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(Vingt heures treize minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
messieurs!
La commission des affaires sociales se réunit pour étudier
article par article le projet de loi no 10, Loi modifiant la Loi sur la
protection de la jeunesse.
Les membres de cette commission sont: M. Boucher
(Rivière-du-Loup), M. Brouillet (Chauveau), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), M. Houde (Berthier), M. Johnson (Anjou), Mme Juneau
(Johnson), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Leduc (Fabre), M. Rochefort (Gouin),
M. Sirros (Laurier).
Les intervenants sont M. Reauséjour (Iberville), M.
Bélanger (Mégantic-Compton), Mme Harel (Maisonneuve), M. Kehoe
(Chapleau), Mme Lachapelle (Dorion), M. Lafrenière (Ungava), M. Mathieu
(Beauce-Sud), M. O'Gallagher (Robert Baldwin).
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais que vous changiez comme intervenant
le député de Robert Baldwin pour le député de
Nelligan.
Le Président (M. Laplante): Merci.
Vous le voulez comme intervenant, Mme la députée de
L'Acadie.
Maintenant, j'aimerais que vous nommiez un rapporteur.
Vous proposez Mme Juneau (Johnson).
M. Lazure (Bertrand), vous vous trouvez à remplacer M. Johnson
(Anjou) comme membre. D'accord.
Avez-vous des commentaires, M. le ministre, avant de commencer
l'étude article par article du projet de loi no 10?
Remarques préliminaires M. Denis Lazure
M. Lazure: Oui, M. le Président, rapidement.
Juste un rappel assez rapide. Les objectifs de ce projet de loi sont
d'abord et avant tout de faciliter l'application quotidienne de la loi 24. Je
pense que dans les discours de deuxième lecture qu'on a entendus l'autre
soir, des deux côtés de l'Assemblée nationale, les
représentants du peuple étaient d'accord pour
réitérer que cette loi 24 est une bonne loi, tout en
reconnaissant certains problèmes dans l'application avec
l'expérience d'un peu plus de deux ans. Nous désirons dans ce
projet de loi 10 remédier à certaines situations qui demandent
à être corrigées. Par exemple, un certain nombre d'articles
vont alléger le fonctionnement de la Direction de la protection de la
jeunesse aussi bien que le fonctionnement du Comité de la protection de
la jeunesse. Pour ce qui est du Comité de la protection de la jeunesse,
par exemple, dans certaines situations comme on le verra, le quorum pourra
être établi à trois membres seulement et, en ce qui
concerne la Direction de la protection de la jeunesse, son fonctionnement
pourra être facilité en lui enlevant la juridiction sur les
délits de jeunes qui ont trait au Code de la route ou à des
règlements municipaux.
Deuxième façon d'améliorer le fonctionnement de la
loi, c'est de rendre un peu plus sévères certaines dispositions,
surtout en ce qui concerne l'hébergement obligatoire en unité
sécuritaire. Dans la loi 24, le jeune peut être placé en
unité sécuritaire pour une période de trois mois, avec
renouvellement d'une autre période de trois mois, pour un total de six
mois. Dans le projet de loi 10, nous proposons de doubler la durée de ce
séjour en unité sécuritaire, c'est-à-dire six mois,
pour une première phase, avec renouvellement possible, à la suite
de la révision du cas, pour un total de douze mois.
Troisième remarque, nous voulons aussi, du point de vue de la
prévention, impliquer de façon plus importante le réseau
des écoles primaires et secondaires et même le réseau
collégial. Au-delà de la fonction pédagogique normale
qu'une école remplit auprès du jeune, nous pensons que
graduellement le réseau scolaire peut s'ajouter au réseau de la
justice, au réseau des affaires sociales et devenir un troisième
réseau de services auprès du jeune. J'ai personnellement la
conviction que, finalement, à moyen terme et à long terme, les
effets majeurs de cette loi 24 devraient se faire ressentir par le biais du
réseau scolaire parce que c'est là où on retrouve toute
notre jeunesse.
Finalement, nous voulons aussi, par différentes mesures qui sont
peut-être moins
importantes, réduire le plus possible les interventions d'ordre
bureaucratique et, par conséquent, réduire aussi, de la
même façon et par voie de conséquence, les délais
dans l'application de la loi. Un dernier exemple de mesures qui devraient aider
à la réadaptation du jeune en institution ou en centre d'accueil
pour jeunes vient apporter un certain encadrement, une
sévérité plus qrande, si vous voulez, vis-à-vis du
contrôle des contacts du jeune avec le monde extérieur. Tout en
préservant le privilège complet du jeune de communiquer avec sa
famille, nous donnons au directeur du centre d'accueil le pouvoir d'interdire
des communications entre le jeune et des personnes autres que sa famille si le
directeur juqe que de telles communications sont de nature à nuire
à la réadaptation du jeune. Tout refus de communications sera
évidemment sujet à appel de la part du jeune ou de ses
responsables.
Je m'en tiens à ces quelques commentaires généraux.
Quant à moi, je serais prêt à commencer l'étude
article par article.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
M. Lazure: Peut-être, M. le Président, puis-je
identifier mes collaborateurs: Mme Paule Leduc, secrétaire de
l'exécutif, secrétaire associée, à toutes fins
utiles; le sous-ministre en titre au Développement social, Me Alain
Tanguay; Michel Lemieux, du Développement social; Anne Bernard, de mon
cabinet; Mme Anne-Marie Dussault, de la Justice; M. Luc Malo, sous-ministre
adjoint aux Affaires sociales et M. Boulanger, aux Affaires sociales aussi.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Cela nous fait
plaisir de saluer le personnel qui accompagne le ministre; nous en connaissons
déjà plusieurs et nous sommes heureux de les retrouver.
Je ne veux pas revenir sur les commentaires que j'ai faits durant le
discours de deuxième lecture. J'avais signalé, à ce
moment-là, certaines carences du gouvernement. Je reviendrai sur une,
par exemple, le fait qu'on retarde tellement la réglementation au sujet
de certains points particuliers. Le fait que peut-être on aurait pu
devancer, compte tenu du fait que ce sont des amendements quand même
relativement mineurs par rapport à l'ensemble de la loi. Ceci aurait pu
être fait plus tôt et, comme je le disais, empêcher que ne
s'accumulent inutilement, pas toujours à raison, certaines
récriminations contre la loi 24. Je pense que, de part et d'autre de la
Chambre, on a tenté justement de dédramatiser les effets de la
loi 24 quant à une relation de cause à effet entre la loi 24 et
une hausse de la délinquance.
Je voudrais, dans cette courte introduction, signaler certains faits qui
ont été portés à mon intention et qui indiquent que
le problème de la délinquance juvénile est un
problème extrêmement sérieux. Je ne voudrais pas entrer
dans une lierre de chiffres que le ministre... D'ailleurs on arriverait
probablement à des interprétations différentes de ces
chiffres et je ne crois pas qu'on les ait d'une façon complète
pour le Québec par rapport aux autres provinces et ainsi de suite pour
les années antérieures. Ce serait dangereux de jouer avec ce type
de statistiques, compte tenu que chacun les interprète un peu
différemment ou n'utilise pas les mêmes critères pour
décider s'il s'agit d'un acte délinquant ou pas. J'ai entre les
mains un rapport qui porte sur la région est de la ville de
Montréal pour 1980. Ce rapport se divise, enfin porte sur deux points
particuliers. D'une part, ce sont les arrestations et les accusations
portées par la section de la police jeunesse de la région est
pour les délinquants dont l'âge était de 16 ans et plus
durant l'année quatre-vingt. La deuxième partie porte sur les
arrestations et les accusations portées par les enquêtes
criminelles des districts de la région est contre des adultes et
juvéniles en identifiant le nombre de juvéniles ayant 16 ans et
plus d'une façon plus distincte.
Alors, si on examine la section police jeunesse, on réalise que
durant l'année 1980 la région est couvre à peu près
cinq comtés - je suis incapable de vous identifier lesquels sont de
l'est de la ville de Montréal. J'imagine que cela peut être
Jeanne-Mance. Je ne voudrais pas... De toute façon!
De ces 856 juvéniles qui ont été
arrêtés en 1980, 374 arrestations étaient reliées
à des juvéniles ayant 16 et 17 ans en 1980. Ceci
représente 43,6% des arrestations effectuées pour des crimes
aussi variés que voies de fait graves, vols de plus de $200, vols de
moins de $200, vols à l'étalage, vols de véhicules
à moteur, incendies criminels, menaces, actions indécentes, vols
par effraction. Évidemment, comme il s'agissait dans ces cas de jeunes
délinquants, il semblerait qu'ils soient plus faciles à
identifier parce qu'ayant une moins longue expérience les indices
semblent plus faciles à repérer.
Dans la deuxième partie, alors qu'on parle des arrestations et
des accusations portées par les enquêtes criminelles de la
région est, ils ont pour leur part effectué des arrestations et
porté des accusations contre 1184 juvéniles comparativement
à 4116 adultes pour l'année 1980. Les
arrestations et accusations de juvéniles représentent
49,6% de toutes les arrestations effectuées dans la région est si
on y ajoute les 858 arrestations de la section police jeunesse dont j'ai
parlé auparavant. De ces 1184 juvéniles arrêtés par
les enquêtes criminelles, pas moins de 576 avaient 16 et 17 ans en 1980.
Je ne continue pas. Dans plusieurs cas, les crimes les plus fréquents
étaient les vols qualifiés, les introductions par effraction, les
vols de véhicules à moteur, les recels. Dans plusieurs cas, des
actes similaires furent découverts et classés par mise en
accusation contre des jeunes délinquants qui, après
enquête, ont dévoilé avoir commis de quinze à vingt
crimes différents. Encore une fois, ces chiffres ne sont que
fragmentaires. Une étude plus poussée pourrait donner plus
d'information. Ainsi, plus de 50% de cas de déjudiciarisation au premier
délit de jeunes ayant en majorité quatorze et quinze ans peuvent
être ajoutés au compte de la délinquance juvénile
parce que, là, on parlait uniquement dans cette question des jeunes de
16 et 17 ans, mais, quand on descend à un âge un peu plus bas, le
nombre augmente encore.
Simplement ces chiffres pour vous indiquer qu'au-delà d'une Loi
sur la protection de la jeunesse et d'un projet de loi no 10 qui veut
améliorer la Loi sur la protection de la jeunesse, toute la
problématique de la délinquance juvénile est
extrêmement importante et révèle, je pense, des faits qu'on
ne peut cacher et auxquels on devrait réfléchir quant aux moyens
de prévention qu'on devrait mettre en place pour ne pas arriver à
des statistiques où, finalement, de toutes les arrestations ou des
formes de délinquance, on retrouve, dans cette section quand même
limitée mais importante, à peu près 50% de
délinquance juvénile et 50% de délinquance adulte.
Je pense qu'il faut se réjouir à cet égard du fait,
comme le mentionnait le ministre, que désormais il y a une
troisième partie, si on peut dire - je crois qu'on avait
déjà commencé à le faire, mais à ce
moment-ci la loi crée l'obligation d'une façon beaucoup plus
claire - ce sont toutes les institutions d'enseignement. Je pense qu'à
cet égard c'est certainement une amélioration pour autant que les
institutions d'enseignement s'appliqueront à cette nouvelle tâche.
Il faut dire quand même que plusieurs d'entre elles s'en souciaient
déjà beaucoup et qu'un grand nombre de mesures étaient
prises au niveau, par exemple, de toute l'aide parapédagogique
apportée dans les écoles aux enfants en difficulté, quelle
qu'en soit la raison. Peut-être faut-il se désoler
également qu'au moment même où on demande de créer
dans la loi une obligation plus grande aux institutions d'enseignement de
vraiment faire leur part dans toute la protection de la jeunesse on se retrouve
devant des coupures budgétaires qui, qu'on le veuille ou non - je pense
qu'il faut le mentionner - vont justement affecter des services qui, au premier
chef, se préoccupaient de ces enfants qui, pour une raison ou une autre,
présentaient des comportements sociaux difficiles. (20 h 30)
Même si, cette année, on fait plus grand état de ces
coupures budgétaires, je pense qu'il y en a ici qui se souviendront que
ce n'est pas la première année que nos institutions
d'enseignement sont touchées par ces coupures et que déjà
les restrictions budgétaires se faisaient sentir depuis plusieurs
années. Cette année, évidemment, c'est peut-être
plus grand. Elles attirent davantage l'attention mais déjà depuis
trois ou quatre ans, maintenant près de cinq ans, on coupe dans les
services parapédagogiques de support à l'enfance en
difficulté. On coupe également dans les programmes de support
à l'enfance et aux jeunes dans les milieux défavorisés,
quoique je ne veuille pas dire que la délinquance vient des milieux
défavorisés; je pense qu'elle existe dans les milieux
défavorisés et même les milieux plus favorisés, mais
il reste que les milieux défavorisés, parce qu'ils ont aussi de
nombreuses autres carences, comptent souvent un plus grand nombre d'enfants en
difficulté et présentant des comportements sociaux
difficiles.
Si je fais ce rappel, M. le Président, c'est simplement avec
l'objectif de rendre les gens bien conscients qu'à l'Assemblée
nationale on vote des lois qui souvent sont très
généreuses, qui dans leur esprit et dans leurs principes sont
très bonnes et auxquelles, je pense, tous les partis concourent. Mais,
une fois une loi adoptée, c'est l'application qui en devient vraiment la
partie la plus importante. Cette application peut se faire dans la mesure
où les ressources sont rendues disponibles.
En plus de ce phénomène des restrictions
budgétaires dans un domaine particulièrement sensible, je pense
qu'il ne faut pas taire, non plus, les difficultés créées
par le chômage des jeunes. C'est une autre réalité. Je
voyais dans les journaux et entendais à la radio que la semaine
prochaine on doit venir devant l'Assemblée nationale et là il
s'agit non pas d'étudiants, mais de jeunes chômeurs qui peuvent
être des ouvriers ou peut-être aussi des étudiants en
chômage, mais qui sont en très grand nombre et qui viendront, je
pense, nous transmettre ce message que les jeunes, pour vraiment pouvoir
participer à la société, pour pouvoir vraiment construire,
doivent, d'abord et en premier lieu, quand ils arrivent sur le marché du
travail, trouver un emploi qui soit au moins un peu satisfaisant pour eux. Ceci
est un autre problème qui, dans le contexte
actuel, vient ajouter à toute cette problématique de la
protection des jeunes.
M. le Président, j'ai déjà parlé avec le
ministre quelques instants et il y avait un point qui, dans cette loi, faisait
particulièrement problème, non pas pour nous autres,
peut-être pour nous autres au point de vue du principe, mais pour les
gens ou les intervenants ou tous ceux qui oeuvrent dans le milieu de la
protection de la jeunesse. J'ai devant moi, je pense, déjà un
amendement qui indique une ouverture et peut-être finalement un mouvement
de repentir, de bonne volonté du ministre qui devrait faciliter toute la
discussion du projet de loi.
Quant à nous, nous sommes prêts à commencer et
procéder avec une célérité raisonnable pour
vraiment s'assurer qu'on fait notre travail le mieux possible. Nous sommes
d'autant plus rassurés que le ministre nous a promis, s'est
engagé - c'est peut-être un meilleur terme - à ce que,
j'imagine, vers la fin de l'été ou au début de l'automne,
nous reprenions dans un groupe de travail non partisan l'étude plus en
profondeur de toute la loi 24, ce qui d'ailleurs, je pense, va répondre
à un désir exprimé à plusieurs reprises et avec
passablement de force par tous les intervenants du milieu.
Je pense que nous sommes prêts à commencer l'étude
du projet de loi no 10 article par article.
À moins que mes collègues veuillent ajouter quelque chose,
je ne sais pas.
Le Président (M. Laplante): Merci, Mme la
députée de L'Acadie.
Maintenant, j'appelle le projet de loi no 10, Loi modifiant la Loi sur
la protection de la jeunesse. Article 1.
M. le ministre.
Étude article par article
M. Lazure: L'article 1, dans un premier temps, ajoute à la
définition du terme "organisme" en y introduisant "toute institution
dispensant l'enseignement au niveau primaire, secondaire ou
collégial".
Dans un deuxième temps, il définit l'unité
sécuritaire. On se souviendra que dans la loi 24, à "unité
sécuritaire", on renvoyait tout simplement la définition à
un futur règlement. Nous avons cru bon de définir l'unité
sécuritaire à la fois avec des composantes physiques,
matérielles, mais aussi avec la composante du personnel.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous des commentaires,
Mme la députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Non, moi je n'ai pas de commentaire.
Le Président (M. Laplante): Adopté, article 1?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 2.
M. le ministre.
M. Lazure: L'article 2 c'est une concordance, finalement, avec
l'article 1. Avec l'arrivée du réseau scolaire, si on veut, dans
la Loi sur la protection de la jeunesse, nous avons ajouté à
l'article 8, à la toute fin du paragraphe, "ou des organismes du milieu
scolaire qui dispensent ces services." C'est un article de concordance avec
l'article 1.
Le Président (M. Laplante): Un instant. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II y a quelqu'un qui a demandé la
parole.
Le Président (M. Laplante): Non, il n'a pas demandé
la parole. S'il la demande, on va la lui donner.
M. Lincoln: Je pense qu'il y a un changement de texte ici dans
l'expression "services d'éducation"; c'était "services
pédagogiques", n'est-ce pas?
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez vous approcher,
s'il vous plaît, du micro, parce que les micros ne sont pas sensibles, M.
le député de Nelligan.
