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Étude du projet de loi no 84
(Quinze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales est réunie pour
étudier le projet de loi 84. Les membres de cette commission sont: M.
Goldbloom (D'Arcy McGee) remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Martel (Richelieu), M. Paquette (Rosemont),
M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw (Pointe-Claire).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Forget (Saint-Laurent)
remplacé par M. Gold-bloom.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est l'inverse.
Le Président (M. Jolivet): Non, je suis correct.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Le remplacement était
fait tout à l'heure en haut.
M. Paquette: Vous avez cité M. Alfred comme participant
à la place de...
Le Président (M. Jolivet): M. Alfred, comme participant,
pourrait remplacer M. Lavigne (Beauharnois) probablement.
M. Paquette: D'accord.
M. Alfred: M. Alfred, député de Papineau,
accepte.
Le Président (M. Jolivet): Une chose que je ne sais pas
pour le moment, je prends cependant sur moi, à titre de
rapporteur...
Une voix: Non.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, s'il vous
plaît! Je ne sais pas s'il y a eu une motion, c'est pour cela que je suis
obligé de...
Mme Lavoie-Roux: Présomption.
Le Président (M. Jolivet):... le présenter pour le
rapport verbal. C'est dans ce sens. Donc, s'il y avait rapport verbal, je ferai
le rapport. S'il n'y en avait pas, comme rapporteur, ce sera le même, M.
Gravel (Limoilou). Le projet de loi 84, M. le ministre, nous allons... Oui?
M. Grenier: M. le député de Gaspé, comme
intervenant.
Le Président (M. Jolivet): À la place de M.
Fontaine (Yamaska)?
M. Grenier: À la place de M. Fontaine.
Le Président (M. Jolivet): Donc, M. Le Moignan
(Gaspé) remplace M. Fontaine (Nicolet-Yamaska). Les remarques
préliminaires, M. le ministre, sur le projet de loi no 84.
M. Lazure: Brièvement, je propose qu'on procède un
peu comme on a procédé avec le projet de loi 103, et, s'il y a
lieu, peut-être de donner des explications sur les amendements que nous
avions distribués vendredi soir dernier aux membres de la commission.
D'abord, il y a d'autres copies des amendements. S'il y en a qui n'ont pas leur
copie ici, il y en a de disponibles. Il y a une série d'amendements qui
étaient contenus dans le document qu'on vous a distribué. S'il y
a des explications à donner, on va les fournir. Sinon, ensuite, on peut
procéder article par article, ou bien, si l'Opposition officielle a une
série d'amendements à proposer tout de suite, je suis ouvert
à n'importe quelle forme de procédure.
Le Président (M. Jolivet): Donc, on va demander, au
représentant de l'Opposition officielle s'il a des remarques
préliminaires, M. le député de Saint-Laurent.
Remarques préliminaires M. Claude
Forget
M. Forget: Merci, M. le Président. Je dois commencer mon
intervention en précisant qu'on ne peut passer sans le commenter le fait
pour l'Assemblée nationale d'être saisie, à ce moment, dans
nos travaux de la dernière partie de la session d'automne, d'un projet
de l'importance du projet de loi no 84. Ce projet a été
contesté par plusieurs groupes qui ont, à ce sujet,
été jusqu'à convoquer plus d'une conférence de
presse successive. Or, il ne nous reste même pas 48 heures, mais
plutôt 36 heures de travail, avant, en vertu du règlement
sessionnel de terminer cette session. Je pense que c'est une situation qui ne
peut pas se passer de commentaires. On a devant nous un projet de loi qui
modifie très considérablement il s'agit d'une cinquantaine
d'articles des mesures très importantes qui affectent plus de 10
000 professionnels, qui affectent indirectement toute la population du
Québec, qui apportent sur certaines de ces dispositions de la Loi de
l'assurance-maladie, des amendements très controversés pour
régler des problèmes, dont quelques-uns sont d'une très
grande complexité. On demande aux parlementaires qui sont actuellement
surchargés de travail, et certainement accablés par la longueur
des travaux à l'Assemblée nationale j'ai à peine
besoin de signaler que, lundi, l'Assemblée
nationale a cessé ses travaux un peu avant cinq heures du matin;
hier, c'était un peu avant six heures du matin. On peut s'attendre que
ce soir, ce soit au moins aussi tard. Ceux qui sont membres de cette commission
sont également, à titre de membres de l'Assemblée
nationale, appelés à participer à d'autres débats
qui portent sur des sujets parfois au moins aussi importants que ceux
traités par la loi 84. (15 h 30)
II semble évident que le ministre a eu un préavis fort
long quant à l'existence des problèmes qu'il veut
résoudre, au moins en partie, par la loi 84. Ces questions sont sur son
bureau depuis des mois, et même des années. Il n'y a aucune
urgence dans les mesures proposées. Il dispose actuellement de tous les
pouvoirs nécessaires, même dans le contexte étroit des
questions relatives à la négociation avec les dentistes, parce
qu'en somme c'est avec la loi 84 qu'il veut modifier l'article 15, son pouvoir
de décret.
Un des amendements qu'il nous propose par la loi 84, c'est de
réinstaurer le décret pour une partie du problème, alors
qu'il en dispose de la totalité. Il peut décréter toutes
les conditions relatives à une entente. Il cherche maintenant à
abroger cette disposition générale et à en introduire une
nouvelle en vertu de laquelle il pourrait modifier, ou compléter, ou
suppléer à l'absence d'une entente pour une partie seulement du
problème.
Donc, il n'y a manifestement pas d'urgence. Il n'y en avait pas en 1977.
Il n'y en avait pas pendant toute l'année 1978, alors que le" projet de
loi était sur le coin du bureau du ministre, et je le dis sans peine,
puisque, quand j'ai quitté ce même bureau, ce projet de loi y
figurait déjà. Je ne peux pas admettre que l'on fasse autant
diligence, alors qu'encore une fois les circonstances ne s'y prêtent pas,
tant aux niveaux de la charge de travail à l'Assemblée nationale
et du caractère controversé de certaines mesures que le ministre
veut apporter qu'au niveau du caractère extrêmement
détaillé, technique, difficile des mesures que le ministre veut
modifier.
Avant de commencer les travaux de cette commission parlementaire qui ne
doit siéger que jusqu'à 18 heures, je veux, au départ,
signifier au ministre que c'est un grattage de surface auquel on a
procédé et qu'il ne doit se faire aucune illusion sur la
capacité ou la possibilité d'en venir à une conclusion.
J'aime autant que nous soyons très clairs là-dessus. Nous n'avons
pas l'intention, si jamais il avait encore des doutes, de nous
précipiter d'un article à l'autre pour produire tant bien que mal
n'importe quelle espèce de projet de loi. Je le regrette, mais c'est la
situation. Les propositions qui sont devant nous, à une autre
période, si elles avaient été proposées au
début d'octobre, auraient probablement fait l'objet de plusieurs jours,
sinon d'une semaine ou deux, de travaux en commission parlementaire pour
l'étude article par article.
Les groupes qui se sont fait entendre, il y a maintenant une dizaine de
jours, dans cette même salle, n'ont eu qu'une journée pour le
faire et ont eu encore moins de temps pour préparer leur
présentation. Ils n'ont pas été en mesure de faire
état aussi complètement qu'ils l'auraient souhaité pour
informer adéquatement les membres de la commission des
difficultés qui existent, et surtout des possibilités de
solution. Les difficultés étant connues depuis longtemps, ils ont
pu quand même en faire une certaine description, mais quant aux
modalités de solution, je crois qu'on se trouve dans une situation
où les membres de la commission, de façon générale,
du moins la plupart d'entre eux qui n'ont pas accès à tout le
dossier de la consultation qui a suivi la publication du rapport
Gélinas, au printemps 1976, qui n'ont pas eu l'occasion de se
familiariser avec le rapport, les différentes études et, en
particulier, je pense au rapport de Me Pépin qui y était
annexé, qui était essentiellement la position qu'avait
adoptée, qu'avait fait sienne le comité de révision des
médecins spécialistes et que Me Pépin transmettait au Dr
Paul Julieu, le 8 septembre 1976. C'était un rapport de plusieurs pages,
65 pages, que j'avais lu à l'époque avec beaucoup
d'intérêt, que j'ai relu au cours des derniers jours et qui me
persuade encore plus que je ne l'étais... Je m'étais bien souvenu
des recommandations du rapport, parce que sans l'avoir relu, j'ai fait les
remarques que j'ai faites en deuxième lecture. J'ai pu constater depuis
vendredi dernier, que ce que j'ai dit en deuxième lecture relativement
à toute la question de la nécessité médicale, de la
relation entre les comités de révision et les corporations
professionnelles, était en tout point conformes aux analyses de Me
Pépin.
Ce qui n'est pas conforme aux analyses de Me Pépin, cependant,
c'est le projet de loi qui est devant nous. Au point même où,
quant à moi, je crois qu'il y a un effort de réflexion
additionnel qui s'avère nécessaire pour reprendre la
rédaction, non seulement des amendements qui sont devant nous, mais d'un
certain nombre des articles de la loi. Il y a des ambiguïtés qu'il
faut dissiper une fois pour toutes. Elles ne se retrouvent pas seulement dans
les quelques articles que vise le projet de loi actuel, elles se retrouvent
dans d'autres articles de la Loi de l'assurance-maladie. Je ne vois pas comment
la commission parlementaire pourrait rapidement s'en convaincre et tomber
d'accord sur un grand nombre de modifications qui ne sont pas prévues
dans le projet de loi 84 et qui seraient nécessaires pour
véritablement s'assurer qu'on ne fait pas le travail à
moitié.
J'ai indiqué au ministre dans mon discours de deuxième
lecture que j'étais convaincu, une fois le projet de loi 84
adopté dans sa forme actuelle, et même s'il était
adopté à 100% dans sa forme actuelle, que le problème que
veut résoudre le ministre et que veut résoudre la régie
dans l'administration du régime d'assurance-maladie, demeurerait
entier.
Aux raisons qui sont contenues dans le rapport de Me Gilles
Pépin, rapport auquel j'aurai l'occasion de me référer et
dont je vais peut-être lire quelques extraits à l'occasion, parce
que cela devrait être dans le journal des Débats, je pense qu'il
s'en ajoute de nouvelles tirées celles-là de
l'expérience des travaux de la commission des affaires sociales,
enfin, des comités de révision eux-mêmes qui existent
depuis le mois de septembre ou l'été 1973. Aussi récemment
que vendredi dernier, vendredi de la semaine dernière, il y a eu une
décision de la Commission des affaires sociales dont il est
nécessaire de prendre connaissance pour pouvoir en tirer un certain
nombre de conclusions. Cela illustre combien, même si le
législateur se veut diligent, il serait futile de vouloir rapidement
régler un problème qui existe depuis des années.
On a dépassé depuis le mois d'août le
cinquième anniversaire de la création des comités de
révision. Je dois dire que cela a pris à tout le monde, y compris
votre serviteur, un certain nombre d'années pour vraiment comprendre les
problèmes extrêmement complexes de droit et de médecine
mélangés et pour entrevoir des solutions. Cela n'aide en rien.
Même ceux qui ont fait cette réflexion n'arrivent pas
nécessairement aux mêmes conclusions.
Tout cela indique qu'il serait futile de vouloir rapidement passer
à des conclusions législatives. Le temps n'est tout simplement
pas disponible pour faire le genre d'étude qui devrait être faite.
Je le regrette beaucoup pour ceux qui sont confrontés tous les jours
à ce genre de problème, mais, de toute manière, peu
importe que je le regrette ou pas, il reste qu'il n'est évidemment pas
du pouvoir d'un membre de l'Opposition de faire quoi que ce soit pour
accélérer le processus législatif quand des lois sont
présentées trop tard et dans un état qui n'est pas
satisfaisant.
M. le Président, nous n'avons pas l'intention de présenter
en bloc des amendements, pour une raison bien simple. Nous avons des
amendements, bien sûr, nous avons pensé à un certain nombre
d'amendements, mais nous sommes loin d'avoir complété un travail
long et difficile que les circonstances ne nous permettent pas
d'exécuter à l'heure actuelle. Il n'est pas possible d'être
en commission parlementaire ou de participer à des débats
à l'Assemblée nationale et, en même temps, de
procéder à l'étude d'un projet de loi comme celui-ci en
préparant des amendements. Donc, nous devrons aller... En plus de cela,
il est particulièrement difficile de le faire étant donné
que, du point de vue de l'Opposition, comme vous le savez, le sort qu'on
réserve à un premier amendement décide également de
celui des amendements successifs. Alors, ce n'est pas une série
d'amendements qu'il faut prévoir du côté de l'Opposition,
c'est tout un jeu d'amendements possibles. C'est beaucoup plus compliqué
d'étudier un projet de loi quand on est dans l'Opposition que quand on
est du côté gouvernemental. Il faut prévoir toutes les
permutations possibles, les changements sur lesquels on n'a aucun
contrôle.
Dans un projet de loi comme celui-ci, je me ferais un reproche de le
faire de façon qui ne soit pas appropriée pour le sujet, ce qui
veut dire qu'essentiellement nous avons un certain nombre d'amendements, ceux
qui nous apparaissaient les plus importants, mais nous n'avons pas un ensemble
complet et nous ne savons même pas s'il est approprié de parler de
ceux que nous avons avant de connaître un peu plus la façon dont
le ministre et le gouvernement lui-même ont l'intention d'aborder un
certain nombre de questions fondamentales.
Je pense que c'est tout ce que j'ai à dire comme remarques
initiales. Je ne répéterai pas ce que j'ai dit au niveau de la
deuxième lecture, sauf pour rappeler que j'ai distingué quatre
séries de problèmes qui nous préoccupaient. Il y avait, en
premier lieu, les problèmes relatifs à l'inscription des
bénéficiaires, Là-dessus, je peux indiquer que nous
n'avons pas d'objection. Je serais mal placé pour avoir des objections,
parce que j'ai personnellement concouru, c'est le moins qu'on puisse dire,
à encourager un processus d'inscription des bénéficiaires
beaucoup plus rigoureux, beaucoup plus efficace que celui qui existait
auparavant. Je pense que des progrès intéressants ont
été effectués de ce côté. Il y a eu au moins
une infrastructure. Il y a un système d'enregistrement des
bénéficiaires. Il s'agit maintenant de savoir quelle destination,
quelles conséquences légales doivent découler, doivent
s'attacher à l'existence d'un fichier des bénéficiaires,
d'un registre de bénéficiaires. Là-dessus, nous n'avons
pas beaucoup d'objections. On se souviendra que l'Assemblée nationale a
adopté le projet de loi 123 pendant la présente session, qui
permet un registre des électeurs. J'ai indiqué en deuxième
lecture qu'il m'apparaît approprié que, dans la mesure où
il y a un registre des électeurs qui puise ses renseignements, entre
autres, du registre des bénéficiaires de la Régie de
l'assurance-maladie, les dispositions de la Loi de l'assurance-maladie qui
permettent ce transfert d'information soient des dispositions restrictives.
C'est très important.
Dans le moment, ce n'est pas du tout formulé de cette
façon, parce qu'on veut donner à la régie le pouvoir de
transmettre des données: noms, adresses, dates de naissance au
président général des élections. On va beaucoup
plus loin que cela, on lui donne le pouvoir de transmettre des données
à n'importe qui. C'est beaucoup plus que le client n'en demande. On
verra s'il y a d'autres clients pour le registre de la régie, mais c'est
à l'Assemblée nationale de répondre à cette
question. Ce n'est pas au Conseil des ministres. Ce n'est pas aux
fonctionnaires du ministère des Affaires sociales de répondre
à la question. S'il y a d'autres clientèles pour le registre,
l'Assemblée nationale prendra connaissance des demandes et verra s'il
est nécessaire d'amender la loi. C'est la seule façon que cela
peut se faire, autrement on ouvre la porte à des accusations qui
seraient peut-être fausses et sans fondement, mais on ouvre la porte
à des risques réels également. Donc, il y a seulement ce
problème. C'est un problème réel, je le signale, on
pourrait certainement rédiger un amendement. De notre côté,
il n'est pas encore rédigé ou il l'est peut-être; ce n'est
pas sûr. De toute façon, il est facile de rédiger un
amendement à l'article pertinent à la Loi de
l'assurance-maladie.
(15 h 45)
Cela étant fait, il n'y a plus tellement de problèmes du
côté des registres bénéficiaires. Les autres
problèmes sont des problèmes financiers dans le fond, incidents
à l'application des règles nouvelles soulevées par les
syndicats médicaux et les autres syndicats professionnels de la
santé. La réponse à cela c'est évidemment la
réponse de la négociation. Dans un certain nombre de cas, cela a
déjà été négocié. Donc, ils n'ont
plus cause, je pense, à soulever ces problèmes.
Ce n'est pas tout. Il y a aussi, dans la loi, des mesures qui visent le
mécanisme de paiement simplement sur un plan financier. Quels sont les
pouvoirs de la régie? Quels sont les pouvoirs, les droits et les
obligations des professionnels de la santé face à la régie
dans un mécanisme de paiement qui existe déjà, qui
obéit à certaines règles dans le moment et sur lesquelles
la régie voudrait avoir un accroissement de pouvoirs? Des règles
qui la favoriseraient davantage que ne le font les règles actuelles.
