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Négociations entre les dentistes et le
gouvernement
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, mesdames et
messieurs! C'est l'ouverture de la commission parlementaire des affaires
sociales. Elle est réunie ce matin sur avis donné par le leader
de l'Assemblée nationale pour entendre les représentants de
l'Association des chirurgiens dentistes du Québec.
Les membres de cette commission sont: M. Forget (Saint-Laurent), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Martel (Richelieu), M. Paquette (Rosemont),
M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw (Pointe-Claire).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Couture (Saint-Henri),
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Marcoux (Rimouski), M. Marois (Laporte), M. Roy (Beauce-Sud),
M. Saindon (Argenteuil).
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous changer M. Saindon pour M. Michel
Pagé?
Le Président (M. Laplante): M. Pagé (Portneuf)
remplace M. Saindon (Argenteuil).
M. Grenier: M. le Président, j'aimerais avoir une
directive au départ.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Jeudi, nous nous sommes quittés, en Chambre,
sur un ordre de la Chambre, qui nous demandait de rencontrer ce matin l'Ordre
des dentistes du Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député,
j'y arrivais. Mais, au préalable, j'aimerais que l'on propose un
rapporteur.
M. Charron: Je proposerais M. Gosselin (Sherbrooke).
Le Président (M. Laplante): M. Gosselin (Sherbrooke) est
nommé rapporteur. Le leader du gouvernement aurait des explications
à donner concernant cet ordre de la Chambre.
Discussion préliminaire
M. Charron: M. le Président, je m'excuse de devancer un
peu le point qu'allait soulever le député de
Mégantic-Compton. Je voudrais clarifier un certain nombre de choses,
d'autant plus que même si cela devient une pratique à laquelle
accepte de se livrer maintenant l'Assemblée nationale, on ne peut pas
dire que cette façon de procéder à des commissions
parlementaires, dans des cas de conflits de travail ou dans des cas similaires
à celui qui nous réunit ce matin, soit encore assez vieille dans
la pratique de l'Assemblée pour qu'on puisse fonctionner sur une
jurisprudence à toute épreuve.
Effectivement, il est arrivé, à la demande de l'une ou
l'autre des parties, à l'initiative du gouvernement, ou, à la
fois, sur demande de l'Opposition, que l'on invite les deux parties à un
conflit à se présenter et à s'expliquer devant la
commission parlementaire. Tous les membres de l'Assemblée qui sont ici
vont très bien comprendre le sens premier de mon intervention de ce
matin.
Il est évident que nous ne sommes pas ici, enfermés en
conclave, pour en sortir avec un règlement négocié. Nous
sommes ici pour la journée d'aujourd'hui seulement la commission
sera donc libre de poursuivre ses travaux aussi longtemps qu'elle le voudra
dans la journée, mais il n'est pas question, dans l'immédiat, de
la rappeler au-delà de la séance d'aujourd'hui pour
entendre, effectivement, je dirais sur la place publique, ce que le
gouvernement et les professionnels de la santé qui sont impliqués
dans le dossier actuel se disent ou ne se disent pas, depuis un certain temps,
à une table de négociation dont nous n'avons, de part et d'autre,
que des échos. Les véritables représentants sont donc ici
aujourd'hui; c'est le sens premier et, je dirais, c'est le sens unique de la
réunion qui devrait occuper la commission des affaires sociales pour la
journée d'aujourd'hui. (10 h 15)
M. le Président, je voudrais aussi dire et un peu clarifier
l'imbroglio qui a pu exister autour de l'avis donné à la
commission des affaires sociales pour sa séance de ce matin.
Effectivement, le jeudi 2 novembre, mon collègue, le ministre des
Affaires sociales, a exprimé à l'Assemblée, en
complément de réponse à une question qui avait
été posée par Mme le député de L'Acadie,
l'initiative que prenait le gouvernement de convoquer cette commission
parlementaire. Il a alors fait état que cette commission serait ouverte
aux deux parties actuellement en négociation, c'est-à-dire, d'une
façon très concrète, l'Association des chirurgiens
dentistes du Québec, d'une part, et le gouvernement du Québec,
d'autre part. Le but même, tel qu'il a été compris, je
pense, par l'ensemble des membres de l'Assemblée, aurait dû se
retrouver dans le libellé même de la motion que j'ai
moi-même improvisée sur-le-champ, je dois dire, lorsque j'ai
donné mention des travaux de la Chambre pour cette semaine, en
mentionnant qu'il s'agissait de recevoir les représentants de l'Ordre
des dentistes.
Je voudrais solliciter le consentement de tous pour corriger cette
mauvaise impression. J'imagine que tous les membres de l'association qui se
feront entendre sont à la fois membres de l'Ordre des dentistes, mais
c'est comme membres de l'association, leurs représentants, leurs
porte-parole, c'est-à-dire ceux qui négocient en leur nom que
nous devons les entendre et aucunement comme membres de l'Ordre des
dentistes.
Pour éviter tout impair, nous avons communiqué avec les
représentants de l'Ordre des dentistes, dans la journée de
vendredi, pour leur éviter tout déplacement inutile, ce qui ne
les empêche pas, bien sûr, d'assister, comme observateurs
peut-être, je n'en sais rien, aux travaux d'aujourd'hui, mais les
véritables parties, comme a dit le ministre des Affaires sociales, qui
ont été convoquées sont le gouvernement du Québec
et l'Association des chirurgiens dentistes du Québec.
Une toute dernière précision: je crois que la commission
devrait s'en tenir à son mandat, tel que, tout homme de bonne foi,
à l'Assemblée, l'a compris, c'est-à-dire tout membre de
l'Assemblée qui a bien voulu suivre attentivement l'annonce de cette
séance d'aujourd'hui, c'est que nous devrions nous en tenir il me
semble que c'est déjà assez chargé comme cela aux
deux parties, effectivement. Bien sûr, je voudrais dire que la commission
est libre, au besoin, d'étendre à d'autres personnes des
témoignages, si elle en a besoin. Le mandat qui nous réunit, ce
matin, a pour but d'entendre les deux parties et non pas d'étendre la
discussion à toutes sortes de phénomènes sociaux,
peut-être très importants, très intéressants, mais
qui ne sont pas l'objet de la réunion de la commission des affaires
sociales.
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Grenier: M. le Président, sur la question de
règlement que j'ai soulevée tout à l'heure, et qui n'est
pas éclaircie. La question de règlement que j'ai voulu soulever
au départ, c'est que l'article 158 nous dit, de façon bien
claire, qu'une commission ne peut modifier dans son principe une proposition
qui a déjà été acceptée par
l'Assemblée nationale. Or, la proposition de l'Assemblée
nationale était que nous devions recevoir aujourd'hui l'Ordre des
dentistes du Québec et nous sommes devant l'Association des chirurgiens
dentistes du Québec. J'ai bien l'impression que depuis trois ans, on
devrait au moins avoir appris leurs noms dans les négociations qu'on a
entamées.
M. Charron: C'est pour cela que...
M. Grenier: J'aimerais bien rendre claire une autre chose aussi.
Je veux bien qu'on reçoive l'Association des chirurgiens dentistes et
qu'on reçoive également l'Ordre des dentistes du Québec,
mais je ne voudrais pas qu'aujourd'hui, on siège illégalement
pour se faire dire dans deux jours que la commission ne pouvait pas modifier le
mandat qui était donné par l'Assemblée nationale.
M. Charron: Donc, pour éviter toutes ces chinoiseries, je
sollicite le consentement de chacun des membres de l'Assemblée, comme
quoi ils peuvent s'entendre pour entendre l'Association des chirurgiens
dentistes, étant donné que ce qu'avait annoncé à
l'Assemblée c'est dans le journal des
Débats, de jeudi dernier, à la page 3470 le
ministre des Affaires sociales, ce qui n'a pas été
transposé dans l'écrit même de la motion, c'est
l'Association des chirurgiens dentistes du Québec et le gouvernement du
Québec.
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il m'appa-raît
important que nous puissions aussi entendre des représentants de l'Ordre
des dentistes. Ils sont quand même responsables. Sur le plan
professionnel, ils assument des responsabilités à l'égard
de la population du Québec. Je ne vais donner qu'un exemple. Un des
points en litige, c'est la fameuse question de prévention. Je pense que
l'Ordre des dentistes, sur les plans technique et professionnel, pourrait
peut-être apporter des éclairages extrêmement
intéressants sur cet aspect, qui est quand même un point important
de toute cette négociation, même si cela n'a pas été
dit très ouvertement. Je pense qu'on aurait tout avantage à ce
que l'Ordre des dentistes puisse se faire entendre, qu'on puisse lui poser des
questions.
M. Charron: M. le Président, je voudrais dire à Mme
le député que je n'ai pas d'objection à ce que I'on
entende l'Ordre des dentistes étant donné que I'imbroglio est
peut-être même à l'origine de leur présence ou, en
tout cas, leur intérêt professionnel...
Mme Lavoie-Roux: Je pense...
M. Charron: ... est sans doute une motivation a leur
présence. J'ai dit tout à l'heure que je laisse la commission
libre d'entendre, au besoin, I Ordre des dentistes, par exemple, au-delà
des deux parties. Il me semble très important qu au début l'on
entende d'abord, comme le dit le mandat de la commission, les deux parties.
Mme Lavoie-Roux: Pour ma part, M. le Président, je pense
qu'il nous laisse libres... On sait fort bien qu ici, s il fallait prendre un
vote dans quelques minutes, si on ne s'entendait pas, I'Opposition serait
forcément minoritaire. Je pense que c'est une question de principe
d'entendre l'Ordre des dentistes. Alors, je veux quand même un engagement
formel de la part du ministre.
M. Lazure: M. le Président, sur cette question de fond, je
n'ai aucune espèce d'objection à ce que nous entendions l'Ordre
des dentistes. Je veux simplement placer notre séance dans le contexte
particulier qui est celui d'un litige entre l'Association des dentistes et le
ministère des Affaires sociales, le gouvernement du Québec.
Ceci étant dit j'espère que l'accent va être
mis sur ça pour ma part, je n'ai aucune espèce d objection
à ce qu on entende l'Ordre des dentistes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, comme le leader du
gouvernement veut replacer les choses
dans un libellé qui soit conforme aux règles des
commissions parlementaires ou de l'Assemblée nationale, est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu que, formellement aussi, si le ministre est d'accord pour que
nous entendions l'Ordre des dentistes, il soit aussi convoqué d'une
façon officielle et selon les règles appropriées pour que
nous puissions I'entendre plus tard cet après-midi ou ce soir, selon le
cas.
M. Lazure: M. le Président, là, il se pose un
problème, parce que, évidemment, si on se met à convoquer
de façon officielle d autres groupements que ceux qui sont partie
immédiate au litige, tels que l'Ordre des dentistes, ce à quoi je
n'ai pas dobjection, il faudrait être conscient qu'on puisse avoir des
demandes venant d autres groupements, et je pense en particulier au groupement
qui s'appelle la Corporation des hygiénistes dentaires. Alors, je veux
simplement dire qu'on ouvre une boîte de Pandore, jusqu'à un
certain point, et ça va nous mener où? Pour ma part, je suis
prêt à donner mon consentement à ce qu'on entende l'Ordre
des dentistes.
Je pense qu'il faut se rappeler, au niveau du sens commun, qu'il s'agit
d'une erreur pure et simple dans le libellé de la résolution
présentée par le leader; il l'a expliqué lui-même.
Il s'agit d'une erreur pure et simple, d'un malentendu et, dans ce
contexte-là, il eût été plus simple si on avait fait
une entente pour n'entendre que les deux parties. Mais si l'Opposition insiste
pour que l'ordre soit entendu, pour ma part, je n ai pas d'objection, mais,
à ce moment-là, je dis que cela ouvre la porte à d'autres
groupements qui pourraient être entendus.
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-là, M. le Président,
il reste qu'il y a un problème de fond derrière tout cela. Il y a
la question financière, mais il y a aussi d'autres questions, la
protection de la population, des services qu'on lui donne; les
hygiénistes pourraient peut-être être entendus s'ils le
désirent. Si on prend la peine de convoquer une commission parlementaire
pour étudier un problème qui touche l'ensemble de la population,
qu'on prenne le temps qu'il faut pour le faire et, s'il y a d'autres personnes
qui veulent se faire entendre, qu'elles se fassent entendre.
M. Charron: Entendons-nous alors sur le fait que on
connaîtra les voeux de la commission, à la suite des
libellés pour convoquer et entendre les deux parties s'il doit y
avoir une autre séance où l'Ordre des dentistes sera formellement
invitée comme l'Association des chirurgiens dentistes du Québec
l'a été et pourra nous assurer de sa présence je ne
peux pas vous garantir qu'en leur communiquant un avis aujourd'hui, ces gens
peuvent être disponibles, à moins que, spontanément,
certains de leurs représentants ne soient ici, comme je l'imagine, je
n'en sais rien lors d'une autre séance... Si vous voulez ouvrir
si c'est le désir de la commission la porte à la
Corporation des hygiénistes dentaires aussi, nous le ferons lors d'une
séance que nous fixerons ensemble, après consultation de
l'Opposition, à une date ultérieure qui ne peut être
demain. Je dis qui ne peut être demain. Pour aujourd'hui, tenons-nous-en
à ce qui a fait l'unanimité de l'assemblée,
c'est-à-dire à entendre les deux parties.
Si les membres de la commission estiment qu'on devrait ouvrir les
travaux à d'autres gens, ils seront dûment convoqués comme
ceux-ci l'ont été.
M. Grenier: M. le Président, il est sûr que
l'ensemble du problème peut être traité avec l'Association
des chirurgiens dentistes. Maintenant, il serait fort intéressant de
rencontrer aussi l'Ordre des dentistes. Si c'est possible, j'aimerais qu'on
l'indique, mais je ne vois pas, pour aujourd'hui et dans le présent
conflit, la nécessité de recevoir d'autres organismes pour
régler ce conflit d'une façon définitive.
L'autre partie de la question, c'est que je voudrais bien être
sûr je suis prêt à donner mon consentement et je veux
bien entendre les gens qui sont ici, qui se sont déplacés
parce que l'article de la loi est très précis et dit bien qu'une
commission ne peut modifier, dans son principe, une proposition qui a
déjà été acceptée par l'Assemblée
nationale.
M. Charron: C'est l'assemblée qui sera invitée
à le faire elle-même.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, messieurs les membres de la commission, il est vrai
que la présidence est prise, actuellement, avec l'article 158, et je ne
voudrais pas qu'un précédent soit créé. J'aurais
peut-être une offre à faire, à ce moment-ci, aux membres de
la commission. Ce serait de respecter l'ordre de la Chambre et de
présenter une motion tout de suite, de faire appel à l'Ordre des
dentistes, même si les membres sont absents, étant donné
que c'est le désir unanime, afin que des représentants puissent
se faire entendre soit à la fin de la journée ou au cours d'une
autre journée et de faire motion tout de suite pour inviter
l'Association des chirurgiens dentistes à venir se faire entendre pour
respecter le voeu exprimé à l'unanimité des membres. De ce
fait, il n'y aurait pas de précédent de créé par ce
qu'on appelle une erreur technique de la Chambre. Nous sommes liés.
Personnellement, j'aurais beaucoup de difficulté à trancher
autrement ce problème, parce que je suis lié par l'article
158.
M. Charron: Vous avez raison, M. le Président. Ce que je
peux dire, c'est que l'avis est donné pour la seule séance de ce
matin. Si nous voulons que la commission poursuive son travail cet
après-midi, il faudra faire une motion, et celle-là sera en bonne
et due forme à l'égard de nos invités cet
après-midi même lors de la période des questions. Il s'agit
donc de fonctionner entre hommes et femme de bonne volonté pour
poursuive la séance de ce matin...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez failli l'oublier.
M. Charron: Je ne peux pas vous oublier, madame. ...
jusqu'à 13 heures, avec le consentement de tout le monde.
M. Grenier: M. le Président, une dernière
information.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Qu'on comprenne bien que je donne mon consentement,
il n'y a pas de problème, puisqu'on pourra le faire ratifier par la
Chambre cet après-midi. Quant à l'autre proposition d'entendre
d'autres personnes après, je ne voudrais pas non plus que cela
débouche sur une série d'organismes qui pourraient venir ici et
étirer le problème encore. Cela fait assez longtemps, je pense
bien, après trois ans. Il serait peut-être temps qu'on
décide et qu'on arrête de recevoir du monde. Si on n'a pas assez
de lumière à partir de maintenant, quand on aura entendu l'Ordre
des dentistes et l'Association des chirurgiens dentistes, je pense qu'à
ce moment-là, il y aurait d'autres voies à exploiter que de
commencer à recevoir d'autres groupes du Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le président, pour le bon ordre de nos
travaux, je pense qu'il est préférable, de toute
façon, de commencer par entendre la position du gouvernement et celle
des différents partis, comme c'est l'usage dans nos commissions
parlementaires, et ensuite il me semble qu'il serait dans l'ordre d'entendre
l'autre partie qui négocie avec le gouvernement. J'en fais donc motion,
M. le Président. Par la suite, comme l'ordre de la Chambre parle d'une
convocation de l'Ordre des dentistes, je pense que cela va de soir qu'on pourra
entendre dans le reste de la journée, peut-être, si c'est
possible, l'Ordre des dentistes. Je fais motion, M. le Président, pour
recevoir l'association comme premier groupe.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II semble qu'on a quand même la parole du
ministre pour pouvoir éventuellement... Il serait souhaitable que ce
soit au cours de la journée qu'on puisse entendre l'Ordre des dentistes,
parce que sinon, on va se trouver dans une position où d'une part, on
entend une partie et, d'autre part, on entend l'autre partie.
Puisque le gouvernement a souhaité de nous transformer en une
espèce de table de négociation, d'une façon un peu
indirecte, est-ce que les gens qui parlent les premiers peuvent avoir un droit
de réplique à l'autre partie? Voyez-vous, on sait que c'est fort
complexe. Même nous, on a toujours en tête 28,5% et 7,5%. Je pense
que ces deux chiffres sont devenus presque symboliques. Vous avez l'Association
des dentistes qui va nous expliquer, je présume, ce que contiennent ces
28%. Vous avez ensuite l'autre partie qui vous explique les 7.5%.
Est-ce qu'il y a moyen que les gens puissent avoir un droit de
réplique, d'un côté comme de I autre? (10 h 30)
M. Charron: II faut faire preuve, il me semble, d'une certaine
souplesse autour de cette discussion qui doit durer une bonne partie de la
journée.
Mme Lavoie-Roux: On peut être inondé de chiffres
qui, finalement, ne nous avanceront pas.
M. Lazure: M. le Président, je le vois comme ça. Je
pense bien que, pour que ce soit fructueux, il faut qu'il y ait un
échange après les exposés.
M. Charron: Pour que ce soit encore plus fructueux, il faudrait
que ça débute.
M. Grenier: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sur cette motion, est-ce que je dois comprendre
qu'à ce moment-là, avant de prendre des décisions, parce
que le ministre nous avait dit la semaine passée que c'était un
problème sur le point d'être réglé, à peine
quelques heures, c était prêt, or, on se rend compte qu il y a
déjà une semaine de passée, ce n'est pas...
M. Lazure: II n'y a pas de question de privilège, mise au
point, M. le Président, le député de
Mégantic-Compton recourt à son procédé habituel de
charriage...
M. Grenier: Non, non.
M. Lazure: ... et d'exagération. Je n'ai jamais dit en
Chambre que c'était une question de quelques heures.
M. Grenier: Non, non. J'ai fait appel...
M. Lazure: Je n'ai jamais dit en Chambre...
M. Grenier: M. le Président...
M. Lazure: ... et je mets au défi le député
de Mégantic-Compton de me citer...
M. Grenier: Ce n'est pas une question de privilège du tout
qu'il soulève là.
Mme Lavoie-Roux: ... dernier...
M. Lazure: ... le journal des Débats, qu'on me cite le
journal des Débats.
M. Grenier: Oui, M. le Président, je vais relever la
question que j'ai posée en Chambre quand j'ai dit: Vous ne vous rendez
pas compte qu'il y a des choses qui ne tournent pas rond. Vous avez
répondu: Non, non, ça va bien, c'est sur le point de se
régler, quelques heures.
M. Lazure: Qu'on me cite le journal des Débats, M. le
Président.
M. Grenier: Je l'aurai cet après-midi en Chambre, pour une
question additionnelle.
M. Lazure: On l'attendra, on verra.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, on entrera dans le vif du sujet lorsqu'on aura
réglé le problème de l'association et de l'Ordre des
dentistes.
M. Grenier: Très bien. Maintenant, à la suite
à ça, je n'ai pas terminé, M. le Président, je
voudrais savoir si on devra attendre que l'Ordre des dentistes vienne nous
rencontrer. Le leader dit que c'est difficile aujourd'hui et que ce sera encore
plus difficile demain. Est-ce qu'on devra attendre qu'il nous revienne une
autre journée avant de continuer les discussions avec l'Association des
chirurgiens dentistes ou si on sera prêt à trancher le
débat? Si on est prêt à trancher le débat sans les
avoir rencontrés, inutile de se battre et de les faire venir ici. Si on
doit les attendre, c'est encore au moins deux ou trois jours, d'après ce
qu'on vient d'entendre, avant qu'on puisse procéder à des
discussions franches avec l'Association des dentistes.
C'est un peu bizarre, la commission de ce matin. Il faut l'admettre.
M. Charron: Procédons donc dans le sens de la motion du
député de Rosemont, à entendre les parties qui sont
présentes ici. En cours de journée, on verra bien, d'abord, si
les représentants des organismes sont sur les lieux. S'ils n'y sont pas,
ça fait déjà une différence. On va entrer en
contact immédiatement avec eux, autant que possible, pour les convoquer
pour ce soir. J'imagine que dans le conflit actuel, ils vont être plus
disponibles, ils demanderont moins de délai qu'en d'autre temps. Pour le
moment, commençons donc à entendre des parties, ce qui est
l'objet même de la rencontre de ce matin.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'éprouve un certain plaisir à entendre
le député de Saint-Jacques nous parler des parties comme s'il
s'agissait de deux parties privées. Je suis personnellement
intéressé de savoir comment la partie patronale, le gouvernement,
dans ce cas-ci, va aménager sa participation à la commission
parlementaire. Est-ce que le ministre va aller s'asseoir en face de nous ou
s'il va rester de ce côté-ci de la table? Ou est-ce qu'il va faire
parler quelqu'un d'autre à sa place, à la table d'en face?
M. Lazure: M. le Président, je ne relèverai pas ces
remarques qui sont plutôt légères de la part du
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
laisser le ministre dire qu'il s'agit seulement de remarques. Je pense que
c'est fondamental; le gouvernement, depuis quelque temps, lorsqu'il est
impuissant à régler une négociation avec qui que ce soit
ou à effectuer son travail de gouvernement, se sert de la commission
parlementaire comme d'un instrument additionnel.
Il serait important de savoir, puisque l'on crée des
précédents au fur et à mesure que l'on procède, de
quelle façon le gouvernement entend "entendre les deux parties". Il y a
une partie qui est clairement identifiable, il n'y a pas d'erreur à y
avoir, soit l'Association des chirurgiens dentistes du Québec. Mais
quant à l'autre partie, il s'agit de la majorité ici, à
cette commission. Est-ce qu'on va se diviser, se dédoubler, ou si le
ministre va faire siéger ses négociateurs et prendre, à
son égard, une attitude très lointaine ou la traiter comme une
partie ordinaire à la table des négociations?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, excusez-moi si je vous coupe. Pour le bon ordre de cette
commission, je dois dire que déjà il y avait une motion qui
était annoncée. Il serait peut-être
préférable que l'on règle cette motion et que je vous
redonne le droit de parole pour poser toutes ces questions pour le groupe
à venir.
Je considère que le groupe à venir pourrait être le
groupe du ministre et que l'on tranche en deux ces aspects.
M. Forget: Est-ce que la motion que vous avez devant vous ne vise
pas à entendre les parties?
Le Président (M. Laplante): On n'a nommé qu'une
partie qui était l'Association des chirurgiens dentistes. Si on pouvait
régler ce problème en partant, on pourrait commencer par votre
question. Je peux vous donner la parole pour la première question, pour
d'autres organismes. Je peux dire que le ministre est un organisme à
inviter.
M. Forget: M. le Président, il est habituel, au
début d'une commission parlementaire, que l'on clarifie la façon
d'agencer nos travaux.
Le Président (M. Laplante): Exactement.
M. Forget: La nature de ma question, M. le Président,
c'est de savoir quelle est la nature de l'autre partie.
M. Lazure: M. le Président, en réponse à
l'intervention du député de Saint-Laurent, je voudrais faire
remarquer que ce qu'il soulève est, au fond, toute
l'ambiguïté des négociations de la part d'un
gouvernement que ce soit le gouvernement actuel ou le
gouvernement antérieur avec, soit des professionnels
exerçant au Québec, soit des employés non professionnels
syndiqués du réseau parapublic ou de la fonction publique.
Cette ambiguïté, nous ne l'avons pas inventée. C'est
cette ambiguïté appréhendée qui faisait dire à
un certain premier ministre, un jour: La reine ne négociera jamais avec
ses sujets. Or, la reine a commencé à négocier avec ses
sujets il y a pas mal d'années, avec toute la complexité et
l'ambiguïté que cela comporte.
Je pense que c'est une situation sérieuse. De bonne foi, nous
offrons cette tribune pour faire en sorte que les deux parties et je
répète, les deux parties expliquent le mieux possible, le
plus complètement possible aux élus et à la population
leur position. Ceci étant dit, il n'est pas nécessaire pour cela
de jouer un jeu, un psychodrame qui consisterait à aller faire
siéger le ministre des Affaires sociales à côté du
président de l'Association des dentistes. Je pense que ce serait un jeu
un peu enfantin qui ne tromperait personne, mais si le député de
Saint-Laurent veut dire qu'il y a beaucoup d'ambiguïté, j'en suis
je partage sa constatation. Cette situation est pleine d'ambiguïté,
mais nous essayons de la résoudre le mieux possible dans le cadre
actuel.
M. Forget: M. le Président, je me permets d'insister. Je
laisse au ministre des Affaires sociales le soin de parler de psychodrame, mais
il reste qu'il n'a pas répondu clairement à la question, à
moins de nous dire ce qui est une parabole, que c'est la reine qui va
siéger comme autre partie ici et s'exprimant par la voix du ministre
Lazure, ce qui...
M. Grenier: God save the Queen.
M. Forget: ... est certainement une grande nouvelle, mais elle ne
nous éclaire pas beaucoup. Il demeure qu'il y a deux
possibilités, il y a une possibilité qui est que l'équipe
de négociation qui a fait face à l'Association des chirurgiens
dentistes pendant les derniers mois, soit celle qui soit appelée
à témoigner de son travail de ses difficultés, de la
position de ses mandats ou que ce soit le ministre...
M. Charron: II n'y a aucune objection.
M. Forget: ... mais je pense qu'il faut que ce soit l'un ou
l'autre.
M. Lazure: M. le Président, je n'ai absolument aucune
objection à ce que l'équipe des négociateurs
gouvernementaux mandatés par le gouvernement soient placée sur le
même pied, si vous voulez, que nos amis de l'Association des dentistes et
qu'ils témoignent à la table en face de nous. Je n'y ai aucune
espèce d'objection.
Le Président (M. Laplante): La motion du
député de Rosemont à l'effet d'inviter l'Associa- tion des
chirurgiens dentistes à venir comparaître à cette
commission est-elle adoptée?
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Je vais suivre l'ordre du
jour. Je vais appeler, en partant, l'Ordre des dentistes du Québec. Ces
gens sont-ils dans la salle? Sinon, on demande de les convoquer. J'appelle
l'Association des chirurgiens dentistes du Québec.
M. Charron: Procédons avec le sens de la motion
d'abord.
Le Président (M. Laplante): C'est le sens de la motion. Je
ne sors pas de l'article 158 actuellement.
M. Charron: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Veuillez vous présenter
en face, s'il vous plaît.
Avant de présenter ces messieurs, il y aurait deux corrections
à faire actuellement dans l'appel des membres de cette commission: M.
Lavigne (Beauharnois) est remplacé par M. Alfred (Papineau) et M. Martel
(Richelieu) est remplacé par M. Michaud (Laprairie), ce que j'ai omis de
vous dire dès le début.
M. Michaud: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, veuillez
identifier, s'il vous plaît, votre organisme et les membres qui vous
accompagnent.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on n'a pas... M. Grenier: M.
Martel a été remplacé?
Le Président (M. Laplante): Oui il a été
remplacé par M. Michaud (Laprairie).
M. Grenier: C'est M. Martel qui est remplacé?
Le Président (M. Laplante): M. Martel, aujourd'hui.
M. Chicoine (Claude): M. le Président, il me fait plaisir
de vous présenter mes principaux collaborateurs de la table des
négociations: A mon extrême droite, il s'agit de Me André
Tremblay, mon adjoint, de Me Yvan Brodeur, le porte-parole à notre table
et vous avez à ma gauche à mon extrême gauche, le Dr Guy
Lalande, un chirurgien dentiste omnipraticien qui a décidé de
limiter sa pratique exclusivement aux enfants, M. Pierre Genest, actuaire
conseil et M. Claude Chicoine, président de l'Association des
chirurgiens dentistes du Québec.
Le Président (M. Laplante): Au tout début, vu que
cela commence par des applaudissements, je veux dire que les applaudissements
ou tout autre
signe de manifestation sont interdits dans cette Chambre. M. le
ministre.
Exposé général du ministre M.
Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, membres de la commission
je ne salue pas la reine et auditrices, auditeurs, spectateurs,
spectatrices, participants, participantes, cette convention est échue
depuis mai 1975. J'invoque votre indulgence, car mon exposé,
contrairement à mes habitudes, sera assez long. Mais je pense que la
complexité du problème en justifie la longueur. Après de
longues et laborieuses négociations sur les clauses normatives, les
parties ont réussi à en arriver à une entente et ont
paraphé l'ensemble de ces clauses normatives au milieu de mai 1978.
Quant à la partie pécuniaire de ces négociations,
elles ont donné lieu, entre septembre 1977 et novembre 1978, tel qu'il
apparaît au tableau systhèse de la page 4 dans le document qui
sera accessible, à cinq propositions de l'Association des dentistes et
à quatre contre-propositions du ministère. Rappelons, avant
d'analyser le contenu de ces propositions pécuniaires, les points
suivants: a) L'offre pécuniaire du gouvernement du 14 mars 1978 a
dû être envoyée par huissier le 16 mars 1978, l'association
s'étant refusée à la recevoir, même
matériellement, physiquement, à la séance de
négociation du 14 mars, déclarant qu'elle voulait régler
au préalable les questions dites de principe; b) Le désengagement
est devenu effectif le 30 mars 1978; c) La non-participation est devenue
effective le 30 octobre 1978.
En septembre 1977, l'association a déposé je
réfère toujours à l'Association des chirurgiens dentistes
du Québec sa première demande pécuniaire qui
entraînait une augmentation du taux des actes de prévention de
55,3% et une augmentation du taux des actes curatifs et diagnostiques de 64%.
Cette demande nous est apparue inacceptable. En effet, le 14 mars 1978, notre
dépôt sur la prévention entraînait une diminution du
taux des actes de prévention de 23%, accompagnée d'une hausse de
21% du taux des actes de nature curative et diagnostique. Devant cette offre,
l'association, par sa demande du 23 mai, a baissé sa demande sur la
prévention de plus 55% à moins 19%. Quant à sa demande
pour les services curatifs et diagnostiques, sa demande a passé de 64%
à 41%.
Le 22 août 1978, le ministre, dans le but d'en arriver à un
règlement, a fait augmenter son offre sur les services curatifs et
diagnostiques de 21% à 28,5%, tout en continuant de proposer une
diminution de 23% au chapitre de la prévention. Devant cette offre,
l'association, le 12 septembre 1978, a augmenté sa demande sur les
services curatifs et diagnostiques de 41% à 45% et nous a
présenté une formule sur la prévention équivalente
à celle existante dans l'entente actuelle. Le 27 octobre 1978, le
ministre, devant la déraisonnabili-té de l'association sur la
prévention, a retiré les services de prévention de la
couverture des soins et a maintenu son offre d'augmentation du taux de 28,5%
sur les services curatifs et diagnostiques. Le 28 octobre, devant cette
nouvelle position, l'association a présenté de nouveau sa
proposition de mai sur la prévention, soit une baisse de 19% et
présenté une nouvelle demande de 36% sur les services curatifs et
diagnostiques.
Enfin, ou pas tout à fait enfin, le 31 octobre, dans un effort
ultime de règlement, le ministre a déposé une offre
globale et finale qui comportait une augmentation du taux des actes
diagnostiques et curatifs, toujours de 28,5%, une couverture des trois actes de
prévention avec une diminution des taux de 23%, une extension de la
couverture avec le traitement de canal, ce qui était un
élément nouveau, et un montant forfaitaire de $2 millions qui
était aussi un élément nouveau. (10 h 45)
II a été souligné qu'à défaut
d'acceptation, il serait recommandé que l'enseignement des mesures
d'hygiène buccale et l'application topique du fluor seraient
retirés du programme des enfants.
Le 3 novembre dernier, l'association nous communiquait son refus de
l'offre globale et finale du 31 octobre sur l'ensemble des dix points qui la
composaient, sauf son accord de soustraire de la couverture l'acte
appelé "acide liant" et d'y inclure le traitement de canal, ainsi que
son accord sur le mode de calcul du forfaitaire, mais non pas sur le montant
impliqué et le compromis offert par le ministre sur les règles
d'application du tarif demeurant en litige à quelques exceptions
près.
Les dix points de la proposition du 31 octobre sont les suivants.
J'énumère rapidement les têtes de chapitres: Tarification,
augmentation des taux et prévention; deuxièmement, extension de
la couverture; troisièmement, règles d'application du tarif;
quatrièmement, le plafond; cinquièmement, les honoraires fixes;
sixièmement, la simultanéité du règlement pour les
enfants et les bénéficiaires de l'aide sociale;
septièmement, la chirurgie; huitièmement, le forfaitaire;
neuvièmement, prothèses et enfin, dixièmement,
codification.
La première considération que nous désirons
soumettre à l'attention de cette commission est la suivante: le
gouvernement doit-il d'abord se préoccuper de convenir avec les
dentistes d'une augmentation raisonnable du taux des actes dentaires en tenant
compte du niveau de revenu que cette majoration de taux engendre ou, à
l'inverse, se préoccuper d'abord d'assurer un certain niveau de revenu
aux dentistes en fixant le taux des actes en conséquence?
Il ne s'agit pas là d'une distinction de jésuite, mais
d'une distinction de fond, et même si, pour certains, poser la question
est en même temps y répondre, il m'apparaît
nécessaire d'expliciter un peu.
L'objectif premier du gouvernement, notamment dans un régime
partiel, comme c'est le cas ici, n'est pas d'abord d'assurer un certain niveau
de revenu à chacun des dentistes, mais de convenir avec eux d'une
rémunération adéquate pour chacun des actes dentaires
qu'ils posent. Autre-
ment, ce serait affirmer que l'ensemble des dentistes oeuvrant à
l'intérieur d'un régime public a acquis, une fois pour toutes,
pour ainsi dire, le droit à une certaine masse monétaire qui
doit, coûte que coûte, leur être attribuée. Ainsi, le
gouvernement ne pourrait diminuer soit la quantité des actes couverts
par un régime de soins, soit le taux de certains actes inclus dans le
régime sans, du même coup, augmenter proportionnellement le taux
des autres actes.
A la limite, un gouvernement aurait, dans un premier temps et pour des
raisons fort valables, décidé qu'un régime de soins
contiendrait un certain nombre d'actes impliquant, par exemple, une
dépense prévisible de l'ordre de $50 millions. Ce gouvernement ne
pourrait pas, dans un deuxième temps et pour des raisons
également valables, soit diminuer sensiblement le nombre d'actes de ce
régime, soit diminuer le taux de certains de ces actes sans avoir
l'obligation de répartir, entre les professionnels concernés, les
quelque $50 millions acquis de l'exemple que je donnais tantôt,
même si, pour ce faire, les quelques actes restant devaient être
fixés à un taux absolument extravagant.
Encore à la limite, en suivant toujours le même
raisonnement, mais à l'inverse, un gouvernement pourrait
prétendre augmenter le nombre d'actes jusqu'à rendre un
régime universel, le tout à l'intérieur de la même
masse monétaire de $50 millions, même si cela avait pour effet de
provoquer une diminution ridicule du taux des actes.
Ainsi, dans le régime dentaire, nous estimons raisonnable de
convenir c'est un passage capital de notre argumentation d'une
part, d'une augmentation de 28,5% des 44 actes de nature diagnostique et
curative sur les 47 actes généralement posés par les
dentistes généralistes à l'intérieur du
régime et, d'autre part, de convenir d'une diminution de 23% des trois
actes de prévention sans, pour autant, répartir sur les 44
premiers actes mentionnés, l'équivalent de la masse d'argent
représentée par la diminution des actes de prévention.
Vue sous cet angle, la référence à la
rémunération globale du dentiste générée par
les taux consentis constitue une façon de vérifier l'aspect
raisonnable des taux convenus pour chacun des actes plutôt qu'une
préoccupation en soi des niveaux de rémunération du
dentiste, la première préoccupation, c'est-à-dire le tarif
des actes, n'effaçant pas, bien sûr, la deuxième,
c'est-à-dire la rémunération globale du dentiste, mais la
reportant à un plan second.
Ceci dit, nous tenons à rappeler aux membres de cette commission
que nous n'avons jamais négocié avec les dentistes en termes
d'augmentation du revenu, mais en termes d'augmentation du taux des actes. Nous
répétons que notre position était et demeure encore
aujourd'hui, tant à la table de négociation qu'auprès des
dentistes et auprès de la population, d'augmenter les actes
diagnostiques et curatifs de 28,5% sur quatre années et de diminuer les
trois actes de prévention de 23%. Cependant, il ne nous répugne
pas de suivre l'Association des dentistes sur le terrain du revenu, ce que nous
ferons donc dans un deuxième temps. Mais puisque nous sommes sur le
terrain du revenu des dentistes, examinons d'abord l'évolution des
revenus des dentistes en provenance du programme des enfants entre 1974 et
1977. En deuxième lieu, nous analyserons les effets de nos offres sur
les revenus des dentistes à compter de la mise en vigueur des tarifs qui
leur sont proposés. Enfin, nous examinerons l'évolution des
coûts du programme de services dentaires pour les enfants.
Dans le premier tableau de ce document, nous retrouvons, en page 11, le
nombre de dentistes et le revenu moyen par classe de paiement pour chacune des
années de 1974 à 1977. Ainsi, le revenu moyen en provenance de la
Régie de l'assurance-maladie a passé de $5215 en 1974 à
$19 677 en 1977, soit une augmentation de 277%. Nous verrons un peu plus loin
que, évidemment, l'augmentation est rattachée à plusieurs
facteurs: l'extension de l'âge des enfants couverts, en particulier, mais
aussi l'augmentation des actes.
Alors qu'en 1974 il n'y avait que six dentistes qui retiraient plus de
$50 000 de la régie, ce nombre est passé à 18 en 1975,
à 56 en 1976 et à 138 en 1977. Le même
phénomène se produit dans les autres classes de paiement, sauf la
classe de $0 à $9999. A la page 12, on observe que seulement vingt
dentistes ont retiré plus de $20 000 de la régie en 1974, alors
qu'en 1977, 613 dentistes ont retiré plus de $20 000. De même,
nous constatons que seulement 34 dentistes ont retiré plus de $30 000 de
la régie en 1974 alors qu'en 1977, 370 dentistes ont retiré plus
de $30 000. Enfin, en 1974, seulement 7 dentistes ont retiré plus de $40
000 de la régie. En 1977, 232 dentistes ont retiré plus de $40
000.
Dans le tableau 2, nous avons analysé l'évolution des
revenus des dentistes par classe de paiement de 1976 et 1977. Nous retrouvons
le revenu moyen brut, en provenance de la régie, pour l'année
1976, pour chacune des classes de paiement. Par exemple, pour les dentistes qui
étaient dans la classe de paiement de $30 000 à $40 000 en 1976,
leur revenu moyen était de $34 722 en 1976. En 1977, ces mêmes
dentistes ont vu augmenter leur revenu de $12 040 pour ainsi passer à un
revenu moyen de $46 762. Tous les groupes de dentistes qui étaient dans
une classe de paiement donnée, en 1976, ont vu leur revenu augmenter en
1977, sans exception. L'augmentation la plus forte se situe dans la classe de
$100 000 et plus, où on retrouvait neuf dentistes en 1976. Leur revenu
moyen est passé de $139 000 à $158 000. D'autre part...
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je m'excuse auprès du ministre de
l'interrompre, mais il me semble que, à moins que nous n'ayons
parlé pour rien, tout à l'heure, il avait
été accepté par le ministre que nous entendrions
les parties les unes à la suite des autres, en commençant par
l'association des chirurgiens dentistes. Or, le ministre prend occasion d'une
déclaration préliminaire pour exposer, d'une façon qui
veut se donner des airs d'impartialité, une série de chiffres qui
sont hautement sujets à interprétation. Il a bien sûr fait
une réserve au début en disant qu'il s'agit des revenus en
provenance de la régie, mais tout le monde sait bien qu'il s'agit d'un
régime partiel et qu'il est tout à fait erroné de citer de
tels chiffres ou qu'il est susceptible de porter à fausse
interprétation que de citer ces chiffres. Il ne fait qu'exposer le point
de vue gouvernemental, qui est certainement un point de vue légitime,
mais qu'il aura l'occasion de défendre ou qu'il fera défendre par
ses négociateurs, si je comprends bien, mais il me semble un abus de
procédure parlementaire qu'au moment où des invités sont
convoqués pour exposer leur point de vue, sous couvert de faire un
exposé des faits, l'on commence déjà l'argumentation.
M. Lazure: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, il est coutume, dans les commissions parlementaires, que le
ministre fasse un exposé, mais, pour nous, comme président, il
est difficile de contrôler la teneur d'un document et l'importance que
cela peut donner au point de vue de l'information. Je suis obligé de
dire au ministre de continuer l'exposé qu'il veut présenter.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... je voudrais faire remarquer qu'il serait
important que le gouvernement définisse de quelle façon il veut
utiliser ces commissions parlementaires; autant on peut y voir des avantages,
autant il faut constater que, selon le ministre, on les utilise pour servir ce
qui pourrait être les intérêts d'un ministre. Il y a ici des
gens qui étaient à la commission parlementaire quand on a entendu
Radio-Québec, où il y avait également un litige entre la
Société d'Etat et ses employés. Et je ne sache pas que le
ministre au contraire, il a été d'une telle réserve
que, finalement, on se demandait s'il y en avait un se soit servi de
cette commission parlementaire pour plaider sa propre cause. C'est vraiment ce
dont on est témoin actuellement. Je pense que l'ambiguïté
à laquelle le ministre faisait allusion avant de commencer semble
s'épaissir et on se demande ce que feront les négociateurs du
gouvernement quand ils viendront. Est-ce qu'ils vont nous relire le même
dossier? Parce qu'il s'agit strictement de données touchant les
négociations, de chiffres, etc. Je pense qu'à ce moment-ci, il
faudrait que le gouvernement décide de quelle façon il veut
utiliser ces commissions parlementaires quand il y a un conflit de travail.
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
L'Acadie, ce sont des coutumes établies depuis l'institution des
commissions parlementaires.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas ce que vous...
M. Forget: Je regrette, M. le Président. Le leader du
gouvernement a précisé lui-même qu'il n'y avait pas de
précédents d'établis et qu'il s'agissait d'en
établir, mais il faut établir le bon.
M. Grenier: M. le Président, il est sûr qu'il y a
une coutume d'établie et je veux la respecter. Le ministre fait un court
résumé du problème qui sévit et on passe à
l'Opposition officielle et aux différentes formations politiques.
J'avais une intervention d'une feuille et demie, mais on est parti avec un
catalogue et j'ai bien l'impression qu'il va être rendu l'heure de la fin
de la séance, à 12 h 30, et on n'aura pas encore passé
à travers. Si la commission doit servir de plate-forme au gouvernement
pour donner son exposé et qu'on a été convoqué ici
pour entendre les parties, on n'atteint pas les fins de la commission. Je ne le
pense pas. Vous devez intervenir, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Sur la même question de
règlement...
M. Lazure: M. le Président, vous me permettrez quand
même de réagir aux interventions des députés de
l'Opposition. J'ai parlé exactement douze minutes. Là, on est en
train d'en consommer presque autant par des interventions. J'ai expliqué
au tout début que mon intervention serait plus longue qu'à
l'accoutumée, mais je n'ai pas l'intention de parler jusqu'à 12 h
30. J'ai l'intention de parler encore pendant environ une vingtaine de minutes.
Je pense que c'est raisonnable de parler une trentaine de minutes sur un sujet
aussi important et je ne vais pas m'opposer si l'Association des dentistes ou
les porte-parole des partis d'Opposition veulent parler 30 minutes.
M. Paquette: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, il est assez étonnant
qu'au début de son exposé, le ministre ait mentionné qu'il
avait un assez long exposé à faire pour présenter sa
version des faits. Je ne veux pas enlever à l'Opposition ou à
quelque autre partie dans cette salle le droit de contester certains des
chiffres qui sont là. Il s'agit simplement ici d'exposer la position
gouvernementale et un certain nombre de données qu'on nous met sur la
table. D'autres parties peuvent faire de même par la suite et
l'Association des chirurgiens dentistes également. Elle peut contester,
bien sûr, n'importe lequel des chiffres qui sont là-dedans et
amener les nuances nécessaires. Ce que je trouve éton-
nant, M. le Président, c'est que le ministre ait averti la
commission, il y a exactement douze ou quinze minutes, qu'il allait faire un
exposé assez substantiel et que quinze minutes après, on se mette
à relever cette question, alors qu'on l'a acceptée au
début. Je comprends qu'il y a eu des applaudissements entre-temps et que
c'est très utile pour l'Opposition d'essayer de se faire un peu de
capital politique là-dessus. (11 heures)
Mme La voie-Roux: Ne charriez pas.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'on est ici pour
entendre tous les points de vue, le gouvernement a le droit de faire un
exposé des faits tels qu'il les voit et les partis d'Opposition ont le
droit de contester cette vision des choses. L'Association des chirurgiens
dentistes a également le droit de contester n'importe quel chiffre et
n'importe quel argument.
Je ne vois pas là-dedans comment on peut dire que le gouvernement
peut faire de cette commission parlementaire une plate-forme, alors que les
représentants de l'Opposition vont avoir chacun vingt minutes pour
critiquer l'exposé du ministre et que l'association va avoir tout le
temps nécessaire pour exposer son point de vue également.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: M. le Président, ce n'est pas souvent que
j'appuie le gouvernement, mais c'est évident que ces points doivent
être démontrés, soit maintenant ou soit après.
Continuons et ça va être plus efficace comme ça.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Sur la même question de
règlement?
M. Forget: Sur la même question de règlement. M. le
Président, il est évident qu'il y a une coutume le
député de Mégantic-Compton l'a dit tout à l'heure
que normalement, dans des commissions parlementaires où ne sont
pas en jeu les intérêts conflictuels de deux groupes à une
négociation, c'est évident que dans les autres cas, le ministre
est autorisé à faire un exposé initial. Souvent, on
étudie un projet de loi, c'est bien sûr que c'est un projet de loi
du gouvernement et il est logique que le gouvernement explique son projet de
loi avant qu'on l'étudie.
