Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Laplante): La commission permanente des
communications se réunit aux fins d'étudier programme par
programme les crédits budgétaires du ministère des
Communications.
Les membres de cette commission sont M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M. Beaumier (Nicolet), M. Bertrand
(Vanier), M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. French
(Westmount), M. LeMay (Gaspé), M. Rivest (Jean-Talon), M. Rodrigue
(Vimont), M. Sirros (Laurier), M. Vaugeois (Trois-Rivières). M. Guay,
remplacez-vous M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Guay: Non, M. le Président, je prends ma place. Il
semble y avoir eu des changements, mais, si ce n'est pas le cas, je prends la
place de...
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas les
changements.
Une voix: M. Beaumier?
M. Guay: C'est ça, je prends sa place.
Le Président (M. Laplante): M. Beaumier (Nicolet)
remplacé par M. Guay (Taschereau). Vous avez des changements, M. le
député?
M. Bissonnet: Oui, M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges) remplace le
député de Jean-Talon.
Le Président (M. Laplante): Comme intervenant?
M. Bissonnet: Oui.
Le Président (M. Laplante): Les intervenants sont M. Baril
(Arthabaska), M. Charbonneau (Verchères), M. Fortier (Outremont)...
M. Bissonnet: À la place de M. Fortier...
Le Président (M. Laplante): À la place de M.
Fortier (Outremont), ce sera...
M. Bissonnet: M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges).
Le Président (M. Laplante): ... M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Marx (D'Arcy
McGee), M. Payne (Vachon), M. Perron (Duplessis), M. Picotte
(Maskinongé), M. Tremblay (Chambly).
La coutume veut - je ne sais pas si vous désirez la suivre, M. le
député de Jeanne-Mance - que le ministre fasse un exposé
global de ses programmes, que vous fassiez une réplique et, par la
suite, qu'on commence l'étude programme par programme. Je crois qu'il y
a une entente pour qu'il y ait sept heures d'allouées à
l'étude des crédits du ministère des Communications.
Est-ce que c'est exact?
M. Bissonnet: C'est exact.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie. M. le
ministre.
Exposés préliminaires M.
Jean-François Bertrand
M. Bertrand: M. le Président, ce n'est pas sans une
certaine fierté que j'ai le plaisir, pour une deuxième
année consécutive, de vous soumettre les crédits du
ministère des Communications. Je suis fier, en effet, de vous dire que
nous avons fait plus que notre possible, au cours de l'année qui vient
de se terminer, pour réaliser les objectifs que nous nous étions
fixés l'an dernier. Grâce à ces réalisations, nous
sommes en mesure de commencer la nouvelle année avec des projets qui
permettront de mener à bien une autre étape dans la mission qui
nous est confiée.
Grâce aux efforts conjugués des gestionnaires et des
employés, il nous a été possible de faire plus avec moins,
dans un contexte économique difficile. Je ne saurais trop remercier tous
ces collaborateurs et toutes ces collaboratrices dont j'apprécie le
professionalisme et l'efficacité. Ensemble, nous continuons de
poursuivre les trois objectifs essentiels définis dès la
création du ministère, soit, premièrement, la fonction de
développement des communications, deuxièmement, celle des
services aux ministères et organismes gouvernementaux et,
troisièmement, celle de l'accès à l'information
gouvernementale.
Permettez-moi, M. le Président, de vous brosser un bilan rapide
des actions
accomplies depuis un an et des orientations majeures que nous voulons
privilégier au cours des prochains mois.
Je n'ai pas à insister ici sur l'importance sans cesse croissante
que revêtent les communications dans l'expression et la définition
d'une société. Le Québec, à cause de sa situation
géopolitique et de sa spécificité culturelle et sociale,
se doit d'être l'architecte et l'agent de développement des
communications sur son territoire. Au fil des ans, malgré les
changements de gouvernements, cette absolue nécessité a
été constamment réaffirmée. Il y va, en effet, de
notre identité et de notre progrès comme communauté
originale.
Dix ans après la parution de ce qui a été en
quelque sorte le fondement de la politique québécoise des
communications - je veux parler ici du document intitulé "Le
Québec, maître d'oeuvre des communications sur son territoire" -
il importe aujourd'hui de réviser les principes énoncés
jadis et de se réajuster face à un domaine où les
progrès technologiques ont pris la dimension de véritable
"révolution". La télématique, la télévision
payante, le vidéotex, par exemple, risquent de changer radicalement la
nature des échanges sociaux et de modifier en profondeur nos habitudes
de vie. Nous entrons à grands pas, affirment les prospectivistes, dans
l'ère de la société d'information où l'un des
facteurs essentiels de développement sera justement la vitalité
de la structure de communications.
Il est donc urgent de définir collectivement les outils
nécessaires afin que l'évolution des communications se fasse
à notre avantage. C'est dans cette optique que l'élaboration
d'une politique nationale prend tout son sens.
J'entends donc, au cours de l'hiver prochain, rendre public un projet de
politique nationale et entreprendre au printemps suivant, à l'occasion
de l'année internationale des communications, une tournée de
l'ensemble des régions du Québec afin de mener une consultation
qui sera possiblement suivie d'un sommet des communications. L'année
1983 sera donc marquée par une opération publique d'envergure
afin d'élargir le plus possible la discussion démocratique sur
les enjeux essentiels du développement des communications au
Québec.
Le contenu de cette politique s'articulera autour des axes suivants.
Premièrement, dessiner l'évolution des communications à
moyen et long terme. Deuxièmement, vérifier les besoins et les
attentes des Québécois et des Québécoises face aux
systèmes de communications. Troisièmement, préciser le
rôle de l'État dans un secteur où l'initiative revient
d'abord à l'entreprise privée. Enfin, quatrièmement,
analyser les répercussions économiques du développement
des communications.
Ce dernier point m'amène, M. le Président, a vous parler
d'une autre priorité à laquelle je tiens tout
particulièrement. II s'agit de l'économique des communications.
J'ai manifesté ici même, l'an dernier, ma préoccupation et
mon intérêt à ce sujet. Je suis toujours convaincu que
l'économie québécoise doit tirer profit du
développement de la technologie des communications. Il s'agit, en effet,
d'une technologie de pointe dont le développement rapide ouvre des
perspectives inouïes tant à l'industrie de production de biens
qu'à celle de prestations de services. Certains spécialistes vont
même jusqu'à affirmer que le secteur des communications
constituera l'un des éléments clés du développement
futur des sociétés postindustrielles. Avec ses partenaires
gouvernementaux, le ministère des Communications travaille
présentement à identifier des secteurs cibles d'intervention et
des scénarios de développement.
Toujours vu à travers le prisme économique et à la
demande du Conseil des ministres, le ministère des Communications a
réalisé un rapport de conjoncture sur l'état de la
recherche et du développement dans le domaine des communications. Pour
l'essentiel, ce rapport, que je rendrai public dans quelques jours, trace un
portrait de la situation dans différents pays où les industries
de biens et de services en communications sont bien développés.
Le rapport souligne l'urgence d'établir un plan concerté de
recherche et de développement, préalable absolument
nécessaire pour que le Québec puisse demeurer dans le peloton de
tête de la technologie des communications. (10 h 15)
Par ailleurs, dans le contexte politique que nous connaissons, il est
impossible de parler des communications au Québec sans aborder le
problème de l'enchevêtrement inqualifiable des juridictions
fédérales et provinciales. Le Québec proclame, depuis
plusieurs années déjà, sa compétence sur les
communications. Nous vivons actuellement, dans le secteur de la
télévision payante, par exemple, un autre épisode de ce
contentieux qui met en danger les droits légitimes du Québec. En
promulguant un nouveau règlement sur la télévision
payante, le gouvernement réaffirme sa compétence exclusive sur
cette nouvelle industrie qui devra respecter les besoins spécifiques,
notamment sur le plan linguistique, de la société
québécoise. Il est également urgent que la
compétence du Québec s'exerce sur l'ensemble de la
téléphonie. Aussi envisageons-nous sérieusement la
possibilité de québéciser les opérations de Bell
Canada au Québec. D'ailleurs, une étude est présentement
en cours afin d'analyser toutes les conséquences de cette
québécisation éventuelle de Bell. Nous devrions être
en mesure de prendre une décision à ce sujet au
cours de la prochaine année.
Passons maintenant, si vous le voulez bien, M. le Président, au
second mandat du ministère que je dirige, soit celui de l'information
gouvernementale. Vous n'êtes pas sans savoir que le gouvernement a
reçu, l'an dernier, le Rapport de la commission d'étude sur
l'accès à l'information gouvernementale et la protection des
renseignements personnels. Nous en avons étudié les propositions
en commission parlementaire en septembre dernier. Depuis ce temps, le
ministère a procédé à l'élaboration d'un
projet de loi qui tient compte de tous les avis reçus. Cette mesure
législative constituera un jalon important dans les efforts du
gouvernement pour favoriser la transparence des actions et des politiques de
l'État. Voilà une pièce majeure qui permettra
d'améliorer l'information gouvernementale.
Par ailleurs, toute une série d'actions est et sera menée
afin de mieux coordonner la communication gouvernementale. Le Conseil des
ministres a procédé dernièrement à la
création du comité ministériel permanent des
communications, avec le mandat de déterminer et de définir les
grandes orientations du gouvernement en matière de communications et
d'information afin d'informer les citoyens d'une manière plus
complète et plus pertinente. La création de ce comité
répond aux voeux des membres du conseil des directeurs des
communications qui avaient maintes fois souligné la
nécessité d'une meilleure cohésion dans leurs actions.
Ainsi, les grands objectifs du gouvernement en matière de communications
seront désormais élaborés de façon
concertée, tant au niveau politique qu'au niveau administratif.
D'autres mesures ont également été prises pour
améliorer l'information gouvernementale. Je mentionne, à titre
d'exemple, l'élaboration d'une directive sur les expositions, de
façon à mieux coordonner les participations des ministères
et des organismes gouvernementaux, la création d'un fonds renouvelable
de 2 500 000 $ pour financer la production des publications gouvernementales
destinées à la vente, la mise en place d'un programme de
dépôt des publications dans 200 bibliothèques publiques, et
la parution des guides 1981 et 1982. À ce dernier sujet, j'ai le plaisir
de vous dire que 95 000 exemplaires du guide 1981 ont été vendus
et que le premier tirage de 45 000 exemplaires du guide 1982 a
déjà été suivi d'un second de 10 000
exemplaires.
Enfin, en ce qui concerne les relations État-citoyen, le
ministère des
Communications a pour objectif d'humaniser les services de l'appareil
gouvernemental. Le programme d'identification des fonctionnaires, entre autres
mesures, prévoit que chaque fonctionnaire s'identifie personnellement
lorsqu'il répond au téléphone, lorsqu'il reçoit
à son bureau ou lorsqu'il rencontre des citoyens. Nous constatons
aujourd'hui que la grande majorité des fonctionnaires s'identifient au
téléphone. D'autres actions comme, par exemple, la simplification
des formulaires, l'amélioration des services de renseignements, les
guichets uniques, la rétroinformation, etc. feront en sorte qu'il sera
de plus en plus facile et agréable d'entrer en contact avec les
personnes qui donnent des services au nom du gouvernement du Québec.
Comme je l'ai fait il y a quelques semaines en conférence de
presse, qu'il me soit permis de mettre aujourd'hui en lumière le souci
constant de rationalisation qui caractérise la gestion du
ministère des Communications. Je suis heureux de dire que nous pouvons
faire plus avec moins, sans pour autant ne rien céder au niveau de la
qualité des services offerts.
J'en veux pour preuve quelques faits qui me paraissent significatifs. La
Gazette officielle, par exemple; l'augmentation des tarifs d'abonnement et la
réduction des envois gratuits ont permis d'augmenter les revenus de 325
000 $, alors qu'en même temps le changement de papier et de classe
postale a permis d'en réduire les coûts de production de 1 000 000
$.
Autre illustration. Je vous avais informé l'an dernier que nous
avions l'intention de réduire les factures de
télécommunications. Aujourd'hui, je suis en mesure de vous dire
que nous avons atteint l'objectif que nous nous étions fixé. En
téléphonie, les coûts ont été réduits
de 10% pour les appels locaux et de 14% pour les services interurbains.
En informatique, l'analyse de l'utilisation des ordinateurs
gouvernementaux a conduit à un réaménagement du parc des
ordinateurs et a fait passer le nombre de centres de huit à sept, ce qui
permettra des économies de 3 700 000 $ sur trois ans, tout en offrant
une puissance de traitement accrue de 20%.
Je pourrais citer beaucoup d'autres exemples de rationalisation. Par
exemple, les éditions plus modestes des rapports annuels, les
impressions en régie moins coûteuses, la
réévaluation des périodiques gouvernementaux,
l'économie dans l'achat d'espaces publicitaires et autres
éléments sur lesquels nous aurons l'occasion de revenir.
Au-delà de ces cas particuliers, ce qu'il est important de
démontrer, c'est qu'il y a moyen de comprimer la courbe ascendante des
dépenses tout en conservant un rendement optimal des services.
Le ministère des Communications a subi depuis le 1er avril 1981
des coupures de l'ordre de 15 100 000 $. Cette année, le
ministère connaîtra une compression de près de 4 600 000 $.
Cette diminution est
d'autant plus significative que plusieurs dépenses sont quasiment
incompressibles. Nous pensons tous évidemment, entre autres, aux
conventions collectives, aux comptes de services, etc.
Malgré ces contraintes budgétaires et à
l'intérieur d'une marge de manoeuvre de plus en plus serrée, le
ministère des Communications a réussi à développer
certains services que nous jugions prioritaires. La rareté des
ressources n'a pas amené la stagnation de nos activités, bien au
contraire. Nous avons réussi à créer de nouveaux services
et à développer certains programmes sans l'addition de nouveaux
postes ou de nouveaux crédits. Ainsi, par exemple, l'ouverture des
bureaux de Communication-Québec - deux l'année dernière,
trois cette année - sera réalisée sans augmenter les
effectifs du ministère. De plus, le programme d'aide aux médias
communautaires pourra bénéficier d'une augmentation de son
enveloppe de 200 000 $ grâce à un réaménagement des
crédits disponibles.
Au chapitre des politiques d'égalité en emploi, le
ministère des Communications vise un juste équilibre dans la
représentation des femmes et des hommes dans tous les corps d'emploi. Au
niveau des emplois supérieurs, l'esprit de cette politique s'est traduit
par un objectif de dix femmes-cadres au 31 mars 1983 au ministère. Le
ministère s'achemine vers cet objectif puisque nous comptons
déjà 8 emplois supérieurs sur 73. La qualité du
recrutement obtenu incite à poursuivre par des efforts soutenus
l'objectif d'une représentativité qui reflétera
l'importance numérique des femmes sur le marché
québécois du travail.
En tant que ministre des
Communications, j'ai aussi à répondre de deux programmes
qui sont sous ma responsabilité. Ce sont, bien sûr, les programmes
relatifs à la Régie des services publics du Québec et
à la Société de radio et télévision du
Québec.
Au sujet de Radio-Québec et malgré la situation
budgétaire qui prévaut, j'ai tenu à m'assurer d'une
croissance de 17% des crédits par rapport à 1981-1982, soit 51
500 000 $ en 1982-1983 par rapport à 43 900 000 $ l'année
précédente. Cette croissance est rendue possible grâce
à un effort particulier du ministère des Communications, à
qui j'ai demandé d'assumer la part des compressions qui, normalement,
devait être imputée à Radio-Québec. Cette
décision s'imposait puisque, Radio-Québec étant dans une
phase de développement due surtout à son programme de
régionalisation, j'avais choisi de ne pas stopper cette expansion.
Malgré la croissance de ses crédits, Radio-Québec a
aussi fait son effort de rationalisation par l'élaboration d'un plan de
décroissance budgétaire sur lequel nous aurons l'occasion de
revenir plus tard. De plus, je tiens à souligner la consolidation,
depuis l'automne 1979, de l'auditoire de la société qui s'est
accru pour chacune de ses stations. Radio-Québec, je l'ai
déjà dit, représente peut-être l'un des plus beaux
fleurons dans l'histoire récente des communications au
Québec.
Quant à la Régie des services publics, je n'ai pas
à vous rappeler l'importance des fonctions de ce tribunal de droit
administratif. Qu'il me suffise de mentionner le nouveau règlement sur
la télévision payante et la question de l'interconnexion dans le
domaine de la téléphonie pour vous faire comprendre le travail
crucial qu'aura à jouer la régie durant la prochaine
année.
M. le Président, je termine ici les observations
générales que je voulais vous livrer. Je vous ai indiqué,
fort brièvement, les grandes orientations qui marqueront le calendrier
1982-1983. J'aurais voulu aborder, bien sûr, beaucoup d'autres questions,
mais je préfère que nous le fassions à l'occasion de la
discussion de chacun des éléments des programmes inscrits aux
crédits du ministère des Communications. J'insiste pour vous
exprimer toute notre disponibilité en vue de répondre de
façon transparente à toutes les questions qui nous seront
posées par l'Opposition et, bien sûr, par les
députés ministériels.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Michel Bissonnet
M. Bissonnet: M. le Président, avant de commencer,
l'Opposition a l'intention - j'en informe le ministre et je suis convaincu que
nous aurons le consentement de la commission - de vous demander
d'étudier les crédits de Radio-Québec, après la
période des questions, cet après-midi, parce que plusieurs
députés de l'Opposition ont des questions très pertinentes
à formuler aux dirigeants de Radio-Québec. Ce sera probablement
vers 16 heures cet après-midi.
M. le Président, il est concevable de considérer que les
communications sont très importantes pour la population du
Québec, évidemment, au cours de la journée d'hier, nous
avons constaté que les citoyens peuvent communiquer leur choix
vis-à-vis de certaines difficultés qu'a le gouvernement. Lors des
deux élections partielles d'hier, le peuple a manifesté son
insatisfaction au gouvernement.
Le ministre des Communications vient d'amorcer, il y a quelques
instants, cette activité, qui revient toujours avec le printemps, que
constitue l'étude des crédits attribués à la
multitude des ministères et organismes gouvernementaux pour le prochain
exercice financier. Parce qu'il agit aussi
comme leader parlementaire du gouvernement, le ministre aurait sans
doute voulu se prêter à cet exercice avant la période
pascale afin, par la suite, d'être en mesure de consacrer la plus grande
part de ses énergies a l'élaboration, apparemment fort
compliquée pour le gouvernement actuel, d'un menu législatif
à saveur économique, comme on nous l'avait promis dans le message
inaugural. J'ose tout de même croire qu'en donnant le signe de
départ de ce marathon annuel, le ministre des Communications a
également songé au caractère symbolique que revêt
son heureuse initiative.
En effet, la poussée technologique qui anime le vaste champ des
communications propulserait sous peu les activités de production, de
traitement et de distribution de l'information en tête du classement de
l'activité économique québécoise
considérée dans son ensemble, à la condition, bien
sûr, qu'on y consente l'effort de développement attendu. Il nous
faudra de bien meilleures garanties qu'un élan du coeur, du type: Foi de
ministre, je suis ministre des Communications et j'entends bien l'être,
que nous disait le titulaire de ce ministère il y a un an, pour nous en
convaincre.
D'ailleurs, le gouvernement du Québec n'a pas attendu
l'arrivée du Parti québécois pour démontrer de
façon tangible sa préoccupation véritable à
l'égard de ce secteur très prometteur. Le Parti libéral du
Québec considère les communications ou la reconnaissance des
communications comme un élément d'intégration culturelle.
C'est en effet un gouvernement libéral qui, en 1971, à peine deux
ans après la création du ministère des Communications,
faisait connaître l'essentiel de sa politique en cette matière par
la publication d'un document de travail, "Pour une politique
québécoise des communications". Dans la lignée des
gouvernements antérieurs qui réclamaient de jouer un plus grand
rôle ou même dans certains cas un rôle exclusif dans ce
domaine, le gouvernement libéral de l'époque déclare, et
je cite: "C'est au Québec qu'il incombe encore en premier lieu
d'élaborer une politique globale des communications et cette politique
est indissociable du développement de son système
d'éducation, de sa culture et de tout ce qui est propre au
Québec." "Si cette politique doit être coordonnée avec
celle des autres gouvernements et être cohérente avec le milieu
nord-américain -peut-on y lire - elle doit d'abord s'intégrer aux
priorités du Québec et demeurer ainsi une garantie du maintien et
de l'évolution normale de notre société comme partie
dynamique de l'ensemble canadien et nord-américain. Une politique des
communications n'est pas utile au Québec: elle lui est essentielle,
à chaque jour davantage".
En 1973, à l'occasion de la conférence
fédérale-provinciale des ministres des Communications, le
Québec dépose un livre blanc intitulé "Le Québec,
maître d'oeuvre de la politique des communications sur son territoire".
Dans ce document, il se reconnaissait et voulait se voir reconnaître des
pouvoirs effectifs en matière de radiodiffusion, de
câblodistribution et de réglementation de sociétés
exploitantes de télécommunications. "À tout besoin
essentiel en matière de communication - y disait-on -doit correspondre
un pouvoir décisionnel réel". Sous la gouverne du Parti
libéral, le gouvernement du Québec affirme donc clairement que
les moyens de communication constituent l'outil le plus important après
la famille et avant l'école pour façonner l'identité
culturelle. Notre formation politique réitère d'ailleurs avec
plus de conviction aujourd'hui qu'aucune société ne peut
conserver et développer sa personnalité authentique sans exercer
le contrôle sur ses communications.
Si les enjeux culturels doivent demeurer sans contredit une
préoccupation constante du gouvernement québécois dans son
rôle de maître d'oeuvre des communications sur son territoire,
l'intérêt public exige également que les communications
soient dorénavant considérées comme un facteur essentiel
de développement économique. Plus qu'une prévoyance, un
leadership en ce domaine est maintenant nécessaire et vital si l'on veut
éviter d'être relégué, pour reprendre le mot de
Léon Dion, "au rang de tribu moderne, statut peu enviable de toutes les
collectivités qui refuseront ou seront empêchées de suivre
la route de la modernité."
Les communications, c'est un facteur essentiel de développement
économique. Pour une économie de dimension restreinte comme le
Québec, les développements technologiques, associés
à la révolution télématique de cette
décennie, ouvrent de nouvelles perspectives. Leur impact déborde
le seul champ des communications et concerne l'ensemble des entreprises
produisant biens et services. Ils constituent un véritable défi,
aussi bien pour les entreprises que pour le gouvernement. Comme tous les pays
industrialisés, le Québec est soumis à l'heure actuelle
aux mêmes nécessités de transformations rapides
provoquées par le pouvoir technologique. Figurant au nombre des pays les
mieux équipés au monde en moyens de communication, le
Québec ne fabrique pourtant qu'une infime proportion du matériel
utilisé.
Notons au passage la faiblesse des services d'informatique au
Québec, notre province ne produisant qu'un peu plus de la moitié
des services informatiques qu'elle utilise. L'ampleur du marché que les
innovations technologiques laissent entrevoir
commande que soient considérées le plus
sérieusement du monde les possibilités de production locale.
Malheureusement, ce n'est que depuis peu de temps que le pouvoir politique
manifeste la volonté de porter une attention particulière
à l'aspect économique du développement des communications.
L'élargissement du mandat de la Société de
développement des industries culturelles au champ des communications la
semaine dernière par l'Assemblée nationale constitue d'ailleurs
un exemple de choix qui a reçu l'assentiment de l'Opposition. En aidant
au financement de capital de risque dans un secteur caractérisé
par les nouvelles techniques électroniques, la nouvelle SODICC, s'engage
dans un secteur clé qui revêt une importance primordiale pour
notre devenir collectif.
Les actions à venir de la SODICC dans ce champ d'activité
s'avéreront pourtant insuffisantes si des politiques sectorielles
impliquant un effort conjoint des ministères de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme, de l'Éducation et des Communications ne sont pas mises
au point de façon urgente dans les secteurs que nous choisirons de
développer.
Certains répliqueront qu'une intervention globale marquée
par la concertation est davantage souhaitable. Comme se chargent de nous le
rappeler les auteurs du rapport "Les communications et le développement
économique", présenté l'automne dernier au
ministère des Communications, l'urgence de développement du
secteur des communications ne le permet pas. Décrivant la faiblesse de
la situation québécoise face au complexe
télématique, ces derniers indiquent la nécessité de
mettre sur pied une politique de développement appropriée.
À la suite des auteurs du rapport, nous exhortons le ministre
à agir rapidement puisque les adaptations commerciales se font
maintenant. Le Québec doit prendre les moyens de faire partie du groupe
des États qui participeront au progrès technique, au lieu de
risquer de se retrouver au nombre de ceux qui seront perpétuellement
à la remorque des premiers.
Si le ministre nous promet de consacrer autant d'énergie à
cette mission qu'il l'a fait jusqu'ici pour la politisation de l'information et
de la publicité gouvernementales, nous laisserons notre
inquiétude au vestiaire. En effet, le ministre a réussi, moins
d'un an après sa nomination comme titulaire des Communications, à
imprimer sa marque en politisant son ministère et en le dotant de
structures d'inspirations "goebbellisantes".
Une voix: Goebbels.
M. Bissonnet: La mise sur pied d'un instrument politique
centralisé de coordination des communications, l'occupation croissante
par des ex-chefs de cabinet de postes clefs au sein de la haute direction du
ministère, ainsi que la publication inattendue d'un document
suggérant au gouvernement une stratégie de propagande
auprès de la population pour les deux ou trois prochaines années
viennent renforcer ce sentiment, que nous ne sommes pas seuls à
partaqer. Un des premiers gestes posés par le ministre - cela en dit
assez long sur ses priorités - fut de pousser encore plus loin, au
niveau politique, ses efforts de coordination des communications
gouvernementales en créant un comité ministériel permanent
à cet effet. Le mandat de ce comité consiste, selon les mots
mêmes du ministre, à déterminer et à définir
les grandes orientations du gouvernement en matière de communications et
d'information. Ce comité servirait donc implicitement de lieu de
définition de priorités et d'objectifs politiques, tenant compte,
bien sûr, des engagements électoraux pris par le gouvernement et
du contexte politique des prochaines années.
Un document du ministère des Communications, intitulé "Une
esquisse de stratégie de communication pour le gouvernement", où
la distinction, au dire des observateurs, semble bien floue entre l'information
partisane et l'information gouvernementale, nous a dévoilé ses
objectifs. Le ministre a d'ailleurs confirmé l'authenticité de ce
document qu'on a qualifié, à juste titre, de vaste
opération de propagande et de manipulation de l'opinion. Le ministre, on
s'en souvient, n'a pu s'empêcher de crier haro sur le correspondant du
Journal de Montréal et du Journal de Québec, geste abusif au
sujet duquel l'Opposition fait siens les propos de Lise Bissonnette - aucune
parenté avec celui qui vous parle - éditorialiste au Devoir:
"L'ensemble des journalistes devraient s'inquiéter de ce glissement d'un
gouvernement qui, plus de cinq ans après son arrivée au pouvoir,
cache encore mal son vieux rêve d'enrégimentation de la presse au
nom de la "nation", souveraine comme bien l'on pense. Sous Robert Bourassa, on
avait compilé un "dossier noir" de la manipulation coulissière de
la presse; aujourd'hui, il faudrait en monter un sur l'intimidation, si les
dénonciations continuent". Ce document, qui s'intitule Les
opprimés au pouvoir, fut publié par le Devoir le 9 mars 1982,
sous la plume de Lise Bissonnette, journaliste reconnue à ce
quotidien.
En parallèle, se déroule la prise en main graduelle du
ministère des Communications par le Parti québécois dont
plusieurs fidèles collaborateurs, au cours des dernières
années, dans les cabinets de ministres se retrouvent aujourd'hui
utilisés comme hauts fonctionnaires en vue de l'élaboration
d'orientations spécifiques dans le
champ des communications. La structure administrative
spécialisée du ministère des Communications au niveau
central comme au niveau régional ou la rétroaction
rapportée par les bureaux de Communication-Québec permet un
sondage d'opinions continuel, couve donc, selon Me Pierre Patenaude, professeur
à la faculté de droit à l'Université de Sherbrooke,
un danger latent: son utilisation à des fins partisanes. Or, fait
remarquer Me Patenaude dans la Revue du Barreau, "la législation
actuelle ne prévoit aucune mesure préventive pour assurer le
non-emploi de ces fonctionnaires à une telle fin. Seul un
règlement de déontologie encourage les membres du personnel de la
fonction publique à faire preuve de neutralité politique".
En utilisant les services offerts par le ministère des
Communications du Québec, ce gouvernement peu scrupuleux, avec la
complicité d'un ministre qui sait, en politicien habile, que la
meilleure position se situe un peu à gauche de la droite, "un peu
à droite de la gauche et juste en face des caméras",
s'apprête donc à orchestrer tout un programme de propagande
péquiste qui n'est soumis à aucune restriction, si ce n'est au
contrôle parlementaire résultant de la surveillance et des
dénonciations de l'Opposition. Selon le professeur Patenaude, que nous
citions précédemment, une telle lacune est dangereuse. "Le parti
politique au pouvoir jouit d'une situation privilégiée;
déjà à cause du bipartisme institutionnel, il
contrôle d'ordinaire l'Assemblée nationale et l'accès aux
ressources techniques et financières de l'État peut lui permettre
de monter un système de propagande évidemment partisan, rouleau
compresseur qui ne laisserait à l'Opposition que la portion congrue."
Nous croyons, de l'Opposition officielle, avec le professeur Patenaude, qu'une
circulation équilibrée des idées politiques dans un
contexte d'influence grandissante de la publicité sur le citoyen
commande un contrôle efficace aux gouvernements de la quantité et
de la qualité de la propagande gouvernementale. (10 h 45)
Dans cette veine, l'Opposition suggère au ministre
d'étudier la possibilité de faire adopter un texte
législatif à cet effet par l'Assemblée nationale et dont
l'application serait confiée à un organisme existant - à
titre d'exemple, cela pourrait être le Protecteur du citoyen - de
préférence à une nouvelle structure en vue de minimiser au
possible les coûts éventuels. Mais le ministre peut dormir
tranquille, le critique libéral en matière de communications
s'intéresse non seulement à la politisation croissante du
ministère des Communications, mais également aux grands dossiers
de l'heure, l'accès à l'information, la télévision
payante, la québécisation de Bell, la concentration de la presse
et Radio-Québec. Afin de s'y pencher plus en profondeur au cours des
heures qui vont suivre, vous me permettrez, à ce stade-ci, M. le
Président, de glisser quelques mots sur chacun de ces grands dossiers de
l'heure.
L'accès à l'information. Le dossier de l'accès
à l'information gouvernementale et à la protection des
renseignements personnels est peut-être celui qui revêt le plus
d'importance aux yeux de l'Opposition, ne serait-ce du seul fait que notre
formation politique revendique une telle loi depuis des années. Des
propositions à cet égard se trouvent d'ailleurs dans notre
programme politique. Au terme des audiences, en septembre dernier, le ministre
réitérait sa ferme intention de doter les citoyens du
Québec d'une loi d'accès à l'information gouvernementale
avant la fin de 1981. L'Opposition avait alors manifesté un certain
scepticisme, attribuant une telle naïveté à l'emballement du
nouveau ministre. Nous sommes aujourd'hui le 6 avril 1982 et aucun projet de
loi n'a encore été déposé à
l'Assemblée nationale. On nous a dit, à la suite d'une question
du député de Marguerite-Bourgeoys, que le projet de loi est
présentement soumis au crible du comité de législation
où doivent se faire les derniers arbitrages. Nous souhaitons vivement
son dépôt, M. le ministre, au cours des prochaines semaines, et
son adoption d'ici le mois de juin. Si l'appui de l'Opposition est, à
toutes fins utiles, acquis, il nous apparaît néanmoins important
de rappeler au ministre les cinq points qui apparaissent capitaux à nos
yeux, tel que le mentionnait le député de Westmount, dès
le début de la commission parlementaire qui a été tenue en
septembre dernier.
Ces cinq points sont: L'examen scrupuleux des exceptions au principe
général d'accès; l'étude des détails
légaux ou administratifs qui peuvent nuire à la vraie mise en
place, à la vraie mise en application des grands principes;
l'accomplissement de la réforme sans aucune augmentation
budgétaire aux crédits actuellement alloués aux
Communications ou ailleurs; le défi d'encadrer dans la trame d'un unique
projet de loi la diversité des institutions visées dans le
rapport Paré, quitte à établir un échéancier
d'un an ou deux pour les organismes qui en démontrent la
nécessité; l'attention particulière qui doit être
portée à la section de l'avant-projet de loi qui a trait à
la protection de la vie privée. Nous avons des questions à poser
au ministre sur maints aspects de ce projet de loi, notamment les étapes
d'implantation de la loi, les ressources budgétaires qui seront
affectées, la création d'une commission nouvelle ou
élargie, la divulgation des documents d'enquêtes de police, mais
nous aurons l'occasion d'en discuter un peu plus tard.
Attardons-nous quelques moments également sur la question de la
télévision payante. Les efforts du ministère des
Communications sur le plan constitutionnel risquent d'être
monopolisés dans un proche avenir par le contentieux de la
télévision payante. Le Québec et les provinces ont depuis
longtemps affirmé leur compétence pleine et entière sur
cette nouvelle activité du fait qu'il s'agit de la
télévision en circuit fermé. Le Parti libéral du
Québec réclame depuis longtemps que soit reconnue formellement
dans un nouveau partage des pouvoirs la compétence exclusive du
Québec en matière culturelle, ce qui comprend les arts, les
lettres, les loisirs, le cinéma, le théâtre, la peinture,
la programmation radiodiffusée et télévisée, comme
en fait foi le livre beige. Une résolution adoptée en
congrès par les militants de notre formation politique vient, par
ailleurs, spécifier que les domaines de la radiodiffusion, de la
télédiffusion, de la câblodiffusion et l'attribution des
permis aux entreprises seront de juridiction provinciale et qu'au plan
technique l'attribution des fréquences et les normes de radiodiffusion
et de télécommunications seront de compétence
fédérale.
Il est donc clair, et cela depuis longtemps, que le Parti libéral
du Québec désire et recherche que soit reconnue dans une nouvelle
constitution canadienne la compétence exclusive du Québec dans la
programmation et l'attribution des permis en ce qui concerne la
télévision payante en particulier. Mais voilà plus de cinq
ans qu'un Parti québécois au pouvoir nous fait reculer sur ce
plan en raison de son désir évident d'entraîner,
coûte que coûte, le Québec vers la séparation
politique ou d'empêcher des négociations sérieuses quant au
partage des pouvoirs, et cela autant de la part du gouvernement
fédéral que du gouvernement péquiste.
C'est dans un contexte d'affrontements stériles, mais,
hélas, nécessaires dans les circonstances, de longues poursuites
judiciaires douteuses, dont les avocats du gouvernement entendent
déjà sonner les honoraires en pièces nombreuses et
trébuchantes, qu'évolue le dossier de la télévision
payante. Comme toujours, ce sont les Québécois et les
Québécoises déjà fatigués de toutes ces
chicanes et appauvris par cinq ans de régime péquiste qui feront
les frais de l'entêtement séparatiste du Parti
québécois à empêcher le règlement de ce
contentieux qui aurait, d'ailleurs, été difficile il faut le
reconnaître - dans une négociation entre deux gouvernements
fédéralistes.
Nous espérons que cette période de stérilité
constitutionnelle et de rapetissement du Québec cessera bientôt.
Combien d'aveux devrons-nous entendre encore, comme celui qui suit, par le
Parti québécois reconnaissant ainsi les dommages énormes
que son entêtement constitutionnel a causés aux
Québécois? En effet, à Granby, il y a quelques semaines,
le 20 mars, un ancien ministre du gouvernement péquiste, lui-même
négociateur principal de la dernière ronde "knock-out" du
Québec, a reconnu devant ses partisans qu'il avait lamentablement failli
à la tâche en ces mots: "Je me suis trouvé, bien sans le
vouloir, à être dans une équipe qui ramenait un
Québec plus petit que celui que vous nous aviez donné le mandat
de conserver intact."
En conclusion, pour le Parti libéral du Québec, le dossier
de la télévision payante revêt une importance fondamentale,
car il se rattache à l'évolution culturelle de notre province. Le
ministre ne devrait donc refuser aucun effort, malgré la contradiction
flagrante dans laquelle il baigne, pour ne pas rapetisser le Québec
encore une fois. Il devra même reprendre la négociation avec les
représentants du fédéral, tel que convenu au lendemain de
la conférence de Winnipeg sur les communications l'an dernier. Il est
possible pour un ministre péquiste et indépendantiste de
négocier dans une perspective fédéraliste. Nous, de
l'Opposition, demandons au ministre des Communications de faire son devoir.
Peut-être que la répétition des affrontements de la guerre
du câble pourrait alors être évitée.
Lors du huitième congrès du Parti québécois,
les délégués ont refusé d'endosser une proposition
demandant au gouvernement de nationaliser toutes les entreprises de
téléphone, y compris la puissante Bell qui détient presque
un monopole dans ce domaine au Québec. Le ministre des Communications
s'est prononcé contre la proposition, mais il s'est engagé, par
ailleurs, à travailler en priorité pour que Bell
Téléphone soit soumise à la Régie des services
publics du Québec plutôt que sous juridiction
fédérale. Par cette forme de souveraineté-association,
Québec espère récupérer la juridiction maintes fois
réclamée sur la téléphonie. Son ministre confiait
d'ailleurs, il y a plusieurs mois, à la firme de consultants TAMEQ Inc.,
au coût de 150 000 $, le mandat d'étudier et de mettre au point
les divers scénarios de québécisation de Bell. La
création de Bell Québec, tout le monde le reconnaît, est
avant tout une question de gros sous et laisse entrevoir, pensent les experts,
des hausses de tarifs pour les abonnés québécois de son
réseau téléphonique. La québécisation de
Bell Canada serait-elle une bonne affaire pour les Québécois?
Voilà la question qu'un grand nombre de personnes se posent et à
laquelle permettra sans doute de répondre l'étude
précitée qui a coûté au gouvernement du Parti
québécois, à l'heure actuelle, des honoraires de 150 000
$.
Dans ce dossier, il ne faut surtout pas
croire, expliquait dans une série d'articles parus
l'été dernier, le professeur de communications Laurent Soumis,
que la québécisation de Bell Canada obéit aux
considérations nationalistes des francophones du Québec: "Comme
toutes les sociétés transnationales, Bell n'hésite pas
à morceler ses activités pour échapper à un
contrôle trop strict des États. Sans compter les
intéressantes possibilités financières de jeux comptables
offertes par la création d'une Bell Québec et d'une Bell Ontario.
D'autant plus que l'occasion serait belle d'en finir avec le CRTC, l'organisme
fédéral de réglementation qui refuse, malgré tout,
20% en moyenne des augmentations demandées par ladite compaqnie."
L'Opposition s'intéresse activement à cette question du
passage éventuel de la branche québécoise de cette
multinationale canadienne sous la juridiction du Québec et compte
interroger le ministre sur ce sujet également au cours de l'étude
des crédits de son ministère.
Un quatrième grand dossier nous préoccupe, il s'agit de la
concentration de la presse. L'an dernier, lors de l'étude des
crédits du ministère des Communications, l'Opposition
interrogeait le ministre à savoir s'il avait la volonté politique
de poser des gestes relativement au phénomène de concentration de
la presse nationale ou régionale. Ce dernier disait "commencer à
faire partie de ceux qui se posent des questions pour savoir s'il n'y a
effectivement que des effets négatifs à la concentration des
entreprises de presse."
Depuis, au mois d'août précisément, le gouvernement
fédéral dévoilait son rapport sur la concentration des
quotidiens. On sait que la plupart des solutions mises de l'avant par la
commission Kent sont de la compétence des gouvernements provinciaux. Le
ministre n'a même pas daigné prendre position sur les principales
recommandations de ladite commission. À la suite du rapport de la
commission Kent, la Fédération professionnelle des journalistes
du Québec a fait savoir au ministre qu'elle regrettait que, depuis cinq
ans, le gouvernement du Parti québécois "n'ait rien fait pour
stopper la concentration de propriété dans les hebdos et pour
garantir le droit du public à l'information en obligeant les
propriétaires de journaux à rendre des comptes à la
société qu'ils ont le devoir de servir".
La lecture du cahier explicatif des crédits nous informe
toutefois que le ministre envisage de compléter, au cours du prochain
exercice financier, les études sur la concentration de la presse et
mettre au point des mesures ou des mécanismes aptes à la
circonscrire. Comment le ministre peut-il nous expliquer l'évolution de
sa pensée sur cette question? Le gouvernement québécois
ressortirait-il de ses classeurs le vieux projet de loi sur l'information que
le premier ministre, René Lévesque, avait lui-même
remisé il y a quelques années? Voilà des questions fort
intéressantes sur un autre sujet de première ligne.
Le ministre ne nous pardonnerait sans doute jamais si nos remarques
préliminaires omettaient de parler de son enfant chéri,
Radio-Québec. "L'autre télévision" constitue
également un centre d'intérêt permanent pour le Parti
libéral, qui suit avec attention toute l'opération
régionalisation des activités de la société. Nous
sommes fiers de mentionner qu'une délégation libérale
s'est rendue à Radio-Québec l'automne dernier pour y rencontrer
les représentants des diverses associations d'employés ainsi que
la haute direction de Radio-Québec. Les échanges que nous y avons
eus nous ont permis, entre autres, de constater que Radio-Québec est
perçue comme un objet de fierté par le personnel qui y oeuvre et
qui se sent concerné, avec raison d'ailleurs, par le succès
grandissant de l'entreprise. (1.1 heures)
Néanmoins, nous avons repéré une certaine
inquiétude dans le milieu des artisans de Radio-Québec au sujet
de son budget qui a été soumis à des restrictions
sévères depuis le printemps dernier. Celles-ci sont de l'ordre de
4 200 000 $, nous a-t-on dit. Selon l'Association des réalisateurs de
Radio-Québec, ces compressions budgétaires sur la programmation
actuelle de Radio-Québec ont affecté le nombre d'heures
consacrées à la production locale, à la coproduction et
aux nouvelles acquisitions d'émissions. Étant donné que le
réseau de télévision québécois diffuse le
même nombre d'heures d'antenne, cela signifie que les spectateurs doivent
se satisfaire de reprises en grande quantité.