Notre position là-dessus, très brièvement, c'est
que nous croyons qu'il est approprié pour la régie de soulever ce
problème et qu'il est approprié également pour le
législateur de lui faire droit dans une certaine mesure, mais qu'il faut
bien faire attention, dans le désir d'améliorer
"l'efficacité" entre guillemets d'un processus de
paiement, de ne pas créer une disproportion insurmontable pour des gens
de bonne foi et il faut présumer de la bonne foi, M. le
Président, de façon générale, des gens de bonne foi
qui malgré tout... Vis-à-vis de n'importe quelle structure
administrative, que ce soit le bureau de l'American Express quand vous payez
vos cartes de crédit, il s'agit de savoir comme c'est facile de discuter
avec un ordinateur. Tout le monde, à peu près, a fait
l'expérience de ce genre de choses, d'avoir à payer deux fois
pour un billet d'avion ou pour autre chose jusqu'à ce que trois ans
après on obtienne la correction parce que quelqu'un s'était
trompé dans le pitonnage, comme on dit, de ces genres de
réclamations.
Il y a une disproportion entre l'individu et n'importe quel organisme
privé ou public, et il ne faut quand même pas charger. Il ne faut
pas quand même pas exagérer. Sous prétexte
d'efficacité, on peut aller trop loin. Encore une fois, il est
légitime de chercher à permettre à la régie un
certain nombre de choses, mais le souci d'équilibre doit être la
marque de commerce du ministre et de l'Assemblée nationale dans cette
question.
Il y a aussi les questions que soulèvent les dispositions
relatives aux questions professionnelles dans la juridiction des comités
de révision. Je n'y reviendrai pas, M. le Président, j'ai dit
combien c'était compliqué et ayant dit que c'était
compliqué, si compliqué qu'on ne pouvait pas s'en acquitter
adéquatement dans une journée ou deux, ou même trois,
j'aurais mauvaise grâce de vouloir résumer mes pensées et
de dire: C'est compliqué, mais dans le fond, c'est simple. Non, ce n'est
pas simple. Ce n'est pas simple du tout. Pour les régler, il va falloir
surtout disposer de beaucoup de temps et d'ouverture d'esprit.
Je doute fort qu'on en dispose. Donc, je me dis: Ce n'est
peut-être pas tellement utile d'aller plus loin que cela. Il y a un
dernier chapitre que j'ai touché dans mes remarques au cours de la
deuxième lecture, c'était la question de la négociation,
des ententes et la façon dont la loi doit refléter le fait qu'il
existe des ententes et pas seulement la loi.
C'est évidemment le sujet sur lequel on a entendu beaucoup plus
de protestations que les autres et elles étaient peut-être plus
stridentes relativement à cela que relativement à d'autres
sujets. C'est normal parce que les organismes qui parlent au nom des groupes
professionnels sont surtout et au premier chef des organismes syndicaux. Il y a
de ce côté aucune espèce de vérité, bien
sûr, sauf la suivante que le ministre doit respecter les ententes
auxquelles il a donné son acquiescement. Il ne doit donc pas dans une
loi chercher à modifier une entente et, d'ailleurs, l'expérience
a prouvé que c'est légalement impossible.
Comme on s'en souviendra, il y a eu un amendement à la Loi de
l'assurance-maladie adoptée en 1973 qui cherchait à corriger ce
qui était perçu, à l'époque, comme une
interprétation fausse de l'entente, mais qui était
néanmoins dans l'entente: le fameux mot "lui-même". Cette
disposition de l'article 18 de la Loi de l'assurance-maladie qui prévoit
qu'un professionnel de la santé ne peut être
rémunéré que pour les services qu'il fournit
lui-même. Or, cette disposition ne se retrouvait pas comme telle dans les
ententes. On a voulu l'insérer dans la loi et un tribunal a jugé
que, comme la loi était postérieure à l'entente, l'entente
prévalait sur la loi jusqu'à son expiration ou son renouvellement
et qu'il aurait fallu que le législateur non seulement édicte une
nouvelle disposition dans la loi, mais dise qu'elle a effet nonobstant les
ententes, en dépit des ententes en vigueur à l'époque, ce
qui n'avait pas été fait. On croyait que cela en
résulterait automatiquement. Comme cela n'avait pas été
fait, cela ne s'est pas appliqué jusqu'aux ententes de 1976.
Tout ceci pour dire que le respect des ententes est à peu
près le seul principe auquel on doit nécessairement souscrire
dans le domaine des relations entre ce qui est négociable et ce qui est
légiférable, si l'on peut dire. Il n'y a pas de principe. Il y a
seulement des traditions, des habitudes et des expectatives. Ce n'est donc pas
en se montant sur un piédestal de position de principe que l'on peut se
prononcer sur le sujet. Dans cette mesure-là, il faut évidemment
voir toujours dans un certain contexte, les interventions des groupes
syndiqués qui disent: II y a une entente. On devrait faire cela par
entente. Selon eux, on devrait tout faire par entente. Bien sûr, ce
serait plus commode. On peut négocier des ententes, mais on ne peut pas
négocier des lois, du moins en théorie, mais pas aussi
facilement. Dans ce contexte, on pousse toujours pour qu'il y ait de plus en
plus de choses dans des ententes plutôt que dans des lois. C'est un point
de vue.
Le Président (M. Jolivet): Je ne voudrais pas vous
interrompre, mais compte tenu du temps, à
ce niveau, je veux être bien large, mais on a passablement
dépassé les vingt minutes prévues.
M. Forget: D'accord. Je termine dans quelques secondes, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Forget: Dans ce cadre-là, les ententes
c'était d'ailleurs le dernier point il n'y a pas de principe
absolu, mais il y a certaines expectatives. Là, le critère est de
savoir: Est-ce qu'effectivement il y a eu entente? S'il y a eu entente, est-ce
que les modifications prévues dans la loi tendent à ignorer cela,
à la mettre de côté ou à en minimiser l'importance?
Ou au contraire, est-ce qu'elles tendent à reconnaître
explicitement qu'il y a eu entente là-dessus et que, par
conséquent, ce qui est dans la loi n'est que destiné à
habiliter la régie à donner suite à ce qui a
été convenu?
Il y a plusieurs dispositions qui pèchent de ce
côté-là parce qu'elles sont ambiguës quant à
leur signification. Elles peuvent, bien sûr, être
interprétées comme pouvant permettre à habiliter la
régie à donner suite à des ententes. C'est la version
qu'on nous donnera. Mais elles peuvent aussi être
interprétées comme permettant de mettre de côté une
entente, même la possibilité ou le désir d'en conclure une
en permettant au ministre ou au gouvernement d'agir directement. De ce
côté-là, il est bien clair que nous aimerions avoir des
précisions plus considérables et qu'il y a aussi un certain
nombre d'amendements qui découleraient de cela, même si on ne peut
pas, actuellement, malheureusement, les déposer comme tels, mais je
pense que leur sens est clair.
C'est tout, M. le Président, sur l'ensemble des questions que ce
projet de loi soulève. Je pense que nos intentions sont claires. Elles
sont très simples. Elles sont dictées par les circonstances.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Merci, M. le Président. Très
brièvement. Je ne veux pas reprendre les propos que j'ai tenus en
deuxième lecture. Je voudrais quand même rappeler au ministre et
au gouvernement que le ministre me fait un peu penser à la cigale ayant
chanté tout l'été et qui arrive à ce temps-ci,
alors qu'on est entré ici tôt au mois d'octobre, le 3 octobre, et
qu'on a été des semaines complètes où qu'il n'y
avait pas de commissions qui siégeaient, des semaines complètes
aussi avec une commission lorsque nos règlements nous permettent de
faire siéger deux commissions et souventefois, avec le consentement,
trois commissions en même temps que la Chambre. On est pris aujourd'hui
à se garrocher l'expression n'est pas trop forte d'une
commission à l'autre, en Chambre jusqu'à la fin de la nuit, et on
arrive ici aux commissions parlementaires avec des responsabilités de
partis d'Opposition que la population ne nous pardonnera pas.
La population ne pardonnera pas aux partis de l'Opposition de ne pas
scruter la loi à la loupe et quand on a des responsabilités comme
nous en avons ici, je pense que c'est notre rôle de scruter ces lois. Il
y a des lois qu'il faut faire concorder avec notre programme politique et quand
on arrive dans une loi comme celle-là, qui nous est lancée comme
cela, à la toute dernière minute, où on nous... Ce n'est
pas la faute du gouvernement, bien sûr, mais le gouvernement sait fort
bien comment sont composées les oppositions, quelles sortes de
ressources on peut avoir comme parti officiel, parti d'Opposition officielle ou
deuxième partie d'Opposition; il sait les ressources qu'on peut avoir,
puisque les chiffres sont là. Il sait fort bien comment on peut se
préparer et faire face à ces lois. Notre formation politique,
bien sûr, n'était pas prête à faire face à
autant de projets de loi aussi importants dans la toute dernière semaine
de la session. Les lois les plus importantes sont arrivées dans les
sept, huit dernières journées.
Je pense que c'est absolument indécent de la part du
gouvernement. C'est absolument indécent de nous donner cela et de
vouloir "passer" ces "sapins" au temps de Noël à la population. On
a vu d'autres gouvernements à qui cela a été
reproché avant. On a été de ceux-là et le Parti
libéral a été de ceux-là, mais autant que cela et
de si fortes que cela, un "sapin" si gros que cela, je pense que cela ne s'est
jamais produit avant. De faire siéger des partis politiques jour et
nuit, comme on le fait dans le moment, de vouloir en plus de cela nous
astreindre à des travaux de commissions parlementaires avec autant
d'heures par jour, on n'a pas connu cela avant.
Ce n'est vraiment pas être un gouvernement de transparence que de
vouloir obliger les députés, qui donnent quand même un bon
lot de travail par jour, à siéger ici pour adopter une pareille
loi.
Je regrette, moi aussi, bien sûr que je regrette que la
non-adoption d'une pareille loi puisse engorger des travaux au niveau du
ministère des Affaires sociales, et des travaux importants. Il peut y
avoir des gens qui peuvent en souffrir. Mais il faut quand même aussi
nous assurer que, dans une loi comme celle-là, on n'ira pas laisser
passer des choses que la population pourrait nous reprocher. On le sait, cela
s'est fait dans les années précédentes. On sait fort bien
que des éditorialistes ne se gêneront pas pour dire qu'on n'a pas
fait notre travail de "chiens de garde" ici, quand on aura laissé passer
de pareilles lois.
Dans les travaux de deuxième lecture, j'ai mentionné que
ce projet de loi était pour nous antisyndical, puisqu'il attaque une
bonne partie des libertés de la personne. Il est également
antiprofessionnel. Cette partie qui fait qu'on tient d'abord les professionnels
coupables, ce sont des faits qu'on rencontre assez rarement dans une loi. Il
est également antibénéficiaire. On l'a
dénoncé, on l'a dit. Je ne veux pas m'étendre
là-dessus, mais il est antibénéficiaire; on en a fait la
preuve dans les exemples qu'on donnait à ce moment. Il y a, bien
sûr, des amendements qui viennent corriger mais pas largement
tant soit peu ces parties. Il s'attaque aussi à la
confidentialité des
individus et ce qu'il donne à la régie va absolument
contre le programme du gouvernement qui s'est fait élire. Il va contre
plusieurs données de son programme électoral.
Je comprends mal que le ministre ne se soit pas penché davantage
sur une loi comme celle-là afin de la rendre plus potable, plus
acceptable pour sa formation politique. Huit associations importantes sont
venues devant nous et ont témoigné pendant une seule
journée. C'est à force de travail entre les partis de
l'Opposition, de travail concerté qu'on a réussi à
entendre ces personnes devant nous ici.
M. le Président, le ministre s'est fait excellent PR depuis
quelques jours pour réussir à amener autour de la table les
formations politiques, le gouvernement et les formations politiques, afin de
pouvoir adopter cette loi. Je veux bien qu'on soit conciliant, qu'on mette
encore plus d'heures qu'on en a mis, même si on est rendu à plus
de 100 heures de travail par semaine, je veux bien qu'on puisse faire
davantage, mais il reste une chose, c'est qu'on a une responsabilité
bien particulière qui est de faire adopter des lois qui sont acceptables
et qui ne nous reviendront pas dans la face non plus quand on les aura
adoptées. En tout cas, le moins possible. C'est notre
responsabilité comme parti d'Opposition. Le jour où on ne joue
plus le jeu de "chiens de garde" face à la population, eh bien, on se
fait reprocher des choses. Je ne voudrais pas être de ceux qui ont
cautionné des lois qui nous rebondiront dans trop peu de temps.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Une courte remarque, M. le Président. Je suis
venu ici aujourd'hui pour étudier ce projet de loi pour une raison:
parce que j'avais eu une entente avec le ministre qui était prêt
à accepter que les articles contentieux soient enlevés du projet
de loi pour que le reste du projet de loi, qui est très important pour
le fonctionnement de la régie et le bénéfice de la
population du Québec puisse être adopté avant la fin de
cette session. Si le ministre peut nous démontrer que c'est sa position,
je voudrais qu'on commence aussitôt que possible. (16 heures)
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cela ne vous
étonnera pas que j'ajoute ce que j'appellerai mes protestations à
celles de mon collègue de l'Opposition de nous retrouver ici aujourd'hui
pour essayer d'établir un marathon. Je pense que les discours qui ont
été faits en deuxième lecture je sais que le
ministre y a attaché une importance plutôt superficielle
indiquaient quand même que nous trouvions que ce projet de loi comportait
plusieurs dispositions qui demandaient à être revisées en
profondeur.
On a vu de quelle façon on a expédié la loi 103, et
je pense que le ministre reconnaîtra qu'il a eu notre collaboration
là-dessus; je dois reconnaître qu'il est allé
au-delà de nos espoirs, mais il faut faire une différence entre
la loi 103 et la loi 84. La loi 103 touchait à des principes très
précis dans les secteurs bien déterminés. Même si on
peut éprouver une certaine satisfaction, comme je le disais, la loi 84
est beaucoup plus technique et touche à des aspects juridiques
compliqués qui, comme le faisait remarquer mon collègue de
Saint-Laurent, ont des répercussions dans différents secteurs. Il
est bien difficile de dire qu'on reprend trois ou quatre principes de base et
que le reste est de la concordance, comme on l'a vu pour un grand nombre
d'articles de la loi 103.
On se retrouve ici, cet après-midi, alors qu'on nous a avertis
qu'il y avait une loi que le gouvernement voulait absolument adopter et dans
laquelle je suis impliquée. Il s'agit de SODEQ pour la création
des industries culturelles. Le mot de passe ou d'ordre du gouvernement
appelez-le comme vous le voudrez c'est que, même s'il fallait y
aller jusqu'à 9 h 59 demain matin, il faut que la loi concernant SODEQ
soit adoptée. On n'a pas encore commencé la deuxième
Iecture et on est à... je vais dire 36 heures, comme le disait le
député de Saint-Laurent et en même temps on nous dit:
Abordez ce projet de loi aussi et on est prêt à faire bien des
concessions.
C'est à nos risques et dépens d'accepter rapidement des
amendements qui, en surface, peuvent sembler satisfaisants, mais qui ne font
pas vraiment le tour de la loi en profondeur et ne circonscrivent pas les vrais
problèmes qu'on retrouve dans cette loi.
Quels sont les objectifs du ministre pour s'entêter à
vouloir adopter cette loi sans faute demain soir? Il semble qu'il y en ait deux
principaux, le premier étant de régler le problème des
dentistes. Je pense que, comme il a déjà été dit
auparavant, il avait déjà la possibilité d'agir en vertu
de l'article 15 de la loi. Il intervient avec la loi 84 pour se donner un autre
instrument et il s'est aperçu avant la fin de semaine que ce ne serait
pas suffisant puisqu'il nous arrive avec l'article 61, si je ne m'abuse, dans
un autre amendement, en disant qu'il avait oublié de couvrir les
problèmes de négociations qui surgiraient à propos de la
couverture des soins dentaires.
Cela nous a été remis pour ceux que cela pourrait
intéresser vendredi soir à 23 h 59. En fait, on l'a eu
dans la journée de samedi à 0 h 5, mais cela ne change pas
grand-chose au problème. Il y avait cet objectif. L'autre objectif,
c'est évidemment ce qui traîne apparemment depuis deux ans, la
question de la fameuse carte obligatoire qui est un instrument, on le
reconnaît on l'a dit au ministre en deuxième lecture
pouvant être utilisé à bon escient pour contrôler les
dépenses de l'assurance-maladie. Encore une fois, s'il fallait
absolument l'obtenir, cela aurait été de
présenter un projet de loi qui l'aurait circonscrit le plus
possible sans toucher à tous les autres mécanismes qui entourent
les règles et le fonctionnement de la Régie de
l'assurance-maladie. On nous demande de faire l'impossible et je ne pense pas
qu'on puisse rendre l'impossible possible, même avec la meilleure
volonté. Je ne sais pas où on va aller à partir de ce
moment mais je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure façon
d'utiliser le temps déjà extrêmement chargé des
membres de l'Assemblée nationale.
J'ajouterais une dernière remarque. C'est vrai que nous avons
finalement entendu certains groupes en commission parlementaire qui a
duré une journée. On aurait pu y consacrer plus de temps qu'une
journée, mais le ministre avait voulu réduire le cadre de la
commission parlementaire à ceux qui s'étaient
réveillés assez tôt c'est peut-être un peu
gratuit ce que je dis. Ce sont probablement les dentistes qui étaient
déjà impliqués dans un problème qui ont eu le temps
de sonner l'alarme pour les autres; n'eût été ce
fait-là, je ne suis même pas sûre qu'il y aurait eu ce front
commun de formé pour venir faire des représentations. Mais le
ministre est témoin, tout autant que nous, du fait que tout le monde
demeure extrêmement inquiet. Quelqu'un l'a mentionné tout à
l'heure, on a eu recours depuis ce temps à une autre conférence
de presse et nous recevons des télégrammes qui disent: N'acceptez
pas ceci à la vapeur, reportez-le à l'an prochain. En
dépit de tout cela, on nous prend à la gorge et on nous dit: II
faut le faire, envers et contre tous.
