile de le faire, si
on a un organisme, justement, dont c'est la seule fonction.
Je pense je veux insister là-dessus qu'il ne s'agit
pas de critiquer ou de mettre en doute la qualité des
évaluations, mais une personne qui a eu un accident, par exemple, qui a
eu une maladie qui la laisse handicapée va probablement pouvoir obtenir
une réadaptation fonctionnelle qui va lui permettre de fonctionner, de
retrouver chez elle, de faire une vie à peu près normale.
Sauf que, si elle a perdu l'usage d'un membre, on va lui apprendre
à se débrouiller. On ne lui apprendra pas le nouveau
métier, dans un centre d'accueil, qui lui est nécessaire,
étant donné qu'elle a peut-être perdu celui qu'elle avait.
Si c'était un chauffeur de camion et qu'il a perdu l'usage d'un bras, il
va falloir qu'il apprenne un nouveau métier, il va falloir trouver un
employeur qui est prêt à prendre quelqu'un qui n'a que l'usage
d'un bras. Encore une fois, qui va faire cela? Les services de main-d'oeuvre?
Je pense qu'ils ont d'autres priorités, qu'ils ont d'autres personnes
à placer qui ne posent pas ces problèmes et qu'effectivement, si
l'on regarde les statistiques de placement par les bureaux de main-d'oeuvre, ce
n'est pas là qu'on va placer les hémiplégiques, ce n'est
pas là qu'on va placer des gens qui ont de véritables
problèmes.
L'expérience démontre, tant aux Etats-Unis qu'en Europe,
là où il y a eu, à cause des guerres ou autrement, des
raisons de placer des invalides de guerre, par exemple, que 90% des gens
on n'a pas placé tout le monde qu'on a placés fonctionnent
comme vous et moi dans la société. C'est un fardeau social de
moins, mais c'est peut-être plus important pour l'individu, c'est une vie
normale de retrouvée. Ce n'est que cela et c'est tout cela. C'est
extrêmement important, je pense, de le voir dans le contexte
précis, non pas dans une remise en question de tout un réseau,
mais dans le contexte précis d'une tâche à accomplir que
personne ne fait à l'heure actuelle.
M. Boudreault: M. le Président, j'aimerais préciser
tout de suite, pour éviter les malentendus, en ce qui concerne nos
intentions, que, si nous demandons qu'une commission d'enquête soit
créée, ce n'est pas pour éviter qu'un office soit
créé. Evidemment, si le gouvernement était pour refuser
une commission d'enquête, nous pensons quand même qu'il est
impératif, urgent, à toutes fins pratiques, de créer cet
office. J'espère que, là-dessus, il n'y a pas de fausse
interprétation en ce qui concerne notre mémoire.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Saint-Jacques a-t-il d'autres questions?
M. Charron: Non. Merci aux invités.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Johnson a-t-il des questions?
M. Bellemare (Johnson): Oui, M. le Président. Ce matin,
vous avez assisté à un débat au sujet des articles 46 et
48 quant aux critères de base que fixe la loi quand il s'agit d'une
incapacité physique et d'une incapacité mentale, 30% et 20%. Dans
votre mémoire, vous dites, à la page 22: "Nous recommandons que
les pourcentages soient abrogés et souhaitons voir un comité
professionnel pour déterminer le degré de déficience en
respectant les particularités de chaque personne handicapée".
Si je relis aussi le débat sur l'article 48 où il est
question d'un professionnel de la santé, le mémoire des
hôpitaux, cet après-midi disait qu'il voulait reconnaître
partout, quand il s'agit d'un professionnel, un médecin. Je pense que
là, il peut y avoir, de votre part, certaines objections. Je voudrais
connaître votre opinion sur ces deux questions. D'abord, qu'est-ce que
vous pensez des 30% de déficience physique et des 20% de
déficience mentale et votre proposition, qui se dit pour la formation
d'un comité professionnel, pour déterminer le degré de
déficience physique et mentale?
M. Gaudreault: Disons qu'il est peut-être facile, comme
vous avez dû le remarquer depuis ce matin et cela se passera probablement
dans les prochains jours, à la prochaine commission, d'être contre
les pourcentages pour les raisons qu'on connaît, parce que chacun ayant
essayé d'amener une opinion sur les pourcentages, on ne s'en sort pas.
Probablement que les professionnels auraient de la difficulté à
s'en sortir eux-mêmes. Disons que c'est pour éviter de poser une
barrière rigide qui ferait qu'à 29% environ, on n'y a plus droit,
mais on admet la difficulté. Par ailleurs, on n'est pas contre la
création de critères qui permettraient tout à coup
d'encadrer, avec une meilleure précision que celle qu'on retrouve dans
le texte actuel, l'application d'une loi qui suppose des
déboursés assez importants. Si les professionnels et les experts,
dont il est question dans notre intervention, peuvent en arriver à
établir des critères communs non seulement de sous-groupes de
handicapés, mais à plusieurs sous-groupes de handicapés,
nous serions, à ce moment-là, plus enclins à appuyer la
détermination de certains cadres de référence. C'est la
première partie de votre question, je pense.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que l'expérience que vous
vivez présentement, prouve, de toute évidence, que 30%, c'est
raisonnable ou 20%, mentalement, c'est raisonnable?
M. Gaudreault: Je pense que justement la difficulté de
faire une barrière... Je donnais l'exemple...
M. Bellemare (Johnson): ... si je termine. M. Gaudreault:
Oui, monsieur.
M. Bellemare (Johnson): Ou si votre expérience
d'aujourd'hui prouve que le comité d'experts pourrait peut-être
juger, au point de vue de l'état individuel de chaque personne, son
rendement fonctionnel. Est-ce que ce ne serait pas
mieux que ce soit établi d'une manière fonctionnelle au
point de vue des handicapés physiques, des handicapés mentaux que
de fixer des barèmes comme ceux-là: 30% et 20% arbitrairement?
Actuellement, ce que vous vivez.
M. Gaudreault: Je pense qu'il serait plus pratique de fixer les
critères qui s'appliqueraient à une personne en fonction de son
potentiel. Je pense que nous répétons ce qui a été
dit ce matin. Par exemple, un individu en chaise roulante, s'il est avocat,
peut peut-être avoir 100% de sa capacité, dépendamment des
circonstances, mais travailler pour Dominion Bridge dans les structures, il a
zéro de capacité. Vous voyez quand même la
complexité du problème. L'idéal serait que l'équipe
de professionnels soit appelée à faire du cas-par-cas en fonction
non seulement du handicap lui-même, mais du potentiel de l'individu.
Parce que l'individu a un potentiel XY et c'est à partir de cela
seulement qu'on peut dire qu'il a un pourcentage de handicap. Quoiqu'on admette
que cela pourrait créer une structure très lourde que de faire du
cas-par-cas, mais ce serait probablement, dans le sens de
l'intérêt de la personne handicapée, l'idéal de
faire du cas-par-cas. C'est pratique. C'est possible de le faire.
M. Bellemare (Johnson): Ma question s'adresse à vous
personnellement. Est-ce que, dans les cas que vous avez dans les centres
d'accueil, ce sont des gens qui ont plus que 30% ou beaucoup de gens qui sont
en bas de 30%?
M. Gaudreault: Si on prend les handicapés mentaux, ceux
que je connais plus particulièrement, mes collègues pourront
parler des handicapés fonctionnels, dans les centres d'accueil, les
handicapés mentaux qui ont moins de 20% de handicap, il n'en existe pas.
C'est un individu qui est capable d'opérer comme tout le monde. Je peux
vous dire qu'on se rend maintenant à la pensée des centres
d'accueil, c'est qu'un handicapé mental, qui a même jusqu'à
30% de quotient, c'est-à-dire par rapport au normal qui est 100, soit 70
de handicap, en deça de cette norme, il peut être
intégré dépendememnt de son potentiel. C'est dans ce sens
qu'il faudrait répondre cas par cas. On vit régulièrement
l'expérience de personnes handicapés que l'on intègre dans
la société, parce qu'on finit quand même par en
intégrer, ce n'est pas en fonction d'un pourcentage. Je pense que
ça on peut le démontrer.
Un handicapé physique peut avoir 40% d'incapacité au sens
d'un médecin et être capable d'accomplir une tâche avec 70%
de rendement, et l'inverse dans certains cas. Je ne sais pas si ça
répond à votre question.
M. Cloutier (Pierre): Quant aux handicapés physiques, pour
parler de ceux-là précisément, les évaluations qui
sont faites dans les quelques centres d'accueil concernés ne sont pas
orientées en fonction d'un pourcentage de handicap. Ils sont
évalués, ces individus, d'abord cas par cas et en fonction des
chances de réinsertion sociale. Par exemple, on est appelé
souvent, en tant que centre d'accueil, comme expert, à aller devant une
cour de justice pour décréter si un handicapé, pour les
redevances d'assurance, doit recevoir entre $10 000 et $150 000. En tant que
centre d'accueil, on a beaucoup de difficultés à évaluer,
parce que ce n'est pas le sens de notre préoccupation, le résidu
physique par exemple. Ce qu'on essaie plutôt d'évaluer, ce sont
les chances de réintégration sociale. A partir de ça,
notre bonhomme, qui était camionneur, s'il devient
hypothéqué physiquement plus qu'un gars qui travaillait
intellectuellement, devient un bonhomme plus difficile à
réintégrer, donc plus hypothéqué et là, on
pourrait parler de pourcentage.
