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Justice (Midi et trente minutes de l'après-midi)
M. BERGERON (président du comité des
crédits): Ministère de la Justice.
Alors, messieurs, nous allons commencer immédiatement
l'étude des crédits du ministère de la Justice. J'ose
espérer que j'obtiendrai la plus entière collaboration de tous et
de chacun. Alors sans plus tarder, nous allons commencer
immédiatement.
M. BERTRAND: M. le Président, j'entends étudier les
prévisions budgétaires du ministère de la Justice pour
l'année 67/68 et, comme l'Opposition s'en est réservé le
droit, que l'on pose des questions également au sujet du budget 66/67.
J'entends, quant à moi, le faire de la manière la plus objective
n'ayant en vue que la recherche de tous les moyens pour que nous ayons au
Québec la meilleure administration de la justice possible. C'est dans
cet état d'esprit, en toute objectivité, dans un esprit de
vérité que j'entends, quant à moi, répondre avec
l'aide de tous les conseillers qui m'entourent, aux questions qui me seront
posées par l'Opposition.
M. WAGNER: M. le Président, avant de commencer article par
article, il est d'usage que nous fassions des remarques générales
et je veux bien me rendre à votre recommandation, M. le
Président, et vous assurer de ma coopération la plus
entière. Je veux bien aussi partager le même sentiment que le
ministre de la Justice et étudier ces prévisions
budgétaires dans un esprit de coopération et de
sérénité. Je vous avoue que c'est peut-être un peu
plus difficile pour moi, d'autant plus que je devais être absent ce
matin. Des raisons personnelles et de famille m'avaient amené à
Montréal hier, j'avais pris le train pour Montréal à 1
heure 30, je suis arrivé à 5 heures et à 6 heures et
quart, on m'avisait par téléphone que le ministre de la Justice
insistait pour passer ses crédits ce matin, et qu'il n'y avait pas de
possibilité de remettre à mardi. Alors dans les circonstances, je
suis revenu hier soir et je me tiens à la disposition du comité.
Je me souvenais quand même d'autres circonstances alors que le ministre
de la Justice était dans l'Opposition, alors que nous étudiions
le code de procédure civile et qu'à maintes reprises nous avons
fixé les dates d'audition, les dates de discussion du comité pour
pouvoir rendre service au député de Missisquoi qui, dans
l'Opposition, comprenait parfaitement bien qu'il n'est pas toujours facile pour
les députés de l'Opposition d'être présents
continuel- lement du lundi au vendredi. Enfin, disons que cet
épisode-là est terminé et, malgré cet incident, je
veux discuter de ces crédits d'une façon objective parce qu'il y
a beaucoup de questions à poser. Nous n'avons pas eu les réponses
satisfaisantes à ce jour, et c'est ici l'endroit et le moment de les
obtenir. Je n'ai pas d'objection à ce que le ministre, à un
moment donné, lors de mes propos d'ordre général,
m'interrompe pour donner les renseignements au fur et à mesure.
M. BERTRAND: Je voudrais tout simplement dire M. le
Président, que la semaine dernière j'avais demandé au
leader de l'Opposition, le député de Chambly, s'il était
possible que nous siégions comme troisième comité pour
l'étude des prévisions budgétaires du ministère de
la Justice de façon à accélérer les travaux de la
Chambre. Or, à ce moment-là, le député de Chambly
m'a dit: Je vais m'informer pour savoir s'il est possible de le faire. La
réponse que j'ai eue, c'est que le député de Verdun
n'était pas prêt à procéder.
Nous avons donc dû attendre. Nous sommes rendus, aujourd'hui,
à vendredi. Alors, depuis une semaine, je pense qu'il a eu le temps de
se préparer et, mercredi il avait été question que nous
puissions entreprendre les crédits du ministère de la Justice. A
ce moment-là, on nous a dit: Ce n'est pas possible. J'ai donc averti
tous mes hauts fonctionnaires qu'il leur était inutile jeudi, jour de
l'Ascension, jour de congé, de se rendre au parlement, mais de se tenir
à la disposition pour que, vendredi matin, nous puissions commencer
l'étude de ces crédits; premièrement. Deuxièmement,
quand le député de Verdun fait allusion au temps où
j'étais dans l'Opposition, il devra reconnaître que, s'il y a
quelqu'un qui a participé très activement aux travaux du
comité spécial chargé de l'étude du code de
procédure civile, c'est le député de Missisquoi...
M. WAGNER: D'accord!
M. BERTRAND: ... qui a toujours répondu à l'appel.
Toujours. Et son souvenir est assez bon pour dire qu'il n'a jamais
demandé de remise des séances du comité du code de
procédure civile.
M. WAGNER: Il y a bien des façons d'obtenir une remise, M.
le Président.
M. BERTRAND: Alors, à tout événement, ce
sont les crédits du ministère de la Justice, ce matin, et si le
député de Verdun a des commen-
taires à faire avant que nous commencions article par article,
parce que c'est la procédure que nous suivons, il peut les faire
immédiatement.
M. WAGNER: Alors je continue mes commentaires, M. le
Président. Je veux tout simplement rappeler que l'expression
employée « que je n'étais pas prêt »
n'était pas tout à fait exacte. C'est que je n'étais pas
prêt à siéger en troisième comité de la
Chambre. Je pense qu'il est du devoir des parlementaires de participer le plus
possible aux activités de la Chambre. Or, lorsque deux comités
siègent, c'est déjà suffisant pour accaparer le temps des
députés et que si on exige que trois comités
siègent en même temps de cette façon-là, on
réussit à disperser les forces de l'Opposition et ce n'est pas
toujours dans le meilleur intérêt de la population.
M. BERTRAND: Bien, voici...
M. WAGNER: Deuxièmement, je dois dire au ministre que je
suis prêt et je suis prêt depuis le mois d'octobre 1964 d'ailleurs.
Alors ce n'est pas quelques jours de délai ou une semaine additionnelle
qui me rendent plus ou moins prêt Mes dossiers sont déjà
prêts depuis longtemps et je souligne tout simplement que c'était
pour des raisons personnelles et de famille que j'avais besoin d'être
à Montréal aujourd'hui et que l'insistance du ministre de la
Justice à me rappeler de Montréal, c'est quelques chose que je
n'apprécie pas tellement.
M. BERTRAND: M. le Président, les propos que tient
à l'heure actuelle le député de Verdun, lorsqu'il
prétend que c'est l'insistance du ministre de la Justice actuel, il se
trompe. Il y a du côté de l'Opposition un leader, il y a un chef,
et c'est justement le député de Chambly, leader de son parti en
Chambre, qui m'a dit que nous pouvions procéder à l'étude
des crédits du ministère de la Justice.
M. WAGNER: Pas ce matin.
M. BERTRAND: Il vient de me le redire.
M. WAGNER: Là maintenant. Maintenant j'y suis,
évidemment.
M. BERTRAND: Il vient de me le redire.
M. WAGNER: Evidemment! Moi, je suis prêt et nous sommes ici
pour quinze jours.
M. BERTRAND: A ce moment-là, je n'étais
personnellement pas au courant du tout.
M. WAGNER: Nous allons siéger
régulièrement.
M. BERTRAND: Je n'étais pas personnellement au courant du
tout des raisons que soulève le député de Verdun, raisons
personnelles et familiales.
M. WAGNER: Je ne suis pas obligé de mettre ça en
blanc et noir!
M. BERTRAND: Le député de Chambly ne m'en a pas
fait part du tout.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre ne reconnaît pas qu'il y
a eu une discussion d'au moins dix ou quinze minutes hier soir, après
six heures?
M. BERTRAND: Du tout. Pas dans ce sens-là. Il n'a jamais
été question de la part du député de Chambly, avec
moi, que le député de Verdun pouvait avoir des raisons
personnelles ou familiales de ne pas être présent ce matin.
M. WAGNER: Est-ce que le chef de l'Opposition ne vous a pas dit
que je ne pouvais pas être ici?
M. BERTRAND: Non. Si telles raisons m'avaient été
communiquées que le député de Verdun avait des raisons
familiales et personnelles d'absence, j'aurais accepté que
l'étude des prévisions budgétaires soit reportée.
Il me semble que j'ai assez manifesté dams ma carrière politique
le sens humain à l'endroit de mes collègues, que je l'aurais
fait, mais de telles raisons ne m'ont pas été
communiquées.
M. LE PRESIDENT: Alors, ceci étant dit, est-ce qu'on
peut...
M. WAGNER: Continuons les propos, maintenant que ceci a
été dit. M. le Président, c'est la première fois
que j'ai le plaisir de revoir autour du ministre, la plupart de ceux qui ont
été mes collaborateurs immédiats depuis quelques
années au ministère de la Justice. Je suis très heureux de
revoir les mêmes visages, de constater que le ministre leur fait la
même confiance que je leur ai témoignée, et il a
parfaitement raison de le faire. Je suis particulièrement heureux de
constater que ces collaborateurs immédiats ont envers le ministre
actuel, une loyauté
indiscutable. Et il doit en être ainsi. Une loyauté qui va
peut-être jusqu'au scrupule et il est bon qu'il en soit ainsi. Et je
voudrais justement profiter de cette circonstance, pour demander au ministre si
lui-même est satisfait de ses fonctionnaires, si lui-même se rend
compte que ce sont des hommes qui ont été triés sur le
volet, des compétences dans tous les domaines, et je pose cette question
justement parce qu'il est question depuis 48 heures dans le public, d'une
purge, d'une purge extraordinaire chez les hauts fonctionnaires. On a eu
l'occasion de lire en première page dans les journaux d'hier, des
déclarations d'un député de l'Union Nationale, d'un
docteur, d'un médecin, qui réclame une purge dans le haut
fonctionnarisme.
M. BERTRAND: M. le Président, si le député
de Verdun me le permet, je pourrais lui dire qu'à ce moment-ci, la
question qu'il soulève n'a pas beaucoup de relation avec les
prévisions budgétaires du ministère de la Justice et,
deuxièmement, qu'il n'est pas coutumier que l'on lise des coupures de
journaux.
M. WAGNER: Je n'ai rien lu encore, M. le Président.
M. BERTRAND: Il a fait allusion à un discours, il a devant
lui la page du Devoir...
M. WAGNER: J'en ai d'autres, la Presse, Montréal-Matin,
tous les journaux.
M BERTRAND: Montréal-Matin, oui, alors comme il a posé une
question, je dis que les collaborateurs immédiats qui sont autour de
moi, considèrent que leur première loyauté est d'abord et
avant tout, envers le Québec, premièrement. Deuxièmement,
que les gouvernements passent, que les ministres tombent...
M. WAGNER: On peut dire qu'ils tombent plus ou moins.
M. BERTRAND: ... et que les collaborateurs ou les officiers des
ministères, de même que les employés qui sont aujourd'hui
protégés par la Commission de la Fonction publique, que tous
ceux-là demeurent. C'est dans cet état d'esprit qu'en 1960, j'ai
accepté la défaite, tout simplement en ne gardant aucune rancune
et en laissant à d'autres le soin d'administrer la province et
coopérant dans l'Opposition dans toute la mesure du possible par des
suggestions construc-tives et objectives à l'amélioration, autant
du domaine de l'administration du ministère de la
Justice que des autres ministères. Le député de
Verdun a parlé de loyauté allant jusqu' au scrupule.
C'est une excellente chose que cette loyauté. Pour n'en donner
qu'un exemple, celui qu'il ne voit pas ici et qui était sous-ministre
à Montréal étant donné qu'on fait des
considérations générales Me Jacques Ducros, est
venu me rencontrer, comme je l'ai déjà déclaré. Et
le 25 janvier 1967, il m'adressait la lettre suivante dont je donne
lecture:
Monsieur le ministre,
Je désire vous aviser par la présente de ma
démission comme sous-ministre associé de la Justice en date de ce
jour.
C'est avec un certain regret, je l'admets, que j'ai décidé
récemment de quitter le ministère public où j'ai
oeuvré depuis près de sept ans. A compter de la semaine
prochaine, je serai associé à l'une des plus importantes
études légales de Montréal. Ce faisant, je continuerai
à servir la justice au meilleur de ma connaissance et je demeurerai
à la disposition du ministère que vous dirigez avec
dignité.
Veuillez accepter, M. le ministre, l'expression de mes sentiments
distingués et me croire... »
Le 30 janvier, je lui ai répondu: « Cher
confrère,
J'ai reçu votre lettre du 25 janvier par laquelle vous m'avisez
de votre démission comme sous-ministre associé de la Justice en
date du même jour.
Je me dois de respecter votre geste et d'accepter votre décision,
comme vous m'en avez exprimé de nouveau le désir lors de
l'entrevue que nous avons eue hier à mon bureau à Québec,
entrevue que vous aviez sollicitée. Je vous souhaite plein succès
dans la poursuite de votre carrière.
Agréez, cher confrère, l'expression de mes meilleurs
sentiments. »
Voilà, disons, le seul haut fonctionnaire, collaborateur du
sous-ministre de la Justice, du sous-ministre associé au contentieux
criminel ici, Me Yvan Mignault, alors que M. Ducros jouait ce rôle
à Montréal, voilà le seul haut fonctionnaire qui a
quitté et qui l'a fait dans les termes que je viens de communiquer aux
membres du comité.
M. WAGNER: Alors, poursuivant mes remarques, M. le
Président, je suis très heureux
que le ministre ait rendu ce témoignage non équivoque
à ses collaborateurs immédiats. Je pense que ce
témoignage-là, cette réponse du ministre actuel à
ces discours qu'on entend dire depuis quelques jours, est une réponse
qui va satisfaire tous ceux qui s'intéressent à la bonne marche
de l'administration publique dans la province. Je pense qu'on n'a pas lieu de
s'inquiéter, surtout dans le domaine de la justice, que cette purge se
produise. Il est clair que le ministre ne partage pas cette expression du Dr
Tremblay qui doit être un chirurgien, j'imagine, quand il dit que
l'évolution...
M. BERTRAND: Le député de Verdun me permettra-t-il
une question. Est-ce qu'il partage l'opinion exprimée dans tous les
propos de certains de ses collègues?
M. WAGNER: Ah! Pas toujours, ça dépend des
domaines.
M. CHOQUETTE: Mais on peut tenir pour acquis, je pense bien, que
le ministre va défendre le même point de vue au sein du
ministère à l'égard de certains de ses collègues
qui pourraient peut-être avoir des tendances à vouloir purger.
M. BERTRAND: Ce matin, nous nous occupons du ministère de
la Justice et des prévisions budgétaires du ministère de
la Justice.
M. WAGNER: Mais, en parlant du ministère de la Justice, je
tiens pour acquis que le ministre de la Justice répudie cette
déclaration et je cite: « Lorsque les technocrates s'emparent de
l'administration au détriment des élus du peuple, l'essence
même de la démocratie est violée. La liberté
disparaît par étapes du régime. Le peuple tombe fatalement
sous le joug de la pire des dictatures. La dictature anonyme du
fonctionnarisme, sans visage, sans responsabilité...
M. BERTRAND: M. le Président, je pourrais encore soulever
ici...
M. WAGNER: ... et sans recours pour la population.
M. BERTRAND: ... le problème et les propos que
soulève à l'heure actuelle...
M. WAGNER: C'est le plan de la démocratie, et l'aurore du
règne du « red tape ».
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: Les propos que tient à l'heure actuelle le
député de Verdun...
M. WAGNER: Il n'y a pas de pur colonialisme, que celui-ci qui est
suivi aujourd'hui par certains fonctionnaires.
M. BERTRAND: ... n'ont rien à faire avec l'étude
des prévisions budgétaires du ministère de la Justice.
M. WAGNER: ... je voudrais...
M. BERTRAND: Il dit que le ministre de la Justice aurait
étudié...
M. WAGNER: M. le Président, ce sont tous les hauts
fonctionnaires qui ont été attaqués.
M. BERTRAND: Je viens de... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: Je viens, M. le Président, de faire une
déclaration en ce qui a trait à mes collaborateurs
immédiats au ministère de la Justice. Si le député
de Verdun veut soulever ce problème qui est d'une portée
générale, qui représente l'opinion d'un
député, comme de son côté, dans son parti, les
opinions sont exprimées par certains de ses collègues...
M. WAGNER: Je suis tenté de dire comme le premier
ministre: Occupez-vous de vos oignons!
M. BERTRAND: ... à ce moment-là je dis;
prévisions budgétaires du ministère de la Justice.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais, dès ce moment-ci,
l'honorable député de Verdun de bien vouloir s'en tenir à
l'étude des crédits du ministère de la Justice. Si je dois
permettre des incursions un peu partout dans l'administration gouvernementale,
je crois que ceci va retarder, peut-être inutilement, l'étude des
crédits du ministère de la Justice. Alors, je demanderais la
collaboration, connaissant très bien le député de Verdun
comme étant un type qui veut toujours collaborer pour la bonne
administration de la justice, j'ose espérer que l'honorable
député de Verdun s'en tiendra strictement au domaine des
crédits du ministère de la Justice.
M. WAGNER; Très bien, M. le Président, alors, je m'en
tiens aux crédits du ministère
de la Justice et je suis content de signaler que le député
de Missisquoi, le ministre de la Justice, se fera certainement l'avocat le plus
éloquent auprès de ses collègues, lorsque viendra le
moment de décider s'il doit y avoir purge ou non dans le haut
fonctionnarisme. Il se fera l'avocat des hauts fonctionnaires qui nous
entourent ici, au ministère de la Justice, que j'ai appris à
apprécier et qui certainement ne méritent pas que l'on insinue
publiquement, comme on l'a fait ces jours derniers, qu'ils doivent partir parce
que, dit-on, il faut de toute urgence redonner toute la plénitude du
gouvernement au conseil exécutif et débarrasser la
hiérarchie des hauts fonctionnaires...
M. BERTRAND: M. le Président, le député de
Verdun récidive.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ose espérer...
M. WAGNER: Je ne plaiderai jamais trop, M. le Président,
pour que l'on respecte ceux qui donnent leur vie au haut fonctionnarisme de la
province de Québec. Ils le font avec beaucoup de sacrifices et ils sont
victimes, parfois de ces insinuations qu'il est bon de régler une fois
pour toutes ici.
M. BERTRAND: S'il y en a un qui ne devrait pas parler
d'insinuations, c'est bien le député de Verdun.
M. WAGNER: Moi, ce sont les accusations que j'aime!
M. LE PRESIDENT: Mes biens chers amis, je crois que, avec les
faits concrets que nous trouvons dans les documents sur l'étude du
ministère de la Justice, nous avons là tout ce qu'il faut pour
laisser les insinuations et nous en tenir, dis-je, aux faits tels qu'ils
apparaissent à ces documents.
Alors, encore une fois j'invite l'honorable député de
Verdun à bien vouloir s'en tenir strictement à ce qui concerne le
ministère de la Justice.
M. WAGNER: Alors, M. le Président, maintenant que nous
sommes rassurés sur ce point, je désire passer à un autre
domaine et je pense qu'il est bon que nous connaissions immédiatement
l'orientation que le ministre de la Justice entend bien donner au
ministère où il occupe les fonctions présentes.
Il y a des gens qui sont d'avis que la plani- fication ne doit pas
exister. Je ne reviendrai pas sur ce discours du docteur Tremblay, mais je
voudrais souligner au ministre que lorsque j'ai assumé mes fonctions, en
1964, mon premier souci, lors de l'ouverture de la session qui a suivi, a
été de donner publiquement en Chambre dans mon premier discours
lors du débat sur le discours du Trône, et c'était le 3
février 1965, l'orientation que nous voulions, nous du gouvernement,
donner à ce nouveau ministère de la Justice; nous avons
brossé à grands traits les initiatives nouvelles dans le domaine
du personnel, dans le domaine des palais de justice de la province, dans le
domaine de l'enquête et de la poursuite criminelle, dans la
catégorie du traitement aux délinquants et tout cela est
rapporté fidèlement dans les débats de l'Assemblée
législative, le mercredi 3 février 1965.
D'autre part, de l'aveu même du ministre de la Justice, ces
déclarations, ces prononcés officiels et publics sur toute cette
question de la justice ont été très rares, rarissimes, et
il nous a dit en Chambre que c'était à dessein, que chacun avait
son tempérament, et je le comprends bien, et que dans les circonstances
il préférait, lui, se limiter à la Chambre et donner
toutes les réponses exigées lors de l'étude des
crédits. Tout cela va très bien, mais le public aimerait bien
connaître les idées du ministre, l'orientation qu'il veut donner
actuellement au ministère.
Si nous n'avons pas les discours publics du ministre pour nous
satisfaire sur ce point-là, nous avons cependant certains discours du
premier ministre, du président du conseil exécutif de la
province. Or, j'ai constaté que, quelques semaines après la prise
du pouvoir, le premier ministre actuel, dans un grand discours prononcé
à l'inauguration du congrès annuel du Barreau américain,
congrès qui se tenait dans la métropole, congrès auquel
assistaient, je pense, certains hauts fonctionnaires du ministère, le
premier ministre à ce moment-là a énumêré un
plan contenant huit réformes au système judiciaire, huit
réformes envisagées par le gouvernement qu'il dirigeait. M. le
Président, c'était le 9 août 1966. Alors, il faudrait
peut-être savoir maintenant où en sont rendus ces projets de
réforme et qui a été fait. Pour être plus
précis, il faudrait commencer par énu mérer ces huit
réformes suggérées par M. Johnson à ce
moment-là. La première: l'élaboration d'une charte des
droits de l'homme.
M. BERTRAND: M. le Président, je vais répondre
immédiatement.
M. WAGNER: Non, je vais terminer si vous
voulez, mon exposé. Ce sera plus facile. Autrement, vous
êtes appelé à répondre souvent. Premièrement,
l'élaboration d'une charte des droits de l'homme, qui ne serait pas
simplement une loi, mais qui serait inscrite dans la constitution du
Québec et, a dit le premier ministre, j'espère dans la
constitution du pays. Cette charte garantirait les droits et les
libertés fondamentales de tout le monde: la liberté de culte, de
parole, d'association, de presse et le droit à la vie, à la
liberté, à la sécurité, à la possession et
jouissance de la propriété, à la protection de la loi et
à l'égalité devant la loi. C'était la
première réforme. Où est-elle? Où est le projet de
loi? Nous avons entendu évidemment l'expression de pieuses intentions.
Nous avons entendu ces choses dans le discours du Trône, mais jusqu'ici,
à dix mois de cet énoncé de principe du premier ministre,
nous n'avons rien vu de cette première réforme qui doit figurer
au plan, au projet de planification du gouvernement de l'Union Nationale. Il y
a eu une deuxième réforme de suggérée par le
premier ministre: l'institution d'un ombudsman ou protecteur du peuple pour
redresser les griefs contre les corps administratifs, y compris notre propre
gouvernement, disait le premier ministre. Où en est rendu ce projet
d'une deuxième réforme? Où est le projet de loi?
Qu'y-a-t-il devant le parlement excepté encore une fois de pieuses
intentions et quelques phrases dans le discours du lieutenant-gouverneur. Nous
n'avons rien vu encore, bien que nous soyons en session depuis le mois de
décembre dernier.
Troisième projet de réforme dupremier ministre:
l'instauration d'un système non politique de nomination des juges,
s'appuyant sur la compétence professionnelle, en consultation avec les
associations professionnelles. M. le Président, où en sommes-nous
avec ce troisième projet? Où est l'instauration du système
non politique? Il est évident que nous avons eu très peu de
nominations de juges jusqu'ici.
Nous avons eu, oh! quelque temps après les élections, la
nomination du candidat officiel de l'Union Nationale dans Verdun, le juge
Fabien, qui fut nommé à la cour des Sessions. Evidemment, je ne
sais pas si la nomination a été faite avant que le premier
ministre ne déclare que la nomination non politique figurerait dans son
plan, mais je pense que cette nomination a été faite après
la déclaration du premier ministre.
Parmi les autres juges qui ont été nommés, M. le
Président, il y a bien eu, oh! je pense que c'est en dernier, le
frère du premier ministre, qui fut nommé juge. Encore là,
je veux bien croire qu'il s'agit de l'inauguration d'un système non
politique de nomination basé uniquement sur la compétence.
Evidemment, s'il avait fallu qu'une nomination semblable se soit
produite sous le gouvernement antérieur, M. le Président, vous
imaginez-vous quel tollé nous aurions entendu des banquettes de
l'Opposition et ailleurs, s'il avait fallu que le premier ministre, M. Lesage,
nomme son frère au poste de juge à Québec? Bien, on aurait
dit: C'est du népotisme. On aurait dit: On veut avantager quelqu'un de
la famille du premier ministre. Bien non. C'est une nomination qui entre
probablement dans le cadre décrit par le premier ministre le mardi 9
août 1966. Et nous pourrions continuer les nominations, M. le
Président.
Et nous pourrions continuer les nominations. On pourrait parler
peut-être de la nomination du juge Fauteux à la cour des Sessions
de Montréal.
M. BERTRAND: Du juge Lemieux...
M. WAGNER: Du juge Lemieux, à Valley-field.
M. BERTRAND: ... qui était Union Nationale.
M. WAGNER: Qui n'était pas du parti libéral.
M. BERTRAND: Non?
M. WAGNER: Qui était du Bloc populaire!
M. BERTRAND: Et qui était absolument « apartisan
».
M. WAGNER: Du juge Fauteux. Oui. Oui. II y a toujours une
exception. J'attends encore!
M. BERTRAND: On pourrait, quant à cela, reprendre toutes
et chacune des nominations qui ont été faites auparavant...
M. WAGNER: Oui.
M. BERTRAND: ... quand le député de Verdun,
libéral, qui avait été procureur de la Couronne...
M. WAGNER: ... procureur, ancien organisateur de l'Union
Nationale.
M. BERTRAND: ... a été nommé juge et qu'il
descend du banc, à quelques secondes à peine à la suite
d'un appel téléphonique et qu'il se présente comme
député du comté de Verdun, nomination absolument «
apolitique ».
M. WAGNER: Oui, mais avec cette distinction, M. le
Président, qu'il y a des juges qui ne descendent même pas du banc
pour faire de la politique, qui restent sur le banc et ça, c'est plus
grave.
M. BERTRAND: Et le député de Verdun en
connaît plusieurs qui ne sont pas...
M. WAGNER: Oui, j'en connais plusieurs! M. BERTRAND: ... des
nominations...
M. WAGNER: Us siègent à des
préenquêtes et le député...
M. BERTRAND: ... qui ne sont pas des nominations du régime
actuel, qui ont été des nominations du régime
précédent, c'est-à-dire du sien, soit entre 1960 et
1966.
M. WAGNER: Oui.
M. BERTRAND: Et il y en a de ces juges-là. Et, mon
collègue le député de Trois-Rivières
déclarait l'autre jour, avec raison, que lorsque l'on tient des propos
comme ceux que vient de tenir le député de Verdun, ce n'est pas
de nature à rassurer les gens.
M. WAGNER: Non, non, parce que les gens veulent avoir le respect
de l'institution.
M. BERTRAND: Qu'on me laisse répondre.
M. WAGNER: ... et le respect ne se commande pas, il se
mérite.
M. BERTRAND: Qu'on me laisse répondre, M. le
Président. J'ai la parole.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. WAGNER: Le respect se mérite.
M. BERTRAND: ... l'institution de la justice, et dans ce
domaine-là, le député de Verdun sait comme moi, qu'il y a
des procédures qui peuvent être prises.
M. WAGNER: Il y a des procédures qui ne sont pas prises,
aussi.
M. BERTRAND: Qui peuvent être prises, qui auraient pu
être prises, déjà...
M. WAGNER: Et maintenant. M. BERTRAND: ... bien avant...
M. WAGNER: Et maintenant. M. BERTRAND: ... bien avant...
M. WAGNER: Le ministre en sait quelque chose.
M. BERTRAND: ... bien avant, et, que l'on peut porter devant la
cour d'Appel mais si on a des faits précis...
M. WAGNER: Quand on a des faits...
M. BERTRAND: ... le député de Verdun n'a
qu'à les porter à la connaissance de mes collaborateurs
immédiats.
M. WAGNER: Je les porte à la connaissance du ministre
même.
M. BERTRAND: Oui, oui.
M. WAGNER: Le ministre sait ce que je veux dire.
M. BERTRAND: Les faits précis.
M. WAGNER: Le ministre sait ce que je veux dire.
M. BERTRAND: Les insinuations comme celles-là, il vient de
parler, par exemple, du juge Fabien, toutes les nominations qui ont
été faites dans tous et chacun des cas, j'ai communiqué
avec le Barreau pour savoir si, au point de vue disciplinaire, on avait quoique
ce soit à reprocher à ces individus. Deuxièmement...
M. WAGNER: C'est une tactique courante, M. le Président,
de communiquer avec le Barreau, avant la nomination d'un jury, c'est
élémentaire.
M. BERTRAND: C'est élémentaire. Bon, alors
voilà exactement les gestes et les actes que le ministre actuel de la
Justice a posés dans tous et chacun des cas. Et dans un cas entre
autres, du frère du premier ministre, il a été
nommé juge municipal à Montréal, avec l'assentiment des
autorités de la ville de Montréal.
M. WAGNER: Evidemment, comme toujours, c'est une simple
courtoisie de vérifier auprès des autorités de la ville de
Montréal, pour savoir...
M. BERTRAND: Au sujet, avec le juge en chef...
M. WAGNER: Avez-vous l'impression que l'exécutif allait le
refuser à la ville de Montréal?
M. BERTRAND: Demandez donc à certains de vos
prodécesseurs ce qui s'est produit dans certains cas, dans le
domaine...
M. WAGNER: Nous vous interrogeons sur ce qui est votre domaine
actuellement. Nous somme à dix mois de l'Union Nationale, le
gouvernement de l'Union Nationale.
M. BERTRAND: Vous venez de parler de l'instauration d'un
système non politique.
M. WAGNER: Bien je vous lis ce que le premier ministre a dit au
mois d'août. Mais ça, c'est loin.
M. BERTRAND: Oui, et dans ce domaine-là, si on a des
reproches à faire quant à la compétence, quant au jugement
d'aucune des personnes qui ont été nommées juges, depuis
que j'agis comme ministre de la Justice, si l'on a des accusations à
porter, qu'on les porte, mais qu'on ne lance pas d'insinuation au sujet du
frère du premier ministre. On sait quelle peut être la vie d'un
homme qui est dans un bureau d'avocat et dont le frère est premier
ministre. A ce moment-là, ses activités sont totalement
paralysées.
M. WAGNER: Oui, mais c'est temporaire.
M. BERTRAND: Totalement paralysées. Vous aviez
déjà dit que l'Union Nationale ne serait au pouvoir que durant 90
jours...
M. WAGNER: Je me suis trompé de quelques mois.
M. BERTRAND: Vous vous êtes trompé de plusieurs
mois.
M. WAGNER: Ce n'est pas au détriment de la province que je
me trompais.
M. BERTRAND: A tout événement, les nominations de
juges ont été faites conformément à une coutume
depuis longtemps établie, coutume qu'a suivie l'ancien ministre de la
Justice en communiquant avec le Barreau, je l'ai fait dans chacun des cas et,
si on a des accusations à apporter sur aucune des nominations de juges
qui ont été faites, que le député de Verdun les
porte.
M. WAGNER: M. le Président, je souligne tout simplement
les projets de réforme du premier ministre alors qu'il les a
donnés officiellement au congrès du Barreau américain
è Montréal et, au regard de chacun de ces projets de
réforme, je donne quelques faits et lorsque nous arriverons à
l'article S-3: les juges de district, ou les juges des sessions...
M., BERTRAND: On en reparlera.
M. WAGNER: ... nous en reparlerons en détail et...
M. BERTRAND: Nous en reparlerons.
M. WAGNER: ... de façon beaucoup plus précise.
M. BERTRAND: Maintenant voici.
M. WAGNER: Je n'ai pas terminé cet exposé
général, je ne voudrais pas que...
M. BERTRAND: Voici, je...
M. WAGNER: ... le ministre soit induit en erreur...
M. BERTRAND: Le député de Verdun, à l'heure
actuelle, ne fait pas ce que l'on appelle des considérations
générales sur les prévisions budgétaires.
M. WAGNER: Moi, je parle de la planification du
ministère.
M. BERTRAND: Le député de Verdun se
réfère à un article de journal comme on pourrait se
référer à un programme politique.».
M. WAGNER: ... le premier ministre n'est pas un...
M. BERTRAND: ... et à ce moment-là, un discours
peut annoncer des politiques qui ne se réalisent pas
immédiatement. Par exemple, on a annoncé dans le discours du
Trône le dépôt d'une loi des coronners. Elle est devant la
Chambre et, à un moment donné, on a demandé si
l'Opposition était prête à l'étudier et le
député de Verdun a dit qu'il n'était pas prêt.
M. WAGNER: Justement, si on étudie... M. BERTRAND: Qu'il
n'était pas prêt, pre-
mièrement. Deuxièmement, 11 vient de référer
à la charte des droits de l'homme. Le député de Verdun
n'ignore pas qu'il y a un comité parlementaire sur la constitution qui a
été reformé et qui doit siéger et chaque fois que
le premier ministre en a parlé, il s'agissait d'insérer dans la
constitution du Québec une loi ou un texte intitulé «
charte des droits de l'homme » et je lui réponds...
M. WAGNER: M. le Président, il fautpasser aux actes, nous
en avons assez de la parlotte, des propos...
M. BERTRAND: Oui, nous en avons eu suffisamment des parlottes et
des propos du député de Verdun.
M. WAGNER: C'est plus personnel. C'est votre opinion.
M. BERTRAND: La Loi des coroners est déposée. Nous
avons également annoncé une loi de police...
M. WAGNER: Annnoncée, mais on ne la voit pas, M. le
Président, mais on ne la voit pas!
M. BERTRAND: ... qui est élaborée.
Troisièmement, le conseil consultatif de la justice qui a
été reconstitué, a fait l'étude...
M. WAGNER: Il a été reconstitué avec les
mêmes membres, n'est-ce pas?
M. BERTRAND: Avec à peu près les mêmes
membres.
M. WAGNER: Très bien. Alors, quand nous avons formé
ce conseil-là et que le chef de l'Opposition du temps avait dit: C'est
du trompe-l'oeil, c'est de la poudre aux yeux ce conseil consultatif. Est-ce
qu'il avait raison ou s'il avait tort?
M. BERTRAND: Il rapporte des propos. Nous sommes en train, M. le
Président, d'engager ici un débat général, alors
que nous devons procéder à l'étude des prévisions
budgétaires. Le député de Verdun aura l'occasion de faire
des dicours en Chambre, ou en dehors de la Chambre...
M. WAGNER: Oui, mais c'est ici qu'il faut les faire.
M. BERTRAND: Nous sommes ici pour les prévisions
budgétaires.
M. WAGNER: Il faut étudier et obtenir les
réponses...
M. BERTRAND: Les prévisions budgétaires.
M. WAGNER: Est-ce que la plus belle prévision n'est pas la
planification?
M. BERTRAND: J'aurai l'occasion, au fur et à mesure...
M. WAGNER: J'aurais voulu savoir si... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. BERTRAND: ... de montrer les initiatives nouvelles pour cette
année. A chaque jour suffit sa peine. Aujourd'hui, ce sont les
prévisions budgétaires. Nous avons des initiatives cette
année, qui étaient demandées depuis des années et
que le ministre des Finances a acceptées cette année. Des choses
pratiques et nous le verrons tantôt à l'étude des articles
de nos prévision.
M. WAGNER: Je n'arrête pas d'être bousculé, M.
le Président.
M. BERTRAND: Je ne vous bouscule pas!
M. LE PRESIDENT: J'allais justement rappeler aux honorables
députés l'article 381 de nos règlements qui
spécifie qu'en comité des subsides, chaque article du budget des
dépenses est pris en considération séparément et
suivant les règles prescrites, pour l'examen des articles d'un bill.
Alors, à ce stade-ci, je crois que nous siégeons depuis
près d'une heure et nous n'avons passé à aucun article.
Alors, je demanderais la collaboration des députés pour que nous
commencions à procéder immédiatement. Je suis prêt
à permettre à l'honorable député de Verdun de
terminer...
M. BERTRAND: On va ajourner, on reviendra à deux heures et
trente.
M. LE PRESIDENT: ... le plus rapidement possible ses remarques
générales, afin que nous puissions commencer, tel que le veut le
règlement, en particulier l'article 381.
M. WAGNER: La suggestion du ministre de la Justice est
excellente; si nous ajournions maintenant et si nous reprenions à deux
heures et demie.
M. BERTRAND: Deux heures trente.
M. WAGNER: Je pourrais, à ce moment-là, continuer
et probablement terminer les propos d'ordre général et ensuite,
nous attaquerons article par article.
M.BERTRAND: Maintenant, je voudrais bien que le
député de Verdun comprenne qu'il s'agit ici de prévisions
budgétaires. Il s'agit d'étudier article par article.
Entendons-nous donc. Si l'on veut faire de longs discours sur le programme de
l'Union Nationale, sur les discours prononcés par tous et chacun de mes
collègues, le député de Verdun et les membres du
comité conviendront, M. le Président, que ce n'est pas l'endroit.
Nous avons mobilisé tout notre personnel non pas pour entendre de longs
discours, mais pour faire une étude détaillée des
prévisions budgétaires du ministère de la Justice.
Autrement nous paralysons l'administration de la Justice et,
deuxièmement, cela ne facilite pas du tout les travaux du comité.
Car, à ce moment-là, l'un ou l'autre membre du comité
pourra rappeler des choses que le parti précédent devait
réaliser et qu'il n'a pas réalisé. Alors, soyons donc de
bon compte, travaillons donc dans un esprit de coopération,
objectivement, de manière à pouvoir libérer nos
collaborateurs immédiats au ministère, de façon que
l'administration de la justice puisse continuer.
Alors, M. le Président, à 2 h 30.
M. LE PRESIDENT: La séance du comité est
ajournée à 2 h 30. Reprise de la séance à 2 h 35
p.m.
M. BERTRAND: M. le Président, je constate que nous avons
quorum, nous pouvons certainement commencer.
M. WAGNER: M. le Président, je pense bien que, par
délicatesse pour mes collègues, on pourrait bien attendre un
instant, afin que je ne sois pas seul contre cette armée rangée
en bataille.
M. BERTRAND: Ce n'est pas une armée rangée en
bataille, M. le Président, ce sont tout simplement des
députés qui sont ponctuels.
M. LE PRESIDENT: Alors, étant donné que nous sommes
déjà dix minutes en retard, je crois qu'il est temps que l'on
procède immédiatement et je tiens à faire remarquer
à ces honorables députés que nous avons cet avant-midi
commencé l'étude des budgets du ministère de la Justice et
que, devant une situation que je voudrais voir s'améliorer, je m'en
tiendrai strictement à l'article 381 de nos règlements qui veut
que nous étudions les budgets du ministère, article par
article.
M. WAGNER: Alors, M. le Président, nous en sommes encore
aux propos de nature générale. Dès que nous les aurons
terminés, que le ministre aura pu répondre, nous aborderons
ensuite article par article, selon votre désir.
M. BERTRAND: Voici, M. le Président, il est entendu que
les considérations générales doivent être sur les
prévisions budgétaires. Elles ne doivent pas constituer des
discours; nous sommes ici pour étudier ce que l'on appelle une partie de
la loi du budget. Les commentaires personnellement que f aurai à faire
n'auront trait qu'au budget 67/68, tout simplement pour indiquer globalement
les raisons de l'augmentation de ces prévisions budgétaires,
j'en-tends m'en tenir strictement à cela. Il ne s'agit pas pour nous ici
de redire ce que l'on peut retrouver dans des programmes politiques ou de
reprendre des propos qui ont été tenus sur la place publique,
nous sommes ici pour défendre des prévisions budgétaires,
d'abord répondre aux questions de l'Opposition sur chacun des articles,
ensuite des sous-articles, mais nous ne sommes pas ici pour utiliser le
comité comme tribune politique et j'entends m'en tenir strictement
à cela.
M. WAGNER: Bon.
M. BERTRAND: Et je crois que les règlements nous
l'imposent.
M. WAGNER: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
discourir longuement sur la nécessité de ne pas faire de
discours. Mais il y a une chose qui est certaine, c'est que depuis près
d'un an, nous attendons l'occasion de pouvoir interroger le ministre sur ce qui
se passe dans le ministère de la Justice. Nous attendons
également l'occasion de soumettre en Chambre des suggestions et
d'obtenir des réponses. C'est le moment ici. D'ordinaire, lorsque nous
siégeons sur le parquet de l'Assemblée législative, nous
pouvons à loisir, à l'occasion de tous les articles, faire les
suggestions qui nous semblent appropriées et il n'y a absolument rien
qui empêche un député de faire les discours qu'il veut. Je
voudrais bien que l'on ne profite pas du fait que nous sommes actuellement en
comité, pour tenter de nous réduire dans ce domaine-là et
nous empêcher de dire ce que nous voulons dire.
Quant à moi, je vous avertis immédiatement, que j'ai de
nombreux sujets sur lesquels je désire obtenir des renseignements du
ministre, également le devoir de faire des commentaires publiquement. Si
je ne les fais pas ici en Chambre, l'on me reprochera de les faire en dehors de
la Chambre, si je les fais en dehors de la Chambre, on me dira: Faites-les en
Chambre. Alors pour éviter que le ministre de la Justice ne donne
l'impression de vouloir bâillonner l'Opposition...
M. BERTRAND: M. le Président, d'abord...
M. WAGNER: ... J'ai l'intention de continuer comme j'ai
commencé.
M. BERTRAND: ... je demanderais au député de Verdun
de retirer le mot « bâillonner » qui est antiparlementaire et
mon attitude depuis le début de l'étude des prévisions
budgétaires, démontre que toute la latitude a été
donnée au-delà de ce que permettent même les
règlements, au député de Verdun.
M. WAGNER: Je ne voudrais pas que l'on soit tellement à
cheval sur le règlement, au point d'empêcher l'Opposition de faire
valoir ce qu'elle doit faire valoir. Je pense que ce n'est pas ici, ni le
temps, ni le lieu, de reprendre les propos du premier ministre et de dire cela
vient de finir, c'est comme cela que cela va marcher. Pas du tout!
M. LE PRESIDENT: J'ai entendu les pro- pos de l'honorable
député de Verdun. Je suis parfaitement d'accord avec lui pour
accepter le fait qu'il peut poser toutes les questions qu'il voudra, il peut
également faire des commentaires sur les articles qui apparaissent, de
toute évidence, au budget. Cependant, je crois que le terme «
bâillonner » ne doit pas être considéré comme
un terme parlementaire et j'inviterais l'honorable député de
Verdun à bien vouloir retirer ce terme.
M. WAGNER: Comment, je n'ai pas accusé le ministre de nous
bâillonner, j'ai simplement dit que le ministre souhaiterait ne pas
donner l'impression de vouloir bâillonner l'Opposition. Ce n'est pas la
même chose.
M. BERTRAND: M. le Président, c'est clair qu'aux articles
et aux sous-articles, les suggestions constructives que pourra apporter le
député de Verdun seront bienvenues, de même que de la part
de tous les membres du comité. Nous sommes ici pour cela, mais, autant
que possible, si nous voulons procéder de manière ordonnée
et méthodique; il faut appliquer les règles parlementaires qui
sont là et qui nous lient des deux côtés, tous les membres
du comité.
M. LE PRESIDENT: Alors, comme je l'ai signalé au
début, j'ai la ferme conviction que mon devoir m'impose d'exiger que
l'article 381 de nos règlements soit accepté et j'inviterais
l'honorable ministre de la Justice de commencer immédiatement
l'étude au budget. Article par article.
M. WAGNER: Je veux bien, M. le Président, je continue mes
propos d'ordre général, et nous en arriverons à l'article
1 par la suite. Je disais, ce matin, lorsque nous avons ajourné, que
nous avions recherché dans les discours publics du ministre de la
Justice, l'orientation qu'il entend donner au ministère. Nous l'avons
trouvée plutôt, cette orientation-là, dans un discours
assez retentissant du premier ministre, prononcé devant le
congrès du Barreau américain, mardi le 9 août 1966.
M. BERTRAND: M. le Président, nous sommes...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: ... encore absolument encore en dehors de
l'étude des prévisions budgétaires.
M. WAGNER: Nous parlons des prévisions du ministère
de la Justice, ceci touche intimement au ministère de la Justice. S'il
n'y a pas de planification, je ne sais pas où l'on s'en va.