Alors, je trouve que depuis le début nous avons quand même
tenté et je pense que nous l'avons prouvé au moment de la
loi 103 de faire adopter les meilleurs projets de loi possible quand
cela touche le domaine de la santé, les services sociaux,
l'assurance-maladie et on nous met dans une situation où, finalement, on
pourra adopter, si on le fait à la vapeur, un peu n'importe quel projet
de loi. Je ne pense pas que cela soit s'acquitter de nos responsabilités
de la meilleure façon. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. M. Denis
Lazure
M. Lazure: M. le Président, je vais quand même
prendre quelques minutes pour relever certaines choses qui ont
été dites, sans vouloir susciter de débat. Si nous avons
insisté pour aborder l'étude de ce projet de loi article par
article, c'est principalement parce que, suite à la commission
parlementaire et à d'autres discussions, nous présentons des
amendements qui sont substantiels. Tout ce que nous demandons aux partis de
l'Opposition, c'est de l'aborder en toute sérénité et
d'évaluer au mérite les articles qui sont contenus dans ce projet
de loi. Il ne s'agit pas de vouloir l'adopter à la vapeur. Autant que
les membres de l'Opposition, je déplore le rythme
frénétique de ces derniers jours de session. C'est absolument
inhumain, mais je pense que c'est classique, c'est une chose qui est survenue,
à ma connaissance, depuis plusieurs années de façon
traditionnelle. Cela survient au Parlement fédéral cette semaine.
Pas plus tard qu'hier soir le gouvernement fédéral utilisait le
recours au bâillon pour la loi du ministre de l'Immigration et de la
Main-d'Oeuvre, M. Cullen. Je pense que, malheureusement, c'est devenu une
tradition dans nos Parlements. Quant à moi, je le déplore autant
que les membres de l'Opposition.
Je rappelle les trois objectifs principaux de ce projet de loi. D'abord,
ajouter des nouveaux services tels que l'aide auditive en particulier et aussi
de rendre plus normal le statut des bénéficiaires de l'aide
sociale quant aux soins dentaires, de permettre que les services assurés
à ces personnes soient aussi défrayés par les
mécanismes normaux de la Régie de l'assurance-maladie.
Le deuxième objectif en est un d'économie et encore
là, je vous rappelle le titre de l'éditorial de Monique Payeur
dans le Soleil, la semaine passée, et je cite: "Un resserrement
administratif nécessaire." C'est cela essentiellement, le
deuxième objectif de ce projet de loi, c'est de resserrer
administrativement les pratiques de la Régie de l'assurance-maladie qui
doit administrer au-delà de $700 millions par année.
Le troisième objectif, soit les primes d'encouragement, vise
à mieux répartir les professionnels de la santé dans les
régions éloignées par le biais de ces primes
d'encouragement. Si on me dit que resserrer administrativement les pratiques de
la régie n'est pas urgent, on me permettra d'en douter parce qu'il y a
quand même des millions de dollars qui peuvent être
économisés si on améliore nos pratiques administratives
qui sont déjà très bonnes.
Je cite un extrait du discours en deuxième lecture de M. le
député de Saint-Laurent qui dit, à un moment donné:
Pourquoi avoir attendu deux ans pour introduire une mesure qui est
censée et qui saura sans aucun doute épargner aux contribuables
québécois quelques millions de dollars par année? Cela
rejoint l'autre remarque du député de Saint-Laurent qui dit:
Pourquoi avoir attendu deux ans avant de présenter ce projet de loi
alors qu'il était sur votre pupitre? De deux choses l'une: ou bien le
projet de loi qui est devant nous aujourd'hui ne contient pas de changements
majeurs par rapport au projet de loi qui avait été
élaboré par l'ancien ministre des Affaires sociales, le
député de Saint-Laurent actuel, et, à ce moment-là,
on ne comprendrait pas pourquoi il voit tant d'objections au projet actuel
puisqu'il y a travaillé lui-même avec ses collaborateurs à
l'époque. Ou bien il juge qu'il y a des ajouts importants, mais,
à ce moment-là, sa critique, qui vise à discréditer
le ministre actuel pour avoir tant attendu à le présenter,
devient assez faible, assez chancelante.
Je pense qu'on ne peut pas gagner sur les deux tableaux. Nous
prétendons, encore une fois, qu'il n'y a pas de changements majeurs
apportés, il est vrai. Il y a des améliorations qui ont
été apportées. Le président de la régie me
disait tantôt, et c'est sérieux, que c'est la 25e version de
ce projet de loi depuis trois ou quatre ans qu'il en est question. C'est
un peu normal. On a acquis une certaine expérience et, au fur et
à mesure, on découvre qu'il y a lieu d'améliorer les
pratiques de la régie par certaines mesures.
Enfin, je veux aussi relever l'affirmation que c'est un projet de loi
qui soulève beaucoup d'inquiétudes chez les professionnels. Je
vous rappelle aussi qu'il y a quand même plus de la moitié des
médecins, c'est-à-dire tous les spécialistes, par leur
fédération, qui, en conférence de presse, eux aussi, se
sont dits d'accord. Chaque groupe effectivement a fait ses conférences
de presse. La Fédération des médecins spécialistes
s'est dite d'accord avec le projet de loi tel que nous le présentons
aujourd'hui. L'Association des conseils des médecins et dentistes de
tous les hôpitaux du Québec s'est dite aussi d'accord avec ce
projet de loi.
Je répète aussi ce que j'ai dit: Nous l'abordons avec la
plus grande ouverture possible; nous avons effectivement pour le projet de loi
103 apprécié la collaboration des membres de l'Opposition
à la commission; nous avons accepté plusieurs amendements
valables qu'ils nous ont proposés. Nous sommes prêts à
faire la même chose pour cette loi. Nous n'avons jamais eu la
prétention que c'était le texte définitif, que
c'était un texte final. Il me semble que, devant cette situation
où cela demeure, quant à nous, un projet de loi qui n'a pas de
répercussions majeures... Bien sûr, la Fédération
des médecins omnipraticiens et l'Association des dentistes s'opposent
à certaines clauses, mais nous sommes prêts à modifier
certaines clauses.
Un dernier mot sur la confidentialité. Le député de
Mégantic-Compton a touché à la confidentialité. Je
veux, encore une fois, faire la mise au point suivante: ce projet de loi permet
d'avoir accès au dossier seulement s'il y a autorisation écrite
du malade ou encore un ordre de la Cour supérieure. Ces deux conditions
sont fondamentales; elles existent d'ailleurs dans la loi actuelle sur les
services de santé et les services sociaux. Or, il n'y a rien dans ce
nouveau projet de loi qui change quoi que ce soit aux pratiques habituelles. Il
n'y a rien qui menace vraiment la confidentialité et la vie
privée des gens. J'apprécie l'approche du député de
Pointe-Claire qui dit: Moi, je suis prêt à l'aborder ce
projet-là si le ministre veut faire des changements majeurs. Je vous
répète, M. le Président, que nous l'abordons avec toute
l'ouverture possible et si on nous démontre la valeur des amendements
qu'on veut proposer, nous les accepterons. (16 h 15)
M. Claude Forget
M. Forget: Question de règlement, en vertu de 96.
Étant donné que le ministre a dit que ce que nous avions dit
relativement à la façon dont se découlaient les
débats était peut-être en soi déplorable, mais
reflétait une longue tradition, j'aimerais lui souligner une chose.
L'année dernière, à pareille date, nous n'avons pas connu
de loin l'équivalent de la situation que nous connaissons en fin de
cette session-ci. Il y a véritablement des circonstances tout à
fait exceptionnelles et, en cinq ans de présence à
l'Assemblée nationale, je n'ai jamais connu une bousculade pareille.
Donc, c'est un fait sans précédent qui mérite d'être
souligné parce qu'on se souviendra, j'ai fait à
l'Assemblée nationale lors du dépôt en première
lecture, j'ai soulevé une question de divisibilité. On a
évidemment pris avantage d'une décision, fort légitime
d'ailleurs, du président de l'Assemblée nationale qui nous a
démontré que ces articles du règlement interne de
l'Assemblée ne peuvent pas trouver d'application, qu'il est
effectivement impossible de diviser un projet de loi même si le
règlement semble dire que c'est possible.
Motion d'ajournement
Donc, n'ayant pu le diviser, nous n'avons pas pu faire preuve de la
collaboration qui aurait été souhaitable probablement d'apporter,
mais qui ne s'est pas retrouvée de ce côté-là, du
côté gouvernemental à l'époque non plus parce qu'on
s'est satisfait de cette réponse réglementaire et
procédurière pour nous opposer une fin de non-recevoir à
notre demande. Mais devant la situation, M. le Président, le fait que de
toute façon il est bien clair que nous n'avançons pas et que nous
ne pouvons pas avancer de façon productive et que dans le contexte
actuel c'est tellement pénible pour tout le monde je trouve que
ce sont les partis de l'opposition qui maintiennent le quorum, nous avons
l'intention même d'en faire la démonstration M. le
Président, et en vertu de l'article 77, je fais une motion d'ajournement
et je demande le vote.
Le Président (M. Jolivet): La motion est recevable. Elle
est débattable. M. le ministre, sur la motion.
M. Lazure: M. le Président, je n'ai rien à ajouter
à la motion, mais nous sommes disposés à procéder.
Nous avons manifesté encore une fois une ouverture et nous sommes
prêts pour le vote, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Maintenant, il y avait une
demande qui m'était faite, compte tenu que M. Lavigne, de Beauharnois,
avait été remplacé par M. Alfred (Papineau), de remplacer
M. Martel par M. Lavigne. Maintenant, cela prend le consentement de la
commission. S'il n'y en a pas... Il n'y a en a pas? Il n'y en a pas. Le vote a
été demandé. Oui, elle est débattable.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais seulement faire remarquer, M. le
Président, que cela leur permet de courir après les volontaires
et au moment... Pour cela, il faudrait examiner à qui la faute.
M. Lazure: M. le Président, un point d'ordre. Il y a
peut-être ambiguïté dans la remarque du
député de L'Acadie. Je ne voudrais pas que ce soit
interprété comme voulant dire que c'est la faute de celui qui
pilote le projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Non, si nous sommes ici encore, je pense que
vous en connaissez les raisons, M. le ministre. Je ne vous en tiens pas
responsable. On n'a pas à en être tenu responsable non plus. Mais
ce que je vous dis c'est que quand le député de Saint-Laurent a
fait sa motion, le député de Sherbrooke n'était même
pas ici. Là, on vient de courir après le quatrième. Alors,
allons-y pour le vote.
M. Paquette: M. le Président, là-dessus, sur
l'ajournement du débat...
Mme Lavoie-Roux: Ecoulez du temps pendant que vous allez chercher
vos hommes.
Le Président (M. Jolivet): Madame, je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez demandé le vote.
Le Président (M. Jolivet): Au niveau, non, je m'excuse, on
a dit qu'on faisait une motion d'ajournement. Je l'ai donc
déclarée recevable, la motion débattable. Le ministre a
dit: Nous n'avons pas d'objection à passer au vote. Il n'a pas dit et je
n'ai pas appelé le vote à ce moment puisque M. le
député de Saint-Laurent a dit qu'elle est débattable et
que vous avez commencé à discuter de la question. Je pense que le
député de Rosemont a aussi le droit de débattre la
question et il a droit à son temps. M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le
député de L'Acadie évoquait tantôt de bonnes raisons
pour lesquelles ses collègues étaient arrivés vers 15 h
30. Je n'en doute pas, sans doute, étaient-ils occupés ailleurs.
C'est le cas, également, du député de Papineau, qui avait
un certain nombre de téléphones à faire, et qui
était ici. Donc, M. le Président, contrairement à ce qui a
été allégué, je pense que nous avons une
présence suffisante ici pour discuter ce projet de loi. D'ailleurs, on
est cinq de ce côté-ci de la table et je pense que l'Opposition
veut se livrer à un petit jeu pour empêcher l'étude d'un
projet de loi qui est urgent. Le député de Saint-Laurent l'a
reconnu. En conséquence, M. le Président, je ne vois pas pourquoi
on devrait ajourner les travaux actuellement.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
M. Forget: Vous risquez d'avoir un non.
Le Président (M. Jolivet): Donc, s'il n'y a pas d'autres
intervenants, je demande le vote. Forget, pour ou contre l'ajournement?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Jolivet): Gosselin, Sherbrooke.
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Jolivet): Gravel, Limoilou.
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Jolivet): Grenier,
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Alfred, Papineau.
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Jolivet): Mme Lavoie-Roux, L'Acadie.
M. Forget: Savez-vous bien pourquoi? M. Alfred: ...
Le Président (M. Jolivet): Mme Lavoie-Roux, L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Lazure.
M. Lazure: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Paquette.
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Shaw.
M. Shaw: Abstention.
Le Président (M. Jolivet): Abstention. Donc, l'ajournement
étant rejeté au vote, nous continuons le travail sur le projet de
loi no 84 et je tiens à vous faire remarquer pour les besoins de la
cause que M. Lavigne n'est pas membre de la commission, il n'est
qu'intervenant. M. le ministre, sur l'article 1.
M. Lazure: M. le Président, avant d'aborder l'article 1,
le président de la régie aurait quelques remarques
générales.
Merci, M. le Président. Je dois dire que je me sens absolument
confus et malheureux. Un jour, j'étais en présence d'un
polytraumatisé avec une rate rupturée, un intestin
perforé, des mésentères déchirés. Au moins,
à ce moment-là, j'ai pu l'opérer. En l'occurrence,
c'était mon frère. Le malheur, avec vous autres, c'est que
personne n'a l'air malade, vous avez l'air fatigués, mais pas
malades.
J'ai pris la peine de lire avec beaucoup d'attention les discours de
deuxième lecture, en particulier celui du député de
Mégantic-Compton de même que celui du député de
Saint-Laurent. Le
problème de la carte de I'assurance-maladie est un des gros
problèmes de la loi et faisait partie du premier des 25 projets qu'on a
préparés. Je pense qu'il y a moyen, avec les amendements ou les
exclusions par règlement pour les urgences, centres d'accueil, centres
hospitaliers, soins prolongés, visites à domicile, de retenir le
numéro et non la carte, mais, en tout cas, je ne vois pas qu'il y ait un
problème insurmontable à ce moment-là à demander
aux professionnels de signer eux-mêmes les relevés
d'honoraires.
On vous a expliqué pourquoi, l'autre jour, très
facilement. C'est que, quand on est allé en cour, le juge a dit: Ce
n'est pas le professionnel qui a signé, il n'est donc pas responsable.
On a un amendement qui dit que, s'il est signé par un mandataire, le
professionnel est responsable de son mandataire. La vérification des
services rendus, on a exposé que cela s'est toujours fait, et c'est
très important de le répéter cela s'est toujours fait par
écrit. Cela ne s'est jamais fait par téléphone, parce que,
dans le mémoire du front commun, on disait qu'on ferait cela par
téléphone. On le fait depuis huit ans, alors, on ne fait que
mettre une raison dans la loi, si on veut, de le faire. La même chose
pour l'état des services payés, c'est dans la loi 93 et dans la
loi 21 antérieure le député de Saint-Laurent doit
sûrement se le rappeler où on disait qu'on ferait parvenir
à chaque bénéficiaire un état des services
payés avec le nom du ou des professionnels, les montants payés et
la date des services. Je ne pense pas que cela puisse prêter tellement
à confusion, malgré que cela, encore, le front commun s'y
opposait. Il y a une raison pour laquelle on a mis les primes, une seule: c'est
que le jour où on a voulu donner les primes au comité de
répartition géographique prévues dans les ententes, on a
étudié cela au contentieux et le ministère de la Justice
nous a dit que ce n'était pas des services assurés, donc qu'on
n'avait pas le droit de donner de primes, de le mettre dans la loi, comme on a
mis les bourses d'études dans la loi, comme on a mis les bourses de
recherche dans la loi. Il a dit: Mettez dans la loi un pouvoir pour prendre
l'argent de la régie pour les primes; on est prêt à tous
les accommodements là-dessus, mais que le comité fasse son
travail pour la répartition géographique, mais les montants et le
nombre de prêts, je pense que cela doit être
déterminé par le gouvernement.
L'extension de programmes, c'était déjà dans le
premier projet de loi. On pensait à ce moment-là aux
prothèses visuelles. Actuellement, on administre avec les mots
"orthèses" et "prothèses"; les prothèses auditives vont
venir prochainement. Il y en a également d'autres qu'on est en train
d'étudier. Je pense au délai de prescription de six mois,
délai qui a été fortement décrié. Je vous
donnerai tantôt des chiffres. Il y a 99% des médecins qui,
après 90 jours, ont fait parvenir leur relevé d'honoraires. Le
dernier 1%, ce sont quelques "traîneux", si je puis dire. Ce sont ceux
que nous voulons. On a fait état que 1%, ce n'est pas grand-chose, mais,
sur $700 millions, c'est $7 millions. C'est important parce que, dans les
ententes, vous nous obligez à donner, le plus rapidement possible, des
chiffres sur ce qui s'est passé dans le trimestre
précédent.