Cependant, ici, nous sommes dans des circonstances particulières
et on s'attendrait, de la part du ministre, qu'il fasse une distinction entre
un exposé préliminaire, où il ferait état du
problème de façon très neutre, de façon très
sommaire, un résumé des événements, mais non pas un
plaidoyer, et qu'il expose de quelle façon il entend donner suite aux
conclusions qui se dégageront de cette commission. En d'autres termes,
qu'il précise le contexte, le sens de cette commission parlementaire,
mais qu'il s'abstienne, avant que son tour ne vienne ou avant que ne vienne le
tour des négociateurs qui parleront au nom du gouvernement, d'entrer
dans le fond du sujet et de prendre lui-même parce qu'il dispose
de tous les leviers au sein du gouvernement et au sein de la commission
deux fois la parole, une fois comme ministre et une fois comme une des parties
invitées à déposer devant la commission. Il me semble que
c'est une règle de simple justice envers les parties, envers la partie
non gouvernementale en particulier, de ne pas abuser du droit de parole dont
dispose le ministre et de faire cette distinction. Mais il ne la fait pas, nous
l'avons écouté et nous nous sommes rendu compte qu'il ne la
faisait pas. Parce qu'il ne la fait pas, je pense qu'il est normal de soulever
ce point avant qu'on nous cite, dans d'autres commissions parlementaires, cet
événement comme un précédent.
Le Président (M. Laplante): Je me vois assez
informé, après l'intervention du député de
Saint-Laurent, pour justifier le ministre de continuer son intervention. J'ai
présidé auparavant des commissions parlementaires telles que
l'énergie avec 50 mémoires. Je me souviens très bien du
très long exposé du ministre de l'énergie à ce
moment-là. Ce serait, je crois, créer un précédent
que d'empêcher l'intervention du ministre.
M. le ministre, si vous voulez continuer.
M. Lazure: M. le Président, je continue. Je vais
abréger. Je veux me plier de bonne grâce, je sais que les
chiffres, c'est aride. Le document sera adopté, mais je vais essayer
d'abréger.
Ce que j'essaie de démontrer c'est que, depuis l'instauration de
ce régime partiel, qui est très partiel, les revenus des
dentistes, le revenu moyen des dentistes venant du régime et jamais je
n'ai essayé de créer une fausse impression, contrairement
à ce que le député de Saint-Laurent m'attribuait
tantôt, j'ai bien spécifié qu'il s'agissait d'un
régime partiel et de revenus venant du régime. J'essaie de
démontrer que ces revenus ont augmenté de façon
très substantielle, même si les tarifs sont restés les
mêmes. Évidemment, la couverture a augmenté, je l'ai
déjà dit, si vous vous référez au journal des
Débats, M. le député de Saint-Laurent. Mais l'extension de
la couverture en elle-même n'explique pas toute cette augmentation. En
résumé, en 1974, 1300 dentistes recevaient du régime
partiel, en moyenne, $5200; en 1975, $9400; en 1976, $14 400 et en 1977, $19
600.
J'arrive à un point qui est en litige dans le conflit actuel,
soit les frais d'administration d'un cabinet de dentiste. Là aussi, nous
ne sommes pas du même avis que l'association. Cependant, nous avons
convenu d'un pourcentage qui représente les frais de bureau,
c'est-à-dire 50%. Par voie de comparaison, dans le cas des
omnipraticiens, il s'agit d'un taux de 30% seulement.
A la lumière de ce qui précède, il apparaît
que sans augmentation de taux, depuis 1974, un trans-
fert d'activité du régime privé vers le
régime public s'est effectué. Je n'ai pas pris le temps de le
démontrer par les chiffres, mais c'est accessible dans les tableaux.
Nous soutenons qu'il s'agit là d'un indice très
sérieux quant à la justesse des taux en vigueur pour cette
période. Toute augmentation de revenu pour l'avenir devrait maintenir et
sans doute accentuer ce transfert d'activité professionnelle des
dentistes du régime privé vers le régime public.
Qu'en est-il, en termes de revenu, de notre double opération
consistant en une augmentation des taux des actes diagnostiques et curatifs et
en une diminution du taux des actes de prévention? Elle produirait,
selon nous, une augmentation minimum de revenu de 13%, compte tenu de
l'addition à la couverture actuelle du traitement de canal, autant pour
les dents postérieures que pour les dents antérieures.
Cependant, il est plausible de croire que l'augmentation réelle
du revenu des dentistes sera de beaucoup supérieure à 13%. En
effet, ces 13% sont déterminés de la façon suivante: A un
profil de pratique identique avec les mêmes bénéficiaires
assurés, et le même taux de participation au programme de soins
dentaires qu'en 1977, l'augmentation globale sera de 13%.
Cependant, le 1er mai 1978, l'Etat assurait les services dentaires pour
les enfants de 12 et 13 ans. En combinant cette extension de la couverture
à une demande de soins dentaires nécessairement plus
élevée parce que gratuite, il est certain que le revenu global
tiré du régime en 1979 sera bien au-delà d'une
augmentation de 13%.
De plus, il est prévisible également que le profil de
pratique du dentiste, par l'offre gouvernementale, sera modifié. Par
exemple, on peut croire que le temps utilisé pour faire des ablations de
dents ($8), pourra être plutôt utilisé pour effectuer des
traitements de canal, ($105 à $231).
Ce déplacement des activités de pratique, qui a des liens
avec le montant des tarifs, n'est pas particulier à l'association des
dentistes. Nous l'avons constaté, le gouvernement antérieur l'a
constaté, quand il s'agissait des fédérations de
médecins.
Avec l'extension de la couverture et l'augmentation du taux de
participation, les coûts prévisibles pour l'année 1979,
pour l'Etat, pour ce régime partiel, seront de l'ordre de $69 millions,
soit une moyenne de revenu de $40 000 par dentiste retiré du
régime de soins dentaires assurés pour les enfants,
comparativement à $20 000 en 1977.
Soulignons que le régime de 1979 couvrira, pour les enfants, 25%
de la population seulement. Soulignons également que cette moyenne de
$40 000 n'inclut pas les revenus tirés pour les services dentaires
rendus aux bénéficiaires de l'aide sociale.
Globalement, nous pouvons soutenir que l'offre gouvernementale portera
les taux à un niveau comparable à ceux existants dans les autres
provinces, en tenant compte des couvertures différentes d'une province
à l'autre et en tenant compte des régies d'application
restrictives du tarif qui entraînent très souvent des revenus
moindres ou supérieurs, pour des actes identiques.
J'en arrive à la prévention.
Au moment où nous devions prendre une décision quant
à notre politique de prévention, soit en janvier 1978, pour
préparer notre proposition de mars 1978, l'état de la situation
était le suivant:
II existait, en parallèle, deux réseaux, celui des
cabinets de dentistes et celui des affaires sociales, qui dispensaient des
services de prévention. Dans les deux réseaux, d'une façon
générale, ces services de prévention n'étaient pas
dispensés par les dentistes eux-mêmes, mais par des
hygiénistes dentaires, sous la direction de dentistes.
En vertu de l'entente encore en vigueur, signée en 1974, le
réseau privé dispensait et dispense encore les trois actes de
prévention: enseignement des mesures d'hygiène buccale,
application topique de fluorure, nettoyage et détartrage des dents.
Ces trois actes représentaient à eux seuls, en 1977, 37%
du coût total du programme des soins dentaires pour enfants, soit $11 600
000. Si l'on considère seulement l'enseignement des mesures
d'hygiène et l'application topique de fluorure dispensés aux
enfants de cinq à onze ans, l'on constate un coût, par
bénéficiaire, de $19.27, pour chacun des 395 000 enfants qui les
ont reçus. Ces deux mêmes actes sont également
dispensés dans le réseau public grâce aux
départements de santé communautaire des centres hospitaliers. Il
en coûte, par bénéficiaire, $5.32, en 1978, pour chacun des
679 000 bénéficiaires qui les ont reçus, soit 97% des
enfants de cinq à onze ans.
La décision, à ce moment-là, était soit
d'exclure ces actes de la couverture du régime et donc du réseau
des cabinets privés, soit d'obtenir de l'association que les cabinets de
dentistes dispensent ces actes à un taux concurrentiel à celui du
réseau des affaires sociales. Réconcilier cet objectif avec celui
d'un règlement à la fois rapide et acceptable par les dentistes
nous est apparu extrêmement difficile. Nous l'avons quand même
tenté en faisant une concession d'importance à l'association.
Alors qu'il aurait fallu diminuer ces deux actes de 72% pour atteindre
l'équivalence de coûts avec le réseau public, nous ne les
avons diminués que de 56%. C'est cette réalité qui est
traduite dans nos offres du 14 mars et du 22 août 1978.
Le 27 octobre dernier, vu l'attitude de l'association face à
notre offre globale, nous avons décidé de nous reposer sur le
seul réseau public pour l'accomplissement de ces actes de
prévention. Cependant, dans un effort ultime de règlement final
et global, nous avons, dans notre proposition du 31 octobre dernier, soit
quelques jours plus tard, réintroduit les trois actes de
prévention avec une diminution générale de 23%, ce qui
implique la diminution de 56% plus haut mentionnée des actes
d'enseignement et d'application topique du fluorure.
Les actes nouveaux. Le ministre et l'association en sont venus à
une entente sur la couverture du régime. Je n'insiste pas sur ce
passage.
Les règles d'application des tarifs. Dans le but d'en arriver
à un règlement rapide, nous avons pris la position suivante:
maintien des accords de principe des parties sur les règles
d'application acquises à ce jour et, deuxièmement, retour au
statu quo par les deux parties sur les règles d'application qui sont
encore en litige.
Le plafond à $133 000. Le ministre des Affaires sociales demande
l'inclusion d'un plafonnement individuel des revenus des chirurgiens dentistes
à l'intérieur de ce régime public partiel. Au-delà
de ce plafond, les actes exécutés sont
rémunérés à 25% du tarif seulement. Ce plafond a
été fixé de la manière suivante: le plafond des
omnipraticiens qui est en vigueur actuellement, $100 000 par année,
moins les dépenses des omnipraticiens, soit 30% à multiplier par
95%, plus les dépenses des dentistes évaluées à
50%. C'est comme cela que nous arrivons à $133 000.
Il devient utile et nécessaire de fixer ce plafonnement dans un
régime partiel, puisque, déjà, avec les taux actuels, 7
dentistes l'auraient dépassé en 1977. Avec l'augmentation des
taux de 28,5%, 10 dentistes dans leur pratique actuelle l'auraient
dépassé en 1977. Avec l'augmentation de la couverture des taux et
de la participation, on prévoit que 36 dentistes la dépasseront.
S'il n'y avait pas ce plafond, il en coûterait $1 million de plus
à l'Etat pour ces 35 dentistes.
Honoraires fixes et vacation. Cette distinction l'offre du
gouvernement est, je vous le rappelle, de 95% du salaire versé
actuellement aux omnipraticiens ces 95%, et non pas les 100%
demandés par l'association, nous paraissent raisonnables. En effet, nous
avons observé les écarts de rémunération suivants
entre les dentistes et les omnipraticiens en pratique privée et entre
les dentistes et les omnipraticiens salariés.
En pratique privée, prenant le ratio des revenus nets
dentistes/omnipraticiens, en 1973, le revenu net des dentistes était de
64% par rapport au revenu net des omnipraticiens. En 1974, il monte à
69%; en 1975, à 80% et, en 1976, à 81%.
Des écarts de rémunération variant de 5% à
16% sont observés pour des dentistes et des omnipraticiens
salariés à l'emploi d'organismes tels que le gouvernement du
Canada, le gouvernement de l'Ontario et la ville de Montréal. (11 h
15)
Le point suivant est la simultanéité d'une entente conclue
pour le programme des enfants et le programme des bénéficiaires
de l'aide sociale. Il convient d'abord de dissiper une équivoque
à ce sujet, puisqu'on a prétendu que notre exigence à cet
égard en était une de toute dernière minute. Si jamais une
ambiguïté a existé sous notre objectif de conclure une
entente qui vise à la fois le programme des enfants et celui des
bénéficiaires de l'aide sociale, cette ambiguïté est
antérieure au 16 mars 1978, comme, en font foi les lettres
envoyées les 16 mars, 12 et 18 avril 1978 à l'association. C'est
en annexe 6. Pourquoi continuons-nous à maintenir cette position? Nous
avions le choix: D'abord, procéder par voie réglementaire, comme
le permet l'actuelle loi de l'aide sociale. Nous refusons de le faire pour les
raisons suivantes: Nous désirons, non pas aider les
bénéficiaires de l'aide sociale, à obtenir des services
dentaires adéquats, mais leur assurer de tels services, et Dieu sait, la
population sait aussi, les bénéficiaires plus que les autres, que
depuis quelques années, ces services n'ont pas été
assurés aux bénéficiaires, même s'ils y avaient
droit. Dans plusieurs régions, les dentistes ont refusé, sous
toutes sortes de prétextes, de dispenser des soins qui étaient
assurés aux bénéficiaires de l'aide sociale.
La Loi de l'aide sociale, de par son économie
générale, aide en termes de besoins spéciaux seulement, ce
qui implique que le dentiste, en plus de recevoir les honoraires prévus
au règlement pour des services dentaires rendus à un
bénéficiaire, peut et parfois exige de ce même
bénéficiaire un complément d'honoraires. Lorsque les
bénéficiaires de l'aide sociale s'y refusent, certains dentistes
montrent peu d'empressement à rendre aux bénéficiaires
toute la gamme des services prévus au règlement d'aide sociale. A
cet égard, le cas de Sept-lles est particulièrement
éloquent, où le ministère a dû dépêcher
un dentiste venant du réseau public, après plusieurs mois de
recherches, pour prodiguer des services aux bénéficiaires de
l'aide sociale.
L'Association des dentistes désirait que les services dentaires
rendus aux bénéficiaires soient sujets à une
négociation. Deuxième choix: conclure avec les dentistes, dans un
premier temps, une entente touchant le programme des enfants, et dans un
deuxième temps, une autre entente touchant le programme des
bénéficiaires. Nous avons écarté cette
deuxième possibilité, tout d'abord à cause de
l'inutilité de procéder en deux phases. En effet, quant aux
clauses normatives, seul l'article 1908, touchant la preuve
d'admissibilité est différent. Quant au tarif, tout le reste des
clauses normatives s'applique intégralement aux deux groupes. Quant au
tarif et à ses règles d'application, la seule différence
se situe au niveau de la prothèse dentaire et des traitements de
canal.
Deuxième raison: l'urgence qui existe d'assurer aux
bénéficiaires de l'aide sociale des services dentaires
adéquats, soumettre cette urgence aux aléas d'une deuxième
négociation pour si peu de différence, nous apparaît
inacceptable. Nous doutons de l'intérêt qu'aurait l'association
à conclure plus rapidement une deuxième entente touchant les
bénéficiaires de l'aide sociale, à des taux qui nous
apparaîtraient raisonnables, qu'à conclure la première
entente, touchant les enfants. Ici, il ne s'agit pas de douter de la bonne foi
de l'association, mais de prévoir par elle l'utilisation d'une
stratégie élémentaire de négociation, lorsque
l'urgence se situe davantage sur un des côtés de la table.
Troisième choix: conclure simultanément et dans une
même entente le programme des enfants et des bénéficiaires.
J'ai expliqué les raisons tantôt. Le ministre s'est engagé
à ce que le gouvernement propose à l'Assemblée nationale
la
modification à la Loi de l'assurance-maladie pour qu'elle couvre
les bénéficiaires de l'aide sociale. Ce dépôt
devrait se faire dans les semaines qui viennent. Cette modification
législative sera déposée en même temps d'ailleurs
qu'une série de modifications à la Loi de
l'assurance-maladie.
Notons, en passant, que si une entente était survenue ces jours
derniers, il aurait fallu de toute façon un délai de 60 jours
pour sa mise en vigueur d'une entente qui aurait été
passée ces jours derniers, ce qui laisse à l'Assemblée
tout le temps nécessaire pour se prononcer sur les modifications qui
seront proposées à la Loi de l'assurance-maladie.
Le forfaitaire, rapidement, la base de calcul des parties est la
même, nous nous sommes entendus là-dessus; les offres,
évidemment, sont fort différentes, nous offrons $2 millions,
l'association demande $4 millions. Prothèses, je pense qu'on peut se
référer au texte.
M. le Président, je termine pour m'en tenir à mon
engagement de ne pas dépasser 25 ou 30 minutes. En conclusion, la Loi de
l'assurance-maladie assure des soins gratuits à l'ensemble ou à
certains groupes de la société et non pas le revenu du
professionnel de la santé. La première préoccupation du
gouvernement et du ministre n'est pas de procurer un revenu que le dentiste
estime satisfaisant, mais de procurer des soins médicaux ou dentaires
gratuits à un coût que la population estimera raisonnable de payer
par le biais des impôts.
Le ministre croit tout de même que, dans son offre de
règlement finale et globale, il a su rallier la préoccupation de
la population et celle des dentistes. L'évolution du revenu du dentiste
entre 1974 et aujourd'hui, à l'intérieur du régime
assuré, nous le démontre très bien.
Il est de l'obligation du gouvernement et du ministre de voir à
ce que les primes payées par I'ensemble de la population soient
honorées et administrées efficacement et même, s'il le
faut, par voie législative.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre.
Mme le député de L'Acadie.
Remarques de l'Opposition Mme Thérèse
Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président, je serai beaucoup
moins longue que le ministre, parce que nous étions quand même
venus ici pour entendre les deux parties et possiblement l'Ordre des
dentistes.
A tout événement, j'ose souhaiter que cette commission
parlementaire a pour but du moins, c'est comme ça que
l'Opposition officielle le voit de faire la lumière sur le
conflit en cours et non pas de servir de tribune supplémentaire au
ministre pour faire valoir son point de vue, comme il a tenté
continuellement de le faire en Chambre par des déclarations qui
étaient, pour le moins, in- complètes. J'étais fort
heureuse, tout à l'heure, de l'entendre dire qu'il a toujours
parlé d'un régime partiel de gratuité de soins dentaires
aux enfants.
M. Lazure: Certainement!
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, il faudrait peut-être
qu'à ce moment-là certains députés du
côté ministériel qui distribuent comme, d'ailleurs,
les autres députés ont tout à fait le loisir de le faire
des brochures dans leur comté pour vanter les services que le
gouvernement vient de mettre à la disposition de la population:
gratuité des soins dentaires pour les enfants de dix à douze ans
et, cette année, de douze à quatorze ans... Et là, il n'y
a pas cette nuance de soins partiels aux enfants et je prierais le ministre de
jeter un coup d'oeil sur quelques-unes de ces brochures. D'ailleurs, je l'ai
même entendu dans des déclarations ou, enfin, dans des discours
que les ministres faisaient quand ils vantent les vertus de ce bon
gouvernement.
Je pense qu'il est important... Dans la population, les gens l'ont
réalisé à l'usage qu'il s'agissait de gratuité
partielle, parce qu'il ne s'agissait que de se rendre chez le dentiste pour
savoir, si vous aviez un enfant entre dix et quatorze ans, qu'une partie des
soins était couverte. Je dois vous dire que j'en ai fait
l'expérience personnellement.
Je l'ai dit en Chambre et cela a fait sursauter le ministre, mais je
n'hésite pas à le répéter. Quand on parle de
gratuité de soins dentaires, depuis ce matin, en tout cas, j'entends le
ministre parler de soins partiels, mais c'est la première fois que je
l'entends; je n'ai peut-être pas toujours été là
quand il en a parlé...
M. Lazure: Vous n'étiez pas là...
Mme Lavoie-Roux: ... je pense qu'il s'agit de fausse
représentation, surtout d'une grande imprudence, quand on sait fort bien
que le problème de couverture à l'égard des enfants de dix
à douze ans n'était pas résolu et que pour des fins
électorales, dans le budget suivant, on annonce: Maintenant, on accorde
la gratuité des soins dentaires pour les enfants de douze à
quatorze ans. Je n'y vois pas beaucoup de différence et on me permettra
une analogie qui pourrait s'appliquer, quoique pas parfaitement. Nous sommes
à discuter, en Chambre, du projet de loi no 72, Loi sur la protection du
consommateur.
On peut y lire à l'article 216... Il faut faire la
différence, évidemment; on traite des commerçants, mais on
fait obligation et là-dessus, je suis totalement d'accord
qu'"aucun commerçant, manufacturier ou publicitaire ne peut, par quelque
moyen que ce soit, faire de la publicité concernant un bien ou un
service qu'il possède en quantité insuffisante pour
répondre à la demande du public ".
Il m'est très difficile de ne pas établir une analogie
entre ceci, une loi que l'on discute présentement, et l'attitude du
gouvernement qui, comme je le disais, à renfort de publicité,
dit: Nous
offrons la gratuité des soins dentaires pour les enfants de dix
à quatorze ans maintenant; c'était de dix à douze ans la
première année.
En fait, c'est le ministre qu'on devrait interroger, comme on a
l'habitude de le faire quand des gens viennent en commission parlementaire; on
interroge celui qui dépose un mémoire. On serait fort
tenté de le faire, mais, comme il y a aussi l'Association des
chirurgiens dentistes qui y est et que, selon toute probabilité, les
négociations du ministère viendront par la suite, je pense que
les nombreux points soulevés dans le mémoire du ministre
je pense qu'il faut l'appeler comme cela pourront être
étudiés ultérieurement.
Il reste que le ministre, dans les chiffres qu'il avance, dit: On a
diminué... On a joué avec les pourcentages accordés en ce
qui a trait à la prévention. Je sais que là, il y a un
débat de fond: Qui fait la prévention? Est-ce que ce sont les
dentistes, est-ce que ce sont les hygiénistes dentaires? La seule
question à laquelle le ministre devra répondre, c'est: Est-ce
qu'il y a, présentement, une option pour les soins touchant la
prévention, une option vraiment complète, non pas une option
dont, dans quelques mois, le ministre nous dirait: Elle était partielle
aussi? Est-ce qu'il y a une option qui puisse au moins procéder
si on doit procéder dans cette direction à une
décélération ou une diminution des services de
prévention qui sont donnés par les médecins en cabinet
privé?
Tant et aussi longtemps que le ministre ne nous aura pas
assurés... Mon observation des faits ne m'indique pas que la population,
soit au niveau scolaire, dans le domaine de l'éducation, ou soit dans
les CLSC actuellement, a tous les effectifs qui pourraient être requis
pour être une option valable dans ce domaine de la prévention. On
aura peut-être l'occasion d'avoir l'opinion de l'Association des
chirurgiens dentistes sur ce point plus tard.
Il y a un autre point c'est le seul que je soulignerai avant de
terminer c'est cette ambiguïté sur les 28%, ou environ 28%,
que le ministre des Affaires sociales a constamment défendus comme
étant l'offre qu'il faisait à l'Association des chirurgiens
dentistes. De l'autre côté de la table, on a vu l'association qui
disait: Non, cette offre est vraiment une offre de 7,5%. Est-ce que le ministre
pourrait c'est la seule question que je poserai me dire si, quand
il parle de 28% qui couvrent les frais curatifs et les frais de diagnostic, une
fois qu'il en soustrait les frais de prévention, on en est encore
à une offre de 28% ou si on se retrouve devant une offre de 7%?
M. Lazure: Ma réponse est très claire, on se
retrouve devant une offre de 28,5% si on soustrait les trois actes de
prévention; c'est très catégorique.
Mme Lavoie-Roux: Mais alors... Des Voix: ...
M. Lazure: Vous aurez votre chance de parler tantôt.
Mme Lavoie-Roux: Alors, quand vous avez continuellement dit: Ces
gens n'ont rien à refuser, on leur fait la même offre que celle
qu'on a faite aux omnipraticiens, 28,5% je dis 28,5%, si c'est une
erreur au dixième près, ce n'est pas grave on fait une
offre qui est la même que celle qui a été faite aux
omnipraticiens... Les omnipraticiens ont-ils eu, eux aussi, à
déduire ce qu'ils retiraient des services de prévention
cela pourrait être d'un autre ordre, ce que les médecins auraient
pu avoir à déduire ou si c'était 28% à
l'horizontale, tandis que, dans le cas des dentistes, il semble bien que
l'offre de 28% n'est plus 28% puisqu'on y soustrait un certain pourcentage pour
les services de prévention? Là, je ne veux pas toucher à
la discussion de fond, à savoir qui donne les services de
prévention. Mais, quand on dit aux gens, d'un côté: On vous
donne 28% et qu'on n'explique pas aux gens ce que cela comporte, ce n'est pas
28% net que vous offrez, à ce moment-là.
M. Lazure: M. le Président, si Mme le député
me pose la question, je vais répondre très brièvement.
Encore une fois, dans l'hypothèse où on enlèverait
dans cette hypothèse, je dis bien les trois actes de
prévention sur les 47 actes, à ce moment-là, les 28,5%
s'appliqueraient aux 44 autres actes intégralement, pour l'ensemble des
actes. J'ai bien hâte de voir si on peut discuter cela. Il est
évident que, si on laisse les trois actes et qu'on diminue le tarif de
ces trois actes, comme j'ai essayé de le démontrer tantôt,
si on met les trois actes avec les 44 actes dans l'ensemble des 47 actes, ce ne
sera pas 28,5% et je n'ai jamais dit cela. Je n'ai jamais dit cela, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît,
à l'ordre! pour une dernière fois. Je crois qu'on s'adresse
à des professionnels, il y a une éthique à conserver dans
cette salle; c'est qu'il n'est permis aucune manifestation dans les
débats d'une commission parlementaire. S'il vous plaît! (11 h
30)
M. Lazure: D'ailleurs, M. le Président, je rappellerai
aussi à ceux qui manifestent...
M. Grenier: Pour applaudir, le gouvernement donne le droit, mais
vous n'avez pas le droit de chahuter.
M. Lazure: ... que je leur ai écrit à deux reprises
et j'ai expliqué. Les lettres sont au dossier, lettres envoyées
à chaque dentiste du Québec, M. le Président, dans
lesquelles, et je dis cela en réponse à l'intervention du
député de l'Acadie j'ai toujours spécifié
que les 28% ne s'appliquaient pas aux trois actes de prévention. Je l'ai
toujours dit. Retournez au journal des Débats, chaque fois que je suis
intervenu, je l'ai
dit. Ma réponse est très claire, si on les enlève,
les 28% s'appliquent à tous les actes, aux 44 actes qui restent. Si on
les laisse, il est évident que cela diminue. Ce n'est plus 28%, c'est un
autre chiffre. Mais c'était tout le sens de mon intervention de fond
tantôt à savoir si un gouvernement est lié par un tarif
qu'il a déjà établi il y a cinq ou quatre ans, surtout
quand il s'agit d'un nouveau régime comme c'était le cas en 1974.
En toute bonne foi, le gouvernement de l'époque a accordé des
tarifs X et nous jugeons à l'expérience que ces tarifs X sont
trop élevés et même l'association en a convenu, parce que,
dans une de ses demandes, elle a baissé elle-même un des trois
tarifs de prévention.
Mme Lavoie-Roux: A tout événement, je ne
continuerai pas mes remarques. Il y a toute la question de la
simultanéité des deux ententes, couvrant les deux domaines, soit
celui des assistés sociaux et celui des soins aux enfants. Il semble
aussi là y avoir ambiguïté. Je pense qu'on va entendre
l'autre partie. On va voir ce qu'elle a à dire là-dessus. Je
souhaite quand même que cette commission parlementaire permette de
dévoiler tous les faits et je pense que le but du ministre est que la
population soit totalement éclairée. C'est quand même
regrettable qu'en même temps qu'on convie les intéressés
à une commission parlementaire, on retrouve en conclusion du
mémoire du ministre cette menace de procéder par voie
législative. A ce moment-là, d'une certaine façon, est-ce
qu'il y a égalité des chances puisque, d'un côté,
c'est le ministre qui est juge et partie, qu'il peut intervenir par voie
législative et, de l'autre côté, on dit à un groupe
qui se sent, à tort ou à raison, lésé dans ses
droits, de venir devant cette commission où celui qui prendra finalement
la décision sera le ministre ou le conseil des ministres.
Néanmoins, je pense qu'on verra ce que la journée donnera et nous
essaierons de collaborer le mieux possible en tant qu'Opposition officielle
pour qu'en fin de compte ce soit la population qui en retire les meilleurs
gains possible, et non pas un ministre ou même une association
professionnelle. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, je suis heureux, au nom de
notre formation politique, de rencontrer aujourd'hui l'Association des
chirurgiens dentistes pour nous permettre d'avoir davantage de lumière
sur le problème qui sévit depuis déjà plus de trois
ans. Inutile de vous dire que, depuis déjà quelques
années, l'association tente d'obtenir avec le MAS une nouvelle entente
permettant des soins dentaires appropriés et préventifs pour les
jeunes jusqu'à 14 ans ainsi que pour les assistés sociaux.
Il y a, depuis le 30 octobre dernier, un mouvement de non-participation
qui est déclenché par les dentistes de l'association. Le
ministère fut averti bien avant de cette décision de dernier
recours, mais aucune prévention ni solution n'y furent apportées.
S'il y en avait eu, la commission permanente d'aujourd'hui n'aurait pas eu
à siéger. Actuellement, l'association et les MAS tentent de
négocier une nouvelle entente et je dis bien "tentent", puisqu'il semble
que le MAS stabilise son offre à 7,85% et que la demande de
l'association est fixée à 15% après une baisse de 13%.
Puisqu'il n'y a pas eu renouvellement d'entente entre le MAS et l'association
depuis mai 1975, nous croyons qu'il est devenu nécessaire d'entendre les
représentants des dentistes, ce que nous ferons dans quelques
minutes.
L'association a indiqué une baisse considérable de ses
demandes; pour ce qui est du MAS, est-ce qu'on peut s'attendre à
conclure que les dernières offres sont finales et non
négociables? Une loi spéciale obligeant la
réintégration au régime ne nous apparaît pas comme
la meilleure voie à suivre pour régler ce conflit. Un
gouvernement modéré et réaliste devrait tendre vers une
solution négociée de ce problème, en tenant compte des
conséquences de toute action sur le bien-être de la
population.
En effet, la population touchée par cette entente ne doit subir
aucun rejet. Une autre conséquence entraînée par une
entente de mauvaise foi serait le rapport du problème aux prochaines
négociations. Ce rapport ne serait pas une forme de solution,
puisqu'à long terme, ce conflit reprendra de plus belle. Nous croyons
qu'une solution au conflit devrait être rapide et efficace. Bien
sûr, c'est un voeu pieu. Mais je voudrais bien que cette entente se fasse
rapidement.
Que le gouvernement ait décidé, il y a quelques mois,
qu'on devait dépasser les dents du sourire et amener les dents à
la mastication, j'ai eu l'occasion de le dire en Chambre, par les temps qui
courent, les Québécois ont bien plus envie de mordre que de
sourire, je pense que ça répond à un besoin. Le
gouvernement a lancé son programme des dents de la mastication, c'est
sans aucun doute un programme qui n'est, encore une fois, pas
préparé. Ce gouvernement a cette habitude de lancer des projets
de loi tout à fait ronflants, comme on l'a signalé à
plusieurs reprises, presque sans préparation. Cela paraît bien
dans le titre, mais quand on arrive à l'application, c'est
compliqué et on le voit.
On l'a vu, ce gouvernement a décidé qu'il fallait une loi
pour protéger le consommateur, protéger les terres arables,
protéger le français, protéger les handicapés.
C'est excellent, sauf qu'on a l'impression que si ce gouvernement
n'était pas arrivé au pouvoir, cela aurait été la
fin du monde. Je pense que vous allez le permettre, si on continue dans la
protection, l'Opposition va réserver le droit de préparer une loi
dont le but sera de protéger le PQ, parce qu'à la prochaine
élection, au train où ça va, il n'y en a pas tellement qui
vont conserver leur comté.
M. le Président...
M. Lazure: Elle est usée, celle-là.
M. Grenier: Cela pourrait être partagé. M.
Lazure: Renouvelez votre répertoire.
M. Grenier: Je pense qu'il faudrait une loi assez
sévère pour protéger les comtés que vous avez.
Dans les négociations que nous avons, M. le Président, en
cours de route, le ministre a apporté quelque lumière sur le
sujet, mais je ne sais pas si cela, principalement ces derniers temps, a
tendance à faire avancer les débats, à faire avancer la
discussion avec l'association.
Quand on a pris connaissance des déclarations faites, dans le
journal des Débats, à une question posée par le
député de Saint-Laurent, le ministre disait: Le gouvernement
assure les parents et les bénéficiaires de l'aide sociale qu'ils
ne seront pas pénalisés, donc, il y aura un maintien des services
assurés, je ne sais pas si, dans les négociations, cela est de
nature à aider à l'avancement du débat.
Quand, en plus, on fait planer au-dessus de l'association, une loi
éventuelle qui pourrait lui tomber dessus, je ne suis pas encore
sûr que ça fait avancer les débats et que c'est de bonne
guerre de le faire, par les temps qui courent. J'ai hâte d'entendre
l'association, M. le Président, puisque les 28%, il semble bien, en tout
cas, ce qu'on a entendu comme déclaration du ministre, comportaient une
offre qui n'était pas diminuée par rapport aux dentistes. Selon
ce qu'on a entendu en Chambre, il semblait bien que c'était quelque
chose qui était égal à l'offre des médecins et des
pharmaciens.
J'aurai certainement l'occasion d'y recourir et de l'avoir en main
à l'occasion des débats qui reprendront cet après-midi,
mais j'aimerais bien entendre les propos du ministre, parce que les 28%, je ne
sais pas dans quels termes il les a donnés. On avait bien l'impression
que c'était égal et qu'il n'y avait pas de diminution
là-dessus et que ça concordait assez équitablement
à l'offre acceptée par l'ordre des médecins et l'ordre des
pharmaciens. Nous pourrons y revenir à l'occasion de débats qui
se continueront.
Nous aurons des questions à poser et j'ose espérer que les
débats vont se continuer après la période des questions
cet après-midi, afin qu'on puisse avoir devant nous l'association
présente, pour poser les véritables questions qu'on n'a
peut-être pas entendues de la part du ministre jusqu'à
maintenant.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire.
M. William F. Shaw
M. Shaw: Merci, M. le Président. Je suis ici comme
député de Pointe-Claire, c'est évident. Je
représente mes électeurs de Pointe-Claire et même des
consommateurs des soins dentaires. De plus, je suis membre de cette commission
parce que je suis intéressé aux affaires sociales, pas seulement
dans les soins dentaires, mais dans tout le domaine des affaires sociales. Je
suis un dentiste qui a été, pendant toute sa carrière
dentaire, impliqué dans l'administration. Il n'y a aucun membre de cette
commission qui est aussi au courant de la situation actuelle dans les bureaux
dentaires que moi. C'est une très importante section de ma vie, mon
expérience.
Comme représentant de l'ACDQ, je suis allé, un jour, dans
d'autres pays qui ont des systèmes étatisés et nous avons
étudié la formation des auxiliaires dentaires, des dentistes,
ainsi que la qualité des services qui ont été rendus, de
même que les faits économiques sur le coût des services, le
montant, le tarif qui est payé et le résultat sous forme de la
qualité des services qui sont rendus au patient.
Il y a une vérité. Cette vérité est que "you
get what you pay for". Si on force les dentistes à accepter un tarif qui
n'est pas adéquat pour donner des services responsables et de bonne
qualité, en fin de compte, nous allons arriver à un
système comparable à celui de quelques pays d'Europe, comme
l'Angleterre, par exemple. Ce niveau de qualité de services n'est pas
celui qui est accepté par les patients, par la population du Canada.
C'est dans cette direction qu'on va maintenant. Nous essayons de dire que le
revenu d'un dentiste n'est pas la question; c'est seulement le coût des
services. Les deux sont liés.
J'ai entendu le ministre, il y a quelques moments, dire qu'une
étude démontre que le coût des services pour un traitement
de fluor est rendu à $5.30. Mais les études que nous avons faites
nous-mêmes démontrent que des soins dentaires donnés par
les auxiliaires dentaires sont de trois fois le coût de ceux qui sont
donnés dans les cabinets dentaires privés.
Je trouve incroyable que vous en soyez arrivés à un
résultat comme celui-là. Cela met en doute tous les chiffres que
vous venez de nous donner. Je suis maintenant intéressé à
voir l'opposition de l'ACDQ, l'opposition qui veut démontrer que le
coût actuel pour faire fonctionner un bureau dentaire, pour donner une
qualité de services qui est au niveau de l'Amérique du Nord,
c'est une qualité que nous pouvons garder si nous sommes responsables,
mais que nous pouvons détruire facilement avec une convention collective
qui n'est pas raisonnable.
Le Président (M. Laplante): Es-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui désirent s'exprimer? J'inviterais
maintenant M. Chicoine à présenter son mémoire. On me dit
également que vous auriez une copie de votre mémoire à
distribuer aux membres de cette commission.
Association des chirurgiens dentistes
M. Chicoine (Claude): C'est exact, M. le Président. Mais
avant de distribuer la copie de notre mémoire, j'aimerais faire une
déclaration préalable.
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Chicoine: M. le Président, madame, MM. les membres de
la commission, mesdames, messieurs. Lors de la séance de
négociation du mardi 31 octobre 1978, les représentants du
ministère des Affaires sociales ont déposé à la
table de négociation une offre finale et globale. Ils nous ont alors
annoncé que, advenant notre refus de cette offre, le ministère
ferait adopter une loi pour établir des conditions de travail qui nous
seraient moins favorables que celles de l'offre finale.
Or, depuis ce mardi 31 octobre, deux éléments nouveaux
sont intervenus. D'abord, le jeudi 2 novembre, le ministre des Affaires
sociales a annoncé à l'Assemblée nationale la convocation
de cette commission parlementaire dont il est d'ailleurs un membre.
Ensuite, le vendredi soir 3 novembre, à la table de
négociation, nous avons refusé l'offre globale et finale du
ministre, d'une part à cause de son contenu et, d'autre part, parce que
la menace de l'adoption d'une loi moins avantageuse que l'offre finale
constituait un chantage auquel aucune association qui se respecte ne doit
céder.
Ce même soir du 3 novembre, soit le lendemain de la convocation de
cette commission parlementaire, cette menace nous a été
réitérée à la table de négociation par le
sous-ministre des Affaires sociales, M. Jean-Claude Deschênes.
Nous prenons donc acte de ce que le ministère a
déjà décidé de l'adoption d'une loi pour nous
imposer des conditions de travail. Nous sommes forcés de comprendre que
cette commission parlementaire, convoquée par le gouvernement, constitue
simplement une étape vers l'adoption de ladite loi. Toutefois, M. le
Président, par respect pour l'Assemblée nationale qui a
créé cette commission parlementaire, nous avons acquiescé
à l'invitation qui nous est faite de vous informer du présent
conflit. (11 h 45)
Nous allons distribuer des copies de notre mémoire.
Le Président (M. Laplante): C'est votre
mémoire.
M. Chicoine: M. le Président, remarquez que, moi aussi,
j'aurais aimé recevoir une copie du mémoire qu'a
présenté le ministre. Je suis très heureux de pouvoir
faire le point dans cette négociation, puisque, après avoir
entendu les exposés du ministre des Affaires sociales, pour la
première fois depuis le mois de mai, j'ai l'impression qu'on commence
à parler le même langage.
Avant d'aborder les questions en litige et d'exposer la position de
l'association sur ces questions, nous considérons qu'il est
nécessaire et même essentiel de retourner en arrière pour
tracer l'historique de la négociation afin que tous réalisent que
la partie gouvernementale n'a pas négocié
sérieusement.
L'entente régissant le régime de soins dentaires pour les
enfants de moins de huit ans a pris fin en mai 1975. Une première
séance de négociation a eu lieu en octobre 1976. A cette
époque, le ministère des Affaires sociales avait inclus les
enfants de huit et neuf ans comme bénéficiaires. Graduellement
depuis, il a étendu l'âge à dix, onze, douze et treize
ans.
Dès la nomination du ministre actuel, en novembre 1976, les
représentants de l'association l'ont rencontré pour lui faire
part de leur désir d'entreprendre la négociation le plus
rapidement possible. Le ministre a alors demandé un délai pour
former son équipe: cinq mois. Cinq mois plus tard, la négociation
des clauses normatives débutait; c'était en avril 1977, soit deux
ans après la fin de l'entente. L'équipe gouvernementale, à
cette époque, n'était pas encore complètement
formée. D'ailleurs, elle n'a été complètement
formée qu'au mois d'octobre ou à la fin de l'été
1977.
Il est important de savoir que, dans le but de hâter un
règlement, les clauses normatives demandées par l'association
étaient identiques à celles qui avaient été
consenties à la Fédération des médecins
onmipraticiens en septembre 1976. Malgré cela, l'entente sur le normatif
ne fut conclue qu'un an plus tard, soit en mai 1978, et ce, après que
1400 dentistes se soient désengagés du régime pour
signifier leur mécontentement.
Il faut ici mentionner que, le 12 avril 1978, le ministre des Affaires
sociales a écrit à tous les chirurgiens dentistes, faisant fi de
leur syndicat professionnel, pour leur faire part d'une offre
pécuniaire. Cette offre pécuniaire représentait une
diminution de 1% de leurs revenus et n'avait même pas été
discutée à la table de négociation, puisque le normatif
n'était pas encore réglé. Ce genre de tactique douteuse ne
devrait pas être utilisée, croyons-nous, par la partie
gouvernementale.
Une fois l'accord intervenu sur le normatif, l'association déposa
une demande pécuniaire, le 23 mai 1978, demande d'augmentation
d'honoraires de 18%. Il a été spécifié, lors de ce
dépôt, que cette offre était faite dans le but d'un
règlement rapide. On nous promit alors une réponse dans les trois
semaines. Elle arriva trois mois plus tard. Le ministre, jeudi dernier, nous
reprochait d'avoir pris deux jours pour étudier une offre
gouvernementale!
La réponse donc du 22 août 1978 était une
contre-offre représentant une augmentation de 7,85%. C'est à
partir de ce moment que le ministre a commencé à annoncer qu'il
avait offert une augmentation de 28,5% aux dentistes, pourcentage qui avait
été accepté par les médecins omnipra-ticiens et les
optométristes. Le ministre avait alors trouvé un subterfuge
puisque ce pourcentage de 28,5% est inexact dans le cas des dentistes, ainsi
que nous le démontrerons plus loin.
Cette offre fut refusée et le ministre prit une fois de plus
l'initiative d'écrire aux dentistes le 14 septembre 1978 pour
dénoncer l'association qui avait déposé une demande le 12
septembre, demande qui représentait pourtant une augmentation
réelle de 28,5%, soit l'équivalent de ce qui avait
été offert aux médecins omnipraticiens et aux
optométristes.
Par la suite, la partie gouvernementale n'a plus jamais changé.
Les négociations ont porté sur les règles d'application du
tarif mais les offres, quant au tarif, sont demeurées et sont encore
aujourd'hui à 7,85%.
Excédés par ce refus continuel de négocier, 1560
dentistes se sont retirés du programme de soins dentaires après
avoir donné un avis de trente jours à la Régie de
l'assurance-maladie. Il n'y eut eucune négociation sérieuse sur
l'aspect pécuniaire pendant cette période de trente jours.
Le mercredi 25 octobre, l'association a offert au ministre
d'entreprendre des négociations intensives pour régler le
dossier. Ce qui fut fait à Québec le jour même. On nous a
avertis dès la première rencontre que les mécanismes
législatifs étaient en branle. On s'attendait sans doute à
une capitulation pure et simple. Comment pouvions-nous accepter une
augmentation de 7,85% pour un contrat d'une année, l'entente se
terminant le 31 octobre 1979, après avoir perdu trois ans et demi
à attendre et vécu trois ans et demi sans augmentation.
Dans un effort ultime de règlement, l'association a
déposé le samedi 28 octobre une nouvelle proposition
réduisant sa demande à une augmentation de 15%. La partie
gouvernementale, fidèle à sa bonne habitude, a
répliqué, le mardi 31 octobre, par une contre-offre à
7,85%. Là cependant, un élément nouveau se greffait
à la proposition: il fallait accepter, sinon la loi spéciale nous
imposerait des conditions pires. Ces propos furent d'ailleurs repris le
vendredi 3 novembre par le sous-ministre, comme nous l'avons déjà
dit.
Dans le communiqué de presse qui a suivi l'annonce de la
présente commission, le ministre demande aux dentistes d'assumer leur
rôle social. Nous l'avons déjà fait, malgré que le
ministère des Affaires sociales ait pris tous les moyens pour nous en
empêcher, dissimulant ainsi son incapacité à lui de
l'assumer. Il a abusé de nous, et ce en multipliant les délais,
en se montrant intransigeant, faisant mine de ne pas comprendre que le
prétendu taux de 28,5% se traduit en réalité par 7,85%, en
communiquant directement avec les membres de l'association pour brouiller les
cartes, et en faisant croire à la population que les demandes des
dentistes étaient démesurées, nous faisant porter l'odieux
d'une situation qu'il a créée de toutes pièces.
Venons-en maintenant aux points en litige. Ils sont au nombre de six; je
vous les exposerai en vous expliquant à la fois le problème et
notre position.
Le premier point en litige est le taux d'augmentation des tatifs. Les
dentistes exerçant en cabinet privé sont
rémunérés à l'acte pour les services qu'ils rendent
aux bénéficiaires du régime. La négociation porte
notamment sur l'établissement de nouveaux tarifs devant remplacer ceux
de l'entente actuelle qui, vous le savez, a expiré en mai 1975. Le
présent litige porte, entre autres, sur le taux d'augmentation de ces
tarifs.
Voici donc le déroulement des demandes de l'Association des
chirurgiens dentistes et des offres du ministère des Affaires sociales
en date des 23 mai, 22 août et 28 octobre 1978.
Premièrement, le 23 mai 1978, l'association a
déposé une demande de 18% à la table de
négociation, demande que nous considérons raisonnable. Vous avez
devant vous un tableau qui illustre assez bien les revenus actuels et les
demandes des dentistes sur la base des actes couverts par le régime en
1976.
Ainsi, dans le tableau que vous avez pour les revenus actuels de
l'entente, pour chaque tranche de revenu brut de $100, le dentiste, en ce qui
concerne l'entente de mai 1974, aurait obtenu $15 pour les examens, $10.40 pour
les radiographies, $38.10 pour la prévention, $36.50 pour la
restauration, ce qui fait un total de $100. En ce qui concerne la demande de
l'association, les dentistes auraient obtenu $23.19 pour les examens, $13.78
pour les radiographies, $30.82 pour la prévention et $50.21 pour la
restauration, soit un total de $118. Donc, par rapport à ce qui
était là auparavant, nous avons déposé une demande
réelle, sur l'ensemble du plan, de 18%, soit une augmentation annuelle
de 4%.
Cette demande pécuniaire ne visait qu'à neutraliser la
hausse des frais d'exploitation d'un cabinet de dentiste.
