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Etude des projets de loi nos 117, 118 et 103
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires sociales est réunie pour
étudier les projets de loi 117, 118 et 103.
Sont membres de cette commission, M. Goldbloom (D'Arcy McGee) qui est
remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Gravel (Limoilou), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Lavigne
(Beauharnois), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Martel
(Richelieu), M. Paquette (Rosemont) remplacé par M. Alfred (Papineau);
M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw (Pointe-Claire).
Comme intervenants, les changements apportés sont: M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska) remplacé par M. Le Moignan (Gaspé) et M. Forget
(Saint-Laurent) remplacé par M. Goldbloom (D'Arcy McGee).
Comme rapporteur on pourrait proposer M. Gosselin. Toujours le
même? M. Gravel. Donc, M. Gravel (Limoilou).
Une Voix: Cela finit à midi.
Le Président (M. Jolivet): Oui. Nous terminons à
midi, ce matin, tel que prévu.
M. le ministre sur le projet de loi 117.
Projet de loi 117
M. Lazure: M. le Président, je n'ai pas de commentaires
particuliers. C'est un projet de loi qui devient nécessaire chaque
année pour permettre au gouvernement du Québec de fixer les
montants des allocations familiales fédérales dans le cadre d'une
loi québécoise, étant donné que les arrangements
entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec
permettent au gouvernement du Québec, comme aux autres gouvernements des
provinces, de moduler, à l'intérieur d'une masse globale d'argent
qui émane d'Ottawa, les allocations aux enfants selon le rang dans la
famille d'une part, et selon l'âge, d'autre part.
Suite à la décision du gouvernement fédéral
de réduire de 22% les allocations familiales, il nous fallait prendre
une décision, à savoir si nous allions maintenir ce qui avait
été développé depuis quelques années ici,
sous l'ancien gouvernement et sous le nôtre, une modulation favorisant
les familles nombreuses. C'est ce que nous avons décidé de faire;
nous maintenons la modulation en faveur des familles nombreuses,
c'est-à-dire qu'un peu plus de 22% de réduction affecte les
enfants de premier rang et de deuxième rang. Par ailleurs, une
réduction de moins de 22% touche les enfants de troisième rang et
plus.
Voilà essentiellement le but de ce projet de loi. Nous avons un
seul amendement à proposer, c'est à l'article 3. Puisque le
projet de loi fédéral a été adopté ce soir
ou sera sanctionné ce soir, nous proposons, à l'article 3, de
dire plutôt: "La présente loi entre en vigueur le jour de sa
sanction.
M. Forget: Adopté. M. Lazure: C'est tout.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Est-ce que
l'article 2 est adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Est-ce que
l'article 3 avec l'amendement est adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Le projet de loi
117 est adopté au complet. Le projet de loi 118. M. le ministre.
Projet de loi no 118
M. Lazure: Est-ce que vous avez copie de l'amendement?
Le projet de loi 118, qui modifie la Loi de l'aide sociale, vise
essentiellement à reformuler, de façon plus claire et plus
simple, les conditions d'admissibilité pour les
bénéficiaires de l'aide sociale. Cela vise aussi, je vous le
rappelle, à étendre de 30 à 60 jours, le délai
accordé au plaignant pour demander la révision d'une
décision. Troisièmement, cela permet aussi l'appel de la
décision du ministre concernant la permission de se pourvoir en
révision, à l'expiration du délai.
Enfin, il y a aussi deux points importants dans le projet de loi
nous en avons discuté lors du projet de loi en deuxième lecture
deux articles qui donnent un fondement légal à des
règlements qui existaient depuis quelques années.
Le premier règlement établissait un barème
inférieur pour les jeunes de 18 à 30 ans, barème qui est
actuellement de $92 par rapport à $250 pour un plus de 30 ans.
Le deuxième fondement légal est donné à un
règlement qui exclut les grévistes, comme n'étant pas
admissibles à l'aide sociale.
Nous nous sommes rendu compte, depuis quelques années, avec
certaines contestations en cour, que ces règlements n'avaient pas un
fondement légal aussi solide que souhaité. C'est ce que nous
faisons par cette loi, nous bonifions ce règlement, si vous voulez, nous
lui donnons une structure plus solide.
Nous avons un seul amendement à proposer ici aussi. Je pense que
ce serait peut-être mieux d'attendre lorsque nous arriverons à
l'article 7.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je me bornerai à
présenter quelques amendements à certains articles, mais je n'ai
pas l'intention de reprendre ici ce qui a été dit en
deuxième lecture. Je suggérerais qu'on passe à
l'étude article par article.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je pense qu'on a dit le fond de l'objectif que
poursuivait notre formation, je n'ai rien à ajouter à cela.
Le Président (M. Jolivet): L'article 1. M. le
ministre.
M. Lazure: Pas de commentaires particuliers. M. Forget:
Pas de commentaires.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Assez adulte, pouvez-vous m'expliquer "adulte"?
Pourquoi choisissez-vous "adulte" plutôt que "chef de famille"?
M. Lazure: C'est une notion qui, au plan sociologique, semble
plus acceptable; elle n'a pas la connotation traditionnelle de "chef de
famille", la connotation un peu sexiste, un peu trop favorable à l'homme
plutôt qu'à la femme. C'est une expression qui est plus neutre, si
vous voulez. On ne l'a pas inventée. J'imagine que le Conseil du statut
de la femme se fait un peu le promoteur de cette nouvelle expression, mais on
la retrouve dans d'autres projets de loi récents.
M. Grenier: D'accord.
M. Forget: Est-ce que le ministre me permettrait une question? La
Commission des droits de la personne a dit récemment je ne me
souviens plus si je l'ai vu dans son dernier rapport annuel ou ailleurs
qu'elle avait préparé, tel que son mandat l'oblige à le
faire, une analyse des lois des affaires sociales. Elle doit ainsi passer en
revue l'ensemble des statuts, des lois du Québec. Elle a commencé
par les lois du ministère des Affaires sociales, pour y découvrir
tous les accrocs possibles au concept des droits fondamentaux et des
libertés fondamentales. Le ministre a-t-il reçu ce rapport?
J'imagine que, dans ce rapport, il y a un chapitre sur l'aide sociale.
L'amendement qui nous est soumis reflète-t-il les recommandations de la
commission?
M. Lazure: M. le Président, non. Je viens de
vérifier auprès de Me Boudreault et on n'a pas reçu le
rapport. Je sais qu'il s'en vient, mais on ne l'a pas encore reçu. Quant
à cette expression, je sais qu'elle est bien acceptable auprès du
Conseil du statut, et on s'attend de le recevoir bientôt.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: ... adulte en le comparant à chef de famille. Le
"chef de famille" implique une personne responsable dans une famille. "Adulte"
peut représenter trois, quatre ou même cinq personnes dans la
même famille. Cela enlève totalement l'effet de cet article du
projet de loi. Pourquoi? Parce qu'on a au moins besoin de valoriser le
système familial.
M. Lazure: M. le Président, je vais illustrer par un
exemple. Cela nous paraît plus équitable pour les deux, pour la
femme et pour l'homme, d'avoir une expression neutre comme celle-là.
Depuis quelque temps aussi, on a changé notre procédure. Les
chèques ne vont pas au chef de famille seulement. Quand il y a deux
adultes responsables, deux parents, quant à nous, c'est aux deux parents
à s'entendre pour désigner lequel va toucher le chèque, le
père ou la mère, lequel des deux adultes responsables.
D'habitude, il y en a deux. Vous dites qu'il peut y en avoir beaucoup. Je ne
pense pas que ce soit plus de deux, d'habitude.
M. Lavigne: Les communes.
M. Shaw: Pas seulement les communes...
M. Lazure: Dans certaines communes de Pointe-Claire
peut-être!
M. Shaw: On a des familles dans lesquelles vous avez des adultes
qui sont les enfants d'une famille. "Adulte'' représente quelqu'un qui a
plus de 18 ans.
M. Lazure: Oui, mais on dit bien "adulte", une personne seule, ou
dans le cas d'une famille, le ou les membres de cette famille autre qu'un
enfant à charge. On exclut les enfants à charge.
M. Shaw: Mais si vous...
M. Lazure: Je comprends qu'il peut y avoir des adultes de plus de
18 ans qui sont encore dans la famille.
M. Shaw: C'est pour cette raison que c'est tout
mélangé. Vous dites que vous voulez envoyer un chèque
à une famille. A qui allez-vous envoyer ce chèque? Normalement,
c'est au chef de famille. On dit que le chef de famille peut être un
homme ou...
M. Lazure: Oui, mais d'un autre côté, s'il s'agit
d'adulte, l'enfant de 19 ans va recevoir son chèque directement. C'est
un adulte. Comprenez-vous?
M. Shaw: Peut-être qu'il n'aura pas de chèque.
M. Lazure: Ce que je veux dire, c'est que le cas que vous
soulevez est hypothétique, parce
qu'il s'agit de plus d'un adulte faisant partie de la famille, habitant
avec les parents, ces adultes recevront leur chèque directement à
leur nom, tandis que s'il s'agit...
M. Shaw: Oui, mais c'est séparément du montant qui
va être envoyé à une famille, une famille qui implique les
conjoints et les enfants. Alors, ce chèque va être envoyé,
soit à la mère ou au père, mais on doit démontrer
que quelqu'un est le chef de famille ou est responsable de la famille,
même que le mot "chef" est sexiste. Vous dites "sexiste ", mais je ne le
vois pas.
M. Lazure: On leur demande de nous désigner à qui
ils veulent qu'on adresse le chèque. M. Roy, responsable de l'aide
sociale, peut vous donner des explications additionnelles.
Actuellement, le texte de loi nous oblige à verser de
façon quasi automatique le chèque à l'homme.
Dorénavant, nous allons laisser le choix au père ou à la
mère de s'entendre entre eux pour désigner le
bénéficiaire du chèque. Maintenant, votre exemple, s'il y
a un enfant de 19 ans, s'il n'est pas aux études, il est
considéré comme une personne seule et il a droit à son
chèque à lui.
M. Shaw: Je le sais mais dans l'article 1, on parle des mots
descriptifs. On parle ici d'adultes, nous avons changé "adulte" pour
"chef de famille" qui a une raison d'être. Vous êtes en train de
substituer un mot important, parce que "chef de famille" est totalement
différent d'"adulte". "Chef de famille" implique une personne dans une
famille alors qu'"adulte" en implique peut-être deux ou plus.
M. Lazure: M. le Président, si les deux adultes qui sont
les parents s'entendent pour décider que le chef, si on veut conserver
son nom pourtant, vous ne faites plus partie de l'UN est le
père pour les besoins du chèque, ce sera le père et on va
libeller le chèque au nom du père. S'ils décident que
c'est la mère, ce sera la mère. S'ils décident que ce sont
les deux conjointement, ce sera les deux conjointement. Il n'y a vraiment pas
de quoi fouetter un chat!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Seulement une précision
supplémentaire, je pense que cette disposition est à l'effet de
permettre dorénavant à la mère aussi de se
prévaloir de la possibilité d'encaisser son chèque, de
négocier avec son mari. On sait que dans certaines familles, il pouvait
arriver que le mari reçoive le chèque et prenne une brosse et il
ne restait plus d'argent pour la famille. Ce sont des cas isolés mais il
y avait quand même des malaises qui pouvaient survenir par le fait que
seul le mari, habituellement, était récipiendaire du
chèque.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Forget: Je suis tout à fait d'accord avec la
possibilité de verser le chèque à l'épouse
plutôt qu'à l'époux, selon les circonstances. Il y a une
autre implication possible des définitions que j'aimerais
éclaircir. Dans l'ancienne définition, il était possible
que la situation suivante soit couverte par la définition de famille,
c'est-à-dire une veuve avec deux enfants, un de 16 ans et l'autre de 19
ans, celui de 19 ans travaillant et subvenant habituellement aux besoins de
cette famille. Si je comprends bien, en vertu de l'ancienne définition,
cela était traité comme une famille. Je ne sais pas à qui
le chèque était payé mais peu importe, j'imagine que
c'était un chèque global à la famille. Avec la nouvelle
définition, l'enfant de 19 ans qui travaille n'est plus
considéré comme membre de la famille. Il est
considéré comme un adulte indépendant. J'aimerais savoir
si, étant donné les tarifs en vigueur je devrais savoir
cela de mémoire mais je dois avouer que ma mémoire me fait
défaut là-dessus s'il y a un changement dans le montant
auquel les trois personnes en question ont droit en vertu des changements dans
la définition.
M. Lazure: Je vais demander à M. Roy.
A ma connaissance, une telle disposition n'a jamais été
appliquée à l'aide sociale. Prenez la mère avec un enfant
de quatorze ans, par exemple, et un autre de 19 ans qui travaille. La
mère, avec son enfant, a toujours été jugée
admissible à l'aide sociale comme famille d'un adulte, un enfant et, en
aucun cas, on n'a considéré cette mère et cet enfant
à la charge de celui de 19 ans qui pouvait travailler.
M. Forget: C'est curieux, parce que la définition
suggérerait que la pratique était le contraire. C'était
illégal de les considérer comme indépendants.
M. Lazure: C'est possible, mais cela n'a jamais été
interprété de cette façon en termes de travail dans le
réseau de l'aide sociale.
M. Forget: Admettons que cela se soit toujours fait comme cela
illégalement et que, maintenant, cela sera fait légalement.
Effectivement, y a-t-il une différence dans le montant auquel les trois
personnes ont droit selon l'une ou l'autre de ces interprétations? Par
exemple, une femme avec un enfant de seize ans a droit à combien? Un
adulte avec un enfant?
M. Lazure: Nous supposons que celui de 19 ans ne travaille
pas?
M. Forget: Non. Toujours que l'enfant de 19 ans travaille.
M. Lazure: La mère et son jeune de 14 ans auraient un
montant de $357 par mois actuellement pour les besoins ordinaires.
M. Forget: Un jeune qui vit chez sa mère et qui travaille,
cependant, a droit à combien?
M. Lazure: S'il travaille, il n'a droit à rien.
M. Forget: D'accord. Il faut qu'il soit chômeur. Ce que je
veux dire, je pense que cela se devine, c'est qu'il ne soit pas à temps
plein dans une institution d'enseignement. Il est admissible à l'aide
sociale. (10 h 30)
M. Lazure: A ce moment, il peut être admissible à
$253 par mois à titre de personne seule, s'il est inapte au travail, ou
$92 par mois s'il est déclaré apte au travail.
M. Forget: C'est $92 ou $253, et, dans le cas où il
reçoit le chèque directement, il est considéré en
chambre et pension chez un membre de sa famille, il reçoit combien?
M. Lazure: Encore là, c'est $92, s'il est apte au travail
ou $253, moins $85, s'il est inapte au travail.
M. Forget: Je vois. Et une famille de deux adultes et un enfant
reçoit combien?
M. Lazure: C'est $147 par mois.
M. Forget: $147. Il y a clairement avantage à les
considérer comme des groupes indépendants, comme ne constituant
pas une famille. Il y a un avantage pour eux.
M. Lazure: C'est à l'avantage de la famille. M. Forget:
Oui.
M. Grenier: Le désavantage, je pense, c'est que
l'unité familiale y perd là-dedans.
M. Lazure: Pas vraiment.
M. Grenier: C'est-à-dire que vous allez me répondre
que, quand on donne le droit de vote à un jeune de 18 ans, tout doit
s'ensuivre. Il doit avoir droit à son chèque, il doit avoir droit
d'entrer dans les banques et tout ce que vous voudrez, mais, à partir de
là, le fait de ce changement va certainement donner plus
d'indépendance au jeune qui est sous le toit familial, jusqu'à ce
qu'il ait le droit d'épuiser son temps.
M. Lazure: Je pense que vous opposez deux concepts qui ne sont
pas nécessairement contradictoires. L'indépendance d'un adulte
dans une famille ne va pas nécessairement à l'encontre de
l'unité de la famille.
M. Grenier: Est-ce que le jeune qui avait 18 ans et qui vivait en
dehors de sa famille recevait son chèque sur demande? Est-ce qu'il
l'avait à son nom ou s'il était considéré comme
faisant partie de la famille? Est-ce qu'il venait récupérer son
chèque dans sa famille quand il vivait en dehors? Qu'est-ce qui se
produit dans ces cas-là?
M. Lazure: Tout enfant ou tout jeune de plus de 18 ans qui n'est
pas aux études est traité comme une personne seule et son
chèque lui est transmis à l'endroit de sa résidence. Il
n'a pas à se présenter dans sa famille pour
récupérer son chèque d'aide sociale. C'est une personne
seule et autonome pour nous.
M. Grenier: II est considéré comme seul dès
qu'il a atteint l'âge de 18 ans.
M. Lazure: Sauf s'il est aux études, bien entendu.
M. Grenier: D'accord.
M. Shaw: Un dernier mot sur le terme "adulte" au lieu d'un autre
mot. Maintenant, la responsabilité de déterminer qui est vraiment
le responsable dans une famille appartient aux familles et c'est une faiblesse.
Parce qu'on voit souvent que, dans une famille, le père de famille est
à la maison deux ou trois jours par mois. Il reçoit les
bénéfices. Vous savez bien, comme le curé le sait bien,
comme tout le monde le sait bien, qu'on enlève la responsabilité
au ministère des Affaires sociales de déterminer qui est
véritablement le responsable dans une famille.
M. Lazure: Justement, M. le Président, on laisse aux deux
adultes, on laisse aux deux parents le soin de le décider entre eux.
M. Shaw: Mais est-ce qu'ils sont capables de faire cela?
M. Lazure: On pense que oui.
M. Shaw: Pourquoi reçoivent-ils des allocations du
bien-être social?
M. Lazure: Oh! Ecoutez un peu!
M. Shaw: C'est une des raisons pour lesquelles ils sont...
M. Lazure: Le fait de recevoir de l'aide sociale ne dit pas que
la personne est interdite à cause d'incapacité mentale ou
autre.
M. Shaw: Je n'ai jamais dit cela. Mais pourquoi avons-nous besoin
de donner une subvention, sans avoir le contrôle sur celui qui
reçoit ces bénéfices. Il est responsable. Si on fait la
comparaison avec l'ancienne description qui était véritablement
une description du responsable, celui qui est habituellement le "provider" de
la famille. C'est différent, le mot adulte n'est pas seulement non
sexiste, mais il est non descriptif. Je crois qu'on a fait un changement de nom
pour éviter des responsabilités. Si on dit, chef de famille, je
crois que c'est au ministère de déterminer qui est vraiment
responsable. C'est pour cette raison que la description est dans les
définitions.
M. Lazure: M. le Président, souvent, le
député de Pointe-Claire accuse le gouvernement d'être
trop centralisateur, de se substituer aux individus, aux entreprises.
C'est un bel exemple de contradiction, parce que vous nous demandez, au
gouvernement, de décider qui va être le chef de famille, le vrai
"provider", celui qui pourvoit aux besoins. C'est au couple à
déterminer ça, ce n'est pas au gouvernement.
M. Shaw: Vous n'avez jamais vu des situations comme celles que je
viens de décrire, où le père de famille vient à la
maison deux ou trois jours par mois pour venir chercher les chèques.
Cela n'arrive jamais.
M. Forget: On ne pourrait pas nous donner une indication de ce
qui va arriver s'il y a une plainte qui est faite à l'aide sociale, par
l'épouse, par exemple, abandonnée. Est-ce qu'il n'y a pas un
pouvoir du ministre, administrativement, d'envoyer le chèque à
l'épouse?
M. Lazure: II existe déjà un pouvoir, je ne sais
pas si c'est dans la loi ou dans la réglementation, qui permet au
ministre, à la suite d'une plainte d'un des deux conjoints, de
désigner un nouveau bénéficiaire au chèque.
M. Shaw: Mais vous avez un moyen de changer ça...
M. Lazure: Sur plainte seulement.
M. Shaw: Alors pourquoi... Sur plainte seulement, ce n'est pas le
travailleur social qui peut décider.
M. Grenier: Sur recommandation d'un travailleur social, s'il n'y
a pas entente, ce qui doit être plus fréquent, entre les deux
parents. Le ministre a quand même autorité, sur recommandation, de
déterminer qui des deux est le bénéficiaire.
M. Lazure: Oui, oui.
M. Shaw: Mais là, vous n'envoyez pas le chèque
à un adulte dans la famille, vous envoyez le chèque à
quelqu'un qui doit être décrit comme chef de famille. C'est pour
cette raison qu'on a une définition dans la loi.
M. Gosselin: M. le député de Pointe-Claire,
traditionnellement le chef de famille est l'homme?
M. Shaw: Pourquoi?
M. Gosselin: C'est-à-dire que dans...
M. Shaw: Non. Voilà du sexisme.
M. Gosselin: Ce que je veux dire, c'est que traditionnellement,
dans l'émission des chèques, au Québec, pour l'aide
sociale, quand on a un couple qui vit ensemble, habituellement, le
chèque est adressé à l'homme. C'est ce que je veux dire.
Actuellement, avec les nouvelles dispositions de la loi, le chèque
pourrait être fait à la femme, ou pourrait être fait
conjointement.
M. Shaw: Mais on sait fort bien que 50% de ceux qui
reçoivent des chèques maintenant sont des familles
monoparentales. C'est vrai ou non?
M. Lazure: Bien oui.
M. Alfred: M. le Président, une seule phrase.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Pointe-Claire n'a pas terminé, je pense.
M. Shaw: Je veux seulement dire que l'expression "chef de
famille" est maintenant à 50% au féminin. "Head of family", en
anglais, c'est facile.
M. Gosselin: Mais dans le cas des couples qui vivent
ensemble.
M. Shaw: C'est seulement la moitié maintenant. C'est rendu
pire que cela.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, j'aimerais mettre les membres
de la commission en garde, parce que le député de Pointe-Claire
veut nous faire dire des choses que nous ne voulons pas dire. Il traduit nos
phrases en anglais et la traduction est une trahison pour nous. Parfois, il
nous fait dire des choses que nous ne voulons pas dire.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a autre chose
à ajouter à l'article 1 ou si on peut le considérer comme
étant adopté?
M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: J'aurais une petite question, M. le
Président. Vous allez peut-être me dire que cela revient à
l'article 6 ou 7. Mais ce qui me tracasse, dans le dernier paragraphe, c'est
qu'on parle d'enfants de moins de 18 ans. Si c'est un enfant qui
fréquente une institution d'enseignement et qu'il a 18 ans en
décembre, normalement, il serait éligible, s'il a 18 ans,
à des allocations familiales. S'il a 18 ans le 1er décembre ou le
1er janvier?
M. Lazure: Quelle est la question exactement?
M. Le Moignan: Un enfant, membre d'une famille, qui
fréquente la polyvalente. Il a eu 18 ans le 1er décembre.
M. Lazure: Oui.
M. Le Moignan: Maintenant, le père est gréviste,
donc, il ne retire pas d'aide sociale. La famille est dans un très grand
besoin. Cet enfant, du fait qu'il fréquente la polyvalente, qu'il doit
se déplacer, à quel titre est-il considéré en
fonction
de ce que vous dites ici, au troisième paragraphe de l'article
1?
M. Lazure: II est à charge.
M. Le Moignan: II est à charge. Mais comme la famille est
débordée, avec $34 par semaine, avec quatre ou cinq enfants, il
est à la charge de qui? De l'Etat ou de la famille?
M. Lazure: De la famille.
M. Le Moignan: Si la famille ne peut pas normalement le garder
à l'école, puisqu'il doit se déplacer pour aller à
une polyvalente tous les jours, payer son repas, etc.?
M. Lazure: Vous touchez vraiment l'article de tantôt.
M. Le Moignan: C'est que j'ai pris mes précautions. Est-ce
que cela revient plus tard dans un autre article?
M. Lazure: Oui.
Le Président (M. Jolivet): L'article 1 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
M. Shaw: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): L'article 1 est adopté
sur division. Article 2. M. le ministre.
M. Lazure: Je n'ai pas de commentaire particulier.
M. Forget: J'aurais une motion d'amendement à faire pour
solutionner le problème qui vient d'être soulevé par le
député de Gaspé. Le problème est celui que j'ai
soumis à l'attention du ministre lors de la deuxième lecture.
C'est le problème de l'enfant de plus de 18 ans, qui n'est pas sur le
marché du travail, qui ne travaille pas, qui est aux études, mais
qui n'est pas encore parvenu au niveau collégial. Il n'est donc pas
admissible au régime des prêts et bourses. Si on laisse le texte
comme cela, il se trouve dans une position où il n'y a aucun programme
public qui peut lui venir en aide sur le plan financier, à moins qu'il
soit à la charge d'une famille et que la famille soit elle-même
admissible à l'aide sociale, mais le député de
Gaspé vient de souligner qu'effectivement ce n'était pas toujours
le cas. Si c'est un enfant seul, par contre, un orphelin, etc., le
problème demeure entier. Il me semble qu'il devrait y avoir un
adoucissement dans l'article 6. Je comprends que l'objectif de l'article 6 est
d'éviter qu'un enfant de plus de 18 ans qui est au niveau
collégial ou universitaire puisse être admissible à la fois
aux prêts et bourses et à l'aide sociale. Je pense que c'est tout
à fait légitime d'empêcher ce double emploi.
Il y a un petit nombre d'enfants, enfin ce ne sont plus des enfants, de
jeunes adultes qui, pour toutes sortes de raisons, soit parce qu'ils ont eu des
problèmes d'apprentissage à l'école, qu'ils ont
redoublé un certain nombre d'années, arrivent à 18 ans et
n'ont pas encore fini leur secondaire. Ou bien ont été
hospitalisés; ils ont eu un accident d'automobile très grave, et
peut-être que leurs parents sont morts à cette occasion, qu'ils
ont été hospitalisés pendant un an et demi, qu'ils ont
perdu un an et demi, deux ans de classe, et ils arrivent à 18 ans et
n'ont pas fini leur secondaire.