Au sujet de la confidentialité des dossiers, on a l'article 55
qui dit déjà que les seuls documents auxquels on a droit sont
ceux pertinents au relevé d'honoraires. On a fait un petit amendement
à l'article 65 à la fin.
Je pourrais peut-être en même temps soulever un
problème. Depuis que la régie existe et qu'on reçoit 35
millions de demandes de paiement par année, 45 millions dans
l'année qui s'en vient, 65 millions de services, on a des diagnostics,
quelqu'un a-t-il déjà entendu dire qu'on avait manqué
à la confidentialité? Y a-t-il eu un cas de relevé
où on a dit: La régie a manqué à la
confidentialité? Sur les dizaines de millions de cas qu'on a eus, il n'y
en a jamais eu un. On peut se baser un peu là-dessus. Encore là,
ce n'est pas le dossier médical qu'on veut. C'est le document pour
apprécier un relevé d'honoraires. Cela est encore occasionnel.
Sur 900 000 demandes de paiement par semaine, on n'a pas le temps de les
regarder toutes. Occasionnellement, on va demander un document pour bien
vérifier si le service a été rendu.
Il y a le processus de nomination que j'ai vu dans le discours du
député de Saint-Laurent. Je pense qu'il y a méprise. Tous
les gens au conseil d'administration de la régie sont nommés par
le lieutenant-gouverneur en conseil après consultation, sauf les deux
syndicats qui, eux, désignent leurs représentants. On a
pensé que c'était juste et équitable que le même
processus s'applique à tout le monde. Les autres professionnels de la
santé ce que j'ai cru comprendre dans le discours, les dentistes,
les optométristes ou les pharmaciens sont également
nommés après consultation. On voudrait que tout le monde soit
nommé après consultation. Je repasse le document du front commun,
j'ai repassé les discours et je me dis: II me semble que des
problèmes insurmontables, il n'y en a pas. Encore une fois, je voudrais
me retrouver dans une salle d'urgence, mais je n'en ai pas la chance.
Le Président (M. Jolivet): Madame ou monsieur...
Services assurés
M. Lazure: Sur l'article 1, je n'ai pas de commentaire
particulier.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'aurais une question de règlement sur
l'article 1. Ne serait-il pas approprié, étant donné le
grand nombre de définitions, que chaque alinéa, chaque
définition soit l'objet d'un débat et d'un vote
séparés, le cas échéant?
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas d'objection
majeure à le faire.
M. Forget: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article 1 est
appelé.
M. Forget: Le paragraphe a), je suppose? Le Président
(M. Jolivet): Oui.
M. Forget: D'abord, une remarque sur le paragraphe a). On le
modifie pour faire quelques additions. On ajoute aux services
médicaments, prothèses, appareils orthopédiques ou autres
l'expression dispositifs ou autres équipements, aides visuelles et aides
auditives visés dans l'article 3. Étant donné le
libellé du paragraphe a), tel qu'il existe dans la loi, où on
parle de prothèses, appareils orthopédiques ou autres, il
n'apparaît pas strictement requis de faire cette modification parce que
c'est très large. Évidemment, les aides visuelles, les aides
auditives appartiennent à la grande catégorie des
prothèses et orthèses, je pense, si une chaise roulante fait
partie des choses qui peuvent être considérées dans les
régimes existants de prothèses et d'orthèses, je ne vois
pas pourquoi un appareil auditif demande un effort législatif nouveau;
c'est essentiellement le même genre de choses, puisque les
règlements permettent, de toute façon, de spécifier la
liste et les prix des appareils couverts. Cela m'apparaît, à
première vue, une modification inutile qui est déjà
contenue. (16 h 30)
Deuxièmement, je pense que, si on veut absolument se donner la
peine de faire des modifications, on a là une merveilleuse occasion de
clarifier un certain nombre d'ambiguïtés dans la notion de services
assurés, puisque c'est, je pense bien, le seul endroit dans la loi
où on définit les services assurés. C'est une expression
critique dans le fonctionnement des comités de révision, dans
l'application de l'article 18, et c'est une expression qui a des sens
différents dans différents articles de la loi. Je crois qu'il y a
là une occasion de le préciser si on veut absolument toucher
à un article qui, à mon avis, n'a pas besoin d'être
touché pour couvrir les aides visuelles et les aides auditives,
l'expression actuelle étant suffisamment large. Au moins, si on y
touche, qu'on y touche comme il le faut; cela n'est pas satisfaisant.
Je vais vous donner une illustration presque à l'absurde du
caractère insatisfaisant de la définition qui nous est
proposée. On dit: "les services assurés". Il y a bien le mot
"services" dans la définition de "services assurés", à
moins que je ne m'abuse, et, après, on fait une
énumération d'appareils. De deux choses l'une: ou on met des
appareils et on dit: Le Régime d'assurance-maladie a deux composantes:
il y a des services assurés et il y a des appareils assurés, il y
a des médicaments assurés. La confusion est déjà
grande dans l'expression "services assurés", même en mettant de
côté l'équipement. Si, en plus de cela, à l'occasion
d'une modification, on ne prend pas soin de distinguer, d'une part, les
services et, d'autre part, les appareils et, troisièmement, les
médicaments, je pense qu'on s'amuse à faire de la confusion.
À mon avis, ce paragraphe est complètement inacceptable.
Encore une fois, à la limite, j'accepterais qu'on le laisse comme
il est, mais, si on veut y toucher, je crois qu'il faut absolument qu'on fasse
un effort. Étant donné que c'est au journal des Débats,
étant donné qu'on a des avis juridiques, des jugements de cour,
etc., sur la notion et l'interprétation de l'expression "services
assurés" où on nous dit partout: C'est tellement
compliqué, on regarde tel article, on pense que cela veut dire telle
chose, on regarde tel autre article et cela veut dire telle autre chose, qu'on
le définisse dans l'article qui parle des définitions de services
assurés.
Je serais fort heureux de voir une telle définition tenir compte
justement des différentes difficultés qui ont été
soulevées un peu partout.
M. Lazure: Dans la loi actuelle, le mot "services" est
déjà là, M. le député.
M. Forget: Oui, il est déjà là.
M. Lazure: Le mot "appareils" y est également. On avait,
à ce moment-là, prothèses, orthèses, appareils
orthopédiques. Selon le comité de législation, on a
tiré cela par les cheveux pour inclure le programme des prothèses
visuelles parce qu'ils nous ont dit: Les chaises roulantes, les cannes
blanches, les clavigraphes, les appareils électroniques, est-ce une
prothèse, est-ce une orthèse ou un autre appareil
orthopédique? On l'a inclus là, mais on nous avait
prévenus que, quand on arriverait aux prothèses auditives, ce
serait beaucoup mieux de le spécifier dans la loi. Il y a un programme
de prothèses auditives qui est censé venir d'ici X temps, qui a
déjà été annoncé par le ministre.
Il y a "dispositifs" pour une raison très simple, c'est qu'une
autre étude est en cours actuellement pour essayer de connaître le
nombre et le coût de la couverture pour les stomisés,
c'est-à-dire les trachéotomies, les iléostomies, les
colostomies, les cystostomies. Ce sont des gens qui sont réellement
souffrants. Cela dure longtemps, c'est chronique, c'est à l'année
et ce ne sont pas des gens qui protestent très fort ou qui crient
très fort. On est à regarder le nombre de stomisés qu'on a
au Québec et ce que cela coûterait. Le mot "dispositifs", c'est
pour essayer de couvrir cela. On ne peut pas dire un sac de colostomie; cela ne
s'appliquera pas pour une gastrostomie, c'est une autre sorte d'appareil.
L'expression "autres équipements", vous avez dit que
c'était très large et vous avez raison. Maintenant, la notion de
"services assurés" se redéfinit à l'article 3. À
l'article 3, on dit ce qu'est le service assuré. C'est la raison pour
laquelle j'explique le mot "services". Je voudrais dire aussi que quand on a la
question des orthèses et les prothèses, il y a environ 80% du
coût du program-
me qui est pour l'achat et 20% pour les services. On paie cela au
même établissement. On paie pour la réparation ou
l'ajustement. Ce n'est pas l'achat lui-même, ce n'est pas une autre
prothèse, c'est la même prothèse. Alors, le mot "services"
peut être relié à cela également.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant! M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: La référence au comité de
législation est loin de me convaincre. Quand on regarde le genre de loi
qui nous arrive à l'Assemblée nationale, c'est à peu
près le dernier argument que j'utiliserais pour justifier quoi que ce
soit: dire que c'est l'avis du comité de législation. Cela me
paraît à peu près le moins valable des arguments possibles.
C'est que le comité de législation nous donne à peu
près n'importe quel genre de déchets dans le moment. Il n'y a pas
d'autres mots qui s'appliquent à cela. Cela vaut presque pour un certain
nombre d'avis du ministère de la Justice également sur la
signification des lois.
Ce n'est pas la première fois que je le dis en commission
parlementaire, mais j'insiste là-dessus. Il y a une qualité
lamentable des services juridiques du gouvernement dans le moment. Ce n'est pas
seulement vrai dans le comité de législation, ce n'est pas
seulement vrai dans les avis juridiques. C'est vrai également dans les
causes qui sont portées devant les tribunaux au nom du gouvernement du
Québec dans le moment, qui sont une honte publique pour le gouvernement.
La façon dont on présente les dossiers devant les tribunaux,
même devant la Cour d'appel, est une honte publique.
Qu'on ne vienne pas nous agacer avec des références aux
conseillers juridiques du gouvernement pour l'instant, ces gens-là n'ont
aucune crédibilité à nos yeux. Cela devrait être
clair, pour commencer. Mais il y a un tas d'avis qui ont été
donnés, un tas de décisions qui ont été prises,
cependant, devant les tribunaux, qui démontrent très clairement
qu'il y a des carences dans cette loi, des carences au niveau des
définitions et en particulier la définition de "services
assurés".
Je comprends qu'il y a actuellement des imprécisions. On a raison
de souligner qu'il y a un mélange de services et d'appareils. C'est
vrai. C'est d'ailleurs ce que j'ai dit. Il y a une confusion à l'heure
actuelle. Mais on n'aide pas du tout à résoudre ce
problème de confusion en y ajoutant des détails qui n'ont rien
à voir avec la notion de services assurés telle qu'elle avait
été conçue à l'origine. On parlait des services
professionnels assurés. On y a ajouté les médicaments et
les prothèses, appareils orthopédiques et autres en 1973. Je ne
sais pas exactement pourquoi on l'a fait. C'est peut-être un autre avis
du comité de législation, mais, de toute manière, cela ne
m'intéresse pas à ce moment-ci de savoir qui a fait ce genre de
rédaction, parce que le problème a acquis de l'importance avec
les années, chose qu'on ne pouvait pas prévoir en 1970 et en
1973, et la notion de services assurés, plusieurs auteurs, Me
Pépin en particulier, dans ses études, a souligné combien
cette notion demandait à être nettoyée. On peut le faire
subséquemment dans d'autres articles du projet de loi, et on ne manquera
pas de souligner, si jamais on y vient dans des articles subséquents,
les précisions qui peuvent être apportées. Il reste qu'il y
a des difficultés de le faire dans d'autres articles parce que les
autres articles visent des fins particulières. Quand, par exemple, on
arrive à l'article 18, c'est assez facile à illustrer, on dit: La
régie a le droit de suspendre le paiement et même de se compenser
quant à des services non assurés. Alors... C'est jouer de la
même expression avec des services non fournis ou faussement
décrits, dans une même phrase. Je comprends qu'il y a une
modification de dernière heure, mais, traditionnellement, ce sont des
expressions qui se sont accompagnées les unes les autres. Cela
suggère immédiatement à l'esprit que l'expression
"services assurés" a la même définition pratiquement
mathématique ou arithmétique que les services non fournis ou les
services faussement décrits. Qu'il s'agisse d'une simple question de
fait, qu'il y ait quelque part une définition des services
assurés qu'il s'agit de regarder, et on dit: Est-ce assuré ou
non? de la même façon qu'on peut décider très
facilement si le service a été fourni ou pas. C'est une preuve de
fait.
Il n'y a pas d'interprétation là, si la personne, le
bénéficiaire est décédé, qu'on
prétend lui avoir fourni des services, c'est bien clair que les services
n'ont pas été fournis. C'est une question de fait facile. Dans la
même phrase, on parle des services non assurés. Nulle part ne
définit-on les services non assurés, sauf à l'article 1.
À l'article 1, on ne peut pas dire que la définition qui est
là aide beaucoup.
Dans le mémoire de Me Pépin, on a une dissertation et je
le dis en tout respect, parce qu'il est un juriste que je respecte. Il fait du
bon travail, lui. Il fait une dissertation extrêmement
intéressante sur les services assurés. Cela commence à la
page 18 seulement pour donner une idée de la complexité du
problème et cela se rend à la page 42. Je serais
tenté d'en faire la lecture, M. le Président. Je la ferai
certainement un peu plus tard de certains passages choisis, parce qu'il y a des
choses remarquables là-dedans. C'est d'une lucidité remarquable.
Je l'ai relu la nuit dernière pour agrémenter mes attentes
à l'Assemblée nationale. J'ai lu des parties de ce mémoire
et en le relisant parce que je l'ai lu plus d'une fois dans le
passé, mais il y avait un bon moment que je ne l'avais fait j'ai
été frappé par la lucidité de son analyse et ce
qu'il nous dit, c'est qu'il serait bien urgent et utile que le
législateur c'est nous autres, en l'occurrence se
décide à préciser la signification de services
assurés.
On peut faire plusieurs théories, mais c'est la raison pour
laquelle je dis: Comme on a l'occasion ici, il faudrait le faire et, à
l'occasion d'une telle remise en ordre, il va falloir, sans aucun doute...
M. Gosselin: ... directive.
Le Président (M. Jolivet): Juste une minute... je n'ai pas
compris. Qu'est-ce que...
M. Gosselin: Une simple question de directive. Est-ce que, dans
nos règlements, les temps de parole des députés sont pour
les articles, sont comptés selon les éléments de
l'article.
Le Président (M. Jolivet): Je vais vous donner la
réponse tout de suite; elle est claire. Actuellement, nous sommes
à l'article 1. La coutume veut que, quand nous sommes dans les
définitions, et c'est la question que le député de
Saint-Laurent m'a posée tout à l'heure, c'est que nous allions
paragraphe par paragraphe. À ce moment, ils ont droit à 20
minutes sur chacun des paragraphes.
M. Gosselin: Sur chacun des paragraphes.
Le Président (M. Jolivet): Sur chacun des paragraphes, de
telle sorte que le député de Saint-Laurent, jusqu'à
maintenant, a utilisé 15 minutes. Il lui reste cinq minutes.
M. Gosselin: Je constate que le député de
Saint-Laurent...
Le Président (M. Jolivet): Monsieur, je m'excuse...
M. Gosselin: ... n'a pas amené d'amendements. Alors je
trouve sa discussion très intéressante...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
suis dans l'obligation de vous dire que la parole appartient au
député de Saint-Laurent.
M. Gosselin: ... mais pas constructive. M. Forget: Ah!
cela, malheureusement...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent, comme la parole vous appartient, je vous demande de l'utiliser.
Quant aux autres, je leur demande de vous laisser la parole, selon l'article
100.
M. Gosselin: Je crois que cela méritait d'être
noté, M. le Président.
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président, vous
êtes magnanime!
Revenons à nos moutons, si l'on peut dire ou à nos
services assurés. Si on décide de toucher à cet article
à ce moment, encore une fois, je suis le premier à accueillir
avec joie la perspective d'un changement. Je me dis, ce n'est pas le
changement, le changement qu'on nous offre n'est pas le changement qu'on
devrait avoir. D'abord, le temps est mûr pour qu'on fasse une distinction
entre les services assurés, les appareils assurés et les
médicaments ou, si on veut, entre deux grandes catégories, si on
n'aime pas à en faire trois: d'une part, les services professionnels et
d'autre part, les fournitures de toutes sortes, dont la régie rembourse
le coût.
Ce sont deux catégories de considération bien
différente. Dans le cas de fournitures, il y a dans les
règlements une spécification détaillée de leur
nature, de leurs catégories, même de marques de commerce et de
leurs prix. Il y a là un ordre de considérations très
différent; c'est très administratif cette définition de ce
qui est assuré par la régie, quand on pense aux fournitures,
qu'il s'agisse de médicaments, de pansements, de sacs pour les
"stomisés" si on y vient un jour de prothèses
mammaires, de chaises roulantes, de tous les membres artificiels, les corsets
orthopédiques, etc. Il y a là des choses qui sont
spécifiées avec une grande précision. Il n'y est pas
question de conflits avec la juridiction d'organismes professionnels. La
régie a un pouvoir absolu de déterminer, par règlement, ce
qu'elle veut rembourser.
Dans le cas des services professionnels, il y a une définition
qui devrait intervenir et qui permettrait de faire le lien avec ce qui suit.
L'exemple que j'avais commencé tout à l'heure, d'application
à l'article 18, c'est qu'on se rend bien compte, quand on lit l'article
18, que dans la rédaction de l'article 18 le législateur a cru
que "services assurés" faisait référence à quelque
chose de précis, de clair, une espèce de liste qu'on pouvait
consulter, qui n'avait pas un élément de jugement tellement qu'il
en a fait une raison de suspension de paiement, etc., alors qu'il y a un
article 19 dans la loi qui dit que la régie ne peut pas mettre en doute
la qualité des actes. On se rend bien compte qu'il y a confusion.