Le 3 août dernier, nous écrivions au ministre pour lui
rappeler que trois années entières s'étaient
écoulées depuis la fin de la convention qui nous liait jusqu'en
mai 1975 et qu'au cours de ces trois années, nos membres avaient
déjà dû supporter, sans majoration de tarifs
compensatoires, l'effet entier de l'augmentation incontrôlable de leurs
frais d'exploitation, de loyer, de fourniture et de salaires et que leur revenu
net, déjà amoindri par ces augmentations de frais, avait
été assailli par des augmentations des prix à la
consommation particulièrement importantes au cours de cette
période. Nous ajoutions que, dans certains cas les charges fiscales
additionnelles décrétées par le gouvernement actuel
constituaient un fardeau supplémentaire.
Nous avons demandé à la firme Blondeau et Cie, actuaires
et conseillers de Montréal, de pondérer les catégories de
frais d'exploitation d'un cabinet pour établir l'indice
d'évolution des frais d'exploitation d'un cabinet privé de
dentiste. L'indice reflète le niveau de ces frais au 1er juillet de
chaque année. Il est calculé avec des informations puisées
à plus d'une source, notamment quelque 60 cabinets de dentistes, des
fournisseurs et des laboratoires dentaires et, finalement, divers organismes
tels des bureaux de comptables, des banques, l'Hydro-Québec, etc.
Des indices de référence ont été
appliqués à ces diverses catégories afin de
déterminer l'augmentation des frais d'exploitation des cabinets des
dentistes pour la période de quatre ans et deux mois, entre le 1er mai
1974, soit la date d'application de l'entente en vigueur, et le 1er juillet
1978, date à laquelle nous croyions que nos demandes
déposées le 23 mai 1978 entreraient en vigueur.
Nous servant d'hypothèses conservatrices dans le choix des
indices de référence, nous
sommes arrivés à la conclusion que le taux d'augmentation
des frais d'exploitation pour cette période est de 36%. Selon les
actuaires du ministère des Affaires sociales, une étude faite
avec les données du ministère des Finances établit que les
frais d'exploitation d'un cabinet privé de dentiste
s'élèvent à 50% des honoraires bruts demandés par
le cabinet. Nous sommes d'accord avec cette évaluation, même si
nos études indiquent que ce pourcentage tend à augmenter.
Nous pouvons donc calculer qu'une augmentation de 18% des honoraires
bruts, soit 50% de 36%, est nécessaire pour couvrir l'augmentation des
frais subie entre le 1er mai 1974 et le 1er juillet 1978. C'est donc une
augmentation de 18% que prévoyait notre demande pécuniaire du 23
mai 1978.
A la suite de la publication des statistiques de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec pour l'année 1977, une
réévaluation de cette demande pécuniaire, en utilisant les
fréquences relatives des actes durant cette année, nous donne un
pourcentage d'augmentation de 17%, ce qui signifie que les 18% qu'on a
déposés sont, en réalité, compte tenu de la
fréquence des actes, une augmentation de 17%. (12 heures)
Le revenu net des dentistes a subi les augmentations des prix à
la consommation, particulièrement importantes au cours de cette
période. Nous aurions donc pu demander une augmentation
supplémentaire des honoraires bruts afin de compenser au moins une
partie de cette perte de pouvoir d'achat. Les autres travailleurs, y compris
les autres professionnels de la santé, ont obtenu une telle
compensation. Nous avons restreint nos demandes afin d'en arriver à une
conclusion rapide de l'entente.
Deuxièmement, le 22 août 1978, le ministère des
Affaires sociales prétend offrir aux dentistes une augmentation de
tarifs de 28,5%, soit une augmentation équivalente à celle qui a
déjà été consentie aux médecins
omnipraticiens et aux optométristes. Citons, à cet égard,
un extrait de la déclaration du ministre à l'Assemblée
nationale: "Les offres que nous faisons aux dentistes, M. le Président,
représentent une augmentation annuelle de 7% et nous pensons que dans
cette période de difficultés économiques, dans une
période où nous demandons à des milliers et des milliers
de syndiqués de se serrer la ceinture, nous pensons qu'il est important
que les dentistes aussi fassent preuve d'un bon sens social."
Citons également le dernier paragraphe du communiqué de
presse du 2 novembre: "En terminant, M. Lazure s'est dit confiant que
l'Association des chirurgiens dentistes du Québec, avec laquelle les
négociations se poursuivent, comprendrait les limites financières
du gouvernement et accepterait des offres qui se comparent avantageusement au
taux d'augmentation consenti aux médecins omnipraticiens et aux
optométristes en 1974 et 1979. Le ministre a aussi invité les
parents à reporter à plus tard les visites de routine de leurs
enfants chez le dentiste."
La vérité, M. le Président, c'est que l'offre
gouvernementale représente une augmentation des tarifs de l'ordre de
7,85% et non pas de 28,5%, soit une augmentation annuelle de 1,8%. Pour
comprendre cette affirmation, nous vous référons au tableau
suivant qui indique, à la colonne revenu actuel, que pour chaque tranche
de $100 de revenu brut, les dentistes reçoivent en moyenne $14.70 pour
des examens, $11.03 pour des radiographies, $38.92 pour des soins de
prévention et $35.35 pour des soins de restauration. La colonne
augmentation représente le taux d'augmentation ou de diminution offert
par la partie gouvernementale pour chacune de ces catégories. La
dernière colonne indique le revenu que le dentiste moyen retirerait de
la régie aux termes de l'offre gouvernementale, soit $107.85 ou une
augmentation de 7,85%.
Notons immédiatement que ces chiffres ne sont pas en litige. Les
actuaires du ministère des Affaires sociales ont reconnu ces
données, notamment le vendredi 3 novembre, lors de la dernière
séance de négociation. Comment, alors, le ministère des
Affaires sociales peut-il affirmer qu'il offre aux dentistes une augmentation
de 28,5%? Tout simplement en tenant compte des augmentations de taux offertes
pour les examens, les radiographies et les services de restauration et en ne
tenant pas compte de la diminution de 23,32% sur les services de
prévention.
C'est là cultiver à dessein une interprétation
équivoque. En somme, nous pourrions faire la même chose si nous ne
considérions que les offres gouvernementales sur les revenus d'examens,
de radiographies et de prévention, prétendant à notre tour
que le ministère nous propose une diminution de 3% alors qu'en toute
conscience, nous savons fort bien que l'offre, sur l'ensemble, est de 7,85%. On
pourrait faire le même jeu des blocs et arriver à des discussions
tout à fait différentes. On a décidé d'être
honnêtes dans nos calculs.
Je me vois forcé de dire que la déclaration du ministre
des Affaires sociales, que j'ai citée plus haut, ne pouvait qu'induire
les députés en erreur. Je me dois d'ajouter que le
communiqué de presse qui a suivi cette déclaration ne pouvait
qu'induire la population en erreur. Je me dois de conclure qu'il ne s'agit pas
là d'un exemple de transparence dans l'administration
gouvernementale.
Troisièmement, le 28 octobre 1978...
M. Grenier: On a l'habitude...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre!
M. Chicoine: Dans un effort ultime de règlement, nous
avons réduit notre demande d'augmentation à 15% par souci de la
population qui ne doit pas être pénalisée pour les
négligences du gouvernement. Il nous semble impossible d'être plus
raisonnables.
Donc, pour une tranche de revenus bruts de $100, avec l'augmentation
déposée le 28 octobre
1978, les examens auraient donné $18.03, les radiographies
$14.85, la prévention $31.58 et la restauration $50.54 pour un total de
$115, soit une augmentation réelle de 15%, c'est-à-dire une
augmentation annuelle moyenne, pour la période d'application, de
3,4%.
Le deuxième point en litige est le forfaitaire. Même si les
médecins omnipraticiens et spécialistes ont signé en 1976
des ententes qui prévoyaient des montants forfaitaires compensatoires et
qu'ils bénéficient de tarifs augmentés depuis la fin de
cette année ou le début de 1977, nous ne demandons pas une
rétroactivité jusqu'à ces dates. Nous croyons cependant
qu'il serait juste et raisonnable de prévoir des montants forfaitaires
compensatoires pour la période se situant entre le 1er juillet 1978 et
la date d'application des tarifs. Le ministère des Affaires sociales a
d'ailleurs offert aux dentistes le versement d'un montant forfaitaire.
L'Association a donné son accord quant à la méthode
utilisée pour le calculer, mais le litige porte sur le pourcentage
utilisé pour le calcul. Alors que le ministère calcule ce
forfaitaire sur la base de 7,85% remarquez bien, M. le Président,
qu'il a été logique avec lui-même en calculant le
forfaitaire sur 7,85%, c'est parce que cela concorde avec son augmentation
proposée aux dentistes qui est de 7,85% nous demandons qu'il le
soit à 15%, c'est-à-dire au même taux que l'augmentation
demandée.
Le troisième point en litige est la parité. Les dentistes
exerçant leur profession dans une institution gouvernementale peuvent
être renumérés à honoraires annuels fixes,
c'est-à-dire déterminés dans l'entente. Le cadre
d'embauche et de pratique de ces dentistes a déjà
été convenu entre les parties. Toutefois, l'association demande
que ces honoraires soient équivalents à ceux qui sont
versés aux médecins omnipraticiens, tandis que le
ministère des Affaires sociales offre des honoraires fixes
équivalant à 95% des honoraires des médecins
omnipraticiens.
Les dentistes qui travaillent présentement selon le mode du
salariat dans les établissements du ministère des Affaires
sociales sont, à notre connaissance, rémunérés au
même salaire que les médecins omnipraticiens. C'est d'ailleurs le
cas des dentistes du centre Louis-Hippolyte-Lafon-taine, dont M. Lazure fut le
directeur général.
M. Grenier: Other days, other ways.
M. Chicoine: A ceci, M. le Président, je voudrais ajouter
que j'ai communiqué hier avec M. Deguire, qui est le directeur
général du centre hospitalier Louis-Hippolyte-Lafontaine, et ce
dernier m'a affirmé que, depuis dix à quinze ans qu'il travaille
dans ce domaine, avant même que les médecins aient une convention
collective, les directives annuelles du ministère des Affaires sociales
pour les gens à salaire étaient médecins omnipraticiens et
dentistes, donc il y avait une parité à ce moment-là qui
existe depuis un certain temps. On se demande pourquoi, quand il y a une
négociation, on veut baisser de 5%. C'est aussi simple que cela.
Le quatrième point en litige, ce sont les plafonds. Le
ministère veut imposer un plafonnement des revenus individuels des
dentistes. Ceci impliquerait que les dentistes ayant rendu des services
assurés pour $33 250 au cours d'un trimestre ne recevraient que 25% du
tarif prévu pour tout autre service assuré rendu au cours de ce
trimestre. Nous estimons que cette mesure restrictive est à la fois
inefficace et injuste. Inefficace, car le dentiste omnipraticien qui traite
majoritairement des enfants pourra certainement, s'il dépasse le
plafond, décider de travailler hors régime, étendant sa
clientèle aux adultes. Injuste, car les spécialistes en
pédodontie seront vraiment affectés par ce plafond puisqu'ils
perdront leur titre de spécialistes s'ils pratiquent en dehors de leur
spécialité. En chirurgie dentaire, M. le Président, si un
spécialiste pratique en dehors de sa spécialité, il vient
de perdre sa spécialité. La formation d'un pédodontiste
est très dispendieuse, il ne semble pas raisonnable de limiter la
quantité de soins prodigués puisque ces spécialistes ne
sont pas assez nombreux.
L'association ne peut donc considérer une proposition si peu
équitable à l'endroit de ses membres. En outre, les services de
dentistes en région éloignée sont déjà
difficiles à obtenir. Faudrait-il que l'association accepte une
réduction de ses services, à la suite du plafonnement de ses
revenus? De plus, certains dentistes, à un certain âge, peuvent
vouloir travailler d'une façon plus intensive, tout en prodiguant des
soins excellents. Faudrait-il aussi freiner leur ardeur en acceptant les
plafonds?
Finalement, ce que le gouvernement propose avec la clause du
plafonnement, c'est que les dentistes acceptent de travailler à 25% du
tarif, alors qu'il a été établi que leurs dépenses
représentent 50% de leurs honoraires.
Un point qui n'a pas été mentionné dans
l'exposé du ministre et qui est aussi un point en litige, c'est la
codification. Pour plus de facilité dans l'application du régime,
tant pour la régie que pour les dentistes, chaque acte assuré
porte un numéro de code. Les numéros de code utilisés par
la régie diffèrent de ceux qui sont utilisés à
travers toute l'Amérique du Nord et une partie de l'Europe.
L'administration des relevés d'honoraires par le dentiste serait
beaucoup simplifiée si la nouvelle entente prévoyait justement
l'utilisation du code international.
Le 20 octobre 1978, MM. Laliberté et Lamarre, de la Régie
de l'assurance-maladie du Québec, sont venus à la table de
négociation pour nous expliquer les implications pour la régie de
l'utilisation de la codification internationale. Il nous a semblé que
les parties se sont alors mises d'accord sur la praticabilité de
l'utilisation de ce code. Le 1er novembre, Me Corbeil, le négociateur du
ministère, nous a indiqué à la table de
négociation, qu'il aurait pu faire une recommandation positive au
ministre et qu'il croyait que ce dernier aurait probablement accepté.
Pourquoi ne l'a-t-il pas fait? Cette inertie n'est-elle pas la preuve que la
partie gouvernementale laisse constamment stagner les choses à
plaisir?
Le sixième point concerne la simultanéité. Le
ministre désire que l'entente à être conclue aux termes de
l'article 15 de la Loi de l'assurance-maladie concernant les soins dentaires
donnés aux enfants de moins de 14 ans, soit conclue en même temps
que l'entente couvrant les soins dentaires aux personnes qui
bénéficient de l'aide sociale. Le ministre désire, je le
répète, mais il n'a encore rien fait pour que soit
autorisée une telle signature simultanée des deux ententes.
Il faut ici se rappeler qu'au début des négociations,
l'association avait offert de négocier simultanément pour les
bénéficiaires de l'aide sociale et les enfants couverts par le
régime. Il a alors été question, à la table de
négociation, des amendements législatifs requis pour permettre au
ministre de s'engager dans une négociation couvrant les
bénéficiaires de l'aide sociale. Les représentants du
ministre ont alors choisi de négocier d'abord le régime de soins
dentaires dispensés aux enfants. En effet, si c'est le 25 octobre 1978
que, pour la première fois, l'exigence de la signature simultanée
a pris le caractère d'une condition sine qua non, le 16 mars, elle avait
été proposée par le ministère.
L'association s'y était alors refusée, rappelant notamment
la nécessité des amendements législatifs qu'elle
supposait. Les représentants du ministre ont alors choisi, une fois de
plus, de négocier d'abord en vue d'une signature, osons-nous croire, le
régime de soins dentaires dispensés aux enfants. Toutefois, la
prétention vivace du ministère d'exiger la signature
simultanée des deux ententes prouve une fois de plus sa mauvaise foi. En
effet, comment se fait-il que si c'est là le souhait sincère du
ministre, il n'ait pas encore déposé devat l'Assemblée
nationale le projet de loi l'autorisant à négocier les soins
dentaires pour les bénéficiaires de l'aide sociale?
A partir de quels principes de droit le ministre peut-il nous forcer
à négocier une entente pour les bénéficiaires de
l'aide sociale, alors que la législation actuelle ne l'y autorise
même pas?
Tout ceci revient à dire que même si nous avions conclu une
entente dès juin en ce qui a trait au régime de soins
dispensés aux enfants, nous serions encore à attendre son
entrée en vigueur. (12 h 15)
Conclusion. Mauvaise foi ou énumération des
péchés d'omission.
En conclusion, aujourd'hui, 7 novembre 1978, trois ans, six mois et sept
jours après l'expiation d'une entente qui nous régissait, nous
sommes devant une commission parlementaire qui, de toute évidence, sert
les fins du gouvernement afin qu'il puisse promulguer une loi spéciale
qui nous régira.
Mauvaise foi, ne pouvons-nous que conclure. Mauvaise foi du ministre
lorsqu'il met en doute les dentistes dans leur rôle social, alors qu'ils
ont patienté plus de trois ans avant de prendre des mesures qui
affectent la population. Mauvaise foi du ministre dans son argumentation
faussée quant au 28,5% qui n'est, en réalité, que 7,85%;
mauvaise foi quant au leurre qu'il perpétue en comparant les dentistes
aux salariés du Québec, omettant qu'il a été
établi que les frais d'exploitation d'un cabinet de dentiste
représentent 50% de ses honoraires et qu'il s'agit davantage de chiffres
d'affaires que de revenus; mauvaise foi aussi, M. le Président, lorsque
le ministre écrit directement à nos membres pour
discréditer leur association. Ce geste nous rappelle malheureusement
certaines attitudes antisyndicales d'employeurs qui, au fond, remettent en
question le droit d'association et le droit de représentation en
ignorant l'association dûment mandatée. Omission inacceptable,
lorsque le ministre affirme que le revenu moyen que les dentistes retirent de
la régie est passé de $5215 en 1974 à $19 677 en 1977,
soit une augmentation de 277%.
Le ministre néglige, une fois de plus, de donner les explications
nécessaires. Tout d'abord, le régime de soins dentaires pour
enfants est entré en vigueur le 1er mai 1974. L'année 1974 ne
peut donc constituer une année de repère ou une année de
référence. D'ailleurs, le rapport 1977 de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec précise que l'augmentation des
coûts de ce programme s'explique non pas parce que les dentistes ont
travaillé davantage à l'intérieur du régime, mais
principalement par une hausse de 126,5% du nombre de participants et de 6,1% du
nombre de services par participant au cours de cette même
période.
Pour terminer, non pas un péché d'omission, mais un
excès de zèle. Le ministre n'a pas manqué d'établir
un parallèle avec les offres salariales qui doivent être faites
aux employés des secteurs publics et parapublics.
Est-ce à dire que le gouvernement se sert des dentistes pour
cautionner ses orientations futures à l'endroit des salariés des
secteurs publics et parapublics?
Les dentistes ont joué leur rôle social et ils continueront
de le faire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
ministre.
Réponse du ministre
M. Lazure: Je veux d'abord relever certains aspects de
l'intervention du député de l'Acadie, avant d'en venir à
l'intervention du président de l'Association des dentistes. Le
député de L'Acadie a fait allusion à l'aspect partiel du
régime. Je ne voudrais pas qu'il y ait de confusion ou
d'ambiguïté dans cette expression. J'utilisais le terme
"régime partiel" dans le sens où c'est seulement une tranche de
la population, à savoir environ 25%, maximun, qui
bénéficie de la gratuité des soins quand on parle des
enfants de moins de quatorze ans. Le député a fait allusion
à une autre sorte de "partiel", si vous voulez...
Mme Lavoie-Roux: La couverture.
M. Lazure: ... la couverture elle-même. Là encore,
je ne voudrais surtout pas qu'on m'accuse de mauvaise foi je reviendrai
à la mauvaise foi
tantôt nous avons, dès le début de la
négociation, offert, à l'Association des dentistes je l'ai
dit dans ma lettre du 12 avril 1978 à chaque dentiste du
Québec, à la table de négociation, de négocier une
miniconvention, parce que nous étions très conscients que
certaines dents n'étaient pas couvertes. On a
préféré, à la direction de l'Association des
dentistes, faire les gorges chaudes sur les dents du sourire et on a
refusé de négocier une miniconvention sur les autres dents. Nous
étions prêts à négocier une mini convention sur les
autres dents. Nous avons toujours été conscients qu'en allongeant
l'échelle d'âge, à un moment donné, vers dix ou onze
ans, on tombe sur des dents permanentes, c'est clair. Nous étions
conscients que l'entente de 1974 n'avait pas prévu ces dents. Nous
voulions négocier une mini-convention.
Je pense que c'est strictement de la mauvaise foi, M. le
Président, quand le président de l'Association des dentistes,
comme il l'a fait pendant des mois et des mois, s'est promené sur la
place publique en disant que nous voulions assurer seulement les dents du
sourire.
Dans l'offre finale que nous avons faite, toutes les dents sont
couvertes, mais je conviens qu'elle ne l'étaient pas auparavant. Dans
l'entente qui court encore, elles ne le sont pas. J'ajouterais aussi, en
rapport avec cette remarque de l'aspect partiel de la couverture, quand les
députés de l'Opposition laissent entendre que c'est irresponsable
d'offir la gratuité des soins à des enfants un peu plus
âgés, d'année en année, que c'est irresponsable,
parce que l'entente en vigueur ne prévoit pas toutes les dents, je
réponds que c'est irresponsable de faire un tel commentaire aussi, parce
qu'à l'intérieur de cette entente qui était limitative,
qui était limitée, il y a eu quand même beaucoup de
services qui ont été rendus à la population enfantine par
les dents qui étaient couvertes par l'entente. Ce n'était pas
l'idéal, mais il arrive parfois des situations où le mieux est
l'ennemi du bien. Je pense qu'il vaut mieux donner les trois quarts des
services à la dentition d'un enfant que de ne pas en donner du tout.
Sur la question de l'assurance donnée aux parents, ma
réponse a été très claire, mes interventions ont
été très claires et, là aussi, on s'amuse à
laisser planer une ambiguïté. J'ai expliqué, lors de ma
première intervention, mardi le 31 octobre, à la population,
à l'Assemblée nationale, qu'à cause de la
non-participation des dentistes, légalement, les parents devaient
dorénavant payer, mais j'ai dit aussi que le gouvernement avait
l'intention de faire en sorte, par voie législative, parce que c'est la
seule façon, que les parents seraient remboursés.
Il faut vraiment être de mauvaise foi pour voir une contradiction.
Il n'y a pas de contradiction dans ces deux avancés. C'est une situation
de fait. A cause de la non-participation des dentistes, la loi ne permet plus
à l'Etat de rembourser les parents ou les dentistes. Il faudra, pour
pouvoir rembourser les parents, et nous avons manifesté notre intention
de le faire en temps et lieu... Il n'y a pas de contradiction dans cela.
Finalement, on parle de prévention. Mme le député
de L'Acadie, encore là, insinue que c'est peut-être irresponsable
de vouloir rapatrier dans le domaine public certains actes de
prévention, tels que l'enseignement des mesures d'hygiène buccale
ou l'application de fluor, alors qu'on n'aurait pas assez de personnel dans le
réseau public. J'ai lu ce passage; il y a des passages de mon texte que
je n'ai pas lus, pour raccourcir l'exposé, mais j'ai lu ce passage. Les
enfants de cinq à onze ans sont couverts à 95% actuellement, en
ce qui concerne cet acte de prévention, prévention qui est
enseignée par les services de santé communautaire qui ont du
personnel, 36 dentistes exactement qui sont rattachés à des
services de santé communautaire et qui supervisent le travail de 105
hygiénistes dentaires dans les écoles. Si bien qu'aujourd'hui, on
peut dire que la très vaste majorité des enfants de cinq à
onze ans sont couverts par cet enseignement de l'hygiène buccale aussi
bien que l'application du fluor.
Finalement, c'est la seule remarque que je ferai concernant
l'intervention. Je me réserve le privilège d'y revenir de
façon un peu plus élaborée tantôt, à la suite
de l'intervention du président de l'Association des chirurgiens
dentistes. L'Association des chirurgiens dentistes a fait constamment planer,
autant auprès de ses membres que du public, cette accusation de mauvaise
foi que, finalement, le président lance publiquement aujourd'hui. Je
vous ferai remarquer que je n'ai parlé de mauvaise foi en aucun temps,
ni à venir jusqu'à aujourd'hui, ni aujourd'hui. Je ne le ferai
pas, parce que les négociations sont encore en cours, à ce que je
sache. Je pense qu'il est pour le moins hasardeux, pour le président de
l'association, de parler de mauvaise foi. Il cite mon intervention à
l'Assemblée nationale du jeudi 2 novembre, au moment où j'ai
parlé de 7%. Je lui rappelle, et c'est dans le texte, qu'il s'agissait
là d'un complément de réponse à une réponse
beaucoup plus élaborée qui avait été donnée
deux jours auparavant, le mardi 31 octobre, dans le journal des
Débats.
Je vous renvoie à la page 3264. Je cite: "Je rappelle simplement
que la dernière offre du gouvernement équivaut à une
augmentation annuelle de 7% sur tous les tarifs d'une soixantaine d'actes de
dentistes, sauf trois actes de prévention", M. le Président, et
quand on vient me citer une remarque complémentaire...
Complémentaire, ça veut dire que ça s'ajoute à une
réponse antérieure, M. le Président, et je pense que
ça, ce n'est vraiment pas correct de citer simplement le
complément, sans citer l'essentiel de la réponse où j'ai
évoqué, comme je l'ai fait constamment, toujours l'exception des
trois actes de prévention qui n'étaient pas touchés par
les 7% annuels. Et si j'ai écrit à deux reprises aux dentistes,
M. le Président, c'est précisément parce que le
président de l'Association des dentistes s'est acharné, je le
répète, à vouloir faire croire à ses membres que
j'étais de mauvaise foi et que je disais que les 28% s'appliquaient aux
actes de prévention, ce que je n'ai jamais dit et je l'ai
répété, dans les deux lettres, à chaque dentiste,
à savoir que les 28% étaient à l'exclusion des trois actes
de prévention.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, vu qu'il
reste...
M. Lazure: M. le Président, si vous permettez,
j'ajouterais peut-être une dernière remarque sur le plafonnement,
puisque c'est quand même trop facile, là aussi, de faire une
espèce de caricature de ce qu'est une position sérieuse.
Nous disons que le plafonnement à $133 000 par année de
revenu pour un dentiste et ceci venant d'un régime très
partiel qui ne touche que 25% de la clientèle potentielle c'est
un revenu raisonnable. C'est tout ce que nous disons.
Le président de l'Association des dentistes essaie de rendre
déraisonnable ou ridicule ce plafonnement en disant: Au-delà d'un
revenu de $133 000, on ne nous laisse toucher que 25%, alors qu'on accorde 50%
pour les dépenses. C'est le genre d'humour facile qui passe la rampe,
qui fait rire les membres et qui a une apparence de crédibilité,
une apparence de vrai, mais c'est absolument faux, M. le Président, pour
la bonne raison que, quand on fait le calcul des frais de bureau, des frais de
dépenses d'un cabinet de dentiste, il est bien évident qu'entre
dans ça un tas de dépenses qui ne varieront pas à la
hausse, parce que le revenu des dentistes augmente. Autrement dit, quand on
fait intervenir le prix du loyer ou qu'on fait intervenir le prix de tout
l'équipement, de toute la fourniture, ces prix-là, établis
sur une base annuelle, que je sache, ne vont pas augmenter, que le dentiste
fasse $100 000 par année ou $160 000 par année.
Je pense, M. le Président, qu'il est important que le public
comprenne bien et non pas qu'il soit victime d'un petit tour de passe-passe
soi-disant humoristique. Notre chiffre de $133 000 est très
sérieux, très réfléchi, cela correspond à ce
que les omnipraticiens ont accepté eux-mêmes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Sur ce, il est 12 h 30,
à moins que la commission...
Mme Lavoie-Roux: II reste deux minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): On n'a pas la même vue,
Mme le député de L'Acadie. Je vais mettre mes lunettes pour voir
si je vois bien... Il faut avertir les membres que nous serons forcés
d'ajourner sine die, que les travaux de la Chambre reprendront à 14
heures et, après la période de questions, on s'attend à
avoir un ordre de la Chambre pour revenir siéger, ce qui veut dire vers
les 15 h 15, entre 15 h 15 et 15 h 30. Une courte question, Mme...
Mme Lavoie-Roux: Non, je voulais simplement... Le ministre a
parlé de soins partiels. Je n'ai jamais compris le terme "partiels",
quoique, je l'admets, on savait fort bien que les enfants n'étaient
couverts que jusqu'à 14 ans, jusqu'à 13 ans inclusivement. Quand
j'ai parlé de "partiels", c'était toujours en termes de
couverture. Je maintiens que c'était de la fausse représentation.
Vous saviez que l'entente était échue depuis 1975 et vous
annoncez dans les discours du budget de 1977 que les enfants de 11 et 12 ans
seront couverts et, en 1978, dans le discours du budget, vous annoncez 12 et 13
ans. A ce moment-là, il aurait fallu dire: Ils ne seront couverts que
pour les services qui sont présentement... Un instant, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Je serai obligé...
M. Lazure: Nous l'avons dit à l'époque, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais vous lire un
extrait du discours j'ai quand même le droit... du budget
de M. Parizeau du 18 avril 1978: "Les autres mesures sociales il parle
de mesures sociales du gouvernement consistent principalement en la
poursuite du programme de distribution gratuite du lait dans les écoles
on pourrait revenir là-dessus initié l'an dernier
et à l'extension de la gratuité des soins dentaires pour les
enfants de 12 et 13 ans." Pour quelqu'un qui va dans un bureau de dentiste,
c'est que les soins sont gratuits.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, les travaux sont
ajournés sine die.
Suspension de la séance à 12 h 30
Reprise de la séance à 16 h 32
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, mesdames et
messieurs! Si vous voulez aller à vos sièges, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales se réunit pour entendre
l'Ordre des dentistes, les négociateurs du gouvernement et l'Association
des dentistes du Québec.
Les membres de cette commission sont: M. Forget (Saint-Laurent), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Martel (Richelieu), M. Paquette (Rosemont),
M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw (Pointe-Claire).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Couture (Saint-Henri),
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Marcoux (Rimouski) remplacé par M. Grégoire
(Frontenac); M. Marois (Laporte), M. Roy (Beauce-Sud), M. Saindon
(Argenteuil).
Avant de commencer, est-ce qu'il y a d'autres changements?
Mme Lavoie-Roux: Au lieu de M. Giasson (Montmagny-L'Islet), c'est
M. Goldbloom (D'Arcy McGee).
Le Président (M. Laplante): M. Goldbloom
(D'Arcy McGee).
Mme Lavoie-Roux: M. Pagé (Portneuf) au lieu de M. Saindon
(Argenteuil).
Le Président (M. Laplante): M. Pagé (Portneuf) au
lieu de?
Mme Lavoie-Roux: M. Saindon (Argenteuil).
Le Président (M. Laplante): M. Saindon (Argenteuil).
Mme Lavoie-Roux: II me semble que vous l'avez nommé.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. Saindon (Argenteuil)
remplacé par...
Mme Lavoie-Roux: Par M. Pagé (Portneuf).
Le Président (M. Laplante): M. Pagé (Portneuf).
M. Grenier: Le député de Pointe-Claire ne changera
pas son...
Le Président (M. Laplante): II ne changera pas cela. Au
moment où nous avons ajourné nos travaux, on n'avait pas
commencé la période des questions.
M. Lazure: J'étais en train de faire ma
réplique...
Le Président (M. Laplante): Oui, d'accord. Est-ce que vous
aviez fini votre intervention, madame?
Mme Lavoie-Roux: Je n'avais pas fini. Le ministre avait fini et
j'ai eu une seconde pour... Vous m'avez coupé la parole.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux reprendre
l'intervention que j'avais commencée avant l'ajournement, durant environ
cinq minutes, qui a pour but de relever certaines des affirmations du
président de l'Association des dentistes et qui a pour but aussi de
donner quelques détails additionnels sur la position de fond du
gouvernement, du ministère des Affaires sociales.
En ce qui concerne la communication directe avec les dentistes, j'y ai
fait allusion dans l'exposé d'ouverture ce matin, et je précise,
encore une fois que, si j'ai jugé bon d'envoyer à deux reprises
une lettre à chaque dentiste de l'association, à savoir le 12
avril 1978 et le 14 septembre 1978, c'est, dans le premier cas, parce que
l'association avait refusé de recevoir l'offre gouvernementale et que
nous avions dû la faire parvenir par huissier et je voulais m'assurer que
cette offre soit bien comprise par l'ensemble des membres de l'association.
La deuxième lettre envoyée aux dentistes en septembre 1978
avait pour but de corriger ce qui nous paraissait être des inexactitudes
dans l'exposé fait par le président de l'association, qui
s'intitulait: Dent pour dent, volume III, no 8, août 1978. Dans cet
exposé intitulé "Dent pour dent", nous avons pensé que la
position du ministère des Affaires sociales n'était pas transmise
de façon conforme à chaque dentiste.
En ce qui concerne les 95% du salaire des médecins, notre
position, M. le Président, vous comprendrez, n'est pas basée sur
un ou quelques cas isolés. La politique salariale actuelle du
gouvernement, qui était aussi celle du gouvernement antérieur, en
ce qui concerne les dentistes dans le secteur public, dans la Fonction
publique, est de donner aux dentistes 95% du salaire par rapport aux
médecins omnipraticiens.
J'ai aussi, dans mon exposé je vous réfère
au texte donné des exemples du gouvernement du Canada, du
gouvernement de l'Ontario, où les salaires des dentistes varient entre
5% et 15% de moins que les salaires des médecins.
L'argument de fond, M. le Président, qui ressort dans la
présentation du président de l'Association des dentistes, est
d'essayer de démontrer que les revenus des dentistes, de par les offres
gouvernementales, n'augmenteraient pas à un rythme raisonnable, du point
de vue des dentistes.
Nous avons soutenu ce matin que notre approche est différente.
Nous offrons des augmentations de tarifs sur des actes individuels. Je vous
réfère encore une fois aux 47 actes et si on exclut les trois
actes de prévention, sur les 44 actes qui restent, nous offrons 28,5%
d'augmentation, soit 7% d'augmentation par année. Nous croyons en ce
régime de soins dentaires assurés aux enfants; nous n'avons pas
de mérite particulier, le gouvernement antérieur a
instauré ce régime, nous y croyons et nous voulons le maintenir.
Nous comprenons aussi qu'il y ait eu des erreurs. Quand on implante, dans une
première phase, un régime aussi complexe et, encore une fois,
encore plus complexe dans le cas d'un régime partiel que dans le cas
d'un régime universel, nous croyons qu'il est normal qu'un gouvernement,
quel que soit le parti, puisse rajuster son tir en cours de route.
L'objet en litige à part de la masse globale d'argent, qui n'est
pas suffisante selon les dentistes, le deuxième objet en litige, c'est
évidemment tout le secteur des actes de prévention. Nous avons
constaté que, depuis le début de ce régime, les actes de
prévention tels que dispensés par les dentistes dans les cabinets
privés coûtent quatre fois plus cher que les actes de
prévention que j'identifie plus spécifiquement ici: l'acte qui
s'appelle "enseignement de l'hygiène buccale" et l'autre qui s'appelle
"application topique du fluorure ".
Quand on fait le calcul de l'argent versé par la Régie de
I'assurance-maladie pour ce régime partiel, nous constatons qu'il en
coûte quatre fois plus pour chaque enfant, c'est-à-dire environ
$20
pour ces deux actes, qu'il n'en coûte dans le réseau public
pour les mêmes deux actes tels qu'administrés par le personnel de
nos départements de santé communautaires auprès de la
population écolière; il en coûte, pour être plus
précis, $5.
M. Shaw: Question de règlement. Quand vous parlez de ce
montant d'environ $5, quels chiffres employez-vous? Est-ce que c'est seulement
le salaire...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire...
M. Shaw: C'est une question de rétablir les faits.
Le Président (M. Laplante): Non, on va laisser le ministre
terminer son intervention...
M. Shaw: C'est un point très précis qui doit...
Mme Lavoie-Roux: ... pour justifier la position du
gouvernement.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lazure: M. le Président, je peux facilement
répondre en passant à la question du député. Ces
chiffres sont établis simplement en utilisant, dans le cas des deux
actes dispensés en cabinet privé, le montant total
déboursé par la régie pour une année, 1977,
à savoir $7 600 000 pour 394 000 enfants, soit une moyenne de $19.27 par
enfant.
Par opposition, dans le réseau public, c'est-à-dire les
Départements de santé communautaire du Québec, les 32,
où, je le rappelle, on retrouve environ 35 dentistes et environ 110
hygiénistes dentaires qui dispensent leurs services dans les
écoles, on retrouve une dépense annuelle de $3 600 000 pour ces
deux services rendus à 679 000 enfants, soit une moyenne de $5.32 par
enfant.
M. Shaw: Cela inclut tous les coûts d'entretien de ces
bureaux dentaires. Tous les coûts sont impliqués ou seulement les
salaires?
M. Lazure: Je répète, M. le Président
et je peux déposer en annexe pour tous les membres de la commission et
pour les autres la documentation pertinente je répète
qu'il s'agit de coûts déboursés par la Régie de
l'assurance-maladie, $7 600 00 dans une année. Ce qui veut dire
que...
M. Shaw: Cela ne dit pas grand-chose...
M. Lazure: Vous aurez le droit de parole tantôt et vous
direz ça que vous avez à dire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire, si vous voulez, lorsque vous avez une question à poser,
vous avez un article du règlement qui vous permet une question et le
ministre peut y répondre s'il le veut. J'aimerais que vous vous en
souveniez parce que, si chacun commence à lui couper la parole, on n'en
finira plus, et il n'y aura pas de questions qui pourront être
posées aux représentants de l'association qui est devant nous.
S'il vous plaît.
M. Lazure: Ce qui veut dire, M. le Président, et je
termine sur ce point particulier, que, selon nos calculs, et qu'on nous
démontre qu'ils ne sont pas exacts s'il le faut, il en coûte deux
fois plus dans le réseau privé, dans les cabinets privés
pour dispenser ces deux actes-là, deux fois plus pour atteindre deux
fois moins d'enfants que dans le réseau public. Alors, M. le
Président, je disais que de bonne foi, un gouvernement peut constater
que certains éléments d'un programme comme celui-ci et je
parle de 3 actes sur 47 se révèlent trop coûteux et
un gouvernement, soucieux de bien dépenser l'argent public, devant cette
situation, a le choix entre deux possibilités, ou bien s'entendre avec
les dentistes pour qu'il y ait une diminution consentie importante de ces
dépenses pour les deux actes en question, ou bien continuer et
même augmenter la dispensation de ces deux actes, de ces deux services de
prévention, de l'intensifier sinon de la rendre exclusivement dans le
réseau public. Alors, nous avons opté ici au Québec,
à l'époque, pour une formule qui était de faire dispenser
ces services à la fois par les cabinets privés de dentistes et
par le réseau public.
Je fais remarquer, M. le Président, qu'il existe des endroits au
Canada, en Saskatchewan en particulier, où tous ces actes de
prévention qui sont dispensés actuellement, autant par les
cabinets privés que par le public, le sont entièrement par le
public.
Cela n'est pas une menace, c'est simplement une constatation. Je pense
qu'il faut bien se dire que si les dentistes veulent continuer à
être rénumérés par le régime pour ces deux
actes, nous accepterons de le faire, à la condition que ce soient des
coûts comparables, légèrement supérieurs
peut-être, mais pas trop supérieurs aux coûts qui seraient
ceux d'un tel service, mais dans le système public. (16 h 45)
Autre point. M. le président de l'Association des dentistes a
dit, ce matin, que les négociateurs avaient menacé, s'il n'y
avait pas réponse affirmative aux dernières offres, que le
gouvernement impose des conditions inférieures dans un décret. En
gros, c'est une affirmation qui n'est pas exacte. Le gouvernement n'a pas
l'intention d'imposer des tarifs inférieurs aux tarifs proposés,
je l'affirme solennellement. Le gouvernement envisage la possibilité,
c'est ce qui a été dit à la table de négociation,
s'il n'y a pas de règlement négocié, de transférer
les deux actes de prévention dont je vous parlais tantôt,
l'application du fluorure, ainsi que l'enseignement de l'hygiène, au
secteur public.
Je pense que là aussi, ce n'est pas du chantage, c'est une option
raisonnable de la part d'un gouvernement. Je ne pense pas que les gens croient,
contrairement à ce qu'on essaie de laisser entendre, qu'il soit
nécessaire de fréquenter l'université pendant quatre ou
cinq ans pour être capable d'enseigner l'hygiène buccale aux
enfants. Je ne pense pas non plus qu'il soit nécessaire d'avoir un
diplôme de dentiste pour faire l'application topique du fluor.
Le plafond de $133 000. J'ai dit, ce matin, que nous savions
pertinemment que la très grande majorité des dentistes auraient
des revenus, venant du régime partiel, bien inférieurs au montant
de $133 000. J'ai dit cependant donc, nous n'avons pas de crainte de ce
côté-là que selon révolution des chiffres
depuis trois ans, le nombre des dentistes allant chercher des revenus fort
imposants de la régie augmente régulièrement et que la
projection que nous faisons si les tarifs proposés récemment
étaient en vigueur, nous pensons que la somme de $1 million serait en
surcroît des $133 000, c'est-à-dire qu'un certain nombre de
dentistes dépasseraient ce plafond. Et nous pensons, malgré les
affirmations du président de l'Association des dentistes, qu'il est tout
à fait raisonnable de demander un tel plafond qui, je le rappelle, a
été accepté par les omnipraticiens.
M. le Président a laissé entendre que ce n'est pas
récemment que nous avons demandé que les deux groupes, enfants et
bénéficiaires de l'aide sociale, voient leurs conditions, leurs
ententes, signées simultanément. Encore une fois, je le
répète puisqu'il a dit cela même après avoir
entendu mon exposé que dans des lettres, soit à
l'association ou aux dentistes individuellement, le 16 mars, le 12 avril et le
18 avril, nous avons bien dit que nous voulions conclure une entente pour les
deux groupements, simultanément.
M. le Président, je termine tout simplement en faisant remarquer
que le président c'est peut-être de bonne guerre a
tenté, dans son exposé, de discréditer le
négociateur, de discréditer le ministre, de discréditer le
gouvernement. Je pense que cela ne distraira, cela ne trompera personne. Ce qui
est en litige ici, ce n'est pas de savoir si le gouvernement aurait pu
appliquer le régime des bénéficiaires de l'aide sociale si
l'entente avait été conclue il y a un ou deux mois, étant
donné tel ou tel amendement nécessaire, c'est le boulot du
gouvernement de s'en occuper. Je pense qu'il n'y a personne qui va se laisser
distraire par ce genre d'argument.
Pour nous, le litige porte sur deux points principaux. Les dentistes
jugent que notre offre ne leur rapporte pas des revenus augmentés de
façon satisfaisante et, deuxièmement, les dentistes refusent que
nous puissions transférer des actes de prévention qui peuvent
être accomplis dans un réseau public, à des coûts
infiniment moindres.
Que les dentistes ramènent le débat strictement à
une question de gros sous, cela demeure une question d'appréciation, une
question très subjective. Je pense que le gouvernement est tout à
fait dans l'exercice de ses fonctions normales en évaluant, à un
moment donné, quels coûts on doit demander au public, puisqu'il
s'agit de fonds publics, puisqu'il s'agit d'impôts. Il est tout à
fait normal que le gouvernement, à un moment donné, évalue
ce qu'il croit être une offre raisonnable. M. le Président, c'est
exactement ce que nous avons fait.
Le Président (M. Laplante): M. Chicoine, est-ce que vous
avez des réponses à donner aux arguments de M. le ministre?
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas posé de question, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Non... M. Chicoine:
Pardon?
Le Président (M. Laplante): Non, continuez, occupez-vous
seulement de moi.
M. Chicoine: Je ne traiterai peut-être pas des propos du
ministre dans le même ordre que celui-ci les a exposés ou qu'il
vient de le faire. Seulement, il a parlé, ce matin, avant qu'on se
quitte, du ton de notre mémoire et, plus spécifiquement, il a
fait allusion à la mauvaise foi. Je sais qu'il a dit qu'il n'avait pas
l'intention de parler de mauvaise foi, quant aux parties ou à la partie
qu'il a en face de lui. J'aimerais quand même rappeler ceci. Avant la
convocation de cette commission parlementaire quoi qu'en dise le
ministre, je pense que nous ne sommes pas cinq menteurs assis ici en face de
vous, M. le Président on nous a dit et on nous l'a
répété une deuxième fois que, si on n'acceptait pas
l'offre gouvernementale, on aurait quelque chose de pire. Quand on s'est
présenté ici, on s'est présenté dans les conditions
suivantes: Lorsque quelqu'un se fait dicter un régime qui ressemble
davantage à un régime de préfet de discipline plutôt
qu'à celui d'un gouvernement qui veut négocier avec ses sujets,
on s'est présenté en disant: Si les dés sont pipés
d'avance, on va mettre sur la table toutes les cartes, comme on l'a toujours
fait au cours de cette négociation. Ce n'est que ce matin que j'ai
appris, de la part du ministre lui-même, que les négociations
n'étaient pas rompues. Vous comprenez très bien, M. le
Président, lorsqu'on a une séance de négociation et qu'on
se fait dire: Si vous n'acceptez pas cette offre, vous savez qu'il y a une loi
qui s'en vient probablement pas à des conditions meilleures et qu'on se
lève et on dit: On n'a plus rien à se dire, on se reverra en
commission parlementaire, on n'a pas l'impression que la négociation va
continuer.
L'association a toujours démontré beaucoup de
disponibilité et a sans cesse respecté ses délais, sauf
les deux jours qu'on nous a reprochés. Je tiens à dire que, si le
ministre veut réviser ses positions, puisqu'il nous a annoncé que
la négociation continuerait, nous sommes prêts à retourner
à la table des négociations, pour autant qu'il y aura certains
changements à la position gouvernementale qui, comme je vous le
rappelle, est une position qui n'a pas évolué depuis le 22
août 1978.
Quant au semblant de mauvaise foi, je ne veux quand même pas lui
mettre dans la bouche des propos qu'il n'a pas tenus, lorsqu'il a dit que nous
avions cité sa déclaration dans notre mémoire, sa
déclaration à l'Assemblée nationale. Il nous a dit que
cette déclaration était complémentaire à une autre
déclaration. Vous comprendrez très bien qu'il nous est quand
même impossible de suivre assidûment tous les débats de
l'Assemblée nationale et, comme le journal des Débats n'est pas
un journal quotidien, il se peut qu'on n'ait pas en main la première
partie de la déclaration. Seulement, je tiens à rappeler que, sur
les pourcentages, je ne sais pas si c'était à la suite d'une
déclaration préalable ou pas, le ministre des Affaires sociales a
dit en Chambre qu'il s'agissait de 4 fois 7 et que cela faisait 28, laissant
planer ainsi dans l'opinion publique qu'on nous proposait une augmentation de
7% par année pendant 4 ans, alors qu'on l'a démontré ce
matin, c'est une augmentation de 7,85% dans l'ensemble du plan pour une
durée de 4 années, la durée moyenne.
De plus, le communiqué de presse qui a été
publié après j'ignore si ce communiqué était
rattaché à un autre communiqué préalablement
le dernier communiqué de presse du ministre, en date du 2 novembre, dit
bien qu'il s'agit d'offres qui se comparent avantageusement à celles
faites aux médecins. Les médecins n'ont pas eu 7,85%, les
optométristes non plus et les pharmaciens non plus.
En ce qui concerne la prévention, je tiens à
préciser ceci, et je vais vous lire un texte que j'ai transmis à
un groupe d'hommes d'affaires de la ville de Québec, il y a quelque deux
semaines, où je dis que la prévention est un faux
problème. "Nous avons déjà proposé au niveau de la
table des négociations et au niveau du comité de la santé
dentaire un système préventif aussi efficace et moins
coûteux que celui de l'acte en cabinet privé. Ce système
était basé sur l'expérience d'Etobicoke en Ontario
où on a, en 7 ans, sur un total de 46 566 enfants, diminué les
urgences chez les enfants de 4 à 14 ans en les faisant passer de 30%
qu'elles étaient à 5%. De plus, le pourcentage d'enfants ne
nécessitant aucun traitement dentaire est passé de 42% à
73%. C'est une proposition que nous avions déjà faite. Alors,
cette proposition, comme elle ne provenait point du gouvernement, est
demeurée lettre morte. Les Japonais diraient: Une grenouille dans un
puits ne peut connaître les splendeurs de la mer.
