(Onze heures trente-trois minutes)
La Présidente (Mme Boutin) : Alors,
bonjour à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'aménagement du territoire ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 37, Loi modifiant diverses
dispositions législatives principalement en matière d'habitation.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Bussière (Gatineau) est remplacé par Mme IsaBelle (Huntingdon);
M. Provençal (Beauce-Nord) est remplacé par M. Caron (Portneuf); Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)
est remplacée par M. Poulin (Beauce-Sud); et M. Fontecilla
(Laurier-Dorion) est remplacé par Mme Labrie (Sherbrooke).
Mémoire déposé
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
beaucoup. Avant de reprendre l'étude détaillée, je procède au dépôt du document
suivant : mémoire sur le projet de loi n° 37 du comité des résidents
Sauvons le Mont-Carmel.
Étude détaillée (suite)
Alors, ce matin, nous poursuivons avec l'étude
du sujet 3, qui concerne l'autorisation préalable de la ministre pour
qu'un OBNL en habitation et une coopérative d'habitation se départissent d'un
immeuble financé par des fonds publics et autres exigences. Hier soir, nous
venions d'adopter l'article 21, nous en serions donc à l'étude de l'article 22.
Alors, Mme la ministre, je vous inviterais à nous en faire la lecture.
Mme Laforest : L'article 22 :
L'article 17 de cette loi est modifié par l'insertion, après «municipal»,
de «ou de la personne morale visée à la section III.2 de la
partie III de la Loi sur les compagnies (chapitre C-38)».
Alors, l'article 22 :
l'article 22 du projet de loi apporterait à l'article 17 de la Loi
sur le ministère des Affaires municipales,
des Régions et de l'Occupation du territoire une modification de concordance
liée aux dispositions proposées par les articles 14 et 21 du projet
de loi.
Alors, l'article 17, tel qu'il se lirait — l'article 17 :
«Une personne désignée conformément à l'article 15 ou à l'article 16 doit, sur demande d'un membre du
conseil, d'un fonctionnaire ou d'un employé de l'organisme municipal ou
de la personne morale visée à la section III.2 de la partie III de la
Loi sur les compagnies (chapitre C-38) visité, s'identifier et exhiber une
preuve de la désignation.»
Alors, comme il a été discuté hier, on vient
permettre aux dirigeants et aux employés d'un OBNL de valider le statut d'un
vérificateur pour éviter les usurpations. L'OBNL d'habitation pourrait
s'assurer de l'identité de la personne et de sa désignation par la ministre
pour faire la vérification. Alors, l'obligation d'exhiber une preuve de statut
qui confère des droits spéciaux, comme celui d'avoir accès à des lieux et de
consulter des documents, c'est courant. Elle
est aussi prévue, par exemple, pour la Loi sur les coopératives et les
policiers. Alors, c'est en concordance avec notre article 15 qu'on
a adopté hier en commission. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Boutin) :
Merci. Y a-t-il des interventions sur l'article 22? Alors, est-ce que
l'article 22 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Boutin) :
Adopté. Parfait. Ce qui nous amène au sujet n° 4,
qui concerne la désignation du liquidateur d'une coopérative dissoute
par arrêté ministériel. Mme la ministre, je vous inviterais à nous présenter
l'article 15.
Mme Laforest : Oui.
L'article 15 : L'article 191 de la Loi sur les coopératives
(chapitre C-67.2) est remplacé par le suivant :
«191. Le ministre désigne le liquidateur de la
coopérative.
«À défaut de désigner un liquidateur, le
ministre du Revenu agit à ce titre.
«Le ministre du Revenu ou le liquidateur
désigné, selon le cas, rend compte au ministre.»
Alors, ici, l'article 15 :
l'article 15 du projet de loi propose de remplacer l'article 191 de
la Loi sur les coopératives afin de donner la possibilité au ministre de
l'Économie et de l'Innovation de désigner le liquidateur d'une coopérative
lorsque le ministre décide de la dissolution de celle-ci. Dans le cas où le
ministre ne désignerait pas de liquidateur, c'est alors
le ministre du Revenu qui agirait à ce titre. Dans tous les cas, le liquidateur
désigné ou le ministre du Revenu devrait rendre compte au ministre de
l'Économie et de l'Innovation de la liquidation.
Alors, ce remplacement signifierait donc que le
ministre du Revenu ne serait plus d'office le liquidateur de la coopérative
dont la dissolution est décidée par le ministre de l'Économie et de
l'Innovation.
Alors, ici, on vient accélérer le processus de
liquidation d'une coopérative et, conséquemment, préserver la valeur des actifs
lors de ce processus. Le ministre de l'Économie et de l'innovation pourrait
choisir un liquidateur, entre autres...
autre que Revenu Québec lors de la dissolution qui est décrétée. En ayant
recours à une personne détenant une
expertise adaptée aux circonstances, le processus de liquidation serait
accéléré. Une liquidation plus rapide permettrait de conserver la valeur
des actifs de la coopérative, qui est parfois importante, notamment pour les
immeubles des coopératives d'habitation. Alors, voilà. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 15? Est-ce que
l'article 15 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Boutin) : Adopté.
Parfait. Ce qui nous amène au sujet qui touche le délai d'exemption contre les
recours en fixation de loyer, mieux connu par la clause F. Mme la
ministre.
Mme Laforest : Oui. Pardon?
La
Présidente (Mme Boutin) : Est-ce que pour le sujet n° 5,
là, qui touche la clause F... je ne sais pas s'il y avait des changements, là, à ce jour, si vous voulez
nous en parler un petit peu ou si on entame tout de suite, là, avec
l'article 2. On peut suspendre, si vous voulez.
Mme Laforest : Est-ce qu'on
peut suspendre ou on...
La Présidente (Mme Boutin) : On
va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 37)
(Reprise à 11 h 40)
La
Présidente (Mme Boutin) : Nous reprenons les travaux de la commission. Mme
la ministre, je vous inviterais à débuter avec le premier article, là,
de cette série-là. C'est l'article 2.
Mme Laforest : L'article 2 :
L'article 1955 de ce code est modifié :
1° par le remplacement, dans le deuxième alinéa,
de «cinq» par «trois»;
2° par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Ces règles ne s'appliquent pas dans le cas d'un
logement qui a fait l'objet d'un changement d'affectation visé à
l'article 1955.1.»
Alors, ici,
l'article 2 du projet de loi propose de modifier l'article 1955 du
Code civil afin de réduire à trois ans la
période pendant laquelle il n'est pas possible pour le locateur ou le locataire
d'un logement situé dans un immeuble nouvellement bâti ou qui a fait l'objet
d'un changement d'affectation de s'adresser au Tribunal administratif du
logement pour faire fixer le loyer ou pour faire modifier d'autres conditions
du bail.
L'article 1955 serait aussi modifié afin
d'écarter complètement cette règle dans le cas d'un logement visé à
l'article 1955.1, édicté par l'article 3 du projet de loi, puisque
cet article prévoit spécifiquement la possibilité de prendre un recours auprès
du tribunal à l'égard du premier bail conclu à la suite d'un changement d'affectation
visé à cet article.
L'article 1955 tel qu'il se lirait :
«1955. Ni le
locateur ni le locataire d'un logement loué par une coopérative d'habitation à
l'un de ses membres, ne peut faire fixer le loyer ni modifier d'autres
conditions du bail par le tribunal.
«De même, ni le locateur ni le locataire d'un
logement situé dans un immeuble nouvellement bâti ou dont l'utilisation à des
fins locatives résulte d'un changement d'affectation récent ne peut exercer un
tel recours, dans les trois années qui suivent la date à laquelle l'immeuble
est prêt pour l'usage auquel il est destiné.
«Le bail d'un tel logement doit toutefois
mentionner ces restrictions, à défaut de quoi le locateur ne peut les invoquer
à l'encontre du locataire.
«Ces règles ne s'appliquent pas dans le cas d'un
logement qui a fait l'objet d'un changement d'affectation visé à
l'article 1955.1.»
Alors, ici, Mme la Présidente, on vient éviter
les augmentations abusives des loyers qui pouvaient entraîner la perte du logement par un locataire, notamment
pour les personnes âgées plus vulnérables. Pour les logements auparavant
destinés aux aînés, les RPA, des recours en
fixation de loyer pourraient être pris dès après leur changement d'affectation
à titre de logement standard.
Dans
les autres cas, nouvelles constructions, des recours en fixation de loyer
pourraient être pris à compter de la
quatrième année plutôt que la sixième année de la construction ou du changement
d'affectation. Les loyers seraient plus prévisibles et seraient moins sujets à
des changements importants pour les locataires, la période d'exemption étant
écourtée.
Donc,
pour l'application de la loi, des modifications à la clause F des
formulaires de bail seraient, par la suite, apportées. Alors, voilà.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Boutin) : Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des
interventions? Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
On va avoir un amendement à déposer, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Boutin) : Oui. Il est sur le Greffier déjà.
Mme Labrie :
Alors, on n'a pas besoin de suspendre, à ce moment-là, je peux...
La Présidente
(Mme Boutin) : Non, mais j'aimerais ça... On va également
l'afficher. Est-ce que tout le monde l'a? Vous pouvez nous le présenter.
Mme Labrie :
Dès maintenant?
La Présidente
(Mme Boutin) : Oui, allez-y.
Mme Labrie :
Parfait. Donc, amendement à l'article 2 : Le paragraphe 1°
de l'article 2 du projet de loi est remplacé par le suivant :
«1° par l'abrogation
du 2e alinéa de cet article.»
L'objectif, ici,
c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus de délai à l'intérieur duquel les
locataires ne sont pas autorisés à utiliser le mécanisme de fixation de loyer.
On part d'une situation où la... le... les locataires sont privés de ce
mécanisme pendant cinq ans après la construction de leur logement. La ministre
propose trois ans. Ça me semble arbitraire de passer de cinq à trois ans.
Et, bien honnêtement,
d'un point de vue moral, moi, je n'arrive pas à justifier auprès d'un locataire
comment se fait-il qu'il n'aurait pas les mêmes droits que les autres parce que
ça fait un an, deux ans, trois ans que son logement a été construit. Ce n'était
pas moralement justifiable non plus, là, pour quatre ans puis cinq ans, mais ça
ne le sera pas davantage pour un an, deux ans, trois ans. Donc, aussi bien
retirer complètement cette clause-là, ce qui n'empêchera pas n'importe quel
propriétaire de procéder à une hausse qui viendrait s'ajuster, par exemple, à une
augmentation de taxes municipales. Le propriétaire peut tout à fait plaider ses
arguments financiers auprès du Tribunal
administratif du logement. S'il
considère que la hausse est justifiée, il déposera les documents qui le justifient,
et puis le Tribunal administratif du logement pourra autoriser un montant qui
lui semble raisonnable.
Donc, à notre sens,
ça ne prive pas les propriétaires du droit de procéder à une augmentation qui
dépasserait la hausse recommandée. Simplement, ça va permettre aux locataires
d'avoir accès au mécanisme de fixation de loyer et ainsi avoir les mêmes droits que tous les autres locataires du
Québec. L'équité, c'est important pour nous, puis les gens devraient
avoir accès aux mêmes droits.
La Présidente
(Mme Boutin) : Mme la ministre.
Mme Laforest :
Oui. Je comprends votre amendement. Maintenant, il faut voir que, nous, la
période pour la clause F est de trois
ans pour les raisons que, quand on termine un projet, par exemple, en
construction, un immeuble, bien,
c'est certain qu'après ça il y a quand même une ou deux années qu'il faut quand
même s'ajuster, soit que le projet n'est pas terminé et le bail est
signé, ou encore soit que le propriétaire a mal calculé ses coûts pour le loyer
par mois, soit que les travaux, pour une
raison x, n'ont pas pu être terminés. Par exemple, on vient de vivre une
pandémie, donc c'est sûr qu'il y a vraiment des délais dans les projets
de construction. Ou encore, par exemple, juste... c'est donner la chance au
promoteur de bien évaluer ses coûts dans le sens que, souvent, quand le projet
de construction n'est pas terminé, l'aménagement n'est pas fait, le
stationnement n'est pas terminé, bref, les travaux ne sont pas terminés, et surtout les coûts d'exploitation ne sont pas tout
à fait fixés, par exemple, si on parle du chauffage pour le logement, pour l'immeuble
dans sa totalité. Donc, il faut quand même laisser du temps au promoteur pour
bien s'ajuster, et c'est pourquoi que la clause F est quand même
importante.
Mme Labrie :
Bien, Mme la Présidente, comme je viens de le dire, on reconnaît qu'il peut
y avoir des ajustements à faire, là, après la signature du premier bail. Mais
le mécanisme de fixation de loyer prévu par le Tribunal administratif du
logement me semble adéquat pour répondre à ces besoins-là des propriétaires
qui, s'ils ont, par exemple, des dépenses qui n'étaient pas terminées d'être
engagées au moment de la signature du bail, pourront simplement déposer ces dépenses-là qu'ils ont à faire, des coûts qui
avaient été mal évalués au niveau du chauffage, par exemple, ils pourront
déposer leur facture pour justifier la hausse supplémentaire qu'ils veulent
faire. Ça ne les empêchera pas de faire une hausse supplémentaire à la
recommandation du TAL, simplement, ils auront à la justifier, et ça me semble
juste à la fois pour les propriétaires et pour les locataires.
Mme Laforest :
L'article... la loi a été décidée, adoptée en 1980, si je ne me trompe pas,
c'est 1980. Puis pourquoi on a décidé d'aller de l'avant avec cette loi-là?
C'est, justement, pour inciter les promoteurs à construire. Si on dit aux
promoteurs aujourd'hui : Dès que vous avez terminé, puis parfois ce n'est
pas terminé, vous allez devoir vous justifier au Tribunal administratif du
logement, par exemple, dans les trois mois, six mois, un an, c'est certain que... Si on regarde en 1980, que cette clause-là
a été instaurée pour susciter la construction dans les projets d'immeubles
à logement, bien, si on disait aujourd'hui : On l'abolit, la
clause F, c'est certain qu'il y aurait une répercussion, puis les
promoteurs... Je crois qu'il y aurait vraiment une mauvaise réaction par rapport
aux promoteurs. Parce que si on l'a mis en 1980 pour augmenter le nombre de
projets d'immeubles à logement, c'est parce qu'on en avait vraiment besoin.
Ici, en 2022, on en a
besoin, vous le savez, il faut augmenter l'offre, ça fait des années qu'on le
dit. Alors, si on enlève la clause F, c'est certain que, sur le marché, il
y aurait une réaction, on prétend, très, très négative, parce qu'on dirait aux
promoteurs : Vous construisez, mais, au premier mois, vous pouvez être...
on peut vous demander de justifier vos tarifs au Tribunal administratif du
logement ou au sixième mois, puis parfois les travaux ne sont pas terminés pour
x raisons que ce soit. Alors, c'est pourquoi la raison est importante au
moins de laisser un délai de trois ans.
Mme Labrie :
Bien, Mme la Présidente, compte tenu de la situation actuelle où les taux
d'inoccupation sont extrêmement bas dans la majorité des régions du Québec,
voire même critiques à plusieurs endroits, je dois vous dire que je suis assez
confiante que ça va rester intéressant pour les promoteurs de développer des
projets immobiliers et de logement puisqu'ils peuvent avoir la conviction
qu'ils trouveront preneur. Je pense que notre souci ici, comme législateur, ça
doit être de protéger les droits des citoyens, et on devrait avoir ce souci que
les citoyens vont avoir les mêmes droits les uns que les autres, qu'il y ait
une équité. Et la date de construction d'un logement ne devrait pas entraver
l'équité entre les droits des citoyens qu'on représente. Moi, je ne suis pas du
tout à l'aise à ce qu'on crée deux catégories de... bien, il en existe déjà,
mais à ce qu'on maintienne deux catégories de citoyens, certains qui ont accès
à des mécanismes auprès du Tribunal administratif du logement et d'autres qui
n'y auront pas accès tout simplement parce que le logement qu'ils ont trouvé se
situe dans un bâtiment qui est plus récent. Ça met les gens dans une situation
extrêmement critique. On le voit de très près à Sherbrooke, il y a eu... on les
a documentés, là, dans les cinq dernières années, plus de
5 100 logements qui ont été construits, donc c'est plus de
5 100 ménages qui sont exposés actuellement. Évidemment, ce sera un
peu moins si on passe de cinq à trois ans, mais il va rester quand même des
milliers de ménages qui vont être dans une situation où ils vont avoir moins de
droits que les autres pour faire fixer le loyer.
Je pense que ce qu'on
propose est juste. Les propriétaires pourront, preuves à l'appui de leurs
factures, de leurs frais, demander d'avoir une hausse qui dépasse la
recommandation du TAL, et les locataires auront accès à pouvoir utiliser le
mécanisme de fixation de loyer, comme d'autres de leurs voisins dans d'autres
quartiers ont accès. Moi, j'ai ce souci d'équité là envers les citoyens. Je pense
qu'on devrait tous l'avoir ici. Moralement, ça ne me semble pas acceptable de
maintenir une disposition dans la loi qui fait en sorte que des citoyens ont
moins de droits que les autres.
• (11 h 50) •
Et les gens prennent
les logements qui sont disponibles, ils n'ont pas nécessairement le choix de
prendre un logement qui va être dans une construction plus vieille ou plus
récente, en particulier dans le contexte d'inoccupation actuel. J'en ai vu, des
exemples, moi, dans ma circonscription, de gens qui n'ont pas eu le choix de
prendre un logement qui était dans un quartier récent, et donc exposés à la
clause F, qui se sont retrouvés, l'année d'après, à devoir partir parce
que... puis même des gens qui étaient dans des... En tout cas, il y en a, des
gens à la rue, en ce moment, là, parmi les gens qui sont soutenus par les OMH
chez nous, il y en a, des gens, qui se sont retrouvés à la rue parce qu'ils ont
subi une hausse abusive dans le contexte de la clause F.
Moi, je pense que
dans la mesure où les gens n'ont pas la liberté de choisir si le logement
disponible qu'ils vont trouver pour leur famille, il va-tu être dans un endroit
où ils auront moins de droits que l'autre, il faut s'assurer de garantir les
mêmes droits pour tous les citoyens.
La Présidente
(Mme Boutin) : Est-ce que vous vouliez intervenir tout de suite,
Mme la députée de Gaspé?
Mme Perry
Mélançon : Bien, oui, parce que moi, c'est sûr que j'adhère beaucoup
au discours de ma collègue de Sherbrooke. Je la vis aussi, cette crise-là,
toutes les régions du Québec la vivent. Puis moi, ça, je persiste et signe pour
dire que c'est un problème qui est généralisé au Québec, des taux
d'inoccupation très bas partout. Il y a même eu des incitatifs par le
gouvernement dans un projet de loi pour donner la possibilité que les
municipalités aient des congés de taxes ou
offrent des incitatifs pour construire du logement. Donc, il y a déjà quand
même un effort qui est fait pour que ça soit avantageux de construire,
il y a déjà d'autres façons de le faire.
Et il faut rappeler
aussi qu'UTILE, qu'on a entendu en consultations particulières, l'unité de
travail pour la construction de logement, là, ils l'ont dit qu'ils n'ont jamais
eu recours à la clause F. Ça, c'est des projets en économie sociale à but
sans lucratif. Donc, quand on planifie bien, puis qu'on fait bien nos affaires,
puis qu'on gère bien, là, puis qu'on fixe les bons prix, bien, on n'a pas
besoin de passer par cette clause-là. Elle n'est pas absolument essentielle.
Elle sert beaucoup plus à des abus, à des abus de fixation de prix pour
profiter d'un contexte de crise du logement où est-ce qu'on peut monter nos
prix sans aucune limite.
Parce qu'il faut le dire, là, présentement, la
clause F, là, ça peut être une augmentation de loyer de 200 %. Il n'y a même pas, même pas un pourcentage. Tu sais,
ce serait quoi, au TAL, là, ce qui est convenable, ce qui est raisonnable?
On est autour du
3 %, dépendamment des années. 2021, à 3,2 %, ça, c'est l'ensemble des
cas avec dépenses d'immobilisations. Bref,
ça, c'est une hausse qui est considérée raisonnable par le TAL. Donc, pourquoi
on aurait besoin de la clause F pour... puis pour augmenter les tarifs de
façon illimitée? Pour moi, ça n'a pas sa place, surtout pas dans le contexte où
c'est des aînés, des vulnérables, souvent, qui se font chasser de leur
logement. On ne le dira jamais assez ici, en consultations et en étude de
projet de loi.
Donc, pour moi, il faut l'abolir. On avait le
même amendement que nos collègues de la deuxième opposition. Donc, c'est sûr
qu'on va voter pour, puis il va falloir qu'on trouve une façon, là, de
l'éliminer, d'éliminer la clause et non pas d'éliminer l'amendement...
d'éliminer l'élément dans le projet de loi. Moi, je veux vraiment que ce
soit... Parce qu'on a réussi à faire deux avancées importantes : protéger
les OBNL, droit de préemption. Il me semble que, si on voulait aller au bout de... au moins ces trois outils-là, là, dont
on se dote pour aider les locataires, ce serait d'aller au bout de nos
ambitions puis d'enlever la clause du Code civil. Voilà.
Mme Laforest : Bien,
c'est important de mentionner aussi qu'évidemment on travaille avec le Tribunal
administratif du logement, et même le Tribunal administratif du logement
l'a dit, que ça prend quand même deux ans avant d'ajuster. Parce que, pour
avoir les mécanismes de vérification et de validation du coût payé par mois, du
coût demandé par mois du loyer, même au Tribunal administratif du logement, ça
a été mentionné, de dire : Même nous,
il faut quand même avoir une période pour évaluer le projet, pour évaluer les
conditions, s'il y a une hausse des loyers, puis la période est de minimum deux ans. Donc, même le Tribunal administratif du logement, eux, disaient : Écoutez, minimum deux ans.
Si on nous donne la responsabilité, nous, on ne pourrait même pas l'enlever, la
clause F, comme ça, là, parce
qu'il faut quand même évaluer, comme je le mentionnais, là, les coûts, bref, ce
que j'ai mentionné tantôt, là, les coûts d'entretien, la fin des
travaux, bref, tout ce qui s'ensuit, là.
Ça fait que c'est certain qu'on a... tout de
suite, j'aime mieux vous le mentionner, parce qu'on dit : Ce serait facile pour le Tribunal administratif du logement, et, non, parce que le tribunal a vraiment dit que, pour eux, ça prendrait
quand même un échéancier puis minimum deux ans.
Mme Perry Mélançon : Mais
comment on explique, justement, que des organismes en économie sociale, qui
veulent faire du logement coopératif, donc pas à but lucratif, là, sont
capables de passer par les autres façons d'augmenter, mais de contourner cette
clause-là, de ne pas l'utiliser? Pourquoi... Comment on justifie ça?
Mme Laforest : Je n'ai pas...
Comment je peux dire, je ne veux pas... le projet UTILE, qu'on a discuté, qu'on
a rencontré les gens, un très, très beau projet, puis... sauf qu'ils sont très,
très encadrés, parce que, oui, on a vu les
étudiants, mais il y a plusieurs personnes qui sont dans le domaine, et qui
connaissent, et qui... tu sais, ils sont très, très bien encadrés. Donc, ce
qu'on dit, aujourd'hui, c'est qu'un promoteur, admettons qu'il a un
24 logements que lui construit, son projet de logement, c'est certain que,
si on arrive avec la clause F, les promoteurs n'auront plus le goût de construire.
Parce que, oui, ça prend... ça en prend une, période d'ajustement.
Maintenant, si... on ne peut pas comparer avec
UTILE, parce que même UTILE, les étudiants ont déjà des avantages et des
possibilités pour payer vraiment moins cher leur logement. Donc, c'est deux
projets différents, c'est deux situations complètement différentes.
Mme Perry
Mélançon : Si on donne d'autres exemples, peut-être, pour les
fins de l'exercice, des discussions qu'on a, une maison, en 2022, là, que la
hausse du loyer passait de... le loyer était de 1 475 $, est passé à
2022... va passer à 2 200 $ à partir du 1er juillet.
C'est une augmentation de 725 $ par mois. Je n'ai pas fait le calcul en
pourcentage, mais, clairement, est-ce que la ministre considère que ça, c'est
raisonnable?
Mme Laforest : Bien
non, c'est sûr, c'est sûr que ce n'est pas raisonnable, puis c'est pour ça
qu'on a amené ça, la clause F, c'est pour ça, c'est pour des
situations comme ça.
Mme Perry Mélançon : Bien non,
mais la clause F le permet.
Mme Laforest : Non, mais c'est
pour ça qu'on diminue la période, mais, en même temps, on ne peut pas retirer
complètement la clause F, parce qu'il faut quand même laisser la chance au
milieu de construire. Ça nous prend des logements. Il faut inviter les
promoteurs à construire, parce que les promoteurs, on a des... en majorité, ce
sont tous des bons promoteurs, là. Il faut penser... il ne faut pas dire que
les propriétaires d'immeubles au Québec ne sont pas des bons propriétaires. Il
y a des cas particuliers. Il y a des cas isolés. Ça, c'en est un que vous
mentionnez. Donc, pour les cas vraiment d'abus, de hausses abusives, bien,
c'est pour ça qu'on a déposé l'article, là, pour passer de cinq ans à trois
ans, parce qu'on considère que trois ans, c'est un juste équilibre.
Mme Perry
Mélançon : Bien, moi, je connais des locateurs, des
propriétaires, des bons propriétaires raisonnables qui n'ont pas eu
besoin de la clause F puis qui sont dans des nouvelles constructions
aussi. Donc, à un moment donné, ce n'est pas la seule solution, là. Et
présentement, on voit que c'est dans le contexte de spéculation que c'est
utilisé, là. Il n'y a pas de justification autre que le contexte favorise les
propriétaires, puis il y a des hausses liées à ça, puis la clause F, elle n'a
aucun encadrement pour s'attaquer à ça.
Donc, on a beau parler, d'un côté, des
propriétaires raisonnables, moi, je vous parle des abus qui ne sont absolument
d'aucune façon encadrés. Et le trois ans, on l'a entendu par les groupes qui
sont venus en consultations particulières dire que ça va être encore pire. C'est un recul, ce qui
est proposé par le gouvernement avec la diminution à trois ans, parce que ça va mettre une pression
encore plus forte sur du court terme, puis on va avoir des hausses encore
plus importantes. Donc, ça a été dit. Je suis d'accord avec ces
affirmations-là. Et je pense que le gouvernement se trompe en disant : On
va essayer de trouver un juste milieu, on va mettre ça à trois ans.
