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Étude des crédits du ministère
des Affaires sociales
(Onze heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente des affaires sociales reprend
l'étude des crédits budgétaires 1978/79. Les membres de
cette commission sont: M. Forget (Saint-Laurent), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Gravel (Limoilou), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Lavigne
(Beauharnois), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Martel
(Richelieu), M. Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw
(Pointe-Claire).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Couture (Saint-Henri),
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M, Lacoste
(Sainte-Anne), M. Marcoux (Rimouski), M. Marois (Laporte), M. Roy (Beauce-Sud),
M. Sain-don (Argenteuil).
M. Le Moignan: Et Le Moignan (Gaspé).
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas votre nom, mais
vous avez le droit de parler également, c'est l'étude des
crédits, M. le député de Gaspé.
Quand nous avons terminé hier soir, nous étions rendus
à l'étude du programme 5. La parole était au
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'avais formulé une
question et on devait avoir un M. Mercier pour nous donner un
exposé.
M. Lazure: M. le Président, est-ce que la commission nous
permettrait, avant d'aborder le programme 5, de répondre à
quelques questions qui étaient pendantes?
Le Président (M. Laplante): Très volontiers.
M. Lazure: La première avait été
posée par le député de Mégantic-Compton, à
savoir le nombre total de corporations dans le réseau des affaires
sociales. Le nombre total de corporations publiques est de 1053, et celui des
corporations privées de 229, pour un grand total de 1282 corporations.
Il y a cependant un nombre un peu plus élevé
d'établissements parce que certaines corporations gèrent plus
d'un établissement. Effectivement, le nombre total des
établissements se situe à tout près de 1400.
La deuxième question qui était restée en suspens
hier concernait la dette et était posée par le
député de Saint-Laurent. Je vais demander à M.
Deschênes, le sous-ministre, d'y répondre.
La dette obligataire, en date du 31 mars 1978, est de $1 303 000 000.
Une deuxième question en découlait: Quelle était
l'addition à la dette obligataire pour l'année 1978/79
anticipée; c'est $138 951 000.
M. Forget: Bon, d'accord. Est-ce que vous avez le financement
pour l'an dernier? L'addition à la dette obligataire pour l'an
dernier?
M. Lazure: Oui, un instant! L'an dernier, elle était de
$59 349 000.
M. Forget: Comment s'explique la très grande
différence entre les deux années?
M. Lazure: Je ne saurais l'expliquer autrement que par une liste
d'obligations spécifiques plus longue, et je ne sais si cela
réfère à une politique.
M. Forget:... l'an dernier, de ballons à refinancer, selon
l'expression traditionnelle?
M. Lazure: En 1977/78, il y avait un refinancement total de $29
millions.
M. Forget: En 1977/78, cela?
M. Lazure: Oui. Et le refinancement prévu en 1978/79, je
pourrais faire faire un total, ils sont identifiés, mais je n'ai pas le
sous-total, comme vous le demandez.
M. Forget: Si vous pouviez le faire pendant que quelqu'un attend.
Est-ce que vis-à-vis des... Je suis un peu embarrassé de vous
poser des questions, parce que j'ai l'impression qu'on va avoir des
difficultés; je vais quand même les formuler. Est-ce que vous
pouvez nous donner l'assurance que, dans les financements effectués
depuis le début de l'année 1977, on ne trouve que les
éléments suivants, soit les ballons, c'est-à-dire le
solde, les dettes obligataires, à l'échéance d'une
émission obligataire précédente, d'une part, et, comme
deuxième élément, l'évaluation du coût en
capital qui doit être l'objet d'un financement à long terme dans
le cas d'une immobilisation? Est-ce que vous pouvez nous donner l'assurance
que, dans chacun des cas, il y a seulement ces deux
éléments-là, dans tous les emprunts effectués
depuis le début de 1977?
M. Lazure: En donnant le refinancement, je pense que cela
répond à votre question...
M. Forget: Oui. C'est une partie du problème...
M. Lazure: ... et la distinction du solde, selon la partie...
M. Forget: Est-ce que le solde, autrement dit, est exclusivement
composé par des dépenses d'immobilisation capitalisables?
M. Lazure: Je vais m'informer avant de vous répondre. Je
pense que cela touche les quelques questions qui étaient restées
en suspens hier, M. le Président, et nous sommes prêts à
aborder le programme 5...
M. Forget: Nous y sommes. Nous avions posé une question au
début de la journée sur les crédits périmés,
la distribution des crédits périmés.
M. Lazure: M. Jules Côté va nous expliquer la
situation quant aux crédits périmés, pour les deux ou
trois dernières années.
Avant de vous expliquer les crédits périmés de
1977/78, je veux faire une mise en garde. Vous savez que c'est la tradition que
les comptes publics ne soient fermés qu'ultérieurement à
l'exercice financier et les chiffres que je vous donne, c'est sous toute
réserve. Ce sont des inscriptions de "recevables" et de "payables"
à être inscrites dans les comptes publics au 31 mars 1978. On peut
vous donner une anticipation ou une estimation de ce que seront les
crédits périmés avec des marges d'au moins 10% en plus ou
en moins selon l'inscription ultime des comptes à recevoir et des
comptes à payer. Il y a des anticipations de crédits
périmés de $86 millions sur un budget de $4 milliards qui
représentent un peu moins de 2%. Toutefois, il y a à
l'intérieur de ces $86 millions de crédits périmés
anticipés et sujets à réévaluation, des
crédits périmés qu'on peut qualifier de "péremption
technique", c'est-à-dire découlant de crédits statutaires,
soit $10 millions prévus pour la Loi pourvoyant au financement des
programmes de santé, $15 millions pour le RREGOP, $20 millions pour le
financement au RRAMQ et $4 000 000 dans d'autres programmes, pour un total de
$49 millions.
Donc, sur la totalité des crédits périmés
anticipés de $86 millions, il y en a $49 millions qui sont purement
techniques, ce qui laisse un solde d'environ un peu moins de $40 millions. Ceci
se compare à 1976/77, $37 millions, soit également environ 1%,
à 1975/76, $10 millions, soit 0,4% à 1974/75, $22 millions, soit
1% des crédits budgétisés et à 1973/74, $12
millions pour un peu moins de 1%.
M. Forget: Ces années, ce sont déductions faites
des péremptions techniques?
M. Lazure: Dans les années antérieures, il s'agit
de régularisations faites des recevables et des payables.
M. Forget: Et des péremptions techniques analogues
à celles que vous avez défalquées pour 1978.
M. Lazure: II y en avait moins que cette année.
M. Forget: Mais elles sont quand même comprises dedans.
M. Lazure: Oui. En effet.
M. Forget: Les chiffres ne sont pas strictement comparables.
M. Lazure: Ils ne sont pas nécessairement sur une base
strictement comparative, mais il y a peu de différence. L'image est
quand même représentative.
M. Forget: Comment concilier ce chiffre avec le chiffre de $65
millions environ qui apparaît au livre des explications sur le
crédit déposé en même temps que le discours du
budget? Ce sont des révisions qui sont intervenues depuis, parce que
dans le cahier du budget, vous avez pour $65 millions de crédits
périmés à même les crédits du
ministère.
M. Lazure: On pourrait revoir cela et on y répondra plus
tard. Dans l'immédiat, il n'y a pas de réponse que je puis
donner.
M. Forget: Où se situe le solde de $40 millions? Est-ce
qu'il y a des blocs importants qui apparaissent? Dans quel programme se
situent-ils?
M. Lazure: Effectivement, il y en a dans la direction et dans la
gestion interne du ministère. Il y en a pour $6 millions et plus. Il y
en a dans le programme 15 pour le développement des moyens
d'intervention. Il y en a également du côté de l'aide
sociale.
M. Forget: Je vois. Est-ce qu'il y a des crédits
importants du côté des programmes 11 et 12?
M. Lazure: II y en a du côté des programmes 9, 10 et
11. De toute façon, ce sont dans ces programmes qu'on retrouve la
majorité des crédits du ministère. C'est là aussi
qu'on retrouve la majorité des crédits périmés. Il
y en a pour $8 millions dans le programme 9. Il y en a $3 millions dans le
proramme 10. Il y en a pour $22 millions dans le programme 11. Dans ce dernier
programme, a l'intérieur de ces $22 millions, il y a des
péremptions techniques de crédits statutaires du RREGOP de $12
500 000. (12 heures)
M. Forget: Est-ce que ce sont des fausses estimations du
coût de la cotisation de l'employeur au RREGOP qui résultent dans
ces péremptions techniques?
M. Lazure: Je ne pourrais pas le dire. Je vais
vérifier.
M. Forget: II y a donc $10 millions non imputables au RREGOP qui
ont été périmés dans le programme 11.
M. Lazure: En effet.
M. Forget: Parfait. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Alors, programme 5.
M. le ministre.
Programmation hospitalière M. Lazure: Pour aborder le
programme 5...
M. Forget: Je m'excuse, M. le ministre, mais, comme je note la
présence de M. Cantin et que j'ai
posé des questions, hier, à l'occasion desquelles on a
fait allusion à son expertise, je me demande s'il pourrait
éclairer notre lanterne sur l'évolution des dossiers de
programmation hospitalière dans la région des Cantons de l'Est et
dans la région de Trois-Rivières, de même que,
peut-être, dans la région de la Beauce où il y a quelques
problèmes peut-être d'envergure plus réduite.
M. Lazure: J'imagine que le député de Saint-Laurent
veut parler des dossiers qui étaient reliés à la
régionalisation et qui impliquaient des regroupements à
Sainte-Marie et, d'une façon particulière, pour la région
de Trois-Rivières, étant donné la politique de la
périnatalité. Lors de la remise en cause de l'ensemble des
dossiers du plan quinquennal, le dossier de Sainte-Marie est disparu du plan
quinquennal, comme tel. Par contre, le ministère des Affaires sociales
s'est penché sur la vocation particulière de l'ensemble des
établissements de la région de Trois-Rivières. Nous avons
été à même, il y a environ un mois et demi ou deux
mois, de présenter au Conseil régional de Trois-Rivières
les conclusions que nous élaborions pour chacun des
établissements, d'une façon particulière, les
établissements qui étaient impliqués par des vocations
pour malades chroniques, des établissements qui étaient
impliqués par de la psychiatrie et, également, des
établissements qui étaient impliqués avec un certain
surplus de lits de courte durée.
Donc, le premier dossier je crois que c'est à
celui-là que M. Forget fait allusion est disparu comme tel, mais
on a repris la question de la régionalisation sur un autre angle. Il
n'est plus question de regroupement de l'obstétrique au centre
hospitalier de Sainte-Marie et l'obstétrique continue, comme telle, dans
trois établissements de la région.
M. Forget: Ces établissements, c'est l'hôpital
Cloutier, j'imagine, d'une part?
M. Lazure: II y a de l'obstétrique qui se fait, si vous
voulez, à l'hôpital Cloutier. Il y en a également qui se
fait à Saint-Joseph; il y a de l'obstétrique qui se fait
également à Sainte-Marie.
M. Forget: Est-ce que le comité sur la
périnatalité a été consulté sur l'abandon de
cette recommandation de regroupement des services dans la région de
Trois-Rivières?
M. Lazure: Je ne saurais l'affirmer de façon
catégorique. Le sous-ministre, le Dr Brunet avait des contacts
régulièrement avec le comité, à l'époque
où ce changement d'orientation a été décidé.
Mais je ne pourrais pas l'affirmer catégoriquement. Je n'ai pas eu de
contacts directs avec ce comité; c'était le Dr Brunet qui avait
les contacts.
M. Forget: Alors, on ne sait pas si cette situation est
satisfaisante sur le plan du maintien ou de l'amélioration de la
qualité des services dans la région de Trois-Rivières.
M. Lazure: Je pense que, pour être franc, au moment
où on se parle, on n'a pas d'évaluation, on ne peut pas se
prononcer dans un sens ou dans un autre.
M. Forget: Ce serait peut-être important que quelqu'un se
rende compte si, oui ou non, c'est compatible avec les objectifs de la
qualité de services.
M. Lazure: Sûrement, mais cela touche une question plus
fondamentale. L'opération qui a été menée à
bien, dans plusieurs cas, à savoir de fermer certaines unités,
certains départements d'obstétrique et de concentrer les services
d'obstétrique dans un plus petit nombre d'hôpitaux pour
améliorer la qualité, en gros, je pense que c'est cohérent
et les gens s'entendent là-dessus. Mais...
M. Forget: Ce n'est pas seulement cohérent, mais cela a
contribué, de façon importante, à diminuer le taux de
mortalité infantile.
M. Lazure: Cela n'est pas prouvé, M. le
député de Saint-Laurent. Là-dessus si le
député de Saint-Laurent veut avoir des détails on a
eu un comité de régie tout à fait récent, il y a
quelques semaines, et on a eu un rapport qui n'est pas concluant. Il faut faire
attention de ne pas établir une relation de cause à effet entre
deux phénomènes qui peuvent être strictement
parallèles et qui peuvent coïncider, historiquement, à la
même période. Mais je peux vous mettre au défi de
démontrer que c'est le regroupement de services d'obstétrique qui
a, en soi, ou qui a été le principal artisan de la baisse de la
mortalité prénatale, parce que c'est extrêmement
difficile...
M. Forget: Oui, mais, M. le ministre, vous seriez encore plus
embêté de faire la preuve inverse.
M. Lazure: Si vous permettez, c'est pour cela que je n'essaie pas
de la faire dans un sens ou dans l'autre. Mais vous étiez en
train...
M. Forget: Non, mais vous prenez des décisions dans ce
sens.
M. Lazure: ... d'essayer de faire la preuve.
M. Forget: Non, je dis qu'il y a des probabilités.
M. Lazure: Non, même pas! Parce que, au fur et à
mesure que se faisait le regroupement, dans certaines régions du
Québec, il est évident que plusieurs autres mesures
étaient prises, des mesures pour améliorer l'hygiène, des
mesures pour améliorer les soins prénataux, nataux et postnataux.
Je pense que c'est un peu trop simpliste, M. le Président, de dire: S'il
n'y a pas eu de regroupement dans Trois-Rivières, la qualité des
services en obstétrique doit être mauvaise.
M. Forget: Plutôt que l'affirmation du ministre, j'aimerais
savoir et on a eu la réponse tout à l'heure si le
comité d'experts et de spécialistes qui existe d'ailleurs
depuis au-delà de dix ans maintenant est d'accord avec cette
conclusion du ministre ou si ce qu'on est en train de faire c'est plutôt
la démonstration qu'un certain nombre d'égoïsmes de clocher
qui sont évidemment très répandus dans le
réseau hospitalier ont réussi, par leurs pressions
et cela n'est pas sans précédent à obtenir le
maintien du statu quo au détriment, peut-être et c'est
là-dessus que l'avis d'un comité d'experts indépendant est
important de la qualité des services. Je pense que c'est au moins
une question qui se pose, étant donné que le ministre a pris des
décisions.
M. Lazure: La décision a été prise, pas
seulement par le ministre, suite à des discussions au sein du
ministère. Je répète, M. le Président, qu'il peut
exister et qu'il existe des services d'obstétrique partout au
Québec, comme ailleurs, qui ne sont pas des services
d'obstétrique universitaires, qui ne sont pas des services
d'obstétrique dans de très grands hôpitaux et qui ont les
mêmes bons taux de survie à la naissance que dans les grands
centres universitaires. C'est tout ce que je fais remarquer au
député de Saint-Laurent. Encore une fois, je présume
qu'à l'époque le comité a été
consulté. Si le député veut avoir une réponse plus
précise, on essaiera de la lui apporter demain.
M. Forget: J'apprécierais qu'on nous l'apporte demain
parce que je pense que c'est une question importante...
M. Lazure: On essaiera de la lui apporter, je vais
vérifier.
M. Forget: II s'agirait d'abolir le comité, si on pense
que ses conclusions n'ont plus de pertinence et que, de toute façon,
l'évolution normale des choses va produire des résultats
bénéfiques.
M. Lazure: Je ne pense pas que le député de
Saint-Laurent ait eu comme attitude, alors qu'il était titulaire, de
s'engager à l'avance à toujours respecter les recommandations des
comités.
M. Forget: Non, mais dans un cas précis, j'aimerais bien
savoir si le ministre est d'accord ou pas d'accord sur des recommandations
précises, sur une question détaillée, avec le
comité.
M. Lazure: On va vérifier.
M. Forget: Est-ce que le plan si on peut parler
désormais d'un plan, puisque ce sont des développements
individuels d'établissements, ce n'est plus dans le contexte d'une
régionalisation y a-t-il d'autres aspects sous lesquels les
vocations futures de chacun des établissements pris isolément
divergent de ce qui avait été prévu il il y a quelques
années comme aménagement global de la région?
M. Lazure: À ma connaissance, un seul établissement
serait l'objet de modifications, par rapport à ce qui avait
été prévu il y a quelques années. C'est celui du
Centre hospitalier de Nicolet, où on prévoyait, si ma
mémoire est fidèle, la construction de 150 lits pour malades
psychiatriques. Les propositions contenues dans le cadre de la
régionalisation présentée au conseil régional,
diffèrent de façon appréciable, par rapport au nombre de
lits en psychiatrie qui ne devrait pas excéder, je crois, une
soixantaine.
M. Forget: On a donc pris la décision de diminuer le
nombre de lits psychiatriques à Nicolet. Est-ce à dire que
l'expérience du fonctionnement de Sainte-Thérèse de
Shawinigan est telle que ce problème ne se pose plus avec la même
acuité?
M. Lazure: C'est l'une des raisons, si vous voulez,
Sainte-Thérèse de Shawinigan. Il y a également le fait que
nous avons repris un autre projet je pense qu'il y en a deux
effectivement, avec Georges-Frédéric où on
retrouvera un nombre correspondant d'environ cinquante lits de cas
psychiatriques.
M. Forget: Je vois. L'hôpital Sainte-Thérèse
de Shawinigan, de même que l'hôpital Cooke sont-ils utilisés
désormais à 100%.
M. Lazure: L'hôpital Sainte-Thérèse de
Shawinigan, une fois que les crédits de développement lui seront
alloués cette année, fonctionnera à 100%. Nous sommes
même à négocier l'utilisation possible du dernier
étage occupé présentement par les religieuses, au
bénéfice des malades chroniques.
M. Forget: Pour ce qui est de Cooke?
M. Lazure: Pour ce qui est de Cooke, les discussions que nous
avons actuellement avec l'hôpital Cooke devraient nous permettre, d'ici
l'automne, je crois, d'occuper entièrement cet établissement.
Déjà, ce matin, j'expédiais une lettre à
l'hôpital Cooke et également à l'hôpital Saint-Joseph
de Trois-Rivières en ce qui concerne les lits de pneumologie qui
étaient à l'hôpital Cooke, lesquels lits font l'objet d'un
transfert et se retrouveront à l'hôpital Saint-Joseph de
Trois-Rivières.
M. Forget: Le problème des malades chroniques qui a fait
couler beaucoup de salive durant une certaine campagne électorale
récente, qui a même poussé le ministre actuel à
déclarer que si la région avait besoin d'un hôpital pour
malades chroniques elle en aurait un, ce problème est-il
résorbé ou est-on en train de planifier la construction d'un
hôpital pour malades chroniques dans la région de
Trois-Rivières?
M. Lazure: M. le Président, correction des faits,
simplement. Je n'ai jamais dit que si la région avait besoin d'un
hôpital chronique, la ré-
gion en aurait un. Je ne sais pas à quelle déclaration le
député fait allusion, mais...
M. Forget: Je l'ai à mon bureau, je l'apporterai au
ministre cet après-midi.
M. Lazure: On pourra la regarder. M. Forget: Oui, c'est en
toutes lettres.
M. Lazure: Effectivement, il y a des progrès, comme M.
Cantin vien de l'indiquer, dans l'utilisation de lits pour les malades
chroniques qui parfois étaient carrément inoccupés dans
toute la région, que ce soit à Sainte-Thérèse, que
ce soit à Saint-Joseph, que ce soit à Cooke.
Je pense que les discussions se poursuivent. À cet effet, il y a
des rencontres de prévues, le 12 juin et le 26 juin, avec
l'hôpital régional de La Mauricie, justement pour tenter d'en
venir à des conclusions d'acceptation de soixante lits pour malades
chroniques.
M. Forget: À l'hôpital de La Mauricie.
M. Lazure: L'hôpital régional de La Mauricie.
M. Forget: Qu'est-ce qui arrive à Laflèche dans ce
contexte?
M. Lazure: L'hôpital Laflèche, actuellement, garde
sa vocation d'établissement, si vous voulez, de courte durée.
Nous sommes actuellement à discuter avec lui un problème
particulier, à savoir l'avenir de la pédiatrie à cet
établissement. Cela se fait justement dans le cadre des discussions avec
l'hôpital régional de La Mauricie.
M. Forget: C'est peut-être un problème un peu
différent. L'hôpital qui se trouvait assez loin, qu'il
était question de fermer...
M. Lazure: À Lac-Édouard? M. Forget:
À Lac-Édouard.
M. Lazure: Effectivement, si vous voulez, les patients de
Lac-Édouard comme tels seront transférés au centre
hospitalier de La Tuque.
Les équipements physiques qui sont là sont
transférés au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
M. Forget: Je vois. C'est prévu pour quel moment?
M. Lazure: Les travaux devraient se terminer d'ici environ trois
mois, je crois. C'est un projet qui a été repris à
plusieurs reprises.
M. Forget: Donc il n'y a plus de projet en perspective pour
l'hôpital Sainte-Marie?
M. Lazure: II faut toujours présenter le projet de
l'hôpital Sainte-Marie dans le contexte où il était
à l'époque. La base même était l'addition d'un
nombre de lits reliés à l'obstétrique et à la
pédiatrie. (12 h 15)
M. Forget: Je vois. Cela a été
abandonné...
M. Lazure: C'est cela.
M. Forget: Du côté de Sherbrooke, quelle est
l'évolution de la question? Est-ce que, là aussi, on abandonne
tout effort de rationalisation des services?
M. Lazure: On n'abandonne pas tout effort de rationalisation des
services dans... Il est suave, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: C'est une description adéquate de ce qui se
passe.
M. Lazure: Continuez, M. Cantin.
Il s'est poursuivi, comme il se poursuit depuis trois ans, des
discussions, si vous voulez, dans la région de Sherbrooke. Toujours
à la base de ces discussions, on retrouve les mêmes services ou
les mêmes spécialités qu'on retrouvait à
l'époque. C'est toujours la question de l'obstétrique, de la
pédiatrie, des malades chroniques et des malades psychiatriques.
Malheureusement, nous n'en sommes venus à aucune conclusion à cet
effet. Tout dernièrement, le dialogue a été repris d'une
façon plus intensive par le conseil régional. Également,
je pense que, dans le cadre des discussions plus particulières de la
formation d'un comité sur la région des Cantons de l'Est, il y a
des discussions qui devront se faire au niveau de toutes les propositions qui
sont mises de l'avant et pour lesquelles aucune réponse n'a
été apportée jusqu'à maintenant.
M. Forget: Est-ce qu'il apparaît possible, après des
années d'efforts pour faire déboucher les parties
intéressées localement à un plan d'ensemble qui satisfasse
tout le monde, avec l'impossibilité évidente d'obtenir l'accord
de tout le monde là-dessus, que finalement le ministère devra
intervenir de manière à trancher le noeud que personne ne veut
dénouer localement, pour des raisons évidentes?
M. Lazure: M. le Président, les fonctionnaires, comme
vient de le dire M. Cantin, continuent les discussions de concert avec les
intéressés régio-nalement. En somme, c'est un peu comme
une négociation qui traîne souvent beaucoup plus longtemps qu'on
ne le voudrait. Mais, pour autant que je suis concerné, on n'est pas
encore arrivé à l'étape où le ministère doit
trancher. Je n'ai pas encore eu de recommandation de la part des fonctionnaires
à cet effet. Je pense qu'il faut continuer encore avec patience, essayer
d'obtenir un consentement dans la région. Quand il n'y a pas de
consentement pour ces changements de vocation, on sait, par expérience,
qu'il est relativement facile de saboter les objectifs et de
miner les objectifs. On préfère prendre un peu plus et
avoir le consentement des parties.
Je voudrais ajouter un élément au dossier. En ce qui
concerne la psychiatrie, personnellement, je crois qu'à brève
échéance, sans affecter les plans d'ensemble qu'on avait, on
pourra avoir des réponses intéressantes. Déjà, pour
la psychiatrie légale, une réponse a été
trouvée. Je pense que l'implantation des lits, demandée dans le
cadre de l'émission des permis, par le ministère , à
l'Hôtel-Dieu et à Saint-Vincent-de-Paul, soit 45 à chacun
de ces établissements, devrait pouvoir se concrétiser à
brève échéance.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Si le député de Saint-Laurent me
permet un commentaire, je lui dirai que le problème de l'organisation
des soins de santé à Sherbrooke est un problème aigu, est
un problème crucial qui, effectivement, existe depuis plusieurs
années. J'ai été à même de constater le
dossier assez troublant des concertations tentées au cours des
années sur la question des soins psychiatriques, des soins pour malades
chroniques, des soins d'obstétrique; seulement sur la question
d'obstétrique, on sait que les trois hôpitaux principaux à
Sherbrooke, à savoir le Centre hospitalier universitaire, Saint-Vincent
et l'Hôtel-Dieu, se partagent à peu près un nombre
égal de cas, 700 à 800 cas par année.
J'ai pu rencontrer les professionnels également à
plusieurs occasions. Je crois par ailleurs que le climat est beaucoup plus
serein et la volonté du milieu est plus claire qu'elle n'a
été en tout cas de parvenir à des ententes fondamentales
sur le réaménagement des services dans la région. Je crois
qu'il y a une démarche qui est entreprise depuis déjà un
certain temps avec le Conseil régional de la santé et des
services sociaux et le ministère à cet égard, en vue
d'asseoir à une même table les professionnels, les directions des
divers hôpitaux. On a même parlé, à certains moments,
d'une administration unique pour les divers hôpitaux du milieu, qui
permettrait de réaliser ces aménagements.
Tout ce que je puis dire et j'en suis conscient avec le
député de Saint-Laurent c'est qu'il faudra avoir le
courage, mais en espérant que le milieu aura lui-même cette
autodiscipline, cette autocontrainte, de réaliser un meilleur
aménagement de services, de façon à vraiment
débloquer les soins qui, actuellement, souffrent. Je pense, par exemple,
aux soins psychiatriques et aux soins pour malades chroniques où il y a
encore infiniment de besoins chez nous. Le fait que ces services
n'évoluent pas plus vite est un peu lié au fait que nos
institutions, à Sherbrooke, maintiennent des services souvent
concurrentiels. C'est de plus en plus inadmissible que ces choses-là se
perpétuent très longtemps.
Je crois que le milieu professionnel en est de plus en plus conscient et
je crois que, sous l'égide du Conseil régional de la santé
et des services sociaux, on devrait assister, au plus tard l'automne prochain,
à une sorte de petit sommet régional sur cette question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, étant originaire de
l'Estrie et représentant d'une circonscription qui est fortement
affectée par les services qui peuvent être améliorés
dans nos hôpitaux de Sherbrooke, nos hôpitaux à soins plus
spécialisés, je suis heureux de constater que des pas se font,
lentement, mais qu'on semble se diriger dans une bonne direction. Je suis
heureux, surtout, de constater qu'on travaille davantage en tenant compte des
volontés du milieu.
Je pense que c'est un acquis par rapport à ce qui s'est fait
depuis une bonne décennie, alors que les services de santé
étaient laissés à quelques personnes dans à peu
près tous les milieux. Là, on constate que, de plus en plus, la
population décide d'emboîter le pas et de marquer des gains, en ce
sens que c'est de plus en plus la population qui s'affirme dans ses besoins et
dans son désir de voir améliorer le système de
santé, d'une façon particulière dans la région de
l'Estrie.
Je suis heureux également de constater que mon intervention
d'hier auprès du ministre a porté fruit ce matin et que le
ministre, sensible aux problèmes qui sévissaient dans la
région de l'Estrie encore une fois, plus particulièrement au
niveau de ma circonscription, a voulu, dès ce matin, trancher la
question en accord avec les volontés de la population.
Je pense que ce dossier, qui parviendra dans la région chez nous,
est de nature à donner confiance à la population. Elle
l'attendait déjà depuis de nombreuses années, puis que
depuis près de 18 ans nos centres hospitaliers ont vivoté et ont
diminué leur nombre de lits continuellement du côté des
soins aigus particulièrement. La réponse de ce matin est de
nature à encourager fortement le comité des citoyens et le
gouvernement démontre nettement qu'il a l'intention de travailler selon
le désir de ia population locale.
Au programme 5, j'aimerais savoir du ministre de quelle façon
seraient répartis les $5 millions qui s'ajoutent à
l'élément 2, vis-à-vis des services de première
ligne.
M. Lazure: Je vais demander à M. Mercier de venir...
En ce qui concerne les $5 millions à cet élément,
il s'agit de l'indexation du montant du budget 1977/78. Il ne s'agit pas d'une
augmentation en termes de développement.
CLSC
M. Grenier: Une indexation seulement. Dans ces services de
première ligne, est-ce qu'il y aura lieu je pense bien que c'est
le même programme de savoir s'il y a des CLSC en
préparation, qui devraient être mis sur pied au cours de
l'année?
M. Lazure: Au cours de l'année, non.
M. Grenier: Quels sont ceux qui sont en mesure de devenir un
enfant-né prochainement?
M. Lazure: Ce serait présomptueux de donner des noms de
régions ou des noms de districts. Depuis que l'on a demandé aux
conseils régionaux de constituer des commissions administratives pour
les CLSC, il y a plus d'un an, nous nous laissons guider en grande partie par
les recommandations des CRSSS sur les endroits prioritaires où doivent
se développer éventuellement des CLSC. Alors, pour cette
année, il n'y a rien de prévu et au cours de cette
année-ci nous étudierons les propositions qui vont nous arriver
des CRSSS.
M. Grenier: Ces demandes qui sont faites par les CRSSS au
ministère et les recommandations qui sont données pour
différentes mises en place de CLSC, il n'en est pas question pour cette
année bien sûr, mais le ministre est certainement en mesure de
nous préciser les régions où il y a des priorités;
il doit y avoir des A, des B et des C, j'imagine. Est-ce qu'il y a des
régions qui sont, à votre avis, plus prioritaires que
d'autres?
M. Lazure: En gros, quitte à ce que M. Chaput
détaille, notre position, vis-à-vis de la création de
nouveaux CLSC c'est de favoriser les régions du Québec qui sont
les plus déficitaires au point de vue services de santé et
services sociaux. Par conséquent, dans cette optique, il nous semble
probable que les nouveaux CLSC qui seront ouverts dans l'avenir seront
principalement à l'extérieur des grands centres urbains.
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas prendre votre temps, c'est
seulement une question dans le même ordre. L'an dernier, vous nous aviez
déposé une liste de projets de développement des CLSC, que
j'ai devant moi; pour vous resituer, cela concerne les régions de
Rivière-au-Renard, An-cienne-Lorette, Guadeloupe, Trois-Pistoles, etc.
Dans quelle mesure ces projets ont-ils été réalisés
et y en a-t-il qui ont accéléré leur développement
ou d'autres qui ont retardé leur développement?
M. Lazure: Vous faites allusion à la liste des onze qui
ont été ouverts au cours de l'année 1977/78.
Mme Lavoie-Roux: Je ne les ai pas comptés, il y en a
peut-être onze.
M. Lazure: M. Chaput peut donner des détails sur
chacun.
Effectivement, si vous les voulez par ordre, on peut même les
passer. Au niveau de Val-Rosiers, l'implantation a été
réalisée par le conseil régional de santé et de
services sociaux du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie.
Mme Lavoie-Roux: C'est à la Rivière-au-Renard?
M. Lazure: C'est exact. Au niveau de centres de santé, ce
qui était Trois-Pistoles dans votre liste et qui est devenu Centre de
santé Bois Bouscache, là aussi, effectivement, dans toute la
liste que vous avez, tous sont à un stade d'implantation. Les seuls qui
ont des délais, il y en a un à Montréal, c'est Parc
Extension et un à l'Ancienne-Lorette; c'est le CSLC Laurentien où
on fait face à des problèmes davantage reliés à
l'immobilisation.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est la raison du délai dans le cas
de Parc Extension?
M. Lazure: Dans le cas de Parc Extension c'est carrément
relié, là aussi, à des problèmes d'organisation
matérielle. Au niveau budgétaire, il y a un budget de l'ordre de
$240 000 qui a été versé l'année dernière et
dans les démarches qui ont été réalisées
encore une fois, je pense ne pas me tromper, dans ce dossier-là, des
problèmes sérieux au niveau d'espaces de location et
d'organisation au niveau matériel du budget ont amené ce
délai. Si je ne fais pas erreur, et je pourrai vérifier pour cet
après-midi, les délais sont à des phases finales,
c'est-à-dire que normalement on ne devrait pas avoir de problème
à court terme. Je peux vérifier pour Parc Extension.
Mme Lavoie-Roux: Cette question d'espace a été
réglée, selon vous.
M. Lazure: J'aimerais vérifier et je répondrai cet
après-midi pour Parc Extension, Montréal.
M. Le Moignan: M. le Président... (12 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Mais les autres sommes ont toutes
été dépensées, moins le montant pour
L'Ancienne-Lorette et le cas de Parc Extension.
M. Lazure: C'est exact. Dans les autres cas, oui, les
développements ont été accélérés, tel
que prévu. Vous savez, ce que nous voulions, en confiant à des
CRSSS ou à des établissements l'implantation de ces centres, nous
voulions accélérer le programme, nous voulions que, dans un
délai d'un an, des services soient rendus à la population et nous
pouvons nettement dire que cet objectif a été atteint.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Pointe-Claire, sur le même sujet?
M. Shaw: Sur le même sujet. L'année passée,
vous avez dit que des 82 CLSC en place, seulement 15 donnaient des services
à la population. Maintenant, c'est rendu à combien?
M. Lazure: Je m'excuse, M. le Président, pour corriger les
faits, ce n'est pas exact.
M. Shaw: Pour cette année...
M. Lazure: Je veux rétablir les faits. On n'a jamais dit
que sur les 82 CLSC, il y en avait seulement 15 qui donnaient des services. Le
député de Pointe-Claire...
M. Shaw: Combien, maintenant, donnent des services à la
population? Il y en a 82 qui sont en place déjà.
M. Lazure: M. Chaput.
Oui, écoutez, selon le niveau de leur budget, tous les CLSC, sauf
ceux qui je nommerai tantôt, offrent des services à la population.
Je dis bien, selon le niveau de leur budget. Un CLSC qui a vu son budget
d'implantation fixé à $200 000 offre des services en fonction
d'un budget de $200 000 qui est différent de celui qui a $700 000 ou
$800 000 de budget. Selon le niveau de leur budget, tous les CLSC offrent des
services. Selon la liste de 83 CLSC, il y a 83 districts de CLSC qui ont
été annoncés à un moment ou l'autre, au cours des
cinq dernières années.
Vous devez exclure de cette liste: Cap-de-la-Madeleine, où une
proposition sera soumise au ministre, probablement pour réviser ce
projet; Sainte-Anne-de-Beaupré et Parc Extension auquel j'ai fait
allusion tantôt, alors, moins trois.
M. Shaw: Cela veut dire qu'il y en a seulement trois qui ne
donnent pas de services?
M. Lazure: C'est-à-dire qu'ils n'existent pas dans les
faits. Cap-de-la-Madeleine n'existe pas dans les faits. Exact.
M. Shaw: Sur le même sujet, nous avons fait une
étude de coûts de services par médecin...
Le Président (M. Laplante): Si le député de
Pointe-Claire veut réserver sa question pour cet après-midi, je
le reconnaîtrai le premier, on ajourne les travaux à 14
heures.
Je m'excuse, on me dit que la Chambre reprend ses travaux seulement
à 15 heures, alors on va continuer jusqu'à 13 heures. Le
député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Une étude de coûts de services par
médecin indique que le coût, par visite à la maison, est de
$116 par visite. Est-ce que vous avez déjà fait des études
sur l'efficacité des médecins, dans les régions urbaines
de Montréal, dans les CLSC, sur le coût de chaque service
donné par les médecins dans ces locaux?
M. Lazure: On avait discuté de cette question l'an
passé. Il est extrêmement difficile de comparer de façon
aussi simple le coût d'une visite à domicile d'un médecin
émanant d'un CLSC par rapport au coût de la visite d'un
médecin en pratique privée. Pour arriver à un coût
de $115 la visite il faudrait voir l'analyse, je ne l'ai pas vue, vous
en parlez j'imagine que les analystes ont pris le budget total du
CLSC...
M. Shaw: ... budget total du coût pour les médecins
dans un CLSC.
M. Lazure: ... des médecins qui sont au CLSC. Je crois
qu'il faut tenir compte du volume. Supposons un CLSC qui commence des nouveaux
services médicaux, qui vient d'engager un médecin. Le
médecin, dès les premiers jours ou les premières semaines
de son embauche, il y a des chances qu'il ne soit pas utilisé à
100% de son temps. C'est une question de volume, de rentabilité. Il
faudrait déposer l'analyse pour qu'on puisse en discuter, M. le
Président, de façon intelligente. Il est possible que le
médecin en était au début de ses services et qu'il ne
faisait que quelques visites à domicile par jour. Bien sûr
qu'à ce moment-là, le coût de chaque visite,
mathématiquement, paraissait élevé. Mais ce même
médecin, durant ses autres heures, pouvait avoir, dans le CLSC, d'autres
activités qui n'étaient pas des services à domicile,
activités de prévention, par exemple. Il faut tenir compte de ces
autres activités.
M. Shaw: Si vous avez le service de prévention, qui est
encore accepté par les centres de santé communautaire dans la
même région, et vous avez un médecin qui est engagé,
est-ce que vous avez fait des études pour voir si les sommes d'argent
qui sont dépensées pour ces services sont bien
dépensées, en comparaison des autres obligations de ce même
centre de services communautaires?
M. Lazure: Je pense qu'il y a un élément important.
Si on fait de telles comparaisons, il faudrait savoir si l'on compare les
mêmes données. Je fais état ici d'une entente qui a
été passée avec la Fédération des CLSC et le
MAS pour élaborer et implanter incessamment en fait, c'est
commencé un système d'information sur les CLSC, de sorte
qu'on connaisse l'"output" ou les différents types
d'activités.
Actuellement les données ne sont pas définies de
façon semblable dans une fédération médicale ou une
fédération de CLSC. Les activités ne sont pas les
mêmes. Il est très irréaliste d'avoir des
démonstrations qui soient de réelles démonstrations sur la
productivité médicale dans un milieu comparativement à un
autre.
C'est à partir de données et d'informations
précises telies que celles qu'on obtiendra par le système
d'information intégrée pour les données de CLSC,
comparativement à un système d'information en place pour les
données à la Régie de l'assurance-maladie, par exemple,
que l'on pourra faire une étude permettant de vraiment comparer les
résultats, l'approche et la productivité de deux approches, soit
celle des médecins de CLSC et celle des médecins en cabinet.
Ces données ne sont pas disponibles actuellement. Celles qui le
sont sont extrêmement partielles et ne permettent certainement pas de
conclure à la supériorité ou à
l'infériorité des données qu'on avance.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je veux bien permettre une question incidente au
député, mais je voudrais bien utiliser mon temps
également.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le député de Saint-Laurent a pris le
temps du début jusqu'à midi vingt-cinq. On l'a laissé
jaser, mais je voudrais maintenant avoir mon tour.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas posé beaucoup de questions.
J'en ai posé une toute petite.
M. Grenier: Le député de Gaspé aurait une
question sur notre temps.
M. Le Moignan: Je voudrais revenir...
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas une question de
temps, c'est la question de donner la parole. Vous avez droit chacun à
vingt minutes. J'avais reconnu le député de
Mégantic-Compton. S'il passe son tour, je vais être obligé
de retourner à...
M. Grenier: À ce moment-là, je vais prendre autre
chose.
M. Le Moignan: C'était sur le même sujet, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): C'est toujours sur le
même sujet. Je vais donner le temps de parole à tout le monde. Je
viens d'enlever la parole au député de Pointe-Claire, je voudrais
être juste. Je croyais que c'était sur la même question.
M. Grenier: Si c'est aussi compliqué que cela, il va
garder sa question sur Rivière-au-Renard et la poser tout de suite
après.
M. Lazure: D'accord.
M. Grenier: II interviendra après.
Au sujet de l'orientation des CLSC, on a vu certaines difficultés
et on s'est rendu compte qu'il y avait des CLSC qui semblaient changer
d'orientation. En tout cas, on se chicanait localement pour les services de
première ligne qui n'étaient pas conçus de la même
façon par tout le monde.
J'aimerais savoir s'il y a un ensemble de services de base qui sont
donnés, qu'on peut reconnaître au niveau de chacun des CLSC, par
exemple. Je suis bien d'accord qu'il y ait de la diversité dans l'offre
qui est faite. Mais comme base, est-ce qu'on peut s'entendre, à savoir
que les services sont les mêmes dans plusieurs CLSC?
M. Lazure: Oui. J'ai eu l'occasion, il y a déjà un
certain nombre de mois, de rencontrer les représentants de tous les CLSC
lors de leur congrès annuel. L'allocution que j'avais prononcée
à ce moment-là décrivait un peu les orientations de base
du ministère. Le mot important, dans tout cela, c'est
"complémentarité." On demande aux CLSC de tenir compte, quand ils
développent des services, de ce qui existe autour d'eux comme services
publics et même comme services privés de façon à ne
pas dédoubler ces services. C'est le principe de base.
Deuxièmement, il y a des services que nous jugeons prioritaires
au gouvernement, par exemple, les services à domicile et les soins
à domicile, à tel point que dans le programme que nous
étudions actuellement, le programme no 5, on retrouve les soins, les
services à domicile. Les sommes d'argent, $7 millions cette
année, $10 millions annualisés, ont été
distribuées régionalement.
Nous avons demandé à chaque CRSSS de faire en sorte que
les CLSC aient la première priorité pour recevoir une partie de
ces sommes, afin de mettre sur pied prioritairement des services à
domicile, des services d'auxiliaires familiales, mais aussi des soins à
domicile.
Pour l'information des membres de la commission, on peut distribuer ce
texte qui date du 11 avril et qui était, en somme, la directive à
chaque conseil régional, accompagnée d'un tableau et de la
répartition financière pour chaque région. Donc, les
services essentiels, pour nous, dans les CLSC, les soins et les services
à domicile. Ceci étant dit, il est bien entendu que les CLSC
auraient eu besoin, cette année, de crédits de
développement au-delà des crédits qui leur viennent par le
biais des services et des soins à domicile. Malheureusement, nous
n'avons pas pu obtenir ces crédits; mais avec ces subventions
spéciales d'aide à domicile, un grand nombre de CLSC vont
recevoir des sommes qui s'échelonnent entre $50 000 et $100 000; donc,
ils pourront embaucher un certain nombre d'employés additionnels.
M. Grenier: Dans les services à domicile, vous avez une
augmentation de $9 millions. Ce ne doit pas être là qu'il y a une
demande d'indexation.
Le Président (M. Laplante): C'est sur l'autre
élément. Mme le député de L'Acadie, est-ce que
c'était sur les CLSC?
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le
député de...
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire oui, excusez-moi.
Le Président (M. Laplante): Sur les CLSC?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Le sous-ministre, tout à l'heure, a
répondu à une question de M. Shaw, je pense. La question
précise était celle-ci... Quand il a dit qu'il n'y a que quinze
CLSC qui fonctionnent, la question précise qu'on avait posée l'an
dernier, c'est; Combien y a-t-il de CLSC qui, présentement, offrent tous
les services qui sont normalement dévolus aux CLSC? L'an dernier, je
pense qu'il y en avait à peu près une quinzaine qui donnait des
services complets. Je pense que c'est le sens de sa question: Est-ce qu'il
y en a davantage cette année? Pourriez-vous nous répondre
là-dessus?
M. Lazure: La situation est relativement semblable, si on tient
compte qu'au cours de l'exercice qui s'est terminé le 31 mars 1978, ce
qui a été discuté l'an passé, il n'y a pas eu, en
dehors des services à domicile, de budget de développement des
CLSC. Dans certains cas, des opérations de transfert d'effectifs font
que des CLSC offrent davantage et répondent davantage à des
besoins de leur population, parce que des effectifs ont été
transférés à des CLSC. En général, la
situation est relativement semblable puisque je me rappelle très bien
que, l'an passé, nous avons commencé cette discussion à
partir de ce que nous pourrions appeler, de ce que nous devons appeler la
vitesse de croisière d'un établissement. Nous savons à
quelle vitesse un centre hospitalier doit se rendre. C'est autour d'une
discussion sur cette vitesse de croisière que j'avais laissé
entendre qu'une quinzaine de CLSC avaient atteint suffisamment leur vitesse de
croisière pour pouvoir les considérer.
Mais de là à traduire cela comme étant quinze CLSC
qui offrent des services et les autres qui n'en offrent pas, ce n'est pas la
compréhension qu'il faudrait en avoir.
Mme Lavoie-Roux: J'imagine que chaque CLSC se fixe des objectifs
selon les besoins de son milieu. D'après la réponse que vous nous
avez donnée l'an dernier, il y en avait une quinzaine qui avaient,
justement pour utiliser votre expression atteint ces objectifs ou
leur rythme de croisière pour répondre aux besoins
identifiés dans leur milieu. Pour les autres, je pose à nouveau
la même question: Est-ce qu'il y en a où des progrès se
sont fait sentir dans ces objectifs à réaliser, dans la
réalisation des objectifs qu'ils se fixent? Quel est le progrès
réalisé durant l'année, dans cette optique?
