Journal des débats de la Commission de l'aménagement du territoire
Version préliminaire
43e législature, 2e session
(début : 30 septembre 2025)
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Le
jeudi 2 octobre 2025
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Vol. 48 N° 2
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 104, Loi modifiant diverses dispositions afin notamment de donner suite à certaines demandes du milieu municipal
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures cinquante minutes)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon matin à tous. Alors, ayant le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'aménagement du territoire ouverte. Je dis juste peut-être vérifier vos
sonneries de téléphone cellulaire qui soient bien éteintes.
Alors, nous poursuivons ce matin les
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 104,
Loi modifiant diverses dispositions afin notamment de donner suite à certaines
demandes du milieu municipal.
Est-ce qu'il y a des remplacements, Mme la
secrétaire?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Gagnon (Jonquière) est remplacé par Mme Poulet
(Laporte) et M. Ciccone (Marquette), par Mme Dufour (Mille-Îles).
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous entendrons ce matin la Fédération québécoise des
municipalités, mais, juste avant, j'aurais besoin du consentement. Étant donné
qu'on a commencé plus tard, il est 11 h 50, nous avons nous avons
besoin d'avoir consentement pour poursuivre jusqu'à 12 h 35. Ai-je le
consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Schneeberger) : Parfait.
Alors, c'est super. Alors, nous allons débuter. Alors, bonjour à vous deux.
Alors, comme d'habitude, vous êtes des gens qui viennent souvent nous voir,
alors, vous avez 10 minutes pour faire votre exposé. Non, non, mais vous
savez, ça fait partie du travail, il faut... C'est normal. Même je si fais rire
de gens, c'est les gens qui nous... qui représentent la fédération. Alors, vous
avez 10 minutes pour faire votre exposé, et nous procéderons par la suite
par une période d'échange avec les élus.
M. St-Pierre (Guy) : Merci, M.
le Président. M. le Président, Mme la ministre, mesdames, messieurs... pardon,
les députés, je remercie les membres de la commission de nous permettre de
commenter le projet de loi n° 104, la Loi modifiant diverses dispositions afin
notamment de donner suite à certaines demandes du milieu municipal. Je me
présente, je suis Guy St-Pierre, maire de Manceau et membre de l'exécutif de la
Fédération québécoise des municipalités.
Comme vous le savez, la Fédération
québécoise des municipalités regroupe plus de 1 060 municipalités
locales et régionales et l'ensemble des MRC, et, à ce titre, nous sommes la
porte-parole des régions.
Aujourd'hui, je suis accompagné de notre
directeur des politiques, que vous connaissez tous, M. Châteauvert, comme vous
le disiez, M. le Président, qui vient ici assez souvent. Ça fait que vous ne
vous tannez sûrement pas de le rencontrer. Excusez, je sors de mon texte. Ce n'est
pas lui qui l'a écrit, ce bout-là.
D'entrée de jeu, la FQM salue la volonté
de la ministre et, si vous me le permettez, de votre prédécesseur, Mme Laforest,
qui a été ministre et qui a travaillé avec nous assez longtemps, de modifier
certaines dispositions législatives afin notamment d'alléger le fardeau
administratif des municipalités. Bien que le dépôt de ce projet...
M. St-Pierre (Guy) : ...constitue
une avancée en ce sens, nous devons admettre qu'il reste encore beaucoup de
travail à réaliser afin d'offrir aux municipalités et MRC une plus grande marge
de manœuvre. La lourdeur des contrôles et la reddition de comptes constituent
d'importants problèmes qui freinent l'action des municipalités. Notre congrès,
tenu la semaine dernière, fut d'ailleurs un moment fort à ce chapitre. À
l'heure où la question de l'imputabilité fait les manchettes plus que jamais,
nous souhaitons rappeler que les élus municipaux sont imputables envers leurs
citoyens aux quatre ans, lors des élections. En ce sens, et bien que l'on
comprenne que certains processus de reddition de comptes sont tout à fait
légitimes, la charge administrative qu'on impose à nos administrations municipales
ne fait qu'accroître avec les années, et ce, sans compter les nouvelles
responsabilités qui incombent désormais aux municipalités.
C'est pourquoi nous accueillons
favorablement l'élargissement du mandat de la Table Québec Municipalités pour
que celui-ci porte notamment sur l'analyse de la reddition de comptes... des
redditions de comptes. Il s'agit d'ailleurs d'une demande qui avait été
faite... qui avait fait consensus dans les associations municipales. Dans un
document conjoint présenté par l'ADGMRCQ, l'ADGMQ, l'AMMQ, l'UMQ et la FQM en
février 2024 et qui se trouve en annexe de notre mémoire, nous avions proposé
au gouvernement de venir mieux circonscrire dans la loi le mandat de la TQM
pour qu'il se lise de la façon suivante : La Table Québec Municipalités
conseille le ministre sur toute question qu'il lui soumet. Elle porte une
attention prioritaire à l'examen de la reddition de comptes et de la charge
administrative exigées aux municipalités ou MRC, et effectue des
recommandations au ministre quant à leur réduction et à leur optimisation. Elle
est l'instance privilégiée de concertation entre le gouvernement et le milieu
municipal. Cette proposition de libellé, qui couvre plus large que celui
proposé dans le projet de loi, permet de mettre l'accent sur l'examen de la
reddition de comptes et la charge administrative plutôt que d'être simplement
un des éléments à couvrir.
Enfin, la semaine dernière, lors du
congrès annuel de la fédération, M. le président imaginait la lourdeur
administrative à laquelle sont confrontées les municipalités à l'aide d'un
carcan agricole, image qui a frappé l'imaginaire des gens dans la salle,
probablement l'imaginaire de la ministre aussi, lorsqu'elle a vu le carcan sur
la scène. Et pour bien illustrer, c'est que, dans le temps, les vaches avaient
des carcans, c'était ça de long, ça de large, puis la vache pouvait juste se
tasser un petit peu, de même, avancer puis reculer... puis elle donnait à peu
près 4000 litres de lait. Au fil des années, on a mis des chaînes, les vaches
avaient un petit peu plus de lousse, la production a augmenté à 8000, et
maintenant que les vaches sont dans des stabulation libres, bien, la production
est rendue à 12 000 kilos par vache, par année. Donc, vous voyez que les
carcans diminuent la flexibilité, diminuent la productivité. Donc, plus on met
des carcans au monde municipal, plus que la flexibilité et le rendement sont
diminués. Vous comprenez l'image, elle était tout à fait à-propos. Donc, je
pense que nous sommes rendus à l'étape, pour le monde municipal, de dialoguer
avec vous autres pour améliorer ce point-là de la gestion municipale.
Avant de terminer, j'aimerais ajouter que,
même s'il n'est pas volumineux, ce projet de loi propose quelques modifications
pour adapter les lois municipales et... à la réalité du terrain. L'article 23,
qui modifie l'article 91 de la Loi sur les compétences municipales, en est un
bon exemple. En effet, plusieurs MRC investissent chaque année des sommes
importantes dans l'entretien des chemins multi-usages afin de développer leurs
territoires, sans que le cadre législatif soit clair à ce chapitre. Aussi,
toute personne qui connaît les régions sait apprécier les retombées de ces
investissements, et c'est pourquoi nos membres soulignent l'importance de cet article.
Toutefois, cela ne signifie pas l'acceptation de responsabilités additionnelles
concernant les terres publiques sans négociation préalable concluante avec le
gouvernement. Donc, je vous remercie.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous débutons une période d'échange avec Mme la
ministre pour une période de 16min 30s.
Mme Guilbault :Oui. Bien, merci beaucoup, M. le Président. Salutations à
tous. Salutations aux collègues, à vous, M. le Président, à votre équipe, à
tous les collègues autour de la table. Certains changent d'une séance à
l'autre, mais c'est toujours le même bonheur de travailler ensemble pour le
bien des municipalités, en l'occurrence, avec ce projet de loi là.
Salutations, évidemment, à nos amis de la
FQM. le Président le disait, vous êtes des habitués des commissions
parlementaires, et on est tous des habitués de travailler avec vous...
Mme Guilbault :...dans nos diverses fonctions. En tout cas, aux
Transports, on a travaillé beaucoup ensemble, et je pense que je peux
mentionner, parce que c'est important, le travail que M. Saint-Pierre, le
maire de Manseau, a fait avec nous dans notre comité qu'on a mis en place pour
le transport adapté, qui était une demande de longue date du milieu, comité qui
était présidé par le président de la commission et donc qui a donné lieu à des
belles avancées en transport adapté, qui est un sujet qui préoccupe énormément,
justement, la Fédération québécoise des municipalités, entre autres les
territoires à moins grande densité, les territoires ruraux, les territoires
plus étendus, où il y avait là des enjeux par rapport aux modalités du
programme tel qu'il avait été conçu. Alors, on a pu, grâce aux travaux du
comité, faire des belles avancées en la matière. Est-ce que vous vouliez
commenter, M. Saint-Pierre?
M. St-Pierre (Guy) : ...on a
travaillé... je pense qu'on a travaillé comme il faut, on a su démontrer les
réalités de nos territoires, que les besoins en Gaspésie, en transport collectif
et en transport adapté, ne vivent pas la même problématique, pas la même
problématique, ont des problématiques peut-être plus prononcées que quand tu es
autour de la ville de Québec ou autour de la ville de Montréal, où les
transports collectifs sont présents presque 24 heures par jour. On
comprendra qu'en Abitibi ou en Gaspésie, bien, ce n'est pas le cas et les
déplacements sont beaucoup plus dispendieux. Donc, oui, il y a eu des avancées,
mais on voulait encore peut-être aller un peu plus loin, mais on comprend la
dynamique de l'évolution du dossier et... parce qu'il reste des choses à régler
encore. Mais merci de l'avancement qu'on a fait là-dedans.
Mme Guilbault :Oui, effectivement, puis ce n'est pas le propos direct du
projet de loi, mais, en même temps, ça va dans le sens d'améliorer la qualité
de vie des citoyens pour lesquels on travaille tous les deux. Je le disais hier
en remarques introductives, un de mes grands objectifs, qui est sûrement le
vôtre aussi, c'est oui, d'aider les municipalités, parce que vous êtes notre
clientèle directe, à l'évidence, aux Affaires municipales, mais qu'ensemble on
puisse, à effet domino, améliorer la vie de nos citoyens qui veulent toujours
des meilleurs services, des projets qui accélèrent, des projets dont la
livraison est accélérée, etc. Donc, un grand merci pour la collaboration.
Et effectivement j'étais présente à votre
congrès la semaine dernière, et l'image du carcan était, je pense, idéale, non
seulement pour les politiciens dans la salle et autres oreilles présentes mais
aussi pour les journalistes qui étaient là. Je pense que tout le monde a
bénéficié de ce visuel-là qui était très évocateur et auquel évidemment on
adhère, parce que, dans l'année qui s'en vient, je compte travailler avec vous
pour qu'on puisse, de toutes les façons possibles, alléger le fardeau
administratif puis justement accélérer ultimement que ce soit la livraison des
services ou la livraison des projets dans nos municipalités au Québec.
• (12 heures) •
Il y a déjà des choses intéressantes dans
ce projet de loi là, et je veux moi aussi saluer à nouveau ma prédécesseure,
Mme Laforest, Andrée, qui a déposé le projet de loi. Puis le titre du
projet de loi, d'ailleurs, est assez évocateur en lui-même, en réponse à des...
je n'ai pas le titre exact, là, mais donc en réponse, c'est ça, à des demandes
des municipalités, donc c'est carrément un projet de loi qui existe, entre
autres, pour répondre à des demandes de longue date des municipalités. Bien
qu'on demeure ouverts aux suggestions, puis c'est pour ça qu'on fait des
consultations particulières, donc on porte grande attention aux recommandations
que vous nous faites aujourd'hui.
Sur la table Québec municipalités. Je
comprends que vous avez, c'est l'objet de la recommandation n° 1, là, si
ma mémoire est bonne, c'est ça, Table Québec municipalités... Le fait même de
créer cette table-là, indépendamment de la recommandation que vous faites sur
le libellé, mais le fait de créer cette table-là, est-ce que vous estimez que
c'est en soi une bonne chose et que, déjà, c'est un pas dans la bonne direction
en vue d'atteindre son objectif, c'est-à-dire de pouvoir, en continu, avoir une
discussion concrète, précise, ouverte, comme je disais, dans le temps du
transport adapté, une tribune ouverte, lucide, orientée sur les résultats qui
va nous permettre, justement, de poser les bons gestes au bon moment, le plus
rapidement possible, en fait, mais de poser les bons gestes pour que ça ait une
incidence réelle sur votre vie et sur celle de nos citoyens?
M. St-Pierre (Guy) : Bien,
premièrement, on veut que le mandat soit très, très clair pour qu'elle
travaille spécifiquement là-dessus. Oui, on travaille, il y a un travail qui se
fait sur l'ensemble de l'oeuvre, si on peut dire, là, mais que ce dossier-là
soit pris, je dirais, pas plus sérieusement, mais de façon un peu plus
concrète. Là, je vais laisser Pierre aller...
M. Châteauvert
(Pierre) :Oui. En fait, la TQM est déjà
dans la loi, elle existe depuis très, très longtemps. Moi, je... bon, j'ai les
cheveux blancs, je me souviens très bien de réunions très fréquentes dans
l'année où le ministre et ses collègues passaient un après l'autre pour
discuter de différents projets, des consultations officielles, et il y avait
des discussions vraiment très intenses et très intéressantes. Et avec le temps,
il faudrait refaire l'histoire, mais c'est un peu perdu. Lors de la loi... ce
qui est reconnu les gouvernements...
12 h (version non révisée)
M. Châteauvert (Pierre) :...c'est en 2014, 2015, ça, on devait la relancer, et ça n'a
pas eu lieu. Bien là, il y a eu quelques rencontres, là, dans le cadre de la
déclaration de réciprocité. Mais, nous, ce qu'on propose, c'est clairement que
de relancer cette table-là pour que les gens s'assoient et aussi pour conforter...
pour, en fait, consolider le rôle du ministère des Affaires municipales de
coordination des liens avec le monde municipal, et, avec tous vos collègues
ministres, Mme la ministre, de regarder qu'est-ce que... comment on peut
améliorer la relation entre le monde municipal puis les différents ministères.
Il y a des choses, vraiment, qui sont à faire. Actuellement, chaque fois qu'un...
Bon, on le voit, là, vous arrivez avec des propositions, et la cohésion n'est
pas toujours là. Ça, on le voit, là, et ça, c'est... ça fait des années. Le
rapport Perrault d'il y a à peu près 10 ans le soulignait, puis donc c'est
quelque chose. Chaque ministère semble fonctionner en silo. Donc, s'il y avait
un lieu où est-ce qu'on pourrait discuter puis évaluer les impacts de chaque
réforme, à ce moment-là, on pense que la cohérence serait de loin améliorée, de
là notre proposition, clairement, de modifier puis d'aller encore plus précis
en fonction de la recommandation que les associations municipales faisaient
en... il y a plus qu'un an, de dire que, clairement... d'une action... une
attention prioritaire de l'examen de la reddition de comptes de la charge
administrative. On pourra y revenir, parce qu'il y a d'autres détails sur
des... l'ampleur de cette charge administrative qu'on pourra vous communiquer.
Des voix : ...
Le Président (M. Schneeberger) :
Mme la ministre.
Mme Guilbault :...je demandais à ma collègue ici qui est... c'est quand la
dernière fois que la table s'est rencontrée. Donc, je comprends que ça ferait à
peu près un an?
M. Châteauvert (Pierre) :À peu près... Il y a à peu près un an, c'est ça. Mais,
avant, moi, ce que j'ai vécu... c'était aux deux, trois mois, c'était plusieurs
fois par année. Le ministre des Affaires municipales... puis il amenait ses
collègues, et il y avait des discussions sur les sujets d'intérêt et des
échanges, et c'était constructif, on identifiait des priorités. Même au... il y
avait... même la... Vous savez, tout le processus de demandes budgétaires, on
le faisait là. Les projets de loi, les orientations, tout était discuté. Et c'était
quelque chose de très, très sérieux, de grandes délégations. Pour le bénéfice
des parlementaires, la TQM est composée... normalement, en fait, la loi, le
premier ministre, la ministre ou le ministre des Affaires municipales ainsi que
des représentants de l'UMQ, la ville de Québec, la ville de Montréal et la FQM.
Donc... Et là tout se discutait, là, et c'était vraiment un forum très apprécié
et très exigeant, très exigeant pour tout le monde. Donc, il y avait des
échéanciers qui se faisaient là.
Mme Guilbault :Est-ce que vous jugez que la composition de la table est
adéquate?
M. Châteauvert (Pierre) :Oui, je pense que oui.
Mme Guilbault :Donc, la périodicité des rencontres, pour vous, pourrait
être améliorée, même si ce n'est pas dans le projet de loi, là, mais...
M. Châteauvert (Pierre) :Ah! ça, c'est clair, parce qu'il y aurait... ça obligerait
de structurer... surtout cette question-là, de structurer le travail. C'est... Et
c'est pour ça qu'on l'a mis. Ce document-là, le conseil d'administration, ça a
été la même chose avec nos amis de l'UMQ, on l'a tous adopté, puis il est signé
par, en fait, les deux unions municipales, en disant : Nous, on pense qu'il
faut que le... la Table Québec-Municipalités doit relancer ses travaux de façon
structurée et de... et aussi avec un calendrier, pour qu'on puisse discuter des
différentes problématiques, parce qu'à chaque fois, bien, la porte est fermée.
Il n'y a pas de journalistes, donc les choses peuvent se dire. C'est ça qui est
intéressant.
Mme Guilbault :Ah! non, non. La porte n'est pas fermée, tout est
enregistré, puis les journalistes ne sont pas loin.
M. Châteauvert (Pierre) :Non, ici, non, non, mais à la TQM.
Mme Guilbault :
Ah! à la table. OK. Excusez.
