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Étude des crédits du ministère
des Communications
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, madame et
messieurs!
La commission des communications est réunie pour terminer
l'étude des crédits budgétaires qu'elle avait entreprise
lors de séances précédentes.
Les membres de la commission pour ce matin sont: M. Guay (Taschereau) en
remplacement de M. Beauséjour (Iberville); M. Boucher
(Rivière-du-Loup) en remplacement de M. Bertrand (Vanier); M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. Bisaillon (Sainte-Marie) en remplacement de M. Godin
(Mercier); M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Le Moignan (Gaspé), M. Michaud
(Laprairie), M. O'Neill (Chauveau), M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Bellemare (Johnson) qui remplace M. Goulet
(Bellechasse); Mme La-voie-Roux, vous remplacez...
Mme Lavoie-Roux: II y en a trois autres...
Le Président (M. Jolivet): ... M. Vaillancourt (Orford)
comme membre de la commission?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Nous avons, selon une
entente...
M. de Bellefeuille: M. le Président, je suis
intervenant.
Le Président (M. Jolivet): Oui, un instant. Comme
intervenant, M. Pierre de Bellefeuille (Deux-Montagnes).
Comme il y a au niveau de l'ensemble des crédits
budgétaires des ententes de temps, normalement, à moins d'un
consentement des membres de la commission ici ce matin, nous devrions terminer
l'ensemble des crédits à 12 h 30, l'étude des
crédits étant faite selon l'entente intervenue.
Nous avons aussi des personnes qui ont été
convoquées. Il s'agit du conseil d'administration de
Radio-Québec, ainsi que les conseils régionaux qui auront...
M. Ciaccia: Excusez-moi. Le Président (M. Jolivet):
Oui.
M. Ciaccia: Je ne veux pas vous interrompre. Vous avez dit qu'il
y avait une entente pour qu'on termine aujourd'hui à 12 h 30. Je ne
crois pas être au courant de cette entente.
Le Président (M. Jolivet): Très bien. Je vais vous
en parler. Il ne s'agit pas de l'entente selon laquelle on termine à 12
h 30, dans le sens que la décision a été aujourd'hui...
L'entente intervenue entre les partis, qui avait été
acceptée, c'est le nombre d'heures dévolu à chacune des
commissions parlementaires sur les crédits budgétaires, puisque
nous sommes convoqués pour étudier les crédits
budgétaires.
Je dois vous dire qu'actuellement le temps dévolu à cette
commission... Selon l'entente intervenue, acceptée par l'ensemble des
caucus, le temps serait écoulé à 12 h 30 et les
crédits jugés acceptés. Je parle bien de l'ensemble des
crédits budgétaires. S'il y a entente entre vous, au niveau de la
commission, pour terminer plus tard que 12 h 30, cela sera à vous de le
déterminer au moment où il sera 12 h 30.
M. Ciaccia: Je croyais que l'entente que nous avions eue la
dernière fois pouvait étendre le temps des discussions de la
commission parce que nous avions certains organismes invités.
Le Président (M. Jolivet): Au niveau de la commission,
l'entente qui avait été faite était en vue de rencontrer
trois groupes. Je dois vous dire qu'actuellement il y a deux groupes qui ont
été convoqués selon les règles de
l'Assemblée nationale. À ce niveau-là, l'entente
n'était pas d'allonger le temps, mais plutôt d'étudier les
crédits avec les personnes convoquées. D'accord? Donc, nous
étudions les crédits budgétaires. M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: Me permettriez-vous simplement une remarque? Si je
suis ici ce matin, c'est parce qu'on a inscrit au feuilleton de
l'Assemblée nationale une question avec débat pour vendredi
matin. Comme l'article 63 de notre règlement stipule ceci à
deuxièmement: "Une motion ne doit pas soulever non plus une question
identique au fond à une question qui est alors inscrite ou
annoncée au feuilleton. Toutefois, l'annonce ou l'inscription d'une
motion au feuilleton n'empêche pas de présenter un projet de loi
portant sur le même sujet et l'inscription d'un projet de loi au
feuilleton n'empêche pas de présenter un projet de loi semblable."
C'est pour établir le principe qu'on ne doit pas discuter de deux choses
dans la même session, en deux circonstances différentes, sur le
même sujet. C'est l'esprit de l'article. À l'article 174A, M. le
Président, il y a un autre article qui nous dit que la question avec
débat se discute au cours d'une seule séance de la commission
élue permanente de qui relève l'affaire soulevée. Cette
séance se tient le vendredi à 10 h 30. Très bien. Mais si
vous allez voir à l'article 162A, il est dit: "Le ministre peut se faire
accompagner des fonctionnaires de son choix et les autoriser à prendre
la parole et ils parlent alors en leur nom"; c'est à l'article 162A. (10
h 15)
Alors, M. le Président, partant du premier principe qui veut
qu'une seule fois la même question peut être débattue
pendant une session en cours
en vertu de l'article 63, deuxièmement, il y a en vertu de 174A,
la question avec débat pour vendredi prochain, qui est
déjà annoncée. Nous n'avons aucune objection, si
l'unanimité se faisait autour de cette table, à la commission,
d'entendre ce matin les trois parties intéressées et c'est cela
que nous voudrions pour nous empêcher de nous répéter et
d'être contre le règlement vendredi matin. Le premier argument,
c'est que nous ne pourrions pas, je pense, dans la question avec débat
vendredi, recommencer le débat qui pourrait se faire ce matin en
commission parlementaire.
En vertu de l'article 162A, seul le ministre peut convoquer les
fonctionnaires intéressés, tandis que, ce matin, on aurait
l'avantage d'avoir ici, à la commission parlementaire sur les
communications, les trois parties en cause.
On pourrait facilement, avec le consentement unanime des parties,
entendre et régler définitivement le problème.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sainte-Marie avait demandé la parole avant vous.
M. Bisaillon: M. le Président, sur la question
soulevée par le député de Johnson, d'une part, je ne pense
pas que l'argumentation comme telle sur le règlement puisse s'appliquer,
étant donné que la décision prise par la commission de
convoquer les parties, comme parties, c'est-à-dire Radio-Québec
comme office, les comités régionaux et le syndicat, l'avait
été par la commission au moment où on a inscrit la
question avec débat et même un peu avant que la question soit
inscrite au feuilleton. Il y aurait donc un ordre de priorité, si on se
mettait à discuter du règlement.
Pour éviter ça, M. le Président, je pense qu'il
serait plus simple qu'on revienne au consensus qu'on avait fait la
dernière fois, qu'on s'entende pour dire qu'on avait
décidé de demander une session de trois heures, ce qui veut dire
qu'on pourrait peut-être se rendre à 13 heures, pour faire en
sorte qu'on ait les trois heures et qu'on entende les trois parties, dans le
cadre de ce qu'on avait fixé la dernière fois...
M. Bellemare: Vous avez bien dit les trois parties?
M. Bisaillon: J'ai dit les trois parties, dans le cadre de ce
qu'on avait fixé la dernière fois, c'est-à-dire les
orientations, la programmation, l'administration, la gestion de
Radio-Québec.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, vous avez mentionné
dans vos remarques que vous aviez convoqué les deux parties. Je crois
que l'entente que nous aurions eue en date du 5 avril avait été
une suggestion finalement proposée par le député de
Sainte-Marie et à laquelle nous avions consenti. C'était
d'entendre les trois parties: Radio-Québec, le syndicat des
employés et les représentants des comités
régionaux.
Dans cette entente, il n'était pas question de limiter le temps
seulement à deux heures et demie ou à trois heures. L'important
état de convoquer et d'entendre les trois parties. Si ça peut
prendre quatre heures, on les prendra. Mais je crois qu'on ne peut pas se
permettre, et ça n'était pas dans le consentement que nous avions
donné, d'entendre seulement une ou deux des trois parties.
C'était nécessaire d'entendre les trois, parce que, normalement,
si on se limite au règlement, le directeur de Radio-Québec est
fonctionnaire, il parle au nom du ministre et non en son nom personnel. Ils ne
sont pas convoqués comme invités. Même le rapport Rocher
fait référence à cela.
Nous avions consenti à entendre les trois parties parce qu'on
réalisait qu'il y avait une situation extraordinaire, hors de
l'ordinaire, à Radio-Québec. C'est pour cette raison, que nous
avions donné notre consentement.
Je voudrais avoir la confirmation de cette commission, de vous, M. le
Président, ou du ministre, que nous aurons l'occasion d'entendre les
trois parties, soit Radio-Québec, les représentants des syndicats
et les représentants des comités régionaux.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. O'Neill: Je voudrais simplement rappeler une précision
que semble avoir oubliée le député de Mont-Royal,
c'est-à-dire que l'entente avait été prise sous
réserve de consultations auprès du ministre du Travail.
M. Ciaccia: C'est exact.
M. O'Neill: Le ministre du Travail avait exprimé sa
préférence pour que cette audition soit limitée au
président-directeur général de Radio-Québec ou aux
comités régionaux, estiment que le fait d'apporter le contenu
d'un conflit de travail au sein d'une commission parlementaire pourrait venir
compliquer la négociation actuelle.
D'autre part, à l'Assemblée nationale, vous vous rappelez
sans doute que le ministre du Travail avait répété cela
tout en ajoutant que, de toute façon, la commission elle-même
demeurait maîtresse de ses décisions.
C'est à la suite de cette consultation, de cette première
évaluation du ministre du Travail que les responsables des convocations
n'ont convoqué que deux parties. Je veux simplement rappeler cela.
L'entente a été bien respectée, elle n'a été
acceptée qu'avec cette réserve.
M. Bisaillon: M. le Président, nous sommes d'accord,
pourquoi ne procédons-nous pas?
M. Ciaccia: M. le Président, c'est exact, vous aviez fait
cette réserve.
Le Président (M. Jolivet): Je pense que, suite à ce
que je viens d'entendre, il y aurait consensus pour entendre les trois parties.
Cependant, je dois vous dire que, quant à moi, je devrai avoir votre
consentement pour dépasser midi trente minutes. Si vous me le
donnez tout de suite, cela sera acquis, à moins que vous n'attendiez
vers midi trente pour le faire.
M. Bellemare: II y a une question de principe que j'ai
soulevée au début, mais avec le respect que j'ai pour le ministre
et les membres du gouvernement, je pense que si on doit sauver notre question
avec débat pour vendredi, il faudra que le ministre nous assure de la
présence des trois parties.
On est prêt à sacrifier notre question avec débat de
vendredi à la condition bien formelle qu'on puisse ici jouer
véritablement notre rôle démocratique, celui qui veut que,
dans un Parlement comme le nôtre, on puisse pour une dépense de
$22 millions avec grève et lock-out où le patron en cause est le
gouvernement avoir la latitude de pouvoir questionner les trois parties.
Le Président (M. Jolivet): Je pense que c'est acquis, en
fait...
M. Bisaillon: Cela n'a pas d'allure, question de
règlement.
M. O'Neill: Vous dites quoi, M. Bellemare?
M. Bisaillon: II me semble que les trois parties sont ici
aujourd'hui dans le cadre d'une...
Le Président (M. Jolivet): Non, mais on vient de...
M. Bisaillon: Est-ce que je peux terminer? ... décision de
la commission qui étudiait les crédits. C'est une chose. Les
trois parties sont ici. Il y a, d'autre part, une question avec interpellations
qui est inscrite au feuilleton pour vendredi qui traite du même sujet. Le
député de Johnson va accepter le fait que je sois un peu au
courant de la question avec interpellations. Je me souviens des discussions
qu'on a eues pour la faire inclure dans le règlement.
M. Bellemare: D'accord.
M. Bisaillon: Vendredi, c'est le ministre et les fonctionnaires
qu'il convoque...
M. Bellemare: ...
M. Bisaillon: L'Opposition peut demander, en Chambre, d'entendre
tel et tel fonctionnaire et le ministre est obligé de les recevoir.
C'est dans le cadre du fonctionnement du Parlement, le ministère et tous
les fonctionnaires que l'Opposition veut entendre ou veut questionner, mais il
ne s'agit pas des autres parties, je ne le pense pas, au niveau d'une question
avec interpellations. La question avec interpellations ne sert pas à
faire venir la United Aircraft comme compagnie le vendredi. On peut le faire
à une commission régulière.
M. Bellemare: M. le Président, voulez-vous vérifier
si l'assertion que fait le député de Sainte-Marie est vraie, si
les trois parties sont dans la salle, s'il vous plaît?
Le Président (M. Jolivet): Ce matin, il y a deux parties
qui ont été convoquées de façon officielle par le
Parlement.
Laissez-moi finir, s'il vous plaît! Deuxièmement, au niveau
du syndicat, je pense qu'il y a des représentants dans la salle. Les
trois parties sont donc ici ce matin. L'ensemble des membres est d'accord pour
qu'aujourd'hui, d'ici 12 h 30 ou 13 heures, s'il y a entente, on puisse parler
avec les trois groupes, les amener ici devant nous pour les questionner.
Je pense qu'il y a effectivement entente actuellement. Je ne vois pas
pourquoi on continuerait le débat. Vous avez perdu jusqu'à
maintenant une vingtaine de minutes sur la question. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous avez dit qu'il y
avait deux parties qui avaient été convoquées ici. N'y
aurait-il pas lieu de s'assurer qu'il y a dans la salle des
représentants autorisés de la troisième partie?
Première question.
Deuxième question. Il semble qu'au point de départ vous
nous ayez dit: On doit passer à travers les crédits du programme
8, du programme 9 et entendre les trois parties et que le tout soit
terminé à 13 heures.
Je trouve qu'au point de départ c'est se mettre un carcan. Je
souhaite bien que ce soit terminé à 13 heures. Je ne
désire pas qu'on soit obligé de revenir, mais je me demande si ce
n'est pas mettre un carcan inutilement.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais seulement
rappeler, on pourra vérifier au procès-verbal, au compte rendu,
ce qui avait été décidé la dernière fois,
c'était de continuer l'analyse du programme 9 d'abord, en rencontrant
les parties, et ensuite, de régler l'adoption des crédits des
programmes 8 et 9 et de terminer ainsi. C'est cela qui avait été
décidé.
M. Ciaccia: M. le Président, brièvement, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Bisaillon: La première question du député
de...
M. Ciaccia: J'ai le journal des Débats. Il y a,
effectivement, référence à l'étude des programmes 1
à 8. Après consultation entre Radio-Québec et le syndicat
des employés et des représentants des comités
régionaux pour la semaine prochaine ou une date qui conviendra aux
leaders des trois partis, il n'y a pas de limitation dans ce consente-
ment. Plus tard, vous avez la réserve que vous nous avez
signalée, sujette à l'approbation du ministre du Travail. Dans
notre esprit, nous n'avions pas mis de réserve pour dire que cela
devrait être seulement une séance de deux heures et demie ou trois
heures, parce que cela peut prendre un peu plus de temps. Je ne veux pas
éterniser le débat sur une question de procédure, il y a
des gens ici qui voudraient peut-être qu'on procède à nos
travaux. Si on pouvait avoir le consentement du ministre ou de la commission
que nous allons procéder à nos travaux jusqu'à 12 h 30, et
si nous n'avons pas entendu toutes les parties, qu'on revienne cet
après-midi, après la période des questions.
Le Président (M. Clair): M. le député, je
dois vous faire mention d'une entente entre les partis sur le temps limite. Je
dois vous rappeler que nous sommes actuellement dans l'étude des
crédits du ministère des Communications, et que suite à
l'entente des trois partis dans un document qui a été
accepté par les caucus des trois partis, le temps limite du
ministère des Communications se termine à 12 h 30, à moins
qu'il y ait consentement pour continuer jusqu'à 13 heures. Je suis
obligé de vous dire qu'à ce niveau cela prendra une
décision de l'Assemblée nationale pour continuer le débat
s'il le faut. Pour le moment, je suis obligé de vous dire que cela se
termine à 12 h 30, à moins qu'il y ait entente pour aller
jusqu'à 13 heures. M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, cela fait
déjà 15 minutes qu'on se demande si on va prendre 15 minutes de
plus. Est-ce qu'on pourrait commencer et rendu à 12 h 30 on a
accepté l'entente des trois partis si on n'a pas terminé,
on pourra, à 12 h 30 ou un peu avant, décider soit de poursuivre
selon ce qui nous restera à voir, soit de revenir cet après-midi.
Par ailleurs, je ne voudrais pas, M. le député de Mont-Royal, que
vous fassiez officiellement ce que vous refusez de faire officieusement. Il est
clair qu'entre les leaders et entre nous aussi, on avait convenu d'une
séance de trois heures. C'est de cette façon qu'on l'avait fait
accepter aux leaders. Si on veut changer cela, c'est notre pouvoir de le faire
au niveau de la commission.
Moi, ce que je propose, il est déjà 10 h 30, c'est qu'on
commence avec la première partie. Quand on sera rendu à 12 h 15,
on décidera ensemble. On poursuit tous le même objectif. On
décidera ensemble si on continue jusqu'à 13 heures, selon ce
qu'il nous restera à entendre comme témoins, ou si on revient cet
après-midi. Il me semble que c'est juste et normal. C'est possible de
fonctionner comme ça.
M. Ciaccia: ... un engagement et je ne veux pas me faire induire
en erreur.
M. Bisaillon: Cela fait quinze minutes qu'on vous le donne.
M. Ciaccia: Si vous pouvez clarifier les cho- ses, très
bien, et ça vaut la peine de prendre une autre minute ou deux. Je veux
un engagement, à savoir que le syndicat sera entendu devant cette
commission.
M. Bellemare: ...
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas ça qu'il a dit...
M. Bisaillon: Je le dis.
M. Ciaccia: ... parce qu'il a dit que si, à 12 h 30,
c'était terminé, c'est terminé. Après
Radio-Québec, on va convoquer les syndicats. Je veux l'engagement qu'ils
seront entendus. Savez-vous combien de gens vous avez autour de la table? Vous
pourrez poser des questions au directeur de Radio-Québec jusqu'à
13 heures et on n'aura pas entendu le syndicat, on n'aura pas entendu les
comités régionaux. Là, le président va dire:
L'entente, c'est que c'est terminé. Je ne veux pas jouer ce
jeu-là. Je veux une entente formelle selon laquelle ces gens qui sont
ici seront entendus.
M. Bisaillon: On n'a pas l'intention, non plus, pour terminer
à 12 h 30, de poser des questions au président de
Radio-Québec et, si ça prend trois heures ou quatre heures, on
prendra quatre heures. Si, après ça, on doit continuer avec les
comités régionaux et avec le syndicat, on prendra le temps qu'il
faut. Nous autres, ce qu'on vous dit...
M. Ciaccia: Si on a cet engagement formel, ce n'est pas ça
que le président a dit.
M. Bisaillon: Je me tue à vous dire ça depuis le
début.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ça que le président a
dit.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Ciaccia: Si on a cet engagement formel, on est prêt
à commencer tout de suite.
M. Bisaillon: C'est à nous à décider
ça à 12 h 25.
M. Ciaccia: Bien oui, mais ça, c'est votre idée
personnelle. Je voudrais avoir la décision de la commission.
Le Président (M. Jolivet): M. le député...
M. Bisaillon: Ah!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Je pense qu'on dit tous la même chose...
M. Bisaillon: Voilà!
M. Bellemare: ... on veut tous la même chose...
M. Bisaillon: Vous avez compris! (10 h 30)
M. Bellemare: Moi, j'ai compris en partant, certainement,
dès l'instant où vous avez dit que les trois parties seraient
entendues. Quant à la limite du temps, le président vient de nous
dire, avant votre intervention, que ce serait décidé en temps et
lieu, à 13 heures. Mais, il reste un fait certain, si la décision
de 12 h 15 venait à l'encontre de notre point de vue d'entendre les
trois parties, je voudrais bien que la question avec débat de vendredi
se continue. Là, mon cher monsieur, on aurait le droit de continuer la
question avec débat, pour autant que le ministre, en vertu de l'article
162 A, nous permettra d'entendre les parties, qu'il va les convoquer.
M. Ciaccia: ... d'accord pour ça. M. le Président,
ça, c'est un autre problème. Les problèmes de vendredi
je respecte les problèmes du député de Johnson
ce sont les problèmes à la commission de vendredi. Je
voudrais régler les problèmes d'aujourd'hui et les témoins
que nous allons entendre aujourd'hui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, je répète ce que j'ai dit dès le début.
C'est que je n'ai pas le choix, comme président de la commission, de
vous dire que, selon les ententes intervenues dans l'étude des
crédits budgétaires, ça se termine à 12 h 30,
à moins qu'il n'y ait entente de conclue jusqu'à 13 heures.
Après ça, la commission pourra décider de demander, au
niveau des leaders, de continuer, mais ce n'est pas à moi de
décider comme président, ce sera une décision qui sera
annoncée à l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vous avais
demandé de faire identifier les représentants autorisés
des syndicats, compte tenu qu'ils n'ont pas été convoqués
comme les deux autres parties.
M. Ciaccia: Pour nous assurer qu'ils sont vraiment ici.
Le Président (M. Jolivet): Y a-t-il un représentant
autorisé qui peut se lever? Merci.
Vous viendrez tout à l'heure. On sait maintenant qu'il y aura
quelqu'un qui pourra parler au nom des syndicats.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le directeur
générai de Radio-Québec, les questions peuvent maintenant
commencer de part et d'autre.
Pouvez-vous identifier les gens qui sont avec vous, s'il vous
plaît?
Office de radio-télédiffusion du
Québec
M. Labonté (Yves): À ma gauche, M. Gilbert
Buzaré, qui est vice-président à l'administration, et le
directeur des services administratifs et financiers, M. Denis Bachand.
Je voudrais faire une observation, si vous le permettez, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Allez.
M. Labonté: Je ne voudrais pas éterniser le
débat. Je voudrais bien qu'il commence moi aussi, sauf que j'aimerais
qu'on définisse qui sont les syndicats. Quand on dit les parties, c'est
la direction de Radio-Québec, les syndicats et, finalement, les conseils
régionaux.
Il y a aussi, à moins que je ne me trompe, les
représentants du SGERQ mais il y a à Radio-Québec trois
syndicats et je demande si vous vouiez entendre aussi les autres syndicats. Il
semblait que c'était plutôt l'esprit, lors de la proposition qui
avait été faite, parce qu'on s'était entendu, me
semble-t-il, pour qu'il ne soit pas question de discuter du conflit
actuellement en cours, mais bien des orientations, du développement de
Radio-Québec. À ce sujet, je pense que les deux autres syndicats
ont autant de choses à dire que le syndicat qui est actuellement en
grève.
M. Bellemare: II y a une connotation avec ce que vous venez de
dire, la dernière phrase, les syndicats en grève. Nous n'avons
pas le mandat de régler cela. On ne veut pas se fourrer le nez dans
cela. On veut savoir où est le torchon qui brûle entre vous et le
ministre. On veut savoir cela. On veut savoir ce qui se passe. On ne veut pas
avoir la position de l'Opposition, le "dirty work". C'est clair. On ne veut pas
prendre la place du ministre pour faire la "job". Non. S'il y a un torchon qui
brûle entre vous et le ministre, on veut le savoir. C'est
là-dessus qu'on veut poser des questions. On veut vous poser des
questions et on veut poser des questions aux syndicats aussi, et
également aux conseils régionaux.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour répondre à l'observation du
directeur de Radio-Québec, il est exact que, dans notre esprit, ce
n'était pas limité. C'étaient les syndicats en
général, qu'on voulait entendre devant la commission, mais je ne
ferai pas un débat de procédure là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): La question pourrait être
posée ce matin, à la suite de la première intention
manifestée, il y a une personne qui représente un syndicat qui
est ici.
M. Ciaccia: On va commencer.
Le Président (M. Jolivet): Y a-t-il d'autres
représentants d'autres syndicats ici dans la salle? Il n'y en a pas
d'autre pour le moment.
M. Bisaillon: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Très bien.
M. Bisaillon: II est clair qu'il n'y en a qu'un, tout le monde le
sait. Ne pourrait-on pas commencer par une partie qui est là, et,
entre-temps, essayer de trouver entre nous, comme on l'a déjà
fait dans le passé, une formule qui permettrait peut-être de
régler la question soulevée par M. Labonté.
Le Président (M. Jolivet): Nous sommes rendus à la
période des questions. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais poser, en guise de préliminaire,
quelques questions au ministre avant de poser des questions à M.
Labonté. Je crois que c'était dans l'esprit de notre entente
aussi que je voulais poser des questions au ministre.
Le ministre pourrait-il nous dire quelle communication il y a entre lui
et la direction de Radio-Québec? Y a-t-il un système de
consultation régulière? Quels sont les rapports que vous avez
avec Radio-Québec?
M. O'Neill: On peut parler plutôt, M. le Président,
de communications occasionnelles plutôt que régulières,
selon les besoins, selon les questions à discuter. C'est probablement le
même type de communications qui existe avec les autres
sociétés d'État. J'ignore s'il y a des
sociétés d'État où les gens disent qu'on se
réunit tel jour de façon précise, parce que nous devons
regarder ensemble le rapport du comité de travail du CMPDC.
M. Ciaccia: II n'y a pas de système de communications
régulières entre... Pas nécessairement à date fixe,
mais de façon régulière?
M. O'Neill: Selon les besoins. Alors, cela dépend du sens
que vous donnez au mot "régulier". Si vous voulez dire régulier,
chronométré selon un calendrier précis, je vous
répond non; si vous dites régulier, de façon habituelle,
oui.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre a approuvé en principe
les crédits de Radio-Québec, tels qu'inclus dans les
crédits?
M. O'Neill: Ces crédits ont été soumis au
Conseil des ministres et doivent être maintenant soumis ici à la
commission parlementaire.
M. Ciaccia: Mais avant de les soumettre à la commission,
est-ce que vous les avez généralement approuvés en
principe?
M. O'Neill: C'est-à-dire qu'il faut s'entendre ici sur la
question de Radio-Québec. Vous savez comment les choses ont
procédé cette année et vous vous rappelez le long
débat que nous avons eu la dernière fois là-dessus. Il y a
toujours une approbation en ce sens que la préparation ne se fait pas
avec notre ministère, mais, à un moment donné, lorsque le
budget se discute au Conseil des ministres, on peut parler de ce budget comme
on parle d'autres budgets. Si c'est cela que vous voulez signifier, oui; mais
si vous dites que, dans la préparation, le ministre intervient
directement, ce travail se fait, et je pense que cela a été bien
expliqué la dernière fois, en collaboration directe avec le
Conseil du trésor.
M. Ciaccia: Mais il vous est soumis à vous et vous devez
donner une approbation?
M. O'Neill: On ne parle pas de se soumettre, pas en ce
sens-là, non, puisque ce n'est pas le procédé
prévu. C'est simplement cela. Ce n'est pas cela qui est prévu
comme procédé. Je crois, encore une fois, que cela a
été expliqué la dernière fois, même à
plusieurs reprises.
M. Ciaccia: Le ministre d'État au développement
culturel a déposé en Chambre, hier, un rapport. Je crois qu'il
s'est référé au rapport Rocher. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il est d'accord avec ce rapport?
M. Guay: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Allez.
M. Guay: Je vous soumets respectueusement...
M. Ciaccia: Quel règlement?
M. Guay: Le règlement de l'Assemblée nationale.
M. Ciaccia: Quel numéro?
M. Guay: Je vous soumets que le président-directeur
général de Radio-Québec a été
convoqué, qu'il est ici pour répondre aux questions, que le
document Rocher est un document de travail et je ne vois pas très bien
quelle logique de fonctionnement interne de la commission on veut invoquer.
Étant donné qu'on s'est mis d'accord pour entendre le
président de Radio-Québec et les deux autres parties, ce matin,
et puisqu'elles sont là, il me semble que, logiquement, on devrait
s'adresser au président de Radio-Québec plutôt que de
demander au ministre ce qu'il pense d'un document de travail, celui-là
ou n'importe quel autre document de travail.
M. Ciaccia: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant!
M. O'Neill: M. le Président, si vous permettez deux
remarques. Premièrement, je vais répondre tout de suite à
la dernière question. Hier, nous avons dit officiellement par un
communiqué de presse que le comité interministériel de
développement culturel approuvait les grandes orientations du rapport de
M. Rocher. Ma deuxième remarque est que je vois très bien la
procédure
que vient de mettre en pratique M. le député de
Mont-Royal. Quant à moi, il peut continuer, M. le Président, si
vous estimez que je dois répondre à ses questions jusqu'à
une heure, mais je pense que c'est très clair que le
procédé qui est utilisé va tout à fait à
l'encontre de ce qui vient d'être décidé au moins comme
esprit sinon comme lettre de la décision. Mais je vous laisse, M. le
Président, le soin de vérifier cela.
M. Ciaccia: Évidemment, M. le Président, je n'avais
pas l'intention de m'éterniser sur les questions au ministre, mais je
référerais le ministre et le député de Taschereau
au journal des Débats et je m'étais spécifiquement
réservé le droit de poser des questions au ministre avant ou
même après avoir adressé certaines questions à M.
Labonté. Je crois que je suis entièrement dans mes droits et
c'est dans l'esprit dans lequel nous avions convoqué M. Labonté.
Quant au rapport Rocher, M. le Président, nous étudions les
crédits et ce rapport va avoir un effet direct sur les crédits de
ce ministère, parce que le rapport fait certaines suggestions, certaines
recommandations pour certaines dépenses, pour mettre en application les
recommandations du rapport. Je voulais seulement savoir si le ministre
était d'accord sur ce rapport. Il a répondu que le Conseil des
ministres l'avait approuvé...
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais préciser.
Excusez-moi, M. le Président, il y a là quand même une
déformation de ce que j'ai dit. J'ai dit que les membres du
Comité ministériel permanent de développement culturel ont
déclaré, hier, qu'ils approuvaient les grandes orientations du
rapport Rocher. Ce rapport n'est pas soumis au Conseil des ministres encore. On
a dit, hier, qu'il serait soumis à une évaluation de l'opinion
publique; nous attendons les remarques, les critiques et les suggestions de
toutes les parties intéressées, d'ici à peu près la
mi-juin. Nous espérons pouvoir le faire approuver peu de temps
après la mi-juin par le Conseil des ministres pour que ça
devienne la politique officielle du gouvernement concernant
Radio-Québec, avec évidemment les amendements qui y auront
été apportés d'ici ce temps-là.