M. Lincoln: Je pense que, à l'article 8, il y avait aussi
un changement de texte; avant on disait "services pédagogiques" et
maintenant on dit "services d'éducation", ou est-ce la même
chose?
M. Lazure: Oui, c'est ça, c'est ce que je disais, nous
ajoutons le réseau de l'éducation.
M. Lincoln: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ici, M. le Président, à l'article
8, il y a une remarque qui a été faite par la Commission des
services juridiques dont, je suis certaine, le ministre a pris connaissance. On
dit: Doit donner des services d'éducation à la fois sur les plans
scientifique, humain, etc., avec continuité et de façon
personnalisée, compte tenu de l'organisation et des ressources des
établissements ou des organismes du milieu scolaire; c'est pour ajouter
les organismes du milieu scolaire. Mais je pense que le terme
"compte tenu de l'organisation" laisse entendre finalement qu'il y a une
obligation un peu moins grande. Je comprends le réalisme de cette
remarque, mais souvent on s'en sert aussi pour ne pas prendre les mesures qui
s'imposent. Comme vous le savez, M. le Président, il y a encore une
carence de services, particulièrement au plan éducatif;
même des services sociaux ne sont pas toujours à la disposition
des enfants, particulièrement dans les régions
éloignées. Enfin, je n'en fais pas un point important, mais je
pense qu'il faut peut-être y réfléchir.
M. Lazure: Je veux simplement faire remarquer que l'expression
"compte tenu" existait dans la loi 24...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est vrai.
M. Lazure: Alors, tout ce que nous ajoutons c'est la
référence aux organismes scolaires.
Le Président (M. Laplante): L'article 2 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 3.
M. Lazure: L'article 3 a trait aux communications
téléphoniques, en fait pas seulement téléphoniques,
mais toute communication avec des personnes autres que la famille.
Cet article donne un nouveau droit au directeur général du
centre d'accueil, lorsqu'il pense qu'il y va de l'intérêt de
l'enfant d'interdire la communication. Nous prévoyons aussi un recours
de la part de l'enfant, qui peut saisir le tribunal s'il n'est pas d'accord
avec une telle décision.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mon collègue de Laurier a une
question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Simplement pour savoir; l'enfant peut saisir le
tribunal d'une telle décision, c'est-à-dire faire un appel.
L'enfant peut faire un appel au tribunal concernant une décision du
directeur général de l'empêcher de communiquer. Est-ce que
les mécanismes par lesquels l'enfant pourra faire cet appel sont
décrits ou quand seront-ils décrits? C'est peut-être
mesquin, mais le directeur général peut empêcher qu'il
communique avec toute personne autre que ses frères, soeurs, etc., donc
comment l'enfant peut-il saisir le tribunal, à l'extrême?
M. Lazure: Dans cette situation, l'enfant procéderait
comme dans toute autre situation où la loi 24 donne un droit d'appel ou
donne au jeune le droit de saisir le tribunal d'une situation quelconque.
Évidemment, la communication du jeune avec son avocat est
toujours préservée de façon intégrale. La
communication du jeune au tribunal pourrait se faire par le biais de son avocat
et c'est la formule la plus usuelle, que ce soit un avocat de l'aide juridique
ou un avocat de pratique privée. Elle pourrait se faire aussi par le
biais d'un parent, d'un représentant de la famille.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions? Article 3,
adopté. J'appelle l'article 4.
M. Lazure: Dans l'article 4, nous ouvrons la porte, pour
faciliter le fonctionnement du Comité de la protection de la jeunesse,
à certaines fonctions du comité qui peuvent être accomplies
avec un quorum de seulement trois. On verra, dans un article suivant, quelles
sont ces fonctions qui peuvent être accomplies.
Mme Lavoie-Roux: C'est de concordance, de toute façon.
M. Lazure: C'est une concordance à l'avance, si vous
voulez, avec l'article qui va être changé un peu plus loin.
Le Président (M. Laplante): Article 4, adopté.
M. Lazure: L'article 6, si vous voulez.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 5.
Comité de la protection de la jeunesse
M. Lazure: À l'article 5, c'est un changement au
paragraphe c) de l'article 23, si on retourne à la loi 24. Ce que nous
introduisons, c'est la notion "sur demande ou à sa discrétion"
pour le réexamen de la situation d'un enfant pris en charge par le
directeur et non pas de façon obligatoire pour chaque cas. Nous donnons,
exactement pour les mêmes motifs, pour accélérer le travail
du directeur de la protection de la jeunesse, une certaine marge de manoeuvre
où il peut exercer soit sa discrétion ou répondre à
une demande de réexamen de la situation de l'enfant.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Simplement une suggestion, M. le
Président, au paragraphe 1). "Il peut faire des études et des
recherches sur toute question relative à la protection de la jeunesse."
Ces études et ces recherches doivent être rendues publiques. Vous
savez, on parle dans le moment - je ne veux pas faire un grand laïus
là-dessus - de l'accès à l'information, mais il faut vivre
dans l'Opposition pendant cinq ou six ans pour réaliser que c'est une
bataille incessante pour obtenir des documents qui, naturellement, devraient
nous être fournis et dont on apprend qu'ils existent d'une façon
absolument fortuite, si jamais on l'apprend.
Je pense que, dans un cas comme celui-là, cela intéresse
toute la population. Cela permettrait aussi, si vraiment il y a
évolution dans un sens ou dans l'autre, de renseigner la population. Ce
n'est pas simplement pour les députés, je pense que c'est
secondaire, mais, pour la population en général, ce serait
intéressant. (20 h 45)
M. Lazure: Le Comité de la protection de la jeunesse est
tenu de faire un rapport annuel qui est déposé à
l'Assemblée nationale par le ministre de la Justice, le ministre
titulaire. Il me paraît assez clair, en tout cas dans l'esprit de cet
ajout que nous faisons donnant au Comité de la protection de la jeunesse
le loisir de faire des études et des recherches sur les questions
relatives à la protection de la jeunesse, que de telles études et
de telles recherches, dans la mesure où elles sont
d'intérêt public, seraient rapportées dans le rapport
annuel du Comité de la protection de la jeunesse.
Je pense que ce serait un peu hasardeux d'inscrire dans la loi
l'obligation de publier automatiquement tout rapport d'étude ou de
recherche, mais je vous ferai remarquer qu'on me dit que déjà
depuis un mois il y a deux études de ce genre qui ont été
publiées. Il est clair que presque toujours - je ne peux pas envisager
où cela ne le serait pas, mais par prudence je pense que c'est mieux de
ne pas le mettre dans la loi - ces recherches, ces études seraient
publiées dans le rapport annuel. On prend note de la suggestion de la
députée de L'Acadie.
Le Président (M. Laplante): D'autres commentaires,
madame?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis loin
d'être certaine que ce soit satisfaisant. Il faudrait au moins indiquer
-quoique là cela laisserait passablement de latitude - que les
études et les recherches qui sont d'intérêt public ou
même que toute étude d'intérêt public devra
être déposée à l'Assemblée nationale. Vous
savez quand on apprend l'impact de quelque chose un an et demi après...
Là, vous me dites qu'il y a eu deux recherches de publiées. Je
m'excuse, pourtant je pense que je fais mon boulot assez fidèlement,
mais à moins que vous ne me disiez ce qu'elles étaient, je ne
crois pas en avoir entendu parler.
M. Lazure: On me dit qu'une de ces deux études
publiées récemment - remarquez, il y a un mois - concerne les
enfants maltraités et la deuxième... Mme la députée
de L'Acadie n'a pas à se scandaliser; moi-même, je n'ai pas eu
connaissance, je l'avoue humblement, de la publication de ces deux
études.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce que ce n'est pas la preuve qu'un
document qui nous aiderait devrait être porté à notre
attention plus rapidement?
M. Lazure: Un instant. Là, ce que la députée
de L'Acadie demande, c'est qu'on fasse en sorte que ces rapports soient
publiés. Je viens de dire que précisément il y a deux de
ces tels rapports qui ont été publiés. Le problème,
ce n'est pas qu'ils ne sont pas publiés. Le problème, c'est qu'on
ne peut pas, ni la députée de L'Acadie, ni moi, être au
courant nécessairement de tout ce qui est publié. Mais il y eu
deux études publiées par le comité de protection. Oui, on
pourra les transmettre à Mme la députée de L'Acadie et aux
membres de l'Opposition, demain. J'en prendrai connaissance, moi aussi, en
même temps qu'eux.
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire, M. le ministre, qu'on vous aime
bien, mais il ne faudrait pas qu'on soit en commission parlementaire tous les
jours pour attendre...
M. Lazure: Non, mais justement, moi, M. le Président, je
veux bien collaborer parce qu'on est pour la transparence, c'est bien
connu.
Mme Lavoie-Roux: C'est de cette transparence dont je veux
m'assurer.
M. Lazure: Je veux bien collaborer, mais je ne vois pas comment
on peut, dans une loi comme celle-ci, sur la protection de la jeunesse, dire:
Nécessairement, automatiquement, chaque recherche concernant la
protection de la jeunesse sera publiée. C'est comme si on mettait dans
la Loi médicale du Québec que chaque recherche médicale
devra obligatoirement être publiée.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: M. le Président, est-ce que les membres du
parti ministériel pourraient avoir ces deux études aussi?
Le President (M. Laplante): II y a une nouvelle loi sur
l'information qui s'en vient. Je pense qu'on pourra avoir tout cela. M. le
député de Chapleau.
M. Keh: S'ils ne sont pas publiés, au moins est-ce
que cela peut être ajouté que le public aura accès à
ces études en temps et lieu? Vous venez de mentionner, M. le ministre,
que vous n'avez pas vu le rapport qui a été fait. Mais celui
traitant des enfants maltraités, c'est d'intérêt
général. Mettons que nous, de l'Opposition, ou n'importe qui veut
avoir accès à ces documents; ce n'est pas obligatoire que ce soit
publié, mais au moins qu'on y ait accès, si on veut.
M. Lazure: M. le Président, le public a accès
à ces deux rapports qui ont été rendus publics justement.
C'est ça qui est le point. Ils ont été rendus publics, ces
deux rapports-là.
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, ils font cela avec moins de fanfare
que le gouvernement.
M. Lazure: Pourtant, c'est un organe du gouvernement! C'est un
organe peut-être discret, mais c'est un organe du gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Ils doivent être
à la bibliothèque. M. le député de Laurier.
M. Lazure: On me dit sérieusement, M. le Président,
qu'il y a eu conférence de presse. C'était peut-être
à une période où la députée de L'Acadie et
moi n'avons pas lu les journaux cette fin de semaine.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Sur la même question, je me demandais simplement
si une suggestion ne serait pas de dire simplement que ces études qui
sont jugées d'intérêt public seront déposées
à l'Assemblée nationale, ce qui est quand même
différent des études qui sont faites sur des recherches
médicales ou quoi que ce soit. Étant donné aussi qu'on
formera prochainement un comité qui sera là pour étudier
toute la question de la loi 24, je crois que ce serait encore plus important
d'avoir ce genre d'information.
M. Lazure: M. le Président, encore une fois, je n'ai pas
d'objection sur le fond de la chose, mais à ma connaissance ce serait
vraiment un précédent. Cela va de soi. Étant donné
que le comité de protection est tenu de rendre public son rapport
annuel, il le remet d'abord au ministre qui est le parrain du Comité de
la protection de la jeunesse, qui est le ministre de la Justice, et le ministre
de la Justice dépose à l'Assemblée nationale ce rapport.
Moi, je suis l'oncle.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la demande qu'on fait
semble, à entendre parler le ministre, être une innovation ou une
suggestion un peu farfelue. J'aimerais simplement rappeler que, dans la loi sur
l'Institut québécois de recherche sur la culture, il est inscrit
- je ne pourrais pas vous dire l'article - que les recherches et les
études faites par l'Institut québécois de recherche sur la
culture sont publiées et le rapport est rendu public, j'ajouterais, un
an et demi plus tard.
M. Lazure: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Je me suis dit: On a 1980-1981,
probablement...
Une voix: À l'automne.
M. Lazure: M. le Président, je pense que nous pouvons
arriver à une solution satisfaisante. Un de nos collaborateurs va
essayer de rédiger un texte. On pourra revenir à l'article.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Lazure: Entendons-nous. Il ne s'agit pas d'obliger
automatiquement...
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Lazure: ...à publier toute recherche, mais là
où l'intérêt public l'exigerait, là où ce
serait dans l'intérêt public de la publier, on le ferait.
Le Président (M. Laplante): Article 5, suspendu. J'appelle
l'article 6.
M. Lazure: L'article 6 modifie l'article 3 de la loi 24. Ce sont
précisément les fonctions où le quorum amoindri, le quorum
qui est de trois membres du Comité de la protection de la jeunesse
pourra intervenir. Si on se réfère à l'article 23 de la
loi 24, on peut à ce moment-là identifier les fonctions où
le quorum de trois pourra être suffisant.
Le Président (M. Laplante): Des commentaires sur l'article
6?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, pas de problème.
Le Président (M. Laplante): Adopté,
article 6. J'appelle l'article 7.
M. Lazure: L'article 7 touche l'article 31 et encore, toujours
dans le but d'accélérer les procédures, nous permettons
que le directeur de la protection de la jeunesse soit remplacé à
l'occasion par une personne désignée par le conseil
d'administration du centre de services sociaux.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Je me demandais simplement si ce ne serait pas utile
d'ajouter peut-être que la personne ainsi désignée devrait
avoir au moins certaines qualifications minimales qui lui permettraient d'agir
en fonction du DPJ. Je crains un peu parfois les grosses structures des CSS, un
peu...
M. Lazure: M. le Président, je comprends le motif du
député de Laurier, mais cela va de soi. Cela fait partie des
obligations du conseil d'administration de faire des nominations qui tiennent
compte des compétences des gens. Ce serait aller trop loin dans le
détail des fonctions d'un conseil d'administration.
Le Président (M. Laplante): Adopté, article 7?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 8. M. le
ministre.
M, Lazure: Là, il faut référer à
l'article 38 de la loi 24. Un petit moment! II est un peu complexe,
celui-là. C'est cela. Dans l'énumération des situations
où la sécurité ou le développement de l'enfant est
présumément compromis, on inclut le fait que l'enfant quitte un
centre hospitalier sans autorisation. C'est nouveau, c'est un ajout.
Mme Lavoie-Roux: Quel est le but?
M. Lazure: Cela va sur celui-là? Il y a d'autres
éléments aussi.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Lazure: Cela va pour cela?
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire... M. Lazure: Le but?
Mme Lavoie-Roux: Quel est le type de centre hospitalier auquel
vous référez?
M. Lazure: Toutes sortes de centres hospitaliers. Cela peut
être un hôpital pédiatrique, le jeune peut être
à l'hôpital pour des traitements physiques ou psychiatriques, peu
importe, l'un ou l'autre. Le jeune, en s'évadant de l'hôpital,
pourrait mettre en danger son propre développement physique ou
psychologique. C'est une mesure de protection vis-à-vis du jeune qui
aurait le désir de partir sans autorisation d'un hôpital où
il est en traitement.
Le deuxième élément important...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, peut-être que
c'est nécessaire, mais, dès qu'un jeune aura quitté un
centre hospitalier ou aura fugué d'un centre hospitalier, il devra
nécessairement être amené devant le DPJ, si je comprends
bien. Ceci implique qu'il devra nécessairement être amené
devant le DPJ s'il quitte le centre hospitalier sans autorisation.
M. Lazure: Oui parce que, justement, l'esprit de la loi, c'est
que toute situation où l'enfant voit son développement ou sa
sécurité compromis ou toute situation où il enfreint un
règlement ou une loi, deux faits généraux de situation,
cela doit être signalé au directeur de la protection de la
jeunesse.
Mme Lavoie-Roux: Je me demande s'il n'y a pas...
M. Lazure: Pas au juge, au directeur de la protection de la
jeunesse. C'est différent.
Mme Lavoie-Roux: C'est déjà une différence
importante. II reste quand même que vous avez des cas de fugue de centre
hospitalier par anxiété de la part des enfants. Cela me
gêne un peu que tout à coup on grossisse un peu le
problème; ça arrive quand même, je ne dirais pas
fréquemment, mais occasionnellement.
M. Lazure: Le critère clé, disons que c'est
l'hôpital qui signale au directeur de la protection de la jeunesse la
fugue du jeune qui était à l'hôpital. Il faudrait que
l'hôpital, dans un tel cas, démontre au directeur de la protection
de la jeunesse, avant que celui-ci intervienne, que la santé, la
sécurité et le développement de l'enfant sont mis en
cause. Autrement dit, si l'enfant s'évade de l'hôpital et
était pour avoir son congé le lendemain ou le surlendemain et que
le fait de s'en aller chez lui tout de suite ne met pas en cause sa
sécurité et son développement, le DPJ n'interviendra pas.
Si l'enfant était en plein traitement et que sa santé physique et
mentale en dépendait, l'hôpital aurait l'obligation de
déclarer la fugue au directeur de la protection de jeunesse qui, lui, se
rendrait dans la famille pour faire enquête.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ceci
exclurait la possibilité que cette évaluation puisse se
faire strictement entre la famille et l'hôpital?
M. Lazure: Cela ne l'exclut pas, encore une fois, parce que c'est
une chose naturelle qui se ferait; loi ou pas loi, l'hôpital va contacter
la famille. Si, dans la discussion entre l'hôpital et la famille, il
s'avère que la situation est sous contrôle et que la
sécurité de l'enfant n'est pas en danger, à ce
moment-là, l'hôpital n'aurait pas à déclarer le cas
au DPJ. C'est une question d'appréciation de la personne qui signale le
cas.
