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(Quinze heures huit minutes)
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare ouverte la séance de la commission
parlementaire des communautés culturelles et de l'immigration. Le mandat
de la commission est d'étudier les crédits du ministère de
l'Immigration.
Les membres de cette commission sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Bissonnet
(Jeanne-Mance), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Dean (Prévost), M. Fallu
(Groulx), M. Godin (Mercier), M. Laplante (Bourassa), M. Paquette (Rosemont),
M. Paré (Shefford), M. Payne (Vachon), M. Polak (Sainte-Anne).
Les intervenants sont: M. Cusano (Viau) qui remplace M. Caron (Verdun);
M. Dauphin (Marquette), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Dupré
(Saint-Hyacinthe), M. Gauthier (Roberval), M. Hains (Saint-Henri), M. Leduc
(Fabre), M. Proulx (Saint-Jean), M. Sirros (Laurier).
Est-ce que vous avez une personne que vous voudriez désigner
comme rapporteur? M. Dean agira comme rapporteur.
Comme nous avons un seul programme et trois éléments, si
vous êtes d'accord, nous allons permettre une discussion assez large sur
l'ensemble des trois éléments, parce que, dans une commission
précédente, on s'est enfargé souvent sur le
problème de savoir si c'était dans l'élément 1, 2
ou 3. On a perdu du temps inutilement à discuter et à savoir
à quel élément pouvaient se rapporter les propos des
intervenants. Je préférerais qu'on puisse aborder l'ensemble du
programme et l'adopter en bloc à la fin, si cela vous convient. Cela
permettra une discussion plus facile.
M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques préliminaires
à formuler?
M. Godin: Aucune. J'aimerais cependant demander aux membres de la
commission s'ils sont d'accord pour que Mme Barcelo, la sous-ministre,
siège au premier rang, à ma droite immédiate. Dans l'autre
salle, la deuxième rangée est très près de la
première, mais ici, comme c'est un peu loin, si l'Opposition n'a pas
d'objection, j'aimerais que Mme la sous-ministre puisse siéger à
ma droite immédiate, au premier rang, pour répondre
éventuellement à des questions plus techniques. D'accord?
Le Président (M. Rodrigue): Si je ne m'abuse, c'est
prévu dans les règlements que le ministre peut être
accompagné d'une personne à la table même des
délibérations dans une commission. Alors, il n'y a aucun
problème à ce que Mme Barcelo prenne place à vos
côtés.
Est-ce que l'Opposition aurait des remarques préliminaires
à formuler?
Mme Bacon: On vient de nous remettre, M. le Président, le
texte du ministre. On n'a vraiment pas pris connaissance de ce texte de trente
pages. Le ministre avait-il l'intention d'en faire la lecture?
M. Godin: Exactement, à moins d'une dispense.
Mme Bacon: Non, je l'accepte avec plaisir.
M. Godin: Nous avons remis, par ailleurs, un document qui est
exceptionnellement complet, me dit-on.
Mme Bacon: Bien préparé.
M. Bissonnet: Parlez-vous du ministère?
Mme Bacon: J'aimerais peut-être, M. le Président,
à la suite de vos remarques de tout à l'heure, dire qu'au nom de
l'Opposition officielle, de toute façon, j'accepte que nous discutions
sans nous enfarqer dans les chiffres au départ ou dans les programmes,
ou dans les éléments. Je pense que, pour nous, nous voulons que
cette rencontre soit surtout une rencontre d'information. Nous avons de
nouveaux membres à l'Assemblée nationale qui ne demandent pas
mieux que d'apprendre mieux leur métier et, en plus de connaître
davantage ce qui se passe au ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration, je pense qu'on pourra démontrer notre
intérêt au cours de la discussion. On aimerait bien que ce soit
quand même une bonne séance d'information. Nous avons
déjà reçu le dossier du ministère et j'en profite
pour féliciter les fonctionnaires pour leur dossier très complet,
mais qui soulève quand
même chez nous des interrogations. On aimerait en discuter
davantage par la suite.
Le Président (M. Rodrigue): Étant donné
qu'il n'y a pas d'autres remarques préliminaires que celles-là,
est-ce que vous aviez une intervention de présentation à faire au
début?
M. Godin: Non, cela va.
Le Président (M. Rodrigue): Cela va. Nous allons passer
immédiatement à la période de questions sur les
éléments.
M. Godin: C'est-à-dire je voudrais quand même...
Le Président (M. Rodrigue): Ah: vous souhaitez...
M. Godin: Oui.
Le Président (M- Rodrigue): Allez-y. Remarques
générales M. Gérald Godin
M. Godin: Ce sont plus que des remarques
préliminaires.
M. le Président, mesdames, messieurs, c'est avec un grand plaisir
que je me trouve aujourd'hui devant vous pour satisfaire à l'une des
exigences les plus démocratiquement fécondes de notre
système parlementaire: la défense des crédits du
ministère dont j'ai la charge. Je voudrais, tout d'abord, vous
présenter les personnes qui m'accompagnent et qui ont, par leur travail
et par la foi qu'elles portent aux objectifs qui sont ceux du ministère,
largement contribué à l'accueil de plus en plus humain des
nouveaux Québécois et à la compréhension chaque
jour mieux vécue entre Québécois de vieille et nouvelle
souche.
À ma droite immédiate, Mme la sous-ministre, Juliette
Barcelo; les sous-ministres adjoints, M. Régis Vigneau et M. Roger
Prud'homme; le directeur des communications, M. Enrico Riggi, qui d'ailleurs a
avec lui un certain nombre de publications du ministère qui seront
à votre disposition après la commission, le chef des services
financiers, M. Normand Lemay; le responsable du service juridique, Me Michel
Jarry; M. Jean Dorion, qui est mon secrétaire particulier adjoint, M.
Jacques Perron, agent de communication, ainsi que M. Richard Dupont, qui fait
partie de l'équipe des professionnels du ministère et qui est en
poste à Québec, contrairement à l'ensemble du personnel
qui est, fait exceptionnel au gouvernement du Québec, en poste à
Montréal, donc, près de la clientèle.
Vous me permettrez également, au début de ce discours, de
rendre un hommage particulier à celui qui, au cours des quatre
années précédentes, a assumé la fonction de
ministre de l'Immigration, M. Jacques Couture. Se plaçant volontiers
au-dessus des intérêts partisans, il a, par toute la richesse de
sa générosité et par la diversité des programmes
qu'il a suscités et animés, fait du Québec une
véritable terre d'asile.
Son action qui, souventefois a été un exemple sur la
scène internationale, si elle a permis de remédier à la
misère dans laquelle croupissaient plusieurs miliers de
réfugiés, a également permis de témoigner de toute
la générosité et de l'ouverture aux autres dont est
capable le peuple québécois. Car, il faut bien le dire,
l'année qui vient de se terminer aura, en ce qui concerne notre
ministère, surtout été marquée par ce gigantesque
mouvement d'accueil des réfugiés du Sud-Est asiatique. (15 h
15)
Avant d'aller plus loin, j'aimerais souligner l'heureuse nouvelle qui
fait qu'au Parlement de Québec, maintenant et plus que jamais,
siègent des représentants des communautés culturelles. Par
leur présence ici dans ce Parlement, qui est l'institution ultime pour
ce qui touche l'État québécois, ils font la preuve vivante
de leur intégration à la réalité
québécoise et, j'en suis sûr, ils éclaireront le
gouvernement et le ministère, selon leurs responsabilités, sur
les meilleures actions à prendre, étant donné leur
enracinement dans les communautés dont ils font partie. Ce sont, entre
autres, M. le député de Viau, M. le député de
Laurier, M. le député de Prévost, M. le
député de Vachon. Nous sommes tous à cette table des
immigrants de moyenne, d'ancienne ou de nouvelle souche, mais je me
réjouis de voir que le nombre des nouveaux Québécois de
souche moyenne augmente dans ce Parlement. Je reviens donc à mon texte.
Au cours de l'année 1980-1981, le Québec a, en effet, accueilli
5276 réfugiés du Sud-Est asiatique, aidé en cela par
plusieurs centaines de groupes parrains distribués aux quatre coins du
Québec. Poursuivant les efforts de l'année
précédente, nous avons tenu à ce que toutes les
régions du Québec participent à ce mouvement et
contribuent à une meilleure adaptation de ces nouveaux citoyens à
la vie québécoise.
Parmi tous ces réfugiés, 187 étaient des enfants
mineurs non accompagnés qui ont trouvé au Québec un foyer
d'accueil par le biais de quatre organismes avec lesguels le ministère,
en collaboration avec le ministère des Affaires sociales, a entretenu
des relations particulières. Ces organismes dont je veux souligner la
participation sont Terre des hommes, Soleil des nations, Eamilles pour enfants
et Aide médicale internationale à l'enfance.
