Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures huit minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît:
La commission élue permanente des communications reprend ses
travaux aux fins d'étudier les crédits de ce
ministère.
Les membres de la commission sont aujourd'hui: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M. Baril (Arthabaska), M. Bertrand
(Vanier), M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Blais (Terrebonne), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. French (Westmount), M. Guay (Taschereau), M. LeMay
(Gaspé), M. Rivest (Jean-Talon) et M. Sirros (Laurier).
Les intervenants sont: M. Charbonneau (Verchères), M. Dean
(Prévost), M. Fortier (Outremont), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M.
Marx (D'Arcy McGee), M. Payne (Vachon), M. Perron (Duplessis), M. Picotte
(Maskinongé) et M. Rodrigue (Vimont).
Le rapporteur de la commission a été nommé. Il
s'agit de M. LeMay, le député de Gaspé.
À l'ajournement de nos travaux, nous en étions à
l'étude du programme 2, Information et publications gouvernementales. M.
le ministre.
Crédits
Information et publications gouvernementales
M. Bertrand: Je voudrais saluer tous ces messieurs qui sont
présents à la commission et que vous avez nommés. Je
voudrais simplement faire une chose avant de commencer, M. le Président.
C'est de remettre, d'abord, au député de Jeanne-Mance - cela va
économiser un timbre; c'est dans le cadre de la politique de
compressions budgétaires du ministère des Communications - une
lettre relative à une question fort pertinente qu'il avait
soulevée relativement aux personnes handicapées et au dossier du
raccordement des terminaux.
C'est une lettre dans laquelle je lui dis, en résumé, que
nous n'avons pas reçu de représentation, à cet effet, de
l'Office des personnes handicapées ni d'organismes représentant
des handicapés, mais que la question est à ce point pertinente
que j'ai pris la responsabilité d'écrire au président de
la Régie des services publics du Québec, l'honorable juge Yvon
Côté, pour lui indiquer qu'il serait probablement
intéressant qu'au moment des audiences publiques qui seront tenues
l'automne prochain sur le dossier du raccordement des terminaux, on puisse
tenir compte de cette question.
J'ai une deuxième remarque, M. le Président, avant que
nous ne poursuivions nos travaux. Je voudrais dire au député de
Jeanne-Mance que, depuis notre rencontre qui remonte au mois d'avril, le 6
avril, si ma mémoire est bonne, je suis allé à Calgary
assister à une conférence fédérale-provinciale sur
la télévision payante. Je vais lui faire un rapport en deux temps
trois mouvements. D'abord, il est arrivé un événement
assez intéressant: La Colombie britannique, appuyée par le
Québec, a demandé que la presse puisse être présente
au moment des discussions sur deux dossiers, celui de la réglementation
des mécanismes "in-terrégulatoires" concernant le trafic
interurbain, c'est le réseau téléphonique transcanadien et
deuxièmement, celui de la télévision payante. La presse a
été admise à nos discussions pour les écouter et
pour en prendre note. J'ai fait part de la position du Québec, tel que
vous me l'aviez demandé, position unanime, claire. Les provinces ont
toutes été solidaires. Je dois dire qu'aucune province n'a fait
exception. Toutes les provinces ont revendiqué la reconnaissance par le
gouvernement fédéral de la juridiction des provinces en
matière de télévision payante. Je n'ai pas besoin de vous
dire que le tout s'est soldé par un échec total. Malgré le
consensus qui existe au Québec, malgré le consensus des dix
provinces, M. Fox s'est montré intraitable et a refusé, à
toutes fins utiles, de permettre que nous en arrivions à un "gentlemen's
agreement", un arrangement politique dans ce dossier de la
télévision payante. Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est le
ministre des Communications de la Colombie britannique, M. McGeer. Il a dit:
À toutes fins utiles, votre réaction et votre réponse
finales constituent une déclaration de guerre puisque la seule issue que
vous nous laissez est celle des tribunaux. Personne n'était très
heureux de voir la conférence fédérale-provinciale se
terminer sur cette note, d'autant plus qu'il y avait un consensus de toutes les
provinces et consensus à l'Assemblée nationale. C'est un bilan
très
rapide que je fais. S'il y a des questions là-dessus, je pourrai
y répondre.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, nous suivons
l'évolution de ce dossier. Nous avons pris connaissance des remarques
que vous nous apportez par l'intermédiaire de la revue que votre
ministère publie. Nous avons reçu pas mal d'informations; nous
suivons ce dossier et nous espérons qu'une rencontre entre les
différents ministres des Communications à l'intérieur de
ce beau pays qu'est le Canada se tienne dans les plus brefs délais, M.
le ministre. Nous espérons également que les journalistes
puissent être présents afin que ce dossier évolue
positivement en faveur du Québec et en faveur des autres provinces
également.
Nous n'avons plus de questions et je voudrais souligner au ministre des
Communications que mon collègue, le député de
Marguerite-Bourgeoys, est très peiné de ne pas être
présent, aujourd'hui, étant retenu par d'autres occupations.
M. Bertrand: Je voudrais simplement dire au député
de Jeanne-Mance que quant au Québec, il n'est plus question de discuter
du dossier de la télévision payante avec le ministre
fédéral des Communications. Nous avons
répété à qui mieux mieux, depuis déjà
trois ans, que le Québec avait juridiction en la matière. Les
provinces ont fait la même chose, il y a eu trois conférences
fédérales-provinciales et deux conférences
interprovinciales qui ont toutes abondé dans le même sens.
Je ne sais pas si le député a été mis au
courant, mais je pense que c'est au 15 juillet qu'on a fixé des
audiences au CRTC pour la livraison des permis locaux... C'est la remise des
demandes sur les "local exhibitors". On va carrément entrer dans un
conflit juridictionnel puisque nous avons notre règlement pour les
permis aux entreprises locales de télévision payante et le
fédéral veut placer les entreprises devant une situation de
double réglementation. Je pense que ce n'est ni à l'avantage des
usagers des moyens de communication au Québec ni à l'avantage des
industries qui veulent s'engager dans le secteur.
Là-dessus, je me sens très à l'aise pour dire que
le Québec n'a certainement rien à se reprocher, bien au contraire
et si quelqu'un doit être blâmé dans toute cette situation,
c'est le gouvernement fédéral. C'est drôle, cette fois-ci,
j'ai l'impression de le dire de façon tellement simple que si
c'était un libéral qui était de ce côté-ci au
pouvoir, il aurait peut-être des mots encore plus durs. Je me retiens
pour ne pas avoir l'air de faire de la partisanerie avec ça, mais ce
sont les faits.
M. Bissonnet: M. le Président, je tiens à vous dire
que dans ce dossier-là, je blâme également le gouvernement
fédéral en tant que porte-parole de l'Opposition en
matière de communications.
Nous avons une très brève période, M. le ministre,
pour continuer. Nous avons jusqu'à 16 heures, mais avec le consentement,
peut-être pourra-t-on dépassée quelque peu, compte tenu de
la disponibilité du ministre des Communications, mais cela est une autre
histoire. Pour ce qui a trait au programme 2, nous n'avons pas d'autres
questions à formuler devant cette commission.
Le Président (M. Rochefort): Les sept
éléments du programme 2 et le programme sont-ils
adoptés?
M. Bissonnet: Adopté sur...
Le Président (M. Rochefort): Adopté.
M. Bissonnet: Je voudrais inscrire ma dissidence.
Le Président (M. Rochefort): Sur division.
M. Bissonnet: Sur division.
Le Président (M. Rochefort): J'appelle donc le programme
3.
Employés contractuels
M. Bissonnet: Avant de passer au programme 3, M. le
Président, j'ai reçu les contrats de services professionnels qui
ont été donnés, l'année dernière, à
l'intérieur du ministère des Communications et comme je ne peux
pas attribuer certaines dépenses à l'intérieur de certains
programmes, me permettriez-vous de toucher à certains contrats qui ont
été donnés et qui, peut-être, peuvent s'appliquer
à l'intérieur du programme 4, du programme 5 et du programme 2?
Comme je n'ai pas assez d'information à l'intérieur des documents
que je possède, il serait préférable que je puisse poser
immédiatement ces questions. Cela nous ferait avancer dans ce
débat.
Le Président (M. Rochefort): S'il y a consentement de la
part des membres de la commission? Consentement.
M. Bissonnet: M. le Président, dans la liste qui nous a
été transmise par le ministre des Communications, nous retrouvons
des personnes qui ont été engagées contractuelle-ment par
le ministère pour l'exercice 1981-1982 où sont donnés des
montants identiques
de l'ordre de 4950 $. Je fais référence au document du
ministre; M. le sous-ministre, peut-être, à la page 3. C'est la
liste des contrats accordés pour l'exercie 1981-1982. Nous retrouvons,
effectivement, sept personnes qui ont eu un contrat pour l'offre de 4950 $. La
référence que nous y faisons est pour des rapports de
conjoncture. D'autre part, nous avons également une série de
personnes, à peu près une vingtaine, une quinzaine, qui sont
payées, elles, 1999 $ pour des rapports de conjoncture. Ma
première question est qu'est-ce que c'est, des rapports de conjoncture?
Comment se fait-il qu'on engage des contractuels au même montant. C'est
assez difficile à expliquer, devant des documents comme ça sans
avoir d'explications d'une part et d'autre part, qu'on retrouve des contrats de
1999 $.
M. Bertrand: Voici, le rapport de conjoncture, c'est le fameux
document "Bâtir l'avenir", le rapport sur l'état de la recherche
et du développement au Québec que j'ai rendu public au mois de
février ou mars, si ma mémoire est bonne. Le 13 avril, c'est
vrai, c'était une semaine après la commission parlementaire.
J'avais indiqué, à ce moment, que j'allais rendre public un
document qui est "Bâtir l'avenir". Si vous regardez à
l'intérieur le nom des personnes qui ont reçu un montant de 4950
$, c'étaient ceux des personnes qui faisaient partie du comité
directeur qui a travaillé depuis le mois de septembre 1981. Les autres
sont des personnes qui faisaient partie de sous-comités que le
comité directeur a créés. Alors, il y avait un
sous-comité sur la téléphonie, il y avait un
sous-comité sur la télédistribution, un sous-comité
sur la radio-télévision, sur les médias écrits, sur
la télématique et un sous-groupe d'appoint. Toutes ces personnes
qui n'ont pas travaillé, disons, au même titre et qui non plus
n'ont pas mis le même temps que les autres personnes, ont reçu des
montants inférieurs. C'est l'explication des 1999 $ qu'on retrouve
à plusieurs endroits et quant aux montants de 4950 $, ce sont les
membres du comité directeur. Je pense qu'il y a effectivement
concordance: Hans Baumans, Robert Dupuy, Denis Fagnan, Laurie Gauvin, Roger
Goulet, Claude Lacerte, Roger Jauvin, Mario Polese, etc.
M. Bissonnet: Quand vous avez des contrats comme ça, M. le
ministre, où vous engagez des contractuels pour faire un travail
donné, dans ce cas-ci publier cette revue "Bâtir le
Québec", est-ce que c'est une politique du ministère de les
engager à un montant forfaitaire ou ne croyez-vous pas qu'il serait
mieux de les payer pour le total des heures qu'ils ont travaillé,
à l'intérieur de leur travail? Est-ce que c'est plus avantageux?
C'est frappant, quand on regarde un montant de 1999 $, c'est assez
spécial de voir cela. Pourriez-vous me dire, M. le ministre, comment a
coûté globalement la publication de ce document, en incluant tous
les contrats qui ont été signés avec des gens à
l'extérieur du ministère et les autres coûts qu'on pourrait
retrouver a l'intérieur des dépenses que nous avons et qui ne
sont pas intitulées "rapports de conjoncture"?
M. Bertrand: Le ministère des Communications a
défrayé un montant de 80 000 $ à même ses
crédits et le ministère d'État à la recherche
scientifique qui, évidemment, était très
intéressé à cause de l'aspect de la recherche et du
développement, a contribué pour 40 000 $, ce qui fait un montant
de 120 000 $ pour tous les frais reliés, c'est-à-dire les
montants dont il est fait mention ici, les différents montants qui ont
été versés aux personnes qui ont participé, au
comité directeur ou aux sous-comités de travail, et les
recherches qui ont pu être effectuées dans le cadre du travail
mené par ce comité directeur. Donc, la participation était
de 80 000 $ au ministère des Communications. Ce ne sont pas des montants
forfaitaires. C'étaient des montants qui tenaient compte du nombre de
jours de travail des personnes impliquées, des frais encourus, que ce
soient des frais de déplacement ou autres, et il y avait un maximum qui
était fixé, qui était de 4950 $. C'est à
l'intérieur de ce montant que les gens devaient travailler.
Bureau central de l'informatique
M. Bissonnet: Programme 3, M. le Président,
élément 1. On peut donner le...
Le Président (M. Rochefort): Programme 3, M. le
député de Jeanne-Mance?
M. Bissonnet: Oui, M. le Président, mon collègue du
comté de Gouin. Au sujet du bureau central de l'informatique, dans
l'élément 2, dans le dernier rapport de décembre 1981 du
Vérificateur général, celui-ci parle de la
vulnérabilité des données traitées par le bureau
central de l'informatique touchant l'aspect de la protection des librairies, de
programmes et de fichiers. Il avait alors recommandé, comme il l'avait
recommandé d'ailleurs en 1980, que des logiciels de
sécurité soient implantés dans les plus brefs
délais possible. Le ministre peut-il nous dire où nous en sommes
rendus actuellement et si les remarques du Vérificateur
général ont été bien reçues à son
ministère, pour corriger cette lacune importante quant à l'aspect
de la sécurité et de l'intégrité des programmes de
production et des données des ministères et organismes clients et
aux systèmes financiers qui y sont traités à
l'intérieur de
votre ministère? C'est une belle question.
M. Bertrand: Oui. Elle a un air savant, en tout cas. À la
suite de remarques de ce genre qui nous ont été
communiquées, le programme pour améliorer tout l'aspect de la
sécurité autour des différents services d'informatique qui
peuvent être fournis par le ministère des Communications à
ses ministères clients ou organismes clients est déjà en
activité depuis neuf mois, mais le plan pour donner suite à ces
demandes qui nous avaient été transmises s'échelonnait sur
une période de quinze mois. Il reste donc une période de six mois
à l'intérieur de laquelle, finalement, nous allons
compléter toutes les opérations visant à répondre
aux demandes qui nous avaient été formulées. C'est
déjà en place. Cela fonctionne. Les éléments de
sécurité qui devaient être mis en place le sont. Il reste
encore six mois de travail à effectuer.
M. Bissonnet: Ce sera alors complet.
M. Bertrand: Oui, c'est cela, parce qu'il s'agit de s'assurer
qu'au terme de l'opération nous ayons véritablement toutes les
garanties et les assurances possibles pour que les différents fichiers
ne puissent pas être attaqués sur le plan de leur
vulnérabilité en termes de sécurité et de
confidentialité.
M. Bissonnet: Nous n'avons pas d'autre question, M. le
Président, au programme 3.
Le Président (M. Rochefort): Les éléments 1
et 2 du programme 3 sont-ils adoptés?
M. Bissonnet: Oui.
Réseaux et équipements gouvernementaux
de communication
Le Président (M Rochefort): Le programme 3 est
adopté. J'appelle le programme 4, réseaux et équipements
gouvernementaux de communication.
M. Bissonnet: M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: À l'élément 1, gestion interne
(télématique, robotique), le
Vérificateur général a fait des recommandations
contenues dans son dernier rapport qui concernaient la vérification
faite par le ministère des dépenses des communications, les frais
d'appel personnel. En 1980-1981, le coût des appels interurbains hors
réseau s'est élevé à 4 000 000 $, alors que les
remboursements reçus par les personnes qui ont fait des appels ont
totalisé 17 000 $. Le Vérificateur général
s'inquiétait de la vérification faite dans ce domaine. Est-ce que
vous avez des éléments nouveaux à nous apporter?
M. Bertrand: Le Vérificateur général doit
savoir que le ministère des Communications n'a pas la
responsabilité directe de ces éléments. C'est un peu comme
la publicité. Parfois, on nous parle de la publicité et on pense
que c'est le ministère des Communications qui, comment dirai-je,
conçoit, prépare, organise les campagnes de publicité ou
de communications. C'est chacun des ministères et organismes qui en a la
responsabilité. À la suite de ces remarques, le ministère
des Communications a pris sur lui d'envoyer des informations, des
renseignements aux ministères visés qui, justement, pouvaient
être considérés comme des ministères où il y
avait un certain nombre d'anomalies qui pouvaient se dérouler sur le
plan téléphonique. Le problème, c'est de s'assurer que
chacun de ces ministères ou organismes respecte par la suite l'intention
qu'on manifeste.
En d'autres mots, le Vérificateur général transmet
la remarque au ministère des Communications parce que, dans le fond,
c'est un peu le ministère qui assure la coordination de l'ensemble des
activités, mais chaque ministère a un peu son compte
là-dedans et chaque ministère doit se faire indiquer... À
l'occasion, c'est même le Conseil du trésor qui prend sur lui de
le faire. Par exemple, quand on a procédé à la coupure de
4 000 000 $ dans les comptes téléphoniques, cette somme a
été répartie entre les ministères. Il y a des
ministères où ça pouvait être 100 000 $, un autre
150 000 $, un autre 200 000 $. Il y a des ministères qui ont totalement
livré la marchandise et d'autres, par contre, je dois le dire, qui n'ont
pas totalement livré la marchandise. Je me rappelle qu'à deux ou
trois occasions au moins, le Conseil du trésor a communiqué avec
ces ministères pour leur dire: Écoutez, le ministère des
Communications essaie d'effectuer une compression dans les comptes
téléphoniques et il y en a qui ont livré leur marchandise
mais il y en a, malheureusement, qui ne l'ont pas fait.
C'est le même cas pour ça. On a pris l'initiative de les
informer, de leur demander de faire attention à ce genre de pratique. Il
y en a qui ont procédé à des correctifs et il y en a
d'autres qui devraient normalement procéder à des correctifs. On
n'a jamais objection à continuer de faire pression pour que ce genre
d'anomalie puisse être corrigé.
M. Bissonnet: M. le ministre, comme c'est votre ministère
qui est responsable du coût de ces dépenses à
l'intérieur du budget
du gouvernement, compte tenu que, selon le Vérificateur
général, il y aurait peut-être une lacune au sujet de la
vérification, est-ce que vous auriez, au Conseil des ministres ou au
Conseil du trésor, proposé une politique pour qu'à
l'intérieur des autres ministères une vérification soit
plus productrice, en ce sens qu'on puisse arriver à diminuer les
coûts de ces appels personnels défrayés par le
gouvernement? Est-ce que vous avez proposé au Conseil des ministres ou
au Conseil du trésor, une politique qui pourrait être bien suivie
à l'intérieur de chaque ministère, non pas par votre
ministère, mais par les ministères concernés, pour
diminuer ces coûts?
M. Bertrand: D'abord, une des façons de le faire, comme
vous le dites, c'est de sensibiliser les ministères à
l'importance d'avoir un contrôle plus rigoureux sur ce qui se fait.
Maintenant, il faut signaler qu'il y a des périodes de la semaine
où il n'y a pas possibilité de fonctionner autrement qu'en
utilisant l'interurbain sur la base traditionnelle parce que le service, le
réseau n'est pas en fonctionnement à certains moments de la
semaine et les fins de semaine. (15 h 30)
M. Bissonnet: À Québec et à Montréal,
cela fonctionne assez bien.
M. Bertrand: Oui, mais il y a des régions...
M. Bissonnet: C'est surtout dans les régions, mais
à Montréal et à Québec...
M. Bertrand: Cela ne fonctionne pas sur la même base et le
réseau arrête le soir. Quand la politique du raccordement des
terminaux, une interconnexion, sera intégrée aux activités
gouvernementales avec tout ce qui s'en vient à la Régie des
services publics et qu'on aura la possibilité de faire un certain nombre
de choses. Il sera possible, à ce moment-là, presque
automatiquement, de procéder à ces corrections puisque,
effectivement, la politique de l'interconnexion va nous donner des
possibilités technologiques et techniques de procéder à
des correctifs qui, autrement, ne sont pas possibles. Alors, ce genre de
contrôle par l'interconnexion devrait se faire au cours de l'année
1985.
D'ici ce temps, ce qu'il faut faire, je pense, c'est continuer
d'intensifier nos pressions et resserrer nos contrôles en incitant les
ministères et les organismes qui ont des comptes
téléphoniques coordonnés par le ministère des
Communications, à être plus vigilants qu'ils ne l'ont
été dans le passé. Je pense que, là-dessus,
effectivement, il y aura toujours des efforts à faire et il s'agit
d'amener les ministères à comprendre qu'ils ont à leur
disposition des moyens pour ne pas utiliser l'interurbain et que le
système qui est mis en place est là pour être
utilisé. Alors, ils n'ont qu'à l'utiliser. Mais, il y a
effectivement des situations où ils n'ont pas le choix. Il faut qu'ils
le fassent par cette voie, parce que le système n'est pas en
fonctionnement.
M. Bissonnet: Vous avez mentionné, M. le ministre,
précédemment à la réponse que vous nous avez faite,
qu'il y avait eu des initiatives qui avaient été apportées
par le Conseil du trésor ou autres. Quels ont été les
résultats, jusqu'à maintenant, de ces initiatives? Sur 4 000 000
d'appels interurbains, seulement 17 000 ont été faits de
façon personnelle et ont été remboursés. Est-ce que
vous pourriez nous informer si, depuis 1980-1981, la situation s'est
améliorée avec les initiatives que vous auriez apportées
à l'intérieur des ministères pour réduire ce nombre
de 4 000 000, autant par le remboursement d'appels personnels que par des
appels interurbains qui devraient être faits à l'intérieur
du réseau plutôt qu'à l'extérieur?
M. Bertrand: J'ai des données ici, à savoir qu'en
mars 1982 - cela doit être à la fin du mois de mars 1982 - la
compression nette des dépenses réalisée en termes de
télécommunications était de 3 102 400 $. Donc, il est
évident qu'il y a encore des organismes et des ministères qui
doivent livrer la marchandise. Je n'ai pas la liste avec moi, mais on les
connaît. Je sais que le Conseil du trésor, à notre demande
d'ailleurs, à deux ou trois occasions est intervenu pour signifier
à ces ministères et organismes qu'ils devaient procéder,
parce que d'autres l'ont fait et que cela se réalise. C'est faisable et
cela ne diminue pas -comment dirais-je? - la qualité du service que
l'administration publique doit donner en utilisant tous les services de
télécommunications qui sont à sa disposition. Mais, on
peut dire que, jusqu'à maintenant, 75% des objectifs ont
été atteints en la matière, ce qui a permis, dans le fond
- ces chiffres ont déjà été signalés par le
premier ministre - d'arriver à une réduction de 2400 appareils
téléphoniques, ce qui est quand même important et de 2200
lignes téléphoniques, à toutes fins utiles. Je pense que
ce genre de coupures est loin d'avoir fait mal à l'ensemble de la
population et même pas à l'ensemble des fonctionnaires ou
administrateurs publics.
M. Bissonnet: Je n'ai pas d'autre question au sujet de ce
programme.
Le Président (M. Rochefort): Les éléments 1,
2 et 3 du programme 4 sont adoptés.
M. Bissonnet: Adopté.
Développement des communications et des
politiques
Le Président (M. Rochefort): Le programme 4 est
adopté. J'appelle donc le programme 5: Développement des
communications et des politiques.
M. le député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, les renseignements que j'ai
sont que le ministre des Affaires intergouvernementales a déclaré
qu'il entendait développer davantage la coopération, en
particulier avec la France et les États-Unis en matière de
communications. À l'intérieur de votre ministère, quel
genre d'initiatives chercheriez-vous à promouvoir,
particulièrement avec ces deux pays ainsi qu'avec les pays
industrialisés en général et ceux en voie de
développement, pour assurer plus de retombées économiques
au Québec.
M. Bertrand: Du côté des États-Unis, je ne
voudrais pas qu'on fasse une longue histoire avec cela. On travaille, en ce
moment, avec notre bureau de Boston à établir des contacts pour
permettre que, par la voie de la câblodistribution, certains
éléments de programmation puissent être transmis à
travers le câble coaxial aux gens de la Nouvelle-Angleterre plus
particulièrement. Je pense que dans l'avenir, on pourra probablement
développer de façon beaucoup plus importante nos relations,
surtout avec les États de la Nouvelle-Angleterre où il y a un
fort pourcentage de francophones qui auraient probablement intérêt
à ce que cette première tentative qui est en négociation
avec notre bureau de Boston, puisse ensuite donner d'autres types de projets
tout aussi intéressants pour les autres États de la
Nouvelle-Angleterre.
Avec la France, il y a bien sûr l'accord
Informatech-Télésystèmes qui a été conclu et
qui est un dossier fort important pour les échanges de renseignements
scientifiques, technologiques. Il y a déjà 35 banques de
données en France qui sont maintenant accessibles grâce au serveur
français Questel; je procédais, d'ailleurs, au Salon de la
science et de la technologie au lancement de ce projet. Nous travaillons
actuellement à faire en sorte que le Québec développe ses
banques de données et puisse trouver le serveur québécois
qui pourrait aussi transmettre à nos amis français, un ensemble
de données. Ceci nous permettrait, à ce moment, d'avoir
véritablement un accord de réciprocité, dans le vrai sens
du terme, au niveau de ces échanges de renseignements qui sont davantage
d'ordre scientifique, technique, documentaire, etc.
Il y a l'entente sur TVFQ 99 qui est administrée par la SETTE.
L'accord entre la
France et le Québec vient tout juste d'être
renouvelé. Il a fait l'objet d'une signature lors de la venue du premier
ministre Mauroy au Québec, il y a quelques semaines. Cet accord
prévoit la continuation du programme au Québec. Nous travaillons
en ce moment à une politique de réciprocité pour que les
Français puissent aussi avoir accès à des émissions
de télévision produites au Québec venant soit de
Radio-Québec, soit de l'Office national du film, même des
réseaux privés de télévision ou de
Radio-Canada.
Nous travaillons aussi sur cet autre aspect relatif à la
réciprocité. Il y a un groupe de travail qui a été
formé, dans le cadre du comité de coopération
France-Québec, pour s'intéresser aux nouvelles technologies,
à la question des satellites et voir comment la France et le
Québec pourraient échanger des renseignements de telle sorte que
nous puissions - déjà, l'expérience
Informatech-Télésystèmes en est une concrétisation
- voir comment l'introduction de nouvelles technologies pourrait être
bénéfique à la fois à la France et au
Québec, dans la mesure où nos échanges nous permettraient
de participer plus rapidement à l'évolution de ce secteur
où le Québec doit admettre en fait que la France a
déjà franchi un certain nombre de pas, alors que nous en sommes
encore à nos premiers balbutiements. Mais je dois dire là-dessus
que c'est l'objectif même du document "Bâtir l'avenir" que de
forcer, dans le fond, le Québec à se mettre à l'heure des
technologies nouvelles et à développer tout son secteur de
recherche-développement pour que nous puissions participer de
façon véritablement fructueuse et productive aux travaux de ce
groupe de travail franco-québécois.
Ce sont trois des éléments sur lesquels nous avons des
projets très précis avec la France en matière de
communications. D'autres restent à venir. On parle, entre autres, de la
possibilité d'un canal télévisuel francophone qui pourrait
être mis sur pied d'abord en Europe, mais peut-être, par la suite,
par l'entremise des satellites, entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique.
C'est un projet à plus long terme.
Il y a aussi une entente qui existe avec la France pour faire en sorte
que nous puissions jouer un rôle majeur au sein de l'Agence de
coopération culturelle et technique, surtout en ce qui a trait à
cette conférence des ministres des Communications qui doit avoir lieu
l'année prochaine dans le cadre de l'année mondiale des
communications. Là-dessus, je peux indiquer au député de
Jeanne-Mance qu'au nom du Québec, j'ai invité l'ensemble des
pays, des États membres de l'Agence de coopération culturelle et
technique à venir au Québec en 1983 dans le cadre de
l'année internationale des communications, d'autant plus que le
Québec avait soumis l'automne dernier à l'Agence de
coopération culturelle et technique une offre pour être
l'hôte de cette première conférence des ministres des
Communications.
Nous avons constitué aussi au sein du ministère des
Communications, tout récemment, un groupe de travail, un "task force",
sur la préparation de l'année mondiale des communications pour
voir comment le Québec pourrait travailler avec d'autres pays à
faire en sorte que cette année mondiale des communications connaisse un
grand succès et voir quelle pourrait être la participation du
Québec non seulement d'ailleurs avec les autres pays, mais ici
même à l'intérieur du Québec, pour découvrir
comment nous pourrions développer un certain nombre d'activités
en coopération avec d'autres organismes pour concrétiser notre
apport à l'année mondiale des communications.
Finalement, une mission est projetée pour l'Europe, l'automne
prochain, en vue justement d'intensifier ces mécanismes de
coopération non seulement avec la France d'ailleurs, mais avec d'autres
pays, parce que je crois qu'il faut diversifier là-dessus nos accords de
coopération.
Voilà, en quelques phrases, comment pourrait se dessiner, d'un
point de vue québécois, ce qu'on pourrait appeler notre ouverture
sur le monde, la France, les États-Unis, l'Europe et l'ensemble des pays
francophones membres de l'Agence de coopération culturelle et
technique.
M. Bissonnet: Pourrions-nous suspendre deux minutes?
Le Président (M. Rochefort): Nous suspendons nos travaux
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 45)
(Reprise de la séance à 15 h 47)
Le Président (M. Rochefort): La parole était au
ministre. Est-ce que cela va, M. le ministre?
M. Bertrand: Cela va.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, juste avant de poser une
autre question, mon collègue le député de Westmount et moi
nous avons discuté, dans le cadre de la commission parlementaire des
communications, de ce qui a trait à l'étude du projet de loi no
65. Mon collègue de Westmount vous a demandé à la
période des questions, en vertu de l'article 34, cet après-midi,
que la commission siège ce soir. Il est bien entendu que nous
étions prévenus pour lundi soir. Nous voulons siéger ce
soir parce que le député de Westmount ne sera pas ici lundi soir.
C'est un échange qu'on a voulu faire, avec votre bonne collaboration, et
c'est pour cela que, plutôt que lundi soir, afin qu'il n'y ait pas
d'équivoque, nous sommes prêts à siéger lundi
après-midi mais on préférerait ne pas siéger lundi
soir vu que le responsable dans ce dossier est le député de
Westmount. Il n'y aura donc pas de difficulté à ce niveau.
M. Bertrand: Mais faites cela vite sur les taxis, lundi, pour
qu'on puisse entamer les communications, quoique ce soit toujours un dossier de
communications que celui du taxi.
M. Bissonnet: Ce ne sera pas trop long. Écoutez, c'est
tout de même une loi spéciale qu'il faut bonifier davantage pour
que...