(16 h 45)
Services assurés, dans l'article 18, cela a un sens bien
particulier qui devrait être distingué et qui ne correspond pas
aux "services assurés" du paragraphe a), dans les définitions.
Dans le fond, à mon avis, ce qu'il y a dans l'article 18, si on me
permet de chevaucher, c'est une référence aux exclusions.
À mon avis, c'est presque seulement cela. On dit: Un service qui est
exclu, parce que, dans l'article 3, il y a des services médicaux qu'on
peut exclure par réglementation...
La préparation, par exemple, des certificats médicaux pour
les fins d'assurances et d'emplois, etc., ne sont pas des services
assurés, pas parce que ce ne sont pas des services médicaux, mais
parce qu'il y a un pouvoir d'exclusion de services médicaux dans
l'article 3. C'est par référence à cela, à mon
avis, qu'il faut parler de services non assurés en fonction des
mécanismes de paiement dans l'article 18.
Dans l'article 1, au paragraphe a), on a au contraire un libellé
beaucoup plus large de services assurés, mais pour lesquels il sera
nécessaire de faire un lien avec d'autres dispositions dans la loi,
même avec des dispositions dans les lois professionnelles. Autrement, on
ne résoudra pas le problème de base.
On me dit: Vous n'avez pas d'amendement. M. le Président, j'ai
indiqué tout à l'heure longuement, quand le député
n'était pas ici c'est pour
cela que je ne lui en fais pas grief que je n'avais pas eu le
loisir dans mes nuits, récemment, de préparer des amendements de
cette complexité.
Je m'en excuse, M. le Président, mais c'est la raison pour
laquelle nous avons tellement d'hésitation à nous lancer
maintenant. À d'autres occasions, j'ai démontré mon esprit
de collaboration en fournissant des amendements détaillés, mais
je ne veux pas le faire de façon irresponsable. Dans le moment, je
perçois le problème, je le vois, je fais référence
à des choses que les gens de la régie connaissent très
bien. Ce sont des problèmes très réels.
Le Président (M. Jolivet): Je voudrais avoir votre
collaboration.
M. Forget: Oui, M. le Président. Mais je ne suis pas en
mesure de formuler un amendement, malheureusement, et c'est pourquoi je relance
la balle au ministre en disant: Cet amendement ne me convainc pas.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sur a), M. le Président, je n'avais pas
d'intervention à faire, j'attends b).
Le Président (M. Jolivet): M. le
député de Sherbrooke.
M. Gosselin: M. le Président, je relève que les
points de vue qu'amène le député de Saint-Laurent sont
intéressants. La discussion dans laquelle il voudrait nous
entraîner sur cette définition ne manque pas d'être
intéressante et pourrait faire l'objet de colloques et d'infinies
discussions, sauf que, comme il n'y a pas d'amendement et comme la politique
c'est aussi l'art du possible, je pense que l'article 1a tel que
rédigé est relativement satisfaisant pour qu'on puisse
procéder au vote parce qu'il décrit l'essentiel de ce que sont
les services assurés, y compris les appareils, médicaments et
autres, qui sont payés par la régie. Dans la mesure où on
n'a pas d'amendement sur la table, dans la mesure aussi où cet article
décrit essentiellement ce que sont les services assurés qui sont
actuellement fournis par la régie ou, potentiellement, qui le seront la
prochaine année, je pense que nous devrions voter sur cet amendement,
cet article immédiatement.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je me demande si le ministre pourrait
réagir aux suggestions et aux remarques...
Le Président (M. Jolivet): D'ailleurs, je lui donnais la
parole.
Mme Lavoie-Roux: ... je pense que, contrairement à ce qu'a
dit le député de Sherbrooke, il y a possibilité de
présenter un amendement, mais il y a également possibilité
de poser des questions et d'indiquer ou de faire voir certains points qui
demanderaient clarification. Alors, je pense que c'était le sens de ce
que disait le député de Saint-Laurent et j'aimerais avoir les
réactions du ministre parce que c'est lui que cela concerne en premier
lieu.
Le Président (M. Jolivet): Elle m'avait demandé le
droit de parole. J'attendais que tout le monde ait utilisé le sien. M.
le ministre.
M. Lazure: M. le Président, avant de procéder au
vote, je ne voudrais pas, à cause du journal des Débats qui est
à la disposition de tout le public, laisser passer sans réagir la
remarque du député de Saint-Laurent quand il dit que, pour lui,
les conseillers juridiques n'ont aucune crédibilité.
J'espère que ces paroles ont dépassé sa pensée. Je
pense que cela frise un peu l'irresponsabilité que de dire cela. Je le
répète parce que le député de Saint-Laurent
était occupé à autre chose, je dis que, comme membre du
gouvernement, je ne peux pas laisser passer sans réagir la remarque du
député de Saint-Laurent qui a dit que les conseillers juridiques
du gouvernement n'avaient aucune espèce de crédibilité, et
j'ai bien entendu ce que le député a dit.
M. Forget: J'ai droit à mon opinion, M. le
Président?
M. Lazure: Je ne conteste pas votre droit à une opinion.
Je dis que, comme membre du gouvernement...
M. Forget: Je comprends, vous devez les défendre.
M. Lazure:... je peux simplement faire la mise au point suivante:
c'est pour le moins une exagération grossière.
M. Forget: II faudrait aussi les améliorer.
M. Lazure: Je vous ai laissé parler tranquillement. Comme
membre de l'ancien gouvernement, je pense que ce n'est pas digne d'affirmer une
telle chose à l'égard de fonctionnaires. Cela risque de jeter un
discrédit sur des milliers de fonctionnaires qui sont consciencieux et
qui font bien leur travail.
Quant aux remarques du député de Saint-Laurent sur
l'article 1, paragraphe a), c'est le genre de remarques qu'on peut
écouter pendant un certain temps avec un certain intérêt
ce n'est pas dénué d'intérêt mais cela
a tellement peu de conséquences pratiques, puisque cela n'amène
pas une proposition concrète, qu'il me paraît difficile de
réagir autrement qu'en disant: Oui, ce sont des remarques qui peuvent
avoir de l'allure en soi, théoriquement, mais ce sont des remarques
assez théoriques. À moins qu'on ne me pose une question
précise à laquelle j'essaierai de
répondre, je vous dis, M. le Président, que nous sommes
prêts pour le vote.
Le Président (M. Jolivet): Le paragraphe a) est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... tout à l'heure, aux remarques de mon
collègue de Saint-Laurent qui demandait des explications sur les raisons
des ajouts en a) à l'article qui a été modifié par
rapport à l'article 1 de la loi actuelle et qui maintenant contient les
termes "dispositifs ou autres équipements", je pense que le
président de la régie, si je ne m'abuse, a dit qu'il avait obtenu
des avis juridiques déclarant que ceci était plus complet ou
permettait d'introduire d'autres notions, etc. Est-ce qu'il y aurait moyen que
ces avis soient déposés qui justifient l'ajout de ces termes aux
mots "services assurés"?
Le Président (M. Jolivet): Pour le moment, comme il n'y a
pas de dépôt en commission parlementaire il est, cependant,
loisible au ministre de dire qu'il vous donne, s'il le désire, ces
choses je ne peux pas les accepter comme dépôt de
documents.
M. Lazure: On serait d'accord en principe.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez quand même dû avoir des
avis juridiques là-dessus.
M. Lazure: Ces avis sont donnés au cours de discussions au
comité de législation quand on présente un projet de loi.
Les avis qui sont fournis par le comité de législation aux
fonctionnaires et aux ministres qui pilotent un projet de loi, de coutume, ne
sont pas mis par écrit à moins d'une demande spéciale.
Je pourrais peut-être ajouter que, quand on est arrivé avec
les prothèses visuelles, ils ont dit: À quoi rattachez-vous cela
dans la Loi de l'assurance-maladie, en vertu de quel article pouvez-vous payer
les prothèses visuelles? On a dit: En vertu de orthèses,
prothèses et autres appareils orthopédiques.
M. Forget: Orthopédiques qualifie appareils, il ne
qualifie pas prothèses.
M. Lazure: Oui. En tout cas, là, il y a eu une
discussion.
M. Forget: Cela illustre.
M. Lazure: Ils ont dit: Quand vous ferez la loi, mettez-le donc
clairement "prothèses visuelles" ce n'est pas gênant. Là,
on avait dans l'idée les prothèses auditives et ils ont dit:
Inscrivez aussi prothèses auditives. On avait les prothèses mam-
maires. Actuellement, elles ne sont pas payées par la régie;
elles sont payées, justement à cause de l'imbroglio juridique,
via le ministère des Affaires sociales, qui envoie l'argent à la
régie pour administrer le programme au lieu de le prendre dans le fonds
de l'assurance-maladie, parce qu'il y a cet imbroglio.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il existe apparemment, cet imbroglio.
M. Lazure: II existe certainement. Comme je vous le dis, les
prothèses mammaires, au moment où l'on se parle, sont
payées par la régie, mais on va chercher l'argent au
ministère pour les payer. On ne peut pas les payer avec les fonds de la
régie parce qu'ils disent qu'il n'y a rien. Je ne veux poser aucun
jugement sur les conseillers juridiques, mais ils me disent: II n'y a rien dans
votre loi qui vous permet d'aller payer les prothèses mammaires. Alors,
je me retourne de bord et je demande au ministre: Voulez-vous, s'il vous
plaît, m'envoyer l'argent pour les prothèses mammaires?
Mme Lavoie-Roux: II n'avait pas de suggestions à vous
faire, votre comité de législation?
M. Forget: J'aurais une question, M. le Président,
très brièvement.
M. Lazure: Ils m'ont dit: Quand vous modifierez votre loi
parce qu'on était entre la 14e et la 16e version
mettez donc le mot pour que ce soit couvert. On a mis le mot.
Le Président (M. Jolivet): J'ai cependant besoin du
consentement.
M. Forget: Très brièvement, je n'ai pas de
déclaration, mais c'est pour relever la question de...
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
malheureusement il n'y a pas de consentement.
Une voix: On est prêt pour le vote.
Mme Lavoie-Roux: Cela établit les règles du
jeu.
M. Forget: Cela nous éclaire très bien. M.
Alfred: Madame, nous sommes prêts.
M. Forget: Vous allez progresser beaucoup comme cela, vous allez
voir.
Le Président (M. Jolivet): Le paragraphe a) est-il
adopté?
M. Alfred: Adopté.
M. Forget: Sur division, M. le Président. On pourrait
peut-être même demander un vote enre-
gistré. Comme cela, cela va donner l'occasion au
député de Rosemont, qui est réellement
intéressé à aller vite, de manifester sa contribution.
C'est la seule qu'il va faire, d'ailleurs.
Le Président (M. Jolivet): M. Forget (Saint-Laurent), pour
ou contre?
M. Forget: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Gosselin (Sherbrooke).
M. Gosselin: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Gravel (Limoilou).
M. Gravel: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Jolivet): Pardon? Je n'ai pas
compris.
M. Grenier: En faveur.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. Alfred
(Papineau).
M. Alfred: En faveur.
Le Président (M. Jolivet): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Lazure (Chambly).
M. Lazure: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Martel (Richelieu).
M. Martel: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Shaw (Pointe-Claire).
M. Shaw: Pour.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Le paragraphe a)
est adopté. Paragraphe b).
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... on a ici une modification où on remplace,
si je comprends bien, chirurgien-dentiste par dentiste.
M. Lazure: C'est écrit comme cela dans toutes les lois
depuis la création de l'Office des professions.
M. Forget: D'accord. M. le Président, cet article
soulève un problème de principe fort intéressant.
Une voix: Qui donnera lieu à une dissertation.
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Forget: Oui. Cette fois-ci, vous avez raison, M. le
député. Cela va donner lieu à une dissertation.
Une voix: Donnez de bonnes raisons.
M. Forget: Nous avons des professionnels de la santé qui
sont spécifiquement énumérés dans ce paragraphe. La
raison pour laquelle on les énumère est présumément
pour ouvrir la voie au chapitre de la loi qui traite des ententes avec les
professionnels de la santé. Dans cette définition des
professionnels de la santé, en donnant une énumération, on
se trouve à limiter les catégories de professionnels avec
lesquels on peut conclure des ententes. Illustration: Les chiropraticiens ne
sont pas mentionnés dans ce paragraphe et, par conséquent, le
ministre est légalement incapable de négocier avec les
chiropraticiens pour leur permettre d'avoir accès à
l'assurance-maladie. Si un jour il donnait suite à la promesse
électorale qu'il a faite d'étendre le régime de
l'assurance-maladie aux soins de chiropratique, il devrait revenir, le 20 ou le
21 décembre 1979...
Mme Lavoie-Roux: 1999.
M. Forget: ... ou 1999, comme le dit le député de
L'Acadie, pour demander une modification à la Loi de l'assurance-maladie
de manière à permettre de modifier le paragraphe b) de l'article
1 pour ajouter... Je ne sais pas à quel endroit il l'ajouterait, M. le
Président. Je ne sais pas s'il l'ajouterait tout de suite après
les médecins. Cela sonnerait comme cela: Les médecins, les
chiropraticiens. Mais je pense que c'est un voisinage un peu délicat. Je
pense qu'il essaierait de les mettre ailleurs un peu dans le paragraphe. Il
essaierait peut-être de les mettre après les dentistes. Mais
dentistes, optométristes, ce sont des gens qui s'occupent de la
tête, alors cela va ensemble aussi et je pense qu'il ne voudrait pas
séparer les dentistes des optométristes. Non.
Décidément, il faudrait probablement aller un peu plus loin. Il
est
probable qu'il choisirait de les placer juste après les
optométristes et avant les pharmaciens parce qu'après tout, les
pharmaciens vendent des choses. Mais il y a malgré tout des choses qui
rapprochent les pharmaciens des optométristes parce qu'eux aussi, les
optométristes, vendent des lunettes. À la fin, je crois qu'il se
résoudrait à les mettre tout à fait à la fin du
paragraphe. D'ailleurs, il pourrait plaider l'ordre chronologique et les mettre
tout de suite après les pharmaciens.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi pas l'ordre alphabétique?
M. Forget: Je suggère au ministre, M. le Président,
d'inclure ce sera mon premier amendement à ce paragraphe
une disposition pour ouvrir la porte dès maintenant à une mesure
qu'il a annoncée lors d'une conférence de presse en compagnie du
premier ministre, entre le 15 octobre et le 15 novembre 1976. Il a même
dit ce que cela coûterait. Donc, il est prêt. Il a trouvé
dans son bureau ou dans ses filières, en arrivant au ministère
des Affaires sociales, une étude d'environ un pouce et demi de la
Régie de l'assurance-maladie, préparée à
l'intention de son prédécesseur, qui indique quels sont les
coûts de l'extension du régime d'assurance-maladie. Il ne peut
quand même pas plaider la nécessité de faire des
études, les études ont été faites, le terrain est
préparé. Tout ce lui manque, c'est, bien sûr,
l'autorisation légale. Dans notre magnanimité, nous allons ouvrir
la porte au ministre. Nous allons lui présenter un amendement auquel il
voudra certainement souscrire en compagnie de ses collègues
ministériels qui, eux aussi, durant cette illustre campagne de 1976, ont
dit: Si jamais notre parti prend le pouvoir, nous allons vous donner les soins
chiropratiques; cela fait si longtemps que le gouvernement
c'était le précédent vous refuse l'accès
à ces services; votez pour nous, vous allez y avoir accès. Les
raisons financières alléguées par le gouvernement ne
tiennent pas debout, le Québec est maintenant arrivé à la
période où il doit se payer des services chiropratiques. Je cite
toujours, bien sûr, la conférence du premier ministre, votre chef,
qui a dit que tout ceci ne coûterait que de $25 à $30 millions,
que c'était largement à la portée de la Régie de
l'assurance-maladie. (17 heures)
D'ailleurs, la régie avait un surplus et, avec ce surplus de $150
millions, il est facile de financer l'extension du régime aux soins
chiropratiques. La démonstration ayant été faite,
l'élection s'étant faite, le peuple ayant voté pour
l'extension des soins à la chiropraxie, l'Assemblée nationale ne
peut plus se retirer, elle brûle d'envie de permettre enfin au ministre
de donner suite à un désir si longtemps réprimé,
depuis deux ans qu'il patiente, attendant que les autres amendements se
préparent; les 25 versions de ce projet de loi ayant été
longuement mûris, il en a même oublié les soins
chiropratiques. Cela s'est perdu dans tous les papiers qu'on a brassés
depuis ce temps, le dossier de chiropraxie s'est momentanément
égaré.
C'est presque inévitable, quand on prend 24 mois pour
préparer un projet de loi, qu'on perde quelques papiers. Malheureusement
pour le ministre, ou heureusement pour le peuple du Québec qui attend
les soins chiropratiques, j'ai gardé une copie de ce rapport de
chiropraxie et je serais d'ailleurs heureux d'en faire lecture ici, si les
députés ministériels n'en ont pas pris connaissance, mais
je suis sûr que, s'ils demandent des copies au ministre, il se fera un
plaisir de les leur communiquer. C'est un rapport très bien fait qui
établit le recensement des chiropraticiens qui ont été
admis à partir de 1973 à la pratique générale de
leur profession, qui établit, d'après des expériences
étrangères, l'incidence de cette pratique dans la population,
celle qu'on peut s'attendre à voir se réaliser. On attribue un
coût à chacun des actes chiropratiques et on détermine, en
somme, la masse nécessaire.