Si on met cela ainsi, l'article 6, on n'aura aucune solution à
leur offrir. Il semble qu'il faudrait faire un amendement. C'est pour cela
qu'on en a formulé un. Je pense qu'il tient compte de cette
préoccupation adéquatement. Il ne faut pas se battre sur les
mots. Si les conseillers juridiques y décelaient une faille quelconque,
on serait fort heureux de le modifier en conséquence. Cela se lit comme
suit, "Que le paragraphe 6 de l'article 2 soit modifié en ajoutant dans
les deuxième et troisième ligne après le mot
"fréquente" les mots de jour"; et en ajoutant dans les deuxième
et troisième lignes après les mots "enseignement", les mots
"collégial et universitaire".
Il y a un deuxième problème là-dedans qu on essaie
de résoudre. Je vais vous l'expliquer tout à l'heure.
Le paragraphe amendé se lirait comme suit: "6. L'aide sociale ne
peut être accordée à une personne seule qui
fréquente de jour une institution d'enseignement collégial ou
universitaire ou à une famille dont un adulte fréquente de jour
une institution d'enseignement collégial ou universitaire, sauf lorsque
cette aide est nécessaire pour éviter que cette personne seule ou
cette famille ne se trouve dans une situation qui constitue un danger pour la
santé ou risque de la conduire au dénuement total".
Il y a un premier aspect, qui est une personne seule qui
fréquente de jour une institution d'enseignement collégial ou
universitaire. C est pour exclure, bien sûr, ceux qui sont admissibles
aux prêts et bourses mais permettre de rendre admissibles à l'aide
sociale ceux qui fréquentent une école secondaire.
Pour ce qui est des mots "de jour" qui reviennent là-dedans,
c'est pour permettre d'accomoder des personnes qui sont des adultes qui
fréquentent des cours du soir. Souvent, pour ces adultes, c'est la seule
forme qui soit véritablement acceptable. Ils sont un peu
embêtés daller dans des écoles, des institutions
d'enseignement a d'autres moments que ceux-là à cause de la
disparité des âges, à cause peut-être de certaines
activités qu'ils peuvent avoir le jour. Il peut s agir de personnes
handicapées qui sont dans un programme de réadaptation physique
ou autre qui leur interdit la fréquentation de jour. (10 h 45)
Donc, on va avoir des gens qui sont dans des cours du soir, des adultes
qui sont dans des cours
du soir. Je pense que les statistiques sur l'obtention des prêts
et bourses pour les adultes à des cours du soir, cela ne doit pas
être trop impressionnant. Cela doit être assez difficile. Cela ne
vise peut-être pas beaucoup de gens, mais j'ai l'impression qu'il peut y
avoir des cas très difficiles, très embarrassants. Il ne faudrait
peut-être pas refermer la porte aussi juste que cela. Cela se justifie
sans autre discours. Il me semble que c'est un adoucissement à la
règle que le ministre propose.
Le Président (M. Jolivet): Pour les besoins de la cause,
j'accepte l'amendement comme étant recevable.
M. Lazure: M. le Président, je pense que c'est une bonne
suggestion. Les cas qui seraient couverts par cet amendement sont plutôt
rares, mais il y en a sûrement. Souvent, effectivement, cela pourrait
toucher des personnes handicapées, dans le sens large du terme, que ce
soit physiquement ou mentalement. Il faut dire qu'elles pourront
dorénavant être aidées par l'Office des personnes
handicapées qui a le pouvoir, de par la loi, non seulement d'offrir des
plans de service, mais d'offrir une aide financière. Quoi qu'il en soit,
je suis favorable à cet amendement. Cela l'améliore.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: II ne faudrait pas oublier d'ajouter aussi ceux qui
sont aux cours du soir... Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'ajouter aussi
à cet amendement ou d'insérer à cet amendement que ceux
qui fréquentent les cours du soir et qui sont inscrits à plus de
trois cours deviennent des étudiants à temps plein?
M. Lazure: On peut poser la question au proposeur.
M. Forget: Excusez-moi.
Le Président (M. Jolivet): On posait la question à
savoir si on ne devrait pas ajouter les gens qui suivent des cours du soir,
compte tenu que, quand ils suivent plus de trois cours, ils sont
considérés comme étudiants à temps plein.
M. Forget: C'est implicitement inclus, parce qu'on dit: "ne
peuvent recevoir l'aide sociale ceux qui à moins que je comprenne
mal la question sont au collège ou à l'université
de jour". Ce qui veut dire que peuvent recevoir l'aide sociale ceux qui ne sont
pas au collège et à l'université, mais qui sont des
étudiants à temps plein, donc ceux qui sont au niveau secondaire
je pense qu'il n'y a pas d'autres possibilités et ceux qui
sont des étudiants le soir.
M. Grenier: A temps plein?
M. Forget: Oui. S'ils sont étudiants le soir à
temps partiel, de toute façon, l'exclusion ne s'applique pas, parce
qu'on dit que ce sont ceux qui sont des étudiants à temps plein
qui ne peuvent pas recevoir l'aide sociale. S'ils ne sont pas des
étudiants à temps plein, ils peuvent recevoir l'aide sociale.
S'ils sont des étudiants à temps plein le soir, alors l'exclusion
ne s'applique pas non plus.
M. Grenier: Oui, c'est d'accord.
M. Forget: Je pense que cela tient compte de votre objection.
M. Lazure: S'ils ne sont pas admissibles aux prêts et
bourses, ils tomberaient dans cela, ils seraient couverts par cela, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions sur
l'amendement? L'amendement est adopté. Y a-t-il des questions sur
l'article 2 de la part du député de Mégantic-Compton? On
était rendu au député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Non, cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: J'ai un amendement qui est très important, je
crois. J'appuie la motion d'amendement du député de
Saint-Laurent, mais je crois que la base de ce projet de loi et même le
projet de loi sur l'aide sociale au complet retombe sur l'article 6. C'est
l'obligation du gouvernement et c'est clair et net. Je ne vois pas pourquoi on
enlève cet alinéa. L'alinéa dit: L'aide sociale comble les
besoins ordinaires et spéciaux d'une famille ou personne seule qui est
privée de moyens de subsistance. Cela est la base du projet de loi. Si
on l'enlève, on enlève l'obligation du gouvernement d'agir dans
les cas spéciaux. A mon avis, on a besoin de garder cet alinéa et
le faire suivre des autres alinéas du même article. Je propose
comme amendement qu'on garde l'ancien alinéa 1 qui était: L'aide
sociale comble, etc., et le faire suivre des nouveaux articles 2, 3 et 4.
Est-ce que le ministre peut m'indiquer pourquoi vous avez besoin d'enlever cet
article, comme principe?
M. Lazure: La forme de l'aide est déjà
prévue dans les articles 2 à 5 de la loi existante voulant que
les besoins sont...
M. Shaw: Cela est la forme de l'aide mais ce n'est pas
l'obligation de l'aide. Cela est totalement différent. Cela est une
obligation de l'Etat envers l'individu.
M. Lazure: II me semble bien clair par l'article 6 actuel que
l'aide sociale continue à couvrir les besoins ordinaires et
spéciaux.
M. Shaw: Oui, mais cela n'est pas dans la loi. La loi indique ici
que si vous pouvez démontrer comme individu que vous avez un besoin
spécial, le gouvernement doit agir, mais si on enlève cet
article, on enlève cette obligation du gouvernement. C'est à la
base de ce projet de loi. Cela est un gouvernement qui prétend avoir une
conscience sociale et si on enlève cela, on enlève l'obligation
d'agir du gouvernement. Cela est une vérité. Cela ne change pas
beaucoup le sens du projet de loi et cela garde un principe, parce qu'avec cet
alinéa, les cas dans lesquels il y a des circonstances
différentes qui ne sont pas incluses dans les autres règlements
peuvent être au moins pris en considération.
M. Lazure: M. le Président, l'article 3 actuel n'est pas
supprimé. Il va demeurer dans I'aide sociale et il dit: L'aide est
accordée sur la base du déficit qui existe entre les besoins
d'une famille ou d'une personne seule et les revenus dont elle dispose.
M. Shaw: Je ne vous comprends pas avec votre main sur le...
Est-ce que vous pouvez...
M. Lazure: D'accord. L'aide sociale est accordée sur la
base du déficit qui existe entre les besoins d'une famille ou d'une
personne seule et les revenus dont elle dispose. C'est ce principe qui
établit le droit à l'aide sociale. L'aide est accordée et
le ministre est obligé de l'accorder; ce n'est pas une discrétion
administrative.
M. Shaw: Mais pourquoi enlevez-vous ce premier alinéa?
M. Lazure: On ne change pas l'article 3 de la Loi de l'aide
sociale qui demeure tel quel.
M. Shaw: Est-ce que vous en avez une copie? M. Lazure:
Malheureusement non. L'article 3?
M. Shaw: Non, l'article que vous venez de citer.
M. Lazure: C'est l'article 3 de la Loi de l'aide sociale.
M. Shaw: Mais "est accordé" "shall be" cela
est un gros mot en anglais. Je ne sais pas si c'est différent en
français: L'aide sociale est accordée sur la base. Il n'y a pas d
obligation.
M. Lazure: Dans la version française: L'aide sociale est
accordée, c'est vraiment impératif. Le ministre n'a aucune
discrétion. C'est aussi fort que "shall be".
M. Shaw: "Shall be" n'est pas fort. "Must be", cela est
différent.
M. Lazure: "Shall be" est assez fort.
M. Shaw: Mon conseiller juridique m'a avisé que
l'obligation de donner des prestations dans les cas d'urgence est
impliquée dans le premier alinéa de l'article 6 de la loi
actuelle: "L'aide sociale comble les besoins..."
M. Lazure: Ce n'est certainement pas notre intention d'enlever
cette obligation, cette règle et, sans se chicaner sur les mots, ce
n'est pas mon conseiller, ce sont mes conseillers juridiques qui nous affirment
que c'est maintenu. La règle est maintenue. On ne laisse pas tomber
cette règle.
M. Forget: II faut dire que, sans vouloir faire de la
technicité juridique, on pourrait plaider la cause du
député de Pointe-Claire un peu malgré tout. Il reste que
l'article 3 donne un aperçu des critères qui seront
utilisés pour déterminer le montant de l'aide.
Tous les articles que l'on substitue aux articles 6 à 12 sont
formulés de façon dans le fond, assez restrictive. Ce sont des
façons de restreindre la portée de l'obligation
générale, mais l'article 6, tel qu'il existait
antérieurement, était quand même impératif. Il avait
un principe général: "L'aide sociale comble les besoins
ordinaires et spéciaux d'une famille ou personne seule qui est
privée de moyens de subsistance."
Il y avait là un principe qui est perdu. On pourra dire: Quelle
est l'implication pratique de cela? Il est peut-être difficile pour nous
de l'envisager. Il faudrait peut-être, évidemment, être en
face d'une décision d'un tribunal pour vraiment en saisir l'implication.
Il y a quand même quelque chose dans cet article 6 qui
disparaît.
Je ne suis pas persuadé que cela soit contenu dans l'article 3
parce que les deux articles coexistaient avant et ils vont cesser de coexister.
Il y avait quelque chose. Il y avait un sens dans cet article 6. Je suis
sûr qu'il n'était pas vide de sens. Peut-être qu'une
recherche nous permettrait de voir dans les décisions de la Commission
des affaires sociales quel sens on lui a donné, mais c'était
l'article le plus impératif et le plus généreux, dans le
fond, de la loi. C'était cela. C'était l'ordre donné par
le législateur à l'administration de l'aide sociale de faire
quelque chose lorsqu'il y avait un déficit dans les moyens de
subsistance.
Je ne sais pas. Notre conseiller juridique nous a aussi alertés
de cette disparition. Maintenant, personne n'est capable de mettre exactement
le doigt sur la conséquence, mais on est un peu mal à l'aise de
le voir disparaître. Comme il n'y avait pas plus d'argumentation que
cela, je l'aurais laissé passer, mais comme le député de
Pointe-Claire l'a mentionné, je crois qu'il faut le souligner aussi.
M. Lazure: Encore une fois, ce n'est pas dans l'esprit de ce
projet de loi, de ces modifications, de changer les règles du jeu.
M. Shaw: ... de garder le...
M. Lazure: Si vous permettez... On nous a dit que cela
n'était pas nécessaire de le garder
comme cela, que l'article 3 qui est maintenu, qui a été lu
tantôt: "L'aide sociale est accordée sur la base du déficit
qui existe entre les besoins d'une famille ou d'une personne et les revenus,
etc.." était suffisant.
Il n'y a peut-être pas d'inconvénient non plus, même
si c'est répétitif, à garder cet énoncé. Au
fond, c'est un énoncé de principe en même temps qu'une
obligation plus formelle.
M. Boudreault.
On considère le concept reproduit à l'article 6 comme
étant contenu dans l'article 3, dans la formulation de l'article 3 et,
comme tel, inutile à retenir.
M. Shaw: On a l'évidence maintenant que les conseillers
juridiques du Parti libéral et mes conseillers juridiques, qui sont
beaucoup impliqués dans l'aide sociale, ont pris connaissance de ce
changement. Alos, s'il y a ce point de vue, le gouvernement n'est-il pas
prêt à garder une phrase d'une vingtaine de mots qui va nous
rassurer qu'on enlève pas le principe du projet de loi. (11 heures)
M. Lazure: Pour essayer d'arriver à une entente
là-dessus. Encore une fois, il n'y a pas de motif mystérieux.
C'était simplement au plan technique. On disait que c'était
superflu, que ce n'était pas nécessaire. On va vérifier
s'il y a inconvénient, il n'y a probablement pas d'inconvénient
à laisser, même si c'est déjà couvert par l'article
3 de la loi actuelle, je ne vois pas d'inconvénient, personnellement,
à laisser le libellé de l'article 6.
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Pour les besoins de la cause,
à ce moment, est-ce qu'on accepterait que le ministre revienne au moment
de la troisième lecture avec un amendement sur la question, si c'est
nécessaire?
M. Forget: Comme le libellé est déjà connu,
on peut peut-être l'insérer à la place et
renuméroter tout de suite.
M. Lazure: Le libellé de la loi actuelle.
Le Président (M. Jolivet): Donc, on pourrait le faire
immédiatement en disant que le libellé actuel de l'article 6, qui
se lit, dans la loi actuelle: L'aide sociale comble les besoins ordinaires et
spéciaux d'une famille ou personne seule qui est privée d'un
moyen de subsistance". Il reviendrait dans le texte du projet de loi no 118
comme étant l'alinéa 6a.
M. Forget: Non, il ne serait pas nécessaire de le faire
comme cela, M. le Président. Il s'agirait de dire qu'on ne remplace pas
l'article 6. Au lieu que l'article 2 se lise: Les articles 6 à de ladite
loi sont remplacés par les suivants, il faut dire: Les articles 7
à 11 de ladite loi sont remplacés par les suivants.
Le Président (M. Jolivet): Cela prendrait une nouvelle
numérotation des articles.
M. Forget: C'est cela: 6 deviendrait 7 et 7 deviendrait 8.
M. Lazure: C'est-à-dire qu'il faut quand même
laisser ce sur quoi on s'est entendu tantôt, la modification à 6:
L'aide sociale ne peut être accordée à une personne...
Le Président (M. Jolivet): Cela deviendrait 7. M.
Lazure: C'est cela.
M. Forget: Cela deviendrait 7. Ils seraient tous
décalés d'un rang.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement, si on l'accepte,
serait le suivant: A l'article 2, on lirait ce qui suit: Les articles 7
à 11 de ladite loi sont remplacés par les suivants et les
numéros 6, 7, 8, 9, 10 redeviendraient 7, 8, 9, 10, et 11. Cela va?
On avait 6 à 11. Le 11 est disparu, puisqu'il n'est pas
là. On reviendrait donc à l'ancienne numérotation. Les
articles 7 à 11 sont remplacés par les suivants et là, la
renumérotation se ferait en conséquence.
M. Shaw: C'est cela.
Le Président (M. Jolivet): Cela va?
M. Lazure: Avez-vous une remarque à ajouter?
Le Président (M. Jolivet): Cela va?
M. Lazure: II semble que oui, dans la mécanique...
Le Président (M. Jolivet): L'amendement du
député de Pointe-Claire par le fait même, tel que
présenté, serait donc je le relis pour les besoins
: L'article 2 se lirait maintenant comme suit: Les articles 7 à 11 de
ladite loi sont remplacés par les suivants: et, avec la
renumérotation des articles qu'on a dans notre projet de loi, 6
deviendrait 7; 7 deviendrait 8; 8 deviendrait 9; 9 deviendrait 10; et 10
deviendrait 11. Cela va?
Sur l'article 7 qui est maintenant 8, M. le ministre avait un
amendement.
M. Lazure: Oui, l'amendement a été
distribué. Essentiellement, cela vise à nuancer quelque peu
l'article 7 actuel. Il y a de rares cas où le chef de famille, pour
revenir à l'expression du député de Pointe-Claire, tout en
travaillant, étant donné que ses revenus sont très,
très bas, et compte tenu de ses besoins, peut être admissible
à l'aide sociale. Il y a eu de rares cas où... On veut que,
même en temps de grève, cet individu et sa famille continuent
à être admissibles à l'aide sociale. C'est pour cela qu'on
apporte cette nuance et cet amendement, oui, au taux qu'il recevait avant le
début de la grève. Vous comprenez? L'amendement se lirait comme
suit: L'aide sociale ne peut être accordée à une personne
seule qui, au sens de la loi 71 sur l'assurance-chômage, a perdu son
emploi du fait d'un arrêt de travail dû à un conflit
collectif ou à une famille dont un adulte a perdu son emploi dans les
mêmes circonstances. Et considéré avoir perdu son emploi du
fait d'un arrêt de travail dû à un conflit collectif,
l'adulte qui, pour ce motif, ne pourrait être ou n'a pas
été déclaré admissible par la Commission de
l'emploi et de l'immigration du Canada" je souligne ici une petite
modification; l'appellation de la commission de l'assurance-chômage a
été modifiée récemment pour la Commission de
l'emploi et de l'immigration du Canada "à des prestations en
vertu de la loi 71 sur l'assurance-chômage. "Toutefois c'est
là la nuance l'aide qui était déjà
versée à cette personne seule ou à cette famille et qui se
serait poursuivie, même si l'adulte avait conservé son emploi,
peut continuer de lui être versée dans la même mesure et aux
mêmes conditions. "
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, on arrive ici à un
problème qui a fait couler déjà passablement d encre
puisqu'il s'agit là de l'insertion dans la loi d'une disposition qui
apparaît déjà au règlement, mais dont la
légalité stricte, le légalisme, devrais-je dire, a
été mis en doute par des décisions récentes. Sur le
fond, je crois qu'il ne peut pas y avoir de désaccord,
c'est-à-dire sur le fait que l'aide sociale ne peut servir de fonds de
grève, ce serait une situation absolument aberrante que d'utiliser laide
sociale à titre de fonds de grève, ça modifierait
profondément les rapports de force et ce serait susceptible de prolonger
d'ailleurs considérablement les conflits de travail.
Donc, la pratique immémoriale de I aide sociale, les
règlements adoptés depuis 1976, tout comme cet amendement, sont
la seule voie qu'il est possible d'adopter, je crois. Cependant, on peut se
poser la question, à savoir si la rigueur avec laquelle on fait
intervenir cette règle n'est pas telle que des adoucissements ne
pourraient être envisagés. En effet, même lorsque la
pratique administrative s'est établie, des exceptions demeuraient
possibles, parce qu'on se trouvait en face d'une famille dans une situation de
dénuement total. Comme il n'y avait pas d'interdiction
législative, il était possible aux agents d'aide sociale d'user
d'une certaine discrétion dans ces questions.
Je n'ai pas de renseignements précis, à savoir
jusqu'à quel point cela a été fait, mais je suis sûr
que cela a été fait à certaines occasions. Si on introduit
une interdiction rigoureuse dans la loi de faire quelque paiement que ce soit
à des grévistes, quelle que soit leur situation, quels que soient
les dangers que ça peut constituer pour leur famille, sur le plan du
simple maintien de la vie, je crois qu'à ce moment-là, on adopte,
dans l'administration de l'aide sociale, une attitude peut-être
indûment rigoureuse et, à proprement parler, excessive.
Dans cet esprit, nous avons préparé un amen- dement, que
j'ai d'ailleurs annoncé lors de mon intervention en deuxième
lecture, qui permet de donner quelque marge de manoeuvre à I
administration de l'aide sociale pour évaluer des cas pénibles de
grévistes qui sont dans des circonstances telles que cela constitue un
danger pour la santé ou que ça risque de les conduire au
dénuement total.
La formulation de l'amendement que nous avons dû modifier à
la toute dernière minute, puisque c'est un texte que !e ministre vient
tout juste d'amender lui-même, se lirait comme suit: "Que le premier
alinéa du paragraphe 7 de l'article 2 soit modifié en ajoutant,
dans la cinquième ligne, après le mot "circonstances", les mots
sauf lorsque cette aide est nécessaire pour éviter que cette
personne seule ou cette famille ne se trouve dans une situation qui constitue
un danger pour la santé ou risque de la conduire au dénuement
total". L'alinéa amendé se lirait comme suit: "7. L'aide sociale
ne peut être accordée à une personne qui a perdu son emploi
du fait d'un arrêt de travail dû à un conflit collectif ou
à une famille dont un adulte a perdu son emploi dans les mêmes
circonstances, sauf lorsque cette aide est nécessaire pour éviter
que cette personne seule ou cette famille ne se trouve dans une situation qui
constitue un danger pour la santé ou risque de la conduire au
dénuement total ".
Je pense qu'il y a une référence à la loi "Statuts
du Canada" que je n'ai pas incluse en lisant mon amendement, mais qui devrait
être là.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Lazure: Je dois dire que depuis le 1er janvier 1976, on
m'informe qu'il n'y a eu aucun cas discrétionnaire, aucun.
Ce que le député de Saint-Laurent propose, effectivement,
c'est de revenir au statu quo ante, revenir à I ancienne formule, qui a
été changée, à sa demande, si je comprends bien,
vers la fin de 1975, pour nous amener au règlement actuel de 1976.
Là, je me réfère au règlement actuel 2,11.
"L aide n'est pas accordée ' c est très catégorique
"à un ménage qui comprend un adulte visé par le
paragraphe b) de l'article 1,04. Si on va à l'article 1,04b: "est
considéré pour les cas où on n'accorde pas l'aide
abandonner un emploi, au sens du même article, l'adulte qui, pour
avoir perdu son emploi du fait d'un arrêt de travail dû à un
conflit collectif, au sens de la loi de 1971 sur l'assurance-chômage,
n'est pas admissible à des prestations en vertu de cette loi. "
Si je comprends bien, le député de Saint-Laurent qui avait
des raisons valables en 1975, de modifier le règlement depuis le
1er janvier 1976, aucun cas d exception n'a été fait il
faudrait vraiment que vous nous expliquiez, M. le député,
pourquoi ce revirement important dans votre position.
M. Forget: Je ne me référais pas au
règlement, bien sûr. Le règlement, je l'ai dit au
début de mes
remarques, énonce le même principe général,
depuis le 1er janvier 1976. C'est tout à fait exact. Maintenant, on veut
l'incorporer dans la loi.
Quant au principe général, je n'ai absolument aucune
hésitation à l'appuyer à nouveau. Comme principe
général, il serait invraisemblable ou inimaginable que l'aide
sociale serve de fonds de grève.
Maintenant, il faut savoir si c'est une règle qui devrait
s'appliquer de façon absolue, dans tous les cas, sans exception, quelles
que soient les circonstances, ou si ce devrait être une règle qui
souffrirait, à l'occasion, des exceptions.
Le ministre me dit que depuis janvier 1976, il n'y a jamais eu
d'exception. C'est possible. Je dois vous avouer que là-dessus, je n'en
sais rien. Mais si on se réfère à la période
antérieure au 1er janvier 1976, selon les anciens règlements,
l'impression que j'ai on pourra me dire que je suis mal informé
et que j'ai toujours eue, c'est qu'il n'y avait pas une telle
règle générale. Il y avait une pratique administrative
à l'aide sociale, à l'effet que de manière
générale et systématique, l'aide sociale n'était
pas accordée aux grévistes.
Mais, comme il n'y avait, à ce moment-là, ni disposition
légale, ni disposition réglementaire pour l'interdire, il y a eu
des circonstances, avant le 1er janvier 1976, où le problème
s'est posé et où il y a eu une réponse positive.
Je me dis que ce degré de flexibilité, mais avec la
protection d'un principe clairement affirmé dans le règlement ou
dans la loi, devrait peut-être être retenu. A la lumière de
l'expérience, à la lumière d'un certain nombre de
décisions de la Commission des affaires sociales qui sont intervenues
depuis le 1er janvier 1976 dans des cas similaires, il est fort possible que
j'en serais venu à cette conclusion à l'expérience du
règlement. Il est possible qu'on ait réagi, de façon
excessive en voulant fermer la porte, par ce règlement, mais la fermer
de façon hermétique. Question qui se pose: Doit-elle être
fermée hermétiquement? Le ministre là-dessus peut nous
donner des indications de son expérience à lui depuis deux ans.
Ce serait sans aucun doute valable. (11 h 15)
M. Lazure: Seulement un autre commentaire. C'est une question sur
le fond. Je serais très sympathique et très favorable, de prime
abord, à l'amendement proposé par le député de
Saint-Laurent.