M. Bertrand: Comme j'ai dit au député de Westmount,
je suis tout à fait ouvert, j'ai appelé les gens de mon cabinet
et les fonctionnaires qui doivent participer à l'étude du dossier
seront là. Il n'y a pas de problème...
M. Bissonnet: Pour avancer davantage.
M. Bertrand: ... je suis sûr qu'en échange on va
avoir une collaboration plus qu'extraordinaire.
M. Bissonnet: M. le Président et M. le ministre, pour
faire avancer davantage l'étude ce soir du dossier du projet de loi no
65, nous de l'Opposition, nous serions satisfaits s'il n'y avait pas de
discours d'introduction. De notre part, il n'y aura pas de discours
également à la suite de votre discours d'introduction pour
permettre de commencer dès le début à étudier le
projet de loi article par article.
M. Bertrand: C'est plat, parce que vous venez de m'enlever mon
"scoop", je voulais justement, ce soir, au moment où le président
allait me donner la parole, dire: "Let us get to work" et commencer
immédiatement par l'article 1.
M. French: C'est effectivement un "scoop" pour le ministre, c'est
une primeur.
La téléphonie au Québec et
Bell
M. Bissonnet: On va vous parler un peu, M. le ministre, on avait
une question pour vous d'ailleurs à la période des questions ce
matin, à l'intérieur du ministère des Communications; nous
savons très bien que
vous aimez recevoir des questions de l'Opposition en ce qui a trait
à des sujets d'intérêt de votre ministère. C'est que
nous avions l'intention de vous poser des questions ce matin sur la
québécisation de Bell Canada. En fait, vous avez mandaté
la firme Tamec pour faire une étude pour la réalisation et
l'établissement d'une juridiction québécoise des
opérations de Bell Canada. Vous avez mentionné que le
dépôt de cette étude serait fait les prochaines semaines.
Les informations que nous avons, plutôt à titre de rumeur, c'est
que nous nous interrogeons sur l'aspect financier en ce qui a trait à
cet objectif de québécisation de Bell Canada. Est-ce qu'à
l'heure actuelle vous avez des informations qui pourraient nous assurer que
cette québécisation s'avérera une très bonne
affaire pour les usagers du téléphone
québécois?
Nous nous interrogeons actuellement sur l'aspect financier et, comme
vous l'avez mentionné, vous voulez prendre connaissance de ce document
avant de le rendre public mais nous espérons que vous allez le rendre
public le plus tôt possible afin que les intervenants puissent intervenir
comme on l'a fait en vertu du projet de loi 65.
M. Bertrand: Je vais recevoir le document dans sa phase finale,
terminé, avec tous ses chapitres, probablement vers la fin de la semaine
prochaine. Et à ce moment, évidemment, le premier travail que
nous ferons au sein du ministère des Communications sera de prendre
connaissance du rapport de la firme Tamec et d'évaluer, bien sûr -
la question du député est tout à fait pertinente - les
implications qu'aurait non seulement pour le gouvernement, non seulement pour
la politique québécoise en matière de communication mais
également pour les usagers du téléphone la
québécisation de Bell.
Effectivement, nous avons confié à la firme Tamec un
mandat qui consistait à atteindre un certain nombre d'objectifs que je
peux résumer de la façon suivante: premièrement,
élaborer les moyens et les mécanismes à mettre en place
pour que le développement des télécommunications puisse
être mieux harmonisé et adapté aux besoins des
Québécois et sur l'ensemble du territoire à la suite de la
québécisation de Bell; deuxièmement, optimaliser les
retombées économiques engendrées directement ou
indirectement par les entreprises de téléphone qui oeuvrent sur
notre territoire et, troisièmement, je pense que c'est un peu cela qui
rejoint la question du député de Jeanne-Mance, s'assurer qu'un
transfert de juridictions n'occasionne pas un fardeau indu pour les citoyens du
Québec. Cela faisait partie des grands objectifs que nous avions
fixés à la firme Tamec et c'est en prenant connaissance du
document final que nous pourrons donner des réponses.
Maintenant, pour ce qui est de rendre public le document
là-dessus, je n'ai jamais été du genre à jouer au
cachottier sur les choses qu'on produit chez nous, les documents qui peuvent
être utiles lorsque jugés d'intérêt public pour
justement permettre un débat non seulement à l'Assemblée
nationale mais dans la population pour que tous les groupes sachent un peu
à quoi s'en tenir. Nous allons regarder d'abord le mémoire. Nous
allons l'analyser, nous allons décider des suites que nous voulons y
donner et, si nous jugions en cours de route qu'il serait intéressant au
nom même de l'intérêt public et au nom même des
objectifs que le ministère poursuit de rendre public ledit rapport, je
n'ai pas d'objection de principe a priori. Mais encore faut-il le faire dans un
contexte où véritablement on soit certain que cela sert
l'intérêt public. Par exemple, il est bien évident que
depuis que Bell Canada a manifesté son intérêt pour la
québécisation de ses opérations sur le territoire
québécois, on n'aurait pu comme cela, tout de go, dire:
Très bien, bravo, on règle cela et c'est fini. Je pense qu'on a
été prudent en se disant: Très bien, Bell Canada peut
manifester un intérêt pour faire en sorte que ses
opérations en matière de téléphonie sur le
territoire québécois relèvent dorénavant de la
Régie des services publics du Québec, mais, s'il y a un
intérêt pour la compagnie, il faudrait qu'il y ait un
intérêt aussi pour la population du Québec.
C'est clair qu'il y a un intérêt de principe. Il y a quand
même là une possibilité nouvelle qui nous permettrait comme
gouvernement, par l'intermédiaire de la Régie des services
publics du Québec, enfin de pouvoir avoir une juridiction totale et
entière sur l'ensemble des entreprises de téléphonie qui
oeuvrent au Québec. Ce n'est pas agréable de voir une compagnie
qui dessert 88% des abonnés du téléphone relever d'un
organisme de réglementation fédéral alors qu'une vingtaine
de compagnies qui ne rejoignent que 12% de la population, relèvent du
contrôle et de la surveillance de la Régie des services
publics.
Alors, on a voulu procéder à cette étude justement
pour répondre à des questions aussi pertinentes que celles que le
député de Jeanne-Mance peut poser. C'est à compter de la
semaine prochaine qu'on pourra, à l'analyse, évaluer si oui ou
non un des objectifs qu'on s'est fixés, c'est-à-dire s'assurer
que le transfert de juridiction n'occasionne pas un fardeau indu pour les
citoyens du Québec, soit atteint.
M. Bissonnet: Deux autres petites questions à
l'intérieur de ce sujet: Est-ce que la Régie des services publics
s'est déjà prononcée vis-à-vis de la
québécisation de Bell premièrement et, compte tenu que
nous
commencerons à étudier le projet de loi no 65, advenant le
cas où le projet de loi serait adopté comme tel, avec tous les
amendements qui ont été apportés, est-ce qu'il y aurait un
article pour exempter le gouvernement de rendre ce document, à la
demande d'un citoyen à l'intérieur de l'accès à
l'information?
M. Bertrand: Je pense que c'est l'article...
M. Bissonnet: C'est parce qu'on a remarqué, comme beaucoup
de gens, qu'il y a beaucoup d'exemptions. Alors, je vous demande, M. le
ministre...
M. Bertrand: C'est l'article, je ne me rappelle pas son
numéro.
M. Bissonnet: ... s'il y aurait une exemption possible
pour...
M. Bertrand: Oui. Je ne me rappelle pas le numéro, mais
tant qu'une décision n'a pas été prise, c'est toute...
M. Bissonnet: Je pense que c'est l'article 32 ou 37.
M. Bertrand: ... la sous-section qui traite, justement, des
restrictions à l'accès quand nous sommes en pleine phase de prise
de décision. Or, évidemment...
M. Bissonnet: Si cela prend dix ans, cela ne serait pas
possible.
M. Bertrand: J'espère qu'il ne faudra pas dix ans pour
prendre une décision sur le dossier de Bell Québec...
M. Bissonnet: À la Régie des services publics.
M. Bertrand: Non. Ce n'est pas, d'ailleurs, le rôle de la
Régie des services publics; la Régie des services publics
reçoit des mandats à la suite des décisions qui sont
prises par le gouvernement, comme cela a été le cas, par exemple,
pour la programmation éducative, comme cela a été le cas
pour la télévision payante, comme cela a été le cas
tout récemment pour le raccordement des terminaux. Alors, la
régie n'a pas à jouer ce rôle qui est un rôle
essentiellement politique, la régie est un tribunal administratif et
elle reçoit ses mandats du Conseil des ministres, de l'Assemblée
nationale via certains décrets qu'on peut adopter ou certaines lois
qu'on peut adopter.
Il y a une dernière indication que je vais donner: lors de la
conférence fédérale-provinciale, j'ai tendu une perche
comme cela à M. Fox pour savoir quelle serait sa réaction si un
jour le Québec - parce qu'il va falloir, paraît-il, modifier des
lois fédérales, si jamais on veut faire en sorte que le
Québec puisse exister - je lui ai demandé quelle serait sa
réaction... Sans qu'on ait vraiment le temps d'en discuter très
longuement, il m'a dit que sa réaction serait plutôt
négative. J'avoue que cela ne m'a pas vraiment surpris, de toute
façon; toujours est-il que c'est la réaction première
qu'il m'a transmise. Je n'ai pas poursuivi plus loin, parce que de toute
façon, je crois que c'est d'abord à nous ici au Québec
à faire notre lit sur ce dossier et ensuite, on verra bien comment on
doit s'assurer que l'objectif est atteint.
Concentration de la presse
M. Bissonnet: M. le Président, au sujet de la
concentration de la presse - on en a parlé l'an dernier - on sait
effectivement qu'il y a déjà eu un projet auquel les gens ont
travaillé à l'intérieur du gouvernement, en particulier le
premier ministre, sur l'information. Est-ce l'intention du ministre des
Communications au cours de la prochaine année de traiter de ce sujet de
façon plus particulière?
M. Bertrand: Bien, vous savez, cela a paru dans le Devoir;
d'ailleurs, le journaliste a réussi à avoir accès sans
même qu'il existe une loi d'accès à l'information, c'est
dans...
M. Bissonnet: II y en a qui sont privilégiés.
M. Bertrand: Je ne sais pas comment il s'y est pris, mais de
toute façon, il a bien fait son travail. Il a réussi a mettre la
main sur un certain nombre de documents qui avaient été soumis au
Comité ministériel permanent du développement culturel qui
faisait état d'une proposition transmise par le ministère des
Communications pour que le gouvernement soumette à l'Assemblée
nationale un projet de loi sur les transactions entre les entreprises de
presse. Le Comité ministériel permanent du développement
culturel a pris connaissance de notre mémoire et nous a demandé
de retourner à notre table de travail, si on peut parler ainsi, et de
faire en sorte qu'on puisse revenir un peu plus tard au comité
ministériel permanent du développement culturel avec les
améliorations à la proposition que nous avions soumise. (16
heures)
Je dois dire que, depuis ce temps, effectivement, j'ai pris bonne note,
moi aussi, des intentions manifestées par le gouvernement
fédéral de légiférer par une loi sur les
quotidiens, de créer un conseil consultatif canadien qui serait à
peu près l'équivalent canadien de ce que sont, dans
certaines provinces, les conseils de presse. Je pense qu'on n'est pas la
seule province a en avoir, il y en a un certain nombre qui en ont mais je suis
content de voir que M. Fleming, qui a fait un exposé sur la question, a
été beaucoup plus souple et, à mon avis, beaucoup plus
sensé et raisonnable que son collègue, le ministre des
Communications, M. Fox, en disant qu'au Québec, déjà il y
a des choses. En d'autres mots, on exerce déjà notre
compétence depuis un bon nombre d'années en matière de
presse écrite, que le Québec est intervenu -je me rappelle la loi
de M. Duplessis, en 1954, qui n'a jamais été promulguée
par ailleurs - je crois que c'est en 1964 qu'il y a eu deux ou trois lois qui
ont été adoptées par l'Assemblée nationale. Il y a
eu, en 1967, une loi sur la transaction qui faisait que la Presse devenait
propriété de Power Corporation dans le cas de la succession de M.
Berthiaume. Par la suite, des commissions parlementaires ont travaillé
sur le dossier de la concentration sous le gouvernement de l'Union Nationale,
sous le gouvernement libéral, encore d'ailleurs au moment où le
Soleil a été vendu à M. Francoeur et que la rumeur courait
- c'était plus qu'une rumeur, c'était une hypothèse qui
était sur la table -que Power Corporation pourrait devenir
propriétaire du Soleil.
Donc, l'Assemblée nationale s'est toujours très
intéressée au dossier de la presse écrite, elle a
exercé sa compétence de plusieurs façons par des
commissions parlementaires, par des commissions d'études, par des lois,
etc. M. Fleming a reconnu cela et il a aussi reconnu que le Conseil de presse,
au Québec, fait son travail. Effectivement, le Conseil de presse au
Québec, d'année en année, avec les moyens financiers qui
augmentent d'ailleurs, est en mesure véritablement de jouer son
rôle de tribunal moral, si l'on peut l'appeler ainsi, en matière
de presse écrite. Dans un contexte comme celui-là, je crois que
le problème de la compétence du Québec ne posera pas de
difficultés majeures, à moins que le fédéral ne se
braque et ne décide d'adopter une attitude du type de celle que M. Fox a
adoptée sur la télévision payante, mais ce n'est pas ce
que j'ai senti chez M. Fleming.
Quant à nous, nous allons poursuivre sur ce dossier relatif aux
transactions entre les entreprises de presse, mais, encore là, je dois
dire que ni le comité ministériel permanent du
développement culturel ni le Conseil des ministres n'ont pris de
décision. Je pense que je puis dire au député de
Jeanne-Mance que c'est un dossier délicat, très délicat
parce que j'en prends à témoin un colloque récent qui a
été tenu par l'Association québécoise de sciences
politiques - je ne me rappelle plus trop de son nom - où l'un des
thèmes était l'intervention du gouvernement dans les
médias d'information. Les gens sont divisés dans le milieu
journalistique lui-même, les gens sont très divisés. Il y a
des gens qui sont favorables à une intervention de l'État par une
loi du type de celle que nous travaillons en ce moment sur les transactions
entre les entreprises de presse. Il y a d'autres journalistes, par contre, qui
ne veulent absolument rien savoir de cela. Je ne donnerai pas de noms, mais je
pense que ceux qui sont familiers avec les réactions des journalistes en
la matière savent à peu près de quoi il en retourne. C'est
très délicat. Je vous avoue que j'avance dans ce dossier avec
beaucoup de prudence et que je ne détesterais pas qu'il puisse se
dégager une espèce de consensus autour d'un certain nombre
d'objectifs, quitte à discuter au niveau des modalités
d'application. D'ailleurs, je ne sais pas ce que le député de
Jeanne-Mance pense de ce dossier, mais...
M. Bissonnet: C'est délicat. M. Bertrand: C'est
très délicat.
M. Bissonnet: II n'y a pas de doute là dessus. Je ferai
connaître ma position en temps et lieu.
En ce qui a trait, M. le ministre, à la planification du
développement des médias, à l'élément 2,
l'année dernière, nous avons étudié les
crédits de votre ministère, le 4 juin, cela fait un an
aujourd'hui, et, dans le cadre de l'étude des crédits de
l'année dernière, vous vous engagiez à réviser en
profondeur tout le programme d'aide aux médias communautaires. Or, on
retrouve le même engagement financier pour l'exercice 1982-1983 dans le
cahier explicatif de vos crédits de cette année.
M. Bertrand: II a augmenté de 200 000 $. Il est de 2 000
000 $ cette année par rapport à 1 800 000 $ l'an dernier.
M. Bissonnet: Je vais corriger les informations que j'ai eues, M.
le ministre.
Je vais vous donner un cas très précis. Vous avez
reçu le 22 avril 1982 du Conseil des médias communautaires de
Laval Inc. une lettre relative au maintien du critère
d'admissiblité au programme d'aide aux médias communautaires, le
programme PAMEC, à savoir un bassin de population inférieur
à 50 000 personnes. Ce conseil des médias vous signifiait qu'une
telle mesure pénaliserait le Conseil des médias communautaires de
Laval Inc. et il faisait valoir que ce critère lésait les
citoyens et les organismes de Laval dans leur droit de parole et
d'expression.
Considérant que la télévision communautaire de
Laval a été appuyée majoritairement dans ses
démarches par 50
organismes membres du comité des organismes sociaux de Laval, qui
regroupe à lui seul 50 intervenants publics, vous avez sûrement
pris connaissance de cette lettre du 22 avril.
M. Bertrand: J'ai très bien pris connaissance de cette
lettre.
M. Bissonnet: Quel est le suivi que vous entendez donner à
une telle requête d'admissibilité aux subventions du PAMEC?
M. Bertrand: J'ai répondu a...
M. Bissonnet: S'il vous plaît, j'avais terminé, vous
pouvez y aller, si vous voulez.
M. Bertrand: J'ai répondu à Mme Doucet
qu'effectivement j'avais pris la décision de lever ce critère et
de permettre au Conseil des médias communautaires de Laval de
présenter son dossier dans le cadre du PAMEC de cette année
1982-1983.
M. Bissonnet: Parce que, en fait, le bassin qui est desservi est
inférieur à 50 000 de population.
M. Bertrand: Pardon?
M. Bissonnet: Le bassin desservi par la télévision
communautaire pour le secteur qu'elle touche à l'intérieur de
ville de Laval est de 250 000 personnes, mais le secteur qui est couvert touche
à peu près 38 000 personnes; c'est dans la partie est de Laval,
ce secteur recouvre la demande de la personne qui vous a envoyé cela,
ça touche tout le secteur est et ce n'est pas, selon les informations
que nous possédons...
M. Bertrand: Donc, il diffuse à tout le monde.
M. Bissonnet: Les informations que nous avons...
M. Bertrand: II diffuse à toute la population de ville de
Laval par l'intermédiaire d'un câblodistributeur.
M. Bissonnet: Oui, lorsqu'il va vers le CNL, il diffuse à
l'intérieur de toute la ville de Laval, mais il diffuse également
dans le secteur est de Laval, selon les informations que nous
possédons.
M. Bertrand: Le projet, c'est en fait d'offrir le service
à l'ensemble de la communauté lavalloise et non pas seulement
à un sous-secteur de la communauté, mais on a levé le
critère qui était là comme une hypothèque, il y a
un autre critère aussi qu'on a retranché et qui était
là l'an dernier, c'était celui qui faisait que ceux qui n'avaient
rien reçu auparavant, qui n'avaient jamais été admis
auparavant ne pouvaient pas présenter une demande. J'ai levé cela
aussi. C'est le cas aussi, par exemple, de la télévision
communautaire d'Alma, qui se plaignait de cela. On a levé ce
critère et, cette année, la télévision
communautaire d'Alma a pu présenter sa demande. En d'autres mots, ce que
j'ai fait cette année, M. le député, justement parce que
nous sommes en période de révision en profondeur, de tout le
programme d'aide aux médias communautaires, a été de dire:
On évaluera tout le monde au mérite, peu importe que ce soit une
municipalité où il y a plus de 50 000 de population, peu importe
que les gens aient demandé ou pas dans le passé, on va juger tout
le monde au mérite. À toutes fins utiles presque tout le monde
est donc admissible, mais il y a une chose qu'il faut comprendre, c'est que le
montant n'est pas extensible à l'infini, il est de 2 000 000 $, en y
incluant 200 000 $ pour de nouveaux projets, de nouvelles stations que nous
pourrions implanter et ce qui est consacré aux infrastructures de ces
nouvelles implantations. Dans ce contexte, il est bien évident que si on
ouvre plus grandes les portes pour que les demandes soient plus nombreuses, de
deux choses l'une, ou bien on dit non à plus de gens, on bien on
répartit le montant entre plus de groupes, mais, à ce moment, les
montants sont réduits d'autant pour chacun et c'est peut-être
même l'avenir de certains de ces médias communautaires qui va
être compromis; c'est très délicat et il faut faire
très attention.
Il y a une chose que je tiens à dire et je le dis publiquement,
parce que c'est fondamental quant à moi. Il y a trois jurys qui sont mis
sur pied chaque année pour évaluer les dossiers, les journaux,
les radios et les télévisions communautaires. Chacun des jurys
est constitué de trois personnes: un représentant du
ministère des Communications, un représentant de l'organisme qui
regroupe les télévisions communautaires, les radios
communautaires, les journaux communautaires, et un représentant choisi
complètement à l'extérieur et du gouvernement et de ces
associations pour apporter disons un éclairage différent. Je peux
vous dire très candidement dans un premier temps que je reçois
déjà des lettres, j'en ai reçu deux ou trois de
médias communautaires, radio, télévision, qui m'annoncent
que le jury a décidé qu'ils n'auraient rien, alors que je pense
que ni le sous-ministre en titre, ni moi-même n'avons pris connaissance
encore des résultats des délibérations des jurys.
Ce qui se passe, écoutez, on peut se poser la question, est-ce
que les relations entre le ministère des Communications et ses
différentes clientèles sont à ce point étroites
qu'entre le jury et les groupes demandeurs il
y ait une communication très féconde qui fait qu'ils ont
un peu la primeur de la nouvelle? Ou est-ce que les membres qui siègent
aux jurys qui représentent des organismes communiquent ou aux
télévisions, ou aux radios ou aux journaux les décisions
qu'ils ont prises au sein même du jury? En tout cas, il y a quelque chose
qui se passe. Il y a un problème quelque part, il y a du coulage en
d'autres mots. Je vous avoue que je trouve cela agaçant, parce que j'ai
déjà reçu deux ou trois lettres de groupes qui me disent:
"Cela a l'air que le jury a dit non," mais je n'ai pas encore vu un seul des
rapports, ni du jury des journaux, ni des radios, ni des
télévisions. Cela nous place dans une situation extrêmement
difficile et je trouve cela regrettable.
Il y a un autre cas qui s'est présenté, je ne nommerai pas
l'association qu'il regroupe, parce que c'est un des trois,
télévision, radio ou journaux, qui a envoyé une lettre
à un jury mettant même presque celui-ci dans une situation
inconfortable pour lui dire: Cette année, on croit que vous devriez
donner à ce média communautaire une subvention alors que, par les
années passées, vous n'en donniez pas. Je trouve cela incroyable.
Je n'interviens même pas comme ministre au niveau des jurys. L'an
dernier, les recommandations que les jurys m'ont faites, je les ai toutes
endossées les unes après les autres, parce que je trouve que cela
est ridicule si on met des jurys sur pied et qu'ensuite on se met à
faire de la politique avec cela. Cela vaut quoi, cette opération qui
consiste à mettre sur pied des jurys et à tenter de faire faire
un travail le plus objectif, non politique, non partisan, et qu'on voit que,
pendant ce temps, au moment où les élus n'interviennent pas et ne
font pas de pression indue sur les jurys, un organisme qui représente
les médias communautaires fait des pressions en écrivant
directement au jury? Heureusement qu'on a reçu copie de la lettre, mais
je trouve cela complètement incroyable comme procédé. Je
trouve que ce n'est pas de nature, comment dirais-je, à créer
beaucoup d'enthousiasme au sein du ministère en ce qui a trait à
la procédure qu'on a retenue jusqu'à maintenant d'avoir des jurys
pour évaluer les demandes des organismes communautaires. (16 h 15)
M. Bissonnet: Une dernière question à ce sujet, M.
le ministre. L'année dernière, vous nous informiez, vous nous
disiez qu'il y avait eu certains changements à l'intérieur des
décisions qui vont être prises pour aider les médias
communautaires, mais au point de vue de la révision globale, en
profondeur...
M. Bertrand: Elle n'est pas terminée. M. Bissonnet:
Elle n'est pas terminée.
M. Bertrand: Elle n'est pas terminée et nous avons
décidé de la poursuivre plus longuement que prévu, parce
que c'est une opération majeure. Il faut vraiment qu'on sache où
on s'en va avec un programme comme celui-là. C'est quand même 2
000 000 $. Vous me direz que 2 000 000 $ sur 22 000 000 000 $ ce n'est pas la
mer à boire, cela doit représenter 0,001% ou à peu
près - Mme Monette me dirait cela très vite - 0,001% du budget de
l'État, mais c'est important par contre pour pas mal de monde qui est
rejoint par ces radios, ces télévisions, ces journaux. Il faut
aussi, je crois, prendre en considération les remarques que les
organismes eux-mêmes ont à nous transmettre.
Alors, on s'est donné encore quelques mois pour réviser en
profondeur ce programme. Est-ce qu'on sera prêt pour le programme de
l'année prochaine? Je ne suis pas en mesure de vous le dire à ce
moment-ci, mais il est bien évident que c'est un dossier qui,
d'année en année, est révisé d'une façon ou
d'une autre et la preuve en est que cette année j'ai voulu lever un
certain nombre de critères qui étaient agaçants pour
certains médias qui voulaient absolument présenter leurs dossiers
devant des jurys. Maintenant, on a au moins réglé cette partie,
mais je pense qu'il faut aller plus en profondeur et revoir de fond en comble
le programme. On s'est donné, lors de notre dernier lac à
l'Épaule, qu'on appelle, nous, un Cap-à-l'Aigle, on s'est
donné comme mandat d'atteindre cet objectif au cours de la prochaine
année.
M. Bissonnet: Pas d'autres questions.
Le Président (M. Rochefort): Alors, les
éléments 1, 2 et 3 du programme 5 sont adoptés? Programme
5, adopté.
Alors, sauf erreur, les crédits des différents programmes
du ministère des
Communications ont été adoptés, ce qui met donc
fin...
M. Bissonnet: M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Juste une petite question à
l'intérieur du programme 4.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a
consentement, malgré...
Logiciels et microprocesseurs
M. Bissonnet: Juste une petite question au niveau de la
stratégie de développement de l'informatique. À
défaut de se lancer dans des industries très coûteuses
d'informatique, M. le ministre, avez-vous envisagé de faire
une percée dans les secteurs de pointe tels que ceux des
logiciels ou des microprocesseurs?
M. Bertrand: On n'a pas encore pris de décision
là-dessus pour la raison très simple que, d'abord, il nous faut
faire notre lit sur des créneaux d'excellence des secteurs
privilégiés que nous voulons retenir au niveau de ce qu'on
pourrait appeler la recherche et le développement. Deuxièmement,
par contre, il y a déjà des politiques qui ont été
annoncées par le ministre d'État au Développement
économique relativement aux technologies nouvelles,
particulièrement dans le secteur de la micro-électronique.
Il y a un projet qu'on a accompagné très directement au
cours des derniers mois, c'est le projet qu'on appelait le SID, le
système d'information à domicile, conçu au centre de
recherche du groupe Vidéotron-Câblevision nationale. C'est un
projet très concret où le ministère des Communications, en
collaboration avec le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme et le ministère d'État au Développement
économique, a tenté au cours des derniers mois de trouver des
moyens de faire en sorte que ce secteur de pointe puisse être
développé ici au Québec, c'est-à-dire avec
fabrication au Québec des équipements et commercialisation
à partir du Québec. Mais il n'y a pas encore de politique
définitive d'arrêtée pour dire: On s'en va du
côté du "hard" ou on s'en va du côté du "soft" ou on
s'en va du côté des contenus, du côté des logiciels.
On sait une chose, par contre, si je me fie aux connaisseurs dans le domaine,
d'ici à un certain nombre d'années, à peu près 90%
de toute l'activité économique qui sera
générée dans le secteur des communications se situera
davantage du côté du "software" que du côté du
"hardware".
En d'autres mots, la quincaillerie et les équipements auront fait
l'objet de développement et l'essentiel des efforts devra porter sur les
logiciels, les contenus, en d'autres mots ce qu'on met là-dedans et
à quelles fins on utilise ces équipements, toute cette
quincaillerie qui sera à notre disposition.
Je dois dire au député, puisque je pense que c'est
à peu près là-dessus qu'on termine, que, si le
gouvernement, dans son ensemble, a pris Le virage technologique, le
ministère des Communications, lui, est en train de prendre le virage
économique. Je l'ai dit plusieurs fois, je considère que l'avenir
appartient aux communications et que le développement économique
du Québec va passer par les communications pour les 20 prochaines
années ou pour une bonne partie des 20 prochaines années. C'est
pourquoi, au ministère des Communications, nous sommes en train de faire
un virage, je dirais de 180 , pour axer l'essentiel de nos travaux et mettre
nos priorités sur ce qu'on peut appeler l'économique des
communications.
D'ailleurs, la politique nationale des communications est en
préparation en ce moment et devrait faire l'objet d'un rapport final
d'ici à la fin de 1982 ce qui, ensuite, me permettra d'aller en
consultation partout au Québec et d'aboutir à un sommet à
l'automne 1983. Toute cette politique nationale des communications tourne
véritablement autour du développement des communications et du
développement à incidence économique dans le secteur des
communications tout en continuant, bien sûr, cela va de soi, de tenir
compte des impacts socio-culturels de ces politiques de communications.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. Les
crédits pour l'année 1982-1983 du ministère des
Communications étant adoptés, sur division quant au programme 2,
la commission ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 16 h 22)
(Reprise de la séance à 20 h 05)
Étude du projet de loi no 65
Le Président (M. Gagnon): Nous sommes réunis afin
d'étudier article par article le projet de loi no 65, Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels.
Sont membres de cette commission: MM. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Baril (Arthabaska), Bertrand (Vanier),
Bissonnet (Jeanne-Mance), Blais (Terrebonne), Brassard (Lac-Saint-Jean), French
(Westmount), Guay (Taschereau), LeMay (Gaspé), Rivest (Jean-Talon),
Sirros (Laurier).
Les intervenants sont: MM. Charbonneau (Verchères), Dean
(Prévost), Fortier (Outremont), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), Marx
(D'Arcy McGee), Payne (Vachon), Perron (Duplessis), Picotte
(Maskinongé), Rodrigue (Vimont).
Est-ce que la commission voudrait nommer un rapporteur à ce
moment-ci?
M. French: Cela représente un certain... M. Bertrand:
M. French (Westmount).
M. French: Est-ce que cela est possible, techniquement?
M. Bertrand: Je ne le pense pas. Une voix: Probablement.
M. Bertrand: Est-ce que cela se fait? M. French: Hubert peut
être rapporteur.
M. Bertrand: Non, il n'est pas membre de la commission. M.
Jacques Baril est membre de la commission.
Le Président (M. Gagnon): M. Baril (Arthabaska)?
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): J'appelle maintenant le projet
de loi no 65 en donnant d'abord la parole au ministre pour les remarques
préliminaires.