M. BERTRAND: Si, le député de Verdun sait de par la
loi, chapitre 16, je pense, des Statuts refondus de la province de
Québec, c'est-à-dire la loi qui a été
adoptée en 1965, exactement quels sont les devoirs du ministre de la
Justice. Quant à l'orientation, ce n'est pas compliqué, c'est
d'assurer au Québec la meilleure justice, la plus impartiale, la plus
accessible à tous. Je n'entends pas faire de plus gros discours
là-dessus, en cette occasion. Nous avons un budget à voter, les
quelques commentaires que j'ai à faire sont les suivants. Pour
l'exercice 67/68, le budget du ministère de la Justice...
M. WAGNER; M. le Président... je voudrais continuer les propos
que j'ai commencés.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. BERTRAND: ... sur le budget.
M. WAGNER: C'est une façon assez facile d'enlever la
parole à un membre de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Je crois que ma décision a déjà été
rendue, à l'effet que nous devions nous en tenir strictement aux
articles qui apparaissent au budget du ministère de la Justice. Loin de
moi la pensée et l'idée de vouloir empêcher l'honorable
député de Verdun de passer tous les commentaires qu'il voudra,
mais, je crois qu'il est de mon devoir de voir à ce qu'il y ait de
l'ordre et surtout à ce que l'on procède avec ordre. Voilà
pourquoi, au cours de l'étude de chacun des articles du budget, nous
pourrons d'une façon plus logique, je crois, entendre les commentaires
qu'aura à passer l'honorable député de Verdun sur chacun
de ces articles-là, mais je crois que pour la bonne marche de nos
travaux, nous devrions immédiatement passer à l'article no 1.
M. WAGNER: M. le Président, sur ce point d'ordre,
j'aimerais rappeler à votre mémoire ou plutôt à
votre attention parce que vous n'étiez pas en Chambre à ce
moment-là vous-même ce que le premier ministre actuel, M.
Johnson, disait le mardi 4 mai 1965 alors que nous discutions justement des
prévisions budgétaires du ministère de la Justice. Je cite
à la page 2279, M. Johnson dit ceci: « J'espè- re que le
ministre ne prendra pas en mauvaise part toutes les questions que nous allons
lui poser. Nous voulons l'avertir tout de suite que nous ne nous attendons pas
à ce qu'il connaisse déjà dans le détail tous les
rouages de son ministère. Et le jeu qui consisterait à attraper
le ministre sur un détail d'administration, M. le Président, est
un jeu auquel nous ne nous adonnerons point. Mais je crois qu'il y a lieu de
poser au ministre une série de questions générales et je
crois que c'est aussi l'occasion pour l'Opposition d'aérer les opinions
du ministre et les gestes publics du ministre relativement à certains
événements notoires ».
Or, M. le Président, je fais mienne cette déclaration du
chef de l'Opposition dans le temps. C'est peut-être l'un des seuls points
sur lesquels nous sommes tous deux d'accord et je vous rappelle aujourd'hui que
c'est l'intention de l'Opposition actuelle d'aérer les opinions du
ministre actuel de la Justice telles qu'on les connaît, soit dans ses
discours, soit dans les discours du premier ministre; et également de
faire des commentaires d'ordre général sur les gestes publics du
ministre actuel relativement à certains événements
notoires.
C'est dans cet esprit, le même esprit qui animait le premier
ministre actuel alors qu'il était chef de l'Opposition, que nous avons
l'intention de mener cette critique des prévisions
budgétaires.
M. LE PRESIDENT: J'ai bien pris note des remarques de l'honorable
député de Verdun, et je dois lui dire que, personnellement,
j'endosse les opinions émises alors par l'honorable chef de l'Opposition
du temps; et si tout le monde est d'accord, je crois qu'il serait temps que
nous commencions immédiatement l'étude du budget article par
article.
M. WAGNER: Alors, M. le président, je continue mes
remarques d'ordre général puisqu'il est bien important, quand on
discute des prévisions budgétaires du ministère de la
Justice, que l'on sache quelle est son orientation, quelle est la planification
qu'on a prévue, quels sont les projets qu'on entend mettre de l'avant,
et de quelle façon on entend le faire.
Parmi les projets de réforme que lepremier ministre a
annoncés publiquement, j'en ai déjà mentionné trois
ce matin, et...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. WAGNER: ... j'en arrive au quatrième article.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais à l'honorable
député de Verdun de bien vouloir s'en tenir strictement aux
articles mentionnés au budget. Si l'on commence à étudier
la politique générale du gouvernement, je crois que les travaux
du comité ne seront ni plus ni moins qu'arrêtés ou
paralysés.
Je le répète, au cours de l'étude des articles du
budget, l'honorable député de Verdun pourra à ce
moment-là faire les commentaires qu'il voudra mais je crois qu'il est de
mon devoir de demander à l'honorable député de Verdun de
se limiter exclusivement à ce qui concerne les articles
mentionnés au budget et je crois que ce serait une méthode
logique de procéder et que cela faciliterait la bonne marche des
travaux.
M. WAGNER: M. le Président, je suis pleinement d'accord
avec vous, ce n'est pas ici ni le temps ni l'endroit de faire la critique
générale du gouvernement mais c'est le temps et l'endroit de
faire la critique du gouvernement en matière de justice.
Or, pour être logique, il faut d'abord partir du
général et en arriver au particulier. J'ai donc l'intention de
continuer mes propos d'ordre général et lorsque arriveront les
divers articles particuliers, alors là nous apporterons plus de
précision.
M. BERTRAND: M. le Président, je n'ai pas besoin de redire
ce que j'ai dit. Là où le député de Verdun voudra
poser des questions sur les initiatives nouvelles, il me fera plaisir de lui
répondre.
S'il a des suggestions constructives à apporter, nous serons
heureux. Je serai heureux et tous les membres du comité seront heureux
de les entendre. Autrement, le débat va tout simplement être
marqué par des déclarations de politique générale,
et ce comité va devenir une tribune politique, ce qui n'est pas du tout
son but. C'est pourquoi je voulais, dès le début, faire quelques
brefs commentaires sur l'augmentation des prévisions budgétaires
de 67/68, par rapport aux prévisions budgétaires de 66/67, et
donner d'un trait, en quelques lignes, les commentaires généraux.
Par la suite, lorsque nous arriverons à certains articles où le
député de Verdun désire obtenir de plus amples
renseignements...
M. WAGNER: Tous les articles, M. le Président.
M. BERTRAND: ... sur la politique que le ministère de la
Justice entend suivre, sur l'orientation qu'il entend donner, il me fera plai-
sir de lui répondre; mais au départ et c'est pourquoi
tantôt il a pensé que je lui avais enlevé le droit de
parole, il a demandé des commentaires généraux, je vais
lui en donner immédiatement.
M. WAGNER: Je voudrais que le ministre me permette de continuer
mes propos.
M. BERTRAND: Vos propos...
M. WAGNER: Le ministre veut nous expliquer la politique
générale du gouvernement en matière de Justice. J'arrive
justement aux questions, mais je voudrais souligner, M. le Président,
à votre attention, que nous ne sommes pas ici dans un jardin d'enfance
où l'on peut limiter les enfants à des questions et leur donner
des réponses. Nous sommes ici à l'Assemblée
législative et c'est le devoir des parlementaires, surtout de ceux de
l'Opposition, non seulement de chercher des réponses mais
également de faire connaître à la population, par
l'entremise de leurs commentaires ou des questions qu'ils posent, quelle est la
politique du gouvernement en matière de justice. Or, l'un des principes
les plus élémentaires en matière de justice, c'est qu'il
doit y avoir une orientation. Il doit y avoir une planification. Je voudrais
savoir, à ce moment-ci, si le ministre actuel entend continuer la
planification et l'orientation déjà poursuivies ou bien s'il en a
une nouvelle. Et pour y arriver, je dois rappeler au ministre actuel les
déclarations du premier ministre de la province qui, dans un discours au
mois d'août 1966, disait à la population...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. WAGNER: ... voici que notre système judiciaire sera
réformé.
M. LE PRESIDENT: Après avoir répété
au moins à quatre reprises la façon dont les travaux de ce
comité devraient être entrepris, je suis parfaitement d'accord
avec l'honorable député de Verdun pour admettre avec lui que
c'est son privilège et que c'est son devoir de poser toutes les
questions qu'il juge à propos, mais pour la bonne marche des travaux de
ce comité et si je me réfère à l'article 381 de nos
règlements, je dois à ce moment-ci demander que l'on
procède tel que le veulent nos règlements, article par article.
Une fois que l'honorable ministre de la Justice aura fait connaître ses
commentaires généraux, nous commencerons immédiatement
l'étude du budget article par article
et, à ce moment-là, lorsque l'honorable
député de Verdun aura des questions à poser, ce sera, je
crois, le temps pour lui de poser toutes les questions voulues et ceci fera en
sorte que nos travaux avanceront. Je crois que ce sera là la
façon la plus logique de travailler pour la bonne administration de la
justice.
M. WAGNER: M. le Président, j'ai pris bonne note de votre
assertion à l'effet que vous permettez au ministre de la Justice de
faire des commentaires généraux. Or, je vous prie de m'accorder
le même privilège. Je sais bien que vous ne voulez pas deux poids,
deux mesures, et que vous me permettrez à moi aussi dans le domaine de
la justice de formuler d'abord des commentaires d'ordre général,
avant d'arriver à chaque article individuel.
Alors, je disais justement, M. le Président, lorsque j'ai
été interrompu...
M. BERTRAND: M. le Président, les commentaires que f ai
à faire sur le budget 67/68...
M. WAGNER: M. le Président, je vous rappelle que j'avais
le droit de parole et je vous prierais d'exercer la charge que vous occupez en
me permettant de continuer dans le meilleur intérêt non seulement
de l'administration de la justice mais du bon ordre ici et pour le bien de la
population.
M. LE PRESIDENT: Si l'honorable député de Verdun
veut bien me le permettre, je dois lui rappeler que les commentaires sur
lesquels je dois m'objecter sont à l'effet que les articles de journaux
dont il fait mention traitent de la politique générale et
qu'actuellement nous sommes devant le comité des crédits du
ministère de la Justice et que, si nous voulons que les travaux
avancent, nous devons absolument suivre les règlements qui nous
régissent et c'est la raison pour laquelle je ne puis accepter de
commentaires sur la politique en général. Encore une fois...
M. WAGNER: M. le Président, vous avez parfaitement raison,
je n'entends pas faire de commentaires sur la politique générale
du gouvernement, j'entends faire des commentaires sur la politique
particulière du gouvernement dans le domaine de la justice. Je n'ai pas
l'intention de citer des articles de journaux, j'ai l'intention de me
référer à la plus haute autorité actuelle, celle du
premier ministre dans ses discours. Alors, pour cette raison, je vous demande
de continuer les propos que j'ai déjà commencés et, de
cette façon-là, nous perdrons moins de temps.
M. le Président, je vous disais, à l'ajournement, que
cette planification du ministère de la Justice, pour que nous la
connaissions, il fallait que nous nous en remettions à un discours
particulier qui a été fait au mois d'août 1966 devant le
congrès du Barreau américain par le premier ministre de cette
province qui parlait, à ce moment-là, j'imagine, au nom du
conseil exécutif, c'est-à-dire au nom du gouvernement de la
province.
Le premier ministre, dans son discours, a énuméré
huit réformes au système judiciaire envisagées par le
gouvernement qu'il dirige. Ce matin, avant l'ajournement, f ai eu l'occasion de
toucher à trois de ces projets de réforme. J'en arrive maintenant
à la quatrième. Il s'agissait, pour le premier ministre, de
proclamer la création de tribunaux de la famille qui s'occuperaient de
toutes les questions impliquant les enfants, les relations des conjoints, la
délinquance juvénile, l'adoption et des conflits entre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: Nous allons revenir sur chacun des articles, M. le
Président, lorsque nous étudierons tantôt...
M. WAGNER: Nous y reviendrons! Mais c'est notre droit
maintenant...
M. BERTRAND: J'ai l'impression... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. WAGNER: C'est notre droit maintenant de vous dire ce que nous
voulons savoir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: Je m'excuse, M. le Président, vous êtes
debout et je respecte votre autorité.
M. LE PRESIDENT: Je crois que ma décision, peut-être
pour la septième fois, est rendue à l'effet que lorsque nous
procéderons sur l'étude des articles du budget, lorsqu'il
s'agira, par exemple, de l'article de la nomination des crédits pour les
traitements de nos juges, si l'honorable député de Verdun a des
remarques à faire sur cet article-là, c'est à ce
moment-là qu'il devra le faire. Mais si l'on permet de traiter d'une
façon générale tout le problème de la justice
à ce stade-ci, je suis d'avis que nos travaux vont être
paralysés. Connaissant l'esprit du député de Verdun, je
crois qu'il comprendra qu'il faut que nous établissions
dès ce moment-ci une méthode de travail et j'inviterais
l'honorable ministre de la Justice à commencer immédiatement
l'étude des crédits article par article.
M. WAGNER: M. le Président, j'ai déjà
commencé ce matin mais j'en suis à ce discours qu'a fait le
premier ministre de la province alors qu'il a voulu énoncer
publiquement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. WAGNER: ... les réformes du système judiciaire
de la province de Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. WAGNER: C'est ça et ça touche exclusivement la
justice.
M. LE PRESIDENT: Ma décision est rendue à l'effet
que nous allons commencer l'étude des crédits du ministère
de la Justice article par article.
M. WAGNER: M. le Président, je regrette de constater que
vous me privez du droit de parole, vous me privez du droit de toucher aux
affaires générales de la justice. Vous m'obligez à me
taire actuellement alors que j'ai le devoir comme parlementaire et comme
citoyen d'exiger du ministre actuel qu'il nous éclaire sur l'orientation
du ministère de la Justice, qu'il nous éclaire sur les
réformes judiciaires envisagées par le premier ministre actuel de
la province et je m'aperçois avec beaucoup de regret que vous
m'empêchez de le faire. Il est évident qu'au cours des
articles...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! L'honorable
député de Verdun voudra bien comprendre que mon rôle, en
tant que président de ces comités, est précisément
de bien vouloir organiser les travaux de façon que cela progresse d'une
façon normale.
M.WAGNER: M. le Président, on ne veut pas se faire
organiser, c'est cela.
M. LE PRESIDENT: Je rappelle à l'honorable
député de Verdun que, loin de moi l'idée de lui
empêcher de faire connaître ses opinions, cependant, pour la bonne
marche de nos travaux, et je dois également me référer
à l'article 381, de nos règlements, qui veut que le budget de
tous les comités soit étudié article par article et
lorsqu'en étudiant le budget, sur un article en particulier, le
député de Verdun voudra poser des questions, il aura, à ce
moment-là, toute la latitude voulue, pour poser ses questions et pour
passer ses commentaires. Alors, j'inviterais, immédiatement, l'honorable
ministre de la Justice à commencer.
M. WAGNER: Bien, M. le Président, il me semble que j'avais
droit de parole. Si vous voulez que je conserve mon droit de parole, je veux
bien continuer, mais est-ce que vous me l'enlevez?
M. LE PRESIDENT: Je dis à l'honorable député
de Verdun que nous allons commencer l'étude du budget, au poste
budgétaire numéro 1.
M. WAGNER: Alors, je prends bonne note de votre décision,
monsieur le Président, je n'ai pas l'intention d'en appeler, afin de ne
pas comme vous dites paralyser les travaux du comité, et
puisque vous ne me permettez pas de formuler des remarques d'ordre
général, comme il est de tradition immémoriale en Chambre
pour les députés de l'Opposition de le faire, comme nous aurions
pu le faire si nous avions siégé en haut, au parquet de
l'Assemblée législative, je me borne à constater avec
regret qu'une telle décision me prive d'exercer mon devoir de
parlementaire.
M. BERTRAND: M. le Président, le député de
Verdun a eu deux occasions au moins. L'une lors du débat sur le discours
de l'adresse, l'autre, le débat sur le budget. Débats où
l'on peut apporter toutes les considérations générales que
l'on veut apporter sur l'ensemble de la politique gouvernementale et, en
particulier, sur l'administration de la justice. Rien n'enpêchait le
député de Verdun de participer aux débats sur le budget,
en Chambre, ni non plus, aux débats sur l'adresse. Les propos auxquels
il réfère ont été prononcés dans le mois
d'août. La session a débuté depuis le mois de
décembre. Personne ne l'a empêché de tenir les propos qu'il
voudrait tenir à l'heure actuelle. Il n'en a pas profité lors du
débat sur l'adresse, ni non plus lors des débats sur le budget.
De plus, lorsque dernièrement, nous devions aller en étude des
crédits, des prévisions budgétaires, il a formulé,
il a tenu certains propos en matière de faillite frauduleuse. Il a eu
toute la latitude de le faire.
M. WAGNER: Oui, on s'est empressé de me limiter à
une heure avec 138 interruptions.
M. BERTRAND: Non pas de le limiter à une heure, c'est le
règlement...
M. WAGNER: On m'a refusé cinq minutes additionnelles.
M. BERTRAND: C'est le règlement qui le limite à une
heure.
M. WAGNER: C'est ça, la liberté de parole avec le
gouvernement actuel.
M. BERTRAND: C'est le règlement qui le limite à une
heure, excepté les chefs de parti et le ministre qui présente une
mesure ou celui qui lui répond.
M. WAGNER; Le ministre aimerait bien que je me taise.
M. BERTRAND: Il me semble que les propos que le
député de Verdun tient depuis le matin démontrent
clairement que le ministre de la Justice ne l'a pas empêché de
parler.
M. WAGNER; Le ministre de la Justice a siégé assez
longtemps dans cette Chambre, il n'a qu'à relire les débats de
l'Assemblée législative, pour savoir avec quelle facilité
il a pu lui, critiquer le gouvernement en matière de justice, dès
le début de l'étude des prévisions budgétaires, au
long puis au large, de façon générale, avant que l'on
commence à regarder article par article. Cela s'est toujours
passé comme cela.
Le ministre des Affaires municipales est assis en arrière, il le
sait également, M. Gabias, le député de
Trois-Rivières est ici, il le sait également; il sait que c'est
normal qu'au début de l'étude d'un budget, que l'on s'applique
à sortir un peu de la bouche du ministre et du gouvernement,
l'expression de la politique générale en matière de
justice. C'est tout à fait normal et tout à fait logique. Or
aujourd'hui, par décision du président et également, il me
semble bien, avec l'assentiment du ministre de la Justice, on veut me priver de
ce droit de parler de façon générale de la justice, de
toucher à des sujets qui, non seulement me tiennent à coeur
à moi, mais tiennent à coeur à la population aussi, avant
d'arriver aux détails des estimations.
M. BERTRAND: M. le Président, je voudrais tout simplement
donner un exemple. Le député de Verdun tantôt, vient de
donner un article...
M. WAGNER: Sionn'arienàcraindre, pourquoi est-ce qu'on ne
me laisse pas aller?
M. BERTRAND: ... parlant de cours familiales. Nous aurons
tantôt l'occasion, lors de l'étude des cours du Bien-Etre social,
de parler de ce problème-là. Ce matin, c'étaient des
choses générales. Le député parlait de la charte
des droits de l'homme. Je lui ai dit qu'un problème comme
celui-là était référé au comité
parlementaire de la constitution, l'ombudsman, la même chose. Le
comité consultatif nous avait présenté un rapport. Il y a
un projet de loi qui est en état d'élaboration...
M. WAGNER: Ce sont les questions que je pose justement au
ministre.
M. BERTRAND: ... à ce moment-là...
M. WAGNER: On peut me permettre de les poser.
M. BERTRAND: ... à ce moment-là, toutes et chacune
des questions pourraient être posées lorsque nous
étudierons les articles.
M. WAGNER: Le ministre ignore les questions que je veux poser.
Alors, il ne sait pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GOSSELIN: M. le Président, nous avons eu l'occasion,
depuis deux ans, d'adopter une nouvelle méthode pour étudier les
projets de nos budgets. Et à chacune des fois que nous avons vu des
comités partagés de la Chambre, il y a eu une coutume
d'établie à l'effet qu'après l'étude des
crédits ici, article par article, nous retournons en Chambre et par la
suite, ces crédits-là doivent être adoptés par la
Chambre au complet. Ce qui arrive, c'est que, ce matin, on est retourné
en haut, et avant l'adoption totale des crédits du ministère du
Tourisme, il y a eu d'autres considérations générales qui
se sont faites en Chambre, avant qu'ils soient adoptés en
totalité. Alors, je crois qu'à ce moment-là, le
député de Verdun, qui dans le moment voudrait bien, M. le
Président, que vous le priviez de son droit de parole, ou encore que
vous l'empêchiez...
M. WAGNER: M. le Président, je soulève une question
de privilège.
M. GOSSELIN: Il irait poser au martyr devant la population.
M. WAGNER: M. le Président, je soulève une question
de privilège. Je demande au député de Compton de retirer
ses paroles. Il n'a pas le droit d'imputer des motifs semblables à un
collègue du parlement.
M. GOSSELIN: Sans être...
M. WAGNER: M. le Président, j'ai soulevé la
question de privilège, je vous ai demandé de le prier de retirer
ce qu'il vient de dire.
M. GABIAS: Ce n'est pas une question de privilège.
M. LE PRESIDENT: Les honorables députés de ce
comité comprendront que le ministère de la Justice, avec
l'expérience que tous et chacun d'entre nous avons, est un
ministère excessivement difficile, en ce sens qu'il peut porter
ouverture à des débats qui, en comité ici, ne nous
avanceraient aucunement dans les travaux du comité. Alors, je crois
d'ailleurs l'honorable député de Verdun a dit
lui-même à l'instant qu'il n'en appelait pas de ma décision
que si nous voulons avancer dans nos travaux, nous devrions, dès
ce moment-ci, commencer l'étude des crédits du ministère
de la Justice, article par article. En aucun moment, je le
répète, je ne voudrais faire perdre le droit de parole à
l'honorable député de Verdun, sachant pertinemment qu'il a des
choses intéressantes à dire; mais par contre, si nous voulons
avancer dans nos travaux, si nous voulons que les buts pour lesquels ces
comités sont institués fonctionnent, il faudrait, je crois, que
nous cessions des argumentations qui nuisent à la marche de nos travaux
et j'inviterais l'honorable ministre de la Justice à
procéder.
M. WAGNER: M. le Président, inconsciemment, je veux bien,
vous avez oublié la question de privilège que j'ai
soulevée ou le point de règlement que j'ai soulevé. Je
vous ai prié de demander au député de Compton de retirer
ce qu'il a dit à mon sujet.
M. GOSSELIN: M. le Président, afin de ne pas retarder
indûment, je suis prêt à retirer les paroles qui ont pu
être interprétées comme étant offensantes ou
autrement, au député de Verdun.
M. GABIAS: M. le Président, il y a une parole qui a
été prononcée par le député de Verdun qu'on
ne peut laisser passer sans la relever et c'est la suivante, à l'effet
que la liberté de parole n'existait pas avant le présent
gouvernement.
M. WAGNER: Il faudrait citer au texte.
M. GABIAS: Il s'agit...
M. WAGNER: Il faudrait citer au texte.
M. GABIAS: Il s'agit...
M. WAGNER: Il faudrait vérifier que ce soit exactement
ça.
M. GABIAS: C'est ce que j'ai compris.
M. WAGNER: Dans ces termes-là, bien oui...
M. GABIAS: C'est ce que j'ai compris.
M. WAGNER: Il faudrait que vous vérifiez ça.
M. GABIAS: C'est ce que j'ai compris et j'ai bien entendu que la
liberté de parole n'existait pas sous le présent gouvernement. Il
est clair qu'on ne peut pas laisser passer une telle accusation sans la
relever. D'abord, parce qu'elle est inexacte et qu'elle est contraire aux
faits. S'il y a un gouvernement qui est respectueux des droits et des
privilèges de l'Opposition, c'est bien le présent gouvernement.
Surtout si on le compare avec le gouvernement qui nous a
précédé. Il fallait être en Chambre en 1960...
M. WAGNER: M. le Président, est-ce que c'est à un
discours qu'on va assister maintenant...
M. GABIAS: ... 1961, 1962...
M. WAGNER: Est-ce que c'est un discours...
M. GABIAS: Non, simplement une remarque. M. WAGNER: Ah bon!
M. GABIAS: Une remarque, j'attire l'attention du
député de Verdun sur la portée de ses accusations et, si
on les compare à ce qui s'est passé, si on compare l'attitude du
présent gouvernement avec ce qui s'est passé les années
passées, je crois que la comparaison serait loin d'être favorable
au gouvernement qui nous a précédé .
M. LE PRESIDENT: Toutes ces remarques étant faites, les
unes aussi intéressantes que les autres, je crois que l'honorable
député de Verdun n'en ayant pas appelé de ma
décision, nous allons procéder immédiatement.
M. WAGNER: Alors, très bien, M. le Président. A
l'article 1, administration, voici les questions que je voudrais poser au
ministre de la Justice. Il est important qu'un ministère de la Justice
puisse offrir à la population un
plan d'action et une orientation qui puissent être comprises. Or,
si je me reporte à des déclarations publiques faites par le
premier ministre actuel concernant des réformes au système
judiciaire, je me demande si ces déclarations-là, qui ont
été faites au mois d'août 1966, tiennent toujours. Par
exemple, pour rafraîchir la mémoire du ministre de la Justice, je
lui dirai que M. Johnson avait énuméré huit
réformes essentielles au système judiciaire...
M. BERTRAND: M. le Président, le député de
Verdun...
M. WAGNER: ... envisagées par... M. BERTRAND: ...
récidive. M. WAGNER: M. le Président...
M. BERTRAND: Le député de Verdun
récidive.
M. WAGNER: Parmi les articles, j'ai eu l'occasion jusqu'à
ce moment-ci, d'en énumérer trois, c'est-à-dire
l'élaboration d'une charte des droits de l'homme et je me suis
demandé où elle était. Deuxièmement, l'institution
d'un ombudsman et je me suis demandé...
M. BERTRAND: Encore la même chose.
M. WAGNER: ... quand elle s'en venait. Troisièmement,
l'instauration d'un système non politique de nomination des juges
s'appuyant sur la compétence professionnelle...
M. BERTRAND: M. le Président, le député de
Verdun..»
M. WAGNER: ... en consultation avec...
M. BERTRAND: ... va complètement à
l'encontre...
M. WAGNER: ...l'associationprofessionnelle.
M. BERTRAND: ... de la décision que vous avez rendue
tantôt,,
M. WAGNER: Vous avez voulu que je souligne à chaque
article...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. WAGNER: ... ce qui touchait à la justice dans la
province de Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Verdun, qui est un député qui a à coeur la bonne
administration de la justice, le respect des lois, devrait comprendre, il me
semble que lorsque nous arriverons à l'article...
M. WAGNER: Quel article?
M. LE PRESIDENT: A l'article des juges, à ce
moment-là, il pourra parler de la nomination des juges et là nous
commençons au poste budgétaire 1 qui concerne l'administration.
Alors, je demanderais à l'honorable député de Verdun de
bien vouloir s'en tenir aux choses qui concernent le poste budgétaire
« administration » c'est-à-dire les sous-articles,
1-traitements, 2- frais de voyage, 3- frais de bureau et autres
dépenses, 4-matériel, 5- automibiles, etc. Alors, c'est dans ce
sens que les travaux de ce comité devraient procéder.
M. COURCY: Dois-je comprendre, M. le Président,
qu'advenant le cas où le député de Verdun aurait une
question sur un sujet particulier, qu'à un moment donné on ne lui
dise pas par exemple: Vous auriez dû en discuter au poste
budgétaire « administration ».
M. BERTRAND: Non, non, non, je voudrais dès le
départ, si le député d'Abitibi-Ouest me le permet, au
poste budgétaire « administration », ce poste comprend tous
les services internes, à Québec, bureau du ministre, bureau du
sous-ministre, des sous-ministres associés, tout le personnel du
contentieux criminel, du contentieux civil, tous les conseillers juridiques des
ministères, tout le personnel administratif, à Montréal et
I Québec, le service du personnel, le service d'approvisionnement et
d'équipement, tout ce qui relève du ministère de la
Justice au sujet du code de la route et de la Régie des alcools
également. Alors voilà, dans l'ensemble, ce que peut comporter
l'article « traitements », l'article numéro 1.
M. COURCY: Est-ce que dans cet article, par exemple, le
député de Verdun pourrait demander au ministre de la Justice, y
a-t-il un nouveau service qui serait créé? comme par exemple dans
le cas d'un « ombudsman ».
M. BERTRAND: Non, non. L'ombudsman, il s'agit, M. le
Président, l'ombudsman, il s'agit d'une loi. Il s'agira d'une
institution, ce n'est pas du tout la même chose, et j'ai répondu,
ce matin, qu'il y avait eu une étude déjà entreprise par
le conseil consultatif de la Justice, premiè-
rement; deuxièmement, continuée par des officiers du
ministère, et élaboration d'un projet de loi.
M. COURCY: Là c'est très bien. Vous avez
répondu à l'ombudsman...
M. BERTRAND: J'ai répondu d'ailleurs ce matin.
M. COURCY: ... ou une autre chose semblable.
M. BERTRAND: Il vient de parler des cours familiales, par
exemple, lorsque nous arriverons à l'article des cours du Bien-Etre
social, il pourra poser les questions qu'il voudra, savoir quel est le
rôle, quelle est la politique du gouvernement au sujet de
l'établissement de cours familiales, on en a parlé surtout dans
ce domaine-là. Aucune objection à répondre au
député de Verdun à ce moment-là.
M. WAGNER: Ce ne sont pas tellement des objections à me
répondre que des objections à ce que je pose des questions.
M. BERTRAND: Aucune objection. Si je n'ai pas d'objection
à répondre, c'est donc que je n'ai pas d'objection à ce
que des questions soient posées.
M. WAGNER: Bon, alors, fort de cet appui, je commence.
M. BERTRAND: Mais, M. le Président, j'avais et je l'ai dit
tantôt, tout simplement sur l'ensemble du budget au point de vue des
chiffres, sur l'ensemble du budget, des commentaires à faire, et c'est
cela que l'on faisait d'habitude. Comparaison entre une année et
l'autre.
M. WAGNER: Il semble bien que l'on ne soit pas lié par la
tradition, M. le Président. Alors, ce que je voulais savoir à cet
article: administration, et je pense que c'est l'article où il faut le
soulever, je voudrais savoir de quelle façon le ministre de la Justice
entend mener l'administration de la Justice dans la province. Nous nous
souvenons de ses commentaires immédiatement après son
assermentation, à l'effet qu'il fallait mettre de la justice dans
l'éducation, et mettre de l'éducation dans la justice. Quant
à la justice dans l'éducation, il semble bien que le bill 25 a
réglé ce problème-là, mais je voudrais savoir
comment...
M. BERTRAND: Vous voyez immédiatement,
M. le Président, à quels propos nous allons être
obligés de nous plier si le député de Verdun continue de
ce ton.
M. WAGNER: Mais c'est grave d'être obligé de se
plier à l'Opposition de cette façon-là! C'est notre droit,
M. le Président! C'est notre droit de poser des questions. Le ministre
pourrait-il nous expliquer de quelle façon il entend réaliser cet
idéal de mettre de l'éducation dans la justice? Entend-il
continuer la politique déjà commencée dans le domaine de
la justice? Entend-il poursuivre cette politique-là? Entend-il innover?
Si oui, de quelle façon? S'il réforme, dans quoi? Il me semble
que le ministre a là une occasion unique d'expliquer sa conception des
réformes, de détailler les réformes qu'il envisage, comme
j'ai eu l'occasion moi-même de le détailler dans mon premier
discours en Chambre, et il a l'occasion de profiter de ces quelques instants
pour nous brosser un tableau de la justice à venir, comme il le
conçoit lui-même, il a l'occasion de nous indiquer ses
idées sur d'autres sujets mais, je pense que pour le moment, il en a
peut-être suffisamment. Alors, je l'écoute.
M. BERTRAND: Le ministre de la Justice, tout simplement, a fait
augmenter le budget de plus de $10,000,000.00. Pour l'exercice 67/68, le budget
du ministère de la Justice s'établit à $59,577,500, soit
une augmentation de $10,161,900.
M. WAGNER: Qu'est que cela comprend?
M. BERTRAND: Sur le budget de l'année 66/67.
M. WAGNER: Que comprennent ces $10 millions?
M. BERTRAND: Cet accroissement se répartit entre les
traitements et les salaires pour une somme de $7,952,200.
M. WAGNER: Sept millions en salaire?
M. BERTRAND: $7,952,200 et les autres dépenses pour
$2,209,700. On peut attribuer la dépense additionnelle prévue
dans les traitements et les salaires, à la fois à une hausse dans
le niveau des salaires par suite de la signature des conventions collectives ou
de la revision de l'échelle de salaire de plusieurs catégories
d'employés non syndiqués et à l'augmentation de l'effectif
pour l'année 67/68. Il est proposé que cet effectif soit
augmenté de 1,192 personnes en 67/68 pour passer de 7,565 à
8,757...
M. WAGNER: Est-ce que cela comprend la Sûreté
provinciale?
M. BERTRAND: ... et ce sans tenir compte j'y répondrai, je
m'en viens là...
M. WAGNER: Ah! Bon.
M. BERTRAND: ... et ce sans tenir compte des juges en fonction.
La réduction du nombre des heures de travail en certains cas, les mises
à traitement dans les greffes et les bureaux d'enregistrement, le
développement normal des opérations du ministère, ainsi
que les nouvelles initiatives envisagées pour 67/68, expliquent ce
besoin additionnel de personnel.
Au poste « administration », on prévoit l'addition de
conseillers juridiques, l'amélioration des services administratifs,
d'approvisionnement et d'équipement, la réorganisation du service
du personnel pour faire face aux exigences actuelles, et la création
d'un nouveau service de vérification et de contrôle interne. Le
ministère propose également de porter à 2,875 en 67/68
l'effectif policier de la Sûreté provinciale du Québec, par
l'engagement de 300 recrues et de 50 cadets. Cette demande se justifie par la
nécessité de faire face à des besoins croissants dans le
domaine des recherches criminelles, la prévention du crime, pour assurer
de façon générale une meilleure application des lois. Le
budget de la prochaine année financière prévoit
également des déboursés qui devont être faits
à l'occasion de l'aménagement des nouveaux locaux de la
Sûreté provinciale, rue Fullum...
M. WAGNER: C'est inauguré quand? C'est inauguré
quand?
M. BERTRAND: ... qui seront inaugurés totalement vers le
mois d'octobre 1967. Le poste budgétaire consacré à
l'administration, ce sont des considérations générales que
je donne à ce stade-ci, à l'administration des palais de justice
et prisons montre une augmentation en 67/68. Les raisons déjà
invoquées pour justifier l'augmentation générale du
coût des traitements et des salaires s'applique particulièrement
au secteur des prisons. La convention collective des agents de la paix ayant
relevé le niveau des salaires tout en réduisant les heures de
travail...
M. WAGNER: Là, je comprends que le ministre ne se limite
pas à l'article administration.
M. BERTRAND: C'est-à-dire, je donne... On me demande des
considérations générales sur l'augmentation du budget, je
n'ai pas d'objection à arrêter là et à revenir
tantôt.
M. WAGNER: Non, non, c'est d'accord. Allez, allez.
M. BERTRAND: Quant aux nouvelles initiatives à l'article
« administration », il y a ce dont je viens de parler, le service
de vérification et de contrôle, service de vérification et
de contrôle qui était demandé depuis plusieurs
années et au sujet desquels les crédits n'étaient pas
accordés. A ce système de vérification et de
contrôle, nous aurons une somme de $177,300. C'est une initiative
nouvelle, il est nécessaire d'établir au niveau du
ministère un service de vérification et de contrôle interne
qui couvrira les trois secteurs suivants:
Premièrement, la vérification des opérations dans
les greffes et bureaux d'enregistrement. Cette vérification se faisait
auparavant sous la responsabilité du bureau du contrôleur de la
trésorerie. Comme il s'agit d'opérations locales de
contrôle et qu'il y a nécessité d'une coordination entre
les vérifications comptables et les vérifications techniques qui
sont effectuées par le ministère, il y a avantage à ce
qu'un groupe d'employés ou ce groupe d'employés qui relevait du
ministère des Finances tombe sous la juridiction du ministère de
la Justice. Il y aura environ combien douze environ une douzaine
d'employés.
Deuxièmement, il faut également prévoir dans ce
service de vérification de contrôle interne, une section dont la
tâche sera de voir à la préparation des estimations
budgétaires, à l'analyse mensuelle des dépenses
budgétaires, au contrôle des comptabilités locales,
c'est-à-dire des comptabilités des greffes, bureaux
d'enregistrement, et au contrôle des rapports mensuels qui doivent
être fournis par les unités locales.
Troisièmement, il faut enfin prévoir un secteur qui
étudiera au niveau du ministère, les méthodes et
procédures statistiques aministra-tives et comptables. Il s'agit donc
d'études à faire au niveau du ministère pour
améliorer et standardiser les méthodes et procédures. Et
voilà, M. le Président, une initiative qui était
demandée depuis longtemps et au sujet de laquelle les prévisions
budgétaires ou les crédits n'avaient pas été
obtenues. Les officiers m'ont dit qu'il fallait ce contrôle. C'est ainsi
que nous pourrons contrôler, par exemple, la marche des causes dans les
différents districts de la province. A tout événement,
voilà une initiative nouvelle demandée depuis longtemps et que
nous avons enfin obtenue.
M. WAGNER: Alors...
M. BERTRAND: Le député de Verdun parlait
tantôt de planification. Il avait commencé certaines
initiatives.
M. WAGNER: Oui, pas mal.
M. BERTRAND: Ah! grand Dieu, qu'il a accompli de choses!
M. WAGNER: Pas seul, parce qu'avec des collaborateurs aussi
compétents, je ne pouvais pas faire autrement.
M. BERTRAND: C'est ça. Alors, je ne le blâme pas de
faire son autoéloge.
M. WAGNER: Ah non! je fais l'éloge de l'équipe qui
m'entourait.
M' BERTRAND: Et c'est la même équipe avec laquelle je
travaille.
M. WAGNER: Alors, avec le temps vous allez avoir le même
succès.
M . BERTRAND: Et... le même succès. J'espère, par
exemple, qu'autant que possible, à ce moment-là, je saurai en
faire porter, disons l'honneur et la louange à ceux-là qui
besognent quotidiennement,
M. WAGNER: Comme dans le passé.
M. BERTRAND: Et non pas faire mon autoéloge. Est-ce que le
député de Verdun a d'autres questions à poser?
M. WAGNER: Ah oui! On ne fait que commencer sur
l'administration.
M. BERTRAND: On ne fait pas que commencer. On m'a demandé
quels étaient ou quels pouvaient être, à l'article
administration, une initiative nouvelle. Je lui en donne une.
M. WAGNER: Non, non. J'ai demandé au ministre, à
l'article administration, de nous indiquer quelles réformes il
envisageait, quelles nouvelles initiatives en général, est-ce
qu'il a l'intention de continuer ce qui a été commencé?
Est-ce qu'il a l'intention de continuer le plan déjà rendu public
dans le discours que nous avions prononcé en Chambre. Je lui ai
demandé de nous donner de façon générale sa
philosophie sur l'administration de la justice actuelle et dans quel domaine il
a l'intention de faire porter l'ac- cent. Or, le ministre nous dit: ce que j'ai
fait, j'ai $10 millions de plus. Evidemment, nous voulons savoir, de ces $10
millions, ce qui va couvrir les réformes nouvelles, les initiatives
nouvelles. Le ministre nous dit: Des $10 millions, il y a $7,950,000 en
salaires. C'est près de $8 millions. Il reste $2 millions pour des
réformes. Qu'est-ce que ce $2 millions comprennent exactement? C'est ce
que nous aimerions savoir.
M. BERTRAND; J'ai répondu au député de Verdun,
qu'il soit de bon compte, il m'a demandé, à l'article «
administration » quelle était l'initiative nouvelle. D'abord, il y
a des choses qui existent, je le lui ai dit tantôt, au poste «
administration », il y avait un sous-ministre, il y a toute une
équipe de fonctionnaires. C'est bien entendu que ces gens-là vont
rester en place et vont continuer leur besogne en suggérant au ministre,
comme il l'ont fait, des initiatives nouvelles. Je viens d'en donner une au
poste budgétaire « administration ». Il ne s'agit pas de
faire, de couvrir tout le champ très vaste de l'administration de la
justice. Nous allons avoir, tantôt, sous tous et chacun des autres postes
budgétaires...
M. WAGNER: Mais pourquoi?
M. BERTRAND: Il y en a plusieurs. J'ai des initiatives
également nouvelles sous tous et chacun des autres postes
budgétaires. Il m'a demandé au poste budgétaire «
administration » quelle était l'initiative nouvelle. Je lui en ai
donné une. Il n'est pas satisfait.
M. WAGNER: Pour la satisfaction du ministre lui-même,
pourquoi a-t-il objection à profiter de cette question que je lui pose,
pour énoncer de façon globale sa philosophie dans le domaine de
la justice?
M. BERTRAND: Pour suivre l'ordre des travaux.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Verdun
comprendra qu'une décision a été rendue à l'effet
que nous procéderions article par article. Alors, nous avons
commencé le poste budgétaire 1, « administration ».
Je crois qu'il serait de bon usage, si on pouvait s'en tenir au domaine de
l'administration. Lorsque nous arriverons aux officiers de justice, à ce
moment-là, je crois que l'honorable député de Verdun
pourra, sur ce poste budgétaire, poser toutes les questions qui se
rapportent au poste budgétaire « officiers de justice ». Je
crois que c'est une
façon logique et qui nous permettra de progresser dans nos
travaux.
M. BERTRAND: Il y a également une seconde initiative
à...
M. WAGNER: A l'administration?
M. BERTRAND: ... ce poste budgétaire «
administration » à l'article « traitements »,
où il s'agit d'améliorer le service du personnel, le service du
pourvoyeur, du bureau juridique, du code de la route. Alors voilà...
M. WAGNER: L'initiative nouvelle qu'est-ce que c'est?
M. BERTRAND: C'est d'avoir une meilleure organisation, par
exemple, au service du « code de la route ». Nous nous proposons de
faire faire une étude par des experts en vue d'améliorer le
service du code de la route, service autour duquel...
M. WAGNER; Est-ce qu'elle est importante cette initiative?
M. BERTRAND: ... il y a les recherches qui vont être
faites, il y a un montant de $7,500 qui va être payé à des
experts, dans ce domaine-là.
M. WAGNER: Est-ce que les experts ont été
choisis?
M. BERTRAND: Non.
M. WAGNER: Ils n'ont pas été choisis encore.
M. BERTRAND: Nous attendons que le budget soit voté. Nous
sommes respectueux du parlement et des députés.
M. WAGNER: Ah bon! Je ne puis que vous féliciter, à
ce moment-ci.
M. LE PRESIDENT: A l'article « traitements », quelle
est l'augmentation du budget?
M. BERTRAND: Augmentation; en 66/67 vous aviez 348
employés; 67/68 prévoit une augmentation de 56. Et vous l'avez
dans le cahier, c'est indiqué exactement. Vous voyez; sous-article
« traitements »,le chiffre 404, ça, ce sont nos
prévisions pour les nouveaux employés; 348 représente les
employés qu'il y avait au budget de 66/67. Et je prie
immédiatement les membres de ce comité de noter que partout
où l'on trou- vera ces chiffres, cela représente le nombre
d'employés que nous prévoyons pour cette année, à
la page 103, poste budgétaire 1, article « traitements »;
404 prévus, 348 l'an dernier. Et cela est une initiative du ministre des
Finances d'aujourd'hui, qui avait depuis longtemps souhaité qu'on
indique les prévisions en même temps que le nombre
d'employés qu'il y avait l'année antérieure.
M. WAGNER: Pour éviter de faire les calculs, est-ce que le
ministre pourrait nous dire si ces employés additionnels sont des hauts
fonctionnaires et à quel niveau exactement?
M. BERTRAND: Voici, il y a d'abord l'augmentation du personnel,
il y a des conseillers juridiques pour les ministères des Affaires
municipales, du Revenu, de la Santé, de la Voirie et du Travail. Cinq.
Deuxièmement, au service du personnel, Québec et Montréal,
et cela c'est dû à la convention collective, augmentation du
personnel du ministère, seize, Montréal et Québec.
