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(Onze heures quarante et une minutes)
Le Président (M. Bordeleau): Messieurs, la commission
parlementaire des communications se réunit de nouveau pour
étudier le projet de loi no 65, la Loi sur l'accès aux documents
des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels. Les
membres de la commission pour ce matin sont M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M. Baril (Arthabaska), M. Bertrand
(Vanier), M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Blais (Terrebonne), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean) remplacé par M. Payne (Vachon), M. French (Westmount),
M. Guay (Taschereau), M. Lemay (Gaspé), M. Rivest (Jean-Talon), M.
Sirros (Laurier).
M. French: On a une substitution des intervenants, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Allez-y donc maintenant.
M. French: M. Doyon (Louis-Hébert) pour...
Le Président (M. Bordeleau): À la place de M.
Rivest.
M. French: M. Rivest (Jean-Talon).
Le Président (M. Bordeleau): M. Rivest (Jean-Talon)
remplacé par M. Doyon (Louis-Hébert).
Les intervenants sont M. Charbonneau (Verchères), M. Dean
(Prévost), M. Fortier (Outremont), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M.
Marx (D'Arcy McGee), M. Payne (Vachon), qui sera remplacé par M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Perron (Duplessis), M. Picotte
(Maskinongé), M. Rodrigue (Vimont). Sans avoir connu le début de
l'étude article par article, on me dit que vous en étiez,
à la dernière suspension, à l'article 111, qui avait
été adopté. Par contre, je sais qu'un certain nombre
d'articles ont été suspendus.
M. le ministre, est-ce que vous avez un cheminement en particulier
à nous faire connaître ou que vous préférez?
M. Bertrand: II y a deux possibilités. C'est qu'on
continue avec la section sur la commission d'accès à
l'information, qu'on revienne à l'article 33, là où on
s'était laissé vendredi soir, à minuit, avec M. le
député de Westmount.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount, avez-vous une préférence?
M. French: Moi, je ne pense pas qu'on ait de
préférence vraiment.
Commission d'accès à l'information
Constitution et organisation (suite)
Le Président (M. Bordeleau): Bon, je vous suggère
donc de continuer avec l'article 112. On pourrait terminer cette section-ci.
J'appelle l'article 112.
M. French: On verra comment ça va là.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 112
ça peut aller?
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Westmount.
M. French: ... je ne sais pas, parce que j'étais absent
hier, si on y a touché hier, mais c'est une espèce de
précédent par rapport aux créatures du Parlement.
M. Bertrand: C'est un précédent?
M. French: D'avoir un contrôle un peu plus...
M. Bertrand: Oui, on en a parlé hier, au niveau des
principes, c'est que, dans cette loi, et espérons que ce sera le cas
maintenant pour toutes les autres lois qui sont constitutives d'un certain
nombre d'organismes relevant de l'Assemblée nationale, on puisse
s'assurer qu'on se conforme à la Loi sur l'administration
financière, qu'on se conforme à la Loi sur la fonction publique,
que les prévisions budgétaires sont étudiées
à l'Assemblée
nationale, entre autres par la commission de l'Assemblée
nationale, etc.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, est-ce que l'article
112 est adopté? Article adopté. Article 113.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Oui, M. le
ministre, avant d'adopter l'article 113?
M. Bertrand: Merci, M. le Président. Nous ferons motion
pour simplement retirer l'article 113. Nous avons pris des informations.
Effectivement, il nous apparaît qu'il n'est pas nécessaire d'avoir
cet article, parce que la Loi sur la fonction publique, dont on a parlé
précédemment, impose l'obligation de prêter les mêmes
serments. Donc, c'est de la redondance.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 113 est donc
retiré.
M. Guay: II faudra, à la suite de cela, faire une
renumérotation qui sera postérieure à l'acceptation
article par article.
Le Président (M. Bordeleau): J'appelle l'article 114.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. J'appelle
l'article 115.
M. French: Cela est standard? M. Bertrand: Oui, c'est
standard.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 115
adopté. J'appelle l'article 116.
M. Bertrand: II s'agit, M. le Président, d'une clause
privative usuelle concernant les brefs de prérogative et l'injonction
entre autres. Encore là, c'est une clause qu'on inscrit dans ce genre de
projet de loi et qui va de soi.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté? M. French:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 117.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
118.
M. Bertrand: M. le Président, je vous ferai remarquer que
le ministre des
Communications et l'adjoint parlementaire aux Communications sont tous
les deux de la ville de Québec.
M. Guay: J'ai envie de présenter un amendement pour
remplacer les mots "communauté urbaine" par les mots "ville de".
M. Bertrand: Ou "gare intermodale".
M. Guay: Voilà.
Une voix: Ou "Ville Vanier".
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va? M. le
député de Westmount.
M. French: À l'article 118, M. le Président,
pourquoi le gouvernement a-t-il changé le mot "signés" par le mot
"certifiés"?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: II paraîtrait, enfin, je ne le sais pas, je
veux m'informer parce qu'il s'agit vraiment d'une rédaction
légistique qui doit avoir sa raison, mais je pense qu'il s'agit d'une
clause usuelle. Quand on veut s'assurer de l'authenticité des documents
plutôt que de dire "signés", on parle de certification, ce qui est
dans le langage de ceux qui veulent vérifier l'authenticité des
choses, le terme exact pour exprimer cette idée, ce concept.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
Une voix: C'est sur le plan de la linguistique légale.
M. French: Non, je ne comprends pas quelle est la
différence.
M. Bertrand: II n'y a pas d'argumentation à faire, en
d'autres mots...
M. French: Mécaniquement, il s'agit de la même
chose; physiquement, il s'agit de la même chose.
M. Bertrand: Vous demandez au ministre, en d'autres mots, de vous
dire pourquoi les légistes lui conseillent de dire "sont
certifiés" plutôt que de dire "sont signés".
M. French: En effet, je suppose que c'est ce que je demande.
M. Bertrand: Les légistes qui ne sont pas responsables de
tous les maux de la terre, M. le Président, me font dire que ce serait
davantage les linguistes qui seraient en
cause dans ce cas-ci, mais cela veut dire exactement la même
chose.
M. French: Pour passer de la forme à l'acte comme tel,
s'agit-il de signer chaque document ou s'agit-il d'une signature sur une
lettre: "Cher monsieur, voici les documents auxquels vous avez droit." Quel
serait l'acte mécanique en question? Est-ce qu'il faudrait initialer
tous les documents? C'est juste un souci de réduire la bureaucratie dans
la mesure du possible, M. le Président.
M. Bertrand: Je crois qu'il ne s'agit pas des documents, bien
sûr... Cela n'a rien à voir avec les documents sur lesquels la
commission pose un certain nombre de jugements, documents appartenant à
d'autres organismes publics. Il s'agit des documents de la commission, par
exemple, une décision rendue par la commission qui doit être
certifiée.
M. French: D'accord, M. le Président, je vais noter
cela.
M. Bertrand: "Certifié" veut dire "assurer qu'une chose
est vraie."
Le Président (M. Bordeleau): Adopté? M. French:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Article 118, adopté.
Article 119?
M. Bertrand: Adopté. M. French: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
120?
M. Bertrand: Je peux vous dire une chose, M. le Président.
Si jamais le rapport est transmis au ministre des Communications, si tel devait
être le cas, jusqu'à maintenant, c'est probablement un
ministère exemplaire à ce point de vue là, puisque vous
allez remarquer que le premier rapport annuel d'un ministère transmis
à l'Assemblée nationale deux mois à peine après la
fin de l'exercice financier 1981-1982 a été celui du
ministère des Communications. Nous devons en rendre hommage à la
brillante équipe de fonctionnaires et à la direction des
communications du ministère.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Guay: Sans oublier le chef du ministère.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que ça va?
M. Bertrand: Sans oublier, bien sûr...
M. Guay: Sans oublier le chef du ministère qui sait
insuffler à ce ministère un dynamisme...
M. Bertrand: Vous parlez du sous-ministre.
M. Guay: Non, du chef. M. Bertrand: Ah!
M. Guay: Le sous-ministre, c'est le sous-chef.
Une voix: C'est de vous.
M. Guay: Une motion de félicitations.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Je voudrais demander au ministre s'il ne serait pas
d'accord, avec moi, pour dire qu'il serait utile, à l'article 120, de
demander à la commission de se prononcer sur la performance de certains
organismes qui auraient systématiquement, s'il y en a, mal
appliqué la loi ou refusé de coopérer avec la commission.
Dans l'article 156 de la Charte de la langue française, il y a une telle
incitation de l'office pour la langue française.
Nous avons un amendement à proposer en ce sens: Que l'article 120
soit modifié en ajoutant, à la fin, l'alinéa suivant: Ce
rapport doit mentionner, dans un chapitre spécial, tout organisme public
qui a fait l'objet de plus de 10 plaintes ou demandes de révision.
C'est dans le but que la commission puisse se baser sur sa loi
constitutive en mentionnant les organismes qui ne coopèrent pas ou
qui...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: Le député ne trouverait-il pas plus
intéressant, pour ne pas que ce rapport annuel soit trop
détaillé ou qu'il contienne trop de renseignements qui, dans le
fond, viennent alourdir plutôt qu'alléger le processus, de se
référer à l'article 121 qui dit: Le rapport
d'activités est déposé devant l'Assemblée... etc.
Le président de l'Assemblée convoque, dans les soixante jours
à compter du dépât du rapport, la commission permanente de
l'Assemblée pour en faire l'étude?
L'article 134 dit: Si, dans un délai raisonnable après
avoir fait une recommandation à un organisme public, la commission juge
que les mesures appropriées n'ont pas été prises pour y
donner suite, elle
peut en aviser le gouvernement et, si elle le juge à propos,
soumettre un rapport spécial à l'Assemblée nationale du
Québec ou exposer la situation dans son rapport annuel.
L'article 135 dit: "Le président de l'Assemblée nationale
du Québec convoque, dans les soixante jours à compter du
dépôt d'un rapport spécial, la commission permanente de
l'Assemblée pour en faire l'étude."
On a tenté d'inclure, dans trois ou quatre articles
différents, des dispositions qui, justement, d'abord, sont tout à
fait nouvelles dans notre fonctionnement parlementaire et qui invitent non
seulement la Commission de l'Assemblée nationale à jeter un
regard scrutateur et même inquisiteur à la limite sur les travaux
d'une commission, mais aussi la Commission elle-même à avoir un
pouvoir d'initiative; n'est-ce pas, M. le député de
Westmount?
M. Payne: Est-ce qu'on pourrait avoir la formulation exacte de
l'amendement du député de Westmount?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, on peut sûrement
en avoir des copies, mais il faudrait d'abord que je statue sur la
recevabilité de l'amendement. Je pense qu'il est effectivement
recevable, je déclare donc l'amendement recevable. M. le
député de Vachon, voulez-vous vous exprimer sur l'amendement?
M. Payne: S'il est recevable, j'aimerais en avoir le contenu.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, on peut en avoir des
copies. En attendant, vous pouvez prendre celle-ci.
M. Payne: Celui-ci est limitatif, de toute façon.
M. Bertrand: Les articles 121, 134 et 135 sont des articles de
portée beaucoup plus générale et permettent toutes ces
choses. Je pense qu'un des soucis du député de Westmount est,
justement, de s'assurer que des objectifs soient atteints, mais dans des
conditions qui soient les moins bureaucratiques possible, les moins lourdes
possible. La souplesse et la légèreté, à mon avis,
en même temps que la réalisation de l'objectif, sont atteints par
les articles 121, 134 et 135.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que...
M. French: M. le Président, je vais simplifier les choses
et je vais retirer mon amendement.
Le Président (M. Bordeleau): Bon, c'est ce que j'allais
vous demander.
M. French: Je pense que, dans l'ensemble, le ministre est
satisfait. L'organisme, la commission a toute la liberté
nécessaire pour faire valoir son point de vue sur ces questions. Je n'ai
pas d'objection.
Le Président (M. Bordeleau): Vous êtes
rassuré?
M. French: Je suis rassuré.
Le Président (M. Bordeleau): L'amendement est donc
retiré par M. le député de Westmount.
M. Payne: Je voudrais juste ajouter un commentaire.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Effectivement, les organismes publics varient
énormément dans leur style, dans leurs procédures.
Justement, j'avais trouvé le chiffre 10 assez limitatif d'une part et
d'autre part assez arbitraire. Il y a certains organismes qui peuvent en avoir
au cours de l'année 1, 2, 3, 4 ou 5, qui sont très importantes,
et d'autres 150.
M. Guay: Comme l'a dit le ministre, cela n'existe pas.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Merci, M. le Président. Vous êtes bien
aimable de reconnaître la nomenclature des comtés dans l'avenir.
Je voulais simplement dire que puisque nous ne sommes plus saisis du chiffre
10...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, effectivement la motion
étant retirée, on revient donc à l'article 120 original.
Est-ce qu'il sera adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
121?
M. Bertrand: C'est là, M. le Président, qu'on
introduit la comparution de la commission devant la commission permanente de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. French:
Cela va.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
122?
M. French: Est-ce que c'est un précédent - c'est
une question que je pose par curiosité - par rapport à d'autres
créatures parlementaires?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: C'est que, à cause même des
éléments qu'on introduit sur les prévisions
budgétaires, la Loi sur la fonction publique, la Loi sur
l'administration financière, il devrait y avoir un ministre qui devra
rendre des comptes des finances de la commission et, à ce point de vue,
il nous apparaît important que le ministre qui aura à introduire
dans le cadre des discussions sur le budget des éléments relatifs
aux finances de la commission puisse avoir tous les renseignements
nécessaires à la préparation du budget. C'est un
élément qui est concordant avec le fait de forcer la commission
à se conformer aux dispositions qui prévalent pour l'ensemble des
ministères et organismes gouvernementaux sauf malheureusement ceux qui
relèvent de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Article 122,
adopté. Article 123?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Cela termine
la section présente. À ce moment, M. le ministre, vous aviez
suggéré qu'on revienne...
M. Bertrand: Non, ça va.
Le Président (M. Bordeleau): On continue.
M. Bertrand: Oui. Je sais que le député a
d'excellentes suggestions à faire sur les fonctions et pouvoirs de la
commission.
Fonctions et pouvoirs
Le Président (M. Bordeleau): Article 124?
M. French: C'est la clause 1 des articles privatifs, qu'on
espère, va tenir face au défi inévitable pour le briser,
probablement de quelques intervenants.
M. Bertrand: Vous savez qu'à Ottawa, c'est un commissaire
qui est nommé, qui n'a qu'un pouvoir de recommandation et que tout s'en
va devant les tribunaux.
M. French: Situation totalement différente d'après
moi et la nôtre est préférable, mais ce n'est pas de cela
en soi dont je parlais parce que, évidemment, l'intention du
législateur, c'est que la cour ne voie pas aux questions de fait, n'ait
pas un droit de regard sur les questions de fait. Il y aurait, je crois,
plusieurs défis d'ordre juridique à cet article. Je me demande si
on a prévu cela et si on a tout fait pour confectionner un article
privatif qui ferait en sorte que ce serait très difficile de le
briser.
M. Guay: Sur le plan constitutionnel, vous voulez dire?
M. French: Oui, ultimement, je pense que c'est une question
constitutionnelle.
M. Bertrand: Là-dessus, une fois qu'on s'entend à
l'interne, si je peux m'exprimer ainsi, à savoir qu'effectivement, comme
l'a dit le député, il n'y a pas d'appel sur les questions de
fait, sur les décisions mêmes, sauf sur les questions de droit et
de compétence.
M. French: Compétence.
M. Bertrand: À partir de là, comment dirais-je,
s'il y a un débat, il est total, il est entier. C'est pour l'ensemble de
tous les tribunaux administratifs existants. Ici, on a retenu la formulation la
plus serrée possible à l'exclusion de tout autre tribunal.
M. French: Vous voulez juste entendre que c'était le plus
serré possible.
M. Bertrand: Dans notre esprit, cela l'est.
M. French: Si j'ai bien compris, dans la jurisprudence
américaine, ils peuvent référer au diktat des
législateurs en comité du Sénat, en congrès, des
débats pour ainsi comprendre l'intention du législateur, ce qui
n'est pas le cas ici.
M. Bertrand: J'ai souvent rêvé, quand je faisais mes
études en sciences politiques, entre 1966 et 1969 à
l'Université Laval, de voir, un jour, notre système parlementaire
de type britannique évoluer vers un type de régime pas
nécessairement présidentiel à l'américaine, mais,
en tout cas, qui incorporerait dans notre système à nous des
éléments comme ces travaux des commissions. Mais cela est notre
réforme parlementaire qui, je pense, nous permettra de faire certains
pas en avant.
M. French: Cela est une question de discipline de parti qui va
être difficile à briser.
M. Bertrand: Oui, c'est sûr. (12 heures)
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Article 124,
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 125?
M. Bertrand: Vos amendements.
M. French: D'abord, un préambule, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Westmount.
M. French: C'est l'opinion de l'Opposition que, de bonne foi, la
commission Paré et le gouvernement sont en train - dans les articles 116
et 125, respectivement, de la proposition de loi du rapport Paré et du
projet de loi no 65 - de confondre des fonctions qui devraient normalement
relever de l'exécutif et les fonctions qui devraient légitimement
relever d'un tribunal parlementaire. Dans un souci d'économie, dans un
souci de clarté quant à la division des responsabilités,
quant à la répartition des responsabilités entre les
instances exécutives et les instances parlementaires, nous proposons un
certain nombre de changements à l'article 125 du projet de loi. Nous
croyons qu'il est important que la commission ait des pouvoirs et des
responsabilités qui soient limités aussi clairement que possible
aux fonctions quasi judiciaires. Cela, encore une fois, c'est pour des raisons
d'économie et pour des raisons de clarté. Nous croyons, par
exemple, qu'il est oiseux de mêler les cartes inutilement, de demander
certaines fonctions de coordination administrative, en même temps que
certaines fonctions qui sont évidemment quasi judiciaires, certaines
fonctions de jugement qui garderaient à la commission une
responsabilité à la fois de nature de conseiller, de
pédagogue, en même temps que les qualités ou les
responsabilités du juge.
Avant d'entrer dans des détails sur lesquels nous ne nous sommes
pas arrêtés du tout, parce que nous avons certaines suggestions,
mais comme c'est l'usage dans cette commission-ci, on est disposé
à échanger et à faire des suggestions, nous ne bloquons
pas sur nos idées quant aux amendements, etc., je demanderai tout
simplement au ministre de répondre à mes observations d'ordre
général. Je voudrais lui souligner tout simplement que le
problème de demander des conseils au préalable et des jugements
par la suite me semble un problème de fonction assez contradictoire et
un problème important. En deuxième lieu, les coûts
inévitables de cette gamme de fonctions qu'on voit à l'article
125 me semblent difficilement conciliables avec l'estimation du coût de
la commission, qui est de l'ordre de 2 000 000 $ par année.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: Le député de Vachon, je crois, voulait
s'exprimer.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse. M. le
député de Vachon.
M. Payne: Je me réjouis de l'intérêt
apporté par l'Office des personnes handicapées. Dans le plan
d'action pour les communautés culturelles, il y a une partie d'un
chapitre qui touche l'accès à l'information,
particulièrement de la part des nouveaux arrivés au
Québec. Nous avons aussi constaté, lors de la préparation
de ce plan d'action, que Québec est loin d'être spécial
à cet égard, mais il y a plusieurs cas où les
communautés culturelles et leurs membres n'étaient pas
renseignés sur leurs droits en ce qui concerne le droit à
l'information publique, le droit aux normes du travail et plusieurs cas de
discrimination. Je me demande si le ministre serait intéressé
à accueillir une proposition pour également faire chapeauter 125
et y inclure aussi les communautés culturelles avec les personnes
handicapées...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Payne: ... pour le rendre conforme au plan d'action.
M. Bertrand: Je trouve très intéressante,
effectivement, cette suggestion du député de Vachon. Le seul
problème que je me pose et je pense que le député de
Westmount se pose la même question, vaut aussi pour les personnes
handicapées. Je le dis entre guillemets, malheureusement, mais nous
verrons tantôt comment nous pourrons trouver une solution à cela.
Nous serions disposés, quant à nous, sur le plan del'approche générale, de la philosophie générale
qui nous guiderait en ce qui a trait à la définition des
fonctions et des pouvoirs de la commission, effectivement et aussi pour des
raisons de coûts - cela n'est pas négligeable - à faire en
sorte que les fonctions et pouvoirs de la commission soient vraiment restreints
à ce qui nous apparaît être de son ressort direct:
premièrement, entendre des demandes de révision;
deuxièmement, rendre des décisions sur ces demandes,
troisièmement, s'assurer par certains moyens dont nous parlerons
tantôt, qu'il y a observance du principe de l'objectif de la protection
de la vie privée dans le
cadre de l'établissement de fichiers contenant des renseignements
nominatifs. Donc, ce sont les éléments qui sont directement
reliés à ce qu'on pourrait appeler le rôle quasi-judiciaire
de la commission d'accès.
Il y a des éléments, je les nomme immédiatement
pour tomber dans le concret et pour que la philosophie cède le pas au
pragmatisme. Au niveau du premier alinéa, par exemple: Informer le
public sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection et, à ces fins, tenir des séances d'information et
faire la publicité nécessaire sur l'application de la
présente loi. Je pense qu'on peut enlever cela. Je vais les
enchaîner.
M. French: D'accord.
M. Bertrand: Je donne mon opinion pas uniquement philosophique,
mais concrètement sur l'article 125. Au deuxième alinéa:
Faire des recommandations aux organismes publics en vue de favoriser l'exercice
du droit d'accès et la protection des renseignements personnels. Cela
aussi, je pense, pourrait être pris en charge par un ministère
ou...
Une voix: C'est inclus dans le rapport annuel, de toute
façon.
M. Bertrand: Oui. Au troisième alinéa: Faire des
recommandations aux organismes en vue de favoriser l'exercice par les personnes
handicapées du droit d'accès et par les communautés
culturelles ou plus spécifiquement par les emigrants (personnes
émigrées). C'est un autre élément qui, à mon
avis, pourrait, peut-être, être pris en charge ailleurs. Le
quatrième alinéa m'apparaîtrait être l'un des
éléments qu'on devrait maintenir. Le cinquième
alinéa: Proposer des normes techniques sur la conservation, cela aussi
pourrait être fait ailleurs. Au sixième alinéa, il
m'apparaît que la commission peut effectivement remplir ce genre de
travail. Septième, cela m'apparaît important aussi qu'on
maintienne cela dans l'article. Huitième, cela va de soi, quant à
moi, puisqu'il s'agit d'avis sur des projets de règlements, etc. Au
neuvième: Faire des études et recevoir des suggestions du public
sur toute matière de sa compétence. Oui et non. Je serais
prêt à discuter de cela. Oui et non. Au dixième
alinéa, forcément, je pense qu'il faut maintenir: "d'approuver
les ententes conclues entre les organismes en vertu de l'article 173."
Voyez-vous, de la philosophie générale sur laquelle, je pense,
l'Opposition et le gouvernement peuvent s'entendre jusqu'à l'application
concrète qui est la nomenclature de dix points très
précis, nous serions prêts, quant à nous, à
être très ouverts sur le retrait éventuel de cinq de ces
dix points. Je pense que c'est, tout de même, une modification
substantielle qui pourrait rencontrer les objectifs visés.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il
prévoit mettre, dans la loi, les cinq ou six fonctions qu'il est
prêt à retirer - cinq fonctions, je pense - à la charge
d'un ministre désigné ou est-ce qu'on les laisse tomber
totalement? Quant à moi, mon idée n'est pas faite là
dessus. C'est une question que je pose.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: II va y avoir un ministre qui sera responsable, de
toute façon, devant l'Assemblée nationale et devant le Conseil
des ministres, pour certains aspects relatifs à ce projet de loi; ne
serait-ce que pour parrainer des modifications qui pourraient survenir au
moment de l'application de la clause crépusculaire. Si c'était le
ministre des Communications, je dis cela sans même savoir qui,
finalement, sera désigné par le Conseil exécutif, mais si
c'était le ministre des Communications, il m'apparaît qu'il y a
des éléments là-dedans qui peuvent très bien
être appliqués par le ministre des Communications. Il y a d'autres
éléments qui pourraient bien être appliqués par le
Conseil du trésor, mais pour les organismes et ministères qui
relèvent de ces ministères quand on parle de 5000 organismes et
qu'on se rend à des municipalités de différentes
importances, je parle en termes de nombre, dans les commissions scolaires
où il y a tout un réseau, le député le sait comme
moi, où on se bat pour des questions comme l'autonomie, le réseau
de la santé et des services sociaux aussi, ça peut être
assez délicat de dire qu'un ministère a la responsabilité
de faire tout cela pour 5000 organismes. Là aussi, il peut y avoir des
coûts considérables. Alors, je ne serais pas prêt tout de go
à dire dans un autre article que le ministre désigné a la
responsabilité des éléments qui ne seraient pas retenus
dans l'article 125 au niveau de la commission. Je crois que le pas à
franchir est un peu grand.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Donc, la proposition ce serait de biffer l'article 125.
3 . Le ministre serait porté à proposer que le projet biffe
l'article 3.
M. Bertrand: Oui, c'est cela, il s'agit de savoir si c'est la
commission elle-même qui est un tribunal administratif, un
organisme quasi judiciaire.
M. French: Un tribunal parlementaire. M. Payne: Je ne crois
pas.
M. Bertrand: Ou si ce serait plutôt un autre organisme au
sein du gouvernement qui aurait la responsabilité.
M. Payne: C'est parce que, par exemple, nous avons des choses
comme: "La commission a également pour fonction de faire des
recommandations aux organismes publics... Ce n'est pas limitatif, c'est
simplement une recommandation, un voeu. Je pense que si c'est implicite dans la
loi, c'est bon, et je donne, à titre d'exemple... Nous n'avons pas,
à vrai dire, de politique jusqu'au plan d'action, on a n'a jamais eu de
politique linguistique, on a eu une politique de la langue française,
mais on n'avait pas de politique pour les langues autres que le
français. Je pense qu'au moment où on devient de plus en plus
près de la souveraineté du Québec, on devrait expliciter
davantage dans nos lois les orientations, les préjugés vers nos
minorités, vers les handicapés dans ce cas-là. Je pense
qu'il n'y a rien de perdu dans cette optique; moi, j'aimerais mieux avoir une
commission et un mandat qui soit assez clair et non limitatif. Vous
n'êtes pas intéressé à...
M. Bertrand: Oui, c'est parce que j'essaie simplement de
concilier, M. le député de Vachon, la pertinence de vos remarques
avec l'objectif, par contre, très intéressant que nous cherchons
tous à atteindre qui est de faire en sorte que cette commission ne
devienne pas un énorme appareil bureaucratique qui, à cause de
ses multiples fonctions, à toutes fins utiles, diluerait sa
responsabilité principale, dans un amoncellement de
responsabilités qui, tout en étant fort importantes, sont
secondaires si on se réfère à la fonction de l'article 124
qui est de recevoir les demandes de révision. Je ne dis pas secondaires
dans le sens de non importantes, mais secondaires par rapport à la
fonction principale. C'est cela que j'essaie de concilier.
M. Payne: C'est très vrai, mais ça va être
une des commissions clés du gouvernement. L'information, ça veut
dire la communication, la communication implique la langue, c'est un peu comme
la commission des lois de la personne. Là, il y a une petite partie,
mais une très importante partie de sa vocation qui touche les droits des
minorités et donc l'accès aux services autres que le
français. Moi, je considère que ça pourrait être
propice, opportun et intéressant d'avoir quelque chose d'un peu plus
explicite; je ne m'obstine pas si le ministre préfère...
M. Bertrand: II y a une suggestion qui pourrait être faite,
un type de suggestion qui pourrait être fait, c'est de scinder l'article
125 en deux, d'indiquer dans l'article 125 que la commission a pour fonction et
là de retenir les éléments que nous considérons
comme étant véritablement les éléments principaux
et dans un autre article, que la commission peut aussi... (12 h 15)
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. Bertrand: Je cherche avec tout le monde.
M. French: M. le Président, j'aimerais faire une
suggestion pour le bénéfice du député de Vachon. Je
me demande si le ministre ne serait pas prêt à prendre un
engagement de toucher aux questions que le député de Vachon a
soulevées, par son souci pour les handicapés, son souci pour les
communautés culturelles, souci partagé par l'Opposition, dans la
Loi sur les archives dont une refonte s'en vient, nous dit-on.
M. Bertrand: Oui, il y aura probablement une loi l'automne
prochain.
M. French: Bien, c'est cela.
M. Bertrand: Ou au début de 1983.
M. French: Alors, à ce moment, il me semble que vous
toucherez un champ beaucoup plus étendu et vous seriez en mesure
d'inclure tous ces éléments importants, non seulement quant
à l'accès aux documents comme tel, à la protection des
renseignements personnels, mais concernant toute une série d'autres
questions importantes.
M. Bertrand: Je comprends mal l'intervention du
député de Westmount dans une loi des archives.
M. Payne: Qu'est-ce que cela a à faire avec cela?
M. French: Là où on aurait à définir
la question d'accessibilité aux registres gouvernementaux. Non?
M. Bertrand: Non, parce que la façon dont la Loi sur les
archives est préparée, c'est une loi qui vient chercher
après de nombreuses années des documents qui sont devenus
inactifs ou semi-actifs au sein des organismes publics. Si on veut
véritablement avoir une politique d'accès à l'information,
il faut que ce puisse être immédiatement.
M. Payne: Le ministre a tout à fait raison, cela n'a rien
à voir avec la Loi sur
les archives. J'aime beaucoup l'approche proposée par le ministre
de scinder les deux en vertu des fonctions principales et des orientations
spécifiques.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, je pense que je regretterais
beaucoup que le ministre perde cette espèce de "momentum" qu'il avait au
début, de faire disparaître certaines hésitations.
M. Bertrand: Je ne l'ai pas perdu; je cherche la solution pour ne
pas perdre le "momentum" mais garder la responsabilité parce que, quand
l'Office des personnes handicapées est venu pour nous dire: "Nous, on
veut que les organismes publics fassent les efforts pour favoriser
l'accès aux documents." ... J'en ai rencontré quelques-uns,
à Hull entre autres, j'ai rencontré les gens de la
Magnétothèque des handicapés visuels. Effectivement ils
ont raison; il faut trouver des moyens pour rendre nos documents accessibles,
malgré leur handicap. Dans ces conditions, je me dis: Si ce n'est pas la
commission, il faut qu'on puisse quelque part dans la loi indiquer que c'est un
autre organisme.
M. French: Je m'excuse, j'ai peut-être mal compris
l'histoire de scinder l'article. Pouvez-vous réexpliquer cela parce que
je pense que j'ai mal saisi?
M. Bertrand: Le scinder dans mon esprit, c'était de dire
que la commission, c'était d'établir ce qu'on pourrait appeler
une distinction entre le principal et le secondaire, mais le secondaire
n'étant pas...
M. French: C'est toujours la responsabilité de la
commission, par exemple.
M. Bertrand: Oui, c'est cela.
Une voix: Mais ce n'est pas une obligation qui...
M. French: Je parle des orientations dans un deuxième
cas.
M. Bertrand: Mais, je serais prêt à
reconnaître avec le député de Westmount qu'il y a deux
dangers dans cela: Premièrement, si on ne laisse que le pouvoir à
la commission de faire ce genre de choses, elle ne sent pas une obligation
formelle de le faire, de par la loi; deuxièmement, si on peut s'assurer
qu'un autre organisme ou qu'un ministère se préoccupe de ces
questions et fasse en sorte qu'on favorise l'accès à
l'information pour les communautés culturelles et les personnes
handicapées...
D'ailleurs, j'ai un mandat comme ministre des Communications à ce
point de vue au niveau des personnes handicapées. Je me rappelle le
sommet sur les personnes handicapées. J'ai reçu des mandats et il
s'agit maintenant de livrer la marchandise. Il y a deux ou trois
hypothèses qu'on peut retenir: Scinder en distinguant le principal de
l'accessoire, retirer un certain nombre d'éléments mais les
introduire dans un autre article et les rattacher à un ministère
ou à un organisme autre que la commission d'accès à
l'information, ou complètement les enlever mais retenir l'objectif et
exprimer le voeu que ces choses se fassent.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, je propose que nous
décidions de rédiger un article séparé qui
toucherait les deux questions qu'a soulevées le député de
Vachon et qui toucherait non seulement la commission mais tous les organismes
publics. Les organismes publics doivent prendre les mesures nécessaires
pour rendre accessibles leurs documents aux communautés culturelles
ainsi qu'aux handicapés, qu'on se mette d'accord là-dessus et
qu'on demande aux légistes de nous confectionner quelque chose pour
toucher à cette question.
M. Bertrand: J'essaie d'imaginer une rédaction d'article.
Elle est forcément discutable mais l'esprit serait à peu
près le suivant: Les organismes publics doivent informer le public sur
l'accès aux documents...
M. French: M. le Président, le ministre a mal compris mon
intervention. J'ai voulu me limiter au souci de M. le député de
Vachon...
M. Bertrand: Seulement cela? Ah! c'est le
"troisièmement".
M. French: Par la suite, sachant que ces problèmes ont
été traités, discutés, chacun des alinéas...
pour savoir si on va les laisser tomber complètement...
M. Bertrand: D'accord, vous voulez régler le
"troisièmement". C'est correct, ça va. Je pensais que vous
vouliez adopter le même principe pour l'ensemble des articles.
M. French: Non, uniquement pour les questions que le
député de Vachon a soulevées.
M. Bertrand: D'accord.
M. French: Cela a son importance. Et on pourrait revenir à
la discussion,
premièrement, deuxièmement, etc., et les discuter au
mérite.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Moi, je n'ai aucune difficulté à vivre
avec la recommandation telle que formulée dans l'article 3. Ce sont des
recommandations aux organismes publics afin qu'ils en favorisent l'exercice par
les membres des communautés culturelles le cas échéant.
Cela ne demande en rien, par exemple, M. le ministre, ça ne
présuppose en rien un droit absolu, un droit linguistique quelconque. Ma
proposition, c'est que la commission fasse des recommandations aux organismes
publics afin de favoriser l'exercice par les membres, donc, qu'ils soient
sensibles aux besoins des communautés culturelles. Je n'accepte pas que
ce puisse être interprété comme un voeu pieux mais ce n'est
pas non plus une recommandation bidon.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, si je peux me permettre, la
proposition du député de Westmount d'obliger les organismes
publics à favoriser l'accès aux documents par les membres des
communautés culturelles ainsi que par les personnes handicapées
n'est pas du tout une mauvaise chose. On peut très bien refaire un
article à cet effet, je n'ai pas d'objection. Mais ce n'est pas du tout
la même chose que ce que dit... que l'esprit qui est visé ici.
Ce que le ministre mentionnait à titre de possibilité,
c'est-à-dire de scinder l'accessoire du principal, l'accessoire ne
s'entendant pas au sens péjoratif, vise simplement à
définir quelles sont les fonctions précises de la commission mais
aussi à indiquer que la commission peut faire un certain nombre de
choses. Il me semble qu'il est dans la nature des choses qu'une commission
comme celle-là, au fil des années, à la lueur de
l'expérience qu'elle aura acquise de son fonctionnement avec 5000
organismes publics, puisse à un moment donné dire dans son
rapport annuel ou dans un rapport spécial ou autrement: Écoutez,
il y a un problème qui se pose en ce qui a trait aux communautés
culturelles, il y a un problème qui se pose en ce qui a trait aux
handicapés et voilà une manière par laquelle cela pourrait
se régler. Mais cela demeure une recommandation qui peut faire partie
d'un rapport annuel, si bien que les fonctions, accessoires pour la plupart
d'entre elles, si on exclut la première, qui est d'informer le public,
cela, c'est une autre chose, sont des choses facultatives qui balisent, qui
sont des indications de ce que la commission peut faire et qui ne sont pas
d'ailleurs limitatives mais de préoccupations que la commission devrait
avoir en cours de route et que la commission aura fort probablement de toute
façon.
J'ai des réserves quand on dit: On peut dire que tel office peut
faire cela, que tel ministre peut faire cela, que tel ministère
d'État peut faire ceci et que tel conseil peut faire cela, mais,
à un moment donné, il n'y aura plus personne qui va faire quoi
que ce soit.
M. French: Quant à moi...
M. Guay: C'est que la commission a cette préoccupation,
mais l'Office des handicapés, tout en ayant comme préoccupation
le sort des handicapés, n'a pas nécessairement comme unique
préoccupation le rapport des handicapés avec les organismes
publics en ce qui a trait au droit d'accès à l'information, aux
renseignements gouvernementaux. C'est plus vaste que cela. Le ministère
des Communications doit informer, bien sûr, mais il doit informer sur un
paquet de choses, et le ministère des Communications le fera avec des
budgets précis. À ce moment-là, quand il s'agit de faire
des choix, peut-être que celui-là prendrait le bord, parce que le
ministère a d'autres préoccupations. Quand on dit le ministre
responsable, il faut faire attention aussi.
M. Payne: II faut éviter l'autre extrême aussi.
M. Guay: Si le ministre responsable est un ministre favorable
à cela, parce que c'est un fait, parmi les membres de l'Assemblée
nationale, certains sont favorables à une plus grande
libéralisation, d'autres sont favorables à une moins grande
libéralisation, tout en étant favorables à l'idée
qu'il faut ouvrir de ce côté-là, il y a cependant des
degrés d'appréciation. Si on tombe sur un ministre qui est
favorable à une moins grande libéralisation, c'est une revanche
du ministre, je vais vous le dire, M. le Président, c'est une revanche
sur deux notes analogues que j'ai refilées en commission et dont vous
pouvez vérifier la teneur, mais je poursuis, je conclus, si on tombe sur
un ministre responsable, et que c'est un ministre qui n'est pas favorable
à une très grande libéralisation, forcément,
l'accès aux renseignements gouvernementaux et la protection des
renseignements privés vont être pour lui une chose
éminemment secondaire et il va même avoir tendance à ne pas
informer. C'est pour cela que j'ai l'idée de distinguer l'essentiel de
l'accessoire, mais de laisser néanmoins l'accessoire comme étant
une chose que la commission devrait avoir en tête, qui peut faire l'objet
de
rapports annuels ou de parties de rapports annuels ou l'objet de
rapports spéciaux. Cela me semble quand même être une chose
intéressante qu'on devrait laisser à la commission, cela ne lui
crée pas d'obligations, cela ne lui crée pas de frais
additionnels, mais je pense que le meilleur organisme pour faire des
recommandations sur ce genre de questions, c'est précisément la
commission, parce que, à la lueur de l'expérience qu'elle a eue,
c'est également le meilleur organisme pour faire des recommandations en
vue de l'exercice, ce que visait le deuxième paragraphe, c'est un
excellent organisme pour faire des recommandations...
M. Payne: D'accord, M. le député de Taschereau.
M. Guay: ... qui ne sont pas obligatoires quant aux normes
techniques de conservation. À la lueur de l'expérience, au bout
de cinq à dix ans, on dit: II y a quelque chose qui ne marche pas
là aussi, elle peut faire des recommandations, cela m'apparaît
normal que cela vienne de là également. Le député
de Vachon semble avoir hâte de parler, je vais lui céder la
parole, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vachon, vous vouliez vous exprimer?
M. Payne: Je voulais juste avoir un petit résumé du
ministre, savoir comment il voit tout cela. Je suis très sensible au
fait de ne pas s'engager à ajouter un article qui accorderait un droit
fondamental sur l'accès à l'information dans la langue de choix
du citoyen, au contraire, je pense que la clé, comme disait le
député tout à l'heure, le mot clé, c'est le mot
"recommandation", au fur et à mesure que l'expérience de la
commission augmente. C'est bien évident qu'il peut faire des
recommandations pour favoriser l'exercice du droit à l'information.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, j'apprécie beaucoup
l'intervention du député de Taschereau. Je pense que cela me
permet de mettre au moins en relief ce qui nous divise, s'il y a quelque chose.
Je pense que mon souci principal, c'est qu'il y a une obligation, une fois que
des fonctions comme celles-là sont explicitées dans la loi, quant
à moi-même, et je vois cette obligation comme un mandat pour les
trois commissaires de venir au gouvernement et de dire: Voyons nos
prévisions budgétaires, nous avons besoin de tant pour cela, tant
pour cela, etc. Je le dis pour avoir vu le fonctionnement d'une autre
créature du Parlement que je ne nommerai pas, qui a un peu les
mêmes fonctions, qui croît à une vitesse extraordinaire et
dont les coûts à mon avis ne sont pas du tout justifiés par
les objectifs en question, même si les objectifs sont fort louables.
Mon préjugé serait de trancher, dans la mesure du
possible, sur les fonctions non centrales, les fonctions accessoires et je
crois honnêtement que dans la mesure où le bon sens nous dicte que
ces fonctions accessoires sont remplies, elles vont l'être dans la mesure
des moyens financiers et humains qui existent dans le système. C'est
pour cela que j'ai beaucoup aimé les propositions du ministre et que je
les appuierai systématiquement. Si en ce faisant il nous paraît
que nous laissons tomber quelque chose de très important qui devrait
être fait quelque part, on pourra revenir à un autre article qui
toucherait cette fonction-là. En général, je pense que ce
qu'on donne, c'est une espèce de permis de chasse après le
financement pour les commissaires qui feraient mal au trésor public
québécois sans, à mon sens, être justifiés
par la performance subséquente de l'institution en question ou
l'amélioration du système en général qui pourrait
se poursuivre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais simplement
savoir cela du député de Westmount, puisqu'on a tout de
même évoqué plusieurs hypothèses de solutions. Quand
il dit qu'il se rallierait à l'approche du ministre - je me rappelle
avoir fait état de deux ou trois approches différentes - à
quelle approche fait-il allusion, à celle qui consiste à
retrancher purement et simplement?
M. French: Je pense que celle qui consiste à retrancher
est la plus valable, la plus claire et je l'appuie, quitte à les
discuter spécifiquement l'une après l'autre. J'aimais beaucoup
l'approche et je trouvais que cela avait beaucoup de bon sens par rapport au
problème auquel nous faisons face actuellement. Je m'excuse. Je
cède mon droit de parole.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, le
député de Vachon.
M. Payne: Est-ce que le député de Westmount inclut
les mots communautés culturelles, comme recommandation dans le
retranchement?
M. French: Vu que l'alinéa dans lequel le
député de Vachon a suggéré d'ajouter les
communautés culturelles disparaîtrait d'après les
suggestions du ministre, il me semble que
je n'ai pas à répondre. Le troisièmement n'existe
plus; donc, forcément, on ne pourrait pas ajouter quelque chose à
l'alinéa qui n'existe plus.
M. Payne: Ma proposition demeure que les mots communautés
culturelles peuvent aider beaucoup et j'aimerais proposer cela.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous voulez les prendre
morceau par morceau. M. le député de Taschereau.
M. Guay: Que dirait le député de Westmount si,
revenant à l'article 120 sur le rapport annuel, on prenait les fonctions
accessoires de la commission, enfin fonctions qui m'apparaissent accessoires de
la commission à 125 et on disait que dans le rapport annuel la
commission peut et énumérer...
M. French: Je pense que la suggestion a beaucoup de bon sens. Il
vise de façon plus limitative la nature des engagements des fonctions.
Il leur donne leur poids approprié, c'est-à-dire qu'une fois par
année, on fait une révision du fonctionnement et on dit: Voici
nos problèmes systématiques et on va en faire état dans le
rapport annuel et on peut inclure les communautés culturelles, les
handicapés, etc. Je trouverais cela très bien.
M. Guay: On inclut les communautés culturelles et on
laisse les fonctions essentielles.
M. Bertrand: On pourrait modifier 120.
Le Président (M. Bordeleau): Le député de
Westmount.