M. Bertrand: Let us get to work, Mr. President.
M. French: II m'a promis ces remarques préliminaires. Je
suis content d'en entendre parler. On n'a pas, de notre côté, de
remarques préliminaires. Le ministre m'a proposé un
échange d'opinions au sujet de la procédure que nous allons
adopter. Je ne pense pas que cela vaille la peine que j'essaie de
résumer en quelque sorte nos objections de principe et de
mécanisme. Je voudrais tout simplement réitérer notre
conviction que le projet de loi est important, mais qu'il y a par contre de la
place pour une amélioration assez importante. Nous voudrions accomplir
la tâche non seulement de voter le projet de loi, mais d'adopter un
projet de loi aussi étoffé que possible, d'ici à la fin de
la session. Nous avons compris l'entente pour laquelle on se trouve ici,
aujourd'hui, comme un échange de temps avec le lundi soir, parce que je
ne serai pas là. S'il est nécessaire de siéger lundi
après-midi, qu'on procède.
M. Bertrand: La seule chose que je veux dire là-dessus,
c'est que je suis très réceptif. Je veux tout simplement dire au
député de Westmount... Évidemment, c'est un projet de loi
auquel on pourrait travailler trois, quatre semaines et nous en aurions encore
beaucoup à dire, mais comme on a quand même plusieurs autres lois,
on ne pourra pas prendre énormément de temps en commission
parlementaire. On va prendre tout le temps nécessaire, mais je veux
simplement qu'on sache que je suis prêt à collaborer, parce que je
comprends que le député qui s'est beaucoup associé
déjà au travail de ce projet de loi en commission parlementaire
et à l'Assemblée nationale voudrait bien participer
jusqu'à la fin, à la définition d'un projet de loi, comme
il l'a dit lui-même, étoffé, substantiel,
intéressant. Je serais prêt à n'importe quel accommodement,
mais il faudrait quand même qu'on avance.
M. French: M. le Président, je veux assurer le ministre
que nous n'avons pas l'intention non plus de passer du temps qui n'est pas
utile sur des points litigieux qui, enfin, ne suscitent pas de consensus
spontané. C'est au gouvernement, à un moment donné,
à prendre ses responsabilités; on va adopter les choses sur
division et ce sera fini. J'avais pensé à plusieurs façons
d'essayer de sécuriser le ministre par rapport au nombre de clauses ou
d'articles passés, puis on a tiré la conclusion que ce
n'était pas vraiment possible de procéder autrement que par un,
deux et trois.
M. Bertrand: Allez-y.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que j'appelle l'article
1?
M. Bertrand: Oui.
Application et interprétation
M. French: On a simplement deux questions à poser.
D'abord, pourquoi le mot "conservés"?
M. Bertrand: C'est bien simple, M. le Président, c'est
simplement pour qu'on sache bien que les documents auxquels on fait
référence sont ceux qui sont effectivement gardés par ceux
qui sont responsables dans les organismes publics, de ce qu'on pourrait appeler
la gestion documentaire. Il y a, effectivement, dans tout service normal de
gestion documentaire, un certain triage de documents qui doit être fait,
non pas pour dire: On ne veut pas de celui-ci, on ne veut pas de
celui-là. Il faut, à un moment donné, que quelqu'un,
quelque part, prenne la décision d'inscrire, dans une liste de
classement, un document et d'avoir un instrument qui lui permette de le
repérer. Donc, il faut que ce document soit conservé. La notion
de conservation, dans notre esprit, est l'élément qui nous
apparaissait le plus clair, le plus précis pour indiquer ce qu'est un
document qui a fait l'objet d'une politique de gestion documentaire, de gestion
de l'information et qui a été, à un moment donné X,
de sa vie, fiché ou introduit dans une liste de classement, donc
conservé.
Alors, il n'y a pas d'autres intentions que celle-là, c'est
vraiment, comment dirais-je, pour fixer de façon précise les
documents qui sont ceux qu'on a voulu gérer et non pas des documents
qui, pour une raison ou pour une autre, à toutes fins utiles, ne
seraient même pas gardés par un ministère, par un organisme
public.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. Bertrand: Question de précision seulement.
M. French: M. le Président, la notion de choix est
justement la notion qui nous
donne une certaine difficulté. Il me paraît clair qu'il y a
un certain nombre de documents qu'on jette, parce qu'on sait qu'il n'y a pas
possibilité de les utiliser dans l'avenir. On sait que la valeur d'un
document d'analyse dans la bureaucratie a souvent une demi-vie - si c'est le
mot en français, en tout cas, en anglais, c'est "half life" - qui est
assez réduite, et que souvent les documents deviennent très vite
désuets. L'adjectif "conservés" nous paraît, en quelque
sorte, une porte de sortie pour certains fonctionnaires. Est-ce que le ministre
pourrait expliquer ou nous donner un exemple du genre de document qui serait
compris dans le mot "détenus", non compris dans le mot
"conservés", donc qui indiquerait d'une façon quelconque comment
conserver les meilleurs?
M. Bertrand: Le mot "conservés" est un mot qui revient un
peu chaque fois qu'on parle d'archives, par exemple, on parle de la
conservation d'un document. On fait souvent référence à ce
mot pour dire: Voilà quelque chose qui a été gardé.
Je pense que le mot "détenus", par un organisme public est un synonyme.
Je vous avouerai, d'ailleurs, très franchement, M. le
député de Westmount, lorsque nous avons préparé cet
article, nous avons travaillé avec le mot "détenus", mais, dans
notre esprit, le mot "détenus" voulait bien dire documents qui,
étant détenus par l'organisme public, est donc inscrits dans une
liste de classement et conservés dans le contexte d'une politique de
gestion documentaire.
Il fallait prendre un mot, on a pris celui-là parce que, à
toutes fins utiles, c'est celui qui nous apparaissait le plus conforme à
ce qui se pratique généralement dans les organismes publics.
C'est-à-dire qu'à partir d'un certain moment, on dit:
Voilà, ce document maintenant est inscrit, il a un numéro de
code, il est conservé, il est géré par une personne, un
service qui s'occupe de gestion de documentation ou de gestion d'information.
Il n'y a pas de raison idéologique, d'ailleurs je ne ferai pas de
bataille politique longtemps là-dessus. Si vous avez une proposition qui
vous apparaîtrait plus correcte que "conservés", on peut la
regarder, la discuter. (20 h 15)
M. French: Nous favoriserions de notre côté un
retour à "détenus", un peu pour les raisons suivantes. Le mot me
semble éviter un système parallèle de dossiers. Il y a les
non conservés qui restent dans les classeurs des individus et les
conservés qui trouvent ultimement leur place dans les archives. Mais le
système dans les bureaux des individus fonctionne très bien: il y
a échange de documents, etc.. et le travail se fait un peu en
parallèle. Je vais vous donner un exemple parfait, la Suède,
où cela se passe couramment et où justement l'espèce
d'ouverture dans les lois n'est pas toujours respectée dans les faits.
En Suède, il y a des documents officiels qui sont, comme pourcentage,
peut-être 10% à 15% de tous les documents des fonctionnaires
suédois et le reste, les 85% des documents ne se trouvent jamais
être des documents au sens de la loi. C'est juste ce genre de souci qui
nous préoccupe.
Je voudrais ajouter que dans la notion de détenir, c'est
l'idée de garder en sa possession. Que cela gêne autrui ou non, le
document est disponible pour usage par un individu, par un fonctionnaire ou un
organisme public. S'il est là, il est là quand même.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous faites une
motion?
M. French: Je vais faire une motion pour que l'article 1 soit
modifié en remplaçant, à la première ligne, le mot
"conservés" par le mot "détenus".
M. Bertrand: La seule chose qui m'agace, M. le Président,
c'est qu'il y a quelque chose d'un peu flou dans le terme "détenus". Au
moins quand on dit d'un document qu'il est conservé, on sait une chose,
c'est qu'à partir d'un certain moment dans son histoire, un document
fait l'objet d'une politique quelconque qui a pour effet, finalement, que
celui-ci est véritablement catalogué, classifié,
répertorié tandis que "détenus" a un caractère un
peu flou dans la mesure où l'on peut détenir des choses, mais ne
pas vraiment leur donner ce caractère -comment dirais-je - de permanence
et puis ne pas faire en sorte qu'une fois déclarés
détenus, on s'assure qu'on effectue avec ces documents un travail qui
consiste, dans le fond, à les rendre facilement repérables,
classifiables. Je trouve que le mot "conservés" a quelque chose de plus
fort, de plus solide, de plus serré, de plus consistant que le mot
"détenus", ne serait-ce que pour les raisons que nous aurons à
invoquer plus tard et qui consistent à faciliter le repérage de
documents qui, justement, doivent avoir fait l'objet d'une politique de
classification quelconque. Je trouve le mot "détenus" un peu "lousse" et
le mot "conservés" plus contraignant pour l'organisme public dans la
mesure où l'organisme public doit véritablement faire l'effort de
s'assurer que ce document est effectivement bien identifié, et que, par
la suite, l'accès en sera d'autant facilité. Je ne sais pas
comment le député réagit à cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, le ministre
a évoqué l'exemple des archives. Si ma mémoire est
bonne, la loi sur les archives décrit certains genres de documents qui
devraient être conservés, donc la spécification à
savoir quel document est conservable et quel document ne l'est pas et dans la
loi, mais je suis convaincu, par exemple, que le ministre ne veut pas dire, par
la présence du mot "conservés" ici, qu'il imagine que les
documents qui vont être conservés ici - on a parlé de
concordance entre lois - le seront en vertu de la loi sur les archives.
Dans un deuxième temps, je voudrais faire observer au ministre
qu'il dit que "détenus" est "lousse" et que "conservés" est plus
restrictif...
M. Bertrand: Plus contraignant.
M. French: Plus contraignant, c'est effectivement vrai, et moi je
veux ouvrir l'étendue de la loi autant que possible.
M. Bertrand: Quand je dis contraignant pour l'organisme, c'est
justement cela que je veux dire, c'est de forcer l'organisme public à
appliquer une gestion vraiment très poussée de l'ensemble des
documents qu'il détient. C'est cela qui peut être agaçant,
à un moment donné, c'est qu'on peut détenir des documents,
mais il n'y a aucune politique à l'intérieur de l'organisme qui
fait en sorte que ces documents sont classés, ce qui fait que quand un
individu se présentera pour avoir accès aux documents, il n'y
aura pas, dans la liste de classement, d'élément qui lui
permettra de le repérer parce qu'il sera peut-être détenu
par l'organisme, mais personne, à un moment donné, ne se sera
soucié de s'assurer de son caractère de conservation, donc de
classement, d'identification précise.
Moi, je trouvais que le mot "conservés" et je trouve encore que
le mot "conservés" amène les organismes à faire en sorte
qu'il n'y a pas d'éparpillement de documents dans un organisme auquel on
ne s'intéresse à peu près jamais, et qu'on ne se force pas
à faire en sorte que ces documents puissent, à un moment
donné, être bien identifiés, bien classés, et
faciles à repérer pour quelqu'un qui voudrait y avoir
accès; c'est cela ma crainte.
M. French: M. le Président, je ne pense pas qu'il y ait
grand profit à continuer, sauf que je fait remarquer au ministre qu'il
n'y a aucune hésitation ou direction dans l'article 1 qui force
l'organisme à conserver un document; au contraire, il invite l'organisme
à conserver le minimum de documents possible pour que le minimum de
documents possible soient assujettis à l'étendue de la loi. Je ne
ferai pas plus de bataille que cela, mais je sais que le ministre croit que le
projet de loi va aider, et moi je l'espère, les pratiques de gestion, de
renseignements, de documents et d'information au sein des ministères et
des organismes publics, je veux bien, mais je lui fait remarquer que le mot
"conservés", dans le premier article du projet de loi, ne fait pas cela.
Peut-être qu'on devrait appeler l'amendement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, je tiens à informer
M. le ministre...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: J'aime bien que le ministre m'écoute quand
je parle; vous pourrez continuer quand j'aurai terminé... Je comprends
que vous vouliez avoir un conciliabule pour vous parler de "conserver" ou de
"détenir". Je tiens à informer le ministre des Communications que
le premier travail que j'ai accompli dans ma vie, c'était d'être
archiviste, ce que vous ne saviez sûrement pas. J'ai été
archiviste pour la ville de Montréal; je n'ai pas été
surintendant de la division, n'est-ce pas, mais j'ai commencé mon
travail à la ville de Montréal comme archiviste, et il y a eu
beaucoup de difficultés à la ville de Montréal par
beaucoup d'organismes sociaux, d'organismes d'association comme la Clinique
juridique Saint-Louis où il y a eu un procès où ils ont eu
certaines difficultés à pouvoir obtenir des documents qui
étaient à la division des archives. Je tiens à dire au
ministre qu'un archiviste qui a des documents en sa possession, sa
préoccupation principale est de les détenir et ensuite de les
conserver. Je pense qu'en indiquant dans ce projet de loi, qui
évidemment fait référence aux archives de tout organisme,
que ce soit du gouvernement, que ce soit des municipalités, que ce soit
des autres organismes publics visés par le projet de loi, si on veut
détenir, si on veut que les organismes publics détiennent des
documents, c'est encore plus sévère que de les conserver.
Évidemment, quand on parle de conservation, on parle
également de documents qu'il faut microfilmer en cas de feu ou quoi que
ce soit. Comme ligne de principe, dans un premier article, sans en faire un
débat le plus exhaustif qui soit, il serait encore plus important
d'indiquer que la présente loi s'applique aux documents
"détenus". L'argumentation qui a été apportée par
notre collègue, le député de Westmount, est un argument
qui... Je ne sais pas si vous avez parlé de ce projet de loi avec des
archivistes. Je ne suis pas un archiviste diplômé, M. le
Président. Je n'ai
fait un travail d'archiviste que bien élémentaire, mais
j'ai toujours cru qu'un service d'archives, que ce soit à n'importe quel
niveau, c'est un service qui détient des documents officiels, qui
détient même des documents qui ne sont pas officiels. Ils ne font
pas que conserver les documents, ils doivent les détenir et, lorsqu'ils
entrent là, ils les détiennent. Cela appartient à
l'organisme, que ce soit la ville de Montréal, la ville de
Québec. Les documents, lorsqu'ils sont adoptés et
référés aux archives, deviennent des documents que les
archives détiennent pour le compte de la municipalité.
M. Guay: ... de conservation.
M. Bissonnet: D'accord. Ils les détiennent avant de les
conserver.
M. Guay: Ils les détiennent dans le but de les
conserver.
M. Bissonnet: Lorsqu'on détient des documents, on se
demande si on conserve ceux-là ou ceux-là. C'est le
problème dans une ville, comme la ville de Montréal. Vous avez
des décisions... On va parler de toutes les décisions qui sont
rendues par mémorandum, qui ne sont pas rendues par résolution.
Ces documents, vous ne pouvez pas les avoir parce que la division des archives
ne les conserve pas, elle ne les détient pas. Mais, si on lui disait de
les détenir, de les garder, à ce moment ces documents
deviendraient publics, mais ils ne sont pas publics aujourd'hui.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, si je peux me permettre. Je suis
d'accord avec ce que vient de dire le député de Jeanne-Mance.
J'ai un peu l'impression que ce qu'on vise à faire, ce qui est
effectivement utile et nécessaire, c'est d'essayer de forcer un
organisme, de s'assurer que les documents existent, que les documents ne sont
pas jetés. Qu'ils soient détenus ou conservés, j'ai
l'impression que ce n'est pas nécessairement le bon article de la bonne
loi pour faire cela. C'est dans un projet de loi sur les archives nationales
qu'on peut le mieux obliger à la conservation ou à la
détention de documents. Il n'y a rien qui change... Comme on dit, c'est
changer au fond quatre trente sous pour une piastre dans certains cas. On dit
que la présente loi s'applique aux documents conservés et aux
documents détenus, ce n'est pas plus incitatif détenir que
conserver. Il n'y a rien qui dit dans l'article 1, admettons qu'on mette
"détenus" il n'y a rien qui dit que le document va être
effectivement détenu, que les documents vont continuer à
être détenus parce qu'il est marqué "détenus". C'est
beaucoup plus en fonction d'une politique de conservation de documents qui
relève davantage d'une loi des archives que d'une loi de l'accès
à l'information. Je ne cherche pas à minimiser ou à
renvoyer la balle ailleurs. Je ne vois pas très bien en quoi cela va
être plus incitatif de mettre "détenus" que
"conservés".
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jeanne-Mance. (20 h 30)
M. Bissonnet: M. le Président, juste pour ajouter un
argument qui pourra peut-être faire réfléchir davantage mon
collègue, le député de Taschereau. À l'article 125
du projet de loi tel que déposé, on dit que la commission a
également pour fonction, cinquièmement, de proposer des normes
techniques sur la conservation, le classement, le repérage et le mode de
consultation des documents. Il m'apparaît qu'à l'article 125, la
commission a un pouvoir d'adopter des normes sur la conservation. Elle pourra
le faire mais, moi, je préfère que lorsqu'on se
réfère à l'article 1, on parle de documents. La commission
peut probablement fixer des normes à l'intérieur de sa
juridiction, quant au cinquième paragraphe, mais par contre, je
préfère que les documents qui s'appliquent à cette
présente loi soient détenus et si on veut apporter des
spécifications quant à la conservation, à ce
moment-là, la commission pourra à l'intérieur de ce projet
de loi adopter des normes techniques. Mais, quand on les détient, les
documents, il est important pour l'Opposition officielle que ces documents...
J'ai vu trop de documents à l'intérieur des municipalités.
On faisait certaines classes de documents, on conservait ceux qu'on pensait
conserver et ceux qu'on ne pensait pas conserver à ce moment, on ne les
gardait pas.
Quant à détenir, il n'y a pas de
spécificité, il faut les détenir.
M. Guay: Mais, si le député de Jeanne-Mance veut
faire en sorte, en mettant "détenus" plutôt que "conservés"
à l'article 1, que le gouvernement ou les organismes publics doivent
détenir et par conséquent conserver absolument tout ce qu'il y a
comme paperasse... Vous savez fort bien, vous êtes allé aux
archives, que quand les employés des archives passent à travers
une liasse de documents, il y en a un certain nombre qu'ils ne conserveront pas
parce que ça ne leur apparaît pas nécessaire. Il faut faire
attention à cela. Si c'est ce que vous voulez dire par là, il va
falloir louer des entrepôts et des entrepôts. Il y a une
différence entre détenir et conserver, donc à
perpétuité, tout ce qu'il y a comme papier, même ce qui ne
sert pas et conserver des documents.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: On parle de documents dans une loi d'accès
à l'information, mais il ne faut pas oublier qu'il y a des articles
à l'intérieur de ce projet de loi qui ont été
modifiés pour porter de 20 ans à 30 ans. Ce que je veux dire,
c'est que les documents, ce n'est pas à celui qui va les classifier.
Peut-être que pour un archiviste, certains documents qu'il veut conserver
lui paraissent plus importants que d'autres documents et à ce moment, on
donne un choix mais je pensais que l'objectif, quand j'ai reçu ce projet
de loi, c'était que tout citoyen pouvait consulter tous les documents
qui étaient afférents à une décision. Et je pense
que c'est l'objectif. Écoutez, j'ai été dans un service
d'archives et j'ai été maire d'une ville où il y avait des
archives. Je tiens à vous dire que ce n'est pas toute la documentation
qui est là.
Je pense que l'objet du projet de loi, c'est d'avoir toute la
documentation qui est pertinente mais souvent, un document, une personne a
à décider si elle le conserve, oui ou non; mais, si on lui dit
qu'elle doit les détenir, elle n'a pas le choix. Je m'excuse, mais elle
n'a pas le choix, détenir; de là à la conservation...
Conserver, je pense que c'est moins rigide comme terme.
M. Bertrand: Cela ressemble à l'argumentation du
député de Westmount tantôt.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bissonnet: On peut avoir des divergences d'opinions, mais
globalement on a les mêmes idées.
M. Bertrand: D'accord. Mais cela, ce n'est pas une loi des
archives. Il y a une loi des archives qui doit venir probablement...
M. Bissonnet: Je connais la loi des archives. Elle n'est pas
là, actuellement.
M. Bertrand: ... l'automne prochain ou en 1983. Il y aura une loi
des archives et quand on parle d'archives, on parle de documents actifs,
semi-actifs, inactifs et là, on fait un certain nombre de choix, de
dire, par exemple: II n'y a plus de conservation dans ce cas. Mais là,
on n'est pas dans une loi des archives, on parle des organismes publics qui
gèrent des documents, qui les gardent parce qu'ils en ont besoin pour
remplir leur mission, leur vocation. Moi, ma règle c'est que le terme
"conservés" surtout d'ailleurs si on cherche par la suite à avoir
une espèce de concordance dans le même article des documents
conservés et que cette conservation, j'imagine des documents
détenus et que cette détention soit assurée, ça va
devenir une loi...
M. French: Je m'excuse, M. le ministre, mais ce n'est pas du tout
vrai, ce que vous venez de dire. Ce n'est pas le point de notre intervention.
Nous trouvons inévitablement qu'il doit y avoir une différence
entre détention et conservation. Sinon, pourquoi avez-vous
substitué l'un pour l'autre? Premier point. Deuxième point, il
n'y aucune nécessité de remplacer dans le deuxième cas.
Vous pouvez peut-être changer "cette", mais que leur conservation soit
assurée, etc., mais c'est l'application de la loi qui nous
préoccupe. Dans le premier alinéa, on dit: Ou bien
"détenus" ou bien "conservés", mais il faut qu'on
établisse un certain groupement de documents qui sont assujettis
à l'étendue de la loi. En tout cas, je ne voudrais pas être
plus long, mais j'essaie d'ouvrir le plus possible l'étendue du projet
de loi.
M. Bertrand: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que "cette"?
M. Bertrand: Je suis prêt à accepter l'amendement du
député pour remplacer le mot "conservés" par
"détenus". Et l'article se lirait donc comme suit: "La présente
loi s'applique aux documents détenus par un organisme public dans
l'exercice de ses fonctions, que cette conservation soit assurée par
l'organisme public ou par un tiers."
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que cet amendement est
accepté? Est-ce que l'article 1 est accepté tel
qu'amendé?
M. Bertrand: Adopté.
M. French: Adopté sur le plan technique, ça va; sur
le plan technique, c'est parfait. Moi, j'avais suggéré: "... que
leur conservation...". C'est juste le point...
M. Bertrand: Très bien. D'accord, adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 2.
M. Guay: Que leur conservation soit assurée, et non pas
que cette conservation puisque... En bon français...
M. Bertrand: D'accord
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que cela fait un
amendement ou si c'est une correction?
M. Guay: C'est une correction.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 2 est
adopté? M. le député de Westmount.
M. French: Je m'excuse. Oui, adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Article 3.
M. le ministre.
M. Bertrand: Cela va.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le ministre, on se demande ce que le gouvernement
veut dire dans ce projet de loi.
M. Bertrand: Si vous saviez combien de fois on m'a posé la
question.
M. French: Vous devriez être bien placé pour me
répondre dans ce cas.
M. Bertrand: Oui. Je vais sortir quelque chose là-dessus,
M. le Président. On a fait faire là-dessus une petite analyse sur
ce qu'est le lieutenant-gouverneur, ce qu'est le Conseil exécutif, le
Conseil exécutif, c'est le Conseil des ministres.
Le terme gouvernement englobe les deux organismes que sont le Conseil
exécutif et le lieutenant-gouverneur. En d'autres mots, par
gouvernement, quand on dit, par exemple, le lieutenant-gouverneur en conseil,
je pense que le mot pour dire cela, c'est le gouvernement. On met le
gouvernement, ici, pour indiquer que c'est l'un et l'autre. C'est dans le sens
de "trop fort, casse pas". Le conseil exécutif, c'est une partie du
gouvernement dans le fond. Plus loin, on dit: "Sont assimilés à
des organismes publics, aux fins de la présente loi, le
lieutenant-gouverneur..." Là, on en fait mention, mais il fait partie du
gouvernement dans la mesure où on parle du lieutenant-gouverneur en
conseil. C'est à peu près cela. D'ailleurs, c'est dans notre
droit constitutionnel. D'une façon générale, on utilise ce
terme-là pour tenter de donner un peu l'identification.
M. French: Je veux bien comprendre que cet usage que le ministre
vient d'évoquer n'est pas nouveau dans notre droit.
M. Bertrand: Non.
M. French: Je peux imaginer les motivations qui ont amené
cela, mais en tout cas...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: On pose souvent, à la
Chambre, des questions à notre ministre des Communications sur le
comité permanent, par exemple: le comité permanent
ministériel des communications.
Comme tout citoyen, vous savez, souvent nous les députés,
nous apprenons par les journaux ce qui se passe à l'intérieur de
ce comité qui me semble très actif à certaines
époques de l'année. Est-ce que les documents qui font l'objet de
décisions, évidemment cela fait partie du gouvernement, à
l'intérieur du comité permanent ministériel des
communications peuvent être accessibles à la population du
Québec?
M. Bertrand: M. le Président, je fais simplement valoir au
député de Jeanne-Mance que j'ai beaucoup de respect pour sa
question. Je la trouve pertinente, mais ce n'est pas exactement l'article
où l'on peut en discuter. Un peu plus loin, on va parler des documents
détenus par le conseil exécutif...
M. Bissonnet: Mais ce que je veux savoir, dans la
définition: le gouvernement, est-ce que cela inclut, à
l'intérieur du gouvernement, le comité permanent
ministériel des communications?
M. Bertrand: Oui. C'est inclus dans le Conseil
exécutif.
M. French: Toutes les émanations...
M. Bissonnet: Cela répond à ma question.
M. Bertrand: Par exemple, le comité ministériel
permanent du développement économique, le comité
ministériel permanent du développement social.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jeanne-Mance, est-ce je peux vous demander d'enlever votre porte-documents,
parce que la personne qui est ici derrière et qui veut voir qui parle,
cela peut lui nuire. Je la voyais faire des contorsions.
M. Bertrand: D'ailleurs. Cela nous permettra peut-être de
souligner la présence, ici, parmi nous ce soir, d'un membre du
comité exécutif de l'Union des municipalités du
Québec, M. le maire Bernier de Charlesbourg.
Le Président (M. Gagnon): J'ai eu l'occasion de le
rencontrer à la commission des Affaires municipales. Il nous a
impressionné. Là, je ne me souviens plus si c'est vous, M. le
ministre, qui avez la parole.
M. Bertrand: Non, cela va.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. French: Le ministre m'a assuré en Chambre qu'il n'y a
pas de problème avec les prérogatives du
lieutenant-gouverneur.
M. Bertrand: Alors, là-dessus...
M. French: Je ne demande pas un discours, mais je veux des
assurances.
M. Bertrand: Effectivement, on a demandé là-dessus
un avis juridique qui nous a été préparé et dont,
effectivement, je peux vous lire peut-être la conclusion.
M. French: Pourrait-on en avoir copie? Cela simplifierait les
choses.
M. Bertrand: Pas de problème. M. French:
D'accord.
M. Bertrand: Je vous lis la conclusion. C'est pour
l'enregistrement de nos débats. Alors, le projet de loi n'est pas
invalide en tant que directement relié à la fonction de
lieutenant-gouverneur, simplement parce qu'il vise celui-ci nommément.
Il pourrait par contre soulever un problème d'opposabilité en
certaines circonstances... je vous donnerai le document, vous verrez un peu
comment cela est traité... des hypothèses peuvent être
invoquées où le projet affecterait l'exercice de la fonction du
lieutenant-gouverneur. La réaction des tribunaux serait alors
directement reliée aux faits de l'espèce... Comme on sait qu'il y
a une possibilité d'appel sur des questions de droit et de
compétence...
M. French: Oui, à ce moment, cela amènerait
naturellement...
M. Bertrand: Oui. Je peux effectivement en faire faire,
peut-être, une photocopie et le remettre.
M. French: Une autre question, un peu du même ordre. Est-ce
qu'on a consulté le bureau du président de l'Assemblée
nationale?
M. Bertrand: II n'y a pas eu ce qu'on pourrait appeler une
consultation pro forma, sauf que le greffier en loi qui participait aux travaux
de comité de législation, à aucun moment n'a opposé
de fin de non recevoir relativement à cela et le président de
l'Assemblée nationale lui-même ne nous a envoyé, à
ma connaissance, aucune lettre, aucun avis sur la question et...
M. French: Je suis un peu étonné, M. le ministre,
car j'avais l'impression, pour avoir entendu une intervention informelle
auprès de nous, qu'il y avait peut-être des problèmes. Je
n'en sais pas plus long, alors je n'ai pas l'intention de faire aucune cause
là-dessus... (20 h 45)
M. Bertrand: Je vais prendre note de la demande du
député et dès le début de la semaine, je vais
m'enquérir de cela auprès du président de
l'Assemblée nationale, parce qu'il semblait qu'il n'y avait aucun
problème à ce niveau.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. le député de Westmount.
M. French: Une dernière question de définition, M.
le Président. Le service de recherche d'un parti politique relève
financièrement de l'Assemblée nationale.
M. Bertrand: C'est exact.
M. French: D'après ma lecture du projet de loi, il devrait
être couvert par le projet de loi, ce qui m'inquiète un peu.
M. Bertrand: Oui, mais...
M. French: Ce qui inquiéterait aussi le président
s'il était dans l'Opposition.
M. Bertrand: C'est là que vous voyez que, dès qu'un
projet de loi commence à nous toucher très directement, on
commence...
M. French: M. le Président, je n'en doute pas. Pour avoir
vécu... C'est mon service de recherche qui revendique
particulièrement cette question.
M. Bertrand: Probablement que le nôtre aurait les
mêmes choses à dire. Vous allez voir un peu plus loin qu'au niveau
des restrictions à l'accès, il y a des protections; on pourrait
peut-être les préciser. Mais il y a une certaine protection qui
est assurée pour les députés, par exemple, et
évidemment pour les cabinets, etc. On pourra avoir une précision
à ce moment-là, on pourra la gratter, mais je pense que ce ne
serait pas habile en introduction, au moment où on définit les
organismes publics, de commencer à faire une nomenclature de ce qui sera
mis de câté.
L'article 34 dit: "Un document du bureau d'un membre de
l'Assemblée nationale du Québec n'est pas accessible, à
moins que le membre ne le juge opportun." J'ai une note ici sur les services de
recherche. On se posait la question nous-mêmes, à savoir si le
service de recherche qui relève du bureau du whip serait couvert par
cette forme de restriction. Peut-être que, lorsqu'on arrivera
à l'article 34, si jamais on a une proposition
intéressante à faire, on pourra le préciser.
M. French: On va signaler tout simplement, M. le ministre, qu'on
aura des amendements à proposer.
M. Bertrand: D'accord.
M. French: Ne comptez pas sur nous... Si vous avez des
démarches à faire pour nous informer précisément de
l'étendue ou si vous avez de meilleures idées, faites ces
démarches.
M. Bertrand: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. L'article 4, M.
le ministre. M. le député de Westmount, article 4?