Cependant, on en a discuté longuement. Si on se reporte à
avant 1976, l'exception devenait la règle en cas de conflit
prolongé. Ce qui arrive c'est qu'en cas de conflit le moindrement
prolongé, un conflit de travail, disons une grève de plus de deux
mois, à peu près tout le monde, tous les grévistes et leur
famille pourraient être admissibles, selon ce concept d'une menace de
dénuement total, pour n'importe quelle grève qui se prolongerait
le moindrement. Cela forcerait nos fonctionnaires, nos agents de l'aide sociale
à devenir passablement arbitraires. On aurait à
interpréter dans des cas particuliers. Dieu sait dans quelles conditions
pénibles ce serait interprété, surtout dans une petite
localité où vous avez un conflit de travail qui dure depuis
longtemps. Si on acceptait un amendement comme celui-là, vous mettriez
une responsabilité énorme sur les épaules d'un agent
d'aide sociale. Il aurait à juger si, effectivement, le dénuement
total est en cause ou encore la santé, la santé mentale ou la
santé physique, parce que cela ne dit pas quelle santé. Tout en
étant bien sympathique à l'objectif de l'amendement, dans son
application, cet amendement devient inacceptable, parce qu'il donnerait si vous
voulez, un caractère arbitraire aux décisions de l'aide sociale.
D'autre part, nous continuons à croire que ce que vous reportiez
tantôt comme ayant été des exceptions possibles, avant
1976, dans l'ancien règlement, ce n'étaient pas vraiment des
exceptions. Dans le cadre d'un conflit de travail prolongé, cela
devenait la règle générale. C'est dans l'application qu'on
voit des problèmes presque insurmontables.
M. Forget: Oui, il ne faut pas minimiser les problèmes que
n'importe quel pouvoir discrétionnaire cause. J'ai l'impression que vous
avez raison de dire que cela devenait la règle générale.
Il faut bien voir aussi le contexte dans lequel toute cette évolution
s'est faite. Vous aviez, au début des années soixante-dix, un
mouvement de plus en plus articulé des ADDS et d'autres groupes, des
avocats populaires, l'aide juridique elle-même qui a sensibilisé
les bénéficiaires potentiels de l'aide sociale à des
droits qu'ils pouvaient exiger en vertu de l'article sociale. C'est un
processus qui a été graduel, qui allait en s'amplifiant. Tout
à coup, on découvrait, quelqu'un découvrait dans l'aide
sociale une nouvelle avenue possible de revendications et d'appui financier.
Avec les statistiques mensuelles; on voyait presque grossir à vue d'oeil
tout à coup un genre de besoin ou un genre de phénomène
qui, jusqu'à ce moment-là, était resté inconnu ou
non articulé. Devant des phénomènes comme cela, on est
porté à dire: II faut mettre un frein à cela, cela devient
incontrôlable. Bien sûr, c'est comme cela qu'on peut expliquer des
choses comme le règlement de 1976. Cela n'a pas de bon sens, on est en
train de financer tous les grévistes. C'est presque émotif comme
réaction.
Il faut bien voir qu'à la fois les bénéficiaires et
les administrateurs de l'aide sociale étaient dans un vacuum juridique,
c'est-à-dire qu'il n'y a rien qui l'interdisait. Les pressions
étaient là de plus en plus fortes et on n'avait pas de raison
concrète de dire non. Je pense que cette expérience-là, si
on la revivait maintenant, dans le contexte d'une affirmation de principe
claire, que, de façon générale, lors d'une grève,
il ne faut pas regarder du côté de l'aide sociale comme fonds de
grève. C'est la règle générale qui a, de
façon circonscrite, dans des cas de misère humaine
indéniable... Je ne sais pas comment on la définirait.
Peut-être que la définition qu'on suggère là, qui
s'inspire d'une définition traditionnelle de l'aide sociale, n'est pas
celle qui est appropriée. Il faudrait peut-être y
réfléchir.
Il est difficile d'imaginer un système d'aide sociale qui
mérite vraiment ce nom et qui refuse
de regarder les circonstances individuelles, même si on souscrit
tous à la notion que l'aide sociale n'est pas le fonds de grève
de tous les travailleurs du Québec. Bien sûr, ce n'est pas cela.
Si quelqu'un le prétendait, je pense qu'il aurait un drôle de
fardeau de preuve à relever pour le démontrer. Je ne sais pas
comment on peut dire qu'on a un système d'aide sociale quand même
humain et raisonnable, et dire: Dans telle circonstance, pas tous les
travailleurs d'une entreprise, mais un certain nombre d'entre eux,
peut-être parce qu'ils sont à une phase de l'évolution de
leur famille où ils n'ont pas pu accumuler d'économie, etc..
Cela ne viserait pas nécessairement tous les travailleurs dans
une même grève pour une même entreprise, mais, dans certains
cas, il va y avoir des causes pénibles, plus pénibles que
d'autres et il s'agirait de trouver des critères. Je suis d'accord avec
le ministre qu'il ne faudrait pas que ce soit trop arbitraire, parce
qu'à ce moment, on ne saurait plus ce que cela veut dire. J'aimerais
mieux, dans la réglementation, essayer de cerner, au moins
expérimentalement, certaines dimensions de ces cas particuliers, et
dire: On va se guider là-dessus. Ce seront les critères qui vont
vous guider.
Ceci donnerait un signal aussi que tous les grévistes,
après deux mois, ne peuvent pas automatiquement obtenir l'aide sociale,
mais que, dans certaines circonstances, on va regarder leur cas particulier et
on va leur aider.
Peut-être que la présence des enfants pourrait être
une condition sine qua non. Peut-être que, dans le fond, de jeunes
adultes sans enfant qui sont en grève, vont se dépanner d'une
façon ou d'une autre. Je ne sais pas. Il y a toutes sortes de
circonstances auxquelles on peut penser.
Il semble que, justement, parce qu'il y a dans la loi maintenant un
principe général, on peut être plus relaxé dans son
application, alors que la réaction inverse existait. Si on n'avait pas
de principe général, il fallait être très
sévère, étant donné le phénomène
grossissant des réclamations.
Maintenant qu'on a un principe qui n'est pas contesté je
n'ai pas entendu de contestation systématique du principe il
faudrait que cela demeure de l'aide sociale. Dans le fond, c'est un peu cela,
le problème. Je comprends que c'est difficile.
M. Lazure: Un autre critère pourrait être
utilisé, la longueur du conflit, prenons une hypothèse. Si on
disait que cela s'appliquerait seulement dans des cas de conflits
d'au-delà de deux mois, d'au-delà de trois mois, peu importe,
mais, dans un sens c'est là où on a vraiment des menaces
de dénuement ce serait une incitation, dans certains cas douteux,
peut-être à prolonger le conflit pour arriver à la limite
des deux mois ou des trois mois. Il y a une autre hypothèse, on a
envisagé plusieurs hypothèses. Ce n'est vraiment pas à
coeur joie et facilement qu'on est arrivé à cette conclusion.
L'autre hypothèse, c'était de rendre admissibles les autres
membres de la famille, mais cela devenait une division artificielle, de dire
que l'adulte lui-même qui est impliqué dans le conflit de travail
ne serait pas admissible, mais sa famille, s'il y a menace de
dénuement... Là aussi, il devient très difficile
d'arbitrer des cas comme cela.
Encore une fois, on ne voit malheureusement pas de quelle façon
on pourrait ouvrir une petite porte pour des cas pathétiques sans
qu'elle soit automatiquement poussée bien grande ouverte par l'ensemble
de ceux qui revendiquent, parce qu'il y en a qui revendiquent
l'admissibilité complète et totale des grévistes à
l'aide sociale.
Je dirais aussi, en finissant, que, dans les rares cas de
dénuement très total, je comprends qu'il y a quelque chose d'un
peu odieux et qui peut paraître paternaliste, mais il y a quand
même dans la plupart des localités des organismes
bénévoles, que ce soient des sociétés d'entraide,
du genre Saint-Vincent-de-Paul ou autres, il y a plusieurs organismes
bénévoles qui sont intervenus constamment, indépendamment
des lois, des règlements que les gouvernements adoptent, dans des
situations comme celles-là. Il faut quand même, sans leur en faire
un obligation, garder cela en ligne de compte. Cela peut adoucir un peu cette
menace de dénuement total. Les organismes communautaires sont là,
des organismes financés par Centraide, par de grandes souscriptions
publiques, sont là pour aider dans des cas qui ne sont pas prévus
dans les règlements et dans les lois.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Je reviens à
ma première question. Sans en faire le procès, M. le ministre
comprendra bien la grève de Murdochville. J'abonde dans le sens des
paroles du député de Saint-Laurent parce que, si l'aide sociale
doit servir de fonds de grève, je pense bien qu'on ne verra jamais, dans
bien des cas... Le cas que je vous pose est une lettre que j'ai reçue
hier. Je pourrais en recevoir d'autres. Le père est en grève, que
ce soit sa volonté ou non. Il a trois enfants aux études. Une
jeune fille aura 18 ans le premier janvier. A ce moment-là, la jeune
fille qui a 18 ans et qui va à la polyvalente est
considérée comme adulte. Si elle quittait sa famille, elle serait
admissible à une aide du bien-être social, je crois. Mais elle
demeure dans sa famille, elle va à la polyvalente, elle n'est pas en
grève, c'est son père, mais elle devient adulte; à ce
moment-là, parce qu'il a trois enfants aux études à
l'extérieur et que celle-là voyage à une polyvalente assez
éloignée, je pense qu'elle doit rester sur place en pension
à Sainte-Anne-des-Monts, est-ce qu'elle est admissible, dans un cas
spécial? Je ne fais pas le cas de toutes les familles, je cite un cas
spécial où elle devient adulte après le début de la
grève où elle n'est pas en cause.
M. Lazure: Vous avez là le principe de tout enfant qui est
toujours aux études à temps plein, qui n'est pas
considéré comme étant un adulte aux fins de l'aide
sociale. Cet enfant, même s'il atteint 18 ans, continue à
être considéré comme étant un enfant à charge
de la famille.
M. Le Moignan: Si elle cessait ses études au premier
janvier, elle devient à la charge de l'Etat; elle a droit de recevoir un
chèque de $92.
M. Lazure: Exact.
M. Forget: Avec l'amendement qu'on vient d'accepter, il n'y a pas
de problème. Elle peut continuer ses études et recevoir de l'aide
sociale à la polyvalente.
M. Le Moignan: C'est cela qui n'est pas clair. Au secondaire,
elle pourrait recevoir de l'aide.
M. Shaw: Sur la même compréhension...
M. Le Moignan: J'aimerais répondre à cette famille
clairement.
M. Shaw: Sur le même sujet...
Le Président (M. Jolivet): Seulement une minute. C'est sur
l'amendement de l'article 6 sur le jour; c'est le nouvel article 7
maintenant.
M. Lazure: Oui, c'était bien ma compréhension.
M. Forget: On peut se remettre au travail. M. Shaw: On va
recommencer.
Le Président (M. Jolivet): Seulement un instant. M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Si le ministre est d'accord, s'il a compris qu'un
enfant qui a 18 ans ou qui l'aura d'ici quelques jours pourrait recevoir de
l'aide; je ne parle pas de la famille, mais nommément de cette enfant;
elle est aux études secondaires, mais elle a 18 ans, il ne s'agit pas de
CEGEP; elle pourra faire une demande.
M. Lazure: Oui.
M. Le Moignan: Elle a fait une demande déjà et j'ai
reçu la réponse. On lui dit qu'elle n'est pas admissible parce
qu'elle est à la charge de ses parents.
M. Lazure: En vertu de la loi et de la réglementation
existantes aujourd'hui, cette personne n'est pas admissible à l'aide
sociale.
M. Le Moignan: Mais, en vertu des décisions qui sont
prises ce matin, je peux lui dire d'y aller en toute confiance.
M. Lazure: Elle devient admissible.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, l'amendement amené par
le député de Saint-Laurent ne peut pas me laisser
indifférent, même si j'ai compris l'argumentation du ministre que
je partage. Je suis dans un dilemne. Un fonctionnaire est aux prises avec un
article de loi selon lequel il ne peut pas arriver avec cette double
interprétation, une interprétation littérale suivant la
lettre c'est ce que font nos fonctionnaires et une
interprétation spirituelle d'après l'esprit. Parfois, nous nous
trouvons devant des cas frontières. Je me refuse à dire, par
exemple, qu'il y a d'autres organismes comme la Saint-Vincent-de-Paul ou un
CLSC qui vont donner, qui vont agir en fonction de ce monde. Comme je me refuse
aussi à accepter l'argumentation de notre ami, parce que, si l'on tombe
dans le discrétionnaire, où allons-nous arrêter? Je me
demande si devant un tel dilemme le ministre des Affaires sociales avec le
ministre d'Etat au développement social ne devraient pas travailler
d'ar-rache-pied pour arriver ce qui résoudrait certains
problèmes au revenu minimum garanti. Je ne sais pas. (11 h
30)
Le revenu minimum garanti n'est-il pas peut-être une solution
à ces problèmes pour éviter tout paternalisme, toute cette
affaire, parce que même en grève, la personne recevrait cela? Moi
aussi, à mon bureau, je reçois ces cas qui sont
pathétiques. Je ne sais pas, parce que les termes que vous avez
décrits, M. le député de Saint-Laurent, lorsque vous dites
dénuement total, danger de..., cela existe. D'une part, une loi carcan
doit-elle fermer la porte à ces gens ou, d'autre part, peut-on
établir des critères je ne dirai pas trois ou quatre mois,
parce qu'après une semaine, la personne est mal prise pour sortir
de l'embarras quelqu'un qui est au prise avec ces problèmes?
Je suis partagé dans cette affaire, parce que ce sont des faits
que j'ai vécus. Les agents d'aide sociale, je regrette, sont
obligés d'appliquer mathématiquement, numériquement la
loi.
M. Shaw: Voilà une situation qui est à la base de
problèmes spécifiquement dans le cas de grèves et ce n'est
pas seulement dans ce domaine, parce que cela arrive dans d'autres situations,
mais on va parler premièrement de deux solutions. La première,
c'est qu'aucun gréviste a accès aux prestations du gouvernement,
à l'aide sociale. C'est une définition concrète, finie,
point. Mais cela ne règle pas le problème du tout.
Nous avons, d'un autre côté, un formulaire qui dit
qu'à un certain moment, vous pouvez obtenir des prestations du
gouvernement sur un formulaire qui est le résultat d'un changement de
règlement. Cela est un autre moyen pour les grévistes d'employer
ce changement par le gouvernement. Ils vont jouer avec cela pour être en
règle avec les changements, mais si on laisse à l'arbitraire,
parce que nous avons des travailleurs sociaux, c'est leur devoir de travailler
dans ces cas pour arriver à des situations. C'est pour cela que j'appuie
la motion du député de Saint-Laurent, parce que nous avons
vécu une situation dernièrement qui a toujours agi dans des cas
spécifiques sur les recommandations des travailleurs sociaux. Et
à mon avis, oui, c'est
arbitraire. Oui, c'est de l'ouvrage pour les travailleurs sociaux, mais
à la fin, cela va régler des problèmes qui sont en demande
dans les situations actuelles. Au lieu de fermer la porte au complet, au lieu
d'ouvrir la porte au complet, on laisse la porte partiellement ouverte pour les
cas qui sont impliqués, qui sont justifiables. A mon avis, c'est la
fonction du travailleur social de voir tous ces cas, d'examiner les situations
actuelles et, comme cela, avec une ouverture de principe, que ceux qui peuvent
démontrer que leur situation actuelle demande une subvention
gouvernementale, ces cas peuvent être subventionnés. Ceux qui ne
peuvent pas démontrer les mêmes faits n'ont pas accès au
fonds public ou à l'aide sociale.
Autrement, nous devons totalement fermer la porte ou totalement ouvrir
la porte avec une situation...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Lazure: En réponse au député de
Pointe-Claire, je rappelle encore une fois, qu'avant 1976, avant que le
ministre des Affaires sociales antérieur fasse cette modification aux
règlements. Ce qui avait commencé par être des exceptions
est devenu la règle générale en cas de grève
grâce au bon travail de l'aide juridique. C'est vrai que l'aide juridique
est peut-être moins à l'affût, je n'en suis pas sûr,
mais de toute façon, je pense qu'il suffirait de la réouvrir, ne
serait-ce qu'un tout petit peu, cette porte, pour qu'encore une fois les cas
d'exception, par de la jurisprudence qui s'établirait très
rapidement, deviennent plus ou moins la règle générale.
Cela nous paraît impossible de confier ce rôle
discrétionnaire que ce soit aux travailleurs sociaux ou aux agents
d'aide sociale.
Le Président (M. Jolivet): Donc, pour le besoin du vote,
je vais expliquer puisqu'il y a un amendement du député de
Saint-Laurent, un amendement du ministre et l'article tel qu'il est
écrit. Je vais commencer par l'amendement du député de
Saint-Laurent, en faisant la correction qu'il m'a demandé de faire et
que je vous lirai en cours de route: Que le premier alinéa du paragraphe
8 de l'article 2 soit modifié en ajoutant dans la cinquième ligne
après le mot "circonstance", les mots "sauf lorsque cette aide est
nécessaire pour éviter que cette personne seule ou cette famille
ne se trouve dans une situation qui constitue un danger pour la santé ou
risque de la conduire au dénuement total".
Avant, je voudrais avoir une information. Quand on va relire
l'alinéa à la première ligne, est-ce que je dois
comprendre que le mot "seule" a été oublié: L'aide sociale
ne peut être accordée à une personne seule... Ou si vous
l'enlevez.
M. Forget: C'est un oubli. Il faut le mettre.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Donc, le nouvel
alinéa se lirait comme suit: "L'aide sociale ne peut être
accordée à une personne seule qui et là je dois
ajouter ce qui serait l'amendement du ministre au sens de la loi de 1971
sur l'assu-rance-chômage, (statuts du Canada 1970, 1971, 1972, chapitre
48) a perdu son emploi du fait d'un arrêt de travail dû à un
conflit collectif ou à une famille dont un adulte a perdu son emploi
dans les mêmes circonstances, sauf lorsque cette aide est
nécessaire pour éviter que cette personne seule ou cette famille
ne se trouve dans une situation qui constitue un danger pour la santé ou
risque de la conduire au dénuement total." Quels sont ceux qui sont pour
cet amendement ou contre. Je vais vous nommer.
M. Lazure: M. le Président, pour être bien clair, le
vote que vous appelez, c'est sur l'amendement du député de
Saint-Laurent.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela. M. Forget?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Gosselin.
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Gravel?
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Grenier?
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Lavigne?
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Lazure?
M. Lazure: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Martel?
M. Martel: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Alfred?
M. Alfred: Contre, même si le problème demeure.
Le Président (M. Jolivet): M. Shaw? M. Shaw:
Pour.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'amendement est
rejeté. Pour: 3 Contre: 6. L'amendement du ministre.
M. Forget: L'amendement fait partie de la loi, M. le
Président. On peut l'adopter, mais, enfin, c'est automatiquement...
Le Président (M. Jolivet): Le nouvel article 7 devenu 8,
édicté par l'article 2 de la Loi modifiant
la Loi de l'aide sociale, est remplacé par le suivant: L'aide
sociale ne peut être accordée à une personne seule qui, au
sens de la Loi de 1971 sur I'assurance-chômage, (statuts du Canada 1970,
1971, 1972, chapitre 48) a perdu son emploi du fait d'un arrêt de travail
dû à un conflit collectif ou à une famille dont un adulte a
perdu son emploi dans les mêmes circonstances.
Deuxième alinéa. Est considéré avoir perdu
son emploi du fait d'un arrêt de travail dû à un conflit
collectif l'adulte qui, pour ce motif, ne pourrait être ou n'a pas
été déclaré admissible par la Commission de
l'emploi et de l'immigration du Canada à des prestations en vertu de la
Loi de 1971 sur l'assurance-chômage.
Troisième alinéa. Toutefois, l'aide qui était
déjà versée à cette personne seule ou à
cette famille et qui se serait poursuivie même si l'adulte avait
conservé son emploi peut continuer de lui être versée dans
la même mesure et aux mêmes conditions.
Est-ce que cet amendement est adopté? Adopté.
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Jolivet): Sur division. Il n'y a plus
d'autre amendement à l'article 2. A moins qu'il y en ait d'autres
députés?
M. Forget: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): Donc l'article 2 est-il
adopté avec les amendements?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Article 3, M. le ministre.
M. Lazure: Pas de commentaires particuliers.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Non, pas de commentaires.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Pas de commentaires particuliers, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y en a d'autres
qui ont des commentaires?
M. Shaw: Pas de commentaires.
Le Président (M. Jolivet): L'article 3 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 4, M. le
ministre.
M. Lazure: Pas de commentaires.
Le Président (M. Joliveti): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je n'ai pas de commentaires,
sauf celui-ci, que j'ai fait également en deuxième lecture, mais
j'aimerais voir comment on peut obtenir un certain éclaircissement. On
se réfère au règlement, légalement, c'est
évidemment possible, tout est possible, mais, dans le fond, c'est
pratiquement une définition de la séparation de facto. Je pense
que c'est le problème qu'on a à l'esprit, un mari qui
déserte sa famille, qui abandonne sa femme, qui se trouve
peut-être un emploi, mais dont la famille se retrouve sans moyens de
subsistance, il n'y a pas de séparation légale, il n'y a pas de
divorce, l'opinion pourrait être émise que, légalement, il
n'y a pas de droit à l'aide sociale. Sauf si on se donne le pouvoir
administratif de dire qu'effectivement, il y a droit à l'aide sociale,
parce que, même si le mari vit toujours, il ne vit plus avec sa famille;
même s'il a des moyens de subsistance, la famille est privée de
moyens de subsistance.
Donc, on prononce administrativement une séparation de facto.
C'est quand même sérieux, une séparation, et on pourrait se
poser la question, se demander si ce n'est pas suffisamment sérieux pour
que les critères soient dans la loi, plutôt que dans une
réglementation. Par analogie, je prends l'exemple de la Loi du
régime de rentes. Elle dit qu'après sept ans de cohabitation, des
concubins sont considérés comme des époux
légalement mariés, et cela entraîne pour le conjoint
survivant les mêmes droits que s'il y avait eu un mariage en bonne et due
forme.
Dans la Loi du régime de rentes, on déclare au fond
quelles sont les conditions auxquelles un mariage de fait est
considéré comme équivalent à un mariage de droit.
C'est mis dans la loi, ce n'est pas mis dans une réglementation du
régime de rentes. Je pense que des règles qui sont presque des
amendements au Code civil, le fait de les mettre dans des règlements, je
ne sais pas si c'est parce que j'ai eu déjà, jadis, une formation
juridique, mais ça me gêne un peu. Je me dis que si, de la
même façon, on veut, administrativement, faire comme si les gens
étaient séparés légalement ou divorcés, on
devrait peut-être avoir le souci de mettre ces critères dans la
loi. C'est la seule façon dont ils pourront être débattus.
Si c'est réglementaire, ça va paraître, un jour, Dieu sait
quand, dans la Gazette officielle et, à moins d'avoir un bon ami qui lit
la Gazette officielle tous les jours pour nous dire ce qui passe dedans,
ça va passer inaperçu.
Il me semble que c'est le genre de débat pour lequel
l'Assemblée nationale est faite et c'est la raison pour laquelle
j'aurais été rassuré de retrouver dans la loi les
critères qu'on veut mettre dans les règlements. C'est un premier
aspect de la question. Le deuxième aspect, c'est d'essayer de comprendre
quels sont les critères qu'on va mettre dans les règlements. On a
probablement
une idée assez précise dès maintenant de ce que
c'est.
M. Lazure: M. le Président, une des situations qu'on veut
couvrir dans ce cas-là, c'est en particulier le cas d'une personne qui
travaille à l'extérieur, pour une période plus ou moins
longue, qui continue d'être le "provider", compte tenu de l'expression
qui a été utilisée tout à l'heure, de cette
famille.
C'est aussi le cas d'un étudiant, du niveau collégial ou
universitaire, par exemple, qui, pendant l'année scolaire, quitte sa
famille et revient seulement pour les périodes de vacances. Il continue
de faire partie de la famille au sens de la loi, tout en étant
résident à l'extérieur.
On vise aussi le cas de personnes qui sont hospitalisées, par
exemple, pour une plus ou moins longue période, qui continuent de faire
partie des besoins de la famille, bien qu'elles ne résident pas. (11 h
45)
Ce sont ces circonstances exceptionnelles et on veut donner la
possibilité de les prévoir dans le règlement.
M. Forget: Mais non pas la désertion du foyer
familial?
M. Lazure: La désertion est traitée dans d'autres
dispositions de la loi. Actuellement, la loi et le règlement permettent
d'aider rapidement, dans le mois de la séparation, lorsqu'on a lieu de
croire à une séparation définitive, permettent d'aider
immédiatement la femme puisque c'est généralement
d'elle qu'il s'agit qui reste avec les enfants.
Dans la désertion du foyer, c'est une autre disposition de la loi
qui permet d'intervenir, la femme ayant des recours alimentaires contre son
mari ou son ex-mari, le cas échéant.
M. Forget: Oui, sauf que la façon dont c'est
rédigé, il y a au moins un risque de conflit
d'interprétation. Est-ce que vous pouvez nous référer
à l'autre disposition qui est utilisée dans les cas de
désertion du foyer conjugal?
M. Lazure: On utilise, pour aider immédiatement la
personne qui a été désertée, l'article 204 qui dit
que l'aide peut être accordée avant que l'époux qui la
demande n'ait fait valoir son droit à une pension alimentaire, s'il
s'engage à faire valoir ce droit avec diligence.
Autrement dit, dès qu'on conclut à une séparation
qui semble avoir un caractère de permanence, on aide
immédiatement, sous réserve que la personne exerce, dans un
délai raisonnable, tel qu'indiqué à 204, sa créance
alimentaire.
M. Forget: Et le pouvoir réglementaire de l'article 48,
paragraphe k), serait remplacé par le pouvoir que vous insérez
dans la loi?