En attendant, c'est un document de travail dont, encore une fois, nous
approuvons les grandes orientations et non pas nécessairement chacune
des modalités.
M. Bellemare: M. le Président, si on commençait. Je
pense qu'en vertu du rapport Rocher, on y dit vous avez parfaitement
raison, M. le ministre que les relations de Radio-Québec avec
l'Assemblée nationale c'est un chapitre : "en ce moment,
c'est par le ministre des Communications que Radio-Québec répond
de ses actions devant l'Assemblée nationale."
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
m'excuse, je pensais que c'était sur la question de
règlement...
M. Bellemare: Oui, mais en vertu du règle- ment,
commençons donc, M. le Président, laissons donc ces chinoiseries
de côté. Ce ne sont pas des chinoiseries, c'est le
règlement qu'il faut respecter.
Le Président (M. Jolivet): Bon.
M. Bellemare: Je retire le mot "chinoiserie". Je ne voudrais pas
qu'il me soit imputé. Mais...
Le Président (M. Jolivet): Cependant, tout à
l'heure, au début, M. le député de Mont-Royal on va
clore le débat de cette façon m'a demandé de poser
quelques questions très brèves au ministre, ce à quoi j'ai
acquiescé. Je lui demande de terminer.
M. Ciaccia: Je vais terminer. La raison pour laquelle je voulais
demander au ministre s'il était d'accord avec ce rapport, c'est qu'il me
semble que pour mettre ce rapport en vigueur, il pourrait y avoir certains
conflits avec l'indépendance de Radio-Québec, à moins
qu'il y ait une loi introduite à l'Assemblée nationale. Parce
qu'il y a certaines recommandations dans le rapport. Je vais terminer mes
remarqes au ministre sur ce sujet, quitte à y revenir après avoir
posé certaines questions à M. Labonté.
M. O'Neill: Comme quoi?
M. Ciaccia: Je vais vous en citer une. Toutes les recommandations
au sujet de la régionalisation, même les recommandations en
général le directeur de Radio-Québec a un plan
triennal ne semblent pas être totalement en conformité.
Alors, cela semblerait être une ingérance de la part du ministre
dans Radio-Québec, à moins que la loi régissant
Radio-Québec ne soit modifiée. C'est pour cette raison que je
demanderais au ministre ses commentaires sur le rapport Rocher. Peut-être
pourrait-on y revenir après que nous aurons interrogé M.
Labonté.
M. O'Neill: M. le Président, je suis désolé,
mais je dois répondre immédiatement ici. Il n'y a absolument rien
dans cela, en gros, pour ce qui est de l'allure générale, qui
pose un problème quant à la loi de l'ORTQ. On a demandé de
mettre des précisions dans la loi quant à la mission
éducative de Radio-Québec. Pour ce qui est de ce qu'on appelle la
détermination des politiques générales de
développement d'un organisme comme celui-là, relève
strictement de la société d'État en question.
Alors, pour parler de contradiction, il faudrait que vous ayez eu la
preuve, soit que l'organisme en question décide qu'il n'aime pas le
rapport ou encore qu'il ne veut pas s'y conformer. Je n'ai jamais entendu
parler de ça. Vous avez ici un rapport, il n'est pas encore
adopté; d'ici ce temps-là, Radio-Québec peut, comme
n'importe qui, dire s'il est d'accord ou non avec telle ou telle
recommandation. C'est pour cette raison que nous disons qu'il est
déposé et signé à l'attention du public.
Tout le monde peut lire, et c'est après ça qu'on verra
quels sont les éléments du rapport qui seront retenus pour en
faire une politique officielle, mais ce n'est pas fait dans le moment.
Il n'y a donc pas de contradiction du tout dans cela.
M. Bellemare: Ce matin, c'est une autre chose, c'est le
directeur.
Le Président (M. Jolivet): J'aimerais bien qu'on
passe...
M. Bellemare: C'est un vieux rêve...
M. Ciaccia: ... commencer dans quelques instants...
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Bellemare: ... on l'a, arrêter de rêver.
M. Ciaccia: M. Labonté, il y en a plusieurs qui ont fait
une analyse de Radio-Québec comme étant toujours dans un
état continuel de crise. Est-ce que c'est votre opinion qu'actuellement
Radio-Québec est en état de crise et qu'il l'a été
depuis plusieurs années, à un temps ou à un autre, depuis
le commencement de ses activités? (10 h 45)
M. Labonté: Quant à la situation actuelle, c'est
assez facile de vous répondre de façon positive qu'effectivement
Radio-Québec est en crise. Quant à son histoire, je puis vous
concéder également qu'elle a été houleuse et cela
est dû à un grand nombre de facteurs. Je peux vous en exposer
quelques-uns, si vous le souhaitez, mais si vous voulez vous contenter de ma
réponse qu'effectivement Radio-Québec a vécu presque
constamment des périodes de crise...
Je dois dire que du point de vue des relations avec les employés
cependant, les seules crises que nous ayons connues l'ont toujours
été avec le même syndicat. Quant aux autres nous avons
réussi à signer, tant avec NABET qu'avec les réalisateurs,
trois conventions collectives sans qu'il y ait de grève ou quoi que ce
soit.
M. Ciaccia: Avez-vous une planification? Avez-vous des intentions
ou un plan spécifique pour faire cesser cet arrêt de travail, pour
que Radio-Québec puisse recommencer ses activités? Avez-vous
quelque plan spécifique?
M. Labonté: Le plan que nous avons, c'est celui qui est
prévu par le Code du travail, c'est-à-dire de s'asseoir à
la table pour négocier.
M. Bellemare: De bonne foi. M. Labonté: De bonne
foi. M. Bellemare: J'espère.
M. Labonté: Oui. De ce point de vue, nous avons
été fort heureux d'apprendre hier, par la radio, que le syndicat
était disposé à nous rencontrer, nous enjoignait
même de le rencontrer le 8 mai. Je dois ajouter là-dessus qu'on
n'avait pas besoin de nous enjoindre, puisque, à la dernière
réunion de négociations, c'est-à-dire le 19 avril, c'est
le syndicat lui-même qui a refusé de nous parler à l'avenir
autrement que par le conciliateur. Nous avons donc attendu la convocation et
nous sommes heureux de voir qu'on est prêt à nous revoir le 8 mai.
Quant à nous, nous serions prêts à recommencer ce matin, de
bonne foi, M. Bellemare.
M. Bellemare: Le président-directeur, M. Labonté,
est-il en bons termes avec le ministère?
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Bellemare: Est-ce que c'est à moi?
Le Président (M. Jolivet): Non, justement, c'est à
monsieur. Vous allez avoir le temps.
M. Bellemare: Excusez-moi. Je vais vous la reposer tout à
l'heure. Préparez-vous.
M. Ciaccia: Ce n'est pas notre intention de faire de cette
commission un forum de négociations mais je crois que le public a droit
à certaines informations, comme de savoir pourquoi il y a ce conflit de
travail et quel genre de conflit pourrait exister pour en venir à une
fermeture complète de cet organisme. Quelle est la base du conflit de
travail? Est-ce que, d'après vous, les syndicats auraient un rôle
à jouer dans les décisions que Radio-Québec a à
prendre?
M. Labonté: Je crois qu'effectivement une des causes du
conflit, c'est l'intention du syndicat de participer aux décisions de la
direction de Radio-Québec. Je pense bien que je puis affirmer cela. Cela
se traduit par des demandes qui sont faites dans les diverses clauses qui
constituent la convention collective.
Je crois qu'il y a là un point important qui est en
débat.
M. Ciaccia: D'après vous, est-ce que cela serait un des
points principaux? Ce n'est pas strictement limité aux conditions de
travail, aux questions de nombre de permanents ou d'occasionnels, mais c'est la
question de vouloir participer aux décisions de Radio-Québec.
M. Labonté: Je crois que depuis déjà
plusieurs années le syndicat manifeste le désir de participer
davantage activement aux décisions de la direction, ce qui me permet de
vous dire que c'est certainement un des points d'accrochage qui se traduit par
diverses demandes qui sont faites, comme celle de limiter le droit de l'office
d'engager des pigistes ou des occasionnels. Je pense que cela est vraiment un
point qui est en discussion.
M. Ciaccia: Avez-vous eu l'occasion de prendre connaissance du
rapport Rocher?
M. Labonté: Je l'ai reçu hier. Je l'ai lu à
deux reprises.
M. Ciaccia: De façon générale, quelle est
votre réaction à ce rapport? Est-ce que vous êtes...
M. Labonté: Je parle pour moi, parce que le conseil
d'administration doit rencontrer demain le ministre O'Neill et le ministre
Laurin pour discuter précisément de ce rapport. Je parle en mon
nom personnel, mais je peux ajouter aussi que, connaissant les idées du
conseil d'administration, puisqu'on a longuement travaillé ensemble sur
cette question, je suis en accord à 100% avec le rapport qui a
été déposé par le comité Rocher, pour la
bonne raison qu'il se situe tout à fait dans la projection du plan
triennal et que nous attendons une réponse du gouvernement à ce
sujet depuis déjà deux ans.
Les axes principaux de développement sont là. Les quelques
modifications qui sont apportées, ce sont des modifications qui se
veulent plus audacieuses que ce que nous avons osé demander, parce que
nous pensions d'abord que, dans un plan triennal et non pas un plan de dix ans,
comme il est proposé, on ne pouvait pas aller aussi loin qu'on va dans
ce rapport. Deuxièmement, nous ne pensions pas que les sommes qui
doivent être affectées au programme qui est détaillé
dans le rapport Rocher pouvaient nous être octroyées, nous ne
pensions pas, de façon réaliste, qu'il était possible de
demander cela.
Mais pour ce qui est du développement du réseau, nous
l'avons inscrit dans notre plan triennal. Pour ce qui est de la programmation,
si je peux dire, de Radio-Québec, nationale et régionale, nous
avons toujours souhaité un "input", une contribution des régions
à la programmation nationale. Nous avons toujours demandé aux
régions et accordé aux régions la juridiction
entière sur la programmation régionale et nous avons toujours
cru, dans la mesure où c'était possible, étant
donné les budgets que nous avions, puisqu'il n'y avait aucune somme
d'argent qui nous était octroyée à cette fin
précise de la régionalisation, que les régions devaient
produire, ainsi que le dit le rapport Rocher, dans la mesure des ressources
humaines disponibles.
Les principes sont exactement ceux que nous avons défendus dans
notre plan triennal et c'est pourquoi je ne prévois, au conseil
d'administration, aucune espèce de difficultés quant à
l'acceptation des recommandations de ce rapport.
M. Ciaccia: Y a-t-il une différence, dans le rapport
Rocher, sur le concept des comités régionaux et sur la
façon dont vous les voyez fonctionner?
M. Labonté: C'est-à-dire que le rapport Rocher
évidemment, je l'ai lu rapidement il me semble qu'il parle
surtout de mécanismes qu'on doit mettre en place et je ne suis pas
certain s'il parle vraiment de comités régionaux. Puisque vous
évoquez la chose, je peux vous dire que les comités
régionaux que nous avons créés de notre propre initiative
sont des comités qui étaient conçus, au point de
départ, pour être provisoires, parce qu'ils étaient
élus par les assemblées publiques que nous avions
convoquées.
Leur mandat était, premièrement, de nous fournir des
candidatures pour former le comité d'implantation de Radio-Québec
dans chacune des régions; deuxièmement, de fournir des noms comme
candidats pour le délégué régional de
Radio-Québec et, troisièmement, de produire, pour la
première année, les trois demi-heures d'émissions que nous
leur demandions de faire. Tel était le mandat des comités
régionaux provisoires.
Ces comités devaient être remplacés par les
comités d'implantation qui devenaient permanents, ces comités
ayant été nommés par nous à la suite des
candidatures soumises par ces comités provisoires.
Comme nous n'obtenions pas de réponse du gouvernement et que, par
contre, nous voulions maintenir notre projet de régionalisation en
haleine, nous avons décidé de prolonger le mandat des
comités provisoires pour une année.
À la fin de l'année, janvier, nous n'avions toujours pas
de réponse et nous avons décidé, au conseil
d'administration, de prolonger ces comités jusqu'au 31 mars. Le 15 mars,
nous n'avions toujours pas de réponse il faut comprendre que le
comité Rocher était précisément au travail pour
préparer son rapport les comités devaient cesser d'exister
à la fin de l'année financière. Nous avons, bien
sûr, pour maintenir nos interlocuteurs dans les régions, puisque
notre projet de régionalisation était sérieux et est
encore sérieux, demandé au conseil d'administration de maintenir
en fonction les comités régionaux jusqu'à ce qu'ils soient
remplacés par une structure permanente quelconque. C'est l'histoire des
comités régionaux. Dans notre esprit, ils étaient
conçus pour être provisoires. Je pense bien qu'ils vont être
remplacés par une autre structure. Nous ne sommes pas encore assez
avancés dans notre réflexion là-dessus, parce que nous
avons demandé aux comités régionaux eux-mêmes de
nous proposer les structures qui devaient être mises en place de
façon permanente: Nous n'avons pas encore pris de décision
à ce sujet.
M. Ciaccia: M. Labonté, le président m'indique que
je devrai peut-être laisser mon droit de parole à mes
collègues. J'aurais d'autres questions à vous poser sur les
comités régionaux, sur la formation et aussi sur d'autres sujets,
comme l'administration interne de Radio-Québec, le nombre de cadres et
les états financiers que vous avez produits. Je demanderais la
permission du président de revenir à ces questions après
que mes collègues auraient eu la chance de questionner M.
Labonté.
Le Président (M. Jolivet): Oui, vu qu'on a pris cette
attitude au départ, au niveau de l'ensemble des crédits, je pense
qu'on peut procéder ainsi et y revenir ensuite. M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. J'aurais quelques
questions pour M. Labonté. Vous
avez mentionné le rapport Rocher, que vous avez lu plus
attentivement que moi. Le ministre a mentionné tout à l'heure
que, d'ici la mi-juin, autrement dit, d'autres mémoires, des
études, des suggestions ou des recommandations pourront être
présentés. Quand on a fait la première consultation:
Radio-Québec à l'écoute des milieux, je pense que vous
avez reçu 165 mémoires. Est-ce que le comité Rocher a
consulté uniquement la synthèse faite par Radio-Québec ou
bien s'est penché sur les mémoires soumis à ce moment?
M. Labonté: Là-dessus, je ne suis pas en mesure de
vous répondre. C'est le président Rocher lui-même qui
pourrait vous dire cela. Je suppose qu'on a lu au moins la synthèse. Je
ne sais pas si le comité a lu les rapports, je ne peux pas vous
dire.
M. Le Moignan: En parlant des comités régionaux,
vous avez dit que c'était provisoire. Il y a huit comités
régionaux, je crois. Parmi les huit, combien sont actifs, fonctionnent,
ont un personnel sur place?
M. Labonté: Plusieurs ne sont pas complétés.
C'est précisément dû à ce que nous étions
dans une situation d'attente et que les membres de ces comités qui se
sont retirés, pour une raison ou pour une autre, ne pouvaient être
remplacés que par des assemblées publiques qui, à nouveau,
déléguaient des représentants des divers secteurs de notre
société. Cela nous paraissait beaucoup trop lourd pour le
travail, en fait, qu'il y avait à faire, tant que le gouvernement ne
s'était pas prononcé d'une façon définitive sur le
principe même de la régionalisation. Il faut savoir, et vous le
retrouverez, d'ailleurs, dans le rapport Rocher, que, jusqu'ici c'est ce
qu'on nous a toujours dit au Conseil du trésor, d'ailleurs, pour nous
refuser les sommes que nous demandions au nom de la régionalisation
le principe de la régionalisation de Radio-Québec n'est
pas accepté au Conseil des ministres et que, le jour où cette
politique sera acceptée, les sommes viendront subséquemment.
Donc, les comités provisoires étaient là
provisoirement, précisément, en attendant les décisions
définitives sur la régionalisation elle-même. Comme nous
prévoyions que ces comités allaient disparaître pour
être remplacés par d'autres structures, il nous a paru inutile
et d'ailleurs, il n'y a aucun des comités régionaux qui a
insisté pour qu'on procède autrement de faire des
assemblées publiques pour élire des personnes dont le mandat
pouvait se terminer dans deux ou trois mois.
Je reviens à votre question, il y en a peu actuellement, bien
sûr, à cause de la situation que nous vivons, pour ne pas dire
aucun, qui sont actifs réellement. L'activité des comités
régionaux, d'ailleurs, se réduisant pratiquement, de par les
budgets qui nous étaient octroyés, à la production de
trois demi-heures d'émissions. (11 heures)
M. Le Moignan: Mais, d'après certains mémoires,
certains communiqués de presse, il semble que quelques-uns de ces
comités voulaient jouer un rôle actif, parce que, à un
certain moment, il y a un comité qui dit: Radio-Québec veut
abolir ses comités régionaux, et les comités
régionaux ne voulaient pas se laisser saborder.
Est-ce qu'il y a eu des rencontres fréquentes avec vous? Est-ce
qu'il y en avait une par année ou deux ou bien... Étant
donné que c'était provisoire, est-ce que ça n'a pas
contribué, peut-être, à les éloigner, à les
détacher de ce centre d'intérêt?
M. Labonté: Non. Je peux vous dire que, d'abord, jamais
nous avons voulu saborder les comités régionaux. Je ne sais pas
qui a lancé cette idée. Jamais...
M. Le Moignan: C'est un mot que j'emploie.
M. Labonté: Oui. Nous n'avons jamais pensé de les
abolir. Cela aurait été stupide d'ailleurs, parce que nous avons
besoin d'interlocuteurs dans chacune des régions du Québec. C'est
l'interlocuteur qui est sur place. C'est précisément parce que
nous avions une réponse à leur donner d'ailleurs que nous avons
insisté pour les maintenir en fonction. Qui a lancé ce mythe que
notre intention était de les supprimer? Je ne sais pas, mais ça
n'a jamais été notre intention. Il est vrai que j'avais
l'intention de les remplacer un jour par une structure permanente, mais,
jusqu'à ce que la structure permanente soit décidée, nous
n'avions pas pensé de... Je prends le conseil d'administration de
l'office à caution pour ce que je vous dis.
M. Le Moignan: Mais, tout de même, les comités
régionaux avaient été avertis d'une décision qu'ils
devaient fermer leurs portes le 31 mars. J'ai lu un télégramme
ici, en commission parlementaire, qui vous était adressé il y a
quelques semaines. Si ma mémoire est bonne...
M. Labonté: Un télégramme qui émanait
de la direction?
M. Le Moignan: Des comités régionaux demandant de
rester, de fonctionner...
M. Labonté: Je sais que les comités
régionaux ont dit cela, mais je vous dis que ce n'est jamais venu...
C'est faux.
M. Le Moignan: Ah! Alors, on demandera aux comités
régionaux plus tard.
Maintenant, M. Labonté, vous avez parlé de programmation,
de régionalisation avec trois demi-heures par année de production
locale. Est-ce que, réellement, vous tenez à encourager la
production régionale ou bien si vous aimeriez mieux que tout parte de
Montréal, que tout soit fabriqué, conçu et pensé
chez vous, là-bas, si on veut accorder un rôle véritable
à la régionalisation, telle que définie, je pense, au
départ, dans les structures et ce que devait être
Radio-Québec par rapport à l'immensité du territoire
québécois?
M. Labonté: Je vous répète que, dans le plan
triennal que nous avons déposé, nous avions prévu, pour
chacune des régions, trois demi-heures de production la première
année; donc, c'étaient douze heures la première
année et nous passions, en trois ans, à 64 heures. Le plan
triennal se terminant en 1980, notre intention était de poursuivre, dans
les années suivantes, et, à l'aide de l'expérience que
l'on faisait pendant le plan triennal de 1977 à 1980, voir dans quelle
mesure on pouvait augmenter cette production, sauf que je le
répète jamais nous avons eu un sou pour ce nouveau
programme qui était la régionalisation. Nous avons dû,
à même les sommes prévues pour notre fonctionnement
habituel, soustraire des montants pour permettre les trois demi-heures dont
nous parlons, qui font quand même 24, quand vous réunissez toute
la province.
Nous étions prêts à augmenter l'année
suivante, à condition qu'on nous donne des fonds; nous ne les avons pas
eus, et, la troisième année, la même chose. Ceci explique
d'ailleurs, à mon point de vue, l'insatisfaction, la frustration des
comités régionaux. Nous leur avons dit, quand nous les avons
rencontrés, d'abord, que nous répondons aux mémoires qui
nous ont été proposés, en demandant au gouvernement
l'installation d'un réseau d'antennes sur l'ensemble du territoire et
ce, de façon simultanée et non progressive, de telle sorte que,
en trois ans, l'ensemble du territoire aurait pu être couvert.
Deuxièmement, nous avons dit: Nous allons organiser des
structures régionales, sur place, dans chacune des régions, pour
que vous puissiez administrer ce qui relève de vous.
Troisièmement, nous allons tâcher de mettre en place des
mécanismes pour que vous ayez accès à la fabrication de la
programmation de Radio-Québec, donc un "input" au niveau de la
programmation nationale et, quatrièmement, nous vous obtiendrons, si
possible si nous y réussissons des budgets pour produire
le plus possible d'émissions dans vos régions.
Ce sont les quatre choses que nous avions promises, à condition,
bien sûr, que les budgets nous soient accordés. Or, comme vous le
voyez, le comité Rocher recommande exactement la même chose. Nous
souhaitons développer davantage la production régionale, non pas,
cependant, en promettant que cela sera cinq heures par jour; c'est la
façon, précisément, de faire avorter un projet, mais bien
de façon progressive, en étudiant dans quelle mesure il est
possible dans les régions de faire des émissions qui soient
valables, que l'ensemble de la population, y compris celle de la région
en particulier, veut vraiment. Je pense que c'est à l'expérience
qu'on le saura.
M. Le Moignan: Dans l'implantation d'un nouvel organisme ou d'un
organisme permanent, avez-vous consulté les comités
régionaux? Vous ont-ils fait des suggestions, étant donné
qu'ils sont provisoires? Je pense que ces comités s'attendent à
disparaître un bon jour et le comité permanent n'est pas encore
à point. Vous êtes à l'étudier, je crois.
M. Labonté: Nous avons eu plusieurs sessions avec les
comités régionaux, soit à Montréal, soit à
Québec, soit même par des visites dans les régions. Nous
avons créé une direction de la régionalisation
précisément pour suivre ce dossier. Il y a eu un grand nombre de
rencontres jusqu'au jour où les comités régionaux ne nous
ont plus acceptés à leur table pour former eux-mêmes,
séparément, un groupe, en vue d'obtenir un consensus et, par la
suite, revendiquer auprès de la direction certaines choses.
C'est à partir de ce moment qu'il y a eu rupture, si vous voulez.
Les rencontres ont été moins fréquentes et le climat a
complètement changé à partir de ce moment. Nous ne
travaillons plus ensemble, mais nous recevions des demandes, des
mémoires auxquels nous n'avions pas participé. Il est vrai, pour
rejoindre votre préoccupation, que le travail n'a pas été
fait en collaboration, comme cela aurait été souhaitable.
M. Le Moignan: D'après certaines critiques que vous avez
lues dans le Devoir à deux ou trois reprises dernièrement, avec
600 ou 650 employés Radio-Québec produirait très peu
comparativement à Télémedia ou
Télé-Métropole. Que pensez-vous de cette critique?
M. Labonté: Je pense qu'elle est d'abord erronée.
Elle est fausse parce que nous avons 490 employés et non 650, ce qui
fait que nous sommes en deçà de l'effectif de
Télé-Métropole. D'autre part, nous pouvons produire seize
heures par jour, avec des longs métrages et des "quiz". Cela ne prend
pas beaucoup de personnel pour faire du long métrage et diffuser les
Flintstones, les Pierre-à-feu ou je ne sais trop quoi.
Notre personnel est en place pour faire des émissions qui
supposent des recherches approfondies, qui veulent répondre à des
besoins bien précis, que nous avons identifiés, ce qui suppose
des équipes d'ailleurs qui ne sont pas suffisantes
importantes.
Quant aux allégations de cet article, je veux croire que vous les
avez contrôlées par la réplique qui a été
faite par Radio-Québec le samedi suivant.
M. Le Moignan: De quelle façon réagissez-vous quand
on parle de la cote d'écoute de Radio-Québec plus près de
zéro que du million? Ceci est-il encore erroné ou est-ce
fondé?
M. Labonté: Ceci est erroné et je vois que vous
n'avez pas lu la réplique de Radio-Québec qui a paru dans le
cahier du Devoir, dans le même cahier, le samedi suivant.
M. Le Moignan: On demeure loin, vous savez. Ce n'est pas encore
arrivé.
M. Labonté: Mais vous restez assez près pour avoir
le premier cahier.
M. Le Moignan: Le premier, oui. Le deuxième,
j'étais absent. M. Labonté, en parlant de cote d'écoute,
on dit que la télévision communautaire de
Rivière-du-Loup aurait une cote d'écoute supérieure
à Radio-Québec. Erroné encore? Oui. Vous n'avez pas de
chiffres.
M. Labonté: J'avoue que je n'en sais rien. Je ne peux que
les féliciter, si c'est le cas. Je puis vous dire cependant que,
contrairement à ce qui est affirmé, notre cote d'écoute
est en constante progression depuis que nous avons commencé à
diffuser. Je peux ajouter qu'elle est conforme à toutes les cotes
d'écoute de toutes les télévisions éducatives du
monde. Il faut savoir que la télévision éducative, qui est
une télévision, par la nature même des choses, plus
austère qu'une télévision de divertissement, attire
nécessairement, bien sûr, une clientèle moins
considérable. Deuxièmement, vous savez que nous diffusons sur les
ondes UHF, et non sur les ondes VHF, ce qui est un énorme handicap. Les
habitudes d'écoute font que les gens se maintiennent sur la
première roulette et ne descendent pas sur la deuxième. Nous
sommes les seuls dans la région, ici, à nous retrouver sur cette
seconde roulette. Donc, quand on veut écouter Radio-Québec, il
faut décider d'aller chercher une émission. Ce n'est pas par
hasard, en tournant le bouton, qu'on attrape les émissions de
Radio-Québec.
Et c'est tellement vrai qu'actuellement nous demandons, dans
l'Abitibi-Témiscamingue, des fréquences VHF, cette
fois-là, et l'entreprise privée vient s'y opposer parce que ce
sont les deux seules fréquences qui restent. Elle dit:
Radio-Québec devrait aller sur les UHF parce que, si vous nous
réservez les UHF, nous n'irons pas parce que nous ne pourrons pas faire
nos frais. C'est donc que ces gens eux-mêmes considèrent qu'il y a
un handicap sérieux à diffuser sur les UHF. Je constate la
même chose dans la télévision américaine, le TBS.
TBS a des stations sur le VHF et sur le UHF et, sur les stations VHF, il n'y en
a aucune où la cote d'écoute est moins de 26%, alors qu'il y en a
10 sur les stations UHF.
Finalement, pour expliquer encore une fois, si vous voulez, la relative
faible cote d'écoute que nous avons, les budgets dont nous disposons
pour la publicité sont incomparables avec les budgets dont disposent les
autres organismes et, en particulier, les autres organismes peuvent
bénéficier d'échanges avec les journaux. TV Hebdo va
annoncer à Télé-Métropole et cela vaut à
Télé-Métropole des pages entières dans TV Hebdo.
Nous devons acheter de petits espaces pour notre publicité. Vous mettez
cela ensemble et je dois vous dire que nous sommes au contraire très
fiers de la cote d'écoute à laquelle nous sommes parvenus
après trois ans. Je peux vous affirmer que notre service de recherche me
confirme à son tour que notre auditoire est d'au moins 800 000
téléspectateurs par semaine, c'est-à-dire que, par
semaine, il y a au moins 800 000 téléspectateurs qui
écoutent au moins une émission de Radio-Québec. Nous
croyons que c'est une bonne performance, compte tenu des réserves que je
viens de faire, en y ajoutant le fait que nous ne sommes là que depuis
1975.
M. Le Moignan: Est-ce que vous avez des projets, au cours des
prochaines années, d'étendre votre réseau? Vous êtes
à Montréal, Québec et Hull. Si on pense à l'est, on
sait que c'est loin, mais est-ce qu'un jour, vous avez l'intention, puisqu'on
paie des taxes là-bas aussi et on contribue à
Radio-Québec, est-ce qu'il y a un échéancier?
M. Labonté: Si le Devoir s'y rend, nous nous rendons nous
aussi dans l'est. Comme je vous ai dit tantôt, notre plan triennal
prévoyait une implantation simultanée sur l'ensemble du
territoire. Tout cela, bien sûr, ne peut se faire que selon les
ressources dont dispose la province. Nous avons obtenu de l'argent pour nous
implanter dans l'Abitibi-Témiscamingue. Nous avons obtenu
également de l'argent pour implanter trois autres stations au
Québec. Je ne suis pas autorisé à vous dire où
elles se trouveront, parce que nous attendions précisément ce qui
nous a été dit, le rapport du comité Rocher, avant
d'annoncer une décision qui a été prise par le conseil
d'administration, mais qui veut avant, bien sûr, voir si c'est conforme
à ce qui est recommandé par le comité Rocher. Donc, je
peux vous répondre globalement que notre intention, c'est de couvrir
l'ensemble du territoire et le plus tôt possible, et le plus tôt
possible d'aller dans l'est du Québec.
Le Président (M. Jolivet): Une dernière
question.
M. Le Moignan: Oui, une dernière question. Étant
donné que vous êtes une télévision éducative,
je pense, Radio-Québec, surtout à sa base, est-ce que cela exclut
toute forme de publicité? Je ne parle pas de publicité de
bière ou des choses semblables, mais est-ce que vous faites de la
publicité qui vous aiderait... (11 h 15)
M. Labonté: Nous ne faisons pas de publicité, mais
on a décidé, au conseil d'administration, d'essayer d'obtenir ce
que nous avons appelé des commandites de prestige, c'est-à-dire
des commandites qui se limitent à une mention au générique
où il est dit que telle compagnie présente, en collaboration avec
Radio-Qébec ou Radio-Québec en collaboration avec telle
compagnie, ou, à la fin de l'émission, a présenté
telle émission.