M. Lazure: Je répondrai de la façon suivante: Le
premier et le plus important progrès, je pense, qui a été
réalisé en cours d'année, c'est la clarification
budgétaire qui les oblige à fixer des ordres de priorité
et à les respecter, je pense que cela a eu l'extrême avantage de
clarifier les ordres de priorité selon lesquels ils peuvent, dans le
cadre des budgets qui leur sont versés, offrir des services à la
population. (12 h 45)
En termes de quantité de CLSC qui auraient amélioré
les services à la population, je considère que tous les CLSC ont
amélioré les services à la population. Est-ce que
quantitativement, cette amélioration est sensible? Je reviendrai sur la
position que le sous-ministre a notée tantôt. Un des
éléments où il y a eu un net progrès en cours
d'année, c'est l'élément qui nous amène à
avoir installé un système d'information qui va nous permettre
d'avoir des données sur les "output", si vous me permettez l'expression,
sur les réalisations de chacun des CLSC. Cette entente que nous avons
eue avec la Fédération des CLSC et à laquelle se sont
joints, effectivement, tous les CLSC au Québec ils ont tous
accepté de participer à cette entente fait que, dans un
délai à court terme, nous aurons des informations beaucoup plus
complètes qui nous permettront de savoir si, d'une année à
l'autre, soit le mode d'organisation, soit des budgets supplémentaires,
soit des effectifs supplémentaires, font qu'il y a eu plus de
services.
Il y a nettement eu et je termine là-dessus, tout
simplement sur une question bien particulière, puisque c'est hors budget
que nous discutons une augmentation du nombre de médecins dans
les CLSC. Il serait assez difficile de dire qu'il y a eu moins de patients ou
de malades qui ont vu des médecins quand je constate une
amélioration dans le nombre de médecins au moment
où l'on se parle, il y a 205 médecins qui ont été
embauchés. L'an dernier à la même époque, si je ne
fais pas erreur, on était à environ 175 médecins, mais
là, il faudrait que je vérifie, mais c'est à peu
près cela.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que j'interprète bien, M. le
Président, quand on nous dit qu'il a pu y avoir un réexamen des
priorités, une réallocation des ressources, mais, qu'en fait, il
n'y a pas eu d'ajout de ressources en fonction du développement des
CLSC?
M. Lazure: Ce n'est pas tout à fait exact, si on regarde
le tableau que vous avez devant vous je ne sais pas si on vous l'a
distribué indiquant les services de soins à domicile, le
personnel oui, vous l'avez région par région pour
un total de $7 millions. Concernant ces $7 millions, on n'a pas encore les
rapports complets venant des CRSSS, suite à l'attribution de ces
montants. Mais, on peut supposer qu'au moins la moitié de ces $7
millions, donc $3 millions, vont aller au réseau des CLSC pour
embaucher, soit des auxiliaires familiaux pour les services à domicile,
soit des infirmières pour les soins à domicile.
Ce ne sont pas des crédits de développement de
façon globale, si vous voulez, qui pourraient être affectés
par le CLSC selon ses priorités, j'en conviens. Mais, c'est, quand
même, du développement selon les priorités du gouvernement
et avec lesquelles la plupart des CLSC sont d'accord. Il faut améliorer
et augmenter les services à domicile.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé, sur le même sujet, s'il vous plaît.
M. le Moignan: Sur le même sujet, oui. Parce qu'on a
mentionné tout à l'heure Rivière-au-Renard qui a
commencé ses activités en 1977. Il y a un médecin et une
infirmière et peut-être une réceptionniste.
Rivière-au-Renard répond très bien à la demande, je
crois, Est-ce qu'il y a des subventions nouvelles ajoutées et est-ce
qu'on vous a demandé un surplus d'aide pour cette
année? Parce que le médecin me semble assez actif et est
débordé dans ce coin. Est-ce que vous avez quelque chose?
M. Lazure: Oui, effectivement, en termes de ressources nouvelles
sur ce que le ministre vient de noter au niveau des soins à domicile, je
n'ai pas encore la réponse, mais normalement des budgets
supplémentaires devraient être octroyés à ce CLSC
pour l'amélioration des services à domicile. C'est un premier
élément. En ce qui concerne d'autres problèmes
reliés à ce que vous avez noté, des discussions sont
encore en cours concernant le dossier en question, puisque, comme vous le
voyez, il s'agit d'un budget de $112 000 qui leur permet, actuellement, de
démarrer des services dans ce district.
M. Le Moignan: Une deuxième question, au sujet de la
clinique médicale de Percé je ne sais pas si c'est le nom
qu'elle porte officiellement qui est rattachée au CLSC de
Chandler, qui, lui, loge dans le centre hospitalier de Chandler. Est-ce que
Percé a un médecin permanent depuis l'automne? Est-ce que c'est
le CLSC de Chandler qui continue de subventionner, de superviser la clinique
médicale de Percé, ou est-ce qu'elle a atteint un statut
autonome?
M. Lazure: II s'agit d'un point de services du CLSC de Chandler
et les derniers problèmes techniques reliés au paiement, dans ce
cas, sont sur le point de se résoudre. J'ai rencontré,
effectivement, les autorités du CLSC, il s'agit d'un point de services
pour lequel nous avions, d'ailleurs, l'an passé, mis un ordre de
priorité parce qu'il y avait des médecins qui étaient
intéressés à aller travailler dans cet endroit.
M. Le Moignan: Ils ont demandé une clinique dentaire,
peut-être aussi à ajouter à cette clinique.
M. Lazure: Oui. En ce qui concerne les demandes, on pourrait les
énumérer longtemps.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: J'ai une question. Le nombre de médecins a
été augmenté de 215 cette année, est-ce vrai?
M. Lazure: À 215.
M. Shaw: À 215, par rapport à combien l'an
passé?
M. Lazure: À 205.
M. Shaw: Quel nombre avant?
M. Lazure: Avant, 175. C'est ce que j'ai noté. Je l'ai en
arrière ici, mais de mémoire, nous sommes passés, au cours
de l'année, de 175, environ, à 205.
M. Shaw: C'est une augmentation de 30 nouveaux médecins
placés dans les CLSC. Avez-vous une raison particulière pour que,
dans les CLSC éloignés de Montréal, il n'y ait pas
d'autres services médicaux dans la même région? Ou est-ce
seulement une politique du gouvernement d'essayer de' remplacer la pratique
privée par les CLSC?
M. Lazure: Je m'excuse, je n'ai pas bien saisi. Voulez-vous
répéter?
M. Shaw: Je vais poser la question une deuxième fois.
Est-ce que ces 30 nouveaux médecins sont placés dans des CLSC
où il y a vraiment un besoin parce qu'il n'y a pas d'autres services de
pratique privée dans la même région, ou si c'est la
politique du gouvernement de remplacer la pratique privée par les
services de médecins dans les CLSC?
M. Lazure: Pour la deuxième partie de votre question, la
politique du gouvernement consiste à encourager les CLSC à
recruter, dans la mesure de nos crédits, de nos ressources
financières, que ce soient des médecins, des travailleurs sociaux
ou des infirmières, le personnel dont ils ont besoin pour rendre les
services. Cela ne fait pas partie d'un complot pour éliminer la pratique
privée dans notre milieu. C'est une pratique normale, dans le cours des
choses. Le recrutement des médecins a été plus difficile,
à une certaine époque, dans les CLSC. Il semble qu'on a plus de
facilité, surtout auprès des jeunes médecins qui finissent
chaque mois de juin, dans les universités. On a plus de facilité
à recruter des jeunes médecins qui acceptent d'aller travailler
dans un CLSC. La première partie... M. Chaput?
En ce qui concerne la première partie, effectivement,
actuellement, les CLSC peuvent, par décision de leurconseil
d'administration, embaucher des médecins dans leur établissement.
La trentaine à laquelle nous avons fait allusion tantôt
sans en avoir la liste ici, par CLSC est majoritairement au niveau de
CLSC qui sont en milieux nettement défavorisés, et non pas en
milieux urbains, comme vous l'avez laissé entendre dans votre
question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, il y a beaucoup de gens qui
viennent à nos bureaux et qui ont l'air de trouver que les services
à domicile sont inadéquats ou ne répondent pas aux
réels désirs des gens qui font appel à ces services.
J'aimerais savoir s'il y a une base de services qui doivent être
donnés ou si cela tourne uniquement en rencontres sociales. Il est
sûr qu'il y a des infirmières sur les routes, mais les personnes
ont besoin de plus que cela. Il semble que, après avoir donné des
services de soins infirmiers dans les résidences, les autres personnes
qui s'y rendent, d'après les plaintes qui viennent à nos
bureaux,
sont des personnes qui vont là pour faire du social, alors qu'on
sent un besoin d'avoir des services plus physiqes, si vous voulez, plus
matériels, soit en aidant les personnes dans leur lavage, dans le
nettoyage de leur maison, dans les tâches difficiles à faire pour
des personnes handicapées.
M. Lazure: C'est certainement l'esprit qu'on essaie de
transmettre à nos organismes du réseau qui sont responsables des
services à domicile, à savoir aider une personne
âgée, surtout un couple âgé à une
période où la femme ne peut pas faire sa cuisine pendant X jours,
ou l'aider à faire son grand ménage de l'année, ou, en
hiver, aider à déblayer les entrées, ce genre de services
très concrets. Nous encourageons les organismes à dispenser ces
services. Je connais des CLSC qui les dispensent. Je ne peux pas
répondre pour votre région. M. Chaput, peut-être?
Pour être en mesure de dire que ce serait exact qu'au
Québec, actuellement, les services à domicile répondent
plus ou moins aux besoins de la population, je pense qu'il faudrait
peut-être se retourner vers les conseils régionaux pour savoir
s'il y a énormément de plaintes qui ont été
enregistrées sur la qualité des services qu'ils ont reçus.
À ce titre, les éléments que nous possédons
indiquent des données totalement inverses. Je me permettrai d'ajouter
uniquement un élément qui n'a pas de valeur autre que ce qu'il
vaut, à savoir que lors d'une émission, comme on appelle, de
téléphone public, de ligne ouverte, à laquelle j'ai
dû participer sur le sujet, tous les appels reçus avaient trait
à des services à domicile et témoignaient exactement de
l'inverse de ce que vous avez noté.
M. Grenier: Oui, possiblement, M. le Président. Vous
étiez peut-être au niveau d'un grand centre, soit à
Montréal ou à Québec. ... d'origine rurale et les services
qu'on offre dans nos CLSC à vocation rurale sont peut-être un peu
différents. Si vous aviez une ligne ouverte dans la région de
i'Estrie, par exemple, ou Trois-Rivières, ou dans la Beauce, vous auriez
peut-être des questions qui seraient différentes.
Le personnel... C'est pour cela, d'ailleurs que ma première
question était sur l'orientation des CLSC. Il semble qu'il y a des
services d'autres sortes qui pourraient être donnés. Les habitudes
des gens ne sont pas les mêmes en région rurale qu'en ville et il
me semble que d'autres services pourraient être donnés, des
services plus attendus de la part des personnes éventuellement dans le
besoin.
M. Lazure: Je vous ferai remarquer que les CLSC comme les autres
établissements dans le réseau ont, au moins, une assemblée
annuelle où la population est conviée, et c'est un des moments
où la population peut faire valoir ses besoins au personnel du CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Les personnes âgées, dans ces
réunions générales des CLSC...
M. Lazure: Peut-être pas les personnes âgées
elles-mêmes, mais leurs élus à quelque niveau que ce soit,
ou encore les enfants des personnes âgées...
M. Grenier: Je ne sais si c'est le bon terme, j'imagine, les
centres de jour avec les services à domicile... J'aimerais savoir, dans
les centres de jour on aurait pu le voir au secteur hébergement,
mais on peut, je pense bien, s'en informer là quelle somme est
affectée pour les centres de jour?
M. Lazure: Je n'ai pas d'objection à répondre,
c'est $60 000, comme budget de départ pour les centres de jour, mais
cela ne fait pas partie du programme 5; c'est plutôt dans le programme
des centres d'accueil, je m'excuse. Mais c'est $60 000 par centre de jour.
M. Grenier: Par centre de jour, comme départ. Ensuite,
c'est indexé, seulement, chaque année?
M. Lazure: C'est exact.
M. Grenier: II n'y a pas de montant additionnel donné,
cette année.
M. Lazure: Non.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, juste une question,
étant donné qu'il est près de 13 heures et la
réponse à la question demanderait peut-être quelques
instants de consultation des documents du ministère. Je me demande s'il
serait possible, pour permettre de juger de l'évolution sur une
période donnée des services à domicile, soit des soins
à domicile ou des services à domicile... Il serait probablement
utile que les membres de la commission puissent voir l'évolution au
cours d'un certain nombre d'années. Il y a toujours une espèce de
climat de crise, c'est comme si on recommençait l'histoire à tous
les ans, là-dessus. Je me demande s'il serait possible aux
fonctionnaires du ministère de nous présenter un tableau, depuis,
disons 1974 ou quelque chose du genre, montrant l'évolution des
effectifs au niveau des soins et des services à domicile et montrant,
également, si c'est possible de le faire je sais que les chiffres
ne se ventilent pas toujours facilement de toutes sortes de façons
pour les dernières années, l'évolution des
effectifs qui sont basés dans les départements de santé
communautaire et de ceux qui sont basés par types
d'établissement, de manière à voir quel est le tableau
général d'évolution sur une période donnée
de ces effectifs, ce qui nous permettrait de voir... Je pense qu'il y avait eu
des objectifs d'un certain ratio, je pense, par bassin de population; on
voulait avoir tant d'infirmières à domicile, tant d'auxiliaires
familiales à domicile. Je comprends qu'on ne peut pas réaliser
cela dans un an, mais dans combien d'années, au rythme actuel,
pense-
t-on pouvoir atteindre une couverture adéquate? Je pense que cela
pourrait aider à placer les choses dans leur perspective.
M. Lazure: Je pense, M. le Président, qu'on pourra,
demain, transmettre un document qui va donner cette perspective historique des
dernières années.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Sur la question des services à domicile, on voit
qu'il y a une augmentation du montant. Est-ce que c'est attribuable à
l'indexation?
M. Lazure: Non.
M. Shaw: Vous avez un...
M. Lazure: C'est de l'argent nouveau. Ce sont des crédits
de développement. Ces $7 millions qui apparaissent dans le livre des
crédits, ce sont des deniers nouveaux; et "annualisés" cela donne
$10 millions. (13 heures)
M. Shaw: Est-ce que vous avez enlevé les services qui
étaient déjà donnés par les agences privées
comme le Victorian Order of Nurses? Est-ce que la fermeture des services
donnés par le Victorian Order of Nurses continue?
M. Lazure: Oui, au cours des dernières années,
beaucoup de discussions ont eu lieu avec VON et nous avons finalisé
l'opération au cours des derniers mois, en accord avec les dirigeants de
VON et en accord avec certains établissements du réseau qui ont
accepté de collaborer dans l'opération. Alors, tous les services
offerts par les infirmières et les auxiliaires familiales de VON sont
maintenus. Tout le personnel qui oeuvrait à l'intérieur de VON a
été intégré dans le réseau des affaires
sociales et, plus particulièrement, au niveau de deux CLSC, le CLSC
Métro et le CLSC Octave-Roussin, à Montréal. Sept
personnes ont été intégrées au niveau de centres
hospitaliers, il s'agissait d'infirmières de liaison qui travaillaient
à VON. Tout le personnel clérical a vu son travail assuré
à l'intérieur du réseau; personne n'a perdu d'emploi dans
l'opération. Les bénéficiaires n'ont pas été
pénalisés, puisque nous en étions arrivés à
une attente avec le Centraide, à Montréal, pour que le Centraide
puisse fournir un budget d'appoint permettant une phase intermédiaire de
six mois dans laquelle nous sommes pour éviter que toute
personne, qui était habituée d'appeler à VON, puisse
appeler aujourd'hui et que personne ne réponde parce que VON aurait
fermé ses portes. Il s'agit d'un processus d'intégration qui a
respecté d'abord les malades, et ensuite le personnel syndiqué ou
non syndiqué de l'établissement.
M. Shaw: Mais il reste encore quelques régions où
la VON donne des services?
M. Lazure: Au niveau de la VON, à ma connaissance il y en
a deux qui existent encore, soit à Sainte-Anne-de-Bellevue et l'autre
m'échappe, mais je pense avoir...
M. Shaw: Le deuxième est à Rigaud.
M. Lazure: On me dit Hull, mais je pensais que c'était
dans la région de Montréal.
M. Shaw: Alors, il ne vous en reste que deux.
Le Président (M. Laplante): Nous suspendons maintenant les
travaux de cette commission jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise de la séance à 15 h 10)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission parlementaire des affaires
sociales, pour l'étude des crédits 1978/79.
Nous étions rendus au programme 5 et M. le député
de Saint-Laurent avait la parole au moment de la suspension des travaux.
Services à domicile
M. Forget: Sur les services à domicile, j'avais
suggéré qu'on prépare un petit tableau de
l'évolution du développement des ressources depuis un certain
nombre d'années. Je ne sais pas si c'est disponible. Dès que ce
le sera, j'apprécierais le recevoir.
M. Lazure: Demain, nous l'aurons.
M. Forget: Sur le même sujet, je pose la question, à
savoir, dans le cas des services à domicile, jusqu'à quel point
le ministère adopte-t-il une politique d'universalité pour les
services à domicile? Des personnes de toute classe sociale, si je
comprends bien, même relativement aisées, peuvent avoir recours
aux services à domicile et se faire aider à assumer certaines
tâches domestiques, certaines activités domestiques. Au fur et
à mesure que les budgets se développent, on fera plus que donner
des services aux classes les plus défavorisées,
présumément, de la population, on finira par donner des services
beaucoup plus accessibles à une couche importante de la population. Le
problème qui se posera est celui-ci: Est-il approprié que des
services à domicile, pour des tâches domestiques, soient
donnés gratuitement à tous? Étant donné le
caractère limité des budgets que le gouvernement peut consacrer
aux affaires sociales, les demandes multiples qu'il a pour des garderies, pour
des congés de maternité, pour des soins dentaires aux enfants,
etc., à un moment donné, ne sera-t-il pas approprié de se
poser la
question? En vue d'aider à certaines tâches domestiques,
pour des personnes qui ont des revenus suffisants mais qui, tout simplement,
à cause de l'état d'organisation des marchés pour la
main-d'oeuvre occasionnelle, ne sont pas capables, surtout si elles ont un
âge avancé, si elles sont malades, de tirer leur épingle du
jeu et si elles doivent avoir recours aux services sociaux, malgré tout,
ne devraient-elles pas faire une contribution financière pour le
financement de ces services?
M. Lazure: M. le Président, les établissements qui
procurent les services à domicile, puisqu'il s'agit surtout de cela, du
type auxiliaire familial, connaissent très bien les critères qui
servent de guide, à savoir qu'il faut que les services en question
soient dirigés vers des couples ou des ménages, ou des personnes
seules qui, financièrement, n'ont pas les moyens de se procurer de tels
services domestiques.
Théoriquement, le danger qu'évoque le député
de Saint-Laurent peut exister, et même peut-être arrive-t-il, en
pratique, dans certains cas, qu'il se glisse des situations où les gens
en question auraient les ressources économiques pour se procurer
elles-mêmes ces services. Ce qu'on sait du réseau, actuellement en
tout cas, pour les CLSC, c'est qu'il nous paraît assez évident que
ces ressources sont dirigées strictement vers des ménages qui
sont en mauvaise posture économique.
M. Forget: Je peux difficilement prendre la réponse du
ministre comme une réponse définitive. Dans la mesure où
les ressources augmentent, on doit desservir des clientèles qui sont de
moins en moins défavorisées, à supposer même, ce qui
est déjà une hypothèse immense, qu'un CLSC puisse
connaître qui est en position de payer et qui ne l'est pas. Ce n'est pas
écrit sur le front des gens qu'ils ont tel et tel revenu. Si on se borne
à demander aux gens s'ils ont l'impression d'avoir les moyens de payer,
je peux prédire quel genre de réponse ils vont obtenir de la part
d'un grand nombre de personnes qui ont peut-être les moyens de payer mais
qui vont penser qu'elles ne les ont pas. (15 h 15)
Ces organismes ne sont pas du tout en position pour déterminer
qui a les moyens et qui ne les a pas, à moins de se faire des illusions
grossières, à mon avis, sur leur connaissance du milieu. D'autant
plus que dans le cas des auxiliaires familiales, on a brisé, il y a deux
ou trois ans, le lien qui existait entre le service des auxiliaires familiales
et l'aide sociale. Tant qu'il suffisait d'être inscrit à l'aide
sociale pour bénéficier d'auxiliaires familiales, on pouvait
prétendre, quels que soient les mérites ou les
démérites du système, qu'au moins, il y avait une
évaluation soigneuse de la position financière de chaque
ménage.
On a voulu, justement, rendre ce service beaucoup plus accessible
à des gens qui ne sont pas au seuil de la pauvreté, et des
études avaient été commencées, d'ailleurs, pour
déterminer quels pourraient être les barèmes de
contribution des bénéficiaires, en fonction de leur revenu... de
répondre que: "Bof! c'est théorique". Ce n'est pas
théorique. La société n'est pas divisée en deux
catégories de gens: ceux qui sont très riches et peuvent tout se
payer et ceux qui sont très pauvres et ne peuvent rien se payer.
L'immense majorité des gens se situe entre les deux. À moins
qu'on ne veuille desservir que les très pauvres, donc les
assistés sociaux. À ce moment-là, qu'on retourne la
gestion du programme à l'aide sociale.
On est à tous les jours, et constamment, confronté par une
solution pour laquelle on n'est pas équipé, si je comprends bien.
Il doit y avoir un certain nombre d'injustices.
D'ailleurs, je ne pose pas la question complètement gratuitement,
comme on peut en douter. J'ai entendu parler de toutes sortes de bases
d'évaluation ou de jugement qui seraient appliquées dans certains
CLSC pour accorder des services ou les refuser. Je n'ai pas l'intention de
décrire ce qu'on m'a décrit, parce que je pense que ce n'est pas
à l'honneur de personne et je ne voudrais pas faire, de quelques cas
particuliers, une règle générale, non plus. Qu'on ne se
fasse pas d'illusions et que le ministre, surtout, ne se fasse pas d'illusions,
il y a bien des critères de discrimination qui sont utilisés et
très explicites dans certains cas, mais je ne suis pas sûr que ce
soient les bons. À moins que le ministère, de façon un peu
plus rigoureuse, définisse des critères et veille à leur
application, il va en résulter des histoires assez savoureuses, au cours
des prochaines années. Au fur et à mesure que ces services se
développement, le potentiel de discrimination se développe,
également. Qu'on ne se fasse pas d'illusions là-dessus, non plus,
les besoins sont inépuisables.
Dès qu'on commence à offrir des services à domicile
pour remplir des tâches domestiques, il n'y a pas une ligne de
démarcation claire entre des gens qui en ont besoin et des gens qui n'en
ont pas besoin. Tout cela est susceptible d'évoluer avec la disposition
des ressources. Il y a des tas de tâches dont les gens s'acquittent,
actuellement, eux-mêmes, parce qu'ils n'ont pas d'alternative. Mais,
qu'on crée, chez eux, l'expectative de pouvoir obtenir de l'aide pour
accomplir ces tâches, on va tout de suite voir apparaître une
demande énorme, alors qu'on s'imagine que les quelques centaines
d'auxiliaires familiales qui sont progressivement introduites dans le
réseau vont pouvoir résoudre les problèmes et les demandes
ou les "besoins " entre guillemets tels qu'on les a
identifiés il y a deux ans, il y a trois ans ou il y a cinq ans. Ces
besoins n'ont aucune commune mesure avec les "besoins" aussi entre
guillemets qui pourront exister dans cinq ans, dans un climat et dans un
contexte différent.
Ce qui veut dire que c'est une demande qui est absolument inextinguible,
inépuisable; tout le monde a besoin de se faire aider. Il s'agit d'avoir
des ressources et de savoir que les ressources existent pour avoir des besoins
additionnels. Ne nous faisons pas d'illusions, cette question va se
soulever; elle va être avec nous pendant les prochaines
années et de façon de plus en plus aiguë. Quand il sera
possible aux gens qui sont en convalescence de faire faire leur marché,
ils vont le demander, s'ils pensent qu'ils peuvent l'obtenir. S'ils pensent
faire faire tel ou tel geste gratuitement, simplement en le demandant, vous
pouvez être sûr qu'ils vont le demander. Où est-ce que cela
va s'arrêter? Est-ce que cela va s'arrêter quand tout le monde aura
un domestique payé par le gouvernement chez lui?
Cela fait hausser les épaules au ministre, mais il reste qu'il
n'y a rien dans ce qu'il nous dit et il n'y a rien dans le programme
lui-même qui peut le limiter en deçà de cela.
M. Lazure: Je me demande si le député de
Saint-Laurent s'est donné la peine de lire la circulaire que nous avons
envoyée le 11 avril dernier à tous les conseils régionaux
concernant la distribution de cette somme de $7 millions, au troisième
paragraphe de la première page, il est dit ceci: "Les ressources
financières que le ministère alloue au développement des
services à domicile en 1978/79 doivent prioritairement répondre
aux besoins urgents et non satisfaits des personnes âgées, des
malades chroniques et des adultes handicapés qui nécessitent des
services d'aide à domicile."
M. Forget: C'est une question d'appréciation.
M. Lazure: Écoutez, M. le député de
Saint-Laurent, je pense que le personnel dans les CLSC est capable de faire
cette appréciation justement beaucoup mieux...
M. Forget: Sûrement qu'il est capable, c'est ce que je vous
dis.
M. Lazure: ... que le député de Saint-Laurent peut
le faire autour de la table.
M. Forget: II va le faire selon ses critères à
lui.
M. Lazure: Mais nous prétendons que, dans ce cas-ci comme
dans d'autres cas, il faut laisser un minimum de confiance aux organismes du
réseau qui sont chargés, qui ont l'obligation de distribuer ces
montants selon les critères établis par le ministère.
M. Forget: Ce ne sont pas des critères, ce sont des voeux
pieux.
M. Lazure: Ceci dit, il est évident qu'il s'agit d'un
programme relativement nouveau, qui est en expansion. Ce matin, on a
parlé des liens qui se faisaient de façon beaucoup plus
étroite avec la fédération des CLSC. On a donné
l'exemple de statistiques que nous aurons maintenant, que nous avons
commencé d'avoir. Cela n'existait pas auparavant. On part de loin, M. le
Président. Il n'y avait pas de statistiques régulières
venant de tous les CLSC sur la nature des services rendus et sur la
quantité des services rendus dans chaque CLSC. Nous allons avoir ces
données dorénavant. Dans cette même optique, nous allons,
avec les CLSC et les CRSSS, essayer d'imaginer des critères plus
rigoureux. Je sais qu'il y a actuellement chez nous, à la direction de
la planification, un travail qui se fait pour essayer justement de raffiner les
critères économiques, si on veut, socio-économiques
d'admission à ces services à domicile, mais la quantité de
personnes qui ont besoin de ces services chez les trois clientèles
mentionnées ici, les personnes âgées, les malades
chroniques et les personnes handicapées adultes, est tellement grande
que je ne pense pas qu'on puisse relever beaucoup de cas comme celui que le
député de Saint-Laurent évoque actuellement. Je pense
qu'il faut un minimum de confiance envers les établissements qui sont
plus près de la population et qui connaissent leur clientèle.
M. Forget: M. le Président, de deux choses l'une, ou le
ministère est à élaborer des critères plus
rigoureux, ou il n'est pas à le faire. S'il est à le faire, que
le ministre ne vienne pas dire qu'il n'en a pas besoin. Il ne faut pas
argumenter des deux côtés du même tableau.
M. Lazure: M. le Président, simplement pour
rétablir les faits, je n'ai pas dit que je n'en avais pas besoin. Le
député de Saint-Laurent me fait dire des choses que je n'ai
absolument pas dites.
M. Forget: On est d'accord qu'il y a un besoin de
développer des critères.
M. Lazure: J'ai dit que le ministère n'avait pas
actuellement de critères, qu'actuellement si vous voulez, c'était
la gratuité complète auprès de clientèles qui sont
décrites ici et qui sont jugées par les établissements de
réseaux.
Le ministère est en train d'examiner cette possibilité et
on me dit que j'aurai prochainement un projet de critères
socio-économiques.
M. Forget: Je suis content que le ministre admette la
nécessité de développer des critères.
M. Lazure: Je n'ai rien à admettre, M. le
Président, je décris une situation de fait et j'explique que nous
sommes à étudier une meilleure façon de distribuer ces
soins, ces services. Je veux simplement, pour les besoins de la cause, pour le
journal des Débats, tirer au clair une chose: On n'a aucune information
au ministère en ce sens qu'il y aurait une dilapidation des fonds vers
des familles qui n'ont pas ces besoins. Au contraire, les renseignements que
nous avons indiquent que ces services vont effectivement à des
clientèles qui sont dans le besoin.
M. Forget: M. le Président, sur le même sujet. Que
le ministre ne soit pas au courant qu'il y a des problèmes dans la
distribution de ces services, c'est d'un intérêt plus ou moins
grand, mais il
reste qu'il y a des problèmes. On pourra lui fournir, le cas
échéant, des exemples particuliers de problèmes
soulevés par l'accessibilité variable, selon les individus et
selon les lieux, à des services d'auxiliaires à domicile.
M. Lazure: J'inviterais le député de Saint-Laurent
à fournir ces cas-là au fur et à mesure plutôt que
de se réserver une tirade comme cela une fois par année.
M. Forget: S'il croit que tout ceci se fait avec la plus grande
rigueur et la plus grande uniformité... Si le ministre voulait
arrêter de m'interrompre, on pourrait peut-être progresser, M. le
Président.
M. Lazure: Je rappelle au député de Saint-Laurent
que s'il a des cas particuliers où il semble y avoir eu abus de services
à domicile fournis à des gens qui, économiquement,
pouvaient se les payer, il est de son devoir de nous fournir ces cas au
ministère.
M. Forget: Je n'ai pas besoin du ministre pour savoir ce qui est
de mon devoir ou pas.
M. Lazure: Je vous le rappelle parfois, ce n'est pas mauvais de
se le faire dire.
M. Forget: Faites donc le vôtre, et tout le monde se
portera mieux.
J'ai une autre question sur le même sujet des critères,
c'est une autre dimension, en plus de l'absence de critères
actuellement, à ce que le ministre admet, il croit que ce n'est pas
urgent ou important pour le moment. C'est une question d'opinion.
M. Lazure: Je n'ai pas admis qu'il y avait une absence de
critères, je viens d'expliquer je pense que la plupart des gens
dans la salle ont compris, sauf le député de Saint-Laurent
qu'il y a des critères bien clairs, si vous vous donnez la peine de lire
cette circulaire.
M. Forget: La circulaire, on l'a lue, et il n'y a pas de
critères là-dedans. Il y a des voeux pieux que les choses se
fassent avec justice et équité, mais, entre un voeu et la
réalisation du voeu, il y a plusieurs étapes
intermédiaires qui sont extrêmement importantes et, en
particulier, la précision de ce critère. Il y a donc des
inégalités possibles et constatées dans certains cas
particuliers. Ce n'est pas tout que de s'en remettre à la confiance
envers les gens des CLSC et du réseau. Le ministre, malgré tout,
a la responsabilité de débourser les deniers publics. Il y a une
règle qui doit être respectée lorsqu'on débourse les
deniers publics, c'est de s'assurer que tous les citoyens du Québec
aient un droit égal, dans des circonstances analogues, à des
services identiques. Je pense que c'est la raison d'être du
ministère des Affaires sociales, c'est une responsabilité dont il
ne peut pas se décharger sur d'autres en disant: II faut faire confiance
aux gens qui vont faire cela avec bonne volonté. Vous dépensez
des deniers publics. Il s'agit que les gens qui sont en Gaspésie ou les
gens qui vivent dans l'Outaouais aient sensiblement les mêmes
possibilités d'obtenir des services à domicile,
indépendamment du lieu de leur domicile, lorsqu'ils ont des besoins
identiques des besoins analogues. Or, à moins d'avoir des
critères précis, cette condition essentielle de justice
distributive dans la dépense de deniers publics ne peut pas être
assumée. C'est une raison de plus, pas seulement une raison de justice
entre des individus situés au même endroit, de s'assurer que ceux
qui sont dans des circonstances différentes sont traités
différemment, mais aussi de s'assurer qu'à travers tout le
territoire du Québec, ceux qui sont dans des circonstances identiques
sont traités de façon identique. Ce n'est pas la confiance aux
établissements qui peut le créer. C'est simplement des
indications précises de la part du ministère. C'est une raison
additionnelle à la première pour laquelle il faut absolument
s'intéresser à cette question. De toute façon, je pense
que je me suis exprimé clairement là-dessus. Je ne vois pas dans
la directive en question de règle suffisante pour s'assurer que ces deux
considérations reçoivent une application adéquate. C'est
bien sûr que s'il n'y a presque pas de ressources, cela devient
évident qu'il y a des besoins absolument criants. Depuis trois ou quatre
ans que se développent les services à domicile, on doit en
être rendu à autre chose que les besoins les plus criants. Dans
l'hypothèse où on y est déjà rendu, ou dans
l'hypothèse où on y arrivera bientôt, le
développement de ces critères est absolument capital.
M. Lazure: M. le Président, sur ce point précis, le
texte de la circulaire ne le dit pas de façon explicite, mais, dans le
tableau qui est annexé à cette circulaire concernant les soins et
services à domicile, on remarquera, à la dernière page,
à l'annexe, que le per capita sur lequel a été
basée la répartition de ces $7 millions tient compte de besoins
additionnels des régions éloignées, des régions
à faible densité, ce qui fait que nous avons octroyé en
moyenne un per capita de $6.50 pour les régions rurales, les
régions éloignées, à la fois parce qu'il y a
évidemment toute la longueur des déplacements, le temps qui est
consacré aux déplacements, et aussi parce que ces régions
ont généralement moins de services que les régions
à plus grande densité.
M. Forget: Quelle est la raison des $6.31 per capita pour la
région de Québec? Est-ce un taux inspiré par les
circonstances ou... (15 h 30)
M. Lazure: Oui, c'est un cas assez particulier. M. Chaput,
voulez-vous l'expliquer?
Oui, nous avions... Je voudrais, simplement pour bien clarifier ma
réponse, répéter que l'an passé nous avions
uniquement une donnée per capita. Cette année nous avons
introduit une pondération selon la densité de population; toutes
les régions qui étaient en deçà de 20 habitants
par
mille carré. Pourquoi 20? Parce qu'il y a une coupure.
Après ça, ça va de 100 à beaucoup d'habitants.
En ce qui concerne Québec, compte tenu des développements
en marche, nous avons privilégié une enveloppe de base de $100
000 par région. Une région se retrouvait dans le cas de
Québec où le per capita qui aurait dû être
donné était de $5.63. Si on appliquait ce per capita, elle avait
déjà plus que les $5.63, de telle sorte que nous avons
automatiquement appliqué la proposition du minimum de $100 000 pour le
développement, ce qui fait que le rattrapage va se faire sur une
période de deux ans. Québec sera gelée graduellement. Elle
monte uniquement de $100 000 au lieu de $600... C'est uniquement le
critère.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions sur le
programme 5?
M. Forget: Oui, M. le Président. Hier, j'ai soulevé
le problème, apparent, du moins, des crédits pour les
départements de santé communautaire. On m'avait dit qu'on
pourrait nous donner une réponse aujourd'hui.
M. Lazure: Oui, juste avant, il faut comprendre que
l'élément 2, services de première ligne...
Le Président (M. Laplante): Oui, l'élément
2, l'élément 3... Vous vous êtes frappé le nez sur
les services communautaires.
M. Lazure: Pour qu'on ne se promène pas trop d'un
élément à un autre, on peut le considérer comme
classé pour le moment?
Le Président (M. Laplante): Non, jusqu'à
aujourd'hui, si on prend la journée d'hier, on s'est promené d'un
élément à l'autre pour faire le programme. Après
que le programme a été adopté, on a adopté tous les
éléments. Parfois, ça aide à mieux se
comprendre.
M. Forget: C'est aussi en fonction des disponibilités des
gens à répondre aux questions.
Santé communautaire
M. Lazure: D'accord. Alors, santé communautaire?
M. Forget: Santé communautaire, oui. Avec cette
question-là, on va pouvoir terminer.
M. Lazure: Oui, Allez-y donc, M. Deschênes.
On peut peut-être ajouter un renseignement qui m'avait
été demandé ce matin concernant le CLSC Parc Extension. Le
retard dans le démarrage tient à un retard dans la demande des
lettres patentes, d'une part. Il y a eu une erreur technique dans la demande de
lettres patentes, à laquelle s'est ajouté un retard dans l'emploi
du directeur général. Ceci a occasionné l'embauchage d'un
directeur général et un démarrage un peu plus tardif que
ce qui avait été anticipé au début.
D'autre part, lorsqu'on examine les crédits de 1977/78 et de
1978/79, du programme 5 pour les DSC, il y a des éléments
à concilier. En premier lieu, il y a lieu de mentionner qu'un certain
nombre de dépenses de nature non récurrentes ont
été faites en 1977/78 et ne se répètent pas en
1978/79, ce qui est un des éléments d'explication. C'est le cas
de certaines cliniques d'hygiène dentaire qui ont été non
récurrentes en 1978/79 et qui totalisent une différence d'environ
$200 000. Il en a été de même pour une unité mobile
de dépistage de la tuberculose en 1977/78, qui a été non
récurrente pour un montant d'un peu plus de $80 000, à quoi
s'ajoutent des frais pour une opération mercure qui a été
menée dans la région du Nord-Ouest. Il y a aussi une conciliation
en raison d'une validation postérieure aux crédits 1977/78 pour
les coûts de la convention collective et une dépense moindre que
celle qui avait été envisagée en 1977/78 et qui est
réajustée maintenant pour de l'équipement de fluoration,
ce qui fait une différence d'environ $700 000 à ce chapitre. Les
mesures de fluoration étant appliquées progressivement, cela
laisse une certaine autonomie de décision au niveau des
municipalités plutôt qu'une imposition automatique.
Je rappelle ce qui avait été mentionné hier soir
à ce programme. Une partie du personnel du MAS non intégré
dans les DSC décroît progressivement au fur et à mesure des
prises de retraite. Ceci constitue les éléments majeurs
d'explications d'un gel apparent.
Il s'agit de dépenses non récurrentes pour la
majorité et l'élément de validation des coûts de la
convention faite postérieurement à l'approbation de 1977/78.
M. Forget: On peut donc affirmer que, dans le personnel permanent
des départements de santé communautaire, on observe la même
progression budgétaire que dans les autres éléments de
financement du fonctionnement du réseau.
M. Lazure: Oui, c'est exact.
M. Forget: Est-ce que vous me permettez de revenir sur certains
éléments non récurrents pour obtenir quelques
explications? Vous dites que la clinique mobile de tuberculose ne fonctionnera
pas cette année?
M. Lazure: Ce sont des dépenses de stockage,
d'organisation nouvelle des cliniques mobiles de dépistage de la
tuberculose en 1977/78 qui ne sont pas récurrentes. Le programme est
maintenant davantage axé sur des populations cibles plutôt qu'un
programme général, l'évaluation ayant
démontré une meilleure rentabilité de ce mode
d'organisation du dépistage de la tuberculose.
M. Forget: Mais l'action auprès des populations cibles
n'implique aucune espèce d'équipe mobile, ou est-ce que la
clinique mobile continue de fonctionner aux frais de populations cibles?
M. Lazure: Effectivement, on avait autrefois des roulottes,
plusieurs roulottes, si ma mémoire est bonne, je crois qu'on en avait
cinq, qui étaient financées pour faire un dépistage qui
était alors massif.
M. Forget: Elles stationnaient dans des centres commerciaux ou
des histoires de ce genre-là.
M. Lazure: C'est cela, dans tout le Québec, et c'est un
programme qui, pour diverses raisons, a été explicité
largement dans un document de la planification sur l'incidence de la
tuberculose au Québec et sur la façon de faire face, en terme de
dépistage, à l'incidence de cette maladie qui a été
abandonné au profit d'un dépistage sélectif. Ceci ne veut
pas dire que les roulottes ont été remisées
définitivement. Effectivement, deux roulottes ont été
transférées à l'Hôtel-Dieu de Lévis et sont
sous la responsabilité du département de santé
communautaire qui, sur programmation des différents départements
de santé communautaire du Québec, fait un programme de
dépistage sélectif tel que recommandé dans notre politique
sur la tuberculose et circule dans toute la province.
M. Forget: Dans toute la province.
M. Lazure: Ces unités sont basées à
Lévis, mais ce n'est que leur port d'attache. Effectivement, on peut
dire qu'elles sont sur la route et cela depuis plusieurs mois.
M. Forget: Cela n'implique d'aucune façon l'institut
Bruchési, à Montréal, où tout est centré au
DSC de Lévis?
M. Lazure: L'institut Bruchési à Montréal
continue d'être utilisé comme ressource pour le dépistage
de la tuberculose, mais uniquement,, et c'est cela le grand changement, sur une
base d'un programme qui est sélectif. Nous avons discuté avec les
responsables de l'institution et nous leur avons fait accepter les changements
d'orientation qui résultaient de la politique du ministère
relativement à la tuberculose, si bien qu'à toutes fins pratiques
cela reconduit le "case load" qu'on retrouvait au niveau de l'institut
Bruchési à diminuer en importance de façon
considérable et l'institut Bruchési, depuis quelques mois, depuis
environ trois ou quatre mois, est utilisé pour la majeure partie de ses
équipements dans des programmes de surveillance de l'état de
santé des travailleurs au niveau des affections pulmonaires.
M. Forget: Le rattachement de l'institut Bruchési et son
statut juridique, est-ce que cela demeure en suspens ou si...
M. Lazure: Non, aucunement. Nous savons, et vous le savez, je
pense bien, c'est une question qui était et qui est encore
d'actualité, sauf que du progrès a été accompli
dans ce secteur depuis. Je crois bien qu'on peut dire maintenant que les
responsables de l'institution ont accepté leur intégra- tion au
réseau des Affaires sociales et, dans le cas présent, au centre
hospitalier Saint-Luc dans le cadre des activités de son
département de santé communautaire. Effectivement, lors d'un
échange de correspondance récent, cet accord nous a
été donné par les autorités de l'institution.
D'ailleurs, il y a une réunion qui est prévue avec l'institut de
même que les responsables de l'hôpital Saint-Luc dans la semaine du
20 juin, si je ne m'abuse, ou du 19 juin, pour régler et arrêter
définitivement les modalités d'intégration du personnel et
le passage qui conditionne aussi évidemment la question des biens qui
appartiennent à la corporation de l'institut Bruchési. Mais on
peut dire, à toutes fins pratiques, que c'est un dossier qui est en
très bonne voie de règlement et que ce sera l'une des
dernières intégrations souhaitées depuis longtemps par le
ministère et qui se fera effectivement cette année.
M. Forget: Si je voulais être méchant, M. le
Président, je dirais que l'institut Bruchési n'a pu
résister aux arguments du nouveau sous-ministre, l'ancien directeur de
cet institut.
M. Lazure: Je me sens obligé de préciser que la
directive finale et la décision antérieure avaient
été prises par le Dr Brunet.
M. Forget: Je suis tout à fait d'accord, je disais: si je
voulais être méchant et pour plaisanter...
J'aimerais qu'on trace très brièvement l'évolution
de la question de la fluoration, l'implantation des équipements...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que c'était sur
le même sujet?
M. Forget: Oui, c'est dans la santé communautaire.
Le Président (M. Laplante): Et vous? M. Shaw: Je
suivrai.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Shaw: ... un peu plus vite.
M. Forget: J'ai posé ma question, M. le Président.
J'aimerais avoir l'évolution de l'implantation...
M. Lazure: ... est en mesure de faire le point.
M. Forget: ... la couverture du nombre d'installations d'aqueduc
où l'installation est faite, le programme en quelque sorte.
M. Lazure: Brièvement, pour répéter, notre
attitude vis-à-vis des municipalités en a été une
d'incitation. Deuxièmement, nous avons formé, il y a environ
quatre mois ou cinq mois, un comité
conjoint avec les services de l'environnement afin de déterminer
la teneur en fluorure de l'alimentation typique, si une telle chose existe, de
l'alimentation habituelle des gens au Québec.
Certaines personnes faisaient valoir depuis quelque temps qu'il pouvait
être dangereux d'ajouter des fluorures dans l'eau de consommation,
étant donné que déjà, dans notre alimentation, on
avait une dose assez marquée de fluorure. Ce comité conjoint,
entre autres choses, va s'arrêter à déterminer le contenu
en fluorure. Durant cette période, on se contente d'inciter les
municipalités.
M. Forget: Je pourrais dire là-dessus que le ministre peut
être rassuré, nous ne prêterons pas notre voix à ceux
qui jettent des cris d'alarme au sujet de la fluoration.
M. Lazure: Actuellement, la situation se présente ainsi.
Au 16 mars 1978, l'installation des équipements de fluoration
remboursables, comme tout le monde le sait, par le ministère des
Affaires sociales, a occasionné des déboursés, depuis le
début, de l'ordre de $582 364. Ce qui nous donne une population
desservie, c'est-à-dire quand on fait le total des municipalités
et des populations qu'elles comptent, qui mettent des additifs de fluorure dans
les eaux de consommation courante, de 1 136 000 personnes.
Pour le bénéfice des membres de la commission, je peux
peut-être donner une idée du nombre, c'est-à-dire de la
localisation des municipalités qui ont effectivement mis en place des
équipements de fluoration et dont les eaux sont fluorées
actuellement.
M. Forget: Surtout le nombre.
M. Lazure: Celles qui l'ont fait; il y en a moins que celles qui
se proposent de le faire ou qui vont, dans un avenir rapproché, le
faire.
M. Forget: Quand vous parlez de celles qui l'ont fait, vous
voulez dire celles qui l'ont fait même spontanément, depuis vingt
ans.
M. Lazure: Oui. Sans action ni coercitive ni incitative du
ministère.
M. Forget: Vous ne parlez pas de l'effort fait plus
particulièrement depuis deux ans, disons depuis l'adoption de la
loi.