M. French: Je voudrais proposer que les légistes essaient
de faire en sorte que les paragraphes 1, 2, 3, 5 et 9 soient ajoutés
à l'article 120 et que nous discutions par la suite ce qui reste, juste
pour savoir quelles sont les intentions et les attitudes à ce sujet.
M. Bertrand: Bien.
M. French: Accepté?
M. Guay: On pourrait faire un nouvel article 120.
M. Bertrand: II s'agirait d'ajouter...
M. Guay: Pas nécessairement tel que c'est formulé
là, il faudrait...
M. Bertrand: ... un alinéa.
M. French: Couvrir le même territoire. M. le
Président, la question des communautés culturelles pourrait aussi
être ajoutée.
Le Président (M. Bordeleau): Bon, alors, on s'entendrait
sur une reformulation de l'article 120.
M. Bertrand: On s'entendrait...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Bertrand: ... si le député de Westmount me
permet quelques secondes, pour que le premièrement, lui, ne fasse pas
partie...
M. French: Oui, ce n'est pas une nécessité.
M. Bertrand: ... du rapport. D'accord. Alors, les articles 2, 3,
avec l'ajout des communautés culturelles, 5, 9. L'article 1 est
retiré complètement.
M. French: Très bien. Donc, si le ministre est d'accord,
on passera à travers ce qui reste pour échanger nos idées
et s'assurer que tout le monde est sur la même longueur d'onde.
M. Bertrand: Oui, d'accord.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Alors, M. le
ministre, on revient à l'article 125, en le prenant point par point.
M. Bertrand: À l'article 125, la motion d'amendement veut
retirer - je ne sais pas si on appelle cela des paragraphes...
Le Président (M. Bordeleau): Des alinéas.
M. Bertrand: ... des alinéas - les paragraphes 1, 2, 3, 5
et 9.
Le Président (M. Bordeleau): Les paragraphes 1, 2, 3, 5 et
9 seraient donc enlevés. Alors, 125 tel qu'amendé, voulez-vous en
discuter? M. le député de Westmount.
M. French: Au paragraphe 9, je vois mal comment on peut faire
cela dans un rapport annuel.
M. Guay: Les études ne seront pas dans le rapport annuel,
mais on pourrait faire état des suggestions du public sur ces
matières.
M. French: Très bien, parfait.
M. Bertrand: En d'autres mots, il s'agit de reprendre l'esprit
des paragraphes 2, 3, 5 et 9 et de traduire cela dans une phrase qui ne soit
pas trop longue et qui soit rattachée
davantage à la présentation du rapport annuel. Je pense
qu'on se comprend assez bien. On pourrait revenir, à ce
moment-là, aux paragraphes 4, 6, 7, 8 et 10, et établir si on
doit garder ces cinq autres paragraphes et si on ne pourrait pas trouver un
ordre qui permettrait d'établir qu'il y en a de plus importants que
d'autres. Le député de Taschereau me fait remarquer, à bon
droit, je crois, que le septième est très important: "de
surveiller l'application de la présente loi, de faire enquête sur
son fonctionnement et sur son observation". Ce devrait être le
premier.
M. French: Nous sommes d'accord que ce soit le premier.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, le septième
deviendrait le premier. On prend les autres, le quatrième...
M. Bertrand: Pourrait devenir le deuxième.
Le Président (M. Bordeleau): deviendrait le
deuxième. Cela irait? M. le député de Westmount.
M. French: Oui, sous réserve d'en discuter après le
contenu.
M. Bertrand: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): On continue.
M. French: Le huitième deviendrait le
troisième.
Le Président (M. Bordeleau): Le huitième
deviendrait le troisième.
M. Bertrand: Le sixième deviendrait le
quatrième.
Le Président (M. Bordeleau): Le sixième deviendrait
le quatrième.
M. Bertrand: Et le dixième deviendrait le
cinquième.
Le Président (M. Bordeleau): Le dixième deviendrait
le cinquième.
M. Guay: J'aurais mis le dixième en troisième.
M. French: Ne pensez-vous pas que le dixième, M. le
ministre, pourrait être le troisième et que le sixième
deviendrait le cinquième?
M. Guay: C'est cela. Et le huitième deviendrait le
quatrième.
M. Bertrand: On se penserait à une course de chevaux, M.
le Président! Le cinq est premier, le deux est troisième, etc.
Alors, comme les députés de Taschereau et de Westmount
s'entendent mieux que je ne m'entends avec le député de
Taschereau sur l'ordre, on va adopter un ordre qui sera le suivant, M. le
Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Bertrand: Le septième devient le premier.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Bertrand: Le quatrième devient le deuxième.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Bertrand: Le dixième devient le troisième. Le
huitième devient le quatrième. Le sixième devient le
cinquième.
M. French: Je pense qu'il y avait un accroc. C'était
cela?
M. Bertrand: II est réglé. M. French:
D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on adopterait
l'article? Non, on continue la discussion.
M, Bertrand: On va parler sur le contenu maintenant.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, maintenant. M. le
ministre...
M. Bertrand: Rien.
Le Président (M. Bordeleau): ... peut-être en les
reprenant dans le nouvel ordre.
M. Bertrand: Je ne me "filibuste" pas, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Le premier donne un pouvoir ou une fonction. C'est une
fonction, mais c'est vraiment un pouvoir, en effet, parce que le pouvoir de
faire enquête sur son fonctionnement implique qu'on peut
déclencher un processus d'enquête, sans qu'il y ait de demande
spécifique de la part d'un requérant. Je voudrais demander au
ministre, si "ayant le pouvoir de faire enquête" est une forme de langage
qui implique certains pouvoirs, de la part de la législation, sur les
enquêtes publiques?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: C'est devenu après, septièmement.
M. French: C'est l'ancien septièmement, maintenant devenu
le premièrement.
M. Payne: 128.
Le Président (M. Bordeleau): À l'article 125.
M. Payne: Où est-ce qu'on en est? M. French: On en
est à l'article 125.
M. Bertrand: On vérifie. C'est que j'essaie de me poser la
question s'il s'agit, comment dirais-je, d'appliquer, ici, dans cette loi le
pouvoir qui est déjà contenu dans la loi d'application
générale relative aux enquêtes.
M. French: L'article 130 leur donne déjà les
pouvoirs, paraît-il, nécessaires.
M. Bertrand: C'est la Loi sur les commissions d'enquête. Je
me posais justement la question, puisqu'il me semblait qu'on y faisait
référence.
M. French: Cela veut dire qu'ils ont ce pouvoir de façon
spontanée, de leur propre initiative.
M. Bertrand: C'est cela.
M. French: Le deuxièmement, M. le Président, je
pense qu'on va le passer sous silence, mais sous réserve aussi, parce
qu'on aurait des suggestions à faire. Si on réussit à
convaincre le ministre de la valeur de nos suggestions, on aurait des
amendements de concordance à faire.
M. Bertrand: Cela, c'est un peu plus loin.
M. French: Pour le troisièmement, je voudrais savoir ce
que le ministre en pense. Dans le contexte des troisième et
cinquième alinéas, il y a quelque chose qui me tracasse
là-dedans: c'est qu'on demande à la Commission de donner des
avis, de faire des recommandations au préalable et par la suite, la
Commission sera appelée à juger en quelque sorte ou possiblement
les décisions, les performances d'un ministère ou d'un organisme
public quelconque. Je me demande si le ministre voit une espèce de
conflit potentiel là-dedans? Mon idée n'est pas faite, mais il me
semble qu'on ne demande pas à un juge comment il interprète la
loi.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: Pour la partie: "donner son avis sur les projets de
règlement qui lui sont soumis en vertu de la présente loi...",
cela m'apparaît aller de soi. C'est que le gouvernement, avant d'adopter
un règlement à mon avis, cela tombe sous le sens, doit s'inspirer
de l'expertise développée par la Commission d'accès
à l'information. Maintenant: sur les projets d'entente de transfert de
renseignements et de communication de listes de noms; puisque l'entente qui
aurait fait l'objet d'un avis par la commission doit ensuite être
approuvé par le gouvernement et déposé à
l'Assemblée nationale, il y a un processus dont le principe
général m'apparaît, quant à moi, bien
articulé et drôlement intéressant. C'est que le
gouvernement n'est pas placé dans la situation de décider
lui-même des ententes entre les organismes, pour ce qui est des
transferts de renseignements; il doit prendre avis de la commission et, par la
suite, non seulement doit-il, et c'est cela qui est intéressant dans
cette loi, déposer à l'Assemblée nationale le
décret autorisant le transfert de renseignements, mais il doit aussi
déposer l'avis de la commission. Il pourrait même arriver, dans
certaines circonstances, que l'avis de la commission diffère du
décret adopté par le Conseil exécutif et
déposé à l'Assemblée nationale; ce qui permettrait
aux gens, à ce moment, de savoir qu'il n'y a pas entente entre la
commission et le Conseil exécutif et également de poser des
questions au gouvernement sur les raisons qui l'ont poussé, justement,
à ne pas se conformer ou à ne pas retenir l'avis
présenté par la commission. Il y a un processus là-dedans
qui, pour moi en tout cas, apparaît drôlement intéressant au
nom même de la transparence: "d'approuver les ententes conclues entre les
organismes... (12 h 45)
M. French: Non, je m'excuse, le cinquièmement: de donner
avis aux... Est-ce que c'est encore le cinquièmement?
M. Bertrand: C'est troisièmement. M. French: Je
m'excuse.
M. Bertrand: C'est de cela que je viens de parler.
M. French: Non: "de donner avis aux organismes publics qui le
requièrent sur toute matière relative à l'application de
la présente loi."
Le Président (M. Bordeleau): C'était le
sixième qui est devenu le cinquième.
M. French: L'ancien sixièmement.
Le Président (M. Bordeleau): C'est cela.
M. Bertrand: II est devenu quatrièmement.
Le Président (M. Bordeleau): On l'a changé
depuis.
M. Bertrand: Je m'excuse, j'ai une numérotation non
amendée par le député de Taschereau.
M. French: Maintenant, on est d'accord sur le paragraphe en
question.
M. Bertrand: Attendez, M. le Président. Je voudrais
maintenant mêler le député de Taschereau. Je vais lui
donner ma feuille et je vais prendre la sienne. Lequel?
Le Président (M. Bordeleau):
Cinquièmement.
M. Bertrand: Cinquièmement: "donner avis aux organismes
publics qui le requièrent sur toute matière relative à
l'application de la présente loi." C'est la situation qui, par exemple,
pourrait prévaloir dans le contexte où un organisme public
voulant se conformer à l'application de la loi. Ne connaissant pas -
comment dirais-je - ce qui deviendra les us et coutumes de la commission, sa
jurisprudence et son expertise et voulant s'assurer que pour le volet
accès et le volet protection, l'organisme s'acquitte bien de ses
responsabilités, il voudrait faire en sorte que le maximum de
renseignements lui soient communiqués, pour agir dans le cadre de la
loi. Alors, c'est permettre à la commission, dans un contexte comme
cela, de donner son avis aux organismes publics qui le requièrent.
Donc, ce n'est pas la commission qui, de sa propre initiative, va vers
l'organisme. C'est l'organisme qui demande finalement avis à la
commission, pour être en mesure de se conformer correctement à la
loi. Entre vous et moi, il y a peut-être des ministères qui vont
comprendre très rapidement ce dont il est question dans ce projet de loi
et ses 183 articles, mais il y a peut-être des organismes publics qui
vont vraiment sentir le besoin de s'enquérir auprès de la
commission pour savoir: Est-ce que nous fonctionnons de la bonne façon?
Est-ce que notre façon de traiter avec le public pour l'accès aux
documents est perçue comme convenable? Est-ce que notre façon de
procéder à la cueillette et à la conservation de
données relatives à des personnes, est conforme aux prescriptions
prévues par la loi? Alors, c'est ce qui me semble visé. Là
aussi, cela m'apparaît être la vertu de la maternité.
Le Président (M. Bordeleau): J'avais reconnu le
député de Vachon.
M. French: On laisse tomber, c'est la même question. Cela
me ferait plaisir de céder la parole au député de Vachon,
mais je voudrais terminer la question que j'ai posée. Ce qui me fait
peur, M. le ministre, c'est qu'il y ait beaucoup d'organismes publics qui
manqueront de ressources pour administrer la loi. Ce que je vois, c'est une
invitation à ces petites municipalités, à ces commissions
scolaires et à ces universités, de demander l'avis de la
commission sur l'administration de cas particuliers, de façon
systématique. Par la suite, s'il y a une plainte posée ou un
appel fait par le requérant en question, la commission se trouve
à passer sur ses propres conseils, ses propres avis. C'est ce que je
ferais, si j'étais maire d'une petite municipalité.
M. Bertrand: Supposons qu'on l'enlève.
M. French: En tout cas, je ne revendique pas
nécessairement ces disparitions. Je voulais faire parler le ministre;
s'il veut l'enlever, je me sentirai un peu plus confortable.
M. Bertrand: Si on l'enlève, est-ce que cela veut dire,
dans l'esprit du député de Westmount, qu'un organisme qui est de
bonne foi, qui veut se conformer à la loi, qui ne veut surtout pas, dans
le rapport annuel de la commission, se faire taxer d'être ceci ou cela,
n'aurait pas pu se prévaloir...
M. French: Je ne pense pas que le laisser tomber, cela veuille
dire que ni l'organisme public ni la commission ne peuvent faire cela. Cela
n'interdit rien. La loi est silencieuse là-dessus. Ce serait toujours
là et aurait pour effet, d'après moi, de créer des
problèmes sérieux aux gens que je viens d'évoquer.
M. Bertrand: En d'autres mots, dans votre esprit, le retirer,
c'est, d'une certaine façon, ne pas prêter flanc à ce qui
pourrait devenir des abus, mais le retirer, c'est tout de même ne pas
empêcher que, de bonne foi, un organisme public qui veut être
certain qu'il se conforme à la présente loi puisse
s'enquérir auprès de la commission d'accès à
l'information.
M. French: Je ne pense pas. Je ferai remarquer au ministre - je
ne voudrais pas faire cela trop vite, parce que je pense que c'est important -
que ce qui me préoccupe, ce sont les cas particuliers, les demandes
particulières, c'est-à-dire que je ne m'oppose pas à ce
que, lorsqu'une petite municipalité devient assujettie à la loi,
elle vienne à la commission et dise: Écoutez, nous ne
connaissons pas cela, qu'est-ce que vous nous conseillez, etc? Cela est
une chose. Mais nous avons une demande quant aux frais de voyage du maire et
des conseillers, etc. Qu'est-ce qu'on devrait répondre? C'est une
matière qui est relative à l'application de la présente
loi, mais ce n'est pas un sujet sur lequel la commission devrait se
présenter. D'après moi, dans le 5e, on les y force en effet.
M. Bertrand: Enlevons-le.
M. French: D'accord. On le retranche.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, on retrancherait le 5e
paragraphe?
M. French: Oui.
M. Bertrand: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): C'était le 6e
auparavant.
M. Bertrand: Cela tombe bien, parce que c'est le dernier. Alors,
on n'est pas obligé de reparler de 1° , 2° , 3° et 4°
.
M. French: Non, non, au contraire, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): La cause va être
terminée.
M. French: Cela nous laisse le 4e, parce que je n'en ai pas
parlé. Je sais que c'est...
M. Bertrand: Oui, vous en avez parlé.
M. French: "d'approuver les ententes conclues entre les
organismes en vertu de l'article 173".
M. Bertrand: C'est le 3e paragraphe.
Le Président (M. Bordeleau): C'est le 3e.
M. Bertrand: Cela est la bonne feuille maintenant. Vous allez
changer de feuille avec votre conseiller.
M. French: Bien, c'est vous et moi qui nous sommes trompés
tous les deux au même moment pour le 3e, sauf que sur le... En tout cas.
Parlons de l'ancien 10e paragraphe.
M. Bertrand: C'est possible qu'on ait raison tous les deux en
même temps, mais qu'on se trompe tous les deux en même temps, c'est
impossible.
M. French: On accepterait l'ancien 10e...
Le Président (M. Bordeleau): Le 3° paragraphe.
M. French: ... sous réserve, si l'on veut faire des
changements.
M. Bertrand: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: Comme je dois rencontrer à 12 h 45 le
président-directeur général de France-Inter, le
réseau de télévision, est-ce que c'est France 3 ou
France-Inter?
Des voix: C'est FR3.
M. Bertrand: FR3, la télévision régionale
française qui, jusqu'à un certain point, comment dirais-je,
reproduit le modèle de télévision régionale que
nous sommes maintenant en train de développer au Québec. J'ai un
dîner avec ces gens. Je pourrais immédiatement faire une
suggestion d'amendement à l'article 120. Je pourrais la laisser sur la
table et l'on pourrait y revenir à 15 heures.
M. French: Pourrait-on faire photocopier tout cela?
M. Bertrand: Oui, on va le faire photocopier, d'autant qu'il est
lisible. Il serait à l'effet d'ajouter un troisième alinéa
à l'article 120, qui se lirait comme suit, en parlant du rapport: "II
peut également contenir: "1° des recommandations afin de favoriser
l'exercice notamment par les communautés culturelles et les personnes
handicapées du droit d'accès aux documents et - c'est mal dit,
mais cela peut se retravailler - la protection des renseignements personnels, -
car on ne favorise pas la protection des renseignements personnels; en tout
cas, cela peut se travailler - "2° des propositions relatives aux normes
techniques sur la conservation, le classement, le repérage et le mode de
consultation des documents; "3° les suggestions du public sur toute
matière de la compétence de la commission."
Une voix: Très bien.
M. Bertrand: On va le faire photocopier.
M. French: On parlait du paragraphe 3.
Le Président (M. Bordeleau): On va faire des
photocopies.
M. Bertrand: Là-dessus, je demanderais
si c'est possible qu'on ajourne le débat et qu'on suspende nos
travaux jusqu'à 15 heures.
M. French: Est-ce qu'on peut adopter l'article 125 tel que...
M. Bertrand: Oui, l'article 125.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 125, alors...
M. French: ... sous les réserves que j'ai
mentionnées.
M. Bertrand: Oui, bien.
Le Président (M. Bordeleau): À l'article 125, il y
aurait maintenant 4 paragraphes. Un à quatre? C'est bien cela.
M. Guay: Quatre alinéas.
M. Bertrand: M. le Président, on ne peut rien vous
cacher.
Le Président (M. Bordeleau): J'espère. Alors,
l'article 125, tel qu'amendé, est donc adopté.
M. Bertrand: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. La commission reviendra
donc à l'article 120.
M. Bertrand: Est-ce qu'on peut laisser nos choses ici, M. le
Président?
Le Président (M. Bordeleau): Je vous avoue que...
M. French: On nous dit que non.
Le Président (M. Bordeleau): Non, je pense que non.
M. French: On nous dit que non, M. le ministre.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord? La commission va
suspendre ses travaux jusqu'à cet après-midi, 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
(Reprise de la séance à 15 h 34)
Le Président (M. Laplante): Reprise des travaux de la
commission des communications pour l'étude du projet de loi no 65, Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels.
Les membres de la commission sont: MM. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Baril (Arthabaska), Bertrand
(Vanier),
Bissonnet (Jeanne-Mance), Blais (Terrebonne); Brassard (Lac-Saint-Jean)
remplacé par Payne (Vachon); French (Westmount), Guay (Taschereau),
LeMay (Gaspé); Rivest (Jean-Talon) remplacé par Doyon
(Louis-Hébert); Sirros (Laurier).
Les intervenants sont: MM. Charbonneau (Verchères), Dean
(Prévost), Fortier (Outremont), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), Marx
(D'Arcy McGee); Payne (Vachon) remplacé par Brassard (Lac-Saint-Jean);
Perron (Duplessis), Picotte (Maskinongé), Rodrigue (Vimont).
Lorsque les travaux ont été ajournés, nous
étions rendus à l'article 126. M. le ministre, est-ce que je me
trompe? Vous étiez rendus à l'article 126.
M. Bertrand: 125.
Le Président (M. Laplante): Parce que 125 ici a
été adopté, tel que je le vois dans le projet de loi.
M. Bertrand: Oui, mais avec une référence à
120, M. le Président, parce qu'on a...
Le Président (M. Laplante): Avec une
référence à 120. Cela veut dire que vous voulez rouvrir
l'article 120.
M. Bertrand: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Tout le monde est
d'accord?
M. French: 125 a été très substantiellement
modifié, M. le Président.
M. Bertrand: Ah oui!
Le Président (M. Laplante): Ce que je veux dire, pour ne
pas mélanger le journal des Débats, c'est que l'article 120
était déjà adopté et que vous demandez de le
rouvrir.
M. Bertrand: Rouvrir 120.
Le Président (M. Laplante): C'est ce que je dis, c'est
bien cela.
M. Bertrand: Je m'excuse, M. le Président.
Constitution et organisation (suite)
Le Président (M. Laplante): Rouvrir 120. M. le
ministre.
M. Bertrand: Alors, M. le Président, à 120 nous
aurions un amendement qui nous permettrait d'ajouter après le
deuxième alinéa un troisième alinéa qui se lirait
de la façon suivante: "II peut également contenir,
premièrement, des recommandations afin de
favoriser l'exercice, notamment par les communautés culturelles
et les personnes handicapées, du droit d'accès aux documents,
ainsi que pour favoriser la protection des renseignements personnels;
deuxièmement, des propositions relatives aux normes techniques sur la
conservation, le classement, le repérage et le mode de consultation des
documents; troisièmement, les suggestions du public sur toute
matière de la compétence de la commission."
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement sera
adopté avant d'adopter l'article, juste l'amendement?
M. French: M. le Président, nous n'avons pas d'objection
de principe. Je trouve qu'on est peut-être encore à une
étape préliminaire. Je ne suis pas sûr qu'il ait toute
l'élégance et je ne suis pas convaincu qu'elle...
M. Bertrand: Au niveau de l'élégance, je suis
prêt à donner...
M. French: Je ne parle pas de changements nécessairement
mineurs non plus, lorsque je dis cela. Je suis prêt à l'adopter,
mais si le ministre préfère le retravailler encore, entre autres,
au 2° : Des propositions relatives aux normes techniques sur la
conservation etc. Je sais pourquoi c'est arrivé, mais je me demande si
ce serait dans le rapport annuel ou peut-être dans une annexe au rapport
annuel qui pourrait être distribuée séparément aux
institutions, je ne sais pas. En tout cas, ce sont des suggestions. Nous sommes
prêts à l'adopter si le ministre veut procéder directement,
nous n'y voyons pas de problème, en principe.
M. Bertrand: Oui, évidemment, il faudrait comprendre qu'il
ne s'agit pas d'alourdir un rapport annuel. Ce que je veux, c'est que les
rapports annuels de quelque organisme que ce soit contiennent 15, 20 ou 25
pages faisant état essentiellement des renseignements qu'on
désire obtenir dans un rapport annuel, mais non pas le genre de machin
auquel on a été habitué traditionnellement,
séparations en couleur, machin de 83 pages, etc. Je vous avoue que j'ai
mon voyage du genre de documents qu'on reçoit et qu'on place sur le
pupitre qu'on a à l'Assemblée nationale. C'est pour cela que je
crois qu'il est important de faire état de ces éléments
qu'on a retirés à l'article 125, mais que cela n'ait pas pour but
d'alourdir la rédaction, la préparation du rapport annuel de la
commission et surtout qu'on s'en réfère aux articles qui nous
disent que la commission d'accès à l'information qui va venir
devant la commission de l'Assemblée nationale peut elle-même, de
sa propre initiative, soumettre à l'Assemblée nationale certains
rapports ad hoc relativement à des dossiers qui lui apparaissent
importants. Donc, à toutes fins utiles, il s'agit de faire état
de dispositions du type de celles que nous avons introduites dans cet
amendement. Maintenant, le député de Taschereau, qui non
seulement a une formation juridique mais qui est esthéticien de
formation, aurait quelque chose de plus élégant à nous
soumettre.
M. Guay: J'espère que ce que je vais soumettre va plaire
aux oreilles fort critiques du ministre en ce qui a trait à la
qualité de la langue, ce qui est tout à son honneur. Si on
corrigeait le premier paragraphe de l'amendement pour dire: II peut
également contenir: 1° des recommandations afin de favoriser la
protection des renseignements personnels ainsi que d'exercice du droit
d'accès aux documents, notamment, par les communautés culturelles
et des personnes handicapées. Je pense que la phrase est beaucoup plus
équilibrée de cette manière.
M. French: Sous-amendement adopté.
Le Président (M. Laplante): Là, écoutez, on
fait un travail sur le coin de la table, il faut que le journal des
Débats se comprenne un peu. Moi, je vous suggère de
réécrire votre amendement dans un français meilleur, et de
me le remettre; pour la bonne compréhension du journal des
Débats, qu'il soit exact.
M. Guay: M. le Président, je ne faisais que
vérifier au préalable si nous avions l'accord de l'Opposition
auquel cas je me ferai un plaisir de le remettre même en lettres
gothiques.
Le Président (M. Laplante): D'accord, on va laisser faire
la discussion avant de parler d'adoption.
M. Bertrand: 126. M. French: On suspend 120.
Fonctions et pouvoirs (suite)
Le Président (M. Laplante): On va suspendre 120 et on va
à 126.
M. Bertrand: Très bien.
M. French: M. le Président, avant qu'on aborde 126,
puis-je mentionner au ministre deux choses, paraît-il qu'il s'est
engagé à fournir à l'Opposition la grille d'analyse quant
aux organismes existants qui auraient pu entreprendre la responsabilité
de la commission.
M. Bertrand: Vers la fin de l'après-midi, nous aurons le
document.
M. French: Deuxièmement, M. le Président...
M. Bertrand: Ou en cours d'après-midi, au début de
la soirée, enfin, dès qu'on aura fait les photocopies.
M. French: On sait que la Commission des droits de la personne a
donné un avis contre la proposition de loi proposée dans le
rapport Paré. Est-ce que le ministre a reçu un pareil avis au
sujet de son propre projet de loi, tel que demandé le 19 mai 1982
à Mme Francine Foumier, présidente de ladite commission?
M. Bertrand: II n'y a pas eu de réponse, M. le
Président.
M. French: Merci.
Le Président (M. Laplante): L'article 126 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
127.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député.
M. French: Je voudrais demander au ministre s'il pourrait nous
expliquer quelques petits mots qui me tracassent un peu. "La commission peut,
sur demande, autoriser un organisme public à ne pas tenir compte de
demandes manifestement abusives par leur nombre, leur caractère
répétitif ou leur caractère systématique ou qui
sont faites à des fins non conformes à l'objet de la
présente loi."
D'abord, leur caractère systématique. Moi, je comprends
que ça peut être abusif en quelque sorte et ça peut
être abusif parce qu'il y en a trop. Cela peut être abusif parce
qu'on revient avec la même chose pratiquement à chaque fois. Leur
caractère systématique me préoccuppe un peu parce qu'on
peut bien imaginer des enquêtes systématiques qui pourraient
être menées par des journalistes qui, de bonne foi, essaient
d'exposer certains abus au sein du gouvernement, par exemple, et leur
caractère systématique, c'est quand même une description
assez grande, vague, difficile à interpréter, qui se prête
à des interprétations parfois dangereuses. "Ou qui sont faites
à des fins non conformes à l'objet de la présente loi." Le
ministre pourrait-il nous expliquer ce qu'il entend par là?
M. Bertrand: Dans mon esprit, c'est très clair. Cela veut
dire qu'un organisme public peut se plaindre auprès de la commission que
des demandes lui sont faites et que cela ne relève pas de l'application
de la présente loi mais que ça relèverait plutôt de
l'application d'une autre loi qui existe et dont il est fait mention par
exemple dans l'annexe A à la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.
Dans un contexte comme celui-là, il est très bon que des
gens puissent être référés à d'autres lois
qui sont d'application plus générale ou qui permettent un
accès sur la base de critères juridiques différents de
ceux qui prévalent dans la présente loi.
M. French: Je ferai remarquer au ministre que l'univers des fins
non conformes à l'objet de la présente loi est beaucoup plus
grand que l'univers.
M. Bertrand: Je m'excuse, M. le Président, je suis
tellement coopératif avec les gens de l'Opposition que certaines choses
peuvent m'échapper. On me fait remarquer que "caractère
systématique" est une expression importante. Par exemple, imaginons un
syndicat qui, dans un cégep, une école secondaire ou une
école primaire, d'une façon systématique, par
différentes personnes, fait des demandes auprès du responsable de
l'accès, toujours sur la même chose. Là ce n'est pas
uniquement le caractère de répétition ou le nombre, c'est
carrément un système qui est mis en marche pour s'assurer qu'on
empêche, à toutes fins utiles, le responsable de l'accès de
fonctionner dans un contexte qui soit normal et qui empêche les abus de
toutes sortes. Alors, "systématique" est vu dans cette perspective.
J'avoue que dans "systématique" est un peu incluse, on l'admettra avec
moi, la notion de nombre et de répétition, mais c'est davantage
la référence à ce qu'on pourrait appeler une
méthode de harcèlement qui est vraiment constituée sur la
base d'un système instauré pour faire en sorte qu'à toutes
fins utiles la machine ne puisse pas suivre. Mais, évidemment, la
commission porte un jugement là-dessus et c'est elle qui évalue
le caractère plus ou moins abusif. Maintenant, "fins non conformes
à l'objet de la présente loi", bien c'est ce que je viens
d'indiquer.
M. French: Je voudrais faire remarquer au ministre, sur ce
deuxième sujet cette deuxième question, que l'univers des fins
non conformes à l'objet de la présente loi est beaucoup plus
grand que l'univers des fins conformes à l'objet d'autres lois.
M. Bertrand: Déjà cette loi est une loi
prépondérante qui prévaut sur toutes celles qui vont venir
après. Seules celles dont il est fait état en annexe sont des
lois qui continuent de prévaloir, et la commission a trois ans pour
revoir les lois qui seraient plus ou moins concordantes avec celle-là.
Dans un contexte comme celui-là, il est évident que la
commission, à un moment donné, peut avoir à donner,
comment dirais-je, des autorisations ou des avis à un organisme public
sur la plus ou moins grande adéquation ou inadéquation - cela
dépend par quel bout on le prend - des gestes que l'organisme public
pose avec les objectifs qui sont inscrits dans la présente loi. Cela
m'apparaît être un des objectifs qu'on doit pouvoir atteindre.
L'article n'est là dans le fond que pour permettre aux organismes, via
la commission, de savoir si oui ou non ils sont autorisés à ne
pas tenir compte de demandes qui ne seraient pas conformes à la
présente loi. Moi, je trouve cela correct, cela tombe sous le sens. Si
on me fait valoir que ce n'est pas...
M. French: M. le Président, c'est juste que je veux dire
respectueusement au ministre que je n'ai pas saisi encore l'objectif. Oublions
les autres lois, on ne parle pas d'autres lois là. On parle "des fins
non conformes à l'objet de la présente loi." Je lui dis que je
peux imaginer beaucoup de fins non conformes à l'objet de la
présente loi qui n'ont strictement rien à faire avec d'autres
lois non plus. Alors, quels sont les cas? Si on ne veut pas qu'il y ait conflit
de lois ou si on ne veut pas qu'il y ait danger de contradictions
inhérentes dans notre loi, on peut dire cela, mais ce n'est pas ce qui
est dit là d'après moi. C'est beaucoup plus grave que cela et
cela invite, il me semble, l'organisme public à soutenir, pour des fins
de retard ou quelque chose comme cela, qu'une demande est faite à des
fins non conformes à l'objet de la présente loi, tel que cet
objet est compris par l'organisme public en question.
M. le Président, j'ajouterais, pour le bénéfice du
ministre, que le projet de loi existe pour protéger les renseignements
personnels et pour donner accès aux documents. Je ne crois pas que
l'administrateur ou le responsable de la loi devrait inviter à imputer
des motifs à ceux qui font des demandes. Si le ministre pouvait nous
donner un exemple de ce qu'on essaie d'éviter avec cela, je serais
probablement d'accord. Sauf qu'il me semble un peu flou en ce moment et cela
invite à une interprétation insatisfaisante de la part de
certains administrateurs.
M. Bertrand: II est évident, M. le Président, que
le dernier bout de phrase dans cet article 127 réfère directement
au volet protection des renseignemnts personnels et non pas accès aux
documents des organismes publics.
M. French: C'est déjà quelque chose.
M. Bertrand: Alors, s'il y avait possibilité de
préciser qu'on ne peut pas avoir accès à des
renseignements à des fins qui sont non conformes à la
présente loi, à des renseignements à caractère
nominatif... On ne peut donc pas donner, comment dirais-je, réponse
à des demandes de renseignements qui seraient nettement abusives, non
seulement par leur nombre, leur caractère répétitif ou
systématique, mais aussi, en ce qui a trait aux renseignements
personnels, à des fins qui seraient non conformes à l'objet de la
présente loi, c'est-à-dire, en d'autres mots, permettre une
utilisation de renseignements personnels à caractère nominatif
qui tombent sous l'empire de la présente loi et qui sont utilisés
à d'autres fins serait nettement abusif parce qu'on contreviendrait au
principe même de la présente loi. En termes clairs, ces choses
sont dites.
M. French: C'est un progrès de savoir que cela touche le
domaine des renseignements nominatifs ou personnels, mais le ministre
pourrait-il nous expliquer vraiment, dans des termes que le
député de Westmount est capable de saisir, contre quoi nous
sommes protégés avec ce bout de phrase?
M. Bertrand: Je vais vous donner un exemple. Je dînais ce
midi avec le président-directeur général de FR 3. Il me
disait que, dans la loi française, enfin, jusqu'à maintenant ou
peu d'années avant, une personne pouvait avoir accès à des
renseignements à caractère nominatif qui ne la concernaient pas
directement mais qui concernaient son voisin. Il me racontait entre autres que
- je m'excuse, ce n'est pas une question du tout de sexisme ou de
préjugé -mais il me faisait état de femmes qui avaient
accès à des fichiers de renseignements personnels pour savoir
quel était le salaire du mari ou les revenus du mari. Donc, probablement
entreprendre une négociation non accessible parce qu'elle pourrait
compromettre sérieusement la réalisation d'un projet en cours
mais à des fins non conformes à l'objet de la présente
loi...
Je crois qu'il s'agit de s'assurer en d'autres mots que dans le volet
protection des renseignements personnels on ne permet pas à des
individus, on ne donne pas la possibilité à des individus d'avoir
accès à des renseignements nominatifs qui sont non conformes
à l'objet de la présente loi. Cela veut dire en pratique refuser
carrément de
contourner la présente loi pour tenter d'utiliser des
renseignements à des fins, par exemple, lucratives, obtenir des
informations sur un certain nombre de personnes, ensuite utiliser ces
informations et en faire un commerce quelconque. Alors, c'est une façon
que la commission Paré, puisqu'on reproduit là textuellement la
proposition de la commission Paré, a trouvée pour probablement
nous dire que trop fort ne casse pas, qu'on devrait faire en sorte que les
organismes publics puissent faire des représentations auprès de
la commission pour qu'elle les autorise à ne pas tenir compte de ces
demandes qui ne sont pas faites conformément à l'objet de la
présente loi, c'est-à-dire qui, à toutes fins utiles, ne
servent pas les objectifs de la présente loi au niveau de la protection
des renseignements personnels.
Me demander de trouver 43 000 exemples de ce que cela peut vouloir
dire... On m'a raconté aussi, en France, que l'application de la loi sur
la protection des renseignements personnels, dans chacune des régions et
dans chacun des départements français, a démontré
que les gens n'utilisaient que très peu ces éléments
relatifs à la protection des renseignements personnels.
M. French: Je suis un peu inquiet, après l'exposé
du ministre, parce que, après ce qu'il vient de nous dire, il me semble
que les sections I et II du chapitre III sont inadéquates. Il nous faut
une autre protection, très générale celle-là, pour
s'assurer qu'il n'y a pas d'abus de renseignements personnels ou nominatifs. Je
pense qu'avec tout ce qu'on a déjà vu ou ce qu'on va voir - je ne
sais pas si on les a faits hier - dans les sections I et II du chapitre III, on
doit être satisfait de la protection qui existe. Autrement, je proposerai
au ministre qu'il laisse tomber ce bout de phrase et qu'il essaie de s'exprimer
dans des termes un peu plus précis, qui toucheraient uniquement les
renseignements nominatifs, qui viseraient plus spécifiquement la
situation qu'il a évoquée et qu'il nous revienne plus tard.
M. Bertrand: On pourrait peut-être faire un amendement qui
consisterait à retirer les derniers mots de cet article 127 et avoir un
deuxième alinéa qui se lirait de la façon suivante:
M. Guay: "II en est de même lorsque ces demandes, de l'avis
de la commission, ne sont pas conformes à l'objet de la présente
loi sur la protection des renseignements personnels." En d'autres mots, puisque
la commission Paré proposait cette disposition en ce qui a trait aux
renseignements personnels et puisque dans le projet de loi nous l'avons
placée de manière générale, ce qui, effectivement,
crée une anicroche en ce sens que ça n'a pas d'affaire à
s'appliquer à la partie accès aux documents, on pourrait faire
deux alinéas. Le premier garderait le critère du nombre du
caractère répétitif, du caractère
systématique pour l'accès aux documents et la protection des
renseignements personnels et le deuxième ne viserait, comme le
suggérait la commission Paré, que la protection des
renseignements personnels.
M. French: Je ne sais pas si ce sont ses conseillers ou les gens
de l'Opposition qui sont en train de frustrer le ministre, mais je voudrais
simplement lui dire qu'en principe, avec les assurances, ce qu'on vise, c'est
la protection de la vie privée de l'individu dont les renseignements
personnels sont détenus par un organisme public. L'amendement du
député de Taschereau est tout à fait acceptable et je
pense que c'est un progrès significatif. Je ne comprends pas encore
pourquoi on a besoin de cette protection additionnelle à ce qu'on a
déjà vu, mais si c'est nécessaire... (16 heures)
M. Bertrand: Quand des avocats, qui sont juristes et
légistes, s'introduisent dans la rédaction d'un projet de loi,
ils ont des formules pour dire un certain nombre de choses - parce qu'elles
sont de toute éternité - qui, à nous, mortels qui avons
à vivre avec les lois, ne paraissent pas évidentes, mais qui le
sont pour ceux qui ont à interpréter les lois. Quand le juge
regarde l'article et qu'il lit: "ou qui sont faites à des fins non
conformes à l'objet de la présente loi", tout cela est d'une
limpidité et d'une clarté qui ne font aucun doute. Nous, on se
pose des questions, on dit: Qu'est-ce que ça veut dire ça,
"à des fins non conformes à l'objet de la présente loi"?
Moi, dans ma petite tête de député du comté de
Vanier, responsable d'une population qui est plus familière avec les
annonces de Woolco qu'avec les projets de loi sur l'accès à
l'information et sur la protection des renseignements personnels, je vous avoue
que, quand je lis ça, ça veut dire que la présente loi a
un certain nombre d'objets, de fins, d'objectifs qui sont l'accès aux
documents, la protection des renseignements personnels, et quand quelqu'un veut
venir achaler un organisme public responsable de l'accès pour lui dire
ou pour lui demander de faire des choses qui n'ont rien à voir avec
l'accès aux documents ou à la protection des renseignements
personnels, il est dans une situation où il travaille à des fins
qui sont non conformes à l'objet de la présente loi.
C'est ça que je comprends dans ma petite tête. Cela
m'apparaît un tant soit peu lumineux. Mais si, pour le commun des mortels
que nous sommes et pour la
compréhension d'une loi qui est faite pour le monde et pour 5000
organismes, on peut rédiger cela en d'autres termes qui apparaissent
plus clairs, plus précis et plus directement reliés à
l'objet visé, je pense que la proposition du député de
Taschereau, qui dessert une population relativement semblable à celle
que je dessers, serait probablement plus conforme à l'objet de la
présente loi.
M. French: C'est pour cela, M. le Président, que
l'Opposition accepte et appuie l'amendement du député de
Taschereau, à l'article 127 de la loi.
Le Président (M. Laplante): Article 127, suspendu en
attendant qu'on reçoive les modifications. J'appelle l'article 128.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 128,
adopté. J'appelle l'article 129.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 129, adopté.
Article 130.
M. Bertrand: Concordance avec un article adopté
précédemment, M. le Président.
M. French: Adopté.
Constitution et organisation (suite)
Le Président (M. Laplante): Maintenant, M. le
député de Taschereau, on va revenir à l'article 120.
J'aimerais, pour les fins du journal des Débats, lire l'amendement, la
modification que vous voulez faire à l'article 120 par l'ajout
après le deuxième alinéa du suivant. Si vous pouvez le
lire, s'il vous plaît.
M. Guay: M. le Président, avec plaisir. Il s'agirait
d'ajouter le troisième alinéa: "II peut également
contenir: "1° des recommandations visant à favoriser la protection
des renseignements personnels, ainsi que l'exercice du droit d'accès aux
documents, notamment par les communautés culturelles et les personnes
handicapées; "2° des propositions relatives aux normes techniques
sur la conservation, le classement, le repérage et le mode de
consultation des documents; "3° les suggestions du public sur toute
matière de la compétence de la commission."
Le Président (M. Laplante): L'amendement est-il
adopté? Le nouvel article 120 avec amendement est-il adopté?
Adopté, merci.
Fonctions et pouvoirs (suite)
Maintenant, je reviens à l'article 131. Adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 132.
M. French: M. le Président, est-ce que le ministre est en
mesure, c'est une question un peu périphérique à l'article
132, mais c'est peut-être un moment aussi bon qu'un autre pour la poser:
est-ce qu'il y a un quorum pour la commission?
M. Bertrand: Habituellement, je pense que dans ce genre
d'organisme, il faut qu'il y ait deux personnes sur trois qui puissent
statuer.
Indépendamment de tous les voeux pieux qu'on pourrait
émettre, il n'y a pas de principe. Il ne s'agit pas d'un tribunal du
type de celui de la Régie des services publics, par exemple, où
on a un banc. Il y a neuf ou dix commissaires à la Régie des
services publics et il y a un banc qui existe pour les requêtes de
Québec-Téléphone, au sujet des augmentations de tarifs,
etc. Dans le cas présent, il n'y a pas de règles de
procédure internes. Le président exerce ses fonctions avec deux
commissaires adjoints et il n'est pas impossible que le président ou un
de ses adjoints entende deux parties qui ont, l'une à
défendre...
M. French: Je ferai remarquer au ministre que ceci se trouve
à l'article 140. Il ne s'agit pas d'entendre une demande, comme il est
spécifié. Il s'agit de d'autres fonctions de la commission, mais
elles ne sont pas négligeables non plus.
M. Bertrand: Alors, c'est un peu l'objectif de l'article 132 qui
est de permettre à la commission, par règlement, d'édicter
des règles de procédure et, dans les règles de
procédure, il sera fait état de la façon dont seront
rendues les décisions, combien de personnes y participeront, etc. Cela
peut être le président, cela peut être le président
avec deux autres, cela peut être le président avec un adjoint,
cela peut être l'adjoint remplaçant le président. Tout cela
est mentionné à l'article 132, comme devant faire l'objet d'un
règlement qui devra paraître à la Gazette Officielle et
être soumis à l'approbation du gouvernement.
M. French: M. le Président, je ne veux pas poursuivre
là-dessus plus qu'il ne le faut. C'était juste par
curiosité, mais il serait triste si, à la suite d'un avis
juridique, on
découvrait, par la suite, que chaque fois que siège la
Commission, il faudrait avoir les trois personnes, il faudrait qu'elles signent
toutes les trois les documents. Si on me dit que ce ne sera pas le cas, qu'un
tel danger ne se présentera pas alors il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Laplante): L'article 132 est
adopté.
J'appelle l'article 133.
M. French: M. le Président, je voudrais faire un
commentaire avant qu'on n'adopte l'article 132. Il est extrêmement
important, il me semble, que les règles de preuves et de
procédures soient aussi minimales que possible, étant
donné le genre qu'on voit parfois devant les tribunaux administratifs,
etc. Encore une fois, j'émets le voeu pieux, peut-être, que
l'article 132 ne devienne pas une invitation à convoquer un paquet
d'avocats et à créer une montagne de règlements, avant
qu'on ne vive sur le champ en entendant les demandes nécessitées
par un tel projet. Adopté, M. le Président.