Encore une fois, c'est très facile parce que la régie a
des surplus ou avait des surplus; je ne me souviens plus trop bien si elle a
encore des surplus ou si elle n'en a plus. Peut-être que le ministre
pourra nous donner des explications là-dessus. Il reste que tout ce qui
manque, encore une fois, c'est d'ajouter un petit mot, un tout petit mot, mais
un mot qui a son importance, malgré tout, tout de suite après le
mot "pharmacien", au paragraphe b) de l'article 1, ajouter le mot
"chiropraticien" et le tour est joué.
Dès le mois de janvier, le ministre peut écrire au
président de l'Association de chiropratique du Québec et dire:
Mon cher monsieur, à la suite de vos nombreuses demandes et à nos
promesses, il me fait plaisir de vous convier, vous et vos
négociateurs...
M. Martel: Est-ce que le député de Saint-Laurent se
rend compte qu'il est en train de faire un "filibuster" et qu'il est en train
de priver la population de services auxquels elle a droit?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Richelieu, je m'excuse, vous n'avez pas le droit de parole.
Mme Lavoie-Roux: Y a-t-il une place pour les
physiothérapeutes? Une autre motion?
Le Président (M. Jolivet): Votre amendement est-il fait en
bonne et due forme?
M. Forget: J'étais en train de le compléter, mais
je comprends l'impatience du député de Saint-Maurice qui, lui
aussi, s'est fait élire avec cette promesse.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Richelieu.
M. Forget: Richelieu, oui.
M. Martel: Je n'ai pas fait de promesse. Les gens ont élu
un gouvernement pour obtenir des réalisations.
M. Forget: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Pour ses vertus!
M. Martel: Par contre, ils ont voté contre une mauvaise
administration qu'on a eue pendant six ans.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Richelieu, je m'excuse de vous rappeler à l'ordre.
M. Forget: La mauvaise administration avait quand même
permis d'accumuler un profit que vous avez dépensé avant les
élections. Non?
M. Martel: Combien de documents avez-vous eus sur votre bureau et
qui n'ont pas eu de suites? Celui de la régie, entre autres.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Richelieu, s'il vous plaît, rendez-moi service.
M. Forget: J'allais dire, M. le Président, qu'à la
suite de cet amendement il sera en mesure d'écrire au président
de l'Association des chiropraticiens du Québec en lui disant: Cher
monsieur, j'ai le plaisir de vous annoncer que l'Assemblée nationale
il ne dira pas à la demande de l'Opposition, parce que ces
choses-là, quand on est ministre, évidemment, on les passe sous
silence, au moins dans la correspondance privée mais,
malgré tout, il pourra dire: L'Assemblée nationale a
décidé d'ajouter les chiropraticiens à la liste des
professionnels de la santé avec lesquels je suis désormais
autorisé à conclure des ententes. Je vous prierais donc,
vous-même, ou par un négociateur de votre choix, de bien vouloir
entrer en communication avec Me Untel, qui est le négociateur que j'ai
choisi pour conclure avec vous une entente sur la prestation des services de
chiropratique assurés. Bien entendu, il faudra plus tard un autre
amendement, je suppose bien, à la fin, pour dire que cet amendement
entrera en vigueur sur proclamation ou parce qu'il faudra donner à la
régie le temps de se préparer. Mais, avec son efficacité
habituelle, je ne doute pas d'ailleurs ils ont déjà fait
une étude, qu'ils sont presque prêts à procéder tout
de suite. Il ne serait peut-être pas nécessaire, on me dit qu'il y
a déjà suffisamment de flexibilité, à l'article 63,
on prévoit les promulgations au besoin comme on le fait, maintenant,
dans toutes les lois, c'est fort sage, d'ailleurs...
M. le Président, c'est un amendement qui parle par
lui-même. J'aurais presque pu me taire, mais l'occasion était trop
belle de souligner au ministre l'intérêt d'une telle mesure
à laquelle il a souscrit lui-même et qui ne l'engage en rien, de
toute façon, puisqu'il peut ne pas donner suite après à
cette modification. Rien n'oblige le ministre, M. le Président, à
négocier tout de suite, mais il aurait quand même la
possibilité de le faire. Et, qui peut dire non à une simple
possibilité? Il me semble que ce serait bien mesquin de refuser au moins
de se donner les moyens de... si jamais il veut les utiliser. C'est tout ce
qu'on l'invite à faire.
Le Président (M. Jolivet): Avant de donner à qui
que ce soit le droit de parole, j'aimerais regarder la recevabilité de
cet amendement. Si vous me le permettez, je vais prendre quelques instants et
suspendre la discussion du débat puisque, selon le règlement, une
motion d'amendement qui entraîne des coûts additionnels peut
être non recevable. Donc, laissez-moi le temps de faire les
vérifications nécessaires.
Nous reprenons. Je ne veux, en aucune façon, discuter de la
recevabilité ni demander à personne de discuter de la
recevabilité de la motion. La motion, telle que présentée,
indique que, dans le projet de loi 84, on ajouterait le mot "chiropraticien"
après le mot "pharmacien", ce qui aurait pour effet d'entraîner
des coûts additionnels qui n'ont pas été prévus lors
de la présentation du projet de loi en première lecture par le
ministre, sur recommandation du lieutenant-gouverneur en conseil, qui n'ont pas
été étudiés, non plus, en deuxième lecture,
de telle sorte que, selon l'article 64, une motion qui entraînerait des
coûts doit être présentée par un représentant
du gouvernement après recommandation du lieutenant-gouverneur en
conseil, lorsqu'elle a pour objet direct l'imposition d'une charge
additionnelle sur les revenus publics ou sur les contribuables. Or, compte tenu
que l'ajout de "chiropraticien", tel que le disait le député lors
de sa présentation, impliquerait des coûts additionnels, compte
tenu que ce n'est pas un représentant du gouvernement, après
recommandation du lieutenant-gouverneur en conseil, qui l'a
présenté, à ce moment-là, je suis dans l'obligation
de considérer l'amendement comme irrecevable.
M. Paquette: M. le Président, sur l'article...
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas eu le droit de s'exprimer.
Le Président (M. Jolivet): Je le déclare du haut de
ma chaise.
Mme Lavoie-Roux: Je n'aurai pas eu la possibilité...
Le Président (M. Jolivet): J'ai dit tout à l'heure
que je n'avais besoin d'aucun éclairage pour rendre ma
décision!
Mme Lavoie-Roux: Est-ce selon le...
Le Président (M. Jolivet): Oui, c'est selon le
règlement.
Mme Lavoie-Roux: Oui?
M. Grenier: C'est la nouvelle transparence!
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Mégantic-Compton, sur le paragraphe b).
Mme Lavoie-Roux: Une directive, M. le Président. Ce n'est
pas de l'ironie que je fais, mais ordinairement, vous le savez...
Le Président (M. Jolivet): Non, je vous comprends!
Mme Lavoie-Roux: ... quelqu'un peut plaider sur la
recevabilité.
Le Président (M. Jolivet): C'est parce que, justement,
j'ai bien dit en partant... M. le député de Papineau, s'il vous
plaît! C'est moi qui vais répondre.
Mme Lavoie-Roux: C'est une demande sérieuse de directive
et d'explication que je fais!
Le Président (M. Jolivet): Vous avez raison, Mme le
député! Ordinairement...
M. Alfred: Une directive, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): J'en ai déjà une,
je vais y répondre. Après, je verrai. Vous m'avez demandé
s'il était dans la coutume de déclarer close, sans demander
l'avis de la commission, une discussion sur la recevabilité. Quand il y
a un doute sérieux pour la présidence pour savoir si l'amendement
proposé est recevable ou non, il est dans la coutume que la
présidence demande aux gens de donner leur opinion. Compte tenu
qu'à sa face même l'amendement tel que présenté ne
m'amenait en aucune façon à avoir des doutes j'ai
cependant demandé, quant à moi, une suspension pour faire une
vérification et compte tenu qu'à sa face même
l'amendement entraînait ce que l'article 64 dit, il ne me venait
aucunement à l'esprit de demander d'autres formes de renseignement
venant de la commission ici, ce soir. De cette façon, ce n'est
peut-être pas habituel dans les commissions que vous avez eues
jusqu'à maintenant. C'est parce qu'à sa face même
l'amendement était directement impliqué par l'article 64 que je
n'avais besoin d'aucune autre explication. De ce fait même, je peux
rendre dès lors, sans aucune demande à qui que ce soit de la
commission, une décision que j'ai rendue.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien sûr, je ne veux pas revenir sur
l'amendement que vous avez jugé irrecevable parce que je sais qu'il est
arrivé que des présidents ont pu trancher une question de ce
genre, mais, règle générale, on laissait discuter sur la
recevabilité de l'amendement. L'argument sur lequel vous vous êtes
basé est de toute évidence dans l'ordre. Le député
de Saint-Laurent a soulevé un point fort pertinent au débat que
nous menons actuellement à l'article b) et j'aurais aimé savoir
du ministre si...
Le Président (M. Jolivet): Excusez-moi, M. le
député. Je suis dérangé et j'aime bien
écouter les paroles qui me sont adressées directement. Nor-
malement, on s'adresse au président. Actuellement, le
député de Mégantic-Compton discute du paragraphe b) et, en
conséquence, il n'a en aucune façon discuté de
l'amendement qui n'existe pas.
M. Grenier: Merci. J'aimerais demander au ministre, bien
rapidement, sans m'étirer sur le sujet, si l'amendement qu'on a
rejeté il y a quelques instants a fait l'objet d'études au
ministère. Il n'est pas sans savoir que on le sait dans la
société actuelle si on ajoutait à ce
moment-là les chiropraticiens, cela pourrait faire l'objet d'une somme
assez importante. Il n'est pas sans y avoir eu des études au
ministère à ce sujet-là, depuis qu'ils sont reconnus, en
1973.
M. Lazure: Pour répondre de façon directe, oui, il
y a des études.
M. Grenier: Mais est-ce que cela a attiré votre attention
sur le fait que cela aurait pu être incorporé ici? Est-ce qu'il y
a des demandes ou si encore...
M. Lazure: J'hésite à donner des détails
parce que je voulais répondre tantôt à certaines remarques
du député de Saint-Laurent.
M. Grenier: Vous allez revenir là-dessus tout à
l'heure?
M. Lazure: Je vais y revenir tantôt.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: M. le Président, je suis convaincu qu'avant que
ce projet de loi soit déposé la question d'inclure les
chiropraticiens dans la définition des professionnels de la province de
Québec...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Pointe-Claire...
M. Shaw: Je sais que ce n'est pas recevable, mais...
Le Président (M. Jolivet): ... je ne voudrais pas qu'on
prenne par la bande ce que j'ai déclaré irrecevable tout à
l'heure. (17 h 15)
M. Shaw: D'accord. Je vais laisser cela de côté! Sur
la question des définitions, on parle seulement de "professional in the
field of health or professional, any physician, dentist, optometrist or
pharmacist". You see the duplication, vous avez deux fois la même chose.
Dans ce sens, on peut dire que j'appartiens à la première section
de cette définition, parce que vous avez deux définitions au lieu
d'une. Peut-être que cela va être plus rentable, que la
définition sera plus précise, si on enlève "professional
in the field" et si on garde seulement la deuxième section
"professional, any phy-
sicien", etc. Voyez-vous la différence? Si on regarde "any
professional in the field of health", c'est qu'on accepte en même temps
la position que les chiropraticiens, les ostéopathes et toutes les
autres personnes qui sont paramédicales sont impliqués.
Peut-être qu'avec un amendement nous pouvons dire simplement que cela a
plus de bon sens de faire préciser cet article où l'on dit:
Seulement les professionnels, soit dentistes, médecins, chirurgiens et
pharmaciens qui sont maintenant couverts par les ententes.
Le Président (M. Jolivet): Avez-vous terminé? M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, on assiste depuis tout
à l'heure sur cet article à plusieurs interventions. L'une
d'entre elles, celle du député de Saint-Laurent, est fort
intéressante. Elle nous introduit au vaste sujet de la chiropratique,
que nous ne pouvons pas toucher, M. le Président, puisque vous l'avez
jugé irrecevable. Ceci est d'ailleurs étonnant, M. le
Président, puisque cet article de toute évidence irrecevable
démontre la non-connaissance du député de Saint-Laurent de
notre règlement et des règles les plus élémentaires
de notre système parlementaire, lui qui faisait reproche aux juristes du
gouvernement d'être incompétents et de nous présenter des
déchets. Tout de suite après, on a vu madame le
député de L'Acadie manifester un intérêt soudain
pour la procédure et s'inquiéter auprès du
président si les articles de notre règlement étaient bien
appliqués.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont, j'aimerais que vous...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, 85...
Le Président (M. Jolivet): Qu'est-ce qu'il y a à
85?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je peux corriger des choses, M. le
Président, 99, me dit-on.
M. Paquette: Je pense que c'est à la fin de
l'intervention, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): À la fin de
l'intervention du député? Si vous voulez.
M. Paquette: J'arrive au vif du sujet.
Mme Lavoie-Roux: Oui, là-dessus, cela va, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rosemont, je vous demanderais, s'il vous plaît, de vous en tenir à
la pertinence du paragraphe b).
M. Paquette: M. le Président, je pense que ces
interventions nous détournent justement de l'objet du paragraphe b) et,
c'est évident, l'Opposition libérale a décidé de
bloquer l'adoption de ce projet de loi, malgré certaines ententes,
certaines manifestations de bonne volonté que nous avons eues, hier,
qu'il était possible d'adopter certains amendements permettant, en
particulier, de faire en sorte que les parents d'enfants qui ont dû payer
des frais dentaires récemment puissent être remboursés, ce
qui était l'objet d'un des amendements du ministre. Je pense qu'il
s'agit d'un "filibuster", M. le Président, comme on en a connu plusieurs
ces derniers jours, qui vont vraiment léser les citoyens du
Québec. Il aurait été possible de s'entendre avec
l'Opposition et d'essayer de voir quels éléments pouvaient
être apportés à ce projet de loi de façon à
faire en sorte que les citoyens, les parents ne soient pas lésés.
D'ailleurs, on a vu plusieurs interventions et demandes de l'Opposition. En
particulier le député de Saint-Laurent a dit: Écoutez,
cela fait deux ans que vous avez annoncé l'extension des soins
dentaires. Je vous rappelle que le mot "dentiste" se trouve à
l'alinéa b), M. le Président, l'extension des soins dentaires;
qu'est-ce que vous attendez pour mettre cela en application? Et, au moment, M.
le Président, où on arrive avec un projet de loi qui a justement
pour but de mettre ces mesures en application, pour le bénéfice
des parents des enfants qui ont reçu ces soins dentaires, on assiste
à un "filibuster" qui va nous empêcher d'adopter ce projet de
loi.
J'aimerais protester énergiquement contre cette attitude de
l'Opposition. Et après cela, M. le Président, on viendra se
plaindre des longues heures de travail que l'Opposition s'impose
elle-même, qu'elle s'est imposées ces deux dernières nuits
et probablement la nuit prochaine. M. le député de
Mégantic-Compton nous disait: Cela a très bien fonctionné
aux autres sessions. Je ne sais pas s'il aurait aimé avoir une motion de
censure pour l'empêcher de veiller un certain nombre de nuits avec
nous.
M. le Président, je pense que l'Opposition va porter la
responsabilité des difficultés qui vont être
créées aux citoyens du Québec par la non-adoption de cette
loi et je pense que les citoyens vont s'en rappeler et vont reconnaître
la contradiction des propos de l'Opposition, qui s'est plainte à
plusieurs reprises que la loi n'avait pas trouvé encore sa pleine
application et qui refuse justement les mesures qui permettraient de la mettre
en application.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que j'ai droit
à 20 minutes également.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez droit à 20
minutes, Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Rassurez-vous, je n'utiliserai pas mes 20
minutes.
Je voudrais d'abord simplement rétablir un fait ce n'est
même pas rétablir un fait. Je ne pense pas que le
député de Rosemont ait le droit de m'imputer des motifs alors que
je vous ai demandé une explication sur la procédure. D'ailleurs,
vous avez trouvé justifié de me répondre. Vous avez
même à l'occasion rappelé, si je ne m'abuse, un autre
député à l'ordre pour que vous puissiez me donner une
explication. Je pense que c'était tout à fait dans l'ordre;
c'était une des premières fois, comme vous l'avez admis
vous-même peut-être même la première fois
où je constatais que la présidence, sans entendre
d'arguments de la part des différents partis, pouvait décider de
la recevabilité ou non d'une motion.
Le député de Rosemont, M. le Président, traite
aussi avec beaucoup de désinvolture par exemple les questions que
faisait valoir mon collègue de Saint-Laurent sur la définition du
terme "services assurés". Je pense que tout le monde ici l'a fort bien
constaté et je pense même que je ne lui demanderai pas de
répéter ses propos mais je pense qu'il serait probablement
prêt à le faire. Les hauts fonctionnaires du ministère des
Affaires sociales, le sous-ministre en titre, entre autres, ont admis que,
justement, ce terme "services assurés" était ambigu et, au plan
légal, couvrait mal les objets dont on parlait et qu'il y aurait lieu de
l'examiner sauf qu'à ce moment-ci, à l'occasion de cette
présentation de projet de loi, cela n'avait pas été... Je
regrette, M. le député de Beauharnois.
M. Lavigne: ...
Mme Lavoie-Roux: Sur les services assurés...
M. Paquette: Sur l'intrusion de la chiropraxie dans le
débat.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Lavoie-Roux: Je m'excuse!