M. Bisaillon: Emission sur l'alcoolisme, gracieuseté de la
brasserie Labatt.
M. Labonté: Par exemple, oui. Donc, nous avons
commencé à faire des démarches dans ce sens et nous
espérons bien pouvoir, avec cette contribution, présenter des
émissions encore d'une plus grande qualité. Nous avons
présenté l'opéra du Metropolitan, grâce à la
collaboration de Texaco. Ce qui a paru à l'écran, c'était:
Grâce à la collaboration de Texaco, on vous présente
l'opéra du Metropolitan. Ce qui est impossible autrement.
M. Le Moignan: Est-ce que vous me permettez une dernière
question?
Le Président (M. Jolivet): M. le député...
Vous aurez la chance de revenir peut-être tout à l'heure, il y a
d'autres personnes de votre groupe qui pourraient aussi poser des
questions.
M. Le Moignan: Oui, je l'ai accordé, oui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, M. Labonté, la
dernière fois qu'on vous a rencontré en commission parlementaire,
vous vous souviendrez que j'avais dénoncé le fait que vous
présentiez un budget de $22 millions, à la commission, sans
aucune ventilation. Il s'est passé maintenant quatre semaines depuis
cette commission, est-ce que vous êtes en mesure aujourd'hui, de
déposer la ventilation du budget de $22 millions que vous demandez
à la commission parlementaire?
Le Président (M. Jolivet): II faut que vous approchiez
votre micro pour qu'on puisse vous entendre.
M. Buzaré (Gilbert): Je peux répondre pour M.
Labonté, nous sommes prêts. D'ailleurs, nous avons des copies ici
même pour les membres de la commission.
M. Bisaillon: Est-ce qu'il est possible, M. le Président,
qu'on distribue ces copies? Pendant la distribution, est-ce que je pourrais
vous demander quel est le pourcentage des sommes qui sont affectées dans
vos prévisions budgétaires, pour l'année qui vient,
à de l'immobilisation ou à de l'équipement, par exemple
par rapport à de la production?
M. Buzaré: Le budget de capital, sur $22 600 000,
représente $1 700 000, mais il faut retenir là-dessus que vous
avez $750 000 qui sont uniquement pour l'extension du réseau de
l'antenne de Radio-Québec auquel M. Labonté faisait
référence tout à l'heure. Ces sommes sont affectées
spécifiquement à cette fin.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on pourrait savoir, étant
donné qu'on est ici aussi pour examiner la gestion et l'administration
de Radio-Québec, depuis les cinq dernières années, quelles
ont été les sommes dépensées en achat
d'équipement à Radio-Québec, quel est le type
d'équipement qui a pu être acheté par Radio-Québec
et quelle est l'utilisation qui est faite de cet équipement,
actuellement?
En me parlant du H-S-200, des cars de reportage, de la production sur
ruban deux pouces, par rapport à trois quarts de pouce, c'est le
portrait que je voudrais avoir.
M. Labonté: Je voudrais faire, si vous me le permettez, M.
le Président, une première réflexion là-dessus. Il
ne faudrait pas oublier que l'administration de Radio-Québec fait
l'objet, chaque année, d'une vérification poussée du
Vérificateur général de la province qui passe au moins
trois mois, si ce n'est quatre mois, à vérifier tous les livres,
à vérifier l'utilisation de l'équipement, à
vérifier le contrôle interne de l'office. Je peux vous renvoyer au
rapport du Vérificateur des trois dernières années,
puisque c'est là surtout que nous avons eu une plus grande
activité; nous n'avons pas à rougir de notre administration.
M. Bisaillon: Je ne veux faire rougir personne, je pose une
question directe...
M. Labonté: Cela dit, je vais demander à...
M. Bisaillon: ... j'aimerais avoir une réponse
directe...
M. Labonté: Vous allez l'obtenir, j'ai demandé de
faire une observation d'abord.
M. Bisaillon: Qu'est-ce que le H-S-200? À quoi sert-il?
Combien coûte-t-il?
M. Labonté: C'est une monteuse électronique.
M. Bisaillon: Et cette monteuse électronique a
coûté combien à l'achat?
M. Labonté: Je n'ai pas cela devant moi, je ne peux pas
vous le dire.
M. Buzaré: J'ai l'information sur...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, un instant... Pour
les besoins du journal des Débats, voulez-vous vous nommer chaque fois
que vous intervenez?
M. Buzaré: Gilbert Buzaré. J'ai ici, aux
états financiers de Radio-Québec vérifiés par le
Vérificateur général au 31 mars 1977, le grand total de
l'équipement acheté par Radio-Québec depuis sa
création, et il monte à $7 800 000. Je n'ai malheureusement pas
ici, M. Bisaillon, de mémoire, le prix d'une H-S, qui peut
représenter $150 000 sur ce tout et je ne me souviens plus exactement en
quelle année elle a été achetée.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on pourrait me dire quelle est
l'utilisation actuelle de cet appareil de montage électronique? Est-ce
un appareil utilisé fréquemment? Est-ce un appareil qui sert
régulièrement à la production de Radio-Québec?
M. Labonté: Je ne suis pas en mesure de vous
répondre, parce que je ne suis pas dans la salle de montage tous les
jours. Je peux vous dire cependant que c'est un équipement, comme celui
d'un dactylo, qui ne sert pas nécessairement 24 heures par jour, mais
qui doit être là quand on en a besoin, en principe. En pratique,
je sais que des
émissions ont été exclusivement bâties sur
cette H-S-200.
M. Bisaillon: Est-ce qu'il y a quelqu'un qui pourrait
répondre à cette question, à Radio-Québec, quelle
est l'utilisation de la H-S-200?
M. Labonté: Je n'ai pas d'objection. On peut noter la
chose et vous faire parvenir la réponse.
M. Bisaillon: II y a un appareil qui a été
acheté, qu'on appelle l'appareil de régie centrale. Cet appareil
a été acheté en 1975. Est-ce que vous avez un
aperçu du coût de cet appareil de régie centrale? Et est-ce
qu'il est utilisé actuellement?
M. Labonté: M. le Président, nous sommes ici, je
pense, pour discuter des crédits qui viennent ou des crédits de
l'année précédente. Qu'on ne me demande pas les
dépenses de l'année 1975.
M. Bisaillon: M. le Présidet, j'en fais un point de
règlement. J'ai demandé moi-même la convocation de cette
commission pour étudier l'orientation, la gestion, la programmation de
Radio-Québec. Je suis au stade la gestion, je pose des questions. Il y a
de l'équipement à Radio-Québec. Je veux connaître
ici et c'est mon droit, je pense, comme membre de la commission
parlementaire l'utilisation qui est faite des appareils qui sont
achetés par Radio-Québec. C'est simple comme question, cela ne
remet pas en cause dix ans d'administration, cela ne fait que dire:
Aujourd'hui, l'appareil de régie centrale, est-ce qu'il est
utilisé? C'est ma question.
M. Labonté: C'est que vous avez demandé d'abord le
prix.
M. Bisaillon: Alors, parlons de l'utilisation.
M. Labonté: Le prix est de 1975. Je ne peux pas vous le
dire.
M. Bisaillon: L'utilisation?
M. Labonté: Je ne peux pas vous répondre non
plus.
Je peux prendre en note cette question, si vous voulez bien.
M. Bisaillon: Les cars de reportage. Il y a tout un historique
sur les cars de reportage. Votre premier car de reportage a été
acquis, je pense, en 1973, à Radio-Québec, a été
utilisé jusqu'en 1976 si je ne me trompe, ce doit être à
peu près ces chiffres.
M. Labonté: C'est cela, oui.
M. Bisaillon: Et, en 1976, vous avez mis de côté le
premier car de reportage pour vous doter du gros car de reportage au coût
de près de $1 million, selon les chiffres que vous nous avez
déjà donnés.
Quelle est l'utilisation du car de reportage actuellement? Est-ce qu'il
y a des possibilités de location de ce car de reportage? Et, lorsque
vous l'utilisez, est-ce que l'ensemble du matériel inclus dans le car de
reportage est effectivement utilisé par les techniciens de
Radio-Québec? J'aurais une autre question à vous formuler
tantôt.
M. Labonté: Je note vos questions. Je n'ai pas le
détail de ces questions. Je vous fournirai la réponse, si vous
voulez bien.
M. Bisaillon: II y a aussi deux petits cars de reportage. Vous
pourrez peut-être le noter aussi, est-ce que ces deux petits cars de
reportage sont utilisés à 100%?
M. Labonté: Je peux vous dire qu'ils ne sont certainement
pas utilisés à 100%. Je peux répondre comme cela. Quant au
pourcentage d'utilisation, je ne serais pas en mesure de vous le fournir. Je
peux vous dire cependant, puisque cela semble être le sens de vos
questions, que, contrairement à ce que vous pouvez penser, nous sommes
équipés de façon...
M. Bisaillon: Attention, je n'ai encore rien dit. J'attendais des
réponses pour pouvoir dire quelque chose et je n'ai pas eu de
réponse.
M. Labonté: Je m'excuse. Je ne voudrais pas que vous
pensiez que nous sommes suréquipés. Nous avons le minimum;
comparez avec les autres chaînes de télévision et vous le
verrez.
M. Bisaillon: Selon votre expérience, M. Labonté,
serait-il exact de dire que l'ensemble des institutions de même type
peuvent être équipées, en termes de rubans
magnétoscopiques, d'appareils de trois quarts de pouce?
M. Labonté: Non. Toutes les télévisions
professionnelles sont équipées de rubans en deux pouces. Le ruban
de trois quarts de pouce n'est pas encore professionnel. Dans certains postes,
on a fait des émissions avec du ruban de trois quarts de pouce, mais il
s'agit toujours d'émissions de nouvelles, d'émissions qui
pourraient être faites autrement sur film, mais jamais pour faire des
productions importantes.
M. Bisaillon: Est-ce que la production que vous pouvez faire sur
du ruban de deux pouces à Radio-Québec est utilisable à
peu près partout dans les régions?
M. Labonté: Bien sûr, partout où il y a des
postes de télévision, on peut utiliser le ruban de deux
pouces.
M. Bisaillon: Comme une des missions de Radio-Québec doit
être, jusqu'à un certain point, la diffusion, est-ce que les
bandes produites à Radio-Québec pourraient être
utilisées dans les cégeps, par exemple?
M. Labonté: Les bandes produites à
Radio-Québec sur deux pouces sont repiquées sur cassettes de
trois quarts de pouce et sont mises à la disposition des cégeps
et des institutions dans la mesure où les droits sont
libérés.
M. Bisaillon: Elles sont repiquées sur cassettes de trois
quarts de pouce par Radio-Québec directement?
M. Labonté: Oui.
Une voix: Dans la mesure ou les droits sont...
M. Labonté: Libérés.
M. Bisaillon: Je vous ai aussi posé la dernière
fois, M. Labonté, une question sur la sous-traitance. Ma question
était la suivante: Quels sont les types de sous-traitance à
Radio-Québec? Quelles sont les modalités pour déterminer
le choix de la sous-traitance? En particulier, au niveau de la production,
est-ce que vous procédez par appels d'offres? Vous ne pouviez pas la
dernière fois répondre totalement à cette question. Est-ce
qu'aujourd'hui, après trois ou quatre semaines, vous êtes en
mesure de me fournir les réponses? Je vais vous poser, avant cela, une
question préalable. Est-ce qu'actuellement, au moment où on se
parle, il y aurait des contrats de sous-traitance de production qui seraient
donnés à l'extérieur?
M. Labonté: Quant à votre dernière question,
je puis tout de suite vous répondre qu'il n'y en a pas. Il n'y en a pas
à ma connaissance et cela m'étonnerait beaucoup qu'il y en ait
hors de ma connaissance.
Quant aux formes de sous-traitance, il y en a pour la
sécurité, l'entretien, la publicité, et diverses
études et recherches qui peuvent être faites. Il y a, à
côté de cette forme de sous-traitance générale, une
sous-traitance concernant, comme vous l'avez signalé, la production
exclusivement.
Comment procédons-nous? Nous procédons dans le cas de
sous-traitances concernant le gardiennage, la sécurité,
l'entretien, etc., conformément aux règlements qui sont les
nôtres et qui ont été approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, par des appels d'offres qui se font selon le
montant en cause, soit sur invitation, soit par appels d'offres publiques.
Quant à la sous-traitance concernant la production, il n'y a
là aucune espèce d'appels d'offres. La façon de
procéder, c'est qu'habituellement des compagnies nous offrent des
projets de production ou de coproduction et, suivant que ces produits
paraissent conformes à nos objectifs et valables, répondant aux
besoins que nous nous sommes assignés, ces productions sont
acceptées ou refusées.
M. Bisaillon: Vous avez mentionné la dernière fois
que la production extérieure, c'est-à-dire la sous-traitance en
production, était incluse dans le pourcentage de la production de
Radio-Québec.
Dans le rapport que vous avez présenté à la
commission parlementaire, la production extérieure était comprise
dans la production de Radio-Québec. Pouvez-vous nous faire la
différence entre la production vraiment originale, c'est-à-dire
produite par des employés de Radio-Québec, et la production
extérieure?
M. Labonté: Oui, je pense qu'on peut vous donner ce
chiffre, on a cela.
M. Bisaillon: Si vous ne le pouvez pas, prenez-le en note.
M. Labonté: Nous avons dépensé $475 000 pour
les productions extérieures et les coproductions, l'année
dernière. L'ensemble de la production de Radio-Québec est de $14
millions.
M. Bisaillon: Qu'est-ce que vous entrez dans les $14
millions?
M. Buzaré: Tous les coûts de production.
M. Bisaillon: Cela ne me donne pas un pourcentage d'heures de
production.
M. Labonté: Je peux vous donner les heures. Je pense que
nous les avons.
M. Bisaillon: Pendant que quelqu'un cherche cette réponse,
est-ce que, pour ce qui est de la publicité, les employés de
Radio-Québec, actuellement à l'emploi de Radio-Québec,
pourraient faire cette préparation, cette programmation de la
publicité extérieure, au lieu de la faire faire par des
compagnies extérieures? (11 h 30)
M. Labonté: Possiblement, sauf...
M. Bisaillon: Comment cela se fait-il que cela ne s'est jamais
fait?
M. Labonté: Cela s'est fait déjà.
M. Bisaillon: Comment se fait-il que cela ne se fasse pas
régulièrement?
M. Labonté: Parce que la publicité est une
discipline particulière, comme n'importe quelle autre. Il ne suffit pas
de savoir dessiner pour pouvoir être un bon publiciste et pouvoir
imaginer les images qui vont avoir un impact sur la clientèle.
M. Bisaillon: Ce ne sera pas le même argument pour
l'entretien, j'espère.
M. Labonté: Pardon?
M. Bisaillon: Vous ne ferez pas le même genre d'argument
pour l'entretien, j'espère!
M. Labonté: Non, je ne ferai pas le même genre
d'argument pour l'entretien.
M. Bisaillon: Pourtant, vous allez aussi à
l'extérieur pour l'entretien.
M. Labonté: Écoutez, cela nous paraît
beaucoup plus simple d'aller à l'extérieur pour l'entretien que
d'avoir notre propre...
M. Bisaillon: Est-ce que je pourrais savoir, M. Labonté,
en quoi c'est plus simple? Est-ce que, par exemple, il serait possible que ce
soit parce qu'une entreprise de sous-traitance n'a pas de syndicat?
M. Labonté: Non, ce n'est absolument pas possible.
M. Bisaillon: Quelle serait la raison, la vraie motivation?
M. Labonté: C'est parce que nous estimons qu'il est
préférable de procéder de cette façon.
M. Bisaillon: Les vraies raisons, vous trouvez que c'est
préférable, mais pourquoi? C'est cela ma question.
M. Labonté: D'abord, si vous engagez des gens pour faire
l'entretien, ce sont des gens qui sont à temps plein chez vous. Donc,
qu'il y ait de l'entretien à faire ou qu'il n'y en ait pas, vous les
payez quand même. Vous payez ensuite des avantages sociaux à ces
gens. Il nous apparaît plus économique d'avoir recours à
des firmes spécialisées qui ne font que cela...
M. Bisaillon: Je n'avais pas tout à fait tort en vous
disant que c'est parce qu'il n'y a pas de convention collective.
M. Labonté: Non, je ne vous comprends pas du tout.
M. Bisaillon: Vous me donnez des exemples en disant que c'est
parce que quand on a quelqu'un à son emploi, on doit payer des avantages
sociaux, on doit ci et on doit cela... Il y a une sécurité.
M. Labonté: On paie cela pour les cadres aussi, sans
convention collective. Cela n'a rien à voir.
M. Bisaillon: Oui, mais ce sont des cadres, c'est
différent. C'est du monde différent, les cadres.
M. Labonté: Donc, ce n'est pas la raison! Cela
paraît plus économique de procéder de cette façon.
C'est aussi simple que cela.
M. Bisaillon: Est-ce que vous avez trouvé la
réponse qui...
M. Labonté: Oui. En termes d'heures, la production de
Radio-Québec est de 393 heures-maison, 36 heures faites à
l'extérieur et 12 heures de production régionale.
M. Bisaillon: Je ne me souviens plus du total d'heures de
diffusion?
M. Labonté: De diffusion? Y compris les émissions
du ministère de l'Éducation et les reprises, cela ferait 2289
heures. Si on exclut le ministère de l'Éducation et les reprises
des émissions la veille, qui montent à 924 heures, c'est 1365
heures de diffusion.
M. Bisaillon: Est-ce que vous pouvez me dire combien vous avez de
pigistes actuellement à Radio-Québec?
M. Labonté: Actuellement, il n'y en a aucun.
M. Bisaillon: Combien en aviez-vous au mois de janvier?
M. Labonté: Si vous avez une autre question, on va
chercher la réponse à celle-là.
M. Bellemare: II ne doit pas y en avoir.
M. Bisaillon: M. Labonté, pendant qu'on cherche le nombre,
le fait d'engager pour Radio-Québec des pigistes, cela répond
à quelle motivation?
M. Labonté: Cela répond d'abord à une
première motivation de pouvoir utiliser l'ensemble des talents qui
peuvent exister dans la communauté québécoise, et non pas
simplement ceux qui se trouvent à l'emploi de Radio-Québec. Il
nous semble que, dans le domaine de la création, il est
nécessaire et même essentiel, et ceci est confirmé par
toutes les télévisions qui existent, de recourir à du
pigisme. Deuxièmement, il existe également une industrie au
Québec, qui se développe et que l'on doit encourager.
Troisièmement, il y a des pigistes qui se refusent à devenir
permanents. Il y a des pigistes que nous avons embauchés chez nous
d'année en année et qui refusaient de poser leur candidature
quand un poste permanent était ouvert. Vous verrez, par exemple,
à Radio-Canada, des gens qui sont pigistes depuis 18 ans ou 20 ans et
qui refusent de devenir permanents, parce qu'il y a des gens qui sont comme
cela.
M. Bisaillon: Ce serait ma dernière question, M. le
Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, d'accord.
M. Bisaillon: ... en ce qui concerne les pigistes. Après
ça, je termine. Je n'ai plus d'autres questions.
Vous justifiez l'engagement de pigistes par la recherche de
l'excellence, aussi par une pratique du milieu, c'est-à-dire qu'il y a
des gens qui ne désirent pas être permanents. On doit supposer
qu'entre l'excellence et ceux qui ne désirent pas être permanents,
il y a tout un bassin de personnes qui n'ont pas accès à une
permanence. Je voudrais regarder ça... Moi, ce qui m'intéresse,
ayant en tête, quand je vous pose des questions, uniquement les personnes
qui se retrouvent entre
l'excellence et la non-permanence, ce sont tous ceux qui
désireraient peut-être obtenir une permanence à
Radio-Québec et pour lesquels on ne peut pas utiliser l'argument de
l'excellence. Par exemple, une secrétaire-dactylo. Il me semble que vous
en avez un certain nombre qui sont pigistes à Radio-Québec. Il y
en a même, si je me réfère à un document, qui sont
engagées depuis quatre ans comme pigistes à Radio-Québec.
Mais je suppose qu'à tous les mois de juin ou de juillet, elles sont
mises à pied pour être reprises au moment de l'ouverture, je ne
sais pas, en septembre, octobre; est-ce que c'est ça?
M. Labonté: Non, pas nécessairement.
M. Bisaillon: Alors, comment cela se passe-t-il?
M. Labonté: II y a des secrétaires qui sont
engagées pour six mois, on n'en a pas besoin pour plus longtemps que six
mois et donc, c'est précisément une façon d'éviter
des frais inutiles que de recourir au pigisme dans ce genre de situation. Rares
sont les pigistes que nous embaucherons chez nous qui, en fait, dans une
même année, travaillent plus que sept ou dix mois.
M. Bisaillon: Est-ce qu'un poste d'assistant-réalisateur
serait, selon vous, un poste où vous pourriez justifier la recherche de
l'excellence et donc, vous diriger davantage vers des pigistes que vers du
temps plein?
M. Labonté: Non, je dirais qu'à ce niveau il s'agit
surtout des besoins de la production.
M. Bisaillon: J'ai ici un document qui...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
m'excuse. Je pensais que votre question était brève. Vous aurez
la chance...
M. Bisaillon: Ma question était brève, ce sont les
réponses qui sont longues.
Le Président (M. Jolivet): ... de revenir à la
suite des autres.
M. Bisaillon: Je pourrai revenir, M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): Oui, monsieur. M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: M. le Président, M. le directeur
général, avez-vous participé à la fabrication du
rapport Rocher?
M. Labonté: Oui.
M. Bellemare: Vous avez été consulté?
M. Labonté: C'est-à-dire que le comité
Rocher a été formé par le CMPDC et devait étudier
quatre aspects de Radio-Québec, et le président du comité,
qui est M. Rocher, a décidé de former quatre sous-comités
où siégeait un représentant de Radio-Québec,
à chacun de ces comités.
M. Bellemare: Vous avez dit, dans votre introduction tout
à l'heure, que le rapport Rocher dépassait même de beaucoup
vos recommandations. Exemple!
M. Labonté: Exemple: II prévoit...
M. Bellemare: Est-ce que ce serait, par exemple, "vous engager
résolument sur un processus de démocratisation en permettant une
participation élargie des employés et des
téléspectateurs"...
M. Labonté: Non, ça, nous l'avons...
M. Bellemare: C'est dans le rapport. Est-ce que ce serait
ça?
M. Labonté: Nous l'avons déjà dit et mis en
pratique.
M. Bellemare: Vous n'avez rien dit? M. Labonté:
Nous l'avons déjà dit... M. Bellemare: Oui. M.
Labonté: ... et mis en pratique. M. Bellemare: Ah! Mais,
monsieur... M. Labonté: C'est plutôt...
M. Bellemare:... vous avez tout à l'heure affirmé,
devant cette commission, que vous dépendiez du Conseil du trésor,
vous étiez limités dans votre action. Vous persistez à
dire ça encore...
M. Labonté: Ah, sûrement!
M. Bellemare: ... que votre expansion, votre développement
sont subjugués par l'incompréhension qui existe entre le Conseil
du trésor et vous, votre organisme.
M. Labonté: II ne m'appartient pas de juger des
priorités que le gouvernement doit se donner.
M. Bellemare: Non, mais jugez, vous, de votre situation à
vous; c'est ce qu'on vous demande.
M. Labonté: Moi, je vous dis, je réponds à
votre question que nous demandons des sommes au Conseil du trésor pour
nous développer et, dans la mesure où le Conseil des ministres
approuve les projets de développement que nous avons, les sommes
suivent, comme dans toute société d'État.
M. Bellemare: Mais, actuellement, vous êtes limités
dans les demandes que vous faites. Le Conseil du trésor ne répond
pas à 100% à vos prévisions.
M. Labonté: Le Conseil du trésor nous dit: Sur la
régionalisation, ce projet n'est pas approuvé par le Conseil des
ministres; donc, il n'y a pas d'argent qui suit. Seulement, si vous voulez
prendre à même vos propres fonds l'argent pour permettre la
régionalisation, puisque vous voulez en faire, faites-le. Je dois
dire, cependant, que c'est ce que nous avons fait et que, l'année
suivante, il y a quand même eu une compensation qui nous a
été donnée comme si le programme avait été
accepté. Mais c'est fort minime. Ce qu'on attend là, c'est une
décision politique, c'est ce qu'on nous a toujours dit: Obtenez une
décision politique quant au développement de Radio-Québec
et les sommes suivront.
M. Bellemare: Si je regarde le budget, vous en êtes, je
pense, à $22 millions. Votre prévision pour 1978
était-elle en deçà de $22 millions? Aviez-vous
prévu le "lock-out" qui a cours présentement? Votre grève
était-elle prévisible? S'il y avait un règlement, cela
dépasserait-il les prévisions budgétaires que vous
avez?
M. Labonté: Le budget qui a été
présenté était au-delà des $22 millions. Je crois
que c'était un montant de $26 millions que nous avions demandé.
Un certain nombre de programmes n'ont pas été acceptés, ce
qui nous a amenés à $22 millions.
Il est sûr que nous ne prévoyions pas que les
négociations aboutissent à un cul-de-sac et nous amènent
dans une situation de grève. Quand nous préparons notre budget,
nous supposons que tout va bien aller et que nous allons pouvoir produire, tel
que nous l'envisageons.
M. Bellemare: C'est ma dernière question, M. le
Président. Au début, je vous ai posé une question qui est
peut-être d'actualité. On m'a dit que ce n'était pas mon
tour. Alors, je la pose à nouveau. Vos relations avec le ministre
sont-elles bonnes?
M. Labonté: Mes relations avec le ministre sont
excellentes.
M. Bellemare: Ah bon! Le ministre peut ne pas dire la même
chose. Je le laisse décider. C'est une bonne nomination qu'a faite
l'Union Nationale...
M. O'Neill: Elle est très bonne...
M. Bellemare: Si je me souviens bien des faits...
M. O'Neill: La question du député de Johnson est
intéressante. Elle a même un petit caractère pittoresque,
comme beaucoup de ses questions.
M. Bellemare: Je ne veux pas mettre le ministre en mauvaise
posture...
M. O'Neill: Non, regardez, dans la réponse...
M. Bellemare: ... parce qu'en vertu de nos règlements il
peut refuser de répondre. Il peut dire: Je ne réponds pas
à votre question, parce qu'elle n'est pas d'intérêt
public.
M. O'Neill: Je vais quand même tenter de vous donner une
réponse satisfaisante, M. le député de Johnson. Vous savez
le plaisir que j'ai à travailler avec vous et parfois d'essayer de vous
éclairer et tout.
M. Bellemare: M'éclairer peut-être, mais votre
lanterne n'est pas forte!
M. O'Neill: Je pense qu'il faudrait distinguer deux choses. Dans
le cas de ce qu'on appelle une société dépendant d'une
mise en tutelle, il y a des journées où les gens sont d'accord et
des journées où ils le sont moins. Ce ne sont pas de mauvaises
relations. De bonnes relations, cela ne veut pas dire qu'on ne discute
jamais.
Il y a cependant une deuxième chose qui pose des problèmes
et cela ne dépend ni du président de Radio-Québec ni de
moi. Cela a été soulevé dans le rapport,
c'est-à-dire qu'il faudra mieux définir, sur le plan
gouvernemental, le type de rapport qu'il doit y avoir entre cette
société d'État et le gouvernement dans son ensemble.
M. Bellemare: J'ai lu cela hier soir. M. O'Neill: Et cela
pose des problèmes.
M. Bellemare: C'est là que j'ai lu, à la page 53,
que le ministre aurait dit, lors d'une séance de la commission
parlementaire des communications, que le président ne parlerait pas au
nom du ministre. Le rapport dit: "... en ce moment, c'est par le ministre des
Communications que Radio-Québec répond de ses actions devant
l'Assemblée nationale. Il serait souhaitable d'élargir les
relations de Radio-Canada avec l'Assemblée nationale..."
M. O'Neill: Radio-Québec!
M. Guay: Cela viendra pour ce qui est de Radio-Canada!
M. Bellemare: Quel lapsus! "... avec l'Assemblée nationale
en instituant au moins, annuellement, une audience de Radio-Québec
devant la commission parlementaire des communications..." comme cela se fait,
d'ailleurs... Ce serait devant cette commission que l'Office de
radio-télédiffusion du Québec défendrait ses
politiques et répondrait aux questions que les membres de
l'Assemblée nationale pourraient lui poser, comme cela se fait pour
l'Hydro-Québec, SIDBEC et d'autres...
M. O'Neill: Je veux souligner un point. Ce qui rend un peu
difficile actuellement la situation de Radio-Québec, c'est qu'il a
affaire tantôt au Conseil du trésor, tantôt au ministre de
la Fonction publique qui, théoriquement, est le responsable des
négociations, tantôt au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
et tantôt au ministre des Communications.
M. Bellemare: ... Affaires culturelles.
M. O'Neill: Non, des Communications. Il y a un rapport dans le
passage où ceci est très bien décrit. Il parle d'une
situation un peu complexe et délicate. Le rapport essayait de voir
comment on pourrait à la fois respecter l'autonomie de
Radio-Québec et clarifier le type de relations qu'il doit avoir avec le
gouvernement, et ceci n'est pas à point. Il faudra travailler sur
cela.