M. Bertrand: Je vais tout simplement, M. le Président,
dire...
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le ministre.
M. Bertrand: ... que voilà l'article qui couvre les
fameuses sociétés d'État, sans les nommer pour autant,
mais, quand on lit bien l'article, on voit que la loi ordonne que le personnel
soit nommé ou rémunéré suivant la Loi sur la
fonction publique, dont le fonds social fait partie du domaine public, dont le
ministre nomme la majorité des membres. On couvre, par exemple, des
organismes comme la Caisse de dépôt et placement,
HydroQuébec, le Bureau de la protection civile du Québec, le
Conseil du statut de la femme, la Société nationale de l'amiante,
enfin, tous ces organismes.
On me demande, M. le Président, de revenir à l'article 3,
parce qu'il y aurait, paraît-il...
On voudrait suspendre l'étude de l'article 3, M. le
Président, parce qu'il est possible...
Le Président (M. Gagnon): L'article 3 n'est pas
adopté, l'étude est suspendue.
M. Bertrand: Suspendue, parce que, quand on arrivera à
l'article 5, il y a un problème que je voudrais soumettre à mes
collègues et qui pourrait nous amener à faire une modification
à l'article 3.
Le Président (M. Gagnon): Alors, on reprend l'article
4?
M. Bertrand: L'article 4 va aller.
Le Président (M. Gagnon): L'article 4, cela va, c'est
adopté?
L'article 5, M. le ministre.
M. Bertrand: C'est ici qu'on a un petit problème qui nous
a été soumis par M. Gourdeau, du SAGMAI, au sujet de
l'administration régionale crie. Ce n'est pas exactement quelque chose
qu'on peut assimiler à un organisme municipal. Je voudrais
là-dessus qu'on me donne un peu la correspondance. En en discutant, je
me suis dit: Pourquoi ne pas soumettre le problème à tout le
monde et on verra comment on en disposera plutôt que de trancher, de
notre côté, unilatéralement?
J'aurais aussi un deuxième amendement, M. le Président,
à faire à cet article 5, avant que les documents ne me
parviennent, sur le deuxièmement. On aurait une modification qui ferait
que le texte se lirait de la façon suivante: "2° les
municipalités, qu'elles soient constituées en vertu d'une loi
générale ou spéciale, y compris les municipalités
de comté et les municipalités régionales de comté,
et les organismes constitués à titre d'agent de l'une ou l'autre
de ces municipalités ou relevant autrement de leur autorité."
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous avez
l'amendement, M. le ministre?
M. Bertrand: C'est purement technique, M. le Président,
c'est purement pour qu'il soit clairement indiqué que...
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Bertrand: ... cela comprend les municipalités de
comté et les municipalités régionales de comté.
M. Bissonnet: II n'y a pas de difficulté quant à
l'amendement.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bissonnet: Adopté. Quant au premier paragraphe, on fait
référence à la Commission de transport de la ville de
Laval, la Commission de transport de la rive sud de Montréal; je pense
à la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal qui, évidemment, est incluse dans la communauté
urbaine, mais elle n'est pas incluse comme un service de la communauté
urbaine. Elle a sa propre autonomie. Vous savez que nous avons eu des auditions
en ce qui a trait au projet de loi no 46 et que, même à cette
époque, personne n'avait les procès-verbaux de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal. Alors, il y
aurait peut-être lieu -
je ne sais pas si vous avez fait l'analyse, M. le ministre - à
l'intérieur de votre service de légistes, à
l'intérieur de votre ministère... Il me semble qu'on devrait
inclure également, vu que la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal est une commission de transport
autonome qui n'a simplement de référence vis-à-vis de la
communauté urbaine qu'en ce qui a trait à la présentation
de son budget et non à son autonomie... Alors, il y a peut-être
lieu... Je ne le sais pas, je pose la question. Je sais qu'il y a beaucoup de
groupes sociaux à Montréal qui veulent avoir des documents
à l'intérieur de cette commission de transport et qui souvent
n'ont pas les documents; d'ailleurs, les élus ne les avaient pas.
Jusqu'à l'adoption de la loi no 46, ils pourront avoir plus de
documentation officielle de la Commission de transport de Montréal,
peut-être qu'on oublie cela. Si l'on peut me convaincre, il n'y a pas de
problème.
M. Guay: M. le député, le fait que dans la
troisième ligne, on parle...
M. Bissonnet: Les lois constitutives.
M. Guay: ... des organismes institués en vertu des lois
constitutives de ces communautés.
Une voix: Tout est là-dedans. M. Bissonnet: Mais,
la loi...
M. Guay: La Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal, tout en étant autonome face à la
communauté urbaine est instituée en vertu de la loi constitutive
de la Communauté urbaine de Montréal; elle est donc incluse
là. Elle va l'être encore plus, évidemment, bien sûr,
avec la loi no 46, mais même à l'heure actuelle...
M. Bissonnet: C'est parce que, lorsqu'on a fait la commission de
transport, la communauté urbaine est venue après. Probablement
que, sans regarder la loi, on doit l'inclure également.
M. Bertrand: Je voudrais rassurer le député de
Jeanne-Mance là-dessus: on a fait la vérification. Vous avez
remarqué que, tout de suite après, on nomme la Commission de
transport de la ville de Laval et la Commission de transport de la rive sud de
Montréal parce que, en ce temps, il n'y avait pas une loi constitutive
de la communauté dans laquelle on retrouve l'organisme comme, par
exemple, la CTCUQ ou la CTCUM.
M. Bissonnet: Aucun problème.
M. Bertrand: On a fait la vérification.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 5 tel
qu'amendé est adopté?
M. Bertrand: Non. Il y a un amendement, M. le Président.
C'est sur l'administration régionale. Je le dis en gros: Ce n'est pas
vraiment un organisme municipal, ce fameux organisme qui a un peu la
responsabilité de la gestion des fonds publics...
Une voix: Des fonds privés versés par le
gouvernement en vertu d'une entente avec...
M. Bertrand: C'est cela. C'est très...
M. Guay: C'est une caisse de dépôt des Cris.
M. Bertrand: C'est assez curieux comme... Enfin, cela fait suite
à l'entente intervenue sur...
Le Président (M. Gagnon): Qu'est-ce que c'est,
l'amendement, M. le ministre?
M. Bertrand: Ce serait de retirer l'administration
régionale crie, mais si l'on voulait la garder, il faudrait la mettre
ailleurs. Dans le fond, il y a beaucoup de fonds qui sont gérés
à partir de cette administration régionale crie. Je vous donne
simplement les objets couverts par l'administration régionale crie: par
exemple, à la demande d'une corporation de village crie ou d'une bande,
implanter, administrer ou coordonner sur les terres de la catégorie 1,
les services ou programmes établis. Ensuite, lutter contre la
pauvreté, veiller au bien-être général des Cris,
perfectionner leur instruction, promouvoir le développement et les
moyens d'action des communautés cries. Je pose le problème
à tout le monde et je me demande si les députés seraient
d'accord pour qu'on puisse couvrir l'administration régionale crie, mais
la situer ailleurs dans le projet de loi.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, si j'ai bien compris, il n'y a
pas eu de pourparlers avec les principaux responsables de l'administration
régionale crie.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bertrand: II n'y a pas eu de représentation de faite
par l'administration régionale crie.
M. French: Quant à moi, je vous avoue que dans ce cas,
cela ne m'impressionne pas beaucoup. Je ne prends pas cela pour un accord
implicite, au contraire. J'endosserais la suggestion de retirer
l'administration régionale crie, quitte à légiférer
dans le cadre de la loi constitutive de l'administration régionale crie
là-dessus, si nécessaire; y a-t-il une loi constitutive?
M. Bertrand: Oui.
M. French: Je trouve que c'est un organisme si peu orthodoxe;
aussi bien légiférer spécifiquement là-dessus si
nécessaire.
M. Bertrand: D'accord.
M. Guay: J'attire l'attention du député de
Westmount. Sans être nécessairement en désaccord avec ce
qu'il dit sur le fait qu'à coup sûr, ça ne peut pas rester
dans l'article 5 parce que ce n'est pas un organisme municipal.
M. French: C'est cela.
M. Guay: Cela ne peut pas rester dans l'article 5,
l'administration régionale crie parce que ce n'est pas un organisme
municipal. C'est évident...
M. French: Je suis en train d'endosser que non seulement on le
retire techniquement d'une place où il est placé, mais, en
principe, à l'extérieur de la loi.
M. Guay: On peut, par contre, le mettre dans l'article 3, au
deuxième paragraphe: "Sont assimilés à des organismes
publics..." On peut, je ne dis pas qu'on doit parce que c'est à la fois
une espèce de communauté urbaine et une caisse de
dépôt et on peut se poser la question, compte tenu des sommes
qu'ils administrent en vertu de la Convention de la Baie-James: Si un Cri veut
savoir ce qui se passe et qu'il veut avoir les documents en enlevant
complètement, l'administration régionale n'étant pas
couverte par la loi, un Cri n'y a pas accès, n'est pas
protégé par la loi; c'est là où c'est un peu
agaçant.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Wesmount.
M. French: Moi, personnellement, j'apprécie l'intervention
du député de Taschereau, mais je pense que je vais continuer de
soutenir que ce serait mieux d'amender la loi constitutive de l'organisme en
question parce que, dans l'absence de consultations explicites, je ne suis pas
en mesure, en tant que législateur, d'évaluer la réaction
des principaux intéressés. Je trouve que c'est une situation
assez spéciale et je ne sens pas que l'objectif de la loi est
fondamentalement atteint par la soustraction de cette entité-là,
mais, par contre, s'il y a d'autres personnes qui pensent autrement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Je voudrais savoir quelque chose de la part du
ministre. Lorsqu'il y a eu la loi constitutive pour l'administration
régionale crie, j'imagine qu'il y a eu des conventions. À ce
moment-là, s'il y a eu des conventions avec l'Association des Cris,
peut-être faudrait-il leur parler pour que ce soit bien entendu. Si on a
signé une convention, on doit la respecter. Si on veut modifier une
convention, ça se modifie par une autre convention. Évidemment,
je comprends également qu'on peut modifier, mais vu qu'il s'agissait
d'une loi et vu qu'il s'agit d'une convention ou de négociations qui ont
eu lieu entre le gouvernement et l'Association des Cris, on peut
peut-être suspendre l'article 5 pour vérifier si ce ne serait pas
plus opportun pour le gouvernement de remodifier la loi constitutive par
convention avec eux pour la bonne entente entre les deux parties.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre
M. Bertrand: Moi...
M. Bissonnet: Je dis cela tout objectivement sans...
M. Bertrand: C'est vraiment parce que je n'ai pas de position
coulée dans le ciment que j'ai soumis la question à mes
collègues de la commission parlementaire. Peut-être que je
pourrais simplement vous lire ici quelques paragraphes de la lettre de M.
Gourdeau, du SAGMAI qui, justement, s'occupe de ces questions, il nous dit: "Le
SAGMAI a examiné le projet de loi mentionné en rubrique qui est
présentement en deuxième lecture. Nous désirons attirer
votre attention sur l'article 5 du projet de loi qui inclut dans la
définition des organismes municipaux l'administration régionale
crie. Cette dernière administration, contrairement à
l'administration régionale Kativik, et malgré ce que son nom
pourrait laisser croire, ne constitue pas un organisme de nature municipale, ce
qui est effectivement exact. En effet, l'administration régionale crie
est plutôt un organisme de service et ne détient aucun pouvoir
réglementaire à l'exception de celui prévu à
l'article 85 de la loi concernant les droits de chasse et de pêche dans
les territoires de la baie James, etc."
Effectivement, on a regardé la loi constitutive de cette
administration régionale
crie. Il y a juste une chose qui, dans mon esprit, demeure un peu comme
un doute qui m'amène ou m'amenait à hésiter à
retirer l'administration régionale crie de la couverture de la loi,
c'est le fait que tout de même, dans un domaine public, elle administre
des fonds considérables et elle le fait pour une population qui,
à mon avis, de la même façon que les gens qui vivent dans
n'importe quel village ou municipalité doivent pouvoir avoir
accès à ces documents. (21 heures)
La question, c'est de savoir si, considérant qu'effectivement ils
oeuvrent dans le domaine public, ils sont en relation avec du monde pour toute
une série d'objets considérables d'ailleurs et avec des fonds
aussi très considérables et s'il n'y a pas intérêt
à faire en sorte - je trouve que là justement, c'est un peu ce
qui est intéressant dans la loi - qu'on ne fasse pas une exception tout
à coup pour un groupe de la société qui, par contre, peut
avoir intérêt à obtenir des documents, avoir accès
à des informations et se sentir protégé. Car il y a aussi
l'aspect protection des renseignements personnels qui est en cause, puisqu'on
administre, entre autres, les questions relatives aux droits de pêche et
de chasse. Il peut y avoir certains renseignements personnels qui sont
détenus par l'administration régionale crie. Si vous pensez qu'il
est préférable d'attendre dans cinq ans au moment de la
révision de la loi et de voir si, à ce moment, il serait
préférable de les inclure. Je sais que la commission
d'accès à l'information aura déjà beaucoup de
travail à s'occuper de l'application de la loi pour les organismes qui y
sont déjà assujettis. Je n'en fais vraiment pas une question
idéologique fondamentale, sauf que je me dis: c'est tout de même
un organisme qui est dans le secteur public et qui devrait pouvoir, pour les
groupes intéressés, rendre accessibles ces documents et surtout
protéger les renseignements qu'il peut détenir sur un ensemble de
personnes.
C'est tout.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, voici une suggestion.
D'abord, qu'on retire l'administration régionale crie de
l'article 5, ce qui ne crée aucun problème si j'ai bien
compris.
Deuxièmement, qu'on adopte l'article 3 tel quel et que nous
gardions, des deux côtés, la possibilité de rouvrir
l'article 3, si les consultations que nous allons mener auprès du
député de la région de Montréal qui a
négocié l'entente originale et si les consultations que le
ministre ou son personnel pourraient entreprendre avec l'organisme en question
ou avec M.
Gourdeau, nous amènent à penser qu'il serait mieux que
l'administration régionale crie soit dans le projet de loi.
Le Président (M. Gagnon): L'amendement à l'effet de
retirer l'administration régionale crie est-il adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 5 tel qu'amendé
est adopté?
M. French: Adopté.
M. Bissonnet: M. le Président, quant à l'article 3
on peut le laisser en suspens pour le moment.
M. French: J'aime mieux l'amender quitte à le rouvrir, si
on décide de prendre le pas actif...
M. Bissonnet: Nous serions aussi bien de l'adopter tout de
suite.
M. French: J'aimerais aussi bien l'adopter, parce qu'à ce
moment si on oublie quelque chose, cela ne crée aucun
problème.
Une voix: Article 3, adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 3 n'est plus suspendu,
il est adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 6, adopté?
M. Bertrand: M. le Président, simplement pour une question
de forme, le premier amendement de l'article 5 sur le retrait de
l'administration, l'avez-vous reçu?
Le Président (M. Gagnon): Oui. Il est adopté.
M. Bertrand: Adopté. Parfait. Le deuxième
adopté aussi?
Le Président (M. Gagnon): Le deuxième est
adopté.
M. Bertrand: Parfait. L'article 6?
Le Président (M. Gagnon): L'article tel qu'amendé
les deux fois est adopté.
M. Bertrand: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): L'article 6. M. le
député de Westmount.
M. French: Adopté. M. le Président, on n'a pas
d'objection de principe mais je
voudrais demander si tout ce qui est scolaire est effectivement
couvert?
M. Bertrand: Non.
M. French: Non. Quelles sont les exceptions?
M. Bertrand: Ceux qui, par exemple, n'ont pas, à la fin,
plus de la moitié des dépenses de fonctionnement payées
par les crédits apparaissant aux prévisions budgétaires
déposées à l'Assemblée nationale du Québec.
En d'autres mots, les institutions d'enseignement privé qui ne sont pas
déclarées d'intérêt public...
M. French: ... qui ne reçoivent aucune subvention...
M. Bertrand: ... qui obtiennent un permis; une école de
danse par exemple, des cours de personnalité ou des choses comme cela.
Alors, ce n'est pas couvert.
M. Guay: Stanstead College, je pense, qui ne veut pas se
conformer à la loi 101 et qui a donc décidé de n'accepter
aucune subvention gouvernementale.
M. Bertrand: Ce n'est pas tout. Mais disons que cela couvre tous
les établissements scolaires qui, par exemple, peuvent être
considérés comme étant du secteur public, mais dans le
sens très large du terme. Il est évident que l'Université
de Montréal a une charte privée, mais...
M. French: Dire qu'elle est privée, c'est un grand
pas.
M. Bertrand: ... voilà. Comme l'Université du
Québec, dans la proposition qui nous était soumise par la
commission Paré, était incluse, on s'est dit: si
l'Université du Québec l'est et que les autres universités
ne le sont pas, il semble qu'il y a une espèce d'anomalie. Vu que la
commission Paré nous disait: non seulement vous devriez
réfléchir à cela, mais vous devriez commencer à
penser à la couverture de tout le secteur privé, on s'est dit
qu'entre le secteur privé et ce qu'on nous propose, il y a
peut-être moyen de faire un petit pas en avant et on pense que c'est tout
à fait raisonnable et on n'a pas eu de réactions négatives
sur cela.
Le Président (M. Gagnon): L'article 6 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 7.
M. Bertrand: Alors, 7, c'est encore plus simple, M. le
Président. Je crois qu'on sait très bien à quoi on se
réfère quand on parle de tout le réseau de la santé
et des services sociaux.
Le Président (M. Gagnon): Adopté? M. le
député de Westmount?
M. French: M. le Président, y a-t-il des institutions non
couvertes?
M. Bertrand: Oui, les centres d'accueil de moins de 20 places.
Les polycliniques, les bureaux de médecins, les garderies.
Le Président (M. Gagnon): Adopté?
M. Bertrand: On s'est dit à un moment donné, qu'il
fallait quand même arrêter...
M. French: Cela fait un paquet de certificats, en tout cas.
M. Bertrand: Je vois ici les enfants dans une garderie en train
de bâtir un système de gestion documentaire pour classer les
jouets.
M. French: Surtout de la façon dont ils sont
financés actuellement.
M. Bertrand: C'est une parenthèse. M. French: Non
partisane.
Le Président (M. Gagnon): L'article 7 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 8.
M. Bertrand: L'article 8 est une modification dans la
rédaction par rapport à l'article 7 qui était
proposé par la commission Paré. L'article 7 qui était dans
le rapport de la commission Paré nous apparaissait extrêmement
compliqué, parce que c'est une nomenclature et cela n'en finissait
plus.
On a pensé qu'en résumant tout cela et en disant "la
personne ayant la plus haute autorité au sein d'un organisme", on venait
de définir la responsabilité de façon suffisamment
précise et la possibilité de délégation de la
responsabilité est aussi très bien circonscrite. À partir
de là, il ne me semble pas y avoir de problème d'autant plus que,
quand il y a délégation, il faut le faire savoir
publiquement.
Le Président (M. Gagnon): L'article 8 est-il
adopté?
M. Bertrand: Par exemple, au ministère des Communications,
c'est le ministre des
Communications qui est le responsable de l'accès, mais je peux
très bien déléguer ma responsabilité par exemple au
directeur de la planification, de la programmation et de l'évaluation,
mais il n'en voudrait pas tant, M. le Président, ou encore à la
direction de la vérification.
Le Président (M. Gagnon): Adopté? M. le
député de Westmount.
M. French: L'avis public qui devrait être donné, ce
serait par une publication dans la Gazette officielle.
M. Bertrand: Cela dépend des organismes publics, parce
qu'on peut imaginer évidemment que, pour les ministères et pour
les organismes gouvernementaux, la Gazette officielle peut être le
meilleur instrument, mais les municipalités ou les commissions scolaires
ont toutes sortes de façons de rendre publiques certaines
décisions qui sont prises. Il s'agit de laisser assez de latitude, mais
comme on verra plus loin que le ministère des Communications a la
responsabilité d'éditer et de diffuser annuellement un
répertoire contenant les titres, adresses, numéros de
téléphone de ces responsables, à ce moment, c'est un moyen
de rendre vraiment publique la nomenclature des responsables de l'action.
M. French: M. le Président, les mots
déléguer tout ou partie de ses fonctions, sur le plan technique,
nous paraissaient un peu croches. On suggère "déléguer en
tout ou en partie l'exercice de ses fonctions." Si on compare l'article
à d'autres articles du projet de loi, on verra bien que c'est
fondamentalement les deux mots qui sont utilisés à d'autres
endroits du projet de loi, "l'exercice de ses fonctions" plutôt que la
délégation comme telle des fonctions.
M. Bertrand: Cela ne doit pas poser un problème
énorme. Je pense que c'est correct. Si vous avez un amendement
formel...
M. French: M. le Président, je voudrais proposer
l'amendement suivant: "À l'article 8: Que le deuxième
alinéa de l'article 8 soit modifié en remplaçant, dans la
quatrième ligne, les mots "tout ou partie" par les mots "en tout ou en
partie l'exercice de ses fonctions".
Le Président (M. Gagnon): Merci. Alors...
M. Bertrand: Un instant. On se pose une question. Probablement
qu'en présentant votre amendement vous avez à l'esprit la
préoccupation suivante: c'est que si, par exemple, comme ministre
des
Communications, je suis, conformément à l'article 8, celui
qui exerce les fonctions de la présente loi, si je délègue
l'exercice de mes fonctions en tout ou en partie, est-ce que la personne
à qui j'ai délégué l'exercice devient la personne
responsable ou si je demeure toujours...
M. French: Non, c'est l'inverse, M. le ministre. C'est: Est-ce
que la personne à qui vous déléguez vos fonctions devient
responsable, nous souvenant que la personne à qui vous
déléguez l'exercice de vos fonctions ne devient pas
responsable?
M. Bertrand: Mais c'est très important parce que si, par
exemple, je prépare le répertoire de ceux qui ont la
responsabilité de l'accès aux documents et de la protection des
renseignements personnels, et que je marque: le ministre des Communications,
1037 de la Chevrotière, 643-7843, qu'est-ce qui arrive dans une
situation comme celle-là si j'ai délégué l'exercice
de mes fonctions, par exemple, pour ce qui est de l'accès aux documents
au directeur des communications et pour ce qui est de la protection des
renseignements personnels à une autre personne?
Réglé, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Alors, l'amendement à
l'article 8 est adopté.
M. Bertrand: Cela va.
Le Président (M. Gagnon): Oui. L'article 8 tel
qu'amendé est adopté?
M. Bertrand: C'est assez amusant, quand on adopte un amendement
comme celui-là. Cela apparaît évident à
première vue et tout à coup on se met à gratter, on se met
à mesurer les implications et on découvre qu'il y en a beaucoup.
Alors, on grattait simplement pour voir s'il y en avait de
considérables, mais...
M. French: M. le Président, je peux vous dire, selon mon
expérience personnelle, que cela a beaucoup d'implications,
peut-être pas celui-là, mais dans la loi fédérale
sur la protection de la vie privée, il y a un avis juridique qui stipule
qu'effectivement la personne qui doit signer les reçus de divulgation de
documents devrait être ou bien le ministre ou bien le sous-ministre.
Donc, le sous-ministre du Solliciteur général passe ses fins de
semaine à signer des reçus de documents aux prisonniers qui
évidemment passent leur temps à faire des demandes d'accès
aux documents.
Donc, c'est important. Par contre, si vous avez des objections
fondamentales, on a proposé quelque chose parce qu'on a trouvé
cela plus consistant avec certains autres articles et parce qu'en bon
français on prétend que c'est meilleur. On ne peut pas
vous forcer à adopter quelque chose à la vapeur si vous
avez des doutes profonds et on sera toujours prêts à rouvrir cela
par la suite si vous trouvez après réflexion que vous
n'êtes pas satisfait.
M. Bertrand: M. le Président, est-ce qu'on peut
déclarer à ce moment-là, parce que quelques-uns de mes
conseillers me disent qu'ils aimeraient simplement évaluer un peu
l'impact de la modification par l'introduction du mot exercice, est-ce qu'on
pourrait simplement le suspendre? On pourra facilement revenir quelques minutes
là-dessus lors d'une prochaine séance.
Le Président (M. Gagnon): Alors, l'article 8 n'est plus
amendé. L'amendement n'est pas adopté non plus, il est tout
simplement suspendu.
M. French: L'amendement et l'article sont suspendus.
Le Président (M. Gagnon): L'amendement et l'article sont
suspendus.
M. Bertrand: C'est cela.
Accès aux documents des organismes
publics
Le Président (M. Gagnon): L'article 9. M. Bertrand:
...
Le Président (M. Gagnon): Adopté? (21 h 15)
M. French: M. le Président, nous prétendons que la
dernière partie de la deuxième phrase, "ni aux esquisses,
ébauches, brouillons, notes préparatoires ou autres documents de
même nature", est plutôt vague et permet la détention ou
l'utilisation de documents, sans que ces documents deviennent vraiment
disponibles dans le sens de la loi ou couverts par la loi. Donc, nous
suggérons que le deuxième alinéa de l'article 9 soit
modifié en retranchant dans les deuxième et troisième
lignes tous les mots après le mot document. L'alinéa
amendé se lirait comme suit: "Ce droit ne s'étend pas aux notes
personnelles inscrites sur un document."
Je pense en effet, M. le Président, qu'il est inconcevable
d'imaginer que les esquisses, ébauches, brouillons, etc; qui restent
à l'individu qui les a produits ou qui restent à celui ou celle
qui les a reçus dans le cours normal du passage de documents, vont
être systématiquement assujettis à la loi. Mais, les
esquisses, ébauches, brouillons, notes préparatoires ou autres
documents de même nature qui ont une signification suffisante pour
être détenus et conservés devraient aussi, d'après
moi et d'après l'Opposition, être couverts par la loi. M.
Bertrand: M. le Président...
M. Guay: Comment faites-vous la distinction?
M. French: C'est évident, c'est sur le plan physique qu'on
les retrouve. M. le Président, le député de Taschereau me
demande comment faire la distinction et je lui réponds de la
façon suivante: C'est qu'à un moment donné, les documents
se trouvent dans les archives, dans le fichier central ou les classeurs
centraux d'un ministère ou d'une unité de ministère.
À ce moment-là, d'après moi, ils deviennent accessibles
à la loi. Les documents qui restent dans les bureaux des personnes, les
documents de travail purement personnels ne seraient jamais couverts. Comme
lui, je dis qu'on ne serait jamais capable de trancher dans la loi, une
définition absolue; mais, j'essaie de ne pas donner la
possibilité qu'on utilise les mots "esquisses, ébauches,
brouillons, notes préparatoires ou autres documents", comme
façon, lorsqu'on trouve les documents, encore une fois, dans les
classeurs centraux d'une unité de travail, comme excuse pour ne pas
considérer ces documents comme couverts par le projet de loi.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bertrand: M. le Président, dans notre esprit, il est
effectivement très important que dans cet article 9, on indique
très bien, d'abord le principe que toute personne qui en fait la demande
a le droit d'accès aux documents détenus par un organisme public.
On s'est bien rendu compte à l'analyse qu'il y a, à un moment
donné, un problème qui se pose, parce que les documents qu'on
peut détenir dans un organisme public sont habituellement des documents
qui sont, disons, dans leur version achevée, dans leur version
complétée. Il faut vivre dans un organisme public et, tous autant
que nous sommes autour de cette table, nous savons ce qu'est un organisme
public. Même avant d'avoir été élu
député, je me rappelle l'université, les organismes
syndicaux ou les organismes scolaires auxquels je participais.
On est toujours à un moment ou l'autre dans la phase de ce qu'on
pourrait appeler "les étapes préparatoires à"; il y a un
paquet de choses qui circulent, qui s'en vont dans la poubelle tout
naturellement, des notes, par exemple. On se posait le problème, un
moment donné. Je reçois un téléphone, le
député de Westmount m'appelle, je prends des notes sur une
feuille de papier. Il est évident qu'une fois le problème
résolu, je déchire ma feuille et je la mets dans la
poubelle. Par exemple, je vais faire une conférence de presse
à Montréal pour lancer le document "Bâtir l'avenir", sur la
recherche, le développement et les communications. On m'a
préparé huit projets de déclarations à faire
à l'occasion de la divulgation de ce document. J'imagine que la
première, la deuxième et la troisième ont
été autant d'esquisses, de brouillons, de notes
préparatoires, parce que, dans certains cas, on n'en est pas encore
à un texte, on en est à des notes préparatoires de
façon un peu synoptique, etc. Quant à moi, je pense que non
seulement on se crée des problèmes inutiles, parce qu'on va avoir
besoin de déterminer un type de document qui est accessible et un autre
type de document qui ne l'est pas. On a pensé que cette façon de
le dire était la plus correcte. Non seulement cela; si l'on
décidait de retirer toute cette partie de l'article, on placerait les
gestionnaires de la documentation et de l'information, à mon avis, dans
une position tout à fait intenable. À mon avis, il n'est
absolument pas souhaitable qu'on conserve, qu'on détienne, qu'on
classifie tout ce qui n'est pas dans sa forme achevée, tout ce qui, de
toute façon, a été considéré comme document
périmé du seul fait qu'un autre document qui est venu tout de
suite après est venu à toutes fins utiles effacer tout ce qui
précédait et, dans certains cas, contient des
éléments du document précédent et dans certains cas
n'en contient pas. Je pense qu'il faut tout de même, il me semble que
cela tombe sous le sens commun, établir qu'il y a un niveau, un
degré de documents à partir duquel il y a effectivement
détention, conservation, et qu'il y a des choses qui, cela va de soi, ne
font pas l'objet de conservation par l'organisme public et qui, même dans
la pratique courante, sont des documents qui, à cause même de leur
nature, sont ceux dont on se débarrasse le plus rapidement possible, pas
par mauvaise volonté, simplement parce que c'est inutile.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, je voudrais faire remarquer au
ministre qu'il n'y a rien dans ce que j'ai lu du projet de loi, des neuf
premiers articles du projet de loi, ni dans cet article ni dans les autres
articles du projet de loi, qui dit ce qu'un gestionnaire d'information doit
garder et ce que cette personne peut jeter dans la poubelle. Il n'y a rien dans
l'article 9, il n'y a rien dans les autres articles qui dicte une ligne de
conduite là-dessus. Donc, il me semble que la deuxième partie de
son raisonnement n'a aucun rapport avec le problème qu'on discute. Je ne
dis pas cela d'un point de vue partisan; j'essaie de faire voir au ministre
l'optique dans laquelle l'Opposition aborde l'article. D'abord, dans cet
article, on ne définit pas ce que l'on garde et ce que l'on ne garde
pas.