M. Châteauvert (Pierre) :À la TQM, à la TQM, j'entends, à la TQM. Non, des choses...
il y avait des choses qui peuvent se dire, puis c'est ça qui est intéressant. C'est
un lieu où est-ce que les échanges se font...
M. St-Pierre (Guy) : Bien, parce
qu'en même temps, vous savez, on est, je vais dire, confrontés... je vais
plutôt dire travailler, avec la quantité de ministères à qui on a affaire et
que chacun... chacun va sortir son programme sans nécessairement parler à d'autres...
à d'autres ministères, chacun va faire sa reddition de comptes, chacun va
arriver avec ses règles, et etc. Et, nous, ça se ramasse sur le bureau de nos
directions générales, dans nos municipalités, et qui... comme chez nous, on a
deux personnes et quart qui sont dans le bureau, et qui ont à faire des
redditions de comptes même pour savoir qui qui parle en anglais et en français quand
ils viennent au bureau municipal pour la langue française. Ce n'est pas qu'on
ne considère pas la langue française comme importante, mais d'être obligés, à
la municipalité de Manseau, où on a plus de personnes qui parlent espagnol,
parce qu'on a beaucoup de Mexicains travailleurs étrangers, que d'anglophones...
Mais, tu sais, c'est une reddition de comptes qu'il faut faire. C'est comme les
chiens dangereux, où il faut mettre dans nos états financiers l'intervention qu'on
a faite au niveau des chiens dangereux. Comprenez-vous que, dans le
développement municipal...
M. St-Pierre (Guy) : ...ce n'est
pas nécessairement ce qui est le plus attrayant, et je vous dirais que, quand
on parle de ça au monde, ça ne les intéresse pas pantoute, de se présenter
comme conseiller municipal.
Mme Guilbault :Donc, c'est sûr qu'il y a un défi d'attractivité politique.
M. St-Pierre (Guy) : C'est
sûr que c'est... tu sais, c'est peut-être deux petits exemples un peu bébêtes,
là, mais c'est quand même présent dans le milieu, là, quand notre DG arrive
puis dit : Ah! il faut que je fasse le rapport sur les chiens dangereux.
M. Châteauvert
(Pierre) :
Une municipalité qui est
du Code municipal, quand on parle d'une obligation répertoriée, là, ça,
c'est... des fois, il peut y avoir plusieurs papiers à fournir, mais, par
année, chaque année, c'est 183 obligations qui est imposé à une
municipalité.
Mme Guilbault :Mais vous voyez... Je veux juste vous prendre... parce que
je vais devoir laisser du temps pour... j'ai deux collègues qui veulent poser
une question, mais ce que vous venez de dire, là... Moi, j'aimerais ça que vous
m'envoyiez cette liste-là des 183.
Une voix : On les a toutes.
Mme Guilbault :Bon, bien, c'est ça, mais de me l'envoyer. Puis on s'est
vu, la semaine dernière, puis M. St-Pierre m'a dit que vous aviez fait un
rapport, là, avec des choses précises.
Une voix : ...
Mme Guilbault :Exact. Bien, de s'assurer de nous l'envoyer., là, peut-être
via mon directeur de cabinet, parce que moi, je veux en régler le plus possible
sur les 183. Puis M. St-Pierre a raison, elles ne dépendent pas toutes de mon
ministère. Ça fait qu'à un moment donné il y a un leadership, puis c'est pour
ça que cette table-là se veut le vecteur privilégié, que, via les Affaires
municipales, après ça, il y a un travail transversal qui peut se faire. Alors,
tu sais, puis je veux le dire, là, ici au micro, là : Moi, c'est ça, mon
objectif, dans la prochaine année, je vous l'ai dit à plusieurs reprises, je
l'ai dit à M. Demers, je l'ai dit... on s'est vus très, très souvent, tout le
monde, depuis deux semaines. Le hasard a fait que je suis arrivée le
11 septembre, qu'il y a eu toutes sortes de rencontres puis d'événements,
alors... Alors, c'est ça.
Très, très rapidement, avant de passer le
relais à ma collègue d'Argenteuil, et je pense que ma collègue de Laporte va
avoir une question sur l'aspect de la CMM puis... Vous l'abordez dans la
recommandation numéro trois, donc, sur le principe général de rééquilibrer...
moi, c'est comme ça que je l'énonce, rééquilibrer un peu la dynamique et les
rapports entre Montréal et les couronnes, notamment pour refléter l'évolution
démographique, depuis 2000... en tout cas, ça fait presque 20 ans... oui,
plus que 20 ans, c'est ça, 2000, et c'est entré en vigueur en 2001. Donc,
de revoir ça pour que ça reflète la réalité, considérez-vous que c'est une
bonne chose?
M. St-Pierre (Guy) : Absolument.
Écoutez, on... puis je vais laisser Pierre continuer, mais quand on a des
MRC--on sait que les MRC sont responsables de l'aménagement du territoire--et
qu'au niveau de la CMM il y a des MRC qui ne sont pas présentes et qu'un des
mandats de la CMM, c'est de l'aménagement du territoire, comment se fait-il que
tu as des MRC, avec leurs élus, qui ne sont pas présents là où, entre
guillemets, se décident les orientations en matière d'aménagement?
• (12 h 10) •
M. Châteauvert
(Pierre) :C'est ça. Nous, Mme la
ministre, on va plus loin que ce qu'il y a dans le projet de loi. On propose
quelque chose de plus, parce que le mandat de la CMM, c'est l'aménagement,
fondamentalement, et dans une MRC, le porteur ou la porteuse... porteur-e,
porteuse, en tout cas, du dossier d'aménagement, c'est le préfet, c'est lui le
porte-parole au nom du conseil. Et une bonne partie des MRC autour de la table
qui sont directement affectées par le paiement, par le plan d'aménagement ne
sont pas au conseil d'administration. Et c'est drôle, l'administration de la
CMM parle régulièrement à tous ces préfets-là, à tout ce monde-là, mais ils ne
sont pas là parce que seules les municipalités locales qui sont directement
touchées par la CMM, affectées, ont le droit de siéger au conseil
d'administration. Et des fois il y a des conflits à l'intérieur parce que, des
fois, il peut y avoir des divergences. Et je vois la députée de Vaudreuil
qui... effectivement, et c'est un beau cas, c'est un beau cas. La MRC, le
préfet, lui, Rivière-Beaudet, il n'est pas dans... mais c'est lui le porteur du
dossier au nom de la majorité, mais lui, il n'est jamais à la table où les
discussions se font, par rapport à l'aménagement central. Nous, on pense que
c'est un non-sens. On ne refera pas l'histoire, on sait d'où ça vient, mais ça
n'a pas de sens.
Donc, nous, ce qu'on propose, c'est que le
conseil d'administration de la CMM, lorsque tu es un préfet puis la MRC est
directement touchée par la CMM, le préfet doit automatiquement se retrouver au
conseil d'administration. Parce que, là, actuellement, la CMM, la décision,
c'est l'exécutif, là, c'est la ville de Montréal, puis, bon, grosso modo, c'est
ça, mais là... Sauf que la possibilité... En fait, c'est... c'est une chance.
Supposons, tu es... tu es maire d'une ville, d'une municipalité, puis là, en
même temps, tu es préfet. Bien là, si tu es là, ce n'est pas... Tu n'es pas là
parce que tu es préfet. Tu es là parce que tu es maire de la ville. Mais
Vaudreuil-Soulanges... en tout cas, on a plein de cas comme ça autour de la...
autour de la CMM, que le préfet, qui est le porteur du dossier de
l'aménagement, n'est pas là, et c'est le principal dossier. Nous, on pense que
c'est... c'est... il y a une incohérence globale, totale à ce niveau-là...
M. Châteauvert
(Pierre) :...puis que c'est pour ça qu'on
vous fait cette proposition-là d'aller plus loin encore, quant à la
représentation, pour que le conseil d'administration reflète réellement la
réalité de la grande région montréalaise.
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
il ne reste plus beaucoup de temps, 40 secondes. Député d'Argenteuil,
rapidement.
Mme Grondin : En fait, vous
êtes chanceux. Parce que c'est toujours un plaisir, hein, d'échanger avec vous.
Puis là, on aurait pu échanger sur le «peut» et le «doit». C'est avec votre
résolution deux. Moi, je suis d'avis que, dans toutes les municipalités du
Québec, il doit y avoir un inspecteur ou un officier municipal. Puis là, vous,
vous souhaitez que ce soit plus souple. Moi, à mes yeux, c'est la mission
principale d'une municipalité. Et donc j'aurais aimé ça que vous me
convainquiez. Pourquoi que ça ne devrait pas être essentiel?
M. Châteauvert
(Pierre) :Parce que ce n'est pas... ce
n'est pas... Parce que ça ne correspond pas à toutes les réalités. On est
d'accord, il doit... cette fonction-là doit être. Mais ce n'est pas quelqu'un
nécessairement qui est à l'emploi direct de la municipalité. Ça peut être à la
MRC. Il y en a qui font affaire avec des entreprises.
Le Président (M. Schneeberger) : En
terminant.
M. Châteauvert
(Pierre) :Et ça ne correspondait pas. Il
était là le problème. De là du «peut» pour s'adapter.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, on manquait de temps un peu. Alors, nous allons maintenant du
côté de l'opposition officielle. Et j'entends la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. C'est vraiment passionnant, les échanges dans le milieu municipal,
c'est pour ça qu'on manque toujours de temps. Permettez-moi aussi de vous
saluer pour votre dernier congrès à la FQM. C'est toujours... je l'ai dit,
hier, dans mes remarques préliminaires, là, c'est toujours superintéressant,
les 215 kiosques, je pense, qu'il y avait, là, étaient... oui, il y avait
vraiment beaucoup de kiosques, là, cette année. Moi, j'ai été là trois jours.
J'ai participé. J'ai vu les discours, mais j'ai aussi participé à certains
ateliers superenrichissants pour nous aussi, les députés, parce que la salle
est...
Une voix : ...
Mme Nichols : 70 ateliers,
là. Puis pertinentes. C'était vraiment pertinent pour nous aussi. Ça nous
inspire pour nos plateformes électorales. Je dis ça comme ça.
Une voix : ...
Mme Nichols : Oui, oui, c'est
ça. Je veux juste faire une petite correction. Le titre du projet de loi, là,
c'est des dispositions notamment pour donner suite à certaines demandes du
milieu municipal. Ça fait que ce n'est pas juste toutes les demandes, c'est
certaines demandes. On sait qu'il y en a plusieurs, mais il y en... il y en a
certaines qui sont abordées dans le projet de loi.
Il y a aussi, dans le projet de loi,
des... en fait, ce n'est pas des demandes, là. En fait, dans le projet de loi,
il y a aussi des articles qui ont... sur lesquels le monde municipal n'a pas
été consulté. On arrive... On arrivera là un petit peu plus tard.
Je veux vous entendre, je l'ai entendu au
congrès de la FQM aussi, là, en lien avec la reddition de comptes. Vous en avez
parlé, l'ampleur de la charge administrative. Moi, j'ai failli tomber en bas
de... je vais dire de mes talons, parce que j'étais debout, quand j'ai parlé,
entre autres, à l'Association des directeurs généraux des municipalités qui
disaient qu'ils passaient, prenez ça en note, Mme la ministre, 57 h par
semaine à faire de la reddition de comptes. C'est un employé et demi, là, dans
les petites municipalités. Puis, je vous regarde, là, M. le maire de Manceau,
là, mais dans les petites municipalités, c'est fou comment ça monopolise le
personnel, là. Pendant ce temps-là, bien, c'est des services aux citoyens qu'on
ne rend pas. Je vous laisse aller peut-être pour...
M. St-Pierre (Guy) : On ne
peut pas tous les nommer, mais quand on pense à l'eau potable, ce n'est pas que
ce n'est pas important. Mais est-ce qu'il y a moyen de faire en sorte que ce
soit plus aisé et facilitant de les faire au niveau des eaux usées? Et là, on
est en train, ne serait... bien, il y a aussi au niveau des programmes, là,
comme le programme PRIMEAU, etc., où il y a 12 étapes... neuf ou
12 étapes. Puis, à chaque étape, il faut que le ministère donne son
autorisation pour pouvoir passer à l'étape suivante, etc. Je ne dis pas que ce
n'est pas essentiel, sauf que ça fait en sorte que, bien, ça prend plus de
temps, ça prend plus de temps à réaliser des choses.
Et, pour en revenir aux redditions en
compte, bien oui, effectivement, là, quand je parlais des chiens tantôt, oui,
si on a un cas de chien, bien, il faut que ce soit répertorié, etc. Bien... Et,
ça, ça a été... ça a été... Tu sais, quand on nous a remis ça aux
municipalités, bien, on a signé des ententes avec la SPA. Et là, ils appliquent
le règlement, etc. Mais on a quand même des suivis à faire et des rapports.
M. Châteauvert (Pierre) :Le projet de loi, effectivement, c'est l'aboutissement du
travail qui est fait avec le ministère, là. Puis ça va bien. Ça... Mais
c'est... Mais ce n'est pas simple, en même temps, là. Parce que, qu'est-ce
qu'on garde, qu'est-ce qu'on... tu sais, c'est... il y a... il y a une... Mais
je vais vous donner un exemple. Les ministères, souvent, vous savez, les
premières pages pour identification, puis tout ça, là, ce n'est jamais la même
chose. Puis, quand tu te trompes, tu oublies de cocher une case, bien, ton
projet, dans certains ministères, c'est sorti, puis les autres... C'est... Il y
a ça, donc. Puis, ça, juste ça, là, ça pourrait être une bonne job.
Deuxième chose, le temps, la somme. Tu
sais, l'an... cette année, là, on est rendus à 29 modifications
réglementaires, législatives, et tout ça, là. 29, là. Ça va être l'année... Et,
ça, quand tu as une modification, il faut que tu formes le monde...
M. Châteauvert
(Pierre) :...là on s'en vient... il y a
quelque chose qu'on est un peu tout le monde un peu en panique, là, c'est les
zones inondables, vous savez, le nouveau règlement, là, les changements...
Puis, vous le savez, à Vaudreuil, c'est important. Au niveau des inspecteurs
municipaux, la formation, le temps, l'implantation de ça, c'est... c'est
énorme, c'est énorme. Ça, il y a ça.
Puis aussi, au niveau d'allègements, je
vais vous donner un petit exemple. On est tous pour la protection, moi le
premier, de la langue française, et tout ça, mais vous savez que, supposons,
dans un endroit où est-ce que c'est 100 % francophone, si tu veux aller
acheter pour 5 000 $ de bois, pour réparer une terrasse, il faut que
tu demandes que... au marchand s'il a son certificat de langue française. Oui,
c'est... Oui, clairement, là. Puis ça, c'est une réalité, là, c'est... Donc, ça
va jusque là, 6 000 $. Puis vous savez que du bois de... du bois...
avec le prix, là, du bois traité, ce temps-ci, là, ce n'est pas dur, se
ramasser à 5 000 $.
Donc, ça, c'est une réalité qu'on a, là,
puis on l'a dit, on l'a dit beaucoup. En fait, il y a la loi que vous avez tous
adoptée, puis tout ça, mais ça, c'est... Puis je pense que c'est ce qu'on
comprend aussi que de rouvrir ça, ce ne serait pas une bonne idée, parce que ça
repartirait d'autres débats que personne ne veut, là. Mais la réalité, c'est
celle-là, puis c'est en bas, sur le terrain, c'est ce qu'on vit. Donc, des
exemples comme ceux-là, on en a plein, mais, en même temps, ce n'est pas
nécessairement quelque chose de facile. Comme M. St-Pierre vient de le dire, on
comprend qu'il en faut, une reddition de comptes, mais là, c'est l'excès. Pour
vous dire, là, 183 obligations par année pour les municipalités locales,
une ville, pour la Loi des cités et villes, ça monte à 199. Une MRC, avec un
territoire non organisé, c'est 174 par année. Puis, ça, quand on dit une
obligation, il peut y avoir plusieurs gestes à poser dans l'année. Puis on n'a
pas encore modifié le calendrier, il y a encore 365 jours, des fois, il y
en a un peu plus, là, aux quatre ans. Mais c'est ça, le problème, mais ce n'est
pas... Ce ne sera pas simple, faire ça, en même temps. Je ne veux pas laisser
entendre que...
Mme Nichols : ...ces
obligations-là, est-ce qu'ils sont listés?
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui, oui, oui. Nos amis des associations des
directeurs municipaux, ou même... je ne sais pas si vous êtes venue au congrès,
ils ont même une présentation et... ils ont fait une job extraordinaire
là-dessus...
Mme Nichols : Oui, vraiment.
M. Châteauvert
(Pierre) : ...mais on travaille, nous, ensemble avec tout ça.
M. St-Pierre (Guy) :
...quasiment, au niveau de la langue française, ce n'est pas qu'on est contre,
est-ce qu'on est... est-ce qu'on nous oblige à faire la job du ministère? Parce
que si l'entreprise n'a pas son certificat de francisation, c'est comme si
c'était nous qui allaient leur rapporter, qui allaient les surveiller, parce
que vous n'avez pas... on ne peut pas acheter chez vous. Tu sais, ce n'est
pas... c'est un peu à nous à faire cette job-là. Il y a beaucoup de perception,
parmi les élus puis parmi notre personnel municipal aussi, c'est : Mon
Dieu, on ne nous fait surtout pas confiance. Dans tout ce qu'on fait, là, il
faut faire un rapport, il faut faire un rapport. Et j'oserais dire...je vais
paraphraser un ancien maire d'Aston-Jonction, qui est décédé, M. Pierre Gaudet,
il disait : «On n'a plus le droit d'être intelligent.» Vous savez, on a
changé des ponceaux toute notre vie, mais là on ne peut plus changer de
ponceaux sans avoir une autorisation du ministère de l'Environnement ou, etc.
On comprend que c'est important.
