Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Question avec débat
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Dussault): La commission permanente des
communications est réunie pour discuter la question avec débat du
député de Gatineau au ministre des Communications sur le sujet
suivant: la publicité payée à même les fonds
publics. Nos travaux sont régis par l'article 162A du règlement
qui dit ceci: "Lorsqu'une commission élue est saisie d'une question avec
débat, elle est soumise aux règles spéciales suivantes: a)
le député qui a donné l'avis de question avec débat
a droit d'être entendu le premier et le ministre questionné peut
lui répondre immédiatement après; chacune de ces
interventions doit être limitée à 20 minutes; b) un
député peut prendre la parole aussi souvent qu'il lui
plaît, à condition de ne parler plus de 20 minutes en tout; cette
restriction ne s'applique pas au député qui a donné l'avis
de question avec débat ni au ministre questionné, lesquels ont un
droit de parole privilégié; c) le ministre peut se faire
accompagner des fonctionnaires de son choix et les autoriser à prendre
la parole et ils parlent alors en leur nom; d) la commission ne désigne
pas de rapporteur et il n'y a pas de rapport à l'Assemblée; e) le
quorum est présumé exister et l'absence de quorum ne peut
être invoquée; f) il ne peut y avoir ni motion, ni vote; g)
à 13 heures, ou lorsqu'il n'y a plus d'opinant, le président met
fin aux travaux de la commission. "
Je peux ajouter ici que M. le député de Gatineau
souhaitait que nos travaux se terminent à 12 h 15. M. le ministre
questionné semblait d'accord avec cette entente; si c'est possible, en
satisfaisant toutes les parties, nous essaierons de terminer pour 12 h 15.
Notre règlement nous permet, cependant, de nous rendre jusqu'à 13
heures.
M. le député de Vanier.
M. Bertrand: Je préférerais, quant à moi,
que nous ne fixions pas de limite de ce type. Puisque le règlement nous
donne la permission de nous rendre jusqu'à 13 heures, ce
règlement demeurerait, mais dans la mesure où nous aurions le
sentiment, autour de 12 h 15, que nous avons suffisamment discuté de
cette question, je pense que, d'un commun accord, nous n'hésiterions
pas, à ce moment-là, à clore nos débats. Je ne
voudrais pas qu'on s'empêche de garder ces 45 minutes qui pourraient
peut-être être utiles à certaines précisions venant
de certains membres de cette commission.
Le Président (M. Dussault): Tout le monde a
constaté l'esprit de la chose et nous passons immédiatement aux
travaux comme tels de cette commission. Je cède la parole
immédiatement à M. le député de Gatineau.
M. O'Neill: J'ai une directive à vous demander, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui. (10 h 15)
M. O'Neill: Cette commission, d'une façon, est absolument
identique à la commission qui a siégé cette semaine pour
la défense des crédits. Or, à cette commission de
défense des crédits on nous avait demandé certains
documents. Je voudrais savoir si on peut déposer ces documents ce matin
ou s'il est préférable d'attendre que reprenne officiellement la
commission parlementaire des crédits?
Le Président (M. Dussault): II y a une règle, lors
des commissions parlementaires, qui est maintenant acquise, qui dit qu'on ne
peut pas déposer de documents aux commissions parlementaires. Ceci dit,
M. le député de Gatineau.
Attribution des contrats de publicité
M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. Si j'ai demandé
la convocation de la commission des communications ce matin c'est que j'ai
constaté, à l'instar de milliers de Québécois, que
depuis l'avènement du Parti québécois au pouvoir, il y a
eu une dilapidation évidente de fonds publics dans le domaine de la
publicité gouvernementale.
Une simple compilation des informations soumises à la
considération de la commission des engagements financiers jusqu'au 28
février dernier nous révèle que ce gouvernement a
octroyé pas moins de 59 contrats de publicité pour la rondelette
somme de $10 896 682.60, et ce, seulement depuis son arrivée au pouvoir,
soit en seize mois.
Parmi ces 59 contrats, 22 ont été octroyés suite
à des appels d'offres en circuit fermé ou sur invitation, pour un
total de $4 486 712.60 et 37 autres contrats de publicité que l'on
désigne dans le document de la commission des engagements financiers
sous le titre de contrats de service ou de contrats négociés
totalisent une dépense somptuaire de $6 409 970. Donc, nous avons en
face de nous un montant de fonds publics de $10 896 682.60, au seul titre de la
publicité.
Il est important de préciser qu'il ne s'agit ici strictement que
d'engagements de divers ministères de ce gouvernement qui sont
supérieurs à $25 000. Les $10 896 682.60 n'incluent ni les
innombrables contrats de moins de $25 000, ni aucun des contrats adjugés
par les organismes para-gouvernementaux, comme la Société des
alcools, la Société des loteries et courses, la
Société de développement industriel, SIDBEC,
HydroQuébec et combien d'autres. Je ne ferai pas d'extrapolation, mais
je n'hésite pas à affirmer qu'il s'agit, dans ces derniers cas,
de plusieurs autres millions de dollars additionnels, provenant des fonds
publics qui sont encore engloutis dans des campagnes publicitaires.
Le fait que le gouvernement du Québec est parmi les douze plus
importants acheteurs de publicité au Canada indique bien que les sommes
impliquées sont astronomiques. Ce qui nous apparaît encore plus
grave c'est que la plupart, sinon toutes ces campagnes de publicité ont
une saveur nettement partisane, soit pour le parti au pouvoir, soit pour
l'option qu'il véhicule et que je qualifierai d'ultra-nationaliste. A ce
moment-là cela devient tout simplement scandaleux puisqu'on a nettement
l'impression qu'il s'agit d'un effort concerté du gouvernement pour
conditionner la population à voter oui lors du référendum
sur l'avenir du Québec.
Pour illustrer le caractère éminemment partisan de
certains thèmes utilisés en publicité depuis seize mois,
qu'il me suffise de citer seulement quelques exemples. D'abord la campagne du
ministère des Transports sur le port de la ceinture de
sécurité dont le slogan est: On s'attache au Québec. La
campagne de $1,8 million contrat accordé sans soumissions par la
Régie de l'assurance automobile ui utilise une chanson subtile
dont les premiers mots sont, et vous m excuserez de ne pas la chanter, M. le
Président: Dans ce Québec qui est le nôtre, le tout
superbement enveloppé d'une musique qui n'est pas sans nous rappeler
étrangement le thème musical d un certain beau, bon et
transparent parti politique à la dernière campagne
électorale.
M. Bertrand: ... Québec soit à nous autres.
M. Gratton: La campagne du ministère des Affaires sociales
sur les méfaits du tabac et la forte absorption de médicaments,
dans laquelle le ministre s'est lui-même impliqué en
décidant d entreprendre un battage publicitaire uniquement en
français, comme si les 20% de notre population non francophone
n'existaient même pas. Que dire maintenant de la campagne de relations
publiques télévisées de SIDBEC, cette
société d'Etat constamment déficitaire, et que nous devons
renflouer à même les fonds publics annuellement? Elle se permet
d'acheter du temps d'antenne et ce, aux meilleures heures d'écoute pour
vanter les mérites de notre sidérurgie nationale. De cette
société, M. le Président, j'accepterais beaucoup mieux une
campagne publicitaire dans des revues spécialisées à
l'extérieur du Québec, campagne qui aurait au moins le
mérite de susciter des revenus qui amélioreraient la
rentabilité de cette société. Evidemment, le ministre nous
répondra que I'Opposition cherche de midi à quatorze heures, que
nous décelons des subtilités politiques là où il
n'en existe pas.
Je vous donnerai donc un dernier exemple, M. le Président, qui
lui ne pèche pas par excès de subtilité. Dans
l'édition du 31 mars du journal Le Devoir, par exemple, en page 7, par
pure coïncidence, on a une annonce payée par le Directeur
général du financement des partis politiques. Il pose une
question: "Le financement des partis politiques est-il public? Réponse
le premier avril". Immédiatement en dessous, sur une demi-page, on lit:
"Oui ça s en vient, ça s'en vient vite. Campagne de financement
1978", du Parti québécois. Cela s'en vient vite, la
réponse, c'est le lendemain, M. le Président.
M. Bertrand: Quel journal?
M. Gratton: C'est le journal Le Devoir du 31 mars à la
page sept. A la page huit on a une autre petite annonce dans le coin: "Qui est
le DGFPP? Directeur général du financement des partis politiques?
Réponse le 1er avril". On pourrait prendre le Journal de Québec
et constater que le même jour, le 31 mars, on a trois questions.
Qu'est-ce qu'une ACA? Association de comté autorisée? Pourquoi la
Loi régissant le financement des partis politiques? Réponse le
1er avril, toujours. Qu'est-ce qu'un PPA? Parti politique autorisé?
Réponse le 1er avril.
Dans une autre page, toujours dans le journal Le Devoir du 31 mars 1978,
question: "Puis-je déduire de mon impôt à payer ma
contribution à un parti politique? Réponse le 1er avril". "Qu
est-ce qu'un RO? Qui peut contribuer? Qui peut recevoir une contribution?
Réponse le 1er avril," toujours.
Effectivement, M. le Président, le lendemain, je ne suis pas
surpris de constater qu'on a réponse à toutes ces questions.
Réponses payées par le directeur général du
financement, lesquelles figurent dans les deux journaux: le Journal de
Québec et le Devoir. Réponses, bien entendu, qui indiquent bien
qu'entre autres, les contributions sont déductibles de l'impôt. Ce
qui est une coïncidence merveilleuse, c'est que sur la même page, on
voit la photo du premier ministre: "Ça s'en vient, ça s'en vient
vite". C'est le lancement officiel de la campagne de financement du Parti
québécois.
Il me semble qu'on a beau parler de coïncidence heureuse, lorsque,
parmi ces annonces, il y en a une payée par le gouvernement, par
l'entremise du Directeur général du financement des partis
politiques, et sur la même page, dans la même édition du
même journal il y a une annonce payée par le Parti
québécois qui lance sa campagne de financement annuel
financement strictement partisan il y a lieu de se poser des questions
sur laspect coïncidence.
Comme je le disais, non seulement ces annonces, sont publiées
dans les mêmes journaux, mais sur les mêmes pages. Le moins que
l'on puisse dire, c'est que le Parti québécois fait bien les
choses. Je dirai simplement qu'un tel comportement de la part d'un gouvernement
est tout à fait inacceptable. Le gouvernement n'a pas été
élu pour utiliser le produit des taxes des citoyens à l'avantage
du Parti politique au pouvoir, pas plus que pour véhiculer les options
que favorise ce parti politique.
Je demande donc, dans un premier temps, au ministre des Communications
de s'engager devant cette commission à prendre les mesures
nécessaires pour que cesse cette dilapidation des fonds publics.
Un autre aspect du dossier de la publicité gouvernementale
mérite également d'être éclairci
par le ministre. Le jeudi 9 mars dernier, le premier ministre
déclarait: "II n'y a jamais eu, dans le gouvernement du Québec,
d'obligation d'agir par soumissions pour les contrats de publicité". Un
peu plus tard, il ajoutait: "Depuis le mois de septembre et jusqu'à
décembre, 17 contrats, pour une valeur totale de $3 046 200, pour
être très précis, ont été accordés
à partir de soumissions, d'appels d'offres auxquels on n était
pas tenu".
Comme les chiffres cités par le premier ministre ne concordent
pas du tout avec ceux que nous avons compilés à partir des
documents déposés à la commission des engagements
financiers, j'aimerais que le ministre des Communications s'engage aujourd'hui
à déposer à l'Assemblée nationale, et ce dans les
meilleurs délais, la liste des 17 contrats auxquels le premier ministre
s'est référé à sa conférence de presse,
avec, pour chaque contrat, le nom de l'agence, le nom du ministère
client, le montant, ainsi que la nature et le thème de la campagne de
publicité. Ces renseignements nous permettront de compléter ceux
qui, semble-t-il, sont nettement incomplets dans les documents que nous
recevons à la commission des engagements financiers.
Egalement, lorsque le premier ministre a parlé de soumissions et
d'appels d'offres, nous avons de sérieuses raisons de croire que
seulement deux contrats, sur un total de 59 que nous avons mentionnés,
ont été adjugés à partir de soumissions
réelles quant à la commission que reçoit l'agence de
publicité. Sauf erreur, tous les autres contrats ont été
octroyés à partir, bien sur, d évaluations des
présentations faites par les agences sur la conception des campagnes de
publicité, mais non sur des considérations des honoraires
à payer aux agences.
C'est donc dire, M. le Président, que lorsque le gouvernement se
targue d'adjuger ses contrats de publicité par soumissions publiques, il
ne dit pas toute la vérité. Les soumissions portent sur les
thèmes et la conception et non sur le prix à payer par le
gouvernement. A part les deux exceptions que j'ai mentionnées, ce prix
est toujours de 15% dans tous les cas comme cela a toujours été.
J'aimerais donc, dans un troisième temps, que le ministre nous fournisse
ce matin de plus amples informations sur l'adjudication de ses contrats.
Finalement, M. le Président, compte tenu de l'aspect partisan
d'un grand nombre de campagnes de publicité dont nous n avons
donné que quelques exemples tantôt, je demande au ministre de
s'engager à déposer à l'Assemblée nationale, dans
les meilleurs délais, les maquettes décrivant les thèmes,
titres et slogans de chacune des campagnes qui a fait l'objet d'un contrat
depuis le 1er janvier 1977 jusqu'au 31 mars 1978 et ce, dans tous les
ministères impliqués. On comprendra qu'il y va de
l'intérêt des contribuables du Québec que nous nous
assurions que l'administration du budget de publicité gouvernemental se
fasse au grand jour.