Est-ce que ça a été étudié, les impacts, tout
ça? Parce que, présentement, les gens, ça n'a pas l'air de faire l'affaire de
grand monde, là, pour des raisons différentes, mais le trois ans, parce qu'on
essaie juste de trouver le chiffre magique qui va... qui donne l'impression
d'être actif sur la clause F puis d'être là pour les locataires. Finalement,
je pense que ça va leur... ça va les mettre dans des situations encore plus à
risque puis plus fragiles. Donc, moi, ça me
fait peur. Puis je pense qu'il est encore temps qu'on exclue ça puis qu'on
aille dans une autre direction qui va réellement avoir un impact positif
pour les locataires du Québec.
Mme Laforest : Mais je
comprends, je comprends très bien votre position. Mais, en même temps, il faut
voir que ce qui a été instauré en 1980, c'est parce qu'on avait une
problématique d'augmenter l'offre de logements. Donc, aujourd'hui, en 2022, on le sait, il faut augmenter l'offre de
logements. Vous êtes la première à me le dire en question... avec les
questions en Chambre, donc vous êtes la première à dire : Est-ce que la
ministre va augmenter l'offre? C'est quoi qu'elle fait, la ministre, pour
augmenter l'offre?
Là, aujourd'hui, vous dites... il y aurait... de
passer de cinq ans à trois ans, ce serait non justifié. Vous, vous retirez la
clause F. En 1980, il fallait justement le permettre, zéro à cinq ans,
pour que les gens construisent plus rapidement. Donc, moi, je pense que votre
proposition... vous seriez la première à me dire qu'on a mis un frein à la
construction si on abolissait la clause F.
Quand vous parlez aussi du programme UTILE,
bien, il faut vraiment... comme je le dis, c'est deux situations différentes,
c'est deux projets différents, parce qu'UTILE c'est des projets qui sont
subventionnés. Ici, les promoteurs privés qui construisent du logement aussi
avec notre Programme d'habitation abordable, bien, c'est... eux aussi, on a
besoin d'eux sur le marché pour nous aider à construire.
Donc, il faut quand même voir que, si on
dit : On abolit la clause F, dans un an, je vous garantis que... Il faut
quand même voir l'expérience de 1980, on voulait inciter la construction. Si on
l'abolit aujourd'hui, la clause F, vous allez être la première, dans un
an, à dire : Il n'y a plus de construction, vous avez freiné les projets
au Québec. Puis il ne faut pas faire ça, justement. Puis il n'y a pas... Oui,
il y a des mauvais projets en construction puis, oui, il y a eu des situations
comme vous le mentionnez. Il y a toujours de l'abus, il y a des cas isolés,
mais, en général, le milieu... Il faut encourager les projets. Ça nous prend du
logement au Québec. Puis ce que vous proposez, bien, c'est certain qu'on...
d'après nous, ça... il y aurait un frein, vraiment, avec tous les projets de
construction.
• (12 heures) •
Mme Perry Mélançon : Il faut
comprendre, Mme la Présidente, là, qu'il y a des gens, dans le contexte de
crise du logement, qui perdent tout, là, qui perdent leur logement, leur loyer,
se retrouvent à la rue. Donc, oui, on est pour la construction de logements,
là, c'est sûr qu'il faut augmenter l'offre, puis on vous en a parlé
abondamment. Mais on ne peut pas faire ça
sur le dos de certains locataires qui vont vivre ces abus-là puis qu'on
dise : Bien, regarde, au moins, il faut se contenter, la majorité d'entre
eux sont raisonnables, eux autres, c'est des bons propriétaires.
Qu'est-ce qu'elle nous propose, la ministre?
Parce qu'il y a d'autres dispositions, là, pour faire des augmentations de
loyer sans passer par la clause F. Donc, ce n'est pas vrai, là, que, du
jour au lendemain, le marché de la
construction d'immeubles va s'effondrer, là. Moi, je n'adopte pas ça, là, comme
argument. Donc, qu'est-ce qui est fait pour les protéger, ces gens-là,
de hausses abusives? Il n'y a rien qui est fait.
Mme Laforest : Je le dis, il
faut vraiment... premièrement, il faut discuter avec nos offices d'habitation,
il faut travailler avec le Tribunal
administratif du logement. Mais, en même temps, quand je dis le Tribunal
administratif du logement, on ne peut pas lui donner la responsabilité,
parce que même lui dit que ça lui prend minimum deux ans pour évaluer les
coûts, les coûts payés pour un loyer par mois. Donc, on a le Tribunal
administratif du logement, on a la réglementation de 1980. Donc, les deux vont
de pair, parce que, si un dit : On ne peut pas l'enlever, la
clause F, et l'autre nous dit : Il faut augmenter l'offre de
logements... Donc, imaginez, si on retire complètement la clause F dans
une situation de pénurie de logements puis, dans certaines municipalités, de
crise du logement...
Donc, il faut quand même respecter le marché,
puis c'est pour ça qu'on a, de toute manière, ajusté tous nos montants. Dans
nos projets d'AccèsLogis, on s'est toujours ajustés... se dépêcher d'offrir nos
logements, dans les projets AccèsLogis qui étaient en attente depuis des
années. Ça fait qu'on prend tous les moyens.
Mais la proposition que vous avez, c'est certain
qu'il faut voir, là, ce qui a été fait dans le passé, il y a du très bon aussi,
puis on mettrait vraiment un frein à la construction.
Mme Perry
Mélançon : J'aurai une dernière question, avant de passer la
parole aux collègues, pour le moment, là. Ça a été décidé de quelle
façon, le trois ans? C'est quoi qui... Sur quoi on s'appuie pour décider de
descendre à trois ans? Ça vient de qui, cette proposition-là? Puis comment on a
fixé ça, là?
Mme Laforest : Bien, on a
regardé, on a eu des rencontres, des consultations. En fait, on a regardé, sur
le marché, comment ça se passait, on a regardé aussi avec les municipalités,
par exemple, le rôle foncier qui est sur trois ans. Tu sais, ça nous donne
quand même un bel exemple qu'à chaque trois ans, tu sais, il y a une évaluation
du marché, même dans les municipalités, avec
le rôle foncier. Maintenant, on a regardé si on retirait la clause F, là.
C'est sûr qu'il y a eu une levée de boucliers pour dire : Nous, si
vous allez de l'avant, on va arrêter nos projets de construction, parce que donnez-nous une chance
d'évaluer nos projets. C'est quand même... C'est quand même impossible que,
la première année... ou très, très... en tout cas, c'est quand même assez
difficile de dire que, le premier mois, les montants sont justes. Et, si...
Parfois, oui, c'est parfait, là, c'est excellent, les montants sont justes, les
montants payés par mois sont bien calculés, sauf que, s'il y a eu des
ajustements à faire, s'il y a eu des modifications dans le projet, il faut
quand même laisser une certaine période d'adaptation au propriétaire pour
évaluer ses coûts. Parce que, si on dit : Maintenant, c'est... dès le
premier mois, vous allez au Tribunal administratif du logement, que ce soit
pour une hausse de 10 $, 15 $, 20 $ ou 100 $, 200 $,
700 $, bien, c'est certain qu'il faut quand même regarder notre histoire,
puis l'histoire dit que, dans le passé, il a fallu encourager nos promoteurs,
comme la situation qu'on vit présentement, on n'avait pas assez de logements.
Mme Perry
Mélançon : Je vais revenir, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Boutin) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Oui. Je dois dire, moi, j'ai quand même assez confiance dans le processus
de... le mécanisme de fixation de loyer du Tribunal administratif du logement.
Je pense, ça a fait ses preuves pour établir un tarif juste. Moi, je n'ai pas
entendu de critique fondamentale, par rapport à ce mécanisme-là, de la manière
dont il fonctionne, et ça me semble, définitivement, la manière la plus
équitable de procéder pour tout le monde. Ça permet à la fois aux
propriétaires, aux locataires de faire valoir leurs dépenses et leurs
arguments.
Je n'ai pas
compris... Quand la ministre nous dit que le TAL a besoin de deux ans pour
pouvoir faire l'analyse de ça, je n'ai pas compris pourquoi le TAL ne serait
pas en mesure, dès la première année, d'analyser, comme il le fait pour les
autres logements, les dépenses du propriétaire, les frais, les travaux qui
doivent se terminer après la signature du bail. Pourquoi il... Pourquoi le TAL
ne serait pas capable de prendre l'ensemble de ces frais-là qui lui sont... qui lui sont soumis, comme ils le
font pour d'autres types de propriétaires très régulièrement... pourquoi
il ne serait pas capable de faire ça avant deux ans?
Mme Laforest :
Oui. Bien, c'est certain que ce n'est pas tous les appartements. Au Tribunal
administratif du logement, quand les appartements sont loués... On l'a
travaillée ensemble, avec nos collègues, dans le projet de loi n° 16,
la case G, justement, pour évaluer le prix du dernier montant... loyer
payé. Donc, on a adopté des obligations avec la case G dans le bail.
Maintenant,
pourquoi on a ajouté cette case-là? C'est parce qu'il y a des loyers qui
étaient vacants depuis un an, deux ans. Donc, si, admettons, le loyer
est vacant, le loyer est nouveau et, pendant un an, il n'a pas été loué, ou
pendant deux ans, ça aussi, ça fait partie des raisons pour dire qu'il faut
quand même laisser le temps au Tribunal administratif du logement, et aussi,
avec le bail, la case G, que le propriétaire est obligé de mentionner le
montant... le dernier montant payé.
Donc, dans des
situations comme ça, c'est certain que, encore une fois, la clause F est
importante dans des exemples comme vous mentionnez. Puis, je crois, comme vous
le dites — merci
de le mentionner — la
fixation des loyers avec le Tribunal administratif du logement, merci, ça se passe
quand même très, très bien.
Puis, si le TAL
dit : Nous, donnez-nous une période d'adaptation, on ne pourrait pas
livrer, bien, il faut quand même respecter
le Tribunal administratif du logement, qui, lui, a besoin. De toute manière, le TAL...
Logiquement, on est ici pour le constater, là. Si le TAL demande une
vérification d'un projet x pour connaître les coûts par mois, les coûts
payés par mois, bien, ça va prendre les factures. Il va falloir avoir une
évaluation du marché, la région, la municipalité. Il y a un travail à faire
également. Donc, il faut laisser aussi le Tribunal administratif du logement analyser la situation. Ça fait que, si la
case G est retirée, c'est impossible, là. Il faut quand même se fier à nos
instances. Puis ça, c'est... c'est demandé par le TAL.
Mme Labrie : Je ne sais pas si c'est
un lapsus, parce que la ministre vient de dire la case G. Là, on est sur
la... on est sur la case F.
Mme Laforest :
Oui.
Mme Labrie :
Oui?
Mme Laforest :
Oui.
Mme Labrie :
Oui. Donc... En fait, j'ai entendu la réponse de la ministre, mais je ne
comprends pas encore pourquoi ça ne serait pas satisfaisant, pour les
propriétaires, de se fier à ce mécanisme-là. Parce qu'on l'a dit, ça a été
nommé, la plupart sont de bonne foi, ne vont pas faire de hausses abusives,
vont proposer une hausse qui est conforme, et, dans ces cas-là, le locataire ne
sentira pas nécessairement le besoin de faire appel au mécanisme de fixation de
loyer. Il y a des cas où on voit des abus. Il y a énormément, quand même, de
cas, un peu partout, où on a vu des abus,
là, qui vont jusqu'à plusieurs centaines de dollars de plus de loyer par mois.
Puis là le problème, c'est que les gens, ils n'ont pas accès au
mécanisme. On voudrait que les gens aient accès au mécanisme depuis le début.
Moi, je ne peux pas
imaginer une situation où le TAL dirait : Écoutez, ça ne fait pas assez
longtemps que votre logement est construit, on est incapable de déterminer le
tarif juste pour ce logement-là. Ils ont une expertise, quand même. Ils sont
capables de voir c'est quoi, le coût moyen d'un logement comparable.
Moi, j'ai confiance à ce
mécanisme-là puis je pense que c'est... j'aimerais que les propriétaires aient
suffisamment confiance dans ce mécanisme-là pour, je vais dire, arrêter leur
lobbying pour le maintien de la case F puis simplement fassent confiance
au mécanisme. On demande aux locataires de faire confiance au mécanisme, on
leur dit : C'est un mécanisme qui fonctionne, puis après ça on dit :
Bien là, par contre, les propriétaires, il faudrait qu'ils soient dispensés
d'être soumis à ce mécanisme-là. Il me semble que, si le mécanisme fonctionne,
le TAL est en mesure d'établir le tarif juste pour un loyer, ils sont en mesure
de le faire aussi. Ça prendra peut-être une analyse qui sera un peu plus
longue, qui demandera quelques heures de plus, dans un contexte où il n'y avait
pas de locataire précédent, mais ça me semble le plus juste, à la fois pour les
propriétaires et pour les locataires, d'utiliser ce mécanisme-là, qui a fait
ses preuves en matière de fixation de tarifs justes, là. Ce mécanisme-là a fait
ses preuves. Les propriétaires devraient avoir confiance envers ce
mécanisme-là. Parce que la ministre me dit : Il y a eu une levée de boucliers de la part des promoteurs, qui nous
ont dit : On ne construira plus si vous abolissez la case F. Bien,
écoutez, s'ils décident de laisser leurs terrains vacants, ça leur
appartiendra, mais j'en serais surprise, parce qu'ils le savent, qu'ils
vont les louer, leurs logements, s'ils en construisent.
• (12 h 10) •
Moi, je pense qu'il ne faut pas céder à des
menaces comme ça, de cesser de développer des projets. Je pense qu'il faut dire
à ces propriétaires-là : On a des mécanismes adéquats de fixation de
loyer, vous devriez faire confiance à ces mécanismes-là du Tribunal
administratif du logement, et puis, quand vous aurez des frais à soumettre pour
justifier une hausse qui sera plus élevée, vous les soumettrez, puis ce
mécanisme-là a fait ses preuves, puis, nous, comme gouvernement, on fait
confiance au mécanisme du TAL, puis on veut l'équité pour les citoyens, puis tout le monde devrait avoir accès à ça. Puis ça ne
veut pas dire que ça va être systématique non plus qu'ils vont y avoir recours,
mais il faut qu'ils aient le droit d'avoir recours.
Là, en ce moment, la seule possibilité pour un
citoyen qui est dans un logement visé par la case F, c'est d'accepter une
hausse de, parfois, plusieurs centaines... voire 200 % de loyer, et,
sinon, ils doivent partir. Ils ne peuvent pas rester dans leur logement, puis
refuser la hausse, puis demander une fixation de loyer. Ça fait des gens qui se
retrouvent dans la rue, puis des gens qui n'anticipaient pas se retrouver à la
rue, là, des gens qui pouvaient avoir un emploi stable, des gens qui se
retrouvent complètement bouleversés d'être dans cette situation-là, là, qui
n'étaient pas à risque d'être à la rue puis qui, du jour au lendemain, parce
qu'ils sont privés de droits que d'autres possèdent, vont se retrouver à la rue
parce que, là, ils ont eu le malheur de signer un bail dans un logement qui
était plus récent. C'est complètement inéquitable de mettre les citoyens dans
une situation comme celle-là.
Je pense qu'il faut envoyer le message aux
promoteurs que le mécanisme de fixation de loyer, il est juste, et puis qu'ils
peuvent y avoir recours en toute confiance pour rentrer dans leurs frais, et
puis que ça ne devrait pas les empêcher de développer des projets. Puis moi,
j'ai bien l'impression que ces menaces-là de pas développer... ils essaient
d'avoir le gros bout du bâton parce que, oui, ils savent qu'on est en crise de
pénurie de logements, mais, en même temps, c'est un bon moment pour développer
des projets, puis ils vont avoir tout avantage à le faire, là, malgré les...
malgré ce qu'ils peuvent prétendre.
Mme Laforest : Bien, je
pourrais juste poser des questions, en fait, parce que... Est-ce que vous avez
discuté avec des promoteurs, avec des propriétaires d'immeubles? Avez-vous
consulté ou regardé dans le milieu et parlé de la clause F avec les gens
qui font des projets d'immeubles? Il faut vraiment aller rencontrer ces
personnes-là pour savoir comment... Oui, ça leur prend quand même une période
d'adaptation. Parfois, c'est parfait.
Puis l'autre chose que vous dites, c'est... vous
dites : Il y a des mécanismes qui fonctionnent très bien au Tribunal
administratif du logement, il faut faire confiance, les mécanismes fonctionnent
au Tribunal administratif du logement, mais là je vous dis : Le Tribunal
administratif du logement dit qu'eux, ils auraient au moins besoin d'une période de deux ans. Donc, je ne comprends pas,
parce que vous dites : Les mécanismes fonctionnent au TAL. Le TAL
dit : Nous, on ne pourrait pas tout de suite agir, donnez-nous du temps.
Moi, je dis : Il faut laisser le temps au TAL.
Ça fait que c'est où que... c'est où... Je
voudrais juste que vous m'expliquiez, parce que vous dites : Moi, je fais
confiance au TAL. Le TAL dit : Nous, on ne peut pas tout de suite, la
clause F, donnez-nous du temps. Mais là vous,
vous dites : Enlevez la clause F. Ça fait qu'en même temps, si c'est
bon, au Tribunal administratif du
logement, ce qui se fait, pourquoi ce que le TAL dirait pour, justement,
la clause F, pour vous, ce ne serait pas bon? Parce que je me dis... Moi,
j'aurais vraiment la crainte puis je me dis : Est-ce que... Avez-vous peur
de freiner les projets de construction? Parce que c'est sûr que, par la suite,
les projets... les promoteurs vont être craintifs, là, pour construire du
logement.
Donc, vous, ça ne vous fait pas peur du tout, du
tout. Vous dites : En 1980, ils ont été obligés de mettre ça en place pour
encourager les projets de construction, aujourd'hui nous, on veut enlever la
clause F, on... ce n'est pas grave si on freine les projets de
construction, l'important, c'est d'enlever la clause F. Mais il y a des
répercussions à ça. Il faut vraiment voir ça.
Ça fait qu'expliquez-moi juste que le TAL, d'un
côté, peut être bon, puis, d'un autre côté, vous dites : Bien, le TAL...
Je ne comprends pas, là. On dirait qu'il n'y a pas de cohérence.
Mme Labrie : Bien,
effectivement, moi, je n'ai pas de crainte que ça va freiner les développements
de projets. On vient de passer, là, plusieurs décennies fastes où il n'y avait
presque pas de contraintes ou d'exigences à l'égard
des promoteurs immobiliers. Ça nous a amenés à développer notre territoire
d'une manière que je juge déplorable et pour laquelle on devrait avoir
des regrets. La ministre vient de déposer une nouvelle politique, là,
d'aménagement du territoire, je l'en remercie.
Je
pense qu'on ne doit pas céder aux menaces des promoteurs, qui nous
disent : Là, si vous ne nous laissez pas assez de marge de manoeuvre,
nous, on va arrêter de développer. Honnêtement, ces terrains-là, s'ils ne
veulent pas les développer, bien, ils vont
trouver acheteur pour quelqu'un d'autre qui va vouloir les développer, parce que,
de la demande de logements, il y en a, puis c'est certain qu'ils vont
les louer s'ils en construisent. Moi, je ne m'inquiète pas pour eux autres. Je
pense que c'est des menaces auxquelles, comme législateurs, on ne doit pas
céder.
Ensuite, moi, c'est
que je n'ai pas compris du tout les explications de la ministre. Je ne
comprends pas comment se fait-il qu'une institution comme le TAL serait
incapable de fixer un loyer juste pour un logement même s'il vient juste d'être
construit. Ils ont des données sur les logements de même type dans le même
secteur, ils sont en mesure d'établir ces montants-là. Moi, je n'ai pas
compris, en fait, les explications de la ministre, qui dit que ça leur prend
deux ans pour être capable d'estimer quel... à quel montant devrait être fixé
le loyer d'un appartement. Avec toutes les
données qu'ils ont à leur disposition sur le parc locatif, sur les différents
quartiers, le type de logement, je ne vois pas du tout pourquoi ils
seraient incapables, dans les premières années, de dire : Bien, un
logement de ce type, de cette grandeur, dans ce quartier devrait se louer tel
prix.
Mme Laforest :
Bien, si on regarde juste les coûts d'exploitation... Tantôt, je parlais...
Un exemple très, très simple : le
chauffage. Il faut quand même passer un an, il faut passer le premier hiver
pour voir est-ce que c'est correct, est-ce que ça se passe bien, est-ce
qu'au niveau du chauffage c'est beaucoup plus élevé que j'avais évalué.
Mme Labrie :
Bien sûr...
Mme Laforest :
Puis on n'a pas tous des promoteurs avec des tours à condos partout au
Québec, là. Puis, encore là, aussi, tu sais, on a besoin d'eux. On a des
propriétaires d'immeubles qui se lancent dans des projets pour augmenter
l'offre de logements. Oui, c'est vrai, ils le font, puis c'est leur volonté,
puis, tu sais, c'est leur choix. Mais, en même temps, juste si on l'enlevait,
là, complètement, la première année, là, les coûts d'électricité, les coûts
de... Ça fait que c'est sûr qu'à ce moment-là... Il y a un projet, par exemple,
dans un quartier x. S'il arrive quelque chose dans le quartier, ou peu importe
la situation, la première année est déjà tellement importante pour voir
l'évaluation. Tu sais, moi, je peux vous le dire, la première année, tu sais,
on ne le sait pas, quel genre d'hiver, les coûts, les coûts d'exploitation, les
coûts de fonctionnement, les... Alors, moi, je pense que c'est important aussi.
Puis souvent, la
première année, les projets, il faut se le dire, ne sont pas tous terminés, pas
du tout. Donc, les gens arrivent dans leurs
appartements, puis le projet n'est pas terminé. Ça fait que c'est certain que,
même... encore là, oui, le TAL l'a dit, mais, même la première année, il
faut voir qu'il peut arriver des situations ou peut-être une mauvaise évaluation
aussi. Donc, tout de suite, on... Ça démontre qu'il faut au moins laisser un
moment, là, au propriétaire pour s'ajuster s'il a besoin de s'ajuster.
Mme Labrie :
Mais il y aura des factures pour ça. Si ça coûte deux, trois fois plus cher
qu'anticipé, par exemple, pour le chauffage ou pour tout autre type de dépense,
il y aura des factures pour ça. Le propriétaire pourra tout à fait proposer
d'abord au locataire la hausse qu'il veut lui proposer. Ensuite, si le
locataire trouve ça inadéquat, ils pourront s'en parler. Si le locataire
décide... Par exemple, on abolit la case F, le locataire décide de
faire... de demander que ça soit fixé par le TAL, bien, ils iront. Puis le
propriétaire ira au TAL avec sa facture d'électricité qui est deux, trois fois
plus élevée qu'anticipé puis il justifiera ses dépenses. Il les aura, les
factures, pour dire : Il a fallu terminer l'installation de ceci, cela,
voici mes factures de construction, de rénovation, voici la facture
d'électricité, voici la facture de gaz naturel. Il les fournira, les factures,
il les aura, si ça a coûté plus cher que prévu, puis il dira : Bien, moi, compte tenu de ceci, j'estime que la
hausse que je demande m'apparaît raisonnable. Puis le TAL, ils analyseront
ça comme n'importe quelle autre facture d'électricité d'un logement qui est
plus vieux que cinq ans. Ils pourront regarder puis lui dire :
Effectivement, compte tenu des factures d'électricité, cette hausse-là, elle va
être raisonnable à tel niveau. Puis, à ce moment-là, il y aura eu un mécanisme
juste, à la fois pour le propriétaire, qui fait valoir ses dépenses, qui
peuvent dépasser ce qui était anticipé à l'occasion, puis pour le locataire
aussi, qui sera certain de ne pas avoir vécu une hausse abusive parce que le dossier aura été analysé correctement.
C'est... Les exemples
que... Je ne comprends pas l'explication de la ministre, parce que les exemples
qu'elle me donne, ce sont des exemples de choses pour lesquelles il y aura des
factures que le TAL est absolument habitué d'analyser,
parce que c'est ce qu'ils font pour tous les autres types de loyers qui sont
plus vieux que cinq ans. Tous les exemples de dépenses que la ministre
m'a donnés, ce sont des exemples de dépenses que le TAL analyse déjà.
Mme Laforest :
Mais il y a une certaine logique dans ça. Tu sais, je comprends votre position,
mais, en même temps, ce n'est pas la mienne, ce n'est pas la nôtre, parce que
nous, on voit que passer de cinq ans à trois ans, c'est toute qu'une bonne
avancée. Puis, même, je ne voudrais pas, après... L'étude de ces articles-là
pour la clause F, moi, je pense qu'on a
une opportunité, là, de passer de cinq ans à trois ans. Donc, vous, ça ne vous
intéresse pas du tout, puis je comprends, puis, tu sais, je respecte
très, très bien votre position. Mais, tu sais, tantôt, je disais : On a
regardé aussi le rôle foncier, mais, quand
l'immeuble est terminé, parfois, le rôle foncier, il sera inscrit... Admettons,
là, la personne prend... entre dans son appartement le 1er juillet
2022. Bien, l'inscription et l'évaluation peut se faire seulement en janvier
2023. Donc, si, le propriétaire, lui, son évaluation municipale est augmentée
pour quelque raison que ce soit, encore là, on est dans la période du un an,
qui est tellement... Cette période-là est vraiment importante, là.
• (12 h 20) •
Mme Labrie :
Mais, s'il a une hausse de taxe, il la soumettra, il dira : Bien, moi,
j'ai... l'augmentation de mon évaluation a tellement augmenté par rapport à ce
qui était prévu, j'ai une hausse de taxe de ceci, voici ce que je pense qui
justifie ma hausse, et, à ce moment-là, le TAL l'évaluera.
Mme Laforest : Oui. Bien, je
respecte votre vision, mais ce n'est pas la mienne du tout, ce n'est pas la
nôtre. Puis, en même temps, surtout dans une situation comme on vit, après une
pandémie, là, que tous les gens se sont déplacés... en tout cas,
50 000 personnes ont quitté Montréal pour aller en région, on manque
de logements dans les régions, il faut construire. Puis, dans les régions, ce
n'est pas tous des grands promoteurs, là. Donc, à ce moment-ci, on mettrait,
d'après moi, un frein aux projets de construction. Mais je respecte votre
vision.