Mais ce n'est pas du tout l'approche qui est donnée au
problème, en terme de pourcentage, que de dire: Telle personne,
globalement, est hypothéquée de telle façon ou à
tel pourcentage. Je ne peux pas répondre à votre question, parce
que ce n'est pas l'approche qui est donnée chez nous.
M. Bellemare (Johnson): Si la loi entrait en vigueur telle
qu'elle est conçue, 30% de capacité physique et 20% de
capacité mentale, ça vous causerait des préjudices
vis-à-vis des handicapés. Vous ne pourriez peut-être pas
donner les services que vous donnez présentement, parce que ce ne serait
pas du cas par cas, ça ne serait pas fonctionnel, ça ne serait
pas un cas individuel. Il peut même y avoir des cas à 35% qui sont
des grands handicapés.
M. Cloutier (Pierre): Si j'ai bien compris l'esprit de la loi, le
rôle des centres d'accueil vis-à-vis de ce 30% est un
barème auquel l'office peut avoir recours. Le centre d'accueil
continuera peut-être en ce moment à avoir des cas qui ont 10% de
handicap, selon les notions qui peuvent être dégagées,
selon les notions auxquelles nous ne sommes pas encore adaptés, et il
sera peut-être traité chez nous quand même. Ce n'est pas un
préjudice à son service à recevoir dans un centre
d'accueil que cette norme existe là. Cela lui donne des droits de
recours ou pas, ou des droits de redevance d'argent pour certains aspects, si
j'ai bien compris. Je ne vois pas comment, au centre d'accueil, par rapport
à la prescription de 30% et de 20%, dans la mesure où l'esprit de
la loi est celui que je comprends, cela affecterait nos programmes de
réadaptation. J'ai de la difficulté à établir le
parallèle.
M. Bellemare (Johnson): Ma deuxième question portait sur
les professionnels de la santé. Votre recommandation, à la page
23, est que l'expression soit changée pour "tout autre expert librement
choisi par le demandeur".
M. Gaudreault: Je prends un exemple. A l'article 49 on dit: "tout
autre expert qu'il désigne en tenant compte des exigences de l'examen".
Quand c'est un médecin, le demandeur peut choisir. Quand c'est un
expert, le demandeur ne peut plus choisir. Nous pensons que, dans les deux cas,
il pourrait choisir. Nous reconnaissons aussi
qu'il y a des experts autres que des médecins et nous sommes
formels là-dessus. Nous sommes absolument en dissidence avec nos
collègues de l'AHPQ, quoiqu'ils n'aient pas été formels,
qui on dit que ça devrait être des médecins seulement. Cela
peut être plus clair de définir le statut d'un médecin en
tant qu'expert. Je ne pense pas que l'AHPQ ait voulu dire ça. Mais nous
sommes clairs, pour être conséquents avec ce qu'on vient de dire,
que ça dépend d'un grand nombre de facteurs. Le handicap, le
pourcentage, cela peut dépendre de la société qui
environne, cela peut dépendre du comportement de l'individu. On ne peut
pas faire autrement que de dire que les experts qui vont avoir à juger
d'un cas doivent être des professionnels ou des gens de diverses
formations. Cela peut être un psychologue, un spécialiste, un
orthopédagogue, ça peut être différentes choses,
mais surtout pas seulement des médecins.
M. Cloutier (Pierre): D'ailleurs, sur cet aspect, il serait fort
probablement souhaitable qu'à un moment donné on s'attarde
à cette notion d'experts pour essayer d'établir des
paramètres. Qui est expert et qui ne l'est pas, c'est une notion
très difficile à définir. Ce qu'on sait, c'est que cela ne
se limite pas, dans des équipes de travail il faut parler
là d'équipes de travail aux médecins seulement.
C'est la préoccupation que l'association vous soumet.
M. Bellemare (Johnson): Quand on dit des professionnels de la
santé, est-ce qu'on comprend les experts également?
M. Gaudreault: Si vous le permettez, sur cette question,
après avoir discuté, il est si complexe ce problème que
j'aurais envie de retourner la question à M. le ministre. Le
professionnel a toutes sortes d'opinions, juridiques ou autres, sur ce qu'est
un professionnel de la santé. Je vous avoue que nous avons eu beaucoup
de difficulté à déterminer ce qu'est un professionnel de
la santé.
M. Forget: II n'y a pas de définition juridique des mots
"professionnel de la santé". Il y a les professions de la santé;
donc, il y a des professionnels de la santé. Il y a évidemment un
peu de doute dans l'esprit des gens à savoir jusqu'où peut-on
aller pour désigner tel ou tel professionnel comme "professionnel de la
santé".
Mais ce sont des cas marginaux dans l'ensemble. Il y a environ 18
groupes professionnels qui correspondent à cette notion de
"professionnels de la santé" dans un sens large. Il faudrait
peut-être le préciser, mais, à ce sujet-là, il est
difficile d'aller dans une loi comme celle-là pour indiquer des champs
de compétence professionnelle. Je pense qu'il y a un problème de
concordance avec les lois professionnelles. On ne peut certainement pas
interdire à quelqu'un d'agir comme expert dans un domaine où les
lois professionnelles lui donnent le droit d'agir comme expert, dans un
procès devant une cour de justice, par exemple.
Il peut se faire, quoique c'est une partie de la loi qu'on va
sûrement réexaminer, qu'on doive employer des expressions
génériques. Si on veut être plus précis, on risque
de contredire d'autres lois qui qualifient de professionnels toute une
série de gens qui ont le droit d'agir comme tels, à moins qu'on
n'ait des raisons très sérieuses de croire qu'ils ne sont pas
qualifiés. S'ils ne sont pas qualifiés pour cela, ils ne sont
probablement pas qualifiés pour autre chose. Donc, c'est toute la
législation professionnelle qu'on peut remettre en doute.
Ce qui est clair, en pratique, c'est que nos discussions avec des
organismes de ce genre, d'autres pays, font ressortir qu'effectivement ce ne
sont pas seulement les médecins, mais qu'il y a toutes sortes d'experts
en réadaptation. Il y a les prothésistes, par exemple. On peut
avoir à l'esprit un type d'emploi, un type d'occupation pour une
personne qui souffre d'un handicap physique et pour laquelle une
prothèse, spécialement adaptée au genre d'emploi qui est
envisagé, est nécessaire. A ce moment-là, il faut
consulter, pour possibilité d'adaptation, un prothésiste qui va
être celui qui va répondre à la question de la
possibilité d'adaptation sur le marché du travail. Un
audiologiste pourra être nécessaire pour le problème
d'ouïe.
Il est très difficile d'avoir une liste exhaustive. Je pense
qu'on sait intuitivement ce que c'est un expert. Il faut croire, d'un autre
côté, que, si l'office a une vocation bien
déterminée, qui est d'aider les personnes handicapées,
s'il est doté d'un personnel compétent, il saura trouver les
experts. On ne peut pas administrer pour lui, par anticipation, dans chacun des
cas qui lui seront soumis. Ce sont des décisions qui devront être
prises à ce niveau-là, je pense, à moins qu'on n'ait
raison de croire qu'il est d'ordre public d'énoncer des interdictions.
Moi, je n'en vois, a priori.
Le Président (M. Brisson): D'autres questions? Je vous
remercie, messieurs.
M. Gaudreault: Nous vous remercions de votre attention, MM. les
membres de la commission.
Le Président (M. Brisson): Bienvenue. Je prierais M.
Normand Caron, directeur général de la Ligue des droits de
l'homme, de présenter son mémoire.
La Ligue des droits de l'homme
M. Caron (Normand): M. le Président, je m'excuse de ne pas
être accompagné. Il faudrait excuser mes confrères de la
Ligue des droits de l'homme.
Notre conseil d'administration étant composé
essentiellement de bénévoles, il était très
difficile de passer la journée ici avec nous et de se retrouver à
17 heures, comme cela, pour présenter notre mémoire. Il y en a
qui ont dû partir et je me retrouve Seul pour présenter les
quelques réflexions que nous a inspirées le projet de loi sur la
protection des personnes handicapées.
Je suis directeur général de la ligue. Mon nom est Normand
Caron. Je ne sais pas si la ligue a besoin d'une présentation. Je sais
que le ministre doit bien connaître la ligue pour y avoir
été un membre très actif. Depuis le temps où il est
parti, cela a évolué.
M. Charron: Y a-t-il un rapport entre les deux?
M. Caron (Normand): Elle débutait. En fait, la ligue
était très jeune, à l'époque où M. Forget y
était.
M. Bellemare (Johnson): Très bonne recommandation.
Le Président (M. Brisson): Vous pouvez continuer, M.
Caron.