Il y a une autre situation aussi, évidemment. Si cet enfant qui
est à l'hôpital, toujours le même, a été
transféré d'un centre d'accueil pour jeunes en
réadaptation, cela devient encore plus évident qu'il faut se
donner le loisir de pouvoir le signaler au DPJ. (21 heures)
Mme Lavoie-Roux: Ma préoccupation, c'est qu'on
n'intervienne pas inutilement dans un cadre qui est peut-être plus
sévère, si on veut, alors que dans bien des cas, je pense...
M. Lazure: Mais c'est pour ça que la loi, on le voyait
l'autre soir, donne une certaine marge de manoeuvre au directeur de la
protection de la jeunesse. Il a à exercer son jugement, si vous voulez.
Dans une telle situation il devrait nécessairement intervenir s'il
s'agit d'un jeune qui a quitté l'hôpital parce qu'il a
été transféré du centre d'accueil et qu'il en a
profité pour fuir, alors que s'il s'agit d'un jeune qui retourne
à sa famille un jour ou deux avant son congé, qu'il sortait de
toute manière, à ce moment-là il est clair que le DPJ
n'interviendrait pas.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 8.
J'appelle l'article 9.
Mme Lavoie-Roux: Non, je pense que vous n'avez pas fini.
M. Lazure: II y a une deuxième section.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse.
M. Lazure: II y a une deuxième section, M. le
Président, à l'article 8.
Le Président (M. Laplante): Article 8, deuxième
section.
M. Lazure: Dans les cas de fugue du foyer, si vous voulez, on
propose que ces cas-là ne soient pas nécessairement
considérés comme des cas où la sécurité ou
le développement d'un enfant sont compromis. C'est pour ça qu'on
dit que ces cas de fugue sont considérés comme des cas où
ça "peut" être compromis. Autrement dit, on ne prend pas pour
acquis que, chaque fois qu'un enfant va fuguer de son foyer, c'est compromis.
Cela est un peu dans le même esprit que je décrivais tantôt,
il faut évaluer si vraiment sa santé, sa sécurité,
son développement sont compromis. Cela donne la faculté
d'intervenir et non pas l'intervention automatique chaque fois qu'il y a une
fugue du foyer.
Mme Lavoie-Roux: Cela répond un peu à
l'inquiétude que j'avais...
M. Lazure: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: ...vis-à-vis des hôpitaux.
Le Président (M. Laplante): Article 8, adopté.
J'appelle l'article 9.
Situations à signaler au DPJ
M. Lazure: L'article 9 est un long article mais ça se
résume tout simplement à ceci. On exige le signalement sans
délai de certaines situations au directeur de la protection de la
jeunesse, malgré l'article 9 de la Charte des droits et libertés
de la personne; c'est un ajout.
Le Président (M. Laplante): Article 9, adopté.
Article 10.
Êtes-vous prêt pour l'article 5 avant qu'on tourne la
page?
M. Lazure: Non, pas tout à fait.
Le Président (M. Laplante): Article 10.
M. Lazure: Dans l'article 10 nous proposons de retirer un certain
nombre d'infractions, on en a parlé à quelques reprises, en
particulier des infractions au Code de la route ou à des
règlements municipaux, de les retirer du mécanisme d'orientation
et de décision entre le directeur de la protection de la jeunesse et la
personne désignée par le ministre de la Justice. Ces jeunes
iraient directement au Tribunal de la jeunesse et seraient jugés, par
voie d'amendes habituellement, un peu comme un adulte qui a contrevenu à
un règlement de la route ou un règlement municipal. Ceci, encore
une fois pour alléger le fardeau des directions de la protection de la
jeunesse.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Nous sommes d'accord, évidemment, avec
ceci, le principal effet étant que c'est considéré comme
un
délit mineur, à moins qu'il n'y ait des récidives
et des complications, et ceci aura pour effet d'alléger le Tribunal de
la jeunesse.
Ma question est: Pourquoi n'y avez-vous pas inclus, comme je le
signalais dans mon discours de deuxième lecture, d'autres infractions
statutaires telles que celles qui touchent la protection de la faune, qu'on
appelle plus communément le braconnage? Également dans le cas des
enfants - c'est ordinairement des adolescents - qui vont aller dans un
débit de boisson ou dans une discothèque ou ce que vous voudrez
et qui y vont parce que les aînés leur ont dit: T'as l'air de 18
ans, viens donc, il n'y a pas de problème, ou on n'y pense même
pas et tout le monde y va. Je pense que l'an dernier ou il y a deux ans, dans
un collège renommé de Montréal, on a obligé
à porter une plainte contre 250 étudiants qui probablement, je ne
sais pas, fêtaient la fin de l'année, certainement pas le
début. On les a amenés devant la cour et, finalement, je pense
bien qu'il n'y avait aucun de ces enfants qui avait besoin de protection.
Peut-être qu'ils pouvaient être 250, l'échantillon est
large, peut-être qu'il y en avait qui étaient méconnus,
mais je trouve que c'est un peu... Si vous voulez vraiment alléger, je
pense que c'est une autre occasion d'alléger le Tribunal de la jeunesse
ou le travail du DPJ, peu importe.
M. Lazure: II faut bien comprendre que cela n'allège pas
le travail du Tribunal de la jeunesse. Au contraire, cela va l'alourdir un peu,
mais cela va alléger le travail du DPJ, du directeur.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Parce que le jeune ira directement au tribunal payer
ses 25 $ d'amende, peu importe.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Lazure: On nous dit, chez les praticiens, dans les deux
réseaux, justice et affaires sociales, que parmi ce genre d'infractions
mineures le gros pourcentage, ce sont des infractions au Code de la route et
à des règlements municipaux. Il y a des infractions à la
Loi sur la faune, bien sûr, ou d'autres lois très
spécifiques, mais c'est très minoritaire.
Alors, d'une part, on a pensé commencer par ce groupe qui
était le groupe le plus important. Nous en avons discuté en ce
qui touche la Loi sur la faune, le jeune qui va pêcher ou chasser sans
permis. Dans le moment, les spécialistes, de la justice en particulier,
préféreraient que nous fassions l'expérience pendant un
certain temps, un an, un an et demi, avec toutes ces infractions qui
représentent encore une fois le gros paquet, les infractions au Code de
la route, quitte ensuite, dans une deuxième étape, à
inclure certaines infractions à d'autres lois.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, M. le Président, parce
que nous reviendrons sur la loi de toute façon, moi je me rends aux
explications du ministre. Peut-être qu'à ce moment on aura des
données ou peut-être avez-vous déjà ces
données, à savoir le nombre d'infractions que cela constitue dans
chacun des domaines.
M. Lazure: On ne les a pas à la main ce soir.
Mme Lavoie-Roux: Mais on les aura quand on révisera.
M. Lazure: On les aura quand on fera notre travail d'entente
cordiale au sein du comité non partisan.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 10, adopté?
Mme Lavoie-Roux: Ce sera à la condition que ce ne soit pas
le ministre qui préside.
M. Lazure: II n'y a pas de ministre là. Mme
Lavoie-Roux: J'espère.
M. Lazure: Même s'ils sont députés. II n'y
aura pas de ministre là.
M. Boucher: ...les études, vous allez les avoir.
Le Président (M. Laplante): Article 10, adopté.
J'appelle l'article 11. M. le ministre.
M. Lazure: L'article 11 ajoute, il donne le pouvoir de confier
l'enfant à d'autres personnes que celles qui sont déjà
énumérées; c'est une question de souplesse.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec cela.
Le Président (M. Laplante): Adopté, article 11.
J'appelle l'article 12.
M. Lazure: L'article 12 c'est une précision. On change le
mot "énumérer" par le mot "conformément" à
l'article 54 de la loi 24.
Le Président (M. Laplante): C'est un article de
concordance.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Lazure: C'est une concordance, finalement.
Mme Lavoie-Roux: Une concordance avec quoi?
M. Lazure: Gn verra tantôt. Là, quand on modifie
l'article 54, on introduit le concept de "notamment telle ou telle mesure".
Alors, quand on dit "notamment", cela veut dire qu'il peut y en avoir d'autres
à part celles qui sont énumérées. C'est pour cela
qu'on ouvre la porte là, à ces autres...
Mme Lavoie-Roux: Mais...
M. Lazure: En d'autres mots, dans l'article 54, on
n'énumère pas toutes les situations, on dit "notamment".
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Alors pour que ce soit de concordance avec cela, ici,
on enlève le mot "énumérer" à l'article 54. Parce
qu'on ne les énumère pas au complet dans l'article 54,
voyez-vous, puis on met à la place "conformément à
l'article 54".
Mme Lavoie-Roux: Oui, écoutez...
M. Lazure: Ce sont des avocasseries.
Mme Lavoie-Roux: Oui, franchement, cela nous prendrait des
linguistes ici, parce que moi... Ce ne sont peut-être pas des juristes
que cela prend dans ce cas, parce que, quand vous parlez
d'énumération, c'est ordinairement là que vous dites
"notamment", puis là vous faites une énumération.
M. Lazure: Non, non, pardon, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Lazure: Justement quand on...
Mme Lavoie-Roux: Faites bien attention; depuis que vous ne savez
pas que des billions sont des milliards, faites bien attention.
M. Lazure: Moi, je l'ai toujours su. On n'est pas toujours
compris de l'Opposition, M. le Président, c'est bien connu, mais moi
j'ai toujours fait la différence entre les millions et les
milliards.
Mais quand on dit "notamment", précisément ce qu'on
énumère par la suite, ce n'est pas exhaustif. Quand on dit
"notamment", c'est comme si on disait "par exemple". C'est indicatif, ce n'est
pas limitatif, ce n'est pas exclusif.
Le Président (M. Laplante): L'article 12 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 13.
M. Lazure: On arrive au "notamment", là!
Mme Lavoie-Roux: Quand on vous disait que c'étaient des
amendements mineurs!
M. Lazure: Oui, là on tombe dans les mineurs, c'est
ça.
Si on regarde ça tranquillement, ce n'est pas compliqué.
Comme le ministre de l'Agriculture dirait: C'est bien simple, il n'y a rien
là.
On dit, au tout début de l'article 54 de la loi 24: "À
titre de mesure volontaire, le directeur peut recommander..."; ça, c'est
le texte actuel de la loi 24. Ici on ajoute "notamment"...
Une voix: ..."peut notamment recommander".
M. Lazure: "peut notamment recommander"; merci, maître!
Le Président (M. Laplante): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Non, j'ai une question.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas sur le mot "notamment", je veux
simplement reprendre la question des mesures volontaires. Je l'ai
soulevée très brièvement au cours de la deuxième
lecture et, puisqu'on en parle ici, je ne pense pas que ce soit
antiréglementaire.
Pourrait-on m'indiquer là où on en est rendu - parce que
je n'ose pas croire qu'on ne l'a pas examinée - dans toute la question
de la réglementation touchant l'application des mesures volontaires?
Je pense qu'on a tous, chacun dans ses termes, exprimé le
désir que les droits de l'enfant soient respectés. On peut bien
parler de mesures volontaires et ça paraît bien dans un texte -
ça paraît bien, je pense que c'est nécessaire que ce soit
dans le texte -mais, dans l'application, je suis loin d'être certaine que
les mesures soient aussi volontaires que la loi voudrait qu'elles le soient,
à moins qu'on réglemente d'une certaine façon ou qu'on
établisse certaines balises ou qu'on donne certaines indications quant
à la façon dont on obtient, par exemple, le consentement de
l'enfant, la
participation de l'enfant, etc. Là, on a une absence de toute
réglementation, là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Ça voudrait dire, Mme
la députée de L'Acadie, qu'on adopte l'article 13 et qu'on s'en
va à l'article 14, parce que c'est exactement ce que vous posez, comme
question qui est dans l'article 14?
Mme Lavoie-Roux: Non, écoutez, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Je vous le demande, au cas
où j'aurais mal compris.
M. Lazure: C'est entre les deux.
Mme Lavoie-Roux: ... si ça vous fait plaisir que j'adopte
l'article 13, on peut bien l'adopter.
M. Lazure: M. le Président, je peux répondre
à la députée de L'Acadie. Mes collègues m'informent
que la table permanente de concertation, qui regroupe les gens de la Justice et
les gens des Affaires sociales, a déjà remis aux deux
ministères, Justice et Affaires sociales, un projet de règlements
touchant les mesures volontaires.
Mme Lavoie-Roux: Quand ce projet de règlement sera-t-il
rendu public, d'abord et...
M. Lazure: On me dit qu'il vient d'être acheminé aux
deux ministères, il va être étudié par les deux
ministères et j'imagine que, le plus tôt possible, dans plusieurs
semaines...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais...
M. Lazure: II faut d'abord que ce projet soit
étudié, autrement ce n'est pas du travail sérieux...
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne veux pas...
M. Lazure: II va être étudié par les deux
ministères et, ensuite, il sera publié dans la Gazette...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je connais tout ça par coeur, M. le
ministre, je sais qu'on va le publier dans la Gazette officielle, qu'il y aura
un avis de 60 jours probablement, etc.
M. Lazure: Oui, probablement,
Mme Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas de ça que je
m'enquiers.
M. Lazure: C'est de la vitesse du travail des deux
ministères?
Mme Lavoie-Roux: Oui, car vous savez, ça fait quand
même deux ans que la loi est en vigueur et il n'y a encore aucun
règlement de publié. Vous me dites: Des semaines, des semaines.
Ça fait des mois, et si on multiplie des semaines on peut finir par
avoir des années.
Je la pose sérieusement.
M. Lazure: Non, mais sérieusement, je suis sérieux,
on me dit qu'il a été déposé il y a une semaine
auprès des deux ministères.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, est-ce qu'au cours de
l'été... Cela me semble raisonnable.
M. Lazure: Je ne peux pas prendre d'engagement au nom du
ministère des Affaires sociales et du ministère de la Justice de
publier, au cours de l'été, je pense que c'est plus
réaliste de penser que ce sera publié à l'automne. On le
soumettra au comité non partisan des députés comme autre
pièce de résistance.
Je suis sérieux, c'est un règlement qui est... (21 h
15)
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais justement souligner au ministre - ce
serait fort bien si nous commençions nos travaux -qu'il ne faudrait pas
attendre que le comité soit au travail et qu'on retarde indûment
la publication de ces règlements. Je pense qu'ils passent bien avant,
comme vous dites, le petit colloque qu'on pourra avoir.
M. Lazure: Je suis bien d'accord et je vais demander à mes
deux collègues de rendre publics ces règlements le plus tôt
possible.
Le Président (M. Laplante): D'accord? Article 13,
adopté. Article 14.
M. Lazure: L'article actuel dit: "Le centre de services sociaux
doit faciliter par tous les moyens à sa disposition l'exécution
de mesures volontaires". On ajoute ce qui suit: "II en est de même des
personnes ou organismes qui consentent à appliquer de telles
mesures".
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi.
M. Lazure: Cela inclut notamment les organismes scolaires.
Mme Lavoie-Roux: Attendez une minute. Il n'y a pas de
problème là-dessus, mais vous me permettrez de revenir à
une suggestion au moins pour qu'on la discute, elle vient de la Commission des
services juridiques. Je ne veux me faire la mère d'aucun amendement qui
ne serait pas le mien. Je comprends que ce n'est pas selon
les règles, M. le Président, mais, quand même, cela
va tellement bien et vous ne voudriez pas...
M. Lazure: Ma tolérance est bien connue!
Mme Lavoie-Roux: Pour autant que ça va comme vous voulez,
elle est fort connue!
M. Lazure: C'est vous qui qualifiez.
Mme Lavoie-Roux: Eux suggéraient, parmi les mesures
volontaires au paragraphe h), que l'enfant soit confié à un
centre d'accueil, à une famille d'accueil et d'ajouter un foyer de
groupe ou un appartement supervisé. Je vous demande si ça
pourrait concrètement être de quelque utilité,
peut-être.
M. Lazure: On me confirme que le foyer de groupe, par exemple,
fait partie intégrante d'un centre d'accueil, c'est affilié
à un centre d'accueil. Le foyer de groupe est compris dans la notion de
centre d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Lazure: L'autre?
Mme Lavoie-Roux: L'appartement supervisé.
M. Lazure: En général, c'est supervisé,
c'est sous la responsabilité du centre de services sociaux.
M. Ouellette: Une famille d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas une famille d'accueil.
M. Lazure: Non, pas une famille d'accueil. Vous parlez d'un
appartement supervisé.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Bon, le terme le dit, supervisé par qui? En
général, c'est supervisé par le CSS.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 14, adopté.
J'appelle l'article 15.
M. Lazure: Essentiellement, dans l'article 15, qui change
l'article 56 de la loi 24, nous passons de six mois à un an pour
l'hébergement volontaire dans une famille d'accueil ou un centre
d'accueil. Actuellement, dans 56, il est d'une durée maximale de six
mois et nous l'étendons à une durée maximale d'un an.
C'est essentiellement cela, en clair. C'est principalement parce qu'on s'est
rendu compte, à l'expérience, que pour la période scolaire
il fallait allonger les six mois pour aller vers un an puisque la
période scolaire est de neuf mois.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 15,
adopté. J'appelle l'article 16.
M. Lazure: II s'agit d'infractions au Code de la route. C'est une
concordance avec l'article 10 de tantôt.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Article 16, adopté.
Article 17.
M. Lazure: Là aussi, on soustrait la famille d'accueil de
l'obligation de garder l'enfant si l'hébergement obligatoire se termine
en cours d'année scolaire. On lui laisse la possibilité de le
faire ou de ne pas le faire.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je ne trouve pas ça correct, M.
le ministre.