• (12 h 20) •
Je vais vous donner un autre exemple. Si
on fait des travaux de voirie, bien, il faut demander l'autorisation à la CPTAQ
d'utiliser le terrain à côté, parce qu'il y a des travaux. On va utiliser un
terrain en zone agricole, on va utiliser le terrain pour mettre du matériel. Il
faut avoir... On ne pourra pas faire autrement. Ils ne pourront pas nous dire
non, parce que c'est là, on ne pourra pas charrier notre matériel à 10 kilomètres,
là. Tu sais, c'est une obligation qu'on a qui ne devrait pas exister. C'est là
que, dans la petite chose, quand on dit : On n'a plus le droit d'être
intelligent, on voit-tu des choses qui sont un peu bordéliques? Oui. Ceux-là,
saisissons-les et faisons... en tout cas, on va en faire un cas...
Mme Nichols : Oui, on a
compris.
M. St-Pierre (Guy) : ...mais,
tu sais, c'est parce que, dans l'ensemble des municipalités, on veut bien
faire, là, tu sais, on ne veut pas toujours passer à côté.
Mme Nichols : Non, puis ce
genre d'échange là, est-ce que c'est des échanges que vous avez à la TQM, à la Table
Québec-Municipalités?
M. Châteauvert
(Pierre) :Non, dernièrement, la TQM n'a
pas... cette question-là, c'est dans la déclaration de réciprocité puis on...
Mais on a des échanges avec le ministère, là, avec le ministère, puis d'autres
ministères. Le ministère amène des sous-ministres des autres ministères. Ça se
passe toujours, c'est assez... des fois, c'est rigolo. Mais non, non, là-dessus...
Mais ce n'est pas... Il faut aller plus loin.
Mme Nichols : Puis ça fait
combien de temps qu'elle n'a pas siégé, la table?
M. Châteauvert
(Pierre) : Bien, c'est un an, il y a un an.
Mme Nichols : Ça fait un an, OK.
M. Châteauvert
(Pierre) : Mais c'était plus sur des questions, des questions
autour de la déclaration puis des questions... la TVQ, le petit débat qu'il y a
eu l'an dernier, donc.
Mme Nichols : Oui, sur le...
oui. Parfait...
Mme Nichols : ...vous voulez
agir, je...
M. St-Pierre (Guy) : Ah! je
voulais juste dire, pour revenir à la CPTAQ, le ministère des Transports doit
faire une demande à la CPTAQ. Cette demande-là doit être déposée à la MRC. La
MRC, il faut qu'on l'analyse, qu'on la prépare et qu'on l'envoie à la CPTAQ.
Comprenez-vous que... Qu'ossa donne?
M. Châteauvert
(Pierre) :Il y a aussi les notions de M.
de M. St-Pierre... M. St-Pierre en a parlé, là, toujours aller chercher, sur
n'importe quoi, des délais. Nous, on a un cas où est-ce qu'on a attendu 14 moi,
une municipalité, pour une autorisation, là, dans un ministère, là. 14 mois sur
un projet de... un projet de logement dans un endroit où est-ce que le taux
de... est à 0 %. Ça aussi, il faut s'attaquer à ça.
Mme Nichols : Oui, c'est
beaucoup, je suis d'accord avec vous. Je voulais vous entendre aussi, on en a
parlé un peu, là, la ministre avait commencé à l'aborder, entre autres, là, sur
la gouvernance. Parce que dans votre... dans votre mémoire, vous aviez trois
recommandations. La troisième, c'était entre autres en lien avec la
gouvernance. Vous avez été clairs, vous avez dit que ce projet de loi là, ça
représente, entre autres, une occasion pour revoir plus largement les règles de
gouvernance de la CMM. Vous avez parlé de représentativité. Puis, je suis
contente, vous avez soulevé l'enjeu de Vaudreuil-Soulanges. Tu sais, c'est un
enjeu que, chez nous, on vit beaucoup, de ne pas nécessairement être... être
représentés à la CMM. Il y en a d'autres aussi un peu partout ailleurs. Que
pensez-vous maintenant du contexte? On est dans un contexte où on est en
période électorale puis on s'attaque à la gouvernance. J'imagine que vos
membres... vos membres se sont certainement manifestés à cet effet-là.
M. Châteauvert (Pierre) :Non.
Mme Nichols : Ils ne sont
pas... Ils ne se sont pas manifestés sur le sujet?
M. Châteauvert
(Pierre) :Non. Non. En fait, ce projet de
loi là était déposé au mois de... au printemps, et tout ça, là. On l'a tous vu.
Puis, nous, on n'a pas réagi à ce niveau-là. Mais ça fait... cette
proposition-là, qu'on fait, la première fois qu'on l'a évoquée, c'est 2019.
Donc, ce n'est pas d'hier qu'on parle de ça.
Mme Nichols : De la
gouvernance? De la CMM?
M. Châteauvert
(Pierre) :De notre proposition de... que
les préfets soient. Parce qu'en cohérence avec le mandat de la CMM. Parce qu'on
ne comprend pas que le porteur ou la porteure de dossier, du dossier de
l'aménagement au niveau de la MRC ne soit pas là où est-ce qu'il y a des décisions
qui les impactent, là, soit... On ne comprend pas ça.
Mme Nichols : Puis on parle
aussi... Parce que vous en faites, là, des représentations. Puis, quand vous
faites des représentations ou quand vous représentez votre population, vous la représentez
par électeur ou vous prenez des Statistiques Canada puis vous le faites par
population, c'est une représentation populationnelle? Parce que, vous l'avez
vu, là, les changements, entre autres, en lien avec ces articles-là, on
justifie que la démographie a changé, mais c'est plus le nombre d'électeurs que
la...
M. Châteauvert
(Pierre) :...MRC. Là, vous parlez au
niveau de la MRC, le fonctionnement de la MRC, il y a des lettres patentes et
elles sont différentes en fonction des choix locaux. Il y a des...
Mme Nichols : Oui. Bien,
quand, vous, vous faites des représentations, vous le faites populationnelle.
Vous ne le faites pas pour l'électorat.
M. Châteauvert
(Pierre) :Ah! bien non. Nous, c'est...
Nous, c'est nos membres. Puis c'est ça. Puis nos membres représentent la
population. Nous, on représente, tu sais, on a 1 072, 1 074, tu sais,
membres, là, chez nous. Donc, c'est en fonction de la réalité de nos membres,
là. C'est certain. Je ne sais pas si je comprends bien votre question, là.
Mme Nichols : Oui. Oui. Non,
mais c'est parce que je me demande vous travaillez avec quoi comme données.
Vous... quand...
M. St-Pierre (Guy) : Au
niveau de la répartition de la CMM que vous prenez ça?
Mme Nichols : Non. Bien, peu
importe, là. Quand vous travaillez un projet de loi, là, puis, bien, vos élus,
là, les élus municipaux, ils travaillent avec les indices de statistique,
les... de Statistique Canada qui sortent à chaque année au niveau de la
population et non pas au niveau des électeurs. Non? Ce n'est pas clair?
M. Châteauvert
(Pierre) :On a... On n'a tellement pas
regardé cet élément-là parce que ça ne nous posait pas de problème, ce qu'il y
avait là, là. Puis on laisse les gens à cet endroit-là. Nous, ce qu'on voulait,
c'était cet élément-là, de soulever une proposition qu'on fait depuis plusieurs
années en fonction du mandat, OK. Mais, la composition, effectivement, ça,
là-dessus, on va laisser les gens autour de la région de Montréal, là, de
débattre. Parce que c'est la même chose dans chacune des MRC. On n'ira pas
intervenir, dire : Telle MRC, ce n'est pas de même que tu devrais marcher,
c'est comme ça. Non, non. C'est local. Et ces gens-là...
Mme Nichols : OK. J'ai mal
exprimé ma...
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
On est vraiment dépassé. Alors...
Mme Nichols : Je vais aller
vous voir. Ce n'était pas ça. Mais bon.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons voir maintenant du côté de la députée de Sherbrooke
pour quatre minutes 8 s.
Mme Labrie : Bien, je vais
continuer un petit peu là-dessus, parce que tantôt, M. Manceau, vous nous avez
dit, bon...
M. St-Pierre (Guy) : St-Pierre...
Mme Labrie : Bien oui! Vous
avez raison. M. St-Pierre, de Manceau, désolée. Vous nous avez donné l'exemple
qu'il y avait plus de gens qui parlaient espagnol qu'anglais, là, dans votre
municipalité. Ces gens-là, si je ne me trompe pas, sont... ils n'ont
probablement pas la qualité d'électeur. Donc, tu sais, la question que posait
ma collègue allait dans le sens de quand vous, vous avez une population, là, à
laquelle vous offrez des services, vous leur offrez des services, même s'ils
n'ont pas la qualité d'électeur chez vous, là. C'est...
M. St-Pierre (Guy) : Bien,
absolument, ils demeurent... ils demeurent dans la municipalité, là.
Mme Labrie : Ça a... C'est le
poids démographique de toutes les personnes qui sont sur le territoire.
M. St-Pierre (Guy) : C'est
ça. Oui. Oui.
Mme Labrie : Bon. Ça, je
pense que c'est ça qui allait dans le sens de ma collègue.
M. St-Pierre (Guy) : OK.
Mme Labrie : Merci. Ça
clarifie...
Mme Labrie : ...vous avez
parlé de toutes les obligations, là, de reddition de comptes qu'il y avait,
bon, il y en a plusieurs qui sont liées à des programmes, à des
réglementations. Là, on est dans... on est en train de faire un projet de loi,
j'aimerais ça que vous me disiez s'il y en a qui relèvent directement de lois,
en fait, s'il y a des choses dans les lois qu'on pourrait modifier pendant...
Parce que ça répond à certaines demandes, vous nous avez donné quelques
exemples de demandes faites depuis longue date, notamment celles des préfets,
là, qui n'ont pas été intégrées à ce projet de loi là. Il y en a-tu d'autres
comme ça, des demandes qui pourraient être répondues directement en modifiant
la loi? Parce que je comprends que vous l'aimez, le projet de loi, comme il est
présenté, mais il y a-tu des choses de plus que vous mettriez dedans?
M. Châteauvert
(Pierre) :Bien, ça, c'est la première
recommandation, c'est de mettre en place un processus pour tout revoir, pour
travailler... parce qu'on sait que ça ne se fera pas sur six mois, ça ne peut
pas se faire sur... c'est un processus à long terme dans lequel on s'embarque.
Et c'est pour ça qu'on dit, nous autres, il y a le lieu puis il y a un lieu de
haut niveau dans l'État puis que, supposons, la ministre... la ministre des
Affaires municipales invite ses collègues puis qu'il y a des discussions très franches
sur ces questions-là pour aborder l'ensemble des questions. Oui, ce qu'on vient
de faire, bien là, c'est réglementaire, mais ça découle de la loi sur les zones
inondables. Ça va avoir des impacts énormes sur la gestion municipale.
Mme Labrie : Bien, je me
demande juste, tant qu'à l'ouvrir, là, parce que, dans les prochaines semaines,
on va se pencher là-dessus... Tu sais, moi, par exemple, un exemple qui me
vient, c'est des municipalités qui m'ont déjà dit qu'eux autres, en vertu de la
taille de leur population, ils n'avaient pas le droit d'acquérir des autobus.
C'est quelque chose qu'ils n'avaient pas le droit de faire. Tu sais, ça, c'est
quelque chose...
M. Châteauvert
(Pierre) : C'est un très bon exemple. C'est une revendication
historique, effectivement, enfin, c'est des... au niveau des MRC. C'est
seulement pour les sociétés de transport. Toutes les autres, c'est un blocage,
et on le dit. Et on a d'ailleurs, au dernier congrès, adopté une résolution en
disant : Là, ça fait plusieurs fois qu'on demande qu'il faut arrêter ça.
On ne peut pas prendre... décider de la façon qu'on va délivrer le service. Il
y a des embûches. On dit...
Mme Labrie : Ça fait que ça,
on pourrait saisir l'occasion du projet de loi pour aller le changer.
M. Châteauvert
(Pierre) :Ah! ça, c'est...Oui.
Mme Labrie : Oui?
M. St-Pierre (Guy) : Oui, mais
les travaux que Mme la ministre parlait tantôt, au niveau du transport, sur le
transport adapté, ça a été une question qui a été soulevée, que tu avais... les
MRC, on ne peut pas acheter d'autobus pour donner le service, il faut que ce
soit... un organisme à but non lucratif qui peut le faire, donc, puis ça cause
un problème de gestion, ça cause un problème qu'il faut que tu crées une boîte
à côté qui va gérer, alors que l'argent vient quand même tout de la MRC, en
tout cas, on comprend. Sauf que...
Mme Labrie : Ça fait que,
dans votre invitation, l'autre jour, à vous faciliter la vie puis à enlever un
carcan, ça, ça répondrait.
M. St-Pierre (Guy) : Oui. Ça,
oui. Est-ce que le ministère des Transports est prêt, demain matin, à intégrer
dans la loi? Ça, ce n'est pas nous qui... ça ne nous regarde pas, mais...
• (12 h 30) •
Mme Labrie : On a une
spécialiste ici, du ministère des Transports, peut-être qu'on va pouvoir
discuter de ça.
M. St-Pierre (Guy) : ...non,
c'est beau.
Mme Labrie : J'ai une autre
question pour vous. Vous avez donné l'exemple d'une municipalité qui a attendu
14 mois après un ministère, donc, pour avoir un suivi sur son dossier, là. On
ne sait pas c'est quelle municipalité ni quel ministère, mais le fait qu'en ce
moment il y a des coupures de postes par centaines dans de nombreux ministères,
est-ce que ça ne vous inquiète pas que ça pourrait occasionner des délais,
justement, dans les suivis que vous attendez de différents ministères?
M. St-Pierre (Guy) : Ce que
le président a dit, si je ne me trompe pas, dans son discours d'ouverture,
c'est que, si on coupe des fonctionnaires mais qu'on ne coupe pas dans la
réglementation, dans la reddition de comptes ou, etc., ou qu'on... pas qu'on ne
veut pas avoir de réglementation, mais est-ce qu'il y a moyen d'en simplifier
l'application? Bien, si on ne coupe pas dans la réglementation ou la... on ne
fait pas de simplification, si on coupe des fonctionnaires, ça va être pire
encore.
Mme Labrie : Là, pour
l'instant, ils ont juste coupé les fonctionnaires, ils n'ont pas simplifié la réglementation.
Le Président (M. Schneeberger) :
...
M. Châteauvert
(Pierre) : ...on a assisté à une augmentation du nombre de
fonctionnaires puis on a assisté aussi à une augmentation de la réglementation
puis des contrôles aussi, en même temps.
Mme Labrie : Et des délais
aussi.
M. Châteauvert
(Pierre) :Quelque part, c'est une
nouvelle façon de faire qu'il faut...
Le Président (M. Schneeberger) : On
est écoulé déjà depuis quelques secondes. Alors, merci beaucoup... pour l'apport
à la commission. Alors, la commission suspend ses travaux jusqu'à
14 heures, et cet après-midi, question de faire monter les cotes d'écoute,
alors nous allons recevoir l'Ordre des urbanistes du Québec et la ville de
Laval. Merci. Bon dîner.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 04)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
bon après-midi à tous. La Commission de l'aménagement du territoire reprend ses
travaux.
Alors, je rappelle que nous poursuivons
les consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 104,
Loi modifiant diverses dispositions afin notamment de donner suite à certaines
demandes du milieu municipal. Cet après-midi, nous recevons l'Ordre des
urbanistes du Québec et la ville de Laval.
Alors, en premier lieu, je salue bien,
bon, les trois personnes qui sont avec nous de l'Ordre des urbanistes du
Québec. Alors, bonjour à vous trois. Dans un premier temps, vous présenter à
tour de rôle et par la suite enchaîner avec votre présentation. Vous avez un 10 minutes
maximum.
Mme Prud'homme (Nathalie) : Parfait.
Merci. Alors, bonjour, je me présente, Nathalie Prud'homme, présidente de l'Ordre
des urbanistes du Québec. Je vais laisser mes collègues se présenter.
Mme Lefranc (Hélène) : Hélène
Lefranc, directrice générale de l'ordre.
Mme Walczak (Lise) : Bonjour,
tout le monde. Lise Walczak, conseillère aux affaires publiques et
gouvernementales.
Mme Prud'homme (Nathalie) : Alors,
Mme la ministre, M. le Président, messieurs et mesdames les députés, merci de
nous recevoir et de permettre à l'Ordre des urbanistes du Québec de s'exprimer
sur ce projet de loi omnibus visant à donner suite à des demandes du milieu
municipal, notamment en urbanisme.
Depuis toujours, l'ordre a pour mission de
défendre le bien commun et la protection du public par la promotion d'un
aménagement intégré, inclusif et durable du territoire. C'est à la lumière de
ces principes que nous vous transmettons nos observations à propos de trois
volets spécifiques du projet de loi : la gouvernance de la Communauté
métropolitaine de Montréal, la création du titre d'officier municipal en
bâtiment, en environnement et en urbanisme et une nouvelle exemption d'approbation
référendaire pour des projets en urbanisme.
Je me permets ici de rappeler que ce
projet de loi a surpris dans le milieu municipal et de l'aménagement du
territoire.
Alors, voici nos constats et nos
observations. Tout d'abord, concernant la gouvernance de la CMM, le projet de
loi propose de la réviser en réduisant le nombre de sièges au conseil et au
comité exécutif de l'agglomération de Montréal au profit des municipalités de
banlieue. Pour ce faire, le gouvernement introduit un critère inédit, le nombre
d'électeurs et d'électrices plutôt que la population totale. L'agglomération de
Montréal verrait ainsi sa représentation diminuer au profit des municipalités
de banlieue.
Cette approche nous inquiète. D'abord,
elle créerait une exception visant uniquement la CMM. En effet, aucune mesure
similaire n'est prévue pour la Communauté métropolitaine de Québec. Elle rompt
également avec une pratique bien établie dans toutes les instances supralocales
comme les MRC. La représentativité a toujours été calculée selon le critère de
la population globale. Les décisions de la CMM touchant le territoire concernent
l'ensemble des habitants, incluant par exemple les enfants, les étudiants
étrangers, les...