M. Caron (Normand): Permettez-moi un commentaire très
général qui est un peu ce que je ressens. Il y a, parmi nous,
beaucoup de handicapés qui ont pris la peine de se déplacer de
Montréal pour venir témoigner, dire ce qu'ils pensaient du projet
de loi. Je trouve qu'il y a une espèce de discrimination dans le fait de
ne pas les avoir entendus ou de ne pas les avoir laissé parler tout de
suite. On a entendu les professionnels du secteur hospitalier ou des centres
d'accueil, qui, probablement, à 17 heures, ont terminé leur
journée de travail.
On est encore ici. On vous remercie de nous écouter, mais on sent
qu'il y a quelque chose qui cloche dans cette affaire. Enfin! L'avant-propos de
notre mémoire, peut-être parce que c'est la première fois
depuis novembre 1975 qu'on a l'occasion de venir en commission parlementaire,
concerne la méthode. J'espère que ce n'est pas une façon
générale de procéder, mais on s'est retrouvé en
plein coeur de l'été avec ce projet de loi 55. Le projet de loi a
été déposé le 28 juin. Comme dans ce secteur il y a
beaucoup d'associations bénévoles, vous comprendrez que c'est
très difficile, surtout avec l'été qu'on a connu,
d'apporter une attention systématique et de faire une étude
serrée de ce projet de loi. On l'a fait très tard, parce qu'on a
découvert très tard l'importance de ce projet de loi.
Il a fallu faire des tours de force et même convoquer des sessions
d'étude pendant la longue fin de semaine du travail pour tenter,
collectivement, de voir ce qu'il y avait dans ce projet de loi. Je trouve que
c'est un handicap pour le processus démocratique que de devoir
procéder dans ce contexte. Nécessairement, nos remarques peuvent
apparaître superficielles pour ceux qui, quotidiennement, se font la main
à l'étude des projets de loi et voient article par article les
différentes considérations qui y sont contenues.
Il y a aussi le fait que la consultation préalable apparaît
boiteuse dans ce cas-ci, parce que tous les groupes qui ont été
consultés là-dessus ont manifesté le sentiment que le
projet de loi est tombé avant qu'un processus de consultation
très large n'ait été mené parmi la population. On
reviendra là-dessus tout à l'heure.
On essaie d'être vigilant sur ce processus démocratique
fondamental. Dans ce cas-ci, on trouve qu'on a manqué un peu.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais intervenir à
ce point-ci, parce que je crois que ce qu'on vient d'entendre mérite
d'être relevé immédiatement. Il y a plusieurs affirmations
qui ont été faites qui méritent d'être
soulevées, à la fois dans le rapport et dans la
présentation du président de la ligue.
Je dois dire que je trouve inadmissible le ton employé par M.
Caron, c'est ça! pour aborder la discussion du projet de loi.
Je crois que, s'il est si vigilant quant aux institutions
démocratiques, il doit également tenir compte que son rôle
ici n'est pas de venir faire la leçon à qui que ce soit, surtout
lorsque la première page de son mémoire contient une erreur
manifeste. Il prétend, sans avoir vérifié suffisamment, je
pense, que le projet de loi a été déposé sans
aucune consultation préalable. Ceci est absolument faux, puisqu'il y a
eu de nombreuses consultations, peut-être pas avec le groupe qu'il
représente je peux comprendre certains sentiments de frustration
mais avec certains groupes de handicapés. On sait qu'il y en a
plusieurs au Québec. J'en ai rencontré personnellement et mes
collaborateurs en ont rencontré également. Même s'il n'y en
avait pas eu, je pense que l'autre remarque qu'il a faite au sujet des travaux
d'été fait partie un peu du folklore qu'on entretient ici au
Québec quand il s'agit de travailler entre les mois de mai et d'octobre.
Je n'ai jamais vu d'analogie nulle part ailleurs, ou de principe voulant que la
vie doive s'arrêter pendant quatre mois durant l'été.
Je pense que c'est peut-être, dans certains pays du sud, une
pratique qui peut exister, mais je sais que, quant à moi, j'ai
travaillé tout l'été. Je pense que c'est vrai pour la
plupart des membres de l'Assemblée nationale et la plupart des
Québécois qui travaillent plus que huit mois par année.
Donc, je ne peux pas vraiment voir le bien-fondé d'une argumentation qui
est basée sur le fait que trois mois sont insuffisants à des
groupes qui se disent bien au fait des réalités sur lesquelles
porte un projet de loi pour énoncer un avis considéré, un
avis qui ne doit pas être basé sur des recherches
académiques, mais sur une expérience vécue, sur des
connaissances personnelles, puisque évidemment, on ne demande pas
davantage à des groupes comme ceux-là.
Pour terminer, la remarque indiquant que vous êtes
accompagné de personnes handicapées et qu'on a exercé de
la discrimination à votre égard, si vous aviez mentionné
ce fait, on aurait peut-être pu en tenir compte; mais malheureusement,
dans la préparation de l'ordre du jour, je n'ai été
aucunement mis au courant que vous seriez accompagné. Je pensaisqu'on
avait affaire, non pas à des personnes handicapées, mais à
des experts des droits de l'homme, et à ce titre, je ne vois pas
pourquoi vous auriez eu la préséance sur d'autres experts qu'on a
entendus un peu plus tôt dans la journée. Croyez bien que je
regrette le retard
qu'on a mis à vous entendre, mais ce n'est certainement pas de la
discrimination.
Je crois qu'il est nécessaire d'apporter ces précisions,
parce que, tenons compte d'une chose, les commissions parlementaires au
Québec sont une institution relativement récente, quant à
ce qui est de leurs travaux sur des projets de loi avant la deuxième
lecture. Il n'y en a pas eu tellement. Trouvez d'autres pays, d'autres
juridictions où des travaux se font avec une aussi large participation,
où que ce soit ailleurs, en Amérique du Nord, pour ne pas parler
d'ailleurs, où vous auriez peut-être encore moins de chance d'en
trouver. Je crois qu'à cet égard on ne peut certainement pas nous
dire que nous faisons la sourde oreille à des recommandations. Certains
projets de loi ont été à l'étude devant
différentes commissions parlementaires pendant deux ans. Donc, je crois
qu'il n'y a pas de précipitation de ce côté-ci. Le projet
de loi dont nous amorçons l'étude en commission parlementaire,
aujourd'hui, il est sur le métier depuis le début de 1974. Durant
1974, au début même de 1974, il y a eu déjà des
rencontres avec certains groupes, non pas sur un texte final, bien sûr,
on n'en était pas là, mais sur certains principes, certaines
orientations.
Je pense qu'il vaudrait mieux s'en tenir au contenu même de la
loi, plutôt que de déboucher sur des considérations
essentiellement politiques qui font peut-être l'affaire de certaines
personnes, mais qui me semblent déborder largement le rôle de
cette commission.
M. Caron (Normand): Sur le ton, je vous concède, M. le
ministre, que depuis 10 heures ce matin que je suis ici, et j'essaie de me
retenir, je pense qu'on peut peut-être s'entendre. Tout ce que je
faisais, j'exprimais un point de vue peut-être non pas d'un expert des
droits de l'homme, mais de personne qui, tous les jours, doit lutter pour
l'avancement des droits de l'homme avec les moyens qu'on a...
M. Bellemare (Johnson): A part de votre ton, il y a le texte qui
était écrit avant que vous soyez à la barre, où il
est dit qu'une telle façon d'agir fait naître chez plusieurs la
frustration et l'amertume, face à un gouvernement qui, en plus de sa
force numérique, cherche à tirer un mesquin avantage des
règles du jeu démocratique qu'il édicte. C'était
écrit avant que vous vous choquiez. C'était passablement
pensé avant d'arriver à la barre, monsieur.
M. Caron (Normand): C'est-à-dire que le ton de ce qui a
été écrit reflète...
M. Bellemare (Johnson): Bien oui, mais...
M. Caron (Normand):... le consensus qui s'est fait à la
ligue sur l'étude de ce projet de loi.
M. Bellemare (Johnson): Alors, vous vous étiez
choqué à la ligue avant de venir ici.
M. Caron (Normand): Oui. Maintenant, en arrivant ici, je me suis
doublement choqué.
Je ne voudrais pas que le ton ou la méthode interfère dans
le contenu. Je crois que le projet de loi est extrêmement important.
C'est un projet de loi qui touche... Excusez.
M. Bellemare (Johnson): C'est cette phrase qui a dû bien
emporter le ministre quand il a lu ça.
M. Forget: J'ai dit ce que j'avais à dire. Remarquez que
je suis tout oreille quant aux commentaires que vous voudrez formuler et
j'espère en tirer le plus grand profit.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez été un bon
paternel.
Le Président (M. Brisson): Alors, M. Caron, je vous invite
à continuer, étant donné qu'il est déjà 5 h
15.
M. Caron (Normand): Je voudrais faire mon exposé en deux
parties, la première étant le contexte dans lequel ce projet de
loi a été étudié, en ce qui nous concerne, avec,
comme hypothèse ou comme question fondamentale de savoir si c'est un
projet de loi qui fait avancer les droits, qui marque un temps ou qui les fait
reculer. La deuxième partie, c'est en fonction de la réponse
obtenue, quelles sont les principales critiques que nous avons formulées
là-dessus.