M. Bertrand: Je suis 3453% d'accord avec le député
de Westmount. Je ferai photocopier la brève déclaration qu'il
vient de faire et l'énoncé de son voeu pieux qui seront
envoyés à chacun des commissaires et signés, avant
l'acceptation de leur nomination.
Le Président (M. Laplante): L'article 132 est
adopté.
L'article 133.
Le Président (M. Laplante): Allez-y, M. le
député de Westmount.
M. French: Non, je n'y vais pas, M. le Président, tant que
le ministre ne sera pas capable de m'accorder son attention. Je m'excuse, mais
je ne le fais pas.
M. le ministre, pourquoi le changement entre fichier et fichier de
renseignements personnels, entre le projet de loi et Paré
respectivement?
M. Bertrand: À propos de l'article 133, mais à
quelle ligne dans l'article 133?
M. French: La troisième.
M. Bertrand: "... de tous les fichiers de renseignements
personnels à un répertoire de tous les fichiers détenus
par les organismes publics..." Il y a la section fichiers confidentiels et
fichiers de renseignements personnels, alors on a fait une distinction entre...
Comme il y a une distinction qui a été faite entre les deux, on
n'en fait pas mention comme tel.
M. French: Alors, il n'y a pas de danger que cela inclue les
fichiers de renseignements non personnels? Pour cela, il n'y a pas de
danger.
M. Bertrand: Ah non! Parce qu'il y a un article d'application
plus générale au tout début qui indique bien qu'il ne
s'agit que de renseignements à caractère nominatif, donc de
renseignements personnels.
M. French: Je pense qu'il nous reste à dire que nous
sommes prêts à l'accepter sous réserve de revenir si nos
suggestions quant au changement de fonctionnement nécessitent des
amendements de concordance.
Le Président (M. Laplante): L'article 133 est
adopté. J'appelle l'article 134 où l'on annonce une... Non,
excusez, une minute. On va revenir à l'article 127, l'article suspendu.
Si vous voulez lire votre modification, s'il vous plaît, votre amendement
à l'article 127 aux fins du journal des Débats, M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Oui, M. le Président. L'article 127 est
modifié d'abord par la suppression des mots "ou qui sont faites à
des fins non conformes à l'objet de la présente loi" et par
l'ajout à la fin d'un deuxième alinéa qui se lit: "II en
est de même lorsque, de l'avis de la commission, ces demandes ne sont pas
conformes à l'objet des dispositions de la présente loi sur la
protection des renseignements personnels."
Le Président (M. Laplante): L'amendement à
l'article 127 est-il adopté?
M. French: On ne l'a pas devant nous, mais il est adopté,
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. L'article 127 est
adopté tel qu'amendé. Adopté.
M. French: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 134.
M. Bertrand: À l'article 134, c'est le fameux pouvoir
d'initiative qui est un élément tout à fait nouveau dans
notre droit parlementaire et qui, je crois, devrait satisfaire l'ensemble de
ceux et celles qui croient à la réforme parlementaire.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Westmount.
M. French: II s'agit donc... Est-ce que le mot "recommandation"
couvre en quelque
sorte le verdict de la commission quant aux demandes qui lui sont
appelées? Oui. Est-ce qu'il y aurait aussi possibilité d'un
"writ" de mandamus des cours de la part d'un requérant
déçu. Disons que s'ils obtiennent le verdict de la commission et
que l'organisme public en question ne réagit pas, il me semble que le
requérant a le droit d'aller en cour lui-même. Ce qui ne touche
pas, d'après moi, l'article 134, mais je veux juste poser la question
parce qu'il me semble que...
M. Bertrand: La décision de la commission est
exécutoire. L'organisme doit s'y conformer.
M. French: C'est pour cela que je me demande si le mot
"recommandation" touche justement ces verdicts exécutoires ou non. On
m'a signalé que oui, donc j'ai posé la question. Si, par
contre...
M. Bertrand: Maintenant, attention! C'est vrai que le mot
"recommandation" est un mot très large. Ce n'est pas la décision
exécutoire sur une demande de révision. (16 h 15)
M. French: Ce n'est pas la décision.
M. Bertrand: Mais si dans son rapport annuel la commission a fait
des recommandations à certains organismes publics qui n'y ont pas
donné suite - je vais vous donner un exemple - si la Commission
d'accès à l'information a recommandé à la ville de
Montréal, de procéder à l'amélioration de son
système de gestion documentaire parce qu'elle avait reçu 195
plaintes de personnes qui n'arrivaient pas à repérer facilement
des documents qui normalement auraient dû être accessibles, elle
peut en aviser le gouvernement et, si elle le juge à propos, soumettre
un rapport spécial à l'Assemblée nationale du
Québec. Alors, c'est beaucoup plus large que la décision suite
à une demande de révision. C'est vraiment la recommandation telle
que formulée dans l'amendement apporté par le
député de Taschereau à l'article 120.
M. French: Je voudrais dire au ministre que, dans la mesure
où on parle d'une recommandation qui est effectivement plus large...
M. Bertrand: Cela couvre la décision.
M. French: Mais c'est cela qui me préoccupe, parce que je
pense qu'à ce moment-là l'avocat de l'organisme public risque
d'aller devant la cour, si le requérant porte sa plainte en cour, pour
un "writ" de mandamus. Je ne sais pas si c'est le mot.
M. Bertrand: Bref de mandamus.
M. French: Et, l'organisme public va se défendre
peut-être avec 134 en disant que ce n'est pas la juridiction de la cour,
c'est la juridiction de la commission de faire un rapport spécial dans
ce cas à l'Assemblée nationale. Comprenez-vous mon souci? Donc,
je n'ai pas d'objection à ce qu'on change, mais je pense qu'on devrait
dire les recommandations autres que celles touchant une demande, un appel de
requérant.
M. Bertrand: M. le Président, je pense qu'il faut lire 134
avec 145. 145 dit: "Une décision de la commission ayant pour effet
d'ordonner à un organisme public de faire quelque chose est
exécutoire à l'expiration des quinze jours qui suivent la date de
sa réception par les parties, à moins qu'un appel n'ait
été interjeté en vertu de l'article 149." Or, 149, c'est
l'article qui dit que "la compétence que confère la
présente section à un ou plusieurs juges de la Cour provinciale
est exercée par les seuls juges de cette cour que désignent le
juge en chef et le juge en chef associé..." D'ailleurs, il y a
peut-être une erreur ici; je m'excuse, mes chers amis, 149 inscrit
à 145, c'est peut-être 148.
M. French: Oui, j'aurais pensé.
M. Bertrand: 148, c'est: L'appel ne peut être
interjeté qu'avec la permission d'un juge de la Cour provinciale sur
toute question de droit ou de compétence. À 145, on fait
référence à l'article 149; je pense qu'on devrait
plutôt faire référence à l'article 148. M. le
Président, je suis en train de me trouver bon, c'est grave; je vais
aller faire mes études en droit. Ce que je projetais de faire en 1976 si
M. Bourassa n'avait pas déclenché les élections.
M Guay: Ce que le barreau a perdu!
M. French: M. le Président, on peut regretter
amèrement cette occasion ratée. Ce que je ne réussis pas
encore à saisir, c'est, en revenant à 134, si une recommandation
comprend... Cela simplifie bien des choses parce qu'on m'a dit oui.
M. Bertrand: Oui.
M. French: Maintenant, on se rend compte que c'est non.
M. Guay: Un oui qui veut dire non. M. Bertrand: Errare
humanum est.
M. French: C'est la culture référendaire.
M. Bertrand: Errare humanum est, comme disait un Grec que j'ai
bien connu à
Porto Rico.
M. French: Là, on parle des recommandations, ce qui n'est
pas une décision sur une plainte en appel.
M. Bertrand: C'est cela.
M. French: Deuxième point: le ministre pourrait-il nous
expliquer pourquoi la commission doit en aviser le gouvernement avant de
soumettre un rapport spécial à l'Assemblée nationale du
Québec ou, d'ailleurs, exposer la situation dans son rapport annuel? Je
trouve cela un peu drôle qu'il faille avertir le gouvernement avant
d'exposer la situation dans un rapport annuel, c'est le moins qu'on puisse
dire.
M. Bertrand: Écoutez, je lis ce paragraphe: "Si, dans un
délai raisonnable après avoir fait une recommandation à un
organisme public, la commission juge que les mesures appropriées n'ont
pas été prises pour y donner suite, elle peut en aviser le
gouvernement..." Pourquoi en aviser le gouvernement? Parce que, dans le fond,
le gouvernement, qui dispose d'un certain nombre de pouvoirs, peut s'assurer
que les mesures appropriées soient prises pour donner suite aux
recommandations.
M. French: Alors, si la ville de Montréal pèche par
rapport à la loi, est-ce que le gouvernement du Québec va
entreprendre de régler ce problème?
M. Bertrand: Oui, puisque nous avons nettoyé tout à
l'heure l'article 125 d'un certain nombre de fonctions qui auraient
été celles de la Commission d'accès à
l'information, il va bien falloir que quelqu'un - et il m'apparaît que ce
doit être le gouvernement ou le ministère responsable de
l'application de la loi pour certaines de ces fonctions - s'assure
qu'effectivement on prend les mesures appropriées.
M. French: Je pense que le ministre interprète le
transfert qu'on a fait entre les articles, concernant les fonctions de la
commission, d'une façon différente de l'Opposition. Une chose est
claire, je pense que le responsable de l'administration d'un régime
d'accès aux documents et de protection des renseignements personnels
dans un organisme public est défini dans la loi, et ce n'est pas
nécessairement le gouvernement du Québec. Il est, le cas
échéant, le ministre, le président du conseil de
direction, le président du conseil d'administration, le maire, le
président de la commission scolaire, le recteur de l'université.
Enfin, le gouvernement n'a pas à aller devant les universités et
les municipalités pour leur dire: Écoutez, il va y avoir un
rapport exposant votre mauvaise administration, vous êtes mieux de
changer votre comportement etc. Il me semble que c'est une drâle de
fonction à donner au gouvernement.
M. Bertrand: Oui, mais le gouvernement a tout de même des
responsabilités face à l'application de cette loi puisque tous
les organismes publics dont il est fait mention dans les articles au
début du projet de loi, s'ils ne sont pas publics de par leur nature,
ont au moins un mandat public. Dans un contexte comme celui-ci, si on veut que
quelqu'un puisse intervenir pour dire à des organismes publics qu'ils
doivent adopter les mesures appropriées pour donner suite à des
recommandations de la commission, il me semble que c'est le gouvernement qui
est le mieux placé pour le faire.
M. French: M. le Président, le ministre pense que les
organismes autonomes et quasi autonomes du système parapublic sont des
émanations du gouvernement, ce sont des émanations de
l'Assemblée nationale; je lui souligne ce point. Je me demande encore
une fois comment il se fait qu'on veuille que le gouvernement soit
informé et qu'il puisse même, au dire du ministre,
s'ingérer dans l'administration de la loi par les organismes publics. Je
trouve cela aberrant et je pense qu'on éviterait beaucoup de
problèmes.
M. Bertrand: Si je suis le raisonnement du député
de Westmount et tout ce qui suit ensuite, quand on parle de l'Assemblée
nationale du Québec, si l'Assemblée nationale du Québec
par une de ses commissions se met à étudier les dossiers relatifs
aux commissions scolaires, aux centres hospitaliers, aux centres d'accueil ou
à d'autres éléments du réseau des affaires
sociales, de la santé et de l'éducation... Les
municipalités, malgré le fait qu'on les considère comme
des administrations déléguées, doivent avoir un certain
degré d'autonomie, mais il n'en demeure pas moins que l'Assemblée
nationale aura un droit de regard puisque c'est devant l'Assemblée
nationale que le rapport de la commission sera déposé et
étudié, analysé. Je crois que l'objectif visé ici,
dans cet article 134, c'est simplement de permettre que des correctifs soient
apportés quand la commission sent que les mesures appropriées
pour permettre l'application de la présente loi ne sont pas
respectées, de s'assurer que ces correctifs soient apportés, elle
en avise le gouvernement, et, si elle le juge à propos... Donc, il y a
un jugement qui est porté par la commission, elle soumet un rapport
spécial à l'Assemblée nationale...
M. French: Sans aviser le gouvernement.
M. Bertrand: De la façon...
M. French: De la façon dont c'est rédigé, ce
n'est pas le cas, M. le ministre.
M. Bertrand: Elle avise le gouvernement et, si elle le juge
à propos, elle soumet en plus un rapport spécial à
l'Assemblée nationale.
M. Guay: Ou alors, elle peut également choisir l'autre
volet de l'alternative, ne pas aviser le gouvernement ou faire un rapport
spécial mais l'inclure dans son rapport annuel. Et à ce moment,
elle n'est pas obligée d'aviser le gouvernement.
M. French: M. le Président, je veux m'assurer que ce qui
m'a été dit tantôt par le député de
Taschereau est précis. D'abord, si j'ai bien saisi, puis, si c'est bien
le cas. Il m'a dit que la commission a le choix. Si elle veut déposer
son avis, son rapport spécial à l'Assemblée nationale du
Québec, elle doit aviser le gouvernement auparavant. Sinon,
c'est-à-dire si elle veut opter pour exposer la situation dans son
rapport annuel, elle n'a pas à aviser le gouvernement.
M. Guay: C'est en tout cas la façon très claire
dont l'article est rédigé. On dit qu'il y a une alternative, la
commission peut en aviser le gouvernement et, si elle le juge à propos,
soumettre un rapport spécial à l'Assemblée nationale,
c'est un volet de l'alternative. Ou à défaut d'avoir avisé
le gouvernement et, si elle le juge à propos, de soumettre un rapport
à l'Assemblée nationale, elle peut l'exposer dans son rapport
annuel.
M. French: M. le Président, je serais d'accord avec le
député de Taschereau s'il y avait une virgule après
"Québec". Mais vu qu'il n'y en a pas, je dois présumer que le
conjonctif "ou" s'applique parallèlement après "si", plutôt
que laissant exposer la situation dans son rapport annuel, exister
indépendamment de la phrase "elle peut en aviser le gouvernement." En
tout cas, je pense qu'il y a assez de difficultés avec cette phrase,
quel sens doit-on lui donner?
M. Bertrand: Non. Savez-vous ce qui est important dans cet
article, M. le député de Westmount? et c'est ce qui nous arrive
quand on se fixe, à mon avis, sur des mots ou des bouts de phrase. Cet
article, contrairement à tout ce qui existe au niveau des organismes
relevant de l'Assemblée nationale, consacre pour la première fois
le principe de l'initiative qui appartient à un organisme non seulement
d'aviser le gouvernement que les mesures appropriées ne sont pas prises
par les organismes publics pour répondre aux demandes de la
présente loi, non seulement peut-il aviser l'Assemblée nationale
et lui soumettre un rapport spécial invitant l'Assemblée
nationale à prendre note qu'il existe des organismes publics rebelles
qui ne se conforment pas à la présente loi et, en plus, de
pouvoir dans son rapport annuel faire état de tous ces
éléments qui d'ailleurs maintenant sont très clairement
indiqués dans l'article 120 avec l'amendement qui a été
apporté...
C'est cela l'esprit de l'article 134. Je pense qu'il ne faudrait pas non
plus perdre de vue qu'on est en train d'atteindre là un idéal qui
n'a jamais été atteint auparavant.
M. French: M. le Président, le ministre n'a pas entendu de
l'Opposition une dissension sur la philosophie fondamentale de l'article. Je me
demande pourquoi il parle comme si on mettait en doute l'intention
fondamentale. On pose maintenant deux questions. D'abord, pourquoi la
commission doit aviser le gouvernement avant de soumettre un rapport
spécial à l'Assemblée nationale? Deuxièmement,
est-il vrai qu'un avis au préalable au gouvernement n'est pas
nécessaire si l'organisme public veut exposer la situation dans son
rapport annuel?
Il est possible de répondre oui à la deuxième
question, mais pas de par l'article 134, seulement en faisant
référence à d'autres articles qu'on a changés. Mais
d'après moi, un avis du gouvernement, c'est au moins discutable et
nécessaire dans les deux cas. (16 h 3D)
M. Bertrand: Si le correctif a été apporté
après que la commission en ait avisé le gouvernement, pourquoi
serait-il nécessaire à ce moment-là de faire en sorte que
la commission soumette un rapport spécial à l'Assemblée
nationale du Québec?
M. French: Mais c'est...
M. Bertrand: "Si elle le juge à propos", c'est tout de
même un pouvoir pour la commission d'évaluer la qualité de
la réception qu'a faite le gouvernement à l'avis qu'il lui a
été transmis par la commission.
M. French: Ah bien, au contraire, M. le Président! Dans
l'interprétation du député de Taschereau, on dit une chose
et le ministre nous dit une autre chose. Là, arrangez-vous, donnez-nous
une interprétation cohérente et on va répondre.
M. Bertrand: M. le Président, comme je viens d'une famille
dont on dit que l'esprit est libéral...
M. Bissonnet: Cela me fait plaisir de vous entendre dire
cela.
M. Bertrand: Ah, mais si vous saviez
combien il y a de libéraux dont l'esprit est absolument
conservateur!
M. Guay: Le député de Jeanne-Mance est un ancien
néo-démocrate, un vague socialiste.
M. Bertrand: Vous êtes un socialiste, vous, M. le
député de Jeanne-Mance!
M. Bissonnet: Un démocrate.
M. Bertrand: Socialiste.
M. Guay: Un organisateur NPD.
M. Bissonnet: Ah, mais là je suis de plus en plus
capitaliste, M. le ministre.
M. French: ... très très coloré dans le
Nouveau parti démocratique.
M. Bertrand: Est-ce qu'on pourrait faire un amendement, M. le
Président, en remplaçant, à la quatrième ligne, le
mot "et" par le mot "ou"? "... elle peut en aviser le gouvernement ou, si elle
le juge à propos, soumettre un rapport spécial à
l'Assemblée nationale du Québec, ou exposer la situation dans son
rapport annuel."
M. Guay: Trois fois.
M. French: M. le Président, il y a juste un
problème. Je pense que c'est nettement un progrès ce que
suggère le ministre, mais je me demande si cela pousse la commission
à aviser le gouvernement et ferme les autres portes. C'est cela qui me
préoccupe. Cela ne ferme pas les autres portes?
M. Bertrand: Non, parce que cela donne le choix.
M. French: Alors, on peut commencer et, si on n'est pas
satisfait, on peut continuer?
M. Bertrand: C'est cela.
M. French: Accepté sur cette interprétation, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Bon, voulez-vous relire vos
amendements, s'il vous plaît, M. le ministre.
M. Bertrand: D'accord M. le Président. À la
quatrième ligne de l'article 134, après le mot "gouvernement",
biffer le mot "et" et le remplacer par le mot "ou".
Le Président (M. Laplante): Avec une virgule aussi.
M. Bertrand: Une virgule. Et à la cinquième ligne,
après le mot "Québec", placer une virgule.
Le Président (M. Laplante):
Amendement adopté.
M. French: Un instant s'il vous plaît, M. le
Président! Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'article 134 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 135.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 135 est
adopté.
M. Bertrand: Vous remarquez que ce n'est pas le ministre qui
convoque la commission ni le leader parlementaire du gouvernement, mais le
président de l'Assemblée nationale.
M. Bissonnet: Excellent.
Révision et appel
Le Président (M. Laplante): Chapitre V maintenant,
révision et appel. Section I, révision. J'appelle l'article
136.
M. Bertrand: J'aurais un amendement à l'article 136.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous l'amendement?
M. Bertrand: Oui, M. le Président, je l'ai
distribué.
Le Président (M. Laplante): Je vais écouter, M. le
ministre.
M. Bertrand: M. le Président, c'est en concordance avec ce
qui nous avait été demandé. Il s'agirait de modifier
l'article 136 en remplaçant les mots "ou sur les frais exigibles",
à la fin du deuxième alinéa, par les mots suivants: "sur
l'application de l'article 9 ou sur les frais exigibles." Cela se lirait comme
suit: "Une personne qui a fait une demande en vertu de la présente loi
peut demander à la commission de réviser toute décision du
responsable sur le délai de traitement de la demande, sur le mode
d'accès à un document ou à un renseignement, sur
l'application de l'article 9 ou sur les frais exigibles." Là, on rejoint
l'article 9 qui avait été, si ma mémoire est bonne,
suspendu pour qu'on puisse trouver une formulation qui permettrait d'indiquer
que sur cela il y a une possibilité d'aller devant la Commission
d'accès à l'information pour faire une demande de
révision.
M. French: Sur l'interprétation.
M. Bertrand: Et par concordance on modifie aussi l'article
47.
M. le Président, pour permettre à mes collègues de
la commission d'étudier cet amendement à l'article 136 dans un
contexte de cohérence, on pourrait d'un commun accord étudier les
articles 9, 47 et 136 pour évaluer quelle est la signification des
amendements que nous apportons. On se rappellera que l'article 9 dit: "Ce droit
ne s'étend pas aux notes personnelles inscrites sur un document, ni aux
esquisses, ébauches, brouillons, notes préparatoires ou autres
documents de même nature".
À l'article 47, il avait été suspendu si ma
mémoire est bonne, on aurait deux amendements: Le premier se lirait de
la façon suivante: Remplacer le premier paragraphe du premier
alinéa par le suivant: "donner accès au document, lequel peut
alors être accompagné d'informations sur les circonstances dans
lesquelles il a été produit."
Le deuxième amendement à l'article 47, ce serait
d'ajouter, après le paragraphe 5 du premier alinéa, le suivant:
"6 , informer le requérant qu'il s'agit d'un document auquel le chapitre
II de la présente loi ne s'applique pas en vertu du deuxième
alinéa de l'article 9". Alors, on établit une séquence de
l'article 9, à l'article 47, à l'article 136 qui, à mon
avis, répond le mieux possible à la demande qui nous avait
été faite par le député de Jeanne-Mance, je
crois.
M. Bissonnet: Westmount.
M. Bertrand: ... le député de Westmount, qui aussi
permet d'apporter l'amendement requis au premier paragraphe de l'article
47.
Procédure d'accès (suite)
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas, M. le ministre,
on va suspendre l'article 136. Êtes-vous d'accord pour suspendre
l'article 136 et retourner à l'article 47? J'appelle l'article 47, avec
la modification que vous avez lue tout à l'heure. M. le
député de Westmount, avez-vous des remarques à faire sur
l'amendement à l'article 47?
M. French: M. le Président, je suis vraiment inquiet
concernant l'amendement au 1° . Je sais pourquoi il est là, mais je
pense que c'est une erreur de le mettre dans la loi. C'est une invitation aux
ministères, aux organismes publics de noyer le poisson, de produire
toutes sortes d'explications qui ne peuvent que rendre la confusion plus grande
encore. On est susceptible d'avoir énormément de problèmes
avec cela. Par contre, je comprends pourquoi il est là.
Je pense qu'il serait mieux de laisser les organismes publics se
débrouiller indépendamment, de produire le document dans un acte
gouverné par la loi et de produire une rationalisation dans un autre
acte qui ne serait pas immortalisé ou enchâssé dans une
loi. Cela donne une espèce de légitimité à
l'exercice de rationaliser ou de donner le contexte dans lequel l'organisme
public va agir dont il ne devrait pas bénéficier, d'après
moi. À la limite, je pourrais peut-être accepter que l'auteur du
document donne les informations sur les circonstances dans lesquelles le
document a été fourni, mais de laisser cela ouvert à
n'importe quel fonctionnaire de n'importe quel organisme, personnellement, je
trouve cela très dangereux. Je crois que nous regretterons d'avoir fait
cette invitation dans le projet de loi.
M. Bertrand: M. le Président, là-dessus, j'avais
indiqué que pour être concordant - et c'est là que
m'apparaît être le compromis introduit dans l'article 47... Il faut
se rappeler que, lorsque nous avons étudié l'article 50, il y
avait un deuxième alinéa qui se lisait de la façon
suivante...
M. French: Je m'excuse, est-ce qu'on a laissé tombé
cela? Mes commentaires...
M. Bertrand: Je m'excuse. Le deuxième alinéa,
j'allais ajouter... Le deuxième allinéa se lit comme suit: "II
peut, en donnant communication d'un document, transmettre au requérant
un commentaire sur son caractère, sa portée ou sa valeur." Cela
tomberait.
M. Bissonnet: C'était biffé.
M. Bertrand: On le bifferait et, à la demande même
de l'Opposition, c'est au paragraphe 1 de l'article 47 - je l'avais
indiqué d'ailleurs, je ne me rappelle plus si c'est ce matin ou hier
soir ou dimanche ou samedi, je ne le sais pas - qu'on dirait: "1° donner
accès au document, lequel peut alors être accompagné
d'informations sur les circonstances dans lesquelles il a été
produit." Ce petit amendement avait été rédigé
à la main sur une feuille et l'Opposition nous avait dit: Oui, si on
pouvait avoir cela, il serait probablement intéressant de regarder ce
qu'on peut faire de ce côté. Mais cela impliquait qu'on
retranchait le deuxième alinéa de l'article 50.
M. French: Le premier alinéa. Le deuxième, oui. M.
le Président, je voudrais m'excuser auprès du ministre parce que
j'étais absent lorsque cette décision a été prise.
Je ne retire pas, par contre, je dis que le sous-amendement est une nette
amélioration. Il n'y a pas de question là-dessus. Je pense
quand même qu'on aurait dû le biffer totalement du projet de loi.
Je suggère quand même au ministre d'insister pour que ce soit
l'auteur du document qui fournisse les informations sur les circonstances dans
lesquelles le document a été produit. (16 h 45)
M. Bertrand: Donc, pour bien se comprendre, l'article 9 qui
était suspendu serait maintenant adopté. C'est une motion que je
fais. On va bien se comprendre. L'article 9...
Le Président (M. Laplante): L'article 9? M. Bertrand:
Oui.
Le Président (M. Laplante): Écoutez un peu, on ne
peut pas sauter de l'un à l'autre comme cela. Je vous autoriserais
à parler de l'article 9 mais, nous sommes à l'article 47.
M. French: M. le Président, nous avons devant nous,
à l'article 47, deux sous-amendements de concordance. Nous discutons de
l'article 9, du deuxième sous-amendement et...
M. Bertrand: 50 et 136.
M. Rocheleau: 47, 50 ont été suspendus aussi.
M. Bertrand: 9, 47, 50 et 136.
M. French: Le ministre voit cela comme un ensemble, mais il y a
deux...
M. Bertrand: C'est l'approche allemande, c'est la gestalt.
M. French: Oui, j'aime bien la gestalt du ministre, mais comme le
ministre le sait, dans les tests Rorschhach, il y a deux côtés.
Alors, je l'invite à voir les deux côtés du gestalt.
M. Bertrand: Les deux faces de Janus.
M. French: C'est cela, justement. Une des faces de Janus est 9,
47,2 deuxième sous-amendement et 134; l'autre face de Janus est 50 et le
premier sous-amendement de 47. Je suis prêt à discuter de l'une ou
de l'autre, mais sauter de l'une à l'autre, je pense qu'on ne devrait
pas le faire.
Le Président (M. Laplante): Moi, ça ne me fait
rien, mais je ne voudrais pas être à la place de ceux qui ont
à réviser et à lire le journal des Débats. Je pense
que c'est mon rôle de faciliter leur tâche et leur
compréhension. J'aimerais bien que vous vous en teniez à
l'article 47. Faites référence si vous voulez à l'article
9, je n'y vois pas d'obstacle, et à l'article 136, mais on va adopter ou
rejeter l'article 47, on va faire l'un des deux.
M. French: Je voudrais suggérer au ministre qu'on parle
d'abord de l'article 47, premier sous-amendement, et de l'article 50. On a
parlé de l'article 50. Je pense qu'on peut disposer du premier
sous-amendement assez facilement. Il n'est pas prêt à aborder la
question de limiter cela à l'auteur; donc, je pense qu'on sera d'accord
pour adopter le sous-amendement sur division.
Le Président (M. Laplante): On va adopter sur division le
premier amendement de l'article 47 présenté par le ministre. On
est d'accord?
M. French: D'accord. M. Bertrand: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, l'article n'est
pas adopté. Vous voulez retourner à quel article?
M. Bertrand: Article 50.
M. French: On ne l'a pas laissé tomber encore?
M. Bertrand: Oui. De concordance, M. le Président.
M. French: D'accord, prenons l'article 50. Je m'excuse, prenons
l'article 50.
Le Président (M. Laplante): Nous suspendons encore une
fois l'article 47, on s'en va à l'article 50. Si vous voulez lire
l'amendement, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bertrand: Oui. Retirer, biffer le deuxième
alinéa de l'article 50.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante):
Amendement adopté. Article 50?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Bon, en voilà un de
terminé.
M. Bertrand: Nous revenons à l'article 47.
Le Président (M. Laplante): On rappelle l'article 47.
M. Bertrand: Deuxième amendement. Le Président
(M. Laplante): Deuxième
amendement.
M. Bertrand: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Westmount.
M. French: Sur le deuxième amendement... Avons-nous
adopté l'article 9?
M. Bertrand: Non.
M. French: Non. Nous adoptons ce sous-amendement-ci d'abord.
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Le deuxième amendement
de l'article 47 est adopté. Maintenant...
M. Bertrand: ... article 136.
Le Président (M. Laplante): Une minute; L'article 47, tel
que modifié par les deux amendements, est-il adopté?
M. Bertrand: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 47, adopté.
Maintenant, on va à l'article 9.
M. Bertrand: Article 136.
Le Président (M. Laplante): On va retourner à
l'article 136.
M. Bertrand: Parce que si on n'insère pas l'amendement
à l'article 136...
M. French: ... on n'adoptera pas l'article 9.
M. Bertrand: ... on n'adoptera pas l'article 9.
Le Président (M. Laplante): Article 136. M. French:
Amendement adopté.
Le Président (M. Laplante): Bon. L'amendement à
l'article 136 est adopté tel qu'indiqué.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, article 136.
M. French: Je voudrais... Non, adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 136,
adopté.
M. French: Oui.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on revient à
l'article 9?
M. French: Je pense que j'aimerais cela.
Le Président (M. Laplante): Article 9. Un coup parti, il y
a l'article 8 aussi, il ne faudrait pas l'oublier.
Une voix: II y en a une série.
M. Bissonnet: Vous êtes au courant de ce qui se passe, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): II faut se placer.
M. Bertrand: II fait très bien ça.
M. Bissonnet: II m'impressionne. Il est très docile comme
président. Il fait très bien ça. Au contraire de la
Chambre. Vous devriez toujours être président.
Le Président (M. Laplante): Article 9. M. le ministre,
vous avez des amendements?
M. Bertrand: Je comprends, M. le Président, on a fait des
amendements aux articles 47, 50 et 136 pour permettre à l'article 9 de
passer dans la poêle à beurre.
M. French: Adpté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): C'est parce que j'ai des
choses d'inscrites ici et je veux que ce soit clair. Est-ce que l'article 9 se
lirait comme suit: "Toute personne qui en fait la demande a droit
d'accès aux documents d'un organisme public. "Ce droit ne s'étend
pas aux notes personnelles inscrites sur un document, ni aux esquisses,
ébauches, brouillons, notes préparatoires ou d'autres documents
de même nature."
M. Bertrand: Ou autres documents.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, c'est vrai. "...
ou autres documents de même nature." Maintenant, cet article 9 serait
adopté tel quel?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Cela fait plaisir. Maintenant,
l'article 8 est suspendu. Pourquoi? C'est un autre chapitre.
M. Bertrand: II y a un amendement qui s'en vient
là-dessus.
Révision et appel (suite)
Le Président (M. Laplante): On va aller à l'article
137 dans ce cas. Article 137.
M. Guay: L'article 136 est-il adopté? M. Bertrand:
Oui.
Le Président (M. Laplante): L'article 136 est
adopté. Article 137 maintenant.
M. Bertrand: Adopté, M. le Président.
M. French: On se demande pourquoi le délai pour le tiers
est de 15 jours alors que pour le demandeur il y a un délai de 30
jours.
M. Bissonnet: Bonne question.
M. Bertrand: M. le Président, faisons l'addition des
délais et on va comprendre un peu mieux pourquoi l'article 137 est
rédigé comme il l'est. Déjà, à l'article 49,
puisqu'on y fait référence, on a des délais qui sont
indiqués: 20 jours pour avis au demandeur et au tiers,
c'est-à-dire pour que le tiers donne la possibilité de rendre
accessible le document; 20 jours pour observation du tiers; 15 jours pour la
décision du tiers et 15 jours pour accorder l'accès et ainsi
permettre au tiers de demander une révision. Cela fait 20 plus 20, 40,
plus 15, 55, plus 15, 70. On pense que c'est raisonnable.
M. French: M. le Président, je voudrais demander
l'indulgence du ministre. On pourrait l'adopter et étudier ce qu'on
vient de dire et si on a des problèmes avec cela, est-ce qu'on peut
revenir?
M. Bertrand: Ah oui.
M. Bissonnet: Le ministre de son propre chef acceptera.
Le Président (M. Laplante): S'il ne veut pas, j'y verrai.
Est-ce que l'article 137 sera adopté?
M. Bertrand: M. le Président, je vais faire appel à
la Commission des droits et libertés de la personne pour me
protéger.
Le Président (M. Laplante): L'article 137 est
adopté, sous réserve d'y revenir si le besoin s'en fait
sentir.
M. Bertrand: Oui.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Voyez-vous, je
me suis protégé tout de suite. J'appelle l'article 138.
M. Bertrand: 130 quoi?
Le Président (M. Laplante): 138.
M. Bertrand: Cela va.
M. French: M. le Président, nous avons
suggéré lors du débat de deuxième lecture que le
requérant ait le choix d'exposer brièvement les raisons pour
lesquelles la décision devrait être révisée, mais
que cela ne devienne pas une exigence. C'est parce qu'on ne veut mettre aucune
barrière devant le requérant. Je pense qu'on devrait donner un
droit au requérant en inscrivant, au lieu de "doit", dans la
première ligne, le mot "peut." Il est extrêmement difficile, M. le
Président, d'exposer brièvement les raisons pour lesquelles la
décision devrait être révisée, lorsque tout ce que
l'on a, c'est le paragraphe d'une lettre de fonctionnaire qui dit que, suivant
les articles suivants du projet de loi no 65, on ne peut vous permettre
l'accès aux documents que vous avez demandés. Vous avez le droit
d'en faire appel à la commission, etc. C'est tout ce que l'on a, on n'en
a pas plus après qu'avant; dans plusieurs cas, on n'aurait eu
accès à aucun document.
M. Guay: Si la réponse du fonctionnaire est aussi
brève, l'exposé des raisons par le requérant va
l'être aussi. Cela va se limiter à dire que le fonctionnaire est
dans l'erreur...
M. French: Sauf que le...
M. Guay: II est habituel, je pense, lorsqu'on en appelle à
un organisme, au moins de dire, en deux lignes ou plus, si nécessaire -
cela peut être davantage - en quoi...
M. French: ... M. le Président.
M. Guay: Lorsqu'on en appelle à un organisme, il est
habituel, au moins pour les fins de l'organisme, de lui dire pourquoi on en
appelle. Si on dit tout simplement: J'en appelle, s'il fallait que l'organisme
appelle au téléphone la personne pour dire: Pour quelle raison
n'êtes-vous pas d'accord avec la décision qui a été
rendue... Comme je le dis au député, si la réponse du
fonctionnaire dont appel est fait est aussi brève que celle qu'il a
mentionnée, les motifs vont être brefs dans l'appel, cela prend
une ligne ou deux.
M. French: M. le Président, je peux d'abord assurer le
député que les réponses vont être aussi
brèves que cela, parce que je les ai vues dans d'autres juridictions qui
sont effectivement du même type. Deuxièmement - et je pense que
ceci est plus important -je ferai remarquer aux députés et au
ministre que ceci n'est pas un droit d'appel au sens que nous le connaissons
dans notre droit actuel. Le fardeau de la preuve reste sur l'organisme public.
Donc, il me semble un peu aberrant de demander un exposé en
plus de l'appel. Qu'on donne la possibilité, le choix, j'en suis,
mais qu'on demande à la personne d'exposer brièvement... Je pense
tout simplement à la personne qui ne veut pas avoir recours à un
avocat, qui se sent un peu mêlée dans tout l'appareil
bureaucratique qui existera inévitablement autour de l'administration de
la loi; je dis tout simplement qu'on doit changer "doit" pour "peut" dans un
tel cas.
M. Bertrand: M. le Président, voulant poursuivre dans la
bonne veine qui nous caractérise depuis le début, je pense
personnellement que la personne qui effectue une demande de révision a
intérêt à exposer, pas même brièvement, le
plus clairement possible et de façon exhaustive les raisons pour
lesquelles la décision devrait être révisée.
Maintenant, de là à lui en faire une obligation, comme le fardeau
de la preuve appartient à l'organisme public, je ne vois pas d'objection
personnellement à ce que nous remplacions le mot "doit" par le mot
"peut".
M. French: Est-ce qu'on peut, M. le Président, selon nos
bonnes habitudes faire un amendement formel?
Le Président (M. Laplante): Faites-le verbalement, vu
qu'il y a seulement un mot.
M. French: Que le premier alinéa de l'article 138 soit
modifié en remplaçant, dans la première ligne, le mot
"doit" par le mot "peut".
Le Président (M. Laplante): L'amendement est-il
adopté?
Adopté. (17 heures)
Est-ce que l'article 138 tel qu'amendé sera adopté?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): Adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 139.
M. Bertrand: L'article 139 est très intéressant.
C'est justement de faire en sorte - je pense qu'on va tout à fait dans
l'esprit de l'accès - de permettre qu'une personne soit
aidée.
M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le ministre.
M. Bertrand: Pour les fins de la bonne compréhension de
l'amendement à l'article 138 - je ne sais pas comment vous l'avez
reçu - il y a deux "doit" à la première ligne; alors, il
faudrait enlever un "doit".
Le Président (M. Laplante): "La demande de révision
doit être faite par écrit; elle peut exposer brièvement les
raisons pour lesquelles la décision devrait être
révisée.
Avis en est donné à l'organisme public par la
commission.
Lorsque la demande de révision porte sur le refus de communiquer
un renseignement fourni par un tiers, la commission doit..." On va remplacer le
"doit" par "peut" aussi. Est-ce que vous êtes d'accord?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): Le deuxième amendement
est adopté. Je m'excuse, mais on va réadopter l'article...
M. Bertrand: Non, non, il n'y a pas... Une voix: Non, non,
non, non.
M. French: C'était le même amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): C'était le même
amendement.
M. French: Oui. Vous avez identifié la portée de
notre amendement qui n'était pas suffisamment précise.
M. Bertrand: C'est parce qu'il y a deux "doit" à la
première ligne.
Le Président (M. Laplante): II faut que les deux "doit"
soient changés en "peut".
M. Bertrand: Non, seulement le deuxième.
M. French: Non. Vous avez bien fait cela, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Seulement le deuxième,
je m'en excuse. On va laisser le "doit" à la première ligne;
est-ce que c'est cela?
M. French: Vous laissez le premier "doit".
M. Bertrand: Celui de la première ligne.
Le Président (M. Laplante): C'est ce que j'ai dit.
M. French: Oui, mais le deuxième "doit" par contre,
à la première ligne, se change en "peut".
Le Président (M. Laplante): Oui, d'accord.
M. Bertrand: C'est ce qu'on appelle l'amendement Terrebonne.
Le Président (M. Laplante): Comme cela, il n'y a rien
à changer dans le troisième paragraphe là-dessus. Comme
cela, j'étais correct dès le début. Pour les fins du
journal des Débats, à l'article 138, à la fin de la
première ligne, le mot "doit" est changé pour le mot "peut".
M. Bertrand: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): C'est le seul amendement qu'il
y a dans l'article 138. L'article 138 est adopté tel qu'amendé.
J'appelle l'article 139. Est-ce que c'est clair? D'accord.
M. French: L'article 139 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté, merci,
monsieur.
J'appelle l'article 140.
M. Bertrand: Je pense que cela répond en partie à
l'une des questions qu'on a posées tout à l'heure. Voici une
première règle de procédure qui est plus explicite. Elle
est très importante dans la mesure où il y aurait des
problèmes qui se poseraient, par exemple, dans certaines régions
du Québec ou à Montréal; elle permet à un membre de
se déplacer et d'aller...
Une voix : Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'article 140 est
adopté. J'appelle l'article 141.
M. Bertrand: Tout simplement pour énoncer le droit
fondamental des personnes de présenter leurs observations.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. French: M. le Président, je me sens très mal
à l'aise de m'opposer à ce droit fondamental. Par contre... Non,
mais un instant, M. le député de Taschereau, je réussirai
peut-être à vous convaincre.
M. Bertrand: Vous avez réussi plusieurs fois depuis le
début de la commission.
M. French: Je vais vous dire...
M. Bertrand: J'ai l'impression que le Conseil des ministres va me
faire une motion de blâme.
M. French: Ce serait un honneur. M. le Président, ce qui
m'inquiète quant à l'article 141, c'est la possibilité qui
est donnée aux institutions de notre société qui
représentent des concentrations de pouvoirs, tels les syndicats, les
corporations, les municipalités et tout cela, de demander de droit une
séance devant la commission et inévitablement d'entraîner
tout l'appareil judiciaire, les règles de procédure, les
règles de preuve et tout cela...
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer, on vous
entend très bien.
M. French: Non, je peux bien, mais je n'en ai pas l'intention.
C'est juste une question pratique. Alors, ma préoccupation, c'est que je
veux éviter, comme le ministre, toutes les dépenses et tous les
frais d'honoraires, etc. impliqués lorsqu'un requérant se trouve
face au contentieux de l'organisme public, et je me demande si on ne devrait
pas dire: "La commission peut donner aux parties" plutôt que "la
commission doit donner aux parties." ce n'est pas une protection absolue, loin
de là, du danger que j'évoque, mais moi, je veux permettre
à la commission de mettre toutes les chances de son côté et
d'éviter cette situation.
M. Bertrand: Au nom même de ce que j'appellerais, vous
l'avez évoqué vous-même, le droit fondamental des gens de
se prévaloir de toutes les dispositions des lois pour présenter
leur argumentation, si on laisse à la commission le pouvoir
discrétionnaire d'entendre ou de ne pas entendre les parties et de leur
permettre de présenter leurs observations, je trouve qu'il y a un
risque, je pense que le député de Westmount le sent aussi bien
que moi, et il voudrait probablement tenter de contourner cette
difficulté.
M. French: M. le Président, je voudrais expliquer au
ministre ce que j'accepterais et là où je tente d'indiquer qu'il
y a un problème, d'après moi. Si une personne physique veut
défendre son droit à la vie privée, j'accepterai qu'elle
ait le droit de comparaître. Si le requérant est une personne
physique, j'accepterai qu'il a ou qu'elle a le droit de comparaître, mais
de là à dire que les gens doivent être entendus,
entendons-nous sur ce que cela veut dire, les gens, parce que... Non, je
m'excuse, mais le ministre l'a dit, il a dit que les gens ont le droit de se
faire entendre.
M. Bertrand: Par les gens, j'entendais les parties, dans le
sens...
M. French: Je sais très bien.
M. Bertrand: C'est le responsable de l'accès...
M. French: Parfait.
M. Bertrand: C'est le requérant.
M. French: Très honnêtement, je me demande si, en ce
qui a trait au droit à l'accès aux documents, un organisme public
a nécessairement le droit de se faire entendre personnellement.