M. Lazure: Ah! Dites-nous pourquoi.
Mme Lavoie-Roux: Quand une famille d'accueil accepte un enfant
pour une période de six mois ou de neuf mois qui tombe durant
l'année scolaire, cela me paraît élémentaire que
ça fasse partie des conditions que, de part et d'autre, on exige.
L'enfant qui arrive au mois d'avril est en période d'examens et à
ce moment on lui impose un déménagement supplémentaire,
une adaptation à une nouvelle famille; enfin, je mets ça aux
examens parce qu'on s'imagine que c'est ordinairement plus sérieux. Je
trouve que quand on décide de placer un enfant pour une année
scolaire, à moins qu'on se trouve dans une région où il
n'y a qu'une seule famille, moi je ne vois pas pourquoi vous...
M. Lazure: Distinguons, M. le Président, centres d'accueil
et familles d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Dans l'article 64, à notre nouvel article 17,
au premier paragraphe, on dit bien que, lorsqu'une période
d'hébergement obligatoire se termine en cours d'année scolaire,
le centre d'accueil doit continuer à héberger l'enfant. C'est
clair pour le centre d'accueil. Tandis que, pour la famille, on dit "peut". Le
problème, c'est que, même si on laissait "doit", cela
n'est pas réaliste à l'expérience parce que
l'encadrement dans une famille d'accueil n'est pas ce qu'il est dans le centre
d'accueil, évidemment. Les familles d'accueil aussi bien que les centres
de services sociaux ont fait valoir que cela n'est pas réaliste de
vouloir obliger par la loi de prolonger le séjour obligatoire une fois
qu'il est fini. Vous savez, un séjour obligatoire, c'est un peu comme
une sentence. One fois que la période obligatoire est terminée,
le jeune a le droit de quitter la famille d'accueil. Là on peut exercer,
si vous voulez, des pressions.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ce n'est pas sur l'enfant que je veux
que vous exerciez des pressions. C'est sur la famille d'accueil. Je suis
d'accord avec vous, si l'enfant a terminé au bout de six mois et qu'il
veut s'en retourner ailleurs et qu'il y a un autre foyer ou une famille pour
l'accueillir, pas de problème. Le problème, ce sont les
obligations de la famille d'accueil à l'endroit de l'enfant.
M. Lazure: Encore une fois, il ne s'agit pas d'une situation de
traitement. Une famille d'accueil, son rôle c'est d'héberger
l'enfant, principalement. Oui, une famille d'accueil, c'est ça, c'est
une famille substitut dont le rôle principal est d'héberger de la
manière la plus humaine possible. Si on place l'obligation à la
famille d'accueil de garder le jeune, même si la période
obligatoire est finie, les expériences qu'on a démontrent que le
climat se détériore entre la famille d'accueil et le jeune. Le
jeune, d'une part, veut partir, sa période obligatoire est finie. La
famille substitut peut bien tenter par tous les moyens de le garder mais, si le
jeune ne veut pas, cela crée des complications de tous les jours qui
deviennent presque impossibles à vivre. Alors, les gens qui pratiquent
tous les jours nous disent que, ne serait-ce qu'au point de vue clinique, cela
n'est pas réalisable de laisser cette obligation.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y a l'approche
clinique, dans un sens, et il y a celle dans l'autre aussi. Je pense à
la situation d'un enfant d'âge scolaire qu'on amène dans une
famille, qui l'héberge six ou sept mois, et quand il reste deux mois
pour compléter l'année scolaire, tout à coup, la famille,
il lui prend la fantaisie de s'en aller passer un mois en Floride et dit:
Écoute, c'est fini. Je trouve en tout cas qu'il faut que ceci soit dit
à la famille, que l'enfant entre au mois d'octobre et que, normalement,
même si sa sentence ou enfin son hébergement obligatoire se
termine au mois d'avril, si l'enfant est consentant...
M. Lazure: M. le Président, si l'enfant est consentant,
cela ne posera pas de problème puisque la loi dit "peut". Alors, si les
deux parties sont consentantes, il n'y a pas de problème. Le jeune
pourra continuer. Mais, M. le Président, encore une fois, il faut bien
comprendre que la famille d'accueil, c'est un entrepreneur qui, librement, a
dit aux centres de services sociaux: Oui moi je vais prendre un enfant pour six
mois, pour un an, deux ans, peu importe. Mais on ne peut, par une loi
spécifique comme celle-ci, mettre une obligation sur une famille
d'accueil qui, dans le cours normal de notre société, agit de
bonne foi et volontairement pour héberger des jeunes. C'est volontaire,
que voulez-vous?
Mme Lavoie-Roux: Je ne voudrais pas vous faire un débat de
deux heures là-dessus. Quand vous connaissez les conditions dans
lesquelles vous acceptez un enfant, évidemment si la mère
décède au mois de mars, il faudra peut-être que l'enfant
soit changé, de toute façon. Ce sont des circonstances
extraordinaires. Mais, quand on confie un enfant à une famille, on met
quand même les cartes sur la table. C'est un enfant d'âge scolaire,
normalement on s'attend à ce qu'il finisse son année scolaire.
Même vous, vos enfants, vous souhaitez bien que vous n'ayez pas à
les changer d'école au mois d'avril ou les faire voyager d'un bout
à l'autre de la ville si on parle d'un milieu urbain comme
Montréal. Je pense que c'est simplement... Des familles disent: On ne
veut pas s'engager à ce qu'il termine son année scolaire chez
nous. J'aurais des forts doutes quant à la motivation de la famille et,
là, je suis d'accord avec vous que c'est strictement de
l'hébergement et non pas...
M. Lazure: M. le Président, guand un centre de services
sociaux accréditera une famille d'accueil, notre formulation va
permettre ce genre de persuasion.
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord.
Le Président (M. Laplante): L'article 17 est-il
adopté?
M. Brouillet: M. le Président, j'aurais une guestion
aussi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chauveau.
M. Brouillet: J'aimerais poser une question qui
m'éclairerait et qui éclairerait peut-être le débat.
Vous pouvez imposer un devoir à un centre d'accueil, parce que c'est une
institution qui est sous la direction du ministère mais une famille
d'accueil, ce sont des gens qui, bénévolement, acceptent; vous ne
pouvez rien leur imposer. À ce moment-là, je poserais la
question: Une famille d'accueil peut-elle décider en cours de route
de ne plus garder un enfant, même avant l'échéance
de son temps obligatoire? Donc, la famille d'accueil n'est jamais tenue...
M. Lazure: M. le Président, la réponse, c'est
oui.
M. Brouillet: Donc, à ce moment-là, on comprend
très bien la distinction. La famille d'accueil, même avant que le
temps obligatoire soit terminé, on ne peut pas l'obliger. Elle peut
toujours dire: Là, j'en ai assez, pour différentes raisons. Je ne
peux pas le garder. À ce moment-là, on comprend très bien.
Avant le terme, à ce moment-là, on ne peut pas en faire un devoir
au tuteur. À ce moment-là, cela n'aurait pas de sens.
M. Lazure: Le député de Chauveau a bien compris, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): L'article 17 est
adopté. J'appelle l'article 18.
M. Lazure: L'article 18, par rapport... On supprime la
référence à une amende maximale de 25 $ et on laisse jouer
l'article 20 de la Loi sur les jeunes délinquants. C'est dans le but de
simplifier.
Le Président (M. Laplante): Des commentaires, Mme la
députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est dans l'article 74. À l'article
74.1, avez-vous examiné la possiblité que non seulement l'enfant
ou ses parents puissent saisir le tribunal, mais qu'une autre personne puisse
aussi avoir la latitude de saisir le tribunal?
M. Lazure: Saisir le tribunal de quoi? Toujours dans le cadre de
74.1?
Le Président (M. Laplante): 74.1.
M. Lazure: II y a 74, ensuite 74.1 et 74.2. Là, vous
faites allusion à...
Mme Lavoie-Roux: 74.1.
M. Lazure: 1? Bon! "Le tribunal peut aussi..." Oui, le
Comité de protection de la jeunesse peut toujours saisir le tribunal. Le
74.2, si on va par-dessus le 1, on se rend à 2, là, cela dit
bien: "Le comité peut saisir le tribunal de toute situation - on
élargit le pouvoir du comité de saisir le tribunal - où il
estime que la sécurité ou le développement de l'enfant est
compromis."
Mme Lavoie-Roux: Mais cela exclut toute personne autre que le
parent, l'enfant ou le comité. (21 h 30)
M. Lazure: Si on retourne à l'article 74.1, le tribunal
peut aussi être saisi du cas de l'enfant par celui-ci - donc, par
l'enfant -ou par ses parents...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi.
M. Lazure: Cela peut être par l'enfant lui-même, par
les parents...
Mme Lavoie-Roux: Par les parents ou par le comité.
M. Lazure: ... par le comité ou par le directeur de la
protection de la jeunesse, évidemment.
Mme Lavoie-Roux: Prenons le cas où, tout à l'heure,
on a permis - et on était d'accord avec cela - que la communication
téléphonique ou autre soit limitée avec certaines
personnes. On parlait en particulier de certaines personnes dans des
réseaux ou des choses comme ça qui voudraient communiquer avec
l'enfant. J'ai vu des cas assez pénibles, et je ne suis pas le tribunal
pour déterminer s'ils avaient raison ou non. Mais dans le cas de
grands-parents, par exemple, ou dans le cas d'autres personnes, de n'importe
qui se dit: Cette décision n'est pas justifiée, toute personne
qui peut être intéressée à l'enfant...
M. Lazure: Juste un petit moment. M. le Président, que ce
soient les grands-parents, un oncle ou une tante, toute autre personne peut
communiquer avec le directeur de la protection de la jeunesse.
Mme Lavoie-Roux: Qui peut prévenir le tribunal.
M. Lazure: Et lui va au tribunal ou encore, il peut saisir le
comité...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais pourquoi la personne ne pourrait-elle
pas, elle, saisir le tribunal directement?
M. Lazure: M. le Président, je pense qu'il faut retourner
à l'esprit fondamental de la loi qui donne, si vous voulez, une
préséance à l'approche sociale plutôt qu'à
l'approche juridique. Si on élargissait au point de dire que toute
personne peut saisir le tribunal directement du cas d'un enfant, à ce
moment-là, vous ouvrez la porte à une judiciarisation qui peut
aller très loin. Étant donné que la porte d'entrée
du système, c'est la porte sociale qui est représentée par
le directeur de la protection de la jeunesse ou le Comité de la
protection aussi, à ce moment-là, le comité étant
un peu comme un ombudsman, vous avez cette autre personne, elle aurait au moins
ces deux voies, soit le directeur de la protection de la jeunesse ou le
Comité de la protection de la jeunesse. Cela nous assure que la voie
sociale est explorée d'abord avant d'aller à la voie
juridique, à la voie du tribunal.
Mme Lavoie-Roux: Si la voie sociale refuse de les entendre...
M. Lazure: Elle n'a pas le droit de refuser de les entendre.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire qu'elle n'acquiesce pas...
Je dois vous dire que j'ai un cas particulier en tête de grands-parents,
d'une fillette qui avait vécu chez ses grands-parents jusqu'à,
disons, une dizaine d'années; ils l'avaient élevée, elle
était rendue à douze ans. J'ignore les détails, mais non
seulement l'enfant a été déplacée, mais on a
coupé toute communication avec les grands-parents. Il y avait
peut-être des raisons bien valables, ce n'est pas ce que je veux mettre
en doute. Mais je vous ferai remarquer - c'est un peu difficile pour moi de
vous citer cela de mémoire - que, dans la révision du Code civil,
on a examiné le droit de la famille et on reconnaît maintenant aux
grands-parents certains liens privilégiés avec les
petits-enfants. Il y a eu trop de situations où, à un moment
donné, ce sont des conflits entre les deux conjoints qui sont
vécus à travers les grands-parents et, finalement, ce sont les
petits-enfants qui se trouvent... C'est l'exemple qui me vient au plan humain,
il y en a peut-être d'autres.
M. Lazure: Si on retourne à l'article 6 de notre loi
actuelle, il n'est pas long, quatre lignes, on dit: "Les personnes et les
tribunaux appelés à prendre des décisions au sujet d'un
enfant en vertu de cette loi doivent donner à cet enfant, à ses
parents et à toute personne qui veut intervenir dans
l'intérêt de l'enfant l'occasion d'être entendus." Je pense
que ça couvrirait la situation que vous décrivez. Si les
grands-parents faisaient valoir...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ce n'est pas devant les tribunaux,
c'est toujours devant le DPJ.
M. Lazure: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: C'est devant le DPJ, M. le ministre. Le tribunal
n'est pas inclus là-dedans.
M. Lazure: ...d'être entendus devant le tribunal. Retournez
au début de l'article: Les personnes ou tribunaux appelés
à prendre une décision doivent donner à l'enfant, aux
parents ou toute personne qui veut intervenir, l'occasion d'être
entendus.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais, M. le Président, sans vouloir
mettre en doute les connaissances juridiques du ministre qui sont à peu
près égales aux miennes...
M. Lazure: Ce ne sont pas les miennes qui vous éclairent,
ce sont celles de mes collègues.
Mme Lavoie-Roux: Ils disent qu'ils ont le droit, avec cet
article, d'aller devant les tribunaux.
Des voix: Non.
Mme Lavoie-Roux: Ils disent non là.
M. Lazure: Entendu, ce n'est pas la même chose que d'aller
devant le tribunal ça. Le grand-parent n'irait pas directement au
tribunal porter sa plainte.
Mme Lavoie-Roux: Ils peuvent être entendus si le tribunal
est déjà saisi.
M. Lazure: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Mais ils ne peuvent pas le saisir le
tribunal.
M. Lazure: Non, c'est ce que j'ai dit tantôt. On s'entend.
On vous a expliqué pourquoi on ne veut pas que tout citoyen et toute
citoyenne aient accès directement au tribunal pour porter plainte parce
que ça va contre l'esprit de la loi.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ça n'implique pas ce qu'on veut
déjudiciariser. C'est bien davantage le cas de l'enfant lui-même,
pour qu'il ne soit pas inutilement amené devant les tribunaux, pour lui
éviter le plus possible de judiciarisation pour sa personne même.
Je ne suis pas sûre qu'on veuille par ça éliminer les
autres qui, eux, pourraient saisir le tribunal sans impliquer l'enfant
directement et peut-être, dans des cas, pour le mieux-être de
l'enfant. Ça, il n'y a personne qui est sûr de ça. Ce ne
serait peut-être pas, dans certains cas, pour le mieux-être de
l'enfant.
Mais, M. le Président, comme on a assuré le ministre de
notre collaboration en partant et qu'il y a toujours ce fameux comité
qui a besoin d'être mis en place, on pourrait peut-être en
réserver.
Le Président (M. Laplante): Article 18, adopté?
Motion d'amendement
Mme Lavoie-Roux: Non, écoutez, M. le Président, je
vais présenter un amendement pour me satisfaire et pour le bien des
enfants.
Le Président (M. Laplante): À l'article 18,
amendement.
Mme Lavoie-Roux: Que le premier alinéa du paragraphe 74.1
de l'article 18 soit amendé, en remplaçant, à la
deuxième ligne, les mots "s'ils" par les mots "et par toute personne
intéressée ou à sa demande, s'ils". L'alinéa
amendé se lirait comme suit: "Le tribunal peut aussi être saisi du
cas d'un enfant par celui-ci ou à sa demande, par ses parents ou
à leur demande et par toute personne intéressée ou
à sa demande, s'ils ne sont pas d'accord avec:...".
M. Lazure: M. le Président, je me vois malheureusement
obligé de rejeter l'amendement.
Le Président (M. Laplante): Je vais d'abord juger s'il est
recevable.
M. Lazure: II est recevable, M. le Président? On a perdu
l'habitude des commissions. Prononcez-vous.
Le Président (M. Laplante): Recevable.
M. Lazure: Recevable? Bon. Puisqu'il est recevable, M. le
Président...
Mme Lavoie-Roux: On ne présente toujours que des choses
recevables, nous. Le président le sait.
M. Lazure: Mais, M. le Président, sans faire le
débat, ouvrir la porte à l'intervention directe de tout citoyen
et toute citoyenne pour aller dénoncer directement à un tribunal
le cas d'un enfant, pour nous, c'est aller contre l'esprit de la loi 24. On n'a
pas eu de plaintes non plus, et Dieu sait qu'on a eu des plaintes de
différents ordres au sujet de la loi 24, mais on n'a pas eu de plaintes
quant à cette disposition de la loi qui laisse déjà
différentes portes d'entrée pour se rendre au tribunal: celle du
directeur de la protection de la jeunesse, celle du Comité de la
protection de la jeunesse. Nous pensons que ces deux portes sont suffisantes et
sont une garantie que le processus ne deviendra pas judiciaire à
outrance. Pour ces raisons, nous allons voter contre, s'il y a un vote, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est le député de Laurier, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: J'aimerais simplement dire que le but de l'amendement
n'est pas tellement de judiciariser le cas ou d'amener l'enfant devant le
tribunal, mais simplement de permettre que quelqu'un qui pourrait avoir
l'intérêt de l'enfant à coeur saisisse le tribunal des
décisions qui auraient été prises concernant l'enfant. Par
exemple, encore, dans le cas du directeur qui empêche quelqu'un qui a
l'intérêt de l'enfant à coeur de communiquer avec l'enfant,
que ce dernier puisse saisir le tribunal pour que celui-ci juge de cette
décision et puisse la renverser. À l'heure actuelle, c'est
simplement l'enfant qui peut le faire ou ses parents ou frères et
soeurs.