Le contexte à l'intérieur duquel ce projet de loi, pour
nous, s'inscrit et pour lequel on avait beaucoup d'attente, c'est que, depuis
plusieurs années au Québec, il y a vraiment eu un
déblocage, et je crois que le ministère est lui-même
responsable de ce déblocage.
M. Bellemare (Johnson): C'est bien, ça. Chapeau!
M. Caron (Normand): En fait, le ministère, oui, et
d'autres personnes aussi.
Jusqu'à maintenant, on a toujours, sur un plan social ou sur le
plan des préjugés sociaux, confiné les personnes
déficientes, ce qui nous apparaît, nous, un terme beaucoup plus
adapté à la réalité que "personnes
handicapées", dans un état de marginalité qu'on explique
en partie parce que, dans une société comme la nôtre,
l'accent est mis sur la production. C'est évident que quelqu'un qui
arrive sur le marché du travail avec une déficience a de la
difficulté à se tailler une place sur le marché du
travail, et, de ce fait, devient un fardeau économique.
Dans le temps de nos sociétés rurales, dans le fond, la
personne handicapée restait au foyer, restait à la ferme et
exécutait des travaux, disons, secondaires, mais tout aussi utiles.
Quand on a affaire à une société industrielle et que la
personne a à se tailler une place là-dedans, elle est rapidement
déclassée. C'est une réalité qui fait qu'on est
passé, en l'espace de 50 ans ou 60 ans, d'une situation de
marginalité avec, comme réaction, que les gens qui vivaient ces
situations ont dit: II faut se regrouper. Il faut défendre nos droits,
parce qu'il n'y a personne d'autre qui va les défendre.
Effectivement, depuis environ dix ans au Québec, il y a des
regroupements qui se sont formés de handicapés eux-mêmes.
Je pense que c'est la réalité no 1 qu'il faut avoir devant les
yeux. Il y a des associations composées de handicapés qui ont
commencé à revendiquer des droits, jusqu'au point où,
à l'occasion de l'étude de la loi 50 où peut-être
plusieurs d'entre vous étaient, sur la Charte des droits et
libertés de la personne, il y a eu un consensus qui s'est fait pour
demander que soient protégées par cette charte les personnes
handicapées, ce qui a été refusé, en 1975.
Au même moment ou quelques mois avant, le ministère
produisait un document, que j'ai ici, qui s'appelle: Eléments d'une
politique de réadaptation des adultes, qui a été
publié en juin 1974, et qui avait comme effet de reconnaître
officieusement, parce que ce n'était pas encore à l'état
de politique, mais à tout le moins, un document de travail, qui disait:
Les personnes handicapées au Québec, à partir
d'aujourd'hui, on a l'intention de les reconnaître comme des personnes
normales, comme des citoyens à part entière et non pas de seconde
zone, avec plusieurs hypothèses de travail, entre autres en ce qui
concerne la coordination dans le réseau des Affaires sociales.
On abandonnait, par exemple, des mots comme "ateliers
protégés" pour parler de centres de réadaptation des
adultes, qui en faisaient des lieux à la fois de formation, mais aussi
d'adaptation à des instruments de travail, à des moyens de
produire, peu importent les biens ou les services. Il y avait donc, avant la
loi 55, à nos yeux, une tendance qui nous disait: La loi no 55 ne pourra
faire autrement que de refléter cette orientation de fond.
A la première lecture du projet de loi, on s'est dit: II y a
quelque chose qui semble bon là-dedans. Protection des personnes
handicapées, c'est à tout le moins un premier progrès, le
fait qu'on en parle et qu'il y ait un projet de loi sur la table.
La deuxième lecture nous a laissés un peu plus sceptiques
quant aux intentions déclarées et la troisième, une fois
qu'on l'a travaillée jusqu'au fond, nous a donné un frisson dans
le dos, par rapport à l'impact et aux effets de cette loi sur la vie des
personnes handicapées au Québec.
J'escamote le contenu de notre mémoire qui parle de la
consultation. On a peut-être été, en tant que Ligue des
droits de l'homme, frustré de ne pas avoir été mis
à contribution, malgré qu'on ait obtenu une subvention de votre
ministère, M. Forget, pour aller dans ce sens. On se demande où
la consultation s'est faite et s'il y a moyen d'avoir un rapport ou un texte
qui pourrait nous donner une image des effets de cette consultation ou de ce
qui en ressort.
Je passe rapidement là-dessus, j'en reviens à la
deuxième partie de mon mémoire, aux trois critiques fondamentales
qu'on a à faire là-dessus.
Nous nous sommes posé la question suivante: Ou bien la personne
handicapée est une personne à part entière ou elle ne
l'est pas. Si c'est une personne à part entière, la loi no 55,
dans son deuxième chapitre, deviendrait caduque dans la mesure où
un seul petit amendement à la loi no 50 réglerait toute la
question. Ce petit amendement à l'article 10 de la loi no 50, qui est la
Charte des droits et libertés de la personne, pourrait se lire comme
suit: Nul ne peut faire de discrimination envers des personnes souffrant ou
ayant une diminution dans ses aptitudes physiques ou mentales.
En fait, et c'est aussi une des recommandations qu'on fait dans cette
critique du projet de loi no 55, c'est de prendre tout le chapitre 2 et de le
déplacer à l'intérieur de la loi no 50, ce qui aurait
comme premier avantage, qui est un avantage psychologique, au fond... C'est un
peu drôle qu'on attende du législateur de tenter de contrer les
préjugés sociaux qui ont cours actuellement dans notre
société. Le geste qu'on s'attend que le législateur pose,
c'est de dire: Nous, en tant que législateur et gardien des droits et
libertés, c'est de reconnaître la personne handicapée non
pas sous une juridiction d'une petite loi à part, spécifiquement
faite pour elle, mais on la reconnaît comme tombant sous la juridiction
des droits et libertés de la personne. Pas de la personne
handicapée ou de la personne âgée ou de la personne
détenue ou si ou cela, mais de la personne. Ce serait un geste qui
aurait un effet psychologique au niveau de l'avancement et du
développement des droits de la personne handicapée au
Québec. Quitte à prévoir, dans les modalités ou
dans les règlements de la loi no 50, des dispositions
particulières qui feraient que, par exemple, il y a des recours
particuliers pour une personne handicapée par rapport à la
commission ou face à la commission des droits de la personne. On ne veut
pas entrer à fond dans cette alternative qu'on propose aujourd'hui.
Cette première critique de fond est peut-être celle qui
nous tient le plus à coeur. On s'explique mal qu'on particularise ou
qu'on fasse un ghetto avec une loi spéciale, des dispositions
spéciales, pour un type de personne. On a vu tantôt tout le
débat que j'ai suivi attentivement sur les pourcentages et les
degrés.
A partir de quelle déficience, ou à partir de quel
degré de déficience vous tombez ou non sous cette loi? Cette loi
peut comporter une foule d'arbitraires qui vont rendre la loi vulnérable
par rapport à la commission des droits de la personne. Je ne sais pas si
vous me suivez là-dessus. Au fond, cette deuxième critique qu'on
formule, pourquoi donner un handicap supplémentaire à une
personne qui déjà, physiquement ou mentalement, a un handicap?
Pourquoi, alors qu'il y a des signes apparents, chez une personne
handicapée, d'une appartenance difficile ou d'une lutte difficile pour
appartenir à la communauté humaine "normale", on va
étiqueter de façon officielle, pour le restant de ses jours, une
personne dans une position d'handicapée? Cela nous apparaît
contraire à un esprit ou à une orientation, mais, par contre,
cela nous apparaît conforme à une certaine tendance à
vouloir codifier des individus, à vouloir les ficher, à vouloir
bien les désigner pour savoir à qui on a vraiment affaires, pour
qu'il n'y en ait pas qui se glissent à travers tout cela pour aller
chercher les bienfaits de la loi. Nous commençons à croire que
c'est une perte de
confiance importante envers les citoyens qui vont vouloir se
désigner eux-mêmes handicapés, s'enregistrer auprès
de l'office pour obtenir des bénéfices ou des bienfaits dont on
peut discuter longuement si on ne parle pas de salaire minimum, si on ne parle
pas de prime ou de rémunération financière autre que
celles qui sont toujours dans les stricts minimaux.
On rappelle une déclaration, au premier chapitre de la
Déclaration universelle des droits de l'homme. Est-ce qu'à la
naissance, on est tous sur un pied d'égalité avec des chances
égales de succès? Lorsqu'on dit dans la loi que l'office va
procéder à l'enregistrement des personnes et leur consigner un
titre officiel de personnes handicapées, je suis convaincu que les
handicapés ne feront pas la queue aux portes de l'office pour aller
chercher leur petit enregistrement. Soyez sûr de cela. Je pense que c'est
une question de dignité et c'est la question aussi que l'on veut situer,
sur un pied d'égalité avec les autres, les autres personnes au
Québec.