Parallèlement à l'imposition de ces coupures, le
gouvernement intègre, au nombre de ses priorités, la mise sur
pied d'un programme d'information quotidienne sur les ondes de la
société. Le ministre peut-il nous confirmer s'il est vrai, et si
oui, au nom de quelle logique, que le gouvernement s'apprête à
investir 4 000 000 $ annuellement pour entretenir un service d'information de
pair avec une programmation amputée? Quant à nous, de
l'Opposition, nous nous interrogeons sur les motifs véritables qui
semblent pousser le gouvernement à sacrifier la programmation sur
l'autel de l'information.
Nous croyons que le gouvernement, s'il persiste toujours dans son
projet, doit faire connaître publiquement et au plus tôt sa
proposition, programmes et chiffres à l'appui, et que celle-ci fasse
l'objet d'un débat préalable. Notre visite nous aura permis de
déceler une deuxième crainte dans ce milieu, soit celle que
l'opération de régionalisation des activités de
Radio-Québec soit retardée
de plusieurs mois, sinon de quelques années, en raison du
contexte général d'austérité qui sévit
actuellement et dont le gouvernement souverainiste demeure en partie
responsable, quoi qu'il en dise. L'Opposition réclame des
éclaircissements de la part du ministre sur cette
éventualité.
L'évolution et l'aboutissement des grands projets que nous venons
un instant d'évoquer revêt une importance primordiale à la
fois pour le ministre des Communications et la société
québécoise en général. Le mandat confié au
ministère des Communications comprend aussi une dimension unique
axée sur la fourniture aux ministères et organismes
gouvernementaux de services-conseils et de services techniques qui leur sont
nécessaires en matière de télécommunications, de
publicité, d'édition, d'informatique et d'audiovisuel. C'est
justement sur ces éléments qu'a porté la plus grande
partie des opérations chirurgicales pratiquées dans les
dépenses du ministère l'an dernier - le total atteint 15 000 000
$, tel que le ministre nous l'a mentionné il y a quelques instants - ce
qui nous incite à croire qu'un véritable effort a
été consenti aux communications afin de réduire les
dépenses de l'État. On ne peut cependant passer sous silence le
fait que cette performance digne de mention coïncide bizarrement avec le
retour à un rythme de croisière plus acceptable du budget en
publicité gouvernementale. Celui-ci, rappelons-le, a connu une
croissance phénoménale, pour ne pas dire indécente, au
cours des années qui ont suivi la prise du pouvoir par le Parti
québécois, et précédé la tenue du
référendum, alors qu'il a atteint un sommet. Le budget en
publicité gouvernementale est effectivement passé de 6 000 000 $
en 1975-1976 à 14 300 000 $ en 1979-1980, l'année qui a
précédé le référendum.
Dans notre esprit, il ne fait nul doute que si le gouvernement avait eu
la sagesse de faire montre d'une certaine frugalité au cours de toutes
ces années, les choix parfois douloureux que nous connaissons
aujourd'hui auraient pu être évités dans une bonne
mesure.
Enfin, nous insistons auprès du ministre pour qu'il fasse preuve
de discernement dans ce qu'il est convenu d'appeler les "dépensectomies"
à venir au sein de son ministère. Au lieu de se gargariser de
productions audiovisuelles à saveur nationaliste, tel ce document
produit il y a quelques mois sur la spécificité culturelle des
Québécois, au coût astronomique de 200 000 $, il vaudrait
mieux allouer plus de ressources à la recherche dans le secteur des
communications en plein essor.
Nous avons vu clairement quelles sont les priorités du
gouvernement, c'est-à-dire un faible pour une propagande de plus en plus
voyante. Nous avons énuméré quelques solutions car, au
fond, ce qui nous différencie du Parti québécois dans ce
dossier, c'est le fait que les communications peuvent être une source de
retombées économiques, alors qu'actuellement le ministère
des Communications est en train de devenir une machine de propagande. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Jean-François Bertrand
M. Bertrand: M. le Président, peut-être, par un
juste retour des choses aurez-vous noté que, cette année,
contrairement à l'année dernière, le ministre a
exposé de façon assez succincte, en tentant d'être le plus
bref possible, l'ensemble des activités de son ministère au cours
de l'année 1981-1982 et, en même temps, évoqué
certaines des perspectives de développement pour l'année
1982-1983.
Le porte-parole de l'Opposition, je ne lui en fais pas reproche parce
que cela a été, finalement, extrêmement agréable de
connaître son point de vue sur plusieurs questions fort importantes, aura
pris le double de mon temps ou à peu près...
M. Bissonnet: ... je n'ai pas pris beaucoup de temps, M. le
ministre. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur.
M. Bertrand: Loin de moi l'idée de lui en tenir rigueur et
de lui faire reproche d'avoir voulu indiquer quelle était la position de
sa formation politique sur le secteur des communications.
Il y a eu, bien sûr, et c'est normal - le jeu politique le veut
ainsi - des références partisanes, à l'occasion. Je crois
que, dans le débat qui va s'ensuivre, nous aurions intérêt,
de part et d'autre, tout en étant, bien sûr, très clairs,
très concrets, très transparents sur l'ensemble des informations
qui doivent être communiquées à tous nos collègues
députés, qu'ils soient de l'Opposition ou du parti
ministériel, à le faire sans pour autant tomber dans la
partisanerie qui devient, à mon avis, tout à fait inutile, pour
que nous puissions vraiment faire la lumière sur un ensemble de
problèmes, d'enjeux, de défis qui devraient davantage nous
réunir que nous diviser. Vous aurez d'ailleurs remarqué, M. le
Président, que dans le texte que j'ai livré tout à
l'heure, il n'y a eu absolument aucune allusion partisane dans l'ensemble des
éléments dont j'ai voulu faire part à mes
collègues.
Je sais que le député de Jeanne-Mance acceptera qu'au
cours des prochaines heures nous ayons un débat et une discussion
intéressants sur l'ensemble des enjeux en
matière de communicntions. Au-delà de ces quelques
remarques qui avaient une coloration partisane à l'occasion, il y a, par
contre, des points sur lesquels, je pense, nous avons un consensus. Je veux me
réjouir très sincèrement de l'approche qu'a
décidé d'avoir l'Opposition face au dossier des communications.
Je relèverai entre autres éléments l'intérêt
très marqué de l'Opposition pour le virage que nous avons
décidé de prendre, au ministère des Communications et qui
consiste à privilégier, au cours des prochaines années, ce
qu'on pourrait appeler l'économique des communications. Le
député de Jeanne-Mance y a fait allusion à plusieurs
occasions. Il aura noté que, dans mon texte d'introduction, j'ai
insisté pour dire que les communications, au cours des prochaines
années, allaient nous permettre de donner des réponses aux
problèmes économiques qui sont vécus au Québec.
C'est donc l'un des éléments moteurs, quant à nous, du
développement économique. Il faudrait savoir l'utiliser en
privilégiant des secteurs d'intervention qui nous paraissent
prioritaires et autour desquels nous pourrions facilement réunir
l'entreprise privée, que ce soit, par exemple, pour le
développement de la micro-électronique, que ce soit pour le
développement des logiciels, que ce soit pour le développement de
la télévision payante ou, enfin, de tout autre secteur où
il y a un intérêt majeur pour le Québec du
côté économique. Là-dessus, je crois que nous
faisons consensus et c'est très heureux pour le Québec.
Il y a un autre point aussi où je me réjouis de voir
l'Opposition maintenir - parce que, dans le fond, ce n'est pas nouveau -une
position traditionnelle du Québec en matière de revendications
face au gouvernement fédéral. Effectivement, le dossier des
communications a souffert au cours des dernières années; je crois
qu'on pourrait remonter aussi loin qu'aux années quarante et cinquante
et, plus particulièrement, au cours des dix ou quinze dernières
années. Le secteur des communications n'a pas vraiment profité de
ce qu'on pourrait appeler le contentieux fédéral-provincial,
puisque, en matière de communications, notre constitution est à
ce point muette que le gouvernement fédéral, grâce aux
pouvoirs résiduaires, grâce aux pouvoirs déclaratoires,
grâce à son pouvoir de dépenser, a occupé le terrain
dans certains cas; dans d'autres cas, il a profité des décisions
des tribunagx - on se rappellera tous le cas de la câblodistribution - de
la Cour suprême, pour finalement exercer, à toutes fins utiles, la
juridiction dans des secteurs où tous les gouvernements du
Québec, quelles qu'aient été les formations politiques -
Union Nationale, Parti libéral, Parti québécois - ont
répété que le Québec se devait d'être le
maître d'oeuvre de la politique des communications sur son
territoire.
Je suis heureux de savoir que l'Opposition continue de souscrire
à cette idée, à ce principe. Elle aura noté que,
là-dessus, nous avons, depuis 1976 et encore au cours de la
dernière année, intensifié nos actions pour que la
compétence du Québec soit affirmée en matière de
communications. J'ai même été un peu surpris de quelques
allusions qui ont été faites par le député de
Jeanne-Mance relativement au dossier de la télévision payante. Il
a semblé indiquer - il me corrigera si j'ai mal interprété
ses propos - que nous avions fait reculer le Québec sur ce plan ou que
nous avions, dans le secteur des communications, fait reculer le Québec
au cours des dernières années.
Je lui ferai remarquer que, si le Québec a reculé dans le
domaine des communications, ce n'est certainement pas parce que les
gouvernements du Québec ont, à quelque moment que ce soit,
reculé. Là-dedans, j'englobe non seulement notre formation
politique - ce qui est évident -mais j'englobe aussi le Parti
libéral du Québec et j'en veux comme exemple très concret
le dossier de la câblodistribution. (11 h 15)
C'est en effet sous le gouvernement libéral que s'est
engagée la fameuse guerre du câble et c'est sous le gouvernement
libéral que nous avons assisté à cette querelle qui s'est
concrétisée à Rimouski par une bataille entre deux
détenteurs de permis, MM. Dionne et d'Auteuil, l'un détenant son
permis de la Régie des services publics du Québec et l'autre
détenant son permis du CRTC. Le gouvernement libéral, qui voulait
affirmer la compétence du Québec en matière de
câblodistribution, a découvert, à ce moment, ce que
c'était que de vivre dans un contexte fédéral-provincial
où le gouvernement fédéral n'acceptait pas et n'accepte
toujours pas de reconnaître la compétence du Québec en
matière de communications. Ce sont finalement les tribunaux qui ont
tranché. C'est la Cour suprême, en dernière instance, qui a
rendu la décision finale et, on se le rappellera, la
câblodistribution a été reconnue de juridiction
fédérale à partir de cette décision des
tribunaux.
Le gouvernement du Québec de l'époque avait
déployé des efforts pour non seulement affirmer sa
compétence, mais aussi la défendre devant les tribunaux. Dans le
cas de la télévision payante, je ferai remarquer au
député de Jeanne-Mance que le scénario que nous vivons en
ce moment ressemble assez étrangement à celui que nous avons
connu au moment de la guerre du câble. Le Québec, depuis 1978, a
un règlement sur la télévision payante. Il l'a
amélioré au cours des derniers mois, après consultation
des principaux intéressés, et ce règlement est en
ce moment en vigueur. Il est appliqué par la Régie des
services publics du Québec. Nous avons très clairement
indiqué que la compétence du Québec serait affirmée
parce que, aucune entreprise de télévision payante ne pourra
distribuer ce service à la population du Québec si d'abord elle
ne se présente pas devant la Régie des services publics et si
elle n'en obtient pas un permis en respectant la réglementation qui,
effectivement, fait état de considérations culturelles et de
considérations économiques fort importantes.
Il y a un élément que je voudrais relever aussi
relativement à ce dossier et j'apprécierais beaucoup que le
député de Jeanne-Mance en prenne bonne note. Lors de la
conférence fédérale-provinciale de Winnipeg, en septembre
dernier, le Québec avait demandé que le dossier de la
télévision payante soit inscrit à l'ordre du jour. Il n'y
était pas et le ministre fédéral des Communications
n'était pas particulièrement entiché de l'idée
d'inscrire le dossier de la télévision payante à l'ordre
du jour. Finalement, le Québec, en cela appuyé par d'autres
provinces, a réussi à faire inscrire la question à l'ordre
du jour. On est arrivé à cette conférence
fédérale-provinciale et on a eu deux déclarations assez
opposées. L'une venait du Québec où nous disions: Nous
avons l'intention de discuter de compétence et de juridiction quant au
dossier de la télévision payante. L'autre venait du ministre
fédéral des Communications et disait: II n'est pas question de
discuter de compétences et de juridiction.
Finalement, nous avons passé environ cinq heures à
débattre de la question de la télévision payante. Nous
avons abordé effectivement les questions de juridiction et de
compétence. Et parce que nous n'arrivions pas à nous entendre,
c'est-à-dire parce qu'il y avait d'un côté le gouvernement
fédéral et d'un autre une très nette majorité de
provinces qui soutenaient des points de vue contraires quant à la
compétence et à la juridiction en matière de
télévision payante, nous avons décidé, et cela a
été un consensus qui s'est établi entre les provinces et
le gouvernement fédéral, de faire travailler pendant quelques
semaines les sous-ministres des Communications des provinces et du gouvernement
fédéral pour tenter, c'était l'expression qui avait
été retenue dans la décision finale - d'harmoniser nos
intérêts respectifs. Je pense que l'expression est très
importante, "tenter d'harmoniser nos intérêts respectifs". Or, il
y a eu, effectivement, au cours des semaines qui ont suivi, rencontre entre le
sous-ministre fédéral des Communications, M. Juneau, et les
sous-ministres des Communications de chacune des provinces, le sous-ministre
des
Communications du Québec ayant rencontré M. Juneau, si ma
mémoire est bonne, le 25 octobre de l'année dernière.
À cette conférence de Winnipeg, une autre décision avait
été prise, c'est qu'après ces rencontres entre les hauts
fonctionnaires, nous tiendrions une nouvelle conférence
fédérale-provinciale vers la fin de l'année 1981. Or, - et
là, je dois le dire en toute honnêteté non seulement pour
les provinces, mais aussi pour le ministre fédéral des
Communications -d'un commun accord, à cause du travail qui restait
à faire avant que nous puissions tenir cette conférence
fédérale-provinciale, il a été décidé
de reporter cette conférence au début de l'année 1982,
c'est-à-dire au mois de janvier. C'est là que les
problèmes ont commencé à surqir, puisque cette
conférence fédérale-provinciale qui devait se tenir vers
la mi-janvier a été reportée au mois de février
1982 et, au mois de février 1982, nous avons reçu une
communication du ministre fédéral des Communications nous
indiquant qu'il n'était pas disposé à tenir une
conférence fédérale-provinciale sur le dossier de la
télévision payante, préférant attendre que la phase
1 des décisions qui devaient être rendues par le CRTC soit
terminée.
Or, jamais il n'avait été question d'attendre que la phase
1 des décisions du CRTC soit terminée avant de tenir une
conférence fédérale-provinciale, et jamais il n'avait
été question non plus qu'une fois la phase 1 terminée,
nous tenions pour acquis que le débat était, à toutes fins
utiles, clos relativement à la compétence ou à la
juridiction en matière de télévision payante. Or,
j'attends d'une minute à l'autre des copies de télégrammes
qui nous ont été transmis par le ministre fédéral
des Communications, par des ministres des Communications de plusieurs des
provinces canadiennes indiquant que ce que je vous dis en ce moment est
strictement vrai, parce qu'on pourrait toujours, évidemment, faire un
procès d'intention au gouvernement du Québec et dire: Le
gouvernement du Québec ne voulait pas vraiment - comment dirais-je? -
s'associer à l'ensemble des autres provinces et débattre,
à l'intérieur d'une conférence
fédérale-provinciale, du dossier de la compétence et de la
juridiction en matière de télévision payante. Les
provinces ont été tellement outrées du comportement du
ministre fédéral des Communications dans ce dossier qu'elles ont
elles-mêmes demandé que se tienne une conférence
interprovinciale avant même que nous n'ayons une rencontre
fédérale-provinciale justement parce qu'elles avaient le
sentiment que nous étions en train de nous faire bulldozer, que nous
étions en train de nous faire imposer unilatéralement la
juridiction et la compétence prétendument fédérale
en matière de télévision payante alors qu'à
l'unanimité, à la conférence
fédérale-provinciale de Winnipeg, nous nous étions
entendus pour tenir une nouvelle conférence
fédérale-provinciale à la fin de
1981. Elle a été reportée en janvier, elle a
été reportée en février et, au moment où on
se parle, nous n'avons absolument aucune information à savoir qu'il y
aurait une conférence fédérale-provinciale sur le dossier
de la télévision payante.
Tout à l'heure, le député de Jeanne-Mance m'a
demandé si le Québec allait entreprendre des efforts pour que
cette question puisse être discutée. Il m'indiquait même
qu'il verrait d'un bon oeil que, contrairement à ce qu'il perçoit
comme étant une habitude de ce gouvernement de ne pas vouloir tenter
d'en arriver à un accord et d'harmoniser ce qu'on appelait, en septembre
dernier, les intérêts respectifs des provinces et du gouvernement
fédéral... Il me fera plaisir d'ici quelques minutes, dès
que j'aurai les documents en main, de lui remettre une copie d'une lettre que
j'ai transmise à tous mes collègues ministres des Communications
de chacune des provinces et au ministre fédéral des
Communications relativement au dossier de la télévision
payante.
En d'autres mots, non seulement le gouvernement du Québec
continue-t-il d'indiquer clairement qu'il va exercer sa compétence en
matière de télévision payante, mais, bien plus, et
contrairement à ce que serait porté à croire le
député de Jeanne-Mance, nous déployons des efforts pour
tenter d'amener à la raison le ministre fédéral des
Communications, en lui faisant prendre conscience qu'il existe une
majorité de provinces qui ont l'intention d'exercer leur
compétence en matière de télévision payante, qui
ont demandé que se tienne une conférence
fédérale-provinciale et qui sont outrées de voir que c'est
le ministre fédéral des Communications lui-même qui, en ce
moment, refuse de donner suite à la demande qui est formulée par
les provinces pour que nous puissions, à l'extérieur des recours
judiciaires qui sont toujours là, pendants, régler le
problème à l'amiable, sur une base politique, bien sûr,
mais en étant très conscients que le Québec ne saurait
reculer dans l'affirmation et dans l'exercice de la compétence qu'il a
toujours voulu exercer et qu'il continuera de vouloir exercer dans le secteur
des communications. Nous sommes, malgré tout, dans ce contexte
disposés à avoir une rencontre interprovinciale ou/et
fédérale-provinciale sur le dossier de la
télévision payante comme sur d'autres dossiers en matière
de communications.
Je tenais à ce que, sur cette question, le député
de Jeanne-Mance soit bien au fait de la situation telle qu'elle se
développe depuis quelques semaines. Il me fera grand plaisir de lui
remettre, dès que les documents me seront parvenus, des
éléments de réponse qui, à mon avis, vont le
satisfaire et vont lui indiquer comment le Québec s'est comporté,
se comporte et se comportera dans ce dossier de la télévision
payante. Il m'a posé aussi des questions fort appropriées sur le
dossier de la québécisation de Bell Canada. Bien sûr, il y
a une étude qui est en cours, c'est normal. Le député de
Jeanne-Mance posait lui-même la question. La québécisation
de Bell Canada sera-t-elle bénéfique aux Québécois?
Pour le savoir, il convient que nous fouillions le dossier et que nous ayons le
maximum de réponses avant de poser un geste qui soit définitif.
On a tous pris note de la déclaration du président de Bell Canada
qui indiquait que, quant à lui, il était disposé à
engager des discussions avec les gouvernements du Québec et de l'Ontario
pour "provincialiser ses opérations", c'est-à-dire se placer sous
la juridiction des organismes de réglementation de chacune de ces deux
provinces. (11 h 30)
II y a, bien sûr, chez nous, un intérêt
évident pour cette question. On peut concevoir, au moins au niveau des
principes, qu'il y a intérêt à ce que la Régie des
services publics du Québec puisse avoir juridiction sur l'ensemble des
entreprises de téléphonie exerçant leur activité,
au Québec. Ceci étant dit, il faut que l'Assemblée
nationale du Québec soit au fait de tous les éléments qui
doivent présider à une telle décision, parce qu'il faut
effectivement que nous nous assurions que la québécisation des
activités de Bell Canada sur le territoire du Québec se fasse
à l'avantage des Québécois et aussi à l'avantage de
l'économie du Québec. Là-dessus, j'ose espérer que
l'étude que nous avons commandée à la firme Tamec, au
coût d'environ 150 000 $, nous apporte des réponses qui nous
permettront de prendre une décision éclairée.
Sur la concentration de la presse, le député de
Jeanne-Mance, se référant à un communiqué
émis par la Fédération professionnelle des journalistes du
Québec, m'invite, à toutes fins utiles, à indiquer que le
Québec compte exercer sa compétence en matière
d'entreprises de presse écrite. Là-dessus, je crois que nous
réussissons à faire consensus. Effectivement, nous sommes tout
à fait d'accord pour affirmer que le Québec doit exercer sa
compétence en cette matière. De quelle façon? Le
député m'a demandé si nous avions l'intention de sortir de
nouveau un avant-projet de loi qui avait été
préparé, je crois, en 1977 et qui n'avait pas fait long feu, on
se le rappelle. Non, ce n'est pas mon intention.
Avons-nous l'intention de sortir des tablettes un document, un projet
qui avait été préparé, me dit-on, sous la gouverne
du député de Marguerite-Bourgeoys quelque part en 1975? Je ne
vous cacherai pas que nous nous y référons à l'occasion
pour voir ce qu'il contenait, pour évaluer jusqu'à quel point on
voulait, par ce projet, affirmer la
compétence du Québec et jusqu'où on comptait aller
pour indiquer le rôle que l'état du Québec serait
amené à jouer dans le domaine de la presse écrite.
C'est vrai qu'au ministère des Communications, au moment
où on se parle, nous regardons l'ensemble de ces études, de ces
projets qui ont été travaillés depuis de nombreuses
années. Personnellement, je serais tout à fait favorable à
ce que nous puissions indiquer, que ce soit par voie législative ou
autrement, que le Québec exerce la compétence en matière
de presse écrite. Tout le problème est de savoir jusqu'à
quel point l'État doit, dans un premier temps, indiquer qu'il exerce sa
compétence en matière de presse écrite. Le
député de Jeanne-Mance conviendra avec moi que chaque fois que
les gouvernements ont voulu s'avancer un tant soit peu dans le domaine de la
presse - même si, au niveau fédéral, par contre, on doit
dire que du côté de la radio et de la télévision,
donc de la presse électronique, c'est déjà fait,
l'organisme de réglementation fédéral est très
présent et donc interventionniste en matière de radio et de
télévision - il y a toujours eu, de la part de tous les
gouvernements du Québec, une certaine pudeur face à quelque
intervention que ce soit dans le domaine de la presse écrite. Ce n'est
pas parce que les gouvernements ne voulaient pas poser des gestes qui, au nom
du droit du public à l'information ou pour tout autre principe aussi
valable, auraient permis d'exercer une compétence quelconque. Mais ces
gestes n'ont pas été posés, la plupart du temps, parce
que, dans le milieu même de l'information, dans le milieu même de
la presse écrite et non pas seulement au niveau des
propriétaires, non pas seulement au niveau des éditeurs, mais au
niveau même des travailleurs et des travailleuses dans le secteur de
l'information de la presse écrite, il y a toujours eu comme une forme de
réticence face à des interventions étatiques.
Tout modeste, tout pudique que puisse être un projet que le
gouvernement voudra déposer relativement à ce qui se passe dans
le domaine de la presse écrite, par exemple, relativement aux
transactions entre les entreprises de presse et ne serait-ce que pour permettre
un débat public, ne serait-ce que pour permettre qu'on s'assure qu'une
transaction entre les entreprises de presse favorise, améliore la
qualité de l'information, eh bien, tout modeste et tout pudique que
puisse être quelque geste gouvernemental, il serait toujours
commenté avec beaucoup de scepticisme et d'inquiétude par les
gens de la presse.
Et j'indique par là non seulement les propriétaires et
éditeurs mais les journalistes, les travailleurs et les travailleuses
qui, de près ou de loin, directement ou indirectement, participent au
travail d'information à l'intérieur des entreprises de presse,
qu'elles soient quotidiennes ou hebdomadaires. Cela doit nous faire
réfléchir mais, sur ceci, peut-être qu'un simple
débat entre l'Opposition et le parti ministériel, et
peut-être aussi un débat qui associerait les intervenants qui sont
extérieurs à l'Assemblée nationale et qui participent
à cette responsabilité d'informer la population, pourrait nous
amener à faire qu'au cours des prochains mois ou des prochaines
années, nous puissions exercer notre compétence en cette
matière.
Quant à Radio-Québec, nous aurons l'occasion d'y revenir
cet après-midi, je veux immédiatement indiquer au
député de Jeanne-Mance que, quant aux bulletins d'information
quotidiens, le ministre des Communications, le gouvernement du Québec,
doit respecter trois choses. La première est l'autonomie de la
Société de radiotélévision du Québec, qui a
son conseil d'administration. Deuxième point, le ministre des
Communications et le gouvernement du Québec doivent respecter les
responsabilités qui sont assumées par la Régie des
services publics en ce qui a trait à la reconnaissance du
caractère éducatif de la programmation de Radio-Québec.
Troisième point, Radio-Québec, lors d'une séance de son
conseil d'administration de la fin de septembre 1981, a établi pour
l'année 1982-1983 six priorités de développement. La
première était relative à l'exploitation et à
l'implantation d'antennes dans les régions qui ne sont pas encore
desservies par ondes ouvertes par Radio-Québec. Il y avait là un
montant, si ma mémoire est bonne, de 800 000 $. La deuxième
priorité était relative à la production régionale,
c'est-à-dire une possibilité pour chacune des régions du
Québec, il y en a neuf à Radio-Québec, d'avoir
l'équivalent d'une demi-heure de production régionale pendant
trente semaines. Il y en avait là pour un montant d'environ 2 000 000 $.
La troisième priorité était l'implantation de trois
centres de mise en ondes, ce qui permettrait aux régions de se
décrocher du réseau national et de diffuser uniquement dans leur
territoire. Ces trois centres de mise en ondes impliquaient un budget
additionnel de 900 000 $, soit 300 000 $ par centre de mise en ondes.
La quatrième priorité arrêtée par le conseil
d'administration de Radio-Québec était l'introduction d'un
bulletin quotidien d'information. La cinquième priorité,
c'était la série Passe-Partout qui, je dois le dire en passant,
recueille... Je pense que, là-dessus, l'Opposition aura noté,
dans une annexe aux crédits présentée par
Radio-Québec, que la série Passe-Partout a eu un auditoire - sur
la base d'un calcul du nombre d'émissions mesurées à plus
de 100 000 téléspectateurs, pour 115 émissions - qui
variait autour de 520 000 téléspectateurs et
téléspectatrices.
Je pense que Passe-Partout est un succès dont on doit se
réjouir. Le conseil d'administration de Radio-Québec avait
fixé comme cinquième priorité de développement la
production d'émissions de Passe-Partout en collaboration avec le
ministère de l'Éducation.
La sixième et dernière priorité retenue par le
conseil d'administration, c'était l'implantation de
réémetteurs au
Témiscamingue et dans la région de Mont-Laurier, si ma
mémoire est bonne, sur le mont Bouthillier, pour une partie de la
région de l'Outaouais. Il y avait donc là trois
réémetteurs, deux au Témiscamingue, un sur le mont
Bouthillier pour un montant, si ma mémoire est bonne, d'environ...
Enfin, je n'ai pas le chiffre, mais je pourrai le rappeler cet
après-midi. C'était un chiffre qui ne rejoignait pas le million,
mais qui était dans les quelques centaines de milliers de dollars.
C'était donc la dernière des six priorités
arrêtées par le conseil d'administration.
Il est bien évident que, malgré le fait que
Radio-Québec connaisse une augmentation de son budget, cette
année, de l'ordre de 17% - ce n'est pas peu, 17%, alors que le
ministère des Communications ne connaît une augmentation que de
9,5% -vous avez là l'illustration que le ministre des Communications a
décidé de faire porter par le ministère des Communications
l'essentiel des compressions budgétaires pour la prochaine année
financière pour que des sommes d'argent soient libérées
pour ne pas hypothéquer le développement de Radio-Québec,
en particulier en ce qui a trait à la politique de
régionalisation. Mais, dans le cadre du plan triennal de
développement qui nous a été transmis par
Radio-Québec, la demande d'augmentation budgétaire pour
l'année 1982-1983 était de 31%.
C'est-à-dire que, si les six priorités dont je viens de
vous parler avaient été retenues à des fins de croissance
budgétaire et traduites dans les crédits de Radio-Québec,
ce n'est pas une augmentation de 17% que nous aurions accordée à
Radio-Québec, mais c'est 31% d'augmentation pour donner suite aux six
priorités. Donc, Radio-Québec, dans ce contexte, devra, à
partir de ces 17% d'augmentation de son budget, à même la
subvention qui lui est versée par l'État québécois,
faire un choix dans l'ensemble des six priorités que son conseil
d'administration avait arrêtées.
Je crois savoir, pour en avoir discuté et avec le conseil
d'administration et avec les comités régionaux de
Radio-Québec et avec la direction de Radio-Québec, que
l'essentiel du développement pour la prochaine année ira, d'abord
et avant tout, à la politique de régionalisation de
Radio-Québec. Ce qui veut donc dire que le bulletin d'information
quotidien est sur la glace pour un certain nombre de mois pour ne pas dire un
certain nombre d'années, en tout cas, dans le contexte où
l'essentiel des sommes nouvelles qui sont consenties à
Radio-Québec doit être davantage utilisé pour poursuivre,
intensifier, améliorer notre politique de régionalisation. Je
crois donc pouvoir rassurer le député de Jeanne-Mance qui m'avait
posé des questions très concrètes à ce sujet. (11 h
45)
Sur l'accès à l'information gouvernementale et la
protection des renseignements personnels, je sais et je reconnais que j'avais
indiqué, dès que le rapport de la commission Paré nous
avait été remis, que nous souhaiterions pouvoir déposer un
projet de loi avant la fin de l'année 1981. Était-ce de la
naïveté, était-ce de la candeur? C'était sans doute,
probablement, de n'avoir pas encore compris, à peine après avoir
été ministre des Communications pendant deux mois, que la
présentation d'un projet de loi à l'Assemblée nationale ne
se fait pas en criant ciseau. Il y a des étapes, des organismes et tout
un processus qui doit être suivi, et j'ai appris à connaître
tout cela.
Mais je dois dire au député de Jeanne-Mance qu'en ce
moment, à Ottawa il y a un projet de loi qui est encore en discussion,
le projet de loi C-43. Il a été déposé en
première lecture au mois de juin 1980. Nous fêterons dans quelques
mois le deuxième anniversaire de dépôt en première
lecture du projet de loi C-43. Si vous avez l'occasion de lire des
écrits de journalistes de plusieurs médias d'information et de
prendre connaissance des questions qui sont posées à la Chambre
des communes relativement à ce projet de loi, encore la semaine
dernière, vous apprendrez que le gouvernement fédéral
semble assez mal pris avec ce projet. Si l'exemple doit venir d'en haut, M. le
député de Jeanne-Mance, j'espère ne pas suivre
celui-là.
Je vous rappellerai que le rapport de la commission Paré nous a
été remis au mois de juin de l'année dernière. S'il
arrivait que le projet de loi soit déposé au retour des vacances
de Pâques et adopté avant la fin de la présente session, je
vous ferai seulement remarquer que nous aurons réussi à adopter
une législation en ce domaine, relative à l'accès à
l'information et à la protection des renseignements personnels, moins
d'un an après que le rapport de la commission aura été
rendu public. Nous avons beaucoup travaillé au ministère des
Communications, beaucoup consulté et nous avons tenu une commission
parlementaire où votre collègue, le député de
Westmount, était présent les 1er, 2 et 3 septembre dernier. Je
crois que c'est à l'occasion de trois ou quatre séances du
comité ministériel permanent du développement culturel que
non seulement nous avons étudié le mémoire du
ministre des Communications, mais même étudié le
projet de loi article par article pendant de nombreuses heures.
Le Conseil des ministres a fait son lit sur le dossier, je crois que
c'est le 27 janvier dernier, et, par la suite, le comité de
législation a consacré quatre séances complètes
à l'étude article par article de ce projet de loi. Il doit y
avoir, au cours des prochaines heures et des prochains jours, d'autres
réunions qui nous permettront, je l'espère - là-dessus je
suis heureux de sentir la poussée et en même temps l'appui de
l'Opposition officielle - d'aboutir enfin à une décision qui soit
finale sur ce dossier. Je serais des plus heureux et je crois que le
député de Jeanne-Mance le serait aussi si, dès le retour
des vacances de Pâques, nous pouvions prendre connaissance du projet de
loi déposé par le gouvernement du Québec à
l'Assemblée nationale.
Il y aurait eu d'autres éléments sur lesquels j'aurais
aimé revenir. Je crois que l'étude de chacun des programmes et de
chacun des éléments des programmes inscrits aux Communications me
permettra et permettra au député de Jeanne-Mance ainsi
qu'à mes collègues de poser des questions qui feront que nous
reviendrons sur certains des éléments évoqués soit
dans ma déclaration d'ouverture ou dans celle du député de
Jeanne-Mance.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. Avant
d'aller plus loin, j'ai fait une petit oubli lorsque j'ai ouvert la commission,
j'ai oublié de vous demander de proposer un rapporteur.
Une voix: M. LeMay (Gaspé). M. Lalonde:
Consentement.
Le Président (M. Laplante): M. LeMay (Gaspé),
adopté. Votre réplique, M. le député de
Jeanne-Mance.
Discussion générale
M. Bissonnet: Je remercie le ministre de l'information qu'il
vient de nous transmettre relativement à plusieurs questions que nous
nous posions quant à l'intérieur de son ministère. Nous
avons des questions bien pertinentes et bien précises à poser au
ministre dans plusieurs de ces domaines. Nous nous réservons de vous les
poser à l'intérieur de l'étude de chacun des programmes.
Si on commence à aller de gauche à droite, sans être devant
les caméras, il est certain que nous aurons de la difficulté
à maintenir un horaire respectable à l'intérieur de ces
sept heures de discussions. Je voudrais quand même ajouter que, quant aux
explications additionnelles que nous transmet le ministre sur la
télévision payante, nous tenons à réaffirmer au
ministre que nous désirons et nous recherchons que soit reconnue cette
compétence exclusive au Québec dans la programmation et
l'attribution des permis en ce qui concerne la télévision payante
au Québec. À la suite du document que vous nous déposerez,
nous vous demandons ardemment de reprendre les négociations avec le
gouvernement fédéral. Si le gouvernement fédéral
est, tel que vous nous le démontrez, en faute, nous serons là
pour vous appuyer pour que ces négociations reprennent, car il y va de
l'intérêt de toute la communauté
québécoise.
Nous reviendrons également, au niveau du programme 5, en ce qui a
trait à la Régie des services publics, sur des questions que nous
formulerons à l'intérieur de l'étude des crédits de
la Régie des services publics sur la télévision payante.
Vous nous parlez également de la Loi d'accessibilité à
l'information et nous sommes également pressés de l'avoir.
Lorsque vous nous en aviez parlé à l'étude des
crédits, vous étiez un nouveau ministre et j'étais un
nouveau député. J'étais peut-être comme vous, je
pensais que cela pouvait se faire rapidement. Remarquez bien que ce n'est pas
un reproche qu'on vous fait, mais il est évident que lorsque nous, de
l'Opposition, avons un projet de loi, nous devrons l'étudier
également. Je sais que vous avez eu plusieurs réunions du Conseil
des ministres à ce sujet, mais il faut quand même qu'on
l'étudié, car c'est un projet très important pour la
communauté québécoise. Quant à la loi C-243, si
vous voulez faire partie du prochain groupement du Parti
québécois qui veut se présenter sous l'aile
fédérale, je vous invite à vous y présenter pour
aller débattre à la Chambre des communes ledit projet de loi
C-243 et faire avancer les choses dans ce domaine.
M. Bertrand: C'est C-43.
M. Bissonnet: Oui C-43, d'accord. M. le ministre, avant de
commencer les crédits et de façon très positive, juste une
question en ce qui a trait aux crédits périmés. Nous avons
remarqué l'année dernière - pour nous, c'est très
important qu'à l'intérieur de votre ministère, on continue
à favoriser la recherche - que, lors des crédits
périmés de la période précédente, il y avait
eu des coupures assez importantes au niveau de la recherche. Pourriez-vous nous
informer si, à l'intérieur des crédits
périmés pour l'exercice 1981-1982, des crédits l'ont
été au niveau de la recherche également pour cette
année et nous donner de façon générale les
crédits qui ont été périmés à
l'intérieur de votre ministère et nous fournir des explications
très brèves à cet effet? Dans quel comté allez-vous
vous présenter, M. le ministre?
M. Guay: Puisque vous êtes si sympathique à la
cause!
M. Bissonnet: Dans Louis-Hébert?
M. Guay: C'est quoi, le comté fédéral chez
vous?
M. Bissonnet: Chez nous, c'est bien dur. M. Guay: C'est
quoi, le comté fédéral?
M. Bissonnet: C'est le comté de Saint-Léonard.
M. Guay: Fort de l'appui que vous lui manifestez...
M. Bissonnet: Je n'ai pas donné d'appui, j'ai dit que s'il
veut aller négocier, discuter de ce projet de loi à Ottawa, qu'il
se présente.
M. Bertrand: M. le Président, si le député
de Jeanne-Mance veut une réponse là-dessus, je ne lui en fais pas
reproche, loin de là, parce que je suis prêt à
répondre à toutes ses questions.
M. Bissonnet: ...
M. Bertrand: C'est dans le programme 6. Moi, cela ne me
dérange pas, mais si on voulait prendre un par un les programmes, je
pourrais arriver, avec la recherche, au programme 6, puisque c'est dans le
programme relatif...
M. Bissonnet: Non, en fait, ce qui nous a
inquiétés, nous, c'est qu'on a parlé longtemps,
l'année dernière, de l'informatique, des ouvertures qui
s'offrent, en fait, à de nos étudiants qui ont des
difficultés ou qui ne sont pas orientés par le ministre de
l'Éducation vers cette sphère. On l'a dit tantôt, on ne
produit pas la moitié des équipements dont on a de besoin au
Québec. Cela nous avait inquiétés l'année
dernière parce qu'on avait coupé dans le budget la recherche de
votre ministère et c'est pour nous très important que votre
ministère fasse de la recherche.
Vous nous avez dit qu'on avait des propos partisans; on viendra plus
tard à la publicité partisane. Mais ce qui nous intéresse,
c'est de savoir si, à l'intérieur de l'année qui se
termine, le service de la recherche de votre ministère est touché
par les crédits qui sont périmés.
M. Bertrand: Oui, ils le sont. Mais je dois dire que, par
rapport à l'ensemble des compressions exercées au
ministère des Communications, qui, entre le 1er avril 1981 et le 1er
avril 1982, sont à peu près de l'ordre de 15% à la
recherche, sont ces compressions de moitié moins importantes
puisqu'elles sont de l'ordre de 7%.
En effet, sur un budget de 927 000 $, le gel, à toutes fins
utiles, et les crédits que nous renverrons s'élèvent
à environ 65 000 $, ce qui représente à peu près 7%
du budget du service de la recherche; c'est à peu près la
moitié de l'ensemble des compressions effectuées au
ministère des Communications. Je dois vous indiquer que quand on parle
de gel de crédits cette année, on n'en parle pas dans le
même contexte, et lorsqu'on parle de crédits périmés
cette année, on n'en parle pas dans le même contexte que par les
années passées, c'est-à-dire qu'il y a des crédits
périmés qui ne sont pas des crédits périmés;
il y a des crédits périmés qui sont identifiés
comme tels. Il s'agit plutôt de parler en cours d'exercice d'une
compression budgétaire qui touchait l'ensemble du ministère des
Communications et que nous avions la responsabilité d'affecter à
l'ensemble des services du ministère des Communications. Au service de
la recherche, cela s'est traduit par une somme disponible remise au fonds
consolidé d'environ 65 000 $.
M. Bissonnet: M. le ministre, l'année dernière, je
ne sais pas si vous vous le rappelez, on avait parlé de cela parce qu'en
fait on trouvait que c'était inquiétant. Les gens de votre
ministère qui travaillent à la recherche, c'est certain que pour
eux cela crée certaines difficultés. Vous vous engagiez devant la
commission parlementaire des communications à utiliser au maximum les
crédits qui étaient autorisés pour l'année
1981-1982 dans ce secteur en particulier, et je vous répète vos
paroles, M. le ministre: II est évident que le ministère des
Communications voudra bien utiliser à bon escient, j'espère,
pleinement, les crédits qui lui sont autorisés pour
l'année qui vient. (12 heures)
Ma philosophie, face au service de la recherche, c'est qu'on ne peut pas
dire qu'on est vraiment là. C'est une grande confession que je fais
devant la commission. Totalement insatisfaits des efforts consentis dans ce
secteur depuis quelques années, c'est notre intention bien
arrêtée - j'en parlais tantôt quand vous parliez des
crédits périmés, ces crédits périmés
ont eu pour effet de déprimer les gens de la recherche à
l'intérieur de votre ministère - de voir à ce que ce
service travaille vraiment à fond. Il y a de la prospective à
faire dans plusieurs secteurs, mais il y a plus que de la prospective; certains
secteurs font partie de nos préoccupations immédiates sur
lesquelles on aimerait bien voir un service de recherche se pencher et c'est
bien notre intention de voir à ce que ce service joue pleinement son
rôle. Est-ce que le service de la recherche joue actuellement, M. le
ministre, pleinement son rôle à l'intérieur de votre
ministère?
M. Bertrand: Très bien.
M. Bissonnet: Depuis l'année dernière, y a-t-il eu
une amélioration?
M. Bertrand: Très bien, je vais vous en donner des
exemples.
M. Bissonnet: Donnez-moi alors des exemples.
M. Bertrand: J'en prends quatre. Le premier, c'est que,
justement, sur ce fameux dossier de la télématique où il y
a tellement d'emplois d'avenir pour les jeunes, j'ai sensibilisé mon
collègue, le ministre de l'Éducation, à l'importance
d'indiquer que, pour les entreprises qui oeuvrent dans le secteur de la
télématique, pour les entreprises qui oeuvrent dans le secteur de
l'informatique, le gouvernement lui-même est très demandeur et
qu'il faut absolument que nous sensibilisions nos jeunes à
l'intérêt qu'il y a à s'orienter de ce
côté.