Évidemment, il a le droit de soumettre autant de documents qu'il veut,
il en a la prérogative - je pense que le député de Vachon
veut, M. le Président, vous signaler qu'il veut parler - mais les
organismes publics, ultimement, ne sont pas dans une situation où les
intérêts intimement liés à un individu sont
nécessairement en cause, sauf dans le cas d'un tiers où une
personne physique est requérante. Moi, je pense quand même qu'il y
aurait lieu de refaire l'article pour mieux situer et éclairer le cas
où les droits personnels sont vraiment en cause, pour simplifier
l'article et lui enlever toute la lourdeur possible dans une situation
où on invite à une lutte pour le pouvoir deux puissances pas
très égales, c'est-à-dire un requérant seul et une
institution très bien dotée de contentieux.
M. Guay: M. le Président, là-dessus, si vous le
permettez, le député de Westmount a tantôt signalé
justement à un article précédent que le fardeau de la
preuve repose sur l'organisme public, que la révision n'est pas un
mécanisme d'appel au sens habituel, puisque le fardeau de la preuve
continue de reposer sur l'organisme public. Là, ce qu'il nous
proposerait équivaudrait à dire que ce fardeau de la preuve,
l'organisme public ne peut même pas l'exercer, en ce sens que la
commission n'est pas tenue, pardon!
M. French: Par écrit.
M. Guay: Oui, mais, justement, si on lit l'article comme il faut,
il ne s'agit pas d'une audience solennelle en bonne et due forme, on dit que la
commission doit donner aux parties l'occasion de présenter des
observations, ça peut être par écrit, ça ne veut pas
dire qu'on fait une audience en bonne et due forme, mais seulement qu'on peut
difficilement enlever à l'organisme sur qui repose le fardeau de la
preuve le droit de présenter sa preuve et de dire pourquoi l'organisme
réagit comme cela, il y a un droit...
M. French: Le député de Taschereau me fait...
Le Président (M. Laplante): II ne faudrait pas non plus
enlever son droit de parole au député de Vachon.
M. French: Non, absolument pas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Le principe est très simple: si une
troisième partie veut se faire entendre ou faire enregistrer son point
de vue, il n'y a absolument rien qui puisse l'en empêcher. Justement,
l'esprit de l'article 141, à mon avis, à moins que je ne lise
mal, c'est tout simplement que cela donne aux parties l'occasion de se faire
entendre ou d'enregistrer leur point de vue. Je ne vois aucune
difficulté dans ceci, c'est un droit fondamental, d'ailleurs.
M. Bertrand: Ou de l'envoyer par écrit; quelle que soit la
forme, dans le fond, c'est présenter des observations. Cela peut
être fait sous quelque forme que ce soit.
M. Payne: Si je peux terminer, ma lecture de la situation c'est
que l'obligation n'est pas faite à la commission ipso facto, à
cause de cet article, de promouvoir ou de faire de la publicité aux
parties concernées, au contraire; mais, sur une demande quelconque, elle
est obligée de les entendre, de recueillir leurs observations.
Merci.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, le député de
Taschereau m'a clarifié l'intention de l'article. Je comprends donc
qu'il ne s'agit pas nécessairement d'une séance.
J'ai une autre suggestion à présenter et je voudrais voir
la réaction du ministre à cela: Que l'organisme public
concerné par une demande de révision doit présenter son
argumentation par écrit et en transmettre copie au demandeur dans la
mesure où c'est possible, en ce qui a trait aux exemptions
évoquées.
M. Bertrand: Je pense que ma réaction se lit dans le
visage du député de Westmount.
M. French: Oui.
M. Bertrand: Vous n'avez pas l'air très satisfait de votre
présentation.
M. French: En tout cas; je n'ai pas saisi cela, M. le
Président.
M. Bertrand: Parce que le député de Westmount m'a
dit: Je voudrais voir la réaction du ministre.
M. French: Oui.
M. Bertrand: Je dis que ma réaction se lit dans votre
visage.
M. French: C'est-à-dire que, enfin...
M. Bertrand: Cela a l'air laborieux. M. French: Oui.
M. Bertrand: Savez-vous quelque chose? Entre vous et moi, je
trouve que les commissaires ont été pas mal compétents de
rédiger en deux lignes quelque chose qui, à mon avis, tombe sur
le sens, dans la mesure où il ne s'agit pas effectivement, comme vous le
dites - et vous avez tout à fait raison - de convertir la commission
d'accès à l'information en un ban où les gens
comparaissent en mettant leur main sur la Bible, avec le troisième
étage pour les juges, le deuxième étage pour leurs
témoins et le premier étage pour la presse et le public.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, je pense que
l'article 141 est adopté.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article
142.
M. Bissonnet: Sur l'article 142, est-ce qu'on peut avoir le
consentement des membres de la commission pour permettre au
député de Louis-Hébert d'intervenir?
M. Clair: Le député de Louis-Hébert est
membre de la commission.
Le Président (M. Laplante): II est même membre de la
commission avec plaisir. Il a été ajouté.
M. Bissonnet: II a été ajouté; on l'a
ajouté hier, je n'étais pas ici au début.
Le Président (M. Laplante): Des remarques sur l'article
142, M. le ministre?
M. French: On va lui donner l'occasion de présenter ses
observations, dans l'esprit de l'article 141.
M. Bertrand: Pas de remarque.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Très brièvement; M. le Président,
je veux attirer l'attention du ministre tout simplement sur des
représentations qui m'ont été faites par les membres de
l'Institut d'histoire de l'Amérique française qui
s'inquiètent de la disparition d'un certain nombre de renseignements
qui, selon eux, sont essentiels pour qu'ils puissent faire leur acte de
recherches historiques. C'est tout simplement une préoccupation qu'ils
ont qui, me semble- t-il, est bien basée sur les faits, vue du bout de
la lorgnette des historiens. Je n'en fais pas une proposition d'amendement
comme telle. Je me réfère par exemple à l'article 142
où on dit que la commission peut ordonner d'effacer tout renseignement
nominatif. Alors, les gens de l'Institut d'histoire de l'Amérique
française m'ont fait valoir, comme ils l'ont peut-être fait valoir
au ministre aussi ou à l'adjoint parlementaire du ministre, que cela
avait pour effet tout simplement de menacer l'histoire du Québec, de ce
qu'ils appellent la banalisation, du fait qu'on aurait de la difficulté
à s'y retrouver, les renseignements personnels et les nominatifs
personnels étant disparus. Il y a des implications dans ce sens aussi
aux articles 53... Si vous me permettez, je ne vais pas revenir en
arrière, mais je signale tout simplement à l'attention du
ministre qu'il y a les articles 53, 90, 73 et 126 qui contiennent des
dispositions qui ont pour effet de rendre extrêmement difficile la
recherche historique; les historiens du Québec membres de l'Institut
d'histoire de l'Amérique française s'en inquiètent et,
d'après moi, peut-être à bon droit. (17 h 15)
II est évident qu'on a peut-être à trancher le
débat; il est peut-être difficile de résoudre cela à
la satisfaction de tout le monde, c'est-à-dire en protégeant les
droits individuels, les droits à l'intimité et à la
protection des renseignements qui nous sont personnels en même temps que
de permettre aux historiens éventuellement de pouvoir faire leur travail
avec les instruments dont ils ont besoin. J'attire tout simplement l'attention
du ministre sur ces problèmes et j'aimerais avoir son point de vue
là-dessus. Peut-être que cela pourra éventuellement
être corrigé dans un autre projet de loi qui touchera la
protection des archives ou l'accès aux archives. Le ministre peut-il
nous éclairer un peu là-dessus.
M. Bertrand: M. le Président, je pense que le
député de Louis-Hébert a tout à fait raison de
soulever cette question; effectivement, il y a un projet de loi sur les
archives qui viendra plus tard, probablement à l'automne ou au
début de l'année 1983. Or, les historiens, à juste titre,
peuvent à l'occasion demander d'avoir recours à des
renseignements qui, pour eux, à des fins qui n'ont rien à voir
avec l'accès à l'information immédiatement, peuvent avoir
un intérêt certain pour ce qui est de ce qu'on appelle l'histoire
contemporaine, ou même l'histoire ancienne, dans la mesure où les
renseignements ne sont accessibles qu'après plusieurs années; ils
peuvent désirer s'assurer que des renseignements qui peuvent être
d'une grande utilité ne soient pas jetés au panier,
complètement retirés ou banalisés, c'est l'expression
qu'on utilise. Nous sommes
prêts à regarder cela, il y a une chose que je voudrais
indiquer, c'est que le même Institut d'histoire de l'Amérique
française a fait parvenir un télégramme au
député de Trois-Rivières, qui a une longue formation
d'historien, et le député de Trois-Rivières m'a fait
parvenir une note. Je ne crains de rendre accessible toute information qui me
parvient dans le cadre de l'étude de ce projet de loi. L'institut
demande et insiste pour que le projet de loi sur l'accès à
l'information ne soit pas adopté avant le dépôt d'un projet
de loi sur les archives, parce que ces projets sont si étroitement
liés que leur contenu réciproque doit être connu pour
pouvoir évaluer l'un et l'autre.
Je pense effectivement que cette suggestion ne doit pas être
retenue. Il faut que nous procédions à l'adoption d'une loi
d'accès à l'information et cette loi d'accès à
l'information a des objectifs qui sont les siens et qui ne sont pas
contradictoires avec une loi des archives, mais qui n'ont rien à voir
avec une loi des archives. En d'autres mots, il s'agit de s'assurer qu'une loi
d'accès n'empêche pas l'existence d'une loi des archives mais il
ne faut pas que l'attente d'une loi sur les archives nous empêche d'avoir
une loi sur l'accès à l'information. Je crois qu'on peut
très bien distinguer la première opération de la seconde.
Je retiens la remarque du député de Louis-Hébert et nous
allons tenter de travailler dans ce sens pour bonifier l'article.
Le Président (M. Laplante): L'article 142 est
adopté?
M. Bertrand: Non, non.
M. Bissonnet: L'article 142...
Le Président (M. Laplante): Le micro n'est pas
éteint. Est-ce qu'on va pouvoir participer à la discussion? Le
député de Jeanne-Mance attend votre obédience.
M. Bertrand: Posons-nous ensemble la question. Imaginons qu'un
renseignement nominatif est retenu par un organisme public dans un fichier et
que la commission découvre à l'analyse ou bien sur
représentation faite par la personne concernée que ce
renseignement nominatif ne devrait pas être détenu par un
organisme public dans un fichier, parce que ce renseignement nominatif n'a rien
à voir avec la mission ou la vocation de cet organisme public, je pense
que la commission peut être autorisée à demander à
l'organisme de détruire, de retirer, d'effacer ce renseignement
nominatif. En d'autres mots, cela n'empêche pas d'atteindre l'objectif
souligné par le député de Louis-Hébert, mais le
député de Louis-Hébert parlait de renseignements
nominatifs qui ont été recueillis dans la cadre de la mission et
de la vocation d'un organisme public et aux fins des opérations et des
activités de cet organisme public, tandis qu'ici, à l'article
142, ce à quoi on fait allusion, ce sont des renseignements nominatifs
qui auraient été recueillis et qui seraient contraires à
la mission, à la vocation d'un organisme public. Donc, je pense qu'il
faut, au nom de la protection même de la vie privée des citoyens,
s'assurer que dans certains contextes, un renseignement nominatif mal
détenu, détenu contrairement à la loi qui permet à
un organisme de recueillir des renseignements, soit effacé.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance. M. le ministre, le député de Jeanne-Mance ne veut
pas parler, il veut avoir votre attention.
M. Bissonnet: Je vais attendre que vous ayez terminé.
M. French: Pourtant, on ne se plaint pas du fait que le
ministre...
M. Bissonnet: On ne se plaint pas, M. le Président.
M. French: Ce n'est pas cela le problème, c'est votre
impatience. On est prêt à attendre.
M. Bissonnet: Nous sommes très coopératifs,
très coopératifs. Notre collaboration est plus
qu'assurée.
M. Bertrand: M. le Président, je suis tout ouïe.
Le Président (M. Laplante): Oui. D'accord.
M. Bissonnet: Ce n'est pas la plus grande intervention que je
vais faire dans ma carrière politique, M. le Président.
M. Bertrand: Ce n'est pas comme pour votre idée brillante
sur les taxis, cet après-midi.
M. Bissonnet: Cela, écoutez... M. Bertrand: Ce
matin.
M. Bissonnet: Je ne peux pas vous le dire, vous verrez cela en
troisième lecture.
L'article 142: "La commission a tous les pouvoirs nécessaires
à l'exercice de sa juridiction..."
Je me demande pourquoi on indique cela à l'article 142, parce
que, évidemment, tous les pouvoirs sont définis dans la loi. Tous
les pouvoirs que la commission a, sont définis dans cette loi-là
et, dans un article,
on dit soudainement que la commission a tous les pouvoirs
nécessaires à l'exercice de sa juridiction. Je ne vois pas du
tout ce que cela vient faire là, M. le Président? Le
libellé? Dans cet article, inscrit dans un chapitre où on parle
de révision et appel, on peut dire: la commission peut rendre toute
ordonnance, mais je me demande au point de vue légal, au nom de quelle
importance on vient inscrire, à l'article 142, que la commission a tous
les pouvoirs nécessaires à l'exercice de sa juridiction, parce
que les pouvoirs sont définis tout au long de la loi. Je ne vois pas
pourquoi on indique cela.
M. Bertrand: C'est une...
M. Bissonnet: Cela pourrait tenir à plusieurs articles
cela, quant à en mettre.
M. Bertrand: Oui, mais c'est une phrase de portée
générale, justement, pour ne pas la mettre à tous les
articles.
M. Bissonnet: Bien non!
M. Bertrand: C'est une phrase de portée
générale que les légistes introduisent quand il s'agit de
traiter des organismes quasi judiciaires et qui permet à tel organisme
quasi judiciaire de se prévaloir de tous les pouvoirs qui lui permettent
d'exercer sa juridiction. C'est une phrase "banale" qui est la formule
consacrée pour simplement indiquer que cet organisme quasi judiciaire
peut considérer qu'il a les pouvoirs normalement dévolus aux
organismes du même type.
M. Bissonnet: Parce qu'ils sont définis à
l'intérieur de la loi, les pouvoirs.
M. Bertrand: Oui, mais c'est plus que cela.
M. Bissonnet: Cela ne donne pas grand-chose de plus.
M. Bertrand: Et donc tout ce qui s'ensuit avec les fonctions
établies et tout ce qui s'ensuit, c'est la phrase "... a tous les
pouvoirs pour l'exercice de sa juridiction." Vous savez, M. le
député de Jeanne-Mance, je l'ai dit tout à l'heure, vous
n'étiez pas là, à ce moment, mais dans les projets de loi
et quand on va au comité de législation, il y a des phrases qui
sont transmises par les légistes et qui sont des phrases usuelles
utilisées pour tous les projets de loi où il est question
d'organismes quasi judiciaires. Ils ont une portée
générale et cela permet aux tribunaux qui ont à juger au
moment des appels sur les questions de droit et de compétence de la
pertinence des gestes posés par la commission. Si on ne dicte pas cela,
il est bien clair que s'il y a un appel, la commission ne peut pas se
présenter en disant: Écoutez, il a été
stipulé dans notre loi qu'on avait tous les pouvoirs nécessaires
à l'exercice de notre juridiction. Cela fait partie, à mon avis,
de ces éléments fondamentaux qui permettent à la
commission d'accès à l'information de pouvoir se défendre
devant une Cour d'appel relativement aux questions de droit et de
compétence.
Le Président (M. Laplante): L'article 142 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 143.
M. Bissonnet: Pas de problème, le ministre m'a
convaincu.
Le Président (M. Laplante): Pas de problème.
M. Bissonnet: Vous êtes convaincant, ça n'a pas de
bon sens!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Westmount. L'article 143.
M. French: Je pense qu'il s'agit de demander au ministre ce que
cela veut dire.
M. Bertrand: Cet article, M. le Président, a pour objectif
de prévoir que la commission peut, lorsqu'elle rend une décision
- parce que cela va être sa responsabilité de rendre des
décisions lorsqu'il y a une demande de révision -reconnaissant
l'existence d'un droit, faire en sorte que, par la suite, comme corollaire de
prévoir les conditions d'exercice de ce droit. C'est aussi simple et
clair que cela. Il y a un droit...
M. French: C'est simple, oui, mais ce n'est pas clair.
M. Bertrand: "... assujettir l'exercice d'un droit..." Les gens
se présentent devant la commission d'accès à l'information
et, se prévalant d'un droit, il faut bien que la commission puisse, en
s'appuyant sur la présente loi, pouvoir décider et poser les
conditions qu'elle juge appropriées pour l'exercice de ce droit. En
fait, cela ne porte que sur l'exercice d'un droit, sur la manière de
consulter ou de se faire divulguer un renseignement ou un document. Elle peut,
lors de la décision qu'elle rend sur une demande de révision,
dire: Vous pouvez maintenant vous rendre à tel endroit et, sur place,
les gens vous permettront d'avoir accès aux documents qu'on vous avait
refusé et maintenant qu'on a décidé qu'ils
étaient
accessibles vous allez pouvoir les consulter à l'endroit que nous
vous indiquons.
M. French: M. le Président, je soumets respectueusement au
ministre que l'exemple qu'il a évoqué n'est pas du tout
touché par 143 parce que les exemples qu'il donnait étaient les
conditions que devrait remplir l'organisme public. Ce n'était pas
d'assujettir l'exercice d'un droit conféré par la présente
loi aux conditions qu'elle juge appropriées.
M. Guay: Bien sûr que cela l'était. Si on se
souvient, ailleurs dans la loi ou dans le projet de loi, on parle de
photocopies, de la taille des documents et, dans certains cas, on dit:
L'organisme n'a pas nécessairement l'obligation de reproduire certains
documents qui sont, par leur volume et par leur taille, difficiles à
reproduire et qui sont néanmoins accessibles au public sur place
à cause de circonstances particulières. Si la commission en
révision devait donner le droit de consulter le document, le droit
d'avoir accès à ce document sans préciser ce genre de
condition, il se pourrait que ce qui est dit ailleurs pour le responsable de
l'organisme public, à qui on ne fait pas obligation de faire photocopier
de choses qui ne sont pas photocopiables, que l'ouverture que ferait la
commission en révision permettrait ensuite à l'individu de se
retourner ensuite vers le responsable de l'organisme public et dire: La
commission m'a donné le droit. Maintenant, photocopiez ou enfin, faites
le nécessaire à grands frais ou enfin avec beaucoup de
complications pour quelque chose qu'ailleurs dans la loi on reconnaît
n'être pas pratique et qu'on n'impose pas en première instance, en
quelque sorte. (17 h 30)
M. French: Encore une fois, il me semble que, s'il s'agit des
coûts, l'organisme public a tout le droit de demander que les frais
soient encourus par le requérant, même si les frais sont
très élevés. Si le requérant ne paie pas, il n'aura
pas accès aux documents. Ce qui me trouble là-dedans... Je ne
veux pas imputer de mauvaise foi à qui que ce soit, mais j'essaie de
comprendre, selon mon rôle de législateur, ce qu'on me demande
d'appuyer. Je n'ai pas encore saisi...
M. Bertrand: Très bien, prenons un contexte très
clair. Je me présente devant la commission d'accès à
l'information, je fais une demande de révision parce que le
ministère de l'Environnement a refusé de me remettre un document
relatif à l'impact de l'implantation d'un centre d'enfouissement
sanitaire à Blainville. La décision a été prise de
le faire, je veux avoir l'analyse de l'impact, etc. On ne me la donne pas. J'y
vais et la commission me dit: Vous avez raison, vous avez droit d'avoir ce
document. Point. Alors, je m'en vais, je retourne au ministère de
l'Environnement et je dis: J'ai le droit d'avoir ce document. C'est ou cela,
c'est-à-dire, dans le fond, ne rien indiquer quant aux conditions
qu'elle juge appropriées pour l'exercice du droit, ou bien cela me
paraît rendre un service. La personne a gain de cause et la commission,
pour s'assurer que non seulement la personne vient d'obtenir le droit, mais
qu'elle peut maintenant l'exercer, on fait en sorte qu'elle puisse indiquer les
conditions qu'elle juge appropriées pour que maintenant l'exercice du
droit puisse se faire et pas seulement que le droit soit reconnu.
En d'autres mots, c'est cela ou rien. Si vous dites rien, moi je dis
qu'on donne moins de services à ce moment-là au requérant.
Si c'est cela, je dis qu'à ce moment-là la commission rend un
précieux service au requérant.
M. Guay: En complément de réponse, puis-je attirer
l'attention du député de Westmount sur l'article 10?
C'était l'article auquel je faisais référence tantôt
sans me souvenir de son numéro. On dit: "Le droit d'accès
à un document s'exerce par consultation sur place pendant les heures
habituelles de travail. "Il s'exerce également par l'obtention d'une
copie du document, à moins que sa reproduction ne nuise à sa
conservation ou ne soulève des difficultés pratiques
sérieuses en raison de sa forme." Cela a été
modifié depuis, je pense, mais, peu importe, l'idée demeure.
Le responsable de l'accès, au niveau de l'organisme public, peut
dire: Oui, on a le document, mais sa reproduction nuirait à sa
conservation. Donc, on ne peut pas le reproduire, mais vous pouvez le consulter
en le regardant. Disons que le responsable a fait le contraire, qu'il ait dit:
Non, vous n'avez pas le droit de le voir. On en appelle à la commission
et, en révision, la commission dit: Mais oui, vous avez droit
d'accès. Seulement, elle ne précise pas comment. La personne
revient devant le responsable de l'organisme et dit: Voilà, la
commission a renversé votre décision, elle me dit que j'ai droit
d'accès sans aucune nuance. Maintenant, photocopiez le document. Elle
est en droit de le demander puisque la commission lui a reconnu un droit sans
aucune restriction quant aux modalités de son exercice, alors que
l'exercice de ce droit, en première instance, le responsable peut
l'atténuer compte tenu des circonstances. C'est simplement permettre
à la commission de faire ce qu'on permet au responsable en
première instance.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vachon.
M. Payne: N'est-il pas vrai que l'article
en question ne propose que de donner à la commission le
privilège, si vous voulez, d'adjuger l'exercice du droit, d'une part, et
que, d'autre part, cela fait une nette distinction entre un droit et l'exercice
de ce droit? Il me semble que c'est une façon éloquente et
éminemment pratique de donner le privilège à la commission
de suggérer des modalités justement pour permettre l'exercice du
droit qui est confié par la loi. Si j'ai raison, je l'appuie sans
réserve.
Le Président (M. Laplante): L'article 143 est-il
adopté?
M. French: Non, M. le Président. Le Président
(M. Laplante): Non.
M. French: Je me demande si le ministre serait d'accord pour
essayer une autre formule qui viserait les exemples qui ont été
mentionnés. On pourrait essayer tout de suite ou suspendre cela et
tenter de revenir avec un projet d'amendement, de notre côté.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. French: Je vais vous dire pourquoi cela devient
problématique pour nous. C'est le langage: assujettir l'exercice d'un
droit conféré par la présente loi. Si on me dit que la
commission a le droit de spécifier les conditions sous lesquelles
l'accès aux documents pourrait se faire, là, à ce moment,
je suis beaucoup moins inquiet. Je ne sais pas si je chasse des
problèmes qui n'existent pas, mais c'est le langage qui me tracasse un
peu, parce qu'il implique que pour un droit qu'on pourrait avoir, la commission
peut, sans vraiment avoir de critère, décider de le changer de
façon assez fondamentale. Les exemples n'étaient pas fondamentaux
quant à moi. Il me semble que le droit qui est conféré
à la commission d'assujettir l'exercice d'un droit conféré
soit assez large. C'est pour cela que je voudrais avoir...
M. Bertrand: Si j'avais un amendement qui se rédigerait,
à peu près, de la façon suivante: La commission peut, en
décidant d'une demande de révision, fixer les conditions qu'elle
juge appropriées pour faciliter l'exercice d'un droit
conféré par la présente loi. Est-ce que ce serait un type
d'approche qui conviendrait à mon collègue?
M. French: Oui. Ce serait une amélioration.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous
l'écrire?
M. Bertrand: Je vais le relire, je vais faire demander le ruban,
M. le Président, dans mon cerveau et tenter de le relire lentement pour
qu'on puisse, peut-être, en prendre note.
Le Président (M. Laplante): On pourra le corriger ici.
M. Bertrand: "La commission peut, en décidant d'une
demande de révision, fixer les conditions qu'elle juge
appropriées pour permettre l'exercice d'un droit conféré
par la présente loi."
Le Président (M. Laplante): Est-ce que cet amendement sera
adopté? L'amendement sera-t-il adopté?
M. French: M. le Président, j'aimais beaucoup le mot
"faciliter", au lieu du mot "permettre", et que le ministre a employé la
première fois qu'il a donné son projet d'amendement. Je ne sais
pas pourquoi il a changé. Ne serait-il pas prêt à employer
"faciliter"? Un substitut...
M. Bertrand: Toujours prêt.
Le Président (M. Laplante): Pour "faciliter".
M. French: Au lieu de "permettre", on substitue le mot
"faciliter". À ce moment, on est tout à fait d'accord, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Aussitôt qu'il sera
écrit, on va relire l'amendement pour le faire adopter et après
cela l'article. On va suspendre 143 pour quelques minutes. On va à
l'article 144.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 144, adopté.
J'appelle l'article 145.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 145 est
adopté.
M. French: Je m'excuse, M. le Président, une erreur
d'imprimerie, je crois. À l'article 145, cela devrait être au lieu
de 149, 148.
Le Président (M. Laplante): 148 à la place de 149,
dernière ligne du premier paragraphe. L'amendement est-il adopté?
Article 145 adopté tel qu'amendé.
M. French: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 146.
M. French: M. le Président, on ne commence pas, à
17 h 40, l'article 146.
Le Président (M. Laplante): Vous êtes prêts
pour 146?
M. Bertrand: On commence à 17 h 40.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous êtes
prêts pour l'article 143.
M. Guay: On ne le finira pas nécessairement.
M. Bertrand: Voulez-vous qu'on aille à l'article 147?
Le Président (M. Laplante): On va adopter l'article
143.
M. Bertrand: Voulez-vous qu'on revienne en arrière?
Le Président (M. Laplante): Je vais rappeler l'article 143
qu'on a suspendu...
M. Bertrand: Je suis au service de la commission.
Le Président (M. Laplante): ... pour adopter l'amendement
qui a été lu tout à l'heure. Si vous voulez relire
l'amendement à l'article 143, M. le ministre, pour que cela soit
conforme. À l'article 143.
M. Bertrand: L'article 143 serait modifié en
remplaçant tous les mots, à partir du mot "révision"
à la deuxième ligne, par les mots suivants: "... fixer les
conditions qu'elle juge appropriées pour faciliter l'exercice d'un droit
conféré par la présente loi." L'article se lirait donc
comme suit: "La commission peut, en décidant d'une demande de
révision, fixer les conditions qu'elle juge appropriées pour
faciliter l'exercice d'un droit conféré par la présente
loi."
Le Président (M. Laplante): L'amendement est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 143 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Merci. L'article 146.
M. Bertrand: On va aller à l'article 147, M. le
Président, puisque si on...
Le Président (M. Laplante): On suspend l'article 146 pour
aller à l'article 147. L'article 147 est-il adopté.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 147 est
adopté.
J'appelle l'article 148.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 148 est
adopté.
J'appelle l'article 149.
M. French: Je suis convaincu qu'il y a une explication pour cet
article, faudrait quand même qu'on le mette sur le record. Cette loi est
une formule standard pour...
M. Bertrand: Non, c'est qu'en permettant au juge en chef ou au
juge en chef associé de désigner les juges de la Cour provinciale
pour remplir cette mission, cela permettra - ce n'est pas ce que
j'espère - à un certain nombre de juges de se spécialiser
et d'acquérir l'expertise nécessaire dans le cadre de cette loi,
en fait c'est du droit nouveau.
M. French: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): L'article 148 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 149 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 150 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 150 est
adopté.
J'appelle l'article 151.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 152.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 153.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 154.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle
l'article 155. "La décision des trois juges à une Cour
provinciale est sans appel."
M. Lalonde: M. le Président. Le Président (M.
Laplante): Oui.
M. Lalonde: Je voudrais simplement qu'on nous enlève un
doute. L'article 155 veut rendre finale la décision des trois juges de
la Cour provinciale, mais ne prétend pas enlever le pouvoir de
surveillance de la Cour supérieure sur l'organisme. (17 h 45)
M. Bertrand: Je m'excuse auprès du député de
Marguerite-Bourgeoys, mais je ne suis tellement pas familier avec les
responsabilités de la Cour provinciale et de la Cour supérieure
que j'aurais besoin de son éclairage pour m'indiquer la voie que je dois
maintenant...
M. Lalonde: Peut-être que le ministre pourrait demander
l'éclairage de ceux qui ont composé la loi.
M. Bertrand: II n'y a pas de clause privative, me dit-on...
M. Lalonde: Pour les brefs de prérogative.
M. Bertrand: ... pour ce qui est de l'exercice d'une juridiction
de la Cour supérieure relativement à une décision de la
Cour d'appel.
M. Lalonde: C'est strictement l'appel qui est interdit.
M. Guay: C'est cela. M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Laplante): D'accord. L'article 155 est-il
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Chapitre VI, la
réglementation. C'est vite passé cela, je pense. J'appelle
l'article 156.
M. French: M. le Président, je vais suggérer que,
tant qu'on n'aura pas touché à plusieurs articles fondamentaux du
projet de loi, on ne commence pas l'étude de la réglementation.
Je pense que ce serait mettre la charrue devant les boeufs plus qu'on ne l'a
déjà fait.
Le Président (M. Laplante): On va suspendre l'étude
des articles 156, 157 et 158. D'accord?
M. Lalonde: On a un président directif.
M. Bertrand: On peut peut-être...
Le Président (M. Laplante): On va maintenant passer au
chapitre VII, les sanctions.
M. Bertrand: Non, on va attendre pour cela aussi.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Bertrand: Ces choses-là sont à la fin, cela et
les dispositions transitoires finales, etc.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous qu'on recommence
à l'article 8?
M. Bertrand: Oui. On peut même recommencer, M. le
Président, à l'article...
Le Président (M. Laplante): 8. M. Bertrand: ...
3.
Le Président (M. Laplante): L'étude de l'article 3
était-elle suspendue aussi?
M. Bertrand: Oui.
Le Président (M. Laplante): Ah! C'est une surprise.
Pourtant, il est adopté ici.
M. Bertrand: Ah! oui, il a été adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 3 a
été adopté. Maintenant, l'article 8. L'étude des
articles 156, 157 et 158 est suspendue.
M. Bertrand: M. le Président, à la suite d'une
information disant qu'on avait reçu le mandat d'aller cueillir
relativement à l'administration régionale crie, il semble
qu'effectivement nous devions soustraire de l'application de la loi
l'administration régionale crie. Cela règle l'article 5. C'est
purement une question... Il a été adopté, mais
c'est...
Le Président (M. Laplante): Là, je ne vous
comprends pas du tout. J'ai appelé l'article 8. Sur quoi
parlez-vous?
M. Bertrand: Je sais que dans notre droit parlementaire...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Bertrand: ... c'est très important que vous compreniez
ce qui se passe. Il y a une question qui nous a été posée
vendredi soir relativement à l'administration régionale crie.
Le Président (M. Laplante): Sur l'article 5.
M. Bertrand: ... 5.
Le Président (M. Laplante): C'est pour cela que
j'étais mêlé.
M. Bertrand: Comme je voulais régler cette question, j'ai
simplement informé mes collègues qu'après avoir pris
information il nous apparaît effectivement que l'administration
régionale crie doit être soustraite de l'application de cette loi.
Donc, nous avions adopté l'article 5 vendredi soir, et je viens
maintenant de donner l'information. Il n'y a donc plus lieu de revenir à
l'article 5 parce que l'information a été donnée.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie, M. le
ministre, mais on va revenir à l'article 8.
M. Bertrand: M. le Président, immédiatement.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. Bertrand: M.
le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le ministre.
Application et interprétation (suite)
M. Bertrand: Sur l'article 8, je suis prêt à
remettre à mes collègues de l'Opposition l'argumentation qui a
été préparée ici relativement à l'actuelle
rédaction de l'article 8. C'est sur le pouvoir de
délégation de la plus haute autorité vers un responsable
de l'accès et pour indiquer aussi qu'il faut être très
conscient que si nous apportons des modifications à cet article 8, nous
risquons de modifier substantiellement le sens de la délégation.
Je lis simplement la note qui est très brève: La modification
proposée qui consiste à insérer le mot "exercice" avant
les mots "de ses fonctions" est plus qu'une modification de forme. L'article 8
vise la possibilité de désigner un responsable autre que celui
prévu par la loi, il s'agit de la désignation d'un titulaire de
fonction, soit d'une délégation d'autorité. L'exercice
d'une fonction est une chose différente; elle pourrait être faite
par des fonctionnaires agissant au nom et sous l'autorité du responsable
sans que chacun de ces fonctionnaires ait à être titré
responsable. Une telle délégation administrative ne requiert
aucune disposition spéciale de la loi l'habilitant. Si la proposition
d'insérer le mot "exercice" était acceptée, c'est sur
cette action de remplir les fonctions que porterait la
délégation. Il faudrait donc apporter une autre modification aux
fins d'autoriser la désignation d'une ou de plusieurs personnes. En
effet, il est illusoire qu'une seule personne puisse accomplir chacune des
fonctions administratives confiées au responsable par le chapitre de la
procédure; à ce moment, chacune des personnes porterait le titre
de responsable ce qui n'est certainement pas dans l'esprit de cet article.
Donc, la rédaction actuelle ne pose aucun problème au point de
vue linguistique et elle pourrait être maintenue; elle pourrait aussi
être modifiée pour changer le mot "fonction" par le mot
"autorité" ou par les mots "pouvoir et devoir".
Alors, ma proposition dans un tel contexte, c'est que nous maintenions
l'article 8 tel que rédigé puisqu'il y a effectivement,
sous-jacent à la proposition qui avait été faite
d'introduire le mot "l'exercice de ses fonctions", plus qu'une modification de
forme, il y a une modification de fond. Je ne pense pas que c'est ce qu'on
recherche.
Le Président (M. Laplante):
Commentaire.
M. French: M. le Président, si on avait
déposé un amendement ou une motion, on le retire quant à
cette question de l'exercice de ces fonctions; et je remercie le ministre de
son explication.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'elle sera
adoptée, monsieur?
M. Trench: Le no 8, adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 8,
adopté sans modification. Maintenant, j'appelle... Oui.
M. Bertrand: Puisque nous en sommes à l'article 8...
Le Président (M. Laplante): Oui. Diverses
modifications
M. Bertrand: Et, tout en y allant dans l'ordre, puisque vous
êtes ici le gardien des droits et privilèges des membres de
l'Assemblée nationale, je voudrais indiquer que pour être
concordant avec l'article 8 et nous rendant en cela à un voeu
exprimé par l'Opposition, nous avons deux modifications à
apporter qui ne sont que consécutives à ce que nous venons de
décider à 8. La première est à l'article 43.
Le Président (M. Laplante): C'est une réouverture
de l'article 43 que vous proposez, monsieur?
M. Bertrand: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Accordé.
Pour y introduire une modification. M. Bertrand: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez lire votre
amendement, s'il vous plaît:
M. Bertrand: Alors, ce serait pour introduire à la fin de
l'alinéa les mots suivants: Si une demande écrite d'accès
est adressée à la personne ayant la plus haute autorité au
sein de l'organisme public, cette personne doit la transmettre avec diligence
au responsable qu'elle a désigné en vertu de l'article 8, le cas
échéant. "Did you ask for it or not?"
M. French: M. le Président, je pensais qu'on avait
demandé "non seulement lorsque la demande écrite a
été adressée à la personne ayant la plus haute
autorité au sein de l'organisme public, mais dans
l'éventualité qu'une demande écrite ait été
adressée à la mauvaise personne dans un organisme quelconque."
Alors, je me demande si on ne pourrait pas amender l'amendement pour dire que
si une demande écrite d'accès est reçue par quelque
personne que ce soit au sein de l'organisme public, cette personne doit la
transmettre avec diligence, etc..
M. Bertrand: Non.
M. Guay: Le ministère des Transports a 15 000
fonctionnaires, mais un responsable.
M. French: Et alors?
M. Guay: Alors, si on s'adresse au bureau régional du
ministère des Transports...
M. French: Très juste. Je saisis la portée des
objections.
Le Président (M. Laplante): L'amendement est-il
adopté à l'article 43?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): La réouverture de
l'article 43 est-elle adoptée?
M. French: Adopté.
M. Bertrand: L'article 95.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie.
On va rouvrir aussi l'article 95 à la demande de M. le
ministre.
M. Bertrand: M. le Président, c'est exactement la
même phrase, mais c'est là pour couvrir la procédure
d'accès et de rectification au niveau des renseignements personnels;
c'est exactement la même phrase, je la lis: L'article 15 est
modifié par l'insertion à la fin de l'alinéa suivant: "Si
la demande est adressée à la personne ayant la plus haute
autorité au sein de l'organisme public, cette personne doit la
transmettre avec diligence au responsable qu'elle a désigné en
vertu de l'article 8, le cas échéant." C'est pour s'assurer que
les deux volets sont bien couverts par cette modification.
M. French: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Au nouvel article 95, il n'y a
pas de changement à la première adoption amendée qu'on
avait eue par un papillon. C'est un ajout que vous faites en somme à cet
amendement. On s'entend sur cela? Il y avait déjà eu un papillon
sur l'article 95.
M. Bertrand: Et adopté.
Le Président (M. Laplante): Et adopté.
D'accord.
M. French: Très bien.
Le Président (M. Laplante): Le papillon additionnel qui
modifie l'article 95 est adopté?
L'article 95 nouvellement écrit est adopté.
Maintenant, on irait à l'article 21 si on veut continuer la bonne
marche du projet de loi, les articles suspendus.
M. French: Je me demande si on ne devrait pas suspendre...
Le Président (M. Laplante): Vous aimeriez...
M. Bertrand: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): II reste deux minutes, on peut
bien...
M. Bertrand: On pourrait disposer de l'article 28 très
rapidement. Aux articles 21 à 27...
Le Président (M. Laplante): Les articles 21, 22, 23, 24,
25, 26, 27 sont suspendus.
M. Bertrand: Oui, on va les garder pour ce soir.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Bertrand: C'est tout le secteur économique. Mais
l'article 28...
Le Président (M. Laplante): L'article 28 a
été adopté par un papillon aussi.
M. Bertrand: Oui, mais, malheureusement, l'Opposition m'avait
demandé une information et elle est à mon bureau de leader.
Le Président (M. Laplante): Oui. Vous ne voulez pas
rouvrir 28?
M. Bertrand: Je ne peux pas maintenant.
Le Président (M. Laplante): Vous ne pouvez pas?
M. Bertrand: II est adopté de toute façon.
Le Président (M. Laplante): Oui, il est adopté.
M. Bertrand: Alors, comme il est 17 h 57, ce que je voudrais
faire, avant de suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures, c'est de
remettre à mon collègue de l'Opposition le document que je lui
avais promis sur différentes pièces qui ont été
produites au ministère des Communications et qui sont toutes relatives
à l'examen des organismes existants qui auraient pu assumer les
responsabilités confiées à la commission d'accès
à l'information. J'en remets deux copies.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Westmount.
M. French: Je voudrais simplement souligner que nous allons
étudier les organismes et si, à la lumière de ces
renseignements, on veut rouvrir l'article 28, le ministre s'est dit prêt
à le faire.
Après avoir pris connaissance des dossiers que nous venons de
recevoir, nous nous réservons toujours le droit de rouvrir le
débat sur l'article 28.
M. Bertrand: Mais cela n'a rien à voir avec l'article
28.
M. French: Je m'excuse, je pensais que c'était une liste
d'organismes qui étaient susceptibles...
M. Bertrand: Non, non. C'est l'article 104.
M. French: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, les travaux
vont bien, c'est plaisant de travailler tous ensemble...
M. Bertrand: C'est de savoir pourquoi avoir retenu la
création d'une commission d'accès à l'information, vu
qu'on a la commission des droits, le Protecteur du citoyen et la Régie
des services publics.
M. French: Je pose la question au ministre.
Le Président (M. Laplante): On s'est creusé
l'appétit.
M. French: Justement, on va rechercher exactement cette solution
à nos problèmes.
Je voudrais demander au ministre quand est-ce qu'on peut s'attendre
à avoir la liste des organismes visés dans l'article 28?
M. Bertrand: Ce soir, à 20 heures. M. French:
Merci.
Le Président (M. Laplante): On suspend les travaux
à 20 heures.
Les travaux se transportent au salon rouge à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 13)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre s'il vous
plaît! Reprise de l'étude du projet de loi no 65, la partie de la
commission des communications, projet de loi sur l'accès aux documents
des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.
Lorsque nous avons suspendu nos travaux...
Une voix: M. le Président, je pense sérieusement
qu'il veut présenter son mémoire de la part de la
présidence de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Laplante): Monsieur, vous avez...
Témoignage du président de
l'Assemblée nationale
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
solliciterais le consentement unanime de l'assemblée pour
témoigner devant l'assemblée s'il vous plaît!
Une voix: Consentement de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Laplante): Consentement, M. le
Président.
M. Bertrand: Doit-on prendre cela en
délibéré, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Non, mais c'est à ma
grande surprise...
Une voix: Pour consulter la présidence,
peut-être!
Le Président (M. Laplante): M. le Président.
M. Claude Vaillancourt
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous comprendrez dans
quelques minutes, M. le Président.
Tout d'abord, je remercie les membres de la commission de me donner
cette occasion de vous parler des incidences éventuelles de
l'application du projet de loi 65 sur l'Assemblée nationale du
Québec et ses services.
Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a un principe qui est
unanimement reconnu en droit et par la tradition et par l'usage et par nos
auteurs et surtout par notre propre loi de la Législature,
c'est-à-dire l'indépendance de la Législature par rapport
à l'exécutif et également l'indépendance de
l'exécutif par rapport au pouvoir judiciaire.
Cette indépendance est reconnue dans notre propre loi à un
point tel qu'elle fait partie d'un chapitre particulier, je parle de la loi
actuelle de la Législature et, d'autre part, que le président de
l'Assemblée nationale n'est pas nommé, mais élu par
l'ensemble de ses collègues, après consultation entre les
différentes formations politiques. Or, l'article 3, paragraphe 2, de
l'actuel projet de loi assimile un organisme public aux fins de la
présente loi à l'Assemblée nationale du Québec. Ce
que je vais vous dire aujourd'hui s'inscrit également dans le cadre d'un
mémoire que j'ai fait parvenir au Conseil des ministres dans le cadre
des revendications que l'Assemblée nationale a face à la future
loi de l'Assemblée nationale du Québec qui devra consacrer le
principe de l'autonomie et de l'indépendance du législatif par
rapport à l'exécutif.
Il faut peut-être être président de
l'Assemblée pendant quelques mois pour savoir toutes les sortes de
communications écrites que le président reçoit des
députés et que le député, donc, reçoit en
réponse du président. Quelle est la journée normale ou la
semaine normale du président? Tout d'abord, c'est de recevoir des
lettres nombreuses de députés au président sur maints
sujets. Je n'insisterai pas sur les sujets dont font mention ces lettres. Je
poserai seulement quelques questions et, si le ministre me répond
à toutes ces questions que ces communications écrites entre
président et députés ou citoyens sont
protégées par la loi, à ce moment-là le
problème sera, à toutes fins utiles, réglé du moins
à ce niveau.
Donc, premier point: lettres nombreuses de députés de
toutes les formations politiques au président de l'Assemblée
nationale, sur toutes sortes de sujets qui intéressent les
députés. On peut parler des allocations de député,
on peut parler également de problème de conflit
d'intérêts, d'habilité ou d'inhabilité à
siéger.