M. WAGNER: Est-ce que ça comprend les sous-ministres
éventuels?
M. BERTRAND: Nous y verrons tantôt. Si le
député de Verdun a une question à me poser à ce
sujet-là, je pourrais lui donner une opinion.
M. WAGNER: On pourrait peut-être en profiter tout de
suite.
M. BERTRAND: Quant au sous-ministre de Montréal: à
l'heure actuelle, nous sommes en train de travailler à une meilleure
organisation, pour les procureurs de la Couronne. Premièrement, nommer
un procureur chef permanent. Deuxièmement, établir, c'est
à l'état d'ébauche, d'étude, cinq sections et un
responsable pour chacune des sections. Par exemple, celle des faillittes
frauduleuses qui tient à coeur le député de Verdun...
M. WAGNER: Non, pas seulement à moi, à bien des
gens dans la province.
M. BERTRAND: Non, mais en particulier, au député de
Verdun.
M. WAGNER: J'espère que ça tient autant à
coeur au ministre actuel de la Justice.
M. BERTRAND: Enormément, la lutte contre le crime, contre
le péché, contre la pègre...
M. WAGNER: Quant aux péchés, ça je m'en
soucie moins.
M. BERTRAND: Vous vous en souciez moins, disons, que cette
lutte-là. Nous entendons la continuer, nous aurons l'occasion
tantôt, en parlant d'une enquête sur l'administration de la
justice, d'en parler.
M. WAGNER: Oui, c'est toute une question.
M. BERTRAND: Alors, voilà ce que nous voulons faire:
établir une excellente structure pour les procureurs de la Couronne
permanents à Montréal. D'ailleurs, j'aurai l'occasion
tantôt, à l'article des poursuites criminelles, de parler des
procureurs de la Couronne permanents, de donner le nombre qu'il y avait
là en place, lorsque le député de Verdun était
ministre de la Justice, et le nombre de procureurs permanents que nous avons
à l'heure actuelle.
M. WAGNER: Le nombre de partiels. M. BERTRAND: Le nombre de
partiels.
M. WAGNER: Le nombre de partiels qui ont
démissionné.
M. BERTRAND: Le nombre de partiels qui ont
démissionné et au sujet desquels je donnerai... Je peux bien le
dire immédiatement, Me Gabriel Lapointe, qui était alors le
procureur chef-adjoint, est venu me voir dans mon bureau, à
Québec, et m'a remis sa démission et la démission des cinq
autres qui étaient avec lui.
M. WAGNER: Cela, évidemment c'est controversé.
M. BERTRAND: Ce n'est pas controversé.
M. WAGNER: Ce n'est pas l'opinion de ceux qui ont
reçu...
M. BERTRAND: M. Lapointe qui était procureur chef-adjoint
est venu me voir à mon bureau, environ une quinzaine de jours
après les élections et m'a dit: M. Bertrand, je vous remets au
nom des cinq autres, la démission. Par après, par contre, il y
aurait eu rencontre avec le député de Verdun et le
député de Verdun leur aurait dit: Ne démissionnez pas ! et
le procureur chef-adjoint, M. Lapointe, m'a dit dans mon bureau: Je vous remets
ma démission ainsi que la démission de tous les procureurs
à temps partiel. C'est ce qui a été dit dans mon
bureau.
M. WAGNER: Cela n'avait pas été confirmé par
écrit.
M. BERTRAND: C'est ce qui m'a été dit dans mon
bureau. Il me parlait au nom de tous les autres et ce n'est qu'à la
suite d'une rencontre, suivant les informations que l'on m'a données,
que le député de Verdun leur a dit: Ne démissionnez
pas.
M. WAGNER: Ils ont reçu leur lettre disant qu'ils avaient
démissionné. Signé par qui cette lettre-là?
M. BERTRAND: C'est le procureur chef-adjoint qui est venu dans
mon bureau, et je me demande, à ce moment-là, s'il n'y avait pas
là un des fonctionnaires qui était présent. A tout
événement, je connais assez la parole de M. Gabriel Lapointe pour
savoir qu'il la respecterait. D'ailleurs, il l'a respectée.
M. WAGNER: Pendant qu'on y est, est-ce que les autres procureurs
à temps partiel dans la province, ont également remis leur
démission au ministre?
M. BERTRAND: Il y en a quelques-uns qui l'ont remise.
M. WAGNER: Oui, combien?
M. BERTRAND: Il y en a quelques-uns. Je pourrai, tantôt,
lorsque nous arriverons à l'article des poursuites criminelles et au
sujet des procureurs de la Couronne, donner des notes là-dessus.
M. WAGNER: Est-ce qu'ils ont été remerciés
parce qu'ils étaient incompétents?
M. BERTRAND: Il est arrivé, en 1960, par exemple...
M. WAGNER: Non, non. Je ne parle pas de 1960, je parle de
1966.
M. BERTRAND: Voici, voici. Il ne faut pas oublier une chose. J'ai
même reçu une lettre d'un procureur de la Couronne de mon
district, le lendemain des élections ou quelques jours après,
disant, suivant cette coutume: « Je vous remets ma démission et je
le fais en toute gentilhommerie ». Si le député de Verdun
connaît ce domaine comme il est censé le connaître, il sait
que les avocats qui, d'habitude, ont joué le rôle de procureur de
la Couronne à temps partiel ou à hono-
raires, se sont toujours considérés comme ayant
été nommés-là, disons, pour une durée
limitée, la durée des gouvernements. Et c'est pourquoi, lorsqu'en
1961 le procureur général de l'époque, l'honorable M.
Lapalme, m'a demandé à moi, une journée. Favorisez-vous
que nous établissions, dans toute la mesure du possible, la nomination
de procureurs de la Couronne permanents? J'ai dit oui.
M. WAGNER: Excellente idée.
M. BERTRAND: Mais, le député de Verdun conviendra
avec moi combien il est difficile...
M. WAGNER: Très difficile.
M. BERTRAND: ... surtout dans les campagnes, alors qu'un avocat
fait de la pratique générale: droit civil, droit criminel, droit
paroissial, droit scolaire, il est difficile de trouver un avocat qui accepte,
à cause des salaires que nous payons, d'abandonner totalement sa
pratique pour ne se livrer qu'aux travaux de procureur permanent de la
Couronne.
M.WAGNER: Mais est-ce que le ministre ne conviendra pas
également...
M. BERTRAND: Et pour donner un exemple bien frappant de ce
désir, je l'ai appliqué chez nous, moi.
M. WAGNER: Oui, je sais.
M. BERTRAND: Mon adversaire politique, candidat lors de la
dernière élection, un de mes confrères depuis plusieurs
années, a été nommé procureur permanent. Il a
été mon adversaire lors des dernières
élections...
M. WAGNER: Il ne le sera pas à la prochaine.
M. BERTRAND: Non, et ce n'est pas parce que j'ai eu de la
difficulté à le battre, parce que c'est contre lui que j'ai
obtenu ma plus forte majorité depuis le début de ma
carrière politique. On ne pourra toujours pas dire que c'est un
adversaire que je craignais beaucoup, mais, étant donné...
M. WAGNER: Si le ministre me permet, il faut dire qu'il a
été moins chanceux que mon propre adversaire à moi, qui,
lui, a monté un peu plus haut sur le banc.
M. BERTRAND: Oui, mais d'autre part, le député de
Verdun était parti aussi de procureur de la Couronne pour monter sur le
banc, et puis à ce moment-là, il s'occupait de politique.
M. WAGNER: Pas sur le banc.
M. BERTRAND: Non, pas sur le banc. Mais comme procureur de la
Couronne, il était assez libéral.
M. WAGNER: Ah! de coeur et d'esprit.
M. BERTRAND: De coeur et d'esprit donc, le député
de Verdun, procureur de la Couronne à Montréal, était
libéral de coeur et d'esprit. Et de coeur et d'esprit, libéral,
on en a fait un juge et, en quelques secondes, comme je vous l'ai dit ce
matin....
M. WAGNER: Un juge moins libéral.
M. BERTRAND: Moins libéral?
M. WAGNER: Moins libéral, sur le banc la....
M. BERTRAND: Mais est-ce qu'il n'en était pas
resté,,.,,
M. WAGNER: ... pas trop de libéralité.
M. BERTRAND: Non? Il n'en était pas resté quelques
petites marques?
M. WAGNER: Non, du tout. M. BERTRAND: Pas du tout?
M. COURCY: S'il n'en est pas resté là, il en est
resté ailleurs.
M. BERTRAND: M. le Président, nous en étions
à l'augmentation du personnel. Je veux continuer la liste. Il y a, aux
services administratifs d'approvisionnement et d'équipement, la
réorganisation du service pour l'exercice d'un meilleur contrôle,
la création d'un section d'aménagement des locaux,
l'amélioration dans les morgues, etc.: 17 nouveaux employés. Le
service du code de la route: un employé. Le personnel clérical au
contentieux civil, à Québec; un employé. Le personnel
clérical au contentieux criminel, c'est-à-dire compléter
le personnel du registraire: trois employés. Ils sont tous
prévus.
M. WAGNER: En parlant du personnel du code de la route, est-ce
que ce personnel-là ou les décisions du personnel au code de la
route relèvent encore directement de M. Bornais?
M. BERTRAND: M. Bornais est malade. M. WAGNER: Ah bon!
M. BERTRAND: M. Bornais a fait une crise cardiaque. Il a dû
s'absenter du ministère depuis quatre mois ou cinq mois. A tout
événement, il est encore au repos complet sous les ordres de son
médecin, c'est Me Dupont, à l'heure actuelle qui assume les
fonctions que remplissait Me Bornais au service du code de la route.
M. WAGNER: Est-ce que la décision finale dans tous ces
dossiers-là relève encore du sous -ministre?
M. BERTRAND: La décision finale, dans tous ces
cas-là, relève du sous-ministre, qui, comme le ministre,
n'intervient pas. Et dans tous ces cas-là...
M. WAGNER: Je suis heureux de constater que l'on a
continué la même ligne de conduite.
M. BERTRAND: ... nous essayons de... Au poste budgétaire
5, j'aurai là justement une initiative en vue d'accélérer
la procédure. Le député de Verdun est au courant que,
très souvent, par exemple, les officiers de police remettent une plainte
ou un billet et ça s'en va à Montréal et de là
ça revient à Québec et, très souvent, cela
traîne pendant des mois et des mois.
M. WAGNER: Comme dirait le docteur Tremblay, c'est du « red
tape ».
M. BERTRAND: En fait, c'est vrai. C'est long et nous voulons nous
mettre à jour dans la poursuite de ces infractions au code de la route
et mécaniser le service du bureau juridique du code de la route, par
l'installation de cinq machines à écrire automatiques avec
console électronique à bandes magnétiques.
En juin 1966, par exemple, il y avait 3,000 dossiers de correspondance
en retard. Je pourrais bien être malin et dire: C'est de la faute du
député de Verdun.
M. WAGNER: Ce serait trop malin, ça.
M. BERTRAND: Je ne le ferai pas, je veux être objectif.
M. WAGNER: Ce n'est pas la faute du ministre.
M. BERTRAND: Et un retard de dix mois dans la poursuite des
infractions, avis sommai- res et sommations. Et à l'heure actuelle, tous
les dossiers de correspondance ont été mis à jour, tandis
que le retard dans les poursuites, car il en existe encore parce que le service
n'est pas totalement organisé...
M. WAGNER: C'est normal.
M. BERTRAND: ... a été réduit à
quatre mois et il sera complètement rattrapé avant le premier
septembre 1967. Et de plus, le 24 avril, on a commencé à
procéder au jour le jour sur les nouvelles infractions.
Par exemple, une personne qui reçoit un billet, disons
aujourd'hui, et qui est obligée d'attendre, seize mois, quinze mois,
douze mois avant de recevoir un avis, on sait que cette personne se dit: Mais,
grand Dieu! cette affaire-là est oubliée.
M. WAGNER: Les gens vont être très heureux
d'apprendre qu'elles peuvent se faire pousser beaucoup plus rapidement
maintenant.
M. BERTRAND: Bon. Alors, cela veut dire se faire poursuivre dans
la mesure où l'on pê- che, où l'on ne respecte pas les lois
du code de la route. Je pense qu'accélérer les procédures,
dans ce domaine-là, c'est une excellente mesure.
M. WAGNER: Je suis content que le ministre...
M. BERTRAND: Et cette mesure se poursuit en vue d'une
mécanisation plus complète du service, comme je l'ai dit
tantôt, par l'utilisation de la mécanographie, pour
accélérer le travail et améliorer le contrôle sur
les opérations et nous donner en même temps des statistiques
complètes. Et je tiens à noter immédiatement que,
même si la loi du ministère de l'Education ne prévoit pas
que le ministre doit déposer annuellement un rapport des
activités du ministère, c'est mon intention...
M. WAGNER: L'Education?
M. BERTRAND: Non, non, à la Justice.
M. WAGNER: A la Justice, ah bon! parce que vous aviez
parlé de l'Education.
M. BERTRAND: A la Justice, la loi du ministère ne
prévoit pas qu'il y ait, disons, un rapport du ministère. C'est
mon intention d'amender la loi, si nous en avons le temps et même si nous
n'en n'avons pas le temps, j'ai
demandé à mes officiers de s'organiser de manière
que nous puissions remettre, comme tous les ministères le font, la
plupart du moins, un volume qui donnera les détails des activités
du ministère de la Justice.
Voilà une initiative qui permettra au moins aux gens de se rendre
compte des activités du ministère, des initiatives. Lors de
l'étude des crédits, bien, on aura des documents beaucoup plus
précis qui permettront à l'Opposition de critiquer davantage.
M. WAGNER: Objectivement. C'est une initiative qui sera
excellente quand elle sera réalisée. D'ailleurs, je pense bien
que le ministre admettra que l'on y avait déjà songé un
petit peu, et que, en vue du dernier budget, nous avions fait préparer
un rapport complet et très précis sur toutes les activités
du ministère au cours de l'année, et que c'était mon
intention de le déposer à l'étude du budget au mois de
mars dernier. J'encourage le ministre à continuer...
M. BERTRAND: Le député conviendra que voilà
une initiative nouvelle.
M. WAGNER: Quand elle sera réalisée.
M. BERTRAND: Intéressante pour tous les
députés. Maintenant, je veux continuer le personnel. Au service
de vérification et de contrôle interne, treize. Nous
prévoyons engager treize nouveaux employés. Ce nouveau service,
comme je l'ai dit tantôt, sa tâche principale ou ses tâches
principales...
M. WAGNER: C'est treize?
M. BERTRAND: Treize.
M. WAGNER: Est-ce que ce n'est pas 20?
M. BERTRAND: Il yena treize nouveaux. Par contre, il y aura onze
personnes du service de vérification qui, l'an dernier, étaient
rattachées au ministère des Finances, qui s'en viendront au
ministère de la Justice. Comme je l'ai dit tantôt, c'est pour
vérifier les opérations comptables dans les greffes, les bureaux
d'enregistrement, les bureaux de shérif, et mettre au point les
procédures de préparation des estimations budgétaires, et
standardiser, moderniser les systèmes et les procédures. Tout
cela va nous permettre d'avoir plus d'ordre, plus de méthode, plus
d'efficacité, plus de contrôle, non pas de contrôle des
hommes, mais le contrôle des activités. Le député de
Verdun conviendra avec moi que cela est important et il admettra avec moi,
deuxièmement, que c'est une initiative nouvelle.
M. WAGNER: Quand à premièrement, j'admets que c'est
important. Quant à deuxièmement, initiative nouvelle, je ne suis
pas tout à fait d'accord. Parce que je voudrais rappeler au ministre
qu'il y a eu des transformations radicales de ce genre-là, faites au
greffe de la cour à Montréal, au palais de justice, où le
système a été changé complètement à
la suite d'une enquête approfondie par des experts, et je pense qu'il
s'agissait là d'une enquête pilote qui servira ailleurs et qui
permet aujourd'hui au ministre de dire qu'il s'agit d'une initiative nouvelle.
Mais disons que c'est une initiative combinée.
M. BERTRAND: Ce n'est pas la même chose. Ce n'est pas la
même chose.
M. WAGNER: C'est dans un ordre...
M. BERTRAND: Nous parlerons tantôt de la fusion des greffes
qui avait été faite à Montréal.
M. WAGNER: Je suis bien d'accord que l'on multiplie les
initiatives nouvelles, à condition qu'elles soient réelles.
M. BERTRAND: Quand le député de Verdun veut s'en
tenir au fait, et on le voit comment c'est agréable de discuter d'un
budget.
M. WAGNER: C'est la plus belle journée que j'ai
passée depuis le début de la session.
M. BERTRAND: Bien, moi je peux dire que depuis disons, environ
une demi-heure, c'est intéressant. Je veux dire qu'auparavant, il y
avait peut-être un peu trop, disons de politique, qui peut être
faite en haut, ou en dehors de la Chambre. Mais, ici, je pense que depuis que
le député de Verdun a souri un peu plus que ce matin, il est
moins tendu. Je pense que cela va bien aller, si on continue de ce
ton-là. Alors, que le député de Verdun continue à
me poser les questions et je lui répondrai. Alors, quant au nombre
d'employés, j'ai donné les chiffres. Le nombre de l'an dernier et
l'augmentation qui est prévue pour cette année.
M. WAGNER: Quant au nombre d'employés, je m'excuse de me
servir du terme «employés » mais je veux
référer plutôt au ministre d'Etat qui est une addition au
ministère, n'est-ce pas?
M. BERTRAND: C'est-à-dire, qui assiste
le ministre, qui, étant donné que l'Opposition, depuis
quelques jours, en a tellement parlé, de ce pauvre ministre de la
Justice surchargé...
M. WAGNER: On va parler du ministre d'Etat.
M. BERTRAND: Alors, il a pour l'aider un collègue, un
confrère estimé et estimable, le député de Limoilou
qui accomplit de la besogne.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre pourrait nous dire exactement
quels sont les fonctions du ministre d'Etat?
M. BERTRAND: Le ministre d'Etat s'occupe des bureaux
d'enregistrement. Il s'est occupé des procureurs de la Couronne et,
à l'intérieur du ministère, lorsque nous avons des
dossiers, disons, épineux, comme le député de Verdun le
sait, on se rencontre, on en discute. Troisièmement, il y a la
représentation à l'extérieur du ministère et le
ministre actuel étant surchargé de deux ministères, il
demande très souvent à son collègue d'aller le
représenter.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre d'Etat...
M. BERTRAND: Le ministre d'Etat joue son rôle très
bien, avec compétence, et il est respecté de tous.
M. WAGNER: Puisque nous sommes en conversation aussi
familière, est-ce que le ministre ne trouve pas réellement que
ces deux ministères-là, c'est beaucoup trop lourd pour un seul
homme?
M.BERTRAND: Le député de Missisquoi, ce n'est pas
moi qui l'ai déjà dit, c'est le député de Gouin qui
a déjà dit que le député de Missisquoi
c'était dans un article publié dans la Patrie cela, alors que M.
Lesage était obligé de subdiviser ses ministères, je
m'excuse de reprendre en toute humilité ses propos pouvait
remplir plusieurs besognes. Je conviens, par contre, que c'est lourd d'exercer
une autorité dans deux ministères, excessivement lourd. C'est
pourquoi j'ai à mes côtés le ministre d'Etat, mon
collègue, le député de Limoilou. Mais aucun retard n'est
apporté aux décisions à prendre. Quand le sous-ministre
lui communique des dossiers où des décisions doivent être
prises... Et le député de Verdun conviendra que, lorsque nous
avons pris le pouvoir en juin 1966, dès notre arrivée, nous avons
eu des problèmes de grèves: grève des professionnels,
grève des hôpitaux et, à un moment donné, le
ministre de la Justice comme le sous-ministre ont été
mobilisés pendant des semaines, en vue d'assurer la paix et la
tranquilité. Le sous-ministre était à Montréal et
le ministre à Québec, n'allant pas chez lui pendant des semaines,
restant à son bureau le dimanche et, en coopération avec les
autorités de la Sûreté provinciale, pour assurer la paix et
le bon ordre, il n'y a pas eu d'éclat, tout le monde a été
bien traité partout. La police a été respectée et
mon sous-ministre était en communication constante avec les
autorités du ministère de la Santé. Nous avons
été pendant à peu près trois mois à ces
tâches, à ces besognes, en plus de celles que, personnellement, je
devais remplir comme ministre de l'Education.
M. WAGNER: Est-ce que c'est le ministre qui me reprochait tout
à l'heure de faire mon éloge?
M. BERTRAND: Non, ce n'est pas la question de l'éloge, on
m'a demandé si ce n'était pas trop. J'explique exactement, et ce
sont des faits.
M. WAGNER: Si cela peut être une consolation pour le
ministre qui dit qu'il a eu des problèmes pendant plusieurs
semaines...
M. BERTRAND: C'est faire son devoir.
M. WAGNER: ... moi, je peux bien lui admettre que pas une
journée, des deux ans où j'ai été là, ne
s'est passée, sans que nous ayons eu des problèmes.
M. BERTRAND: J'en ai tous les jours.
M. WAGNER: L'un après l'autre, eh bien, cela c'est le lot,
je pense bien...
M. BERTRAND: Et s'il y en a, s'il y a un ministère
où se présentent toute sorte de pro- blèmes, je dirai que
comme ministre de la Justice... L'ancien ministre de la Justice confirmera
certainement ce que je dis là-dessus; il faut parfois dire non
quatre-vingt-quinze fois par jour à des gens qui demandent des choses
qui ne peuvent pas être accordées.
M. WAGNER: C'est un minimum.
M. BERTRAND: Oui. Bien on est rendu pas mal près du
maximum. 95%.
M. WAGNER: Je suis content que le ministre ait souligné,
tout à l'heure, qu'il poursuit
la même ligne de conduite dans le domaine du code de la route que
celle que nous avions instaurée, c'est-à-dire que le ministre ne
s'en occupe pas de ces choses-là. La dernière autorité,
c'est le sous-ministre qui, lui, y voit objectivement, sans partisanerie, et ne
se laissant influencer par aucune personne. Alors ça, je pense que
ça méritait d'être dit, et je suis content que le ministre
l'ait dit parce qu'on aurait eu l'impression, il y a quelques semaines, par
certains propos à l'Assemblée législative...
M. BERTRAND: Propos de qui?
M. WAGNER: Bien propos du premier ministre qui aurait
laissé entendre qu'un rapport de police au sujet d'une infraction d'un
nommé Lapointe a été...
M. BERTRAND: Cela, c'est un tout autre problème.
M. WAGNER: ... porté à la connaissance du
ministre.
M. BERTRAND: C'est un tout autre problè- me. Le document
dont s'est servi le premier ministre a traîné entre les mains des
organisateurs libéraux du comté de Dubuc.
M. WAGNER: Quel que soit l'endroit où...
M. BERTRAND: ... a traîné, n'est pas venu du
ministère de la Justice...
M. WAGNER: Même s'il n'est pas venu du
ministère...
M. BERTRAND: Il a traîné. Ce sont des organisateurs
politiques libéraux, mécontents du choix du candidat
libéral là-bas, qui l'on remis à des gens de l'Union
Nationale.
M. WAGNER: Mais même si c'était vrai, il n'y avait
pas certainement aucune possibilité qu'ils laissent l'impression que le
ministre de la Justice était au courant de ces choses-là. C'est
l'impression qui a été laissée...
M. BERTRAND: Non, mais le député... le ministre de
la Justice actuel...
M. WAGNER: Alors que le ministre de la Justice ne s'occupait
même pas de ces questions-là, et ce sont surtout, je pense bien,
les députés ministériels qui le savent. Jamais ils n'ont
pu obtenir quoi que ce soit, et avec les conséquences que, même,
il est arrivé lors de la discus- sion des prévisions
budgétaires qu'un certain député ministériel ait
fait reproche au ministre de la Justice...
M. BERTRAND: Il est présent.
M. WAGNER: Il est présent. C'est pour ça que je lui
dis, parce que j'aime bien dire les choses face à face. Alors je suis
content que le ministre ait souligné que la même ligne de conduite
se poursuit. Cela va éviter beaucoup de quiproquos. Alors à
l'article administration, je suis...
M. BERTRAND: « Traitements ». Sous-article «
traitements ».
M. WAGNER: Sous-article « traitements ». Nous
connaissons maintenant la distinction du ministre...
M. BERTRAND: J'ai donné les chiffres et les
détails, et les nouvelles initiatives.
M. WAGNER: Je pense bien qu'à cet article-ci, on pourrait,
non pas faire état de la démission de Me Jacques Ducros parce que
ça, c'est du passé...
M. BERTRAND: J'en ai parlé d'ailleurs ce matin. J'ai
donné sa lettre et ma réponse.
M. WAGNER: Oui, mais ce qui m'intéresse, c'est l'avenir.
De quelle façon le ministre a-t-il l'intention, de combler cette
vacance-là ou de réorganiser l'appareil judiciaire de
Montréal, de sorte que la population et les juges, la magistrature, les
avocats, aient une autorité locale en qui ils puissent confier tous
leurs problèmes? J'ai constaté ces jours derniers que le Barreau
de Montréal avait demandé au gouvernement de nommer un
administrateur au nouveau palais de justice.
M. BERTRAND: Il y en a un. Il y a M. Péloquin, Jean
Péloquin. Voici.
M. WAGNER: Oui, je comprends. Mais je pense...
M. BERTRAND: Le rôle de M. Péloquin est très
vaste, très vaste.
M. WAGNER: Oui, d'accord, je le sais. Est-ce que le ministre a
l'intention de nommer un sous-ministre à Montréal?
M. BERTRAND: Pour le moment, disons que
le problème est à l'étude. J'ai donné
tantôt le nom du comité.
M. WAGNER: Cela fait déjà trois mois.
M. BERTRAND: Il y a eu une période où il n'y en a
pas eu. Il y a eu une période où il n'y a pas eu de sous-ministre
à Montréal? Pendant au-delà... Entre Me Tourangeau et Me
Ducros, cela a duré au moins quoi? Huit mois, sept, huit mois,,
M. WAGNER: Oui, avant que je n'arrive. Avant que le sous-ministre
n'arrive et avant que je n'arrive.
M. BERTRAND: Ah oui! voici, bien avant que le
député de Verdun n'arrive, le ministère de la Justice a
quand même fonctionné.
M. WAGNER: Evidemment.
M. BERTRAND: Il ne faut pas l'oublier. Il fonctionnait
peut-être plus ou moins bien, mais ça, c'est un autre
problème.
M. WAGNER: Il fonctionnait très bien. Je l'ai
trouvé en excellent état.
M. BERTRAND: Même après, quand il a
succédé au député de Saint-Maurice?
M. WAGNER: Ah oui!
M. BERTRAND: Mais c'est pourtant à ce moment-là que
le député de Verdun a fait des grandes déclarations sur
les réformes qu'il entendait apporter...
M. WAGNER: Oui, il y a toujours possibilité d'apporter des
réformes.
M. BERTRAND: Oui, mais...
M. WAGNER: Dans tout ce qui est humain, on peut apporter des
réformes.
M. BERTRAND: Tant mieux. C'est juste ment dans cet
esprit-là que le nouveau ministre de la Justice entend accomplir sa
besogne.
M. WAGNER: Ah! magnifique! On s'entend bien. Alors, le ministre
nous dit qu'il étudie actuellement, pour savoir si vraiment il doit
remplacer...
M. BERTRAND: Ou organiser d'une façon
différente...
M. WAGNER: Comme quoi, par exemple?
M. BERTRAND: Tout le domaine des procureurs de la Couronne
permanents avec des charges; d'abord le procureur-chef permanent.
Deuxièmement, subdivision des tâches à l'intérieur
du rôle que doivent jouer les procureurs de la Couronne.
M. WAGNER: Est-ce que ça n'existait pas, il y a quelque
temps?
M. BERTRAND: Voici...
M. WAGNER: Est-ce qu'il n'y avait pas des équipes d'essai
avec les procureurs de la Couronne, une équipe se spécialisait
dans un domaine, une autre équipe dans l'autre, une autre équipe
consacrée aux assises?
M. BERTRAND: Cela n'a jamais fonctionné. Le
député de Verdun pourra peut-être croire que ça
fonctionnait ainsi, mais ça n'a jamais fonctionné d'une
manière aussi fermée ou cloisonnée que cela, avec des
postes assignés à tel ou tel procureur...
M. WAGNER: Mais je pense que...
M. BERTRAND: ... et je pourrai plus tard donner lecture d'un
document qui m'avait été envoyé. J'y ai fait mention en
Chambre sur l'état des dossiers en matière de faillites
frauduleuses. Cette lettre avait été envoyée au
sous-ministre, ici, en date du 15 juin 1966, alors que j'ai été
assermenté ministre de la Justice le 16. Alors c'était avant moi,
ça.
M. WAGNER: C'était après moi.
M. BERTRAND: C'était avant moi. Ce n'était pas
après vous.
M. WAGNER: Le 15 juin, là, c'était pas mal
fini!
M. BERTRAND: Oui, mais c'était une situation qui existait
avant le 15 juin. Alors, ce n'était pas le député de
Missisquoi qui était là, à ce moment-là. On y verra
tantôt lors des poursuites criminelles.
M. WAGNER: Alors il n'y a rien de décidé au sujet
du sous-ministre.
M. BERTRAND: A l'heure actuelle, non.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre croit que bientôt il
pourra être fixé?
M. BERTRAND: Oui.
M. WAGNER: Dans combien de temps à peu près?
M. BERTRAND: Sur la nomination ou le fait de ne plus nommer de
sous-ministre, c'est un problème que nous étudions à
l'heure actuelle, justement dans le sens dont j'ai parlé tantôt,
peut-être d'une meilleure organisation ou réorganisation dans le
domaine des procureurs permanents à Montréal.
M. WAGNER: Bon! Maintenant, à l'article «
traitements », toujours. Est-ce qu'on a continué le même
système quant aux fournisseurs? J'imagine que ça passe encore par
le service des achats?
M. BERTRAND: Cela dépend dans quel domaine ça! La
plupart du temps c'est le service des achats. Ce n'est pas à l'article
« traitements ». Au sujet des « traitements » pour
l'achat du matériel et tout ça...
M. WAGNER: Je ne parle pas des automobiles, nous y arriverons
à...
M. BERTRAND: ... non, non, au sujet de l'achat du
matériel, par exemple...
M. WAGNER: Oui.
M. BERTRAND: Est-ce qu'on peut considérer que l'article 1,
« traitements » est adopté? Si nous voulons procéder
avec ordre.
M- WAGNER: Je regarde mes notes là, rédigées. Frais
de voyage, traitements. Toujours à l'article « traitements
», est-ce que le ministre pourrait nous dire à quelle date M.
Cantin a quitté le ministère?
M. BERTRAND: Vous étiez ministre dans le temps, vous
devriez vous en rappeler beaucoup plus que moi.
M. WAGNER: Non, mais je pense que c'était à ce
moment-là, durant la campagne électorale.
M. BERTRAND: Ah, je l'ignore!
M. WAGNER: Parce que je ne l'aurais pas demandé. C'est
pour ça que...
M. BERTRAND: Je voudrais noter immédiatement, par exemple,
l'engagement d'un nouveau sous-ministre.
M. WAGNER: Ah oui! je voulais en parler.
M. BERTRAND: Me Claude Rioux qui s'occupe, en particulier, de la
législation. Et je pense que c'est une initiative qui est bonne
d'essayer de constituer un groupe d'officiers légistes. Le
député de Verdun conviendra avec moi que dans ce
domaine-là, il nous faut bâtir une équipe, équipe
qui, malheureusement, n'a à peu près jamais existé. Sans
doute, sera-t-on obligé d'avoir recours encore à des conseillers
juridiques de l'extérieur, mais il est important d'essayer de constituer
une équipe assez complète pour préparer la
législation et Me Claude Rioux est un excellent avocat, un jeune avocat,
il a pratiqué et avec lui, travaille à l'heure actuelle Me Robert
Normand. Et nous avons un stagiaire qui est allé étudier en
Europe, qui doit revenir, Me Beaudoin.
M. WAGNER: Est-ce que le sous-ministre ne s'occupe pas
également de la législation? Ce serait dommage qu'il ne s'en
occupe pas.
M. BERTRAND: Le sous-ministre?
M. WAGNER: Le sous-ministre de la Justice.
M. BERTRAND: Me Chouinard? Il donne des opinions quand le
contentieux au ministère de l'Education veut faire confirmer ou infirmer
une opinion...
M. WAGNER: Mais même pas dans la rédaction...
M. BERTRAND: Dans la rédaction des lois? Le sous-ministre
de la Justice s'occupe beaucoup de législation avec Me Claude Rioux,
avec Me Robert Normand, avec Me Yves Pratte qui est resté, j'entends,
comme l'était M. Pigeon autrefois. Il est resté très
près du gouvernement au sujet de la préparation et de
l'étude des lois.
M. WAGNER: Est-ce que Me Cantin agit comme conseiller juridique
pour le ministère?
M. BERTRAND: Non, pas à l'heure actuelle et d'ailleurs, il
n'en a pas exprimé le désir. Me Cantin est à sa retraite
et il ne veut pas. Me Cantin a pris sa retraite et il a exprimé le
désir, je pense, de connaître un repos bien mérité,
car il a servi sa province durant 35 ans, et quand on a passé 35 ans
dans le fonctionnarisme, je pense,... 35 ans avec un budget par année.
Il a trouvé que c'était suffisant. Et, d'ailleurs, Me Cantin
je tiens à le noter est resté au service du
procureur général, tout le temps où
M. Duplessis a été premier ministre de la province de
Québec.
M. WAGNER: Ah oui! les bons hommes demeurent, quels que soient
les changements de gouvernement.
M. BERTRAND: Mais oui, je l'ai dit ce matin. Les ministres
tombent, mais les ministères demeurent. C'est pour ça qu'il faut
accepter...
M. WAGNER: Ils attendent et ne désespèrent
jamais.
M. BERTRAND: Mais c'est pour cela qu'il faut accepter la
défaite et aujourd'hui, je pense que le député de Verdun
commence à comprendre un peu plus qu'il doit accepter la
défaite.
M. WAGNER: Je rappellerai cette parole-là au ministre,
dans quelque temps.
M. BERTRAND: C'était supposé être 90 jours et
puis ça ne s'est pas réalisé. Nous continuons alors.
Traitements, d'accord? Adopté?
M. WAGNER: Traitements, ça va, oui.
M. BERTRAND: Frais de voyage. Augmentation attribuable au
nombre.
M. WAGNER: Parfait. Adopté.
M. BERTRAND: Frais de bureau. Légère augmentation
de quelques centaines de dollars.
M. WAGNER: Frais de bureau, ça comprend les bureaux des
substituts...
M. BERTRAND: ... sous-ministres et puis tout cela.
M. WAGNER: Adopté.
M. BERTRAND: Matériel. Alors j'en reviens. C'est ici que
s'applique la politique qui est pratiquée par l'entremise du service des
achats. Lorsqu'il s'agit d'achat de matériel, d'articles de bureau,
quant aux impressions et aux abonnements, bien cela, c'est la liste habituelle:
abonnements aux journaux, à certaines revues.
M. LE PRESIDENT: Alors adopté? M. BERTRAND: Adopté?
M. WAGNER: Un instant.
M. BERTRAND: Vous voyez, M. le Président, le
député de Verdun me le permettra: « automobiles », il
s'agit de l'achat d'une camionnette.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi. Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. BERTRAND: Oui.
M. WAGNER: Vous voulez donner d'autres détails?
M. BERTRAND: On voulait simplement dire que c'est
l'équipement de bureau additionnel pour le nouveau personnel et le
remplacement d'équipement désuet et une augmentation, à ce
qu'on me dit ici, du coût de la papeterie, des nouvelles formules dont
nous aurons besoin.
M. WAGNER: Est-ce qu'il y a un personnel additionnel au cabinet
du ministre?
M. BERTRAND: Non, j'ai gardé le même personnel,
excepté Marcel Vleminckx, qui est parti avant que je n'arrive, mais qui
est venu me saluer dernièrement et qui m'a remis une copie de son
nouveau journal « Sport Eclair ». Il est venu me faire une visite
de courtoisie, parce que, quand je suis arrivé, il était parti.
J'ai trouvé qu'il était parti vite.
M. WAGNER: Cela, ça le regardait.
M. BERTRAND: Non, mais j'ai trouvé qu'il était
parti vite, parce que tous les autres sont restés. Exactement le
même personnel.
M. WAGNER: Un instant. Dans cet article, « administration
», est-ce qu'il serait opportun de parler des comptes qui sont dus
à des procureurs?
M. BERTRAND: Oh non!
M. WAGNER: Pas dans ce domaine-là?
M. BERTRAND: Non. On y verra dans « poursuite au criminel
».
Maintenant, sous-article 5,...
M. LE PRESIDENT: L'article 4, adopté?
M. BERTRAND: Oui. Il s'agit simplement de l'achat d'une
camionnette pour l'usage général de l'administration, pour aller
du ministère à l'entrepôt; on a des documents, tout
ça. Alors,
on se porte acquéreur d'une camionnette par l'entremise du
service des achats. « Automobiles: entretien et opération »,
c'est pour la camionnette, $700. Alors, ce n'est pas un montant fabuleux. On
peut dire que le poste budgétaire 1 est adopté, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Oui. M. BERTRAND: Bon!
M. LE PRESIDENT: Nous passons aux «officiers de justice
».
M. BERTRAND: « Officiers de justice ». Si le
député de Verdun veut, comme tantôt, que je lui donne une
idée des initiatives à ce poste budgétaire 2. D'abord, les
nouveaux projets pour 67/68 sont les suivants: Consultation: Etude des
structures et du fonctionnement d'un greffe et implantation des
améliorations. C'est en vue d'une fusion à l'intérieur des
palais de justice, de tous les dossiers disons de tous les
greffes. Deuxièmement, il y a des honoraires pour les traitements
électroniques, des données à la loi Lacombe à
Montréal en particulier, un montant de $35,000. Il y a également,
bibliothèques pour les juges, $15,000.
M. WAGNER: Où ça? Des bibliothèques
personnelles pour les juges?
M. BERTRAND: Cette initiative a pour objet d'améliorer le
service des bibliothèques dans les différents palais de justice.
Autant que possible, partout où il y a, par exemple, le Barreau, si le
Barreau a une salle, on utilisera la salle du Barreau pour ces
livres-là. Sinon, nous essayerons de trouver des locaux, soit au bureau
du protonotaire, pour que nos juges aient une bonne bibliothèque. Les
volumes pourraient servir à la fois aux juges et aux avocats qui
fréquentent le palais. Le montant nécessaire pour créer
des bibliothèques convenables dans tous les palais de justice on
en conviendra serait beaucoup plus élevé. Il ne s'agit
donc que d'une première étape dans la réalisation d'un
programme. Je pense que c'est excellent que nos juges il y a des
avocats, qui, étant nommés juges, apportent avec eux leur
bibliothèque par contre on sait que si un avocat est nommé
juge et qu'il fait partie d'une firme légale, d'une
société, eh bien, ses volumes, il doit les laisser à la
société. Alors, à ce moment-là, il est important de
doter nos juges d'une bibliothèque convenable. J'avoue que ce n'est
qu'une première étape, le montant n'est pas élevé,
mais nous avons eu l'index Gagnon, entre autres...
M. WAGNER: Ah oui!
M. BERTRAND: ... qui a été publié, et tous
les juges l'ont demandé, alors nous avons essayé d'en envoyer un
exemplaire dans chaque palais de justice.
M. WAGNER: Est-ce que cette initiative-là arrive à
l'article 1 du poste budgétaire 2, « officiers de justice
»?
M. BERTRAND: Elle arrive à « officiers de justice
», oui.
M. WAGNER: A deux.
M. BERTRAND: A deux. C'est-à-dire, nous sommes rendus
là, « officiers de justice ».
M. WAGNER: Nous sommes à 1 de « officiers de justice
», c'est-à-dire, 2-1.
M. BERTRAND: C'est-à-dire, oui. Eh bien, c'est parce que
je...
M. WAGNER: Article 2. C'est bien, allez.
M. BERTRAND: C'est parce que je donne, à ce moment-ci, des
initiatives nouvelles. Il y a également le système de microfilms.
Nous avons une somme de $25,000. Les voûtes des palais de justice,
principalement dans les districts importants de Québec et de
Montréal, sont actuellement encombrées, le député
de Verdun le sait, au point qu'il est impossible d'y transférer les
documents des dernières années. Alors, en utilisant le microfilm
et en faisant l'épuration des dossiers, il sera possible de
récupérer de l'espace et si on ne recourt pas à ce
système, il faudra sans doute dépenser quand même de
l'argent pour l'addition de nouvelles voûtes.
M. WAGNER: Est-ce qu'on a déjà commencé
à utiliser ce système?
M. BERTRAND: Non, on attend également que les
crédits soient votés. Ce sont des demandes qui avaient
été refusées et, cette année, le ministre de la
Justice, en plaidant auprès du ministre des Finances, a réussi
à obtenir des montants additionnels qui s'ajoutent à ceux...
M. WAGNER: Il en faut du microfilm, il n'y a pas de doute.
M. BERTRAND: Mais il faut surtout de nouvelles initiatives.
M. WAGNER: Oui, surtout.
M. BERTRAND: La semaine prochaine, entre autres, mon
sous-ministre me dit que nous tenterons un premier essai, au palais de justice,
en vue d'établir ce système de microfilms.
M. WAGNER: Est-ce que ce sytème-là sera
instauré dans le nouveau palais de justice?
M. BERTRAND: Oui, oui.
M. WAGNER: Lorsqu'il sera construit?
M. BERTRAND: On en parlera tantôt de la Place de la Justice
tant attendue et le député de Verdun, qui dit que je ne parle pas
souvent, j'ai au moins parlé quand je suis allé rencontrer tous
les avocats à Montréal pour leur annoncer qu'enfin la Place de la
Justice naîtrait définitivement à Montréal. C'est un
projet qui datait de combien d'années?
M. WAGNER: Ah! cela remontait à cent ans. M. BERTRAND:
Non.
M. WAGNER: Nous n'étions pas là, ni vous, ni
moi.
M. BERTRAND: Non, non, mais je parle du projet actuel, cela
faisait six ans qu'on en parlait. Le procureur général, à
l'époque, M. Lapalme, l'avait annoncé, c'a été
retardé, c'a été remis...
M.WAGNER: Les plans...
M. BERTRAND: Et les plans n'avaient jamais été
définitivement approuvés.
M. WAGNER: Quand on y arrivera, on en discutera.
M. BERTRAND: Alors, à tout événement,
voilà des initiatives nouvelles à ce poste budgétaire
numéro 2 et, aux articles, il y a les bureaux à la charge du
ministère au 1er avril 1967. Vous avez le nombre, les sous-articles,
traitements, salaires. L'an dernier, il y avait 1,324 employés, nous
prévoyons d'en augmenter le nombre à 1,476. Il s'agit là
de protonotaires, de greffiers de la paix, dans tous les greffes où il y
a mise à traitements.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre me permettrait, même si
nous ne sommes pas dans le poste budgétaire prévu et que cela re-
lève plutôt du poste budgétaire 1? Je voulais demander si,
parmi les impressions et abonnements, le ministère contribue encore au
Barreau.
M. BERTRAND: Oui, $30,000. M. WAGNER: $30,000?
M. BERTRAND: Cela va plus loin dans le poste...
M. WAGNER: Ce n'est pas dans les abonnements de l'article 4?
M. BERTRAND: Non. Cela va dans l'article « honoraires,
subventions, et autres dépenses ».
M. WAGNER: Bon.
M. BERTRAND: Et je pourrai donner la liste des subventions.
M. WAGNER: Et la justification?
M. BERTRAND: Oui. Alors, les bureaux à la charge du
ministère. J'ai donné le nombre d'employés l'an dernier et
on voit cela entre parenthèses, 1,324; et l'augmentation 1,476. C'est
que nous prévoyons la mise à traitement de plusieurs autres
bureaux, Bedford, Joliette et Saint-Hyacinthe.
Dans les traitements, l'augmentation de 152 employés s'explique
comme suit; mise à traitement de différents greffes à
Rivière-du-Loup, Rimouski, Sainte-Anne-des-Monts, Jonquière,
Roberval, Alma, LaSarre, Ville-Marie, Sept-Iles, La Malbaie, Baie-Comeau. Nous
prévoyons 78 nouveaux employés. Sténographes judiciaires
additionnelles, 14; augmentation générale pour les
protonotaires-adjoints, greffiers-adjoints, sténographes, commis, 60; ce
sont des prévisions. Est-ce que nous pourrons trouver tout ce personnel?