L'Opposition officielle est d autant plus à l'aise d'exiger ces
informations qu'elle s adresse à un gouvernement qui se veut des plus
transparents. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre des
Communications.
Explications générales
M. Louis O'Neill
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais d'abord faire
distribuer le texte d'information, la directive du Conseil du trésor, en
date du 14 février 1978, touchant certaines modalités
d'application de la section du règlement concernant les contrats de
services du gouvernement relatives aux services reliés à la
publicité. Dans les quelques minutes qui me sont réservées
dans cette première intervention de ma part, M. le Président, je
voudrais d abord faire état de questions de la situation dans le domaine
de la publicité gouvernementale; proposer une sorte
d'interprétation des points saillants de la directive dont je viens de
parler; à I'occasion simplement, prendre des points de comparaison avec
des périodes antérieures, quitte là-dessus à
fournir des renseignements supplémentaires si, à un moment
donné, les gens veulent en savoir plus pour voir comment se porte
aujourd'hui la publicité gouvernementale, comparée à la
façon dont elle se portait dans des temps pas tellement anciens. (10 h
30,
Le gouvernement du Parti québécois s'est
décidé...
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Est-ce que le ministre répondra aux questions
que j'ai posées après qu'il aura fait sa présentation ou
s'il...
M. O'Neill: M. le Président, je crois avoir le droit
d'intervenir à plusieurs reprises, au cours de ce débat, et je
pense que ça me regarde de savoir ce que je dirai au moment de chacune
des interventions.
M. Gratton: Je comprends que ça vous regarde, mais je vous
pose tout simplement une question. Allez-vous répondre à mes
questions ou si vous allez nous faire un discours?
M. O'Neill: M. le Président, je crois que les
renseignements qui seront transmis ce matin à M. le député
vont répondre à beaucoup de ses questions et vont
également répondre à beaucoup de questions que des gens se
sont souvent posées sur la publicité. Je crois que
là-dessus il y a de nombreux renseignements qui seront transmis qui
l'aideront beaucoup dans ses réflexions personnelles sur ce
problème.
Le gouvernement du Parti québécois s'est
décidé à normaliser le système d'attribution des
contrats de tout genre. Sont nés des fichiers centraux, selon les
sphères d'activité, dont celui sur la publicité. Le
ministre des Communications est,
dans ce cas, chargé de gérer ce fichier en collaboration
avec le Service général des achats. Avant toute chose, il est bon
de signaler qu'il existe deux types de publicité. Premièrement,
la publicité obligatoire; c'est le domaine des avis publics, avis
juridiques, offres d'emplois et appels d'offres. Deuxièmement, la
publicité générale; c'est le domaine des campagnes
publicitaires ministérielles. Avant novembre 1976. la publicité
obligatoire est gérée par les arrêtés en conseil
1041-71 et 1042-71 concernant l'octroi des contrats et le recours à
certains media, tels que les quotidiens et les heb-dos. Les messages sont
transmis des ministères et organismes concernés au
ministère des Communications, qui les transmet par la suite à une
agence chargée du placement dans les media. L'agence distribue le
contenu, vérifie les messages et en contrôle la publication. Les
taux payés aux media, par le gouvernement, sont déterminés
en fonction du journal sélectionné pour recevoir ces avis et son
caractère de client au niveau national, par opposition au client de
niveau local Les comptes des journaux, selon les taux publiés dans la
Canadian advertising rights and data, sont par la suite expédiés
à l'agence, qui en effectue le paiement jusqu'à concurrence de
85% du coût, prélevant ainsi une commission de 15%. Le
gouvernement rembourse à l'agence 100% des comptes facturés par
les journaux.
C'est ainsi que traditionnellement s effectuait le paiement des agences
de publicité pour le placement de la publicité gouvernementale.
Traditionnellement, le gouvernement du Québec fait aussi affaires avec
les agences de la région 03 pour les contrats de publicité, pour
des raisons de proximité, facilité d'intervention, et le reste.
La rémunération étant garantie à 15% pour tous, il
n'y a pas de concurrence entre les agences. On tentera, à ce
moment-là, d'établir des systèmes de rotation et
d'évaluation qui ne résistent pas toujours aux interventions
politiques.
La publicité obligatoire après novembre 1976. Conscient
que le gouvernement québécois paie beaucoup trop pour les
services rendus par les agences, le travail de création étant
presque inexistant, le ministère des Communications propose diverses
formules de rémunération. Finalement, on en arrive à la
soumission publique. Les contrats seront atrribués pour deux ans. Les
derniers contrats attribués en publicité obligatoire l'ont
été à Pierre Tremblay et Associés, 8,66% de profit
sur $803 000, et à Payeur Publicité, 9% sur $1 185 500.
Le mécanisme de transmission des données est le même
qu'avant novembre 1976, c'est le choix de l'agence et la
rémunération qui changent. Le système de la soumission
publique permet la libre concurrence entre les agences et assure une meilleure
gestion des fonds publics. Sont appelées à soumissionner pour la
publicité obligatoire les agences de la région 03 inscrites au
fichier de publicité et en mesure de réaliser adéquatement
le placement dans les media. Un jury sélectionne l'agence pour une
période de deux ans. Il y a un contrat pour les avis publics et offres
d'emplois et un autre contrat pour les appels d'offres.
Je signale, en passant, que l'Editeur officiel a économisé
aux environs et même un peu plus de $1 million en utilisant le
système de la soumission publique pour la publication de la Gazette
officielle no 1 et no 2. Traditionnellement, les contrats en cette
matière étaient attribués à l'Action sociale
Limitée.
La publicité générale, maintenant. Sous l'Union
Nationale de M. Daniel Johnson, il y eut une expérience de
centralisation dans l'attribution des contrats de publicité
générale et tout se faisait via I'OIPQ. Cette centralisation
faisait suite à une décision du Conseil exécutif en date
du 14 mars 1968. Puis le Conseil de la trésorerie, à sa
séance du 29 octobre, a décidé d'annuler le CT-33908 du 14
mars 1968. Cela a donc été annulé un an après.
Cette publicité était toute accordée à une agence
qui s'appelait SOPEQ. Ce système a duré un an.
Sous les libéraux de M. Robert Bourassa, c est le
démantèlement de I'OIPQ et les ministères reprennent cette
responsabilité. A cette époque, il n'y a aucun système
comparable au fichier de publicité mis de l'avant par le gouvernement
actuel du Parti québécois.
En octobre 1977 paraissait dans les quotidiens et les hebdos du
Québec un avis public invitant les fournisseurs de services en
publicité et en relations publiques à s'inscrire au fichier de
publicité. A ce jour, 113 agences et professionnels autonomes se sont
inscrits au fichier selon les normes prescrites. Les agences doivent s'inscrire
selon deux variables: Premièrement, le coût estimatif des contrats
qu'elles sont en mesure de gérer, moins de $25 000. de $25 000 à
$100 000. $100 000 et plus; deuxièmement, la spécialité
reliée à la capacité d'utiliser une ou plusieurs
langues.
Le 29 mars dernier, 21 agences étaient inscrites dans la
première catégorie, $0.00 à $25 000; 57 dans la
deuxième, $25 000 à $100 000 et 25 dans la catégorie des
contrats de $100 000 et plus.
En résumé, le mécanisme fonctionne de la
façon suivante. Dans le cas des contrats de $0.00 à $25 000,
à partir des inscriptions faites à ce niveau, une liste est
constituée selon le mode aléatoire, au hasard. Le premier nom de
cette liste est proposé au ministère concerné et
rayé de la liste. Le ministère peut refuser par écrit. A
ce moment-là, le fichier propose le deuxième nom de la liste, le
premier étant replacé sur la liste. Et on procède ainsi
jusqu'à épuisement de la liste. On constitue alors une nouvelle
liste.
Pour les contrats de $25 000 à $100 000, on peut prendre la
première formule ou la prochaine, la formule pour $100 000 et plus,
selon le choix du ministère et surtout selon la nature du contrat.
Normalement, pour les contrats demandant peu de création, tel le
placement d'annonces déjà conçues, on utilisera la formule
A que j'ai décrite plus haut. Mais, pour les contrats qui exigent de la
création, on utilisera de préférence la formule suivante,
que j appelle la formule C et que je décris maintenant. C est la formule
utilisée pour les contrats de $100 000 et plus.
Dans le cas de ces contrats de $100 000 et plus, un comité de
présélection, formé de trois membres, dont un du
ministère ciient, désignés
par le sous-ministre des Communications les trois membres
désignés par le sous-ministre avec un du ministère
client choisit à l'aide de critères trois firmes pour une
première liste de dix firmes inscrites au fichier. Les trois firmes
choisies sont invitées à soumettre, à partir de mandats
détaillés, une proposition précise exprimant le concept et
le coût détaillé du projet. A partir d'une liste annuelle
de spécialistes constituée par le sous-ministre des
Communications, l'on forme pour chaque contrat un jury de sélection
composé de cinq personnes, dont un président. Des professionnels
du gouvernement, dont un du ministère concerné, des
professionnels aussi de l'extérieur du gouvernement. Ce jury
évalue les projets des firmes choisies. Les deux firmes non retenues
reçoivent un montant fixe en compensation des dépenses encourues
lors de la préparation des documents exigés. L'estimation est
faite par le ministère des Communications. Enfin, le travail de la firme
choisie fait l'objet d'une évaluation qui est versée au dossier
de la firme. La firme peut, par la suite, verser à son dossier des
remarques sur cette évaluation.
Voici de quelle façon et, je dirais, à travers quelles
étapes ce système est progressivement appliqué maintenant.
D'abord, il y a la période qui va de novembre 1976 à septembre
1977; deuxièmement, vous avez la période de septembre 1977
à janvier 1978 et, troisièmement, la période de janvier
1978 à avril 1978. Dans la première période, novembre 1976
à septembre 1977, la plupart des ministères forment des jurys de
sélection pour les contrats qu'ils ont à attibuer. C'est
l'époque des tables de décision ministérielle. Le fichier
n'étant pas constitué, l'on s'appuie sur les données
disponibles, soit au ministère des Communications, soit dans les
ministères concernés. A partir d'avril, on fonctionne
déjà selon les normes que l'on connaît aujourd'hui.
Pour la période de 1977 à janvier 1978, le fichier
commence à fonctionner officieusement. Nous avons, d'ailleurs, un
premier relevé de certains contrats qui n'est pas complet, mais qui
montre déjà comment le fichier fonctionne.
Période de janvier 1978 à avril 1978, le fichier est en
place, bien que les normes ne soient pas encore officialisées; elles le
seront le 1er mai. Notons cependant que seuls les ministères et les
organismes soumis à la Loi de l'administration financière sont
touchés dans le moment par la réforme.
J'ajoute maintenant quelques remarques concernant les dépenses en
matière de publicité. Puisque le fichier central de
publicité n'existait pas et qu'aucune unité...
Le Président (M. Oussault): II vous reste cinq
minutes.
M. O'Neill: Pour ce qui est des dépenses en matière
de publicité, je vais aller un peu plus rapidement, je veux faire
certaines comparaisons. Nous avons fait un certain nombre de recherches
concernant des années comme 1973/74, 1974/75, 1975/76, 1976/77,
simplement pour dire qu'il y a, d'abord, certaines dépenses qui sont
difficiles, dans le passé, à relever, par exemple, toutes les
dépenses inscrites pour moins de $10 000 pour 1973/74, moins de $14 000
pour 1975/76, parce qu'il y a tout simplement une compilation globale des
dépenses.
Pour l'évaluation, il faut tenir compte du fait que lorsque vous
avez des contrats attribués pour deux ans, vous avez donc, à un
moment donné, des dépenses inscrites en publicité en,
mettons, 1977/78, 1978/79. Si c'est un contrat en 1976/77, ou en 1978/79, vous
avez là un montant que vous devez aller chercher dans l'année
précédente puisque le contrat est attribué pour deux
ans.
Pour certains points de comparaison, je vous mentionne quelques chiffres
ici. Dans le cas du nombre de dépenses, évidemment le premier
détail qui frappe, pour 1973/74, vous avez une firme qui compile, qui
recueille une grande partie des contrats, la firme Pierre Tremblay et
Associés, pour 47% des contrats, qui donne $2,76 millions. Pour
l'année 1974/75, cette firme recueille 46% des contrats. Pour
l'année 1975/76 elle reçoit 40% du total de toutes les
dépenses octroyées et recensées. Excusez-moi, mais c'est
42,5% du total des dépenses octroyées et recensées.
Pour l'année 1976-1977, cette même firme reçoit $2
727 823, soit 45% de l'ensemble des dépenses recensées. Il y a
une diminution de publicité générale du gouvernement pour
l'année 1976-1977 par rapport à 1975-1976. Cette diminution
s'explique de façon très simple. On sait que, durant tous les
derniers mois de Tannée 1976, il y a eu un ralentissement de toute la
machine gouvernementale, et donc, toute une série d activités sur
le plan publicitaire qui n'ont pas été entreprises. Logiquement,
cette année-là, vous avez une diminution. Le montant des
dépenses est de $5,9 millions; selon la moyenne, par extrapolation on
aurait pu prévoir une augmentation à ce moment de 26%.