La première question que je pose: Est-ce que ces lettres
écrites par des députés au président de
l'Assemblée nationale, qui méritent réponse et qui
reçoivent réponse, sont accessibles au public et sont, donc,
protégées par la loi 65? Deuxième question: Le
président reçoit régulièrement une cinquantaine de
lettres par mois de citoyens et de citoyennes du Québec au
président, se plaignant de la conduite de tel ou tel
député, de la conduite à l'Assemblée nationale de
telle ou telle formation politique. Le président a l'habitude de
répondre à toutes ces lettres. La deuxième question que je
pose: Est-ce que les lettres des citoyens qui m'écrivent du
Québec et les réponses que je leur donne sont
protégées par la loi 65?
Le président dans son travail régulier a des
communications privilégiées et fréquentes avec les leaders
des deux formations politiques et les whips des deux formations politiques.
Parfois, ces communications sont verbales, parfois elles sont écrites et
accompagnées de documents. Est-ce que les documents et communications
écrites qui me sont fournis par les leaders, les whips et les
réponses écrites que je leur fournis sont protégés
par la loi 65?
De nombreuses plaintes de citoyens du Québec me sont
arrivées depuis un an et demi se plaignant de la partisanerie de
certains envois sans adresse de députés des deux formations
politiques, demandant au président de juger si tel envoi sans adresse
était partisan ou non ou était conforme ou non aux normes
généralement établies par la Direction des médias.
Le président a l'habitude de répondre à ces
députés. La question que je pose: Est-ce que mes réponses
à ces citoyens ou à ces députés et est-ce que les
lettres de ces citoyens ou de ces députés sont
protégées par la loi 65?
J'ai reçu depuis un an et demi plusieurs demandes de directives
au président de l'Assemblée nationale sur des questions de
conflits éventuels d'intérêts. Autrement dit, des
députés se posaient des questions: Est-ce que je peux ou non
faire telle chose en vertu de telle loi de la Législature? Ces
communications étaient généralement écrites, les
réponses étaient généralement écrites et je
me demande: Est-ce que ces réponses et ces questions écrites sont
protégées par la loi 65? Il m'arrive de faire demande d'une
enquête maison ayant trait à un prétendu abus dans
l'exercice d'un droit, soit de la part d'un député d'une
formation politique ou d'un parti politique. Ces enquêtes maisons
sont-elles protégées par la loi 65? Elles ont
souvent trait à un député, souvent à du
personnel de l'Assemblée nationale, gens qui sont présumés
innocents en vertu de notre droit jusqu'à preuve du contraire devant les
tribunaux de droit commun.
Dans l'esprit des députés, des citoyens et du
président, ces communications écrites sont de nature
confidentielle. En ce qui me concerne, j'ai toujours respecté la
confidentialité des rapports des communications verbales ou
écrites que j'ai entretenues, soit avec les leaders, les whips ou les
députés relativement à des problèmes personnels.
Évidemment, vous comprendrez, M. le Président, que je parle non
pas à titre de député de Jonquière, mais à
titre de président de l'Assemblée nationale qui vit ces
problèmes chaque jour. Je me dis: Si cela n'est pas couvert, personne
n'écrira plus au président, personne n'aura plus confiance en
cette impartialité, parce que tout le monde pourra, un jour, penser que
la lettre qu'il a écrite au président et une copie de la
réponse qui lui a été envoyée pourront devenir
accessibles à n'importe qui.
D'autre part, assimiler l'Assemblée nationale à un
organisme public tels les 26 autres ministères du gouvernement, c'est
légaliser la dépendance du législatif vis-à-vis de
l'exécutif. À titre de réprésentant des 122
députés de l'Assemblée nationale du Québec, voyant,
à part quelques députés, que la plupart des autres ont
été silencieux sur les éventuelles implications de cette
loi sur l'Assemblée nationale, il était de mon devoir de venir
émettre les commentaires que j'émettrai ce soir.
Dois-je déplorer, enfin, que l'Assemblée nationale n'ait
jamais été consultée sur les principes et sur les
éventuelles incidences et implications du projet de loi 65 sur
l'Assemblée nationale du Québec, sur ses membres, fonctionnaires
et sur les députés surtout?
L'autre question que je pose est la suivante: Pourquoi accorder au
Vérificateur général, qui dépend de
l'Assemblée nationale du Québec, plus de protection dans ses
rapports avec les citoyens qu'au président de l'Assemblée
nationale, de qui dépend le Vérificateur général?
J'ai remarqué dans la loi qu'un article accordait au Vérificateur
général certaines exceptions en ce qui concerne
l'accessibilité des documents. La question que je me pose est: Le
Vérificateur général, qui dépend du
président ou de l'Assemblée nationale par sa nomination, parce
que cela lui prend les deux tiers des voix, pourquoi a-t-il plus de protection
dans ses communications écrites ou dans ses documents que le
président ou que l'Assemblée nationale et ses services? Ce
Vérificateur général dépend lui-même de
l'Assemblée nationale du Québec.
Ce sont des questions. Peut-être que les interrogations qu'on se
pose, on ne devrait pas se les poser, parce que peut-être que tout cela
est couvert par la loi. Si tel est le cas, tant mieux. Mais je pense que dans
mon cas, vous le comprendrez, je n'avais aucun risque à courir devant
l'importance de cette loi. Il demeurera quand même toujours une chose,
c'est que j'ai beaucoup de peine à accepter qu'on assimile... Si on
considérait l'Assemblée nationale comme un ministère comme
les autres, je pense qu'on l'aurait inscrite dans le paragraphe 3.1 mais, comme
on l'a inscrite au paragraphe 3.2, c'est qu'on l'assimile à toutes fins
que de droit à un organisme public. Je pense que cela démontre
une volonté de voir que l'Assemblée nationale n'est pas un
ministère comme les autres, n'est pas un organisme comme les autres.
À la fin, si la commission ou l'Assemblée siège,
même si ces divers points ne sont pas couverts par la loi, si l'on
décide de laisser la loi telle quelle, je demanderai au moins une chose,
soit qu'à l'article 146, on donne le pouvoir au gouvernement de se
soustraire ou de soustraire ses ministères aux décisions de la
commission. Or, je me dis: Ne serait-il pas normal que l'Assemblée
nationale puisse être placée sur le même pied que le Conseil
exécutif et puisse, par sa commission de régie interne, se
soustraire à l'exécution d'une décision de la commission
d'accès ayant pour effet d'ordonner, de communiquer un renseignement
comme le prévoit l'article 146 de la loi no 65 pour le gouvernement?
Autrement dit, on a protégé le pouvoir judiciaire, on a
protégé le Vérificateur général, le
gouvernement s'est protégé par l'article 146 et ce soir,
l'Assemblée nationale sent le besoin de venir dire, non pas pour le
président, mais pour l'ensemble de ses membres, de ses
députés, des ses fonctionnaires et surtout pour son
caractère d'impartialité et de neutralité qui fait qu'elle
est indépendante de l'Exécutif... Si l'on n'est pas soustrait
totalement de la loi, il faut au moins donner au futur bureau de
l'Assemblée nationale qui sera composé de membres des deux
formations politiques présentes à l'Assemblée, le pouvoir,
comme le gouvernement, de se soustraire de certaines communications que la
commission d'accès nous forcerait à rendre publiques.
Si cette deuxième demande était refusée, il y en a
au moins une dernière et c'est la proclamation graduelle de la loi. Il y
a un article de la loi qui dit que, par arrêté en conseil, on
décidera à quel moment la loi entrera en vigueur et quel
organisme public entrera en vigueur en premier, en deuxième ou en
quatrième. Mais, à tout le moins, on demande à être
les derniers à être soumis à la loi no 65, à tout le
moins, on demande d'être les derniers à être forcés
de divulguer des documents ou des lettres écrites qui sont
souvent de nature confidentielle et qui proviennent souvent de la
députation. Cela, c'est l'argumentation générale. Je vais
vous donner quelques exemples. Au niveau du règlement de
l'Assemblée nationale, l'article 176 de notre règlement permet
à un ministre interrogé en Chambre de refuser de produire un
document s'il juge qu'il n'est pas d'intérêt public. Or,
l'économie de la loi no 65 va dans le sens contraire, bien que l'on
convienne de nombreuses restrictions au droit d'accès. N'y a-t-il pas un
risque de voir l'article 176 perdre tout effet si la notion
d'intérêt public qui y est prévue ne tient plus en dehors
de la Chambre? Le député qui se verra refuser un document sur
cette base n'aura-t-il qu'à attendre à la fin de la séance
pour se prévaloir de la loi d'accès? Il est évident que
cette disposition n'affecte pas le député directement, mais elle
affecte directement le ministre. Est-ce vraiment cela qu'on veut?
Les partis politiques ont des services de recherche, financés par
l'Assemblée nationale du Québec, recherches qui sont souvent de
nature - il ne faut pas se le cacher, les services politiques sont là
pour cela - partisane. Est-ce que les services de recherche des partis
politiques sont soumis à la loi 65? Est-ce que les études
commandées par les députés, avec l'aide de la
bibliothèque ou des employés de la bibliothèque, dont ils
gardent souvent copie... Est-ce que le service de la bibliothèque sera
tenu, sur demande, de fournir copie d'un travail, d'un document qui a
été préparé par le service de recherche d'un parti
politique? Je pense que c'est une question pertinente.
Il y a également - c'est le dernier point que je
soulèverai - les projets de loi privés qui sont souvent
présentés par des députés, ou par des tierces
personnes souvent représentées par procureur ou souvent
représentées par elles-mêmes. Je sais que les opinions
juridiques sont protégées par la loi. Mais, dans les documents ou
dans les argumentations qui justifient la présentation d'un bill
privé, on ne retrouve pas seulement des opinions de nature juridique, on
retrouve des opinions de toute nature et surtout lorsque le citoyen n'a pas
droit ou n'a pas voulu se prévaloir des services d'un avocat pour son
bill privé. Est-ce que le greffier en loi de l'Assemblée
nationale du Québec sera tenu de rendre publiques les demandes qui lui
seront faites, lorsque les opinions ne seront pas de nature juridique?
Voilà une autre question qui se pose. (20 h 30)
La commission de régie interne de l'Assemblée nationale,
l'actuelle commission de régie interne, se réunit
régulièrement; ses décisions sont rendues publiques mais
est-ce que les documents d'appui, est-ce que les analyses, est-ce que les
mémoires donnant suite ou amenant des recommandations qui donnent suite
à des décisions, est-ce que les mémoires, les analyses,
les rapports d'étude qui amènent les membres de la régie
interne à prendre une décision, est-ce que ces analyses, ces
rapports, ces réflexions écrites seront accessibles au public et
seront protégés par la loi no 65? Peut-être que la loi
prévoit un article à cette fin; on aimerait le savoir.
Enfin, et je terminerai là-dessus, on dit que l'Assemblée
nationale n'est pas assujettie à l'exécutif parce que c'est
l'Assemblée nationale qui va nommer par les deux tiers de ses membres ou
par ses membres les membres de la commission d'accès, comme on
l'appelle. Or, il y a plusieurs personnes au Québec qui sont
nommées par l'Assemblée nationale: la Commission des droits de la
personne, son président, le président des élections, le
Directeur du financement des partis politiques, le Vérificateur
général. Ce sont toutes des personnes qui sont nommées par
les deux tiers des membres de l'Assemblée nationale et en aucun moment,
ces personnes ne dépendent directement ou indirectement dans leur
travail du président de l'Assemblée nationale. Donc, l'argument
à l'effet que la commission d'accès dépend de
l'Assemblée nationale est un argument qui est faux d'après moi,
encore que dans ces lois auxquelles je viens de faire allusion, aucun ministre
responsable n'est nommé, alors que dans la loi no 65 on se
réserve le pouvoir de nommer un ministre qui soit responsable de
l'application de la loi.
Donc, l'argument majeur est à l'effet que si la loi est
adoptée telle quelle, c'est légaliser la dépendance du
législatif vis-à-vis de l'exécutif et d'autre part, si on
n'accepte pas de soustraire l'Assemblée et ses services à la loi,
il faudrait à tout le moins, à l'article 146, donner à
l'Assemblée nationale ou au futur bureau de l'Assemblée nationale
le pouvoir de se soustraire à la décision de la commission dans
certains cas très exceptionnels qui se présenteront.
C'est ce que j'avais à dire, M. le Président, relativement
à la loi no 65 et soyez assuré que c'est peut-être un
précédent qui arrive ce soir. C'est peut-être la
première fois qu'un président de l'Assemblée nationale
vient témoigner à sa demande devant une commission, mais vu
l'importance des inquiétudes que nous avons et l'importance de certaines
questions auxquelles nous n'avons pas de réponse, c'est pour cela que je
pose les questions ce soir au ministre. S'il peut me rassurer sur toutes les
questions que je lui ai posées et surtout me dire ce qu'il pense du
principe majeur qui est l'indépendance du législatif
vis-à-vis de l'exécutif. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le Président.
À présent, j'aurai peut-être en
dehors de la commission parlementaire à vous demander une
directive: Vu qu'on était ici à étudier la loi article par
article suivant l'ordre de l'Assemblée nationale, je me demande
moi-même si je suis dans la légalité actuellement d'ouvrir
cette commission à un témoin, même au président de
l'Assemblée nationale. C'est sous toute réserve que si j'ai
accompli...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que vous avez eu le
consentement unanime, M. le Président.
M. Bertrand: Si vous êtes d'accord, M. le Président,
je vous demanderais de rappeler l'article 3 pour que nous puissions
effectivement répondre aux questions du président de
l'Assemblée nationale puisque lorsque nous avons étudié
l'article 3, lors de notre première séance, le
député de Westmount m'avait demandé si le président
de l'Assemblée nationale avait été consulté ou s'il
nous avait fait parvenir des remarques relativement au projet de loi. Je
m'étais engagé à ce moment-là à prendre
contact avec le président de l'Assemblée nationale, ce que j'ai
fait; c'est ce qui explique que, ce soir, le président de
l'Assemblée nationale vient devant nous poser un certain nombre de
questions aux parlementaires.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie, M. le
ministre, mais, comme président de la commission, j'ai des règles
à suivre et j'aurais aimé en être informé
moi-même avant qu'on commence parce que j'ai un peu perdu la face, face
à mon patron qui est là, en somme, le président de
l'Assemblée nationale. Je voudrais faire ce que je fais comme ouvrage
dans la légalité.
M. le ministre, maintenant, si vous avez des commentaires avec M. le
Président de l'Assemblée nationale, vous êtes invité
à les faire sur les questions qu'ils vous ont posées.
M. Bertrand: Mais, pour vous rassurer, M. le Président, je
voudrais simplement vous indiquer que c'était mon intention, en
commençant les travaux de la commission ce soir, d'indiquer que nous
devions fournir une réponse à l'Opposition relativement à
la question qui nous avait été posée et que la meilleure
façon de fournir une réponse, c'était d'indiquer par voie
de demande à la présidence de revenir à l'article 3 et
ainsi de pouvoir entendre le président.
Ces choses étant replacées dans leur contexte, j'aimerais
poser, M. le Président, deux questions de fond. Le président de
l'Assemblée nationale nous dit: On ne couvre pas les tribunaux
judiciaires par cette loi. Il y a une séparation des pouvoirs qui
existe, si on retourne jusqu'à Montesquieu, entre l'exécutif, le
judiciaire, le législatif et il y aurait probablement lieu, si
effectivement on ne recouvre pas les tribunaux judiciaires, d'avoir aussi une
attitude analogue pour ce qui est de l'Assemblée nationale, du pouvoir
législatif, alors que l'ensemble des autres organismes, on l'aura
noté, de près ou de loin est associé à ce qu'on
pourrait appeler des organismes exécutifs, partant du Conseil
exécutif, du lieutenant-gouverneur en conseil, du lieutenant-gouverneur
lui-même, des organismes gouvernementaux, du réseau de
l'éducation, du réseau des affaires sociales, des
sociétés d'État, etc. Alors, effectivement, je suis
prêt à admettre là-dessus avec le président qu'il y
a une distinction de fond.
Deuxièmement, par contre, je me demande si le président de
l'Assemblée nationale ne serait pas prêt à
reconnaître avec moi qu'un des objectifs de la loi, c'est, entre autres,
de faire en sorte que tous les organismes publics couverts par la
présente loi dépendent d'une commission d'accès à
l'information qui, elle, relève de l'Assemblée nationale du
Québec et qui peut de sa propre initiative soumettre un rapport initial
à l'Assemblée nationale du Québec, à la commission
de l'Assemblée nationale qui - en cela, voulant être conforme
à une des propositions contenues dans le rapport Vaugeois sur la
réforme parlementaire - fera en sorte que les commissaires puissent
être entendus après la présentation du rapport annuel. Je
me dis qu'il y a beaucoup d'éléments là-dedans qui font
que tout ce qu'on appelle le pouvoir exécutif dans ses mille et un
tentacules est, finalement, redevable devant une commission qui relève
de l'Assemblée nationale.
D'ailleurs - c'est l'autre élément important, dans le fond
- est-ce que le président de l'Assemblée nationale ne
reconnaîtrait pas - avec, bien sûr, les protections, les
exceptions, les restrictions qui peuvent s'imposer, comme c'est le cas,
d'ailleurs, pour d'autres organismes publics -que l'Assemblée nationale
justement dans notre système politique est une de ces institutions qui
devraient nous permettre d'atteindre au plus haut degré de transparence?
D'ailleurs, dans son fonctionnement même, elle l'est par le
règlement qui existe, par la télédiffusion des
débats, par les commissions parlementaires que nous avons comme celle de
ce soir qui permet, entre autres, à un président de venir se
faire entendre lui-même par une des commissions parlementaires. Est-ce
qu'il n'y a pas lieu, effectivement, de s'assurer que cette institution puisse
véritablement se conformer à l'esprit de cette loi, au niveau
autant de l'accès aux documents que de la protection des
renseignements?
Il m'apparaît que l'Assemblée nationale est peut-être
l'institution par excellence qui devrait souscrire à des objectifs
comme
ceux-là. Mais j'indique immédiatement que, dans mon
esprit, cela ne veut pas dire nécessairement qu'on doive rendre
absolument tout accessible et ne pas avoir, par exemple, à
l'égard de la présidence.. Et, là-dessus, je demanderais
au président si, dans son esprit à lui, il y a une distinction
à faire entre la présidence et l'Assemblée nationale.
Est-ce qu'il n'y a pas possibilité d'arriver à faire en
sorte que certaines restrictions, certaines exceptions, certaines
réserves puissent être émises relativement à
certains types de documents? Le président a lui-même fait allusion
à certains types de documents. D'autres organismes, comme le Conseil
exécutif, comme le Conseil du trésor et comme l'ensemble des
organismes publics, pour un certain nombre de renseignements qui ont des
incidences particulières, font l'objet d'exceptions et de restrictions.
Je pense en particulier à l'article 34, qui s'applique très bien
dans le cas présent: "Un document du bureau d'un membre de
l'Assemblée nationale du Québec - je pense qu'on doit comprendre
aussi le président, les deux vice-présidents - n'est pas
accessible à moins que le membre ne le juge opportun. "Il en est de
même d'un document du cabinet d'un membre de l'Assemblée nationale
du Québec visé dans l'article 117 de la Loi sur la fonction
publique, ou du cabinet ou du bureau d'un membre d'un organisme municipal."
Alors, voilà un certain nombre de questions que je me pose. Je me
les pose, je les pose au président. Je crois qu'on se les pose tous. On
veut, je pense, trouver une réponse qui, sans nous empêcher de
voir jusqu'où on peut aller dans la couverture des organismes incluant
l'Assemblée nationale, nous permette de voir par contre à partir
de quel moment il faut aussi pour la présidence ou l'Assemblée
nationale ou les services de l'Assemblée nationale... Il y a
peut-être une distinction à faire entre l'Assemblée
nationale comme telle et certains des services de l'Assemblée nationale:
la bibliothèque, le service de télédiffusion des
débats de l'Assemblée nationale ou d'autres
éléments, le Parlementaire.
Y a-t-il des distinctions à faire entre présidence,
Assemblée nationale, services de l'Assemblée nationale et est-ce
qu'il n'y a pas possibilité d'introduire un certain nombre
d'éléments qui nous permettraient de consacrer le principe qu'il
peut y avoir un certain nombre de restrictions qui s'appliquent dans certaines
situations bien particulières ou pour la présidence, ou pour
l'Assemblée nationale ou pour certains services de l'Assemblée
nationale? Mais partant du principe que la maison du peuple doit être le
plus possible une cage de verre.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je vais essayer de
répondre aux trois questions parce que j'en vois trois. Tout d'abord, je
dois dire que je souscris comme député à l'ensemble et au
principe du projet de loi. Si j'étais membre de la commission et non
président de l'Assemblée nationale, je voterais en faveur de la
loi d'accès à l'information. Sur le pouvoir judiciaire,
étant moi-même avocat, je conviendrai avec vous qu'il est normal
que le pouvoir judiciaire soit soustrait à la loi 65. Voilà pour
la première question.
Pour la deuxième, lorsque vous dites que la commission
d'accès relève de l'Assemblée nationale, je dirai non. Je
l'ai dit tantôt et je le répète, la commission
d'accès relève de l'Assemblée nationale uniquement pour
deux choses, qui sont la nomination des membres de la commission d'accès
et leurs remplaçants le cas échéant, et le
dépôt du rapport annuel, mais ces deux éléments ne
font pas que la commission dépende du président ou de
l'Assemblée nationale du Québec. Autrement dit, comme le
Directeur du financement des partis politiques, comme le Vérificateur
général, comme le Protecteur du citoyen, cette loi oblige la
nomination des personnes qui occuperont ces fonctions par les membres de
l'Assemblée nationale. C'est tout.
Deuxièmement, comme dans le cas du Vérificateur
général, du Protecteur du citoyen et du Directeur du financement
des partis politiques, elle oblige le président à déposer
leur rapport annuel. Voilà la deuxième chose, mais en aucun
moment cette loi ne fait en sorte que la commission d'accès
relève de l'Assemblée nationale. Cette commission d'accès
et cette loi relèveront du ministre responsable qui sera nommé
dans la loi. C'est pour cela que l'analogie et la similitude avec le directeur
des services aux citoyens, le Vérificateur général, le
Directeur du financement des partis politiques et le Protecteur du citoyen est
très grande. (20 h 45)
Troisième question, l'Assemblée nationale n'a absolument
rien à cacher. Là n'est pas la question. Les services
gouvernementaux ont été conçus en fonction des services au
public. C'est donc normal que le public ait accès à l'information
gouvernementale. Mais les services de l'Assemblée ont été
conçus comme des services aux députés, comme services de
soutien au pouvoir législatif. Il est donc normal qu'en tout temps le
député puisse compter sur l'exclusivité de ces services et
surtout sur leur discrétion. Dans un système politique où
on croit au jeu des partis, à la démocratie, au jeu de
l'alternance du pouvoir et de l'Opposition, c'est tout ce système qu'on
remet en cause si le pouvoir législatif ne peut pas compter en tout
temps sur l'efficacité et aussi sur la plus entière
discrétion de la part des ressources qu'on met à leur disposition
exclusive.
En résumé, transparence de l'Assemblée nationale,
oui, par la commission de régie interne, par nos commissions
parlementaires, par nos débats télévisés, par - je
l'espère -le futur bureau de l'Assemblée nationale, par notre
commission de l'Assemblée nationale, par nos sous-comissions où
les journalistes sont invités, oui. Là n'est pas la question. Les
services offerts par l'Assemblée nationale sont essentiellement des
services aux députés. Je maintiens que les députés
doivent toujours, en tout lieu et en tout temps, avoir cette garantie de la
discrétion des rapports qu'ils ont non seulement avec le
président de l'Assemblée nationale, mais avec tous les services
de l'Assemblée nationale qui dépendent du président et qui
sont à la disposition essentiellement des députés de
l'Assemblée nationale.
À l'Assemblée nationale, on ne conçoit pas de lois,
on ne donne pas de subventions, on ne conçoit pas de politiques, on rend
service aux députés qui ont été
démocratiquement élus par l'ensemble de la population. C'est dans
ce sens que tout en n'ayant rien à cacher, il faut absolument que les
députés de cette Assemblée puissent toujours compter sur
ce secret professionnel, je dirai, qui doit guider non seulement le
président, mais toutes les personnes qui travaillent avec lui pour
rendre service aux députés. C'est là l'essence de ma
question. On ne rend pas service à la population du Québec, on
rend service aux députés. Nous sommes un organisme de soutien
pour la députation et, au surplus, un organisme neutre, impartial qui ne
conçoit aucun projet de loi et qui n'accorde aucune subvention. 94% de
notre budget servent à payer les personnes qui rendent service à
la députation et, le reste du budget, c'est essentiellement des services
pour l'ensemble de la députation sauf peut-être la Direction des
services aux citoyens, je parle du service d'accueil et d'information, guides
et autres qui reçoivent les visiteurs à l'Assemblée
nationale du Québec afin de mieux faire connaître notre
Assemblée.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Westmount a des questions.
M. French: M. le Président, je suis content que le
président... Je m'excuse si le député de Vachon a un
commentaire à faire, je vous en prie. Je ne voudrais pas intervenir
encore. Il me fera plaisir de...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Vachon.
M. Payne: M. le Président, je tente de saisir la
philosophie du deuxième paragraphe de l'article 3. "Sont
assimilés aux organismes publics, l'Assemblée nationale du
Québec". En réalité, si je prends en considération
les remarques du président de l'Assemblée nationale, et j'y ai
été sensible personnellement avant, lorsqu'il parlait de la
transparence de l'Assemblée nationale elle-même, des commissions
parlementaires, des décisions de la régie interne, si on
compilait une liste, il y aurait sûrement une grande liste d'exceptions,
c'est-à-dire le cabinet d'un député, évidemment le
cabinet du président et député aussi, en ce qui concerne
le droit à l'information; on ajoute à cela le service de
recherche. Si on compile une liste d'exceptions en ce qui concerne le droit
à l'information, on serait laissé avec quoi?
Ma question est la suivante: Est-ce qu'il y a des aspects de
l'activité parlementaire et des aspects des activités de
l'Assemblée nationale du Québec qui seraient effectivement sur
une liste? Je pense que la plupart des choses qui ont été
soulevées déjà seraient normalement exclues. Par exemple,
les filières, les rapports, les communications du député
avec ses électeurs ou d'autres organismes. Si on compilait une liste, on
serait laissé avec quoi? Bref, je veux savoir vraiment ce que le
ministre a à l'esprit lorsqu'il dit, à toutes fins utiles, que
l'Assemblée nationale du Québec est assimilée aux
organismes publics.
Le Président (M. Laplante): M. le
député...
M. Bertrand: C'est de permettre que puissent être
accessibles des documents qui sont la propriété de
l'Assemblée nationale ou de membres de l'Assemblée nationale, ou
de services de l'Assemblée nationale.
Évidemment avec un certain nombre de restrictions. La plus
importante est celle qui est inscrite à l'article 34, que j'ai lue tout
à l'heure: "Un document du bureau d'un membre de l'Assemblée
nationale du Québec n'est pas accessible, à moins que le membre
ne le juge opportun." Si un membre juge opportun de rendre public un document
ou tous les documents qu'il détient, l'article 34 lui permet de le
faire. Mais à l'inverse, l'article 34 lui permet aussi de ne pas le
faire.
M. Payne: Si quelqu'un a le droit de ne pas rendre public un
document, le droit corollaire du client requérant n'existe pas. Je ne
peux pas avoir un droit comme quelqu'un qui veut exercer son droit à
l'information s'il y a un droit corollaire qui dépend, par exemple, d'un
député qui peut le refuser à sa discrétion, selon
l'article 34.
M. Vaillancourt (Jonquière): Comme président de
l'Assemblée, comme individu, je ne me sens pas protégé par
l'article 34. Je ne sens pas non plus que les communications que j'envoie aux
autres sont protégées. Peut-
être que les documents qui sont dans le bureau d'un membre de
l'Assemblée nationale sont protégés, mais les documents
envoyés par le membre de l'Assemblée nationale à des
tierces personnes sont-ils protégés? C'est une question qui peut
se poser. Autrement dit, il semblerait que c'est la situation
géographique du document qui fait qu'il est protégé ou
non. Il se trouve dans le bureau d'un membre de l'Assemblée, donc il est
protégé, si on lit l'article 34 comme il faut: "Un document du
bureau d'un membre de l'Assemblée nationale..."
M. Guay: Je l'interprète comme étant un document
émanant du bureau, ce qui veut dire qu'une lettre émanant d'un
député n'est pas accessible...
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, reçu ou
émanant de. Il faudrait peut-être le préciser.
M. Guay: Si c'est cela, il n'y a pas de problème.
M. Bertrand: C'est le genre d'amendement qui a souvent
été reçu depuis que cette commission parlementaire a
entrepris ses travaux.
M. Vaillancourt (Jonquière): Peut-être. De toute
façon, je terminerai mon petit laïus en vous disant ceci: Depuis la
sous-commission de l'Assemblée nationale, j'ai reçu mandat, et
j'y crois, de me battre pour l'autonomie et l'indépendance de
l'Assemblée vis-à-vis de l'Exécutif. Dans le cadre de la
commission de mes crédits, la semaine dernière, j'ai
été interrogé longuement par les députés sur
ce que j'avais fait depuis la sous-commission du manoir Richelieu de septembre
1981 en ce sens. J'y ai répondu.
Aujourd'hui, j'éprouvais tout simplement le devoir, étant
cohérent avec moi-même, de venir dire que la loi 65 venait
assimiler l'Assemblée nationale à un ministère comme les
autres, à un organisme comme les autres. C'est le point majeur. On a
beau faire quelques exceptions, on les acceptera. Mais ce que
l'Assemblée nationale, et non pas son président, vient vous
demander, c'est tout simplement d'être soustraite de cette loi ou,
à tout le moins, qu'on lui donne le pouvoir qu'on donne au gouvernement.
S'il y a une information que la population a le droit de recevoir, c'est
l'information au public, alors que l'information que peut donner
l'Assemblée nationale, c'est l'information aux députés.
Les services qu'elle rend, ce sont des services aux députés et
non pas à l'ensemble de la population du Québec. C'est un petit
peu le rôle spécifique de l'Assemblée nationale.
Dans ce sens, c'est sûr que vous pouvez nous accorder deux ou
trois amendements pour la bibliothèque et ainsi de suite, pour les
services de recherche des partis politiques, mais, de toute façon, vous
consacrerez dans un texte de loi la dépendance de l'Assemblée
nationale vis-à-vis de l'exécutif. On sait fort bien que cette
loi ne sera pas administrée et ne sera pas parrainée par le
président de l'Assemblée nationale, mais par un autre ministre.
C'est tout simplement ce principe que je viens défendre ce soir et qui
s'inscrit dans la suite de la sous-comission de l'Assemblée nationale de
septembre 1981, dans le mémoire que j'ai fait parvenir au Conseil des
ministres en décembre 1981 et dans un autre texte que j'ai envoyé
au secrétaire général du Conseil exécutif en mars
1982. Je pense que je trahirais mes fonctions et que je ne remplirais pas mon
devoir si, ce soir, sachant que les travaux de la commission peuvent se
terminer à minuit, je ne faisais pas ce genre d'argumentation devant
vous.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Trois-Rivières voulait prendre la parole et il n'est pas membre.
M. French: II y a consentement.
Le Président (M. Laplante):
Consentement. M. le député de Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Je vous remercie, M. le Président et je
remercie mes collègues. Je ne serai pas très long, mais je crois
que l'intervention du président de l'Assemblée nationale, ce
soir, est un moment vraiment privilégié, d'abord pour le
ministre, de voir que le président porte au projet de loi qui nous est
soumis une attention qui est à ce point grande qu'il crée sans
doute un précédent, mais surtout la présence du
président...
M. Bertrand: M. le député de Trois-Rivières,
j'aurais même espéré que le lieutenant-gouverneur demande
à se faire entendre.
M. Vaugeois: Vous pouvez toujours l'espérer. M. le
Président de la commission, je crois que la présence du
président de l'Assemblée nationale nous invite à mettre un
frein à une tendance qu'il faut reconnaître. D'autres
Assemblées nationales, comme celle de Londres ou celle de Paris, ont
maintenu une très grande distance entre le législatif et
l'exécutif. Il faut se rappeler peut-être que le personnel de
l'Assemblée nationale, dans d'autres Parlements, est régi par une
autre loi ou d'autres règles que celles de la Fonction publique;
même chose pour les budgets.
Ici, au Québec, historiquement, notre Assemblée nationale
a été à l'abri des
interventions de l'exécutif et des contrôles de
l'exécutif, mais on a créé des précédents.
En général, l'évolution des dernières années
et des dernières décennies a subordonné le
législatif à l'exécutif. À ce point, d'ailleurs,
que nous savons tous que notre ministre, comme leader parlementaire, a dans sa
serviette un projet de loi qu'il doit nous déposer incessamment, mais
dont nous connaissons déjà certains éléments et
dont je peux donc parler publiquement, le premier élément
étant que ce projet de loi a déjà été
présenté à l'Assemblée nationale, je crois,
à l'été 1980...
M. Bertrand: En novembre, le projet de loi présenté
par le président.
M. Vaugeois: En novembre, le projet de loi présenté
par le président. Également, nous avons eu une commission
parlementaire ou une sous-comission parlementaire qui l'a étudié,
point par point. Dans ce projet de loi, on trouve une réaction à
cette tendance des dernières années. On ne demande pas de
soustraire l'Assemblée nationale à la Loi sur l'administration
publique ou aux lois qui régissent nos effectifs ou nos budgets, mais on
permet à l'Assemblée nationale, comme institution,
éventuellement, de s'y soustraire à condition de dire quelle
règle l'Assemblée nationale pourra suivre. Je pense que c'est
déjà un frein qu'on appliquerait éventuellement si l'on
adoptait cette loi.
Le président, je crois - d'après son intervention de ce
soir - nous invite à arrêter le mouvement pris depuis des
années et je crois plutôt que l'idée sous-jacente, ce
serait de laisser l'Assemblée nationale maîtresse de s'inspirer
dans son comportement d'une loi existante dont - il ne faut jamais l'oublier -
l'application appartiendra à l'exécutif, une fois que nous aurons
terminé notre travail. C'est là que cela devient gênant et
c'est là, je crois, que l'intervention du président se justifie.
C'est que cette loi va peut-être encore plus loin qu'une loi qui
règle les effectifs ou le budget. Encore que vous me permettrez de
croire, M. le Président, que, quand un organisme de contrôle comme
l'Assemblée nationale voit ses moyens scrutés et
évalués par le Conseil du trésor, qui est un organe de
l'exécutif, cela devient très gênant de voir un organe de
l'exécutif limiter les moyens de contrôle de l'organisme dont
c'est le deuxième mandat que de le contrôler. L'Assemblée
nationale est là pour légiférer, contrôler
l'exécutif. Les moyens d'action, les moyens de contrôle de
l'Assemblée nationale sont sous la dépendance de
l'exécutif, qui peut éventuellement intervenir au point d'enlever
au Vérificateur général les moyens de faire son travail,
d'enlever à l'Assemblée nationale, qui est l'organisme
législatif, les moyens d'être un bon organisme législatif.
(21 heures)
Alors, plutôt que de continuer à rattraper les choses par
la loi de l'Assemblée nationale, comme on s'apprête à le
faire, parce que je crois que cette loi rallie passablement les parlementaires,
peut-être qu'on pourrait profiter de l'intervention du président -
c'est là une invitation qui nous est faite comme membres de
l'Assemblée nationale; on l'est tous; même le ministre l'est -
pour renverser les choses et ne pas assimiler l'Assemblée nationale...
Vous me permettrez de le souligner, le projet qu'on a sous les yeux montre bien
déjà qu'on faisait la différence - et là le
président de l'Assemblée nationale peut déjà
trouver première matière à satisfaction - le projet de loi
qu'on a sous les yeux, dis-je, fait la différence... On pourrait
peut-être aller plus loin et s'en remettre à l'Assemblée
nationale comme telle, au moment où elle étudiera sa loi sur
l'Assemblée nationale, pour dire ce qu'elle entend faire en termes
d'accès à l'information gouvernementale. C'est une
hypothèse.
L'autre hypothèse qui nous restera, si nous ne faisons pas cela,
ce sera, à l'occasion de la loi sur l'Assemblée nationale,
d'ajouter, à l'article dont je ne me souviens pas du numéro, une
autre disposition qui pourrait permettre éventuellement à
l'Assemblée nationale de se soustraire à une nouvelle loi, mais
de se donner des règles propres pour en respecter l'esprit et la
lettre.
M. le Président, j'ai constaté que le ministre avait
été distrait un peu, en conciliabule avec un autre
collègue. Je sais qu'étant donné notre fonctionnement,
l'évaluation qu'il fera de la situation de ce soir va un peu nous
influencer, compte tenu des règles habituelles du jeu en commission
parlementaire. Je ne sais pas si le ministre des Communications a eu l'occasion
de considérer cette question-là avant d'arriver en commission ce
soir, mais, si ce n'était pas le cas, je souhaiterais presque que cela
puisse être fait. Je crois qu'il doit être particulièrement
tiraillé parce qu'il est en même temps ministre des Communications
et leader du gouvernement en Chambre et, à ce titre, porteur d'un autre
projet de loi qu'il faut avoir à l'esprit quand on regarde les
problèmes soulevés par le président de l'Assemblée
nationale. Notre leader, le leader du gouvernement, a également dans ses
responsabilités actuellement un projet de loi sur l'Assemblée
nationale elle-même à piloter, et c'est curieusement le leader du
gouvernement, le ministre des
Communications, qui aura prochainement à défendre
l'autonomie de l'Assemblée nationale. On l'invite donc à
commencer ce soir.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Trois-Rivières. M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, je suis extrêmement
content que le président de l'Assemblée nationale soit venu nous
faire part de ses préoccupations quant au projet de loi no 65. C'est ce
qu'on espérait lorsqu'on a posé la question vendredi soir quant
aux problèmes possibles qui pourraient surgir, à la suite de
l'adoption du projet de loi tel quel, pour l'Assemblée nationale et les
députés.
Je pense qu'il y a deux façons de travailler le problème.
On peut commencer, comme c'est notre habitude dans cette commission
parlementaire, par rédiger les amendements sur un bout de papier au coin
de la table. Peut-être que, dans un deuxième temps, ce serait une
chose à faire, mais je voudrais dire que je suis très
préoccupé par la question de la Législature
vis-à-vis de l'exécutif. Je pense qu'il faudrait vraiment
épuiser cette espèce de tension-là avant d'aller plus
loin, parce que, si c'est vrai que le projet de loi incarne une espèce
de subordination de la Législature par rapport à
l'exécutif, je pense qu'il devient inacceptable par le fait même.
Moi, mon idée là-dessus n'est pas faite.
Je voudrais donc commencer en demandant au président, qui a
souvent fait référence au ministre désigné et qui a
souvent prétendu dans son laïus de ce soir que la commission n'est
pas une créature du Parlement... Donc, je présume, par
déduction, qu'elle doit être à ses yeux une créature
de l'exécutif. Dans quelle mesure les pouvoirs attribués par le
projet de loi aux émanations de l'exécutif, tels que le ministre
désigné, touchent-ils de façon systématique et
nécessaire l'Assemblée nationale et la présidence? Je ne
demande pas, donc, des exemples de problèmes spécifiques à
l'application du projet de loi ou aux demandes de documents par rapport
à certaines communications à l'intérieur de
l'Assemblée nationale, car je crois que nous pourrons nous attaquer
à ces problèmes-là dans un deuxième temps,
après avoir au moins examiné les relations de l'exécutif
et du législatif incarnées dans le projet de loi. Quels sont
spécifiquement les aspects du projet de loi qui, pour la
présidence, donnent effet à cette subordination de la
Législature à l'exécutif que craint la
présidence?
M. Vaillancourt (Jonquière): Je répéterai
qu'on fait souvent allusion à l'Assemblée nationale dans le
projet de loi, mais essentiellement toujours pour les mêmes choses,
c'est-à-dire que c'est l'Assemblée qui va nommer le
président et les membres de la commission d'accès. C'est
même à l'Assemblée nationale, non au président, de
concert avec le chef de l'Opposition et le premier ministre, à nommer
les remplaçants. C'est du droit nouveau en passant, mais je pense, si
j'ai bien lu le projet de loi, qu'on donne ce pouvoir au président. On
lui donne également le pouvoir de déposer le rapport annuel et
après, c'est tout. On impose deux obligations: au président, de
déposer le rapport annuel et à l'Assemblée, de nommer les
membres de la commission d'accès. Par la suite, cette loi
s'éloigne tout à fait du président et le président
n'a aucun contrôle sur l'application de cette loi parce qu'il y aura un
ministre responsable de l'application de la loi. Toujours en faisant ma
comparaison - tout à l'heure, je répondrai à votre
première question - je vous dirai ceci: C'est exactement semblable
à quatre autres lois adoptées par l'Assemblée nationale
où quatre autres personnes ont été nommées à
l'Assemblée nationale, quatre autres personnes dont je dépose le
rapport et qui font même partie, dans leur cas, de l'organigramme de
l'Assemblée nationale du Québec. Je parle du Vérificateur
général, du Protecteur du citoyen. Parce qu'on m'impose une autre
obligation, c'est d'assermenter le président. J'assermente le Protecteur
du citoyen, j'assermente le Vérificateur général,
j'assermente le Directeur du financement des partis politiques, mais, une fois
que je les ai assermentés parce que c'est une obligation légale
qu'on le fasse, je n'ai aucun contrôle sur eux, d'autant plus que ces
lois ne nomment aucun ministre responsable de ces lois. Dans ce cas-ci, il y
aura un ministre responsable.
À quoi cela touche-t-il? Sans aller dans les détails, cela
touche à un principe absolument essentiel et je reviens à la
question de principe. C'est qu'il y a eu une sous-commission de
l'Assemblée nationale l'année dernière qui regroupait
environ douze parlementaires des deux formations politiques. L'un des sujets
majeurs discutés, cela a été justement l'autonomie,
l'indépendance du législatif par rapport à
l'exécutif. Cela ralliait les membres des deux formations politiques.
Évidemment, on discutait de l'avant-projet de loi. Par la suite, il y a
eu, évidemment, des améliorations apportées par le leader
du gouvernement à la Loi sur l'Assemblée nationale, il y a eu la
commission des crédits du président où longuement il en a
été question.
En quoi les pouvoirs de l'Assemblée sont-ils touchés?
Bien, justement, dans le fait qu'on assujetti l'Assemblée nationale
à une loi édictée, déterminée et
administrée par l'exécutif. Une loi qui s'applique
essentiellement aux députés, donc, information aux
députés et non pas information aux citoyens sur des lois. On ne
vote pas de loi à l'Assemblée nationale; on vote des lois dans
l'enceinte du salon bleu.
Dans l'administration de l'Assemblée nationale, le
président, ses sous-ministres, ses directeurs généraux ne
conçoivent pas de politiques, de législations pour
améliorer le sort des citoyens et des citoyennes, ne dépensent
pas d'argent pour améliorer l'environnement, pour améliorer la
santé ou l'éducation. Essentiellement, la loi est
édictée, parrainée, pilotée et administrée
par le gouvernement. L'information qui doit être transmise au public,
c'est l'information gouvernementale parce que le gouvernement a de
l'information à donner aux citoyens. Le citoyen a besoin d'avoir de
l'information du gouvernement. Quelle information l'Assemblée nationale
peut-elle donner à la population alors que l'ensemble de ses services
est voué aux 122 députés de l'Assemblée nationale
du Québec? Lorsque je parle de l'Assemblée nationale, je parle du
président, de l'Assemblée comme corps législatif et je
parle également de ses différents services, parce que le
président est en contact régulier, par écrit ou
verbalement, avec les personnes qui dépendent de lui dans l'organigramme
de l'Assemblée nationale.