Or, nous avons préparé pour le comité
ministériel permanent du développement culturel un document sur
lequel ont travaillé des gens du ministère des Communications,
des gens du ministère d'État au Développement culturel et
des gens du ministère d'État à la Recherche scientifique.
Ces travaux ont permis de déposer devant le comité
ministériel permanent du développement culturel un document qui
s'intitule: Rapport sur la télématique. Le député
de Jeanne-Mance en a-t-il pris note? Rapport sur la
télématique.
M. Bissonnet: Merci.
M. Bertrand: Deuxièmement, à condition que vous
n'en parliez presque à personne...
M. Bissonnet: Un autre petit secret!
M. Bertrand: ... je suis prêt à vous faire une
confidence. La semaine prochaine, à Montréal - j'invite
d'ailleurs le député de Jeanne-Mance à venir à ce
lancement...
M. Bissonnet: J'espère qu'on aura de l'essence à ce
moment-là, M. le ministre.
M. Bertrand: ... il y aura dévoilement au public d'un
important document qui a été préparé à la
suite d'une décision du Conseil des ministres qui avait demandé
l'été dernier à quatre ministères de faire un bilan
de la recherche et du développement dans des secteurs d'activité
bien précis. Le ministère des Communications a été
l'un des ministères choisis, les trois autres étant le
ministère des Transports, le ministère de l'Agriculture et un
quatrième - je vais vous le dire, ce ne sera pas très long - le
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Puis-je avec fierté, M. le député de Jeanne-Mance,
vous dire que le premier ministère à avoir livré la
marchandise en ce qui a trait à la préparation de ce qu'on
appelle dans le jargon un rapport de conjoncture sur la
recherche-développement, c'est le ministère des Communications?
La semaine prochaine, j'aurai le plaisir de rendre public ce document qui fait
le point sur la recherche et le développement en communications et qui
s'intitule: "Les communications au Québec. Bâtir l'avenir.
Recherche et développement, bilan et perspectives."
Je dois vous dire ma fierté de savoir que ce travail a
été effectué en réunissant des gens du milieu
gouvernemental, de l'entreprise privée, du monde universitaire. Tout
près d'une quarantaine ou d'une cinquantaine de personnes ont
été associées de près ou de loin à la
préparation de ce rapport de conjoncture sur la recherche et le
développement en matière de communications. Il y avait un
sous-groupe sur la téléphonie, un sous-groupe sur la
télédistribution, un sous-groupe sur la
radiotélévision, un sous-groupe sur les médias
écrits et l'édition, un sous-groupe sur la
télématique. Pour présider l'ensemble de ces sous-groupes
et l'ensemble du groupe de travail constitué pour nous fournir des
éléments qui font le point sur la recherche et le
développement en matière de communications, il y avait M. Roger
Jauvin, qui est vice-président exécutif du groupe
Vidéotron. Vous aviez à ce groupe de travail un
représentant du Centre de recherche industrielle du Québec, un
représentant du département des communications à
l'Université du Québec à Montréal, un
représentant du Centre de recherche sur l'opinion publique, un
représentant du secrétariat au développement scientifique
du gouvernement du Québec, un représentant du département
de génie électrique de l'Université de Sherbrooke, la
directrice de la recherche du ministère des
Communications au gouvernement du Québec, un représentant
de la recherche chez Bell-Northern, un représentant de l'Institut
national de la recherche scientifique, un représentant du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et, bien sûr,
le président du groupe, M. Jauvin qui est, je l'ai dit,
vice-président exécutif du groupe Vidéotron. Je ne vous
nomme pas toutes les autres personnes qui ont travaillé à la
préparation de ce document.
J'invite officiellement le député de Jeanne-Mance, s'il
est disponible le mardi prochain 13 avril, à venir à
Montréal. Le lancement se fera, si ma mémoire est bonne, aux
bureaux de Communication-Québec au
complexe Desjardins. Vous êtes venu, d'ailleurs, l'an dernier, au
lancement d'un autre document. C'était à l'occasion de
l'ouverture officielle des nouveaux bureaux de Communication-Québec
à Montréal. Je crois que, cette fois-ci, vous aurez grand plaisir
à prendre connaissance de ce document-là. C'est le
deuxième élément qui s'ajoute au rapport sur la
télématique.
Il y a un troisième élément de recherche qui doit
nous parvenir d'ici au mois de juin, qui est une étude de prospective en
matière de communications. Cette étude de prospective va nous
permettre de connaître plus, à moyen et à long terme, les
grands axes de développement en matière de communications. Le
rapport que je rendrai public la semaine prochaine et qui s'intitule
Bâtir l'avenir, lui, tente de nous amener à trouver ce qu'on
appelle dans le langage des créneaux d'intervention prioritaires sur
lesquels le Québec pourrait immédiatement s'axer et sur lesquels
il pourrait faire reposer, entre autres choses, une partie du
développement économique des prochaines années.
Quatrièmement - ce n'est pas négligeable, je l'ai
déjà annoncé dans ma déclaration d'ouverture - le
ministère des Communications travaille depuis quelques semaines à
la préparation d'une politique nationale des communications. J'ai dit
dans mon texte que, bien sûr, il y avait eu au ministère, au
début des années soixante-dix, au moment où le Parti
libéral était au pouvoir, deux documents qui avaient
été préparés au ministère des
Communications, l'un qui s'appelait Pour une politique québécoise
des communications, et l'autre qui s'intitulait Le Québec maître
d'oeuvre des communications sur son territoire. Ces deux documents ont
été conçus et produits au début des années
soixante-dix. Le député de Jeanne-Mance admettra avec moi que,
depuis ce temps, les communications vivent une évolution qui ressemble
davantage à une révolution et que les technologies nouvelles qui
envahissent de plus en plus notre monde commandent une réflexion plus
moderne, plus contemporaine sur le secteur des communications. C'est pourquoi,
au ministère des Communications, nous avons pris la décision de
faire travailler l'ensemble de nos fonctionnaires à la
préparation d'une politique nationale des communications. Mon intention
est de faire en sorte que d'ici la fin de l'année, c'est-à-dire
d'ici décembre 1982, nous puissions avoir un document de travail qui
serait un énoncé de politique nationale des communications et,
à partir de là, comme ministre des Communications, mener une
tournée nationale du Québec, région par région,
pour aller consulter les groupes, les individus intéressés par le
développement des communications et, donc, connaître un peu la
réaction des gens sur ce document qui aura été
préparé au ministère des Communications. Je souhaiterais -
et je pense que là-dessus j'aurais l'appui du député de
Jeanne-Mance - qu'à l'occasion de l'Année internationale des
communications, en 1983, toute cette opération de préparation
d'une politique nationale des communications, suivie d'une vaste consultation
à l'échelle du Québec, puisse aboutir à la tenue
d'un sommet sur les communications quelque part au début de l'automne
1983.
Voilà quatre éléments: rapport sur la
télématique, rapport de conjoncture sur la recherche et le
développement en communications, étude de prospective et
préparation d'une politique nationale des communications ce qui indique
bien, je crois, l'intérêt que nous portons à la recherche
et l'intérêt que nous portons, au delà de la recherche,
à la définition d'un certain nombre de créneaux
d'intervention pour que nous puissions poser des gestes concrets qui
amèneraient le Québec à prendre sa place et toute sa place
dans le développement des communications, en particulier en ce qui a
trait aux retombées économiques du développement des
communications.
Le Président (M. Laplante): On peut appeler le paragraphe
1. Non, quelques commentaires?
M. Bissonnet: Je voudrais dire, à la suite de
l'information que le ministre vient de nous donner, une primeur si on peut
dire, que, si cela n'avait pas été le ministère des
Communications à être le premier à produire un tel
document, on aurait été déçu, compte tenu de
l'aspect économique que prendra le domaine des
télécommunications dans les années à venir.
Ce qu'on demande au ministre, c'est la liste des contrats, parce qu'on a
accordé des contrats de l'ordre de 100 000 $ pour un document qu'on
intitule Rapport de conjoncture; j'imagine que ces sommes ont été
allouées à des personnes pour travailler à la composition
de ce document-là.
En ce qui a trait à la grande période de consultation, on
va y revenir au niveau du programme 1. M. le ministre, je vous écoute et
vous me dites que vous voulez partir faire une grande consultation au
Québec; on est tout le temps d'accord, le Parti libéral, pour
qu'il y ait le plus de consultation possible. J'aimerais que vous transmettiez
au Conseil des ministres la même idée que vous avez pour la grande
consultation, en particulier surtout pour les gens de Baie-Comeau et Hauterive,
qui aimeraient être consultés.
M. Bertrand: C'est ce qu'on pourrait appeler un
aparté.
M. Bissonnet: Un aparté, c'est ça, mais
c'est quand même un aparté valable.
En ce qui a trait aux bourses qui sont données, vous vous
êtes éloigné de la question; on parlait de la recherche
à l'intérieur de votre ministère. Il est certain qu'il y a
des montants qui sont accordés pour faire des recherches
extérieures...
M. Bertrand: Je tiens à souligner que la Direction de la
recherche du ministère des Communications participe à toutes ces
études dont je viens de faire état.
M. Bissonnet: J'espère bien.
M. Bertrand: C'est son rôle de le faire. (12 h 15)
M. Bissonnet: J'espère bien qu'elle participe. La question
que je vais vous poser c'est que, compte tenu du marché des
télécommunications, il faut intéresser les jeunes à
se diriger davantage dans le domaine des télécommunications et en
particulier de l'informatique. Au ministère de l'Éducation, je
vous pose la question parce qu'on vous l'avait posée l'an dernier aussi,
il y a des bourses en technique professionnelle pour donner un appui au jeune
étudiant qui se dirige vers elle. Il y a des options
désignées et, à chaque option désignée,
l'étudiant peut avoir une bourse de l'ordre de 500 $, or le secteur de
l'informatique n'y est jamais compris. Est-ce que vous pourriez faire des
pressions auprès du ministre de l'éducation, parce que ça
relève de votre ministère, pour qu'un tel programme soit inclus
dans les options désignées en vue de favoriser l'accès de
la jeunesse québécoise au domaine des
télécommunications? Et, même à l'informatique, on
pourrait ajouter d'autres domaines qui sont directement liés à
tout le système de télécommunications que nous avons au
Québec.
M. Bertrand: Je m'y engage, M. le député de
Jeanne-Mance. Votre demande est tout à fait appropriée et
opportune. J'ai déjà discuté avec le ministre de
l'Éducation de l'importance que revêtent ces nouvelles
disciplines. Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de prendre connaissance
du livre de M. Jean-Jacques Servan-Schreiber, Le défi mondial. Il y a
une très large section de son volume qui est consacrée au secteur
des communications et au secteur de l'information. Vraiment tous ceux qui se
penchent en ce moment sur le dossier des communications indiquent qu'avec le
dossier énergétique, le dossier des communications est
probablement le plus important qui va marquer de façon
considérable le développement, non seulement économique,
mais social, des vingt prochaines années, non seulement au
Québec, au Canada et en Amérique du Nord, mais dans l'ensemble du
monde. L'intérêt que le député de Jeanne-
Mance manifeste envers cette question et l'indication qu'il voudrait que
je donne au ministre de l'Éducation, savoir qu'il y a effectivement
là une voie d'avenir prometteuse pour les jeunes, il peut être
certain que je ferai tout ce qui doit être fait pour que cela se traduise
en gestes concrets. Dans la mesure où il y a possibilité
d'encourager les jeunes sous une forme ou sous une autre, bourses ou autrement,
à s'orienter davantage de ce côté, il me fera grand plaisir
de faire les pressions nécessaires auprès du ministre de
l'Éducation. D'autant plus que, dans le secteur de l'informatique, que
vous évoquiez tout à l'heure dans votre déclaration
d'ouverture, vous indiquiez vous-même à quel point nous
étions importateurs d'informatique et que nos entreprises
québécoises de services en informatique auraient vraiment tout
intérêt à occuper davantage toute la place sur le
marché québécois, alors qu'en ce moment, elles ne le font
pas. Les efforts que le ministère des Communications pourra faire en ce
sens, de même que le ministère de l'Éducation, seront
évidemment, je pense, bienvenus et auront des retombées
économiques fort intéressantes pour l'ensemble de notre
collectivité.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que j'appelle le
programme?
M. Bissonnet: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): On peut l'appeler.
M. Bissonnet: Oui.
Gestion interne et soutien
Le Président (M. Laplante): Programme 1. M. le
ministre.
M. Bertrand: M. le Président, sur le programme 1, je dirai
d'abord une chose.
Le Président (M. Laplante): II y a deux
éléments.
M. Bertrand: J'aurai, bien sûr, plusieurs questions. Mais
j'aimerais d'abord souligner qu'un des postes de cadre, toujours dans la voie
de cette politique d'égalité dans l'emploi, parmi les plus
importants qui soient au sein d'un ministère, c'est-à-dire la
Direction générale de l'administration, est occupé par Mme
Claire Monette, qui est ici présente. Je dois dire que le
ministère des Communications a acquis une ressource extraordinaire en la
personne de Mme Monette et que la Direction générale de
l'administration est entre bonnes mains.
Je voudrais aussi indiquer à quel point, dans ce contexte de
compressions
budgétaires, il n'y a pas que le ministère, dans sa
fonction administrative, qui doit faire son travail, mais le ministère
dans sa dimension politique, c'est-à-dire que le cabinet du ministre
doit faire un effort. Je peux indiquer au député de Jeanne-Mance
que, sur une masse salariale qui, si ma mémoire est bonne, est d'environ
456 000 $ pour un cabinet politique, comme tous les cabinets politiques dans
tous les ministères, nous avons retourné au fonds
consolidé, en date du 31 mars de cette année, la somme de 115 000
$ pour le cabinet politique du ministre des Communications. Je pense qu'il
s'agit d'un autre exemple éloquent de la volonté du ministre non
seulement d'appliquer la politique de compressions budgétaires mais de
se l'appliquer à lui-même, c'est-à-dire de l'appliquer
à son cabinet politique.
M. Bissonnet: Juste une question, M. le ministre. Cette
politique, cette philosophie, n'est-ce pas, de réduire le montant des
sommes allouées au cabinet de chaque ministre, est-ce que, dans chaque
ministère, on semble un peu la suivre? Pour nous, c'est une primeur que
vous nous donnez, quand vous dites que vous ayez coupé à
l'intérieur de votre personnel politique 115 000 $. Je vous en
félicite, il n'y a pas de doute là-dessus. Est-ce que cette
même politique est suivie ou est-ce qu'elle semble s'engager dans
d'autres ministères?
M. Bertrand: II faudra que vos collègues qui participeront
à l'étude des crédits de chacun des ministères
s'enquièrent auprès de chaque ministre des décisions qui y
ont été prises. J'indiquerai seulement que je ne serais pas
surpris que certains ministres aient épuisé cette masse
salariale, parce que je dirai ceci qui, je crois, est tout à fait
respectueux des responsabilités de mes collègues: il est bien
évident, quant à moi, que le ministère des Communications,
tout aussi intéressant et important qu'il soit, surtout aux yeux du
ministre qui en est le titulaire, peut travailler très facilement
à l'intérieur d'une masse salariale de 456 000 $. Par contre, je
serai le premier à admettre que si j'étais le ministre des
Affaires sociales ou le ministre de l'Éducation, et je pourrais en
ajouter une bonne liste, je comprendrais qu'il est essentiel d'utiliser cette
masse au complet parce que, à ces deux seuls ministères, vous
gérez les deux tiers du budget de l'État et il faut effectivement
avoir autour de soi beaucoup plus de conseillers politiques, beaucoup plus
d'attachés politiques, plus d'employés de soutien. Cela
m'apparaît tout à fait normal.
Ce qui s'est fait au ministère des Communications, nous l'avons
fait parce que nous étions très conscients que nous pouvions
faire le travail que nous avions à faire sans engager tout le personnel
qui nous est théoriquement permis et toute la masse salariale qui nous
est théoriquement permise et nous réussissons, dans le contexte
actuel, à faire le travail de façon tout à fait
convenable.
J'ajouterai un élément. C'est que, pour la prochaine
année financière, vous n'êtes pas sans savoir que
l'ensemble de la masse salariale de tous les cabinets est gelé,
c'est-à-dire qu'il n'y a aucune augmentation de la masse salariale des
cabinets politiques pour la prochaine année financière. Cela
aussi, je pense que c'est un exemple qui est donné au niveau politique
de l'exercice des compressions budgétaires, qui sont dirigées non
pas seulement vers la machine administrative mais aussi vers l'appareil
politique qui entoure les ministres.
M. Bissonnet: M. le ministre, on a constaté, au cours de
la présente année, que des membres du personnel politique que
vous aviez se retrouvent maintenant à l'intérieur de l'appareil
comme fonctionnaires. Peut-être que ce montant de 115 000 $ pourrait
être justifiable. Ma première question...
M. Bertrand: Ma réponse à cela sera, en attendant
d'autres questions qui viendront sûrement, qu'un ministre des
Communications ne peut pas fournir le maximum s'il ne travaille pas en
très étroite collaboration avec l'ensemble des employés,
fonctionnaires, professionnels, adjoints aux cadres supérieurs, cadres
supérieurs, directeurs généraux, sous-ministres,
sous-ministre en titre, c'est-à-dire ces 1200 personnes qui font le
ministère des Communications et sans qui tout l'effort de
rationalisation des ressources que nous avons mené, et je pense tout
à fait correctement au cours de la dernière année,
n'aurait pas été possible. S'il y a un élément dont
je dois me féliciter, c'est de sentir, après presque un an au
ministère des Communications, à quel point l'arrimage s'est bien
fait entre le ministre des Communications et l'ensemble des fonctionnaires du
ministère des Communications, c'est-à-dire plus directement
d'abord entre le ministre des Communications et le sous-ministre des
Communications, qui est évidemment le grand responsable du
fonctionnement des opérations administratives pour l'ensemble du
ministère. Je crois que, dans quelque gouvernement que ce soit, un
ministre qui ne peut pas travailler en très étroite relation avec
l'ensemble de ses fonctionnaires ne peut pas donner des résultats
valables et ne peut pas vraiment obtenir le maximum. Au ministère des
Communications, il y a un état d'esprit extraordinaire qui règne
entre ce qu'on pourrait appeler la partie politique, incarnée par le
ministre et son cabinet, et la partie plus administrative qui est
incarnée par le sous-ministre des Communications et
l'ensemble des 1200 employés du ministère des
Communications.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'avant d'aller
dîner...
M. Guay: Si vous me permettez, juste une légère
inexactitude. Je ne me permettrai pas de mauvaise foi. Le député
de Jeanne-Mance a dit qu'il y avait des membres du personnel du ministre qui
étaient rendus au ministère. C'est inexact.
M. Bissonnet: Ils étaient déjà au cabinet,
je m'excuse.
M. Guay: II n'y a aucun membre du cabinet du ministre actuel qui
est rendu dans le ministère.
M. Bissonnet: ...
Le Président (M. Laplante): Avant d'ajourner les
travaux...
M. Bissonnet: On va aller à 13 heures.
Le Président (M. Laplante): Vous allez à 13 heures?
La Chambre recommence à 14 heures.
M. Bissonnet: Écoutez, je n'ai pas d'objection, M. le
ministre.
Le Président (M. Laplante): Pas d'objection personne?
M. Bissonnet: Si vous voulez suspendre les travaux, à
condition qu'on fonctionne à l'intérieur de notre enveloppe
budgétaire de sept heures. Si vous voulez finir une demi-heure plus tard
ce soir, je n'ai aucune objection.
M. Bertrand: J'ai le goût de travailler, M. le
Président, jusqu'à 13 heures et ensuite jusqu'à 18 heures.
Et, s'il le faut, ce soir jusqu'à minuit.
M. Bissonnet: Excellent.
Le Président (M. Laplante): M. le
député.
M. Bertrand: M. le député de Jeanne-Mance...
M. Bissonnet: On peut aller jusqu'à demain matin, huit
heures moins dix.
M. Bertrand: M. le député de Jeanne-Mance me
permet-il de lui remettre des choses?
M. Bissonnet: Oui.
M. Bertrand: Ce sont des photocopies.
M. Bissonnet: Est-ce que c'est ce qu'on voulait, M. le
ministre?
M. Bertrand: Voici copie, M. le député de
Jeanne-Mance, de la lettre que j'ai envoyée à M. Francis Fox,
ministre des Communications au gouvernement du Canada, Ottawa, Ontario, et
à M...
Une voix: ...
M. Bertrand: Oui, Ottawa, Ontario, c'est là...
M. Bissonnet: Capitale nationale.
M. Bertrand: ... et à M. Neil Webber, ministre
associé aux télécommunications, Edmonton, Alberta, qui est
coprésident, parce qu'à chaque année, il y a toujours un
ministre provincial et le ministre fédéral qui sont les
coprésidents pour le fonctionnement de l'ensemble des conférences
fédérales-provinciales. Et voici comment se lit ma lettre, et
vous verrez que je réponds tout à fait à la question que
vous m'avez posée dans votre déclaration d'ouverture. (12 h 30)
"MM. les présidents, la télévision payante, en raison de
ses caractéristiques fondamentales, ne saurait être
assimilée à la radiodiffusion. S'apparentant davantage aux
circuits fermés, ce nouveau moyen de communications doit être
reconnu comme de compétence provinciale. Conscient de ce fait, tout
autant que de l'importance économique et socioculturelle de la
télévision payante, le Québec a tenu, dès 1978,
à régir ce secteur en adoptant un règlement ad hoc. Le 10
mars dernier, suite à une vaste opération de consultation
entreprise il y a deux ans, le Conseil des ministres acceptait d'amender cette
réglementation en adoptant un nouveau règlement sur la
télévision payante dont je vous ai fait tenir copie sous pli
séparé. Ce règlement qui répond aux objectifs et
aux principes directeurs mis de l'avant par l'assemblée des ministres
des Communications du Canada vise pour l'essentiel à réaffirmer
la compétence du Québec, déjà bien établie
par le règlement de 1978, à garantir le contrôle et le
développement par des gens d'ici de ce nouveau service, à offrir
aux citoyens du Québec un service correspondant véritablement
à leur besoin socioculturel, à assurer une réinjection des
capitaux dans l'industrie cinématographique et audiovisuelle
québécoise, à favoriser l'accès au service de la
télévision payante par tous les citoyens dans l'ensemble du
territoire. Nous sommes convaincus que ce règlement correspond aux
attentes des Québécoises et des Québécois et nous
entendons bien exercer notre compétence.
"Vous et moi sommes conscients qu'une double juridiction en
matière de télévision payante nuirait plus à son
développement et à sa diffusion qu'elle n'y contribuerait.
D'ailleurs, lors de la conférence des ministres des Communications,
à Winnipeg en septembre dernier, le consensus s'est dégagé
de la part des provinces sur la compétence de ces dernières
à l'intérieur de leur territoire en cette matière. Un
même consensus s'est aussi manifesté sur l'inutilité d'une
double réglementation fédérale et provinciale. Je ne peux
que déplorer vivement le report de la conférence initialement
prévue pour la fin décembre 1981. "Permettez-moi de vous indiquer
à nouveau, comme je l'ai fait avant la conférence de septembre
1981, à Winnipeg, que je crois essentiel de nous réunir pour
discuter de la question et d'harmoniser nos positions respectives."
C'est signé Jean-François Bertrand. Cette lettre qui a
été transmise à M. Fox et à M. Webber a aussi
été transmise à l'ensemble des ministres provinciaux
responsables des communications.
Vous avez ici toute la documentation de ces lettres envoyées, je
vous la remets. Je voudrais vous lire finalement - il y en a une autre qui est
intéressante - M. le député de Jeanne-Mance, si vous me
permettez, une lettre de M. Webber, justement ce coprésident,
adressée à M. Fox en date du 16 février 1982; avant de
vous lire celle de M. Webber du 16 février 1982, je vais vous lire celle
de M. Fox, adressée à l'honorable M. Webber qui est son
coprésident et envoyée à tous les ministres des
Communications de chacune des provinces, incluant votre humble serviteur: "Cher
collègue, j'ai bien reçu votre télex du 15 janvier
proposant le 15 ou le 16 février comme dates de la prochaine
réunion des ministres pour discuter de la télévision
payante. Il ne me sera malheureusement pas possible d'assister à une
réunion à ces dates. De plus, il a été entendu que
les ministres se réuniraient après la décision du CRTC sur
phase I. Je demande à mes fonctionnaires de rester en contact avec les
vôtres à ce sujet afin que l'on convienne d'une date mutuellement
satisfaisante." Signé Francis Fox.
Je vous lis maintenant le télégramme envoyé par M.
Webber à M. Fox au mois de février.
M. Bissonnet: M. le ministre, est-ce que tout est inclus dans
cela?
M. Bertrand: Non. Je vous la remets.
M. Bissonnet: Vous allez nous faire copie?
M. Bertrand: Oui.
M. Bissonnet: C'est bien.
M. Bertrand: Je vous lis celui de M. Webber en réponse
à M. Fox. "This is to acknowledge receipt of your telex of February 2nd
- celui dont je viens de parler - in which you noted that you will not meet
with provincial ministers until after the CRTC has announced its decision on
Phase 1 of its pay-television hearings. I would like to express my concern, as
I feel that the longer the meeting is postponed, the more difficult it will be
to reconcile the basic differences between the federal and provincial
governments on the introduction of pay-television. "If the federal-provincial
conference of ministers on pay-television had been held in December 1981, as
had been agreed at the Winnipeg Conference, it is possible that we may have
been able to have reached some mutually satisfactory negotiated
settlement."
Voici le prochain paragraphe: "In its absence, we have witnessed since
the beginning of 1982 a number of events, ranging from the introduction of new
pay-television legislation to provincial pay-television systems. Alberta has
since followed suit to bring existing telecommunications public utilities
offering nonbroadcasting entertainment services in this province under the
regulatory authority of the Alberta Public Utilities Board. "I believe that
these events are just the beginning of provincial actions which will gain
further momentum the longer a meeting of ministers is delayed. It is my sincere
hope that events will not be allowed to overtake any chance at a negotiated
settlement that could allow for the realization of both provincial and federal
government objectives. "As per your telex, my officials are prepared to work
with yours in attempting to find a mutually satisfactory date for a meeting.
Signed: Neil Webber, Associate Minister of Telephones, Alberta Utilities and
Telephone, Edmonton, Alberta."
Alors, vous voyez, je pourrais vous lire des télégrammes
transmis par des ministres d'autres provinces à M. Webber de ministres
entre eux disant: Si le fédéral ne veut pas une rencontre, tenons
une rencontre entre les provinces. Récemment encore, le ministre de la
Nouvelle-Ecosse nous transmettait quelque chose là-dessus, je vous en
lis un extrait: "This is to confirm that the Government of Nova Scotia is
prepared to host a meeting of provincial ministers in accordance with Nova
Scotia commitment last year to host the next meeting. I had suggested, in my
telex of March 25th, that a provincial ministers' meeting might be preceded by
a meetinq of our officials and if this is desirable, Nova Scotia can host that
meeting as well. Signed:
Ronald C. Giffin, Minister of Transportation, Government of Nova
Scotia."
Vous en avez plein comme cela et tous indiquent que vraiment, de ce
côté-là, le gouvernement du Québec, à mon
avis, s'est comporté de façon correcte. Nous affirmons notre
compétence, nous l'exerçons, nous sommes en communication avec
les autres provinces, j'ai moi-même écrit au ministre
fédéral des Communications, j'ai écrit au
coprésident, M. Webber, ministre responsable en Alberta, demandant
qu'une réunion puisse être tenue parce que effectivement ce
à quoi on assiste, c'est encore la même attitude qui a toujours
existé dans le secteur des communications: le fédéral,
malgré les revendications traditionnelles des gouvernements du
Québec, tente d'occuper le terrain sans aucune négociation avec
les provinces, unilatéralement, en faisant fi pourtant des nombreuses
demandes de rencontre qui ont été formulées non seulement
par nous, mais aussi par d'autres ministres provinciaux des communications.
Malgré ce contexte que le gouvernement fédéral
tente de créer et qui n'est pas propice à ce que j'appelle
l'harmonisation de nos intérêts respectifs, nous allons, quant
à nous, continuer de travailler pour exercer notre compétence et
aussi pour inciter nos collègues des autres provinces à nous
appuyer dans la demande d'une rencontre fédérale-provinciale pour
que cette question puisse être discutée entre responsables
politiques, au niveau des gouvernements et que nous n'ayons pas une fois de
plus, comme cela a été le cas sous le gouvernement libéral
entre 1970 et 1976, à aller devant les tribunaux sur des questions qui
peuvent très bien se régler entre gens responsables au niveau
politique, mais sur la base de ce que vous avez dit vous-même, M. le
député de Jeanne-Mance, c'est-à-dire la reconnaissance de
la compétence entière et exclusive du Québec en
matière de télévision payante.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Bissonnet: M. le Président, je suis très heureux
d'entendre le ministre et de le voir travailler avec l'appui de ses
collègues provinciaux dans ce dossier. Cela me rend enthousiaste
vis-à-vis de vous, M. le ministre. Nous allons prendre connaissance de
ces documents. Mais je sais que vous êtes un ministre très ouvert.
Est-ce qu'il serait possible, à l'intérieur de votre
ministère, quand vous avez des documents et des lettres comme cela dans
des dossiers très importants, de transmettre copie de ces lettres au
responsable de l'Opposition en matière de communications? Il en serait
bien heureux.
D'autre part, vu que vous nous donnez ces documents ce matin, M. le
ministre, serait-il possible de nous transmettre, dans cet effort de grande
transparence de votre ministère - je pose la question - le document dont
il a été question dans le Journal de Montréal et le
Journal de Québec, dont il a été aussi question dans
l'article de Lise Bissonnette et non Bissonnet? Je veux parler de ce fameux
document sur lequel on a posé des questions à l'Assemblée
nationale et que le Comité ministériel permanent des
communications a rejeté, selon ce que vous nous aviez dit, tout en vous
gardant une certaine réserve dans la publicité gouvernementale,
M. le ministre. Serait-il possible de transmettre une copie de ce fameux
document au responsable de l'Opposition en matière de communications,
parce que, malheureusement, il n'a pas pu en prendre connaissance? Il n'en a
pas pris connaissance par un de nos employés, comme il a
été dit par le premier ministre en parlant du journaliste du
Journal de Québec. Le responsable de l'Opposition n'a pu prendre
connaissance que du texte qui a été publié qui n'est
certainement pas exhaustif, qui n'est pas tout le texte qui a été
transmis au Comité ministériel permanent des communications.
Serait-il possible, M. le ministre, également de nous déposer ce
document, vu qu'on est au dépôt de documents?
Le Président (M. Laplante): Erreur, il n'y a pas de
dépôt de documents.
M. Bissonnet: Pas de le déposer, de me remettre le
document. J'aimerais bien cela.
M. Bertrand: Je dois répondre par la négative
à la demande du député de Jeanne-Mance pour la raison
suivante...
Une voix: Ah!
M. Bissonnet: La transparence, M. le ministre.
M. Bertrand: ... qui est fort simple. Je veux bien, chaque fois
que cela me sera demandé, remettre à l'Opposition des documents
qui d'abord sont des documents sur lesquels le ministre des Communications
porte une responsabilité, parce qu'il a été associé
à une prise de décision relative à ces documents, par
exemple, la lettre que je viens de rendre publique, qui a été
adressée au ministre fédéral des Communications et au
ministre albertain responsable des communications. Mais, dans le cas de ces
esquisses de stratégies en communications, qui ont été
préparées par des sous-comités du conseil des directeurs
de communications, j'ai, à la période de questions à
l'Assemblée nationale, bien indiqué que non seulement elles n'ont
pas fait l'objet de prises de décision par le Comité
ministériel permanent
des communications, mais qu'elles n'ont même pas été
étudiées et analysées par le Comité
ministériel permanent des communications. Elles ont été,
tout au plus, déposées au Comité ministériel
permanent des communications et le Comité ministériel permanent
des communications, qui fait son travail, qui continue d'avoir des
réunions et qui a comme objectif - vous l'avez vous-même dit
tantôt et, quant à moi, c'est tout à fait normal - de
définir les grandes orientations et les grands objectifs en
matière de communications et d'information gouvernementale, n'a pas
retenu ces esquisses de stratégie de communications, ne les a pas faites
siennes, ne les a pas intégrées à son travail. Donc, dans
ce contexte, comment dirais-je, tout au plus il s'agit d'un bon coulage de
documents qui ont été repris presque textuellement dans trois
numéros, je crois, du Journal de Québec et du Journal de
Montréal. (12 h 45)
L'ensemble des éléments que contenaient ces quatre
esquisses de stratégie en communications a été, pour
l'essentiel, repris par le journaliste responsable de cette chronique. Alors,
ce travail de divulgation ayant à toutes fins utiles, comment dirais-je,
été fait et ayant dépassé, surtout, tout ce qui a
été fait au Comité ministériel permanent des
communications qui, lui, n'a même pas jugé bon de les retenir pour
analyse et pour étude, la façon dont on a traité ces
esquisses de stratégie de communications dans ledit journal faisait
croire - c'était là le point que je voulais soulever - que le
gouvernement les avait fait siennes, que le gouvernement avait pris des
décisions et que le gouvernement avait retenu des suggestions du
Comité ministériel permanent des communications, qui se serait
inspiré de ces esquisses de stratégie de communications. Alors,
j'ai donc dit à la période de questions que ces documents,
effectivement, existaient, qu'ils avaient, effectivement, été
produits par des sous-comités du Conseil des directeurs des
communications, mais que le Comité ministériel permanent des
communications ne les avait pas retenus, ne les avait pas
étudiés, ne les avait pas analysés et que, encore moins,
le Conseil des ministres n'a jamais été amené à
prendre de décision sur la base de ces esquisses de stratégie en
communications. Donc, les titres qu'on a lus dans lesdits journaux et
quelques-unes des phrases qui indiquaient que "le gouvernement
s'apprêtait à"... ou que "le gouvernement avait
décidé que"... ou que "voici la stratégie du gouvernement
en matière de"... étaient des phrases qui ne correspondaient pas
à la réalité. C'est pourquoi j'avais voulu - en
réponse à vos questions, qui étaient d'ailleurs tout
à fait pertinentes dans le contexte -replacer les choses dans leur
contexte et relativiser les informations qui avaient été
transmises dans le Journal de Québec et le Journal de
Montréal.
M. Bissonnet: M. le ministre, pour poursuivre sur ce sujet, vous
venez de me dire que le Comité ministériel permanent des
communications n'avait pas étudié ce document. Comment
voulez-vous que le Comité ministériel permanent des
communications puisse ne pas retenir le document? Vous avez dit que vous ne
l'aviez pas retenu, également. Avant de ne pas retenir un document, il
faut quand même l'étudier!
M. Bertrand: C'est très simple.
M. Bissonnet: Comment cela s'est-il passé cette
affaire-là?
M. Bertrand: C'est très simple.
M. Bissonnet: Vous avez certainement lu le document avant
de...
M. Bertrand: À notre séance du 27 janvier au matin,
nous avions un ordre du jour du Comité ministériel permanent des
communications et, dans cet ordre du jour, nous avions un certain nombre de
sujets à discuter et, dans les sujets que nous avions à discuter,
nous n'avions pas à discuter des quatre documents qui avaient
été préparés par les sous-comités du Conseil
des directeurs des communications, nous avions d'autres sujets à
discuter. La discussion n'a donc pas porté sur ces esquisses de
stratégie de communications. Les documents ont été,
à toutes fins utiles, considérés comme
déposés au Comité ministériel permanent des
communications. Si le député veut savoir si j'ai lu les quatre
esquisses de stratégie en communications, je lui réponds oui, je
les ai lues.
M. Bissonnet: Comment avez-vous trouvé ça?
M. Bertrand: II y avait là-dedans des choses par bout,
très intéressantes...
M. Bissonnet: II ambitionne un peu.
M. Bertrand: ... dans certains cas qui reposaient sur des
analyses forcément quelquefois subjectives et puis d'autres points que,
quant à moi surtout dans le contexte que nous traversons... je vais vous
en donner un exemple très précis. Quand on disait, par exemple,
qu'au cours des prochaines années, à chaque année, on
dépense environ 2 000 000 $ pour la publicité constitutionnelle,
je n'ai pas besoin de vous dire que c'était là, quant à
moi, le genre d'élément qu'il n'était certainement pas
question...
M. Bissonnet: C'est réglé cette
question-là.
M. Bertrand: ... oui, enfin non, c'est une autre question, mais
quant à moi, ce n'était pas là le genre
d'élément qui devait être retenu.
Dans l'ensemble de ces quatre documents, il y avait du bon, du moyen, du
moins bon et, après les avoir lus, de toute façon, ça
s'est arrêté là. Je l'ai fait parce que je pense qu'il est
normal qu'un ministre des Communications prenne connaissance des documents qui
lui parviennent, que ce soit par la voie du Comité ministériel
permanent des communications que je préside ou autrement. Je peux vous
assurer que lors de cette séance du 27 janvier au matin, nous n'avons
vraiment pas discuté ni analysé lesdits documents; nous avions
à l'ordre du jour d'autres éléments sur lesquels nous
avons fait porter l'essentiel de notre réunion qui a duré environ
deux heures.
M. Bissonnet: M. le ministre, si je comprends bien, vous avez eu
une réunion le 27 janvier, c'était à votre ordre du jour
et vous n'avez pas pu les étudier, donc vous n'avez pas pu les retenir
à ce moment-là. Est-ce que c'est revenu à une autre
assemblée ultérieure?
M. Bertrand: Non.
M. Bissonnet: Donc, à ce moment-là, le document est
simplement déposé au niveau du comité permanent
ministériel.
M. Bertrand: Je peux assurer le député de
Jeanne-Mance que, depuis ce temps, le Comité ministériel
permanent des communications n'a jamais travaillé sur la base de ces
quatre esquisses de stratégie de communications.
M. Bissonnet: D'après l'explication que vous avez
donnée à l'Assemblée nationale, cela a passé dans
des sous-comités, des comités, en tout cas... Est-ce que tous ces
gens qui ont travaillé sur ce très "beau" document, travaillent
actuellement sur une autre esquisse de stratégie de communications?
Est-ce qu'ils sont à l'oeuvre pour préparer un autre
document?
M. Bertrand: Non.
M. Bissonnet: Ce n'est pas une question piégée.
M. Bertrand: Ce n'est pas une question piégée, je
vous réponds très simplement non. Cependant, il est très
important que le député de Jeanne-Mance sache que le
Comité ministériel permanent des communications ne peut pas
travailler autrement qu'en relation avec le Conseil des directeurs des
communications et en relation avec les directeurs des communications des
ministères et organismes gouvernementaux; ça va de soi. Comment
dirais-je? Peut-on arriver à établir plus de cohérence et
de cohésion et peut-on rationaliser davantage les ressources
matérielles, financières et humaines dont nous disposons en
matière de communications si, d'un côté, le Comité
ministériel permanent des communications travaille isolément et,
de l'autre côté, le Conseil des directeurs des communications qui
réunit environ 35 directeurs et directrices des communications fait son
travail isolément? Si on veut arriver à un travail qui nous
permette de mieux rationaliser toutes nos ressources et en même temps
d'en arriver à plus de cohérence et plus de cohésion dans
nos politiques d'information et de communications gouvernementales, il faut
forcément qu'on soit en très étroite relation. Quand
j'avais annoncé la création du Comité ministériel
permanent des communications, j'avais dit les choses très clairement en
conférence de presse, là-dessus, vous pourriez retrouver les
communiqués de presse et ma déclaration qui étaient on ne
peut plus clairs. Le gouvernement ne se dérobera pas à ses
responsabilités et, si c'était vous, vous feriez la même
chose et je vous comprendrais. Le gouvernement ne doit pas se cacher
derrière l'appareil administratif pour faire faire par l'appareil
administratif un travail noble, grand et souhaitable qui est celui d'en arriver
à plus de cohérence et à plus de cohésion, à
une précision plus grande des objectifs et des orientations en
matière de communications et d'information gouvernementales. Cela doit
être réalisé au niveau politique. Au nom de quoi des
ministères comme ceux des Transports, des Travaux publics, de
l'Énergie et des Ressources et tous les autres travailleraient sur la
définition d'objectifs, d'orientations et de priorités, dans
chacun de leurs secteurs, et tout à coup, parce que cela s'appelle les
communications, le gouvernement s'exempterait de prendre ses
responsabilités et de travailler à définir et à
préciser ces objectifs et ces orientations, surtout dans un contexte
où nous avons à rationaliser beaucoup plus l'ensemble des
ressources humaines, matérielles et financières qui sont à
notre disposition?
M. Bissonnet: M. le ministre, je vais vous poser la question
avant la suspension. Peut-être qu'au début de l'après-midi,
vous pourrez arriver avec une réponse. Pourriez-vous nous
dévoiler l'orientation ou les orientations, les objectifs du
Comité ministériel permanent des communications et nous dire de
quelle façon agit ce comité sur
le contenu peut-être politique des communications? De quelle
façon agit le comité ministériel, s'il agit,
évidemment, à l'intérieur du contenu qui est
préparé dans l'appareil administratif? C'est ma première
question.
M. Bertrand: Je vais vous donner un bel exemple du type
d'interventions que le comité ministériel permanent des
communications effectue. J'ai donné des réponses à
l'Assemblée nationale sur les budgets qui étaient
consacrés à la publicité. Vous l'avez vous même
rappelé tout à l'heure, vous avez fait état du budget
affecté à la publicité en 1979-1980 qui était de
l'ordre de 14 000 000 $. L'année suivante, en 1980-1981, il était
de 11 000 000 $. Pour l'année 1981-1982, je peux vous dire, maintenant
que les livres sont fermés, qu'il était de 7 500 000 $. Or, les
ministères et organismes gouvernementaux, c'est-à-dire les
organismes qui relèvent de ces ministères et qui ont à
répondre devant le Conseil du trésor de leurs décisions en
matière de publicité gouvernementale, ont préparé,
pour l'année 1982-1983, leurs prévisions en matière de
publicité. Et les prévisions de ces ministères et
organismes en matière de publicité gouvernementale sont, dans
l'ensemble, plus élevées que le budget qui a été
affecté à la publicité au cours de l'année
1981-1982.