C'est un autre problème.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre a continué la pratique
de mettre à salaire les bureaux d'enregistrement et de shérifs
à travers la province?
M. BERTRAND: Nous y arriverons, si vous voulez, tantôt au
poste budgétaire 3. Alors dans ce domaine-là de la mise à
traitement des bureaux, nous avons l'intention, au cours de l'année, de
mettre à salaire, en autant que nous pourrons trouver le personnel
requis, Amqui, Asbestos, Grand-Mère, Lac Mégantic, Magog,
Val-d'Or, Joliette, Saint-Hyacinthe et Sweetsburg.
M. WAGNER: Même Sweetsburg?
M. BERTRAND: C'est-à-dire Cowansville. C'est devenu
Cowansville depuis la fusion de Sweetsburg et de Cowansville. Alors,
voilà les autres bureaux que nous espérons mettre à
salaire au cours de l'année. Alors, c'est cela qui explique, disons,
l'augmentation du personnel.
M. WAGNER: Est-ce qu'il y a lieu de parler des shérifs
à ce moment-ci?
M. BERTRAND: Non, plus tard nous verrons cela.
M. WAGNER: Non, mais cela fait partie des officiers.
M. BERTRAND: Administration des palais de justice, article 6. Sur
« traitements », est-ce que c'est adopté? Il y a ensuite les
salaires. Là où vous voyez salaires, il s'agit de salaires aux
ouvriers. Il ne s'agit pas, à ce moment-là, nous avons le
sous-article 1...
M. WAGNER: Quant à l'article « traitements et
salaires », en somme, il s'agit d'une augmentation de $1,000,000.
M. BERTRAND: C'est cela. A cause justement de l'organisation, de
la mise à traitement des greffes l'an dernier, où il nous a fallu
et il nous faut encore augmenter le nombre, c'est-à-dire augmenter le
personnel. Et, à part cela, il y a les nouvelles échelles...
M. WAGNER: Les nouvelles échelles de la fonction
publique.
M. BERTRAND: ... en vertu des conventions collectives.
M. WAGNER: Cette fonction publique que certains voudraient
purger.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'article A est adopté?
M. BERTRAND: C'est-à-dire un, deux, là J'ai dit
qu'il s'agissait de salaires pour les ouvriers. Sept ouvriers, même
nombre, il n'y a pas d'augmentation.
M. WAGNER: Dans cet article, avant que vous ne procédiez
plus loin, est-ce que cela comprend également les sténographes?
C'est l'article où l'on peut parler des sténographes
officiels.
M. BERTRAND: Non. Il s'agit des sténographes officiels
à salaire.
M. WAGNER: Oui, oui, cela soulève tout le problème
des sténographes. J'aimerais que le ministre nous renseigne un peu. Je
sais, comme il le sait d'ailleurs, que les sténographes constituent un
problème dans tous les palais de justice, cela, c'est clair. Les juges
en chef, à chaque occasion, se plaignent qu'ils n'ont pas les
sténographes requis. Et, dernièrement encore, aux
différentes réunions du Barreau, on a supplié le
ministère de la Justice de voir à régler ce
problème-là. Je voudrais savoir du ministre ce qu'il entend faire
dans ce domaine, s'il entend mettre des sténographes officiels à
salaire partout dans les palais de justice à juridiction pénale
et à juridiction civile, ou s'il entend continuer un système
inadéquat qui devrait certainement être changé.
M.BERTRAND: Nous voulons, autant que possible, mettre les
sténographes officiels à salaire mais on conviendra qu'il y a
là un problème excessivement difficile. D'abord le salaire offert
à l'heure actuelle suivant l'échelle, pour donner un exemple, du
moins du côté des sténographes officiels, il y a eu
engagement de seize nouveaux sténographes.
UNE VOIX: A quelle place? Dans tout le Québec?
M. BERTRAND: Dans toute la province.
M. WAGNER: Est-ce que ce sont des sténographes
engagés en vertu de nouveaux règlements qui prévoient
qu'ils n'ont pas besoin d'avoir les mêmes qualifications que les
sténograpes?
M. BERTRAND: Ils sont tous engagés après un
concours.
M. WAGNER: Est-ce que cela comprend les stagiaires?
M. BERTRAND: Oui, les stagiaires qui, par la suite, à la
suite d'un stage, bien entendu, puisqu'on les appelle stagiaires, deviennent
des sténographes officiels. Engagement de seize nouveaux, ce qui fait
une addition de onze. C'est-à-dire que le chiffre a été
porté de 62 à 73. Il y en a cinq, par contre, qui ont
quitté durant l'année.
UNE VOIX: Ils sont morts.
M. BERTRAND: ... de mortalité, ou à cause d'un
autre emploi. Il y a, à l'heure actuelle, quatre sténographes
à l'entraînement. De plus, nous avons adopté un
arrêté ministériel qui autorise l'enregistrement
mécanique des dépositions, conformément au nouveau code de
procédure civil, et on a commencé, à Montréal,
à utiliser cette nouvelle méthode. Le problème des
sténographes est un problème aigu.
M. WAGNER; Est-ce que le ministre a reçu des mémoires des
sténographes?
M. BERTRAND: J'ai reçu un mémoire des
sténographes qui d'abord se plaignent que les salaires ne sont pas
suffisamment élevés, deuxièmement, qui voudraient rester
comme on en connaît dans plusieurs districts « free
lance » c'est-à-dire être libres de gagner les honoraires
qu'ils veulent, soit dans des cours civiles soit dans des causes criminelles.
C'est un problème excessivement complexe.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre a l'intention de le
régler, ce problème-là?
M. BERTRAND: Bien, c'est-à-dire, le ministre... Je pense
bien que le député de Verdun avait le même problème.
C'est un problème, comme je l'ai dit tantôt, complexe. Un
sténographe à la pige peut réaliser des honoraires
plantureux. Quand il devient un salarié, le salaire, quel est le
salaire? Avez-vous la nouvelle échelle? $5,200 à $7,700, plus 30
cents la page pour la transcription des dépositions.
M. WAGNER: Ils peuvent gagner plus avec la transcription qu'avec
le salaire.
M. BERTRAND: Qu'avec le salaire; mais c'est un problème et
je le note ici pour les sténographes, c'est un problème qui se
pose dans le domaine de l'administration de la justice à peu près
à tous les échelons. Je l'ai noté tantôt pour les
procureurs de la Couronne permanents; lorsqu'il s'agit de recruter du personnel
même à l'intérieur du ministère, la classification
qui est faite, les salaires qui sont payés, si l'on veut
réellement essayer d'obtenir les services de gens compétents, ce
n'est pas tout le monde qui aime cela entrer dans la fonction publique, mais
même ceux qui voudraient y entrer parfois...
M. WAGNER; C'est une vocation.
M. BERTRAND: ... c'est une vocation, même ceux qui
voudraient y entrer sont dans la pratique privée. Dernièrement,
je rencontrais un a- vocat, un de nos confrères que vous connaissez, de
Montréal, qui est un expert dans le domaine des faillites. Mais je pense
que je n'ai pas besoin de le nommer, le député de Verdun sait
à qui je veux faire allusion. Je lui demandais de venir travailler dans
notre ministère, à Montréal en particulier, pour prendre
charge de cela. C'est un avocat d'une compétence reconnue, il est
absolument honnête, intègre, mais il réalise un salaire, ce
n'est pas un salaire mais des honoraires tellement élevés dans le
bureau où il travaille, où il est un des associés, et, il
m'a demandé quel salaire le gouvernement offrirait. Quand je lui ai dit
que nous pouvions peut-être aller jusqu'à $18,000 ou $20,000
peut-être un peu plus. Cela ne l'intéressait pas. Alors
voilà...
M. WAGNER; Passe encore pour un député, mais pas pour un
avocat.
M. BERTRAND: Mais je connais des députés qui
peuvent, même à l'heure actuelle, dans certains bureaux,
réaliser des honoraires assez plantureux.
M. WAGNER: A condition qu'ils soient à leur bureau de
temps en temps.
M. BERTRAND: Oui, à condition. Il y en a qui continuent
à pratiquer, je ne les blâme pas, mais ils réalisent comme
je l'ai fait à l'époque que c'est difficile de mener les deux de
front. Mais le problème est réel; l'engagement du personnel. Le
salaire est un élément important même si la fonction
publique accorde une certaine sécurité, des avantages. Ce n'est
pas tout le monde qui veut y entrer. Et en outre dans le domaine de
l'administration de la justice, c'est excessivement difficile, et le
député de Verdun s'en est rendu compte, d'essayer de trouver des
procureurs de la Couronne permanents par exemple.
A Montréal, nous voulons, avec notre système de
stagiaires, de jeunes avocats à qui nous demandons d'entrer dans la
fonction publique au salaire, à ce moment-là, de $6,100. Nous
voulons qu'ils acquièrent de l'expérience à
côté des procureurs de la Couronne plus âgés, de
manière que nous ayons une véritable revalorisation de la
fonction publique dans l'administration de la justice, mais c'est un travail
long et, quelles que soient nos idées quant à la planification
le député de Verdun me demandait tout à l'heure
d'en parler il peut être assuré qu'après 26 ans de
pratique que je connais le domaine du droit. J'ai pratiqué activement et
depuis que je suis entré...
M. WAGNER: D'ailleurs, je constate que vous continuez la
même planification.
M. BERTRAND: ... depuis que je suis entré au
ministère, je réalise combien c'est difficile parfois de trouver
les gens que nous voudrions avoir et qui refusent, à cause du
salaire.
M. WAGNER: Mais quant à ce problème des
sténographes, M. le Président, est-ce que le ministre ne croit
pas que le problème pourrait se régler par une
législation?
M. BERTRAND: J'en doute. Je vais aller plus loin que ça.
J'avais l'idée, par exemple, d'une législation au sujet des
procureurs de la Couronne permanents. Mais même là, il faudrait
établir des salaires qui pourraient être l'équivalent
à peu près suivant bien entendu le nombre d'années
et la fonction publique à l'heure actuelle...
M. WAGNER: Une classification, un barème.
M. BERTRAND: Une classification, mais tout ce domaine-là,
à l'heure actuelle, est laissé à la Commission de la
fonction publique. Tout ce domaine-là est laissé à la
Commission de la fonction publique: d'abord engagement, classification et,
à l'heure actuelle, dans le domaine des procureurs permanents, c'est
basé sur le nombre d'années d'expérience et la nouvelle
échelle maximum pour un procureur de la Couronne permanent va à
$16,400. Alors, quand un avocat surtout dans les grandes villes
un bon avocat se fait $25,000 et $30,000 par année il ne veut pas
accepter de devenir procureur de la Couronne permanent à $16,400 et
ça pour le moment, c'est le maximum.
UNE VOIX: Un procureur de la Couronne permanent...
M. BERTRAND: Un procureur de la Couronne permanent ne peut plus
pratiquer, ne peut plus exercer le droit en dehors de son rôle comme
procureur de la Couronne permanent.
M. WAGNER: Ce sont les procureur s à temps partiel, qui
peuvent être des procureurs ad hoc.
M. BERTRAND: Ceux-là peuvent le faire.
M. WAGNER: Alors, le ministre ne croit pas devoir
présenter une législation prochainement pour aider le
problème des sténographes?
M. BERTRAND: Pas pour le moment, non.
M. WAGNER: Maintenant, en particulier, quant aux
sténographes de langue anglaise, je pense que là vraiment il y a
une pénurie.
M. BERTRAND: C'est là qu'est le problème.
M. WAGNER: Est-ce qu'il y a quelque chose qui se fait
actuellement pour le régler ce problème-là? Je n'en ai pas
causé avec le ministre des Affaires culturelles, mais...
M. BERTRAND: Est-ce que ça s'est amélioré
dans ce domaine-là? Le juge Challies, juge en chef-adjoint de la cour
Supérieure, m'a écrit à plusieurs reprises à ce
sujet-là. C'est un problème d'essayer de recruter des
sténographes de langue anglaise, et c'est pourquoi le juge Challies,
lorsqu'il m'a écrit, m'a demandé d'adopter l'arrêté
ministériel au sujet de la prise des dépositions
mécaniques, parce que dans ce domaine-là, il manque
énormément de sténographes de langue anglaise. Alors c'est
un problème. Nous essaierons de le résoudre. Nous l'avons fait en
adoptant la méthode dont j'ai parlé tantôt,
l'enregistrement mécanique, mais également il nous faudra tenter
de recruter des sténographes de langue anglaise.
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. BERTRAND: Oui. Frais de voyages.
M. WAGNER: L'article 2 est adopté. L'article 2-1.
M. BERTRAND: 2-1. Salaires. Ce sont les ouvriers ça.
M. WAGNER: C'est à l'article 2-1, sous-paragraphe 1.
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. BERTRAND: Salaires. Ce sont les ouvriers ça. Il y en a
7. C'est le même nombre.
M. LE PRESIDENT: Frais de voyages.
M. BERTRAND: Augmentation, de $5,000, parce qu'il y a
augmentation du nombre d'employés.
M. WAGNER: Ah, je pensais que c'était un voyage
spécial. Le sous-ministre...
M. BERTRAND: Non, le sous-ministre en a fait quelques-uns. Il
nous a bien représentés. Le ministre aurait bien aimé
pouvoir y aller mais il est resté au bureau.
M. LE PRESIDENT: Adopté? 4. M. BERTRAND: Frais de
bureau.
M. WAGNER: Est-ce que... excusez-moi, quant aux frais de voyage,
je vois une augmentation de $30,000.
M. BERTRAND: Non $5,000. Frais de bureau. C'est à cause de
l'organisation des nouveaux bureaux. Ce sont les salaires. Il y aura des
honoraires pour les experts, en vue d'une étude des structures
administratives des greffes, mécanisation des opérations du
bureau des dépôts volontaires à Montréal, et ces
honoraires d'experts s'élèveront à environ $85,000.
M. WAGNER: Est-ce que des estimations ont été
obtenues de ces experts-là?
M. BERTRAND: Oui.
M. WAGNER: Quels sont les experts? Est-ce qu'il s'agit de la
firme Bélanger et Ouellet?
M. BERTRAND: C'est un ancien employé de Bélanger et
Ouellet, M. Ducharme, qui est un expert apparemment dans ce domaine-là.
C'est le même homme qui a fait la fusion des greffes à
Montréal alors il continue son travail. Non, à l'heure actuelle,
il s'agit d'une estimation.
M. WAGNER: Mais est-ce que vous avez demandé d'autres
estimations?
M. BERTRAND: Cela, c'est un article. Quand le budget sera
voté, on le dépensera.
M. WAGNER: Alors on va s'empresser de le voter.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté. Article 5, «
Matériel et articles de bureau, impressions ».
M. BERTRAND: Dans ce domaine-là, « matériel
et articles », au poste budgétaire « officiers de justice
», j'en ai parlé tantôt. Il s'agit de la mise à
salaire des greffes, bibliothèques des juges, pour $15,000;
système de microfilms, $25,000; équipement du bureau des
dépôts volontaires à Montréal et à
Québec, $37,000; équipement de bureau pour personnel additionnel,
pour remplacer l'équipement désuet et l'augmentation courante des
frais.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors le poste budgétaire 2 est
adopté au complet?
M. BERTRAND: Oui.
M. WAGNER: Il y a la deuxième partie.
M. BERTRAND: Oui, à « autres bureaux », ce
sont les nouveaux bureaux que nous avons l'intention... j'en ai parlé
tantôt. La mise à salaire dans les bureaux que j'ai donnés
tantôt, Amqui, Asbestos, c'est ça, Grand-Mère,
Lac-Mégantic, Magog, Val-d'Or, Joliette, St-Hyacinthe, Sweetsburg.
M. WAGNER: Cela ne touche pas aux bureaux de shérif,
ça?
M. BERTRAND: Non. Ce sont des bureaux de protonotaire, cour
Supérieure et des greffes de la Paix.
M. WAGNER: Combien reste-t-il de protonotaires à
honoraires actuellement?
M. BERTRAND: Bien, il y a ceux-là. Nous avons...
M. WAGNER: Seulement trois. Dans quels districts?
M. BERTRAND: Districts de Bedford, Joliette et Saint-Hyacinthe.
Maintenant, lorsque l'on parle des autres, il y a des cours provinciales de
comté. Il y en a une, entre autres, à Val d'or, Amqui. Il y en a
une à Lac-Mégantic, Magog, Saint-Hyacinthe. Saint-Hyacinthe, cela
n'a pas été mis à salaire, ça? Cela c'est le
district. Le bureau de Saint-Hyacinthe est en voie d'être mis à
salaire.
Alors ce sont les nouveaux bureaux qui doivent être
appelés...
M. WAGNER: Ces trois-là doivent être replacés
à salaire...
M. BERTRAND: Et ce district, durant le cours de
l'année.
M. WAGNER: Il n'y a rien qui empêche ça. Très
bien!
M. BERTRAND: Nous voulons terminer cette année
l'opération de la mise à traitement.
M. WAGNER: Et quand vous aurez terminé, en somme, combien
de bureaux le ministère au-ra-t-il depuis quelques années mis
à salaire?
M. BERTRAND: Ah bien! l'ensemble...
M. WAGNER: Environ. Je ne demande pas le chiffre exact. Tous les
districts judiciaires de la province?
M. BERTRAND: Tous les districts judiciaires, 90.
UNE VOIX: 90.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté?
M. BERTRAND: Québec et Montréal sont à
salaire depuis des années.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 2, adopté. Poste
budgétaire 3: « Bureaux d'enregistrement ».
M. BERTRAND: « Bureaux d'enregistrement ». Dans les
bureaux d'enregistrement, voilà encore comme nouvelle initiative. Les
mêmes arguments qui ont donné lieu à l'adoption de ce
système pour les palais de justice valent également pour les
bureaux d'enregistrement et à Montréal en particulier.
L'emploi du microfilm pourra servir pour diminuer le volume des
quittances que l'on doit garder à portée de la main, dans le
bureau d'enregistrement, même si l'on ne doit y référer que
quelques fois chaque jour. Il servira également dans le cas des index,
aux immeubles qui, après un temps d'usage, deviennent en très
mauvais état, de sorte qu'il est nécessaire de les reproduire.
Cette nouvelle initiative comporte une dépense de $25,000. Cela, c'est
dans des bureaux d'enregistrement. Maintenant, il y a à cet article,
« bureaux d'enregistrement », à la charge du
ministère au 1er avril... Nous prévoyons d'abord au sous-article
« traitements », une augmentation de 32 personnes. L'an dernier,
66/67, il y avait 309 employés. Nous prévoyons une augmentation
de 32, ce qui porterait le chiffre pour 67/68 à 341 personnes. Ce qui
représente l'augmentation, disons du montant de $1,387,400 à
$1,514,700 soit une augmentation de $127,300, en tenant compte des
augmentations statutaires.
Ces 32 employés, c'est à cause de la mise à
traitement de différents bureaux, dont Portneuf, Bellechasse,
Sherbrooke, Chicoutimi et Trois-Rivières. Cela a été fait,
oui, mais il faut tout de même, il faut compléter le personnel.
Alors, voilà pour les traitements, si le député de...
M. MAILLOUX: ... est-ce que les deux bureaux de Malbaie et de
Baie-Saint-Paul demeurent?
M. BERTRAND: Un instant.
M. MAILLOUX: Est-ce que les deux vont demeurés
ouverts?
M. BERTRAND: Charlevoix, vous avez les divisions numéro 1
et numéro 2.
M. MAILLOUX: Est et ouest.
M. BERTRAND: Numéro 1, M. Fernand Tremblay, et dans
l'autre, Jean-Charles Larou-che. Il y en a un qui demeure à la Malbaie
et l'autre à Baie-Saint-Paul.
M. MAILLOUX: Est-ce que les deux divisions du comté
restent ouvertes?
M. BERTRAND: Les bureaux d'enregistrement à traitement.
Les deux deumeures ouverts. Alors, si le député de Verdun n'a pas
d'autres questions à poser, est-ce qu'on peut dire que c'est
adopté?
M. WAGNER: Adopté.
M. BERTRAND: Salaires. Alors, ça, il s'agit encore des
ouvriers. Combien y en a-t-il? 7, c'est un chiffre qui se répète
souvent, chiffre chanceux. Il s'agit tout simplement de l'augmentation de leur
salaire en vertu de la convention collective.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BERTRAND: Frais de voyage, alors, ça reste à peu
près le même, $10,000. Il n'y a pas d'augmentation.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BERTRAND: Frais de bureau. Il y a une diminution qui est
explicable par une surévaluation l'an dernier, au temps du
député de Verdun. On avait surévalué cette
dépense-là et, étant donné qu'on ne l'apas toute
dépensée, bien, il y a une diminution de $18,000.
M. WAGNER: C'est-à-dire qu'on avait prévu un peu
plus, puis on dépense moins maintenant.
M. BERTRAND: C'est ça. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BERTRAND: Matériel. Alors c'est encore la même
politique qui est suivie: service des achats.
M. WAGNER: Cela comprend...
M. BERTRAND: Il s'agit de mise à traitement de bureaux
d'enregistrement et systèmes
microfilms dont j'ai parlé tantôt. Mise à traitement
de bureaux d'enregistrement pour le matériel et articles de bureau pour
les nouveaux, $13,500, et le système de microfilms, $25,000.
M. LE PRESIDENT: Alors adopté, 6.
M. BERTRAND: Automobiles, entretien... Aucune augmentation. On me
dit que c'est celui qui s'occupe de la reliure des volumes, au bureau
d'enregistrement. On lui accorde une indemnité de $500 pour les voyages
qu'il a à faire et les courses qu'il doit nécessairement
accomplir dans l'exercice de ses fonctions. Il n'y a pas d'augmentation, c'est
$500. L'automobile appartient au ministère, mais c'est pour l'entretien
et l'usage de l'automobile. Les autres bureaux. Nous prévoyons, cette
année en 67/68, la mise à traitement de bureaux de Missisquoi,
Bedford, Laprairie, Deux-Montagnes, Sept-Iles, Beauharnois, Montcalm, Rimouski,
Joliette, Papineau, Argenteuil, Montmagny et Brome. Je dois dire que je doute
fort que nous puissions les mettre tous à traitements cette
année, mais c'est notre projet. Nous allons tenter de le réaliser
et le ministre actuel a voulu commencer chez lui, à Bedford. A l'heure
actuelle, M.Raymond Roy qui, ici à la direction des bureaux
d'enregistrement, s'occupe de celui-là. Il y a également
Laprairie.
Nous voulons, dans ce domaine-là, et je pense que c'est le
meilleur moyen de dépolitiser une fois pour toutes en leur donnant la
sécurité de l'emploi nommer des fonctionnaires permanents.
Ce qu'il y a de difficile, parfois, et là, c'est un
problème on aimerait, dans tous ces bureaux d'enregistrement,
avoir des notaires. Quels sont les notaires qui, dans la pratique, à
l'heure actuelle, ne gagnent pas le double du salaire que nous pouvons payer?
Les salaires que l'on peut offrir à l'heure actuelle, dans un bureau
d'enregistrement, sont les suivants: $7,200 dans la classe 3, $9,400 dans la
classe 2, $12,000 et $13,000 pour Québec et Montréal. Et on a vu
dernièrement qu'il y a un concours d'ouvert pour le bureau
d'enregistrement de Montréal. Est-ce que nous allons trouver les
candidats compétents avec un salaire de $13,000 à
Montréal? Je l'espère. C'est le problème auquel nous avons
à faire face, et le député de Verdun le sait ça
encore.
M. WAGNER: Je le comprends parfaitement. M. BERTRAND: Bon.
M. WAGNER: Voilà pourquoi je ne m'objecte pas du tout
à ce que...
M. BERTRAND: A ce moment-là, ce qui arrive...
M. WAGNER: Je comprends et je sais très bien d'ailleurs
que les différents officiers du ministère ont scruté ces
articles-là et ont vérifié et que ce qui est
demandé est juste ce qu'il faut. Voilà pourquoi je ne fais pas de
bataille là-dessus. Je les accepte volontiers.
M. BERTRAND: Alors, est-ce qu'on peut dire que l'article 3 est
adopté?
M. MAILLOUX: M. le ministre, si vous me le permettez.
Relativement au bureau d'enregistrement de Baie-Saint-Paul, vous êtes
présentement en location dans un édifice appartenant au conseil
de comté, l'ancien palais de justice. Le terrain est mitoyen avec la
fabrique de Baie-Saint-Paul. Il a été éventuellement
question que la caisse populaire se porte acquéreur de cet ancien
immeuble-là. Je voudrais savoir du ministère si, advenant que la
fabrique et le conseil de comté vendent à la caisse populaire,
que celle-ci rebâtisse un édifice neuf, et que des voûtes
neuves soient offertes alors? Est-ce que le ministère continuerait
à louer la caisse populaire, au même endroit?
M. BERTRAND: Il s'agit d'un problème qui, à ce
moment-là, relèvera du ministère des Travaux publics.
Mais, lorsqu'un problème comme celui-là se pose, il y a toujours
coopération entre les deux ministères pour savoir ce qui est le
plus avantageux pour le ministère de la Justice, d'abord et avant tout,
et la conservation des actes nécessite des voûtes très bien
aménagées et très bien organisées.
M. MAILLOUX: Mais l'information que je veux surtout, c'est
qu'avant de faire la transaction de vente, ceux-ci craignent que, durant la
rénovation ou la construction d'un édifice neuf, le gouvernement
se serve de cette raison-là pour une fusion éventuelle avec le
bureau de La Malbaie. Alors, je voulais savoir du ministère...
M. BERTRAND: Je dois avouer que le pro- blème n'a pas
été porté à mon attention, j'entends sous la forme
que le présente aujourd'hui le député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: Oui, on m'a...
M. BERTRAND: Mes officiers sont ici; ils le prennent en note et
nous verrons ce qui a lieu de faire.
M. MAILLOUX: Il n'y a rien de concrétisé
jusqu'à maintenant, c'est en pourparlers.
M. BERTRAND: D'ailleurs, à l'heure actuelle, vous en avez
deux.
M. MAILLOUX: Oui.
M. BERTRAND: Baie-Saint-Paul et la Malbaie.
M. MAILLOUX: Oui, ce sont deux divisions de comté, parce
qu'on ne voudrait pas que la transaction amène la disparition d'un
bureau.
M. BERTRAND: Alors, voilà, M. le Président, pour le
poste budgétaire 3 avec tous les sous-articles.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté?
M. WAGNER: Juste avant de terminer, si vous me permettez, est-ce
que le régistrateur Drouin est encore en fonction dans Dorchester?
M. BERTRAND: Drouin? J'ai la liste ici. Non, il a
été remplacé par Mlle Ouellette ne la connais pas, ni son
âge, ni son aspect.
M. WAGNER: Je voulais tout simplement faire confirmer ça,
parce que c'est une question qui m'avait été posée, il y a
deux ans, par M. Allard qui s'intéressait grandement à ce
cas-là. Alors, je voudrais que le ministre fasse part à M. Allard
que nous avons suivi sa suggestion, que M. Drouin n'est plus en fonction et que
Mlle Ouellet occupe les fonctions de façon compétente.
J'ai une autre note, est-ce que le régistrateur Lemire est encore
en fonctions?
M. BERTRAND: Lemire, Lotbinière, oui. M. WAGNER: Oui.
M. BERTRAND: Avez-vous la liste. Lemire, Lotbinière, oui,
oui. Montréal vacant, mais...
M. WAGNER: Est-ce qu'il est à salaire M. Lemire ou
à honoraires?
UNE VOIX: Oui.
M. WAGNER: A salaire. Est-ce qu'une enquête a
été faite à son sujet?
M. BERTRAND: Bureaux d'enregistrement. A traitement. Lemire
à traitement.
M. WAGNER: Est-ce qu'il y aura une enquête...
M. BERTRAND: Ce cas est à l'étude. M. WAGNER: Le
cas de M. Lemire? M. BERTRAND: Oui.
M. WAGNER: C'est à Sainte-Croix de Lotbinière, M.
Lemire?
M. BERTRAND: C'est à Sainte-Croix, oui.
M. WAGNER: La question avait été soulevée
par M. Berntachez, à un moment donné.
M. BERTRAND: Oui. L'an dernier çà? M. WAGNER:
C'était le mercredi 5 mai 1965. M. BERTRAND: Le 5 mai... M.
WAGNER: 1965.
M. BERTRAND: Ce n'est pas si loin, c'est aujourd'hui, un
anniversaire.
M. WAGNER: Deux ans.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté, numéro 3.
Numéro 4} sûreté provinciale...
M. BERTRAND: Voici, M. le Président, je voudrais
immédiatement... Est-ce que nos agents de la Sûreté sont
arrivés de Montréal? C'est parce que, dès ce matin, j'ai
dû téléphoner à Montréal pour que des gens de
la Sûreté viennent...
M. WAGNER: Oui, c'est un poste budgétaire qui va, je
pense, être extrêmement long. Je ne sais pas quelles sont les
intentions du comité...
M. BERTRAND: Nous continuons ce soir, d'après ce que j'ai
su.
M. WAGNER: Cela va être long évidemment dans
l'intérêt de la Sûreté.
M. BERTRAND: Oui, mais nous continuons ce soir...
M. WAGNER: Ce soir?
M. BERTRAND: ... d'après ce que j'ai su.
M. WAGNER: Est-ce qu'il n'y a pas un dîner d'Etat?
M. BERTRAND: Non, mais cela ne dérange pas le
comité de la Justice, ni non plus le comité qui est chargé
d'étudier les prévisions budgétaires du ministère
du Travail, du...
UNE VOIX: Du Tourisme.
M. BERTRAND: Du Tourisme encore?
M. FRECHETTE: C'est fini.
M. BERTRAND: Cela vient de finir. Les prévisions
budgétaires du ministère du Travail commencent. Alors, nous
devons continuer, ce soir, et j'ai fait convoquer, dès ce matin, nos
représentants de la Sûreté provinciale qui sont ici
présents, pour fournir au ministre les renseignements nécessaires
en vue de bien renseigner le député de Verdun, tous les membres
du comité et toute la Chambre.
M. WAGNER: C'est un chapitre extrêmement important; alors,
je ne voudrais pas que l'on se sente pressé ou bousculé.
M. BERTRAND: On peut le commencer.
M. WAGNER: On peut peut-être ajourner maintenant, si on
revient ce soir.
M. BERTRAND: M. le Président, si nous le faisons sur le
ton que nous connaissons depuis une heure et demie, ça va être
parfait et c'est en plein de cette manière-là que le
député de Mlssisquoi a toujours souhaité faire de la
politique.
M. WAGNER: Ah, bon!
M. BERTRAND: Toujours! Objective, autant que possible,
dégagée de la partisanerie et à la recherche du bien
commun.
M. LE PRESIDENT: Alors, on procède au poste
budgétaire?
M. BERTRAND: M. le Président, je demanderais, étant
donné que le député de Verdun et le député
de Charlevoix sont seuls, qu'on se repose pendant quelques minutes pour leur
permettre une détente.
M. LE PRESIDENT: Le comité ajourne ses travaux pour 5
minutes.
M. LE PRESIDENT: Au poste budgetéaire numéro 4.
M. BERTRAND: Sûreté provinciale du Québec Si,
comme je l'ai fait tantôt, je donnais d'abord un résumé.
D'abord, il y a l'augmentation de l'effectif policier, augmentation de 300
membres et de 50 cadets. Deuxièmement, traitements des policiers, autres
dépenses, traitements des fonctionnaires, frais de voyage, achat et
entretien de véhicules moteurs additionnels, coût additionnel des
télécommunications, indemnités, uniformes et
équipement, frais de déménagement, $1,400,000.
Deuxièmement, allocation de risques pour désamorçage de
bombes, $5,000. Il s'agit là du coût d'une assurance en faveur des
membres affectés à cette tâche. L'augmentation de
l'effectif, je l'ai noté tantôt, c'est pour subvenir aux besoins
croissants dans le domaine des recherches criminelles, de la prévention
du crime, de l'application des lois provinciales, en particulier, du code de la
route et de la Loi de la Régie des alcools.
La Sûreté provinciale doit accroître son personnel au
rythme maximum permis par la capacité de l'école de police pour
l'entraînement des nouveaux membres. Plusieurs postes et escouades ne
comptent pas encore un personnel suffisant pour approfondir les recherches
criminelles et, encore moins, pour assurer les patrouilles constantes à
travers toutes les régions de la province de Québec qui est
vaste. Les patrouilles destinées à prévenir et à
enrayer le crime, à appliquer le code de la route, la Loi de la
Régie des alcools et les autres statuts provinciaux. L'augmentation du
personnel n'est donc pas ici conditionnée ou influencée en quoi
que ce soit par l'Expo 67, bien qu'il nous faudra faire face et on a eu
l'occasion d'en parler lors de l'étude du bill 50 aux obligations
accrues que cet événement nous apportera.
Il y a également, dans ce domaine, la promotion des membres,
l'ouverture d'un garage sur la rue Fullum, dans le nouvel édifice. Nous
prévoyons une somme de $52,000; il s'agit de l'embauchage d'un personnel
de 18 ouvriers, de l'achat d'équipement qui servira à compter de
l'automne prochain. On l'a dit, c'est probablement en octobre 1967 que ce
nouvel édifice sera inauguré; avec garage, où seront
effectuées toutes les réparations mineures des véhicules
automobiles de la Sûreté, et il y a un poste additionnel,
l'engagement d'un gardien.
Il y a également l'agrandissement des quartiers
généraux de Québec; nous prévoyons là une
somme de $6,700, ceci est devenu une né-
cessité absolue en prévision de l'addition de
l'édifice du ministère de l'Agriculture, édifice voisin
des quartiers généraux. Une somme de $5,400 est prévue
pour la location d'un outillage téléphonique et $1,300, pour les
frais d'installation de ces appareils.
Il y a pour l'équipement de bureau $25,000. Cette dépense
concerne le remplacement d'une vielle machine « Addressograph >>
d'une capacité devenue insuffisante pour répondre aux besoins de
la police et l'achat de machines-comptables qui serviront au contrôle de
l'inventaire et à la distribution du coût des uniformes,
d'équipement, au contrôle et à la distribution de
dépenses relatives au fonctionnement de la flotte automobile.
Egalement, pour l'augmentation de la flotte automobile, les
dépenses prévues sont de $150,000. A l'heure actuelle, deux ou
trois membres doivent chaque jour emprunter le même véhicule
automobile pour exécuter leur travail de recherches criminelles,
après avoir arrêté un itinéraire aussi commun que
possible. Il s'ensuit quand même des pertes de temps
considérables, puisque, durant le temps que l'un d'eux interroge un
témoin ou une personne susceptible de lui fournir des renseignements
relativement à une enquête, les deux autres demeurent inactifs. On
conviendra que plusieurs enquêtes et tâches particulières
des policiers peuvent être effectuées par un seul membre. Il est
évident que l'on obtiendra un meilleur rendement, un rendement plus
élevé, si l'on fournit à chacun les moyens de se
déplacer.
Il y a également, comme initiative, le service d'identité
judiciaire à Sherbrooke, équipement photographique et chambre
noire, équipement pour les prises et relevés d'empreintes
digitales ainsi que l'équipement de dessin en prévision d'une
nouvelle sous-division à Sherbrooke. De plus, le traitement
électronique des données. A notre époque, on sait que ce
système doit être, autant possible, adopté et mis en
vigueur dans tous les organismes; c'est une somme de $50,000 pour l'utilisation
d'ordinateurs au centre de mécanographie du Québec ainsi que la
location d'unités terminales d'entrée et de sortie aux fins de
compilation et surtout d'analyse de statistiques criminelles.
Il y a, en plus, des achats divers pour $44,400: bateaux, moteurs,
remorques pour une somme de $12,700; achat de deux embarcations, deux moteurs,
deux remorques et équipement pour les postes de Fort Chimo et de la
Baleine, essence, lubrifiant etc pour l'entretien et le remisage.
Et location d'avions; le coût additionnel est dû à la
tenue de l'Expo 1967, pour la surveillance des routes et tous les
problèmes de circulation que cet événement
entraînera. J'en ai parlé à l'occasion de l'étude du
bill 50.
Il y a aussi une somme de $1,300 qui est réservée au
directeur général de la Sûreté qui, à
l'occasion de l'Expo, devra accueillir des invités, des fonctionnaires
supérieurs des corps policiers qui viendront ici pour la surveillance
des différents pavillons de l'Expo.
Alors, voilà, M. le Président, en quelques mots, disons,
le détail des sommes prévues au poste budgétaire 4.
Maintenant, sur l'ensemble, si le député de Verdun a des
questions à poser, je pourrai lui répondre, sinon nous pourrons
commencer l'article: traitements et indemnités. Il verra là,
comme je l'ai noté dès le début, l'augmentation
d'effectifs. L'an dernier, il y avait 3,268 employés à la
Sûreté provinciale et nous voulons en porter le nombre à
3,697.
M. LE PRESIDENT: L'article 1.
M. WAGNER: Alors, un instant, pendant que nous sommes dans les
généralités, je pense, M. le Président, qu'il
faudrait profiter de cette étude des prévisions
budgétaires de la sûreté provinciale, non pas seulement
pour justifier les demandes qui sont faites pour l'année qui vient, mais
surtout pour établir clairement le travail effectué par la
Sûreté provinciale, les problèmes auxquels la
sûreté provinciale a eu à faire face et ses
problèmes actuels. Je sais d'expérience que la
sûreté a l'habitude de remettre un rapport complet de ses
activités de l'année, un rapport qui permet à la
population si la population en est avisée de
connaître le travail qui s'est effectué. Et je vous soumets
qu'à ce moment-ci je voudrais interroger le ministre sur le travail de
la sûreté durant l'année ainsi que l'an passé, parce
que nous couvrons actuellement deux années. Si c'était possible,
si les règlements ne le défendent pas, j'aurais
préféré que le ministre dépose les deux rapports de
la Sûreté provinciale afin qu'on puisse les examiner.
M. BERTRAND: Si le député de Verdun me permet, le
rapport pour l'année 1965 m'a été remis
dernièrement et je dois dire que le rapport pour l'année 1966
je n'ai ici qu'une copie de ce rapport je vais donner les
chiffres pour les deux années; rapport annuel pour le résultat
des enquêtes criminelles en 1965 et rapport annuel sur le résultat
des enquêtes criminelles en 1966.
M. WAGNER: Dans tous les domaines.
M. BERTRAND: Dans tout le Québec pour
l'année...
M. WAGNER: Parce qu'il est bien important, vous savez, M. le
Président...
M. BERTRAND: Non, non et voici. Vous conviendrez avec moi que ce
rapport n'ajamais été rendu public et c'est pourquoi j'ai
déclaré tout à l'heure que, même si la loi qui a
créé le ministère de la Justice n'impose pas au ministre
le dépôt d'un rapport des activités, c'est mon intention,
d'abord si nous en avons le temps d'amender la loi et d'obliger
le ministre à déposer un rapport comme on le fait dans tous les
ministères, premièrement. Deuxièmement, si nous n'avons
pas le temps d'apporter d'amendements, j'ai demandé quand même
à mes officiers d'avoir prêt, pour l'ouverture de la prochaine
session, dans les premiers jours en autant que possible, un rapport des
activités du ministère de la Justice. Pour les gens, la justice
c'est toujours une chose mystérieuse. L'administration de la justice,
ça semble recéler tant de secrets, tant de cachettes et si l'on
veut que la population soit bien informée, l'idée de la
publication d'un rapport au moins permettra aux gens de se rendre compte des
activités du ministère. Premièrement. Et,
deuxièmement, à l'aide des statistiques, on pourra voir que le
crime, malheureusement, au lieu de diminuer, augmente. C'est pourquoi...
M. WAGNER: Ce qui est important, ce n'est pas tellement le crime
que l'action contre le crime. Si l'action contre le crime est maintenue...
M. BERTRAND: J'ai eu l'occasion, lors d'une rencontre avec les
policiers à Montréal, lors de la réunion de leur
comité de bienfaisance, de leur dire toutes mes félicitations
d'abord et mes hommages pour le travail ardu qu'ils accomplissent, travail
excessivement ingrat que tout corps de police doit accomplir et en particulier
la sûreté provinciale.
J'ai eu l'occasion, à ce moment-là, de leur dire le bien
que je pensais d'eux et il en est dans ce domaine comme dans tous les autres.
Ce n'est pas à cause de quelques exceptions que l'on ne doit pas
considérer comme très effectif le travail de notre
Sûreté provinciale, travail qui rayonne aux quatre coins de la
province. Et je veux le redire qu'ils méritent beaucoup de la population
et j'invite la population à coopérer avec la police pour que les
lois soient respectées. Il est du devoir du ministre de voir à
l'application des lois. Chacun a sa tâche à accom- plir, la police
a la sienne. Et mes relations avec le directeur de la Sûreté ont
toujours été excellentes, de même qu'avec celui qu'il m'a
recommandé comme directeur-adjoint, M. Courtemanche, comme avec tous les
autres d'ailleurs.
Et en donnant ce rapport annuel sur le résultat des
enquêtes criminelles, en 1965, je constate qu'il y a eu, en tout, 7,836
poursuites. Il y a eu des condamnations, il y a eu des causes qui
étaient reportées d'une année, disons de 1964 à
1965, c'est ce qui explique le nombre de condamnations: 9,077; plaintes
retirées, en 1965, 193; plaintes renvoyées, 570; en suspens ou
sous enquête, 1,813. Quant aux personnes inculpées chez les
hommes, 6,433; chez les femmes, 220; chez les garçons
(juvéniles), 1,157; les jeunes filles, 26. Total des dossiers ouverts,
19,521. Cela, ça comprend l'année de calendrier 1965.
Pour 1966, poursuites, toute l'année du calendrier 1966, c'est
donc du 1er janvier 1966 au 31 décembre 1966. Poursuites, 9,461;
condamnations, 9,241; plaintes retirées, 282; plaintes renvoyées,
681; en suspens ou sous enquête, 5,631; personnes inculpées, chez
les hommes, 7,658; chez les femmes, 299. Et, ce que l'on appelle, disons chez
les jeunes, jeunes garçons, 1,476; chez les filles, 28. Total des
dossiers ouverts, 18,889.
M. le Président, d'abord la nature d'abord de l'enquête, je
peux donner peut-être en gros les chiffres les plus élevés.
Par exemple, entraver ou résister ou négliger à aider un
agent de la paix: 120 pouruistes, 114 condamnations; tapage, coups de feu,
gêner la circulation, troubler la paix, exposition de choses
indécentes dans un endroit public; poursuites, 480, condamnations, 410.
C'est en 1965. Tenir des maisons de jeu ou pari, trouvés dans une maison
de jeu ou pari; poursuites 633, condamnations 706. C'est qu'il y avait des
causes de l'année 1964 qui avaient été continuées.
La liste serait longue; tentatives de vol qualifié, de vol avec violence
et vol à main armée; poursuites, 178, condamnations, 128, et, en
suspens ou sous enquête, 73.
M. WAGNER: M. le Président, ces chiffres-là sont
très élémentaires.
M. BERTRAND: Je vais les donner, si vous voulez pour 1966. Il y a
eu, par exemple: tenir des maisons de jeu ou de pari, trouvés dans une
maison de jeu, 809 poursuites, 729 condamnations. Vol qualifié, vol avec
violence, vol à main armée: 187 poursuites, 227 condamnations. Je
pense, M. le Président, qu'il y aurait intérêt que ces
statistiques, autant pour l'année 1965 que pour l'année 1966,
soient publiées. Je pense qu'il est d'ordre public que l'on sache...