Mme Prud'homme (Nathalie) :
...permanence, donc, pas uniquement les électeurs. Le projet de loi, en
substituant le critère des seules personnes inscrites sur les listes
électorales à celui démographique, introduit une iniquité et crée un précédent
préoccupant du point de vue de la protection du public. De plus, il nous semble
peu productif de nuire à la capacité d'influence de Montréal, la ville centre de
la métropole économique, culturelle et sociale du Québec. Tout le Québec y
perdrait. En outre, il est difficile de justifier pourquoi le gouvernement
souhaite changer les règles du jeu de la CMM, alors que celle-ci, après
réflexion, a procédé à l'adoption récente des documents structurants que sont
le plan métropolitain d'aménagement et de développement et la politique de
financement de l'Autorité régionale de transport métropolitain. Je vous
souligne ici que, dans les deux cas, ça a été adopté à l'unanimité. Maintenant
que cela a été fait, la stabilité de la gouvernance est essentielle pour en
assurer la mise en œuvre et garantir la capacité d'action de la CMM. Enfin, si
l'on souhaite réformer la gouvernance, il vaut mieux le faire de manière
complète et cohérente et impliquer toutes les parties concernées.
Nos recommandations. Dans cette
perspective, l'ordre ne peut appuyer une modification qui réduirait la
représentativité d'une partie de la population et affaiblirait la métropole. Il
recommande de maintenir le critère de la population totale tel que prévu aux
articles 4 et 34 de la Loi sur la Communauté métropolitaine de Montréal.
Nous suggérons aussi d'accorder à la CMM une plus grande capacité d'action dans
la révision de sa gouvernance et de son fonctionnement.
Maintenant, passons au deuxième point qui
nous préoccupe concernant la création du titre et l'obligation pour les
municipalités de nommer des officiers municipaux en bâtiment, en environnement
et en urbanisme. La création de ce titre est une demande de la COMBEQ, la
Corporation des officiers municipaux en bâtiment et en environnement, appuyée
par certains acteurs municipaux, ce à quoi nous ne nous opposons pas du tout.
En revanche, il semble que personne n'ait demandé que soit inclus dans ce titre
les mots «et en urbanisme». Dès lors, pourquoi cet ajout? C'est là qu'on
s'interroge. Je vous avoue que l'ordre qui encadre le professionnel portant le
titre d'urbaniste, d'ailleurs dont on n'a pas été consulté, en a pris
connaissance avec un certain désarroi. Car, en effet, nous sommes un ordre
professionnel à titre réservé seulement. Il n'y a pas d'actes ni d'activités
réservées en urbanisme, c'est-à-dire que tout le monde peut faire de
l'urbanisme, mais seuls les membres de l'Ordre peuvent être appelés urbanistes.
C'est une distinction importante. Cela génère déjà donc son lot
d'incompréhension de la part du public et induit des situations de confusion.
Les cas d'usurpation de titre sont également en augmentation. L'obligation pour
les municipalités d'avoir un officier en urbanisme pour appliquer la
réglementation alors qu'elles n'ont pas l'obligation que la réglementation soit
rédigée par un urbaniste apparaît donc paradoxale et renforce la confusion
automatiquement.
• (14 h 10) •
En créant différents types de fonctions
officielles reliées à l'urbanisme dans le Code municipal et la Loi sur les
cités et villes d'un côté, et le Code des professions de l'autre, cela dilue
pour le public la compréhension de ce qu'on fait, de ce de ce que font les villes,
de ce que... de ce qu'est l'urbanisme, pardon, de ce que font les
professionnels qui sont urbanistes, de ce que fait l'ordre et de ce qu'est le
système professionnel lui-même, pourtant une création de l'État. Nous sommes
heureux pour la COMBEQ, une association, que sa demande de reconnaissance des
officiers municipaux soit reconnue, mais en tant qu'ordre professionnel, nous
avons aussi exprimé certaines demandes concernant quelques activités réservées.
Puisqu'il s'agit ici d'officialiser les rôles et fonctions en urbanisme,
pourquoi ne pas structurer à toutes les échelles? Tant qu'à modifier la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, l'ordre soumet à nouveau une recommandation
qu'elle avait soulignée lors de l'étude du projet de loi no° 16 afin qu'il
soit inscrit que les processus au cœur du système d'aménagement doivent être
effectués sous la supervision technique d'un urbaniste. On faisant référence
ici à l'élaboration et la modification des outils de planification,
l'élaboration et la modification des règlements d'urbanisme et la production
d'avis professionnels sur leur conformité. Selon nous, il s'agit d'une demande
raisonnable et limitée qui permettrait toutefois de garantir la qualité de la
planification dans la lignée...
Mme Prud'homme (Nathalie) :
...les avancées portées par le gouvernement depuis 2022, la protection du
public en serait améliorée.
Nos recommandations. Pour résumer, nous
demandons le retrait de la mention «et en urbanisme» des articles 7 et 11 du
projet de loi. Puis nous invitons le gouvernement à profiter du momentum pour
poursuivre le travail en inscrivant dans la loi que l'élaboration des plans,
des règlements et des avis de conformité relève de la supervision des
professionnels qualifiés que sont les urbanistes.
Enfin, concernant l'exemption de
l'approbation référendaire, ce projet de loi propose d'élargir l'exemption de
la procédure d'approbation référendaire pour les projets de densification près
des réseaux de transport collectif structurant en retirant la limite introduite
en 2023. Celle-ci était établie à la moitié de la norme initiale. Le texte
prévoit que toute modification réglementaire permettant la densification autour
de ces zones serait soustraite à la possibilité d'un référendum.
L'ordre reconnaît la légitimité de
l'objectif. Oui, il faut densifier autour des réseaux de transport collectif
pour favoriser des milieux de vie complets et durables. L'ampleur de la crise
du logement et climatique nous l'impose. En fait, ce sont plutôt les moyens
retenus dans ce projet de loi qui nous dérangent. L'absence de limite aux
variations de normes pourrait avoir des effets directs sur la qualité des
milieux de vie en créant des ruptures architecturales et urbaines dommageables
au caractère des quartiers. Nous avons toujours défendu une vision et une
planification d'ensemble de la ville et mis en garde contre davantage de
mesures discrétionnaires et de décisions à la pièce. L'ordre plaide plutôt pour
que les MRC et les villes actualisent leurs schémas et leurs plans d'urbanisme.
De plus, nous craignons que d'éliminer toute limite, par exemple, à la hauteur
des projets, nuise à l'acceptabilité sociale et la densité.
Nos recommandations sont... de ce fait,
l'ordre recommande de conserver la balise quantitative actuelle encadrant les
dérogations aux normes de densité de 50 % de la valeur initiale, comme
prévu à l'article 123.1 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. De plus,
nous sommes conscients que les mécanismes de participation publique doivent
être modernisés. Un chantier est d'ailleurs actuellement mené par le ministère
des Affaires municipales. L'ordre appelle donc la ministre à attendre les
conclusions et à procéder ensuite à une réforme globale des référendums en
urbanisme et de la consultation citoyenne. Il apparaîtrait paradoxal d'adopter
les dispositions du projet de loi n° 104 tout en poursuivant cette
réflexion.
En conclusion, en plus d'avoir surpris le
milieu municipal et de l'aménagement, ce projet de loi soulève des enjeux quant
à la protection du public. Les modifications proposées que nous commentons ici
apparaissent élaborées parfois dans la précipitation, sans suffisamment de
consultation. Nous vous invitons à prendre connaissance de notre mémoire, qui
propose plusieurs recommandations pour assurer que la protection du public soit
au rendez-vous. Alors, je vous remercie de votre écoute. Merci.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup pour votre présentation. Nous débutons une période d'échange avec Mme
la ministre pour un temps de 15 min 40 s.
Mme Guilbault :Oui. Merci, M. le Président. Bonjour. Rebonjour à tout le
monde. Bonjour, mesdames. Heureuse de vous retrouver. On était... Vous êtes
venues, vous avez participé aux consultations de mon dernier projet de loi, n° 61,
qui créait Mobilité Infra Québec et qui faisait un certain nombre d'autres
choses, dont permettre enfin qu'on puisse construire du logement, notamment
autour de nos actifs de transport collectif. Et on se retrouve aujourd'hui, où
il y a, entre autres, un des sujets qui est abordé qui touche la construction
de logements autour du transport collectif, qui va en quelque sorte de pair
avec ce que j'avais fait aux Transports et qui maintenant permet de la densité,
parce que quant à construire des logements, aussi bien qu'il y en ait un
certain nombre, parce qu'on sait que les besoins sont importants, en
particulier... bien, pas «en particulier», mais entre autres dans les endroits
où on a, justement, ces actifs-là, où on a du rail, on pense à Montréal,
évidemment, là, puis d'ailleurs il y a un projet en cours dans les futures
stations de la ligne bleue. Donc, tout ça est rendu possible grâce aux
changements qu'on a faits dans mon projet de loi n° 61, à l'époque.
Et donc l'ampleur de la quantité de
logements disponibles est tributaire, entre autres, de ce qui se trouve
aujourd'hui dans le projet de loi et qui fait l'objet de votre recommandation n° 5,
je crois. Oui, c'est ça.
Bien, en fait, je vais commencer avec ça
puis je vais laisser du temps. Puis là, je ne sais pas, M. le Président, si
vous pouvez avoir la gentillesse de m'aviser quand j'aurai écoulé trois, quatre
minutes, parce que j'ai deux collègues qui veulent poser des questions, puis je
ne veux pas que ça fasse comme ce matin puis que, finalement, malgré moi, je prenne
tout le temps. Donc, sur le 50 %, vous...
Mme Guilbault :...parlez de créer des ruptures architecturales ou... c'est
comme ça... des fractures architecturales. Alors, évidemment, on est sensibles
à ça. Mais, dans un contexte où, justement, les besoins sont tellement élevés,
puis qu'on prend la peine de modifier des lois, puis qu'on se donne enfin ces
moyens-là... Ça fait des années que les sociétés de transport puis les
municipalités le réclamaient, et là on l'a fait dans... justement, l'an dernier,
je l'ai fait via le projet de loi n° 61, puis on complète aujourd'hui.
Donc, est-ce que vous ne pensez pas que, malgré tout, c'est une bonne chose que
de pouvoir s'affranchir de contraintes en matière de densité pour des projets
spécifiques autour du transport collectif, on s'entend, c'est ça que ça vient
circonscrire, cet article-là, compte tenu de ces besoins-là?
Mme Prud'homme (Nathalie) : Écoutez,
comme on le précisait, on n'est pas contre la densification, on est pour une
densification intégrée réfléchie. Et il y a eu des ajustements qui ont été
faits un petit peu dans l'urgence pour assouplir, pour donner un peu de marge
de manœuvre, on comprend bien ça. Cependant, on le sait pertinemment, comment
ça peut être long de planifier, hein, des axes structurants de transport, puis
on a le temps de réfléchir en même temps à la planification urbaine.
Alors, ce que nous faisons comme
promotion, c'est : On est capables de le planifier dans notre
réglementation en amont. On est capables de le faire. On est capables de le
faire évoluer avec la population aussi, parce qu'entre temps, si... On n'est
pas obligés de commencer déjà avec une procédure référendaire, on peut évoluer
avec la population, faire des consultations publiques et l'adopter selon les règles
de l'art. On peut fonctionner comme ça. Le référendum doit être vu vraiment
comme une ultime étape, c'est-à-dire si oui ou non qu'un projet est accepté ou
pas.
Alors, nous, ce qu'on fait comme... plutôt
comme... nous privilégions, c'est vraiment qu'on adapte nos plans directeurs,
qu'on adapte nos schémas et qu'on prévoit, d'ores et déjà, de manière
transparente, nos orientations. Et, à ce moment-là, la population a adhéré et
compris pourquoi on va de l'avant avec une certaine densité. Le problème, quand
on enlève des règles, puis surtout qu'on est en processus de réflexion sur la
valeur d'une procédure référendaire, la valeur d'une consultation publique...
Puis nous, ce qu'on dit, c'est que la consultation publique puis l'intelligence
collective est importante parce qu'elle peut faire évoluer un projet, puis un
projet qui est accepté par la population, c'est la meilleure solution qu'on
puisse avoir dans un développement du territoire. Et c'est dans cette
perspective-là qu'on voit ça. Tandis que, si, d'ores et déjà, on met... on
enlève déjà un outil qui rassurait la population. Ça ne veut pas dire qu'on
peut y faire référence. Parce qu'à partir du moment où mon zonage est adopté et
adapté avec une certaine densité, je n'ai même pas besoin d'aller en amendement
de zonage, donc je n'ai même pas besoin d'aller en processus référendaire parce
que mon zonage a été adapté en fonction de la volonté et de la municipalité
puis, souvent, accepté par la population.
• (14 h 20) •
Mais on a fait un processus avec la
population. Parce qu'il ne faut pas obliger... oublier qu'un processus
référendaire, c'est seulement quand il y a un amendement au zonage qui est
demandé. Si j'ai changé mon zonage puis que je suis conforme à mon zonage pour
réaliser un projet parce qu'il a fait l'approbation de la ville et parce que la
population y adhérer, j'ai un zonage qui est conforme à une volonté commune
partagée par l'ensemble des gens, des parties prenantes.
Alors, si on peut éviter les amendements
au zonage, c'est la première chose à faire. Donc, en ajustant notre
réglementation, d'ores et déjà, d'envoyer déjà un message clair, transparent,
on a un territoire qui est développé avec l'adhésion de tout le monde. C'est
dans cette perspective-là qu'on défend ça de cette manière.
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Guilbault :Il reste 10 minutes. OK. Bien, je vais passer la
parole, non, sans vous dire d'abord que, pour votre recommandation n° 3,
là, je comprends qu'il y a un agacement par l'insertion du mot «urbanisme».
Donc, juste simplement vous dire que moi, j'ai de l'ouverture, là. S'il y a un
agacement, il y aura probablement moyen de le corriger l'agacement.
Mme Prud'homme (Nathalie) : Ça
serait une bonne chose. Mais il y a aussi une demande en parallèle qui est
formulée qui serait à considérer, c'est-à-dire que, oui, le mot «urbanisme», si
on peut le retirer, parce qu'il peut porter à confusion, surtout avec le
système professionnel, mais si, également, on peut regarder une demande de
reconnaissance d'activités réservées, ça fait partie de nos doléances depuis un
certain temps, depuis le PL 16 et différentes demandes de modification à
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme également.
Mme Guilbault :Parfait. Donc, je vais céder la parole. Merci, mesdames...
Mme Guilbault :...céder la parole à ma collègue de Laporte.
Le Président (M. Schneeberger) : ...
Mme Poulet : Oui. Bien,
bonjour, tout le monde. Alors, bonjour à vous trois. Merci d'être là
aujourd'hui. Je vais aller... on n'a pas beaucoup de temps, alors je vais aller
directement à ma question. Trouvez-vous qu'il soit juste qu'un seul groupe
géographique, soit l'agglomération de Longueuil... de "Longueuil",
pardon, de Montréal, je veux dire, moi je suis plutôt dans Longueuil, c'est
pour ça que je suis habituée de dire ça... dans l'agglo de Montréal ait une
majorité grâce à son vote prépondérant et puisse décider pour l'ensemble de la
CMM. Compte tenu du vaste territoire, compte tenu des réalités qui sont
vraiment différentes de la Rive-Sud à la Rive-Nord, est-ce que vous trouvez que
c'est normal que Montréal décide pour la population?
Mme Prud'homme (Nathalie) : Écoutez,
c'est toute la question du rayonnement d'une métropole par rapport même aux
entités qui la ceinturent. Et il ne faut pas oublier une chose, c'est que
l'attractivité économique, sociale de la métropole a généré, a favorisé aussi
le développement des périphéries. Et c'est important que tout le monde soit
partie prenante de l'avenir de ces territoires-là de manière partagée, que ce
soit en termes de frais, que ce soit en termes d'organisation et hiérarchie
territoriales.
Ce qu'il faut comprendre aussi, dans les
deux documents qui ont... de planification qui ont été adoptés jusqu'à
présent... ils ont été adoptés à l'unanimité. Ça veut dire que, même dans le
contexte de l'organisation actuelle, il y a un... il y a un bon modus operandi
qui opère. Il y a eu, dans un premier temps, de l'opposition, mais le dernier
qui a été... le dernier... la dernière politique de financement du transport
public a été quand même adoptée à l'unanimité. Alors donc, ce qu'on comprend,
c'est que l'organisme en soi, même avec des mécanismes de prépondérance, ils
arrivent à s'entendre eux-mêmes. Alors, pourquoi intervenir autrement?
Il faut comprendre aussi que, oui, c'est
vrai que la population est plus importante aussi dans la métropole et qu'il y a
des impératifs et des enjeux qui sont spécifiques à ce type de milieu de vie
là. Or, il ne faut pas oublier une chose, c'est que les gens qui vivent en
périphérie bénéficient beaucoup de ces services-là, des activités. Tout ce qui
est culturel se passe dans la métropole, tout ce qui est dans les... au niveau
des emplois, au niveau économique, la représentation au niveau international.
Comme société, on a intérêt, au niveau du développement économique, de
valoriser notre métropole et de faire en sorte qu'elle soit vivante. Il ne
faudrait pas arriver, si on déstabilise l'organisation de la métropole, qu'on
se retrouve avec un trou de beigne ou encore, comme il fut un temps, dans les
années 70, 80, où certaines villes centrales, je fais référence à New York,
étaient en perdition, puis tout le monde s'en allait en périphérie plutôt que
de développer la valeur économique de la ville centrale. C'est problématique.
On y perd. Tout le monde y perd. Par conséquent, de donner et de conserver un
poids à la métropole est fondamental.
Mme Poulet : Et qu'est ce que
vous en dites... Concernant l poids de la métropole, je vous entends, mais
qu'est-ce qui en est des petites municipalités où qu'il n'y a pas de
représentation? Il faut les représenter, il y a un territoire très... avec un
fort pourcentage agricole. Qu'est-ce que vous dites à ces municipalités-là?