Le troisième commentaire, on a regardé du
côté de l'office et on a tenté de décortiquer un peu
de quoi il s'agit dans cet office. On a fait le parallèle aussi des
dispositions de la loi, au chapitre 48, aux articles 3 et 4, qui
déjà donnent au ministre tous les pouvoirs de réglementer
ce domaine d'activité humaine. L'office, arrivant comme cela, par
à côté, on s'est vraiment posé la question si ce
n'était pas au fond une espèce de solution miracle ou
d'alternative qui faisait dévier, à l'intérieur de cet
office, des pouvoirs que le ministre a déjà et qui, depuis que
cette loi a été promulguée, au chapitre 48, n'ont pas
été pleinement assumés. Cela nous apparaît comme une
solution miracle dont on a de la difficulté à en évaluer
l'efficacité, surtout par rapport à l'ensemble des tâches
qu'on confie à cet office. Est-ce qu'on n'est pas en train de constituer
une espèce de mini-ministère administratif qui va être
omniprésent dans la vie quotidienne des handicapés du
Québec. On a fait le décompte des fonctions et, si on avait pu
mettre cela dans une seule phrase, cela faisait un paragraphe complet d'une
trentaine de lignes.
On croit aussi que, dans les rôles de l'office, il y a des
tâches qui sont nettement contradictoires, les unes avec les autres,
où l'office pourrait se retrouver à la fois juge et partie.
L'office a des devoirs d'informer, de conseiller les handicapés.
Obligation est faite de dépister et d'enregistrer les personnes
handicapées, de diffuser l'information sur les services disponibles, de
mettre en oeuvre les programmes d'information, de publier des statistiques et
de tenir des registres sur les logements (les registres sur les logements aptes
ou qui conviennent aux besoins des personnes handicapées). Le registre
ne sera pas très grand, parce qu'il y a très peu d'habitations
conçues pour eux. Les barrières architecturales: encore des
constructions récentes à Québec, que j'ai pu voir, il n'y
a rien de modifié là-dedans. On vient de terminer à
Montréal des bouches de métro peut-être au même
moment où la loi tombait sur la table et essayez de vous promener dans
le métro avec un fauteuil roulant à Montréal; il faut
être acrobate.
Ce sont des obligations. En plus, l'office se donne des pouvoirs de
réglementer les organismes voués à la protection et au
bien-être des personnes handicapées sans prévoir de droit
d'appel, c'est-à-dire que l'office pourrait déclasser une
série de groupes ou d'associations composées de
bénévoles ou de volontaires sans qu'il y ait de recours de ces
associations. On est conscient qu'il y en a plusieurs qui peuvent exploiter,
pour aller chercher du financement dans le public, tel handicap ou telle
déficience, et pas toujours pour les fins qu'ils disent. Cela peut
être très lucratif de faire du financement dans ce secteur. Je
pense qu'il faut qu'il y ait une action menée.
Mais qu'est-ce qui arrive d'une association de bénévoles
qui veut défendre ses droits et qui se fait déclasser ou qui ne
se fait pas reconnaître par l'office? Parce que l'office, en plus,
distribue des subventions à ces groupes. Si un groupe est le moindrement
contestataire, il pourrait être l'objet, par l'office, de
représailles, sans qu'il y ait de possibilités de se
défendre. C'est une situation qui peut arriver, mais au moins, qu'il y
ait un droit d'appel, soit à l'intérieur, à la Commission
des affaires sociales, ou ailleurs. L'office a aussi toute cette juridiction
sur le reclassement professionnel des personnes handicapées. Il va
être un bailleur de fonds en partant, va même devenir une
espèce de semi-employeur qui va passer des contrats avec des personnes,
sans que ces contrats ou que ces liens juridiques soient objets de
contestation, parce qu'on dit qu'une personne qui a signé un contrat de
reclassement professionnel est obligée de s'en prévaloir
jusqu'à la fin, d'y obéir jusqu'à la fin, sinon elle perd
ce bénéfice financier.
On pourrait aller en détail sur les rôles dévolus
à l'office, mais on trouve que les gens qui vont avoir à
administrer un tel office vont se retrouver dans des situations intenables
où ils sont à la fois des conseillers, mais ils prennent des
décisions pour les personnes handicapées. Et s'il y avait
contestation par un handicapé, par une personne déficiente contre
l'office, est-ce que c'est l'office qui lui fournirait les conseils? Comment
tout cela peut-il s'aménager dans un seul et même ensemble? Il y a
des fonctions bien particulières qui peuvent être réparties
à différents corps et éviter que la confusion s'installe
là.
On ne retrouve pas, au fond, ce qui était peut-être le plus
important pour la personne handicapée, ce rôle d'ombudsman
accessible, décentralisé, c'est-à-dire à
portée de la main au niveau régional, parce qu'on prévoit
que l'office va être dans la région administrative de
Québec. La personne d'Amos ou de Gaspésie qui a un
problème de droit, de promotion de ses droits ou de défense de
ses droits, qui va lui donner ce cours tant nécessaire pour elle? Est-ce
qu'elle va être obligée de venir à Québec, de
s'adresser par écrit, quand on sait qu'il y a une difficulté
dès lors à formuler par écrit une plainte quelconque?
On se pose beaucoup de questions sur la nécessité d'avoir
un office très centralisé et très bureaucratique au sens
d'administrer des budgets, de prévoir des programmes, etc. Je pense que
ce dont on a le plus besoin, c'est de quelqu'un qui va
comprendre le problème, qui va être accessible, qui va
être présent à nos difficultés et qui va avoir un
net parti-pris pour la défense de ces droits.
Sinon, je pense qu'on va répéter les erreurs et que, dans
deux ans, dans trois ans, dans quatre ans, on va devoir complètement
transformer cette réalité.
Comme conclusion c'est bien simple, c'est peut-être un peu
simple, même on se dit: Est-ce qu'on se fait le pari d'accepter
cette loi immédiatement en se disant que c'est toujours cela de pris ou
si on remet toute la chose en question, toute l'affaire à
l'étude, en se disant: On va prendre la consultation qui a
été faite et on va la regarder de très près? Qui a
été consulté et qu'est-ce qu'il a dit? Qui a dit telle
chose sur tel article? On remet tout cela en question, au fond, on remet cela
à l'étude et on s'assure, à ce moment-là, d'une
collaboration très intense, la plus intense possible, avec les
responsables du ministère. On va perdre six mois, bien sûr. Mais,
si on l'investit de façon intéressante, on pourrait avoir, au
bout de six mois, quelque chose qui réponde plus aux besoins actuels des
handicapés. Cela ne répondra peut-être pas aux besoins du
ministère, par contre, à court terme, mais, pour les
handicapés, je crois que c'est une nécessité.
Nous demandons le gel de ce projet de loi et le début d'une vaste
campagne de consultation. Merci.
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre.
M. Forget: Merci, M. le Président. Est-ce que la ligue,
dans son mémoire, ne dit pas effectivement qu'il n'y a pas de
problème et qu'étant donné la loi sur les droits et
libertés fondamentales de la personne, qui a été
adoptée il y a environ un an, on peut considérer les personnes
handicapées puisque c'est reconnu par tout le monde, cela ne fait
pas de doute, à plus forte raison si la charte en question ne fait pas
d'exception à leur égard comme des citoyens comme les
autres?
Ce que vous dites, dans le fond, c'est que les tribunaux, dans
l'application de cette charte, vont de toute manière rendre impossibles
ou interdire toutes les pratiques discriminatoires que l'on veut plus
explicitement interdire par cette loi.
Ce n'est pas impossible. On peut imaginer qu'une personne, qui se croit
victime de discrimination parce que la discrimination, de façon
générale, est interdite par la charte et qui ne sait pas
si, dans le cas particulier qui l'intéresse, cela veut dire vraiment
qu'elle a été victime de discrimination, s'adresse aux tribunaux.
Les tribunaux, avec le temps, vont élaborer une jurisprudence. Il est
fort probable, en effet, qu'on pourrait s'abstenir de légiférer.
Si je comprends bien, c'est la position de la ligue, qu'on a déjà
tous les moyens nécessaires pour empêcher la discrimination dans
la Charte des droits et libertés de la personne.
M. Caron (Normand): Non, on ne l'a pas actuellement. Il faudrait
que le ministère fasse une démarche particulière
auprès de l'Assemblée na- tionale pour proposer un amendement
à l'article 10 de la charte, qui aurait pour effet d'éliminer la
discrimination en fonction de l'aptitude physique ou mentale.
M. Forget: Mais vous vous opposez à ce qu'on le fasse dans
cette loi. C'est une question de le faire dans une loi plutôt que dans
une autre, dans le fond? Vous recommandez exactement ce que l'on retrouve dans
l'article 2. On dit: "Toute personne handicapée a droit à la
reconnaissance et à l'exercice, en pleine égalité, des
droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou
préférence fondée sur le fait qu'elle est une personne
handicapée. Il y a discrimination lorsqu'une telle distinction,
exclusion ou préférence a pour effet de détruire ou de
compromettre ce droit".
Je pense bien qu'on pourrait peut-être formuler cela
différemment, mais cela voudrait dire à peu près la
même chose. Dans le fond, votre proposition, c'est que cet amendement
à nos lois prenne la forme d'un amendement à une autre loi
plutôt que d'une loi séparée. C'est bien cela?
M. Charron (Normand): C'est très important, M. le
ministre.
M. Forget: Expliquez-moi l'importance de cela.
M. Caron (Normand): L'importance, c'est que la loi 50, qui
définit d'une façon très générale l'ensemble
des libertés et des droits, est quand même dotée, pour son
application, d'une commission.