On ne peut souscrire à une diminution de la prévention
sans alternative valable déjà en place et assurant une meilleure
santé à la population. Je vais vous parler tantôt
d'alternative valable. La prévention à moyen terme, abaisse
sensiblement le nombre de traitements et partant les coûts.
Au mois de mai 1978, il y avait au Québec plus
d'hygiénistes dentaires qu'il en existe dans le reste du Canada; cela,
à cause d'un manque de planification gouvernementale. Or, des coupures
draconiennes dans ce domaine, sans l'existence d'une autre solution valable, en
plus de favoriser la détérioration de la santé, partant
une augmenta- tion des coûts, favoriseront aussi un chômage
accru.
Vous savez, M. le Président, qu'en Californie, où il y a
énormément d'hygiénistes-dentaires, le ratio est de une
hygiéniste par trois dentistes environ et ici, au Québec, il y a
environ 1800 dentistes qui sont en pratique active et on compte 800
hygiénistes-dentaires qui sont formés. Je ne pense pas que notre
niveau d'éducation dentaire soit aussi élevé que celui de
la Californie et ça représente un certain problème
lorsqu'on veut faire des coupures draconiennes dans ce domaine.
Nous ne collaborerons pas à la création de chômeurs
instruits à cause d'un manque de responsabilités, ni à
l'augmentation des coûts et à la détérioration de la
santé. Actuellement, les coûts de la prévention semblent
élevés par rapport au reste du programme. C'est vrai, lorsqu'on
lit les statistiques de la Régie de l'assurance-maladie, M. le
Président, que ces coûts semblent beaucoup plus
élevés. Ce qu'on oublie de dire dans les statistiques, mais, de
toute façon, elles ne peuvent pas le dire, c'est qu'il y a quand
même 50% des soins dentaires qui ne sont pas couverts, il y a donc 50%
des coûts, quant aux obturations notamment, c'est-à-dire les
plombages, qui n'apparaissent pas, ce qui signifie qu'en termes de statistiques
pures et simples, la prévention se trouve dans une colonne qui favorise
une conclusion facile, c'est-à-dire qu'elle est trop
élevée par rapport au reste. Seulement, j'aimerais vous rappeler
qu'en ce qui concerne les trois actes de prévention, ces actes sont
répétés deux fois par année en moyenne. Ce sont des
actes qui reviennent constamment, de façon semestrielle. Or, les examens
complets ne reviennent pas annuellement. Ce sont les examens de
prévention qui reviennent de façon semestrielle et les
obturations sur les dents ne reviennent pas de façon semestrielle. Donc,
on dit que la prévention est une chose bien exagérée par
rapport au reste du plan. (17 heures)
Lorsqu'on parle de prévention, j'ai l'impression souvent qu'on
emploie les mêmes termes pour traduire des réalités qui
sont tout à fait différentes.
Quand on parle d'instruction et de démonstration de mesures
d'hygiène buccale, je conviens avec le ministre, M. le Président,
qu'on n'a pas besoin d'être dentiste pour montrer à quelqu'un
à se brosser les dents. Il y a beaucoup de mères de famille qui
le font depuis des années et elles n'ont pas de diplôme de
dentiste, ni de diplôme d'hygiéniste dentaire. J'en conviens. Je
pense que je ne serais pas honnête si je faisais autrement. Seulement, la
prévention est autre chose que de tout simplement montrer à
quelqu'un à se brosser les dents.
La prévention véritable s'exerce par un contrôle
continuel. Que se passe-t-il lorsqu'un enfant va chez le dentiste pour une
visite de prévention? On lui montre à se brosser les dents, on
lui parle de son alimentation, on lui met des comprimés
révélateurs dans la bouche pour lui montrer à quel
endroit, exactement, il ne se brosse pas les dents
et c'est ça qui est important, M. le Président, c'est ce
contrôle de la plaque dentaire et des méthodes utilisées
par les patients.
Remarquez bien que si vous désirez enlever une partie de la
prévention du régime, vous serez le premier gouvernement à
instaurer un ticket modérateur parce que les dentistes ne cesseront pas
de faire de la prévention parce que le gouvernement ne veut plus la
payer, d'une part. D'autre part, j'ajouterais ceci: Lorsque vous parlez du
réseau du ministère des Affaires sociales où vous dites
qu'il y a 36 dentistes, je crois, et quelque 110 hygiénistes de
toute façon, le chiffre importe peu je suis le premier à
être content de voir qu'il y a tant de monde qui va travailler à
la prévention. Mais nos expériences personnelles en ce qui
concerne le réseau public démontrent que celui-ci a
énormément de chemin à faire pour arriver à la
cheville des bureaux de dentistes quant à la prévention
elle-même.
Je m'explique: II y a un bon nombre de dentistes, ici dans la salle, qui
ont des enfants et qui vous diront que lorsque leurs enfants sont revenus de
l'école ou d'ailleurs, après une séance de
prévention ou d'autobrossage, on a entendu toutes sortes
d'hérésies sur la façon de se brosser les dents. Quand on
fait de la prévention de masse, ce n'est pas de la prévention
individualisée et on n'y attache pas tout à fait le même
intérêt. Il y a même un dentiste qui me racontait
tantôt qu'un père de famille était allé le voir avec
les enfants et ce dernier lui avait donné des comprimés
révélateurs; des comprimés révélateurs, on
se met cela dans la bouche et on regarde, après un certain temps,
à quel endroit il y a de la plaque dentaire. Lorsqu'il a remis les
comprimés révélateurs au père de ces enfants, ce
dernier a dit: Ah oui! c'est pour laisser tremper les brosses à
dents.
Vous comprenez que ce n'est pas tout à fait de la bonne
prévention. De plus, j'ajouterai que dans le régime
gouvernemental je laisserai M. Genest, s'il le désire, parler de
chiffres s'il y avait une concordance d'action ou une unité
d'action entre les différents DSC, on aurait déjà
établi un régime qui a de l'allure. Cependant, permettez-moi
d'ajouter qu'en ce qui concerne la prévention, si le ministre des
Affaires sociales désire instaurer un régime cohérent et
logique, il nous fera plaisir de collaborer avec lui, mais on le fera tel qu'on
nous l'a enseigné.
Quant aux autres points, vous avez dit ce matin qu'on avait
préféré faire des gorges chaudes à la direction de
l'association lorsqu'on a refusé votre miniconvention. Dans la lettre
que nous vous adressions le 24 avril, nous vous donnions les raisons de notre
refus d'une miniconvention. Or, à l'Association des chirurgiens
dentistes, s'il y a une chose qu'on a toujours bien respectée c'est la
collégialité.
Une semaine après avoir reçu la proposition d'une
miniconvention, nous avons déposé ceci à
l'assemblée générale de notre association, au mois de mai
1977. Je vous lis la résolution qui a été
votée:
Attendu que la proposition du ministère des
Affaires sociales du Québec concernant l'installation d'un tarif
provisoire quant à certains actes non couverts actuellement, dans le but
d'obvier aux carences du régime actuel de soins dentaires assurés
pour enfants;
Attendu que le nouveau gouvernement a été mis au courant
des lacunes du régime actuel peu de temps après son accession au
pouvoir;
Attendu que le ministère des Affaires sociales a mis cinq mois
pour couvrir les négociations malgré les demandes
répétées de l'Association des chirurgiens dentistes du
Québec et la disponibilité de son comité de
négociation;
Attendu que par le passé, l'expérience entre le
gouvernement et l'association a démontré que le provisoire se
transformait facilement en permanent, en ce sens que les situations ont
toujours traîné en longueur; d'ailleurs on est trois ans et demi
sans convention;
Pour toutes ces raisons il est proposé et résolu que le
comité de négociation de l'Association des chirurgiens dentistes
du Québec continue à manifester son entière
disponibilité dans le but d'en arriver le plus rapidement possible
à une entente complète négociée.
Je n'ai donc pas, personnellement, fait des gorges chaudes sur votre
proposition, monsieur, mais j'ai rempli un mandat qui m'avait été
donné et voté unanimement par une assemblée
générale convoquée dans la légalité.
Pour ce qui est de la simultanéité des ententes,
c'est-à-dire les assistés sociaux et les enfants, dans la
même lettre que je vous adressais le 24 avril, il est inscrit au
paragraphe. Assistés sociaux: "Nous sommes satisfaits de votre intention
d'intégrer aux services assurés par la régie les soins
dentaires dispensés aux bénéficiaires de l'aide sociale.
Permettez-nous de préciser qu'au début de la négociation,
nous avons voulu négocier le normatif sous trois lois, la Loi de
l'assurance-maladie, la Loi de l'assurance-hospitalisation et la Loi de
l'assurance sociale. Après discussion et à la demande de vos
représentants, il a été convenu de négocier d'abord
le régime applicable aux enfants avant d'aborder celui offert aux
assistés sociaux. '
Effectivement, M. le ministre, suite à cette lettre, tout le
monde s'est mis d'accord à la table de négociation pour discuter
du régime de soins dentaires pour les enfants. Il y a quelqu'un qui nous
a dit: je ne veux pas donner de nom cet après-midi Mon
ministre n'aimera pas cela, mais on va commencer de même.
Donc, on s'était entendu sur les règles du jeu, et en
cours de route, lorsqu'on est revenu pour nous dire: II s'agit des
assistés sociaux et des enfants, on a dit: Si telle est votre attitude
de changer les règles du jeu, on a failli se lever de table à ce
moment-là, et on est revenu à négocier le problème
des enfants. C'est ce qui s'est passé quant aux assistés
sociaux.
Evidemment, vous pouvez peut-être trouver démagogique de
notre part le fait qu'on vous dise que pour négocier les assistés
sociaux il faut un amendement à la loi et cet amendement n'est pas
encore déposé, seulement j'aimerais bien avoir le
mandat nécessaire devant mes membres pour me présenter
à une table de négociation sur des choses bien précises.
Je ne leur passerai pas de sapin aux dentistes qui sont derrière moi.
Quand il y aura une assise légale pour les assistés sociaux, nous
nous présenterons pour négocier en ce qui les concerne. Je
conviens, M. le ministre, que le normatif ne changera pas beaucoup. Je conviens
aussi qu'il y aura beaucoup d'actes dans le plan pour les enfants qui seront
automatiquement transférés pour les assistés sociaux.
Permettez-moi de vous suggérer, quant à la partie
prothèses... Non, je ne le ferai pas, ce serait diminuer des gens
à votre table de négociation. Mais il y a des consultations qui
peuvent s'exercer au niveau des universités; cela avancerait le
débat.
Quant au reste, je laisserai Me Brodeur continuer. Seulement, je m'en
voudrais de ne pas conclure ma partie de réponse en disant que nous
avons déposé un normatif qui est identique à celui qui
avait été accepté par les médecins omniprati-ciens
au mois de septembre 1976. Nous avons déposé ce normatif dans le
but de hâter un règlement et de hâter la négociation.
Cela a pris une année de négociation et 1400 dentistes de
désengagés pour le régler. Pourtant, c'est un normatif qui
avait déjà été accepté pour un autre
groupe.
M. Laberge, au congrès de la Fédération des
médecins omnipraticiens du Québec, a dit que, quant à lui,
c'était scandaleux.
Je vais laisser le reste à M. Brodeur.
M. Brodeur (Yvan): J'aurai trois points qui seront assez brefs,
M. le Président. Un premier, c'est la question des plafonds.
Essentiellement, la position de l'association quant aux plafonds, c'est que,
dans un régime partiel comme celui des dentistes, c'est ce que nous
avons toujours expliqué à la table de négociation, des
plafonds ne peuvent pas, d'une part, être efficaces et, d'autres part,
être vraiment équitables pour l'ensemble des membres. Ils ne
peuvent pas être vraiment efficaces parce qu'il est évident que,
sauf les pédodon-tistes, les autres dentistes peuvent très bien,
lorsqu'ils voient qu'ils pourraient atteindre leur plafond, pratiquer hors
régime, de sorte que les plafonds ne modifieront d'aucune manière
leur façon de pratiquer.
C'est également inéquitable et, à cet égard,
c'est vraiment une question de principe pour l'Association des chirurgiens
dentistes. C'est-à-dire qu'une association professionnelle ne peut pas,
quant à nous, accepter des règles du jeu qui ne touchent pas
l'ensemble de ses membres de la même façon ou d'une façon
équivalente. Il est évident que les seuls auxquels
s'appliqueraient véritablement les plafonds, ce sont les
pédodontis-tes. Il s'agit d'une quinzaine de dentistes qui rendent des
services spécialisés, le plus souvent. On ne pense pas que ce
soit, d'une part, quelque chose de vraiment urgent, que ce soit quelque chose
de vraiment avantageux que d'avoir des plafonds pour ces gens, mais surtout, en
tant qu'association, on considère qu'il s'agit là d'une mesure
qui n'est pas équitable pour l'ensemble de nos membres ou qui n'est pas
équitable pour les pédodontistes, par rapport notamment aux
autres dentistes qui, étant des omnipraticiens, n'exercent actuellement
leur profession qu'en rendant des services aux enfants; parce qu'il y en a
également.
C'est l'essence de notre proposition à cet égard. Un
deuxième point que j'aimerais toucher, c'est la question de la
signification de l'offre pécuniaire qui nous a été faite,
au mois d'avril 1978, par le ministère et qui représentait une
diminution de tarif de 1%. Ce qui s'est passé, essentiellement, c'est
ceci: à la table de négociation, il avait été
convenu de négocier d'abord le normatif et ensuite le pécuniaire.
Lorsqu'on nous est arrivé à la table avec une proposition
pécuniaire, nous avons dit: Nous refusons de la recevoir formellement.
Si vous voulez la laisser sur la table, on ne peut pas vous en empêcher;
si vous voulez nous l'envoyer par la poste, on la recevra, mas on ne la recevra
sûrement pas formellement.
Pourquoi? Parce qu'on a la conviction qu'à la suite de la
réception de ce document, le débat va tourner du normatif au
pécuniaire et que, sur le pécuniaire, finalement, vous allez
jouer des règles du jeu telles que vous allez attirer l'attention du
public exclusivement sur des questions de gros sous. On veut que la population
soit informée clairement et exactement des problèmes qu'on a
actuellement. On a des problèmes au niveau du normatif. On va
régler ces problèmes, ce sera clair. Si on ne s'entend pas, la
population sera informée et les règles du jeu seront d'autant
plus claires. (17 h 15)
C'est la position que nous avons adoptée à ce
moment-là, et nous avons refusé de discuter de questions d'argent
avant d'avoir réglé les questions normatives. Je dois dire que
nous avons la nette impression d'avoir eu raison de nous engager dans cette
voie. Les 28,5% en sont une illustration.
Finalement, quant au point de vue pécuniaire, j'aimerais
souligner qu'il y a toujours eu, dans la position gouvernementale, une certaine
ambiguïté. D'une part, on affirme que ce qu'on nous offre, c'est
une augmentation sur les actes individuels. C'est bien. On a, quant à
nous, l'impression qu'on utilise vis-à-vis des dentistes, des
règles qui sont tout à fait différentes de celles
utilisées avec les autres professionnels de la santé.
Mais prenons cette affirmation pour ce qu'elle est. Comment peut-on
alors, d'autre part, prétendre qu'on nous offre l'équivalent de
ce qui est offert aux médecins, alors que, tout le monde le sait, pour
les médecins, le taux de 28,5% est 28,5% par rapport au revenu
individuel des médecins omnipraticiens?
Il y a là une contradiction encore que nous nous expliquons bien
mal.
M. Genest (Pierre): M. le Président, je voudrais seulement
relever les chiffres de M. Lazure sur le coût des programmes de soins
dentaires et le coût des programmes de prévention en ce qui
regarde les démonstrations d'hygiène buccale et
les applications topiques de fluor. Les taux du régime actuel
pour ces deux actes sont tous deux à $10. Les parties ne se sont pas
entendues jusqu'à maintenant sur la fréquence de ces actes dans
le nouveau régime, mais les parties se sont quand même entendues
pour réduire le coût de ces deux actes de $10 à $5.
Donc, le chiffre de $19.27 qui nous est soumis aujourd'hui serait
réduit de moitié, si on prend $20 pour faire des chiffres exacts,
pour arriver à $10.
Maintenant, si on regarde l'annexe du document du ministre ce matin, M.
le Président, le nombre d'enfants pour le programme de services
dentaires qui est utilisé pour faire le calcul du coût est le
même que le nombre d'enfants utilisé pour calculer le coût
du régime public, soit 394 784 enfants.
L'on sait très bien que le régime actuel prévoit
une fréquence de deux fois par année de démonstration
d'hygiène buccale et d'application topique de fluor. Je me demande
réellement si les 394 784 enfants ont été vus deux fois
durant l'année 1977 par les 36 dentistes et les 95 hygiénistes,
de même que les deux assistantes au service du ministère. C'est
donc dire que, à supposer qu'ils aient été vus chacun une
fois et cela probablement pas d'une façon individuelle avec un
contact personnel, le coût de $5.32, c'est le coût pour une fois
par année, et le coût que je viens de vous calculer, à $10,
c'est le coût pour deux fois par année. On serait donc
déjà à quelque chose d'assez semblable dans les
coûts.
Deuxièmement, je regarde le document qui nous a été
remis cet après-midi. J'aurais aimé étudier ce document
à tête reposée. Vous avez, en 1977, 26 dentistes, 95
hygiénistes et deux assistantes dentaires. Si on parle encore de
démonstration d'hygiène buccale et d'application topique de fluor
idividuelle, il faut donc qu'il y ait un rendez-vous qui ait été
donné au patient. Il faut donc qu'il y ait eu une salle où ce
patient ait attendu, etc. Il y a eu une préparation du client par
l'assistante dentaire. Il y a aussi le travail du dentiste, l'équipement
et les fournitures, etc. Vous pouvez voir que le travail de rendez-vous et de
secrétariat a été fait pour les 26 dentistes et les 95
hygiénistes dentaires par une secrétaire qui ne semble pas
être payée, parce qu'on a des points où il n'y a pas de
salaire. Il y a également une sténographe et un attaché
d'administration. Il y a les comptes de dépenses de ces gens-là,
de même que le coût de l'équipement dentaire. Il n'y a
certainement pas, dans ces coûts, le coût du loyer, le coût
du téléphone et de toute l'administration du ministère qui
doivent s'attacher à ce programme que les dentistes fournissent
gratuitement dans leurs cabinets.
Je vous remercie, M. le Président.
Questions aux témoins
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, on va
commencer par l'Opposition qui veut poser des questions. Peut-être, dans
les réponses que vous aurez à donner, pourrez-vous toucher
d'autres sujets, mais je vous demande sans brimer votre droit de parole, je ne
voudrais pas que vous vous sentiez pris là-dedans d'essayer d'avoir des
questions assez courtes pour qu'il y en ait le plus possible de posées.
D'accord?
M. Chicoine: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Une question de
règlement, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je voudrais bien qu'on établisse le fait que
l'Opposition va questionner l'association et le ministre, bien sûr,
puisqu'on a deux documents en main, parce qu'on siège ici depuis ce
matin, alors qu'on nous réserve quand même assez de temps, parce
que si on devait recevoir l'Ordre des dentistes ce soir, si on devait terminer
à 18 heures avec l'association, j'ai l'impression qu'on aurait beaucoup
plus de questions à poser à ces gens-là qu'on en aura
peut-être ce soir, dans la soirée... Je voudrais bien qu'on nous
réserve une vingtaine de minutes, ce qu'on a l'habitude de faire
à la commission ici.
Le Président (M. Laplante): Je m'efforcerai d'être
le plus équitable possible, parce que c'est un...
M. Grenier: Vous regardez à votre gauche plus souvent que
vous regardez... C'est important.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, je ne crois pas que j'aie été impoli
avec vous...
M. Grenier: Non.
Le Président (M. Laplante):... je vous dis que je serai le
plus équitable possible. Je ne crois pas avoir manqué
d'équité depuis ce matin.
M. Grenier: Non, mais je vous préviens, c'est toujours
prudent.
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Cela semble clair
et évident que le ministre des Affaires sociales utilise cette tribune
pour faire valoir son point de vue. Le fait qu'il a devant lui un organisme
auquel il n'a pas posé une seule question, mais dont il a tenté
de contredire tous les arguments, semble tout à fait dans cette
voie-là. D'ailleurs, je pense que son ministère a
déjà produit, depuis l'heure du "lunch ", un communiqué de
presse dans lequel il dit encore une fois que c'est 233% d'augmentation que les
dentistes ont eu, c'est-à-dire qu'ils sont passés de $5000
à $19 000, sans mettre la nuance, sans donner raison aux gens qui sont
devant nous. Je trouve que c'est un procédé un peu douteux; alors
qu'on a ces gens-là devant nous, il y a des communiqués de presse
qui continuent de faire la publicité du ministère des Affaires
sociales.
M. Lazure: Comme si l'association ne la faisait pas!
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si...
M. Lazure: Vous n'avez qu'à regarder les journaux de la
fin de semaine passée.
Mme Lavoie-Roux: Ont-ils envoyé un communiqué...
Non, mais est-ce qu'ils ont un communiqué de presse qui est sorti depuis
que nous sommes en session, ce matin?
Le Président (M. Laplante): Est-ce une question que vous
posez au ministre?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est lui qui m'a interrompue, je faisais
une remarque.
Le Président (M. Laplante): Non, est-ce que vous voulez
poser une question?
Mme Lavoie-Roux: S'il veut me répondre, il peut bien me
répondre.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
Une Voix: On n'a pas le temps, nous autres.
Mme Lavoie-Roux: C'est que je pense qu'il faut faire une
distinction entre les communiqués qui, de part et d'autre, ont
été rendus publics tant par l'association que par le
ministère dans les semaines précédentes, mais là on
est à étudier un dossier et on sort encore sans nuance: Les
dentistes sont passés de $5000 à $19 000, sans au moins... Au
moins, ce matin, vous l'aviez dit, vous avez dit qu'il y avait plusieurs
facteurs...
M. Lazure: J'ai fait les nuances.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais pas dans le communiqué qui s'en
va dans le grand public. Je ne vois pas dans quelle mesure on peut amener les
gens à discuter d'une façon raisonnable quand on utilise cette
sorte de procédé. En tout cas, je vous mets au courant, M. le
ministre, si vous ne le saviez pas.
Je voudrais d'abord demander à l'Association des dentistes
en page 10, vous présentez des chiffres qui étaient les
honoraires retenus suite à l'entente de mai 1974 et, ensuite, suite aux
demandes que vous faisiez au mois de mai 1978 si les chiffres qu'on a
devant nous vont assurer une couverture complète enfin, si vous
les obteniez des soins dentaires pour les enfants de dix à
quatorze ans. On le sait, on l'a répété plusieurs fois
que, jusqu'à maintenant, c'était une couverture partielle. Je
l'entends quant à la couverture et non quant à l'âge des
enfants qui sont couverts. Il faut quand même assurer une bonne
qualité de soins dentaires. Ce que vous demandez, que cela vous soit
donné ou que cela ne vous le soit pas, est-ce que cela couvrirait
vraiment tous les soins dentaires que requièrent les enfants de cet
âge-là?
M. Genest: M. le Président, les comparaisons
présentées dans le document sont des comparaisons qui sont,
celle-ci en particulier, basées sur les fréquences de 1976. Vous
comprendrez qu'il est fort difficile d'évaluer une augmentation de
revenu, à la suite de l'addition d'un nouvel acte. La dernière
demande de l'Association des chirurgiens dentistes est très
complète. Pour une première fois, on a mis tout l'ensemble par
écrit. Elle est très complète, elle couvre tous les actes
qui sont nécessaires aux enfants même jusqu'à l'âge
de 18 ans.
Les calculs d'augmentation doivent être basés sur les
données d'une année spécifique. Nous calculons donc, et la
partie gouvernementale agit de la même façon, une augmentation
dans les examens. On dit qu'il y a 15% de notre revenu, parce que, lorsqu'on
parle en termes de $100, si on dit qu'il y a 15% de notre revenu, donc $15,
j'ai un tableau ici, il y a $15 sur $100 du revenu des chirurgiens dentistes
qui proviennent des examens.
Les tarifs des examens, dans cette demande en particulier, ne sont pas
tous augmentés de 54%. Certains tarifs sont augmentés de 75% et
d'autres sont augmentés de 20%. L'ensemble des tarifs des examens donne
une augmentation de 54,6%.
J'aimerais retourner à l'offre du ministère, parce qu'il y
a quand même une bonne partie de ces choses sur les calculs où on
s'accorde très bien. Dans les examens, ici, il s'agit de
fréquences de 1977. Vous voyez que les examens ne représentent
plus que 14,70% comparativement à 15% en 1976.
La proposition gouvernementale qui a été faite le 22
août 1978 donnait une augmentation de 22,6%. Dans cette proposition
gouvernementale, si je me rappelle bien, il y avait une augmentation du tarif
de consultation de $15 à $20, soit une augmentation de 33 1/3%, tandis
que, dans un autre tarif, il pouvait y avoir une augmentation de $5.50 à
$6, ce qui donne une augmentation d'un peu moins de 10%.
Vous prenez l'ensemble des examens et vous calculez; dans un bloc
particulier, les deux parties font toujours la même chose, vous prenez
tous les actes et vous regardez la fréquence de chacun des actes et vous
déterminez l'augmentation produite par les nouveaux tarifs qui sont mis
sur les actes. Donc, cette augmentation est de 22,64%.
Notre dernière demande, celle à 15%, couvre tous les actes
nécessaires pour donner les soins nécessaires aux enfants
jusqu'à l'âge de 18 ans. Le calcul de l'augmentation n'inclut pas
les actes d'endodontie qui n'étaient pas couverts en 1977; donc, nous
n'avons pas la fréquence de ces actes. On prend donc, pour chacune des
sections, les fréquences de 1977 et on calcule une augmentation moyenne.
Vous voyez que cette augmentation moyenne est faite à l'intérieur
d'un bloc, elle est faite en prenant toutes les fréquences. De la
même façon, dans les tableaux que je vous présente ici, les
fréquences des quatre grandes catégories sont utilisées
pour faire le calcul de l'augmentation de
15%. Ce calcul d'augmentation est un calcul tout à fait similaire
à celui qui est fait à l'intérieur de chacune des
sous-classes, ce que le gouvernement arrête toujours de faire, parce que
le gouvernement se dit: Je fais le calcul, mais j'enlève la
prévention et cela me donne 28%.
Les tarifs des nouveaux actes ont été
déposés par les deux parties, à plusieurs reprises, et
cela a toujours été notre position que ces tarifs étaient
toujours négociables.
Mme Lavoie-Roux: II semblerait, d'après ce que vous me
dites, qu'à la suite d'une entente, les soins requis pour cette
catégorie d'enfants seraient couverts, sauf les soins d'orthodontie.
M. Genest: D'endodontie.
M. Brodeur: Ils seraient couverts, suivant la nouvelle
entente.
Mme Lavoie-Roux: Ceux d'orthodontie aussi.
M. Chicoine: Pas d'orthodontie, mais d'endodontie.
Mme Lavoie-Roux: L'endodontie, d'accord. M. Chicoine:
C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Le redressement des dents, est-ce que
c'est...
M. Chicoine: Ce n'est pas couvert.
Mme Lavoie-Roux: C'est de l'orthodontie?
M. Chicoine: C'est cela. L'orthodontie n'est pas couverte. (17 h
30)
M. Lazure: Si vous me posez la question, cela ne serait pas
couvert dans notre offre et, cela n'a pas été couvert dans la
demande non plus, que je sache.
M. Genest: L'endodontie est le traitement de l'intérieur
de la dent, soit le traitement du canal, tandis que l'orthodontie, c'est le
redressement des dents.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je le sais, c'est pourquoi je vous
demandais...
M. Genest: Quant à l'orthodontie, et de la part du
ministère et de la part de l'association, il n'y a pas eu de discussion
de couverture.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Il semble également, d'après
ce qu'on retrouve dans votre mémoire, d'après certains articles
que j'ai lus, qu'une partie importante du litige porte sur les fameux soins de
prévention. Dr Chicoine, tout à l'heure, vous disiez que vous
avez fait non pas des propositions, mais vous avez pris une initiative avec le
gouvernement ou les négociateurs du gouvernement pour vous impliquer
dans un plan de prévention. Vous avez parlé de
l'expérience d'Etobicoke. Je voudrais quand même savoir, de votre
association, de quelle façon peuvent être partagés les
soins de prévention entre les hygiénistes dentaires et les
dentistes, parce que ça reste quand même un problème de
fond, une toile de fond dans toute la discussion de ce problème.
Est-ce que, d'après ce que vous avez dit, si c'était
couvert uniquement par les services publics ou par les hygiénistes
dentaires tel qu'ils fonctionnent présentement, ça ne vous semble
pas adéquat, si ces ressources qui semblent exister, puisque
vous-mêmes avez dit: On a 800 hygiénistes dentaires pour 1500
dentistes, alors qu'en Californie, on calcule un par trois, qu'est-ce qui est
fautif, qu'on ne puisse pas obtenir... Vous semblez dire que les
hygiénistes dentaires peuvent, dans une certaine mesure, non pas sur le
plan individuel, mais sur le plan de groupes, rendre ces services, qu'est-ce
que vous offririez ou quelle orientation devrait-on prendre pour assurer ce
service d'une façon adéquate?
Je suis un peu portée à penser comme vous que des
hygiénistes dentaires qui s'adressent à un groupe d'enfants vont
en perdre certainement dans le groupe. Je voudrais aussi voir l'assurance du
ministre des Affaires sociales que tous les enfants de la province de
zéro, non pas de zéro, parce qu'ils sont encore... même de
zéro, en tout cas, tous ceux d'âge scolaire sont vraiment couverts
dans les écoles par ce programme. Est-ce qu'on a des tournées
régulières des écoles partout?
M. Lazure: Si vous me posez la question, M. le Président,
je réponds oui, à 96%. Je l'ai dit ce matin. Les enfants de cinq
ans à onze ans.
Mme Lavoie-Roux: De cinq ans à onze ans.
M. Lazure: De cinq ans à onze ans et c'est évident
que ce n'est pas de façon individuelle, la plupart du temps.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Mais il n'y a personne qui a démontré
que l'enseignement de l'hygiène dentaire, pas plus que l'hygiène
corporelle, de façon générale, devait être
enseignée de façon individuelle. Il n'y a personne qui l'a
démontré.
Mme Lavoie-Roux: Alors, est-ce qu'on peut... M. Lazure:
Sauf les dentistes...
M. Chicoine: ... psychiatre?
M. Lazure: Non, les psychiatres ne se mêlent pas de
ça.
Mme Lavoie-Roux: Depuis combien d'années ce service
d'hygiène auxiliaire fonctionne-t-il d'une façon quasi
universelle, à vous entendre parler?
M. Lazure: Ecoutez, M. le Président, je peux en profiter
pour rectifier une donnée du président de l'Association des
dentistes concernant les hygiénistes dentaires. Il a
exagéré, comme il l'a fait plusieurs fois, ce matin, dans ses
données.
Si je me rappelle bien, vous avez parlé de 1100 dentistes. En
1978, il y avait, jusqu'à maintenant, 718 hygiénistes dentaires,
718, formés par six CEGEP du Québec, plus l'Université de
Montréal. En 1974, 11; 1975, 168; en 1976, 165; en 1977, 166 et, en
1978, 208. Sur ces 718 hygiénistes dentaires, il y en a 110
quelques-uns de plus ou de moins au dernier décompte qui date de
quelques semaines, qui sont dans le réseau public. Les autres, on peut
tenir pour acquis qu'ils sont dans le réseau privé, la grande
majorité, du moins celles ou ceux qui travaillent.
Donc, c'est une profession relativement jeune, de trois, quatre ans. Il
est bien clair que... Il y a aussi l'organisation qui s'appelle
Département de santé communautaire qui a été mis
sur pied par le gouvernement antérieur et qui est relativement jeune.
Donc, ce n'est que depuis quelques années que ce programme touche la
majeure partie des enfants. Mais on peut dire que dans le réseau public,
il y a une augmentation constante annuellement de ce personnel
d'hygiénistes dentaires.
Mme Lavoie-Roux: J'ai cru saisir, d'après l'association,
qu'autant on pourrait faire une meilleure utilisation de ces auxiliaires
dentaires, autant il ne semble pas que les résultats que cela donne
soient satisfaisants. J'aimerais que vous nous disiez quelques mots sur le
projet d'Etobicoke et aussi sur votre conception d'une planification qui,
peut-être, rendrait de meilleurs services à la population. Il
reste que j'ai vu des statistiques où on dit que la population du
Québec est encore la population dont les dents sont le plus en
souffrance au Canada et les chiffres sont assez pénibles à
regarder, le plus grand nombre de caries chez les enfants de tel âge
à tel âge et ainsi de suite.
D'un côté, on a des dentistes; d'un autre
côté, on nous dit qu'on a 700 ou 800 auxiliaires dentaires et la
situation, en dépit de ces ressources, ne semble pas répondre aux
besoins. J'aimerais avoir vos commentaires, Dr Chicoine.
M. Chicoine: M. le Président, d'abord, si c'est 718 au
lieu de 800, je suis bien prêt à accepter le chiffre; je ne pense
pas que j'en ferais une question de principe, contrairement à ce qu'a
dit le ministre tantôt, c'est-à-dire que j'avais
exagéré. Il y en a quand même un bon groupe en formation et
j'ai l'impression qu'au mois de mai prochain, il y en aura un peu plus de 800,
mais les dentistes n'auront pas augmenté de 500 au cours de cette
année.
En ce qui concerne le plan dont nous avons parlé aux gens du
gouvernement, il en a été question au mois de juin 1977. A ce
moment-là, nous avions tracé sur un tableau comment on voyait la
prévention. C'est-à-dire que, dans un premier temps, le
régime actuel se devait de continuer et on prêterait des dentistes
à vacation pour aller travailler avec les gens du ministère,
s'impliquer dans les écoles, unifier les méthodes
préventives à travers les écoles et le réseau des
affaires sociales. Je conçois que ceci peut prendre quelque temps avant
d'être en action, mais c'est la proposition que nous avons faite.
A Etobicoke, on ne s'est pas servi uniquement de dentistes et
d'hygiénistes dentaires. On a mis les professeurs d'école dans le
coup parce qu'il n'y avait que deux équipes de deux dentistes avec
quatre hygiénistes, cinq assistantes et des secrétaires qui ont
travaillé là-dessus pour voir 46 000 enfants
régulièrement. Cependant, il y avait des concours qui se
faisaient à l'intérieur du réseau scolaire et c'est ainsi
qu'on a monté un plan fantastique à l'intérieur de sept
ans qu'il n'a presque rien coûté. Notre idée était,
à la longue, de pouvoir en arriver à un plan qui coûterait
moins cher au gouvernement.
En ce qui concerne le secteur du réseau public, je viens de
prendre connaissance d'une partie du mémoire du gouvernement et on dit
que, dans le réseau public, à divers groupes d'enfants par la
démonstration de méthode de brossage de dents par l'autobrossage
collectif avec des pâtes fluorées et par l'application topique de
fluorure avec rince-bouche fluoré. Je vous dis ceci: L'application
topique de fluorure avec rince-bouche fluoré, c'est aussi efficace que
l'huile de saint Joseph ou l'eau de saint Antoine. Qu'on ne dépense pas
d'argent là-dessus; une application de fluorure ne se fait pas à
l'aide de pâte fluorée. D'ailleurs, dans notre entente actuelle,
il est bien spécifié qu'une pâte fluorée ne
constitue pas une application topique de fluorure. Il y a une technique bien
spéciale pour faire une application topique de fluorure; si cette
technique n'est pas observée, c'est comme si vous mettiez du
Bromo-Seltzer sur les dents, cela s'évapore immédiatement et cela
ne vaut rien.
En ce qui concerne je reviens au tout début le
régime, comme notre entente si jamais on en a une va se
terminer au mois d'octobre 1979, je ne pense pas que cela puisse se faire
immédiatement. Cependant, je réitère au ministre des
Affaire sociales la disponibilité de l'association pour unifier les
différents effectifs et avoir une unité d'action quant à
la prévention. Les Québécois ont de mauvaises dents, on
est prêt à se mettre à la tâche pour augmenter leur
degré de santé buccale.
M. Lazure: M. le Président, c'est presque une question, ce
qui me permet de relever l'invitation qui est faite pour la deuxième
fois. Il est bien évident que je l'accepte et, si le président de
l'Association des chirurgiens dentistes se souvient, dès le début
de l'année 1977, lorsque nous nous sommes rencontrés afin
justement de dissiper le mauvais climat qui s'était
développé, au dire même du président de
l'Association des dentistes, entre l'association et le gouvernement
antérieur, découlant notamment de l'introduction, dans la Loi de
l'assurance-maladie, de l'article 15 qui, au dire du président de
l'association en tout cas,
au début de 1977, c'est ce qu'il me disait était
comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la
tête des dentistes, laquelle épée n'était pas
suspendue au-dessus de la tête des autres professionnels.
Il y avait un traitement particularisé pour les dentistes. Or, le
président de l'association me demande un certain nombre de choses avant
de commencer les négociations. Il me demande un engagement écrit
de ne pas utiliser cet article. J'ai donné cet engagement écrit.
Ce matin il a beaucoup parlé de la mauvaise foi du ministre.
C'était peut-être de bonne guerre pour impressionner, mais
j'aimerais qu'il rappelle certains gestes, sinon je me vois obligé de
les rappeler, des gestes de bonne foi qui voulaient vraiment établir un
climat plus sain. Donc, j'ai pris l'engagement écrit de ne pas utiliser
l'article 15 et je n'ai pas l'intention et le gouvernement n'a pas l'intention
de l'utiliser.
Deuxièmement, à la demande du président de
l'Association des dentistes, toujours dans le contexte d'une collaboration
entre le privé et le public, j'ai aussi donné l'assurance au
président que le ministre n'allait pas donner suite à un projet
que le gouvernement antérieur avait entretenu, projet à l'effet
de créer une nouvelle catégorie de professionnels qui se serait
appelée les infirmières dentaires. J'ai aussi pris cet
engagement-là et j'ai, à ce moment-là, offert au
président de l'association parce que c'était... Rappelons-nous,
ceux qui font un petit effort de mémoire, le climat très
détérioré qui existait à l'époque à
cause de ces deux gestes.
Donc on a procédé à la négociation dans un
esprit de bonne foi et constructif et je vous ai dit à l'époque:
Nous allons éliminer pour de bon cette possibilité d'introduire
une nouvelle catégorie, nous allons au contraire confier aux
hygiénistes dentaires, autant dans le réseau privé que
dans le réseau public, de plus en plus de tâches et je ne vous ai
pas caché que c'était notre objectif de leur confier de plus en
plus de tâches, comme ils le font dans d'autres provinces. Je ne vois pas
où vous voulez en venir quand vous parlez d'une invitation à la
collaboration. Ma collaboration vous est déjà acquise et dans le
projet de convention que nous vous proposons, il y a le mode de
rémunération à la vacation et au salaire,
spécialement pour les centres hospitaliers et pour les
établissements du réseau des Affaires sociales.
M. Forget: M. le Président, j'invoque l'article 93.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Comme le ministre a fait allusion et d'ailleurs
il aime beaucoup se cacher derrière cela, il l'a fait également
dans son communiqué, mon collègue de L'Acadie le mentionnait tout
à l'heure au contexte dans lequel il a abordé la
négociation, et en particulier l'article 15 de la Loi de
l'assurance-maladie qui est l'article, pour ceux qui ne le sauraient pas, qui
donne au gouvernement la possibilité d'imposer par décret une
entente ou un contrat ou des conditions de travail aux membres de l'Association
des dentistes... Il serait peut-être utile, M. ie Président, que
le ministre, non seulement utile, mais plus convaincant, précise
qu'alors que son prédécesseur, c'est-à-dire votre humble
serviteur, s'était engagé non seulement à ne pas utiliser
l'article 15, mais à demander à l'Assemblée nationale son
abolition, son abrogation, décision qui d'ailleurs était en voie
de préparation et que le ministre actuel a retrouvé dans ses
documents, au moment de prendre son poste, puisqu'il y avait un projet
d'amendement à la Loi de l'assurance-maladie comportant un très
grand nombre de mesures. C'est un projet auquel il n'a jamais donné
suite d'ailleurs, avec des conséquences assez fâcheuses dans un
grand nombre de directions, mais il a préféré,
plutôt que d'abroger ce pouvoir, faire continuer des négociations
et se contenter d'une indication écrite qu'il n'utiliserait pas le
pouvoir.
Il était beaucoup plus simple à cette époque de
donner suite à un projet de modifier la loi et d'abroger effectivement
le pouvoir. Cela aurait été plus convaincant pour l'Association
des chirurgiens dentistes, d'autant plus qu'il semble que, finalement,
après un long détour de deux ans, on revient au même point
et il semble bien que si on comprend les menaces faites par le ministre et ses
négociateurs, son engagement écrit ne tient plus. Donc, c'est un
engagement qui n'en est pas un. (17 h 45)
M. Lazure: Rectification des faits, M. le Président. Cela
n'est pas exact. Premièrement, j'aimerais bien que le
député de Saint-Laurent dépose l'écrit dans lequel
il assure l'association des dentistes qu'il n'utilisera pas l'article 15
j'aimerais bien qu'il le dépose. Moi, je peux déposer la lettre
qui certifie ça.
Deuxièmement... je ne vous ai pas interrompu.
M. Forget: Si vous permettez, puisque vous m'invitez à
déposer des documents, le ministre a montré par l'engagement
écrit qu'il ne respecte pas... un écrit quelconque de ce genre
est beaucoup moins impressionnant qu'un engagement formel d'abroger un projet
de loi.
M. Lazure: M. le Président, le député de
Saint-Laurent est de mauvaise foi...
M. Forget: Là-dessus, on en a une démonstration
depuis deux ans, qu'il tient à ce pouvoir d'un décret...
M. Lazure: ... il m'accuse...
M. Forget: ... et qu'il a maintenant l'intention de
l'utiliser.
M. Lazure: ... de ne pas respecter mon engagement, sur quoi se
base-t-il pour m'accuser
de ne pas respecter mon engagement? Que je sache...
M. Forget: C'est assez évident.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez dans votre conclusion.
M. Forget: Vous l'avez dans votre propre document.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez dans votre conclusion, M. le
ministre.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous rappeler à
l'ordre, tout le monde, je crois que c'est un problème au niveau
gouvernemental entre un ministre actuel et l'ancien ministre. Je ne crois pas
que ça puisse faire avancer le débat aujourd'hui.
M. Lazure: M. le Président, vous permettrez quand
même...
Le Président (M. Laplante): J'aimerais qu'on revienne
à la pertinence du débat, s'il vous plaît.
M. Lazure: Sur la pertinence du débat, de façon
bien sereine, le député de Saint-Laurent n'est pas vraiment
correct quand il affirme que je n'ai pas l'intention de respecter mon
engagement. Je l'ai répété ce matin et je pense que c'est,
pour le moins, une attitude non parlementaire, antiparlementaire que de
prêter à un collègue de l'Assemblée nationale de
telles intentions. Il y a évidemment plusieurs façons, il est
allé à la pêche la semaine dernière à
l'Assemblée nationale en me posant des questions, si c'est
nécessaire un jour, de faire en sorte que a), les parents soient
remboursés et b), qu'il y ait des tarifs établis. Il y a
plusieurs façons autres que le retour à l'article 15, M. le
Président.
Je répète, en terminant, que le député de
Saint-Laurent a recours à des procédés antiparlementaires
quand il dit ce qu'il a dit.
M. Forget: M. le Président, le ministre m'a imputé
des motifs dans ma décaration, alors, j'ai le droit, en vertu de nos
règlements...
Le Président (M. Laplante): Vous savez sûrement
qu'il n'y a pas de question de privilège en commission
parlementaire.
M. Forget: Je n'ai pas invoqué de question de
privilège, mais vous savez pertinemment que j'ai le droit d'intervenir
après ce que le ministre a dit.
Le Président (M. Laplante): D'après quel
article?
M. Forget: D'après l'article 96.
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Forget: M. le Président...
M. Grenier: M. le Président, question de
règlement.
M. Forget: J'ai la parole, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je m'excuse, il y a une question de règlement.
Cela prévaut sur l'article 96.
M. Forget: C'est en vertu du règlement que j'avais pris la
parole.
M. Grenier: M. le Président, la question de
règlement prévaut sur l'article 96.
M. Forget: M. le Président, pourriez-vous rétablir
l'ordre un peu?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, j'accepterai, aussitôt que le
député de Saint-Laurent aura terminé, parce que tout le
monde aura des articles de règlement à soulever. Il faut
commencer un par un. M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, si j'ai indiqué que le
ministre n'avait pas l'intention de respecter son engagement, c'est qu'il joue
évidemment sur les mots. Dans le mémoire qui a été
déposé ici ce matin, aux membres de la commission et au public,
à la page... Dieu sait laquelle, il n'y a pas de pagination, mais la
dernière de toute façon...
M. Lazure: Je ne renie pas ce que j'ai dit ce matin.
M. Forget: On nous indique clairement que s'il le faut, par voie
législative, on va régler le problème.
M. Lazure: Bien sûr, je viens de le répéter,
M. le Président.
M. Forget: M. le Président, j'ai la parole.
M. Lazure: Mais je dis, M. le Président, qu'il y a
plusieurs façons de recourir à la voie législative.
M. Forget: M. le Président, j'ai la parole. S'il vous
plaît! Faites taire le ministre deux minutes. On l'a écouté
patiemment pendant deux heures, qu'il se taise un peu.
Mme Lavoie-Roux: II interrompt tout le temps.
M. Lazure: Je n'ai pas parlé pendant deux heures, M. le
Président.
M. Forget: M. le Président, je demande la parole.
M. Lazure: Vous recourez...
M. Forget: Est-ce que vous avez de l'autorité ici pour
faire taire le ministre pendant quelques secondes?
M. Lazure: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: A part cela, vos familles sont bien?
Mme Lavoie-Roux: Elles n'ont pas mal aux dents en tout cas.
Le Président (M. Laplante): Votre question de
règlement est soulevée, M. le député de
Saint-Laurent. M. le député de Mégantic-Compton, sur une
question de règlement.
M. Grenier: La question de règlement, j'avais l'impression
qu'à partir de là, vous l'aviez laissé sauter, puisque
c'était une question qui avait préséance sur l'article 96
qui était soulevée.
Ce que je voulais vous signaler, c'est que depuis 17 h 25, vous avez
donné la parole à Mme le député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: II a pris combien de temps la parole, le
ministre?
Le Président (M. Laplante): Vous m'avez demandé
d'être juste, M. le député de Mégantic-Compton. J'ai
tenu compte aussi des interruptions qu'il y a eu. Je permettrai encore une
question au député de L'Acadie.
M. Shaw: Seulement une directive. Est-ce que nous allons
continuer après dix-huit heures?
M. Grenier: Oui, oui.
Le Président (M. Laplante): Vous avez été
convoqué comme nous autres, je crois, sur ordre de la Chambre. L'ordre
de la Chambre est de revenir à vingt heures.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce soir... M. Forget: ... aussi
longtemps...
M. Shaw: Nous allons continuer ce soir à vingt heures?
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Grenier: Nous allons reprendre avec l'Association des
chirurgiens dentistes, pas avec l'Ordre des dentistes, à vingt heures.