M. le Président, j'ai tenu d'abord à vous fournir le
nombre de données élémentaires, ce que j'appelle un
état de questions, d'où se dégagent, à mon avis,
deux choses. Premièrement, il y a bien en marche, en application
progressive et déjà appliqué avant date tout un
système de contrôle, de normes dans l'attribution des contrats de
publicité du gouvernement, des normes auxquelles se soumettent, encore
une fois, avant même le temps fixé par le Conseil du
trésor, de façon générale, d'après ce qu'on
a pu voir, l'ensemble des ministères. (10 h 45)
Deuxièmement, il est évident qu'il s'agit de quelque chose
de nouveau par rapport à la période précédente.
Certains peuvent nous poser la question: Comment se fait-il que tout n'est pas
déjà complètement en place alors que vous aviez dit que
vous feriez cela immédiatement? Nous répondons simplement que
nous ne partions peut-être pas de rien, mais nous partions de très
loin. Voilà pourquoi, dans ce domaine, nous procédons par
étapes. C'est la raison présente pour laquelle le Conseil du
trésor a voulu distinguer, dans lap-
plication des normes pour une première étape, le cas,
d'une part, des organismes dont le budget est versé par
l'Assemblée nationale et celui des organismes dont le budget n'est pas
voté par l'Assemblée nationale, tout simplement parce que nous
voulons que le système soit vraiment efficace.
Evidemment, on pourrait faire aussi des remarques sur toute la
qualité et l'efficacité de cette publicité. Je ne commence
pas les remarques faites tout à l'heure dans ce domaine c est un
peu secondaire dans le débat par M. le député.
J'écoutais ses observations et, sans être un expert en
publicité, j'ai l'impression qu'au plan de l'efficacité de ces
publicités il y a, semble-t-il, beaucoup de progrès qui a
été accompli. Les exemples qu'il nous donnait me semblent des
exemples d'une publicité intelligente, honnête et efficace. Je me
réjouis que non seulement nous l'améliorons au point du
coût, c'est-à-dire de ce que nous obtenons en retour de notre
argent, mais on a aussi l'impression à la lumière des
remarques qu'il faisait lui-même que nous sommes vraiment en train
de l'améliorer au point de vue de la qualité. Faut croire qu'avec
ce choix d'agences il arrive que ce sont des agences qui non seulement sont
capables d'efficacité administrative, mais aussi capables de
créativité puisqu'elles donnent des produits qui attirent autant
l'attention. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Vanier m'avait demandé la parole, mais pour satisfaire à l'esprit
du règlement, particulièrement à 162A paragraphe b)
où l'on parle de droit de parole privilégié pour la
personne qui questionne, je vais d'abord donner à M. le
député de Gatineau ici une possibilité de réaction
aux paroles de M. le ministre et même à M. le ministre celle de
réagir aux paroles de M. le député de Gatineau. Ensuite,
je passerai à la liste de droit de parole telle que je l'avais
commencée avec M. le député de Vanier.
M. Bertrand: Je m'excuse, M. le Président. Dans nos
règlements, il n'y a rien d'explicite, sinon que le parti qui a
soulevé la question avec débat a d'abord un droit de parole de 20
minutes. Par la suite, autant il est vrai que le gouvernement doit sans doute
avoir un droit de réponse, lUnion Nationale, qui est l'autre parti
d'Opposition, devrait se voir reconnaître un droit d'intervention. Par la
suite, les députés à tour de rôle, selon la demande
qu'ils vous en font, doivent être reconnus. C'est de cette façon
dont le débat doit s'engager.
M. Gratton: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Un instant, si vous me le
permettez, M. le député de Gatineau. Vous avez raison, M. le
député de Vanier, de dire que notre règlement n'est pas
très explicite. Effectivement, le règlement no 162A ne parle pas
non plus d'Opposition ni de parti comme tel. Il parle d'un député
qui pose une question, d'un ministre qui répond et de
députés qui peuvent intervenir. Dans ce sens, il m apparaissait
normal que le premier député qui demande la parole puisse
l'avoir, mais si vous consentez, M. le député de Vanier, à
laisser la parole à M. le député de Gaspé-Nord,
cela...
M. Le Moignan: Gaspé.
Le Président (M. Dussault): ... ne créera aucun
problème. Il n'y a qu'un Gaspé. Vous avez raison. M. le
député de Gatineau.
M. O'Neill: Le député de Gatineau me permettrait-il
ceci? Je m'aperçois que j'ai omis de fournir un détail
additionnel qui se réfère à une question précise qu
il a posée. Je peux le lui donner tout de suite ou plus tard. Il faut
également mentionner le total des dépenses tel que nous l'avons
relevé pour 1977/78.
Alors, le grand total que nous avons ici les dépenses
inscrites et non inscrites au fichier de publicité pour l'année
1977/78, selon nos chiffres je le donne parce qu il n'est pas tout
à fait, je crois, le même que celui que vous avez retrouvé.
Je pense que celui-ci est légèrement supérieur. Vous aviez
environ $10 millions alors que j'ai $10 991 000. C est le total ce qui donne,
en tenant compte de I'hypothèse de progression mentionnée
précédemment, une sorte d'augmentation réelie par rapport
à l'année précédente d'environ 21 %, ce qui se
situe dans la moyenne ou est légèrement inférieur à
la moyenne.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, d'abord, je remercie le
ministre pour les quelques précisions qu il a apportées. Quant
à toute la question du fichier, j'aurai peut-être plus tard une
série de questions à lui poser à ce sujet, mais j aimerais
qu'on vide au moins, au départ, les quelques questions très
spécifiques que j'ai soulevées tantôt.
Je conviens qu'il est très difficile pour nous de corroborer des
chiffres. Nous partons d engagements financiers qui sont déposés
à la commission des engagements financiers et, effectivement, j'ai
parlé d'environ $10 896 000 tantôt, mais ce n était pas
pour l'année financière 1977/78. J'en conviens, cela en incluait
une partie, c est-à-dire la période du 15 novembre 1976 à
décembre 1976. Donc, cela peut expliquer une partie de la
différence des chiffres mais, dans mes $10 896 000, je n'incluais pas le
contrat spécifique de $1 118 000 auquel se référait
le ministre à Payeur et Associés pour les appels d'offres,
ce qu'il a appelé la publicité obligatoire.
Donc, j'aurais pu parler de $12 014 000 en comparaison de $10 991 000.
Je porterai, très brièvement à l'attention de la
commission que. lorsqu'on a parlé des budgets des dépenses
publicitaires en 1973/74, aussi bien qu en 1975/76 et qu'en 1976/77, on a
retrouvé des montants qui va-
riaient entre $5 millions et $8 millions, de façon progressive,
avec une diminution en 1975/76, que le ministre a expliquée, alors que
là, nous en sommes rendus à $12 millions.
J'ai mentionné dans mon texte tantôt que, de tous les
contrats de publicité qui ont été octroyés depuis I
accession du Parti québécois au pouvoir, il y en a seulement deux
qui ont été octroyés à partir de soumissions sur le
prix à payer, le montant de la commission. Je me réfère
spécifiquement au contrat de publicité obligatoire auquel le
ministre s'est lui-même référé, c'est-à-dire
le contrat à Pierre Tremblay et Associés pour $803 600, qui porte
sur 26 mois, à un taux de commission de 8,66%, l'autre étant
celui que le ministre a également mentionné, de $1 118 500,
également sur 26 mois, à Payeur Publicité à un
taux, lui, de 9,7%.
On est tous d'accord, c'est là une amélioration. Je
félicite le gouvernement d'avoir procédé de cette
façon. Ceci étant dit, je constate également que cela ne
représente que 16% de l'ensemble des contrats de publicité qui
ont été octroyés. Je dis donc que, dans 84% de tous les
contrats de publicité accordés à des agences, le
critère de sélection n'a rien à voir avec le prix à
payer à l'agence mais porte sur le contenu, sur la conception, sur le
thème de la publicité. Je voudrais que le ministre me dise si je
me trompe en faisant ces affirmations ou si elles sont exactes.
M. O'Neill: M. Frigon, voulez-vous nous donner tous les
détails concernant l'ensemble des critères utilisés...
M. Gratton: M. le Ministre...
M. O'Neill: Je peux les donner moi-même, si vous le
voulez.
M. Gratton: Non, ce n'est pas cela. Cela m'intéresserait
de les connaître, les critères. D'ailleurs, je les connais
déjà. Ce qu'il m'intéresse de savoir, c'est si
effectivement deux contrats ont été donnés à partir
des honoraires à payer, ou s'il y en a d'autres. En d'autres mots, il y
a seulement la publicité dite obligatoire sur laquelle on peut demander
des réductions ou, en fait, une remise de la commission.
M. O'Neill: Dans ce genre de contrat, les taux sont fixes, de
toute façon. Alors, cela ne peut porter que sur le pourcentage.
M. Gratton: C'est ce que je veux faire ressortir et ce n'est pas
une attaque contre quiconque. Je veux que la population sache que des contrats
de publicité, avant les élections comme après, pour 84%
des cas sont encore donnés à 15% de commission à l'agence,
sauf pour la publicité obligatoire.
M. O'Neill: Non.
M. Gratton: Dites-moi où je me trompe.
Le Président (M. Dussault: M. Frigon.
M. Frigon (Gérard): M. le Président, dans
l'étude des présentations d'une campagne publicitaire je
parle de la publicité en général, pas de la
publicité obligatoire comme telle les critères qui sont
retenus sont les suivants avec ce qu'on appelle des taux de pondération:
la compréhension du problème et de l'objectif visé par la
campagne; la création et la conception; deuxième critère,
la clientèle-cible, à quelle clientèle l'agence de
publicité décide qu'elle s'adresse; la qualité du
personnel de la firme qui fait cette présentation; le réalisme du
budget; la qualité générale de la présentation, le
plan de travail et l'échéancier proposés et, enfin, les
propositions de rémunération.
Le premier critère, compréhension du problème et de
l'objectif, a un taux de pondération de 4; création et conception
a un taux de pondération de 4; media 3; clientèle-cible, 2;
personnel de la firme, 2; réalisme du budget, 2; qualité
générale de la présentation, plan de travail et
échéancier proposés, 2; proposition de
rémunération, 1. Quand vous parlez des 15%, ce sont les 15% sur
le placement; ce n'est pas sur la campagne en général. Ce sont
les 15% qui regardent le placement dans les media. Dans la publicité
obligatoire, les 15% ont été modifiés, comme on l'a
expliqué tout à l'heure, pour en arriver à 8%.
Maintenant, dans le cas d'une campagne de publicité
générale, les 15% du placement dans les média se
justifient davantage parce que là il y a vraiment du travail de
créativité, de graphisme, etc., qui entraîne des
coûts qui justifient plus facilement une commission de 15% que dans le
cas de la publicité obligatoire où la créativité
est réduite à sa plus simple expression.
M. Gratton: On dit la même chose, finalement. On dit que,
dans le cas de la publicité obligatoire, il y a possibilité
d'exiger des agences qu'elles soumettent des prix quant à la remise
d'une partie de la commission de 15%, alors que, dans la publicité
où il y a création ou conception, on reconnaît qu'on doit
payer 15%. J'imagine que cela n'empêcherait pas une agence qui fait une
présentation sur la conception, parmi les choses qu'elle offre au
gouvernement, d'offrir de remettre 1%, 2% ou 5%.
M. Frigon: A ce moment...
M. Gratton: A ce moment, cela deviendrait un des
critères.
M. Frigon: ... c'est évalué dans le dernier
critère qui est la proposition de rémunération.
M. Gratton: On s'entend là-dessus. Donc, inutile
d'insister. M. le Président, le ministre a refusé de commenter
les allégations que j'ai faites, très nettes, quant au
caractère partisan de certaines de ces campagnes. Je comprends fort bien
qu'on ne veuille pas en parler trop trop du côté du gouvernement,
mais le fait demeure que c'est un sujet
d'inquiétude pour plusieurs Québécois. Ce que je
demandais au ministre dans mes remarques préliminaires, c'était
de prendre l'engagement devant la commission de faire en sorte qu'on ne fasse
pas un abus de ces campagnes publicitaires afin de conditionner la population
à certaines échéances référendaires ou
autres.
Une Voix: Voyons donc!
M. Gratton: Oui, voyons donc, cela m'achale, moi, si cela ne vous
achale pas; j'ai le droit de le dire.
M. Guay: Je comprends que cela vous achale. Il y a bien des
choses qui vous achalent au Québec.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. O'Neill: M. le Président, je fais tout simplement une
observation générale parce que je sais que j'ai au moins un
collègue qui désire fortement ajouter des commentaires. Je ne
veux pas lui enlever la parole. L'observation générale est la
suivante. J'écoutais, tout à l'heure, la liste des exemples
donnés et, d'une part, j'ai été quand même
frappé je ne suis pas un spécialiste en publicité
par la créativité des agences. Ce sont les agences qui
mettent, si vous voulez, en marché le thème proposé, qui
essaient de vendre l'objectif. (11 heures)
Vous avez donné comme exemple, je crois, "On s'attache au
Québec ". Je trouve cela excellent, on s'attache à quoi, sinon au
Québec? On s'attache à sa patrie, je trouve cela une excellente
idée. Vous aviez aussi donné... J'essaie de me rappeler d'autres
exemples, mais dans l'ensemble...
Une Voix: "Dans ce Québec qui est le nôtre".