Or, le comité ministériel permanent des communications, se
guidant en cela sur les grandes orientations, les grandes priorités et
les grands objectifs de l'État québécois au cours de
l'année 1982-1983, va poser des questions à ces ministères
et organismes sur les décisions qu'ils ont prises relativement à
des campagnes de publicité. L'objectif final, le résultat final
d'une telle opération pourrait être la réduction des
budgets alloués à la publicité, et deuxièmement, la
possibilité de s'assurer que les sommes qui sont consacrées a la
publicité le sont dans des secteurs où l'État
québécois a défini ses grandes priorités, ses
grands objectifs et ses grandes orientations. Cela peut nous amener, en cours
d'année, au cours des prochains jours ou des prochaines semaines, en
collaboration avec les ministères et organismes, à réviser
les prévisions en matière de publicité pour la prochaine
année financière. Voilà un travail qui m'apparaît
sain, normal et correct.
Voilà le genre de travail qui correspond à un des
objectifs qui a présidé à la création du
comité ministériel permanent des communications. C'est pourquoi
nous allons -c'est un exemple que je vous donne - le faire aussi dans d'autres
secteurs, parce que, en dehors de la publicité, il y a beaucoup d'argent
qui est dépensé en communications et qui n'a rien à avoir
avec la publicité. On n'a qu'à penser aux publications
gouvernementales, par exemple, tous les dépliants et les revues. On peut
penser aux expositions qui font partie d'un secteur des communications qui n'a
rien à voir avec la publicité comme telle. Il y a beaucoup de
secteurs, il y a beaucoup d'activités de communications qui existent
dans les directions de communications. Je crois qu'on a toujours eu tendance,
dans le passé, à mettre beaucoup trop l'accent uniquement sur la
publicité, en oubliant que les communications, c'est plus que la
publicité. Il y a d'autres opérations et d'autres
activités de communications qui ne sont pas d'ordre publicitaire, mais
qui sont des opérations et des activités de communications et sur
lesquelles il faut savoir aussi exercer notre jugement, c'est-à-dire
viser à une plus grande rationalisation des ressources existantes.
Le Président (M. Laplante): La suite des travaux
continuera cet après-midi. La commission suspend ses travaux.
(Fin de la séance à 13 h 01)
(Reprise de la séance à 15 h 58)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des communications reprend ses travaux aux fins
d'étudier les crédits du ministère des Communications.
Les membres de la commission, pour la séance de cet
après-midi, sont M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Beaumier (Nicolet), M. Bertrand (Vanier), M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. French (Westmount), M. LeMay (Gaspé), M.
Rivest (Jean-Talon), M. Rodrigue (Vimont), M. Sirros (Laurier), M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
Les intervenants sont: M. Baril (Arthabaska), M. Charbonneau
(Verchères), M. Fortier (Outremont), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys),
M. Marx (D'Arcy McGee), M. Payne (Vachon), M. Perron (Duplessis), M. Picotte
(Maskinongé), M. Tremblay (Chambly).
M. French: M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges) remplacera...
Le Président (M. Bordeleau): Comme intervenant?
M. French: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse. On peut
substituer M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges) à M. Rivest (Jean-Talon),
peut-être?
M. French: Non.
Le Président (M. Bordeleau): M.
Bissonnet?
Une voix: M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Bordeleau): M. Guay (Taschereau) remplace
M. Beaumier (Nicolet). M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges) remplace M. Fortier
(Outremont).
M. Bissonnet: C'est ça.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?M. le
ministre, si vous voulez dire un mot. Il est question qu'on change de
programme, peut-être.
Radio-Québec
M. Bertrand: M. le Président, me rendant en cela à
un désir exprimé par l'Opposition, nous serions tout à
fait disposés, à ce moment-ci, à procéder à
l'examen du programme 7 du ministère des Communications, qui est celui
de la Société de radiotélévision du Québec,
plus communément appelée Radio-Québec. En guise de petit
mot préliminaire, je voudrais simplement indiquer que c'est le
président-directeur général de Radio-Québec, M.
Barbin, qui répondra aux questions de l'Opposition sur les
matières relevant très directement de la gestion de
Radio-Québec et sur les matières où Radio-Québec,
à cause même de sa loi constitutive, a pleine autonomie.
Il est très clair aussi que, comme ministre des Communications
qui a à répondre devant l'Assemblée nationale et devant le
Conseil des ministres de cette Société de
radiotélévision, il me fera grand plaisir de répondre aux
questions que l'Opposition voudra bien me poser.
J'ajouterai simplement ceci, M. le Président. Je l'ai dit ce
matin dans ma déclaration d'ouverture et je l'ai
répété par la suite en commentant les propos du
député de Jeanne-Mance, Radio-Québec représente,
sur le plan budgétaire, la priorité no 1 du ministre des
Communications. Les chiffres sont là pour l'indiquer: 17% d'augmentation
du budget à Radio-Québec comparativement à 9,5% au
ministère des Communications. J'ai aussi indiqué que le conseil
d'administration de Radio-Québec avait lui-même
arrêté ses priorités de développement pour
l'année 1982-1983 et qu'il est très clair qu'avec l'argent qui
est maintenant mis à sa disposition, le développement ira d'abord
dans le sens de l'accentuation de la politique de régionalisation.
C'étaient là des éléments qui
répondaient à quelques-uns des commentaires qui avaient
été faits par le député de Jeanne-Mance. À
compter de ce moment-ci, il a probablement d'autres questions plus
spécifiques auxquelles M. Barbin et moi-même serons tout à
fait disposés à répondre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, je vais céder la
parole au député de Westmount et, ensuite, au
député de Vaudreuil-Soulanges qui vont poser des questions dans
un domaine bien précis, en ce qui a trait à Radio-Québec,
et je reviendrai par la suite avec d'autres questions. M. le
député de Westmount.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Je vous remercie, M. le Président. Je voudrais
parler des représentations de certaines personnes qui travaillent dans
les médias, plus particulièrement les scénaristes et les
auteurs qui sont susceptibles d'avoir leurs oeuvres diffusées sur les
ondes de Radio-Québec et d'autres médias
électroniques.
On sait que dans l'énoncé de politique du gouvernement du
Québec en matière de droits d'auteur, il y a un bouquin qui
s'intitule "La juste part des créateurs." Il y a beaucoup de bruit
autour de l'idée qui est tout à fait juste de
rémunérer adéquatement les créateurs. Dans ce
bouquin, l'une des institutions la plus vantée - en un sens, c'est a bon
droit - c'est-à-dire Radio-Québec, ne semble pas, toujours
d'après les représentations que j'ai eues, faire sa part dans la
rémunération équitable des créateurs. Dans un
contrat type de Radio-Québec, un scénariste pigiste est
obligé de céder tous ses droits d'auteur à l'institution.
La situation semble un peu loufoque parce qu'un auteur québécois,
par exemple, dont le scénario passe sur les ondes de TV-Ontario,
conserve ses droits d'auteur. Un auteur français, dont le
scénario passe sur les ondes de Radio-Québec, conserve ses droits
d'auteur. Alors, à moins d'un changement de politique tout
récent, le seul qui se voit dépouillé de ses droits
d'auteur, sauf en de rares exceptions, me dit-on, c'est le
Québécois dont l'oeuvre est produite par Radio-Québec.
Dans un premier temps je voudrais entendre le ministre ou le P.-D.G. de
Radio-Québec nous expliquer un peu le pourquoi de la politique, si
l'espèce de situation que j'ai décrite est véritable; si
oui, quelles mesures prendra l'institution afin de régler ce qui semble
une contradiction assez flagrante quant aux droits d'auteur des
scénaristes québécois?
Le Président (M. Bordeleau): M. Barbin, au nom du
ministre.
M. Bertrand: M. le Président, à Radio-Québec
il y a des politiques d'utilisation d'abord du personnel en place. À
Radio-Québec, c'est différent de la télévision
éducative de l'Ontario, où le personnel permanent est beaucoup
moins nombreux; on y travaille davantage avec des pigistes. À
Radio-Québec, tenant compte des nombreuses conventions collectives qui
ont été négociées depuis plusieurs années et
tenant compte aussi de la tradition du développement de cette
société éducative, nous avons à notre emploi un bon
nombre de scénaristes pigistes permanents qui ont négocié
des conventions collectives et qui, en fait, donnent un peu le ton, par les
rémunérations qu'on leur donne, à ce qu'on peut verser aux
scénaristes pigistes qu'on engage à l'occasion.
J'ai l'impression, à moins que mes collègues de la
direction générale qui sont derrière moi me contredisent
là-dessus, que nous engageons très peu de scénaristes
pigistes. Quand nous les engageons nous leur donnons les mêmes conditions
de travail que celles qui ont été négociées avec
les membres du Syndicat général des employés de
Radio-Québec, le SGERQ. J'ai l'impression que l'ensemble des piqistes
que nous utilisons, que ce soit des membres de l'Union des artistes ou des
pigistes venant de divers milieux professionnels, ont des conditions de travail
équitables qui ont déjà été
négociées, qui s'inspirent donc de la négociation
collective.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Je pense que je peux conclure que la situation que
j'ai décrite est exacte, c'est-à-dire que quelqu'un qui n'est pas
à l'emploi à temps plein de Radio-Québec, un
créateur québécois qui réussit une oeuvre
suffisamment intéressante pour Radio-Québec pour que
l'institution décide de la passer sur les ondes, est obligé de
céder ses droits d'auteur. On dit qu'il y est obligé parce que
les conventions collectives en vigueur, négociées avec le
personnel en permanence, l'exigent. Ces conventions collectives, dit-on,
donnent un peu le ton de l'attitude de Radio-Québec face aux
scénaristes pigistes, mais on dit par contre qu'on a l'impression que
les conditions de travail des syndiqués sont données aux
scénaristes pigistes.
Je trouve ça un peu difficile à comprendre. Je voudrais
savoir d'abord combien de créateurs sont en permanence à
Radio-Québec. Quel pourcentage, grosso modo, existe-t-il quant aux
oeuvres passées sur les ondes qui sont produites à
l'intérieur et celles dont les scénarios viennent de
l'extérieur?
Je ne comprends pas tellement, M. le Président, le genre de
logique qui veut que, parce que - si c'était le cas - très peu
d'oeuvres viennent de l'extérieur, on est libre d'exploiter, en quelque
sorte, ceux qui les produisent. Je ne dis pas que c'est de l'exploitation parce
que j'attends toujours de savoir - et c'est ma quatrième question -dans
quel sens on peut donner les conditions de travail des syndiqués aux
scénaristes pigistes.
Si on me dit, par exemple, qu'il y a un pourcentage du contrat qui est
ajouté automatiquement parce que la personne en question ne
bénéficie évidemment pas des congés de maladie, ni
d'une caisse de retraite, etc., je serais prêt peut-être à
constater avec le P.-D.G. qu'il est possible d'en arriver à ce que les
mêmes conditions de travail soient données, mais encore faut-il
que ce pourcentage soit très élevé et que le montant de
base soit légitime dans un contexte de négociations, dans un
libre marché qui existe réellement.
Le Président (M. Bordeleau): M. Barbin.
M. Bertrand: II est exact que les pigistes qui viennent
travailler à Radio-Québec n'ont pas les mêmes avantages
qu'ils auraient s'ils étaient piqistes dans une autre
société où il n'y a pas un corps d'emploi comme celui des
scénaristes régis par convention collective. Radio-Québec
s'est développée avec un certain nombre de personnes qui
travaillaient dans l'ancienne structure de cette société de
production audiovisuelle où il y avait un certain nombre de
scénaristes auteurs qui ont conservé leur emploi et qui se sont
vu, par convention collective, donner des droits entiers d'employés. Les
oeuvres qu'ils produisaient à la société appartenaient
à la société puisqu'ils travaillaient dans la
société.
Tenant compte de cela et à cause de la convention collective,
chaque fois que nous engageons un scénariste pigiste - et c'est connu -
il est soumis aux mêmes règles de droit de propriété
de ses oeuvres par Radio-Québec. En compensation et comme pour tous les
pigistes qui sont engagés dans la société, il y a une
majoration de 25% à cause, justement, de ces avantages, de ces
bénéfices marginaux qu'ils ne reçoivent pas. Nous leur
donnons la même échelle de salaire, les mêmes avantages que
les scénaristes salariés plus 25%, étant donné
qu'ils ne sont pas permanents.
Dans d'autres sociétés de télévision
où il n'y a pas de scénaristes pigistes, parce que les
sociétés se sont développées sous un autre
modèle... Dans notre cas, s'il n'y avait pas de personnel à plein
temps comme scénaristes pigistes, je ne dis pas que nous en recruterions
à plein temps maintenant; peut-être que nous ne travaillerions
qu'avec des pigistes et, à ce moment-là, nous aurions à
négocier avec chacun des individus sans
avoir l'obligation de respecter une convention collective.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Oui. Combien y a-t-il de scénaristes pigistes
permanents au sein de Radio-Québec?
Le Président (M. Bordeleau): M. Barbin. M. Bertrand: II y
en a six.
M. French: Six, et combien de personnes y a-t-il en moyenne par
année qui négocient des contrats avec Radio-Québec et ont
ainsi 25% de majoration tout en perdant leurs droits d'auteur?
M. Bertrand: En fait, il y a eu, me dit-on, une trentaine de
personnes engagées non pas pour une année complète, mais
pour des périodes variables, pour un total de 100 000 $.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Westmount.
M. French: N'arrive-t-il pas qu'on achète une oeuvre
déjà faite?
M. Bertrand: Oui.
M. French: Dans un tel cas, comment calcule-t-on la majoration?
C'est 25% sur une somme qui est négociée à la base.
M. Bertrand: On me dit que ce sont, dans ces cas-là, des
négociations de gré à gré avec l'auteur.
M. French: Et quel pourcentage est utilisé ou
diffusé dans une année donnée si l'on compare les
scénaristes pigistes permanents à ceux de l'extérieur?
Grosso modo. Je sais que c'est peut-être difficile de
répondre.
M. Bertrand: On ne peut pas vous répondre maintenant, mais
on pourra chercher et trouver. C'est assez difficile à dire.
M. French: Je comprends que cela puisse amener des
difficultés.
Je dois dire que je suis insatisfait parce que je pense qu'il y a une
prétention qu'il y a un libre marché dans lequel un
scénariste pigiste qui négocie avec Radio-Québec est
capable de fonctionner. Le prix que paie Radio-Québec pour ses
oeuvres... On ne parle pas des 25% de majoration qui peuvent être plus ou
moins fictifs, comme le marché n'existe pas vraiment, mais on se trouve
à négocier dans une situation où on a effectivement le
choix suivant: ou bien on cède ses droits d'auteur à
Radio-Québec ou bien on ne vend pas du tout. (16 h 15)
Je pense qu'il y a une situation un peu inévitable vu la grandeur
du marché pour les oeuvres québécoises et le nombre de
médias différents, la chaîne de médias
différents qui sont disponibles en tant que marché pour un
scénariste de la télévision. Je m'explique mal comment il
se fait que six personnes, au sein d'un syndicat qui doit majoritairement
être préoccupé par les aspects un peu plus typiques dans
les conventions collectives que les droits d'auteur, ont réussi à
créer une situation dans laquelle leurs confrères à
l'extérieur de Radio-Québec sont nettement
pénalisés par le fait même de transiger avec
Radio-Québec. Je vois là une espèce de protectionnisme de
la part des créateurs intérieurs par rapport aux créateurs
extérieurs. Je vois donc ce que je ne peux que caractériser -
cette acceptation de la situation par le ministre et par le P.-D.G.
-d'espèce de manque d'énergie, d'espèce de satisfaction
d'une situation qui est pour moi nettement désavantageuse pour ceux qui
quand même sont obligés, dans une situation beaucoup plus
difficile, que la situation dans laquelle se trouvent les scénaristes
pigistes permanents à gagner leur vie et leur pain.
Je ne peux m'exprimer que de la façon la plus claire et nette que
possible. Il me semble ridicule qu'un auteur québécois dont les
oeuvres passent sur les ondes de TV-Ontario se trouve à obtenir ses
droits d'auteur, or, ce n'est pas le cas s'il se trouve à voir ses
oeuvres diffusées sur les ondes de Radio-Québec. Le gouvernement
a décidé d'appuyer systématiquement une meilleure
rémunération pour les créateurs. Je crois que tout le
monde serait d'accord pour dire que les meilleures créations se font
justement dans cette espèce de travail indépendant, difficile,
souvent dans des conditions de vie très difficiles. Ce n'est donc pas
dans des contextes de convention collective et la permanence à tout
jamais que l'on trouve les meilleures créations, les meilleurs
scénarios, les meilleurs livres, etc.
Dans la mesure où le gouvernement a décidé
d'appuyer systématiquement les gens qui se trouvent dans cette
situation, tant les autres compositeurs que les écrivains, les
scénaristes, il me semble tout à fait aberrant et ridicule que le
Québec ne révise pas sa politique à ce sujet.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. Barbin.
M. Bertrand: M. le Président, un dernier commentaire
là-dessus. Le régime syndical dans lequel Radio-Québec
fonctionne a provoqué - quand on connaît l'histoire de
Radio-Québec, deux longs conflits, l'un a
duré quatre mois et l'autre huit mois, en 1978, et cela a mis en
danger la vie de l'entreprise - par négociation, un certain nombre
d'avantages qui ont été donnés à des fonctions
protégées. La société Radio-Québec,
différemment de celle de l'Ontario ou d'autres sociétés du
même genre est obligée de travailler avec un personnel qui a
gagné une permanence par négociation. Le problème qui est
posé est un problème de négociation. Peut-être que
si le dossier est ouvert du côté de nos employés
syndiqués, de nos scénaristes et des autres, la
société pourrait trouver avantage dans une négociation
à modifier la situation.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Je voudrais signaler, M. le Président, si je
comprends bien en gros la situation qu'évoque le
président-directeur général de Radio-Québec, que je
ne voudrais pas partir en croisade contre la permanence en soi dans la fonction
publique. Je ne commencerais pas avec Radio-Québec dans ce cas. Par
contre, de là à dire qu'il est nécessaire d'accepter de
nuire à ceux qui ont le malheur d'être à l'extérieur
de l'organisation, qui n'ont pas été bien placés pour
gagner leur permanence... Il faut une démarche logique et je voudrais
suggérer que le ministre, qui n'a pas encore dit mot là-dessus,
et le P.-D.G. de Radio-Québec reconsidèrent cette situation. Je
crois qu'il est carrément contre les intérêts de ceux et
celles qui sont dans une situation beaucoup plus difficile à mon sens,
dans le fond, beaucoup plus importants que les six créateurs
scénaristes qui ont réussi par l'histoire des relations du
travail de Radio-Québec de gagner une situation non seulement qui
implique la permanence, mais qui implique un désavantage net par rapport
à leurs concurrents extérieurs. Je voudrais suggérer
très fortement au ministre qu'il revoie le dossier.
Maintenant...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Westmount.
M. French: ... pour les raisons que le ministre connaît
bien, je suis appelé ailleurs dans les plus brefs délais. Je
voudrais toucher un autre sujet. Je ne voudrais pas en faire un drame, mais
c'est un sujet technique qui me préoccupe, parce que, encore une fois,
j'ai eu des représentations là-dessus. On me dit qu'une certaine
longueur d'onde de diffusion dans l'Ouest du Québec crée des
interférences à TV-Ontario. On me dit qu'il semble un peu
aberrant que les deux télédiffuseurs à vocation
éducative fassent une telle interférence. Je sais que c'est une
lame à deux tranchants. C'est arrivé, je pense, en
Abitibi-Témiscamingue d'avoir le problème inverse,
c'est-à-dire que TV-Ontario était déjà
établie lorsque Radio-Québec est arrivée. Je ne voudrais
pas en faire une question politique, mais je voudrais entendre le
président là-dessus, parce qu'il semble que TV-Ontario diffuse
aussi en français et en anglais des programmes d'un très grand
intérêt et il m'apparaît dommage qu'un tel problème
surgisse, surtout dans la région métropolitaine, au moins.
Le Président (M. Bordeleau): M. Barbin.
M. Bertrand: M. le Président, nous sommes en relations
étroites et de grande collaboration avec TV-Ontario. Je n'ai jamais eu,
ni mes collègues, de protestations de TV-Ontario concernant le sujet qui
est mentionné. Ce que nous savons, c'est que TV-Ontario diffusait dans
des régions où Radio-Québec n'avait pas d'antennes.
À ce moment-là, sans doute que la population du Québec
était heureuse de recevoir, au moins le dimanche - parce que la
programmation française à TV-Ontario passait le dimanche, les
autres jours de la semaine, c'était en anglais - était sans doute
heureuse d'écouter les émissions françaises le dimanche.
Radio-Québec, dans son plan de développement, a
décidé de développer les régions qu'on appelait les
moins bien servies sur le plan de la télévision francophone. Nous
avons installé un réémetteur à Chapeau, dans le
comté de Pontiac. En diffusant à Chapeau, il y a eu là,
m'a-t-on dit, des interférences. Les gens de Chapeau nous ont
écrit pour nous le dire. Là-dessus, il n'y a pas beaucoup de
façons de régler ce problème, parce que les
fréquences nous sont données par le gouvernement
fédéral, par le CRTC et le ministère des Communications.
Ils font le mieux possible pour qu'il n'y ait pas d'interférences. Je
tiens à dire que s'il y a une station éducative avec laquelle
nous ne voulons pas interférer, c'est bien TV-Ontario.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Oui. C'est une interrogation, parce que je suis un peu
mêlé à cause de tout cela. Sur le câble à
Montréal, il y a une interférence nette sur TV-Ontario
actuellement. On dit... Ce n'est pas le cas?
M. Bertrand: Non. Cela ne se peut pas. Ils ne sont pas sur le
câble. Cela n'a pas de sens.
Ce n'est techniquement pas possible. Ils sont probablement sur le
convertisseur, mais...
M. French: Je ne parle pas de moi-même. Je parle des
lettres que je reçois. Les gens ont l'impression...
M. Bertrand: Ce n'est pas possible. Ce n'est techniquement pas
possible.
M. French: Oui, j'accepte cela, que ce n'est techniquement pas
possible. Justement, il m'avait semblé que c'était un peu
étrange. C'est pour cela que je soulève le cas, mais...
M. Bertrand: Si c'était possible, on le corrigerait, M. le
Président, mais il semble que c'est techniquement impossible
d'interférer là.
Pas sur le câble, en tout cas. Si c'est par diffusion par ondes
ouvertes, ce serait théoriquement possible, mais pratiquement, ce ne
l'est pas, parce qu'ils ne diffusent pas jusque-là.
M. French: C'est exactement ce que je pense. Il est impossible -
dans la région de Montréal - que ce soit la programmation de
Radio-Québec qui empêche de quelque façon que ce soit la
réception de TV-Ontario, surtout sur le câble.
M. Bertrand: S'il y avait interférence -et on me dit que
ce n'est techniquement pas possible, M. le Président - disons-nous qu'il
y a une coopération importante entre la télévision
éducative, non pas uniquement de l'Ontario, mais la
télévirion éducative de l'Alberta, de la Saskatchewan et
de la Colombie britannique. Il y a des réunions fréquentes. On
songe même à échanger des émissions. S'il y avait
une autre station de télévision éducative qui devait
pénétrer dans la région de Montréal ou au
Québec, on ne s'oppose pas du tout à ce que ce soit TV-Ontario,
parce que PBS pénètre déjà. Nous collaborons aussi
avec PBS qui fait de l'éducation.
M. French: En tout cas, je vais faire parvenir au
président les représentations que j'ai eues et peut-être
que cela servira à démêler certaines personnes, y compris
le député de Westmount.
M. Bertrand: D'ailleurs, les personnes qui vous écrivent
pourraient aussi s'adresser à l'ATEC, l'Association de
télévision éducative du Canada, qui a des réunions
à l'occasion et qui doit sans doute aborder toutes sortes de questions
dont quelquefois des problèmes d'ordre technique qui peuvent se poser.
C'est le lieu privilégié pour favoriser ces échanges, s'il
y a des problèmes.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. French: Je voudrais, tout simplement, remercier le
président. Je regrette de devoir partir.
Le Président (M. Bordeleau): Nous vous regretterons
également, M. le député de Westmount.
M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
Il m'apparaîtrait qu'il serait important de se pencher à ce
moment, bien brièvement - j'ai, moi aussi, à aller en d'autres
lieux, à l'Assemblée nationale assez bientôt - sur
l'utilisation maximale, l'efficience de la dépense qui émarge au
programme 7 du ministère des
Communications, qui sera cette année, pour l'année qui a
commencé le 1er avril, de l'ordre de 51 000 000 $. Cela
représente 1 000 000 $ par semaine. Ce qui m'avait frappé
d'expérience, ayant connu un peu cette industrie de la
télédiffusion, c'est que ce chiffre me disait quelque chose. Ce
chiffre, documentation parcourue, me rappelait exactement le budget de
dépenses de CFTM, à peu près 50 000 000 $ pour
l'année terminée le 31 août 1981. J'ai essayé -
c'était extrêmement tentant - de voir comment ces 50 000 000 $
sont dépensés à CFTM, une très grosse station
privée évidemment, et comment ils sont dépensés
à Radio-Québec.
J'ai à soumettre à la direction et au ministre quelques
chiffres que je leur demanderais de commenter. Cela permettrait probablement de
voir comment une télévision éducative d'État se
distingue à certains égards d'un poste de
télévision privé qui recouvre - je parle, en l'occurrence,
de CFTM - 98% du marché québécois. Je prends comme une des
mesures d'administration le nombre d'employés. Le dernier rapport annuel
disponible est celui pour la période se terminant le 31 août 1981.
On me dit que le rapport pour l'année terminée en août 1981
est sous presse ou est disponible d'une façon ou d'une autre, mais qu'il
n'est pas imprimé et distribué à ce moment. À moins
qu'il n'y ait de gros changements que vous voudrez bien apporter, je vous
soumettrais que les rapports indiquent que 578 personnes permanentes
étaient à l'emploi de Radio-Québec pour l'année
terminée le 31 août 1980. Selon le tableau qui apparaît
à la page 56 du rapport annuel en question, il y a également 471
employés occasionnels qui ont bénéficié, si je
comprends bien le texte, de 1322 contrats.
Première question: Est-ce que cet ordre de grandeur est toujours
courant? Deuxième question: Combien d'heures-hommes représentent
ces 471 occasionnels qui complètent les mandats qui sont donnés
par les 1322 contrats?
Le Président (M. Bordeleau): M. Barbin.
M. Bertrand: M. Bertrand, les chiffres actuels sont de 679
employés permanents,
mais nous avons réduit considérablement le nombre
d'employés occasionnels. Nous en avons 150 qui se répartissent
dans l'année. Est-ce que je peux ajouter un commentaire ou si j'attends
que vous poursuiviez?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On peut poursuivre. On va
préciser...
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Bertrand: Pour CFTM-TV, je n'ai pas les chiffres exacts, mais
le budget total est plus élevé que celui-ci. Quant au nombre
d'employés, est-ce que quelqu'un a une idée? Peut-être
qu'ils ont moins d'employés que nous.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): CFTM?
M. Bertrand: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ils avaient 850 employés
au 31 août 1981, en l'occurrence. Le budget de dépenses
était de 49 000 000 $; le budget de revenus était de 80 000 000
$. On parle d'un budget de dépenses ici et pas, à ma
connaissance, à moins qu'on ne me l'apprenne, d'un budget de revenus
à Radio-Québec. Je ne pense pas qu'il y ait de publicité;
il y a un peu de commandite de prestige, des choses comme cela. Je ne pense pas
que cela joue dans les dizaines de millions.
M. Bertrand: 400 000 $
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): 400 000 $. Évidemment,
on parle de moins de 1% du budget. Ce n'est pas le rôle de
Radio-Québec d'aller chercher des dizaines de millions, je comprends
cela. Par ailleurs, je regarde comment la dépense est
gérée, où elle est envoyée. S'il y a près de
679 employés et 150 occasionnels, ils exécutent combien
d'heures-hommes en général? C'est un paquet de gens à
mi-temps ou...
M. Bertrand: 150 personnes-années.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): 150 personnes-années, ce
qui donne un total de 829 ou 830, c'est-à-dire à peu près
le même nombre de personnes qu'à CFTM. Je crois comprendre,
d'après le tableau de l'an dernier - malheureusement, je n'ai pas les
chiffres pour cette année - qu'il y a eu 2319 heures de diffusion
à Radio-Québec, à peu près 40 heures par semaine.
(16 h 30)
M. Bertrand: 3500 heures cette année.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): 3500 heures cette année,
c'est de toute beauté, c'est-à-dire environ 70 heures par
semaine. À
Radio-Québec, la production régionale, la production
extérieure, la coproduction, les acquisitions de même que
l'Assemblée nationale dont nous sommes partiellement les vedettes
très occasionnelles, comment se répartissent ces cinq sortes de
diffusion sur les 3500 heures?
M. Bertrand: En coût, M. le Président?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En pourcentage d'heures.
M. Bertrand: Une première réflexion que je me
permets de faire en commentaire, il est évident que Radio-Québec,
quand elle compare sa productivité avec celle d'une
télévision privée qui n'a pas du tout les mêmes
objectifs, qui fait des séries d'émissions à
répétition, le coût par heure est beaucoup moins
élevé là que pour des émissions où il y a
des équipes de recherchistes, souvent des éducateurs. Et on nous
impose, au niveau de la Régie des services publics, de mettre encore
plus d'effort dans l'éducation. C'est donc plus coûteux. Par
contre, si on se compare à une autre société d'État
comme Radio-Canada, notre coût moyen de production est avantageusement
comparable parce que nous avons les mêmes normes et de fonction publique
et d'objectif de qualité de programmation. Le découpage du 3484
heures/année, pour ce qui est des productions maison, c'est 30% à
peu près; si on ajoute à ces productions maison ce que nous
faisons en coproduction, c'est à peu près 5%; ce que nous faisons
à l'Assemblée nationale, qui n'est pas une coproduction mais qui
est vraiment un produit d'information important dans une société
de télévision éducative, c'est 6% environ; alors, nous
sommes rendus à 40%. Si nous ajoutons ce que nous faisons avec le
ministère de l'Éducation en coopération avec lui,
comprenant une variété d'émissions qui passent - sans
faire de jeux de mots - de Passe-Partout à toutes les autres
émissions du matin - 13% - plus ce que nous faisons avec
Télé-Université environ 7% - nous avons un total d'environ
70% de production ou maison ou éducative spécifiquement
québécoise. Nous complétons le tableau par 27%
d'acquisitions qui sont faites en bonne partie à l'étranger
malgré que, sur ce pourcentage, il y ait aussi un certain nombre de
productions québécoises.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord, sur 70% de production maison ou coproduction dans laquelle la
maison est impliquée, ce nombre d'heures que vous mentionnez ne
s'adresse qu'aux premières passes ou est-ce que ça comprend les
reprises?
M. Bertrand: Ça comprend les reprises
et les premières passes, M. le Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si on cherchait à faire
la défalcation entre premières passes et reprises, quel genre de
pourcentage aurait-on de production maison de première passe?
M. Bertrand: De production maison nous aurions 400 heures et
d'acquisitions nous aurions 200 heures, sans les reprises, M. le
Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Simplement dans les premières passes. C'est-à-dire que
nous...
M. Bertrand: II y a 44% de reprises sur le total que je vous ai
mentionné.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Très bien. Alors, nous
avons devant nous pour l'année écoulée, que nous
regardons, 400 heures de production maison de première passe,
c'est-à-dire une moyenne d'environ 8 heures par semaine. J'essayais de
voir, c'est précisément là que je voulais en venir, le
coût horaire de la production maison.
M. Bertrand: 40 000 $, M. le Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie infiniment, M.
le ministre. Ce que j'essaye...
M. Bertrand: À Radio-Canada c'est 41 000 $, M. le
Président, à peu près.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. J'essayais de mettre en regard -et cela va vous donner
l'occasion, je pense, d'aller très loin, probablement, si vous voulez la
saisir - les différences importantes qu'il y a entre Radio-Québec
et un poste privé. Je reviens à l'exemple de CFTM, qui a 72
heures de production maison par semaine par rapport à 8 heures dans
votre cas et qui semble réaliser, à peu près avec le
même budget, ce genre de production avec à peu près le
même nombre d'employés. Il y a évidemment des
différences fondamentales entre les genres de production maison, le
caractère répétitif, par exemple, des nouvelles et d'un
tas d'autres émissions qui, à mon sens, ne coûtent
probablement pas bien cher à produire. Mais, je voulais vous fournir
l'occasion, prenez tout le temps qu'il vous faut, de nous expliquer comment un
budget de dépenses relativement semblable, un nombre d'employés
relativement comparable donne lieu à des heures de production maison qui
varient du simple au "neuvuple", je ne sais trop comment dire, un report de 1
à 9 entre Radio-Québec et un poste de télévision
privé.
M. Bertrand: M. Barbin.
M. le Président, ça tient d'abord au mandat de
Radio-Québec qui est un mandat éducatif. Je ne pense pas qu'une
télévision privée comme
Télé-Métrépole aurait obtenu, comme nous, une
déclaration d'une programmation éducative. Il est évident
que ce qui coûte cher en télévision, c'est le personnel
permanent dans une société d'État. À peu
près la moitié de notre budget de production vient du personnel
syndiqué qui a, par convention collective, obtenu cette
sécurité d'emploi. Dans les télévisions
privées, vous n'avez pas les mêmes exigences, les mêmes
conventions collectives, les mêmes exigences de permanence. C'est la
règle qui s'applique non pas uniquement aux télévisions
mais aussi à d'autres formes d'entreprises privées.
Quant à Radio-Québec, on se doit de respecter un mandat
éducatif qui nous oblige à couvrir une gamme assez
complète de productions allant des affaires publiques en passant par des
émissions culturelles, émissions qui parfois sont assez
coûteuses surtout quand elles sont faites en pièce unique. Ce qui
coûte cher en télévision, c'est de produire des documents
uniques; on doit investir beaucoup plus, on doit faire de la recherche. La
télévision privée a pris l'habitude de diffuser, et
souvent en reprise, des émissions peu coûteuses faites en studio
et qu'on reprend à plusieurs reprises ou quotidiennement.
Voilà pourquoi Radio-Québec, dans toute la
réflexion que nous avons entreprise pour essayer d'améliorer sa
productivité et pour pouvoir aussi rentabiliser l'ensemble de ses
employés qui sont là et qui doivent travailler en premier lieu
avant que nous fassions appel à des gens de l'extérieur, se doit
d'essayer de développer des émission produites
fréquemment, quotidiennement; c'est pourquoi nous voulons
développer des émissions d'information quotidiennes. Nous avons
fait une démonstration là-dessus pour prouver que tout en faisant
une information différente, sans avoir nécessairement un service
de nouvelles, en faisant des émissions d'information importantes, nous
pourrions rentabiliser davantage la maison.
Cependant, avant de passer à ce genre d'émission, il faut
que je vous plonge, M. le Président, dans le contexte d'une
télévision décentralisée. Il faut que je vous parle
des régions. Il faut que je vous dise que dans le mandat de
Radio-Québec nous avons, et c'est une première et en
Amérique du Nord et même dans les télévisions
européennes, départagé les responsabilités,
établi un réseau d'antennes qui devra servir à des
diffusions régionales, donc plus coûteuses à cause de la
forme de programmation que nous avons où les régions doivent se
détacher d'un réseau, produire elles-mêmes des
émissions à un coût relativement plus élevé
que ce que coûtent
des émissions qui auraient pu être produites de
Montréal et en série. Je ne sais pas si ce commentaire est
suffisant, M. le Président, c'est la nature même du mandat de
Radio-Québec, une couverture complète d'une grille
éducative, une décentralisation poussée, une
syndicalisation et, disons-le, une "corporatisation" dans le milieu de la
télévision qui est exigeante, qui entraîne des coûts
assez élevés, mais que nous avons diminués d'une
façon importante depuis au moins un an en réduisant un peu
l'encadrement pour réinvestir davantage dans l'output
c'est-à-dire dans l'image.
Un bref commentaire là-dessus. Je suis convaincu que le
député de Vaudreuil-Soulanges, en soulevant les questions qu'il
soulève, ne cherche certainement pas à amener Radio-Québec
à dévaluer son produit pour être en mesure d'en arriver
à des standards de qualité qui seraient ceux de
Télé-Métropole. Il a donné des chiffres tout
à l'heure qui sont probablement ceux de CFTM mais qui ne sont
certainement pas ceux de tout le réseau TVA. Or, il faut savoir que le
réseau TVA est constitué d'un ensemble de groupes, et si on
additionnait tous les budgets ici, par exemple de Telé-Capitale,
à Québec, si on ajoutait CFTM, à Montréal, et tous
les autres sur le territoire du Québec, on arriverait à un
chiffre beaucoup plus élevé que celui que mentionnait tout
à l'heure le député de Vaudreuil-Soulanges.
Je veux renchérir sur les propos du président-directeur
général. Bâtir une télévision
éducative c'est, en soi, un défi considérable. Nous n'en
sommes plus aux expériences Tévec menées au Saguenay et au
Lac-Saint-Jean. Nous n'en sommes plus à la télévision
scolaire. C'est une télévision éducative avec une
définition qui en est donnée, et qui est très large dans
la Loi sur la programmation éducative, aux articles 2 et 3. Pour bien
remplir cette mission éducative, je crois que les standards de
qualité doivent être très élevés à
Radio-Québec. Et qui dit standards de qualité
élevés indique par le fait même qu'il faut y mettre le
prix.
Il y a cette politique de régionalisation sur laquelle je vais
revenir en quelques mots, parce que j'ai eu le bonheur de rencontrer, au cours
des mois de l'année 1981, surtout depuis le mois de septembre et
jusqu'au mois de décembre 1981, les comités régionaux de
Radio-Québec. J'ai visité chacune des régions et partout
j'ai été en mesure d'évaluer, premièrement,
l'intérêt que portent les populations régionales à
la politique de régionalisation de Radio-Québec;
deuxièmement, l'intérêt qu'il y a d'avoir un
véritable réseau national de télévision
éducative décentralisé, c'est-à-dire qui a des
comités où les gens ont été nommés, mais
après qu'un très vaste processus de consultations ait
été mis en branle, qui, deuxièmement ont des budgets
à administrer et qui, troisièmement, ont des pouvoirs pour
prendre des décisions relativement à la programmation,
relativement à la production. Cette qualité de
Radio-Québec, qui est sa régionalisation, ajoute
évidemment aux coûts d'opération et on ne rencontre pas
évidemment le même type de situation quand on fait la comparaison
avec d'autres stations de télévision plus conventionnelles, plus
traditionnelles.
Je terminerai mes brèves remarques simplement en disant qu'il est
très clair par contre, et là-dessus, j'abonderai dans le sens du
député de Vaudreuil-Soulanges, qu'il nous faut viser à
l'augmentation de la productivité à l'intérieur de
Radio-Québec. Il nous faut aussi prendre conscience que les conventions
collectives qui ont été signées avec les travailleurs et
travailleuses de Radio-Québec sont parmi les plus avantageuses qui
soient pour les travailleurs et les travailleuses. Je m'en réjouis pour
ces travailleurs et travailleuses mais il est bon que lorsqu'on compare,
disons, des stations de télévision, des réseaux de
télévision, qu'on sache quelles sont les conditions de travail
qui sont accordées aux uns et aux autres, quels sont les salaires, quels
sont les avantages sociaux qui sont offerts aux uns et aux autres. Cela nous
permet d'avoir des éléments de comparaison qui nous indiquent sur
quelles bases les comparaisons doivent être faites.
J'ajouterai aussi que j'ai bien senti, depuis quelques mois, presque un
an maintenant, à cause même du contexte que l'ensemble du
Québec connaît et à cause des compressions
budgétaires ou de la rationalisation des ressources que nous effectuons
un peu partout au sein des ministères et organismes gouvernementaux, que
Radio-Québec aussi s'est attelée à la tâche - je
pense que là-dessus M. le président-directeur
général pourrait donner des exemples très concrets et
très précis -et a tenté d'en arriver à
l'utilisation maximale des ressources existantes et à la rationalisation
de ses ressources pour qu'il puisse y avoir, comment dirais-je, extraction du
gras dans certains endroits afin que cette partie d'économies puisse
être réinvestie dans ce que Radio-Québec considère
comme étant ses priorités. Je pense que la première de ses
priorités, c'est sa politique de régionalisation, la
deuxième étant, bien sûr, l'augmentation de la
programmation de la production nationale, donc l'augmentation de la
productivité de ses permanents qui travaillent à Montréal
au siège social de Radio-Québec. (16 h 45)
Voilà quelques remarques que je voulais non pas faire au nom du
député de Vaudreuil-Soulanges, mais qui, je l'espère,
reflètent bien sa pensée en relativisant un
peu les éléments de comparaison qu'il a mis sur la table
en tentant peut-être d'indiquer qu'à CFTM, qui n'est pas tout le
réseau TVA, on arrivait avec un budget d'environ 50 000 000 $ à
faire plus qu'à Radio-Québec qui, elle, couvre tout le territoire
québécois, est régionalisée et
décentralisée, alors que les missions sont totalement
différentes, les conventions collectives ne sont pas les mêmes et
les standards de qualité, c'est le moins qu'on puisse dire,
diffèrent considérablement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce que j'aimerais dire tout de
suite, c'est que ce n'est effectivement pas à ma place que le ministre a
fait ces remarques-là parce que j'aurais commencé, quant à
moi, par faire remarquer qu'en additionnant les budgets des différentes
composantes du réseau TVA on aurait atteint un chiffre assez
impressionnant probablement, mais on aurait, également, cumulé un
nombre d'heures de production maison qui dépasserait largement celui que
CFTM tout seul prétend réaliser. Ceci dit, à travers tout
ça, M. le Président, il me semble que l'objet de l'exercice
c'était de découvrir quel est, effectivement, le prix de la
qualité, le prix de la mission éducative de Radio-Québec,
en mettant en regard les coûts de production maison, par exemple, si on
pouvait un jour les dissocier les uns des autres à travers tous les
chiffres que nous avons, dissocier l'émission à caractère
dit répétitif par opposition à l'émission de
production dite unique, ce qui est extrêmement difficile à faire,
probablement. Est-ce que Les lundis de Pierre Nadeau - les défunts,
bientôt - Rioux et Cournoyer, etc., sont des émissions à
caractère répétitif ou, alors, sont-elles assimilables,
à toutes les semaines, à une émission à
caractère unique en raison de la recherche qui doit sous-tendre,
évidemment, le sujet qui est discuté cette semaine-là?