D'ailleurs, dans votre loi, vous impliquez directement la commission
dans la...
M. Forget: Précisément.
M. Caron (Normand):... cueillette, dans le traitement des
plaintes.
M. Forget: En pratique, quelle différence y a-t-il entre
votre recommandation et ce que l'on retrouve dans le texte qui est devant
vous?
M. Caron (Normand): Je vous poserais la question: Pourquoi
avez-vous choisi de passer par une loi spéciale sur la personne
handicapée?
M. Forget: Cela ne répond pas à la question. Vous
faites la suggestion que c'est superflu d'avoir une loi spéciale. Je
pense qu'il y a ici 89 ou 90 articles. Je ne crois pas qu'ils soient tous la
répétition les uns des autres. Il y a un certain nombre de choses
qui sont faites par cette loi. Je m'imagine mal qu'on puisse le faire seulement
par un article, en amendant la Charte des droits et libertés
fondamentales de la personne, et obtenir le même résultat. C'est
la réponse à votre question, mais vous n'avez toujours pas
répondu à ma question qui est de donner les différences
pratiques pour ce qui est du chapitre II, le seul chapitre auquel s'applique la
remarque que vous avez faite, si je comprends bien, sur le plan de la Charte
des droits et libertés fondamentales de la personne.
Alors quelles différences pratiques voyez-vous à cela?
J'aurai une autre question après, parce que je vois des
différences pratiques. Peut-être en avez-vous d'autres à
l'esprit.
M. Caron (Normand): S'il n'y avait que l'article 2, d'une
portée générale, qui ne comporte pas en soi de
restrictions, on dirait: C'est peut-être une façon plus efficace
et vous avez sûrement de bonnes raisons pour insérer cet article
dans le projet de loi 55 au lieu de l'avoir intégré dans la loi
50. Il n'en demeure pas moins que les articles qui suivent viennent restreindre
la portée de cet article 2, entre autres l'article A...
M. Forget: Restreindre ou compléter?
M. Caron (Normand): Restreindre. Je ne sais pas si notre
compréhension est bonne, mais à l'article 4 on dit: "Nul ne peut
exercer de discrimination envers une personne handicapée ou une personne
vivant avec une personne handicapée dans la négociation, la
conclusion ou l'exécution d'un bail. "Le présent article n'a pas
pour effet d'obliger le propriétaire d'un immeuble à prendre, au
bénéfice d'une personne handicapée, des mesures de
sécurité spéciales nécessitant des modifications
à l'immeuble".
Je pense qu'on a fait un progrès en disant: Aucune discrimination
possible. Mais on restreint ou on recule quand on dit: Mais il n'y aura pas
obligation ou une obligation ne sera pas faite à l'intérieur des
articles prévus au règlement. Cela pourrait très bien
prendre cette forme. On permet, au fond, à toute personne de s'esquiver
de l'application de l'article 2 par ricochet, grâce à l'article 4.
A quoi est-ce que cela aide?
M. Forget: En quoi consisterait l'esquive dont vous parlez? En
quoi êtes-vous plus avancé si cet article n'existe pas?
M. Caron (Normand): Si on prend l'article 2 et qu'on
élimine ceux qui suivent et qu'on consacre, dans l'article 2, les droits
et libertés de la personne handicapée en plagiant ou en copiant
ceux qui sont prévus aux dispositions 10 et 19 de la loi 50, on dit:
Parfait, on va reculer là-dessus.
M. Forget: Oui, mais quelle certitude avez-vous que les
tribunaux, en interprétant la loi 50, vont effectivement dire et
décider qu'une discrimination basée sur le fait qu'un locataire
prospectif a un handicap n'est pas une dérogation compatible avec la loi
50? Quelle certitude avez-vous? Même si vous aviez cette certitude, ne
reconnaissez-vous pas que pour déterminer la règle de droit par
l'intervention des tribunaux vous imposez, à ce moment, à des
personnes handicapées, la nécessité de faire se prononcer
les tribunaux? Ce sont des frais juridiques; ce sont des procédures; ce
sont des délais. Quel gain attendez-vous de cela, par rapport à
une situation où on le dit d'avance? Je ne comprends pas votre
raisonnement.
M. Caron (Normand): Le raisonnement, peut-être qu'on est
naïf et qu'on dit: La Commission des droits de la personne qui a
juridiction quant à l'application des articles 10 à 19 va faire
son boulot pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de discrimination en fonction
de l'appartenance à une race, à une ethnie, à une langue,
à une religion, etc. Si la Commission des droits de la personne recevant
une plainte d'une personne handicapée qui se voit brimée dans son
droit d'accès à un logement, et en vertu de l'article 10 qui dit,
ils ne peuvent pas le dire parce qu'il n'est pas là, mais s'il
était là: En fonction de l'aptitude physique ou mentale, la
commission pourrait faire enquête... faire enquête jusqu'au point
où faire des pressions telles sur la personne qui cause le
préjudice...
M. Forget: Ne sautez pas d'étapes. Vous présumez
que la solution existe déjà. La question qui se pose est
précisément de savoir si effectivement, vous avez une solution.
La Commission des droits de l'homme ne pourra pas faire autrement que
d'interpréter la loi qu'elle a, non pas la loi que vous pensez qu'elle
a, ou la loi que vous voudriez qu'elle ait. Or, la loi qu'elle a, il n'y a rien
qui nous assure d'avance qu'elle va être interprétée de
manière à exclure les discriminations pour cause. Les causes,
cela peut être, dans le cas d'un locateur, qu'étant donné
tel et tel handicap, il encourt un risque particulier, qu'il a un motif
valable, qu'il n'est pas spécifiquement exclu dans la loi. De toute
manière, il faudrait que les cours se prononcent là-.dessus. La
commission ne peut pas agir ultra vires, ne peut pas s'imaginer un mandat en
fonction d'une philosophie qui n'est pas déjà transcrite dans une
loi. Or, le but justement de ces amendements, c'est de s'assurer qu'elle ira
dans ce sens. Votre pétition de principe, dans le fond, consiste
essentiellement, à supposer qu'automatiquement, ils vont décider
dans ce sens. Donc, on ne gagne rien. Avec votre hypothèse, j'arrive aux
mêmes conclusions que vous, mais je crois que c'est votre
hypothèse que vous devez examiner avec soin. Je ne suis pas du tout
sûr que cela va de soi, tout cela. Je ne suis pas du tout sûr.
Même si j'étais sûr, comme cela va, ce n'est pas
mentionné explicitement, il va falloir que les handicapés soient
victimes de discrimination, s'adressent à la commission ou,
éventuellement, à la cour, parce que si la commission juge que
c'est ultra vires, elle va dire: Je ne peux pas intervenir, ce n'est pas
prévu dans la loi, donc, faire intervenir la cour pour obtenir un bref
pour forcer la commission à se prononcer, finalement, obtenir un
jugement qu'effectivement, la loi ne prévoit pas cela.
C'est bien compliqué. Si on sait d'avance que c'est là le
but qu'on veut atteindre, pourquoi ne pas le dire dans la loi. Si cela va sans
dire, il me semble que cela va un peu mieux en le disant. Dans le fond, c'est
tout ce qu'on fait là-dedans. Est-ce qu'on n'a pas peur des mots? Est-ce
qu'on n'a pas peur de dire dans cette question de stigmatisation qui peut
être réelle, mais la stigmatisation n'est pas causée par le
fait qu'on donne à un mot une réalité. Un chat est un
chat, même si on essaie de croire qu'il ne l'est pas. C'est abso-
lument exact de croire qu'il y a un risque de stigmatisation. La
stigmatisation vient de la perception qu'ont les gens du handicap, elle ne
vient pas du mot qu'on accole dessus. C'est lire dans ces textes, encore une
fois, une intention qui, non seulement n'est pas présente, mais qui est
diamétralement opposée à celle qui a
précédé à leur rédaction,
c'est-à-dire de restreindre les textes de loi qui nous donneraient
déjà tout. Pas du tout. Les textes de loi, je suis loin
d'être sûr qu'ils nous donnent déjà même ces
résultats. Donc, à mon avis, ce n'est pas un mouvement en
arrière, c'est un progrès, ne serait-ce que sur le plan, encore
une fois, de la procédure.
Comment s'assurer que c'est ça, à moins de le dire? On
peut s'en assurer par les tribunaux, et ça, c'est certainement plus
pénible pour un handicapé que de l'avoir dans un texte de
loi.
M. Caron (Normand): Mais l'esprit de la loi 50, et je pense que
l'esprit de la commission, c'est d'appliquer les pouvoirs d'enquête, de
négociation et de conciliation qu'elle a, de faire en sorte que la
discrimination... Je ne veux pas prêcher pour la commission ici, mais si
c'est un instrument que le législateur a mis entre les mains de la
collectivité, la loi vient d'être promulguée le 28 juin,
nous, à preuve du contraire, on croit que ça peut être un
instrument valable pour l'avancement des droits.