M. O'Neill: "Dans ce Québec qui est le nôtre "
est-ce qu'on va mettre: "Dans ce Québec qui appartient aux autres"?
Voyons, "Dans ce Québec qui est le nôtre" est excellent. Cela veut
dire qu'on peut ainsi faire un travail de publicité et, en même
temps, un travail d'éducation civique, cela m'apparaît quelque
chose d'excellent. Vous devriez féliciter les agences qui ont fait
preuve de telle ingéniosité et qui ont profité de cette
activité commerciale pour, en même temps, faire une forme
d'éducation civique; je trouve cela excellent. Je m'en tiens à ce
commentaire général parce que je crois deviner que mon
collègue, le député de Vanier, aimerait ici ajouterdes
remarques.
M. Gratton: M. le Président, je...
M. Bertrand: M. le Président, je m'excuse, je vous demande
la parole.
M. Gratton: ... est-ce que vous me permettez de terminer?
Le Président (M. Dussault): C'est ce que j'allais
demander. Si vous le permettez, M. le député de Vanier, je pense
que, de toute façon, vous pourrez compléter les paroles de M. le
ministre, après m'être assuré que le député
de Gatineau a vraiment complété son droit de parole, de
réaction mais dans un sens positif aux paroles de M. le
ministre.
M. Bertrand: Je m excuse, M. le Président, je ne suis pas
d'accord avec la façon dont vous interprétez le règlement.
A ce point de vue, le député de Gatineau pourrait en avoir pour
longtemps à poser des questions au ministre des Communications et,
là-dessus, et sur un certain nombre d'autres choses, d'autres membres de
la commission parlementaire peuvent avoir des choses à dire, je pense
à l'Union Nationale, entre autres, qui n'a pas encore pris son droit de
parole. Alors, je voudrais quand même, M. le Président, qu'on
puisse, entre autres, sur une question précise, posée sur un
aspect précis, compléter la réponse du ministre dans la
mesure où on a des informations ou même poser des questions sur
cet aspect précis, quels que soient les membres de la commission.
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président (M. Dussault): Si vous le permettez, M. le
député de Gatineau.
Je suis sensible, à vos propos, M. le député de
Vanier, cependant, vous le reconnaissez vous-même, je pense, notre
règlement n'est pas très explicite et nous devons la faire, la
tradition, dans cette nouvelle formule de question avec débat.
Il m'apparaît quand même, à cause du règlement
162A b), qui donne un droit de parole privilégié à M. le
député de Gatineau, dans les circonstances, et à M. le
ministre, il m'apparaît de mon devoir, d'abord, de vérifier si M.
le député de Gatineau a fini de réagir aux paroles et,
dans ce sens, si M. le député de Gatineau veut bien m'assurer
d'une raisonnabilité. je lui laisserais la parole encore quelques
minutes et, ensuite, je vous donnerais la parole pour compléter les
propos de M. le ministre et nous passerions ensuite à M. le
député de Gaspé.
M. Gratton: M. le Président, avec plaisir je reviendrai
seulement sur trois éléments que j'ai touchés, au
début, en demandant spécifiquement au ministre s'il entend y
donner suite ou pas, et on ne fera pas de débat s'il me répond
non, quoique j'espère qu'il sera aussi ouvert et aussi transparent qu'il
semble vouloir l'être ce matin.
Quant à la demande que je lui faisais de déposer, à
l'Assemblée nationale, dans les meilleurs délais, la liste des 17
contrats auxquels le premier ministre avait fait référence dans
sa conférence de presse, ce serait strictement de façon qu'on
puisse faire la comparaison avec les données que nous avons à
partir des documents qui sont remis à la
commission des engagements financiers. Je spécifiais que si on
pouvait nous fournir, pour chacun de ces 17 contrats, le nom de l'agence, le
nom du ministère client, le montant ainsi que la nature et le
thème de la campagne de publicité, on serait complètement
satisfait que le ministre nous dise oui et on pourrait passer au prochain. Cela
va?
M. O'Neill: Oui, M. le Président, et je voudrais juste
souligner l'expression "dans les meilleurs délais possible" dans le sens
suivant, c'est que, pour ces renseignements, comme pour beaucoup d'autres, nous
sommes, à chaque fois, obligés d'aller faire une recherche dans
les autres ministères. Parfois ça revient vite et parfois
ça prend plus de temps. En principe, je suis tout à fait d'accord
avec vous. Nous avons tous intérêt à essayer d'avoir un
tableau complet parce que, finalement, nous sommes tous
bénéficiaires: politique plus efficace, un coût de contrat
réduit, cela peut même permettre d'avoir plus de publicité
avec le même argent. C'est un avantage pour tout le monde. Alors,
là-dessus, je suis tout à fait d'accord. Au ministère, je
peux vous dire que nous essayons de regrouper ces renseignements et nous vous
fournirons ces détails le plus tôt possible.
M. Gratton: D'ailleurs je soulignerai simplement que si le
premier ministre en a fait état, probablement que le travail est
déjà fait et que, possiblement, en s'adressant au bureau du
premier ministre, la compilation est déjà faite. En tout cas, je
fais confiance au ministre, de ce côté.
M. O'Neill: On peut s'assurer que c'est complet.
M. Gratton: D'accord. L'autre point, ce serait que je demande au
ministre de déposer cette fois, ce serait pour l'ensemble des
contrats qui ont été donnés depuis le 15 novembre 1976
jusqu'au 31 mars 1978 la liste des contrats avec les mêmes
informations que spécifiées tantôt. J'assure le ministre
qu'à l'avenir on fera cette compilation nous-mêmes, à
partir des documents officiels que nous pourrons obtenir aux engagements
financiers ou ailleurs, de façon à ne pas imposer un travail
indû au ministère. On voudrait partir sur la base qu'on parle des
mêmes chiffres ensemble, justement pour le meilleur éclairage de
la population. Cela irait-il? Ce serait à partir du 16 novembre.
M. O'Neill: Je suis tout à fait d'accord.
M. Gratton: Le dernier point concerne le cas spécifique
que j'ai soulevé au sujet de la campagne de publicité
payée par le directeur général du financement sur les
implications du projet de loi no 2 et cette espèce de coïncidence
heureuse avec le lancement de la campagne de financement populaire du Parti
québécois. Je trouve malheureuse cette coïncidence. Le
ministre a parlé tantôt d'une politique beaucoup plus efficace. Le
parti sera sûrement en mesure de juger de l'effica- cité des
dépenses des fonds publics par le directeur général du
financement sur les résultats de la campagne de financement du Parti
québécois. Mais j'aimerais savoir du ministre s'il trouve normale
cette coïncidence tout à fait inappropriée à mon sens
que le gouvernement au pouvoir, par l'entremise d'une agence gouvernementale,
dépense des deniers publics pour soi-disant informer la population des
implications du projet de loi sur le financement politique et qu'en même
temps, la même journée, dans le même journal, dans la
même page des mêmes journaux on lance, de façon très
partisanne et cela est normal la campagne de financement du Parti
québécois.
M. O'Neill: Si je comprends bien, il s'agit de savoir d'essayer
de connaître de la part du directeur du financement des partis politiques
les raisons pour lesquelles il a, dans son travail d'information et de
publicité, choisi tel échéancier. En somme, c'est
ça.
M. Gratton: A moins que... Je n'oserais pas...
M. O'Neill: Parce que c'est lui qui se trouve à prendre
cette décision, c'est lui qui choisit ces échéanciers. Il
s'agirait de voir s'il peut nous fournir des renseignements concernant les
raisons pour lesquelles il a choisi telle période. J'imagine, en
passant, que c'est probablement dû au fait qu'il a choisi le moment de
l'application de la loi. Je suppose cela, mais je ne voudrais pas
répondre à sa place. C'est la raison, pour le moment, qui me
paraît évidente, mais peut-être aussi que d'autres raisons
s'ajoutent. Là-dessus, les renseignements que nous pourrons obtenir,
nous les transmettrons de bon gré et le plus vite possible.
M. Gratton: Par dépôt à l'Assemblée
nationale? J'imagine que ce serait la procédure à suivre.
M. O'Neill: C'est la méthode souhaitable.
M. Gratton: En tout cas, du moment qu'on obtiendra la
réponse.
M. O'Neill: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Vanier, suivi de M. le député de Taschereau, qui voulaient
compléter les paroles de M. le ministre. Ensuite, M. le
député de Gaspé.
M. Bertrand: D'abord, je dois vous dire que je n'ai pas
trouvé tellement convaincante l'intervention du député de
Gatineau ce matin. Je le comprends. J'ai moi-même été
surpris de voir que le Parti libéral apportait cette question avec
débat ce matin. Je me disais: Avec la poutre qu'ils ont dans l'oeil,
eux, avec leurs six dernières années d'administration, je me
demande comment ils peuvent, ce matin, avoir le culot de venir demander au
gouvernement de rendre des comptes sur la publicité payée
à même les fonds publics. On sait qu'au
cours des quatre dernières années, avant qu'ils ne perdent
le pouvoir le 15 novembre 1976, ils avaient confié, pendant quatre
années consécutives, près de 50% de l'ensemble des
contrats de publicité à une même firme dont le moins qu'on
puisse dire est qu'elle ne cachait pas sa couleur politique. Je me dis qu'il
fallait avoir un drôle de culot pour venir demander au gouvernement de
rendre des comptes sur sa politique quant à la publicité
payée.
M. Gratton: Voulez-vous qu'on parle de la firme Conceptat depuis
le 16 novembre?
M. Bertrand: On peut parler de iout, on peut parler de n'importe
quoi.
Une Voix: Ce n'est pas gênant.
M. Bertrand: Dans un premier temps, je dirai que je suis en total
désaccord avec l'affirmation que le député de Gatineau a
faite au tout début de son intervention en disant que le gouvernement
qui, maintenant, met $10 millions, $11 millions ou $12 millions en
publicité se trouve jusqu à un certain point, à dilapider
les fonds publics. Je suis de ceux qui croient, au contraire, que le
gouvernement du Québec, même si certains ont fait des gorges
chaudes en le voyant se situer au treizième rang des gens, des
compagnies, des organismes qui, au Canada, font de la publicité ou
commandent de la publicité, agit tout simplement normalement. Je dirais
même que dans un gouvernement dont le budget s'élève
à près de $13 milliards, dans un gouvernement où les
services, les programmes mis à la disposition de la population se
comptent par milliers, je trouve faible une année où il se
dépense à peine $8 millions, $10 millions ou $12 millions en
publicité. Je suis content de constater que le gouvernement veut faire
des efforts pour améliorer cette situation. Dans mon esprit,
améliorer cette situation veut dire intensifier les campagnes de
publicité; cela veut dire consacrer davantage d'argent, consacrer
davantage de budget à faire en sorte qu'on puisse mieux informer la
population, mieux faire comprendre les programmes qu'on donne à la
population, mieux rendre accessible le gouvernement à la population. Je
trouve cela tout à fait convenable. Il s'agit que cela soit fait dans
les normes, en respectant des règlements, en respectant des lois et en
ne tombant pas dans un vice qui pourrait être grave et qui serait celui
de la propagande. C'est-à-dire que cette façon de vouloir
informer la population et de vouloir communiquer à la population serve
de prétexte pour exercer sur elle une forme de propagande qui serait
effectivement contraire aux intérêts du gouvernement qui a la
responsabilité de la gestion des fonds publics non pas à titre de
parti politique, mais à titre de gouvernement.
Dans un deuxième temps, sur les accusations de campagnes
partisanes qui seraient faites à partir des budgets de publicité,
je vais vous raconter une anecdote que j'ai vécue il n'y a pas plus
longtemps que cinq mois. Je crois que c'était au mois de no- vembre
dernier. J'étais invite à Québec, devant le Club de
publicité de Québec, qui réunit à peu près
tout ce qu'il y a de plus intéressées comme entreprises de
communication, comme entreprises de publicité, de relations publiques.
Ces gens m'avaient invité à discourir sur le thème de la
publicité gouvernementale. Quand j'eus terminé mon exposé,
en disant justement, comme je le disais tantôt que je considérais
que le gouvernement devait recourir à la publicité, qu il devait
le faire en I accentuant et que $6 millions, $8 millions, $10 millions par
année, quand on a à gérer un budget de près de $13
milliards, c'est finalement très peu de chose, à la fin de mon
exposé, se lève un type bien connu du Parti libéral et
sans doute du député de Gatineau, M. Guy Morin.
M. Gratton: "Des grands amis".
M. Bertrand: Entre guillemets, oui. Il se lève et dit, un
peu comme le député de Gatineau l'a fait ce matin: Est-ce que ce
n'est pas effrayant que le gouvernement utilise les fonds publics pour mener
des campagnes de publicité où, à toutes fins utiles, on
essaie de vendre le Québec aux Québécois, on essaie de
jouer sur le thème de la fierté nationale, sur le thème
des nations, sur le thème du peuple et sur le thème de la patrie?
N est-ce pas effrayant? Et il prenait comme exemple, exactement comme le
député de Gatineau ce matin c'est pour cela que je ne
comprends pas que vous ne soyez pas dans le même clan le
thème du ministère des Transports pour la sécurité
routière: "On s'attache au Québec".
Ne voulant pas me mettre les pieds dans les plats, j'ai répondu
qu'il fallait effectivement se poser des questions, à l'occasion, sur le
type de campagne de publiciié que pouvait mener un gouvernement,
tellement il faut faire attention pour ne pas tomber dans la propagande.