Donc, c'est essentiellement une question de principe, mais c'est plus
qu'une question de principe parce que, si on va dans les détails, cela
amène des questions comme celles que je vous ai posées tout
à l'heure, qui sont très pertinentes et qui intéressent au
plus haut point les membres de l'Assemblée nationale. Malheureusement,
lié par une sorte de secret professionnel que je me suis imposé,
je ne peux pas vous raconter des choses que je pourrais vous raconter en temps
normal, mais les questions que je vous posais tout à l'heure et
auxquelles je n'ai pas encore obtenu de réponses sont des questions qui
ont trait à des faits particuliers qui sont réellement
arrivés depuis un an et demi, des lettres qui me sont écrites et
des réponses que je donne sur des sujets extrêmement importants et
qui viennent non pas de citoyens, mais essentiellement de
députés, de formations politiques ou de personnes parlant au nom
de leur formation politique. En ce qui me concerne, je tiens à garder
ces informations écrites, qui me proviennent des députés
de chaque côté de la Chambre, et les réponses que je leur
donne à titre de président, de même que les informations
données par les personnes qui travaillent dans l'organigramme de
l'Assemblée nationale, je tiens à ce que ces informations
écrites demeurent confidentielles, non pas pour le bien du
président, mais pour le bien de l'ensemble des députés que
j'ai le devoir de représenter. C'est cela le principe. Si on accepte
cette loi telle qu'elle est conçue à l'article 3, dans une
nouvelle loi qui s'en vient bientôt, on viendra consacrer une
deuxième fois la dépendance du pouvoir législatif,
c'est-à-dire les 122 députés, par rapport à
l'exécutif.
C'est le principe majeur qui est en jeu, principe qui n'est pas
nouveau.
Le Président (M. Laplante): ...
M. French: M. le Président de la commission, quant aux
questions de détail, on peut les travailler après avoir satisfait
au moins notre curiosité par rapport au problème de principe,
mais j'ai encore, honnêtement, avec la meilleure sympathie possible, des
difficultés avec la notion suivante: Nous avons un projet de loi.
L'Assemblée nationale est souveraine et décide de se lier par un
projet de loi; le projet de loi donne certaines responsabilités à
ceux qu'elle désigne comme responsables au sein des organismes publics.
Donc, on assimile l'Assemblée nationale.
Il me semble, honnêtement, un peu fort de dire que c'est un projet
qui est administré, édicté, coordonné par un
ministre ou par l'exécutif. Je pense enfin que le fonctionnement
essentiel serait l'Assemblée nationale, son président, la
personne responsable au sein de l'Assemblée nationale définie au
sens de la loi et la commission. Alors, tout dépend de l'argument selon
lequel la commission relève de l'exécutif parce que ses membres
ne relèvent pas de la Législature. On a entendu qu'ils ne
relevaient pas de la Législature aux yeux de la présidence.
Est-ce à dire qu'ils relèvent de l'exécutif? Oui. Le
président me fait signe que oui. À ce moment, j'ai de gros
problèmes...
M. Vaillancourt (Jonquière): Pas dans leur nomination.
Dans leur nomination, ils relèvent de l'Assemblée nationale, de
ses membres. Mais, une fois qu'ils sont nommés, ils ne dépendent
plus de l'Assemblée nationale. Sauf pour le dépôt du
rapport annuel, sauf pour la nomination du remplaçant ou des
remplaçants, de concert avec les deux personnes nommées dans la
loi, ils ne dépendent en aucun moment du président de
l'Assemblée. (21 h 15)
Je pense que c'est une erreur fondamentale de faire en sorte que
l'information qui est donnée par le gouvernement aux citoyens et que les
citoyens ont le droit de recevoir soit comparée à l'information
qui est transmise confidentiellement aux députés et à
l'Assemblée nationale, parce que les services rendus par
l'Assemblée, ce sont des services rendus aux députés.
Déjà, on reconnaît dans l'actuelle Loi sur la
Législature que l'Assemblée nationale n'est pas un
ministère comme les autres, parce qu'à l'article 42 de la loi
actuelle sur la Législature et dans un article de l'avant-projet de loi,
on permet -j'espère qu'on le permettra encore - à la commission
de la régie interne de déroger,
avec l'approbation de la commission de l'Assemblée nationale,
à certaines règles ou certaines lois qui régissent
l'ensemble des ministères. L'article 42 de l'actuelle loi le permet.
Dans l'avant-projet de loi - je pense que c'est l'article 99 - un article, en
tout cas, prévoit la même chose. Déjà,
l'exécutif reconnaît, parce que c'est lui qui a adopté la
loi de l'Assemblée nationale, que l'Assemblée n'est pas un
ministère comme les autres. Parce que, sans cela, tous les
ministères du gouvernement du Québec auraient le droit d'avoir un
article 42 et de se soustraire à certaines règles par un article
42, 68 ou 74. On reconnaît déjà depuis plusieurs
années ce pouvoir à l'Assemblée nationale du
Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau. Excusez, allez-y.
M. French: Je serai très bref.
Je pense qu'il n'y a personne qui veut empêcher que la
présidence fonctionne, il n'y a personne qui voudrait ouvrir les
dossiers de la présidence.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas la
présidence, c'est l'Assemblée nationale et les 122
députés.
M. French: Je vais vous donner quelques exemples de services qui,
je pense, devraient être susceptibles d'être le sujet ou la cible
de demandes d'accès aux documents de la part des citoyens: le service de
radiotélévision des débats, l'administration du
Parlementaire, d'autres instances administratives de l'Assemblée
nationale, M. le Président de la commission.
J'ai essayé de ne pas déborder sur ces questions parce que
je voulais vider d'abord la question philosophique et la question de principe
qui demeurent entières: Est-ce que vraiment ce projet de loi incorpore
la subordination de la Législature à l'exécutif? Ce que le
président de l'Assemblée m'a dit jusqu'à maintenant
m'inquiète un peu, dans le sens que, si vraiment la commission est
assujettie aux voeux, prérogatives, préférences,
pressions, folies du gouvernement du jour...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je n'ai pas dit pressions, je
n'ai pas dit folies, je n'ai pas dit prérogatives.
M. French: Je n'accuse pas le député d'avoir dit
ces choses, non plus.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord. C'est parce que je
n'ai pas dit cela.
M. French: Je dis qu'on essaie de trouver une formule qui va
donner une certaine indépendance, la plus grande indépendance
qu'on peut imaginer, à notre système parlementaire. La question
qui est importante pour moi pour le moment, face à cette
prétention du président de l'Assemblée nationale selon
laquelle la commission qu'on crée ici est vraiment une créature
de l'exécutif, c'est de savoir ce que l'on peut faire pour la rendre
plus importante, pour que ce soit vraiment une créature de la
Législature. C'est cela qui me préoccupe, pour tout le
fonctionnement du projet de loi et non seulement concernant la question de son
application face à l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est-à-dire que la
commission d'accès, dans un sens, légalement, est la
créature de l'Assemblée parce que ses membres seront
nommés par l'Assemblée. Une fois que ses membres - le Directeur
du financement des partis politiques est une créature de
l'Assemblée comme ses deux assistants, parce que tous les trois ont
été nommés par les deux tiers des membres de
l'Assemblée - sont nommés, cela dure le temps d'un vote
enregistré à l'Assemblée nationale, ils ne
dépendent plus de l'Assemblée, sauf pour le dépôt du
rapport annuel et sauf pour une commission parlementaire convoquée par
le président, dans les trois ans, je pense. Justement, le
président convoquerait une commission parlementaire pour que la
commission d'accès vienne faire rapport à l'Assemblée
nationale. Si c'est cela donner juridiction à l'Assemblée sur une
commission d'accès...
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. French: ... c'est à peine une question de juridiction
au jour le jour. Justement, on essaie d'isoler cette commission en lui donnant
certains pouvoirs, en lui garantissant le mieux possible dans notre
système parlementaire une indépendance, une liberté
d'action. Il me semble que l'argument de la présidence actuellement
équivaut à ceci: elle ne dépend pas des décisions
au jour le jour de la présidence ou de l'Assemblée nationale.
Donc, elle doit être une créature de l'exécutif. Parce
qu'à cause de cette argumentation, elle est une créature de
l'exécutif, le projet de loi implique la subordination de la
Législature à l'exécutif.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je dis cela et je dis surtout
plus que cela. Je dis qu'on l'assimile, qu'on fait de l'Assemblée
nationale un ministère comme les autres. On fait de l'Assemblée
nationale le ministère de l'Assemblée nationale comme le
ministère de l'Immigration, comme le ministère des
Communications.
M. French: Uniquement pour l'accès aux documents, M. le
Président, pas pour d'autres fins.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord. Je n'ai rien contre
le fait que cela s'applique à certains documents de la
radiotélévision des débats, du secrétariat des
commissions parlementaires et ainsi de suite. Voici ce qui me préoccupe
le plus et j'aimerais que vous compreniez cela. Je ne viens pas ici comme
président de l'Assemblée représentant Claude Vaillancourt.
Je me sens le devoir de venir ici dire ce que j'ai à dire pour
l'ensemble des députés. Compte tenu de mon travail quotidien -
c'est pour cela que j'ai osé entrer dans les détails tout
à l'heure - je puis dire qu'il n'y a peut-être pas une personne
dans les 122 députés qui reçoit autant de communications
privilégiées et confidentielles. J'aimerais au moins une chose,
c'est que ces communications privilégiées et écrites entre
députés et président soient à l'abri de la loi.
J'aimerais au moins que les communications privilégiées entre
citoyens et président sur le comportement de telle ou telle formation
politique en Chambre ou de tel ou tel député soient à
l'abri de la loi. On demande plus. J'aimerais avoir la soustraction totale de
la loi, mais au moins cela. C'est bien sûr qu'à la
radiotélévision des débats, au secrétariat des
commissions les documents sont publics de toute façon; les commissions
sont enregistrées, les journalistes peuvent les suivre.
On n'a rien à cacher, mais il y a certaines choses fondamentales
dont je ne peux pas parler en détail, qui doivent rester confidentielles
parce que, sans cela, cette confiance qu'ont les membres de l'Assemblée
nationale envers non pas la personne, mais le poste qu'occupe la personne
n'existera plus ou, du moins, sera beaucoup moins importante.
M. French: M. le Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): Et je comprends mal surtout -
ce sera mon dernier argument - qu'on accorde dans un certain article au
Vérificateur général des restrictions telles, qu'on le
protège à un point tel, alors qu'il dépend de
l'Assemblée nationale, alors qu'en ce qui concerne l'Assemblée
nationale il n'y a pas de restrictions, tous les documents sont ouverts,
même les communications privilégiées, confidentielles,
entre président et députés, entre leaders et
président, entre whips et président. Pour le Vérificateur
général qui dépend, non pas dans son travail quotidien,
mais pour sa nomination et pour son rapport annuel de l'Assemblée
nationale, il a trois belles restrictions qui sont tellement larges qu'elles
lui permettent de soustraire à peu près tout. On donne au
gouvernement le pouvoir non seulement de se soustraire lui-même, mais de
soustraire n'importe quel de ses ministères à la loi par un
décret, par un arrêté en conseil à l'article 146. On
demande le même pouvoir à tout le moins. Pourtant, on n'a rien
à cacher.
M. French: Pour terminer, pour le moment, M. le Président,
je voudrais assurer le président de l'Assemblée, qu'en tout cas,
pour nous, il n'y a pas de doute qu'il vient ici parce que c'est le meilleur
intérêt de la population et de l'Assemblée nationale comme
institution qui lui tient à coeur. Deuxièmement, s'il faut
absolument parler des problèmes spécifiques qu'il a
soulevés, je pense qu'on est très impressionné par
l'importance de protéger certains documents et certaines interrelations
de confiance au sein de l'institution. Je dis quand même que la question
philosophique des relations exécutif et Législature est
importante et je ne voudrais pas qu'on passe en détail aux façons
de protéger les documents en question avant qu'on vide cette question de
principe.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je terminerai - un mot de
conclusion, M. le Président - en disant ceci: Qu'on le veuille ou non,
l'Assemblée nationale est surtout et avant tout un lieu d'affrontements
entre formations politiques. On fait erreur en soumettant les services de
soutien de ces formations politiques et leurs membres aux mêmes
critères quant à l'accès à l'information que ceux
qu'on impose aux services gouvernementaux qui ont une vocation tout à
fait différente. Je conçois mal que le lieu
privilégié d'affrontement entre formations politiques, qui est le
salon bleu, que les services de recherche du Parti québécois et
les services de recherche du Parti libéral, que les études du
Parti québécois et les études du Parti libéral, que
les documents provenant de ces études soient accessibles au public alors
qu'ils ont une vocation tout à fait différente. Je vous remercie
beaucoup de m'avoir entendu.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Vachon.
M. Payne: Si l'on peut terminer le tour de table, j'aurais une
question à poser au président de l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau était avant vous. Je ne sais pas s'il garde ses
questions.
M. Guay: C'est plutôt une intervention, M. le
Président. Depuis que je suis député, il m'est
arrivé, à quelques occasions, de faire valoir publiquement
jusqu'à quel point le pouvoir législatif était,
hélas, soumis au
pouvoir exécutif dans notre système parlementaire, au
point que j'en suis arrivé à la conclusion que, malgré
toutes les réformes qu'on fera et dont je ne doute pas de la valeur,
tant et aussi longtemps que l'exécutif siégera au sein du
législatif, c'est-à-dire tant et aussi longtemps qu'on aura un
système parlementaire britannique, tant et aussi longtemps qu'il faudra
que la majorité ministérielle soit solidaire de l'exécutif
à défaut de quoi, c'est le gouvernement qui tombe, il ne peut y
avoir de véritable indépendance du législatif face
à l'exécutif. Toute prétention à l'effet contraire
m'apparaît valable, mais on ne peut plus théorique, car, en
pratique, elle est impossible.
Le Parlement, dont est issu le gouvernement, est étroitement
dépendant du gouvernement, c'est un fait connu. Je pense que c'est
l'hebdomadaire britannique The Economist qui disait - enfin il le disait pour
eux, mais c'est la même chose ici -que notre système
équivaut à élire une dictature pour quatre ans,
étant donné le peu de pouvoir qu'a le Parlement de
contrôler les faits et gestes de l'exécutif. Si bien que
j'apprécie beaucoup que le président de l'Assemblée
nationale ait pris le soin de venir devant nous, ce soir, pour nous faire part
de ses préoccupations, mais, en même temps, j'avoue que je
n'arrive pas tout à fait à les partager en ce qui concerne ce
projet de loi précis parce que, s'il est un projet de loi qui ne place
pas le législatif sous la gouverne, sous le coupe de l'exécutif,
c'est bien celui-ci. En réalité, ce que ce projet de loi fait, il
donne des droits aux citoyens, tant à l'endroit du pouvoir
exécutif que du pouvoir législatif. Le pouvoir exécutif se
soumet peut-être encore davantage que le pouvoir législatif, tout
compte fait, compte tenu de ses rouages peut-être plus complexes et de
l'habitude qu'il a peut-être davantage de fonctionner en vase clos et de
l'habitude du secret. L'exécutif, à mon avis, se soumet davantage
peut-être que le législatif, mais, en tout cas, l'idée
générale, c'est que les deux se soumettent à
l'accès au public, par le public, aux renseignements gouvernementaux,
aux documents gouvernementaux, aux documents publics des organismes publics.
Par ailleurs, votre projet de loi vise à protéger les
renseignements personnels, ce qui est une préoccupation qui anime
certainement l'Assemblée nationale, comme Assemblée, comme
Parlement, autant que le gouvernement et que les organismes publics.
C'est donc dire que je n'arrive pas à voir comment
l'exécutif, en espèce, dans ce projet de loi-ci, se soumet
à l'exécutif. Je pense que, sans porter de jugement, sur
certaines préoccupations fort légitimes, par ailleurs, du
président, sur certaines questions, je pense que ce n'est pas le bon
moment ou le bon projet de loi pour faire un baroud d'honneur de
l'indépendance théorique du législatif face à
l'exécutif parce que, justement, l'exécutif ne soumet pas le
législatif par ce projet de loi. Il est peut-être vrai que la
commission que vise à créer le projet de loi ne relève pas
autant qu'on pourrait le souhaiter du Parlement, de l'Assemblée
nationale et qu'il y a un ministre responsable.
On me dit que la Commission des droits de la personne, également
nommée par l'Assemblée nationale, a un ministre responsable si
bien que ce n'est pas une nouveauté. C'est peut-être un
anachronisme ou une structure bizarre, mais, enfin, ce n'est pas une
nouveauté; il y a peut-être quelque chose qu'il faudrait corriger.
(21 h 30)
Le président nous dit que, dans l'espèce, quotidiennement,
face au
Vérificateur général, au directeur des
élections, au Directeur du financement des partis politiques, à
la Commission des droits et, je présume, au Protecteur du citoyen et
aussi à cette commission, il n'a vraiment pas de maîtrise, quelle
qu'elle soit. Je pense que ce n'est pas dans ce projet de loi qu'on va corriger
une situation qui est beaucoup plus globale, mais, par contre, je signale au
leader du gouvernement, puisqu'il s'apprête à déposer un
projet de loi sur l'Assemblée nationale à l'Assemblée
nationale, que peut-être, dans ce projet de loi de l'Assemblée
nationale, on devrait prévoir un mécanisme par lequel le
président et le bureau de l'Assemblée nationale exercent un
contrôle plus rigoureux sur les aspects financiers du fonctionnement des
organismes relevant de l'Assemblée nationale et sur la façon dont
le personnel est choisi, nommé, et rémunéré. Cela,
j'en suis, mais je ne pense pas que ce soit à la pièce, par ce
projet de loi, par la Commission d'accès à l'information qu'on va
régler un problème qui est beaucoup plus vaste. En ce
sens-là, je pense que ce n'est pas le bon débat au bon moment,
tout en étant conscient que c'est une préoccupation fort
légitime.
Que l'Assemblée nationale soit soumise à un projet de loi,
il n'y a rien d'anormal là-dedans. Ce n'est pas la première fois.
Le fait que l'Assemblée nationale s'est d'elle-même volontairement
désistée de tout pouvoir en matière de dessin, de
confection des districts électoraux pour le confier à une
commission en s'empêchant même d'avoir le pouvoir de revoir ce que
la commission fait, c'est allé très loin dans un domaine qui
concerne de très près les députés. Alors, que
l'Assemblée nationale dise: Pour ce qui est de l'accès aux
documents publics, aux documents des organismes publics, l'Assemblée
nationale se soumet volontiers, ça me semble assez logique, d'autant
que, s'il devait en être autrement et si on devait
exclure l'Assemblée nationale, nous nous retrouverions dans une
situation assez paradoxale où le gouvernement, qui est une
émanation de l'Assemblée nationale, même si une fois
émané de l'Assemblée il a un contrôle assez direct
là-dessus, mais c'est quand même au départ une
émanation de l'Assemblée, le gouvernement, émanation de
l'Assemblée nationale, les municipalités et les commissions
scolaires, pouvoirs délégués de l'Assemblée
nationale, les réseaux de l'éducation et les réseaux des
affaires sociales qui relèvent des ministres et finalement de
l'Assemblée nationale, évidemment, pour leur budget, tout ce bon
monde serait soumis à la loi et la source même serait au-dessus de
la loi ou à part ou en dehors. Il me semble que, si quelqu'un, si un
organisme, s'il y a un endroit où on doit donner l'exemple, c'est bel et
bien ici même à l'Assemblée nationale. Il est dans la
nature des choses, dans la logique la plus élémentaire que
l'Assemblée nationale au premier chef accepte de se soumettre au projet
de loi. C'est ce qu'elle fait; après tout, c'est l'Assemblée
nationale qui vote cette loi. Je sais, vous allez me dire, M. le
Président, que c'est une loi qui vient du gouvernement. Ou bien
I'indépendance existe ou elle n'existe pas. Si elle existe,
l'Assemblée peut la refuser; si elle n'existe pas - de toute
façon, en fait, en réalité, vous savez comme moi qu'en
réalité elle n'existe pas plus que cela - le fait est que
l'Assemblée nationale vote cette loi et que les députés,
s'il y en a qui ont des objections majeures, des objections de conscience,
peuvent fort bien décider qu'en conscience, ils ne sont pas capables
d'accepter que l'Assemblée nationale accepte de se soumettre à ce
système-là; mais moi, je pense que c'est un mauvais débat
au mauvais moment.
Je conçois qu'assimiler l'Assemblée nationale à un
organisme public pour les fins de la loi uniquement peut avoir un petit
caractère un peu vexant, blessant, pour la dignité de
l'Assemblée; peut-être pourrions-nous le formuler autrement dans
un article distinct qui serait une déclaration, peut-être que les
légistes pourraient regarder cela en disant que l'Assemblée se
soumet à la présente loi et, pour les fins de celle-ci, accepte
d'être considérée comme un organisme public. Vous allez me
dire que ça revient au même, que la formulation est
différente et plus conforme à la dignité de
l'Assemblée, mais enfin, c'est une question de formulation et,
là-dessus, je pense qu'on est assez réceptif et prêt
à regarder de part et d'autre ce genre de formulation.
Il en est de même, je pense, pour l'article 34 concernant la
confidentialité des documents des députés. Le
président a soulevé une inquiétude légitime, parce
que de toute évidence on n'a pas la même interprétation. Je
pense qu'on devrait l'élargir pour être bien sûr que l'on
couvre tout, mais je pense en même temps qu'en vertu de cet article, la
correspondance du président qui, s'il est président, a d'abord
été et toujours un député - c'est une condition
sine qua non - se trouve quand même protégée par l'article
34, et nous pouvons l'améliorer. Je pense que nous allons chercher
à trouver des façons de l'améliorer. Il y a
peut-être le cas de la commission interne qu'il faudra regarder de plus
près, mais cette commission, de toute façon, est appelée
à disparaître prochainement pour être remplacée par
un bureau où il n'y aura pas beaucoup de secret, puisque les deux
formations politiques vont siéger au bureau...
M. Vaillancourt (Jonquière): ...
M. Guay: C'est une situation qui heureusement tire à sa
fin, cet anachronisme de la commission de la régie interne; si bien que
le ministre responsable dans la présente loi n'a pas plus de
contrôle sur la commission que le président de l'Assemblée.
C'est la première fois qu'on cherche à ramener un organisme
nommé ou relevant, comme on dit, de l'Assemblée - même si,
en pratique, le président peut dire que cela ne relève pas de
lui, mais, au fond, à ce moment-là, il n'y a aucun organisme qui
relève de lui - c'est la première fois, dis-je, qu'au moins on
cherche à forcer un organisme, comme on dit, relevant de
l'Assemblée, à un minimum de règles comme l'administration
financière, comme la Loi sur la fonction publique, pour arrêter
que ces organismes aillent piger dans le fonds consolidé d'une
manière inconsidérée sans que personne, y inclus le
président, de qui c'est censé relever, ne puisse dire quoi que ce
soit. Ce n'est peut-être pas la meilleure solution, mais, pour l'instant
et jusqu'à nouvel ordre, il fallait passer par là.
Le ministre des Communications, comme vous pouvez vous en douter, me
passe un mot dont je vous laisse deviner la nature. C'est pourquoi je conclurai
peut-être sur un autre paradoxe, M. le Président de
l'Assemblée... Eh bien, avant d'arriver au paradoxe, je dirai tout
simplement, en ce qui a trait à l'article 146, que personnellement je le
trouve moi-même horriblement abusif. Le député de Westmount
le sait très bien. Je souhaiterais qu'on puisse en réduire la
portée. Cela est mon opinion personnelle. Je ne voudrais pas qu'on
l'élargisse en l'ouvrant à l'Assemblée. Je pense que, s'il
y a un article qui ne ferait pas nécessairement le plus grand honneur
à l'Assemblée, au Parlement, c'est peut-être
précisément l'article 146.
Je termine sur ce paradoxe où le président dit: Cela n'a
pas de sens, vous
donnez plus de pouvoir au Vérificateur général
qu'à moi-même. Le Vérificateur général, qui
est assis derrière vous, je ne pense pas révéler un secret
d'État, se plaint justement que le projet de loi ne lui donne pas assez
de pouvoir...
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai compris cela.
M. Guay: ... pour protéger ses dossiers de l'accès
du public.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): En conclusion, M. le
Président, je ne pense pas être venu faire un baroud d'honneur, je
pense être au bon lieu au bon moment. Ce que je voulais surtout faire,
c'est sensibiliser les députés eux-mêmes sur les
problèmes qui vont les toucher s'il n'y a pas des améliorations
importantes d'apportées à cette loi.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): Je répète, en
conclusion, que l'Assemblée nationale n'a rien à cacher. Je
souhaite qu'on trouve une autre formulation si on veut absolument l'assujettir
à cette loi. Je souhaite qu'on trouve une autre formulation pour faire
en sorte que l'Assemblée nationale ne soit pas considérée
comme un ministère comme les autres. Je constate avec joie que le
député de Taschereau et le ministre des Communications trouvent
légitimes certaines des questions qui ont été
posées. Si je l'ai fait, je l'ai fait pour l'ensemble des
députés parce que je me suis rendu compte qu'à part
quelques-uns, personne n'a vu dans cette loi les dangers réels qu'elle
représentait pour les communications privilégiées entre le
député et l'Assemblée nationale. J'espère qu'au
moins à ce point de vue, c'est-à-dire les relations, les
communications privilégiées entre le président, ses
services et les députés, certaines améliorations seront
apportées. Non pas pour tous les services mais pour certains services,
comme, entre autres, les services de recherche des partis politiques; c'est
extrêmement important. De même, vous n'êtes pas sans savoir
que, lorsqu'un travail de recherche est fait pour le compte d'un parti
politique, souvent une copie est laissée à la
bibliothèque. Or, je pense que les partis politiques n'aimeraient pas
nécessairement que des travaux partisans faits par leur service de
recherche soient accessibles à tout le monde lorsqu'on sait que le salon
bleu est un lieu d'affrontement politique.
Je n'ai jamais demandé que l'Assemblée nationale ait
juridiction sur la commission d'accès. Ce que j'ai voulu surtout faire
ce soir, en posant des questions très précises, c'est vous faire
prendre conscience que, s'il n'y a pas des améliorations importantes
d'apportées à la loi, beaucoup de députés à
l'avenir seront les premiers à venir se plaindre au président de
l'Assemblée nationale ou à d'autres du fait qu'on n'ait pas vu
à temps les dangers que comporte cette loi pour les relations que les
députés considèrent privilégiées avec le
président, qui se considère, quant à lui, comme
étant lié par le secret professionnel au même titre qu'un
avocat. C'est peut-être là l'aspect fondamental quand on sait les
articles très importants que contient le projet de loi de
l'Assemblée nationale. Par exemple, sur les causes d'inhabilité
à siéger, lorsqu'un député vous écrit une
lettre et vous demande votre opinion là-dessus, il ne faut pas que ce
soit une lettre accessible au grand public. Je pense que c'est une lettre qui
est de nature confidentielle et j'aimerais au moins qu'à ce niveau et au
niveau des services de recherche, au niveau de la bibliothèque, on
respecte cette confidentialité des rapports entre le président et
les députés.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, avant que vous
concluiez ou que vous vous retiriez, M. le Président, j'avais reconnu le
député de Vachon qui aurait un commentaire ou une question
à vous adresser.
M. le député de Vachon.
M. Payne: Je réitère ma préoccupation, M. le
Président de la commission; le principe implicite dans l'article 3,
à savoir que l'Assemblée nationale soit assimilée à
un organisme public, ne me satisfait pas. Je vais essayer d'être aussi
pragmatique que possible et de faire abstraction d'un point de vue
philosophique.
J'aimerais inviter le ministre à commenter ce qui est, à
mon avis, un point essentiel et peut-être aussi celui que je
considère comme le porte-parole des députés, le
président de l'Assemblée nationale. Si l'Assemblée
nationale est l'ensemble de ses membres, si l'article 9 accorde un droit
à l'information aux citoyens, mais qu'en vertu de l'article 34 un
député peut déroger ou se soustraire à ce droit -
ce qui est très mauvais pour un projet de loi, s'il y a un droit qui se
voit souvent contredit plus tard - en vertu de quel principe veut-on vraiment
assimiler l'Assemblée nationale à un organisme public?
Pratiquement, pragmatiquement, ça donne quoi? Qu'est-ce que c'est, le
principe qu'on veut établir avec l'article 3?
Si on veut maintenir l'indépendance de l'Assemblée
nationale, je peux voir un excellent mécanisme pour prévoir cela.
C'est justement la loi constituante de l'Assemblée
nationale, sa propre loi. Je l'ai demandé au début, mais
je n'ai pas eu de réponse encore. Si on se mettait à faire la
liste des dérogations au droit à l'information pour
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire pour les
députés, on finirait par avoir quoi sur la liste? Je n'ai pas
réussi. Il y avait une suggestion émanant du député
de Westmount touchant, par exemple, les enregistrements de l'Assemblée
nationale. Mais l'Assemblée nationale est déjà une
instance publique. Donc, il m'apparaît assez évident que ces
enregistrements sont déjà publics. Que ce soit disponible,
ça, c'est une autre question. Mais je pense que, du fait même que
c'est télédiffusé, le droit est déjà
explicite.
Alors, soit que nous donnions raison à la thèse de
l'article 3 selon laquelle l'Assemblée nationale est effectivement
assujettie à un autre organisme ou qu'on accorde raison au principe de
l'indépendance de l'Assemblée nationale. Moi, je crois que
l'article 34 n'est pas tout à fait bon pour le député de
toute façon. Un député se trouverait dans une drôle
de situation s'il était obligé de justifier à chaque
moment le fait qu'il ne veut pas divulguer tel ou tel document, telle ou telle
lettre d'un électeur. Je ne pense pas, non plus, que le président
est protégé et je pense que, si on se mettait à la
tâche de faire une liste des cas d'exception, on n'aurait pas
grand-chose. D'où viennent les raisons pour inclure l'Assemblée
nationale comme un organisme assimilé à un organisme public? (21
h 45)
Je peux conclure avec un petit exemple qui n'est pas tout à fait
parfait, parce que cela touche à un ministre plutôt qu'à un
député. Un ministre est obligé normalement, en vertu de
ses fonctions, de chercher des conseils. Il a le droit d'utiliser une certaine
masse salariale, si vous voulez, pour embaucher les gens qui, eux, à
leur tour, peuvent le conseiller de la manière la plus efficace
possible.
Les membres de son équipe, s'ils veulent vraiment se livrer
librement à toute bonne partisanerie, n'ont aucune garantie, aucun
privilège particulier et ne sont pas couverts par l'article 34. Ils sont
simplement couverts au bon gré de leur employeur. Ceci est un exemple
qui m'apparaît aussi être une lacune.
La question fondamentale demeure. Je ne vois pas en vertu de quel
principe on veut assimiler l'Assemblée nationale à un organisme
public. Si je peux avoir une réponse satisfaisante à cela, je
serais plus disposé à voter en faveur de l'article 3. Pour le
moment, je ne me sens pas prêt.
Le Président (M. Laplante): Sur cela, M. le
Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): II y aurait peut-être
un moyen terme, c'est d'enlever les mots "Assemblée nationale" et de
garder "les services de l'Assemblée".
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Vaillancourt (Jonquière): Parce que l'Assemblée
nationale, c'est un corps législatif; c'est très facilement, en
droit constitutionnel, identifiable. Il y aurait peut-être un moyen
terme, surtout que le député de Taschereau n'aime pas l'article
146.
Le Président (M. Laplante): Une courte intervention, M. le
député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, je me suis trompé
tantôt en pensant à l'article 146 et en le qualifiant
d'horriblement abusif; je pensais à l'article qui porte sur les
délais de trente ans et ce n'est pas l'article 146. Pour les fins du
journal des Débats, j'aimerais au moins corriger cela. J'ai eu un lapsus
de pensée, j'ai fait un court-circuit.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Merci.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, en
terminant, je dirai une chose: L'article 34 protège les communications
des 122 députés de l'Assemblée nationale. Je pense que
l'Assemblée nationale, c'est plus que la somme de ses 122 membres.
Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
Président.
M. Bertrand: M. le Président, si vous le permettez. Ma
question au président de l'Assemblée nationale sera très
courte. Quand je mettrai mon chapeau de leader, j'aurai à
défendre une autre loi qui est relative, celle-là, à
l'Assemblée nationale. Je suis très conscient moi aussi qu'il
nous faut poursuivre des objectifs qui tendent à donner plus
d'indépendance et d'autonomie à cette institution.
Tout le discours du président depuis le début a
été de dire: Entre nous autres, on peut établir des
règles qui nous permettent à toutes fins utiles d'avoir
accès à peu près à tous les documents qui pourront
être disponibles éventuellement. Le bureau de l'Assemblée
nationale, une fois qu'il sera constitué avec des parlementaires de
l'Opposition, des parlementaires du côté ministériel, c'est
incroyable tout ce qu'il va contenir et qui va être disponible pour les
députés et tout ce qui pourra y être discuté
très ouvertement. L'institution elle-même fonctionne publiquement.
Je suis d'accord avec cela. Mais, qu'est-ce que le président fait, par
contre, de la relation qui existe entre ce corps constitué et la
population? C'est là qu'est l'objectif de la loi d'accès.
Ce n'est pas une loi constituée pour des députés
qui, à l'intérieur de l'Assemblée nationale, se
fournissent entre eux des informations parce qu'ils ont accès à
des documents, parce que le bureau de l'Assemblée nationale nouvellement
constitué va permettre d'atteindre des objectifs comme ceux-là.
L'objectif, c'est de faire que des gens du comté de Jonquière, du
comté de Vanier, du comté de Westmount, de Vachon, pourront avoir
accès à des documents auxquels, si on soustrait
l'Assemblée nationale à l'application de la présente loi,
seuls les députés ou les fonctionnaires de l'Assemblée
nationale pourront avoir accès d'une façon ou d'une autre.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je suis d'accord, M. le
ministre, avec ce que vous dites, je suis d'accord avec le principe de la loi
parce que déjà tout est public ou presque à
l'Assemblée nationale du Québec. Ce que je voulais - et
peut-être que j'ai été mal compris - surtout dire, et je ne
peux pas aller plus loin parce que mon devoir m'empêche de le faire,
c'est que je connais personnellement un genre de correspondance qui
s'échange entre les députés et moi, entre des formations
politiques et moi et que je ne voudrais pas que ces documents soient
accessibles parce qu'ils ne procureront aucune information aux citoyens et
qu'au contraire ils nuiront à l'ensemble des députés ou
à certains députés ou à un député
dont je suis, tant que je serai président de l'Assemblée
nationale, gardien des privilèges et des droits. C'est dans ce sens que
mon intervention est faite surtout, et elle est surtout faite, comme je savais
que je venais devant le ministre des Communications, qui a aussi un autre
chapeau, je tiens à le dire, parce que je sais qu'il aura bientôt
à présenter une nouvelle loi de l'Assemblée nationale qui,
je prends acte de ses paroles, probablement fera état, un peu, beaucoup
-très beaucoup, je l'ignore - de l'autonomie et de l'indépendance
de l'Assemblée.
Jamais je n'ai demandé ce soir que l'Assemblée nationale
soit totalement soustraite à cette loi, parce que déjà 95%
des services de l'Assemblée nationale, de ses informations sont
accessibles au public à cause justement du fait qu'on a
décidé, il y a quatre ans, de téléviser nos
débats, du fait que nos décisions de régie interne sont
déposées à l'Assemblée nationale, du fait que
certaines de nos résolutions de régie interne sont
approuvées par la commission de l'Assemblée nationale qui,
elle-même, est suivie par des journalistes.
Ce que je voulais surtout dire, c'était qu'il y avait certaines
correspondances, certaines informations écrites que je connaissais,
comme président, qui ont trait essentiellement à des
députés, et qu'il n'est pas d'intérêt public que la
population connaisse, parce que ce n'est pas une information; ce sont des
demandes de directive, de conseil, des cas particuliers qui pourraient
affecter, un jour ou éventuellement, la réputation ou entacher la
crédibilité des députés de cette Chambre.
C'est seulement dans ce sens que je suis intervenu et non pas pour
soustraire l'Assemblée nationale à l'application de la loi. C'est
en même temps pour passer le message que l'Assemblée nationale
recherche et recherchera toujours un maximum d'indépendance et
d'autonomie dans son fonctionnement régulier. Je ne voudrais pas, par
exemple, qu'on croie, parce que certains ont pu le croire ce soir, que le but
de l'intervention était de soustraire l'Assemblée à
l'ensemble de l'application de la loi. C'est plutôt de faire en sorte
que, d'ici minuit ce soir, ou si vous siégez demain - je ne sais pas
jusqu'à quelle heure vous allez siéger -les quelques remarques
que j'ai pu apporter vous permettent d'améliorer le projet de loi, afin
que certains événements que j'appréhende et qui ont trait
essentiellement à des correspondances privilégiées
n'arrivent point.
Je pense - je terminerai là-dessus, M. le Président, en
parlant à tous les membres de la commission - que, si je n'avais pas
fait ce type d'intervention ce soir, au nom de l'ensemble des
députés, sur les problèmes que j'appréhendais face
à cette loi, par la suite, mes collègues de l'Assemblée,
des deux côtés de la Chambre, auraient pu m'en vouloir de ne pas
venir saisir la commission des dangers qui guettent la confidentialité
des rapports qui doit et qui devra toujours exister entre le président
élu par les 122 députés et les 122 députés
qu'ils l'ont élu.
M. Bertrand: Avant que le président nous quitte, je
voudrais lui dire que nous avons compris son message. Je pense,
là-dessus, exprimer le sentiment de l'ensemble des parlementaires autour
de cette table pour dire ceci. Premièrement, il nous apparaîtrait
souhaitable, au niveau des objectifs poursuivis par la loi, que
l'Assemblée nationale du Québec, au nom même d'ailleurs de
sa volonté de fonctionner dans la transparence, ne soit pas soustraite
à l'application de la présente loi; deuxièmement, que nous
puissions, tenant compte des représentations faites par le
président, en notre nom à tous - c'est ce qui doit être
souligné - resserrer un certain nombre de dispositions qui couvriraient,
entre autres, ces échanges de correspondance et ces échanges
d'information entre membres de l'Assemblée nationale et la
présidence, en particulier, sur des sujets qui, on peut bien le
comprendre...
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous en connaissez
quelques-uns, M. le leader.
M. Bertrand: ... - là-dessus je peux mettre mon chapeau de
leader effectivement, premièrement, ne sont pas d'intérêt
public et qui, deuxièmement, au contraire, si on parle de protection des
renseignements personnels, compromettraient personnellement des
députés, alors que, s'il y a des gens qui, eux aussi, à
titre de citoyens, doivent se sentir protégés en ce qui a trait
aux renseignements nominatifs, ce sont aussi les députés de
l'Assemblée nationale du Québec.
Alors, nous avons, je pense, saisi l'essentiel...
M. Vaillancourt (Jonquière): En terminant, je pourrais
dire qu'à l'Assemblée nationale la plupart de nos services sont
pour les députés. Nous en avons quelques-uns pour les citoyens.
Par exemple, les commissions parlementaires, c'est un service qui s'adresse aux
citoyens et c'est pour cela que c'est public. La télévision des
débats, c'est public parce que cela s'adresse aux citoyens; le journal
des Débats, tout le monde peut se le procurer à un prix
abordable, c'est public. On ne veut pas que ces services soient, demain matin,
soustraits à la loi. Ce qu'on veut, c'est que ce qui est relation
privilégiée entre législateurs, entre membres de
l'Assemblée nationale, demeure privilégié parce qu'il y a
des personnes, les membres de l'Assemblée nationale et même du
personnel de l'Assemblée nationale, qui viennent se confier au
président justement parce qu'il est président. Donc, ils ne
viennent pas se confier à M. Claude Vaillancourt, député
de Jonquière, ils viennent se confier au président, en tenant
pour acquis que le président gardera toujours ces propos confidentiels
et ne les dira à personne.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le Président.
Maintenant, j'appelle l'article...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... et de m'être
imposé.
Le Président (M. Laplante): On s'en reparlera dans le
privé, M. le Président. Je vous remercie.
Une voix: Comment?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Bourassa, je vous ai défendu ce soir.
Le Président (M. Laplante): Oui. J'appelle maintenant
l'article 21. M. le ministre, avez-vous des remarques sur...
M. Bertrand: M. le Président, j'aurais une demande
à vous faire...
Une voix: Oui, sûrement.
M. Bertrand: ... et je la proposerais sous forme de motion
à mes collègues de la commission parlementaire. Ce serait de
passer immédiatement à l'article 41 et d'inviter...
Le Président (M. Laplante): Je voudrais seulement demander
aux membres de la commission d'accepter le député de Sainte-Anne
comme intervenant à la place de M. Fortier (Outremont).
M. Bertrand: Très bien.
Le Président (M. Laplante): Merci.
M. Bertrand: Sur la base de l'article 41, si le
député de Westmount y consent, je demanderais que nous puissions
entendre le Vérificateur général qui aurait une
communication à nous faire. Je souhaiterais que ce soit beaucoup plus
bref que l'intervention du président de l'Assemblée nationale.
Non pas que je considère que le président de l'Assemblée
nationale a abusé du temps de la commission, loin de là. Il a
fait des représentations au nom des 122 parlementaires et il a voulu
nous inciter à approfondir notre réflexion, à pousser plus
loin notre réflexion sur notre volonté ou non d'assujettir
l'Assemblée nationale à la présente loi. Sur le dossier de
la vérification, sur les renseignements ayant des incidences sur la
vérification, nous avons introduit une nouvelle sous-section, qui est la
sous-section 6, qui n'était pas prévue dans la proposition de loi
contenue dans le rapport Paré, mais que nous avons introduite à
la demande du Vérificateur général. Nous croyions - il y a
un "i" après mon "y" - que l'article 41 tel que rédigé
pouvait répondre aux attentes du vérificateur, mais il semble que
le vérificateur voudrait nous faire un certain nombre de
représentations et peut-être nous inviter à ajouter un
"quatrièmement" après le "troisièmement" de l'article 41.
Je ferai motion là-dessus pour qu'il puisse être entendu.
Le Président (M. Laplante): Monsieur, vu qu'il y a
déjà eu une entente à l'article 3 entre les deux partis,
je n'ai aucune objection à ce que M. le Vérificateur
général puisse se faire entendre ce soir au même titre que
le président a eu la chance, lui aussi, de faire valoir son point de
vue. M. le vérificateur, aux fins du journal des Débats,
voulez-vous vous identifier et dire ce que vous représentez, s'il vous
plaît? Merci.
Témoignage du Vérificateur
général M. Rhéal Châtelain
M. Châtelain (Rhéal): Merci, M. le Président.
Rhéal Châtelain. Je suis le Vérificateur
général du Québec.
M. le Président, avec la permission de la commission ou la
vôtre, je voudrais présenter Me Charles Tremblay, de
l'étude Tremblay, Morrisset, Bois et Mignault, de Sainte-Foy, qui agit
comme mon conseiller juridique dans cette matière. Tout d'abord, merci
de cette occasion et de ce privilège qui me permettent d'intervenir
devant cette commission. Je voudrais intervenir surtout quant à l'impact
de ce projet de loi sur le rôle du Vérificateur
général. Comme l'a indiqué le ministre tantôt, j'ai
déjà fait des représentations quant à cet impact.
D'ailleurs, j'avais déjà signalé certaines
préoccupations que nous avions dans mon rapport annuel à
l'Assemblée nationale de 1981. Les résultats de ces
représentations, entre autres, apparaissent à l'article 41 du
projet de loi, lequel article contient certaines restrictions à
l'accès aux documents qui vont aider sensiblement le Vérificateur
général à accomplir son mandat envers l'Assemblée
nationale. J'apprécie donc bien sincèrement le geste qui a
été posé puisque, comme je le disais, celui-ci
répond déjà à plusieurs de nos
préoccupations. (22 heures)
Cependant, il y a une préoccupation qui demeure et je me
réfère ici au mandat qui m'est conféré par
l'Assemblée nationale, lequel est précisé dans la Loi sur
l'administration financière. Avec votre permission, M. le
Président, je voudrais lire l'article 78 de la Loi sur l'administration
financière, qui se lit comme suit: "Le Vérificateur
général doit, chaque année, remettre au ministre -
c'est-à-dire le ministre des Finances dans ce cas-ci - le
résultat de sa vérification et indiquer toute
irrégularité qu'il a constatée et qui, d'après lui,
mérite d'être signalée." Le rapport est remis au ministre
des Finances et est déposé à l'Assemblée
nationale.