M. Lazure: Je vous fais grâce des détails de
l'histoire de chaque cas, de chacune des municipalités. Je vous les
donne en vrac, Candiac, Chomedey il s'agit des municipalités qui
ont maintenant l'eau fluorée Dorval, Farnham, Joliette,
Lac-Saint-Denis, Laprairie, Mont-Apica, Pierrefonds, Pointe-Claire, Pont-Viau,
Sorel, Saint-Adèle, Saint-Jean, Saint-Lambert, Sainte-Rose, Terrebonne,
Trois-Rivières.
Je vous donne également une idée des municipalités
dont l'équipement est en phase d'installation et les subventions en
phase d'approbation:
Acton Vale, Beauceville, Beauharnois, Bécancour, Contrecoeur,
Crabtree, l'Île-Perrot, L'Assomption, Lévis, Louiseville, Mirabel,
Québec, Rosemère, Noranda, Sainte-Anne-de-Bellevue,
Saint-Cuthbert, Saint-Eustache, Sainte-Foy, Saint-Jean, Saint-Romuald,
Windsor.
C'est ce qui nous donne, en faisant le total des deux, un groupe de
municipalités de 1 200 000 personnes couvertes ou qui sont sur le point
de l'être par la fluoration des eaux de consommation.
M. Forget: Au rythme actuel, dans combien d'années
croyez-vous avoir des systèmes installés dans l'immense
majorité, disons plus de 90%, des municipalités où il y a
effectivement un système de distribution d'eau?
M. Lazure: II serait assez difficile de répondre à
la question, d'autant plus que j'ignore ce qu'il adviendra de l'étude
à laquelle le ministre a fait allusion et qui est sur le point
d'être terminée. J'ignore, pour l'instant, quels seront les
résultats de cette étude, en termes probants, par rapport
à la concentration de fluor ou de fluorure qui entre dans la
consommation courante des Québécois...
M. Forget: ... ce n'est pas élevé. (15 h 45)
M. Lazure: ... sauf que les premières indications sont
telles qu'effectivement, il n'y a pas de quoi fouetter un chat.
M. Forget: II n'y a rien là.
M. Lazure: Le dosier étant positif, il sera possible de
convaincre nos collègues de l'environnement qu'effectivement, la mesure
peut continuer à être mise en opération. Je signale, pour
le bénéfice des membres de la commission, que nous n'avons pas
eu, contrairement à ce qui a peut-être circulé en certains
milieux, de l'opposition de la part des officiers de l'environnement quant
à la vérification, ce qui leur revient comme rôle
complémentaire aux Affaires sociales dans l'application de la mesure.
Nous n'avons pas eu d'opposition de la part des officiers de l'environnement
quant à la vérification nécessaire des équipements,
vérification requise par la sorte de protocole que nous avons avec
eux.
Les vérifications ont continué à se faire et c'est,
pour ma part, un motif de satisfaction. Je laisse aux gens le soin de penser ce
qu'ils veulent sur la mesure, pourvu que, dans le cadre de leurs attributions
respectives, effectivement, les rôles soient remplis, soient
assumés adéquatement, ce qui a été le cas dans tout
le dossier de la fluoration avec les gens de l'environnement.
Pour revenir à votre question, selon les conclusions de
l'étude et de ce qu'on fera des conclusions, évidemment, on peut
souhaiter qu'on viendra à bout de persuader les derniers
résistants à la mesure. Il y a certains rapports qui sont
probants, qui viennent d'être publiés aux États-Unis, qui
ne viennent que confirmer les conclu-
sions qu'on connaissait déjà. C'est un vieux débat.
D'avoir d'autres éléments au dossier, c'est quand même
réconfortant, à l'heure actuelle, où il semble y avoir une
résurgence des efforts pour contrer une telle mesure, qui nous
apparaît toujours, au ministère des Affaires sociales, comme une
mesure essentielle, la plus facile, la plus simple, la moins coûteuse, en
termes de santé publique, et qui va rejoindre le plus grand nombre de
personnes.
Et plus encore, M. le Président, j'ajouterais l'opinion de
l'Organisation mondiale de la santé.
M. Shaw: ...
M. Forget: Juste une question et ensuite, je vous céderai
la parole, M. le député de Pointe-Claire. Durant les douze mois
de la fin mars ou début avril 1977, au 31 mars 1978, combien de
systèmes d'aqueduc ont amorcé l'installation? Cela
représente combien, en termes de population?
M. Lazure: Je dirais de 300 000 à 400 000. Mais
effectivement, durant les trois premiers mois de l'année 1978, on a
connu un peu les fruits de notre tournée de huit mois auparavant,
tournée qui nous avait amenés à rencontrer les
responsables des différentes municipalités du Québec, et
qui nous avait permis de leur fournir un tas d'explications sur la mesure
technique, évidemment, sur les installations requises, le coût des
équipements, les fournisseurs, etc.
Je n'en ai pas donné la liste tout à l'heure, mais il y a
aussi des systèmes de fluoration qui sont à l'état de
projet, pour lesquels nous avons des dossiers de correspondance avec des
municipalités. Je donne par exemple les villes suivantes: Berthierville,
Danville, Donnacona, Drummondville, Grondines, Lachute, Lauzon, Lavaltrie,
Macamic, Maskinongé, Matagami. Nicolet, Otterburn Park, Radisson,
Sainte-Agathe, Sillery, Victoriaville, Saint-François, pour une
population éventuellement couverte de l'ordre de 175 000 personnes. Les
derniers mois ont été assez actifs, relativement, dans le dossier
de la fluoration. Ce qu'on espère, c'est que les résultats de
l'étude, qui vont nous être donnés prochainement, vont nous
permettre d'embarquer dans le système, des municipalités qui ont
encore un peu de réticence.
M. Forget: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: M. le Président, est-ce que vous avez un seui cas
de fluorose qui a été démontré au Québec
depuis cinq ans?
M. Lazure: Je suis heureux que vous posiez la question.
Après vérification, il n'y a pas tellement longtemps, par des
dentistes sur lesquels on peut encore compter dans le réseau des
affaires sociales, des dentistes fonctionnaires prêtés je
m'excuse de l'interprétation qu'on donne à mes pro- pos, ce
n'était pas du tout mon intention pour faire un certain nombre de
contrôles en termes de santé publique. Si cela peut
intéresser les membres de la commission, vous pourrez suggérer au
ministre de déposer les conclusions de ces contrôles qui ont
été faits, où on nous avait signalé la
présence, dans des puits artésiens, de fluorure à
déconcentration dépassant 1,2. Après contrôle fait
auprès des dentistes en cabinet, de tous les dentistes qu'on a pu
rejoindre, on s'est aperçu qu'effectivement, il n'y avait eu aucun cas,
aucun. C'était dans la région de Saint-Jean d'Iberville et dans
la région de l'Outaouais que les contrôles se sont faits, aucun
cas de fluorose rapporté, à leur connaissance, en santé
dentaire.
M. Mercier veut évidemment dire qu'on compte moins de dentistes
dans le réseau public qu'il y a quelques années, mais ceux qu'on
compte, on peut compter sur eux pleinement.
M. Shaw: Deuxièmement, j'aurais une dernière
question sur ce programme. Est-ce que vous prévoyez une étude sur
l'efficacité des centres de santé communautaire? Vous venez de
dire que vous aviez commencé une étude des données des
CLSC, mais allez-vous faire la même chose avec les Centres de
santé communautaire? J'ai seulement fait une petite étude des
deux. Il y a beaucoup de personnes qui croient que leur efficacité est
peut-être moins qu'acceptable. Peut-être qu'avec certaines
données vous pourriez améliorer la situation.
M. Lazure: Évidemment, le seul moyen ce serait un
peu injuste de le poser dans ces termes, quoiqu'on ait déjà
commencé à le poser dans ces termes-là avec les chefs des
départements de santé communautaire et leurs équipes
de vérifier jusqu'à quel point l'éventail de
ressources nouvelles qui ont été déployées dans le
réseau des 32 services de santé communautaire cela
représente pas loin de $49 millions ce serait évidemment
de leur demander de rendre des comptes sur l'état de santé de
leurs populations et sur la façon de mesurer si effectivement, pour les
secteurs qui sont de leur responsabilité, on a pu noter, depuis quatre
ou cinq ans, c'est-à-dire depuis qu'ils on été
créés, des signes sinon réels, au moins avant-coureurs,
que la santé de la population a pu s'améliorer. C'est une
question qui nous préoccupe, qui les préoccupe également
au premier chef. Cela ne s'est pas limité uniquement aux seuls chefs des
départements de santé communautaire, les équipes des
différents départements de santé communautaire ont
été aussi impliquées là-dedans, dans des programmes
de perfectionnement qui, nommément, visaient à préciser
des avenues d'évaluations à des programmes ou l'impact des
programmes sur l'état de santé de la population.
Au ministère des Affaires sociales, depuis déjà un
an et demi, en tout cas, en ce qui nous concerne à notre direction, nous
travaillons avec une équipe déléguée par les
différents départements de santé communautaire pour mettre
au
point des critères d'évaluation. C'est un travail qui est
sur le point de s'achever. Nous avons eu une réunion justement la
semaine dernière à ce sujet et, d'ici à la fin de
l'été, nous devrions être en mesure de produire un
éventail ou une batterie de critères d'évaluation qui
seraient applicables à l'activité des DSC au cours des prochaines
années, notamment dans le secteur de la périnatali-té, des
cours prénatals, de l'impact qu'ont connu ces cours, sur les grossesses
à risques élevés, sur les critères de satisfaction,
parce qu'il y a évidemment plusieurs façons d'envisager l'impact
de programmes. Une personne peut être satisfaite d'un service qu'elle a
reçu sans nécessairement voir son état de santé
s'améliorer.
Les parents peuvent être très satisfaits de la façon
dont leurs enfants sont soumis à des tests de dépistage
précoce et on tend à les rendre de plus en plus
précoce, on tend à sortir des anciennes avenues des unités
sanitaires pour déjà les démarrer, par exemple, au niveau
de la prématernelle et même, il y a certains DSC qui font des
expériences avant cela et qui font aussi des expériences de
programmes, en particulier, sur le dépistage de la scoliose, sur lequel
le CHUL travaille depuis déjà quelques mois.
Il se fait des évaluations sur le terrain, mais je pense que
c'est un peu tôt pour qualifier, en termes d'amélioration de
l'état de santé des enfants en particulier, l'impact qu'ont pu
connaître les départements de santé communautaire, mais
c'est une question qui nous préoccupe et c'est une question qui, de
toute façon, devra être enlignée sur des bases
scientifiques. Cela fait appel évidemment à des ressources qui
sont rares quand même, rares aussi bien dans les DSC que dans les
universités ou, en tout cas, aussi peu disponibles que sont les
épidémiologistes de santé publique.
M. Shaw: Seulement une petite question. Peut-être,
avez-vous une intégration entre les services de santé
communautaire et les services de santé dans les milieux scolaires?
Est-ce que C'est planifié que, dans certains lieux, vous avez les deux
ensemble ou quoi?
M. Lazure: Nous avons confié aux DSC, au début de
leur implantation, il y a quatre ans, ce qu'on appelait la
responsabilité des programmes de santé scolaire. Cela signifiait
pour eux...
M. Shaw: Est-ce que c'est tout cela?
M. Lazure: Dans chacun des cas, ce qui signifie les 32 centres
hospitaliers qui couvrent, en termes géographiques, l'ensemble du
territoire du Québec. Chaque DSC a son territoire avec une population
qui peut varier évidemment, qui varie, effectivement d'environ 75 000
personnes, quand on pense au plus petit qui est celui de Montmagny,
jusqu'à 300 000 qui est celui du Sacré-Coeur de Cartierville
actuellement, mais, en moyenne, c'est autour de 180 000 à 200 000
personnes. Il n'y a pas une population qui échappe à cela.
Dans chacun des territoires des DSC, le centre hospitalier qui
possède ce département a la responsabilité des programmes
de santé scolaire dans son territoire, ce qui veut dire que c'est lui et
son équipe qui déterminent ce qu'on va faire avec les enfants
dans les écoles, aussi bien à l'élémentaire, au
secondaire qu'au collégial, quelles sortes de programmes on va faire,
comment on va s'y prendre, etc., et qui décident de l'allocation des
ressources à même une enveloppe régionale qui lui est
transmise par la programmation du ministère des Affaires sociales. C'est
lui aussi qui dirige l'exécution des programmes par, le plus souvent,
ses propres effectifs. Je dis le plus souvent parce qu'effectivement, il y a un
grand nombre de CLSC maintenant qui ont envahi le champ d'action comme
c'était, de toute évidence, leur responsabilité en termes
d'établissement de première ligne. Il y a beaucoup de CLSC qui,
dans le cadre des contrats signés par les services de santé
communautaire avec les commissions scolaires, remplissent les fonctions de
distribution de services, donc exécutent les programmes avec leur propre
budget, leur propre personnel. C'est aussi les DSC sur le plan des...
Le Président (M. Laplante): Sur ce, monsieur, nous sommes
obligés de suspendre pour le temps du vote.
M. Shaw: Pour le vote.
Le Président (M. Laplante): Ce ne sera pas long.
(Suspension de la séance à 15 h 56)
Reprise de la séance à 16 h 14
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! Reprise de
la séance, Au programme 5, est-ce qu'il y avait d'autre chose à
dire sur les éléments?
M. Forget: Oui, pour les départements de santé
communautaire, c'est terminé quant à moi.
Le Président (M. Laplante): Santé des travailleurs,
santé en milieu scolaire.
M. Forget: Oui, il y a des questions de ce côté.
Le Président (M. Laplante): Allez-y!
M. Forget: Je me suis malheureusement absenté ce matin,
lorsqu'on a parlé des CLSC. J'ai participé au débat sur la
loi 44. Je ne me souviens pas si on a fait état d'un programme de
développement, pour l'année 1978/79, d'une manière aussi
complète qu'on l'avait fait l'an dernier. On nous avait donné une
liste des CLSC qu'on développerait, des nouveaux développements
avec les budgets afférents.
M. Lazure: Pour la création de nouveaux CLSC, il n'y en a
pas cette année.
Services sociaux en milieu scolaire
M. Forget: II n'y en a pas cette année. Pour ce qui est
d'une autre question, dans le milieu scolaire, de ce côté, on sait
que ce sont les services de santé en milieu scolaire qui ont une
responsabilité particulière pour développer les programmes
d'éducation sanitaire, de prévention, de dépistage et,
entre autres choses, pour aider au développement et à
l'accessibilité des programmes je ne sais pas si c'est le bon
mot, mais le ministère de l'Éducation est impliqué
d'éducation sur la sexualité en milieu scolaire. Il semble que
des enquêtes récentes, dont faisaient état les journaux ces
jours-ci, révèlent que le problème du comportement sexuel
ches les adolescents, qui se situent dans les âges qui les placent au
niveau du secondaire, n'est certainement pas en récession. C'est un
phénomène et un problème qui est toujours présent;
les grossesses chez les jeunes adolescentes sont en nombre très
élevé et en croissance. Il y a, de ce côté, une
responsabilité claire, à mon avis, du ministère des
Affaires sociales de déployer tous les efforts voulus pour qu'une
information appropriée soit accessible dans le milieu scolaire.
D'ailleurs, il y a des précédents puisque, depuis plusieurs
années, le ministère a été actif de ce
côté avec, évidemment, des retombées diverses. Il y
a eu, bien sûr, des bonnes âmes qui se sont indignées de ces
efforts. Il y a eu des protestations. Il y a eu des résistances de la
part de commissions scolaires. Il ne faut pas se faire d'illusion. Cela ne
disparaîtra pas du jour au lendemain. Cela va continuer. Il y a des
attitudes fortement enracinées.
Il reste qu'on peut souhaiter aussi que l'enseignement dans les cours de
morale, etc., fasse une certaine part au développement du sens des
responsabilités, etc., etc., mais les moeurs sont ce qu'elles sont. Le
climat ambiant pour les jeunes est ce qu'il est. Indépendamment des
considérations morales ou des exhortations, des efforts faits pour
modifier le comportement, il reste qu'il y a une information de
caractère sanitaire de base pour la prévention des maladies
vénériennes et il faut bien le dire, la prévention de la
grossesse à des âges où c'est absolument traumatisant,
inconcevable, si on peut employer un tel adjectif. L'on tolère tout
bonnement la situation actuelle qui semble se détériorer. Il
serait normal qu'elle se détériore dans un certain sens puisque,
probablement, la répercussion de certains patrons de comportement dans
des milieux ruraux, par exemple, se fait progressivement et on va voir se
généraliser les comportements qu'on voyait au début
seulement dans les grandes villes.
Je sais que le ministère de l'Éducation, ou plutôt,
le Comité de l'enseignement catholique je ne sais pas exactement
comment on l'appelle a fait des prises de position qui n'ont pas rendu
facile la tâche du ministère des Affaires sociales, mais il me
semble qu'il y a une détermination qui doit habiter le ministère
des Affaires sociales là-dessus. En dépit des obstacles, il faut
beaucoup d'entêtement, je pense, de la part de ceux qui s'occupent de ce
programme. Je serais heureux de savoir du ministre ou de ses collaborateurs ce
qui se fait, ce qui pourrait se faire de plus et jusqu'à quel point on a
prévu des choses précises.
M. Lazure: M. le Président, avant de demander à M.
Aubert Ouellet de répondre à la question du député
de Saint-Lambert, ça touche, en partie, les services de santé
communautaire et ça touche, en partie aussi, le programme 7 d'hier, les
services sociaux en milieu scolaire.
Alors, je pense que, dans les circonstances, on peut essayer de marier
les deux programmes. M. Ouellet?
Le programme dont vous faites état se poursuit; il s'est
poursuivi en 1977/78 et se poursuivra en 1978/79. Il s'est buté, comme
vous l'avez signalé, à certaines difficultés de
départ qui, je dois le dire, se poursuivent.
Dans l'implantation de ce programme, nous avons mis à la
disposition des commissions scolaires, par l'intermédiaire des services
sociaux et des services de santé en milieu scolaire des instruments
d'information, des instruments audio-visuels, de la documentation
écrite, et nous avons procédé également à
des sessions de formation, à trois sessions intensives de formation du
personnel oeuvrant en milieu scolaire, de façon à le
préprarer à donner l'information la plus complète et la
plus objective possible, en espérant qu'avec une information
additionnelle et objective, les jeunes pourront eux-mêmes faire leur
choix. Compte tenu des divergences d'opinions qu'il y a au Québec, dans
la population, en cette matière, nous procédons avec prudence
dans chacune des commissions scolaires. Nous faisons savoir à la
commission scolaire que les instruments existent et que le personnel est
disponible. Nous respectons cependant de façon intégrale la
décision de la commission scolaire. Nous procédons toujours au
préalable à une consultation des parents comme il avait
été prévu au point de départ dans le programme, de
façon à s'assurer que l'intervention des travailleurs sociaux et
des infirmières en milieu scolaire ne se fasse pas en cachette des
parents et des responsables scolaires.
Le programme se poursuit et il a été implanté dans
la grande majorité des commissions scolaires du Québec. Comme
vous l'avez signalé, les chiffres que nous possédons
présentement n'indiquent pas, au contraire, une récession des
phénomènes d'activité sexuelle à l'école.
Les chiffres ne disent pas cependant si, en l'absence du programme, ces
activités que nous essayons de contrer ne se développent pas plus
rapidement. Nous avons poursuivi les dialogues avec le ministère de
l'Éducation en cette matière et comme vous avez pu le constater,
le ministère de l'Éducation a encouragé les commissions
scolaires, avec l'approbation du comité catholique, à utiliser
divers types d'instruments y compris celui des affaires sociales, et à
tenter certaines expériences pilotes sanctionnées
par le ministère et financées par le ministère dans
le but d'en arriver à, éventuellement, généraliser,
si les expériences se révèlent fructueuses,
l'éducation sexuelle un peu plus intensive à l'école de
façon à prévenir les problèmes de grossesse en bas
âge et les grossesses non désirées en milieu scolaire.
M. Forget: À quel niveau l'intervention se situe-t-elle?
Est-ce que cela commence en secondaire IV seulement?
M. Lazure: Nous avons atteint en priorité les
élèves du secondaire III et du secondaire V. La raison pour
laquelle nous avons visé d'abord cette clientèle, c'est que ces
deux degrés scolaires correspondent à des phases terminales pour
plusieurs étudiants qui quittent le réseau scolaire à cet
âge. Nous voulions nous assurer qu'avant de quitter le réseau
scolaire ils aient reçu un minimum d'information. Dans plusieurs
commisions scolaires, des élèves d'autres niveaux ont
été effectivement atteints. Nous insistons d'abord pour rejoindre
les élèves de niveau secondaire III et V, mais à la
demande de la commission scolaire et des parents, nous étendons
volontiers à d'autres degrés, au niveau secondaire, l'information
qui est disponible.
M. Forget: Parce que le secondaire V, c'est déjà
bien tard.
M. Lazure: II y en a déjà qui sont des enseignants
chevronnés.
M. Forget: II y en a qui peuvent en montrer aux enseignants,
sûrement. C'est un peu inquiétant quand cela se fait seulement
là. M. Ouellet indiquait qu'il y avait un degré de collaboration
satisfaisant du côté du ministère de l'Éducation,
mais bien sûr que tout dépend de l'acceptation des commissions
scolaires. Il serait peut-être intéressant de savoir quelles sont
les commissions scolaires qui sont les plus réticentes ou qui ont
imposé un refus formel à toute forme de collaboration. Est-ce que
cela se trouve dans des milieux urbains?
M. Lazure: Je ne saurais répondre à cette question
sur le coup. Si vous le désirez, nous pouvons faire un relevé.
Mais nous tenons pour acquis que les refus des commissions scolaires ne sont
finalement jamais définitifs. Au point de départ, en 1973 et
1974, nous avons essuyé effectivement plusieurs refus. Les parents et
les commissaires, les professeurs, se rendent compte eux aussi des
problèmes qui surviennent et très souvent ce qui se produit,
c'est qu'après un premier refus, c'est la commission scolaire
elle-même ou l'association des parents, le comité de parents qui
s'adresse à notre réseau pour demander que l'information devienne
disponible dans l'école. À ma connaissance, il n'y a pas de
commission scolaire qui ait dit non et non de façon irrévocable.
Je peux vérifier cependant l'information si vous êtes
intéressé et nous pourrions vous la communiquer au cours des
prochains jours.
M. Forget: Est-ce qu'il y a des endroits où cette
expérience a été une source de déception dans le
sens au moins où, après avoir fait l'essai, une commission
scolaire ou des parents ont demandé, ou qu'elle soit interrompue ou
alors ils ont émis des doutes très sérieux sur la
façon, la pertinence, la qualité de l'intervention.
M. Lazure: II y a eu des évaluations effectuées sur
une base d'échantillonnage, à la fois auprès des
élèves qui ont bénéficié de ces
séances d'information, auprès de leurs parents et auprès
des commissaires dans les écoles où les programmes ont eu lieu.
Ces deux analyses auxquelles je me réfère indiquent que, de
façon très majoritaire, l'information a été
appréciée. Nous ne pouvons pas relier de façon directe
c'est toujours très difficile dans ce type de programme
l'impact véritable que l'information a pu avoir sur le degré
d'activités sexuelles.
Nous avons connu, suite à des séances d'information,
certaines protestations de parents qui n'avaient pas participé à
la consultation préalable. Ces parents se sont, de façon
générale, adressés, soit au comité protestant, soit
au comité catholique. Il y a eu des échanges de correspondance
entre le ministère des Affaires sociales et ces deux comités.
Nous avons transmis aux comités en question et aux parents
concernés l'information qui était disponible sur les
consultations préalables.
De façon générale, je n'ai pas connaissance de cas
qui sont allés plus loin que ça. Donc, après les
explications qui ont été fournies pour les parents qui n'avaient
pas eu la chance de prendre connaissance du programme, il n'y a pas eu de
reproches qui ont été adressés sur le programme.
M. Forget: Ces reproches visaient le contenu ou le fait d'une
absence présumée de consultation?
M. Lazure: Les reproches visaient surtout le principe.
M. Forget: Le principe.
M. Lazure: Le principe d'une éducation sexuelle à
l'école. Comme je l'ai signalé, les opinions sont encore
partagées au Québec dans cette matière: certains parents
considérant que l'éducation sexuelle est un domaine strictement
privé et ne peut se faire que dans le cadre de la famille, alors que
d'autres et c'est la majorité, peut-on percevoir maintenant
prétendent que l'école a une contribution importante
à faire en complément de ce que la famille peut apporter.
Les protestations que nous avons eues ont porté surtout sur le
principe, plutôt que sur les modalités.
M. Forget: Cela indique bien la nature des oppositions.
Est-ce que le ministère, prenant connaissance de
l'évolution des grossesses non désirées et des naissances
entre guillemets "illégitimes ", particulièrement chez les
adolescentes, croit qu'il y a d'autres mesures qui pourraient être
adoptées, susceptibles d'aider à enrayer une progression d'un
phénomène qui est quand même assez inquiétant,
à la fois parce que c'est quand même le symptôme d'un
problème aigu pour ceux qui le traversent, ceux et celles en particulier
qui le traversent à un âge où ça ne devrait pas se
faire de toute façon et aussi un malaise social considérable. Des
pressions pour des méthodes telles que l'avortement, dans le fond,
trouvent leur origine directement dans un phénomène comme
celui-là. Est-ce qu'il y a quelque chose d'autre qui pourrait être
fait? Est-ce que vous avez, à l'état de projets, d'autres
initiatives?
M. Lazure: II y en a une, M. le Président, sur laquelle on
a attiré mon attention, tout récemment, lors d'une visite
à l'hôpital Sainte-Justine, il y a quelques semaines. Les
autorités de l'hôpital Sainte-Justice m'ont fait état du
développement qui remonte à environ un an, d'une clinique de
planification familiale qui est spécialement à l'adresse des
adolescentes, adolescents un peu parfois, comme couples, garçons et
filles, mais surtout à l'adresse des adolescentes. Cette clinique offre
toute la gamme des services de consultation psychosociale, d'instruction
sexuelle si on veut et, jusqu'à un certain point, compense pour
l'absence relative d'un tel enseignement dans les écoles. (16 h 30)
Cette clinique est déjà en marche et je sais que, dans le
cadre de la vingtaine de cliniques de planification familiale que le
gouvernement avait l'intention de mettre sur pied, en collaboration avec les
hôpitaux et nous en avons déjà huit ou neuf au
moment où on se parle Sainte-Justine se qualifie, si on peut
dire, devient admissible comme clinique de planning familial, cela comprend
aussi les services d'avortement thérapeutique, au besoin.
Je sais qu'il y a eu aussi, récemment, des journées
d'étude avec l'établissement Rosalie-Jetté, qui est un
centre d'accueil pour filles-mères et il y a des liens étroits
entre l'hôpital Sainte-Justine, la clinique de planning familial, et
l'établissement Rosalie-Jetté. Peut-être que M. Ouellet a
d'autres éléments?
Si on en croit les élèves qui ont
bénéficié du programme jusqu'à maintenant, à
partir des évaluations qui ont été faites, il semble assez
évident que l'information devrait être disponible plus tôt
aux jeunes.
Une des réponses qui vient souvent chez les jeunes, de la part
des jeunes, c'est que si cette information dont on leur a rendu
l'accessibilité possible avait été disponible plus
tôt, bien des gestes et bien des actes de leur part auraient pu
être évités. C'est dans ce sens que nous travaillons avec
le ministère de l'Éducation et avec les responsables de ces
programmes, de façon à en permettre l'accessibilité plus
tôt. Je dois dire qu'un jugement assez général de la part
des élèves voudrait que ce programme que nous avons
développé au ministère soit accessible dès le
début du secondaire.
M. Forget: II faudrait applaudir un tel développement,
s'il peut se réaliser.
Est-ce que le ministère de l'Éducation a maintenu son
attitude de considérer que les périodes d'information sur ces
questions, le programme lui-même, un certain nombre d'heures de
rencontres avec les étudiants pour ceux qui ont reçu cette
formation, cela devait se situer dans les périodes hors programme, ce
qui suppose un niveau de motivation particulièrement fort et aussi,
probablement, des difficultés d'assister à ces séances
pour certains jeunes qui doivent prendre l'autobus scolaire? Est-ce que c'est
toujours la même politique?
M. Lazure: II y a eu entente avec le ministère de
l'Éducation en ce sens que les commissions scolaires pouvaient choisir
d'offrir elles-mêmes le programme ou de ne pas l'offrir. Comme il y a
consultation des parents dans tous les cas, il n'y a pas de directives
précises qui tiennent, à ce que je sache, dans les milieux
scolaires, à ce niveau.
Au point de départ du programme, il y a eu ce genre de
difficulté, mais, au cours des deux dernières années, nous
n'avons pas entendu parler de difficulté de cet ordre avec le
ministère de l'Éducation, les commissions scolaires et les
parents ayant beaucoup plus de flexibilité à ce niveau, au point
de départ du programme.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Sur le même sujet, M. le Président,
ma question est peut-être embarrassante. Vous n'avez pas établi de
statistiques, par région ou par école, au niveau de la
polyvalente, de jeunes filles qui seraient enceintes? Je vous demande ceci,
parce que j'étais au Michigan l'hiver dernier. Je suis allé dans
une école du genre de ce qu'on peut appeler ici une polyvalente, une
école publique, donc pas catholique du tout. J'ai une petite cousine qui
me disait que, dans sa classe, où il y a de l'éducation sexuelle
beaucoup, et plus avancée qu'ici, une dizaine de ses compagnes
étaient enceintes.
Je suis allé causer, je ne lui ai pas dit que j'étais
député, je lui ai dit que j'étais éducateur. On m'a
donné des chiffres très révélateurs.
Évidemment, ce n'est pas normal. Ce n'est pas tous les ans. Je ne sais
pas si vous avez étudié un peu ce qui se fait dans d'autres
milieux ou si vous avez des statistiques qui peuvent confirmer ce que je vous
dis là. J'ai causé avec le directeur et c'est un problème
sérieux là-bas où on est porté à croire que
c'est très large à cause de cette éducation qui se donne.
Je ne sais pas ce que vous en pensez.
M. Lazure: Nous comparons de façon régulière
l'incidence des grossesses hors mariage et des grossesses chez les jeunes au
Québec avec les
chiffres comparables dans les autres provinces du Canada et ailleurs. Il
faut dire que les chiffres sont difficiles à obtenir en cette
matière parce que, évidemment, les déclarations sont
volontaires si je puis m'exprimer ainsi et ce n'est
qu'après un délai assez long que nous pouvons avoir des chiffres
suffisamment précis.
Les chiffres indiquent une progression, une évolution au
Québec similaire à ce qui se passe ailleurs, peut-être avec
quelques années de décalage. Cela s'est accru
considérablement dans les autres parties du Canada au début des
années 1970. L'évolution semblait un peu plus lente au
Québec, mais on voit bien, si on place les chiffres sur une longue
période, que c'est le même type d'évolution qu'il y a au
Québec qu'ailleurs en Amérique du Nord.
Nous n'avons pas de chiffres précis par école. Nous ne
dénombrons pas les adolescentes enceintes par école, au
Québec, chaque année.
M. Le Moignan: Je pense que votre politique est sage. J'ai eu
l'occasion, là-bas, de m'entretenir dans trois écoles: une
catholique et deux publiques dont l'une était juive. L'éducation
sexuelle était peut-être moins donnée chez les catholiques
et plus chez les autres. Cela causait des problèmes dans les trois
écoles qui n'étaient pas réguliers chaque année.
Cela inquiétait un peu à cause de l'âge des filles, 14 et
15 ans; moins de 16 ans dans presque tous les cas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Une question sur le même sujet. On voit aussi,
avec l'avortement, qu'il se produit la situation suivante: il n'y a pas
tellement de jeunes filles qui continuent jusqu'à la fin leur grossesse.
Est-ce que nous avons des chiffres qui peuvent démontrer la proportion
d'enfants nés illégitimement au Québec? Est-ce que c'est
moindre depuis cinq ans, disons?
M. Lazure: Ce n'est pas moins.
M. Shaw: C'est à peu près la même chose?
M. Lazure: Cela continue de croître chaque
année.
M. Shaw: Cela croît.
M. Lazure: Les naissances hors mariage, ce que nous appelons les
naissances hors mariage. Cela croît; par ailleurs, il faut bien dire
que...
M. Shaw: L'âge diminue aussi? L'âge des jeunes filles
est moins élevé qu'avant?
M. Lazure: II faudrait que je regarde les chiffres de
façon plus précise mais je ne crois pas que l'âge diminue.
Il faut dire cependant que dans plusieurs milieux de notre
société, il est admis maintenant, de façon assez courante,
qu'on puisse avoir des enfants hors mariage. Ce ne sont pas des chiffres qui se
comparent vraiment avec les chiffres des années 1950, par exemple.
M. Le Moignan: Est-ce que je peux ajouter quelque chose? Je pense
que cela doit être très difficile pour vous d'établir des
chiffres. Ayant travaillé dans les registres paroissiaux pendant neuf
ans, je sais très bien que l'enfant né d'Untel et d'Unetelle est
enregistré normalement légalement et personne ne peut
déduire que le couple n'est pas encore marié. Je ne sais pas si
le député de Pointe-Claire fait allusion à cela. Les
enfants d'Untel et d'Unetelle, il n'y a rien comme anciennement et je
pense que c'est bien ainsi qui indique que l'enfant est né de
parents naturels ou bien qu'il est illégitime. C'est l'expérience
que j'ai connue pendant toutes ces dernières années. Pour
l'avenir de l'enfant, je souscris à cela.
Vous ne pouvez pas établir de statistiques, à ce
moment-là. Vous ne savez pas si les parents sont mariés, de toute
façon.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions au programme 5?
M. Shaw: Non.
Les ambulances
M. Forget: Oui, M. le Président. Il y a une autre question
et je pense que ce sera la dernière au programme 5. C'est relatif
à la question des ambulances, question dont on parle beaucoup moins
maintenant qu'il y a quelques années, mais qui n'est pas un sujet
totalement mort, sans mauvaise plaisanterie. Je voudrais savoir si, du
côté des tarifs, en premier lieu, il y a eu une évolution
quelconque depuis la célèbre invasion de Québec du mois
d'avril. Est-ce qu'il y a eu une révision par le ministère des
tarifs officiels, si l'on peut dire, pour les ambulances? C'est ma
première question et j'en aurai deux ou trois autres.
M. Lazure: M. Cantin, s'il vous plaît.
Effectivement, jusqu'à ce jour, il n'y a pas eu de
révision des tarifs depuis, si vous voulez, le fameux tapage autour du
parlement. L'Association des transporteurs ambulanciers a fait part, au
ministre des Affaires sociales, de différentes demandes, entre autres de
la reconnaître comme étant le seul organisme pour discuter du
transport ambulancier. Le ministre des Affaires sociales a fait connaître
à la Corporation des ambulanciers du Québec qu'il n'avait pas
l'intention de reconnaître cet organisme comme étant le seul
interlocuteur pour discuter, mais il a offert à cette corporation de la
consulter comme toutes les associations d'établissements sont
consultées.
Nous avons quand même apporté plusieurs précisions
depuis que les transporteurs ambulanciers sont venus ici au parlement. Je pense
que, dans le document qui avait été distribué aux
députés de l'Assemblée nationale et à
différents milieux de la population, plusieurs erreurs s'é-
taient glissées. La corporation nous a laissé entendre
qu'il pourrait y avoir grève dans le secteur ambulancier; le
ministère des Affaires sociales s'est préparé en
conséquence.
Pour répondre de façon plus particulière à
votre question sur la tarification, nous avons souligné que le
ministère était prêt et avait déjà
sensibilisé les organismes du gouvernement pour faire une étude
sur la tarification. Pour faire ladite étude, nous avons besoin
d'information et elle ne peut venir que des transporteurs ambulanciers.
Jusqu'à maintenant, les transporteurs ambulanciers ont, jusqu'à
un certain point, boycotté cette étude et il est assez difficile
de clarifier davantage la tarification.
M. Forget: II y a eu, depuis un certain temps je crois que
cela a été le fait de certains conseils régionaux
des contrats d'exclusivité qui semblent avoir été conclus
avec des transporteurs ambulanciers. Cela a été le cas,
notamment, dans la région de Québec, alors qu'on a
prétendu conférer un contrat d'exclusivité pour le
transport ambulancier entre l'aéroport de Québec et les
différents hôpitaux de la ville.
Cette situation, dans le fond, est illégale; je l'affirme parce
que je me suis donné la peine de consulter sur le sujet et
c'était d'ailleurs mon impression qu'elle était illégale.
Cela a été confirmé par un expert en droit qui a toutes
les raisons d'être bien versé dans ces questions. À la
suite de représentations faites par un transporteur ambulancier qui
n'avait pas eu le contrat, il y a eu certaines modifications.
J'aimerais savoir quelle est la position du ministère face
à cette question de contrat d'exclusivité parce que, je le
souligne encore une fois, rien dans la Loi sur la santé publique ne
permet au ministère de donner des contrats d'exclusivité pour le
transport ambulancier; absolument rien.
M. Lazure: À ma connaissance, M. Forget, je crois que cela
s'est produit de la façon suivante. Nous avons demandé au conseil
régional de Québec de procéder par un appel d'offres pour
le transport ambulancier en provenance de l'aéroport de Québec.
Il y a eu appel d'offres et un transporteur a été retenu.
M. Forget: Oui, mais cela a été plus loin, le
conseil régional a même indiqué à Air Canada et
à Québecair que tout transport strictement privé de
malades requérant les services d'une ambulance, à partir de
l'aéroport de Québec, devait se faire par ce transporteur qu'on
avait choisi au conseil régional et que, à défaut de cela,
l'ambulancier qui se verrait octroyer un contrat pour un transport en
particulier pourrait être l'objet de sanctions, retrait de permis
possible ou alors, il lui serait complètement interdit de travailler
dans la région de Québec. On aurait laissé croire aux
représentants qui, évidemment, ne sont pas
nécessairement versés dans toutes les lois du ministère
des Affaires sociales de ces deux compagnies aériennes, que les
lois du Québec permettaient au conseil régional de
décréter une telle exclusivité. (16 h 45)
M. Lazure: M. le Président, effectivement, cela ne semble
pas régulier. On va, si vous voulez, vérifier, et demain on
pourrait apporter des précisions. Pour le moment, je rappelle que les
directives qui sont données aux conseils régionaux, à cet
égard, sont bien claires. C'est leur devoir de préparer et de
réviser les zones en question, les 190 zones de transport ambulancier au
Québec, aussi de préparer des procédures relatives
à l'attribution, à la signature des contrats, l'administration
des contrats, les paiements, le contrôle d'exécution et
finalement, l'information des personnes et organismes concernés dans la
région. Cela me semblerait irrégulier, à prime abord,
qu'il y ait une espèce de monopole comme cela.
M. Forget: Je suis content que le ministre prenne ainsi la chose,
parce que cette question crée un certain malaise. Il a semblé,
d'après l'identité des propriétaires d'ambulance en
question, qu'il y ait apparence, au moins, d'intervention à
caractère politique...
M. Lazure: Sûrement pas, M. le Président.
M. Forget:... dans la mesure où le propriétaire qui
a obtenu le contrat était connu pour la sympathie qu'il a
manifestée, dans le passé, pour le parti au pouvoir. Je ne fais
aucune accusation, mais je dis que cela a gêné
considérablement la façon avec laquelle les gens ont pu saisir,
même le ministère, cette question, parce qu'on y a vu le signe
d'une intervention à caractère partisan.
Tant mieux si le ministre le prend ainsi, parce qu'à ce
moment-là, cela va permettre de clarifier la situation beaucoup mieux
qu'autrement.
M. Lazure: M. le Président, pour compléter
là-dessus, j'ignorais cette situation, j'ignore même le nom du
concessionnaire du transport ambulancier pour la région de
Québec, et il n'y a certainement pas eu d'intervention politique,
à ma connaissance, dans ce dossier. On pourra vous donner des...
M. Forget: Un ministre des Affaires sociales, quel qu'il soit, ne
s'occupe pas d'attribuer des contrats d'ambulance. Il reste que quand les gens
sont colorés, cela crée des blocages. C'est la raison pour
laquelle j'en parle.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: J'aurais une question d'ordre cadavérique.
Je le dis sans ironie, je veux bien qu'on comprenne.
M. le ministre, je ne sais pas si cela relève de votre
ministère ou d'un autre ministère. Il meurt quelqu'un subitement,
ou parfois on peut avoir des doutes, à Gaspé, par exemple,
à 500 milles de
Québec, en chiffres ronds. On mobilise une ambulance, on vient
faire l'autopsie et on le reconduit à Gaspé. Dans des cas
semblables, est-ce que cela relève de votre ministère ou d'un
autre ministère?
M. Lazure: Le transport ambulancier relève indirectement,
comme on vient de le voir par le biais des CRSSS, de notre ministère.
Quelle est la question précise?
M. Le Moignan: Si quelqu'un meurt subitement et qu'on a des
doutes ou quelque chose du genre, on demande à le conduire à
Québec en ambulance, cela coûte assez cher, je pense, de
Québec à Gaspé, aller et retour. Je n'en veux pas à
nos ambulanciers...
M. Lazure: Qui le demande? Est-ce la Sûreté du
Québec?
M. Le Moignan: C'est la sûreté, probablement, donc
ce serait le coroner?
M. Lazure: Le coroner, pour l'enquête du coroner.
M. Martel: C'est surtout le coroner. C'est le ministre de la
Justice qui doit payer pour cela.
M. Le Moignan: Oui.
M. Lazure: C'est cela. Cela relève de la Justice à
ce moment-là, parce que c'est pour effectuer un service de la Justice,
éclaircir les causes d'un décès. C'est la Justice.
M. Le Moignan: On a souvent de grands malades qui sont
bénéficiaires du bien-être social et qui auraient besoin
d'une ambulance. C'est très compliqué de réussir à
transporter certaines personnes à l'hôpital pour sauver la vie
d'un enfant ou quelque chose du genre. Cela relève plutôt de votre
ministère, si de tels cas se produisaient. Un grand malade qui doit
être transporté...
M. Lazure: Oui, on a une politique bien claire là-dessus
et le transport est gratuit si le patient, enfant ou adulte, du jugement des
gens qui le soignent dans l'hôpital de Gaspé, doit être
transporté dans un hôpital de Québec pour avoir des
traitements plus spécialisés; cela relève de notre
ministère; c'est une politique de notre ministère. C'est
l'hôpital qui réfère le cas qui paie, à ce
moment-là, et c'est défrayé par le ministère.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Richelieu.
M. Martel: Non, tout simplement, pour le transport des malades,
je sais que le ministère des Transports se sert
régulièrement de ses avions pour faire le transport d'une
institution à l'autre, et cela relève du budget du
ministère des Transports comme tel. Sur ce à quoi vous faisiez
allusion tout à l'heure, lorsque le coroner décide de transporter
une personne d'un endroit à l'autre, à ce moment, ce sont des
dépenses qui relèvent du ministère de la Justice, parce
que le coroner relève de ce ministère.
M. Le Moignan: Quelquefois sur deux ou trois demandes, au lieu de
prendre l'ambulance ils ont pris un taxi, et le ministère a
refusé, peut-être parce qu'ils n'ont pas suivi les indications
données par l'hôpital. Cela peut être ma réponse
à leur transmettre. Merci.
Le Président (M. Laplante): Programme 5, est-ce qu'il y a
d'autres...
M. Forget: Sur la question des ambulances, j'aimerais que le
ministre profite de l'occasion où on parle des ambulances pour
préciser ses intentions. Dans certains milieux, il est rumeur que le
ministère des Affaires sociales étudie actuellement, en vue de
son application, une politique qui viserait à exproprier, en quelque
sorte, le réseau actuel d'ambulances, à en faire l'acquisition
toutes les ambulances qui existent et à les faire
fonctionner sous la juridiction des départements de santé
communautaire ou d'une quelconque autre façon, en d'autres termes, que
le ministère étudierait, pour une application prochaine, un plan
d'un service d'ambulances publiques, gouvernemental si on veut, qui
remplacerait en totalité ou en presque totalité le système
actuel d'ambulances privées.
M. Lazure: Effectivement, M. le Président, il y a un
comité de travail au ministère qui analyse diverses formules. Je
pense que certains membres du comité doivent se rendre en Europe
prochainement ou ils y sont présentement. Je sais qu'ils se sont rendus
dans certaines parties du Canada aussi. En somme, cela fait partie de leur
étude, d'examiner différentes formules de transport ambulancier,
et l'orientation que nous favorisons bien que toutes les portes soient
ouvertes en est une qui utiliserait au maximum des services publics et
des services parapublics. Quand on dit cela, cela peut vouloir dire des
municipalités ou plus précisément des services de police
ou services de pompier, de municipalités. Cela peut vouloir dire aussi,
à la rigueur, des réseaux hospitaliers dans certaines
régions. L'orientation fondamentale c'est d'essayer de recourir aux
maximum aux entreprises publiques et parapubliques.
À titre d'exemple pour ceux qui seraient moins au courant: il y a
plusieurs grandes villes aux États-Unis Los Angeles est une des
villes modèles, à ce qu'on me dit où le
système est assuré par le service des incendies. Il y a d'autres
villes, même d'autres pays, où c'est axé
complètement sur la police, un peu comme on trouve dans la région
métropolitaine où il y a une quarantaine de véhicules qui
servent au transport ambulancier et qui donnent un bon service. Alors, les
études sont en cours et elles ne sont pas encore terminées.
M. Forget: Quel est le problème du système actuel
d'ambulance que le ministre veut résoudre par ce moyen?