Dans un cas, par exemple, on dit: Théoriquement, le ministre des
Communications doit surveiller l'application de la loi. On parle même
aussi dans le rapport de la Régie des services publics pour ce qui est
de fournir une occasion à des gens qui voudraient faire des remarques
sur la programmation ou sur telle autre chose. Ils ne doivent pas faire ces
remarques au ministre des Communications, ils doivent le faire à la
Régie des services publics. Dans la pratique, en fait c'est le Conseil
du trésor qui fait l'analyse détaillée des propositions
budgétaires, mais dans une proposition budgétaire, il peut y
avoir une politique, qui est de savoir comment on peut déterminer que,
d'une part, il y a une politique d'établie en concertation avec le
ministre des Communications et que, d'autre part, ce fonctionnement autonome
qui fait que Radio-Québec se relie directement au Conseil du
trésor. Je pense que ce n'est pas rodé. J'ai remarqué
là-dessus ce que propose le comité, mais c'est le genre de point
qu'il va falloir fignoler de plus près avant d'accepter la
recommandation du comité. Remarquez que je suis d'accord sur la
recommandation. À mon avis c'est vraiment le ministre des Communications
qui doit avoir la responsabilité... (11 h 45)
M. Bellemare: Je pense que le ministre a parfaitement raison.
M. O'Neill:... mais dans la pratique, il va falloir aller voir de
près pour savoir comment cela peut fonctionner?
M. Bellemare: Voici pourquoi, ce matin aussi, après avoir
entendu le président, il va falloir avoir la version d'une partie
syndicale et des comités régionaux, parce que dans le rapport qui
a été déposé hier, il est bien entendu qu'on doit
s'engager résolument vers un processus de démocratisation. Alors,
est-ce que ce n'est pas là le point crucial des négociations qui
sont en cours avec le syndicat, qui veut prendre part aux
délibérations et prendre une part active aux décisions qui
sont prises par Radio-Québec? On entendra peut-être tout à
l'heure une autre version qui sera peut-être bien à point aussi
pour éclairer la situation qui existe présentement à
Radio-Québec.
Une autre question et peut-être ma dernière, M. le
Président. Est-ce que vous avez trouvé, dans l'accomplissement de
votre tâche, de votre responsabilité, des appuis
nécessaires de la part du gouvernement présent? Est-ce qu'on ne
vous a pas refusé, en certaines circonstances, de vous conseiller, de
vous aider pour parfaire certaines actions que vous étiez censé
accomplir? Un exemple, pour vous aider, est-ce que le ministère du
Travail n'a pas fait ce qu'il devait faire pour faciliter la négociation
avec vos employés? Vrai ou faux.
M. Labonté: Le ministère du Travail n'est pas
intervenu dans notre négociation, que je sache.
M. Bellemare: Dans le conflit du lock-out, il ne vous a pas
aidé non plus à le régler.
M. Labonté: II ne nous a pas aidé et nous n'avons
pas encore demandé son aide non plus.
M. Bellemare: Pourquoi?
M. Labonté: Parce que nous croyons que nous pouvons
régler à la table de négociations.
M. Bellemare: C'est pourquoi cela traîne? M.
Labonté: Probablement.
M. Bellemare: Quel intérêt auriez-vous à
prolonger si le ministère...
M. Labonté: Nous voulons régler. M.
Bellemare:... pouvait vous aider.
M. Labonté: Je ne suis pas certain qu'il pourrait nous
aider.
M. Bellemare: J'ai été ministre du Travail et je
sais que j'ai réglé bien des conflits, même quand les gens
disaient: Nous n'avons pas besoin de vous. Je suis allé et j'ai
réglé bien des conflits. Je n'ai pas fait le pompier, mais j'ai
aidé, selon le Code du travail, à régler bien des
conflits. C'est là qu'est ma question sur vos relations, sur l'apport
généreux que devrait apporter le gouvernement dans tous les
ministères pour vous faciliter la tâche.
M. Labonté: Je ne suis peut-être pas bon juge dans
cette cause, mais je peux vous dire en tout cas qu'à mon point de vue,
nous n'en sommes pas encore au point où il faille recourir au
ministère du Travail pour régler le conflit qui est actuellement
en cours. Je crois qu'il y a des mécanismes prévus dans le Code
du travail... Pardon?
M. Bellemare: C'est depuis le 1er mars. M. Labonté:
Je sais.
M. Bellemare: Cela fait combien... Cela fait déjà
un mois, 30 jours, le mois de mars, cela fait 60 jours. Cela fait deux gros
mois.
M. Labonté: Je comprends, mais pour régler un
conflit, il faut qu'il y ait des négociations, il faut qu'on puisse
s'asseoir à la table et négocier de bonne foi, de part et
d'autre.
M. Bellemare: Qui refuse de s'asseoir?
M. Labonté: Nous sommes disposés à aller
à la table de négociations à n'importe quel moment.
M. Bellemare: Oui, mais quel est le ministère qui pourrait
faciliter votre coopération de bonne foi à la table, est-ce que
ce n'est pas le ministère du Travail?
M. Labonté: Le ministère du Travail a nommé
un conciliateur.
M. Bellemare: Oui et alors? M. Labonté: II fait son
travail.
M. Bellemare: Bon, et qu'est-ce qui arrive? Les gens qui sont
dans la rue et qui attendent le pain et le beurre à la fin de la semaine
et qui ne l'ont pas, vous autres cela ne vous dérange pas, c'est
certain, absolument pas.
M. Labonté: Je vous demande pardon.
M. Bellemare: Pas de manifestation. M. le Président,
aucune manifestation, parce qu'ils vont dire que je me suis attiré, par
démagogie, les applaudissements. Pas de démagogie. Mais par
exemple, parce que j'ai été moi-même ministre du Travail,
que j'ai cumulé ces fonctions, je sais que dans bien des circonstances,
quand le ministère du Travail veut régler un problème, il
est capable de le régler. J'en ai réglé et encore
aujourd'hui des fois je me sers de mon expérience pour conseiller des
gens. Je ne veux pas que vous preniez seulement mes conseils, vous avez
peut-être le conseil d'administration d'autres, mais le conflit
actuellement dure depuis deux mois, 60 jours. Ce ne sont pas ceux qui sont dans
la rue qui vont vous empêcher de le régler. Non, si d'après
le rapport Rocher le syndicat promettait pour aujourd'hui la divulgation d'une
étude approfondie sur l'ensemble de la gestion à
Radio-Québec dans l'hypothèse où la commission
parlementaire refuserait de l'entendre... C'est dans le rapport Rocher...
M. Labonté: Pardon?
M. Bellemare: C'est reproduit dans le journal Le Devoir.
M. Labonté: Je n'ai pas lu ça dans le rapport
Rocher.
M. Bellemare: Non, c'est le 3 mai. Écoutez, je ne peux pas
y aller à tâtons.
M. Labonté: Je ne sais pas de quoi vous parlez, mais, dans
le rapport Rocher, je n'ai pas lu ce paragraphe.
M. Bellemare: "De s'engager résolument vers un processus
de démocratisation, en permettant une participation élargie des
téléspectateurs, de favoriser la régionalisation de la
production et de la programmation des émissions, d'améliorer la
qualité de la programmation en ayant recours à un plus vaste
réservoir de ressources". Je pense que là, on s'engage dans une
discussion à fond. On n'est pas ici en commission parlementaire pour
régler le conflit, mais on voudrait savoir si on vous a refusé,
en quelque endroit possible de n'importe quel ministère, un appui
solidaire.
M. Labonté: Avant de vous répondre, je vais d'abord
vous dire que ça me peine autant que ça peut vous peiner, M.
Bellemare, de voir des gens dans la rue et que vous nous disiez qu'on s'en
fout. Je regrette, mais je ne l'accepte pas, même si je ne suis pas
parlementaire.
M. Bellemare: Je n'ai pas dit que vous vous en foutiez...
M. Labonté: Vous avez dit que ça nous était
égal...
M. Bellemare: ... je prends la situation telle qu'elle est et je
lis: "Au surplus, le syndicat promettait pour aujourd'hui c'est dans le
rapport d'aujourd'hui, c'est écrit par Jean-Claude Picard la
divulgation d'une étude approfondie sur l'ensemble de la gestion de
Radio-Québec, dans l'hypothèse où la commission
parlementaire refuserait de l'entendre ". On ne refuse pas de l'entendre, on va
l'entendre peut-être dans quelques minutes et on va lui poser la
question.
Mais à vous qui êtes notre invité distingué,
on vous pose la question, est-ce qu'il y a véritablement un fondement
à tout cela, cette participation, ce refus de vous asseoir à la
table pour négocier?
M. Labonté: Ah non! Il n'y a eu absolument aucun refus,
jamais, de notre part. Nous avons toujours été disposés
à négocier et à nous asseoir à la table de
négociation. Je vous répète ce que j'ai dit plus
tôt, que si actuellement, depuis le 19 avril, nous ne négocions
pas, c'est que le syndicat a dit au conciliateur, devant nous: "Nous ne sommes
plus intéressés à les rencontrer, nous allons maintenant
négocier par l'intermédiaire du négociateur". Quand on
nous dit qu'on nous enjoint de nous présenter à la table, on n'a
pas besoin de nous enjoindre, nous sommes tout à fait disposés
à y aller, et depuis longtemps.
M. Bellemare: M. le Président, M. le directeur, nous
n'avons aucun soupçon quant à votre présence à la
table. Mais si nous, la commission, les parlementaires, ce matin, on pouvait
faire avancer d'une journée le règlement de ce conflit, on aurait
servi l'intérêt public et c'est ça, parce qu'il y a
l'État-patron qui est le gouvernement, que vous représentez
présentement encore. Alors, je me dis, si on pouvait...
Écoutez, je dis encore, parce que je ne sais pas, il peut
m'arriver n'importe quoi. Quand on est des fonctionnaires... Quand on est des
députés, on se fait élire tous les quatre ans, on va
chercher un mandat bien clair. Alors, c'est "take it or leave it".
Dans un cas comme celui-là, si on avait pu, ce matin, par ce
dialogue que nous avons avec vous, avancer d'une journée le
règlement de cette grève pénible, on aurait
été heureux de remplir notre mandat.
M. Labonté: Moi aussi, j'aurais été heureux,
mais je ne voudrais pas non plus... j'aurais été très
malheureux, si, aujourd'hui, le conflit devait être prolongé d'un
mois, à cause de ce qui se passe ici.
M. Bellemare: Monsieur, je pense qu'on a déjà eu
des commissions parlementaires, par exemple, comme pour la United Aircraft. Les
gens sont venus ici, la compagnie s'est refusée à nous donner les
états financiers. Quand on a eu les états financiers, on a
persisté dans la demande du dépôt des états
financiers. Quand on a pu obtenir les états financiers, une semaine
après, la grève était réglée. Parce qu'il y
avait un soupçon, des inquiétudes de la part des grévistes
qui disaient: La compagnie n'est pas franche avec nous. C'est ici, à la
commission parlementaire, qu'on a pu faire la plus grande ouverture et faire
sortir les états financiers de la United Aircraft et, ensuite, une fois
que cela a été connu, on a réglé.
C'est grâce aux parlementaires si on a pu faire avancer les choses
à la United Aircraft. Dans votre cas, nous le déplorons
amèrement, parce que c'est l'État qui est patron, cela, nous le
déplorons amèrement, nous voudrions, si c'est possible, qu'il y
ait un accord le plus tôt possible. C'est alarmant de vivre dans une
situation comme la vôtre, surtout à l'occasion, très
prochaine, des débats qui vont être télévisés
à l'Assemblée nationale. Je sais que vous allez vouloir porter
une attention toute spéciale à ces débats. Je ne sais pas,
je pose la question comme question additionnelle. Est-ce l'intention de
Radio-Québec de télédiffuser les débats de
l'Assemblée nationale, dans un programme spécial?
M. Labonté: C'est l'intention de Radio-Québec
d'avoir des émissions sur les débats à l'Assemblée
nationale. Nous avions d'ailleurs proposé un programme à cette
fin au président de l'Assemblée nationale.
M. Bellemare: II est sûrement très
intéressant, d'après le rapport Rocher, d'augmenter votre cote
d'écoute. Il dit, par exemple, d'améliorer la qualité de
la programmation. Cela serait l'améliorer énormément en
montrant les vrais visages des parlementaires. Je m'inclus, M. le
Président.
M. Bisaillon: Le député de Johnson pourrait
regretter ces paroles!
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Si on se fie
à la cote d'écoute de la télédiffusion des
débats de la Chambre des communes, je pense que cela n'augmentera pas
beaucoup la cote d'écoute de Radio-Québec.
M. Bellemare: II y a aussi une grande différence entre
Radio-Canada et Radio-Québec.
M. Bisaillon: Je pensais que vous étiez pour dire qu'il y
avait une grande différence entre Ottawa et Québec.
M. Bellemare: J'ai dit entre Radio-Canada et Radio-Québec,
parce que Radio-Québec touche de plus près le Québec.
Le Président (M. Jolivet): J'ai dit qu'il restait une
minute, M. le député, mais c'était Mme le
député de L'Acadie qui avait la parole.
M. Bellemare: Vous avez bien fait de me rappeler à
l'ordre.
Mme Lavoie-Roux: Un grand nombre de critiques qui ont
été faites à l'égard de Radio-Québec l'ont
souvent été au sujet du manque de clarté quant aux
objectifs que Radio-Québec poursuivait. Au départ,
Radio-Québec a été conçu comme de la
télévision éducative, et vous deviez remplir une mission
éducative.
M. Labonté: Puisque vous faites allusion au rapport
Rocher, vous y verrez que la télévision éducative que
Radio-Québec doit développer, c'est une télévision
éducative entendue au sens large, au sens extensif, qui est celui que
nous avons adopté depuis que nous diffusons, c'est-à-dire une
télévision qui se distingue nettement de la
télévision scolaire proprement dite; donc, une
télévision qui est destinée à des publics
restreints à l'intérieur de curriculum, précisément
parce que la télévision, de soi, rejoint une masse importante de
population et n'est pas destinée à des petits groupes comme les
élèves de deuxième année ou de troisième
année, ce qui pose des problèmes d'horaires. Nous diffusons
actuellement, comme vous le savez probablement, et depuis déjà
longtemps, l'émission les Oraliens, qui passe à 9 h 15 dans les
écoles et à 9 h 30, ce qui veut dire que toutes les écoles
de la province, pour capter cette émission, doivent, à 9 h 15,
avoir un cours de français, ce qui peut théoriquement être
possible au primaire, mais qui devient extrêmement difficile au
secondaire.
Nous avons donc opté résolument pour une
télévision éducative qui ne serait pas scolaire. Quelle
sorte de télévision éducative devions-nous faire? Nous
sommes partis d'une problématique, de la situation qui est la
nôtre ici, au Québec. Le Québec, c'est une
communauté qui est culturellement distincte de toutes les
communautés qui la côtoient sur le territoire
nord-américain.
Par ailleurs, la télévision est devenue aujourd'hui
l'instrument par excellence du développement culturel populaire. La
preuve, c'est que les Québécois, en particulier, regardent la
télévision au moins quatre heures par jour.
Troisièmement, le Québec, Radio-Québec mis à
part, se trouvait complètement absent de ce monde qui est devenu celui
du développement culturel populaire. Nous habitons un très
vaste
territoire, ce qui fait que les gens sont répartis dans des
régions extrêmement éloignées.
Finalement, précisément parce que ce territoire est vaste,
les régions finissent par développer, bien sûr, une
identité qui leur est propre, ceci étant la problématique.
( 12 heures)
À partir de là, nous avons décidé de faire
une télévision éducative qui part
précisément de ces données réalistes et qui veut
devenir une chaîne de télévision susceptible d'offrir aux
téléspectateurs québécois des émissions
reflétant leur culture nationale qui est faite assurément d'un
tronc commun, mais également qui est enrichie des apports particuliers
et spécifiques des diverses régions du Québec. C'est
globalement ce que nous voulons faire.
Comment le faisons-nous? Nous nous proposons comme objectif premier et
global, qui est celui de toute éducation, de l'autonomie personnelle de
notre téléspectateur, c'est-à-dire que nous voulons lui
fournir l'équipement dont il a besoin pour se débrouiller dans la
vie et dans les défis qui sont les siens tous les jours.
C'est pour cette raison que nous avons, par exemple, des
émissions sur la famille, parce qu'il y a des problèmes qui se
posent au niveau de la famille, le décalage d'âge entre parents et
enfants, etc.
Nous avons des émissions qui traitent du couple aussi, parce que,
là encore, il y a des problèmes qui se posent. Nous croyons que
nous devons répondre à ces problèmes pour aider notre
téléspectateur à se débrouiller avec ses
problèmes qui sont éminemment aigus et qui le touchent
très personnellement.
Dans la vie professionnelle également, il y a des
problèmes, il y a des situations qui se posent. Nous avons des
émissions qui vont traiter de ces questions. Nous avons une
émission sur l'histoire du syndicalisme. Nous avons des émissions
sur les relations de travail, précisément dans cette optique.
Un deuxième groupe d'émissions que nous faisons pour
parvenir à cet objectif global, c'est celui de développer
l'indentité culturelle du Québécois. C'est dans cet esprit
que nous couvrons, par exemple, des manifestations comme celle des Jeux du
Québec qui sont, comme vous le savez, faites d'abord dans des
régions particulières et qui ne sont pas que des manifestations
sportives, mais sont également des manifestations de la vie culturelle
d'une région en particulier. Nous couvrons ce genre
d'événement, parce qu'il nous apparaît important de joindre
l'ensemble de la population du Québec, de faire connaître une
région à l'autre par le biais des ondes, par le biais de la
télévision.
C'est dans cet esprit également que nous avons couvert
dernièrement ou en janvier, je crois, la visite du premier ministre
à Paris, parce qu'il nous est apparu important pour l'ensemble de la
population québécoise que l'on puisse éprouver ce
sentiment de fierté de voir son premier ministre reçu à
l'Assemblée nationale française ou dans les salons attenants
à l'Assemblée nationale.
M. Bellemare: Vous n'avez toujours pas décidé de
reproduire la série sur Duplessis?
M. Labonté: Pas encore.
M. Bellemare: Je l'espère, une cochonnerie semblable.
M. Labonté: Si jamais on le fait, on vous invitera
à participer à un forum public.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, que cela
toucherait davantage au domaine culturel qu'un voyage de propagande en France
du premier ministre.
M. Labonté: C'est-à-dire qu'on peut le voir sous
cet angle-là.
Mme Lavoie-Roux: Du point de vue historique, bien davantage.
M. O'Neill: Ah, madame! Ayez donc la notion de l'État.
M. Laplante: II est question de cela aussi.
M. Labonté: II a été impossible de le
faire.
Nous avons donc un bloc d'émissions qui cherche à
consolider cette conscience qui est la nôtre pour créer une
communauté bien identifiée ou enfin aider à créer
cette communauté.
Enfin, nous avons des émissions qui sont de l'apprentissage, si
je puis dire. Ce sont les aptitudes de base qu'il faut développer. C'est
pourquoi nous aurons des émissions sur l'art culinaire, par exemple, sur
la façon de se débrouiller avec une automobile en panne, etc.
Globalement, c'est le genre de services que nous voulons rendre à
la population québécoise. C'est ainsi que nous entendons le
mandat qui nous a été donné par la loi d'établir un
service de radio-télédiffusion sur le territoire
québécois.
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous me dire quelle est votre autonomie
par rapport au pouvoir politique? Vous avez fait référence au
voyage du premier ministre. J'avais relevé l'incident, il y a dix jours,
selon ce qui avait été rapporté dans les journaux
je ne les ai pas malheureusement devant moi, vous vous en souviendrez
c'était à la suite d'une suggestion du ministre des
Communications, que vous aviez décidé de projeter le voyage du
premier ministre en France.
M. Labonté: C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est votre autonomie par rapport au
pouvoir politique? Quelle sera-t-elle dans l'avenir, compte tenu du fait que je
vois que vous allez présenter des émissions à
caractère politique et ainsi de suite? Quelle est la marge de manoeuvre
que vous allez avoir à l'égard du pouvoir politique en place,
quel qu'il soit?
M. Labonté: II faut l'établir d'abord à
partir de la loi, si vous voulez. D'après cette loi que l'on veut
clarifier encore davantage sur ce point, dans le rapport Rocher, c'est le
conseil d'administration qui est le maître absolu de la programmation de
Radio-Québec, c'est-à-dire que c'est lui qui voit aux
orientations, c'est lui qui voit en dernière analyse au
développement de Radio-Québec. C'est lui qui a à prendre
des décisions qui, quand elles sont suffisamment sérieuses,
touchent des problèmes comme ceux que vous évoquez. C'est le
conseil d'administration qui approuve la politique des programmes de
Radio-Québec, par exemple. Il n'y a personne au gouvernement, et je le
dis pour l'ensemble des gouvernements que nous avons connus, puisque nous avons
connu aussi l'Union Nationale, il n'y a jamais eu de pressions qui ont
été exercées à la direction de l'office pour
imposer une émission. S'il y a eu parfois des gens qui n'étaient
pas satisfaits des émissions que nous faisons, je pense que ceci fait
partie du jeu, mais jamais il n'y a eu de pressions qui ont été
exercées sur moi ou sur la direction de l'office.
Quant à la couverture du voyage du premier ministre en France, je
rencontrais avec le président du conseil d'administration M. le ministre
O'Neill pour précisément lui demander si on ne pouvait pas
activer le dossier concernant la régionalisation. À cette
occasion, le ministre nous a communiqué que le premier ministre devait
aller en France, et, vraisemblablement, faire un discours à
l'Assemblée nationale. Il nous a demandé si nous étions
intéressés à couvrir cet événement. Nous
avons dit tous les deux: D'accord, sans aucune réserve. Cela ne nous a
été imposé d'aucune façon.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Labonté: On nous a suggéré, en nous
demandant si nous étions d'accord pour le faire. Il n'y a eu aucune
espèce de pression même morale.
M. Bellemare: Personne ne vous a suggéré d'aller au
congrès libéral? C'était peut-être sa question.
Mme Lavoie-Roux: Je n'y avais pas pensé, M. le
député de Johnson.
M. Labonté: Je vous ferai remarquer que nous avions
l'intention de couvrir le congrès libéral. Malheureusement, les
circonstances ne l'ont pas permis.
M. Bellemare: Oui, c'est sûr.
Mme Lavoie-Roux: Vis-à-vis du problème de la
régionalisation, et je vois le rapport Rocher, tout cela est très
beau, je pense que ce sont des objectifs que tout le monde partage, que d'abord
cette télévision soit accessible à toutes les parties du
Québec, qu'on s'inspire des caractéristiques régionales,
des besoins régionaux pour développer certains programmes. Je
pense là-dessus que personne ne se dispute. Mais, avec un budget de $22
millions, et ce que cela requiert d'équipement localement, est-ce que
c'est une chose vraiment possible, ou si, dans le fond, ce qu'on va faire, cela
va être une action extrêmement clairsemée un peu partout
dans la province?
M. Labonté: II est évident qu'avec un budget de $22
millions nous ne pourrons pas mettre en pratique les recommandations du
comité Rocher. Cependant, dans le rapport Rocher, il y a des
recommandations qui...
Le Président (M. Jolivet): Cela va? D'accord, vous pouvez
continuer.
M. Labonté: II est évident qu'avec le budget de $22
millions nous ne pouvons pas réaliser le rapport Rocher. Cependant, le
rapport Rocher lui-même propose des budgets et demande au gouvernement de
nous accorder ces sommes pour que nous puissions, précisément,
réaliser les diverses recommandations qu'il propose. Cela suppose un
accroissement de budget. La régionalisation, c'est la raison pour
laquelle nous étions limités à trois demi-heures, suppose
des sommes importantes. Tout en recommandant que nous nous
régionalisions, on doit en même temps le rapport aussi le
fait recommander que des sommes nous soient données à
cette fin.
Mme Lavoie-Roux: Quel est le public cible de vos
émissions? J'en ai parlé un tout petit peu, mais on n'est pas
arrivé à une réponse la dernière fois, pour les
raisons que vous savez. Qui visez-vous finalement? Est-ce que c'est un public
scolarisé, la masse de la population? Si c'est la masse de la
population, de quelle façon entendez-vous procéder pour
l'atteindre? Il semblerait que, jusqu'à maintenant, vos succès
là-dessus aient été assez mitigés.
M. Labonté: II semblerait. Nous visons la masse de la
population, effectivement, l'ensemble de la population. Cependant, et ceci est
conforme à toutes les télévisions éducatives, la
population, le bloc de population le plus important que nous rejoignons, c'est
une population qui a au-delà de douze ans de scolarité. Je crois
que ça va dans les 35%, ce groupe de population, sur l'ensemble.
Il est normal, et, comme je vous le dis, c'est dans toutes les
populations qu'il en est ainsi, qu'une télévision qui est plus
austère, qui étudie des problèmes, qui analyse des
situations et qui, devrais-je ajouter, ne dispose pas souvent des budgets
requis pour alléger les formules par la dramatisation, par exemple, il
est normal que cette télévision rejoigne moins de
clientèle que celle qui fait du pur divertissement. Pour les parties de
hockey au forum, il n'y a pas de problèmes.
Nous pourrions faire la même chose. Nous pourrions rejoindre la
masse de la population, mais nous ne voulons pas le faire en renonçant
à l'objectif que nous poursuivons. Donc, nous tenons, d'un
côté, l'objectif, qui est quand même, dans toutes nos
émissions, d'apporter un contenu
qui soit culturellement valable et, de l'autre côté, nous
essayons de rejoindre une clientèle qui, spontanément,
naturellement, n'est pas attirée par ce genre d'émission.
La clé, bien sûr, c'est d'arriver par les formules, par la
dramatisation... Je m'excuse, M. Belle-mare, mais on en a eu l'exemple avec
l'émission Duplessis, en termes de cote d'écoute. Voilà
une formule qui permet de faire revivre l'histoire de façon à
accrocher l'ensemble de la population.
M. Bellemare: Faussement.
M. Labonté: Peut-être. Reste que la formule en
elle-même est certainement valable; elle permet de rejoindre l'ensemble
de la population: Les cotes d'écoute l'ont prouvé dans ce
cas-là. C'est dans cette direction que nous voulons aller, mais il faut
bien réaliser que cela suppose des sommes très importantes. Quand
vous voulez discuter d'un problème comme celui du chômage, par
exemple, et que vous faites une table ronde, vous risquez de perdre assez
rapidement les auditeurs qui se sont accrochés à vous. Au lieu de
faire une table ronde, vous pouvez faire une série d'émissions,
fussent des téléromans, qui analyseraient ce problème.
Vous risquez à ce moment-là, d'avoir un auditoire qui va vous
rester fidèle.
Donc, notre défi est de ne rien abandonner de la valeur
culturelle des émissions que nous voulons présenter, tout en
présentant des formules qui vont parler à la masse de la
population. C'est ce que nous essayons de faire.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien, à l'heure actuelle,
votre public est un public qui touche 35% de la population. Je ne parle pas en
termes de cote d'écoute. Je parle en termes d'accessibilité aux
programmes que vous avez.
M. Labonté: Non. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. J'ai
voulu dire qu'il y a 35% des gens qui nous regardent qui ont plus de douze ans
de scolarité sur l'ensemble, et, en bas de douze ans de
scolarité, je crois que c'est 15%. Ceci ne correspond pas à la
répartition des scolarisés et des non-scolarisés dans
l'ensemble de la population et nous voudrions augmenter le pourcentage de ceux
qui sont en deçà de douze ans de scolarité. (12 h 15)
M. Bisaillon, je pense que vous avez les chiffres exacts?
M. Bisaillon: 17% en bas de douze ans de scolarité.
Mme Lavoie-Roux: J'ai commencé à midi.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. C'est à 11
h 55. J'ai l'heure écrite ici. Je le regrette. Malheureusement, votre
temps est terminé.
Vous pouvez revenir à la fin. Oui, une question.
M. Bisaillon: Pourrait-on laisser seulement terminer cet aspect
à Mme...?
Le Président (M. Jolivet): Oui. Je lui en ai donné
la permission d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: À part cela, je me suis fait interrompre
au moins trois fois. Donnez-moi deux minutes de plus, M. le
Président.
Ne trouvez-vous pas très sérieux qu'un office de radio et
de télévision qui a une mission éducative ait une
programmation qui ne touche pas ou qui ne puisse pas atteindre la
majorité de la population quant à son contenu parce que,
justement, le but d'une télévision éducative est
d'atteindre les gens qui en ont le plus besoin pour différentes raisons.
D'après ce que vous nous décrivez, cela semble être
peut-être un peu l'inverse qui se produit. Je me demande si cela ne remet
pas en question tout le contenu de votre production et la présentation
de vos programmes afin, à mon point de vue, d'atteindre les objectifs de
ce que devrait être une télévision éducative?
M. Labonté: Avant d'aller plus loin, si vous le permettez,
je vais vous donner les chiffres exacts que nous avons du dernier sondage pour
qu'on se comprenne bien. D'un an à sept ans de scolarité, il y a
12% parmi la clientèle qui est de 100%, l'ensemble de la
clientèle. De huit ans à neuf ans de scolarité, il y a
15%, ce qui veut dire qu'il y a 27% de notre auditoire qui se situent à
neuf ans de scolarité en baissant. Il y a 35% qui ont de dix à
douze ans de scolarité. Ce sont les 35% dont je parlais tantôt. De
treize à quinze ans et plus de quinze ans de scolarité, il y a
35% de notre clientèle, ce qui fait un total de 100%.
Mme Lavoie-Roux: Si on considère la scolarité
générale de la province, c'est là que ça devient
sérieux, parce que la scolarité générale de la
province est peut-être à huit ou neuf ans présentement.
Elle a été à sept ans pendant bien longtemps. Elle est
probablement rendue à huit ou neuf ans et c'est là que vos
pourcentages deviennent encore plus graves; là, vous me donnez la cote
d'écoute, mais, quand vous la reliez à la population, à la
scolarisation générale de la province, cela devient beaucoup plus
sérieux.
Une toute dernière question. Qu'est-ce que vous avez fait de la
suggestion qu'on avait faite l'an dernier, à laquelle le ministre avait
souscrit, à savoir que l'identité culturelle du Québec,
c'était peut-être le voyage du premier ministre à Paris,
c'étaient peut-être les fêtes de la Saint-Jean, mais
c'étaient aussi les autres groupes culturels qui composaient le
Québec? Est-ce que vous avez eu des émissions pour rejoindre ces
groupes?