Seulement j'ai dit, comme le ministre des Communications: II n'y a pas de quoi
se cacher qu'on est au Québec, qu'on est entre Québécois
et que, dans la mesure où la publicité peut nous rendre fiers
d'être au Québec et d'être Québécois, je pense
qu'il n'y a pas à se cacher de cela. Quand on regarde la
publicité fédérale qui est faite pour vendre le Canada, je
vous jure qu'il n'y a aucun scrupule à avoir du côté du
Québec.
Mais ce qui est arrivé de plus drôle, c'est qu'après
avoir répondu à M. Morin, qui a continué à insister
sur le fait que c'était bien effrayant quand même que le PQ se
serve des fonds publics pour faire une campagne comme "On s'attache au
Québec", à la toute fin, quand la conférence a
été terminée, on s'est ramassé dans un petit groupe
de gens. Il y avait là un monsieur qui représentait la compagnie
qui a eu le contrat de publicité, c est la compagnie Cabana, je crois,
de Montréal. Le représentant de la compagnie Cabana s'approche de
nous. Il y avait Guy Morin, j'étais là, il y avait les membres du
Club de publicité, et il s'adresse à Guy Morin en disant: Je ne
comprends pas ton intervention. Je trouve cela drôlement curieux que tu
aies fait ce genre d'attaque. Je vais te dire ce qui s'est passé
exactement. J'ai été celui qui au
nom de la compagnie est venu négocier ce contrat avec le
gouvernement. Notre projet a été accepté. C'est nous de la
compagnie qui avons soumis ce projet. "On s'attache au Québec", et je
vous dirai même M. Morin... C est le type qui représentait la
compagnie qui disait: Je peux même te dire, mon cher Guy, que je suis un
fédéraliste convaincu et que je n'ai aucune sympathie
particulière pour le Parti québécois et pour le
gouvernement actuel; je suis un fédéraliste convaincu. Mais,
comme compagnie de publicité ayant à vendre le thème de la
sécurité routière pour le ministère des Transports
et s'adressant au Québécois, on a pensé que le meilleur
thème qui pouvait être utilisé était celui qui
utilisait comme slogan "On s'attache au Québec ". (11 h 15)
M. Gratton: S'ils voulaient avoir le contrat du gouvernement,
c'est bien sûr.
M. Bertrand: C'est le genre de chasse aux sorcières
drôlement facile.
M. Gratton: C'est ce qui est devenu le premier
critère.
M. Bertrand: Je n'ai pas besoin de vous dire que M. Morin a
été obligé de faire amende honorable devant ce
collègue fédéraliste qui, travaillant, par contre, dans le
domaine de la publicité et ayant à faire en sorte que la campagne
puisse être efficace, qu'elle puisse être adaptée au
contexte québécois, a été obligé, à
un moment donné, de réaliser qu'effectivement dans le domaine de
la publicité il y a une différence entre vouloir faire une
campagne efficace et qui rejoigne le public qu'on doit rejoindre et vouloir
tenter de faire des chasses aux sorcières chaque fois qu'une compagnie
de publicité qui propose un thème au gouvernement a le malheur
d'y mettre le mot "Québec" ou le mot "Québécois" ou d'y
parler de quelque chose qui ressemble à la fierté d'être
Québécois. Dans un tel contexte, je n'ai pas besoin de vous dire
que c'est justement à ce genre d'arguments que recourent les gens qui,
voulant sans contredit voir de la politique et de la partisa-nerie chaque fois
qu'un geste est posé, se font drôlement déculotter par ceux
mêmes qui partageant les mêmes opinions politiques, leur disent:
Ecoutez, je pense que votre raisonnement n'est pas correct dans les
circonstances.
M. Gratton: Parlez-moi donc du financement des partis.
M. Bertrand: Je peux vous en parler aussi.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bertrand: Dans le cas du financement des partis, le moins
qu'on puisse dire, c'est que, d'abord, le député de Gatineau
n'est pas très conséquent avec les propres mécanismes
qu'on s'est donnés nous-mêmes comme gouvernement et comme
Parlement dans le fond, avec cette loi sur le financement des partis. Non
seulement il y a un directeur général, bien sûr, qui, comme
on le sait tous maintenant, représentait le choix du Parti
québécois, mais il y avait deux directeurs généraux
adjoints qui représentaient, l'un, la demande faite par le Parti
libéral du Québec et l'autre la demande faite par l'Union
Nationale. Quand ces décisions sont prises, ce sont sans doute des
décisions qui sont prises à la suite de travaux qui ont
été effectués, j'imagine, parce qu'il y a une direction
conjointe, par des gens qui ont accepté que cela se fasse dans cette
forme.
Ensuite, je me dis que c'est un autre de ces mécanismes
d'association facile auxquels recourt le Parti libéral de ce temps-ci
chaque fois que, par malheur, quelque chose tombe en même temps que, par
exemple, une campagne de financement du Parti québécois.
M. Gratton: La même page dans le même journal dans
deux journaux différents.
M. Bertrand: Comme si les chefs de pupitre des media
d'information étaient les délégués du Parti
québécois, comme si les décideurs dans les media
d'information...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: On me prête des propos. Je n'ai jamais
accusé les...
M. Bertrand: Je n'ai pas dit que vous l'aviez dit.
M. Gratton: ... responsables de la mise en page des journaux
d'avoir fait cela. Ce que je soupçonne, par contre, c'est que le Parti
québécois s'est assuré que ses annonces, payées par
le parti, passaient dans les mêmes pages, en même temps que les
annonces qu'ils savaient être payées par le directeur
général du financement. Il y a une nuance mauditement importante
à faire dans cela.
M. Bertrand: Bien sûr.
Le Président (M. Dussault): Je suppose, M. le
député de Gatineau que vous vouliez dire question de
privilège.
M. Gratton: Je voulais dire en vertu de l'article 96.
M. Bertrand: II n'y en a pas de question de privilège.
Le Président (M. Dussault): Effectivement, il n'y en n'a
pas ici, mais c'était l'esprit de l'intervention. M. le
député de Vanier.
M. O'Neill: M. le Président, je crois devoir me permettre
une remarque ici concernant ce point. J'ai rappelé tout à l'heure
que nous essaierions d'avoir, de la part du directeur du financement des partis
politiques, des renseignements. Je voudrais, d autre part, qu'on fasse bien
attention pour ne pas avoir l'air d'attaquer, un peu comme cela, ce directeur
comme si lui-même avait trempé dans quelque chose. Je pense qu'il
faudrait qu'on soit attentif ici. Il y a une institution importante qui a
été mise sur pied et qui est responsable devant
l'Assemblée nationale. Je pense qu'il faut bien distinguer les
renseignements et, d'autre part, éviter ce genre de remarques qui
pourraient donner l'impression que ce directeur des finances aurait de quelque
façon trempé dans j'ignore quelle combine curieuse. Nous allons
donc obtenir le mieux possible ces renseignements. Encore une fois, il faut
faire attention au rôle que joue ce haut fonctionnaire.
M. Bertrand: D'autant plus, M. le Président, pour ajouter
aux propos du ministre, qu'il existe, si ma mémoire est bonne,
d'après la loi même, un conseil consultatif qui est formé
de représentants de chacune des formations politiques. Deux, si ma
mémoire est bonne, pour chacune des formations politiques...
M. Gratton: ... et à qui on n'a pas soumis la campagne de
publicité.
M. Bertrand: ... mais qui ont toutes les possibilités de
poser toutes les questions, de faire valoir tous les points de vue. Le
député de Beauce-Sud avait soulevé, à un moment
donné, un problème sur les informations qu'on demandait aux
personnes qui souscrivaient à un parti politique. Voilà aussi une
remarque qui avait été faite et ensuite, qui avait sans doute
été acheminée au niveau de ce conseil consultatif pour
qu'il y ait des représentations faites auprès de la direction qui
a à administrer cette loi 2 et à s occuper que le financement des
partis politiques se fasse selon les règles les plus
démocratiques possibles.
Dans un tel contexte, comme l'a dit le ministre des Communications, il
faut faire drôlement attention surtout quand, à
l'unanimité, nous avons voté cette loi, quand, à
l'unanimité, nous avons accepté la nomination du directeur
général et des directeurs généraux adjoints, et
quand nous savons à quel point personne n'est vraiment en mesure de
pouvoir prononcer quelque accusation que ce soit, entre autres, sur la mise en
page qui est faite dans des journaux ou de tenter de créer des
impressions sur ce qui aurait pu se passer venant d'un côté ou de
l'autre, c'est-à-dire d'un parti politique ou d'une direction
générale du financement quant à la proximité des
annonces et tout. Il faut être extrêmement prudent et attendre,
dans des conditions comme celle-là, d'avoir des informations très
précises.
Pour conclure, quand on a, comme le Parti libéral du
Québec, pendant six ans. vécu sous le système qu'on a
connu et que les faits révèlent, entre autres, les contrats
accordés à une firme de publicité à près de
50% des contrats chaque année, au cours des quatre dernières
années qu'on a fait relever, quand on sait cela, quand on sait comment
cela fonctionnait, et quand on sait que, pendant six ans, aucun effort, aucun
mouvement, aucun geste n'a été posé pour commencer
à entreprendre le début d'un minimum de commencement de
réforme en ce qui a trait à un processus d allocation des
contrats qui respectent des règles qui fassent en sorte que toutes les
maisons de publicité soient traitées avec justice et
équité, je dis, bien sûr, avec les problèmes qu'a
occasionnés notre arrivée au pouvoir dans le sens où nous
héritions d'une situation drôlement pénible et
drôlement lourde à supporter, nous avons, comme gouvernement,
posé des gestes.
Nous ne sommes pas encore arrivés, à ce moment-ci,
à pouvoir consacrer que nous avons enfin résolu le
problème dans son entier. Nous ne pouvons certainement pas, au moment
où nous nous parlons, dire: Enfin, le fichier peut s'appliquer dans
toutes les sphères de l'activité gouvernementale, y compris les
services des ministères, y compris les services publics et parapublics.
Cependant, je dois dire que nous sommes certainement arrivés à au
moins 80%. 85% ou 90% de nos objectifs. Nous avons fait la
démonstration, depuis le 15 novembre 1976, qu'en même temps que
nous faisions attention, au niveau de chacun des ministères, pour
respecter des critères de sélection des firmes de
publicité qui soient en correspondance avec les objectifs de justice et
d équité que nous nous étions fixés, autant on peut
dire aujourd'hui que, dans le domaine de la publicité, voilà sans
doute le premier secteur où le gouvernement est arrivé à
réaliser au moins à 80%, 85% ou 90% des objectifs qu il
s'était fixés. C'est tout à l'honneur du ministre des
Communications. C est tout à l'honneur du gouvernement.
C est tout à I honneur aussi d un processus que, de plus en plus,
les compagnies de publicité acceptent comme étant celui qui est
le plus respectueux de la justice et le I'équité qui doit
régner dans ce secteur. Parlez-leur en aujourd'hui, elles-mêmes
sont obligées d'admettre que cette façon de fonctionner est
drôlement plus intéressante pour les compagnies de
publicité parce qu'au moins elles savent à quoi s'en tenir. Elles
ne sont pas soumises à toutes sortes de pressions de gauche et de droite
pour venir chercher des contrats au gouvernement. Elles savent maintenant
qu'elles peuvent retirer de ce système des avantages égaux d une
maison de publicité à l'autre.
Le débat de ce matin aura au moins permis, pour le gouvernement,
qu'on fasse la lumière non seulement sur ce qu'on a fait, nous, depuis
le 15 novembre 1976, et ce dont je suis personnellement très fier, mais
aussi sur l'incapacité de l'ancien gouvernement à avoir
manifesté même la moindre volonté de faire quelque chose de
similaire.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Taschereau, en vous rappelant que je vous avais
accordé le droit de parole dans l'esprit de compléter les
propos du ministre et en vous faisant remarquer la patience dont fait preuve M.
le député de Gaspé.
M. Guay: M. le Président, j'ai écouté avec
grand intérêt les propos du député de Gatineau,
président fondateur du mouvement Québec-Canada, et j'ai
été agréablement sensibilisé par la pudeur qu'il
manifeste à l'endroit de l'utilisation de fonds publics. Je m
étonne, par contre, de voir qu'il est toujours membre de
Québec-Canada; si je me fie aux sources du Devoir de ce matin, ce
mouvement aurait reçu $265 000 de subventions du ministère de
Marc Lalonde, et, si cela continue, cela pourrait être porté
à $800 000, des subventions directes du gouvernement
fédéral à un mouvement qu'il a fondé et dont il
fait partie. Cela m'apparaît étonnant, comme utilisation de fonds
publics, cela m'apparaît singulièrement partisan, et je
m'étonne que le député de Gatineau ait deux poids deux
mesures dans la matière.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Question de règlement
pour M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je pense que c'est tout
à fait non pertinent à la discussion ce matin. Je ferai
simplement remarquer, pour l'information du député de Taschereau,
que même si je suis membre du mouvement Québec-Canada je n'ai
aucune association officielle ou officieuse avec le mouvement.
M. Guay: ... qui compte.
M. Gratton: Et, si cela peut l'intéresser, je suis un de
ceux qui ne partagent pas le point de vue du président actuel de
Québec-Canada, M. Sauvé, à savoir d'accepter des fonds du
gouvernement fédéral pour faire la campagne
référendaire. Je ne sais pas si je peux être plus clair que
cela.