Notre action en ce domaine, action qui
a été fortement vantée et copiée dans
d'autres provinces du Canada, aura permis à près de 200 enfants
dont on ne sait s'ils sont orphelins ou non de trouver un foyer temporaire et,
éventuellement, un foyer permanent.
Ces milliers de réfugiés, il ne fallait pas se contenter
de les recevoir, encore fallait-il les accueillir avec dignité et
humanité. C'est ce qui a été fait. Bien sûr, cet
accueil, nous n'en avons pas été les seuls acteurs. Si nos COFI
ont été largement mis à contribution afin d'enseigner le
français à ces nouveaux arrivants, nous avons également
fait appel à de nombreuses commissions scolaires afin qu'elles
organisent des cours dans les régions où nous n'avions pas de
structures permanentes.
Afin d'appuyer la générosité dont ont fait preuve
les centaines de groupes de parrainage québécois, nous avons
accordé une allocation de formation de 20 $ par semaine à tous
les réfugiés qui suivaient des cours dans les COFI. En plus du
programme d'accueil des réfugiés en provenance des camps de
Thaïlande, de Hong Kong ou de Malaisie, nous avons également
accordé toute l'importance qu'elle nécessitait à la
réunification des familles du Vietnam. Vous savez que plusieurs
Québécois d'origine vietnamienne établis ici depuis 1975
ou plus récemment ont laissé derrière eux de la famille au
Vietnam. Nos agents en poste à Bangkok ont eu l'occasion de participer
à des missions de sélection à Hanoï et Hochiminhville
avec leurs partenaires du fédéral. Bien que ce programme,
à cause des difficultés de négociation que rencontre le
gouvernement canadien avec le Vietnam, n'ait pas atteint toute son ampleur, il
aura tout de même permis à quelques centaines de Vietnamiens de
venir rejoindre ici leur famille.
Avant de clore ce chapitre sur l'accueil des réfugiés, je
m'en voudrais de ne pas profiter de cette tribune qui m'est offerte pour
remercier publiquement toutes les Québécoises et tous les
Québécois, tous les organismes, toutes les municipalités,
toutes les paroisses, qui nous ont apporté un concours très
précieux sans lequel nous n'aurions pu mener à bien cette
tâche humanitaire et fraternelle.
J'ai eu souventefois l'occasion de faire la distinction qui, à
mon avis, s'impose entre ce que j'appelais l'immigration de coeur et
l'immigration de raison. Il est bien évident que tout l'aspect accueil
des réfugiés appartient à la première, mais si tant
est qu'il existe des coeurs raisonnables, il doit bien exister aussi des
raisons chaleureuses. Le temps est peut-être venu de se tourner vers
cette raison éclairée et bienveillante pour nous tracer la voie
en matière d'immigration. Bien entendu, nous serons toujours
présents pour prendre les mesures qui s'imposent pour pallier à
des situations inadmissibles, pour faire les démarches auprès de
notre homologue fédéral lorsque les décisions ne peuvent
pas venir de nous.
Un autre événement important a marqué la vie du
ministère pendant l'année financière
écoulée. On se souviendra, en effet, que, devant les pressions
nombreuses qui étaient faites tant par des organismes bien connus du
public que par des personnalités politiques aussi bien que civiques ou
religieuses, mon prédécesseur, M. Jacques Couture, a
décidé de confier au révérend père Julien
Harvey le soin de lui présenter un rapport sur la situation des
Haïtiens vivant illégalement et clandestinement au Québec,
particulièrement à Montréal et dans la région.
Suite à ce rapport et aux négociations qu'il a eues avec le
ministère fédéral de l'Immigration et de la Main-d'Oeuvre,
le Québec annonçait, le 24 septembre dernier, une série de
mesures spéciales visant à régulariser le statut des
Haïtiens clandestins vivant au Québec.
Cette opération, annoncée le 24 septembre, allait
permettre à tous les ressortissants haïtiens entrés au
Québec avant le 24 juin et y vivant clandestinement de faire une demande
de régularisation de statut. Cette opération qui devait se
terminer le 23 décembre devait nous permettre de rencontrer 2815
personnes en entrevue et d'émettre 2 468 certificats de sélection
du Québec.
Lors d'une première phase, essentiellement dans le but
d'éviter que des ressortissants haïtiens se trouvant à
l'extérieur du Québec et même du Canada ne viennent
s'inscrire à ce programme, nous avions exigé des candidats qu'ils
aient habité le Québec depuis trois mois ou plus à la date
de l'annonce des mesures envisagées (le 24 septembre), soit au moins
depuis le 24 juin.
Comme, d'autre part, le Canada ne devait exiger de visa d'entrée
des touristes haïtiens qu'à partir du 1er octobre 1980, nous avons
cru qu'il fallait également régulariser la situation des
Haïtiens clandestins entrés légalement - je
répète légalement - au Québec avant le 1er octobre
1980. Par ailleurs, il nous semblait injuste de régulariser la situation
des illégaux et de ne pas permettre aux étudiants et aux
travailleurs temporaires d'obtenir, eux aussi, un statut permanent. Ces
ressortissants haïtiens furent l'objet de la deuxième phase de
cette opération qui nous aura permis de réqler environ 2000
dossiers.
L'occasion m'est ainsi donnée de vous dire que cette
opération s'est déroulée avec la collaboration la plus
étroite du gouvernement fédéral qui a accepté de
traiter sur place tous les cas qui lui avaient été soumis lors de
la phase I de l'opération et la presque totalité des cas soumis
lors de
la phase II.
Pour les cas de la phase II qui ne pourront être traités
sur place, ces personnes devront se rendre en Haïti ou dans un autre pays,
si elles obtiennent un visa, et pourront alors se prévaloir du CSQ
émis à leur intention.
Le "terremoto", comme dit M. Cusano. J'ai eu souvent l'occasion de dire
que la générosité de notre accueil envers les
réfugiés ne tenait pas compte de la couleur des personnes ni de
leur pays d'origine. C'est ainsi que nous avons reçu un fort mouvement
de réfugiés du Sud-Est asiatique, régularisé le
statut de quelques milliers de ressortissants antillais, accepté tout
près de 400 réfugiés d'Europe de l'Est et mis sur pied un
programme spécial à l'égard des sinistrés italiens.
Dès l'annonce du tremblement de terre qui a secoué la
région de Naples, j'ai demandé qu'un de nos fonctionnaires se
rende sur place et prenne les mesures afin que les familles
éprouvées puissent rapidement et facilement retrouver leurs
parents installés au Québec.
Des sessions d'information ont également été tenues
ici même afin d'informer nos concitoyens d'origine italienne des mesures
que notre gouvernement mettait à leur disposition. Ce mouvement
spécial qui, est-il encore besoin de le souligner une autre fois, s'est
fait en collaboration avec les autorités fédérales, aura
permis au Québec d'accepter plus de 1000 personnes. J'ajouterai aussi
qu'à même le fonds d'aide aux sinistrés, le gouvernement du
Québec a contribué 50 000 $, à S O S Italie, imitant ainsi
plusieurs milliers de Québécois, de Québécoises et
d'organismes qui ont permis à SOS Italie de recueillir au Québec
plus de 1 000 000 $.
J'ai commencé mon discours en vous entretenant des
réfugiés que le Québec a accueillis pendant la
dernière année financière. J'ai voulu commencer par cette
action de notre ministère pour bien marquer l'importance de l'apport des
réfugiés à l'immigration totale. Les statistiques
préliminaires dont nous disposons actuellement pour 1980 nous montrent
que le Québec a reçu 22 327 immigrants. Afin d'éviter
toute confusion, je voudrais vous informer que les chiffres que j'utilise pour
cette partie de mon discours traitant de l'immigration totale et du bilan
migratoire sont des chiffres pour l'année civile 1980 et non pour
l'année financière 1980-1981.
Je disais donc que le Québec a accueilli pendant les douze mois
de l'année 1980 22 327 immigrants, soit une augmentation de 14% par
rapport aux 19 522 reçus en 1979. Par rapport aux entrées pour
l'ensemble du Canada, la part du Québec se situe à environ 15,7%,
soit à un taux très légèrement inférieur au
taux d'attraction moyen des dix dernières années, qui se situe
à 16%. Si l'on fait exception de la période
précolombienne, pour la première fois dans notre histoire plus de
la moitié des immigrants que nous avons reçus venaient de l'Asie.
Cette situation s'explique, bien sûr, par l'apport important des pays du
Sud-Est asiatique - Vietnam, Kampuchea et Laos: environ 34% des arrivées
- mais également pour 17% par d'autres pays dont l'apport n'a pas
coutume d'être proportionnellement si important, par exemple, l'Inde, le
Liban, Israël, les Philippines et la Chine populaire. La part du continent
asiatique dans l'immigration québécoise étant de 51%, il
fallait bien que d'autres continents voient en contrepartie leur part diminuer.