M. WAGNER: C'est pour cela que je voulais...
M. BERTRAND: ... et voici l'idée du livre et du rapport
des activités. Si mon souvenir est bon, dernièrement, le
directeur de la Sûreté municipale à Montréal a
donné des chiffres sur les activités de la sûreté
municipale à Montréal. Je pense qu'il serait bon qu'on les fasse
connaître également au public. J'ai souvenir, alors que
j'étais étudiant, d'avoir travaillé à la cour
juvénile à Montréal, la cour des jeunes délinquants
et nous faisions un relevé annuel de toutes les causes. Ces
statistiques-là sont-elles publiées? Je ne crois pas qu'elles
l'aient été. Mais en dehors de Montréal, à
Québec, ça n'a jamais été la coutume de rendre
publiques ces statistiques. Je pense qu'il y aurait lieu de le faire et je
viens à peine, M. le Président, de recevoir de mes agents, le
rapport pour l'année 1966, les deux personnes qui représentent la
Sûreté provinciale de Montréal, MM. Racine et Tellier. Ces
statistiques-là, à ce que l'on me rapporte, ne sont pas
publiées chaque année. Elles sont publiées, à ce
qu'on me dit, globalement, dans le volume annuaire statistique du
Québec. On les fait parvenir au ministère de l'Industrie et du
Commerce. Ce sont eux qui les publient et je pense qu'il y aurait
intérêt, lors de la présentation du rapport des
activités du ministère de la Justice, de les publier, sous le
chapitre, « Activités de la Sûreté provinciale
».
M. WAGNER: Le but de ma question, M. le Président,
n'était pas uniquement d'obtenir des chiffres. Mais, sachant que la
Sûreté donne au ministère de la Justice un rapport complet
de ses activités, énonçant les différentes
activités, les différents réseaux qui ont
été brisés, par exemple, réseaux de vols d'autos,
réseaux de faillites, réseaux d'incendies, etc. Comme nous
parlons actuellement de 1965 et 1966, je pense qu'il serait important que le
ministre, à ce stade-ci, nous révèle ce que contient le
rapport de la Sûreté provinciale, afin que nous soyons
fixés sur le travail effectué...
M. BERTRAND: Voici...
M. WAGNER: ... et que nous sachions, que loin d'être
inactive, la Sûreté provinciale a fait son devoir, qu'il ne faut
pas la juger par des événements malheureux qui sont survenus
dernièrement et qu'il ne faut pas croire que la Sûreté n'a,
à son bilan, que des comparutions devant les tribunaux, qu'elle a
beaucoup plus que ça, qu'elle a travaillé dans
l'intérêt de la société depuis deux ans. Et ces
rapports que je demande pourraient justifier ce que je demande.
M. BERTRAND: Maintenant, si le...
M. WAGNER: Parce qu'il est évident qu'à ce
moment-ci, il faut reconnaître le prestige de la Sûreté
provinciale et le bien que la Sûreté provinciale fait actuellement
dans la province de Québec. Pour le reconnaître, il faut que nous
ayons en notre possession ces renseignements-là, parce que le public est
porté, parfois, à s'arrêter à certaines manchettes
ou à certains articles des journaux. Le public est porté, par
exemple, à croire ou à prendre à pied levé les
parjures qu'on entend devant les tribunaux et qui réussissent à
monopoliser, à paralyser des équipes entières d'officiers
dévoués à la chose publique, à les paralyser
pendant plusieurs mois devant les tribunaux. A ce moment-là, je
considère qu'il n'y a pas de plus grande injustice faite à la
société du Québec que de paralyser ainsi les forces
policières devant les tribunaux sur la foi de parjures.
M. BERTRAND: M. le Président, il y a, à l'heure
actuelle, devant les tribunaux, des causes. Mon collègue sait comme moi
que ces causes-là vont être jugées. Il ne m'appartient pas,
à moi, de rendre jugement. Je suis ministre de la Justice, je ne suis
pas juge. Mais quant aux renseignements dont il parle, l'an dernier, entre
autres, le directeur de la sûreté municipale lui-même
n'était pas satisfait de ses statistiques, parce qu'il n'avait pas ce
qu'il fallait en vue de dresser, d'une manière très
précise, ses statistiques ou le bilan. C'est pourquoi nous avons, comme
première étape, cette année, le traitement
électronique des données en vue de mécaniser les
activités de la Sûreté dans le domaine criminel, de
manière à avoir des renseignements précis sur les faits
criminels, sur les individus et des renseignements également sur les
conséquences. C'est pourquoi c'est une initiative nouvelle qui comporte
au budget une dépense de $50,000 et les deux officiers qui
représentent la Sûreté ici aujourd'hui, je les ai
nommés tantôt, me disent que le rapport qui a été
présenté l'an dernier ne donnait pas satisfaction au directeur de
la sûreté provinciale.
M. WAGNER: C'est-à-dire, ne lui donnait pas satisfaction
au...
M. BERTRAND: Ne lui donnait pas satisfaction.
M. WAGNER: Un instant. Ne lui donnait pas satisfaction au point
de vue de statistiques scientifiques, très bien. Mais au point de vue de
la description des activités de la Sûretédurant
l'année, je pense bien que ça donnait satisfaction.
M. BERTRAND: C'est que la statistique n'était pas
précise.
M. WAGNER: Oui, oui, je comprends, au point de vue de la
statistique.
M. BERTRAND: Alors, le directeur, cette année... C'est
pourquoi, d'ailleurs, le rapport de 1966 a été
complété, il y a à peine une semaine.
M. WAGNER: Oui, mais je veux faire comprendre au ministre que ce
ne sont pas les statistiques...
M. BERTRAND: Je comprends, je comprends très bien les
remarques du député de Verdun...
M. WAGNER: Dans le rapport de la Sûreté...
M. BERTRAND: ...très, très bien ses remarques.
M. WAGNER: ... on explique clairement, par exemple, comment le
réseau de vols d'autos de Brossardville a été
démembré, de quelle façon le réseau de Saint-Jean,
le réseau de Valleyfield et ailleurs etc. On explique très bien
ce qui a été fait en matière de fraude, on explique au
point de vue faillite, on donne tous les noms, les activités, ça,
il faut le rendre public.
M. BERTRAND: Le député de Verdun peut être
sûr que la police va accomplir, continuer à accomplir sa
tâche qui est d'une ampleur considérable, va continuer à
essayer de déceler, par tous les moyens honnêtes et légaux,
les criminels, les crimes...
M. WAGNER: Ce n'est pas le but de... M. BERTRAND: ... les
rechercher...
M. WAGNER: Ce n'est pas le but de ma question. Est-ce que le
ministre a compris ma question?
M. BERTRAND: Oui, j'ai très bien compris votre
question.
M. WAGNER: Ah! Est-ce qu'il a objection? M. BERTRAND: Aucune, je
l'ai... M. WAGNER: Bon.
M. BERTRAND: ... dit, c'est pourquoi nous améliorerons
justement...
M. WAGNER: Est-ce que le ministre est prêt à rendre
publiques les activités de la Sûreté en 1965 et en 1966,
activités décrites au long et au large dans deux rapports soumis
au ministère de la Justice?
M. BERTRAND: On me dit que ni pour 1965, ni pour 1966, à
l'aide des statistiques... Je pourrais, par exemple, donner ici ces
activités policières, de l'escouade des homicides pour
l'année 1966. Une liste de meurtres survenus et enquêtes par notre
personnel au cours de l'année 1966, ceci comprend 18 meurtres dont un
seul non résolu, c'est pour toute l'année 1966, même
après le 5 juin.
M. WAGNER: Il yena deux qui attendent depuis plusieurs
mois...
M. BERTRAND: Même après le 5 juin. M. WAGNER: ...
à Québec et à Hauterive.
M. BERTRAND: Même après le 5 juin. Alors, il y a ici
toute une série...
M. WAGNER: Il y a deux jeunes filles qui semblent avoir
été tuées dans des circonstances assez cruelles.
M. BERTRAND: ... de dossiers...
M. WAGNER: Il me semble que l'on devrait presser
l'enquête...
M. BERTRAND: ... toute une série de dossiers...
M. WAGNER: ... et faire aussi bien qu'on a fait dans l'affaire de
Denise Therrien.
M. BERTRAND: Le ministre de la Justice, pas plus que la
Sûreté provinciale du Québec, ne veut empêcher que
les causes soient entendues, jugées le plus rapidement possible. Il ne
faudrait toujours pas laisser les gens sous l'impression que, parce qu'il y a
une remise de cause, c'est de la faute du ministre ou du sous-ministre ou des
officiers ou des agents de la Sûreté. Il y a une foule de raisons
qui parfois, militent en faveur de la remise d'une cause.
M. WAGNER: Entre autres, les avocats de la défense.
M. BERTRAND: Et parfois les procureurs de la Couronne.
M. WAGNER: Cela, c'est la responsabilité du
ministère,
M. BERTRAND: Parfois les procureurs de la Couronne. Il y en a qui
peuvent être malades, il y en a qui peuvent avoir des raisons
personnelles et familiales, eux aussi, de ne pas être présents
à telle cour.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre n'admet pas qu'il est de sa
responsabilité à lui, comme ministre de la Justice, que les
causes soient plaidées devant les tribunaux comme elles doivent se
plaider? Et que, par exemple, dans une cause qui se poursuit à
Montréal depuis au-delà, quoi, quinze semaines peut-être,
est-ce que le ministre ne croit pas qu'il est de sa responsabilité de
dire, de donner ses instructions au procureur spécial de la
Couronne?
M. BERTRAND: Les instructions qui ont été
données, c'est de faire marcher cette cause-là le plus rapidement
possible.
M. WAGNER: Comme ça les instructions n'ont pas
été suivies?
M. BERTRAND: Mais il ne faut pas oublier une chose. Il y a dans
notre système démocratique, ce que l'on appelle la division des
pouvoirs. Il y a le pouvoir judiciaire, il y a le pouvoir législatif et
le pouvoir exécutif.
M. WAGNER: Je pense bien que nous sommes tous d'accord
là-dessus.
M. BERTRAND: Bon. A ce moment-là, le ministre de la
Justice n'a aucune autorité et ne doit pas en exercer vis-à-vis
un juge.
M. WAGNER: Non, mais vis-à-vis son procureur de la
Couronne, par exemple.
M. BERTRAND: Son procureur de la Couronne à
Montréal, nous lui avons demandé de procéder le plus
rapidement possible avec ces causes-là. Nous avons intérêt
et avantages à ce que la justice soit expéditive Et nous
n'en sommes, dans cette affaire-là, qu'au stade de l'enquête
préliminaire. Alors nous avons tous intérêt à
ce que la cause procède le plus rapidement possible parce que ça
bloque l'audition d'autres causes. Mais toutefois, autant pour ceux qui ont une
défense à faire, à présenter, et l'on sait que les
procureurs qui représentent là des accusés qui sont des
policiers, à l'exception de Me Jean Bienvenue, qui est
député et qui ne peut pas être
rémunéré, sont rémunérés par le
ministère de la Justice.
Le député de Verdun sait également, on l'a
noté l'autre jour en Chambre, que pour les poursuites civiles qui ont
été prises contre lui, le geste que j'ai posé, sans qu'il
ne me le demande; j'ai été heureux de le faire et si jamais,
comme ministre de la Justice, j'étais poursuivi dans l'exercice de mes
fonctions, quel que soit le futur ministre de la Justice, je pense que c'est
une coutume que l'on doit établir et respecter que quelqu'un qui joue un
rôle public reçoive de la part de l'Etat son appui de
manière à lui fournir les services d'un avocat de son choix,
comme le député de Verdun l'a fait et comme je l'ai
accepté. Nous avons fait la même chose pour les policiers, M. le
Président, qui sont, à l'heure actuelle, devant les tribunaux.
Ils ont choisi eux-mêmes leur procureur, le seul, malheureusement
à cause, comme on le sait, de la loi de la Législature que
nous ne pouvons pas rémunérer, c'est Me Jean Bienvenue,
député de Matane. Tous les autres sont payés par le
ministère de la Justice. J'ai hâte que cette cause-là, que
l'enquête au moins prenne fin.
M. WAGNER: Est-ce que le procureur spécial de la couronne
ne fait pas rapport régulièrement au ministère de la
Justice, dans cette cause-là?
M. BERTRAND: Il fait rapport au sous-ministre associé en
matière criminelle, Me Yvan Migneault...
M. WAGNER: Et, est-ce qu'il n'indique pas... M. BERTRAND: ... et
au sous-ministre.
M. WAGNER: ... au sous-ministre quelle preuve il entend soumettre
et quelles seront les conséquences de la preuve qu'il entend
soumettre?
M. BERTRAND: Non, dans ce domaine-là, la procédure
régulière est suivie.
M. WAGNER: Oui.
M. BERTRAND: Il soumet la preuve.
M. WAGNER: Alors, dois-je comprendre que le ministre de la
Justice ou son représentant au ministère connaissait pertinemment
la qualité de preuve qui serait présentée?
M. BERTRAND: Personnellement, la qualité de preuve? On
juge de la qualité d'une preuve quand elle est présentée.
Personne ne peut la juger auparavant; c'est pourquoi il existe des tribunaux
où les faits sont étalés et, je le sais, mal-
heureusement, les journaux donnent un rayonnement à certaines
déclarations qui sont faites. Les journaux jouissent de la
liberté de lapresse; on ne peut pas les empêcher de publier ce qui
se passe devant les tribunaux. Mais quant à la preuve elle-même,
il n'appartient pas, du moins au ministre de la Justice, pas plus qu'au
sous-ministre, d'intervenir dans ce domaine-là.
M. WAGNER: Alors, je vais être plus précis, M. le
Président, est-ce qu'il n'est pas exact que le ministère de la
Justice savait pertinemment, avant que l'enquête préliminaire ne
commence, quelle était la nature du témoignage de Jean-Jacques
Gagnon?
M. BERTRAND: Non.
M. WAGNER: Le ministre me dit que le ministère
n'était pas au courant...
UNE VOIX: D'une manière précise...
M. BERTRAND: Bien oui, il ne faut pas oublier une chose, c'est
qu'il y a eu dans ce domaine-là une préenquête.
M. WAGNER: Ah! c'est pour cela que je pose la question.
M. BERTRAND: Il y a eu une préenquête.
M. WAGNER: Je demande si à la suite d'une
préenquête, le ministère n'a pas été mis au
courant du témoignage rendu par Jean-Jacques Gagnon.
M. BERTRAND: A ce moment-là, le juge...
M. WAGNER: Est-ce que le ministère a été mis
au courant?
M. BERTRAND: A ce moment-là, le ministère a
été mis au courant, le sous-ministre a été mis au
courant de la preuve qui avait été faite à la
préenquête.
M. WAGNER: Est-ce que le ministère n'a pas fait
enquête sur le témoignage de Jean-Jacques Gagnon?
M. BERTRAND: A ce moment-là, il s'agit de savoir devant le
juge s'il dit la vérité ou non.
M. WAGNER: Je demande au ministre...
M. BERTRAND: Il peut être accusé. Je ne suis pas
juge.
M. WAGNER: Non, non, mais c'est vous qui portez les plaintes.
M. BERTRAND: Les plaintes ont été portées
à la suite d'une préenquête; on portera le jugement que
l'on voudra sur la pré enquête.
M. WAGNER: Je demande au ministre s'il n'est pas exact que le
ministère connaissait la preuve soumise à la pré
enquête?
M. BERTRAND: Le sous-ministre et le sous-ministre associé
connaissaient la preuve.
M. WAGNER: Je demande au ministre s'il n'est pas exact que des
plaintes de parjure devaient être portées contre Jean-Jacques
Gagnon, avant qu'il ne témoigne à l'enquête
préliminaire?
M. BERTRAND: Le juge à la préenquête a
refusé de...
M. WAGNER: ... de signer les dépositions, cela je le
sais.
M. BERTRAND: ... signer les dépositions.
M. WAGNER: Mais, malgré cela, est-ce qu'il n'est pas
exact...
M. BERTRAND: A ce moment-là...
M. WAGNER: ... que le ministère a été
avisé de porter des plaintes.
M. BERTRAND: ... j'ai demandé à mon sous-ministre
si, à la suite des renseignements que vous avez, vous croyez opportun,
étant donné tout ce que vous savez, de faire porter des plaintes
immédiatement. Et le jugement a été: il est probablement
préférable d'attendre l'enquête préliminaire de
manière justement à voir si il n'y aura pas lieu d'aller encore
plus loin au sujet de la déposition tant devant la
préenquête qu'à celle qui peut être donnée
àl'enquête préliminaire. Alors j'ai vu, à un moment
donné, le député de Verdun qui est sans doute au courant,
ce problème-là a été discuté avec son
procureur.
M. WAGNER: Mais n'est-il pas exact que deux des trois procureurs
ont avisé le gouvernement de porter des plaintes de parjure contre
Jean-Jacques Gagnon?
M. BERTRAND: A ce moment-là, catégoriquement, comme
le député de Verdun le dit: Non!
M. WAGNER: Alors comment?
M. BERTRAND: C'était d'attendre et j'en ai discuté
il y a eu des noms qui ont été mentionnés à
la préenquête et à ce moment-là, le
sous-ministre et d'autres ont dit: Il est probablement préférable
d'attendre pour voir quel sera son témoignage, s'il y a présence
de ce témoin lors de l'enquête préliminaire. Alors on sait
que Gagnon a non seulement cette accusation mais il en a également
d'autres, à ce qu'on me rapporte je n'ai pas eu personnellement
l'occasion de lire le témoignage à l'enquête
préliminaire et il l'a déclaré dans les journaux, nous
parlons d'une cause sub judice à l'heure actuelle. Il a dit...
M. WAGNER: Nous en parlerons au seul endroit où nous
pouvons en parler, où nous avons l'immunité parlementaire.
M. BERTRAND: ... il a dit... Maisoui, mais il a dit qu'il avait
menti dix milles fois.
M. WAGNER: Alors est-ce que ce n'est pas suffisant pour que le
ministère porte des plaintes de parjure?
M. BERTRAND: A l'heure actuelle, les officiers n'ont jamais
été, n'ont jamais eu de ma part d'obstacle au sujet de plaintes
de parjure à porter contre aucun témoin. Alors...
M. WAGNER: Excepté que les plaintes n'ont pas
été portées.
M. BERTRAND: C'est à eux, autant à Montréal,
de juger suivant les circonstances si les plaintes doivent être
portées. Quand un bonhomme, comme il l'a lui-même
déclaré, dit: J'ai menti dix mille fois et chaque fois que je
suis en cause ou que mon intérêt est en jeu, je mens. C'est un peu
la substance de son témoignage, à ce moment-là, je pense
et c'est également un accusé qui doit subir d'autres
procès. Il en a un à Sherbrooke, je pense, une accusation de
meurtre: il est, à part cela, condamné à vie au
pénitencier. Alors voilà un cas malheureux, c'est clair.
M. WAGNER: Oui, c'est un cas malheureux.
M. BERTRAND: Qu'on s'entende bien. Quand je dis un cas
malheureux, c'est dans le sens que voilà un bonhomme qui a
démontré devant l'opinion publique, surtout par les
déclarations qu'il a faites, le poids ou la valeur que l'on peut donner
à ses témoignages. C'est sûr.
M. WAGNER: Est-ce que le ministère, le ministre ou le
sous-ministre ont été consultés par le procureur
spécial, Me Guérin, au moment où il a bataillé pour
que le huis clos ne soit pas imposé?
M. MALTAIS: M. le Président, si vous le permettez, je
soulève un point d'ordre...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Limoilou...
M. BERTRAND: Voici, je ne voudrais pas, non pas que je veuille
empêcher le député de Verdun de parler, mais là,
j'aimerais mieux, autant que possible, qu'on suive l'ordre. Je n'aurais pas
d'objection à ce qu'on continue là-dessus quand il s'agira de
poursuites criminelles. On est sur la Sûreté.
M. WAGNER: Oui, mais comme on parle de la
Sûreté...
M. BERTRAND: Oui, j'ai dit que pour les policiers qui sont
là, le geste qui a été posé par le ministère
et j'ai dit également le geste qui a été posé pour
les autres qui ont pu être poursuivis au sujet d'actes qu'ils auraient
posés lorsqu'ils exerçaient la fonction de ministre de la
Justice...
M. WAGNER: Je veux seulement terminer par une ou deux questions.
Je veux demander au ministre peut-être qu'il ne le sait pas
si son procureur spécial, étant au courant de ce
témoignage antérieur de Gagnon, témoignage qui
était un parjure, a demandé des instructions pour exiger du juge
que le huis clos ne s'applique pas à une certaine partie du
témoignage de Jean-Jacques Gagnon. Le ministre peut-être, ou le
sous-ministre doit se rappeler qu'au moment où Jean-Jacques Gagnon, dans
son témoignage, a fait allusion à l'ancien ministre de la
Justice, la défense s'est objectée et a demandé le huis
clos, comme le huis clos avait été ordonné pour des
membres de la pègre. Et le procureur spécial de la couronne a dit
au juge: Ah, non, il faut que ça soit public! Et il a bataillé
pour que ça soit public, connaissant fort bien d'avance quel serait le
témoignage de ce repris de justice, Jean-Jacques Gagnon. Alors, moi, je
veux savoir si c'est venu à la connaissance du ministre?
M. BERTRAND: Non.
M. WAGNER: Ce n'est pas venu à la connaissance du
ministre. Et à la connaissance de quelqu'un?
M. BERTRAND: A ce moment-là, le député de
Verdun admettra, surtout à la suite des propos tenus par ce même
témoin devant le tribunal... Je le répète, il a
lui-même déclaré qu'il mentait dix mille fois et qu'il
avait menti peut-être dix mille, peut-être quinze mille fois, je ne
le sais pas moi...
M. WAGNER: Alors, à ce moment-là, ce n'est pas le
témoin que m'intéresse.
M. BERTRAND: A ce moment-là, vous êtes devant un
individu qui est condamné à vie, qui doit aller subir d'autres
procès devant d'autres juridictions à Sherbrooke. Alors, il n'y a
aucun doute que des procédures de parjure serontpri-ses à
l'endroit de M. Gagnon.
M. WAGNER: Bien. Avant la fin de l'enquête?
M. BERTRAND: Il appartiendra à mes officiers d'agir
suivant les circonstances; ils sont libres. Je l'ai dit dès le
début de cette enquête et même à l'occasion de la
préenquête. Les quelques renseignements que nous avons pu obtenir,
à un moment donné... Le sous-ministre a été
témoin en présence de vos procureurs. Toute la liberté
leur a été donnée d'agir et on a été
d'opinion, du moins au ministère, qu'il valait mieux attendre,
étant donné la qualité de l'individu qui était
là.
M. WAGNER: Le ministre comprend bien ce que je veux lui dire,
c'est que le procureur spécial, connaissant cette preuve
erronnée, a sollicité la permission de faire entendre ce
témoin-là, et s'est bataillé pour que le huis clos ne soit
pas imposé, sachant fortement quelle serait la phrase qui serait
échappée, comme par mégarde, par le témoin.
M. BERTRAND: Si le député de Verdun me permet,
est-ce que ces faits-là n'étaient pas sortis même
auparavant?
M. WAGNER: Ah non! Certainement pas à la
préenquête, pas publiquement. Certainement pas publiquement. Seul
le ministère de la Justice le savait.
M. BERTRAND: Non, il y a eu certaines indiscrétions de
commises à l'occasion de la pré-enquête et je sais
si mon souvenir est bon qu'il y a même eu, à la radio
à Montréal, mention de noms durant la préenquête. Il
y a eu des indiscrétions qui ont été commises et, à
ce moment-là, je n'avais pas personnellement entendu cette
émission. Mon sous-ministre en a eu écho, a porté les
faits à mon attention et c'est à cette occasion-là
je pense que c'est dans le mois de décembre vers la fin de
décembre ou au début de janvier que nous avons eu une
rencontre avec les procureurs qui représentaient le ministère de
la Justice à la préenquête et on sait dans quel
climat...
M. WAGNER: Je voulais tout simplement, et je termine, souligner
au ministre quels résultats ont donné le comportement et
l'attitude du procureur spécial de la couronne dans cette
affaire-là. Le ministre peut très bien dire maintenant, quelques
semaines plus tard, évidemment: Le témoin admet qu'il a menti dix
mille fois.
M. BERTRAND: A peu près en même temps.
M. WAGNER: Mais, le lendemain du témoignage à
l'enquête préliminaire, la manchette dans les journaux
n'était pas celle qu'on a eue quinze jours plus tard. Le dommage qui a
pu être causé par l'insistance duprocureur spécial de la
couronne à exiger que ça ne soit pas entendu à huis clos,
par exception, est un dommage permanent.
M. BERTRAND: Mais le député de Verdun, je ne le
blâme pas, il est sensible quant à sa réputation. Mais
lorsqu'à l'occasion d'émissions télévisées
il dit, par exemple: Est-ce que le ministre de la Justice actuel a quelqu'un
à protéger? Ce sont là des insinuations qui aux
yeux...
M. WAGNER: Quand je pose la question, c'est en Chambre.
M. BERTRAND: Non, non, qu'onmelaisse... J'ai laissé le
député de Verdun parler. Quand on dit: Y-a-t-il des gens à
protéger? A-t-il quelqu'un à protéger? Il laisse par cela
entendre et il conviendra avec moi que c'est une insinuation qui cause...
M. WAGNER: C'est une question, ce n'est pas une insinuation.
M. BERTRAND: Bien voyons! Voyons!
M. WAGNER: Parce qu'à aucun moment
l'intégrité et la sincérité du ministre actuel
n'ont été mises en doute.
M. BERTRAND: Non, mais les propos que tient aujourd'hui...
M. WAGNER: Il y a des gestes qui sont survenus dans
l'administration de la Justice qui nous forcent à nous poser des
questions, et j'y arriverai dans quelques instants.
M. BERTRAND: ... les propos,... qu'il me laisse au moins
répondre. Le député de Verdun a parlé pendant
quelques minutes, qu'il me laisse au moins répondre. Ses allusions, ses
insinuations aujourd'hui, il ajoute: J'admets l'intégrité et la
sincérité du ministre de la Justice. Il n'a pas dit ça
à la télévision l'autre soir lorsqu'il en a parlé.
Il ne l'a pas dit non plus en Chambre. Et il y a eu des titres dans les
journaux. Il y a eu des photos autour du ministre actuel de la Justice. A-t-il
quelqu'un à protéger?
M. WAGNER: Le ministre va être obligé de s'habituer
parce que, moi, pendant deux ans, j'ai connu les journaux et les titres.
M. BERTRAND: Ah! je m'habitue aux critiques.
M. WAGNER: J'ai connu les journaux et les titres et il faut se
« carapacer » à un moment donné.
M. BERTRAND: Oui! Ma carapace est pas mal solide. Mais
étant donné qu'on est en face l'un de l'autre, c'est le temps de
s'expliquer.
M. WAGNER: Il y a une expression anglaise qui dit: « If the
cook doesn't like the heat in the kitchen, he has just get out of it
».
M. BERTRAND: He can take the heat of the kitchen but they are
things that you won't take. Ce sont des insinuations que ces choses-là.
Que l'on interroge, que l'on demande des renseignements en toute bonne foi,
suivant les renseignements qui me sont fournis parmi les officiers, je
répondrai sans embages. Alors, le député de Verdun a-t-il
d'autres questions à poser sur la sûreté provinciale?
M. WAGNER: J'en aurais plusieurs, je ne fais que commencer.
J'aurais voulu que le ministre dépose ce rapport détaillé
des activités de la sûreté provinciale, afin qu'on soit en
mesure d'apprécier le travail accompli.
M. BERTRAND: Il conviendra avec moi qu'il ne l'a pas
déposé en 1964 ni en 1965 ni en...
M. WAGNER: En 1964, je n'y étais pas.
M. BERTRAND: En 1965?
M. WAGNER: En 1965 nous l'avons préparé. Nous ne
l'avons pas déposé. Il n'y a personne de l'Opposition qui nous
l'a demandé. Cela m'aurait fait bien plaisir de le déposer.
M. BERTRAND: Est-ce qu'il faut attendre? Quand j'ai
mentionné tantôt qu'il y aurait un rapport sur les
activités du ministère, je n'ai pas attendu que le
député de Verdun me le demande, je l'ai annoncé dès
le début.
M. WAGNER: Oui, mais le ministre a probablement eu connaissance
qu'on avait préparé un rapport semblable au mois de mars
dernier.
M. BERTRAND: Non. A tout événement, si on a
d'autres questions à poser sur la Sûreté, nous sommes ici
pour répondre...
M. WAGNER: Oui. Jusqu'à quelle heure doit-on
siéger?
M. BERTRAND: ... en suivant, M. le Président, les
articles. Nous pouvons ajourner et reprendre à huit heures.
M. WAGNER: Est-ce qu'il faut absolument continuer tout ça
ce soir?
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai des besognes à
accomplir moi aussi et je me plie à mes devoirs et je serai ici à
huit heures ce soir. Je vous demande l'ajournement pour permettre aux gens
d'aller souper et de prendre une détente. A huit heures.
M. LE PRESIDENT: Le comité ajourne ses travaux
jusqu'à huit heures.
Reprise de la séance à 8 h 18p.m.
M. BERGERON (président du comité des
crédits): A l'ordre, messieurs!
M. BERTRAND: Je pense que nous avons quorum. Alors, nous sommes
au poste budgétaire 4, Sûreté provinciale; article «
traitements et indemnités ».
M. WAGNER: Avant l'article, nous étions encore une fois
dans des remarques d'ordre général et, à l'invitation du
ministre de la Justice, j'avais quelques questions à vous poser. Nous
avions abordé sommairement des témoignages de cour...
M. BERTRAND: Maintenant, je vais vous faire remarquer, M. le
Président, immédiatement qu'on a pu attaquer ces sujets-là
mais qu'il y a dans les règlements l'article 680. Toute question
susceptible de préjudicier un procès pendant est interdite. C'est
une règle qui est dans nos règlements et qui doit recevoir son
application. Quelles que soient les causes, quels que soient les
accusés, quels que soient les bons motifs que l'on puisse invoquer
à l'appui d'une question, ce n'est pas parce qu'ici nous jouissons de
l'immunité parlementaire que nous devons en profiter pour poser des
questions qui peuvent être susceptibles, comme le dit le
règlement, à l'article 680, depréjudicierunprocès
pendant et l'on comprend aisément les raisons à l'appui. Alors,
dans les circonstances, M. le Président, je vous demande d'appliquer le
règlement.
M. WAGNER: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
poursuivre davantage et je n'ai pas l'intention de parler de l'enquête
préliminaire qui a cours actuellement parce que, comme le souligne bien
le ministre de la Justice, ça pourrait peut-être causer des
préjugés si je parlais de l'enquête préliminaire.
Cependant, je ne peux pas m'empêcher de dire que, quant à la
préenquêle du juge Lagarde, qui, elle, est terminée dans
l'affaire Sicotte, je considère que c'était le pire travesti de
la justice qu'on n'ait jamais connu dans nos annales judiciaires.
M. BERTRAND: Disons donc que, quant à moi, je
réserve mon jugement.
M. WAGNER: Alors, est-ce que le ministre pourrait
brièvement nous indiquer quels sont les projets de la
Sûreté, les projets ou les initiatives nouvelles que la
Sûreté prépare?
M. BERTRAND: Voici! J'en ai donné cet après-midi,
je ne voudrais pas me répéter. J'ai donné longuement, par
exemple, l'augmentation de l'effectif policier, allocation de risque, promotion
de membres, ouverture d'un garage, agrandissement des quartiers,
équipement de bureau, augmentation de la flotte d'automobiles, service
d'identité judiciaire à Sherbrooke, traitement
électronique des données, achats divers. Et pour chacun de ces
articles, j'ai donné des explications. Alors, je ne voudrais pas; dans
le domaine de la Sûreté là, on sait que de par la
loi...
M. WAGNER: Je peux peut-être préciser.
M. BERTRAND: Voici, si le député de Verdun me le
permet, la loi de la Sûreté fait de la Sûreté
provinciale de Québec un corps, disons, assez autonome et le ministre de
la Justice actuel n'a jamais voulu intervenir, ni de près ni de loin,
dans l'action policière qui relève du directeur
général de même que de tous les officiers de la police.
Alors, dans ce domaine-là, je respecte intégralement la loi de la
Sûreté et ce n'est pas mon intention d'intervenir ni directement
ni indirectement.
M. WAGNER: Sans intervenir...
M. BERTRAND: Mon intention, c'est que nos policiers soient bien
traités, qu'ils reçoivent le salaire que leur mérite leur
périlleuse fonction, qu'ils connaissent un climat sain à tous les
points de vue, la compréhension de leur chef, des autorités. Mais
au-delà de cela, le ministre actuel de la Justice d'ailleurs je
l'ai déclaré cet après-midi a pleine et
entière confiance dans le directeur d'ailleurs et, immédiatement
après ma nomination, il fut un des premiers personnages à venir
à Québec me saluer. Nous avons causé ensemble, nous avons
discuté des problèmes qui intéressent vivement le
député de Verdun: la lutte contre le crime, la lutte contre la
pègre. Et je lui ai dit qu'il recevrait de moi tout l'appui, toute la
coopération, que j'étais au service de la justice comme ministre,
comme il était au service de la justice comme directeur de la
Sûreté.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre ne croit pas qu'il doit exister
une liaison très étroite entre la Sûreté et le
ministère de la Justice?
M. BERTRAND: Etroite dans le sens suivant: que chacun exerce
l'autorité qui lui est dévolue par la loi.
S'il se présente des problèmes ou le directeur de la
sûreté, par exemple, a besoin de moyens nouveaux, de moyens plus
adéquats en vue de la lutte contre le crime, contre la pègre en
particulier, à ce moment-là, il lui appartient de le signaler. Et
je crois que cette liaison doit s'établir et, en fait, elle
s'établit soit par l'intermédiaire du sous-ministre qui le
rencontre assez régulièrement à l'occasion de ses voyages
à Montréal, soit à l'occasion des visites du directeur
à Québec, et en particulier en tout ce qui a eu trait, par
exemple, à l'Expo. Dès les premières rencontres que nous
avons eues, le directeur m'a mis au courant de tous les problèmes
excessivement sérieux de cette préparation à l'Expo. Je
lui ai dit qu'il n'avait qu'à nous présenter ses demandes, que je
me faisais fort de les transmettre sans délai, lorsqu'il y aurait lieu,
par exemple, d'adopter des CT ou des arrêtés ministériels,
qu'il n'y aurait pas de retard et, en fait, c'est de cette façon que
j'ai coopéré.
Deuxièmement, je ne sais pas où veut en venir le
député de Verdun. Est-ce qu'il a une question plus précise
à me poser? Qu'il la pose.
M. WAGNER: Oui. Voici. Il me semble que le rôle du ministre
de la Justice doit dépasser la présentation des CT, l'assurance
des sommes et la surveillance de la sécurité des policiers. Il me
semble que son rôle va beaucoup plus loin que ça. Et si on veut
qu'une lutte efficace soit faite dans tous les domaines qui intéressent
les forces policières, il faut que les forces policières sentent
que le ministre connaît leurs problèmes et qu'il agit
étroitement avec eux.
M. BERTRAND: Mais c'est justement ce qu'il fait.
M. WAGNER: Mais le ministre...
M. BERTRAND: Dès ma première visite, dès ma
première rencontre avec lui, nous avons parlé de tous ces
problèmes-là.
M. WAGNER: Est-ce qu'il existe actuellement au ministère
de la Justice un comité de coordination pour faire la lutte contre le
crime?
M. BERTRAND: Qu'entend le député de Verdun par
comité de coordination?
M. WAGNER: Le ministre sait très bien qu'alors que
j'étais ministre de la Justice, nous avions établi un
comité de coordination, formé des membres de la
sûreté provinciale, de la Gendarmerie royale, de la
sûreté de Montréal, du Fire Underwriters Bureau, qui se
rapportait directement au sous-ministre de la Justice et au ministre.
M. BERTRAND: La même coopération entre tous les
corps policiers existe à l'heure actuelle.
M. WAGNER: Oui, mais est-ce que ce comité-là existe
encore? Est-ce que ce comité-là s'est réuni?
M. BERTRAND: La même coopération existe encore. Le
comité de corrdination s'est réuni combien de fois?
M. WAGNER: Je vous le demande.
M. BERTRAND: Alors que le ministre...
M. WAGNER: Comment? Nous sommes à étudier le budget
actuel.
M. BERTRAND: Une fois, une fois.
M. WAGNER: Nous étudions le budget actuel et une
réunion ici et ensuite des réunions entre les forces
policières elles-mêmes par la suite sous le contrôle
immédiat des procureurs de la couronne, du sous-ministre avec rapport au
ministre. Je demande au ministre si ça se continue.
M. BERTRAND: Le sous-ministre n'a reçu aucun ordre
d'arrêter les travaux qui ont pu être commencés du temps de
mon prédécesseur quant à la coordination des forces
policières.
M. WAGNER: Est-ce que ce comité-là s'est
réuni à Québec?
M. BERTRAND: Il y a eu des réunions entre les corps
policiers.
M. WAGNER: Oui, ça je le sais.
M. BERTRAND: Mais il n'y a eu qu'une réunion à
Québec. C'est la réunion du 13 octobre 1965.
M. WAGNER: Bon, alors, sous le ministre actuel, il n'y a pas eu
de réunion de ce comité de coordination.
M. BERTRAND: Et du 13 octobre 1965 au 5 juin 1966, sous l'ancien
ministre, la coordi-
nation ou les rencontres ont eu lieu entre les corps policiers
eux-mêmes.
M. WAGNER: Ah non, non, non! Si le ministre veut vérifier,
là, je lui permets de vérifier.
M. BERTRAND: Bien, le sous-ministre...
M. WAGNER: Il verra les réunions qui ont eu lieu entre le
procureur de la couronne et les forces policières.
M. BERTRAND; Le sous-ministre est à côté de moi; il
était là et j'en ai fait la louange cet après-midi. Je
pense bien qu'il prendra sa parole, qu'il n'y a eu qu'une seule réunion
à Québec, le 13 octobre 1965.
M. WAGNER: Il n'y a pas eu d'autres réunions sous le
présent ministre de la Justice?
M. BERTRAND: Le ministre de la Justice actuel a demandé au
directeur de la sûreté provinciale, dont c'est la fonction de
mener la lutte contre le crime, sachant qu'il pouvait être appuyé
entièrement par le ministre actuel...
M. WAGNER: Est-ce que la coordination...
M. BERTRAND: Le ministre de la Justice n'est pas un policier.
M. WAGNER: Non! Cela, je comprends bien ça. Je le
comprends parfaitement. Mais, quand même, le ministre de la Justice, avec
les responsabilités qu'il a, pourrait assurer une meilleure coordination
et faciliter cette lutte des forces policières, sans être un
policier. Je parle particulièrement...
M. BERTRAND: J'ai pleinement confiance dans le jugement, la
compétence, l'expérience du directeur de la Sûreté
provinciale, qui travaille en étroite coopération en particulier
avec le directeur de la Sûreté municipale de Montréal et
avec les forces de la Gendarmerie royale.
M. WAGNER: On a vu ce que la coopération donnait dans les
faillites frauduleuses, on a vu ça dans le débat, la semaine
passée.
M. BERTRAND: Voici, si le député veut en parler,
nous en parlerons tantôt. Nous en parlerons aux poursuites
criminelles.
M. WAGNER: Oui. C'est ça. Mais quant à la
coordination du travail...
M. BERTRAND: Je donnerai lecture d'une lettre en provenance du
sous-ministre Ducros, j'en parlerai tantôt.
M. WAGNER: Oui, oui. C'est la même lettre à laquelle
vous avez référé déjà trois ou quatre fois,
et à laquelle M. Johnson a référé en Chambre, Nous
y arriverons tout à l'heure et nous aurons l'occasion d'en discuter. Je
n'ai pas d'objection.
M. BERTRAND: J'ai référé et je vais lire la
lettre au complet.
M. WAGNER: Mais pour le moment, est-ce que le ministre ne sait
pas qu'il y a actuellement à l'Expo, sur les terrains de l'Expo, une
infiltration réelle de la pègre?
M. BERTRAND: C'est clair que la pègre, dans une grande
ville, d'abord...
M. WAGNER: Non, non, je ne parle pas...
M. BERTRAND: ... et que la pègre à l'occasion de
l'Expo peut en profiter davantage. Et, c'est pourquoi il y a sur le terrain de
l'Expo, et j'ai déjà donné ces chiffres-là en
Chambre, il y a sous les ordres de M. Poudrette...
M. WAGNER: Mille cinq cents policiers, agents de l'ordre et de la
circulation...
M. BERTRAND: C'est ça. Bon!
M. WAGNER: Mais le problème du crime organisé
dépasse les 1,500 policiers qui voient à la circulation...
M. BERTRAND: Et deuxièmement, voici, il ne faut toujours
pas exagérer, et deuxièmement, il y a la Sûreté
municipale. Il y a la Sûreté provinciale. Il y a la Gendarmerie
royale. Tous ces corps policiers connaissent les principaux maîtres de la
pègre, connaissent leurs façons d'agir et c'est leur
responsabilité et ils savent, entre autres, en ce qui a trait au
ministre de la Justice quant à la Sûreté provinciale,
qu'ils peuvent compter sur ma pleine et entière coopération.
M. WAGNER: Oui, mais la coopération n'est pas suffisante,
M. le Président. Est-ce que le ministre sait qu'actuellement à
l'Expo des concessions appartiennent à des gens du monde interlope?
M. BERTRAND: Que le député de Verdun les nomme!
M. WAGNER: Est-ce que le ministre de la Justice est au courant de
ça?
M. BERTRAND: Que le député de Verdun les nomme!
M. WAGNER: Est-ce que le ministre de la Justice est au courant de
ça?
M. BERTRAND: Que le député de Verdun les nomme!
M. WAGNER: Pourquoi le ministre de la Justice ne veut-il pas
répondre?
M. BERTRAND: Tout ce domaine-là est sous le contrôle
entier, sur le terrain de l'Expo, de M. Poudrette. M. Poudrette, si un tel
état de choses existe, en a certainement informé, d'abord la
Sûreté municipale de Montréal dont le chef respecté
est le directeur Gilbert, et, deuxièmement, le chef de la
Sûreté provinciale. Alors, je ne vois pas pourquoi...
M. WAGNER: Le ministre dit-il qu'il... M. BERTRAND: ... à
ce moment-ci...
M. WAGNER: ... n'est pas de sa responsabilité?
M. BERTRAND: De la responsabilité de voir que la
Sûreté provinciale s'acquitte de ses devoirs.
M. WAGNER; Bon! Est-ce que le ministre sait et agit devant cette
activité exercée à l'Expo par ce qu'on appelle soit la
Cosa Nostra ou la pègre ou la mafia?
M. BERTRAND: Le député de Verdun dit qu'il y a
à l'heure actuelle des concessionnaires. C'est son devoir, lui qui
parlait tantôt de suggestions constructlves, c'est son devoir, s'il
prétend connaître des faits que le directeur de la
Sûreté provinciale ignore, que le directeur de la
Sûreté municipale ignore, que M. Poudrette qui est en charge de la
sécurité à l'Expo, ou que la Gendarmerie ignore, si tous
ces gens-là ignorent ça et que seul le député de
Verdun le connaît, c'est son devoir de le dire.
M. WAGNER: Je demande au ministre, et c'est une question
sérieuse, si le ministre, qui devrait connaître ce qui se passe
dans la pro- vince au point de vue de la justice, sait qu'actuellement la Cosa
Nostra exerce son activité à l'Expo et que des concessions
appartiennent aux membres de la pègre.
M. BERTRAND: La Sûreté provinciale, si un tel
état de choses existe, est au courant, et il lui appartient d'agir.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre le sait?
M. BERTRAND: Si un tel état de choses existe, il
appartient à la Sûreté provinciale d'agir.
M. WAGNER: Le ministre ignore-t-il si cela existe ou non?
M. BERTRAND: M. le Président, je n'ai plus de
réponse à donner à des questions qui sont teintées,
c'est le cas de le dire, teintées de quoi?
M. LE PRESIDENT: Je crois que...
M. BERTRAND: D'un désir réel de procéder par
insinuations.
M. WAGNER: Je soulève une question de privilège, M.
le Président. Je demande au ministre de retirer ses dernières
paroles.
M. BERTRAND: M. le Président, si le mot «
insinuations » ne lui va pas, je lui répète la question de
tantôt. S'il prétend connaître des faits que les quatre
corps policiers ignorent, c'est son devoir, comme citoyen d'abord et,
deuxièmement, comme ancien ministre de la Justice, de les porter
à la connaissance des autorités.
M. WAGNER: Je suis surpris que le ministre, avec tous les moyens
à sa disposition, ignore cet état de choses.
M. BERTRAND: Le directeur de la Sûreté provinciale a
toute la latitude et toute la liberté pour agir.
M. WAGNER: Le ministre admettra que cela dépasse la
Sûreté provinciale...