M. Guay: Non, mais j'accepte volontiers, M. le Président,
la mise au point du député de Gatineau.
M. Gratton: D'ailleurs, j'en donnerai la preuve éclatante
au cours de la fin de semaine.
M. Guay: En démissionnant du mouvement? M. Gratton:
Non, ne vous inquiétez pas.
M. Guay: Ah bon! M. le Président, il a donc
été question de la dilapidation de fonds publics à
Québec, et on va quitter Ottawa pour revenir à Québec.
J'avoue que je partage entièrement l'opinion du député de
Vanier. Cela fait longtemps, moi aussi, que cela me chatouille
singulièrement. Le gouvernement du Québec, avec le nombre de
programmes qu'il a, cela implique des droits et des obligations pour la
population. Cela m'agace beaucoup, sachant que l'Assemblée nationale
vote des lois et qu'il existe un principe juridique fondamental, en droit, que
personne n'est censé ignorer la loi. On le sait fort bien parce que,
sans cela, les tribunaux ne pourraient pas fonctionner. Mais, si personne n'est
censé ignorer 'a loi, encore faut-il que les gens soient au courant des
lois, que la population puisse savoir les tenants et les aboutissants des lois,
puisse savoir ce que cela implique comme droits et comme obligations. Cela veut
dire qu'à un moment donné, au-delà de ce que transmettent
les media d'information, le gouvernement a le devoir de faire savoir à
la population ce que l'Assemblée nationale a adopté comme lois,
ce que cela implique comme droits, comme obligations pour cette population,
quelles sont les mesures administratives qui sont prises et ce que cela
implique comme changements pour le citoyen québécois, le commun
des mortels qui, lui, est pris face à l'appareil administratif de
l'Etat. Pour ma part, quand on parle de $11 millions de budgets de
publicité gouvernementale dans une année, je trouve cela
ridiculement bas comparativement à l'effort qui devrait être fait
pour que, effectivement, les Québécois sachent ce à quoi
ils ont droit de la part de l'Etat, peu importe le parti au pouvoir, et quelles
sont leurs obligations aussi. Comment peut-on obliger les gens à assumer
des obligations juridiques que les lois leur confèrent si on ne leur dit
pas en quoi cela consiste?
Donc, à mon avis, il est assez farfelu de parler de dilapidation
de fonds publics. J'ai été aussi assez peu impressionné
par les exemples donnés par le député de Gatineau en ce
qui a trait au contenu des messages publicitaires, la saveur partisane
ultra-nationaliste de "On s'attache au Québec". Il est évident
que le député de Gatineau préférerait qu'on attache
le Québec au Canada, conformément à l'option du mouvement
Québec-Canada où la fleur de lys est étouffée par
la feuille d'érable. Mais, comme il s'agit du port de la ceinture de
sécurité et comme le Canada ne constitue pas une ceinture de
sécurité pour le Québec, bien au contraire, bien que, par
moments, il ait l'effet contraignant d'une ceinture de sécurité,
je vois difficilement quelle publicité on aurait pu faire. (11 h 30)
On n'est quand même pas pour dire: En Saskatchewan, ils
s'attachent, il faut en faire de même ici. C'est une loi
québécoise qui s'adresse aux Québécois. Il est
assez normal qu'on fasse référence au fait que c'est sur le
territoire du Québec que s'applique cette loi. On aurait pu dire, bien
sûr: On s'attache au Canada. Seulement, la loi est une loi de
l'Assemblée nationale et elle ne s'applique pas ailleurs au Canada. Il
faut forcément, en bonne logique, dire que c'est au Québec que
cela se passe, au Québec qu'on s'attache. Je ne vois rien d'anormal
là-dedans. A moins qu'on veuille faire une information tellement
édulcorée à cause de possibles conflits ou de possibles
interprétations obscures. Vraiment, M. le Président, il n'y a que
le député de Gatineau pour trouver des interprétations de
ce genre à des messages publicitaires comme celui-là.
On a parlé de la chanson insidieuse qui précède le
message: "La personne avant toute chose", de la Régie de l'assurance
automobile... "Dans ce Québec qui est le nôtre". C'est vrai, M. le
Président, que ce n'est peut-être pas tout à fait exact
d'avoir dit cela. Tout compte fait, je pense que c'est un mauvais message
publicitaire et que le député de Gatineau a raison de s'attaquer
à cette chanson, et à ces paroles parce que, effectivement, le
Québec n'est pas le nôtre à l'heure actuelle.
Peut-être qu'il va le devenir. Cela, on verra. Il y a un
référendum qui s'en vient là-dessus. On peut
peut-être dire: Dans ce Québec qui pourrait être le
nôtre ou qui pourra être le nôtre ou qui sera peut-être
le nôtre. D'affirmer comme cela: "Dans ce Québec qui est le
nôtre", c'est aller un peu au-devant des événements. C'est
prendre ses désirs pour des réalités. Je comprends le
député de Gatineau de s'inquiéter d'un message qui n'est
pas tout à fait conforme à la réalité que l'on vit
actuellement.
Quant à la publicité en français sur le tabac,
évidemment, on peut dire qu'il en faudrait aussi en anglais. Cela se
défend. De là à trouver dans une campagne publicitaire sur
le tabac, parce qu'elle est faite en français, un rapport quelconque
avec le résultat du référendum, à moins qu'on se
fasse passer un tabac, je ne vois pas très bien quel est le rapport de
cause à effet qu'il peut y avoir entre les deux.
Et puis le député de Gatineau s'en est pris à la
sidérurgie nationale. Oh! le vilain mot que voilà. Le mot
"nationale". Mais dans l'optique du député de Gatineau, si on ne
doit pas parler de la sidérurgie nationale, il devrait rapidement
présenter un projet de loi privé visant à changer le nom
de l'Assemblée nationale.
De même, il devrait demander au ministre des Affaires culturelles
de présenter un projet de loi ou une motion est-ce que je sais
pour que quant aux Archives nationales, à la Bibliothèque
nationale, l'appellation soit changée parce qu'on parle de la nation.
Evidemment, à ce sujet, le député de Gatineau risque
d'être en conflit avec son prochain chef, l'ex-directeur du Devoir qui,
lui, admet publiquement, il l'a écrit, il ne s'en cache pas, que le
Québec a toutes les caractéristiques d'une nation. A partir du
moment où le Québec est une nation, de l'avis du prochain chef du
Parti libéral, de l'avis certainement du Parti québécois,
je pense bien que l'Union Nationale là-dessus, son seul nom, Union
Nationale...
M. Bertrand: II faudrait enlever Nationale.
M. Le Moignan: Je vais vous parler de cela tout à
l'heure.
M. Guay: ... implique qu'elle conçoit que le Québec
est une nation. A partir du moment où c'est une nation et que cette
nation s'est donné par son Etat national, le Québec, une
sidérurgie d'Etat, c'est difficile de ne pas l'appeler sidérurgie
nationale. Je ne vois pas ce qu'il y a de choquant là-dedans. A moins
que le terme "nationale" soit tellement époustouflant ou
épouvantable aux yeux du député de Gatineau qui semble
refuser toute approche, toute idée même que le Québec
puisse se percevoir comme étant une nation. A ce moment, il faudrait
peut-être qu'effectivement, encore là, il dépose un projet
de loi privé pour que l'Union Nationale devienne l'Union Provinciale.
Peut-être.
Il y a eu aussi l'allusion faite par le député de Gatineau
aux messages qu'on a trouvés dans les mêmes pages du Devoir et du
Journal de Québec, l'un portant sur la campagne de financement du Parti
québécois, l'autre étant le message du Directeur
général du financement des partis politiques. Outre ce que le
député de Vanier a dit, qui est très vrai,
c'est-à-dire qu'il y a un directeur général adjoint qui
vient du Parti libéral, on peut se demander pourquoi le
député de Gatineau n'a pas fait appel à cette personne
pour savoir de quoi il retourne. A moins, évidemment, qu'encore
là il y ait un complot. C'est possible que le Devoir qui, il n'y a pas
si longtemps, avec le prochain chef du Parti libéral, avait une option
libérale fédéraliste, tout d'un coup, subrepticement, par
sa mise en page, soit devenu un outil du Parti québécois. Vous me
permettrez d'en douter, mais, enfin, on ne sait jamais. La même chose
pour le Journal de Montréal et de Québec. Je n'ai pas cru
remarquer, d'après ce que je lis dans ces journaux, qu'il en est ainsi,
mais on ne sait jamais, cela peut être insidieux. Il faut faire attention
à ces choses, parce qu'effectivement il peut y avoir un complot.
D'ailleurs, quand on parle de la publicité
québécoise, il faut dire qu'il doit y avoir des infiltrations
péquistes un peu partout dans l'entreprise privée. La
façon dont le gouvernement fait sa publicité n'est, en fait,
qu'une façon qui est utilisée par l'entreprise privée
depuis des années. Imaginez-vous que la compagnie Molson a une
publicité qui dit: "Quand on est Québécois, on est fier de
son choix". Il y a un référendum qui s'en vient, attention!
M. Gratton: Est-ce que le député me le permettrait?
Ils en sortent une nouvelle "Labrador aux Québécois".
M. Guay: C'est insidieux. Je suis sûr que le
sénateur Hartland de Montarville Molson, sénateur libéral
à Ottawa, est un péquiste déguisé ou un
cryptopéquiste, un peu comme Claude Ryan, paraît-il, si on se fie
à Raymond Garneau. Alors, "Quand on est Québécois, on est
fier de son choix", on dit cela depuis longtemps à la population
québécoise et, quand il y a un référendum qui s'en
vient dans l'avenir, on peut penser: Molson? Peut-être, on ne sait
jamais, ça se peut. Alors, La-batt, une autre compagnie péquiste
avec Guy Saint-Pierre comme vice-président. "On est six millions, il
faut se parler". C'est dangereux quand les six millions se mettent à se
parler; ils peuvent se dire des choses sensées et se mettre à se
comprendre. Quand ils se mettent à se comprendre, ils peuvent... C'est
encore plus pernicieux comme publicité.
La Banque provinciale, imaginez-vous donc: "Ici, c'est chez nous",
ça et "Dans ce Québec qui
est nôtre". Il ne faut surtout pas dire "Ici, c'est chez nous", et
"la banque d'ici" en plus, pas d'ailleurs.
M. Gratton: Mais ils ne dépensent pas des fonds
publics.
M. Guay: C'est exact, mais c'est pour indiquer, M. le
député de Gatineau, que c'est une forme de publicité qu'on
n'a pas inventée comme gouvernement, qui existe depuis longtemps parce
que ça s adresse à un peuple qui s'appelle le peuple
québécois. Il y a longtemps que l'entreprise privée a
compris que ce peuple avait des caractéristiques distinctes et que,
quand on vient faire valoir quelque chose aux Québécois, on
s'adresse aux Québécois et non pas au Basutoland.
M. Bertrand: Si I'entreprise privée l'a compris, il est
temps que le Parti libéral comprenne.
M. Guay: Comme le dit le député de Vanier, si
I'entreprise privée l'a compris, il est temps que le Parti
libéral s'y mette.
Même Steinberg: imaginez-vous, "Steinberg est de votre
côté". Dans un conflit avec le Canada, attention! D'ailleurs, il
faut dire que cela existait sous les anciens gouvernements, parce qu'il n'y a
pas juste le gouvernement du Parti québécois qui a donné
là-dedans. Imaginez-vous donc que, sous le gouvernement de l'Union
Nationale, il y a eu une campagne "Québec sait faire". Cela, c'est
dangereux parce que, quand on se met à se dire qu'on peut faire des
choses, on peut faire bien des choses, y inclus un pays. Alors, "Québec
sait faire", ça aussi c'était pernicieux et ça remonte
à loin. Il y a eu la campagne d'achat au Québec. Même sous
le gouvernement de M. Bourassa que le député de Gatineau a bien
connu.
M. Bertrand: Non!
M. Guay: Eh oui! Il y a eu une campagne, au moment des Olympiques
j'en ai ici des extraits, en anglais d'ailleurs We've done it",
avec une fleur de lys en dessous. Cela et "Québec sait faire", ça
commence à se rejoindre pas mal. Cela veut dire qu'on est capable de
faire des choses. Remarquez que, dans le cas des Olympiques, de la façon
dont ils l'ont fait, ils auraient pu s'abstenir d'en parler, mais enfin, quand
même, "We've done it", on l'a fait. Je lis aussi c'est encore en
anglais, mais peut-être que cela donnera plus de
crédibilité à mes propos aux yeux du député
de Gatineau "yes, we're ready and fiercely proud of what we've done and
of the Québec workers of the world's biggest single project, proud too
that Québec... Pas Ottawa parce qu'on sait qu'Ottawa, pour les
Olympiques, ça n'existait pas. Pour le fédéral, les
Olympiques, c'était un pays étranger. "Proud too that
Québec took up the challenge, saved the games" ça a
coûté joliment cher, mais en tout cas and gave the whole
world something to remember . En tout cas, "gave Québec something to
remember", parce que, depuis ce temps, on paie le déficit et on n'a pas
fini de le payer. Mais, en tout cas, quand même, même sous le
gouvernement de M. Bourassa, on faisait appel à la fierté des
Québécois, au fait que les Québécois pouvaient
faire des choses...