Ce fut particulièrement le cas de l'Europe.
L'immigration européenne ne représente, en effet, plus en
1980 que 25% de l'ensemble des immigrants reçus. Lorsque l'on songe
qu'à la fin des années soixante la contribution de l'Europe
à l'immigration totale du Québec était d'environ les deux
tiers, on mesure l'importance du changement. Cette diminution a un
caractère conjoncturel qu'il ne faut pas passer sous silence. En effet,
les deux dernières années ont vu l'arrivée importante de
réfugiés en provenance du continent asiatigue. Celui-ci se trouve
donc en quelque sorte surreprésenté pour l'année 1980
comme il l'était pour l'année 1979. D'ailleurs, si on enlevait de
nos statistiques l'apport de ce mouvement spécial de
réfugiés du Sud-Est asiatigue, on trouverait que l'Europe occupe
encore une place beaucoup plus importante. Mais, nonobstant les mouvements
spéciaux de réfugiés du Sud-Est asiatique, il est bien
évident que nous assistons depuis guelques années à un
changement important dans les sources d'immigration. Et ce changement, nous le
retrouvons également dans les catégories d'immigrants que le
Québec accueille.
Comme vous le savez, il existe quatre catégories d'admission pour
les ressortissants étrangers qui veulent s'établir au
Québec. Ces catégories nous sont données par la loi
concernant l'immigration au Canada, loi en vigueur depuis 1978. Ainsi, nous
avons les immigrants indépendants, les parents aidés, les
immigrants de la catégorie de la famille et les réfugiés.
Dans le cas de ces deux dernières catégories - famille et
réfugiés -étant donné qu'elles furent
créées pour répondre à des principes humanitaires,
à savoir la réunification des familles et la solidarité
à l'égard des personnes en situation de détresse, la
grille de sélection ne s'applique pas.
En 1980, 36% des immigrants admis faisaient partie de la
catégorie des réfugiés et 33% appartenaient à la
catégorie de la famille. Cela signifie donc que près de 70% des
personnes admises au Québec n'ont pas été choisies
d'après notre grille de sélection.
Notons également que, pour les seules années 1979 et 1980,
le Québec a reçu autant de réfugiés qu'il en avait
reçu pour toute la décennie 1968 à 1978. Par contre, pour
cette même décennie, près de la moitié des personnes
que nous recevions appartenaient à la catégorie des immigrants
indépendants. Cette catégorie, en 1980, ne représentait
plus que 26%, soit un peu plus du quart seulement.
Plusieurs raisons doivent expliquer ces changements importants qui sont
venus bouleverser la composition traditionnelle de notre immigration tant du
point de vue de la provenance que de la catégorie. La première
raison qui explique ce bouleversement est manifestement la décision,
tant canadienne que québécoise, de recevoir un nombre important
de réfugiés du Sud-Est asiatique. Toutefois, même si nous
nous attendons, pour l'année à venir, à recevoir un nombre
inférieur de réfugiés du Sud-Est asiatique, il ne faut pas
croire que la situation des années soixante se rétablira et cela,
à cause de la conjoncture mondiale. D'abord, les pays d'Europe
occidentale faisant eux-mêmes face à un phénomène
important de dénatalité et de vieillissement de la population ont
très peu tendance à exporter leur main-d'oeuvre. D'autre part,
les conditions économiques de l'Amérique du Nord et, partant, du
Québec étant ce qu'elles sont, il n'est pas prévu, dans
les années à venir, que nous assistions a une forte demande de
main-d'oeuvre étrangère. Dans ces circonstances, il est à
prévoir que les membres de la catégorie de la famille
continueront à représenter une proportion importante de notre
immigration.
Quant aux personnes appartenant aux catégories de
détresse, nous entendons, compte tenu de la nécessité de
bien intégrer celles que nous avons reçues au cours des
dernières années, fixer leur nombre à environ 15% du total
de notre immigration.
Sans vouloir nous fixer des objectifs qui seraient, de toute
manière, irréalistes dans la période que nous traversons,
il me semble toutefois important que nous prenions des mesures pour augmenter
le nombre d'immigrants indépendants. C'est là l'objectif que
visent les modifications apportées à notre
réglementation.
Nous avons pris des mesures pour augmenter le nombre d'immigrants
indépendants et, si possible, francophones. Des points
supplémentaires ont été accordés à ceux qui
connaissent la langue française. C'est là une façon de
reconnaître qu'ils auront plus de facilité à
s'intégrer à un marché du travail de plus en plus
francophone. Mais comme, d'autre part, l'état actuel du marché du
travail demeure peu propice à une immigration massive et
incontrôlée, nous avons maintenu dans notre grille de
sélection la notion du "0" éliminatoire à l'emploi, ce qui
signifie qu'un candidat à l'immigration, qui occupe un métier ou
une profession où le taux de chômage est élevé, se
verra automatiquement refusé. Par ailleurs, nous avons remarqué
qu'un certain nombre de professions ne peuvent être classées dans
l'une des deux catégories: surplus ou pénurie. Pour
celles-là, nous accordons aux candidats un point au chapitre de l'emploi
et nous exigeons qu'ils obtiennent 60 points au total, plutôt que 50
points. Le candidat sera averti que le marché de l'emploi est incertain
dans son domaine, mais que, compte tenu de ses qualités personnelles et
de son adaptabilité, nous serions prêts à lui
émettre un CSQ.
Nous croyons que ces deux mesures, ainsi qu'une présence encore
plus active et dynamique de nos conseillers à l'étranger nous
permettront de faire passer la part des indépendants de 26% à
40%.
Je m'en voudrais de clore ce chapitre sur les données de
l'immigration sans vous faire part de nos résultats en ce qui concerne
les immigrants entrepreneurs-investisseurs. Cette catégorie d'immigrants
par son apport en capitaux, bien sûr, mais peut-être surtout par
son dynamisme, son "entrepreneurship", est un atout très précieux
à toute société en plein développement. C'est
pourquoi, conscient de cette importance, le ministère de l'Immigration
avait depuis longtemps mis sur pied un service spécialement
chargé de l'analyse et de l'acceptation des projets d'investissement.
(15 h 30)
Pour ceux qui en seraient inquiets, je tiens à préciser
que ce service ne fait pas double emploi par raport à ceux d'autres
ministères; je pense particulièrement a Industrie, Commerce et
Tourisme. Notre clientèle à nous, ce sont des individus disposant
d'un capital variant de quelques dizaines à quelques centaines de mille
dollars, désireux d'investir, mais également de vivre au
Québec, alors que nos collègues du MICT s'intéressent
davantage aux industries.
Nous avons divisé en trois catégories la clientèle
de notre service entrepreneurs-investisseurs. La première est
composée de ceux qui sont établis au Québec, ce qui
signifie qu'ils ont obtenu leur visa et réalisé leur projet
d'investissement. À ce chapitre, l'année 1980-1981 aura
marqué une amélioration par rapport à 1979-1980, puisque
les cas établis sont passés de 167 à 189. Ces cas
représentent un investissement total de près de 58 000 000 $ qui
a permis de créer environ 550 emplois.
La deuxième catégorie comprend les cas en progrès,
c'est-à-dire les immigrants ayant reçu leur visa de
résidence permanente, mais qui n'ont pas encore complété
leur projet d'investissement. Alors que l'an dernier, cette catégorie
comptait 103 cas, cette année nous en comptons 267.
II s'agit, vous l'avez noté, d'une augmentation
considérable dont on devrait tirer des bénéfices au cours
de la présente année.
La troisième catégorie, celle du groupe en prospection qui
comprend les candidats immigrants à la recherche d'une occasion
d'investir au Québec, a, elle aussi, réalisé des
progrès notables, puisque de 704 cas en 1979-1980, nous en sommes
à 935 en 1980-1981. Les importantes augmentations des cas en
progrès et en prospection ne sont pas les seules raisons de nous
réjouir. En effet, il est important aussi de souligner la
régionalisation des investissements. Plus de 70% des investissements ont
été faits à l'extérieur du Montréal
métropolitain. Les régions de Saint-Hyacinthe, Drummondville,
Nicolet, Iberville, Napierville, Vaudreuil, Québec et Portneuf ont
particulièrement attiré les entrepreneurs-investisseurs. Vous
comprendrez qu'il s'agit donc, dans la plupart des cas, d'investissements dans
le domaine agricole.