À travers tous ces exercices-là, il me semble qu'on peut
commencer, grosso modo, à retenir qu'il y a une production maison
à CFTM qui est neuf fois supérieure en nombre d'heures à
celle de Radio-Québec, par exemple. On peut commencer par là.
Ensuite, on peut essayer de dire qu'il y a des émissions à
caractère répétitif et qu'il y en a très
certainement d'autres qui ont un caractère unique, des reportages, des
affaires publiques ou autrement, des productions spéciales, tout ce
qu'on voudra; ça se découvre. On en arrive, probablement, alors
à réduire considérablement ce rapport de neuf à un
que nous observons, par ailleurs, au point de vue du coût d'heure de
production. On en arrive - c'est ce que je suis tenté de faire -
à isoler, probablement, le coût de la qualité, le
coût de la mission, ce qui permettrait au gouvernement, à
l'Assemblée nationale, de découvrir si le
Québec, à ce moment-ci ou pour longtemps, a les moyens de
se donner cette qualité-là. Je pense que c'est extrêmement
important et que le rapport qualité-prix doit quand même
être présent à l'esprit des gestionnaires des fonds
publics. Quelle que soit la nécessité pour le Québec
français de se doter de cet instrument dont la fondation et
l'activité remontent déjà à plusieurs
années, si cette société doit, effectivement, pour le
Québec, perdurer, doit continuer à s'améliorer, doit voir
sa qualité maintenue, est-ce qu'il s'ensuit nécessairement, avec
les coûts afférents à l'envergure qu'on tente de lui
donner, avec les coûts afférents à la
régionalisation, que nous avons, dans les circonstances que nous
traversons, les moyens de rechercher de façon extrêmement
ambitieuse ce maintien, cette augmentation de qualité de diffusion,
d'atteinte du marché, de variété, de caractère
éducatif pour tout le progrès de notre société?
C'est la question qu'on pose. Et on part d'un rapport de neuf à un,
quant aux outils relativement comparables, simplement les mesures de personnel
et d'argent disponible, dans le privé et à Radio-Québec.
On ajuste ensuite pour le caractère, comme on dit,
répétitif versus le caractère unique de certaines
missions.
On peut également ajuster, toujours à la baisse, ce
rapport pour les difficultés très réelles de
régionaliser la production. Nous cherchons à découvrir le
véritable rapport entre Radio-Québec - avec la qualité que
l'on prétend avoir à Radio-Québec, la mission tout
à fait spéciale que Radio-Québec peut avoir et les
coûts que cela apporte - et le réseau privé que nous
connaissons, avec la qualité et le nombre d'heures de diffusion que nous
connaissons, etc. Je me demandais si le ministre, ou ses collaborateurs
à la table, aujourd'hui, pourrait nous donner une idée de ce
qu'il croit être véritablement le prix de la qualité que
nous payons.
M. Bertrand: M. le Président, je ne peux pas dire que
Radio-Québec a atteint actuellement une productivité telle
qu'elle est devenue un modèle et qu'elle peut donner la
différence entre une émission de qualité produite par
Radio-Québec par rapport à une émission de qualité
sur le même sujet produite par une autre station. Tout ce que je peux
dire, c'est que, depuis un an, Radio-Québec a gelé son budget de
production maison au niveau national et a mis tout l'argent neuf dans la
production régionale. Avec le même argent, depuis un an, avec une
transformation et une meilleure utilisation des ressources, nous avons pu
réduire le coût de production et multiplier, en quelque sorte, un
certain nombre d'émissions moins coûteuses.
Ce serait différent si Radio-Québec évitait de
produire des émissions du genre de
l'histoire du mouvement ouvrier, que nous faisons en collaboration avec
le mouvement syndical, l'Institut canadien de l'éducation des adultes et
l'Université de Montréal; cela demande beaucoup de recherches et,
pour produire une série de quatre, cinq ou six émissions, cela
nous coûte des sommes assez importantes. Ce serait différent si
nous éliminions ce genre de programmation, si nous évitions aussi
de faire des émissions du genre des dossiers santé, qui
répond non seulement à un besoin de diffusion momentané,
mais aussi à une distribution dans tout le Québec, avec du
matériel audiovisuel qui prolonge l'action de notre
société.
Ce serait différent si Radio-Québec ne se donnait pas
cette mission d'être, en plus, un producteur de documents audiovisuels
qui, diffusés une fois, sont ensuite distribués à tous les
publics qui les revoient et s'en servent comme élément
éducatif dans les écoles, dans les groupes populaires ou dans les
divers cas intermédiaires. Si Radio-Québec se limitait à
faire seulement Les lundis de Pierre Nadeau, Téléservice ou des
émissions comme Droit de parole, en studio, donc, des émissions
qui coûtent relativement peu, si on ne faisait que des émissions
en studio, je dis qu'on arriverait à comparer nos coûts de
production avec ce qui se fait ailleurs. Le prix, par exemple, d'une heure
d'émission de Pierre Nadeau, c'est 12 000 $. Le prix de Droit de parole,
c'est environ 11 000 $. Le prix de Téléservice, qui est une
émission relativement simple et qui passe tous les jours, c'est 13 000
$. Mais, par contre, le prix d'une heure de l'histoire du mouvement ouvrier,
c'est beaucoup plus élevé.
Si on cesse de faire des dossiers, si on se transforme en une
télévision d'information très simple, on modifie le mandat
de Radio-Québec. Est-ce qu'on a le moyen de payer le mandat de
Radio-Québec?, c'est la question qui est posée, je ne peux pas y
répondre. Mais comme entreprise de télévision
éducative, décentralisée, supervisée par une
Régie des services publics qui exige un certain équilibre pour
que cela corresponde à une loi, tenant compte de la recherche et tout,
nous arrivons à des coûts de production plus élevés
que d'autres stations. Mais il ne faut pas oublier qu'une station de
télévision privée comme
Télé-Métropole, en plus de produire un certain nombre
d'émissions en studio, a des firmes affiliées comme JPL
productions, a d'autres contrats avec d'autres firmes et réussit
à produire des émissions assez coûteuses, mais qu'elle met
en vente et qu'elle vend avant de les produire. Mais nous, nous sommes à
l'abc de la vente en quelque sorte, parce que ce marché de la
télévision éducative n'a pas encore tellement
été ouvert, même si nous avons des revenus relativement
importants; nous atteindrons probablement 700 000 $ à 800 000 $ de
revenus, cette année, en commandite de prestige et en vente
d'émissions de télévision. Voilà la réponse,
M. le Président, c'est une télévision mandatée et
coûteuse à cause de sa nature même.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges. M. le ministre, un complément?
M. Bertrand: Je voudrais simplement vous rappeler, M. le
Président, que c'est sous un gouvernement, si ma mémoire est
bonne, de l'Union Nationale, il y a de cela plusieurs années, qu'avait
été constitué, ce qui s'appelait alors l'Office de
radio-télédiffusion du Québec, et c'est encore sous un
gouvernement de l'Union Nationale, en 1968, si ma mémoire est bonne,
qu'avait été, à toutes fins utiles, mise en oeuvre
l'intention de 1945. Tous les gouvernements, depuis, se sont réjouis de
la présence, dans le secteur de la télévision, de ce
réseau national de télévision éducative.
Par contre, je comprends tout à fait les motifs qui animent le
député de Vaudreuil-Soulanges et j'y souscris totalement. Il nous
faut, tout intéressant que soit ce grand projet national de
télévision éducative qu'est Radio-Québec, parvenir
par une rationalisation plus poussée des ressources qui existent
à une augmentation de la productivité. Nous avons à
remplir cette mission en étant à la fois convaincus que nous ne
devons pas faire marche arrière, qu'il nous faut continuer de
développer Radio-Québec. D'année en année,
l'auditoire de Radio-Québec grandit; il faut satisfaire cet auditoire et
il faut répondre à l'ensemble de ses besoins et de ses attentes.
Au moment où on se parle, quand on sait que 82% des
Québécois et des Québécoises peuvent recevoir
directement, par onde ouverte en VHF ou en UHF, Radio-Québec, on peut
vraiment parler là de l'existence d'un véritable réseau
national. Cela a ses exigences. C'est vrai qu'il en coûte beaucoup
d'argent. Comme ministre des
Communications, je n'ai pas besoin de vous dire que lorsque je regarde
mon budget complet qui est de l'ordre de 160 000 000 $, Radio-Québec,
qui représente le programme 7 des crédits, recueille 51 460 000
$, c'est tout près du tiers du budget du ministère ou
plutôt du ministre des Communications, puisque c'est ainsi qu'il faut le
dire, qui va à cette société nationale de
télévision éducative. C'est donc beaucoup. Je crois que
les gens de Radio-Québec qui ont un sens poussé des
responsabilités sont très conscients que, dans le contexte
présent, avec les problèmes budgétaires que nous
connaissons, une augmentation de 17% du budget à Radio-Québec
comparativement à ce qu'obtiennent d'autres organismes ou
comparativement à ce qu'obtiennent les ministères -
prenons le cas du ministère des Communications, une augmentation de 9,5%
-c'est une indication de la volonté du ministre des Communications de ne
pas hypothéquer l'avenir de Radio-Québec, de ne pas mettre du
plomb dans l'aile de cette société nationale de
télévision éducative qui est encore en train de prendre
son envol parce qu'elle n'a pas encore véritablement atteint le rythme
de croisière que nous souhaitons lui voir prendre d'ici quelques
années.
Je peux dire au député de Vaudreuil-Soulanges qu'à
l'occasion de chacune des rencontres que j'ai eues avec les comités
régionaux de Radio-Québec et à l'occasion d'une rencontre
fort intéressante que j'ai eue avec le conseil d'administration de
Radio-Québec, si ma mémoire est bonne, le 29 septembre 1981, j'ai
tenu un discours - et les gens des comités régionaux et du
conseil d'administration de Radio-Québec le savent -qui était
celui d'un ministre préoccupé de l'avenir de Radio-Québec,
surtout pour les deux ou trois prochaines années. J'ai invité
instamment les comités régionaux et le conseil d'administration
de Radio-Québec à tout mettre en oeuvre - et là-dessus, je
peux dire que je sens les efforts qui sont mis pour livrer la marchandise -
pour parvenir à une meilleure rationalisation des ressources, à
une augmentation de la productivité, sans pour autant empêcher le
développement de ce réseau, surtout dans sa dimension de
régionalisation qui m'apparaît tout à fait originale, et
qui m'apparaît surtout répondre aux désirs et aux attentes
des régions du Québec. (17 heures)
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je remercie le ministre et ses
collaborateurs. Je remarque simplement, en passant, que Pierre Nadeau
coûte plus cher que Rioux et Cournoyer ensemble, chaque semaine. Cela n'a
rien à voir, sinon qu'évidemment nous ressourçons,
effectivement, et c'est apparemment impossible de chiffrer la qualité.
Je retiens les interventions nombreuses qui ont fait suite aux questions que
nous avons posées, un aspect du fonctionnement de Radio-Québec
qui revient comme leitmotiv à l'égard des coûts qui sont
engendrés par cette activité, c'est-à-dire le haut
degré de syndicalisation qu'on y retrouve, les contraintes de relations
du travail, je présume, qu'on invoquait, qui laissent soupçonner
que la qualité que nous payons entraîne un prix attribuable, plus
que tout autre chose, non pas à la qualité comme telle, mais
plutôt au cadre à l'intérieur duquel le personnel
évolue.
J'en ai retiré, à la lecture du rapport annuel, une fois
encore, de l'an dernier, des chiffres qui m'apparaissaient assez indicatifs de
ces contraintes avec lesquelles la direction doit vivre, 44 personnes à
la direction des finances, cela m'apparaît beaucoup. Ayant
déjà vu de près des entreprises de 250 000 000 $, 300 000
000 $ de chiffre d'affaires; où il y avait 125 000 000 $, 150 000 000 $,
200 000 000 $ d'actif, où il y avait des milliers d'employés, 44
personnes au service des finances m'apparaissait à moi énorme,
dans les circonstances, pour un budget de 50 000 000 $.
Il y d'autres exemples comme cela à travers les tableaux qui
donnent la répartition du personnel à l'intérieur de la
société Radio-Québec, et j'aimerais voir de la part de la
société, de ses dirigeants, quel genre de direction ils entendent
prendre quant au resserrement administratif, pris comme tel, qui s'impose
manifestement à l'égard de certains services. On a dit tout
à l'heure que les sommes, je crois, consacrées à la
production maison, à la maison mère, si on veut, ont
été réduites au profit de la production en région.
C'est très bien, compte tenu du mandat. J'aimerais voir, par ailleurs,
quel genre d'autres efforts de compression administrative ou de
réorganisation administrative, qui pourraient épargner aux
contribuables québécois des sommes importantes, sont
envisagés au niveau du siège social lui-même.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. Barbin.
M. Bertrand: Je ne dirai pas personnellement que la seule raison
des coûts plus élevés dans une maison de
télévision gouvernementale - je pourrais parler aussi d'une
société comme la société Radio-Canada ou de la
télévision de l'Ontario ou d'autres télévisions
éducatives - tient uniquement à la syndicalisation. Il y a aussi
la recherche de qualité, le type d'émissions, le genre
d'émissions qui sont produites, qui ne sont pas souvent produites par
d'autres télévisions privées, et qui sont aussi
coûteuses.
Le mandat de Radio-Québec comporte, comme exigence de production
éducative, une part d'investissement plus coûteux que si nous
avions à faire des émissions avec le même nombre
d'employés dans un cadre syndical assez lourd comme celui que nous
avons. Le monde de la télévision, c'est un monde
"corporatisé", et dans le monde gouvernemental, il exige, à cause
des conventions collectives, même si nous souhaiterions travailler
davantage avec des pigistes, avec des occasionnels, à des quantums
d'engagement de personnel. Le grand effort que nous faisons, c'est que, partant
du personnel que nous avons, ayant gelé les emplois, nous essaierons, au
cours des prochaines années, de le rentabiliser le
plus possible et à l'avantage des employés par une forme
de recyclage s'il y a lieu. Nous essaierons d'utiliser au maximum toutes nos
ressources avant de faire appel à l'extérieur. Par contre, quand
nous faisons cela, il faut faire attention à ne pas nous couper d'une
certaine créativité. D'autres remarques ont été
faites cet après-midi pour un certain nombre de créateurs
à l'extérieur qui veulent aussi collaborer à une
télévision éducative. Il y a donc un effort de
productivité avec nos ressources, tout en utilisant aussi des ressources
externes.
Il y aussi un effort pour baisser le coût de production de nos
émissions et pour alléger nos services d'encadrement. Je peux
vous donner un certain nombre d'exemples de gestes que nous avons posés
récemment. Il faut dire qu'une société de
télévision peut mesurer son efficacité par le nombre de
ses auditeurs. Quand Radio-Québec, avec des petits budgets, produisait
des émissions en studio qu'on caricaturait en appelant ça des
"shows de chaises", elle ne figurait même pas dans les cotes
d'écoute; on était dans les zéros. Maintenant que
Radio-Québec fait des émissions qui ont une qualité de
télévision, nous avons atteint une portée, pour l'ensemble
de notre réseau, de 39%. Donc, 39% de la population qui regarde la
télévision nous voit au moins 15 minutes par semaine. Cette
productivité se mesure donc en cote d'écoute pour une bonne part,
parce qu'on ne nie pas que la cote d'écoute soit une façon pour
nous de justifier un investissement considérable. Quand on se compare
avec ceux avec qui on doit nous comparer, c'est-à-dire d'autres
télévisions éducatives, beaucoup plus que des
télévisions à caractère récréatif et
commercial, sans en faire de reproche, M. le Président, nous sommes
à 39%, à l'automne 1981, de la portée de
Radio-Québec, alors que TV-Ontario est à 23% et que PBS, qui
existe depuis beaucoup plus longtemps, est à 20%. C'est donc une mesure
d'efficacité pour un investissement considérable comme celui de
Radio-Québec. Mais il n'y a pas que cela. Il faut arriver à
baisser nos coûts de production et à pouvoir répondre
encore plus clairement aux questions qui nous sont posées sur quel genre
d'investissements pouvons-nous faire pour remplir notre mandat tout en
étant dans un contexte économique resserré? C'est vraiment
là le grand défi de notre société.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je suis heureux de voir que les
mesures de pénétration du marché - je présume que
c'est ça que vous évoquez - nous placent, au Québec, en
avant de TV-Ontario et de PBS. Mais je serais curieux de savoir quel est le
coût par auditeur rejoint. Dans le fond, il me semble que c'est une
meilleure mesure d'efficacité. Je comprends que le mandat est de
rejoindre les Québécois, mais, encore là, je ne pense pas
que ça doive se faire à n'importe quel prix par foyer rejoint.
Dans ce sens-là, je pense qu'effectivement il faudrait pouvoir non pas -
je suis d'accord avec vous - exclusivement nous comparer avec des
télédiffiseurs privés, mais nous comparer dans ce
cas-là avec des postes de diffuseurs qui ont à peu près le
même mandat, à peu près le même profil de
qualité d'émissions, de production, etc. C'est
précisément là que j'aimerais voir comment on se compare.
Je me demandais si vous aviez en main les renseignements qui pourraient nous
permettre de juger, justement, de l'efficacité par auditeur rejoint,
à titre d'exemple, comparativement à d'autres diffuseurs qui
exercent le même mandat.
Le Président (M. Bordeleau): M. Barbin.
M. Bertrand: II est difficile de placer un coût
là-dessus, mais c'est le genre de questions auxquelles on doit
répondre et on a instauré un système de prix de revient
qui doit nous donner ces renseignements. Malheureusement, on ne peut pas
toujours obtenir les mêmes renseignements d'autres sociétés
qui existent depuis longtemps et qui souvent gardent ces chiffres-là
cachés. Nous, à Radio-Québec, on doit essayer de produire
- l'an prochain, j'espère pouvoir répondre
précisément à des questions comme celles-là et
ça fait partie, évidemment, de notre mandat d'administrateurs -
à un coût qui est raisonnable tenant compte de notre mandat et
comparativement à un coût avantageux pour justifier un
développement.
Cependant, rappelons-nous que la nature de Radio-Québec comme
télévision décentralisée est un choix plus
coûteux que d'avoir décidé de produire de Montréal
pour diffuser sur l'ensemble du territoire québécois. Ce genre
d'investissement, c'est un investissement qui est politique, j'ai à
l'administrer et non à le défendre. Si nous n'avions pas toutes
ces contraintes qu'on peut considérer comme positives pour le
développement du Québec et le développement de notre
société, on arriverait à des coûts beaucoup moins
élevés.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je n'ai pas à ce moment
d'autres commentaires sinon de remercier la direction de Radio-Québec
d'avoir tenté de nous éclairer; certaines fois elle a
été dans l'impossibilité de le faire comme pour cette
dernière question. Il est évident qu'au fil du temps on
développera des outils de mesure et de renseignement additionnels qui
permettront, comme vous le souhaitez vous aussi, de
répondre à nos questions l'an prochain et ce, toujours
dans le même souci de savoir combien les Québécois retirent
des services que leur gouvernement leur donne. À quels coûts
sommes-nous en train de nous procurer la qualité dont on fait
état à Radio-Québec? À quels coûts rejoint-on
les Québécois -c'est le mandat de Radio-Québec - afin de
leur faire partager les nouvelles découvertes, les voies de
progrès qu'on peut vouloir leur dessiner pour l'avenir? Dans le fond,
cela se résume à chaque fois à la façon dont le
gouvernement peut donner des services au meilleur prix possible, compte tenu du
fait que, d'une part, c'est un mandat extrêmement particulier qu'on
confie à votre société et que, d'autre part,
évidemment le Québec évolue dans un milieu où il y
a très certainement un coût que nous devons tous supporter si nous
voulons maintenir notre identité. Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: M. le Président, je suis tellement conscient
de l'importance qu'il y a de se poser ces questions que je voudrais indiquer ce
qui suit au député de Vaudreuil-Soulanges. Après avoir
rencontré la direction de Radio-Québec, lorsque je suis devenu
ministre des Communications, le 30 avril dernier, j'ai demandé à
la direction de Radio-Québec et, en particulier, au conseil
d'administration de Radio-Québec, qui représente toutes les
régions du Québec, où siègent les présidents
des comités régionaux et un certain nombre d'autres personnes, de
préparer un plan triennal de développement. Cela m'apparaissait
important pour que nous puissions non seulement prendre des décisions
pour le budget de cette année, 1982-1983, mais aussi pour les
années 1983-1984 et 1984-1985. Le conseil d'administration de
Radio-Québec a effectivement livré la marchandise à ce
point de vue. Je peux dire au député de Vaudreuil-Soulanges que
les demandes qui nous étaient formulées dans ce plan triennal de
développement impliquaient une croissance budgétaire de 31% pour
la prochaine année, c'est-à-dire 1982-1983, celle dans laquelle
nous entrons. Une croissance budgétaire de 31%. Pour l'année
1983-1984, si ma mémoire est bonne, 25% et, pour l'année
1984-1985, 21%. Si j'avais la copie du plan triennal, je pourrais donner des
chiffres plus exacts. Alors, je m'excuse, ce n'était pas tout à
fait exact; pour l'année 1983-1984, au lieu de 25%, c'est 24%; pour
l'année 1984-1985, le montant était trop élevé, ce
n'était pas 21%, mais 16%. (17 h 15)
Tout de même, je voulais simplement que le député de
Vaudreuil-Soulanges prenne conscience que l'accroissement annuel demandé
dans le cadre de son plan triennal de développement par
Radio-Québec, supposait un accroissement de 31% pour 1982-1983, 24% pour
1983-1984 et 16% pour 1984-1985. En décidant, je le dis entre
guillemets, "de n'accorder que 17% d'augmentation du budget à
Radio-Québec pour le présent exercice financier 1982-1983", je
suis tout à fait conscient que certaines des priorités qui
avaient été retenues par le conseil d'administration - on en
faisait état ce matin, il y en a six qui avaient été
retenues par le conseil d'administration: l'implantation et l'exploitation des
antennes, la production régionale, l'implantation de centres de mise en
onde, l'introduction d'un bulletin d'information quotidien, la série
d'émissions Passe-Partout et des réémetteurs au
Témiscamingue sur le mont Bouthillier dans la région de
l'Outaouais - si nous avions accordé cet accroissement demandé de
31%, Radio-Québec pourrait, au cours des années 1982-1983, donner
suite à ces six priorités. Dans le 17% d'augmentation, il y a
beaucoup d'argent qui va en ajustement mécanique. Je crois que le
député de Vaudreuil-Soulanges sait de quoi je veux parler, quand
je parle d'ajustement mécanique, convention collective, loyer, service
de la dette, il ne reste finalement que très peu d'argent nouveau pour
donner suite aux priorités formulées par le conseil
d'administration et permettre le développement de Radio-Québec
dans le sens des objectifs que nous nous sommes fixés au cours des
dernières années.
Alors, je crois que ce chiffre de 17% mérite d'être
relativisé, d'être replacé dans son contexte et, pour en
avoir discuté avec les dirigeants de Radio-Québec, je peux vous
dire que, non seulement ils ont compris la situation dans laquelle le
gouvernement se trouve placé, mais en plus, ils acceptent de travailler
à poursuivre ce développement de Radio-Québec tout en
étant très conscients qu'évidemment, il ne sera pas
possible de faire, avec une augmentation de 17%, ce qu'il aurait
été possible de faire avec une augmentation de 31%, cela va de
soi. Mais, malgré cela, avec l'augmentation de 17%, il y a des
possibilités de réaliser un certain nombre de priorités
qui avaient été formulées par le conseil d'administration.
Une des façons d'y parvenir, c'est non seulement de profiter de ces
quelques centaines de milliers de dollars d'argent nouveau, mais surtout,
peut-être, à partir d'une plus grande rationalisation, à
partir de certaines économies qui pourront être effectuées
dans certaines des activités et des opérations de
Radio-Québec, dégager une marge de manoeuvre
supplémentaire, pour donner suite aux priorités qui ont
été arrêtées par les membres du conseil
d'administration.
Je crois que cela méritait d'être dit pour relativiser la
croissance qui paraît, pour
certains, importante à Radio-Québec au niveau du
budget.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Je voudrais remercier mon collègue, le
député de Vaudreuil-Soulanges, qui se joint aujourd'hui à
l'équipe de la commission des communications pour apporter un aspect
positif, quant aux dépenses de Radio-Québec. M. le
président-directeur général, je vous ai déjà
parlé à cet égard. D'ailleurs, je tiens à
souligner, M. le ministre, que l'Opposition a été très
bien reçue lors d'une visite à Radio-Québec. Elle y a
rencontré la haute direction et les principaux syndicats.
M. Bertrand: Je ne me suis même pas enquis si vous l'aviez
été mieux que moi.
M. Bissonnet: Je n'oserai pas faire de commentaire à cet
égard. Je dois quand même souligner que M. le directeur
général, lors d'une émission, il se le rappelle
très bien, j'en suis convaincu, qui s'intitulait
L'Événement, avec M. André Payette, avait fait certaines
déclarations à l'effet qu'il y avait beaucoup trop de personnel
à Radio-Québec. Je me rappelle que je vous avais demandé
si c'était possible de me faire parvenir le compte rendu exact de cette
émission, puisque je ne l'avais pas visionnée moi-même; on
en avait toutefois fait un certain état dans les journaux. Est-ce que,
après ces commentaires que vous avez faits, M. le directeur
général, la situation à Radio-Québec est toujours
la même en ce qui a trait au surplus d'employés
présentement à Radio-Québec ou s'il y a eu des
améliorations apportées depuis la déclaration que vous
avez faite? Si vous pouviez résumer, pour le bénéfice des
membres de la commission qui sont présents, quelle était
l'idée principale de la déclaration que vous aviez faite à
ce moment-là?
Le Président (M. Bordeleau): M. Barbin.
M. Bertrand: M. le Président, le
président-directeur général de Radio-Québec, dans
les circonstances qui sont rappelées, avait répondu d'une
façon agressive, comme il se doit parfois, à d'autres critiques
parfois agressives des employés de Radio-Québec.
Radio-Québec a connu, au moment où cette déclaration a
été faite, un certain nombre de coupures, de restrictions
budgétaires qui faisaient en sorte que beaucoup des employés
reportaient sur la lourdeur de l'administration tous les maux de
Radio-Québec.
Dans le fond, ce que j'ai dit, comme président de
Radio-Québec, et que je suis prêt à répéter
sur un ton peut-être plus modéré, tenant compte d'un
contexte différent, c'est qu'il y a trop d'employés permanents
à Radio-Québec quand les finances ne permettent pas une
production qui fait tourner la machine complètement. Les conventions
collectives, le corporatisme de la télévision, le fait que les
tâches soient divisées au point où elles le sont font que
produire une émission de télévision, que ce soit dans un
milieu privé, mais particulièrement dans un milieu
gouvernemental, est assez coûteux à cause justement de cette
division des tâches. Quand le budget ne permet pas de produire à
1.00%, un certain nombre d'employés sont un peu là à ne
rien faire. Dans une situation normale, si tout était à
recommencer - sans doute que les employés de Radio-Québec ne
seront pas d'accord avec ce que je dis -peut-être qu'on n'aurait pas 500
ou 600 employés permanents, peut-être qu'il y aurait 300 ou 400
employés permanents, une base de gens qui travaillent à plein
temps et à qui on fait appel à la piqe, suivant les orientations
qu'on doit donner et le type de programmation qu'on doit faire.
Si les employés n'étaient pas contents d'une
déclaration comme celle que je fais, par contre, tout le milieu de la
création le serait, le milieu qui cherche des emplois à la pige
et qui veut garder une liberté de façon à travailler dans
des domaines de création qui les intéressent quand des
émissions sont disponibles. Maintenant que la situation est ce qu'elle
est, il nous faut essayer de lui faire face en rentabilisant, avec la
collaboration des employés qui ne veulent que travailler, le plus
possible, ils sont compétents, et en essayant de les utiliser à
plein. On le fait au détriment, en quelque sorte, de ceux de
l'extérieur, des pigistes qu'on engage, beaucoup moins qu'il y a deux
ans, quand il y a eu une injection importante de capital pour la relance de
Radio-Québec. Actuellement, nous essayons d'utiliser nos troupes
à 100%, avec leur collaboration, et peut-être, par des programmes
de formation, arriver, sans engager de personnel nouveau, à des
mutations de personnel. Si nous avions plus d'argent, si le budget était
plus important pour produire davantage d'émissions et en régions
et au niveau national, à ce moment-là, on ferait appel davantage
à la pige et tous nos employés seraient utilisés. Je pense
qu'il y a eu des fluctuations un peu désolantes.
Il n'y a pas que les employés syndiqués, il y a aussi le
personnel professionnel, les réalisateurs, par exemple, qui nous ont
fait des reproches justifiés en disant qu'il y avait trop peu d'argent
disponible pour la production, en comparaison à d'autres investissements
que nous avons faits, qui sont là à Radio-Québec pour des
encadrements assez lourds. Les encadrements lourds sont nécessaires,
suivant le mandat de l'entreprise. Quand nous sommes une
entreprise gouvernementale et que nous sommes obligés de fournir
tous les renseignements à tous ceux qui nous les demandent à
juste droit, nous avons besoin de plus de personnel. Quand nous avons ce genre
de réglementation assez complexe et les exigences, et des
ministères, et du Conseil du trésor, et de l'Assemblée
nationale, nous devons avoir plus de personnes qui travaillent à
Radio-Québec que si nous étions une entreprise
légère, centralisée comme une télévision
privée, avec des conventions collectives beaucoup plus souples et avec
des fluctuations du nombre d'employés tenant compte de la production et
de la disponibilité financière.
M. le Président, c'est un peu tout cela que je dis et que je
pense; il y a un débat à faire avec nos employés. Il y a
une concertation pour qu'une entreprise comme la nôtre puisse travailler
le plus légèrement possible avec une possibilité d'appel
aux ressources du milieu et que ce ne soit pas une entreprise fermée ne
travaillant qu'avec ses propres ressources; c'est un débat qui est
ouvert.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Merci, M. le Président. Ensuite, vous
parliez de l'Association des réalisateurs. Au cours de cette
année, il y a eu une coupure à l'intérieur du budget de
Radio-Québec de 4 200 000 $.
M. Bertrand: Inexact.
M. Bissonnet: Inexact? Vous me corrigerez, M. le ministre, et, si
vous avez raison, je l'admettrai; il n'y a pas de problème
là-dessus. Il y a eu une coupure, d'après les informations que je
possède, de 4 200 000 $ et, selon un mémoire qui était
présenté par ces réalisateurs-là, ceci
réduirait de 432 à 300 les heures de production
d'émissions originales pour une année. Par ailleurs, ces coupures
qui étaient envisagées à ce moment-là pour la
prochaine année, est-ce que cela va toucher encore plus durement
Radio-Québec en ce qui regarde également
l'échéancier de la régionalisation de Radio-Québec,
tout le secteur de la régionalisation?
M. Bertrand: M. le Président, il y a eu des
réaménagements budgétaires, il n'y a pas eu de coupures de
la part du gouvernement vis-à-vis de Radio-Québec. Il y a eu des
réaménagements budgétaires ou des exigences nouvelles qui
ont été posées quant au financement d'un certain nombre de
dépenses par la société plutôt qu'en budget
supplémentaire. On a dû, à cause des ces changements
administratifs, répartir d'une autre façon les
dépenses.
Dans une société comme Radio-Québec, 80% à
peu près des dépenses sont fixes. La marge de manoeuvre en
dépenses variables pour pouvoir récupérer des fonds
lorsque des dépenses imprévues nous sont imposées en
quelque sorte, elle est limitée. Au moment où les
réalisateurs ont fait part de leur crainte, il est exact qu'on a bien
senti qu'on ne pourrait produire autant d'émissions, les 400 heures qui
sont notre objectif régulier, et qu'on se devait de réduire les
frais variables, donc à l'endroit où les émissions
n'étaient pas encore produites, c'est-à-dire qu'on a coupé
dans un certain nombre de frais variables en rapport avec un certain nombre
d'émissions. Mais la situation a été corrigée par
la suite à cause d'un réaménagement qu'on a dû
imaginer. Je pense que, dans le fond, tout cela a été heureux
parce que cela a permis à Radio-Québec d'être un peu plus
créative. On a réinjecté les 100 heures et on a produit
400 heures. On n'a pas produit les 300 heures qu'on craignait parce qu'on est
allé dégager à d'autres endroits dans l'entreprise les
sommes nécessaires pour produire l'objectif de 400 heures. On a
coupé un certain nombre de postes, on a allégé les
services de publicité, on a gelé un certain nombre de postes au
niveau de l'administration et on a diminué des encadrements. Tout cela
est heureux et fait que cette année on peut, avec cette
expérience et ce réaménagement, produire encore le nombre
prévu de 400 heures et un peu plus.
M. Bissonnet: M. le ministre, je suis très heureux de la
réponse.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: Je m'excuse auprès du député de
Jeanne-Mance si mon "inexact" est venu froid et vif, mais c'est vrai qu'on a lu
des manchettes et qu'on a eu l'impression, à un certain moment
l'année dernière, qu'il y avait eu une coupure de 4 200 000 $. Je
disais que c'était inexact et M. Barbin l'a exprimé. (17 h
30)
II faut savoir que, l'année précédente, en
1980-1981, le budget ou la subvention versée par l'Assemblée
nationale, par le gouvernement du Québec à Radio-Québec
était d'environ 37 000 000 $, si ma mémoire est bonne. Ça
c'était en 1980-1981. L'an dernier, la subvention du gouvernement du
Québec, le transfert d'argent, si vous voulez, a été de
l'ordre de 43 936 000 $; c'est une augmentation d'à peu près, de
tout près de l'ordre de 20%. Alors, parler de coupure quand vous avez un
accroissement de la subvention ou du budget - il faudrait plutôt parler
de la subvention parce que, dans le fond, le budget peut être plus
élevé que ça,
étant donné qu'il y a d'autres revenus à
Radio-Québec - c'est vraiment, à mon avis, comment dirais-je,
tronquer les faits et ne pas dire les choses telles qu'elles sont. Il n'y a pas
eu de coupure de 4 200 000 $, mais Radio-Québec travaillait sur la base
d'un budget qui était plus élevé que la subvention
transférée par l'Assemblée nationale du Québec, par
le gouvernement du Québec, et donc, à partir de ce
moment-là, il fallait trouver le moyen ou bien d'entrer dans ce budget
par l'addition de revenus additionnels, ou bien réduire ce budget par un
effort de compression interne, et c'est l'exercice auquel s'est livrée
la Société de radiotélévision du Québec.
Alors, je crois qu'il s'agissait quand même de rectifier cette impression
qui avait beaucoup circulé à l'époque et qui ne
correspondait pas aux faits.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, je suis très heureux
de la réponse que le président-directeur général a
donnée à ma question. Il y a eu un problème de
difficulté interne de 4 200 000 $, on a fait des compressions, on est
arrivé à réaliser les objectifs qu'on voulait poursuivre,
soit de réaliser 400 heures de production maison. Je vais changer mon
terme "coupure" pour difficulté interne, je n'y vois pas de
difficulté du tout.
M. Bertrand: N'ajustez pas votre appareil.
M. Bissonnet: Je suis un homme positif, M. le ministre, et vous
le savez. Ce matin, le ministre des Communications nous a informés que
la société Radio-Québec avait toute son autonomie pour
réaliser, à l'intérieur de ses opérations, en
conformité de la loi créant la société, toutes les
programmations à l'intérieur du mandat éducatif,
évidemment. Selon les priorités que le ministre a
soulignées tantôt au député de Vaudreuil-Soulanges,
on signalait, premièrement: les antennes comme priorité
première; deuxièmement: la régionalisation;
troisièmement...
M. Bertrand: Un centre de mise en ondes.
M. Bissonnet: ... un centre de mise en ondes;
quatrièmement: un téléjournal, et cinquièmement:
Passe-Partout.
M. Bertrand: Une émission d'information quotidienne.
M. Bissonnet: D'accord. Alors, ma question va toucher à
ces domaines-là. Évidemment, vous avez l'autonomie,
d'après ce que j'ai bien compris du ministre, malgré qu'il soit
tuteur de la société du Québec; il n'y a aucune
difficulté à ce niveau-là. Lors d'une entrevue avec le
correspondant de la Presse à Québec, M. Vincent, le ministre des
Communications, le 21 août 1981, a déclaré qu'il ferait
tout en son possible pour que le fardeau des compressions budgétaires
n'hypothèque pas le développement de sa programmation nationale,
ce qui inclut un futur et possible téléjournal. Or, ma question
est la suivante: Selon les informations recueillies auprès de ces deux
journalistes qui déclaraient cela, M. Vincent, auprès du chef de
cabinet, M. Girard, un téléjournal coûterait 10 000 000 $
à Radio-Québec dès la première année. Compte
tenu des restrictions budgétaires que vous avez à
l'intérieur, même si on accorde un montant de 17%, ce qui, dans
les conditions actuelles, est un montant raisonnable, mais qui, pour que
Radio-Québec puisse prendre de l'expansion, est quand même un
montant moins que minimum, est-ce que le ministre, par le directeur
général, entend reporter à plus tard la réalisation
de ce que vous aviez annoncé, à cette époque-là,
comme une des priorités de Radio-Québec? Par ailleurs, le 23 mars
dernier, l'animateur des Lundis de Pierre Nadeau, M. Nadeau, lors d'une
conférence de presse qu'il donnait en collaboration avec la
société Radio-Québec, annonçait qu'il aurait une
émission régulière tous les jours à compter de
septembre prochain. Le ministre pourrait-il nous dire, par le directeur
général, évidemment, le coût de la
réalisation de cette nouvelle programmation, le coût de la
production également et décrire, pour le bénéfice
des membres de la commission, le format que cette émission
prendrait?
M. Bertrand: M. le Président, il faut dire que les
chiffres qui ont circulé dans les journaux autour de ce projet de
"téléjournal" ne correspondaient pas exactement à la
pensée de Radio-Québec. Il y a eu un premier document dont on a
parlé en commission parlementaire l'année dernière et qui
avait été adressé par Radio-Québec au gouvernement
pour lui faire part de ses intentions d'intervenir dans l'information
quotidienne. On avait dit dans ce document que si nous intervenions, et
c'était une hypothèse, sous forme d'un service vraiment complet
d'information, cela pourrait aller chercher de 7 000 000 $ à 10 000 000
$.
Nous avions également parlé d'une autre formule qui
était à ce moment-là de donner une information
privilégiée en périods électorale, mais ce projet
n'a pas été retenu parce que nous demandions un budget de
quelques millions pour faire cette opération.
Par la suite, à Radio-Québec, nous avons continué
nos réflexions et nous sommes arrivés à une formule qui a
d'ailleurs été
expliquée dans les demandes supplémentaires que nous avons
transmises au gouvernement, au ministre, pour étude; nous avons
parlé non pas d'un service de nouvelles mais d'une émission
d'information quotidienne faite avec des moyens beaucoup plus légers et
correspondant à ce que Radio-Québec souhaite faire, une
information commentée de type éditorial, régulière,
pour permettre au citoyen de mieux comprendre le milieu où il vit et
faite dans un contexte québécois. Ce projet en année
Radio-Québec est un projet de 4 000 000 $; 2 400 000 $ en année
gouvernementale. Donc, dans les crédits demandés, c'était
un budget de 2 400 000 $. Cette demande était cependant
subordonnée - et je tiens à le dire - au développement de
la programmation régionale. Évidemment, en priorité, vous
trouviez, dans l'ordre, le développement des antennes, le
développement de la programmation régionale qui nous semble
être essentielle et être plus importante que le
développement d'une information quotidienne à
Radio-Québec, et, en troisième lieu, nous avions les
régies de mises en ondes pour permettre aux régions de se
détacher du réseau et de vraiment remplir, à ce
moment-là, leur rôle de diffuseurs régionaux. En
quatrième lieu, nous avions introduit des émissions d'information
quotidienne non seulement pour répondre aux besoins au mandat
d'information de la société, mais aussi pour introduire dans
notre programmation une émission régulière quotidienne qui
nous permet de rentabiliser l'ensemble de nos activités. Ces 2 000 000 $
d'investissement nous permettaient de produire 60 à 65 heures de plus
que les 400 heures et donc de baisser le prix de revient des émissions.
C'est encore une excellente idée et on tient à essayer de
convaincre le gouvernement, lorsque les autres priorités auront
été remplies, de nous accorder les fonds qui seraient un bon
placement dans le développement de Radio-Québec.
J'en arrive maintenant, M. le Président, à Pierre Nadeau.
Après discussion avec l'animateur Pierre Nadeau, Radio-Québec a
annoncé que la formule des "lundis", qui dure depuis trois ans, serait
transformée en une émission quotidienne d'affaires publiques mais
pas uniquement d'affaires publiques, une émission à 40% affaires
publiques et à 60% culture, science et économie, donc, pour
répondre à des besoins qui nous sont souvent exprimés et
mieux équilibrer notre programmation en ne grossissant pas le nombre
d'heures en affaires publiques. En effet, certains trouvent, au niveau de notre
personnel, au niveau de notre conseil d'administration et dans d'autres
milieux, que l'équilibre serait rompu si on investissait davantage en
affaires publiques alors qu'on n'a pas une grille assez complète dans
les autres domaines qui sont de notre responsabilité. Donc,
l'émission de Nadeau, et après discussion avec lui, aura un
format d'une demi-heure par jour du lundi au vendredi, ce qui, à 40%,
répondra à des besoins d'affaires publiques, ce qui couvrait
à peu près ce qui était fait aux Lundis de Pierre Nadeau
de l'année précédente et qui, à 60%, couvrira des
sujets aussi importants -et le contexte s'y prête et la pression sur nous
est forte - que l'économie, la science et la culture.
M. Bissonnet: Merci. Actuellement, M. le Président,
à combien d'heures de production sommes-nous rendus dans les
régions?
M. Bertrand: Actuellement, nous avons une base, un plancher;
c'est difficile de dire le nombre d'heures par région. La base des
allocations a été de fournir aux régions un montant aux
alentours de 350 000 $ par région, ce qui suppose, à notre point
de vue, tenant compte d'une moyenne horaire de 40 000 $, un minimum de huit
heures; la plupart des régions étant libres de décider du
format et du contenu de leurs émissions par association avec d'autres
producteurs privés ou individuels, on réussit à produire
plus d'heures. Je n'ai pas le tableau exact du nombre d'heures par
région, mais disons que cela dépasse, cela doit atteindre les 100
heures pour l'ensemble des régions.