M. Lazure: II est sûr que le système actuel
fonctionne beaucoup mieux maintenant qu'il y a un an et demi. Je me souviens au
mois de janvier 1976, à l'époque des fêtes en particulier,
c'était un des dossiers chauds qu'on avait déposés sur ma
table et il y avait beaucoup d'insatisfaction dans plusieurs régions,
surtout les régions éloignées du Québec. Il y a eu
une grande amélioration. Les fonctionnaires ont travaillé
très fort là-dessus; les CRSSS aussi. Il reste cependant qu'on a
encore, de temps à autre, des plaintes de régions
éloignées. C'est une combinaison actuellement; le système
est mixte. Il y a une partie qui est assurée par l'entreprise
privée, à l'exception de la ville de Montréal où je
dirais que c'est la majeure partie qui est assurée par des transporteurs
privés et une petite partie par les transporteurs publics ou
para-publics. Je pense, en particulier, à l'Ambulance Saint-Jean.
Donc l'insatisfaction est beaucoup moins grande aujourd'hui qu'elle ne
l'était il y a un an, un an et demi, à l'époque où
on a décidé de créer ce groupe de travail. Je ne vous
cache pas que, même si la situation est de beaucoup meilleure
aujourd'hui, il reste que c'est un système un peu boiteux. Je serais
bien heureux d'être éclairé par un rapport exhaustif sur
toutes les formules possibles. Je comprends le sens de la question du
député de Saint-Laurent. Il semble que le système
fonctionne de façon à peu près satisfaisante,
actuellement.
M. Forget: II semble qu'on n'ait pas de motifs précis
aujourd'hui pour chercher une autre solution, à moins que celle-ci ne
s'avère moins coûteuse.
M. Lazure: Ce peut-être une des possibilités. Encore
une fois, je pense que, au moment où la commande pour ce groupe a
été donnée, nous étions dans une situation assez
inquiétante. À cause du caractère privé de ce
système de transport, surtout quand les pressions nous arrivent comme
cela a été le cas récemment, il y a un mois ou deux, il
reste que c'est un peu inquiétant. Bien sûr, on peut
préparer des solutions de rechange. Effectivement, au moment où
on se parle, il y a eu un plan d'urgence d'élaboré, en cas
d'arrêt de travail, puisque des transporteurs privés ont
menacé de débrayer, d'arrêter de transporter les malades,
et, avec la Sûreté du Québec et d'autres organismes, la
Protection civile et l'Ambulance Saint-Jean, ces trois organismes, on a un plan
prêt, au cas où il y aurait débrayage.
En conclusion, nous pensons qu'il y aurait avantage surtout en
rapport avec les services policiers et les services d'incendie, il y a des
fonctions qui sont connexes, par exemple, très souvent, on a à
transporter des individus lors d'incendies que les pompiers constituent,
à mon avis, une équipe polyvalente qui pourrait bien assumer
cette tâche. C'est la même chose avec les policiers, pour les
accidents de la route. Plutôt que de toujours amener quelqu'un de
l'extérieur qui, au départ, n'a pas une préoccupation pour
les accidentés ou les blessés, je vous avoue qu'on a un
préjugé plutôt favorable vers l'utilisation d'un corps
policier ou d'un corps de pompiers.
M. Forget: C'est superficiellement attrayant. Je me souviens des
représentations que nous ont formulées les municipalités
qui possèdent actuellement des ambulances et elles nous ont fait
comprendre, il y a quelques années, que ce ne sont pas les mêmes
policiers qui transportent les malades et qui font le constat de l'accident.
Les policiers n'acceptent pas de quitter la scène d'un accident ou d'un
crime simplement parce qu'ils ont des malades à conduire à
l'hôpital, et ce sont des policiers additionnels qui le font. Je vois
encore moins des pompiers abandonner un incendie pour reconduire des malades
à l'hôpital. Il faudrait des pompiers additionnels. Au salaire
où on paie ces deux catégories de citoyens, je pense que les taux
d'ambulance privée ont besoin d'augmenter passablement avant que cela en
coûte moins cher d'engager des pompiers et des policiers pour faire ce
travail de transport.
M. Lazure: II y a aussi un autre groupement qu'on peut appeler
parapublic, l'Ambulance Saint-Jean...
M. Forget: Ce sont des volontaires.
M. Lazure: Oui. Mais, comme association, l'Ambulance Saint-Jean
serait intéressée à participer à
l'élaboration d'un système.
M. Forget: Je vois.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Lazure: Si vous me permettez seulement un commentaire. Je
pense que le modèle qui est le plus attrayant actuellement demeure les
corporations sans but lucratif. Il y en a une quinzaine qui ont
été mises sur pied. C'est mixte. Il y a différentes
formules, c'est sans but lucratif. Il y en a qui sont exploitées
totalement par l'Ambulance Saint-Jean. Il y en a d'autres qui sont des
mouvements municipaux qui ont été mis sur pied. Actuellement,
ça semble être la plus attrayante et la moins dispendieuse des
solutions.
M. Forget: La Loi des cités et villes et le Code municipal
ont-ils été amendés pour dissiper toute espèce de
doute, quant au pouvoir? Cela a été fait?
M. Lazure: Cela a été fait avant Noël.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé. (17 heures)
M. Le Moignan: M. le Président, y a-t-il une politique de
tarification pour les régions éloignées, par exemple? Je
tairai le nom de la compagnie, mais nous avons eu, il y a un an ou deux, dans
notre région, une compagnie de l'extérieur qui demandait $50 au
départ de la maison. Elle pouvait être située à 20
milles à l'ouest de l'hôpital de Chandler et si elle allait
chercher un malade à dix milles à l'est, les gens devaient payer
le millage que l'ambulance devait parcourir. Je crois que la compagnie a
disparu, mais c'était un coût exorbitant.
M. Lazure: M. le Président, je pense qu'il y a 290
ambulances reconnues par le ministère ainsi que leur
propriétaire. Elles n'ont pas le droit d'exiger plus de $45 au point de
départ. Ensuite c'est $1.25 le mille...
Le seul taux reconnu pour remboursement, au niveau du ministère,
est de $45. Mais il y a des transporteurs ambulanciers qui demandent, au point
de départ, $50, $55, $60. Ce que vous venez de souligner est fort
possible.
Ceux-là ne sont pas des transporteurs accrédités
par nous.
Accrédités... peut-être pas par des conventions dans
le cadre de zones reconnues pour transport ambulancier. Ce peut être des
transporteurs ambulanciers dans la région de Montréal où
on n'a pas de zone.
M. Forget: Dans la région du Bas-Saint-Laurent et de la
Gaspésie, je pense qu'il n'y en a pas qui ne soit pas
accrédité à titre de bénéficiaire d'une
subvention pour les zones éloignées.
M. Lazure: Exact.
M. Forget: Donc, on est restreint à demander un maximum de
$45.
M. Le Moignan: Dans les villes, il n'y a pas de problème,
mais quand une ambulance doit faire 40 ou 50 milles, on comprend que cela ne
soit pas facile avec le personnel et tout ce qu'il y a à bord.
M. Lazure: On assure un minimum de 400 voyages par année.
Si on fait seulement 350 voyages, on paie la différence.
M. Le Moignan: Oui, je sais qu'il y a eu une entente. Il y a une
compagnie de Montréal qui est venue s'installer chez nous, elle a
disparu et ce sont les entrepreneurs locaux qui le font maintenant.
M. Lazure: C'est exact, c'était... M. Le Moignan:
Ambulancia.
M. Lazure: Ambulancia. Par la suite, c'est passé à
des corporations sans but lucratif patronnées par l'Ambulance
Saint-Jean, dans la région 01.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: M. le Président, tandis qu'on en est au
service ambulancier, précisément, je rencontrais hier soir un
groupe de personnes âgées qui ont présenté un
mémoire sur le problème particulier des coûts du transport
ambulancier pour les personnes de 65 ans et plus à bas revenu. On sait
que les assistés sociaux, par exemple, se voient rembourser le montant
fixe de $45, plus $1.25 le mille, pour leur transport, mais aussitôt que
quelqu'un tombe sous le régime de la pension de vieillesse, à 65
ans, il doit encourir les frais de transport ambulancier, même s'il
habite dans une ville et que l'hôpital n'est pas tellement loin.
On me citait des cas de personnes naturellement, ce n'est
peut-être pas universel âgées, des cas lourds, qui
habitent chez elles et qui parfois doivent prendre l'ambulance pour se rendre
à l'hôpital, dans des cas d'urgence. Il peut arriver que cela
cause des déboursés assez énormes que bien
évidemment la pension de vieillesse ne parvient pas à
combler.
On me citait l'exemple d'une personne qui avait dû
débourser en un mois $240 c'est un cas limite de
transports à l'hôpital en service ambulancier. De fait, elle
n'était compensée en aucune manière.
Les recommandations que le groupe formulait avaient pour but d'obtenir
le plus tôt possible la gratuité du transport ambulancier. On a
découvert qu'une partie, tout au moins, des personnes âgées
qui, dans les situations d'urgence, peuvent avoir à utiliser les
services ambulanciers et qui sont sur le seuil du revenu des pensions de
vieillesse, pourraient se faire rembourser une partie des coûts par
l'assistance sociale. Cela semble ignoré par les personnes
âgées et il ne semble pas y avoir de structure d'accueil
particulière, du côté de l'aide sociale, pour faire de la
publicité de façon à attirer une nouvelle clientèle
pour qu'elle se fasse rembourser une partie des frais.
Par exemple, quelqu'un qui a $256 par mois de pension de vieillesse et
qui pourrait avoir à utiliser, une fois ou deux dans le mois, un service
ambulancier, soit des déboursés de $45 ou $90 dans le mois,
pourrait se voir rembourser la moitié des frais, d'après ce qu'on
me disait hier, par l'assistance sociale. C'est assez compliqué, il faut
qu'il fasse des démarches.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, on m'informe qu'effectivement
c'est peu connu c'est possible, dans le cadre des besoins
spéciaux, à chaque bureau d'aide sociale, pour un individu qui
est juste au-dessus du seuil, comme vous dites. À supposer que
l'individu ait un revenu de $30 ou $40 par mois au-dessus du seuil et qu'il ait
recours à un transport ambulancier qui lui coûte $200, si je
comprends bien, l'aide sociale, dans le cadre des besoins spéciaux,
paierait la différence.
M. Gosselin: Peut-être que, par les services, les soins
à domicile, peut-être que par les CLSC, notamment, il pourrait y
avoir une certaine information diffusée auprès des personnes
âgées nécessiteuses qui ont, occasionnellement...
M. Lazure: J'en prends note, je crois que la remarque est
pertinente.
M. Gosselin: Je crois que ce serait peut-être pertinent,
comme je l'ai soulevé hier soir. Il y a une autre chose que je voudrais
souligner aussi, c'est que l'entreprise qui gère le service ambulancier
chez nous a posé un geste qui mérite d'être signalé.
Son tarif régulier est de $50 pour l'ensemble de ses usagers et elle a
décidé, de manière officieuse, par entente tacite avec le
CLSC local, pour cette catégorie de personnes âgées de 65
ans et plus qui pouvait avoir à prendre le service ambulancier, de
ramener le coût à $45, c'est-à-dire le coût que le
gouvernement débourse dans le cas des assistés sociaux. C'est une
entente tacite, officieuse, passée l'année dernière. Je
crois que cela mérite d'être signalé pour encourager la
firme en question et d'autres firmes ailleurs à adopter la même
attitude, s'il y a lieu. Cette entente officieuse avec cette entreprise qui
assure le transport ambulancier comprenait également l'absence de
coût pour les personnes, pour les pansements et les prothèses,
parce qu'il arrive que ce sont des coûts supplémentaires au
transport. Je tenais à le souligner.
Il est bien évident que, pour la catégorie des personnes
âgées de 65 ans et plus, qui n'ont que leur pension comme revenu,
les coûts de transport ambulancier sont quand même relativement
onéreux. Tôt ou tard, il faudrait essayer de corriger cela, tout
au moins pour cette catégorie de personnes âgées de plus de
65 ans qui n'ont pas de revenus suffisants et qui demeurent à
domicile.
M. Lazure: Je peux vous dire que, dans le mandat qui a
été donné au groupe d'étude du ministère, on
lui a demandé de travailler en priorité sur des formules de
transport pour personnes âgées.
Le Président (M. Laplante): Programme 5,
adopté?
M. Forget: Adopté.
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Elément 1,
adopté. Elément 2, adopté. Elément 3,
adopté. Elément 4, adopté. Elément 5,
adopté. Programme 5, adopté. Programme 11: Soins
spécialisés et ultraspécialisés. Ce programme vise
à rendre accessibles aux personnes malades les soins
spécialisés et ultraspécialisés que requiert leur
état. Remarques: M. le ministre.
Soins spécialisés et
ultraspécialisés
M. Lazure: II n'y a pas de remarque spéciale, M. le
Président, je vais plutôt attendre les questions.
Situation financière du réseau
hospitalier
M. Forget: M. le Président, j'aimerais savoir du ministre
s'il pourrait nous faire un état de la situation financière
d'ensemble du réseau hospitalier, des déficits accumulés
au 31 mars; état également de la trésorerie
hospitalière, dettes à court terme dues aux fournisseurs,
l'évolution telle qu'on peut la retrouver, par exemple, dans les
rapports trimestriels. De façon générale donc, peut-il
nous brosser un tableau de la situation financière du réseau
hospitalier?
M. Lazure: M. le Président, au 31 mars 1978, les
déficits accumulés des centres hospitaliers s'élevaient
à $86 300 000.
M. Forget: Ceci représente, pour l'année, un
accroissement d'environ $50 millions. Le déficit accumulé au 31
mars de l'année précédente était de l'ordre de $35
millions, je pense.
M. Lazure: Pour l'année 1977/78, c'est $37 millions; pour
l'année 1976/77, $20 millions. Pour le reste, ce sont les
déficits des années antérieures.
M. Forget: Donc, il y a à peu près $50 millions
d'accroissement dans le déficit accumulé au cours de 1977/78.
M. Shaw: Dans cette même veine, ce sont les déficits
accumulés pour "current expenses ", il n'y a pas de déficits pour
autre chose, à part cela?
M. Lazure: On parle des déficits enregistrés,
entendons-nous, non pas accumulés, année par année, si on
prend 1976/77, c'est le déficit enregistré au cours de cette
année, non pas accumulé...
M. Shaw: De déficit annuel.
M. Lazure: Le déficit annuel de 1976/77 est de $20
millions; le déficit annuel de 1977/78, $37 millions, pour un total de
$57 millions accumulés durant ces deux années, seulement. Si on
ajoute les déficits des années antérieures, on arrive
à un total de $86 300 000, au 31 mars 1978.
M. Forget: C'est pour les déficits accumulés au
compte de fonctionnement. Jusqu'à quel point cela reflète-t-il
complètement les exigibilités aux mêmes dates, autrement
dit, l'évolution des comptes à payer, des emprunts bancaires,
etc.? Est-ce que c'est un chiffre qui reflète toute cette
réalité ou si on ne tient pas compte, par exemple, de la
diminution ce sont des expressions qui n'ont pas d'équivalence
dans le secteur hospitalier. L'augmentation des exigibilités, est-ce
qu'elle est reflétée dans ces déficits?
M. Lazure: Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous
voulez dire par l'augmentation des exigibilités, mais M. Dallaire,
est-ce que vous saisissez la portée de la question?
Je m'excuse, je suis à chercher des papiers, et je n'ai pas
compris.
Voulez-vous répéter?
M. Forget: Quand on parle du déficit annuel, c'est la
différence entre les dépenses de l'année et le budget
octroyé par le ministère durant l'année. Est-ce que nous
avons, là-dedans, un reflet parfait de l'évolution de la
situation financière globale de l'hôpital, y compris
l'évolution qui a pu se réaliser en cours d'année, par
exemple, lorsque le montant des comptes à payer augmente?
M. Lazure: Effectivement, oui. Sur le plan comptable, si c'est
calculé comme compte à payer, c'est aussi calculé dans les
dépenses.
M. Forget: II serait peut-être utile de ventiler le
financement de ce déficit accumulé qui est de $86 300 000.
Combien de cela est constitué d'emprunts bancaires autorisés par
le ministère? Combien de cela constitue l'accroissement du montant qui
est dû aux fournisseurs? Peut-être y a-t-il d'autres
éléments, je ne sais pas où on va les prendre, des
emprunts non autorisés, si cela existe encore...
M. Lazure: Je n'ai pas les détails, avec moi, du
financement comme tel du montant du déficit accumulé au niveau du
réseau. Il y a, effectivement, trois méthodes de financement: les
emprunts autorisés par le ministère, comme tels,
c'est-à-dire par des lettres selon les directives sur les emprunts
autorisés; le versement périodique, c'est-à-dire l'emprunt
automatique et l'autre partie passe du côté des comptes à
payer et des emprunts non autorisés, c'est-à-dire des marges de
crédit qui sont consenties aux centres hospitaliers sur leurs valeurs
propres. (17 h 15)
M. Forget: Vous devez bien avoir le montant des emprunts
autorisés.
M. Lazure: Les emprunts autorisés, au 31 mai,
étaient de...
M. Forget: Au 30 mai... Je veux dire, c'est mai plutôt que
mars.
M. Lazure: Non, le mois de mai.
M. Forget: Donc, cela ne coincidera pas nécessairement
avec le total qu'on vient de nous donner.
M. Lazure: Non. Il est de $36 900 000.
M. Forget: $36 900 000 d'emprunts autorisés. Du
côté des comptes à payer, y a-t-il une
détérioration?
M. Lazure: II y a eu, en fin d'année dernière, une
détérioration. Au cours de l'exercice financier 1977/78 et
à la fin de celui de 1976/77, bon nombre de centres hospitaliers ont mis
en branle des plans de redressement qui sont allés
récupérer d'abord le différentiel entre leur budget et
leurs dépenses. Ils obtenaient donc l'équilibre
budgétaire, d'une part et, d'autre part, ils ont, par la suite,
provoqué un surplus pour annuler presque entièrement leur
déficit accumulé.
Alors, la détérioration qu'on a connue, de façon
quasi générale, s'est ramenée, au cours de 1977/78.
Même si on ne tient pas de statistiques précises sur le montant
des comptes à payer, on peut voir, selon des informations qui sont
plutôt "micro", c'est-à-dire au niveau des établissements,
que la situation s'améliore.
M. Forget: L'échéance moyenne s'établirait
à combien de semaines ou de mois dans le moment?
M. Lazure: II faudrait quasiment, pour répondre à
cela, faire des catégories de centres hospitaliers. Certains centres
hospitaliers qui sont en excédent de ressources et qui ont de forts
déficits budgétaires ont des échéances qui vont de
120 à 150 jours. Les centres hospitaliers qui fonctionnent en
économie de ressources et en équilibre budgétaire vont
même chercher un escompte à 30 jours.
M. Forget: Je vois, alors il y a une grande variation.
M. Lazure: Oui.
M. Forget: D'accord.
Vous dites donc que la situation s'est améliorée de ce
côté, mais il reste que le déficit accumulé
s'accroît de façon régulière. Est-ce qu'il
s'accroît en termes de pourcentage du budget total, parce que $20
millions, $37 millions, etc., ce sont des chiffres qui sont, par rapport au
budget total, assez modestes malgré tout?
M. Lazure: Quand le ministre dit que le déficit est de $86
millions, c'est le déficit prévu au 31 mars 1978.
C'est-à-dire que les déficits que l'on retrouve au 31 mars 1978,
avec la projection pour l'exercice financier 1977/78, totaliseront $86
millions.
Juste un petit moment, s'il vous plaît.
M. le Président, je pense qu'on a concilié les chiffres.
Effectivement, c'est bien le 31 mars 1978, et M. Dallaire va vous donner la
ventilation de cela.
M. Shaw: Combien prévoyez-vous pour 1979?
M. Lazure: Attendez, on va d'abord régler ce qui est
accumulé au 31 mars 1978; on parlera de 1979 après.
Les $86 millions étaient composés de $9 900 000 pour 1974,
$21 400 000 pour 1975, $22 400 000 pour 1976/77, $36 800 000 pour 1977/78 mais
estimés au deuxième rapport trimestriel, et je reviendrai sur
1976/77 un peu plus tard.
Il y a eu une décision qui a été prise par le
Conseil du trésor à l'automne de 1977, à l'effet de
ne pas reconnaître le coût des conventions collectives sur
les déficits des centres hospitaliers pour 1975.
M. Forget: Voulez-vous répéter pour que je vous
comprenne.
M. Lazure: Lors de la signature des conventions collectives, les
employés en poste dans le réseau avaient droit à une
augmentation salariale rétroactive à juillet 1975. Pour le
ministère, au financement, on avait reconnu l'obligation de payer les
conventions collectives sur les déficits, déficits qu'on ne
reconnaissait pas en vertu de la circulaire MP37 qui abolissait la pratique des
règlements de fin d'année.
M. Forget: Ah! bon.
M. Lazure: Cela va jusque là?
M. Forget: Oui, cela va bien.
Le Président (M. Laplante): On ne comprend rien, nous
autres, par exemple.
M. Lazure: Ce n'est pas grave, le député de
Saint-Laurent comprend.
M. Forget: Bien, M. le Président, je n'ai pas d'objection
à suspendre mes questions jusqu'à ce que tout le monde ait
compris.
M. Lazure: Voici, je vais essayer d'être un peu plus clair.
En 1974, le ministère a émis une directive à l'effet que
la pratique sur les règlements de fin d'année était
abolie. Là, il faut remonter pas mal loin. Cela remonte au début
de l'assurance-hospitalisation où les centres hospitaliers recevaient un
budget et, en fin d'exercice, présentaient les états financiers,
l'analyse de ces états financiers, avec une certaine analyse de
productivité qui tenait compte des augmentations de volume et de bien
d'autres choses. Le ministère reconnaissait des dépenses
admissibles en vertu de la Loi sur l'assurance-hospitalisation. Ce qui fait que
le budget qui était autorisé en début d'année
était modifié parfois deux ans ou trois ans plus tard, lorsque
les chiffres réels étaient connus et analysés, et la
partie admissible était payée au centre hospitalier.
C'était la pratique des règlements de fin d'année.
En 1972, il y a eu l'institution du budget global. La pratique des
règlements de fin d'année s'est continuée jusqu'au
début de 1974, En 1974, par une directive aux centres hospitaliers, le
ministère abolissait la pratique des règlements de fin
d'année. Donc, il ne reconnaissait plus les déficits que les
établissements pouvaient encourir. Il y a eu des déficits, comme
je viens de le mentionner, en 1974 et en 1975.
En 1976, il y a eu la signature des conventions collectives et celles-ci
étaient rétroactives à juillet 1975. Donc, le personnel
qui était en poste, celui qui était autorisé par le
ministère et celui qui n'était pas autorisé comme tel par
le ministère mais qui était dans les déficits, avait droit
à cette augmentation. Alors, on a payé, aux
établissements, le coût des conventions collectives, et le Conseil
du trésor, à l'automne 1977, nous a dit: Soyez conséquents
vous ne reconnaissez pas les déficits, donc vous ne reconnaissez pas les
augmentations sur les déficits, les augmentations des conventions
collectives.
Donc, ces montants qui avaient été payés doivent
être récupérés des centres hospitaliers. La
récupération, bien entendu, pour la rétroactivité,
est placée dans le déficit du centre hospitalier, et ce qui avait
été inclus au budget de 1977-1978 sera enlevé en
1978-1979. Cela représente $21 300 000.
M. Forget: Cette non-rétroactivité?
M. Lazure: C'est cela.
M. Forget: C'est relatif à l'année...
M. Lazure: 1975, 1976/77 et 1977/78.
M. Forget: C'est $21 300 000?
M. Lazure: C'est cela.
M. Forget: Cela s'ajoute aux $21 400 000 de déficit annuel
de cette année?
M. Lazure: Oui, c'est cela. C'est-à-dire, cela s'ajoute
aux deux années. Six mois de 1975 et 1976/77. Il y en a aussi une partie
pour 1978, 1977/78. Je pense que c'était $8 600 000, $8 300 000 et
environ $4 millions. (17 h 30)
M. Shaw: Qui va payer ces déficits? Est-ce que ce sont les
centres hospitaliers, à même leur budget global? Est-ce cela
qu'ils vont faire?
M. Lazure: On est en train d'établir les chiffres du
déficit véridique. Je n'ai pas d'objection à traiter la
question suivante: Qui va les payer?
M. Shaw: C'est très important, parce qu'on peut dire
que... ce n'est pas une dette, mais c'est vraiment une dette, c'est
l'État, à la fin, qui doit la payer.
M. Lazure: On a, comme M. Dallaire l'expliquait tantôt...
Déjà, depuis quelques années, le ministère a
demandé aux hôpitaux qui avaient des déficits de
préparer un plan de redressement budgétaire, c'est-à-dire
une façon d'économiser certaines sommes d'argent pour, à
la fois, s'assurer que durant l'année prenons l'année qui
vient de finir, 1977/78 l'hôpital ne va pas dépenser plus
que le budget qui lui est alloué. C'est un pas de plus, si cet
hôpital a un déficit accumulé, admettons de $1 million,
depuis deux ou trois ans, d'abaisser le déficit de $1 million, mettons
de $200 000 durant cette année financière. C'est ce qu'on appelle
un plan de redressement budgétaire.
C'est faisable, évidemment, dans la plupart des cas, en ne
remplissant pas un poste quand celui-ci se libère. À l'occasion
du départ d'un employé, l'hôpital examine le poste
minutieusement, et décide... Il y a un roulement d'environ 8%; si on
veut être conservateur, il y a un minimum moyen de 8% de roulement dans
tout le réseau hospitalier. Si vous avez un hôpital de mille
employés, ce qui n'est pas rare dans le cas des hôpitaux qui ont
de gros déficits, 8% de mille employés, donc vous avez au moins
80 employés qui partent d'eux-mêmes chaque année.
Par le roulement naturel, par l'attrition, vous pouvez diminuer le
nombre de postes payés, donc économiser une partie de l'argent.
Il y a des hôpitaux qui ont réussi cela: le CHUL de Québec
a absorbé un déficit d'au-delà de $1 million dans l'espace
d'un an, un an et demi; $1 225 000, exactement. Cet effort va continuer et on
veut le rendre plus systématique.
M. Shaw: Est-ce un hôpital général?
M. Lazure: Oui, c'est l'hôpital général
universitaire; c'est l'équivalent, un peu, du Royal Victoria, si vous
voulez, ou de Notre-Dame; plus petit comme nombre de lits, mais comme vocation
spécialisée, c'est à peu près la même
chose.
Donc, on veut étendre cela à tous les hôpitaux qui
ont une dette accumulée. J'ai eu l'occasion de dire, ces jours derniers,
à divers groupements, que la semaine prochaine et le jour est
fixé, c'est lundi prochain M. Parizeau et moi rencontrerons
l'Association des hôpitaux, nous rencontrerons aussi les syndicats et
nous rencontrerons également les médecins; trois rencontres,
lundi et mardi, pour faire le point avec eux et leur demander un certain nombre
de choses, leur expliquer ce qu'on propose comme plan parce que cela ne peut
pas continuer comme cela. Pour revenir à votre question, je pense que si
les mêmes tendances continuaient pour l'année qui vient, durant
1978/79, c'est une somme additionnelle d'au-delà de $50 millions qui
s'ajouterait à cela, $59 millions.
C'est clair qu'on ne peut pas continuer comme cela, alors on va
proposer... une autre remarque: II y a 42% de ce déficit de $87 millions
déjà accumulés qui se retrouvent dans une douzaine
d'hôpitaux seulement. On a fait des calculs, hôpital par
hôpital et on pense qu'à l'exception d'une douzaine
d'hôpitaux, l'ensemble des hôpitaux qui ont des déficits,
peut dans l'espace de deux années, 1978/79, 1979/80, en réduisant
un peu son personnel, absorber le déficit accumulé.
Dans cette optique, chaque hôpital ayant son plan de redressement,
nous allons leur proposer une forme d'incitation financière.
L'hôpital qui aura démontré, sur quatre rapports
trimestriels consécutifs, donc un an trois ou quatre rapports
trimestriels, c'est discutable qu'il vit à l'intérieur de
son budget et de son plan de redressement, se verra donner une incitation
financière. Je m'excuse de ne pas pouvoir donner plus de détails
aujourd'hui, mais je pense qu'il est plus correct de donner les détails
à ceux qui sont directement intéressés, soit l'Association
des hôpitaux, les syndicats et les médecins, mais il y aura une
forme d'incitation financière qui va les aider à diminuer le
déficit accumulé.
M. Shaw: Est-ce que cela veut dire que, cet été,
nous allons voir la fermeture de lits dans tous les hôpitaux du
Québec, comme l'année passée?
M. Lazure: C'est une autre question...
M. Shaw: N'y a-t-il pas d'autres manières
d'épargner?
M. Lazure: On peut faire une parenthèse. Je
répète les deux exemples que j'ai donnés tantôt, le
CHUL de Québec et l'Hôpital Sainte-Justine; ces deux
hôpitaux ont absorbé leur déficit accumulé on
me dit que le Jewish General aussi sans... Un instant!
M. Shaw:... avaient fermé leurs lits tout
l'été l'an passé.
M. Lazure: Ils les fermaient... Le phénomène de
fermeture des lits d'été, c'est un problème particulier,
si vous voulez on peut en discuter au mérite, mais, il ne faut pas
mélanger les deux questions. Les hôpitaux qui ont
résorbé leur déficit l'ont fait sans fermer plus de lits
qu'ils ne l'avaient fait l'année précédente ou les deux
années précédentes. Il y a des faits concrets qui nous
démontrent qu'un hôpital peut faire cela.
M. Shaw: En coupure de services?
M. Lazure: Non pas en coupant les services, mais en
réduisant le personnel quelque peu. Dans l'ensemble du réseau
hospitalier des Affaires sociales, cela peut vouloir dire, d'ici trois ans, une
réduction de quelques milliers de postes. On est en train de le faire
hôpital par hôpital et d'évaluer le nombre exact de coupures
que cela demande, mais, parallèlement à cela, il y a certains
programmes de développement, qu'il s'agisse de l'ouverture de centres
d'accueil pour personnes âgées, qu'il s'agisse des services
à domicile, qu'il s'agisse de l'augmentation même si elle
n'est pas aussi forte qu'on le voudrait dans le moment du personnel dans
les centres d'accueil. En somme, il y a une série de mesures qui vont
ajouter des postes dans le réseau des Affaires sociales. C'est une des
choses qu'on veut expliquer, en particulier aux représentants des
syndicats, que des postes vont s'ouvrir dans le réseau des Affaires
sociales, région par région; s'il est nécessaire, surtout
dans le cas d'une dizaine d'hôpitaux, de faire des mises à pied
éventuellement, parce que l'attrition ne va pas assez vite, à ce
moment, il y a évidemment toutes les clauses de la convention collective
qui sont respectées et la sécurité d'emploi qui joue. Il y
aura une priorité donnée à ces individus dans d'autres
établissements du réseau qui ouvriraient des postes à leur
tour. Au fond c'est, jusqu'à un certain point, un transfert de
postes à l'intérieur du réseau, avec, croyons-nous
les chiffres seront donnés aux groupements une
augmentation nette de postes pour l'ensemble du réseau, à cause
de certains programmes de développement.
Sur cette question spécifique de fermeture des lits, je pense
qu'il y a lieu d'ajouter que la discussion sur la fermeture des lits a
été, au cours des dernières années, souvent
associée à des fermetures de services d'urgence.
Là-dessus, la position du ministère a été
très ferme qu'en aucun temps on ne peut fermer les services d'urgence,
la population ayant droit à ces services 24 heures sur 24. Cela a
été répété tout récemment...
M. Shaw: Mais, à part ces services d'urgence, vous avez
besoin de lits.
M. Lazure: Oui, j'y arrive...
M. Shaw: Si votre hôpital est plein et vos lits sont
fermés, vous n'avez pas de service d'urgence. C'est pour cela qu'on a
fermé des centres d'urge-ce à Montréal, l'année
passée.
M. Lazure: C'est ce que l'on croyait. Nous avons fait un
relevé l'an passé, notamment dans la région
métropolitaine, de janvier à décembre sur le nombre
d'admissions faites par les services d'admission, par rapport aux admissions
par les urgences, afin de savoir le pourcentage de patients admis dans un
hôpital en passant par l'urgence. Indépendamment du nombre de lits
ouverts tout au long de l'année, c'est-à-dire au mois de mars
où tout est ouvert, si vous voulez, comme au mois d'août où
il y avait 2200 lits fermés à Montréal,
l'été dernier, le pourcentage d'admissions par l'urgence est
exactement le même tout au long de l'année. Il se passe un
ajustement local qui tient compte des ressources. On aurait cru que le
pourcentage des admissions par l'urgence aurait été plus grand au
moment où il y avait moins de lits disponibles; ce n'est même pas
ce phénomène qui s'est passé.
On fait des relations beaucoup trop rapides entre des
phénomènes comme l'urgence, les lits et les budgets. Localement,
il se fait des ajustements et ce dont il faut s'assurer, c'est que ce ne soit
pas au détriment des services à la population. Ce n'est pas un
dogme ou une théorie absolue. L'an passé, effectivement, le
pourcentage d'admissions par l'urgence, au mois d'août comme au mois de
mars, était le même. C'est assez paradoxal alors qu'il y a 200
lits de moins.
J'ajouterai aussi pour le journal des Débats qu'il
y a des hôpitaux qui font des surplus, c'est un peu paradoxal, même
s'ils ont eu exactement les mêmes taux d'accroissement, d'année en
année, depuis quatre ou cinq ans, six ans. Il y a entre 20% et 25% de
l'ensemble des hôpitaux qui, eux, n'accumulent pas de déficit mais
accumulent des surplus. Il y a un autre pourcentage d'hôpitaux, et c'est
la majorité des hôpitaux cette fois-ci, qui balancent à la
fin de l'année, qui vivent à l'intérieur de leur budget.
Quand le public se fait dire par les media que la situation financière
dans les hôpitaux est catastrophique ou quand les députés
se font dire cela par des groupes de pression quelconques et des
députés de tous les partis je pense qu'il faut être
prudent, il faut être nuancé. La plupart des hôpitaux vivent
à l'intérieur de leur budget. Certains hôpitaux
réussissent, encore une fois sans couper des services, à
accumuler un certain surplus. Et je répète: Une douzaine de
grands hôpitaux, surtout, sont responsables de 42% de la masse
déficitaire.
Nous sommes convaincus je termine là-dessus que,
pour la très grande majorité des hôpitaux qui ont un
déficit accumulé, il sera relativement facile, si les directions
acceptent d'examiner à la loupe chaque poste qui se libère au
cours d'une année, comme d'autres l'ont démontré, de
réduire un peu le personnel et d'assurer les mêmes services.
M. Forget: Je reviendrai tout à l'heure, ou
peut-être après 20 heures, sur la question des chiffres. Mais,
puisqu'on a déjà amorcé le débat sur leur
signification ou les implications qu'on veut en tirer, le ministre a dit tout
à l'heure: II y a des plans de redressement, cela se fait hôpital
par hôpital, et on voit qu'il y a quelques milliers d'emplois qui
devraient être éliminés par l'attrition naturelle, sur une
période d'années, dans le secteur hospitalier, mais ceci sera
plus que compensé par une période de deux ans, qu'il a dit
le développement de certains nouveaux services. Ce qui fait que
les gens qui, normalement, auraient remplacé les postes devenus vacants
et qu'on ne comble pas, vont avoir d'autres opportunités de travailler
dans le secteur hospitalier. Comment peut-on concilier cette affirmation avec
ce que le ministre dit: Pour l'année à venir, il y aura $59
millions de déficit si on ne fait rien, si rien ne se produit
qui viendraient s'ajouter au déficit, comme déficit
annuel. Donc, c'est probablement ça l'objectif, en termes financiers, le
déficit qu'il faut résorber puisque c'est le déficit de
l'année. Ce n'est pas le déficit accumulé. C'est la mesure
de ce qu'il faut couper comme ressources excessives dans le secteur pour le
faire balancer. D'autre part, on va ajouter seulement $9 millions pour de
nouveaux services. Le budget de développement dans le secteur
hospitalier, pour l'année, est de $9 millions.
Il est clair qu'il va être assez difficile de faire balancer, en
termes de création d'emplois, dans le secteur des affaires sociales,
dans le secteur hospitalier en particulier, les $9 millions avec les $59
millions. Même si on fait cela sur une période d'années, ce
n'est pas en étant déficitaire chaque année qu'on va
être en surplus au bout d'un certain nombre d'années. Il n'y a pas
de magie là-dedans; on suppose que la résorption du
déficit, même si elle est échelonnée sur un certain
nombre d'années, ne permettra pas, par la création de services
nouveaux, d'absorber autant de monde dans le réseau qu'il y en avait au
départ. (17 h 45)
D'ailleurs, ce serait presque une réduction par l'absurde si on
part de l'hypothèse qu'il y a un
déficit; on ne peut pas régler le problème du
déficit à moins de diminuer les quantités de ressources
qu'il y a dans le secteur. Il y a une espèce de tour de passe-passe
lorsqu'on prétend qu'au net, il y aura plus d'emplois
créés qu'il y en aura d'abolis. Évidemment, ce ne sont pas
les mêmes, mais il y aura certainement une diminution nette.
M. Lazure: M. le Président, il faut se rappeler ce que
j'ai dit, c'est-à-dire qu'il ne s'agissait pas d'une opération
d'une année, mais d'une opération échelonnée sur
trois ans, commençant... l'affirmation que je faisais, à savoir
que le net dans l'ajout de postes nouveaux serait supérieur à la
diminution de postes dans le réseau hospitalier, j'ai bien dit
l'ensemble du réseau des affaires sociales et non pas seulement le
réseau hospitalier. C'est là qu'est toute la
différence.
Si on regarde l'ensemble du réseau des affaires sociales, sur
trois années, mais prenons seulement cette année. Cette
année, l'ajout de $7 millions pour les services à domicile
représente 550 postes d'auxiliaires familiales. Vous avez aussi l'ajout
d'un certain nombre d'employés quand ils auront atteint... Si ce n'est
pas déjà fait au moment où on se parle, ce sera d'une
semaine à l'autre... L'hôpital Cité de la santé de
Laval qui représente environ l'équivalent de 1200 postes à
temps complet, c'est une addition dans le réseau des affaires
sociales.
Ensuite, il y a les centres d'accueil où je l'ai dit hier
l'addition d'environ $13 millions représente 900 postes dans des
centres d'accueil qui ouvrent cette année. On a vu la liste hier. 900
postes plus 550 plus 1200, ce sont seulement trois éléments
majeurs; il y en a d'autres qu'on pourrait regarder, mais cela, c'est pour
cette année. Nous sommes convaincus et nous aurons des chiffres à
donner à nos interlocuteurs, la semaine prochaine, qui vont
démontrer que sur une période de trois années, nous allons
amplement augmenter le nombre des employés, et non pas le diminuer, dans
l'ensemble du réseau.
M. Forget: II va être sur une base de chiffres totale, si
on prend suffisamment d'années et si on prend une comparaison
suffisamment large, mais tout dépend de l'ampleur des budgets de
développement qui seront accordés. Là-dessus, je pense
bien que le ministre ne pourra pas faire de promesses très fermes; tout
dépend de la situation générale des finances
gouvernementales, etc.
À l'intérieur même de ce total, il y a une
modification considérable, la composition de la main-d'oeuvre. Quand on
crée des postes d'auxiliaires familiales, cela a un intérêt
très relatif sur les employés d'hôpitaux...
M. Lazure: C'est-à-dire que cela peut intéresser
des préposés aux malades ou des préposés dans les
services auxiliaires d'un hôpital, par exemple.
M. Forget: À la limite.
M. Lazure: Pas à la limite...
M. Forget: Les techniciens de laboratoire, les techniciens de la
radiologie ne sont pas beaucoup réconfortés, d'un autre
côté, par la création de postes dans les centres d'accueil.
Ce que je veux dire, c'est qu'il y a une composition très certainement
différente et cela fait partie du problème, parce que bien
sûr, les syndicats visent le maintien d'un nombre d'emplois,
présumément, mais ils visent aussi vis-à-vis de chacun de
leurs membres, à assurer une certaine permanence de postes. De ce
côté-là, il y a des modifications sensibles, je ne dis pas
qu'elles ne doivent pas se faire, mais d'un autre côté, il ne faut
pas se faire d'illusions sur la capacité de résoudre tous les
problèmes quand il y a des changements qui sont nécessaires; par
définition du statu quo, on ne peut pas demeurer.
M. Lazure: Je répète que cette diminution de
quelques milliers d'emplois dans le secteur hospitalier
échelonnée sur trois ans se fera au moins dans une proportion de
50% par des départs naturels, des gens qui décident de quitter
leur emploi. Dans ce 50% des cas, on n'a pas à se poser la question;
cette ex-technicienne de laboratoire qui quitte parce que son mari a
été transféré ailleurs, par affaires, cela ne pose
pas de problèmes. C'est pour cela qu'on va parler aux gens et il va
falloir qu'il y ait beaucoup de concertation. C'est évident que cela va
poser des problèmes.
M. Shaw: Dans le cas des 200 internes et résidents, cela
va représenter du travail qui sera fait par les experts; ce n'est pas
fait pas des auxiliaires. Ce sera fait, au moins, par une infirmière ou
un autre médecin qui va être payé. Est-ce que ce montant
est considéré dans vos chiffres? Est-ce que cela
représente une diminution des résidents et des internes dans ce
programme? En salaires, cela représente quelques millions de dollars.
Qui va faire ce travail? Quand vous êtes malade, dans un hôpital,
si ce n'est pas un interne ou un résident qui va s'occuper de vous,
quelqu'un d'autre devra le faire. Est-ce que ce sera un médecin
payé à l'acte avec sa "castonguette"? Ce sera
présenté sous une autre forme de coût pour l'hôpital,
soit à la Régie de l'assurance-maladie.
M. Lazure: Le député de Pointe-Claire ne
connaît peut-être pas de façon intime la pratique dans les
hôpitaux mais...
M. Shaw: Je la connais très bien, je suis membre du
personnel d'un hôpital.
M. Lazure: Actuellement, quand le traitement d'un patient est
fait par un patron, un spécialiste certifié, diplômé
qui est assisté dans son traitement par un interne ou un
résident, le spécialiste patron facture à la
"castonguette". C'est le système actuel.
M. Shaw: C'est une autre chose. Je dis que les patients...
M. Lazure: C'est de cela dont vous parlez. Il n'y aura pas un
taux additionnel à la Régie de
l'assurance-maladie. Ce taux est déjà fait par le
médecin spécialiste. Ce qu'il va y avoir c'est une diminution des
salaires payés aux internes résidents dans le réseau.
C'est vrai. Il va y avoir 200 salaires par année de moins, un peu plus
que 200. C'est environ $15 000, cela veut dire $3 millions. Il va y avoir une
économie de $3 millions, d'accord?
M. Shaw: C'est le spécialiste qui va revenir à
l'hôpital pour quelqu'un qui va commencer à saigner à deux
heures du matin?
M. Lazure: Un instant, il ne faut pas dramatiser non plus. La
diminution...
M. Shaw: C'est la réalité.
M. Lazure: ... de 2005 en juin, ceux qui terminent, l'ensemble
des internes résidents, c'est 2005, cela va diminuer à 1800 le
1er juillet.
M. Shaw: Oui, c'est 200.
M. Lazure: Bon. Mais cette diminution ne va pas vider les
hôpitaux universitaires de leurs internes et de leurs résidents.
Il ne faut pas dramatiser cela. Il va rester dans tous les hôpitaux
universitaires des internes et des résidents qui vont assurer les gardes
de fin de semaine, les gardes de nuit.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres questions
sur le programme 11?
M. Forget: Oui. J'aimerais être sûr que je comprends
bien les chiffres qui nous ont été donnés. Je me suis
livré à quelques opérations arithmétiques tout
à l'heure et j'ai des problèmes, cela n'arrive pas.
M. Lazure: C'est parce qu'il n'a pas terminé. M.
Forget: Ah bon! je vais le laisser terminer.
M. Lazure: Avez-vous terminé, Monsieur Dallaire?
Non.
Bon, il n'avait pas terminé son exposé. Alors, reprenez
votre exposé.
Les chiffres que je vous ai donnés jusqu'à maintenant
donnent $111 800 000. Il faut penser que ce que je vous ai donné, c'est
année par année, pour les établissements qui
étaient à déficit. Si on le met de façon
temporelle, c'est-à-dire une année par rapport à une
autre, pour un établissement qui, une année, a eu un
déficit et, l'année suivante, a eu un surplus, le surplus
s'applique donc contre le déficit. Il y a $25 500 000 de surplus qui se
sont appliqués contre les déficits sur la période de 1974
à 1977/78. Ce qui vous donne $86 300 000.
M. Forget: Cela va mieux.
M. Lazure: J'ai aussi un autre commentaire.
Lorsque je vous ai donné le déficit 1977/78, je vous ai
dit qu'il était, sur le rapport qui a été soumis au
ministre, estimé selon le deuxième rapport trimestriel. Ce matin,
on a terminé la validation du troisième rapport trimestriel. De
$36 800 000, on passe à $27 100 000, c'est-à-dire une diminution
de $9 700 000. On sait comment les estimations selon les rapports trimestriels
sont bâties. C'est un nouveau rapport trimestriel qu'on a lancé
l'an dernier qui doit, lorsqu'il sera rodé, nous donner
l'expérience des centres hospitaliers de façon comparative, qui
va permettre une autovalidation des chiffres qui nous sont fournis. Dans le
moment c'est encore en phase de rodage et il y a des accrochages. Ceci fait que
les $86 300 000 passent à $76 500 000.
M. Forget: Je vois, et cela est toujours au 31 mars 1978, en
regardant toutes les années antérieures.
M. Lazure: Au 31-3-78.
M. Forget: Je vois. Et, vous confirmez que le chiffre, le
déficit annuel qui serait prévu, à défaut d'autres
mesures pour 1979, s'établirait à $59 millions. Est-ce sur la
base du premier rapport trimestriel?
M. Lazure: Non.
M. Forget: Non. Il n'est pas encore émis.
M. Lazure: Les $59 millions... C'est l'estimation 1978/79. C'est
une estimation bien approximative. C'est la projection si les mêmes
tendances se maintenaient. C'est cela.