Deuxième point. Je suis tout à fait d'accord que ce qui
est vraiment - et je souligne vraiment - "esquisses, ébauches... et
notes préparatoires ou autres documents de même nature", je ne
veux pas tellement les voir. Cela ne me trouble pas de ne pas y avoir
accès lorsqu'il y a, dans un train ou une série de documents
quelconques, un document terminé, conservé etc..
M. Bertrand: Achevé.
M. French: ... achevé, parfait, achevé. Mon
problème, au contraire, vise deux autres situations. D'abord, là
où il y a eu un essai quelconque, une analyse quelconque d'un
problème quelconque qui n'a jamais abouti. Je ne suis pas sûr que
ce qui aurait pu être défini comme ébauches, brouillons,
etc., par celui qui l'a créé, au moment où il l'a
créé et qui, d'une façon ou d'une autre, a
été conservé dans les claseurs centraux ne doive pas
être disponible. C'est le premier problème que j'essaie de viser
dans l'amendement que nous proposons.
Deuxième situation troublante, l'espèce de comportement
tactique que le fonctionnaire peut adopter dans une situation pareille, c'est
qu'il n'y ait jamais quoi que ce soit ébauche, que le mot
"ébauche" ne soit pas inscrit en haut du document; il a réussi
ainsi à se protéger. Je pourrais lui donner des exemples d'un tel
comportement en Suède et aux États-Unis. Il n'est jamais possible
de faire en sorte que ce genre de comportement soit éliminé. On
ne peut pas tout de même éviter ce genre de comportement. Je ne
suis pas prêt à faire une grande bataille sur cela, mais je veux
faire voir au ministre l'optique dans laquelle on aborde cela. Je le
réitère: il n'y a rien qui empêche qu'un document soit
jeté à la poubelle, ce n'est pas cela le problème, ce
n'est pas de cela qu'on parle.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bertrand: J'ai l'impression, M. le Président, qu'en
maintenant l'article comme cela, il y a évidemment une jurisprudence,
à un moment donné, qui va se développer.
M. French: Au contraire, M. le Président. C'est justement
là qu'il n'y aura pas de jurisprudence, parce qu'il n'y aura jamais un
document comme cela qui va se trouver devant la commission, jamais. Par
définition, parce qu'il n'est pas dans le projet de loi. On
n'évoque pas, en tant que fonctionnaire, une exemption quelconque. On ne
dit pas: à cause de l'article 9 de la loi sur l'accès à
l'information, vous ne pouvez,
monsieur, avoir les esquisses, ébauches, brouillons, etc. Cela
n'arrive jamais, ces circonstances. Donc, la jurisprudence n'est pas du tout
pertinente avec ce qu'on discute actuellement.
M. Bertrand: La jurisprudence à laquelle je pense, c'est
que lorsque quelqu'un voudra avoir accès, par exemple, à des
documents dans un organisme public, il va devoir avoir accès à
des instruments de travail qui vont lui permettre de repérer des
documents.
M. French: C'est le responsable qui repère les documents,
pas celui qui fait l'application.
M. Bertrand: Oui, mais la personne qui y va doit pouvoir, en
s'adressant au responsable de l'accès aux documents, obtenir, on va le
voir un peu plus loin dans d'autres articles, des instruments qui facilitent le
repérage des documents. Il est bien évident, à mon avis,
qu'aucun organisme public ne va détenir - je prends toujours le terme
même qui est maintenant introduit à l'article 1 - des documents
qui, à cause même de leur nature - nous, on pense que leur nature
est bien définie, quand on parle d'esquisses, d'ébauches, de
brouillons, de notes préparatoires - ne sont justement pas ce genre de
documents qui auront été, par quelque voie que ce soit,
conservés par l'organisme public. Par contre, l'esprit dans lequel on
introduit cet alinéa, c'est de se dire qu'au terme du brouillon ou de
l'ébauche ou de l'esquisse, il doit bien y avoir un document qui, lui,
est la forme achevée de ce qu'aurait pu être un brouillon, une
ébauche, une esquisse qui, dans le fond, ne sont que des mots mis
là comme cela. On aurait pu en mettre quatre ou cinq autres, on aurait
pu en mettre un de moins, mais qui veulent simplement indiquer l'intention du
législateur de faire en sorte que les documents qui sont détenus,
qui sont classés et qu'on peut répertorier sont des documents qui
ont atteint leur phase achevée. C'est cela qui, pour nous, est
important, parce que si on ne l'a pas, prenons la situation où cet
alinéa n'existe pas, alors, à ce moment, on a vu toutes les
difficultés qu'il y avait pour les organismes publics à
fonctionner. C'est incroyable ce qui peut circuler dans un organisme public et
on se dit: cela n'a pas de bons sens, on n'est tout de même pas pour
détenir tous ces documents, on n'en finira plus et il n'y a aucun
intérêt à le faire; je pense même qu'il n'y a aucun
intérêt pour les gens à avoir accès à de tels
documents.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, je pense que le ministre ne
m'a pas vraiment écouté, parce que je suis d'accord avec lui que,
lorsqu'il s'agit vraiment de ce dont il parle, il est vrai que ce n'est pas
dans l'intérêt public. Je parle de deux autres situations, mais je
ne reviendrai pas sur cela. Je lui demanderai juste d'essayer de ne pas s'en
tenir à ses raisons originelles, parce que j'essaie de l'amener à
une autre optique.
Je suggère que nous retirions notre amendement et que nous
ajoutions quelques mots à la fin du 3e alinéa; on change le point
en virgule et on dit: ... "dont un document achevé et conservé
par l'organisme public." (21 h 30)
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous avez le texte de
l'amendement?
M. French: Non, car je l'ai fait sur place. Je vais l'expliquer.
J'essaie d'évoquer deux situations pour le ministre et j'essaie de viser
au moins une de ces deux situations dans le deuxième amendement que je
propose, la situation où il y a eu des esquisses, ébauches,
brouillons, notes préparatoires ou autres documents de même
nature, c'est-à-dire des documents préliminaires, qui n'ont
jamais abouti à un document achevé, mais qui traitent d'un sujet
intéressant ou important et qui restent d'une façon ou d'une
autre. Je ne parle pas, je le répète, de cette décision
s'ils restent ou non ou s'ils se trouvent ou non dans le dossier central de
l'organisme public dans l'article 9, on ne parle pas de cela, mais qui se
trouvent là, d'une façon ou d'une autre, et que l'article tel que
rédigé définit totalement en dehors du champ d'application
du projet de loi. Si on ajoute ni aux exquisses, ébauches, brouillons,
notes préparatoires ou autres documents de même nature, dont
l'organisme public détient un document achevé ou un document
final, là, on oblige l'organisme public à produire les esquisses,
ébauches, brouillons, etc., qui se trouvent dans le dossier central et
qui n'ont jamais abouti à quelque chose, qui sont carrément des
esquisses, ébauches, brouillons, mais ils peuvent peut-être
être les seuls renseignements qui existent dans l'organisme sur un sujet
qui pourrait intéresser quelqu'un à un moment donné.
Je vise une de mes deux situations; la deuxième situation, c'est
là où le fonctionnaire abuse de la possibilité de
définir le document en mettant "ébauche" là-dessus en
dehors du champ d'exercice de la loi, ce qui me préoccupe aussi. Je vous
ferai remarquer que c'est un peu le système suédois.
M. Bertrand: Ce que je propose au député de
Westmount, c'est peut-être de laisser cet article 9 en suspens et de
travailler cette formulation d'amendement ou
à moins que chez nous quelqu'un soit aguerri à la
rédaction ou que nos légistes essaient d'imaginer un peu ce que
cela pourrait vouloir dire un alinéa qui, à la fin, introduirait
la notion de document achevé ou de document inachevé. Cela se dit
bien quand on se parle comme cela mais, dans un texte de loi, c'est assez
délicat.
M. French: M. le Président, je regrette mais c'est
définir le problème "out of existence", là le
problème reste quand même. Vous me dites qu'il y a un
problème de définition, je regrette, le problème de
définition reste entier dans ce que vous avez dans le projet de loi
actuel. Moi, je n'ajoute pas de problème de définition.
M. Bertrand: Je n'ai pas parlé de problème de
définition. J'ai parlé de problème de rédaction
légistique.
M. French: Mais le problème conceptuel va rester entier,
qu'on ajoute l'amendement du genre que j'ai mentionné ou non, il y a
toujours la question de savoir si c'est vraiment une esquisse ou non. Ce qui me
trouble dans tout cela, je vous le ferai remarquer, M. le ministre, c'est que
la commission n'avait jamais ces documents, que c'est un fonctionnaire anonyme
quelconque qui fait la distinction, et c'est cela qui me trouble. Donc, je veux
contrôler l'exercice de cette discrétion, dans la mesure du
possible, en ajoutant l'intention du législateur de dire - si à
la fin, il y a un autre document qui rend ces documents superflus ou
redondants, d'accord, on ne va pas les mettre dans le champ d'application de la
loi, mais si un tel document n'existe pas, je ne voudrais pas que les esquisses
et ébauches sur un sujet qui peut être intéressant pour
quelqu'un soient tout à fait en dehors du champ d'application de la
loi.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce qu'on accepte la
suggestion du ministre de suspendre l'article jusqu'à ce qu'on trouve la
formulation?
M. Bertrand: Mais c'est plus que la formulation. J'ai
l'impression qu'on a un peu de difficulté à se rejoindre sur le
plan du résultat qu'on cherche à atteindre par quelque
rédaction que ce soit.
Le Président (M. Gagnon): Je vais suspendre les travaux
pour dix minutes, le temps d'aller se chercher un café.
M. Bertrand: Jusqu'à neuf heures et demie.
Le Président (M. Gagnon): Cela va vous permettre de
trouver une formulation. Est-ce que cela a du bon sens?
M. Bertrand: Oh, je doute qu'on trouve la formulation
immédiatement, M. le Président, parce que, au-delà de la
formulation, il y a plus important; c'est de se comprendre sur l'objectif qu'on
cherche à atteindre. On peut peut-être prendre cinq minutes pour
un petit café.
Le Président (M. Gagnon): Alors, on peut prendre cinq, dix
minutes.
M. Bertrand: Oui, d'accord. Cinq minutes.
Le Président (M. Gagnon): Les travaux sont suspendus pour
cinq minutes.
M. Bertrand: Parce que, quand on dit cinq, c'est dix.
(Suspension de la séance à 21 h 37)
(Reprise de la séance à 21 h 43)
Le Président (M. Gagnon): ... M. le ministre ou M. le
député de Westmount.
M. Bertrand: On va suspendre et on va continuer à
gratter.
Le Président (M. Gagnon): Alors, l'article 9...
M. French: Je voudrais expliquer brièvement...
M. Bertrand: Oui, d'accord.
Le Président (M. Gagnon): Alors, pour bien s'entendre et
pour qu'il n'y ait pas d'erreur au journal des Débats, le premier
amendement que vous avez présenté, vous l'avez retiré, M.
le député de Westmount, donc, il n'existe plus. Le
deuxième amendement à l'article 9 est suspendu.
M. French: Non. Le deuxième amendement est ainsi
retiré.
Le Président (M. Gagnon): II est aussi retiré.
M. French: Et je voudrais expliquer que, maintenant que je me
rends compte que l'article 9 exige que le responsable de l'administration de la
loi est obligé d'invoquer l'article 9 lorsqu'il répond
négativement au requérant, je suis soulagé. Mais je
suggère respectueusement, vu que l'article 9 n'est pas en soi une
exemption ou une restriction à l'accès, donc ne tombe pas dans la
classe d'articles qu'on doit invoquer lorsqu'il y a un refus, qu'il y ait un
troisième aliéna qui démontrerait, avec une clarté
que même le député de Westmount
comprendrait, que cette exigence existe, c'est-à-dire que
l'article 9 doit invoquer explicitement pour tout refus qui est axé sur
l'article 9, parce que cette exigence ne saute pas aux yeux. C'était
là mon problème lorsque j'ai répondu qu'il n'y avait pas
de jurisprudence.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bertrand: C'est là qu'on voit, M. le Président,
qu'en partant de chemins peut-être très différents et d'une
compréhension complètement opposée d'un article,
j'évoquais tout à l'heure qu'il y avait justement
possibilité de jurisprudence. Je me rappelle que le député
de Westmount m'a immédiatement arrêté pour me dire: Mais,
non, il n'y a pas possibilité. Effectivement, il y a un jugement qui est
porté par le responsable de l'accès, et ce jugement, on le verra
d'ailleurs pour plusieurs des articles, comme l'ensemble des jugements qui
seront portés par un responsable de l'accès, est toujours un peu
soumis à une possibilité de révision au niveau de la
Commission d'accès à l'information. Alors, peut-être que
par deux chemins différents, ce qu'on va essayer de faire, M. le
Président, ce que je propose au député de Westmount, c'est
qu'on travaille sur quelque chose qui pourrait ou amender le deuxième
paragraphe ou être un troisième alinéa. On verra si la
rédaction, telle qu'on va la travailler, nous permettra bien de se
rencontrer sur le plan des concepts, des objectifs visés, s'il y a moyen
d'avoir une certaine compréhension. Je pense qu'en dehors de cela, on va
toujours être au niveau des élucubrations et on ne pourra pas
travailler sur quelque chose de concret.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. French: Tout simplement pour enchaîner. Je n'ai jamais
douté que la commission avait techniquement le droit de regarder en
arrière de tous ces actes. Ce qui me préoccupe, c'est que la
personne qui est requérante, d'après ma compréhension
première, n'aurait pas eu les renseignements nécessaires pour
faire un appel parce qu'elle aurait été informée qu'il n'y
avait pas de documents, mais ce n'est pas le cas et je voudrais mettre cela en
évidence.
Le Président (M. Gagnon): Alors que fait-on avec l'article
9?
M. Bertrand: On le suspend pour l'instant.
Le Président (M. Gagnon): L'article 9 est suspendu.
Article 10. Est-ce que l'article 10 est adopté?
M. Bertrand: Le leader est heureux, M. le Président. Le
projet de loi no 37 sera, ce soir, terminé en deuxième
lecture.
Le Président (M. Gagnon): Ah bon!
M. French: Les citoyens de Baie-Comeau ne sont pas heureux.
M. Bertrand: M. le député de Westmount qui
rêve d'une fusion avec Montréal.
M. French: Les gens de Westmount sont royalement
indifférents au projet de loi no 37, mais pas le député
par exemple.
Le Président (M. Gagnon): Pour que tout le monde soit
heureux, pouvons-nous revenir à notre projet de loi?
M. French: M. le Président, c'est une question uniquement
d'ordre pratique. C'est le troisième alinéa, la forme d'une
transcription écrite. Je voudrais tout simplement m'assurer que les
dépenses impliquées pourraient être substantielles et que
c'est possible de demander du requérant de payer ces
coûts-là au total, et il serait informé avant qu'il prenne
la décision; je présume que c'est pour cela qu'on dit "à
la demande du requérant".
M. Bertrand: Je pense que c'est l'article 11 qui va
répondre à la question du député de Westmount.
M. French: Oui, mais je ferai remarquer au ministre que dans le
cas d'un document informatisé, ça peut impliquer beaucoup
d'argent parce que le temps que fonctionne l'ordinateur, etc., peut être
considérable. J'avais d'ailleurs mentionné cela au mois de
septembre.
M. Bertrand: II y a des gens qui nous avaient soumis
l'idée d'un ticket modérateur, moi je me suis dit: Non, pour une
loi d'accès à l'information, le ticket modérateur, un
instant! Il faut au contraire qu'au départ l'accessibilité soit
facilitée; mais le député a raison de me souligner qu'il
faut faire attention par contre, parce qu'il y a effectivement des travaux de
transcription, de reproduction, de transmission, surtout dans le cas d'un
document informatisé, il n'y a pas de doute là-dessus, qui
entraînent des coûts. Moi je pense que c'est visé à
l'article 11 et ça s'applique forcément à cette notion de
document informatisé qui est communiqué sous forme de
transcription écrite, il y aurait donc des coûts. Mais à
l'article 47, on le notera aussi, je pense que c'est un élément
qui vient s'ajouter, que le responsable doit entre autres informer le
requérant des conditions particulières
auxquelles l'accès est soumis le cas échéant. Je
pense qu'une des conditions particulières, c'est peut-être de lui
faire savoir puisqu'il s'agit d'un document informatisé qu'effectivement
le fait maintenant de le communiquer dans une transcription écrite,
compréhensible pour la personne qui veut y avoir accès,
coûte quelque chose et il faut donc défrayer les coûts
directement rattachés à cette opération.
Le Président (M. Gagnon): L'article 10 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 11 est-il
adopté?
M. French: II n'y a donc pas possibilité d'avoir un ticket
modérateur dans l'article 11.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bertrand: On a pris la position de principe de ne pas avoir de
ticket modérateur en commençant surtout avec une loi
d'accès comme cela, mais à l'usage...
M. French: Non, c'est uniquement une question que je pose.
M. Bertrand: On l'a débattue, on a décidé de
ne pas mettre de ticket modérateur. On pense vraiment qu'au début
il faut ouvrir et on verra comme dirait l'autre à l'usage et à
l'usure s'il n'y pas lieu de revenir sur une telle disposition, mais pour
l'instant, non.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, il y a une forme de mot dans
le troisième paragraphe qui me trouble parce qu'on donne au gouvernement
le pouvoir de réglementer les comptes, au cas où une personne est
exemptée du paiement. Or, dans les autres législations avec
lesquelles je suis familier, ce sont les motifs de divulgation,
c'est-à-dire qu'ils soient publics ou privés qui sont sans le
critère, par lequel on décide: Est-ce qu'on va exempter le
requérant des frais d'administration de la loi ou non?
M. Bertrand: Par exemple, au cas où une personne qui
voudrait avoir accès à un document la concernant personnellement
et réalisant qu'on a commis, par exemple, un acte grave d'insertion ou
d'omission d'une information qui lui a été préjudiciable,
que la personne soit exemptée dans un cas comme celui-là. Est-ce
que c'est un peu le genre...
M. French: Je ne pense pas que le ministre ait saisi mon
idée. Je pense que la question ne se soulève pas si
systématiquement et sérieusement sur le côté
renseignements personnels. Je voudrais diriger son attention pour les
renseignements...
M. Bertrand: L'accès aux documents.
M. French: ... politiques, administratifs. Je voudrais lui
souligner que le règlement invite le gouvernement de viser une classe de
personnes. Il faut dans un règlement décrire une personne
plutôt que les motifs. Il me semble qu'il évite le gouvernement de
viser sur les requérants plutôt que sur les raisons qu'a le
requérant de demander accès. Je demande si les critères en
question ne devraient pas être déjà une motivation.
M. Guay: Ce que dit le député de Westmount, est
intéressant, en faisant état de lois étrangères en
la matière, mais je serais curieux de savoir concrètement ce que
cela veut dire.
M. French: Cela veut dire aux États-Unis que c'est quelque
chose comme le ministère, l'organisme public peut exempter la personne
de paiements de frais d'administration si la requête est de
l'intérêt public général.
M. Guay: Qui détermine si c'est d'intérêt
public général?
M. French: C'est, en premier lieu, le ministère ou
l'organisme public.
M. Guay: Qu'est-ce qui n'est pas de l'intérêt
public?
M. French: Je vais vous donner une centaine de cas aux
États-Unis qui ne sont pas du tout d'un intérêt public, les
corporations, les syndiqués.
M. Guay: À part les renseignements nominatifs...
M. French: Le député de Taschereau devrait regarder
un peu, statistiquement, la jurisprudence américaine touche les
centaines de cas qui ne sont carrément pas d'intérêt public
du tout, qui implique les corporations et les syndicats d'abord. Il y a une
jurisprudence énorme sur ces cas qu'on va éviter avec ce projet
de loi-ci, mais qui donne une utilisation très abusive aux
États-Unis et dans d'autres juridictions aussi où ils pourraient
faire la même chose et on a en plus les dispositions nécessaires
ici.
M. Guay: Si je comprends bien, vous
êtes plutôt d'accord avec...
M. French: Absolument d'accord, j'ai une idée qui n'est
peut-être pas importante, parce qu'on me dit qu'on vise les deux genres
de cas. C'est-à-dire que je ne voudrais pas que ce soit uniquement parce
que quelqu'un est pauvre... C'est une très bonne raison, mais ce n'est
pas la seule raison pour laquelle ce serait avantageux et dans
l'intérêt public général pour qu'une personne soit
exemptée lorsqu'elle fait une demande. Je peux vous donner des exemples,
si vous voulez, mais je me demande si j'ai été compris.
Peut-être que je m'explique mal.
M. Guay: J'avais l'impression que le député de
Westmount suggérait qu'on adopte d'autres façons de
procéder qui étaient justement celles d'autres
législations, alors qu'au contraire il semble nous dire que c'est mieux
de faire ce que l'on se propose de faire.
M. French: Non, en tout cas... M. Bertrand: Reprenez
donc... M. French: Je vais recommencer. M. Bertrand: ... à
zéro.
M. French: Peut-on donner un exemple de ce qu'un règlement
peut avoir l'air. Quel genre de règlement imagine-t-on lorsqu'on met ce
genre de phrase dans le projet de loi?
M. Bertrand: Imaginons une situation où, par exemple,
quelqu'un vient à la ville de Québec, il y a des copies qui ont
été reproduites en très grand nombre, imaginons 1000
exemplaires. Un personne dit: Je voudrais avoir accès à tel
document. Pas de problème, nous en avons en très grand nombre et,
dans ce cas, même si le document nous a coûté quelque chose,
on ne juge pas utile de vous faire payer pour ledit document, puisque c'est un
document qui est, de toute façon, public dans sa définition
même. On vous le remet. Un assisté social veut avoir accès
à un document relatif, par exemple, à une analyse qui a servi
à préparer un règlement relatif au travail des agents
d'aide sociale dans les différents bureaux d'aide sociale. On leur dit:
Écoutez, on considère que vous n'avez pas les moyens de payer les
8,95 $ requis pour la reproduction de ce document qui est strictement
utilisé à des fins internes. Alors, on vous exempte du paiement
dudit document, de la reprographie ou de la reproduction dudit document. Il y a
des cas comme cela qu'on peut... Dans le fond, l'article se voulait, comment
dirais-je, large.
Prévoir les modalités de paiement, prévoir les
montants de paiement, prévoir aussi des exemptions de paiement. Alors,
qu'est-ce que cela donnerait au bout de la ligne comme règlement? Quant
à moi, je ne serais pas fâché du tout qu'on le soumette
même à l'attention d'une commission parlementaire puisque,
effectivement, c'est un règlement qui touche au droit même de la
personne d'avoir accès à l'information. Mais si on enlève
cette petite partie: "... ce règlement peut prévoir les cas
où une personne est exemptée du paiement".
M. French: Je...
M. Bertrand: ... je me dis qu'à ce moment on
s'enlève la possibilité d'imaginer toutes les circonstances, tous
les contextes, toutes les possibilités qui peuvent exister où,
effectivement, il y aurait lieu d'exempter une personne quelconque du paiement
de la reproduction, de la transmission ou de la transcription.
M. French: En tout cas, M. le Président, je n'irai pas
plus loin que cela. Je pense que je n'ai pas réussi à faire
passer mon idée, mais...
M. Bertrand: J'ai donné deux exemples. Enfin, je pourrais
en trouver...
M. French: Non, non, non. Je fais remarquer au ministre que je ne
veux pas laisser tomber la deuxième partie de la phrase.
Deuxièmement, je pense que le problème reste entier. En tout cas,
je peux comprendre que ce n'est pas une classe de personnes qui va être
utilisée comme critère; ce serait plutôt
l'intérêt public qu'on attache à la divulgation des
documents ou non qui va être le critère.
M. Bertrand: Je pense que la façon dont c'est écrit
est très importante. C'est écrit: "... ce règlement peut
prévoir les cas où une personne est exemptée du paiement."
Je pense que l'insistance est mise sur des situations particulières
plutôt que sur des catégories de personnes
particulières.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 12 est
aussi adopté?
M. Bertrand: Cela m'apparaît important. C'est une demande
qui nous a été faite par Radio-Québec. Vous vous
rappellerez vous-même, M. le député de Westmount, que vous
nous aviez parlé des droits d'auteur quand Radio-Québec
était
venue. On veut effectivement protéger ici tout ce qui s'appelle,
dans le jargon, la propriété intellectuelle. Il s'agit de
s'assurer que lorsque quelqu'un voudra avoir accès à un document,
cela se fasse sous réserve des droits relatifs à la
propriété intellectuelle. Cela m'apparaît aller de soi.
Sinon, il pourrait arriver des situations complètement absurdes
où quelqu'un obtiendrait un document sur lequel une autre personne a des
droits d'auteur, et en ferait une utilisation en retirant tous les profits et
les bénéfices que lui confère la propriété
ou la possession du document. Mais la personne qui aurait été,
comment dirais-je, lésée à toutes fins utiles, du seul
fait de l'accès au document, ne se trouverait pas protégée
au niveau de ses droits quant aux droits d'auteur.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 12 sera
adopté? M. le député de Westmount.
M. French: Adopté, M. le Président. Le
député de Westmount va résister à la tentation de
dire au ministre ce qu'il pense de la protection de la propriété
intellectuelle par Radio-Québec.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 13 est
aussi adopté?
M. French: L'article 13 est adopté. C'est pour chercheurs
du CRIQ ou le gouvernement lui-même qui ont l'intention de publier
quelque chose.
M. Bertrand: Pour toute chose qui est éditée, il
s'agit d'informer les gens que c'est édité et, après cela,
simplement de leur dire où ils peuvent se le procurer. À la
librairie...
Le Président (M. Gagnon): Je présume que
l'article...
M. Bertrand: On ne le dira pas.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 14 est
adopté? Est-ce qu'il y a un amendement à l'article 14?
M. Bertrand: Oui, il y aurait un amendement. Au premier
alinéa, à la troisième ligne, on remplacerait les mots
"loi" par les mots "présente loi". Je pense d'ailleurs que cela doit se
comprendre beaucoup mieux comme cela.
Une voix: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): L'amendement est adopté
et l'article tel qu'amendé est adopté. Est-ce que l'article
15...
M. French: Un instant, M. le Président. Le
Président (M. Gagnon): Oui.
M. French: Je n'ai pas adopté l'article 14.
Le Président (M. Gagnon): Ah! Excusez-moi. Article 14. (22
heures)
M. French: M. le Président, il nous paraît important
d'assurer que, dans la mesure où il y a extraction de renseignements, il
n'y ait pas un mot de plus que nécessaire d'extrait. Je suis très
content que le maire de Charlesbourg ne soit plus ici, parce que l'Union des
municipalités nous dit dans une de ses demandes; je vous donne un
exemple: "II nous semble que le législateur au sujet de l'article 14 -
je répète que je cite le mémoire de l'Union des
municipalités du Québec - devrait ici s'en tenir aux principes de
l'indivisibilité". Nous sommes unanimes à dire que nous ne tenons
pas tellement à ce principe que nous voulons que ce qui est
retiré d'un document, lorsque le document n'est que partiellement
exempté, le soit au minimum possible. Nous nous demandons si, entre les
mots de la dernière phrase, dans la dernière ligne, "extrait" et
"les renseignements" on ne pourrait pas mettre "uniquement" ou "seulement".
Cela n'a aucun sens en droit, je le sais, mais je retourne encore au fait qu'il
y a une certaine mesure d'"évangélisme" qu'il faut faire parce
qu'on parle maintenant à un potentiel de 5000 fonctionnaires qui vont
administrer la loi et qui ne vont pas avoir des conseillers juridiques toujours
près d'eux.
M. Bertrand: "Uniquement", on serait d'accord.
M. French: "Uniquement" cela va, adopté.
M. Bertrand: Après en avoir extrait "uniquement" les
renseignements auxquels l'accès n'est pas autorisé.
M. French: C'est strictement du cosmétique.
Le Président (M. Gagnon): Après le mot "extrait",
vous ajoutez "uniquement".
M. Bertrand: Une belle loi, c'est une belle loi.
Le Président (M. Gagnon): Après les mots "extrait"
l'amendement, c'est qu'on ajoute "uniquement". Alors l'amendement est
adopté et l'article 14 tel qu'amendé est adopté.
M. French: Je vois le ministre en train
de se promener avec cela.
Adopté. Je le vois en train de se promener avec son projet de
loi, dont il est très très fier et avec raison.
Le Président (M. Gagnon): Article 15. Adopté.
M. Bertrand: Cela se passe de commentaire.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 16. Adopté.
M. French: Un instant, M. le Président. Nous aurons un
amendement, mais nous aurons des questions de principe avant. Il nous semble
que ces questions de principe soient importantes. Nous nous demandons si
l'article 16 veut dire que seuls les documents classés dans un
classement qui est inclus dans la liste de classement sont accessibles. Ceci
est assez torturé comme logique, mais s'il n'y a pas une espèce
de possibilité de réagir contre la dernière mise à
jour de la liste de classement, que de nouveaux classements soient
établis, que de nouveaux documents arrivent dans de nouveaux
classements, y aurait-il possibilité que le droit d'accès ne
s'exerce qu'uniquement par les catégories qui sont incluses dans la
dernière mise à jour de la liste de classement?
M. Bertrand: Je trouve que la façon dont l'article est
rédigé répond substantiellement, si je comprends bien le
député de Westmount. Un organisme public doit classer ses
documents - on fait bien l'obligation à l'organisme de classer ses
documents - de manière à en faciliter le repérage, qui est
une deuxième notion fort importante. "Il doit établir et tenir
à jour." Donc, il ne s'agit pas d'une opération annuelle et quand
quelqu'un viendrait, il n'aurait accès qu'à des documents qui
remontent à douze mois en arrière parce que les responsables de
la gestion documentaire n'auraient pas fait leur travail de tenir à jour
la liste de classement. Je pense que l'article est assez bien
rédigé pour bien faire sentir au responsable de l'accès
que sa liste de classement doit être tenue à jour, que l'organisme
doit classer ses documents et que le classement doit faciliter le
repérage. Les concepts m'apparaissent assez clairs et
énoncés dans le moins de mots possible. Cela est important dans
les lois à mon avis, et je ne vois pas la nécessité
d'aller plus loin. Je crois qu'on répond vraiment aux attentes du
député sur cela.
M. French: M. le Président, moi, j'accepte les assurances
du ministre. S'il est satisfait lui-même...
M. Bertrand: C'est que j'ajoute à cela deux autres
articles qui, à mon avis, vont mettre encore plus de force aux propos
que je tiens. C'est l'article 42 qui dit: "La demande d'accès à
un document doit, pour être recevable, être suffisamment
précise pour permettre de trouver le document par les moyens usuels de
repérage de la documentation." 44: "Le responsable doit prêter
assistance pour la formulation d'une demande à toute personne qui le
requiert." Alors, il s'agit vraiment de pousser le plus loin possible le
responsable de l'accès pour qu'il retrace des documents et que
même, s'il y en a qui, pour une raison ou une autre, n'auraient pas
été introduits dans la liste de classement, le soient au nom
même...