M. Lazure: Oui.
M. Forget: C'est exactement le même libellé? M.
Lazure: Oui.
M. Forget: Ceci veut dire que les cas de désertion ne sont
traités que par l'article 204. Est-ce qu'il n'y a pas le danger qu'une
interprétation stricte de l'article 204 permette une espèce
d'aide d'urgence, pourvu que l'époux abandonné, le conjoint
abandonné, s'engage à faire valoir ce droit avec diligence?
Le libellé même suggère qu'on va le faire, en
attendant certaines mesures pour exiger que les pensions alimentaires soient
prises.
Comme d'un autre côté, vous n'avez pas I intention, dans
l'article 14, de préciser des circonstances dans lesquelles une
personne, un adulte cesse d'être membre d'une famille, n'y a-t-il pas
risque, comme situation permanente il y a un vide réglementaire ou
législatif dont on se prévale pour refuser l'aide au-delà
d'une période de transition...
M. Lazure: Jusqu'ici, cela ne s'est jamais produit. Il se peut
qu'il y ait un vide effectivement, que l'article ne soit pas parfaitement
étanche, mais je n'ai pas eu connaissance de cas où des agents de
l'aide sociale auraient utilisé cette discrétion.
M. Forget: Non, mais, évidemment, le problème des
séparations, c'est un peu comme le problème des grévistes.
Cela s'accroît. Il y a quand même un risque, vu de ce
côté-ci de la table au moins, que, devant les demandes de plus en
plus nombreuses, on adopte une ligne de plus en plus dure vis-à-vis
justement des poursuites qui devraient être intentées en Cour
supérieure pour les pensions alimentaires, pour les obligations
alimentaires et qu'à défaut, pour les
bénéficiaires, les épouses abandonnées, de se
prévaloir de leurs droits en vertu du Code civil, l'on dise: II n'y a
rien pour vous. On vous dépanne. Il y a un dépannage pendant
quelques mois. Si vous refusez de vous prévaloir de vos droits, c'est
bien dommage, mais on ne considère pas que votre mari a cessé de
faire partie du foyer familial. Comme on présume qu'il a un emploi,
jusqu'à preuve du contraire, il devrait vous faire vivre et on ne vous
donne rien. Il y a quand même cette possibilité que le
ministère, à défaut d'autre chose, à défaut
d'indication positive, prenne cette attitude.
Comme c'est un problème croissant avec des besoins, dans un
contexte de restriction budgétaire, le problème se pose.
M. Lazure: M. le Président, je pense que, à la
lumière des remarques du député de Saint-Laurent, quand on
procédera à la rédaction des règlements, il faudra
en tenir compte. Il faudra bien s'assurer justement qu'il n'y ait pas de cas
qui tombent entre deux chaises. Vous dites que cela ne s'est jamais
présenté, M. Ruel. Non. Il faudrait faire en sorte dans les
règlements que cela ne se présente pas.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Mes remarques étaient les mêmes. J'avais
dit, en deuxième lecture, que ces cas déterminés par
règlement, c'était une confiance un peu grande donnée au
pouvoir de réglementation. C'était là la
réglementation nouvelle qu'on nous donnait. On nous a expliqué
différents cas auxquels on faisait allusion ici. Ils nous seront
précisés par la réglementation. Cela répond, en
tout cas, aux questions que je me posais, en deuxième lecture.
Cela aurait peut-être été prudent le ministre
s'engage à cela, je pense que les personnes qui désertent
le foyer, les personnes qui ont déserté soient peut-être
réadaptées pour que ce soit plus clair afin qu'on ne se serve pas
par exemple de cet article pour traiter la personne désertée du
foyer. Cela va.
Le Président (M. Jolivet): Cela va. M. le
député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Exactement sur le même sujet, je crois que tous
les députés ont parlé sur le même sujet, je veux
demander au ministre... Je suis convaincu qu'il accepte que le fardeau de la
preuve ne doit pas incomber à la femme qui est en train d'avoir une
désertion dans sa situation... On retourne encore à la question
des paiements d'urgence, mais en même temps à la définition
de "chef de famille" dans une situation comme telle. Cela arrive souvent qu'un
jeune couple ait une dispute et que le mari quitte la maison et laisse sa femme
seule dans cette situation. Elle n'a jamais eu d'aide sociale. Cela
traîne deux ou trois semaines, et elle a besoin de quelque chose pour
survivre. Cela n'arrive pas dans une situation ou deux par année, mais
dans mon comté, cela arrive deux ou trois fois par mois. Peut-être
que c'est différent à Pointe-Claire. Cela arrive aussi souvent
que cela. Qu'est-ce que vous faites présentement avec ces
cas-là?
J'ai eu connaissance d'une situation, il y a deux ou trois mois,
où la jeune femme était allée au Bien-Etre social, et on
lui avait dit que, puisque son mari était encore au travail,
c'était à elle de chercher de l'aide financière de son
mari en faisant appel aux avocats. Mais, il était à Vancouver. Il
n'avait pas de moyens financiers personnels. L'accès à l'aide
juridique était difficile dans une pareille situation. Avec cette
définition, à savoir qu'une personne ne cesse pas d'être
membre d'une famille du seul fait qu'elle se trouve temporairement hors du
foyer, c'était appliqué dans cette situation. Alors, vous dites
que c'est seulement une question de définition des membres de la famille
qui travaillent à l'extérieur ou qui sont étudiants, etc.,
mais vos agents exigent cette disposition pour définir leur obligation
de faire des paiements. Je voudrais des explications.
M. Lazure: II arrive, dans plusieurs cas, surtout dans des cas de
séparation, que madame se présente au bureau d'aide sociale le
lendemain, en demandant du secours. Maintenant, l'expérience
passée à démontré que trois cas sur quatre se
réconcilient dans la semaine qui suit. Alors, il y a unehabitude
administrative: avant d'intervenir, au moins d'essayer de comprendre la
situation familiale. Par contre, suivant l'exemple que vous me donnez, si le
mari est rendu à Vancouver, le bureau d'aide sociale se doit
d'intervenir immédiatement.
M. Shaw: Sans demander premièrement qu'elle essaie
d'obtenir de l'argent de son mari?
M. Lazure: Non. Le bureau de l'aide sociale se devrait
d'intervenir financièrement tout en conseillant à madame de
tenter de faire valoir ses droits pour une créance alimentaire. C'est
deux choses que d'aider et de demander également à la personne de
tenter d'obtenir ce qui peut lui revenir de par les lois existantes.
M. Shaw: Mais c'est cet article qui a été
appliqué dans des cas que j'ai vus personnellement. Vous dites ici que
ce n'est pas là la volonté de votre service, mais c'est cela qui
est pratiqué. Pour cette raison, nous sommes ici pour essayer de
reformuler cet article pour que vos agents ne puissent pas agir avec le sens
des mots de cet article.
M. Lazure: M. le Président, il serait utile, dans des cas
comme cela, que le député de Pointe-Claire nous fasse part par
écrit de cas comme celui-là. Comme M. Roy vient de le dire,
l'application de la loi ou des règlements varie un peu selon les
individus, les agents de l'aide sociale. Mais, règle
générale, l'agent aurait dû fournir une assistance
financière.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions sur
l'article 4? Il n'y en a pas d'autre. L'article 4 est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 5, M. le
ministre.
M. Lazure: Pas de commentaires.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Pas de commentaires.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton?
M. Grenier: Non plus.
M. Forget: C'est la disposition anti-communes pour les
mineurs?
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 6, M. le
ministre.
M. Lazure: Pas de commentaires.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Adopté.
M. Grenier: Adopté également.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 7, M.
le ministre.
M. Lazure: Pas de commentaires.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton ?
M. Grenier: Egalement.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 8, M.
le ministre.
M. Lazure: Pas de commentaires.
M. Forget: J'aurais un amendement, M. le Président.
Celui-là aussi, je l'ai mentionné au moment de la deuxième
lecture. Il s'agit de la question de la discrimination en fonction de
l'aptitude au travail. C'est une vieille question qui a un air de
familiarité, j'en suis sûr, pour les fonctionnaires de la
direction générale de l'aide sociale, mais il y a eu tellement de
débats là-dessus, M. le Président. Le Québec, en
particulier, c'est si souvent opposé à l'utilisation de ce
concept, dans la conception des programmes de sécurité du revenu,
que je ne peux faire autrement que de m'étonner que l'on veuille y faire
explicitement référence dans un texte de loi du Québec.
Cela a une utilité statistique, mais cela ne devrait pas avoir autre
chose qu'une utilité statistique. C'est d'ailleurs une utilité
toute relative et je pense que l'on devrait, conformément à la
position que le Québec a souvent défendue dans les
conférences fédérales-provinciales... Entre autres, il a
adopté la notion de disponibilité d'un emploi plutôt que la
question de l'aptitude au travail. Dans cet esprit, nous suggérons
l'amendement qui se lirait comme suit: "Que le paragraphe a) de l'article 8
soit modifié en remplaçant, dans les troisième,
quatrième et cinquième lignes, les mots "... de l'aptitude au
travail d'une personne ou des membres d'une famille sans enfant à charge
ou n'en ayant pas eu qui soit décédé..." par les mots "...
de la disponibilité d'un emploi approprié. "
Le paragraphe amendé se lirait comme suit: "a) par l'addition,
à la fin du paragraphe e) du premier alinéa, de ce qui suit: dans
la détermina- tion de l'aide, il peut être tenu compte de
l'âge, de la disponibilité d'un emploi approprié ainsi que
du fait qu'une famille ou une personne seule vit chez un parent ou un
enfant."
Le Président (M. Jolivet): Avant d'aller plus loin, il est
reçu. Maintenant, compte tenu de l'heure, je me pose la question:
Doit-on ajouner sine die en attendant que la Chambre nous donne un ordre ou
acceptez-vous de continuer plus longtemps? Mais, comme nous recommençons
à 14 heures cet après-midi...
M. Forget: C'est le dernier amendement que nous avons. Cela ne
durera probablement pas plus que cinq ou dix minutes.
M. Grenier: C'est moi qui m'étais opposé à
ce qu'on continue cet après-midi parce que je devrai m'absenter, mais le
député de Gaspé continuera sur l'amendement.
Le Président (M. Jolivet): Alors, M. le
député de Saint-Laurent, vous continuez.
M. Forget: Je pense que cela s'explique assez facilement. (12
heures)
M. Lazure: Le sens de l'amendement proposé est clair et,
là aussi, à prime abord, c'est raisonnable comme amendement, mais
c'est dans la faisabilité, dans l'application d'une telle disposition,
parce que tous les jeunes il y en a environ 25 000 de moins de 30 ans
qui sont aptes actuellement Comment définirait-on
disponible et comment définirait-on emploi approprié?
Cet amendement part de bons motifs, mais l'application nous paraît
strictement impossible. Je ne sais pas si M. Roy veut ajouter quelque chose
là-dessus.
Non. Encore une fois, je considère que l'agent d'aide sociale
sera pris avec un pouvoir discrétionnaire, à définir la
disponibilité d'un emploi approprié, qu'est-ce que c'est pour un
individu en particulier.
M. Forget: Vous avez raison, mais dans le fond, la
discrétion existe dans la qualification d'apte au travail, parce que
c'est un concept très très subjectif. C'est évident que
quelqu'un qui arrive avec un appareil auditif en chaise roulante et le bras
dans le plâtre, on peut se dire: Peut-être qu'il n'est pas
prêt à travailler tout de suite, mais c'est un cas extrême.
Il y a toutes sortes de gradations dans l'aptitude au travail. Le but
même des efforts du ministère avec l'Office pour la protection des
personnes handicapées est précisément d'accréditer
la notion qu'un sourd, un aveugle, un hémiplégique, tous ces
gens-là peuvent travailler, s'insérer dans la
société et devenir des citoyens à part entière.
C'est vrai, cela se fait dans d'autres pays. C'est une vérité
constatée. Donc, la notion d'aptitude, c'est un jugement porté en
fonction d'un contexte, en fonction de certaines hypothèses voulant
qu'il n'y a pas dem-
ploi approprié pour un hémiplégique dans le moment,
ou qu'on n'a pas un programme pour l'entrainer à travailler étant
donné son handicap. Mais c'est de l'arbitraire, c'est du
discrétionnaire.
Je comprends très bien la nature de la difficulté que vous
avez. Vous avez une discrimination basée sur l'aptitude au travail pour
les jeunes de moins de 30 ans et vous avez des taux discriminatoires en
fonction de ce critère. C'est une chose. Mais remarquez que dans la loi
vous avez quelque chose encore plus large. Vous permettez pour ce
motif-là, mais pour tout autre motif également, si je comprends
bien, la discrimination en vertu du concept d'aptitude au travail. Cela
dépasse de loin la préoccupation administrative et fiscale qui
pousse et qui a toujours poussé l'aide sociale à faire une
discrimination pour les moins de 30 ans dits aptes au travail, dits
administrativement déclarés aptes au travail. Mais dès
qu'on met dans la Loi d'aide sociale qu'il serait désormais possible de
faire une discrimination à tous autres égards avec ce
concept-là, on dépasse l'objectif strictement visé, et
probablement nécessaire, d'avoir un taux de $92 plutôt que de $247
pour les jeunes adultes.
Je suis conscient de cela. Evidemment, cela aurait été
beaucoup plus compliqué de présenter un amendement pour vous
permettre de tout faire disons que ce n'est pas mon rôle
mais il m'apparaît important de souligner que la justification que vous
avez pour obtenir ce texte de loi n'est pas suffisante pour aller aussi loin
que le texte de loi. Vous avez un objectif précis, les moins de 30 ans
à qui vous payez $92 et vous ne devriez pas, demain, être
obligés de faire la preuve dans chacun des cas qu'il n'y a pas d'emploi
disponible. Je suis tout à fait d'accord. Mais cela, c'est un but
limité.
D'un autre côté, vous permettez, dans l'article 48 qui
concerne le pouvoir de réglementation, pour toutes fins que de droit, de
faire une discrimination quant à ce critère, qui est très
arbitraire. Il n'y a pas de correspondance stricte entre le besoin et la
réponse. Je crois qu'étant donné que c'est un concept
auquel le Québec s'est si souvent opposé, que c'est un concept
vicieux en quelque sorte, qui est vicié sur le plan des objectifs d'une
loi d'aide sociale, des objectifs sociaux, je ne pouvais pas faire autrement
que de le souligner et de dire: On s'en va très, très loin.
On va être placé dans une situation embarrassante quand on
va vouloir, à l'avenir, dire qu'on n'aime pas le concept d'aptitudes au
travail, parce qu'on l'a mis dans notre loi. Il y a un dilemme, je ne sais pas
comment on peut le résoudre, mais j'ai l'impression qu'il pourrait
être résolu en l'accordant, peut-être de façon
explicite, pour les moins de 30 ans, en disant ce qu'on veut clairement
plutôt que de le faire indirectement. Dans le moment, vous faites un
libellé qui a cet effet, mais qui pourrait en avoir d'autres. Une autre
façon, c'est de dire clairement: Ecoutez, pour ceux qui ont moins de 30
ans, qui n'ont pas un handicap grave et démontré, dans un sens
quelconque, le taux est différent. Mais pas un pouvoir
général de discrimination.
C'est tout ce que je dirai sur cet amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
de... Gaspé, avez-vous quelque chose à ajouter? M. le
député de Papineau.
M. Alfred: C'est-à-dire que je pense que l'amendement du
député de Saint-Laurent part d'un bon naturel. Malheureusement,
il faudrait le rejeter. Le problème posé par le
député de Saint-Laurent est plutôt un problème
d'éducation. Premièrement, il n'y a pas de sot métier.
Malheureusement, l'éducation qu'on a reçue, surtout pour les
moins de 30 ans, c'est l'éducation à former des gens
adaptés et non pas des gens adaptables. Le jeune garçon qui a
reçu une formation en électricité, il ne peut pas faire
autre chose. Cela le paralyse, donc, il faut tenir compte de ça
aussi.
Je pense qu'à partir de cet amendement, ça nous permet
aussi d'insister, dans un autre ministère, de façon à ce
que nos enseignants aient une éducation de manière à
former des gens adaptables, c'est-à-dire des gens capables de se
débrouiller, de faire n'importe quel métier au lieu de former des
gens adaptés. Cela nous permettrait de poser le problème. Comment
pouvons-nous décider d'un emploi approprié, propre à?
Ça ne marche pas.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement?
M. Forget: J'aurais une question. On essaie de comprendre, de ce
côté-ci, le sens de l'expression "les membres d'une famille sans
enfant à charge ou n'en ayant pas qui soient
décédés". Je ne puis situer cela dans aucun contexte
connu.
M. Lazure: Si vous avez un couple formé de deux jeunes
adultes de moins de trente ans aptes au travail, s'il y a un enfant dans la
taille de la famille, il n'y a aucune discrimination.
Mais si le couple n'a jamais eu d'enfant, ils sont
considérés comme deux personnes seules.
M. Forget: Comme deux personnes seules. M. Lazure: C'est
cela.
M. Forget: Et s'ils n'en ont jamais eu, soit qu'ils n'en ont pas,
ou qu'ils en ont eu qui soient décédés, qu'est-ce que cela
veut dire?
M. Lazure: Si un ménage a un enfant à charge...
M. Forget: Oui.
M. Lazure: Aujourd'hui, c'est considéré, comme dans
la taille régulière: deux adultes et un enfant, avec un taux
d'environ $300. Mais si, par malheur, ils perdent un enfant, on trouvait que
c'était aller loin que de les diminuer jusque...
M. Forget: Et de les remettre au taux... Je comprends.
D'accord.
M. Lazure: C'était pour éviter cette
discrimination.
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement est-il
adopté?
M. Alfred: Rejeté.
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Jolivet): L'article 8 est adopté
sur division. L'article 9 sera-t-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 10?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Le projet de loi
118 est adopté avec amendements. Nous ajournons sine die, en tenant
compte que, possiblement, il y aura un ordre de la Chambre pour siéger
après la période des questions concernant le projet de loi
103.
Fin de la séance à 12 h 9
Reprise de la séance à 15 h 53
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, madame,
messieurs!
La commission des affaires sociales est réunie pour
étudier le projet de loi no 103.
Les membres de la commission sont: M. Goldbloom (D'Arcy McGee)
remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Gravel (Limoilou), M. Grenier (Mégantic-Compton) remplacé par M.
Le Moignan (Gaspé); M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Martel (Richelieu), M. Paquette (Rosemont),
M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw (Pointe-Claire).
M. Forget (Saint-Laurent) est remplacé, au niveau des
intervenants, par M. Goldbloom (D'Arcy McGee).
Projet de loi no 103
Le projet de loi no 103, article premier, M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Excusez-moi, le rapporteur sera
toujours M. Gravel (Limoilou), tel que prévu par la commission de ce
matin. C'est bien cela.
Mme Lavoie-Roux: A l'article 1, avant qu'on fasse l'étude
de...
Le Président (M. Jolivet): J'appelle l'article 1 pour les
besoins, mais vous faites des commentaires généraux.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, étant donné
qu'on n'a pas beaucoup de temps, je ne veux pas faire de commentaires. On peut
passer tout de suite, quant à moi, à l'étude article par
article.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais bien avoir la
quiétude d'esprit du ministre.
M. Lazure: Je n'ai pas parlé de quiétude, j'ai dit
qu'on n'avait pas beaucoup de temps.
Mme Lavoie-Roux: Ah! J'ai averti le leader du gouvernement que,
de bonne foi, on ne pourrait pas terminer à 18 heures.
M. Lazure: Par économie de temps. J'étais
là. Je suis d'accord, mais, enfin!
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. On va commencer par parler et,
après cela...
M. Lazure: C'est cela, c'est pour cela que je vous laisse
parler.
M. Forget: On conclura à la fin.
Débat préliminaire
Mme Lavoie-Roux: Je disais, M. le Président, que je
souhaiterais, d'une certaine façon, procéder avec autant de
célérité que le ministre souhaite le faire, mais vous vous
rappellerez qu'au moment du débat en deuxième lecture, à
l'Assemblée nationale, mes collègues et moi-même avons
soulevé des problèmes extrêmement importants que suscite ce
projet de loi. Il y a des principes qui sont mis en jeu touchant entre autres
le problème de contingentement des médecins et des dentistes dans
l'ensemble des hôpitaux de la province, le problème de la fusion
obligatoire et forcée des établissements contre le gré des
corporations. Il y a également l'abolition, de par la volonté du
ministre, des conseils régionaux de services sociaux.
M. Lazure: Je ne comprends pas.
Mme Lavoie-Roux: A l'article 1, le conseil régional...
M. Lazure: C'est parce que vous dites l'abolition des conseils de
services.
Mme Lavoie-Roux: D'un conseil régional, possiblement. Vous
vous réservez ce droit à l'article 1.
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous aimez mieux la dissolution?
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ah, si vous aimez mieux la dissolution...
M. Lazure: La tutelle, des choses qui s'appliquent aux autres
établissements actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, je ne continuerai pas cette
énumération. Il y a également l'approche autoritaire du
ministre, dans le cas des plans d'organisation des hôpitaux. La liste est
assez longue. Vous vous souviendrez que j'avais fait motion à
l'Assemblée nationale pour qu'une commission parlementaire soit tenue
pour entendre des personnes ou des groupes qui pourraient avoir des
représentations à faire. Ce débat, qui a duré fort
longtemps, n'a pas réussi à convaincre le ministre, puisque, le
lendemain ou le surlendemain il faudrait vraiment que je fasse une
vérification exacte par la suite, il nous a répondu que
l'Opposition demandait une commission parlementaire qui n'était
réclamée par personne, dans le cas de la loi 103, alors que le
ministre avait reçu des télégrammes selon lesquels des
groupes désiraient se faire entendre. Le ministre avait affirmé
de plus qu'il avait largement consulté et il a
énuméré une liste d'organismes qui avaient
été consultés.
D'après les renseignements que j'ai eus et que je peux d'ailleurs
confirmer par les télégrammes dont le ministre a certainement
copie... Vous avez un télégramme de l'Association des
étudiants en médecine de l'Université McGill qui dit:
Mardi soir, le 5 décembre, nous avons fait parvenir un
télégramme demandant d'être entendus en commission
parlementaire sur le projet de loi 103. M. le ministre, vous affirmez en
Chambre n'avoir reçu aucune demande pour présenter un
mémoire et être entendu à cette commission. Nous demandons
que la lumière soit faite en Chambre, à savoir que trois
associations d'étudiants en médecine du Québec vous ont
demandé cette commission. Il y avait également les
étudiants de la faculté de médecine de l'Université
Laval, de l'Université de Montréal et de Sherbrooke, si je ne
m'abuse.
Quant à la consultation, le ministre avait également
affirmé en Chambre qu'il avait consulté la
Fédération des médecins résidents et internes.
Là encore, il y a un télégramme selon lequel la
Fédération des médecins résidents et internes
s'étonne de la précipitation avec laquelle le gouvernement
québécois procède à l'adoption du projet de loi
103. Je cite: "A notre connaissance, ce projet de loi n'a pas fait l'objet de
consultations sérieuses auprès des médecins; au cours
d'une réunion en information sur le projet d'assainissement financier
des hôpitaux le ministre nous a informés de son intention de
soumettre le contin- gentement des médecins à l'enveloppe
budgétaire des établissements; je vous fais grâce du reste.
(16 heures)
J'ai également eu l'information... je n'ai pas de
télégramme ou de ce que je pourrais appeler pièce
justificative à cet égard, mais je pense que je n'ai pas de
raison, bien au contraire, de douter de l'affirmation verbale qui m'a
été faite par la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec qui avait été avertie qu'elle
serait consultée, lors d'une rencontre qui portait sur un autre objet,
sur cette question de contingentement éventuel des effectifs des
établissements de santé et des centres hospitaliers en
particulier. Or, cette consultation n'a jamais eu lieu.
Je comprends mal la position du ministre qui prétend que tout le
monde est satisfait, que tout le monde est heureux et que personne ne veut se
faire entendre. Vous avez là quatre et même cinq
témoignages dans le sens contraire. Je me dis également que si le
ministre ou son ministère avait fait un peu plus de publicité sur
la loi 103 à savoir, par exemple, qu'on y retrouve ce droit
extrêmement autoritaire que le ministre s'arroge, indiquant qu'il pourra,
contre le gré des corporations concernées, fusionner des
établissements, on aurait également pu avoir des
représentations qui auraient pu être faites par d'autres
établissements de santé ou d'affaires sociales.
De toute façon, je ne veux quand même pas... j'entends dire
au ministre immédiatement qu'il n'est pas dans l'intention de
l'Opposition officielle, surtout si le ministre peut nous annoncer que
déjà il a des amendements qu'il est prêt à
déposer, parce qu'on sait j'accepterai une correction du ministre
si je me trompe qu'il est parvenu avec son groupe
privilégié de médecins spécialistes à faire
certaines ententes, peut-être a-t-il déjà des amendements
dans sa poche ou dans sa manche...
M. Lazure: Plein, oui.
Mme Lavoie-Roux: Plein d'amendements. Donc, si déjà
il les a et qu'il veut les déposer, son geste raccourcira les
débats. Ce n'est pas dans notre intention de prolonger cette discussion
de la loi 103. Nous tenons quand même à discuter en profondeur des
principes fondamentaux qui sont mis en question dans ce projet de loi.
Motion pour convoquer des organismes
Je voudrais, à ce moment-ci, faire une motion, compte tenu des
incidents que j'ai rapportés touchant les soi-disant non-requêtes
des groupes à se faire entendre et la soi-disant consultation
auprès de groupes qui ne jugent pas avoir été suffisamment
consultés. J'aimerais faire la motion suivante: "Que cette commission
invite les représentants de l'Association des étudiants en
médecine de l'Université McGill, les représentants de
l'Association des étudiants en médecine de l'Université de
Montréal, les représentants du Regrou-
pement des étudiants en médecine de l'Université
Laval, les représentants de la Fédération des
médecins résidents et internes du Québec et de la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec
à se faire entendre le 18 décembre 1978, à 10 heures, en
commission parlementaire."