M. BERTRAND: Comment?
M. WAGNER: ... et qu'il s'agit d'un problè- me où
toutes les forces combinées doivent agir...
M. BERTRAND: Comment?
M. WAGNER: ... et qu'elles ont besoin de la direction du ministre
lui-même...
M. BERTRAND: Et c'est justement pourquoi nous avons adopté
le bill 50, en vue de la sécurité publique bill qui n'est
pas encore définitivement adopté, puisqu'il doit franchir une
autre étape pour placer les corps policiers sous un commandement
unique.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre a pris connaissance de la
déclaration faite devant la commission d'enquête par le sergent
Ralph Salerno, de la police de New York?
M. BERTRAND: Sur la Cosa Nostra qui rayonne partout à
travers le monde?
M. WAGNER: Et qui exerce son activité à l'Expo.
M. BERTRAND: Et qui rayonne partout à travers le
monde.
M. WAGNER: Et qui exerce particulièrement son
activité à l'Expo.
M. BERTRAND: Le député de Verdun n'apprendra
à personne, à chacun des membres du comité ici, à
aucun des journalistes, ni à qui que ce soit, qu'il existe à
travers le monde, ce que l'on appelle le monde de la pègre.
M. WAGNER: Je ne parle pas du monde, c'est plus
près...
M. BERTRAND: La Cosa Nostra,... M. WAGNER: ... sur les îles
de l'Expo.
M. BERTRAND: Alors, je reprends, pour la dernière fois, M.
le Président, les propos que j'ai tenus. Tous ces faits-là sont
à la connaissance des autorités policières et il leur
appartient d'utiliser tous les moyens à leur disposition en vue de mater
la pègre.
M. WAGNER: Comment le ministre explique-t-il que cette situation
continue?
M. BERTRAND: M. le Président, cette question ne
mérite pas de réponse.
M. LE PRESIDENT: Je crois que l'expérience que nous avons
vécue cet après-midi nous a prouvé sans aucune
équivoque que si l'on veut procéder en tenant compte de chacun
des articles des prévisions budgétaires, eh bien, que ceci nous
permet d'abord, d'éclairer tout le monde sur les crédits du
ministère de la Justice et qu'à ce stade-ci, il n'est pas
opportun de porter des jugements sur l'administration générale de
la politique du gouvernement.
Je crois que l'honorable député de Verdun comprendra que
l'honorable ministre de la Justice a répondu clairement et
précisément à sa question, lorsqu'il a, entre autres
choses, souligné que ces problèmes étaient de la
juridiction ou de la compétence des corps policiers concernés et
que lui-même, personnellement, assurait ces corps de son entière
collaboration.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Alors, j'inviterais tous les honorables
députés de ce comité à bien vouloir passer à
un autre point.
M. WAGNER: Alors, M. le Président, j'ai pris bonne note de
la remarque du ministre de la Justice, à l'effet que ma question ne
mérite pas une réponse.
M. BERTRAND: C'est-à-dire la dernière question du
député de Verdun parce que ça fait au moins, la
sixième fois qu'il la pose. Je lui ai répondu suffisamment et, ne
voulant pas faire perdre le temps de ce comité, je lui demande de s'en
tenir aux prévisions budgétaires et de les étudier article
par article. Il a confiance dans le chef de la sûreté provinciale,
il a confiance dans le chef de la sûreté municipale. Ce sont des
gens versés dans ces domaines. J'ai dit tantôt que le ministre de
la Justice n'était pas un policier. A chacun ses devoirs. Ce que l'on
doit exiger du ministre de la Justice, c'est qu'il appuie les gens de la
Sûreté et c'est ce qu'il fait.
M. WAGNER: Cela me rappelle, M. le Président, un
commentaire que je retrouve aux débats, au journal des Débats et
qui a été fait par le premier ministre actuel, jeudi, le 27
janvier 1966 et je prends ces propres paroles et je les sers au ministre actuel
de la Justice à la page 55. Le premier ministre actuel disait que:
« Le ministre ne méritera pas la confiance de la population en
laissant la population désemparée devant une vague de crimes
crapuleux comme jamais on en avait vus dans le Québec, et devant une
pègre dont l'insolence ne cesse de grandir avec le réseau de ses
relations. S'il veut faire son devoir, le ministre de la Justice aura l'appui
total de l'Oppo-
sition et de tous les honnêtes gens de cette province. Mais il est
à peu près temps qu'il se mette à l'oeuvre et qu'il se
penche sérieusement sur ses dossiers sans solution qui s'accumulent
devant lui ». C'était là des remarques du premier ministre
actuel le 27 janvier 1966. Vu la réponse que m'a fournie le ministre de
la Justice ou plutôt la réponse qu'il ne m'a pas fournie et vu son
insistance à obtenir des détails puisque lui-même semble
ignorer jusqu'à quel point la pègre s'est infiltrée
à l'Expo, je lui donne quelques indications. Je lui ai dit d'abord qu'un
membre reconnu de la pègre, associé dans des entreprises
Darabaner en particulier, opère un « racket » de protection
dans la viande. Ce monsieur fait affaire sous le nom de « Obront Meat
Market », il s'appelle, selon mes renseignements, William Obront et il
aurait la concession de la viande à l'Expo. Or, le ministre n'a
qu'à vérifier.
M. BERTRAND: Obtenu de la commission de l'Expo?
M. WAGNER: Obtenu de l'Expo et je dirai, un peu plus loin, de
quelle façon ces concessions sont accordées. Le ministre,
à ce point de vue-là, aurait profit à relire le document
secret dont il a fait état à maintes reprises et il pourra
retracer la véritable généalogie de ce membre de la
pègre. Voilà pour un.
Deuxièmement, puisque le ministre ignore jusqu'à quel
point la pègre s'est infiltrée dans l'Expo, et pour bien lui
prouver que c'est une question très sérieuse que nous discutons
ici, nous n'avons pas l'intention de paralyser le temps du comité, il
existe une compagnie qui s'appelle Fleur de Lys Vending Machines. Cette
compagnie a obtenu le contrat de toutes les facilités de distribution,
facilités automatisées sur l'Expo. Il s'agit, d'après les
renseignements que j'ai, d'un paravent pour celui qui est
considéré comme le chef des « bookies » à
Montréal, un dénommé Joe Frankel.
Troisièmement, pour donner d'autres détails au ministre,
lui indiquer jusqu'à quel point la pègre s'est infiltrée
à l'Expo et lui permettre d'agir incessamment, je lui donne le nom de
New System Towels Supply, qui a également un contrat de la Commission de
l'Expo, qui a la concession de la distribution de toutes les serviettes, etc.,
et qui agit comme paravent pour un membre de la pègre.
Quatrièmement, comme autre détail pour le ministre, afin
qu'il sache ce qui se passe, je lui mentionne: Margie's Flower Shop qui a fait
une faillite de $300,000 et, après la faillite, cette compagnie a
substitué à la faillite une proposition de concordat, proposition
qui a été remise de mois en mois et, finalement, l'actif de la
compagnie est disparu, puis sous une autre incorporation, durant l'année
1966, cette même compagnie, Margie's Flower Shop a obtenu la concession
de toutes les fleurs à l'Expo. Puisque le ministre de la Justice
m'interrogeait sur le procédé, le procédé en vertu
duquel ces chefs de la pègre réussissent actuellement, au moment
où nous nous parlons, et c'est déjà fait, à
s'Infiltrer à l'Expo, est le suivant: Il semble que les
règlements de l'Expo exigent trois ou quatre soumissions et que la plus
basse soit acceptée. Il apparaît également que les
règlements de l'Expo mentionnent qu'un individu qui a un dossier
judiciaire ne peut pas être accepté. Or, le procédé
que l'on utilise est le suivant: C'est plutôt un stratagème,
quatre personnes soumissionnent, dont trois sont des membres qui,
malheureusement, ont des dossiers judiciaires...
M. BERTRAND: Et l'autre n'en a pas.
M. WAGNER: C'est ça. Les trois sont écartés
prestement, en vertu des règlements de l'Expo. Le quatrième, qui
agit comme mandataire des autres, obtient la concession et il n'y a aucune
infraction aux règlements de l'Expo.
M., BERTRAND: Les concessions dont vient de me parler le
député de Verdun doivent remonter assez loin.
M. WAGNER: Non.
M» BERTRAND: Parce que les concessions à l'Expo ont
été, sans aucun doute, accordées il y a des mois. A ce
moment-là, les concessions étaient accordées par la
Commission de l'Expo.
M. WAGNER: Oui. Je décris actuellement au ministre une
situation qui existe présentement, que le ministre ignore certainement
je ne le blâme pas de l'ignorer et où rien ne se
fait. Ce qui confirme la déclaration de M. Salerno, quand il est venu
devant la commission Prévost, il y a quelques semaines et où il
dit que le crime organisé exerce son activité à l'Expo 67.
Cela, évidemment, a pu paraître, aux yeux de certains, une
réflexion sans fondement, mais les policiers ici présents et les
gens qui s'y connaissent savent pertinemment que c'est vrai.
M. BERTRAND: Rien n'empêche la police,
si ces gens-là commettent des actes criminels, s'ils sont
reconnus...
M. WAGNER: Evidemment, qu'en vendant des fleurs, il n'y a pas
d'actes criminels. Cela est sûr.
M. BERTRAND: Non, alors...
M. WAGNER: Mais ça sert de paraventpour d'autres
commerces.
M. BERTRAND: Les policiers suivent, sans aucun doute, avec autant
d'attention que le député de Verdun et le ministre actuel de la
Justice, les témoignages qui sont donnés à l'heure
actuelle devant la commission d'enquête; c'est déjà
démontrer que la commission d'enquête sert à quelque chose.
Premièrement.
M. WAGNER: Il ne s'agit pas de suivre un règlement, il
s'agit...
M. BERTRAND: Deuxièmement, quant à l'action
à prendre, il appartient à ce moment-là au directeur de la
Sûreté provinciale, comme à celui qui est en charge de la
sécurité sur les terrains de l'Expo, d'y voir.
M. WAGNER: Mais celui qui représente...
M. BERTRAND: Comment le député de Verdun peut-il
blâmer ou tenter de blâmer le ministre de la Justice au sujet de
ces faits? En vertu de quoi?
M. WAGNER: Je vais vous le dire. M. BERTRAND: Dites-le.
M. WAGNER: Celui qui représente, devant l'Assemblée
législative, les forces policières notamment la
Sûreté provinciale et qui a l'obligation de rendre compte
à l'Assemblée législative, c'est le ministre de la
Justice.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. WAGNER: Or, lorsque je dis au ministre de la Justice
qu'actuellement cet état de choses existe, que la pègre s'est
infiltrée à l'Expo, que je lui donne des faits parce qu'il ignore
les faits, je dis qu'à ce moment-là j'ai le droit de lui
demander: Expliquez-nous pourquoi ça se passe ainsi. Expliquez-nous
pourquoi aucune action n'est prise.
M. BERTRAND: La Sûreté provinciale je le
redis pour la Nième fois la Sûreté municipale de
même que l'organisation de sécurité aux terrains de l'Expo
sont sans doute au courant des mêmes faits. S'ils ne remplissent pas leur
devoir, nous allons y voir.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre ne croit pas qu'il doit y voir?
Et vite.
M. BERTRAND: Je viens de déclarer, et il y a ici deux
agents qui représentent la Sûreté provinciale, qui ont
entendu les propos tenus par le député de Verdun, et si un tel
état de choses existe et que les gens de la pègre servent de
paravent à des activités de nature criminelle, il appartient
à la Sûreté d'agir.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre ne croit pas que s'il y avait
véritablement coordination entre le ministre et les forces
policières, le ministre saurait ce qui se passe? Il n'aurait pas besoin
d'attendre l'étude de ses crédits pour obtenir la
révélation de ce qui se passe à l'intérieur
même de son ministère.
M. BERTRAND: Le député de Verdun veut-il tenter de
faire croire que les réunions régulières qui se tiennent
à l'heure actuelle entre le directeur de la Sûreté
provinciale, le directeur Gilbert en particulier, et M. Poudrette, et les
représentants de la Gendarmerie, que ces gens-là ne sont pas au
courant des faits que vient de révéler le député de
Verdun? ... (faits qu'il s'agira de vérifier) Si tous ces
gens-là ne sont pas au courant, bien qu'ils savent du moins dans
le cas du directeur de la Sûreté provinciale que c'est leur
devoir d'agir et que s'ils n'agissent pas, nous y verrons.
M. WAGNER: Il appartient quand même au ministre de dire
à la Chambre ce qui se passa Il appartient au ministre de dire à
la Chambre si c'est vrai que quelque chose se fait pour contrecarrer ce
mouvement à l'Expo, Je pose des questions depuis une demi-heure, le
ministre s'en remet aux forces policières.
M. BERTRAND: Le député de Verdun vient de donner
des noms. Il s'agit de savoir ce qu'ils ont fait.
M. WAGNER: Ou ce qu'ils peuvent faire avec ces moyens-là.
C'est encore plus important.
M. BERTRAND: Alors, à ce moment-là... M. WAGNER:
Quand vous avez des gens si-
tués à une échelle aussi élevée
parce que vous n'avez qu'à le vérifier dans le livre
confidentiel vous savez de quoi ils sont capables. Et on n'a pas le
droit de risquer la bonne réputation du pays en permettant qu'une telle
chose existe, qu'une situation semblable se continue. Il appartient au ministre
de la Justice d'y voir.
M. BERTRAND: Il appartient à ceux qui détiennent
l'autorité. Et celui qui détient l'autorité a
donné, depuis son entrée en fonction, toute la latitude et toute
la liberté d'agir au directeur de la Sûreté
provinciale.
M. WAGNER: Cela, tout le monde est d'accord, mais il faut de
l'action de la part du ministre.
M. BERTRAND: M. le Président, ces questions qui reviennent
constamment comme un leitmotiv pour tenter de laisser croire que le ministre de
la Justice, le directeur de la Sûreté provinciale ou les autres
officiers de police n'accompliraient pas leur devoir. Il me semble que ces
questions-là ont suffisamment duré et que nous pourrions passer
au budget.
M. WAGNER: Je n'ai pourtant pas terminé, M. le
ministre.
M. BERTRAND: Nous sommes à l'article 5 sous-article
1.
M. WAGNER: Nous sommes à la question la plus vitale pour
la population: l'avance du crime dans la province. Je n'ai pas l'intention de
cesser mes questions dans ce domaine-là,
M. BERTRAND: On lit chaque jour, M. le Président, dans les
journaux des poursuites qui sont prises contre des criminels. Il y en a de
toutes les couleurs, il y en a de toute espèce. Les chroniques
judiciaires en sont remplies. C'est donc dire et on l'a vu tantôt
par les statistiques que j'ai données pour 1965-66 l'action
policière. Alors, je ne vois pas où peuvent nous mener toutes ces
questions du député de Verdun dans un domaine où, je le
déclare de nouveau, la police a non seulement toute la liberté,
mais le devoir d'agir.
M. WAGNER: M. le Président, ce n'est pas en rejetant sur
les différentes forces policières la responsabilité...
M. BERTRAND: Je ne rejette sur personne ma
responsabilité.
M. WAGNER: Il appartient au ministre d'assumer sa
responsabilité totale et il lui appartient de justifier devant la
population la situation qui existe présentement ou de dire quelle action
il prend. Je voudrais que M. le ministre nous dise quelle action il prend.
M. BERTRAND: L'action que nous prenons, je l'ai
déclaré tantôt, M. le Président, je n'ai pas
l'intention d'y revenir.
M. LE PRESIDENT: Je crois, si l'on veut faire avancer
l'étude de nos crédits l'honorable député de
Verdun a posé des questions à l'honorable député de
Missisquoi. Ce dernier a répondu et même, à plusieurs
reprises, a répété les réponses qu'il serait
temps, si nous voulons progresser dans nos travaux, que nous commencions
à étudier l'article numéro 4, sous-article 1.
M. BERTRAND: Un instant, M. le Président.
M. WAGNER: Dans le domaine général de la
Sûreté provinciale, il y a un sujet sur lequel j'aimerais bien que
le ministre nous renseigne, nous explique ce qui s'est passé et ce qui
se passe. Quel rapport le ministre est-il prêt à nous
présenter sur les négociations qui ont eu lieu entre le
ministère de la Justice et l'Association des policiers provinciaux?
Où en est rendue l'enquête du juge Fortin? Quelles recommandations
ont été faites?
M. BERTRAND: Voici. On sait qu'il y a eu un comité
conjoint et paritaire de formé, premièrement.
Deuxièmement, tout le problème de savoir quelles sont les
unités qui doivent entrer dans les cadres du syndicat, suivant
l'arrêté ministériel que je n'ai pas ici, est laissé
au juge Fortin dont le mandat a été prolongé au 1er
juin.
M. WAGNER: Est-ce que le juge ne devait pas faire rapport au mois
de mars?
M.BERTRAND: Oui, il a été malade malheureusement et
nous a demandé un prolongement de son mandat. Des procureurs de
l'association des policiers ont présenté leur mémoire et
également le procureur du ministère, Me Yves Pratte, a
présenté son mémoire. Il n'est pas impossible qu'il y ait
encore, disons, échange de mémoires entre les parties au sujet de
certains points, un peu comme lorsqu'une cause se plaide devant le tribunal
pour faire valoir des réponses à des arguments qui ont pu
être avancés de part et d'autre. Le juge Fortin doit, suivant le
man-
dat qui lui a été confié, remettre au
lieutenant-gouverneur en conseil, vers le 1er juin, son rapport et ses
recommandations dans ce domaine.
En ce qui a trait au comité conjoint et paritaire, tous les
problèmes qui relèvent de ce comité au sujet des salaires,
des conditions de travail, les heures de travail, les congés, etc. tout
cela a été laissé au comité conjoint et paritaire
qui continue ses travaux et les représentants du ministère sont
Me Yvan Mignault, M. Racine et M. Matte. Et de l'autre côté, vous
avez MM. Auclair, Gendron, Richard.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer quelle
a été la position adoptée par le ministère
vis-à-vis les réclamations de l'association?
M. BERTRAND: A l'heure actuelle, au point de vue monétaire
nous avons... il y a eu entente...
M. WAGNER: Ce n'est pas surtout au point de vue monétaire
que...
M. BERTRAND: ... à peu près complète sur les
clauses monétaires, sur les heures de travail, sur les
congés-maladie, sur les vacances, tout cela. Et, il y a eu
également entente pour qu'à l'occasion de l'Expo, il y ait un
temps supplémentaire dont j'ai déjà parlé lorsque
le député de Verdun m'a posé une question au sujet d'un
certain malaise qui pouvait exister et qui existait à la suite d'une
directive qui avait été émise par le directeur de la
Sûreté. Alors, on s'est entendu sur à peu près tous
ces points-là. Et la compensation, qui est versée pour le temps
supplémentaire durant l'Expo, s'élève à $600.
M. WAGNER: Est-ce que les $600 comprennent...
M. BERTRAND: Par policier.
M. WAGNER; ... est-ce que à ces $600 vont s'ajouter le surtemps
que pourront faire les membres de l'Expo?
M. BERTRAND: C'est pour le surtemps.
M. WAGNER: Est-ce que je dois comprendre que les $600 vont
couvrir 50, 60, 100 heures supplémentaires?
M. BERTRAND: Tout dépendra. Et le travail, suivant la
directive, doit être réparti aus- si également que possible
entre tous les policiers.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il s'agit
du même système adopté à la Sûreté
municipale de Montréal?
M. BERTRAND: Non.
M. WAGNER: Pourquoi y-a-t-il une différence?
M. BERTRAND: Il y a eu entente au comité conjoint et
paritaire sur ce problème et les parties s'étant entendues, nous
avons accepté et entériné leur entente.
M. WAGNER; Est-ce que je dois comprendre que les membres de
l'Association des policiers provinciaux sont satisfaits du paiement forfaitaire
de $600?
M. BERTRAND: Jusqu'à présent nous n'avons eu, de
leur part, de ce côté-là, aucune plainte.
Dernièrement, au sujet du malaise dont a parlé le
député de Verdun, j'ai eu l'occasion de les rencontrer pour
discuter de certains autres problèmes des suggestions qu'ils devaient
nous faire quant au code de discipline, etc. et le climat, du moins selon les
informations que j'ai obtenues à la suite de la question qui m'a
été posée en Chambre sur ce malaise, était bon.
M. WAGNER: Est-ce que le ministère a accepté que
les officiers de la sûreté fassent partie de l'association?
M. BERTRAND: Non. C'est justement le problème qui
relève à l'heure actuelle du mandat qui est confié au juge
Fortin.
M. WAGNER: Quelle est la position du ministère
là-dessus?
M. BERTRAND: Le mémoire a été
présenté au juge Fortin et je n'en n'ai pas ici de copie. Je
pense qu'étant donné qu'il est là...
M. WAGNER: En résumé, est-ce que le ministre
pourrait nous dire si le ministère a conservé la même
attitude qu'auparavant ou s'il a modifié son attitude?
M. BERTRAND: Je ne crois pas qu'à ce stade-ci, M. le
Président, étant donné que c'est devant le juge, que le
ministère a établi ses positions, je préfère ne
faire aucune déclaration à ce sujet, laissant les parties
présenter leur mémoire au juge et en discuter s'il y a lieu.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre pourrait nous donner les termes
du mandat du juge Fortin?
M. BERTRAND: Nous allons avoir d'ici quelques instants
l'arrêté ministériel qui a été adopté
et je pourrai en donner lecture et même en remettre une copie au
député de Verdun.
M. WAGNER: Est-ce que le mandat peut-être que le
ministre pourrait nous dire cela sans regarder l'arrêté en conseil
autorise le juge à reconsidérer le cas d'un nommé
Arthur Vachon?
M. BERTRAND: Non, ce problème-là ne relève
pas du tout du mandat du juge Fortin.
M. WAGNER: Dois-je comprendre qu'à aucun moment,
après les élections, le ministre actuel n'a
considéré de réintégrer M. Vachon dans ses
occupations antérieures?
M. BERTRAND: Non.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre est au courant des
déclarations du premier ministre actuel durant la campagne
électorale?
M. BERTRAND: Le cas de M. Vachon... J'ai reçu de lui, je
pense, une lettre ou un télégramme, pas longtemps après la
campagne électorale. Je pense que je ne lui ai même pas
répondu.
M. WAGNER: Alors, quant au ministre delà Justice, la
décision rendue par le directeur de la Sûreté était
une décision finale?
M. BERTRAND: La décision qui a été rendue
dans le cas d'Arthur Vachon, je l'ai considérée comme
étant un cas de discipline tombant sous l'autorité pleine et
entière du directeur de la Sûreté provinciale et je ne l'ai
pas changée.
M. WAGNER: Alors, sur ce point-là, nous sommes tous les
deux d'accord.
M. BERTRAND: Bien.
M. WAGNER: J'aurais bien aimé que cela se dise durant la
campagne électorale, ces choses-là...
M. BERTRAND: Mais il faut dire que, durant la campagne
électorale, il s'est dit toute sorte de choses de part et d'autre.
M. WAGNER: Bien oui.
M. BERTRAND: Ainsi agissent les humains!
M. MALTAIS: Moi, ce que j'ai toujours prétendu, c'est que
même les campagnes électorales devraient être des campagnes
éducatives, des campagnes d'éducation, et non pas de
démagogie.
UNE VOIX: Des maladies.
M. BERTRAND: Des chasses à la sorcière! C'est
exact.
M. PINARD: Vous en avez profité quand même pas mail
De ce cas-là!
M. BERTRAND: Si vous voulez, nous sommes en train de faire un
travail, disons, sérieux. Nous allons continuer dans le même
sens.
M. WAGNER: Le ministre est au courant qu'à la
Sûreté et je me permets de dire que c'était une
initiative nouvelle, puisque le ministre a pris soin de souligner les
initiatives nouvelles aujourd'hui nous avions inauguré le
système des recrues, des cadets. Ce système -là a
été continué, n'est-ce pas? Est-ce que le ministre
pourrait expliquer de quelle façon la Sûreté procède
dans le domaine des nouvelles recrues, quels salaires sont payés et quel
est l'effectif actuel?
M. BERTRAND: Voici. Dans le domaine du recrutement, par exemple,
au cours de l'année 1966, il y a eu 5,057 demandes d'emploi qui ont
été reçues, soit une augmentation de 2,144 demandes,
comparativement à 1965, et de 730 sur l'année 1964. Cette
augmentation est attribuable à la publicité favorable que nous
avons obtenue de différents média d'information, il n'y a aucun
doute, lors du lancement d'un dépliant en couleur...
M. WAGNER: Très bien fait, d'ailleurs.
M. BERTRAND: ... etdes commentaires faits par la suite et
j'en rends hommage à la presse et aux média d'information
au sujet de la décision qui avait été prise d'engager des
cadets policiers. Un total de 361 candidats seulement, par contre, ont
été trouvés aptes au service après les examens
d'usage et les entrevues. Il y a la question de la taille. Chose certaine, je
ne pourrais jamais être un policier provincial, à cause de ma
taille, mais le député de Verdun pourrait en devenir un!
De ce nombre, 314 ont été embauchés, incluant 25
cadets policiers; 307 ont complété avec succès la
période d'entrafnement à l'école de poli-
ce du Québec; six candidats ont démissionné durant
la période d'entrafnement pour des raisons personnelles. Les chiffres
suivants donnent une idée assez précise de la sélection et
du calibre des candidats qui se sont présentés pour emploi durant
l'année 1966.
Le total des demandes reçues je l'ai donné
est de 5,057; demandes refusées, 1,997, demandes qui ont dû
être refusées après étude de la formule
d'inscription pour des raisons diverses, degré d'instruction
insuffisant, etc. ou déficiences physiques, dossiers judiciaires, 967.
Candidats qui ont échoué aux examens, 1,050. Candidats
refusés à l'examen médical, pour raisons diverses, 266.
Candidats qui ont réussi tous les examens et trouvés aptes au
service et embauchés, de même que les cadets policiers
embauchés, 314. Candidats prêts pour engagement. 48, dossiers
encore à l'étude, 415. Alors, voilà, M. le
Président, en résumé l'action de la sûreté
provinciale dans le domaine du recrutement.
M. WAGNER: Pour l'an passé, la sûreté avait
prévu de se rendre à 250 recrues additionnelles, n'est-ce
pas?
M. BERTRAND: 200.
M. WAGNER: Est-ce qu'elle a atteint ce chiffre?
M. BERTRAND: Voici, on en a enrôlé plus que 200,
mais vu les démissions et vu les décès, le nombre, bien
entendu, total de membres de la Sûreté s'est maintenu. Mais il a
augmenté. Autrement dit, on est arrivé 46 en bas du but que l'on
poursuivait d'atteindre 2,479 et d'ailleurs le nombre est de 2,479 au lieu de
2,525. L'effectif actuel, au 31 mars 1967, était de 2,479. L'effectif
autorisé 2,525.
M. WAGNER: Et si la Sûreté se rend au nombre
prévu pour l'année courante, combien attein-dra-t-elle?
M. BERTRAND: 2,875.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre n'est pas d'avis que même
2,800 est un nombre insuffisant, vu les besoins de la province?
M. BERTRAND: Absolument insuffisant.
M. WAGNER: Surtout si on compare que la ville de Montréal
en a 4,000 pour une population d'un million et demi, est-ce qu'il n'est pas
dans l'intention du gouvernement d'augmenter de façon beaucoup plus
importante les effectifs de la Sûreté?
M. BERTRAND: Nous voulons accentuer le recrutement, faire de la
publicité et, dans ce domaine-là, au ministère de
l'Education du moins, nous avons étudié la possibilité,
j'ai reçu un mémoire de l'Association des policiers de la
province de Québec au sujet de l'établissement d'une
école. Il n'y a aucun doute qu'il faut mettre l'accent sur un
recrutement plus intensif. Le député de Verdun a parfaitement
raison de dire qu'avec les activités de la police et l'immensité
du territoire duQuébec, que nous avons besoin d'augmenter à un
rythme accéléré, les effectifs de la sûreté
provinciale, si nous voulons mener et posséder tous les
éléments requis pour conduire une lutte encore plus efficace
contre le crime dans tous les domaines.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre partage une idée qu'a
exprimée dernièrement, non pas seulement l'idée mais
également la législation mise de l'avant, par le procureur
général de l'Ontario, M. Wishart, à l'effet que la
sûreté provinciale devait prendre le contrôle des
différentes forces policières dans les municipalités de 10
membres ou moins, de 10 officiers ou moins, afin d'assurer un rendement, un
standard dans toutes les petites municipalités?
M. BERTRAND: Je respecte l'opinion de M. Wishart. Nous avons des
demandes d'ailleurs, d'une foule de municipalités...
M. WAGNER: Des municipalités où il y a seulement un
chef et un policier...
M. BERTRAND: Il y a un chef et un sous-chef...
M. WAGNER: A ce moment-là ce serait fort utile à la
Sûreté provinciale.
M. BERTRAND: On nous demande la protection, mais le
député de Verdun a constaté comme moi, quand il
était ministre, comme je le constate, la difficulté du
recrutement. Tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas pu augmenter
davantage les effectifs, il nous sera difficile d'accepter de jouer ce
rôle.
M. WAGNER: Mais à ce moment-là vous auriez quand
même à votre disposition des policiers déjà
entraînés dans ces différentes municipalités.
M. BERTRAND: Oui, ça ne fait aucun doute, mais il faut les
trouver.
M. WAGNER: Evidemment, ils n'ont pas l'entraînement de la
Sûreté provinciale actuelle.
M. BERTRAND: Mais il faut quand même les trouver! Et
là, c'est le recrutement et l'on voit les difficultés que nous
rencontrons. Je viens de donner une liste: 5,057 demandes et on a vu le nombre
de ceux qui ont été acceptés.
M. WAGNER: En parlant de recrutement, est-ce que l'école
d'entraînement de la Sûreté est toujours au même
endroit?
M. BERTRAND: Oui.
M. WAGNER: Est-ce qu'il n'y a pas eu une demande de la part de la
Sûreté afin d'améliorer le local et de donner des
effectifs?
M. BERTRAND: Nous cherchons un nouvel endroit en vue
d'établir l'école dans des locaux plus adéquats. Il n'y a
aucun doute. J'espère bien que d'ici un an nous pourrons poser les bases
ou les jalons d'une véritable école de police.
M. WAGNER: Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité que
l'école soit à l'intérieur de l'édifice du
ministère de la Justice?
M. BERTRAND: Non. A l'heure actuelle les locaux disponibles ne
nous permettraient pas d'établir ce que l'on appelle une
véritable école de police. Il n'y a presque pas de terrain autour
de l'édifice.
M. WAGNER: Le ministre nous donnait tout à l'heure des
détails sur les membres actuels, combien il en reste, combien sont
décédés. Est-ce que nous pourrions savoir combien ont
démissionné de leurs fonctions à la Sûreté
provinciale?
M. BERTRAND: Voici, mis à la retraite je vais
donner le chiffre global. On intitule ça: les pertes au sein de la
Sûreté. Elles sont passées de 134 en 1965 à 106 en
1966. Voici un tableau comparatif.
M. WAGNER: Il y en a de moins en moins qui quittent, c'est
ça?
M. BERTRAND: Mis à la retraite en 1965: 18, en 1966: 20.
Permutations: en 1965: 3, en 1966: un. Démissions: en 1965: 83, en 1966,
67. Nominations révoquées: une en 1965, deux en 1966.
Destitutions: en 1965: 24, en 1966: 5. Décès en 1965: 3, en 1966:
10. Morts en devoir: en 1965: 2, en 1966: 1. Ce qui fait, pour l'année
1965, un total de 134 et, en 1966, un total de 106.
M. WAGNER: Les permutations?
M. BERTRAND: Les permutations, il y en a eu trois en 1965 et une
en 1966.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien
d'anciens officiers de la Sûreté provinciale ont
réintégré la Sûreté au cours des derniers
huit mois, dix mois?
M. BERTRAND: On me dit qu'il y a un dénommé
Marchand qui avait démissionné en 1965 et qui a été
réengagé, qui est revenu en 1966.
M. WAGNER: C'est le seul? M. BERTRAND: C'est le seul.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il y a eu
plusieurs demandes de réintégration?
M. BERTRAND: Il y a eu 72 demandes de
réintégration.
M. WAGNER: Et un seul a été accepté?
M. BERTRAND: Un seul a été accepté. Mais ce
n'est pas fini, par exemple. Il y a des dossiers qui sont à
l'étude encore et je ne voudrais pas laisser le comité sous
l'impression qu'il n'y en aura qu'un. Il est possible, après
l'étude des dossiers, qu'il y en ait davantage.
M. WAGNER: Il en resterait douze à l'étude?
M. BERTRAND: Il reste douze dossiers à l'étude.
M. WAGNER: Est-ce qu'il est possible de savoir dans quelle
catégorie les douze se placent? Je veux dire, est-ce que ce sont des
officiers supérieurs ou des agents ou... les douze qui attendent
là?
M. BERTRAND: Officiers, sous-officiers et agents. Dans les douze
dossiers qui restent à étudier. Maintenant, j'ai ici des
promotions qui ont été accordées à 95 membres,
comparati-
vement à 248 l'année précédente. Mais voici,
il faut donner le détail. En 1965, d'agent à caporal, 132, en
1966, 51. De caporal à sergent, 75 en 1965, 25 en 1966. De sergent
à sergent d'état-major, 23 en 1965, 11 en 1966. De sergent
d'état-major à sous-inspecteur, 6 en 1965 et 3 en 1966. De
sous-inspecteur à inspecteur, 11 en 1965 et 4 en 1966. D'inspecteur
à inspecteur-chef, 1 en 1965 et aucun au 31 décembre 1966.
D'inspecteur à directeur général adjoint, 1 en 1966.
M. WAGNER: M. le Président, c'est peut-être le
moment de demander ce qui arrive du camion blindé?
M. BERTRAND: Le camion blindé est encore à
l'entrepôt. Au même endroit où... je ne sais pas si c'est le
député de Verdun qui l'a fait conduire là ou l'ancien
procureur général...
M. WAGNER: Est-ce qu'il est au même endroit que la statue
de M. Duplessis?
M. BERTRAND: Est-ce que le député de Verdun sait
où est la statue de M. Duplessis?
M. WAGNER: Non. Franchement, c'est peut-être irrespectueux
de ma part de le dire, mais je ne m'en suis jamais soucié, de la
statue!
M. BERTRAND: D'ailleurs, je ne sais pas si c'est le
député de Verdun qui, à l'occasion d'une rencontre au
poste CJLR, avait laissé croire...
M. WAGNER: Ah! Le ministre me suit.
M. BERTRAND: Non, j'ai lu exactement ce qu'il a dit. C'est
là, je pense, qu'il aurait laissé entendre que le premier
ministre avait déclaré qu'on considérait ça comme
une priorité.
M. WAGNER: Il en avait été question.
M. BERTRAND: C'est le contraire que le premier ministre a
déclaré. C'est qu'il ne considérait pas ce
problème-là comme étant une priorité.
M. WAGNER: Ah! c'est le ministre des Travaux publics qui s'en
inquiétait. Mais qu'est-ce qui en arrive de cette statue-là de M.
Duplessis? Est-ce qu'elle va sortir de l'ombre?
M. BERTRAND: Cette statue est à l'entrepôt. Il y a
des journalistes qui m'ont dit que dès que la première occasion
pourrait leur être fournie, ils aimeraient bien voir cet oeuvre d'un de
nos artistes canadiens au sujet d'un homme politique dont les actes, les
gestes, appartiennent à l'histoire. Il sera jugé comme le
député de Verdun sera jugé...
M. WAGNER: Le député de Missisquoi.
M. BERTRAND: Comme le député de Missisquoi et comme
tous les premiers ministres du Québec.
M. WAGNER: Comme les sous-ministres.
M. BERTRAND: Et c'est pourquoi j'ai dit souvent, après la
mort de M. Duplessis et l'hommage que nous lui avons rendu, l'estime
personnelle que j'ai toujours eue pour lui. Son nom appartient à
l'histoire. L'Union Nationale doit continuer. Mais jetons nos regards d'abord
sur le présent et sur l'avenir. Si Duplessis n'avait pensé qu'au
passé, il n'aurait jamais connu de carrière politique. Un homme
politique pose des actes, il sera jugé comme nous le serons tous. La
statue, c'est un autre problème.
M. WAGNER: Alors-dois-je comprendre que le gouvernement n'a pas
l'intention de sortir de l'ombre cette statue?
M. BERTRAND: Il est fort possible que la loi qui a
été adoptée au temps du premier ministre Paul
Sauvé, il est possible que cette loi soit mise en vigueur.
Elle l'est en vigueur d'ailleurs et c'est pourquoi l'auditeur de la
province je pense, qu'il est le seul à avoir le dossier sur la statue,
le coût de la statue, à connaître apparemment le va-et-vient
de la statue, parce que, quand elle est arrivée ici, il y a eu tout un
mystère...
M. WAGNER: Ce sont les statues qui bougent.
M. BERTRAND: Oui. Mais à tout événement,
dans ce domaine-là, c'est ce que j'avais à déclarer au
sujet de la statue de M. Duplessis et quant à moi l'incident est
clos.
M. WAGNER: Et quant au camion blindé, M. le
Président, est-ce que le ministre pourrait nous dire ce qui en arrive?
Est-ce qu'on va le transporter près des fies de l'Expo?
M. BERTRAND: Le camion blindé repose en paix à
l'entrepôt et, quant à moi, il va y rester pour le moment.
M. WAGNER; Est-ce que le ministre ne croit pas que ça serait
préférable de rapprocher le camion de Montréal?
M. BERTRAND: On n'a eu aucune demande de la sûreté
provinciale au sujet du camion blindé. Je sais que c'est un domaine qui
intéresse fortement le député de Verdun.
M. WAGNER: C'est parce que j'en ai tellement entendu parler
lorsque j'étais ministre.
M. BERTRAND: Il l'a vu agir!
M. WAGNER: Non, non. Je ne l'ai jamais vu agir.
M. BOUSQUET: On va s'en servir à la prochaine visite de la
reine!
M. BERTRAND: Jamais? M. WAGNER: Non.
M. BERTRAND: Mais ce qui m'a frappé, c'est quand le
député de Verdun a dit que ça pouvait être
utilisé contre les feux de forêt.
M. WAGNER: Ah oui, bien sûr! Je pense que mon
collègue peut dire ça...
M. BERTRAND: A ce moment-là, il neutralisait toute la
force des avions de son collègue l'ancien ministre des Terres et
Forêts, M. Ar-senault, sa flotte aérienne!
M. WAGNER; Ah oui! Chacun sa force!
M. BERTRAND; Mais son char blindé dans les forêts, je le
vois difficilement parcourir les forêts canadiennes.
DES VOIX: Vingt-quatre tonnes. M. WAGNER: Vingt-quatre
tonnes!
M. BERTRAND: Franchement, quand j'ai lu ça que le
député de Verdun avait répondu que ça pouvait
être utilisé contre les feux de forêt...
M. WAGNER: Tout est possible!
M. BERTRAND: Oui, tout est possible! Et je l'ai pris comme une
bonne histoire.
M. WAGNER; Ah! si elle a servi à dérider le ministre, je
suis bien satisfait!
Une question beaucoup plus sérieuse, évidemment, est-ce
qu'il n'y a pas eu à l'intérieur de la Sûreté, une
réorganisation des différentes escouades
spécialisées?
M. BERTRAND: Il n'y a eu aucun changement dans ce
domaine-là.
M. WAGNER; Est-ce qu'il existe actuellement une escouade pour combattre
les faillites frauduleuses?
M. BERTRAND: Oui, l'escouade des fraudes, qui existait et qui
existe.
M. WAGNER: Est-ce que les mêmes membres en font partie?
M. BERTRAND: Les mêmes personnes. Je regrette, mais je
pourrai, si le député de Verdun est intéressé,
avoir la liste des membres des escouades. Je n'ai aucune objection à lui
fournir ces renseignements-là. Il va comprendre avec moi qu'on ne peut
pas tout apporter.
M. WAGNER: Non, cela je le sais bien. Est-ce qu'il y a
également une escouade contre les incendies criminels?
M. BERTRAND: Oui. Douze membres font partie de l'escouade contre
les incendies criminels.
M. WAGNER: Est-ce que ce sont les mêmes qui existaient
auparavant?
M. BERTRAND: Les mêmes qui en faisaient partie,
excepté ceux qui sont devant la Cour.
M. WAGNER: Est-ce qu'ils ont été remplacés,
ceux qui sont devant la Cour?
M. BERTRAND: Il y a eu à l'intérieur des escouades,
comme on m'en informe, il a pu y avoir des changements, des mutations d'un
poste à l'autre, mais tout cela se fait sous l'autorité du
directeur de la sûreté provinciale.
M. WAGNER: Est-ce qu'à la sûreté provinciale,
pour l'achat, on suit encore, on suit toujours le même
procédé qu'auparavant?
M. BERTRAND: Toujours sous l'égide du service des achats,
et peut-être avec une pointe d'humour, cela va-t-il aussi vite que
ça allait!
M. WAGNER: Avez-vous des problèmes avec les
véhicules? A vous en procurer? Ou bien si vous en avez trop?
M. BERTRAND: Nous avons, à l'heure actuelle, 770
véhicules et la procédure pour le
remplacement suivant l'usure s'effectue, comme on l'a noté
tantôt avec un sourire, aussi rapidement qu'auparavant.
M. WAGNER; Est-ce qu'aux yeux de la Sûreté ce nombre est
suffisant?
M. BERTRAND: Cette année, nous demandons 27 nouveaux
véhicules et j'en ai parlé, je pense, cet après-midi
lorsque j'ai donné certains détails relatifs à la
sûreté provinciale. Achat et entretien de 27 nouveaux
véhicules automobiles augmentation donc de la flotte automobile,
pour un total d'environ $150,000.
M. WAGNER: Est-ce que les membres de la Sûreté
provinciale ont reçu des directives particulières quant au
ravitaillement en essence?
M. BERTRAND: Ils ont à peu près j'ai ici
devant moi une lettre datée du 25 septembre 1965, qui a
été envoyée par M. Marcel Vlaminck, attaché
personnel auprès du ministre de la Justice à l'époque, je
pense, le député de Verdun; « Nous vous faisons parvenir la
liste de plusieurs garagistes pas pour l'essence
M. WAGNER: Je vous parle de l'essence. Est-ce que ce ne sont pas
les instructions?
M. BERTRAND: Les instructions qui leur sont données et qui
malheureusement ne sont pas toujours respectées, c'est d'encourager tous
les vendeurs d'essence. Mais je suis personnellement au courant, comme
plusieurs députés le sont et des deux côtés de la
Chambre...
M. GARDNER; Comme avant le 5 juin.
M. BERTRAND: ... que les instructions qui sont données par
le directeur ne sont pas toujours respectées. Quant à l'entretien
des véhicules...
M. WAGNER: Je n'ai pas posé de questions quant à
l'entretien des véhicules.
M.BERTRAND: Non, mais je pourrais peut-être en parler. Le
29 septembre 1965...
M. WAGNER: J'ai d'autres questions...
M. BERTRAND: Marcel Vlaminck, attaché personnel
auprès du ministre de l'époque, le député de
Verdun, écrivait au directeur àl'épo-que, M. Brunet.
Réparation des véhicules accidentés: « Nous vous
demandons de bien vouloir répartir ces travaux de façon juste,
équitable dans les diverses régions de la province. » Je
note, par exemple, qu'à Chandler, entre autres, Cap-aux-Meules,
Gaspé-Sud, il n'y avait qu'un garage. Il n'y en avait qu'un. A
Chicoutimi, il n'y avait qu'un garagiste; à Dolbeau, il n'y en avait
qu'un. A Roberval, il n'y en avait qu'un. A Baie-Comeau, il n'y en avait
qu'un.
M. WAGNER: Le ministre s'amuse, mais ça ne prouve
rien.
M. BERTRAND: Je ne m'amuse pas.
M. WAGNER: Evidemment, il n'est pas question de savoir si l'un
est d'une affiliation ou d'une autre. Ce n'est pas écrit au bout du
nom.
M. BERTRAND: Ce n'est pas écrit au bout du nom, mais les
gens de chacun de ces comtés avaient l'oeil assez ouvert pour constater
qu'il s'agissait, disons, le plus souvent, d'amis du régime.