Les $59 millions auxquels on fait référence, je vais vous
en donner la composition et je vais vous donner aussi les changements
apportés.
On a parlé, tout à l'heure, des conventions collectives
sur les déficits de 1975. Il y a un montant qui a été
inclus au budget 1977/78 des centres hospitaliers qui était de $8 700
000 et, indexé à 1978/79, il passe à $9 400 000. Il est
à remarquer que c'est un déficit potentiel. Alors, les centres
hospitaliers n'ayant plus ce montant dans leur budget vont devoir le
résorber d'une façon ou d'une autre.
Il y a, comme base de discussion avec les centres hospitaliers, un taux
nul d'accroissement sur les fournitures, sur les dépenses non
salariales, ce qui représente $20 700 000. Donc, l'estimation des
compressions budgétaires à ce niveau pour 1978'79 est de l'ordre
de $30 100 000. Si on ajoute la récurrence des déficits de
1977/78 sur les activités de 1978/79, prenant en considération
que rien n'a changé, s'il faut ajouter le chiffre que je vous ai
donné tout à l'heure de $36 700 000 pour les déficits
1977/78; en l'indexant à 1978/79 cela devient $39 500 000 ce qui fait
$69 millions. De ces $69 millions, le Conseil du trésor a accordé
$9 millions pour la révision de la base budgétaire et plus
particulièrement pour les établissements qui sont en
économie de ressources et à déficit
budgétaire insuffisance de ressources pour ceux qui sont
moins familiers avec les termes ce qui fait 60 millions ou les $59
millions en question. Mais là, il faut encore faire le même
décalage que tout à l'heure alors que je vous disais que la
récurrence du déficit de 1977/78 sur 1978/79 a été
calculée à $36 700 000 indexés de 7,5%; il faut le mettre
à $27 100 000 indexés de 7,1% ce qui fait que... là je
n'ai pas fait les calculs, mais cela réduit d'environ $10 millions. Cela
passerait de $59 millions à $49 millions.
M. Forget: Si je comprends bien, les 42% de déficit sont
imputables à douze hôpitaux et les douze hôpitaux en
question sont largement de grands hôpitaux d'enseignement.
M. Lazure: C'est exact! (18 heures)
M. Forget: Le ministère a adopté, l'an dernier, un
nouveau mode de répartition ou une révision systématique
des bases budgétaires. Si je comprends bien, cela a été
effectivement appliqué. Est-ce que l'effet de cette révision des
bases budgétaires n'a pas été de "défavoriser"
précisément ces hôpitaux où, en fin d'exercice, on
retrouve 42% du déficit? Est-ce que dans une certaine mesure le
déficit n'est pas non seulement le résultat de difficultés
de gestion au niveau des hôpitaux etc., mais également et autant
le résultat d'une base budgétaire faite selon des règles
qui, systématiquement, pénalisent les hôpitaux
d'enseignement.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous garder votre
réponse pour vingt heures?
M. Lazure: Oui. C'est une question fort intéressante et
j'ai beaucoup de choses à dire là-dessus.
Le Président (M. Laplante): On va suspendre jusqu'à
vingt heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise de la séance à 20 h 17)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission parlementaire des affaires
sociales.
Il y avait une entente, je crois, avec tous les partis, de suspendre le
programme 11 et d'aller immédiatement au programme 14. À ce
moment-ci, j'appellerais le programme 14: "contribution au financement du
régime d'assurance-maladie". Ce programme vise à défrayer
une partie du coût du régime d'assurance-maladie. M. le ministre,
avez-vous des commentaires?
Contribution au financement du régime
d'assurance-maladie
M. Lazure: M. le Président, nous avons le plaisir d'avoir
le président-directeur général de la régie, le Dr
Laberge, avec ses collaborateurs, M. Marcoux, M. Lafrance, M. Forcier.
Je n'ai pas de commentaires généraux à faire, par
économie de temps, je pense que je vais simplement attendre les
questions, à moins que le Dr Laberge ait un commentaire
général à faire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Oui, j'aurai des questions à poser au ministre,
éventuellement, sur les ententes qui ont été conclues
récemment, mais je présume que ces questions seraient
dirigées au ministre plutôt qu'au Dr Laberge.
M. Lazure: C'est la coutume.
M. Forget: C'est la coutume. Je vais essayer de mettre cela de
côté pour l'instant. J'essaie de replacer des papiers dans l'ordre
approprié.
J'aimerais savoir du Dr Laberge, avec les plus récentes
données disponibles, quel est le bilan qu'on peut faire, à
l'heure actuelle, quant à l'application des ententes? J'essayais de
trouver le document qui m'est parvenu récemment par le biais d'une
réponse à une question écrite, mais, dans la
précipitation, je ne suis pas sûr d'être capable de mettre
la main dessus. Il me semblait, de mémoire, que, du côté
des omnipraticiens, il y avait une moyenne qui était sensiblement
inférieure à l'objectif tarifaire et que, pour ce qui est des
spécialistes, on semblait être à peu près à
l'égalité avec les objectifs tarifaires déterminés
au début de l'automne 1976. Est-ce la situation telle qu'on la retrouve
encore aujourd'hui?
M. Lazure: Oui, pour le revenu moyen des médecins
omnipraticiens, dans le cadre du régime de l'assurance-maladie à
l'acte, on avait un objectif de $66 598. Le revenu moyen estimé a
été de $64 787 pour la première période de douze
mois, allant du 1er novembre 1976 au 1er novembre 1977, ce qui laisse un
écart entre le revenu brut et l'objectif de 2,7% inférieur
à l'objectif. Les données pour les omnipraticiens sont
relativement plus fiables que celles des spécialistes,
c'est-à-dire que, quand on parle d'ajouter à nos données
un degré d'intégralité, les données des
médecins omnipraticiens sont au-delà de 98%. Les données
des médecins spécialistes sont basées sur la
période des douze premiers mois dans la première période
de 17 mois de l'entente. C'étaient deux périodes de 17 mois, la
première du 1er janvier 1977 au 1er juin 1978; la deuxième allait
au 30 octobre 1979.
Pour fabriquer les chiffres pour la première période, il y
a un délai entre la date du service rendu et la date où les
services sont facturés à la régie. Ce délai,
à l'extrême, peut aller à deux ans, ce qui fait que parfois
on n'a pas les données du mois de décembre et on est rendu en
février, en mars, en avril et on les a pas encore complètement;
il nous en manque. Il arrive pour $2 millions de demandes de paiement au mois
d'avril qui se rapportent à des services rendus en décembre
et
en novembre de l'année précédente. On a donc
décidé de donner les six premiers mois de l'année, avec un
degré d'intégralité encore de nos données au moins
égal à ce que nous avions pour l'année 1974.
Chez les médecins spécialistes, on avait un objectif de
$76 693, en prenant les six premiers mois de l'année, on arrive avec un
écart de 5,4% supérieur. En fait, l'ensemble des
spécialistes nous donne $80 807. Je vous fais grâce de les donner
par spécialité, à moins que vous désiriez les
avoir, comme les psychiatres peut-être vous intéressent à
$133 000; les chirurgiens cardiovas-culaires thoraciques à $112 000 de
moyenne; oto-rhinos à $101 000 de moyenne; radiologie: $129 000. Ce sont
les plus élevés du groupe; mais la moyenne de $80 807...
Les psychiatres, pour le ministre! Les prolétaires des
spécialistes; autrefois, en tout cas.
M. Forget: Autrefois, oui.
M. Lazure: Je ne sais si c'est encore comme cela. La psychiatrie:
471 médecins: $60 426 de moyenne.
M. Forget: C'est un peu moins prolétarien que
c'était!
M. Lazure: Mais par rapport à $130 000. Pour la moyenne,
je suis à $80 807.
M. Forget: Est-ce que les écarts de 5% sur la moyenne sont
sensiblement les mêmes pour toutes les spécialités ou s'ils
sont localisés dans certaines spécialités?
M. Lazure: Non, il y a des spécialités où
cela a été 10% ou 12% d'écart, alors que d'autres sont
même en bas. Quant à l'écart de 5,4%, il y avait un
dépassement prévu de 3% pour des actes nouveaux, ou encore pour
productivité. Si on tient compte des 3%, on arrive à $78 994 et,
entre le revenu moyen annuel brut calculé et l'objectif, l'écart
est donc de 2,3% et non 5,4%, comme on avait tantôt.
Il est arrivé une chose dans nos études qui nous a un peu
surpris et pour laquelle on n'a pas encore d'explication. En
général, pour les six premiers mois de l'année c'est
égal à 50% de l'année, et quand ce n'est pas 50%, c'est
au-delà: 50,2%, 50,3%, alors que, cette année, on a fait le
deuxième semestre, les six derniers mois de 1977, et on arrive avec un
deuxième semestre inférieur. Il vaut 48%, par rapport à
52% pour le premier. Si cette hypothèse se confirme dans les semaines
qui viennent, cela voudrait dire que l'objectif serait à peu près
atteint.
M. Forget: Est-ce que cela veut dire qu'il faudra attendre le
deuxième semestre de 1978 avant de porter un jugement définitif
sur la réalisation de l'objectif tarifaire?
M. Lazure: On a transmis les données du premier semestre
en janvier, les six premiers mois, aux fédérations et au
ministère. Les autres don- nées ont été transmises
récemment et il y en a encore d'autres à venir; en fait, ce sont
celles de 1974 qu'on nous a demandé de reprendre. De toute façon,
dans l'ensemble, c'est peut-être à 1% ou 2% de l'objectif.
M. Forget: Malgré tout, 1% ou 2% de l'objectif
entraîne l'enclenchement du processus de révision tarifaire.
M. Lazure: Là, c'est le problème de la
négociation qui se fait au ministère des Affaires sociales. On
est en train d'y travailler.
La réponse, c'est oui.
M. Forget: C'est oui, cela engage ce mécanisme. Vous aviez
l'intention de poursuivre ce point de vue?
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Vous faisiez allusion tantôt au profil des
spécialités, quelles sont les spécialités où
les dépassements sont singulièrement plus
élevés?
M. Lazure: De mémoire, il y en a une que je pourrais vous
donner, par exemple, qui a été une surprise pour moi, c'est la
gastro-entérologie qui est allée à peu près
à 12% ou 13% au-delà de l'objectif prévu. Maintenant, je
n'ai pas écrit le pourcentage à côté de chacune,
j'ai pris plutôt le nombre de médecins dans chaque
spécialité.
M. Forget: Gastro-entérologie, c'est curieux. M.
Lazure: C'est explicable.
M. Forget: Est-ce que ce sont les endoscopies qui...
M. Lazure: C'est cela, les gastroscopies, endoscopies.
M. Forget: Cela devient...
M. Lazure: C'est cela, cela devient de la routine.
M. Forget: ... la procédure problème, de fait, des
dernières années, depuis 1970. Bon.
Sur le plan des mécanismes nouveaux introduits dans les ententes,
en particulier du côté des omnipraticiens, à combien de
médecins s'est appliqué le plafonnement des honoraires?
M. Lazure: En fait, c'est passablement intéressant de voir
ce qui s'est produit chez les omnipraticiens à cause du plafonnement. Si
je me reporte en arrière et je prends la couche salariale de $120 000
à $139 000, il y en avait 17 en 1973, 23 en 1974, 26 en 1975, 27 en 1976
pour tomber à un. Dans le groupe de ceux qui faisaient entre $140 000 et
$159 999, il y en avait 8, 4, 9, 9 et un; après cela, il n'y en avait
plus aucun. Si, par exemple, je
prends $200 000 et plus, chez les omnipraticiens toujours, on en avait
un en 1973, trois en 1974, sept en 1975, six en 1976, il n'y en plus aucun. Il
n'y en a plus aucun dans les couches de $200 000 et plus; de $180 000 à
$200 000, il n'y en a pas; de 160 000 à $180 000, il n'y en a pas; il en
reste deux, un dans la couche de $140 000 à $160 000 et ils ont
dû se corriger depuis, parce qu'on avait des mécanismes pour les
corriger et un autre dans la couche de $120 000 à $140 000 qui
est là.
Par contre, le groupe s'est rapproché de la façon
suivante: Si on prend l'échelle de $80 000 à $100 000 je
recule de cinq ans 153 médecins y étaient en 1973, 195 en
1974. 220 en 1975, 317 en 1976 et, en 1977, il y en a 641.
M. Forget: Quelles sont les hypothèses que vous formulez
quant à ce qui s'est modifié dans le comportement de ces
médecins, suite à l'imposition d'un plafond; est-ce qu'ils ont
retiré leurs services pour des périodes de l'année, est-ce
qu'ils ont raccourci leur semaine de travail, est-ce qu'ils ont changé
leur profil de pratique?
M. Lazure: Je pense que si on prend le profil de chacun, c'est
très différent les uns des autres. Ils ont modifié leur
formule de pratique. C'est-à-dire que...
M. Forget: La fréquence relative de certains actes.
M. Lazure: ... quand ils ont réalisé qu'ils
atteignaient, par exemple, $23 000 après deux mois de travail, ils
arrêtaient de travailler le troisième mois.
M. Forget: Ah! dans ce sens?
M. Lazure: II y en a même qui sont allés travailler
en Ontario et aux États-Unis. (20 h 30)
M. Forget: Ouais.
M. Lazure: Comme ministre, j'ose espérer que ce nombre est
infime.
Il y en a trois aux États-Unis et cinq ou six en Ontario, qui
vont faire du cabinet en Ontario.
M. Forget: Ce qui veut dire que cela n'explique pas la
totalité des modifications de revenus.
M. Lazure: Non. Quand on regarde le profil de l'individu, il a
$23 000 dans le trimestre, on se rend compte que tous ses services ont
été donnés dans les huit premières semaines du
trimestre ou les sept premières semaines; après cela, il a
arrêté.
M. Forget: Est-ce que c'est le "pattern"
général?
M. Lazure: Bien, le "pattern" ne dépasse pas $23 000; il
arrête là, ou $25 000.
M. Forget: Mais, dans les semaines où ils ont
pratiqué, est-ce que le profil de pratique est demeuré le
même?
M. Lazure: Je pense que je ne pourrais pas vous répondre
avec certitude. S'ils ont posé moins d'actes par jour qu'ils en
faisaient autrefois, je ne peux pas vous répondre.
M. Forget: Les ententes prévoyaient certaines dispositions
quant à la répartition géographique mais c'étaient
les ententes qui supposaient des démarches et des ententes
particulières additionnelles, la création de comités
paritaires ou conjoints sur cette question, enfin, il y avait
différentes possibilités. Est-ce que vous pourriez nous
décrire brièvement ce qui s'est fait dans l'application de ces
parties des ententes?
M. Lazure: II y a eu en effet des comités formés,
tant du côté des médecins spécialistes que du
côté des médecins omnipraticiens. Les comités ont
été formés avec les représentants du
ministère des Affaires sociales. Le but décrit dans l'entente,
c'était d'assurer une meilleure répartition géographique
des médecins. Il est arrivé un problème qui va se
régler prochainement, c'est que la régie ne pouvait pas, dans sa
loi actuelle, telle qu'elle est écrite, donner de l'argent à ces
comités pour fonctionner. Alors, dans l'entente des spécialistes,
en particulier, c'était marqué que la régie verse à
ce comité un montant de $1 million. Alors, on n'a pas pu,
malheureusement, après consultation avec notre contentieux et même
après consultation avec le ministère de la Justice... on nous a
dit qu'on n'avait pas ces moyens dans la loi. Maintenant, il y a des
modifications législatives qui seront apportées prochainement et
qui vont corriger cette situation.
Par contre, concernant les bourses d'études qui augmentent
d'année en année, on en a actuellement peut-être 90 ou 95
données à des candidats qui s'engagent à aller dans des
régions désignées. Pour l'année qui se termine, il
y a déjà deux ou trois candidats c'est la première
récolte, si on peut dire qui s'en vont dans des régions
désignées.
M. Forget: Du côté des spécialistes, est-ce
que ces ententes ont permis d'apporter des solutions à des
problèmes de répartition ou si c'est surtout du côté
des omnipraticiens que des efforts pour assurer une meilleure
répartition se sont effectués?
M. Lazure: Du côté des spécialistes, à
cause de cette espèce d'obstacle législatif qui nous
empêchait... et qui va se corriger incessamment, il n'y a pas eu
d'actions prises effectivement. Il y a eu un comité paritaire
formé il y a presque un an, plusieurs mois, fédération et
ministère, et le comité paritaire s'était entendu pour
aborder, spécialité par spécialité, les
spécialités où il y avait le plus de pénurie dans
les régions éloignées. Les deux parties ont convenu
d'aborder avant tout la spé-
cialité de psychiatrie. En deuxième lieu, je pense que ce
sont les anesthésistes.
Il y a eu entente entre les deux parties et le mémoire a
été accepté par le Conseil du trésor. Cela doit
être soumis d'une semaine à l'autre pour confirmation au Conseil
des ministres. Aussitôt après, on va passer... Alors, à
savoir quels résultats concrets cela va donner, je pense que cela ne
donnera pas de résultats spectaculaires. D'une part, on compte surtout
sur les jeunes médecins psychiatres qui graduent; il n'y en a pas
beaucoup qui graduent chaque année. Au total, au Québec, il y en
a peut-être 35 ou 40. On compte en accrocher un certain nombre. Il s'agit
de primes d'encouragement dont le montant varie selon les régions; cela
va de $10 000 à $20 000. C'est gradué selon les
régions.
Cette prime exige, en retour, un minimum de deux années de
pratique dans la région en question.
M. Forget: Je ne comprends pas la nature de l'objection
légale soulevée tout à l'heure par le Dr Laberge. On dit
qu'il n'était pas permis à la régie, par sa loi
constitutive, d'effectuer des déboursés pour le paiement des
primes. J'imagine que c'est...
M. Lazure: C'est cela.
M. Forget: Mais quelle importance cela peut-il bien avoir puisque
le ministère inscrit dans ses crédits annuellement les sommes
nécessaires soit au financement des activités désormais de
la Régie de l'assurance-maladie ou il peut les inscrire à un
autre poste budgétaire à sa discrétion pour les
mêmes fins? Et comme c'est le ministre qui est le signataire des
ententes, que la régie ait le pouvoir d'effectuer ou non les
déboursés, cela n'a strictement rien à voir avec le
problème.
M. Lazure: En fait si le mémoire qui est au Conseil des
ministres, au Conseil du trésor, est approuvé, il n'y a aucune
objection à ce que les fonds viennent du ministère pour aider
à la répartition géographique. Ce que je disais
tantôt, l'empêchement juridique ou légal, c'était que
dans la loi de la régie on nous a dit qu'il n'y avait rien qui
autorisait la régie à donner de l'argent pour un comité de
répartition géographique. Il y avait de l'argent disponible pour
donner des services assurés. La définition d'un service
assuré ce n'était pas: Aider à la répartition
géographique. Il a deux programmes distincts. Il y a celui des bourses
d'étude...
M. Forget: C'est une interprétation tirée par les
cheveux.
M. Lazure: Une interprétation qui a déçu le
ministre, je peux vous l'avouer.
M. Forget: Je n'ai aucun compliment à faire pour ce genre
d'opinion juridique qui émane de Dieu sait où et qui n'a aucune
espèce de signification. Il est bien clair que la régie a la
mission première d'appliquer les ententes, et de les appliquer pour fins
de prestation de services. Si l'entente prévoit que les services, quand
ils sont donnés dans des régions éloignées,
impliquent le paiement d'une prime, le paiement des primes est un paiement pour
un service, le reste est un artifice juridique complètement gratuit,
à mon avis, qui, de toute manière, n'est pas nécessaire
parce que le ministère avait le pouvoir de le faire directement. Ce
n'est pas un obstacle bien sérieux. Je m'étonne que depuis un an
et demi on n'applique pas l'entente sur ce point pour une raison qui est aussi
faible.
M. Lazure: Je dois dire, encore une fois, comme l'a dit
tantôt le président de la régie, que nous avons reçu
ces avis écrits à la fois de la régie et du
ministère de la Justice, directement. Il me paraît difficile pour
un ministre, quel que soit son ministère, d'aller à l'encontre
d'avis aussi...
M. Forget: Faites-le et attendez d'être poursuivi.
M. Lazure: ... solennels.
M. Forget: Cela prend seulement un petit peu plus d'audace
à l'occasion.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, on a mentionné tout
à l'heure les honoraires reçus par les spécialistes.
Maintenant, parfois, il arrive que dans les journaux, on parle de certains cas
de fraude. Est-ce que cela se produit souvent des médecins ou des
spécialistes qui fraudent la régie? Avez-vous des moyens pour
déceler les fraudes ou si ce n'est pas fréquent au cours d'une
année?
M. Lazure: II existe sûrement des moyens de contrôle
à la régie, des moyens de contrôle qui sont
appliqués à partir du moment où on reçoit les
demandes de paiement. Ces moyens de contrôle consistent en une
série d'évaluations des règles de paiement, des
règles de validation qui nous permettent de dire si le compte correspond
au code qui a été fait, oui ou non. Il y a également,
après que les actes ont été payés, des services
à la régie qui s'occupent de faire les profils. On peut faire le
profil d'un professionnel, on parle de médecins actuellement, mais d'un
autre professionnel également. On peut faire le profil par trimestre, on
peut le faire par mois, par semaine, et on peut même reconstituer la
journée de travail d'un individu pour savoir s'il a vu cent personnes en
une journée ou s'il en a vu douze. Quand il en a vu cent avec des
examens complets majeurs qui sont supposés durer une heure chacun, on
pense qu'il a été un peu vite. À ce moment-là, il y
a des visites professionnelles qui sont faites. Pour la fréquence, de
mémoire, je pourrais vous dire exactement qu'au cours des deux
dernières années il y a eu quatre médecins poursuivis
au
criminel et il y en a un, me permettrai-je d'ajouter, qui a
plaidé coupable et qui a reçu une sentence
indéterminée. Le ministre est au courant de cela, on a fait
parvenir copie de cette sentence au ministre. En même temps, il y a eu
quarante cas inscrits au pénal, 40 causes qui ont été
apportées au pénal. Il y a eu, en même temps, environ 90
professionnels qui nous faisaient une facturation pour un genre d'examen. Nous,
on pensait qu'ils faisaient un autre genre d'examen et, après avoir fait
lire et relire la définition de l'examen, ils disaient: On est d'accord,
on n'aurait peut-être pas dû facturer pour telle sorte d'examen.
À ce moment-là, on offrait de rembourser la régie et ils
acceptaient. On pense qu'à ce moment-là ils étaient
absolument de bonne foi. Parfois, on va nous dire que c'est une erreur de la
secrétaire qui fait habituellement les factures, qu'on n'a pas vu cela.
En tout cas, cela, c'est au cours des deux dernières années.
Encore une fois, je me base sur deux ans parce que c'est une question qui a
été posée et j'ai ramassé les
éléments pour y répondre. Donc, il y a quatre cas au
criminel, 40 cas au pénal et à peu près 90 cas de
remboursements pour un total d'environ $1 million.
Au criminel, on citait un exemple dans le Devoir de samedi d'un
médecin qui a remis à la régie $120 000 et qui, en plus, a
été condamné au criminel à dix jours de prison.
Pour cette raison la corporation a suspendu son permis à vie,
c'est-à-dire l'a radié à vie. Il est allé en appel
au Tribunal des professions. Trois juges ont changé la radiation
à trois mois au lieu d'une vie.
M. Shaw: Dans la même veine, est-ce que je peux vous poser
une autre question?
Le Président (M. Laplante): Avez-vous terminé?
M. Le Moignan: Non.
Le Président (M. Laplante): J'en ai un autre qui est avant
nous, M. le député de Pointe-Claire.
M. Le Moignan: C'est-à-dire que dans tous ces
cas-là c'est la régie qui va intenter des poursuites contre les
médecins si vous vous rendez compte de quelque
illégalité.
M. Lazure: II existe à la régie un contentieux, le
directeur est ici, avec un service juridique et il y a sept ou huit avocats qui
travaillent dans ce service; les causes au criminel sont remises au Procureur
général, et pour les causes au pénal, c'est la
régie qui procède.
M. Le Moignan: Cela ne veut pas dire que les spécialistes
et les autres vont nécessairement subir un procès. Il y a
toujours des ententes à l'amiable qui peuvent être conclues,
j'imagine, et qui sont peut-être faciles dans certains cas.
M. Lazure: Le seul temps où il va y avoir une entente
c'est lorsque la régie est convaincue que le professionnel était
de bonne foi.
M. Le Moignan: Oui.
M. Lazure: Convaincue qu'il était de bonne foi. Si on a
des doutes et qu'on pense qu'il n'était pas de bonne foi, il va en
cour.
M. Shaw: Est-ce que je peux continuer dans la même
veine.
Le Président (M. Laplante): Non. M. le
député de Sherbrooke est-ce sur le même sujet, ou est-ce
complètement en dehors?
M. Gosselin: C'est sur l'assurance-maladie. Ce n'est pas tout
à fait dans la même...
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet, M. le
député de Pointe-Claire?
M. Shaw: Le système de vérification. L'année
dernière, je vous avais envoyé des fleurs parce que j'ai toujours
dit que le système de l'assurance-maladie au Québec était
bien administré. Cette année, nous avons vu un nouveau
système de surveillance...
M. Lazure: De vérification.
M. Shaw: ... de vérification. Le moyen par lequel ce
système était appliqué, je le sais bien, est la principale
raison pour laquelle au moins une douzaine de médecins que je connais
bien, et qui sont toujours des médecins de bonne foi, sont partis
et vous savez bien que dans mon propre hôpital, il y a quatre
orthopédistes et les quatre ont quitté non seulement le
Québec, mais le Canada à cause des problèmes qui sont le
résultat direct du système de vérification.
Le Président (M. Laplante): Vu la longueur de votre
question, M. le député de Pointe-Claire, nous suspendons pour le
temps du vote.
M. Lazure: Inscrivez-là au feuilleton, M. le
député.
M. Shaw: J'ai gardé cette question pour cette commission
parlementaire.
(Suspension de la séance à 20 h 44)
(Reprise de la séance à 20 h 58)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire, voulez-vous reformuler votre question ou peut-on s'en
souvenir?
M. Shaw: Je voudrais commencer en disant que j'ai
étudié les systèmes de "medicare" dans quatre pays. Je
suis conscient que nous avons besoin d'un système de vérification
parce qu'on constate qu'il y a, dans tous les systèmes gouvernementaux,
des dangers d'abus. Mais comme on sait fort bien que ce sont les moyens qui
sont employés pour effectuer ces vérifications qui sont
très importants... La plupart des médecins qui pratiquent
au Québec sont vraiment de bonne foi. Ma première question est:
Comment choisissez-vous les enquêteurs? C'est la première chose
qui a été mentionnée, le choix de vos enquêteurs,
leur moyen d'aborder les médecins dans leur bureau, une attitude
arrogante qui les amène à faire leurs visites aux bureaux des
médecins. Comment choisissez-vous ces enquêteurs?
M. Lazure: II n'y a aucun choix. Chaque semaine, nous faisons
parvenir 6000 vérifications de services rendus à un pourcentage
qui est une fraction de 1% ou près de 1% de la clientèle de
chacun des professionnels, médecins, dentistes, optométristes,
pharmaciens ou autres. On fait parvenir 6000 demandes de renseignements. On
demande à un bénéficiaire: Est-ce exact que vous avez
rencontré le Dr X à quatre reprises au cours du mois d'avril?
M. Shaw: Je ne parle pas des enquêtes... M. Lazure:
C'est pour vous...
M. Shaw: ... mais des enquêteurs du ministère.
M. Lazure: Ce que j'essaie de vous dire, c'est qu'ils ne partent
pas de la régie pour aller frapper à une porte, il faut qu'il y
ait quelque chose avant. Ce quelque chose avant, c'est la vérification
des services rendus. On se rend compte que les gens répondent que les
services n'ont pas été rendus ou que les services ont
été rendus mais ce n'est pas exactement ce pour quoi on a
payé; c'est une formule pour savoir où envoyer l'enquêteur.
La deuxième formule, ce sont des profils. Il existe des critères
de sélection informatique des profils sur tous les professionnels. Quand
on voit qu'un professionnel est hors profil, qu'un professionnel fait des
choses à une fréquence qui est dix fois ou quinze fois
supérieure à la moyenne de la province, à ce
moment-là, on étudie le profil du professionnel on fait
l'étude d'environ 100 profils par mois et si on se rend compte
qu'il y a quelque chose de véritablement anormal, que ce n'est pas une
erreur, que c'est quelque chose d'anormal, à ce moment-là, il y a
un enquêteur et un médecin qui vont rencontrer le professionnel.
Ils téléphonent avant.
M. Shaw: II y a un médecin qui va rencontrer le
professionnel? (21 heures)
M. Lazure: C'est cela.
M. Shaw: C'est un médecin? M. Lazure: Avec
l'enquêteur. M. Shaw: Avec l'enquêteur?
M. Lazure: L'enquêteur est accompagné d'un
médecin ou, quand le médecin fait une visite professionnelle, le
médecin est accompagné d'un enquêteur. Quand
l'enquêteur fait une enquête, à la première visite,
l'enquêteur est accompagné d'un médecin.
M. Shaw: Vous avez besoin des deux? M. Lazure: Oui.
M. Shaw: Quelle est la formation de ces enquêteurs? Je
trouve cela très important. On voit maintenant que c'est une chose qui
inquiète tous les professionnels du Québec, partout. Avec le
nouveau système, vous payez avant et après cela vous êtes
compensés. À un moment donné, vous avez un
résumé du revenu et à la fin des trois mois, vous n'avez
aucun cent parce qu'un jugement fait à l'extérieur enlève
votre revenu pour ces mois.
M. Lazure: II y a dix enquêteurs à la régie.
Ce sont des spécialistes en enquêtes qui proviennent, pour une
bonne partie, soit de la Sûreté du Québec, ou de la
Gendarmerie royale du Canada.
M. Shaw: Ils sont de formation policière. Est-ce cela?
M. Lazure: Ils sont de formation d'enquêteur.
M. Shaw: Enquêteur policier.
M. Lazure: Ils n'ont jamais porté d'uniforme.
M. Shaw: Non, je le sais, mais ce sont les moyens employés
pour faire ces enquêtes qui sont l'objet des plaintes que je
reçois.
Deuxièmement, j'ai un exemple à vous donner: Un
orthopédiste fait des examens complets et, après deux ans, un
enquêteur dit que tous les examens au complet ne sont pas valables, parce
qu'il n'a pas fait un examen rectal. Normalement, je crois qu'un examen
complet, par un orthopédiste...
M. Lazure: L'examen complet majeur est défini très
clairement dans l'entente. Cela comprend l'examen de tous les systèmes,
pas seulement un, deux, trois, mais tous les systèmes. Cela veut dire
que l'orthopédiste, à toutes fins utiles, ne fait jamais d'examen
complet majeur. Quand un orthopédiste facture l'examen complet majeur,
on a la présomption qu'il ne le fait pas. Un orthopédiste, qui
examine les yeux, qui fait un fond d'oeil, qui examine les oreilles, qui
examine l'abdomen, qui examine les seins, qui examine le coeur avec un
stéthoscope, qui prend les réflexes, il n'est pas à sa
place.
M. Shaw: Oui, je le sais.
M. Lazure: C'est cela, l'examen complet majeur. Il nous facture
l'examen complet majeur, parce qu'il est plus payant, mais en
réalité il fait un autre examen, qui est l'examen complet du
sys-
tème osseux ou du système musculosquelettique. C'est un
examen complet mais ce n'est pas un examen complet majeur. On
s'aperçoit, au bout d'un an ou deux ans, qu'ils ont toujours
facturé des examens complets majeurs. On va vérifier à
leur cabinet: C'est quoi l'examen complet majeur que vous faites? Ils nous
disent: C'est bien sûr qu'on ne fait pas l'examen gynécologique,
c'est bien sûr qu'on ne fait pas d'examen rectal, c'est bien sûr
qu'on n'examine pas l'abdomen, on ne regarde pas s'il a un gros foie. Un
orthopédiste n'a jamais regardé s'il avait un gros foie ou une
grosse rate; on n'écoute pas le coeur pour savoir s'il y avait un
souffle. Un orthopédiste ne fait pas cela.
M. Shaw: À ce moment-là, avez-vous avisé les
professionnels, dans les spécialités, que cet examen complet
pouvait être réduit de leur revenu si ce n'est pas fait au
complet.
M. Lazure: Au cours des trois dernières années, on
a envoyé au rythme de deux ou trois fois par année, la
définition d'un examen complet, soit par groupe de
spécialités, soit à tous les spécialistes ou
même aux médecins omnipraticiens à qui on l'a envoyé
également, pour être bien sûr que, quand ils nous chargent
un examen complet majeur, tous les éléments sont au dossier. S'il
en manque les trois quarts, on ne peut pas payer un examen complet majeur.
M. Shaw: La raison pour laquelle je pose cette question c'est que
je voudrais que vous soyez au courant que cette plainte est là, parmi
les professionnels du Québec. C'est là un malaise vraiment
réel. Avant cette année, l'année passée, on n'a pas
observé la même attitude parmi les enquêteurs. Cette
année, avec le changement de moyens de paiement, il y a beaucoup de
personnes qui étaient très malheureuses parce qu'elles
n'étaient pas au courant du changement de politique et, à un
moment donné, bang! $26 000 de réduction de leurs revenus. Vous
avez des cas comme cela, est-ce que c'est vrai!
M. Lazure: Oui. Tantôt, j'ai mentionné qu'on en a
récupéré pour $1 million, dans deux ans. Mais on pense que
le professionnel était de bonne foi; on pense qu'il ne l'a pas fait dans
l'intention de frauder la régie mais il reconnaît que, lors de son
examen, il a fait un très bon examen de la colonne vertébrale et
un examen des os et des muscles mais il n'a pas fait d'examen abdominal,
gynécologique, rectal, pulmonaire, cardiaque, etc. Alors, il dit: Je
n'ai pas fait d'examen complet majeur et il rembourse la régie pour ce
qu'il n'a pas fait. On l'a payé pour ce qu'il n'a pas fait; mais il
rembourse.
Maintenant, la procédure n'a pas tellement changé. Les
enquêteurs à la régie sont là depuis les tout
débuts de la régie. Des enquêtes, on ne fait pas cela dans
le bureau de tout le monde; les enquêtes sont faites sur... Au cours de
l'année dernière, on a peut-être visité 150 à
175 profes- sionnels de la santé, comprenant des médecins,
dentistes, optométristes, pharmaciens. On ne fait pas des enquêtes
dans 15 000 ou 16 000 cabinets; on va chez une centaine d'individus dans un
an.
M. Shaw: Je le sais mais cette centaine d'individus a
entraîné des "ripple effects" qui ont causé un malaise chez
tous les professionnels. Je veux seulement mentionner ce fait parce que c'est
une chose qui est très dangereuse dans le climat actuel. On perd des
spécialistes; 150 cette année seulement, à
Montréal. Vous avez la responsabilité des moyens qui sont
appliqués par vos enquêteurs; que ce soit fait avec un peu de
souplesse, un peu de politesse mais sans menace. Autrement, cela va causer
encore... Nous perdons des spécialistes et nous sommes dans une
situation vraiment grave. Dans notre hôpital, nous avons perdu tous , nos
orthopédistes, quatre sur quatre.
M. Lazure: Cela n'a jamais été fait avec menace; je
peux vous le dire. Si vous avez des cas précis où il y a eu des
enquêteurs qui ont fait des menaces, vous me le direz. Il n'y a jamais eu
de menace: je n'en ai jamais eu connaissance.
M. Shaw: Alors, la prochaine fois, je vous le garantis, je vais
vous envoyer la lettre.
M. Lazure: Je leur demande de faire cela avec souplesse, avec
discrétion et c'est toujours ce qui a été fait. Mais
là, je vous répète que quand on va voir les gens, il y a
des raisons pour aller les voir. Quand l'enquêteur est rendu dans le
bureau d'un individu, nous avons, à la régie, tout son profil,
jour par jour, semaine par semaine, de ce qu'il a fait et on a des raisons
d'aller là.
M. Shaw: Je suis entièrement d'accord avec les raisons d'y
aller, les raisons d'avoir un système de vérification, c'est
très important; autrement, cela ne fonctionne pas. Mais ce sont les
moyens de les appliquer, c'est tout.
M. Lazure: M. le Président, est-ce que j'ai bien compris
le député de Pointe-Claire quand il dit que 150 médecins
auraient ou seraient sur le point de quitter Montréal?
M. Shaw: Cette année, la ville...
M. Lazure: Est-ce que le député de Pointe-Claire
serait prêt à fournir la liste de ces 150 médecins ou bien
s'il avance un chiffre très approximatif.
M. Shaw: Je vais vous donner la liste, oui.
M. Lazure: On a entendu des chiffres de médecins qui s'en
allaient et ces chiffres varient beaucoup. Finalement, aux toutes
dernières nouvelles, une des dernières déclarations du
président directeur général de la Corporation des
médecins; il s'avère que le pourcentage de médecins qui
quittent le Québec n'a pas tellement varié depuis
une dizaine d'années. Je pense qu'avant de lancer une affirmation
comme cela, il faudrait que le député de Pointe-Claire nous
renseigne...
M. Shaw: Vous donne des renseignements. M. Lazure: ... de
façon bien précise.
M. Shaw: N'avez-vous pas ces renseignements?
M. Lazure: Je vous demande si vous avez des raisons valables pour
affirmer que 150 médecins quittent Montréal. Je vous demande,
s'il vous plaît, de produire, en temps et lieu, le plus tôt
possible, une telle liste.
M. Shaw: Cela me fera plaisir.
M. Lazure: Peut-être pourrais-je ajouter, si cela peut
terminer la question qu'il y a quand même à la régie des
gens qui se plaignent, qui nous disent qu'ils sont allés chez un
professionnel et que celui-ci les a reçus pendant deux minutes, ils y
sont retournés après quinze jours et y sont restés
à peine une minute et, en tout cas, ils ne sont pas satisfaits du tout.
Je pense qu'il faut donner suite à ces plaintes. On a même vu des
gens qui se sont plaints d'être allés chez des professionnels, de
ne pas avoir vu le professionnel du tout et d'avoir payé les visites. On
payait les examens. À ce moment, j'aime bien que les enquêteurs
aillent vérifier si oui ou non le patient a été vu parce
que payer pour des visites qui ne sont pas faites, je dis toujours: Cest
l'argent des contribuables.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Peut-être un peu dans la même ligne pour
compléter. J'aimerais avoir une appréciation sur le nombre de
plaintes, quantitativement, qui peuvent être déposées
annuellement à la régie.
M. Lazure: Je dirais au moins une centaine par année et
j'exclus le processus que j'ai expliqué tantôt de la
vérification des services rendus pour lesquels on a un taux de
réponses qui est de 6000 par semaine. On a un taux de réponses
qui est d'environ 80% et on retrouve dans cela, dans une année, entre
300 et 400 plaintes.
M. Gosselin: D'accord.
M. Lazure: Je pense qu'à ce moment, c'est notre devoir de
donner suite à ces plaintes.
M. Gosselin: D'accord. Sur une autre question technique, j'avoue
que je suis relativement mal informé. On me dit qu'il y a des
médecins qui ont à leur emploi ou qui travaillent avec un
stagiaire ou un immigrant et qui font exécuter souvent la grande partie
de leur travail par ce professionnel qui est en instance d'être
accrédité. Cela arrive pour les médecins immigrants assez
souvent, semble-t-il; ceux-ci sont rémunérés,
indirectement à ce moment, par le médecin principal, ils sont en
quelque sorte sous tutelle. Est-ce que cela existe? Quelle est la base de
rémunération?
M. Lazure: C'est possible que cela existe, mais je n'ai pas
été mis au courant. Là où on est au courant, c'est
quand le médecin fait exécuter des actes par l'interne ou par le
résident. C'est une situation qui peut ressembler à
celle-là, sauf que l'interne résident est payé par
l'État, si on veut, et que le médecin, disons, pour prendre cela
à l'extrême, n'est pas là. Le médecin est chez lui,
et les actes sont accomplis par un autre. Maintenant, dans les milieux
d'enseignement, les milieux universitaires, c'est une situation qui se comprend
de la façon suivante: c'est que le médecin sait qu'il doit
participer. On avait même, dans une première entente,
présence et participation du médecin. C'est-à-dire que le
médecin principal doit être là et poser un geste quelconque
lorsque son interne ou son résident accomplit un acte pour lequel il
demande rémunération à la régie.
M. Gosselin: D'accord.
M. Lazure: Mais dans le cas des immigrants, je n'ai pas
d'exemple. Il serait embauché, si je comprends bien, par un
médecin et le médecin ferait travailler l'immigrant et nous
enverrait des comptes.
M. Gosselin: Moi, je me suis fait raconter certains cas de
médecins qui sont en instance d'être reconnus, par exemple, par la
Corporation des médecins du Québec, mais qui ont la permission de
travailler sous la tutelle d'un médecin accrédité et qui,
à toutes fins pratiques, seraient sous-rémunérés
par ledit médecin, pour poser les mêmes actes. En tout cas, j'ai
des cas plus précis...
M. Lazure: Si vous avez des cas précis, je serais
intéressé de les avoir.
M. Gosselin: D'accord. Une autre question. On me dit que le
contrôle de clientèle est beaucoup plus rigoureux dans les autres
provinces canadiennes ou ailleurs, aux États-Unis, par exemple, au
niveau de l'accessibilité à l'hospitalisation gratuite ou
à l'assurance-maladie. On me dit que dans certains hôpitaux de
Montréal et d'ailleurs, il y a des gens qui, à toutes fins
pratiques, ne sont pas résidents québécois, ou ce sont des
gens qui ont quitté le Québec depuis un certain temps mais qui
sont d'anciens du milieu et qui reviennent passer leurs vieux jours dans leur
ville natale, et qui peuvent être hospitalisés dans un
hôpital pour malades chroniques d'une manière illimitée ou
pour des soins, sans avoir à déclarer leur origine,
nécessairement, sans qu'on puisse contrôler cela, alors que dans
les États américains où la même chose se produirait,
les gens seraient forcés de faire une déclaration. (21 h 15)
On me dit qu'il y a un certain nombre de cas qui sont aux frais de
l'assurance-maladie du Québec et qui, effectivementl pourraient
être une clientèle étrangère, ne finançant
pas...
M. Lazure: Je dois vous dire que vous avez raison; on est
conscient qu'il y a certains Franco-Américains, en particulier dans les
États du Maine, du New Hampshire, du Massachusetts, de New York, qui
viennent se faire soigner au Québec. On a le même problème
du côté du Nouveau-Brunswick, mais c'est un peu moins grave
qu'avec les Américains. On a également le problème avec
des immigrants non reçus. On a le problème également avec
les touristes. On pense qu'on a entre 3 millions et 4 millions de touristes qui
parcourent le Québec, au cours de l'été. Il y en a
sûrement quelques-uns qui sont soignés ou traités et dont
les comptes sont payés par la Régie de l'assurance-maladie. Une
des façons à laquelle on a pensé pour corriger cela, c'est
d'avoir une carte d'assurance-maladie obligatoire. C'est-à-dire une
carte d'assurance-maladie qui est la preuve d'admissibilité aux
prestations ou aux services du régime. Alors qu'aujourd'hui, on a pour
la carte, ce qu'on appelle une clause de bonne foi.
Si le bénéficiaire, qu'il soit francophone ou anglophone,
qui est assis devant le médecin, demande des services, le médecin
lui donne et il présume la clause de bonne foi; il présume que
c'est un résident du Québec, mais il n'a aucune preuve que c'est
un résident du Québec. On a retracé par notre service des
gens d'autres pays qui ont reçu des services ici au Québec. On
pense encore là que s'il y avait une carte d'assurance-maladie
obligatoire, cela pourrait contrer le problème.
Ce qui est frappant peut-être, c'est que 99% des gens, selon nos
sondages à nous, ont une carte d'assurance-maladie, 97% ont la carte
soleil; quand est arrivé le moment des relevés d'honoraires
à la régie, il y a un an et demi ou deux ans, on avait 36% de
relevés d'honoraires de gens qui n'avaient pas de carte
d'assurance-maladie. Un an plus tard, c'était 25%, puis le dernier
échantillonnage qui date du mois de mai, c'est 15%. Mais 15% de 850 000
demandes de paiement par semaine, cela fait déjà un chiffre
énorme, ce qui nous fait arriver au bout de l'année en disant: La
régie a payé pour environ $50 millions de services assurés
à des gens qui, croyons-nous, étaient des résidents du
Québec, mais on n'en a aucune preuve.
M. Shaw: II y a des situations où on n'a pas de moyens
d'employer...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: J'aurais des questions d'un autre ordre.
Le Président (M. Laplante): D'un autre ordre; est-ce qu'il
y a d'autres questions sur le même sujet?
M. Shaw: C'est au sujet de la carte "Medicare" qui, souvent,
n'est pas disponible au moment où vous avez besoin de remplir les
formules de réclamation. Cela arrive dans les salles
d'opérations; nous avons vu un jour, deux ou trois cas où on
soignait les gens, mais on ne peut pas aller chercher le patient dans une salle
de recouvrement pour avoir sa carte "Medicare". Est-ce que c'est
accepté? Des anesthésistes font cela et certains chirurgiens le
font. Cela doit représenter une certaine partie de vos 15%.
M. Lazure: Vous référez aux cas d'urgence. C'est
sûr que s'il y a une carte d'assurance-maladie obligatoire, quand un
individu arrive dans une salle d'urgence, qu'il soit dans le coma ou non, la
première chose à faire, c'est de le soigner. Sa preuve
d'admissibilité, on la trouvera plus tard. On peut attendre au lendemain
ou quelques jours après. Mais si c'est un Américain, j'aimerais
bien qu'il soit identifié comme un Américain et que ce ne soit
pas la régie qui paie d'une part l'assurance-maladie et que l'assurance
hospitalisation paie l'hôpital d'autre part.