M. Lavigne: ... qui ajoute des coûts.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie a le droit de parole. Je voudrais bien qu'on la respecte.
M. Alfred: Sur l'article b).
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, que vous
admettrez avec moi que le député de Rosemont et j'en
étais fort consciente a largement...
Le Président (M. Jolivet): J'ai été
très large, madame.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous avez été très
large et j'espère pouvoir obtenir la même largesse de votre part
à mon égard.
Le Président (M. Jolivet): C'est acquis.
Mme Lavoie-Roux: Merci! En fait, il y a aussi une autre
façon de procéder. Je savais qu'on y arriverait et qu'on pourrait
fort bien faire porter à l'Opposition l'odieux de la non-adoption de
cette loi-ci en disant: D'un côté, ces pauvres enfants qui n'ont
pas de soins dentaires et de l'autre côté, ces pertes
considérables de l'assurance-maladie. Je pense que j'ai
déjà répondu dans mon introduction à ce
deuxième point, je n'y reviendrai pas, on connaît les
délais que le ministre actuel a causés pour quelque raison que ce
soit il n'est pas obligé de me les donner mais, en tous
les cas, on sait fort bien que cela faisait deux ans et demi qu'il voulait
déposer son projet de loi, deux ans, pour être plus exact.
Dans le cas des pauvres enfants qui n'ont pas de soins dentaires, j'en
suis toute aussi... d'ailleurs, ils en ont, première des choses. Il ne
faudrait quand même pas exagérer; ils y ont droit. Simplement, le
dépôt du projet de loi 84 a fait que les dentistes ont
renoncé à la non-participation et ont recommencé à
fonctionner comme au tout début du conflit, sans que les choses qui
devaient être négociées ne le soient finalement.
J'ai dit tout à l'heure que même avant le
dépôt de la loi, le ministre avait les outils nécessaires
pour pallier cette situation que tout le monde regrette,
particulièrement en ce qui touche l'extension de la couverture des soins
à donner aux enfants. Ce qui m'amuse beaucoup, c'est que même la
loi 84 je redis ce que j'ai dit dans mes propos d'ouverture ne
prévoyait pas cette extension de couverture, parce que, normalement,
cela devait être négocié. On n'a pas su officieusement ou
officiellement que les négociations étaient rompues.
Peut-être que le ministre pourrait m'informer là-dessus, mais,
normalement, on aurait pu croire que ce serait par négociations, qui
normalement devraient se continuer, qu'on pourrait étendre davantage
cette couverture.
Alors, essayer de faire croire à qui que ce soit que, tout
à coup, cela va être la faute de l'Opposition, parce qu'on n'aura
vu à l'extension de la couverture, alors que le problème dure
depuis deux ans et demi... Normalement, cela devrait être fait par
négociations, puisque je ne sache pas que les chirurgiens-dentistes
aient refusé de s'asseoir et de négocier. Si on a des nouvelles
à nous donner là-dessus, qu'on nous en donne.
Autre chose, on peut présumer qu'il y a des difficultés,
parce que le ministre se donne une autre arme en déposant un amendement
à l'article 62, dont j'ai fait mention tout à l'heure. Il sera
toujours possible... M. le Président, je ne parlerai pas plus longtemps,
mais je pense qu'il est quand même important de rectifier certains faits.
Nous avons expliqué au début les difficultés qu'il y avait
pour nous de procéder à l'adoption d'un aussi grand nombre
d'articles. Maintenant, on doit bien être rendu... c'était 36
heures tout à l'heure, on doit être à 35 heures de la fin
de la session et je peux difficilement accepter les remarques du
député de Rosemont. Évidemment, c'est de bonne guerre de
nous accuser de ceci ou de cela. Mais la
négligence première, M. le Président, il faut la
rendre claire, ne vient pas de nous. Elle vient du gouvernement qui, d'une
part, n'a pas fait adopter une loi qui aurait permis de rendre la carte
d'assurance-maladie obligatoire avant aujourd'hui. Deuxièmement, c'est
depuis le 31 octobre que les dentistes ont décidé de ne pas
participer et on connaît le reste des événements qui se
sont passés et, tout à coup, il faudrait donner une espèce
de chèque en blanc. Ils diront: On vous donne ceci, on vous donne cela.
On a fait votre amendement ou vous achetez le nôtre. Il faudrait passer
à la vapeur une loi dont les résultats seraient, je pense, bien
précaires et pourraient avoir des répercussions que chacun
d'entre nous autour de cette table regretteraient. C'est à ce jeu que
nous refusons de nous prêter, M. le Président, et je voudrais que
ce soit clair.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Papineau.
M. Gosselin: Mme le député de L'Acadie, est-ce que
je pourrais poser une question?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Papineau... Mme le député de L'Acadie, on vous demande si vous
accepteriez une question.
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'accepte toujours les questions.
M. Gosselin: Vous étiez à parler sur
l'alinéa b), je pense. Est-ce que vous allez voter pour ou contre
l'alinéa b)?
Mme Lavoie-Roux: Bien, on n'a pas fini. M. Forget: On n'a
pas fini.
M. Gosselin: Vous n'êtes pas en mesure, à ce moment,
de dire si vous allez voter pour ou contre l'article b).
M. Forget: Cela dépend des amendements.
Mme Lavoie-Roux: II y a d'autres amendements à venir, M.
le député de Sherbrooke.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, je dois vous dire que je ne
partage pas l'argumentation du député de Rosemont sur la
non-adoption de la loi par le Parti libéral, car ce serait, quand
même... Le Parti libéral est bien au courant que, si, par sa
faute, il empêcherait l'adoption de cette loi, ce serait priver la
population des services auxquels elle a droit... et même prévenir
des abus qui pourraient arriver si ce projet de loi n'était pas
voté. Ce serait malhabile de la part de l'Opposition libérale de
priver la population des services. Franchement, je suis sûr que le Parti
libéral s'amuse parce qu'il est dans l'Opposition et qu'en aucun temps,
à ce que je sache, le Parti libéral n'empêcherait
l'adoption d'une loi aussi capitale, aussi importante pour nous et pour le
peuple québécois. Donc, je comprends l'argumentation du
député de Rosemont, mais je pense qu'il a fait une mauvaise
analyse parce que ce serait regrettable, ce serait inimaginable, ce serait
odieux, inique que l'Opposition libérale travaille de façon
à empêcher l'adoption de cette loi. D'ailleurs, le Parti
libéral a déjà empêché l'adoption d'une loi
qui est le réaménagement de Buckingham. Ils vont en porter
l'odieux. Pour le moment, je ne comprends pas... (17 h 30)
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Papineau, ne mêlez pas la ville de Buckingham à ce débat.
Cela ne fait pas partie de l'article b).
M. Grenier: Le député de Hull... On va
l'accepter.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... Le Président
(M. Jolivet): Madame...
Mme Lavoie-Roux: ... est-ce que le député de
Papineau me permettrait une question?
Le Président (M. Jolivet): M. le député, le
permettez-vous?
M. Alfred: Je le veux, mais à la fin, Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Alfred: Comme je le dis, ce serait inadmissible qu'une
Opposition aussi responsable, une Opposition qui a tellement bien
administré le Québec, etc., refuse l'adoption de cette loi. J'ai
d'ailleurs écouté avec attention l'argumentation du
député de Saint-Laurent. Je vous assure que comme entre
parenthèses disserteur, il est formidable. Je trouve que c'est un
homme instruit.
Mme Lavoie-Roux: II est bien, le député de
Saint-Laurent, n'est-ce pas?
M. Alfred: II a fait son cours classique. Il a appris à
discuter comme son chef. Il est capable de trouver, bien sûr,
l'introduction...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Papineau, le paragraphe b) ne parle pas de cela.
M. Alfred: Justement. Je disais donc...
M. Grenier: Est-ce que le député de Papineau
pourrait...
M. Shaw: C'est vous qui faites le "filibuster " maintenant.
M. Alfred: Je reviens donc à l'article 2. Pour
résumer, je dis encore une fois que le député de Papineau
ne peut pas partager l'argumentation du
député de Rosemont, toute rationnelle qu'elle soit,
étant donné que le député de L'Acadie et le
député de Saint-Laurent sont des gens qui sont trop
près...
Mme Lavoie-Roux: ... des problèmes.
M. Alfred: ... des besoins de la population pour refuser que ces
besoins soient actes donnés au président. Personnellement,
même si j'accepte ce régime britannique qui permettrait à
l'Opposition d'empêcher l'adoption de cette loi, ce serait quand
même épouvantable de la part de cette Opposition responsable
d'empêcher l'adoption de la loi.
Mme Lavoie-Roux: Que cette loyale Opposition.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie, votre question est maintenant permise.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Grenier: J'en aurais une, moi aussi.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais simplement demander au
député de Papineau je m'excuse si c'est impoli, mais je
pense que c'est lui qui a fait allusion à l'urgence de pouvoir avoir en
main une telle loi pour protéger les citoyens, etc. s'il se
rappelle à quelle date nous avons fait la deuxième lecture de ce
projet de loi?
M. Alfred: Mme le député... Une voix:
Vendredi passé.
Mme Lavoie-Roux: Le 18 décembre, à titre
d'information. Alors, vous voyez l'urgence, n'est-ce pas?
M. Alfred: Vous attendez-vous à une réponse?
Mme Lavoie-Roux: Vous ne saviez pas la réponse. Je vous
l'ai donnée.
M. Alfred: D'accord. Y a-t-il une autre question?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Est-ce que le député de Papineau qui
nous a parlé du régime britannique, de la constitution et du
projet de loi de Buckingham ne pourrait pas aussi nous parler des propos qu'a
tenus le maire de Hull la nuit dernière à son égard?
M. Alfred: Question de privilège, M le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas permis.
M. Alfred: Demande de directive.
Le Président (M. Jolivet): Question de directive?
Mme Lavoie-Roux: M. le député de Papineau, sur
l'article 96.
M. Alfred: Je voudrais savoir si le député
c'est une question, M. le Président, alors attendez la question avant de
riposter...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
n'avais fait aucun geste vous permettant de m'agresser comme cela.
M. Alfred: Je m'excuse, M. le Président. Je voudrais
savoir si le député de Mégantic-Compton, qui est ici un
des collègues que je respecte, partage les propos... C'est une question
qu'il m'a posée. Je n'ai pas besoin de réponses, mais je pose la
question. Vous me permettrez de la poser. Je voudrais savoir si le
député de Mégantic-Compton, un de mes collègues
respectés ici, partage les qualificatifs que le maire de Hull a eus
à mon endroit et partage aussi l'opinion émise par le maire de
Hull qui voudrait que seuls les Québécois nés ici
devraient avoir le droit de voter pour l'indépendance du Québec
ou pour le fédéral.
Le Président (M. Jolivet): Comme M. le
député de Mégantic-Compton m'a dit que c'était une
question qui ne demandait pas de réponse, j'arrête le débat
à ce moment-ci. M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je suppose que chaque ministre
doit recevoir son baptême de l'obstruction un jour ou l'autre; c'est le
premier projet de loi pour lequel, comme il est convenu de l'appeler dans les
termes parlementaires, on m'agresse avec un "filibuster".
Mme Lavoie-Roux: On ne vous agresse pas, M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je veux quand même faire
quelques remarques. D'abord, juste une parenthèse en ce qui concerne les
soins chiropratiques. Le député de Saint-Laurent sait fort bien
que ce n'est pas l'endroit, à l'occasion de l'étude article par
article d'un projet de loi, d'annoncer des politiques. Je reconnais son grand
intérêt, sa grande sympathie pour les chiropraticiens, mais, juste
à titre d'information sur un ton plus sérieux, nous avons
effectivement annoncé, il y a quelques mois, que nous allions
négocier et, pour cela, on n'a pas besoin d'avoir le terme
"chiropraticien" dans ce texte de loi. Le député de Saint-Laurent
devrait savoir, lui qui est censé tout savoir, que ce n'est pas
nécessaire, surtout que les deux clientèles que nous voulons
couvrir avec les soins de chiropratique sont les accidentés de la route,
par une entente avec la Régie de l'assurance automobile, et les
accidentés du travail,
par une entente avec la Commission des accidents du travail.
Donc, la Régie de l'assurance maladie n'a rien à faire
avec le programme partiel de soins chiropratiques assurés que nous avons
l'intention d'instaurer dans un avenir prochain et pour lesquels nous avons
amorcé des négociations avec les chiropraticiens. Pour revenir
à ce qui se passe depuis une couple d'heures dans cette pièce, il
est bien manifeste, il est bien évident maintenant, malheureusement, que
les députés de l'Opposition officielle, contrairement aux
représentants de l'Union Nationale et au député de
Pointe-Claire qui semblaient disposés à étudier ce projet
de loi article par article... Nous avons étudié le projet de loi
no 103 article par article. Nous avons fait le calcul tantôt: dix heures
et quinze minutes exactement en tout pour un projet de loi d'une ampleur
comparable au projet de loi no 84 et avec des dispositions semblables, une
ouverture d'esprit semblable, des amendements déposés à
l'avance.
M. le Président, je prétends qu'il était nettement
possible, s'il y avait eu bonne volonté de la part des
représentants de l'Opposition officielle, d'adopter, après
amendements si c'était nécessaire, ce projet de loi qui est
important pour des milliers et des milliers de Québécois et de
Québécoises. D'abord, il est important pour l'ensemble de tous
les Québécois parce que, j'y reviens encore une fois, il s'agit
essentiellement, l'objectif principal de ce projet de loi est de resserrer de
façon administrative les pratiques de la régie, de les bonifier,
même si elles sont excellentes déjà et la réputation
de la régie a dépassé nos frontières depuis bien
longtemps. J'ai déjà rendu hommage à la régie il y
a quelque temps en commission parlementaire, mais, même à cela, il
y avait lieu d'améliorer et je vous rappelle l'article dans la Presse il
y a quelque temps: $50 millions à des inconnus.
Je vous rappelle l'éditorial du Soleil, il y a quelques semaines,
qui dit que c'est un projet de loi qui est normal, qui ne devrait pas causer
toute la controverse que cela cause. M. le Président, je regrette de
devoir le dire, mais, s'il a causé une certaine controverse, c'est
qu'elle a été alimentée, appuyée, involontairement
ou volontairement, par l'Opposition officielle.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette. C'est une affirmation tout à
fait gratuite.
M. Lazure: Volontairement ou involontairement; je ne vous ai pas
interrompu, c'est une opinion. Le député de Saint-Laurent avait
droit à son opinion tantôt sur les juristes du gouvernement. J'ai
droit à mon opinion en ce qui touche la fameuse opposition au projet de
loi. Je vous rappelle qu'il y a déjà plusieurs jours, quelques
semaines, plus de la moitié des médecins du Québec ont
appuyé ce projet de loi. L'ensemble de tous les médecins et
dentistes qui travaillent dans les hôpitaux ont appuyé ce projet
de loi.
Il me semble, M. le Président, qu'il eût été
possible, dans un esprit de collaboration, comme les députés de
l'Union Nationale et le député de
Pointe-Claire l'ont manifesté, d'arriver à adopter ce
projet de loi qui, en plus de faire économiser des sommes importantes
il s'agit de millions de dollars aurait eu pour effet d'ajouter
des services assurés, pas seulement des services dentaires, d'autres
services. Mais parlons, pour le moment, des services dentaires. Il est vrai que
nous avions misé sur la négociation. La négociation n'est
pas rompue, pour répondre au député de L'Acadie, mais elle
avance à pas de tortue, elle avance très peu. Les parents non
seulement ont le droit d'être remboursés pour la période de
cinq ou six semaines pendant laquelle les dentistes étaient non
participants, mais ils ont aussi le droit de fournir à leurs enfants des
services dentaires pour les dents permanentes. Ils ont aussi droit à des
services que le gouvernement désire assurer, les traitements de canal,
par exemple, qui sont extrêmement coûteux pour les familles.
Il s'agit de toute une série de traitements auxquels les familles
ne pourront pas avoir recours à cause de l'obstruction de l'Opposition
officielle. M. le Président, nous avons acquiescé à la
demande de l'Opposition officielle il y a quelque temps en convoquant une
commission parlementaire pour une journée. Nous avons entendu tous les
groupes qui voulaient venir se faire entendre. Suite à cela, nous avons
proposé des amendements. Il me semble que l'attitude de l'Opposition
officielle aujourd'hui est contraire à ce qu'elle avait manifesté
comme perspective il y a quelques semaines, au moment où nous avons
convenu de convoquer une commission parlementaire.
Je ne comprends pas ce que j'interprète comme un revirement de la
part de l'Opposition officielle. Il me semble qu'il y a assez de
bénéfices non partisans à la population dans ce projet de
loi qu'ils auraient dû collaborer à son étude article par
article et que nous avions amplement le temps aujourd'hui et demain, pour faire
avec le projet de loi 84 ce que nous avions fait avec le projet de loi 103.
Je termine là-dessus, je regrette profondément l'attitude
de l'Opposition officielle et il me semble que c'est tout à fait
contraire à une certaine attitude non partisane, surtout à
l'époque des Fêtes, quand il s'agit de projets de loi à
portée sociale qui répondent à des besoins criants de la
population. Merci.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... sans nécessairement me prévaloir du
règlement alors que je pourrais le faire, M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): II vous reste, d'ailleurs, dix
minutes sur votre droit de parole.
M. Forget: Je vais invoquer le règlement, à ce
moment-là, de façon à ne pas empiéter sur mon droit
de parole; on ne sait jamais.