M. Labonté: Nous avons eu une série, pour
répondre précisément à cette préoccupation,
qui s'appelait: D'un Québécois à l'autre, et qui traitait
précisément de ce problème de l'intégration des
étrangers, si je puis dire, dans la communauté
québécoise francophone. C'est une série qui a
été conçue pour être de 39 émissions, qui a
existé l'année dernière. Il y en a une nouvelle que nous
avions cette année, poursuivant le même objectif. Nous avons fait
cela.
Mme Lavoie-Roux: Nous avions suggéré que vous
couvriez aussi des événements des différents groupes
minoritaires, des fêtes, des choses comme cela. Cela n'a pas
été fait.
M. Labonté: Nous ne l'avons pas fait et, là encore,
les ressources financières sont nécessaires pour faire ce genre
de chose. Couvrir un événement, cela coûte beaucoup
d'argent.
Le Président (M. Jolivet): Avant de donner la parole
à qui que ce soit, pour le moment, je tiens à vous faire
remarquer qu'à moins que je n'aie le holà, on doit continuer
jusqu'à une heure. C'est une entente jusqu'à maintenant.
D'accord? Deuxièmement, pour cet après-midi, j'ai des
renseignements selon lesquels, au niveau de la poursuite éventuelle, cet
après-midi, il devra y avoir, au niveau de l'Assemblée nationale,
une présentation par le leader du gouvernement et l'acceptation, je
pense, de la question de trois commissions qui siègent en même
temps que l'Assemblée nationale. En tout cas, vous réglerez cela
au niveau de l'Assemblée nationale.
M. Bellemare: On a donné notre consentement parce qu'on
est bien intéressé à entendre le syndicat et les
délégations des comités...
Le Président (M. Jolivet): On peut donc prétendre,
pour le bénéfice de tout le monde, que, cet après-midi, on
continuera après la période des questions jusqu'à 18
heures. La parole est au député... Oui?
M. Bisaillon: M. le Président, pour compléter les
questions que le député de L'Acadie posait à M.
Labonté, il me semble y avoir une contradiction par rapport à un
texte que j'ai ici qui vient de...
Le Président (M. Jolivet): Vous aurez le droit de parler
de cela tout à l'heure.
M. Bisaillon: Si on passe les comités régionaux et
le syndicat cet après-midi, je n'aurai pas le temps de revenir à
M. Labonté.
M. Ciaccia: Nous aussi, nous avons des questions.
Mme Lavoie-Roux: Vous le citerez comme cela.
M. Bisaillon: C'est parce que cela contredit ce qu'il vient de
nous répondre à la commission. Il me semble que c'est presque un
point de règlement.
Le Président (M. Jolivet): Non, malheureusement. Vous
aurez la chance de revenir cet après-midi.
Mme Lavoie-Roux: ... c'est moi qui ai fait l'erreur de soulever
une question...
Le Président (M. Jolivet): La parole est au
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Une question de
règlement...
M. de Bellefeuille: M. le Président, une question de
règlement. Est-ce qu'il n'est pas censé y avoir alternance?
Est-ce que ce ne serait pas maintenant le tour des ministériels?
Le Président (M. Jolivet): Non, je m'excuse, je ne sais
pas...
M. Guay: M. le Président, sur la question de
règlement, si vous me le permettez. Le député de
Mont-Royal a déjà eu l'occasion d'intervenir ce matin, en
premier, ce qui est son droit le plus strict comme représentant de
l'Opposition officielle. Le Parti libéral a eu deux interventions
jusqu'à maintenant, l'Union Nationale a eu deux interventions, le Parti
québécois n'en a eu qu'une seule. M. le Président, il me
semble qu'en bonne logique et je pense que c'est comme cela,
traditionnellement, que fonctionnent les commissions parlementaires; en tout
cas, dans toutes les autres commissions parlementaires où je suis
allé, cela a toujours été comme cela il faut
d'abord que les députés qui ont des questions à poser
puissent les poser avant qu'on ne reprenne un deuxième tour de table et
on le reprendra, bien sûr, à ce moment-là, je
présume, avec le député de Mont-Royal, mais cela
m'apparaît assez anormal et contraire à la tradition parlementaire
que de revenir à un deuxième tour de table avant même que
le premier tour de table n'ait été épuisé et alors
que le parti ministériel, qui a quand même des droits dans cette
Assemblée, n'a eu qu'une seule intervention.
M. Bellemare: M. le Président, le ministre d'abord...
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse.
M. Guay: Le ministre répondait aux questions.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Bellemare: Je n'ai aucune objection à ce que
l'alternance soit respectée.
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai demandé tout à l'heure et
le président a refusé de l'accorder.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député,
j'expliquerai pourquoi tout à l'heure, laissez-moi au moins la chance de
répondre.
M. Ciaccia: M, le Président, je demanderais le droit de
parole, je crois que c'est votre interprétation des règlements,
c'est de cette façon que j'ai cédé volontairement mon
droit de parole ce matin, j'avais des questions à poser au ministre et
à M. Labonté. Je l'ai cédé à la condition
que je pourrais y revenir. Vous m'avez accordé le droit de parole,
alors, plutôt que de perdre notre temps, vous pourriez l'avoir tout de
suite après, ça ne me prendra pas tellement de temps.
M. Guay: Sauf que si on l'a après, au moment où M.
Labonté n'est plus là, ça ne nous donne pas
grand-chose.
M. Ciaccia: II sera là, je lui pose des questions.
M. Guay: Justement. Est-ce que vous pourriez, M. le
Président, à tout le moins prendre la question en
délibéré, parce qu'il me semble qu'une décision
comme celle-là est un précédent extrêmement
dangereux, qui spolierait considérablement les droits du parti
ministériel, quel qu'il soit, au sein de l'assemblée.
M. Bellemare: Quels sont les autres intervenants que vous avez
sur votre liste. M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Deux-Montagnes, M. le député de Rivière-du-Loup, M. le
député de Gaspé, M. le député de Taschereau,
M. le député de Sainte-Marie.
Je pense qu'on n'a besoin d'avoir aucune délibération sur
la question, compte tenu qu'au début des travaux de la commission
parlementaire sur l'étude des crédits, on s'est entendu pour
élargir le débat en évitant peut-être, sur la
question des crédits budgétaires... On avait accepté de
façon unanime à la table que des gens puissent revenir,
même s'ils avaient déjà épuisé leurs vingt
minutes, parce qu'on voulait avoir une étude plus approfondie de la
question et c'est dans ce sens que, jusqu'à maintenant, on a
procédé.
M. Guay: M. le Président, si vous me permettez, je suis
tout à fait d'accord avec ce que vous dites, au bout de vingt minutes,
les gens peuvent revenir, mais il me semble qu'il est assez logique qu'ils
reviennent après que les autres ont eux-mêmes épuisé
leurs vingt minutes. Il m'apparaît assez absurde qu'on prive des
députés à cette table du droit de parole, alors qu'on
revient à un deuxième droit de parole pour certains
députés qui ont déjà eu leurs vingt minutes.
Il me semble qu'on doit d'abord faire en sorte que chaque
député qui veut avoir ses vingt minutes puisse y avoir droit,
avant de revenir à ceux qui ont des questions supplémentaires
à poser.
Le Président (M. Jolivet): Jusqu'à maintenant il
n'y a personne qui ait subi la perte de son droit de parole, M. le
député, je veux être clair...
M. Guay: Avec la liste que vous avez, ça risque fort de se
produire.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, à ce
niveau. La personne qui est présente avec son conseil d'administration
aura le droit de rester jusqu'à la fin des interventions et des
questions qu'on lui aura posées, c'est à vous de
déterminer à quel moment vous terminerez les questions au conseil
d'administration, mais personne ne sera privé de son droit de
parole.
M. Guay: Si je comprends bien, M. le Président, dès
qu'un député aurait terminé son droit de parole, comme par
exemple ce matin le député de Mont-Royal, qui avait
terminé son droit de parole, mais qui avait des questions à
poser, puisque vous aviez passé la parole au député de
Gaspé, il aurait pu se réinscrire immédiatement et prendre
la parole après le député de Gaspé. Si je comprends
bien, on peut se réinscrire immédiatement, peu importe que les
autres députés aient parlé ou non.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
ne voudrais pas qu'on en vienne à une question de débat sur la
question, j'ai refusé à Mme le député de L'Acadie,
tout à l'heure, la possibilité de revenir, selon le tour des
partis, pour la raison qu'au niveau de l'Assemblée, ici, en commission
parlementaire, sur les crédits des communications, on s'était
entendu pour qu'un premier tour de table soit accordé à
l'ensemble des partis politiques, ce qui a été fait. Après
ce premier tour de table, c'est à l'inscription des gens, ce qui a
été fait aussi.
Ensuite, on s'était entendu pour qu'une personne qui veut
revenir, parce qu'on voulait que le débat ne soit pas limité
seulement aux vingt minutes, puisse s'inscrire à tour de rôle, ce
qui a été fait aussi. La parole est donc au député
de Mont-Royal.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez rendu votre décision, je n'ai
plus rien à dire.
M. Ciaccia: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec eux, si nous avons une
alternance des partis.
M. Ciaccia: Après mon intervention, voulait-elle dire.
M. Guay: Qu'il commence...
M. Michaud: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse.
M. Ciaccia: M. Labonté...
M. Bellemare: ... demandé un vote.
M. Michaud: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): À quel sujet?
M. Michaud: C'est simplement pour savoir si, dans le
deuxième tour de table, il y avait une limite de temps de deux minutes
ou de cinq minutes?
Le Président (M. Jolivet): Non. Je m'excuse, je ne sais
pas si vous avez été présent pendant toute la
délibération de cette assemblée, mais c'est la
façon que nous avons déterminée au départ et j'ai
été président de cette commission depuis le début.
Je m'excuse, la décision est rendue. Le député de
Mont-Royal a la parole.
M. Guay: M. le Président, pourriez-vous me
réinscrire tout de suite pour mon deuxième tour, au cas ou je
prendrais plus de 20 minutes. Je voudrais être réinscrit
immédiatement, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. Labonté, vous avez fourni une ventilation
des crédits, ce matin. Ce que nous avons trouvé un peu
étrange... et c'est pour cela que j'ai posé cette question au
ministre: Concernant les consultations entre vous et cet organisme, quand
l'avez-vous produite, cette ventilation? Est-ce qu'elle était
prête avant que les crédits aient été
présentés à la commission? Autrement dit, est-ce vous qui
n'avez pas donné les détails au ministre ou est-ce le ministre ou
le ministère qui n'a pas inclus la ventilation dans le livre des
crédits que nous avons discuté en commission?
M. Labonté: Je dois vous dire que nous avions compris que
nous n'avions pas à déposer, en commission parlementaire, la
ventilation de nos crédits. Nous avions compris que la commission
parlementaire se faisait à partir du chiffre, que c'étaient les
règlements de la commission parlementaire.
M. Ciaccia: Mais pour les $22 millions, vous avez donné
des détails pour ce montant. Vous n'avez pas simplement dit au ministre:
Cela me prend $22 millions.
M. Labonté: Nous avions préparé notre
budget...
M. Ciaccia: Oui.
M. Labonté: ... qui aboutissait à $24 millions.
Nous l'avons présenté au ministre et expédié au
Consei du trésor.
M. Ciaccia: Cela semble être le ministre qui n'a pas inclus
la ventilation dans l'étude des crédits.
M. Labonté: Je pense qu'il n'a pas à l'inclure.
M. Ciaccia: C'est pour cela que je m'informais au sujet de la
consultation. Je vois qu'elle n'est pas aussi bonne que le ministre le
prétendait.
Pour ce qui est des employés-cadres que vous avez en permanence
je vous pose la question parce qu'il semble y avoir un désir de
réduire le nombre d'employés permanents et d'attribuer plus de
budget à la programmation plutôt qu'à l'administration
on vous fait le reproche je ne sais pas s'il est exact que
vous avez trop d'employés-cadres dans votre organisme. J'ai une liste de
certains cadres professionnels de Radio-Québec. Je remarque qu'il y a un
technicien en personnel, un agent de gestion de personnel, une technicienne en
personnel, un autre agent de personnel. Là où vous semblez avoir
plus de personnes, c'est exactement dans ces catégories. C'est avec le
personnel qu'il y a certaines difficultés. Est-ce que vous pourriez
répondre à ce reproche qu'on vous fait? Est-ce qu'il y a des
explications que vous pourriez nous donner quant au nombre
d'employés-cadres permanents que vous avez, proportionnellement à
l'ensemble du personnel de votre organisme?
M. Labonté: Les cadres, à Radio-Québec, sont
au nombre de 42. Au-delà des cadres qui sont vraiment classifiés
comme tels, il y a les directeurs techniques qui, eux, sont essentiellement
affectés à la production des émissions, de même que
les réalisateurs dont la fonction est essentiellement de produire des
émissions. (12 h 30)
On a coutume de ne pas considérer ces gens comme cadres. Les
cadres, ce sont ceux qui sont dans l'administration. Ceux-là sont dans
la production. Si je compare le nombre total d'employés à
Radio-Québec avec les cadres qui sont au nombre de 42, j'arrive à
un chiffre qui est loin d'être exorbitant.
D'autre part, si vous voulez ajouter les réalisateurs et les
directeurs techniques aux cadres, la comparaison qu'il faut faire, ce n'est
plus avec des ministères, par exemple, pour voir quelle doit être
la proportion de cadres et de non-cadres, mais bien avec des entreprises
similaires de télévision, comme
Télé-Métropole, Radio-Canada et l'OECA, par exemple, notre
pendant en Ontario.
M. Ciaccia: Vous avez un mémoire préparé par
le comité d'étude sur la gestion de Radio-Québec du
Syndicat général des employés de Radio-Québec.
D'après lui, vous avez 59 cadres excluant 25, le nombre de
réalisateurs et 15 directeurs techniques.
M. Labonté: Ses chiffres sont faux, c'est 42. M.
Ciaccia: Excusez-moi, un instant! M. Bisaillon: Qu'est-ce qu'un
cadre?
M. Ciaccia: Je remarque une certaine agressivité à
l'égard de certains, à l'exception de mon collègue, le
député de L'Acadie, dans le sens de fair play.
M. Bisaillon: Hé! On lui a donné du temps pour
poser des questions, non pas pour insulter les gens.
M. Ciaccia: Je voudrais ramener certaines questions que le
député, M. Bisaillon, vous a...
M. Bisaillon: Règlement.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Sainte-Marie,
voyons!
M. Ciaccia: Le député de Sainte-Marie, cela doit
être un bloc mental que j'ai contre ce comté.
M. Bisaillon: Assimilez votre règlement.
M. Ciaccia: On vous a posé des questions quant à
l'équipement que vous avez. Je crois qu'il y a très peu d'experts
autour de cette table sur la nature de l'équipement, le genre
d'équipement. Je vous avoue que je ne suis pas un expert. L'impression
que j'ai eue, suite aux questions du député de Sainte-Marie,
c'était un certain manque d'administration peut-être de votre part
ou trop d'accent sur l'équipement qui n'était pas tout à
fait nécessaire aux dépens de la programmation ou du personnel ou
d'autres éléments de votre budget. Voici la première
question que je voulais vous poser. Par exemple, l'équivalent de votre
organisme en Ontario, l'OECA, est-ce qu'il a le même équipement?
Par exemple, le député de Sainte-Marie vous a posé des
questions au sujet du ruban magnétique de deux pouces qui est plus
dispendieux que celui de trois quarts de pouce. Est-ce que TV Ontario a le
même genre d'équipement que vous?
M. Labonté: TV Ontario a très peu
d'équipement et très peu de personnel, parce qu'il travaille
à la pige pour 90% de sa production. Il fait faire par d'autres, dans
les studios des autres, ses productions. Mais je peux vous dire que toutes les
productions de TV Ontario sont faites sur deux pouces et sont diffusées
sur les antennes professionnelles. Ce sont des productions professionnelles
diffusées sur leurs antennes et qui ne diffusent pas du trois quarts de
pouce sur leurs antennes. Cependant, ces gens ont un système de
distribution qui met à la disposition des écoles, des
collèges un peu comme nous le faisons, nous, mais ils le font sur
une échelle beaucoup plus haute les divers programmes qui, eux,
sont réalisés en trois quarts de pouce, ou surtout, sont
transférés du deux pouces ou trois quarts de pouce.
M. Ciaccia: M. Labonté, quand je me suis
référé un peu au sens de fair play qu'il faudrait
démontrer à votre égard, ce n'est pas normal, le genre de
commission que nous avons maintenant; on questionne le directeur de
Radio-Québec, dans le contexte de nos lois, de la responsabilité
de Radio-Québec au ministère. Même dans le rapport Rocher,
cette remarque a été faite. La suggestion a été
faite qu'afin de permettre aux parlementaires de poser des questions sur la
gestion de Radio-Québec, il faudrait changer les structures et que
Radio-Québec ne réponde pas ou ne tombe pas sous la juridiction
du ministère ou du ministre des Communications, mais plutôt qu'il
réponde à l'As- semblée nationale. À ce moment,
cela nous permettrait de poser les questions nécessaires. Je ne voudrais
pas faire partie et je l'ai remarqué un peu dans
l'agressivité de certaines questions du dégagement de
responsabilités du ministre vis-à-vis de Radio-Québec. Il
ne faudra pas vous faire passer sur le dos les responsabilités que le
ministre doit prendre. Il est assis et il écoute. Il y a certaines de
ses décisions... Quand je lui ai parlé du rapport Rocher, il a
dit: Non, on n'a pas besoin d'amender la loi. On peut le mettre en vigueur. Si
le ministre n'a pas besoin d'amender la loi pour mettre le rapport en vigueur,
il n'a pas besoin de vous questionner ici, il n'a pas besoin de se
dégager de sa responsabilité quant aux conflits de travail, quant
aux comités régionaux et quant aux politiques
générales et l'administration générale de votre
organisme. Je voulais faire le point. Quant à l'autre reproche qu'on
vous a fait, celui de ne pas avoir impliqué le ministre du Travail, je
peux vous dire que nos expériences à ce sujet,
c'est-à-dire de demander au ministre du Travail de s'impliquer dans
certains conflits de travail, n'ont pas été très
fructueuses. L'exemple est dans l'immédiat, l'exemple du Soleil qui a
fermé ses portes et l'exemple aussi de la Presse et du
Montréal-Matin, où cela a pris cinq ou six mois avant de se
régler. Je ne pense pas que ce soit une opinion totalement
partagée, celle du député de Johnson. Je sais que cela
serait plus facile pour nous de... Je veux faire les liens...
Le Président (M. Jolivet): Les liens? Ils sont loin.
M. O'Neill: Vous voulez mêler les choses?
M. Ciaccia: Non, un instant! On est ici pour poser des questions
sur le... Il y a eu certaines questions sur le conflit de travail. Je ne sais
pas, M. Labonté, ce qui se passe exactement, et je ne voudrais pas faire
porter le blâme d'un côté ou de l'autre. Je ne veux pas vous
dégager de responsabilités, si vous en avez, mais je voulais
seulement faire le point vis-à-vis de la responsabilité du
ministre des Communications...
M. Guay: ... Radio-Québec.
M. O'Neill: Très bonne question.
M. Ciaccia: Je ne veux pas être interrompu par le
député de Taschereau.
M. Guay: Ce que vous voulez ou ce que vous ne voulez pas, cela me
dérange très peu. Je vous le dis.
M. Ciaccia: M. Labonté, dans le rapport Rocher...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Taschereau, je m'excuse de...
M. O'Neill: M. le Président, peut-être une question
de privilège, mais de deux choses lune...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre,
malheureusement, il n'y a pas de question de privilège en
commission.
M. O'Neill: Ou bien il arrrête de parler ou bien on va
répondre aux erreurs qu'il est en train de faire et aux bêtises
qu'il nous sert, un des deux.
M. Ciaccia: Je n'arrêterai pas. Vous aurez le droit de
parole, M. le ministre.
M. O'Neill: Qu'il dise toutes les bêtises qu'il veut, mais
donnez-nous le droit d'y répondre.
M. Ciaccia: Dans le rapport Rocher, M. Labon-té...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député, juste un instant, pour clarifier la situation. M. le
ministre et toute autre personne qui voulez intervenir, vous avez le droit de
faire votre intervention et de corriger ce qui a été dit par un
autre député, mais j'aimerais que vous respectiez le
règlement 100 qui permet à une personne de ne pas être
interrompue, à moins qu'elle accepte de l'être par une
question.
M. O'Neill: Est-ce qu'il va parler jusqu'à 6 heures et
dire des choses pareilles?
M. Ciaccia: Après que j'aurai terminé, vous aurez
la chance d'intervenir. Vous ne vouliez pas intervenir ce matin? Vous parlerez
ensuite.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, c'est
réglé!
M. O'Neill: ... vous êtes intéressant, allez-y!
Amusez-nous.
M. Ciaccia: Je veux seulement essayer d'établir un certain
équilibre, parce que ce serait trop facile pour tous les membres de
cette commission de vous frapper sur la tête et de dire: C'est votre
faute et on trouve ainsi quelqu'un responsable au lieu du ministre.
Dans le rapport Rocher, on parle d'augmenter la qualité de la
programmation. Cela devrait être un des objectifs de Radio-Québec
et c'est un des objectifs dont il parle. Est-ce que ça veut dire que,
pour arriver à cet objectif et le faire d'une façon
professionnelle, il vous faut de l'équipement professionnel? Je vous
demande cela pour essayer d'éclaircir un peu les propos du
député de Sainte-Marie. Est-ce que je pourrais avoir vos
commentaires là-dessus?
M. Labonté: Je suis convaincu que la
télévision, étant un médium qui existe non pas pour
ceux qui la font, mais pour ceux qui doivent la regarder et qui la regardent
dans un contexte bien particulier, c'est-à-dire dans une situation de
loisirs, qui ne se trouvent pas dans la captivité, si je puis dire, qui
peuvent choisir en tournant le bouton le poste qu'ils préfèrent,
il est essentiel que les émissions que nous proposons, si elles doivent
avoir une certaine cote d'écoute, soient de nature et de qualité
professionnelle. Je suis très heureux de constater que le rapport Rocher
l'a également reconnu pour crever le mythe de l'équipement
léger, de l'émission facile à faire, que n'importe qui
peut faire, et qui se fait à bon compte et qui demande peu de
ressources.
Tous ceux qui connaissent un peu la télévision savent que
ce genre de télévision n'est pas regardée.
Rivière-du-Loup est peut-être l'exception de l'expérience
de la télévision communautaire sur l'ensemble du territoire
québécois. Nous continuons à prétendre, avec tous
les organismes de télévision, que la seule
télévision valable, qui peut se mériter un public
et encore une fois je suis heureux de voir que le rapport Rocher l'a reconnu
c'est la télévision de qualité professionnelle.
C'est le rôle qui est le nôtre.
M. Ciaccia: Est-ce que vous voyez un rôle pour
Radio-Québec dans le référendum qui devrait avoir lieu
quand le gouvernement va le décider? Est-ce que vous voyez un rôle
pour Radio-Québec dans le référendum?
M. Labonté: Si je vois un rôle? Oui,
essentiellement. Je pense que...
M. Ciaccia: Quel rôle voyez-vous?
M. Labonté: II nous appartient d'informer l'ensemble de la
communauté québécoise des véritables enjeux qui
vont être débattus dans cet événement
extrêmement important pour elle, donc, pour toute cette
communauté.
Il nous appartient non pas de dire aux gens où ils doivent placer
leur croix quand ils auront à voter, mais bien pourquoi ils vont porter
leur croix dans un casier ou dans l'autre, et c'est à nos
téléspectateurs qu'il appartiendra de décider, mais notre
rôle est de leur fournir toute l'information pour qu'ils soient en mesure
de porter un jugement éclairé.
M. Ciaccia: Respecterez-vous, dans le contexte de ce que vous
venez de dire, le principe "equal time", du temps égal pour les
différentes options? S'il y en a deux, temps égal aux deux
options. S'il y en a trois, temps égal aux trois options.
M. Labonté: Nous avons une politique des programmes qui
prévoit une répartition équitable du temps d'antenne pour
les diverses options.
M. Ciaccia: Et vous ne craignez pas...
Mme Lavoie-Roux: Equitable et égal, c'est la même
chose?
M. Ciaccia: Oui, équitable et égal...
M. Labonté: Mme le député de L'Acadie,
j'aurais voulu dire égal, mais je n'en suis pas certain, c'est pourquoi
je ne le dis pas. Il faudrait
que j'aie le texte avec moi. J'emploie donc l'expression
équitable.
M. Ciaccia: Mais ma question était "equal time", temps
égal.
Mme Lavoie-Roux: Qui sera juge?
M. Labonté: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Qui sera juge de l'équité?
M. Labonté: C'est nous.
Mme Lavoie-Roux: C'est vous.
M. Ciaccia: Vous ne craignez pas, dans votre évaluation,
de porter un jugement sur l'équité. Je respecte votre
intégrité intellectuelle et professionnelle selon la façon
dont vous vous êtes comporté dans le passé. C'est bien beau
de dire: Nous sommes indépendants du pouvoir politique, mais vous venez
ici demander $22 millions. Peut-être voudriez-vous $24 millions pour
faire vos travaux? Ne craignez-vous pas une certaine pression politique dans la
question des budgets qui peut-être pourrait influencer votre
décision d'être équitable, si vous ne prenez pas à
l'avance la décision que cela sera égal?
M. Labonté: Je ne voudrais pas...
M. Bisaillon: Pression politique dans le sens...
M. Ciaccia: Écoutez! Un instant! M. le Président,
c'est moi qui ai le droit de parole.
M. Bisaillon: ... dans le sens de la pression que le
député de Mont-Royal fait actuellement.
M. Ciaccia: ... et je voudrais une réponse.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sainte-Marie...
M. O'Neill: Des pressions politiques de Mme Sauvé.
M. Bisaillon: Sa question était: Combien
d'émissions...
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre! À
l'ordre! S'il vous plaît, laissez...
M. Labonté: Si vous permettez, je ne voudrais pas
poursuivre plus longtemps ce débat, parce qu'il est fort possible que,
dans la politique, ce soit le mot "égal" qui soit employé. Je
pourrai vous faire parvenir, si vous voulez, le texte de la politique.
M. Godin: ... le fédéral, d'ici le
référendum. La loi fédérale ne dit pas cela.
M. Ciaccia: Quand je commence ce débat, on commence
toujours à parler de la loi fédérale. Nous ne sommes pas
ici pour examiner Radio-Canada. Cela viendra à un autre forum. Nous
sommes ici pour examiner Radio-Québec, les syndicats et les conseils
régionaux. On va s'en tenir à cela. Très bien? On ne
mêlera pas les cartes. On n'essaiera pas de faire de l'obscurantisme en
se référant au pouvoir fédéral. Posons des
questions honnêtes et demandons des réponses honnêtes.
M. Godin: II n'y a pas "d'equal time" là-bas dans la loi.
Il faut le dire aussi pour les fins des archives. (12 h 45)
M. Labonté: J'ai le texte devant moi. Si vous permettez,
je vais vous en donner lecture. "Dans le cas où l'office serait
appelé à diffuser un message du premier ministre du Québec
ou d'un leader d'une formation politique, l'office pourra accorder le
même temps d'antenne, soit aux leaders de l'Opposition, soit aux
représentants des autres partis, lorsqu'il le considérera
nécessaire pour l'équilibre de l'information
diffusée."
M. Ciaccia: C'est "pourra". C'est encore à votre
discrétion. Ne croyez-vous pas que peut-être, dans le contexte
actuel, vous devriez être un peu plus précis et retirer votre
discrétion, pour vous protéger vous-même, pour enlever la
possibilité je vais leur donner le bénéfice du
doute, ils ne feraient jamais cela mais au cas où ils en seraient
tentés, pour enlever cette possibilité...?
M. Godin: Savez-vous ce que c'est qu'une négociation?
M. Labonté: Ce que je peux vous dire à ce
moment-ci...
M. Bisaillon: ... une négociation.
M. Labonté: Ce que je peux vous dire à ce
moment-ci, M. Ciaccia, c'est que la politique que je viens de vous lire n'est
pas approuvée par le conseil d'administration de l'office, parce qu'elle
n'est pas rendue à ce stade-là, mais je veux bien prendre note de
ce que vous me dites et je le communiquerai au conseil d'administration. On
verra la décision qu'il prendra.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je voudrais
revenir sur une question qui a été soulevée par mon
collègue de Sainte-Marie à propos des pigistes. M. Labonté
nous dit qu'il y a 490 employés et il y a combien de pigistes de toute
catégorie? Tout à l'heure, M. le député de
Sainte-Marie a posé cette question et le temps ne vous a pas permis de
lui donner la réponse.
M. Buzaré: Gilbert Buzaré. Le dernier
rapport...
M. de Bellefeuille: Permettez-moi de vous proposer de ne pas
parler si près du micro.
M. Buzaré: D'accord, merci. Le dernier rapport indiquait
qu'à l'office il y avait en tête de pipe il s'agit de bien
se comprendre 200 employés occasionnels, mais on traduit ceci en
années-homme, c'est-à-dire le temps réel d'utilisation, et
cela représente 86 années-homme. Ceci représente
l'ensemble des employés aussi bien NABET, que CSN, que
réalisateurs.
M. de Bellefeuille: Tout à l'heure, M. Labonté,
vous nous avez présenté un argumentation pour expliquer le
recours aux pigistes. Comme j'ai vécu pendant huit ans comme pigiste,
c'est une argumentation qui m'est familière. Cependant, ayant
vécu pendant huit ans comme pigiste, j'ai toujours eu conscience du fait
que les conventions collectives, en général, dans ce type de
profession, limite le recours aux pigistes. C'est sûrement le cas dans la
convention collective qui est en vigueur au Devoir et c'est le cas, en
général, de toutes les conventions collectives comparables.
Est-ce que vous vous attendez sérieusement que le syndicat accepte un
recul sur la question du recours aux pigistes?
M. Labonté: Je dois d'abord corriger votre assertion selon
laquelle dans les conventions collectives semblables il y a des limitations
quant au pigisme. Il n'y a aucune limitation quant au pigisme dans la
convention collective de Radio-Canada et dans la convention collective de
Télé-Métropole. Il n'y a aucune limitation. Là, je
dois ajouter...