C'est-à-dire que ce sont eux qui seront à la table, n'est-ce pas?
Je veux m'assurer de cela. A vingt heures, on ne prend pas l'ordre.
Le Président (M. Laplante): Je vais donner une directive
à six heures moins une.
M. Grenier: Ne donnez pas de directive à moins une sans
m'avoir donné la parole. Je veux questionner ces gens-là, moi.
Ils sont venus pour être questionnés et depuis que nous sommes
arrivés, c'est le ministre qui parle.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton, écoutez. Avec l'expérience que vous avez
en commission parlementaire...
M. Grenier: Oui.
Le Président (M. Laplante): ... vous savez toujours bien
que je ne peux pas vous nier votre droit de parole. Mais que je vous le donne
à vingt heures ou que je vous le donne à six heures moins cinq,
en autant que vous l'ayez.
M. Grenier: Je n'ai aucune espèce d'objection,
excepté que mon droit de parole...
Le Président (M. Laplante): A six heures moins une, M. le
député de Mégantic-Compton, je donnerai la directive qu'il
faut, ce qui se fait habituellement en commission parlementaire. Je n'ai pas
à vous le montrer.
M. Grenier: Le seul point que je veux faire éclaircir, M.
le Président, c'est qu'à six heures moins une, quand vous allez
donner votre directive, je veux avoir l'assurance qu'à vingt heures,
c'est l'Association des chirurgiens dentistes qui sera ici, et non pas l'ordre.
C'est à elle que j'ai affaire.
Le Président (M. Laplante): Si les membres de la
commission exigent que l'Association des dentistes soit à la table,
comme témoin, ce sera le voeu des membres de la commission. Ce n'est pas
moi qui l'imposerai.
M. Grenier: Est-ce qu'on peut le savoir?
M. Lazure: Je peux vous dire à l'avance, M. le
Président, que je suis d'accord que nous continuions avec l'Association
des dentistes à vingt heures. Cela va de soi. Il ne faut pas faire un
débat là-dessus.
M. Grenier: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'en
dépit du fait que le ministre a continuellement affirmé
aujourd'hui il a fait certaines corrections, certaines nuances que
c'était une augmentation de 28,5% qui était offerte aux
dentistes, si on soustrayait les soins de prévention...
La question précise que je voudrais poser aux membres de
l'association est la suivante: Si vous tenez compte uniquement des examens,
radiographies, restauration, ce qu'on vous offre ici, comment ceci se
compare-t-il avec l'Ontario, par exemple? Je voudrais quand même nuancer
cela, parce que j'ai reçu aussi aujourd'hui un document sur les salaires
qui étaient versés aux ministres et aux députés
dans les diverses provinces. On s'aperçoit que les ministres et les
députés pour les ministres, la marge est joliment plus
gran-
de sont très grassement payés par rapport aux
collègues des autres provinces!
M. Grégoire: Oui, mais...
Mme Lavoie-Roux: Ne vous défendez pas.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): La pertinence du débat,
écoute un peu.
M. Lazure: II faut ajouter que c'est pas depuis deux ans,
cela.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs...
Une Voix: Question de privilège.
M. Lazure: C'est vraiment démagogique.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, il n'y a pas de privilège
là-dedans.
M. Lazure: C'est de la démagogie, c'est de la
démagogie pure.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement, en vertu de l'article 96, pour rectifier.
M. Forget: Ils ont même eu deux augmentations en 1977, M.
le Président.
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement, en vertu de l'article 96.
Une Voix: ... de la démagogie.
Le Président (M. Laplante): J'aimerais qu'on revienne
à la pertinence du débat. Le député de
Frontenac.
M. Grégoire: En vertu de l'article 96, pour rectifier, je
voudrais bien spécifier que les députés ont voté
une motion pour geler les salaires en 1978 et que ce sont les libéraux
qui se sont opposés à ce qu'on les gèle. Par chance qu'on
avait la majorité...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît, M. le député
de Frontenac!
M. Grégoire:... pour les geler. On les a gelés.
M. Forget: C'était votre hypocrisie, votre collègue
s'était donné une double augmentation, quinze jours avant.
M. Grégoire: Comme on gèle une dent.
M. Forget: Votre collègue, vos deux collègues ici
s'étaient donné deux augmentations...
M. Grégoire: On va les geler encore.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, les travaux sont
suspendus jusqu'à 20 heures, ce soir.
Suspension de la séance à 17 h 53
Reprise de la séance à 20 h 15
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, mesdames et
messieurs! Chacun à son siège, s'il vous plaît!
Avant de débuter, est-ce que l'Ordre des dentistes est ici ce
soir? Est-ce qu'il y a des représentants de l'Ordre des dentistes qui
sont ici? Merci, monsieur. La parole était au député de
Mégantic-Compton. Vous pouvez commencer.
M. Grenier: Merci, M. le Président. J'avais quelques
questions que je voulais poser à l'association qui est ici. Le document
qui nous a été remis par l'association nous donne passablement de
renseignements, alors qu'on a eu également une brique qui est venue du
gouvernement, qui nous donne une autre position, peut-être mieux connue
dans le public, parce qu'on emploie des moyens plus appropriés pour la
répandre dans le public. Les questions devraient d'abord être
posées à l'association et c'est ce que je ferai, bien sûr,
mais avant, j'aimerais que le ministre nous parle, si c'était possible,
du taux de 28% que vous interprétez depuis ce matin. Est-ce que vous
dites que les trois actes de prévention ne sont pas inclus? Est-ce que
vous arrivez près du chiffre de l'association?
M. Lazure: M. le Président, je le redis pour la
nième fois, beaucoup plus que dix fois, et j'ai cité des
documents écrits aujourd'hui, à quelques reprises, soit dans les
lettres aux dentistes, soit dans des communiqués de presse, soit dans
des déclarations à l'Assemblée nationale où j'ai
toujours dit: 28,5%, soit 7% annuellement sur quatre ans, à l'exception
des trois actes de prévention que je nommais à chaque fois, que
je peux nommer encore, mais je l'ai toujours dit. Alors, la réponse,
c'est oui, c'est à l'exclusion de cela. On a expliqué pourquoi on
pense que ces trois actes ne doivent pas avoir une augmentation de 7% par
année; au contraire, ils doivent avoir une diminution.
M. Martel: M. le Président, là-dessus, est-ce que
je pourrais enchaîner avec une question?
Le Président (M. Laplante): Écoutez, non...
M. Martel: Une question sur un exposé qui a
été fait cet après-midi?
Le Président (M. Laplante): Si cela avait
été une question additionnelle au ministre dans le même
débat, j'aurais probablement dit oui. Je voudrais que M. le
député de Mégantic-Compton continue. M. le
député de Richelieu, j'ai pris note de votre demande.
M. Martel: Depuis 11 heures, ce matin.
Le Président (M. Laplante): Lorsque votre tour viendra,
cela me fera plaisir de vous le donner.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Vous pourrez
intervenir parce que cela ne durera pas très longtemps. Vous en aurez
certainement l'occasion.
Le Président (M. Laplante): ... rien pour cela.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Je reconnais que vous
avez commencé à regarder à votre gauche pour vrai. Cela va
aller mieux. J'aimerais d'abord savoir du ministre, dans son document, je ne
sais pas à quelle page, parce que ce n'est pas paginé... Au
gouvernement, c'est toujours comme ça. C'est fait par groupe et, quand
on met cela ensemble, on ne sait pas quelle épaisseur de pages on va
avoir d'un à l'autre, puis quand ils joignent ça ensemble, il
faut paginer nous-mêmes. C'est l'annexe 5.
M. Lazure: Le mien est paginé, c'est-à-dire que le
document est paginé; les annexes ne sont pas paginées, vous avez
raison. L'annexe 5...
M. Grenier: A l'annexe 5, vous semblez établir une
comparaison avec les médecins et dentistes de l'Ontario. D'abord, cela a
l'air de ça. Les salaires versés aux dentistes et médecins
omnipraticiens pour des tâches de travail sont les suivants pour
l'année 1977-1978: Les dentistes et les omnipraticiens... Est-ce que
c'est bien le cas à savoir que vous avez établi vos chiffres en
vous basant sur les omnipraticiens et les dentistes de l'Ontario?
M. Lazure: Un instant, M. le Président, je vais
répondre avec le document. J'ai l'annexe 5 devant moi, le gouvernement
de l'Ontario, il s'agit d'une annexe qui démontre les différences
de traitements et de salaires...
M. Grenier: Oui.
M. Lazure: ... versés aux dentistes et aux médecins
à différents endroits, dont le gouvernement de l'Ontario, la
ville de Montréal et le gouvernement du Canada.
M. Grenier: L'Association des dentistes, dans le document qu'elle
nous a remis, traite à la page 23 de l'utilisation d'un code
international. J'aimerais, bien sûr, interroger le président,
à savoir si les données du code international, d'après
vous, répondent mieux, si on peut comparer les deux documents, que les
normes de l'Ontario dont on s'est servi.
M. Chicoine: En fait, le code international dont on parle dans
notre mémoire à la page 23 est aussi utilisé en Ontario.
La raison pour laquelle on voulait et on désirait que le code
international soit inclus dans notre entente c'est un code à cinq
chiffres et la Régie de l'assurance-maladie a actuellement un code
à quatre chiffres la raison pour laquelle on désirait voir
ce code établi dans notre entente, c'est que, d'une part, les dentistes
travaillent déjà avec ce code et doivent avoir un autre code pour
la Régie de l'assurance-maladie, ce qui a pour effet d'augmenter, d'une
part, le travail de bureau à l'intérieur du cabinet du dentiste.
Deuxièmement, lorsqu'on veut établir des comparaisons entre des
programmes aux Etats-Unis ou dans le reste du Canada et même une partie
de l'Europe, il est beaucoup plus facile, avec les mêmes codes,
d'utiliser les mêmes données et on n'est pas obligé de
faire de conversion; à ce moment-là, on ne se fait pas accuser de
faire l'interprétation sur un régime par rapport à un
autre.
Maintenant, à la table des négociations, comme je vous
l'ai dit ce matin, on a rencontré des gens de la Régie de
l'assurance-maladie, avec des spécialistes que l'association avait
amenés à ce moment-là, et il semble qu'à cette
table ou à cette réunion, on se soit entendu pour que la
Régie de l'assurance-maladie en vienne à un code à cinq
chiffres. L'association a même offert sa collaboration aux gens qui
étaient présents, afin que, durant la période de
transition entre les codes à quatre chiffres pour ceux à cinq
chiffres, il y ait moins de confusion chez nos membres et on a offert toute
notre collaboration. Il semblait à ce moment-là, qu'il y aurait
eu une entente à la table et que les gens auraient fait une
recommandation du ministre. On s'est fait dire, parce qu'on n'était pas
trop fins à la table, qu'ils avaient jugé bon de ne pas faire la
recommandation au ministre.
M. Lazure: M. le Président, si vous permettez, sur la
question du député de Mégantic-Compton, je regrette de ne
pas avoir lu mon texte page par page jusqu'au bout, ce matin; je voulais gagner
un peu de temps, mais cela est dans mon texte, si on se donne la peine de le
lire. C'est à la page 32: Codification internationale. "Le ministre n'a
pu s'engager à instaurer cette codification dans les soixante jours de
la signature de l'entente " parce que l'entente, comme je le disais, ce matin,
entre en vigueur soixante jours après la signature. "Cependant, si
l'ACDQ acceptait un délai plus long, le ministre ne s'objecterait pas
à cette instauration. " Alors, il n'y a pas de problème
là, c'est simplement une difficulté technique. Avec les gens de
la régie, on constate que le délai de six mois n'est pas assez
long pour instaurer le nouveau système de codification, mais on est
d'accord pour l'instaurer.
M. Chicoine: M. le Président, je me permets de vous dire
que ce que le ministre vient de dire, je
l'ai appris ce matin, parce qu'à la table de négociation,
on nous a dit que la codification internationale, nous ne l'aurions pas; je
viens de l'apprendre en lisant le mémoire du ministre.
M. Lazure: Une correction pour le journal des Débats, il
ne s'agit pas de six mois, mais de soixante jours, évidemment. En
d'autres termes, la différence est simplement sur le temps que cela
prend pour organiser le nouveau système, mais on est d'accord pour
l'organiser.
M. Chicoine: Ce que je veux tout simplement mettre au point,
c'est qu'on ne nous avait pas dit cela à la table de négociation,
je viens de l'apprendre aujourd'hui même.
M. Lazure: M. le Président, je ne peux pas... Encore une
fois, on revient un peu au ton de ce matin, faire valoir non pas sur des choses
écrites, sur des documents, mais sur des choses qu'on aurait dites
à la table de négociation. Je n'étais pas à la
table de négociation et je pense que même le président de
l'association a souvent été absent de la table de
négociation.
M. Brodeur: J'étais là et le président
était là également quand cela nous a été dit
et la réponse était négative; c'était clair, il n'y
avait pas de si et de peut-être; et c'était vendredi soir
dernier.
Le Président (M. Laplante): D'accord. On peut passer
à un autre point, à une autre question; M. le
député de...
M. Grenier: M. le Président, M. Chicoine, les comparaisons
qu'on fait, bien sûr, avec le code international, les médecins ou
les dentistes de l'Ontario, ne pensez-vous pas qu'il y aurait lieu de s'en
tenir aux dentistes et médecins du Québec à cause de
l'écart du coût de la vie qu'il peut y avoir avec les autres
provinces, qui ne sont certainement pas les mêmes...
M. Chicoine: ...
M. Grenier: Je reviendrai avec une autre question, prête
celle-là.
M. Chicoine: En fait, lorsqu'on compare les salaires en Ontario
pour des dentistes dans la fonction publique, je suis d'accord avec vous qu'on
devrait commencer par comparer le Québec, parce que si on veut prendre
l'Ontario, qu'on prenne l'Ontario, qu'on suive le même jugement partout.
Et si, à ce moment-là on prenait l'Ontario et pour les salaires
et pour la tarification à l'acte, je vous assure qu'on serait
drôlement joyeux d'avoir les tarifs de l'Ontario. Alors, si on veut
prendre une logique de discussion, qu'on la suive et qu'on suive la même
partout.
En ce qui concerne le Québec, je pense que dans le mémoire
du ministre, on parle de la ville de Montréal. Remarquez bien que
lorsqu'on parle de salaires de dentistes dans les établissements, il
s'agit de dentistes qui vont travailler à l'acte chez une population
donnée à l'intérieur des établissements. A la ville
de Montréal, le problème est un peu différent. Je suis
d'accord qu'ils vont traiter des enfants jusqu'à l'âge de douze
ans; cependant, ils n'ont pas les mêmes conditions de travail qu'à
l'intérieur de l'établissement. Ce sont des dentistes qui
travaillent à temps partiel ordinairement et ceux qui sont à
temps plein font surtout de l'administration. Il y a une marge entre un
dentiste qui travaille à faire de l'administration et un dentiste qui
donne des traitements huit heures par jour, cinq jours par semaine.
Ce que nous avons fait ressortir dans notre mémoire c'est que
depuis environ une dizaine d'années, selon M. Deguire qui est un
directeur général d'hôpital, il nous dit que depuis qu'il
travaille dans le réseau des Affaires sociales, les dentistes et les
médecins omnipraticiens ont toujours été
rémunérés sur le même pied. J'ai parlé
à un dentiste qui travaille au centre Louis-Hyppolyte-Lafontaine et
lorsque M. Lazure était le directeur général de ce centre,
il était rémunéré sur le même pied que les
médecins omnipraticiens. Alors, on dit: Pourquoi, quand on est en
négociation, faut-il diminuer cette rémunération de 5%
alors qu'il a été bien établi que ces dentistes
travaillaient à la parité avec les médecins. C'est donc un
droit acquis qu'ils ont depuis un certain temps et, à la suite de cette
négociation, on va se retourner vers eux et on va dire: Savez-vous,
maintenant, vous aurez 5% de moins? De plus, dans le normatif que nous avons
conclu avec le ministère des Affaires sociales, nous avons consenti
à ce qu'il y ait une grille de rémunération dans laquelle
il y aurait des dentistes à salaire et à la vacation. Si on leur
offre 5% de moins que le droit acquis qu'ils ont, sauf pour la vacation qui
n'existait pas auparavant, je pense bien qu'on n'attirera pas les dentistes
vers cet état de chose. D'ailleurs, si cette attitude est maintenue et
qu'on doit nous l'imposer par loi, on recommandera à nos membres de
s'abstenir d'aller travailler à salaire dans les
établissements.
M. Grenier: Toujours si on faisait un parallèle entre les
médecins du Québec et les dentistes du Québec,
l'écart entre le coût d'exploitation d'un bureau de médecin
et d'un bureau de dentiste, est-ce que cela a été
équilibré, est-ce qu'on en a discuté intensément
aux négociations, quand on veut les rapprocher?
M. Genest: Je vais vous référer, dans ma
réponse, au document du ministre. C'est la façon la plus
évidente, dans tous les documents, je l'ai vu aujourd'hui. Vous l'avez,
au quatrième point, dans les plafonds, c'est à la page 25. Je ne
veux pas discuter du plafond, mais des dépenses, mais je prends le
calcul qui a été utilisé pour déterminer le
plafond. Vous avez là les dépenses des omnipraticiens, qui sont
établies par le ministère à 30% et les dépenses des
dentistes, établies par le ministère à 50%.
M. Grenier: Reprenez donc, s'il vous plaît. Comment me
dites-vous ça?
M. Genest: Est-ce que j'ai bien répondu à votre
question?
M. Grenier: J'ai demandé si on avait discuté de
l'écart entre le coût d'exploitation d'un bureau de médecin
et d'un bureau de dentiste.
M. Genest: On en a discuté... M. Grenier: Oui.
M. Genest:... et je vous dis qu'on prétend que le
pourcentage de dépenses d'un bureau de dentiste est de 50%. Maintenant,
le pourcentage de dépenses d'un bureau de médecin, on n'a pas
nécessairement les données pour le calculer. Le ministère
nous dit, à la page 25 de son document, que ce taux de dépenses
est de 30% pour les médecins et de 50% pour les dentistes.
M. Lazure: Sur la question, M. le Président, nous sommes
d'accord sur le pourcentage de 50% entre parenthèses. Il ne faudrait pas
voir un désaccord sur cette question. Nous sommes d'accord sur les 50%,
c'est plus élevé pour un dentiste que pour un omnipraticien, bien
sûr. Nous jugeons que 50%, c'est très généreux. On a
eu des chiffres du ministère du Revenu qui indiquent que depuis quelques
années, les dépenses reconnues pour les bureaux de dentistes ont
baissé de 2%, de mémoire, on a l'annexe quelque part dans
ça, 49% à 47,5% depuis quelques années. Mais ça se
situe un peu en dessous de 50%.
M. Grenier: Je pense qu'on s'entend sur le pourcentage de 50%,
c'est donc dire que c'est loyal de part et d'autre. Sur les 30% dans un bureau
de médecin, est-ce qu'on a tenu compte du coût de la vie? Dans un
secteur comme dans l'autre, il peut y avoir une différence assez
importante pour les années qui s'en viennent quant à la
fourniture d'un bureau ou de l'autre.
M. Lazure: Cela a été négocié et
convenu à l'entente de l'automne 1976, 30%, ce n'est pas remis en cause
encore.
M. Grenier: Le ministre a dit tout à l'heure, et je n'ai
pas entendu votre réponse là-dessus, qu'il avait dû
communiquer avec chacun des dentistes à une ou deux reprises, parce que
l'association n'avait pas voulu recevoir son offre. Est-ce que cela peut
être vérifié? Est-ce que vous pouvez nous confirmer cela?
(20 h 30)
M. Brodeur: Ce qui s'est passé effectivement, c'est que,
à la table de négociation je me reporte au printemps de
1977 avant le mois de mars 1977, il avait été convenu
qu'on négocierait d'abord le normatif. Les négociateurs du
gouvernement ont voulu nous déposer à la table, au mois de mars
1977, une offre pécuniaire. Nous avons dit: Nous refusons de la recevoir
formellement, de la recevoir officiellement, parce que nous avions une entente
dans le but de négocier d'abord le normatif.
Si nous recevons cette offfre, comme le normatif n'est pas encore
réglé, vous allez prétendre, dans le public, que c'est un
problème de gros sous, alors qu'actuellement, on a un problème
entre nous qui n'est pas un problème de gros sous, qui est un
problème de principe. On va régler cette difficulté et
après, on s'attaquera à la question pécuniaire.
C'est dans ce contexte que la partie gouvernementale, voulant nous faire
parvenir quand même le document et voulant en faire une question de gros
sous, au fond, a communiqué directement avec nos membres et nous a fait
signifier le document par huissier. Quant à nous, on n'y a pas
répondu tant et aussi longtemps que les négociations sur le
normatif n'ont pas été terminées. Je pense que ce qui se
passe aujourd'hui ici vous illustre qu'on avait peut-être raison de
procéder comme cela. Les problèmes de gros sous compliquent un
peu.
M. Lazure: Sur la question, M. le Président, pour
éclairer le député de Mégantic-Compton.
Premièrement, il n'est pas établi dans les négociations
qu'on doive s'entendre sur le normatif avant de déposer une offre
pécuniaire. Loin de là. Au contraire, la plupart du temps, il y a
un chevauchement entre les deux. Ce n'est pas le fait d'avoir accepté le
dépôt de cette offre qui forçait l'Association des
dentistes à ne discuter dorénavant que de l'aspect
pécuniaire. Encore là, on nous impute des motifs. Le seul motif
qu'on avait, c'était de procéder le plus rapidement possible,
justement parce qu'on accusait et le gouvernement actuel et l'ancien
gouvernement d'avoir trop traîné dans les négociations.
M. Chicoine: M. le Président, j'aurais quand même
une correction à faire. Je pense bien qu'il faut appeler les choses par
leur nom à un moment donné et qu'il faut dire la
vérité.
Lorsqu'on a commencé à négocier, on a établi
les règles du jeu. On a dit: On va négocier d'abord le normatif.
Aux demandes répétées du ministre des Affaires sociales,
on a fini, à un moment donné, par déposer un
pécuniaire qu'on a retiré de la table. On a dit: On le retire
parce que, juste ment, on ne veut pas qu'il y ait de discussion sur le
pécuniaire.
Si vous voulez faire des calculs pour faire avancer le dossier, on vous
laisse faire, mais, quant à nous, nous le considérons comme
retiré et vous n'avez pas à faire de déclaration à
son égard. Cela a été clairement établi à la
table. Il y a eu un manque d'éthique qui s'est fait par la suite, parce
qu'il y a eu un communiqué qui a été émis sur le
pécuniaire qu'on avait retiré de la table. On se sentait
justement bien justifiés de discuter du normatif afin que, dans le
public, on ne se fasse pas servir des sauces en disant que les dentistes
veulent des questions de principe, mais que, dans le fond, c'est de l'argent
qu'ils veulent. Ceci démontre bien aujourd'hui qu'on avait eu raison de
le faire à ce moment-là.
Pour ce qui concerne la rapidité de règlement, je tiens
à répéter que nous avons déposé un
normatif jumeau de celui déjà consenti en 1976 pour les
médecins omnipraticiens et que cela a pris plus d'une année avant
qu'on nous l'accorde et à 1400 dentistes désengagés. On a
établi clairement les règles du jeu de façon
qu'aujourd'hui, au moment où on se parle, le normatif est
réglé et on parle d'une question pécuniaire.
M. Lazure: C'est évidemment ce qui nous sépare.
Le Président (M. Laplante): D'accord. D'autres questions,
M. le député de Mégantic-Compton?
M. Grenier: Je vois que cela fait avancer les choses. On se rend
compte qu'on précise plusieurs choses à interroger le
président plutôt que le gouvernement.
M. Lazure: Allons donc! Allons donc!
M. Grenier: Mais oui! Cela oblige aussi le ministre à
faire des interventions.
Le Président (M. Laplante): Posez votre question.
M. Lazure: Allons donc! Allons donc!
M. Grenier: Cela va assez bien, M. le Président. J'ai
vécu une situation, pendant le premier désengagement, avant le 30
octobre, alors que le gouvernement payait les médecins sur pièces
justificatives. J'ai voulu vérifier le système pour voir si cela
fonctionnait bien. Je me suis personnellement rendu chez le dentiste avec mes
deux enfants, pour vérifier comment la formule pouvait aller. Ma femme
me disait: Tu es mieux d'y aller, tu es plus proche du gouvernement que je ne
peux l'être. S'il y a quelque chose qui accroche, tu seras plus proche
pour le régler. Vous avez votre jargon à vous qui est plus
technique, bien sûr, mais je veux simplement vous dire que le dentiste a
dû travailler une dent d'un de mes enfants sur trois faces. En envoyant
son compte au gouvernement, on en a rayé une partie et on a payé,
par exemple, les deux tiers de son compte ou à peu près. Il a
fallu que je courre à nouveau après le gouvernement pour me faire
payer l'autre partie et il a probablement fallu que le dentiste fasse une
fausse déclaration et dise que c'est une deuxième dent qu'il a
travaillée et non pas la même pour se faire payer la
troisième face de cette même dent. Les points passablement
techniques comme celui-là sont-ils réglés?
M. Chicoine: En fait, les deux parties s'accordent à
couvrir les obturations sur toutes les dents, que ce soient des obturations
à deux surfaces ou à trois surfaces. C'est réglé.
Seulement, permettez-moi de vous dire que si la Régie de
l'assuran-ce-maladie a payé, sur une molaire, deux surfaces et a
rayé l'autre, c'était complètement illégal, parce
qu'une obturation à trois surfaces n'est pas couverte par le
régime.
M. Grenier: Elle n'est pas couverte?
M. Chicoine: Elle n'est pas couverte actuellement par le
régime. Ce qui est couvert par le régime actuellement, ce sont
les deux premières surfaces contiguës, c'est-à-dire deux
surfaces qui se touchent. Si vous avez une troisième surface qui est
contiguë aux deux premières, ce n'est absolument pas couvert et
vous devez payer à votre dentiste le plein montant. Maintenant, si vous
avez deux surfaces contiguës et une qui ne l'est pas, à ce moment,
c'est couvert. Pour vous montrer à quel point, en laissant continuer les
négociations, en augmentant l'âge et en n'ajustant pas le plan
dentaire, on s'est retrouvé devant des espèces de chinoiseries,
mais il n'en reste pas moins que la Régie de l'assurance-maladie,
arbitrairement, en décidant de payer deux surfaces plutôt que
trois, les trois surfaces n'étant pas couvertes, à ce moment,
c'était illégal pour la régie de le payer.
M. Grenier: Dans le moment, on peut dire que ce sont des choses
à peu près réglées. Il n'y a plus de...
M. Chicoine: Ce sont des choses, si vous me permettez, qui vont
se régler si cette négociation en vient à une entente ou
si c'est par loi spéciale.
M. Grenier: Bon. Cela va bien. J'aimerais savoir, depuis le 30
octobre, depuis que vous êtes complètement
désengagés, s'il y a eu une diminution importante dans les
bureaux? Le ministre a fait une déclaration à savoir que les
parents seraient remboursés je pense que le terme n'est pas trop
fort si jamais ils allaient chez les dentistes? Est-ce que vous sentez
une diminution dans vos bureaux?
M. Chicoine: En fait, on sent une diminution dans nos bureaux,
non pas parce que le ministre a dit que les parents seraient remboursés,
mais parce qu'il a dit aux gens: N'allez pas chez le dentiste, d'une part. En
même temps qu'il disait de ne pas aller chez le dentiste, il disait: II y
aura une loi spéciale qui fera que vous serez remboursés. On va
vous rembourser, mais n'y allez pas. Alors, on en a perdu un petit peu notre
latin là-dessus. Pour répondre à votre question, il y a
effectivement eu une diminution de gens qui sont allés chez le dentiste.
Cela s'observe principalement, notamment, chez ceux qui traitent des
enfants.
M. Grenier: Oui.
Le Président (M. Laplante): Une dernière question,
M. le député.
M. Grenier: Une dernière? Si j'en a d'autres, je pense que
je peux les poser aussi. Je n'ai pas parlé durant une heure. Cela fait
à peine dix minutes que vous m'avez laissé la parole. Je vais
être bon pour les terminer, je pense bien.
Le Président (M. Laplante): J'ai votre temps ici.
Voulez-vous la poser, s'il vous plaît?
M. Grenier: Oui. Vous êtes supposés voir l'Ordre des
dentistes qui doit nous rencontrer au cours de la soirée. Par une
erreur, probablement une erreur technique du gouvernement, on a demandé
à l'Ordre des dentistes de venir ici, et il s'entend que c'est
l'Association des chirurgiens dentistes. On a corrigé un peu l'erreur
qui s'était faite en disant: On va les recevoir tous les deux. Nous,
comme députés de l'Opposition, remarquez bien que je suis un
petit peu embarrassé, à savoir si c'est vraiment le monde qu'on
doit recevoir. Est-ce qu'on a affaire à lui dans le présent
conflit? Quelle est sa responsabilité par rapport à la
vôtre?
M. Chicoine: La responsabilité de l'Ordre des dentistes
est de voir à la pratique professionnelle. Il est responsable de
l'application des lois corporatives qui nous régissent,
c'est-à-dire la qualité des soins. En fait, c'est l'Office de
protection des consommateurs des soins dentaires. C'est le but de l'Ordre des
dentistes du Québec. C'est notre corporation professionnelle.
Maintenant, en se présentant ici ce soir, avec un avis si restreint, il
a quand même démontré la disponibilité des dentistes
lorsque le gouvernement leur demande des choses. Cela se voit à l'Ordre
des dentistes, comme cela se voit à l'association. Je dois
préciser que l'Ordre des dentistes n'est aucunement au dossier de la
négociation. Comme vous l'avez dit, c'est une erreur technique du
gouvernement.
M. Grenier: Une dernière question. J'ai cru entendre dans
vos propos tout à l'heure que s'il n'y avait pas reprise des
négociations, il n'y aurait qu'une loi qui pourrait vous faire reprendre
le travail. Le ministre a deux possibilités, soit l'article 15, soit
l'article 24. L'article 24 n'est pas nécessairement fait pour une
situation comme celle-là, il est surtout fait, je pense, comme on l'a
expliqué, pour des problèmes qui pourraient arriver en dehors de
conflits comme ceux-là. L'article 15, par décret, pourrait
l'avoir. Maintenant, voyez-vous, la possibilité, dans le contexte
actuel, de reprendre le travail? Est-ce qu'il y a eu d'autres
négociations, parce que les heures de souper,
généralement, c'est toujours bien fructueux? Est-ce que vous
pouvez dire à la population du Québec qu'il y a des
possibilités de reprise des négociations ou que les parents des
enfants de 0 à 14 ans pourront continuer d'être
protégés dans les jours qui vont suivre?
M. Chicoine: Pour ma part, je pense bien qu'il y aurait
possibilité de reprise des négociations. On s'est aperçu
aujourd'hui qu'il y avait des points qui nous séparaient. On s'est
aperçu, dans la discussion, qu'il y avait aussi des points qui pouvaient
être réglés. L'association ne dira jamais non à la
négociation. Elle va toujours dire oui, pour autant que ça puisse
se régler et pour autant aussi, d'autre part, que le gouvernement
révise sa position, parce que, lorsque le ministre parle d'une
augmentation de 28%, ce n'est pas 28% sur l'ensemble du plan, c'est 28% sur un
bloc donné ou sur des blocs donnés dans le plan.
Maintenant, la prévention, qu'il diminue de 23%,
représente environ 39% du régime. Donc, une diminution de 23%
dans un bloc qui représente 39% du régime, dans l'ensemble, donne
aux dentistes une augmentation réelle, pour le plan global... On peut
poser la question au ministre, à savoir quelle est l'augmentation
réelle qu'il propose dans tout l'ensemble du plan. C'est 7,85%
d'augmentation, compte tenu de la fréquence des actes de 1977, soit 1,8%
par année. C'est ça qui nous est offert.
Je comprends très bien que le ministre des Affaires sociales
dise: Si le dentiste travaille seulement dans une partie du plan, il va avoir
28%, mais est-ce qu'on demande à quelqu'un de travailler dans une partie
d'un plan et de diminuer dans l'autre partie en disant: Oublie donc ça?
De plus, le ministre, lorsqu'il parle des revenus augmentés des
dentistes, alors que les tarifs n'ont même pas augmenté, me fait
penser à l'employeur qui dit à quelqu'un: Je t'engage à
$100 par jour. Au bout d'une année: Je t'engage une journée et
demie et je te donne $150. Le monsieur dit: Ecoutez! Est-ce que je pourrais
avoir une augmentation? Il dit: Tu viens d'avoir une augmentation de 50%. C'est
le raisonnement qu'on fait du côté du ministère des
Affaires sociales, parce que la Régie de l'assuran-ce-maladie, dans son
rapport, a été très claire. Elle n'a pas parlé
d'augmentation de 277%. La Régie de l'assurance-maladie dit:
L'augmentation des coûts du programme à la page 90 de son
rapport de 1977 s'expliquerait principalement par une hausse de 126,5%
du nombre de participants et de 6,1% du nombre de services par participant au
cours de cette période. On a élargi la couverture. Les dentistes
ont accepté plus d'enfants dans leurs bureaux parce qu'il y en avait
plus à traiter. Est-ce à dire qu'il faudrait, pour faire plaisir
au ministère des Affaires sociales, devenir des gens paresseux, ne pas
travailler à l'intérieur du plan ou traiter des adultes, ou
est-ce à dire, lorsqu'on parle d'actes par rapport au revenu... On a dit
ce matin que la reine ne négociait pas avec ses sujets. J'ai aussi
étudié le Dr Shaw peut en témoigner le plan
du National Health Services en Angleterre et c'est exactement ce que les
Anglais ont fait.
Ils ont commencé par mettre une masse; ils ont mis des actes.
Ensuite, ils ont augmenté la couverture; ils ont gardé la
même masse d'argent, de façon que les actes soient le moins
élevés possible. Savez-vous comment on traite le monde en
Angleterre? En série, pour que le dentiste puisse avoir un revenu, et
même plus qu'en série. On les endort à la chaîne
parce que ça va plus vite, alors que les dentistes, au Québec,
ont la réputation... Lorsque vous voyagez un petit peu, demandez...
M. Lazure: Sur la question du député de
Mégantic-Compton, je pense qu'on s'en éloigne; si vous me
permettez de répondre à mon tour à cette question
importante. Je prends note des affirmations du président de
l'association voulant que lui et son groupe sont toujours prêts à
négocier; nous aussi, nous le sommes.
Cependant, les négociateurs de l'association, vendredi soir, ont
donné une réponse négative
très catégorique à la dernière offre et nous
étions disponibles, comme cela avait été convenu il y a
deux semaines entre le président de l'association et moi-même, les
deux équipes étaient disponibles. Nous avons été
disponibles. L'association n'a pas jugé bon de faire une autre
rencontre, mais nous sommes toujours disponibles. (20 h 45)
Deuxièmement, suite à sa réponse, le
président enchaîne sur les fameux 28%. Je répète
qu'on n'a pas voulu passer de sapin à qui que ce soit; il y a 47 actes,
47 gestes qui seront prévus dans l'offre que nous avons formulée
récemment et, sur 44 de ces actes, les 28% s'appliquent. Donc, c'est
seulement sur 3 actes que les 28% ne s'appliquent pas. Si l'augmentation de 28%
ne s'applique pas sur les 3 autres actes, c'est que nous croyons, à la
lumière de l'expérience depuis quatre ans, que ces actes
étaient, d'une part, trop rémunérés et que, d'autre
part, d'autres professionnels, dans le réseau public des affaires
sociales, peuvent dispenser ces services de façon tout aussi
satisfaisante que dans les cabinets privés de dentistes et à des
coûts beaucoup moindres.
La dernière remarque que je relève, qui est une
fausseté, c'est que nous offrons effectivement une masse d'argent
beaucoup plus importante; je pense qu'il n'est pas correct de dire que nous
voulons faire comme en Grande-Bretagne, garder la même masse d'argent
annuellement et faire couvrir plus d'enfants. L'année fiscale qui
s'achève, 1978/79, va coûter aux contribuables environ $40
millions ou un peu plus, pour le régime en question. Notre
dernière offre représente une masse totale de $69 millions, bien
sûr, en ajoutant une tranche d'enfants. L'ajout de la tranche d'enfants
n'est pas la seule cause de cette augmentation parce que l'autre cause de
l'augmentation, c'est l'augmentation de 28% sur 44 actes.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Premièrement, nous sommes toujours
attrapés sur cette question, cette comparaison entre les actes qui,
comme vous dites, coûtent seulement $5.35 l'acte. Je veux vous demander,
premièrement, si on fait une comparaison entre des bananes et des
oranges. On voit, dans votre mémoire: Programme et promotion de la
santé dentaire. On voit précisément ce que vous entendez
par vos "actes de prévention" parce qu'on veut faire une comparaison
réelle entre les actes qui sont donnés par les dentistes dans le
plan et les actes dont vous parlez ici. A 1.1.1, à la masse de la
population, baisse de la fluoration. Tout le monde accepte cela.
Deuxièmement, à divers groupes d'enfants, démonstration de
méthode de brossage des dents, par l'autobrossage collectif, ainsi de
suite.
Faites donc un examen de cette situation. Quand la convention collective
de 1975 a été signée, nous étions dans une
période où les soins dentaires étaient très
influencés par un "Doctor Barkley", cela veut dire le programme de
contrôle. C'est-à-dire que si nous prenons les patients pour les
faire instruire individuellement dans notre bureau, pour leur apprendre comment
bien entretenir leurs dents, les motiver et en les voyant tous les six mois
afin de connaître la condition de leur bouche, c'est un programme de
"plaque control". Avez-vous suivi vous-même un tel programme, M. le
ministre?
M. Lazure: M. le Président, la question du
député de Pointe-Claire rejoint aussi certaines affirmations du
président de l'association quand il parlait de l'application topique de
fluorure.
M. Shaw: Je parle de l'enseignement de l'hygiène buccale,
premièrement.
M. Lazure: Je vous dis que votre question rejoint...
M. Shaw: Je parlerai d'autre chose après.
M. Lazure: Ma réponse est oui, ma réponse à
votre première question est oui.
M. Shaw: Oui, par un dentiste dans un bureau dentaire avec des
soins dentaires et des pilules pour colorer vos dents et ainsi de suite. Est-ce
que vous avez suivi... Si vous ne connaissez même pas ce dont on parle,
c'est très difficile de faire une comparaison entre les deux...
M. Lazure: Je connais la chose dont on parle. Si vous voulez une
réponse...
M. Shaw: Vous dites que vous... Ici, c'est clairement dit, c'est
une démonstration de méthode de brossage des dents, on ne parle
pas de la soie dentaire. J'ai vécu cette même situation dans une
grosse classe de 30 enfants; on leur donne une brosse à dents et on leur
montre comment se brosser les dents. Ce n'est pas la même chose que le
"plaque control". Le "plaque control", c'est totalement différent.
Vous avez dit qu'à $5.35 vous pouviez donner la même
qualité de services dans un réseau public. Est-ce que c'est ce
que vous avez dit?
M. Lazure: C'est ce que j'ai dit, c'est ce que je maintiens et
c'est ce que soutient le réseau des Départements de santé
communautaire, où on retrouve 36 dentistes qui supervisent ces
programmes, et les programmes sont dispensés aux écoliers. J'ai
dit cet après-midi qu'on rejoignait au-delà de 95% des
écoliers de 5 ans à 11 ans et ils sont rejoints sous la
supervision des dentistes par des hygiénistes dentaires.
M. Shaw: Pour continuer, parce qu'il faut que tout le monde le
sache, vous comparez un service donné dans une école ou dans un
CLSC par un hygiéniste dentaire à celui donné à un
groupe...
M. Lazure: Sous la supervision du dentiste. M. Shaw: Sous
la supervision d'un dentiste.
M. Lazure: Comme cela se fait au cabinet privé du
dentiste.
M. Shaw: Cela dit que le dentiste fait le programme.
M. Lazure: Au cabinet privé du dentiste
parlons-nous franchement, comme le président de l'association le disait
tantôt, disons-nous la vérité un grand nombre de
cabinets de dentistes dispensent ces soins d'actes de prévention, que ce
soit l'enseignement de l'hygiène buccale ou l'application de fluor, ces
soins sont dispensés par un hygiéniste dentaire sous la
supervision du dentiste, et ces mêmes hygiénistes dentaires...
M. Shaw: D'accord.
M. Lazure: ... peuvent certainement accomplir la même
qualité d'actes dans une école sous la supervision d'un dentiste
qui appartient à un département de santé communautaire et
qui a autant de conscience professionnelle, qui appartient au même ordre
que le dentiste dans un cabinet privé.
M. Shaw: On parle de deux choses différentes. On parle
d'une instruction individuelle avec motivation. Le "plaque control", c'est
cela. C'est totalement différent de...
M. Lazure: On en a parlé cet après-midi de
l'instruction individuelle. Vous prétendez que l'enseignement individuel
est forcément plus valable que l'enseignement de groupe. Moi, je vous
dis que cela reste à démontrer.
M. Shaw: Certainement. D'accord. C'est une première chose.
Parce qu'on parle des autres...
M. Lazure: J'ajouterai aussi que quand on enseigne une telle
technique à un groupe de 30 enfants dans une classe, il faut quand
même prêter un peu de jugement aux hygiénistes dentaires
quand on l'enseigne, et je suis sûr que cela se fait, l'hygiéniste
dentaire peut intervenir directement auprès d'un enfant personnellement,
individuellement, pour l'aidera apprendre la technique.
M. Shaw: On va continuer sur le même sujet, parce que nous
avons parlé du traitement au fluor. Pensez-vous que, dans votre
programme, avant que le traitement de fluor ne soit dispensé, les dents
sont nettoyées comme il faut, avec une prophylaxie?
M. Lazure: Sur le traitement du fluor, M. le Président, je
vais simplement, en réponse à l'intervention du président
et à la question du député de Pointe-Claire, citer ici des
extraits d'articles de différentes revues scientifiques dentaires.
Pâte à prophylaxie au fluorure de phosphate acidulé
réduit jusqu'à 25% des caries dans l'ensemble, dit le Journal of
American Dental Association, no 87, en 1978. Je ne les énumère
pas tous. Rince-bouche au fluorure de sodium neutre réduit
jusqu'à 50% des caries avec application quotidienne et jusqu'à
44% des caries avec application hebdo- madaire, si vous permettez, dit Acta
Odontologia Scandinavia 1965, cela fait déjà un bout de temps.
Pastilles et gouttes de fluorure réduisent jusqu'à 80% des
caries, application quotidienne, dit Archives of Oral Biology de 1974.
M. Shaw: Dr Lazure, excusez-moi, M. le ministre. Vous êtes
un médecin entraîné et vous connaissez bien la
réalité d'une dent qui est nettoyée, vous savez qu'une
dent qui a été couverte par une couche de fluor est mieux
soignée par ce traitement de fluor que par un rince-bouche sur des dents
qui n'ont pas été nettoyées ou lavées. La surface
n'est pas sèche. Vous voulez faire une comparaison entre un rince-bouche
qui, avec certaines statistiques, peut faire ses preuves...
M. Lazure: Le président de l'association a un peu
tourné en ridicule, cet après-midi, différentes formules
qui contiennent du fluorure. Je voulais simplement lui répondre, non pas
par une opinion personnelle, mais par l'opinion de certains scientifiques.
M. Shaw: On veut seulement faire la comparaison entre le
traitement que vous voulez donner aux enfants du Québec et la
présente formule qu'on emploie maintenant. C'est avec l'ancienne
formule, qui a été parrainée tout d'abord par les soins du
Dr Barkley. C'est totalement un concept de prévention qui a
été à la base de cette convention collective que nous
avons acceptée à ce temps-là. Alors l'attitude...
M. Lazure: Puisque le député s'adresse à
moi, je lui dirais simplement ceci: les progrès de la science dentaire,
je pense, sont aussi accessibles aux médecins dentistes de nos
Départements de santé communautaire qu'aux dentistes en cabinet
privé et je préjuge qu'ils sont aussi au courant que les autres
de ce qu'ils doivent utiliser.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire, j'ai laissé aller un bon bout, on est loin des
négociations, entre nous deux...
M. Shaw: Nous sommes directement au milieu des
négociations, parce que c'est la comparaison entre...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire, la commission s'est réunie pour s interroger sur ce qui
n'allait pas dans les négociations actuelles; poser des questions au
ministre, c'est votre droit, mais je crois qu'on est entré dans une
technicité, on surpasse le but de la commission parlementaire. Je vous
demanderais de revenir à la pertinence de la convocation de cette
commission parlementaire, s'il vous plaît.
M. Shaw: D'accord. J'ai dit que, premièrement, on faisait
une comparaison entre un service rendu dans un centre communautaire qui est
représenté par un coût de $5.35 l'acte. Nous avons dit que
cet acte est comparable à un acte posé par les dentistes à
un montant plus élevé, $19 par année. C'est très
important, parce que c'est la
base de l'argument du ministre, que ces actes peuvent être
enlevés de la profession dentaire pour les mettre entre les mains des
auxiliaires dentaires dans les CLSC et dans les écoles. C'est sur cette
base que repose sa position de réduire le montant payé aux
dentistes pour ces actes. C'est totalement dans la ligne de pensée des
négociations.
Sur le troisième point, vous avez dit que même ces
coûts sont de $5.35. Nous avons ici des chiffres, disponibles pour tout
le monde, qui démontrent les salaires des responsables et
l'équipement dentaire, mais on ne voit pas le coût de loyer des
lieux. Est-ce que ça représente quelque chose? Nous avons fait
une étude des soins dentaires dans des centres payés par les
gouvernements de Suède et d'Angleterre et c'était impossible de
faire la preuve que les soins donnés dans un système d'Etat
étaient moins coûteux que ceux donnés dans les bureaux
dentaires privés.
M. Lazure: Votre question...
M. Shaw: Même que le gouvernement de la Suède a
accepté ça, a changé ses politiques il y a six mois.
M. Lazure: Sur le loyer, vous voulez une réponse? Les
services en question sont généralement dispensés dans les
locaux de l'école. Bien sûr, il y aurait peut-être à
calculer, ce n'est pas parfait comme estimation des coûts, la partie du
loyer, des espaces du Département de santé communautaire
où se trouve le directeur ou une partie des cadres. Mais les
hygiénistes elles-mêmes, quand elles dispensent ces services,
elles le font dans les locaux des écoles où se trouvent les
enfants. Alors, il n'y a pas de loyer additionnel attaché à cet
exercice.
M. Shaw: Vous dites que c'est totalement le coût de ces
services. Mais le service est simplement une classe où on
démontre comment brosser les dents et on donne un rince-bouche pour
rincer les dents et c'est le traitement de fluor...
Le Président (M. Laplante): Dernière question, M.
le député de Pointe-Claire.
M. Lazure: Rince-bouche ou autre procédé reconnu
par la profession.
M. Shaw: D'accord. Une autre question dans un autre domaine. Vous
savez, j'espère que vous le savez, que nous avons fait une comparaison
de frais ou de coûts de tarifs pour certains actes dentaires. On va
prendre n'importe lequel, mais on va prendre celui qui est la base de soins
curatifs des dentistes. Ce sont les plombages, surface par surface, on va
parler du plombage de trois surfaces des molaires. Le tarif...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je pourrais vous
interrompre, M. le député de Pointe-Claire?