M. Le Moignan: II y a quelque chose que je n'ai pas très
bien saisi. Quand vous mentionnez 15%, je ne parle pas d'un cas d'urgence
très grave, d'un accident, mais de quelqu'un qui se présente
à un hôpital, comme je l'ai fait dans un hôpital
américain. On m'a demandé de m'identifier, on a regardé
mes cartes et on a vu que j'étais citoyen canadien. Est-ce que vous
n'avez pas la même possibilité pour quelqu'un qui arrive à
l'hôpital, qui est citoyen étranger, parce que là-bas, ce
n'est pas compliqué; on m'a dit: C'est tant et si vous voulez avoir tel
examen, c'est payable tout de suite.
M. Lazure: Je voudrais distinguer, M. le Président, entre
l'hôpital et l'assurance-maladie. Le 15% dont je parle, c'est 15% de
relevés d'honoraires qui parviennent à la Régie de
l'assurance-maladie, par semaine. On en reçoit 850 000; il y en a 15%
sur lesquels il n'y a pas de carte d'assurance-maladie. Le grand nombre se
retrouve dans deux endroits: dans les cabinets privés de médecins
et à la clinique externe de l'hôpital.
Règle générale, quand on hospitalise quelqu'un, on
lui demande les renseignements voulus: nom, prénom, âge, date de
naissance, résidence, etc. C'est lenquête, l'information pour
savoir si l'individu est résident du Québec et elle se fait par
le bureau d'admission de chacun des hôpitaux, tandis qu'à la
régie, on n'a pas cette méthode. Est-ce que cela répond
à votre question?
M. Le Moignan: Je comprends. M. Gosselin:
Inversement...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Inversement, est-ce qu'il y a moyen de savoir les
totaux de déboursés qui
peuvent être faits par des gens qui déclareraient leur
citoyenneté étrangère et qui, effectivement, seraient
traités par un corps médical ou dans les hôpitaux du
Québec. Comment ces sommes sont-elles perçues? Est-ce qu'on a une
manière d'estampiller cela à la Régie de
l'assurance-maladie?
M. Lazure: Non, ce qu'on sait, c'est combien on a
dépensé pour nos Québécois, à
l'extérieur du Québec. On sait très bien combien on a
dépensé au Canada ou dans d'autres pays du monde, pour les
Québécois, pour l'assurance-maladie d'une part, et pour
l'assurance-hospitalisation; on sait cela exactement. Pour les autres, ce qu'on
a dépensé au Québec... ce serait dire des chiffres sans
fondement que vous répondre.
M. Gosselin: Cela n'apparaît peut-être pas au
chapitre de l'assurance-maladie mais je suppose que, dans l'administration
régulière des hôpitaux, on doit sûrement recevoir une
clientèle de touristes étrangers qui sont de passage, qu'on doit
identifier comme tels et pour lesquels on doit exiger un prix. Ce n'est
peut-être pas vous qui avez la réponse à cela.
M. Lazure: En ce qui concerne les citoyens d'autres provinces du
Canada, il y a des accords de réciprocité; cela ne pose pas de
problèmes. En ce qui concerne le citoyen américain... si vous
voulez, on va vérifier.
Théoriquement, c'est facturé, mais je pense qu'en
pratique, c'est un peu comme pour les honoraires de médecins. Il y en a
beaucoup qui passent sous de fausses adresses, l'adresse de leur oncle ou de
leur cousin qu'ils sont venus visiter au Québec, ou l'adresse du motel,
mais il faut avouer que les contrôles sont loin d'être
étan-ches, là-dessus.
M. Gosselin: Parce qu'on peut faire facilement une
présomption à savoir que, si dans l'état de New York 10%
de leur clientèle est une clientèle étrangère, on
doit sûrement avoir la même proportion de clientèle
étrangère chez nous. S'il arrivait qu'on ne comptabilisait pas,
nulle part, ni à l'assurance-maladie, ni dans les modes de perception
concrets du réseau hospitalier québécois, une part
d'argent qui viendrait de cette clientèle, il y aurait lieu de
s'interroger sur le phénomène de fuite qui peut se produire.
Il y a une autre question qui déborde cette question. Quel
pouvoir de contrainte a-t-on sur certaines catégories d'actes
médicaux qui semblent être boudés par des médecins,
à savoir les prescriptions, par exemple, ou les examens et les
paperasses à remplir pour les accidents du travail. J'ai plusieurs cas
de gens qui se plaignent des délais interminables et de certaines formes
de non-collaboration.
Le Président (M. Laplante): Je serai obligé de vous
arrêter, M. le député de Sherbrooke, parce que cela
concerne le ministère du Travail, une autre commission.
M. Gosselin: Ah! bon.
Le Président (M. Laplante): C'est avec regret...
M. Lazure: Le commentaire de M. le député, il y a
quand même quelque chose dedans. Cela veut dire que tous les
médecins devraient être payés par la Régie de
l'assurance-maladie, quitte à facturer la CAT.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'ai un certain nombre de
questions. Je vais essayer de procéder le plus systématiquement
possible, mais il se peut que j'aie à faire des retours sur des sujets
que nous avons déjà abordés.
J'aimerais revenir, très brièvement, sur cette question
des ententes accessoires à l'entente principale conclue à
l'automne 1976. On avait évoqué, tout à l'heure, une
difficulté d'ordre juridique. Est-ce que cette difficulté d'ordre
juridique est la raison qui explique un retard apparent à la conclusion
d'un certain nombre d'ententes accessoires en vertu de l'entente
maîtresse avec la FMOQ?
M. Lazure: La difficulté juridique venait uniquement de la
régie...
M. Forget: Et la modalité de paiement.
M. Lazure: ... qui, à toutes fins pratiques, refusait de
verser au fonds de répartition les montants requis.
M. Forget: D'accord.
M. Lazure: Maintenant, il y a eu d'autres amendements.
M. Forget: II y a eu d'autres amendements récemment? Par
exemple une entente particulière concernant les médecins des
régions éloignées; cette question est
réglée; c'est signé?
M. Lazure: Avec les omnipraticiens, oui.
M. Forget: Une entente particulière relativement à
la répartition des effectifs médicaux, ce dont on parlait, est-ce
que celle-là est signée également?
M. Lazure: Non. C'est-à-dire que l'entente a
été conclue au niveau du comité paritaire, le
mémoire a été accepté par le Conseil du
trésor et cela doit passer, d'une semaine à l'autre, au Conseil
des ministres.
M. Forget: II y a aussi une entente particulière
concernant les médecins âgés de plus de 65 ans.
M. Lazure: C'est un document au sujet duquel il y a eu des
mémoires. Ce n'est pas passé
actuellement; il y a des problèmes de nature législative
dans cet amendement dans lequel il y avait une entente, mais des
vérifications législatives...
M. Forget: Je vois. Justement il y a une entente modifiant
l'entente générale en ce qui concerne l'arbitrage des
différends et une autre entente modifiant l'entente
générale en ce qui concerne le taux des visites dans les centres
d'accueil et les centres de soins prolongés. Il semble que les
médecins omnipraticiens sont insatisfaits du tarif qui prévoit
une fréquence trop faible des visites...
M. Lazure: Non, dans l'entente des centres d'accueil pour soins
prolongés, on a enlevé le maximum hebdomadaire pour les soins
prolongés et le maximum mensuel dans les centres d'accueil, de sorte
qu'ils peuvent facturer tous les jours, s'ils le veulent, à toutes fins
pratiques. Les tarifs sont passés de $4.75 à $5, $10 et $20,
selon la sorte d'examen.
Il y avait un nombre maximal de visites pour centres d'accueil et soins
prolongés. Cela a été modifié; il ne reste plus de
plafond, les clients...
M. Forget: Oui, je me souviens, il y a eu entente accessoire qui
a été signée là-dessus.
M. Lazure: Oui, un amendement qui est l'amendement no 2.
M. Forget: Vous ne craignez pas une surabondance de
réclamations dans des visites de routine? Est-ce que ce n'est pas la
base de l'introduction du plafonnement des réclamations au
départ?
M. Lazure: Le travail qui est fait actuellement, c'est qu'on a
pris le coût moyen des visites dans les centres hospitaliers de soins
prolongés, centres d'accueil, et le coût moyen est passé de
$4.73, pour des raisons de X, à $7.21. On a présumé que ce
sera cela, et on a présumé que la fréquence va augmenter
de trois. Actuellement nous recevons 12 000 demandes de paiement par
semaine...
M. Forget: Vous m'avez dit par un facteur de trois?
M. Lazure: Par un facteur de trois, plus l'autre facteur de $4.73
à $7.21.
Maintenant, on en a 12 000 par semaine. Ce qu'on a l'intention de faire,
c'est de suivre de très près, au mois, pour savoir si la
fréquence augmente à un plus grand rythme qu'on pensait ou que le
coût de ces visites est supérieur à ce qu'on croyait.
M. Forget: Je comprends que, du point de vue de la FMOQ, on
souhaitait l'élimination du tarif et je peux admettre que, dans des cas
particuliers, malgré tout, il y avait toujours la possibilité de
considérations spéciales, j'imagine. Je peux comprendre du
côté de la FMOQ la motivation qui était à la base de
leur désir de signer une entente accessoire de cette nature. Du
côté du ministère, quel était le raisonnement qui a
été suivi?
M. Lazure: Essentiellement, M. le Président, surtout avec
la clientèle qui est de plus en plus invalide dans les centres d'accueil
pour personnes âgées, cela nous paraissait un peu discriminatoire,
vis-à-vis de cette clientèle, de limiter le nombre de visites
à une fois par mois par bénéficiaire. C'est un peu
paradoxal, parce que c'est peut-être une clientèle qui en a le
plus besoin. D'autre part, on était conscient et on est encore conscient
que cela peut devenir une espèce de clientèle captive pour un
médecin qui serait porté à en abuser. Compte tenu des
mécanismes de contrôle que la régie possède et que
la fédération elle-même exerce, jusqu'à un certain
point, sur ses membres, tout cela mis ensemble dans la balance, on a
jugé qu'il était préférable de faire
disparaître une clause qui nous paraissait discriminatoire.
M. Forget: Est-ce qu'on n'est pas allé un peu loin en
passant de une visite par mois, à un nombre illimité de visites?
(21 h 30)
M. Lazure: Peut-être. L'avenir le dira. C'est tenir pour
acquis qu'au départ les médecins vont abuser. Il y a des
exceptions qui vont sûrement abuser.
M. Forget: Non, ce n'est pas que les médecins vont abuser,
c'est que certains médecins vont abuser. C'est ce qui provoque toujours
des problèmes.
M. Lazure: Bon. C'est cela. Alors, quel que soit le
système, certains médecins trouveront toujours le moyen d'abuser
du système. Je pense que de vouloir avoir un système
étanche un peu au détriment des personnes âgées en
particulier nous paraissait un 'peu odieux. J'avoue qu'il y a un danger,
étant donné que cette clientèle est captive. Je pense que
les dirigeants des centres d'accueil ont été sensibilisés
aussi à cette possibilité d'abus. Je pense qu'ils vont nous aider
à exercer un contrôle.
M. Forget: Est-ce que ce sont les dirigeants des centres
d'accueil qui ont en leur possession les cartes de l'assurance-maladie?
M. Lazure: Dans beaucoup de cas, oui, quand il s'agit de
bénéficiaires qui ne sont presque pas lucides.
M. Forget: Ils sont donc en mesure de constater l'utilisation
plus ou moins intensive qui est faite.
M. Lazure: Exactement.
M. Forget: Ils ne se sentent pas nécessairement
très responsables, d'un autre côté.
M. Lazure: Encore une fois, on peut présumer qu'ils vont
agir de façon responsable, pour la plupart d'entre eux.
M. Forget: Non, je ne parle pas de leur intention, mais,
effectivement, ils ne sont pas responsables de cela.
M. Lazure: Ils ne sont pas responsables. Moi, je connais beaucoup
de dirigeants de centres d'accueil pour personnes âgées. Il y en a
plusieurs qui agissent un peu comme des pères de famille ou des
mères de famille, qui agissent en individus responsables.
M. Forget: Bon. J'espère que le ministre n'aura pas de
déception de ce côté. Je pense que l'expérience
passée démontre que c'est une porte ouverte à des abus qui
ne tarderont pas à se manifester; pas des abus
généralisés, pas chez tout le monde, mais suffisamment
nombreux pour être une source d'inquiétudes.
M. Lazure: Je vous ferai remarquer qu'à ce
compte-là, on peut identifier aussi d'autres situations qui ont
été des sources d'abus et, ce, dans des situations où,
apparemment, il n'y avait pas de clientèle captive.
M. Forget: Oui, je comprends, mais ce n'est pas un raisonnement.
Quant à cela, on peut éliminer les ententes et les
contrôles et se fier à la bonne foi des gens.
M. Lazure: Non, en fait, il s'agit de jugements de valeur.
M. Forget: Cela coûterait moins cher. On épargnerait
au moins le salaire de tous les employés de la régie.
M. Lazure: Je voulais ajouter que la régie est
actuellement en mesure de connaître le nombre de visites faites dans
chacun des centres d'accueil en tout cas. à toutes fins pratiques, d'une
façon assez précise, de même que dans les centres
hospitaliers de soins prolongés. Encore une fois, on peut suivre
l'augmentation dans les trois ou six prochains mois. S'il y a une augmentation
absolument effrayante, on sera peut-être justifié daller voir ce
qui se passe. On a le code de l'établissement sur la demande de
paiement. Alors on peut dire: Tel établissement, il y avait tant de
visites par mois avant, il y a un an. Combien y en a-t-il maintenant et combien
y en aura-t-il dans trois ou six mois? Je pense qu'on a des moyens qui nous
permettront au moins de dire que ce n'est pas correct et on le fera savoir au
ministre.
M. Forget: J'aimerais savoir si l'élimination, dans le
nouveau tarif, d'un certain nombre d'actes diagnostiques et
thérapeutiques a été une source de plaintes ou de
difficultés dans l'application de l'entente? Pour la première
année d'application de lentente, on note un effet assez marqué
sur le nombre d'actes qui progressaient à un taux d'environ 6% à
8% par année depuis le début et même davantage certaines
années. Il y a eu une diminution de 1,5% en 1976'77 la première
année des nouvelles ententes. Il semble que ce soit causé par
l'élimination de ces actes diagnostiques et thérapeutiques au
tarif.
Par contre, du côté des professionnels et du
côté des plaintes qui auraient été reçues de
la clientèle, est-ce qu'on se serait prévalu de l'absence au
tarif de certaines procédures pour être réticent, quant
à la prestation de ces services, ou pour indiquer que maintenant on ne
peut plus faire cela parce que le gouvernement ne rembourse plus le coût
de ces procédures, enfin, toutes sortes de rationalisations qu'on peut
imaginer dans ces cas? Dans l'ensemble, ce fonctionnement est-il
satisfaisant?
M. Lazure: La première partie de la question, M. le
Président, c'est l'inclusion de différents actes dans l'acte
principal. C'est à l'inclusion dans un examen complet ou majeur, ou une
visite, par exemple inclure de la cire dans les oreilles, inclure de
l'injection, inclure un examen d'urine. Tout ce qu'on a dans l'entente, au
complet, c'est la chose la plus positive. Cela a éliminé une
foule de problèmes ou d'aberrations. Je me rappelle qu'il y a quelques
années, un médecin avait facturé la régie $50 000
dans un an pour avoir enlevé de la cire dans les oreilles. Cela n'existe
plus. Cette inclusion des actes, c'est réellement quelque chose qui a
été très positif pour l'administration, d'une part.
Pour la deuxième partie de votre question, s'il y a eu des
plaintes des patients, je n'en ai pas entendues. Est-ce que des médecins
en ont profité pour dire aux patients: La régie ne couvre pas
cela, on va vous le facturer, cela je ne le sais pas. Je sais qu'il se fait des
factures soit par les médecins ou même les dentistes il
faut qu'on parle d'autres professionnels à un moment donné
pour une salle d'opération, l'utilisation de la salle; depuis quelques
mois, on parle beaucoup de stérilets qui ne sont pas couverts par la
régie, les prix varient de $10 à $50 selon que le médecin
qui le pose a une clientèle importante ou moins.
Il y a ces problèmes, mais ils étaient là avant.
L'inclusion n'est pas un problème, elle a réglé beaucoup
de problèmes.
M. Forget: À tout moment, il y a un certain nombre de
procédures ou d'actes qui causent certains points d'interrogation
à la régie. Je pense qu'il y a un certain nombre de
problèmes qui ont été réglés à leur
racine par l'élimination des procédures, comme facturation
distincte, mais il en reste malgré tout. Il y en a un que j'ai suivi
avec intérêt par, entre autres, des questions écrites
auxquelles j'ai reçu des réponses, d'ailleurs, de la part du
ministre, relativement, en particulier, à la psychothérapie
d'orientation analytique. Il y avait eu des taux absolument remarquables
d'augmentation, particulièrement chez les omnipraticiens, mais aussi
chez les spécialistes. Il y avait, suite à
une deuxième analyse faite par la régie, des aberrations
peut-être encore plus sérieuses chez les spécialistes,
cette fois-ci, dans un certain nombre de centres hospitaliers, où la
fréquence et la durée des traitements de psychothérapie
tendaient à suggérer qu'on enfreignait l'exclusion du
régime des actes de psychanalyse.
Est-ce qu'il y a des évolutions récentes dans cette
question et est-ce qu'on est sur la voie de solutions à ces
comportements un peu bizarres?
M. Lazure: L'acte de psychanalyse, comme tel, a été
éliminé dans l'entente de la FMSQ et a été
reporté dans l'entente de la FMOQ, mais il y a eu, peu de temps
après l'entente, une convention à l'effet qu'il ne serait pas
utilisé et, de fait, il ne l'est pas. Là où on a un
problème, c'est lors des séances de psychothérapie parce
qu'à ce moment-là, on nous facture, en plus, un examen physique.
On a regardé de très près les termes de la
définition, et cela comprend l'examen somatopsychique. On a alors
décidé de suspendre les paiements; depuis quelques mois, on ne
paie plus, mais il y a un grief actuellement contre la régie, qui va
régler le problème.
M. Forget: Je suppose qu'une partie des actes qui étaient
facturés sous le titre de psychothérapie et d'orientation
analytique continue d'être facturée sous une autre
étiquette. Est-ce que c'est possible de déceler comment,
actuellement, ce genre de problème se transcrit parce que l'analyse sur
la durée et la fréquence des traitements qu'on appelle l'acte,
comme on voudra, va nous donner le même genre de diagnostic sur le
comportement en cause.
M. Lazure: Encore là, la réponse c'est qu'il est
très difficile de dire qu'il ne se fait pas de psychanalyse sous le
couvert d'un autre acte. On peut présumer, par le fait que le même
patient retourne régulièrement, à toutes les semaines,
deux fois par semaine, voir son professionnel et que cela dure pendant des
semaines et des mois, que c'est de la psychanalyse. Actuellement, on fait des
profils dans ce sens. Je ne voudrais pas, non plus, rentrer dans la pratique
individuelle d'un médecin ou d'un professionnel qui fait sa pratique
correctement et le soupçonner, à moins d'avoir de bonnes raisons.
Si on découvre, lors de nos profils qui sont en marche actuellement, on
en a justement dans ces cas, que le même patient revient
régulièrement pendant des mois, je demanderai à un des
médecins de la régie d'aller visiter le professionnel en question
et de se faire expliquer sa pratique qui semble très différente
de celle de ses confrères.
M. Forget: M. le Président, je vais dire au Dr Laberge ma
conviction personnelle. S'il fait cet exercice, il va effectivement en trouver.
Je vais évidemment laisser à la régie le soin d'en faire
la démonstration. Y a-t-il d'autres aberrations aussi significatives qui
mériteraient d'être signalées aux membres de la commission
à ce moment-ci?
M. Lazure: Peut-être un problème qui est en voie de
règlement, soit celui de la physiatrie. L'application des articles 1.1
et 1.2 du préambule qui sont interprétés de façon
différente par les fédérations et par la régie. On
a décidé, après étude des profils, après
enquêtes que, véritablement, les physiatres n'étaient pas
ceux qui donnaient les traitements pour lesquels ils étaient
payés. On a intenté des poursuites, de mémoire, je pense
que c'est à douze des physiatres et c'est censé aller en cour
à l'automne, à un moment donné. Le problème va se
régler là.
M. Forget: Le problème, actuellement, est restreint aux
seuls physiatres? L'utilisation des codes de physiatrie par d'autres
spécialistes semble, d'après des données qui nous ont
été transmises, être complètement
réservée.
M. Lazure: C'est restreint aux physiatres.
M. Forget: J'aimerais poser quelques questions qui sont
pertinentes aux intentions législatives du ministre, relativement
à un projet dont il est question depuis longtemps, il a subi
plusieurs modifications en cours de route, je n'en doute pas voulant
modifier la Loi de l'assurance-maladie. D'ailleurs, le ministre y a fait
allusion plus tôt, je crois. Il faut dire que les milieux
intéressés sont inquiets par les rumeurs. Ce serait
peut-être une occasion de préciser un certain nombre de
choses.
Certains ont l'impression je ne sais pas si le ministre jugera
opportun de préciser ses intentions à cet égard que
le mécanisme d'appel à la Commission des affaires sociales, quant
aux comités de révision, pourrait être supprimé. Des
indications à cet égard auraient été données
à certains médecins par des fonctionnaires de la
régie.
M. Lazure: Quelle est la fin de votre question?
M. Forget: Des indications à cet égard auraient
été données à certains médecins je le
dis sous toute réserve, je le dis comme cela m'a été dit
à savoir que certains fonctionnaires de la régie auraient
dit à certains médecins que, de toute manière, ces appels,
leurs jours étaient comptés, que la loi serait
révisée de manière à les supprimer.
M. Lazure: Je pourrais peut-être répondre, M. le
Président, pour une des modifications législatives. De
mémoire, il y en a 28, Une de celles-là touche les comités
de révision. En rétrospective, si on regarde le travail des
comités de révision, c'est très peu, cela coûte
très cher pour très peu. J'ai calculé, à un moment
donné, que cela avait coûté $60 000 pour apporter un
dossier sur la table du comité de révision qui rend une
décision afin de rembourser la régie de $6000 ou $8000.
Les problèmes particuliers, on les a demandés aux
présidents des comités de révision qui font annuellement
un rapport au ministre. Il y a également eu, à un moment
donné, un groupe de travail
qui a été formé sous la présidence du Dr
Gélinas, qui a fait un rapport. Il y a eu un autre groupe après
cela, sous la présidence de Me Lafrance, qui a fait un rapport. En
résumé, les modifications législatives apportées
sont les suivantes: Le comité augmente son nombre de deux membres, dont
un est nommé par la corporation professionnelle, avec le même
mécanisme qu'autrefois, médecin, pharmacien, dentiste ou
optométriste, selon la profession; le deuxième membre est un
fonctionnaire de la régie, médecin ou professionnel dans la
profession concernée, sans droit de vote, pour permettre de donner des
informations au comité sans toujours retourner par la voie du
secrétaire qui écrit au secrétaire de la régie, qui
envoie la lettre au président, qui l'envoie au directeur de
l'informatique et le directeur de l'informatique me répond et m'envoie
une brouette de papier qu'on retourne au comité qui dit: Ce n'est pas
cela qu'on voulait avoir; cela a pris un mois et cela a coûté
très cher pour l'avoir.
La deuxième chose qu'il demandait, c'est l'immunité comme
on l'accorde aux commissaires dans l'exercice de leurs fonctions, parce qu'ils
avaient toujours peur d'être poursuivis. (21 h 45)
Une troisième modification, c'est que le membre
désigné par l'Office des professions sera un membre en
règle du Barreau. La raison est que c'est le seul qui n'est pas
professionnel de la santé au comité et que étant avocat il
pourrait aider à établir les règles de procédure et
les règles de fonctionnement interne. Le comité rendrait une
décision au lieu de faire une recommandation. Il resterait à la
recommandation du comité un appel, mais le fardeau de la preuve irait au
professionnel qui aurait été condamné.
On demande également un comité de révision chez les
pharmaciens, il n'y en a pas, et d'en prévoir un chez les
optométristes; en fait, de le nommer. On n'en a jamais eu chez les
optométristes.
M. Forget: Si je comprends bien, il y aurait toujours appel.
M. Lazure: Préservé à la Commission des
affaires sociales.
M. Forget: Ce qui semble légèrement
inquiétant, à moins que la loi n'y prenne garde, c'est que le
mécanisme d'appel, avec l'inversion du fardeau de la preuve, ne
crée une situation insupportable pour le professionnel qui est l'objet
d'une décision d'un comité de révision, à moins
qu'un certain nombre de précautions, de procédures soient prises
pour permettre à cet appel d'avoir au moins des chances d'être
efficace de temps à autre. Ceci suppose probablement qu'il dispose d'une
décision motivée du comité de révision; ceci
suppose probablement aussi qu'il a été entendu par le
comité de révision et que, dans les motivations de la
décision, on dispose de ses arguments de manière qu'il puisse, de
la façon que c'est fait, trouver là des motifs d'appel. Ce sont
au moins deux exigences qui m'apparaissent minimales pour éviter que le
droit d'appel, avec le renversement du fardeau de la preuve, ne devienne une
espèce de déni de justice.
Ce qui pourrait très bien se produire à ce
moment-là, c'est qu'au lieu de limiter les procédures et de ne
pas les rendre trop onéreuses pour tout le monde, la Cour
supérieure entre en jeu de toute manière; s'il y a déni de
justice, la Cour supérieure retrouve sa juridiction.
M. Lazure: II faut dire, pour les cas au comité de
révision, qu'il y a une autre modification au comité que je
pourrais mentionner, c'est la disparition des substituts. Si vous vous le
rappelez, il y avait un président et un autre était nommé
substitut au cas où le président ne pourrait pas agir, ce qui
n'est jamais arrivé. Le vice-président la même chose
avait un substitut. Alors, là, on nommera le président et
le vice-président à même les sept membres.
Pour la preuve en Cour supérieure, on parle de fraude. Je
voudrais vous souligner que les cas de fraude ne vont pas au comité de
révision. Quand c'est un cas de fraude, la régie règle son
problème.
M. Forget: Oui, oui, je parle de déni de justice. M.
Lazure: Ah! bon.
M. Forget: Si, dans la décision administrative du
comité de révision, il y a une situation telle que, parce qu'on
n'a pas pris soin de préciser les procédures, on n'a pas entendu
la personne visée par la décision, on ne lui a pas permis de se
faire entendre, ou si on renverse contre elle le fardeau de la preuve sans lui
donner les moyens de s'acquitter de cette obligation de faire la preuve, cela
devient un déni de justice. Alors, en plus d'un appel formel à la
Commission des Affaires sociales, il y aurait presque automatiquement un appel
devant la Cour supérieure. Cela compliquerait la situation, ne serait-ce
que cet aspect, et cela deviendrait assez odieux pour le justiciable
d'être pris dans un tel engrenage parce qu'il n'aurait aucun moyen de
s'en sortir ni même de se défendre efficacement.
M. Lazure: II y a peut-être une autre modification
j'espère que c'est la dernière que je retrouve dans le
comité de révision. En plus de donner au comité de
révision les cas que la régie pense être des cas abusifs ou
injustifiés, on donne également les cas non requis au point de
vue médical, optométrique, dentaire, pharmaceutique.
M. Forget: Maintenant, cette définition de non requis au
point de vue médical, elle serait faite par le moyen de
mécanismes de sondage. Ce serait une démonstration
statistique?
M. Lazure: C'est qu'actuellement le comité de
révision étudie un cas, il a tenu cinq séances de trois
heures et, à la cinquième, il dit: C'était
médicalement non requis, donc cela ne nous concerne pas, donc on
rejette le cas, et le cas est retourné à la régie. Alors,
pour mettre le médicament requis, je dois dire qu'on s'est basé
sur une étude faite par un professeur de droit de l'Université de
Montréal, M. Pépin, qui a été avocat d'un des
comités de révision; il a fait une étude assez exhaustive
sur l'injustifié, l'abusif, et il conclut que cela ne se dissocie pas du
médicalement non requis ou médicalement requis. C'est pour cela
qu'on l'a introduit dans le texte.
M. Forget: Mais, malgré tout, quant à la forme de
la démonstration, ce serait une démonstration non de
caractère professionnel, mais de caractère statistique?
M. Lazure: Disons que cela commence avec une et cela se poursuit
avec l'autre. La démonstration commence avec le caractère
statistique et se poursuit avec l'autre. Pour ajouter à ce que vous avez
dit tantôt, le professionnel est toujours entendu au comité de
révision; plus qu'entendu, parfois c'est le comité de
révision qui va chez le professionnel voir les lieux, son cabinet, ses
cahiers de rendez-vous, etc.
M. Forget: Je n'ai pas d'autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que d'autres membres
ont des questions?
M. Shaw: J'ai quelques questions sur la nouvelle entente avec les
dentistes.
Est-ce que la régie prévoit de changer le code des actes
dentaires pour le même code qui est employé pour tous les autres
actes en Amérique du Nord? J'ai cru comprendre que vous aviez
parlé de cela.
M. Lazure: C'est-à-dire que l'Association des chirurgiens
dentistes désirerait remplacer le code à quatre chiffres par un
code à cinq chiffres. C'est un problème au plan administratif
mais ce n'est pas un problème insoluble. Si on veut ajouter un chiffre,
pour nous, c'est 20% de plus de risques d'erreur, mais je pense qu'il y a moyen
d'organiser cela.
M. Shaw: Parce que, maintenant, nous sommes en train d'accepter
des patients jusqu'à quatorze ans et, avec cela, vous avez une foule de
nouvelles formes de traitement qui ne pouvaient pas se faire dans le code
à quatre chiffres disponible pour le moment. Vous avez dit que ce
problème est en train d'être réglé?
M. Lazure: C'est cela.
M. Shaw: Deuxièmement, on dit qu'avec le nouveau
système et j'aime bien le nouveau système, parce que si
vous voulez bien surveiller les soins dentaires qui sont donnés, donnez
la facture au patient, le patient paie le compte et vous êtes sûrs
que le service est rendu. Il n'y a pas d'abus dans de telles situations. Mais
pensez-vous que peut-être, comme forme, dans les deux domaines, soit des
soins médicaux ou optométriques, nous pouvons un jour penser
qu'il y aura une forme de "calculated incentive" pour éliminer les abus,
parce que les compagnies d'assurance privées aiment mieux être
l'intermédiaire entre le patient et le professionnel pour avoir toujours
l'assurance que ces soins sont donnés? Maintenant, avec le
système des formes de réclamation directe entre la régie
et les professionnels, vous n'avez pas de contrôle précis, mais
avec le système d'intermédiaire du patient qui a toujours besoin
de démontrer que ces mêmes services sont rendus, c'est toujours
plus efficace et plus sûr.
M. Lazure: Peut-être. En passant, dans le cas des soins
dentaires, actuellement, dans le cas des dentistes désengagés, on
paie entre 15 et 22 jours, 90% des relevés d'honoraires qu'on
reçoit des bénéficiaires, ce qui m'a attiré les
foudres des dentistes, parce qu'ils m'ont dit que je payais plus vite les
bénéficiaires que je ne payais les dentistes. Je pense que les
uns pressent plus que les autres.
M. Shaw: La dernière question sur le même sujet.
Est-ce que votre entente avec les dentistes est presque conclue?
M. Lazure: Cela dépend de la définition de presque.
Je répète que tout ce qui est normatif est paraphé, c'est
fait. Des discussions fort intensives se déroulent...
M. Forget: Cela se situe ordinairement un an avant la conclusion
de l'entente.
M. Lazure: Vous avez déjà réussi à
parapher le normatif, M. l'ex-ministre des Affaies sociales? Je ne crois
pas.
M. Forget: Non seulement tout le normatif, mais toute
l'entente.
M. Lazure: Vous l'aviez paraphée? M. Forget: Avec
les dentistes? M. Lazure: Avec les dentistes.
M. Forget: Non, avec les dentistes, rien du tout. Mais je dis que
le normatif...
M. Lazure: Je sais, c'est justement pour ça que je pose la
question. Je sais que vous...
M. Forget: ... c'est ordinairement un an avant le reste.
M. Lazure: ... n'avez rien paraphé avec les dentistes.
Mais nous avons paraphé avec les dentistes tout ce qui est normatif et
les négociations sur la question monétaire se poursuivent, se
déroulent dans un bon climat. J'espère que d'ici quelques
semaines, on aura conclu une entente.
M. Shaw: Dans quelques semaines.
M. Lazure: Et non pas quelques mois. Ce sont plutôt des
semaines que des mois.
M. Shaw: Je n'ai pas d'autre question.
M. Lazure: On a bien hâte, nous aussi, autant que vous, M.
le député.
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ...
Entente avec les pharmaciens
M. Forget: J'avais dit que je n'avais plus de question, mais
c'était sur les services médicaux. J'avais d'autres notes sur les
nouvelles ententes récemment conclues. Il y a deux ententes qui ont
été conclues dans un passé encore tout récent avec
les optométristes et avec les pharmaciens. Il y a deux problèmes
qui sont soulevés ou un problème pour chacune de ces ententes et
j'aimerais qu'on puisse nous donner un peu plus de renseignements pour saisir
de quelle façon ces problèmes ont été perçus
et résolus.
Dans le cas des pharmaciens, on note dans les nouvelles ententes un taux
de progression des honoraires assez intéressant, je dirais même
très intéressant, après, bien sûr, plusieurs
années de stabilité. La stabilité des honoraires,
jusqu'à tout récemment, était causée par une
analyse comparative qui avait été faite au début de 1975,
si je me souviens bien, et qui avait consisté dans une enquête, un
échantillonnage des prix exigés par les pharmaciens auprès
de leur clientèle privée.
À partir de ça, il avait été possible de
déduire connaissant le prix de liste des médicaments, qui
est censé être le prix de revient aux pharmaciens, c'est la base
sur laquelle ce prix est déterminé il avait
été possible de calculer l'honoraire implicite exigé
auprès de la clientèle privée par les pharmaciens. Il
avait été facile de constater, à ce moment-là, que
l'honoraire payé au début de 1975 dépassait sensiblement
l'honoraire payé par le gouvernement pour les clientèles
protégées, couvertes par le régime;
l'assurance-médicament dépassait sensiblement l'honoraire
implicite exigé pour la clientèle privée.
Cette démonstration avait été assez convaincante
pour faire cesser les négociations sur la conclusion de nouvelles
ententes avec des honoraires majorés. Évidemment, beaucoup d'eau
est passée sous les ponts depuis le début de 1975, je
présume qu'il y a eu une inflation des prix utilisés par les
pharmaciens et aussi possiblement une majoration de l'honoraire implicite. Mais
il me semble que c'est là un élément déterminant
pour apprécier le niveau nouveau des honoraires accordés dans
l'entente aux pharmaciens. Ma question est, étant donné
l'intérêt très grand qui s'était atta- ché
à cet échantillonnage en 1975, je présume que le
ministère, avant de conclure une nouvelle entente avec les pharmaciens,
a fait la même étude et en est arrivé à la
constatation d'une majoration nécessaire dans les honoraires.
J'aimerais bien avoir communication de cette étude, parce que je
crois que c'est un élément crucial pour apprécier des
honoraires qui, à première vue, m'apparaissent représenter
une augmentation un peu trop forte.
M. Lazure: M. le Président, je laisserai le
député de Richelieu peut-être compléter la
réponse...
M. Forget: Oui, je sais qe c'est un problème qui le
préoccupe. (22 heures)
M. Lazure: ... il brûle d'intervenir. Évidemment,
ça se comprend. L'honoraire, depuis 1972, était de $2.15. La
convention que nous avons signée il y a à peu près un mois
et demi avec les pharmaciens, à titre de référence, nous
avons examiné de près les honoraires payés par les autres
provinces au Canada et le plus bas, c'est $2.90 en Ontario; les autres sont de
$3.00 et plus.
Il y a eu des études de faites je n'ai pas d'objection
à les fournir, en temps et lieu, au député de
Saint-Laurent mais chose certaine, c'est qu'en comparant, en tenant
compte des circonstances particulières à chaque province, il nous
paraît que cette augmentation de $0.48 par rapport à 1972
cela fait peut-être 25% d'augmentation, environ nous paraissait
fort justifiée, étant donné que le dernier tarif remonte
à 1972.
Souvent on se sert, dans d'autres sortes de négociations, qu'il
s'agisse de l'ensemble des employés dans les secteurs public ou
parapublic, des comparaisons avec l'Ontario et d'autres provinces.
Je vous avoue que cela a été un peu une
révélation, quand j'ai commencé à étudier ce
dossier de près au début des négociations, de voir que
notre tarif était relativement bas par rapport à l'ensemble des
provinces du Canada. Et il demeure bas, malgré cette augmentation de
$0.48.
M. Forget: Mais le problème qui se pose, à mon
avis, M. le Président, ce n'est pas de savoir s'il est bas ou s'il est
haut, parce que c'est essentiellement une question de point de vue, mais c'est
le principe suivant: Nous n'avons pas, du côté de
l'Assemblée nationale, ou du gouvernement, à juger s'il est trop
haut ou trop bas. Mais comme il s'agit d'un régime partiel, il s'agit
tout simplement de constater de quoi les pharmaciens s'accommodent
vis-à-vis l'immense majorité de leur clientèle. Il n'y a
pas eu de faillite de pharmacies en bloc, au Québec, récemment.
Au contraire, il y a une guerre de prix assez féroce qui alimente
beaucoup la controverse à l'intérieur même de la
profession, on l'a fait, à certains reprises, les pharmacies d'escompte,
etc.
Je me dis que si le gouvernement paie exactement ce que le pharmacien
obtient du reste de sa clientèle, il s'acquitte de ses obligations
comme
payeur ou acheteur d'un service. Il n'a pas à subventionner un
service de pharmacie au-delà de ce qui est nécessaire, pour
rembourser le pharmacien des honoraires dont il se contente normalement
vis-à-vis la majorité de ses autres clients.
L'élément déterminant n'est pas de savoir combien
on paie les pharmaciens à Tombouctou pu ailleurs, c'est de savoir si,
effectivement, on paie le montant juste, qui est le même montant qui est
exigé par le pharmacien lui-même, du reste de sa
clientèle.
M. Lazure: La réponse est qu'on considère qu'on
paie un montant juste.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richelieu.
M. Martel: M. le Président, si vous le permettez, tout
d'abord, j'ai constaté que le ministre est très bien
renseigné. Les pharmaciens du Québec sont les moins bien
rémunérés de tous les régimes administrés
par une régie dans différentes autres provinces et pour justifier
cette augmentation qui, à mon avis, n'est pas encore
suffisante à l'effet de passer de $2.15 qu'était cet
honoraire en 1972, à $2.60, on peut se baser sur les facteurs
suivants:
Le coût des produits pharmaceutiques a augmenté
considérablement. Cela n'est pas à cause des pharmaciens, c'est
à cause des compagnies pharmaceutiques. Depuis six ans, entre autres,
cela a augmenté dans une proportion d'au-delà de 20%.
Deuxièmement, les salaires ont augmenté également
dans une proportion semblable.
En plus de cela, il y a des coûts de livraison qui sont
également compris dans ces honoraires professionnels que la pharmacie
exige. Lorsque l'on paie $1 pour un gallon d'essence et qu'on se contente
d'aller livrer une prescription qui en coûte $2.15 d'honoraires
professionnels plus le prix coûtant, je pense que c'est un service que
l'on rend plutôt au public, qui n'est pas vraiment rentable pour le
pharmacien, à ce moment-là.
Si on considère l'honoraire des pharmaciens, ce n'est pas
simplement le service que le pharmacien rend, mais ce sont tous les autres
facteurs, y compris celui de la livraison qui entrent en ligne de compte.
Vous avez mentionné tout à l'heure que la proportion entre
le prix que le pharmacien retire en vendant un médicament à une
personne qui n'est pas couverte par un régime d'assurance public est
supérieur à celui qui est remboursé par la régie,
je pense que ce n'est pas exact. Si on prend, par exemple, un médicament
comme Tagamet, un nouveau produit qui se détaille, je pense, à
près de $46 pour cent comprimés, le pharmacien se contente d'un
profit de 30%, s'il le vend au public. Si ce pharmacien est remboursé
par la régie pour ce même cent comprimés de tagamet, il est
remboursé le prix coûtant, c'est-à-dire le prix qu'il paie
du fabricant plus $2.15.
Je pense que c'est une affirmation gratuite que de dire que le
pharmacien est mieux payé par la régie qu'il n'est payé
par le public qui n'est pas couvert par ce régime
d'assurance-médicaments. C'est normal, je pense, d'un autre
côté, que, lorsqu'un pharmacien va délivrer une douzaine de
292, par exemple, de 692 ou un analgésique quelconque, il exige des
honoraires de $2.60. Et vous constatez, si vous visitez la plupart des
pharmacies maintenant, qu'il y a des dossiers-patients obligatoires, selon les
règlements de l'Ordre des pharmaciens, qui font que c'est
extrêmement onéreux que de s'équiper pour rendre un service
à l'ensemble des patients.
Je vais vous donner l'exemple d'un ordinateur. Dans une pharmacie qui
remplit 125 prescriptions par jour, y compris les renouvellements, pour
s'équiper d'un ordinateur, c'est-à-dire avoir des
dossiers-patients à jour, cela peut coûter de $700 à $800
par mois. Ce sont des dépenses très onéreuses de rapports
du pharmacien qui doit être à jour, c'est-à-dire qu'il doit
avoir des dossiers-patients qui répondent non seulement à son
patient, mais également au corps médical. Je crois que les $2.60,
comparativement à ce que la régie paie aux dentistes, par
exemple, à ce que la régie paie aux omnipraticiens et aux
spécialistes, ne sont pas énormes, au contraire. On l'a
prouvé tout à l'heure. Ce sont même des honoraires qui sont
inférieurs, compte tenu de tous ces services, de tous ces avantages que
le pharmacien rend lorsqu'il délivre un médicament, à ce
qui se paie pour des services semblables dans toutes les parties du Canada.
M. Forget: M. le Président, le ministre a dit qu'il
n'avait pas d'objection à ce qu'on nous communique les études qui
ont été faites pour appuyer l'affirmation que c'est un prix
comparable, ce sont des honoraires comparables aux honoraires implicites que
l'on observe pour la clientèle privée. Je peux lui affirmer que
nous sommes effectivement intéressés à obtenir ces
renseignements. Est-ce qu'effectivement, il affirme que, d'après cette
étude, j'imagine, réalisée durant les derniers mois, les
honoraires implicites, calculés selon la même méthode ou
à peu près que celle utilisée en 1975, nous donnent une
marge bénéficiaire moyenne de l'ordre de $2.65?
M. Lazure: Ce que j'affirme, c'est que des études ont
été faites pour en arriver à la conclusion que ce tarif
était raisonnable et qu'il correspondait au tarif réel
exigé de l'ensemble des clientèles des pharmaciens. Il n'y a pas
eu seulement un document, comme le député de Saint-Laurent le
sait. Dans une négociation comme celle-là, il y a un certain
nombre de documents. Je vais en parler demain avec les fonctionnaires et je
vais voir le ou les documents qui seraient pertinents aux questions.
M. Forget: Je ne demande pas au ministre des documents de la
négociation, je demande seulement s'il y a eu une étude par
échantillonnage, par
la régie, de la même façon qu'en 1975. Je pense que
c'est l'argument-pivot.
M. Lazure: Je ne suis pas certain que l'étude soit
exactement sur le modèle de celle de 1975, mais, en tout cas, on va vous
fournir ce qui se rapproche le plus de cela.
M. Forget: Parce que, si c'est une comparaison avec d'autres
provinces, cela ne répond pas au problème tel que je le
perçois.
M. Martel: Je vous ai donné des exemples et je peux vous
donner des centaines d'exemples comme cela où les honoraires sont
de...
M. Forget: Je ne veux pas...
M. Martel: ... $2.60 alors que le pharmacien qui vend au public
va faire 30%.
M. Forget: Les pharmaciens ont demandé d'être
payés par honoraires, non pas par marge de profits. Maintenant, qu'on ne
se plaigne pas.
M. Martel: Non, mais vous dites qu'ils sont mieux
rémunérés par la régie que dans le public.
M. Forget: C'est cela. D'un autre côté, on peut
citer des cas de pilules qui se vendent $1 où vous avez des honoraires
de $2.60. Cela fait un bon pourcentage d'augmentation.
M. Martel: Oui, mais, là-dedans, il y a une moyenne
à établir.
M. Forget: Vous me citez des médicaments qui sont vendus
$46, mais combien en vendent-ils? Cela ne représente pas 1% du volume
total.
M. Martel: Des médicaments à $1 la prescription,
cela n'existe plus. Des services chez le médecin, chez le dentiste
à $1, cela n'existe plus; les visites médicales à $0.50
non plus. Il faut être un peu de son temps et il faut se rendre compte
que le pharmacien doit être équipé en conséquence
pour rendre ces services.
Je pense que, encore là...
M. Forget: Qu'il soit équipé de n'importe quelle
façon, tout ce que nous demandons, c'est que le gouvernement ne paie pas
plus pour un service que vous ou moi payons quand nous allons dans une
pharmacie pour acheter le même médicament.
M. Martel: Actuellement, je vous affirme que dans l'ensemble, la
régie paie moins qu'un client qui va payer sans assurance.
M. Forget: J'aimerais bien en avoir la démonstration. Je
sais que dans le passé, des affirmations comme celles-là ont
été faites, et quand on a vérifié, ce
n'était pas vrai. Prouvez-le avant de le dire!
M. Martel: Je vous ai donné des exemples du
médicament que le président a pris même...
M. Forget: Écoutez, c'est un plaidoyer syndical qu'on fait
ici. Qu'on donne des preuves ou alors qu'on se taise.
M. Martel: Je vous ai donné des preuves, mais vous ne
voulez pas les admettre!