Le Président (M. Jolivet): Dois-je comprendre, Mme le
député, que vous demandez l'ajournement des travaux de cette
commission; Si vous le demandez, vous exprimez un voeu que l'Assemblée
nationale donne un ordre de la Chambre à l'effet d'entendre ces
groupes.
J'aimerais savoir quelle est l'intention que vous avez.
Mme Lavoie-Roux: C'est évidemment une motion pour
convoquer ces groupements pour que nous les entendions en commission
parlementaire, pour que nous puissions, à moins je le
répète encore que le ministre nous dise qu'il a des
amendements sérieux à présenter, être
éclairés avec le plus de justesse possible sur les modifications
qui devraient être apportées à ce projet de loi.
Le Président (M. Jolivet): Je suis embêté sur
la question pour la raison suivante: J'ai bien voulu savoir si c'était
un voeu qu'exprimait la commission parlementaire pour qu'un ordre de la Chambre
vienne parce qu'actuellement, comme la commission parlementaire est
réunie ici pour étudier, article par article, le projet de loi
103, une telle motion devient irrecevable actuellement.
Je comprends toute cette question, mais ce que je dis, c'est qu'au
niveau de la commission parlementaire, à moins que la commission
parlementaire ne fasse un voeu qu'elle exprime au leader de la Chambre, ce
n'est pas la même chose que si vous demandiez que la commission ordonne
à l'Assemblée nationale.
Donc, il n'est pas question, en aucune façon, d'ordonner à
l'Assemblée nationale simplement de faire un voeu.
Mme Lavoie-Roux: C'est une invitation que la commission ferait
aux représentants de ces différentes associations à venir
se faire entendre et je pense que c'est un peu différent d'un ordre qui
les obligerait à venir se faire entendre. Je pense que c'est vraiment
une invitation qui leur ouvre la porte pour faire les représentations
qu'ils jugent opportunes.
Le Président (M. Jolivet): Dans ce cas-là, ce que
vous exprimez, c'est que la commission demande que ces gens soient
convoqués en commission parlementaire et qu'en conséquence la
commission exprime, au niveau de l'Assemblée nationale, le voeu qu'on
les invite en conséquence.
M. Forget: M. le Président, sur une question de
règlement, je ne voudrais pas pécher par excès de
formalisme. Il reste que, selon nos règlements, chaque commission
parlementaire est maîtresse de l'organisation de ses travaux. Je suis
sûr que, s'il y avait consentement de la part du ministre, il serait
possible, sans recourir à tout un tas de procédures, d'inviter
les gens qui en ont manifesté le désir à se faire entendre
pendant quelques minutes par la commission, au moment où on va
étudier ce projet de loi article par article. Bien sûr, on
pourrait penser à toutes sortes d'enchevêtrements de
procédure, mais est-ce qu'il n'est pas possible pour la commission,
d'organiser ses travaux en ce sens? C'est ordinairement quelque chose qui est
fait au début des séances d'une commission parlementaire, et il
me semble que c'est une demande d'autant plus naturelle, comme mon
collègue de L'Acadie l'a souligné, que cela ferait passer au
moins une certaine confusion, à savoir si les groupes voulaient ou non
être entendus. Depuis, je pense que la situation est plus claire. Il y en
a qui voudraient être entendus et je pense qu'il y en a qui sont sur
place dans l'expectative d'une invitation possible par la commission
parlementaire. C'est qu'on voit des figures connues...
M. Lazure: Des figures bien connues, oui.
M. Forget: Donc, il ne serait pas difficile, on n'a même
pas besoin de donner d'avis dans l'espace de quelques secondes, d'avoir les
participations recherchées.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, au départ, je veux tout
de suite dire à nos amis de la Fédération des
omnipraticiens, je vois que l'Association des dentistes est présente
aussi, que mes remarques ne veulent en rien minimiser l'importance de leur
témoignage ou de leur contribution. Mais il me paraît difficile,
M. le Président, qu'une commission puisse décider, à
l'encontre d'une décision qui est encore toute fraîche, une
décision de l'Assemblée nationale, il y a à peine quelques
jours. Après un débat de quelques heures, l'Assemblée,
à tort ou à raison, a décidé qu'il n'y aurait pas
d'audition en commission parlementaire. Au fond, on veut prendre le biais de
cette motion pas trop trop formelle, comme vous dites, de cette approche qui
veut éviter le formalisme et j'en suis mais par ce biais,
on veut, autrement dit, faire changer l'avis de la Chambre, à toutes
fins utiles. Si, au moins, on avait la certitude qu'il s'agit seulement de deux
groupes et qu'ils sont ici, je vous dis honnêtement que je n'aurais pas
d'objection. On pourrait le faire par consentement, séance tenante.
Mais, vous le savez d'ailleurs, depuis la fameuse séance du mardi soir,
qui a fait un certain bruit, effectivement, il y a des appétits qui ont
été aiguisés et il y a des groupements qui demanderaient
à être entendus.
Je reviens sur le fond de la question. Sur la forme, M. le
Président, je ne peux pas faire autrement que de m'opposer à la
motion du député de L'Acadie. Pour revenir au contenu de
l'intervention du député de L'Acadie, il y a eu
effectivement une certaine confusion. Mardi soir, à l'Assemblée,
j'ai évoqué la consultation avec un certain nombre d'organismes
sur le point précis de la répartition des effectifs
médicaux, ce que vous appelez le contingentement, qui n'est pas
véritablement du contingentement, et j'expliquerai tantôt
pourquoi. J'ai dit qu'en juin dernier d'ailleurs, il y a un groupement
qui l'admet il y a eu rencontre, moi-même et des fonctionnaires,
avec des représentants des deux fédérations,
spécialistes, omnipraticiens, résidents, internes, plus les
représentants des grandes centrales syndicales, plus les
représentants de l'Association des hôpitaux, sur ce qui nous
paraissait être l'élément important de ce projet et qui se
trouvait, non pas par hasard, mais par une décision du Conseil des
ministres, non pas du ministre, accroché à un plan plus global de
redressement financier des hôpitaux.
Donc, il y a eu consultation au mois de juin. On a eu des
réactions des gens. Je dis que ces groupements savaient fort bien que le
projet de loi s'en venait. Ils auraient pu nous faire parvenir, par
écrit, depuis le mois de juin, des représentations sur ce plan
précis des effectifs. D'accord, on peut alléguer qu'on aurait
dû les consulter de nouveau, une fois le projet fait. Effectivement, il y
a eu des rencontres avec la Fédération des médecins
spécialistes, avec l'Association des conseils de médecins et
aussi avec la Fédération des médecins résidents et
internes.
Il y a quelques amendements, que je déposerai tantôt, qui
découlent de ces discussions et qui... En tout cas, ce qui
intéresse le plus nos confrères dentistes et médecins
actuellement, c'est cette nouvelle disposition qui exige l'approbation, par le
ministre, d'un plan des effectifs médicaux. Il y a quelques
modifications qui satisfont. D'ailleurs, la Fédération des
médecins spécialistes ainsi que l'Association des conseils de
médecins dentistes, c'était dans tous les journaux ce matin,
l'ont dit en conférence de presse, hier. Ces derniers ne sentent pas le
besoin de rencontrer le ministre, ou ne sentent pas le besoin d'avoir une
commission parlementaire, à la suite des conversations que nous avons
eues.
Je pense que ces amendements vont satisfaire aussi nos amis de la
Fédération des omnipraticiens ainsi que les dentistes et les
étudiants. Quant aux étudiants, je fais ici une
parenthèse, le député de L'Acadie insinue presque, au
moment où j'ai parlé à l'Assemblée nationale, que
je savais qu'il y avait déjà des demandes de commission
parlementaire. Il n'y en avait pas.
J'ai expliqué mardi soir dernier on se le rappellera et on
peut le lire au journal des Débats après l'ajournement,
quand on est revenu en Chambre à 20 heures, jusqu'à ce
moment-là, j'avais parlé auparavant, qu'il n'y avait eu aucune
demande de quelque groupe que ce soit, pour la tenue d'une commission
parlementaire. Le projet de loi était quand même
déposé depuis le 26 novembre.
A 20 heures, en arrivant en Chambre, sur mon pupitre, j'ai vu cette
lettre des deux représentants des groupes d'étudiants en
médecine. Là, vous évoquez un télégramme des
étudiants de McGill qui a été envoyé aussi le mardi
soir. Mais il n'y a pas de contradiction dans ma position. Au moment où
je parlais, je ne savais même pas que les étudiants de McGill
avaient adressé un télégramme.
Je veux dissiper toute ambiguïté et préciser qu'il
n'y a certainement pas eu de mauvaise foi de ma part. Il n'y avait pas,
jusqu'à mardi, à 20 heures le soir, de demande d'une commission
parlementaire.
Dernière remarque sur ce que vous appelez le contingentement. On
en parlera plus longuement quand on arrivera à l'article. Je veux quand
même indiquer dès l'abord parce que cela va revenir souvent
dans la discussion que ce que nous demandons, c'est que les
hôpitaux fournissent un plan d'organisation des services médicaux
et chirurgicaux, des services cliniques, si vous voulez, et que le
ministère, le ministre plus spécialement autorise ce plan, ainsi
que les effectifs qui seront rattachés à chacun.
Une fois l'autorisation donnée on verra les
modalités tantôt il n'est pas question que le ministre,
comme on l'a dit en certains endroits, s'arroge le droit de dire quel
médecin pourra aller travailler dans tel ou tel hôpital. Il s'agit
de l'approbation sur un nombre de médecins ou de dentistes.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai jamais insinué une telle chose,
M. le ministre.
M. Lazure: D'autres l'ont fait, pas vous. Ce n'est pas un
contingentement dans le sens qu'on ne force pas un médecin à
aller travailler dans une région ou un hôpital donné. Cela,
c'est du contingentement véritable. Mais ce qu'on fait, c'est qu'on
rationalise; on veut, là aussi, mettre fin à certains abus. Ce ne
sont pas des hypothèses, ce sont des faits. Quand je vous dis, par
exemple, qu'il y a l'équivalent de 40 psychiatres à temps
complet, dans un hôpital général de Montréal,
où il y a un service de psychiatrie de 80 lits. Ce sont des choses qui
existent. Cela n'a pas d'allure, alors que, dans d'autres régions, il
n'y en a pas. Il faut donc exercer un certain contrôle et, par des
méthodes incitatives, depuis des années, on a tenté de le
faire et sans succès. On veut non pas régimenter, si vous voulez,
la carrière de chaque médecin au Québec, mais on veut
qu'il y ait une meilleure répartition géographique.
Le Président (M. Jolivet): Simplement M. le
député de Gaspé vous l'a demandé sur la
question qui est la motion; j'ai une décision à prendre sur cette
question et je voudrais bien la rendre avant qu'on embarque dans une discussion
de fond. M. le député de Gaspé. ( 17 heures)
M. Le Moignan: La motion, c'est de faire entendre des groupes,
c'est le seul but.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Le Moignan: Je me dis: Si on continue de discuter et si, dans
la salle, en ce moment, nous avons déjà des groupes qui
aimeraient se faire entendre, je me demande si, en leur accordant quinze ou
vingt minutes par groupe, on ne sauverait pas du temps en cours de route pour
étudier article par article. Je pense que c'est un point fondamental, si
on veut avancer, étant donné qu'on ne connaît pas encore
les amendements que le ministre va nous proposer.
Le Président (M. Jolivet): Sur la question de la motion,
normalement, la demande de faire comparaître des groupes devant une
commission parlementaire, c'est un ordre qui vient de la Chambre. En commission
parlementaire, on peut faire les motions en conséquence, sauf que, s'il
n'y a pas unanimité, quant à moi comme président ce
n'est pas la première fois que cela nous arrive d'avoir cette motion
cela ne sert à rien de continuer de discuter sur la question
quand on sait que la formule de demande de comparution devant la commission
parlementaire entre, normalement, la première et la deuxième
lecture ou, à certaines occasions, entre la deuxième et la
troisième lecture, avant l'étude article par article en
deuxième lecture, se fait toujours dans une annonce où on invite,
de façon publique, l'ensemble des groupes à s'y
présenter.
Comme cette annonce a été clairement exprimée lors
de la discussion à l'Assemblée nationale, quant à moi,
comme président, compte tenu qu'il n'y a pas unanimité ici pour
entendre des groupes, je juge que l'on doit maintenant passer à
l'étude du projet de loi article par article, sinon on risque de
s'enferrer dans une motion sur laquelle on n'a pas, quant à moi,
l'unanimité ici autour de la table.
M. Forget: M. le Président, je respecte bien votre
décision. Il reste qu'il y a de nombreux précédents
où une telle motion à été reçue en
commission parlementaire exprimant le voeu de la part de membres d'une
commission parlementaire d'entendre des gens qui n'avaient pas
été convoqués par une décision de
l'Assemblée nationale. J'ai participé moi-même à de
nombreuses commissions parlementaires où cette question a
été débattue. Elle a été débattue
après avoir été jugée recevable. Il y a
peut-être une question de formulation. Je pense que si la motion est
exprimée d'une certaine manière, vous allez sûrement la
juger recevable, comme elle a été jugée recevable en
d'autres occasions similaires.
Je voulais simplement faire cette mise au point qu'on peut
présenter une motion dans une forme recevable et, évidemment,
argumenter sur cette motion dans les limites du droit de parole que le
règlement nous donne.
Avant, cependant, d'en venir à cette extrémité,
j'aimerais faire appel une dernière fois au ministre qui dit que
l'Assemblée nationale a écarté une commission
parlementaire. Oui, avant la deuxième lecture, cela a été
écarté, mais une commission parlementaire qui est
convoquée de toute manière, qui pourrait entendre des gens qui
demandent à l'être et qui sont présents, ce n'est
certainement pas une décision qu'a écartée
l'Assemblée nationale. De toute façon, encore une fois, si on
insiste on peut plaider une motion à cet effet, mais à quoi bon
perdre le temps de la commission. Il reste qu'on n'est pas sûr que le
texte sur lequel ont eu lieu des consultations en avril de cette année
soit le texte sur lequel, finalement, on soit appelé à voter en
troisième lecture, et que, pour apprécier le texte final qui va
être amendé d'ici quelques minutes par le ministre, les
lumières des groupes professionnels impliqués ne sont pas
superflues. C'est ce qu'on veut dire. On ne veut pas faire de procès au
ministre. Il y a des problèmes réels qu'il veut résoudre,
on veut bien l'aider à les résoudre. On veut aussi lui dire que
les lumières que les groupes impliqués peuvent nous apporter,
peuvent apporter aux membres de la commission ne sont pas superflues, parce
qu'on est persuadé que tous les amendements qu'il apporte en
dernière minute n'ont pas précisément fait l'objet de
consultations. Or, cela touche un sujet extrêmement important pour ces
groupes, c'est très important. C'est leur contexte de travail. C'est
leur milieu de travail, ce sont presque leurs conditions de travail. Je pense
qu'on devrait considérer cela et considéreraussi la
possibilité que, si on le veut bien, on peut absorber presque tout le
restant de l'après-midi à plaider une motion qui va être
recevable, parce qu'il y a une forme connue de motion recevable sur le
sujet.
Le Président (M. Jolivet): C'est pour cela que j'ai bien
essayé de distinguer tout à l'heure la forme de la motion. Quant
à moi, actuellement, au niveau de la demande de motion telle qu'elle est
faite, il faut avoir l'unanimité de la commission parlementaire. Comme
on n'a pas l'unanimité de la commission parlementaire, j'ai l'obligation
de vous dire que la motion telle que présentée actuellement, de
demander d'entendre les groupes qui sont ici présents, ne peut pas
être recevable.
M. Lazure: M. le Président, puisque le
député de Saint-Laurent a fait un dernier appel au ministre, je
répète que, s'il s'agissait de deux groupes seulement, je vous
jure que je serais prêt à ce qu'on s'entende tout de suite,
séance tenante, on les entendrait, on s'entendrait sur une chronologie,
etc., et la durée des interventions. Mais comme vous le savez aussi bien
que moi, il y a les étudiants en médecine des universités
qui ont été les premiers à demander la commission
parlementaire; il y a aussi la Fédération des médecins
résidents qui l'a demandée; de plus, il y a aussi l'Association
des hôpitaux qui l'a demandée. Je trouve embêtant, sinon
inéquitable, pour les trois autres groupes d'entendre un ou deux groupes
qui sont ici., parce qu'ils sont ici. Pour les autres, cela nous pose des
problèmes, réels de calendrier de travail. Je ne suis pas le
leader de la Chambre. Il est évident que nous avons peu de temps cet
après-midi. Nous devrons continuer les travaux de cette commission.
Quand allons-nous continuer
ces travaux? Je l'ignore. C'est le leader qui décidera. Je ne
peux pas prendre de décision pour le leader.
J'ajouterai, comme dernier commentaire, que nous avons des rendez-vous,
comme j'avais pris l'engagement de le faire mardi soir dernier, nous avons
déjà un rendez-vous de pris avec les étudiants. Je les
rencontre demain, avec les fonctionnaires. On va avoir une séance de
travail. Il y a un autre rendez-vous de pris avec l'Association des
hôpitaux. Il y en a un autre de pris avec la Fédération des
médecins résidents, internes, tous ces rendez-vous sont pour les
24 ou 48 heures qui s'en viennent. Il n'y a rien de fantastique. Ecoutez...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je... M. Lazure:
J'ai la parole?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vous la laisse, M. le ministre, je
reviendrai.
M. Lazure: Bon! Encore une fois, Mme le député de
L'Acadie et M. le député de Saint-Laurent vont dire: Ce n'est pas
de la transparence. Je répète qu'un gouvernement, que ce soit
l'actuel, le précédent ou le futur, ne peut pas avoir une
commission parlementaire chaque fois que les partis de l'Opposition le
demandent. C'est de bonne guerre de le demander. L'Assemblée nationale
s'est prononcée mardi soir. Je répète que ce n'est pas le
seul mode de consultation valable. Il y a d'autres modes valables de
consultation. Nous nous servons de ces modes de consultation.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je trouve vraiment
surprenante l'attitude du ministre. Il dit: Des appétits ont
été éveillés. Le point que je lui ai fait valoir
mardi soir est que, justement et là, je ne veux pas accuser le
ministre, il y a eu la hâte de la fin de session où une foule de
projets de loi sont déposés en même temps et je ne veux
impliquer de mauvaises intentions à qui que ce soit je lui ai
indiqué mardi soir dernier que les gens avaient été peu
avertis ou même peu sensibilisés au fait que ce projet de loi
était déposé et qu'il avait des implications quand
même importantes. La preuve, c'est que, même là, vous venez
d'en ajouter une, M. le ministre, l'Association des hôpitaux du
Québec, qui voudrait aussi être entendue. C'étaient tous
des gens qui, normalement, selon ce que vous nous avez dit, avaient
été consultés, mais, évidemment, je pense qu'il
peut y avoir un entendement différent sur ce qu'on appelle la
consultation, si cela a eu lieu il y a plusieurs mois à l'occasion
d'autre chose, si ceci a été mentionné accidentellement.
Je pense que ma motion de mardi soir dernier, de toute évidence,
était loin d'être superflue.
Je veux dire au ministre, comme d'ailleurs au gouvernement, de ne pas
compter sur moi pour faire des motions pour faire passer le temps ou des
motions pour des commissions parlementaires. Si je n'avais pas jugé que
c'était important, compte tenu des principes contenus dans cette loi, je
n'aurais pas fait une motion. On aurait bien pu en faire une sur la loi 118, M.
le ministre, c'était une loi d'aide sociale; on aurait peut-être
pu faire venir tous ceux que cela touchait; vous avez changé des
catégories de gens qui sont admissibles à l'aide sociale...
M. Gosselin: Pertinence!
Mme Lavoie-Roux: Qui est-ce? C'est le député de
Sherbrooke.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Je ne
voudrais pas qu'on engage le débat.
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président, c'est qu'il est
évident qu'il y avait la nécessité d'une commission
parlementaire et le raisonnement du ministre selon lequel si, chaque fois qu'il
y a un projet de loi, on a une commission parlementaire... Je suis tout
à fait d'accord avec lui. On demande une commission parlementaire, on
aurait pu en demander une sur la loi 118 si on avait voulu s'amuser, mais je
pense qu'ici, il y avait des principes suffisamment importants, que cela
touchait suffisamment d'établissements, de professionnels et la
population pour justifier cette commission parlementaire. Je pense qu'il y a
même une admission du ministre, à ce moment-ci, selon laquelle il
y a beaucoup de gens qui voudraient être entendus à cette
commission parlementaire. Tout ce que je lui demande, c'est que, s'il est
prêt à entendre les deux groupes qui sont ici, je suis prête
à modifier ma motion. Je comprends que le ministre va avoir un
problème vis-à-vis des autres groupes, mais ce problème
n'est quand même pas le mien. Vous avez ici des gens qui sont
intéressés à être entendus; on va prendre des
décisions qui vont déterminer leurs conditions de travail ou le
mode de fonctionnement dans les hôpitaux et on refuse de les entendre.
J'ai non seulement des preuves verbales, mais des preuves vivantes qu'il y a
des gens qui veulent être entendus, M. le ministre. Encore là, le
ministre se récuse en disant: Je vais avoir des petites séances
de travail. Apparemment, il y avait eu des petites séances de travail
auparavant, mais elles n'ont pas été satisfaisantes puisque tout
le monde veut revenir. Il dit non à ceux qui veulent se faire
entendre.
M. Lazure: M. le Président, on revient sur le fond. Encore
une fois, je suis bien prêt à admettre que c'est une question
d'appréciation, à savoir si c'est nécessaire ou non
d'avoir une commission parlementaire sur tel ou tel projet de loi. Je pense
que, par définition, c'est une question de jugement; c'est discutable.
Votre jugement est discutable; le mien est discutable là-dessus. Ce que
je dis, c'est qu'en plus de la commission parlementaire, il y a des
consultations véritables qui peuvent être tenues; le plus bel
exempte est la consultation que nous avons eue avec la Fédération
des médecins spécialistes il y a quelques jours. Je
répète encore
une fois vous n'en parlez pas, évidemment, ce n'est pas de
bonne guerre pour vous d'en parler...
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez, je peux vous en parler des
spécialistes; ce sont vos alliés.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Lazure: Et l'Association des conseils des médecins
dentistes, ces deux groupements hier, l'Association...
Mme Lavoie-Roux: Et tant mieux pour vous!
M. Lazure: Ce n'est pas une question d'alliés ou
d'ennemis. Ce sont des groupements responsables, tous aussi responsables que
n'importe quel autre qui est ici. Ces groupements ont dit: Nous sommes
satisfaits des amendements que vous voulez apporter. Aujourd'hui, on ne se
donne même pas la peine d'écouter les amendements qu'on veut
apporter et on veut refaire la guerre encore comme mardi dernier sur cette
fameuse motion dans le but de convoquer une commission parlementaire. Je trouve
qu'il serait injuste d'entendre les deux groupements qui, entre
parenthèses, n'ont pas demandé, officiellement, la tenue d'une
commission parlementaire, que je sache; alors que les trois autres qui sont
ici, que j'ai nommés tantôt, l'ont demandée.
Alors, je pense que cela serait tout à fait inéquitable.
Je ne veux pas prolonger le débat là-dessus. Nous serons
obligés de voter contre la motion, s'il y a un vote.
M. Forget: Avant que vous ne rendiez une décision finale
sur la recevabilité, comme je crois que vous êtes disposé
à le faire, M. le Président, je proposerais que nous suspendions
pendant quelques minutes nos travaux de manière que des consultations
soient permises ou soient possibles avec la présidence. A cet
égard, il n'est pas simplement question du projet de loi 103.
Il est important qu'avant de créer des précédents,
quant à la recevabilité, on s'entende bien sur la signification
de la motion que nous avons présentée. Nous serions peinés
qu'un précédent fâcheux soit créé à
l'occasion de ce cas d'espèce.
Le Président (M. Jolivet): II faut dire ceci. J'ai eu
à présider une autre commission parlementaire où une
question semblable s'est présentée sur les hommes à
chevaux, si je me souviens bien, au niveau du ministère du Revenu.
Sur cette question, on demandait d'entendre les gens qui se trouvaient
dans la salle. Suite à une décision que j'avais rendue
c'est moi qui présidais cette commission d'entendre ce groupe
sans avoir fait l'annonce publique, puisque l'ordre de la Chambre que nous
avons est d'étudier, article par article, le projet de loi tel
quel...
Que la commission parlementaire fasse une invitation à des
groupes de personnes à être entendus à une date
ultérieure, comme la motion telle que présentée, c'est au
niveau du leader de la
Chambre à décider si la commission parlementaire, qui
actuellement étudie article par article le projet de loi en
deuxième lecture, peut convoquer à nouveau la commission
parlementaire. Ce que la commission peut faire, c'est d'exprimer le voeu
d'inviter les gens, tel que vous l'avez fait dans votre motion, en demandant au
leader de les convoquer à la commission parlementaire puisque si jamais
la commission parlementaire ne l'acceptait pas, jamais la proposition n'aurait
un vote positif.
A ce moment, on pourrait continuer la discussion. Ce que j'ai devant
moi, c'est qu'actuellement, semblerait-il, à moins que je ne me trompe,
on ne veuille pas accepter cette motion d'invitation de gens pour le 18
décembre prochain.