M. Shaw: Oui.
Le Président (M. Laplante): C'est pour le journal des
Débats. Vous en penserez ce que vous voudrez, lorsque vous dites nous,
est-ce au nom de l'association ou au nom du député de
Pointe-Claire?
M. Shaw: Non, il s'agit de moi.
Le Président (M. Laplante): Tout à l'heure, il y
avait une ambiguïté, c'était presque au nom de
l'association; pour le journal des Débats. (21 heures)
M. Shaw: Je parle franchement...
M. Grenier: II prend la place de Ryan, il a le "nous"...
M. Shaw: "The royal me". Anyway. C'est peut-être difficile
de répondre à certaines questions, mais je vais continuer quand
même. Nous voulons faire une comparaison entre certains services. La base
des services dentaires, ce sont les plombages. C'est le "bread and butter of
dentistry". On accepte que le coût d'entretien d'un bureau dentaire soit
50% des frais. Nous avons négocié, partout au Canada, que la base
des tarifs canadiens acceptés par les assureurs privés, c'est
$15, $24 et $30. Cela veut dire: une surface $15, deux surfaces $24, trois
surfaces $30. Cela veut dire qu'à $30, vous avez trois surfaces.
Et vous avez, dans votre offre pécuniaire, une comparaison
j'ai les chiffres ici de $11, $16 et $19. Cela veut dire que votre offre
pour le "bread and butter" ce sont les choses quotidiennes, le service
moyen dans un bureau dentaire était de 50% du tarif canadien.
Votre offre couvre véritablement les frais encourus à
donner ce service dans un bureau dentaire. A mon avis, je trouve presque
incroyable que vous puissiez faire une offre qui est véritablement une
offre du coût, pour un dentiste, pour faire placer ces plombages, en
disant que notre offre est une augmentation de 28,6%.
Est-ce que vous pouvez répondre à cette question?
M. Lazure: M. le Président, je suis obligé de
répéter encore une fois que la seule argumentation
cohérente, consistante qu'on ait entendue, autant à la table de
négociation qu'aujourd'hui en commission, de la part de l'Association
des dentistes, c'est de s'insurger contre le fait que les 28% d'augmentation
sur une période de quatre ans ne s'appliquent pas à tous les
actes. Vraiment c'est le leitmotiv, c'est le thème qui revient
constamment.
En contrepartie, notre thème qui revient constamment depuis des
mois et des mois, c'est que les 28,5%, c'est-à-dire 7% par année
sur l'augmentation de 44 actes individuels sur 47, cela nous paraît
très raisonnable. A ma connaissance, l'Association des dentistes n'a pas
dit que cela n'était pas raisonnable, mais elle dit: D'accord, 28,5%, on
est prêt à envisager cela, mais appliquez-le sur tout, y compris
sur les actes de prévention.
En conclusion, je le répète encore une fois, pour nous, le
gros du morceau, les 44 sur 47 actes, est accompagné, fait l'objet d'une
offre normale, très raisonnable, contre laquelle je n'ai même pas
entendu aujourd'hui l'association s'insurger sur le 7% par année.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Chicoine: Pardon, M. le Président. Ce n'est pas tout
à fait exact.
M. Lazure: S'insurger.
M. Chicoine: Je vais m'insurger tout de suite, parce que ce n'est
pas tout à fait exact.
M. Lazure: Allez-y.
M. Chicoine: Vous avez dit, M. le ministre, qu'on avait dit non
vendredi dernier à l'offre gouvernementale et je le répète
publiquement: 7,85% d'augmentation sur l'ensemble du plan, on ne l'acceptera
jamais. C'est clair?
M. Lazure: On ne parle pas de la même chose.
M. Chicoine: J'y reviens. On ne parle pas de la même chose.
On a l'impression qu'on parle chinois, parce que vous parlez d'une partie du
plan et moi, je parle de l'ensemble du plan.
M. Lazure: Je répondais au député de
Pointe-Claire, en le ramenant au coeur du débat, à l'effet que le
7% annuel s'applique à 44 actes sur 47.
M. Chicoine: Je comprends. Mais dans l'ensemble du plan, cela
fait 1,8%. C'est ce que cela fait.
Le Président (M. Laplante): Je pense que cela a
été éclairci...
M. Chicoine: Maintenant, j'aimerais quand même dire une
chose.
M. Grégoire: Juste une question de clarification, M. le
Président.
M. Chicoine: Je m'excuse.
M. Grégoire: Dans les 44 sur 47 actes, quel est le
pourcentage, dans l'ensemble des actes, des trois autres actes? Quel est le
pourcentage dans l'ensemble du travail de...
M. Lazure: 36% pour l'année 1977, selon nos chiffres.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, votre tour va venir tout à l'heure. Si vous voulez continuer
votre courte intervention.
M. Lazure: Mais cela n'est pas un taux fixe, évidemment.
Cela peut être déplacé selon les choix de la pratique du
dentiste. J'ai dit aujourd'hui: On a constaté, avec d'autres groupements
professionnels, partout au monde, quand on varie le montant du tarif pour tel
ou tel acte, on assiste, dans les mois ou les années qui suivent
à un déplacement du nombre d'actes selon les barèmes qui
ont été établis.
M. Chicoine: Je voudrais établir ceci; c'est que,
tantôt, j'ai demandé au ministre des Affaires sociales qu'il nous
dise combien il offre aux dentistes pour l'ensemble du plan. Il n'a pas
répondu à cette question-là. Je le répète
une deuxième fois, je demande que le ministre des Affaires sociales nous
dise combien il offre aux dentistes pour l'ensemble du plan. Il n'y a pas de
dentistes qui travaillent dans une partie du plan et d'autres dentistes dans
l'autre.
Lorsqu'il a dit que, vendredi soir, on avait dit "non" à l'offre
gouvernementale, on l'a dit pour les motifs qu'on a expliqués
tantôt, c'est que 7,85% sur quatre ans, on ne l'accepterait pas.
Il a dit aussi que la négociation continuerait. Je suis bien
d'accord qu'elle continue et qu'on ne parle pas chinois comme on le fait
présentement mais, quand même, vendredi soir, lorsqu'on s'est
rencontré pour la dernière fois, on a déposé une
nouvelle demande pécuniaire sur laquelle on n'a pas eu de
réponse. Si la négociation se continue, elle se continuera
à partir de la demande qu'on a déposée. Si le gouvernement
veut demeurer sur ses positions, il est évident qu'il n'y aura pas
d'entente négociée.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, on parle beaucoup, Dieu sait
qu'on parle beaucoup au Parlement.
M. Grenier: M. le député, j'aimerais bien que le
ministre réponde aux propos...
M. Forget: M. le Président, je pense que le
député de Mégantic-Compton a eu l'occasion de faire ses
interventions. Je lui donnerai la parole, s'il le veut, à la fin.
M. Grenier: II ne faudrait pas s'éloigner de ce qui vient
d'être dit.
M. Forget: Je pense que je ne m'en éloignerai pas plus
qu'on s'en est éloigné depuis environ une demi-heure. Il reste,
malgré tout, qu'on approche de la fin de la journée et je suis
assez perplexe quant à l'utilité de nos travaux pendant la
journée. Il serait peut-être temps de se poser la question sur ce
qu'on a pu accomplir aujourd'hui à cette commission parlementaire.
J'aimerais faire quelques observations à cet égard et apporter,
par la suite, sous forme interrogative, un certain nombre de conclusions
préliminaires auxquelles j'arrive personnellement.
Pour ce qui est de savoir ce qu'une commission comme celle-ci peut
accomplir, là, il y a deux hypothèses qu'on peut avancer. On
pourrait sup-
poser qu'on va aider à clarifier les faits. Or, après
plusieurs heures de discussions, on se rend compte qu'il n'y a pas de
divergences majeures entre les parties sur le calendrier des
événements depuis trois ans, ni sur la signification des offres,
contre-offres, contre-propositions qui ont été
déposées. Mis à part la rhétorique et les efforts
de relations publiques de part et d'autre ou les procès d'intention, il
reste que les chiffres semblent assez clairs. On n'a donc aucun rôle
à jouer pour éclaircir ou jeter une nouvelle lumière sur
l'information.
Pour ce qui est d'utiliser cette commission-ci pour avancer dans le
règlement, j'ai bien peur qu'on doive arriver à des conclusions
tout aussi négatives. Il est assez clair qu'on est loin de constituer un
forum impartial devant lequel les deux parties pourraient se présenter,
où on aurait même l'apparence d'un mécanisme d'arbitrage
quelconque. Ce n'est pas seulement parce que la majorité
ministérielle est la majorité à la commission
également et que, si on prenait le vote, on découvrirait, sans
grande surprise, que la commission est d'avis que le gouvernement a raison,
mais c'est aussi parce que le ministre n'a pas cru bon, parce qu'on n'a pas de
longue tradition de ces commissions parlementaires, d'adopter ou de
créer au moins les apparences d'une certaine égalité ou
équité entre les parties.
Il nous avait dit, au début de la journée, qu'il acceptait
de voir que les négociateurs ou même lui-même prennent place
de l'autre côté de la table et ne s'engagent pas, par une
participation certainement exorbitante ou certainement
prépondérante, dans tous les travaux. Je pense que, si on faisait
le total des heures ou des minutes que le ministre a utilisées, on
trouverait qu'effectivement, il n'y a pas d'équité ou qu'il n'y a
pas de répartition équitable dans les temps de parole, ce qui
veut dire que le gouvernement, le ministre a utilisé la commission
parlementaire pour poursuivre un débat qui devrait se poursuivre
à la table de négociation.
D'ailleurs, peut-être la seule chose positive qui émerge de
tout cela, c'est l'affirmation que M. Chicoine et le ministre des Affaires
sociales ont faite tout à l'heure qu'ils étaient disposés
à poursuivre la négociation. J'espérais que, de part et
d'autre, ils ne mettent pas trop de prérequis et de
préconditions, parce que, s'ils arrivent avec trop de prérequis
et de préconditions, c'est comme s'ils n'avaient rien dit. Je pense que
tout le monde s'en rend compte.
Dire: On va bien discuter, pourvu que... pourvu que... C'est
peut-être aussi bien de dire qu'on ne veut pas discuter. S'ils
s'engageaient de part et d'autre à reprendre la discussion, je pense que
la commission parlementaire aurait servi le seul usage auquel elle peut
servir.
Pour ce qui est des autres usages moins licites, on peut imaginer toutes
sortes d'hypothèses, mais vaut mieux ne pas insister. Il est clair que
les dentistes, comme tous les autres, les 17 ou 18 groupes professionnels qui
négocient avec le gouvernement dans le secteur de la santé,
savent qu'en tout temps, le ministre qui en a marre de la négociation,
qui croit qu'il est dans une impasse, peut toujours recourir à l'action
de l'Assemblée nationale et faire adopter une loi spéciale. C'est
une des règles du système d'assurance-santé dans le
secteur gouvernemental et il faut vivre avec cela. Tant qu'on n'en est pas
rendu à ce moment, je pense qu'il faut jouer loyalement le jeu de la
négociation et ne pas se donner des tribunes additionnelles ou des
moyens de pression additionnels.
Pour notre part, on va certainement demander que les règlements
de l'Assemblée nationale soient modifiés de manière que ce
genre de phénomène assez curieux auquel on a assisté
aujourd'hui, ne se reproduise plus. S'il se reproduit à l'avenir, c'est
qu'on n'aura pas réussi à faire changer nos règlements;
mais il est inadmissible qu'un processus de négociation qui est
déjà tellement lourd et qui est déjà tellement
biaisé c'est la volonté du législateur, c'est
peut-être la volonté de tout le monde, puisqu'on a des
régimes publics d'assurance-maladie en faveur du gouvernement,
puisque finalement, un des négociateurs a aussi le pouvoir de
légiférer, qu'on y ajoute une étape de plus avec une
espèce de procès public du groupe professionnel ou du syndicat,
éventuellement, qui ose démontrer trop d'opposition, trop
d'acharnement dans la défense de ce qu'il croit être ses
intérêts légitimes.
Cela étant dit, j'en viens, sous forme interrogative...
Le Président (M. Laplante): Avant de poser votre question,
je vais être obligé de me servir de l'article 96, parce que le
président se sent attaqué actuellement sur le processus qu'on a
adopté depuis le début pour les droits de parole. En vertu de
l'article 160, le ministre parrain d'une telle commission ou d'une loi ou de
crédits, a un droit de parole illimité, je n'ai pas à vous
l'apprendre, je crois. Les oppositions ont droit à vingt minutes par
participant. Ce qui arrive souvent dans ces commissions, c'est qu'on
répartit le temps avant de commencer de telles sessions. J'ai voulu
faire un peu ce qui s'est fait dans une autre commission similaire qui est
convoquée de nouveau pour la semaine prochaine, et laisser le temps
à chaque opinant de poser le plus grand nombre de questions voulues. Je
voulais que ce soit éclairci, je ne voudrais pas...
M. Lazure: Sur le même palier, très rapidement, je
ferai remarquer au député de Saint-Laurent que même si le
temps alloué n'est que de vingt minutes pour les membres de la
commission qui sont des partis de l'Opposition, il faut se rappeler qu'avec la
présence du député de L'Acadie, il y avait quatre membres
qui ont utilisé ce droit de vingt minutes. Je me suis fait un devoir de
limiter mon temps. Je pense que si on fait le calcul, une fois le journal des
Débats imprimé, on se rendra compte que je n'ai pas parlé
plus longtemps que les quatre députés de l'Opposition
ensemble.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président. A tout
événement, rassurez-vous si vous y avez vu un plan personnel.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai dit qu'il fallait modifier nos
règlements. Pour ce qui est de la façon dont le ministre s'est
comporté, je ne veux pas amorcer une note partisane à ce moment
du débat on en a eu d'autres échantillons et on en aura
sûrement dans l'avenir mais il reste que je voudrais
procéder avec ce que j'ai annoncé tout à l'heure, et au
moins pour ce que cela peut donner, indiquer à quelle conclusion
quant à moi, personnellement on peut en arriver, au moins
à titre d'interrogation. D'abord, du côté de l'Association
des chirurgiens dentistes du Québec, il me semble qu'on n'a pas
suffisamment reconnu le fait que nous sommes dans un régime partiel
on a voulu exploiter cet argument dans un autre contexte pour
lequel les dentistes au Québec sont beaucoup plus des vendeurs de
services vis-à-vis de l'Etat que dans la position, par exemple,
où se trouvent les médecins, de la façon suivante: le
gouvernement, étant donné qu'il s'agit d'un service partiel,
d'une couverture partielle, conserve à tout moment, le droit de se
déclarer non-acheteur de telle ou telle catégorie de services,
puisque ceux à qui il s'adresse exercent une activité
professionnelle qui déborde de loin, par les clientèles qu'elle
rejoint, les clientèles couvertes par le régime public. (21 h
15)
Le gouvernement peut dire, à un moment donné: Je
décide de ne plus couvrir tel ou tel service et il ne précipite
pas pour autant ceux à qui il s'adresse dans la déchéance
économique puisqu'il y a des solutions, il y a un marché beaucoup
plus large, si on veut employer cette expression, il y a une clientèle
beaucoup plus largement définie. C'est une dimension essentielle lorsque
le gouvernement dit, s'il le dit, parce que ça, ce n'est pas encore
clair: Nous ne voulons plus que vous donniez les services de prévention;
nous les ferons donner par d'autres. C'est son droit le plus strict et il n'y a
pas de guerre de religion à faire là-dessus. Encore faudrait-il
qu'il le dise clairement, bien sûr.
D'autre part, je crois que, lorsque vous parlez de revenu
ça découle de la première proposition cela aussi
porte à confusion, parce que tout ce que vous dites relativement au
revenu c'est un argument qui vaut contre vous comme en votre faveur
vous parlez toujours des revenus du régime public et non pas de
vos revenus en général, et, de cette façon-là, on
peut toujours se dire: Lorsque vous cessez de donner un service payé par
l'Etat, vous en faites un autre que des individus privés vous paient et
l'effet sur votre revenu n'est pas du tout celui qu'on peut déduire des
propositions gouvernementales considérées isolément.
Je pense que c'est important de dire ça, parce que c'est,
malgré tout, un élément qui caractérise les
dentistes par rapport aux autres professionnels de la santé qui, eux,
sont totalement englobés par le régime public, et je pense que
vous n'avez pas suffisamment, dans votre argumentation, reflété
cette circonstance paticulière.
Mais, M. le Président, je crois que la plupart de mes
interrogations quant au reste et mes conclusions provisoires s'adressent au
ministre et elles sont plus nombreuses; elles sont au nombre de huit.
J'essaierai de procéder rapidement.
Il y a d'abord un mystère, quant à moi, du moins, qui
découle du fait de la non-abrogation de l'article 15, de cet article qui
prévoit l'utilisation d'un décret pour déterminer les
conditions de rémunération des dentistes. C'est un article
d'exception qui a été introduit pour des raisons historiques que
les intéressés connaissent très bien, c'est-à-dire
la première introduction du régime en 1973 et qui n'avait plus,
comme tel, sa raison d'être dans un régime de croisière. Je
crois qu'après quelques années de fonctionnement, ce
régime avait atteint un rythme de croisière et qu'il s'imposait
d'abroger ce pouvoir d'exception puisque, de toute manière, le ministre
conserve toujours la possibilité de s'adresser à
l'Assemblée nationale et il est important qu'il le fasse à ce
moment-là en assumant la responsabilité politique entière
d'un tel geste, et en laissant planer cette espèce d'épée
de Damoclès sur les négociations; même s'il s'est
engagé par écrit à ne pas l'utiliser comme tel, il reste
que ça laissait planer une incertitude quant à ses intentions
éventuelles, incertitude qui semble, d'ailleurs, s'être
précisée pour le pire au cours des derniers mois.
Je pense qu'à ce moment-là, étant donné
qu'on veut maintenant l'utiliser pour éliminer justement les soins
préventifs, en le laissant subsister, on a créé une
confusion non seulement quant à l'usage qu'on voudrait en faire, mais
à la position qu'on prenait vis-à-vis des soins préventifs
du côté du gouvernement. Ou il s'agissait d'une question de
principe pour le gouvernement; on ne voulait pas en parler. On ne voulait plus
les acheter des dentistes. On voulait s'adresser au réseau public. A ce
moment-là, il fallait le dire clairement et indiquer clairement qu'on
était prêt à aller jusqu'au bout. Si on laissait
soupçonner que c'était négociable, on ne peut pas, du
côté du ministère maintenant, s'étonner si ça
crée une confusion, des déceptions et une rancoeur bien
explicables. Puisqu'on a accepté d'en discuter longtemps, il ne faut pas
maintenant en faire une question de vie ou de mort.
La deuxième interrogation qui se pose c'est que si on a
accepté de discuter cette question des frais de prévention, on se
demande pourquoi on ne se contente pas, du côté du
ministère, d'une diminution des tarifs de l'ordre de 18,8% qui est
proposée par l'ACDQ dans ses dernières propositions. Obtenir une
diminution de tarifs dans une période d'inflation, c'est
déjà une belle victoire pour le ministre. Est-ce qu'il veut
humilier l'ACDQ? Est-ce qu'il veut pousser cette victoire "to its bitter end",
comme on dit en anglais? Puisqu'il a accepté que c'était
négociable, puisqu'il n'a pas voulu, au tout début, en faire une
bataille de religions, il me semble qu'il devrait, dans une entente qui a quand
même une durée limitée, accepter cela
comme une étape malgré tout raisonnable; c'est une
manifestation de la part de l'ACDQ qu'elle est prête à faire des
compromis. Le ministre ne trouvera pas souvent des syndicats, professionnels ou
autres, qui vont accepter une diminution de 18,8% sur quelque sujet que ce
soit. C'est déjà une victoire et ne la considérerait-il
que comme une victoire provisoire ou intérimaire que ce serait
déjà très bien.
En troisième lieu, le ministre n'a pas expliqué pourquoi,
lorsque l'ACDQ avait déposé des propositions normatives qui
reprenaient mot pour mot le normatif déjà concédé
aux omnipraticiens, il a mis tellement de temps à accepter cette
proposition. L'affirmation a été faite à plusieurs
reprises, elle n'a pas été niée du côté
gouvernemental et s'il y a une chose qui a pu contribuer à noircir le
climat ou à accenturer l'inquiétude du côté de
l'ACDQ, c'est probablement une réticence aussi peu explicable que
celle-là.
Quatrièmement, pourquoi, du côté du ministre,
insister sur une discussion simultanée de l'aide sociale ou des soins
dentaires couverts par l'aide sociale, alors qu'on néglige de modifier
la Loi de l'aide sociale? Puisque cette Loi de l'aide sociale ne permet pas
d'entrer dans les négociations avec quelque groupe que ce soit, dans le
moment, il n'y a pas de base juridique pour permettre une telle
négociation. C'est d'ailleurs fort prudent de ne pas le permettre de
façon générale parce qu'on se souvient que dans les
besoins spéciaux de l'aide sociale, le gouvernement, dans le fond,
rembourse les frais d'à peu près tout ce qu'on peut imaginer
enfin, c'était le cas dans le passé, c'est peut-être
moins le cas maintenant, mais cela a déjà été le
cas et un pouvoir de négociation dans la Loi de l'aide sociale
aurait forcé tous les gouvernements qui se sont succédé
à établir des prix officiels, en quelque sorte, pour à peu
près tout ce qu'on peut se procurer dans les magasins. C'est assez
gênant pour un gouvernement de se retrouver dans cette position et on
s'explique donc pourquoi il n'y a pas un tel pouvoir dans la Loi de l'aide
sociale.
Cependant, à titre exceptionnel, si un groupe y tient
énormément, si cela devient important, rien ne s'oppose à
une telle négociation, mais encore faut-il que la loi le permette et que
la loi soit modifiée en conséquence puisque, d'une façon
générale, elle ne le permet pas. Pourtant, on n'a pas
modifié la loi et on semble avoir insisté longtemps pour
négocier les deux questions de front. C'est peut-être une chose
qu'il faut faire. Encore une fois, il y a plusieurs raisons qui militent contre
une telle attitude, mais si l'ACDQ insistait et insiste toujours
là-dessus, à certains égards, il fallait donner suite
à cette pression, surtout qu'on prétendait emboîter le pas
par une modification à la loi.
D'ailleurs, j'ai signalé cette question au ministre lors de la
discussion de ses crédits en avril et mai 1977. J'ai demandé au
ministre comment il se faisait qu'il acceptait de négocier les tarifs
pour l'aide sociale, pour les soins dentaires, alors qu'il semblait que tout le
contexte manquait pour une telle négociation. Il n'y a pas seulement la
modification à la loi qui manquait, d'ailleurs, il y avait
également, me semble-t-il et là-dessus, je crois que le
ministre a fait preuve de beaucoup de faiblesse la négociation
préalable d'un protocole en vertu duquel il aurait obtenu, en
échange de son accord de modifier la loi et de négocier cette
question, une entente de la part des chirurgiens dentistes pour qu'ils
acceptent de fonctionner à l'intérieur des règlements de
l'aide sociale tels que prévus, c'est-à-dire un remboursement
direct par la régie, l'accessibilité des assistés sociaux
aux soins dentaires.
Rien n'a été négocié à ce
moment-là, on a prétendu qu'on pouvait continuer malgré
tout, on n'a pas modifié la loi, donc on n'a rien fait du
côté gouvernemental pour que cette approche soit raisonnable et
porte des fruits.
Cinquièmement, le ministre n'a pas vraiment expliqué
pourquoi il insiste sur des plafonds individuels dans le cas des
rémunérations pour les dentistes. Je suis, M. le
Président, celui qui ai insisté, et je l'ai fait personnellement,
pour que dans les négociations qui ont mené à des ententes
avec les médecins spécialistes et les médecins
omnipraticiens, on retrouve des plafonds individuels. C'est une chose qui, je
pense, dans ces deux régimes, étaient absolument indispensable et
c'était une innovation dans tous les régimes d'assurance-maladie
connus en Amérique du Nord. Cependant, il y a des raisons qui en
faisaient une caractéristique importante pour ces deux régimes,
parce que ce sont des régimes globaux, mais qui rendent ces plafonds
inapplicables dans le cas d'un régime partiel. Là-dessus non
plus, on n'a pas, du côté du ministre, donné de raison. Je
trouve malheureux d'ailleurs, M. le ministre, que dans le communiqué
émis par le ministre, aujourd'hui, j'y reviendrai tout à l'heure,
on fasse allusion de façon un peu disgracieuse, à mon avis, alors
même qu'on discute présumément de bonne foi de toutes ces
questions, qu'on laisse soupçonner que du côté du
ministère on a les mobiles les plus élevés, mais que ce
n'est que de la mesquinerie du côté des dentistes, que l'on ne
cherche qu'à satisfaire des instincts bassement matériels, alors
que du côté gouvernemental on n'a que l'intérêt du
public à l'esprit. Il y a une chose qu'il faut reconnaître pour
qu'on puisse dire vraiment que le gouvernement négocie de bonne foi avec
les professionnels, c'est qu'il est tout à fait légitime pour un
groupe de professionnels de négocier des conditions de travail, des
conditions de paiement. Il n'y a rien de disgracieux là-dedans. Ces
gens-là négocient. Ils vivent de cette profession qu'ils
exercent. Il n'y a rien de disgracieux ou de méprisable à ce
qu'ils cherchent à avoir les meilleurs revenus possible. Et le
gouvernement doit accepter que ce soit légitime et ne pas se livrer
à une espèce de démagogie en disant: Ces gens veulent
faire de l'argent et nous voulons protéger le public. C'est à mon
avis un facteur qui n'aide certainement pas les négociations. Ou on
accepte de négocier ou on n'accepte pas. Et si on accepte de
négocier, on arrête de faire des procès
d'intention et de qualifier les autres de bassement
matérialistes.
Sixièmement, M. le Président, je n'ai jamais compris, et
le ministre n'a jamais expliqué, qu'étant donné cette
impasse au niveau des négociations, il se soit attaché à
accélérer l'extension à des groupes d'âge de plus en
plus élevés du régime de soins aux enfants, alors que
l'extension de couverture à des actes de restauration devenait de plus
en plus nécessaire puisqu'on se retrouvait de plus en plus avec des
enfants qui n'avaient pas que des dents temporaires, mais qui avaient des dents
permanentes.
Bien sûr, le problème se serait posé de toute
façon chez les enfants de onze ans et les enfants de douze ans, mais
dans une hâte qui ne peut s'expliquer que par des promesses faites au
moment de l'élection et cela aussi est légitime de faire
des promesses au moment de l'élection, je ne blâme pas le ministre
d'en avoir fait mais encore faut-il les réaliser dans un contexte
qui permette de ne décevoir personne. Or, cela n'a pas été
fait. On a multiplié par tranches de deux ans ces extensions de
couverture à des clientèles nouvelles alors que les
prérequis essentiels qui étaient l'extension à des actes
de restauration, ne se rencontraient pas. Non seulement l'a-t-on fait une fois,
dans l'euphorie de la victoire, en 1977, mais après un an de
difficultés dans les négociations, on a
répété la même extravagance. Cela non plus on ne l'a
jamais expliqué parce que c'est un peu de la publicité trompeuse.
Ma collègue de L'Acadie l'a mentionné ce matin, savoir offrir des
biens qu'on n'a pas en quantité suffisante, c'est tout à fait
cela qu'on a fait.
Septièmement, M. le Président, pourquoi prétendre
que la prévention coûte moins cher dans le secteur public qu'elle
ne coûte dans le secteur privé. Je ne voudrais pas revenir sur
l'intervention du député de Pointe-Claire à laquelle vous
avez donné un début de réponse, mais à regarder le
document que vous nous avez remis, à écouter les objections qui
ont été formulées par le président de l'ACDQ, je ne
peux pas dire qu'on peut être satisfait, que la démonstration est
faite que ce régime public est aussi bon et à qualité
égale plus modique dans ses coûts que ne le serait le
régime privé avec des diminutions d'honoraires telles que celles
qui sont proposées par l'ACDQ. Peut-être cela est-il vrai. Je ne
voudrais pas affirmer ici que les chiffres montrent le contraire; je pense
qu'il reste un élément de doute suffisant et que c'est
suffisamment important dans le débat pour que le ministère se
fende d'une analyse et d'une explication plus élaborées que deux
pages de chiffres sans aucune explication, sans aucun élément de
contexte qui permette d'en saisir la portée. (21 h 30)
Je pense que, lorsque les éléments de preuve se limitent
à si peu de choses, on est en droit de mettre en doute que
l'étude est suffisante, qu'elle est probante et ça aussi ajoute
à la difficulté du climat des négociations.
M. le Président, ce sont des conclusions auxquelles on peut
arriver seulement de façon préliminaire. Peut-être le
ministre a-t-il d'excellentes raisons et d'excellents motifs qu'il va vouloir
nous exposer. Mais, malgré tout, après l'avoir sagement
écouté une grande partie de la journée, je n'en tire pas
autre chose. De la part de l'ACDQ, il y a une certaine attitude qui est
peut-être trop globaliste. Il s'agit d'un régime partiel, je pense
qu'il faut accepter de fonctionner dans un régime partiel puisque c'est
ce qu'on a et ne pas tirer des conclusions nécessairement à
l'emporte-pièce dans tous les cas, mais à un nombre bien plus
grand de questions du côté du ministère que son attitude a
suggérées et qui a contribué négativement à
l'évolution du dossier.
Encore une fois je termine là-dessus, M. le
Président quelles que soient les réponses qu'on nous offre
ce soir, elles vont avoir un aspect polémique et pas très
concluant. Ce qui est véritablement important, c'est que les deux
parties acceptent de se rencontrer et de continuer ce dialogue. Si jamais le
ministre en vient à la conclusion qu'il lui faut une loi
spéciale, parce que je veux supposer que ce n'est pas son intention
déjà arrêtée, il viendra à l'Assemblée
nationale et il expliquera à la population, à ce
moment-là, avec ses arguments, la raison qui l'amène à
conclure de cette façon.
Je pense que cette commission n'a pas grand usage ou grande
utilité, parce qu'elle ne peut pas trancher, très certainement.
Pour ce qui est des éléments d'information, encore une fois, on
se retrouve devant un accord des parties sur le film des
événements; sur la substance des propositions et des
contrepropositions, il y a une opposition évidente, c'est tout à
fait légitime. Mais il y a des mécanismes beaucoup plus normaux
que cette commission pour les trancher. Je souhaiterais que le ministre accepte
de les faire fonctionner à nouveau et je souhaiterais la même
chose de la part du président de l'ACDQ.
M. Lazure: M. le Président, en réponse aux
réactions, aux interrogations du député de
Saint-Laurent... D'abord, sur l'utilité de cette commission, je
ramène le député de Saint-Laurent aux remarques du
député de Mégantic-Compton qui, lors de ses vingt minutes,
a dit clairement que, pour lui, ça devenait plus clair; donc, si le
député de Mégantic-Compton a été
éclairé, il y a des bonnes chances que d'autres membres de la
commission l'aient été. Il ne faut pas oublier que la commission
représente l'Assemblée nationale, siège au nom de toute
l'Assemblée nationale. Il y a donc de bonnes chances que d'autres
membres de l'Assemblée nationale aient été mieux
éclairés.
Je vous rappelle aussi que le président de l'association,
à un moment donné, a dit que ces échanges avaient eu une
certaine utilité aujourd'hui. Cela sera vérifiable au journal des
Débats.
Donc, je pense que le député de Saint-Laurent rejette du
revers de la main un peu trop facilement l'utilité de cette commission.
Nous avions espéré, de bonne foi, que la commission allait jeter
la lumière sur les deux positions et je pense que cela a
été fait, dans une certaine mesure, et que la
commission allait peut-être aussi rapprocher les deux parties.
L'avenir le dira. Je pense que cela a été fait, dans une certaine
mesure, une mesure très modeste, je le répète, mais une
certaine mesure quand même.
L'article 15, le fameux article 15, le député de
Saint-Laurent y revient souvent, M. le Président. C'est bien drôle
comment, une fois rendu dans l'Opposition, on a toutes sortes de bonnes
idées et on constate tout à coup, qu'il aurait été
facile de poser tel ou tel geste. Je ferais d'abord remarquer au
député de Saint-Laurent qu'il aurait pu le faire. Il aurait pu
abroger l'article 15 avant la fin de son mandat, il ne l'a pas fait.
M. Forget: ... M. le Président.
M. Lazure: M. le Président, le député de
Saint-Laurent a l'argumentation très facile, depuis qu'il est dans
l'Opposition, sur les soi-disant négligences du ministre des Affaires
sociales. Il est très moralisateur, il a un recours très facile
à la leçon à donner à son successeur. Mais je lui
ferai remarquer que, bien souvent, il enfonce des portes ouvertes. Et bien
souvent, au fond, c'est un blâme contre lui-même qu'il exprime.
C'est le cas pour l'article 15. C'est le cas aussi pour les
bénéficiaires de l'aide sociale.
M. le Président, quand nous sommes arrivés au pouvoir, il
était du domaine public, de connaissance publique, que les dentistes ne
dispensaient pas, dans plusieurs régions du Québec, les soins que
les bénéficiaires de l'aide sociale requéraient et
auxquels ils avaient droit. L'ex-ministre des Affaires sociales était
parfaitement au courant de cette situation. C'est bien curieux comme il n'est
pas intervenu dans quelque protocole que ce soit, à ce
moment-là.
Je n'insiste pas plus qu'il le faut pour reprendre point par point les
remarques du député de Saint-Laurent. Au fond, c'est un peu comme
dans n'importe quelle situation où on a connu le pouvoir, avec toutes
ses difficultés, ses complexités et, tout à coup, dans
l'Opposition, on essaie d'en faire abstraction. Il est évident qu'il y a
des lenteurs gouvernementales qu'on déplore, que ce soit notre
gouvernement, l'ancien gouvernement ou le futur gouvernement. Ces lenteurs, on
les a vues dans les négociations, dans celle-ci comme dans d'autres. On
n'a pas de leçon à recevoir du député de
Saint-Laurent là-dessus, aucune leçon de l'ancien
gouvernement.
M. Forget: Je n'ai pas parlé de la lenteur, M. le
ministre.
M. Lazure: Vous avez parlé de la lenteur. Vous avez
parlé de la lenteur sur le normatif.
M. Forget: Bien oui...
M. Lazure: Et je vous rétorque aussi que le normatif
n'était pas exactement le même que pour les omnipraticiens.
Pourquoi ne se contenterait-on pas. comme vous le dites, de cette
aubaine d'aller chercher 18%. Parce que, précisément pour nous,
il ne s'agit pas simplement d'un maquignonnage. Il s'agit véritablement
de dire aux dentistes: Concentrez-vous sur les actes qui sont vraiment
particuliers à votre profession, qui vous sont spécifiques, pour
lesquels une préparation complexe et difficile est nécessaire,
laquelle vous avez reçue.
Et de deux choses l'une. Ou bien vous voulez continuer à
dispenser des services de prévention et, à ce moment-là,
acceptez de bonne grâce d'être rémunérés
à des taux supérieurs, mais quand même qui se rapprochent
des coûts que l'on retrouve dans le réseau public, ou bien vous
pouvez opter aussi pour ne pas dispenser ces services de prévention et
il vous reste une gamme infinie d'actes. Il vous en reste 44 sur 47 à
utiliser, pour lesquels on vous offre actuellement une augmentation, je le
répète, de 7% par année, sur quatre ans.
Le député de Saint-Laurent parle aussi de l'aide sociale.
Le président de l'association a fait allusion à cette assise
légale. Le député de Saint-Laurent sait fort bien que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut déterminer les tarifs de l'aide
sociale, d'une part, et d'autre part, il sait aussi que le ministre des
Affaires sociales est responsable des négociations, de toutes les
négociations qui doivent prendre place avec les professionnels de la
santé.
Il est donc tout à fait raisonnable, même si la Loi de
l'aide sociale n'était pas modifiée de vouloir obtenir une
révision des tarifs pour les bénéficiaires de l'aide
sociale, laquelle révision, si on veut parler jargon technique, aurait
pu être ensuite consacrée, concrétisée dans une
révision des barèmes de l'aide sociale en regard des tarifs
payés pour des services dentaires.
Protection du public. Le député de Saint-Laurent fait
allusion à une loi spéciale. Je pense que j'ai fait un effort
considérable aujourd'hui pour essayer de ne pas axer, bien qu'on m'ait
imputé l'intention de procéder à une loi spéciale
tout en ayant cette commission, j'ai fait un effort honnête pour
maintenir le dialogue. Si, un jour ce sera au gouvernement à
évaluer quand ce jour-là sera venu, parce que c'est le
gouvernement qui a la responsabilité d'évaluer les besoins
publics on doit recourir à une loi, si la négociation qui
va se poursuivre nous menait à un échec, je ne voudrais pas que,
d'avance, on discrédite une telle loi. Je rappellerai simplement au
député de Saint-Laurent que son parti, en 1970, a eu recours
à une loi spéciale pour des professionnels de la santé. Je
pense qu'on ne peut pas nier à un gouvernement démocratiquement
élu cette possibilité.
Je veux simplement, en terminant, M. le Président, rappeler que
nous n'avons pas l'intention de préparer les négociations dans
les secteurs public et parapublic sur le dos des dentistes. C'est une
interprétation qui a été formulée aujourd'hui
à quelques reprises. Nous avons cependant l'intention de demander
à chaque groupe de citoyens, à chaque couche
socio-économique de la société de
participer à un effort commun dans une période où
les taux d'augmentation des revenus ne peuvent pas être ce qu'ils
étaient il y a cinq ans et il y a dix ans.
Nous croyons, dans cette optique de "raison-nabilité", que cette
offre de 7% annuelle sur 44 des 47 actes est une offre fort raisonnable que
l'association devrait accepter. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richelieu.
M. Martel: M. le Président, je me permets, avant de poser
des questions au président de l'Association des dentistes, de faire
quelques observations concernant le côté positif de cette
commission parlementaire qui a permis sans aucun doute d'éclairer des
membres de l'Assemblée nationale et aussi le public sur la
négociation en cours depuis plusieurs mois, qui permet également
la poursuite de la négociation par suite de l'entente avec le ministre
et le président de l'association. Je pense également,
qu'aujourd'hui, nous avons entendu beaucoup moins de démagogie du
côté de l'Opposition qu'on en a entendu depuis un mois à
l'Assemblée nationale. Je pense que c'est un aspect positif que le fait
qu'il n'y ait pas de caméras ici. Cela nous a aussi permis de constater,
maintenant que l'ancien ministre des Affaires sociales est de l'autre
côté, d'après les documents que l'Association des
chirurgiens dentistes nous a donnés, qu'il a laissé traîner
la situation, lui aussi, pendant près de deux ans.
Pour revenir à des questions pratiques et dans le but de nous
éclairer davantage, j'aimerais demander au président de
l'Association des dentistes s'il est d'accord que les actes curatifs et les
diagnostics...
M. Forget: M. le Président...
M. Martel: Vous avez parlé pendant vos vingt minutes.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent...
Une Voix: Une demi-heure.
M. Forget: Etant donné que vous avez fait un
exposé, que vous avez terminé et que vous commencez une
période de questions, je pense que le règlement me permet
d'intervenir puisque mon nom a été mentionné et qu'on m'a
attribué soit des propos, soit des actes que j'aimerais commenter, M. le
Président.
Une Voix: Un commentaire...
Le Président (M. Laplante): Sans commenter, une
rectification des faits, de par l'article 96.
M. Forget: Merci, M. le Président. Le ministre et son
adjoint parlementaire ont à la fois fait des commentaires sur
l'état du dossier en 1976. L'Op- position est habituée à
ce genre de raisonnement qui était plus fréquent, il faut dire,
dans les premiers mois de 1977 que cela ne devient de mise que presque deux ans
après la prise du pouvoir par les amis d'en face. Il reste qu'il y a des
choses qu'il faut malgré tout rectifier.
Il est exact que l'entente était échue depuis le mois de
mai ou juin 1975. Cependant, il y a quand même un fait que tout le monde
connaît dans ce milieu, tant du côté gouvernemental que du
côté de l'association, j'en suis sûr, c'est que, dans ces
négociations comme dans toutes les autres négociations, il y a
des 'patterns ' qui se créent, il y a des précédents qui
s'établissent avec certains groupes, et d'autres groupes acceptent
volontiers que le train se mette en marche pour s'y accrocher à un
moment ou à l'autre. Ce que je veux dire, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, écoutez un peu, j'ai laissé aller un bon
bout...
M. Forget: Non, mais...
Le Président (M. Laplante): ... mais je voudrais que vous
en veniez au fait que vous avez à vérifier.
M. Forget: Le fait, si vous me permettez, sans intervenir dans le
débat, c'est qu'on a allégué à plusieurs reprises
que le dossier traînait. Il ne traînait pas, puisque, de
consentement tacite entre négociateurs aux tables, qui se sont,
malgré tout, rencontrés informellement pendant cette
période, on acceptait que les ententes avec les médecins,
omnipraticiens et les médecins spécialistes créent une
certaine sorte de précédent ou de "pattern1 sur
lesquels on pourrait, dans une large mesure, modeler des ententes comme celles
avec les dentistes, les optométristes et les autres...
Le Président (M. Laplante): D'accord, M. le
député de Saint-Laurent. M. le député de
Richelieu.
M. Forget: II y a un deuxième point, parce que le ministre
y a fait allusion aussi, la question de l'article 15. L'article 15, je l'ai dit
aujourd'hui, et je le répète ce soir, j'avais pris envers M.
Chicoine, le président de l'Association des chirurgiens dentistes, un
engagement formel de le modifier à la session d'automne de 1976, et les
événements qu'on sait m'en ont empêché. Il reste
qu'il y avait un engagement formel de ma part et un engagement qui aurait
été tenu, puisque, déjà, un projet d amendement de
la Loi de l'assurance-maladie que le ministre a trouvé à son
arrivée, incorporait de telles mesures.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richelieu.
M. Martel: Vous avez eu tout le temps pour l'abroger, cet article
15, et vous ne l'avez pas fait,
tout le monde le sait. Donc, mes questions sont les suivantes: Est-ce
que le président de l'Association des dentistes admet que l'offre de
28,5% dont on parle depuis ce matin et dont vous parlez dans vos
négociations depuis plusieurs mois, est vraie lorsqu'il s'agit d'actes
curatifs et d'actes de diagnostic. C'est ma première question.
M. Genest: M. le Président, l'Association des chirurgiens
dentistes admet que l'offre gouvernementale est de 7,85% en sa
totalité.
M. Martel: A ce moment, évidemment, vous n'avouez pas...
Oui, j'ai spécifié et j'ai demandé les actes curatifs et
les actes de diagnostic, c'est-à-dire des actes posés par des
gens qui ont eu une formation professionnelle universitaire, à
l'exclusion, évidemment, des trois actes.
M. Genest: M. le Président, tous les dentistes qui donnent
des actes de prévention ont reçu une formation professionnelle
universitaire qui comprend ces actes, et l'ensemble donne 7,85%, soit 1,8% par
année.
M. Martel: Deuxième question, lorsqu'on parle des actes de
prévention, c'est-à-dire l'enseignement de la
démonstration de l'hygiène buccale, lorsqu'on parle, par exemple,
du nettoyage des dents, lorsqu'on parle, par exemple de l'application du
fluorure, est-ce que vous admettez que ces trois actes de prévention
peuvent être faits par des personnes qui n'ont pas la formation du
chirurgien dentiste?
M. Chicoine: Je pense qu'actuellement, l'article 37k du projet de
loi 250 va pouvoir vous répondre. En ce qui concerne les
hygiénistes dentaires, de par le projet de loi 250, ils ont comme
tâche de dépister les maladies bucco-dentaires, d'enseigner les
principes de l'hygiène buccale et, sous la direction d'un dentiste,
utiliser des méthodes scientifiques de contrôle et de
prévention des affections bucco-dentaires. Donc, cet article ne donne
pas, à ma connaissance, le pouvoir aux hygiénistes dentaires de
faire des nettoyages. C'est la loi.
M. Martel: Est-ce que vous admettez que les assistantes dentaires
posent de tels gestes dans vos cabinets?
M. Chicoine: Je ne sais pas.
M. Martel: Vous ne savez pas. Voyons donc! Vous ne savez pas!
Répondez donc sans détourner les réponses!
M. Chicoine: Non, mais vous, le savez-vous?
M. Martel: Oui, je le sais, parce que je suis allé avec
mes enfants. Je suis allé moi-même et les nettoyages de dents, ce
n'est pas le dentiste qui les a faits...
M. Chicoine: Qui les a faits?
M. Martel: ... ce sont les assistantes dentaires qui n'ont pas de
préparation particulière.
M. Chicoine: A ce moment-là, je pense qu'il est de votre
devoir, en tant que député et en tant que législateur, de
rapporter ceci à l'Ordre des dentistes.
M. Martel: Je pense qu'il y aurait beaucoup de rapports qui
seraient acheminés à l'Ordre des dentistes à ce
moment-là.
M. Chicoine: Alors, au lieu de discréditer les dentistes,
il faudrait peut-être...
M. Forget: M. le Président, le député de
Richelieu connaît bien les préparateurs d'officine, je pense.
M. Martel: Tout simplement pour m'amener à dire qu'on
offre, à ce moment-là...
M. Grenier: Les préparations de prescriptions...
M. Forget: C'est à peu près la même
situation.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brodeur: Est-ce que le député a
vérifié s'il s'agissait d'hygiénistes dentaires ou
d'assistantes dentaires? Vous avez vérifié ça?
M. Martel: D'assistantes dentaires, j'ai bien
vérifié; j'étais là, j'étais le patient.
M. Brodeur: Vous n'avez pas rapporté ça à
l'ordre?
M. Martel: Je pense que vous auriez plusieurs plaintes, parce que
ça se fait pas mal partout.
Il reste une chose, c'est que le gouvernement, par l'Office des
professions, a donné à un groupe d'individus, en l'occurrence,
les chirurgiens dentistes, des privilèges spéciaux,
c'est-à-dire d'être les seuls à poser certains actes et,
à ce moment-là, pendant cette négociation, on se rend
compte que le gouvernement vous offre 28,5% pour des actes que vous posez et
dont vous avez les qualifications pour ce faire. Par contre, il vous apporte
une diminution sur des actes préventifs qui représentent tout de
même... Parce que le gouvernement a de l'argent à administrer; des
actes, dis-je, de prévention qui représentent 36% de ce que le
gouvernement vous paie. En 1977, cela a fait, je crois, $31 millions et, cette
année, ça va jouer dans les $45 millions, c'est-à-dire $11
millions provenant des contribuables qui sont négociés
actuellement avec des professionnels de la santé, qui sont censés
être payés pour des actes qu'ils posent selon leur formation et
également pour des actes qu'ils ont eu un privilège d'exercer et
qu'ils font faire par d'autres et pour lesquels ils veulent être
rémunérés pendant cette présente convention.
Je pense que la population ne saisit pas et ne comprend pas tellement
que l'Association des chirurgiens dentistes dans cette présente
négociation, tout en admettant que ces actes de prévention sont
faits par des personnes autres que des dentistes dans bien des cas...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richelieu...
M. Martel: Mes vingt minutes ne sont pas finies, que je sache,
mon cher Président.
Le Président (M. Laplante): Non, ce n'est pas pour
ça. Je suis un petit peu embêté actuellement par les
affirmations que vous faites comme député autour de cette
table.