Le ministre a fait des allégations relativement à la
position prise par l'Opposition officielle. La plupart de ses remarques, je ne
les relèverai pas, il a droit à ses opinions. Il est, bien
sûr, commode et de bonne guerre pour lui de se décharger de
certaines responsabilités.
M. Lavigne: Vous n'admettrez pas cela. Le Président (M.
Jolivet): M. le député!
M. Forget: II y a un fait que je ne peux pas laisser passer, une
allégation que je ne peux pas laisser passer, c'est que l'opposition qui
s'est manifestée parmi les professionnels de la santé a
été suscitée, de quelque façon que ce soit, par
l'Opposition officielle. C'est par les journaux qu'on a entendu parler pour la
première fois de protestations dans les milieux professionnels. C'est
bien sûr que, subséquemment à leur conférence de
presse, ils ont communiqué avec nous, comme cela se fait dans tous les
Parlements. C'est pour cela qu'on a des institutions démocratiques, au
cas où on ne le saurait pas. Suggérer qu'on a
rédigé les mémoires des gens qui sont venus en commission
parlementaire, qu'on leur a soufflé des mots, qu'on les a
stimulés dans leur opposition, jamais de la vie! C'est un mensonge,
c'est une chose qui ne s'est pas passée et je mets le ministre au
défi d'avancer quelque fait que ce soit, quelque preuve que ce soit pour
une telle affirmation.
M. Lazure: Le député de Saint-Laurent, M. le
Président, enfonce des portes ouvertes. Je n'ai jamais dit que vous
aviez suscité l'opposition.
M. Forget: Oui, vous l'avez dit. Vous avez dit que nous avions
suscité l'opposition directement ou indirectement.
M. Lazure: Non, non.
M. Forget: Je vous dis que ni directement, ni indirectement
n'avons-nous suscité quelque opposition que ce soit. L'opposition est
là, elle est importante. De toute manière, nous avons
indiqué pourquoi nous ne croyons pas opportun d'étudier un projet
de loi qui touche de si nombreux aspects difficiles et controversés. Je
l'ai dit au début de l'après-midi et je n'ai pas l'intention d'y
revenir. (17 h 45)
Pour ce qui est des intérêts de la population dans ce
projet de loi, ils sont nuls. Les seules choses que le ministre avance, c'est
la possibilité de payer un certain nombre de services dentaires dans
l'impasse des négociations dans laquelle il se trouve. Or, M. le
Président, il a actuellement dans la loi un pouvoir, à l'article
15, paragraphe 4, pouvoir qu'il a d'ailleurs cherché à abroger
dans la loi 84, qui lui donne tous les pouvoirs qu'il veut pour donner suite
aux intentions qu'il a exprimées relativement à l'extension de la
couverture de soins dentaires au paiement de ces services. C'est le paragraphe
qui dit: À défaut de pouvoir conclu- re une entente avec un
organisme représentatif de chirurgiens dentistes, le ministre peut
préparer et soumettre, pour approbation au lieutenant-gouverneur en
conseil, un projet de règlement pour établir un tarif pour les
services assurés rendus par les chirurgiens dentistes il n'y a
pas de restriction là. Une fois approuvé, ce règlement
tient lieu d'entente et il entre en vigueur à compter de sa publication
dans la Gazette officielle du Québec.
M. le Président, ce pouvoir est là depuis longtemps, il
est là parce qu'en 1973, il y a eu des difficultés et on ne l'a
jamais abrogé. Si le ministre s'en sert, il pourra répondre
à tous les besoins qu'il peut entrevoir dans la situation actuelle pour
payer tous les services qu'il veut bien payer. Qu'il attribue à
l'Opposition le blâme pour son défaut de mettre à
exécution l'article 15, paragraphe 4, M. le Président, c'est une
allégation, une excuse, un prétexte qui ne résistera pas
à l'examen. Les gens se rendent bien compte que cet article est
là et qu'il est là depuis le début des négociations
et que le ministre, à tout moment, pouvait l'invoquer. S'il a choisi de
ne pas le faire, c'est son affaire, mais qu'il ne vienne pas mettre le
blâme sur l'Opposition pour un défaut d'action non seulement sur
le plan législatif en tardant si longtemps à régler les
fameux problèmes des $50 millions. Si cela fait $50 millions par
année que l'on verse en trop, M. le Président, cela fait deux ans
qu'on les verse en trop et cela fait donc $100 millions et ces $100 millions
sont dus à quoi? Ils sont dus au retard à apporter une
législation qui, de l'aveu de tous, était prête en novembre
1976, peut-être pas dans la forme actuelle certainement pas dans
la forme actuelle, M. le Président mais pour ce qui est de
l'utilisation obligatoire de la carte, qui était substantiellement
prête dans sa forme actuelle.
Donc, c'est deux ans de retard et deux ans de retard dont nous ne sommes
pas responsables et qu'on ne vienne pas pleurer à ce moment-ci parce que
l'Opposition exerce ses droits.
Le Président (M. Jolivet): Le paragraphe b) est-il
adopté?
M. Forget: Nous avons une motion d'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je ne mets pas du tout en
doute le jugement que vous avez rendu; effectivement, c'était le seul
jugement que vous pouviez rendre, l'amendement et nous le savions
très bien avait pour effet d'accroître des
dépenses.
M. Lazure: L'expert a parlé.
M. Forget: Donc, nous n'avons pas plaidé la
recevabilité, et nous n'avons protesté ou critiqué, et
nous n'avons certainement pas l'intention de le faire. Il y avait un but,
cependant...
M. Paquette: Vous venez de la plaider.
M. Forget: II y avait un but à la présentation. On
s'étonnait qu'on crée un précédent ou ce qu'on
croyait être un précédent, M. le Président, dans la
décision du président non précédée d'un
plaidoyer sur la recevabilité.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Forget: C'est absolument tout ce qui s'est passé
ici.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président?
M. Forget: Pour ce qui est du fond, le président
était entièrement justifié.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais que vous confirmiez, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Je vais simplement, pour les
besoins de la cause, dire que, sur la question, compte tenu que j'avais pris
une décision qui était prima facie, pour employer les termes
latins qu'on emploie dans ces cas, à la face même, pris une
décision tellement rapide qu'il était possible que des gens qui
ne soient pas familiers avec cette procédure, puisqu'on est jeune dans
la procédure dans bien des cas à ce niveau. Mais, compte tenu
que, pour moi, elle était claire et qu'en d'autres circonstances j'avais
eu l'occasion de l'utiliser ou de la voir utilisée, je ne me suis pas
insulté de voir qu'un député ne le savait pas.
M. Forget: M. le Président, c'est pour cela, et si on a
soulevé l'amendement, c'était pour marquer un point qui, je pense
est difficile, c'est-à-dire, l'occasion qui s'offrait pour le ministre
de donner suite à une promesse; qu'il se soit contenté d'une
objection de procédure indirectement plutôt que de répondre
au problème dans son fond, il ne l'a point fait et la ligne est
tirée. Il demeure que...
M. Gosselin: Question de directive.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Passe encore que le député de
Saint-Laurent parle ses 20 minutes sur chacun des sous-articles de l'article 1
mais, que je sache, il a déjà utilisé abondamment son
droit de parole sur l'alinéa b).
M. Forget: J'ai encore dix minutes.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sherbrooke, M. le député de Saint-Laurent avait son droit de dix
minutes additionnelles, puisqu'il n'avait utilisé tout à l'heure
que dix minutes sur ses 20 minutes.
M. Gosselin: II lui en reste combien?
Le Président (M. Jolivet): Dans ce contexte-là, le
député avait aussi en même temps soulevé un point de
règlement suite à la réponse donnée par le
ministre, ce qu'il a fait un peu longuement, cependant, j'en conviens. J'avais,
à ce moment, pris sur moi de lui dire, au moment de son droit de parole
de dix minutes, que je n'avais considéré qu'une partie de sa
réponse concernant son point d'ordre, qu'à ce moment H avait
utilisé une partie de ses dix minutes. J'avais l'intention de lui dire
qu'il lui restait environ trois minutes au moment où il m'a
déclaré qu'il avait un amendement.
M. Forget: D'accord. M. le Président, je vais faire
immédiatement mon amendement, à la suite de quoi, bien sûr,
j'aurai un droit de parole de 20 minutes pour l'expliquer.
Le Président (M. Jolivet): Un autre 20 minutes, c'est
cela.
M. Alfred: Est-ce que je peux poser une question avant son
amendement?
M. Forget: Non.
Le Président (M. Jolivet): Non. M. le député
de Saint-Laurent, voulez-vous lire votre amendement, s'il vous plaît?
M. Forget: L'amendement a un but tout à fait
différent. Ce deuxième amendement a un but tout à fait
différent. Il vise à baser essentiellement l'obligation de payer
de la régie non pas sur la qualité du professionnel, mais sur la
nature du service. Il se formulerait de la façon suivante: Que le
sous-paragraphe b) du paragraphe b) de l'article 1 soit modifié en
remplaçant dans la deuxième ligne les mots "tout médecin,
dentiste, optométriste ou pharmacien" par les mots "toute personne".
Le sous-paragraphe amendé se lirait comme suit: b) "professionnel
de la santé" ou "professionnel": Toute personne légalement
autorisée à fournir des services assurés.
Le Président (M. Jolivet): II est recevable.
M. Forget: Merci, M. le Président. Le sens de cet
amendement est le suivant: par un hasard probablement historique, il se trouve
que les champs de juridiction professionnelle se trouvent superposés, au
moins, en partie. Certains professionnels qui appartiennent à une
discipline professionnelle peuvent poser des actes qui appartiennent
également à la juridiction, à la compétence
professionnelle d'une autre catégorie de professionnels.
Évidemment, le recoupement n'est pas identique, n'est pas parfait,
puisqu'autrement on aurait, pour le même champ de pratique, deux
catégories professionnelles. Mais il y a des recoupements qui font qu'il
y a un chevauchement partiel des domaines de compétence professionnelle.
On se trouve donc dans des situations où, lorsque la loi
énumère des professionnels de manière spécifique,
on a des domaines, des parties de champs de pratique professionnelle, dont
la prestation de services aux malades, qui sont assurés non pas
en raison de la nature des services, mais en raison de la qualité du
professionnel. Il y a plusieurs exemples je vais les donner pour
rendre plus concret le problème auquel on s'adresse. Il y a, par
exemple, une illustration célèbre, le domaine des actes de
physiothérapie. C'est bien connu, les physiothérapeutes ont, dans
leur champ de juridiction professionnelle, possibilité de faire
certaines manipulations, certains traitements de chaleur, certaines
applications de cire, etc., qui, évidemment, contribuent à la
santé, au maintien de la santé ou à la restauration de la
santé. Des médecins, à cause de la définition de
leur champ professionnel, ont également la possibilité de poser
les mêmes actes. On s'est retrouvé, bien sûr, devant des
difficultés d'interprétation d'entente parce que, selon que le
même acte était posé ou réputé avoir
été posé par un physiothérapeute ou par un
physiatre, un orthopédiste ou un médecin, de toute façon,
l'acte était payé ou non, le service était assuré
ou non. C'est une autre illustration de l'ambiguïté du mot
"services assurés". C'est une illustration, mais il y en a plusieurs
autres.
Il y a l'illustration que l'on retrouve dans le domaine de la
santé dentaire, alors que certains actes sont posés par des
dentistes, mais peuvent également l'être par des
hygiénistes dentaires. Dans ce cas, le même acte posé par
un hygiéniste dentaire ne serait pas payé si l'hygiéniste
dentaire, en quelque sorte, travaillait seul. Il n'est pas possible de
concevoir la pratique privée pour un hygiéniste dentaire, mais
seulement la pratique de salarié à cause de cette
disposition.
Essentiellement, ce qu'on veut couvrir, ce sont certains actes de
prévention dans le domaine de la santé dentaire, mais la
réaction actuelle du paragraphe b) nous force à donner une autre
extension au régime d'assurance-maladie, en obligeant les
hygiénistes dentaires à pratiquer sous la tutelle
financière et administrative du dentiste. D'ailleurs, c'est un
problème qui revient dans certains amendements que le ministre propose,
mais même cela, ce n'est pas la totalité du problème.
Il existe également d'autres fractionnements en santé
mentale, d'autres catégories de professionnels qui donnent exactement
les mêmes services, par exemple la psychothérapie qui est
donnée également et de la même façon, avec la
même efficacité, par des professionnels appartenant à des
groupes différents: médecins ou psychologues ou travailleurs
sociaux, des psychothérapeutes. Ces trois catégories donnent les
mêmes services, pas en totalité, mais en partie, et le service est
assuré ou non, pas en fonction de la qualité ou de la nature du
service, mais en fonction de la qualité et de la nature de celui qui le
donne. C'est une situation, M. le Président, qui accorde, je pense, trop
d'importance aux catégories professionnelles par opposition à la
nature des services, parce qu'il me semble que, face à la population, ce
que le gouvernement s'engage à faire, ce n'est pas de faire une
assurance pour les médecins, comme l'ont dit certains membres,
même de la majorité ministérielle, lors des débats
que nous avons eus en deuxième lecture, ce n'est pas de donner une
assurance pour les médecins ou pour les dentistes; c'est une assurance
pour les services de santé dentaire, pour les services de santé
mentale, de santé physique, etc., et, incidemment et par voie de
conséquence seulement, la possibilité de payer à des
professionnels.
Or, la définition du paragraphe b) fait que le régime est
conçu beaucoup plus comme un régime pour des catégories
bien limitées et bien définies de professionnels que pour des
services bien déterminés. Cela pose tout le problème de la
définition des services assurés, bien sûr, mais, si on le
résolvait de la façon qu'on le suggère dans cet
amendement, on mettrait fin à des situations qui sont difficiles pour
les professionnels impliqués parce que cela place certaines
catégories de professionnels dans un état de sujétion par
rapport à d'autres catégories. On a vécu la pénible
histoire des physiothérapeutes et des physiatres et, effectivement,
lorsqu'on discutait de ces problèmes avec des physiothérapeutes,
on en venait à la conclusion suivante. Même s'ils étaient
reconnus, par la loi des professions, compétents pour poser certains
actes sur ordonnances médicales mais ordonnances médicales
ne veut pas dire sous la surveillance d'un patron qui est médecin; c'est
une autre conception complètement malgré tout, la
façon dont l'assurance maladie était formulée nous
obligeait à leur dire: Écoutez, vous n'avez pas le moyen de faire
ces actes comme professionnels indépendants; même si la loi vous
dit que vous êtes totalement capables de poser ces actes comme
professionnels indépendants, vous devez vous mettre à l'emploi
d'un centre hospitalier et, à ce moment-là, de toute
façon, la structure d'administration du centre vous met . sous la
sujétion d'un médecin, ou vous vous engagez pour un
médecin et il faut voir dans quelle mesure les ententes que les
médecins ont leur permettent de vous rémunérer pour
certains actes pourvu qu'ils puissent alléguer qu'ils vous
surveillent.
Alors, c'est une insulte, M. le Président; non seulement on les
met dans un état de sujétion économique, mais en plus on
leur dit: Même si on vous reconnaît comme professionnels, si le
Code des professions vous reconnaît comme professionnels autonomes, la
Régie de l'assurance maladie oblige de vous traiter un peu comme des
professionnels de seconde zone, parce que vous ne pouvez pas vraiment poser les
actes pour lesquels vous avez reçu une formation et une reconnaissance
légale, à moins d'être sur la surveillance d'une autre
catégorie de professionnels. C'est une humiliation au plan
économique et au plan professionnel. C'est la source de conflits qui
sont à la base d'un certain nombre de difficultés dans les
établissements parce que ces problèmes se répercutent
même à l'intérieur des établissements publics, ces
problèmes de statut économique et social, et dans certaines
disciplines où une pratique privée s'établit malgré
tout
aux frais du consommateur, aux frais de l'usager qui paie directement
pour les services. C'est le cas en physiothérapie, c'est le cas en
psychologie, c'est le cas dans certains autres domaines, même les
psychothérapeutes, etc.; c'est le cas, je pense, jusqu'à un
certain point, des hygiénistes dentaires, beaucoup moins à ce
moment-là. Il faut voir que nous avons, à ce moment-là,
une situation de concurrence très inégale et, à tout
prendre, d'injustice, pour différentes catégories de
professionnels. On nous objectera peut-être que la législation
professionnelle adoptée il y a cinq ans, en plaçant sur un pied
d'égalité absolue différentes catégories de
professionnels de la santé qu'une certaine conception conception,
d'ailleurs, très médicale aurait dû placer dans un
lien hiérarchique, était une erreur, je pense qu'il serait
très difficile, même si on était d'accord là-dessus
je ne le suis pas personnellement il serait très difficile
de faire machine arrière et d'enlever ce statut à tous les
groupes de professionnels qui ont acquis un statut. Je crois qu'il est
nécessaire qu'on réfléchisse sur l'assurance-maladie de
manière à ajuster la loi. (18 heures)
Le Président (M. Jolivet): Le député de
L'Acadie me fait signe qu'il est 18 heures et qu'elle est en arrière de
moi.
Mme Lavoie-Roux: On propose l'ajournement du débat.
M. Forget: On propose l'ajournement du débat.
M. Lazure: Je suggère qu'on reconvoque la commission
peut-être au mois de janvier pour continuer l'élude de la loi
article par article, de façon réfléchie,
tranquillement.
Mme Lavoie-Roux: Absolument!
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, plusieurs auraient aimé tourner la page, mais je suis
obligé d'ajourner sine die. C'est fait.
Fin de la séance à 18 h 1