On pourrait continuer la discussion, vous donner vos droits de parole
à chacun, passer par la suite au vote qui sera pris. Comme j'ai la
certitude, jusqu'à maintenant, que le vote sera négatif,
c'était simplement dans le but de vous éviter de perdre du temps
sur une motion qui, d'une façon ou d'une autre, actuellement, n'a pas
l'assentiment unanime de l'Assemblée. (16 h 30)
Dans ce contexte, si vous voulez utiliser tous vos droits de parole,
vous avez le droit de le faire. Je ne vous refuserai pas vos droits de parole.
On passera au vote ensuite, mais on va utiliser les droits prévus,
c'est-à-dire 20 minutes chacun. C'est à vous maintenant d'essayer
de convaincre l'autre partie. Vos droits de parole sont de 20 minutes chacun.
Quand on aura épuisé cela, on passera au vote.
M. Forget: M. le Président, je suis vraiment
renversé de voir que nous en sommes réduits à plaider des
motions pour simplement demander que des gens soient entendus alors qu'ils sont
déjà présents et qu'ils ont manifesté leur
désir de se faire entendre. Le ministre n'a à nous offrir que la
faible excuse, pour expliquer son refus, que ce sera injuste envers d'autres
groupes avec lesquels, par ailleurs, il nous annonce qu'il a des rendez-vous
demain. Il me semble qu'on est devant une situation déplorable
où, sous prétexte de sauver du temps de façon
délibérée, on se dirige dans un cul-de-sac
procédurier où on accepte délibérément d'en
perdre.
Cela doit donc être si important d'empêcher que les gens qui
sont ici s'expriment! Cela ne peut pas s'expliquer autrement. Il doit y avoir
un impératif quelconque qui fait que, par-dessus tout, même si on
doit y passer l'après-midi, les gens qui sont ici, qui ont
décidé qu'ils avaient quelque chose à dire, ne se feront
pas entendre et on va avoir utilisé tous les moyens pour les en
empêcher. C'est un geste sans précédent dans la
révision de la loi qui est devant nous.
La loi sur les services de santé et les services sociaux a
été modifiée à deux reprises jusqu'à
maintenant. Elle l'a été alors que j'occupais le poste de
ministre des Affaires sociales. Il y a eu, à l'automne 1974, des
commissions parlementaires qui ont siégé pendant dix jours, pas
pour l'adop-
tion originale de la loi, pour une modification. Pendant dix jours, dans
cette salle-ci, nous avons siégé pour entendre les
mémoires d'une quarantaine d'organismes. Ce fut la dernière fois
qu'on a eu des auditions publiques de mémoires au sujet d'une
modification à cette loi.
En 1977, le ministre, s'inpirant largement d'un travail amorcé
avant mon départ du ministère, a introduit une série de
modifications qui, je dois l'avouer, étaient plus techniques que celles
qui nous sont soumises, dans le sens qu'elles donnaient suite à des
engagements strictement administratifs, sauf une partie nouvelle qui avait
trait à la mise en application des accords de la baie James pour la
création de conseils régionaux dans le Grand-Nord. De toute
manière, quelles qu'aient été les raisons et
même sur cette question des conseils régionaux du Grand-Nord, je
pense qu'on n'a fait aucun effort particulier pour entendre les groupes
autochtones relativement à l'organisation des services de santé
et des services sociaux dans ces régions-là. De toute
façon, il n'y a pas eu d'audience publique. Cela s'est
expédié en l'espace de quelques heures.
Je n'avais bien sûr pas d'objection formelle à y formuler
à l'époque, ayant élaboré 95% de ce premier
projet.
Cette fois-ci, pour la première fois, on est devant un projet qui
provient entièrement, non pas de la plume du ministre
littéralement parlant, mais au moins de son inspiration, l'inspiration
de ses collaborateurs de A et Z. Il n'y a rien là-dedans que je puisse
reconnaître comme étant un héritage de l'administration
précédente. C'est entièrement de son cru. Il y a trois ou
quatre modifications majeures qui affectent d'une part toute l'organisation
médicale et clinique à l'intérieur des centres
hospitaliers. C'est un sujet qui, dans n'importe quel pays, sous n'importe quel
régime, ferait les manchettes pendant plusieurs semaines, même
pendant des mois. C'est un coup de barre pour ne pas dire un tour de vis que
l'on donne pour la première fois. Je ne dis pas que ce soit
entièrement inapproprié ou inadéquat, je crois qu'il y
avait un besoin, je serais le premier à être d'accord avec le
ministre là-dessus. Il reste que c'est un geste important. C'est un
nouveau départ, en quelque sorte, relativement à l'organisation
médicale dans les centres hospitaliers. Ce n'est pas un sujet mineur, ce
n'est pas un aménagement administratif, c'est quelque chose d'important.
Et même si on est 100% d'accord, par hypothèse, avec la notion
d'une planification des services hospitaliers et des services cliniques
à l'intérieur des centres hospitaliers, je suis d'accord avec une
planification, dans une large mesure. Il reste que les modalités selon
lesquelles ce sera fait sont déterminantes. Or, il y a des groupes que
cela implique, cela les implique profondément. Cela modifie leur droit,
parce que ce sont des droits que la loi leur donne; l'article 192, c'est un
droit, que tout médecin a, d'avoir accès à un centre
hospitalier. C'est un droit qui ne date pas d'Adam et Eve, c'est un droit qui
date d'une dizaine d'années, mais il est réel, il est
exercé, il a fait l'objet de litiges devant les tribunaux, on a
dépensé des dizaines de milliers de dollars de part et d'autre
pour débattre ses implications.
Voici qu'à la fin d'une session, avec toutes sortes de
difficultés d'en discuter, avec aucun débat dans la population,
le grand public qui subira éventuellement les conséquences bonnes
ou mauvaises de cette loi ne sait absolument pas ce qu'on est en train de
faire, à la Loi sur les services de santé et les services
sociaux, il n'a aucune idée de ce qui se passe. Cela se fait comme si
c'était dans un secret voulu, délibérément, pour
qu'il n'y ait pas de discussion. Je ne sais pas si c'est
délibéré ou non, mais, en tout les cas, le secret est
là, l'effet est tout à fait analogue, parce qu'on n'a aucune
délibération, pas un éditorial, alors qu'on voit des
éditoriaux presque sur la pluie et le beau temps dans certains journaux,
il n'y a pas une personne qui se dit informée au Québec, qui a
pensé qu'il y aurait peut-être là quelque chose
d'important.
Il faut quand même se poser des questions. Voilà qu'on est
en train de débattre une motion peut-être pour entendre des gens,
peut-être pas tous ceux qui voudraient être entendus, mais ceux
qui, par bonheur, se trouvent présents ici. On est en train de se
demander si ça ne pourrait pas s'empêcher, d'une façon ou
d'une autre, du côté ministériel.
Je n'y comprends plus rien. Bon, d'accord, il y a toujours une partie
d'exagération quand on dit: On veut être un gouvernement
transparent, ouvert, etc. On sait bien qu'on ne peut pas gouverner sur la place
publique, continuellement, et on est bien prêt à faire certaines
concessions avec la nécessité de faire les affaires publiques, de
mener le gouvernement avec un minimum d'efficacité et ne pas prendre
trois ans pour chaque décision. D'accord, il ne faut pas exagérer
de ce côté. Mais, Bon Dieu! quand on discute d'une question comme
celle-là, quand on discute d'un changement de règles du jeu, dont
il est difficile pour nous et pourtant, je connais un peu ce secteur
d'évaluer les implications de certaines autres dispositions
relativement à la conversion de certains établissements, sans
leur concours, sans leur volonté, de fusion obligée, il est
difficile de mesurer exactement où on s'en va de ce
côté-là, quelles sont les véritables intentions et
les véritables implications. Bien sûr, on peut faire un tas
d'hypothèses, dans notre bureau, au deuxième étage, dire:
Oui, ça peut vouloir dire çi ou ça peut vouloir dire
ça. Mais ce sont quand même des choses importantes et il n'y a
personne qui va être impliquée et qui va dire: Selon nous, le
conseil régional du Bas-du-Fleuve ou le conseil régional de te)
autre endroit, on pense que c'est une bonne mesure, parce que... cela nous
rassurerait, ou c'est une mauvaise mesure, pour telle ou telle raison, c'est
une mesure qui va trop loin.
C'est une loi importante, cette loi, la loi 65, parce que c'est
ça, la loi 65 de 1971, cela a rempli les journaux. J'ai, chez moi, une
caisse complète de coupures des journaux de l'époque. Cela a fait
l'objet de toutes les conversations et de tous les
débats. Mais c'est cette loi qu'on amende actuellement dans un
vacuum politique, dans un vide d'opinion absolument complet. Je n'y comprends
plus rien. Si on faisant des plats au sujet d'un changement... J'ai vu,
après les amendements de 1974, des émissions spéciales
pendant une semaine, à la télévision et à la radio,
pour expliquer tel ou tel article obscur qu'on a oublié depuis
d'ailleurs, sur un amendement que j'avais introduit en 1974, comme si
c'était la loi déterminante pour l'avenir collectif du
Québec.
Voici qu'on en change plus dans cette loi et sur des points plus
fondamentaux. Il n'y a pas un chat qui en parle. Il y a quand même
quelque chose de valable. Est-ce que ce sont les journalistes qui ne font pas
leur travail? Est-ce tout le monde, autrement dit, qui est fou ou qui est
tombé sur la tête, mais que le gouvernement là-dedans a agi
complètement naturellement? Il y a au moins un point d'interrogation que
j'aimerais poser. J'ai l'impression qu'il y a quand même une absence de
conscience de la part du ministre, de l'importance de ce qu'il fait, un
désir de le faire rapidement et vite, en décembre, alors que,
parfois, le hasard voudra qu'on discute de ces questions entre minuit et 2
heures du matin, qu'on sait, un moment très propice, pour une discussion
rationnelle et informée et qui a un grand retentissement dans le public.
On sait combien c'est facile de discuter à ce moment-là, alors
qu'on a aussi la loi du zonage agricole et un tas d'autres choses qui captivent
l'attention du public.
M. le Président, je regrette d'avoir à parler 20 minutes,
mais je vais parler 20 minutes.
Le Président (M. Jolivet): Je vous en sais capable.
M. Forget: Les 20 minutes que j'utilise pour parler, on aurait pu
les utiliser pour entendre le Dr Hamel, M. Chicoine, etc. Voir un dentiste ici
me soulève une question. On parle des départements cliniques. On
va sûrement parler du rôle du conseil des médecins et
dentistes. On va sûrement avoir des débats là-dessus. On
parle également des départements cliniques en supposant que tous
les médecins sont sur un même pied. Ce n'est pas pour rien que le
Dr Hamel est ici. Le Dr Hamel est ici pour souligner le fait que, dans les
hôpitaux, il y a une majorité, dans bien des cas, de
spécialistes. On va probablement faire des références au
conseil des médecins et dentistes où les spécialistes sont
majoritaires.
Quel est le rôle des omnipraticiens dans cela? Est-ce qu'ils vont
constamment avoir à se plier à la volonté ou aux avis
exprimés par la majorité des spécialistes sur la facture
ou la disposition ou l'organisation ou le nombre de médecins de
différentes catégories?
On sait très bien ce qui va arriver si c'est cela. Il va arriver
ce qui était souvent le cas dans le passé, c'est qu'il n'y aura
pas de place dans nos hôpitaux pour les omnipraticiens. Est-ce que c'est
une bonne chose ou une mauvaise chose? Est-ce que c'est dans cette direction
qu'on veut aller ou non?
On peut improviser là-dessus, bien sûr. On peut se dire que
tout est entre bonnes mains et puis à la grâce de Dieu! On verra
bien ce qui va en résulter avec le temps. Mais ce n'est pas comme cela
qu'on peut légiférer intelligemment. Il n'y a pas de rapport qui
a été déposé par le ministre à
l'Assemblée nationale pour dire: Après mûre
considération, voici ce qu'on veut faire avec cela. On invoque des
raisons budgétaires. Ce matin, on lit, dans le Devoir, selon apparemment
des rumeurs généralement bien informées et selon le voeu,
semble-t-il, des médecins spécialistes, que la
référence au budget va être passée sous silence,
qu'on va moins insister sur les contraintes budgétaires. Si ce n'est pas
cela la raison, c'est quoi l'objectif? Est-ce que c'est une autre raison?
Est-ce qu'il y a quelque chose qui justifie une autre approche que la
contrainte budgétaire pour édic-ter des règles comme
celles-là? Cela non plus, on ne le sait pas.
M. le Président, que dire devant une attitude comme
celle-là, de la part du ministère des Affaires sociales, sinon la
qualifier de peu sérieuse? Il y a, malgré tout, dans le
réseau des établissements, des gens qui ont une expérience
valable à communiquer, qui l'ont fait à d'autres occasions dans
le passé et qui pourraient le faire à cette occasion-ci
également.
Ce n'est pas seulement... Et c'est important de le dire, parce qu'il y a
quand même des implications dans certaines remarques que le ministre fait
à l'occasion: On sait bien ce qu'ils vont nous dire, eux autres. Ils
viennent défendre leurs intérêts. Et on sait très
bien ce que vient nous dire un autre groupe. De toute manière, ce
seraient quinze mémoires sur quinze lois différentes, et ils
viennent toujours dire la même chose.
C'est ce genre de remarque qui sous-tend souvent, implicitement ou
explicitement parfois, le genre de réponse qu'on fait: Des commissions
parlementaires, maintenant, on n'en a plus besoin. On les connaît par
coeur. On connaît le disque, la cassette de chacun.
C'est assez méprisant. Bien sûr, il y a une grande partie
des préoccupations des gens, parce qu'ils restent toujours les
mêmes gens, avec les mêmes occupations et les mêmes
préoccupations. On n'y peut rien. Mais de là, d'avance, à
dire qu'ils n'ont rien de nouveau à dire, qu'ils ne font que
défendre de vulgaires intérêts personnels, ou donner
à comprendre que c'est du "special pleading" selon l'expression
anglaise, c'est-à-dire que chacun plaide sa cause, mais que, parce que
c'est sa cause, parce qu'il est personnellement impliqué, cela ne
mérite pas d'être regardé avec plus d'intérêt
que cela...
C'est vrai, cela a toujours été le cas. Dans les
commissions parlementaires, on a vu ce genre de plaidoyer pro domo que chaque
groupe fait pour lui-même. Mais c'est légitime, M. le
Président. C'est tout à fait légitime. Le ministre, comme
les membres de l'Assemblée nationale de ce côté-ci de la
table, sont tout à fait capables de faire la différence entre un
plaidoyer "self serving", purement égoïste, et ce qui peut avoir
une répercus-
sion sociale plus importante. On est tous capables de faire cette
distinction.
Cela ne veut pas dire, parce que la distinction doit être faite,
qu'il ne faut pas écouter les propos en question. Je suis convaincu
qu'il y a ce genre de préoccupation; je suis bien convaincu que les
dentistes vont dire: II faut qu'on s'occupe des dentistes. Et les
omnipraticiens vont dire: II faut qu'on s'occupe des omnipraticiens. Les
étudiants vont dire au ministre demain: Ne nous oubliez pas
là-dedans, on ne veut pas être le dindon de la farce si vous
voulez faire de la rationalisation dans le secteur hospitalier. On trouve que
cela est une bonne idée, mais on n'aime pas être ceux qui en
paient tous les coûts. Et les résidents et internes vont dire la
même chose, ils vont dire: Dans les hôpitaux d'enseignement, nous,
on a droit à un enseignement de qualité et, si vos plans de
rationalisation budgétaire, dans le milieu de l'enseignement, sont trop
sévères, on n'aura plus de professeurs, on n'aura plus personne
pour superviser nos stages cliniques, notre internat, notre résidence.
(16 h 15)
Les programmes d'enseignement, cela a des préoccupations. Si le
ministre voyait les doyens des facultés de médecine, eux aussi
auraient des choses de ce genre à lui dire. C'est bien sûr que
chacun plaide sa cause dans un certain sens, mais ce n'est pas seulement le
plaidoyer qui sert les intérêts des gens, il y a aussi,
derrière cela, les véritables intérêts
d'éducation médicale, les véritables intérêts
d'un accès raisonnable pour les omnipraticiens à la pratique
hospitalière. Je crois que cela fait partie d'un fonctionnement normal
de notre réseau hospitalier. Il s'agit de lui définir une place
appropriée. D'ailleurs, ils seraient d'accord avec cela. Il n'y a rien
là qui puisse les étonner.
Du côté des dentistes, bien sûr, ils sont
minoritaires dans le milieu hospitalier et ils ont besoin de nous le rappeler
constamment. Autrement, ils risquent probablement d'avoir le mauvais bout du
bâton. C'est important que la population ait, en milieu hospitalier, pour
certains besoins bien précis, l'accès à des services
dentaires, selon une méthode qui ne subordonne pas une catégorie
de professionnels à une autre.
Il y a dans tout cela, M. le Président, des choses tout à
fait légitimes, enrichies de beaucoup de détails, d'applications
concrètes qui méritent toujours d'être entendues. C'est la
raison qui nous pousse à faire une motion comme celle-là. On est
désolé d'être obligé de la faire. Ce n'est pas du
tout de gaieté de coeur qu'on met à exécution l'intention
qu'on avait annoncée au ministre en disant: Ecoutez-les donc, ce sera
bien plus utile que de nous écouter. Malheureusement, le ministre
préfère nous écouter. J'espère qu'il en tire son
profit, un peu, malgré tout. On essaie d'être le plus utile et
constructif possible, mais cela ne se compare pas, sans aucun doute, au
bénéfice qu'il aurait pu retirer, avec les autres membres de la
commmission, d'une audition raisonnable, brève, concise. Je suis
sûr que les groupes impliqués auraient pu le faire. Ils auraient
pu être concis; ils auraient pu être brefs. Ils auraient pu
être utiles surtout aux membres de la commission. Ils auraient pu aider
à ce processus d'éducation également de l'opinion
publique.
Il y a des journalistes ici. Ils nous font l'honneur de leur
présence. Ce n'est pas toujours qu'on peut signaler leur présence
en commission parlementaire, mais ils se sont rendu compte, eux aussi, que la
question de la loi 103, ce n'est pas indifférent à
l'intérêt public, ce n'est pas simplement un débat de
procédure. Il y a quelque chose dans la loi 103. On commence à le
réaliser. Je parie qu'il va y avoir plus d'articles dans la loi 103, en
janvier et en février, qu'il y en a eu en novembre et en
décembre; mais il sera trop tard. C'est bien dommage, il sera trop tard.
On va dire: Dans la loi nouvellement adoptée et sanctionnée le 24
décembre par le lieutenant-gouverneur, il y a un certain nombre de
choses qui évoquent les réactions négatives dans le milieu
hospitalier. Cela n'aidera pas au climat de l'année 1979 qui promet
d'être intéressant, c'est le moins qu'on puisse dire, dans le
milieu hospitalier. On va y contribuer dès le 1er janvier. C'est
probablement une intention du Nouvel An du ministre de contribuer, à sa
façon, à l'amélioration du climat.
M. le Président, je termine là-dessus, en déplorant
le négativisme du ministre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé, sur la motion.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
employer les vingt minutes à ma disposition, par respect pour les
médecins et les dentistes ou les groupes qui sont dans la salle. En ce
moment, je me demande ce qu'ils pensent de nous. Je me demande s'ils nous
aiment beaucoup, parce qu'on peut s'employer à discuter de cette motion
jusqu'à 18 heures, si on veut. Nous aurions eu amplement le temps, de 16
heures à 18 heures, d'entendre ceux qui sont ici.
Je constate ici, par une série de télégrammes en
date du 7 décembre dernier, que certains groupes auraient aimé se
faire entendre, présenter leurs doléances, présenter leurs
revendications devant une commission parlementaire. Le point qui
m'étonne, puisque nous vivons en démocratie, quand je pense
à ceux qui sont là, qui nous regardent, qui nous écoutent
et qui vont certainement se dire tout à l'heure, si le débat se
prolonge: Pendant tout ce temps, on aurait pu simplement aller s'asseoir
à la table et, à quinze ou vingt minutes pour chaque groupement,
on aurait pu faire entendre notre point de vue et le ministre aurait
été éclairé ainsi que les membres de la commission.
Le malheur dans tout cela, c'est qu'ils vont nous voir perdre du temps à
accomplir une mission qui, je pense, est très honnête. Il y a
d'autres groupes également qui se sont plaints. Nous en avons eu des
échos, du moins, dans notre parti de ne pas avoir reçu le
projet de loi. La Fédération des services de santé du
Québec, l'Association des centres d'accueil, les centres sociaux, la
Fédération des CLSC...
Mme Lavoie-Roux: C'est nouveau cela!
M. Le Moignan: Ce sont des appels téléphoniques de
gens qui s'inquiétaient, qui n'avaient pas reçu le projet de loi
et, à la toute dernière minute, il y a l'Association des
hôpitaux du Québec, l'AHPQ, qui nous disait qu'elle avait
reçu le projet de loi, mais un peu trop tard pour solliciter ici sa
présence et inviter la commission à l'entendre. Pour toutes ces
raisons je ne veux pas expliciter davantage le temps que l'on
perd actuellement... Je pense que les groupes qui sont dans la salle doivent se
dire: Si les députés fermaient leur poste de radio et s'ils nous
invitaient à aller à la table, on serait beaucoup plus
éloquents qu'eux et ils sauraient pourquoi, en somme, nous sommes venus
ici aujourd'hui. J'ai terminé.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: M. le Président, je suis descendu de la Chambre,
parce que j'ai su qu'il y avait des personnes impliquées dans le projet
de loi 103 qui voulaient présenter leur mémoire devant cette
commission, à l'avantage, pas seulement des députés qui
sont responsables de présenter convenablement leur projet de loi et
faire des amendements, mais peut-être pour donner des
éclaircissements sur le fond de ce projet de loi. Nous avons vu hier que
nous avons eu l'avantage d'entendre les responsables des syndicats des
professionnels de la santé et même des corporations
professionnelles de la santé qui, véritablement, ont fait
certaines recommandations que même le ministre a acceptées comme
valables, comme une amélioration à son projet de loi.
Est-ce que cela arrive toujours en fin de session que le processus
d'évaluer un projet de loi est mis de côté? Est-ce que le
gouvernement essaie d'agir avec une forme de bulldozer pour forcer l'adoption
de certains projets de loi qui sont vraiment une inquiétude pour la
population? Je n'ai jamais vu, parmi ceux qui sont responsables dans les
milieux des affaires sociales, l'inquiétude qu'on voit
présentement concernant le projet de loi 103. Il y a certaines prises de
position sur ce projet de loi qui sont véritablement un changement
profond dans le domaine de la santé, des centres d'accueil, des centres
hospitaliers et qui peuvent affecter la qualité des services, la
qualité de la gestion. Ceux qui sont impliqués, l'Association des
hôpitaux du Québec, l'Association des chirurgiens-dentistes du
Québec, l'Association des omnipraticiens du Québec, qui sont
impliqués de très près dans ce dossier, veulent au moins
donner leur point de vue. Est-ce que les changements prévus dans ce
projet de loi sont aussi importants, ont autant de valeur qu'on doive faire
adopter le projet de loi avant les Fêtes? Est-ce que ce projet de loi
apporte un si grand changement dans la gestion des affaires sociales qu'un
délai pour entendre des témoins qui sont des experts en ce
domaine est aussi important? Je ne crois pas.
Je m'étonne qu'on ait besoin de forcer l'adoption de projets de
loi qui sont aussi importants que les centres d'accueil. Par exemple, sur la
question des lettres patentes, cela implique une chose très importante
pour la Législature concernant l'habilité même du ministre
des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, Mme
Payette . Est-ce que cela lui donne le pouvoir d'enlever maintenant des lettres
patentes à un organisme qui est peut-être responsable de la
gestion d'une propriété depuis cent ans souvent? Le gouvernement
croit-il que si des fonds publics ont subventionné les activités
de tel centre d'accueil ou de tel centre hospitalier, croit-il que s'il y a eu
des fonds qui provenaient de dons privés, parce qu'il y a certains
centres qui sont là à cause de personnes privées qui ont
fait des dons pour faire fonctionner un centre d'accueil comme Saint-Patricks
Society, Weredale Society, maintenant, parce que ce gouvernement est
impliqué depuis le projet de loi 65, parce que le gouvernement a
commencé à s'impliquer dans les affaires sociales plus
directement, croit-il que cela enlève de la valeur à la gestion
originale de ces parties impliquées? Est-ce qu'on peut dire qu'un groupe
comme le Weredale House n'a pas l'entraînement, la formation
adéquate pour faire fonctionner ce centre d'accueil parce que ce centre
a été financé au début par des dons de personnes
privées, par certains dons du gouvernement et que. maintenant, il est la
propriété du gouvernement? Est-ce que ce pouvoir de prendre le
contrôle de ces centres est réaliste avec tout ce que nous savons
sur la qualité même de la gestion du ministre des Affaires
sociales?
Nous avons entendu aussi exposer ce fameux plan d'administration des
hôpitaux. Je crois que cela va changer beaucoup de choses parce que,
maintenant, quelqu'un qui a les qualifications ne peut plus, avec ce projet de
loi, aller dans un centre hospitalier pour pratiquer sa profession, parce que
cette nouvelle formulation va contrôler le nombre de spécialistes
dans chaque établissement. Est-ce que cela va fonctionner pour la
population ou est-ce que cela va fonctionner contre la population? C'est
évident que ceux qui sont en place vont avoir plus de patients.