Mme Prud'homme (Nathalie) : Bien,
ce qu'il faut comprendre aussi, c'est qu'il y a une toute une question... Nous,
on est dans l'optique qu'il faut faire en sorte que les villes soient aménagées
de... de qualité, que l'économie aussi puisse leur permettre de survivre et de
répondre aux services qu'ils ont à offrir, mais on a aussi des impératifs à
tenir compte, c'est-à-dire contrôler l'étalement urbain. Donc, ça, ça peut
paraître difficile pour certaines municipalités, d'avoir à limiter le
développement de son territoire, mais il faut qu'on s'entende ensemble, puis
c'est ce qui a pu être adopté à l'unanimité sur la façon dont on voit le
développement du territoire. Il y a eu consensus sur la façon de voir comment
on pouvait le développer et de concentrer là où il y avait des infrastructures
déjà existantes.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
députée d'Argenteuil, à vous. 4min50s.
Mme Grondin : Quatre minutes.
Parfait. Bonjour, mesdames. Très heureuse de pouvoir échanger avec vous. Moi,
je vous dis d'emblée, je ne suis pas du tout en accord avec les propositions
que vous amenez. Parlons de la gouvernance. Vous nous dites que, dans le fond,
si on y va avec la question des électeurs, c'est un critère inédit, inadéquat,
inéquitable, mais pourtant, sur le site du DGEQ, c'est la façon avec laquelle
on définit notre démocratie...
Mme Grondin : ...donc, ça,
c'est d'emblée une question de cohérence à mes yeux à moi. Vous nous parlez
aussi de valoriser la métropole pour bien. Pour avoir travaillé longtemps dans
des... dans ma circonscription, évidemment, c'est des milieux plus ruraux.
Quand on parle d'aménagement du territoire, évidemment, la vision plus urbaine,
la vision de densification, elle n'est pas toujours simple quand on tente de
l'appliquer. Parce que ce qu'il faut comprendre, historiquement, c'est que
c'est souvent les plans d'eau qui ont été développés. Donc, d'ajouter une
deuxième, troisième ou quatrième couronne autour des plans d'eau, ça va à
l'encontre des objectifs de protection de nos gestions des ressources en eau.
Donc, j'aimerais mieux comprendre.
Justement, ma collègue parlait de... Je trouve qu'à l'intérieur de vos
propositions, il y a beaucoup pour valoriser la métropole, certes, mais je ne
vois pas que c'est à travers un schéma d'aménagement qu'on peut faire ça. Il y
a plein d'autres outils pour valoriser la métropole. Et là je sens que vous
attachez plus les milieux... Vous avez parlé de banlieues, chez moi, ce n'est
pas comme ça qu'on les appelle, les villes, Saint-Jérôme, et tout ça, qui font
partie de la CMM. Puis je ne suis pas certaine, à les entendre aujourd'hui,
dans l'application du paiement, que le consensus est toujours aussi fort que
vous le prétendez.
Donc, j'aimerais ça vous entendre un peu
plus, mais beaucoup avec cette notion-là d'aménagement du territoire pour des
milieux ruraux.
Mme Prud'homme (Nathalie) :
Oui. C'est une grande préoccupation, puis vous avez raison qu'il faut s'occuper
aussi de la vitalité de tous les territoires. Puis il faut que, dans la
planification, l'interconnexion entre... Moi, je parlerais d'un écosystème, il
y a un écosystème à bâtir, c'est-à-dire que les uns sont utiles aux autres. Et
la métropole a un rôle important à jouer, parce que tout converge autour de là,
les services et tout. Mais, avec le temps, il y a eu une complémentarité qui
s'est bâtie. On utilise le terme «banlieue», parce que tout ce qui était autour
du... de la ville centrale, on a souvent utilisé cette expression-là et ce sont
des entités qui se sont consolidées à travers le temps. L'impératif important
qu'on a à contrôler ces temps-ci, c'est le contrôle de l'étalement du
territoire. Dans certains cas, ça vient, ça devient contraignant parce que le
territoire est plus limité, hein, on comprend qu'il fut un temps où on pouvait
gruger un petit peu plus sur les territoires agricoles, mais maintenant on est
plus limitatif afin d'avoir une rationalisation dans la façon de développer du
territoire.
Nous, ce pourquoi on trouve ça important
que la communauté métropolitaine... ou plutôt l'agglomération de Montréal, la
ville-centre comme métropole, soit au cœur même des préoccupations, c'est qu'il
y a une synergie qui doit se bâtir entre ces milieux-là, donc, les uns
n'empêchent pas l'autre. Puis quand vous vous dites : Je ne suis pas d'accord
avec votre vision, je comprends très bien, mais, dans mon esprit à moi, on ne
doit pas non plus sous-utiliser ou sous-développer les autres secteurs.
• (14 h 30) •
Mme Grondin : Je comprends tout
à fait, mais, moi, je veux juste vous rappeler, vous savez, ça fait plusieurs
années où je tente de faire comprendre, là, au milieu plus urbain, à la CMM,
nous, les enjeux ici, là... Puis, des fois, c'est des questions de définition
ou de priorité, hein? Moi, dans la région nord des Laurentides, dans ma
circonscription, les enjeux, c'est de protéger les forêts profondes, alors
qu'on parle souvent, au niveau de la CMM, de verdissement des ruelles. On est
dans deux mondes complètement différents et dans des coûts différents.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de l'opposition
officielle, et j'entends la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Bonjour mesdames. Merci, merci d'être avec nous. Merci de votre
mémoire. M. le Président, je vais poser peut-être quelques questions. Je vais
céder la parole à ma collègue des Mille-Îles. Oui, la députée qui me précédait,
là, parlait, entre autres, de l'enjeu au niveau des électeurs, puis au niveau
de la population, en lien avec l'aménagement du territoire. J'ai compris que,
quand on parle d'électeurs, c'est certain que le DGEQ travaille avec une base
d'électorale, là...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Nichols : ...l'Ordre
des urbanistes, vous, vous travaillez avec une base populationnelle, vous?
Mme Prud'homme (Nathalie) :
C'est une question? Oui?
Mme Nichols : Oui, oui,
tout à fait.
Mme Prud'homme (Nathalie) :
Bien, nous, c'est les gens qui habitent le territoire, l'ensemble de la
population, du tout-petit au plus vieux. Et on doit considérer tous ces
éléments-là dans notre planification, comme on doit tenir compte de toutes,
toutes les préoccupations qu'il y a sur l'ensemble des territoires. C'est pour
ça.
Mme Nichols : Quand vous
faites de l'aménagement du territoire, de la participation citoyenne ou plus,
plus, plus, vous ne le faites pas ça pour l'électeur, vous faites ça pour le
citoyen, pour celui-là qui utilise les services. C'est ces personnes-là qui
sont... qui sont ciblées puis pour lesquelles, tu sais, pour lesquelles l'aménagement
est fait. Le...
Mme Prud'homme (Nathalie) :
J'aimerais juste vous préciser que, par définition, notre rôle, c'est de
protéger le public dans sa grande complémentarité, là. Tout le monde est
intégré. Alors donc on doit considérer tout le monde dans la planification et
pas juste un type de milieu d'intervention, mais tous les types de milieux de
vie.
Mme Nichols : OK. Donc,
ça explique votre position, entre autres, dans le mémoire, tu sais, vous
travaillez... les notions avec lesquelles vous travaillez. Je vais laisser, M.
le Président, ma collègue poser ses questions.
Le Président (M. Schneeberger) :
Députée de Mille-Îles. Bonjour. C'est à vous.
Mme Dufour : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à vous trois pour votre présence. Je vous ai
saluées au début. Je vais peux-être juste continuer sur le même sujet. Une
question juste pour comprendre bien votre position. Advenant le cas où la
population de Montréal devenait finalement minoritaire, parce que là on a
compris que ce n'est pas le nombre d'électeurs, mais si c'était la population,
quelle serait alors votre position? Parce que vous avez mentionné que Montréal,
c'était la métropole, donc qu'il ne fallait pas avoir l'effet trou de beigne.
Mais s'il y avait un mouvement populationnel ou une croissance dans les... les Rive-Sud,
Rive-Nord, telle que ce serait inversé la population, comment vous... Ce serait
quoi, votre position, à ce moment-là?
Mme Prud'homme (Nathalie) :
C'est une très bonne question. J'espère qu'on n'en arrivera pas là parce qu'on
aura un problème de société, parce que toutes les infrastructures sont
concentrées dans ces endroits-là. Dans tous les investissements ont été
consolidés. Ce qui est important en planification du territoire, c'est de bien
gérer de manière rationnelle le territoire. Si on a investi au niveau d'infrastructures,
que ce soit en services ou en infrastructures souterraines, il faut pouvoir
rentabiliser ces milieux-là. Également toutes les complémentarités qu'il y a
autour doivent être des parties prenantes pour s'assurer que tout ça vive de
manière cohérente. Mais je ne sais pas si mes collègues auraient quelque chose
à ajouter.
Mme Lefranc (Hélène) : Peut-être
le... Bien, peut-être Lise. Vas-y.
Mme Walczak (Lise) :
Bien, je pense qu'effectivement, l'enjeu à travers la gouvernance
métropolitaine, c'est qu'il y a cette question de représentativité et qu'il
faut que toutes les municipalités de la CMM soient représentées, bien, pour...
pour qu'elles puissent défendre leurs enjeux. Parce qu'effectivement, on est
dans un territoire extrêmement vaste, avec des réalités disparates et que
gouverner un territoire avec cette fragmentation territoriale, bien, forcément,
c'est compliqué. Donc l'enjeu, c'est de pouvoir trouver peut-être un juste
milieu entre la représentation de Montréal et le reste des couronnes. C'est la
raison pour laquelle, dans notre mémoire, on propose d'apporter un peu de
souplesse à la composition des deux instances de la CMM, notamment avec la
recommandation 2, hein, on propose effectivement un mécanisme qui
permettrait à la CMM elle-même de pouvoir réviser cette composition. Et je
pense qu'en ce sens, ça permettrait peut-être d'accorder un peu plus de poids
aux couronnes ou aux périphéries et de pouvoir ajuster aux quatre ans ou cinq
ans cette composition. On est tous d'accord que gouverner une région
métropolitaine, c'est compliqué. Donc, je pense qu'il faut adopter une approche
concertée. Et donc ça permettrait peut-être d'ajuster le nombre de sièges, d'en
rajouter, etc. En tout cas, à voir.
Mme Dufour : Merci. Et il
y a aussi un groupe qui est venu ce matin, la Fédération québécoise des
municipalités, qui parlait de l'importance pour eux de voir les MRC qui ne sont
pas actuellement au conseil de la CMM être représentées au conseil. Ça, je ne sais
pas si vous avez eu l'occasion de les entendre, mais... Non? Mais c'est ça, ce
qui est souligné, c'est qu'il y a plusieurs MRC qui sont responsables de l'aménagement
de leur territoire, mais ils ne sont pas au conseil de la CMM. Quelle est votre
opinion à ce sujet?
Mme Prud'homme (Nathalie) :
Bien, écoutez, je pense que ma collègue, Lise, a très bien amené une approche
qui pourrait être regardée. Et puis, dans nos recommandations, c'est de
regarder si on peut donner plus d'agilité...
Mme Prud'homme (Nathalie) : ...à
se gouverner différemment au sein de la communauté elle-même. Et, je pense, qui
de mieux que ceux qui sont dans une organisation pour essayer de voir comment
bien équilibrer le pouvoir? Et ça, c'est... c'est peut-être une porte de sortie
intéressante parce qu'ils savent quels sont les enjeux, comment on pourrait
négocier, là où on doit mettre l'accent. Alors, moi, je pense qu'on... donnons
la possibilité à ceux qui sont à l'intérieur d'une organisation de pouvoir se
structurer.
Mme Dufour : Par expérience,
en étant une ex-élue municipale de la CMM, un des enjeux, c'est aussi...
c'était, à l'époque, et, je pense, ça l'est encore... c'est le droit de veto
d'une région sur les autres régions de la même communauté urbaine. Je vous
donne un exemple réel, sans nommer de nom, mais un maire qui a imposé un veto
pour un représentant d'une autre région, ça s'est passé, ça a amené beaucoup de
frustration. Donc, je peux imaginer que cette portion-là aurait à être révisée,
peu importe la représentation populationnelle.
Mme Prud'homme (Nathalie) : ...on
ne le nie pas qu'il y a peut-être matière à révision de certains modus operandi
qui existent à l'heure actuelle, mais de le faire peut-être en concertation.
Mme Dufour : Parfait.Je
vais vous amener ailleurs. Dans votre mémoire, vous avez beaucoup touché, là,
la question du processus référendaire, et merci de porter ce combat. C'est
aussi le mien. J'en ai beaucoup parlé dans le passé. Vous étiez venus au projet
de loi n° 16. J'étais l'élue, à ce moment-là, qui était là pour l'opposition
officielle. Et depuis, malheureusement, vous avez souligné, là, dans votre
rapport... dans votre mémoire, vous avez souligné, là, qu'il y avait eu un
contrat qui s'était fragilisé, le contrat social que représente la
planification urbaine s'est fragilisé. Il y a eu plusieurs projets de loi qui
ont... qui ont permis, finalement, de ne plus consulter la population sur la
planification, puis vous mentionnez que ça créait un sentiment, là, de...
d'arbitraire, d'iniquité entre les promoteurs mais aussi la population. Ça fait
que vous avez été interpelés souvent à ce sujet-là depuis quelque temps? Parce
que c'est dans les deux dernières années, là, que ça s'est fragilisé.
• (14 h 40) •
Mme Prud'homme (Nathalie) : Écoutez,
à l'heure actuelle, ça va très vite, hein? À l'heure actuelle, il y a certaines
municipalités qui décident de ne pas faire appel à cette exemption-là, d'autres
qui l'utilisent. Ça dépend dans... chacun des cas, parce que ce sont tous des
cas spécifiques, hein? La ville de Québec en a proposé certains en nombre.
D'autres sont en attente. Les gens réagissent au cas par cas. Il y a des choses
qui surprennent, si vous voulez, et... mais ce sentiment d'être abandonné, de
pouvoir dire comment ils voient le développement de leur territoire, oui, ça
existe, ça existe. Puis ce qu'on dit, c'est : N'enlevons pas la
possibilité de produire ou de construire des projets qui font l'unanimité de
manière à ce qu'ensemble, avec la population, on puisse bonifier des projets.
Parce que c'est ça, l'intelligence collective, c'est de bonifier des projets.
Parce qu'à l'heure actuelle, si on reçoit des projets de promoteurs, eux, dans
leur esprit, c'est toujours dans un sens, bien sûr, commercial, bon, aussi de
bien-être, mais comment aussi on peut faire en sorte que ça soit bien intégré dans
le tissu urbain. Quoi de mieux que les gens qui vivent dans une ville?
Puis il y a toute la question :
Comment on consulte? Puis c'est ça, le travail qui est en train de se faire
avec le gouvernement, c'est le chantier, comment on consulte. C'est-à-dire, si
une personne est directement visée par un impact, ça peut être plus difficile,
mais, si on le regarde globalement, si on voit les choses autrement sur la
façon de consulter de manière à produire des projets beaucoup plus complets,
beaucoup plus acceptables socialement, bien, je pense que tout le monde y a à
gagner, plutôt que d'imposer.
Mme Dufour : Effectivement.
Il y a une chose que j'aime souligner... Ah! vous vouliez rajouter quelque
chose? Non? OK. ...que j'aime souligner, c'est que les bâtiments qui sont
construits aujourd'hui, ça, ça va être là pour peut-être plus de 100 ans. Et
donc des... moi, j'appelle ça des verrues urbaines, là, quand... on en a vu
dans les années passées, et c'est pour ça qu'on a créé toute cette
planification urbaine là. Et il y a eu des grandes avancées. Vous avez été,
j'imagine, au cœur de tout ça. Donc, quand vous voyez, là, les reculs... Puis,
tu sais, c'est vrai qu'actuellement les élus n'ont pas beaucoup utilisé le
superpouvoir, par exemple, mais peut-être parce qu'il y a des élections
municipales qui s'en viennent et qu'il y en a qui ont dit : On ne se
mettra pas à dos notre population. Donc, est-ce que vous craignez qu'après ces
élections-là ça....
Mme Prud'homme (Nathalie) :
...bien, je ne pourrais pas vous le dire, mais ce qui est... ce qui est
important, c'est que les balises qu'on inscrit en urbanisme ne sont pas là pour
être des contraintes, ils sont là pour faire en sorte que les projets soient
les mieux intégrés, les mieux développés et pérennes dans le temps. Vous l'avez
dit, quand on construit, on construit. Ce n'est pas pour 10 ans, mais
c'est pour plusieurs décennies. Et, on est encore en train de pouvoir
identifier : Ah! ça s'est fait dans l'époque où il y a eu une urgence
aussi en logement dans les années 70, puis on a vu quelques tours
apparaître qui ne sont pas du tout intégrées et tout ça.
Donc, ce qu'on donne, nous, comme
expertise, c'est comment faire en sorte que le développement du territoire soit
rentable économiquement et qu'il soit aussi approprié par la population et
apprécié. C'est dans cette perspective-là qu'on fait du développement du
territoire, et toujours dans une perspective économique, sociale et durable.
J'ai peut-être des collègues qui voudraient peut-être rajouter quelque chose.
Mme Lefranc (Hélène) : Peut-être
juste dire qu'on a vu, depuis 2022, que le gouvernement a fait un gros travail,
et le législateur, avec la politique nationale d'architecture et d'aménagement
du territoire. Après ça, les modifications à la LAU quand même assez en
profondeur puis les OGAT, etc. D'un côté, il y a ce mouvement-là, puis, de
l'autre côté, on sent un mouvement où on dit aux municipalités : Faites de
la planification, ayez une vision d'ensemble, révisez régulièrement vos plans
d'urbanisme, etc. Et, à côté de ça, il y a le superpouvoir, puisqu'on l'appelle
comme ça. Donc, on sent une espèce de double... un peu de contradiction.