Mme Labrie : Puis est-ce qu'il y a
une analyse qui le démontre ou c'est simplement les propos des promoteurs, qui
ont dit à la ministre : Si vous nous faites ça, nous, on arrête de
développer? Est-ce que ça a été documenté par son ministère? Est-ce qu'il y a
eu une analyse de l'impact de l'abolition de cette clause-là ou c'est
simplement : on se fie à ce que les promoteurs nous disent, qu'eux autres,
ils n'aimeront tellement pas ça qu'ils vont arrêter de développer?
Mme Laforest : Bien là, par
exemple, il faut juste faire attention, parce qu'on ne se fie pas aux
promoteurs. On parle des municipalités, on parle, oui, des promoteurs, mais on
parle aussi du Tribunal administratif du logement. Donc, nous, ce qu'on vient
ajuster, c'est : on vient présenter un équilibre de passer de cinq ans à
trois ans. Mais je comprends votre position, vous voulez complètement abolir la
clause F, puis ça, ce n'est pas notre position du tout.
Mme Labrie : Bien, je
l'entends, la position de la ministre, puis je le vois bien, qu'il y a un
désaccord, mais sa position, de ce que j'en comprends, elle repose sur la
crainte que ça freine des projets de développement immobilier, puis tout le
monde ici, on veut augmenter l'offre, O.K.? Moi, je lui demande : Cette
crainte-là que ça freine, que ça ralentisse le développement de projets
immobiliers, est-ce qu'elle repose sur une analyse de son ministère ou elle
repose sur des propos de promoteurs? Est-ce qu'il y en a eu une, analyse
d'impact de l'abolition de la clause F, faite par son ministère?
Mme Laforest : En fait, vous
parlez d'une analyse d'impact. Non, il n'y a pas eu d'analyse d'impact, sauf
qu'on a discuté avec la CORPIQ, l'APCHQ, l'ACQ, les municipalités, le Tribunal
administratif du logement. Mais, si vous me demandez : Est-ce qu'il y a eu
une analyse d'impact? Non.
Mme Labrie : O.K.
Mme Perry Mélançon : Ça fait
qu'il n'y a pas eu d'analyse d'impact sur aucune population vulnérable, les aînés notamment? Parce que, moi, mon autre point,
là, puis on a entendu la FADOQ en consultations : là présentement,
là, c'est même les RPA, là.
Mme Laforest : Non, non. Non,
non. L'article dit, là, si vous l'avez bien lu, là : «Ces règles ne
s'appliquent pas dans le cas d'un logement qui a fait l'objet d'un changement
d'affectation visé à l'article 1955.1.» Ça, c'est l'article 1955.1.
Je pourrais... On pourrait vous le lire, mais ça concerne les aînés, les RPA.
Une voix : ...
Mme Perry Mélançon : Mais
les... Mais c'est ça...
Mme Laforest : On pourrait le
lire, hein?
Mme Perry Mélançon : ...les
nouvelles RPA construites en bas de cinq ans, ils ont accès à cette clause-là
eux autres aussi?
Mme Laforest : Toutes les
nouvelles RPA qui seront à partir d'aujourd'hui, les nouveaux projets en RPA,
plus les changements d'affectation aussi. Par exemple, comme on l'a vécu,
changement d'affectation, un OBNL d'une
résidence pour aînés, l'acheteur qui reprend l'OBNL, par exemple, ne pourrait
augmenter au jour 1, là. Ça, c'est vraiment, là... on respecte vraiment les résidences pour aînés, les OBNL
pour aînés. Ça, honnêtement, on a vraiment...
Mme Perry Mélançon : O.K. Donc,
une nouvelle...
Mme Laforest : C'est zéro clause F pour ça. Ça, c'est
important. Puis, peut-être, je pourrais lire aussi l'article...
Des voix : ...
Mme Perry Mélançon : Parce que
ça a été, en tout cas, très mal véhiculé, là, pour que la FADOQ vienne dire que
ça ne va pas assez loin, ce qui est inclus dans le projet de loi. Il va falloir
qu'on regarde de notre côté, mais, les nouvelles
constructions de résidences pour aînés qui n'ont pas fait de changement
d'affectation, ou tout ça, je ne suis pas sûre qu'on a le... qu'on interprète
la même chose, là.
Mme Laforest : ...pas entendu
votre question.
La Présidente (Mme Boutin) : ...le
consentement pour entendre Me Paradis toute la journée?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Boutin) : Parfait.
Je vous inviterais à vous présenter.
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
Nicolas Paradis, sous-ministre adjoint aux politiques au ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation.
Le paragraphe 2° de l'article 2
apporte la précision concernant les résidences pour aînés de manière générale, non pas uniquement celles qui sont certifiées,
mais l'ensemble des RPA, qui feraient l'objet d'un changement d'affectation.
Donc, résidence qui offre des services et dont on retire les services, à ce
moment-là c'est un... considéré un changement
d'affectation. Dans un tel cas, alors que la loi, le Code civil prévoit
actuellement que le cinq ans s'appliquerait, ce délai-là, qui serait désormais
trois ans en fonction de l'article 2 tel que présenté, ne s'appliquerait
alors plus.
Mme Perry Mélançon : O.K., mais
ça, c'est quand on retire des services ou qu'on change d'affectation?
M. Paradis (Nicolas) : À
l'égard du changement d'affectation, oui. Le retrait de services s'inscrit dans
le changement d'affectation reconnu par la jurisprudence.
Mme Perry Mélançon : Mais, pour
un propriétaire qui a l'objectif de construire une nouvelle résidence pour
aînés, qui... c'est un immeuble, là, comme d'autres propriétaires privés, mais
que, là, on est dans une résidence pour aînés, on construit, on est dans le
délai de cinq ans, est-ce qu'on a le droit ou non à la clause F du bail?
M. Paradis (Nicolas) : La
nouvelle construction est visée... est assujettie à la clause F du bail,
donc que ce soit le cinq ans ou le trois ans, avec la modification.
Mme Perry
Mélançon : Donc, ça revient au fait qu'on peut voir des hausses
de loyer, encore, à des aînés, là, Mme la ministre.
M. Paradis
(Nicolas) : Donc, la mesure s'appliquerait, effectivement, à
toute nouvelle construction, y compris une RPA.
Mme Perry Mélançon : Donc,
c'est ça, on vient de nous dire le contraire, là.
Mme Laforest : ...pas
dit le contraire. Bien, moi, je parlais des OBNL, là, les changements
d'affectation, les...
Mme Perry Mélançon : Bien,
c'est ça. J'ai été claire.
Mme Laforest : ...par exemple,
comme on a connu hier, là...
Mme Perry Mélançon : Puis, si
on retourne voir le mémoire de la FADOQ, là, il est question aussi de la
clause F qui concerne les loyers des aînés dans les RPA sans changement
d'affectation. C'est la même chose pour le FRAPRU. Le FRAPRU avait la même
question... la même recommandation et la même exigence, là, qu'on exclue les
RPA de cette disposition-là dans le Code civil.
Donc, moi, c'est ça, ma question. Donc, on n'est
pas juste dans des loyers pour des gens sur le marché privé, mais aussi pour
les résidences pour aînés, qui sont en hausse de demande, là. Les aînés ont
recours ou vont habiter dans ce type de résidences là. Il n'y a rien qui est
fait pour eux pour protéger la hausse de leur loyer?
Mme Laforest : Bien, pour les
nouvelles constructions, pour les RPA, c'est certain qu'on passe de... on
passerait de cinq ans à trois ans, puis, pour les autres exemples, bien, c'est
ce que j'ai mentionné tantôt.
Mme Perry Mélançon : Donc,
c'est ça, on revient à la question qu'il n'y a aucune protection pour les
aînés. C'est tout le débat qu'on a, avec nos collègues ici, sur la protection
des aînés, parce qu'eux autres sont moins conscients aussi de qu'est-ce qui est
une hausse raisonnable. Soit qu'ils vont l'accepter puis que ça les met encore dans des situations précaires... Ou est-ce que,
là, il va falloir qu'ils se retournent encore, faire un changement complet de
vie? Puis vous savez comme moi, là, qu'est-ce que ça a comme implication dans
la vie d'un aîné, là, de changer de milieu
de vie, complètement, puis sur son autonomie, puis tout ça. Je n'ai pas besoin
de faire tout cet argumentaire-là, je
l'espère, là. Mais je pensais, justement... Quand j'ai dit d'augmenter l'offre
de construction, là, qu'on ne fasse pas ça au détriment de... ou qu'on fasse ça
sur le dos de certaines personnes vulnérables, c'est exactement ça, là, ce dont
je parle.
Donc, quand on parlait de
l'encadrement... Parce que moi, je suis pour l'abolition complète, mais il n'y
a même pas eu de travail de fait pour
essayer d'encadrer son utilisation. Sur le pourcentage de hausse, là
c'est : aucune limite. Je le répète, là, ça pourrait être
500 % d'augmentation. Aucune limite, la clause F. Puis ça concerne,
en plus, nos populations aînées.
Mme Laforest : Mais
ce qu'on vient, par exemple... C'est vraiment une avancée qu'on fait là. Passer
de cinq ans à trois ans, de 1980...
Mme Perry Mélançon : En quoi
c'est une avancée?
Mme Laforest : Bien, en quoi...
De passer de cinq ans, la possibilité d'ajuster les coûts des loyers par mois, à trois ans, considérant que le Tribunal administratif de logement nous dit : Nous, au moins, ça nous prendrait
deux ans... Alors, vous voyez quand
même qu'il faut augmenter l'offre. Je comprends, là. Puis, pour les aînés, oui,
on les protège, parce qu'on passe de cinq ans à trois ans dans les nouvelles
RPA, dans les nouvelles constructions. On les protège quand même. On
enlève deux ans, ce qui est quand même considérable, puis c'est quand même un
juste équilibre. Mais, pour les OBNL, on repart complètement. On enlève la
clause F pour une vente d'un OBNL. Mais, si vous
me dites : Est-ce que... Dans les nouvelles constructions des RPA, est-ce
qu'on passe de cinq ans à zéro? Non.
Mme Perry Mélançon : Donc, il
n'y a pas d'analyse d'impact qui a été faite, puis on n'a pas de vraie
explication plausible, là, sur le fait que c'est vraiment une avancée, de
réduire de deux ans, là, alors que plein de groupes sont convaincus du
contraire, que l'effet va être encore plus ravageur sur les hausses de loyer
mais à court terme, puis que ça va mettre
encore des gens dans des situations qu'on souhaite éviter. Je ne comprends pas
d'où est-ce que la ministre dit que c'est une avancée, sur quoi elle se
base.
Mme Laforest : Bien, on enlève quand
même deux ans, on enlève... on passe de cinq ans à trois. L'autre chose, c'est que les RPA, vous êtes sûrement au
courant, là, il y a des soins, il y a des services. Alors, à la première année,
c'est certain qu'il... ça se pourrait...
peut-être que ça ne se peut pas non plus, peut-être il n'y en aurait pas. Mais,
moi, ce que j'entends, c'est que vous dites : Passer de cinq ans à trois
ans, Mme la ministre, ce n'est pas intéressant, on ne veut pas aller là,
on ne veut pas améliorer la situation de la clause F. C'est ça que vous
dites.
• (12 h 30) •
Mme Perry Mélançon : Non...
Bien, on ne veut pas la clause F. Ce n'est pas d'améliorer une situation,
parce que vous... on n'est pas capable d'avoir une justification ou une
démonstration que ça aurait un effet bénéfique de passer de cinq à trois ans.
Mme Laforest : O.K. Bien, je
vais poser la question autrement, d'abord. Un promoteur qui veut avoir... qui
veut construire un projet en habitation pour des aînés... excusez, une
résidence pour aînés, la première année, c'est certain, là, il y a des coûts. Qu'est-ce qu'on fait, d'abord, avec les
services offerts aux aînés, avec les soins qui sont offerts aux aînés?
Mme Perry Mélançon : On fixe le
prix.
Mme Laforest : On
fixe le prix. Donc, on fixe le prix l'année 1 puis on ne donne pas de
chance au propriétaire, parfois, s'il y a des coûts un peu plus élevés, de
s'ajuster pour que lui puisse garder son projet en vie? Parce qu'il faut
quand même garder nos projets en vie, il faut que ce soit viable.
Mme Perry Mélançon : Mais, si
c'est occasionnel, pourquoi on met le fardeau au locataire d'aller se battre
avec le TAL pour essayer de renverser ce genre de situation là, de hausse
abusive, déraisonnable? Alors que, si c'est occasionnel... parfois, il va
falloir aller, pour certaines dépenses, hausser le prix, pourquoi ça ne
pourrait pas se faire selon un autre mécanisme?
Mme Laforest : Bien...
Mme Perry Mélançon : C'est...
Cette clause-là, là, je suis certaine qu'elle est pas mal plus connue par des gens qui sont dans l'esprit de spéculation puis
que c'est de mettre au plus bas prix pour attirer des gens, puis, une fois
qu'ils sont bien installés puis qu'on sait qu'ils vont avoir bien de la
difficulté à sortir de ce milieu-là, pour plein de raisons, bien là, on
augmente nos prix. C'est un mécanisme, c'est un phénomène connu, connu, et ce
projet de loi là ne vient pas du tout
changer quoi que ce soit à ce phénomène-là, et puis certainement pas de passer
de cinq ans à trois, certainement pas.
Mme Laforest : Mais je
comprends votre position, parce que, nous, pour nous, passer de cinq ans à
trois ans, c'est vraiment une bonne
amélioration. C'est en respect du milieu, c'est en respect du marché. Il faut
augmenter l'offre. En même temps, on protège nos aînés qui pourraient avoir un
changement d'affectation. La clause F est retirée. Donc, encore là, ça, c'est vraiment une avancée. Mais je
comprends votre position aussi, mais votre vision ferait qu'on arrêterait
complètement ou on risque de freiner les projets de construction dans une... un
moment où il faut les augmenter partout. Puis il faut
avoir confiance aussi à l'histoire. Si l'histoire, en 1980, nous disait :
On manque de logements, il faut construire...
Mais honnêtement moi, je ne comprends pas
pourquoi vous êtes contre de passer... d'améliorer la situation de cinq ans à
trois ans. Moi, je ne comprends pas pourquoi vous êtes contre, c'est vraiment
un juste équilibre, mais j'accepte votre vision, là. Je pense que j'ai...
Mme Perry
Mélançon : Contre améliorer la situation. Mme la Présidente,
contre améliorer la situation. Il faut être rendu loin, là, dans...
C'est du délire.
Mme Laforest : Bien, de cinq
ans à trois ans, ce n'est pas une amélioration?
Mme Perry Mélançon : Contre...
Être contre l'amélioration d'une situation, c'est ça, les oppositions. On est contre améliorer les situations. Mme la
Présidente, la ministre, là, il y a deux ans, elle s'engageait à changer le
bail pour les locataires aînés.
Mme Laforest : Oui, bien, vous
allez voir.
Mme Perry Mélançon : Vous allez
voir quoi? On est à la fin de la session de la dernière... de la législature.
Mme Laforest : Mais
le travail se fait pareil. Ce n'est pas parce que la session ici, en Chambre,
est terminée que le travail est arrêté.
Mme Perry Mélançon : Ça fait
deux ans qu'on est censé avoir...
La
Présidente (Mme Boutin) : ...si on parle en même temps, c'est très difficile
pour la captation. C'est juste... Tu sais, une à la fois. Tu sais,
question, réponse.
Mme Laforest : Puis,
n'oubliez pas, ça touche le ministère des Aînés aussi. On est deux ministères
pour le bail.
Mme Perry Mélançon : Pour ça
que ça prend deux ans.
Mme Laforest : Mais je vous laisse... je vous laisserai juger
quand vous allez voir le bail. Merci, Mme la Présidente.
Mme Perry Mélançon : On va-tu
le voir, le... C'est ça. On jugera quand on verra.
La Présidente (Mme Boutin) : Est-ce
que... Oui, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Bien, je ne
savais pas si les collègues avaient terminé. Je voulais, à mon tour, déposer
mon amendement, Mme la Présidente.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Boutin) : Oui.
Bien, on va voter sur cet amendement-là, puis après ça vous pourrez déposer le
vôtre sans problème.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Boutin) : Oui,
sans problème. Alors — excusez-moi,
c'est celui-là ici, j'en ai plein devant moi — est-ce
que l'amendement de la députée de Sherbrooke de l'article 2 est adopté?
Par appel nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
Le Secrétaire : Mme Laforest
(Chicoutimi)?
Mme Laforest : Contre.
Le Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
Le Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
Mme IsaBelle : Contre.
Le Secrétaire : Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Contre.
Le Secrétaire : Mme Perry
Mélançon (Gaspé)?
Mme Perry Mélançon : Pour.
Le Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Mme la députée de Vaudreuil... oui, mais elle
avait demandé la parole.
Mme Nichols : Oui. Merci, Mme
la Présidente.
Mme Perry Mélançon : Bien... il
va falloir qu'on vote aussi sur l'amendement que j'avais déposé, donc...
La Présidente (Mme Boutin) : Bien,
il n'a jamais été déposé formellement, là encore, là.
Mme Nichols : Il n'a pas été lu
et...
Mme Perry Mélançon : Il n'a pas
été déposé sur le Greffier?
La Présidente (Mme Boutin) : Il
est sur le Greffier, mais vous n'aviez pas déposé ici, en séance.
Mme Perry Mélançon : Donc...
Bien, l'ordre n'importe pas, dans ce cas-ci, mais il faudra qu'on puisse voter
sur l'amendement.
La
Présidente (Mme Boutin) : Oui. On pourra y revenir après, mais il était
quand même identique à celui, là, de Québec solidaire.
Mme Perry Mélançon : Oui, mais
c'est déposé par le Parti québécois.
La Présidente (Mme Boutin) : Parfait.
Bien, je vous inviterai à le déposer après.
Mme Perry Mélançon : Merci.
La Présidente (Mme Boutin) : Allez-y,
Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui. Vous voulez
que j'en fasse la lecture? Il est sur le site... il est sur le site du
Greffier?
La Présidente (Mme Boutin) : Oui.
Mme Nichols : Ah! bien, il est
à l'écran aussi. Remplacer l'article 2 du projet de loi par le
suivant :
L'article 1955 de ce code est modifié par
l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Ces règles ne s'appliquent pas dans le cas d'un
changement qui a fait l'objet d'un changement d'affectation visé à
l'article 1955.1.»
Si vous me permettez, Mme la Présidente, là...
La Présidente (Mme Boutin) : Oui,
allez-y.
Mme Nichols : ...je vais
expliquer l'amendement. En fait, les collègues... J'ai compris que les
collègues, eux, demandaient le retrait complet, là, de la clause F. Moi,
ce que je demande plutôt, c'est de ne pas étudier la clause F dans le
présent projet de loi. Peut-être qu'il y a des bons arguments, là, pour enlever
complètement, là, la clause F du bail, peut-être que
non. Moi, je pense que ça a le mérite... Un peu comme disait, là, ma collègue
de Gaspé, je pense que ça a le mérite qu'on l'étudie. Je pense que la clause F
ne peut pas être prise à la légère. Il y a une raison, là, pour laquelle, là,
la clause F apparaît, la ministre en a parlé, évidemment, là, c'était le
but justement, là, de faire de la promotion.
Et, si je me souviens bien, j'ai lu un peu sur
la clause F, puis il y avait, entre autres, là, deux motifs, on en a
parlé. D'abord, assumer les vrais coûts de construction, puis je pense que
c'est très approprié dans le contexte dans lequel on est. C'est plutôt
difficile de dire : Bien, je vais... En tout cas, je pense que c'est même
imprévisible, là, à la limite hypothétique, de dire : Je vais bâtir, puis
ça va coûter 600 000 $. Avec le coût des matériaux, le coût de la
main-d'oeuvre, la rareté de la main-d'oeuvre aussi, puis tout ça, je pense
qu'on est dans une situation, justement, où cette clause-là a toute son
importance.
Puis il y avait évidemment, là, le deuxième
point qui était les... je vais dire, les banquiers, là, mais, du moins, le financement. À ce moment-là, en 1980, si,
mettons, quelqu'un avait un projet avec trois blocs, bien, il faisait,
mettons, le premier bloc de logements, puis là le financement lui
disait : Bien, remplis ton premier bloc. Quand il sera complet, je vais
t'autoriser ton financement pour le deuxième bloc, puis, après, le troisième.
Ça fait que, souvent, le propriétaire remplissait le premier bloc avec des
loyers un peu moins chers, puis, après ça, quand il y avait les coûts, bien, il
y avait les coûts du deuxième, du troisième ou même du premier, bien là, il y
avait les ajustements.
Ça fait que je pense qu'il y avait... du moins,
je suis d'avis qu'il y avait... il y avait sa raison d'être à la clause F.
Est-ce qu'elle doit être modernisée? Peut-être. C'est pour ça que moi, je
soumets qu'il faut le... il faut prendre le temps de l'étudier, il faut prendre
le temps de faire une analyse. Parce que je ne pense pas que le cinq ans
ou trois ans va venir régler le problème, va venir régler la situation.
Puis, même, là, le trois ans, là, je comprends un peu mieux il vient d'où,
là. On enlève le deux ans parce que, dans le fond... bien,
deux raisons, là, parce qu'on prévoit que c'est peut-être deux ans au
TAL pour l'analyser puis parce qu'on prévoyait aussi se fier un peu au rôle
foncier de trois ans. Donc là, je comprends il vient d'où le
trois ans. Mais je vous avoue qu'à la lecture... à la première lecture du
projet de loi, je ne le savais pas, il venait d'où. Je pensais qu'on avait mis
des numéros dans un chapeau, puis on avait pigé le numéro trois, mais là
je le comprends, en fait, la ministre, elle vient d'où. Mais il a été
clairement élaboré qu'il n'y en a pas eu, il n'y en a pas eu, d'étude, il n'y a
pas eu d'analyse. Puis moi, je pense que c'est nécessaire de le faire puis
c'est nécessaire de le faire parce que...
Et, je pense, c'est au bénéfice de tout le monde
de le faire, là, mais tant pour celui-là qui loue le logement que pour le
propriétaire. Parce qu'on parle souvent du méchant propriétaire. Bien, le
méchant propriétaire, il bâtit quand même des logements pour aider les gens,
hein, pour loger du monde puis il n'a pas nécessairement... il n'a pas à assumer ce coût-là pour tout le monde, donc il
faut lui permettre, à un moment donné, aussi d'ajuster. Je comprends
qu'on ne veut pas, nécessairement, des hausses abusives, mais, si on la retire
du projet de loi puis on l'étudie, éventuellement, bien, on pourrait,
justement, s'entendre peut-être sur une prévisibilité, tu sais, prévoir que la
clause F serait une prévisibilité pour la personne qui signe le bail. Puis
je donne un exemple, puis c'est pour ça que je ne veux pas... Je pense que ce
n'est pas ici... je pense que ce n'est pas le bon moment pour l'étudier. Mais,
tu sais, ça pourrait être un pourcentage sur trois ans; même si la
personne loue sur un an, elle pourrait savoir, sur trois ans, le
maximum où pourrait aller son... tu sais, son bail par mois. Ça fait que je
pense que c'est surtout ça qu'on recherche, à avoir une prévisibilité pour ne
pas causer de préjudice à la personne qui loue le logement. Puis il ne faut pas
créer de préjudice non plus à celui-là qui le bâtit, au propriétaire qui,
évidemment, a des frais, a des dépenses.
• (12 h 40) •
Donc, pour ces... tu sais, pour ces raisons-là,
je pense que c'est important de bien faire le travail. On est les législateurs.
Les groupes l'ont dit. Et puis c'est... Puis là je le dis très gentiment, mais,
tu sais, on écoutait les groupes qui... puis on leur demandait : Êtes-vous
pour, êtes-vous contre, ils se positionnaient, mais eux non plus n'ont pas vu
d'étude d'impact, eux non plus n'ont pas vu c'était quoi, la répercussion.
C'est quoi, la répercussion sur le locatif? Est-ce que tout le monde va se
tourner vers la copropriété? Il y a peut-être ça aussi, ça peut peut-être être
ça, les résultats de l'étude, ça peut peut-être être ça qui va sortir.
Ça fait que... Bien, au niveau municipal, je
comprends, là, ils voulaient tellement le droit de préemption qu'ils voulaient
qu'on sorte le projet de loi n° 37, ça fait qu'ils se prononçaient en
faveur de tout le reste pour que ça aille rapidement, mais je pense que ça vaut
vraiment la peine qu'on prenne le temps puis qu'on fasse faire des analyses
puis qu'on regarde la répercussion, là, sur l'ensemble du marché.
Puis,
relativement à la crise du logement, sincèrement, là, qu'on enlève la
clause F pour l'étudier ultérieurement, ça ne change rien, là. Même si on
l'adoptait là, ça va ne rien changer pour le 1er juillet, qu'on l'adopte
le... qu'on décide de se pencher le 1er novembre, ça ne changera rien non
plus.
Ça fait que, moi, ce que je demande à la
ministre, là, via l'amendement qui est déposé, c'est de retirer l'article... la clause F, là, qu'on n'ait pas
à l'étudier dans le présent projet de loi. Mais je suis d'avis que tout
qu'est-ce qui fait l'objet de changement d'affectation, justement, qui
est visé dans le même article, tu sais, qu'on puisse le garder, ça. Je pense
que c'est important d'agir rapidement.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci,
Mme la députée. Mme la ministre.
Mme Laforest : Bien, c'est
certain que je comprends, là, je comprends ma collègue de Vaudreuil de... sa
position. En même temps, c'est certain que moi, je vois que de passer de
cinq ans à trois ans, c'était quand même positif, là, c'était... on
améliorait un peu la possibilité de contrer à des hausses abusives. Mais, en
même temps, ça peut être une voie de passage, là, je comprends, je comprends.
C'est certain que, pour le 1er juillet, actuellement, c'est...
il y aurait plus ou moins d'impact, là. Mais on n'a pas la même position, je
vous le dis tout de suite, là. Moi, ce n'est pas ça, c'étaient vraiment
trois ans, c'étaient cinq ans, trois ans. Mais, en même temps,
cinq ans, trois ans, la retirer complètement, c'est important de
mentionner que, possiblement, ça pourrait être une bonne considération, là.
Mme Nichols :
Je pense qu'où on s'entend, là, c'est que la clause F, elle a une
raison d'être. Il y a une raison, là, pourquoi elle est là, la clause F.