Un autre phénonème relatif aux migrations a retenu mon
attention, c'est la question des migrations interprovinciales. Il ressort des
dernières estimations sur les migrations interprovinciales entre le
Québec et les autres provinces canadiennes que le volume des
entrées semble être demeuré relativement stable au cours
des quatre dernières années. En effet, selon ces données,
25 962 personnes sont venues s'installer au Québec en 1980 au regard de
25 913 en moyenne pour les trois années précédentes. Cette
statibilité des entrées marque un arrêt par rapport aux
tendances antérieures, puisque durant la période 1962-1977, le
nombre des entrées a eu tendance à diminuer, passant d'un niveau
annuel moyen de 44 000 au cours de la période 1962-1966 à un peu
moins de 37 000 durant le lustre 1972-1976.
Le volume moyen de 26 000 personnes que le Québec a reçu
chaque année comme immigration interprovinciale depuis guatre ans
correspond donc à un taux de 4,1 pour 1000. Un tel
phénomène est donc loin d'être négligeable comme
facteur d'accroissement naturel de la population du Québec. Il demeure
cependant, malgré son volume, loin derrière l'accroissement
naturel qui reste le facteur principal de la croissance démographique du
Québec.
Toutefois, parmi le flux des entrées, l'immigration
interprovinciale continue d'être l'élément le plus
important, puisque le volume moyen de l'immigration internationale a
été pour la même période d'un peu moins de 19 000
par an et de 22 327 pour la dernière année. En d'autres mots il
nous arrive, chaque année, plus de nouveaux résidents du reste du
Canada que de tous les autres pays du monde.
D'après les estimations de Statistique
Canada, un peu plus de 51 000 personnes ont quitté le
Québec en 1980 pour aller vers d'autres horizons canadiens. Ce nombre
était évalué à un peu plus de 72 000 en 1977, pour
diminuer par la suite à près de 60 000 en 1978 et à 58 000
en 1979. Le volume des départs en 1980 semble donc poursuivre ce
mouvement à la baisse commencé en 1978 et il rejoint des niveaux
proches de ceux que le Québec a déjà connus en moyenne au
cours des périodes quinquennales 1962-1966 et 1972-1976. D'ailleurs,
avec un taux de départ estimé à 8,1 pour 1000 en 1980, le
Québec a connu son plus faible taux d'émigration interprovinciale
depuis 1963, sauf celui de 1975.
La forte émigration de 1977 semble donc avoir été
très conjoncturelle et circonscrite dans le temps et non pas le
début d'un exode destiné à vider le Québec d'une
importante partie de sa population, comme certains l'avaient alors
annoncé. Différentes raisons peuvent en expliquer l'ampleur.
Outre un élément de conjoncture politique comme, peut-être,
l'arrivée au pouvoir du PQ qui peut avoir donné l'envie à
quelques-uns d'aller tenter leur chance ailleurs, si l'occasion se
présentait, il faut surtout mentionner le contexte économique du
Québec et des autres provinces à cette époque
(difficultés au Québec et, au contraire, boom pétrolier
dans les provinces de l'Ouest). Certains facteurs démographiques ont pu
contribuer également à ce phénomène. Mentionnons
l'existence de certaines corrélations entre de fortes entrées
internationales, une année donnée, et de fortes sorties
interprovinciales deux ou trois ans plus tard. Or, 1974 fut une année de
forte immigration internationale. Le ralentissement du nombre des sorties des
dernières années peut s'expliquer, quant à lui, par la
performance économique relativement bonne du Québec par rapport
à celle des autres provinces canadiennes.
Traditionnellement perdant depuis 1963 dans ses échanges
migratoires avec le reste du Canada, le Québec semble avoir connu encore
en 1980 un solde négatif important de l'ordre de moins 25 000. Un tel
solde indique, malgré tout, une certaine amélioration de la
situation par rapport aux années précédentes. Le
Québec voit, en effet, son solde migratoire interprovincial devenir de
moins en moins négatif depuis 1977, puisqu'il est passé, en
arrondissant les chiffres, de moins 46 000 cette année-là,
à moins 34 000 en 1978 et à moins 32 000 en 1979.
Bon premier habituellement par l'ampleur de son déficit
migratoire interprovincial parmi les provinces canadiennes, le Québec
est passé, l'année dernière, au deuxième rang, se
faisant remplacer par l'Ontario qui accusait un déficit record pour
cette province de près de
moins 35 000. Les migrations, qu'elles soient internationales ou
interprovinciales, ne sont que des volets, importants certes mais incomplets,
de la situation démographique du Québec.
Je voudrais prendre encore quelques minutes de votre temps pour brosser
à grands traits la situation actuelle. Vous conviendrez avec moi qu'il
est délicat de décrire la situation démographique d'une
année qui vient tout juste de se terminer, alors que les statistiques
dont on dispose n'ont encore aucun caractère définitif.
Néanmoins, les dernières estimations sur l'évolution de la
population peuvent servir à dégager certaines fluctuations et
certaines tendances.
Selon les toutes dernières estimations de Statistique Canada, la
population du Québec a augmenté de près de 37 000
personnes en 1980. Une telle croissance correspond à un taux de 0,6%. La
population du Québec a donc continué, l'année
dernière, à évoluer selon un rythme de croissance faible.
Cependant, par rapport aux années antérieures, ce faible
accroissement démographique estimé pour 1980 est plus important
que celui qui a eu lieu durant l'ensemble des trois années
précédentes, puisque, du début de 1977 à la fin de
1979, la population québécoise s'était accrue au total de
28 200 habitants seulement. Les taux de croissance annuels durant cette
période s'évaluaient à aussi peu que 0,1% en 1977-78 et
à 0,2 en 1979.
Si la population du Québec a augmenté en 1980, c'est
encore grâce à l'accroissement naturel et non pas par un gain dans
les échanges migratoires avec l'extérieur. En effet, ces
échanges accusent encore un déficit, qui est moindre cependant
que celui des années précédentes.
Traditionnellement perdant dans ses échanges migratoires avec
l'extérieur, le Québec accuse encore en 1980 un déficit de
l'ordre de moin 16 000. Un tel solde indique, malgré tout, une nette
amélioration par rapport à la situation des dernières
années. Le Québec voit, en effet, son solde migratoire devenir de
moins en moins négatif depuis 1978, puisqu'il est passé de moins
47 631 en 1977 à moins 43,308 en 1978 et à moins 39 735 en 1979.
Une telle évolution ressemble à celle du début des
années soixante-dix où, après une année record de
moins 41 120, le solde migratoire avait diminué à près de
moins 30 000 en 1971 et moins 21 000 en 1972. La baisse substantielle du
déficit migratoire s'explique essentiellement par la diminution du
nombre des sorties interprovinciales du Québec vers le reste du Canada
au cours des dernières années.
J'ai tenu à vous citer ces quelques chiffres - qui ne sont, j'en
suis fort conscient, qu'un survol trop rapide - pour que nous prenions tous
conscience que la situation démographique du Québec, bien que
demeurant fort préoccupante, ne justifie pas tout à fait les
visions apocalyptiques que certains entretiennent. Au contraire, on mesure
déjà que nos bilans migratoires se sont améliorés
et que cette amélioration devrait se poursuivre.
J'entends que mon ministère se donne les moyens d'entreprendre
une véritable étude de cette question et soit en mesure de jouer
un rôle de leader dans toute discussion qui concernera la situation et
l'évolution démographiques du Québec.
Programmes d'aide financière. Au cours de l'année
1980-1981, 171 organismes ont reçu une aide financière du
ministère de l'Immigration, dans le cadre de 4 programmes d'aide
financière. Le total des subventions versées s'établit
à près d'un million de dollars, soit 987 340 $.
Encore cette année, les programmes d'aide financière nous
ont permis d'associer les organismes du milieu à la réalisation
des objectifs du ministère en matière d'accueil, d'adaptation et
d'intégration des immigrants. L'aide financière consentie a servi
à prolonger les actions et services du ministère de l'Immigration
et à encadrer efficacement le travail de centaines de
bénévoles.
Ainsi, dans le cadre du programme d'aide au fonctionnement, 70
organismes ont reçu un total de 758 700 $. Ces organismes, qui offrent
des programmes de services visant l'insertion harmonieuse des immigrants dans
leur milieu d'accueil, ont notamment collaboré avec le ministère
de l'Immigration dans des dossiers comme l'accueil des réfugiés
du Sud-Est asiatique, la régularisation du statut des immigrants
clandestins haïtiens, la situation des femmes immigrantes et celle des
travailleurs immigrants.
De même, le programme des langues ethniques a permis à 56
organismes de 36 communautés culturelles de poursuivre l'enseignement de
leur langue respective et de leur culture d'origine auprès des jeunes de
leur communauté. Un budget total de 145 000 $ a permis de donner ces
cours à plus de 16 000 étudiants.