M. Lazure: M. le Président, j'apprécie l'objectif
louable de l'Opposition mais encore une fois, dans de telles situations, la
personne qui a des motifs valables s'adresse au Comité de la protection
de la jeunesse. Le Comité de la protection de la jeunesse, encore une
fois, c'est un comité ombudsman. Lui, le Comité de la protection,
il a le devoir d'intervenir et son pouvoir d'intervention est très
large, y compris celui de saisir le tribunal, d'enquêter d'abord et
ensuite de saisir le tribunal.
M. Sirros: D'accord, mais pour nous c'est un peu un souci de dire
que souvent ces genres de structures, le citoyen ordinaire, ne les comprend pas
bien, ou il est intimidé un peu par cette affaire. Mais il sent la
justice beaucoup plus accessible. Il peut directement saisir le tribunal dans
ce cas. Si c'est louable, il faudrait que peut-être, avec les experts que
vous avez, vous essayiez de trouver une manière de rendre cet objectif
louable accessible dans le droit.
M. Lazure: M. le Président, sur la dernière
remarque du député de Laurier, moi j'ai des doutes quant à
cette affirmation que le citoyen ordinaire est plus porté à aller
au tribunal que d'aller à un Comité de la protection de la
jeunesse. J'ai beaucoup de doutes là-dessus. Parce que le citoyen
ordinaire ne se sent pas spécialement à l'aise devant un
tribunal. Le Comité de la protection a des antennes, il y a des
représentants dans toutes les régions du Québec et selon
la loi 24 c'est ce comité qui doit recevoir les plaintes.
M. Lincoln: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: C'est sur le même point. Si, par exemple, on
avait pensé que c'était mieux pour une personne d'aller au
comité, faire l'action à travers le comité, il faudrait
faire la même chose pour les parents. En fait, on inscrit dans la loi que
les parents ou quelqu'un, à leur demande, peut aller directement au
tribunal. Mais aujourd'hui, dans notre société, il y a toutes
sortes de gens qui sont impliqués. Dans notre société
aujourd'hui, il y a des enfants qui en fait n'ont pas de parent. Ils ont
des parrains civiques, il y a les "big brothers", il y a des gens qui sont
impliqués avec un enfant de beaucoup plus près qu'une personne
intéressée. Ce n'est pas le monde du public "at large". Ce peut
être quelqu'un qui est vraiment intéressé comme un parent,
n'est-ce pas?
Si la loi avait dit que toutes les personnes pouvaient aller au
comité, on n'aurait pas mis cet accent sur les parents qui peuvent aller
directement au tribunal. Il me semble qu'il faudrait élargir cela pour
le permettre à des gens qui, aujourd'hui, s'impliquent presque au
même niveau que les parents. Les cas, aujourd'hui, sont inombrables.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je voudrais simplement signaler un cas qui
a fait la manchette des journaux. Tantôt j'ai parlé d'un cas avec
les grands-parents, mais je ne peux pas dévoiler le nom; celui-là
a été public. Le cas d'Éric qui avait vécu, pendant
plusieurs années, avec une personne qui n'était pas
apparentée. À un moment donné, on a confié l'enfant
à des grands-parents - si je me trompe dans les détails,
j'accepterais bien des corrections, je le donne de mémoire, cela fait
déjà un bon bout de temps. C'est le DPJ qui était le grand
maître et seigneur dans tout cela et jamais la personne, parce qu'elle
n'était pas apparentée à l'enfant, n'a pu saisir le
tribunal. Cela a été poussé très loin parce que
c'était toujours le DPJ qui avait le premier et le dernier mot dans
cette histoire, c'était lui qui avait pris la décision et
là on en appelait de sa décision, on ne pouvait pas aller au
tribunal et le DPJ maintenait sa décision.
Si je déforme, je m'en excuse, ce n'est pas par mauvaise
volonté. On n'a jamais su le jugement final, parce qu'il n'a pas
été rendu public, mais je pense que ceci avait, peut-être
pour des bonnes raisons, là-dessus... Il y a des situations comme cela
qui peuvent se présenter. Je trouve que malgré tout le respect
que j'ai pour le DPJ, et je pense que j'essaie de le comprendre le mieux
possible, c'est qu'il faut quand même - et cela est vraiment dans
l'intérêt de l'enfant dans des cas ... Vous avez deux personnes
qui, dans des situations extrêmes... Cela ne se présentera pas
tous les jours, mais je pense qu'il y a des cas qui sont très clairs. Si
c'est une personne qui d'une façon inopportune en appelle au tribunal,
ce ne sera pas long qu'elle va s'en retourner chez elle avec son petit
bonheur.
Alors, je pense que c'est une protection supplémentaire, d'abord
pour les personnes elles-mêmes, les adultes même, mais bien
davantage peut-être dans des cas extrêmes -et heureusement ce sont
toujours des cas extrêmes - pour l'enfant lui-même. (21 h 45)
M. Lazure: La députée de L'Acadie parle du DPJ,
mais il faut aussi garder ceci en tête. Si le DPJ, par hypothèse,
n'est pas sensible aux doléances de ces personnes qui ont la charge d'un
enfant, ces personnes doivent s'adresser au Comité de la protection de
la jeunesse.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je dois vous dire que,
dans le cas dont je vous parle, on a fait appel aux deux et on a bougé
uniquement quand la chose a paru dans les journaux.
M. Lazure: Là, M. le Président, écoutez, je
n'identifie pas le cas dont parle la députée de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Ils doit y en avoir ici qui connaissent ce
cas.
M. Lazure: Cela dépend, on en connaît un certain
nombre, ça dépend duquel vous parlez.
Mme Lavoie-Roux: II s'appelle Éric.
M. Lazure: Oui, mais Mme la députée de L'Acadie
vient de terminer en disant: Ils y sont allés quand il y a eu des bruits
dans le public. Là, au fond, vous me dites que le mécanisme
prévu par la loi leur permettait d'y aller. Vous sous-entendez
peut-être que quelqu'un n'a pas bien fait son travail, mais,
ça...
Mme Lavoie-Roux: Vous savez, ce n'est pas tout le monde qui est
aussi persistant que ça.
M. Lazure: Non, mais vous admettez que le cas s'est rendu au
tribunal.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais...
M. Lazure: Donc, c'était possible de par la loi. Si cela a
pris tant de temps et si cela a pris de la publicité, peut-être
que quelqu'un n'a pas fait ce qu'il aurait dû faire. Mais, M. le
Président, dans une loi, on ne peut pas s'assurer que tout le monde va
être compétent et va bien faire son travail.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas... M. Sirros: M. le
Président, sur...
Le Président (M. Laplante): Sur l'amendement, M. le
député de Laurier.
M. Sirros: J'aimerais simplement ajouter
que je crois que ça arrive souvent qu'il y ait des liens
d'affection entre adultes et enfants qui ne sont pas nécessairement
apparentés par le sang, etc., mais où le lien est aussi
significatif que celui d'un parent. C'est dans ce sens qu'on veut avoir ce
genre de protection dans la loi. Pour quelqu'un qui pourrait avoir accès
à une institution beaucoup plus universelle, dont les cours, qu'un DPJ
ou un Comité de la protection de la jeunesse, qui sont des
créatures récentes et non pas si universelles que des cours
judiciaires, je crois que ce serait beaucoup plus facile. Il comprendrait qu'il
peut, dans l'intérêt de l'enfant, saisir un tribunal plutôt
que de procéder par l'entremise d'un mécanisme de DPJ ou de
Comité de la protection de la jeunesse. Je crois qu'il doit y avoir
moyen de rédiger quelque chose qui permettrait ça.
M. Lincoln: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je n'ai pas discuté de ça avec mes
collègues, mais est-ce qu'on pourrait parler, par exemple, d'une
personne qui est responsable du bien-être de l'enfant, plutôt que
"toute personne intéressée". Peut-être ce serait trop
large, mais si vous parlez de personnes responsables du bien-être de
l'enfant...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Un instant. M. le
député de Chauveau.
M. Brouillet: Je pense qu'il est très difficile, dans une
loi, de désigner une personne tout simplement en disant "une personne
qui a un lien affectif avec l'enfant". Toute personne peut bien croire qu'elle
a un lien affectif, mais, dans une loi, on ne peut pas mettre ça.
Comment voulez-vous administrer? La personne qui va appeler va dire: J'ai un
lien affectif avec l'enfant. Le tribunal va devoir faire une enquête pour
voir si c'est vraiment vrai qu'il y a un lien affectif. Dans une loi on ne met
pas une définition de la sorte.
Je comprendrais très bien les craintes fondées de
l'Opposition, si l'article 74.2 n'existait pas. Cette personne qui a un lien
affectif ira s'adresser au comité.
Le député de Nelligan disait tantôt: Mais alors
pourquoi avez-vous mis les parents? Les parents peuvent directement intervenir,
mais on a beaucoup plus de chance que les parents, dans la moyenne, aient un
lien affectif et au moins, dans une loi, on peut inscrire les parents; c'est
très identifiable, des parents. Mais des personnes qui ont un lien
affectif, ce n'est pas identifiable. Alors je ne vois pas du tout comment on
peut...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, quand on retourne à
l'article 1 de la loi 24, paragraphe e), à la définition du mot
"parents", on voit que la définition est très large, c'est
père, mère d'un enfant ou, le cas échéant, celui
d'entre eux qui en a la garde de droit, de fait ou, en cas d'absence ou de
défaut, le tuteur ou le gardien de fait de l'enfant ou, dans le cas d'un
enfant marié, son conjoint. Mais c'est assez large quand on dit "le
gardien de fait de l'enfant". Alors il faut vraiment regarder la
définition de "parents" et je pense que ça va couvrir le genre de
cas que vous avez en tête.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je sais que je ne suis
pas membre de la commission, mais ça m'intéresse un petit peu.
N'y aurait-il pas possibilité, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): II me faut le
consentement.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il est intervenant?
Le Président (M. Laplante): Ni intervenant ni membre.
Mme Lavoie-Roux: On va le lui permettre.
Le Président (M. Laplante): Oui? D'accord.
M. Charbonneau: Merci, je pense que vous ne le regretterez
pas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verchères.
M. Lazure: Pas longtemps!
M. Charbonneau: II ne s'agit pas d'être dogmatique ou
structuraliste dans ce genre de question, mais est-ce qu'on ne pourrait pas
suspendre et voir s'il n'y aurait pas moyen de trouver une rédaction qui
permettrait de cerner la question? Il y a effectivement des gens qui pourraient
être appelés à avoir recours au tribunal sans que ce soient
des personnes spécifiquement identifiées par la loi. Je me dis
qu'il y a des cas où, effectivement, on a peut-être
intérêt à le permettre plutôt que d'attendre et
attendre.
M. Lazure: Oui, mais en inscrivant "toute personne", vous ouvrez
la porte et c'est une porte de grange que vous ouvrez!
M. Charbonneau: Ce que je suggère, c'est qu'on essaie de
trouver une formulation qui limite et qui réponde aux objectifs du
ministre, mais qui, en même temps, permette peut-être de
résoudre un certain nombre de problèmes qui sont
déjà arrivés. Ils ne sont peut-être pas
fréquents, mais ce sont des problèmes humains.
M. Lazure: Je vous réfère encore une fois à
la définition de "parents": "Tout gardien de fait", même pas
légalement, mais de fait, ça va loin, ça; on couvre
vraiment les intéressés vis-à-vis du bien-être de
l'enfant. Et si c'est quelqu'un qui est, de fait, intéressé
à l'enfant mais qui est complètement étranger, il a le
recours au Comité de la protection de la jeunesse, il a recours à
la Direction de la protection de la jeunesse. Il a deux recours.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Laurier.
M. Sirros: J'aimerais dire au député de Chauveau
que je ne crois pas que n'importe qui, juste pour le "fun", va
téléphoner au Tribunal de la jeunesse pour le saisir d'un cas.
Deuxièmement, je crois que le terme "toute personne
intéressée" a une connotation juridique, a une certaine notion
légale dans cette affaire. Ce n'est pas suffisant que je dise que je
suis intéressé, je dois, de quelque façon, prouver cet
intérêt.
Je remercie le député de Verchères de son
intervention inattendue...
Mme Lavoie-Roux: On a bien fait de lui donner la parole.
M. Sirros: ... on a bien fait de lui donner la parole. On le
remercie.
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas le droit de vote.
M. Sirros: Dommage! Effectivement, quand on voit la
définition de "parents", tel que c'est écrit là, et qu'on
regarde l'article 74, un frère ou une soeur, par exemple, n'aurait pas
le droit de saisir le tribunal, dans ces cas. Même là. Nous
voudrions l'élargir encore un peu plus en reconnaissant les gens qui ont
- j'ai utilisé un terme tout à l'heure - une affection
particulière ou un intérêt spécial au point de vue
social ou affectif. Je crois encore qu'il y aurait une manière de
trouver une expression légale qui couvrirait ce genre de cas sans ouvrir
la porte à des appels ou à des interventions judiciaires
complètement inutiles. Je suis d'accord, ce n'est pas ce qu'on veut
faire. C'est dans un objectif louable, comme le ministre y a fait allusion
avant, qu'on veut les voir inscrits dans la loi.
M. Lazure: On a tenu compte, dans la présentation de ce
projet de loi, des représentations qui nous sont venues de ceux qui
appliquent au jour le jour cette loi. Je dois dire honnêtement que ce que
certains députés soulèvent n'a pas paru constituer un
problème dans l'application quotidienne. Dans la mesure où ce
n'est pas un problème perçu, en tout cas, par ceux qui appliquent
la loi quotidiennement et dans la mesure aussi où ça va, à
mon avis, contre l'esprit fondamental de la loi, qui est de judiciariser le
moins possible, compte tenu de ces deux choses, je vous soumets qu'on ne
devrait pas improviser un nouvel article ce soir.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, il n'était pas
improvisé, il était préparé, M. le
Président:
M. Lazure: Mais un de vos collègues vient d'admettre que
cette interprétation, que cette formulation est peut-être trop
large.
Mme Lavoie-Roux: ...
Une Voix: Ce n'est pas grave...
M. Lazure: Ce n'est pas encore, à notre avis, un
problème perçu par les gens qui appliquent la loi tous les jours.
Cela comporte un danger de délation, cela comporte un danger de rapports
à outrance de n'importe quel citoyen à un tribunal pour
dénoncer tel enfant, tel jeune. Devant ce danger, je suis obligé
de voter contre un tel amendement, s'il y a un vote, guitte, comme projet,
à ce qu'on regarde ce qu'on peut faire, à ce qu'on demande
à nos gens de regarder la situation dans les mois qui viennent, et
lorsqu'on étudiera la loi en profondeur, au comité non partisan,
je suis bien d'accord qu'on regarde de nouveau cette possibilité.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'explique mal
l'entêtement du ministre. Je comprends qu'il fait une espèce de
transfert de l'article 91 à l'article 74. Mais, quand il nous dit que
cela va provoquer de la délation, il faudrait quand même qu'il
réalise que ce qu'on lui demande cela s'applique à l'article 74e,
cela ne s'applique pas à n'importe quoi. Cela s'applique à
quelqu'un qui n'est pas d'accord avec quatre types de décisions, soit
que la décision du directeur ou de la personne désignée,
la décision de
prolonger, la décision, etc., et la décision du directeur
général conformément à l'article 9 qu'on a
adopté tout à l'heure, je pense, dans le cas de la communication,
si je ne m'abuse. Il ne s'agit pas d'une porte ouverte pour n'importe qui sur
la rue qui dit: Je pense que cet enfant est en danger, et il s'en va au
tribunal pour en saisir le tribunal. Alors, c'est vraiment assez limité.
Je pense que ça protège et je pense qu'on est tous d'accord pour
protéger le plus possible les droits de l'enfant pour qu'il ne soit pas
l'objet d'abus d'aucune façon. Je suis d'accord, on a dit: Cela peut
arriver peut-être. Espérons que cela n'arrivera jamais un cas
comme celui que je vous ai mentionné, des cas extrêmes.
Mais les cas extrêmes où cela arrive, je pense qu'il y en a
eu plus d'un. Moi je vous ai cité celui que j'avais en mémoire,
mais il y en a eu plus d'un. Je pense qu'il faut les éviter. Cela ne
causera de préjudice à personne. Je pense, au contraire, que cela
respecte quand même les droits des citoyens à avoir un droit
d'appel. Vous retrouvez cela dans toutes les lois. On n'invente rien ce soir.
Et cela peut certainement protéger, c'est peut-être encore ce qui
est le plus important, un peu mieux les droits des enfants et les mettre
à l'abri de tout arbitraire possible.
M. Lazure: M. le Président, par son exemple même, la
députée de L'Acadie a démontré que cet amendement
n'est pas nécessaire parce qu'elle a conclu son exemple en disant: Ils
sont rendus au tribunal finalement, mais il a fallu de la publicité.
Donc, le véhicule était là. Il est là dans la loi
24. Votre exemple, il s'est rendu au tribunal.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais est-ce que c'est normal qu'il faille
que les choses sortent dans les journaux pour que le DPJ ou l'autre se rendent
au tribunal?
M. Lazure: À ce moment, ce n'est pas une question de loi.
Ce n'est pas la loi qui l'empêchait de s'y rendre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Berthier.
Mme Lavoïe-Roux: C'est que le DPJ ne le rendait pas au
tribunal. C'est quand la pression a été mise, que finalement on
s'y est rendu.