M. Forget: Ce ne sont pas des peuves. Ce sont des exemples, des
anecdotes.
M. Martel: On ira dans une pharmacie après la commission,
si vous voulez, et on vérifiera tous les deux.
M. Forget: Cela va prouver grand-chose. Allons donc!
M. Martel: Vous allez constater.
M. Forget: On vous a écouté poliment, mais
n'exagérez pas.
Le Président (M. Laplante): On est chanceux à cette
commission. On a un dentiste, un pharmacien, un psychiatre, on a tous
les...
M. Shaw: ...
M. Martel: On a un consommateur de médicaments. Vous, M.
le Président, vous êtes en mesure d'en porter votre...
Le Président (M. Laplante): Si chacun commence à
défendre sa profession, par cas individuel, je ne crois pas qu'on fasse
beaucoup avancer les travaux de la commission. Je pense que les faits sont
rétablis. Chacun a pu donner son point de vue...
M. Martel: Non, il ne faut pas faire d'affirmations fausses,
comme en fait le député de Saint-Laurent concernant un
problème qu'il ne semble pas connaître.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai pas de
profession à défendre.
Le Président (M. Laplante): Vous ne voulez pas de
professeur de danse...
Mme Lavoie-Roux: Non, j'ai dit: Je n'ai pas de profession
à défendre, puis-je poser des questions?
Le Président (M. Laplante): Vous n'avez pas de profession,
mais vous avez une question avant l'adoption du programme 14. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si, par hasard, j'éais à
l'extérieur au programme 14, je vous prierais de m'en avertir.
C'étaient vraiment des questions d'in-
formation. Est-ce qu'il y a encore des interventions chirurgicales qui
ne sont pas couvertes par la Régie de l'assurance-maladie?
M. Lazure: Les seules interventions qui ne sont pas couvertes par
la Régie de l'assurance-maladie sont les interventions de chirurgie
esthétique, et purement esthétique. C'est-à-dire que si on
fait une blépharoplastie ou une reconstruction nasale à la suite
d'un accident d'automobile, il n'y a pas de problème, c'est couvert.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Lazure: Si la dame de 42 ans trouve qu'il y a un petit peu
trop de plis dans son visage et qu'elle veut faire remonter cela...
Mme Lavoie-Roux: Elle a le temps de s'en occuper.
M. Lazure: ... on ne le couvre pas. Le problème le plus
difficile l'est peut-être à propos des seins, pas les petits, mais
les gros.
Mme Lavoie-Roux: Cela reste quand même un
problème.
M. Lazure: Service social en psychiatrie, dans l'ensemble...
Je dois vous dire que la régie tente d'avoir...
Mme Lavoie-Roux: Pour toutes sortes de considérations.
M. Lazure: ... une oreille et un doigt très sensible pour
la question des seins. Si on nous fait la démonstration qu'il s'agit
d'une patiente avec des seins volumineux, qui causent des troubles dans le dos
et que cela fait des creux sur les épaules, on accepte de payer la
chirurgie correctrice. Le deuxième genre d'intervention...
Mme Lavoie-Roux: Ce doit être difficile à
déterminer, par exemple.
M. Lazure: Non, on a une expertise... C'est le seul groupe
d'interventions qui n'est pas couvert.
Le Président (M. Laplante): J'aimerais présider le
comité de sélection dans ce temps-là.
M. Lazure: Avant que vous ne le demandiez, je pourrais vous
répondre que les interventions reliées à la
transexualité sont couvertes.
Mme Lavoie-Roux: Oui. L'autre question a trait aux
médicaments pour les personnes âgées.
M. Lazure: On y arrive.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas là-dedans? Non?
Médicaments pour personnes
âgées
M. Lazure: On arrive aux médicaments pour les
bénéficiaires de l'aide sociale.
D'accord.
Les médicaments pour les personnes âgées dans le
programme 14.
Le prochain programme, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas dans le bon?
M. Lazure: Vous êtes dans le bon programme, les
médicaments pour les 65 ans et plus. Allez-y, je m'excuse!
Mme Lavoie-Roux: C'est de celui-là que je voulais parler.
Si ma mémoire est bonne, et le ministre pourra me corriger, à une
question que je lui avais posée ou que quelqu'un d'autre lui avait
posée en Chambre, je l'ignore, il nous a répondu qu'il y avait
une liste officielle de médicaments gratuits faite par le
ministère des Affaires sociales. Maintenant, il arrive que certaines
personnes âgées, à tort ou à raison, mais je pense
que parfois cela peut être pour des raisons d'ordre psychologique, jugent
qu'elles s'adaptent mal à tels médicaments qui sont sur la liste
et qui leur sont prescrits, etc. Est-ce qu'il est exact c'est au moins
le souvenir que j'ai de cette question qui avait été posée
au ministre à l'Assemblée nationale que sur recommandation
particulière d'un médecin, on paierait les frais de ces
médicaments, même s'ils n'étaient pas sur la liste? (22 h
15)
M. Lazure: Je ne me rappelle pas avoir répondu dans ce
sens-là, parce que la réponse, c'est non. Ce que j'avais dit
à l'occasion d'une question, c'est que dans le formulaire actuel, qui
est révisé tous les six mois par le Conseil consultatif de
pharmacologie, composé de gens de l'extérieur du
ministère, des gens des universités et des pharmacologistes, des
pharmaciens et quelques médecins, dans cette liste d'au-delà de
4000 médicaments, le conseil nous assure, avec toute son expertise,
qu'on peut trouver des médicaments pour traiter toutes les maladies
connues actuellement.
Mme Lavoie-Roux: De ça, je ne doute pas.
M. Lazure: J'avais ajouté, je pense c'est
peut-être à ça que vous faites allusion j'avais
ajouté que si quelqu'un, n'importe qui, un patient ou un médecin,
découvre, dépiste une lacune quelconque, de nous le faire savoir
le plus tôt possible. Nous, on transmet périodiquement au conseil
de pharmacologie des représentations selon lesquelles tel ou tel
médicament devrait faire partie de la liste. On en fait l'analyse
scientifique et on décide ou pas de l'admettre.
Mme Lavoie-Roux: C'est une plainte que j'ai entendue assez
couramment et probablement que
vous avez eu la même expérience, particulièrement
quand on va dans des groupes d'âges d'or. Je pense qu'une partie n'est
pas vraiment fondée sur la réalité, mais sur la perception
et la dépendance ou...
M. Lazure: C'est ça, mais aussi parce que... Mme
Lavoie-Roux: ... que les personnes ont...
M. Lazure: ... la personne âgée peut être
habituée de prendre un médicament qui porte tel nom depuis dix
ans et si elle retrouve le même médicament sous un autre nom dans
la liste... voyez-vous? On demande aux médecins d'être attentifs
à cela quand ils traitent des personnes âgées et de
vérifier leur liste. Souvent, malheureusement, le médecin ne se
donne pas la peine ou n'a pas le temps de vérifier son formulaire. Il
faut demander aussi aux personnes âgées d'insister auprès
du médecin pour que celui-ci s'assure que c'est bien dans la liste.
Mme Lavoie-Roux: Oui. J'ai vu quelques cas pénibles
où, parce que les personnes avaient aussi des troubles émotifs,
c'était inutile, à moins que le médecin puisse jouer un
rôle de conseil vraiment thérapeutique, de faire accepter à
ces personnes que les médicaments qu'on leur prescrivait étaient
bons. J'ai vu ces personnes-là, qui ont comme unique revenu la pension
de vieillesse et parfois la pension supplémentaire, aller s'acheter des
médicaments pour, justement, conserver ce même médicament
qui, prétendent-elles, a des vertus particulières que les autres
médicaments n'ont pas.
Je comprends que si on ouvrait la porte de ce
côté-là, ce serait difficile, mais sur le plan strictement
humain, il y a des cas quand mêmes pénibles.
M. Lazure: On a sûrement beaucoup moins de plaintes au
ministère depuis quelque temps par rapport aux premiers mois de la mise
en vigueur de ce programme. Cela remonte à octobre dernier.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: On en a beaucoup moins, et je pense que c'est à
la fois dû aux instances des personnes âgées quand elles
vont voir le médecin... Elles disent: Docteur, êtes-vous bien
sûr qu'il est sur la liste? Les personnes âgées ont
maintenant pris l'habitude et les personnes âgées, par le biais
des clubs de l'âge d'or... Moi, je rencontre régulièrement
la Fédération des clubs de l'âge d'or. On demande à
la Fédération des clubs de l'âge d'or de bien sensibiliser
leurs personnes âgées, quand elles se rendent au cabinet du
médecin, d'insister pour avoir quelque chose qui soit sur la liste.
Quand le médicament auquel la personne âgée est
habituée depuis des années... Il revient au médecin de
faire comprendre, si je puis dire, à la personne âgée que
même si le médicament porte un nom différent, il a les
mêmes vertus et la même action. Sous ce rapport, il semble y avoir
eu du progrès.
Soins dentaires aux enfants
Mme Lavoie-Roux: L'autre point que je voulais soulever a trait
à l'assurance-maladie pour les soins dentaires aux enfants
jusqu'à quatorze ans maintenant.
Quels sont les moyens que le ministère prend pour rendre publics
ces soins et faire l'éducation des parents et des enfants en regard de
ces soins qui sont offerts? Il restait une grosse partie d'éducation
à faire dans ce domaine. Il y a des parents qui ont toujours
amené leurs enfants chez le dentiste. Il y en a d'autres pour qui c'est
une préoccupation bien secondaire. Même si les soins sont
maintenant gratuits, je ne suis pas certaine que les parents s'en
prévalent autant qu'ils devraient le faire normalement. Je me demande
s'il n'y a pas une action un peu plus vigoureuse qui devrait être prise
dans le sens de l'éducation publique dans ce domaine.
M. Lazure: Comme vous le savez, le programme de soins dentaires a
commencé en 1974 pour les enfants de moins de huit ans et a
été prolongé d'une année à la fois et,
chaque année à la régie, on a fait une publicité
auprès des professionnels concernés et auprès des enfants.
En général on a pris le milieu scolaire pour atteindre les
parents des enfants. L'an dernier, l'extension a été de deux ans,
cette année encore de deux ans, donc les moins de 14 ans, ce qui fait
que... Je suis embêté entre deux mots: un pour dire que le
programme est mieux connu et l'autre pour dire que le taux de participaton qui
était à 18% est au-delà de 50%.
Il y a certainement eu une augmentation considérable.
Mme Lavoie-Roux: J'espère.
M. Lazure: II y a eu aussi, dans les départements de
santé communautaire, qui oeuvrent dans le cadre scolaire, beaucoup de
publicité, d'information transmise; il y en a eu un peu par certains
CLSC qui s'occupent particulièrement de prévention et
d'hygiène dentaire.
M. Forget: Sur ce point, je me demande quel est, de toute
façon, le taux idéal de participation. Je crois qu'il serait
illusoire de penser que c'est 100%, même si certains dentistes voudraient
nous persuader que c'est 100%. N'en déplaise au député de
Pointe-Claire, je pense que personne ne s'est jamais donné la peine de
faire la démonstration scientifique que le taux de participation...
C'est un peu comme la vaccination; les gens naïvement supposent qu'il faut
vacciner tout le monde, et c'est démontré que ce n'est pas vrai.
La même chose pour les soins dentaires, je ne suis pas du tout
persuadé qu'à tous les ans et pour chaque groupe d'âge,
année par année, on doive avoir, quel que soit l'âge de
l'enfant, un taux de partici-
pation à 100%. Ce qui m'a frappé c'est qu'au fur et
à mesure qu'on quittait les âges de première confiance,
au-delà de sept ou huit ans, où les taux de participation sont
bas mais pour des raisons assez faciles à comprendre, on a atteint, pour
les enfants de 10, 11 et 12 ans, des taux de participation de plus de 50%. Je
ne sais pas si le ministère ou la régie a des indications
différentes mais, de mémoire, je crois me souvenir que c'est un
taux de participaton qui est probablement parmi les plus élevés
au monde, même dans des pays où les services dentaires sont
gratuits depuis de très nombreuses années.
M. Shaw: C'est 68% en Suède.
M. Forget: Mais pas pour tous les groupes d'âge.
M. Shaw: Seulement pour...
M. Forget: Vous avez justement l'effet sur le taux de
participation global du taux de participation très bas d'âge
inférieur. Pour le groupe de 9 à 10 ans, un taux de 50% est
passablement élevé.
M. Shaw: Mais ce n'est pas à 50%, c'est à 27%.
M. Forget: Non. Il n'est pas à 27%. C'est 27% si on prend
la moyenne des enfants de moins d'un an.
M. Shaw: Non, parmi ceux qui sont...
M. Forget: Non, je regrette...
M. Shaw: Est-ce que vous avez des chiffres...
Le Président (M. Laplante): Pour enlever tout imbroglio,
pouvez-vous répéter les chiffres en pourcentage d'enfants qui
vont chez le dentiste selon l'âge.
M. Lazure: La première année du régime, je
comprends que les enfants très jeunes, moins de huit ans, le taux de
participation était de 18%. Il y a eu des campagnes d'information que je
vous ai mentionnées. On en a fait auprès des professionnels de la
santé, auprès des dentistes, des chirurgiens buccaux, on en a
fait auprès des parents. La meilleure campagne qu'on a faite, je crois,
est un jeu qu'on a distribué aux enfants je pense que c'est 600
000 ou 700 000 exemplaires qui ont été donnés aux enfants
du Québec cela s'appelait le monstre de la carie. Je dois vous
dire que ce jeu a été acheté et distribué en
Nouvelle-Zélande et en Australie, pour vous prouver que c'était
quelque chose qui semblait être assez intéressant. Globalement,
pour ne pas mêler les chiffres, pour les enfants en haut de cinq ans, le
taux de participation est toujours au-delà de 55% et, pour
répondre au député de Saint-Laurent, le chef du service
des recherches et des statistiques m'a fait la remarque que c'est probablement
un des plus hauts taux de participation à un programme de soins
dentaires chez les enfants.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richelieu.
M. Martel: Pour ajouter à la réponse que le
ministre a donnée au député de L'Acadie, concernant le
formulaire pharmaceutique, au tout début, il y avait simplement 2400
médicaments et, actuellement, il y en a au-delà de 4000. Si on
tient compte qu'il existe actuellement en pharmacie au-delà de 20 000
produits, je pense qu'il y a souvent double emploi. On devrait éliminer
presque 15 000 médicaments et on serait encore capable de soigner
n'importe quelle maladie, comme on l'affirmait.
Je pense que c'est une habitude créée chez les patients
par suite de manque d'information de leur médecin que les
médicaments qui sont contenus dans le formulaire répondent
véritablement à des besoins. On mentionnait tout à l'heure
les noms d'hydergine, de cyclospasmol, que prennent surtout des personnes
âgées qui ont des troubles cérébraux au point de vue
circulation sanguine. À ce moment-là, pour établir la
valeur du médicament, on demande au comité consultatif de
pharmacologie une preuve scientifique que le médicament est
véritablement efficace.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je comprends tout
ça, c'est la résistance des gens pour d'autres facteurs
reliés...
M. Martel: C'est une question d'éducation, d'habitude, que
le médecin doit commencer à faire...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, à 76 ans, je ne sais pas si on
pourra vous rééduquer facilement.
M. Martel: Je l'espère. Il reste qu'il faut commencer
quelque part. Je crois que ce formulaire répond vraiment à un
besoin de la population actuelle. Il s'agit que les médecins jouent leur
rôle, celui d'expliquer aux gens qu'on peut les traiter avec ce qu'il y a
dans ce formulaire.
Soins optométriques
M. Forget: Une autre question, sur la deuxième des
nouvelles ententes signées. Encore une fois, sur les honoraires, je m'en
excuse, mais ce sont malgré tout, dans ce monde matériel, avec
les contraintes que l'on connaît, des considérations parfois
importantes. Ce qui me semble avoir été peut-être un peu
oublié dans la nouvelle entente avec les optométristes, c'est la
solution au fameux problème qui, malheureusement, a accompagné la
création du programme, où on a vu un programme de couverture de
soins optométriques par des honoraires professionnels. On sait que les
lunettes ne sont pas payées par l'État, mais c'est seulement
l'honoraire professionnel à l'optométriste qui est
payé.
II avait été entendu, en principe, que le régime
paierait les honoraires, mais qu'en contrepartie, l'optométriste
vendrait des lunettes sans marge bénéficiaire. Malheureusement,
on a dû constater à l'expérience que l'introduction du
régime de soins optométriques a produit une multiplication par
deux du revenu moyen des optométristes, et c'est sensible dans les
statistiques fiscales, parce qu'on a maintenu les marges
bénéficiaires et on a ajouté un honoraire.
Alors, au lieu de remplacer l'un par l'autre, on a ajouté l'un
à l'autre. La reconduction plus ou moins sans modification, des ententes
en vigueur et qui n'avaient pas été renouvelées, je dois
le dire, malgré leur expiration, largement à cause de l'existence
de ce problème, ne fait que reporter à plus tard la solution du
problème ou alors la reporter à un avenir indéfini ou
indéterminé. Mais il reste que je me demande jusqu'à quel
point il est raisonnable d'accepter une majoration des tarifs alors que
l'esprit même qui avait présidé à l'introduction du
programme a été faussé dès le départ, par,
évidemment, une condition que le ministère, que le gouvernement
ne pouvait pas appliquer et qui dépendait de la bonne foi, à
strictement parler, des optométristes de vendre la lunette au prix
coûtant.
Ils ne l'ont pas fait et le gouvernement ne pouvait rien faire pour les
forcer à le faire. Il reste qu'ils se sont ainsi octroyé à
eux-mêmes une majoration de revenus contraire, encore une fois, à
l'entente de principe. Je me pose des questions, je me demande jusqu'à
quel point il y a, au moins dans l'entente nouvelle, qui n'est pas facile
à déceler par une lecture rapide, surtout quand elle est rapide,
des éléments d'un début de solution de cette question. Ou
alors est-ce que le ministère ou le ministre envisage une modification
du régime assez profonde? (22 h 30)
M. Lazure: M. le Président, je n'ai pas le chiffre de
mémoire, malheureusement, mais je vais pouvoir vous le transmettre
demain. Je n'ose pas affirmer le pourcentage, mais je peux vous assurer qu'il
était très modeste. L'assemblée générale des
optométristes n'a pas célébré tellement cette
entente qui doit être signée demain, effectivement. Elle est
paraphée depuis un bout de temps, mais elle sera signée
officiellement demain midi.
M. Forget: On comprend que, depuis cinq ans, ils se sont
habitués à voir leur revenu doubler, mais c'est dans la nature
humaine.
M. Lazure: Un des points saillants de l'entente, pour aller au
problème de fond que vous soulevez, c'est un encouragement à la
dissociation entre l'examen de la vue, l'examen optométrique, et la
vente de prothèses, la vente de lunettes. On me dit que, de plus en
plus, surtout les jeunes optométristes sont intéressés
à l'aspect strictement professionnel de leur occupation, de leur
profession, et non pas à l'aspect commercial.
Une des dispositions de l'entente, c'est la création d'un
comité conjoint entre le ministère et l'Association des
optométristes qui va étudier les modalités d'un paiement
à la vacation, pour des optométristes qui accepteraient de
travailler dans un établissement des affaires sociales. Nous pensons
qu'il y a place pour des optométristes dans le réseau des
affaires sociales.
Si telle était la conclusion de ce comité conjoint, qui va
être mis sur pied, à ce moment-là, le paiement se ferait
à honoraires fixes, par vacation. Il s'agirait alors de
rémunérations strictement pour des actes professionnels.
Je pense que c'est un élément possible de solution au
dilemme. J'étais conscient de la situation que le député
de Saint-Laurent a décrite. Mais, d'autre part, je pense qu'il devient
difficile pour un grand nombre d'optométristes, qui veulent s'en tenir
à cet exercice professionnel, de ne pas renouveler une entente ou de ne
pas renégocier une entente qui date de X années.
M. Forget: C'est difficile, sans doute, mais on se souviendra,
lorsqu'il a été question de leur législation
professionnelle, des contorsions auxquelles tous se sont livrés pour
justifier leur présence dans deux champs d'activités, un champ
d'activités professionnelles et un champ d'activités
commerciales.
Étant donné qu'il s'agit d'un ordre professionnel, il me
semble qu'il devrait y avoir, sur ces questions, à faire un examen
critique, de temps à autre au moins. Je comprends qu'on veut scinder les
questions syndicales et les questions professionnelles. C'est commode, comme
cela, on peut négocier des ententes sans conscience et, quand on a une
conscience, ne leur donner aucun effet pratique. C'est un admirable partage des
choses.
Mais il reste qu'à un moment donné, ce sont les
mêmes individus. Je ne suis pas sûr de savoir jusqu'à quel
point l'État a des obligations de renouveler des ententes à la
hausse, lorsque, fondamentalement, l'entente de fond, ou l'esprit de fond qui a
présidé à la mise sur pied d'un régime n'est pas
respecté par une des parties. Je pense que c'est tout à fait
ça dans le cas de l'optométrie.
À cela s'ajoute le fait que vous avez souligné tout
à l'heure, c'est-à-dire que la corporation professionnelle n'a
jamais voulu jouer son rôle dans la formation d'un comité de
révision. Elle a explicitement refusé, à de nombreuses
reprises, de désigner des optométristes pour assumer ses
responsabilités de surveiller l'exploitation par ses membres du
régime dont ils bénéficiaient.
Il y a, à un moment donné, des règlements de
compte. Quand une corporation professionnelle refuse de faire des
recommandations, il n'y a rien qu'on puisse faire, du côté
gouvernemental. Il y a toujurs une autre occasion pour se remettre cela.
L'autre occasion, c'est la conclusion des ententes. Il me semble que
c'était une bonne occasion pour mettre de l'ordre dans une situation qui
était régulière. Évidemment, je ne veux pas
condamner tout le monde parce que certains individus qui sont à la
tête de certains organismes ont pris des attitudes, mais à un
moment donné, il faut
bien qu'ils le prennent avec l'appui de leurs membres et je pense que
cela a été le cas à cette occasion, parce que cela a
duré longtemps.
M. Lazure: M. le Président, sur le dernier point, le
comité de révision, l'entente prévoit que si la
corporation ne participe pas, ne nomme pas de représentants d'office, le
ministre pourrait nommer des représentants après consultation
avec l'Office des professions.
M. Shaw: Sur le même sujet, si on enlève le service
des prothèses à un bureau privé, comme cela arrive
maintenant chez les ophtalmologistes, ce sera quelqu'un d'autre... C'est le
patient en fin de compte qui doit payer pour les lunettes...
M. Lazure: ... l'opticien d'ordonnances, à ce
moment-là, qui peut les vendre.
M. Shaw:... mais c'est le patient qui doit payer ce montant.
Peut-être, comme cela a été essayé en Angleterre,
qu'une forme de lunettes payées par le gouvernement est disponible.
M. Lazure: On a tout vu cela tantôt.
M. Shaw: Mais vous allez voir en même temps que personne ne
va accepter, parce que les gens vont acheter quelque chose plus cher chez
quelqu'un d'autre.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas d'autres
questions sur le programme 14? Programme 14 adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, pour ce qui est de
vos remarques, je vous ai laissé aller sur le programme 14 sur tout ce
que vous avez voulu dire. Je m'aperçois ainsi que vous avez
étudié en même temps le programme 3. J'appelle le programme
3 immédiatement...
M. Forget: In cauda venenum.
Le Président (M. Laplante): S'il y avait des questions
supplémentaires à poser sur le programme... Programme 3,
"Assistance-maladie", ce programme vise à défrayer le coût
de médicaments et de services dentaires et optométriques requis
principalement par les bénéficiaires de l'aide sociale. Avez-vous
quelque chose à ajouter sur ce programme, M. le ministre?
M. Lazure: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Forget: Approuvé.
Le Président (M. Laplante): Personne n'a d'autres
questions? Programme 3, élément 1, adopté? Elément
2, adopté. Elément 3, adopté. On retourne maintenant au
programme 11, où on avait je ne sais pas s'il était
terminé?
M. Forget: Non; si on peut changer de papier, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): C'est le député
de Saint-Laurent qui pourra me dire s'il était terminé, parce que
c'était lui qui avait la parole.
M. Forget: Non, il n'était pas terminé, M. le
Président, mais je vous demanderais deux secondes de répit pour
changer la liasse de papiers.
Le Président (M. Laplante): On peut suspendre pour trois
minutes?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous en avez jusqu'à minuit.
(Suspension de la séance à 22 h 38)
Reprise de la séance à 22 h 42
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
messieurs.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'avais soulevé,
à l'occasion d'une commission parlementaire j'oublie laquelle
avec le ministre des Affaires sociales de toute façon,
vous étiez là la question des malades psychiatriques. Je
comprends que je commence l'élément 2, mais vous ne m'en voudrez
pas, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Non, on fait cela, Madame. Ne
soyez pas gênée d'aller dans les trois éléments
parce qu'on a fait cela depuis le début.
Soins psychiatriques
Mme Lavoie-Roux: Je vous avais signalé le problème
que posait, à certains égards, le retour dans la
communauté de malades psychiatriques pour lesquels il ne semblait pas y
avoir un suivi assez rigoureux ou, enfin, suffisamment fort pour vraiment aider
les gens à se réhabiliter et que les problèmes se
multipliaient et qu'on retrouvait certains de ces patients un peu partout. Vous
m'aviez dit, à ce moment-là, que c'était un
problème dont vous étiez conscient et que vous deviez l'examiner.
Je me demande ce qui a été fait dans ce domaine.
M. Lazure: Je me souviens de la question qui a été
soulevée. Effectivement, on a correspondu avec le ministère de la
Justice pour avoir des relevés, je m'excuse, je ne les ai pas devant
moi. On avait déjà des relevés pour les jeunes, les moins
de 18 ans qui séjournaient dans les prisons,
on les a toujours, comme on le sait, il y en a de moins en moins, il n'y
en a presque plus.
Dans le même ordre d'idée, j'avais demandé au
ministère, il y a X mois, de nous donner le nombre d'individus qui sont
des ex-patients ou des patients psychiatriques et qui sont détenus, soit
dans des prisons ou des postes de police plus de 24 heures. Je sais qu'on a
reçu du sous-ministre de la Justice, à l'époque, des
chiffres, mais je ne les connais pas de mémoire. C'était pour
avoir une indication parce qu'on a aussi des renseignements à l'effet
qu'avec le retour, un peu précipité dans certains cas, dans la
société et, deuxièmement, avec une attitude un peu plus
restrictive de la part des hôpitaux pour hospitaliser à nouveau
des patients il faut l'avouer à ce moment-là, il y
a un bon nombre de malades psychiatriques qui errent un peu comme des
vagabonds, si j'ose dire. (22 h 45)
C'est un phénomène qu'on retrouve dans les grandes villes,
en Amérique du Nord. J'ai lu des reportages à ce sujet; dans des
villes comme New York et Chicago, c'est un problème majeur. Il n'y a pas
de solution facile à cela. La relance, le suivi, le "follow up" des cas,
en principe, doit être assuré par les services hospitaliers, les
services sociaux, les services hospitaliers qui sont dans les hôpitaux.
On n'a pas d'indication venant de la part, si vous voulez, des corps policiers
que c'est devenu un problème sérieux.
Mme Lavoie-Roux: ... des fois. Je ne voudrais pas citer des
exemples.
M. Lazure: Ils les amènent au poste.
Mme Lavoie-Roux: Quand ils ne les laissent pas sur la rue!
M. Lazure: Oui, enfin. J'ai tenté de sensibiliser le plus
d'organismes possible à ce problème, mais j'avoue qu'il n'y a pas
de réponse facile.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être tomberait-on dans des
détails d'approche thérapeutique, d'approche de
réhabilitation, de réadaptation avec ces personnes. Mais, dans
quelle mesure avez-vous l'assurance qu'à l'intérieur des grands
hôpitaux psychiatriques... Maintenant c'est beaucoup plus
décentralisé, je ne devrais peut-être même pas parler
des grands hôpitaux psychiatriques, mais de toutes les ailes
psychiatriques des différents hôpitaux. On essaie de prendre le
moins de risque possible avant de retourner les gens dans la communauté,
compte tenu du fait à moins que cela n'ait été
corrigé durant les deux ou trois dernières années
que les cliniques d'urgence soient plus accueillantes et qu'on ait plus de
ressources à mettre à la disposition de ces personnes. Il n'y a
pas si longtemps, il y en avait qui étaient dans des salles d'urgence et
qui partaient, s'échappaient, etc. Je ne veux pas entrer dans les
détails, mais il y a eu des circonstances pénibles qui remontent
à pas tellement longtemps et dont je ne voudrais pas tenir le
gouvernement actuel responsable. Je parle d'un phénomène
général...
M. Lazure: C'est comme cela que je le comprends. C'est un peu le
jeu du pendule parce qu'il n'y a pas si longtemps, il y a à peine une
quinzaine d'années, on pouvait déplorer l'excès contraire,
à savoir que les malades mentaux étaient gardés trop
longtemps dans les institutions psychiatriques. Là, le pendule a fait un
saut dans le sens inverse. Je pense qu'il y a une tendance à les mettre
en congé trop rapidement. Remarquez que j'entends des plaintes de
familles: un membre de la famille a eu une maladie physique et on se plaint que
le congé a été trop rapide aussi dans les hôpitaux
généraux. Alors, on a, d'une part un phénomène
où, peut-être de bonne foi, en essayant d'avoir une meilleure
"production ", on en est rendu à négliger l'aspect
hospitalité, l'aspect accueil des hôpitaux qui était leur
vocation première et à ne voir que l'aspect traitements
techniques. Dans beaucoup de cas on met en congé la personne au bout de
deux ou trois jours pour baisser la moyenne de durée de séjour
pour, soi-disant, augmenter la rentabilité. Cela part de bons motifs
mais, quand on tombe aux cas particuliers, il semble que, dans bien des cas,
c'est aux dépens de la personne.
Personnel hospitalier
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre... Je sais qu'il y a deux ou trois ans ce dont on entend
beaucoup parler dans les journaux il y a eu une politique administrative
selon laquelle le personnel hospitalier ne devrait pas trop augmenter. Il y a
eu certaines dispositions, de la part du ministère, pour tenter
d'enrayer la hausse des coûts de l'administration et du fonctionnement
des hôpitaux. Je pense que le ministre actuel persiste dans cette ligne
et, même si j'en connais le bien-fondé au plan administratif, dans
quelle mesure ou jusqu'à quel point va-t-on continuer cette politique?
Je pense que là-dedans, comme dans toute l'administration publique, il y
a des coupures qu'on peut faire pendant un an, deux ans, mais est-ce qu'on peut
les perpétuer indéfiniment, sans, à un moment
donné, abaisser la qualité réelle des soins? J'aimerais
savoir quelles sont les vues du ministre là-dessus et quels sont ses
plans d'avenir à ce sujet? Cela s'adresse autant à un type
d'hôpital qu'à un autre.
M. Lazure: On en a parlé un peu cet après-midi,
quand on parlait de la situation financière dans les hôpitaux.
D'une part, dans les hôpitaux généraux, dans ce sens, on a
endossé, on endosse encore certaines des hypothèses du
gouvernement antérieur. On pense qu'un bon nombre d'hôpitaux
généraux, surtout dans les grandes villes, peuvent diminuer le
nombre de leurs employés, jusqu'à un certain point, sans affecter
la qualité des soins. Cela vaut ce que cela vaut, mais encore là,
on doit quand même utiliser l'expérien-
ce d'ailleurs. Dans le secteur strictement des hôpitaux
généraux tantôt le député de
Saint-Laurent parlait du taux de participation des enfants qui est
peut-être le plus élevé au monde le ratio "personnel
total et lits", à ma connaissance, est le plus élevé au
monde. C'est un des plus élevés au monde, sûrement dans le
monde occidental, en tout cas, sûrement au Canada, sans aucun doute,
alors que ce n'est pas vrai dans les hôpitaux pour malades chroniques,
que ce n'est pas vrai dans les hôpitaux psychiatriques.
Ce qu'on dit depuis quelque temps et ce qu'on va tenter de faire, cela
fait partie du plan qu'on va proposer la semaine prochaine à l'AHPQ, aux
syndicats et aux médecins; c'est d'enlever d'ici trois ans quelques
milliers de postes dans l'ensemble des hôpitaux généraux
qui sont déficitaires. Le peu d'argent nouveau dont nous disposons dans
les crédits, un peu plus de $9 millions pour la partie non salariale, va
aller à des hôpitaux qu'on peut considérer comme ayant
été défavorisés dans le passé. Dans cela, il
y a les hôpitaux pour malades chroniques et les hôpitaux
psychiatriques; ceci dans le but de réviser à la hausse leur base
budgétaire.
Pour revenir à votre question, en deux mots, dans ces
institutions défavorisées, il n'est pas question de
réduire le personnel. Au contraire, graduellement, nous voulons
l'augmenter. Par ailleurs, dans les hôpitaux généraux, pour
un certain nombre d'entre eux en tout cas, on veut le réduire.
Mme Lavoie-Roux: Je vais revenir à ma première
question. Vous disiez, M. le ministre, que c'est un peu le jeu du pendule, du
temps où l'on gardait les patients trop longtemps. Ensuite, on est
passé à l'autre extrême peut-être pour des raisons de
rentabilité et même pour des raisons de réadaptation; non
pas uniquement pour des raisons de rentabilité.
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Par contre, vous constatez des problèmes.
Je me demandais dans quelle mesure ils étaient reliés à
des coupures de personnel qui continuent d'intervenir, parce que, même si
vous admettez vous-même qu'au niveau des cas personnels il peut y avoir
des choses pénibles, il reste à savoir ce que vous allez faire
pour corriger cette situation, pour prévenir cette situation. Y
aurait-il dix cas qui se révèlent pénibles et tragiques?
Je pense que c'est quand même une préoccupation qu'on doit avoir.
Quels sont les moyens que vous envisagez justement pour établir ce qui
semblerait un meilleur équilibre entre les besoins et les
ressources?
M. Lazure: À partir du moment où notre diagnostic
est que, si l'hôpital en question fait des mises en congé trop
rapidement, trop prématurément, ce n'est pas causé par des
soi-disant coupures budgétaires, à partir de ce moment, les seuls
moyens d'action que je connaisse de notre part avec le concours d'autres
organismes, c'est l'éducation, la persuasion, encore une fois
l'amélioration du rendement de chaque personne, la motivation au
travail, en somme.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous dites que c'est relié aussi
à la coupure ou à la diminution du nombre de jours
d'hospitalisation qui est reliée à une préoccupation de
rentabilité et vous dites que peut-être on donne les congés
trop rapidement dans certains cas.
M. Lazure: Oui, pour la mise en congé, mais je pense qu'il
faut distinguer la mise en congé peut-être
prématurée et l'absence de relance, parce qu'on peut très
bien faire des mises en congé prématurées et avoir un bon
service de relance en clinique externe ou à domicile. Peut-être
que la mise en congé prématurée s'appuie, dans l'esprit
des dirigeants de l'hôpital, sur un désir de rentabiliser, mais on
ne pourrait pas expliquer l'absence de relance, à mon avis, sur des
soi-disant coupures budgétaires.
Je pense que c'est un élément qu'on peut ajouter dans ce
domaine. La question des congés rapides ou de tout le processus
d'admission comporte des caractéristiques pour les malades
psychiatriques qui ont besoin d'être hospitalisés. Il y a un
diagnostic qui doit se faire vite. S'il y a un besoin d'hospitalisation,
contrairement à d'autres types de diagnostic, notamment dans les
maladies de soins physiques, un malade psychiatrique qui a besoin d'être
hospitalisé n'embarque pas sur une liste d'attente sans qu'on sache ce
qui se passe. Habituellement, il est considéré comme
requérant une hospitalisation, donc c'est un cas sérieux pour
lequel on doit faire une hospitalisation, équivalant vraiment à
une urgence. C'est vraiment une caractéristique des hospitalisations en
psychiatrie. C'est toujours là une question non seulement de pendule,
mais aussi d'équilibre et de jugement. Tout le problème de la
réadaptation comporte cette caractéristique. À la limite,
on peut n'avoir aucun problème dans les rues, on les met dans les
asiles. Il n'y aura plus de problème dans les rues. À l'autre
bout, on peut tous les mettre dans les rues et avoir toutes sortes de
problèmes. Nos asiles, dit-on, seront vidés. C'est autant de
jugements individuels qui sont portés par des équipes
psychiatriques. Il peut donc y avoir une certaine marge d'erreur, à
partir du moment où on ne veut pas seulement enfermer des gens qui sont
embêtants parce que anormaux, mais aussi parce qu'on veut les
réadapter à une vie normale et cela comporte certains risques et
certains jugements. Parfois, les jugements peuvent être un peu
erronés, et parfois, en plus, ils peuvent être différents
d'une équipe à l'autre, parce qu'il y a différentes
approches thérapeutiques dans ce domaine, comme d'ailleurs dans bien
d'autres, mais particulièrement dans ce domaine où la dimension
art, jugement et diagnostic, est particulièrement aiguë et
difficile.
Mme Lavoie-Roux: Oui?
M. Lazure: Seulement un dernier commentaire. Un autre facteur qui
n'est pas du tout d'ordre économique, mais qui est un facteur de
valorisation professionnelle. Je pense que Mme le député de
L'Acadie est consciente que depuis quelques années, dans le milieu
psychiatrique, en particulier dans plusieurs professions, psychiatres,
travailleurs sociaux et psychologues, il était bien vu d'en mettre en
congé le plus grand nombre possible. On avait même des tenants
d'une thèse qui voulaient abolir complètement les grands
complexes psychiatriques, les grands hôpitaux psychiatriques. Tuons le
dinosaure, disait-on! Dans cette hypothèse très optimiste
il n'y a pas si longtemps de cela, il y a sept ou huit ans il y avait
des colloques là-dessus à Montréal. À ce moment, on
disait: C'est antithérapeutique d'hospitaliser un malade. Il faut le
traiter en externe, il faut le maintenir dans la société, il faut
que ce soit la communauté qui s'en occupe, etc. Il y avait et il y a
encore, jusqu'à un certain point, un élément de
valorisation professionnelle. La preuve, c'est qu'on a beaucoup plus de
facilité à trouver du personnel pour oeuvrer en clinique externe
que pour travailler avec des patients hospitalisés.
Mme Lavoie-Roux: II y a une certaine analogie avec les
professeurs qui font passer tous leurs étudiants, parce que plus ils
réussissent, même à l'élémentaire, meilleur
professeur...
M. Lazure: Je pense qu'au plan administratif, on peut ajouter que
là où il y a eu des compressions dans le réseau
hospitalier, au cours des dernières années, il y a eu vraiment...
le taux de compression, que ce soit 2,5% dont M. Forget connaît bien
l'historique, ou les révisions à la base budgétaire en
1977/78, ces services et ces institutions de services psychiatriques ou de
soins prolongés, ont été les institutions qui ont
été protégées. Justement, connaissant leur
fragilité, connaissant les besoins particuliers dans ce domaine, cela a
toujours été vu comme un type d'institutions et de services
auxquels on doit porter une attention particulière, dans l'esprit d'un
rattrapage mais à la négative, si je peux dire, au moment
où on fait des compressions. Il y a toujours une considération
spéciale, pour employer un langage d'assurance-maladie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais quand
même qu'on me dise comment s'est échelonnée cette
compression des budgets du personnel des hôpitaux, parce que j'ai
l'impression qu'on peut en faire pendant un certain temps, mais à un
moment donné, on ne peut plus en faire. C'est une première
question. La deuxième question, c'est que le ministre tout à
l'heure faisait allusion aux ressources de relance, enfin, au travail de
relance qui se faisait auprès des patients qui obtenaient leur
congé ou que l'on mettait en congé. (23 heures)
Est-ce que, à son point de vue, ces ressources de relance qui
sont mises à la disposition des institutions hospitalières sont
suffisantes?
M. Lazure: Est-ce que vous parlez toujours du domaine
psychiatrique ou de l'ensemble?
Mme Lavoie-Roux: Du point de vue des ressources
budgétaires et des coupures successives, c'est peut-être pour
l'ensemble, mais, pour la relance, je pensais davantage aux malades des milieux
psychiatriques.
M. Lazure: Bon! Encore une fois, s'il s'agit d'hôpitaux
psychiatriques, malades aigus, malades chroniques, peu importe, je
répète ce que je disais tantôt: De notre point de vue et
par les révisions budgétaires, surtout celles qui sont faites
pour 1978'79, il n'y a certainement pas de coupures. Au contraire, il y aura
une addition de fonds pour ces établissements. Là, il revient
à l'établissement mettons un grand hôpital
psychiatrique comme Robert Giffard ici de déterminer s'il va
utiliser, disons, une augmentation modérée de ces fonds pour
engager du personnel qui va oeuvrer à l'interne ou à l'externe en
relance.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est l'augmentation, par exemple, dans un
hôpital comme Giffard ou Louis-Hippolyte-Lafontaine.
M. Lazure: Le coût de?
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire l'augmentation des budgets
qui sont mis à leur disposition?
M. Lazure: À part les révisions de la base
budgétaire qui vont être améliorées dans le cas de
ces hôpitaux pour malades chroniques et malades psychiatriques, le taux
d'augmentation est le même partout, 7,829%, qu'on me dit, pour la partie
salariale, pour l'ensemble de tous les hôpitaux du réseau, quel
que soit le type d'hôpital.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je m'excuse. Est-ce que cela ajoute du
personnel ou si cela indexe les salaires?
M. Lazure: Cela indexe essentiellement les salaires. Cela
n'ajoute pas de personnel pour l'ensemble des hôpitaux. Ensuite, on fait
la distinction, les catégories d'hôpitaux de soins
prolongés...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: ... les malades chroniques, plus les hôpitaux
psychiatriques au-delà de ça vont avoir aussi une somme X. Y, Z,
qui va varier selon chaque hôpital et qui va être prise à
même un fonds de $9 millions qu'on a dans nos crédits, pour la
partie non salariale, non-indexation.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Mais ce fonds de $9 millions, il se divise,
comme vous dites, entre différents types d'hôpitaux, les
hôpitaux pour...
M. Lazure: Soins prolongés et malades psychiatriques,
c'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela couvre combien
d'établissements, ça?
M. Lazure: Les chiffres exacts pour soins prolongés, c'est
combien?
Dans les soins prolongés, il y en a 60. Et les psychiatriques?
Les psychiatriques, 77.
Mme Lavoie-Roux; Alors, 77.
M. Lazure: 77, sur un total de... 202.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous ajoutez $9 millions, ce qui est
véritablement du support supplémentaire dans le sens de
ressources pour environ 77 établissements.
M. Lazure: Simplement pour compléter...
Mme Lavoie-Roux: Cela n'est pas réparti également,
j'imagine, entre les hôpitaux de soins prolongés et les
hôpitaux psychiatriques. Est-ce que la proportion qui est accordée
est la même?
M. Lazure: Non, la proportion n'est pas exactement la même.
Ces chiffres ne sont pas encore complets. Nous avons, comme on le disait cet
après-midi, une rencontre la semaine prochaine avec l'Association des
hôpitaux, les syndicats et les médecins. Ce n'est pas
terminé, mais les $9 millions n'iront pas entièrement à
ça. Ils vont aller principalement à ces types
d'établissements, mais la révision des bases budgétaires,
qui a été faite pour l'ensemble des hôpitaux
généraux l'an passé, soins de courte durée et non
pas pour les autres, continue cette année. Il y a encore certaines
corrections à faire. La plupart des hôpitaux
généraux vont avoir une révision qui n'apportera pas
beaucoup de crédits additionnels. Mais il y en a un certain nombre qui
vont avoir des crédits additionnels.
Mme Lavoie-Roux: On a parlé des 7,8% qui allaient à
l'indexation des salaires. Il y a aussi le coût de l'inflation, enfin, la
nourriture, le chauffage, etc. Est-ce qu'une partie de vos $9 millions, dans le
fond, va se trouver affectée à ce qui est simplement la vie
courante, disons?
M. Lazure: C'est sûr que, dans la façon dont
l'hôpital va disposer de cet argent, il pourra y en avoir une partie
d'affectée à cette augmentation du coût...
Mme Lavoie-Roux: À l'inflation.
M. Lazure: Oui, une partie, mais une partie sera certainement
affectée aussi à l'augmentation du personnel. C'est le but
principal de la démarche pour les hôpitaux de soins
prolongés.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce que vous êtes capable
d'établir le pourcentage qui, selon vous, ira pour l'inflation et le
pourcentage qui ira pour l'ajout de personnel?
M. Lazure: M. Deschênes.
Pour l'inflation, ce sera sans doute la majeure partie. Tant que ce
n'est pas complété au niveau de l'établissement, c'est
difficile de répondre définitivement; mais vraiment la
majorité ou la plus grande partie des sommes nouvelles disponibles,
tenant compte de ce qu'on appelle la révision des bases
budgétaires, sera pour diminuer la pression générale
exercée sur le réseau hospitalier de ce
côté-là.
Mme Lavoie-Roux: Cela veut dire qu'au fond, du point de vue des
ressources nouvelles en personnel, cela ne sera pas très
élevé.
M. Lazure: II y a une option de fond; je pense qu'on en a fait
état ce matin. À cause d'un certain nombre d'indicateurs du
côté hospitalier, l'accent vers le développement des
ressources est davantage axé vers les postes de centres d'accueil. C'est
sur l'ensemble des établissements. Quand on examine les programmes 11 et
12 ou le secteur hospitalier, on examine justement le secteur dans lequel la
compression est plus grande; le développement de postes est davantage du
côté des centres d'accueil qui sont organisés davantage
pour des clientèles qu'on appelle les clientèles lourdes.