1980, elle est peut-être due pour être modernisée. C'est pour ça que, moi, ce
que je propose à la ministre, c'est : retirons du projet de loi puis
regardons plus tard, là, justement, comment ont pourrait l'ajuster. Puis je
pense que, d'ici là, bien, il y aura des devoirs, là, définitivement, à faire
pour arriver avec des présentations plus complètes pour qu'on puisse... tu
sais, pour qu'on puisse se positionner.
Moi, contrairement,
peut-être, à d'autres, moi, je ne trouve pas ça bénéfique, qu'on passe de
cinq ans à trois ans, au contraire, je me dis : Le propriétaire,
là, il pourrait bien se dire : Aïe, ça n'a pas d'allure, là, tu sais, au
lieu de l'échelonner sur cinq ans, il pourrait bien dire : Bien, moi,
je me tourne de bord puis je donne ma hausse sur trois ans, là, ça fait
que la hausse pourrait être encore plus drastique sans que ça soit encadré. Ça
fait que c'est pour ça que je dis... Moi, je ne vois pas d'avantages du cinq au
trois ans. Puis je suis... tu sais, je suis d'avis que, s'il y a... si on
peut l'encadrer autrement, la clause F, on la retirera totalement du bail.
De toute façon, je pense que la révision du bail est due au complet, là. Ça
sera peut-être ça, un prochain projet, là, tu sais, de réviser la formule du
bail au complet. Mais, avant d'aller là... Parce que, je pense, c'est
vraiment... il y a un travail à faire sur la clause F. Puis ce pourquoi je
propose qu'on fasse ce travail-là de façon à...
Mme Laforest :
Est-ce qu'on peut suspendre, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme Boutin) : Sans problème. On va suspendre la commission.
(Suspension de la séance à
12 h 44)
(Reprise à 12 h 49)
La Présidente
(Mme Boutin) : Alors, c'est reparti dans la Commission de
l'aménagement du territoire. Mme la ministre, je vous céderais la parole.
Mme Laforest :
Oui. Alors, merci, Mme la Présidente, pour le temps qu'on a pu échanger
ensemble. Maintenant, je vois qu'on a des positions complètement différentes,
divergentes, puis en même temps il faut que le travail se fasse très, très bien
puis dans le respect et avec une belle collaboration, également, de tous les
partenaires. Donc, moi, ce que je propose, c'est qu'on passe au vote pour
l'amendement de ma collègue de Vaudreuil.
La Présidente (Mme Boutin) : O.K.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? C'est bon? Alors, on va faire la... Est-ce
qu'on y va par appel nominal ou?
• (12 h 50) •
Mme Nichols :
Oui, vote par appel nominal.
La Présidente
(Mme Boutin) : Par appel nominal. Parfait. Alors, est-ce que
l'amendement présenté par la députée de Vaudreuil à l'article 2 est
adopté? Alors, je vous inviterais... M. le secrétaire.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols :
Pour.
Le
Secrétaire : Mme Laforest (Chicoutimi)?
Mme Laforest :
Pour.
Le
Secrétaire : M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques :
Pour.
Le
Secrétaire : M. Caron (Portneuf)?
M. Caron :
Pour.
Le
Secrétaire : Mme IsaBelle (Huntingdon)?
Mme IsaBelle :
Pour.
Le Secrétaire : Mme Labrie
(Sherbrooke)?
Mme Labrie : Abstention.
Le Secrétaire : Mme Perry
Mélançon (Gaspé)?
Mme Perry Mélançon : Abstention.
Le Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
La
Présidente (Mme Boutin) : Abstention. Alors, l'amendement présenté par la
députée de Vaudreuil est adopté.
Je vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 51)
(Reprise à 12 h 52)
La Présidente
(Mme Boutin) : Alors, c'est reparti pour la commission. Cela nous
ramène encore à l'article 2. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 2?
Mme Perry Mélançon : Bien,
peut-être juste...
La Présidente (Mme Boutin) : Allez-y,
Mme la députée.
Mme Perry
Mélançon : C'est ça, on a compris que — pour
revenir, là, sur notre amendement — comme,
là, il y a eu un amendement puis que ça change le libellé, bien, on ne
pourra pas déposer l'amendement, là, mais qui est... sur lequel on a voté.
Donc...
La Présidente (Mme Boutin) : C'est
exactement... Allez-y, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci.
J'aimerais savoir si on doit interpréter le vote de la ministre en faveur de
l'amendement de ma collègue comme un engagement à avoir une réflexion
sérieuse, approfondie sur la case F dans la prochaine législature.
Mme Laforest : Oui, oui, Mme la
Présidente. Puis je veux mentionner quelque chose, parce que, oui, ma collègue
de Sherbrooke est ici, mais, en même temps, c'est des discussions aussi qui ont
été très, très, très fréquentes avec le député de Laurier-Dorion, parce que,
là, le député de Laurier-Dorion n'est pas là aujourd'hui, mais en même temps je
sais qu'il est très sensible, puis je suis convaincue de faire la promesse de
dire que cette... dès la nouvelle législature,
on va discuter de la clause F. Je crois que celui-ci... celui-là sera
satisfait également. Donc, je veux quand même le mentionner présentement.
Mme Labrie : Merci, pour cet
engagement.
La Présidente (Mme Boutin) : Est-ce
que vous vouliez intervenir, Mme la députée de Vaudreuil? Non?
Mme Nichols : Non.
La Présidente (Mme Boutin) : S'il
n'y a pas d'autres... Oui, allez-y, Mme la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Bien, moi,
ce sur quoi j'insisterais aussi, c'est la question de l'analyse d'impact, là,
tu sais, de savoir vraiment en diminuant... Tu sais, moi, j'aimerais savoir...
j'aimerais qu'on puisse analyser tous les scénarios, celui de l'abolir aussi,
puis de vraiment considérer les aînés, les personnes les plus démunies dans
tout ça. Donc, il faudrait vraiment qu'il y
ait une analyse, même à la limite un ADS. En tout cas, il faudrait qu'on puisse
avoir cette assurance-là, là, que, quand on dit de refaire le travail
sur la clause F, vraiment d'avoir une analyse claire, là, sur les impacts,
là, de changer la mesure.
Mme Laforest : Oui. Bien, c'est
certain, Mme la Présidente, que ça va de soi, là, que, si on remet la clause F... l'étude de la clause F, cet
automne, ou encore peu importe, au bon moment, mais le plus tôt possible, bien,
il va y avoir une analyse avec tous les acteurs du milieu de
l'habitation, une analyse d'impact pour savoir cinq ans ou trois ans.
Voilà. Oui, certainement.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci,
Mme la ministre. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, j'aimerais
procéder au vote de l'article 2 tel qu'amendé. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : sur
division.
La
Présidente (Mme Boutin) : Adopté sur division. Parfait. Cela nous amène donc
à l'article 25. Mme la ministre.
Mme Laforest : L'article 25 :
L'article 1955 du Code civil, tel qu'il se lit le (indiquer ici la date
qui précède celle de la sanction de la présente loi), continue de s'appliquer à
l'égard d'un logement situé dans un immeuble qui est prêt pour l'usage auquel
il est destiné avant le (indiquer ici la date de la sanction de la présente
loi).
L'article 25 du projet de loi est une
mesure transitoire liée à la modification proposée à l'article 1955 du
Code civil par l'article 2 du projet de loi. L'article aurait pour effet
de maintenir la période de cinq ans prévue à cet article, lorsqu'elle aurait déjà commencé à s'appliquer à l'égard d'un
logement au moment de l'entrée en vigueur de la loi.
Ici, on vient garantir la stabilité des règles
s'appliquant à un immeuble construit avant la modification de la loi, éviter les
pertes financières qui n'étaient pas prévisibles pour les locataires concernés.
Le délai d'extension de cinq ans pour des
recours en fixation de loyer auprès du Tribunal administratif du logement
serait maintenu pour un logement qui, avant la date d'entrée en vigueur, a été
nouvellement bâti ou dont l'utilisation à des fins locatives a résulté d'un
changement d'affectation. Alors, voilà, ça résume qu'est-ce qu'on a décidé
auparavant. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
Est-ce qu'il y a des informations sur l'article 25? S'il n'y a pas d'intervention,
est-ce que l'article 25 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Boutin) : Parfait. Je vous inviterais à nous faire la
lecture de l'article 3, Mme la ministre.
Mme Laforest : Oui.
L'article 3 : Ce code est modifié par l'insertion, après
l'article 1955, du suivant :
«1955.1. Lorsqu'un logement situé dans une
résidence privée pour aînés ou dans un autre lieu d'hébergement où sont offerts à des aînés des services qui se
rattachent à la personne même du locataire fait l'objet d'un changement
d'affectation tout en demeurant offert à des fins d'habitation, le loyer prévu
au premier bail conclu à la suite de ce changement doit correspondre à celui
qui [est] exigé en vertu du bail précédent, soustraction faite de la partie du
loyer afférente au coût des services, incluant ceux qui se rattachent à la
personne même du locataire, des accessoires, des dépendances et des...» (Interruption)
Excusez, «et des autres avantages qui ne seront plus offerts en vertu du
nouveau bail. Le locateur peut néanmoins ajuster le loyer selon les critères
prévus par les règlements en matière de fixation [des loyers].
«Le locateur doit [...] de la conclusion du
premier bail à la suite [d'un] changement d'affectation, remettre au nouveau
locataire un avis indiquant le loyer exigé en vertu du bail précédent et les
services, les accessoires, les dépendances et les autres avantages qui étaient
offerts en vertu du bail précédent et qui ne le seront plus ainsi que le coût
de chacun [d'entre eux].
«Le nouveau locataire qui considère que le loyer
exigé n'est pas conforme aux dispositions du premier alinéa peut, dans le mois
suivant la conclusion du bail, présenter une demande pour faire fixer ce loyer
par le tribunal. La demande doit être présentée dans les deux mois du
début du bail lorsque le locataire n'a pas [revu] l'avis visé au deuxième
alinéa; si le [locataire] a remis un avis [important] comportant une fausse
déclaration, la demande doit être présentée dans les deux mois de la
connaissance de ce fait.»
L'article 3 du projet de loi propose
d'introduire, dans le Code civil, un nouvel article 1955.1, qui prévoirait
des règles particulières applicables au premier bail d'un logement situé dans
un immeuble qui a fait l'objet d'un changement d'affectation et qui était
auparavant une résidence privée pour aînés ou un autre lieu d'hébergement pour
aînés où étaient offerts des services comparables.
Le loyer prévu par un tel serait obligatoirement
déterminé en soustrayant du loyer précédent le coût des services et des autres
avantages qui ne seront plus offerts à la suite du changement d'affectation. Le
locateur aura toutefois la possibilité d'ajouter le loyer conformément aux
critères habituellement appliqués par le Tribunal administratif du logement.
Le locateur
aura l'obligation de remettre au nouveau locataire un avis contenant certaines
informations pertinentes aux fins de la détermination du loyer.
En cas de doute quant à la conformité du loyer
aux règles applicables, le nouveau locataire aurait la possibilité de
s'adresser au Tribunal administratif du logement pour le faire fixer.
Alors, ici, on vient protéger les résidents
d'une résidence privée pour aînés contre les hausses abusives, on vient
s'assurer que les coûts du loyer demandés lors d'un changement d'affectation
soient cohérents avec le coût réel du loyer sans les services offerts avant le
changement d'affectation, on vient s'assurer que le locateur et le locataire
disposent des droits et des protections prévus en matière de fixation ou de
réajustement de loyer. Ici, on a un meilleur encadrement de la fixation des
loyers dans les RPA lors du changement d'affectation, tant pour les locataires
que pour les locateurs, et on vient réduire des hausses de loyer abusives pour
les résidences privées pour aînés. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci,
Mme la ministre. Il ne reste pas beaucoup de temps, mais on peut commencer une
intervention. Allez-y, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Est-ce que la ministre peut définir «changement d'affectation»?
Mme Laforest : «Changement
d'affectation», c'est soit subdivision, par exemple, ou changement de vocation,
changement d'affectation ou subdivision d'un logement, par exemple, avoir un
logement et en faire des condos. Changement d'affectation, il y a des
appartements et on fait une nouvelle vocation avec les logements qui sont
actuellement en place.
La Présidente (Mme Boutin) : Bon.
Alors, j'imagine que nous pourrons peut-être poursuivre la conversation
après, comme... Tout le monde va pouvoir prendre le temps, là, de bien
réfléchir. Je vous remercie pour votre belle collaboration.
Compte tenu de l'heure,
la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
12 h 59)
(Reprise à 15 h 09)
La Présidente
(Mme Boutin) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
de l'aménagement du territoire reprend ses travaux.
Nous poursuivons
l'étude détaillée du projet de loi n° 37, Loi modifiant diverses
dispositions législatives principalement en matière d'habitation.
Alors, ce matin,
lorsque nous avons suspendu, nous en étions à l'étude de l'article 3.
Est-ce qu'il y aurait des interventions sur l'article 3? Mme la députée de
Vaudreuil.
Mme Nichols :
Non, Mme la Présidente. Quand on est... Quand on a quitté, on parlait, là,
des changements d'affectation, mais je pense
que la ministre avait répondu aux questions, là, relativement... Non, ça va,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Parfait.
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 3 est
adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme Boutin) : Adopté. Je vous inviterais à nous faire la
lecture de l'article 1, Mme la ministre.
• (15 h 10) •
Mme Laforest :
Oui. Alors, l'article 1 :
L'article 1896
du Code civil du Québec est modifié par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «et 1956» par «à 1956».
Alors,
l'article 1. L'article premier du projet de loi propose de modifier
l'article 1896 du Code civil afin que l'avis
au locataire prévu à cet article ne soit pas exigé dans le cas d'un logement
visé à l'article 1955.1 de ce code, proposé par l'article 3 du
projet de loi, puisque cet article prévoit déjà un avis au locataire avec un
contenu particulier.
L'article 1896,
tel qu'il se lirait :
«1896. Le locateur
doit, lors de la conclusion du bail, remettre au nouveau locataire un avis indiquant
le loyer le plus bas payé au cours des 12 mois précédant le début du bail
ou, le cas échéant, le loyer fixé par le tribunal au cours de la même période,
ainsi que toute autre mention prescrite par les règlements pris par le
gouvernement. Dans le cas où aucun loyer n'a été payé au cours des 12 mois
précédant le début du bail, l'avis doit indiquer le dernier loyer payé et la
date de celui-ci.
«Il n'est pas tenu à
cette obligation lorsque le bail porte sur un logement visé aux
articles 1955 à 1956.»
Alors,
ici, c'est un article de concordance avec l'introduction du nouveau... nouvel
article 1955.1 du Code civil du
Québec. On vient éviter ici d'exiger du locateur de produire deux documents
différents contenus... contenant la même information et destinés à la même
personne.
Alors, peut-être que
je vais en profiter pour mentionner ici que l'article... considérant que la
députée d'Anjou—Louis-Riel
est venue nous rejoindre, c'est avec elle, dans le projet de loi n° 16,
qu'on avait adopté l'article, la case G.
Alors, ici, c'est de la concordance avec la fameuse case G qu'on a adoptée dans
le projet de loi n° 16 pour divulguer les derniers montants payés
dans le bail. Alors, voilà, merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Boutin) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 1? Oui, allez-y, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Thériault :
Personne ne sera surpris de m'entendre dire que le projet de loi de la
ministre avait été inspiré du projet de loi n° 401, qui a été déposé par
le précédent gouvernement, et qu'ici un bon exemple, des fois, lorsqu'on fait
de la législation, que la concordance, c'est les petits morceaux qu'on oublie.
Mais, par contre, bien, c'est sûr que la fameuse clause G, c'est une clause
qu'on peut certainement faire... Comment je pourrais dire ça? Je pense que la
clause, elle a sa raison d'être, je pense que tout le monde devrait
l'appliquer, mais, malheureusement, ce n'est pas toujours appliqué à chaque
fois.
Et vous allez me
permettre, Mme la Présidente... je vais saisir l'occasion que vous me donnez,
parce que je sais que la ministre, avant la pause, a retiré la clause F de son
projet de loi. Moi, j'aimerais ça préciser ici que c'est une clause qui est fort importante parce que, dans
notre manière de faire, au Québec, depuis des années, et des années, et
des années, chaque construction neuve, les cinq premières années de baux ne
sont pas assujetties au Tribunal administratif du logement. On a vu — la
littérature nous le montre — il
y a beaucoup d'articles par rapport au fait qu'il y a eu des augmentations de
loyer qui n'étaient pas prévisibles. La ministre m'a entendue lorsque j'étais
en Chambre, la semaine passée, où j'ai mentionné que cette clause-là... je
comprends que vous l'avez retirée, mais il va falloir
s'y attaquer. Parce que c'est sûr que de dire : Au lieu de la faire sur
cinq ans, on la fait sur trois ans, moi, je suis intimement convaincue
qu'on n'aurait que fait... pénaliser les gens encore plus, puis que les gens se
seraient précipités pour mettre leurs augmentations sur trois ans, plutôt que
cinq ans, puis que la facture aurait été supérieure à ce qu'on voie
présentement, sur le fait que la clause... cinq ans.
Mais je voudrais dire à la ministre, qui entend
toujours ce que les députés de l'opposition disent ou font comme suggestions,
de manière générale : Moi, je n'ai que de bons mots à dire sur la ministre,
sur le travail qui a été fait. Je le fais ici, je le dis ici parce que je pense
que c'est important de comprendre que, lorsqu'on est en commission
parlementaire, ce n'est pas une question de savoir c'est qui gagne puis qui ne
gagne pas. C'est qu'on est en train de faire un projet de loi pour que le
projet de loi soit le meilleur possible pour les gens qui vivent avec la loi,
après que nous, les législateurs, on a fait notre travail. Ça fait que la
ministre a écouté beaucoup de choses.
Cette clause-là, il va falloir la revoir. Donc,
je vous dis, là, quand vous allez revenir, que ce soit vous ou que ce soit
n'importe qui qui soit là comme ministre, que ce soit le même gouvernement ou
un autre gouvernement, il va falloir se pencher sérieusement sur la clause G,
sur la clause H, sur toutes les clauses qu'il y a par rapport au bail, et on ne
pourra pas faire l'économie du débat, parce qu'il y a des gens qui trouvent le
moyen de contourner nos lois. C'est vrai en habitation, et c'est vrai ailleurs.
Donc, mon souhait, je pense que c'est le souhait
qui est partagé par beaucoup de collègues ici, c'est de faire en sorte que les gens qui sont locataires puissent
se trouver un toit à un coût raisonnable, puis qu'ils puissent s'assurer
de ne pas être toujours ceux qui paient.
Donc, voilà. Et je suis convaincue, puisque ma collègue se représente, elle
aussi, qu'il y aura beaucoup
d'acteurs, alentour de la table, qui seront de retour à la prochaine
législature, que ce travail-là sera fait, et il sera bien fait aussi.
Donc, voilà.
Mme Laforest : Merci, Mme la
Présidente. Bien, c'est sûr qu'il faut considérer que, le projet de loi, il
reste quand même quelques heures, comme on le disait, si on veut l'adopter,
puis on voulait donner le droit de préemption aux municipalités, plus la
protection avec les ventes des OBNL. Donc, ici, on a vu, avec la clause F,
qu'on était... on avait différentes positions. Alors, pour qu'on puisse
protéger nos aînés avec les OBNL, ou les ventes des OBNL, ou encore, les droits de préemption dans les
municipalités, oui, on s'est engagés, on le promet, là, avec la prochaine
législature, on va travailler, le plus tôt possible, la clause F. Mais,
selon moi, le trois ans sera la meilleure des décisions, mais on verra. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
beaucoup. Avant de poursuivre la conversation, j'aurais besoin de votre
consentement pour que M. le député de Laurier-Dorion puisse réintégrer sa place
dans la commission. Est-ce que j'ai votre consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
Alors, nous pouvons poursuivre la conversation sur l'article 1. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Boutin) : Adopté, parfait. Nous en serions maintenant à
l'article 4, Mme la ministre. Oui, M. le député de Laurier-Dorion?
M. Fontecilla : Oui,
j'aimerais introduire un nouvel article, 1.1, un amendement. Est-ce que ça a
déjà été envoyé? Ça a déjà été envoyé.
La Présidente (Mme Boutin) : C'est
1.1 ou 3.1?
M. Fontecilla : 1.1.
La Présidente (Mme Boutin) : Oh!
on ne l'a pas reçu, celui-là. On ne l'a pas reçu, celui-là.
M. Fontecilla : Vous ne l'avez
pas reçu? On va vérifier.
La Présidente (Mme Boutin) : On
va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 17)
(Reprise à 15 h 19)
La Présidente (Mme Boutin) : Alors,
les travaux de la commission sont repris. M. le député de Laurier-Dorion a
déposé un amendement. Je vous inviterais à nous le présenter, M. le député.
M. Fontecilla : Donc,
l'article 1.1 :
L'article 1900 de ce code est modifié par
l'insertion, après le premier alinéa, du suivant :
«Est sans effet la clause qui interdit au
locataire de posséder un animal de compagnie dans son logement.»
Donc, si vous permettez que je l'explique.
Justement, ça tombe bien, cette semaine, ma collègue députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
a déposé une pétition, signée par rien de moins que 33 158 personnes,
et, écoutez, cette pétition fait office d'explication, donc je vais me
permettre de la lire aux collègues, là. Donc, c'est une pétition qui vise
l'interdiction des clauses prohibant les animaux de compagnie dans les
logements :
• (15 h 20) •
«Considérant que le législateur québécois
reconnaît que les animaux sont des êtres doués de sensibilité et que ceux-ci
contribuent à la qualité de vie de la société québécoise;
«Considérant que plus de la moitié des ménages
québécois possèdent un chat ou un chien alors que seule une minorité de
propriétaires immobiliers acceptent des locataires avec animaux;
«Considérant que, chaque été, aux environs de la
journée du déménagement, de nombreuses personnes sont contraintes de prendre
une décision déchirante, soit celle de se défaire de leur animal, qu'elles
considèrent pourtant comme un membre de la famille, afin de se procurer un
logement locatif à un prix abordable;
«Considérant
que les clauses interdisant les animaux dans les logements affectent de manière
disproportionnée les personnes à faibles revenus en raison de leur choix
de logements plus limité, et que cette situation, déjà difficile, est exacerbée
par l'état actuel du marché locatif au Québec;
«Considérant que les clauses interdisant la
possession d'un animal favorisent injustement les propriétaires en leur
permettant de pénaliser tous les propriétaires d'animaux qui sont à la
recherche d'un logement abordable, peu importe la façon dont leur animal se
comporte;
«Considérant que le Québec devrait prendre
exemple sur d'autres juridictions, comme la France et l'Ontario, qui
considèrent les clauses interdisant les animaux dans les logements nulles et
sans effet;
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec de rendre nulle et sans effet toute clause de bail résidentiel
interdisant la possession d'un animal de compagnie.»
Je me permettrai d'ajouter, Mme la Présidente,
qu'il y a ici une situation de discrimination flagrante et les propriétaires
d'un bungalow, d'une propriété privée peuvent avoir des animaux de compagnie.
Les locataires, on peut leur interdire, à la
première occasion, d'avoir un animal de compagnie. Et donc, par cet amendement
très simple, on vise à corriger cette injustice, qui est celle qui fait
en sorte que les locataires, souvent, se voient interdire, par leur
propriétaire, le fait de posséder un animal de compagnie. Voilà, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
beaucoup, M. le député. Oui, M. le député de Mégantic.
M. Jacques : ...Mme la
Présidente. Je voudrais soulever la recevabilité de l'amendement. Je crois
qu'il y a... Dans l'article 1, là, on
parle... on parlait, entre autres, là, des clauses, là, concernant le bail, le
F, les logements, et non pas... on ne
parlait pas d'animaux puis de ce qui concerne, là, ce que le député de
Laurier-Dorion soulève. Donc, je pense que ça amène un élément, là, qui
n'est pas contenu, là, dans le projet de loi qui est déposé aujourd'hui, là.
La Présidente (Mme Boutin) : Côté
règlement, je pense que tout le monde peut s'exprimer sur la recevabilité, là.
M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Je rappelle au
député de Mégantic que c'est un projet de loi omnibus, qui comporte plusieurs
dispositions concernant des sujets tout à fait, tout à fait différents. Donc,
il est tout à fait approprié d'ajouter un nouvel
élément qui concerne, très précisément, une situation très problématique dans
le monde du logement locatif. Donc, je ne pense pas que ce soit, comment
dire, inapproprié de présenter cet amendement-là dans le cadre d'un projet de
loi qui, justement, est qualifié d'omnibus.
La Présidente (Mme Boutin) : Est-ce
que d'autres membres voudraient s'exprimer? Alors, je vais trancher et je juge recevable l'amendement, donc on peut
continuer la conversation. Oui, M. le député de Laurier-Dorion, vous
voulez poursuivre votre argumentaire?
M. Fontecilla : Donc, écoutez,
broder autour de la même... du même argumentaire. Cette semaine, ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques a déposé une pétition signée par
33 158 personnes. C'est parce que ça suscite un niveau de
préoccupation certain dans la population. Et j'aimerais dire qu'on n'est pas...
comment dire, il y a des juridictions très proches de la nôtre, nos voisins de
l'Ontario, avec qui on se complaît à... on aime bien se comparer, à toutes
sortes d'égards, là... qui autorisent déjà la présence d'animaux domestiques
dans les logements locatifs, là.
Et donc, d'autre
part, j'aimerais souligner un aspect qui est peut-être moins soulevé, Mme la
Présidente, là, c'est la question qui suscite quand même un certain niveau de
préoccupation aujourd'hui, et, heureusement, c'est la question de la santé
mentale. Souvent, pour des locataires vivant seuls, ou pas, ou, peu importe,
mais beaucoup pour les personnes seules, là, le fait
d'avoir un animal de compagnie est un élément, là, qui aide à garder une santé
mentale pour ces personnes-là. Il est amplement prouvé que le fait de se
préoccuper d'un autre être vivant, pas nécessairement un autre être humain, là,
ne serait-ce qu'un animal de compagnie ou des plantes, apporte un puissant
effet thérapeutique, là, pour garder un certain équilibre.