Alors, comme vous le constaterez à la lecture de cet article, le
Vérificateur général jouit d'une certaine
discrétion dans l'exécution de son mandat; il s'agit d'une
discrétion qui n'est pas spécifique, disons, au Québec ou
encore au Vérificateur général du Québec comme tel.
C'est une discrétion qui est accordée aux vérificateurs -
et j'emploie le terme dans son sens large - quant au contenu de leurs rapports.
De plus, dans toutes les autres juridictions où, du moins, j'ai
connaissance de dispositions législatives concernant la
vérification législative, les vérificateurs disposent
d'une telle latitude. Il en est ainsi, par exemple, à Ottawa, à
Washington, en Australie, en Nouvelle-
Zélande, en France; dans tous les pays où j'ai
vérifié, il existe cette latitude.
Je soutiens bien respectueusement que cette discrétion
professionnelle accordée au Vérificateur général
dans le contexte de la loi doit être vue dans un sens tout à fait
positif. En effet, le Vérificateur général fait rapport
des irrégularités qu'il a constatées à
l'Assemblée nationale; il le fait dans un but positif,
évidemment: dans le but de voir à ce que des correctifs soient
apportés, à ce que les déficiences soient corrigées
et qu'on améliore généralement la qualité de la
gestion. Cette latitude, le Vérificateur général doit
l'exercer dans le cadre de son expertise professionnelle, sans doute. Il doit
porter un jugement de valeur sur les constatations de ses travaux de
vérification. Il doit rendre publics les résultats de ses travaux
pour informer l'Assemblée nationale de la qualité de la gestion
ou encore sur la façon dont l'administration s'acquitte des
responsabilités qui lui ont été conférées
par l'Assemblée nationale soit par des lois à incidence
budgétaire ou autre, et aussi quant à la
crédibilité des rapports ou des comptes rendus financiers que
l'Assemblée nationale reçoit de l'administration.
Donc, le rôle du Vérificateur général est
essentiellement positif. Dans ce sens, il faut le situer dans un contexte
d'imputabilité. La latitude qu'il a de par la loi lui permet donc de
discerner entre ce qui est important et ce qui est secondaire ou encore entre
l'essentiel et l'accessoire dans ce contexte toujours de l'amélioration
de la gestion. Je vais donner des exemples de la façon que cette
discrétion ou cette latitude peut s'exercer. Par exemple, il peut
arriver qu'au cours de ses travaux de vérification, le
Vérificateur général prenne connaissance de
déficiences dans certains systèmes de contrôle sans perte
trouvée au cours d'une première année. Or, le
Vérificateur général peut tout simplement décider
de ne pas publier immédiatement ces lacunes, mais tout de même de
recommander à l'administration des correctifs. S'il n'y a pas eu de
correction au cours de la deuxième année, le Vérificateur
général peut alors utiliser cette discrétion, rendre la
chose publique comme un incitatif additionnel.
Une telle approche, à mon avis, n'est pas sans similitude avec
celle qui est prévue pour la Commission d'accès à
l'information, justement, dans le projet de loi qui est à l'étude
ici. En effet, à l'article 134, on prévoit qu'il est loisible
à la commission, lorsqu'elle a fait des recommandations
d'amélioration, si elle se rend compte qu'une action n'est pas prise, de
faire rapport au gouvernement et également de faire un rapport
spécial à l'Assemblée nationale ou encore de faire des
remarques dans son rapport annuel.
Deuxième exemple. Le Vérificateur
général peut découvrir des échappatoires ou
certains procédés pour contourner les exigences des lois tels
que, par exemple, les paiements d'aide sociale ou les subventions à des
groupes d'invidus. Le fait de publier ces détails serait
l'équivalent d'indiquer comment s'y prendre pour rouler le
gouvernement.
Un autre exemple. Dans certains cas, il s'agirait de gestes
administratifs d'impacts assez restreints, d'impacts mineurs, il s'agirait de
petits scandales, par exemple, qui, pour des raisons objectives, n'ont pas
été rendus publics; s'ils étaient rendus publics par la
suite, évidemment, dans un contexte de sagesse après coup, ils
pourraient porter atteinte à la crédibilité du
Vérificateur général. Également, les opinions
formulées par le Vérificateur général
résultent d'un ensemble de travaux ou de renseignements puisés
à différentes sources. Des renseignements partiels obtenus ou
extraits des dossiers et pris hors contexte pourraient conduire à de
mauvaises interprétations et à l'émission de conclusions
erronées.
Ensuite, également, si l'accès aux dossiers de
vérification était permis, il est normal de prévoir des
hésitations, un manque de collaboration ou même une
répugnance de la part du personnel de l'entité
vérifiée à fournir les renseignements nécessaires
aux agents du Vérificateur général. Ainsi, la
capacité du Vérificateur général de remplir ses
devoirs que la loi lui impose pourrait être sérieusement
affectée. Également, le Vérificateur général
peut décider de ne pas publier des renseignements obtenus lors
d'entrevues, des renseignements pour lesquels il n'a pas obtenu de
corroboration, des renseignements dont il a la certitude quant à la
véracité, mais pour lesquels il n'a pas de preuves tangibles. Il
doit alors utiliser sa prérogative discrétionnaire.
Pourquoi, d'autre part, simplement embarrasser des gens pour des gestes
isolés sans grande portée? Ainsi, pour diverses raisons, le
Vérificateur général décide ou peut décider
de ne pas publier certaines constatations secondaires de vérification
qui, si elles étaient publiées, pourraient causer un effet tout
à fait négatif pour ne pas dire rétrograde sur la
qualité de la gestion et même conduire à
l'établissement d'un mécanisme improductif de défense sur
les entités vérifiées.
En conclusion, M. le Président, et je vous remercie de votre
indulgence, ce que je sollicite de cette commission, au nom de la fonction
à laquelle j'ai été nommé par l'Assemblée
nationale, c'est de faire en sorte de protéger cette prérogative
qui, justement, m'a été accordée par l'Assemblée
nationale de ne pas faire rapport ou, encore, de ne faire rapport que des
constatations de vérification qui, d'après moi, méritent
d'être signalées. Cette demande n'est pas unique ou
spécifique non plus au Québec, comme je le signalais tout
à l'heure. Et encore dans un contexte d'accès à
l'information, à Washington aux États-Unis, où il y a une
loi semblable, le vérificateur législatif, comme organisme
relevant du Congrès, n'y est pas assujetti. La même chose est en
train de se présenter à Ottawa. Le gouvernement a
déjà déposé le projet de loi C-43 où, dans
le cas du Vérificateur général, celui-ci n'apparaît
pas dans la liste des organismes qui sont assujettis à la loi.
En somme, M. le Président, c'est cette prérogative qu'il
faut protéger pour ne pas rendre impossible le rôle du
Vérificateur général, pour lui permettre, en toute
quiétude, en toute loyauté, et avec toute la compétence
à laquelle il peut faire appel, de s'acquitter de son mandat envers
l'Assemblée nationale.
Dans le fond, la question qu'on peut se poser, c'est celle-ci: Que
constitue une irrégularité qui mérite d'être
signalée à l'Assemblée nationale? Alors,
l'Assemblée nationale a donné ce mandat ou le mandat de
définir ceci au Vérificateur général, pas à
d'autres personnes qui, avec l'accès à ces documents, dans
certains cas, pourraient exercer ce rôle à sa place.
Alors, dans cet esprit ou dans l'esprit de mon intervention, j'ai remis
ce soir, comme l'indiquait tantôt le ministre, un projet d'amendement
à l'article 41 qui, de l'avis de mon conseiller juridique, atteindrait
cet objectif. Il y aurait peut-être lieu, si la discussion se poursuit
sur les termes de l'amendement, il y aurait lieu de signaler que deux mots ont
été oubliés. C'est peut-être secondaire, mais je
crois que je pourrai le préciser à l'occasion.
Alors, dans le projet d'amendement... Est-ce que je dois lire le projet
d'amendement?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Châtelain: Alors, il s'agirait d'un quatrième -
je crois qu'on appelle ça un sous-paragraphe - paragraphe à
l'article 41. Il se lirait comme suit: "4 de porter atteinte à la
prérogative accordée au vérificateur par une loi de ne
faire rapport que des constatations - et c'est ici la correction - de
vérification qui, d'après lui, méritent d'être
signalées."
Voilà, je vous remercie.
M. Bertrand: Pouvez-vous nous le relire, M. le
vérificateur, parce que nous allons modifier la feuille que nous avons
ici? De porter atteinte à la prérogative accordée au
Vérificateur général? Ensuite...
M. Châtelain: Si vous voulez, au Vérificateur
général. Moi, j'avais simplement dit au vérificateur parce
qu'il y a l'article
41.
M. Bertrand: Très bien. Alors, enlevons
"général", accordée au vérificateur. Ensuite...
M. Châtelain: De ne faire rapport que des constatations de
vérification qui, d'après lui, méritent d'être
signalées.
Le Président (M. Laplante): Si vous avez des questions, M.
le ministre...
M. Bertrand: Oui.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît:
M. Bertrand: Les échanges que nous avons eus avec le
Vérificateur général nous ont d'abord incités
à introduire une sous-section, comme je l'ai dit tout à l'heure,
et à tenter de définir le contexte dans lequel le
vérificateur ou une personne exerçant une fonction de
vérification dans un organisme public ou pour le compte de cet organisme
pourrait refuser de confirmer l'existence ou de donner communication d'un
renseignement. Et là, on définissait trois situations: une
entrave au déroulement d'une opération de vérification -
ça me paraît aller de soi - la révélation d'un
programme ou d'un plan d'activité de vérification, ou la
révélation d'une source confidentielle d'information relative
à une vérification. Ces trois éléments, je crois
qu'en les regardant, on peut croire que ça tombe sous le sens qu'il ne
faudrait surtout pas permettre que des gens aient accès à des
renseignements dans le contexte qui est précisé ici.
Le quatrièmement vient resserrer davantage l'article 41 et dit:
"... de porter atteinte à la prérogative accordée au
vérificateur de ne faire rapport que des constatations de
vérification qui, d'après lui, méritent d'être
signalées."
M. Châtelain: Prérogative accordée au
Vérificateur général par une loi. À ce
moment, je fais évidemment référence à la Loi sur
l'administration financière.
M. Bertrand: Accordée au vérificateur? M.
Châtelain: Par une loi.
M. Bertrand: C'est la Loi sur l'administration
financière.
M. Châtelain: Voilà.
M. Bertrand: Si on accepte ce genre d'amendement, il faut
être conscient qu'effectivement on resserre davantage la portée de
la restriction de l'article 41 et qu'à toutes fins utiles, pour un
certain nombre de documents qui font l'objet de vérifications par le
Vérificateur général et que le Vérificateur
général ne se sent pas encore disposé à
considérer comme pouvant être rendus publics, soit parce qu'ils
sont partiels et que d'autres analyses mériteraient d'être faites
pour ajouter à ce premier travail, soit parce que la divulgation, la
publication du document pourrait être préjudiciable à un
organisme, puisque, effectivement, il n'y aurait qu'une partie de
vérité ou même carrément, de l'avis du
vérificateur, des éléments mensongers à des
informations erronées ou des éléments erratiques à
l'intérieur de ces documents, il nous dit: Permettez-moi de garder ma
prérogative, tel que la Loi sur l'administration financière me le
permet en ce moment, d'évaluer, de porter un jugement, d'être un
peu ma propre commission d'accès à l'information,
c'est-à-dire de me faire moi-même réviseur d'une
décision que j'aurais à prendre si vous me demandiez, comme
responsable de l'accès, de rendre accessible ou non un document. Le
vérificateur se retourne vers lui à ce moment et dit: Je veux
bien rendre public ce document, mais je juge que, pour un certain nombre de
considérations, dont celles dont vous avez fait état tout
à l'heure, il ne serait pas opportun, ce serait même
préjudiciable et à mon travail de vérificateur et aux
organismes publics sur lesquels j'effectue des vérifications de
permettre que ces documents puissent être publics. (22 h 15)
À ce moment, c'est un peu comme si, par exemple, à
l'annexe A - vous vous rappelez l'annexe A M. le député de
Westmount? - on disait qu'à toutes fins utiles, si on ajoutait à
la liste des lois qui sont là les dispositions législatives qui
continuent d'avoir effet malgré l'article 70, on pourrait, à la
place même de cet article 4, simplement écrire: Loi sur
l'administration financière, chapitre 17, articles 77 et 78, si ma
mémoire est bonne. C'est cela?
M. Châtelain: C'est exact. Celui que j'ai lu, c'est
l'article 78.
M. Bertrand: II y a aussi l'article 77 qui fait
référence à cela un peu.
M. Châtelain: Le chapitre 17, je crois qu'il est
peut-être désuet maintenant. Le numéro du chapitre, je
pense qu'il a été changé depuis. De toute façon, il
s'agit de la Loi sur l'administration financière.
M. Bertrand: Ce serait une autre façon d'y arriver. On
voit bien quel est l'objectif que le vérificateur veut atteindre.
Le Président (M. Bordeleau): Le collègue de
Sainte-Anne avait peut-être une question, mais il n'est pas
là.
D'autres questions?
M. le député de Westmount.
M. French: M. le Président, je suppose qu'effectivement il
nous reste à poser la question au Vérificateur
général, à savoir pourquoi il veut non seulement
protéger certaines de ses prérogatives, mais ne pas se soumettre
à la discipline de la Commission d'accès à l'information.
Parce que, dans la dernière partie de son amendement, la
quatrième, il dit: Non seulement je veux protéger ces
renseignements, mais je veux que l'Assemblée nationale m'attribue la
seule et unique prérogative de décider quels sont les
renseignements en question, sans que la commission puisse regarder en
arrière de cette prérogative.
Le Président (M. Bordeleau): M. le
vérificateur.
M. Châtelain: M. le Président, je crois que le
ministre a bien situé tout à l'heure le contexte dans lequel
cette intervention a été faite. À la fin de mon bref
exposé, j'ai signalé évidemment que cette
prérogative était attribuée par l'Assemblée
nationale au Vérificateur général. Elle est
attribuée dans le moment. Si on donne accès à ces dossiers
- c'est le sens de mon intervention - si on donne accès aux dossiers du
Vérificateur général, les personnes qui y auront
accès et qui auront le pouvoir de rendre publiques, si vous voulez, les
constatations des vérifications, toutes les constatations qu'elles
pourront noter, ce sont ces gens qui exercent cette prérogative, ce sont
ces gens qui rendent cela public.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Westmount.
M. French: On comprend, par ces gens, trois commissaires
nommés par l'Assemblée nationale pour exercer les fonctions
d'arbitrage relativement à toute une série de restrictions en ce
qui a trait au bureau du Vérificateur général, mais, en ce
qui a trait aux forces de police, aux commissions scolaires, aux
municipalités, aux ministères et au bureau du
lieutenant-gouverneur, etc., le Vérificateur général va
être d'accord avec moi, j'en suis convaincu, on demande quand même
l'indulgence du législateur à un degré beaucoup plus
poussé que ce dont les autres organismes publics et instances publiques
vont bénéficier si le projet de loi est voté
substantiellement dans sa forme actuelle.
Le Président (M. Bordeleau): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: Merci, M. le Président.
Évidemment, il faut retourner aux objectifs et au mandat du
Vérificateur général lui- même. Son mandat premier
est de faire rapport à l'Assemblée nationale sur toute sa
responsabilité, complète et entière. Selon ce que le
député vient de soulever, je ne dis pas que je refuserais que
cette prérogative soit, si vous voulez, peut-être pas
exercée, mais jugée par la commission, par les commissaires. Ce
n'est pas cela. Je n'aurais aucune objection, par exemple, dans le contexte
où l'amendement proposé, l'amendement no 4 ou le quatrième
paragraphe de l'article 41 serait accepté, si quelqu'un portait appel,
à ce que les commissaires puissent déterminer si ceci fait partie
des prérogatives du Vérificateur général.
Ce que je soutiens, M. le Président, c'est que, advenant le cas
où ces documents ne sont pas protégés par la loi, ils sont
accessibles. Ce n'est pas aux commissaires de décider s'il sont
accessibles ou non. S'ils deviennent accessibles, ce sont les personnes qui
examinent les dossiers qui peuvent les rendre publics.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Je ne suis pas sûr que le Vérificateur
général et moi ayons réussi à communiquer
efficacement, c'est sans doute ma faute. Je n'ai pas posé la question
sur la substance de ce que le Vérificateur général veut
protéger. La question porte uniquement sur les mots "qui, d'après
lui, méritent d'être signalées." Parce que c'est le
"d'après lui." Je lui signale qu'en ajoutant les mots "d'après
lui", le législateur dirait, l'Assemblée nationale dirait
à la commission: Ne regardez pas ces documents, tout ce que vous avez
à faire, c'est de demander une certification du Vérificateur
général selon laquelle, d'après lui, ces documents tombent
sous l'appel du quatrième alinéa. Je lui suggère qu'il
mette cette question à part, le quatrième alinéa de
l'article 41, de tous les autres éléments de révision que
nous avons prévus, de toutes les autres restrictions et révisions
d'application de restriction prévues ailleurs dans le projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): M. le
Vérificateur général.
M. Châtelain: Oui, M. le Président. Merci. Le texte
d'amendement proposé reflète fidèlement ce qui
apparaît dans le moment dans la Loi sur l'administration
financière. C'est le Vérificateur général qui a
cette discrétion, parce qu'on dit bien, dans la Loi sur l'administration
financière: "Toute irrégularité qu'il a constatée
et qui, d'après lui, mérite d'être signalée." C'est
une prérogative qui a été accordée directement
au Vérificateur général par la loi actuelle. C'est
le sens de mon intervention, M. le Président.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Westmount, vous voulez continuer?
M. French: Si le Vérificateur général est en
train de me dire que, quant à lui, d'après lui, il serait
satisfait d'être obligé de justifier les documents qu'il veut
protéger, dans le contexte de ses fonctions de vérification et
dans le contexte des mots des deux premières lignes du quatrième
alinéa devant les commissions, je suis prêt à laisser
tomber mon objection, mais ce que je lis dans le troisième
alinéa, c'est tout simplement qu'il ne veut pas être obligé
de justifier les documents mêmes devant les commissions, in camera,
à huis clos, mais il veut tout simplement certifier et dire: Oui, je
suis d'accord que ces documents tombent sur l'effet du quatrième
alinéa. Tout ce que vous avez à faire, mesdames et messieurs les
commissaires, c'est d'accepter ma certification.
M. Châtelain: M. le Président, il s'agit bien...
Le Président (M. Bordeleau): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: II faut me comprendre, c'est que je ne
recherche aucun pouvoir -appelez cela le pouvoir, je ne le sais pas, je n'ai
pas d'autre terme - additionnel ou aucune responsabilité additionnelle
que ce qui est prévu dans la loi actuelle. Dans la loi actuelle, j'ai
cette prérogative, si vous voulez, ou cette discrétion de publier
ce qui, je crois, est important ou devrait avoir un impact dans l'atteinte des
objectifs du bureau du Vérificateur général. Dans ce
contexte, certaines choses sont publiées, certaines choses secondaires
qui n'auraient qu'un effet négatif ne sont pas publiées. Dans ce
contexte, je ne demande évidemment pas que l'on exempte la documentation
ou encore l'information qui est publiée dans mon rapport annuel, c'est
sûr; je demande de protéger la partie que, selon mon mandat, j'ai
jugé bon de ne pas publier; c'est dans ce sens.
M. French: Mais il reste, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: ... que si le demandeur, le requérant fait
appel à la commission et si ce qui, d'après lui, mérite
d'être signalé, n'est pas inclus dans le 4e paragraphe, le
Vérificateur général serait obligé, après
avoir évoqué le 4e paragraphe de l'article 41, en refusant de
donner des documents à une personne qui veut les avoir, de justifier
cela dans le contexte des mots "de porter atteinte à la
prérogative accordée au Vérificateur général
par une loi de ne faire rapport que des constatations de vérification
qui méritent d'être signalées devant la commission."
Serait-il prêt à faire cela, oui ou non? C'est cela, ma
question.
M. Châtelain: Bien, oui, certainement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le
Vérificateur général.
M. Châtelain: Oui.
M. French: Cela règle beaucoup de choses. Je ne suis pas
du tout convaincu que le ministre a saisi cela.
M. Châtelain: Je ne sais pas si l'on atteint les
mêmes objectifs.
M. Bertrand: Ah, oui! Je commence à vous suivre.
M. French: Oui. Alors, ce que le Vérificateur
général nous soumet, c'est que les mots "qui, d'après lui,
méritent d'être signalées" sont pris à part
entière de sa propre loi et que "d'après lui", cela n'implique
pas qu'il ne serait pas assujetti à la révision par la
commission. C'est son argument, n'est-ce pas? Il se peut qu'on ne soit pas
d'accord là-dessus sur le plan technique, mais, sur le plan
philosophique, il est prêt à se soumettre à la discipline
de révision par la commission. C'est quand même important pour
nous de le savoir, parce que ce n'est pas cela qu'on a tiré du 4e
paragraphe.
M. Châtelain: D'accord. M. le Président...
M. Bertrand: Cela dépend un peu de nous. Excusez-moi, M.
le vérificateur, vous alliez dire quelque chose.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bertrand: C'est simplement pour enchaîner directement
avec le député de Westmount. Cela dépend un peu de nous.
Si l'on veut considérer la Loi sur l'administration financière et
ce quatrième paragraphe qui est effectivement tiré presque
textuellement... Je pense que vous l'avez avec vous, M. le vérificateur.
Est-ce qu'on pourrait avoir ce document qui est tiré
presque textuellement de la Loi sur l'administration financière?
Si l'on conserve ce 4e paragraphe et que, dans notre esprit de
législateur, c'est un peu associé aux lois qui sont en annexe,
à savoir qu'elles continuent de prévaloir nonobstant l'article
170, à ce moment, cette loi continue d'exister malgré la loi
d'accès; donc, la Commission d'accès à l'information n'a
pas de pouvoir de révision. Mais, si l'on veut qu'il y ait effectivement
un pouvoir de révision exercé par la Commission d'accès
à l'information, il va falloir, à mon avis, le mentionner
très clairement dans l'article 41, 4e paragraphe.
M. French: N'y a-t-il pas danger qu'en gardant la même
forme de mots, on traduise une forme d'ambiguïté par rapport au
mandat de la commission?
M. Bertrand: Je lis ici l'article 78: "Le Vérificateur
général doit, chaque année, remettre au ministre le
résultat de sa vérification et indiquer toute
irrégularité qu'il a constatée et qui, d'après lui,
mérite d'être signalée." Donc, il porte un jugement sur
l'à-propos ou non de rendre publics des documents ou de
révéler des renseignements ou des informations qui,
d'après lui, à son avis, ne devraient pas être
signalés. Le "d'après lui", c'est, à mon avis, tout le
pouvoir de la Commission d'accès à l'information qui se trouve
à être retiré.
M. French: Oui, M. le Président, je suis d'accord que,
veux veux pas, si l'on garde la forme de mots, on brise le pouvoir de
révision de la commission; pour cela, il n'y a pas d'autre façon
de procéder.
M. Bertrand: Je le pense sérieusement.
M. French: À moins qu'on ne change la forme des mots au 4e
paragraphe, pour substituer...
M. Bertrand: La seule façon pour la Commission
d'accès à l'information d'avoir un pouvoir de révision et
de l'exercer, ce serait de lire l'article à peu près de la
façon suivante. Là, évidemment, le Vérificateur
général devrait faire la démonstration devant la
Commission d'accès à l'information que, se prévalant de la
Loi sur l'administration financière, il exerce ses pouvoirs de
vérificateur - et je le dis en toute déférence pour le
Vérificateur général - probablement à bon droit
puisqu'il veut, lui aussi, protéger l'intérêt public,
même si sa fonction, c'est, au nom même de l'intérêt
public, de s'assurer que des choses sont connues du public sur la gestion des
ministères et des organismes gouvernementaux. Il faudrait donc lire la
phrase de la façon suivante: De porter sérieusement atteinte
à la prérogative accordée au vérificateur par une
loi de ne faire rapport que des constatations de vérification qui
méritent d'être signalées. (22 h 30)
M. French: Je n'y suis pas rébarbatif; c'est un
compromis.
M. Bertrand: Est-ce que ce genre d'approche... En fait, on
enlève au vérificateur, à ce moment-là, la
possibilité de porter lui-même le jugement et de rendre la
décision.
M. French: Je ferai remarquer au ministre que cela ne guide pas
très efficacement la commission, par exemple. Cela ne donne pas
tellement de ligne directrice pour la commission, mais c'est peut-être
impossible de le faire.
M. Bertrand: Non, mais le vérificateur doit, à ce
moment-là, indiquer à la Commission d'accès à
l'information... En faisant la lecture des articles 77, 78 et 79 qui commencent
par le paragraphe suivant: "Le Vérificateur général doit
vérifier les comptes relatifs au fonds consolidé du revenu", on
voit qu'il doit indiquer si, "à son avis" et, un peu plus loin, on a les
mots "qui, d'après lui". Alors, il y a une possibilité pour le
vérificateur d'exercer un pouvoir discrétionnaire sur ce qui
mérite d'être signalé et sur ce qui ne mérite pas
d'être signalé. À ce moment-là, il est très
évident que la Commission d'accès à l'information n'a
absolument aucun pouvoir. Si on rédige l'article autrement, à ce
moment-là, le vérificateur doit pouvoir se présenter
devant la Commission d'accès à l'information et indiquer en quoi,
de son point de vue de vérificateur, se prévalant des articles de
la Loi sur l'administration financière qui le concernent, il croit que
le fait de signaler des constatations de vérification pourrait porter
sérieusement atteinte à la prérogative que lui accorde la
Loi sur l'administration financière.
M. French: Oui. Cela donne beaucoup de bons arguments pour le
Vérificateur général lorsqu'il aura à
comparaître devant la commission. Il aura le choix entre beaucoup
d'arguments.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous avez un
commentaire, M. le Vérificateur général?
M. Châtelain: M. le Président, d'accord. Je crois
que ce que je saisis, dans le fond, c'est que la prérogative, elle est
accordée au Vérificateur général dans un but bien
précis, c'est sûr. Dans le contexte de cette loi, cette
prérogative-là revient au Vérificateur
général. Je crois qu'accorder cette même prérogative
- il faut s'entendre, je ne parle
pas de la prérogative concernant le rôle de la Commission
d'accès à l'information, mais de cette
prérogative-là - à la commission empêcherait le
Vérificateur général d'exercer son rôle, comme je le
disais tantôt, d'une façon professionnelle ou ainsi de suite.
M. Bertrand: On est très conscient que le pouvoir de
statuer sur l'à-propos ou non de faire en sorte que des constatations de
vérification soient signalées, soient portées à
l'attention du public, revient davantage maintenant à la Commission
d'accès à l'information qu'au Vérificateur
général. Mais le Vérificateur général se
présente devant la Commission d'accès à l'information et,
se prévalant de la Loi sur l'administration financière indiquant
qu'à son avis le fait de signaler un certain nombre de constatations de
vérification porte sérieusement atteinte à la
prérogative accordée au vérificateur par une loi et
indiquant aussi, forcément, les motifs pour lesquels, se
prévalant de la Loi sur l'administration financière, il
considère que ce serait préjudiciable au vérificateur,
où à un organisme public sur lequel des opérations de
vérification sont menées par le Vérificateur
général, dans ce contexte, il demande à la Commission
d'accès à l'information de lui permettre, à lui, le
Vérificateur général, dans un contexte bien particulier,
de continuer de se prévaloir des dispositions prévues dans la Loi
sur l'administration financière.
M. French: En tout cas, M. le Président, je remarque que
le député de Sainte-Anne a patienté longtemps.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, oui, cela fait longtemps
que je veux lui redonner la parole. J'attendais qu'on termine le sujet. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. J'ai juste deux
questions à poser au Vérificateur général.
L'article 41 dit que le Vérificateur général peut refuser,
pour trois raisons, dans le texte. Cela semble indiquer qu'en principe il est
obligé de donner le renseignement, sauf dans des cas exceptionnels, qui
sont stipulés dans ce projet, dans les paragraphes 1, 2 et 3.
Disons que je suis un citoyen et que je cherche un renseignement.
J'adresse une lettre au Vérificateur général à son
bureau, je lui demande tel et tel renseignement; il me répond, en vertu
de l'article 41,2; qu'il refuse. Moi, je n'accepte pas cela. Est-ce que vous
avez prévu la possibilité que moi, comme citoyen, je puisse aller
en appel ou en révision de cette décision ou est-ce que vous
préférez que, dans l'article, il faille inscrire clairement dans
le texte que cette décision est finale et sans appel?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, voulez-vous
répondre?
M. Bertrand: Oui, parce que je pense que ce n'est pas au
Vérificateur général de défendre le projet de loi
sur l'accès à l'information. Effectivement, vous auriez, M. le
député de Sainte-Anne, un pouvoir d'en appeler de cette
décision rendue par le Vérificateur général devant
la Commission d'accès à l'information. Le Vérificateur
général devrait faire la preuve devant la Commission
d'accès à l'information que le fait pour lui de confirmer
l'existence ou de vous donner communication d'un renseignement, serait
effectivement susceptible de révéler un programme ou un plan
d'activité de vérification et, à ce moment-là, la
commission ou bien lui donne raison ou bien vous donne raison et, donc, cela
est prévu dans la loi.
M. Polak: Dans ce cas-là, il faut dire que, dans la loi,
à l'article sur la révision, on parle du responsable. Il faut
dire à l'article 41, que le Vérificateur général a
une fonction qui est assimilée au responsable dans toutes les autres
fonctions, parce qu'on a un responsable nommé spécialement
partout dans la loi.
M. Bertrand: Oui, cela, c'est l'article 8, M. le
député de Sainte-Anne. C'est réglé.
M. Polak: Parfait. Donc, cela est réglé; on peut
aller en appel, tant mieux.
J'ai une deuxième question. Dans la loi, on ne parle pas
seulement du Vérificateur général, on parle d'une personne
exerçant une fonction de vérification. Je prends un cas actuel,
la fameuse fête de la Saint-Jean-Baptiste, l'année
dernière. J'étais membre de la commission des engagements
financiers. On a eu le ministre Lessard devant nous durant presque quatre jours
de suite. On a eu le fameux mandat que M. Larose a exercé. Donc, je
considère M. Larose comme une personne exerçant une fonction de
vérification dans un organisme public. Ce n'est pas vous qui avez
été pris pour cette fonction-là, c'est M. Larose.
Si je prends votre amendement, le paragraphe no 4, vous dites qu'il est
susceptible de porter sérieusement atteinte aux prérogatives du
Vérificateur général. J'imagine que vous auriez dû
inclure là-dedans le Vérificateur général ou la
personne exerçant une fonction. Auriez-vous l'intention de
protéger seulement le Vérificateur général, au
paragraphe no 4, ou aussi les autres personnes qui exercent les fonctions de
vérification? C'est ma question no 1.
Disons que vous voulez couvrir tout le monde. Moi, comme
député, j'aimerais écrire une lettre à M. Larose et
lui dire: Comment se fait-il qu'on n'a pas encore reçu le
rapport? Cela ne tient pas debout. Pour vérifier l'administration
de la fête au Lac-Saint-Jean, au coût d'environ 200 000 $, et
ensuite à Montréal, dans le comté de Saint-Jacques, cela
ne devait pas prendre sept ou huit mois. J'aimerais que soient
révélés les renseignements que vous avez reçus.
Mais, quand j'applique votre paragraphe 4 à cette
situation-là, il ne me reste pas grand-chose, parce que vous dites: On
va vous donner les renseignements qui méritent être
signalés. Mais peut-être que j'aimerais bien savoir des choses que
vous vous ne voulez pas signaler et que moi j'aimerais bien connaître.
C'est pour cela que je n'aime pas votre amendement au paragraphe 4. S'il
s'applique, par exemple, au cas de M. Larose, pourriez-vous nous donner des
commentaires là-dessus?
Le Président (M. Bordeleau): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: Oui, M. le Président.
Premièrement, dans le cas spécifique qui est soulevé, le
mandat qui a été accordé au Vérificateur
général, par décret, a été accordé au
Vérificateur général et donc à M. Larose.
Cependant, le gouvernement a indiqué une préférence pour
que M. Larose, qui était bien connu, exécute ce mandat. Mais dans
le fond, le mandat a été donné au Vérificateur
général. D'accord?
Pour répondre à la deuxième question, il y a une
question tout à fait spécifique quant au temps que cela prend
pour sortir un rapport. Je dois vous avouer qu'il s'agit plutôt d'une
enquête, de plus d'une enquête, de deux ou trois enquêtes
très complexes, beaucoup plus complexes qu'on ne le pensait. Je le dis
ici sans hésitation, sans crainte. Je le dis publiquement,
c'était beaucoup plus complexe qu'on ne le pensait et, vu le manque de
documentation - je pense bien que je n'apprends rien ici en disant cela - il
nous a fallu procéder par d'autres sondages et d'autres
procédés de vérification que ce que l'on aurait fait
normalement. C'est ce qui explique le retard.
Dans le cas bien spécifique que vous soulevez également,
c'est en vertu d'un autre article de la Loi sur l'administration
financière que le gouvernement nous a donné ce mandat, et on doit
faire rapport. Alors, on fait rapport, à ce moment. Évidemment,
on va faire rapport sur tout ce que nous croyons important. On utilise notre
jugement, il faut quand même porter certains jugements professionnels,
à ce moment, parce que, sans cela, on arriverait avec des rapports
épais comme ça. Nous faisons une sélection de ce que nous
croyons important et nous faisons rapport. J'espère que ça
répond aux questions, j'espère que ça explique.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Cela répond
à votre question, M. le député de Sainte-Anne?
M. Polak: Dans le cas particulier, je prends votre
quatrième paragraphe, le paragraphe additionnel. Disons que vous faites
rapport sur la fête de la Saint-Jean-Baptiste, un rapport de 3, 4, 5
pages, contenant une certaine critique... Moi, je crois ou j'aimerais savoir si
certains éléments ont peut-être étudié tout
de même la connextion politique; on peut dire: Cela, c'est
différent à dire, mais j'aimerais... À un moment
donné, j'écris une lettre confidentielle à vous ou
à M. Larose dans laquelle je dis: Pourriez-vous me renseigner sur telle
et telle chose? J'ai entendu dire que... Là, j'ai invoqué votre
article 4. Nous, nous avons le droit de demander juste des choses qui
méritent d'être signalées. Donc, je refuse d'y
répondre. C'est cela le sens de votre paragraphe 4. Moi, je suis en
faveur d'une transparence. Je veux justement avoir une réponse aux
questions qui peut-être n'apparaissent pas dans votre rapport, tout
à fait de bonne foi. Mais j'aimerais aller un peu plus en profondeur
dans l'affaire.
Le Président (M. Bordeleau): M. le
Vérificateur général.
M. Châtelain: Premièrement, M. le Président,
j'espère que notre rapport va pouvoir répondre à toutes
ces questions qui peuvent être soulevées. Deuxièmement,
l'approche que nous avons prise jusqu'à maintenant, c'est que notre
mandat est envers l'Assemblée nationale. On fait rapport à
l'Assemblée nationale. Alors, on ne peut pas se permettre de faire
parvenir des constatations de vérification à un individu,
c'est-à-dire à un député en particulier. Cette
situation s'est déjà posée dans le passé. On a
dû refuser avec, évidemment, beaucoup de respect, parce que, de
par la loi, nous devons faire rapport à l'Assemblée
nationale.
Nous sommes dans l'obligation de passer par l'Assemblée
nationale. Mais dans de tels cas, ce qui est arrivé dans le
passé, c'est que de telles questions - si on n'avait pas couvert
certains aspects dans notre rapport parce qu'on, ne peut pas tout couvrir - ont
été soulevées à la commission des comptes publics
où on a fourni des réponses.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va.
M. Polak: Une dernière question. Il y a une drôle
d'affaire, dans votre paragraphe 4. Personnellement, j'ai l'impression que vous
voulez fermer la porte encore plus, mais moi, je veux l'ouvrir. Quand je lis
votr.e amendement, je me dis: Ils cherchent encore une autre raison de dire: Je
refuse de répondre. Je ne veux pas que vous refusiez
de répondre parce que vous êtes le Vérificateur
général. Le mot même le dit. C'est comme quelqu'un qui fait
l'enquête interne de ce qui se passe et vous, vous pourrez critiquer
n'importe qui, n'importe quoi, n'importe quelle situation. Cela, c'est votre
devoir. Et si cela peut créer un scandale pour le gouvernement, tant pis
pour lui. Mais quand, dans le paragraphe 4, vous dites: "... qui
méritent d'être signalées", je ne pense pas que ce soit
à vous de décider ce qui mérite d'être
signalé; c'est à nous de dire: Donnez-nous cela et ensuite
l'opinion publique va juger. Ouvrez la porte, il ne faut pas la fermer.
Le Président (M. Bordeleau): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: Évidemment, M. le Président, il
faut se rapporter au mandat du Vérificateur général. Le
mandat est précisé dans la loi; et on dit que le
Vérificateur général fait rapport à
l'Assemblée nationale ou encore au gouvernement, dans certains cas bien
précis comme dans le cas de la fête nationale. Moi, je ne peux pas
aller à l'encontre du mandat qui m'est donné par la loi, je suis
lié.
Le Président (M. Bordeleau ): D'accord.
M. le ministre. (22 h 45)
M. Bertrand: M. le Président, je veux d'abord indiquer
que, dans la loi de l'Assemblée nationale que j'aurai le
privilège de parrainer, il sera fait état que, dans l'avenir, une
fois que les rapports annuels des organismes relevant de l'Assemblée
nationale seront déposés, par exemple celui du
vérificateur, celui du Protecteur du citoyen, celui de la Commission des
droits de la personne, celui de la Commission d'accès à
l'information, ces organismes devront comparaître devant la commission de
l'Assemblée nationale, donc devant les parlementaires, pour
répondre de toutes les questions qui pourraient être soumises par
les parlementaires. Ceci est un élément qui fera partie de la
réforme parlementaire. De toute façon, le Vérificateur
général a déjà eu l'occasion dans le passé
de venir en commission pour répondre d'un certain nombre de
recommandations, de remarques, de suggestions qu'il faisait à
l'intérieur de son rapport annuel. Cela va être étendu
à l'ensemble des organismes qui relèvent de l'Assemblée
nationale.
Sur l'article 41 - si on veut me le remettre, s'il vous plaît - je
serais disposé, si mon collègue le député de
Westmount trouvait que ce pourrait être une façon d'en arriver
à un compromis, à ce que nous rédigions un
quatrièmement de la façon suivante: "de porter
sérieusement atteinte à la prérogative accordée au
vérificateur par - là, il faudrait la nommer - la Loi sur
l'administration financière - elle est déjà citée -
de ne faire rapport que des constatations de vérification qui
méritent d'être signalées". À ce moment, ce qu'on se
garde comme poignée, c'est cette possibilité pour la Commission
d'accès à l'information d'entendre le Vérificateur
général et, pour le Vérificateur général, de
faire comprendre à la Commission d'accès à l'information
qu'en refusant l'accès à certaines informations, il ne fait que
se prévaloir des dispositions prévues à la Loi sur
l'administration financière, donc qu'il n'abuse pas des dispositions
prévues à la Loi sur l'administration financière. Il devra
donc, bien sûr, dans un cas particulier où on lui aurait
demandé de rendre accessible une information, un renseignement ou un
document, expliquer qu'il n'a fait dans ce cas que se prévaloir des
dispositions prévues par la Loi sur l'administration financière.
Est-ce que cette façon d'aborder la question conviendrait au
Vérificateur général?
M. Châtelain: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): En vous remerciant, M. le
vérificateur.
M. Châtelain: Merci beaucoup, M. le Président. Merci
aux membres de la commission pour votre compréhension et votre
patience.
Le Président (M. Laplante): Merci, Monsieur.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais simplement que
nous ne l'adoptions pas et que nous fassions vérifier la
rédaction par nos légistes; ensuite, on pourrait y revenir.
Le Président (M. Laplante): C'est qu'il y a aussi une
règle. Je ne pourrais pas l'accepter à ce moment. Il faudrait que
ce soit un membre de la commission...
M. Bertrand: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): ... qui propose un amendement
aux articles que vous voulez avoir.
M. Bertrand: Alors, on va suspendre l'article 41.
Le Président (M. Laplante): II est déjà
adopté, il faudra rouvrir l'article 41, je pense.
M. Bertrand: Non, il n'était pas adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): On va
regarder cela, bien sûr.
M. Bertrand: On ne l'avait pas adopté. Le Président (M.
Laplante): C'est vrai.
Une voix: M. le Président, pourrait-on suspendre la
séance pendant deux ou trois minutes? Il faut que je fasse un appel.
Le Président (M. Laplante): Avec plaisir. Les travaux sont
suspendus pendant deux ou trois minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 49)
(Reprise de la séance à 22 h 53)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! Nous
reprenons les travaux. Maintenant, est-ce que les membres sont prêts
à appeler l'article 21? M. le ministre?
M. Bertrand: Oui.
Le Président (M. Laplante): Oui, nous allons appeler
l'article 21.
M. Bertrand: Est-ce que nous avons réglé tous nos
problèmes?
Le Président (M. Laplante) Jusqu'à l'article 21,
tout est réglé, à moins que vous n'en découvriez
d'autres.
Une voix: On a tout fait avant l'article 21?
Le Président (M. Laplante): Oui, j'ai tout cela en note
ici. Je tiens un tableau, les articles 8 et 9 sont faits et nous sommes rendus
à l'article 21.
M. Bertrand: Vous avez raison.
Le Président (M. Laplante): Même 47 et 50, c'est
fait.
M. Bertrand: 47 et 50, c'est fait. On vous a un peu
mêlé cet après-midi, M. le Président, mais on voit
que vous êtes en train de vous habituer à notre style.
Le Président (M. Laplante) Oui. Vous avez
une commission que j'adore.
Renseignements ayant des incidences sur
l'économie
M. Bertrand: La réciproque est vraie, M. le
Président. Bon, l'économie. M. le Président, je voudrais,
sur l'article 21, lire, et j'espère que cela va convaincre le
député de Westmount... Moi, en tout cas, c'est drôle, cela
m'a convaincu. Vous allez me dire que ce n'est pas nécessairement un
argument...
M. French: Je n'ai rien dit, M. le Président.
M. Bertrand: ...en faveur de l'article 21, mais c'est au sujet du
maintien de ces fameux mots, un emprunt et une transaction. Je vous lis ici une
note qui a été préparée par les gens de chez nous,
qui se lit de la façon suivante... La rédaction de cet article
est essentiellement la même que celle qui a été
proposée par Hydro-Québec lors d'une commission parlementaire de
septembre dernier. Hydro-Québec avait alors soutenu qu'il était
important de revenir à l'esprit de la recommandation 40 du rapport
Paré, car il fallait protéger l'ensemble des transactions
financières et commerciales et non seulement les projets de
transaction.
Je lis la recommandation 40 de la commission Paré: "Un organisme
public devrait pouvoir refuser l'accès à des renseignements
concernant un emprunt, une taxe ou une transaction lorsque la divulgation de
ces renseignements serait susceptible de procurer un avantage indu et de causer
un préjudice sérieux à une personne ou de porter atteinte
gravement aux intérêts économiques de l'organisme ou de la
collectivité." Donc, la recommandation de la commission Paré
disait très bien; un emprunt, une taxe ou une transaction.