Enfin, dans le cadre des programmes d'activités ethniques et
d'activités d'adaptation, le ministère de l'Immigration a
contribué à la réalisation de 78 événements
qui ont constitué autant d'occasions de rencontres et d'échanges
pour des Québécois de diverses origines culturelles. Le budget
consacré à ces deux programmes s'est élevé à
83 640 $.
Nous avons procédé, au cours de l'année qui vient
de s'achever, à une évaluation de nos programmes d'aide
financière. Cette démarche et les commentaires recueillis
auprès des organismes participant à nos programmes
nous ont amenés à restructurer ces programmes.
Nous avons précisé le type d'activités et de
services pour lesquels l'aide financière du ministère est
disponible. Nous avons regroupé ces divers services en trois fonctions,
soit l'accueil, l'adaptation et l'intégration, et nous avons
donné une description précise de chacune.
De même, nous avons rendu publique la grille de sélection
qui préside à l'analyse des demandes d'aide financière.
Parallèlement, sur le plan administratif, nous avons
amélioré notre suivi des organismes financés par le
ministère, en modifiant l'entente qui est signée par ces
organismes et par le ministère, et en précisant la
fréquence et le contenu des visites du ministère aux organismes
financés. De plus, nous avons soumis au Conseil du trésor des
règles de distribution systématisant le mode de
répartition des subventions entre les divers organismes
financés.
Les budgets d'appoint reconduits pour l'année qui vient de
s'écouler et qui ont été augmentés pour 1981-1982
ont permis de constituer un véritable réseau d'organismes
partenaires et de leur assurer un financement plus réaliste. Nos
programmes ont également permis de mieux supporter le
bénévolat du milieu. Il ne fait aucun doute, en effet, que
l'opération accueil des réfugiés du Sud-Est asiatique a
suscité des engagements personnels et collectifs dont nous avons toute
raison d'être fiers. Par ailleurs, on entend consacrer des efforts
particuliers en vue de favoriser et de canaliser ces manifestations de
solidarité et d'en assurer la pérennité.
Nos programmes ont su aider les communautés culturelles à
mieux assumer leurs responsabilités dans la conservation de leur
patrimoine et dans la promotion et le partage de celui-ci avec toute la
collectivité québécoise. Je tiens également
à souligner l'effort consenti par le ministère pour aider les
ministères sectoriels et les offices gouvernementaux à mieux
répondre aux besoins des communautés culturelles. Les
responsabilités que le premier ministre vient de nous confier nous
encouragent à continuer dans le sens que nous avons défini
jusqu'ici et à accorder aux communautés culturelles nos meilleurs
offices.
Nous comptons nous acquitter de notre tâche dans le sens
défini par le plan d'action du gouvernement du Québec à
l'intention des communautés culturelles. Vous trouverez à
l'intérieur du cahier qui vous a été remis de nombreux
exemples concrets de nos actions auprès d'elles.
J'ai eu l'occasion, au cours des minutes précédentes, de
vous parler de notre action en tant que ministère de l'Immigration et,
d'ailleurs, les crédits que vous aurez a étudier et, je
l'espère, à approuver aujourd'hui ne concernent que les
programmes existant avant la création du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration.
J'aimerais prendre encore quelques minutes de votre temps pour vous
entretenir de ce nouveau ministère dont le premier ministre a bien voulu
me confier la charge le 30 avril dernier.
Bien que ce soit la première fois que la mention des
communautés culturelles apparaisse dans le nom d'un ministère, il
ne s'agit pas de la première manifestation d'intérêt du
gouvernement pour celles-ci. On assiste, au contraire, à la poursuite et
à l'intensification d'une action déjà
ébauchée dans des actes et des documents. Je rappellerai le
chapitre trois de la politique québécoise du développement
culturel où la vitalité des communautés culturelles trouve
sa place dans une culture de convergence. Puis, les colloques régionaux,
tenus en 1979 sur les ministères du Québec et les
minorités, ont tracé la voie au plan d'action Autant de
façons d'être Québécois que le ministre
d'État au Développement culturel et scientifique, M. Jacques-Yvan
Morin, député de Sauvé, rendait public le 3 mars
dernier.
Plusieurs ministères n'ont pas attendu cette dernière
politique pour assumer davantage, face aux communautés culturelles, les
responsabilités sectorielles qu'ils ont envers toute la population du
Québec.
J'ai fait allusion tantôt aux relations suivies que le
ministère de l'Immigration a connues avec les communautés
culturelles dans le cadre de la politique d'action concertée qui
régit les rapports entre les divers groupes, ainsi que les programmes
d'aide financière. Par son action quotidienne et sans grand panache, le
MIQ, au cours des années, est devenu et demeure l'interlocuteur
privilégié de 300 organismes de 70 communautés
auprès du gouvernement du Québec. Grâce à lui, les
communautés culturelles connaissent le gouvernement du Québec
comme un intervenant actif, attentif et respectueux.
Je souligne, en passant, aussi que le ministère fut
créé par l'Union Nationale, qu'il fut enrichi par le Parti
libéral et qu'il boucle la boucle aujourd'hui sous l'égide du
gouvernement du Parti québécois. Donc, s'il est un secteur
où il y a une continuité entre les divers partis
québécois, c'est bien celui-là. (15 h 45)
Le changement de nom du ministère va enfin contribuer à
enlever l'étiquette d'éternels immigrants que l'ancien nom
semblait conférer aux membres des communautés culturelles. C'est
avec raison qu'ils savaient pouvoir trouver au MIQ des conseillers sensibles,
des avocats efficaces même auprès des autres ministères.
Les communautés culturelles craignaient la dilution de leur action
auprès d'autant
d'intervenants gouvernementaux alors que ces derniers
considéraient le MIQ comme le lieu des connaissances et de l'expertise
en matière de communautés culturelles. Le MIQ était donc
tout désigné pour être confirmé dans ses fonctions
de lieu principal des interrelations avec le gouvernement
québécois.
Mais cette modification des structures et cette ouverture du MCCI
entendent respecter cette responsabilité première des
communautés culturelles dans la conservation et le développement
de leur culture d'origine. Compte tenu d'un appui assez mince et souvent
inégal, les communautés se sont révélées
d'une vitalité et d'un dynamisme exemplaire et je veux ici les remercier
et leur rendre hommage.
La culture de convergence ne prend son sens que parce que, d'une part,
les communautés ont gardé vivante leur culture et, d'autre part,
la société québécoise, dans son ensemble,
reconnaît la contribution importante des diverses communautés non
seulement à son économie, mais à ses institutions,
à sa culture, à son patrimoine et à la qualité de
la vie collective.
Le soutien efficace que le MCCI compte apporter aux communautés
culturelles entend coller le plus possible à leur vécu. Cet appui
viendra soutenir les grandes fonctions suivantes: conservation de la culture
d'origine, développement d'une culture vivante particulière au
contexte québécois, insertion dynamique des communautés
dans la société québécoise.
On rattache à la conservation de la culture d'origine les
éléments fondamentaux à toute survie comme la langue
d'origine, les traditions, les fêtes marquantes, les arts traditionnels,
etc. Quant au développement d'une culture vivante particulière au
Québec, il s'appuie non seulement sur le lien vivace de la conservation,
mais il implique que la communauté s'adapte à la
société québécoise, la connaît,
l'apprécie, se laisse questionner par elle et y trouve des points de
jonction. Ainsi, la communauté doit être consciente de son
histoire au Québec, de sa contribution, de son patrimoine local. Elle
doit favoriser la création d'oeuvres artistiques,
théâtrales, littéraires et artisanales qui s'inscrivent
dans sa tradition, mais fleurissent au Québec. De même, elle doit
se doter de structures communautaires qui permettent l'expression quotidienne
de sa réalité propre. On pense autant aux structures
démocratiques qu'à des lieux comme des centres communautaires,
camps de vacances ou encore des temps de réflexion et de mise en commun
comme des colloques, etc.
L'insertion dynamique de la communauté culturelle dans la
société québécoise présuppose, chez les deux
parties, une connaissance d'elles-mêmes, une confiance et une ouverture
à l'autre. Alors que dans le développement de la culture en
contexte québécois, il était surtout question que la
communauté fasse place au Québec dans sa culture, ici il s'agit
pour la communauté de trouver sa place dans la société
québécoise. L'opération accueil des réfugiés
a témoigné éloquemment de cette réalité. De
même, la couverture accordée par les médias aux
communautés culturelles tout au long de la dernière campagne
électorale québécoise en est un autre exemple.
C'est dans des activités de rapprochement et de partage comme des
semaines culturelles ethniques, de grandes rencontres, des projets en fonction
de milieux naturels où les groupes se côtoient que l'insertion va
se réaliser. On pense aussi à des projets spéciaux comme
ceux qui ont été réalisés avec le ministère
de l'Éducation ou avec le service de l'animation du Complexe Desjardins.