M. Lazure: Mais ce n'est pas la loi qui l'empêchait. C'est
parce qu'il faisait mal son travail.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il faut le protéger contre les
gens qui font mal leur travail.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Je voudrais savoir combien de personnes forment le
comité en question qui va juger.
M. Lazure: Quatorze membres.
M. Houde: Quatorze membres. Prenons un conseil municipal ou une
commission scolaire. Le comité est élu pour trois ans et les
personnes qui sont là n'aiment pas le visage de M. X. Il va être
pénalisé pour tout le temps qu'elles vont être là
s'il n'a pas le droit d'en appeler au tribunal. Est-ce que je suis bien compris
là?
M. Lazure: M. le Président, je ne saisis pas bien. Est-ce
que vous pouvez répéter plus lentement votre exemple?
M. Houde: Oui. Le comité sera formé de treize ou
quatorze personnes.
M. Lazure: Oui.
M. Houde: II va devant le comité en question et le
comité n'aime pas le visage de la personne qui va faire une plainte.
D'accord? Il va la repousser. À un moment donné, s'il ne peut pas
en appeler lui-même au tribunal, ce qui va arriver, il va falloir qu'il
attende qu'il y ait des personnes qui soient changées au comité
pour qu'il soit capable d'être entendu. Pourquoi ne voulez-vous pas le
laisser aller au tribunal? Est-ce que c'est parce que ça va coûter
plus cher, quoi?
M. Lazure: Non, M. le Président, ce n'est pas une question
de coût. C'est pour empêcher que n'importe quel citoyen abuse de ce
droit - vous permettez que je finisse, je vous ai laissé parler - qu'il
aurait d'aller rapporter le cas d'un enfant au tribunal. Cela c'est ce qu'on
appelle rendre juridique à l'excès la Loi sur la protection de la
jeunesse.
M. Houde: Cela va.
M. Lazure: M. le Président, on fait une discussion de fond
sur la loi 24. Moi le projet de loi no 10, c'est un projet modeste qui veut
apporter des correctifs. Je suis gêné dans ma modestie. On peut
aller à un vote si cela appelle une décision. Je pense qu'on ne
peut pas prolonger indéfiniment cette discussion. On se
répète de part et d'autre. Moi je soumets, M. le
Président, que l'amendement n'est pas acceptable parce qu'il ouvre une
porte qui est dangereuse dans le sens que cela pourrait judiciariser à
outrance. Deuxièmement, nous n'avons pas de plaintes dans le
réseau ni dans le public. On
n'a pas eu de plaintes à ce sujet. Le cas rapporté par la
députée de L'Acadie, encore une fois... (22 heures)
Mme Lavoie-Roux: II n'y a plus de...
M. Lazure: ...s'est rendu au tribunal. Probablement que c'est
attribuable à l'incurie, l'incompétence de quelqu'un.
Mme Lavoie-Roux: II faut protéger les gens.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: J'aimerais souligner ou dire au ministre qu'il y a
d'autres cas qui ne sont pas saisis par le tribunal. J'en connais un
personnellement. Si la décision du ministre de ne pas procéder
avec cela se base simplement sur le fait que le cas mentionné s'est,
finalement, rendu devant le tribunal, il y en a d'autres qui ne sont pas rendus
devant le tribunal. Deuxièmement, je crois que le but principal de la
loi 24 n'est pas tellement d'empêcher en soi la judiciarisation, mais
plutôt de protéger l'enfant. C'est le titre de la loi, la
protection de l'enfance.
Troisièmement, il s'agit de quatre cas particuliers où
quelqu'un aurait un droit d'appel. Il s'agit de cas où l'enfant est
déjà dans l'engrenage du système social en
général. Il s'agit d'un cas où le directeur
général d'un centre d'accueil - donc, cela veut dire que l'enfant
a déjà été placé, il a pris une
décision que quelqu'un voudrait faire un appel directement au tribunal
-détermine que la sécurité ou le développement de
l'enfant est compromis. Ce sont les quatre situations où l'enfant est
déjà embarqué dans le système.
Donc, il ne s'agit pas d'ouvrir une grande porte à n'importe qui
afin de saisir le tribunal de n'importe quelle situation et dire:
Écoutez, je suis intéressé et ceci et cela. Il s'agit de
cas spécifiques où l'enfant est déjà
embarqué dans le système de la loi 24 et, encore une fois, je
souligne que, tel que rédigé à l'heure actuelle, un
frère et une soeur d'un enfant ne peuvent pas faire appel directement au
tribunal.
Le Président (M. Laplante): Êtes-vous prêts
pour le vote?
Mme Lavoie-Roux: Vote enregistré, M. le
Président.
Mise aux voix de la motion d'amendement
Le Président (M. Laplante): Vote enregistré sur la
motion d'amendement de la députée de L'Acadie sur l'article 18:
Que le premier alinéa du paragraphe 74.1 de l'article 18 soit
modifié en remplaçant à la deuxième ligne les mots
"s'ils" par les mots "et par toute personne intéressée ou
à sa demande s'ils". L'alinéa amendé se lirait comme suit:
"Le tribunal peut aussi être saisi du cas d'un enfant par celui-ci ou
à sa demande, par ses parents ou à leur demande et par toute
personne intéressée ou à sa demande, s'ils ne sont pas
d'accord avec:" M. Boucher (Rivière-du-Loup).
M. Boucher: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Brouillet (Chauveau).
M. Brouillet: Contre.
Le Président (M. Laplante): Mme
Dougherty (Jacques-Cartier).
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Lazure (Anjou).
M. Lazure: Bertrand.
Le Président (M. Laplante): Bertrand.
M. Lazure: Contre.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce qui arrive avec les gens qui changent
de comté. On ne sait plus où les retrouver.
Le Président (M. Laplante): M. Lazure (Bertrand),
contre.
M. Lazure: Contre.
Le Président (M. Laplante): Mme
Juneau (Johnson).
Mme Juneau: Contre.
Le Président (M. Laplante): Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Leduc (Fabre).
M. Leduc: Contre.
Le Président (M. Laplante): M.
Rochefort (Gouin). M. Sirros (Laurier).
M. Sirros: Pour.
Le Président (M. Laplante): Trois pour, cinq contre.
Motion rejetée.
Mme Lavoie-Roux: Eh! M. Houde là-bas,
qu'est-ce que vous en faites?
M. Houde: Houde de Berthier.
Le Président (M. Laplante): Oh! je m'excuse, M. le
député!
Mme Lavoie-Roux: Oui, écoutez!
Le Président (M. Laplante): Vous étiez bien
là, pourtant! Pour, M. Houde?
M. Houde: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Et il compte pour deux, à part
ça!
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse. C'est quatre
pour, cinq contre. Motion rejetée. Toutes mes excuses.
Mme Lavoie-Roux: Habituez-vous, les gens de l'Opposition, c'est
comme cela que ça se passe.
Le Président (M. Laplante): Article 18...
M. Sirros: Nous, au moins, on peut s'exprimer. On n'a pas besoin
de...
Le Président (M. Laplante): L'article 18 sera-t-il
adopté sur division?
Mme Lavoie-Roux: Un instant, M. le Président!
Adopté sur division.
Le Président (M. Laplante): Article 18, adopté sur
division.
J'appelle l'article 19 qui a un papillon, donc un amendement à
l'article. M. le ministre, expliquez votre point de vue.
Ordonnance du tribunal
M. Lazure: Le papillon consiste simplement en ceci. Au lieu de
dire simplement que le tribunal peut rendre toute ordonnance pour
l'exécution, pendant l'instance, d'une mesure applicable, on dit: "De
l'une ou plusieurs des mesures applicables en vertu de l'article 54." Cela
élargit, si vous voulez, le pouvoir du juge. On ne dit pas "une mesure",
on dit "de l'une ou de plusieurs des mesures applicables en vertu de l'article
54".
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Une clarification des termes juridiques. Est-ce que
quelqu'un pourrait m'expliquer un peu "pour l'exécution pendant
l'instance"? Excusez-moi! Je devançais.
Le Président (M. Laplante): L'article 19 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il des remarques? M. le
député de Laurier, allez-y.
M. Sirros: J'aimerais que quelqu'un clarifie ce que veux dire,
dans le langage ordinaire, "pour l'exécution pendant l'instance".
M. Lazure: C'est la période qui s'écoule entre le
moment où il est saisi du cas et le moment où il rend sa
décision. Cela s'appelle l'instance.
M. Sirros: D'accord.
Le Président (M. Laplante): L'article 19 est
adopté. Article 20.
M. Lazure: L'article 20 est un nouvel article. Il s'agit de
l'hébergement provisoire, mais obligatoire, qui est de 21 jours dans le
moment. Avec cet amendement, on peut le prolonger de dix jours additionnels. Le
tribunal pourra prolonger d'une autre période de dix jours
l'hébergement obligatoire provisoire.
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Est-ce que les dix jours qui sont inscrits là
sont basés sur quelque chose de concret par rapport aux cas où on
avait des problèmes avec les 21 jours? Parce que c'aurait bien pu
être quinze ou vingt jours de plus. Pourquoi dix jours?
M. Lazure: C'est principalement pour avoir le temps de
procéder à certaines expertises, certains examens cliniques,
habituellement.
M. Sirros: Je sais, mais est-ce que dix jours, c'est
suffisant?
M. Lazure: C'est basé sur l'expérience des
praticiens qui nous ont demandé d'ajouter dix jours.
Le Président (M. Laplante): L'article 20 est
adopté. Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, les juristes pourront
peut-être nous éclairer là-dessus. Des
représentations ont été faites -le ministre est sans doute
au courant - au sujet de l'article 20. D'après l'interprétation
qu'ils en font, en maintenant les termes "en application de l'article 76.1",
même si on ajoute les dix jours, on se trouve quand même à
limiter ou à contrôler la période pendant laquelle des
mesures transitoires ou
des mesures...
M. Lazure: Provisoires.
Mme Lavoie-Roux: ... provisoires ont été prises. Il
arrive, nous dit-on, que la période qui s'écoule entre
l'application d'une mesure transitoire et le moment où le juqement est
rendu peut dépasser 31 jours. À ce moment-là, on
s'exposerait peut-être à ce que l'enfant soit
dérangé plus fréquemment. Je veux simplement des
explications à savoir si cette interprétation est juste ou
non.
M. Lazure: M. le Président, si la commission n'a pas
d'objection, je vais demander - c'est assez complexe - à Me Dussault, la
représentante du ministère de la Justice, de donner
l'explication. En gros, comme je le comprends, c'est encore une fois par mesure
de prudence qu'on a allongé de 21 à 31 jours.
Mme Lavoie-Roux: C'était une bonne intention.
M. Lazure: C'est ça. Mais si on va encore plus loin que
ça, on a peur que ça puisse ouvrir la porte à des remises
de la part du juge et, durant ces remises, l'hébergement obligatoire,
même s'il est "provisoire", continuerait. Me Dussault.
Le Président (M. Laplante): Au nom de
M. le ministre.
M. Lazure: II faut d'abord dire que l'amendement, tel que vous le
voyez, tel qu'il apparaît au projet de loi no 10, correspond presque mot
pour mot à la recommandation de la table centrale de concertation et de
consultation, position que la table a transmise le 11 février aux
dirigeants des différents ministères. Par la suite, en
réaction au projet de loi 22, le Comité de la protection de la
jeunesse a fait connaître une position qui rejoint celle que vous avez
exprimée. Par ailleurs, ce qu'il faut savoir, c'est que
déjà, lorsqu'un jeune fait l'objet d'une mesure
d'hébergement provisoire de 21 jours, ce jeune est en attente
d'audition, il est sur le point d'être évalué, d'être
l'objet d'expertises, en attente que l'audition commence.
Or, il arrive que des problèmes à caractère
administratif puissent causer des délais, que si la période de 21
jours, à laquelle on ajoute 10 jours est allongée de 21 jours en
21 jours, par la subtilité de l'ajournement comme tel, des lenteurs
administratives amènent des abus du côté de l'enfant et
qu'on persiste à maintenir un jeune en hébergement provisoire de
21 jours en 21 jours sans que nécessairement le tribunal fasse diligence
pour entendre sa cause. C'est qu'actuellement, l'hébergement est
limité à 21 jours plus 10. Les 10 jours sont un
élément nouveau justement pour forcer tout le monde à agir
vite et à tenir enquête et audition, forcer le tribunal à
agir dans les meilleurs délais. Actuellement, il n'y a que 21 jours.
Alors on se dit que si on donne 10 jours additionnels, les témoins et le
juge peuvent agir avec diligence.
Par ailleurs, la proposition, tel que vous l'avez soulevé, fait
la nuance suivante. Avant le début de l'enquête et l'audition, ce
serait 21 jours plus 10 jours. À partir du début de
l'enquête et de l'audition, ce que des gens souhaitent c'est qu'on fasse
des ajournements d'au plus 21 jours avec le maintien de l'hébergement
obligatoire provisoire renouvelable de 21 jours en 21 jours pour permettre aux
gens de procéder. Je veux juste ajouter un commentaire. En somme, ce
serait l'équivalent de prolonger la détention, parce que quand on
parle d'hébergement provisoire obligatoire, il faut bien comprendre que
c'est une détention forcée. Ce serait prolonger indûment la
détention forcée à cause de certains retards qui peuvent
être administratifs, comme Me Dussault le dit. Alors, on l'allonge un peu
mais on est très prudent.
(22 h 15)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, comme je vous le dit, je
soulève la question parce qu'elle me semblait fondée de la part
de ceux qui ont fait des représentations dont Mme Oussault avait
d'ailleurs été saisie. Mais, est-ce que vraiment on agit toujours
avec suffisamment de diligence, pour qu'au bout de 31 jours on puisse vraiment
énoncer les mesures obligatoires ou permanentes, si on veut, et
qu'à ce moment-là, on ne s'expose pas si ce n'est pas rendu,
à devoir recommencer tout le processus?
Moi, je ne le sais pas; si on a fait les représentations, c'est
qu'on a dû penser que, dans la pratique, cela pouvait souvent aller
au-delà de 31 jours. Je ne sais pas, techniquement, comment on pouvait
contrôler cela, parce que c'était même 21 jours avant, et
là, on en ajoute 10. Mais, apparemment, vu qu'il n'y avait pas cet
ajout, cela permettait d'être plus flexible, sur les 31 jours.
Je suis tout à fait d'accord avec le ministre quand il dit qu'il
ne faudrait pas permettre qu'on renouvelle l'hébergement de 21 jours en
21 jours. Je pense que, là-dessus, tout le monde s'entend. Je veux
simplement m'assurer qu'en voulant faire quelque chose de bien, on ne
crée pas des problèmes qui, finalement, n'atteignent pas les
objectifs que le gouvernement ou la loi tente d'atteindre. C'est tout.
M. Lazure: Là-dessus, M. le Président, on peut
rassurer la députée de L'Acadie.
Pour les gens qui sont dans le réseau, 31 jours, ce sera mieux
que 21 jours. Cela est clair.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, apparemment, il y avait auparavant
une façon de contourner cette clause.
M. Lazure: Ce qui est en jeu, c'est une détention
forcée pour un jeune, quand le jugement n'est pas encore passé,
que le jugement n'est pas rendu; cela peut être assez grave. C'est un peu
présumer, en allongeant indûment la détention obligatoire,
qu'il est coupable du méfait pour lequel il a été
amené au tribunal.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, le ministre, pour
défendre son point de vue sur l'amendement que j'ai
présenté, a invoqué l'appui de tous les gens du
réseau; ils étaient tous d'accord. Mais le problème que je
soulève a aussi l'accord de tous les gens du réseau.
Je veux simplement bien m'assurer qu'on prend ce soir la bonne
décision. Ce n'est pas pour gagner ou perdre, ce n'est aucunement en
jeu, mais je veux être bien sûre que ceux qui nous conseillent et
ceux qui sont dans le réseau sont tout à fait satisfaits de la
décision finale qui pourrait être prise selon l'amendement du
ministre.
M. Lazure: M. le Président, ils sont certainement
satisfaits du fait que cela va être 31 jours au lieu de 21 jours.
Mme Lavoie-Roux: Cela, oui.
M. Lazure: II est clair que certaines personnes dans le
réseau, que certains groupes préféreraient qu'on ouvre
cela encore plus. Mais nous, cela nous paraît encore plus prudent,
à l'occasion de cette première révision de la loi,
d'allonger la détention de 10 jours. Encore une fois, cela fait quand
même un mois, cela équivaut à une incarcération d'un
mois pour un jeune dont la cause n'a pas encore été entendue. Il
ne faut quand même pas être plus sévère pour le jeune
que pour l'adulte.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
Le Président (M. Laplante): Article 20, adopté?
Mme Lavoie-Roux: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Sur division. J'appelle
l'article 21.
M. Lazure: M. le Président, c'est assez simple. Ici, on
donne le loisir au tribunal. Selon l'expression employée, le tribunal
"peut" demander au directeur d'effectuer une étude sur la situation
sociale de l'enfant qui a commis une infraction à une loi ou à un
règlement.
C'est "peut" au lieu de "doit".
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a eu des problèmes pour
susciter cette modification?
M. Lazure: C'est pour rendre facultative l'analyse dans le cas du
tribunal. L'article 86 était tout simplement...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, je vous entends mal.
M. Lazure: Le premier alinéa de l'article 86 rend
facultative la demande d'analyse de la part du tribunal, pour la bonne et
simple raison que, dans les cas de "statutaires", cela pouvait être
très lourd de confier l'analyse au directeur de la protection de la
jeunesse dans tous les cas d'infractions mineures. C'est la raison pour
laquelle cela a été rendu facultatif.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Adopté, l'article 21.