C'est-à-dire, on nous demande... on demande de planifier de façon globale
avec... pas à la pièce, et puis, finalement, à côté de ça, on permet de faire à
la pièce. Donc, on sent cette... Ça, ça nous inquiète parce que nous,
évidemment, on est l'Ordre des urbanistes, c'est la planification, c'est
intégrer à long terme du territoire qui nous intéresse.
Mme Dufour : Donc, c'est un
recul.
Le Président (M. Schneeberger) :
Merci. Merci beaucoup. Alors, nous allons maintenant du côté de la députée de
Sherbrooke pour 4 min 8 s.
Mme Labrie : Merci pour votre
présentation. À votre connaissance, est-ce que c'était une demande des
municipalités, la question des référendums à proximité du transport en commun
de pouvoir abolir cette possibilité-là?
Mme Prud'homme (Nathalie) : Je
pense que certaines municipalités ont pu l'avoir demandé, peut-être qu'il y
avait un projet en particulier, mais on n'a pas vraiment l'information. Est-ce
que, de ton côté...
Mme Labrie : Parce que, dans
le fond, j'entends... vous nous dites : La meilleure procédure, c'est de
modifier le zonage pour qu'il n'y ait pas d'exception à y avoir au zonage
prévu, dans le fond. Combien de temps ça prend, ce processus-là, quand une
municipalité décide de revoir le zonage, par exemple à proximité d'une ligne de
transport collectif qui se construit?
Mme Prud'homme (Nathalie) : Ça
dépend toujours comment est le contexte. Moi, je m'en rappelle, je m'occupais
de réglementation un moment donné dans une municipalité, puis le processus
était très long. C'est sûr que ça peut être long. Mais il reste qu'on parle de
transport structurant qui est en développement. On sait pertinemment que le
transport structurant, c'est long à planifier. Ça serait quoi de planifier le
développement du territoire, de part et d'autre, de cette ligne structurante
là? En même temps, ils vont avoir un bon 10 ans de lime pour pouvoir faire
la planification. Ce que je veux dire, c'est que tout ça se planifie en même
temps. Parce que, dans l'exception qui est demandée ici, on parle de réseau
structurant, c'est-à-dire qu'on sait que c'est soit du tramway, soit du SRB,
etc. Donc, ça, ça se planifie à long terme. Et pourquoi on ne planifierait pas
de part et d'autre en même temps?
Mme Labrie : C'est ça. Donc,
même si c'est long en soi de revoir le zonage, puis c'est vrai que ça peut
prendre peut-être quelques années même, j'imagine, dans certains cas, de toute
façon, c'est plus long que ça développer le transport structurant. Est-ce que
vous pensez que cette modification-là dans le projet de loi vient pour répondre
au fait que ça n'a pas été fait, en fait, à certains endroits où il y en a en
ce moment en développement du transport en commun?
Mme Prud'homme (Nathalie) : Peut-être
que le... il n'y a peut-être pas assez d'agilité. Peut-être que ça n'a pas été
vu lorsque ça a été planifié.
Mme Labrie : Parce qu'il n'y
en a pas des dizaines, des projets de transport structurant au Québec en ce
moment, là.
Mme Prud'homme (Nathalie) : Il
n'y en a pas des... non, non, non.
Mme Labrie : Tu sais, on
peut-tu vraiment les compter sur une main, à vrai dire?
Mme Prud'homme (Nathalie) : Exactement.
Mme Labrie : Ces schémas
d'aménagement là, ils n'ont pas été changés?
Mme Prud'homme (Nathalie) : Mais
là on est dans un processus à l'heure actuelle de révision des schémas
d'aménagement. Et je vous dirais que cette pensée, elle est intégrée dans cette
révision-là. On dirait qu'il y a eu comme un réveil, ces derniers temps, sur la
nécessité de densifier le territoire. Et peut-être que lorsqu'on a planifié le
transport à une certaine époque, que ça ne se faisait pas automatiquement,
cette réflexion-là. Il y a aussi toute une question de paradigme qui se passe
au Québec à l'heure actuelle, c'est d'accepter la densification, ce n'est pas
évident, et c'est pour ça qu'elle doit se faire, cette densification-là...
Mme Prud'homme (Nathalie) : ...en
intégrant la réflexion de la population pour qu'elle comprenne pourquoi on doit
arriver à ça. Ça ne veut pas dire partout, mais qu'on puisse y penser et y
réfléchir de manière vraiment intelligente, intégrée.
Mme Labrie : Et donc, pour
les endroits où il y en a en ce moment, des projets de transport structurant,
cette réforme-là du zonage, elle est déjà probablement assez avancée, là, à
Montréal, à Québec, dans les endroits où ils en ont, des projets de cette
nature-là. Donc, la modification législative, elle n'aura pas nécessairement
d'impact pour ces territoires-là parce que, de toute façon, leur zonage devrait
être adapté.
Mme Prud'homme (Nathalie) : En
principe, je vous dirais que, oui, les schémas commencent à être intégrés et
intègrent les visions de densification en lien avec les réseaux structurants.
Toute cette philosophie-là, là, est en train d'être imprégnée dans les schémas
d'aménagement.
Mme Walczak (Lise) : Oui,
tout à fait. Oui.
Mme Labrie : Puis vous, à
votre lecture, ça, ça n'aura pas d'impact sur un endroit où on fait juste
ajouter une ligne d'autobus, là, on parle de plus gros projets.
Mme Prud'homme (Nathalie) : Oui,
plus gros projets. Je vais laisser Lise parler.
Mme Walczak (Lise) : Oui. Si
je peux ajouter, par exemple pour le cas de Montréal, il faut savoir que le
Plan d'urbanisme et de mobilité 2050 a été récemment adopté, et donc
généralement, tu sais, la mise à jour peut prendre entre six mois et deux ans.
Donc là, par exemple, pour le cas de Montréal, on a... je pense qu'on a observé
quand même plusieurs exemptions d'approbation référendaire, justement, sur les
lignes projetées du prolongement de la ligne bleue. Et l'approche qui a été
adoptée, je crois, est justement de pouvoir déroger à la réglementation mais à
la réglementation à venir, c'est-à-dire qu'on comprend que la planification,
les règlements sont en train d'être mis à jour et que cette exemption pourra
permettre de répondre à la future planification mise à jour. Donc, c'est aussi
ce qu'on prône...
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Mme Walczak (Lise) : Pardon.
Ah! c'est bon.
Le Président (M. Schneeberger) : Oui,
c'est bon. Bien, c'est parce qu'on a déjà 40 secondes dépassé, là. Je veux
bien étirer, mais, tu sais, je ne veux pas abuser non plus. Alors, merci
beaucoup pour votre apport à la commission.
Nous allons suspendre quelques instants
afin d'accueillir la ville de Laval.
(Suspension de la séance à 14 h 49)
(Reprise à 14 h 53)
Le Président (M. Schneeberger) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous recevons la ville de Laval et son maire,
M. Stéphane Boyer. Alors, bonjour à vous! Alors, je rappelle qu'on est en
visioconférence. Alors, dans un premier temps, bien, je vous ai présenté, alors
vous pouvez enchaîner directement avec votre mémoire. On vous écoute.
M. Boyer (Stéphane) : Parfait!
Merci beaucoup de prendre le temps de nous écouter aujourd'hui. J'aimerais
aussi féliciter madame la ministre des Affaires municipales. Très heureux de
vous avoir à la tête du ministère des Affaires municipales pour pouvoir
continuer à travailler ensemble dans les prochains mois, prochaines années.
Ville de Laval, on reçoit très
favorablement le projet de loi qui est devant nous aujourd'hui, qui, à bien des
égards, vise à faciliter, à simplifier la prise de décision dans les
municipalités. Donc, c'est évidemment une philosophie à laquelle on adhère.
Pour vous donner peut-être un petit peu de
contexte, je sais qu'on a des élus de partout à travers le Québec alentour de
la table. Donc, pour vous donnez un petit peu de perspective sur Laval. Laval,
c'est la troisième plus grande ville du Québec, 460 000 habitants. Le
tiers est agricole, beaucoup de produits maraîchers. On a le tiers qui est
également plus des maisons unifamiliales, des bungalows qui est souvent l'image
classique qu'on a de la ville de Laval, mais Laval, c'est aussi, dans un autre
tiers, une ville de plus en plus dense, très multiculturelle, avec une très
grande diversité économique. On a à la fois des sciences de la vie, des pôles
logistiques, du commerce de détail, de l'aéronautique, on a même quelques
entreprises qui font dans le militaire. On a aussi une scène touristique
florissante au niveau du domaine sportif avec deux équipes professionnelles de
hockey, maintenant deux équipes professionnelles de soccer. Donc, des fois, des
faits qu'on connaît peu de Laval, mais qui sont une réalité. Et c'est aussi une
ville qui est en pleine expansion. Laval construisait 7 % des habitations
du Grand Montréal il y a deux ans. L'année dernière, on a construit 11 %
des habitations du Grand Montréal et cette année 20 %, alors ça vous donne
une petite idée de l'ampleur de la croissance que l'on vit chez nous. En ce
moment, on a 33 grues qui lèvent plus de 3 500 unités
d'habitation. Donc, une région dans le Grand Montréal mais qui est en forte
croissance.
Notre mémoire porte sur quatre points. Je
vais commencer avec les trois dossiers qui sont peut-être plus techniques pour
terminer avec celui plus politique qui est la gouvernance de la CMM. Donc, sur
les trois dossiers plus techniques, on voit d'un bon œil, là, les changements
amenés au niveau du pouvoir référendaire qui va s'assurer de pouvoir davantage
densifier certains terrains qui sont situés stratégiquement le long d'axes de
transports en commun que l'on souhaite densifier et que l'on souhaite à la fois
densifier pour apporter une solution à la crise d'habitation mais aussi pour
apporter des revenus aux transports en commun qui dans un état financier
précaire. Par contre, on souhaiterait s'assurer aussi que certains projets de
PPCMOI puissent bénéficier des mêmes allégements. Donc, un PPCMOI, c'est un
zonage spécifique pour des projets souvent qui... des projets spécifiques que
le Conseil de ville juge comme étant stratégique d'adopter pour la
municipalité.
Sinon, le deuxième dossier que je voulais
vous parler. Donc, au niveau de la fiscalité municipale, on aimerait qu'il y
ait un ajout, en fait, au projet de loi. Je vous donne un petit peu de
contexte. Il y a quelques années, on a souhaité pouvoir davantage taxer la
spéculation foncière pour financer les mesures en habitation. C'est une demande
qui a été acceptée par le gouvernement du Québec. Le gouvernement a permis aux
villes de multiplier par quatre le taux de taxation pour les terrains vagues
desservis. Donc, ce que ça veut dire, c'est que plutôt que de taxer un
promoteur qui essaie de créer du logement, on souhaite davantage taxer la
personne qui possède un terrain le long d'un boulevard, le long d'une rue
ouverte qui a les services, qui pourrait être développé mais qui n'est pas
développé pour financer les mesures en habitation. Donc, dorénavant, on peut
acheter un peu plus, et c'est ça qui finance nos projets en habitation. Et
donc, ça, c'est une nouvelle... un nouveau pouvoir que les villes ont, que
plusieurs municipalités...
M. Boyer (Stéphane) :
...appliqué dans les deux dernières années, mais on a vu certaines petites
incohérences à corriger, c'est-à-dire, quand une maison passe au feu, son
terrain devient non plus identifié comme un terrain développé, mais comme un
terrain vacant desservi, donc embarque sur le nouveau taux de taxation, qui est
quatre fois plus élevé, alors que, dans bien des cas, les gens comptent se
reconstruire, et ça crée une situation, un glitch administratif, si je peux
dire, ou un propriétaire qui se fait incendier peut devoir payer plus de taxes
qu'il n'en payait avant, le temps de se reconstruire. Donc, on... je sais qu'il
y a eu des discussions entre mes fonctionnaires et les fonctionnaires du
ministère des Affaires municipales pour sensibiliser à la cause. Donc, on
aimerait qu'il y ait un article qui puisse venir nous assurer de corriger cette
situation-là, qui touche seulement quelques citoyens par année, mais c'est
quand même des impacts importants pour les citoyens touchés.
Troisième point un peu technique, bon, les
officiers municipaux, de notre perspective d'une grande ville... on ne voyait
pas vraiment l'avantage d'exiger des officiers municipaux. Donc, peut-être
exclure d'emblée les grandes municipalités si vous souhaitez aller de l'avant.
Et dernier dossier, et je termine
là-dessus, dossier peut-être plus politique, gouvernance de la Communauté
métropolitaine de Montréal, c'est... nous, on reçoit favorablement la
proposition du gouvernement du Québec de réviser la gouvernance. Pour moi,
qu'une seule ville ait le plein pouvoir sur 82 villes ne fait pas de sens. Peu
importe c'est qui, la municipalité, peu importe c'est qui, le maire ou la
mairesse. Donc, de venir modifier la gouvernance pour nous, on voit ça d'un bon
oeil. La CMM est un organisme régional qui est là, entre autres, pour faire la
concertation entre plusieurs municipalités. Donc, ça va forcer, à mon avis, un
certain débat à l'intérieur de la CMM. Donc, nous on voit ça d'un bon oeil.
Et je pense que c'est important,
justement, de pouvoir donner une plus grande place aux villes de banlieue. La
métropole, ce n'est pas que la ville centre de Montréal. La métropole, c'est
toutes les villes qui la composent. On a plein de municipalités très dynamiques
dans le Grand Montréal qui ne cherchent qu'à pouvoir prendre leur place.
Pensons à d'autres exemples à l'international, à la Silicon Valley, par
exemple, où ce sont des villes de banlieue qui sont devenues le moteur
économique de San Francisco et qui rayonnent à l'international. Je pense, dans
le Grand Montréal, si on donne davantage de place à certaines villes de
banlieue, c'est quelque chose qui peut être bénéfique pour tout le Grand
Montréal puis, ultimement, aussi pour tout le Québec. Donc, donnons les ailes à
tout un chacun de pouvoir prendre leur envol. Et donc, pour nous, on souhaitait
appuyer cette proposition. Alors, voilà, j'ai été assez succint, mais je voulais
surtout aller à l'essentiel.
• (15 heures) •
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup, M. Boyer. Alors, nous procédons à une période d'échange avec la
ministre. Mme la ministre, vous avez un 16 min 30 s.
Mme Guilbault :Oui. Merci, M. le Président. Merci. Merci beaucoup, M. le
maire, d'être parmi nous cet après-midi. Toujours un plaisir de vous avoir en
commission. Je disais tout à l'heure à ma collègue : La ville de Laval,
ils sont toujours de bonne humeur, positifs et constructifs en commission
parlementaire, avant même d'entendre votre allocution d'aujourd'hui, puis je
vois que c'est encore le cas, alors c'est vraiment toujours agréable.
Peut-être un mot, vu les circonstances
très particulières que vous vivez depuis deux jours chez vous à cause de la
tragédie qui est survenue mardi. Alors, un mot, évidemment, pour vous
transmettre toutes nos sympathies au nom de mes collègues, sur ce qui s'est
passé chez vous. On se doute que le climat est particulièrement affligé à
Laval, alors d'autant plus reconnaissante que vous preniez ce temps-là pour
venir nous rencontrer cet après-midi pour aborder ce projet de loi là, qui,
vous l'avez dit quand même, est un projet de loi qui est important, qui répond
d'ailleurs à des demandes qui proviennent des municipalités, en termes de
simplification, d'allègement, de modification de fonctionnement de conseils
municipaux, des choses comme ça, qui vous... comme je dis souvent, dans la
vraie vie, dans votre vraie vie à vous, au sein des conseils municipaux, entre
autres, et au sein de vos administrations municipales, vont vous apporter des
bénéfices.
Et évidemment il y a certains éléments,
là, que vous avez choisi d'aborder dans vos recommandations puis dans votre
allocution d'aujourd'hui. Il y a évidemment la question de la CMM, j'y
reviendrai dans un deuxième temps, parce que, dans un premier temps, je veux
simplement vous faire part de mon ouverture sur certaines choses que vous
suggérez aujourd'hui, à commencer par la recommandation numéro deux. C'est la
recommandation qui porte sur le devoir de nommer des officiers municipaux dans
un article du projet de loi. Et là vous dites : Ça vient un peu en
contradiction avec les objectifs de...
15 h (version non révisée)
Mme Guilbault :
...allègements, les objectifs ou, en tout cas, du moins, la posture que j'ai
moi-même pris depuis les deux.... un peu plus de deux semaines que je suis
ministre des Affaires municipales. Alors, moi, je veux vous dire que j'ai de l'ouverture
par rapport à ça, là. Je comprends qu'il y a des demandes. Vous savez, c'est
toujours un peu l'arbitrage entre des gens qui demandent des choses, d'autres
gens qui ne les veulent pas. Alors, à un moment donné, on essaie d'y aller avec
soit la prépondérance et/ou le gros bon sens. Mais donc, vous, ça alourdirait
parce que, dans le fond, vous, c'est sûr que vous êtes une ville qui est quand
même la troisième plus grande ville, vous l'avez dit. Alors, vous avez déjà vos
employés, vous avez vos équipes, vous êtes déjà efficaces. Donc, pour vous, ça
serait un surplus. Je ne veux pas vous mettre des mots dans la bouche. En fait,
c'est une question interrogative, une phrase interrogative. Est-ce que, pour
vous, ce serait un surplus d'embauche, ou de ressources, ou d'organisation de
ressources qui, finalement, ne vous apporterait rien de plus, tu sais, en termes
de services aux citoyens?
M. Boyer (Stéphane) : Mais
aussi, en effet, ce n'est pas un principe avec lequel... Je ne vous cacherai
pas que ce n'est pas un principe avec lequel je suis extrêmement familier, mais
on ne voit pas quels seraient les gains. Je vais résumer ça comme ça. Donc, à
partir du moment où, pour nous, il n'y a pas de gain clair pour la
municipalité, on se dit qu'on peut peut-être... Ce n'est peut-être pas
essentiel de mettre de l'énergie à implanter des nouvelles façons de faire.