De tels projets permettent une action d'ensemble à travers les
structures de la société québécoise et contribuent
à une meilleure sensibilisation du milieu et à une plus grande
acceptation mutuelle.
Dans le rôle particulier qui sera le mien de voir à
planifier, coordonner et mettre en oeuvre les politiques gouvernementales
relatives à l'épanouissement des communautés culturelles
et à leur entière participation à la vie nationale, je
puis vous assurer, M. le Président, d'une ténacité et d'un
acharnement qui n'auront d'égal que la foi que je porte au devenir
collectif commun de toutes les Québécoises et de tous les
Québécois.
En terminant, je voudrais souligner que nous avons l'honneur de compter
parmi les représentants de l'Opposition celle qui fut ministre de
l'Immigration pendant une certaine période où elle n'a
laissé que de bons souvenirs parmi les communautés culturelles,
le député de Chomedey trifluvienne comme moi - Mme Lise Bacon. Je
compte sur son expérience du milieu pour nous faire les suggestions et
les recommandations qui s'imposent en toute circonstance. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): Mme la députée
de Chomedey.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Je serai beaucoup plus brève, M. le
Président, que M. le ministre. J'ai déjà mentionné
au début que nous voulions surtout connaître davantage ce qui se
passe au ministère et avoir une meilleure information. Je pense que le
ministre a été très explicite dans ses remarques qui sont
loin d'être brèves. J'aimerais, tout simplement, dire la confiance
qu'ont les membres de l'Opposition en l'apport de
l'Immigration au Québec. On a mentionné tantôt
qu'évidemment il y a eu trois gouvernements qui ont eu des
responsabilités ministérielles au niveau du ministère de
l'Immiqration y compris le gouvernement libéral dont j'ai fait
partie.
J'aimerais aussi mentionner notre détermination de voir le
Québec exercer pleinement ses pouvoirs en matière d'immigration.
On a vu qu'au cours des années passées le Québec a
tenté de se donner des instruments essentiels à cet exercice de
ses pouvoirs en matière d'immigration. On a une plus grande connaissance
de la clientèle immigrante et des programmes d'intégration, par
exemple. À l'étranger, auprès des principaux bassins
d'immigration où on a connu certains problèmes au cours des
dernières années, en particulier en Asie, il a fallu être
présent davantage, mais je pense qu'on a toujours démontré
auprès de l'étranger et des principaux bassins d'immigration une
présence soutenue.
Pour ma part, je crois qu'on doit quand même apporter au
ministère une approche sociologique qui vise à reconnaître
les valeurs culturelles de nos nouveaux compatriotes, puisque, pour nous, c'est
un enrichissement national et qu'il nous faut continuer à rentabiliser
au maximum l'action du ministère. J'ai encore la conviction que ce
ministère doit avoir un mandat un peu plus élargi que celui qu'on
veut bien lui donner. J'aurai, d'ailleurs, des questions à poser au
ministre dans ce sens. Le plein essor du ministère ne pourra être
atteint, je pense que, le jour où il y aura une relation étroite
entre les politiques en matière d'immigration et les politiques en
matière de main-d'oeuvre et de population, parce qu'à mes yeux je
pense que c'est un ministère de ressources humaines auquel on a à
faire face et avec lequel on doit transiger. Sans en dire davantage, j'aimerais
quand même demander au ministre où il situe son action par rapport
au ministre d'État au Développement culturel et au ministre des
Affaires culturelles. Est-ce que c'est interrelié, ces trois actions,
avec son nouveau mandat des communautés culturelles? Je pense que cela a
été quand même assez clair, son intention, dans ses
remarques du début, mais j'aimerais savoir où il situe son action
par rapport aux deux autres ministres qui ont des responsabilités en
matière culturelle au Québec.
M. Godin: M. le Président, vous me donnez la parole?
Le Président (M. Rodrigue): Bien sûr, cher ami.
Mandat du nouveau ministère M. Godin: Remarquez que le
mandat, qui est inscrit dans le document, Autant de façons d'être
Québécois, relevait jusqu'à tout récemment du
ministre d'État au Développement culturel puisque c'est ce
ministère qui avait assumé, sous M. Camille Laurin, la
récolte des données ou des opinions relatives à cette
diversité culturelle au Québec.
Par ailleurs, les ministères d'État n'ont pas les moyens
que les ministères traditionnels ont en main, comme vous le savez
très bien. Quand est venu le temps de passer à la récolte
des données, à l'implantation de proqrammes et surtout à
la recherche, à la définition de nouveaux programmes qui
correspondaient aux besoins des communautés culturelles, le
ministère qui a sauté aux yeux, c'était le
ministère de l'Immigration, puisque depuis fort longtemps - vous avez
connu aussi cette réalité quand vous étiez là - il
assumait cette tâche et jouait ce rôle de soutien au maintien et au
développement des cultures d'origine. Ce n'est pas le ministère
de l'Éducation, par exemple, qui le premier s'est
intéressé aux langues d'origine, mais c'est le ministère
de l'Immigration, sous un gouvernement libéral, d'ailleurs, si ma
mémoire est fidèle.
Donc, il y avait, si on peut dire, un début d'infrastructures
destinées à répondre aux besoins de ces
communautés. Et il y avait surtout une expertise, un "know-how" de la
réalité des communautés culturelles et, en même
temps, un certain conflit quant à la définition d'immigrants. Une
personne ne peut pas être immigrante pour plus longtemps que ses trois
ans où elle est immigrante reçue et beaucoup de
communautés nous avaient fait le reproche, à nous comme
peut-être à vous avant, qu'on continue à faire relever du
ministère de l'Immigration, qui n'avait que ce label, que ce titre, des
activités qui ne relevaient plus du tout de l'Immigration, mais qui
relevaient de la vie, du dynamisme de ceux qui furent des immigrants et qui
étaient maintenant devenus des citoyens du Canada et du Québec
à part entière. Donc, c'était naturel que ce soit chez
nous.
Maintenant, l'articulation, si vous voulez, ou l'enclenchement de
l'action de mon nouveau ministère par rapport à celui des
Affaires culturelles reste à déterminer. Il y a une équipe
au ministère, une équipe au cabinet qui travaille
présentement sur une définition du territoire que nous
occuperons. La règle de base que nous nous donnons, c'est que ce qui
sera notre raison d'être sera mieux fait par nous que par tout autre
ministère. Je vous donne un exemple précis. S'il s'agit de donner
à la communauté portugaise de Sainte-Thérèse des
services dans sa langue, automatiquement, cette communauté viendra voir
le ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration.
Est-ce que, pour une période x, nous allons
assumer, au moyen de subventions, une association qui paierait, comme
nous le faisons maintenant, temporairement une personne qui s'adresserait en
portugais aux consommateurs de soins? Est-ce que nous devrions demander tout de
suite au ministère des Affaires sociales de l'intégrer à
la fonction publique ou est-ce que nous devons commencer par évaluer le
besoin et le financer temporairement, quitte à passer les
responsabiltés quand le fruit sera mûr?
La question reste posée. Il y a des cas frontières, mais
je vous avoue que ma position là-dessus, c'est que, si nous sommes les
mieux placés pour rendre le service, c'est nous qui allons le rendre. Le
programme des langues ethniques est le meilleur exemple. Le ministère de
l'Éducation, qui a une masse de responsabilités infinie, n'a pas
la sensibilité ou la perception qu'il faut, à mon avis, pour
coller à la réalité des besoins et, surtout, pour avoir ce
que j'ai appelé le "know-how" humain ou le "know-how" de
l'humanité, des problèmes humains et sociaux que connaissent ces
communautés.
Donc, il y aura des cas limites où ces problèmes
relèveront de nous, mais, au total, il s'agira pour nous de favoriser le
maintien et le développement des cultures d'origine. C'est à cet
égard qu'on va articuler notre action avec les Affaires culturelles. Je
pense, par exemple, à une pièce qui a été
présentée il y a un an et demi, écrite en italien,
jouée par des Italiens, sur les Italiens de Montréal. Le
ministère des Affaires culturelles a été approché
par la compagnie de M. Micone, si mes souvenirs sont exacts, pour une
subvention. Ce ministère reçoit peut-être 300 demandes par
année de telles troupes et celle-là en a été une
parmi 300. Si on avait eu un mini-programme, on aurait peut-être eu trois
demandes en trois ans. Donc, il est sûr que ce spectacle aurait
bénéficié chez nous d'un statut prioritaire qu'il ne peut
pas avoir aux Affaires culturelles. Est-ce qu'on devra se battre pour avoir un
petit budget d'affaires culturelles chez nous, pour subventionner des troupes
grecques, italiennes ou portugaises? Éventuellement, la pratique seule
nous dira ce qu'il faut faire. Je pense qu'au début on va tenter d'avoir
nos propres programmes parallèles.