Moi-même, j'ai connu
des personnes qui avaient été rénovincées et qui vivaient dans des parcs — dans
ma circonscription, le parc Jarry — et qui ne pouvaient pas ni...
avoir accès ni à un logement ni à des refuges parce qu'ils refusaient mordicus
de se séparer de son chat. On s'entend, un chat, ce n'est pas un boa, ce n'est
pas un tigre, ce n'est pas un éléphant. Un chat, c'est inoffensif, là, à moins
que vous me disiez le contraire, là. Mais, d'ailleurs, cette personne-là est
morte sur la rue, bon, elle avait des problèmes de santé, mais le fait de ne
pas... d'avoir un animal de compagnie faisait en sorte que ses demandes pour
avoir un logement dans le locatif privé étaient systématiquement refusées par
les propriétaires, et ça affecte un très, très grand nombre de personnes. Et
cette clause vient, comment dire, interdire... le fait d'interdire la présence
d'animaux de compagnie, et corriger une injustice qui me semble évidente, et moi et pour beaucoup de gens aussi, hein? Donc,
j'aimerais voir l'ouverture de Mme la ministre à inclure cet
amendement-là.
La Présidente
(Mme Boutin) : Mme la ministre, vouliez-vous intervenir?
Mme Laforest : Oui, bien, on est en
train de vérifier, parce qu'il y a déjà un règlement, au Tribunal administratif
du logement, pour l'entente entre les
locateurs et locataires par rapport aux animaux de compagnie, si c'est un
besoin, justement, pour la santé physique, santé mentale. Maintenant,
qu'est-ce que je veux regarder... On vient juste d'avoir la pétition, elle
vient juste d'être déposée. Ça fait que c'est sûr qu'il faudrait que je
prenne... Tu sais, oui, j'ai entendu votre collègue la lire en Chambre, mais,
en même temps, il faudrait... encore là, c'est une... il faut quand même
rencontrer les locateurs, il faut parler avec les propriétaires, il faut... Tu
sais, il y a du travail à faire, là, c'est ça. Vous le savez, je suis... je
veux toujours collaborer. Là, c'est sûr que, si on ajoute cet amendement-là, il
faut rencontrer des gens. Est-ce que ça va retarder le projet de loi? Puis,
vous le savez très bien, le projet de loi, c'est important pour ce que je
mentionnais auparavant.
Donc, premièrement,
il faut que je me saisisse de la pétition, c'est important, puis, peut-être
que... Je ne sais pas quand est-ce qu'on pourrait regarder pour valider, parce
qu'il faut parler, quand même, aux... à l'ensemble des locateurs du Québec, là.
La Présidente
(Mme Boutin) : Oui, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Thériault :
Oui, merci. Moi, je comprends la demande de mon collègue le député de
Laurier-Dorion. Par contre, Mme la ministre a tout à fait raison lorsqu'elle
dit : On vient de déposer la pétition. Vous n'avez même pas eu le temps
d'y répondre encore par écrit, alors qu'il y a des délais légaux.
Puis je vais revenir
sur ce que j'ai dit tout à l'heure. La ministre devra... ou le prochain
ministre, peu importe qui est aux affaires
de l'Habitation, devra sérieusement considérer ça. Parce que moi, je trouve
qu'il y a des pour, il y a des contre. Là, je me dis : Bon, au
moins, présentement, c'est vrai que, dans l'état de notre législation,
quelqu'un qui a besoin d'un animal de compagnie, d'assistance, c'est permis, il
y a eu des jugements qui ont été rendus là-dessus. Donc, ça, je me dis :
Bien, il y a une certaine portion qui est couverte. C'est vrai qu'il y a de
plus en plus de personnes qui vivent seules puis la santé mentale, pour les
animaux, bien, on comprend que ça peut être bon, là. Moi, j'ai un chat, ça fait
que j'aime bien mon petit minou, sauf que je suis propriétaire. Ça fait que
moi... Tu sais, on a entendu plein de choses par rapport aux dégâts des animaux
de compagnie dans les appartements. Je sais que, dans beaucoup d'offices
municipaux d'habitation, maintenant, les animaux ne sont plus permis, sauf ceux
qui en avaient déjà. Donc, je pense qu'on ne peut pas arriver comme ça, faire
un changement législatif là, là, comme ça, sans avoir entendu, au moins, les
gens des offices municipaux d'habitation, la SPCA, les propriétaires. Je pense
qu'il faut entendre ce que les gens ont à dire sur cette clause-là. Mais je
mets une grosse, grosse note en disant : Ça arrive à la fin de la législation,
mais, pour le prochain, tout comme la clause F, il va falloir se pencher sur
qu'est-ce qu'on fait avec les animaux, définitivement. Donc, voilà.
La Présidente
(Mme Boutin) : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement du député de
Laurier-Dorion? Alors, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement.
Est-ce que l'amendement est adopté ou rejeté, l'amendement de M. le
député de Laurier-Dorion?
M. Fontecilla :
Par appel nominal.
La Présidente (Mme Boutin) : Oui,
par appel nominal. On va y aller par appel nominal, ça va être plus simple.
Le
Secrétaire : Pour contre, abstention. M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Laforest (Chicoutimi)?
Mme Laforest : ...
Le Secrétaire :
Mme Laforest (Chicoutimi)?
Mme Laforest : Je l'ai dit,
contre.
Le Secrétaire : Merci. M. Jacques...
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Je suis contre...
Le Secrétaire : M. Skeete
(Sainte-Rose)?
M. Skeete : Contre.
Le Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
Le Secrétaire : Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Abstention.
Le Secrétaire : Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel)?
Mme Thériault :
Abstention.
Le Secrétaire : Et Mme Perry
Mélançon (Gaspé)?
Mme Perry Mélançon :
Abstention.
Le Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. Nous en serions maintenant à l'article 4.
Mme la ministre... Oui, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : J'aurais un
amendement. Il est déjà sur le Greffier. C'est 3.1.
• (15 h 30) •
La Présidente
(Mme Boutin) : Oui. On a... J'ai simplement besoin du
consentement que... pour que vous puissiez le déposer, étant donné, là,
que l'ordre a tout été changé, là, c'est de la procédure. Est-ce que j'ai le
consentement?
Mme Laforest : Non, pas de
consentement.
La Présidente (Mme Boutin) : O.K.
M. Fontecilla : Très bien.
La Présidente (Mme Boutin) : Pas
de consentement, d'accord. On va procéder avec l'article...
M. Fontecilla : Mais c'est voté
par blocs. Pourquoi...
La Présidente (Mme Boutin) : Je
vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 31)
(Reprise à 15 h 40)
La Présidente (Mme Boutin) : Alors,
nous reprenons les travaux de la commission. Nous allons poursuivre avec
l'étude de l'article 4 puis les amendements, là, qui ont été demandés par
le député de Laurier-Dorion. Vous... la chance de les proposer, là, à la fin de
l'étude. Alors, Mme la ministre, je vous inviterais à présenter
l'article 4, s'il vous plaît.
Mme Laforest : L'article 4 :
Ce code est modifié par l'insertion, après
l'article 1951.1, du suivant :
«1959.2. Le locateur ne peut évincer un
locataire[... un seul...] au seul motif d'un changement d'affectation visé à
l'article 1955.1, à moins que le locateur ne lui ait offert, au plus tard
un mois avant la transmission de l'avis d'éviction, de
résilier son bail et de conclure un nouveau bail, sans interruption et
conformément aux dispositions du premier
alinéa de cet article, et que le locataire n'ait refusé cette offre. L'offre
doit notamment indiquer les services, les accessoires, les dépendances
et les autres avantages qui étaient offerts en vertu du bail précédent et qui
ne le seront plus ainsi que le coût de chacun d'eux. Elle doit également
reproduire le contenu de l'article [1951.1] et celui du présent article.
«Dans le mois de la réception de l'offre du
locateur, le locataire est tenu d'aviser le locateur s'il l'accepte ou non;
s'il omet de le faire, il est réputé l'avoir refusée.
«Le locataire qui accepte l'offre peut
néanmoins, dans le mois suivant la conclusion du bail, s'adresser au tribunal
pour faire fixer le loyer conformément au premier alinéa de l'article 1955.1
ou, suivant le cas, faire statuer sur toute autre modification par rapport au
bail résilié.»
L'article 4. L'article 4 du projet de
loi propose d'introduire, dans le Code civil, un nouvel article 1959.2,
qui empêcherait l'éviction d'un locataire d'un logement situé dans une
résidence privée pour aînés ou dans un autre lieu d'hébergement pour aînés où
sont offerts des services comparables pour le seul motif d'un changement
d'affectation, à moins que le locateur n'ait offert préalablement au locataire
de demeurer dans son logement à certaines conditions.
Plus précisément, le locateur sera tenu d'offrir
au locataire de résilier son bail et de conclure un nouveau bail qui tient
compte du changement d'affectation. Le loyer prévu au nouveau bail devra être
fixé conformément aux règles prévues à l'article 1955.1 du Code civil
proposé par l'article 3 du projet de loi. C'est seulement si le locataire
refusait cette offre que le locateur pourrait procéder à l'éviction, comme le
lui permet l'article 1959 du Code civil.
Le locataire qui accepte l'offre et demeure dans
le logement peut néanmoins s'adresser au Tribunal administratif du logement s'il
croit que le loyer n'a pas été déterminé conformément à la loi ou s'il souhaite
contester toute autre modification par rapport au bail antérieur.
Alors, ici, on vient favoriser le maintien dans
les lieux pour les aînés. On vient permettre aux locataires de détenir tous les
renseignements nécessaires concernant l'offre pour pouvoir prendre une décision
éclairée. On vient s'assurer que le locateur
et le locataire disposent des droits et des protections prévus en matière de
fixation de réajustement de loyer. Ici, on vient diminuer les évictions
et la délocalisation des locataires dans les RPA lors des changements d'affectation
de l'immeuble. Alors, voilà, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Boutin) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a
des interventions sur l'article 4? S'il n'y a pas d'intervention,
est-ce que l'article 4 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Boutin) : Adopté,
parfait. Nous en serions maintenant à l'article 26. Mme la ministre.
Mme Laforest : L'article 26 :
«L'article 1959.2 de ce code, édicté par
l'article 4 de la présente loi, ne s'applique pas à un processus
d'éviction dont l'avis d'éviction a été donné avant le (indiquer ici la date de
la sanction de la présente loi).»
L'article 26 du projet
de loi est une mesure transitoire liée à l'introduction, dans le Code civil,
d'un nouvel article 1959.2 — lui qu'on vient d'adopter — comme
le propose l'article 4 du projet de loi. L'article aura... aurait pour
effet de permettre aux procédures d'éviction en cours lors de l'entrée en
vigueur de la loi de demeurer régies par les règles applicables au moment où a
été donné l'avis d'éviction. Alors, voilà.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 26? S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article 26
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Boutin) : Adopté.
Je vous inviterais à nous lire l'article 5, Mme la ministre.
Mme Laforest : L'article 5 :
L'article 1961 de ce code est modifié par
l'ajout, à la fin du troisième alinéa, de la phrase suivante : «Dans le cas où un avis d'éviction vise un logement situé
dans une résidence privée pour aînés ou dans un autre lieu d'hébergement
où sont offerts à des aînés des services qui
se rattachent à la personne même du locataire, il doit également reproduire
le contenu des articles 1955.1 et 1955... 1959.2.»
Alors, ici, l'article 5 du projet de loi
propose de modifier l'article 1961 du Code civil afin d'ajouter, à toute éviction visant un logement situé dans une
résidence privée pour aînés ou dans un autre lieu d'hébergement pour aînés où
sont offerts des services comparables, le contenu des articles 1955.1 et
1959.2, proposés par les articles 3 et 4 du projet de loi.
L'article 1961, tel qu'il se lirait :
«1961. L'avis
de reprise doit indiquer la date prévue pour l'exercer, le nom du bénéficiaire
et, s'il y a lieu, le degré de parenté ou le lien du bénéficiaire avec
le locateur.
«L'avis d'éviction doit indiquer le motif et la
date de l'éviction.
«Ces avis doivent reproduire le contenu de
l'article 1959.1. Dans le cas où un avis d'éviction vise un logement situé
dans une résidence privée pour aînés ou dans un autre lieu d'hébergement où
sont offerts à des aînés des services qui se rattachent à la personne même du locataire, il doit
également reproduire le contenu des articles 1955.1 et 1959.2.
«La reprise
ou l'éviction peut prendre effet à une date postérieure à celle qui est
indiquée sur l'avis, à la demande du locataire et sur l'autorisation du
tribunal.»
Ici, on vient
s'assurer que les locataires visés par un avis d'éviction soient informés des
nouvelles dispositions du CCQ applicables à leur logement, soit que le
locateur doit offrir la possibilité au locataire de résilier son bail et de
conclure un nouveau bail sans interruption, au plus tard un mois avant la
transmission de cet avis — 1959.2 — et un
locataire qui ne répond pas à cet avis est réputé avoir refusé l'offre. Le
loyer doit correspondre au bail précédent, soustraction faite des services qui
ne lui sont plus offerts.
L'article 1955.1. Ici, on vient viser les
droits des locataires qui pourraient prendre des recours nécessaires, au besoin, à ce moment-ci. Alors, c'est important de
mentionner que les locataires qui font des avis d'éviction soient protégés
et qu'il y ait des dispositions légales qui s'appliquent à leur situation, le
cas échéant. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Boutin) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a
des interventions sur l'article 5? Oui, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Thériault : Bien, moi,
j'aurais juste une question. Parce qu'ici, là, c'est écrit : dans le
cas... Ça vise une résidence privée pour
aînés ou dans un lieu d'hébergement où sont offerts à des aînés des services
qui se rattachent à la personne du même locataire. Je fais juste me
poser la question : Est-ce qu'ailleurs, dans notre législation, il y a un
corollaire pour les personnes qui sont à mobilité réduite? Puis je pose la
question parce qu'ici on ne peut pas changer la vocation d'une coopérative
d'habitation, mettons, ou bien d'un organisme à but non lucratif qui offre des services aux aînés, donc... Ça fait que je
comprends ce que vous faites ici, là, il n'y a pas de problème, mais je me
dis : C'est parce que le corollaire est vrai aussi pour...
Comme moi, chez nous, j'ai une coopérative, qui
s'appelle la coopérative de La Belle amitié, puis c'est des personnes avec
des... une déficience intellectuelle. Donc, c'est sûr que cette coopérative-là,
bien, les gens ont des baux de signés. C'est une coopérative, ils donnent certains
services, donc, probablement, des services de repas, ou des choses comme ça, ou de l'accompagnement. Donc, je me dis, bien, au
niveau de la déficience intellectuelle ou des personnes qui ont des
problèmes au niveau de la mobilité, qui ne sont pas nécessairement des aînés,
si le tribunal ne prévoit rien présentement... Bien, je fais juste allumer une
lumière, Mme la ministre, sur votre tableau, parce que... Je pense que ce n'est
pas ici qu'on va pouvoir le régler, là, sauf que je fais juste allumer une
lumière sur votre tableau, qu'il faudrait aussi protéger les clientèles les
plus vulnérables, lorsqu'on parle des personnes qui ont une déficience
intellectuelle, puis celles qui... qu'ils ont des problèmes de motricité, les
personnes handicapées aussi, qui sont dans des résidences avec des services, et
pas nécessairement dans des résidences privées de personnes âgées. Donc...
Puis, écoutez, là, je ne veux pas faire ralentir
vos choses, là, sauf que, si vous ne le faites pas là, il faut le mettre sur votre table à dessin pour protéger ces
clientèles-là, qui sont tout aussi vulnérables, qui peuvent vivre dedans
des résidences avec des services, qui... à un moment donné, on va dire :
On enlève les services. Mais on fait quoi? On
les met où, ces personnes-là, ceux qui ont une déficience intellectuelle, ceux
qui sont à mobilité réduite, ou un handicap?
Mme Laforest : ...parce
que ce volet-là toucherait le ministère de la Santé. C'est ça qu'on est en
train de regarder. Est-ce que...
Mme Thériault : Bien, c'est
parce que moi, ce n'est pas nécessairement de suspendre, mais je veux juste que
vous soyez consciente, consciente qu'il va falloir faire quelque chose. Parce
qu'il y en a, des OBNL... Je pense à la Maison des sourds. Bien, les gens, là,
ils ont des services, à la Maison des sourds. C'est un OBNL en habitation qui
donne des services, puis là, présentement, ils ne sont pas couverts, parce que
la loi ne couvre que pour les aînés. Donc, les clientèles les plus démunies,
donc ceux qui ont des handicaps, ceux qui ont des déficiences intellectuelles, ne sont pas couvertes de la même manière que les
aînés le sont. Donc, je comprends que ça relève des services sociaux,
parce que, bon, c'est des personnes qui ont des limitations, c'est correct, il
n'y a pas de problème, mais la question est tout entière quand même. On a fait
un virage ambulatoire, on a pris les personnes qui avaient des problèmes de
santé mentale, on les a installées vivre dans la communauté, il y a des
organismes qui ont parti des coopératives, les gens vivent là. Mais c'est une
clientèle qui est à risque, aussi, d'être évincée ou d'avoir une diminution de
services.
Donc, mon questionnement est beaucoup plus en
lien avec ce qu'il y a là, le niveau de protection que les personnes... que nos aînés vulnérables ont dans la
loi. Bien, il m'apparaît à propos, Mme la Présidente, qu'il puisse y avoir une
réflexion qui soit faite, dans la prochaine mouture, pour faire en sorte que
les personnes qui ont une déficience intellectuelle ou une déficience physique,
qu'elles puissent être bien couvertes, aussi, en cas d'éviction, par rapport à
leurs droits, parce qu'il va y avoir moins de services. C'est juste ça.
• (15 h 50) •
Mme Laforest : O.K. Bon, alors,
j'ai une bonne réponse, quand même, parce que... On prenait l'exemple des
Maisons Martin-Matte, par exemple. S'il y a une vente, avec les articles qu'on
a adoptés auparavant, bien, à ce moment-ci, ça prend quand même la décision de
la ministre ou du ministre. Alors, ils sont protégés.
Mme Thériault : Parfait, merci.
Mme Laforest : Très bon point.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Boutin) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 5? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 5 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Boutin) : Adopté,
parfait. M. le député de Laurier-Dorion, oui.
M. Fontecilla : ...un
amendement, Mme la Présidente. Je pense qu'il a été déposé?
La
Présidente (Mme Boutin) : Oui, bien, on va demander à l'afficher aussi.
Est-ce que tout le monde l'a reçu? Il
est sur Greffier. C'est pour insérer l'article 5.1. Je vous inviterais à
nous le présenter, M. le député. On va l'afficher, là. Un moment.
M. Fontecilla : Donc, il
s'agit... Bien, je vais le lire :
1° l'ajout à l'article 1962, après les mots
«l'avis de reprise», des mots «ou [de] l'avis d'éviction»;
En deuxième lieu, la suppression de
l'article 1966.
Donc, l'amendement consiste à faire un ajout à
l'article 1962, qui se lirait comme suit :
«Dans le mois de la réception de l'avis de
reprise ou [de] l'avis d'éviction — c'est ce qu'on ajoute — le
locataire est tenu d'aviser le locateur de son intention de s'y conformer ou
non; s'il omet de le faire, il est réputé avoir refusé de quitter [son...] le
logement.»
Et, en même temps, on annule
l'article 1966 :
«Le locataire peut, dans le mois de la réception
de l'avis d'éviction, s'adresser au tribunal pour s'opposer à la subdivision, à
l'agrandissement ou au changement d'affectation du logement; s'il omet de le
faire, il est réputé avoir consenti à quitter les lieux.
«S'il y a
opposition, il revient au locateur de démontrer qu'il entend réellement
subdiviser le logement, l'agrandir ou en changer l'affectation et que la
loi le permet.»
Par cette
disposition, Mme la Présidente, on vient corriger une incohérence du Code
civil, qui établit une procédure différente
de contestation dans le cas des reprises de logements versus les cas d'éviction
pour subdivision, changement d'affectation ou agrandissement. Et on fait
en sorte d'arrimer la procédure prévue dans le Code civil, là, d'arrimer la
procédure d'éviction pour subdivision, changement d'affectation ou
agrandissement à la procédure de reprise de logement, la reprise de logement,
pour le bénéfice de tout le monde. C'est lorsqu'on avise un locataire qu'on va mettre un parent et qu'il doit quitter le logement.
Donc, c'est... Voilà, c'est principalement ça. Donc, c'est pour harmoniser
la procédure de reprise et la procédure d'éviction. Et on sait qu'en ce moment
il y a un flot, au Québec, une véritable épidémie de certains propriétaires qui
utilisent l'article 1966 pour procéder à des rénovictions. On a vu, la
semaine dernière, un locataire qui... une
personne âgée qui est décédée suite à une rénoviction.
Donc, ça porte un très grand préjudice, que ce soit dans le cas de la procédure de reprise ou dans la procédure
d'éviction, et le préjudice est le même, c'est-à-dire, c'est la perte du
logement pour le locataire, avec toutes les conséquences qui peuvent
s'ensuivre. Donc, selon nous, il devrait
avoir la même... le même type de procédure pour contester cette... ces
procédures-là, que ce soit l'avis d'éviction ou l'avis de reprise.
Voilà.
La Présidente (Mme Boutin) : Mme
la ministre, ou...
Mme Laforest : Oui, on est en
train de se poser la question si l'amendement est recevable. Je crois que non.
Avez-vous vérifié?
La
Présidente (Mme Boutin) : ...mettons, dans une commission, tu sais, avant de
dire qu'un amendement est raisonnable... irrecevable, il faut vraiment
se poser... faire des recherches, ça prend quand même beaucoup de temps.
J'aimerais avoir... connaître votre argumentaire, de votre côté, avant, parce
qu'on parle quand même d'un omnibus à l'Habitation.
Donc j'aimerais vous entendre de manière plus... Parce que, sinon, on va, nous
autres, suspendre, puis on va aller réfléchir, faire des recherches, de
notre côté, là. Ça peut prendre quand même un certain temps. Je veux juste que
vous en soyez conscients.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Boutin) : Bien, vous pouvez vous exprimer, Mme la députée de
Vaudreuil. Voulez-vous vous exprimer à ce sujet?
Une voix : Non, bien... Non, mais
c'était plus une question au niveau de la procédure relativement à la
recevabilité, là. Je comprends, là, les arguments de... du collègue de
Laurier-Dorion. C'est juste que moi, j'ai fait le saut, parce que la suppression de l'article 1966, c'est un article
du Code civil du Québec. Moi, je pensais qu'on ne pouvait pas, tu sais... Moi, là, d'emblée, là, puis je ne
dis pas que j'ai full d'expérience parlementaire, mais, du moins, je pensais
que la suppression d'un article du Code
civil, ça ne se faisait pas. Puis je vais donner un exemple. Hier, on parlait
même d'apporter, je pense, des modifications où on parlait, justement,
d'un article du Code civil du Québec puis on s'est fait dire, tu sais :
Non, ça ne se peut pas. Ça fait que moi... Puis c'est pour ça que je me
disais... Moi, à mon oeil, je me dis : Ce n'est, d'emblée, pas recevable. Mais, si vous me dites
qu'il y a un processus de 20 minutes pour le soulever, ça peut
être...
La Présidente (Mme Boutin) : Je
veux juste entendre... Est-ce que vous avez un argumentaire? Après ça, je vais
suspendre, puis je vais consulter mon
secrétaire, puis je vais trancher. Oui, allez-y, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Thériault : Je vais me permettre, Mme
la Présidente, de lire l'article 1966 que le collègue veut supprimer.
C'est :
«Le locataire peut,
dans le mois de la réception de l'avis d'éviction, s'adresser au tribunal pour
s'opposer à la subdivision, à l'agrandissement ou au changement d'affectation
du logement; s'il omet de le faire, il est réputé avoir consenti à quitter les
lieux.
«S'il y a opposition,
il revient au [locataire] de démontrer qu'il entend réellement subdiviser le
logement, l'agrandir ou en changer l'affectation et que la loi le permet.»
À mon sens, Mme la
Présidente, on est en train d'enlever un droit au locataire de dire :
Bien, moi, je ne suis pas d'accord avec ça. On lui permet...
L'article 1966 lui permet de s'adresser au tribunal pour, justement,
s'opposer à la subdivision. Ça fait qu'on
vient enlever un droit au locataire, donc, honnêtement, on est à l'encontre de
tout le projet de loi. Ça fait que moi, je comprends que ce n'est
peut-être pas le but visé par le collègue de Laurier-Dorion, là, mais, à mon sens, là, c'est comme... Je pense
qu'on n'est pas ici pour essayer de leur enlever des droits moi, aux locataires.
Je pense qu'on est là pour essayer de mieux les protéger. Donc, voilà.
La Présidente
(Mme Boutin) : Est-ce que vous voulez dire quelque chose, Mme la
ministre?
Mme Laforest :
Bien, moi, ce que je peux dire, c'est peut-être une proposition que vous
avez eue, parce que la... si on enlève, si
on supprime l'article 1966, je crois que tout ce que vous avez revendiqué
depuis les derniers mois... Ça ne vous ressemble pas, je ne sais pas.
C'est ça, ça ne vient sûrement pas de vous de retirer l'article 1966,
donc, pour vous protéger, peut-être, ce serait bon de, rapidement, enlever cet
amendement-là. Moi, je vous le conseille.
M. Fontecilla :
...on va revenir avec un autre.
Mme Laforest :
Bien, je le sais. Mais là est-ce que vous êtes en train de dire que
l'article 66, qu'on dit que le locataire, dès l'avis de... réception de
l'avis d'éviction, ne pourra plus s'adresser au tribunal pour s'opposer à la
subdivision et l'agrandissement, comme la collègue d'Anjou—Louis-Riel disait?
M. Fontecilla : Nous, ce qu'on veut, là,
principalement, c'est que... qu'il y ait une cohérence entre la procédure
de reprise et la procédure d'éviction.
Mme Laforest : Oui, mais là... Je comprends, là, sauf que, là,
on ne peut pas enlever l'article 1966, là, ça n'a aucun bon sens.
M. Fontecilla : Si vous êtes... vous
admettez l'admissibilité de ce... de l'esprit qu'on veut amener, on va le
retirer puis on va en déposer un autre tout à fait conforme...
Mme Laforest :
O.K. Il faudrait le retirer, parce que moi, je dis que ça n'a aucun sens.
Même moi, je me sentirais mal, parce qu'à ce moment-ci, comme on le disait, on
ne protège plus les locataires pour les évictions, les locataires ne pourraient
plus se défendre.