M. Forget: Je suis persuadé, et j'ai beaucoup de respect
pour la commission et son président, qu'ils ne peuvent pas agir
au-delà de ce que la loi les autorise à faire. Il y a toujours
une imprécision dans n'importe quelle loi, et on élimine
l'imprécision graduellement par des décisions individuelles qui
nous illustrent ce que la loi veut dire, et si on peut l'illustrer par
anticipation par un texte plus explicite, on ne perd certainement rien.
M. Caron (Normand): Pourtant là-dessus, on aurait plus
confiance, M. le ministre, si la protection et le développement des
droits de la personne handicapée au Québec tombaient sous la
juridiction de la commission. D'accord?
M. Forget: Au niveau de ce texte, puisque l'application de cette
partie de la loi est absolument homogène par rapport à
l'application de la loi 50, c'est-à-dire que c'est la même
procédure, le même organisme qui s'assurera que les legs de
non-discrimination plus explicites de cette loi vis-à-vis du
handicapé soient expliqués dans le même esprit, par les
mêmes personnes, dans la même façon que les lois
générales de non-discrimination, qui sont peu explicites pour les
handicapés.
M. Caron (Normand): Mais je ne comprends pas encore pourquoi vous
n'avez pas fait passer le chapitre II carrément à
l'intérieur de la loi 50. Je m'excuse. Là-dessus...
M. Forget: Si c'est ça, on peut, en effet, se po- ser la
question. Je pense que c'est parce que ce texte n'était pas prêt
au moment où la loi 50 a été adoptée, mais c'est
une question de forme législative beaucoup plus qu'une question de
substance, reconnaissons-le.
M. Charron: Si vous me permettez, sur ce sujet. L'amendement
suggéré à la loi 50, qui aurait joint à toutes les
pratiques discriminatoires interdites celles à rencontre des aptitudes
physiques ou mentales, si cela avait ça, uniquement l'amendement
à l'article 10, de la loi 50. Cela ne nous aurait pas garanti, comme
ça nous garantit là, par exemple, qu'un propriétaire
puisse intervenir de façon défavorable parce qu'un de ses
locataires, par exemple, a la présence d'un chien-guide, cela aurait pu,
mais ça ne le faisait pas nécessairement, ni même visiter
les lieux loués avec un chien-guide. On prenait un risque, c'est
évident que si cela avait été inclus je me rappelle
la discussion lors du débat sur la charte on prenait un risque
qu'en incluant aptitude physique, la commission et les tribunaux
éventuellement aient une conception étendue d'aptitude physique
qui aurait permis, par exemple, de ne pas interdire un chien-guide. Mais ici,
je me dis même que j'ai réfléchi à cela aussi
même si l'amendement à la Charte des droits de la personne
avait été obtenu, il aurait quand même fallu, dans cette
loi ce n'aurait pas été de trop préciser,
dans les vues de la cour ultérieurement, jusqu'où l'article 10 de
la Charte des droits de la personne s'applique lorsqu'il s'agit des
handicapés, d'étendre la juridiction, de le préciser.
Je pense que l'effet de la loi est complet comme ceci.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président...
Le Président (M. Brisson): Le député de
Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): ... avec la permission du
député de Saint-Jacques, car je ne sais pas s'il a d'autres
questions. Vous dites que vous avez été comprimé à
l'intérieur de trois mois durant l'été pour
préparer votre mémoire. C'est ce que vous avez dit?
A la page 6 de votre mémoire, vous dites ceci: "Le ministre des
Affaires sociales du Québec, de plus en plus perméable à
ces nouveaux courants, en était venu en juin 1974 à
présenter à la population pour fins de consultation un document
de travail intitulé Eléments d'une politique de
réadaptation". N'avez-vous pas eu le temps depuis 1974?
M. Caron (Normand): On parle de deux choses.
M. Bellemare (Rosemont): Je vous pose la question, parce que,
tout à l'heure, vous avez dit que vous aviez été
comprimé par le ministre, durant l'été, parce que vous
n'avez pas eu le temps. Je lis votre mémoire et, à la page 6,
vous me dites le contraire.
M. Caron (Normand): Le document...
M. Bellemare (Rosemont): Si vous voulez lire le mémoire,
allez-y.
M. Caron (Normand): ... de travail, qui s'appelle
"Eléments d'une politique de réadaptation des adultes",
était soumis à une consultation très large pour voir
l'état des travaux qui se menaient à l'intérieur du
ministère là-dessus. La deuxième réalité,
c'est le projet de loi, qui est tombé le 28 juin. Ce n'était pas
facile de l'étudier à cause des effectifs réduits et du
fait qu'on compte chez nous sur du bénévolat. Or, du
bénévolat au coeur de l'été, ceux qui ont
milité dans des organisations, que ce soit les Chambres de commerce, des
syndicats ou autres, savent que ce n'est jamais facile de ramasser des gens
pour passer à l'étude systématique de projets de loi comme
ceux-là. Cela se passe toujours au début de septembre,
habituellement. A la vitesse où il faut travailler pour répondre
aux exigences qui sont fixées en termes d'échéances, on ne
peut vous soumettre qu'un document dont on n'est pas satisfait.
M. Bellemare (Rosemont): On dit que cela se passe à la
vitesse. Seriez-vous prêt a admettre que, depuis juin 1974 c'est
votre mémoire qui le dit, ce n'est pas moi; c'est écrit que le
ministre a été assez libéral d'esprit, sans jeu de mot, et
très démocratique le ministre a consulté les
groupes concernés? Malheureusement, peut-être vous avez des
bénévoles qui travaillent chez vous et vous n'avez pas eu le
temps de prendre connaissance de tous les dossiers. Je vous l'accorde. Par
contre, il ne faut pas, non plus, blâmer le ministre. Je ne suis pas ici
pour défendre le ministre; il peut se défendre beaucoup mieux que
moi. Par contre, il faut quand même admettre qu'en 1974 il vous a
présenté certains dossiers, certains mémoires ou certaines
consultations. Admettez-vous cela?
M. Caron (Normand): Pour avoir discuté de ce document de
travail, oui. Mais c'est une consultation large. On sait comment cela se passe;
on fait circuler le document. Il n'y a pas eu de cueillette systématique
des impressions sur ce document. Quand arrive un projet de loi, là il y
a une commission parlementaire, il faut se préparer, soumettre un
mémoire, l'étudier article par article. Nécessairement,
cela demande beaucoup plus de temps; cela demande aussi une méthode de
travail pas mal différente que de consulter "at large" les gens
impliqués dans le milieu.
M. Bellemare (Rosemont): D'accord.
Le Président (M. Brisson): Pas d'autres questions,
messieurs? M. Caron, je vous remercie infiniment. Il nous reste cinq minutes;
j'appellerais M. Luc Barette qui a cru avoir été convoqué,
mais il y a une erreur. Je ne voudrais pas que cela crée un
précédent, mais, étant donné qu'il s'est rendu sur
place, la commission est d'accord pour l'entendre.
Nous l'entendons parce qu'il avait effectivement soumis son
mémoire à temps, tel que cela était requis par les
règlements de la commission Alors, M. Barrette.
M. Luc Barette
M. Barette (Luc): M. le Président, je me présente,
Luc Barette...
M. Dépatie (Serge): Je me permets de répéter
ce qu'a dit M. Barette. Il s'agit de Luc Barette. Il s'est
présenté, il a présenté un mémoire en son
nom personnel. Luc Barette est un IMC, un infirme-moteur
cérébral. Pour des raisons d'ordre de minutes et aussi pour ne
pas allonger le travail de la commission, M. Barette me demande de transmettre,
grosso modo, ses observations par rapport au projet de loi 55. Je vais y aller
immédiatement.
M. Barette habite le foyer Emilie-Gamelin à Montréal
depuis 19 ans, un foyer pour personnes âgées et, depuis dix ans,
il partage une chambre avec deux personnes déficientes mentales
profondes et aucun programme de réadaptation ne lui est offert. M.
Barette avait eu l'occasion de rencontrer M. le ministre le 24 juin 1974, lors
de cette rencontre il avait présenté un mémoire qui
s'appelait: Urgence 144, sur la situation des infirmes-moteurs
cérébraux. Depuis ce temps-là, M. Barette attend une place
ailleurs et un programme approprié.
M. Barette insiste aussi pour remercier les législateurs, insiste
pour remercier aussi les responsables et les fonctionnaires de l'effort qui se
fait. Il insiste aussi pour féliciter les gens dans leurs intentions. M.
Barette désire aussi témoigner devant la commission d'une
certaine peur de représailles et pour ce, M. Barette demande à la
commission s'il peut vraiment s'exprimer de façon libre sans qu'aucunes
représailles de quelque sorte ou de quelque nature ne lui soient faites.
C'est une question qu'il pose.
M. Forget: Est-ce que je pourrais demander un peu plus de
détails sur cette demande, cela m'apparaît une question qui est,
sans aucun doute, présente à l'esprit de bien des personnes dans
des établissements soit de soins prolongés ou des centres
d'accueil? Je me souviens, par exemple, des témoignages du groupe du
comité provincial des malades qui font très souvent allusion
à cette question de représailles. Je voudrais qu'il soit bien
clair que cela va presque sans dire que toute cette question de
représailles se situe, je pense, beaucoup plus au niveau des relations
interpersonnelles à l'intérieur des établissements.