M. GARDNER: 100%.
M. BERTRAND: D'amis du régime.
M. WAGNER: Je me demande bien d'où venaient ces
renseignements-là. Ils ne venaient certainement pas du ministre.
M. BERTRAND: Non, mais de Marcel Vlaminck qui était
attaché personnel auprès du ministre de la Justice à
l'époque, le député de Verdun. Alors, disons donc que
c'était tout simplement, je le suppose, la compétence optimale de
ces garagistes qui leur valait l'encouragement du ministère.
M. WAGNER: Sans aucun doute.
M.BERTRAND: C'est comme ça que je comprends la lettre qui
a été envoyée par l'attaché personnel, M. Vlaminck,
au directeur Brunet. Ce n'était donc pas ce que l'ancien
député de Saint-Maurice a appelé du bon ou du mauvais
patronage et ce que, je regrette il est parti le
député de Drummond a également appelé du bon ou du
mauvais patronage. Je suppose que c'était du bon patronage. C'est tout
simplement pour glisser une note gaie dans la discussion.
Le député de Verdun m'a demandé tantôt
et je vais lui en laisser une copie les termes de
l'arrêté ministériel concernant la nomination d'un juge
enquêteur sur le problème du régime syndical des membres de
la Sûreté. En date du 13 octobre 1966, il est ordonné, sur
la proposition du ministre de la Justice, que M. le juge
Marc Fortin de la cour Provinciale soit nommé, à compter
de la date des présentes, juge enquêteur, chargé
d'étudier tous les problèmes du régime syndical des
membres de la Sûreté provinciale et qu'à cette fin, il
soit: a) chargé de recevoir les représentations de l'Association
des policiers provinciaux du Québec, association reconnue comme le
porte-parole de ses membres, pour soumettre au juge enquêteur les
représentations qu'elle jugera à propos concernant tout le
régime syndical; b) chargé également de recevoir les
représentations du ministère de la Justice et de la
Sûreté provinciale ainsi que de toute personne pouvant dans son
opinion, lui fournir des renseignements utiles; c) autorisé à
tenir des séances publiques s'il le juge à propos; d)
chargé de faire rapport et de soumettre ses recommandations au
lieutenant-gouverneur en conseil avant le 1er mars 1967. Et j'ai ajouté
tantôt, que cet arrêté ministériel, j'entends, le
mandat, a été prolongé (étant donné la
maladie du juge Fortin) a été prolongé, jusqu'au 1er juin
1967.
M. WAGNER: Bon, alors on était rendu à l'article
1?
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'article 2?
M. BERTRAND: Donnez l'augmentation.
M. WAGNER: Parfait, adopté, l'article 1.
M. BERTRAND: Salaires.
M. LE PRESIDENT: Salaires, article 2.
M. WAGNER: Oui, adopté.
M. BERTRAND: 3, Frais de voyage.
M. WAGNER: Frais de voyage, une augmentation de...
M. BERTRAND: Oui, c'est l'augmentation prévue à
cause de l'effectif.
M. COURCY: M. le ministre, quel est le taux du « millage
» que vous payez à la justice. C'est une comparaison que je veux
faire avec mon...
M. BERTRAND: C'est le même taux que dans tous les
ministères. Oui, c'est ce qu'on me dit.
M. COURCY: C'est la même règle partout?
M. BERTRAND: Non, non. Dans le domaine de la police, ce n'est pas
la même chose.
M. COURCY: Merci, c'est ça que je voulais savoir.
M. BERTRAND: Dans le domaine de la police il n'y a pas de taux.
Nous payons tout. L'automobile est fournie, réparations. Ce sont des
automobiles qui appartiennent à la Sûreté.
M. COURCY: Est-ce qu'il y en a qui ont des automobiles
personnelles?
M. BERTRAND: Non, non. Aucun. Vous les véhicules
appartiennent à la Sûreté et toutes les dépenses
d'entretien, réparations, sont payées par la Sûreté
et font partie du budget. Frais de voyage, correct?
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté, article 4.
M. BERTRAND: Frais de bureau. M WAGNER: Oui, adopté.
M BERTRAND: Matériel, articles, c'est la même règle
que dans tous les domaines, l'article 5.
M. LE PRESIDENT: Article 6.
M. BERTRAND: Véhicules moteurs, entretien,
réparations, on vient d'en parler. Télécommunications,
j'en ai parlé tantôt.
M. WAGNER: Voici, au sujet des télécommunications.
Evidemment vous vous référez probablement au système
inauguré par la compagnie de téléphone Bell et nous avions
prévu, je pense, à un moment donné, que le même
système s'étendrait à la Gaspésie, et à la
Côte-Nord, est-ce...
M. BERTRAND: Nous allons, cette année, l'étendre
à la Gaspésie, et à la Côte-Nord et à toute
la province.
M. WAGNERî Alors, vous complétez...
M. BERTRAND: Nous complétons le réseau de
télécommunications.
M. LE PRESIDENT: Article 8, adopté. Article 9.
M. WAGNER: Parfait.
M BERTRAND: Indemnité aux accidentés de la police.
M. LE PRESIDENT: Adopté l'article 9. M. BERTRAND:
Uniformes et équipement.
M. WAGNER: Pourquoi un montant aussi élevé comme
différence?
M. BERTRAND: Voici, c'est le remplacement de nouveaux uniformes;
usure et puis à part cela...
M. WAGNER: ... il y a longtemps, c'est nouveau, ça?
M. BERTRAND: Oui, c'est nouveau; et nous avons fait
disparaître les casques blancs également, je pense que c'est une
amélioration.
M. WAGNER: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. L'article 11.
M. BERTRAND: Frais de déménagement. D'accord? C'est
lorsqu'un policier est muté d'un poste à un autre.
M. WAGNER: D'accord.
M. BERTRAND: Traitement électronique, j'en ai parlé
tantôt. Autres dépenses...
M. WAGNER: Autres dépenses, c'est quoi?
M. BERTRAND: Ce sont les deux bateaux moteurs dont j'ai
parlé cet après-midi, deux remorques pour les postes de Fort
Chimo et de la Baleine et leur entretien, en même temps la location
d'avions à l'occasion de l'Expo, frais divers d'enquête,
fonctionnement de l'Ecole de police, nourriture et pension, transfert des
prisonniers et aliénés, locations diverses, salles de cours,
terrains pour cours spéciaux, et augmentations diverses; un total de
$114,400.
M. WAGNER: Est-ce que la Sûreté n'a pas fait une
demande...
M. BERTRAND: ... d'augmentation...
M. WAGNER: ... pour obtenir un hélicoptère ou
deux?
M. BERTRAND: Les avions sont en service depuis la semaine
dernière. Nous avons trouvé qu'il était
préférable d'avoir des avions, et c'est justement le CT dont j'ai
parlé en Chambre aujourd'hui.
M. WAGNER: Mais est-ce qu'avec les avions vous faites la
surveillance de la circulation sur les routes?
M. BERTRAND: Tout le tour, dans toute la
périphérie.
M. WAGNER: C'est plus effectif que
l'hélicoptère?
M. BERTRAND: C'est plus effectif que l'hélicoptère.
Ce sont de petits avions, des Cessna 150, et on dit que c'est beaucoup plus
utile que l'hélicoptère.
M. WAGNER: Vous en avez acheté combien?
M. BERTRAND: Nous n'en avons pas acheté, nous en avons
loué...
M. WAGNER: Loué?
M. BERTRAND: ... et c'est à ce sujet-là qu'on a
soumis au conseil de la trésorerie une demande de $30,000...
M. WAGNER: Soumissions publiques?
M. BERTRAND: ... c'est le Sherbrooke Aéro-Club qui a
obtenu le contrat à la suite de soumissions.
M. WAGNER: Est-ce que le ministère n'aurait pas profit
à acheter des avions semblables au lieu de les louer?
M. BERTRAND: Tout ce problème de l'acquisition des avions
relève du ministère des Transports. Il n'est pas impossible que
la Sûreté puisse se porter acquéreur d'avions.
M. WAGNER: Echangez le camion pour une couple d'avions!
M. BERTRAND: Oui, franchement, le camion blindé pourrait
difficilement voler!
M. LE PRESIDENT: Adopté? UNE VOIX: Adopté.
M. WAGNER: Un petit instant avant qu'on ne passe à un
autre poste budgétaire.
M. BERTRAND: D'accord?
M. WAGNER: Très bien, adopté.
M. BERTRAND: Adopté, Alors, article 5: poursuites au
criminel. Vous n'avez pas d'autres questions pour les agents de police, que je
les retourne...
M. WAGNER: Non, je n'ai pas de questions, je n'ai que des
félicitations.
M. BERTRAND: Alors, merci infiniment et bon voyage!
M. LE PRESIDENT: Qu'est-ce qui arrive en haut?
M. BERTRAND: Est-ce qu'ils ont fini en haut?
UNE VOIX: Non, ils travaillent encore.
M. WAGNER: Est-ce qu'il y a eu un consentement en substitution de
procureur ou si...
M. LE PRESIDENT: Cela ne se fait pas, ça ici.
M. BERTRAND: Ah bon! Est-ce qu'on a objection à ce que le
député de Sherbrooke remplace le président?
M. MASSE: L'Opposition ne fait jamais d'obstruction avec la
Chambre.
M. WAGNER: Est-ce que je peux demander au ministre s'il a
l'intention de siéger passé dix heures?
M. BERTRAND: Oui.
M. WAGNER: Jusqu'à quelle heure?
M. BERTRAND: J'ai l'intention de siéger jusqu'à
minuit!
M. WAGNER: Il me semble que j'ai entendu le premier ministre dire
la semaine dernière, lorsque sa motion a été
présentée, qu'il n'abuserait pas d'une telle motion et que si
jamais il abusait de la motion, l'Opposition devrait se charger de lui rappeler
sa promesse.
M. BERTRAND: Non, nous n'en abusons pas. Le travail va bien. Si
le député de Verdun est fatigué, il peut comprendre qu'il
y en a d'autres qui le sont, mais qui sont prêts à s'imposer
ça et à continuer jusqu'à minuit.
M. MALTAIS (Limoilou): D'ailleurs, au départ, le premier
ministre, je le fais remarquer au député de Verdun, le premier
ministre devait ajouter également le samedi à sa motion.
M. BERTRAND: On dit que les travaux de la Chambre ne...
M. WAGNER: Ah! on va avoir congé samedi? Ah mon Dieu!
M. BERTRAND: Demain, vous aurez congé, à minuit, on
pourra arrêter.
M. MAILLOUX: Vous êtes consolant!
M. BERTRAND: Bien, c'est consolant, nous accomplissons notre
travail et je pense que le climat est bon et pourquoi ne pas continuer.
M. WAGNER: Le climat est bon, mais il y a impossibilité de
terminer ce soir. Je ne voudrais pas que le ministre se fasse d'illusion qu'il
s'imagine qu'avec le temps...
M. BERTRAND: Non, non!
M. WAGNER: ... et un peu d' usure...
M. BERTRAND: Ah non non! je pense qu'il y en a qui utilisent le
moyen d'essayer d'épuiser le ministre de la Justice, entre autres, mais
ils vont voir qu'il y a encore des bons réflexes.
M. WAGNER: Il ne faut pas parler du premier ministre comme
ça.
M. BERTRAND: Alors, M. le Président, poste
budgétaire 5, « Poursuites au criminel ».
M. LE PRESIDENT: Traitements, salaires.
M. WAGNER: Un instant! Est-ce que le ministre veut exposer
brièvement les changements?
M. BERTRAND: D'abord, nomination de procureurs permanents
à temps complet; il y a encore des procureurs à temps partiel.
Nous avons procédé au cours du mois d'août à la
nomination de procureurs permanents dans plusieurs districts judiciaires. Il
n'y a plus de procureurs à honoraires. Tous sont à temps partiel
et à salaire.
M. WAGNER: On ne confond pas avec les procureurs ad hoc
là.
M. BERTRAND: Non. Cela, c'est un autre domaine qui a toujours
existé d'ailleurs. Et l'objectif que je poursuis et qui date de
l'époque de M. Lapalme est d'essayer, dans toute la mesure du possible,
nous en avons parlé cet après-midi, de nommer les procureurs de
la Couronne permanents. Mais je n'ai pas besoin de reprendre les propos que
j'ai tenus pour dire que c'est difficile à trouver, surtout en
campagne.
L'adoption au mois d'octobre dernier par la Commission de la fonction
publique d'un règlement négocié, établissant les
conditions de travail des procureurs de la Couronne et l'adoption par cette
même commission d'ici peu d'un règlement établissant
l'échelle de traitements des procureurs de la Couronne, font
espérer que des procureurs actuellement embauchés à temps
partiel seront, je l'espère, intéressés à devenir
employés permanents et à temps complet. Maintenant je voudrais
donner un exemple. Il y avait 23 procureurs permanents.
Il y en a aujourd'hui 33.
M. WAGNER: Les dix sont à quel endroit?
M. BERTRAND: Les dix? Montréal et Québec surtout,
où nous avons pu augmenter le nombre. Il y en a
unàBeauharnois,qui a été nommé permanent; il y a
également le district de Bedford dont j'ai parlé cet
après-midi; il y a le district de Bonaventure, il y a le district de
Roberval où il y a un procureur de la Couronne permanent, Labelle, le
district de Terrebonne. Donc, nous avons augmenté de dix le nombre de
procureurs permanents. A Montréal, entre autres, il y en avait si
mon souvenir est bon treize et nous avons à l'heure actuelle 21
procureurs de la Couronne permanents. J'ai demandé que l'on tâche
de trouver encore au moins cinq autres procureurs à Montréal.
M. WAGNER: Mais, est-ce qu'en plus...
M. BERTRAND: Parce que je reconnais comme le
député de Verdun le sait, il a pratiqué à
Montréal, mais je connais également la ville de Montréal
qu'il faut absolument que nous ayons à Montréal une
équipe de procureurs de la Couronne permanents, avec un procureur-chef
permanent.
M. WAGNER: D'accord.
M. BERTRAND: Cette politique, de ce côté-là,
je la crois excellente, il faut la continuer. Mais nous devons, malgré
tout, encore à cause des salaires et surtout en dehors des grandes
villes, avoir des procureurs à salaire fixe et à temps partiel.
Nous avons également des procureurs à honoraires.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre pourrait nous donner la liste
des procureurs à honoraires qui agissent comme procureurs de la
Couronne?
M. BERTRAND: Il n'y en a pas dans ce domaine-là. Comme
procureurs de la Couronne?
M. WAGNER: Je parle de procureurs... M. BERTRAND: Ah hoc?
M. WAGNER: Oui et je dis que ce sont les procureurs à
honoraires, n'est-ce pas, qui travaillent comme procureurs de la Couronne et on
les appelle procureurs ad hoc. Ils plaident devant les assises, ils plaident
devant la cour de juridiction régionale...
M. BERTRAND: Occasionnels.
M. WAGNER: ... et ils sont payés par honoraires.
M. BERTRAND: A l'heure actuelle, il y a Me Jacques Coderre, Me
Claude Guérin, Me Jean-Paul Sainte-Marie, et Me Claude Nolin. Tous
d'anciens procureurs de la Couronne qui nous ont aidés
particulièrement devant la cour d'assises. Dans ce domaine-là, je
voudrais...
M. WAGNER: Parmi les procureurs à temps partiel qui
existaient auparavant, est-ce qu'il y en a qui sont procureurs ad hoc?
M. BERTRAND: Qui l'ont été pour continuer certains
dossiers.
M. WAGNER: Pour continuer certains dossiers. Mais les dossiers,
une fois complétés, ils n'ont pas eu de mandat nouveau. C'est
ça?
M. BERTRAND: Non.
M. WAGNER: Maintenant, ces quatre procureurs qui agissent, vous
avez nommé Me Coderre, Me Sainte-Marie...
M. BERTRAND: Me Coderre qui a agi dans la cause du juge
Meunier.
M. WAGNER: Alors, Coderre, Sainte-Marie, Claude
Guérin...
M. BERTRAND: Claude Guérin et Claude Nolin.
M. WAGNER: Et Claude Nolin. Est-ce que vous n'avez pas
également Guy Guérin?
M. BERTRAND: Guy Guérin qui, à l'heure actuelle,
agit... Mais ce n'est pas un procureur...
M. WAGNER: Qui a seulement un mandat? M. BERTRAND: Seulement ce
mandat-là.
M. WAGNER: Est-ce qu'il n'est pas exact qu'il a plus d'un
mandat?
M. BERTRAND: Non. A l'heure actuelle, c'est le seul mandat
à ma connaissance...
M. WAGNER: Non, mais non.
M. BERTRAND: Oh, il agit également dans la cause de M.
Martineau, en appel.
M. WAGNER: Dans la cause de M. Martineau, dans la cause de M.
Bégin.
M. BERTRAND: Bégin...
M. WAGNER: Est-ce qu'il n'y en a pas d'autres, à part
ça?
M. BERTRAND: Non, pas à ma connaissance. Ce sont les deux
seules causes. Pour donner quelques détails sur les poursuites
criminelles, je recevais du bureau du substitut en chef du procureur
général, le 25 avril, la lettre suivante:
M. WAGNER: Quelle date?
M. BERTRAND: Le 25 avril 1967. « En 1962, il y avait 19,000
dossiers ouverts dans le district judiciaire de Montréal pour tout genre
de délits. En 1966, 26,700 étaient ouverts, représentant
en moyenne une augmentation de près de 2,000 dossiers par année.
Inutile de vous dire qu'en conséquence le travail des
préposés à la justice a augmenté
considérablement. En juin 1966, toujours à Montréal, 2830
causes résultant d'actes et d'offenses criminels étaient
pendantes devant la cour des Sessions de la Paix et la cour du Banc de la
Reine, juridiction criminelle. Nous avons constaté que le rôle
était très chargé et il nous a été
impossible de procéder rapidement dans l'audition de ces affaires.
En janvier 1967, à la suite d'entrevues avec le juge en chef et
certains de ses collègues, nous obtenions l'addition de deux juges pour
entendre les causes à la cour des Sessions de la Paix. Cela portait
à cinq le nombre de juges devant entendre ces causes et nous avons
apprécié la coopération de la magistrature.
Quant aux assises, deux juges siègent régulièrement
et le juge en chef de la Cour Supérieure, l'honorable juge Challies, a
bien voulu agréer à notre demande en ajoutant un juge de la Cour
Supérieure pour entendre les appels des convictions sommaires le
vendredi et ce, depuis le mois de septembre 1966. Le résultat des
dispositions prises a porté d'excellents fruits à ce jour, si
bien qu'il reste actuellement 397 causes non fixées, lesquelles seront
vraisemblablement entendues au cours des prochains mois. La situation devrait
être au point au mois de novembre de la présente année.
C'est donc dire qu'il y avait 2,830 causes qui étaient ni plus ni moins
pendantes en juin 1966 et, grâce au travail de nos procureurs, nous avons
pu réduire ce nombre-là à 397. C'est donc dire que nos
procureurs de la Couronne ont besogné. Ce travail, évidemment,
s'est accompli sans qu'aucun geste spectaculaire ne soit fait, et nous avons la
conviction qu'il s'agit là d'un moyen des plus efficaces pour donner
satisfaction aux contribuables qui n'ont pas à se présenter
maintes et maintes fois devant les tribunaux et qu'au surplus, il s'agit d'une
excellente façon de combattre le crime dans notre région.
Alors, je tiens, quant à moi, à féliciter les
procureurs de la Couronne de la besogne qu'ils accomplissent, besogne
excessivement difficile et j'espère que nous pourrons, comme je l'ai dit
tantôt, augmenter le nombre des procureurs de la Couronne permanents.
M- WAGNER: Je m'associe aux félicitations du ministre de la
Justice et, connaissant ces procureurs, je n'en suis pas surpris.
M. BERTRAND: Même ceux qui ont été
nommés depuis.
M. WAGNER: Ah, je suis convaincu que tous ceux qui sont
nommés de façon permanente font leur devoir, et eux n'ont pas de
conflit d'intérêt.
M. BERTRAND: Maintenant, dans le domaine des poursuites
criminelles également, le
député de Verdun, surtout en matière de faillite
frauduleuse, a fait plusieurs déclarations dans ce domaine. Or, le 15
juin, je n'ai donné que des extraits de la lettre en Chambre. C'est une
lettre qui était adressée au sous-ministre relativement au
comité fédéral-provincial sur l'administration des
faillites.
M. WAGNER: Adressée à qui?
M. BERTRAND: Au sous-ministre, M. Chouinard.
M. WAGNER: A quelle date? M. BERTRAND: Le 15 juin 1966. M.
WAGNER: C'est une lettre...
M. BERTRAND: C'est en réponse à une lettre de M.
Tassé.
M. WAGNER: C'est une lettre qui n'a jamais été
portée à ma connaissance.
M. BERTRAND: « J'ai bien reçu votre lettre du 7 juin
1966...
UNE VOIX: C'est après les élections. M. WAGNER:
Oui, je sais.
M. BERTRAND: Je veux décrire la situation.
M. WAGNER: Le ministre insistait sur le fait que nous
étions au pouvoir à ce moment-là. Le ministre devrait
comprendre que la veille de son assermentation...
M. BERTRAND: Voici, ce n'est pas ça...
M. WAGNER: Il était impossible pour nous de...
M. BERTRAND: On fait allusion à un état de choses
qui existait et je voudrais que la Chambre soit pleinement renseignée.
« Chers confrères, c'est adressé par M. Jacques
Ducros, le sous-ministre associé
M. WAGNER: Evidemment, le ministre comprend qu'il n'y a pas de
possibilités pour nous de contre-lnterroger.
M. BERTRAND: Non! « J'ai bien reçu votre lettre
disait M. Ducros à M. Chouinard du 7 juin, et j'ai pris
connaissance des documents annexés et plus particulièrement de la
lettre que vous adressait Me Roger Tassé, le 30 mars dernier. Comme je
vous en faisais part sommairement lors d'une récente conversation
téléphonique, je suis d'opinion que le ministère
provincial de la Justice ne devrait assumer, pour le moment, dans le domaine
des faillites frauduleuses, que la poursuite des offenses relevant directement
du code criminel, telles la fraude, le défaut de rendre compte, la
fabrication et l'usage de faux documents, le défaut de tenir des livres
de comptabilité convenable, le parjure et l'incendie criminel
volontaire. »
M. WAGNER: Cela en fait déjà pas mal!
M. BERTRAND: « Bien qu'en principe les procureurs
généraux des provinces aient la responsabilité de toutes
les poursuites, aussi bien celles relevant des divers statuts
fédéraux que celles sur le code criminel, je soumets humblement
que nous n'avons pas, présentement, le personnel nécessaire pour
bien nous acquitter de cette responsabilité. Avant de nous engager
à assumer la poursuite de toutes les offenses reliées à la
loi sur la faillite, je crois qu'il y aurait lieu que nous assumions une foule
d'autres poursuites, comme celles pour fabrication de fausse monnaie, et autres
poursuites découlant de l'application du code criminel.
Nous ne possédons pas le personnel nécessaire dans le
district de Montréal, dans le moment, pour plaider les enquêtes
préliminaires résultant des plaintes de la police de
Montréal et des polices de banlieue, comme Verdun, Ville Mont-Royal et
Outremont. »
M. WAGNER: D'ailleurs, est-ce que le...
M. BERTRAND: Je vais continuer. Quand le député de
Verdun le voudra, il pourra me poser des questions à ce sujet-là.
«Je me permets je continue la lecture de la lettre de Me Jacques
Ducros, sous-ministre associé au sous-ministre de la Justice, Me Julien
Chouinard « Je me permets de souligner, d'autre part, qu'il est
très rare qu'une offense à la loi de la faillite autre que des
offenses d'ordre strictement administratif, ne puisse pas être poursuivie
en vertu du code criminel. Le bureau des substituts de Montréal a, en
effet, à la suite d'enquêtes menées, soit par la
sûreté provinciale ou la Sûreté de Montréal,
porté une foule de plaintes dans le domaine des faillites frauduleuses
sans qu'aucune d'entre elles ne soit prise en vertu de la loi sur la faillite.
« Je suis parfaitement d'accord avec Me Tassé que les offenses
directement reliées à
la machinerie administrative de la loi sur la faillite, telle que celles
énumérées au premier paragraphe de la deuxième page
de ma lettre, devraient faire l'objet de poursuites par les syndics, et le cas
échéant, par le surintendant des faillites. La question des
faillites frauduleuses, déclare Me Ducros a fait couler
tellement d'encre depuis quelque temps que j'ai l'impression que le
ministère fédéral de la Justice aimerait pouvoir
déclarer que les provinces ont convenu d'assumer toutes les poursuites
dans ce domaine et que le surintendant des faillites n'est responsable que de
la poursuite des offenses strictement d'ordre administratif. « Bien qu'il
nous faudra un jour vraisemblablement en arriver là, nous ne sommes pas
en état de le faire pour le moment, les procureurs de la Couronne du
district de Montréal sont débordés et il existe
présentement une centaine de dossiers dans le domaine des faillites
frauduleuses où les enquêtes menées, tant par la
Sûreté provinciale que par la ville de Montréal, sont
à peu près terminées et où des plaintes auraient
dû être portées depuis longtemps, ce qui n'a pas
été fait à cause du manque de personnel actuel.
J'espère dit Me Ducros, que ces quelques commentaires pourront
vous aider à répondre à la lettre de Me Tassé et je
vous prie d'excuser mon retard à donner suite à votre lettre du 7
avril. »
C'est donc dire, M. le Président, lorsque le 15 juin, Me
Jacques Ducros, qui était le sous-ministre associé au contentieux
criminel à Montréal, déclare qu'il y a dans le domaine des
faillites frauduleuses une centaine de dossiers où, à cause du
manque de personnel, les plaintes auraient dû être portées
depuis longtemps en toute objectivité, qu'avant l'arrivée
au ministère de la Justice du ministre actuel, il y avait, à ce
moment-là, des centaines de dossiers au sujet desquels des plaintes
n'étaient pas portées et qui dormaient.
M. WAGNER: Le ministre dit; Des centaines. La lettre dit: Une
centaine.Il vient de la lire, il y a quelques minutes là.
M. BERTRAND; Non, mais c'est pour mettre les choses au point.
M. WAGNER: Je comprends, mais il faut les mettre au point comme
il faut.
M. BERTRAND: On les met au point. Je pense que cette lettre de Me
Ducros, qui est resté en fonction jusqu'au mois de janvier 1967,
démontre que le problème des faillites frauduleuses, du
délai à porter les plaintes n'est pas d'aujourd'hui. Et, à
ce moment-là, il se plaignait d'un manque de personnel et ce n'est pas
le député de Missisquoi qui était ministre de la Justice.
Est-ce que je vais pour cela accuser le député de Verdun de
négligence dans ce domaine-là? Est-ce qu'il n'était pas
pris comme on l'est avec la difficulté de recruter un personnel
compétent?
Nous avons heureusement, à l'heure actuelle, requis les services
de Me Jean Perron et nous espérons qu'il deviendra bientôt un
employé permanent. Heureusement, c'est en même temps un avocat qui
a fait des études en comptabilité et nous espérons de
plus, au sein des procureurs permanents, constituer une équipe qui va
s'occuper de ce domaine des faillites frauduleuses. Alors, la situation telle
qu'elle existait, je l'ai décrite par la lettre de Me Jacques Ducros et
l'on peut être assuré que, dans ce domaine, nous allons faire
l'impossible pour recruter tout le personnel requis afin de mener à
terme toutes les plaintes fondées en matière de faillites
frauduleuses, en vue de protéger le public et la population contre
ceux-là qui ont organisé, il faut le dire, de véritables
réseaux qui rayonnent à travers tout le Québec.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre ne pourrait pas nous dire
pourquoi les quatre procureurs qui ont été nommés ad hoc
n'ont pas été nommés avec un traitement annuel de $9,000
ou $9,500?
M. BERTRAND: C'est parce qu'ils ont refusé. Ils n'ont pas
voulu accepter. Me Jacques...
M. WAGNER: Je les comprends de refuser $9,000 par année,
s'ils peuvent se faire $20,000. Cela, c'est entendu, mais pourquoi?
M. BERTRAND: Bon! Alors, c'est la même chose qui se
présentait dans le temps du ministre précédent.
M. WAGNER: Bien non! Il y avait des procureurs à temps
partiel à $9,500 par année. Pourquoi les avoir mis dehors pour en
engager d'autres à des honoraires plus élevés?
M. BERTRAND: On les a remplacés par des procureurs
permanents.
M. WAGNER: Mais vous nous dites que vous avez engagé
quatre procureurs ad hoc à Montréal.
M. BERTRAND: Oui, en plus des cinq... M. WAGNER; Pourquoi ne
pas... Non, non.
M. BERTRAND: C'est temporaire.
M.WAGNER: Mais le temporaire dure longtemps parfois.
M. BERTRAND: Oui, mais ces procureurs-là n'auraient pas
accepté d'agir à temps partiel.
M. WAGNER: Je comprends. Mais ce n'est pas à eux à
dire s'ils accepteraient ou non. Il appartient au ministre...
M. BERTRAND: ... de leur imposer?
M. WAGNER: ... de trouver d'autres procureurs qui accepteront.
Après tout, ce sont les deniers publics qui sont en jeu.
M. BERTRAND: Que le député de Verdun en trouve et
qu'il me donne les noms.
M. WAGNER: Très bien. La semaine prochaine, je vous
donnerai quatre noms. Est-ce que le ministre va les accepter?
M. BERTRAND: Des personnes qui sont prêtes à
être procureurs permanents?
M. WAGNER: Non, non,... M. BERTRAND: Permanents?
M. WAGNER: A temps partiel, mais payés à
l'année longue.
M. BERTRAND: Permanents, autant que possible des procureurs
à temps partiel, ce n'est pas ma politique, c'est de garder des
procureurs permanents...
M. WAGNER: Vous les nommez là, à temps partiel, et
vous payez trois, quatre...
M. BERTRAND: ...occasionnels, pour la durée d'une cause ou
de quelques causes.
M. WAGNER: Alors, Mes Sainte-Marie, Co-derre, Claude
Guérin et le quatrième, Nolin, ont plaidé combien de
causes jusqu'à maintenant? Et sont rétribués à
combien? Ils ont été payés combien?
M. BERTRAND: Au tarif qui existait à l'époque. Ils
sont payés suivant le tarif qui existait à l'époque pour
des procureurs ad hoc. $150 à $200, c'est le même tarif qui
était payé à l'époque.
M. WAGNER: Me Guy Guérin a combien par jour?
M. BERTRAND: Me Guy Guérin a combien par jour et Me Michel
Proulx? Quels sont les honoraires payés à Me Michel Proulx qui
défend les policiers provinciaux? Il représente sept
accusés. Il a $250.
M. WAGNER: Et Me Guérin, qui représente une
plaignante?
M. BERTRAND: Deux cents dollars. M. WAGNER: Par jour?
M. BERTRAND: Voici, là. Je voudrais bien que ces
détails-là soient absolument exacts... Tout ce que je peux dire
au député de Verdun, c'est qu'ils sont
rémunérés sur la même base qu'ils l'étaient
à l'époque où le député de Verdun
était ministre de la Justice. Il sait comment il est difficile de tirer
ces avocats-là de leur bureau pour plaider dans ces causes.
M. WAGNER: Je comprends, mais il y a quand même ce point-ci
qui me tracasse pas mal. C'est qu'au lieu de fixer un salaire annuel à
des procureurs de la Couronne, on les engage maintenant à tant par jour.
Cela, je pense que c'est un gaspillage de deniers publics.
M. BERTRAND: Je mets l'accent, et j'ai demandé à
nos procureurs en particulier à Me Réal Brunet, d'effectuer le
meilleur recrutement en vue d'avoir des procureurs permanents. J'ai
parlé tantôt des stagiaires; au bout d'un an, deux ans ou trois
ans, ces bons hommes-là vont ajouter au nombre, ils vont acquérir
au contact des procureurs de la Couronne permanents qui sont là une
bonne expérience. Nous pourrons augmenter ainsi le nombre de procureurs
et en les divisant en certaines sections, les spécialiser dans certaines
matières.
M. WAGNER: Le ministre reconnaît qu'il y a quand même
là une situation anormale?
M. BERTRAND: Par exemple, les honoraires payés aux avocats
du 1er avril 1966 au 24 mars 1967. Jacques Coderre a reçu $1,025.
M. WAGNER: Un instant. Du 1er avril 1966? Jacques Coderre? Ah
non! Jacques Coderre n'a pas été engagé au mois d'avril
1966. Certainement pas.
M. BERTRAND: Je ne dis pas qu'il a été
engagé; ce sont des honoraires pour l'année
financière...
M. WAGNER: Ah bon! c'est cela qu'il faut. A moins que j'aie perdu
la mémoire.
M. BERTRAND: C'est ça. S'il avait été
payé, disons à l'année, il aurait pu avoir beaucoup plus
que ça.
M. WAGNER: Mais non!
M. BERTRAND: Il aurait eu $9,000, moins deux mois.
M. WAGNER: Non, mais regardez. Il a commencé à
plaider des causes au mois de septembre, n'est-ce pas?
M. BERTRAND: Il n'a jamais plaidé de votre temps?
M. WAGNER: Non, ah non! Jamais. M. BERTRAND: Pourquoi?
M. WAGNER: Parce que nous avions des procureurs
rémunérés à l'année longue et c'était
plus économique pour la province.
M. BERTRAND: Vous aviez également des procureurs qui
étaient engagés...
M. WAGNER: Dans des cas spéciaux, mais pas devant les
assises, pas pour faire le travail que le procureur à temps partiel doit
faire.
M. BERTRAND: Voyons, on en a parlé suffisamment.
M. WAGNER: Alors, Me Coderre a commencé à plaider
quand? Au mois de septembre? Au mois d'octobre? Dans le cours de l'année
certainement.
M. BERTRAND: Il a commencé quand le dossier...
M. WAGNER: Au mois de juillet? Alors, du mois de juillet au mois
de décembre.
M. BERTRAND: Il ne travaille pas tous les jours là-dessus,
voyons!
M. WAGNER: Je comprends! Est-ce que c'est sa seule cause?
M. BERTRAND: C'est la seule qui lui a été
confiée.
UNE VOIX: Non.
M. WAGNER: Bon! Alors, il y a plusieurs causes.
M. BERTRAND: Ce sont des renseignements que je n'aurai pas
d'objection à communiquer au député de Verdun, les causes
qu'il aurait pu avoir et tout ça. On comprendra...
M. WAGNER: Je pense que le ministre comprend mon idée. Je
voudrais m'assurer que ce système nouveau...
M. BERTRAND: Ce que le député veutcriti-quer, ce
sont les procureurs de la Couronne permanents.
M. WAGNER: Exactement. Je voudrais que ce système nouveau
ne constitue pas un gaspillage d'argent. Or, j'ai fortement...
M. BERTRAND: Non, je ne crois pas.
M. WAGNER: ... l'impression que quand on paie à $200 par
jour des avocats qui pourraient être rémunérés
à l'année longue, il y a un risque qu'à ce
moment-là ça ne prenne pas beaucoup de semaines pour qu'ils
arrivent à $9,000. Je m'illusionne peut-être là, mais
j'aimerais faire les calculs. Si le ministre veut me donner tous les
détails. Je n'ai pas besoin de ça tout de suite. Je vais accepter
les crédits sans ça.
M. BERTRAND: Il ne faut pas oublier qu'à... M. WAGNER: Il
était persuasif. M. BERTRAND: Oh! il était parfait.
M. WAGNER: Mais, une suggestion. Je comprends que ces
causes-là n'avancent pas à Québec parce qu'aucun des juges
ne veut entendre la cause. C'est ça? Est-ce que le ministre peut me
confirmer que c'est la raison?
M. BERTRAND: Us se récusent.
M. WAGNER: Ils se récusent. Est-ce que je peux faire une
suggestion...
M. BERTRAND: Eh bien voici. C'est un problème apparemment
au niveau du pouvoir judiciaire, mais je viens de dire à mon sous-
ministre associé en matière criminelle d'aller chercher
des juges ailleurs. C'est tout.
M. WAGNER: Eh bien! c'est la suggestion que je voulais vous
faire. Qu'on aille chercher un juge soit à Montréal, à
Sherbrooke ou ailleurs, et qu'on l'amène à Québec.
M. BERTRAND: Cela devrait être fait. Cela aurait dû
être fait depuis longtemps.
M. WAGNER: Oui. Moi, je me souviens que, dans un certain cas
à Montréal, le fils d'un juge de Montréal devait subir son
procès. Alors on est allé chercher un juge à Sherbrooke
pour lui donner un procès juste et équitable...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. WAGNER: ... cela a eu pour résultat son
acquittement.
M. BERTRAND: Vous pourrez certainement trouver des juges. J'en
connais, moi, dans nos districts ruraux qui vont venir juger en ville. Le juge
Anctil on m'a dit est venu dans une des causes et il
délibère.
M. WAGNER: Il délibère. Mais est-ce qu'on n'a pas
pris un bref de prohibition contre lui? Il est bien obligé de
délibérer, quand il y a un bref de prohibition.
M. BERTRAND: Il délibère dans d'autres causes,
même s'il y a eu un bref de prohibition de pris dans une.
M. WAGNER: En attendant, je suppose, le jugement de la cour
d'Appel.
M. BERTRAND: Il délibère. C'est le juge Anctil. Il
délibère.
M. WAGNER: Il y a le juge Gaboury qui délibère
actuellement aussi.
M. BERTRAND: Il délibère, oui, je le connais.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien de
procureurs de la Couronne ont été nommés à
Sherbrooke?
M. BERTRAND: Oui. J'ai la liste ici, je vais donner exactement le
nombre. A Sherbrooke, il y a comme procureur en chef Me Roland Du-gré et
(ils sont deux) Me André Langlais.
M. WAGNER: Est-ce qu'il n'y en a pas trois, à
Sherbrooke?
M. BERTRAND: Non, nous avons deux procureurs à Sherbrooke.
Me Roland Dugré et Me André Langlais.
M. WAGNER: Est-ce qu'ils remplacent un ou deux procureurs?
M. BERTRAND: Us remplacent un procureur qui était
auparavant Me Jean-Guy Blanchet.
M. WAGNER: Qui était de taille, d'ailleurs.
M. BERTRAND: Qui était de taille à tous les points
de vue parce que, du 1er avril 1965 au 31 mars 1966, Jean-Guy Blanchet a
retiré de la Couronne $28,292.
M. WAGNER: Mais les salaires payés actuellement aux deux
procureurs sont de combien?
M. BERTRAND: Les salaires sont de $12,000 au procureur chef de la
Couronne et de $9,500 à Me Langlais.
M. WAGNER: Cela se rapproche pas mal. Est-ce qu'il y a
également un procureur pour la cour du Bien-Etre?
M. BERTRAND: Nous en avons un pour la cour du Bien-Etre qui est
Me Laurent Dubé, de Coaticook.
M. WAGNER: Est-ce qu'il est à salaire annuel?
M. BERTRAND: Il est au salaire de $5,000.
M. COURCY: Grimard, dans l'Abitibi-Ouest, est-il à
salaire?
M. BERTRAND: Grimard est à salaire. M. COURCY: Quel
salaire s'il vous plaît?
M. BERTRAND; Normand Grimard, à LaSar-re, Couronne, Bien-Etre et
pénal, $8,000. Couronne, causes criminelles, cour de Bien-Etre, et le
pénal, c'est-à-dire, le code de la route et toutes les
autres.
M. COURCY: Est-ce qu'il a vu à ses dépenses de
voyage? Partir de Rouyn et voyager à La Sarre. Il y a des avocats
à La Sarre. Il y en avait un qui était procureur de la
Couronne.
On l'a remplacé par Grlmard qui vient de Rouyn. Alors on lui
donne $8,000 de salaire. Est-ce qu'on lui paye ses dépenses de
voyage?
M. BERTRAND: Qui aviez-vous comme procureur de la Couronne?
M. COURCY: Bertrand, Jean Bertrand.
M. BERTRAND: Jean Bertrand de La Sarre avait retiré,
à titre d'honoraires, $9,725 en un an, soit du 1er avril 1965 au 31 mars
1966. Il y a certains faits que je préférerais ne pas
révéler étant donné qu'il s'agirait de...
M. COURCY: Quoi à Bertrand? Il y a des choses qui sont
arrivées après qu'il a été démis de ses
fonctions. Il a été démis de ses fonctions, c'est bien
après. Cela fait seulement un mois. Il n'y a rien, les journaux l'ont
publié à grande page.
M. BERTRAND: Ah! je ne suis pas au courant, je n'ai pas lu les
journaux de la région... du comté d'Abitibi-Est.
M. COURCY: Ce n'est pas là-dessus. Est-ce que M. Grimard
a, en plus du salaire, des dépenses de voyage de Rouyn, La Sarre et
ailleurs?
M. BERTRAND: Non, sauf s'il peut être envoyé dans un
autre district. Pas d'après les renseignements que l'on me fournit.
M. COURCY: Il a $8,000 d'honoraires pour aller plaider à
La Sarre et il paie ses frais de voyage?
M. BERTRAND: Il a un bureau d'avocat à La Sarre, M.
Grimard. Il a un bureau, c'est à la connaissance du député
d'Abitibi-Est.
M. COURCY: Grimard est à Rouyn, il n'est pas à La
Sarre.
M. BERTRAND: Oui, mais il a un bureau à La Sarre, et il
pratique également à La Sarre.
M. COURCY: Alors, il n'a aucune dépense de voyage.
M. BERTRAND: Bien, c'est ce qu'on me dit; c'est ce que mes
officiers me disent.
M. FRECHETTE: Etant donné qu'il a un bureau à La
Sarre...
M. BERTRAND: Il a un bureau à La Sarre. C 'est ce qu'ont
dit les oficiers.
M. MALTAIS: C'est ça.
M. WAGNER: Dans le district de Terrebonne, est-ce que le ministre
n'est pas au courant que les causes de juridiction relevant du juge des
Sessions de la Paix accusent un retard sans précédent?
M. BERTRAND: Je suis au courant et j'ai hâte que nous
présentions notre loi des tribunaux judiciaires en vue d'augmenter le
nombre de juges, parce qu'il y a là... D'abord le juge Orner
Côté accomplit une besogne formidable.
M. WAGNER: Ah oui! c'est justement, d'ailleurs, il faut le dire
à sa charge...
M. BERTRAND: Il accomplit une besogne formidable.
M. WAGNER: Ce n'est pas lui qui est responsable. Mais autrefois
les juges venaient de Montréal lui prêter main-forte. Or,
actuellement il semble qu'il est seul. Alors c'est pour ça.
M. BERTRAND: Voilà pourquoi j'ai l'intention de soumettre,
au cours de la présente session, une loi amendant encore la Loi des
tribunaux judiciaires, pour augmenter le nombre de juges et de plus. Ce n'est
pas impossible que, d'ici quelques temps, nous nommions un juge de la cour
Provinciale, mais qui, en même temps, étant donné qu'en
campagne...
M. WAGNER: On a juridiction concurrente.
M. BERTRAND: ... le juge de la cour Provinciale a juridiction
concurrente au civil, et au criminel, ce juge-là pourra un peu
décharger du fardeau excessivement lourd que doit porter le juge
Côté, le décharger de ce fardeau et partager avec lui une
tâche qui est devenue épouvantable.
M. WAGNER: C'est assez fantastique parce qu'il semble que les
causes de février 1967, dans lesquelles les accusés ont
enregistré un plaidoyer de non-culpabilité, sont reportées
pour procès à avril 1968. C'est presque un déni de
justice.
M. BERTRAND: J'en conviens, je suis au courant de la situation et
on peut être assuré
que nous allons essayer de corriger cette situation, qui est absolument
anormale, le plus tôt possible.
M. WAGNER: Mon collègue vous posait quelques questions au
sujet du district judiciaire...
M. BERTRAND: Si le député de Verdun veut me
permettre...
M. WAGNER; Oui.
M. BERTRAND: Je sais qu'à l'occasion des crédits,
l'ancien ministre de la Justice a écrit une lettre à plusieurs
procureurs de la Couronne, une lettre qui, dans mon district, a
été adressée à Me Claude Noiseux...
M. WAGNER: J'ai reçu une excellente réponse
d'ailleurs de Me Noiseux.
M. BERTRAND: Je voudrais... la lettre du député de
Verdun, M. Wagner...