Mme Guilbault :
Bien, peut-être pour les plus petites municipalités, tu sais, c'est ça. C'est
parce que là, des fois, on tombe aussi dans une municipalité plus grande qui
est mieux nantie en termes de ressources en tout genre versus des plus petites
municipalités pour qui, des fois, il faut amener une certaine forme d'encadrement.
Mais bref, sachez que...
M. Boyer (Stéphane) : Bien,
là, ça serait peut-être de mettre un seuil, donc de voir, tu sais, est ce qu'il
y a une population à partir de laquelle ça devient moins pertinent d'avoir des
officiers. Est-ce que ça serait de limiter la mesure à des municipalités de
plus petite dimension? Je pense que ça serait une question intéressante, là,
pour votre commission à explorer.
Mme Guilbault :Oui. Bien, tout à fait. Merci beaucoup. Sur votre
recommandation numéro trois, je veux vous dire aussi qu'on a de l'ouverture.
Vous êtes chanceux, là, vous avez... Vous avez frappé dans le mille avec vos
recommandations. C'est très clairvoyant, je trouve, comme recommandation.
Alors, on a de l'ouverture là-dessus aussi. Alors, sachez-le. Ce n'est pas
vraiment une question. C'est un commentaire.
M. Boyer (Stéphane) : OK.
On est bien, bien heureux de l'entendre, évidemment. Je pense que pour... Ça ne
change pas grand-chose pour les gouvernements tels que vous l'êtes et tel que
nous le sommes, mais pour les citoyens qui vivent la situation, ça a un impact
majeur. Donc, on trouvait ça important de pouvoir corriger la situation. Donc,
bien heureux d'entendre le cadre d'ouverture pour faire cette modification-là.
Mme Guilbault :Oui. Bien, absolument. C'est ça. Je parle toujours de l'effet
domino. Là, on est dans quelque chose qui, hyper concrètement, va permettre à
des gens d'économiser de l'argent et des gens qui ont déjà eu l'épreuve d'un
sinistre. Je viens de la Sécurité publique, tout comme d'ailleurs ma collègue
ici. Alors, on est bien placés pour savoir les conséquences tragiques que ça
peut avoir. Donc...
M. Boyer (Stéphane) : Si
je peux me permettre un petit exemple. En fait, ce qui nous a mis la puce à l'oreille,
c'est un citoyen qui est venu au conseil de ville, qui avait été incendiée et
que son compte de taxes a augmenté de 15 000 $. Donc, une famille qui,
du jour au lendemain, perdait sa maison et voyait son compte de taxes être multiplié
par cinq, alors qu'ils ont totalement l'intention de reconstruire leur maison.
Donc, c'est une incohérence qui est peu fréquente, mais qui a un gros impact
pour une famille et qui, ultimement, ne change pas grand-chose aux finances d'une
ville parce que c'est... À la grandeur de Laval, c'est huit cas qu'on a recensés.
Donc, c'est très, très marginal mais très important de régler ce cas-là pour
les familles.
Mme Guilbault :
Bien, absolument. Vous venez, je pense, de l'illustrer on ne peut plus
éloquemment à quel point ça impacte la vie des gens. Bon, passons à la CMM
parce qu'il y a un élément, il y a quand même des éléments très importants, là,
qui vont toucher la gouvernance de la CMM dans ce projet de loi là. Et c'est un
projet de loi qui a été déposé par ma prédécesseure, comme vous savez, Andrée
Laforest. Et moi, j'étais... Moi, je voyais d'un très bon œil ce projet de loi
là parce que j'ai eu plusieurs discussions avec elle pendant mes années aux Transports,
sur cette question là de la gouvernance de la CMM. Possiblement qu'on l'a déjà
eue, vous et moi d'ailleurs, parce qu'on vivait ensemble les enjeux à la RTM,
enjeux qui se sont, je pense, en tout cas, améliorés, voire neutralisés depuis
l'arrivée de Mme Sylvain comme PCA à la RTM. Du moins, on a adopté une
politique de financement après des années sans que ça ait été possible. On a adopté
un PMAD après des années sans que ça ait été possible. Donc, il y a quand même
des choses qui se sont améliorées, mais il restait qu'il y avait cet enjeu là
de gouvernance, puis vous l'avez dit, là, qu'une seule ville puisse avoir en quelque
sorte un veto sur ce qui se passe dans la CMM, ça causait beaucoup d'insatisfaction.
Et cette structure-là, un peu de gouvernance de CMM, se transposait...
Mme Guilbault :...en plus, d'une certaine façon, sur le CA de l'ARTM.
Donc, vous le viviez aussi dans les questions de transport, d'organisation, de
planification, de coordination, de tarification de transport, à l'ARTM. Bref,
moi je pense que c'est important d'aborder cet enjeu-là.
Donc, vous vous dites favorable à ces
enjeux-là. Quels sont... Parce que vous siégez vous-même, là, à l'ARTM puis au
comité... pas à l'ARTM, pardon, à la CMM, au conseil ou comité exécutif. Donc,
quelle est la dynamique de perception, de façon générale? Puis je ne vous
demande pas de parler pour vos collègues, parce que je comprends si vous ne
vouliez pas le faire, mais quand même, tu sais. Que ce soit Longueuil, que ce
soit Montréal, évidemment, que ce soit la couronne nord, la couronne sud, c'est
quoi un peu, la dynamique? Parce que nous, on se propose de venir rééquilibrer
parce qu'il y a de l'insatisfaction puis il y a... il y a quelque chose qui est
peut-être un peu déréglé ou, en tout cas, qui est inéquitable. Donc, qu'en
est-il dans la réalité pour les gens qui siègent, effectivement, là-bas?
M. Boyer (Stéphane) : Oui.
Donc, pour comprendre, moi, je siège à la CMM depuis 2013, donc, avant d'être
maire, j'étais aussi conseiller municipal, je siégeais autant sur le conseil
d'administration de la CMM que sur certaines commissions, et aujourd'hui, à titre
de maire, je suis aussi sur le CE. Donc, j'ai vu toutes les instances de la CMM
depuis les 12 dernières années. La CMM, c'est un organisme qui fonctionne,
de manière générale, très bien, je pense que c'est une bonne direction.
Présentement, la ville de Montréal a une
majorité de votes, 50 % plus un des votes, au comité exécutif et au
conseil d'administration. Donc, c'est certain qu'à partir du moment où Montréal
souhaite quelque chose, ça se passe et, au moment où Montréal ne souhaite pas
que quelque chose, ça ne se passe pas. Et ça, tout le monde le comprend,
qu'ultimement il n'y a pas grand-chose qui peut être dit. Ça n'empêche pas les
discussions dans les réunions, mais ultimement, les villes... Montréal a le
gros bout du bâton.
Je ne sais pas si c'est... si la
gouvernance telle qu'elle est aujourd'hui a été pensée à l'origine, parce qu'à
un moment donné on a dû la créer, la CMM, et on a dû avoir le... aussi des
principales villes pour la création. Donc, je ne sais pas si ça vient de cette
époque-là, mais je pense que, dans un organisme de concertation, comme je
disais d'entrée, de donner tout le pouvoir à une seule ville ne fait pas de
sens, peu importe c'est qui la ville. J'ai déjà connu, moi, à une autre époque,
un maire...
Pour comprendre, la CMM est divisée en
cinq secteurs, Montréal, Laval, Longueuil, couronne sud, couronne nord. Chacun
des cinq secteurs a le représentant et, normalement, sur la couronne sud,
couronne nord, il y a une quarantaine de maires dans chaque couronne qui vont
élire entre eux un... en fait, quelques représentants sur le CA et le CE de la
CMM.
J'ai déjà connu, à une époque, un maire,
pour ne pas le nommer, qui a décidé c'était qui qui allait représenter la
couronne nord et qui a décidé, comme maire de Montréal, de nommer
unilatéralement : C'est la mairesse de telle ville qui va représenter la
couronne nord et parler au nom de la couronne nord, contre l'opinion des maires
de la couronne nord. Donc, pour moi, ça, c'est vraiment un exemple de déni de
démocratie.
Dans les dernières années, ça allait très
bien. Il y a... en fait, oui, il y a des enjeux, comme partout, comme tout le
temps. Ça allait relativement bien. Mais je pense que de moderniser la
gouvernance pour forcer une plus grande discussion entre les membres, ça peut
juste être bénéfique. Donc, je crois qu'une majorité de membres de la CMM, en
ce moment, voit ça d'un bon oeil.
• (15 h 10) •
Mme Guilbault :Puis qu'est-ce que vous... Parce que, là, en fait, on vient
réduire... non, en fait, on vient réduire le nombre de membres dans le conseil
de 28 à 26, et les deux membres de moins vont donc être à Montréal, ce qui fait
que Montréal va tomber à 46,2 % des voix puis donc n'aura plus le veto
dont je parlais tout à l'heure. Donc, de réduire aussi la taille du conseil,
est-ce que vous pensez que c'est une bonne chose?
M. Boyer (Stéphane) : Oui.
Bien, en fait, je pense, c'est peut-être la meilleure approche. Je sais qu'il a
beaucoup été discuté dans les médias de faire un calcul basé sur la population.
Il y avait un débat : Est-ce qu'on prend seulement les gens qui ont la
capacité de voter ou non, qui devrait venir avec un mécanisme de révision aux
quatre ans, ou aux cinq ans, ou aux 10 ans? Honnêtement, je ne pense pas
que de changer le nombre d'administrateurs à tous les cinq ans est forcément la
bonne chose à faire. Je pense que de simplement réduire les sièges pour arriver
à un montant... à un nombre qui est fixe, c'est probablement une formule qui
est simple puis qui va être pérenne dans le temps.
Mais, cela étant dit, peu importe la
mécanique qui est choisie, pour moi, ce qui est important, justement, c'est de
s'assurer qu'il y ait au moins deux des cinq secteurs qui sont d'accord et plus
de 50 % des votes. Donc, c'est ça, de ne pas donner le plein pouvoir à un
seul secteur d'imposer sa vision à tous les autres secteurs de la CMM ou à
toutes les autres villes.
Donc, ce qui est dans le projet de loi en
ce moment, moi, je trouve ça très bien tel que proposé. Évidemment, il y a
différentes formes aussi qui peuvent être... qui pourraient être imaginées,
différents...
M. Boyer (Stéphane) : ...ou
différentes formules de prise de vote, mais ce qui est sur la table, moi, me
convient totalement.
Mme Guilbault :Parfait. J'aurais une question sur le quorum aussi. Vous
avez un quorum à neuf personnes. Donc... Bien, en fait, j'ai deux questions. La
première : Quel... Dans quel genre de situations ou pour quel genre de
dossiers est-ce que vous adoptez au quorum? Est-ce que ça arrive souvent?
Est-ce que, tu sais... ou, en général, vous êtes pas mal plus que neuf? Est-ce
que des fois vous l'utilisez, le quorum? Ou, quand vous prenez des décisions où
vous êtes peu nombreux, c'est pour quel genre de dossiers? Premièrement.
Puis, deuxièmement, on prévoit que, le
quorum, non seulement il y a un nombre minimum de personnes, mais il y aurait
la représentation de minimum trois groupes, ce qui ferait qu'une décision
pourrait se prendre avec juste Montréal, Laval, Longueuil. Donc, bon,
évidemment, vous êtes Laval, mais est-ce que vous pensez... puis dans la
réalité du genre de décisions que vous prenez puis la vitesse avec laquelle
s'organisent ces réunions-là au quorum ou, bref, dans la réalité de votre vraie
vie, est-ce que de mettre ça à quatre groupes, minimum, représentés au lieu de
trois, ce qui fait qu'au moins une des couronnes serait forcément là... est-ce
que vous pensez que c'est une bonne idée et que c'est réaliste dans l'épreuve
de la réalité, dans le test de la réalité?
M. Boyer (Stéphane) : Oui, je
pense qu'il faut favoriser la présence d'un maximum de secteurs de la CMM
présents. On ne voudrait pas avoir des décisions qui sont prises à la va-vite
avec deux secteurs qui s'entendent dans leur coin pour adopter quelque chose.
Donc, définitivement, je pense que c'est une bonne idée.
Dans mon expérience, en 12 ans, par
contre, on a toujours eu des conseils d'administration qui étaient avec presque
tous les sièges comblés. Il y a rarement des absents. Donc, il y a toujours eu
une assiduité assez grande à la CMM. Donc, je n'ai pas le souvenir d'avoir des
réunions à membres... avec un nombre de membres très réduit. Ça fait que, je
vous dirais, ce n'est pas dans la pratique de la maison, mais, en même temps,
il ne faut pas prendre pour acquis que ça va toujours rester comme ça, les
choses peuvent changer. Donc, d'enchâsser dans la loi un quorum minimum puis
s'assurer d'une bonne représentativité des secteurs, je pense que c'est tout à
fait pertinent.
Mme Guilbault :Puis à quatre groupes sur cinq, ce serait réaliste? Bien,
si vous me dites que vous êtes, en général, assez nombreux... Donc, si vous
êtes, en général, assez nombreux, ça veut dire que, la majorité des décisions
ou voire la quasi-totalité des réunions, il y a au moins quatre... quatre groupes
présents, voire les cinq à chaque fois?
M. Boyer (Stéphane) : Au
conseil d'administration, toujours. Les cinq groupes sont toujours là. C'est
certain que Montréal, avec une douzaine d'élus, Laval, trois élus, Longueuil,
trois élus, couronne sud, couronne nord, plusieurs élus également, c'est rare,
là, que... tous les élus d'un même secteur vont être absents cette journée-là.
Donc, ce n'est jamais... En fait, au CA, il y a toujours eu la représentativité
des cinq secteurs.
Le CE, ça peut être peut-être plus à
risque, là, de manquer quorum, c'est-à-dire que c'est un groupe plus restreint.
Par exemple, je suis l'unique représentant de la région de Laval, tout comme la
mairesse de Longueuil est l'unique représentante de Longueuil, et chacune des
couronnes n'ont qu'un seul représentant au CE. Donc, c'est certain que, s'il y
en a un des ou une des quatre... Montréal a plusieurs sièges, ça fait que ça se
pose moins comme problème, mais, sur ces quatre secteurs-là, il suffit que le
représentant soit en vacances ou en congé de maladie, et, à ce moment-là, bien
là, il y a au moins un secteur qui peut facilement ne plus être représenté au
CE. Donc, c'est beaucoup plus sur le comité exécutif qu'on doit, je pense, se
poser la question du nombre minimal de secteurs.
Mme Guilbault :Mais, au CE, êtes-vous... êtes-vous, en général, assez
nombreux? Parce que le quorum... Je veux dire, vous êtes déjà juste huit au CE.
Donc, l'enjeu... est-ce que l'enjeu se pose réellement?
M. Boyer (Stéphane) : Bien,
en fait, comme je vous dis, on est un plus petit groupe, donc c'est sûr que,
normalement, on s'entend entre nous pour trouver les dates qui fonctionnent,
mais ça peut arriver. Ça arrive à l'occasion qu'un ou une représentante n'est
pas disponible. Et, au comité exécutif, comme quatre des cinq régions n'ont
qu'un seul représentant, ça peut très bien arriver, une réunion sans
représentant de Longueuil, ou de Laval, ou de la couronne sud, ou de la
couronne nord.
Mme Guilbault :Mais Montréal est toujours là parce qu'ils ont quatre
sièges.
M. Boyer (Stéphane) : Exact.
Mme Guilbault :Parfait. Ça conclut. Merci beaucoup, M. le maire.
M. Boyer (Stéphane) : Plaisir.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci.
Nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle, et j'entends la
députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le maire. Merci d'être parmi nous
aujourd'hui. Merci de votre mémoire. Nos pensées aussi accompagnent les
citoyens de Laval. Ce n'est pas... Ce n'est pas évident de lire dans
l'actualité des choses aussi... puis je vais utiliser le mot «terribles», là.
Je trouve ça quand même terrible que ça arrive comme ça en plein jour, là. Mais
votre présence sur le terrain est sûrement très rassurante pour vos...
Mme Nichols : ...vos électeurs
et votre population. Ah! non mais c'est parce qu'ils sont en campagne
électorale, c'est pour ça que j'ai utilisé le mot «électeurs». Alors, j'ai
quelques questions en rafale, M. le maire.
La première... La première. Dans votre
mémoire, vous avez, dans la partie un, là, au niveau de la gouvernance de la
CMM, vous parlez, entre autres, que la Ville juge également la possibilité
d'étendre les limites territoriales de la CMM. Vous parlez que ça devrait être
sérieusement évalué par le législateur, ne serait-ce que pour refléter l'usage
fait de certaines infrastructures. Outre le transport, à quoi d'autre
faites-vous référence quand vous parlez de certaines infrastructures puis quand
vous parlez d'étendre les limites territoriales?
M. Boyer (Stéphane) : C'est
surtout le transport en commun, parce que, bon, les villes de la CMM se
partagent une partie du déficit du transport en commun. C'est quand même des
centaines de millions de dollars, donc c'est des grosses sommes. Mais le réseau
de transport en commun structurant du Grand Montréal est aussi utilisé par des
citoyens qui viennent de l'extérieur, la zone du périmètre de la CMM. Donc, il
y a plusieurs villes limitrophes qui vont être des utilisateurs. On a
présentement des villes qui sont un peu entre deux chaises. Par exemple,
Saint-Jérôme, on a un train de banlieue qui... au départ de Saint-Jérôme, donc
on a beaucoup de citoyens de Saint-Jérôme qui vont utiliser les trains de
banlieue, qui vont utiliser par la suite les réseaux de métro de Montréal. Ils
ne sont pas officiellement parties prenantes à la CMM, n'ont pas de siège à la
CMM, mais on a quand même.... la CMM a quand même fait une entente avec la
Ville de Saint-Jérôme pour partager une partie du coût du transport en commun
structurant. Mais il y a d'autres municipalités que ce n'est pas le cas.