M. Fontecilla :
Je vous propose, Mme la ministre, de suspendre, nous donner quelques
minutes, de préparer un nouvel amendement.
Mme Laforest :
Un nouvel amendement?
M. Fontecilla :
Oui.
Mme Laforest :
O.K. Est-ce qu'on peut continuer l'article 29...
La Présidente
(Mme Boutin) : Bien là, là, vous êtes en train de dire que vous
voulez retirer l'amendement pour en proposer
un autre? Est-ce que j'ai le consentement pour retirer l'amendement? J'ai juste
besoin du consentement.
Des voix : ...
• (16 heures) •
La Présidente
(Mme Boutin) : Consentement, parfait.
Mme Laforest :
Bien, certain. C'est important, pour ne pas accepter ça, là.
La
Présidente (Mme Boutin) : Bon, bien, on va refuser... on va retirer
cet amendement-là, puis vous en reposerez un autre. Est-ce que... Bien, au
pire, vous le mettrez à la fin, avec l'autre.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Boutin) : Oui,
on peut. On en est rendu à l'article 29. On peut continuer avec le 29
puis, de toute façon... Allez-y.
Mme Laforest :
D'accord. L'article 29 :
Le premier règlement
modifiant le Règlement sur les formulaires de bail obligatoires et sur les
mentions de l'avis au nouveau locataire
(chapitre T-15.01, r. 3) n'est pas soumis aux dispositions des
articles 8 à 14 de la Loi sur les règlements (chapitre R-18.1), dans
la mesure où les modifications qu'il contient sont requises par les modifications
apportées au Code civil par les articles 1 à 4 de la présente loi.
Jusqu'à l'édiction de
ce premier règlement, tout bail visé par le Règlement sur les formulaires de
bail obligatoires et sur les mentions de l'avis au nouveau locataire et conclu
après le (indiquer ici la date qui précède celle de la sanction de la présente
loi) doit se lire en faisant les adaptations requises par les modifications
apportées au Code civil par les articles 1 à 4 de la présente loi.
L'article 29 du
projet de loi est une mesure transitoire liée aux modifications du Code civil
proposées par les articles 1 à 4, déjà
adoptés, du projet de loi. Ces modifications entraînent la nécessité de
modifier certains éléments des formulaires
de bail annexés au Règlement sur les formulaires de bail obligatoires et sur
les mentions de l'avis au nouveau locataire.
Alors,
ici, on vient accélérer l'adoption d'un projet... premier projet de règlement
modifiant le règlement sur les formulaires
de bail obligations et sur les mentions de l'avis au nouveau locataire. Alors,
voilà. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Boutin) : Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 29? Alors, s'il n'y a pas d'intervention, est-ce que
l'article... Oui, allez-y, Mme la députée.
Mme Thériault :
Combien de temps vous sauvez en écourtant la procédure avec le règlement?
45 jours, une publication? 45 jours?
Des voix : ...
Mme Thériault :
O.K. Ça fait que c'est à peu près comme trois mois, ce qui permettrait de
s'assurer que les changements soient prêts pour la prochaine ronde
d'augmentation, d'avis, qui doivent être envoyés pour juillet 2023, donc,
ce qui veut dire, les avis qui partiraient au mois de janvier, normalement, en
2023. O.K., correct.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 29? Non? Est-ce que
l'article 29 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Boutin) : Parfait. Oui?
M. Fontecilla :
...suspension pour avoir le temps de préparer mon amendement.
La Présidente
(Mme Boutin) : Oui, il n'y a pas de problème.
On va suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 02)
(Reprise à 16 h 16)
La Présidente
(Mme Boutin) : Alors, la commission est en ondes, chers
collègues. Nous reprenons les travaux. Mme la ministre, je vous inviterais à
nous lire l'article 30, s'il vous plaît, qui concerne l'entrée en vigueur.
Mme Laforest :
Alors, l'article 30 :
La présente loi entre
en vigueur le (indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).
Alors,
l'article 30 du projet de loi prévoit que la loi entrerait en vigueur le
jour de sa sanction. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 30?
Est-ce que l'article 30 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Boutin) : Adopté,
parfait. M. le député de Laurier-Dorion, vous pouvez déposer, là... nous
présenter l'amendement que vous voulez nous présenter.
M. Fontecilla :
Tout à fait. Merci, Mme la Présidente. Donc, c'est
l'article 5.1 :
Insérer, après
l'article 5 du projet de loi, le suivant :
5.1. Ce code est
modifié par le remplacement de l'article 1966 par le suivant :
«1966. Dans le mois
de la réception de l'avis d'éviction, le locataire est tenu d'aviser le
locateur de son intention de s'y conformer
ou non; s'il omet de le faire — c'est
important — il
est réputé avoir refusé de quitter le logement.
«Lorsque
le locataire refuse de quitter le logement, le locateur peut, néanmoins, le
reprendre, avec l'autorisation du tribunal.
«Cette demande doit
être présentée dans le mois du refus et le locateur doit alors démontrer qu'il
entend réellement reprendre le logement pour la fin mentionnée dans l'avis
d'éviction et qu'il ne s'agit pas d'un prétexte pour atteindre d'autres fins.»
Donc, Mme la
Présidente, il y a deux procédures pour mettre un locataire à la rue, pour
parler en termes très clairs. Il y a la
reprise, il y a l'avis d'éviction pour agrandissement, changement d'affectation
ou subdivision, deux façons. Et ça arrive... les deux procédures
arrivent à la même... au même résultat, c'est-à-dire l'éviction du locataire.
Dans l'article, et lorsque je parle d'harmonisation, je fais référence à
l'article 1962, qui stipule la procédure de reprise, et qui dit : Le locataire... «Dans le mois de la
réception de l'avis de reprise, le locataire est tenu d'aviser le locateur de
son intention de s'y conformer ou non; s'il omet de le faire, il est
réputé avoir refusé de quitter le logement.» En d'autres mots, si le locataire ne répond pas à l'avis de
reprise, il est réputé avoir refusé de quitter le logement. Dans
l'article 66, qui aboutit au même résultat, c'est-à-dire que le
locataire sorte du logement, on dit : Il est... s'il omet de le faire,
s'il omet de contester l'avis d'éviction, il est réputé avoir consenti à
quitter les lieux. Donc, c'est complètement le contraire dans la reprise... dans
la procédure d'éviction... dans la procédure de reprise. Si le locataire ne
conteste pas, il est réputé ne pas avoir... il n'accepte pas de quitter les
lieux. Et dans le cas de l'éviction, s'il ne conteste pas dans les mois
suivants l'avis, il est réputé avoir consenti à quitter les lieux.
Il y a une
incohérence. Ça a été soulevé à quelques reprises dans le cadre de l'étude du
p.l. n° 67. Mme la ministre de l'Habitation a fait des consultations sur
cet élément-là, et nous attendons toujours le résultat de ces consultations-là. Mais là nous revenons à la
charge pour corriger cette incohérence du Code civil, qui a d'importantes
répercussions sur la vie des gens, hein, dans le cas de la reprise. C'est...
Voilà. Et j'aimerais qu'on puisse avoir un Code civil qui, dans le cas des
procédures de reprise et des procédures d'éviction, ait une cohérence interne
dans les procédures qui concernent l'éviction ou la reprise du logement du
locataire. Voilà.
La Présidente
(Mme Boutin) : Merci beaucoup, M. le député. Mme la ministre,
voulez-vous parler?
• (16 h 20) •
Mme Laforest :
Oui. Bien, en fait, on parle vraiment du renversement du fardeau de la
preuve, qu'on avait discuté ensemble. On avait eu deux rencontres, je crois,
avec des partenaires puis les collègues, puis on avait regardé qu'est-ce que...
si on pouvait aller de l'avant. On disait, justement, qu'il fallait travailler
à changer le Code civil. Maintenant, c'est quand même une demande... Je le
sais, là, que vous êtes intéressé, puis je sais que c'est important pour vous.
Maintenant, je ne sais pas si, présentement, dans le projet de loi, on pourrait
aller de l'avant, parce que, si on continue à travailler le renversement du
fardeau de la preuve, j'aimerais ça, vraiment, rediscuter avec le Tribunal
administratif du logement. Il y avait des enjeux importants, donc je prendrais
le temps, quand même, de consulter le Tribunal administratif du logement pour
cette demande-là, c'est certain.
M. Fontecilla :
Si je peux me permettre, oui, la ministre peut consulter le TAL, mais...
C'est, effectivement, le renversement du fardeau de la preuve, là, mais les
conséquences sont tout à fait dramatiques, là, dans un cas comme dans l'autre,
mais beaucoup plus... les conséquences arrivent beaucoup plus rapidement, des
conséquences dramatiques, là, dans le cas d'avis d'éviction, là. Donc, il
devient nécessaire de corriger cette incohérence-là, qui est... qui est
clairement au détriment d'une portion grandissante de locataires qui sont...
qui affrontent les procédures de rénoviction. Et il y a beaucoup de gens, là,
qui ont trouvé le truc, hein, pour évincer des locataires, et procéder à
quelques travaux, cosmétiques, souvent, et à augmenter considérablement les
loyers. Il faut s'y attaquer.
Bon, la ministre nous
dit qu'elle veut consulter la régie... le Tribunal administratif du logement.
Soit. Mais elle a l'opportunité de le faire.
On a déjà consulté, on a déjà fait deux rencontres avec et les représentants
des locataires et les représentants des propriétaires, en la présence du
Tribunal administratif du logement. Je pense qu'on n'a pas besoin d'aller chercher plus d'informations, on
connaît de quoi il s'agit, là, il s'agit de corriger une brèche, une injustice.
On pourrait le faire rapidement aujourd'hui.
Mme Laforest : Oui. Mme la Présidente,
parce que... J'aimerais ça relire l'article 1966, parce que
l'article 1966 est quand même très, très complet :
«Le locataire peut,
dans le mois de la réception de l'avis d'éviction, s'adresser au tribunal pour
s'opposer à la subdivision, à l'agrandissement ou au changement d'affectation
du logement; s'il omet de le faire, il est réputé avoir consenti à quitter les
lieux.
«S'il
y a opposition — donc,
si le locataire s'oppose — il
revient au locateur de démontrer qu'il entend réellement subdiviser le
logement, l'agrandir ou en changer l'affectation et que la loi le permet.»
Alors, je me
rappelle, dans les rencontres qu'on avait faites quand on avait discuté avec le
Tribunal administratif du logement, c'est quand même la responsabilité
du propriétaire, du locateur de démontrer qu'il veut... qu'il doit ou qu'il veut absolument subdiviser le logement, l'agrandir ou
changer l'affectation. Donc, encore là, il n'y a pas de vide juridique, parce
que l'article 1966, c'est encore le propriétaire qui doit démontrer
vraiment les causes pourquoi il voudrait
subdiviser, les raisons pourquoi il voudrait subdiviser, agrandir ou changer
d'affectation, que la loi le permet.
Puis je me rappelle, quand on avait discuté avec
l'équipe, il n'y a aucun vide juridique, donc le locataire doit s'opposer, et c'est le propriétaire qui est
responsable de démontrer. Donc, il y a quand même une bonne responsabilité pour le propriétaire ou le
locateur, là, dit propriétaire. Donc, dans l'article 66... 1966, il n'y a
aucun vide juridique. Maintenant, c'est au locataire de lever la main et de
dire : Je ne suis pas d'accord. Puis le propriétaire fera le travail qu'il
doit faire. Merci, Mme la Présidente.
M. Fontecilla : En effet, il
n'y a pas de vide juridique, et je n'ai pas parlé de vide juridique, j'ai parlé
d'incohérence. Dans un cas de reprise, on stipule un certain type de procédure,
et dans le cas d'éviction, on stipule la procédure tout à fait complète. Dans les
deux cas, le locataire peut contester soit la reprise, soit l'éviction. Dans
62, la différence, qui est la différence fondamentale, que... si le locataire
omet de le faire dans le cas de la reprise, article 1962, il est réputé
avoir refusé de quitter le logement, alors que, dans 66... et ce n'est pas un
vide juridique, là, c'est une procédure qui est contradictoire avec la
première... s'il y a... s'il omet de le faire, si le locataire omet de
contester l'avis d'éviction, 66, il est réputé avoir consenti à quitter les
lieux, là. C'est tout à fait le contraire. Alors que la conséquence, le
préjudice est le même, là, c'est-à-dire l'abandon... l'obligation, pour le
locataire, de quitter les lieux, là. C'est
là où il y a une incohérence, non pas un vide juridique, mais une incohérence
dans les deux procédures.
La Présidente (Mme Boutin) : Mme
la députée de Gaspé, vous vouliez intervenir?
Mme Perry Mélançon : Bien, moi,
je pense que c'est, effectivement, le genre de mesures qu'on aurait pu mettre
en oeuvre plus tôt si on avait étudié ce projet de loi là, justement, pas à la
toute dernière minute. Donc, moi, renverser
le fardeau de la preuve, et tout ça, je pense que c'est là vers où on doit se
diriger, parce que, souvent, on l'a dit, c'est des gens plus démunis qui
vont se faire prendre dans ce stratège-là, puis c'est des gens qui ne
connaissent pas toujours leurs droits, et comment aller vers le TAL, et, bon,
tout faire la procédure. Donc, je pense que d'essayer de leur faciliter la
tâche dans le processus, parce que les propriétaires, souvent, ils connaissent
un peu mieux toute l'administration puis la gestion de ces cas-là, bien, ça
permettrait quand même, ici, là, de faire une grande différence. Donc, moi, je
pense que c'est un amendement qui est bienvenu.
La Présidente (Mme Boutin) : Est-ce
que vous avez d'autres interventions?
Mme Laforest : Non, je n'en ai
pas d'autres.
La
Présidente (Mme Boutin) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui,
allez-y, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Je demande le
vote par appel nominal.
La Présidente (Mme Boutin) : Parfait.
Alors, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement qui introduit
l'article 5.1, par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : Mme Laforest
(Chicoutimi)?
Mme Laforest : Contre.
Le Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
Le Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire : M. Skeete
(Sainte-Rose)?
M. Skeete : Contre.
Le
Secrétaire : M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols :
Abstention.
Le Secrétaire :
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Thériault :
Abstention.
Le
Secrétaire : Mme Perry Mélançon (Gaspé)?
Mme Perry
Mélançon : Pour.
Le
Secrétaire : Mme Boutin (Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) : Abstention.
Alors, l'amendement qui introduit l'article 5.1 est rejeté. M. le député
de Laurier-Dorion, oui, pour votre deuxième.
M. Fontecilla : On va aller... on va
procéder rondement. Je dépose un nouvel article 3.1, qui est déjà sur
Greffier.
La Présidente
(Mme Boutin) : Oui, est-ce que tout le monde a l'amendement qui
introduit l'article 3.1? On va l'afficher, puis vous pouvez nous le
présenter, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Deux petites secondes, Mme la Présidente... O.K., amendement,
article 3.1 :
Insérer, après
l'article 3 du projet de loi, le suivant :
3.1.
L'article 1959 de ce code est modifié par l'ajout, après le premier
alinéa, du suivant :
«Le locateur d'un
logement ne peut en évincer le locataire lorsque le taux d'inoccupation des
logements locatifs est inférieur à 3 % dans le secteur où se situe le
logement.»
Donc, très
rapidement, parce que, Mme la ministre, on a déjà eu l'occasion de discuter de
cette mesure-là, ce qui nous paraît, c'est que, dans un contexte de rareté des
logements locatifs, il devient... comment dire, il devient fort inapproprié est très contestable, d'un point de
vue moral, de procéder à des évictions pour procéder, en bout de ligne, là,
à augmenter les loyers, donc à s'enrichir, là. Donc, dans un contexte, encore
une fois, de crise du logement, qui se traduit
par une rareté extrême des logements, dans tous les territoires où le taux
d'inoccupation est inférieur à 3 %, il nous semble que les
évictions devraient être temporairement suspendues.
La Présidente
(Mme Boutin) : Merci. Mme la ministre.
Mme Laforest : Oui. Alors, bien, pour
cet amendement-là, moi, ce que je peux dire, c'est que c'est impossible
qu'on empêche les... certains propriétaires de loger des membres de la famille,
parce qu'avec votre amendement c'est évident que les gens ne pourraient pas
loger les proches de la famille, les parents, les enfants, donc, ça, c'est sûr
qu'on ne peut pas aller de l'avant. Par contre, en plus, vous parlez du
3 %. Moi... Il faut quand même mentionner que, durant la pandémie, vous le
savez, pendant des semaines, on a empêché, justement, les évictions parce qu'on
vivait une pandémie sans précédent, donc ça prend quand même des bonnes
raisons.
Puis interdire tout
changement dans un immeuble pour subdiviser, agrandir ou encore... on ne
pourrait pas aller de l'avant non plus, parce que vous comprenez que c'est dans
le même article qu'on dit que le propriétaire peut loger un membre de sa
famille. Donc, c'est sûr que, si on allait de l'avant, ce serait comme... ce ne
serait pas... ce serait... selon moi, là, ce
serait... c'est un sujet beaucoup trop sensible, puis je n'aurais pas la
prétention de dire à quelqu'un : Tu
ne peux pas laisser ton logement à ton enfant ou ta mère dans l'immeuble.
Alors, c'est impossible, on ne pourrait pas aller de l'avant. Merci, Mme
la Présidente.
• (16 h 30) •
La Présidente
(Mme Boutin) : Merci beaucoup.
M. Fontecilla : La ministre soulève un
excellent point, et je suis tout à fait ouvert à apporter des modifications,
les modifications requises, là, pour faire en sorte qu'on puisse loger
quelqu'un de la famille, que ce soit une exception là, à cette règle-là. Je
suis tout à fait ouvert à regarder avec vous, là, à rédiger un tout nouvel article,
si c'est par là qu'il faut passer, afin de contempler... de considérer cette
opportunité-là et cette possibilité-là. Et vous avez bien raison de le
soulever, je suis tout à fait prêt à modifier mon amendement, là, dans le sens
qui vous convient le mieux.
La Présidente
(Mme Boutin) : Mme la ministre, est-ce que vous voulez...
Mme Laforest : Bien là, on
parle de l'amendement. Le 3 %, c'est sûr qu'on ne peut pas aller de
l'avant, c'est impossible d'appliquer ça. L'autre chose, si on change la
famille, la subdivision, agrandissement, bien, à ce moment-ci, il faudrait faire plusieurs changements
dans... à travers le projet de loi et à travers, également, le Code civil,
donc on ne peut pas, non plus, aller de l'avant. Je comprends, là, votre
demande. Maintenant, c'est certain qu'on ne peut pas changer quoi que ce soit.
M. Fontecilla : Donc, il y a un aspect
de, comment dire, complexité des changements législatifs pour appliquer
cet élément-là. Mais j'aimerais bien connaître les raisons pour... concernant
le 3 %. Mme la ministre a parlé que c'est impossible d'applique une telle
disposition dans les territoires où est-ce que le taux d'inoccupation est inférieur
à 3 %. J'aimerais savoir pourquoi.
Mme Laforest :
Bien, je ne sais pas. C'est pourquoi vous avez pris 3 %? Parce qu'il y
a des endroits, par exemple, où il y a un taux d'inoccupation à 2 %, et
même, parfois, 1,8 %, puis il n'y a pas de nouvelles familles, il n'y a
pas de nouveaux étudiants, puis 1,8 %, c'est correct, parce qu'il n'y a
pas plus de citoyens dans la municipalité. Donc,
le 3 %, je ne sais pas où vous avez pris ça, mais, en même temps, le
3 %, ce serait inapplicable, de toute manière. Mais juste savoir
où... Sur quoi vous vous êtes basé pour le 3 %?
M. Fontecilla :
Le 3 % est le chiffre utilisé par l'ensemble des intervenants, dans le
monde de l'habitation, pour qualifier une
situation de rareté des logements. Et donc c'est une... oui, ça pourrait être
4 %, ça pourrait être 2 %, mais,
par convention, on arrive à 3 %. C'est un chiffre connu et utilisé à
maintes reprises par l'ensemble des intervenants, là, dans l'habitation.
Mme Laforest :
Oui, mais il faut imaginer... Admettons, dans une municipalité, on est à
2,5 % de taux d'inoccupation, et là on
dit : Pas de subdivision, pas d'agrandissement, puis c'est 2,5 %. Tu
sais, ça dépend de chaque municipalité,
et, encore là, on le voit, là, avec les taux d'inoccupation qu'on a reçus de la
SCHL, ça dépend de chaque région, là,
donc on ne pourrait pas... On ne peut pas aller avec un pourcentage comme ça,
de toute manière, ce serait vraiment impossible à... l'application
serait impossible dans toutes les régions... dans plusieurs régions.
M. Fontecilla :
Je ne veux pas éterniser le débat, Mme la Présidente, là, mais je suis tout
à fait prêt à étudier la possibilité d'avoir des taux variables selon les
régions, selon les différents paramètres, là, qui disent que le taux
d'inoccupation normalement utilisé, là, pour qualifier qu'il y a une crise...
une pénurie de logements, bien, peut varier selon les régions. Je suis tout à
fait ouvert à explorer cette possibilité-là, si la ministre me dit qu'elle est
prête à aller... à étudier cette possibilité-là, mais je suis tout à fait prêt
à collaborer.
Mme Laforest :
Bien, c'est certain que j'aimerais dire à mon collègue de Laurier-Dorion...
Parce qu'il y a un illogisme dans ça, parce
que, là, on interdirait les subdivisions. Mais admettons un grand logement avec
une chambre, mais c'est un très, très grand logement, on interdit d'en
faire deux chambres, trois chambres, parce que maintenant il y a un règlement qui dirait : Interdit de
subdivision, agrandissement, c'est impossible, là, parce que ça dépend des
besoins du milieu, ça dépend de la
municipalité, tu sais, il y a plusieurs facteurs à considérer, donc ce serait
impossible d'aller de l'avant.
M. Fontecilla :
Très bien.
La Présidente (Mme Boutin) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement qui introduit
l'article 3.1? Oui, allez-y, Mme la députée de Gaspé.
Mme Perry
Mélançon : Juste par simple... pas curiosité, mais je suis intéressée
de comprendre juste la question du... que ça peut être correct, dans une
municipalité, d'être à 1,8 %, là. Je veux juste... je veux juste suivre un
peu, là, qu'est-ce qu'on veut dire par là. Parce que je comprends qu'il peut ne
pas y avoir de besoins actuels, mais ce
qu'on espère au gouvernement, c'est toujours de revitaliser puis de... tu sais,
on est dans une optique de... Donc, moi, je peux avoir des
municipalités, présentement, ils n'ont pas de besoin, mais que ça va venir.
Donc, je pense qu'il ne faut pas non plus... Mais ce n'est pas nécessairement
pour poursuivre dans le débat, là, mais le 1,8 % d'inoccupation qui peut
être correct, ça, je la comprends moins, là.
Mme Laforest :
Bien, le 3 %, il a été vraiment calculé, on dit que c'est une moyenne,
c'est la moyenne ici, au Québec. Par contre, il y a des municipalités qui sont
à... présentement, à 1,6 % ou peu importe, là, mais ils n'ont pas eu de nouvelle famille. Parce qu'on le sait,
je le disais souvent, là, il y a 50 000 personnes environ qui sont
parties de Montréal pour aller dans
les régions, mais il y a des municipalités qui n'ont pas reçu, nécessairement,
de nouveaux arrivants ou de nouveaux citoyens. Donc, si le taux
d'inoccupation est à 2 %, par exemple, le taux d'inoccupation va rester à 2 %. À ce moment-ci, on dirait... on
apporterait une modification pour dire : Bien, ceux en bas de 3 %,
maintenant, c'est interdit de subdivision, agrandissement.
Donc, pour les
raisons que je mentionnais, un grand logement, on ne peut même plus le
subdiviser en deux chambres. Il y a des raisons comme ça. Sauf que oui, il y a
des endroits qu'il n'y a pas eu plus de population, je ne veux pas nommer les
villes parce que c'est des villes... peut-être les municipalités ne seraient
pas, tu sais, à l'aise avec ça. Il faut considérer qu'il y a des endroits
qu'énormément de citoyens se sont déplacés, on le sait, là, dans quelles régions les gens sont allés, mais, en même
temps, il y en a que le taux d'inoccupation n'a pas changé et il n'y a pas plus
de demandes de logements parce qu'il n'y a pas plus de citoyens.
Donc,
un taux d'inoccupation, par exemple, à 2 % ne veut pas dire nécessairement
qu'on devrait absolument appliquer la mesure d'interdiction de subdivision,
agrandissement et changement d'affectation. Vous comprenez? Merci.
La
Présidente (Mme Boutin) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement qui introduit l'article 3.1 de M. le député de
Laurier-Dorion? Alors, est-ce que l'amendement...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Boutin) : Parfait.
On va procéder au vote nominal pour l'amendement qui introduit
l'article 3.1. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : Mme Laforest
(Chicoutimi)?
Mme Laforest : Contre.
Le Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
Le Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire : M. Skeete
(Sainte-Rose)?
M. Skeete : Contre.
Le Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
Le Secrétaire : Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Contre.
Le Secrétaire : Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel)?
Mme Thériault : Contre.
Le Secrétaire : Mme Perry
Mélançon (Gaspé)?
Mme Perry Mélançon : Contre.
Le Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté. M. le député de Laurier-Dorion, je comprends
que vous avez un autre amendement à nous présenter.
M. Fontecilla : Et mon dernier.
La Présidente (Mme Boutin) : On
est déjà... il est déjà en ligne, je crois. Est-ce que tout le monde l'a reçu?
Vous pouvez y aller.
M. Fontecilla : Parfait. Je
peux, en fait, procéder à la lecture?
La Présidente (Mme Boutin) : Oui.
M. Fontecilla :
3.1, amendement 3.1 : Insérer, après l'article 3 du projet
de loi, le suivant :
3.1. Ce code est
modifié par le remplacement de l'article 1959.1 par le suivant :
«1959.1. Le locateur
ne peut reprendre un logement ou en évincer un locataire lorsque ce dernier ou
son conjoint, au moment de la reprise ou de l'éviction, est âgé de 65 ans
ou plus, occupe le logement depuis au moins cinq ans et a un revenu égal ou
inférieur au montant équivalent à 150 % du revenu maximal lui permettant
d'être admissible à un logement à loyer modique selon le Règlement sur
l'attribution des logements à loyer modique (chapitre S-8, r. 1).