M. de Bellefeuille: Vous me prenez un peu au dépourvu, je
n'ai pas ces documents sous la main, quant à celle de Radio-Canada et de
Télé-Métropole, mais dans celle des salles de
rédaction de journaux, c'est un fait qu'il y a des limites strictes
imposées aux recours aux pigistes. Ayant répondu par cette
comparaison, est-ce que vous pourriez répondre quand même à
ma question, à savoir si vous vous attendez sérieusement que le
syndicat accepte un recul sur cette question.
M. Labonté: Le recul qui est demandé est
extrêmement minime, d'une part. D'autre part, il faut réaliser
qu'à la dernière convention collective... D'abord, je dois
préciser une chose, si vous le permettez. Contrairement à ce qui
est affirmé assez souvent, le contingentement du pigisme à
Radio-Québec n'a pas été obtenu de guerre lasse
après une grève de quatre mois et demi. Il a été
concédé deux jours avant la grève dans le but
d'éviter la grève. C'est une stricte vérité. Quand
nous avons concédé ce principe du contingentement, en 1974, nous
n'avions pas les activités que nous avons présentement, nous
n'étions pas en mesure de nous produire par le câble, deux heures
par jour; depuis, l'office s'est développé. Ce que nous
demandons, c'est ce qui nous permet de travailler avec plus de souplesse,
compte tenu des circonstances qui sont modifiées, qui sont devenues
différentes.
Il nous paraît que dans une négociation, il n'appartient
pas qu'à une seule partie de concéder des choses, mais il est
concevable également que l'autre partie, puisqu'il s'agit d'un contrat
auquel on arrive finalement, puisse aussi faire des concessions.
M. de Bellefeuille: D'après les renseignements que j'ai,
vous vous attendez que le syndicat, qui est en lock-out, accepte un recul, non
seulement sur cette question, mais sur plusieurs autres questions. Est-ce que
vous prétendez que la partie patronale est elle-même
disposée à accepter autant le recul sur d'autres points et que la
masse soit ainsi négociable?
M. Labonté: Je peux vous dire que si on adopte le principe
ou le critère qui a été adopté pour établir
des reculs dans la convention collective que nous proposons, il faudrait
établir que le syndicat, dans l'offre que nous faisons, fait à
peu près 200 gains, s'il est vrai qu'il fait 30 reculs. Je vous rappelle
que la convention collective, vous le savez autant que moi, c'est un ensemble
global. Donc, dès que vous sortez une clause du contexte, vous vous
gourez, parce que ce ne sont pas des éléments
séparés dont il faut tenir compte, mais il faut tenir compte de
l'ensemble de la convention.
Il faut tenir compte des conditions de travail des employés de
Radio-Québec, par exemple. Les gens qui sont actuellement en
grève, il faut savoir qu'il y en a 80% qui sont des
auto-affectés, je veux dire 80 sur l'ensemble des 216, pas 80%. Cela
change un peu les... Il faut savoir que les gens ont, pour la plupart, je ne
veux pas entrer dans la convention, je m'excuse...
J'allais donner des exemples de ce qui est dans les offres patronales et
je ne pense pas que ce soit la place ici pour en discuter. Mais je retiens le
principe.
M. de Bellefeuille: Je retiens quand même un
élément de votre réponse. Vous considérez que
lorsque vous avez signé la dernière convention collective, vous
avez concédé trop de choses sur lesquelles vous désirez
maintenant revenir!
M. Labonté: Nous avons concédé très
peu de choses sur lesquelles nous souhaitons maintenant revenir. Les seuls
points sur lesquels nous songeons à revenir, ce sont les points qui sont
survenus suite au développement qu'a pris Radio-Québec. Vous
pouvez retenir cela.
M. de Bellefeuille: M. Labonté, vous avez dit, un peu plus
tôt, que vous regretteriez beaucoup si le conflit à
Radio-Québec devait être prolongé d'un mois à cause
de ce qui se passe ici ce matin en commission parlementaire. Qu'est-ce que vous
entendiez par là?
M. Labonté: Je crois que les mécanismes normaux
pour régler les conflits sont à la table de négociation.
Si l'on veut faire intervenir le pouvoir politique, fût-ce au niveau du
Parlement, pour régler des conflits, on risque que cela traîne
très
longtemps, à moins qu'il y ait des décisions
d'autorité qui soient prises.
Je pense que cela risque de fausser les règles de la
négociation. C'est tout ce que je voulais dire. Si cela n'a pas cet
effet, bravo! Je me dis qu'il est possible que, dans les circonstances, nous
discutions de ce problème, alors que la situation est extrêmement
délicate. Il est possible, plutôt que de faire gagner du temps,
que cela en fasse perdre.
M. de Bellefeuille: Êtes-vous en train de nous dire, M.
Labonté, que les négociations procèdent de façon
très heureuse, de telle sorte que nous puissions souhaiter un retour
très prochain au travail?
M. Labonté: Non. Je suis en train de vous dire que tant
qu'on peut espérer qu'au niveau politique il y ait une solution, les
négociations ne peuvent pas progresser.
M. de Bellefeuille: Comment procèdent les
négociations à l'heure actuelle? Est-ce qu'elles procèdent
à une cadence heureuse? Est-ce qu'il y a un règlement
prochain?
M. Labonté: Non. Depuis le 19 avril, à peu
près le jour où il a été question d'une commission
parlementaire ici, il n'y a pas eu de négociation. Nous nous parlons par
l'intermédiaire du conciliateur, à la demande du syndicat. Avant,
il y en a eu beaucoup.
M. de Bellefeuille: Je voudrais, parce que mon temps va
bientôt se terminer, dire un peu et je chercherai à donner
à cela le sens d'une question pour me conformer aux exigences de mes
collègues de la commission quels sont mes sentiments à
propos de certains aspects généraux de Radio-Québec, en
particulier, parce que le député de Mont-Royal a peut-être
cherché à donner à entendre que les députés,
tant de l'Union Nationale que les ministériels, profitaient des
circonstances pour se montrer sévères à l'endroit de
Radio-Québec. Je voudrais dire que je considère que la
programmation offerte par Radio-Québec à la population du
Québec, quand elle était en ondes, est une programmation qui me
plaît beaucoup. Je considère que le parti pris éducatif et
d'information qui préside à la programmation de
Radio-Québec est une chose qu'il faut absolument conserver. D'ailleurs,
je vous signale, M. le président, M. le PDG, que lorsque vous parlez de
commandite, vous m'inquiétez un peu. Notez qu'on pourrait discuter cela
dans le détail et voir, mais je suis par instinct porté à
me demander si ce n'est pas la porte ouverte à une commercialisation des
ondes à Radio-Québec, ce que je déplorerais vivement.
Je sais que dans certains milieux de Montréal il est de bon ton
de se moquer de Radio-Québec.
En particulier, dans les couloirs de Radio-Canada on s'amuse à
dire que Radio-Québec fait ce que Radio-Canada faisait il y a vingt ans;
ce à quoi je réponds toujours que ce que Radio-Canada faisait il
y a vingt ans était infiniment préférable, en
télévision à tout le moins, à ce que Radio-Canada
fait aujourd'hui et que Radio-Canada devrait, par conséquent,
peut-être faire l'effort de revoir sa programmation d'il y a vingt ans.
Elle se rendrait peut-être compte que ce que fait Radio-Québec
aujourd'hui est une télévision beaucoup plus authentique, quant
au rôle que l'on souhaiterait, dans une société
civilisée, voir jouer par la télévision, que celui de ses
concurrentes Radio-Canada et Télé-Métropole.
Cela dit, la question, puisque je vous en ai annoncé une.
Partagez-vous mes inquiétudes à propos des commandites dont vous
avez parlé? Je sais bien que, pour vous, c'est de l'argent, c'est du
financement. Cela ouvre des possibilités. Est-ce que justement ce n'est
pas la porte ouverte à une tendance à la commercialisation que
nous aurions plus tard à déplorer, parce qu'une fois que c'est
fait, c'est difficile de renverser la vapeur?
M. Labonté: Je crois que la tentation est là, sans
aucun doute. Nous avons essayé, dans la politique que nous avons
élaborée à ce sujet, de nous donner des balises qui
fassent en sorte qu'on soit protégé contre cette tentation
d'aller chercher plus d'argent pour faire de meilleures émissions.
Je peux vous dire que la préoccupation que vous avez,
l'inquiétude que vous avez a été partagée aussi
bien au niveau du conseil de direction, qui ne s'y est résigné
qu'après de longues séances de discussions, qu'au conseil
d'administration lui-même qui nous a promis d'avoir un oeil vigilant sur
l'application de cette politique. Peut-être que ce n'est l'enceinte ici
pour parler de ces choses, mais je dois vous dire qu'également le CRTC
nous a avertis qu'il aurait un oeil vigilant sur cette commandite de prestige
pour éviter précisément la commercialisation des ondes. Je
peux vous dire que si nous nous sommes défendus assez âpre-ment
pour maintenir l'autonomie de Radio-Québec, face au pouvoir politique,
ce n'est pas pour l'abandonner au pouvoir économique.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu qu'il est...
M. de Bellefeuille: M. le Président, je vous signale que
mon temps n'est pas épuisé.
Le Président (M. Jolivet): Je sais. Il reste sept minutes
à votre temps. Comme il est 13 heures, nous reviendrons, si l'entente se
fait à l'Assemblée nationale, après la période des
questions. Les travaux sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 13 heures)
(Reprise de la séance à 17 h 10)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des communications est maintenant réunie pour
entendre et étudier les crédits budgétaires du
ministère des Communications et entendre les personnes convoquées
à cette fin, tel qu'entendu ce matin.
La parole est au... Oui?
M. Bellemare: Parce que, justement, il y a eu un retard
considérable, provoqué par certaines discussions qui ont
traîné en longueur à la Chambre, la commission
parlementaire n'accepterait-elle pas d'emblée, unanimement, qu'on
dépasse 18 heures, qu'on puisse peut-être ajouter une heure
à nos travaux pour nous permettre d'entendre les parties qui se sont
dérangées aujourd'hui, les comités régionaux ainsi
que les membres du syndicat, pour ne pas causer de préjudice à
ceux qui nous attendent depuis certainement une heure, une heure et quart?
Le Président (M. Jolivet): S'il y a consentement, je n'ai
pas d'objection.
M. Bellemare: Je vous donne le mien. Je parle au nom de mon
parti, et en mon nom et au nom du député de Gaspé.
Maintenant, il reste à savoir si le parti ministériel et le parti
de l'Opposition officielle seraient d'accord qu'on prolonge d'au moins une
heure la séance de cette commission parlementaire ce soir.
Le Président (M. Jolivet): On me fait mention, ici,
à côté de moi, qu'on serait prêt à
siéger jusqu'à 18 h 30.
M. Bellemare: M. le Président, c'est parce qu'à 17
h 45, en vertu de notre règlement, il faut aller voter sur la motion.
C'est le dernier mercredi. Nous avons encore un quart d'heure de perdu.
Le Président (M. Jolivet): Je pourrais faire une
suggestion; qu'on aille jusqu'à 18 h 30, quitte à
réévaluer cela, à ce moment, tenant compte des gens qui
seront ici. De cette façon, on verra si on peut continuer une demi-heure
additionnelle. Je ne sais pas si tout le monde serait d'accord?
Des voix: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour ma part, je ne veux
pas poursuivre jusqu'à 19 heures. J'ai déjà un engagement
à 18 heures, je peux toujours prolonger d'une demi-heure. À 18 h
30, la situation ne sera pas changée. Elle sera la même.
M. Ciaccia: Nous allons procéder jusqu'à 18 h
30.
Mme Lavoie-Roux: C'est la même chose pour le ministre.
Le Président (M. Jolivet): Allons jusqu'à 18 h 30
pour le moment. La parole est au député de
Rivière-du-Loup, mais avant, permettez-moi d'annoncer les personnes
présentes à cette assemblée pour cet après-midi: M.
Beauséjour (Iberville) remplacé par M. Guay (Taschereau); M.
Bertrand (Vanier) remplacé par M. Boucher (Rivière-du-Loup); M.
Ciaccia (Mont-Royal); M. Godin (Mercier) remplacé par M. Bisaillon
(Sainte-Marie); M. La-berge (Jeanne-Mance); M. Le Moignan (Gaspé); M.
Michaud (Laprairie); M. O'Neill (Chauveau); M. Vaillancourt (Orford)
remplacé par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Comme intervenants: M. Goulet (Bellechasse) remplacé par M.
Bellemare (Johnson); M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes). M. Boucher.
M. Boucher: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
le député de Gaspé, ainsi que M. le président de
l'ORTQ de la bonne publicité qu'ils nous ont faite pour la
télévision communautaire de Rivière-du-Loup, concernant la
cote d'écoute.
Mes questions seront assez courtes. Tout simplement, à partir
d'un document qui s'appelle: "La régionalisation de Radio-Québec,
l'état de la situation, mars 1978, constat d'échec, en provenance
des comités régionaux de Radio-Québec".
M. le directeur général, vous avez mentionné ce
matin que les comités régionaux continuaient d'être
provisoires, dans le sens que, au moment où on se parle, ils avaient
été prolongés d'un terme à l'autre. Actuellement,
dans le document en question, les comités régionaux mentionnent
qu'en avril 1977 les comités régionaux provisoires sont
mutés en comités régionaux permanents. Des bureaux
régionaux sont ouverts. Des secrétaires régionaux à
temps plein et des sténosecrétaires à temps partiel seront
alors engagés dans chaque région, afin d'assurer la permanence.
Ce que vous avez dit ce matin, concernant l'état provisoire des
comités régionaux, est-ce que cela existe encore ou si c'est
chose faite, concernant la permanence?
M. Labonté: Au point de départ, les comités
régionaux ont été conçus comme étant
provisoires jusqu'à ce qu'une réponse nous arrive du gouvernement
pour savoir si oui ou non on devait poursuivre notre projet de
régionalisation. Comme vous l'avez dit, nous avons prolongé
je ne me souviens pas des dates mais, à un moment
donné, nous avons décidé de cesser de les appeler
"provisoires" et de les considérer comme étant des comités
régionaux. (17 h 15)
L'épithète "permanent" n'a jamais été
arrêté formellement; ce qu'on a voulu dire, c'est que ces
comités qui, au début, avaient été conçus
pour être provisoires, maintenant remplaçaient le comité
d'implantation qui devait exister. Nous attendions des comités
régionaux, de concert avec nous, l'élaboration des structures qui
devaient être permanentes dans chacune des régions du
Qué-
bec. Ce travail devait se faire conjointement avec les comités
régionaux; c'était d'ailleurs un des mandats qui, au cours de
l'existence des comités régionaux, s'est développé.
Donc, les comités tels qu'ils sont actuellement sont les comités
avec lesquels nous travaillons, sont ceux dont les mandats ont
été prolongés mais qui pourraient disparaître le
jour où nous nous entendrons sur une structure définitive qui
serait la structure régionale.
M. Boucher: Est-il exact de dire que vous aviez prolongé
le mandat des comités régionaux jusqu'à la remise du
rapport du comité Rocher?
M. Labonté: Non. En fait, ce qu'il faut dire vraiment,
c'est que les comités régionaux existeront jusqu'à ce
qu'ils soient remplacés par une structure permanente. Bien sûr on
a dit: Écoutez, on attend des recommandations du comité Rocher;
jusqu'à ce moment-là, on vous demande de continuer le travail.
Mais le comité Rocher lui-même devait être et je me
suis engagé, d'ailleurs, avec les comités régionaux,
à discuter les recommandations du comité Rocher
discuté afin d'en arriver à un consensus avec eux.
M. Boucher: En août 1977, la direction de
Radio-Québec, en réponse à l'avis des présidents,
présente un document intitulé: La régionalisation,
état de la situation, août 1977. C'est un document qui propose une
nouvelle stratégie de développement pour son programme de
régionalisation. Le projet soumis par la direction est jugé
irrecevable par les comités régionaux. En effet,
Radio-Québec tente de récupérer le peu de pouvoirs qu'il
avait cédés aux comités en plaçant le personnel en
régions sous son autorité.
Est-ce que cette affirmation, de la part des comités
régionaux, est exacte?
M. Labonté: Je ne sais si les comités
régionaux, effectivement, ont fait cette affirmation. Ce que je peux
vous dire...
M. Boucher: C'est dans le document que je cite.
M. Labonté: ... c'est que nous avons proposé,
à la date que vous avez mentionnée, un document, "État de
la situation", et nous l'avons proposé comme document de travail, en
demandant aux comités régionaux ce qu'ils en pensaient, pour
qu'on puisse en discuter ensemble.
Dans ce document, ce que nous avons essayé de faire, compte tenu
de l'évolution, c'est-à-dire du fait que nous n'avions toujours
pas de réponse et que nous restions toujours dans une situation
provisoire, dans l'attente de décisions, on s'est dit: Peut-être
qu'il faudrait, si c'est ce qui peut satisfaire les aspirations des
régionaux, proposer un autre plan que celui que nous avions
proposé au point de départ, qui était un plan triennal et
qui avait été la base de notre entente avec les comités
régionaux.
Au moment où nous avons formé les comités
provisoires, nous avons remis le plan triennal et dit: Voici ce que nous
voulons faire; voulez-vous travailler avec nous là-dessus? On a dit:
Oui, on veut travailler avec vous. Pas avec l'enthousiasme que je manifeste
à ce moment-ci. Mais quand même, on s'est dit: Bon, aussi bien
embarquer parce que tout à coup que cela marche, aussi bien être
dans le train. Cela a été la réaction.
Donc, on a travaillé sur cette base. En cours de route et pour
des raisons qu'on peut probablement différemment expliquer, pour ma
part, je crois que c'est parce qu'on est toujours resté dans une
situation d'attente, sans réponse, de frustration. Alors que l'on devait
passer, par exemple, de 12 heures à 64 heures, on est toujours
resté à 12 heures; les antennes qui devaient être
installées simultanément, on n'avait toujours pas de
réponse là-dessus. Enfin, tout ce qu'on avait
espéré obtenir, nous ne l'obtenions pas, ce qui peut expliquer
pas mal de frustration. Quoi qu'il en soit, nous avons décidé,
à partir de là, comme le projet que nous avions proposé
n'était plus accepté, manifestement, d'en proposer un autre et on
a demandé ce que les comités régionaux en pensaient.
Or, on n'a jamais reçu de réponse à ce document, si
ce n'est un autre document qui établissait les principes que les
régionaux, à partir de ce moment, établissaient maintenant
comme la base de leur collaboration avec Radio-Québec.
M. Boucher: Et les énoncés de principe qui vous ont
été communiqués à ce moment, est-ce que vous y avez
donné suite?
M. Labonté: Nous y avons donné suite. Nous
étions d'abord un peu embarassés parce que le comité
Rocher siégeait et devait lui-même revoir toute cette question.
Par contre, les comités régionaux nous demandaient notre
réaction aux documents qu'ils avaient préparés.
Finalement, on a proposé une réponse dans laquelle on dit
substantiellement que les principes mis de l'avant par les régionaux ne
sont pas ceux que nous leur avions proposés au point de départ,
quand on leur a demandé s'ils voulaient bien travailler au projet de
régionalisation que nous mettions de l'avant.
Ce document n'était pas final, parce que c'était un
document de travail qu'on leur remettait pour dire: Voici notre position, au
moins, notre position va être établie de façon claire, on
va essayer de supprimer les équivoques, voici ce que nous pensons, ce
que nous avons à dire sur les principes que vous mettez de l'avant. Il y
a donc un certain nombre de principes avec lesquels nous n'étions pas
d'accord. Il m'en vient un en mémoire; on demandait dans ce document que
la régionalisation devienne pour Radio-Québec non pas une
priorité de développement, comme ce que nous avions
proposé, mais bien une priorité de réorganisation, voulant
dire par là que tout l'office devait se repenser et se
réorganiser en fonction exclusivement de la régionalisation. On a
répondu: Non, ce n'est pas cela notre intention. L'intention, c'est que
Radio-Québec, qui existait avant de
lancer le projet de régionalisation, qui a déjà un
certain nombre d'expériences dans un certain style de programmation
éducative a l'intention de maintenir cette direction, mais veut y
ajouter la dimension régionale qui n'existait pas jusque là,
contrairement à ce qui était avancé par les comités
régionaux ou, alors, on mettait la hache dans à peu près
ce qui existait déjà pour repartir sur des bases tout à
fait différentes. Et on l'a dit dans la réponse qu'on a
donnée aux comités régionaux, réponse qui ne vient
que de la direction générale, en fait, qui n'a pas
été soumise au conseil d'administration, parce qu'on n'en a pas
eu le temps et que les comités régionaux réclamaient une
réponse le plus rapidement possible. C'est ce que nous disions dans
cette réponse.
M. Boucher: En fait, vous ne seriez pas en faveur d'un grand
principe qui dirait, par exemple, que la régionalisation suppose que les
structures de services, comme Radio-Québec, se mettent au service des
régions et non l'inverse?
M. Labonté: Sur ce point particulier, j'ai exprimé
mon désaccord en disant qu'il n'y avait pas, d'un côté, la
régionalisation et, de l'autre côté, Radio-Québec.
Il y avait un projet collectif, qui était le projet de
Radio-Québec et qu'aussi bien les régions que la maison
mère, si je peux l'appeler ainsi, devaient être au service de la
population québécoise et non pas les régions au service de
Radio-Québec, ou Radio-Québec au service des régions. Ce
n'est pas du tout la façon de poser le problème. La façon
de poser le problème, c'est que nous existons exclusivement pour la
population que nous avons à desservir. Que ce soit dans la dimension
régionale ou la dimension dite nationale, nous devons travailler
ensemble pour cette population.
M. Boucher: Dans les propositions patronales que
Radio-Québec faisait au syndicat, au mois de janvier, on proposait pour
le personnel des régions, en fait, l'interdiction pour les
employés en région de postuler un poste à
Radio-Québec ou à Montréal. Il arrive même
qu'à certains employés à la production, on offre un
salaire de 25% à 45% moins élevé qu'à un
débutant à Montréal. Est-ce que cela est exact?
M. Labonté: Je ne sais pas vraiment sur ce point
précis que vous soulevez. Je n'ai pas eu ce document. Je ne peux rien
vous dire et je préférerais d'ailleurs ne pas répondre, si
vous me le permettez, parce que cela me paraît être une question en
litige, précisément.
M. Boucher: Est-il exact aussi qu'en date du 13 avril, à
Las Vegas, on sait que Radio-Canada a délégué une
vingtaine de représentants, est-ce que Radio-Québec y a
délégué quelqu'un? Si oui, combien de personnes?
M. Labonté: Je crois que oui. Je crois qu'ils
étaient deux; je sais qu'il y en avait au moins deux. Est-ce qu'il y en
avait plus que cela?
Quatre ou cinq environ.
M. Boucher: Est-ce que ces personnes avaient des pouvoirs de
décision quant à l'acquisition d'équipement?
M. Labonté: Oui. Il s'agissait en particulier de celui qui
assume l'intérim à la direction de l'ingénierie
actuellement, le technicien qui est à l'ingénierie, qui sont,
eux, chargés du développement du réseau. Ce sont les deux
dont je suis personnellement responsable; je sais qu'ils étaient
là. Quant aux autres, je ne sais pas qui ils étaient.
M. Boucher: Est-ce que l'ORTF a participé au Marché
international des productions? Est-ce qu'il y avait des représentants?
Est-ce qu'il y a eu des coûts assez élevés à
cela?
M. Labonté: Si vous me permettez de revenir à
l'autre question. Les directeurs techniques étaient là aussi. Ce
sont donc des gens qui doivent être au courant de l'équipement qui
arrive sur le marché.
Votre question est sur le marché international des
programmes?
M. Boucher: Oui.
M. Labonté: Le marché international des programmes
à Cannes. Oui, c'est là que nous allons acheter nos programmes,
bien sûr. C'est là que nous essayons de vendre nos programmes.
C'est là que nous rencontrons les représentants des diverses
chaînes de télévision du monde avec lesquels nous pouvons
entretenir des relations suivies, ce qui nous a valu, en fait, puisque nous
sommes au MIP depuis trois ans en compagnie de cinq autres compagnies
privées, d'affirmer au MIP T.V. la présence du Québec dans
ce champ de juridiction provinciale de la télévision
éducative, une présence qui est vous pourrez lire les
journaux à cet effet fort remarquée, ce qui nous a valu
d'avoir été accepté à l'intérieur de la
communauté des télévisions francophones qui groupe la
France, la Belgique, la Suisse, le TéléLuxembourg,
Télé-Monte-Carlo et Radio-Canada et maintenant,
Radio-Québec.
Nous estimons qu'il est important d'être présent sur cette
scène internationale, d'affirmer la juridiction du Québec dans ce
domaine et c'est pourquoi nous nous permettons, non seulement d'être
là pour acheter et vendre des programmes puisque nous devons le faire,
mais également dans le but d'exercer des activités de relations
publiques et d'établir des contacts avec la télévision du
monde entier.
Donc, oui nous étions présents. Il y avait une
réalité, je crois, six personnes de Radio-Québec qui
étaient présentes.
M. Boucher: C'est toujours durant la période du conflit
qui existe actuellement.
M. Labonté: Effectivement.
M. Boucher: Est-ce qu'il y a possibilité d'installer des
antennes de l'ORTF sur l'infrastructure de l'Hydro? Est-ce que cela a
été envisagé?
M. Labonté: Cela a été envisagé. Je
peux vous dire que depuis 1973, nous discutons de cette question. À
chaque fois qu'intervient un nouvel interlocuteur, la question est
reposée et la réponse est toujours la même.
M. Boucher: Quelle est la réponse?
M. Labonté: On sait que ce n'est pas rentable. Cela n'est
pas la solution au problème de diffusion sur l'ensemble du
territoire.
M. Boucher: Quant au projet de déménagement au
stade, est-ce qu'il y a eu des négociations avec les autorités
concernant l'installation d'équipement au Stade olympique pour
l'exclusivité des productions qui pourraient être faites par
l'ORTQ au Stade olympique? (17 h 30)
M. Labonté: Oui, dès qu'il a été
question d'utiliser ces espaces, nous avons... Puisqu'il nous faut nous
installer de façon définitive, n'étant qu'à
location, nous nous trouvons dans un édifice qui n'est pas du tout
fonctionnel par rapport à nos besoins, édifice qu'il faut
améliorer de toute façon. Quand nous nous sommes aperçus
que des espaces étaient disponibles, nous nous sommes porté
candidat éventuel pour occuper ces espaces.
Nous avons d'abord eu une réponse neutre, si je peux dire: oui,
cela pourrait être considéré. Quand le comité Marsan
a été formé, la question est revenue sur le tapis et
là on est entré en communication avec nous pour nous demander si
nous étions toujours intéressés à nous installer au
Stade olympique. Nous avons dit oui, mais il faudra analyser la situation, voir
si vraiment nous pouvons être installés de façon
convenable. Si oui, peut-être que ce serait intéressant.
Cette analyse a été faite et il est apparu que ce serait
intéressant pour nous d'être au Stade olympique. D'autant plus que
je rejoins votre question ici nous avons également
proposé à la RIO que Radio-Québec devienne
propriétaire des installations techniques permanentes du Stade
olympique, ce qui permettrait à Radio-Québec de recevoir une taxe
de tous les diffuseurs qui voudraient utiliser ces installations pour diffuser
les événements du stade, soit les événements
sportifs, soit les événements de nature culturelle. Étant
bien entendu qu'il n'était pas question pour nous, à
Radio-Québec de diffuser ces émissions ou ces programmes sur
notre antenne, sauf qu'il s'agissait de programmes véritablement
culturels, mais que nous fournissions l'équipement technique, les
services techniques donc le personnel technique pour cette diffusion, ce qui
nous permettrait un certain revenu qui ne serait sans doute pas
négligeable.
M. Boucher: M. le Président, c'est tout.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais poser une question, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Ciaccia: Pour le déroulement de nos travaux, est-ce que
nous allons, à un moment donné, mettre fin aux questions
adressées à M. Labonté, non pas parce que je ne veux plus
l'entendre. Si on continue jusqu'à 18 h 30, il faudrait peut-être
prendre une décision pour entendre les autres invités, les
syndicats et les comités régionaux. Si on passe tout notre temps
à poser des questions à M. Labonté, cela ne servira
à rien de faire attendre tous les autres groupes ici aujourd'hui.
M. Bisaillon: M. le Président, je pense qu'on avait
convenu que la procédure qu'on pourrait suivre serait d'entendre les
membres de la commission qui s'étaient déjà inscrits avant
l'ajournement de ce midi et par la suite, sans ajouter d'autres noms, passer
immédiatement à l'audition du syndicat et des comités
régionaux.
Le Président (M. Jolivet): Pour autant que les gens...
M. Le Moignan: Je vais être très bref, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Allez.
M. Le Moignan: Je crois qu'on a mentionné ce matin
l'agressivité de l'Union Nationale vis-à-vis de M.
Labonté. Je ne sais pas si j'ai été si agressif dans mes
propos; je ne voulais pas l'être de toute façon. Je comprends que
M. Labonté est très limité dans son action, limité
dans ses moyens, limité dans ses budgets.
Ce matin, vous avez parlé du profil de l'auditoire de
Radio-Québec qui s'adresse, en somme, à 35% de gens qui ont une
scolarité de dix à douze ans alors que cette valeur
éducative devrait plutôt s'adresser à ceux qui sont moins
favorisés. Je ne veux pas entamer le débat; cela a
été mentionné ce matin. Je remarque, dans le rapport
Rocher, à la page 5, ce qui suit: "Radio-Québec est la seule
institution publique de communication de masse à appartenir à la
collectivité québécoise." Évidemment, j'ai mis un
gros point d'interrogation sur le mot "seule" parce qu'il y a tout de
même Radio-Canada à côté. En dépit des
objectifs et des ambitions de Radio-Québec, cela va prendre plusieurs
années avant qu'il soit au service de toute la collectivité
québécoise.