Mme Lavoie-Roux: Mais on parlait de $9 millions et de ces $9
millions, vous dites qu'il y en a une partie qui va servir à
éviter plus de compression, parce que finalement, les dépenses
courantes d'entretien, d'alimentation et tout cela, ne sont pas indexées
sauf qu'elles pourront s'indexer à travers ces $9 millions; mais ce qui
restera de surplus ira à l'ajout de personnel, que ce soit pour les
hôpitaux psychiatriques ou que ce soit pour les hôpitaux de soins
prolongés. Somme toute, cela peut je ne vous demande pas un
chiffre précis vouloir dire quoi comme ajout de personnel? Est-ce
que vous avez une estimation? Est-ce que cela peut vouloir dire, comme ajout de
personnel, dans les hôpitaux de soins prolongés et les
hôpitaux psychiatriques...
M. Lazure: On ne peut pas répondre à cela et
c'est...
Mme Lavoie-Roux: Tant que vous n'aurez pas rencontré
l'Association des hôpitaux.
M. Lazure: II y a une rencontre la semaine prochaine.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous calculez à combien
l'inflation?
M. Lazure: L'inflation est calculée à 7,5% mais il
faut ajouter à cela le poids relatif des dépenses
non salariales sur les dépenses totales du centre hospitalier. Ce
qui veut dire qu'en termes de budget global, l'inflation devrait être aux
environs de 1,1% sur un budget total.
Mme Lavoie-Roux: Somme toute, je pense que j'en arrive à
la conclusion que je vais être obligée d'attendre à l'an
prochain pour savoir combien il y aura eu d'ajout véritable de
personnel.
M. Lazure: Non...
M. Forget: Si on me permet le commentaire suivant, puisqu'il
semble, d'après différents chiffres donnés, qu'on en vient
à une conclusion, au moins implicitement. Si on regarde l'ensemble du
budget des hôpitaux, il y a une économie que le gouvernement fait
dans le moment de près de $21 millions en ne compensant pas les centres
hospitaliers pour l'augmentation du coût normal des fournitures, des
dépenses non salariales. À même cette économie de
$20 millions, il en prend $9 millions pour attribuer des majorations de bases
budgétaires discrétionnaires pour un montant de $9 millions, il
fait donc retour au réseau hospitalier de seulement la moitié,
même un peu moins que la moitié, de ce qui devrait normalement
être versé à ce réseau seulement pour
l'accroissement normal du coût des dépenses non salariales. Il va
donc rester un solde déficitaire au titre de cet accroissement de
coûts de $11 millions ou $12 millions. Évidemment, on aurait pu ne
pas compenser complètement l'augmentation des salaires et avoir encore
plus d'argent pour faire des attributions discrétionnaires, mais il
reste que...
Mme Lavoie-Roux: Ils n'ont pas le choix.
M. Forget: ... le processus normalisé démontre que
la pression ou la compression des budgets se perpétue de façon
très sensible.
Mme Lavoie-Roux: C'est le même phénomène en
éducation où il n'y a pas...
M. Lazure: On n'a pas caché cette compression, comme vous
dites...
M. Forget: Non, vous ne l'avez pas cachée, mais je pense
que cela fait la jonction entre les remarques de tout à l'heure.
M. Lazure: C'est cela. C'est une compression commencée en
1976/77, sous l'ancien gouvernement et, encore une fois, je
répète que, grosso modo, notre gouvernement est d'accord avec
cette approche. Je crois qu'il était temps que les hôpitaux
généraux, surtout dans les grands centres urbains,
réalisent qu'il y avait un abus d'embauche, il y avait franchement un
excès de personnel.
Il y a encore lieu et c'est l'hypothèse qu'on accepte au
départ et qu'on veut discuter avec eux dans tous les
hôpitaux généraux, de réduire les postes sans
affecter la qualité des soins. C'est un choix qu'on fait et avec cet
argent, disons que c'est $10 millions ou $11 millions, cela permet au
gouvernement de développer des services qui ont besoin de
rattrapage.
En fait, si on regarde effectivement comment la budgétisation
1978/79 s'est effectuée, avant de faire l'opération que l'on
nomme "révision de la base budgétaire", on a
considéré que les coupures qui ont été faites
antérieurement, c'est-à-dire les 2,5% de 1976/77, la
révision de la base budgétaire 1977/78 et les $20 millions
auxquels vous faisiez référence tout à l'heure, ont
été budgétisées. C'est-à-dire qu'on a fait
l'addition, pour chacun des centres hospitaliers, de ces coupures et on a
comparé le maximum de la révision de la base budgétaire en
regard des coupures qui avaient été faites. À titre
d'exemple, si, dans un centre hospitalier, on avait effectué au cours
des trois années puisqu'on parle de 1976/77, 1977/78 et 1978/79
la non-indexation des dépenses non salariales, un centre
hospitalier qui aurait eu $1 million de coupures aurait eu droit à une
révision à la baisse de $1 500 000. Le maximum possible qu'on a
envisagé, ce n'est pas $1 500 000, c'est $500 000. Donc, en tenant
compte de ce qui a été fait dans le passé, on
ramène essentiellement l'opération de la révision de la
base budgétaire à un partage des ressources entre
établissements, mais un partage sur une base équitable.
M. Forget: M. le Président, cela me ramène à
la question que je posais juste avant 18 heures. Dès que l'on quitte le
domaine de la stricte proportionnalité et qu'on s'aventure
j'emploie le mot "aventure" sans connotations, on "introduit ", si l'on
préfère dans le domaine d'une répartition
différente, l'opération de rajustement des bases
budgétaires, dont je ne nie pas d'ailleurs la nécessité;
il est bien clair qu'on ne peut pas fonctionner éternellement avec les
bases budgétaires de 1971... Mais tout dépend, évidemment,
de la méthode, des hypothèses qu'on utilise en cours de route. On
se rend compte, d'après les indications fournies cet après-midi,
que l'effet net de cette révision de base budgétaire semble
être de placer tout le fardeau ou presque tout le fardeau de la
révision sur une douzaine d'établissements, nous dit-on,
peut-être un peu plus. On dit que 42% du déficit accumulé
se retrouvent dans douze hôpitaux; disons que si on en prend 20, on va y
retrouver peut-être 65% du déficit, quelque chose dans ce
genre.
On se trouve donc à concentrer sur un très petit nombre
d'établissements, en termes de nombre, mais pas nécessairement
les plus petits établissements, tout le fardeau du rajustement
budgétaire. C'est peut-être justifiable, cela ne l'est
peut-être pas. Il y a toute une question de jugement à poser. De
toute façon, il faut le constater, il semble que ce soit les grands
établissements, où se combinent les fonctions d'enseignement et
les fonctions cliniques dans les centres urbains du moins, c'est,
à travers les branches, la situation que j'ai pu déduire de
certaines remarques et
aussi de certains échos, bien sûr, qu'on ne peut pas
s'empêcher d'entendre de la part du réseau. Si c'est vrai et si
c'est aussi systématique que cela, comme tableau, une des questions
parmi de nombreuses qu'il faut se poser, c'est: Est-ce que les
hypothèses de base qui ont présidé à la
modification de la base budgétaire représentent
véritablement cet idéal de justice et d'équité pour
tout le monde qui était dans l'esprit, comme intention, de ceux qui
l'ont élaborée, ou si on n'a pas un biais, une espèce de
préjugé systématique au niveau des méthodes de
calcul qui fait qu'on crée un problème, dans le fond? On
crée un problème pour des établissements d'une
catégorie bien particulière. (23 h 15)
M. Lazure: Je pense que, lorsqu'on met de l'avant que 42% des
déficits accumulés se situent dans une douzaine
d'établissements, on met en relief un problème majeur dans ces
établissements. Il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit, justement,
des établissements qui représentent une grande masse d'argent.
Ils représentent peut-être 42% de la masse, mais ils
représentent un pourcentage élevé de l'ensemble de la
masse d'argent sur laquelle on travaille, de sorte qu'il ne faut pas le prendre
comme un absolu, comme si c'était 2% des établissements à
qui on applique 42% de la correction. C'est un premier commentaire.
M. Forget: Les budgets de ces douze établissements, c'est
peut-être...
M. Lazure: C'est peut-être $500 millions, mais, à
$40 millions pour les grands établissements dont on parle, en moyenne,
douze établissements, c'est de $500 millions dont on parle, ce qui veut
dire à peu près le tiers de la masse totale des centres
hospitaliers de courte durée. Je pense que c'est un premier
commentaire.
Le deuxième commentaire, c'est que la révision de la base
budgétaire se fait en comparant des établissements sur la base
d'une similitude de ces établissements. C'est-à-dire qu'on
compare non pas des grands établissements par rapport à des
petits et qu'on trouve les grands inefficaces, je pense qu'il est important de
savoir qu'on compare "l'output" ou ce que produisent, comme diagnostic, des
établissements. C'est sur la base de la comparaison de ces diagnostics
auxquels on introduit, dans la dernière révision de marge
budgétaire, la notion de durée de séjour. Donc, on compare
des établissements semblables, c'est un élément de
jugement important qui est intégré dans la révision de la
base budgétaire.
M. Forget: Entre parenthèses, est-ce que cette
méthodologie est substantiellement acceptée par l'association des
hôpitaux?
M. Lazure: Oui. De façon globale, la méthodologie
est substantiellement acceptée. De plus, dans cette approche, il y a une
normalisation souhaitée; il y a des établissements qui se
retrouvent avec du gras qu'il faut fondre si on veut utiliser une
expression courante et d'autres qui y gagnent dans un équilibre.
On recherche une notion dont mon ministre me permettra l'analogie
la commission Castonguay-Nepveu faisait état lorsqu'on parlait de la
recherche d'un budget normalisé, le budget normalisé sur la base
de résultats semblables: Ayons des ressources semblables et ne faisons
pas qu'un effort sur la façon dont on utilise des ressources, sans
savoir ce qu'ils font.
C'est un effort important. Cette correction s'applique à bien
au-delà de 1971, parce que la base de 1971 dont on fait état
vous vous en souviendrez sa lacune principale était la
reconnaissance de l'historique depuis 1961, date du démarrage de
l'assurance-hospitalisation. C'est donc une approche de la révision de
base budgétaire de normalisation qui est toute récente et qu'on
applique dans un contexte de rigueur particulier et qui, vraiment, essaie de
corriger certaines iniquités ou discordances que la révision a
mises en évidence, mais qui existent depuis 1961. C'est, bien sûr,
plus difficile, mais je pense que, devant la logique de cette approche, que ce
soit l'association des hôpitaux ou l'ensemble des établissements,
ils la comprennent, et il y aura un cheminement d'implantation de cette
normalisation. Je pense que c'étaient des commentaires importants sur le
sens d'une révision de base budgétaire.
Pour ajouter un commentaire, le député de Saint-Laurent se
demande si c'est peut-être le reflet d'un préjugé
défavorable, au départ. Je peux assurer que non; à
l'intérieur du groupe plus large des douze, mais qui sont de même
nature que les douze en question, il y en a qui n'ont pas de réduction,
certains n'ont même pas de déficit. Ce n'est donc pas une approche
systématique pour dire: Les hôpitaux généraux,
universitaires, en principe, on veut les baisser de tant pour cent, prendre
cela et le mettre ailleurs. Ce n'est pas cela. Cela découle
véritablement de ce que le sous-ministre vient d'expliquer, d'une
étude comparative du rendement de ces institutions depuis plusieurs
années.
C'est très juste de dire que la base n'est pas 1971, c'est
même 1961, c'est l'assurance-hospitalisation. Je me rappelle, à
l'époque, avoir assisté à des marathons de dernière
minute, dans les derniers mois qui ont précédé, dans
l'année fiscale qui précédait la mise en application de
l'assurance-hospitalisation, il y a des hôpitaux, à
Montréal en particulier mais je ne les nommerai pas qui se
sont garrochés pour recruter du personnel, parce que c'est ce qui allait
être la situation reconnue de fait accompli pour servir de base.
M. Forget: Sans doute! Le problème a toujours
existé, il s'agit de le corriger par une méthode qui rende
justice à tous et qui permette évidemment un délai
suffisant d'adaptation, parce qu'il est clair qu'une situation qui dure depuis
1961 ne se corrigera pas dans une quinzaine de jours. Il reste que... Je crois
qu'il n'est peut-
être pas utile d'aller plus loin, étant donné
l'heure, il y a d'autres questions peut-être plus brûlantes.
Contrats de service
J'aimerais toucher à un aspect qui a été
discuté également l'an dernier aux crédits, mais qui a
continué de faire son bout de chemin durant l'année. C'est la
question des contrats de services; en particulier la question des contrats de
services à Robert-Giffard.
Il semble que le ministère a intimé, plus ou moins,
à Robert-Giffard, l'abolition ou l'interruption d'une situation qui
avait été établie il y a de nombreuses années et en
vertu de laquelle un certain nombre d'ex-patients psychiatriques, dans un
processus qui est envisagé comme un processus de réadaptation, de
réhabilitation sociale, étaient engagés par une
société sans but lucratif, la société IMPAR, dans
des activités d'entretien ménager entre autres, pas seulement
à l'hôpital, mais aussi dans des milieux extérieurs
à l'hôpital, ce qui, au cours des années, avait permis
à un certain nombre d'ex-patients psychiatriques de se détacher
progressivement de leur milieu et de se trouver une activité, une
occupation rémunérée normale. C'est donc une espèce
de centre de réadaptation au travail par le travail rattaché
à un établissement. Il semble que tout ceci soit désormais
chose du passé suite à des indications reçues de la
part du ministère qu'on a engagé à la place des
ex-malades psychiatriques des employés syndiqués, qu'il n'existe
donc plus de débouché facile, pour ces ex-malades psychiatriques,
vers un milieu qui est semi-protégé et semi-ouvert, et qu'il y
avait une majoration de coûts de l'ordre de près de $1 million
annuellement pour le ministère et pour l'établissement en
question. Je me demande ce qui a pu motiver le ministère à
prendre une attitude comme celle-là, qui semble une régression
sur tous les plans.
M. Lazure: M. le Président, je veux rétablir les
faits, parce que, dans l'opération intégration des ex-malades
psychiatriques au personnel régulier et syndiqué de
l'hôpital, il a été bien entendu que ces individus
conservaient tous leur privilège d'entrer comme préposés
à l'entretien. Alors, il n'a jamais été question...
M. Forget: Ceux qui étaient déjà
là!
M. Lazure: ... d'exclure, au contraire, je pense que l'esprit de
cette opération était à l'opposé de ce que le
député de Saint-Laurent décrit. Cela n'a pas
été au détriment des ex-malades psychiatriques, au
contraire, c'était dans le but de donner aux ex-malades psychiatriques
un statut de travailleurs à part entière, de travailleurs
syndiqués.
M. Forget: Ceux qui étaient déjà à
l'emploi de la société IMPAR? Vous ne parlez pas des malades
psychiatriques à venir?
M. Lazure: Je vais demander à M. Cantin, qui
possède tous les détails de cette opération, d'ajouter ses
propos là-dessus, mais certainement pour ceux qui étaient
à l'emploi, pour les futurs...
Effectivement, la société IMPAR avait à son emploi
255 anciens patients de Robert-Giffard; 165 de ces anciens patients ont
été engagés lors du processus d'intégration comme
tel. Aujourd'hui, depuis l'intégration, deux ont quitté leur
emploi; donc 663 demeurent en fonction à l'intérieur de
Robert-Giffard même.
Effectivement, il est survenu un autre fait en même temps qu'un
changement de politique. La société IMPAR, qui
bénéficiait de différents contrats d'entretien
ménager, pas nécessairement dans le secteur parapublic, a perdu
d'autres contrats. Une quarantaine d'anciens patients, à ce
moment-là, s'est retrouvé sans travail. Le nouveau contractant,
qui a obtenu le contrat entreprise que je ne connais pas a
engagé les 40 anciens patients de Robert-Giffard. Effectivement, vous
allez dire aujourd'hui: Ceux qui sortent de Robert-Giffard se retrouvent sans
débouchés. Depuis un an, les dirigeants de Robert-Giffard se
questionnent énormément sur la valeur du programme
lui-même. En soi, la réhabilitation je pense que les
preuves ont été faites c'est bon, sauf que la grande
question qu'on se posait, c'est: Est-ce que ces gens doivent travailler
à l'intérieur de l'établissement où ils ont
déjà été patients?
Les autorités de Robert-Giffard remettaient elles-mêmes le
programme en cause. Donc, il y a eu également rencontre, au cours de la
semaine dernière, avec l'Association de la santé mentale pour
échanger sur les procédés qui peuvent être mis de
l'avant pour que les patients de Robert-Giffard qui pouvaient
bénéficier d'un tel programme puissent continuer à en
bénéficier. Des consultations sont en cours actuellement et il
n'y a pas de réponse définitive.
M. Forget: Pour ce qui est des conséquences de coût,
elles sont de l'ordre de celles que j'ai indiquées?
M. Lazure: C'est $500 000, M. Forget.
M. Forget: $500 000 annuellement? Pas davantage?
M. Lazure: Pas davantage. La première année, il
faut ajouter $100 000 pour les menus équipements dont Robert-Giffard ne
bénéficiait pas pour faire l'entretien ménager.
M. Forget: Et qu'on a dû acquérir?
M. Lazure: C'est cela.
Une autre remarque là-dessus, M. le Président. Le projet
de loi no 9, qui a été adopté en deuxième lecture,
prévoit que les entreprises de 50 employés et plus devront
soumettre à l'office un plan d'embauche pour personnes
handicapées. Il me paraît plus normalisant, pour d'anciens malades
mentaux qui, dans bien des cas, pourront être considérés
comme des handicapés mentaux de
par l'office, là où c'est possible, que ces individus
aillent dans des entreprises, que ce soit un hôpital ou un hôtel,
travailler comme employés syndiqués à de l'entretien
ménager, peu importe la tâche. Je pense que cette opération
s'inscrit dans l'esprit du projet de loi no 9.
M. Forget: M. le Président, on peut faire allusion
à des choses qui vont venir un jour, mais il reste que je trouve
frappant la façon assez statique avec laquelle le problème est
envisagé par le ministère, comme s'il s'agissait de régler
le problème de 65 employés dont on peut faire la liste. Il y a
des hypothèses implicites dans ce que le ministre a dit, soit qu'il est
plus normalisant, pour des malades psychiatriques, de se trouver des emplois
à l'extérieur, il est aussi plus normalisant pour des gens de ne
pas être allés du tout dans un hôpital psychiatrique. Ce
n'est pas là exactement le problème.
La question qu'il faut se poser, c'est: Est-ce que l'alternative
concrète de certains malades psychiatriques va être tout
simplement de rester à l'hôpital, sans emploi? Il y a quand
même un passage, une gradation dans le passage entre milieu
psychiatrique, qui est un milieu superprotégé, qui engendre
certaines habitudes de dépendance, qui sont bien connues,
vis-à-vis de l'établissement, vis-à-vis du milieu
institutionnel. La possibilité d'en sortir d'un coup sec et avec
succès n'est pas nécessairement offerte à tout le monde.
(20 h 30)
La formule IMPAR avait ceci d'intéressant peut-être
y avait-il des améliorations à y apporter sans
nécessairement rompre totalement avec un milieu physique et
institutionnel connu, elle permettait aux malades psychiatriques de passer
d'une étape d'un travail rémunéré dans un cadre
familier et rassurant, présumément, après cela, parce que
normalement c'est un désir qui se développerait d'une
façon spontanée et qui pourrait être provoqué, de
toute façon, à un emploi autonome à l'extérieur, en
dehors du milieu institutionnel.
L'hypothèse que le ministère semble faire, c'est que la
phase transitoire n'est pas nécessaire, qu'on est assez sûr des
méthodes de réadaptation et de réinsertion sociale des
malades psychiatriques pour pouvoir faire franchir ce pas sans
intermédiaire. Tant mieux si c'est un succès, bravo! Le moins
qu'on puisse dire, c'est que cela n'a pas l'air démontré,
d'autant plus que les $500 000 que cela coûte en plus auraient
peut-être été employés plus profitablement à
une vraie réadaptation étant donné qu'il n'y a pas trop
d'argent, semble-t-il, au ministère, pour développer les services
de réinsertion sociale et de réadaptation pour les ex-malades
psychiatriques, plutôt que de simplement le faire pour des individus, un
nombre fixe d'individus dont on se félicite presque d'avoir
assuré la sécurité d'emploi à l'intérieur de
l'hôpital psychiatrique. S'il y a quelque chose
d'antiréhabilitation, il me semble bien, c'est de s'assurer que les
ex-malades psychiatriques sont couverts par la sécurité d'emploi
pour travailler dans l'hôpital où ils étaient patients.
Cela m'apparaît le paradoxe même.
M. Lazure: M. le Président, j'ai écouté bien
patiemment l'exposé du député de Saint-Laurent qui semble
tenir pour acquis qu'on va se fier seulement sur la disposition du projet de
loi; j'ai parlé d'une disposition du projet de loi. Le projet de loi a
d'autres dispositions et c'est toujours assez agaçant quand le
député de Saint-Laurent impute une naïveté.
M. Forget: Je n'impute rien...
M. Lazure: Vous élaborez... M. le Président, ai-je
la parole?
M. Forget: On vous pose un problème précis, vous
invoquez un remède hypothétique.
M. Lazure: Vous élaborez une hypothèse fort
simpliste et ensuite, vous tenez pour acquis que c'est ce qui a
été notre hypothèse, alors que ce n'est pas le cas. Dans
le projet de loi no 9, à part les plans d'embauche des entreprises
régulières, il est prévu aussi des centres de travail
adapté, ce qu'on appelle actuellement des ateliers
protégés. Il est bien évident, à Robert-Giffard
comme ailleurs, dans d'autres grands hôpitaux psychiatriques, il y a
déjà, au moment où on se parle, des ateliers
protégés qui sont reconnus par le ministère; ce n'est
peut-être pas la formule la plus souhaitable, je pense qu'on peut
préférer qu'ils soient à l'extérieur des
hôpitaux et la plupart des ateliers protégés sont à
l'extérieur des hôpitaux parce que précisément, il
se trouve que les autorités des hôpitaux psychiatriques ont
pensé aux choses auxquelles vous pensez, M. le député de
Saint-Laurent, depuis bien longtemps, à savoir que la mise en
congé, l'insertion sociale doit être graduelle, c'est
précisément à cause de cela.
Il y a des ateliers protégés qui vont continuer d'exister
dans ces milieux, de façon que la malade qui y séjourne depuis X
mois, X années commence en atelier protégé. Il est mis en
congé, très souvent, dans une famille d'accueil ou dans un foyer;
il revient comme client de jour ou bénéficiaire de jour à
son atelier protégé jusqu'au moment où il est assez apte
à remplir un poste dans une entreprise régulière.
Une autre étape, encore antérieure à cela, c'est le
centre de réadaptation qui pourra se rencontrer dans un hôpital
qui soit psychiatrique ou qui soit pour soins physiques. Là aussi, cela
fait partie de la gamme de services très graduels qui
éventuellement, idéalement, amène l'ex-patient physique ou
mental vers une intégration au marché régulier du
travail.
M. Forget: II y a là un grand amour de l'abstraction.
Quand il y a quelque chose de concret qui fonctionne...
M. Lazure: Je ferais remarquer qu'il y a 450 ex-patients
psychiatriques de Louis-H.-Lafontaine,
par exemple, qui y retournent chaque jour dans des ateliers, M. le
député de Saint-Laurent. Je pense que c'est être
méprisant que de dire que c'est de l'abstraction. Ces gens sont en vie,
ils sont comptés tous les matins et ils oeuvrent à
l'intérieur, et surtout je pense que c'est méprisant pour les
gens qui oeuvrent avec eux et qui s'occupent des ateliers en particulier. Ce
n'est pas du tout de l'abstraction, c'est du travail très concret.
M. Forget: Sans l'indignation du ministre, je n'ai pas
l'intention d'être méprisant envers qui que ce soit. Il reste
qu'il y a beaucoup d'abstraction dans ce qu'il a dit, parce que, sans
négliger l'importance de la contribution de l'atelier
protégé à l'intérieur des hôpitaux, il reste
que c'est peut-être une étape, mais ce n'est qu'une des
étapes..
M. Lazure:... c'est exactement ce que je dis...
M. Forget: ... mais cela ne remplace du tout les autres
étapes, parce que c'est du travail essentiellement d'occupation...
M. Lazure: ... personne n'a dit que cela les remplaçait.
Vous aviez supposé que nous, nous croyions que cela allait les
remplacer, mais M. le Président...
M. Forget: Si cela ne les remplace pas, il ne faut pas l'invoquer
comme un argument.
M. Lazure: Je viens d'essayer de décrire... Je pense que
la plupart des gens ont compris, les gens qui abordent cette question avec un
esprit ouvert, qu'ii s'agissait d'une gamme de services graduels partant de la
situation où le malade est le plus malade jusqu'à la situation
où il est le moins malade.
M. Forget: C'est une échelle où il y a un barreau
qui manque. C'est cela que je vous dis. Est-ce qu'on va nous dire en vertu de
quelle convention collective ces anciens malades psychiatriques sont
désormais rémunérés?
M. Lazure: Vous parlez du nom du syndicat? M. Forget:
L'affiliation syndicale.
M. Lazure: Je vous avoue que je ne le sais pas. Je ne connais pas
l'affiliation de tous les syndicats d'hôpitaux.
Je pourrais l'indiquer demain, mais je pense que c'est la FTQ.
M. Forget: Est-ce que et cela serait vraisemblable dans ce
contexte ces travailleurs ne sont pas alors
rémunérés selon la convention, le décret de la
construction?
M. Lazure: C'est cela, je m'excuse, c'est antérieurement.
Ils étaient rémunérés suivant le décret;
antérieurement. Maintenant, ils sont rémunérés
selon la convention existante au niveau des hôpitaux.
M. Forget: Ce qui indique une majoration?
M. Lazure: C'est ce qui fait l'écart, si vous voulez, de
$500 000.
M. Forget: C'est intéressant de savoir que les
hôpitaux paient $500 000 de plus qu'on ne prévoit payer aux
ouvriers de la construction. Il me semblait que ces taux étaient
déjà fort intéressants. Il ne s'agit donc pas d'un
départ du salaire minimum.
M. Lazure: Je ne crois pas que cela soit suivant le décret
de la construction.
Je ne vois pas du tout comment un syndicat d'hôpital serait
assujetti au décret de la construction. Pas du tout.
M. Forget: Particulièrement à Robert-Giffard, le
problème s'est déjà posé, on le sait.
M. Lazure: C'est le décret des employés de
l'entretien ménager. C'est le décret des employés
d'entretien d'immeubles.
M. Forget: Ce problème, particulièrement à
Robert-Giffard, a été soulevé, puisqu'il y a des
équipes qui s'occupent de l'entretien des édifices, qui font de
la peinture, etc.
M. Lazure: C'est autre chose, M. le Président, je connais
ce problème, c'est un autre problème complètement
différent. Il s'agit d'hommes de métier dans... Cela n'a aucun
rapport avec ces gens-là.
M. Forget: Cela n'a pas de lien avec cette question?
M. Lazure: Absolument aucun.
M. Forget: Ah! bon. M. le Président, ce n'est pas un pas
en avant que cette question. Je suis loin d'être satisfait du genre de
raisonnement qu'a produit le ministre, parce que j'ai l'impression que ce n'est
pas une réaction à un cas d'espèce. Nous en avons
parlé l'an dernier, j'en parle à dessein à nouveau cette
année, parce qu'il y a une politique systématique qui semble
être appliquée par le ministère des Affaires sociales,
suite à des pressions syndicales, pour annuler ou abolir les contrats de
services qui, comme on le sait très bien, sont la cible de l'irritation
syndicale depuis longtemps, puisque c'est un domaine qui échappe
à leur contrôle. Ceci résulte en une augmentation voulue
des coûts du réseau pendant une période de restriction
budgétaire. On a $500 000, ce n'est pas le seul exemple. Je pense que je
n'ai pas besoin de donner de précisions. Il y a d'autres dossiers, il y
a d'autres établissements où une politique analogue a
été appliquée.
Est-ce que, de fait, on a des intentions analogues pour d'autres
établissements où cette politique n'aurait pas encore
été appliquée, parce qu'évidemment, comme n'importe
quelle politique, elle s'applique de façon graduelle? Est-ce
qu'il y a dans le budget de cette année ou dans les intentions du
ministère, à même les budgets existants, la
détermination de supprimer d'autres contrats de services, soit au niveau
de l'entretien ménager, soit au niveau de l'alimentation, soit au niveau
de la sécurité?
M. Lazure: M. le Président, je voudrais d'abord
rétablir les faits. Il ne s'agit pas d'une politique qui émane
des pressions syndicales. Il s'agit d'une politique à laquelle l'actuel
ministre des Affaires sociales croit depuis plusieurs années,
indépendamment des pressions syndicales, pour avoir eu
l'expérience, comme directeur d'un hôpital, de constater les
problèmes sérieux de relations de travail que cela cause dans un
hôpital, quand vous avez 40 ou 50 employés qui sont engagés
par une firme extérieure et qui connaissent des conditions de travail
inférieures et, dans bien des cas, nettement inférieures à
celles de l'ensemble des employés de la boîte. J'ai eu l'occasion,
à deux hôpitaux différents, de corriger cette situation,
indépendamment de toute pression syndicale. C'est donc une affirmation
qui n'est pas exacte.
Deuxièmement, il n'y a pas de plan systématique; nous nous
contentons, pour le moment, d'inciter les établissements à
intégrer ces employés au fur et à mesure et chaque
cas est discuté au mérite que l'établissement
lui-même ou le ministère peut absorber la différence
financière qui est impliquée. À ma connaissance, il n'y a
qu'un seul établissement où il y a des discussions en cours
actuellement pour l'intégration d'employés d'une firme
extérieure à l'entretien ménager.
M. Forget: De quel établissement s'agit-il?
M. Lazure: Sainte-Thérèse de Shawinigan.
Encore là, c'est relié à la construction de
Sainte-Thérèse de Shawinigan, où il y avait des protocoles
qui avaient été établis lors de la mise à pied
temporaire des employés, et c'était une des conditions.
M. Forget: Dans ce cas, le coût additionnel sera de
combien? A-t-il été estimé?
M. Lazure: Concernant le coût additionnel, un document doit
nous parvenir d'ici quinze jours, justement parce que cela a fait l'objet de
discussions la semaine dernière.
M. Forget: Un autre sujet, M. le Président, dans la
gestion des hôpitaux. Les difficultés de la conclusion d'une
nouvelle entente avec les internes. Est-ce qu'on voit poindre une solution de
ce côté? Il y a eu des ralentissements de travail, je pense, ou
même des grèves.
M. Lazure: On a été plutôt silencieux parce
que les négociations allaient bien depuis quelques semaines et on
voulait laisser les négociateurs de chaque côté
procéder dans la sérénité. Effectivement, ce qui a
été paraphé pour l'ensemble de la convention a
été approuvé par le Conseil du trésor. La
recommandation est positive, il reste l'étude finale par le Conseil des
ministres. On a toutes les raisons de croire que les problèmes sont
réglés.
M. Forget: Est-ce que l'objet de cette approbation du Conseil du
trésor est le projet d'entente paraphé ou s'il s'agit d'une offre
gouvernementale?
M. Lazure: Ce qui avait été paraphé.
M. Forget: C'est ce qui avait été
paraphé.
M. Lazure: Oui.
M. Forget: La question des conditions d'enseignement et
l'organisation d'unités d'enseignement, est-ce que cela fait partie de
la nouvelle entente?
M. Lazure: Non, c'est hors de la convention, c'est hors de
l'entente. On a maintenu cette position et l'autre partie s'y est
ralliée. On faisait un peu le parallèle avec l'exigence de
l'Association des dentistes, au début des négociations, de nous
voir, dans une convention, arrêter ou déterminer les fonctions des
hygiénistes dentaires. On a toujours prétendu que cela relevait
de l'Office des professions et des corporations impliquées. De la
même façon, les unités d'enseignement, les modalités
de dispenser l'enseignement aux futurs spécialistes ne relèvent
pas d'un ministère directement; cela relève de la corporation des
médecins et des facultés de médecine. On s'est entendu
pour laisser hors de l'entente toute cette question.
Contingentement des postes d'internes et de
résidents
M. Forget: J'aurais un dernier sujet, M. le Président, je
ne suis pas sûr que nous pourrons le vider dès ce soir. Ce matin,
le député de Pointe-Claire y a fait allusion. C'est le fameux
problème du contingentement des postes d'internes et de résidents
qui a été décrété par une directive qui
remonte à quelques années, sur le plan du système
général, mais qui a fait l'objet d'une nouvelle directive
émise par le ministère le 24 novembre 1977, où on
réduit le total des postes autorisés et
rémunérés par le ministère des Affaires sociales de
2100 à un chiffre de 1800, en 1978/79, à 1650 en 1979/80 et
à 1500 en 1980. En outre, on restreint encore davantage le nombre de
résidents et internes qui peuvent être
rémunérés et qui sont détenteurs d'un diplôme
étranger. (23 h 45)
Je me demande si le ministre pourrait d'abord expliquer, pas tellement
au niveau des principes généraux parce que, de ce
côté, si on ne fait pas référence à des
chiffres précis, à peu près n'im-
porte quel principe peut probablement sembler acceptable, mais en
s'aidant des projections du nombre d'internes qui sortiront des facultés
de médecine au cours des prochaines années, quel genre de
raisonnement est sous-jacent à cela. Je comprends que le nombre ne peut
pas être illimité, d'ailleurs c'est la raison pour laquelle le
ministère, en 1974, a établi un certain nombre limite, mais il
n'est pas indifférent de savoir à quel niveau on le situe. Pour
ce qui est de son niveau général, on sait, d'une part,
qu'à cause de l'augmentation du nombre de places dans les
facultés de médecine, au début des années 1970, il
y a un nombre de plus en plus grand d'internes qui doivent trouver place
c'est une obligation, je pense, du ministère des Affaires sociales
dans les universités cela fait partie intégrante de
leur formation médicale et l'abaissement du plafond, alors que ce
nombre augmente, resserre dans un corridor de plus en plus étroit le
nombre de postes de résidents disponibles.
Je comprends que le ministre va dire: On cherche à redresser
l'équilibre entre les spécialistes et les
généralistes. Certes mais, encore une fois, c'est toute une
question, à savoir: pourquoi ce nombre? Quelle étude, quelle
projection des nombres de spécialistes requis dans différentes
disciplines, dans différentes spécialisations, a permis d'en
arriver à la notion que c'était ce nombre qu'il fallait
plutôt qu'un autre? Je pense que c'est vitalement important parce qu'on
ne peut pas traiter cela comme une spéculation administrative
quelconque. C'est tout l'avenir de la profession médicale dans le fond,
au Québec, des services médicaux qui en dépendent puisque
la configuration qu'on va donner au personnel médical va durer pendant
des années. Il n'est pas du tout indifférent de savoir qu'est-ce
qui oriente le ministère là-dedans. Il doit y avoir des
études sérieuses. Les études sérieuses sont
possibles, comme on le sait, en utilisant différentes méthodes.
Je pense qu'il serait essentiel que ces études soient
publiées.
Je comprends qu'on veut redresser un équilibre mais
jusqu'où, jusqu'à quel point, de quelle façon
précise peut-on définir des objectifs de ce côté.
À ce moment-là, il serait possible d'établir un lien entre
la directive et les objectifs poursuivis. Actuellement, c'est un fait brut, un
geste d'autorité qui n'est pas expliqué sauf, encore une fois,
par des recours à des lieux communs. Même si ce sont des lieux
communs auxquels on peut souscrire, cela signifie quoi, en fait?
L'autre volet, c'est la diminution brutale qui semble avoir
été faite dans le nombre de résidents détenteurs
d'un diplôme de médecin étranger. Il semble que la
directive est si brutale que des personnes, même des citoyens canadiens
qui, pour différentes circonstances, sont détenteurs de
diplôme de médecin étranger, qui étaient valablement
inscrits selon les règles en vigueur au moment de leur inscription dans
un cours de perfectionnement, de spécialisation, en deuxième
année de résidence, aient dû être expulsées et
se retrouvent maintenant à l'assurance-chômage ou à l'aide
sociale, je ne sais trop où elles se sont retrouvées pendant un
certain temps, en pensant à ce qu'elles étaient pour faire. Je
comprends que cela ne dure pas, elles sont quand même des
médecins, mais il reste que le problème s'est posé et, si
tel est le cas ce sont les intéressés eux-mêmes qui
m'ont raconté leur histoire, je n'ai aucune raison d'en douter, ils
m'ont donné des faits, des chiffres précis je crois que
c'est là une utilisation exagérée du pouvoir de directive
parce que cela affecte directement des individus, en changeant les
règles du jeu en plein milieu d'un cours auquel ils étaient
valablement inscrits. Je comprends qu'on dise aux gens: Ne vous inscrivez pas
en première année d'un programme de spécialisation, parce
qu'il n'y a pas de place. Mais quand on est rendu en deuxième
année, cela va un peu loin, il me semble.
M. Lazure: M. le Président, j'ai du mal à me
contenir devant des affirmations surtout la dernière aussi
inexactes. Je mets au défi le député de Saint-Laurent de
relever ces cas, de nous donner les noms de résidents de deuxième
année qui auraient été expulsés du réseau.
Je pense que ce n'est pas responsable d'affirmer cela.
M. Forget: Oui, des résidents à qui une
faculté de médecine de la région de Montréal a dit:
Désolé, étant donné le nouveau plafond, il n'y a
plus de place pour vous.
M. Lazure: Cela peut être un chantage d'une faculté
quelconque, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Cela a été fait en tout cas!
M. Lazure: Je vous demande encore une fois de nous soumettre le
nom, parce qu'il n'est pas du tout, ni dans les principes, ni dans
l'application de cette directive, d'expulser des gens qui sont rendus en
deuxième année.
M. Forget: D'accord.
M. Lazure: Je veux rappeler d'abord à la commission que ce
mouvement de diminution des postes payés et à cela, M. le
député de Saint-Laurent n'y a pas fait allusion, mais il faut le
dire dès le départ... La directive que nous donnons indique qu'il
s'agit de postes payés d'internes résidents, ce qui n'exclut pas
qu'une faculté de médecine accepte au-delà du
contingentement...
M. Forget: Ce seraient de purs esprits! Faire quatre ans de
résidence non payé, je ne sais pas qui va faire cela!
M. Lazure: C'est important de le dire. En tout cas, cela fait
partie du rétablissement des faits.
Deuxièmement, cette tentative de réduire
éventuellement le pourcentage de spécialistes qui est
actuellement au-delà de 60% au Québec, alors que,
généralement, dans les pays occidentaux c'est environ 40%
a été commencée
par le gouvernement antérieur. Exemple: II y avait eu, sous le
ministre des Affaires sociales précédent, aujourd'hui
député de Saint-Laurent, une directive émise pour limiter
à 15% le nombre des internes et résidents étrangers. Cette
directive n'a pas été respectée, dans le réseau de
l'Université McGill de façon plus précise. Nous maintenons
cela à 15% et il n'y a pas de changement sur le pourcentage des
étrangers, contrairement à ce que vous et certaines personnes
laissez entendre, il n'y a pas de geste brutal vis-à-vis des
étrangers, c'est laissé à 15%.
Il y a actuellement, pour la fin de l'année 1977/78, exactement
2005 internes et résidents dans le réseau. Il y avait des postes
théoriques, si vous voulez, au nombre de 2100 pour l'ensemble du
réseau, mais on part avec une situation de fait où 2005 postes
seulement ont été remplis. Il y a donc une diminution de 2005
à 1800; cette diminution a été discutée,
négociée durant des mois, avec les quatre facultés de
médecine du Québec et avec la Corporation des
médecins.
Il est bien sûr que les facultés de médecine
auraient préféré garder le statu quo et la Corporation des
médecins aussi, mais j'ai eu, de la part des facultés aussi bien
que de la corporation, des réactions à l'effet qu'on peut vivre
avec cela, surtout après avoir eu l'assurance que le nombre, pour
1979/80, sera discuté. On a indiqué un plan triennal qu'on
voulait réaliser, mais on a donné l'assurance aux facultés
et à la corporation que, d'année en année, il y aurait une
nouvelle discussion de ces nombres, à la lumière de
l'expérience de la première année.
Ceci étant dit, sur les 1800 postes, il faut en enlever environ
500 qui sont des postes d'internes si on veut parler des
résidents. En ce qui concerne les postes d'internes, c'est le statu quo,
la directive affecte en réalité les résidents. Il reste
donc grosso modo un total d'environ 1300 postes de résidents.
Nous voulons que des 550 finissants en médecine, il en ait
environ 40% qui se dirigent vers des spécialités. Je vous
épargne tous les calculs que j'ai ici, mais on pourra les transmettre
par écrit au député de Saint-Laurent, s'il le
désire, demain. En établissant à 40% le pourcentage des
finissants dans chaque faculté de médecine qui trouveraient place
dans des spécialités cela correspond à peu
près, de toute façon, à l'état actuel des choses
à ce moment-là, il reste suffisamment de postes de
résidence pour la clause de 15%. Il en reste suffisamment. Là
où on a des représentations, c'est curieux, c'est seulement du
côté de l'Université McGill. Cela s'explique très
facilement, très rapidement, pas par des abstractions, mais par des
faits très concrets, à savoir que, comme je l'ai dit
tantôt, l'Université McGill n'a pas tenu compte de la directive de
l'ancien gouvernement, du ministère des Affaires sociales sous l'ancien
gouvernement. Elle a largement dépassé les 15%. On lui demande de
tenir compte d'une directive qui date de 1976. Cela se résume à
cela. Enfin, on a aussi fait exclusion des ententes qui ont déjà
été conclues entre le Québec et d'autres gouverne- ments
pour l'admission d'internes ou de résidents. Ceux-là sont
comptés en sus des 1800.
Si cela fait mal, que ce soit par la bouche du député de
Pointe-Claire ou par l'intermédiaire du député de
Saint-Laurent, si cela fait mal dans certains quartiers, c'est que pour
l'Université McGill... je pense que le ministère rétablit
une situation qui était absolument inacceptable. Par exemple, des 2005
postes comblés en juin 1978, 840 étaient des postes payés
dans le réseau de l'Université McGill. Avec les nouveaux
chiffres, le nouveau contingentement de 1800, il en restera quand même
670 à l'Université McGill, ce qui est largement supérieur,
au point de vue démographique, au pourcentage de la population
anglophone du Québec. Ce qui permet donc à McGill de continuer
d'absorber un nombre important d'étudiants qui choisissent d'aller du
côté anglophone.
M. Forget: M. le Président, il y a plusieurs
simplifications dans l'exposé du ministre...
M. Lazure: Par exemple.
M. Forget: Par exemple, sa dernière affirmation, sa
comparaison favorite entre le pourcentage d'anglophones au Québec et le
budget ou le nombre de postes dans certains hôpitaux de Montréal
qu'il qualifie d'anglophones, qui le sont effectivement, mais qui ne comptent
pas parmi les résidents, les internes ou les patients seulement des
patients anglophones ou des internes anglophones. Il y a un bon nombre de
médecins francophones et de patients francophones qui fréquentent
ces hôpitaux. Alors, l'application simpliste de pourcentages comme
ceux-là n'est pas de nature à aider les efforts de persuasion du
ministre...
M. Lazure: ... d'internes, de finissants en médecine, de
résidents dans le réseau de McGill que je connais au moins aussi
bien que le député de Saint-Laurent, il y a très
très peu de francophones dans ce réseau et je vous mets au
défi de prouver le contraire.
M. Forget: Très, très peu. Tout dépend,
évidemment, des attentes du ministre qui voudrait les voir là,
à cent pour cent, prétendument. Il reste qu'au niveau des
patients, c'est très élevé, et au niveau des
médecins, c'est appréciable. Il demeure que ce n'est pas
seulement du côté de l'Université McGill et des
hôpitaux qui en dépendent qu'il y a des problèmes, il y en
a d'autres qui ont été soulignés à
l'Université de Montréal en particulier.
Pour ce qui est des 10% je me hâte, parce qu'on approche
minuit, M. le Président le ministre prétend ne pas se
retrouver dans sa directive du mois de novembre, je l'invite à consulter
le paragraphe 2a où, effectivement, on dit que c'est 15% pour
l'ensemble, mais c'est 10% pour les médecins qui sont, pour
l'année 1978, résidents 1. Donc, il y a véritablement un
resserrement, puisqu'on resserre au niveau de la première
année.
M. Lazure: Quand on parle de 15%, comme d'ailleurs de tous les
autres chiffres, c'est pour l'ensemble des quatre années, l'ensemble du
réseau, ce qu'on appelle le réseau.
M. Forget: Mais l'exigence de 10% en première
année, elle est nouvelle?
M. Lazure: Pour la première année, oui. La
première année représente, grosso modo, pour les
résidents, les futurs spécialistes, un quart, un peu moins d'un
quart du nombre total. Alors, pour l'ensemble, c'est beaucoup plus près
de 15% que de 10% mais, effectivement, pour les nouveaux, ce sera 10%.
M. Forget: Maintenant, la proportion de 40% à 60%...
M. Lazure: Je ferai remarquer aussi que ces 10%, on les retrouve
dans la plupart des facultés de médecine à travers le
pays.
M. Forget: Peu importe; encore une fois, c'est comme les
comparaisons pour les pharmaciens. Il ne s'agit pas de savoir qu'est-ce qu'on
fait en Colombie-Britannique, mais de savoir si on a des raisons
adéquates de faire ce qu'on fait ici. Pour ce qui est du niveau
de...
M. Lazure: J'ai donné des chiffres adéquats, des
raisons adéquates.
M. Forget:... 40% à 60%, M. le Président, c'est une
opinion...
M. Lazure: Ce n'est pas une opinion.
M. Forget: ... c'est une option qui n'est pas basée sur
aucune étude, semble-t-il...
M. Lazure: Ce n'est pas une opinion. Je vous ai parlé de
façon très concrète, j'ai fait la démonstration que
nous ne pénalisions en rien les gens qui sont actuellement dans le
réseau.
M. Forget: ... objectif qu'il faut viser...
Le Président (M. Laplante): Je pense que ce serait un bon
sujet sur lequel on continuera demain. Nous ajournons les travaux de cette
commission sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)