«Il peut toutefois
reprendre le logement dans l'une ou l'autre des situations suivantes :
«1° il est lui-même
âgé de 65 ans ou plus et souhaite reprendre le logement pour s'y loger;
«2° le bénéficiaire
de la reprise est âgé de 65 ans ou plus;
«3° il est un
propriétaire occupant âgé de 65 ans ou plus et souhaite loger, dans le
même immeuble que lui, un bénéficiaire âgé de moins de 65 ans.
«La Société
d'habitation du Québec publie sur son site Internet les seuils de revenu
maximal permettant à un locataire d'être admissible à un [...] loyer modique.»
Voilà. Donc, c'est
une actualisation d'une loi qui existe déjà, qui a été adoptée par l'ancien
gouvernement, là, en 2016 ou 2017, si je ne me trompe pas. Et donc c'est une
protection qui est octroyée aux locataires aînés et âgés. Aujourd'hui, les
trois critères, l'âge, la durée d'occupation d'un logement ainsi que le revenu
se situent à 70 ans, 10 ans pour être... la personne doit rester
pendant... doit avoir resté pendant 10 ans dans le même logement, là, pour
être admissible à cette loi-là, et son revenu doit être admissible au... pour
être admissible pour un revenu... pour un logement à loyer modique, ce qui est
très, très, très bas comme revenu, là, en fait, je l'ai ici, c'est le plafond
de revenu déterminant les besoins impérieux, le PRBI, dont on a déjà parlé ici,
là, dans l'étude du projet de loi n° 37.
Donc, il s'agit
fondamentalement d'une actualisation, passer de 70 ans à 65 ans,
passer de 10 ans de vie dans un logement à cinq ans, et au lieu de...
avoir un revenu un petit peu plus élevé, là, de 150 %, là, du plafond de
revenu déterminant les besoins impérieux pour être admissible à la protection
de cette loi-là. Voilà.
• (16 h 40) •
La Présidente
(Mme Boutin) : Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme Laforest : Oui, bien, j'ai une
première... bien, en fait, je ne sais pas comment vous avez établi le
150 %. Comment ça a été établi?
M. Fontecilla :
Ça a été établi selon la logique générale que les plafonds actuels sont
extrêmement bas, donc on doit les... on doit augmenter les plafonds pour être
admissible à cette loi-là, et 150 % nous paraît un chiffre tout à fait
pertinent, là, mais, si la ministre a un autre plafond à nous proposer, on est
tout à fait prêt à l'étudier.
Mme Laforest :
Non, mais je veux juste savoir, ça a été calculé sérieusement... ou une
logique que vous avez établi ce pourcentage-là.
M. Fontecilla :
La logique, c'est 1,5, le plafond de revenu déterminant les besoins
impérieux.
Mme Laforest :
Je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment ça peut être... Pourquoi
1,5? Pourquoi pas 1,2?
M. Fontecilla : Bien, écoutez, on va y
aller, là, par exemple, pour la région de... attendez une minute, le plafond
de revenu déterminant les besoins impérieux,
pour la Capitale-Nationale, c'est pour un couple... une personne, c'est...
non, attendez une minute, là, c'est
31 000 $. Voilà. Vous en conviendrez qu'un revenu de
31 000 $ pour une personne ou un couple, c'est plutôt tribal,
donc ça exclut énormément de personnes de la protection de cette loi-là, parce
que toutes les personnes ou les couples gagnant plus que 31 000 $
sont automatiquement exclus. Il nous est apparu que le monter à 1,5, donc ça fait autour de 15 000 $ de plus,
45 000 $, c'est beaucoup plus réaliste de la situation de l'ensemble
des locataires aînés au Québec, là, dans le logement privé, là.
Mme Laforest :
Parce que les PRBI, c'est important de le mentionner, hein, on les a tous
augmentés, il y a six mois de ça, pour, d'ailleurs, que les gens puissent
habiter nos HLM, de 21 000 $ à 28 000 $, par exemple, dans
certaines régions, de 28 000 $ à 31 000 $, 28 000 $
à 34 000 $. Les PRBI ont été augmentés, et ce qu'on veut faire, c'est
même les amener à 150 %. Ça fait que c'est pour ça je me disais, je ne
sais pas si vous vous êtes basé sur les programmes Supplément au loyer pour
sortir le chiffre de 150 %. C'était ça, ma question, en fait.
M. Fontecilla :
On s'est basé sur la grille actuelle qu'il fallait bonifier, parce que la
grille actuelle, les plafonds nous paraissent extrêmement bas, et ça fait en
sorte d'exclure énormément des personnes aînées, là, qui pourraient être
protégées par cette loi-là.
Mme Laforest :
O.K. Parce que ça me fait penser au tableau qu'on avait présenté, là, pour les
revenus pour AccèsLogis, Logement abordable, un peu. C'est pour ça, je voulais
savoir comment ça avait été calculé. Alors, merci. Je n'ai pas d'autre
question, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Fontecilla : Bien, j'aimerais savoir si la ministre est prête
à considérer la possibilité d'actualiser les critères de cette loi-là
pour protéger les aînés.
Mme Laforest : Bien, moi,
qu'est-ce que je peux dire, puis ce serait peut-être un résumé du travail qu'on
a fait ensemble, parce que je salue vraiment le bon travail du député de
Laurier-Dorion, parce que je vais le redire, là, on a un projet de loi ici,
heureusement, qu'on peut adopter rapidement avant la fin de la session, mais je
comprends très, très bien la situation et la
position de mon collègue de Laurier-Dorion. Donc, moi, ce que je veux dire,
c'est que votre... vos demandes ne sont pas tombées lettre morte, parce
que je sais que vous avez une préoccupation pour les gens de 65 ans, je sais que vous avez une
préoccupation pour la clause F. Ça, j'aurais aimé ça qu'on l'adopte, là,
évidemment, parce que trois ans, pour moi, on s'améliorait beaucoup, on
améliorait la situation. Alors, toutes les demandes que vous avez faites, les reprises au niveau des évictions, bien, c'était,
là... au niveau du renversement aussi du fardeau de la preuve, moi,
c'est important, c'est des sujets très importants, je sais que, pour vous,
c'est... vous prenez ça à coeur.
Mais, moi, ce que je propose puis ce que je peux
m'avancer aussi, je fais vraiment la promesse qu'on puisse travailler ça à
l'autre législature, parce que, oui, vous avez des points importants, des
causes importantes, comme nous aussi, on a des causes très importantes, mais,
en même temps, ça va prendre plus d'heures en commission pour étudier vos
demandes. Alors, moi, ce que je dis, je fais vraiment la promesse, là, de
continuer à travailler ensemble, peu importe qui sera au ministère, si c'est
moi ou un autre. Mais vous avez des points importants, puis d'ailleurs j'ai
discuté une ou deux fois, je crois, avec Mme David. Donc, cette cause-là,
oui, je suis très, très sensible. Maintenant, il faut voir aussi est-ce qu'on
pourrait l'appliquer tout de suite, puis ça prend plus de temps, on est
sensibles à cette demande-là.
Maintenant, pour toutes vos autres demandes,
moi, je ne veux pas qu'on dise que c'est terminé ce soir, la discussion, on va
continuer de discuter à une prochaine session, ça, c'est certain. Alors, ce
n'est pas un dialogue de sourds, mais c'est plutôt une ouverture complète pour
vous dire qu'on va continuer à discuter de ces sujets-là, de vos demandes
particulières.
En même temps, nous, pour les aînés, si on parle
du 65 ans et plus, bien, pour les aînés, le projet de loi, avec les OBNL
qui protègent les aînés, ça, c'est important aussi de le mentionner, pour les
ventes des résidences pour aînés et des OBNL, les RPA certifiées, les RPA non
certifiées, il y a le centre d'assistance et d'accompagnement aux plaintes
aussi qu'on a adopté ensemble, les causes communes, dans le projet de loi
n° 16, je crois, ou 67, Me Paradis. En tout cas, on a les causes
communes, puis ça, j'aime bien le mentionner, parce que c'est vraiment,
vraiment une réussite au Tribunal administratif du logement. Maintenant, les
aînés peuvent déposer une cause commune, puis c'est parce qu'on a adopté ça
ensemble.
Puis l'augmentation du PRBI, on l'a faite
également avec Mme Marcoux. Comme je le dis, 21 000 $, dans un
HLM, ça faisait des années qu'on n'avait pas augmenté les plafonds de revenu.
Donc, on a amélioré aussi cette situation-là. Il y a la case et la section pour
les évictions aussi sur le Tribunal administratif du logement. Donc, on a quand
même avancé les PSL à la hauteur de 150 %, l'allocation logement de
150 $.
Maintenant, je sais qu'en habitation il y a
encore du travail à faire. Je salue quand même le travail qu'on a fait tous
ensemble, parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de travail qu'on a fait. Et la
situation des 65 ans et plus, comme je l'ai dit à Mme David, c'est une
situation quand même qu'il faut prendre le temps de bien l'étudier, puis ce n'est pas fermé, ce n'est pas terminé. Puis il y a
d'autres sujets, comme je l'ai mentionné, qu'on va continuer à discuter
à la prochaine session sûrement tous ensemble. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, Mme la ministre.
M. Fontecilla : Deux éléments,
en terminant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui, allez-y, M. le député.
M. Fontecilla : J'aimerais dire
que la législation actuelle, telle qu'elle a été adoptée, ne doit pas seulement
concerner les personnes les plus pauvres
parmi les pauvres. C'est une question de droit de pouvoir rester chez... dans
la demeure qui... dans laquelle on est resté pendant longtemps, là. Le droit de
maintien dans les lieux, ça devrait concerner l'ensemble de la
population québécoise, l'ensemble des aînés. Donc, ce n'est pas seulement les
locataires qui ont droit aux HLM, là, qui devraient pouvoir être admissibles à
la protection de cette loi-là.
Deuxième élément, j'aimerais vous dire que
l'adoption de la loi actuelle, là, est une avancée, certes, mais, tant et aussi
longtemps qu'elle n'est pas connue, voilà, c'est... pour reprendre vos mots,
c'est là qu'on retrouve le vide juridique,
là. Lorsqu'il y a une population qui ne connaît pas ses droits, qui ne connaît pas
les recours, là, c'est là qu'on a un véritable vide juridique.
Et je vous mentionne le cas récent qui est
apparu dans les journaux, là, mais le cas de M. Clément Robitaille, qui pourrait... qui aurait pu être admissible à
être protégé contre des évictions de la part de certains spéculateurs, là, qui
agissent dans mon quartier aussi, c'est le même spéculateur qui commence à être
très connu, là, et qui aurait pu être
protégé par cette loi-là, du fait de
son ignorance de la loi actuelle, là. Voilà, on sait ce qui est arrivé, là,
M. Clément Robitaille est décédé tout seul dans sa voiture pendant
l'hiver, là, suite à son éviction.
Donc, il n'y
a pas seulement le fait d'adopter de bonnes lois, il faut aussi les faire
connaître, et, dans ce cas-ci, dans
les protections pour les personnes aînées, il me semble qu'il vous revient à
vous, en tant que ministre de l'Habitation, de mettre de l'avant des campagnes d'information pour faire en sorte que
les aînés connaissent leurs droits. Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme Boutin) : Oui, allez-y.
• (16 h 50) •
Mme Laforest : Je suis quand
même très sensible à ce que le député de Laurier-Dorion dit parce que, oui, je
l'ai pris tout de suite en note, là, je vais essayer de regarder si on ne
pourrait pas faire soit une publicité ou quelque chose pour faire connaître les droits aux locataires. En même temps, on
a les comités logement, que c'est leur rôle de faire connaître leurs
droits.
Pour M. Robitaille, ça, c'est vraiment,
vraiment une situation qui est très, très triste parce qu'on le sait très bien, il y avait trois locataires qui étaient dans
la même situation, et les deux autres locataires qui étaient... selon ce qu'on
a lu, là, dans les articles, évidemment, ils ont fait... ils ont demandé de
l'aide au Tribunal administratif du logement et ils ont eu, oui, ils ont eu de l'aide. Donc, c'est triste, parce que
M. Robitaille... Puis je le dis à tous les locataires du Québec :
Allez-y, à la Société d'habitation du Québec, allez dans les offices
d'habitation, parce que deux sur trois avaient eu de l'aide et avaient été
entendus.
Alors, c'est incroyable, il ne faut pas laisser
les gens comme ça. Puis je le dis : On est là pour vous aider, surtout que
le 1er juillet arrive, là. Mais je m'engage, oui, il n'y a pas de
problème, à demander à mon équipe qui est ici,
si on ne pourrait pas avoir une publicité pour... travailler aussi avec les
comités logement, qu'on ait une belle publicité ensemble, parce qu'il
faut travailler ensemble pour bien loger nos locataires. J'ai bien entendu
votre demande.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci.
Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Thériault : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Suite aux commentaires de la ministre dans le débat qui nous
occupe par rapport au fait de la situation qui s'est passée avec
M. Robitaille, Mme la ministre disait justement que l'introduction des
clauses communes dans les résidences privées de personnes âgées, qui vous avait
été suggérée par l'opposition officielle,
fait bien le travail. Mais je pense que, dans la prochaine législature, vous
devriez vous pencher, dans le cas des évictions, qu'on puisse faire des
clauses communes avec les locataires, même quand il y en a un qui dit non, s'il
y en a deux... tu sais, s'il y en a deux qui disent non puis un qui dit oui, la
possibilité de faire une clause commune à partir du moment où il y a des
évictions. Donc, à ce moment-là, ça aurait évité que M. Robitaille se
ramasse à la rue, qu'il décède dans sa voiture, seul, malheureusement, parce
que les autres locataires se sont prévalus de leurs droits, eux.
Puis dans le cas des rénovictions puis des
évictions pour faire des rénovations, moi, j'utilise vraiment les deux termes,
on le sait tous, au Québec, qu'il y a des propriétaires qui sont... qui n'ont
pas de scrupule, qui vont louer des
appartements qui sont totalement insalubres, puis à ce moment-là qui vont
vouloir dire : Bien, on va vous évincer, puis c'est correct, vous
allez sortir. Puis les gens sont sans moyens.
Ça fait que oui, pour les causes communes pour
les résidences privées de personnes âgées, on l'a permis pour les aînés. Bien,
honnêtement, quand on arrive à des évictions, on devrait tous ensemble y
réfléchir pour que dans la prochaine législature, que le Tribunal administratif
du logement puisse lui aussi se pencher sur une cause commune. Voilà, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Boutin) : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions pour cet amendement? Oui, Mme la députée de Gaspé.
Mme Perry
Mélançon : Bien, quant à moi, c'est vraiment d'actualiser des
dispositions dont le gouvernement précédent s'est doté pour protéger les
aînés. Je pense que là on veut faire un pas de plus parce qu'il y a de plus en
plus de cas de ce genre-là puis de façons de contourner la loi en question.
C'est évident, pour moi, que ça répond à un besoin. J'entends l'ouverture de la
ministre à procéder dans un deuxième temps, mais, encore une fois, selon moi,
c'est une preuve qu'on est allé... qu'on arrive tard, disons, dans le mandat
pour se poser toutes ces questions-là. Parce
qu'on est plusieurs à être quand même favorables à ça, là, la question de
régler les évictions, puis on ne sera pas capable, avant de quitter la
session, à le faire convenablement. Donc, encore une fois, c'est vraiment une
déception de notre côté, là.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres interventions spécifiquement sur
l'amendement? Oui, allez-y, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : ...nominal.
La
Présidente (Mme Boutin) : Oui, parfait. Alors, nous allons procéder au vote
par appel nominal de l'amendement qui introduit l'article 3.1.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
Le Secrétaire : Mme Laforest
(Chicoutimi)?
Mme Laforest : Contre.
Le
Secrétaire : M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques :
Contre.
Le
Secrétaire : M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Contre.
Le
Secrétaire : M. Caron (Portneuf)?
M. Caron :
Contre.
Le
Secrétaire : M. Skeete (Sainte-Rose)?
M. Skeete :
Contre.
Le
Secrétaire : M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay :
Contre.
Le
Secrétaire : Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols :
Abstention.
Le
Secrétaire : Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Thériault :
Abstention.
Le
Secrétaire : Mme Perry Mélançon (Gaspé)?
Mme Perry
Mélançon : Pour.
Le
Secrétaire : Mme Boutin (Jean-Talon)?
La Présidente
(Mme Boutin) : Abstention. Alors, l'amendement est rejeté.
Nous en sommes
maintenant à la fin de l'étude détaillée. Il reste encore... avant de passer
aux remarques finales, excusez-moi, je vais vous faire voter encore sur
quelques petites choses. Est-ce que les intitulés des chapitres et des sections
sont adoptés?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Boutin) : Parfait. Est-ce que le titre du projet de loi est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Boutin) : Je propose que la commission recommande la
renumérotation du projet de loi amendé. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Boutin) : Je
propose que la commission adopte une motion d'ajustement des références.
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Remarques finales
La Présidente
(Mme Boutin) : Parfait. Nous sommes maintenant rendus à l'étape
des remarques finales. Je commencerais en cédant la parole à la porte-parole du
troisième groupe d'opposition, la députée de Gaspé. La parole est à vous.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry Mélançon : Bien,
merci, Mme la Présidente. Donc, je pense qu'on a ici la preuve qu'on peut
travailler en collaboration. On avait encore le projet de loi prévu, là, dans
d'autres plages ce soir, demain, donc on a réussi ce tour
de force là. J'appelle ça un tour de force, parce que c'est vraiment... on est
très tard dans la session, nous arriver avec
un omnibus, il faut le dire, ça touchait à plusieurs éléments, des éléments sur
lesquels on s'est prononcés, au Parti québécois, depuis plusieurs mois,
alors évidemment qu'on regardait avec intérêt toute la question d'accorder le droit de préemption à nos municipalités du
Québec, qui était une demande de certaines municipalités. Et, connaissant
la crise actuelle qui frappe dans toutes les
régions du Québec, il fallait pouvoir donner des outils et des moyens concrets
de contrer cette crise, parce que nos
municipalités jouent un rôle important. Ça fait partie aussi de leurs
compétences, de leurs champs de compétence, le domaine de l'habitation,
et ils veulent jouer ce rôle-là. On sent cette volonté.
Et,
bien, l'UMQ, justement, quand on avait annoncé notre intention de déposer un
projet de loi, avait salué l'initiative, et on s'est rendu jusqu'à... le
dépôt, il y a peut-être deux semaines de ça, au moment où il y avait les
assises de l'UMQ. Je m'en rappelle très bien parce qu'on avait le premier
ministre qui était en allocution devant les élus municipaux et qui a, à peu
près au même moment, décidé enfin d'accorder ce droit qui était tant désiré.
Donc, je pense qu'on
a agi assez rapidement pour alerter le gouvernement sur la crise, quelles
solutions qui sont à mettre en oeuvre. On a aussi compris qu'on avait un
devoir, comme gouvernement, de protéger le parc immobilier de logement social, même ceux qui sont sous convention
fédérale. Ça n'a pas été facile, Mme la Présidente, de comprendre ça,
qu'il y avait quelque chose à faire du point de vue de Québec, même si on était
devant des immeubles qui avaient été construits par des programmes fédéraux,
mais on y est arrivés. Alors, encore une fois, ça, je dois le saluer. Je dois
saluer le travail, oui, la rapidité d'exécution, dans un certain sens.
La seule chose qui va
me décevoir jusqu'à la toute fin, bien, c'est la question qu'on n'a pas pu
sauver deux immeubles qui se trouvaient en situation critique. Il y avait eu du
travail de fait sur le terrain pour essayer de sensibiliser le gouvernement à
la cause. On aura réussi à faire tout ce travail-là en prenant exemple sur la
situation, mais, par contre, on n'aura pas pu sauver les résidents de la Villa
Belle Rivière, qui... bon, ils sont encore là, là, mais on ne sait pas du tout
qu'est-ce qui va advenir de ces loyers-là, quelles sont les intentions des
nouveaux acquéreurs. Et je pense qu'on avait encore une fois un message tout
récent qui nous disait que les actifs étaient encore... n'étaient pas encore
tout à fait vendus, les sommes étaient encore récupérables. Donc, on nous avait
fermé la porte, hier, mais il semblerait, selon nos sources, que ça aurait pu
encore être évité, qu'on aurait pu récupérer les sommes. Donc, ça, ça fait
partie des demandes que nous avions, qui n'ont pas été comblées par ce projet
de loi là.
Et enfin, finalement,
le troisième gros élément sur lequel on a travaillé, bien, c'est toute la
question de la clause F. Ce ne sera pas surprenant pour les gens de savoir
qu'on avait de grandes attentes pour l'abolition de la clause et que, bien, on
n'aura pas pu, finalement, aller de l'avant. Donc, ce n'est pas le scénario
qu'on souhaitait, qu'on envisageait, et ça,
la ministre le sait très bien. Alors, j'attendrai les travaux qui vont se
poursuivre sur la question de la clause F. J'espère pouvoir y
contribuer, participer, et qu'on puisse se poser toutes ces questions-là dans
un cadre qui est moins restreint. Parce qu'on était dans des délais très, très
restreints, il a fallu travailler rapidement. Puis,
moi, je suis contente qu'on puisse aller jusqu'à la toute fin du processus de
ce projet de loi là, parce que c'est des outils qui vont vraiment servir
pour résoudre la crise du logement, mais qui ne sont pas l'ensemble ou le
coffre à outils qu'on a besoin vraiment pour régler toute cette question-là,
tous les enjeux liés à l'habitation.
Alors, je vais
m'arrêter ici. Je pourrai faire d'autres remarques dans les prochaines étapes,
mais je tiens quand même à saluer tout le travail qui a été fait par les
équipes, par Mme la ministre, par les oppositions aussi, je pense, qui ont...
on a tous posé des questions légitimes, chacun sur les enjeux qu'on portait.
Donc, bien, là-dessus, je remercie tout le monde pour le travail. Et espérons
qu'on puisse encore travailler d'autres mesures à mettre en oeuvre rapidement
pour régler cette situation-là qui, souvent, va s'attaquer à des personnes plus
vulnérables. Puis c'est vraiment en
ce sens-là qu'on a travaillé tout au long du processus de l'étude détaillée.
Merci, Mme la Présidente.
• (17 heures) •
La Présidente
(Mme Boutin) : Merci beaucoup, Mme la députée.
Étude détaillée (suite)
Écoutez, nous avions
fait un petit oubli, je le prends sur moi, mais nous avions, au début de
l'étude détaillée, suspendu l'amendement de Mme la députée de Vaudreuil, qui
introduisait l'article 0.1. Et on n'a pas eu la chance de se prononcer.
Donc, nous n'avons pas le choix d'en discuter et de le voter. Alors, Mme la
députée de Vaudreuil, à vous la parole.
Mme Nichols :
Là, je ne suis pas sur mes remarques finales, là, je suis sur mon...
La Présidente
(Mme Boutin) : Non, non, non, nous allons revenir après, là.
Mme Nichols :
Oui, c'est bon. Bien, oui, merci, Mme la Présidente. Bien sûr, j'aurais pu
tout simplement le retirer, là, par
consentement, mais je tiens à ce qu'il fasse partie de la procédure,
l'article 1074.2 du Code civil du Québec, parce que ça fait un bout, comme... quand je l'ai déposé, j'ai expliqué,
là, mais ça fait un bout que je fais des démarches afin d'amener les
changements, là, à l'article 1074.2, qui est un problème dans la
copropriété.
Mais,
je comprends, on est venu m'expliquer qu'on avait de la difficulté avec la
terminologie de l'article 1074.2. En fait, ça fait trois fois qu'on le change, ça fait qu'on ne voudrait pas
le changer une autre fois pour que les effets escomptés, là, restent les
mêmes, là. Ça fait qu'on a un objectif précis avec le 1074.2, là, de rétablir
une mauvaise interprétation de cet
article-là. Cependant, moi, ce que je demande au gouvernement, c'est de me
revenir rapidement avec un libellé.
Puis, pour être franche, là, je suis allée
courir au projet de loi n° 3, au projet de loi n° 5. Ça fait que moi,
je suis allée rencontrer le ministre des Finances à ces deux projets de loi là.
Je suis aussi allée le voir aux crédits parlementaires.
Je l'ai accroché de nombreuses fois sur le plancher au salon bleu. Je ne l'ai
pas accoté au plancher, j'ai dit : Je l'ai rencontré sur le plancher au
salon bleu. J'ai évidemment parlé à la ministre de l'Habitation, parce qu'il y
a un effet dans la copropriété, puis je pense que la ministre doit aussi parler
avec le ministre des Finances, là, relativement à cette problématique-là.
Je le dis, là, rapidement, là, c'est quoi, la
problématique, là. En fait, c'est que... c'est entre les assurances puis le
syndicat de copropriété, quand il y a un dégât dans un condo, dans une
copropriété, bien, on ne sait jamais si c'est l'assurance qui va payer ou le
syndic de copropriété. Et de la façon que c'est libellé, c'est le syndicat de
copropriété qui doit maintenant payer les
dommages dans le condo, et les frais sont répartis à l'ensemble des
copropriétaires. Alors, quand on a un voisin qui est, disons, mettons,
négligeant, là, quand ça fait quatre dégâts d'eau qu'il a, puis que c'est réparti à chaque fois à l'ensemble, bien, disons
que c'est irritant pour les voisins, mais ça n'a pas tant d'impact sur lui.
Mais, quand c'est ses assurances qui paient,
c'est sûr que, là, ça a un impact pour lui, parce qu'après quatre réclamations,
les assurances, elles vont coûter un petit
peu plus cher. Ça fait que l'objectif, c'est ça, c'est de changer le libellé
pour que la responsabilité... pardon,
que ça soit les assurances qui aient à débourser quand c'est la faute du
propriétaire de ladite copropriété.
Alors, voilà.
C'est des démarches, je vais le dire, des démarches pénibles, longues, ardues.
On me dit toujours qu'on va me revenir, on va me revenir. Je pensais
que... Puis je me suis prise un peu d'avance, même, donc je m'attendais à avoir
une réponse, parce que le ministre me disait qu'il est au fait de la situation,
son équipe aussi, le cabinet du ministre des Finances, m'a dit qu'ils sont au
fait de la situation, qu'ils y travaillent, qu'ils rencontrent des groupes, mais il n'y a quand même pas
70 groupes à rencontrer, là, dans... en copropriété. Puis je pense que les
lignes sont claires. Les gens leur ont envoyé des amendements, et j'ai
déposé un amendement qui était suggéré, entre autres, par Me Jolicoeur, qui est
sans aucun doute, là, une sommité en droit de la copropriété au Québec.