Mme Bacon: Si vous me le permettez, M. le Président, cela
veut dire un transfert de responsabilités du ministère des
Affaires culturelles au ministère des Communautés culturelles et
de l'Immigration, et un transfert de budgets en même temps. C'est ce que
vous voulez dire?
M. Godin: Éventuellement, la question des transferts de
budgets pourrait se poser, entre autres, pour ce qui touche les Communications
et les Affaires culturelles, peut-être même les Affaires sociales,
dans une phase transitoire, si vous voulez. C'est la façon dont on voit
les choses présentement, mais ça peut changer aussi.
Mme Bacon: Est-ce que vous avez un échéancier
prévu?
M. Godin: Oui, je pense que, d'ici la fin de juin, le programme
sera soumis à toutes les instances, c'est-à-dire Comité
interministériel permanent de développement culturel, Conseil du
trésor pour ce qui touche les budgets et Conseil des ministres.
J'imagine - je le souhaite, en tout cas -qu'avant l'ajournement de la session
on sera en mesure de présenter un document. Je dis que je le souhaite,
parce que ça peut nous mener aussi en septembre.
Mme Bacon: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Viau.
M. Cusano: M. le Président, j'aimerais,
premièrement, remercier le ministre de ses bons souhaits. Je peux
l'assurer qu'à n'importe quel moment il aura mon entière
collaboration s'il décide de me consulter sur les problèmes de la
communauté italienne.
Deuxièmement, au nom des familles d'origine italienne du
Québec, particulièrement celles de Viau, dont beaucoup sont de
Naples et de la région qui a été frappée par des
tremblements de terre, j'aimerais encore le remercier chaleureusement. (16
heures)
M. Godin: M. le Président, j'ai omis un aspect de la
question de Mme la députée de Chomedey. Pour ce qui touche la
main-d'oeuvre et la population - merci, Mme Barcelo, de me le souligner - cela
appartient de plein droit au Comité interministériel de
développement social. Le ministère a émis, il y a
déjà six mois, l'idée d'un sommet sur la population, ce
qui a permis à l'École nationale d'administration de se raccorder
sur nos services pour organiser un colloque qui serait peut-être le
premier jalon d'un tel sommet sur la population. Je puis vous dire qu'à
la dernière réunion du comité de développement
social j'ai proposé, à titre de ministre de l'Immigration et des
Communautés culturelles, la tenue d'un sommet sur la population, avec la
participation de tous les agents et de toutes les instances imaginables du
Québec et d'ailleurs. Donc, c'est une préoccupation aussi.
Dans nos archives, on a retrouvé des projets de loi qui portaient
votre nom en tant que marraine - est-ce qu'on dit la marraine d'un projet de
loi? - et qui dénotaient l'importance que vous accordez à
l'aspect main-d'oeuvre et population. Je peux vous dire, après
les discussions que j'ai eues, qu'il n'est pas question pour l'instant de
confier au ministère de l'Immigration et des Communautés
culturelles ces responsabilités.
Mme Bacon: Je reviens encore là-dessus, puisque vous avez
mentionné les anciens dossiers que vous avez retrouvés. C'est
peut-être un peu mon dada à moi de revenir là-dessus, mais
je pense qu'il doit quand même y avoir au niveau qouvernemental un
endroit privilégié où on retrouve les données quant
à la population. On n'a qu'à regarder et à lire votre
texte pour voir l'importance qui est donnée à toute cette
immigration, non seulement l'immigration, mais la migration. Ce domaine de la
population est quand même tellement vaste. C'est tellement important, les
ressources humaines auxquelles on a à faire face. J'aimerais quand
même le souligner peut-être ici pour développer davantage
l'intérêt du ministre.
M. Godin: Je voudrais justement citer un document gouvernemental
avant sa publication. Il y a un mandat qui a été donné au
CMPDS au sujet de notre sommet sur la population. Nous tenterons d'inviter
l'Opposition à ce moment et de lui donner le droit de parole.
Mme Bacon: J'allais le souhaiter.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Viau, je pense que vous vouliez poursuivre votre intervention.
Mme Bacon: Je n'avais pas terminé, je m'excuse.
Le Président (M. Rodrigue): Je m'excuse, madame, si vous
voulez poursuivre.
M. Cusano: J'avais seulement une petite question en relation avec
les gens de la région de Naples qui ont été
acceptés. M. le ministre a mentionné dans son discours qu'il y a
à peu près 1000 personnes qui ont été
acceptées.
M. Godin: Plus précisément, nous avons ouvert la
porte pour 1000 personnes. Il y en a peut-être 200 présentement
qui ont accepté le statut d'immigrant reçu et il y en a 800 qui
attendent de voir... Un exemple précis: une institutrice attend de voir
si son diplôme sera reconnu ici, si elle pourra trouver un emploi plus
facilement ici que si elle retournait chez elle; d'autres personnes attendent
le résultat des négociations avec les compagnies d'assurances
italiennes. Il y a un tas de problèmes qui tiennent à la
décision de chacune des personnes que nous avons acceptées. Ce
sont elles qui vont décider, en fin de compte, si elles restent ou si
elles partent, mais nous avons ouvert la porte pour 1000 personnes.
M. Cusano: Sur les personnes que vous avez acceptées
jusqu'à maintenant, combien y avait-il de jeunes d'âge scolaire?
Avez-vous une idée?
Le Président (M. Rodrigue): Pendant qu'on fait la
recherche, j'invite les intervenants, lorsque vous aurez terminé la
série de vos questions, à me le signaler de façon que je
puisse donner la parole au suivant.
M. Godin: J'ai la réponse. La pyramide d'âge, sur
les deux ans, montre que les jeunes sont en nombre très minime.
M. Cusano: Très minime. Il n'y a pas eu de problème
de scolarisation?
M. Godin: Non. M. Cusano: Merci.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Shefford.
M. Paré: M. le Président, pour répondre au
souhait de Mme Bacon qui disait l'importance et l'enrichissement pour le
Québec du développement de nos communautés culturelles,
j'aimerais savoir de la part du ministre quelle a été la
réponse des communautés culturelles au programme
déposé par M. Morin en mars, qui s'intitule Autant de
façons d'être Québécois, à l'heure actuelle.
Je sais que c'est nouveau, mais j'aimerais quand même savoir quelle est
la réponse jusqu'à maintenant, comment c'est perçu.
M. Godin: D'après les coupures de presse que j'ai vues, la
réaction a été très bonne, d'après les
rencontres que j'ai eues, elle a été très bonne aussi,
mais avec un point d'interrogation. Comme c'était publié quelques
semaines avant les élections, beaucoup de gens ont pensé qu'il
s'agissait de ce que les Anglais appelleraient "ploy", c'est-à-dire une
tactique électorale. J'imagine que maintenant que c'est confirmé
dans les faits ils voient que c'était sérieux. Depuis le 13 avril
d'ailleurs, les demandes pour rencontrer les gens du ministère et voir
concrètement ce que va signifier ce plan sont très nombreuses;
elles viennent de toutes les communautés culturelles, même de la
plus importante, la communauté anglaise. Cela laisse présaqer un
avenir plutôt resplendissant pour ce nouveau volet de l'activité
gouvernementale.
Le Président (M. Rodrigue): M. le
député de Sainte-Anne.
Place des anglophones dans les communautés
culturelles
M. Polak: M. le Président, je m'excuse d'avoir
été un peu en retard, mais j'étais retenu ailleurs par mon
travail. Je voudrais poser deux questions au ministre. C'est, d'ailleurs, un
peu malheureux qu'on n'ait pas reçu plus tôt le discours du
ministre; je pense qu'on vient seulement de le recevoir en entrant dans la
salle. Dans la documentation que j'ai reçue, le discours n'y
était pas. Je ne sais pas quelle est la méthode qu'on utilise,
mais j'aurais préféré recevoir ce document il y a un jour
ou deux, pour au moins le lire un peu plus en détail afin d'être
mieux préparé. J'ai tout de même écouté son
discours et j'ai pris quelques notes.
À la page 7A, le ministre dit: "Nos programmes ont su aider les
communautés culturelles à mieux assumer leurs
responsabilités dans la conservation de leur patrimoine et dans le
partage de celui-ci avec toute la collectivité
québécoise." Ensuite, à la page 26, on parle d'autant de
façons d'être Québécois, d'une culture de
convergences et à la page 27, on dit qu'une des raisons expliquant le
changement de nom du ministère, c'était pour justement enlever
"l'étiquette d'éternels immigrants." Je le comprends très
bien, je suis pour cela.