M. WAGNER: D'ailleurs, quand je l'ai écrite, cette
lettre-là à tous les anciens procureurs et même aux
procureurs actuellement en fonction, à certains actuellement en
fonction, je savais fort bien que le ministre actuel de la Justice en
obtiendrait une copie.
M. BERTRAND: Bien, je pense que c'est normal.
M. WAGNER: Je pense que c'est normal, et je pense que le texte de
ma lettre également est un texte normal qui sollicite l'appui de tous
ceux qui s'intéressent à l'administration de la justice. Je n'ai
pas d'objection à ce qu'il la lise.
M. BERTRAND: Alors, la réponse qu'il a obtenue du
procureur permanent de la Couronne pour le district de Bedford, Me Claude
Noiseux,...
M. WAGNER; Vous pourriez peut-être commencer par celle que je lui
ai envoyée!
M. BERTRAND: Vous la lirez, la vôtre, si vous voulez.
M. WAGNER: C'est que je n'en ai pas de copie ici, moi, j'ai
envoyé toutes mes lettres.
M. BERTRAND: Vous avez dû en garder une copie?
M. WAGNER: Non.
M. BERTRAND: Vous n'avez pas gardé de copie?
M. WAGNER: Non!
M.BERTRAND: Ah ça, par exemple! Je pense que c'est une
restriction mentale.
M. WAGNER: Je n'en ai pas ici, en tout cas.
M. BERTRAND: Me Claude Noiseux. « J'accuse réception
de votre lettre... » C'est adressé à M. Claude Wagner.
« Je dois vous dire que, dans le district de Bedford, il m'apparaît
que l'administration de la justice est des plus saines. D'ailleurs, un rapport
de toutes les plaintes portées est expédié au
ministère de la Justice où il vous sera certainement facile de
procéder à l'examen des dossiers. Il n'y a, pas plus aujourd'hui
que du temps où vous étiez ministre de la Justice,
ingérence dans l'application de mon travail comme substitut du procureur
général, et les infractions sont poursuivies selon la loi.
»
Alors cela, c'est...
M. WAGNER: Félicitations.
M. BERTRAND: ... dans la maison du ministre actuel de la Justice,
dans son district.
M. COURCY; Rien que pour une information. J'ai une information ici
à l'effet que parmi les nouveaux procureurs, M. Grimard est payé
à salaire pour ce qui est des plaintes portées sous
l'autorité du code criminel.
M. BERTRAND: Oui, du code de la route et du Bien-Etre social.
M. COURCY: Tout à l'heure, on m'a donné tout cela.
Maintenant, contrairement à ce qui a été annoncé
dans les journaux, les nouveaux pro-cuteurs de la Couronne M. Grimard en
est un ne sont pas uniquement à salaire, puisque pour toutes les
causes statutaires, ils sont payés à tant la cause, comme cela
existait dans le district avant le 5 juin.
M. BERTRAND: Non.
M. COURCY: Est-ce exact?
M. BERTRAND: Dans le cas auquel réfère le
député d'Abitibi-Est, il reçoit des honoraires pour toutes
ces causes-là, cour du Bien-Etre, causes de la Couronne, et quand on
parle du pénal, c'est le code de la route, toutes les offenses
statutaires, loi de la chasse, de la pêche...
M. COURCY: Alors je peux répondre à mon
correspondant: Il est faux que les nouveaux procureurs de la Couronne... Ils
reçoivent uniquement des honoraires puisque toutes les causes
statutaires sont entrées dans les honoraires. Exact?
M. BERTRAND: Dans le cas de M. Grimard... là le
député d'Abitibi-Est me parle du cas de M. Normand Grimard, alors
je lui réponds au sujet de M. Normand Grimard.
M. COURCY: Huit mille dollars couvrent tout, et même ses
dépenses.
M. BERTRAND: Même les causes du revenu, les poursuites pour
le revenu.
M. COURCY: Dans le cas d'Abitibi-Est, pas les causes civiles?
M. BERTRAND: Pas les causes civiles. M. COURCY: Non, non.
M. BERTRAND: Pour les causes civiles, disons qu'il s'agit de
poursuites d'expropriation. Tout cela, à ce moment-là, ce sont
des causes civiles, pas des causes criminelles.
M. COURCY: Alors les causes civiles,... M. BERTRAND: Cela, c'est
à honoraires. M. COURCY: C'est à honoraires. M. BERTRAND: C'est
toujours ainsi.
M. COURCY: Alors, il a $8,000 d'honoraires plus les causes
civiles à honoraires.
M. BERTRAND: A honoraires, quand il y en a,
M. COURCY: Dans le comté d'Abitibi-Est? M. BERTRAND:
Abitibi-Est? M. COURCY: Amos et Val-d'Or?
M. BERTRAND: A Amos, c'est Me Claude Bigué qui est
à la Couronne. Pour la Couronne et le Bien-être, il a $8,000, pour
le civil et le pénal il reçoit des honoraires.
M. COURCY: Et puis dans le cas de M. Grimard, le pénal est
entré dans les honoraires?
M. BERTRAND: Un instant, là.
M. MALTAIS (Limoilou): C'est ça.
M. COURCY: C'est juste pour information; c'est parce que je donne
des informations, mais je veux savoir si elles sont justes ou non.
M. BERTRAND: Qui était à Amos auparavant? M.
COURCY: M. Labrèche.
M. BERTRAND: M. Labrèche, Gaston. Je n'ai pas les chiffres
exacts pour M. Labrèche...
M. COURCY: Ce serait pour savoir le remplaçant.
M.BERTRAND: Par exemple, à Val-d'Or, pour parler du
comté d'Abitibi-Est, nous avons Me Jean Beaulieu qui est procureur en
chef et il y a Me Claude Baillargeon. Auparavant, il y avait là...
M. COURCY: M. Vital Cliche, probablement.
M. BERTRAND: M. Vital Cliche qui avait toutes les causes et qui
avait retiré, au cours du 1er avril 1966...
M. COURCY: Peu m'importe ce qu'il a retiré. Le
système de paiement des nouveaux, c'est ça qui a changé.
On me donne des informations à l'effet qu'ils sont payés à
commission en dehors de telle chose. Je demande: Est-ce vrai? C'est tout ce que
je veux savoir.
M. BERTRAND: M. Vital Cliche, à Val-d'Or, avait
retiré, du 1er avril 1965 au 31 mars 1966: $21,446.50. Et, étant
donné que, cet après-midi, on parlait de népotisme,
c'était le frère du ministre des Terres et Forêts, qui
était procureur de la couronne à Val-d'Or. On a parlé de
népotisme.
M. COURCY: Il n'a pas été nommé juge!
M. WAGNER: C'était un poste temporaire, tandis qu'un juge,
c'est un poste assez permanent.
M. BERTRAND: Oui, mais pensez-vous que c'est mieux? Non. Le
député de Verdun l'a déjà été et il a
quitté le banc.
M. WAGNER: Oui.
M. BERTRAND: Alors, quand on parle de népotisme, il faut
regarder dans le miroir!
M. COURCY: Il y a une différence ici. Si l'ancien premier
ministre de la province de Québec
avait nommé son frère, Alexandre Lesage, juge, vous pouvez
être certain qu'on en aurait entendu parler!
M. BERTRAND: Juge de la cour municipale à
Montréal.
M. COURCY: Bien oui. On en aurait entendu parler!
M. BERTRAND: Bien, voyons donc!
M. COURCY: D'ailleurs, c'est le ministre de la Justice qui
amène cette question.
M. BERTRAND: Non, c'est le député de Verdun qui l'a
apportée cet après-midi.
M. WAGNER: J'ai simplement mentionné que d'autres auraient
crié au népotisme, mais nous, nous avons accepté la
nomination.
M. BERTRAND: Alors, vous ne criez pas au népotisme.
M. WAGNER: Pas du tout. On ne crie pas au népotisme.
M. BERTRAND: Alors, avez-vous d'autres questions?
M. WAGNER: Je réserve mes cris. Alors, vous êtes
à l'article 1?
M. LE PRESIDENT: Nous sommes toujours à l'article 1.
M. BERTRAND: Article 1: « traitements ».
M. WAGNER: Cela va.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BERTRAND: Honoraires et déboursés des substituts
de la couronne, adopté?
M. WAGNER: Adopté.
M. BERTRAND: Honoraires et déboursés des greffiers,
adopté?
M. WAGNER: II y a une augmentation.
M. BERTRAND: C'est une diminution, plutôt. C'était
$125,000 en 66/67; c'est $50,000.
M. WAGNER: Est-ce que vous avez libéré des
greffiers de leur fonction ou quoi?
M. BERTRAND: C'est à cause de la mise à traitement.
Réduction des frais par les mises à traitement.
M. BERTRAND: Article 3, adopté. Article 4: «
matériel, articles de bureau », adopté?
M. WAGNER: Adopté.
M. BERTRAND: Jurés, témoins et autres
dépenses.
M. WAGNER: Quant aux jurés, est-ce que le ministre de la
Justice n'est pas d'avis qu'il est temps que nous amendions la loi provinciale
pour permettre aux femmes de siéger comme membres du jury? Cela s'est
fait ailleurs. Cela s'est fait en Ontario.
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'objection de principe. Au contraire.
Les femmes sont des citoyennes comme vous et moi.
M. WAGNER: Il suffirait d'un léger amendement. Il faudrait
quand même, probablement, que le ministère des Travaux publics
veuille bien préparer des salles particulières pour les dames et
leur donner le confort qu'elles méritent. Mais je soulève ce
point-là ici sans insister davantage.
M. BERTRAND: Je ne vois pas d'objection de principe, au
contraire. Elles sont des citoyennes à part entière et je ne vois
pas pourquoi les femmes ne pourraient pas agir comme jurés.
M. FRECHETTE: En matière civile, qui est-ce qui
détermine ou enfin par quoi détermine-t-on la taxation d'un
témoin? En matière civile. Est-ce que cela varie de district en
district suivant la coutume?
M. BERTRAND: Non, c'est le tarif de la cour Supérieure,
qui est le même dans tous les districts. Et dans ce domaine-là,
dans le domaine des frais de témoin, je pense que le tarif est trop
bas.
UNE VOIX: C'est extraordinaire!
M. BERTRAND: Il y a des gens qui doivent perdre des
journées, parfois laisser un emploi assez rémunérateur,
pour aller témoigner et ce qu'on leur paie est insignifiant.
M. FRECHETTE: $6 par jour?
M. BERTRAND: Non, cela n'a pas de bon sens!
M. FRECHETTE: C'est $6 de taxation plus les dépenses.
M. BERTRAND: On a eu également le problème
dernièrement à l'enquête du coroner, à Dorion
où des gens...
UNE VOIX: On leur accorde $2 pour le repas.
M. BERTRAND: ... se sont plaints avec raison.
M. WAGNER: Oui, c'étaient des experts.
M. BERTRAND: Pas des experts. Des témoins ordinaires. Ils
se sont plaints avec raison du taux excessivement insignifiant pour une
journée, perte de travail et tout cela. C'est beau de servir la justice,
mais je pense qu'il faut tenir compte que ces gens-là laissent leur
emploi et que la rémunération qu'on leur accorde est
insignifiante.
M. LE PRESIDENT: Alors, le poste budgétaire numéro
5 adopté au complet! Poste budgétaire 8, « Administration
des palais de justice et prisons. » Article 1.
M. BERTRAND: Si on veut me permettre, je vais juste mettre un peu
d'ordre dans cette papeterie, « paperasserie », et retrouver...
Palais de justice et prisons.
On peut, je pense, prendre le poste budgétaire 6, article 1:
traitements. D'abord aux traitements, en 66/67, il y avait 1,712
employés et nous espérons atteindre le nombre de 2,128, soit une
augmentation de 416, ce qui représenterait l'augmentation qui est
prévue au budget de $2,728,700. Il y a là-dedans l'augmentation
du personnel pour la nouvelle prison de la rue Fullum, nouvelle prison à
Cowansville dont les travaux viennent à peine de commencer...
M. WAGNER: Ah bon!
M. BERTRAND: ... à la nouvelle prison à la rue
Fullum, 165 gardiens. La nouvelle prison à Cowansville, 10 gardiens.
Augmentation du personnel professionnel et clérical, dans les diverses
prisons, 49. Augmentation du personnel de garde dans les prisons, à
cause de la réduction de la semaine de travail, 180, et les services de
probation, 12. Les services de probation, en passant, constituent une nouvelle
initiative.
M. WAGNER: Il me semblait qu'il avait déjà
été question de probation.
M. BERTRAND: Oui, mais là, non seulement il va en
être question, mais on crée un service. La création d'un
service de probation à l'intérieur du service des prisons
s'impose de façon urgente. A l'exception de Québec, Terre-Neuve
et l'Ile-du-Prince- Edouard, toutes les provinces du Canada possédaient
un tel service. L'Ontario a accordé en 66/67 un budget de $2 millions
à ce service qui compte plus de 150 officiers de probation.
Lorsqu'un tel système existe, plusieurs centaines de petits
criminels, au lieu d'être à la prison, sont confiés
à la surveillance d'officiers de probation spécialement
entraînés. Au point de vue social, un tel service est une
nécessité et, au point de vue économique, sa
création se justifie également. En confiant la surveillance de
ces criminels à des officiers de probation, on diminue d'abord le nombre
de prisonniers et on réduit ainsi les dépenses pour l'entretien.
Cette année, nous avons prévu une somme qui est minime, mais qui
est un point de départ; nous avons une somme de $60,000 et il y a, en
plus, une somme de $50,000 qui est également prévue à un
autre article pour permettre des subventions à des agences de probation.
Ce qui veut dire...
M. WAGNER: A des agences privées?
M. BERTRAND: Des agences de probation privées,
c'est-à-dire les agences sociales que l'on a dans les campagnes surtout.
C'est donc une somme d'environ $110,000 que nous allons consacrer à
cela, comme initiative nouvelle.
De plus, il y a le gardiennage des palais de justice. Nous avons
recours, en certains cas, à des agences de sécurité pour
certaines opérations de surveillance. Comme, par exemple, la
surveillance de prisonniers qui doivent aller dans les hôpitaux. Et nous
avons une initiative nouvelle qui est également, j'en conviens, quant au
chiffre, minime, c'est l'organisation des sports dans les prisons.
M. WAGNER: Cela dépend des sports. M. BERTRAND: Une somme
de $15,000.
M. WAGNER: Touchez-vous aux patinoires, là?
M. BERTRAND: Eh bien, je pense qu'on n'aura pas, pour le moment,
le temps d'installer la glace artificielle partout.
M. WAGNER: Si vous l'installez, cachez vos boyaux.
M. BERTRAND: Oui! Vous avez eu une mauvaise
expérience.
M. WAGNER: Ah très, très!
M. BERTRAND: Alors, voilà, M. le Président,
quelques commentaires au sujet d'abord des initiatives nouvelles et
également des dépenses à ces postes, quant aux
traitements.
Alors, est-ce qu'on pourrait adopter le premier article? Article 1,
« Traitements »?
M. WAGNER: Est-ce que les traitements ou les salaires des
gouverneurs de prison ont été augmentés
récemment?
M. BERTRAND: Pas ceux des gouverneurs encore. Ils font partie de
ce qu'on appelle les cadres supérieurs et ce problème fait
l'objet d'une classification à l'heure actuelle à la Commission
de la fonction publique. Ils doivent être augmentés.
M. WAGNER: De beaucoup?
M. BERTRAND: Nous attendons, non pas les directives, mais les
décisions de la Commission de la fonction publique dans ce
domaine-là. Mais il y a eu des représentations qui ont
été faites par les officiers du ministère.
M. WAGNER: Bien.
M. BERTRAND: Adopté?
M. LE PRESIDENT: Article 2.
M. BERTRAND: Article 2, ce sont les salaires des ouvriers, il y
en a 156.
M. WAGNER: Je ne sais pas si, à ce moment-ci, nous
pourrions parler de l'établissement d'une école
d'entraînement pour les gardes. Il me semble vaguement avoir lu dans un
discours du ministre d'Etat qu'il s'agissait là d'une des initiatives.
J'avais également lu la même chose dans un de mes propres discours
à l'Assemblée législative.
M. BERTRAND: Si le député de Verdun me permet, il y
a eu un concours pour l'engagement d'un directeur d'une école des
gardes. Le ministre d'Etat en a parlé à l'occasion, je pense, du
dîner des membres de la Fraternité de bienfaisance, d'entr'aide
policière des policiers de Québec.
M. WAGNER: A part le concours, est-ce qu'un emplacement a
été choisi?
M. BERTRAND: Il y aura un directeur.
M. WAGNER: Non, mais est-ce qu'un emplacement a été
choisi?
M. BERTRAND: Temporairement, l'école est située au
manège militaire de la rue Craig à Montréal.
M. WAGNER: Les prisonniers du Manège?
M. BERTRAND: Nous prenons un espace à l'intérieur
du manège pour cette école, mais c'est temporaire.
M. WAGNER: C'est un cours qui va durer combien de temps?
M. BERTRAND: Quelle est la durée? Trois mois. C'est
à l'état embryonnaire. Frais de voyage, cela va? Honoraires,
d'accord. Frais de bureau, très bien. 6 Articles de bureau.
M. WAGNER: Adopté.
M. BERTRAND: 7 Uniformes. Adopté.
M. WAGNER: 7 Matériel et équipement, est-ce
qu'il n'y a pas un saut par rapport à l'an passé?
M. BERTRAND: Equipement pour la prison de la rue Fullum, $54,500
de prévus. Equipement nouveau ou remplacement d'équipement
à la boulangerie, la cuisine dans les ateliers de la prison de
Montréal, $53,000. Et lorsque je suis allé faire ma visite
à la prison de Montréal...
M. WAGNER: Ah oui! j'ai su que vous aviez été
visiter la prison de Montréal.
M. BERTRAND: A la prison de Montréal et je pense que
c'était mon devoir d'y aller, surtout au sujet de l'institut Pinel. A
cette occasion-là, j'ai visité toute la prison, j'ai
rencontré des prisonniers de cellule en cellule...
M. WAGNER: Vous avez trouvé la prison en bon
état.
M. BERTRAND: Et je leur ai apporté tout simplement le
réconfort d'un sourire, d'un sourire amical...
M. WAGNER: Aux gardes aussi.
M. BERTRAND: Aux gardes, à tout le monde, à tous
ceux qui étaient là.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre pourrait me dire si...
M. BERTRAND: Et j'ai cru de mon devoir de le faire, et je pense
que la remarque que le député de Verdun a déjà
faite il va convenir avec moi qu'il aurait pu éviter de la
faire.
M. WAGNER: Je ne conviens de rien. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il a trouvé la prison en bon état?
M. BERTRAND: La prison était bien tenue. Il y a
malheureusement l'institut Pinel qui doit être
déménagé dès que les travaux de construction seront
terminés, dans une couple d'années, mais ça, ça
relève du ministère de la Santé.
M. WAGNER: Du ministère de la Santé.
M. BERTRAND: Et, à ce moment-là, nous étions
accompagnés du ministre des Travaux publics, du ministre de la
Santé, du gouverneur de la prison. Nous avions tout un bataillon de
visiteurs.
M. WAGNER: Si j'avais su que vous étiez là, j'y
serais allé. J'aurais traversé la rue.
M. LE PRESIDENT: Alors l'article 7 est adopté?
M. BERTRAND: Cela m'aurait surpris parce que vous m'avez
blâmé d'avoir fait cette visite.
M. WAGNER: Si j'avais été avec vous, je ne vous
aurais pas blâmé.
M. BERTRAND: Mais pourquoi ne m'au-riez-vous pas
blâmé si vous aviez été avec moi?
M. WAGNER: Parce que je n'aurais pas salué Georges Lemay,
moi.
M. BERTRAND: Salué? Tous les êtres humains sont des
personnes et des frères quels qu'ils soient, et c'est l'esprit
chrétien qui anime le député de Verdun comme celui qui
m'anime. C'est celui-là que je tente de mettre en pratique dans ma vie
comme il essaie de le faire dans la sienne.
M. WAGNER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 8. Adopté. M. BERTRAND:
Provisions. M. LE PRESIDENT: Article 9. M. WAGNER: Adopté.
M. BERTRAND: Voici, il y a là quelque chose
d'intéressant, un nouveau menu qui a été
préparé en coopération avec le ministère de la
Santé. Un menu, apparemment, qui va être plus complet, mieux
équilibré et qui va au moins donner aux infortunés de
meilleurs repas.
M. WAGNER: Là, vous êtes en train de toucher les
cordes sensibles de mon coeur.
M. BERTRAND: L'augmentation également du nombre de
détenus. Je pense que c'est une excellente mesure.
M. LE PRESIDENT: Article 10.
M. BERTRAND: Automobiles.
M. WAGNER: Automobiles, $43,000.
M. BERTRAND: Une wagonnette à Québec, $4,200; six
échanges de véhicules à Montréal, $27,600.
M. WAGNER: Cela a été fait ou c'est à
faire?
M. BERTRAND: C'est à faire. Les paniers à salade,
là, qui ne sont pas des paniers à salade.
UNE VOIX: Disons que ce sont des chars blindés en
miniature.
M. WAGNER: C'est toujours en vertu des soumissions publiques?
M. BERTRAND: Du service des achats. M. WAGNER: Du service des
achats. M. LE PRESIDENT: Article 11.
M. BERTRAND: Automobiles: entretien et opération. Bien
ça découle de l'autre.
M. WAGNER: Adopté.
M. BERTRAND: Produits pharmaceutiques et soins
médicaux.
M. WAGNER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 13. Autres dépenses.
M. BERTRAND: C'est le même coût, c'est le même
montant. Autres dépenses, la même chose, c'est moins que l'an
dernier. Nous aurons moins de dépenses. Aux dépenses
autres...
M. LE PRESIDENT: Alors adopté? Article 6, adopté.
Article 7: Cours de Bien-Etre social.
M. BERTRAND: Voici. Cet après-midi, le
député de Verdun a parlé de l'établissement de
cours familiales. C'est un problème auquel personnellement je
m'intéresse depuis longtemps, et mon opinion dans ce domaine serait que
ces tribunaux deviennent de véritables tribunaux de famille, ou
familiaux, des cours familiales, auxquelles pourraient être
référées les causes de séparation de corps, tout
cela...
M. WAGNER: Les causes de pratique de la Cour supérieure,
tout cela.
M. BERTRAND: Maintenant, il a noté que le premier ministre
en avait parlé. Je dois avouer que ce n'est pas pour réalisation
immédiate, mais j'espère qu'il nous sera possible au cours de
l'année d'examiner de très près ce problème.
M. WAGNER: Est-ce qu'il s'agirait d'une transformation des cours
du Bien-Etre?
M. BERTRAND: C'est-à-dire qu'on ajouterait aux cours du
Bien-Etre, disons...
M. WAGNER: Une juridiction additionnelle.
M. BERTRAND: ... une juridiction additionnelle. Alors, dans ce
domaine, les traitements... C 'est pas mal...
M. WAGNER: Est-ce que le ministre a l'intention d'ajouter au
nombre des juges de la cour du Bien-Etre?
M. BERTRAND: Oui. Il y a encore quelques districts... Nous en
avons un à nommer à l'heure actuelle à Hauterive et,
à part cela, il faut en nommer à Montréal. Nous voulons en
ajouter quatre ou cinq. Nous venons d'en nommer un à Québec, Me
Simon Laverdière.
M. WAGNER: Est-ce que votre projet prévoit la nomination
d'un juge de la cour du Bien-Etre à Verdun?
M. BERTRAND: A Verdun, pour le moment, non. Pas pour le moment du
moins.
M. WAGNER: Est-ce que ce projet n'en prévoit pas pour la
région entourant Verdun?
M. BERTRAND: Pour la région de Montréal, alors
Verdun sera couvert à ce moment-là. Le juge en chef de la cour du
Bien-Etre nous recommande une étude de l'organisation interne et du
système des méthodes et procédures administratives en
vigueur à la cour du Bien-Etre social. Cette cour emploie environ 90
personnes et bientôt, elle déménagera dans le vieil
hôpital Ste-Justine. Cette étude, qui aurait deux avantages...
UNE VOIX: Elle va déménager dans le nouvel
édifice du Bien-Etre social?
M. BERTRAND: Oui, mais c'est l'ancien hôpital...
M. WAGNER: Bâti sur le site de l'ancien hôpital
Ste-Justine.
M. BERTRAND: ... Ste-Justine.
M. WAGNER: Ce n'est pas Ste-Justice, c'était...
M. BERTRAND: C'est Ste-Justine, oui.
M. WAGNER: ... un vieil hôpital avant de
déménager...
M. BERTRAND: Bien oui, c'est là que j'ai été
opéré à l'âge de 5 ans, à Ste-Justine...
Permettre des économies en personnel et en matériel en
modernisant les opérations et servir d'étude-pilote pour
l'amélioration des procédures dans les onze autres cours de
Bien-Etre dans la province. Je dois dire que le juge La-vallée accomplit
un excellent travail.
M. WAGNER: Parfaitement d'accord.
M. BERTRAND: Un excellent travail. C'est un juge en chef qui
s'occupe de ses juges, et il ne tarde pas à porter à notre
attention les problèmes qui se posent dans son milieu.
M. WAGNER: J'ai d'ailleurs pu m'en rendre compte dans le
passé.
M. BERTRAND: Alors « cours de Bien-Etre », article 7,
est-ce qu'on peut dire que c'est adopté?
M. WAGNER: C'est adopté.
M. BERTRAND: Coroners de laboratoire médico-légal.
Voici, dans de comaine...
M. WAGNER: Nous avons la « Loi des coroners » qui est
devant la législature.
M. BERTRAND: ... nous avons la loi des coroners. Quant aux
nouvelles initiatives, il y a quant aux traitements, $49,000 de plus. Cette
demande ne fait que placer l'effectif de l'Institut médico-légal
à un niveau que seule l'exiguïté des locaux occupés
et les difficultés de recrutement n'ont pas permis d'atteindre.
M. WAGNER: Est-ce que l'Institut
médico-légal.,.
M. BERTRAND: Le problème des locaux est
réglé, puis l'institut aménagera en 67/68 dans un
édifice dont la construction s'achève actuellement,
c'est-à-dire les nouveaux locaux sur la rue Fullum.
C'est là que déménagera l'Institut
médico-légal. Alors nous avons l'intention de développer
cet Institut médico-légal qui est composé d'un personnel
très efficace et qui jouit d'une excellente réputation partout au
Canada ou aux Etats-Unis. Il y a également des frais de voyage pour
étude et congrès. L'institut participe depuis plusieurs
années à des congrès et séances d'étude aux
niveaux national et international. Et comme il s'agit de travail professionnel,
le contact avec les spécialistes étrangers permet
d'améliorer les connaissances, de comparer les méthodes de
travail et de faire part aux autres de ce qui se fait dans notre province. Il y
a un montant de plus, cette année, de $9,000 pour ces fins-là.
L'institut fait également suivre à certains membres de son
personnel dans des organismes spécialisés comme le FBI, des cours
de perfectionnement dans des domaines particuliers, comme la balistique. Et
l'assistant-directeur de l'institut, le Dr Bernard Péclet, est membre de
l'exécutif d'une association scientifique dont le but est relié
aux fonctions qu'il exerce à l'institut et le ministère doit
payer les frais de déplacement qu'entraîne sa participation
à cette association.
Alors, M. le Président, est-ce qu'on peut dire que l'article 8
est adopté?
M. WAGNER: Adopté.
M. BERTRAND: Nous revenons maintenant à... Le bureau de
revision du code civil.
M. WAGNER: Oui, puisque nous parlons de la revision du code
civil, je voudrais demander au ministre qu'il nous dise clairement s'il est
exact qu'il s'est prononcé en faveur du mariage civil.
M. BERTRAND: Oui. Lorsque je me suis prononcé en faveur du
mariage civil d'ailleurs les autorités religieuses ont
déjà manifesté leur opinion mais
indépendemment de cela, il yen a qui ont pensé, et j'ai
reçu des lettres, que je voulais faire disparaître le mariage
religieux. Ce n'est pas du tout le but poursuivi. Et le comité de
revision du code civil a élaboré un projet qu'il nous a transmis.
Il s'agit tout simplement d'apporter des amendements au code civil. A l'heure
actuelle, on sait qu'au Québec, le mariage est cérémonie
religieuse et civile en même temps: catholique, protestant, mais le
mariage civil serait, pour les personnes qui n'ont pas la foi et qui ne veulent
pas d'un mariage religieux. Il est entendu que c'est l'exception, mais
n'empêche. D'ailleurs, dans ce domaine, je crois qu'il faut respecter un
certain pluralisme et que le mariage civil soit permis. Il s'agira d'amender le
code civil.
M. WAGNER: Est-ce que le ministre a l'intention d'amender le code
civil avant de présenter à l'Assemblée législative
la refonte du code civil?
M. BERTRAND: La refonte du code civil complète va prendre
encore plusieurs années, de l'aveu même du président, Me
Paul A. Crépeau. J'ai ici, en date du 21 avril, quelques notes au sujet
des travaux accomplis. A ce sujet, l'office compte maintenant dix
comités qui sont les suivants: le comité des régimes
matrimoniaux, le comité du droit des personnes et de la famille, le
comité des droits civils, le comité de l'état civil et de
la célébration du mariage, le comité de droit
international privé, le comité du droit des obligations, le
comité du droit des biens, le comité du droit des
sûretés, le comité du droit de la prescription. D'une
façon générale, il croit pouvoir affirmer, en toute
objectivité, que les travaux de réforme procèdent avec
diligence. Il s'est personnellement fixé pour tâche de suivre les
travaux de tous les comités en assistant aux réunions de chaque
comité. Maintenant, ces comités sont composés de plusieurs
personnes. Au comité des régimes matrimoniaux pour donner un
exemple, il y a Me Roger Comtois, président du comité, professeur
à la faculté de droit de l'Université de Montréal,
Me Louis Marceau, doyen de la faculté de droit de l'Uni-
versité Laval, Me Louis Beaudoin, professeur à la
faculté de droit de l'Université McGill; Me André Lesage,
notaire à Hull.
Ce serait peut-être préférable de publier un
document et de le remettre aux membres du comité, sur les
activités du comité de revision du code civil.
Nous avons célébré, cette année, le
centenaire du code civil québécois. J'ai eu l'occasion de
rencontrer les organisateurs de la manifestation qui a eu lieu le 30 septembre
1966 à l'hôtel Windsor. J'ai noté, d'ailleurs, la
présence de la plupart des membres qui participent aux travaux des
comités et tout le monde m'a dit qu'il s'accomplissait là
d'excellente besogne, il est clair que c'est un travail qui est long.
Toutefois, on notera que Me Crépeau déclare vouloir
procéder avec beaucoup de diligence.
M. BOUSQUET: Est-ce que le mariage à l'extérieur
est permis? Quelqu'un qui voudrait aller se marier aux Etats-Unis ou au
Mexique?
M. BERTRAND: A l'heure actuelle, c'est ce qu'ils font. Plusieurs,
dans mon comté, qui est situé sur la frontière
américaine, vont se marier aux Etats-Unis.
M. BOUSQUET: Et c'est reconnu ici. S'ils vont se marier devant un
maire là-bas, c'est reconnu?
M. BERTRAND: C'est sûr. Le mariage est reconnu. Alors,
c'est pour éviter cela qu'on voudrait qu'ici les personnes qui n'ont pas
la foi, qui ne croient pas, puissent aller se marier devant un fonctionnaire ou
un personnage quelconque qui serait autorisé par la loi à
recevoir le consentement des parties.
M. BOUSQUET: Et il n'y apas de période de résidence
requise aux Etats-Unis ou au Mexique?
M. BERTRAND: Non. Aux Etats-Unis, il y a une période de
résidence requise, quand il s'agit de demander un divorce.
M. BOUSQUET: A Las Vegas? M. BERTRAND: Alors, adopté? M.
WAGNER: Adopté, oui.
M. BERTRAND: La Commission d'enquête sur l'administration
de la justice en matière criminelle et pénale. Nous en avons
déjà parlé à quelques reprises et...
M. WAGNER: C'est adopté. Je voudrais poser une question au
ministre. Est-ce que le ministre a l'intention de faire siéger le
comité qui aura à étudier la Régie des alcools?
M. BERTRAND: Si c'est possible, oui. Mais le député
de Verdun va convenir avec moi que les travaux de la Chambre... à
l'heure actuelle, je puis lui dire que, comme ministre de l'Education, j'ai
plusieurs lois; comme ministre de la Justice, j'en ai plusieurs aussi. Je
n'aurai pas d'objection, si le temps nous le permet d'ici l'ajournement,
à convoquer le comité des régies. D'ailleurs, c'est
moi-même qui ai suggéré la formation de ce comité
permanent des régies à caractère gouvernemental
commercial. Si nous en avons le temps, nous siégerons. Maintenant, si on
a quelques questions à poseràce sujet-là, je n'ai pas
d'objection, en ce qui atrait, disons, à la partie judiciaire ou quasi
judiciaire, à répondre.
Quant à l'autre partie de l'administration elle-même, je
dois convenir que je l'ai laissée au ministre des Finances, car c'est
à lui que l'administrateur doit présenter son rapport. Alors, la
partie qui concerne la Régie des alcools, les régisseurs, le
président, tout cela relève du ministre de la Justice.
M. WAGNER: Oui, comme il y a maintenant une administration
nouvelle à la Régie des alcools, je pense qu'il serait profitable
pour les membres de l'Assemblée législative de pouvoir interroger
le président sur les décisions qu'il prend.
M. BERTRAND: On a toujours convenu que le président ne
serait jamais convoqué devant le comité. C'est la partie
administrative et je me rappelle que nous avions demandé que le
président siège et on a dit non. Il s'agit d'un organisme quasi
judiciaire et le président n'est jamais venu devant le comité
ici.
M. WAGNER: Je ne me souviens pas qu'on l'ait demandé,
quant à moi en tout cas,...
M. BERTRAND: Non.
M. WAGNER: ... mais quand même, je ne vois pas d'objection
à ce que le président...
M. BERTRAND: Le gouvernement précédent s'est
objecté. C'est une question de principe. Il s'agit, ni plus ni moins,
d'un corps quasi judiciaire. Alors, dans ce domaine-là, je sais que
l'ancien premier ministre s'était refusé à toute
présence du président devant la Régie.
M. WAGNER: Je pose quand même la question au ministre. Je
lui demande d'y songer.
M. BERTRAND: Je ne crois pas. Si on a des problèmes dans
ce domaine-là... Dès que j'ai reçu la démission du
juge Dugas qui m'a écrit une lettre me disant qu'il voulait
démissionner et retourner sur le banc j'ai la lettre dont je
pourrais même vous donner lecture...
M. WAGNER: Non, ce n'est pas cet aspect-là qui
m'intéresse. Mais je pense qu'il faudrait pouvoir donner au
président de la Régie l'occasion d'expliquer publiquement
à l'Assemblée législative, quelle politique il entend
suivre, quel barème...
M. BERTRAND: Il n'a pas de politique à suivre, il a
à appliquer la loi.
M. WAGNER: La politique dans le sens général du mot
évidemment.
M. BERTRAND: Il a à appliquer la Loi de la Régie
des alcools...
M. WAGNER: Mais vu les déclarations du président de
la régie à l'effet qu'il n'était pas nécessairement
lié par les décisions antérieures, je pense qu'il y aurait
lieu de clarifier ça.
M. BERTRAND: Il a pu y avoir comme... Pas plus que le juge Wagner
à l'époque n'était lié par des décisions de
ses collègues, qui étaient des décisions, disons,
erronées...
M. WAGNER: J'étais lié par la cour d'Appel et la
cour Supérieure.
M. BERTRAND: Des décisions mal fondées. Pas plus,
le nouveau président de la Régie n'est lié par les
décisions qui ont été rendues auparavant.
Adopté?
M. WAGNER: Alors, je n'insiste pas.
M. BERTRAND: Adopté! Maintenant, est-ce qu'on peut dire
que tous les crédits sont adoptés?
M. BOURASSA: Je voudrais poser une question sur l'assistance
judiciaire.
M. BERTRAND: Ah voici! Article 11, l'assistance judiciaire. Je
voulais justement et c'est important...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'article 11 est adopté?
M. BOURASSA: Il y a deux mois, j'avais pris position
là-dessus comme quoi cela coûtait très peu et qu'on pouvait
améliorer...
M. BERTRAND: Non, Eh bien, des montants qui seront versés
cette année, au chapitre de l'assistance judiciaire, sont
considérablement augmentés. C'est un domaine qui
m'intéresse, qui intéresse le député de Verdun et
qui intéresse d'ailleurs tous les citoyens. Dans ce domaine, cette
année, nous allons subventionner le Barreau de Montréal et le
Barreau de Québec comme par les années passées. Ces
subventions toutefois, qui étaient de $12,000 en 65/66, ont
été augmentées à $55,000 en 66/67 et seront de
$140,000 pour l'exercice 67/68. C'est-à-dire, que le Barreau de
Montréal retirera $125,000 et le Barreau de Québec, $15,000. Ces
montants, d'ailleurs, correspondent exactement aux demandes formulées
par le Barreau. Par ailleurs, j'ajoute que j'attends d'ici deux ou trois mois,
peut-être plus espérons que ça ne sera pas trop long
un rapport très fouillé du conseil consultatif de
l'administration de la justice, sur l'opportunité d'instituer un service
d'assistance judiciaire à l'étendue de la province et sur la
forme que devra prendre un pareil service.
Nous avons, à l'heure actuelle, fait faire des enquêtes par
l'intermédiaire du conseil consultatif, dans certains districts
judiciaires de la province. Entre autres, dans la Beauce et à
Chicoutimi, parce que le conseil consultatif connaît très bien les
problèmes de Montréal et de Québec. Egalement, le conseil
étudie le système ontarien qui a été mis en
application le 1er janvier 1967 et nous voulons nous enquérir de
l'expérience vécue à l'occasion de l'instauration de ce
système. Que l'on veuille être bien assuré que nous voulons
rendre la justice accessible autant que possible à tous, aux riches qui
l'ont déjà plus facilement et aux pauvres qui malheureusement ne
peuvent pas avoir recours au service.
Etant un avocat qui a exercé durant plusieurs années en
campagne, je dois dire que, dans la plupart de nos bureaux locaux, les avocats
font un peu comme faisaient les médecins de campagne jadis. Ils
acceptent une foule de causes où les honoraires ne sont pas plantureux,
parfois même inexistants. Mais je reconnais que ce domaine doit, de la
part de l'Etat, recevoir une attention toute spéciale. C'est pourquoi,
cette année en particulier, nous allons augmenter les montants mis
à la disposition des Barreaux de Montréal et de
Québec.
M. BOURASSA: Je voudrais signaler au ministre qu'il avait
demandé au conseil consultatif de faire une étude pour
l'établissement sur le plan provincial où
l'opportunité...
M. BERTRAND: Oui.
M. BOURASSA: ... à mon sens, quelles que soient les
conclusions du conseil consultatif, je pense qu'il est extrêmement
pressant d'établir aussi rapidement que possible un système
d'assistance judiciaire. Il y a des milliers d'injustices individuelles qui
existent ces années-ci et qui pourraient facilement être
résolues par une somme... J'avais calculé, au cours de
l'exposé que j'avais donné aux étudiants en droit de
l'université McGill, qu'on pourrait avoir un système qui
coûterait environ $700,000, en se basant sur ce qui se fait aux
Etats-Unis et en Angleterre.
M. BERTRAND: Voici, à l'heure actuelle...
M. BOURASSA: Ce n'est pas une somme énorme.
M. BERTRAND: Non, non. A l'heure actuelle, on conviendra qu'on
augmente considérablement les montants mis à la disposition des
Barreaux de Montréal et de Québec, pour le moment, et que nous
poursuivons notre étude par l'intermédiaire du conseil
consultatif.
M. BOURASSA: Je comprends que le Barreau a des objectifs de
désintéressement comme tous ces organismes-là, mais je
pense que c'est au gouvernement à décider...
M. BERTRAND: C'est ce que nous faisons.
M. BOURASSA: ... s'il doit y avoir un système d'assistance
judiciaire.
M. BERTRAND: C'est ce que nous faisons. C'est exactement ce que
nous faisons. Je viens de le dire. Le député de Mercier...
M. BOURASSA: C'est parce que vous parlez des recommandations du
conseil consultatif, sur l'apport...
M. BERTRAND: Bien voici,...
M. BOURASSA: Il y a des psychologues, il y a des sociologues.
M. BERTRAND: Bien oui, il y a au conseil consultatif de la
justice, le député de Verdun pourrait vous fournir des
renseignements...
M. BOURASSA: Les hommes politiques sont plus en mesure de savoir
les besoins...
M. BERTRAND: Nous avons là des psychologues, nous avons
des journalistes, des hommes d'affaires, des gens qui représentent les
différentes classes de la société...
M. BOURASSA: Est-ce qu'il y a les élus du peuple?
M. BERTRAND: Il y a les élus du peuple, mais pour que les
élus du peuple puissent agir, il faut élaborer des projets de loi
et pour élaborer des projets de loi, il faut se bien renseigner...
M. BOURASSA: D'accord.
M. BERTRAND: Et deuxièmement, voir quelle
expérience on a connu en Ontario, qu'on connaîtra en Ontario
depuis le premier janvier 1967.
M. BOURASSA: Ils sont bien plus avancés que nous.
M. BERTRAND: Bien disons, de quelques mois.
M. BOURASSA: Bien, si c'est appliqué d'ici quelques
mois.
M. BERTRAND: De quelques mois. M. BOURASSA: Souhaitons-le.
M. BERTRAND: Premier janvier 1967. M. BOURASSA:
Souhaitons-le.
M. BERTRAND: Alors, M. le Président, est-ce qu'on peut
déclarer que les crédits sont adoptés?
M. LE PRESIDENT: Oui, oui. On peut le déclarer.
M. BERTRAND: Alors, M. le Président, je veux vous
remercier du rôle que vous avez joué et remercier tous mes
collègues et remercier également le député de
Verdun qui a été une partie de la journée presque seul
à la tâche. Quand on veut coopérer, quand on veut
s'entendre, comme c'est facile! J'espère que, lorsqu'il aura des
renseignements quels qu'ils soient, en vue d'améliorer l'administration
de la justice dans n'importe quel domaine, il n'a qu'à me les faire
connaître, il n'a qu'à me les transmettre. Je
n'ai qu'un but: bien servir. Je sais qu'il a voulu faire de même,
bien servir la justice. Il reconnaîtra avec moi que c'est un domaine
immensément vaste et complexe, très difficile, je veux y apporter
toute l'expérience acquise durant mes 26 années de pratique et
également l'expérience acquise au parlement et
l'expérience de la vie.
Et je veux, comme lui, que notre société
québécoise soit, dans le domaine de la justice, la mieux
organisée, que le crime soit pourchassé, que nos officiers de
police reçoivent la coopération de la population et, comme le
disait le président de la commission d'enquête sur la justice, que
tous les citoyens qui ont des faits à révéler, à
faire connaître, se présentent devant elle afin que nous ayons de
cette commission des recommandations valables, pratiques, réalistes qui
nous permettent de mieux améliorer cette justice, en matière
criminelle et pénale en particulier.
M. WAGNER: M. le Président, j'ai bien l'impression que je
n'ai qu'un mot à dire, c'est que je prends bonne note de l'offre de
coopération du ministre. J'entends m'en prévaloir et, en
remerciant les hauts fonctionnaires et tous les collaborateurs immédiats
du ministre, je voudrais dire que si la tâche nous a été
rendue facile aujourd'hui dans l'examen des prévisions
budgétaires, c'est parce que le tout avait été bien
préparé par les fonctionnaires du ministère et qu'ici,
autour de cette table, a régné une atmosphère de
compréhension qui, je l'espère, se continuera et se
poursuivra.
M. BERTRAND: Et le ministre a déjà eu l'occasion,
lui, lors d'une séance d'étude avec ses fonctionnaires, de les
remercier de la besogne qu'ils avaient accomplie. Je leur ai demandé de
me préparer tous les renseignements, comme l'ancien ministre le faisait
à l'occasion de l'étude de ses prévisions
budgétaires, et j'ajoute aux remerciements qu'ils ont déjà
reçus. Je suis heureux que nous ayons pu terminer en une journée
l'étude des crédits, des prévisions budgétaires,
pour respecter la langue française, du ministère de la Justice.
Alors à tous, merci et bonsoir.