Je continue la lecture de la note: "II y a nécessité de
conserver la possibilité pour un organisme public de refuser de
communiquer un emprunt ou une transaction lorsqu'une telle divulgation
procurerait un avantage indu à une personne ou lui causerait un
préjudice sérieux ou porterait sérieusement atteinte aux
intérêts économiques de l'organisme public ou de la
collectivité à l'égard de laquelle il est
compétent. "Ainsi, par exemple, la communication d'une étude
portant sur un emprunt - pas sur un projet d'emprunt - sur un emprunt, pourrait
porter atteinte sérieusement aux intérêts
économiques d'un organisme public si cette étude, par exemple,
évalue le marché et fait des projections sur les prochains
emprunts. "Il serait alors possible de découvrir les stratégies
d'emprunt d'un organisme public et ainsi, possiblement, de les compromettre
sérieusement. On pourrait retrouver, par exemple, à quelles
conditions et à quel taux un organisme public était prêt
à se rendre pour conclure l'emprunt. "Il en va de même d'une
transaction relative à des biens, des services ou des travaux.
Jusqu'où un organisme public était-il prêt à se
rendre, au chapitre des coûts, pour l'acquisition d'un bien? Si on
divulguait un tel renseignement, cela pourrait avoir un
effet important pour des transactions futures. "En conclusion,
l'objectif de cet article est de protéger des renseignements de nature
économique qui auraient pour effet de procurer un avantage indu à
une personne ou de lui causer un préjudice sérieux ou de porter
sérieusement atteinte aux intérêts économiques de
l'organisme public. Or, il est certainement probable que la divulgation d'un
renseignement ait pour effet de révéler un emprunt et pour
conséquence de porter sérieusement atteinte aux
intérêts économiques de l'organisme."
Exemple type: une étude qui aurait été
préparée pour la conclusion d'un emprunt d'Hydro sur les
marchés européens. Si cette étude est connue, elle
révèle les termes de l'emprunt. Si cette étude est connue,
elle cause un préjudice à Hydro-Québec parce qu'elle
dévoile ses intentions d'emprunt sur le marché américain,
etc.
M. French: Votre raisonnement est adopté. Il y avait une
question sur le projet de règlement de zonage que l'Union des
municipalités du Québec voulait protéger à bon
droit, il nous semblait. Maintenant, je me rappelle avoir été
rassuré et je voudrais juste inviter le ministre à me rassurer de
nouveau parce que j'ai oublié ce qu'il m'a dit à cette
occasion.
M. Bertrand: C'est à l'article 36, M. le Président,
que serait couvert le type d'exemple que nous apporte le député
de Westmount relativement au règlement de zonage, puisqu'il faudrait
procéder par voie réglementaire. On dit bien qu'un organisme
public peut refuser de communiquer toute version préliminaire ou tout
projet de texte législatif ou réglementaire jusqu'à
l'expiration de dix ans de sa date. Dans le cas du zonage agricole, de la
protection du territoire agricole, c'est par l'article 36 que la protection
serait assurée, mais avec un délai, par contre, au-delà
duquel effectivement on pourrait avoir accès à ces documents.
Le Président (M. Laplante): Article 21, adopté?
M. French: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 22.
M. Bertrand: II ne faut pas que je me mêle. M. le
Président, on veut changer l'ordre des articles 22, 23, 24 et 25 et
répondre aux questions posées par le député de
Westmount. Ah; l'article 22 n'est pas inversé, il demeure 22.
Le Président (M. Laplante): D'accord. En avez-vous une
autre copie?
(23 heures)
M. Bertrand: Oui. J'ai un projet de modification. Il serait
modifié par l'insertion, à la fin du premier alinéa, des
mots "qui lui appartient". Donc on lirait: "Un organisme public peut refuser de
communiquer un secret industriel qui lui appartient." Deuxièmement, par
le remplacement, à la troisième ligne du deuxième
alinéa, des mots "qu'il possède" par "lui appartenant". Je dois
admettre qu'il s'agit là purement d'une question de forme.
Troisièmement, par le remplacement, à la première ligne du
troisième alinéa, des mots "ou commerciales" par "commerciales ou
de gestion financière". Il s'agit finalement d'ajouter les mots "ou de
gestion financière" et d'enlever le mot "ou" avant "commerciales".
Je m'excuse - c'est très important -j'ai indiqué qu'au
deuxième paragraphe, il s'agissait d'une question de forme; il s'agit
d'une question de fond. Si l'on remplace "qu'il possède" par "lui
appartenant" et si l'on revient à la première partie de
l'amendement où l'on ajoutait "qui lui appartient", donc, pourquoi "qui
lui appartient" et "lui appartenant", pourquoi ces deux modifications, ces deux
amendements? C'est justement pour répondre au problème relatif
à cette définition du secret industriel et, entre autres,
indiquer par là que ces modifications nous semblent devoir
apparaître par le fait que les mots "les droits de
propriété" sont retirés aux articles 24 et 25. En d'autres
mots, on va retirer, aux articles 24 et 25, les mots "les droits de
propriété" et l'on introduit à l'article 22 les notions
d'appartenance, ce qui nous permet de préciser un peu mieux ce qu'on
veut dire quand on parle en fait de secret industriel, sujet sur lequel, le
député de Westmount l'a quelquefois répété,
il y a une jurisprudence abondante.
Il serait peut-être important que j'indique immédiatement
les amendements -est-ce qu'il y en a à l'article 23? - à
l'article 23. Alors, l'article 23 serait remplacé par le suivant...
Le Président (M. Laplante): Une minute, il va falloir
adopter l'amendement à l'article 22.
M. French: M. le Président, le problème, c'est
qu'il y a des amendements qui sont très intimement
interreliés...
M. Bertrand: Oui.
M. French: ... et il est nécessaire pour l'Opposition de
saisir la totalité de ces changements afin de les juger.
Le Président (M. Laplante): La totalité... Alors,
on va...
M. Bertrand: Je vais donner tous les amendements aux articles 22,
23, 24 et 25.
Le Président (M. Laplante): Comme cela, on n'appellera
aucun article, mais vous allez parler sur les articles 22, 23, 24 et 25.
D'accord?
M. Bertrand: Oui, mais je veux indiquer et cela peut
paraître mêlant - que l'article 22, tel qu'amendé trois
fois, demeure l'article 22.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Bertrand: D'accord. L'article 23 que je vous remets...
M. French: Oui, je l'ai.
Le Président (M. Laplante): Qui est un nouvel
article...
M. Bertrand: Oui.
Le Président (M. Laplante): ... on va l'appeler comme
cela, pour fins de...
M. Bertrand: Le nouvel article 23...
Le Président (M. Laplante): Le nouvel article 23.
M. Bertrand: ... c'est l'ancien article 24.
Le Président (M. Laplante): Non, je ne veux pas...
M. Bertrand: Mais pour vous, c'est important.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Bertrand: À l'article 23, on change l'ordre, en
d'autres mots.
Des voix: Oui.
M. Bertrand: À l'article 23, vous pouvez simplement
marquer, pour les fins de nos discussions, l'ancien article 24. D'accord?
L'article 24, je vous l'ai remis, M. le Président, je crois. Je
m'excuse, cela dépend comment on lit nos colonnes. On efface et Dn
recommence.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. Bertrand:
22 est 22.
Une voix: Oui.
M. Bertrand: 23 devient 24, d'accord; alors, au lieu d'ancien,
écrivez futur 24.
Le Président (M. Laplante): Cela, c'est juste une
conversation entre vous autres?
M. Bertrand: Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Je voulais m'en
assurer.
M. Bertrand: 23 sera le futur 24, d'accord. 24 que vous avez
reçu, M. le Président, sera le futur 25 et, par une règle
de trois presque élémentaire, 25 que vous avez aussi reçu
deviendra 23 parce qu'il va nous manquer un 23 à un moment donné.
D'accord? Donc, cela veut dire en d'autres mots que, si on prend le projet de
loi qu'on a devant nous, M. le Président, on va avoir une
séquence de nos articles qui sont là qui sont 22, 25, 23, 24,
mais, quand tout cela sera réglé, à la fin, il n'y aura
plus de problème. Alors, ce qui m'apparaît important maintenant,
c'est qu'on puisse les regarder tous ensemble, ces quatre articles, et voir les
modifications qui y sont apportées.
Alors, le nouvel article 23...
M. French: L'ancien 25?
M. Bertrand: Oui... se lit comme suit: "Un organisme public ne
peut communiquer le secret industriel d'un tiers ou un renseignement
industriel, financier, commercial, scientifique, technique ou syndical de
nature confidentielle fourni par un tiers et habituellement traité par
un tiers de façon confidentielle, sans son consentement." Alors, on
remarquera l'insertion des mots "secret industriel" aux fins de s'assurer que
cette notion est couverte et la suppression des mots "sauf dans les cas
où l'organisme en a acquis les droits de propriété". En
effet, il est bien établi en jurisprudence qu'un secret industriel, une
information confidentielle ou un "know-how" ne peuvent faire l'objet d'un droit
de propriété.
Si j'enchaîne maintenant avec...
Le Président (M. Laplante): Le nouveau 24.
M. Bertrand: ... le 24: "Un organisme public ne peut communiquer
un renseignement fourni par un tiers lorsque sa divulgation risquerait
vraisemblablement d'entraver une négociation en vue de la conclusion
d'un contrat, de causer une perte à ce tiers, de procurer un avantage
appréciable à une autre personne ou de nuire de façon
substantielle à la compétitivité de ce tiers, sans son
consentement." Il s'agissait de l'article 23 actuel, mais les modifications
suivantes sont apportées. On a remplacé les mots "un organisme
public peut refuser de" par "un organisme public ne peut" et les mots "sans son
consentement" sont ajoutés.
Puisqu'il est impossible d'établir des règles ou principes
permettant de distinguer ces renseignements des secrets industriels et des
renseignements confidentiels, il convient de leur appliquer le même
régime. C'est là que vous avez votre réponse, M. le
député de Westmount, surtout dans cette modification qui est
apportée ici à l'article 24.
M. French: La réponse à laquelle de mes
interrogations?
M. Bertrand: C'est tout le problème d'essayer de
circonscrire cette notion de secret industriel.
M. French: D'accord. Parce que je vous ferai remarquer
qu'à un moment donné, la mauvaise pensée m'a
traversé l'esprit que, lorsqu'on s'est rendu compte qu'on avait une
formule magique qui couvrait à peu près tous les
péchés, on s'est hâté de la répandre dans
plusieurs articles de la loi, parce que la première fois qu'on a vu le
projet de loi, il n'y en. avait qu'un qui contenait ce secret industriel.
M. Bertrand: À l'article 25, que je ne vous lis pas, vous
ne l'avez pas devant vous, vous noterez que les mots "sauf dans les cas
où l'organisme en a acquis les droits de propriété" sont
remplacés par "sauf dans les cas où le tiers a renoncé
à l'avis en consentant à la communication du renseignement ou
autrement". Je dois vous dire là-dessus - je tiens à le faire
publiquement, nous sommes toujours...
Le Président (M. Laplante): Aux articles 22, 23, 24 et
25.
M. Bertrand: ... trop avares de commentaires à ce sujet -
que nous avons une légiste qui a mis des heures et des heures pour en
arriver à rédiger dans une forme nouvelle les articles 22, 23, 24
et 25, de telle sorte que nous puissions tenir compte de cette
difficulté quant aux secrets industriels. Nous l'avons fait, entre
autres, en retirant un peu partout ces notions qui sont relatives à ce
qu'on appelle les droits de propriété. Ces mots ont
été enlevés un peu partout et nous les avons
remplacés par d'autres qui nous paraissent convenir davantage à
ce qu'on pourrait appeler une meilleure définition du secret industriel,
toute difficile soit-elle.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, les renseignements
sont donnés. On appelle l'article 22. Est-ce que l'amendement
apporté par le ministre est adopté?
M. French: II y a trois amendements dans le papillon du ministre
à l'article 22.
Le Président (M. Laplante): C'est cela. Il y a trois
amendements.
M. French: Ils sont adoptés.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Est-ce que
l'article 22 tel que modifié par le papillon est adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, j'appelle le
nouvel article tel que rédigé par le papillon du ministre,
l'article 23.
M. Bertrand: Comme vous le notez, M. le Président, on a
inséré les mots "secret industriel" pour que cela concorde avec
l'article 22, mais on a enlevé les mots "sauf dans les cas où
l'organisme en a acquis les droits de propriété".
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Le nouvel article 23 est
adopté. J'appelle maintenant le nouvel article 24 tel que
présenté par le ministre.
M. Bertrand: La modification... Oui, c'est cela. "Ne peut
communiquer sans son consentement", c'est une concordance qui s'effectue avec
les articles précédents. Dans le fond, M. le député
de Westmount, on revient pour l'essentiel aux suggestions de la commission
Paré.
M. French: Un instant, s'il vous plaît!
Le Président (M. Laplante): On est toujours en ondes. (23
h 15)
M. French: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté, le nouvel
article 24. J'appelle maintenant le nouvel article 25, tel que
présenté par M. le ministre.
M. Bertrand: Ici, M. le Président, nous enlevons encore
une fois cette notion "d'organisme qui a acquis les droits de
propriété" pour la remplacer par "sauf dans le cas où le
tiers a renoncé à l'avis en consentant à la communication
du renseignement ou autrement."
C'est un enchaînement, c'est de la concordance pour que - comment
dirais-je? -la même philosophie préside, des articles 22 à
25 inclusivement, relativement à cette fameuse notion de droit de
propriété et pour tenter de préciser ce qui est un secret
industriel par rapport à ce qui est un renseignement confidentiel.
M. French: M. le Président, les mots
"ou autrement" veulent dire quoi?
M. Bertrand: C'est qu'on peut renoncer à l'avis dans le
cas où le tiers a renoncé à l'avis en consentant à
la communication du renseignement ou il peut renoncer à l'avis autrement
qu'en consentant à la communication du renseignement.
M. French: En ne répondant pas. M. Bertrand:
Voilà.
M. French: II n'y a pas d'autres façons, par exemple?
M. Bertrand: Est-ce qu'on peut en imaginer...
Des formules disant: Je renonce à l'avis, lorsqu'on demande le
renseignement, parce que c'est tout renseignement industriel.
M. French: Adopté.
M. Bertrand: II peut avoir renoncé à l'avis et ne
pas avoir consenti à la communication du renseignement. C'est presque
une situation absurde, mais, de toute façon, on ne se trompe pas.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 25 est
adopté. Maintenant, j'appelle l'article 26.
M. Bertrand: II y a un amendement, M. le Président,
à l'article 26, par le remplacement des deux premières lignes par
les suivantes - et vous allez comprendre pourquoi - "Un organisme public ne
peut refuser de communiquer un renseignement visé par les articles 22,
23 et 24 lors..." Pas lors, mais lorsque. Est-ce qu'on se comprend bien? Donc,
on remplacerait "Malgré l'article 25, un organisme public ne peut
refuser de communiquer un renseignement visé dans les articles 22 et 23"
par: "Un organisme public ne peut refuser de communiquer un renseignement
visé par les articles 22, 23 et 24 lorsque..." C'est une concordance,
dans le fond, avec ce qu'on vient de faire et, deuxièmement, par le
remplacement du chiffre 24 apparaissant à la fin par le chiffre 25.
Encore une fois, strictement pour des raisons de concordance, M. le
Président, à cause des changements qu'on vient de faire.
M. French: Amendement adopté.
Le Président (M. Laplante):
Amendement adopté. L'article 26.
M. French: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
J'appelle maintenant l'article 27.
M. French: Le ministre a-t-il des modifications ou un papillon
à nous proposer? Le ministre n'a pas de modifications ou de papillon
à nous proposer.
M. Bertrand: En avez-vous?
M. French: Nous avons, tel que nous en avons informé
d'ailleurs le ministre la semaine dernière, des réticences face
aux délais que nous trouvons beaucoup trop longs et nous
suggérons donc, dans les deux cas, de couper ces délais de
moitié, donc que le premier délai soit de six ans et que le
deuxième délai soit de cinq ans.
M. Bertrand: M. le Président, je ferais simplement motion
pour que nous suspendions l'article 27 et je pourrais, lors de la prochaine
séance, faire rapport à mes collègues de mon opinion.
Le Président (M. Laplante): Article 27, suspendu.
Maintenant...
M. French: M. le Président, si on pouvait ajouter,
à l'article 27, un commentaire...
Le Président (M. Laplante): Allez-y, allez-y!
M. French: M. le Président, l'Union des
municipalités nous suggère d'ajouter, après le mot
"contrat", dans le premier paragraphe de 27, les mots "de même que les
documents relatifs à cette négociation ou à
l'interprétation de l'application d'une convention collective au sein
d'un organisme public". Moi, je ne sais pas si c'est redondant; en tout cas, je
vous le suggère comme ça.
M. Bertrand: Moi, je comprends que c'est la même chose.
M. French: Moi aussi, je dois vous dire que...
M. Bertrand: C'est peut-être parce que l'Union des
municipalités considère que, quand on parle de mandat ou de
stratégie, ce sont des documents ante, précédant la
négociation de la convention collective ou du contrat, tandis que
là, on voudrait peut-être couvrir les documents
postérieurs.
M. French: C'est sûr et certain que c'est cela que l'union
vise. Maintenant, si c'est nécessaire ou non, je laisse cela au
ministre. Mais je lui demanderais au moins de poser cette question.
M. Bertrand: Voulez-vous, on va
regarder cela tout en... C'est ça qu'on essaie dans le fond, je
pense, dans la suggestion de l'Union des municipalités du Québec,
c'est-à-dire de couvrir des documents qui sont consécutifs
à la signature de la convention collective ou du contrat.
Mais moi, il me semble que, par définition, ce qui est
consécutif à la signature d'une convention collective ou d'un
contrat, c'est forcément public.
M. French: En tout cas, ce n'est pas le moment, mais je serais
prêt à en discuter en détail avec le ministre après
qu'il aura pris en considération nos recommandations.
M. Bertrand: Très bien.
M. French: Nous avons souligné les réticences des
municipalités de part et d'autre.
Le Président (M. Lapiante): Maintenant, l'article 33.
M. French: On est loin d'être prêt à discuter
de cela. En tout cas, c'est au ministre, évidemment...
Le Président (M. Lapiante): Article 33.
M. Bertrand: Non, sur cela, il y a une suspension.
Le Président (M. Lapiante): Est-ce que vous suspendez
encore les articles de 33 à 41?
M. Bertrand: Je vais dire avec toute la franchise qui, je crois,
a caractérisé les parlementaires autour de cette table depuis les
débuts de nos travaux, que j'apprécierais, à ce moment,
qu'on puisse jeter un premier regard à l'article 146.
M. French: D'accord M. le Président.
Révision et appel (suite)
Le Président (M. Lapiante): Les articles 33 à 41
sont de nouveau suspendus. J'appelle l'article 146.
M. French: M. le Président, je ne sais pas trop comment
commencer sur l'article 146. C'est comme si on avait à regarder un film
en couleur, de qualité extraordinaire, avec une histoire
intéressante, avec beaucoup de suspense et beaucoup d'implication de
l'auditoire.
M. Bertrand: Au moment où l'acte arrive: Clac.
M. French: C'est cela. Cinq minutes avant la fin arrive une
partie en noir et blanc, film de style arrière-cour tourné avec
une petite caméra. C'est évident, je vois la fine main du
titulaire du ministère de la Justice et peut-être aussi celle du
titulaire du Conseil exécutif. En tout cas, c'est une mauvaise loi.
C'est un aveu de faiblesse de la part du gouvernement. C'est une porte, une
échappatoire qu'aucun gouvernement, parmi les gouvernements que je
connaisse qui sont aux prises avec les problèmes de libre accès
à l'information, n'a eu le front d'essayer de se donner. C'est dommage
parce que le projet de loi, en soi, est probablement un des meilleurs sinon le
meilleur que j'ai vu. Surtout que c'est le meilleur en vue d'essayer
d'établir un régime d'accès à l'information dans un
contexte constitutionnel de type parlementaire britannique, ce qui n'est pas
facile.
En soi, l'article 146 est totalement inacceptable; comme j'ai dit, il
est néfaste, il est tout à fait contre l'esprit du projet de loi.
Il est particulièrement néfaste, particulièrement
inacceptable dans la mesure où il s'étend à tous les
organismes publics, donc les municipalités, les commissions scolaires,
les universités, tous les organismes publics qui seraient ultimement
couverts par la loi. Dans un tel cas, on imagine la prospérité
d'une municipalité ou d'une université ou d'un cégep ou
d'une commission scolaire en train de faire des pressions auprès du
Conseil exécutif et auprès du premier ministre pour que ce
dernier intervienne par l'article 146 afin de sauver les meubles, afin
d'enlever l'exigence de produire un document quelconque avec tout ce que cela
peut nécessiter sur le plan de la connivence politique, sur le plan de
la méfiance de l'extérieur. Si on voulait débattre ce
décret à l'Assemblée nationale, on se trouverait en grande
difficulté parce qu'il n'y aurait pas de ministre pour répondre
devant l'Assemblée nationale de cette entité quasi autonome en
question, cette municipalité scolaire ou cette université. (23 h
30)
Alors, je ne peux que dire au ministre qu'avec l'article 146, il est en
train de gâter un très bel édifice. Il est en train devraiment gâter un projet de loi qui a beaucoup de force, beaucoup de
qualités, avec un article qui est sans précédent et qui
dit, finalement: On vous donne tout, sauf que, si la chose devenait trop
difficile, nous nous gardons cette grande porte ouverte, cette
échappatoire.
M. Bertrand: En guise de première réponse au
député de Westmount, M. le Président, je ferai d'abord une
allusion à ce qui m'apparaît être du niveau philosophique
et, deuxièmement, du niveau de la modalité d'application retenue
pour concrétiser un principe, une notion, un concept qui, sur le plan
philosophique, nous apparaît important.
II s'agit, évidemment, de la notion d'intérêt
public. Dès lors que nous confions à une Commission
d'accès à l'information un pouvoir de révision qui lui
octroie en même temps le pouvoir de décision, laquelle
décision n'est pas une recommandation, laquelle décision est
vraiment une décision dans le sens plein du terme, une décision
qui, en plus d'être ce qu'elle est, est non pas une recommandation -
comme ce sera le cas si le bill C-43 est adopté à Ottawa dans sa
forme actuelle - mais une décision exécutoire, donc,
impérative, qui fera obligation à quelque organisme public que ce
soit de rendre accessible un document ou de poser un geste relatif à la
protection des renseignements personnels, je dis qu'il est important, dans une
société du type de celle dans laquelle nous vivons, de se poser
la question fondamentale, la question philosophique de l'intérêt
public.
L'intérêt public, M. le Président; des
écrits, des livres, des discours là-dessus, il s'en est fait par
milliers. Il s'en est écrit par milliers. Dans mon esprit, et en ne me
plaçant même pas du côté de l'organisme public, mais
en me plaçant du côté de l'individu qui vit en
société, je me demande qui, en dernier ressort peut statuer sur
ce qu'on appelle d'une façon générale
l'intérêt public. Est-ce un organisme créé par
l'Assemblée nationale du Québec, ayant des pouvoirs
considérables, dont celui fort important de rendre des décisions
exécutoires et de décider, en dernier ressort, que la
décision exécutoire va véritablement dans le sens de la
protection de l'intérêt public? Ou bien si cela ne doit pas
revenir, au premier chef, à ceux qui, dans une société,
assument une responsabilité primordiale et prioritaire en ce qui a trait
à l'interprétation de ce qu'on appelle d'une façon
générale l'intérêt public?
N'oublions pas, M. le Président, que la Commission d'accès
à l'information est constituée de trois membres nommés par
l'Assemblée nationale, non élus, qui vont probablement être
choisis en tenant compte de toutes ces qualités qu'on doit attendre de
personnes qui auront à rendre des jugements extrêmement importants
et, dans certaines situations, probablement très délicats parce
que la décision sera exécutoire et que l'organisme public ne
pourra pas s'y soustraire. Je me demande si c'est normal que
l'intérêt public soit pris en charge par une Commission
d'accès à l'information, aussi qualifiée soit-elle, aussi
valables que soient ses membres et aussi importante soit-elle au niveau de ce
qui s'appelle la protection du droit du public ou la valorisation du droit du
public à l'information et la protection de la vie privée des
citoyens.
Je crois que, dans une société démocratique
normalement constituée, ce sont les élus et les élus
représentant l'ensemble de la population qui sont les mieux
placés et les plus autorisés à interpréter, parce
que c'est toujours une question d'interprétation, ce qui est conforme ou
contraire à l'intérêt public. Donc, voilà mon
premier point, M. le Président. C'est un point qui se situe au niveau
des principes de la philosophie générale.
M. French: Par les élus, le ministre comprend les membres
du Conseil des ministres, il ne comprend pas les membres de l'Assemblée
nationale.
M. Bertrand: Oui, les deux.
M. French: En l'occurrence, pour les fins de la discussion, il
parle du Conseil des ministres.
M. Bertrand: Je vais en venir à mon deuxième volet
et vous verrez comment j'implique l'ensemble des élus. Alors,
maintenant, comment appliquer ce principe, dès lors que j'ai
indiqué que, quant à moi, c'est le gouvernement, ce sont les
élus qui sont les mieux placés pour statuer quant à ce
qu'on pourrait appeler l'intérêt public?
L'article 146 n'est pas rédigé n'importe comment. Il faut
le lire, M. le Président, et voir dans quelle situation il met un
gouvernement qui, à mon avis, remplissant ses responsabilités,
prenant ses responsabilités, statue. "Le gouvernement peut, lorsqu'il le
juge nécessaire dans l'intérêt public." Il y a donc un
jugement qui est porté, à mon avis, par l'organisme qui est
placé dans la position d'autorité la plus haute dans une
société normalement constituée dans un système
démocratique. Le gouvernement juge, s'inspirant de ce concept
d'intérêt public, qu'il sursoit, non pas qu'il empêche ad
vitam aetemam, qu'il sursoit, pour la période qu'il indique; donc une
période de temps est déterminée à
l'exécution d'une décision de la commission. C'est tout à
fait exact, mais pas pour n'importe quelle raison; pour des raisons relatives
à l'intérêt public et faisant en sorte que
l'exécution de la décision de la commission ne puisse être
réalisée. "Pendant cette période, toute demande
d'accès au document ou au renseignement visé par le décret
est irrecevable." Évidemment, cela va de soi. "Une procédure en
appel de la décision de la commission ne peut être introduite ni
continuée pendant cette période." Évidemment, cela va de
soi, si on accepte ce qui vient d'être dit auparavant. "En outre, le
délai pour interjeter appel de la décision de la commission est
interrompu pour cette période à compter de la prise du
décret", puisque effectivement le rouage, le processus dont il est fait
mention dans les articles précédents est interrompu
pour une certaine période, une période que le gouvernement
doit indiquer dans le décret qu'il présente à
l'Assemblée nationale.
C'est là que c'est important. Ce décret, il est
déposé à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas un
décret qui est voté dans le secret des
délibérations qui entourent le Conseil des ministres et qui n'a
pas de suite. "Le décret est déposé à
l'Assemblée nationale du Québec dans les quinze jours qui suivent
la prise du décret si l'Assemblée est en session ou, si elle ne
siège pas, dans les quinze jours de l'ouverture de la session suivante
ou de la reprise de ses travaux."
Donc, voilà un gouvernement qui décide, au nom de
l'intérêt public, d'ordonner par décret à la
Commission d'accès à l'information de surseoir à
l'exécution d'une décision, qui arrête, donc, pendant une
période qu'il doit déterminer, toutes les autres
procédures qui, normalement, auraient cours si la commission avait rendu
sa décision et qu'elle était forcément devenue
exécutoire, donc, avait fait obligation à l'organisme public de
procéder dans un sens ou dans un autre. Mais elle ne peut pas le faire
en se soustrayant à la publication de la décision. Le
gouvernement ne peut pas se soustraire au dépôt de son
décret à l'Assemblée nationale du Québec; il ne
peut pas se soustraire à un débat public, à toutes fins
utiles, sur la décision qui a fait l'objet d'un décret.
Je dis, à partir de ce moment-là, que voici un
gouvernement qui vient d'intervenir dans un processus où, normalement,
il ne devrait pas le faire. S'il le fait, c'est qu'il a de très
sérieuses raisons de croire que c'est au nom de l'intérêt
public qu'il le fait. S'il le fait, il doit pouvoir s'en expliquer devant
l'Assemblée nationale du Québec ou devant la population puisque,
parlant devant l'Assemblée nationale du Québec, c'est à
l'ensemble de la population qu'il parle. Il doit donc justifier devant
l'Assemblée nationale du Québec et devant la population la
décision qu'il a prise, c'est-à-dire expliquer en quoi, à
son avis, l'intérêt public était en cause dans le cas d'une
décision qui avait été rendue par la Commission
d'accès à l'information.
J'ajouterai ceci. Il y a un autre article dans le projet de loi qui
prévoit que la Commission d'accès à l'information peut
soumettre un rapport spécial à l'Assemblée nationale et,
en soumettant un rapport spécial, elle peut, elle aussi, soulever un
débat public. Dans un contexte comme celui-là, ce que je dis,
c'est qu'un gouvernement qui se prévaudrait de l'article 146 dans 50%
des décisions prises par la Commission d'accès à
l'information, dans 25% des décisions prises, dans 10% des
décisions prises, dans 5%, dans 1% ou dans 0,000001% est un gouvernement
qui est jugé par la population.
(23 h 45)
II y a là un test majeur, mais je dis que, si l'article 146
n'existe pas, il y a un danger. Je suis convaincu que, si nous sommes
responsables, donc si nous assumons notre fonction d'élus qui est, dans
bien des circonstances, d'évaluer ce qui est ou ce qui n'est pas
d'intérêt public, d'une façon générale,
l'article 146 ne devrait s'appliquer que dans des situations vraiment
exceptionnelles. Si l'article 146 n'existait pas, il ne s'agirait que d'un cas,
de cinq ou de dix pour qu'on courre le danger qu'une décision prise par
la Commission d'accès à l'information, exécutoire et,
donc, ayant un caractère d'obligation pour l'organisme public de s'y
conformer, mette non seulement l'organisme public, mais bien d'autres
organismes et peut-être même la collectivité dans son
ensemble dans une situation qui pourrait être délicate. À
ce moment-là, c'est la Commission d'accès à l'information
qui porterait sur elle le fardeau d'avoir pris une décision, mais de ne
pas avoir évalué, à la face même de la
collectivité, la notion d'intérêt public dans des termes
satisfaisants. Tandis que, quand c'est le gouvernement, bien, au moins, on peut
dire: Voilà des gens qui ont été élus, entre autres
choses, pour évaluer, à l'occasion, dans la vie de notre
société, ce qui est ou ce qui n'est pas d'intérêt
public.
Je préfère, quant à moi, que le fardeau, que la
responsabilité repose sur les épaules d'un gouvernement
élu que sur les épaules d'une Commission d'accès à
l'information, qui ne l'est pas. Dans un contexte comme celui-là,
prenant en considération les modalités d'application de ce
principe et prenant en considération qu'il y aura révision de
cette loi au terme de cinq ans, je pense que nous agissons en gens responsables
si nous commençons par l'application de l'article 146. Au terme de cinq
ans et même avant, quand on verra, après un an ou deux ou trois,
de quelle façon un gouvernement s'est servi de l'article 146, je dis
qu'à ce moment-là la population portera des jugements sur le
gouvernement; le gouvernement, devant l'opinion publique, devra répondre
de certaines de ses attitudes et de ses gestes. Je préfère
drôlement que ce soit le gouvernement, je trouve cela drôlement
plus responsable en tout cas et je trouve cela drôlement plus convenable
dans notre système démocratique que de confier le fardeau de
cette responsabilité à la Commission d'accès à
l'information.
J'ai été long, je m'en excuse. Je sais que c'est un
article qui, aux yeux de tout le monde, est très important. Je sais que,
pour certains, il représente jusqu'à un certain point, à
sa face même, ce qu'on pourrait appeler un élément de
distorsion, un élément un peu contradictoire par rapport à
tous les
autres articles du projet de loi. Je dis qu'au contraire il
s'intègre naturellement à la Loi sur l'accès aux documents
des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels; il
responsabilise l'autorité qui doit l'être lorsqu'il s'agit de
porter un jugement sur ce qui est ou n'est pas d'intérêt public et
le gouvernement doit le faire dans un contexte qui n'est pas celui du secret,
qui n'est pas celui des cachotteries, mais qui est celui de la transparence
parce qu'il doit, effectivement -comment dirais-je? - annoncer ses couleurs en
déposant le décret a l'Assemblée nationale et, finalement,
supporter devant l'opinion publique et devant l'ensemble des parlementaires la
responsabilité du jugement qu'il a porté sur la notion
d'intérêt public.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Westmount.
M. Guay: De guerre lasse, le député de Westmount
est d'accord.
M. French: M. le Président, que le député de
Taschereau n'ambitionne pas malgré que l'heure soit tardive. Je voudrais
d'abord demander très brièvement: Si on croit que le Conseil des
ministres est le meilleur gardien de l'intérêt public en ce qui a
trait à l'accès à l'information, pourquoi avoir la
commission et pourquoi voter le projet de loi? C'est assez simple, ce qu'on
fait, lorsqu'on est un Conseil exécutif et qu'on soumet un projet de loi
comme celui-là. On le propose à l'Assemblée nationale.
C'est ce que j'appellerais en anglais "an act of self-abnegation". Je ne
saurais traduire cela en français, mais c'est cela que ça fait,
c'est un sacrifice qu'on fait; on se dit: On n'est pas capable vraiment de
mener, de se discipliner sans un cadre législatif à endosser avec
tout le poids de notre Législature quant à l'accès
à l'information pour le public, quant à la protection des
renseignements personnels; donc, on pose ce geste et on se soumet à
cette discipline.
Je n'aurai rien d'autre à dire sur une mauvaise cause que le
ministre a bien défendue, mais qui reste une mauvaise cause. Je lui
dirai, s'il veut rendre l'article 146 minimalement acceptable, d'enlever les
mots "un organisme public" et d'ajouter "le Conseil exécutif ou le
Conseil du trésor ou les ministères" et, deuxièmement,
d'ajouter, après "pour la période qu'il indique", les mots
"n'excédant pas six mois", etc. Ce sont deux suggestions qui ont pour
moi une grande importance.
En tout cas, je suggère au ministre deux idées: la
conception elle-même de l'article est inacceptable, le ministre a un beau
discours mais qui ne sert qu'à souligner les contradictions
inhérentes à l'article. Je pense qu'il s'agit de certaines
discussions que le ministre a à prévoir pour demain; je ne pense
pas que cela vaille la peine de continuer sur 146 à cette heure-ci. Il
va considérer ce que nous avons dit, il va songer au projet de loi qu'il
a parrainé et pour lequel il a travaillé très fort; il va
essayer de voir s'il peut vraiment tolérer au sein de ce projet de loi
un article aussi aberrant que son article 146 dans sa forme actuelle, et il va
sans doute venir nous dire demain la bonne nouvelle que, comme dans bien
d'autres cas, il accepte la logique et le raisonnement de l'Opposition quant
à l'article 146.
M. Bertrand: Est-ce que je pourrais poser une question au
député de Westmount, et je le fais sans tenter de me
dérober à mes responsabilités, parce que mes
responsabilités, je vais les prendre? Est-ce qu'il considère que
la Commission d'accès à l'information dans notre système,
dans notre type de société, est un organisme mieux
habilité dans des situations exceptionnelles à évaluer ce
qui est d'intérêt public ou non qu'un gouvernement
démocratiquement élu par la population?
M. French: M. le Président, en ce qui a trait à
l'accès aux documents, je ne me fie à aucun gouvernement,
à aucun organisme public, à aucune instance publique. Si je me
fiais à eux, si je trouvais qu'ils sont capables de se discipliner
systématiquement, je n'aurais pas passé une partie de ma vie
à étudier et à travailler au Québec comme au Canada
sur le problème des lois sur l'accès à l'information. Je
sais ce que le ministre veut me faire dire, je comprends son optique; je dis
que, malheureusement, c'est la meilleure façon de défendre la
cause, mais la cause reste mauvaise. L'intérêt public est de
l'invoquer comme cela, comme s'il y avait quelque chose de... Et il y a une
espèce de fétichisme de l'intérêt public qui va
amener tout le monde à être d'accord. Mais où est la
meilleure interprétation de l'intérêt public? Je me dis,
dans le contexte général, que l'intérêt public est
qu'on élise les députés et les gouvernements pour le
définir et pour le poursuivre. En ce qui a trait à l'accès
aux documents publics, je dois dire que je ne trouve pas que le gouvernement,
quel que soit le gouvernement, soit un bon instrument pour définir
l'intérêt public.
M. Bertrand: Alors, je pose ma question d'une autre façon
au député de Westmount. Sans même donner d'exemple,
imaginons une situation hypothétique où une décision
rendue par la commission serait évaluée par l'organisme public ou
par la collectivité, partiellement ou totalement, par différents
groupes, par la presse, etc., comme ayant été une décision
qui allait carrément à l'encontre de l'intérêt
public. Est-ce que le
député de Westmount conviendrait avec moi que, quand ces
situations se présenteraient, on pourrait, jusqu'à un certain
point, se sentir responsables de ne pas avoir prévu de dispositions -
pas nécessairement celles qui sont à l'article 146 -
empêchant dans des cas exceptionnels, à la dernière minute,
que la situation se produise? Y aurait-il un autre mécanisme, une autre
possibilité, une autre façon de procéder qui permettrait
de se conformer à l'objectif si on pense que l'objectif est tout de
même souhaitable, c'est-à-dire de prendre en considération
ce qui - j'avoue que c'est une notion très galvaudée comme bien
des notions peuvent l'être, mais qui existe tout de même - est de
l'intérêt public?
La Charte des droits et libertés affirme dans son
préambule que les droits et libertés de la personne humaine sont
inséparables des droits et libertés d'autrui et du
bien-être général. Il faut bien, à un moment
donné, que quelqu'un dans une société ou un organisme dans
une société soit plus habilité qu'un autre à
évaluer ce que c'est, justement, que cette notion de liberté
d'autrui, de bien-être général et de protection de
l'intérêt public dans un contexte où ce genre de notion
existe.
Si on avait, pour répondre aux mêmes objectifs, une autre
proposition à faire qui ne soit pas 146, mais qui nous permette de
répondre à cette préoccupation, il est évident que
j'accepterais de l'évaluer. Mais, dans la mesure où on ne peut
pas trouver de réponse, je dis que celle-là, et avec tout ce que
cela comporte, je le dis entre guillemets pour qu'on me comprenne bien, est un
peu "agaçante". Un gouvernement qui se prévaut de l'article 146
et qui passe un décret qu'il dépose à l'Assemblée
nationale, il faut savoir que c'est un gouvernement qui, à toutes fins
utiles, vient de dire - bien sûr, il le fait au nom de raisons qu'il
invoque et qui sont des raisons supérieures, importantes, c'est un
gouvernement qui, s'il arrivait à faire en sorte qu'au lieu de le faire
une ou deux fois ou trois fois durant une année, il le fasse 30, 40 ou
50 fois, va être jugé par la population et non pas à la
Commission d'accès à l'information. Dans le fond, cela peut
paraître drôle à dire, mais l'article 146 est une protection
pour la Commission d'accès à l'information.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Dans le décret en question, il n'est pas
exigé que les raisons soient explicitées?
M. Bertrand: Non.
M. Payne: C'est parce que le ministre me donnait l'impression
qu'en déposant le décret, il...
M. Bertrand: ...
M. Payne: Non, non. Il inclurait, incorporerait le
décret...
M. Bertrand: Le décret...
M. Payne: Ce n'est pas le cas selon l'article, je pense.
(Minuit)
M. Bertrand: Le décret serait à peu près
rédigé de la façon suivante. Je n'ai jamais
rédigé de décret moi-même. J'en ai signé,
mais je ne les ai pas rédigés. Je les ai lus avant de les signer,
par contre, pour rassurer le député. Mais...
M. Payne: J'ai participé à plusieurs.
M. Bertrand: Vous avez participé, c'est vrai, à
plusieurs. Oui, c'est vrai. Le décret dirait à peu près
ceci: Jugeant qu'il est d'intérêt public de ne pas donner suite
à la décision de la commission d'accès relativement
à... le gouvernement décide de surseoir à l'application de
cette décision. Le document est déposé et, à la
période de questions orales des députés ou aux
conférences de presse ou aux questions des journalistes dans les
corridors entre les deux Chambres, il va falloir qu'un gouvernement s'explique.
Et il est bien indiqué que le gouvernement doit dans le décret
faire mention de la période de temps pendant laquelle le décret
prévaut.
M. Payne: Je pense que, dans n'importe quel système
démocratique, on fait face au même dilemme. Bien sûr,
personnellement je suis toujours mal à l'aise face à une telle
proposition, mais, par contre, je considère que c'est un principe
nécessaire, "a necessary evil" comme on dit en anglais, parfois d'avoir
un poids, un contrepoids de ces gens. Et, bien sûr, c'est
nécessaire; c'est le même problème qui se pose d'ailleurs
pour le maudit... la fameuse, je m'excuse...
M. Bertrand: Le maudit, ça va aller. M. Payne: Cela se dit
en français?
M. Bertrand: La transcription des débats, c'est un service
de traduction des débats aussi.
M. Payne: Pour la fameuse sécurité nationale. Il y
a souvent aussi, on a vu cela dans le passé, des problèmes
d'intérêt public ou de sécurité nationale qui sont
soulevés en ce qui concerne les problèmes touchant l'immigration,
par exemple. D'ailleurs, je dois dire en passant que souvent une des raisons
pour lesquelles le gouvernement ne peut pas
ou ne doit pas divulguer les raisons pour telle et telle décision
ou décret, c'est justement parce que, en divulguant les raisons, il va
à l'encontre de l'intérêt public. C'est bien ça, le
dilemme.
Aussi, je pense que c'est très facile à défendre
une position qui dit: On n'aime pas cela. C'est bien sûr qu'on n'aime pas
ça parce que quelqu'un qui a invoqué cela a joué, d'une
certaine façon, comme exécuteur. Dans ce cas-ci, c'est le
gouvernement qui invoque la clause de l'intérêt public, qui
exécute au nom du public. Parfois, ç'a l'air bête,
ç'a l'air incorrect, mais, en réalité, c'est quelque chose
de nécessaire. Évidemment, superficiellement, j'ai beaucoup de
difficulté à accepter une telle proposition, mais, en
réalité, toutes choses prises en considération, il faut
absolument que je me rallie, sans trop de peine d'ailleurs, à la
disposition telle que formulée.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, il est minuit et
trois minutes.
M. Bertrand: Et quatre.
Le Président (M. Laplante): Et quatre minutes. Nous serons
dans l'obligation d'ajourner nos travaux sine die. Mais, avant d'ajourner,
j'aurais peut-être une bonne nouvelle à vous donner. Nous avons
adopté, à venir jusqu'à cette heure...
M. Bertrand: J'aimerais le savoir.
Le Président (M. Laplante): ... cent articles
exactement.
M. Bertrand: Est-ce exact?
Le Président (M. Laplante): Exact.
M. Bertrand: II en reste 83.
Le Président (M. Laplante): II en resterait 84. Un travail
de bénédictin, mais un beau travail.
M. Bertrand: Cela fait seize heures et trente minutes, M. le
Président, qu'on travaille jusqu'à maintenant à ce projet
de loi.
Le Président (M. Laplante): Cela en vaut la peine, M. le
ministre, sur un tel projet de loi.
M. Bertrand: Ah: il est important. Il n'y a personne qui se bat
dans les autobus là-dessus, mais je vous jure que...
Le Président (M. Laplante): II est important. Les travaux
de cette commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 0 h 05)