Donc, je vous dirais, Laval, on l'a
mentionné dans notre mémoire, mais c'est... c'est une discussion qui revient de
plus en plus souvent, là, parmi plusieurs municipalités de la CMM, est-ce qu'on
ne devrait pas revoir... est-ce qu'on est dus pour revoir c'est quoi, les
limites territoriales, entre autres pour ce qui est du partage de la facture,
là, pour le transport en commun, pour le réseau structurant. Mais je ne vois
pas d'autres exemples que le transport en commun.
Mme Nichols : OK. Oui. C'est
ça. Bien, parce que c'était... c'était au pluriel, là. C'était.... «Certaines
infrastructures» étaient au pluriel dans votre mémoire. C'est écrit «dont
celles» au pluriel aussi. C'est pour ça, je posais la question...
M. Boyer (Stéphane) : Il y a
des infrastructures considérées métropolitaines, comme le cosmodrome, le
planétarium. Mais je ne pense pas que c'est ça le cœur du problème ou du sujet.
• (15 h 20) •
Mme Nichols : Parfait. Merci
beaucoup. J'avais une autre question aussi en lien dans la section d'urbanisme,
comme je vous disais, des petites questions en rafale, là. Vous parlez... bien,
vous en avez parlé un peu aussi dans votre introduction, que vous invitiez
entre autres le... le législateur à faire un pas de plus, puis à étendre
l'exception au processus d'approbation référendaire aux projets particuliers de
construction, le PPCMOI, puis à l'adoption puis à la modification de règlements
de zonage incitatif. Puis, je ne sais pas si ma question... si ma question est
juste ou pas, mais rendus là, pourquoi on ne demande pas simplement de changer
le périmètre urbain ou pourquoi on ne demande pas de changer tout simplement le
plan d'urbanisme?
M. Boyer (Stéphane) : Bien,
en fait, le PPCMOI est... bon, les demandes sont un peu techniques, mais on
a... certaines villes ont le pouvoir d'adopter des PPCMOI, des plans
particuliers... je suis trop habitué d'utiliser l'acronyme, je m'excuserai,
mais...
Mme Nichols : Oui.
Acronymes... Acronymes du monde municipal, hein?
M. Boyer (Stéphane) : Oui.
C'est ça. Si je peux résumer, en fait, on a un zonage... chaque terrain a un
zonage qui essaie d'anticiper les usages potentiels, la hauteur potentielle,
etc. Évidemment, c'est souvent difficile de faire du mur à mur avec une norme,
et donc le PPCMOI, c'est une possibilité que nous donne la loi d'adopter un
zonage peut-être un peu sur mesure pour un projet que le conseil de ville
jugerait être d'intérêt particulier pour la ville. Donc, on a cette
latitude-là, de faire un... d'avoir un zonage modifié pour accepter un projet
qu'on juge qui est particulièrement pertinent, que ce soit pour l'habitation
que ça va venir créer ou les emplois que ça va générer. Et je pense que... Et
donc, c'est souvent des projets qui vont être stratégiques pour la
municipalité. Et donc, je pense que la logique qui est voulue dans un projet de
loi, c'est de dire : Il y a certains cas où est-ce... en fait, c'est une
bonne pratique de consulter la population et que la population ait un droit de
parole quand il y a des projets de changement de zonage, quand on veut changer
l'usage, donc passer de résidentiel à industriel ou à commercial, ou à faire des
modifications importantes. Mais...
M. Boyer (Stéphane) : ...la
logique ou la philosophie dans ce qui est proposé, c'est de dire : Bien,
il y a quand même des cas où est-ce qu'on devrait éviter aussi du «not in my
backyard». Donc, on construit un métro, on construit une gare du REM, le zonage
n'était peut-être pas adéquat sur un terrain, on veut se donner la possibilité
de venir l'augmenter pour venir créer de l'habitation ou pour venir
rentabiliser une infrastructure. Donc, c'est la même logique. C'est juste qu'on
veut être certain que cette logique-là puisse s'appliquer aussi à l'outil
qu'est le PPC... qui est un type de zonage un petit peu spécifique, qui n'est
pas utilisé dans toutes les villes.
Mme Nichols : OK. Très bien.
En lien... La ministre l'a abordé un peu plus tôt, là, mais en lien avec le
crédit de taxe pour les propriétés de maisons, là, qui sont peut-être affectées
par des catastrophes naturelles ou... d'un incendie ou des catastrophes
naturelles, l'incendie, ça va, on comprend que vous avez été sollicité. Les
catastrophes naturelles, est-ce que vous faites, entre autres, référence ou
est-ce que ça pourrait rentrer dans cette section-là, les inondations, les
maisons qui ont été touchées par les inondations 2017, 2019?
M. Boyer (Stéphane) : C'est
une bonne question.
Mme Nichols : Parce que ma
préoccupation, c'est qu'il va y avoir un coût, évidemment, d'associé à tout ça
si on rouvre la porte, puis ça va être des coûts assez importants, assez
importants.
M. Boyer (Stéphane) : Oui.
C'est une excellente question. Nous, on n'a pas eu de cas. Ce qu'on a eu, c'est
vraiment des incendies, mais je crois pertinent que vous puissiez étudier cette
question-là pour voir quelles seraient les conséquences en cas d'inondation.
Les inondations qu'on a eues à Laval, les gens ont... c'étaient surtout des
rénovations qui étaient nécessaires. Donc, ce n'était pas une perte totale du
bâtiment qui nécessitait sa démolition.
Pour bien comprendre la mécanique, c'est
que, par exemple, les terrains qui sont construits sont taxés à 55 sous du 100$
d'évaluation, mais là, quand c'est un terrain vague desservi, donc un terrain
vague qui donne sur une rue ouverte avec des services municipaux, là, le taux
va passer, par exemple, à 2 $ du 100$ d'évaluation. Donc, l'enjeu, c'est
vraiment lorsqu'il y a une démolition totale du bâtiment qui fait en sorte que
le terrain devient vacant, que là, le nouveau taux s'applique, mais on n'a pas
eu de cas qui toucherait les inondations.
Mme Nichols : OK. Bien, on
pourra en reparler, mais c'est peut-être quelque chose à envisager parce que le
«catastrophe naturelle» est quand même... est quand même assez large.
M. Boyer (Stéphane) : Bien,
je trouve que c'est un excellent point, puis on sait qu'avec les changements
climatiques les inondations, c'est de plus en plus une réalité, donc il
faudrait l'anticiper, oui.
Mme Nichols : Oui, les
municipalités, vous êtes souvent au front sur ces enjeux-là et impactés aussi,
et premiers répondants, et première ligne, et, etc.
Ma dernière question, M. le maire... dans
votre conclusion, vous avez aussi parlé que la ville juge... à propos de
réduire le fardeau administratif des municipalités, que ce soit en permettant
la perception des redevances réglementaires à même les impôts fonciers...
Pouvez-vous juste m'expliquer ce concept-là, à quoi vous faites référence quand
vous parlez des redevances réglementaires?
M. Boyer (Stéphane) : Oui.
Nous, je ne crois pas qu'on ait abordé ce point-là, on n'a pas de redevances.
Certaines villes exigent des redevances de construction, donc, par exemple,
5 000 $ par logement qui veut se construire, mais on n'a pas ça, à Laval.
Je sais que c'est dans le projet de loi, mais ce n'est pas une réalité qui nous
touche.
Mme Nichols : Oui, il est
dans le projet de loi, mais c'est parce que je le voyais dans vos conclusions,
comme quoi vous jugez que c'est à-propos, mais ça ne s'appliquait pas chez
vous, ça ne s'applique pas chez vous?
M. Boyer (Stéphane) : Ah
bien, peut-être comme principe général, mais, pour nous, ce n'est pas un enjeu,
là. Mais je sais qu'il y a plusieurs de mes collègues municipaux que c'est un
défi.
Mme Nichols : OK. OK., mais
je comprends que ce n'est pas un enjeu à Laval, mais vous vous positionnez tout
de même en faveur. Parfait.
Bien, il me reste quelques minutes, là,
peut-être que... Un des enjeux aussi qui était soulevé, soulevé par différents
groupes, c'était la reddition de comptes, le nombre d'heures qu'on a à passer
sur sur la reddition de comptes. On a parlé à certains... à l'association,
entre autres, des directeurs, là, qui ont soulevé que c'était... ça prenait
beaucoup de temps, en moyenne, là. Je comprends que Laval, c'est quand même
assez gros puis que vous avez, là... il y a une machine autour de vous puis il
y a des employés qui font ça probablement à temps plein, mais qu'est-ce que
vous en pensez, de la reddition de comptes? Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen
qu'on puisse la réduire ou est-ce que vous avez des suggestions pour qu'on
puisse justement la réduire?
M. Boyer (Stéphane) : Je suis
entièrement d'accord avec l'objectif et je pense... bon, on est tous les deux
élus, je pense...
M. Boyer (Stéphane) : ...un
réflexe naturel, dans les administrations publiques, de créer des processus,
créer des formulaires, enchâsser ça dans des... On essaie d'anticiper tous les
cas d'exception, toutes les possibilités, puis on en vient, avec le temps, de
se créer des structures qui sont quand même lourdes. Là, aujourd'hui... en
fait, je pense que ça mériterait une discussion qui prendrait plus que quelques
minutes. Mais on le voit à peu près à tous... à tous les niveaux, à tous les
paliers, inclus dans ma municipalité. Je crois que le processus doit être
allégé, définitivement.
Un exemple, je pense, classique, c'est les
grands projets, là, au niveau du gouvernement du Québec, où est-ce qu'il y a le
quart de gouvernance des grands projets de plus de 50 millions où est-ce
qu'il y a plusieurs étapes à franchir, chacune des étapes peut prendre plus
d'une année. Dès qu'au niveau politique on se requestionne sur est-ce qu'on
veut toujours aller de l'avant, est-ce qu'on a encore l'argent, est-ce que
c'est toujours une priorité, ou s'il y a un changement de gouvernement, qui
rebrasse les cartes, bien là, on perd encore un autre, deux, trois ans, puis,
finalement, les études de l'étape un ne sont plus à jour, parce qu'il y a cinq
ans qui ont passé, ça fait qu'on les remet à jour puis on tombe un peu dans un
cercle vicieux où est-ce qu'on a de la misère à faire aboutir des projets.
Moi, peut-être, plus... Je ne veux pas
trop m'écarter du projet de loi qui est devant nous, mais une des pratiques
qu'on a commencé à mettre en place à Laval, qui fonctionne très bien, c'est
qu'on fait moins d'appels d'offres conventionnels. Souvent, les villes ont
lancé des appels d'offres où on faisait tous les plans et devis, mais il y
avait souvent des erreurs, puis c'est des documents très volumineux, puis les
petites PME n'appliquent pas là-dessus, c'est beaucoup trop lourd pour eux,
puis les entreprises pesaient fort sur le crayon pour anticiper le fait qu'il
allait peut-être y avoir des erreurs dans les plans. Donc, maintenant, ce qu'on
fait, c'est qu'on dit plus aux entreprises : Nous, ce qu'on veut, c'est
une bibliothèque, 5 000 pieds carrés, 500 places assises, 50 places de
stationnement, faites-nous des propositions, puis là... le meilleur... celui
qui a la proposition la plus intéressante, qui rentre dans l'enveloppe, gagne.
Et tous les projets qu'on a rentrés dans... donnés sont... budget.
Mme Nichols : Merci de cet
exemple.
Le Président (M. Schneeberger) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant du côté de la députée de Sherbrooke, pour
4 min 8 s.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Boyer, c'est un plaisir de pouvoir échanger avec vous.
Vous avez parlé tout à l'heure de votre volonté de pouvoir intervenir sur la
spéculation foncière. Vous avez utilisé, là, l'exemple des terrains vacants.
J'aimerais ça vous entendre aussi sur les logements vacants, en fait, parce
qu'à ma connaissance, à Laval vous n'utilisez pas le pouvoir de taxer les
logements vacants. Pouvez-vous nous dire qu'est-ce qui vous... qu'est-ce qui
est un obstacle pour vous pour appliquer cette taxation-là, puis qu'est-ce
qu'on pourrait faire pour vous faciliter la vie comme ville, pour l'appliquer?
• (15 h 30) •
M. Boyer (Stéphane) : Oui,
bon point. Je vais vous répondre en deux temps. Donc, premièrement, en effet,
on a fait le choix d'essayer de plus taxer la spéculation foncière. Donc,
l'idée, c'est de ne pas... Bon, évidemment, on a des ambitions en termes de
création de logements, de logement social, de logement abordable, on veut créer
des programmes pour les financer. Donc, plutôt que d'essayer d'aller chercher
le financement, par exemple, avec des redevances sur ceux et celles qui
essaient de construire l'habitation, nous, on s'est dit qu'on va faire
l'inverse, on va taxer ceux qui pourraient en faire puis qui n'en font pas,
donc les propriétaires de terrains, souvent, qui sont entourés de blocs de
béton, le long d'un boulevard, depuis 15, 20 ans. Donc, c'est comme ça qu'on
vient financer une partie de nos programmes en habitation, plutôt que de taxer
ceux qui essaient de construire. Donc, je pense que c'est une philosophie
financière, fiscale qui fait beaucoup de sens. Du moins, nous, à Laval, on a
doublé le nombre de mises en chantier dans les dernières années. Donc, on voit
que ça fonctionne.
Mme Labrie : Absolument. Mais
il y a aussi des immeubles qui sont laissés vacants délibérément par des
propriétaires.
M. Boyer (Stéphane) : Oui,
bien, c'est ça, je vais en venir à cette partie-là de votre question. On a
décidé de ne pas appliquer la taxe sur les logements vacants parce qu'on
considérait que c'était trop lourd comme mécanisme, à mettre en place pour
qu'est-ce que ça va aller chercher. Évidemment, aussi, je pense que chaque
ville a des réalités différentes. On peut penser, par exemple, à un
centre-ville de Montréal, où qu'il y a peut-être beaucoup d'acheteurs étrangers
qui achètent des condos pour faire des investissements puis qui resteraient
vacants. Ça, c'est une réalité qui peut être propre à des grandes villes, qu'on
ne voit pas chez nous à Laval. On peut penser aussi... il y a des villes, des
fois, dévitalisées, où est-ce que la population est en déclin, puis ce n'est
pas par manque de volonté du propriétaire que le logement reste vacant, mais,
des fois, ça peut être par des besoins d'entretien ou... il y a plein de
raisons.
Nous, à Laval, ce qu'on voyait, c'est que
la quantité de logements qui sont vraiment vacants est très faible, puis ce que
ça nous coûterait de mettre en... d'embaucher des employés pour faire un suivi
de tout ça puis d'implanter un système ne semblait pas en valoir la chandelle.
Donc, les sommes semblaient trop petites, trop marginales par rapport à ce que
ça rapporterait.
Mme Labrie : Donc, il
faudrait que ce soit facilité au niveau, d'abord, de savoir c'est lesquels, les
logements qui sont vacants, puis de prendre en charge, là, la gestion de tout
ça, il faudrait... il faudrait que ce soit...
15 h 30 (version non révisée)
M. Boyer (Stéphane) : ...il
faut faire un recensement, il faut faire un suivi mensuel pour retracer les
propriétaires. Donc, évidemment, il y a peut-être des villes pour qui ça fait
du sens, puis là je ne connais pas tous les... j'ose croire que, dans des
villes comme Montréal, Toronto, Vancouver, où il y a beaucoup d'investissements
étrangers, peut-être que c'est un phénomène où il y a un grand volume, mais,
nous, à notre échelle, dans notre contexte... En fait, je pense que ça fait du
sens quand on... Je pense que c'est un principe qui est noble, mais, dans l'application,
ça devenait un petit peu difficile.
Mme Labrie : Je comprends. J'ai
une autre question pour vous. Sur la question du pouvoir référendaire, vous
avez dit, vous êtes d'accord avec ce qu'il y a dans le projet de loi là-dessus.
Bon, vous en avez déjà eu, des projets de transport structurant sur votre
territoire, vous savez combien de temps ça a pris, faire aboutir des stations
de métro chez vous, puis tout ça. Tout à l'heure, on a l'Ordre des urbanistes
qui sont venus puis qui privilégiaient plutôt que le zonage soit finalement
changé, là, plutôt que de prévoir des modalités de contourner ce zonage-là.
Puis ils nous disaient : Bien, quand on a un projet de transport structurant,
c'est déjà... ça prend déjà plusieurs années à le faire aboutir, donc, on a le
temps de changer le vrai zonage officiel. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Pourquoi vous ne changez pas plutôt le zonage plutôt que d'avoir recours à un
contournement d'un zonage qui serait désuet?
M. Boyer (Stéphane) : Bien, c'est
une bonne question. En fait, je pense que, tu sais, ce qui est à privilégier,
en effet, c'est d'avoir des règlements d'urbanisme qui sont modernes. Nous, on
a fait, à Laval, le chantier de changer complètement notre réglementation, mais
ça nous a pris un bon trois ans d'études, de consultation publique, de
rédaction d'une première version, puis d'une deuxième, puis d'une troisième.
Donc, de revoir au complet un règlement d'urbanisme, c'est quand même une tâche
assez lourde et fastidieuse qui doit être faite sur une base régulière pour
rester à jour. Mais je comprends très bien et, donc, pour nous, là, en ce
moment, c'est rendu...
Le Président (M. Schneeberger) :
...en terminant, M. le Maire.
M. Boyer (Stéphane) : Et, en
terminant, je peux comprendre pourquoi pour certaines villes, des fois, ça peut
être plus rapide, plus simple de changer de zonage d'un ou quelques terrains
plutôt que de faire une réforme complète de leur réglementation.
Le Président (M. Schneeberger) :
Alors, merci beaucoup, ce qui met un terme à notre journée. Alors, M. le maire,
toujours un plaisir d'échanger avec vous.
Alors, la commission ajourne ses travaux à
mardi 7 octobre, à 10 h 05. Merci beaucoup à tous.
(Fin de la séance à 15 h 36)