M. Godin: Qui est-ce, Bourassa?
M. Guay: Bourassa? Pas Henri, l'autre.
M. le Président, je trouve assez étonnant, quand on
regarde les antécédents, quand on regarde les
précédents, quand on regarde ce que l'entreprise privée a
compris il y a longtemps, qu'on essaie d'étayer un dossier, fort faible
au demeurant, en reprochant au gouvernement que, dans certaines
publicités qu'il fait, il puisse mentionner ce mot qu'on voudrait voir
disparaître de la carte et qui fait notre fierté à tous,
tous ceux qui, je pense, sont profondément attachés à ce
pays, ce mot qui est Québec.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: ... je voudrais tout simplement donner une petite
information.
M. Gratton: Est-ce une question de règlement, M. le
député de Vanier?
M. Bertrand: Non, c'est parce que le député de
Taschereau a fait mention, au tout début de son exposé, de la
part du gouvernement du Québec dans la publicité.
Le Président (M. Dussault): Je m excuse, M. le
député de Vanier, mais je pense qu'on a un peu abusé de la
patience de M. le député de Gaspé.
M. Bertrand: Est-ce que je peux poser une question au
député de Taschereau?
Le Président (M. Dussault): Etant donné que ce
n'était pas lui qui prenait la parole, je pense qu'il n'est pas de
circonstance...
M. Guay: M. le Président, si le député de
Vanier...
M. Gratton: Le député de Gaspé attend depuis
une heure.
M. Guay: ... veut me poser une question, je pourrais y
répondre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Vanier, je pense que nous devrons donner la parole à M. le
député de Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: En écoutant le député de
Taschereau, j'ai eu des craintes à un moment
donné, j'avais peur qu'il fasse motion pour que nous changions le
nom de notre parti pour enlever le mot "nationale". Heureusement, il nous a
rassurés en cours de route.
M. Guay: Je n'ai pas d'objection, c'est eux.
M. Le Moignan: Heureusement, vous nous avez rassurés. Je
commençais à craindre et je songeais déjà: Quel nom
donner à notre parti?
M. Bertrand: Unité-Québec, il y a le mot
"Québec" dedans.
M. Gratton: On pourrait considérer que j'ai
été le seul à battre un candidat
d'Unité-Québec.
M. Le Moignan: Je continue. Cette commission a été
convoquée par le député de Gatineau; il a posé au
gouvernement des questions très claires et très précises.
Le ministre s'est même engagé à fournir plus tard tous les
documents pertinents aux problèmes soulevés par le
député de Gatineau, alors, je n'ai pas l'intention de reprendre
ce que le député de Gatineau a affirmé, toutes les
questions qu'il a posées ce matin. Je voudrais simplement avoir quelques
précisions.
Le député de Gatineau a mentionné un extrait
d'allocution du premier ministre disant que, dans le passé, le
gouvernement du Québec n'a jamais eu l'obligation d'agir par soumissions
pour les contrats de publicité. Si je regarde le fichier central des
fournisseurs, on voit très bien que les services de publicité
sont exclus de ce dossier. En lisant un article du Devoir en date du 10 mars,
on dit ceci: "Le gouvernement du Parti québécois a donc
créé un précédent en procédant à des
appels d'offres pour la publicité gouvernementale et, à compter
du 1er mai prochain, cette procédure sera institutionnalisée pour
les contrats de $2000 et plus, et les maisons de publicité
installées au Québec seront invitées à s'inscrire
dans un fichier". C'est donc dire que c'est une chose qui est en route.
Jusqu'à présent, les contrats de $25 000 et moins ne sont pas
soumis à la Loi des appels d'offres, ils ne passent pas par le
système des soumissions. Est-ce exact?
M. O'Neill: Oui, c'est exact.
M. Le Moignan: C'est donc dire que le gouvernement du
Québec peut confier à une maison de publicité, le lundi
matin, un contrat pour certaines affiches de l'ordre de $20 000, par exemple;
à la même maison, le lendemain, il peut commander des
médaillons pour $20 000. Il peut, le mercredi, donner une nouvelle
commande de tracts publicitaires pour $18 000. Il peut faire cela pendant
quelques semaines, ce qui explique qu'à la fin du mois la même
firme pourra peut-être recevoir un contrat de $200 000, $300 000 ou $400
000. C'est un point d'interrogation que je me pose. Je ne dis pas que le
gouvernement le fait, mais c'est une chose possible parce que cette firme n'est
pas limitée à un seul contrat dans l'année. On peut donner
différents contrats par intervalles; comme ces contrats sont
indépendants, comme ce n est pas pour la même quantité de
livrets, d affiches, de tracts, de jeux d'enfants ou de n importe quoi, le
gouvernement pourrait passer à côté de la loi.
Si la nouvelle du Devoir est vraie, si, à partir du 1er mai, tout
ce qui dépasse $2000 doit être soumis à des appels
d'offres, personnellement, cela me réconforte un peu. Je me dis que s il
se fait du jeu dans le moment, s'il se fait du favoritisme ou du patronage...
On dit que cela s est fait dans le passé, cela peut se faire encore
aujourd'hui. Pourquoi pas? C'est la même nature humaine qu'il y a dans
tous les gouvernements et M. le ministre sait très bien que, là
où il y a de l'homme, il y a de "l'hommerie". Je ne vois pas pourquoi un
gouvernement n'encouragerait pas ses amis. Mais, dans le contexte actuel, le
gouvernement n a plus le droit d encourager des amis. Je serais bien fier
d'entendre des précisions du ministre, dobtenir certains
éclaircissements sur cette politique future de publicité, non
seulement du ministère des Communications, mais des différents
ministères et même des services parapuV blics, comme on l'a
mentionné tout à l'heure, tout ce qui est financé, nourri,
alimenté par les deniers publics. (Il h 45/
Ensuite on a parlé des comités de surveillance, des jurys
de sélection. Quand on fait des appels d offres, s engage-t-on
nécessairement à toujours accepter la plus basse? Dans le
contexte actuel, c est toujours indiqué que le gouvernement, la
compagnie, ou le propriétaire ne s engage pas nécessairement
à accepter la plus basse des soumissions. Avez-vous la même
politique? C est à peu près le génie de question que je
voulais vous poser en passant, M. le ministre, pour ne pas faire de
répétitions avec ce que le député de Gatineau a
déjà formulé de façon assez claire et
précise.
Le Président (M. Dussault): Souhaitez-vous une
réponse immédiate? M. le ministre.
M. Le Moignan: Oui, si le ministre est prêt à...
M. O'Neill: Sur le premier point, je voudrais juste rappeler un
renseignement que j'ai donné antérieurement. Ce qui rend
impossible la situation que vous avez décrite, c'est le système
de rotation. Au moment où quelqu'un a eu ce contrat de $0 à $25
000, son nom sort de la liste. Les choix qui se font après cela de
façon aléatoire doivent être complétés avant
que son nom revienne dans la liste. Quelqu'un qui voudrait faire ce que vous
décrivez ne pourrait pas y arriver à cause de cela. Je pense que
c'est justement I'avantage de ce système, c'est d'empêcher un
découpage de contrat. C'est ce que j'ai compris d'après votre
question.
M. Le Moignan: Mais je pensais au contrat de $1 800 000 de
publicité de l'assurance automobile.
M. O'Neill: C'est tout à fait différent. Dans le
cas que vous m'avez donné tout à l'heure, vous avez dit: Les
petits contrats...
M. Le Moignan: Petit, cela peut être...
M. O'Neill: C'est petit... C'est impossible parce que c'est ce
système de liste avec un choix au hasard. Une fois qu'une firme est
choisie, son nom est enlevé. Il ne revient que lorsque la liste est
épuisée. C'est impossible dans ce cas-là.
M. Le Moignan: En théorie ou en pratique? M. O'Neill:
Non, c'est en pratique.
M. Le Moignan: C'est en pratique. Avec des cents on fait des
dollars, cela s'accumule vite.
M. O'Neill: Oui, cela. Non. C'est mis en pratique. C'est
justement pour éviter ce que vous décrivez. Cela a au moins bon
effet. Ensuite, cela a l'effet de donner un peu la chance à tout le
monde, d'une certaine façon. Je vous signale en passant que,
actuellement, les échos que nous avons par exemple des agences de
publicité sont très favorables. Les gens semblent tout à
fait heureux du système. Tout le monde. Je me dis: Le système va
faire qu'à un moment donné M. Pierre Tremblay aura un contrat
qu'il a mérité, un point c'est tout. Il faut en arriver à
cela. Il faudra aussi préciser. On va voir, à mesure que la
mécanique fonctionne, si tout à coup il y a des ratés, il
y a des endroits où cela fonctionne plus difficilement. Notre intention
au ministère, est d'en arriver à avoir une mécanique
encore beaucoup plus serrée. C'est pour cela que nous mettons sur pied,
par exemple, le fichier, l'évaluation de la qualité des services
fournis, tous les critères que mentionnait tout à l'heure M.
Frigon. A mesure qu'on pourra regrouper ces critères ensemble, mieux et
tous les appliquer, on pourra en arriver encore à un système
nettement amélioré. Mais, encore une fois, je pense que d'avoir
fait cela sur seize mois c'est quand même quelque chose d assez
respectable.
Pour la deuxième question. Qui est soumis, qui n'est pas soumis
actuellement au système? Dans la première étape, donc
l'étape qui commence le 1er mai, ce sont tous les organismes dont le
budget est voté par l'Assemblée nationale, et soumis à la
Loi de l'administration. Dans le moment, le Conseil du trésor n'a pas
encore inclus, d'une façon obligatoire, les organismes de cette nature
dont le budget n'est pas voté par l'Assemblée nationale. Mais,
ces organismes peuvent également faire appel à nos services.
C'est maintenant une tendance qui va se développer.
Evidemment, de quelle façon, un jour, on en arrivera à
pouvoir introduire le même système je pense à des
groupes comme la Société générale de financement,
SIDBEC, etc., je pense que ce doit être une attitude en arriver
à des mécanismes au moins équivalents...
Déjà, je pense que, si on peut passer à travers cette
première étape, on aura un bon chemin de parcouru.
M. Le Moignan: Vous avez mentionné que pour des raisons de
facilité les contrats ou les demandes de soumissions s'adressaient
plutôt à la région 03. S'il y avait certains contrats qui
ne seraient pas de grande envergure ni d'urgente nécessité,
est-ce que le gouvernement ferait appel parfois aux imprimeurs ou aux maisons
de publicité qui existent en dehors de la région 03?
M. O'Neill: Pour les contrats de ce qu'on appelle la
publicité obligatoire, comme la Gazette Officielle, par exemple, les
publications qui doivent être faites dans l'immédiat, ce n'est pas
une coutume nouvelle, c'est une question d'efficacité. Je pense que
c'est reconnu par tout le monde. C'est reconnu par les entreprises
elles-mêmes de procéder comme cela, sauf qu'à
l'intérieur de cette région vous avez un système d'appel
d'offres.
M. Frigon: Les seuls contrats où s'appliquent les
critères de la région 03, ce sont les appels d'offres, avis
publics, offres d'emplois et la Gazette Officielle, la publicité
obligatoire, parce que cela implique des contacts presque quotidiens. Ce ne
serait donc pas possible de sortir de la région de Québec. Pour
tous les autres contrats, il n'y a pas cette restriction.
M. Le Moignan: Merci.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous avez fini
votre intervention, M. le député de Gaspé?
M. Le Moignan: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau souhaitait reprendre la parole.
M. Gratton: Oui, très brièvement, M. le
Président, pour réagir, en quelque sorte, aux propos tenus par le
député de Taschereau. J'ai nettement l'impression qu'il nie donne
raison en donnant comme exemple l'entreprise privée qui entreprend des
campagnes publicitaires avec des thèmes nationalistes, si on peut les
qualifier ainsi. La différence fondamentale entre la publicité de
l'entreprise privée et celle du gouvernement c'est que dans le cas de
l'entreprise privée il s'agit, effectivement, de conditionner la
population à acheter un produit, que ce soit de la bière, du
savon, n'importe quoi, alors que la publicité gouvernementale, elle,
vise essentiellement à informer la population. Si le
député de Taschereau, par ses propos, prétend que les
campagnes publicitaires à saveur nationaliste, payées à
même les fonds publics par le gouvernement, sont dans le but de vendre un
produit, que ce soit la souveraineté-association ou tout autre, à
ce moment je trouve qu'il me donne raison.
Je dirai simplement, en terminant, M. le Président, que quant
à moi je suis satisfait des explications que le ministre nous a
fournies, surtout de l'engagement qu'il a pris de déposer à
l'Assemblée les documents et renseignements qu'on lui a de-
mandés, et que je remercie les membres de la commission pour leur
participation.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, quand le député de
Gatineau réussi à conclure de mes propos que je lui donne raison,
il démontre là un sens de l'humour que je ne lui connaissais pas
jusqu'à maintenant. Tout ce que j'ai démontré, c'est que
les firmes privées de publicité, dans leurs campagnes
publicitaires, s'adressaient ce n'est pas une publicité
nationaliste ou une publicité non nationaliste à un peuple
donné. Que ce soit pour vendre ou pour informer c'est le même
peuple. On ne s'adresse pas ici à un peuple qui habite l'Afrique
centrale. On s'adresse à un peuple qui s'appelle les
Québécois et qui ont des caractéristiques propres, ce que
d'ailleurs le président de BCP publicité, M. Bouchard, a
réussi à définir dans ce qu'il appelle les 36 cordes
sensibles un recueil fort intéressant les 36 cordes
sensibles que les agents de publicité peuvent utiliser quand on cherche
à décortiquer la personnalité québécoise
avec toutes ses contradictions, ses qualités et ses défauts.