M. French: J'ai une solution, M. le Président, et c'est un
mot que le ministre lui-même a utilisé. Ce qui me provoque, c'est
le problème de "permettre": Elle doit être suffisamment
précise pour "permettre". Je suggère qu'on biffe le mot
"permettre" et qu'on y substitue le mot "faciliter". C'est un mot que le
ministre a utilisé lui-même. Permettre peut être
limitatif.
M. Bertrand: Ce que je trouve agaçant, encore pour la
beauté de l'article, c'est qu'on a utilisé le mot "faciliter"
dans la deuxième ligne, "de manière à en faciliter le
repérage." "Il doit établir et tenir à jour une liste de
classement indiquant l'ordre selon lequel les documents sont classés.
Elle doit être suffisamment précise pour "faciliter"
l'exercice..."
M. French: Je ferai remarquer au ministre que le mot permettre,
c'est une notion limitative.
M. Bertrand: Mais c'est plus fort que faciliter. Non?
M. French: Cela implique que quelque chose n'est pas permis.
M. Guay: Pour employer un langage jadis utilisé par le
chef de l'Opposition, il y a les vertus actives et les vertus passives.
M. Bertrand: Je me rallie. Cela n'agace pas le
député si...
M. French: Vous pouvez changer l'autre mot, si vous le voulez,
pour la beauté de l'article. Le premier faciliter, vous pouvez le
changer pour autre chose.
M. Bertrand: Permettre... M. French: Permettre...
M. Bertrand: En permettre... je pense d'ailleurs que cela se
dirait bien: "Un organisme public doit classer ce document de manière
à en permettre le repérage" et, a la fin, dire...
M. French: C'est parce que dans le deuxième, il y a
l'idée de suffisamment précise qui me semble...
M. Bertrand: Moi, je trouve que l'inversion serait
intéressante: "de manière à en permettre le
repérage"; à la deuxième ligne, remplacer "faciliter" par
"permettre" et, à la quatrième ligne, remplacer le mot
"permettre" par "faciliter" et, là, je pense qu'on met un accent sur
l'aide donnée à l'individu pour obtenir l'accès.
Le Président (M. Gagnon): Alors, cet amendement, est-il
adopté?
M. Trench: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Et l'article 16
tel qu'amendé est adopté. L'article 17.
M. Bertrand: Ma seule crainte avec l'article 17, M. le
Président, c'est le jour où les 5000 organismes seront couverts.
Je me demande ce que cela va donner exactement comme document.
M. French: Nous avons des nouvelles pour le ministre. Il aura de
bien plus grands problèmes à cette époque avec d'autres
articles que celui-là.
M. Bertrand: Merci. Adopté sur division?
M. French: Adopté sur division, voyons donc!
Adopté, M. le Président, oui.
Restrictions au droit d'accès
Le Président (M. Gagnon): L'article 18 est-il
adopté aussi?
M. Bertrand: Je vais probablement avoir une ou deux questions
là-dessus.
M. French: M. le Président, nous comprenons le besoin en
question, la nécessité en question, j'irai même aussi loin
que de dire nécessité. Il nous semble qu'il y aurait quand
même lieu de préciser un peu plus en utilisant les mots que la
commission Paré a utilisés...
M. Bertrand: Oui.
M. French: ... et ajouter, après un renseignement obtenu,
les mots "et accepté à titre confidentiel d'un gouvernement autre
que celui du Québec." Donc, je fais un amendement en ce sens.
M. Guay: Si on prend le langage de la commission Paré au
complet, c'est une interdiction absolue, elle ne peut communiquer. On n'a pas
le droit.
M. French: C'est-à-dire que...
M. Guay: Tandis que, dans le cas de l'article tel qu'il est
formulé, on peut refuser, mais ce n'est pas une obligation de
refuser.
M. French: C'est-à-dire que le gouvernement du
Québec veut conserver le pouvoir de rendre public un document
reçu d'un autre gouvernement à titre confidentiel.
M. Bertrand: Je vais vous donner un exemple très clair, M.
le député de Westmount. J'ai reçu il y a quelques semaines
toute une série de télégrammes qui venaient de ministres
des Communications d'autres provinces, de M. Fox, ministre
fédéral des Communications, télégrammes qui
m'étaient adressés à moi comme ministre des
Communications, donc, reçus, dans le fond, d'un autre gouvernement. Le
député de Jeanne-Mance était en commission lors de
l'étude des crédits à ce moment-là... Enfin, je me
le rappelle bien, je lui ai offert de lui remettre copie de ce document et je
l'ai fait. Je pense que si M. Fox m'avait indiqué qu'il me le
transmettait à titre confidentiel et donc que je l'acceptais à
titre confidentiel, je n'aurais pas été en mesure, à ce
moment-là, de le rendre accessible.
Je pense qu'on doit pouvoir, là il y a une ouverture, laisser la
latitude à un gouvernement de refuser l'accès, mais de le
permettre dans des cas où il juge que l'intérêt public est
mieux servi en rendant ces documents accessibles. Je pense que c'est une
ouverture...
M. French: Est-ce que le ministre est en train de me dire que si
M. Fox lui avait fait parvenir le télégramme à titre
confidentiel, il aurait cru trahir la confiance de M. Fox?
M. Bertrand: J'aurais eu le sentiment à ce
moment-là que, le recevant à titre confidentiel, je ne pouvais
pas le remettre, puisque celui qui me l'avait envoyé inscrivait sur le
document "confidential" ou "à titre confidentiel". Pourtant,
c'était sur le dossier de la télévision payante; il
était d'intérêt public, à mon avis, de savoir quelle
était la position qui m'était transmise par le gouvernement
fédéral dans ce dossier. J'avais donc la latitude voulue pour
rendre le document accessible.
Si vous me le rédigez autrement, je
n'ai plus de latitude, je n'ai plus aucune possibilité.
M. French: M. le Président, le ministre semble me dire
qu'il pense que si on met "accepté à titre confidentiel" dans
l'article 18, cela va inviter les autres ministres, oui, mais que si on ne l'y
met pas, cela va empêcher les autres ministres des autres gouvernements
de lui envoyer des choses à titre confidentiel. Or, ce n'est pas le cas,
pas du tout. Il va toujours recevoir les choses estampillées
"confidentiel". La question est la suivante: Est-ce qu'il veut avoir la
liberté de rendre ces choses publiques malgré les intentions de
ceux qui lui envoient les documents?
M. Bertrand: Oui, mais si vous incrivez le "à titre
confidentiel", comment rédigez-vous votre article, comment le
lisez-vous?
M. French: "Le gouvernement ou un ministère peut refuser
de communiquer un renseignement obtenu à titre confidentiel d'un
gouvernement autre que celui..."
M. Bertrand: À ce moment-là, si je l'ai
reçu, donc, à titre confidentiel, pourquoi maintenir le "peut",
il me semble qu'en toute logique vous devriez inscrire un "doit" refuser de
communiquer?
M. French: Je n'ai pas de problème avec cela, c'est un
point technique, mais on n'a pas encore réglé le problème
philosophique, je suis d'accord avec le ministre.
M. Guay: Sauf qu'il y a un problème sur le
caractère de la confidentialité. Le ministre évoquait des
télégrammes qu'il a rendus publics. Il a montré à
l'Opposition une lettre. Par définition, même si je diverge un peu
d'opinion avec le ministre là-dessus, une lettre, par définition,
même sans qu'elle soit marquée du mot "confidentiel", il me
semble, est la propriété de son expéditeur et non pas de
son destinataire, en ce sens que si un gouvernement écrit à un
autre gouvernement, le gouvernement qui écrit peut décider de
rendre la lettre publique. Est-ce que le gouvernement qui la reçoit a la
faculté, enfin au point de vue légal, il n'y a pas de
problème, d'agir ainsi? Toutefois, les règles
élémentaires de la civilité font que, normalement, celui
qui reçoit la lettre n'a pas à la rendre publique, à moins
que l'expéditeur ne l'ait rendue publique, parce que c'est sa lettre.
Mais, en ce sens-là, si tout ce qui est courrier devient confidentiel,
au fond, tout renseignement reçu par écrit de la part d'un
gouvernement à un autre gouvernement est confidentiel. (22 h 15)
M. Bertrand: Je trouve que c'est un article intéressant
avec lequel vivre, parce que, d'abord, il y a un principe fondamental
là-dedans, soit qu'il y a des échanges de communications entre
gouvernements qui doivent pouvoir ne pas être communiqués, cela
m'apparaît aller de soi, mais il m'apparaît aussi qu'il peut
arriver des cas, des circonstances où un gouvernement, tout en ne
contrevenant pas aux conventions qui existent sur le plan international, doit
pouvoir les communiquer, s'il juge qu'il est d'intérêt public
qu'un tel document soit communiqué, bien sûr en respectant les us
et coutumes établis en droit international ou établis même
sur le plan protocolaire, mais quant à moi...
M. French: Malgré le fait que le gouvernement aurait
reçu le document portant le sceau de la confidentialité...
M. Bertrand: Un gouvernement qui déciderait de rendre
public un document reçu à titre confidentiel, d'abord, porterait
une responsabilité devant le public, et porterait ensuite une
responsabilité devant le gouvernement qui le lui a envoyé. Il
m'apparaît que cela doive être traité avec beaucoup de
doigté, un document de cette nature, mais je dis qu'il serait malheureux
qu'on établisse une position de principe qui ferait que, dès lors
- c'est le problème de ces lois d'accès - qu'on permettrait une
telle chose, le danger que tout ce qui nous serait envoyé soit, comme
vous le disiez tantôt, avec le sceau de la confidentialité sur le
document, et, donc à ce moment-là, impossibilité pour un
gouvernement de poser un geste sans communiquer avec l'autre gouvernement, dans
des situations où par contre l'intérêt public commanderait
de rendre accessible le document.
M. French: Parlons de l'autre cas où des documents
viennent, et qui ne sont pas sous le sceau de la confidentialité. Le
gouvernement peut décider, dans sa sagesse, de les garder confidentiels
et il n'aurait pas besoin de démontrer, devant la commission, un tort
fait à l'intérêt public concernant toute divulgation. De la
façon dont l'article est actuellement rédigé, il n'y a pas
d'obligation de le démontrer.
M. Bertrand: Vous avez raison.
M. Guay: Dans le domaine des relations
intergouvernementales...
M. Bertrand: Je pense que c'est correct. Cela est un article
où il est fondamental, à mon avis, comment dirais-je, que le
gouvernement puisse faire une évaluation et que cela se termine
là; en d'autres mots, que le pouvoir de révision de la
commission, à toutes fins utiles, soit...
M. French: C'est tout simplement une question de fait que ce
document ou que les renseignements viennent d'un autre gouvernement.
M. Bertrand: Oui, au nom même d'un grand principe qui est
celui des conventions internationales et des secrets établis au niveau
des échanges entre gouvernements. Mais le "peut" est important, c'est
cela qui m'apparaît fondamental. C'est un article que j'aime beaucoup
comme cela, en tout cas.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce adopté?
M. French: Adopté. J'avais proposé, sur le plan
technique, un amendement que je retire.
Le Président (M. Gagnon): L'amendement est retiré,
l'article est adopté tel quel. Article 19.
M. Bertrand: Le "peut" est maintenu, là par contre, on
définit le contexte. Alors, de façon très précise,
on définit le contexte très strict où l'organisme peut,
s'appuyant sur le concept du préjudice à la conduite des
relations... Moi, il m'apparait qu'il n'y a pas de problème, on reprend
d'ailleurs... C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Article 20.
M. Bertrand: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Article 21.
M. Bertrand: Alors là, nous entrons dans tout le chapitre
sur l'économie. On a travaillé un peu ces articles-là pour
en arriver à une rédaction un peu plus correcte d'un certain
nombre d'éléments. Je vous demanderais de suspendre les articles
21 à 27 inclusivement, c'est-à-dire toute la sous-section 3,
parce qu'on aurait un certain nombre de propositions à faire, mais on
les amènerait la semaine prochaine.
M. French: ... suspendre...
M. Bertrand: Oui, les articles 21 à 27 inclusivement.
Le Président (M. Gagnon): Alors, les articles 21
à... Oui, M. le député de Westmount.
M. French: ...
M. Bertrand: À moins... Si vous avez des suggestions
à nous faire.
M. French: On va passer rapidement à travers. Je veux
aussi qu'on ne les considère pas lundi après-midi.
M. Bertrand: Parfait. M. French: Parfait.
Le Président (M. Gagnon): Sur l'article 21. Est-ce qu'on
va les prendre un après l'autre?
M. French: J'apprécierais cela et je vais essayer
d'être aussi bref que possible.
Le Président (M. Gagnon): D'accord, article 21.
M. French: L'union des municipalités, comme vous le savez
peut-être, veut ajouter un changement de zonage à l'article.
Une voix: Article 21?
M. French: Oui, qui serait susceptible, quand même, de
donner un avantage indu à quelqu'un qui avait un accès
privilégié à ces renseignements. Je pense que ce serait
assez clair pour que vous les consultiez, mais on les mentionne comme cela.
Deuxièmement...
M. Bertrand: M. le Président, les changements de zonage se
font par règlement et c'est couvert à l'article 36.
À l'article 21, est-ce qu'il y a autre chose?
M. French: Je ferai la remarque suivante au ministre: On se
demande pourquoi l'existence d'un emprunt ou l'existence d'une transaction
devrait être couverte de la même façon qu'un projet
d'emprunt ou un projet de transaction.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous avez une
réponse tout de suite?
M. Bertrand: Attendez une seconde.
Je pense que le mot existence se conjugue ici - si on lit la phrase -
"Un organisme public peut refuser de confirmer l'existence ... d'un
renseignement dont la divulgation aurait pour effet de révéler un
emprunt..."
M. French: C'est épouvantable, le peuple va savoir que les
organismes publics font des emprunts.
M. Bertrand: Ils le savent.
M. French: C'est cela, non seulement le
sauraient-ils, mais ils sauraient précisément lesquels
selon les circonstances, mais c'est quand même de faits historiques dont
on parle.
M. Bertrand: Oui, mais attention. Si on lit le premier paragraphe
de l'article 21, tout seul.
M. French: Je comprends à quel point le ministre veut en
venir, mais je voudrais comprendre un peu comment ces torts peuvent
découler d'un emprunt ou d'une transaction. Si ces mots n'ont pas de
sens, pourquoi sont-ils là? On pourrait tout simplement dire: Les
renseignements qui procurent un avantage indu qui porteraient
sérieusement atteinte... Donc, on limite en quelque sorte les
renseignements par certains noms, par la suite, et il voudrait savoir si
certains de ces cas sont là.
M. Bertrand: Mais comment rédigeriez-vous l'article?
Faites-moi donc une proposition.
M. French: Je pense que je laisserais tomber "emprunt" et
"transaction" ou je demande au ministre de nous expliquer et de nous fournir
une justification un peu plus étoffée. On ne se battra pas
jusqu'à la fin de l'article 21, ce soir, mais c'est une suggestion qu'on
vous fait, parce que vous n'avez pas l'air en mesure de vraiment nous dire
pourquoi.
M. Bertrand: Dans les réflexions qu'on fera...
M. French: C'est cela, je demande une justification.
M. Bertrand: On va regarder cela. Je comprends bien que dans
votre cas, c'est un emprunt, une transaction. Ce n'est pas le projet d'emprunt,
ce n'est pas le projet de...
M. French: Non. Tout le monde peut saisir la portée de
ces...
M. Bertrand: C'est cela, je comprends bien le
député. On gardera cela dans toutes nos rédactions.
Le Président (M. Gagnon): À l'article 22, est-ce
que vous avez des suggestions à faire?
M. French: M. le Président, je souhaite à la
commission une bonne lecture dans la jurisprudence américaine sur le
secret industriel, qui se chiffre maintenant à des milliers et des
milliers de pages. Je ne sais pas si l'on pourrait simplifier cela. Je n'ai pas
vraiment de meilleure suggestion, que voulez-vous. Mais c'est un grave
problème.
M. Bertrand: C'est un grave problème, effectivement.
M. French: Je me demande vraiment pourquoi l'on ouvre la porte.
Ne pourrait-on pas protéger la propriété intellectuelle et
se limiter, par la suite, à définir les torts touchant la
révélation de renseignements de nature industrielle, plutôt
que d'utiliser "secret industriel". Je pense que vous éviteriez à
la commission les avocats de toutes les grandes corporations qui ont l'occasion
de déposer des renseignements auprès du gouvernement et, en
même temps, vous éviteriez que les autres corporations, dans la
mesure où il y a une ouverture, commencent à faire ce qu'elles
font aux États-Unis: c'est-à-dire de bousculer avec des
dépôts, des requêtes et des demandes. Donc, quant à
moi, je ne suis pas...
M. Bertrand: Si cela peut rassurer le député de
Westmount, je m'excuse de couper court à son discours, une des raisons
pour lesquelles j'ai demandé qu'on puisse, tout en recevant ses
remarques comme celles d'autres qui sont tout à fait pertinentes,
reporter cet article, c'est que, justement, sur cela on aura peut-être
quelque chose à proposer, parce qu'on pense qu'on doit travailler
davantage un article comme l'article 22, justement à partir des
préoccupations que le député exprime.
M. French: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): L'article 23.
M. French: M. le Président, on n'a pas terminé
l'article 22 encore, je pense.
Le Président (M. Gagnon): D'accord, l'article 22.
M. French: Non, cela va pour l'article 22.
Le Président (M. Gagnon): Cela va pour l'article 22.
L'article 23.
M. Bertrand: Cela m'apparaît très important. On
reviendra bien sûr à tout ce chapitre, mais je veux indiquer ici
qu'à mon avis, il est très important de protéger les
tiers, surtout dans le cas de l'obtention de renseignements qui ont des
incidences économiques. Là-dessus, je suis prêt à
recevoir les commentaires du député, c'est une question de
principe.
M. French: Je pense que c'est important effectivement. À
mon sens, c'est une meilleure protection que "secret industriel" dans les cas
visés.
M. Bertrand: Oui, c'est beaucoup plus
explicite ici.
M. French: Je pense que oui. Cela implique un tort et l'on peut
juger le tort en question plutôt que de chicaner sur la
définition.
M. Bertrand: C'est pour cela qu'on va revenir à l'article
22. On aura une proposition à faire. Cela va pour l'article 23.
Le Président (M. Gagnon): L'article 23. L'article 24.
M. Bertrand: Cela aussi, M. le Président, c'est une...
M. French: Non, aucun problème.
M. Bertrand: ... espèce de corrollaire de l'article
23.
M. French: Sous toute réserve, pour plus tard, parce qu'on
n'adopte pas d'autres articles.
M. Bertrand: Oui, on va y revenir. On regarde cela, parce que
cela peut nous être utile dans la préparation, pour
nous-mêmes, de nos...
Le Président (M. Gagnon): Par ailleurs, vous aviez
demandé des suggestions, c'est dans ce but que...
M. Bertrand: C'est cela, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): ... j'appelle les articles.
L'article 25.
M. French: Ah! oui. Une question de curiosité: dans quels
cas, un organisme public acquiert-il les droits de propriété?
Peut-on en avoir un exemple?
M. Bertrand: Acquis des droits de propriétés?
M. French: Vous verrez: "sauf dans les cas où l'organisme
en a acquis les droits de propriété." Je suppose qu'on parle des
corporations de la couronne, des sociétés d'État?
M. Bertrand: D'accord. Alors, c'est un autre des
éléments sur lequel on veut travailler, parce qu'il n'est pas
suffisamment précis. Mais, imaginons, par exemple, qu'un organisme
public a obtenu un document fourni par un tiers à l'occasion d'un
contrat signé en bonne et due forme et, même, s'il a
été produit par un tiers, dès lors qu'il a
été transmis à l'organisme commanditaire, il devient la
propriété de l'organisme commanditaire et le tiers n'a plus rien
à voir là-dedans. Je prends un autre exemple: tiens, c'est
peut-être un bon exemple, mais qui ne s'applique peut-être pas
directement à cet article. J'ai demandé à la firme Tamec
une étude sur la québécisation de Bell Canada et
dès lors que j'aurai le rapport, je pense que le tiers n'aura plus rien
à voir avec cela; cela devient ma propriété, d'autant plus
que j'avais signé un contrat. On travaille aussi ce qu'on appelle
"acquis les droits de propriété". On va regarder cela un petit
peu.
Le Président (M. Gagnon): Alors l'article 26?
M. French: Non, pas de commentaire.
Le Président (M. Gagnon): L'article 27?
M. French: On a des arguments de principe là-dessus. On va
les conserver pour lorsqu'on parlera de...
Le Président (M. Gagnon): Alors, les articles 21 à
28 sont...
M. French: Non, un instant, on n'a pas vu l'article 28, encore.
(22 h 30)
M. Bertrand: Les articles 21 à 27.
Le Président (M. Gagnon): ... à 27 inclusivement,
d'abord, sont suspendus. Article 28.
M. Bertrand: Sur l'article 27, simplement parce que quant
à nous c'est un article sur lequel il n'y aura pas de nouvelle
rédaction, j'aimerais tout de même avoir une indication du
député de Westmount à savoir comment il réagit face
à ces deux idées contenues dans l'article: négociation de
convention collective et documents préparatoires en vue de l'imposition
d'une taxe, d'un tarif ou d'une redevance. Très rapidement et on pourra
revenir sur l'article 27.
M. French: Je m'excuse, M. le Président, je suis perdu,
l'article 27?
M. Bertrand: La première réaction du
député c'est quoi?
M. French: Les délais sont trop longs, beaucoup trop
longs.
M. Guay: Vous les ramèneriez à combien?
M. French: La moitié dans les deux cas.
M. Bertrand: D'accord, on en reparlera, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): J'appelle l'article 28.
M. French: M. le Président, nous voulons savoir d'abord
pourquoi le gouvernement a décidé de mettre dans l'article 28
"doit" au lieu de "peut", c'est-à-dire de le rendre obligatoire
plutôt que facultatif.
M. Bertrand: Parce que l'article est tellement explicite, de son
premièrement à son neuvièment, qu'on s'est dit... C'est
très évident dans ces cas que le responsable de l'accès a
des balises tellement claires et tellement précises que ce n'est
même pas une possibilité qu'on ne doit pas lui laisser la
possibilité d'exercer son jugement pour dire: "Je peux refuser de
confirmer l'existence mais je peux ne pas refuser de confirmer l'existence".
Parce que c'est trop clair, "entraver le déroulement d'une
enquête", "causer un préjudice à une personne qui est
l'auteur du renseignement ou qui en est l'objet", "favoriser l'évasion
d'un détenu", etc. Les balises sont tellement claires et précises
qu'on s'est dit: Mettre "peut" là c'est presque ridicule. Il faut mettre
"doit". C'est un devoir, quant à moi, pour un responsable de refuser de
confirmer l'existence ou de donner la communication dans des cas qui sont
tellement précisés. Je ne dis pas si cela avait été
un concept très général qui avait été
élaboré, où il n'y aurait pas eu explicitation des
situations, mais là, vu qu'il y a explicitation de toutes les situations
couvertes par l'article, je dis que "doit" s'impose de lui-même.
M. French: Puis-je voir la liste des organismes auxquels
l'article 28 s'appliquerait? Si le ministre me dit que ce sont uniquement les
corps policiers, je n'ai pas de problème. Mais j'ai peur,
honnêtement, qu'on vise toute une gamme d'organismes, un éventail
beaucoup plus grand que cela.
M. Bertrand: Le premier alinéa répond à
votre question, en vertu de la loi.
M. French: Loi habilite beaucoup d'organismes.
M. Bertrand: Mais non pas pour n'importe quoi... "chargée
de prévenir, détecter ou réprimer le crime ou les
infractions aux lois..."
M. French: Mais ce sont les infractions aux lois, M. le ministre,
qui me troublent. Je veux dire que si vous avez raison, je n'ai pas de
problème. Je dois vous dire que cela ne me convainc pas.
M. Bertrand: D'accord, j'admets avec le député de
Westmount qu'il y a des gens dans notre société qui, en dehors
des corps policiers, sont là pour s'assurer qu'on réprime les
infractions aux lois. Prenons une situation. Je ne sais pas de quelle loi il
s'agit exactement. Il y a des agents responsables de la protection et de la
conservation de la faune.
M. French: Cela ne me trouble pas.
M. Bertrand: Cela ne vous trouble pas? Donnez-moi une situation
qui vous troublerait.
M. French: C'est cela que je me demande. Moi, je pense que ce
n'est pas trop demander au gouvernement de nous dire à peu près
quels organismes sont visés dans l'article 28. Alors, c'est le
gouvernement qui a fait les définitions à l'article 28.
L'Opposition se demande quelle est la liste. Il me semble que, si c'est
vraiment aussi étroit que le ministre le prétend, ça
devrait être assez facile d'identifier les organismes qui auraient le
droit d'utiliser l'article 28 et cela me rassurerait beaucoup. Si ce que le
ministre m'a dit ou si ce que j'ai compris de ce que le ministre m'a dit est
vrai, je n'ai pas de problèmes. Par contre, les infractions aux lois,
cela, il me semble que c'est assez grave. Si on disait réprimer le crime
et les infractions aux lois, je n'aurais pas de problèmes, mais "le
crime ou les infractions aux lois", je pense que cela ouvre la porte. Je ne
prétends pas que c'est fait exprès ou quoi que ce soit, mais je
veux comprendre vraiment quel genre d'organisme se retrouverait là.
M. Bertrand: Un organisme administratif.
M. French: Oui, c'est cela, mon problème, justement, parce
que là on perd un peu le sens de la loi, du crime et de tout cela. On
tombe dans une zone assez grise. Le déroulement d'une enquête d'un
tribunal administratif doit... C'est toujours dans le contexte du "doit", de la
contrainte et non pas d'une situation facultative. Cela commence à me
troubler, cette conjoncture.
M. Bertrand: Oui, mais il faut voir par la suite que, même
si c'est un tribunal administratif, il faut qu'il puisse s'appuyer sur une des
raisons qui sont évoquées dans la nomenclature qui est faite
là. Il y a neuf situations qui sont décrites et n'oubliez pas que
malgré le "doit", il y a un pouvoir de révision qui continue
d'être exercé par la commission.
M. French: Je m'excuse. C'est-à-dire qu'il faudrait que la
commission se penche sur les alinéas 1 à 9.
M. Bertrand: II faut que le responsable puisse...
M. French: Moi, M. le Président, sérieusement, je
pense que j'aimerais avoir la liste. Serait-il possible d'avoir la liste? Je
veux dire la liste des classes d'organismes. Cela doit être une
sous-classe, évidemment, des 5000 qu'on imagine. On peut les
décrire dans cinq ou six catégories et cela nous aiderait
à comprendre un peu. Mais moi, je trouve qu'entraver le
déroulement d'une enquête, c'est assez général. Moi,
en général, je n'ai pas de problèmes. Je sais que c'est un
point étroit.
M. Bertrand: On va essayer de sortir ça. On n'aura rien
d'exhaustif.
M. French: Non, je ne veux rien d'exhaustif. Je veux avoir une
idée.
M. Bertrand: D'accord.
M. French: Et dans ce contexte, on peut toujours proposer des
amendements même si c'est suspendu. On peut suspendre un article
amendé. M. le Président, je voudrais proposer un amendement
à l'alinéa 4, de laisser tomber tous les mots suivant le mot
"personne". C'est-à-dire qu'on ne limiterait pas; ceux dont la
sécurité est protégée ne seraient pas uniquement
ceux et celles qui sont chargés d'assurer l'observation de la loi ou
affectés à la garde de détenus. Et l'alinéa 4 se
lirait comme suit: "de mettre en péril la sécurité d'une
personne."
M. Bertrand: De mettre en péril la sécurité
d'une personne.
M. French: Biffer le reste. M. Bertrand: D'accord.
M. French: Je suis toujours prêt à entendre les
raisons pour lesquelles on voudrait cette limitation.
M. Bertrand: Très bien. C'est même correct pour la
protection des gens, des individus.
M. French: Je peux vous dire que cela crée un
problème sérieux aux États-Unis; c'est pour cela que je
soulève ce point.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que je pourrais
l'avoir?
Une voix: M. le Président, cela a été
donné au greffier.
M. Bertrand: On me dit, très vite, comme cela, M. le
député, qu'on pourrait adopter l'article.
M. French: On pourrait adopter l'amendement.
M. Bertrand: L'amendement? Adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'amendement au
quatrièment.
M. Bertrand: Oui, enlever les mots après "personne".
Le Président (M. Gagnon): Alors, cet amendement est
adopté.
Une voix: La même chose à 6?
M. French: Non, je ne pense pas, je ne suis pas d'accord.
M. Bertrand: Non, ce n'est pas la même chose, ce n'est pas
tout à fait la même chose. On me dit qu'en dehors de ce qu'on peut
appeler, dans le grand sens du terme, des inspecteurs et des commissions
d'enquête, on ne voit pas beaucoup quelles sortes d'organismes publics
seraient, comment dirais-je, touchés par l'article 28. Les inspecteurs
et les commissions d'enquête.
M. French: II y a paquet d'inspecteurs au Québec.
M. Bertrand: Je sais, mais il y a un paquet de gens aussi dont la
responsabilité, c'est de s'assurer qu'on prévient, qu'on
détecte ou qu'on réprime le crime ou les infractions aux lois, je
pense, sans que ce soit nécessairement des corps de police. Il y a des
gens qui sont là pour s'assurer que les lois sont respectées.
M. French: M. le Président, je suis prêt à
dire la chose suivante au ministre. Qu'on l'adopte l'article, mais qu'il me
fournisse, avec un peu plus d'études, une liste à une
séance subséquente.
M. Bertrand: D'accord.
M. French: Je veux bien le rouvrir; je me réserve l'option
de le faire.
M. Bertrand: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): L'article 28 tel
qu'amendé est adopté.
M. Bertrand: D'accord et j'apporterai, M. le Président, un
élément d'information additionnelle qui pourrait être utile
pour les parlementaires.
Le Président (M. Gagnon): Article 29, adopté? M. le
député de Westmount.
M. French: M. le Président, on se
demande encore une fois pourquoi on a changé le facultatif en
directif.
M. Bertrand: Parce que, justement, le contexte est tellement bien
précisé et l'objectif est tellement clair en lui-même qu'on
se dit qu'il ne doit pas y avoir de liberté laissée au
responsable de l'accès de porter un jugement. Quand il s'agit vraiment
d'un "renseignement portant sur une méthode ou une arme susceptible
d'être utilisée pour commettre un crime ou une infraction à
une loi", ce n'est pas du "peut", c'est du "doit".
M. French: N'est-il pas possible, M. le Président, qu'en
divulguant une méthode pour commettre un crime on informe mieux le
public, on réussisse à enseigner aux gens comment éviter
un problème? Je ne sais pas.