Pourront-ils agir peut-être avec moins de pression? Peut-être
n'auront-ils plus besoin de montrer leur efficacité. Leur concept de la
concurrence va leur être enlevé au complet. Je ne trouve
aucunement que cela puisse faire mieux fonctionner un centre hospitalier. De
plus, la question que, pour n'importe quelle raison, choisit une raison
unilatérale, le ministère des Affaires sociales peut
dépasser la gestion régionale pour faire changer la vocation d'un
centre hospitalier, sans consulter la population qui, pour le moment, emploie
ce centre pour les soins médicaux, comme, par exemple, le Sherbrooke
Hospital qui est là depuis 75 ans, donnant des services aux personnes de
la région. Maintenant, le gouvernement décide qu'il est plus
opportun de considérer ce centre hospitalier comme un centre pour les
maladies mentales de longue durée, malgré tous les avantages que
les
personnes de la région ont eus, tous les bénéfices
de l'expertise médicale dans cette région, et même si les
gens croient que c'était mieux pour les patients d'être
soignés dans ce centre hospitalier, ce centre de soins
généraux en médecine. (17 heures)
Nous savons fort bien que les représentants de la
Fédération des omnipraticiens et de l'Association des chirurgiens
dentistes sont prêts maintenant. Nous avons une heure pour les entendre.
Ils ont un petit mémoire à vous présenter. Le ministre
est-il prêt à les entendre?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. Vous avez droit
de réplique à ce moment.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas encore parlé sur la
motion.
Le Président (M. Jolivet): Je ne sais pas si vous jugez
que vous n'avez pas parlé sur l'ensemble depuis le début. C'est
vous qui l'avez présentée. Vous avez parlé au moins 40
minutes au début. C'est au niveau, c'est la motion que vous avez
présentée...
Mme Lavoie-Roux: 40 minutes, vous y allez un peu fort. On est
arrivé à 4 heures.
M. Lazure: Mettons 20. Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, vous allez avoir votre droit de parole quand même.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Je vais avoir le droit de parole.
Le Président (M. Jolivet): Vous aurez vos 20 minutes. Ne
vous inquiétez pas.
M. Shaw: Je n'ai que posé un question au ministre. Je n'ai
pas fini mon intervention. Je n'ai que posé une question. Il est
sûr que je vais prendre mes 20 minutes.
Le Président (M. Jolivet): N'oubliez pas que...
M. Lazure: M. le Président, je réponds à la
question.
Le Président (M. Jolivet): Seulement une minute pour
clarifier, M. le ministre. C'est que, d'une façon ou d'une autre,
indépendamment de cela, la réponse du ministre est contenue dans
vos 20 minutes.
M. Lazure: Je réponds à la question. Encore une
fois, je voudrais être bien compris. Je ne refuse pas d'entendre les
représentants de la Fédération des omnipraticiens qui sont
ici dans la salle, ni les représentants de l'Association des chirurgiens
dentistes.
Je répète encore une fois que, s'ils ne s'agissait que de
ces deux groupements, je serais d'accord, tout de suite, séance tenante
et on n'aurait pas eu ce débat pour les entendre, mais il
y a d'autres groupements et je trouve que c'est injuste. Mais, plus important
que cela, M. le Président, je pense que l'Opposition, en particulier
l'Opposition officielle, essaie, et c'est peut-être de bonne guerre, pour
des motifs politiques dans le sens noble du terme, de reprendre un débat
qui a eu lieu à l'Assemblée nationale mardi soir dernier et qui a
duré deux heures; elle essaie de reprendre le même débat et
je pense que c'est antiparlementaire et inapproprié.
Je suis prêt à rencontrer les gens qui sont ici
immédiatement au moment de l'ajournement de nos travaux à 18
heures, s'ils le veulent, comme j'ai rencontré les autres groupements
qui ont demandé à me rencontrer et je souligne, pour revenir
à la question du député de Pointe-Claire, que les deux
groupements qui sont représentés ici ne m'ont pas demandé
de tenir une commission parlementaire pour être entendus, et c'est pour
cela que je parle du rôle politique que l'Opposition joue. C'est normal
qu'elle joue ce rôle. C'est de bonne guerre de se faire les porte-parole
d'un groupement, mais je pense que c'est charrier un peu fort quand les
groupements en question n'ont même pas eux-mêmes fait la demande
d'une commission parlementaire. C'est un peu être plus catholique que le
pape. Je pense que nous n'avons pas à recevoir de leçon de qui
que ce soit. Si on fait le bilan des commissions parlementaires qui ont
été tenues depuis deux ans, depuis novembre 1976 et je
mets quiconque au défi de prouver le contraire nous avons tenu un
plus grand nombre de commissions parlementaires... les commissions
parlementaires ont duré plus longtemps que durant les deux années
précédentes.
M. Shaw: M. le Président, pour continuer, je peux...
Mme Lavoie-Roux; Je ne peux pas contester cela, M. le ministre,
je ne suis pas au courant.
M. Shaw: Les raisons, la dernière fois que nous avons
gaspillé... C'est vrai que c'est un gaspillage de temps de parler de
motion, de retard, mais la motion qui a été proposée par
Mme le député de L'Acadie est à cause du fait que nous
avons besoin d'entendre ces témoins. Leur témoignage est
important pour le sujet. Si ce gouvernement est responsable, je crois qu'il
essaie de l'être, et si les fonctionnaires du ministère des
Affaires sociales sont aussi responsables, ils vont vouloir entendre tous les
témoins impliqués dans un projet de loi avec autant de
changements de fond de directions que nous avons vécus depuis un bout de
temps. On parle de changement de politique du contrôle des institutions.
C'est un changement de fond. Ce n'est pas un petit changement. On dit
maintenant que le gouvernement n'est pas seulement une forme de contrôle,
mais
c'est la gestion directe de certains centres hospitaliers et de centres
d'accueil dans la province. On sait fort bien que le ministère fait les
budgets et les envoie aux hôpitaux maintenant. Est-ce que cela
représente une gestion régionale ou une gestion
centralisée? Vous avez toujours parlé, dans la politique du Parti
québécois, que vous étiez pour une politique de
décentralisation des pouvoirs, mais on voit chaque jour, dans chaque
projet de loi, une autre étape vers la centralisation des pouvoirs
à la bureaucratie centrale du gouvernement...
M. Lazure: Est-ce que le député de Pointe-Claire me
permet une question?
M. Shaw: Certainement.
M. Lazure: Est-ce que le député de Pointe-Claire
sait que dans ce projet de loi qu'on tarde à discuter, il y a justement
un article qui va donner des pouvoirs accrus aux conseils régionaux des
services de santé et des services sociaux et que cette discussion
retarde cette transmission des pouvoirs.
Mme Lavoie-Roux: Mais quand viendra le temps, vous allez pouvoir
les dissoudre, M. le ministre.
M. Lazure: C'est une disposition tout à fait normale qui
avait été oubliée par le gouvernement libéral en
1970. Chaque fois qu'on...
Mme Lavoie-Roux: C'était un heureux oubli.
M. Lazure: Voyons donc. C'est du droit ordinaire.
M. Shaw: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): N'enlevez pas le droit de
parole au député de Pointe-Claire. Il lui reste encore trois
minutes.
M. Shaw: On sait fort bien, M. le Président, que l'on
mette un autre membre à un comité régional, s'il n'a pas
le pouvoir de gestion ou de prendre des décisions sans demander la
permission aux fonctionnaires du gouvernement dans la ville de Québec,
cela ne donne rien. On peut mettre 50 autres personnes à un
comité régional, si ce comité n'a pas de pouvoir de faire
des choses, c'est une mascarade, parce que véritablement on a besoin de
donner des pouvoirs de gestion au comité régional.
Mme Lavoie-Roux: C'est de la transparence. Suspension du
débat, M.le Président?
Le Président (M. Jolivet): Vous pouvez toujours la
demander, mais il n'est pas sûr que j'accorde la suspension. M. le
député de Pointe-Claire.
M. Shaw: M. le Président, on peut peut-être attendre
quelques minutes le ministre, parce que c'est à lui que j'essaie de
parler et, s'il n'est pas ici, j'espère que vous allez suspendre
quelques minutes...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, je suis dans
l'obligation de vous demander de venir vous rasseoir à mes
côtés.
M. Shaw: II est allé prendre sa décision. M.
Lazure: Vous aviez le quorum.
Le Président (M. Jolivet): M.le député de
Pointe-Claire manifeste le désir de vous parler.
M. Lazure: Encore une question?
M. Shaw: Oui, j'ai une question à poser au ministre.
Même si vous démontrez que vous voulez nommer plus de personnes au
comité régional, est-ce que vous allez leur donner des pouvoirs
de décision? Quelle sorte de pouvoirs de décision vont-elles
avoir?
M. Lazure: C'est l'article 2, M. le député de
Pointe-Claire, première page: "D'exercer, à l'intérieur de
son territoire, toute autre fonction ou d'assumer le coût de tout
programme reliés à l'administration des services de santé
et des services sociaux et qui lui sont confiés par le
lieutenant-gouverneur en conseil." A titre d'exemple, depuis un an et demi, on
a donné des mandats de ce genre. On veut asseoir cette pratique dans la
loi. C'est une pratique administrative qu'on avait commencé à
prendre, par exemple, les crédits additionnels qu'on donne depuis deux
ans pour l'aide à domicile: il y a deux ans, $3 500 000; cette
année, $7 millions de plus. On a partagé, per capita, cette somme
d'argent dans les dix régions du Québec. On a envoyé un
chèque à chaque CRSSS. On a dit: Voulez-vous, s'il vous
plaît, distribuer et vous décidez, vous avez le pouvoir de
décision...
M. Shaw: Oui, quelle sorte de décision?
M. Lazure: ... comment distribuer cet argent, selon quelques
critères. Oui. Les personnes âgées, les malades chroniques,
les personnes handicapées. Vous êtes contre les critères,
vous?
M. Shaw: Non.
M. Lazure: Vous êtes contre ça?
M. Shaw: Je suis totalement pour les critères.
M. Lazure: Alors, à l'intérieur de ces
critères, vous décidez et vous nous informez, vous nous envoyez
un rapport dans trois mois. C'est ce qu'on a fait. On a fait la même
chose pour une somme de $23 millions, il y a un an aussi, de l'argent qui
venait de la relance économique, la création d'emplois
temporaires. Chacun des dix CRSSS a décidé de l'attribution de
ces $23 millions. On a été seulement informés, nous. C'est
la même chose pour les équipements des établissements, dans
les hôpitaux et centres d'accueil.
Il y a beaucoup de pouvoirs de décision qui appartiennent
déjà aux CRSSS et on veut les augmenter, si vous nous laisser
adopter cette loi.
Le Président (M. Jolivet): Votre droit de parole
étant écoulé et compte tenu que nous entrons dans la
discussion, je vais laisser au ministre son droit de parole, s'il veut
l'exercer sur la motion.
M. Lazure: Oui. Mme Lavoie-Roux: ...
M. Lazure: Je ne prendrai pas vingt minutes, je ne suis pas
bavard. Bon.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Pointe-Claire, vous n'écoutez pas le ministre?
M. Shaw: Je vais l'écouter.
M. Lazure: Même en l'absence du député de
Pointe-Claire et en l'absence du député de Saint-Laurent, je vais
faire quelques remarques qui touchent surtout aux commentaires du
député de Saint-Laurent. Toujours dans ce contexte un peu
politique de reprendre un débat qui a occupé le temps de
l'Assemblée pendant au-delà de deux heures mardi soir, le
député de Saint-Laurent est coupable d'un certain abus de langage
quand il dit qu'on veut réorganiser complètement le
système hospitalier. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas le cas.
Je pense que c'est le même abus de langage qu'on a entendu hier en
commission parlementaire sur le projet de loi 84. Et cet abus de langage, pour
ceux qui ne l'auraient pas lu, est bien souligné dans un
éditorial du Soleil aujourd'hui, signé Monique Payeur, qui
démontre bien qu'il y a eu des abus de langage et que ce projet de loi,
finalement, est un projet qui vise à un resserrement administratif
nécessaire, c'est le titre de l'éditorial.
Cela n'est pas une réorganisation majeure. Le grand public, le
député de Saint-Laurent nous le dit, n'est pas au courant. Je
fais remarquer au député de Saint-Laurent que, dès le mois
de juin, il y a eu des articles dans les journaux, au moment où on a
annoncé la décision du Conseil des ministres de procéder
à un plan de redressement budgétaire dans chaque hôpital
qui avait accumulé un déficit. On le dit clairement. Cela a
été dit dans les journaux, à l'époque, que ce plan
de redressement devait toucher l'ensemble du personnel dans les hôpitaux,
autant que le personnel médical, clinique, que le personnel
syndiqué et le personnel cadre. On l'a dit ça. Il n'y a jamais eu
de cachette.
M. le Président, je pense que le député de
Saint-Laurent nous induit en erreur, essaie d'in- duire la commission en erreur
quand il dit que le gouvernement veut procéder en cachette, ce n'est pas
le cas. Il y a eu cette grande consultation, je le répète, en
juin et les gens savaient fort bien où on s'en allait. La preuve, c'est
que la Fédération des médecins spécialistes et
l'Association des conseils de médecins dentistes n'ont pas
été surpris et, avec quelques légères modifications
que nous allons apporter, ils se disent satisfaits. (17 h 15)
Pour le journal des Débats, M. le Président, toujours dans
le Soleil d'aujourd'hui, mardi, 12 décembre, je cite un article
signé Roger Bellefeuil-le, qui est ici dans la salle et qui dit, en
parlant de l'Association des conseils de médecins dentistes qui donnait
une conférence de presse, hier, à Montréal, sur les deux
projets de loi, donc 84 et 103 c'est pertinent puisqu'il s'agit de 103,
son président, le Dr Jacques Lambert, faisait en effet savoir que, somme
toute, la plupart des dispositions des deux projets de lois, 103 et 84, sont
conformes aux demandes et aux besoins des médecins d'hôpitaux.
Je pense qu'il faut arrêter d'essayer d'induire la population en
erreur et de faire peur à la population, quand on dit qu'on veut faire
une grande réorganisation des services hospitaliers et qu'on fait cela
en cachette.
Bien honnêtement, tel n'est pas le cas, et plusieurs l'ont
reconnu. Je pense qu'il faut prendre en très sérieuse
considération l'opinion du Dr Lambert, qui représente tous les
médecins, plusieurs milliers de médecins et dentistes qui
oeuvrent en milieu hospitalier.
Je n'ai jamais prétendu et le gouvernement n'a jamais
prétendu non plus que nous n'avions pas besoin de commission
parlementaire. Je le répète encore une fois. Les consultations,
que ce soit un groupe ou individuellement, elles se font tout au cours de
l'année. Je pense qu'il ne faut pas perdre de vue que ce n'est pas pour
rien qu'à l'occasion d'un projet de loi qu'un ministre ou un
ministère consulte, dans notre cas, les personnes qui oeuvrent dans le
réseau des affaires sociales, que ce soit dans les hôpitaux, dans
les CLSC ou dans les centres de services sociaux.
Nous ne sommes pas étonnés de la réaction de
certains groupements. Encore une fois, si le député de L'Acadie
et le député de Saint-Laurent veulent vraiment que, comme
résultat, ces deux groupes soient entendus, je vous dis tout de suite,
M. le Président, que, dès six heures, je suis prêt, avec
nos fonctionnaires, à les rencontrer et à mettre le temps qu'il
faut pour les entendre. C'est vraiment l'essentiel. L'essentiel, ce n'est pas
de prendre deux heures, comme on l'a fait mardi dernier, à
l'Assemblée nationale, pour que cela apparaisse dans le journal des
Débats.
L'essentiel, c'est d'entendre le Dr Hamel, porte-parole de la FMOQ, et
le Dr Chicoine, porte-parole des dentistes, et je suis prêt à le
faire dès six heures. M. le Président, je pense que nous devons
au plus vite disposer de cette motion et passer à l'étude article
par article de ce projet de loi qui a des conséquences
nécessaires impor-
tantes, je l'admets, mais relativement modestes quand même par
rapport à l'organisation.
Quant à l'organisation et c'est ma dernière
remarque pour madame le député de L'Acadie, qui est
peut-être un peu moins familière avec cela que le
député de Saint-Laurent le député de
Saint-Laurent exagère grossièrement quand il dit qu'on veut
affecter toute l'organisation, l'organisation des services cliniques, des
départements cliniques, cela n'est même pas dans la loi, c'est
dans les règlements. Or, on n'y touche pas, aux règlements, on
n'y touche pas.
En clair, pour que le public comprenne bien et on n'a jamais
caché notre jeu dans cela on ne veut pas mettre notre nez dans
l'organisation clinique. On veut effectivement que, dans les
départements cliniques, médecine, chirurgie ou autres, il n'y ait
pas un nombre excessif de médecins dans certains hôpitaux des
grandes villes, Montréal et Québec en particulier, puisque ceci
se fait au détriment des hôpitaux de petites villes et de
régions éloignées.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est ma réplique. Je ne sais pas si le
député de Mégantic-Compton veut parler.
Le Président (M. Jolivet): Vous n'avez pas le droit de
parole, à moins que l'assemblée vous l'accorde, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Lazure: Est-ce que je peux poser une question au
député de Mégantic-Compton?
Le Président (M. Jolivet): Juste une minute. Moi, je n'ai
aucune objection. C'est l'assemblée qui doit le déterminer. Vous
avez été remplacé, comme membre de la commission, par le
député de Gaspé. A partir de ce moment, on ne m'a pas
averti qu'il y avait un intervenant à la place de M. Fontaine. Je dois
considérer qu'à moins qu'il y ait consentement unanime...
M. Grenier: Je n'ai même pas le droit de vous dire cela,
mais je le dis en dehors du micro. J'avais cru que vous aviez saisi qu'il
prenait cela et que je prenais le rôle d'intervenant.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas ce qu'on me dit.
Moi, je n'ai pas d'objection.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
M. Lazure: Avant de me prononcer là-dessus, je veux juste
demander au député de Mégantic-Compton d'éclairer
ma lanterne et lui demander si, à la fin du débat, je me souviens
que le vote a été reporté au lendemain, mais il y a quand
même eu vote sur la motion du député de L'Acadie, qui
réclamait une commission parlementaire, si, à titre de membre de
l'Union Nationale, il a voté pour ou contre la motion du
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ils se sont abstenus M le Président.
M. Lazure: J'aimerais l'entendre de la bouche du
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je n'ai pas le droit d'intervenir tant qu'on ne m'a
pas donné le droit de parole.
M. Lazure: Je vais poser la question au député de
Gaspé, dans ce cas-là. M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: J'étais absent, M. le ministre.
J'étais absent.
M. Lazure: Mais il y a le consentement de notre part pour donner
la parole au député pour répondre à la question, en
tout cas.
Mme Lavoie-Roux: Pour tout.
Le Président (M. Jolivet): II pourrait répondre
à la question; cependant, dans ce contexte-là, le
député de Rosemont avait demandé la parole avant.
M. Paquette: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Pour répondre à la question, il faut
dire une chose, c'est que, quand on a été saisi de la motion
proposée par le Parti libéral je me demande si
c'était celle de Mme Lavoie-Roux ou de M. Forget, député
de Saint-Laurent, à ce moment-là vous vous souvenez qu'on
avait eu vent que deux étudiants je me rappelle fort bien cette
nuit-là qui étaient dans l'arrondissement ici auraient
voulu être entendus par le ministre. Depuis ce temps, on a reçu
des demandes, ce qui est une coutume assez régulière, par
télégrammes, de la part d'associations qui demandent à
être entendues, ce qui change passablement l'aspect des choses. J'aurais
voulu, à la suite de cela, demander au ministre de me faire
entendre.
M. Lazure: Avez-vous voté pour ou contre ou est-ce que
vous vous êtes abstenu? Je suis sérieux, je veux...
M. Grenier: Sur la motion libérale, je pense que j'ai
voté contre, à ce moment-là.
M. Lazure: Vous avez voté plutôt contre, n est-ce
pas?
M. Grenier: Je m'excuse, sur division.
M. Lazure: Plutôt contre, quand même? Je me rappelle
que vous avez parlé contre la motion du député de
L'Acadie.
M. Grenier: Vous avez raison de le dire, avec I'explication que
j'ai fournie.
M. Lazure: II était même fâché contre
le député de L'Acadie.
M. Grenier: Non, pas contre le député de
L'Acadie.
M. Le Moignan: ... la date du 27 décembre. M. Martel:
26.
M. Grenier: Le 26 décembre, qui était la fête
des saints Innocents.
M. Lazure: II était opposé à la motion du
député de L'Acadie. Il ne trouvait pas justifié... Le
député de Mégantic-Compton ne trouvait pas
justifiée la tenue d'une commission parlementaire.
M. Grenier: Je veux répondre, M. le Président,
c'est qu'à ce moment-là je reprends un peu ce que j'ai dit
tout à l'heure dans l'après-midi, on n'avait aucune
information et personne ne voulait être entendu.
M. Lazure: C'est cela.
M. Grenier: On pensait réellement qu'il n'y avait
personne, mais, au train où vont les choses, la sorte de courrier qu'on
peut avoir, on est parti d'un télégramme qui est daté du 7
décembre ici. C'est bien clair qu'à ce moment-là, on ne
l'avait pas, mais on l'a en main à partir de maintenant. C'est la
même chose pour les autres que nous avons: 2 h 45, 3 h 19, 2 h 46 et 11 h
15, le 7...
M. Lazure: Ils se suivent de près à part cela.
M. Grenier: Le projet de loi a été
déposé à toute vitesse, à toute vapeur.
M. Lazure: Non, il a été déposé le 27
novembre et nous lavons annoncé en juin dernier... Tous les groupes
concernés savaient, en juin dernier...
M. Grenier: M. le Président, pour compléter ma
réponse...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Mme le
député de L'Acadie aurait, je pense, une question à vous
poser ou une intervention.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est simplement une
petite rectification que je voudrais faire. On demande au député
de Mégantic-Compton s'il s'est prononcé pour ou contre la tenue
d'une commission parlementaire. J'aimerais simplement rappeler que ce que
j'avais demandé, c'était un report. C'était une motion de
report que j'avais faite. C'était ce sur quoi le député de
Mégantic-Compton avait à se prononcer.
M. Lazure: Mais le but d'une motion de report, c'était de
tenir une commission parlementaire. Quand même, ne faisons pas des
avocasseries.
Le Président (M. Jolivet): Pour gagner du temps, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je vous remercie d'abord d'un
consentement si unanime à me donner un droit de parole si facile
à obtenir. Je voudrais vous rappeler que, à la suite de ces
débats qu'il y a eu en Chambre sur cette motion de report, concernant
cette motion d'aujourd'hui, à ce moment-là, nous n'avions pas
l'éclairage que nous avons ce soir devant les demandes qui sont faites.
Dans les demandes qui sont faites, on a comme information que l'AHPQ ne
désire pas être entendue, tout au moins...
Mme Lavoie-Roux: Le ministre vient de nous informer du
contraire.
M. Grenier: Ah bon! D'accord. En plus de cela s'ajoute...
M. Lazure: M. le député de Mégantic-Compton,
en tout cas, ce que j'ai reçu... Dieu sait ce que je vais avoir sur mon
bureau en arrivant tantôt. Si je me fie à mardi dernier, il y
avait des messagers spéciaux qui venaient porter une lettre sur mon
pupitre, mais, jusqu'ici, c'est l'Association des hôpitaux, les
résidents internes et les étudiants. Il y a quand même...
Quand même, pour l'information du député de
Mégantic-Compton, je n'ai pas reçu de demande des deux groupes
qui sont ici et qui veulent être entendus. C'est cela qui est
étrange. La Fédération des omnipraticiens et l'Association
des chirurgiens dentistes ne m'ont pas fait parvenir de demande. Les
spécialistes, pour votre information, n'en ont pas fait parvenir, ils se
disent satisfaits. L'Association des conseils de médecins est satisfaite
aussi.
M. Grenier: ... qu'il y avait une fédération qui
semblait satisfaite et qu'il y en avait huit autres à côté
qui n'avaient pas l'air de l'être. Ce serait peut-être
intéressant. Je pense qu'on ne devrait pas se battre sur des termes
comme cela, quand arrive un moment comme celui-là, surtout quand on a
afffaire à un gouvernement comme celui qu'on a en face de nous, avec un
programme comme celui qu'il a présenté en campagne
électorale. Je le sors de temps en temps, parce que c'est de plus en
plus vrai que ce programme devrait être appliqué. J'aimerais qu'il
soit appliqué. C'était un bon programme que vous aviez. Si on
veut l'appliquer, entre la réalisation et ce qu'on a promis dans la
campagne électorale, il y a toute une marge.
Quand on voit ici, au secteur de la santé, à la page 31...
Cela a été retouché. C'est la toute dernière
édition. Cela a été retouché. On dit: rationaliser,
démocratiser et améliorer la distribution régionale
d'établissements de santé et de services sociaux. C'est
replacé, cela a été remis au programme. Ensuite, par
l'affectation de ressources suffisantes pour assurer le traitement
approprié des maladies mentales, notamment, la création de
foyers... Article 4, humaniser et améliorer la qualité des
services de
santé et des services sociaux. Ensuite, on dit, par
l'amélioration des cliniques externes, les détails dont on a
besoin pour un programme comme celui-là. On dit ensuite: Par l'adoption
de mesures visant à augmenter le nombre de médecins, des
employés spécialisés et en favorisant une meilleure
distribution régionale. Si on veut traiter... On est favorable à
cela, ici. On dit qu'on veut aller à la base. Le Parti
québécois veut aller à la base, vérifier
auprès des gens, du petit peuple qui a amené le gouvernement au
pouvoir; parce que dans ce temps-là, le "gros monde" se défend
tout seul. Vous étiez en faveur du petit monde, du petit peuple. C'est
ce que vous nous disiez pendant la campagne électorale. Si
c'était vrai, ce n'est pas moins vrai quand c'est le temps de
l'appliquer. Lesgensqui sont ici connaissent le petit monde, ils connaissent le
petit peuple et ils aimeraient vous en parler. Ils sont disponibles. On peut
bien chicoter sur le fait que leur demande est sur votre bureau ou ne l'est
pas. Je voudrais bien... vous êtes plus au courant que nous, les
ministres du gouvernement, pour savoir qu'il ne faut pas trop se fier au
système de transport par courrier, avec le temps que cela prend.