Si on veut s'attaquer au marché du Québec, pour une firme
privée, il est intéressant de savoir qu'on s'adresse à un
peuple qui a des caractéristiques différentes ne
fût-ce que par la langue et la culture, mais aussi par l'histoire
du peuple de l'Ontario, par exemple. Je pense que, historiquement, c'est
reconnu. Le fait que la plupart reconnaissent que le Québec est une
nation indique déjà qu'une nation constitue un ensemble, une
certaine homogénéité, qu'elle se distingue d'autres
nations.
Qu'on veuille faire de la publicité pour vendre de la
bière ou qu'on veuille informer cette population, on s'adresse toujours
finalement à la même population. On doit tenir compte des
caractéristiques de cette population. Il n'y a rien de nationaliste
à parler de "On s'attache au Québec". Ce n'est pas une
publicité nationaliste mais une publicité
québécoise qui s'adresse à des Québécois.
C'est la chose la plus normale au monde. Il faut vraiment avoir un esprit un
peu tortueux pour trouver là-dedans quelque chose d'anormal qui serait
dangereusement nationaliste et qui, en plus de cela, serait relié, de
quelque façon que ce soit, au référendum sur l'avenir
constitutionnel du Québec.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Une remarque simplement pour préciser ce que
j'avais avancé tout à l'heure en disant que je considérais
que le gouvernement devait intensifier ces campagnes de publicité et
devait évidemment je suis d'accord là-dessus avec le
député de Gatineau les axer dans une perspective
d'information. Mais sachant à quel point le gouvernement du
Québec, par son énorme budget et son énorme pouvoir
d'intervention qui s'est accentué au cours des 20 dernières
années, touche à tous les secteurs de l'activité
collective, touche à l'individu, au citoyen québécois dans
tous les aspects de son univers, que ce soit dans le secteur culturel, social,
économique ou politique, il est évident qu'il faut faire des
efforts majeurs en termes d information et de communication. La
publicité est un des moyens qu'on doit utiliser. On n'a pas à se
cacher d'être le treizième plus gros annonceur au Canada. Je dirai
que cela devrait être encore plus, parce que, quand on regarde celles qui
nous précèdent, la douzième, la onzième, la
dixième, la neuvième et toutes les autres et qu'on voit que ce
sont des compagnies qui vendent ou de la bière, ou des voitures, ou des
produits électriques, je me dis qu'on a de sérieuses questions
à se poser sur le sens des valeurs. Quand un gouvernement qui touche
à toutes les sphères de l'activité collective ne se donne
pas les moyens de faire connaître aux citoyens les services, les
programmes qu'il met à leur disposition, n'a pas les moyens d'informer
les gens sur leurs droits et leurs obligations, c'est dangereux pour notre
démocratie.
C'est tellement vrai qu'une bonne entreprise privée, doit
consacrer certainement un bon 3% de son budget annuel à des programmes
de publicité et d'information. Quand on sait qu'au gouvernement du
Québec, si on prend le chiffre de $12 millions grosso modo qui avait
été affecté au chapitre de la publicité au cours de
la dernière année et qu'on le situe sur la base du budget global
du gouvernement du Québec, soit $12 milliards, on se rend compte que
c'est 0,1% du budget total du gouvernement du Québec qui est mis en
termes de publicité, alors que c est 3% dans l'entreprise privée
qui souvent ne s occupe de vendre qu'un produit bien précis, bien
spécifique. On sait que ce sont 8500 services ou programmes qui sont mis
à la disposition des Québécois par le gouvernement. C'est
de l'ordre de 3% dans l'entreprise privée, alors que c'est de 0,1% au
niveau du gouvernement du Québec. Je me dis qu'effectivement il y a
peut-être, là aussi, une prise de conscience à faire sur la
nécessité pour un gouvernement d'intensifier ses moyens de
communication et l'accroissement des budgets affectes à l'information,
à la communication et à la publicité dans chacun des
ministères du gouvernement. Loin de me sentir scandalisé par les
sommes qui sont consacrées à la publicité, je dirai qu'il
y aurait drôlement lieu de réfléchir sérieusement
sur la nécessité de les accentuer au cours des prochaines
années, tellement il est vrai qu'un gouvernement qui n'informe pas ou
qui ne communique pas avec la population, ce n est pas un gouvernement dans
notre société moderne. Si c'est bon pour l'entreprise
privée, qui ne vend qu'un savon, qu'une bouteille de bière ou
qu'un produit électrique, de mettre 3% de ses budgets dans la
publicité, à quel point cela devrait l'être encore plus
pour un gouvernement qui intervient dans tous les secteurs de l'activité
collective et individuelle des Québécois.
Le Président (M. Dussault): II n'y a plus d intervenants.
Oui, M. le ministre, ce ne sera pas long. Dans les commissions
précédentes sur la
question avec débat, il y a un début de tradition qui
avait commencé à se définir, à savoir qu'on
donnait, dans l'ordre inverse du début des travaux, à M. le
député qui posait la question quelques minutes de conclusion et
la conclusion finale à M. le ministre. Est-ce que vous voulez vous
prévaloir de ce droit, M. le député de Gatineau?
M. Gratton: Je dirai tout simplement qu'on a mentionné,
à titre d'exemple, le slogan utilisé par le ministère des
Transports "On s'attache au Québec". Je le fais à titre de
boutade. Si, par hasard, le ministère des Richesses naturelles faisait
une campagne de publicité sur son projet d'isolation des maisons, je
demanderais au ministre de faire attention à ce qu'on n'utilise pas. "On
s'isole au Québec" comme slogan. (12 heures)
Le Président (M. Dussault): M. le ministre des
Communications.
Conclusion
M. O'Neill: M. le Président, quelques remarques
brèves pour terminer. La première, c'est pour exprimer mon accord
avec ce que vient de dire M. le député de Vanier concernant la
quantité de publicité. Il y a, ici, quelque chose qui est
relié évidemment à l'information et même aussi
à une forme d'expression culturelle et à des besoins
évidents. Ce que nous avons relevé dans les statistiques, c'est
qu'il y a une progression constante depuis les années soixante.
Remarquez, pour cette année, que nous arrivons finalement à la
même progression par rapport aux années précédentes
en faisant, évidemment, encore une fois, une interprétation
exacte de ce qui s'est passé pour l'année 1976/77.
Il y a donc un phénomène, je pense, qui est tout à
fait normal ici. Le problème, ce n'est pas de savoir s'il y a eu
excès de publicité actuellement ou avant, je pense que, de toute
façon, on sent bien que les gouvernements répondent à des
besoins. La question qui s'est posée, c'était surtout de la
façon, au fond, dont on l'attribuait. Ce que nous essayons de faire, en
somme, c'est d'en avoir le maximum ici pour notre argent. Ensuite, il faut
comprendre une autre chose. Ce qui est assez remarquable, cette année,
c'est d'avoir eu ici à s'en tenir à une progression normale,
approximativement 21%, alors qu'il y avait quand même des grands projets
de lancés, il y avait des besoins spéciaux d'information, un
travail d'information important à accomplir auprès du public.
Donc, la question, je crois, n'est pas celle-là; je pense que
tout le monde est pas mal d'accord. Le gouvernement du Québec, quel que
soit le parti qu'il représente, doit accorder une grande importance
à la publicité. Ce que nous souhaitons tous, c'est d'en arriver
à la publicité la moins coûteuse et la plus efficace
possible. Ici, je voudrais, en terminant, mentionner un point que nous sommes
en train de travailler, quelque chose qui s'ajoute à ce que nous avons
fait, c'est que nous voulons améliorer les mécanismes de
vérification. Il y a là un problème pour nous et nous
avons appris qu'il y a également un problème pour certaines
grandes entreprises, c'est de nous assurer que, quand une publicité est
payée pour telle heure, par exemple, à la radio, c'est bien
à telle heure et, à la télévision, si telle heure
est payée pour une heure de pointe dans l'écoute, cela devrait
être à telle heure. Là, des mécanismes de
vérification doivent être perfectionnés.
Une dernière remarque concernant ce problème de
publicité québécoise, que j'appelle un peu comme cela,
à la suite du débat de ce matin. Evidemment, j'exprime ici un peu
ma divergence de vues avec M. le député de Gatineau. Je me
félicite de la créativité et de
l'ingéniosité, de l'intelligence et du sens du Québec dont
ont fait preuve des agences et, encore une fois, la facture finale, ce sont les
agences qui l'inventent, remarquez. On propose le contenu et ce sont elles qui
font appel à leur talent, à ce moment-là, pour savoir
quelle image donner à ce message.
Alors, quand on parle de sentiment d'appartenance, de fierté, ce
sont des choses évidemment que je trouve importantes, je m'en
réjouis, et je crois que tout le monde devrait s'en réjouir. Je
sais qu'il peut y avoir quelque chose d'un peu agaçant parce que, en
même temps, cela peut donner une autre connotation mais, que voulez-vous,
cela fait partie des coïncidences historiques. Si tous les partis
politiques de cette Assemblée étaient des partis très
attachés à l'idée de l'indépendance du
Québec, il n'y aurait aucun problème, personne n'aurait de
problèmes ici, et personne ne se sentirait agacé par une
publicité tout à fait légitime. D'ailleurs, le
député de Taschereau donnait même des exemples tirés
de l'entreprise privée, des exemples absolument étonnants et je
dirais même extrêmement intéressants.
En somme, quand on vit dans un sentiment d'appartenance, quand on aime
son pays, quand on est fier de son pays, on est fier aussi, tout à coup,
de se retrouver dans la publicité. Je vous avoue que je me
réjouis beaucoup de ce qui se passe, je trouve cela bon sur le plan de
ce que j'appellerais l'éducation civique et le développement du
patriotisme.
Vous me permettrez un parallèle, M. le Président, c'est un
peu comme la question du drapeau. J'ai rencontré des gens qui sont
gênés d'arborer le drapeau du Québec parce qu'ils pensent
que c'est le drapeau péquiste. Mais non, c'est le drapeau qui nous a
été donné, en fait, par toute l'Assemblée
nationale, de façon unanime, en 1948, suite à une motion du
premier ministre du temps, qui s'appelait M. Duplessis, motion, d'ailleurs, qui
avait été suggérée par le député du
comté de Québec que j'ai l'honneur de représenter
maintenant sous le nom de Chauveau. C'était M. René Chaloult qui
avait inspiré cette idée à M. Duplessis et M. Duplessis a
posé le geste au nom de toute la population du Québec.
Quand j'arbore le drapeau du Québec, j'arbore le drapeau de mon
pays et je souhaite que tout le monde le mette en honneur et qu'on ait le culte
du drapeau partout. Je souhaite aussi, par
exemple, qu'on respecte l'arrêté en conseil et les
directives de 1948, par exemple. Ainsi, qu'on trouve notre drapeau sur les
écoles, les hôpitaux, les conseils de ville, etc. C'est notre
drapeau à nous. Vous avez déjà actuellement en marche une
campagne de publicité de l'Editeur officiel du Québec en vue de
favoriser le culte et la promotion du drapeau du Québec. Cette campagne
aura lieu au mois de juin et elle culminera avec la fête de la Saint-Jean
et la semaine du patrimoine.
Comme vous voyez, les coïncidences sont remarquablement heureuses
et bien choisies. En terminant, M. le Président, on me disait tout
à l'heure, quelqu'un disait, c'est M. le député de Vanier:
On a quand même atteint 90% de l'objectif. Je ne pourrais pas me
prononcer là-dessus. Qu'on ait atteint seulement 75% de l'objectif
c'est difficile à évaluer c'est déjà
beau. Mettons 75% ou 80%, ce que je désire fortement et ce que les gens
de mon ministère désirent c'est d'arriver, je dirais, à
près de 100%. Je termine en disant que nous souhaitons, dans les mois
qui suivent et dans l'application de ces nouvelles normes, le maximum de
collaboration de tous les organismes concernés dans une première
étape d'application des normes, celles que j'ai mentionnées tout
à l'heure, et donc une collaboration de ces organismes. Nous leur
renouvelons l'offre de nos services.
En somme, c'est au ministère des Communications qu'on peut
là-dessus faire le meilleur travail. C'est là qu'on a les experts
et les services. A ce point de vue, nous sommes prêts donc à
rendre ce service à tous les ministères, les aider à
appliquer les normes, à tous les organismes directement concernés
dans une première étape. M. le Président, notre souhait
c'est donc le plus vite possible de passer de 80% d'efficacité à
100% d'efficacité. Merci.
M. Le Moignan: Si je comprends bien, chaque député
au Parlement du Canada a droit à 52 drapeaux par année pour
distribution. Ici au Québec, c'est plutôt mince.
M. O'Neill: Oui.
M. Le Moignan: Je crois que c'est 1 ou 2 ou 3. J'aimerais que
vous y pensiez. Cela était tout de même le rêve de Duplessis
toute sa vie, de doter le Québec d'un drapeau, même avant qu'il
entre en politique.
M. O'Neill: M. le Président, j'aimerais que les
députés de tous les partis fassent pression sur nous pour que
nous puissions exercer de meilleures pressions au Conseil du trésor.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, M. le
député de Gatineau, M. le député de Gaspé.
MM. les députés de Taschereau, Vanier, Jeanne-Mance et Mercier,
je vous remercie de votre collaboration et je mets fin immédiatement aux
travaux de cette commission.
(Fin de la séance à 12 h 8)