Ce que je trouve de plus aberrant pour le PDG et pour le ministre des
Communications, c'est qu'avec un budget de $23 millions par année qui va
peut-être augmenter au compte-gouttes à l'avenir, comment
allez-vous réussir à faire oeuvre valable? Cela ne
représente même pas $4 per capita dans la province de
Québec si je sais compter un peu. J'aimerais savoir ce que le
budget du réseau français de Radio-Canada représente ici
au Québec. Avez-vous des chiffres approximatifs? Est-ce que c'est trop
vous demander?
M. Labonté: II me semble que c'est $150 millions; pour
l'ensemble du Canada français, on me dit que c'est $235 millions.
M. Le Moignan: Tout de même, c'est donc dire qu'on a
beaucoup de rattrapage à faire sur Radio-Canada, quoique ce sont nos
taxes qui défraient la programmation et le reste, radio et
télévision. Je ne veux pas engager de débat à ce
sujet et peut-être pour tout simplifier, pour tout résumer, on a
parlé des équipements, ce matin, qui sont dispendieux, il y a
tout de même des équipements légers, je pense, qui
existent; il y a nos cégeps qui sont bien équipés, au
point de vue régional, qui peuvent contribuer à la programmation
locale dans leur région. La seule question, je pense, que je voudrais
demander: Est-ce que, à la suite du rapport Rocher, vous allez faire un
commentaire officiel? Ensuite, j'aurais une question à poser au
ministre.
M. Labonté: Je pense que j'ai eu l'occasion de dire ce
matin que M. le ministre Laurin, M. le ministre O'Neill, doivent, demain,
ici-même à Québec, rencontrer le Conseil de
l'administration de l'office pour présenter ce rapport Rocher et voir
quelle serait la réaction du conseil. Donc, oui, nous allons
certainement prendre position par rapport à ce rapport.
M. Le Moignan: Maintenant, M. le ministre, en me basant sur le
conflit du Soleil dont je ne veux pas discuter, je vous lis un petit paragraphe
qui me semble être un précédent créé ici par
le gouvernement du Québec: "Ces mises à pied qui prendront effet
la semaine prochaine se feront sur le mode pratiqué à
Radio-Québec dans des circonstances similaires. Les personnes
visées auront droit à des prestations d'assurance-chômage
ainsi qu'à un régime supplémentaire de prestations
versées par le Soleil." C'est ce qui se pratique actuellement à
Radio-Québec, du moins, pour un ou deux syndicats. Est-ce que le
ministre ne voit pas de danger pour l'avenir, est-ce que c'est un
précédent, est-ce que cela peut être embarrassant pour le
gouvernement et pour d'autres sociétés?
M. O'Neill: Moi, je réponds, M. le Président, que
la décision a été prise par la société
d'État et je voudrais tout simplement qu'on pose la question à M.
Labonté; elle n'a pas été prise par nous autres.
M. Le Moignan: Je refile la question à gauche.
M. Labonté: La décision, effectivement, a
été prise par le conseil d'administration de l'office. Vous me
demandez si cela cause un précédent pour d'autres
négociations. Peut-être, je pense que je n'aurai pas à me
prononcer sur les autres négociations. Ce que je tiens à dire,
cependant, puisque vous soulevez le problème, c'est qu'on a faussement
interprété ce geste. Je tiens à dire que,
premièrement, nous payons, nous, comme employeur, des prestations
d'assurance-chômage. Les employés qui se trouvent par la force des
choses, mis à pied, paient aussi des prestations
d'assurance-chômage. Nous estimons donc, dans les cir- constances, tel
que prévu par la Loi de l'assurance-chômage, qu'ils avaient le
droit de recevoir ces prestations.
D'autre part, victimes innocentes de ce conflit, puisqu'elles n'ont rien
à y voir, on peut blâmer la direction si on veut, on peut
blâmer le syndicat qui est en grève si on veut, il reste que les
autres n'ont rien à voir avec ce conflit. Donc, ils n'ont pas à
payer pour ce conflit.
Deuxièmement, nous estimons qu'il est préférable
d'accorder aux syndiqués qui se trouvent forcément mis à
pied, à cause de la situation, un supplément de revenus qui nous
assurera que ce personnel que nous avons formé, que ce personnel qui est
avec nous depuis six ou sept ans, que les meilleurs d'entre eux vont rester
avec nous et qu'à la fin du conflit, ils pourront revenir travailler
avec nous.
Prenez les deux objectifs que nous avons poursuivis par cette
décision. Il nous a paru tout à fait normal, puisque cette
situation est prévue même à l'intérieur de la Loi de
l'assurance-chômage, il est prévu qu'on puisse accorder un
supplément de revenus aux employés qui se trouvent mis à
pied par des circonstances dont ils ne sont pas responsables,
précisément pour assurer c'est le but de cet article dans
la Loi de l'assurance-chômage la stabilité de la
main-d'oeuvre. Nous avons tenu à nous assurer que nos employés
nous reviendront, nous l'espérons, le plus vite possible, dès que
la grève sera terminée.
M. Bellemare: Cela vous coûte combien?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gaspé.
M. Bellemare: C'est...
M. Le Moignan: C'était la dernière question que je
voulais poser à M. Labonté.
M. Bellemare: Cela vous coûte combien?
M. Labonté: Je suis obligé ici parce que ce
sont les chiffres qui me viennent à l'esprit de faire une
comparaison avec l'hypothèse selon laquelle nous aurions, dans les
circonstances, appliqué ce qui était prévu dans les
conventions collectives existantes. Notre prétention, c'est que les
conventions collectives ne s'appliquent pas, en réalité, dans les
circonstances, les conventions collectives ne prévoyant la
rémunération pour les employés dans ces circonstances
mises à pied pour manque de travail. Or, ce n'est pas le
travail qui manque, ce sont les conditions qui ne nous permettent plus de faire
le travail. Quoi qu'il en soit, il s'agit là d'une distinction
juridique.
Nous avions donc le choix entre appliquer la convention, par analogie
puisqu'il fallait bien faire quelque chose pour les employés
et recourir, ce que nous avons fait finalement, à
l'assuran-ce-chômage. Nous établissons à une
économie de $225 000 pour l'office, le fait de recourir à
l'hypothèse de l'assurance-chômage; $225 000 par rap-
port à ce que cela nous aurait coûté si nous avions
dû appliquer les conventions collectives. D'un commun accord, la
direction et les syndicats concernés ont décidé
plutôt de mettre de côté les conventions collectives et de
recourir à la Loi de l'assurance-chômage qui permettait le
régime que nous avons appliqué.
Nous économisions donc $225 000 et cela, il faudrait
réduire dans l'hypothèse où le conflit devait se
prolonger pendant un an, ce qui m'amène à vous dire que la
période d'une année qu'on a mise en épingle pour dire que
la direction s'installait dans son conflit pendant un an, en recourant à
cette solution, ne vient pas de nous mais a été imposée
par la Loi de l'assurance-chômage. Il est bien entendu que, dès
l'instant où le conflit est réglé, ces prestations
n'existent plus. Nous économisions donc, dans cette hypothèse
et là, il faudrait faire le calcul pour voir ce que cela veut
dire si nous reculons jusqu'à un mois ou quinze jours de grève;
par ailleurs, le même mécanisme nous permet de donner aux
syndiqués mis à pied, pour la valeur de $1 100 000 de plus. Cela
vient précisément des prestations de i'assurance-chômage,
c'est-à-dire des contributions de l'assurance-chômage. Il nous a
paru que c'était un geste de bonne administration que de recourir
à cette possibilité qui nous était offerte par les lois
existantes.
M. Le Moignan: Merci, M. Labonté.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Merci, M. le Président. Parmi les questions que
le député de Mont-Royal a évoquées ce matin, avec
M. Labonté, il y a eu la question de l'attitude de Radio-Québec
et de ses démarcations par rapport au gouvernement. Le paradoxe de
l'attitude du député de Mont-Royal, ou la démarche du
député de Mont-Royal, me semblait tenir au fait que, dans un
premier temps, il reprochait au ministre de ne pas répondre de la
ventilation du budget de l'ORTQ, ce qui implique donc que l'ORTQ a acquis un
degré d'autonomie encore plus grand, au cours de la dernière
année, que ce n'était le cas auparavant. Au même
moment...
M. Ciaccia: C'est à cause d'une mauvaise administration si
on ne sait pas combien d'argent est dépensé. Cela n'a rien
à voir avec cela.
M. Guay: Si le ministre doit répondre de chaque chapitre
budgétaire, c'est donc qu'il doit diriger l'ORTQ lui-même.
M. Ciaccia: Mais les chiffres, au moins...
M. Guay: Si on donne la moindre impression de diriger l'ORTQ, le
député de Mont-Royal est le premier à grimper dans les
rideaux, au nom de la censure et de l'immixtion politique dans l'office.
M. Ciaccia: ... les chiffres, au moins.
M. Guay: II y a quelque chose de paradoxal...
M. Ciaccia: Posez donc vos questions à l'invité; ce
n'est pas moi qui suis l'invité, c'est M. Labonté.
M. Guay: C'est vous qui m'interrompez. Vous avez eu le droit de
parole deux fois, laissez-moi finir.
M. Ciaccia: Demandez-lui les questions. Je ne vous ai pas
questionné.
M. Guay: Vous avez fait des interventions et posé des
questions; je complète vos interventions et questions.
M. Ciaccia: Vous empêchez les syndicats d'être
entendus.
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Ciaccia: Depuis ce matin qu'ils veulent être entendus.
(17 h 45)
M. Michaud: Vous allez patiner à deux heures.
Le Président (M. Jolivet): M. le député. Le
droit de parole selon l'article 5, au député de Taschereau.
M. Guay: Merci, M. le Président. Au-delà de ce
paradoxe, on les veut autonomes et en même temps on ne veut pas qu'ils
soient autonomes, il y a eu la question que le député de
Mont-Royal vous a posée, qui m'a vivement intéressé et qui
portait sur l'attitude que l'office aurait au moment du
référendum, en présumant évidemment que l'office
serait en ondes à ce moment-là. Ma question à ce sujet,
pour clarifier... M. le Président, je comprends que le
député...
M. Ciaccia: Vous dites si ce serait en...
M. Guay: ... de Mont-Royal est d'un naturel paranoïaque,
mais il ne faut quand même pas exagérer trop, trop.
M. Ciaccia: Bien non! C'est vous qui l'avez soulevé, vous
avez dit...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, M.
le député.
M. Guay: Comme le député de Mont-Royal le sait
probablement, l'office actuellement n'est pas en ondes, mais nous avons bon
espoir qu'il le sera lors du référendum.
Mme Lavoie-Roux: Parce que le référendum s'en vient
vite.
M. Guay: Parce que le référendum quoi? Mme
Lavoie-Roux: S'en vient tard.
Le Président (M. Jolivet): M. le député s'il
vous plaît, pas d'interruption.
M. Guay: Cela s'en vient et cela s'en vient vite, comme le dit la
campagne de financement du Parti québécois. Trop vite pour vous,
d'ailleurs.
Toujours est-il que le ministre fédéral des Communications
de qui relèvent, plus directement, les communications au Canada
puisqu'on sait que les communications sont du domaine des juridictions
exclusivement fédérales, hélas! le ministre
fédéral des Communications, Mme Sauvé, a invité,
récemment, les radiodiffuseurs privés, lors du
référendum, à ne pas oublier, dans la démarche
qu'ils feront, qu'ils doivent préserver un pays. Ce qui était une
invitation, même pas déguisée, aux radiodiffuseurs
privés de faire de la propagande profédérale ou
profédéraliste lors du référendum.
À ce moment-là, elle a eu la réplique de M.
Prévost de Radio Mutuel, pourtant peu connu pour ses opinions
indépendantistes, qui lui a dit que les radiodiffuseurs privés
entendaient bien rester neutres dans un débat comme celui-là,
comme il se doit.
J'aimerais savoir, de la part de l'ORTQ, si l'office se sent visé
par les invitations, même pas voilées, du ministre
fédéral des Communications. Est-ce que les radiodiffuseurs, en
l'occurrence privés, mais cela peut s'appliquer aux autres aussi
on sait qu'à Radio-Canada ils subissent déjà le
service de M. Trudeau et de Mme Sauvé est-ce que l'Office de
Radio-télédiffusion du Québec se sent visé par
l'invitation de Mme Sauvé à faire de la propagande, dans un sens
bien précis, lors de la campagne du référendum.
M. Labonté: Comme vous savez, M. Guay, la
télévision éducative relève, quant à son
contenu, exclusivement de la juridiction québécoise.
M. Guay: Ce que le gouvernement fédéral trouve le
moyen de contester, néanmoins.
M. Ciaccia: II n'a pas besoin de contester, parce qu'il leur a
accordé une licence.
M. Guay: Je m'adresse à M. Labonté. Vous voulez que
je m'adresse à M. Labonté? C'est ce que je fais.
M. Ciaccia: Je vous aide dans vos questions.
M. Labonté: II est possible que le gouvernement
fédéral le conteste. Je peux vous assurer pour nous que la
question ne se pose même pas. Donc, nous n'avons pas à suivre des
directives qui peuvent nous venir d'un ministre fédéral. D'autant
que nous n'en avons pas à suivre, non plus, des ministres provinciaux
puisque la loi a été assez sage pour consacrer l'autonomie de
Radio-Québec, face aux pouvoirs politiques.
M. Guay: Face à la régionalisation, vous avez, en
quelque sorte ce matin, lorsque les questions ont été
posées, renvoyé la balle aux gouvernements, je dis gouvernements
au pluriel, c'est-à-dire, l'ancien et le présent, en ce qui a
trait à l'atti- tude qu'ils se sont abstenus d'afficher à
l'endroit de la régionalisation de l'office. Est-ce que cela veut dire
que le gouvernement ne s'est jamais penché sur la question et s'il l'a
fait, est-ce que des sommes n'ont même pas été
prévues, en dehors du budget de fonctionnement de l'ORTQ, par le Conseil
du trésor spécifiquement pour la régionalisation? Est-ce
que la démarche du gouvernement a été à ce point
neutre ou est-ce qu'il y a eu une telle absence de démarche en ce qui a
trait à la régionalisation?
M. Labonté: En effet, la première démarche
officielle du gouvernement ou des hommes politiques dans ce dossier a
été la constitution du comité Rocher. Je crois que le
comité Rocher prend position et c'est une position, si elle est
acceptée par le Conseil des ministres, qui deviendra le premier geste
réellement officiel posé par les gouvernements approuvant le
projet de régionalisation de Radio-Québec. Et ce qu'on m'a
laissé entendre au Conseil du trésor c'est que, étant
approuvées au niveau politique, les sommes exigées pour la
réalisation du projet, viendraient automatiquement.
M. Guay: Mais entre l'approbation du plan de développement
régional ou du plan de régionalisation lui-même... parce
que la réponse que vous fournissez laisse entendre que le gouvernement
ou quelque instance du gouvernement, en particulier, les instances
financières ne se sont pas penchées ou n'ont pris aucune
initiative pouvant aider l'ORTQ dans le processus de
régionalisation.
C'est une chose que de se pencher sur le plan de régionalisation
de Radio-Québec et de l'adopter le cas échéant ou de le
refuser, mais est-ce que le gouvernement n'a pas, en aucun moment, fourni des
sommes à Radio-Québec de façon à l'inciter, au
moins, à poursuivre la démarche en attendant qu'effectivement le
comité Rocher regarde la question de plus près?
On m'a dit qu'il y a eu des sommes spécifiquement mises de
côté ou votées elles ont été
votées dans l'enveloppe budgétaire globale en 1977/78 et
qu'il y en a de prévues en 1978/79, pour la régionalisation,
indépendamment du fonctionnement de l'ORTQ.
M. Labonté: Ce qui s'est produit, effectivement, c'est que
nous avons lancé le programme de régionalisation à
même nos propres budgets de fonctionnement, nous avons recruté ces
sommes auprès des diverses directions de l'office pour la
première année. Pour la seconde année, c'est-à-dire
en 1977/78, nous avons demandé, puisque le projet était en cours,
qu'on nous donne des sommes pour le développer. Ce qui nous a
été reconnu à ce moment, c'est une somme d'environ $220
000 qui nous permettait de rembourser les sommes qui avaient été
dépensées l'année précédente, donc
considérant que: Puisque c'est lancé, très bien, on va
vous accorder $228 000; cela remboursait, enfin, cela n'augmentait pas notre
budget de fonctionnement. Cela ne faisait que
dire: Très bien, vous avez enlevé $228 000, on va dire
qu'on vous les donne pour l'an prochain.
Pour l'année qui vient, il y a une somme de $458 000, suivant le
même processus, qui nous est accordée. C'est toujours, en quelque
sorte, pour rembourser les montants que nous avons déboursés
à même notre propre budget, mais cela n'augmente pas notre
budget.
M. Guay: Oui et non. Si ces sommes ne vous étaient pas
allouées aux fins du remboursement de ce que vous avez
dépensé, à ce moment-là, vous auriez raison de dire
que c'est pris exclusivement à même le budget de
fonctionnement.
Comme elles vous sont allouées en remboursement, même si
c'était a posteriori, c'est donc dire que votre budget de
fonctionnement, y inclus ces sommes allouées au remboursement, est
haussé des sommes que vous avez mentionnées.
M. Labonté: Vous avez raison.
M. Guay: À quel chapitre de la ventilation que nous avons
devant nous, ce que vous nous avez fourni ce matin, apparaissent ces $450
000?
C'est la première d'une série de questions sur la
ventilation, parce que c'est une ventilation qui correspond, effectivement, au
livre des crédits pour les ministères du gouvernement et les
directions générales, mais qui laisse plusieurs questions en
suspens.
Je vous demanderais dans quelle énumération ce
qu'on appelle fonctionnement dans quelle catégorie fait-on
apparaître une somme comme celle-là?
M. Labonté: Si vous permettez, je vais laisser M.
Buzaré vous répondre.
M. Buzaré: Le programme de régionalisation comporte
des sommes qui sont présentement dans les diverses catégories de
dépenses. D'une part, vous avez les salaires des employés
occasionnels qui sont dans les régions et que vous retrouvez sous la
catégorie "autres rémunérations".
M. Guay: Toute la catégorie 2, soit $1 171 000...
M. Buzaré: Vous avez là-dedans l'équivalent
pour payer les salaires des employés occasionnels qui sont
employés dans les régions, c'est-à-dire les
secrétaires des régions.
M. Guay: Cela couvre tout le montant des $1 171 000...
M. Buzaré: C'est-à-dire, les $458 000, comme
l'expliquait M. Labonté. Essentiellement, le programme coûte $750
000 et Radio-Québec a financé la différence
lui-même, à même son enveloppe budgétaire, entre les
$750 000 et les $458 000 qui lui ont été donnés lors de la
discussion budgétaire.
Le salaire total de $750 000, qui est le coût du projet, se trouve
ventilé dans les diverses catégories de dépenses. Dans les
traitements, nous retrouvons le salaire des employés régionaux,
et également les jetons de présence qui sont payés aux
présidents des comités des conseils régionaux.
M. Guay: À combien cela se monte-t-il, par rapport aux $1
171 000?
M. Buzaré: Ce qu'il faut regarder, c'est que le coût
total de la régionalisation, l'implantation régionale nous
ne parlons pas ici de la production est de $750 000 pour 1978/79.
Si vous permettez un instant, je vais seulement regarder dans un
document pour vous en donner la ventilation.
M. Guay: Pouvez-vous en même temps sortir la ventilation
d'autres catégories? J'aimerais savoir un peu ce qui entre dans cela,
par exemple...
M. Buzaré: Ce qui entre dans cela, dans les salaires,
quant aux rémunérations, comme je vous l'ai expliqué, vous
avez un montant d'environ $325 000 pour le traitement des employés
occasionnels, également les jetons de présence et du personnel
qui peut être engagé périodiquement dans les
régions, pour des travaux spécifiques.
M. Guay: Les autres $800 000 approximatifs qu'il reste.
M. Buzaré: Nous avons parlé de $750 000. Je vous ai
expliqué...
M. Guay: On parle de la catégorie 2, les $1 171 000.
M. Buzaré: Le restant des $800 000; c'est pour des
employés occasionnels employés pour la production à
Radio-Québec, dans le cours normal de sa fonction de production.
M. Guay: Ce qui inclut les cachets d'artistes, le cas
échéant?
M. Buzaré: Non, les cachets d'artistes, vous les retrouvez
dans la catégorie 4, c'est-à-dire les services. Ce sont des
services considérés professionnels.
M. Guay: Les traitements à la catégorie 1 sont pour
le personnel permanent de l'office.
M. Buzaré: La catégorie 2, c'est le personnel
occasionnel.
M. Guay: La catégorie 1.
M. Buzaré: À la catégorie 1, vous avez le
personnel permanent, c'est-à-dire les gens qui ont leur permanence
assurée à l'office.
M. Guay: Ce qui fait 490 employés.
M. Buzaré: Dans le budget, il y a 490 employés
présentement, mais le budget est prévu pour un effectif de
518.
M. Guay: D'accord. Cela couvre complètement les $9 886
500...
M. Buzaré: Exactement. Cela comprend également les
avantages sociaux, le temps supplémentaire, etc.
M. Guay: Les $1 171 000 couvrent les employés occasionnels
en région, les jetons de présence en région, et les
occasionnels de production.
M. Buzaré: Les occasionnels de production que nous
utilisons pour les productions de Radio-Québec.
M. Guay: Les $990 000 aux communications, est-ce pour les
relations publiques?
M. Buzaré: C'est essentiellement la publicité qui
se trouve là, qui représente $400 000. Vous avez également
à l'intérieur de cela tous les frais de voyage occasionnés
soit pour les équipes de production qui vont en tournage, ou pour les
frais de voyage qui sont occasionnés dans l'exercice des fonctions
d'office. Ce sont essentiellement les deux gros chapitres.
M. Guay: D'accord. Si je comprends bien, la programmation
elle-même se trouve toute à l'intérieur de la
catégorie 4.
M. Buzaré: Non. Cela se trouve ventilé de partout.
Si on parle de la programmation de la production, vous pouvez avoir des
employés permanents qui travaillent sur cela, vous pouvez avoir des
employés occasionnels.
M. Guay: À part les traitements?
M. Buzaré: À part les traitements, vous pouvez
retrouver les coûts de production sous les frais de voyage dans les
productions, c'est-à-dire dans: Communication. Dans les services, vous
retrouvez les cachets qui sont payés aux artistes, les droits que nous
libérons sur les acquisitions. Dans la catégorie 5, ce sont
essentiellement les services d'entretien; dans la catégorie 6, ce sont
les loyers. Nous retrouvons le loyer de la bâtisse.
M. Guay: Est-ce que vous avez dans vos chiffres et
répartis de façon différente les frais de programmation,
ce qui inclurait les rémunérations, mais pour ce qui va à
la programmation, les cachets, les divers frais de production, décors,
et des choses comme cela, le cas échéant, et ainsi de suite, pour
qu'on ait une idée de ce qui va exactement à la programmation
dans le budget de $19 millions?
M. Buzaré: J'ai un détail, une ventilation qui est
faite, qui donne exactement la répartition du budget de l'office suivant
les dépenses qu'il encourt pour son auditoire, pour sa programmation,
c'est-à-dire la confection de sa programmation, également les
dépenses qu'il affecte à sa diffusion, c'est-à-dire la
mise en ondes et tout le personnel technique relié à la
diffusion. Sur le budget de $22 626 000, vous avez, pour l'auditoire, $1 022
000.
M. Guay: Que signifie "pour l'auditoire"? (18 heures)
M. Buzaré: Vous savez, il y a la publicité, il y a
tout le service d'identification des besoins de l'auditoire, etc. Pour la
programmation, ce sont des recherches qui sont faites sur la programmation
éducative de Radio-Québec. En ce qui concerne la diffusion, c'est
tout le personnel qui est affecté à la diffusion des
émissions. Alors, cela dérive surtout du personnel technique.
Vous avez pour cela: $1 567 000.
Dans la production à l'acquisition, vous avez $12 779 000. Dans
la distribution des documents, $12 779 000. Pardon?... Production et
acquisition de documents. C'est-à-dire tout...
M. Guay: Ce qui est programmation.
M. Buzaré: ... ce qui est programmation, soit des
documents produits par Radio-Québec ou à l'extérieur ou
des documents qui sont acquis comme des films, des choses comme
celles-là.
Quant à la distribution, c'est la vente aux commissions
scolaires, c'est la distribution dans les régions, les comptoirs
régionaux et également, la câblodistribution: vous en avez
pour $378 000.
Pour la gestion il y a un montant de $3 917 000 qui comprend les loyers
de l'office et tous les frais généraux. Il reste un montant de $1
050 000 qui a été accordé par le gouvernement pour
l'amélioration de la qualité; cela reste à
déterminer et à ventiler suivant les orientations que le conseil
d'administration contiendra.
M. Guay: Tout cela vous donne avez-vous également
ce chiffre? le coût moyen d'une heure de production. À
combien s'élève le coût moyen horaire d'une production
à l'ORTQ?
M. Buzaré: II s'élève à environ $24
000 l'heure.
M. Guay: Comment l'expliquez-vous? vous n'êtes pas sans
savoir que d'autres télédiffuseurs de moindre qualité
je le veux bien ont des coûts singulièrement
moindres. En d'autres mots, on peut reprendre la question d'une autre
façon.
M. Buzaré: Je m'excuse.
M. Guay: Vous avez un coût horaire de $24 000, ce qui
m'apparaît, en tout cas, très élevé. Il y a
peut-être des raisons à cela. J'hésite à faire la
comparaison, je vous le dis tout de suite, parce que c'est entre deux types de
programmation tout
à fait différents. Mais il n'en demeure pas moins que
Télé-Métropole pour en prendre un qui se compare et
qui se produit également à Montréal, et Radio-Canada se
pose des problèmes d'une autre nature a un budget à peu
près similaire au vôtre, soit environ $20 millions, si je ne
m'abuse. Il peut varier de quelques millions de dollars de plus ou de moins,
mais je crois que c'est cela; il faut peut-être me corriger. Non?
M. Labonté: II est très difficile d'avoir les
chiffres de Télé-Métropole. Je peux vous dire cela.
M. Guay: En tout cas, d'après ceux que j'ai ici qui sont
confidentiels c'est pour cette raison que je ne mentionne pas le chiffre
exact c'est du même ordre de grandeur. Or,
Télé-Métropole diffuse effectivement 18 heures par jour.
À ce sujet, vous avez mentionné qu'il y avait des longs
métrages; même s'il y en avait deux ou trois par jour à
Télé-Métropole, on a six heures de longs métrages;
il reste quand même douze heures de diffusion par rapport à quatre
heures à l'ORTQ, où il y a parfois des longs métrages
également.
Comment se fait-il qu'on en arrive à un budget analogue, enfin,
à un coût analogue, un coût d'exploitation relativement
analogue entre Radio-Québec et Télé-Métropole alors
que Télé-Métropole trouve le moyen de diffuser 12 à
18 heures par jour, selon qu'on tient compte des longs métrages ou non,
et l'ORTQ diffuse quatre heures tout en considérant les longs
métrages. Je suis tout à fait conscient qu'il y a les "quiz " et
que Télé-Métropole vise la plus basse qualité pour
le maximum de rentabilité; je suis très conscient de cela. Je ne
dis pas qu'on devrait utiliser la même démarche. En tout cas, il y
a quand même un décalage étonnant; $24 000 l'heure produite
ou l'heure de mise en ondes; cela me semble très élevé en
comparaison de ce qui se fait ailleurs.
M. Labonté: II faudrait vraiment avoir les chiffres pour
pouvoir faire les comparaisons. Mais je tiens à vous dire d'abord que
Radio-Québec a un long métrage/semaine et non pas un à
tous les jours.
M. Guay: ... deux?
M. Labonté: Peut-être exceptionnellement, mais en
saison nous avons un long métrage/semaine.
M. Bisaillon: ...
M. Labonté: J'espère.
M. Bisaillon: On prend note.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sainte-Marie, votre temps est écoulé.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on peut avoir une réponse?
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais je dois quand
même dire que je voudrais éviter qu'il y ait trop de...
M. Labonté: II y a autre chose également que des
longs métrages à Télé-Métropole. Il y a des
émissions qui sont usées et qui ne coûtent absolument rien
et qui sont diffusées encore; je pense à l'émission "Les
Pierrafeu", par exemple.
M. Guay: C'est à Radio-Canada, "Les Pierrafeu ".
M. Labonté: Pardon?
M. Guay: "Les Pierrafeu", c'est à Radio-Canada,
hélas!
M. Labonté: Excusez-moi.
M. Guay: En jouai et à Radio-Canada.
M. Bisaillon: Vous écoutez la télévision de
ce temps-ci, vous.
M. Guay: On pourrait peut-être demander au
député de Mont-Royal de demander au fédéral
pourquoi. En tout cas, c'est une autre question.
M. Ciaccia: C'est payant quand même le
fédéral; vous êtes paranoïaque. À chaque fois
que vous en avez l'opportunité, vous en avez peur du
fédéral? Est-ce qu'il vous a fait quelque chose?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, laissez le président-directeur répondre.
M. Labonté: J'aurais cru que c'était à
Télé-Métropole cette émission, mais enfin. Il y a
des émissions de cet ordre qui ne coûtent à peu près
rien à passer. Des téléromans, ce n'est pas coûteux
de la façon dont le fait Télé-Métropole et vous
ajoutez tout cela. La recherche n'est pas tellement poussée dans les
diverses émissions qui sont faites à
Télé-Métropole. Je peux vous dire, en tout cas, que nous
avons déjà, nous, fait des comparaisons, lors du premier plan
triennal, en particulier, et nous avions fait une étude de coûts
de production à Radio-Canada et à l'OECA, c'est-à-dire
notre pendant en Ontario. Notre budget nous permettait de nous situer
très favorablement par rapport à Radio-Canada et à l'OTO,
c'est-à-dire l'OECA. Je vous donne un exemple, on en a parlé ce
matin, évidemment ce sera peut-être pousser à
l'extrême, mais il reste que la série Duplessis, pour sept heures
de diffusion, a coûté $1 250 000 et peut-être davantage
même. Quand vous vous lancez dans ce genre d'émissions, il est
très difficile de comparer.