M. Bertrand: Ou à d'autres, comment l'utiliser.
M. French: Oui, oui, évidemment. Dans ce cas-là,
l'organisme public refuse parce que, dans l'une ou l'autre hypothèses,
il a le droit de refuser. C'est le droit de divulguer dont on parle
actuellement, pas le droit de refuser.
M. Guay: Je pense que ce qu'on vise à l'article 28 comme
à l'article 29 en modifiant le "peut" par le "doit", c'est surtout
à éviter une erreur de jugement. Il pourrait se produire des
circonstances où une erreur de jugement se commettant - parce qu'il y a
un élément de jugement qui entre en jeu - à partir du
moment où on met "peut" plutôt que "doit", si c'est facultatif et
non pas obligatoire et si effectivement il y a quelqu'un qui commet une erreur
en se prévalant du "peut" plutôt que du "doit", cela aurait des
conséquences et après cela on se mordrait les pouces. Cela ne
veut pas dire nécessairement que la Sûreté du Québec
ne doit pas poursuivre l'opération Volcan ou des choses comme
cela...
M. French: On ne parle pas de cela.
M. Guay: ... ou indiquer aux gens de faire attention aux
cambriolages, mais enfin.
M. French: Je ferai remarquer au député de
Taschereau, quand même, que ce serait la première fois de
mémoire d'homme qu'une force de police ferait ce genre d'erreur
là.
M. Guay: Quelle erreur?
M. French: Qu'une force de police ferait l'erreur d'en divulguer
plus que normalement elle devrait le faire.
M. Guay: Non, non, non.
M. Bertrand: Ce n'est pas leur tendance habituelle.
M. French: C'est cela que je veux dire.
M. Guay: Je suis tout à fait d'accord en ce qui a trait
aux forces de police, mais cela peut être un autre organisme qui n'est
pas nécessairement un organisme policier, je pense, en particulier dans
le cas de l'article 28.
Le Président (M. Gagnon): Article 29 adopté.
L'article 30. Est-ce qu'il est adopté? (22 h 45)
M. French: M. le Président, je voudrais savoir du ministre
pourquoi le Conseil du trésor est inclus. Pourquoi cette protection
générale du Conseil du trésor? On parle d'une
décision maintenant. On ne parle pas de mémoires, de discussions
ou de procès-verbaux, mais on parle d'une décision. Je peux
imaginer que les décisions soient couvertes par une autre restriction.
Alors, ne me donnez pas d'exemple où le contenu le justifie pour
d'autres motifs. Là, on soustrait une classe de documents entière
de l'application de la loi. Il me semble que c'est justifié dans le cas
du Conseil exécutif et de ses émanations qui sont les
comités ministériels permanents, mais, pour le Conseil du
trésor, j'hésite un peu.
M. Bertrand: C'est un débat de fond qui a
été fait pour en arriver à cette décision et,
effectivement, on va voir par la suite qu'on retrouve cela dans tous les autres
articles. Je vous donne mon opinion très personnelle. Pour avoir, depuis
un an, vécu un peu ce que c'était pour le Conseil
exécutif, je pense que le Conseil du trésor est un organisme qui
mérite encore plus de protection - je le dis en faisant une
appréciation qui est, forcément, un peu subjective - que
même un comité ministériel permanent relevant du Conseil
exécutif. En d'autres mots, le type de décision qui est prise par
le Conseil du trésor m'apparaît être plus intimement
liée à la prise de décision politique du Conseil
exécutif qu'une décision qui est prise par un comité
ministériel permanent, que ce soit le développement
économique, le développement social, le développement
culturel.
Je serais plus ouvert à permettre l'accès à des
décisions qui auraient été prises par des comités
ministériels permanents qu'à des décisions prises par le
Conseil du trésor, à cause, d'abord, de la nature même des
décisions qui sont d'ordre financier; enfin, la plupart du temps c'est
de l'ordre de l'évaluation des impacts au niveau des dépenses
gouvernementales aussi. La pratique même des travaux du Conseil des
ministres nous l'enseigne: entre un avis du Conseil du trésor et un avis
du Comité
ministériel permanent du développement social, par
exemple, je vous jure que je classerais au moins au même niveau le
Conseil du trésor et les comités ministériels permanents,
sinon même à un niveau plus élevé. Donc, ça
m'apparaît très important de faire en sorte que le Conseil du
trésor soit, à toutes fins utiles, associé au niveau des
concepts à ce que sont les comités ministériels
permanents, au strict minimum.
M. French: M. le Président, le ministre m'a donné
un beau préambule qui m'invite à prendre ses assurances, mais il
n'a pas fait d'argumentation de fond. Je veux savoir pourquoi on exclut une
classe de documents en soi sans évoquer un tort quelconque qui s'attache
au contenu d'une décision quelconque parce qu'il y a d'autres
rectrictions qui toucheraient beaucoup les décisions du Conseil du
trésor. On doit écarter de la loi tout document contenant une
décision du Conseil du trésor. Lorsqu'on sait que ces
décisions-là impliquent la dépense des fonds publics, on
se demande quel motif il y aurait. Moi, je pourrais imaginer une foule de
motifs lorsqu'on est à l'étape de l'analyse de politiques, de
l'analyse d'alternatives et tout cela, c'est-à-dire des comités
permanents ministériels. Mais lorsqu'on est rendu au point où on
dépense l'argent de la population, par cet article même on
élimine totalement de l'application de la loi des décisions du
Conseil du trésor. Le ministre, quant à lui, me demande de
prendre ses assurances. Je veux bien le faire. Par contre, je pense que mon
obligation en tant que membre de l'Opposition, c'est de demander une
argumentation ayant un peu plus de substance, avec des exemples qui ne sont pas
couverts par d'autres restrictions.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bertrand: M. le Président, il n'est pas impossible que
les réponses qu'on donne au député de Westmount ne le
satisfassent pas pleinement ou pas du tout même. Le Conseil du
trésor, d'abord, est un comité transitoire et un comité de
passage. Un ministère, par exemple, envoie des choses au Conseil du
trésor, mais cela revient au ministère. Un comité
ministériel permanent envoie des choses au Conseil du trésor,
mais cela revient au comité ministériel permanent ou cela revient
au Conseil des ministres. Finalement, les organismes dont on veut obtenir
communication de renseignements ou d'informations sont bien davantage les
ministères, les comités ministériels permanents ou
même le Conseil des ministres.
Le Conseil du trésor participe à la prise de
décisions en donnant un certain nombre d'informations qui ont nature de
décisions lorsqu'elles sont transmises aux organismes. À toutes
fins utiles, lorsque le Conseil du trésor prend une décision,
c'est une décision qui ne demeure pas au sein du Conseil du
trésor; c'est une décision qui est renvoyée à
d'autres instances. C'est une décision qui est renvoyée à
des instances ministérielles ou au Conseil des ministres dans son
ensemble. Donc, dans ce contexte, on est vraiment dans ce qu'on pourrait
appeler le processus de la prise de décision. Il me semble
qu'effectivement, tout organisme qui participe à ce processus de la
prise de décisions doit pouvoir protéger les différentes
communications qu'il transmet aux organismes qui sont habilités à
prendre la décision finale. Maintenant, je ferai remarquer au
député que cela n'empêche pas le Conseil du trésor,
par exemple, d'avoir à - comment dirais-je - défendre chaque
mois, comme c'est le cas en ce moment, des engagements financiers du
gouvernement. Tout cela, c'est public. Ce sont des documents publics à
ce niveau. Il y a la Loi sur l'administration financière qui tout de
même définit certaines balises à l'intérieur
desquelles le Conseil du trésor doit fonctionner. Alors, pour le reste,
ce qu'on indique dans cet article 30, c'est une position de principe,
c'est-à-dire qu'au même titre dans le fond que le Conseil
exécutif, le Conseil du trésor prend un certain nombre de
décisions ou peut confirmer l'existence d'un certain nombre de
décisions. Nous considérons, quant à nous, sur le plan des
principes, que ce qui s'effectue au Conseil du trésor doit être
jusqu'à un certain point assimilable à ce qui se fait au Conseil
exécutif. L'un et l'autre sont trop intimement liés ensemble,
mais je pense que cela n'empêche pas par contre, par d'autres biais,
d'obtenir communication de renseignements, une fois que les décisions
sont prises au Conseil du trésor et retournées dans les
organismes qui ont la responsabilité de donner des suites à ces
décisions.
Le Président (M. Gagnon): Adopté? M. French:
Sur division.
Le Président (M. Gagnon): Sur division. L'article 30 est
adopté sur division. Est-ce que l'article 31 est adopté?
M. French: M. le Président, pourquoi est-ce qu'on inclut
l'opinion juridique sur la constitutionnalité ou la validité d'un
texte législatif ou réglementaire dans les restrictions? Dans un
cas particulier, évidemment, l'Opposition n'a pas de problème,
mais je ne comprends pas tellement pourquoi le gouvernement ne veut pas ouvrir
et rendre disponibles les opinions
juridiques...
M. Bertrand: Cela me paraît très important. Je vais
vous dire pourquoi, c'est que, prenez une situation, par exemple, où un
gouvernement est amené à voter un texte de loi ou adopter un
règlement et que, pour une raison ou pour une autre, un organisme ou un
individu veut aller contester devant les tribunaux l'adoption du texte de loi
ou du règlement. Si vous rendez disponibles des avis juridiques, les
opinions juridiques qui ont été préparés au profit
du décideur et qui deviennent donc accessibles à des gens qui
veulent maintenant aller contester devant les tribunaux la validité d'un
texte législatif ou réglementaire. L'on ne parle vraiment pas ici
d'une recommandation qui a été faite - on parle d'un avis
juridique à l'appui d'une recommandation. Je pense qu'on fournit dans
ces situations à des gens ou à des organismes des
éléments d'information qui, à mon avis, doivent être
conservés par l'organisme qui aura à se défendre devant
les tribunaux si jamais la validité ou la constitutionnalité du
texte est remise en cause. On verra un peu plus loin que, quand une
décision est prise par exemple, les analyses qui auront
précédé la prise de décision pourront être
accessibles une fois que la décision aura été prise. Je
pense que si l'on inclut là-dedans les opinions juridiques, il y a un
risque assez important à mon avis. Là-dessus, la commission
Paré recommandait effectivement la même chose.
Le Président (M. Gagnon): Adopté?
M. Bertrand: Pour moi, c'est très délicat.
M. Guay: On n'est pas obligé de fournir des
éléments à des personnes ou à d'autres
gouvernements qui pourraient attaquer la constitutionnalité d'une loi ou
d'un règlement québécois. On n'est pas obligé
d'aller faire le travail pour eux. (23 heures)
M. Bertrand: Je vais vous donner un exemple, M. le
député de Westmount. Je suis allé très loin
tantôt, je vous ai donné une opinion juridique sur le
lieutenant-gouverneur, je l'ai remise. Déjà, avec le document que
je viens de vous remettre, si le lieutenant-gouverneur ou quelqu'un, au nom du
lieutenant-gouverneur, veut aller contester devant les tribunaux, sur des
questions de droit et de compétence, les pouvoirs de la Commission
d'accès à l'information, il pourrait s'appuyer sur l'opinion
juridique que je vous ai transmise. Heureusement qu'elle est suffisamment bien
préparée pour nous placer dans un contexte où on croit
qu'effectivement nous avons toutes les raisons de situer le
lieutenant-gouverneur dans la liste des organismes publics couverts par la loi.
Mais imaginez des textes législatifs ou réglementaires
votés par le Parlement ou l'Assemblée nationale ou adoptés
par le Conseil des ministres, qu'on se mette à en contester la
validité ou la constitutionnalité et qu'on le fasse en utilisant
des opinions juridiques qui ont été utilisées par le
gouvernement pour la préparation de ces textes de loi. Je trouve qu'en
saine démocratie judiciaire, c'est très délicat.
Le Président (M. Gagnon): L'article 31 est-il
adopté?
M. French: Pas encore.
M. le Président, je ne trouve pas l'exemple
particulièrement convaincant mais je pense qu'effectivement, si on pense
aux tribunaux administratifs et à d'autres cas aussi, chez plusieurs
organismes publics ou des municipalités quelconques, je crois que ces
arguments sont très convaincants. Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. L'article 32.
M. French: On va bien là! N'exagérez pas!
Il s'agit de la dernière partie de l'article 32. Je suis vraiment
très troublé par les mots - le ministre est aussi troublé,
mais le Conseil des ministres l'a forcé de l'accepter, j'en suis
convaincu...
M. Guay: Cela veut dire la même chose.
M. French: Cela ne veut pas dire que le ministre en est
satisfait, j'espère qu'il ne l'est pas, s'il l'est, il n'a qu'à
le dire, mais j'essaie de regarder le bon côté de
possibilités. "De compromettre sérieusement la réalisation
d'un projet en cours", je pense que cela équivaut à un
championnat, c'est l'article le plus dangereux, le moins souhaitable dans le
projet de loi...
M. Bertrand: Avez-vous une proposition?
M. French: Avec tout ce que j'ai vu auparavant et tout ce que je
vais voir dans le reste, je me demande quels sont les exemples - je regrette de
le faire, parce que c'est un jeu facile que je fais à l'endroit du
ministre - quels sont les cas que couvre cette partie de l'article 32 qui ne
sont pas couverts autrement. C'est cela qui me trouble. Si le ministre pouvait
s'expliquer. Il va être d'accord avec moi que c'est extrêmement
général et que c'est une invitation aux gens comme certains
maires de certaines villes, certains ministres, comme celui de
l'Éducation à abuser vraiment de l'esprit du projet de loi.
M. Bertrand: D'abord, j'ai pris la proposition de loi contenue
dans le rapport Paré, c'est exactement le même article, c'est
l'article 44 dans la proposition de loi Paré, la même chose. J'ai
relu ce qu'il disait sur cela, parce qu'avant il parlait, bien sûr...
M. French: ... de pas grand-chose.
M. French: ... il disait: "Enfin, deux catégories de
documents soulèvent des problèmes particuliers: les avis
juridiques -on vient d'en parler - et les documents destinés à
servir à une évaluation. Il n'est pas possible d'assimiler
complètement les avis juridiques rédigés en vue de
l'application de la loi aux recommandations; on en a parlé tout à
l'heure. Un avis juridique est de nature essentiellement
délibérative. On ne peut séparer l'analyse de la
recommandation. L'intérêt public peut exiger de ne pas
dévoiler un avis juridique si cela peut affaiblir le recours de
l'État dans l'application d'une loi, influer de façon
défavorable sur la position de l'État ou d'un organisme
engagé dans une procédure judiciaire." C'est l'argumentation que
j'ai développée tout à l'heure, et on termine le
paragraphe de la façon suivante: "Pour des raisons évidentes, les
analyses risquant d'affecter l'issue d'une procédure judiciaire en cours
ou de compromettre sérieusement la réalisation d'un projet
pourront être retenues."
M. French: Je constate avec le ministre... j'ai lu le même
passage et j'ai été si peu convaincu que je suis
étonné que le ministre lui-même, sachant que la commission
avait si peu à dire à ce sujet, se base encore sur la commission.
Encore faut-il qu'il le justifie lui-même, c'est malheureusement son
projet de loi.
M. Bertrand: Bien, malheureusement, je ne me sens pas malheureux
du tout d'avoir ce projet de loi, M. le Président, et même pas
l'article 32. Mais moi, comme je le comprends, tel que présenté
par la commission Paré et avec le texte qui l'accompagne...
M. French: Le texte ne vaut absolument rien malheureusement.
M. Bertrand: Le texte n'est pas une argumentation.
M. French: Le texte ne vaut absolument rien pour justifier la
deuxième partie de l'article 32.
M. Bertrand: Ce qui est frappant, c'est de noter que des gens qui
nous ont préparé une proposition de loi disent "pour des raisons
évidentes". J'aurais aimé être un petit oiseau et assister
aux délibérations de la commission pour savoir comment il se fait
qu'à cette page 48 du rapport, on dise "pour des raisons
évidentes". Toute l'argumentation est contenue dans ces mots-là,
mais elle n'est pas explicitée.
M. French: Le ministre nous avoue que, pour lui, les raisons ne
sont pas évidentes. Je suis tout à fait d'accord.
M. Bertrand: Moi, je me rallie à deux des
éléments qui sont contenus dans l'article 32. "...lorsque sa
divulgation risquerait vraisemblablement d'avoir un effet sur une
procédure judiciaire...", je pense que ce n'est pas ce que le
député discute; c'est sur "compromettre sérieusement la
réalisation d'un projet en cours".
M. French: Moi, je l'ai souligné.
M. Bertrand: Tout est dans "compromettre
sérieusement".
M. French: Entre parenthèses, M. le Président, le
ministre a non seulement à justifier la dernière partie, mais
à justifier l'article, parce qu'il m'apparaît tout à fait
mal placé, mais c'est une parenthèse que je fais.
M. Bertrand: Non, il n'est pas mal placé.
M. French: Ah bon.
M. Bertrand: Vous parlez de judiciaire?
M. French: Non, je parlais de la conjonction entre le judiciaire
et celle de "compromettre sérieusement la réalisation d'un projet
en cours". J'ai dit: Non seulement a-t-on à justifier "de compromettre
sérieusement la réalisation d'un projet en cours", mais on a
à justifier la conjonction, la confrontation...
M. Bertrand: Je suis d'accord avec cela. Par contre, je suis
certain qu'il y aurait possibilité de diviser l'article en deux; je
pense que le fond du débat, c'est "de compromettre sérieusement
la réalisation d'un projet en cours".
Ce que j'ai compris là-dedans, et c'est la raison pour laquelle
le Conseil des ministres l'a retenu...
Je sais à quoi vous pensez, parce que tout le monde y a fait
référence. Les gens ont dit: Si on avait su quelques mois ou
quelques années à l'avance ce qui se préparait au niveau
du Stade olympique à Montréal et qu'on avait eu accès
à des documents qui étaient élaborés dans le cadre
de la réalisation d'un projet en cours, loin de compromettre
sérieusement la réalisation
d'un projet, on aurait probablement permis qu'il se réalise dans
des conditions plus satisfaisantes. Je comprends très bien l'argument
qu'on nous a servi dans les journaux entre autres. J'ai bien l'impression
qu'ici, le député va devoir se rendre compte avec nous que la
position inverse peut aussi se présenter, c'est-à-dire qu'en
rendant un certain nombre d'informations, d'analyses ou de renseignements
accessibles pendant qu'un projet est en cours d'élaboration ou de
réalisation, on peut risquer de compromettre sérieusement la
réalisation dudit projet.
En d'autres mots, j'avoue là, et je suis prêt à m'en
ouvrir d'une façon très franche et très candide devant le
député de Westmount, il y un aspect qui m'agace dans la
rédaction de l'article, c'est qu'il peut y avoir des situations
où le fait d'avoir accès à des analyses nous permettrait
dans une société où il doit y avoir un débat
démocratique sur les choses qui sont en cours de réalisation,
d'empêcher que des projets viennent à terme parce que, justement,
les analyses auxquelles on a eu accès nous renseignent sur un certain
nombre de choses qui nous permettraient d'éviter des problèmes
comme celui du Stade olympique, mais je dis qu'il peut y avoir d'autres
situations; on peut en imaginer des centaines et des milliers, où le
fait d'avoir accès à des analyses peut par contre compromettre
sérieusement la réalisation du projet. Prenons le dossier de la
Baie-James. Imaginons des analyses qui auraient été faites et
qui, à un moment de la réalisation du projet, amèneraient,
je ne le sais pas, moi, une compagnie ou un organisme voué à
l'écologie, à la protection de l'environnement, à
intervenir et, par son intervention, à compromettre la
réalisation du projet et donc à ne pas donner suite à
quelque chose qui au fond était éminemment souhaitable. Je dis
qu'il y a là un danger. Ce que je demande au député de
Westmount, c'est de me dire comment il verrait la rédaction d'un article
qui permettrait à la fois d'avoir accès à des analyses,
mais de pouvoir y donner accès en sachant que cela ne compromettrait pas
un projet et puis le fait de ne pas avoir accès à des analyses en
sachant que le fait de ne pas y avoir accès permettrait de
réaliser le projet. Il y a vraiment un dilemme.
Je pense que le député en est d'ailleurs conscient. Il y a
un dilemme devant lequel on est placé et on peut trouver des bons
exemples où le fait d'avoir accès va effectivement empêcher
la réalisation d'un projet, et on se dit tant mieux, mais, dans d'autres
cas, cela va compromettre sérieusement la réalisation du projet.
J'avoue que si le député a une suggestion à me faire, je
vais l'analyser avec beaucoup d'ouverture d'esprit.
M. French: M. le Président, mon problème ne se
situe pas dans le contexte de savoir si le projet est bon ou non, parce qu'on
ne peut pas savoir à moins que le projet ne se réalise, je n'ai
pas une meilleure formule à proposer pour régler ce
problème.
Mon problème se situe dans l'abus que cette partie de l'article
amènerait inévitablement et l'arbitraire qu'il évite par
sa qualité "nuageuse", son ton général: C'est quoi un
projet, c'est quoi compromettre? J'avoue que je ne suis pas très
impressionné par le Stade olympique, ni la Baie-James, je ne pense pas
que ce soit nécessaire, avec les autres restrictions, et c'est quelque
chose sur quoi je voudrais vraiment attirer l'attention du ministre, les autres
restrictions plus spécifiques et d'après moi plus exigeantes,
établissant un standard par rapport aux torts qui suivraient la
divulgation dans les autres sections, je ne vois pas le besoin de cette
espèce de couverture extrêmement vaste qu'apporte la
deuxième moitié de l'article 32.
M. Bertrand: Je voudrais qu'à 11 h 15, en ce 4 juin 1982,
on prenne note que le ministre des Communications veut une loi d'accès
qui en soit véritablement une et ne veut pas, comment dirais-je,
retrouver dans cette loi d'accès des éléments qui sont
plus confus que clairs. Je tiens donc à indiquer que, quant à
moi, j'accepterais, à ce stade-ci, de retirer les mots "ou de
compromettre sérieusement la réalisation d'un projet en
cours".
M. French: Très bien, M. le Président. J'allais
justement dire au ministre que je pense que vraiment, "it is a black eye" dans
le projet de loi et on l'aime mieux sans cela. (23 h 15)
M. Bertrand: J'espère que le député
reconnaît que, depuis le premier article jusqu'au trente-deuxième,
le ministre a fait preuve d'ouverture.
M. French: Je n'ai jamais nié que le ministre ait fait
preuve d'ouverture. J'espère que le ministre apprécie le fait que
l'Opposition officielle travaille très fort pour améliorer son
projet de loi, et que l'Opposition ne s'attend pas que, lorsque le ministre se
promènera à travers la province, se vantant avec raison de son
projet de loi, il va mentionner le bon travail de l'Opposition, mais...
M. Guay: ... dans Westmount.
M. Bertrand: J'aurai de bons mots pour le député de
Westmount en troisième lecture, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que ça devient un
amendement et est-ce que cet amendement est accepté? Est-ce que
l'article 32...
M. Bertrand: Je pense qu'on vient de faire un grand pas, M. le
Président. Je voudrais qu'on le note. Là-dessus,
j'apprécie beaucoup le fait de discuter de ces choses avec le
député de Westmount parce que je pense qu'on cherche vraiment, de
part et d'autre, sur un projet comme celui-là, parce qu'on sait que
c'est pour des années prochaines et que, demain matin, le gouvernement
peut être libéral ou d'une autre formation politique. C'est pour
les gouvernements, c'est pour les organismes publics, c'est pour tout le monde
et il ne faut pas le faire seulement pour cela. Je pense qu'on vient de faire
un grand pas et j'en suis très content.
M. French: Je pense, M. le Président, pour ma part, que si
l'organisme public ne peut pas évoquer un autre tort à
l'intérêt public découlant de la divulgation en question,
on est aussi bien de la rendre publique et vivre avec par la suite.
Le Président (M. Gagnon): L'article 32 tel
qu'amendé est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): L'article 33.
M. French: Un autre qui amène beaucoup de questions.
D'abord, je pense qu'il faut discuter du délai. Je sais, pour avoir
essayé de réduire le délai au fédéral pour
les mêmes genres de documents de 30 à 20 ans et pour m'être
fait jouer un tour épouvantable par les mandarins fédéraux
là-dessus, que ce n'est pas facile de convaincre les ministres ni les
sous-ministres de la nécessité d'une plus grande ouverture dans
ce domaine. Je voudrais d'abord savoir pourquoi le ministre a prolongé
le délai de 20 ans à 30 ans?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bertrand: II y a deux raisons, M. le Président;
d'abord, on le verra à la nomenclature. Il s'agit vraiment des
éléments les plus - comment dirais-je - importants dans tout ce
qu'on pourrait appeler, dans une société, la prise de
décision. On touche vraiment au coeur de notre système politique
et s'il y a un endroit où, effectivement, on doit pouvoir mettre le
délai, à mon avis, le plus long possible qui, dans toute la loi,
soit le plus long possible, c'est bien à ce type de document dont on
fait état ici.
Pourquoi 30 ans? La deuxième raison, c'est qu'il y a encore, dans
la vie publique, des gens qui sont engagés depuis une période qui
dépasse 20 ans et pas seulement au niveau du gouvernement du
Québec ou même de l'Assemblée nationale. On pense tout de
suite, évidemment, à deux personnes, de part et d'autre, qui
portent le même nom, par hasard, pour ne pas les nommer. Au niveau de
tous les organismes publics, des municipalités, entre autres. Au niveau
des municipalités, c'est très fréquent.
M. French: Je sais, cela n'a pas la même importance que
cela pourrait avoir à l'Assemblée nationale. Je pourrais avoir un
beau-père qui a été maire de ville pendant 25 ans, mais ce
qui s'est passé il y a 25 ans n'a pas trop de conséquences.
M. Bertrand: Je pense que c'est pour cela que mon
"premièrement" était là. Je qualifiais la nature de la
décision ou du document du Conseil exécutif, je pense que ce
n'est pas exactement la municipalité de 500 âmes dans une
région du Québec.
Ce sont les deux raisons principales et je dois vous avouer que c'est
vraiment le genre de délai qui pourrait être visé lors de
l'application de la clause crépusculaire, de la "sunset clause", parce
que effectivement j'ai l'impression - je le dis comme je le pense -que les
situations ou les contextes où on va retrouver des personnes qui
oeuvrent pendant 10, 12, 15, 20 ans en politique vont être de plus en
plus rares. C'est vraiment la raison principale avec, bien sûr, l'autre
élément.
M. French: Quel est l'autre élément?
M. Bertrand: C'était sur la nature même des
décisions et la nature même des organismes. Vous le disiez
vous-même tantôt: Un beau-père qui a été en
politique pendant 25 ou 30 ans dans une petite municipalité, il y a
quand même une différence avec quelqu'un qui a été
membre du Conseil exécutif du Conseil des ministres. C'est quand
même très différent au niveau même de la nature et de
la qualité des décisions.
M. French: C'est très important pour moi. Le ministre se
base essentiellement sur la longévité de certaines personnes dans
la vie politique et le besoin de protéger leurs prérogatives
quant à la prise de décision au sein des institutions politiques
importantes qui ne sont habituellement pas publiques, comme un Conseil des
ministres. Je pense que c'est vraiment le noyau. Je ne veux pas le distordre,
mais je veux bien comprendre si c'est le noyau de raisonnement du ministre pour
justifier les 30 ans.
M. Bertrand: Vous avez raison sur le premier
élément. Pour le deuxième, je veux tout simplement que
vous reconnaissiez que
lorsqu'on parle ici, tout le long de cet article, du Conseil
exécutif ou du Conseil du trésor, on parle quand même de
ces institutions dans notre régime politique ou dans l'administration
publique qui sont les plus élevées, qui ont les
compétences les plus élevées dans toute la
société québécoise et qu'on touche donc à un
type de décisions fondamentales sur lesquelles, à mon avis, il
nous faut mettre des délais qui sont plus importants que les
délais qu'on met, par exemple, à des organismes d'un autre
ordre.
M. French: Abstraction faite de la question de
personnalité ou même avec la question de personnalité, dans
une société d'État, doit-on protéger pendant 30 ans
plutôt que pendant 20, les délibérations du conseil
d'administration? Ce n'est pas un piège. Je...
M. Bertrand: Du conseil d'administration?
M. French: Oui, effectivement, du comité
exécutif.
M. Bertrand: Pour un organisme municipal.
"M. French: D'accord. Alors, c'est juste pour un organisme
municipal et... je m'excuse donc, d'accord. Cela simplifie les choses. Je
voudais proposer au ministre qu'il ramène le délai à 20
ans avec protection pour les personnalités qui durent plus que 20 ans.
J'ai une proposition - ce n'est peut-être pas la bonne - selon laquelle
le premier alinéa de l'article 33 soit modifié en
remplaçant, à la deuxième ligne, le mot "trente" par le
mot "vingt" et en ajoutant après le premier alinéa,
l'alinéa suivant: "Le délai prévu au premier alinéa
est prolongé tant et aussi longtemps que la personne concernée
par la demande de renseignements demeure membre de l'Assemblée
nationale, à moins que cette personne n'en décide autrement."
M. Bertrand: Je suis prêt à reconnaître qu'il
y a un effort très louable qui est fait de la part du
député de Westmount. Je pense que son effort pourrait être
encore plus louable.
M. French: Bon.
M. Bertrand: Parce que votre deuxième amendement - il y a
le 20 d'abord, mais ensuite - prenons la situation suivante. Les deux MM.
Lévesque qui étaient tous deux...
M. French: ... membres du cabinet en soixante-deux.
M. Bertrand: Est-ce que M. Gérard D.?
Oui. Supposons que vous vouliez avoir accès à un document
relatif à une prise de décision au sein du Conseil
exécutif en 1962 et supposons encore que le dossier en question porte,
par exemple, sur les délibérations ou les recommandations qui ont
été faites à l'occasion - la Caisse de dépôt
a été créée en quelle année? C'est en 1964,
la création de la Caisse de dépôt et de placement du
Québec? Probablement, que ni M. Gérard D. Levesque - je m'excuse
de prendre des noms, c'est parce qu'on les a tous présents à
l'esprit; cela nous aide à discuter la chose - ni M. René
Lévesque n'étaient des personnes qu'on pourrait dire qui
étaient - c'est là qu'il faut bien voir la rédaction -
concernées par la demande de renseignements, mais ils étaient
tout de même membres de l'institution que nous visons. En d'autres mots,
ici à 33, ce ne sont pas des personnes que nous visons, ce sont des
organismes. Je pense que, si le député apportait des
modifications à la rédaction de la deuxième partie de son
amendement on pourrait peut-être en traiter, mais... D'accord?
M. French: Je ne veux pas interrompre le ministre, je m'excuse,
terminez, s'il vous plaît.