C'est peut-être facile pour un membre d'une commission, à
un moment donné, d'accuser un ordre...
M. Martel: Je n'accuse pas; j'essaie d'avoir des
éclaircissements.
Le Président (M. Laplante): En somme, c'est parce que vous
généralisez une activité qui vous paraît
illégale, vous appuyez beaucoup sur ce point. C'est là-dessus que
je voudrais que vous modéreriez un peu, parce qu'on ne pourrait pas
permettre actuellement aux témoins de telles questions là-dessus.
C'est délicat dans une commission parlementaire d'aller jusqu'à
ces actes.
M. Martel: C'est une information que je demande...
M. Paquette: Question de règlement.
M. Alfred: M. le Président, il y a une question de
règlement ici.
M. Paquette: Question de règlement, M. le
Président. Je ne pense pas que le député de Richelieu ait
accusé les dentistes de poser des actes illégaux. J'ai
plutôt entendu le président nous citer l'article...
Une Voix: Non, ce n'est pas...
M. Paquette: ... 37k du règlement qui régit...
C'est cela. M. le Président, j'ai bien écouté la lecture
de cet article et on dit que les assistantes dentaires...
M. Chicoine: On parle d'hygiénistes.
M. Paquette: ... et les hygiénistes peuvent poser de tels
actes sous la supervision d'un dentiste. C'est bien ce que vous avez dit?
M. Chicoine: On parle d'hygiénistes dentaires. Les
assistantes dentaires ne sont pas régies par le Code des
professions.
M. Paquette: Mais dans le cas des hygiénistes?
M. Chicoyne: On parle d'hygiénistes dentaires, c'est cela
à l'article 37k.
M. Paquette: On dit qu ils peuvent poser de tels actes...
M. Chicoine: Dépister des maladies bucco-dentaires,
enseigner les principes de l'hygiène buccale et, sous la direction d'un
dentiste, utiliser des méthodes scientifiques de contrôle et de
prévention des affections bucco-dentaires.
M. Paquette: Alors, il aurait fallu reporter le problème
à l'Ordre des hygiénistes dentaires si c'est une assistante
dentaire qui fait ce travail. Si cela se fait dans un bureau de dentiste sous
la supervision d'un dentiste...
M. Chicoine: Chez le dentiste.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rosemont...
M. Paquette: M. le Président, vous avez donné une
interprétation qui m'apparaît inexacte.
Le Président (M. Laplante): Non, j'ai donné la
mienne. M. le député de Richelieu, continuez.
M. Martel: Simplement...
Le Président (M. Laplante): Avez-vous terminé votre
question?
M. Martel: J'ai simplement posé des questions à
savoir si c'était exact que les 28,5% s'appliquent pour des actes
professionnels donnés par des professionnels et que la diminution,
c'est-à-dire sur les trois actes de prévention où cela
semble accrocher au point de vue pécuniaire, ce sont des actes
c'est la question que je pose qui ne sont pas posés par des
professionnels de la chirurgie buccale?
M. Genest: Je voudrais vous dire, tout d'abord, que l'accrochage
principal n'est certainement pas sur la prévention, parce que la
différence entre les parties sur la prévention est quand
même minime.
M. Martel: Cela représente tout de même $11
millions.
M. Genest: M. le député de Saint-Laurent nous
disait tout à l'heure: Le gouvernement devrait profiter d'une diminution
de 18% quand il demande une diminution de 23%, ce n'est pas une
différence importante. La différence importante est sur
l'ensemble des actes qui est, dans un cas, 8% et dans l'autre cas, 15%.
Lorsque vous travaillez dans un régime et que vous êtes,
par exemple, un dentiste qui ne traite que les enfants, si, demain matin, vous
perdez un certain nombre d'actes ou que sur un certain nombre d'actes, vous
avez des tarifs moindres et que sur d'autres actes, vous avez des tarifs
plus
élevés, il faut regarder l'ensemble. C'est comme si je
vous disais qu'en tant que représentants du gouvernement, le lundi et le
vendredi, vous ne siégez pas normalement et que je vais baisser votre
salaire de 50% ces deux journées-là, tout en augmentant votre
salaire de 10% ou 15% le reste de la semaine. Vous pourriez faire un calcul.
J'ai l'impression que vous feriez un calcul global et que vous ne diriez pas:
Je suis content pour trois jours, mais je suis mécontent pour les deux
autres jours. Vous diriez: Dans l'ensemble, je suis mécontent.
M. Martel: Je pense que l'on négocie... M. Shaw:
Une question, M. le Président.
M. Martel: ... les actes que l'on pose soi-même. Je vais
citer simplement un exemple où, l'an passé, tout le monde
était d'accord. Lorsque les physiatres ouvraient des cliniques un peu
partout, ils chargeaient à la régie des actes qu'ils faisaient
poser par des physiothérapeutes. A ce moment-là, je me pose la
question à savoir si la situation n'est pas un peu semblable concernant
ces traitements d'application de fluor, de nettoyage de dents et aussi
d'enseignement d'hygiène buccale.
M. Shaw: Est-ce que je peux poser une question d'une seconde,
s'il vous plaît? Est-ce qu'on peut faire la comparaison, parce que vous
avez dit que le secteur public va rendre les mêmes services? Est-ce que
vous parlez des mêmes services quand vous suggérez les services
qui ont été donnés à vos enfants, dans un bureau de
dentiste et les mêmes services qui ont été impliqués
dans les sections I et III...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Martel: Vous lirez les débats, le ministre a longuement
traité de cette question tout à l'heure.
M. Shaw: Mais c'est exactement cela que vous demandez.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, M. le
député de Pointe-Claire!
M. Shaw: Faites la comparaison des actes, des mêmes
choses...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire, s'il vous plaît! Avez-vous terminé? M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: J'aurais quelques questions.
M. Chicoine: J'aimerais répondre.
Le Président (M. Laplante): Allez-y, monsieur.
M. Chicoine: J'aimerais répondre au député
qui a parlé tantôt. Je voudrais quand même lui dire que les
parties ont convenu de ceci. Le dentiste est rémunéré en
vertu du présent tarif d'honoraires pour tout service assuré
qu'il a lui-même fourni au bénéficiaire. Toutefois, le
dentiste peut se faire assister par du personnel auxiliaire pour dispenser un
service assuré. Les actes pour lesquels le dentiste se fait assister par
du personnel auxiliaire dans le cadre du régime demeurent sous la
responsabilité et la surveillance immédiate du dentiste traitant.
Ce qui veut dire que l'utilisation du personnel auxiliaire à
l'intérieur des bureaux de dentistes a fait un accord entre les
parties.
M. Martel: Cela a été signé par l'ancien
ministre des Affaires sociales, et je ne suis pas en accord avec cela.
M. Chicoine: Je regrette, cela a été
signé... Non, monsieur, je regrette. C'est une affirmation gratuite
lorsque vous dites que cela a été signé par l'ancien
ministre des Affaires sociales. Je pense que votre collègue, M. Lazure,
va tout simplement nier votre affirmation.
Le Président (M. Laplante): Avant d'aller plus loin...
M. Lazure: Je ne nie pas que cela avait été
signé par l'ancien ministre des Affaires sociales, je ne nie pas
ça.
Le Président (M. Laplante): Avant d'aller plus loin dans
les débats, j'aurais besoin de l'appui unanime des membres de la
commission, étant donné que l'ordre de l'Assemblée
nationale était de terminer à 22 heures, j'aurais besoin de cet
appui unanime pour dépasser l'heure et entendre l'Ordre des
médecins.
M. Martel: Je fais une proposition pour que nous poursuivions
pour entendre l'Ordre des médecins, l'Ordre des dentistes
plutôt.
Le Président (M. Laplante): Oui monsieur.
M. Chicoine: M. le Président, avant de terminer,
j'aimerais quand même faire quelques petites mises au point. D'une part,
le ministre des Affaires sociales a affirmé que les dentistes ne
dispensaient pas de soins aux bénéficiaires de l'aide
sociale.
M. Lazure: Non, je n'ai pas affirmé ça.
M. Chicoine: C'est ce que j'ai noté.
M. Lazure: Je n'ai pas affirmé ça.
M. Chicoine: D'accord.
M. Lazure: Vous n'avez pas bien entendu.
M. Chicoine: On va arrêter là.
M. Lazure: Oui, arrêtons là.
M. Chicoine: En ce qui concerne les revenus du dentiste, j'ai ici
un tableau tiré des statistiques fiscales, qui vous montre que les
dentistes du Québec sont les avant-derniers dans tout le Canada. On
devance l'Ile-du-Prince-Edouard. Vous avez aussi, en parlant de revenus,
parlé de dentisterie opératoire, je vous ferais remarquer que la
dentisterie opératoire, c'est-à-dire les taux pour les plombages
offerts par le ministère des Affaires sociales, sont aussi les plus bas
au Canada.
En terminant, M. le Président, j'aurais une déclaration
à faire quant au communiqué de presse qui a été
publié...
Le Président (M. Laplante): Avant de faire votre
déclaration, il y aurait deux députés qui auraient deux
courtes questions.
M. Lazure: Si vous permettez, M. le Président, citant le
tableau de 1976, évidemment, cette comparaison qui place les dentistes
à l'avant-dernier rang ne tient pas compte de nos offres fermes d'une
augmentation de 7% par année sur les 44 actes.
M. Chicoine: Avec la dentisterie opératoire la plus basse
au Canada, on sera peut-être en bas de l'Ile-du-Prince-Edouard.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, de courtes questions?
M. Grégoire: Oui, j'en ai quelques-unes, M. le
Président, je puis me permettre?
M. Grenier: M. le Président, question de règlement,
je n'ai pas dit un mot tout à l'heure sur le fait de siéger
jusqu'à 23 heures. Ma journée a commencé ce matin vers 5
heures et je n'ai pas l'impression que les plus grosses lumières, on les
a entre 22 heures et 23 heures. Je ne voudrais pas qu'on reprenne les
débats de toute la journée en donnant des interventions à
tout le monde. Je voudrais bien qu'on conclue, le ministre est là,
l'Opposition officielle, nous, et qu'on conclue avec l'Association des
chirurgiens dentistes, mais qu'on ne relève pas les débats depuis
le matin. (22 heures)
M. Grégoire: Je voulais poser quelques questions.
M. Grenier: C'est ça, relever les débats. Je ne
consentirai pas, je vais retirer mon consentement dans quelques minutes.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, seulement quelques
questions. Vous dites que, sur les 47 actes, il y en a 44 qui ont
augmenté de 28%, mais trois qui seraient diminués de 23%, ce qui
ferait une moyenne d'augmentation de 7%.
M. Chicoine: 7,85%.
M. Grégoire: 7,85%. Mais vous voulez calculer tout
l'ensemble et non pas séparément les deux choses.
M. Shaw: C'est trop simple.
M. Grégoire: C'est trop simple, mais vous allez voir.
M. Shaw: Si vous vendez un Buick par année...
M. Grégoire: Je vous ai laissé parler tantôt.
Soyez donc poli. Si vous voulez parler tout le temps, allez-y.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire, s'il vous plaît!
M. Grégoire: M. le Président, vous n'avez pas
idée de séparer les deux catégories d'actes dans les
négociations?
M. Chicoine: Tout comme vous l'a expliqué M. Genest
tantôt, en ce qui concerne les semaines complètes, tout comme
vous, on veut garder l'ensemble du plan tel qu'il est.
M. Grégoire: II y a une différence parfois. Vous
avez d'autres travaux. Les dentistes ont également une clientèle
privée qui n'est pas rémunérée par l'entremise de
la Régie de l'assurance-maladie. Vous avez d'autres clients que ceux qui
sont bénéficiaires de l'assurance-maladie.
M. Chicoine: Pour certains dentistes, vous avez raison; pour
d'autres, vous n'avez pas raison, parce qu'il y a des dentistes qui sont
à 100% dans le régime.
M. Grégoire: Ils ne font que cela, le régime de
l'assurance?
M. Chicoine: C'est cela.
M. Grégoire: Est-ce qu'il y en a beaucoup qui ne font que
cela?
M. Chicoine: II y en a une trentaine. Ce sont ceux que les
plafonds vont affecter les premiers.
M. Lazure: Bien oui.
M. Grégoire: Les autres ont tous leur clientèle
privée. Quel est le pourcentage du revenu brut provenant de la
clientèle privée par rapport au pourcentage provenant de la
Régie de l'assurance-maladie, en moyenne, par dentiste? Vous n'avez pas
ces chiffres?
M. Chicoine: Tout dépend si un dentiste pratique à
5%, 10%, 25%, 50% ou 100%.
M. Grégoire: Mais en moyenne? Vous n'avez pas ces
statistiques?
M. Genest: Ce serait au ministère des Finances qu'il
faudrait le demander.
M. Lazure: Mais je vous ai donné des chiffres des
différents ministères.
M. Grégoire: J'ai un tableau ici, M. le Président.
On parle d'augmentation de 7%. J'ai un tableau, à la page 11 du volume.
Quand cela a commencé, en 1974, ceux qui recevaient de $0 à $9999
de l'assurance-maladie étaient 1191, et ceux qui recevaient $50 000 et
plus étaient six.
L'année suivante, le nombre de ceux qui recevaient $50 000 et
plus s'est multiplié par trois et est arrivé à 18.
L'année suivante, en 1976, ceux qui gagnaient $50 000 et plus avec
l'assurance-maladie sont passés de 18 à 56, c'est-à-dire
que c'est encore multiplié par trois. En 1977, ceux qui gagnaient $50
000 et plus, c'est encore multiplié par trois, pour la quatrième
année consécutive, et le chiffre en est monté à
138. J'ai fait un bref calcul et la moyenne était rendue à $74
417 en provenance de l'assurance-maladie, à part du revenu de leur
clientèle privée.
M. Lazure: Oui.
M. Grégoire: C'est cela.
M. Lazure: Ce sont des chiffres officiels.
M. Grenier: J'ai dit qu'après 22 heures, le soir, ce n'est
pas bien clair.
M. Grégoire: J'entends pour ces 138...
M. Lazure: Non, ces chiffres n'ont pas été
contestés.
M. Grégoire: J'entends que, pour ces 138, c'est $50 000 et
plus.
M. Genest: Non, les chiffres ne sont pas contestés, mais
c'est le plus bel exemple de démagogie qu'on puisse voir.
M. Grégoire: Non, mais, regardez bien, je parle toujours
de ceux qui sont dans la catégorie de $50 000 et plus. Je ne parle pas
des autres catégories.
Mme Lavoie-Roux: Le premier ministre! M. Genest: Si vous
demandez au ministre...
M. Grégoire: Voulez-vous me laisser finir ma question et
vous allez voir. Je parle de la catégorie des $50 000 et plus et non pas
des autres catégories.
M. Grenier: C'est ce que réclament les ministres.
M. Grégoire: C'est passé de 6 à 18 à
56 à 138 en multipliant par trois chaque année, ce qui voudrait
dire qu'en 1980, il y aurait 1342 dentistes...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous en venir à
votre question, M. le député de Frontenac?
M. Grégoire: Je voudrais bien collaborer. Une Voix:
Ce n'est réellement pas sérieux. M. Grégoire:
C'est impossible.
M. Grenier: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
Terminez.
Mme Lavoie-Roux: A l'ordre!
Le Président (M. Laplante): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît! Avez-vous d'autres questions, monsieur?
M. Grégoire: Cela voudrait dire que la
quasi-totalité des...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! Silence! Finie la partie récréative.
M. Grégoire: C'est parce que je trouve cela beau, 1,3%
d'augmentation par année ou 1,8% ou 1,9%, mais je vois, par ce tableau,
que le nombre de ceux qui reçoivent de $0.00 à $99 000 par
année baisse mais que le nombre triple à tous les ans de ceux qui
gagnent $50 000 et plus. C'est une question sans rire.
Une Voix: Sans rire.
Une Voix: ... j'avais $19 000... $1 million...
Une Voix: Où est-ce que cela va nous mener?
M. Grégoire: Où est-ce que cela mène?
M. Genest: Vous voudriez bien sortir du crédit social,
mais c'est dur de sortir du crédit social.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Grégoire: C'est un calcul, mais vous verrez...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: Le pire, c'est que c'est vrai. Il vient de là.
Il a fait carrière là-dedans, lui.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grégoire: C'est un calcul, mais vous verrez l'an
prochain, comme cela s'est vu avec les omnipraticiens et avec toutes les autres
professions, si ce n'est pas le cas qui va se répéter. Vous
verrez
augmenter le nombre de ceux qui sont de $40 000 à $50 000, parce
qu'on le voit dans toutes les autres catégories également. Chez
ceux de $40 000 à $50 000, le nombre est passé de 1, à 12,
à 57, à 94. Par contre, de $0 à $10 000, on voit le
chiffre baisser continuellement. Ce sont les catégories les plus
élevées qui augmentent et non pas les catégories les plus
basses. S'il y a une tendance qui est indiquée pendant quatre ans, on
voit également par le chiffre des offres globales vous parlez de
7% que le montant monte à $69 millions.
M. Lazure: $69 millions.
M. Grégoire: II passe de combien?
M. Lazure: De $40 millions, en 1969.
M. Grégoire: De $40 millions à $69 millions. Vous
me direz que vous faites plus d'actes mais j'en arrive à ma question. Si
le ministre...
Le Président (M. Laplante): Une minute! Une minute!
Silence! Silence, s'il vous plaît!
Une Voix: C'est évident.
M. Grégoire: Vous allez voir la question. S'il est dans
les intentions du ministre parce qu'il parle de son régime public
de soins préventifs qui peuvent être donnés par des
hygiénistes dentaires sous la surveillance de dentistes de faire
diminuer ces actes par les bureaux privés payés par
l'assurance-maladie, vous pourrez toujours continuer à en faire quand
les citoyens voudront les payer eux-mêmes, mais payés par
l'assurance-maladie, si le ministre s'aperçoit que cela coûte
moins cher de passer par son régime public, les parents auront toujours
le choix quand même d'aller les faire faire par vous. Cela pourrait
augmenter vos actes dans le domaine de la pratique privée. Rien
n'empêche que pour les actes qui vous sont permis, ceux qui sont faits
par les chirurgiens dentistes et non pas par les hygiénistes dentaires,
les augmentations sont là, et pour chacun d'eux, c'est une moyenne de
28,8%. Est-ce que vous ne pouvez pas nier que malgré cela, les
augmentations de salaires sont plus de 2% par année, avec tous les
chiffres qu'on vous donne? C'est tout de même évident.
M. Chicoine: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Chicoine: J'en ai eu envie, mais je vais arrêter
là. S'il est dans l'intention du ministère des Affaires sociales
de retirer tous ses actes de prévention et de les donner au secteur
public, qu'il le fasse; il est évident qu'il sera le premier
gouvernement à instaurer un ticket modérateur. On ne lui en
voudra pas pour cela. D'autre part, en ce qui concerne une augmentation de 28%
sur la restauration, je puis vous dire qu'elle est insuffi- sante. Elle
était sous-payée dans le régime, auparavant. J'ai
même dit au ministre des Affaires sociales que la restauration, telle
qu'elle était là, c'était un point qui était
sous-payé. Qu'on regarde ailleurs ce qui se donne dans les autres
provinces et vous verrez immédiatement la différence. Les taux
d'exploitation de bureaux ne sont pas moins élevés au
Québec qu'ailleurs, que je sache.
Le Président (M. Laplante): Une dernière question,
M. le député de Rosemont. Une seule.
M. Paquette: M. le Président, moi aussi, j'ai
commencé ma journée à 5 heures, je vais donc
réduire mon nombre de questions, surtout qu'il y a plusieurs points qui
ont été éclaircis par les intervenants
précédents. J'ai cru noter dans les récents propos du
président de l'association, une certaine ouverture. Il dit: Si le
ministère des Affaires sociales veut confier les trois activités
de prévention dont on parle depuis le début au réseau
public, qu'il le fasse, et on va réorienter nos activités
autrement. A ce moment, si tel était le cas, vous auriez, sur les 44
autres actes, une augmentation de 28%. Vous êtes d'accord avec cela.
Laissez-moi terminer.
M. Brodeur: Finissez votre...
M. Paquette: Or, dans votre document, vous avez basé votre
dernière offre sur l'ensemble des actes, je le conviens, sur
l'augmentation de vos dépenses que vous évaluez vous-mêmes,
avec un indice de pondération, par catégorie de dépenses,
à 18%.
M. Chicoine: Ah oui! Tu le vois venir.
M. Paquette: Vous évaluez cela à 18% et, bien
sûr, vous dites: Cette augmentation de 18%, on considère toutes
les catégories d'actes, y compris les préventions. C'est une
offre globale que nous faisons, mais nous voulons conserver les
activités de prévention. Si les activités de
prévention disparaissent, vous avez nécessairement moins de
dépenses, pour ce qui concerne la partie qui est incluse dans le
régime public. Autrement dit, une augmentation de 28%, si on accepte
qu'on exclut les trois activités de prévention, est-ce que cela
ne couvre pas, votre augmentation de dépenses, ce que je trouve une
demande, une base qui peut être discutable.
M. Brodeur: Bon! On se penserait à la table de
négociation.
M. Paquette: Si on veut avancer...
M. Brodeur: Je vous dirai deux choses c'est pour ça
que j'y réponds une première, c'est que je pense
que c'est du sens commun une couverture, ça se négocie
globalement et, lorsqu'on la négocie, il y a des éléments
d'une couverture qu'on aime mieux et des éléments qu'on n'aime
pas, de part et d'autre, et, en termes
de tarifs, il y a des tarifs qui nous semblent avoir du sens et il y a
des tarifs qui nous semblent avoir moins de sens. Mais, ce qu'on achète
en fin de compte, c'est l'ensemble. Lorsque les chirurgiens dentistes ont
négocié en 1974, ils ont négocié un ensemble qui
produisait un revenu X et ce revenu leur convenait. Cependant, dès 1974
et fréquemment, ils ont toujours prétendu que les actes de
restauration étaient sous-payés, que l'ensemble pouvait
peut-être avoir du sens en 1974, mais qu'il y avait un
débalancement à l'intérieur de l'entente. C'est tellement
vrai que nous-mêmes, à la table de négociation, nous avons
accepté qu'il y ait une baisse quant aux actes de prévention et
que cela soit reporté sur les actes de restauration. Lorsque vous faites
votre raisonnement, vous ne tenez pas compte de ça et, lorsque le
ministre parle de 28,5%, il n'en tient pas compte non plus. Ce qui nous est
offert maintenant, c'est un "package deal" qui est totalement différent
de celui de 1974 si vous enlevez les actes de prévention et les 28,5% ne
tiennent plus à cause de ça.
Mais il y a un autre élément. Les 28,5% ne tiennent plus
non plus dans l'approche du ministère. Parce que le ministère
nous répond à ça: Ah! mais il n'y a pas de
problème, étant donné que nous, nous négocions
ça maintenant, en 1978, acte par acte. Alors, comment se fait-il que le
ministère se réfère, pour ce bloc d'actes, à 28,5%
qui est une augmentation consentie aux médecins, quant à leur
revenu global tiré de l'ensemble du régime? La comparaison ne
vaut plus et les 28,5% ne valent plus. D'ailleurs, actuellement, ce que nous
avons demandé, ce n'est pas 28,5%, c'est 18% sur l'ensemble.
M. Lazure: M. le Président, si vous permettez, parce qu'on
m'a fait dire quelque chose, en réponse à la question du
député de Rosemont et la réaction du représentant
de l'association confirme exactement ce que le député de
Saint-Laurent déplorait tantôt, ce que je déplore moi aussi
et ce que j'ai essayé d'expliquer ce matin. (22 h 15)
II y a, au départ, un malentendu fondamental. L'Association des
chirurgiens dentistes vous venez de le confirmer veut
négocier un revenu annuel, ce qui est tout à fait
inapproprié dans les circonstances. C'est ce que vous avez dit: Nous
voulons négocier un revenu, alors que nous, nous voulons négocier
des actes. C'est une des rares fois où on est d'accord, M. le
député de Saint-Laurent et moi-même, mais je suis d'accord
avec lui quand il dit que vous faites fausse route quand, à l'occasion
d'une négociation d'un régime très partiel, touchant
à peine 25% de la population, vous voulez en faire une
négociation d'un revenu annuel, et je pense que c'est là une des
grandes sources de l'impasse actuelle.
Je vous répète, moi, de façon très
solennelle, que notre offre de 7% par année sur les 44 actes est
maintenue et, encore une fois, nous jugeons-Vous venez de dire que ce n'est pas
assez, 28%; donc, 7% par année, ce n'est pas assez. Alors, là, il
y a une appréciation différente. Nous jugeons que c'est une offre
raisonnable, 7% par année.
M. Brodeur: Je m'excuse, je n'ai pas dit que nous
négocions le revenu annuel du dentiste; j'ai dit que nous
négocions sur la base du revenu annuel du dentiste, et le
ministère fait exactement la même chose, c'est évident.
M. Lazure: Nous négocions sur le tarif de chaque acte.
M. Brodeur: II est évident que ce qui, pour le
ministère, s'appelle coût et lorsque le ministère
parle de 28,5%, il parle de coût pour nous, cela s'appelle
chiffres calculés sur une base de revenu, c'est l'équivalent.
M. Shaw: Une courte question...
Le Président (M. Laplante): Une dernière question
parce qu'il faut entendre l'Ordre des dentistes, aussi.
M. Paquette: J'ai attendu toute la journée pour poser mes
questions, je n'en ai pas beaucoup, j'ai réduit ma liste. Je comprends
que vous ne contestez pas au ministère le droit de dire: On vous propose
de laisser tomber certains services qui pourraient peut-être être
assumés par d'autres c'est une proposition possible, il y en a
d'autres et, en échange, on vous propose de nouveaux actes ou
d'étendre les clientèles couvertes. Si on regarde les 44 autres
actes, est-ce qu'une augmentation de 28% couvre l'augmentation des
dépenses de vos bureaux que vous invoquez comme principal argument pour
appuyer vos offres à la table de négociation? Autrement dit, vous
n'avez pas envisagé cette question, vous n'avez pas étudié
cet aspect d'une des propositions du gouvernement qui a été faite
il y a déjà quatre ou cinq mois.
M. Brodeur: Disons immédiatement que la
détermination de la couverture que le député de
Saint-Laurent nous a rappelée tantôt, c'est une prérogative
gouvernementale. S'ils le font c'est ce que M. le Président
disait tantôt ils le feront. A cela, on n'a pas à
intervenir juridiquement. Il est évident qu'on a nos opinions quant
à la valeur d'une réglementation de cette nature, mais cela est
autre chose. Cependant, que vous enleviez les actes ou que vous les laissiez,
si les 28,5% ne sont pas acceptables actuellement, ils ne le deviendront pas en
enlevant ces actes; les 28,5% demeureront en litige.
M. Paquette: Autrement dit, vous me dites que ce n'est pas
acceptable, parce que vous tenez beaucoup à faire les actes de
prévention ou est-ce que des problèmes financiers...
M. Brodeur: En soit, ce bloc d'actes n'est pas acceptable.
M. Paquette: Oui, mais pourquoi? Est-ce pour des raisons
d'activités professionnelles que vous préférez faire les
actes de prévention ou si c'est parce que cela va rendre vos bureaux
privés inopé-
rables à cause de l'augmentation des dépenses? C'est ce
que je veux savoir.
M. Brodeur: Ce que je vous dis, c'est que ce qui nous est offert
pour la restauration, les radiographies et les examens, n'est pas
acceptable.
M. Paquette: Oui, mais vous ne dites pas pourquoi; je vous
demande pourquoi.
M. Genest: ... 7% d'augmentation. Je vais essayer de vous donner
un exemple pour sortir du problème dentaire, parce que cela fait deux
mois qu'on en parle tous les jours; ce n'est pas ma profession et cela devient
tannant. Je vais prendre l'exemple d'un fournisseur de patates et de carottes.
Je suis un vendeur de patates et de carottes et vous êtes un acheteur de
patates et de carottes, je suis à la campagne et vous êtes
à la ville. Vous me faites la proposition suivante: Je vais acheter tes
poches de patates à $1 et tes poches de carottes à $1. En bon
fermier, je me dis: Mes poches de patates me coûtetent $1, mais mes
poches de carottes me coûtent $0.80. Si je mets tout cela ensemble, cela
me coûte $1.80 et il me paie $2. Là, je te dis: Vas-tu m'acheter
autant de patates que de carottes? Tu dis: Oui, je vais t'acheter autant de
patates que de carottes. Je dis: C'est un "deal".
L'année suivante, j'ai encore mon coût de patates qui a
augmenté à $1.10 et mon coût de carottes qui a
augmenté à $0.88. Je suis encore un fournisseur et il y a encore
un acheteur qui cette fois-là me dit: Je vais augmenter tes poches de
patates à $1.10. Il n'y a pas de problème, il y a eu 10%
d'inflation. Je vais augmenter à $1.10. Mais tes poches de carottes, je
ne les achète plus. Encore, en bon fermier, je vais dire: Mes poches de
patates me coûtent $1.10 et tu veux me les acheter $1.10. Je ne suis pas
capable de te les vendre à $1.10. Il va falloir que tu me donnes $1.20.
Ou bien tu vas me donner $1.10 la poche de patates et $1.10 la poche de
carottes et mon revenu va rester le même.
C'est un revenu par acte et il y a seulement deux actes. C'est bien
simple à comprendre.
M. Paquette: Oui, mais si je vous dis...
M. Lazure: Mais si je ne veux plus acheter de patates, pourquoi
est-ce que je paierais plus cher pour les carottes? Au fond, on arrive aux
revenus...
M. Paquette: Si on vous dit: Vos patates vendez-les à
d'autres... Une dernière question, M. le Président, sur un autre
sujet...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paquette: ... qui concerne les plafonds. Oui.
M. Chicoine: Je m'excuse, juste une chose. Qu'est-ce qui va
arriver à la prochaine négociation si vous ne couvrez plus les
actes de prévention? Vous allez dire: La restauration coûte trop
cher. Il va falloir vous donner moins.
M. Lazure: Non, c'est un raisonnement "ab absurdum" comme on
disait autrefois, qui conduit vers l'absurde. On vous dit au contraire:
Pratiquez les actes qui vous sont particuliers comme profession. L'enseignement
de l'hygiène buccale peut être fait aussi bien par d'autres
professions. Alors, posez les actes plus compliqués tels que
obturations, alors qu'en réalité vous vous concentrez sur les
actes de prévention, les examens et la radiologie. C'est
là-dessus que vous vous concentrez.
M. Shaw: Une courte question, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le
député...
M. Paquette: M. le Président, je vais terminer par une
dernière question sur les plafonds. Sur la question des plafonds qui
sont proposés, vous comparez avec l'entente signée par la
Fédération des omnipraticiens et vous soulignez le
problème pour un certain nombre de spécialistes en
pédo-dontie qui seraient particulièrement affectés par le
plafond. Je me demande s'il n'y a pas là un problème analogue au
problème omnipraticiens-spécialistes. La question que je voulais
vous poser là-dessus est la suivante. Est-ce que ces spécialistes
travaillent pratiquement à temps plein dans le régime
d'assurance-maladie? Est-ce qu'il a été question, à un
moment donné, à la table de négociation, de distinguer les
professionnels qui travaillaient à temps plein dans le régime et
ceux qui sont à temps partiel, parce que c'est très
différent comme situation?
M. Brodeur: Non, et je pense que ce serait très difficile
à contrôler. C'est peut-être pour cette raison qu'il n'a pas
été question de cela.
M. Paquette: C'est très difficile de faire la distinction
entre quelqu'un qui est à temps plein dans le régime à
cause de ses activités propres, spécifiques, et quelqu'un qui
travaille à temps partiel dans le régime.
M. Chicoine: Posez donc toute la question. Cela va
peut-être être plus facile de vous répondre.
M. Paquette: C'est parce que mon idée est la suivante. On
essaie de comparer avec les omnipraticiens. Les omnipraticiens travaillent
entièrement au sein du régime d'assurance-maladie, alors que les
négociations avec les dentistes s'adressent surtout, pour la
majorité des gens, à des gens qui sont à temps partiel qui
couvrent à peu près 25% de l'ensemble des soins dentaires
dispensés à la population. Cela crée une situation
très différente qui fait qu'il est difficile de comparer les
conditions des deux types de professionnels. Ce n'est pas du tout dans le
même régime. Mais vous dites
qu'il y a une partie de vos membres qui sont, en fait, à temps
plein dans le régime. Je me demande s'il n'y a pas une partie de la
difficulté qui vient de là et que la solution ne serait pas de
distinguer les deux catégories de dentistes.
M. Brodeur: La création de deux catégories serait
nécessairement artificielle, c'est ce qu'on croit, parce qu'il y a les
pédodontistes qui, de par leur spécialité, ne traitent que
les enfants, mais il y a aussi des généralistes qui ne traitent
que des enfants. Il est très difficile d'identifier ces gens et il
serait difficile, pour la régie ou le gouvernement, de contrôler
ces règles dans l'entente. Il y a plus que ça. Il y a aussi que
celui qui est un généraliste pourrait très bien
décider de traiter, pour une certaine proportion de son travail, des
adultes pour ne pas atteindre les plafonds, de sorte que les plafonds, pour ce
groupe, ne s'appliqueraient pas. Ils continueraient de s'appliquer aux
pédodontistes.
Cela pose, dans le cas des dentistes, des problèmes assez
sérieux. Il y a à peu près 15 pédodontistes. On ne
pense pas que ce soit une méthode valable. On dit 15, mais c'est 30, en
fait.
Le Président (M. Laplante): Le député de
L'Acadie, dernière intervention.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais seulement
revenir sur un argument que le ministre a utilisé tout à l'heure
pour établir que le gouvernement veut négocier des actes et non
pas un revenu pour les dentistes, si j'ai bien compris.
En admettant que ce soit une prémisse acceptable, comment peut-il
expliquer qu'il établisse un plafonnement au revenu et, en
établissant un plafonnement, je pense que, dans tout ce débat,
j'ai entendu un peu je vais être gentille
d'exagération de la part du député de Frontenac et des
affirmations un peu gratuites de la part du député de Richelieu.
Je voudrais dire, entre parenthèses, que moi...
M. Grenier: ... il a dû appeler son frère pour avoir
des informations.
Mme Lavoie-Roux: ... quand je vais chez le dentiste, je ne sais
pas si je suis privilégiée, mais c'est le dentiste qui me nettoie
les dents. Cela, c'est à côté.
La réelle préoccupation qu'on doit avoir, c'est quand
même la qualité des services et l'accessibilité des
services pour la population. Je me pose une question. Dans un régime
partiel, je pense qu'on s'entend sur la signification, il reste que si les
dentistes ne se trouvent pas rémunérés suffisamment pour
les actes qu'ils posent, que ce soit de restauration, de radiologie, je ne sais
pas quel est le troisième, je me dis, à ce moment-là,
qu'il se peut qu'on rende moins de services aux enfants ou qu'on serve un moins
grand nombre d'enfants justement pour s'assurer que le revenu soit un revenu
justifié.
Ceci me ramène à ma première question d'avant le
souper, je ne ferai plus de remarques à côté, de remarques
qui pourraient soulever des passions, j'avais demandé quelle comparaison
on pouvait établir quant aux actes de restauration, radiologie et
autres, avec l'Ontario. Je pense que personne d'entre nous ne peut
établir que le revenu d'un dentiste doit être ci ou ça.
Parce qu'à ce moment-là, on peut tomber dans les revenus d'autres
personnes que je ne signalerai pas, qui ne sont pas nécessairement
à cette table.
Il reste qu'il faut quand même des critères objectifs pour
déterminer... Je ne sais pas ce que vaut un acte de restauration.
Qu'est-ce qui serait une rémunération raisonnable, pour ne pas
créer cette difficulté où les dentistes, à juste
titre, ne se trouvant pas rémunérés d'une façon
raisonnable dans les services qu'ils rendent, à ce moment-là,
iront chercher... On peut bien demander aux gens d'être des
Saint-Vincent-de-Paul mais on court le risque, finalement, de ne pas couvrir
une partie des soins ou une partie des enfants. Les revenus, ils iront les
chercher chez les patients où ils n'ont pas de limites, dans ces 75% qui
ne sont pas couverts par l'assurance.
Il faut au moins s'assurer que la rémunération qu'on va
leur donner est une rémunération juste et raisonnable, pour
chacun des actes. Vous avez dit: On ne discute pas sur une base de revenus,
mais sur une base d'actes. C'est pour cela que je voudrais demander à M.
Chicoine et aux autres s'ils pourraient me faire la comparaison avec l'Ontario,
tel que je l'ai demandé avant le souper et peut-être, en
deuxième lieu, si le ministre veut répondre à la question
que j'ai posée, qui le touche plus directement.
M. Chicoine: Je vais vous donner un exemple. Il s'agit
d'obturations, c'est-à-dire plombages, sur les molaires permanentes,
pour une, deux et trois surfaces, donc trois actes différents, des
plombages, obturations, sur des molaires permanentes.
Le Québec offre aux dentistes: une surface, $11; deux surfaces,
$16; trois surfaces, $19. L'association demande: une surface, $12; deux
surfaces, $19.50; trois surfaces, $25. L'Ontario paie et je prends 90%
du tarif de 1977 et il y a actuellement des négociations en cours et
tout nous indique qu'ils auront, pour le premier janvier 1979, une augmentation
de 7% sur les tarifs que je vous donne présentement une surface
en Ontario est actuellement payée... (22 h 30)
M. Lazure: C'est bien 7%, c'est un bon chiffre.
Une Voix: Sur la base, c'est un très bon chiffre.
M. Chicoine: Je vous demanderais, M. le ministre,
d'écouter très attentivement, cela pourrait être
intéressant. Une surface, $13, on en demande $12, le Québec en
offre $11. Deux surfaces, $27, on en demande $19.50 et on nous en offre $16. Et
trois surfaces, $33, on en demande $25, on nous en offre $19.
M. Lazure: M. le Président, l'interrogation de Mme...
Mme Lavoie-Roux: Excusez, c'est une comparaison. Je ne voudrais
pas qu'on passe tous les détails. En radiologie, on va prendre seulement
ces deux points-là.
M. Chicoine: En radiographie, le gouvernement de l'Ontario paie
100% du tarif et au Québec, pour une radiographie périapicale, on
offre $3.60 et la deuxième est à $1.90. Nous demandons $3.75 pour
la première et $2 pour la deuxième. En Ontario, la
première est à $5 et la deuxième à $2.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
M. Lazure: M. le Président, il est toujours dangereux de
comparer avec d'autres provinces.
M. Chicoine: Pas pour les salaires. Une Voix: C'est acte par
acte...
M. Lazure: Le député de Saint-Laurent le sait, il
l'a fait pendant plusieurs mois concernant les dépenses des
hôpitaux. On connaît toutes les embûches.
Mme Lavoie-Roux: C'est à M. Parizeau de vouloir
comparer.
M. Lazure: On est tous d'accord que c'est dangereux à
faire et tous le font.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont quand même des faits objectifs que
j'ai demandés.
M. Lazure: Je ne veux pas continuer dans cette veine, parce que
cela devient trop complexe, mais je... On peut même faire même un
débat, si vous le voulez, un jour là-dessus. Mais, même si
c'était vrai, M. le Président c'est cela que toutes
ces différences s'appliquent intégralement à 100%, comme
le président vient de le dire je suis prêt à
admettre que cela est vrai je ne pense pas qu'on puisse faire accepter
aux contribuables, comme cela, sans autre argumentation, que, parce que c'est
donné en Ontario, on doive donner l'équivalent ou on doive donner
ce que l'association demande qui se rapproche de l'équivalent. Mais je
veux revenir à la question du député de L'Acadie quant au
plafond. Vous dites, d'une part, que vous ne comprenez pas pourquoi on
maintient notre position.
Mme Lavoie-Roux: Acte et non revenu.
M. Lazure: Premièrement, je vous répète
qu'il ne s'agit pas d'un régime d'assurance-revenu pour les
dentistes...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Lazure: ... mais d'un régime d'assurance de soins pour
les enfants, d'où notre insistance... C'est évident qu'on garde
en tête le montant global que cela va donner aux dentistes, mais notre
préoccupation première, c'est la discussion, la
négociation sur les tarifs pour chaque acte. Quant aux revenus, je l'ai
dit ce matin...
Mme Lavoie-Roux: II est en train de gigoter.
M. Lazure: ... il ne faut quand même pas oublier que notre
offre occasionnerait une moyenne je dis bien une moyenne de $40
000 de revenu pour chacun des 1500 dentistes, en supposant qu'ils pratiquent
tous dans le système, une moyenne, alors que la moyenne pour 1977
était de $20 000. Le pourquoi du plafond, le plafond a une extension,
mais l'extension seule n'explique pas cette augmentation considérable
qui double la moyenne du revenu de chaque dentiste de $20 000 à $40 000.
L'Association des dentistes nous l'a dit tantôt, il y a un nombre X de
dentistes qui, si les tarifs qu'on a proposés étaient
acceptés et mis en vigueur, je ne me souviens plus si c'est trente ou
cinquante, dépasseraient le plafond.
Nous voulons justement, sans vouloir négocier le revenu annuel
d'un dentiste, prévenir des abus dans le régime qui est public,
dans le régime qui est payé par les contribuables, et nous
pensons qu'un revenu de $133 000, par année, en enlevant les 50% des
dépenses de bureau, donc $66 500, c'est un revenu raisonnable pour un
dentiste à même les fonds publics.
M. Chicoine: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, puis-je ajouter un
mot?
Le Président (M. Laplante): Oui, dernière
question.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le ministre n'a pas vraiment
répondu à la question, à savoir que, d'un
côté, il discute revenu alors qu'il prétend négocier
des actes. Le danger demeure le même que si les actes ne sont pas
rémunérés d'une façon raisonnable, je pense que le
tableau que j'ignorais totalement quant à l'Ontario je vous l'ai
demandé, vous le saviez peut-être plus que moi, je ne le savais
pas fait quand même réfléchir. On a beau dire que
les comparaisons ne sont pas bonnes, tous s'en servent. Je ne veux faire
grimper personne dans les rideaux, je le dis bien calmement, mais on sait fort
bien que le ministre des Finances, quand il a déposé ses offres
à la fonction publique, a dit: Mon point de comparaison, c'est le
secteur privé. On ne doit pas aller plus loin que le secteur
privé, etc.
Dieu merci, on sait que tous les gouvernements, celui-ci comme les
autres, quand cela lui paraît une justification qui va servir ses fins de
comparer avec l'Ontario je me souviens assez des négociations des
enseignants on s'en sert. Quand c'est une question qui ne sert plus les
fins du gouvernement au pouvoir, là, les comparaisons, il faut les
éviter. Je pense qu'on doit avoir une seule préoccupation, et
c'est la mienne on a discuté de la question de la
prévention, je la mets
de côté sur les actes qui demeurent importants et
qui sont vraiment des fonctions qu'on souhaite que les dentistes remplissent
à l'égard surtout des 10 à 14 ans, ce sont les actes de
restauration, qu'on les rémunère d'une façon que ceci les
incite à accomplir cette fonction avec la même
accessibilité à l'égard de cette partie de la population
qui est couverte par le public, c'est-à-dire les fonds publics,
qu'à l'égard des autres clients qui paient sur une base
privée.
Encore une fois, je regrette que le ministre, par exemple, quand il
essaie de prouver son point, fasse ce qui m'apparaît être des
exagérations. Il nous dit et il dit au public qui est ici: Les revenus
des dentistes passent de $20 000 à $40 000, comme moyenne. C'est fort
possible; ce n'est pas ce que je mets en cause, mais il faudrait aussi nuancer.
C'est un peu comme vos petites nouvelles des affaires sociales cet
après-midi. Ce qu'on va couvrir, je pense, vos $20 000 d'augmentation,
c'est vraiment vis-à-vis des opérations dentaires les plus
coûteuses, puisqu'il y a même le traitement de canal qui est
couvert là-dedans, alors qu'autrefois, de 0 à 10 ans, et
même jusqu'à aujourd'hui, de 0 à 14 ans, que le ministre
aime l'expression ou ne l'aime pas, on ne couvrait finalement que les dents du
sourire ou les dents qui requéraient bien peu de traitement. On sait
fort bien que les soins dentaires deviennent coûteux quand on arrive avec
la radiologie qui est très utilisée parmi les enfants en bas de
10 ans je me lance dans un terrain que je ne connais pas mais
c'est vraiment à partir de 10 ans en montant que ces coûts
deviennent astronomiques, et qui est la phase de caries dentaires
peut-être la plus accentuée, de 10 à 16 ans. Je veux bien
que vous disiez que cela augmente de $20 000 à $40 000. Il y a d'abord
l'augmentation que ces gens peuvent quand même demander entre 1974 et
1978, qui justifie une partie de ce montant, et il y a aussi le type de
services que les dentistes vont désormais devoir donner, services
beaucoup plus coûteux que ceux qu'ils donnaient dans le passé.
Tout ce que je demande au ministre, je comprends qu'il veut défendre son
point de vue, c'est qu'il soit un peu plus nuancé dans ses
affirmations.
M. Lazure: M. le Président, de $20 000 à $40 000,
ce n'est pas de 1974 à 1978, du tout.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Lazure: C'est de l'année actuelle, ce que cela a
coûté, l'année qui va se terminer, on estime que cela va
coûter environ $42 millions ou $43 millions, et on offre pour
l'année suivante, $69 millions aux 1500 dentistes. Donc, c'est d'une
année à l'autre.
Mme Lavoie-Roux: Ce ne sont pas les mêmes soins qui vont
être donnés.
M. Lazure: II va y avoir une légère extension de la
couverture quant à la bouche et quant aux âges aussi. Je l'ai dit
tantôt.
Mme Lavoie-Roux: Qui est très importante. M. Lazure:
Je l'ai dit toute la journée.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce que vous avez dit tantôt,
je regrette.
M. Lazure: Je l'ai écrit dans mon document aussi. La
remarque que je faisais tantôt sur la complexité des comparaisons
avec d'autres provinces, et de façon bien sérieuse, cela peut se
faire, mais à ce moment, il faut regarder ce qu'on appelle les
règles d'application. M. le député de Saint-Laurent va
comprendre ce que je veux dire.
Dans toute convention complexe comme celle-là, il y a ce qu'on
appelle des règles d'application qui font l'objet de négociations
et, selon les interprétations qui sont convenues par l'entente dans les
règles d'interprétation, un acte tarifé à tel
montant pourra permettre un certain niveau de revenu qui peut différer
beaucoup, selon la restriction de la règle d'application ou la largesse,
la largeur de la règle d'application.
Le Président (M. Laplante): Sur ce...
M. Chicoine: M. le Président, je ne peux pas faire
autrement...
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez donner le mot de
la fin, parce qu'il n'y a plus d'interventions.
M. Chicoine: D'accord, mais quant aux règles
d'application, M. le Président, en Ontario, elles sont tellement simples
que les dentistes peuvent travailler en toute liberté, ce qui n'existe
pas actuellement au Québec.
En terminant, M. le Président, ce matin, lorsque nous nous sommes
présentés devant cette commission parlementaire, nous vous avons
avisés que nous étions conscients que cette commission
parlementaire constituait simplement une étape vers l'adoption d'une loi
spéciale.
C'est par respect pour l'Assemblée nationale qui a
créé cette commission que nous avons acquiescé à
l'invitation qui nous est faite de vous informer du présent conflit.