M. Guay: Ce n'était pas à Radio-Québec.
M. Labonté: C'est très difficile de comparer les
émissions parce que tout dépend de l'ampleur que prennent ces
émissions. Est-ce que c'est cher $24 000? Je ne le pense pas. Tout
dépend; si c'est pour faire une table ronde, oui, c'est très
cher. Si c'est pour faire une dramatisation, je pense que ce n'est pas
très cher.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je serai assez bref pour
permettre à la fois à M. Labonté de répondre aux
commentaires que je vais faire, puisque je ne poserai pas de questions, et
aussi pour permettre à Mme le député de L'Acadie de faire
son intervention. Ce matin, je me suis attaché à poser des
questions à M. Labonté sur la partie "gestion et administration"
de Radio-Québec. Je suis convaincu qu'on va recevoir les réponses
aux questions qui sont restées sans réponse ce matin, qu'on
recevra les documents pertinents. Est-ce que vous avez les réponses
maintenant? Je vais suspendre, je ne veux pas que cela compte dans mon temps de
parole. Allez-y.
M. Labonté: Vous m'avez demandé combien avait
coûté la H-S-200. Elle a coûté $175 000 et non $200
000 comme certains journaux le rapportent. La H-S-200 est utilisée
vous m'avez demandé son utilisation 16 heures par jour,
cinq jours/semaine et une fin de semaine sur deux.
Le Président (M. Jolivet): Je demanderais à
l'assistance de ne pas...
M. Labonté: Et ce que j'affirme, je suis prêt
à le prouver n'importe quand. Contrairement à ce qu'on laisse
circuler, nous sommes obligés de refuser l'utilisation de la H-S-200 aux
réalisateurs qui le réclament parce qu'elle est trop en demande.
La régie centrale, d'abord, qui n'a pas coûté ce que l'on
dit; elle a coûté $475 000. On parle ici de $1 million.
Deuxièmement, ceci s'est produit au moment où nous avons
déposé notre plan triennal et donc, nous avions prévu,
dans le budget de la première année, l'équipement
nécessaire qui devait être implanté dans la deuxième
année du plan triennal, puisque nous avions prévu, dans cette
deuxième année du plan triennal, d'avoir une régie
centrale de diffusion. Nous avons donc, dans la première année,
acquis l'équipement au montant de $475 000 et non de $1 million et nous
n'avons pas pu, dans la seconde année du plan, l'implanter puisque la
deuxième tranche du plan triennal nous a été
refusée par le gouvernement de l'époque. Ce qui veut dire que cet
équipement, que nous avons acheté, effectivement, est en partie,
sur les tablettes; nous avons quand même l'année suivante,
récupéré $75 000 de cet équipement pour la
régie de diffusion temporaire, que nous avons installée.
Nous avons en plus utilisé pour à peu près $100 000
de cet équipement en pièces de remplacement, et il reste
actuellement, sur les tablettes, à peu près la valeur de $200 000
d'équipement qui n'attend que le feu vert pour établir la
régie de diffusion centrale pour être utilisé. Je tiens
à vous dire, puisque vous me permettez de le faire, que le papier que
vous avez entre les mains est farci de ce genre d'exagérations
grossières. Si vous devez porter des jugements à partir des
informations qui sont véhiculées dans ce papier, je vous dis;
Soyez prudents.
M. Bisaillon: M. Labonté, compte tenu que je vous ai
posé des questions précises, vous pourriez me répondre de
façon précise, ce qui va déjà atténuer le
document, selon vous.
M. Ciaccia: On ne vous entend pas. Je sais que c'est bien
intéressant, je voudrais l'entendre.
Le Président (M. Jolivet): Voulez-vous vous approcher du
micro, s'il vous plaît?
M. Bisaillon: Je disais à M. Labonté qu'il pourrait
répondre à mes questions, qui étaient précises, qui
n'avançaient rien et qui n'étaient que des questions, parce que,
des deux côtés, je suppose qu'on pourrait dire qu'il y a des
allégations qui sont fausses. Si on s'embarque dans cela, cela ne
marchera plus. J'ai posé des questions. Répondez à ces
questions. Ce sera au moins clarifié.
M. Labonté: Je crois vous avoir donné des
réponses précises à vos questions précises,
jusqu'ici. Le gros car de reportage sert trois jours et demi par semaine,
à l'année. Après trois jours de service, il a besoin
d'être inspecté, d'être entretenu. Donc, il ne peut servir
vraiment que quatre jours par semaine. Il sert trois jours et demi. Bien
sûr quand nous diffusons les Jeux d'Amos quand nous parvenons
à le faire il fonctionne quinze jours, sans revenir après
trois jours et demi. Ces trois jours et demi sont une moyenne sur
l'année entière.
Quant aux petits cars de reportage, ils servent trois jours par semaine
sur un potentiel de quatre jours.
M. Bisaillon: M. le Président, si vous le permettez, je
vais continuer.
M. Bellemare: Est-ce la meilleure politique, actuellement, que
vous instaurez pour qu'on ne puisse pas entendre les autres, ce soir?
Une voix: C'est une bonne question.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député...
M. Bisaillon: On en a convenu, pendant que vous étiez
parti, M. le député de Johnson...
M. Bellemare: Je voudrais connaître la procédure. Je
suis allé à la fermeture de la Chambre.
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Bisaillon: Vous êtes allé la fermer. Continuez
à la fermer et ce sera parfait.
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre! Le
problème, c'est que vous allez justement étirer le temps pour
rien. Nous nous sommes entendus. C'était clair, tout à l'heure.
Je respecte cela pour le moment, quitte à revenir à 18 h 30 pour
plus tard.
M. Bellemare: Mais, que voulez-vous? Dans vingt minutes...
M. Bisaillon: Si vous prenez mes dix minutes, cela va allonger
encore de dix minutes, M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Vous nous avez dit tout à l'heure que vous
n'aviez plus de questions.
M. Bisaillon: Ce n'est pas vrai. M.Bellemare:
Écoutez!
M. Bisaillon: Nous avons convenu de donner la parole à
tous ceux qui étaient là. Puis-je continuer?
Le Président (M. Jolivet): Allez-y.
M. Bisaillon: Merci. J'ai relevé deux choses...
M. Bellemare: C'est un bon moyen pour ne pas entendre les
autres... Vous allez me faire peur?
M. Bisaillon: Ah! Mon Dieu! Non. À votre âge! Vous
avez dû en voir d'autres!
M. Bellemare: Pas à mon âge. Oui, certain, des gros
yeux!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Johnson. Je m'excuse, parce que cela allait très bien, il y a quelques
minutes.
M. Bellemare: Oui, d'accord. Allez-y.
M. Bisaillon: M. le Président, puis-je continuer?
M. Bellemare: Avec ma bénédiction.
M. Bisaillon: Êtes-vous sûr, M. le Président,
que vous contrôlez le député de Johnson?
Le Président (M. Jolivet): II est dur!
M. Bellemare: Les élections partielles n'ont lieu que le 5
juillet dans Notre-Dame-de-Grâce. On a du temps en masse!
M. Bisaillon: M. le Président, je voudrais passer deux
derniers commentaires: Un concernant la programmation à laquelle je n'ai
pas touché ce matin, mais que Mme le député de L'Acadie
avait abordée. Il me semble que dans les réponses que M.
Labonté a apportées aux questions de Mme le député
de L'Acadie, il y avait une certaine contradiction. Si on tient pour acquis que
l'analyse de la population qui écoute Radio-Québec
révèle que près de 66% sont des gens ayant une
scolarité inférieure à douze ans, puisque ce sont les
chiffres... L'analyse montre que 31% ont de un à neuf ans de
scolarité et 35% ont de dix à douze ans de scolarité; donc
je conclus que 65% ont moins de douze ans de scolarité. Je suis fort
étonné que dans le plan de programmation de 1978/79 on tente
plutôt d'adresser les émissions à des gens qui sont plus
scolarisés, puisque l'orientation de la programmation va influencer,
évidemment, le contenu des émissions. Ceci devrait avoir pour
effet, selon moi, de baisser la cote d'écoute, ou le nombre d'auditeurs
à Radio-Québec, puisque, en ayant des émissions
s'adressant à des gens plus scolarisés, ceux qui écoutent
déjà Radio-Québec et qui ont moins de douze ans de
scolarité seraient privés des émissions ou du type
d'émissions qu'ils peuvent avoir actuellement. (18 h 15)
Je trouve dommage qu'on puisse dire dans un tel document, et je cite:
"Nous demeurons quand même une télévision de masse,
accessible au plus grand nombre, considérant que la population du
Québec est et sera de plus en plus scolarisée. Nous
espérons aussi que, par voie d'entraînement, nous pourrons
accroître la participation des moins scolarisés, du moins,
à moyen terme."
Cela signifie: Je suis en haut, la population viendra me rejoindre et,
au moment où elle m'aura rejoint, on pourra dire qu'on est une
télévision vraiment de masse. Pour l'instant, il me semble que
l'orientation de la programmation ne correspond pas aux objectifs qu'on devrait
se fixer, à savoir rejoindre le plus grand nombre de personnes et qu'au
contraire, ce qu'on s'apprête à faire pour 1978/79 va faire perdre
au moins cette clientèle qu'on avait à Radio-Québec,
laquelle était entre un et douze ans de scolarité; on risque
peut-être en 1978/79 de la perdre.
Je termine, M. le Président, en disant trois choses. C'est mon
impression sur l'audition de Radio-Québec devant la commission
parlementaire. Premièrement, en demandant à M. Labonté de
déposer le document d'entente qu'il a sûrement dû y avoir
entre Radio-Québec et la Commission d'assurance-chômage, puisque
c'est un règlement particulier. J'aimerais en avoir le
dépôt pour qu'on puisse connaître vraiment les conditions
dans lesquelles cette entente s'est négociée avec la Commission
d'assurance-chômage.
Deuxièmement, je voudrais manifester mon désaccord quant
à moi, sur la procédure utilisée face aux employés
des deux autres syndicats qui n'étaient pas en grève. Je ne pense
pas que ce soit un privilège qu'on leur a fait, je ne pense pas, non
plus, que ce soit de la bonne administration et je vous donne mon opinion
personnelle. Je pense que c'est plutôt une façon de diviser les
travailleurs d'une même entreprise, c'est une façon de mettre en
minorité un syndicat qui revendique légalement et, même si
on n'est pas d'accord sur le contenu de ses revendications, qui revendique
légalement. C'est une façon d'ajouter une pression qui, à
mon sens, est indue et n'est pas prévue dans notre système de
relations de travail, et c'est jusqu'à un certain point "fourrer", si
vous me permettez l'expression, ceux qui avaient droit à 100% de leur
salaire parce qu'ils n'étaient pas touchés par le conflit.
Lorsque des employés sont en lock-out, ceux qui ne sont pas
touchés directement dans le conflit, il y a de la jurisprudence à
cet effet. C'est l'employeur qui est responsable de leur salaire, et
à 100%. Il me semble que dans ce cas, en faisant cela, on
négocie quelque chose avec la Commission d'assurance-chômage, on
parvient effectivement, au plan administratif, à sauver de l'argent pour
Radio-Québec, mais à quel prix?
La question que je me pose comme membre de la commission parlementaire,
M. le Président, c'est celle-ci: À quel prix? Je termine en
disant à M. Labonté et je pense que j'exprime pas mal ce
que plusieurs membres de la commission pourraient lui dire qu'il s'est
présenté à nous comme un homme sûrement très
habile, mais il reste quand même qu'il se dégage de tout ce qu'on
a entendu de la part des représentants de Radio-Québec et,
à partir des questions de l'ensemble des députés de la
commission parlementaire, qu'il y a, au niveau de Radio-Québec, un
climat de travail je ne parle pas de relations de travail, je parle
seulement du climat de travail qui laisse sûrement à
désirer, et cela pas pour la première année.
Il me semble que ce climat de travail, on devrait saisir l'occasion de
la commission parlementaire pour retourner à la table des
négociations, sauter sur l'offre syndicale qui a été faite
hier et, peut-être que cela fait rire M. Labonté que je parle de
l'offre syndicale d'un échéancier de négociations,
peut-être qu'on n'a pas la même définition, M.
Labonté, de ce qu'est le mot "négociation", mais la
négociation n'est pas le règlement d'un conflit ou le
règlement d'une négociation, ce n'est pas attendre que l'autre
arrive à nos positions. Pour négocier, il faut que chacun y mette
du sien et il me semble que, dans les circonstances, dans ce dossier, il y
aurait encore un grand pas à faire de la part de Radio-Québec,
qu'on présente vraiment les positions claires de Radio-Québec,
qu'on dise aux employés ce sur quoi on ne sera jamais d'accord, mais
qu'on circonscrive au moins, qu'on entoure, qu'on encercle au moins les points
qui sont vraiment en désaccord plutôt que de laisser pourrir la
situation.
Après deux mois de grève, il me semble, M. le
Président, qu'on devrait faire le voeu, à tout le moins, que
l'offre de cédule de négociations soit effectivement
acceptée par Radio-Québec et qu'on assiste, dans les deux
prochaines semaines, à de véritables négociations.
M. Bellemare: J'ai dit exactement la même chose, en moins
beau, ce matin.
M. Bisaillon: Parfait.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, je
répète...
M. Bellemare: Mais, c'est mieux dit.
Le Président (M. Jolivet): Messieurs, il n'y a qu'une
chose que j'aimerais faire remarquer. Je comprends que des gens peuvent avoir
des sentiments d'émotion, mais je pense qu'il n'est pas de mise dans
cette assemblée, que l'audience manifeste de quelque façon que ce
soit, par des applaudissements ou d'une autre façon. Je demande à
nouveau, s'il vous plaît...
M. Bellemare: Autrement, on va passer pour être
démagogique.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai deux questions.
Une voix: Cela ne se peut pas.
M. Bellemare: ... ce n'est pas possible.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Je demanderais au président-directeur
général de Radio-Québec d'essayer de répondre
brièvement; on aura peut-être encore la chance d'inviter les
syndicats à venir s'asseoir en avant. Ma première question est
celle-ci: Où en êtes-vous dans le travail d'implantation de
Radio-Québec dans la région d'Abitibi-Témis-camingue?
C'est un problème qui a eu des répercussions assez...
Une voix: ...
Mme Lavoie-Roux: ... percutantes ou retentissantes merci
dans les journaux de la région. Est-ce qu'on fait des pas en
avant? Pouvez-vous donner l'état de la question, brièvement, s'il
vous plaît?
M. Labonté: Oui. Nous avons fait une demande au CRTC pour
obtenir les fréquences 10 et 13 dans cette région. Cette demande
est devant le CRTC; nous l'avons faite au mois d'août de l'année
1977. Au mois de décembre si je ne m'abuse de la
même année, le CRTC a lancé un appel pour demander, pour
permettre d'ouvrir un poste commercial dans la même région, ce qui
a amené Radio-Nord à demander les mêmes fréquences
VHF que nous avions demandées. Le débat est entre les mains du
CRTC; il a été fort agité dans la région et nous
devons nous présenter devant le CRTC le 24 mai prochain pour
débattre cette question. Il n'est pas exclu qu'on arrive à
trouver une solution qui satisfasse les deux parties, c'est-à-dire que
l'entreprise privée, se refusant en tout cas officiellement
à diffuser sur les antennes UHF, il se peut que par des
réaménagements du spectre on arrive à accorder aux deux
demandeurs des fréquences VHF.
Je ne peux pas en ajouter davantage. Le 24 mai, nous devons faire notre
présentation au Conseil de la radio-télévision du
Canada.
Mme Lavoie-Roux: M. Labonté, je ne voudrais pas
déformer votre réponse. Est-ce que je conclus mal en pensant que
le problème se situe uniquement dans la demande que vous avez
placée devant le CRTC, le problème que confronte le
CRTC, étant donné que deux organismes demandent des
permis? Ou est-ce qu'il n'y a pas également des problèmes entre
Radio-Québec et ce qui devait constituer le comité d'implantation
dans la région nord-ouest?
M. Labonté: Non, cela ne se pose pas. Il y a eu des
problèmes avec le comité d'implantation...
Mme Lavoie-Roux: Et ceux-là.
M. Labonté: II y a eu des problèmes.
Mme Lavoie-Roux: Sont-ils réglés?
M. Labonté: Je pense qu'il reste deux personnes dans le
comité actuellement...
Mme Lavoie-Roux: Et les autres sont...
M. Labonté:... et nous travaillons avec elles et elles
sont d'accord avec notre demande. Elles appuient notre demande pour obtenir les
permis VHF.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Labonté: Ce sont les deux membres qu'il reste dans ce
comité.
Mme Lavoie-Roux: Je ne vous demanderai pas de répondre,
mais je serais bien tentée de vous demander pourquoi les autres sont
partis. Mais je ne vous demande pas de répondre.
M. Labonté: Je peux vous répondre. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Labonté: Les autres sont partis parce qu'on
n'était pas d'accord sur la façon dont le comité
était mené par la personne qui en était le
président. Il y a eu un conflit extrêmement sérieux dans le
coin puisque le comité avait d'abord lancé un concours pour
obtenir des réalisateurs pour les productions de Radio-Québec
dans la région, que des personnes s'étaient
présentées... une personne s'était présentée
comme réalisateur et elle a été éliminée; on
a embauché une autre personne qui a posé sa candidature
après les délais prévus pour le concours. Ceci a
causé des difficultés majeures et il y a une association qui
s'est formée pour s'opposer à cette discrimination. Nous avons
même reçu j'ai reçu à
Radio-Québec une lettre de la Commission des droits de l'homme
m'avertissant que je serais appelé à témoigner devant
cette commission, puisqu'il y avait une plainte de discrimination...
Mme Lavoie-Roux: Je vous interromps, M. Labonté. Quand
vous dites que vous n'étiez pas d'accord avec la personne, enfin,
Radio-Québec n'était pas d'accord avec la façon dont la
personne...
Enfin, Radio-Québec n'était pas d'accord avec la
façon dont le premier président de ce comité se
comportait. Vous faites allusion à ce problème particulier qui a
été soulevé et qui aurait pu être discriminatoire
compte tenu que les conditions du concours n'avaient pas été
observées. C'est le seul point que vous aviez à
répondre.
M. Labonté: C'est un des problèmes qui se sont
posés avec cela.
Mme Lavoie-Roux: Un des problèmes. M. Labonté:
Oui.
Mme Lavoie-Roux: II y en avait d'autres, bon.
L'autre question: tout à l'heure, vous avez dit que vous aviez eu
des indications du Conseil du trésor à l'effet qu'une fois la
décision politique prise, quant à la possibilité de la
régionalisation effective de Radio-Québec, il serait prêt
à ouvrir les cordons de la bourse. Pourriez-vous nous donner un ordre de
grandeur des montants d'argent que le Conseil du trésor devra vous
donner ou prévoir pour la réalisation de cette
régionalisation au-delà, évidemment, des $22 millions,
puisque vous ne l'avez pas fait, compte tenu des restrictions
budgétaires que vous avez?
M. Labonté: Je ne peux malheureusement pas vous donner un
ordre de grandeur, parce que, en principe, c'est ce que le Conseil du
trésor nous a dit, pas nécessairement cette année: Le jour
où vous aurez une décision politique, là, les sommes
viendront. Est-ce qu'elles viendront cette année? Je n'en sais rien.
Comme montant, je crois que si vous voyez le rapport du comité Rocher,
il y a là des sommes qui sont prévues pour réaliser le
projet tel qu'il est formulé dans le rapport du comité Rocher.
Donc, ces sommes viendront ou ne viendront pas, je ne peux pas vous le dire,
suivant la décision politique. Peut-être que M. le ministre a des
informations là-dessus à vous donner.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, ces sommes-là ont
été précisées ici. Je ne l'ai pas lu au complet, le
rapport Rocher.
M. Labonté: Dans le rapport Rocher, il est indiqué
des montants qui pourraient être impliqués suivant qu'on adopte
telle ou telle solution.
Mme Lavoie-Roux: On me dit $57 millions, à peu
près.
En terminant, je voudrais vous remercier, M. Labonté, de la part
de l'Opposition officielle.
Je ne ferai pas, comme mon collègue de Sainte-Marie, qui a dit:
Vous devriez je ne veux pas mal l'interpréter accepter les
propositions qui vous sont faites par le syndicat. Ce que je souhaite, par
exemple, c'est que les gens se remettent à la table et je ne me
sentirais pas capable de dire: Acceptez ou n'acceptez pas, parce que je ne
connais pas le contenu des demandes, mais je pense que c'est un souhait que je
fais, que les gens se remettent à la table le plus tôt possible
parce qu'il ne faudrait pas répéter le
conflit de Radio-Québec d'il y a je ne sais pas
maintenant, cela fait trois ou quatre ans qui avait duré quatre
mois, je pense.
M. Bisaillon: Pour vous rassurer, je parlais du calendrier.
Mme Lavoie-Roux: Ah! vous parliez du calendrier.
M. Bisaillon: Le calendrier que le syndicat a proposé.
Mme Lavoie-Roux: Alors, excusez-moi. Merci, M.
Labonté.
M. Labonté: Je vous en prie.
M. Guay: Ce n'est pas une question de fond: Tantôt,
lorsqu'on faisait la ventilation de la ventilation, si on peut dire, je vous ai
demandé de présenter les chiffres d'autres membres et vous m'avez
référé à un document. Est-ce qu'il y aurait moyen
d'avoir copie de ce document-là? J'imagine que c'est un document, ce
sont des chiffres qui sont publics. Est-ce que vous pouvez me le faire
parvenir?
M. Buzaré: Certainement. Je ne sais pas, malheureusement,
s'il y a un nombre de copies disponibles, mais cela peut se faire.
Le Président (M. Jolivet): On pourrait faire des
photocopies, si vous le donnez. Juste un instant, avant, compte tenu que c'est
sûr. D'accord.
M. Bellemare: M. le Président, si j'ai été
amer, ce matin, à l'endroit du président, je voudrais m'en
excuser, mais j'ai entendu avec beaucoup de plaisir le député de
Sainte-Marie aller beaucoup plus loin que moi et je pense que, sur le fond, on
s'entend énormément. Je voudrais que le président soit
convaincu qu'on n'a absolument rien contre lui. Mais, comme
député, on est obligé d'exercer un certain mandat et ceux
qui sont dans la rue, pour nous, c'est quelque chose.
Alors, je voudrais aussi ajouter ma voix à celle de Mme le
député de L'Acadie, comme à celles des autres, pour
remercier le président de cette opportunité qu'il nous a
donnée de nous rendre compte de ce qui se passe véritablement, et
de le solliciter, très ouvertement, d'apporter à ce conflit son
meilleur esprit de foi et surtout sa meilleure diligence, parce que c'est
sûr et certain que celui qui vit dans le confort d'une quiétude
gouvernementale n'est pas comme celui qui est dans la rue. Cela est bien
différent.
Le Président (M. Jolivet): Merci.
M. Bellemare: Moi, j'ai vécu les deux.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
s'il vous plaît.
M. Bellemare: Je suis à remercier. Ne m'empêchez pas
de remercier. Oui mais il y a une chose certaine, c'est que c'est un bon ami,
le président, et je pense que tout le monde... on ne s'en cache
pas...
Il a fait une oeuvre merveilleuse. Au début, c'était pas
facile d'ouvrir Québec...
Le Président (M. Jolivet): ... M. le
député.
M. Bellemare: Non, je termine en vous remerciant, M. le
Président, de la patience que vous avez manifestée à mon
endroit, mais je garde quand même mes bons sentiments et je suis
persuadé qu'on connaîtra enfin la véritable solution si la
proposition que nous allons faire, immédiatement après cela, est
acceptée.
Le Président (M. Jolivet): Au nom de la commission, je
voudrais remercier M. le président-directeur général ainsi
que ses adjoints d'être venus à cette commission et on vous
libère.
M. Labonté: Merci beaucoup.
M. Guay: M. le Président, si la proposition que va faire
le député de Johnson peut avoir des implications pour le
président-directeur général...
M. Bellemare: Justement, le député de Taschereau
est très perspicace.
M. Guay: M. le député de Johnson est trop bon.
M. Bellemare: Non, mais perspicace. La définition du
dictionnaire Le Petit Robert est: "Celui qui voit venir...".
Ma proposition est la suivante: N'ayant pas le temps d'entendre, ce
soir, parce que l'heure est déjà avancée, les deux autres
parties, nous serions prêts, mon collègue et moi, à
remettre la séance de la question avec débat de vendredi à
ces messieurs qui voudront venir nous exposer leurs problèmes. Nous
mettrions de côté notre question avec débat, pour permettre
à la commission, et à ceux qui voudront assister à cette
démonstration qu'on n'a pas entendue et qu'on a hâte d'entendre en
contrepartie, de l'autre.
Je pense que c'est démocratique, c'est dans
l'intérêt public, c'est dans l'intérêt du
gouvernement que la lumière soit faite. S'il y a des arguments qui
viennent en contradiction avec ce qu'a dit le président, j'espère
que M. le Président y sera...
C'était la perspicacité du député de
Taschereau qui voulait qu'on invite M. le Président à cette
question de débat...
M. Guay: Et notamment, si vous me permettez, si jamais,
après avoir entendu les deux autres parties...
M. Bellemare: ... il y avait une réplique.
M. Guay: J'aimerais, à ce moment-là, poser des
questions au président.
M. Bellemare: D'accord, pour voir le juste milieu.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Bellemare: Non, parce qu'il a un ordre de la Chambre de faire
autre chose demain; il y a trois autres commissions.
M. Ciaccia: ... consentement, même avec l'ordre de la
Chambre...
M. Bellemare: Oui, et il y a eu un vote, d'ailleurs. On ne peut
pas revenir sur un vote de l'Assemblée nationale concernant
l'exécution d'un programme.
M. Ciaccia: Un instant.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait peut-être continuer quelques
instants.
M. Ciaccia: M. le Président... Une voix: On ne peut
pas finir...
M. Ciaccia: L'ordre de la Chambre ne dit pas qu'on ne peut pas se
rencontrer demain. L'ordre de la Chambre concerne deux autres commissions. Rien
ne nous empêche... si on est capables de s'entendre pour se rencontrer
vendredi matin, on est capables de s'entendre pour se rencontrer demain, ou
demain après-midi.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député.
M. Ciaccia: On a certains problèmes, de notre
côté, pour vendredi matin. C'est pour cela que je pose la
question.
Le Président (M. Jolivet): Quant à moi, M. le
député, sur la question, la commission peut bien faire le voeu,
émettre le voeu, que le leader du gouvernement, en accord avec les
autres leaders, accepte qu'on siège vendredi, selon le voeu émis
par le député de Johnson, mais je ne pense pas qu'on puisse,
à titre de commission, dire que demain matin, nous siégeons.
C'est au leader du gouvernement d'en décider et nous ne pouvons pas
décider de cela ce soir. Ce serait, pour les personnes qui sont ici,
soit représentants des syndicats ou des conseils régionaux, leur
donner un espoir de retour pour demain, sans avoir l'assurance que demain, nous
pourrons siéger.
Je pense que la seule chose que, comme président, je peux
transmettre au leader du gouvernement, c'est la proposition qui est faite par
le député de Johnson actuellement.
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Jolivet): Un instant, M. le
député de Johnson.
M. Ciaccia: Je suggère qu'on remette cela au leader et aux
différents leaders parlementaires, et qu'ils en discutent entre
eux...
M. Bellemare: Parce qu'il y aurait peut-être certaines
mesures...
M. Ciaccia: On ne peut pas prendre cette décision
maintenant.
Le Président (M. Jolivet): Ce que je pense, ce que la
commission peut décider, c'est d'émettre le voeu que vendredi
matin, nous puissions siéger selon le voeu émis par le
député de Johnson, la commission en faisant au leader la
proposition.
M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, tout en émettant ce
voeu, ne pourrait-on pas aussi... Si, de toute façon, on pouvait
siéger demain, cela ne pourrait pas se faire avant 16 h 30, soit
après la période de questions.
Étant donné que cela peut poser des problèmes du
côté de l'Opposition officielle pour vendredi matin, est-ce qu'on
ne peut pas demain, au cours de lavant-midi et jusqu'à la période
des questions, entrer en communication et essayer de voir comment on pourrait
régler le problème? Si de consentement, on pouvait siéger
demain soir, cela nous donnerait le temps de convoquer les syndicats et les
comités régionaux, sinon, on examinera la possibilité de
siéger vendredi matin, mais laissons-nous une autre
possibilité.
M. Bellemare: M. le Président, il y a deux articles dans
notre règlement. D'abord, l'article 63 qui dit qu'on n'a pas le droit,
dans la même session, de revenir sur un même sujet.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Johnson, je ne voudrais pas vous arrêter...
M. Bellemare: Non, mais laissez-moi au moins m'expliquer. Vous
dites, vous m'arrêtez. Il a une question...
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
juste un instant, si on prend les deux possibilités qu'on remet entre
les mains des leaders et qu'une décision soit prise demain ou plus tard,
de façon à pouvoir convoquer, je pense que vous pourriez discuter
du problème que vous avez actuellement, à cette rencontre. La
commission n'émet que le voeu que l'une ou l'autre des
possibilités soit présentée aux leaders.
M. Bellemare: D'accord, mais je voudrais savoir, avant d'aller
discuter avec les leaders, si l'article 162 A, au paragraphe C, si le ministre
peut se faire accompagner des fonctionnaires de son choix et les autoriser
à prendre la parole. Ils parlent alors en son nom. Est-ce que les
syndicalistes, qui sont ici, et les comités régionaux vont
pouvoir être invités, pour que j'aie la directive du
comité, de la commission parlementaire.
Le Président (M. Jolivet): Je pense que le consensus qui
se fait ici, le consentement qui se donne est à l'effet qu'on
siège demain après midi, ou demain soir, ou vendredi matin. Les
conseils régionaux, ainsi que les syndiqués seront invités
à comparaître devant la commission...
M. Bellemare: Comme le président aussi.
Le Président (M. Jolivet): Comme le président. On
en a fait mention tout à l'heure. Dans ce cas j'ajourne sine die.
(Fin de la séance à 18 h 36)