M. Bertrand: Je pense que je viens de faire valoir mon point. En
d'autres mots, il est fort possible que ni René Lévesque
directement ni Gérard D. Levesque directement soient concernés
par les recommandations d'un membre du Conseil exécutif au Conseil
exécutif, en 1964, sur la Caisse de dépôt et placement,
mais ils étaient tout de même membres de l'institution et donc
indirectement, si vous voulez, ou même directement concernés. Je
trouve qu'il faudrait faire une référence davantage à la
personne membre d'une institution, d'un organisme public qu'à la
personne seulement.
M. French: ... mes arguments magnifiques lorsque le ministre
n'est pas en mesure de les apprécier à leur pleine valeur. Je
prends acte de la volonté du ministre de travailler sur l'amendement ou
une pareille conception; il n'a pas accepté l'amendement, mais il est
prêt à travailler.
M. Bertrand: Je vous le dis, je suis prêt à tout,
moi.
M. French: Oui, mais il faut préciser un peu plus que
cela. Le ministre ne rejette pas l'idée de viser les individus qui
seraient quand même exceptionnels plutôt que de mettre tout le
"kit" sur les 30 ans; même si les gens commencent à avoir des
carrières politiques de huit ans, à neuf ans, onze ans, douze
ans, on serait poigné avec 30 ans.
M. Bertrand: II faudrait que le député, à ce
moment-là, trouve le moyen de rédiger son amendement de telle
sorte que...
M. French: Ou que le ministre et ses fonctionnaires trouvent de
la même façon parce que je ne pense pas qu'il y ait une grande
différence s'il est prêt à travailler à la
philosophie de base de l'amendement.
M. Bertrand: Est-ce qu'on peut le travailler?
M. French: Oui, mais je voudrais aussi le suggérer au
ministre parce que je pense que ça vaut la peine. Moi, je suis
intéressé par son argument organisme-individu. Moi, j'aurais
pensé qu'on ne protège pas l'organisme dans ce cas-là,
j'aurais pensé qu'on protège la liberté de discours, la
liberté de parole de l'individu au sein d'un Conseil des ministres ou
des émanations d'un Conseil des ministres. Mais de quelle façon
les messieurs Lévesque sont-ils visés ou "dommagés" par la
révélation d'une discussion au sein d'un cabinet à
laquelle ils n'ont pas participé et qui date de plus de 20 ans de la
date de la requête? De quelle façon notre liberté de
parole, si nous faisons partie d'un Conseil des ministres, visée par
notre connaissance du fait que, dans 20 ans d'ici, ce serait possible
peut-être qu'un autre comité ministériel ne nous impliquant
pas pourrait -parce qu'on est tous les deux très jeunes -être
révélée...
Je ne pense pas que cela va vraiment brimer notre liberté de
parole et c'est notre liberté de parole qu'on vise à
protéger. Il n'y a pas autre chose, il n'y a rien de sacré, de
mystérieux dans tout cela. On veut savoir si les gens autour de la table
peuvent parler librement. Dieu sait qu'avec le livre que le
député d'Arthabaska lit actuellement... Il y a plus de
contraventions sur cette question du Conseil des ministres ainsi que sur le
secret du Conseil des ministres dans ce livre-là qu'il y en aurait dans
toute l'application de cette clause de projet de loi. Moi, je ne critique pas
l'auteur non plus, mais il faudrait quand même ne pas ériger un
magnifique édifice de protection qui est brisé
régulièrement deux ans plus tard par tous les ministres qui
veulent écrire des livres pour faire quelques sous.
M. Bertrand: II y a quand même un principe fondamental dans
le système politique qui est celui de la solidarité
ministérielle. (23 h 30)
M. French: De quelle façon la solidarité
ministérielle est-elle remise en question? Je suis réceptif aux
arguments, mais je veux les comprendre.
M. Bertrand: Je reviens à mon dossier de la Caisse de
dépôt et placement du Québec.
M. French: Dans quel sens?
M. Bertrand: Dans le sens suivant: Si vous faites allusion
à des personnes... Vous dites: "Le délai prévu ... est
prolongé tant et aussi longtemps que la personne concernée par la
demande de renseignements ... ". La demande de renseignements que vous voulez
obtenir, supposons, sur les recommandations...
M. French: Je suis historien et j'ai étudié la
fondation de la Caisse de dépôt.
M. Bertrand: Voilà.
M. French: ... et les 1984 ou 1985.
M. Bertrand: Voilà.
M. French: D'accord.
M. Bertrand: À ce moment, vous savez fort bien que sont
encore sur la scène politique des personnes qui, à cause
même du principe de la responsabilité ministérielle,
étaient directement associées à la prise de
décision au moment où cette prise de décision s'est faite
20 ans ou 21 ans avant. Dans un contexte comme cela, je me dis: Où
pouvez-vous tracer une ligne entre une personne prise comme individu et
l'organisme dont elle fait partie qui est tout de même l'organisme le
plus important dans notre régime politique à l'intérieur
du Québec, alors que cette personne effectivement -comment dirais-je? -
a à répondre comme toutes les autres des décisions qui ont
été prises, peu importe, d'ailleurs, son degré
d'engagement au moment où la décision a été prise,
objectivement parlant?
M. French: Je trouverais d'abord, je ne veux pas interrompre le
ministre, je m'excuse.
M. Bertrand: Une seconde...
M. French: Remarquez, M. le Président, qu'on a
déjà fait du progrès si on accepte le principe et si on
étend cela à tout le Conseil des ministres. Je n'ai pas de
problèmes avec cela. Si on veut modifier l'amendement, autrement dit,
j'ai une objection, mais ce n'est pas une objection de fond. Si on veut
modifier l'amendement pour que cela touche tous les renseignements
émanant d'un Conseil des ministres et que cela demande le consentement
de la personne qui faisait partie de ce Conseil des ministres, je trouve qu'un
grand pas aura été fait. Mais j'irai plus loin que cela parce que
je ne crois pas que l'argument du ministre quant à la solidarité
tienne vraiment, mais je
ne veux pas en faire une chicane. Personnellement, c'est une protection
de la liberté de parole de l'individu. Tout le monde sait qu'ils sont
solidaires des décisions de fonder les caisses d'entraide; ce ne sont
des nouvelles pour personne. Apprendre que deux autres personnes, non pas les
deux Lévesque, se sont chicanées sur cela, ont
échangé, il y a vingt ans...
M. Bertrand: D'accord. Mais, M. le député de
Westmount...
M. French: ... cela a à peine un effet sur la
carrière des deux personnes concernées.
M. Bertrand: Je viens de prendre un bel exemple qui est la
création de la Caisse de dépôt et placement du
Québec dont tout le monde se réjouit aujourd'hui. Prenons un
exemple...
M. French: ... catastrophique.
M. Bertrand: ... oui, d'une chose...
M. French: Si ni l'une ni l'autre n'était directement en
cause dans la discussion... Qu'il y ait eu d'autres problèmes entre
d'autres personnes qui sont révélés par les
procès-verbaux et les recommandations...
M. Bertrand: Oui, mais cela est facile à dire. Vous
êtes membre d'une équipe qui est le Conseil des ministres...
M. French: En tout cas, je ne veux pas faire la chicane.
M. Bertrand: ... où le principe de la solidarité
ministérielle joue très profondément.
M. French: Je ne comprends pas.
M. Bertrand: Vous pouvez, aujourd'hui, sur la base d'une
décision qui a été prise il y a vingt ans, à mon
avis, tenir responsable une personne qui est encore en politique de la
décision qui a été prise par l'ensemble.
M. French: Sûrement, sauf que cette décision est
connue de tous. Je veux dire...
M. Bertrand: Non, là, ce n'est pas seulement la
décision, ce sont les communications, les recommandations, les analyses,
les mémoires...
M. French: Oui, on comprend mieux le déroulement. Dans la
mesure où la personne a participé directement au
déroulement, elle a le droit de dire: Oui ou non, je laisse partir ce
document. Et, dans la mesure où elle n'est pas mentionnée, on
connaît mieux le déroulement de la décision. Si c'est une
mauvaise décision, tant pis, mais la personne a vécu avec depuis
20 ans, en tout cas.
M. Bertrand: Voulez-vous qu'on le suspende?
M. French: Moi, je dirai deux choses. Si le ministre parle
sérieusement de se rallier à ma position là-dessus, on
peut bien le suspendre et il peut travailler sur l'amendement. Si son
idée est faite, par contre, moi, j'aimerais bien travailler sur
l'amendement tout de suite et amender l'article dans le sens qu'il veut,
c'est-à-dire 20 ans et protection pour le Conseil des ministres pour les
personnes encore impliquées. C'est tout ce qu'on a débattu
jusqu'ici. Est-ce que la protection en question, qui est donnée dans
l'amendement, devrait être pour la personne concernée et
définie comme la personne qui a participé ou dont le nom
apparaît sur un document ou bien est-ce la personne concernée et
définie de la façon suivante: qui faisait partie d'un Conseil des
ministres?
M. Bertrand: Si vous vous ralliez à cette deuxième
partie...
M. French: Je me rallierais pour les fins de la cause, parce que
je pense que la distinction n'y ferait pas grand-chose. Il n'y a pas beaucoup
de requêtes qui seraient affectées, parce que je pense que M.
Lévesque va dire: Oui, laisse-le aller, à moins que... Je pense
que les personnes concernées vont, dans 99% des cas, dire: Oui, M.
l'historien de l'Université du Québec à
Trois-Rivières peut faire une recherche sur une décision prise il
y a 20 ans dans un conseil des ministres dont j'ai fait partie.
Je ne pense pas qu'il y ait grand-chose là-dedans et je
préférerais travailler sur cela dans l'esprit du ministre.
M. Bertrand: Très bien. Travaillons, hâtons les
choses. Continuons donc notre travail.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce qu'on suspend l'article
et l'amendement?
M. French: Non, on suspend l'amendement.
Le Président (M. Gagnon): On suspend l'amendement.
M. French: On ne suspend pas l'article, parce qu'il y a beaucoup
d'autres choses à discuter là-dessus.
Le Président (M. Gagnon): L'amendement est suspendu.
M. French: Dans le deuxième alinéa, nous avons des
objections de fond dans la mesure où on extensionne ou on ouvre la
confiance du Conseil exécutif jusqu'à toucher toute communication
entre ministres, que le sujet de la communication soit un sujet discuté
au Conseil des ministres ou non. Je trouve que c'est néfaste, que ce
n'est pas souhaitable. Je pense qu'il est possible d'amender le
deuxièmement, dans le sens qu'on ne touche que les sujets qui soient
légitimement couverts par la confiance du Conseil des ministres. Est-ce
que le ministre comprend la portée de ce que je dis, je ne demande pas
s'il est d'accord, est-ce que tout est clair?
M. Bertrand: Quant à moi, la façon de comprendre le
deuxièmement de l'article 33, c'est que si le ministre des
Communications, par exemple, communique avec le ministre d'État au
Développement culturel sous la forme d'une lettre, d'un mémoire
ou sous quelque autre forme que ce soit, cela est protégé.
C'est-à-dire qu'il y a un délai de 30 ans...
M. French: Non seulement est-il protégé, M. le
Président...
M. Bertrand: C'est exactement ce que la commission Paré
recommande.
M. French: Je ne parle pas de la commission Paré. Non
seulement est-il protégé, mais il doit être
protégé! Ce n'est pas une question facultative, c'est une
question directive: il doit être protégé pour 30 ans. Je
veux dire qu'on ne demande pas la protection typique du projet de loi, on
demande une protection extrêmement poussée pour tout ce qui se
passe entre ministres.
M. Bertrand: Ce sont des membres du conseil. Il faut voir que
l'économie générale de l'article 33 touche les membres du
Conseil exécutif. Une communication d'un ministre à un autre
ministre, à mon avis, cela a une valeur telle...
M. French: Cela dépend des ministres.
M. Bertrand: Ce que je voudrais indiquer au député,
c'est que, quand un ministre écrit à un autre ministre - bien
sûr, il peut y avoir des cas où ce n'est vraiment pas grand-chose,
c'est simplement pour accuser réception d'un document qu'il a
reçu, ce n'est pas un accusé de réception, je pense, qui
ferait mourir un ministre - mais quand un ministre écrit à un
autre ministre sur des objets relatifs à tout le fonctionnement du
Conseil exécutif...
M. French: Ah! bien, je m'excuse M. le Président. On ne
parle pas du fonctionnement du Conseil exécutif. C'est justement ce
qu'on est prêt à reconnaître comme légitime en tant
que protection. Ce sont les autres cas qui nous préoccupent.
M. Bertrand: Parce que là, ce qui devient très
difficile à faire, c'est qu'on se met à être obligés
de décortiquer ou d'établir une espèce de, comment
dirais-je, "digest" de l'ensemble des types de communications qui peuvent
être établies entre deux ministres. Dans le fond, quand on
écrit...
M. French: Non. On dirait soit... M. Bertrand: à un
ministre... M. French: Oui.
M. Bertrand: ... c'est dans le cadre d'un processus de
décision qui est en cours. On s'informe mutuellement, on s'en va vers
une prise de décision qui se situe au niveau du Conseil exécutif.
Si tout cela n'est pas, comment dirais-je, balisé au niveau des
restrictions, comment pouvons-nous être cohérents avec
nous-mêmes si on dit que, dans le fond, pour ce qui se passe au sein du
Conseil exécutif, il y a des délais qui sont indiqués au
niveau des communications qui peuvent être faites ou des recommandations
qui ont été acheminées?
Je suis d'accord avec le député en même temps, par
contre, qu'effectivement, à l'occasion, un ministre va écrire
à un autre ministre sur des sujets qui ne seront pas directement
reliés à ce qu'on pourrait appeler la prise de décision
politique au sein du Conseil exécutif. Comment arriver à
déterminer, dans une rédaction quelconque, ce qui tombe sous
l'empire du Conseil exécutif et ce qui ne tombe pas sous l'empire du
Conseil exécutif?
M. French: M. le Président, je pense que...
M. Bertrand: Ce sont des membres du Conseil exécutif qui
communiquent entre eux.
M. French: Oui, mais, M. le Président, le ministre ne veut
pas dire que, lorsqu'il parle à un ami pendant qu'il joue au baseball et
parce qu'il est membre du Conseil exécutif, cette communication...
M. Bertrand: Mais c'est cela, sur cela je suis d'accord.
M. French: ... est nécessairement investie de toute la
mystique qu'on attribue au Conseil exécutif. S'il parle à son
chauffeur, qui est un employé du gouvernement tout de même, ce
n'est pas investi de toute la mystique du Conseil
exécutif. S'il parle à son adjoint, ce n'est pas...
Maintenant, s'il parle à un autre ministre au sujet d'une
décision déjà prise, mais qui n'a pas été
discutée devant le Conseil exécutif du Québec, est-ce
vraiment nécessaire de la protéger pour 30 ans ou 20 ans?
M. Bertrand: II m'apparaît que c'est important. Supposons
que le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme écrive au
ministre d'État au Développement économique pour lui faire
part de ses opinions sur la préparation, par exemple, du plan d'urgence
sur le soutien de l'emploi...
M. French: Cela ne marche pas, M. le ministre. Cela ira devant le
Conseil des ministres. Le plan d'urgence en question ira devant le Conseil des
ministres.
M. Bertrand: Oui, le plan d'urgence ira devant le Conseil...
M. French: Eh bien! Alors?
M. Bertrand: II y est allé d'ailleurs. Il s'en vient, il
sera rendu public bientôt.
M. French: Oui, oui.
M. Bertrand: Mais, si le ministre de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme dans le cadre de la préparation de cette décision, a
communiqué avec le ministre d'État au Développement
économique dans une lettre de trois pages l'état de ses
réflexions à lui et de ses positions à lui...
M. French: Cela devrait être absolument
protégé.
M. Bertrand: C'est cela.
M. French: Oui mais, sauf qu'on le protège beaucoup plus
que cela dans le deuxièmement. Je ne sais pas si j'ai réussi
à expliquer...
M. Bertrand: Oui. Non. On se comprend très bien...
M. French: Oui, bien alors... Il ne me donne pas d'exemples
convenables.
M. Bertrand: Mais, j'essaie de vous demander comment est-ce qu'on
irait faire des distinctions entre...
M. French: Je pense qu'on pourrait dire quelque chose. On a,
peut-être même, un amendement, si le ministre me permet.
M. Bertrand: II y a aussi: "à moins que l'auteur n'en
décide autrement." Justement pourquoi? Parce que, dans le fond, il peut
arriver qu'il y ait des communications... M. French: D'accord. Alors, on
a...
M. Bertrand: ... d'un membre du conseil à l'autre qui ne
sont pas...
M. French: C'est cela mon problème, M. le ministre.
M. Bertrand: "À moins que l'auteur n'en décide
autrement."
M. French: Moi, j'ai écrit à un certain ministre,
au niveau fédéral...
M. Bertrand: Avez-vous remarqué...
M. French: ... un paquet de lettres qui...
M. Bertrand: Oui. Avez-vous remarqué que c'est inscrit
même à deux ou trois occasions: au deuxièmement,
troisièmement et quatrièmement il est écrit: "à
moins que...
M. French: Oui. Je vois cela, M. le ministre. Ne me demandez pas,
quand même, de me fier uniquement à la bonne foi...
M. Bertrand: Je le sais, d'accord.
M. French: ... de n'importe quel gouvernement. Si ce
n'était que sur la bonne foi, on n'aurait pas de projet de loi.
J'ai une suggestion à faire, donc...
M. Bertrand: Sur cela, vous avez raison. Je voudrais faire une
parenthèse: c'est que, dans le fond, loi ou pas loi, on le peut quand on
le veut...
M. French: Je suis 100% d'accord, mais la loi...
M. Bertrand: ... rendre des choses accessibles. La preuve en
est... enfin, j'essaie de pratiquer cela depuis un an. J'ai reçu un avis
de la Régie des services publics, le 30 décembre dernier, sur
l'interconnexion et le raccordement des terminaux. Normalement, je serais
protégé par la loi d'accès tant et aussi longtemps qu'une
décision n'est pas prise. Quinze jours après, j'ai rendu le
document public, justement pour permettre aux gens, aux compagnies de
téléphone de réagir avant que je ne prenne ma
décision. Alors, c'est une question d'esprit, de mentalité et de
comportement. Vous l'avez dit, d'ailleurs, dans votre discours à
l'Assemblée nationale. (23 h 45)
M. French: C'est évident, M. le Président, mais
s'il n'y avait que des ministres comme le ministre des
Communications, on n'aurait pas de problème, mais,
malheureusement, il y en a d'autres, comme il le sait.
M. Bertrand: Allons donc!
M. French: Je voudrais proposer la motion d'amendement suivante
pour éclairer le ministre sur nos intentions. Que le deuxième
paragraphe du premier alinéa de l'article 33 soit modifié en
ajoutant dans la deuxième ligne, après le mot "conseil", les mots
"lorsque ces communications ont trait à un sujet qui a été
ou est discuté"; je dirais "qui a été, est ou sera
discuté au Conseil exécutif".
M. Guay: "Qui a été", parce que c'est un
délai de 20 ans.
M. French: Alors, nécessairement, si c'est 20 ans
après. Je m'excuse, on sait additionner en maudit!
M. Bertrand: Ce n'est pas grave; on comprend cela à minuit
moins quart.
M. French: D'accord, M. le Président, c'est pour
établir un peu l'idée. Est-ce que c'est l'autre amendement que
vous faites?
M. Bertrand: Non, allez-y, faites le dépôt; on
regarde quelque chose.
M. French: On notera qu'il y a des changements par rapport
à ce que j'ai déposé; le document l'a montré.
M. Bertrand: D'accord, on revient à nos oignons.
M. French: On attend des photocopies du projet de loi.
Le Président (M. Gagnon): On pourrait lire l'amendement
tel que vous l'aviez modifié.
M. French: Alors, l'amendement tel que modifié à
l'article 33: Que le deuxième paragraphe du premier alinéa de
l'article 33 soit modifié en ajoutant dans la deuxième ligne,
après le mot "conseil", les mots "lorsque ces communications ont trait
à un sujet qui a été discuté au Conseil
exécutif."
Pour une dernière fois, après l'avoir
considéré comme il le faut, je voudrais proposer l'amendement
suivant à l'article 33, le seul et unique amendement que l'Opposition
essaie de faire au deuxième paragraphe de l'article 33: Que le
deuxième paragraphe du premier alinéa de l'article 33 soit
modifié en ajoutant, dans la deuxième ligne, après le mot
"conseil", les mots "lorsque ces communications ont trait à un sujet qui
a été, est ou sera discuté au
Conseil exécutif". Je fais remarquer que la copie qui circule ne
serait pas la copie conforme de ce que je viens de dire.
M. le Président, je ne pense pas qu'on va régler ni l'une
ni l'autre.
Le Président (M. Gagnon): Alors, je suis tenté de
relire l'amendement pour être certain qu'on nous a bien compris au
journal des Débats: "Que le deuxième paragraphe ou le
deuxième alinéa de l'article 33 soit modifié en ajoutant
à la deuxième ligne, après le mot: "conseil" les mots:
"lorsque ces communications ont trait à un sujet qui a
été, est ou sera discuté au Conseil exécutif."
M. French: C'est plutôt large "ou sera"...
M. Bertrand: Mais...
Le Président (M. Gagnon): Cela ne marche pas.
M. Bertrand: On n'embarque pas, M. le Président, parce que
j'essaie de m'imaginer comment ou sous l'empire de quelle évaluation on
pourrait, dans un organisme, savoir qu'une communication échangée
entre deux membres d'un Conseil exécutif n'a rien à voir avec
quelque chose qui a été, est ou sera discuté au Conseil
exécutif. On m'apparaît nager en pleine utopie, surtout quand on
dit "sera", parce que si l'on introduit...
M. French: On peut laisser tomber "sera", si vous voulez.
M. Bertrand: Si l'on introduit le futur, on ne le sait pas si
cela sera ou pas discuté au Conseil exécutif, parce qu'à
toutes fins utiles quand les ministres échangent des communications
entre eux, je suis convaincu que c'est toujours du "a été, est ou
sera discuté au Conseil exécutif".
M. French: M. le Président, je ferais remarquer au
ministre que j'essaie le plus modestement, avec le plus de protection possible
pour le ministre, d'ouvrir quelque peu les portes.
M. Bertrand: C'est l'applicabilité... M. French: Le
ministre...
M. Bertrand: ... d'une chose comme cela qui m'apparaît,
comment dirais-je? à peu près impensable. J'essaie de voir
comment je pourrais rendre opérationnel...
M. French: Je pense que le ministre a effectivement raison, que
c'est très difficile à faire fonctionner. Sauf que je lui fais
remarquer que ce qu'il a fait, c'est très
facile à faire fonctionner, cela veut dire que tout, tout, tout
ce qui se passe entre ministres est absolument caché pour 20 ans,
à moins qu'un individu n'y consente.
M. Bertrand: Sur cela, je pourrais relire des pages
entières du rapport Paré où l'on explique toute la
philosophie qui nous indique pourquoi il est important que ce qui s'effectue au
Conseil exécutif, entre les membres du Conseil exécutif et entre
les comités qui relèvent du Conseil exécutif soit
protégé. J'avoue qu'effectivement, les restrictions à ce
niveau sont importantes, mais la question est elle-même d'importance.
L'institution est elle-même d'importance et les discussions qui y ont
cours sont elles-mêmes d'importance. Quant à moi, entre la
rédaction de l'article tel qu'il est en ce moment et l'ouverture que le
député cherche à obtenir, le caractère
difficilement opérationnel de l'ouverture m'amène à croire
qu'on est aussi bien d'être clair, d'être précis,
d'être franc, que c'est comme cela que cela se passe et de tenir pour
acquis que tout cela est protégé. Sinon, à mon avis, ce
n'est pas abordable.
M. French: M. le Président, il est tard. Je dois
comprendre que le gouvernement vote contre l'amendement qui est donc
défait, battu. Je ferai remarquer au ministre qu'il pourrait bien lire
les pages du rapport Paré à savoir pourquoi les comités du
Conseil des ministres doivent être protégés. Il aurait plus
de difficulté à lire les pages du rapport de la commission
Paré ou à me convaincre sur le plan constitutionnel et
philosophique pour me dire pourquoi tout échange entre ministres est
automatiquement investi du même genre de mystique qui justifie une
protection de 20 ou 30 ans. Je vous expliquerai pourquoi ce serait
nécessaire, et dans tous les régimes parlementaires, c'est parce
qu'il y a certains ministres, dans tous les cabinets et à travers le
système parlementaire, qui vont insister pour qu'il y ait une telle
protection, mais c'est la seule et unique raison, et ce n'est pas une raison
philosophique, mais une raison pratico-pratique.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'amendement...
M. Bertrand: J'avoue qu'une des raisons pour lesquelles je
m'oppose au deuxième alinéa, c'est du pratico-pratique.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'amendement est
retiré ou s'il est battu?
M. French: II est battu. Donc, on est rendu - corrigez-moi si
j'ai tort - avec un amendement suspendu non pas cet amendement-là qui a
été battu, mais notre premier amendement, au point où le
ministre travaille avec ses collègues...
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le ministre, il
est maintenant...
M. French: On a terminé, mais je voudrais faire quelques
commentaires.
M. Bertrand: Là-dessus, je veux qu'on s'entende avant de
partir.
M. French: Vous allez travailler sur cela.
M. Bertrand: Oui.
M. French: Et, nous aurons d'autres amendements ou une autre
discussion sur l'article 33?
M. Bertrand: Très bien.
M. French: M. le Président, le ministre a-t-il vu dans le
progrès considérable que nous avons fait ce soir l'intention de
faire siéger la commission pour l'étude article par article lundi
après-midi?
M. Bertrand: Je voudrais avoir votre avis, et là-dessus je
vous avoue, M. le député de Westmount, que vous pouvez
m'éclairer beaucoup. Je vais vous dire comment je vois le reste de
l'étude.
Quand on en aura terminé avec le chapitre des restrictions, je
pense qu'on aura fait le gros du travail. Toute la partie sur la protection des
renseignements personnels, je ne sais pas si le député l'a
remarqué, ne semble pas faire problème, et moi, je vais
être très ouvert, parce qu'on nous a reproché entre autres
de peut-être garder des éléments trop tatillons; je vais
être très ouvert, pour enlever tout cela. On a aussi
demandé à un moment donné pourquoi ne pas libérer
la commission d'accès de toute une série de
responsabilités qui pourraient être assumées par d'autres.
Je serai très ouvert, je recevrai vos observations avec beaucoup
d'ouverture d'esprit.
J'ai l'impression qu'une fois passé le chapitre sur les
restrictions, on peut aller relativement vite pour le reste; je ne sais pas si
le député perçoit de la même façon les choses
là-dessus.
M. French: M. le Président, ce serait difficile de donner
des garanties au ministre et je ne veux pas qu'il me dise par la suite: Vous
m'avez dit que, etc. Je vais essayer d'être honnête, mais c'est
tout, parce qu'on ne sait jamais ce qui pourrait se produire, sauf qu'il y a
toujours une entière bonne foi, et on a vu de la bonne foi des deux
côtés ce soir.
Nous aurons quand même dans le
domaine des renseignements personnels des suggestions assez importantes
à faire quant aux mécanismes. Nous pensons honnêtement que,
du point de vue administratif, c'est actuellement très lourd.
M. Bertrand: Je vais être totalement d'accord avec vous.
Tout ce qui ira dans le sens de "débureaucratiser", d'assouplir, de
donner en d'autres mots à cette partie de la loi toutes les
possibilités d'être opérationnelle va être
accepté sans même qu'il y ait de discussion; je le dis au
député très franchement.
M. French: Oui, sauf que je signale au ministre que certains des
changements que nous proposons pourraient causer des problèmes d'ordre
politique, peut-être pas politique, mais ils sont assez fondamentaux
quant à la mécanique, qu'ils atteignent presque le principe, et
c'est toujours dans l'esprit de minimiser la lourdeur administrative et...
M. Bertrand: Mais si c'est sur l'objectif, il n'y aura pas de
problème, parce que...
M. French: On va en finir, M. le Président, je ne veux pas
vous retenir.
Le Président (M. Gagnon): Ce serait pour demander au
ministre...
M. Bertrand: Attendez une minute!
Le Président (M. Gagnon): Je vous demandais, M. le
ministre, étant donné que vous êtes en même temps
leader parlementaire, si l'ordre est d'ajourner sine die et si on revient avec
l'ordre de la Chambre lundi.
M. Bertrand: Oui, de toute façon. Alors, de
consentement...
M. French: Puis-je au moins suggérer au ministre...
(Minuit)
M. Bertrand: Ce que je veux dire au député, c'est
que - c'est le leader qui parle - lundi, normalement, j'aurais eu deux heures
à donner à cette commission - évidemment, je comprends que
ce soir on a siégé quatre heures - mais j'aurais pu ajouter
quatre heures lundi soir, parce que je suis disponible, ce qui nous aurait fait
six heures de plus.
Tout ce que je voudrais que le député comprenne, et je
suis sûr que, là-dessus, je peux compter sur sa
coopération, c'est qu'à partir d'un certain moment, la semaine
prochaine et surtout l'autre semaine, plusieurs projets de loi auront
été adoptés en deuxième lecture et devront venir en
commission parlementaire pour l'étude article par article. Je comprends
qu'on doive prendre tout le temps nécessaire pour que cette loi soit la
plus correcte possible, mais c'est une commission qui est gelée - si
vous me passez l'expression - pendant une bonne période de temps. Je ne
sais pas comment le député peut m'indiquer sa vision du temps
qu'on pourrait y mettre encore, cela m'indiquerait ce que je dois faire pour
les travaux parlementaires de la semaine prochaine.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Westmount...
M. Bertrand: J'aimerais au moins libérer lundi au
complet.
Le Président (M. Gagnon): ... est-ce que vous me
permettriez d'ajourner les travaux? Vous pourriez vous entendre ou, s'il faut
absolument le faire, vous pourriez vous entendre après. Alors, la
commission...
M. French: Oui, off the record.
M. Bertrand: Avant, M. le Président, que vous ne
terminiez, car en finissant sur des "giddy-giddy" de travaux parlementaires,
cela donne l'impression qu'on est venu ici pour parler en vertu de l'article
34, je voudrais simplement indiquer au député de Westmount que
j'apprécie beaucoup la façon, jusqu'à maintenant, dont on
a travaillé et les échanges francs et ouverts qu'on a eus de part
et d'autre. Si on peut continuer notre travail sur la même lancée,
on pourra, des deux côtés, être très fiers de la loi
qu'on présentera à l'ensemble de la population au moment de son
adoption et de sa sanction.
Le Président (M. Gagnon): Je peux vous dire
personnellement, comme président, que c'est très agréable
de diriger ces travaux. La commission des communications ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 24 h 02)