Or, ce matin, durant la tenue de la commission parlementaire, le
ministre des Affaires sociales a émis un communiqué de presse
fallacieux, perpétuant une habitude qui a déjà
été prise par le passé, c'est-à-dire semer la
confusion et qui est, par conséquent, devenue une certaine marque de
commerce dans cette négociation.
Ce geste confirme notre déclaration de ce matin selon laquelle
cette commission pourrait servir d'instrument de propagande pour le
gouvernement. Néanmoins, nous sommes prêts à retourner
à la table de négociation; seulement, nous ne sommes pas
dupes.
Merci beaucoup.
M. Lazure: M. le Président, je suis obligé de
répondre...
Le Président (M. Laplante): J'accepterai, avant, une
intervention finale de chaque parti.
M. Lazure: Oui, très brièvement. Encore une fois,
je n'accepte pas du tout cette espèce d'interprétation
d'intentions que le président de l'association fait. Il nous rappelle
que, ce matin, il a commencé en disant que cette commission, pour lui,
c'était l'étape vers la loi spéciale. Je pense qu'il y a
beaucoup d'ambiguïté quand il nous dit qu'il veut vraiment
négocier et que, d'autre part, il nous dit être convaincu que le
gouvernement s'en va vers une loi spéciale.
Quant au communiqué que je n'ai même pas vu, mais que
j'endosse à l'avance...
Une Voix: Vous ne l'avez pas vu?
M. Lazure: Non, je ne l'ai pas vu. Ecoutez! Je ne signe pas tous
les communiqués de presse qui sortent du ministère. Je
rappellerai simplement au président de l'Association des chirurgiens
dentistes que c'est une coutume, chaque fois qu'il y a une commission, qu'un
ministre, quel que soit le parti au pouvoir, émette un communiqué
de presse. Je ne vois pas pourquoi il essaie de partir sur ses grands chevaux
pour, encore une fois, faire un procès d'intentions. Je suis sûr
qu'il va en émettre un, s'il n'est pas déjà émis.
Je n'ai pas du tout de leçon d'éthique à recevoir du
président de l'Association des chirurgiens dentistes, aucune!
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
L'Acadie, ou lequel des deux?
M. Forget: M. le Président, très
brièvement...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... je pense que, si le ministre avait comme
intention, en convoquant cette commission parlementaire, de faire la
démonstration que tous les torts se trouvaient du côté de
l'ACDQ, je pense que c'est un espoir qui a été frustré,
parce que le moins qu'on puisse dire, et en mettant de côté toute
partisanerie, il me semble évident que, du côté du ministre
ou du ministère, on peut imputer un bon nombre d'erreurs de parcours, de
maladresses dans la façon de procéder à la
négociation, d'hésitations lorsqu'il s'agit de préciser
clairement ses intentions et également d'une attitude qui frise au moins
la mauvaise foi dans la façon d'aborder les discussions, même de
relater des événements et certainement de faire des commentaires
sur l'attitude de l'autre partie. Encore une fois, M. le Président, je
pense que la seule solution, c'est une reprise honnête et loyale de la
négociation.
Pour ce qui est d'une loi spéciale, il y a une chose que je
voudrais dire, c'est que le ministre dispose déjà de tous les
pouvoirs qu'il peut souhaiter avoir pour régler l'ensemble du
problème; il n'a pas besoin d'une loi spéciale, il dispose
déjà de tous les instruments. Il les a gardés, d'ailleurs,
délibérément, et il y en a d'autres dont on n'a pas
parlé ici et qui existent dans la Loi de I'assurance-maladie auxquels
j'ai déjà fait allusion dans une question que je lui adressais,
il y a d'autres instruments dans la Loi de l'assurance-maladie. Donc, tout
effort pour soulever ce problème de législation spéciale
ou pour soulever le problème à l'Assemblée nationale ne
témoigne soit que d'une ignorance des instruments dont il dispose
déjà ou d'une incapacité de s'en servir. Encore une fois,
ce n'est pas de ce côté que se trouvent les solutions, c'est dans
une reprise normale des négociations. Je pense que s'il n'y a pas de
prérequis de part et d'autre, il n'y a aucune raison pour que cette
entente ne se négocie pas. L'analogie...
M. Lazure: Je n'ai pas soulevé aujourd'hui cette menace
d'une loi spéciale. Elle a été soulevée par le
président de l'Association des dentistes et on assiste à une
drôle de réconciliation des deux anciens ennemis...
M. Forget: Vous avez eu le temps de dire ce que vous aviez
à dire, M. le ministre...
M. Lazure: Je ne laisserai pas passer des faussetés, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'aviez dans votre mémoire, M. le
ministre.
M. Forget: J'espérais, M. le Président, que vous
fassiez respecter le droit de parole à cette table. Le ministre ignore
de façon radicale de respecter le droit de parole des autres, mais
encore une fois...
M. Lazure: Je n'ai pas de leçon à recevoir du
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Vous avez des leçons à recevoir dans ce
domaine et dans bien d'autres, malheureusement.
M. Lazure: Cessez de faire la morale à tout le monde.
M. Forget: II demeure que si le ministre veut négocier, il
est capable de mener à terme cette négociation. L'analogie qu'il
a voulu faire entre les lois de retour au travail pour les médecins de
1970 est une analogie qui n'est pas applicable parce que le régime
existe déjà et il fonctionne dans le cas des soins dentaires aux
enfants. Il s'agit simplement d'un ajustement de parcours comme il est normal
qu'il y en ait chaque fois que les ententes doivent être
négociées. Si, chaque fois, on doit aborder le problème
sous l'angle d'une législation spéciale, on manifeste, dans la
conduite des affaires gouvernementales, une faiblesse ou une
incompétence manifeste.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je voudrais vous dire que la
journée n'aura pas été complètement perdue puisque
nous avons appris des choses; nous avons appris qu'il y avait eu un bout de
chemin de fait de la part de l'association et il y a un bout de chemin de fait
de la part du gouvernement. Nous avons également appris que la vertu
n'était pas seulement du côté du gouvernement et les
péchés du côté de l'association. Je pense que cela
éclaircit plusieurs points à cette table.
Je m'explique mal une chose: le ministre vient de nous dire qu'il y a un
communiqué qui a été émis de son bureau... Dans une
situation aussi critique, quand on est sur le point de vouloir reprendre les
négociations, il me semble que le communiqué dont je n'ai
pas pris connaissance semble traiter l'association de façon un
peu cavalière. Je pense que le ministre aurait pu mettre une
dernière main à ce communiqué.
M. Lazure: II faut le lire avant.
M. Grenier: Ce serait important, peut-être que...
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre!
M. Grenier: Je voudrais dire au ministre que j'ai
été témoin d'une loi spéciale ainsi que le
député de Richelieu; nous sommes peut-être les deux seuls
à avoir été témoins d'une loi spéciale qui
avait permis aux enseignants d'entrer au travail en 1968. Je peux vous dire que
ce n'est pas le meilleur coup que l'Union Nationale ait fait à ce
moment-là. Je peux vous dire également que les enseignants qui
sont entrés au travail en 1968 sous le poids de la Loi 25, cela n'a pas
été leur meilleure année dans l'enseignement, non plus. Je
pense qu'il y a des ouvertures qui sont faites au ministre, dans le moment, il
y a une négociation qu'il est possible de reprendre, peut-être
demain. Je pense qu'au lieu de terminer ce débat sur une note aussi
agressive, j'aurais aimé entendre le ministre dire à
l'association qu'il y avait une ouverture de faite et que déjà,
demain, il serait possible de reprendre ces négociations; à
reprendre le travail sous le poids d'une loi, les hommes ne travaillent pas de
gaieté de coeur et vous le savez. Alors je voudrais bien, M. le
Président...
M. Grégoire: M. le Président, une question de
règlement. Il n'a jamais été question aujourd'hui qu'il y
aurait une loi spéciale.
M. Lazure: M. le Président...
M. Grégoire: Je me demande pourquoi le
député de Mégantic-Compton veut envenimer le
débat.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Frontenac, on finit actuellement. S'il vous plaît.
M. Grenier: Je voudrais dire, M. le Président, que je
verrais d'un mauvais oeil arriver une loi spéciale pour permettre aux
dentistes de continuer leur travail.
M. Lavigne: II n'en est pas question.
M. Grenier: Alors, je pense qu'il y a des mesures qui doivent
être prises par le gouvernement et avec l'assentiment de l'association
pour reprendre ces négociations qui sont quand même...
Après une journée de travail, on se rend compte qu'il y a des
lieux très proches l'un de l'autre et je pense que ce serait à
l'avantage des citoyens de voir ces gens se mettre à une même
table pour compléter le travail, mais avec peut-être un peu moins
d'agressivité de la part du gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Sur cela, M. Chicoine, M.
Genest, M. Lalonde, M. Tremblay et M. Brodeur, je vous remercie de votre
coopération. Ce fut une journée lourde. On espère qu'elle
a été fructueuse pour les membres de cette commission. Merci.
J'appelle maintenant l'Ordre des dentistes.
Bonsoir, messieurs. Tout d'abord, on s'excuse de la façon dont
vous avez été invités, d'une façon très
rapide. Je ne sais même pas si vous avez eu le temps de préparer
un petit mémoire que vous auriez à distribuer aux membres de
cette commission. Tout de même, je vous demanderais d'identifier votre
organisme, vous identifier vous-mêmes et les personnes qui vous
accompagnent, s'il vous plaît.
Ordre des dentistes
M. Gosselin (Charles): M. le Président, je désire
d'abord présenter, à ma gauche, portant lunettes avec contours
foncés, le Dr Guy Maranda, administrateur à l'Ordre des
dentistes. Je vois plus loin, je pense, Mme Giguère, qui est
également administrateur à l'Ordre des dentistes,
représentant le public, le Dr Marchand, administrateur à l'Ordre
des dentistes, le Dr Marc Boucher, administrateur à l'Ordre des
dentistes, à ma droite ici, le Dr Pierre-Yves Lamarche, qui est
directeur général de l'Ordre des dentistes et à ma gauche,
Me Poupart, notre conseiller juridique. Je me présente, Dr Charles
Gosselin, président de l'Ordre des dentistes.
Vous avez parlé du court laps de temps qui nous avait
été donné pour préparer un mémoire de
façon à le présenter devant la commission; je dois vous
dire que nous venons ici avec "notre" mémoire plutôt qu'avec "un"
mémoire, parce que si nous avons été convoqués
vendredi matin, nous avons été décommandés vendredi
après-midi pour être reconvoqués ce matin. Alors, nous
sommes un peu confus devant toute cette situation et nous nous demandons
même ce que nous faisons ici en tant qu'organisme qui s'occupe
plutôt de la protection du public, de la qualité des actes et qui
en
aucune façon, n'a été lié, soit directement
ou indirectement, à la négociation présente.
Le Président (M. Laplante): Merci de votre courte
entrée en matière. Apparemment, vous n'en avez pas. Je vais
demander au ministre de commencer le dialogue que les membres s'attendent
d'avoir de votre ordre.
M. Lazure: M. le Président, j'aurai une seule question,
pour le moment, adressée au président de l'ordre, qui
découle d'une intervention de ce matin. Certains spécialistes qui
pratiquent la pédo-dontie, soit l'art dentaire auprès des
enfants, perdent-ils le soi-disant certificat de spécialiste, s'ils ne
pratiquent pas exclusivement auprès des enfants? Oui ou non, est-ce que
ces individus perdent leur certificat de spécialiste?
Non; alors, je vous remercie de votre réponse. Le
président de l'Association des chirurgiens dentistes a prétendu,
ce matin, dans le cadre de son exposé, qu'il était dangereux de
limiter le nombre des actes de prévention, donc la pratique
auprès des enfants, puisqu'à ce moment-là, ces dentistes
perdaient leur certificat de spécialiste. Merci.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez
répondu ou si vous avez fait seulement des signes?
M. Gosselin (Charles): J'ai dit non. Le Président (M.
Laplante): Merci monsieur. M. Shaw: C'est une question de
règlement... Le Président (M. Laplante): M. le
député de...
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Shaw: ... pour rétablir les faits. Est-ce qu'on peut
poser cette même question, en conséquence de
réalité...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire, vous poserez...
M. Lazure: Posez la question comme vous voudrez, je la pose
à ma façon.
Le Président (M. Laplante): ... votre question tout
à l'heure, lorsque votre tour viendra.
M. Shaw: C'est la même question.
Le Président (M. Laplante): Non, je ne vous laisse pas
faire. M. le député de Saint-Laurent ou celui de L'Acadie, lequel
prend la parole? M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: J'ai deux questions, M. Gosselin, à vous poser,
parce que les réponses que vous pouvez apporter peuvent éclairer
un peu le conflit ce n'est peut-être pas une exagération de
parler d'un conflit le différend, entre le ministère et
l'ACDQ.
Au cas où il viendrait à quelqu'un l'idée
d'invoquer une loi spéciale je sais qu'actuellement,
officiellement, il n'en est pas question sous prétexte que la
santé du public est en jeu ou parce que, effectivement, elle est en
jeu.
Est-ce que, du côté de l'ordre, vous êtes en mesure
de nous assurer que la décision des dentistes au Québec de
devenir non-participants dans le contexte que l'on sait, n'a que des effets
pécuniaires sur la clientèle mais qu'effectivement, elle ne
constitue pas un refus des services ou une privation des services pour la
population?
M. Gosselin (Charles): Je ne pense pas, M. le
député de Saint-Laurent, que le fait du désengagement ou
de la non-participation ait à aujourd'hui affecté la santé
dentaire des Québécois. Il faut penser qu'avant l'arrivée
du régime que nous connaissons présentement, les dentistes
fournissaient leurs services à la population, et même très
souvent gratuitement à ceux qui n'avaient pas les moyens de se
prévaloir de ces soins.
Je pense que si, à un moment ou l'autre, il arrivait que ce
différend comme vous l'avez appelé doive se
poursuivre, les dentistes seront là et, les connaissant assez bien pour
les avoir à peu près tous rencontrés durant mes six
années à la présidence, ils continueront effectivement de
traiter les patients, quels qu'ils soient, qui pourraient présenter ce
qu'on pourrait appeler un état d'urgence; ils ne laisseront pas souffrir
une personne parce qu'on ne paie pas, dans une période comme
celle-là, comme celle que nous pourrions connaître. Effectivement,
ils resteront au service de la population. C'est ce que je pense. J'ose croire
que c'est dans cet esprit que les dentistes du Québec continueraient de
pratiquer leur profession.
M. Forget: Pour être bien sûr qu'on se comprend, ce
que vous affirmez là, vous ne l'affirmez pas seulement comme une opinion
personnelle, mais comme président de l'Ordre des dentistes. Vous nous
dites effectivement que, quelles que soient les mesures de pression
utilisées par vos membres dans le contexte d'un différend sur la
rémunération des actes, en tant que professionnels, ils vont
continuer à donner les services et évidemment, à exiger
paiement de ceux qui peuvent payer dans la population.
M. Gosselin (Charles): C'est cela.
M. Forget: Une autre question, M. le Président, qui a
rapport à la prévention. On a beaucoup parlé de la
prévention aujourd'hui, à savoir si on la payait assez ou pas
assez. Cela ne concerne pas directement, ni même indirectement, l'ordre
professionnel. Cependant, le ministre a fait valoir les avantages d'une
pratique d'actes de prévention dans le cadre des activités de
départements de santé communautaire plutôt que dans le
cadre des cabinets privés.
Pour ce qui est de l'ordre des dentistes, est-ce que vous êtes
indifférents face à ces deux modalités ou est-ce que vous
avez des préférences?
M. Gosselin (Charles): C'est-à-dire que nous avons
d'ailleurs eu une certaine négociation jusqu'à maintenant avec
l'Office des professions. Nous avons présenté, à ce
moment-là, comme préliminaire d'ailleurs à la
délégation des actes aux hygiénistes dentaires et aux
assistants dentaires, une formule de ce que nous croyons être le meilleur
pour la population du Québec pour ce qui a trait à la
prévention.
Dans notre esprit, l'un ne va pas sans l'autre. Je m'explique: C'est
sûr que, pour une éducation massive de la population, l'Ordre des
dentistes, pas plus que la profession dentaire, n'a les moyens ou les
capacités de se lancer dans des programmes globaux d'enseignement de la
prévention.
Par contre, il y aura toujours associé au régime public le
régime privé qui, lui, pourrait s'occuper de faire de la
prévention sur le plan privé, parce que je ne pense pas qu'il
soit possible à des départements de santé communautaire
qui rencontrent des masses de population d'être en mesure de fournir
à des classes d'individus ou encore à des personnes des
enseignements privés, je dirais, leur permettant de s'assurer une
meilleure santé dentaire.
L'un est, en quelque sorte, complémentaire à l'autre. Nous
avons d'ailleurs déjà indiqué au ministre que nous serions
toujours prêts à collaborer avec lui et son ministère dans
l'élaboration de politiques de prévention de la maladie dentaire.
(23 heures)
II faut penser que dans la prévention, il n'y a pas seulement la
question de montrer aux jeunes ou aux moins jeunes à bien se brosser les
dents, de leur faire des applications de fluor, mais cela implique
également, j'irais jusqu'à dire l'intrusion, ou encore, si vous
voulez, une certaine inhibition de la population, de manière à
amener les gens à des changements de mode de vie parce que nous sommes
convaincus que, quoi que nous fassions, si nous n'habituons pas les gens
à avoir d'abord de bonnes habitudes alimentaires et à fuir les
agents cariogéniques, quoi qu'on fasse, les résultats seront
toujours un gros point d'interrogation. Je pense qu'à ce moment, la
profession doit travailler de concert avec le gouvernement, de manière
à établir des programmes qui, à long terme,
s'avéreront efficaces et, même s'il y avait un régime
public de prévention dentaire, vous ne pouvez faire disparaître de
la pratique des dentistes l'enseignement des mesures préventives, comme
l'utilisation des agents qui peuvent prévenir la maladie dentaire.
Quant à la décision du gouvernement de payer des
honoraires pour ce qui se fera dans la pratique privée, ce n'est pas de
notre ressort d'en discuter. Le Dr Lamarche a peut-être quelque chose
à ajouter là-dessus.
M. Lamarche: Tout à l'heure, j'ai écouté
attentivement les altercations qui survenaient en- tre le ministre et les
représentants de l'association et je trouvais cela presque
indécent, M. le Président. Etant donné que le dentiste,
comme le médecin, c'est un promoteur de la santé, la promotion de
la santé, cela commence par la prévention et je pense que, plus
on fera de prévention, moins, dans des années
subséquentes, on s'attachera à des discussions sur les une face,
deux faces ou trois faces parce qu'il y en aura moins.
Ce qu'on vise par la prévention, c'est une bonne santé en
général et une bonne santé dentaire en particulier, si
bien que, dans quelques années, la prévention qui est
semée aujourd'hui, qui se fait beaucoup dans le cabinet dentaire, dans
quelques années, cela va être des millions de moins, M. le
ministre, à payer.
D'autre part, la prévention, on ne doit jamais, pour aucune
considération, la troquer ou la sortir du cabinet dentaire pour la bonne
et simple raison que faire de la prévention en dehors du cabinet
dentaire, cela s'adresse à des gens qui n'ont aucune motivation
particulière. Lorsque la prévention se fait en cabinet
privé, elle s'adresse à des gens qui ont à faire face
à un problème et la réceptivité des gens qui sont
face à un problème est beaucoup plus grande que celle de celui
qui n'a pas à faire face à ce problème.
D'autre part, la prévention qui est donnée par des
dentistes en cabinet particulier est orientée vers un diagnostic qui a
déjà été posé. C'est-à-dire que le
dentiste, en examinant, en traitant le patient, note des incidences de caries
plus élevées, des problèmes de gingivites et d'autres
problèmes connexes et, à ce moment, le dentiste peut orienter ces
données préventives vers une pathologie qu'il a lui-même
diagnostiquée.
Donc, il est tout à fait indécent de tenter un troc entre
la prévention en cabinet dentaire et au secteur public. Il faut en faire
partout, de la prévention. Mais je pense que c'est une partie
inhérente de la médecine dentaire que de faire de la
prévention et elle a une très large importance en cabinet
dentaire, à notre sens.
M. Lazure: M. le Président, on me permettra sûrement
une réaction. Je ne sais pas si le Dr Lamarche parle au nom de l'Ordre
des dentistes, premièrement.
M. Lamarche: Oui.
M. Lazure: Je pense qu'il parlait d'altercations tantôt,
parce que cela commence sur un ton qui appelle presque l'altercation, mais je
ne tomberai pas dans le panneau. Le Dr Lamarche va reconnaître que notre
ministère si vous le permettez, je ne vous ai pas interrompu
n'a pas de leçon à recevoir sur l'importance de la
prévention et sur l'importance de la promotion de la santé en
général. Nous avons entrepris, l'an passé, une campagne
intensive et nous...
Mme Lavoie-Roux: Vous en donnez, des leçons, par
exemple!
M. Lazure: Nous ne donnons pas de leçons. Justement, le Dr
Lamarche a fait une remarque qui implique que nous voulons troquer c'est
l'expression que vous avez employée; je ne vous fais rien dire
des actes de prévention pour des actes curatifs, ce qui n'est pas le
cas. Nous croyons, autant que vous et je vous rappelle que vous
êtes ici pour parler au nom de l'intérêt public, au point de
vue santé dentaire, je vous rappelle aussi que nous n'avons pas
engagé de troc avec les dentistes; c'est l'expression que vous avez
utilisée que la prévention qui est faite dans le
réseau public, vous n'avez pas le droit de présumer, à
l'avance qu'elle sera moins bonne que la prévention qui se fait dans le
réseau privé. Vous n'avez pas le droit de présumer cela,
parce qu'elle est supervisée par vos confrères, par des membres
de votre ordre. Les 35 dentistes qui sont dans des unités de
santé communautaire sont des membres de votre ordre.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic.
M. Grenier:... très brièvement, je voudrais dire au
Dr Lamarche et au Dr Gosselin qu'ils ne feraient pas de bons ministres dans
l'actuel gouvernement; vous répondez trop clairement aux questions. On
ne vous endurerait pas longtemps.
Dr Gosselin, pourriez-vous faire une comparaison entre la qualité
des actes posés par le programme gouvernemental public et ceux
posés par les dentistes en cabinet privé? Avez-vous suffisamment
rencontré de personnes pour nous dire, brièvement, la
qualité de l'un et de l'autre?
M. Gosselin (Charles): Je ne peux pas vous faire de comparaison
parce que, d'abord, je ne travaille pas dans le système public. Par
contre, pour celui que je connais, qui est le système privé, pour
avoir par expérience personnelle et avec d'autres
confrères qui pratiquent dans mon groupe, comme le Dr Lamarche le
mentionnait tout à l'heure, il est sûr du moins de notre
côté, que ce que nous avons dans le système privé,
quand vous avez un patient et que vous le motivez, je pense que c'est là
le fond du problème, c'est d'arriver à motiver des gens à
une meilleure santé dentaire, et les résultats viennent
très vite. On peut donner des exemples particuliers de patients que nous
voyons avec un certain nombre de caries dentaires. Après les avoir
traités, leur avoir enseigné les mesures préventives et
les avoir amenés à s'appliquer eux-mêmes ces mesures
préventives, les avoir même convaincus de changer certaines
habitudes qu'ils ont au point de vue nutrition ou encore de l'inhibition de
certains aliments, ces mêmes patients que nous voyions par les
années passées à deux, trois ou quatre reprises, avec
toujours un certain nombre de cavités, nous les voyons avec une
santé dentaire presque parfaite. C'est sûr que, pour eux, cela
représente, à ce moment-là parce qu'un grand nombre
de ces patients se situent en dehors du régime des honoraires
qu'ils peuvent avoir payés pour toutes ces instructions, non pas une
dépense mais plutôt un investissement quant aux coûts qu'ils
ont évités pour l'avenir. Je parle pour le régime
privé.
Pour le régime public, je pense que le ministère peut
fournir des chiffres. Quant à ce qui se fait, le nombre d'enfants qui
sont visités, qui sont instruits, etc., je pense que cela va prendre
encore quelques années avant qu'on puisse établir des
statistiques de manière à démontrer que ceux qui ont
été dans le système public ont réellement
profité de ces services.
Mais, il y a une chose certaine, M. le député, c'est que,
tant qu'on n'aura pas la fluoration des eaux dans toute la province, il y aura
encore des décalages, si vous voulez, quant à la présence
des maladies dentaires, surtout en ce qui concerne la carie dentaire, entre les
zones qui sont fluorées et celles qui ne le sont pas.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions,
M. le député?
M. Grenier: Non. Je remarque que ce sont des questions...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke, en complémentaire?
M. Grenier: ... auxquelles on a fort bien répondu.
M. Paquette: M. le Président...
M. Grenier: Le président de l'association a dû faire
un stage dans le comté de Mégantic-Compton, c'est un homme de
grand jugement, il me semble.
Le Président (M. Laplante): En complémentaire.
M. Paquette: ... il y a justement une question que je me posais
plus tôt, cet après-midi, concernant la motivation des enfants
particulièrement à l'hygiène dentaire. Vous dites que,
dans un cabinet de pratique privée et je pense que cela se
comprend assez bien les enfants qui arrivent là ont un
problème, donc il est possible de les motiver à l'hygiène
dentaire. D'autre part, on pourrait prétendre également qu'au
niveau d'une école, par des activités collectives,
peut-être dans le cadre d'un cours d'hygiène dentaire ou
autrement, c est là un autre facteur de motivation.
Je vais prendre une analogie. Un jeune a besoin on parle de
motivation, je pense que c'est une affaire, essentiellement, de
pédagogie et de psychologie de l'enfant d'apprendre la physique,
disons. On peut dire: On va essayer de le convaincre d'apprendre la physique,
sur un plan personnel, parce qu'on a constaté qu' il y a un
problème, et on va travailler là-dessus avec lui. Par contre, on
peut également prétendre qu'il y a moyen de donner des services
de bonne ou de
meilleure qualité, cela dépend de l'évaluation,
dans un groupe où les jeunes vont pouvoir se confronter, être en
compétition, être en collaboration dans divers types
d'activités pédagogiques; ils vont peut-être apprendre
mieux la physique de cette façon.
Ne pensez-vous pas qu'il y a un élément de motivation
aussi à inculquer très jeune des habitudes d'hygiène
dentaire au niveau de l'école et que ce n'est pas une façon
importante et qui est peut-être plus durable même que dire: On va
les habituer à l'hygiène dentaire seulement au moment où
il y a un problème?
M. Gosselin (Charles): Je ne pense pas que ce soit cela que j'ai
dit, M. le député.
M. Paquette: Non, non, je vous pose la question.
M. Gosselin (Charles): Jamais nous n'avons nié le fait que
les deux systèmes doivent être complémentaires l'un de
l'autre. Je ne pense pas avoir affirmé ici qu'il devrait exister
seulement un système de prévention dans les bureaux de dentistes.
Au contraire, je pense qu'il relève de la responsabilité
gouvernementale d'avoir des systèmes publics permettant des instructions
d'hygiène et d'établir des mesures d'hygiène. Mais les
deux doivent se compléter.
Je pense que cela pourrait être désastreux, peut-être
pour une question de je n'ose pas avancer de chiffre parce que je n'ai
pas assisté à toutes les discussions $2 ou $3, j'imagine,
qu'on fasse quasi disparaître, dans les bureaux privés,
l'enseignement des mesures préventives des maladies d'enfant.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin (Gérard): Oui. M. Shaw: M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): J'ai noté, dans l'ordre
le député de Sherbrooke, le député L'Acadie...
M. Gosselin (Gérard): Ma question n'est pas longue.
Le Président (M. Laplante): ... et le député
de Pointe-Claire.
M. Gosselin (Gérard): M. le Président, j'ai une
question très brève. On en est, sur la discussion de fond, sur la
prévention. J'aimerais entendre, un peu simultanément, pour nous
répondre, l'Association des chirurgiens dentistes, la Corporation des
chirurgiens dentistes qui défend, pour sa part, l'éthique et,
pour l'autre, le revenu attaché à l'acte. J'aimerais avoir, de
votre part, une définition de l'acte de prévention et une
évaluation de la durée ou du temps que cela peut prendre, de
l'investis- sement que cela nécessite dans la pratique concrète
des dentistes, actuellement. Je voudrais avoir la définition que vous
faites de l'acte de prévention et quelle part relative elle occupe dans
la suite de rendez-vous que mon garçon de 12 ans aura chez le dentiste
pour l'ensemble de ses soins dentaires.
M. Gosselin (Charles): Le député de Sherbrooke me
pose une série de questions. Pourriez-vous les reprendre une à
une?
M. Gosselin (Gérard): Est-ce que vous avez une
définition...
M. Gosselin (Charles): La première?
M. Gosselin (Gérard): Oui. ... d'un acte de
prévention satisfaisant, selon l'éthique de la corporation?
Pourriez-vous étaler ou donner une définition aussi certaine que
possible de ce en quoi consiste un acte de prévention posé par un
dentiste?
M. Gosselin (Charles): La prévention comme telle n'est pas
un acte, c'est une philosophie. Ce qui devient un acte, c'est ce qu'on fait
pour prévenir. Cela se définit assez bien. Je pense que le fait
de faire une application de fluor, de faire une prophylaxie ou même, si
vous voulez, de faire des détartrages ou des polissages de dents, ce
sont des actes. Seulement, la prévention comme telle, c'est une
philosophie. (23 h 15)
M. Lamarche: La prévention, en soi, c'est une série
d'interventions qui visent à changer un comportement d'un individu, face
à sa condition particulière. Cela peut être au niveau de la
motivation verbale et cela peut aussi être des éléments
connus, tels que la fluoration, qui amènent une diminution indirecte de
l'apparition des pathologies. En termes d'actes et de durée, je pense
qu'on doit parler de fréquence parce que quand on s'adresse à des
changements de motivation, c'est une question de répétition; je
pense que tous les pédagogues seront d'accord avec moi pour vous le
dire.
Le Président (M. Laplante): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on sent que le ministre
reste à l'attaque jusqu'à la fin de la soirée, puisque la
seule question qu'il a trouvé à vous poser, cela a
été pour essayer de continuer d'incriminer l'Association des
chirurgiens dentistes et, en plus de cela, il vous donne des leçons. Je
voudrais simplement faire une remarque: lui qui dit qu'il n'a pas de
leçon à recevoir de...
M. Grégoire: Là, vous faites avancer le
débat!
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Cela vous fatigue!... de l'Ordre des dentistes
sur la prévention. Je voudrais simplement... je lui demande; il n'a
même pas besoin de me répondre, les faits sont là. Pourquoi
n'a-t-il pas fait appliquer la Loi sur !a protection de la santé
publique qui prévoit la fluoration des eaux quand il y a une
construction d'usine de filtration? Dans l'usine DesBaillets que je visitais,
il y a peut-être trois semaines, je me suis informée si on avait
prévu la fluoration des eaux et, apparemment, non. Alors, même sa
propre loi, il ne semble pas être capable de la faire appliquer dans le
domaine de la prévention, mais...
M. Lazure: C'est une question, M. le Président?
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une question, c'est une remarque;
c'est un fait que j'ai énoncé, alors...
M. Lazure: C'est parce que vous avez parlé de
questions.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est une remarque, c'est un fait. Je ne
pense pas que vous puissiez le nier.
Ce que je voudrais demander à l'Ordre des dentistes, puisque nous
avons l'avantage de l'avoir ici: Est-ce que la corporation s'occupe strictement
de déontologie ou si, par exemple, vous faites des études? Est-ce
que vous avez fait des études sur le nombre d'enfants qui sont
maintenant rejoints, par exemple, par les soins, suite à la
gratuité des soins dentaires, les classes sociales qui, finalement, y
ont davantage accès? Est-ce qu'on touche vraiment les enfants qui en ont
le plus besoin et que les parents ont moins tendance à amener au cabinet
dentaire? Et, quant à la motivation une remarque, en passant
dont il a été question tout à l'heure, je pense
qu'il est bon que dans les écoles, il y ait de l'hygiène dentaire
mais il reste que le fait que l'enfant aille au cabinet du dentiste avec ses
parents, c'est un atout supplémentaire, parce que souvent, pour des
enfants en bas de dix ans, que les parents, ordinairement, accompagnent chez le
dentiste, ce sont souvent ceux qui, à la maison, peuvent aider les
enfants à suivre les instructions qu'ils ont eues sur les soins
dentaires. Mais, ma question réelle, c'est sur le type d'étude
que votre corporation fait dans ce domaine des soins dentaires depuis
l'avènement de la gratuité des soins dentaires pour les enfants,
disons, de 0 à 10 ans.
M. Gosselin (Charles): Disons qu'à l'Ordre des dentistes,
faire des études quant au nombre d'enfants qui ont
fréquenté le régime, on n'a pas besoin de faire cela parce
que, déjà, cela existe à la régie. Par contre, pour
se rapporter aux différents autres volets de votre question, depuis deux
ans et demi, nous avons une étude en marche qui devrait nous fournir des
réponses aux questions que vous posez vous-même et que nous nous
posons nous-mêmes. Cette étude qui, d'ailleurs, touchera d'assez
près à l'accessibilité aux soins et c'est une
étude, effectivement, qui touche directement à
l'accessibilité aux soins nous permettra, je pense, du moins nous
l'espérons, de déceler les raisons qui font que certaines classes
de gens vont chez le dentiste, tandis que d'autres n'y vont pas. Alors, tant
que cette étude ne sera pas sortie, je regrette, mais, je ne peux pas
répondre d'une façon précise à votre question.
Mme Lavoie-Roux: Y aurait-il un fondement à cette
affirmation, ou à cette opinion que je lisais quelque part, que
finalement, cela profite peut-être davantage aux enfants qui
étaient déjà amenés de toute façon, par
leurs parents, au cabinet du dentiste?
M. Gosselin (Charles): Vous savez, il y a un
phénomène assez évident peu importe le genre de
régime qu'on puisse avoir c'est que, avant l'instauration du
régime des soins dentaires, ceux qui étaient motivés
à voir le dentiste, le sont demeurés. Ceux qui étaient
motivés, mais qui n'avaient pas les moyens, cela leur a permis d'aller
chez le dentiste. Ceux qui n'étaient pas motivés ne sont pas
devenus motivés à cause d'un régime. Ceux qui
étaient peureux ne sont pas devenus braves à cause d'un
régime de soins dentaires.
A l'intérieur de tout cela, essayez de déterminer les
pourcentages et vous verrez ceux qui en sont le plus favorisés. Il est
certain que les facteurs économiques d'avant le régime pouvaient
aider la motivation. D'ailleurs, c'est remarqué que plus vous avez
reçu d'instruction, plus vous êtes motivé vers les soins
que vous devez donner à votre santé. Il reste que dans le
contexte d'un régime, il y a certainement plus d'enfants qui vont chez
le dentiste qu'auparavant. D'ailleurs, de mémoire, je peux vous dire
qu'il y a eu augmentation de la clientèle des enfants chez les
dentistes, avec la venue d'un régime, d'environ 12% à 15%. Je
pense, M. le ministre, que vous pouvez fournir des chiffres.
M. Lazure: Les derniers chiffres que nous avons, pour la tranche
de population de cinq à onze ans, c'est 56% de participation. Ce qui est
une augmentation assez nette par rapport à...
M. Gosselin (Charles): Donc, vous avez une augmentation
d'à peu près 20% par rapport à ce qu'on avait
antérieurement.
Mme Lavoie-Roux: Quand votre étude doit-elle être
terminée?
M. Gosselin (Charles): On espère l'avoir au mois de
décembre.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce pourrait être
intéressant, quant à la façon où l'accent devrait
être mis dans les services de prévention communautaire. Au lieu de
les étendre, il faudra peut-être les concentrer sur certains
groupes en particulier.
M. Gosselin (Charles): Comme je le disais tout à l'heure,
nous voulons collaborer avec le gouvernement et travailler avec lui à
l'instauration de toute mesure qui pourrait prévenir la maladie. C'est
sûr que si, à la suite de cette étude, nous avons des
éléments que nous pensons valables pour aider à la
structuration d'un système qui assurerait une meilleure santé
dentaire aux enfants, c'est avec plaisir que l'on s'adressera au
ministère des Affaires sociales, me rappelant toujours que le ministre
m'avait déjà ouvert la porte à cet égard lors de
rencontres antérieures.
M. Lazure: Mais elles continuent à être ouvertes. Je
remercie le président de l'ordre pour son offre de collaboration.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. Gosselin.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Une autre question au Dr Gosselin. Est-il vrai que des
actes préventifs dans les cabinets privés, sont maintenant un
paramètre d'une "ethical dental practice" ou un des paramètres
des soins propres dans un cabinet privé?
M. Gosselin (Charles): C'est sûr que dans le contexte d'une
pratique moderne de dentisterie, le fait pour un dentiste d'avoir du personnel
comme un hygiéniste dentaire et un assistant dentaire compétent,
entraîné à cette fin, lui permet de fournir une meilleure
pratique, tout en demeurant plus longtemps à son travail et en
conservant également une meilleure santé pour lui-même.
M. Shaw: Si le gouvernement décide d'enlever les actes
préventifs de la couverture de la régie, les dentistes devront
continuer de donner ces services en demandant un tarif aux patients à
leur bureau?
M. Gosselin (Charles): Si cela arrivait, malheureusement, les
dentistes devront continuer de fournir des soins préventifs à
leurs patients.
M. Shaw: Alors, même avec un programme efficace dans les
écoles et dans les CLSC, les actes préventifs doivent être
continués dans les bureaux privés, payés à
l'acte?
M. Gosselin (Charles): Naturellement, s'il arrive que, dans le
régime, il n'y a pas de paiements prévus pour les actes
préventifs posés dans les bureaux privés, les dentistes
devront demander des honoraires pour ces actes-là.
M. Shaw: En continuant sur cette même question; maintenant,
on accepte, dans les tarifs de l'Association des chirurgiens dentistes, $15
pour une prophylaxie, $15 pour un traitement de fluor et $10 pour
l'enseignement de l'hygiène dentaire, cela veut dire les trois actes qui
peuvent être enlevés; cela représente un tarif, au patient,
de $40. Est-ce que c'est acceptable dans les paramètres...
M. Gosselin (Charles): Je n'ai pas, en tant que président
de l'Ordre des dentistes, à me prononcer sur cette question. C'est
l'association qui, par certaines études, devra déterminer ce
qu'elle considérera comme un tarif raisonnable.
M. Shaw: Sauf si le patient fait une plainte au sujet du taux
qu'on lui a demandé. C'est vous autres qui aurez besoin de juger si ce
tarif était juste. Trouvez-vous que ce tarif de $40 pour les quatre
services est juste?
M. Gosselin (Charles): Je regrette, Dr Shaw, mais vous ne me
ferez pas dire ce que je ne veux pas dire! Dans le moment, il y a certains
barèmes qui sont établis par l'association pour les patients qui
ne sont pas couverts par le régime et, advenant le cas où il
arriverait qu'un patient prétendrait qu'un dentiste lui a
présenté une facture trop élevée, il est
prévu une procédure pour porter un grief vis-à-vis de
l'Ordre des dentistes. L'ordre, si vous voulez, à travers son
comité de conciliation et d'arbitrage des comptes, verra, pour ainsi
dire, à rendre justice. Mais ce n'est pas à nous à
déterminer ce qu'est le tarif raisonnable ou pas raisonnable. C'est
l'association qui, par diverses études... Je pense que ces gens sont
assez sérieux pour être capables d'établir des honoraires
raisonnables à être exigés des patients, à la suite
à certains actes dentaires qui sont posés.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Richelieu.
M. Martel: Vous avez parlé tout à l'heure des
assistants dentaires. Est-ce que je pourrais savoir, dans une première
question, quelle est leur formation, leur scolarité? Dans une
deuxième question...
M. Gosselin (Charles): Si vous voulez, on va prendre les
questions une par une.
M. Martel: Très bien.
M. Gosselin (Charles): La première question, c'est
qu'actuellement, les assistants dentaires sont formés par les dentistes
parce que et là, remarquez bien, je ne veux pas porter un
blâme au gouvernement actuel; je serais peut-être plus enclin
à porter un blâme au gouvernement d'il y a 25 ou 30 ans
à la suite des démarches que la corporation professionnelle a
faites auprès de ces gouvernements, de manière à
instituer, au sein des écoles techniques ou autres des cours
d'assistants dentaires, d'hygiénistes dentaires... Ce n'est qu'en 19/2,
je pense. Peut-être que M. Forget pourrait répondre à cela,
mais cela fait moins de dix ans qu'il existe, effectivement, un cours
d'hygiéniste dentaire donné dans les CEGEP. C'est en 1974,
c'est-à-dire que les premiers diplômés, je pense, ce fut en
1974, M. le ministre; mais le cours
a été commencé trois ans auparavant; alors, c'est
1971.
(23 h 30)
Actuellement, en ce qui concerne les assistants dentaires, il y a deux
cours pilotes qui se donnent au Québec: un ici, à Charlesbourg et
un autre â North Mount, à Montréal. Ces programmes pilotes
qui intéressent grandement le ministère de l'Education, en
collaboration, d'ailleurs, avec l'Ordre des dentistes et les assistants
dentaires également, serviront, je pense, de base à
l'établissement d'un cours pour les assistants dentaires comme tels. En
ce qui concerne le cours d'hygiénistes dentaires, il existe actuellement
dans quatre écoles ici, au Québec.
M. Martel: A l'instar d'autres corporations professionnelles,
existe-t-il chez vous de l'éducation continue vis-à-vis de vos
membres?
M. Gosselin (Charles): Absolument. Nous avons des programmes
intensifs d'éducation continue. Je vous dirai que le programme
d'éducation continue que nous avons nous est même demandé
par l'association nationale et que les provinces dans tout le Canada
étudient le système que nous avons présentement pour
rejoindre nos membres pour l'éducation continue.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauharnois.
M. Gosselin (Charles): D'ailleurs, si cela vous intéresse,
l'Ordre des dentistes verse environ $100 000 par année dans des
programmes d'éducation permanente, à part ce que les dentistes
sont appelés à débourser de leur poche. Cela
représente plusieurs centaines de milliers de dollars au bout de
l'année.
M. Lavigne: Une courte question, M. Gosselin. Lorsqu'un enfant se
rend dans un cabinet privé de dentiste pour une restauration,
seriez-vous en mesure de me dire si on fait habituellement, d'une façon
systématique, et, chaque fois, un acte de prévention qui
accompagne aussi la restauration? Cela se fait-il systématiquement?
M. Gosselin (Charles): Pas chaque fois. Si un enfant va chez le
dentiste cette semaine et y retourne la semaine prochaine, je ne pense pas,
mais on le fera périodiquement, selon ce qui est constaté. Quand
vous avez un enfant de quatre, cinq, six, ou sept ans même, c'est comme
éduquer nos petits, il faut répéter souvent. A ce moment,
c'est sûr que le dentiste va discuter avec les parents de façon
que le programme soit bien suivi, de manière à prévenir la
maladie. Ce n'est pas automatique, toutes les fois qu'il va chez le dentiste,
mais on peut dire qu'en général ce sont des mesures qui
s'appliquent une couple de fois par année.
M. Lavigne: Chaque fois que le dentiste fait un acte de
prévention, est-ce qu'il s'arrange, normalement, pour avoir
l'approbation des parents? Admettons que l'enfant de dix ou douze ans ne
demeure pas tellement loin du dentiste, dans la rue ou la rue voisine, s'il y
va seul, le dentiste ne pourrait-il pas prendre sur lui de faire un acte de
prévention?
M. Gosselin (Charles): Je pense qu'il demanderait l'autorisation
des parents. Vous savez, ce qui arrive dans nos bureaux, on connaît nos
patients, comme on connaît les parents des enfants. On sait en même
temps ce que les parents désirent pour leurs enfants. Je sais bien qu'il
y a des enfants qui viennent je dois dire qu'ils venaient à mon
bureau, parce que, aujourd'hui, je limite ma pratique dans un autre champ de la
dentisterie et, connaissant les parents, j'avais carte blanche pour
faire ce que j'avais à faire. Pour d'autres, je prenais le
téléphone pour les appeler et leur dire: Ecoutez, j'ai
constaté telle ou telle chose. Dans d'autres cas, je leur disais: Je
veux vous voir. Je pense que c'est une pratique assez courante chez les
dentistes de consulter les parents quand ils ont affaire à de jeunes
enfants quant aux soins à administrer aux enfants.
M. Lavigne: Je ne voudrais pas prêter de mauvaises
intentions aux dentistes, loin de là, mais je me dis: A partir du fait
que l'acte de prévention est un acte payé par le gouvernement,
donc gratuit pour les parents, ne pensez-vous pas qu'il pourrait y avoir des
abus de la part des dentistes en suggérant peut-être plus souvent
qu'il ne le faudrait, nécessairement, aux parents de faire des actes de
prévention?
M. Gosselin (Charles): M. le député, je vous dirais
le contraire, vous me traiteriez de menteur et avec raison. Seulement, ce que
je peux vous dire, c'est que ce n'est pas une pratique courante. M peut arriver
des exceptions. C'est dans n'importe quelle profession. Je pense qu'il n'y a
personne qui ait une maison complètement nette. On essaie de la nettoyer
et de la maintenir le plus propre possible. Quand des cas semblables sont
portés à notre attention, à l'Ordre des dentistes, c'est
là que commence notre rôle de protecteur du public en faisant
enquête afin de voir s'il y a un dentiste, par rapport à d'autres,
dont la pratique est aberrante et on y apporte les correctifs voulus. C'est
bien sûr qu'il peut se passer des choses dont on n'a pas connaissance.
Mais je connais assez mes dentistes et je dis: mes dentistes pour
vous dire que la très grande majorité fait une pratique dentaire
très enviable par rapport à ce qui existe ailleurs et qu'ils font
également une pratique dentaire honnête.
M. Lavigne: Merci.
Le Président (M. Laplante): Une dernière petite
question.
M. Paquette: Une petite question complémentaire, M. le
Président. Etes-vous en mesure de dire
quelle proportion des cabinets privés de dentistes fait effectuer
les actes de prévention par des hygiénistes dentaires ou par des
assistants dentaires?
M. Gosselin (Charles): Je ne peux pas répondre à
cette question.
M. Paquette: Vous n'avez pas de statistiques à l'Ordre des
dentistes.
M. Gosselin (Charles): Non, je n'ai pas de statistiques
là-dessus, d'ailleurs, c'est une chose que notre étude nous
donnera.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, M. Ma-randa, Mme
Giguère, M. Marchand, M. Boucher, M. Lamarche, M. Poupart, M. Gosselin,
les membres de cette commission vous remercient de la participation que vous
avez bien voulu leur donner, et les travaux... Une minute.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais proposer, M. le Président, que
l'on annexe au journal des Débats le communiqué des Affaires
sociales qui a été émis aujourd'hui. Il en a
été question à plusieurs reprises.
M. Lazure: Ce n'est pas une pratique courante, M. le
Président. Ecoutez, s'il faut annexer les communiqués de
presse...
Mme Lavoie-Roux: On pourrait le faire, du consentement de tout le
monde.
Le Président (M. Laplante): C'est exactement ce que
j'allais proposer. Y a-t-il consentement à cet égard?
M. Lazure: II n'en est pas question. Non.
Le Président (M. Laplante): Non, d'accord. Maintenant, les
travaux de cette commission sont ajournés sine die.
Fin de la séance à 23 h 37