J'appelle l'article 22, qui est un nouvel article aussi en amendement au projet
de loi. Papillon.
M. Lazure: M. le Président, effectivement cet article 22
est celui qui a soulevé le plus de controverse. Nous amendons notre 22,
qui apparaît dans le projet 10. Au lieu de donner au tribunal le pouvoir
d'appliquer une mesure pour une période maximale d'un an, tel que nous
l'avions dans notre texte initial, nous disons "le tribunal peut, pour la
période qu'il détermine". Nous donnons au tribunal le loisir de
déterminer la période, on ne met pas de plafond à la
période, on enlève "un an", par contre, le tribunal a
l'obligation de déterminer cette période, quand il rend une
décision. Actuellement, il n'est pas obligé de déterminer
la durée de la décision, mais là il sera obligé de
dire si c'est trois mois, si c'est six mois, si c'est un an, si c'est dix-huit
mois, peu importe. Il sera obligé de le spécifier, mais on ne met
pas de plafond.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: J'aimerais seulement connaître la rationnelle en
arrière de cette modification de la part du ministre, s'il vous
plaît.
M. Lazure: Écoutez, c'est... La rationnelle pour
l'obligation de déterminer?
M. Sirros: Non, pour enlever le maximum.
M. Lazure: Pour ne mettre aucune limite?
M. Sirros: C'est ça.
M. Lazure: II faut se référer à l'article 54
de la loi. L'article 54 traite des mesures volontaires. Cet article nous dit
que si le tribunal en vient à la conclusion que la
sécurité de l'enfant ou son développement sont compromis
ou encore qu'il a commis un acte contraire à une loi, il peut ordonner
l'application d'une mesure visée à l'article 54. Ce sont des
mesures soi-disant volontaires, normalement, mais dans le contexte qu'on
discute actuellement, ces mesures ne sont plus volontaires en
réalité. Quand le juge constate que la sécurité ou
le développement sont en cause ou qu'il a commis une infraction, il peut
décréter l'application d'une mesure volontaire. En d'autres
termes, elle devient obligatoire, cette mesure. Une des raisons pour ne pas
mettre de plafond à la durée c'est que, si on retourne à
l'article 54, il y a des mesures volontaires où il serait trop lourd de
mettre un temps limité et de demander une révision à
chaque fois. Par exemple, il y a huit ou neuf mesures volontaires à
l'article 54...
M. Sirros: Ce sont elles qui m'intéressent, M. le
Président, surtout celles concernant le placement en centre d'accueil,
ou en foyer d'accueil, etc., des cas où on soustrait l'enfant de son
milieu et on le place ailleurs. Cela reste encore des mesures volontaires, si
je comprends bien, dans le sens que ça prend encore une entente entre
l'enfant, le travailleur social, le parent, le DPJ, tout le monde
concerné, mais on n'est pas obligé d'arrêter ces mesures
volontaires au bout d'un an. On peut continuer, sur une base volontaire,
d'appliquer ces mesures volontaires, c'est-à-dire que le juge ne fait
que prolonger des mesures volontaires.
M. Lazure: Oui, M. le Président. Je ne vous cache pas
qu'on a hésité beaucoup à donner satisfaction au
réseau social, au réseau de la justice et à plusieurs
organismes qui demandaient...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais ça.
M. Lazure: Vous savez ça, on ne vous cache rien, Mme la
députée de L'Acadie!
Mme Lavoie-Roux: C'était dans les journaux, M. le
Président!
M. Lazure: On a hésité beaucoup, on a même
dit que j'étais acharné.
Mme Lavoie-Roux: Des choses pires que ça ont
été dites.
M. Lazure: Oui, peut-être. Mais la raison pour laquelle,
nous, on était portés à garder une limite d'un an, c'est
justement pour éviter que le tribunal passe par le biais de ces mesures
dites volontaires pour imposer un hébergement obligatoire à
l'enfant, qui peut être à ce moment-ci d'un an, deux ans, trois
ans, quatre ans, il n'y a plus de limite. C'était la raison de notre
très grande réticence à donner satisfaction à
l'ensemble des praticiens.
Nous nous rallions, cependant, non seulement parce qu'on leur fait
confiance, mais aussi parce que l'article 95 de la loi actuelle dit: "Les
parents de l'enfant ou celui-ci, s'il est âgé de 14 ans ou plus,
ou le comité, ainsi que le directeur de la protection de la jeunesse
peuvent demander au tribunal de réviser une décision ou une
ordonnance lorsque des faits nouveaux sont survenus depuis que celle-ci a
été rendue." C'est l'équivalent d'un droit d'appel, d'un
droit de révision.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: En fait, cela signifie qu'on accepte le principe
des sentences indéterminées. C'est à peu près
ça.
M. Lazure: On l'oblige à déterminer. C'est cela, au
fond. Pour que les membres de la commission comprennent bien, on oblige le
tribunal à dire combien de mois. Dans la loi 24 actuelle, il
n'était pas obligé de dire la durée de la sentence;
là, il va être obligé de le dire. Cela impose une
espèce de protection morale vis-à-vis du tribunal. Je pense que
le tribunal va beaucoup hésiter à prendre une mesure soi-disant
volontaire et transformer ça - bang! -en un hébergement
obligatoire de trois ans dans un centre d'accueil.
D'une part, il va être obligé de dire publiquement quelle
est la durée de la sentence et, d'autre part, l'article 95 permet au
jeune ou à sa famille d'en appeler, ou au directeur de la protection de
la jeunesse, enfin, il y a plusieurs groupes ou personnes qui peuvent en
appeler et faire réviser la décision.
M. Charbonneau: II y a un plafond. Par exemple, un jeune de 16
ans, est-ce qu'on peut le condamner ou ordonner un hébergement
obligatoire de trois ans? À partir de la majorité, qu'est-ce qui
arrive?
M. Lazure: Oui, oui, il est bien clair que théoriquement -
encore une fois, c'était le sens de notre grande réticence - le
juge pourrait décréter un hébergement de trois
ans; il pourrait le faire. Mais au bout de deux semaines ou de trois
mois, le jeune ou sa famille, ou le DPJ, ou le comité de protection
pourrait en appeler, faire réviser cette décision. Il n'aurait
pas à attendre que le délai de trois ans s'écoule, ce peut
être fait aussitôt qu'il y a des faits nouveaux. Des faits
nouveaux, cela comprend bien des choses. Il en arrive tous les jours, des faits
nouveaux.
Le Président (M. Laplante): Article 22...
Mme Lavoie-Roux: Un instant, un instant! M. le Président,
vu qu'il s'agit de choses différentes, est-ce qu'on pourrait les adopter
paragraphe par paragraphe?
Le Président (M. Laplante): Oui, absolument.
Mme Lavoie-Roux: Quand même, avant de l'adopter, je suis
heureuse que le ministre ait finalement accepté de le modifier. Par
contre, comme il y a une période déterminée qui pourrait
peut-être même aller jusqu'à trois ans, est-ce que ça
ne serait pas prudent que le juge proprio motu, après un an,
révise automatiquement? Ce qui ne l'oblige pas à faire revenir
l'enfant. Là, il y a le mécanisme d'appel prévu par 95 et
peut-être même autre chose. C'est vraiment dans l'objectif de
protéger davantage l'enfant et cela n'oblige pas l'enfant à
revenir devant le tribunal, mais ça oblige ceux qui s'en occupent
à revenir justifier.
M. Charbonneau: Actuellement, on avait une limite maximale d'un
an.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Charbonneau: Cela veut dire qu'à partir du moment
où on accepte d'aller plus loin qu'un an, d'accord, mais après un
an il faut vérifier.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, un mécanisme de
révision au moins après un an ou selon les modalités que
vous nous proposerez.
M. Charbonneau: II y a une autre chose.
Mme Lavoie-Roux: Que ce soit après un an ou...
M. Lazure: Un instantl II faut retourner à l'article 54 et
bien le regarder. Il y a, à l'article 54, les fameuses mesures
volontaires. Je vous en donne des exemples: Que certaines personnes
s'abstiennent d'entrer en contact avec l'enfant, que l'enfant soit
confié à d'autres personnes, que l'enfant soit maintenu dans son
milieu familial et que les parents fassent rapport, etc., que l'enfant
fréquente un milieu d'apprentissage autre qu'un milieu scolaire. (22 h
30)
Ce que je veux dire, c'est que si le juge décrète qu'une
de ces mesures volontaires soit transformée et rendue obligatoire, s'il
dit: Pour 18 mois, vous allez fréquenter un milieu d'apprentissage autre
que le milieu scolaire, mettons un atelier protégé, est-ce
vraiment nécessaire de faire jouer un mécanisme de
révision automatique après douze mois? Je me pose la question.
Bien sûr si c'est en centre d'accueil, c'est nécessaire.
Mme Lavoie-Roux: Pour une famille aussi, même pour une
famille d'accueil.
M. Lazure: Peut-être.
M. Sirros: Effectivement, c'est le sens de mon intervention,
c'est-à-dire qu'effectivement cette révision automatique devrait
s'appliquer seulement dans des situations qui sont assez graves pour la
justifier, donc, un déplacement de l'enfant de son milieu habituel soit
en centre d'accueil, soit en famille d'accueil. Dans ce genre de cas où
le juge ordonne ce genre de mesure volontaire pour une période sans
limite, nous croyons que la cour devrait être obligée,
après une période donnée, un an, de réviser
automatiquement le cas pour voir s'il y a lieu de maintenir encore ça ou
de changer l'ordonnance sans nécessairement faire revenir l'enfant
devant le tribunal. C'est dans un but de protection.
M. Boucher: La loi avait été amendée dans ce
sens. Elle obligeait à des révisions annuelles. Dans les services
sociaux, je me le rappelle, on révisait tous les cas.
Mme Lavoie-Roux: Proprio motu, le juge le ferait, si
c'était pour le bien de l'enfant.
M. Boucher: II y a une obligation de révision annuelle
dans les cas de cour, à l'article 15. C'est le cas, dans l'article 15,
s'il était en placement.
Mme Lavoie-Roux: II demande que le dossier de l'enfant revienne
devant lui, il l'examine, s'il juge...
M. Sirros: Sur recommandation d'un travailleur social, l'enfant
est suivi quelque part. C'est ça.
M. Lazure: En plus de l'article 95, où il y a un pouvoir
de demander la révision quand il y a des faits nouveaux, il y a aussi
l'article 57 qui fait un devoir, au directeur de la protection de la jeunesse
d'effectuer
périodiquement une révision de la situation de chaque
enfant pris en charqe et de vérifier si toutes les mesures sont prises
pour assurer la réinsertion sociale et familiale de l'enfant. Cette
révision a pour fins de déterminer si la situation dans laquelle
se trouve l'enfant justifie des mesures additionnelles ou des mesures
différentes de celles appliquées. Autrement dit, le directeur a
un devoir, c'est un devoir. Parce que là, ce qui vous inquiète
comme nous, c'étaient des cas où il y aurait des sentences
extrêmes. À ce moment, non seulement l'enfant lui-même et sa
famille auraient le droit de demander la révision d'après
l'article 95, mais aussi le DPJ qui serait responsable de ce cas, parce que
chaque enfant qui est placé d'après une de ces mesures par le
juqe est automatiquement à la charge d'un directeur de la protection de
la jeunesse. Automatiquement, il est sur la liste d'un DPJ quelconque.
Le directeur, lui, est obligé d'effectuer périodiquement
une révision pour voir si la mesure couramment appliquée est la
meilleure possible, sinon...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, dans le cas de l'article
59, parce que, dans le cas de l'article 95, ce sont les parents,
particulièrement dans le cas des jeunes enfants, qui pourraient faire la
demande de révision.
M. Lazure: Dans 95? Ce sont les parents...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: ... ou l'enfant lui-même, ou le comité,
ou le directeur. Il y a quatre possibilités.
Mme Lavoie-Roux: Moi, l'enfant dont je me préoccupe
surtout à ce moment-ci, c'est l'enfant sans parent. Écoutez, on
en a quand même combien d'enfants abandonnés dans la province, au
moins 4000?
M. Lazure: Oui, mais il y a un tuteur. Encore une fois, revenons
à la notion de parent, la définition de parent.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, d'accord, mais, dans le cas de
l'article 57: "doit effectuer périodiquement", est-ce qu'il y a un
certain contrôle là-dessus? Il y a bien des choses qui sont dans
les lois et qui ne sont pas... Est-ce qu'il y a une réglementation?
M. Charbonneau: À ce sujet, M. le Président, est-ce
que la révision périodique pourrait faire en sorte
qu'après un an, le DPJ soumette sa révision périodique, en
fait, qu'il y en ait une obligatoire et qui soit soumise au tribunal qui a pris
la décision, parce qu'il peut bien y avoir une révision du DPJ,
mais cela reste pour lui.
M. Lazure: Quand on regarde un autre article, il y a l'article
63, car là, on songe surtout, si on pense aux abus, à un
placement en centre d'accueil trop long. L'article 63 dit que le directeur
chargé d'exécuter une mesure d'hébergement obligatoire
doit transmettre sans délai au comité de la protection un avis
donnant le nom de l'enfant, la date du début de l'hébergement et
le lieu de l'hébergement. Le directeur doit transmettre un nouvel avis
au comité trois mois après le début de
l'hébergement. Là, il y a une séquence de prévue.
Lorsqu'il constate qu'un hébergement obligatoire se poursuit depuis au
moins trois mois, le comité peut charger une personne de rencontrer
l'enfant ou ses parents ainsi que le directeur chargé du cas.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Seulement une courte question. C'est très
clair que, dans la loi, il y a plusieurs dispositions...
M. Lazure: Sauvegardes.
Mme Lavoie-Roux: ... ou sauvegardes qui invitent, mais est-ce
qu'il ne devrait pas y avoir - ce n'est pas indiqué ici - dans la
réglementation générale, qui n'est pas encore là,
est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, compte tenu des prévisions ou des
invitations à la révision, d'avoir quelque chose qui nous
rassure, parce que là, il "doit" périodiquement, c'est à
un autre article... c'est "soit" un peu toujours laissé au bon vouloir,
mais, dans la pratique, cela peut finalement devenir du bon vouloir, même
si c'est "doit" dans la loi, à moins que des règlements assez
précis. Car un DPJ peut penser qu'il est suffisant de le faire tous les
ans, un autre tous les six mois, un autre... Est-ce qu'il est prévu
qu'il...
M. Lazure: II est prévu, M. le Président, que l'on
va spécifier, préciser la fréquence des révisions.
On m'informe que les règlements, qui sont en préparation, vont
prévoir le délai que le directeur de la protection de la jeunesse
aura pour sa révision. Est-ce que ce sera trois mois, six mois? Peu
importe.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'ils sont rendus au même point
que les règlements touchant les mesures volontaires ou s'il s'agit d'une
autre série qui n'est pas aussi avancée?
M. Lazure: Elle est un peu moins avancée, celle-là,
M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Ce ne sera pas pour l'automne. Ce sera pour le
printemps prochain.
M. Lazure: Cela va être ensemble pour l'automne, à
ce qu'on m'assure, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'on réalise bien, en
examinant la loi...
M. Lazure: Nos gens ont l'intention de travailler fort cet
été.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il fait beau!
Le Président (M. Laplante): L'article 22, tel
qu'amendé...
M. Sirros: Non, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier.
M. Sirros Le deuxième paragraphe de l'article 22 concerne
l'hébergement des enfants de quatorze ans ou plus dans une unité
sécuritaire et là, on spécifie pour une période
maximum de six mois. Il semble, à mon point de vue, qu'on adopte un peu
deux poids, deux mesures dans le sens que, dans le premier paragraphe, il
s'agit d'enfants qui, normalement, sont moins avancés dans la
délinquance ou s'il s'agit surtout de mesures volontaires. Là, on
a enlevé le maximum en se basant, par exemple, sur le fait que le
réseau le réclamait, qu'il y a un article qui permet le droit
d'appel et que le juge est obligé maintenant de prononcer publiquement
la sentence, etc., et, d'une certaine façon, il doit se justifier. Je me
demande, M. le Président, si les mêmes arguments ne s'appliquent
pas au deuxième paragraphe de l'article 22, c'est-à-dire enlever
une période maximale de six mois, et avec le prolongement possible de
six mois, c'est-à-dire de rendre cela avec un amendement qui dirait un
peu la même chose que le premier paragraphe, afin de permettre de traiter
vraiment d'une façon beaucoup plus réelle à mon point de
vue des cas qui auraient besoin de beaucoup plus d'encadrement que les cas de
mesures volontaires. Je vois une certaine inconsistance à enlever le
maximum dans les cas de mesures volontaires et à maintenir un maximum
assez restreint sur les avis du réseau dans les cas de
délinquance assez avancée, parce qu'il s'agit là de
placements en centre sécuritaire. Donc, il s'agit surtout de vols,
parfois à main armée, etc. J'aimerais proposer un amendement.
M. Lazure: M. le Président, on vient de faire circuler un
amendement.
Mme Lavoie-Roux: On vient de le rendre à 18 mois.
M. Sirros: C'était pendant que vous...
M. Lazure: Pendant que le député de Laurier
parlait, on s'est rendu à son désir.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'arrive pas toujours...
M. Sirros: Ce n'est pas tout à fait mon désir, mais
c'est un compromis que je proposais.