M. Bissonnet: J'ai une petite question, M. le Président.
Cela touche votre secteur dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Le président du comité
régional de cette région, M. Raymond, a demandé la
réinstallation de deux réémetteurs de Radio-Québec
au Témiscamingue. Où en sommes-nous rendus avec cette demande? Si
cette demande est acceptée, quand ces deux réémetteurs
seront-ils installés dans cette région?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: M. le Président, je pense que vous êtes
très intéressé, vous-même qui êtes originaire
de cette belle et grande région de l'Abitibi-Témiscamingue,
j'insisterai sur le mot "grande" pour l'objet dont il est question ici. Nous ne
pouvons pas, bien sûr, dissocier le problème des
réémetteurs au Témiscamingue de l'ensemble du
problème des réémetteurs pour l'ensemble du territoire
québécois. Il n'y a à peu près pas une seule
région qui ne connaisse ces zones grises, c'est-à-dire celles qui
ne peuvent pas recevoir par ondes ouvertes le signal de Radio-Québec. Si
vous allez dans l'Estrie, vous avez une bonne partie du comté de
Mégantic-Compton de votre collègue, M. Rélanger, qui ne
reçoit pas par ondes ouvertes Radio-Québec, même si on
vient
tout récemment d'inaugurer l'antenne qui est située sur le
mont Orford. Si vous allez dans la région du Bas-Saint-Laurent, il y a
toute une partie du Témiscouata qui ne reçoit pas le signal de
Radio-Québec, mais il y a des ententes avec les
câblodistributeurs, fort heureusement, qui permettent à ces gens
de recevoir Radio-Québec sous une autre forme. Il y a aussi la
Côte-Nord de la Gaspésie où il y a des problèmes. Il
y a la Moyenne et Basse-Côte-Nord où il y a aussi d'autres
problèmes. Il y a le Témiscamingue, il y a une partie de
l'Outaouais autour du mont Bouthillier dans la région de
Mont-Laurier.
Alors, il y a donc un peu partout des zones qui auront besoin un jour
d'être desservies par l'installation de réémetteurs. Or, si
on regarde l'ensemble du territoire québécois, quand le plan
d'implantation et d'exploitation des antennes nous permettant de couvrir
l'ensemble des régions définies par Radio-Québec aura
été complété dans sa première phase, nous
rejoindrons, si ma mémoire est bonne, 92% de la population du
Québec, à l'automne 1983, c'est-à-dire par ondes ouvertes.
C'est beaucoup. Le pourcentage de 8% qui ne sera pas encore rejoint à ce
moment par ondes ouvertes nécessiterait au total, croyez-le ou non,
l'implantation d'une quarantaine de réémetteurs pour un montant
d'environ 20 000 000 $, c'est-à-dire une moyenne d'à peu
près 500 000 $ par réémetteur, pour rejoindre le
pourcentage de 8% additionnel. Dans ce contexte, je n'ai pas besoin de vous
dire que le conseil d'administration de Radio-Québec fixe, après
discussion, bien sûr, avec l'ensemble des comités
régionaux, les priorités pour ce qui est de l'implantation de ces
réémetteurs. Dans l'exercice financier 1982-1983, on avait retenu
trois réémetteurs au niveau de la sixième priorité
qui sont deux réémetteurs pour le Témiscamingue et un
réémetteur sur le mont Bouthillier pour la région de
Mont-Laurier, dans la région qui, pour Radio-Québec, est celle de
l'Outaouais. (17 h 45)
La réponse elle est toute là, M. le député
de Jeanne-Mance. C'est une question d'argent, c'est une question de
priorité et c'est une question pour Radio-Québec, malgré
les marges de manoeuvre très minces qui existent, d'être
obligée de faire un choix dans cette quarantaine de
réémetteurs et dans cet ensemble de régions qui veulent
toutes en même temps être desservies à 100%.
Cependant, je crois que quand on sait qu'initialement il n'y avait que
Montréal et Québec qui étaient couvertes, par ondes
ouvertes, par Radio-Québec pour rejoindre un auditoire tout de
même important, si on prend la grande région de Montréal et
la grande région de Québec, on doit dire que depuis ce temps, par
l'implantation et l'exploitation des antennes dans les autres régions,
il s'est fait un grand bout de chemin. Là, la différence entre
dire qu'on est optimiste ou pessimiste, c'est la différence entre dire
que notre verre est plein à 92% ou qu'il est vide à 8%.
Quand, à l'automne 1983, notre verre sera plein à 92%, on
pourra dire qu'on aura vraiment atteint des résultats très
importants. Mais je suis, moi aussi, tout à fait sensible aux demandes
qui nous sont transmises. Probablement que vous en avez reçu, j'en ai
reçu. Les visites que j'ai faites dans chacune des régions,
chaque fois, m'ont amené à discuter de ce dossier parce qu'il n'y
en a aucune, à toutes fins utiles, sauf la région de
Montréal, même pas, même pas celle de Québec, qui n'a
pas des zones non desservies par ondes ouvertes.
M. Bissonnet: Pour le bénéfice du président
de la commission et également pour moi-même, combien y a-t-il de
personnes qui ne sont pas couvertes dans la région de
Témiscamingue? Quel pourcentage de la population dans cette
région?
M. Bertrand: Est-ce qu'il y a 20 000 personnes, M. Robert?
M. Bissonnet: Si vous avez l'information.
M. Bertrand: évidemment, le député de
Jeanne-Mance... Là-dessus, je suis tellement d'accord avec les gens qui
nous parlent de cette question. Ils nous disent: On est Québécois
au même titre que les gens qui habitent Rouyn-Noranda...
M. Bissonnet: Cela se comprend très bien.
M. Bertrand: ... au même titre que les gens qui habitent
les grands centres urbains qui sont desservis... 10 420 plus 2428, c'est
à peu près 12 000 à 13 000 personnes dans la région
du Témiscamingue. Dans la région de Mont-Laurier, pour le mont
Bouthillier où un réémetteur serait nécessaire,
c'est à peu près 14 698 personnes. Il y en a d'autres comme
cela.
M. Bissonnet: Deux autres questions, M. le Président, pour
terminer avec l'étude des crédits de Radio-Québec que nous
allons approuver, en passant. Ensuite, M. le ministre, si on peut avoir un
consentement pour étudier les crédits de la régie, nous
avons quelques questions. On pourrait peut-être dépasser un peu 18
heures mais je ne crois pas qu'il y ait de difficulté pour
libérer ces personnes également.
M. le directeur général, en ce qui a trait à la
Régie des services publics, il y a eu une ordonnance qui a
été émise qui interdit à Radio-Québec de
poursuivre sa politique publicitaire altérant le caractère de
sa mission éducative. Est-ce que votre société a
l'intention de continuer à percevoir des revenus par le truchement de la
commandite de prestige, considérant que vous avez reçu une
ordonnace vous interdisant de le faire?
Le Président (M. Bordeleau): M. Barbin.
M. Bertrand: M. le Président, nous sommes en appel de
cette ordonnace et tant que la décision de la Cour d'appel n'est pas
rendue, nous poursuivons les orientations et les politiques que nous avions au
départ.
Notre programmation a été reconnue néanmoins
éducative. Nous avons reconduit cette programmation pour l'année
1982-1983, sans changements substantiels et nous continuons de percevoir des
revenus puisque le gouvernement nous a demandé d'en recevoir dans notre
budget de l'année dernière.
M. Bissonnet: Question additionnelle, M. le ministre.
Est-ce que vous avez pensé à modifier la loi en
conséquence pour permettre à Radio-Québec, tout en
respectant sa mission éducative, d'avoir des commandites de prestige,
comme c'est le cas présentement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: C'est déjà connu, M. le
Président, et j'ai eu l'occasion de faire plusieurs déclarations
relativement à cette possibilité qui, à mon point de vue,
doit exister que Radio-Québec aille chercher des revenus autonomes,
c'est-à-dire des revenus qui ne sont pas votés par
l'Assemblée nationale du Québec. Cela me paraît tout
à fait normal, je ne pourrais que citer, comme exemple, TV-Ontario, qui
a accès à des revenus autonomes; PBS vient tout juste de terminer
une campagne de financement où ils sont venus chercher, dans les poches
des Québécois et des Québécoises, beaucoup
d'argent. Je crois que les revenus autonomes représentent 25% de
l'ensemble du budget de PBS - j'ai lu un article récemment - sinon plus.
Alors, le tiers des revenus de PBS sont des revenus autonomes qui prennent la
forme de commandites de prestige, de souscriptions populaires ou qui pourraient
prendre d'autres formes.
Je vous indique que l'ordonnance rendue par la Régie des services
publics, au point 5, indiquait que la Régie des services publics
rejetait la politique de commandite de la requérante, telle que
rédigée, ordonnait la suspension de son application et le refus
de tout nouveau contrat de publicité, en conséquence, et
réserve, le cas échéant, à la requérante de
soumettre à l'approbation de la régie un nouveau projet de
politique de commandite qui tienne compte des considérations
déjà exprimées.
M. Barbin, le président-directeur général de
Radio-Québec, a fait mention de cet appel qui a été
logé par Radio-Québec. Cet appel sera entendu
éventuellement, une décision sera rendue et, bien sûr,
à partir de ce moment-là, dépendant de la décision
qui sera rendue, nous verrons ce qu'il y a lieu de faire. Mais j'ai
déjà indiqué que, quant à moi, j'étais
favorable, comme ministre des Communications du Québec, à ce que
la société de radio-télévision du Québec
puisse avoir accès à des revenus autonomes, à la
condition, bien sûr, que cela ne vienne pas hypothéquer la mission
éducative de Radio-Québec et à condition que cela soit
fait sur la base d'un code d'éthique qui ne convertisse pas
Radio-Québec en télévision commerciale, comme on l'entend
dans le sens conventionnel du terme.
À ce point de vue, permettez-moi de souligner que la façon
dont Radio-Québec, quant à moi, s'est acquittée
jusqu'à maintenant de cette responsabilité d'aller chercher des
revenus autonomes m'apparaît tout à fait respectueuse de la
mission qui lui est confiée comme télévision
éducative. Je n'en veux comme exemple que la participation de la
société Alcan aluminium du Canada qui, par un bref message de dix
secondes, si ma mémoire est bonne, au début du film et dix
secondes à la fin, permet la diffusion de combien de films par
année? 52 films, dans la série Image par image. Ce sont des films
d'une très grande qualité, il faut le dire.
M. Bissonnet: C'est une excellente émission, M. le
ministre.
M. Bertrand: J'ai moins l'occasion que vous de
l'écouter.
M. Bissonnet: Vous pensez cela? Vous ne me suivez pas partout
où je vais, certain.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: J'ai une dernière question, M. le directeur
général. Dans les notes explicatives sur l'étude des
crédits de Radio-Québec, à la dernière page, vous
nous donnez un rapport de BBM concernant les auditoires pour chacune des
émissions les plus importantes à ce point de vue. Mis à
part ces cotes d'écoute, M. le directeur général, est-ce
qu'il existe des études sur l'impact des émissions de
Radio-Québec sur ses auditeurs dans un contexte éducatif et
pédagogique? M. le vice-président, cela ne fait pas
longtemps...
M. Bertrand: Je pense que le vice-président à la
programmation, M. Sylvestre,
pourrait peut-être vous apporter...
M. Bissonnet: Si ces études sont faites, M. le
vice-président, est-ce que vous pourriez les rendre disponibles pour les
membres de cette commission? Cela nous intéresserait beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, au nom du
ministre.
M. Bertrand: M. le Président, nous recevons les cotes
d'écoute de BBM; voilà des rapports arithmétiques et
mathématiques dont vous voyez des exemples à la dernière
page du cahier que vous avez en main. Nous faisons aussi annuellement un
sondage permanent afin d'avoir des données comparatives. Nous venons
justement de faire notre deuxième sondage permanent annuel pour savoir
quelles sont les habitudes d'écoute des téléspectateurs et
quelle est la qualité de l'écoute du téléspectateur
qui regarde Radio-Québec et non pas seulement une analyse quantitative.
Nous serions, je pense, tout à fait disponibles pour déposer le
dernier rapport de notre sondage permanent annuel qui donne l'étude
qualitative de l'écoute de Radio-Québec.
M. Bissonnet: Selon les résultats que vous avez de cette
étude, de ces sondages ou de ces informations qui vous sont transmis,
quelle est la suite donnée par votre société au point de
vue éducatif?
M. Bertrand: Nous sommes en train d'élaborer notre
prochain plan de programmation, qui couvrira deux années de
programmation, de 1983 à 1985; ces études de sondage permanent
doivent nous éclairer pour faire ce plan de programmation qui sera
soumis au conseil d'administration du mois de juin et, ultérieurement,
si les changements sont assez substantiels à la Régie des
services publics, la planification de ces deux années se servira de ces
sondages qualitatifs pour bien viser des publics cibles et bien répondre
à des besoins exprimés par ce sondage, dans la mission
éducative toujours.
Le Président (M. Bordeleau): M. Barbin.
M. Bertrand: M. le Président, pour compléter la
réponse sur la recherche, on doit dire qu'en plus du sondage annuel qui
donne une sorte de représentation du type d'auditoire que nous avons
pour nous permettre de mieux "cibler" les groupes que nous ne rejoiqnons pas,
les jeunes, par exemple, ou d'autres groupes que nous rejoignons moins, nous
nous servons de ces études, comme dit M. Sylvestre, pour la
programmation. De plus, en télévision éducative, avec de
nouvelles techniques - qui s'appellent PEAC - de système
informatisé et de sondage, nous faisons de la recherche formative. Nous
prenons des types d'émissions que nous faisons analyser par des groupes
cibles d'auditeurs de façon à nous aider à mesurer la
portée éducative de telle ou telle émission. Nous avons
fait plusieurs de ces recherches formatives qui nous aident à orienter
certaines de nos émissions et parfois nous les font retirer de l'horaire
quand on ne peut pas les transformer.
Le Président (M. Bordeleau): Merci.
M. Bissonnet: Juste deux petites questions. Est-ce que vous
pourriez nous transmettre copie de cette étude? Quel est le budget
annuel imputé à cette recherche faite annuellement ou tous les
deux ans, avez-vous dit?
M. Bertrand: En frais directs, M. le Président, autour de
21 000 $. Notre service de la recherche pour toutes ces activités de
sondage doit représenter un budget aux alentours de 300 000 $.
M. Bissonnet: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Seulement pour le document,
est-ce possible d'en avoir des copies pour tous les membres de la
commission?
M. Bertrand: Sûrement, M. le Président.
M. Bissonnet: D'ailleurs, dès que vous aurez la
documentation, M. le Président, vous pourriez nous l'envoyer. En toute
occasion, nous sommes très impliqués et très conscients
qu'on est là pour vous aider.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. La commission peut
donc approuver le programme 7, messieurs de Radio-Québec?
M. Bissonnet: Oui, pas de problème.
Le Président (M. Bordeleau): Nous entreprendrions donc
immédiatement, si j'ai le consentement de tous les membres, le programme
6. La commission va suspendre pour faire une pause?
Une voix: Non, ça va.
Le Président (M. Bordeleau): Donc, on ne suspendra pas. Je
pensais que vous vouliez prendre une pause. (18 heures)
M. Bertrand: M. le Président.
Régie des services publics
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre. J'appelle
donc auparavant, s'il vous plaît, le programme 6 qui est celui
traitant
de la Régie des services publics.
M. Bertrand: M. le Président, nous avons ici M. Pierre
Piché, qui est adjoint administratif au président de la
Régie des services publics, l'honorable juge Côté, dans la
mesure où le député de Jeanne-Mance aurait des questions
à poser.
M. Bissonnet: J'ai quatre questions, M. le ministre, très
précises; c'est au sujet de l'interconnexion.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Ma première question. Le 30 septembre 1981,
il y a eu un avis de la Régie des services publics sur l'interconnexion.
Alors, je veux savoir de vous, M. le ministre, où on en est rendu dans
ce dossier et quand le Conseil des ministres doit statuer sur la question; cela
est la première question.
M. Bertrand: Nous avons effectivement reçu un avis de la
Régie des services publics le 30 septembre dernier. La régie
avait respecté très exactement d'ailleurs le délai que
nous lui avions demandé de respecter. Deux semaines après, et
c'est assez inaccoutumé, j'ai rendu public cet avis à l'occasion
du congrès annuel de l'Association des compagnies de
téléphone du Québec, lui demandant de réagir
à cet avis de la Régie des services publics. Les réactions
sont venues, et pas seulement de l'Association des compagnies de
téléphone, mais aussi d'autres groupes. J'ai
présenté un mémoire au Comité ministériel
permanent du développement culturel qui l'a adopté. Le Conseil
des ministres a arrêté une décision à ce sujet,
mercredi dernier, et j'en ferai part à l'Assemblée nationale
cette semaine.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Jeanne-Mance, deuxième question.
M. Bissonnet: Vous allez en faire part à
l'Assemblée nationale cette semaine, mais quand en prévoyez-vous
l'implantation? Première question de l'interconnexion. Qu'est-ce que
votre ministère va faire pour amener la population, les citoyens et les
citoyennes à être mieux renseignés sur toute cette question
de l'interconnexion?
M. Bertrand: D'abord, je crois qu'il est important, pour
comprendre ce dossier, que la population puisse saisir les implications de
décisions qui seront prises, qui ont été prises et qui
seront rendues publiques relativement à ce dossier de l'interconnexion
des réseaux et du raccordement des terminaux. Ce n'est pas facile
à comprendre et je dirai au député de Jeanne-Mance que,
lorsque je suis arrivé au ministère des Communications, j'ai eu
maille à partir avec un dossier aussi technique à cause
même des expressions utilisées, mais, lorsqu'on se le fait bien
expliquer, on arrive à comprendre exactement ce que signifie
l'interconnexion des réseaux et le raccordement des terminaux.
Nous allons, dès que la décision sera rendue publique,
informer l'ensemble de la population du Québec, l'ensemble des
compagnies de téléphone sous juridiction
québécoise, et même celles qui ne le sont pas, et, bien
sûr, l'ensemble du monde industriel qui produit des équipements ou
qui fournit des biens et services de cette nature, de la politique
arrêtée par le gouvernement du Québec.
La Régie des services publics sera l'organisme, bien sûr,
qui aura la responsabilité d'appliquer cette politique puisque la
réqie a une très grande expertise dans le domaine de la
téléphonie. Elle pourra, dans un échéancier qu'elle
pourra déterminer elle-même en collaboration avec les entreprises
de téléphone, indiquer à l'ensemble de la population dans
quel délai le tout pourra être mis en branle parce qu'il faut
prendre en considération un certain nombre de facteurs reliés non
seulement aux abonnés du téléphone, mais aussi aux
entreprises qui dispensent ce service et, dans ce contexte-là, la
régie, quant à nous, est l'organisme tout qualifié pour
appliquer la politique qui sera rendue publique par le gouvernement cette
semaine.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Selon les informations que je possède, M. le
ministre, on me dit que le système qui sera mis en vigueur pourrait
désavantager les personnes âgées et handicapées. Je
ne sais pas si vous avez étudié cet aspect de façon plus
précise, en fait, pour qu'on offre un service de base qui soit quand
même accessible à tous les usagers.
M. Bertrand: Je vous avoue que c'est la première fois que
cette représentation m'est faite. S'il y avait effectivement - le
député de Jeanne-Mance pourra s'en rendre compte lorsque la
décision sera rendue publique cette semaine - des problèmes
occasionnés par la politique qu'annoncera le gouvernement pour les
personnes handicapées et pour les personnes âgées, il est
évident que la Régie des services publics aurait à en
tenir compte dans l'application de ladite politique. Je vous avoue que c'est la
première fois que cette représentation m'est faite.
M. Bissonnet: M. le ministre, compte tenu que vous voulez faire
une déclaration ministérielle, compte tenu de ce dossier qui est
un peu technique, l'Opposition et plus particulièrement le porte-parole
officiel en matière de communications apprécieraient, que si vous
leur transmettiez de façon confidentielle, pour fins de réponse,
des copies de cette déclaration dans un meilleur délai que celui
d'une heure que nous avons occasionnellement. Je voudrais avoir quand
même la possibilité de bien faire mon travail dans ce dossier,
compte tenu que c'est un dossier qui est difficile. Les techniques de
l'interconnexion sont aussi difficiles pour celui qui vous parle que pour vous,
lorsque vous avez commencé à étudier ce dossier.
M. Bertrand: Effectivement, M. le député de
Jeanne-Mance, je peux vous dire qu'encore ce matin, en collaboration avec mon
sous-ministre, M. Deschênes, nous avons de nouveau abordé cette
question de la déclaration ministérielle qui sera retenue pour
faire état de la décision gouvernementale, et nous avons bien
l'intention de vous transmettre avant le délai fixé, soit une
heure avant la période des affaires courantes, si possible la
veille...
M. Bissonnet: La veille, ce serait bien.
M. Bertrand: Cela voudrait dire demain soir, si c'était
jeudi; ce soir, si c'était demain... En tout cas, on fera le maximum
pour que vous l'ayez le plus tôt possible, comprenant très bien
que c'est un dossier hautement technique qui mérite quelques heures
d'appréciation.
M. Bissonnet: M. le ministre, je vous remercie. Je n'ai pas
d'autres questions pour la Régie des services publics.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: J'aurais simplement un commentaire à ajouter,
M. le Président. C'est que la Régie des services publics, en plus
d'avoir des responsabilités en matière de
téléphonie, se verra cette semaine octroyer des
responsabilités nouvelles relativement au dossier de l'interconnexion;
elle a aussi une responsabilité qu'il ne faut pas négliger, qui
est celle de l'application du règlement sur la télévision
payante. Je dois dire que la Régie des services publics du Québec
a une très bonne cote au niveau de ce qu'on pourrait appeler la
qualité qui est sienne pour traiter l'ensemble des dossiers qui lui sont
soumis. Elle a développé une expertise considérable en
matière de téléphonie. Elle se voit ajouter un certain
nombre de responsabilités au fil des années. Je crois que c'est
très bien et je dois dire à ce point de vue que le ministre des
Communications, tout en respectant au plus haut point le caractère
particulier de cet organisme, qui est tout de même un tribunal
administratif, un organisme quasi-judiciaire, malgré cette situation,
dis-je, le ministre entretient d'excellentes relations d'abord, bien sûr,
avec celui qui est mon interlocuteur privilégié,
c'est-à-dire le président de la Régie des services publics
du Québec, l'honorable juge Côté, et aussi avec l'ensemble
du personnel qui oeuvre au sein de la régie. J'ai d'ailleurs eu le
plaisir de les rencontrer il y a quelques mois et cela a été pour
moi un très grand plaisir de prendre contact avec des gens qui se
dévouent beaucoup pour la cause des communications via ce tribunal
administratif au Québec.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. Je
considère donc que les crédits du programme 6 seront
adoptés.
M. Bissonnet: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. La commission
va suspendre ses travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 10)
(Reprise de la séance à 20 h 13)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux de la
commission parlementaire des communications. Lorsque les travaux ont
été suspendus, à 18 heures, nous avions adopté les
programmes 6 et 7; maintenant, on reprend avec le programme 1 qu'on avait
commencé à étudier ce matin. Je ne sais pas s'il y avait
d'autres questions sur ce programme.
M. Bissonnet: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance.
Gestion interne et soutien (suite)
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais d'abord
remettre, tel qu'indiqué ce matin, au député de
Jeanne-Mance un petit rapport sur la situation de la télématique
au Québec qui a été préparé par le
ministère des Communications, en deux copies, et remettre aussi copie
des télégrammes de M. Fox à M. Webber sur le dossier de la
télévision payante et de M. Webber à M. Fox, toujours sur
le dossier de la télévision payante.
M. Bissonnet: Je vous remercie, M. le ministre, de tenir parole
comme ça. La première question, M. le Président, dans le
programme 1, élément 1. Ce matin, le
ministre nous a parlé brièvement d'une politique nationale
et d'une grande consultation, une grande tournée régionale qu'il
veut faire au Québec. Je lui ai dit, à ce moment-là, qu'il
y a des gens a Baie-Comeau et à Hauterive qui aimeraient être
consultés comme il le fait. Ma question, au sujet de ce projet de
politique nationale, est la suivante: Est-ce que le ministre pourrait nous
confirmer s'il existe un document de travail qui est déjà en
préparation ou une ébauche de projet concernant cette politique
nationale?
M. Bertrand: Non, le groupe de travail a été
formé il y a environ deux mois et demi. Il n'y a pas encore de document
qui a été produit par ce groupe de travail, tout au plus -
comment dirais-je? - une définition du canevas de travail sur la base
duquel ce groupe va fonctionner. Ce groupe s'adjoindra des collaborateurs du
ministère de l'Éducation, du ministère d'État au
Développement culturel et scientifique et probablement aussi, pour
certains aspects, du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, et peut-être quelques personnes de l'extérieur. Nous
avons prévu un budget de 250 000 $ pour la préparation de ce
document sur la politique nationale des communications à même les
crédits déjà affectés au ministère des
Communications. Nous n'avons pas demandé d'argent nouveau, nous allons
le prendre à même les crédits existants, mais avec une
vocation très particulière, qui est de préparer un
énoncé de politique nationale des communications.
M. Bissonnet: Vous nous avez également annoncé
qu'il y aurait un sommet des communications au printemps de 1983, pour
l'année mondiale des communications en 1983. Est-ce que vous avez
préparé un budget? Est-ce qu'il y a actuellement dans le budget
un montant qui est prévu pour ce sommet des communications? Est-ce qu'il
y a un montant qui est prévu pour quelque activité que ce soit
que le gouvernement se propose de faire à l'intérieur de cette
année mondiale des communications? Finalement, où pensez-vous
qu'aura lieu ce sommet des communications, à quel endroit?
M. Bertrand: Premièrement, ce matin, je n'ai pas
annoncé qu'il y aurait un sommet sur les communications, j'ai dit que je
souhaiterais que cela puisse se terminer par un sommet sur les communications,
parce qu'il faut d'abord que le Conseil des ministres prenne une
décision par voie de décret, mais, effectivement, je soumettrai
au Conseil des ministres une demande pour la tenue d'un sommet des
communications. Pour l'instant, il n'y a aucune demande de budget additionnel
pour la préparation de ce sommet des communications, puisqu'il serait
tenu durant l'année budgétaire 1983-1984 et que ce serait donc
lors de l'étude des crédits de l'année prochaine...
M. Bissonnet: Avant les élections. M. Bertrand:
Quelles élections?M. Bissonnet: Quelles
élections!
M. Bertrand: On a un mandat de cinq ans.
M. Bissonnet: Oui.
M. Bertrand: Nous allons gouverner. Alors, ce serait uniquement
à l'occasion de l'étude des crédits de 1983-1984 que je
pourrais faire état du budget qui serait consacré à la
tenue de ce sommet si, évidemment, le Conseil des ministres
décide de donner suite à la demande que je formulerai.
M. Bissonnet: M. le ministre, on vous a posé la question
parce qu'on voulait avoir une autre primeur; deux dans la même
journée, cela aurait été extraordinaire.
M. le ministre, au sujet de la direction, à gestion interne et
soutien, l'Opposition est un peu inquiète par des nominations faites
à votre ministère qui, selon nous, pourraient être des
nominations politiques à des postes importants.
La première question que je vais vous poser, c'est relativement
à l'emploi de Mme Michèle Guay, directrice de la recherche, Nous
avons demandé au ministre de nous transmettre le curriculum vitae dans
le cas des quatre nominations dont il sera question. Nous vous remercions de
nous l'avoir communiqué. Dans le cas de Mme Michèle Guay, nous
avons évidemment été un peu surpris que, dans son
formulaire d'emploi, dans son curriculum vitae, elle soumettait ses
états de service au sein du Parti québécois. En 1970, elle
adhérait à votre parti à Montréal; de 1970 jusqu'en
1972, elle travaille au sein du parti à Hull; en 1972-1973, même
travail à Sainte-Foy, comté de Louis-Hébert; en 1974-1975,
elle est secrétaire de l'exécutif du comté de Jean-Talon;
en 1975-1976, elle est membre du parti à Saint-Jean-d'Iberville; en
1976, dans Jean-Talon; en 1976-1977, elle est secrétaire de
l'exécutif et remplit d'autres fonctions, animatrice des ateliers de
travail en vue du congrès de comté et du congrès national,
en 1977-1978, secrétaire de l'exécutif du comté de
Jean-Talon, en 1978, présidente régionale du parti, région
de la capitale nationale à Québec, et d'autres expériences
au sein d'autres partis ou mouvements, membre du RIN à
Trois-Rivières... On ne commente pas les qualités, M. le
député. Ensuite, membre du CIS, "comité
indépendance socialiste",
Montréal, en 1968.
M. le ministre, je suis très surpris de voir qu'une personne qui
pose sa candidature à un poste de haut cadre à l'intérieur
du ministère soumette ses expériences et sa vie de militantiste
au sein du Parti québécois. La question que je me suis
posée, c'est: Est-ce que cela a eu une certaine influence dans
l'obtention de l'emploi qu'elle a eu à titre de directrice de la
recherche à l'intérieur de votre ministère? Trouvez-vous
normal et est-ce que c'est une politique que les personnes qui posent leur
candidature à l'intérieur de votre ministère soumettent un
curriculum de leur vie politique pour quelque parti que ce soif?
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le programme 1 sera
adopté?
M. Bissonnet: Non, non. J'ai posé une question.
Le Président (M. Laplante): On n'a pas répondu.
M. Bissonnet: J'ai été très surpris, M. le
ministre. Je tiens à vous avouer que, lorsque j'étais maire de
Saint-Léonard, je n'ai jamais demandé un curriculum vitae avec
des états de service au sein d'un parti politique, municipal, provincial
ou fédéral.
M. Bertrand: M. le Président, je dirai très
simplement que d'abord, c'est à la personne qui soumet sa candidature
à l'Office du recrutement et de la sélection du personnel de
décider ce qu'elle inscrit dans son curriculum vitae. Mme Guay a choisi
d'inscrire tous les éléments dont vous faites mention, je crois
que cela n'a pas à être caché. Ce sont des moments de sa
vie où elle s'est impliquée politiquement qui, quant à
elle, ont été jugés comme devant être
mentionnés, qu'il n'y avait rien là d'anormal et que l'ensemble
des fonctionnaires qui oeuvrent au sein du gouvernement du Québec ont
tous, plus ou moins, selon leur intérêt, leur motivation pour la
politique, le loisir de participer aux activités de quelque formation
que ce soit, à la condition, bien sûr, de respecter la Loi sur la
fonction publique qui indique que, durant une campagne électorale, on ne
doit pas participer activement aux activités d'une formation politique.
Mais, en dehors des campagnes électorales et même au moment du
référendum, la loi 92 l'indiquait très
spécifiquement, la participation à des organisations politiques
est permise. Je suis convaincu qu'il y a dans la fonction publique, un peu
partout, des unionistes ou d'anciens unionistes, des libéraux,
probablement en grand nombre...
M. Bissonnet: II doit y en avoir quelques-uns.
M. Bertrand: ... des péquistes; j'espère qu'on en
retrouve quelques-uns. Mme Guay, effectivement, que je connaissais bien avant
d'arriver au ministère des Communications, qui a été
engagée au ministère des Communications avant que je n'y arrive,
est une personne qui a milité très activement au sein du Parti
québécois et qui continue de militer très activement au
sein du Parti québécois. C'est son droit le plus strict, le plus
normal et je suis convaincu que le sens de la question posée par le
député de Jeanne-Mance n'est certainement pas d'empêcher
que Mme Guay, comme la loi le lui permet, puisse militer activement au sein
d'une formation politique.
M. Bissonnet: M. le ministre, pourriez-vous m'assurer que cela
n'a pas été pris en considération? Parce que, à la
suite de certains documents qui ont été publiés, où
on fait état, tel que cela a été cité dans le
Devoir par la journaliste Lise Bisonnette, où beaucoup de personnes ont
des craintes vis-à-vis de la publicité gouvernementale partisane,
ne croyez-vous pas que la directrice de la recherche à
l'intérieur de votre ministère, qui est encore partisane, tel que
vous nous le dites, qui continue à être très active
à l'intérieur du Parti québécois,
considérant que la publicité gouvernementale devrait être
une publicité non partisane, pourriez-vous nous garantir que le fait
qu'elle soit militante très active à l'intérieur du Parti
Québécois - ce n'est pas un cas isolé, on en a eu deux ou
trois - n'a pas été pris en considération quant à
son choix au poste de directrice de la recherche?
M. Bertrand: Premièrement, je dirai au
député de Jeanne-Mance que le poste qu'occupe Mme Guay, qui est
le poste de directrice de la recherche au ministère des Communications,
ne lui permet pas, ni directement ni indirectement, d'avoir quelque influence
que ce soit sur les programmes de publicité. Il faut savoir que les
décisions relatives à la publicité gouvernementale ne sont
même pas prises au premier chef par le ministère des
Communications. Le ministère des Communications a une agence de
placement de la publicité, l'agence Médian, qui est formée
de la jonction de deux entreprises: celle de Pierre Tremblay et celle de
Cossette et Associés, et ce sont les directions des communications des
ministères qui prennent des décisions relativement aux campagnes
de publicité. Le rôle que joue le ministère des
Communications, en conformité avec une directive du Conseil du
trésor, c'est d'émettre un avis préalable, favorable ou
défavorable, sur les campagnes de publicité que les
ministères ou organismes gouvernementaux veulent entreprendre. Alors Mme
Guay, de par sa fonction, ne peut, directement ou indirectement, avoir
quelque
influence que ce soit sur les responsabilités qu'assume le
ministère des Communications en ce qui a trait aux campagnes de
publicité gouvernementale.
M. Bissonnet: Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il serait possible
que vous déposiez la liste d'admissibilité émise par
l'office de recrutement pour ce poste? Est-ce que c'est possible d'avoir cette
liste?
M. Bertrand: Ce qu'il est possible de vous donner, ce sont les
membres du comité de sélection.
M. Bissonnet: Je pense qu'on a eu cela.
M. Bertrand: Vous l'avez eu je crois. Ainsi que salaire, date
d'entrée en fonction, titre du concours, etc.
M. Bissonnet: La liste d'admissibilité... M. Bertrand:
Je n'en ai pas le droit.
M. Bissonnet: Vous n'en avez pas le droit.
M. Bertrand: Je n'en ai pas le droit à cause des
règlements de l'Office de recrutement et de sélection du
personnel qui protègent les candidats et candidates qui se
présentent à un concours. La liste des candidats n'est pas
disponible. Je pense que l'Office de recrutement et de sélection du
personnel et la loi qui l'a constitué ont sans doute été
ainsi conçus pour assurer que les personnes qui décident de se
présenter à un concours puissent le faire en étant,
comment dirais-je, assurées que leur dossier sera traité avec
toute la confidentialité nécessaire.
M. Bissonnet: M. le ministre, je me réfère au
formulaire de demande d'emploi de Mme Guay, directrice de la recherche. Je
trouve, dans les notes qu'elle a écrites, qu'elle dit: Je ne
possède pas exactement le profil type décrit au chapitre de
l'expérience de recherche en communications comme tel, si l'on tient
absolument à une définition rigoureuse de la scolarité et
de l'expérience exigées.
M. Bertrand: Je trouve que Mme Guay a fait preuve là de
beaucoup d'humilité et de modestie...
M. Guay: ... d'Argenteuil, n'est-ce pas?
M. Bertrand: ... car elle s'acquitte avec beaucoup de
compétence, je dois le dire, de sa responsabilité de directrice
de la recherche. Je vous dirai qu'à ce point de vue, la personne
probablement la mieux qualifiée pour évaluer le travail de Mme
Guay comme directrice de la recherche, c'est le sous-ministre en titre des
Communications, M. Deschênes, de qui relève, à toutes fins
utiles, Mme Guay. Mais, évidemment, il y a d'autres personnes, dans la
machine administrative, je pense en particulier au sous-ministre adjoint aux
politiques, M. Jean-Lucien Garon, qui est son patron, et aussi à
d'autres personnes qui oeuvrent, comme vous le voyez dans l'organigramme qui
vous a été présenté, à l'intérieur de
tout ce secteur qu'on appelle les politiques du ministère des
Communications. Ce sont des personnes qui peuvent juger de la
qualité du travail accompli par Mme Guay. (20 h 30)
Je dirai tout simplement qu'il est intéressant de noter que Mme
Guay, qui possède un baccalauréat, une maîtrise et une
scolarité de doctorat, a certainement toute la compétence requise
pour exercer une telle responsabilité et qu'elle l'a fait avec beaucoup
de compétence et de dynamisme, du moins depuis que je suis en mesure
d'en être témoin, c'est-à-dire depuis environ un an.
M. Bissonnet: M. le ministre, il y a une autre nomination au
poste de sous-ministre adjoint à l'information gouvernementale, celle de
M. Plante, que nous saluons, parce qu'il est ici présent. Je remarque
que M. Plante est un architecte de profession et également, M. le
ministre, qu'il a occupé de nombreuses fonctions politiques, depuis 1976
jusqu'en 1981, à l'intérieur de différents
ministères. Pouvez-vous m'assurer que, dans le choix de sa candidature,
on a pris en considération la compétence de M. Plante dans ce
travail et que son expérience politique à l'intérieur des
différents ministères n'a pas été prise en
considération pour occuper ce poste.
M. Bertrand: Quand vous serez ministre des Communications, M. le
député de Jeanne-Mance...
M. Bissonnet: Cela va venir bientôt. Je ne serai
probablement pas aux
Communications, c'est trop facile pour moi.
M. Bertrand: En tout cas, indépendamment, si jamais un
jour vous avez l'occasion...
M. Bissonnet: Un jour, vous en saurez davantage.
M. Bertrand: ... d'exercer une fonction ministérielle au
sein d'un gouvernement, vous aurez à vous entourer d'un certain nombre
de personnes qui, pour certains postes, sont choisies directement par vous.
C'est essentiellement ce qu'on appelle les membres du cabinet politique;
là-dessus, on a toute la latitude voulue de prendre qui on veut,
c'est
connu. Deuxièmement, il y a des postes dans la fonction publique
qui doivent obligatoirement faire l'objet d'un concours et c'est l'Office du
recrutement et de la sélection du personnel qui administre ces concours.
C'est le cas de personnes comme Mme Guay, dont vous avez fait mention tout
à l'heure. Puis, il y a un certain nombre de postes - et on pense au
sous-ministre en titre, aux sous-ministres adjoints - où il n'y a pas de
concours comme tel administré par l'Office du recrutement et de la
sélection du personnel, mais où il y a des nominations faites par
le Conseil des ministres. Évidemment, le ministre responsable ou
titulaire du secteur en question a son mot à dire dans la
présentation de certaines candidatures.
Le 4 août dernier, au ministère des Communications, nous
avons perdu M. Jean Laurin qui était, depuis trois ans, sous-ministre
adjoint à l'information gouvernementale. À la suite d'une demande
faite par le ministre du Revenu, pour un poste fort important qui consiste
à humaniser davantage toutes les relations entre le ministère du
Revenu et les contribuables, un poste de sous-ministre adjoint au service
à la clientèle et aux entreprises, après en avoir
discuté, M. Laurin a été muté à ce poste.
Nous avons donc été placés, pendant un certain nombre de
mois, dans une position où il n'y avait pas de sous-ministre adjoint
à l'information gouvernementale et je dois vous dire qu'effectivement je
voulais prendre tout le temps nécessaire pour trouver une personne qui,
non seulement à mes yeux, mais aux yeux du Conseil des ministres, nous
apparaissait être un bon candidat pour un tel poste. Il est
évident que plusieurs propositions ont été soumises,
plusieurs discussions ont eu lieu, plusieurs candidats ont été
évalués. Finalement, nous avons été en mesure, au
début de l'année 1982, d'en arriver à une entente avec M.
Plante. Je n'ai pas besoin de vous dire que je le connais très bien
personnellement, je le connaissais depuis fort longtemps et je
considérais ses états de service au sein de plusieurs
ministères depuis 1976 et à l'Assemblée nationale depuis
1970 comme étant autant de gages, de garanties qu'il allait assumer avec
compétence, dynamisme et, dois-je le dire, de plus en plus maintenant,
avec brio, la responsabilité fort importante de sous-ministre adjoint
à l'information gouvernementale. J'espère que je n'en ai pas trop
mis pour abuser de son humilité et de sa modestie, mais toujours est-il
que je crois que le ministère des Communications a maintenant en M.
Plante un sous-ministre adjoint à l'information gouvernementale qui
s'acquittera avec beaucoup de tact et de compétence de ses nouvelles
responsabilités.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, M. le ministre, nous avons
également le cas de M. Pierre Lampron, qui a été
nommé directeur de la planfication, de la programmation et de
l'évaluation, et qui a été jugé par un
comité de sélection dont Mme Michèle Guay, directrice de
la recherche, qui a occupé des fonctions politiques dans
différents ministères, faisait partie. Elle a également
travaillé à l'intérieur d'un ministère à
titre d'attaché politique, de directeur de cabinet avec fonction
politique. Il est évident que Mme Michèle Guay devait
connaître M. Lampron très bien, tous les deux ayant oeuvré
à l'intérieur des ministères du gouvernement du
Québec en raison de leurs fonctions politiques, tous les deux dans la
région de Trois-Rivières.
Je pose la question au ministre et c'est une mise en garde qu'on fait au
ministre: Croyez-vous approprié le système actuel de prendre
à trois emplois importants de cadre des fonctionnaires qui seront en
permanence à l'intérieur de votre ministère et qui sont
tous les trois reliés, durant les mêmes années, à
des fonctions politiques, dans un cas plus précis où le
comité de sélection retrouve deux personnes qui ont
travaillé ensemble et ont occupé tous les deux, en même
temps, des fonctions politiques?
M. Bertrand: Effectivement, Mme Michèle Guay était
membre du comité de sélection avec M. Pierre-A. Deschênes,
sous-ministre du ministère des Communications, et M. Alain Dompierre,
sous-ministre adjoint aux opérations au ministère du Revenu. Ces
trois personnes formaient le comité de sélection et ont choisi M.
Lampron. Il faut dire que M. Lampron était arrivé au cabinet de
M. Vaugeois avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi 50 et qu'il
avait donc automatiquement le droit d'être intégré à
la fonction publique à sa sortie du cabinet de M. Vaugeois. Dans son
cas, M. Lampron occupe une responsabilité très importante au sein
du ministère des Communications, qui est celle de la Direction
générale de la planification, de la programmation et de
l'évaluation, communément appelée chez nous la DPPE. Il a
travaillé depuis le mois de juin dernier sans relâche et avec un
talent et un dévouement pour lesquels je trouve peu de qualificatifs qui
soient sobres, à la loi d'accès à l'information et
à la protection des renseignements personnels.