Donc, Mme la Présidente, c'est pour ça que je
tiens à ce que... j'aurais aimé qu'on traite de cet article-là. Là, je
comprends les défis qu'on a dans le projet de loi n° 37, mais je tiens à
ce qu'on le vote pour qu'il soit dans le projet de loi n° 37. Voilà.
La Présidente (Mme Boutin) : Oui,
Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Thériault : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Pour avoir eu le dossier aussi puis pour avoir discuté avec
l'ancien ministre des Finances, notre collègue le député de Robert-Baldwin, il
m'a garanti que, l'application, ce n'était absolument pas ce qui était visé à
l'époque par le ministère des Finances ni le ministre. Donc, je veux juste vous
rappeler que ça va faire quatre ans puis qu'en attendant, bien, il y a des
syndicats de copropriété qui sont obligés de faire des provisions
supplémentaires. Donc, effectivement, cet article-là était très pertinent à
faire adopter.
Et je vais me permettre de rappeler amicalement
à la ministre qu'il y a aussi une série de règlements avec les copropriétés qui ne sont pas sortis. Puis moi, je
commence à avoir des appels au bureau, des gens qui me disent : As-tu une
idée quand ça va sortir? Ça fait quand même plus de deux ans que le projet de
loi, il a été adopté, et les règlements ne sortent pas. Donc, il est évident
que, quand tu parles des règles de la copropriété, ce que je veux éviter, c'est
qu'on ait modernisé notre législation, mais que la réglementation n'a pas
suivi.
Ça fait qu'en fait on fait des lois, mais on n'est
pas capable de les appliquer parce que les règlements ne suivent pas. Donc,
c'est ça qui est dommage, Mme la Présidente. Donc, une grosse, grosse lumière
rouge sur le tableau, là, parce que, je me
dis, bien, je vois le calendrier tourner, on est encore au début du mois de
juin, les règlements doivent être
publiés. Tout à l'heure, on a adopté un article qui faisait en sorte qu'on
réduisait les délais réglementaires pour pouvoir permettre qu'au mois de
janvier, lorsque les nouveaux avis d'augmentation ou de changement de vocation,
qu'on puisse avoir les bonnes modifications qui soient faites dans les
règlements, bien, c'est important que le reste des règlements puisse suivre
aussi. Puis, surtout dans les règles de copropriété, là. Ça a pris des années
avant qu'on fasse des changements. Là, la loi est là, mais la réglementation ne
suit pas.
Donc, Mme la ministre... Mme la Présidente, par
votre voix, j'implore la ministre en lui disant qu'il reste le deux tiers du
mois de juin, le mois de juillet, le mois d'août, que, le mois de septembre,
elle est encore ministre, mais elle sera
fort probablement en campagne, et j'implore le sous-ministre en titre ainsi que
la sous-ministre à l'Habitation de faire tout ce qui est en votre
pouvoir pour les sortir, ces règlements-là, parce que vous savez comme moi que,
peu importe ce qui va arriver, il y aura possiblement un jeu de chaises
musicales, puis que le prochain ministre ou la prochaine ministre devra
maîtriser ses dossiers. Puis on ne gagne pas de temps si les règlements ne sont
pas sortis avant la fin de la dissolution de la 42e législature.
Donc, voilà, Mme la Présidente. Je trouvais fort
à-propos de le mentionner. Parce qu'autant le but visé par l'amendement de ma
collègue, c'était de corriger une malinterprétation... Puis présentement, ce
n'est absolument pas les citoyens du Québec qui en bénéficient, et encore moins
les copropriétés, mais beaucoup plus les compagnies d'assurances. Je comprends
que c'est une question complexe, mais je pense qu'on doit corriger cette
erreur-là, qui a été faite. Puis moi, je vous le dis, là, le député de
Robert-Baldwin aurait pu venir s'asseoir en commission avec nous, et il l'a
déjà mentionné dans le micro, que, s'il a été adopté, il fait exactement
l'inverse de ce... le but qui était visé. Voilà. Merci.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce
qu'on va procéder à la mise aux voix de l'amendement?
Mme Nichols : Bien sûr. Par
appel nominal, s'il vous plaît.
La Présidente
(Mme Boutin) : Parfait. Par appel nominal de l'amendement qui
introduit l'article 0.1. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
Le Secrétaire : Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel)?
Mme Thériault : Pour.
Le Secrétaire : Mme Laforest
(Chicoutimi)?
Mme Laforest : Contre.
Le Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
Le Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
Le Secrétaire : M. Skeete
(Sainte-Rose)?
M. Skeete : Contre.
Le Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
Le Secrétaire : M. Fontecilla
(Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Abstention.
Le Secrétaire : Mme Perry
Mélançon (Gaspé)?
Mme Perry Mélançon :
Abstention.
Le Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) : Abstention.
Alors, l'amendement est rejeté.
Remarques finales
(suite)
Nous pouvons maintenant revenir aux remarques
finales. Nous allons y arriver. La parole serait maintenant au porte-parole du
deuxième groupe d'opposition et député de Laurier-Dorion. Je vous céderais la
parole pour vos remarques finales.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Donc, nous venons de finir l'étude détaillée d'un projet de loi important. Certes, il y a des avancées dans ce
projet de loi et il y a aussi des absences. Et, des fois, les absences brillent
autant que les présences. Et j'ai toujours dit que c'est un projet de loi qui
arrive en toute fin de législature, destiné à colmater certaines brèches mais pas toutes. Et c'est un pas dans la
bonne direction, pour utiliser la formule consacrée, mais il aurait fallu aller
beaucoup plus loin, là, et pas tellement plus loin non plus, mais, en tout cas,
un peu plus loin, là.
Évidemment, nous avons adopté des dispositions
qui octroient aux différentes municipalités du Québec les droits de préemption,
un élément qui était amplement demandé par l'ensemble des municipalités. Il y a...
Le projet de loi n° 37 incluait des protections accrues, là, pour les
aînés qui vivent dans des résidences pour personnes aînées, les RPA. Et un point sur lequel nous avons
beaucoup travaillé avec les partis d'opposition, c'est protéger le parc locatif
des organisations sans but lucratif d'habitation. C'est
quelque chose qu'il était urgent de protéger parce qu'on sentait qu'il
pouvait y avoir là une hémorragie importante d'un parc qui permet à beaucoup, à
des milliers de ménages et locataires de se loger à moindre prix.
• (17 h 10) •
Une grande déception : la clause F.
J'aurais voulu que... ma formation politique et beaucoup de gens dans la
société auraient voulu qu'on avance beaucoup plus rapidement dans l'abolition
de la clause F, ou ne serait-ce que le fait
de permettre la procédure de fixation des loyers par le Tribunal administratif du logement dans le cas des immeubles de moins de cinq
ans. Bon, on me dit qu'il va y avoir des consultations, des enquêtes, etc. On
va donner la chance au coureur, à Mme la ministre. On est très impatient de
revenir en Chambre, dès la prochaine législature, pour voir comment ces
éléments-là vont s'articuler.
Et elle a
démontré de l'ouverture aussi pour revoir... augmenter les protections données
aux locataires aînés, là, actualiser ce qu'on connaît comme la loi Françoise
David. Elle nous a également donné de bonnes... Elle nous a dit qu'elle
pouvait... elle allait étudier attentivement la question des reprises pour
harmoniser les reprises de logements et les évictions. Donc, Mme la ministre,
évidemment, a beaucoup de pain sur la planche.
C'est un projet de loi qui accomplit un certain
nombre de choses importantes, mais, encore une fois, il arrive des fois, là,
que les absences brillent autant que les présences, et je crois que c'est le
cas dans le projet de loi n° 37.
Il demeure quand même que je suis très content
d'avoir collaboré avec la ministre dans l'adoption des différents articles qui
nous étaient présentés. Et Mme la ministre a pu remarquer que c'est... Et je
crois pouvoir parler au nom des trois partis d'opposition, il n'y a pas eu
d'opposition de l'utilisation de techniques pour rallonger le temps, etc. Tout
le monde, ici, du côté des oppositions, était intéressé à faire adopter les
bons éléments qu'il y avait dans ce projet de loi, et il y avait beaucoup de collaboration.
Et voilà, on arrive à la fin, on va passer aux
étapes suivantes, et nous allons collaborer pour que ce projet de loi puisse
cheminer et arriver à son aboutissement. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
beaucoup, M. le député. Je céderais maintenant la parole à la porte-parole de
l'opposition officielle, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude
Nichols
Mme Nichols : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je suis bien contente d'arriver aux remarques finales. Je
l'ai dit d'emblée, c'est un bon projet de loi, le projet de loi n° 37,
bien que c'était un omnibus et qu'on devait, évidemment... on avait la
contrainte de temps, là, pour le traiter, puisqu'il avait été déposé après le
15 mai, donc contrainte de temps, puis
on avait aussi les contraintes, là, des règles de procédure, disons-le comme
ça. Mais c'est un excellent projet de loi.
Débutons par le droit de préemption. On l'a dit,
on avait la pression des municipalités. On s'était déjà avancés aussi, là. Bien avant qu'il soit dans le projet de loi
n° 37, là, nous, ça faisait partie de notre plateforme de donner aux
municipalités le droit de préemption. On l'a fait de façon générale. Et je
pense qu'on l'a bien fait, on a étudié toutes les clauses. Bien sûr, la ville
de Montréal l'avait déjà, donc c'était une bonne référence, mais je pense que
les municipalités, là, vont définitivement être contentes du travail qu'on a
fait relativement au droit de préemption. Le droit de préemption, c'est un
droit qu'on a donné aux municipalités. Il n'y a rien qui nous empêche, dans
l'avenir aussi, là... Bien sûr, là, il y a
les municipalités qui l'ont, les sociétés de transport, les régies intermunicipales,
et il n'y a rien, dans le futur, là,
qui nous empêchera de donner ce droit de préemption là à d'autres regroupements
ou à d'autres organismes municipaux qui le demanderont. Mais je sais que
certains organismes municipaux ont déjà bien des outils dans leur coffre à
outils, et on verra si le droit de préemption sera nécessaire pour eux.
Mais moi, je le dis, comme ancienne mairesse,
comme ancienne préfète, c'est important que les municipalités qui vont exercer
le droit de préemption, que ça soit via la MRC, ou eux, ou via une société de
transport, là... aient conscience ou connaissent toujours... Je ne sais pas
comment l'exprimer, là, mais, tu sais, il y a un élément qui est l'élément de
la connaissance. C'est-à-dire que, si quelqu'un d'autre vient exercer un droit
de préemption chez vous sans que tu sois au courant, c'est embêtant. Quand ça
se passe à la MRC, tous les élus sont là. Donc, tu sais, pour moi, c'était un
élément essentiel avant d'octroyer ce droit de préemption là, bon. Maintenant, c'est
fait. Je suis bien contente.
On a traité, évidemment... Quand on parle des
éléments importants, il y avait les fins de convention des OBNL. L'objectif qu'on avait à coeur, c'était
évidemment de vouloir protéger les citoyens. On a vu, dans les derniers
mois, là, des cas horribles. Je ne veux même pas... je ne veux pas les nommer,
mais c'est... Puis je pense qu'il fallait prendre action, puis c'est ce qu'on a
fait, c'est ce qu'on a fait de façon rapide.
Bien sûr, il
y avait, là, l'aspect rétroactif, non pas sur... intervenir sur les effets,
mais la rétroactivité peut-être, là, quant à donner à la ministre une
possibilité de... Tu sais, d'ordonner une enquête ou de regarder ce qui s'est
passé aurait été très intéressant, mais je comprends qu'on était limités
soit par les lois, évidemment. Mais, du moins, du moins, on est venus faire ce
que le Parti libéral avait fait en 2016, quand on a mis à jour la Loi sur les
coopératives, puis je pense que c'était une mise à niveau, là, importante à
faire pour les OBNL. Relativement... Puis il y a eu plein d'autres points
aussi. On est venus apporter des modifications importantes sur les changements
d'affectation pour les RPA superimportants.
Et finalement la clause F. Je me permets de
glisser un mot, là, sur la clause F pour que ça soit bien clair. La clause F
mérite d'être étudiée, ça mérite qu'on la regarde. On n'est pas pour, on n'est
pas contre. Ce qu'on a fait par amendement, c'est on a
demandé de le retirer du projet de loi n° 37 afin qu'on puisse travailler,
là, de façon, je vais dire, de façon rigoureuse sur la clause F. La clause F
est là depuis 1980. Elle est là pour des raisons bien particulières et elle a
des raisons d'être là. Donc, de modifier de cinq ans à trois ans sans
justification, sans savoir l'impact sur le marché locatif, est-ce que les gens
vont se retourner vers la copropriété? Donc, il y avait plein de questions
autour de ça qu'on n'est pas capable de répondre. On n'a pas consulté les gens
non plus sur la clause F, donc je pense que c'était
la bonne chose à faire pour éviter des préjudices. C'était la bonne chose à
faire de la retirer du projet de loi n° 37. Mais évidemment je
mentionne à la ministre l'importance de se pencher rapidement, là, sur la
clause F ou peut-être même sur l'ensemble du bail.
Je ne veux
pas prendre plus de temps. Je réitère que c'est un bon projet de loi. Toujours
une belle collaboration, dans les dernières années, dans cette
commission. Même, Mme la Présidente, vous avez fait un excellent travail. Donc,
merci beaucoup de votre collaboration. Je remercie la ministre. Tu sais, c'est
des échanges, puis, même à micro fermé, il y a des échanges, c'est toujours
respectueux. Vous comprenez ce qu'on veut, puis on essaie toujours de trouver
un terrain d'entente, donc c'est bien apprécié.
Je remercie aussi l'équipe autour de la
ministre, bien sûr, les collègues élus qui sont souvent divertissants, mais
aussi toute l'équipe de juristes ou le sous-ministre, là. Me Paradis, je
ne peux pas ne pas vous nommer, donc je vous
remercie. Je trouve que c'est toujours une belle collaboration. Vous comprenez
où on veut aller, puis évidemment, là, je comprends que vous avez aussi,
là, le O.K. de la ministre, là, pour cette collaboration-là. Mais je pense que
tout le monde, ici, on a fait une belle équipe pour le bénéfice de l'ensemble
des Québécois et Québécoises.
En terminant, je remercie moi-même mon équipe,
petite équipe, mais je remercie mon recherchiste, Philippe, je remercie le
bureau du leader aussi, qui nous donne beaucoup de latitude dans les
différentes négociations. Et je ne pourrais pas passer sous silence, Mme la
Présidente, et je vais essayer... je ne suis pas capable, je pogne le motton, de
remercier ma collègue. C'est tout. Merci. Merci à ma collègue.
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme Boutin) : Parlant
de collègue, je vous céderais la parole, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Lise Thériault
Mme Thériault : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Mme la Présidente, c'est sûr que je comprends très bien ma
collègue parce qu'on a développé un beau lien d'amitié. Puis je dois dire que,
dans la dernière législation, je l'ai vraiment prise sous son aile pour faire
en sorte qu'elle puisse devenir une pro de l'habitation et une pro de la législation. Puis, honnêtement, je pense que ma
collègue a appris à la bonne école et qu'elle sera très bien outillée pour
les prochaines années.
Mais trêve de ce que je dis là, Mme la
Présidente, je vais féliciter la ministre, parce qu'honnêtement... J'ai
toujours dit que la rapidité d'un ministre à régler une situation problématique
qui est portée à son attention, c'est pour ça qu'on vient en politique, c'est
pour ça qu'on est ministres. Puis je sais que, très souvent, dans les
ministères, puis ce n'est ça pas méchant, là, c'est la nature humaine qui est
comme ça, les sous-ministres, les directions vont dire à la ministre : Ah!
tel projet de loi, c'est important, ça, c'est important, ça, c'est prioritaire.
La ministre a eu le bon réflexe politique.
Les situations problématiques qui ont été portées à notre attention, la
ministre a trouvé des solutions tout de suite.
Quand je suis arrivée à l'Habitation, et
l'ex-P.D.G. de la Société d'habitation du Québec qui est assis avec nous le
sait très bien, à chaque fois qu'on a porté mon attention une situation
problématique, je suis toujours tombée en
mode solution. On fait quoi? On règle. Puis c'est le propre d'un ministre. Ça
fait qu'honnêtement, moi, j'ai agi comme ça dans les ministères que j'ai eus sous ma responsabilité, Mme la
Présidente, puis je dois faire des félicitations à la ministre, qui a
très bien compris son rôle. Puis elle est capable de faire la différence entre
le fait qu'elle est au gouvernement et que, nous, de ce côté-ci, on est dans
l'opposition. On n'est pas là pour faire perdre le temps à la ministre ni les
gens qui l'accompagnent, mais on est là aussi pour améliorer, bonifier le
projet de loi, puis on le fait par conviction.
Et je terminerais tout simplement en vous
disant, et les gens vont trouver ça très particulier, j'ai réalisé, voilà
quelques minutes, et je l'ai dit à ma collègue, la première commission de
toutes les commissions que j'ai faites, c'était la Commission de l'aménagement
du territoire, et le sujet, je vous le donne en mille, un mandat d'initiative
sur l'habitation et les différentes problématiques. Donc, je peux vous dire que
et ma première commission et ma dernière séance en commission auront porté sur
les questions d'habitation. Et je suis vraiment privilégiée, je vais le dire comme ça, et fière d'avoir pu contribuer à
faire des changements législatifs pour le bien de la population parce que c'est
pour ça qu'on vient politique. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Je céderais maintenant la parole à Mme la ministre.
Mme Andrée
Laforest
Mme Laforest : Oui. Alors,
merci, Mme la Présidente. De mon côté, vraiment, je remercie mes collègues, évidemment tous mes collègues qui ont assisté au
projet de loi. Parce qu'on peut se le dire, c'est quand même six projets
de loi qu'on a adoptés, aux Affaires municipales et à l'Habitation, donc c'est
énorme. Je vous remercie de vos idées, je vous remercie de votre patience.
En parlant de patience, je remercie,
évidemment, l'adjoint parlementaire du ministère des Affaires municipales
et de l'Habitation, François Jacques, qui a
été très, très patient pendant les six projets de loi. Alors, merci beaucoup,
François. C'était important de collaborer ensemble. Je remercie,
évidemment, ma collègue, oui, de Vaudreuil, parce que, oui, quand on dit six projets de loi, beaucoup de
négociations. Parfois, ce n'est pas toujours facile, hein? Parce que
qu'est-ce qu'on veut? On est là pour aider, pour améliorer la situation. On
veut toujours trouver un juste équilibre. Donc,
merci beaucoup, Marie-Claude — je
peux nommer les noms, mais c'est la députée de Vaudreuil pareil — et
l'adjoint parlementaire qui est François Jacques. Bien, merci, Philippe.
Je crois que tu es l'adjoint parlementaire, évidemment, de Marie-Claude, alors
merci pour ton bon travail.
Cher député de
Laurier-Dorion, je vous remercie. Je sais que c'est parfois difficile, trouver
un équilibre, parce que, je le dis, il faut
penser aux locataires, aux propriétaires. Un ne va pas sans l'autre. Mais vous
avez vraiment fait un bon travail, parce que, pendant trois ans et demi,
tous les projets de loi, vous étiez là, et on a amélioré vraiment la situation
en habitation. Ce n'est jamais assez, je comprends, mais on a bien fait ça, je
crois, ensemble. Puis, comme je le dis, plus tard, prochaine session, il faut
continuer. Alors, bravo pour votre travail.
La députée de Gaspé,
merci beaucoup pour votre travail, parce les projets de loi, les premiers, on
n'était pas ensemble, mais, quand même, vous
arrivez au bon moment avec le ministère
des Affaires municipales et de l'Habitation, donc merci également pour votre bon travail.
Je vais également
vous remercier, Mme la Présidente, merci pour votre bon travail, et toutes
celles aussi qui ont été présidentes de tous les projets de loi. On a eu
d'autres présidents. Merci à vous tous.
Me
Paradis, merci infiniment, parce que je crois que vous êtes là depuis le début.
Puis c'est à vous, les six projets de
loi, également. Ça va faire partie de votre réussite, ça vous appartient
également. Mme Marcoux, en habitation, hein, c'est un domaine assez particulier. On veut
changer la loi. Parfois, c'est plus long. Merci de votre patience également
avec moi.
Et je vais terminer
avec la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Ça, c'est certain, je ne vous ai pas oubliée du tout, du tout.
Merci les équipes du
ministère des Affaires municipales et de l'Habitation. Alors, merci pour votre
patience. L'équipe du cabinet, chef de cabinet, sous-ministre, on est ensemble,
même, depuis le début.
Alors,
je crois que le projet de loi n° 37, c'est quand même... il y a beaucoup
d'avancées. On l'a fait rapidement. On aurait voulu faire plus, mais, en même
temps, on n'aurait pas pu l'adopter à cette date-ci. Donc, pour le
changement d'affectation avec les RPA, les
OBNL, les coopératives, donc, oui, on va protéger les hausses et protéger les
locataires dans ces milieux.
Maintenant, pour les
ventes d'OBNL, c'est ce qu'on vient faire. On vient dire maintenant : Non,
ce sera plus possible, à moins d'avoir une autorisation. Belle Rivière, je me
suis engagée, on va aller voir. Puis je l'ai dit à la députée de Gaspé, on va aller voir est-ce que les étapes ont été bien
suivies, qu'est-ce qu'il s'est passé. Mais, en même temps, vous voyez, vous allez changer le Québec
avec les ventes d'OBNL, quand même. Mena'sen, ça, c'est une autre
situation. On va vérifier la suite parce qu'il y a des gens qui sont sur la
situation de Mena'sen.
Les
municipalités, bien, je suis contente d'être... d'avoir été avec vous pendant
tout ce temps-là, parce qu'on s'entend, le droit de préemption, c'était
demandé, et voilà. Mais je m'attends vraiment à ce que vous construisiez
rapidement des logements, des garderies parce que c'est ça que vous attendiez
aussi avec le droit de préemption.
Et ce que je peux
dire, en terminant, le 1er juillet arrive, on a les moyens, et les offices
d'habitation sont ouvertes sept jours sur sept. Les locataires, il ne faut pas
manquer de logements. Oui, il y a des disponibilités, il reste des logements. Maintenant, parlez avec vos
municipalités et vos offices d'habitation. La Société d'habitation du Québec
est là, encore une fois. Il ne faut pas que personne se ramasse à la
rue. C'est mon souhait le plus cher.
La clause F, bien,
évidemment, j'aurais aimé ça, qu'on passe de trois ans, parce que, pour moi,
c'est une déception. Moi, selon moi, on
améliorait la situation du cinq ans à trois ans. Alors, voilà. Mais on va
continuer à travailler ensemble pour la situation de la clause F.
Et, en terminant,
bien, c'est certain que mon clin d'oeil va avec la députée d'Anjou—Louis-Riel
parce que, veux veux pas, c'est avec elle
que j'ai gagné les heures en commission parlementaire, 252 heures. On a
le... on a vraiment le record des
heures en commission parlementaire. Alors, oui, on travaille bien ensemble.
Parfois, ça a été très difficile, beaucoup d'échanges, hein? Mais ça a
été... Mais, ce n'est pas grave, j'ai connu c'était quoi, être en commission
parlementaire, défendre des visions, des volontés. Puis, en même temps, ce que
je dis, bien, on est là, tous ensemble, puis,
en commission parlementaire, oui, on est au gouvernement, mais il faut le voir
comme toutes vos idées sont bonnes. Et
à chaque fois je le disais à Me Paradis : Son idée devrait être débattue.
Est-ce qu'on peut la faire avancer? Est-ce qu'on peut l'accepter? Est-ce qu'on peut la changer? Dès qu'il y avait un
amendement, dites-vous que tous les amendements ont été validés, même
proposés, parfois, parce que, oui, il faut améliorer la situation. On manque de
temps. C'est sûr qu'avec la pandémie on s'est fait voler quelques années,
quelques mois, mais, en tout cas, je pense qu'au niveau d'habitation on a fait
notre possible.
Alors, je vous
remercie vraiment. C'est très touchant. Bonne retraite, chère députée d'Anjou—Louis-Riel.
Puis, honnêtement, il y a plusieurs ministères qui ont eu de la chance de vous
avoir. Félicitations. Et je suis certaine que vous avez également fait
améliorer plusieurs causes au Québec grâce à votre travail dans certains
ministères, alors, félicitations. Merci pour
les conseils. Elle m'a quand même donné de très bons conseils. Mais, en même
temps, moi, je pense que, finalement,
la situation en habitation... On a signé des ententes avec le fédéral, quatre
ententes. On a le Programme d'habitation abordable qu'on a avancé, un
nouveau programme, on a le programme AccèsLogis, les programmes qu'on a
débloqués, on a l'allocation-logement. Je le dis à tous les locataires ici,
qu'on a haussé les seuils, là, jusqu'à 150 $, c'est important. Les PSL,
150 % qu'on veut aller avec Mme Marcoux. Et on a tous les moyens, les montants sont là. On va essayer
d'améliorer la situation, encore une fois, en habitation, construire
rapidement, et rénover nos HLM qui sont barricadés, c'est une priorité
pour moi, travailler avec les offices d'habitation.
Alors, merci à vous tous.
Merci, chers maires et mairesses, évidemment. Et le travail maintenant est à
vous. On déploie tous les moyens pour vous aider à construire rapidement.
Merci, Mme la Présidente. Merci mes collègues du gouvernement. Je vous adore.
Merci infiniment pour votre bon travail. Voilà.
La Présidente (Mme Boutin) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Eh bien, c'est à mon tour de vous remercier pour vos
très belles collaborations. C'est toujours un charme de présider cette
commission-là. Les projets de loi sont
superintéressants, puis le ton est respectueux, c'est constructif. Toutes les
commissions devraient fonctionner comme ça.
Et puis je ne peux pas non plus passer sous
silence le départ à la retraite de la vie politique de Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
C'est toujours très touchant de voir votre dernière commission. J'étais très
contente que vous veniez nous visiter. Je
vous remercie beaucoup pour tout ce que vous avez fait pour le Québec, et tout.
Vous êtes une source d'inspiration pour beaucoup de femmes aussi en politique,
alors n'oubliez pas ça. Et j'ai hâte de voir la suite pour vous. Je suis
très curieuse.
Sur ce, la commission, oui...
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Boutin) :
...la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux
au jeudi 9 juin, 8 heures, où elle se réunira en séance de travail.
Merci.
(Fin de la séance à 17 h 30)