M. Lazure: Vous alliez proposer un compromis. L'amendement qu'on
vous distribue est un compromis qui va largement dans le sens de ce qui a
été réclamé avec beaucoup de bruit par les
intervenants des deux réseaux. Il faut bien se rendre compte, cependant,
que dans cette section de l'article 22 on parle de l'hébergement en
unité sécuritaire, ce qui n'est pas le cas pour les autres
mesures de l'article 54. Il y a une distinction à faire, et c'est
très important. Si vous voulez, c'est presque l'équivalent, pour
l'adulte prisonnier, de la prison à sécurité maximale.
La loi 24 actuelle dit: II pourra y avoir de la part du tribunal
décision de placer un jeune en unité sécuritaire pour
trois mois, avec possibilité de prolonger une fois pour un total de six
mois. Le projet de loi no 10 doublait cette période. Il disait: Six
mois, extension une fois, douze mois. Le réseau nous demande d'aller
jusqu'à vingt-quatre mois. Nous disons: Passer de six mois à
vingt-quatre mois, quadrupler, c'est beaucoup en unité
sécuritaire. Par cet amendement qu'on vient de vous distribuer, nous
mettons un maximum de dix-huit mois, on triple la période actuelle.
Cependant - et c'est ça qui est important pour la protection du jeune,
mais ce n'est pas unanimement accepté par les intervenants du
réseau - chaque six mois, il y aura une révision du cas.
Après une première tranche de six mois en unité
sécuritaire, si les gens du centre d'accueil ou le juge décident
de prolonger pour une autre période de six mois, il devrait y avoir une
révision du cas. Deux révisions possibles, deux extensions
possibles pour un total de dix-huit mois.
M. Sirros: M. le Président, cela rejoint partiellement mon
souci à savoir que, finalement, dans une perspective de
réhabilitation du jeune délinquant, il faut avoir les moyens pour
travailler dans ce sens. Souvent, ce qui arrive, c'est qu'il sait d'avance...
On parle de cas minimes, pourtant, par rapport aux 50 000 cas rapportés
au DPJ l'an passé. Souvent, il s'agit de vols à main
armée, de vols de banque, de choses pour lesquelles, s'ils avaient
dix-huit ans, ils seraient très vite
traités en justice avec beaucoup plus de
sévérité. Souvent ils sont libérés
après un an parce qu'on ne peut plus rien faire, et on se retrouve
devant la cour trois semaines plus tard.
J'avais envisagé la possibilité de ne pas avoir de maximum
dans ces cas-là, comme on l'a fait pour les autres, mais de
protéger par contre le droit de l'enfant à avoir son mot à
dire devant les tribunaux, d'avoir une révision automatique tous les six
mois au lieu d'un an, comme auparavant, parce que effectivement c'est en une
unité sécuritaire. Là, on nous propose dix-huit mois au
lieu de deux ans, comme le réseau le demandait. C'est, comme je le
disais, un compromis plutôt administratif, mais je pense qu'on
l'acceptera.
M. Lazure: Un compromis prudentiel. M. Sirros: Prudentiel.
M. Lazure: C'est pour la protection du jeune.
M. Sirros: D'accord. On pourrait peut-être le regarder
aussi au comité...
M. Lazure: On peut le regarder à l'automne ou à
l'hiver, quand il fera moins chaud.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie avait demandé qu'on adopte les paragraphes 1), 2), 3)...
M. Lazure: Mais à la lumière de cela.
Le Président (M. Laplante): À la lumière de
cela...
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas besoin d'en faire un tout.
Le Président (M. Laplante): D'accord. L'article 22 tel que
modifié par papillon est adopté. J'appelle l'article 23.
M. Lazure: L'article 23 va permettre au tribunal de transmettre
une copie du dossier à la Régie de l'assurance automobile dans
les cas d'infraction au Code de la route pour que le jeune de 16 ans, 17 ans
soit passible d'imposition de points de démérite comme n'importe
quel adulte. C'est une concordance avec la décision qu'on a prise
tantôt.
Mme Lavoie-Roux: On est d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Cela va? L'article 23 est
adopté. J'appelle l'article 24. (22 h 45)
Mme Lavoie-Roux: C'est pour assurer plus de
confidentialité, je pense.
M. Lazure: Oui, ça aussi. C'est pour couvrir, pour
étendre la confidentialité, le secret, non seulement aux
originaux mais aux copies aussi. Ça va?
Mme Lavoie-Roux: Non. On est d'accord avec le principe, mais
quelle sorte de contrôle. Evidemment, on pense toujours à la bonne
foi des gens et je pense qu'il faut le plus possible pouvoir se reposer sur la
bonne foi des gens. Mais la personne doit détruire cette copie ou cet
extrait dès qu'il n'est plus utile, Cela demeure sur la bonne foi des
gens, il n'y a pas d'autres moyens?
M. Lazure: Cela, on me dit que c'est comme pour les tribunaux
d'adultes, ce sont les greffes qui ont la responsabilité de
procéder à la destruction ce qu'il faut faire. C'est la
même procédure que dans le tribunaux d'adultes.
Dans 134, on prévoit des pénalités s'il y a
infraction.
Le Président (M. Laplante): Article 24 adopté.
J'appelle l'article 25.
M. Lazure: Cet article nouveau donne au tribunal le pouvoir de
délivrer un mandat d'amener devant le directeur de la protection de la
jeunesse. Il peut y avoir des situations où un enfant est gardé
presque de force, soit dans son foyer naturel ou un foyer adoptif, et que,
même si l'enquête indirecte démontre qu'il y a des abus
vis-à-vis l'enfant, ça ne peut pas se rendre au directeur de la
protection de la jeunesse. Alors, sur demande du directeur de la protection de
la jeunesse, le tribunal peut délivrer un mandat d'amener l'enfant.
C'est une chose qui devrait être plutôt exceptionnelle, mais il y a
eu des situations où un tel article aurait aidé le directeur
à accomplir ses tâches.
Mme Lavoie-Roux: Parce que normalement, c'est le DPJ qui a
le...
M. Lazure: C'est ça. Mais si le DPJ est
empêché d'entrer dans un foyer, disons par des parents, il irait
au tribunal, le tribunal donnerait un mandat au DPJ d'amener l'enfant, de
sortir l'enfant de force comme un agent de la paix.
Le Président (M. Laplante): D'accord, article 25
adopté. Article 26.
M. Lazure: Cela touche le pouvoir de réglementation et
ça va... Avant ça on dit: Déterminer les centres d'accueil
qui sont ou qui comprennent une pièce sécuritaire. Cela
découle directement de notre nouvelle définition de "unité
sécuritaire". Avant ça, c'était le centre d'accueil qui
devait être
considéré comme unité sécuritaire. Là
on rend ça plus souple, on dit centres d'accueil - comme avant - qui
peuvent être considérés comme unités
sécuritaires ou centres d'accueil où il peut y avoir une partie
qui est considérée comme unité sécuritaire.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Juste une question. Dans la loi 65, chapitre 48,
est-ce qu'il y a une définition de centres d'accueil et centres
d'accueil sécuritaires?
M. Lazure: Sécuritaires? Non.
M. Sirros: C'est juste centres d'accueil.
M. Lazure: II y a définition de centres d'accueil de
réadaptation, par exemple. Il y a trois types: réadaptation,
hébergement et transition.
M. Sirros: Donc, avec ça ici ça voudrait dire qu'un
centre d'accueil pourrait être un peu plus polyvalent,
c'est-à-dire, avoir par exemple une partie sécuritaire, des
appartements...
M. Lazure: C'est ça, c'est ça.
Le Président (M. Laplante): Article 26, adopté.
Maintenant, on revient à l'article 5 à l'endroit où
il a été suspendu. Vous aviez une addition à
l'amendement?
M. Lazure: À peu près, M. le Président. Une
minute, s'il-vous-plaît.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui, c'était de rendre publiques les
études.
M. Lazure: M. le Président, je m'excuse. Après
cette longue consultation avec mes collègues, nous jugeons qu'il est
plus sage, plus prudent, avant d'introduire dans cette loi-ci un article qui
obligerait ou rendrait loisible la publication de rapports de recherche de la
part du comité, qu'il est préférable d'attendre, d'une
part, les conclusions du rapport Paré. On vient de l'avoir, le rapport
Paré. Il va y avoir de la législation qui va découler du
rapport Paré, une législation qui va permettre au public
l'accès à l'information, de façon générale,
l'information gouvernementale et l'information paragouvernementale aussi.
Plutôt que d'improviser un article à la dernière
minute dans un projet de loi et qui risquerait, de cette manière,
peut-être pas d'aller à l'encontre de la législation qui
s'en vient pour permettre l'accès au public à l'information
gouvernementale, mais qui risquerait d'avoir une discordance avec, je pense
qu'il est préférable de s'abstenir, quitte à ce que, pour
le journal des Débats... Je n'ai pas d'objection à m'engager
à transmettre au ministre de la Justice... Je suis sûr que c'est
dans l'esprit aussi de toujours fournir au public ce qui est
d'intérêt public, quitte à inciter le ministre de la
Justice, et du Comité de la protection de la jeunesse à rendre le
plus publics possible ces rapports, sauf exception lorsque
l'intérêt public pourrait exiger, au contraire, de la
discrétion.
Mais ce genre de balise, de précaution va sortir dans une
réglementation qui va être inspirée du rapport Paré
qu'on vient d'avoir et je pense qu'il ne faut pas présumer de ce type de
législation.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous savez il faudrait
qu'il y ait des changements dans le fonctionnement de l'appareil gouvernemental
pour penser que la Loi sur l'accès à l'information, on va l'avoir
prochainement. Je pense que, si on l'avait le printemps prochain, on serait
fort chanceux.
Quand le ministre dit: II ne faudrait pas s'exposer à ce qu'il y
ait quelque chose de discordant dans l'hypothèse où ce serait
présenté de façon différente, il y a des choses,
dans l'évolution des lois, qui viennent rendre caduques certaines
dispositions des lois, et je pense que ce n'est pas un problème
insurmontable si, dans deux ou trois lois ou quatre ou cinq lois, il y a une
disposition pour justement assurer déjà -puisque tout le monde
nous parle de transparence - d'assurer déjà cette transparence.
Là, vous nous dites: On peut attendre, on peut attendre un an et demi.
Est-ce qu'il y aura une commission parlementaire, je n'en ai aucune
idée, mais...
M. Lazure: M. le Président, on ne dit pas qu'on veut
attendre un an ou un an et demi avant de rendre publics des rapports de
recherche. On a vu tantôt que les deux premiers ont été
rendus publics il y a quelques semaines, lors d'une conférence de
presse, mais on dit que, tout en encourageant la diffusion de ces rapports de
façon générale, il n'est peut-être pas opportun de
mettre une telle obligation dans une loi comme celle de la protection de la
jeunesse et que cela appartient plus à un texte de loi plus
général.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Effectivement, quand on aura un texte plus
général, je crois que ça va résoudre le
problème. Entre temps, il s'agit d'avoir déposé à
l'Assemblée nationale, comme minimum, par exemple, des études et
des recherches sur des questions qui touchent la protection de la jeunesse.
D'une part, je vois mal comment ce genre d'études et de
recherches, sur un sujet qui touche une des lois les plus fondamentales qu'on
ait adoptée à l'Assemblée nationale, pourrait être
nuisible à qui que ce soit. Il ne s'agit pas d'avoir des enquêtes
sur des personnes, des individus, etc. Il s'agit d'avoir des études, des
choses qui nous donnent certaines indications sur le développement de la
protection de la jeunesse dans notre société. Vous avez
cité un bel exemple d'enfants maltraités, dont on n'était
pas au courant. Je vois mal pourquoi on hésite tellement à mettre
dans la loi quelque chose qui garantirait cette transparence, dont on entend
beaucoup parler, sur un sujet qui, je pense, est le moins partisan possible,
sur un sujet qui touche de près une ressource extrêmement
importante dans notre société, la jeunesse, et qui est un
comité qui découle d'une loi qui a été
adoptée à l'unanimité à l'Assemblée
nationale. Donc je crois, et on l'a tous dit à la Chambre, que c'est une
loi dont on peut être très fier. Alors, je vois mal cette
hésitation.
M. Lazure: M. le Président, nous n'hésitons pas
à déposer ces rapports devant l'Assemblée nationale et
nous allons le faire, puisqu'ils ont été rendus publics lors
d'une conférence de presse. Il ne faut pas confondre. On n'a aucune
hésitation à rendre ces rapports à la disposition de
l'Assemblée nationale et nous allons le faire dès la semaine
prochaine. Si on m'en fournit des copies, je vais en demander au ministre de la
Justice et je vais lui suggérer de les déposer à
l'Assemblée nationale. C'est une chose et on le fait presque tous les
jours, on dépose des rapports à l'Assemblée nationale,
mais de là à improviser un article de loi qui touche
l'information, juste à la veille d'une loi plus générale
sur l'accès à l'information, je pense que ce serait
imprudent.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour clore le
débat, j'aimerais quand même proposer un amendement, ce serait de
remplacer le paragraphe 1) par le suivant: "II peut faire des études et
des recherches sur toute question relative à la protection de la
jeunesse et doit les rendre publiques dans un délai raisonnable."
M. Lazure: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je pourrais avoir
le texte? (23 heures)
Mme Lavoie-Roux: II est seulement 23 heures, M. le ministre.
Le Président (M. Laplante): II est recevable.
M. Lazure: Pour toutes les raisons que j'ai
évoquées tantôt, nous serons malheureusement obligés
de voter contre cet amendement en précisant toutefois que je m'engage
à recommander à mon collègue de la Justice de
déposer à l'Assemblée nationale, le plus tôt
possible, les rapports de recherche que le comité a effectués. On
continuera de les rendre publics, sauf de rares exceptions où
l'intérêt public, au contraire, serait mal servi. Ce qui nous
guide et qui fait que nous refusons cet amendement, encore une fois, c'est une
mesure élémentaire de prudence pour ne pas préjuger de ce
qui sera contenu dans le projet général de loi sur l'accès
du public à l'information.
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Laurier.
M. Sirros: ... est-ce que je pourrais demander au ministre s'il
serait prêt à prendre le même engagement, sans l'inscrire
dans la loi, pour toutes les études subséquentes, à venir,
qui découlent du comité de protection de la jeunesse?
M. Lazure: Ma réponse est oui.
M. Sirros: Dorénavant, s'il y a des études qui sont
faites, le ministre s'engage devant cette commission parlementaire à
fournir ces études à l'Assemblée nationale?
M. Lazure: Je m'engage à recommander au ministre de la
Justice...
M. Sirros: Vous passez la balle!
M. Lazure: Non, ce n'est pas passer la balle, c'est respecter les
choses qui sont déjà prévues comme ça. Le ministre
de la Justice est le ministre titulaire ou parrain, si vous voulez, du
Comité de la protection de la jeunesse, lequel comité fait des
études. Je m'engage à recommander à mon collègue de
la Justice de rendre publiques ces études et j'ai toutes les raisons de
croire qu'il les rendra publiques.
Mme Lavoie-Roux: Vote enregistré, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Vote enregistré sur un
amendement proposé par la députée de L'Acadie à
l'article 5, paragraphe 1), qui se lirait comme suit: II peut faire des
études et des recherches sur toute question relative à la
protection de la jeunesse et doit les rendre publiques dans un délai
raisonnable.
M. Boucher (Rivière-du-Loup).
M. Boucher: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Brouillet (Chauveau).
M. Brouillet: Contre.
Le Président (M. Laplante): Mme. Dougherty
(Jacques-Cartier).
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Houde (Berthier).
M. Houde: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Lazure (Bertrand).
M. Lazure: Contre.
Le Président (M. Laplante): Mme
Juneau (Johnson). Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Leduc (Fabre).
M. Leduc: Contre.
Le Président (M. Laplante): M.
Rochefort (Gouin).
M. Rochefort: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Sirros (Laurier).
M. Sirros: Pour.
Le Président (M. Laplante): Quatre pour, cinq contre.
L'amendement est rejeté.
Mme Lavoie-Roux: Le premier ministre serait certainement
déçu d'un tel vote.
Le Président (M. Laplante): Article 5, adopté sur
division ou adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté sur division.
M. Lazure: II serait peut-être étonné de ma
grande prudence, mais...
Le Président (M. Laplante): L'article 27, c'est le dernier
article; je n'avais pas le droit de l'appeler parce qu'il y en avait en
suspens. C'est: La présente loi entrera en vigueur...
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
Adopté. Le projet de loi no 10, Loi modifiant la Loi sur la
protection de la jeunesse, a été adopté avec amendements
et je prierais le rapporteur de cette commission de faire rapport a
l'Assemblée nationale.
M. Lazure: On me permettra, M. le Président, simplement de
remercier les députés et de l'Opposition et du parti
ministériel, de remercier aussi les collègues des
différents milieux qui sont venus nous appuyer dans l'étude de ce
projet de loi. Je remercie aussi, par le journal des Débats, les
milliers de personnes qui contribuent à l'application de plus en plus
efficace et humanitaire de cette magnifique loi 24.
Le Président (M. Laplante): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas être en reste avec le
ministre. Je remercie le ministre. J'ai failli dire le premier ministre.
M. Lazure: Je n'en demande pas tant, madame!
Mme Lavoie-Roux: Sa collaboration était soudainement si
grande, ce doit être l'enthousiasme. Je le remercie de sa collaboration
et je remercie les ministériels de leur participation à la
commission. J'espère qu'on aura un rendez-vous sur ce sujet
précis.
M. Lazure: Au comité non partisan!
Mme Lavoie-Roux: Oui, dans la saison prochaine.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, la commission des
affaires sociales est ajournée sine die.
(Fin de la séance à 23 h 05)