C'est un homme d'une très grande compétence. C'est un
homme qui chaque jour, à partir de cette direction, rend de très
précieux services au ministère des Communications puisque la
fonction de planification, de programmation et d'évaluation est une
fonction à laquelle nous
attachons une importance considérable dans le fonctionnement du
ministère des Communications.
Nous n'avons, comment dirais-je, que des bons mots à dire sur
l'excellence du travail accompli par M. Lampron et, comme ministre responsable
de cette fameuse loi d'accès à l'information dont on parlait ce
matin, M. le député de Jeanne-Mance, je dois vous dire que,
chaque jour, je réalise encore davantage l'immense travail
effectué par M. Lampron et son équipe, équipe à
l'intérieur de laquelle on retrouve, et pourquoi pas, une autre personne
dont je dis, avec beaucoup de sincérité et d'objectivité,
qu'elle s'est montrée d'un dévouement inlassable dans ce dossier
de la préparation de ce projet de loi sur l'accès à
l'information, qui est M. Clarence White, qui fut jadis directeur de cabinet de
M. Goldbloom - si ma mémoire est bonne - sous le gouvernement
libéral. M. Lampron, qui a été directeur de cabinet d'un
ministre du gouvernement du Parti québécois, et M. White, qui a
été directeur de cabinet d'un ministre du gouvernement
libéral, travaillent côte à côte de façon fort
efficace, compétente et dynamique sur le dossier de la loi
d'accès à l'information.
Voilà, je pense, illustré en un exemple, ce qui, à
mon avis, doit être traité comme tel. Ces personnes ont le droit
d'avoir des opinions politiques qu'elles veulent bien avoir. Nous ne sommes
pas, j'espère, à une époque de néomaccarthysme
où on tenterait de découvrir à gauche et à droite
des gens qui, parce qu'ils ont des opinions, parce qu'ils les expriment et
parce qu'ils millitent en faveur de ces opinions dans lesquelles ils croient,
ne pourraient pas rendre de précieux services à la
collectivité québécoise. L'exemple auquel je viens de
faire référence, en parlant de MM. Lampron et White, est, quant
à moi, un exemple qui illustre bien ma philosophie sur cette
question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, quant à M. White,
c'est une personne qui est en disponibilité, c'est un fonctionnaire;
alors, au lieu de ne pas le faire travailler, on l'a envoyé
préparer la loi; c'est excellent. Quant à M. Lampron, lorsqu'il a
été choisi pour aller là, il y avait un membre politique
au comité de sélection.
Quant à l'autre nomination dont je vous fais part, M. le
ministre, M. Adélard Guillemette...
M. Bertrand: Ce n'est pas un membre politique, c'est une grave
erreur. Il y avait une fonctionnaire, une professionnelle du ministère
des Communications qui a des opinions politiques, qui n'est pas membre, par
contre, d'un cabinet politique; on pourrait dire que c'est une personne
politique dans la mesure où elle serait membre d'un cabinet. Je ne sache
pas qu'un membre de cabinet politique ait jamais siégé à
un comité de sélection mis sur pied par l'Office du recrutement
et de la sélection du personnel.
M. Bissonnet: M. le ministre, quant à M. Adélard
Guillemette, nommé directeur général du
développement et des politiques, également il a occupé des
fonctions politiques en 1979 comme attaché politique au ministère
des Communications. Trouvez-vous, M. le ministre, qu'avec ces quatre
nominations... Le journaliste Normand Girard, dans le Journal de Québec,
le 12 février... Vous savez, M. le ministre, c'est en lisant le Journal
de Québec que j'obtiens souvent des informations que je ne connais pas.
(20 h 45)
Une voix: Oui, c'est vrai.
M. Bissonnet: M. Girard, excusez-moi... M. Bertrand: C'est
correct, cela va. Une voix: Nous aussi.
M. Bissonnet: S'il vous plaît! M. Girard fait un excellent
travail de journaliste et il informe la population. M. le ministre, avec ces
quatre nominations à des postes de fonctionnaires permanents à
l'intérieur de votre service, pourriez-vous contredire que le
ministère des Communications se politise actuellement? Êtes-vous
capable de dénier cela?
M. Bertrand: Sur le cas de M. Guillemette auquel vous faites
référence, je vous ferai remarquer qu'avant de devenir membre
d'un cabinet politique, M. Guillemette a été membre de la
fonction publique.
M. Bissonnet: Je n'ai pas allégué cela, je vous ai
dit qu'il avait été membre d'un cabinet politique.
M. Bertrand: Non, c'est parce que les faits sont importants.
M. Bissonnet: Possiblement avant, mais je vous dis qu'il a
été membre d'un cabinet politique.
M. Bertrand: II était adjoint exécutif du
sous-ministre, M. Rompré, au ministère des Communications, en
1974, sous un gouvernement libéral, et il est devenu membre, quelques
années plus tard, du cabinet politique de M. O'Neill qu'il a
quitté en 1979. Il avait donc effectivement tous les droits de revenir
dans la fonction publique, ce qu'il fit. Je dois vous dire qu'encore
là,
après concours, il fut choisi pour devenir directeur
général de la Direction générale du
développement des politiques. Le jury était constitué de
M. Pierre Deschênes, sous-ministre au ministère des
Communications, de M. Jean-Lucien Caron, qui est son patron
hiérarchique, sous-ministre adjoint aux politiques, et de Mme Nicole
Martin, sous-ministre adjoint à la planification au ministère des
Affaires culturelles.
J'ajouterais, dans le cas de M. Guillemette, que c'est une personne
douée d'une force intellectuelle exceptionnelle et qu'à ce titre
il compte, sans l'ombre d'un doute, parmi les meilleurs fonctionnaires que nous
ayons au ministère des Communications.
Je voudrais indiquer, pour répondre à la dernière
question que m'a posée le député de Jeanne-Mance, qu'il a
oublié des cas, qu'il y en a d'autres péquistes au sein du
ministère des Communications.
M. Bissonnet: M. le Président, je m'excuse, je n'ai pas
dit qu'il était péquiste, j'ai dit qu'il avait occupé une
fonction politique avant de devenir fonctionnaire permanent.
M. Bertrand: II y en a d'autres. Je ne vois absolument rien de
mal à ce que des personnes qui ont oeuvré à
l'intérieur de cabinets politiques, qui l'ont fait avant que la loi 50
n'entre en vigueur, qui avaient le droit d'être
réintégrées à la fonction publique et que d'autres
qui seraient entrées dans des cabinets politiques après
l'entrée en vigueur de la loi 50 puissent se présenter à
des concours qui sont annoncés publiquement par l'Office de recrutement
et de sélection du personnel.
J'espère qu'il y a dans la fonction publique du Québec un
éventail très large de péquistes, de libéraux,
d'unionistes, de gens apolitiques, de gens qui ont des opinions très
à gauche, très à droite, des gens de l'extrême
centre, enfin des gens qu'on respecte...
M. Bissonnet: II y en a partout, ce n'est pas
compliqué.
M. Bertrand: ... des gens qui représentent l'ensemble de
la société québécoise, l'ensemble des opinions qui
peuvent circuler dans une société démocratique. Je suis
convaincu que le sens des questions que m'a posées le
député de Jeanne-Mance - je le dis parce que je le connais -
n'avait surtout pas pour motif de s'en prendre, d'une façon ou d'une
autre, à ces personnes. Il veut savoir du ministre des Communications
s'il se sent à l'aise de travailler dans un ministère où
on lui apprend, lorsqu'il y arrive, le 30 avril 1981, qu'il s'y trouve sans
qu'aucune anicroche, sans qu'aucune injustice, sans qu'aucune forme de
partisanerie n'ait été exercée ou pour ou contre des
êtres humains.
Il demande si le ministre des Communications se trouve heureux de
travailler avec l'équipe des 1200 fonctionnaires qui oeuvrent à
la fois dans le secteur de M. Jean-Lucien Caron, c'est-à-dire le secteur
des politiques, dans le secteur de M. Plante, celui de l'information
gouvernementale, dans le secteur de M. Croteau, celui de la technique. Vous
avez devant vous, M. le député de Jeanne-Mance, un ministre des
Communications heureux de se sentir bien entouré par 1200
fonctionnaires; il ne se pose pas de questions quant à leurs opinions
politiques et il espère que chacun d'eux en a et peut les exprimer
librement, dans le respect des lois.
M. Bissonnet: Je vais terminer sur ce sujet. Quant à
l'engagement de Mme Guay, même si vous ne pouvez me donner la liste
d'admissibilité, pouvez-vous me confirmer si elle était la
première sur la liste?
M. Bertrand: Vous voulez savoir si c'est elle qui a
gagné?
M. Bissonnet: Si elle était la première sur la
liste d'admissibilité. Vous recevez une liste d'admissibilité de
l'Office du recrutement et on y indigue les noms. Était-elle la
première?
M. Bertrand: Comme je n'étais pas du jury, je me suis
tourné vers une personne qui était membre du comité de
sélection.
M. Bissonnet: Vous en faites quand même la recommandation
au Conseil des ministres.
M. Bertrand: Pas dans le cas de Mme Guay parce qu'elle a
été engagée avant que j'arrive. Je me suis tourné
vers une des personnes qui étaient membres du comité de
sélection et c'est mon sous-ministre, M. Deschênes, qui m'a
indiqué qu'effectivement elle était arrivée
première.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Bertrand: Cela dit que c'était une nomination du
Conseil des ministres, mais ce n'en était pas une, d'accord.
M. Guay: Je veux juste dire, dans l'intérêt du
député de Jeanne-Mance - qui n'a pas l'air très
intéressé; je m'excuse de vous déranger...
M. Bissonnet: Oui, je m'excuse, M. le député.
M. Guay: Je vous en prie. On peut
suspendre, si vous le désirez. Dans un cas particulier, celui
d'Adélard Guillemette - il y a des raccourcis qui sont pris un peu
rapidement parfois chez certains journalistes - je peux vous dire qu'il m'a
succédé dans la fonction publique. J'ai été
fonctionnaire au ministère des Communications, responsable des relations
intergouvernementales, à l'époque où Jean-Paul L'Allier
était ministre. Quand M. L'Allier a été muté aux
Affaires culturelles, il m'a demandé de le suivre et je l'ai fait bien
volontiers. Mon successeur à l'époque, aux relations
intergouvernementales du ministère des Communications, a
été Adélard Guillemette qui était auparavant
adjoint du sous-ministre, donc, il était fonctionnaire au
ministère.
Lorsque la population nous a confié les rênes du pouvoir,
en 1976, j'ai suggéré à Louis O'Neill, devenant ministre
des Communications, nouveau ministre... Vous savez comment c'est? Vous ne le
savez pas, mais peut-être qu'un jour vous le saurez. On débarque
et on ne sait pas vraiment ce qu'est l'exercice du pouvoir. Je lui ai
suggéré fortement qu'à l'intérieur de son cabinet
il y ait quelqu'un qui vienne du ministère et non pas uniquement des
gens qui viennent de l'extérieur, de manière qu'à
l'intérieur du cabinet le point de vue et l'expérience du
ministère soient exprimés lors des réunions du cabinet. Je
lui ai suggéré spécifiquement Adélard Guillemette
comme étant quelqu'un qui pourrait probablement remplir cette fonction.
Le hasard a voulu que, par la suite, il devienne chef de cabinet et qu'il
retourne dans la fonction publique subséquemment. Il n'y a rien
là d'anormal, c'est beaucoup plus, si on veut, un fonctionnement comme
on en voit plus souvent en France, par exemple. On est dans la fonction
publique, on va dans un cabinet, on retourne dans la fonction publique on peut
le faire à plusieurs reprises et personne ne s'en offusque, parce que
c'est dans la nature des choses.
Au surplus, quand le député de Jeanne-Mance
s'inquiète de l'emprise qu'aurait, semble-t-il, le Parti
québécois sur le ministère des Communications, je lui
rappelle qu'en vertu de l'ancienne Loi de la fonction publique et
jusqu'à ce qu'on la modifie, les membres des cabinets politiques qui
quittaient leurs fonctions étaient intégrés
automatiquement à la fonction publique. Ce qui veut dire que, le 15
novembre 1976, il a fallu intégrer à la fonction publique
québécoise les membres de cabinet d'environ 25 cabinets
libéraux. Mettons-en cinq par cabinet, ça fait du coup 100
à 125. Je sais qu'il y en a qui n'y sont pas retournés. Il y en
avait un peu plus que trois, je m'excuse. Je vois le recherchiste qui me fait
signe que c'était trois. J'ai côtoyé les cabinets aussi
à ce moment, il y avait plus que trois personnes par cabinet. II y avait
cinq personnes par cabinet.
Mettons que tous les cinq ne sont pas retournés à la
fonction publique, disons que ça fait quand même, du jour au
lendemain, 100 à 125 personnes qu'il a fallu intégrer dans la
fonction publique, 100 à 125 personnes qui faisaient, jusqu'à la
veille, de l'activité politique, qui étaient membres de cabinets
politiques encore la veille, et personne n'a fait la remarque que le
gouvernement se trouvait soudainement infiltré par des libéraux.
Pourtant, comme ponction, 100 à 125 du coup, c'est assez massif.
Personne à ce moment n'a poussé de hauts cris et je pense, entre
autres, au fabricant de l'image de M. Bourassa, qui était M. Charles
Denis, qui est toujours aujourd'hui, je pense, au ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. À ce moment, il a
été nommé à cet endroit. J'espère qu'il fait
l'affaire et qu'il sert bien l'État, indépendamment de ses
antécédents politiques, parce que quelqu'un peut avoir eu et peut
avoir des idées politiques, peut avoir milité et militer pour un
parti, peut avoir eu une fonction politique et peut tout aussi bien, dans une
autre fonction, servir l'État avec détachement et avec
l'objectivité que l'on s'attend de part et d'autre de trouver j'imagine,
chez des fonctionnaires de l'État.
M. Bertrand: M. Charles Denis, soit dit en passant, est au
même niveau de classification, comme administrateur, classe 4, si ma
mémoire est bonne, que Mme Michèle Guay et M. Pierre Lampron. Il
n'y a là rien de mal. J'ajouterai, oh! horreur, pour le
député de Jeanne-Mance, que, sous le gouvernement libéral,
je crois que c'est à mon retour de mes études à Paris, que
le sous-ministre des Communications à l'époque, M. Rompré,
m'avait offert de devenir secrétaire dudit ministère des
Communications. À l'époque, j'avais refusé l'offre
qui m'était faite, parce qu'il n'y avait pas vraiment de concours pour
ça. J'avais refusé l'offre qui m'était faite,
préférant diriger pendant une année l'Institut
québécois d'opinion publique et, par la suite, devenir professeur
à l'Université Laval au département de journalisme et
d'information. Comme vous voyez, le gouvernement libéral aurait pu se
retrouver avec un péquiste placé à un endroit
stratégique à l'intérieur du ministère des
Communications...
M. Bissonnet: Vous savez, il y a eu beaucoup de péquistes
qui ont été placés durant l'année 1976.
M. Bertrand: Par le gouvernement libéral?
M. Bissonnet: C'est arrivé.
M. Bertrand: Oui, et j'espère que
l'Office de recrutement et de sélection du personnel, qui est
là pour recevoir toutes les candidatures qui lui sont acheminées,
qui met sur pied des comités de sélection et qui bâtit des
critères de sélection, qui établit des listes
d'admissibilité, etc., permet à l'État
québécois de se doter des meilleures ressources humaines qui
soient, quelles que soient leurs opinions politiques, quel que soit leur choix
partisan. J'espère qu'on est encore dans une société dont
le niveau de respect des opinions et dont le niveau de démocratie est
encore assez élevé pour permettre que cela puisse se faire sans
que nous tombions dans ce que je pourrais appeler du
néomaccarthysme.
M. Bissonnet: M. le Président, pour conclure sur ce sujet,
je ne connais pas personnellement les individus, comme vous l'avez
mentionné tantôt; le débat dans lequel je suis
impliqué à ce niveau-ci ne porte pas sur les individus
personnellement, mais c'est un facteur que celui de quatre nominations qui sont
des promotions et où on retrouve quatre personnes qui sont politiques
à des postes très importants au niveau de votre ministère.
Pour moi, j'en conclus que la tendance à votre ministère des
Communications, actuellement, est de le politiser. Il n'y a pas de doute
à cet effet. (21 heures)
M. Bertrand: Je vous dirai simplement ceci...
M. Bissonnet: C'est mon opinion. Il y en a d'autres. Vous dites
qu'il y en a d'autres, à part ça.
M. Bertrand: II y a d'autres péquistes au ministère
des Communications?
M. Bissonnet: Non, non, je n'ai pas dit... Je dis qu'il y a eu
d'autres nominations politiques également. Vous l'avez dit
tantôt.
M. Bertrand: II n'y a jamais eu de nominations politiques, sauf
dans mon cabinet.
M. Bissonnet: Non, non, ce n'est pas ce que vous avez dit. Vous
avez dit tantôt qu'il y en avait d'autres en plus de ces quatre...
M. Bertrand: J'ai dit que c'est...
M. Bissonnet: ... qui sont nommés, qui n'étaient
pas des fonctionnaires, mais des membres de cabinet.
M. Bertrand: Des membres de cabinet? Oui, il y a un nom à
mon esprit. Poursuivez vos recherches et vous allez peut-être le trouver,
mais il n'y a rien là de mauvais, puisqu'il s'agit, encore une fois,
d'une personne dont la compétence ne fait aucun doute et qui rend
à la société québécoise, par le
ministère des Communications, de très précieux services.
J'ajouterai ceci: Depuis que j'ai été nommé ministre des
Communications, soit le 30 avril de l'année dernière, je n'ai
absolument aucune idée du nombre de concours qui ont eu lieu pour
remplacer des personnes à l'intérieur du ministère des
Communications. D'abord, il y a un phénomène d'attrition qui fait
que nous diminuons l'effectif du ministère d'année en
année. Il y a eu des concours. Un jour, j'ai appris, par exemple, que
nous avions une nouvelle directrice générale de l'administration.
Je l'ai accueillie avec toute la chaleur et la sympathie qui conviennent en
pareille circonstance. Je pense que cette personne pourrait témoigner
qu'en aucun moment, je ne lui ai demandé de sortir sa carte de membre.
Ce n'est pas ainsi que j'agis avec l'ensemble des personnes qui travaillent
autour de moi au sein du ministère des Communications. J'ai le plus
grand respect pour la fonction publique québécoise et pour le
processus de sélection qui s'y effectue. Je souhaite ne jamais
être ce qu'on pourrait appeler un politicien qui utilise sa fonction pour
passer outre aux règles qui doivent être suivies pour l'engagement
du personnel. Je crois que c'est une des marques de commerce de ce gouvernement
depuis que nous avons pris le pouvoir en 1976.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, seulement un fait anodin. Il est
assez paradoxal qu'à l'époque où justement Jean-Paul
L'Allier était ministre des Communications, dans les cercles
libéraux, on accusait bien volontiers ce ministre d'être un
cryptopéquiste et le ministère des Communications d'être
rempli de péquistes. Voici que, maintenant, c'est le Parti
québécois qui est au pouvoir et on accuse encore le
ministère des
Communications d'être rempli ou d'y trouver de nombreux
péquistes, comme quoi tout est relatif. Plus cela change, plus c'est
pareil. Il faut croire que ces accusations, parfois faciles, servent davantage
à alimenter les positions de ceux qui en ont contre le fait que le
Québec cherche à prendre la place qui est la sienne comme peuple
dans ce monde des communications. Ils voudraient bien que, dans ce domaine,
comme dans d'autres, le Québec s'écrase tout simplement comme on
le souhaitait dans plusieurs milieux à l'époque de 1970 à
1976. Le seul ministre ou le seul ministère à maintenir une
certaine idée du Québec dans le gouvernement Bourassa a
été le ministère des Communications, grâce à
son titulaire.
Le Président (M. Laplante): M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Oui, M. le
Président. Je déplore quelque peu la pudeur excessive du
député de Jeanne-Mance qui, étant un fervent
défenseur, par l'entremise du Parti libéral, des libertés
individuelles des individus, refuse quelque peu la pensée politique d'un
individu à l'intérieur d'une collectivité. Je pense que
n'importe quel individu peut avoir un engagement politique quelconque. Vous
êtes bien placé pour promouvoir cette pensée politique au
niveau, si on peut dire, des principes du parti que vous défendez
très chèrement.
D'autre part, je pense qu'avec l'implantation de la Loi sur la fonction
publique, le député de Jeanne-Mance peut voir en ces
critères établis, en ces règles du jeu qu'on peut dire
implantées, peut voir en cette loi une équité pour
l'ensemble des individus qui, au-delà de leur pensée politique ou
de leur engagement social, peuvent retrouver une certaine équité
quant à l'accession à un poste quelconque à
l'intérieur de la fonction publique. J'espère que nous, comme
membres du gouvernement qui bientôt allons faire partie d'un
Québec souverain, serons assez ouverts pour engager à
l'intérieur de la fonction publique un M. Bissonnet ou quelqu'un de ses
collègues pour peut-être diriger un jour comme sous-ministre en
titre...
M. Bissonnet: Je vais augmenter de salaire.
M. Baril(Rouyn-Noranda-Témis-
camingue): ... non, pas cela... comme sous-ministre des tramways
ou peut-être des chemins de fer à l'intérieur d'un
Québec souverain. On reconnaîtrait en cette ouverture d'esprit
véritablement, pourrait-on dire, ce qu'est en réalité, la
Loi sur la fonction publique. Je m'étonne beaucoup des questions du
député de Jeanne-Mance qui ne sait peut-être pas comme moi,
comme député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue...
Peut-être qu'il n'est pas assez en contact avec la fonction publique
actuelle pour retrouver dans l'ensemble de la fonction publique, et non
seulement au ministère des Communications, beaucoup de personnages,
à chaque jour, qui ne se cachent pas pour dire qu'ils ont milité
ou qu'ils se sont affichés comme membres ou militants du Parti
libéral entre 1970 et 1976 et qui détiennent actuellement dans la
fonction publique québécoise des postes clés.
Je pense que l'époque est tout particulièrement
révolue avec notre gouvernement de ce qu'on pourrait appeler
l'époque du "pensez comme nous ou ne pensez pas du tout". Le
gouvernement du Parti québécois a institué une loi qui
permet à l'ensemble des individus de notre société de
penser, de prétendre à la fonction publique et militer en faveur
d'un engagement politique quelconque.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, je voudrais dire au
député de Rouyn... Je ne réponds pas aux questions, je
veux seulement faire un commentaire à la suite de ce qu'il a dit... Vous
savez, j'ai été fonctionnaire pendant 17 ans et je connais le
fonctionnarisme.
Une voix: Où cela?
M. Bissonnet: À la ville de Montréal.
M. Guay: Par concours...
M. Bissonnet: Ne vous inquiétez pas, j'ai commencé
comme messager, comme page. Je passais de l'eau. J'ai commencé au bas de
l'échelle. Je veux m'assurer, en tant que député, que ce
n'est pas la pensée politique qui a préséance sur la
qualité des personnes pour occuper des fonctions de cadres, de
fonctionnaires à l'intérieur du gouvernement. Quant à
être sous-ministre des tramways et sous-ministre des chemins de fer, M.
le député, je pense que vous devriez avoir assez de
décence pour ne pas répéter des faits dont j'ai
été victime dans un accident. Vous voulez peut-être faire
de l'humour noir, vous dites que je fais montre de pudeur, mais ce n'est pas le
cas. Je veux m'assurer auprès du ministère des Communications
qu'effectivement les nominations qui ont lieu à l'intérieur du
ministère sont des nominations où tout le monde, qui que ce soit,
a les mêmes chances, est d'égal à égal.
Comprenez-vous?
M. le Président, nous avons posé toutes nos questions sur
le programme 1.
Le Président (M. Laplante): Programme 1, adopté.
Élément 1, adopté. Élément 2, adopté.
J'appelle le programme 2.
M. le ministre.
Information et publications gouvernementales
M. Bertrand: M. le Président, il me fait plaisir
d'annoncer que sans augmenter les effectifs du ministère des
Communications et sans demander d'argent nouveau, en rationalisant les
ressources financières et humaines existantes, nous ouvrirons au cours
de la prochaine année financière trois nouveaux bureaux de
Communication-Québec. Je suis très heureux aussi de dire que s'il
est un secteur au ministère des Communications où des gens ont
vraiment mis leur imagination au pouvoir et fait
preuve de créativité au niveau de ce qu'on pourrait
appeler la rationalisation des ressources, c'est bien le secteur de
l'information gouvernementale. Je ne veux pas négliger, ce faisant, tous
les efforts qui ont été faits - on pourra en reparler tout
à l'heure - dans le secteur de la technique et dans le secteur des
politiques de développement, mais je voudrais simplement donner au
député de Jeanne-Mance un exemple qui m'apparaît vraiment
illustrer cette ingéniosité des fonctionnaires.
Le directeur général des publications gouvernementales, M.
Jacques Pigeon, avec son équipe de fonctionnaires, a réussi,
croyez-le ou non, simplement en changeant la qualité du papier de la
Gazette officielle et en modifiant la classe postale pour la livraison de cette
Gazette, à économiser 1 000 000 $. Si cette somme n'avait pas
été économisée, il nous en coûterait pour la
prochaine année 2 000 000 $, en ce qui a trait à la Gazette
officielle. Admettez avec moi qu'il s'agit là vraiment, comment
dirais-je, d'une rationalisation qui est tout à l'honneur des
fonctionnaires qui, ingénieusement, ont trouvé la
possibilité d'y parvenir.
Voici le modèle de la Gazette - c'est malheureux que les gens qui
nous liront ne puissent pas voir les documents - version 1981, papier blanc,
classe 120-M, si ma mémoire est bonne. Voici la Gazette officielle
version 1982, papier journal. 500 000 $ ont été
économisés au niveau du choix du papier, 500 000 $ au niveau des
frais postaux et, bien plus, nous sommes allés chercher des revenus
nouveaux de 325 000 $ en augmentant le tarif, parce qu'il s'agit d'organismes
qui ont les moyens de payer pour la Gazette officielle, ce n'est pas le guide
1982 ou le guide 1983.
Parlant du guide 1982 et du guide 1981, saviez-vous, M. le
député de Jeanne-Mance, que nous avons vendu 95 000 exemplaires
du guide 1981, que c'est un des best-sellers au Québec? Saviez-vous que
nous avons préparé un guide 1982 qui contient 100 pages de plus
et que ce guide 1982, qui a été lancé il y a à
peine un mois, même pas, a été tiré à 45 000
exemplaires? Au moment où on se parle, presque au jour près, il y
a 32 000 exemplaires du guide 1982 qui ont été vendus. Nous avons
donc cru bon de procéder à une réimpression et d'ajouter
10 000 copies. Je pense qu'il s'agit là vraiment d'un succès
phénoménal et c'est un instrument fantastique pour l'information
à la population. Je m'excuse- auprès des députés
si, cette année, dans ma volonté de rationaliser, je n'ai pas
envoyé les dix copies traditionnelles aux députés, j'ai
envoyé à chaque député une copie à son
bureau du parlement et une copie à son bureau de comté, au
secrétaire de comté. J'ai pensé que deux copies, au
départ, c'était aussi penser à rationaliser un peu plus ce
qu'on pourrait appeler la distribution gratuite des guides. Mais ça se
vend bien.
M. Bissonnet: Vous avez pris une excellente décision quand
vous avez décidé de nous envoyer seulement deux guides. Je vous
félicite pour cette décision, c'est tout à votre
honneur.
M. Bertrand: Je suis sûr que le député de
Jeanne-Mance s'en sert.
M. Bissonnet: Tous les jours. M. le Président, au
programme 2, accès à l'information, je vais poser quelques
questions parce que c'est un projet de loi qui doit être
déposé incessamment par le ministre à l'Assemblée
nationale. Où en est rendu actuellement le projet de loi? Est-ce qu'il y
a eu certains arbitrages? Est-ce qu'on peut prévoir beaucoup de
changements par rapport au projet de loi qui a été
préparé à la suite de la commission Paré? (21 h
15)
M. Bertrand: Oui, il y aura un certain nombre de changements par
rapport à la proposition contenue dans le rapport Paré.
M. Bissonnet: Est-ce qu'ils répondent quand même aux
grands énoncés de principe?
M. Bertrand: Oui, au niveau des principes généraux,
mais je touche toujours du bois quand je dis cela, tant et aussi longtemps que
le projet de loi ne sera pas déposé à l'Assemblée
nationale, au moment où on se parle, au niveau des grands principes
généraux, je peux dire au député de Jeanne-Mance
qu'il devrait trouver dans l'ensemble beaucoup de satisfaction au projet de loi
qui sera déposé. Je veux cependant lui indiquer qu'il y a une
dernière séance d'arbitrage sur un certain nombre de questions au
Conseil des ministres de jeudi.
M. Bissonnet: Est-ce qu'il y a eu une étude, M. le
ministre, sur le coût budgétaire de ce nouveau projet de loi?
M. Bertrand: Oui.
M. Bissonnet: Pouvez-vous nous donner une approximation des
chiffres que vous avez actuellement ou que vous prévoyez?
M. Bertrand: Pour l'année 1982-1983, évidemment,
selon le moment où on adoptera le projet de loi que j'espère
pouvoir déposer au retour des vacances pascales, il en coûterait
environ 500 000 $ pour l'année 1982-1983. Pour les années
suivantes, selon, comment dirais-je, le calendrier d'implantation des
différents articles du projet de loi et selon le degré plus ou
moins large de couverture des organismes qui
seront assujettis à la loi, évidemment, les montants
peuvent varier assez considérablement.
Je vous dirai que mon intention, c'est d'arriver à faire en sorte
que nous puissions implanter graduellement cette réforme et que nous
tenions compte, pour ce faire, des disponibilités budgétaires du
gouvernement du Québec. En d'autres mots, il est bien clair que cette
loi d'accès à l'information et de protection des renseignements
personnels, ce n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler un projet de loi
dont les retombées économiques sont très grandes. Par
contre -c'est cela qui est intéressant - l'implantation de cette
réforme va forcer les ministères et les organismes publics
à améliorer leurs méthodes de gestion documentaire,
à moderniser leur gestion de l'information et cela va être de
nature à nous faire économiser des sommes d'argent
considérables.
Il y a quelques ministères, en ce moment, qui ont vraiment
intégré les technologies nouvelles relativement à la
gestion documentaire. Je pense au ministère des Affaires sociales, au
Conseil exécutif, au ministère de l'Énergie et des
Ressources, qui sont vraiment très avancés. J'aurais pu vous
apporter des chiffres, ce soir, vous donnant des exemples des économies
qui ont été réalisées par l'intégration des
technologies nouvelles en gestion documentaire. Mais je dois vous dire qu'en
même temps, il y a des ministères et des organismes publics qui en
sont encore à l'âge de pierre relativement à la gestion
documentaire et cela va leur faire beaucoup de bien que d'être astreints,
si je peux employer l'expression, à l'application de cette
réforme qui devrait nous permettre de réaliser des
bénéfices considérables au cours des prochaines
années en gestion de l'information.
M. Bissonnet: Dans le projet de loi qui était prévu
à l'intérieur de la commission Paré, on prévoyait
une commission sur l'accès aux documents des organismes publics. La
commission Paré la recommandait avec insistance, en qualifiant cette
commission de clé de voûte de toute l'entreprise. Actuellement,
sans qu'on connaisse le projet de loi qui est étudié par le
Conseil des ministres, est-ce qu'on retrouvera à l'intérieur du
projet de loi cette commission recommandée avec instance dans le rapport
Paré?
M. Bertrand: Je m'excuse de ne pouvoir être ce soir en
mesure de donner une réponse au député de Jeanne-Mance
là-dessus. J'aimerais pouvoir lui donner la réponse, mais,
à ce moment-ci, je ne le peux pas. Par contre, je peux lui dire que,
lorsque nous avons fait l'analyse de cette proposition, je voulais absolument
que nous regardions s'il y avait possibilité ou non qu'un organisme
existant prenne à sa charge l'application de cette réforme,
l'application de la loi. Nous avons établi une comparaison - en retenant
plusieurs critères, une dizaine, je pense - de quatre organismes: la
Régie des services publics, la Commission des droits de la personne, le
Protecteur du citoyen et la commission proposée par le rapport
Paré. Nous avons comparé ces quatre organismes en retenant un
certain nombre de critères dont celui des coûts,
évidemment, et j'ai moi-même fait une proposition, mais, à
ce moment-ci, je dois dire au député de Jeanne-Mance qu'il est
encore trop tôt pour officialiser le choix, de quelque façon que
ce soit.
M. Bissonnet: Certaines rumeurs veulent que le ministre de la
Justice du Québec entretienne, sur l'avant-projet de loi qui est inclus
dans la commission Paré, de sérieuses objections qui portent
essentiellement sur la divulgation des documents d'enquête de police. Le
projet de loi qui est à l'étude actuellement, avec les arbitrages
qu'il a connus, tiendrait-il compte des considérations qu'on attribue au
Procureur général et ministre de la Justice du Québec sur
cette partie dans ce projet de loi?
M. Bertrand: Le ministre de la Justice et le ministère de
la Justice ont fait de nombreuses représentations autant sur l'aspect de
l'accès a l'information que sur l'aspect de la protection des
renseignements personnels. Je dois dire au député de Jeanne-Mance
que, dans l'ensemble, dans cette partie de la proposition de loi Paré
qui était relative aux restrictions à l'accès, vous vous
rappelez peut-être qu'il y avait un certain nombre de chapitres,
informations à incidence économique, informations touchant la
sécurité publique et la justice, informations relatives à
la prise de décisions politiques, etc., nous avons resserré les
restrictions, en particulier sur les informations à incidence
économique, surtout pour les sociétés d'État qui
sont placées dans une situation de concurrence avec des
sociétés privées.
Je pense que le député de Jeanne-Mance sera d'accord avec
moi pour dire que ce qui serait permis à l'un n'est pas permis à
l'autre. Vraiment, si ces entreprises sont en position de concurrence et de
compétition, c'était effectivement très délicat.
Nous avons aussi resserré sur le chapitre relatif à la
sécurité et à la justice, la police, et aussi sur ce qu'on
pourrait appeler tout le processus de prise de décision au sein des
organismes publics.
C'était, de toute façon, des éléments de
restriction que la commission Paré elle-même avait
proposés. Pour l'essentiel, nous les avons retenus, mais, dans ces cas
que je
viens de vous mentionner, en resserrant encore davantage l'accès,
parce qu'il y avait là, quant à nous, des éléments
délicats et qu'il fallait, disons, être un peu plus restrictif que
ne l'était la proposition de loi Paré.
Communication-Québec
M. Bissonnet: Information et publications gouvernementales,
élément Communication-Québec. On annonce pour la prochaine
année l'ouverture de trois nouveaux bureaux sur la rive sud du
Saint-Laurent.
M. Bertrand: Deux sur la rive sud du Saint-Laurent...
M. Bissonnet: Oui.
M. Bertrand: ... et un ailleurs.
M. Bissonnet: D'accord.
M. Bertrand: Thetford Mines pour ne pas le nommer.
M. Bissonnet: Justement, ma première question est
celle-ci: Est-ce que le ministère a décidé dans quelles
villes seront situés ces trois nouveaux bureaux? Je sais que vous aimez
donner des primeurs, c'est pour ça que...
M. Bertrand: M. le Président, je vous en donne deux sur
trois, parce que le troisième n'est pas encore définitivement
arrêté. Il y en aura un à Thetford Mines. Je dois en ouvrir
un la semaine prochaine. Savez-vous où? À
Saint-Georges-de-Beauce. Dans quel comté?
M. Bissonnet: Dans Beauce-Sud.
M. Bertrand: Comté d'un député
libéral. Comme vous le voyez, le ministre des Communications...
M. Bissonnet: C'est normal que vous ouvriez au moins des bureaux
de Communication-Québec dans certains comtés où il y a des
libéraux, il y en a 43, maintenant.
M. Bertrand: ... ne tient jamais compte de considérations
bassement partisanes pour effectuer des choix qui doivent être
inspirés de la plus grande rationalité qui soit.
Saint-Georges-de-Beauce nous paraissait l'endroit tout indiqué à
cause du bassin de population. Il y aura Thetford Mines, l'année
prochaine.
M. Bissonnet: Saint-Georges-de-Beauce, c'était
prévu. Il y en avait un à Joliette, il y en a un à
Saint-Georges-de-Beauce mais, pour cette année, vous en annoncez trois
nouveaux.
M. Bertrand: Thetford Mines...
M. Bissonnet: Thetford Mines. Saint-Georges-de-Beauce est
déjà compté.
M. Bertrand: ... Valleyfield.
M. Bissonnet: Valleyfield, et le troisième?
M. Bertrand: Là-dessus, je vous raconterai que lorsque je
suis allé à Valleyfield, dans le cadre d'une tournée sur
la constitution, Mme la mairesse, une personne fort sympathique...
M. Bissonnet: Fantastique!
M. Bertrand: ... m'avait indiqué que la population de
Valleyfield et de la région apprécierait beaucoup d'avoir un
bureau de Communication-Québec. C'est officiel maintenant, il y aura un
bureau de Communication-Québec à Valleyfield. Il nous reste une
autre municipalité à choisir sur la rive sud du Saint-Laurent. Le
choix final n'est pas arrêté.
M. Bissonnet: L'autre jour, vous êtes allé à
Granby et vous avez annoncé qu'il y en aurait probablement un
là-bas.
M. Bertrand: Non, j'ai eu une prudence de Sioux. Même en
présence du député, qui agissait comme un tortionnaire
à mon endroit - il faisait bien son travail, c'est un
député du Parti québécois - j'ai d'abord
indiqué que Granby est déjà desservie par le bureau de
Sherbrooke. Le bureau de Sherbrooke dessert en partie le bureau de Granby. J'ai
indiqué aussi que le développement des bureaux de
Communication-Québec ne se terminait pas en l'an de grâce
1982-1983. Rien ne dit que nous ne donnerons pas un certain prolongement
à ce réseau des bureaux de Communication-Québec au cours
des prochaines années, d'autant plus qu'ils rendent des services
considérables. Plus de 500 000 appels ont été reçus
au cours de l'année 1981; 500 000 demandes de renseignements dans les 18
bureaux de Communication-Québec, c'est quand même formidable.
Je n'ai pas dit qu'il y aurait un bureau de Communication-Québec
à Granby, j'ai dit que la demande serait prise en considération.
D'ailleurs, je vais vous dire où se fait le débat sur cette
partie, pour ceux qui la connaissent. Les gens de Sorel en voudraient un, les
gens de Saint-Hyacinthe en voudraient un, les gens de Granby en voudraient un,
tout le monde en veut, tout le monde veut Communication-Québec, mais
tout le monde a Communication-Québec parce que tout le
monde peut rejoindre un bureau de Communication-Québec où
que ce soit sur le territoire québécois en composant le
zéro et en demandant Zénith Communication-Québec. On vous
transfère alors au bureau le plus rapproché.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le ministre, pour terminer, j'aurais une petite
question sur le bureau de Communication-Québec. Quand ferez-vous
connaître votre décision quant à l'implantation de ce
nouveau bureau? Dans quel mois?
M. Bertrand: Au plus tard d'ici au début de
l'été.
M. Bissonnet: Merci.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je peux vous en
demander un? Il me dit non.
M. Bertrand: II y en a un à Montréal, d'ailleurs,
le député de Jeanne-Mance est venu.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gaspé.
M. Bissonnet: Bon, ça va, j'ai d'autres questions, mais je
reviendrai.
M. LeMay: M. le ministre, en page 33 de votre document, on voit
qu'un bureau à Rimouski dessert deux sous-bureaux - je ne sais pas trop
comment appeler cela - soit Gaspé et Cap-aux-Meules.
M. Bissonnet: En voulez-vous un à Gaspé vous
aussi?
M. LeMay: On en a un à Gaspé, effectivement, mais
la question que je veux poser au ministre est celle-ci. Quand on signale le
zéro Zénith Communication-Québec, on répond
à Rimouski, même si on est à Gaspé. C'est assez
curieux. Je vous pose la question: Pourquoi?
M. Bertrand: C'est une question de rationalisation de nos
effectifs, de l'utilisation maximale de nos effectifs. Si la personne
était transférée à Gaspé, il y aurait une
surutilisation du bureau de Gaspé tandis qu'à Rimouski nous avons
une personne qui, en recevant ces appels, est utilisée à son
plein rendement. C'est simplement une question, comment dirais-je,
d'utilisation maximale de nos ressources humaines. (21 h 30)
M. LeMay: En fait, c'est quand même curieux, si on consulte
l'annuaire du téléphone à Gaspé, à
Communication-Québec, on nous donne le numéro de
Communication-Québec à Gaspé, on peut communiquer avec
eux, ils nous donnent les renseignements très bien, aussi bien
qu'à Rimouski, mais si on utilise le numéro à l'endos du
guide 1982, le zénith, ça sonne à Rimouski, même si
on est à Gaspé, à deux pas du bureau. C'est assez
curieux.
M. Bertrand: On va regarder ça.
M. LeMay: C'est une réflexion que je faisais, je trouve
cela assez curieux.
M. Bertrand: C'est tout à fait approprié que le
député de Gaspé nous fasse mention de ce genre de
situation. Je lui ai donné l'information quant à l'utilisation
maximale des personnes qui travaillent dans les bureaux de
Communication-Québec. On peut regarder ça.
M. LeMay: Je ne sais pas si c'est la même chose à
Cap-aux-Meules.
M. Bertrand: J'espère que les gens des
Îles-de-la-Madeleine ne sont pas renvoyés trop souvent à
Rimouski quand ils composent le zénith.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le ministre, à combien, sur le plan
pécuniaire, peut-on évaluer le coût d'implantation et de
fonctionnement d'un bureau de
Communication-Québec en région? Cela coûte
combien?
M. Bertrand: Trois personnes.
M. Bissonnet: Cela coûte combien par année?
M. Bertrand: Le loyer plus le fonctionnement. 250 000$? 250 000
$, à peu près.
M. Bissonnet: Merci. M. le ministre, l'année
dernière...