Il y a des mouvements d'impatience qui sont probablement humains de la
part du personnel, dans certains cas, mais c'est le genre de problèmes
pour lequel les comités de bénéficiaires ont
été mis sur pied et une des raisons qui a fait que nous avons
soutenu le comité provincial des malades dans ses efforts depuis
quelques années... Je crois qu'il est superflu pour moi et pour les
membres de la commission de dire qu'il n'y aura pas de représailles, il
est évident qu'il n'y en aura pas et qu'il n'y en a aucune qui est
imaginable. J'imagine que je peux donner la même assurance
relativement à l'établissement dans lequel se trouve M.
Barette.
M. Dépatie: Je veux porter à votre attention, M. le
ministre, que je suis agréablement surpris de vos commentaires, aussi
désolé, en même temps, que vous les fassiez si tard, parce
que, pour moi, je pourrais vous nommer confidentiellement, à vous et
uniquement à vous, au moins une quinzaine de personnes qui auraient
voulu présenter des mémoires dans des établissements, qui
ont été surprises à écrire et qui n'ont pas
été autorisées, M. le ministre, à vous envoyer
leurs mémoires. Je pense que leur participation aurait été
d'une grande importance et je pense que ces gens vivent des dimensions, ce sont
eux qui les vivent, et c'était peut-être cette voix que vous
vouliez entendre ici. Celle des professionnels est sûrement importante,
mais cette voix semble aussi assez importante à vos yeux. Vous l'avez
mentionné à de nombreuses reprises.
Malheureusement, c'est une situation qui a existé. J'aimerais
tout simplement qu'elle soit notée.
M. Forget: Non seulement devrait-elle être notée,
mais si, effectivement, des personnes dans les établissements avaient
déjà réfléchi sur ces sujets et qu'elles n'ont pu,
pour des raisons que vous indiquez, nous faire parvenir leur point de vue, je
suis sûr, que, pourvu que vous nous donniez l'information
nécessaire, la commission même, dans son entier, pourrait faire
l'impossible pour se rendre disponible pour une rencontre privée, dans
le sens qu'il faudrait probablement se déplacer pour entendre ces
personnes. C'est la première fois qu'on m'en parle. Je pense qu'on ne
peut pas, tous les jours, dire: II n'y aura pas de représailles si les
gens nous parlent; par hypothèse, il est difficile de supposer que de
telles situations se produisent.
De toute manière, ceci étant dit, si le désir
existe toujours de se faire entendre, vous pourrez nous communiquer les noms et
on pourra voir quelles mesures prendre au cours des prochaines semaines pour se
rendre disponible, peut-être à Montréal, si la plupart sont
à Montréal, ou autrement, dans ce contexte.
M. Dépatie: Je le ferai.
M. Charron: J'assisterai également à ce que vient
de dire le ministre et je vous invite à le faire, dans
l'intérêt de la commission.
M. Dépatie: Je le ferai. J'aimerais préciser que
mon non est Serge Dépatie et qu'aujourd'hui, je ne suis vraiment qu'un
"ami" de M. Barette. J'ai présenté moi-même un
mémoire que je défendrai en temps voulu, que j'expliciterai, que
je soutiendrai. Actuellement, je n'agis qu'en tant qu'ami de M. Barette. J'ai
actuellement le texte que M. Barette a mis sur papier et je vais me conformer
à sa pensée le plus possible, sans en faire aucune
interprétation ou aucun ajouté. Pour moi, il est im- portant de
respecter la pensée et le désir de M. Barette.
M. Barette disait, dans son petit papier, que j'étais sa
prothèse oratoire prototype. Comme introduction sur le projet, M.
Barette aimerait citer un excellent texte que nous considérons
très important. Je vais parler pour nous, parce que je parle pour
lui.
M. Barette veut que les gens ici prennent conscience d'un texte qui
s'appelle "Ce que je pense du projet de loi 55 sur la protection des personnes
handicapées", texte rédigé par M. Mario Bolduc. Je pense
qu'il serait important, même si ce texte n'a pas été
présenté comme mémoire comme tel, je pense qu'il serait
important de lire ce texte, de le voir, et vraiment d'y songer.
Cette citation est en page 9 du texte de M. Bolduc: "Cette absence de
politique globale m'amène à poser une question qui, à mon
sens, est fondamentale: A qui s'adresse ce projet de loi?" C'est exactement ce
qui est écrit.
Le point 2 qui est à soutenir également, c'est le
thème "protection". M. Barette se pose un certain nombre de questions
par rapport au thème "protection". C'est pourquoi? C'est pour qui? Il
fait une référence, à ce moment-ci, à la Loi du
protecteur du citoyen également. Il fait une référence au
phénomène de duplication par rapport à cela, certains
rôles, certaines fonctions où il y a duplication.
M. Barette se pose une autre question: Avons-nous des droits,
actuellement, comme personnes handicapées?
Le point 3. M. Barette se demande si ce projet de loi ne cristalise pas
le fait que les personnes déficientes deviennent légalement des
citoyens de seconde classe, des citoyens qui ont quelque chose à part,
quelque chose de spécial, des citoyens qui ont un projet de loi juste
pour eux.
Encore une fois, M. Barette fait référence à la
Charte des droits et libertés de la personne, au phénomène
de duplication aussi et il précise, entre parenthèses, qu'il se
sent surhandicapé par le cadre du projet de loi.
Point 4, M. Barette n'est pas certain que ce sera une réponse
adéquate aux besoins des personnes. Il se pose la question sur la
compatibilité qui va exister entre les besoins vécus par les gens
et les réponses offertes et à quel point cette analyse est
poussée et à quel point c'est vraiment articulé sur ce
plan.
Le point 5, c'est encore une fois l'insistance pour lui sur une
réponse vraiment globale, bien qu'on ait dit pendant la journée
qu'on n'est pas sûr que ce soit le ministère des Affaires sociales
qui en est responsable, mais il n'en reste pas moins qu'il y a un parrain, sans
jeu de mots aussi. Ce n'est pas une réponse globale à nos
problèmes.
Point 6, l'article 46c. Encore une fois c'est d'amender les 30% physique
et les 20% mental et tout le continuum ou toutes les options qui peuvent
exister entre le physique et le mental. M. Barette s'est dit qu'à ce
moment-ci cette situation n'est pas claire et qu'il y a trop de place à
l'inter-
prétation des gens, des professionnels et à
l'interprétation du texte en lui-même et qu'il peut y avoir aussi
une certaine discrimination contextuelle par rapport à cet article
46c.
M. Barette désirerait aussi, par rapport à son point 6,
donner une très petite citation, en page 36 du texte de M. Bolduc. Ces
pourcentages d'incapacité minimum ne veulent en fait absolument rien
dire tant qu'on ne sait pas comment et par rapport à quoi on va calculer
les incapacités ou handicaps.
Le point 7,. M. Barette dit qu'il n'y a pas besoin d'une loi
spéciale. Cela réfère encore une fois au chapitre 42, la
Loi constituant le ministère des Affaires sociales, et aussi aux
articles 3, 4, 5 et 6 du chapitre 48.
Le point 8, c'est encore une fois un appel qui a été fait
durant la journée, c'est qu'il n'y a pas eu réellement
participation dans l'élaboration du projet de loi.
Le point 9, certaines parties de la loi ne sont pas conformes aux
principes de normalisation.
Le point 10, sa perception de l'office, c'est que, dans un premier
temps, cela lui apparaît très gros, peut-être trop gros,
trop cher, peut-être pas normalisant comme tel. Il se pose aussi des
questions par rapport à l'office sur son rôle en tant que juge et
partie, c'est-à-dire l'office impliqué comme quelqu'un qui doit
défendre les droits de la personne, qui doit promouvoir ses besoins et,
simultanément, qui doit répondre à ces besoins.
Alors, on se demandait s'il n'y avait pas un rôle de juge et
partie.
A cet effet, aussi, M. Barette veut citer encore une fois M. Bolduc,
à la page 6. En rapport avec l'office c'est le texte de M. Bolduc
leur "marginalisation" serait alors encore plus grande.
Le point 11, par rapport à l'article 69, M. Barette, face au
projet de loi 55, se demande s'il n'y a pas place, malgré les efforts
qui sont faits, pour de l'exploitation.
Le point 12, quoique ce soit la troisième fois, M. Barette
désire revenir encore une fois sur un manque de précision par
rapport à une approche très globale, manque de précision
sur tous les services essentiels, comme le transport, l'hébergement,
manque de précision qui ne permette pas, en fin de compte, à la
personne de se réaliser totalement, même si elle trouve un emploi,
si elle n'a pas l'hébergement, si elle n'a pas le transport, elle ne
peut pas accepter l'emploi.
M. Barette dit: C'est pour toutes ces considérations que
je demande le retrait du projet de loi 55 et que l'on travaille à une
politique globale pour les personnes handicapées.
Il désire remercier les membres de la commission pour leur
attention et le temps qu'elle lui a accordé. Je pense qu'il accepterait
des questions.
Le Président (M. Brisson): Aucune question? Je vous
remercie, M. Barette, ainsi que M. Serge Dépatie. Vous êtes les
bienvenus.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 10)