Après avoir écrit et envoyé à la même date
une lettre dans mon comté à la même adresse, il y a une
personne qui l'a reçue trois semaines après l'autre, dans le
même building.
M. Lazure: Cela relève du fédéral.
M. Grenier: Oui, mais raison de plus pour vous autres.
M. Lazure: Le député de Mégantic-Compton
n'était pas ici, mais j'ai dit tantôt, et je suis sérieux,
que je suis prêt avec les fonctionnaires du ministère, dès
18 heures, à l'ajournement, quand on aura fini ce débat un peu
stérile, à rencontrer les représentants qui sont ici, des
omnipraticiens et des dentistes.
M. Grenier: J'aime bien qu'il y ait des rencontres avec le
ministre. Il y a une fédération qui a eu une rencontre avec le
ministre. Le ministre nous a dit pas mal de choses dans la journée, on
n'est pas en mesure de vérifier, mais on s'est rendu compte que pendant
toute la journée d'hier, et les corporations et les
fédérations qui étaient là n'avaient pas la
même réponse à nos questions, que celles que le ministre
nous donnait de l'autre fédération que lui, le ministre, avait
rencontrée. J'aimerais mieux qu'on soit présent à la
rencontre. La façon d'être présent, c'est qu'on les appelle
à la barre. On a cette habitude. Les intéressés viennent
ici, et généralement, ils répondent assez bien à
nos questions. Hier, je pense qu'on n'a pas perdu notre temps. On a
demandé cette commission depuis assez longtemps, à plusieurs
reprises, en Chambre, vous l'avez accordée. J'ai l'impression que la
journée d'hier a été longue et pénible, en ce sens
qu'on commence à être fatigué à l'approche des
fêtes, mais on a appris des choses. Cela a été valorisant
pour tout le monde. Cela nous a permis et cela vous a permis à vous
aussi... Si cela avait été en vase clos... une rencontre dans le
cabinet du ministre, ou avec des représen- tants à un diner avec
le ministre dans quelques minutes, on ne saura pas ce qui s'est passé.
Il faudrait bien aller les voir et leur demander, mais ils aiment parler devant
les gens. Je les ai entendus hier. Ces gens disent des choses fort
éloquentes et fort intelligentes. On n'a pas de raison de cacher cela.
J'aimerais même que les media d'information rapportent leurs propos. Ce
qu'ils nous ont dit hier, vous savez, cela ne faisait pas honte aux
Québécois. J'aimais les entendre. Ce sont des gens
équilibrés. Quand ils nous ont parlé comme ils l'ont fait
hier une partie de la journée, en tout cas, j'ai appris des choses. On a
tous conclu, à la fin de la soirée, hier, vers minuit trente, que
cette discussion avait été profitable, qu'elle avait
été pour tout le monde une source d'information.
Le ministre lui-même a fait beaucoup de concessions dans la
journée, au point que cela change tout mon discours en deuxième
lecture sur la loi 84. J'étais pour être beaucoup plus agressif,
mais là, je vais être modéré. Comme je le disais
hier, ce ministre, ce n'est pas le meilleur des ministres, mais je vais vous
dire que c'est le moins pire du cabinet. Il fait des concessions à
l'occasion. Hier, face à la commission que nous avions, il a
accepté des choses. Cela a fait plaisir à pas mal de monde,
à I Opposition principalement, parce que nous autres aussi, on n'est pas
loin du monde. On contacte des gens, on contacte des personnes qui aiment
être entendues. Les gens nous donnent des nouvelles de temps en temps.
Ils appellent au cabinet du ministre, mais ils appellent les
députés de l'Opposition aussi. Les nouvelles se rendent quasiment
aussi vite que chez vous, comme vous voyez, parce que des fois, on est
obligé de vous informer des messages qu'on a.
Je pense qu'il est dans la coutume établie, on insiste
là-dessus, et je pense qu'on ne perd pas notre temps . Si le ministre
décidait qu'on prendrait quelque temps pour recevoir au moins les
personnes qui sont ici, qui nous ont rendu d'énormes services durant la
journée d'hier, qui sont encore disponibles, qui sont là pour
cela, et des personnes capables de nous renseigner... Oui?
M. Lazure: Seulement une minute sur votre temps. Vous
n'étiez pas ici. Le problème, sérieusement, c'est qu'il y
a d'autres groupes depuis 24 ou 48 heures, pour toutes sortes de raisons...
Non, mais le député n'était pas ici. S'ils étaient
les seuls qui le demandaient verbalement, puisqu'ils ne l'ont pas
demandé par écrit, je serais prêt à les entendre, et
on les aurait déjà entendus à l'heure qu'il est. J'ai
expliqué tantôt qu'il y avait trois autres groupes depuis hier qui
demandent des rencontres, et ce ne serait pas juste et équitable
vis-à-vis de ces groupes d'entendre ceux-ci en commission parlementaire
et de ne pas entendre les autres. (17 h 30)
M. Grenier: M. le Président, j'espère que si jamais
un jour on forme le gouvernement, on ne procédera pas de la façon
que procèdent les gouvernements que j'ai connus. Disons que cette mesure
de passer en commission les projets de loi a été instaurée
vers les années 1967-1968 et j'ai par-
ticipé, en tant que président, à la commission de
l'éducation et à la commission de l'énergie et cela s'est
fait à ce moment-là. Mais, je
Vous ne me ferez jamais accepter comme député de
l'Opposition et si jamais on devient le gouvernement, je vous supplie de me le
rappeler, si vous n'y êtes pas en tant que ministre, si vous êtes
invité, à ce moment-là, de l'autre côté comme
ancien ministre ou personne ayant collaboré avec ce ministère, je
veux que vous me le rappeliez comme intervenant alors que vous serez
peut-être un représentant d'institution et qu'on continuera encore
de recevoir des gens, même si c'est nous qui sommes là. Je
voudrais que vous me le rappeliez à ce moment pour me dire que ce
n'était pas à cela qu'on s'était engagé. Je
m'engage, M. le Président, à ce que, si jamais on forme le
gouvernement, les personnes sachent plusieurs journées à l'avance
que les projets de loi qui chambardent des choses aussi importantes, de base
j'aurai l'occasion d'y revenir en Chambre parce qu'il y a encore des
choses à dire là-dessus je pense qu'il faut les faire
connaître plus longtemps d'avance que cela aux gens.
Avec la journée d'hier principalement, vous reconnaissez que ce
n'est pas stimulé à un moment donné. Non, ils viennent
d'apprendre qu'il y a une loi qui s'en vient, qu'elle est importante et ils se
sont donné quelques heures pour l'étudier, c'est tout ce qu'ils
ont eu comme temps. Je pense qu'il faut être plus honnête que cela
envers la population, envers ses représentants. Vous avez voulu les
diminuer hier en disant qu'ils étaient moins que 10 000; en tout cas,
cela frise les 9000, cela commence à être du monde et ils veulent
être entendus. Ces personnes sont des multiplicateurs, ce sont des
services qu'ils dispensent à une bonne partie de la population. Je pense
qu'ils ont des raisons d'être entendus. Ce qu'on amène
là-dedans... Personnellement, on va faire des propositions et on va vous
en suggérer plusieurs mais eux seraient en mesure de nous aider, aussi,
à rendre votre loi plus acceptable. On l'a vu dans trop de secteurs,
hélas, un ministre qui voulait faire de grosses lois et qui nous
arrivait un mois après en disant: On se rend compte qu'on a
adopté cela un peu trop vite et on va changer aujourd'hui l'article 21,
l'article 23, l'article 69. On arrivait avec une série d'articles de
fond qu'il fallait changer. Je devrais vous donner comme exemple le ministre
des Affaires municipales qui en sait quelque chose. Il a été le
premier à nous présenter une loi. Cela ne faisait pas trois mois
que vous formiez le gouvernement qu'il était prêt à
présenter une loi et nous rappeler des articles importants quelques
semaines après la passation de la loi, parce qu'il s'était rendu
compte qu'il n'avait pas assez consulté.
Cela pourrait être accepté que nous ne consultions pas, le
Parti libéral, l'Union Nationale. On n'est pas supposé,
d'après le gouvernement, être des gens qui consultent. Vous nous
avez tellement dit pas vous, heureusement, vous n'étiez pas dans
l'Opposition, il y en avait six autres à ce moment-là que
vous consulteriez la base, que vous consulteriez tout le monde que je ne vois
pas pourquoi on se bute à cela. Ce n'est pas de toute urgence de
régler cela, vous savez. On va continuer d'exister; les institutions
vont continuer à fonctionner. Je pense bien que nos associations et nos
fédérations, qui sont ici, vont continuer de s'administrer assez
bien pour le temps des Fêtes. On pourra reprendre cela après les
Fêtes à tête reposée au début de la session au
mois de mars; on aura du temps.
On nous arrive avec une série de projets de loi et on veut tous
les passer dans la même semaine.
M. Lazure: ... l'autre soir et vous êtes maintenant en
train d'en faire une.
M. Grenier: Justement parce que les gens ne l'avaient pas su.
Regardez tous les gens qui veulent intervenir sur le projet de loi. Cela change
un peu la couleur des choses. Le raisonnement que vous faites me fait un peu
penser au cultivateur chez-nous qui décide: Ce matin, je laboure ma
terre. A un moment donné, il commence à pleuvoir et il ne laboure
pas. Oui, mais la température a changé dans une heure; la pluie a
commencé. Il arrête de labourer quand la pluie prend. C'est la
même chose qui nous arrive. On ne savait pas qu'il y avait du monde qui
voulait se faire entendre. Honnêtement, il n'y avait pas de gens. On
apprend qu'il y a des gens qui veulent se faire entendre. Ce n'est pas Jos
Bleau. Ce sont des fédérations. Ce sont des gens qui
représentent plusieurs personnes. On a avantage et vous avez avantage...
M. le Président, le ministre a avantage à entendre ces gens. On
les a entendus hier et ils nous ont dit des choses fort pertinentes. Cela a
changé mon jugement au cours de la journée d'hier. Je pense que
cela peut aussi changer le jugement d'autres personnes. Je ne veux pas utiliser
tout mon temps mais je voudrais vous rappeler, M. le Président, que le
ministre devrait accéder à la demande des gens qui sont ici
présents et si on n'a pas le temps de recevoir tout le monde, au moins
qu'on reçoive les gens qui sont jugés, comme vous l'avez fait,
à un moment donné, en faisant un tri dans les autres qui ont
été des personnes importantes. Je pense qu'hier, on a eu les
véritables sons de cloche des huit organismes que nous avons
rencontrés en deux groupes et de quatre et cela nous a permis d'avoir
l'éclairage dont on avait besoin.
Je vous demanderais d'avoir de la condescendance pour ces gens et
d'être respectueux de votre programme parce que, bientôt, ce seront
vos députés qui vont vous reprocher de ne pas vouloir respecter
votre programme. Si vous voulez l'appliquer intégralement-Une
Voix: Pour passer des lois, des fois.
M. Grenier: ... vous pourriez appliquer votre programme, ce
serait peut-être bon de consulter les gens de la base qui sont ici
aujourd'hui et qui le demandent. M. le Président, je termine
là-dessus en suppliant le ministre d'entendre ces
personnes, au moins celles qui sont ici, qui sont disponibles, pour nous
aider, nous de l'Opposition, et le gouvernement aussi.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Rosemont...
Le Président (M. Jolivet): Non.
M. Paquette: Cela ne vaut pas la peine.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, le député
de Gaspé disait, avec raison, que probablement, le public et, en
particulier, les médecins dentistes et autres professionnels qui se
trouvent dans le public ici à nous écouter seraient fort
étonnés de voir que nous perdons notre temps alors qu'eux
pourraient se faire entendre, si nous étions un peu moins rigides.
Je pense, par contre, qu'ils ne seront pas surpris. Ils sont à
une dure école depuis une semaine. Une partie d'entre eux ont entendu le
débat sur la motion de report qui avait justement comme objectif de
convoquer une commission parlementaire sur la loi 103. Ce débat a
été, à mon point de vue, fort ardu et assez pénible
à l'Assemblée nationale, mardi soir, mais il a eu comme
résultat qu'au moins une commission parlementaire a été
convoquée pour la loi 84. D'ailleurs, c'est l'interprétation que
les journaux en ont donnée, d'autant plus que le ministre avait
déjà indiqué, par télégramme,
antérieurement, au groupe ou au front commun, comme on l'appelait hier,
qui voulait se faire entendre, qu'il n'était pas question d une
commission parlementaire et que ce sont les efforts que nous avions
déployés le mardi soir pour, à ce moment, convoquer une
commission parlementaire sur la loi 103 qui ont agi comme pression pour,
finalement, que la commission parlementaire soit appelée sur la loi
84.
Je pense qu'ils commencent à se familiariser avec les
règles du jeu et ils doivent s'apercevoir qu'ils ne seront
peut-être pas prêts à changer de métier avec nous
demain matin. Une chose est certaine, c'est le seul moyen que nous avons
à notre disposition pour sensibiliser la population aux implications
plus sérieuses que certains projets de loi peuvent avoir. La motion de
l'autre soir était, évidemment, pour se faire éclairer par
les principaux groupes concernés. Cette commission parlementaire a
été refusée. Si, ce soir, je refais une motion pour que
nous invitions des groupes à se faire entendre en commission
parlementaire, c'est un ultime effort, parce que c'est le dernier que nous
utiliserons et je peux rassurer les honorables membres du gouvernement que,
désormais, après qu'on aura réglé cette motion, on
s'attaquera à chacun des articles, comme je le disais tout à
l'heure, en faisant voir ce qui est bon, ce qui n'est pas bon, ce qui devrait
être corrigé le mieux possible pour essayer d'améliorer le
projet de loi. Mais cela demeure quand même la seule arme que nous ayons
pour sensibiliser le public aux implica- tions de ce projet de loi et il y a
des principes qui sont en jeu dans ce projet de loi.
La loi 84 et je pense que le député de
Mégantic-Compton l'a fort bien dit hier a été fort
utile. Le ministre, sans doute, peut nous rassurer en disant: J'ai entendu le
groupe de médecins spécialistes et l'Association des chirurgiens
dentistes qui sont d'accord, mais il laissait de côté quand
même un grand nombre d'associations, fédérations ou autres
groupes qui voulaient être entendus. J'ai beaucoup appris et je pense que
cela a fait avancer des choses, ils n'ont pas perdu leur temps, ils ont pu se
sentir frustrés à certains moments hier en commission
parlementaire, mais je pense que si des modifications sont apportées a
la loi 84 en deuxième lecture, article par article, et
éventuellement, quand elle aura été adoptée, ce
sera dû aux efforts qu'ils ont déployés en commission
parlementaire hier. Il ne faut pas se leurrer là-dessus.
C'était un projet de loi ou c'est encore un projet de loi
très technique, avec des considérations administratives d'une
grand portée. Je pense que le rôle qu'ils ont joué ici hier
était extrêmement important et c'est dans ce sens qu'une
commission parlementaire sur la loi 103 aurait aussi été
également utile.
Le ministre s'entête il n'y a pas d'autre expression
à vouloir dire: Je les rencontre dans mon bureau. Je les rencontre ici
et là, au hasard de mes visites, et c'est ce qu'il appelle de la
consultation. Je pense que, au moment où un projet de loi est
déposé, celui-ci normalement devrait suivre le processus
régulier de la discussion à l'Assemblée nationale, des
commissions parlementaires où il peut avoir lieu ou non de faire
entendre des gens, mais je pense que le ministre, par ses petits
tête-à-tête privés court-circuite le processus normal
qui devrait être utilisé quand on étudie un projet de loi.
Ce processus normal, c'est... Puisque, pour lui, il y a lieu de les entendre en
catimini, il y a évidemment lieu, pour l'ensemble des
législateurs qui sont ici, de pouvoir entendre les personnes
intéressées qui font valoir leur point de vue. Je trouve cela une
façon vraiment je ne veux pas dire irresponsable pour le
moins pas correcte de procéder quand on en est rendu à
l'étude d'un projet de loi qui est déposé et qui sera
adopté d'ici une ou deux semaines.
En haut, tout à l'heure, on me disait qu'il y a de grands
discours, très éloquents sans aucun doute et cela doit
sûrement venir du côté ministériel sur la
nécessité de valoriser le rôle des députés.
On est à discuter du salaire des députés. Alors, si on
augmente leur salaire, il faudrait aussi les valoriser un peu. Cela doit
être cela, j'imagine, le lien qu'on fait entre les deux, mais, quoi qu'il
en soit et sérieusement, on perd du temps en haut à vouloir
valoriser le rôle des députés et, pendant ce
temps-là, le rôle que nous devons jouer ici, dans le processus
législatif, c est-à-dire celui d'étudier les projets de
loi article par article, avec le meilleur éclairage possible de la part
de ceux qui sont concernés, qui sont touchés par un projet de
loi, le ministre le court-circuite.
Avant-hier, il nous disait: Ecoutez, on ne peut pas tenir de commission
parlementaire, personne n'en a fait la demande. Je suis prête à
admettre que le ministre, à 20 heures, a dit: De bonne foi, je ne savais
pas qu'il y avait des gens qui en faisaient la demande. Alors, il ne pouvait
pas les entendre. Il a pris connaissance, après cela, d'un certain
nombre de télégrammes et il semble bien qu'il y avait des gens
intéressés à se faire entendre. Aujourd'hui, il nous sert
de nouveau le même argument. Ces gens-là ne m'ont pas fait une
demande officielle. Evidemment, ils ont oublié le fameux
télégramme, parce que, là au moins, on aurait le
télégramme sur la table et on pourrait discuter, et c'est encore
le même argument. On ne peut pas les entendre, même s'ils sont
là, même s'ils ont des choses à nous dire, parce qu'ils ne
l'ont pas officiellement demandé. Mais on sait fort bien qu'à
côté de ceux-là, vous en avez plusieurs qui l'ont
demandé et j'ai été fort surprise d'entendre ajouter
à cette liste l'AHPQ, parce que, dans sa réponse ou sa
réplique au discours de deuxième lecture, tous se souviendront,
et je peux le rappeler, que le ministre a fait passablement étant de la
position de l'AHPQ qui, selon lui, était d'accord sur le problème
de contingentement, le problème de la fusion... C'est parce que je ne
veux pas le citer. Mais j'ai bien compris qu'à ce moment-là,
l'AHPQ était hors de doute, ces gens étaient satisfaits, mais le
ministre vient de nous dire tout à l'heure qu'ils auraient
été aussi intéressés à se faire entendre en
commission parlementaire. Quand j'ai entendu cela, j'ai dit: C'est l'argument
massue que l'Association des hôpitaux est satisfaite. Vous nous dites, au
début de cette commission, qu'ils auraient aussi aimé cela, s'ils
en avaient eu la possibilité, se faire entendre en commission
parlementaire. Je regrette, mais il y a quelque chose dans les communications
qui ne fonctionne pas quelque part.
Je voudrais simplement rappeler que, lors de mon discours de
deuxième lecture, j'avais dit et je le répète ici, vous
m'en excuserez: II faut bien dire, et c'est à regret, que, dans le cadre
de la loi 101, encore jusqu'à aujourd'hui, les gens n'en avaient pan
entendu parler.
Evidemment, le ministre fait toujours référence au fait
qu'au mois d'août, de juillet, peut-être au mois de septembre,
j'ignore quand dans le cas de l'APHQ, c'est au mois d'août, c'est
consigné au journal des Débats il avait rencontré
ces gens, leur avait parlé de cela, peut-être d'autre chose. Dans
certains cas, il les avait avertis qu'il les consulterait sur autre chose. On a
su maintenant qu'ils n'avaient pas été consultés
ultérieurement et qu'on leur avait dit qu'il y avait quelque chose qui
s'en venait. Le ministre a dit: Ecoutez, puisqu'on leur avait fait signe, ils
auraient dû préparer des mémoires et nous les envoyer,
faire connaître leur point de vue. (17 h 45)
Mais la façon de faire connaître les points de vue sur un
projet de loi, c'est quand la loi est déposée, c'est de convoquer
une commission parlementaire et, à ce moment-là, les gens qui
sont intéressés se font entendre. Mon collègue de
Gaspé a nommé un certain nombre d'organismes qui, apparemment,
n'avaient jamais vu le projet de loi. Il a parlé des centres de services
sociaux, de l'Association des CLSC, les centres d'accueil, eux aussi peuvent
être touchés et assez considérablement par ce projet de
loi.
Finalement, on se demande qui était vraiment au courant du projet
de loi. Le ministre persiste, il va encore tenir ses petites réunions
privées. Peut-être qu'à la fin, au lieu de toujours nous
citer des médecins spécialistes, il va peut-être se
trouver, deux, trois ou quatre autres groupes qui vont dire: Ecoutez, la
commission parlementaire, c'est impossible. A défaut, on va dans le
bureau du ministre et là, on fait des petits arrangements qui nous
satisfont ou qui nous satisferont davantage que ce qu'il y a dans le projet de
loi. Je le répète, M. le ministre, ce n'est pas la façon
de procéder.
Je dois vous dire que si vous avez, par cette façon d'agir, une
façon de contourner le processus législatif ordinaire, il faudra
aussi étendre le blâme à l'ensemble du gouvernement qui,
par sa façon de procéder, dans sa consultation, "at large",
à l'extérieur du parlement, est en train de transporter des
commissions parlementaires à l'extérieur du parlement, en
l'absence des partis d'Opposition. C'est ce qui se produit dans le processus
législatif, dans la façon de procéder du gouvernement,
actuellement. C'est peut-être le temps qu'on le dise.
Mais là, c'est trop évident, quand les gens sont sur
place, quand on a des gens qui font des demandes, le ministre dit: "Qu'ils
viennent me voir à mon bureau. '
M. Lavigne: Ils n'ont pas fait la demande...
M. Lazure: Les deux groupes en question n'ont pas fait la
demande.
M. Lavigne: Ils n'ont pas fait la demande.
Mme Lavoie-Roux: ... ce n'est pas tout le monde. Je vous ai
demandé d'entendre les groupes. Ce que je vous ai dit sur ma motion...
vous n'étiez pas ici, le député de Beauharnois.
M. Lavigne: Ils n'ont pas fait la demande, j'étais ici,
Mme Lavoie-Roux.
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit: Invite les représentants de
l'Association des étudiants en médecine de l'Université
McGill, les représentants des étudiants en médecine de...
Ils ont fait la demande, j'ai cité les télégrammes tout
à l'heure. Ce n'est pas nécessaire de...
M. Lazure: Vous avez demandé à plusieurs reprises
que les deux groupes soient entendus immédiatement, d'où la
confusion.
Mme Lavoie-Roux: On le faisait... oui, c'est exact, M. le
ministre. Je pense que c'était, de notre part, une concession devant le
fait que vous ne vouliez pas de commission parlementaire. On s'est
dit qu'il y avait quand même des groupes qui sont
intéressés, ils sont sur place, cela les touche, alors,
c'était vraiment une concession à la motion originale qui
prévoyait de faire entendre les gens qui l'avaient demandé plus
officiellement par télégramme ou autrement.
Tout cela pour vous dire que c'est à grand regret que nous allons
aborder l'étude du projet de loi 103, sans que les principaux
intéressés se soient fait entendre. J'aimerais jeter, une fois de
plus... c'est ce qu'il y a de plus significatif dans tout ce que le ministre
nous a dit ce soir. Evidemment, les appétits se sont
éveillés. Mais ce que je pense que le ministre ne veut surtout
pas, c'est d'en éveiller d'autres. Et s'il avait mis, comme on le fait
ordinairement dans le cas d'un projet de loi, un avis dans les journaux,
à savoir que des groupes pourraient être entendus à cette
commission parlementaire comme il l'a toujours été fait dans le
cas des modifications à apporter à la Loi des services de
santé et des services sociaux, vous auriez eu des appétits qui,
sans doute, auraient été éveillés. Ces
appétits, si on y avait répondu, auraient contribué
à améliorer le projet de loi qui, éventuellement, sera
adopté et, surtout, cela aurait aidé chacun des parlementaires
qui sont ici, qu'il soient du côté ministériel ou du
côté de l'Opposition, à faire leur travail avec beaucoup
plus de précision, avec beaucoup plus de sagesse. Et je pense qu'en fin
de compte, cela aurait été dans l'intérêt de la
population. Je vous remercie, M. le Président.
Vote sur la motion
Le Président (M. Jolivet): Vote sur la motion. M. Forget
(Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Gosselin (Sherbrooke)?
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Gravel (Limoilou)?
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Lavigne (Beauharnois)?
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Jolivet): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Lazure (Chambly)?
M. Lazure: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Martel (Richelieu)?
M. Martel: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Shaw (Pointe-Claire)?
M. Shaw: Pour.
Le Président (M. Jolivet): Pour: 4 Contre: 6
La motion est rejetée.
Nous en étions rendus au droit de parole du député
de Gaspé, sur l'article 1, sur l'ensemble du projet. Vous n'avez pas
autre chose?
Mme Lavoie-Roux: On peut ajourner.
Le Président (M. Jolivet): Donc, compte tenu qu'il est 18
heures, nous ajournons sine die.
M. Paquette: M. le Président, est-ce qu'on doit conclure
qu'on doit commencer le débat sur l'article 1 à la prochaine
séance?
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Paquette: Les motions préliminaires sont
terminées?
Mme Lavoie-Roux: Ah! On ne fait pas de promesses pour rien,
nous!
M. Paquette: A ce moment-là, on peut continuer encore dix
minutes.
Le Président (M. Jolivet): Pour le moment, la seule chose
que je sais, c'est que nous sommes rendus à l'article 1. A ce niveau,
nous discuterons à partir de l'article 1.
Fin de la séance à 17 h 50