M. Bertrand: C'est moins que ça. Je m'excuse, attention.
Pour deux bureaux... C'est ça, 250 000$.
M. Bissonnet: M. le ministre, l'année dernière,
lors de l'étude des crédits, vous avez parlé avec grand
éclat du service de rétroinformation et de connaissance
régionale. Vous mentionniez que les efforts de votre ministère
relativement aux services offerts par Communication-Québec porteraient
surtout sur le développement et l'amélioration du service de
rétroinformation et de rétroaction relevant à l'intention
des
ministères et organismes, des préoccupations
immédiates des citoyens dans chacune des régions. De quelle
façon avez-vous procédé, M. le ministre, à
l'amélioration que vous jugiez nécessaire à ce moment?
Première question.
Deuxième question: Ce service de rétroinformation et de
rétroaction, qui dresse un portrait hebdomadaire à la fois
régional et national des préoccupations des
Québécois, s'avère un outil politique
privilégié. Tout ce système, M. le ministre,
s'avère un outil politique très privilégié. Le
ministre dans ses commentaires, l'année dernière, nous
garantissait que les informations recueillies serviraient uniquement à
l'appareil administratif aux fins d'augmenter la qualité des services
offerts aux citoyens et qu'en aucun cas ces informations
privilégiées n'ont été utilisées à
des fins partisanes. De plus, vous nous informiez que ce service de
rétroinformation pourrait servir aux députés pour
alléger leur travail au niveau des bureaux de comté, afin de leur
permettre d'avoir connaissance des revendications des citoyens à
l'intérieur de leur région respective.
Depuis la mise en oeuvre de ces bureaux d'information, on n'a pas eu
encore, à ma connaissance - en tout cas, moi je n'en ai pas eu -
d'information à la suite de l'application du service de
rétroinformation. Est-ce que c'est votre intention de transmettre
à tous les députés, pour leur permettre de faire un
travail parlementaire plus valable à l'intérieur de leurs
fonctions, de rendre...
M. Bertrand: Je m'excuse, c'est parce qu'il se passe des choses
à l'Assemblée nationale. Tout à coup, le ministre des
Communications se fait rappeler à ses fonctions de leader.
M. Bissonnet: Vous avez deux chapeaux, oui.
M. Bertrand: Voilà, j'enlève pour deux secondes mon
chapeau de ministre des Communications et je dispose de ce petit
problème.
M. Bissonnet: Je vais attendre.
M. Bertrand: D'accord. Je m'excuse auprès du
député.
M. Bissonnet: Si vous voulez bien accélérer notre
discussion il y a d'autres questions à venir et, considérant que
l'heure avance, si on pouvait accélérer...
M. Bertrand: Oui, très brièvement, j'ai beaucoup
insisté moi aussi sur la rétroinformation au cours de
l'année, car j'ai fait la tournée de chacune des régions
du
Québec et j'ai parlé aux gens dans tous les bureaux de
Communication-Québec. Je leur ai dit: La rétroinformation, c'est
important. Il faut qu'on sache, nous, les élus, les gens qui
administrent des services, des programmes, comment les gens réagissent,
ce que les gens pensent, etc. Nous sommes en ce moment à mettre vraiment
sur pied ce service de rétroinformation. Nous avons un document qui, en
ce moment, est au stade expérimental. Si l'expérience est
concluante, nous allons nous en servir pour recueillir tous les renseignements
que le public peut nous transmettre sur les services et les programmes que nous
lui offrons. Je crois qu'à partir de ce moment-là, on pourra
vraiment disposer d'un instrument qui nous permettra, sur la base de cette
rétroinformation, de faire de la rétroaction, c'est-à-dire
d'ajuster nos actions en conséquence.
M. Bissonnet: Dans combien de temps peut-on prévoir que
les députés recevront les premiers renseignements recueillis et
qui peuvent les concerner à l'intérieur de leur travail?
M. Bertrand: Vers le moi de mai.
M. Bissonnet: Merci. C'est tout pour le programme. Non. Il y a
les publications gouvernementales, élément 3. M. le ministre,
pouvez-vous nous faire rapport des décisions prises par le Conseil du
trésor sur les publications périodiques des ministères et
des organismes dont le budget est voté par l'Assemblée
nationale?
M. Bertrand: L'exemple est venu de haut, c'est-à-dire du
ministère des Communications. Nous avons aboli la revue Antennes.
Avez-vous le dossier, s'il vous plaît?
M. Bissonnet: M. le ministre, je vais vous poser une
deuxième question dans le même sens.
M. Bertrand: Attendez un peu. À la suite de cette
étude, le comité a maintenu 75 publications, aboli douze
publications, créé huit publications, refusé deux
publications et fusionné cinq publications, réalisant une
économie de 740 260 $, tenant compte du fait que certaines publications
ont été modifiées ou abolies mais que, par ailleurs,
d'autres ont été créées.
M. Bissonnet: Pourriez-vous, M. le ministre, nous faire
transmettre la liste des publications qui ont été abolies et tout
cela?
M. Bertrand: Avec grand plaisir.
M. Bissonnet: II y a les revues Le
marché du travail et Justice, M. le ministre qui,
dorénavant, seront des revues vendues à nos concitoyens. Y a-t-il
d'autres revues gouvernementales qui, après avoir été
évaluées au plan de l'impact et du contenu, seront
déclarées des revues que les citoyens devront payer pour les
obtenir?
M. Bertrand: Oui, il y a certaines revues, certains
périodiques sur lesquels en ce moment nous faisons des études,
des évaluations quant à savoir s'il y aurait possibilité
de les rentabiliser si on avait une formule d'abonnement ou d'achat au
numéro. Le plus bel exemple, je pense, a été la revue
Protégez-vous, qui était auparavant distribuée
gratuitement. Je pense qu'elle était rendue à un tirage de 300
000. À un moment donné, on a décidé que les gens
s'y abonneraient ou la paieraient au numéro. Là, je crois que les
ventes sont rendues à 200 000 environ. C'est un succès formidable
dans le cas de Protégez-vous.
Il y a d'autres revues sur lesquelles il y a en ce moment des
études d'évaluation qui sont faites en termes de
rentabilité, dont la revue Justice, je crois.
M. Bissonnet: Oui, Justice et Le marché du travail sont
des revues qui sont maintenant vendues ou auxquelles il faut s'abonner.
M. Bertrand: Oui. Il y en a d'autres aussi. Il y a des
études qui sont en cours. Les a-t-on à portée de la
main?
Une voix: II y a Le marché du travail.
M. Bissonnet: Oui, c'est cela, Le marché du travail.
M. Bertrand: Est-ce vendu en ce moment?
M. Bissonnet: Oui, mais, M. le ministre, à quel moment,
à l'intérieur de votre ministère, prévoyez-vous
implanter une stratégie globale de commercialisation...
M. Bertrand: Oh!
M. Bissonnet: ... des documents gouvernementaux?
M. Bertrand: Avez-vous une heure? On vient de créer...
Extraordinaire! Passez-moi ma feuille de papier que je la lise, M. le
sous-ministre. On vient de créer un fonds de 2 500 000 $. C'est quelque
chose d'assez difficile à comprendre sur le plan technique. Je pense
que, comme M. Deschênes qui est le sous-ministre en titre a eu de longues
discussions là-dessus avec le Conseil du trésor, il pourrait
peut-être très brièvement expliquer exactement comment
fonctionne ce fameux fonds renouvelable de 2 500 000 $ au niveau des
publications.
Le fonds renouvelable, c'est une somme d'argent qui est consentie
à un secteur en particulier, qui est celui des publications
gouvernementales, et qui permet au ministère des Communications,
à la direction générale des publications gouvernementales
plus précisément, de déterminer s'il accepte ou n'accepte
pas de publier une revue ou une publication gouvernementale, un texte, qui doit
être à ce moment nécessairement vendu et dont la
gratuité ou la quantité d'exemplaires gratuits est
limitée. Le maximum que nous donnons, c'est 10%. À ce moment,
à partir du fonds renouvelable, nous finançons la publication en
question, qu'elle vienne d'un ministère ou d'un organisme. Nous
recouvrons notre investissement à partir de la vente qui se fait
généralement dans les librairies de l'Éditeur officiel. Le
fonds se trouve, après un certain temps, à s'alimenter
automatiquement. Donc, après six à neuf mois, nous estimons que
nous allons, avec les entrées de fonds, autofinancer les nouvelles
publications, les nouveaux textes, les nouveaux documents que nous allons
publier et ainsi de suite.
Je voudrais simplement indiquer aussi que le ministère des
Communications prend des mesures draconiennes relativement à la
gratuité et aussi relativement au tirage de chacune des publications. Je
vais vous donner un exemple très simple: le budget, le livre des
crédits et les renseignements supplémentaires. Le budget et les
renseignements supplémentaires; à la suite d'une
négociation avec le ministère des Finances, on va réduire
le tirage de 16 000 à 10 000, de 16 000 à 6000 dont 2000
exemplaires gratuits, alors qu'auparavant, il n'y avait à peu
près que des exemplaires gratuits. Pour tous ces documents où,
auparavant, on fonctionnait comme si ces choses ne coûtaient rien, on se
dit qu'il y a un pourcentage de gratuité qui peut être
accepté. Au-delà de cela, les gens devront payer pour ces
publications gouvernementales. C'est une façon de rationaliser encore
davantage et de faire prendre conscience à ceux qui veulent se servir de
nos services, au ministère des Communications, pour les publications
gouvernementales, qu'on ne peut pas dilapider les fonds publics dans ce
domaine.
M. Bissonnet: Dans les publications gouvernementales, M. le
ministre, au nombre des réalisations du conseil des directeurs des
communications, le cahier explicatif des crédits mentionne la
réalisation d'un film intitulé Au Québec,
présentant le dynamisme de la société
québécoise et son savoir-faire, principalement dans le domaine
économique. On parle également d'un deuxième film
actuellement, en cours de tournage, sur la
culture des Québécois. À combien
évaluez-vous les coûts de réalisation, de production et de
distribution de ces deux films?(21 h 45)
M. Bertrand: Le premier film a été
réalisé au coût de 200 000 $. J'avais très
sérieusement songé à la possibilité que, pendant
nos travaux ou entre deux périodes de séance, il aurait pu y
avoir projection dudit film. Il m'aurait été fort agréable
de le projeter. Je vais vous dire très franchement ce que j'en pense.
Avant de donner mon accord pour que le deuxième film puisse être
produit, j'ai voulu voir le premier, parce que j'ai toujours, jusqu'à un
certain point, été sceptique par rapport à ces productions
de films dont on se demande, très souvent, si on les utilise vraiment,
s'ils sont bien utilisés, si vraiment beaucoup de monde peut y avoir
accès. J'ai donc visionné le premier qui est, d'ailleurs,
utilisé dans tous les bureaux du Québec à
l'extérieur du Québec, au Canada, aux États-Unis, dans les
pays où nous avons des délégations ou des bureaux. Nous
avons fait une projection au complexe G devant nos représentants du
Québec dans ces bureaux et l'accueil a été tout simplement
enthousiaste. C'est un film très bien fait, de très grande
qualité, très soigné, qui donne un portrait du dynamisme
économique du Québec. Je crois qu'après avoir vu ce film
je me sentais, comment dirais-je, satisfait et, donc, en mesure de prendre une
décision relativement à la production du deuxième
film.
C'est une série de quatre films qui sont en préparation
parce que, de ce côté-là, le matériel, le stock que
nous avions était désuet, périmé. Il fallait nous
mettre à jour et présenter quelque chose qui soit vraiment un
produit d'une très grande qualité, bien fait, bien fini. Le
premier, en tout cas, m'a beaucoup plu et je projette d'avoir une séance
de projection pour les députés qui seraient
intéressés, éventuellement, à visionner ledit
film.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... j'étais pris au sommet économique,
de l'autre côté de la rue. Le ministre, naturellement, veut nous
faire visionner des petites vues, on n'y a pas d'objection, mais ce n'est pas
ça le problème.
M. Bertrand: Pas n'importe quelle.
M. Lalonde: Ce n'est pas ça le problème, 200 000 $
pour produire un film. Le deuxième va coûter combien?
M. Bertrand: 200 000 $.
M. Lalonde: Encore 200 000 $ M. Bertrand: Oui, M. le
député.
M. Lalonde: Cela fait 400 000 $, ça coûte presque
autant que les toilettes. 400 000 $ pour produire des films. Qui a passé
la commande?
M. Bertrand: Le ministère des Communications, sur
recommandation du Conseil des directeurs des communications qui ont
travaillé à ce projet depuis 1979.
M. Lalonde: Est-ce que le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme a été consulté
là-dessus?
M. Bertrand: Pour le premier film, c'est un comité du
Conseil des directeurs des communications qui a été chargé
de préparer une planification triennale de documents audiovisuels avec
un budget annuel de 200 000 $. Les membres de ce comité proviennent des
ministères à vocation internationale, soit Affaires
intergouvemementales, Affaires culturelles, l'Industrie, Commerce et
Tourisme,
Communautés culturelles et Immigration, ministère des
Transports et ministère des Communications. Quatre documents ont
été prévus. J'ai fait mention du premier tout à
l'heure et il en reste trois à venir. Le deuxième est en
production en ce moment.
M. Lalonde: En vertu de quelle stratégie le gouvernement
a-t-il produit ce film? Est-ce qu'on a considéré que, dans une
époque de compressions budgétaires, cela devait quand même
demeurer une priorité? Avant que le ministre réponde, je vais
vous dire, au départ, que je trouve que le gouvernement doit
répondre à des questions très sérieuses
là-dessus. On coupe partout, on coupe dans l'éducation, dans les
services sociaux, dans les services de santé et voici que le
ministère s'occupe de faire des films: O Québec - c'est le nom du
film, avec un "o" - et, à ma connaissance, il n'a fait aucune
consultation publique. Est-ce que le ministre a consulté les milieux
industriels, les milieux commerciaux, les milieux qui auraient pu lui dire:
Oui, on a besoin d'un instrument comme celui-là pour promouvoir
l'exportation des produits, par exemple, ou l'investissement étranger au
Québec. Quels milieux ont été consultés?
M. Bertrand: En prévision de ce qu'on pourrait appeler
l'incitation d'éventuels investisseurs de l'extérieur du
Québec à venir ici, chez nous, investir dans le
développement industriel, dans le développement économique
et aussi dans ce qu'on pourrait appeler la dimension promotion internationale
du Québec et promotion de
l'ensemble des différentes facettes de la vie collective des
Québécois, le premier film, par exemple, c'est sur le
thème du savoir-faire économique des Québécois; le
deuxième film est davantage tourné autour de la
spécificité culturelle du Québec, le troisième
autour des modes de vie de l'ensemble des Québécois et des
Québécoises et le quatrième autour du développement
et de l'exploitation de notre milieu géophysique.
Il s'agissait de doter le Québec d'une banque de documents
audiovisuels à jour et ces films s'adressent autant à la
population du Québec, bien sûr, qu'aux étrangers,
c'est-à-dire à toutes ces populations de pays qui peuvent
être intéressés par le développement
économique du Québec, par l'immigration au Québec ou par,
comment dirais-je, une prise de conscience et de connaissance du milieu
québécois à travers différents thèmes qui
ont été retenus au moment où le Conseil des directeurs des
communications s'était penché là-dessus.
Je me suis effectivement posé la même question que celle
que le député de Marguerite-Bourgeoys me pose lorsque le temps
fut venu de prendre une décision sur le deuxième film. Je me suis
dit: II y a un contexte en ce moment qui nous oblige à repenser un
certain nombre de décisions et il faut le faire non pas en se disant a
priori: Abandonnons toute une série de choses parce qu'il faut
abandonner, un point c'est tout, mais posons-nous des questions sur
l'intérêt qu'il y a à poursuivre, sur l'atteinte des
objectifs, sur les clientèles que nous voulons desservir, etc. J'ai
surtout voulu prendre connaissance du premier film pour être bien certain
qu'on produisait quelque chose qui était valable, qui était de
qualité et qui était susceptible d'atteindre les objectifs qu'on
visait. J'ai exercé mon jugement à ce moment-là avec
d'autres, après la projection du premier film, après discussion
avec des représentants de nos bureaux à l'étranger et des
gens du Québec. La conclusion à laquelle j'en étais
arrivé, c'est que l'investissement en valait le coup et que cet
investissement allait, en fin de compte, rapporter beaucoup plus que le
coût de production desdits documents audiovisuels.
Je crois que c'est là un objectif qu'on peut poursuivre tout en
se posant, bien sûr, chaque fois, des questions sur le choix qu'on fait
par rapport à d'autres choix qui doivent être effectués.
À l'intérieur du ministère des Communications, sur la base
des crédits que nous avions et sans hypothéquer, d'aucune
façon, les services et les programmes que nous dispensons à la
population, il nous est apparu que ce projet avait sa raison d'être et
méritait d'être poursuivi.
M. Lalonde: M. le Président, je ne peux pas empêcher
le ministre d'être impressionné par un film. Apparemment, sa
décision d'autoriser le deuxième est la conséquence
directe de sa satisfaction du premier. Il me semble, M. le Président,
que l'administration des fonds publics exige d'aller un peu plus loin. J'ai
posé la question, à laquelle le ministre n'a pas répondu:
Quels milieux ont été consultés? En vertu de quelle
consultation du milieu des affaires, du milieu économique, industriel et
commercial du Québec, cette décision avait été
prise pour le premier film et je lui demande de répondre à cette
première question.
Deuxièmement, quelle étude de rentabilité
coûts-bénéfices a été faite et par qui, pour
le premier film et aussi pour le deuxième? Est-ce simplement le
caractère agréable du premier film, ou l'humeur du ministre, qui
l'a fait autoriser le deuxième? Je comprends que le premier n'a pas
été autorisé par le ministre actuel. Cependant, il me
semble qu'on mérite plus que cela, les Québécois
méritent d'en savoir davantage sur des décisions de 200 000 $.
C'est maintenant 400 000 $ et il y en a deux autres qui s'en viennent, je ne
sais pas combien cela va coûter. Est-ce que le ministre a fait faire une
étude coûts-bénéfices avant d'investir 200 000 $ sur
le deuxième film qui est en tournage actuellement? Et combien de temps
durent ces films-là?
M. Bertrand: Quinze minutes. M. Lalonde: Quinze
minutes.
M. Bertrand: Le ministre des Communications prend...
M. Lalonde: Ce n'est même pas un long métrage.
M. Bertrand: Si le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Je comprends que ce gouvernement-là a des
talents de tournage, M. le Président, mais...
M. Bertrand: ... s'amène à cette commission pour
discuter et participer d'une façon positive au débat que nous
avons depuis ce matin et qui, je dois le dire, est fort intéressant,
positif et constructif avec le député de Jeanne-Mance, je
voudrais dire que depuis que le ministre des Communications est en fonction,
c'est-à-dire depuis le 30 avril 1981, il a démontré, avec
l'équipe de 1200 fonctionnaires qui l'entoure, que ces choix sont
toujours inspirés de ce qu'on pourrait appeler l'utilisation maximale
des ressources très rares qui sont à notre disposition et, donc,
tenter de faire plus avec moins.
M. Lalonde: Est-ce qu'une étude
coûts-bénéfices est demandée?
M. Bertrand: Le ministère des Communications, entre le 1er
avril 1981 et le 1er avril 1982, a coupé dans son budget pour environ 15
000 000 $, tous des éléments dont vous n'avez pas eu l'occasion
de prendre connaissance aujourd'hui, mais on ne recommencera certainement pas
la commission pour vous en faire état. Or, cette décision a
été prise dans le même contexte, en se préoccupant
de savoir si c'était rentable pour le gouvernement du Québec de
procéder à la production de ces documents audiovisuels...
M. Lalonde: ... n'a pas été consulté?
M. Bertrand: ... et en faisant en sorte que la commercialisation,
c'est-à-dire l'utilisation de ces films, soit faite avec la plus grande
pénétration possible et du marché québécois
et des marchés extérieurs. Depuis que le film a été
lancé au Québec, je me suis moult fois assuré
auprès de mon sous-ministre qu'on en faisait effectivement une
utilisation maximale partout au Québec et partout à
l'étranger, là où les besoins se faisaient sentir.
Je dois dire que, jusqu'à maintenant, la réception que
nous avons eue partout est excellente et je suis convaincu que cet
investissement de 200 000 $ est un excellent investissement qui, en fin de
compte, va rapporter beaucoup plus que le montant qui y a été
consacré. Je crois que tous ceux qui, de près ou de loin, sont
associés à ce genre de production, savent très bien que
dans la mesure où le film est bien utilisé, bien
commercialisé, bien répandu et que son degré de
pénétration est très intéressant, les
retombées pour le Québec, à tous les points de vue, ne
peuvent être que positives. J'ai pris sur moi de donner suite au projet
en accordant les crédits nécessaires pour la production du
deuxième film de cette série de quatre. (22 heures)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous serions dans l'obligation d'ajourner nos travaux, à ce
moment-ci.
M. Bissonnet: Consentement.
Le Président (M. Laplante): Combien de temps?
M. Bissonnet: On ne le sait pas.
M. Bertrand: Pas de problème.
Le Président (M. Laplante): D'accord?
M. Bissonnet: Consentement jusqu'à temps qu'il n'y ait
plus de consentement.
Le Président (M. Laplante): Les membres de la commission
sont d'accord.
M. Lalonde: Donc, M. le Président, si je comprends bien -
on a le consentement pour continuer - il n'y a pas eu d'étude de
coûts-bénéfices qui a précédé la
décision d'investir 200 000 $ dans un film de quinze minutes ni pour le
premier, ni pour le deuxième? C'est une question.
M. Bertrand: Qu'est-ce que vous voulez? Que les gens qui vont
voir ce film dans une salle de cinéma paient 2,50 $ pour le voir?
M. Lalonde: Bien, voyons donc! Le ministre est peut-être un
peu nouveau...
M. Bertrand: Les bénéfices?
M. Lalonde: Rien, écoutez! Vous ne savez pas ce qu'est une
étude de rentabilité, une étude de
coûts-bénéfices, à savoir s'il y a un besoin d'un
tel instrument à ces coûts, quels sont les
bénéfices, une évaluation des bénéfices qui
pourraient être tirés de la production, de la distribution et de
la diffusion de ce film. On appelle cela une étude de
coûts-bénéfices, M. le ministre. C'est essentiel pour
savoir si on investit l'argent du public, l'argent qu'on va chercher par des
taxes chez le peuple le plus taxé au monde, d'après ce qu'on
comprend, sauf deux, la Hollande et la Suède.
Donc, vous ne savez pas s'il existe des études de
coûts-bénéfices. Vous faites cela seul, dans votre bureau,
selon l'enthousiasme qu'a provoqué la diffusion du premier film.
M. Bertrand: Non, il y avait une demande importante pour la
production de documents audiovisuels qui soient à jour.
M. Lalonde: Par qui ont été faites les
demandes?
M. Bertrand: Entre autres, par nos bureaux et nos
délégations à l'étranger qui ont besoin de
documents audiovisuels pour faire la promotion du Québec. Je pense que
vous n'aurez rien contre le fait qu'on fasse la promotion du Québec
à l'étranger, dans un contexte d'ouverture sur le monde et non
pas de repliement sur soi. Je vous ferai valoir que justement, nos
représentants du Québec à l'étranger, et l'ensemble
de nos conseillers économiques déploraient l'incurie et
l'imprévoyance du gouvernement qui nous a précédés
et qui n'a pas cru bon...
M. Lalonde: Je savais que ce serait notre faute.
M. Bertrand: Mais ce n'est pas la faute du
fédéral.
M. Lalonde: Non, mais quand ce n'est pas le
fédéral, c'est nous.
M. Bertrand: Cela sonne pareil: libéral,
fédéral.
M. Lalonde: On n'en sort pas.
M. Bertrand: Ces conseillers économiques, ces
représentants du Québec à l'étranger, en d'autres
mots, tous partenaires qui nous sont fort utiles pour la promotion du
Québec et la promotion de ce qu'est ce Québec à tous les
points de vue, économique, social, culturel, etc., déploraient
l'absence de documents audiovisuels. Je suis convaincu -je le
répète - que le besoin était là. Il nous a
été manifesté par ces clientèles fort importantes.
Il n'y a pas l'ombre d'un doute dans mon esprit que c'est un investissement
qui, au prix qu'il coûte - là-dessus, n'importe qui vous fera
valoir que pour la qualité du document qui a été produit,
c'est peu cher -l'utilisation qui en sera faite à l'intérieur
comme à l'extérieur du Québec, vaudra plusieurs fois
l'investissement au niveau du coût de production.
M. Lalonde: Mais comment le ministre peut-il faire une telle
affirmation alors qu'il n'y a eu aucune étude scientifique sur la
rentabilité? Une étude de coûts-bénéfices,
c'est simple comme bonjour. Comment peut-il faire une telle affirmation? Je
l'ai écouté, cela fait à peu près vingt minutes
qu'il nous explique comment cela s'est passé dans sa tête. C'est
très bien, mais je pense que dans le contexte actuel de compressions
budgétaires... J'étais au sommet économique, il y a
quelques heures, alors que le premier ministre, hier soir, justement, a
annoncé que le Québec est dans une impasse de 700 000 000 $. Je
n'appelle pas ça une impasse, c'est un trou. Il l'a dit lui-même
d'ailleurs. Un trou de 700 000 000 $ et il veut faire supporter
l'imprévoyance et la mauvaise administration du gouvernement par soit
tous les Québécois en augmentant les taxes, ce sont les trois
choix...
M. Guay: M. le Président, on n'est pas au sommet
économique ici. On peut se ramener aux crédits du
ministère des Communications. Si le député a passé
une mauvaise journée, c'est dommage pour lui, mais enfin.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau, vous savez fort bien que lors de l'étude des crédits,
le champ est très vaste.
M. Guay: Oui, mais ça porte sur le ministère.
Le Président (M. Laplante): C'est pour relier, je le
prends comme ça. Je pense que je le jugerai, à ce moment.
M. Bertrand: M. le Président, depuis ce matin, j'apporte
ici des réponses dans le calme et la sérénité.
Chaque fois, le député de Jeanne-Mance l'aura noté, sans
aucune forme de partisanerie.
M. Lalonde: Est-ce que cela est une question de
règlement?
M. Bertrand: Ce n'est pas parce que le député de
Marguerite-Bourgeoys tente de me piquer, comme c'est son habitude, qu'il
réussira cette année...
M. Lalonde: Vous savez que piquer, c'est voler.
M. Bertrand: ... ce qu'il a réussi l'an dernier. Je lui
fais savoir qu'à quelque heure que se terminera cette séance ce
soir, il aura devant lui un ministre des Communications très calme et
très pondéré...
M. Lalonde: J'avais le droit de parole, M. le Président,
je pense que ce n'est pas une question de règlement.
M. Bertrand: ... qui, en aucun moment, ne l'attaquera sur...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Bertrand: ... la façon qu'il a de traiter les dossiers,
fort sérieux et fort importants du ministère des
Communications.
M. Lalonde: C'est très sérieux et très
important, M. le Président. Justement, il y a une dépense ici de
400 000 $ et puis peut-être une autre qui s'annonce de deux autres films.
Je ne sais pas à quel coût. Je pense que c'est non seulement mon
droit, mais mon devoir de le dénoncer et de décrire le contexte
dans lequel ma dénonciation se fait. Ce contexte, M. le
Président, est justement un contexte de compressions budgétaires
et même d'impasse financière de la part du gouvernement. Je vous
décris que pas plus tard qu'hier, ça fait 24 heures à
peine, le premier ministre, lors du sommet économique qui n'est pas
encore terminé, d'ailleurs, nous donnait trois choix pour régler
l'impasse des 700 000 000 $. Le premier, c'est la réduction des services
à toute la population: le deuxième, l'augmentation des taxes et
le troisième, le gel des salaires dans le secteur public.
M. le Président, il me semble que dans ce contexte, c'est notre
devoir, comme députés de l'Opposition, de dénoncer ce
genre d'improvisation. C'est mon devoir de demander sur quelle base on a pris
la
décision. On s'est fondé sur quelle étude de
coûts-bénéfices? Il n'y en a pas. Si je dérange le
ministre, ce soir, je le regrette. Je suis allé au sommet
économique, alors il a fallu que je m'absente de la commission
aujourd'hui. Je ne veux pas le faire sortir de ses gonds. Je ne veux surtout
pas le piquer. D'ailleurs, il m'a accusé de le piquer et je pense que
c'est une accusation très grave quand on sait que toute la
publicité du gouvernement dit que piquer, c'est voler. Je ne pense pas
que ce soit ce qu'il voulait dire. Je ne veux pas déranger sa
sérénité. Il reste qu'il doit répondre comme il
faut à nos questions. Il n'y a pas eu d'étude de
coûts-bénéfices. Est-ce qu'il peut au moins s'engager et je
le fais en dénonçant avec la dernière vigueur, ce genre de
dépense...
M. Bertrand: Vous allez avoir un titre dans le journal avec
ça.
M. Lalonde: ... qui peut, on ne le saura jamais parce qu'il n'y a
pas eu d'étude, être valable. De toute façon,
d'après les paroles du ministre, ces dépenses ont
été décidées d'une manière
incomplète, en fait, c'est quasiment de l'amateurisme. J'ai
demandé quels sont les milieux qui ont demandé la production d'un
tel instrument. La seule réponse, c'est les délégations.
Est-ce que les délégations ont fait cette étude de
coûts-bénéfices? Est-ce qu'on a communiqué des
documents scientifiques bien faits qui exigeaient la production de tels
documents.
M. Bertrand: Si je comprends bien, M. le Président, le
député de Marguerite-Bourgeoys aurait voulu qu'on commande une
étude des coûts d'à peu près 200 000 $ pour savoir
s'il y avait intérêt à produire un film de 200 000 $.
M. Guay: C'est ça.
M. Lalonde: Ce n'est pas ce que j'ai dit au ministre.
M. Bertrand: M. le député de Marguerite-Bourgeoys
aurait aimé, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! Vous
allez avoir votre tour M. le ministre...
M. Lalonde: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Il m'a interrompu
encore une fois.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous fini?
M. Lalonde: Je n'ai pas terminé, M. le
Président.
M. Bertrand: II cherche à faire une manchette.
M. Guay: II est temps.
M. Lalonde: C'est très important. Je sais naturellement
que les députés du Parti québécois n'aiment
pas...
M. Bertrand: Je pensais que la promotion du Québec
à l'extérieur, cela ne vous intéresse pas.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Lalonde: ... se faire...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Lalonde: ... parce qu'ils sont députés
eux-mêmes...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Lalonde: Ils ont vu ce qui est arrivé hier dans le
comté de Louis-Hébert. Il me semble qu'ils devraient avoir pris
le message. Les gens sont...
M. Bertrand: L'ouverture sur le monde. Des séparatistes,
le repliement sur eux-mêmes.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous le dire
très franchement. Si la commission continue sur ce ton - d'ailleurs 22
heures est passé; pour moi, en tout cas...
M. Bertrand: Avez-vous remarqué quand cela a
commencé?
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît, vous le premier, M. le ministre!
M. Bertrand: Avez-vous remarqué quand cela a
commencé?
Le Président (M. Laplante): La commission a
fonctionné dans une grande sérénité toute la
journée. Ce n'est pas parce que l'heure est passée et qu'on est
en temps supplémentaire... Si la commission se déroule telle que
c'est parti après l'heure, je n'aurai qu'à me lever et ajourner
la commission. Je vous le dis d'avance.
M. Lalonde: Je n'ai interrompu personne, M. le Président.
On m'interrompt.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Arrêtez de
radoter et...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense qu'on doit dénoncer cette
improvisation dans la dépense des fonds publics, alors que, d'autre
part, on demande à la population de faire des sacrifices en augmentant
les taxes, en réduisant des services, des services importants dans le
domaine de la santé, dans le domaine social et dans le domaine de
l'éducation. M. le Président, je n'ai pas eu les réponses
aux questions que j'ai posées. Cela me surprend, d'ailleurs, que les
députés péquistes de l'autre côté ne
s'intéressent pas à ces questions, alors qu'ils ont eu un
avertissement très sévère, surtout ceux de la
région de Québec - ils devraient le savoir -hier soir dans le
comté de Louis-Hébert. Les gens ne le prennent plus. Je pense que
le ministre devrait traiter ce dossier avec beaucoup plus de sérieux
qu'il ne le fait actuellement. Je comprends qu'il faut qu'il défende sa
décision, mais peut-il au moins s'engager pour l'avenir, pour la
production des deux autres films qu'il fera l'étude, non pas à
200 000 $... Cela ne prend pas... Il peut même la faire chez lui avec ses
propres services, ses 1200 fonctionnaires, mais, au moins, qu'il y ait une
étude des coûts-bénéfices avant de prendre la
décision de faire une dépense de - je ne sais pas -200 000 $ pour
le troisième film. Je ne sais pas si c'est un autre montant de 200 000
$, mais, en tout cas, c'est l'ordre de grandeur de la production de ces petits
films de quinze minutes. On ne sait même pas s'il y a eu des soumissions
pour la production. Y a-t-il eu une soumission avant d'accorder...
M. Bertrand: II y a eu un appel d'offres.
M. Lalonde: Un appel d'offres? Au moins, il y a cette...
Une voix: Ah...
M. Lalonde: Non, il faut poser ces questions.
M. Bertrand: Oui, je pense que c'est important.
M. Lalonde: Avant de prendre la décision pour le
troisième film, le ministre peut-il au moins s'engager à ce
qu'une telle étude soit faite pour qu'on n'ait pas à
découvrir tout à coup, lors de l'étude des crédits,
qu'on a dépensé ces sommes d'argent, des montants
extrêmement importants, sans savoir si c'est réellement
nécessaire?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau, sur le même sujet.
M. Bertrand: Je peux répondre, M. le Président,
à cette question?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Bertrand: Je m'engage solennellement devant le
député de Marguerite-Bourgeoys, avant de procéder à
une décision sur le troisième film, à mener une
évaluation poussée, approfondie, sur l'utilisation qui aura
été faite du premier film, sur les avantages qu'il aura
procurés au Québec, sur les bénéfices qu'il nous
aura permis de récolter à tous points de vue et donc, dans ce
contexte, de faire quelque chose d'éminemment sérieux, beaucoup
plus, probablement, que ce qui avait caractérisé M. Bourassa
quand il avait commandé et réalisé un film de propagande
sur son voyage en Iran qui a coûté très cher et qui n'a
rien rapporté.
M. Lalonde: M. le Président, sur le troisième film,
sur la nécessité... Ce n'est pas seulement sur...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, j'écoute le
député de Marguerite-Bourgeoys et je me dis que, Dieu merci, le
13 avril dernier, les électeurs n'ont pas confié le pouvoir
à ces gens, parce que le député de Marguerite-Bourgeoys,
étant donné son ancienneté, serait aujourd'hui sans doute
ministre dans le gouvernement et à voir son attitude...
M. Lalonde: Avez-vous parlé à mon chef
M. Guay: Vous avez été Solliciteur
général dans le temps. Le député de
Marguerite-Bourgeoys a des états ministériels
considérables. Il a été contrôleur des Jeux
olympigues, là où il ne s'est rien volé. Mais non!
Régis Trudeau a passé 750 000 $ à la caisse du Parti
libéral provisoirement. Ils ne l'ont pas remis encore. Il y a des
intérêts. Ce ne sont pas des voleurs. Non, ils ne connaissent pas
cela! Le député de Marguerite-Bourgeoys, compte tenu de ses
états sérieux...
M. Lalonde: J'ai fait un excellent travail, a dit la commission
Malouf.
M. Guay: Oui, un excellent travail. Cela a
coûté...
M. Lalonde: Un excellent travail, a dit la commission Malouf
à l'égard du député à qui vous vous
adressez.
M. Guay: Oui, c'est cela. Il n'y avait pas eu d'étude de
coûts-bénéfices de faite, de toute évidence, du
Stade olympique qui, au lieu de coûter 350 000 000 $ a coûté
1 000 000 000 $ sous la brillante gouverne
et l'excellent travail du député de Marguerite-Bourgeoys.
C'est cela.
M. Lalonde: Oui, un excellent travail. C'est ce que la commission
a dit.
M. Guay: II nous dit aujourd'hui... On fait un film de promotion
du Québec qui, à l'étranger, doit servir d'outil de
promotion dans les délégations générales. Il n'y a
pas eu d'étude de coûts-bénéfices. Savez-vous, M. le
Président, combien coûterait une étude de
coûts-bénéfices au sens où l'entend le
député de Marguerite-Bourgeoys? Il faudrait aller voir sur place
ce que pourrait donner, ce que donne ce film. Imaginez-vous! La firme
engagée sous ce gouvernement, si c'étaient les libéraux
qui étaient au pouvoir! On sait ce qu'est une étude de
coûts-bénéfices, c'est un contrat qu'on donne à ses
amis. Cela ne donne rien, parce que le rapport dit des inepties ou des
niaiseries, tout comme le rapport du contrôleur des Jeux olympiques. Une
étude pour un film de 200 000 $, la firme, ou d'elle-même, ou par
sous-contrat, va devoir aller voir au Mexique, au Venezuela, aux
États-Unis, au Japon, au Royaume-Uni, à Paris, en Belgique, en
Italie, en Allemagne où le Québec a des représentations,
généralement à caractère à tout le moins
commercial, pour voir sur place, auprès d'auditoires qu'il va falloir
sélectionner dans chacun de ces pays, quel est l'impact de ce film sur
ces auditoires. Vous vous imaginez le coût d'une étude
coûts-bénéfices. Pour un film de 200 000 $, il y en aurait
pour 1 000 000 $. C'est le genre de brillante décision dans laquelle le
député de Marguerite-Bourgeoys excelle. On l'a vu quand il
était au pouvoir. Ce qu'il nous dit aujourd'hui, c'est que s'il
était encore au pouvoir aujourd'hui, il continuerait de la même
façon.
Une voix: C'est cela.
M. Guay: Merci aux électeurs du Québec pour le 13
avril 1981. Ils nous ont épargné l'administration du
député de Marguerite-Bourgeoys et ce que cela implique, les
inepties du genre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je comprends que le ministre
applaudisse à cette défense de dernière tranchée.
Je ne comprends pas la cohérence. Le ministre vient de s'engager
à faire les évaluations nécessaires et le
député de Taschereau vient de dire que ce n'est pas possible, que
ce n'est pas pensable de faire une étude de
coûts-bénéfices.
M. Guay: Question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Question de
règlement.
M. le député de Taschereau.
M. Guay: Le ministre s'est engagé à ce qu'il y ait
une rétroaction, une évaluation par les délégations
elles-mêmes. Ce n'est pas une étude
coûts-bénéfices faite par une firme indépendante
comme vous l'entendez, comme vous aviez l'habitude de donner à vos amis
d'antan, pour qu'ils contribuent à la caisse électorale en
échange et produisent des rapports de 50 pages d'une nullité
absolue.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): C'est défendu, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Ce n'est pas permis
d'applaudir en commission.
M.
Baril
(Rouyn-Noranda-Témis-
camingue): D'accord.
M. Lalonde: Le leader du gouvernement, je comprends qu'il est un
peu jeune pour sa fonction, mais ce sont des choses qu'il devrait savoir.
M.
Baril
(Rouyn-Noranda-Témis-
camingue): Vous êtes peut-être un peu trop vieux.
M. Bertrand: Le leader n'est pas ici en ce moment.
M. Lalonde: Non, mais le ministre est leader du gouvernement, il
peut lire son règlement. Enfin, il pourrait manifester, cela ne fait que
nous convaincre de l'à-propos de notre critique. Cela fait mal. Je
comprends qu'à ce moment, on va chercher des vieilles histoires. On dit
que le député de Marguerite-Bourgeoys est responsable du
déficit olympique. Cela fait cinq ans qu'on nous le dit. On a fait une
enquête publique, une enquête indépendante, l'enquête
Malouf qui, après trois ans d'enquête, une centaine de
témoins, des tonnes de documents, a dit, dans son rapport
indépendant - enquête publique - que le
député...
M. Guay: Excellent travail.
M. Lalonde: ... de Marguerite-Bourgeoys et les collaborateurs et
les collègues, des sous-ministres d'ailleurs...
M.
Baril
(Rouyn-Noranda-Témis-
camingue): Excellent patronage.
M. Lalonde: ... dont plusieurs sont encore en fonction...
M. Guay: Qui sont devant les tribunaux
à l'heure actuelle.
M. Lalonde: Non, les membres de mon comité...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: ... ne sont pas devant les tribunaux. Si vous voulez
faire des accusations là-dessus, on va vous en donner, des membres de
votre parti, qui sont devant les tribunaux.
M. Bertrand: ...
M.
Baril
(Rouyn-Noranda-Témis-
camingue): Jusqu'à ce que...
M. Lalonde: Les membres de mon comité ont reçu des
félicitations de la part de la commission Malouf...
M. Guay: C'est extraordinaire! 350 000 000 $ et cela coûte
1 000 000 000 $, félicitations!
M. Lalonde: Laissez-moi terminer.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Guay: La nation vous est reconnaissante.
M. Lalonde: Je comprends que vous voulez un peu déparler.
Vous êtes encore sous le coup de l'élection de Louis-Hébert
d'hier soir. Je le comprends, ce n'est pas loin de votre comté.
M.
Baril
(Rouyn-Noranda-Témis-
camingue): II est sourd...
M. Lalonde: C'est très important, et pour mes
électeurs et pour chez moi, que la vérité soit
rétablie chaque fois que vous déparlez comme cela. La commission
Malouf a dit que celui que vous accusez a fait un excellent travail dans son
comité avec ses collègues. C'est votre propre commission
d'enquête que vous avez vous-mêmes choisie. J'espère au
moins...
M. Guay: 350 000 000 $ à 1 000 000 000 $, c'est un
excellent travail!
M. Lalonde: Un des membres de mon comité...
M. Guay: Plus le patronage. Régis Trudeau, entre
autres.
Le Président (M. Laplante): Écoutez, le but de
l'étude des crédits...
M. Lalonde: M. le Président, laissez-moi terminer, s'il
vous plaît! Un des membres de mon comité a même
été nommé contrôleur des finances du
gouvernement...
M. Bertrand: ... c'est à ton tour de te laisser
parler...
M. Lalonde: ... par le gouvernement péquiste.
Le Président (M. Laplante): Si c'est pour touner comme
cela...
M. Lalonde: II était membre de mon comité.
Le Président (M. Laplante): ... les travaux de cette
commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 22 h 15)