Dans ce contexte, où est-ce que le ministre situe ceux qu'on
appelle les anglophones, ceux qui sont dans la province de Québec pas
seulement depuis presque le début, mais depuis le début? Il y s
également le groupe des Juifs: où sont-ils situés?
Où se trouvent-ils dans ces communautés culturelles? Par exemple,
à la page 29, vous mentionnez les structures, les camps de vacances, le
temps de réflexion et de mise en commun de colloques. Or, dans le
secteur anglophone, il y a quand même des structures très
importantes, comme les commissions scolaires, qui n'ont pas été
mentionnées. Est-ce que cela veut dire que vous ne les voyez pas comme
faisant partie des communautés culturelles? Où se situent ces
deux groupes? Cela m'intrigue beaucoup.
Ma deuxième question à poser au ministre, c'est qu'on
parle d'intégration à un moment donné. Mais où se
situe la différence entre l'intégration et l'assimilation, comme
cela peut le devenir? Vous devez sans doute avoir quelques remarques sur ces
deux points.
M. Godin: D'abord, au sujet du discours, vous avez reçu le
gros cahier il y a déjà 36 heures.
M. Polak: Parfait, au moins.
M. Godin: Mon discours est un résumé du cahier
à peu de chose près. Deuxièmement, il n'est pas dans la
tradition que les hommes politiques envoient les discours longtemps d'avance
à qui que ce soit.
M. Polak: Oui, mais vous faites de bons discours, il faut que
nous les étudiions.
M. Godin: Par ailleurs, si je l'avais livré deux jours
avant... D'abord, il n'était pas prêt, parce que j'ai voulu le
fignoler jusqu'à la dernière seconde, étant journaliste,
l'heure de tombée ou le "deadline" est un syndrome ou une maladie. On
pense qu'il va être meilleur si on le laisse à la dernière
seconde. Remarquez qu'il n'est peut-être pas meilleur pour autant, mais
c'est le sentiment qu'on a.
Je ne sais pas si vous avez eu le temps de lire le cahier - je sais que
vous êtes très occupé de ce temps-là, que vous avez
plusieurs commissions à couvrir - mais si vous l'avez lu, tout est dans
le cahier et même beaucoup plus.
Les communautés culturelles comprennent-elles les
minorités nationales? Dans ma définition, les minorités
nationales, ce sont les minorités qui étaient ici avant nous,
donc les Amérindiens et les Inuits. Ces deux minorités ne
relèvent pas des communautés culturelles.
Par ailleurs, il y a la troisième minorité nationale, les
Anglais, la troisième dans le temps, celle qui, par sa contribution, par
son rôle, par la durée de sa présence au Québec, par
son enracinement profond dans ce que le Québec est aujourd'hui, est-ce
que nous devons la considérer comme une communauté culturelle au
même titre que les autres? Je vous avoue que je n'ai pas d'idée
là-dessus, mais je me suis réjoui de voir que, dans la Gazette,
en éditorial, le jour du remaniement ministrériel, M. Gordon
Sinclair à CFCF et d'autres commentateurs respectés dans la
communauté anglaise se réjouissent du fait qu'ils ont maintenant
un porte-parole qui est moi. Ils auraient souhaiter que ce fût M. Bob
Dean ou M. David Payne peut-être, mais ils vont se contenter de moi pour
quelques mois du moins. Ce sera à eux de décider s'ils veulent se
tenir pour une communauté culturelle, oui ou non.
Une chose qui m'a frappé dans le passé, c'est que, par
exemple, pour la fête de la Saint-Patrick, jamais la communauté
irlandaise n'a formulé une demande de subvention au gouvernement du
Québec. Cela m'a toujours surpris. Je souhaite que, par exemple -
restons chez les Irlandais éventuellement, il y ait à
Montréal un musée de la contribution des Irlandais à la
vie du Québec. Pour une telle demande, je pense que le lieu où
ils pourraient s'adresser, ce serait chez nous. Mais il leur appartiendra
de
dire s'ils se considèrent comme une communauté culturelle
ou s'ils voudraient plutôt relever de l'ensemble des autres
ministères comme n'importe quel autre groupe au Québec.
Par ailleurs, au sein de la communauté anglaise, il faut faire
des distinctions. Il y a des communautés anglaises dans les Cantons de
l'Est qui ont toutes les caractéristiques des communautés
culturelles comme on en trouve à Montréal. La communauté
anglaise de Montréal n'est pas sur le même pied que la
communauté anqlaise de la Côte-Nord, par exemple, ou que la
communauté anqlaise des Îles-de-la-Madeleine; il y a des
distinctions à faire. Mais ce que je peux dire, pour ma part, c'est que
nous sommes, au gouvernement, extrêmement ouverts face à toute
définition qu'eux-mêmes voudraient se donner quant à leur
rôle et à leur place au Québec.
Par ailleurs, je dois dire que j'ai été convoqué
à rencontrer les porte-parole des cinq plus qrandes organisations ou
associations anglophones du Québec: Participation Québec,
Positive Action, de Mr. Alex. Paterson jusqu'à M. Jim Ross de
Townshippers, en passant par S. McCall et autres. Ils veulent rencontrer le
ministre des Communautés culturelles et ils se plaignent,
peut-être à juste titre, de n'avoir pas beaucoup de canaux de
communication avec le gouvernement du Parti québécois. Si nous
pouvons leur fournir ce canal, tant mieux. Nous le ferons avec plaisir.
Maintenant, la communauté juive, en ce qui nous concerne,
répond à la définition de la communauté culturelle,
c'est-à-dire une communauté qui est en nombre suffisant pour
avoir ses institutions, qui a qardé une qrande partie, sinon la
totalité de ses traditions, de sa religion, de son attachement au
passé, à son propre passé, à son patrimoine. Nous
serons très ouverts, éqalement, à toute demande qui serait
formulée par cette communauté auprès du
ministère.
Le Président (M. Rodrique): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Sainte-Anne?
M. Godin: Maintenant, il y avait également la distinction
entre intégration et assimilation. Notre intention n'est pas d'assimiler
qui que soit, nous récusons totalement le principe du "melting pot".
Nous croyons plutôt à la coexistence amicale et fraternelle de
communautés qui garderaient totalement leur identité, qui
auraient en commun le recours à une langue commune, qui auraient en
commun le recours à un territoire, qui auraient en commun un
gouvernement avec ses défauts et ses gualités, mais qui
maintiendraient leur culture spécifique en la développant. Je me
réfère à la pièce de M. Micone, qui est une
pièce écrite en italien sur les Italiens de Montréal.
Donc, j'aimerais voir comment un public italien, à Rome,
réagirait devant une telle pièce. Les Romains
découvriraient les Italiens de Montréal tels qu'ils sont et avec
toute la différence qu'il peut y avoir entre une famille italienne de
Montréal et une autre à Rome ou à Milan. Je pense que
c'est un bon exemple de la voie que chaque communauté doit suivre,
c'est-à-dire, par elle-même, mettre en valeur sa
spécificité et, en même temps, sa
québécitude.
M. Polack: M. le Président, une question
supplémentaire au ministre, sur le même sujet. Vous avez dit tout
à l'heure, en réponse à ma question, en ce qui concerne la
communauté anglophone, que vous la laissez se situer. Mais en changeant
le nom du ministère, est-ce que cela n'indique pas une certaine
politique de votre part? En prenant maintenant les mots "communautés
culturelles", préférez-vous, personnellement, vous qu'elle se
regroupe parmi toutes les autres communautés culturelles? Quelle est
votre politique ou la politique de votre ministère à ce sujet?
(16 h 15)
M. Godin: Si cette communauté décide qu'elle
s'adresse à nous, nous l'accueillerons à bras ouverts et nous
mettrons à sa disposition les mêmes services, les mêmes
programmes que pour les autres. Par ailleurs, je n'ai pas d'opinion sur ce
qu'elle devrait faire. Ces gens sont assez grands pour décider
eux-mêmes ce qu'ils veulent.
Le Président (M. Rodrique): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, je vais poser ma question
d'ordre général et on reviendra sur le budget puisqu'il faut en
parler un peu.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous signale que j'ai pris
en note les noms des députés qui veulent intervenir et je les ai
pris dans l'ordre où ils se sont inscrits. Autant que possible,
j'aimerais suivre cet ordre. Si vous voulez y aller, M. le député
de Jeanne-Mance.
Problèmes d'emploi des Haïtiens
M. Bissonnet: D'accord, M. le Président, mais vu que nous
sommes dans l'Opposition, on va profiter également de cette commission
parlementaire pour poser certaines questions d'ordre financier au ministre. Je
me réserve le droit de revenir.
Au niveau de la communauté haïtienne de Montréal, il
y a, dans mon comté et dans les comtés avoisinants, une
proportion très importante de la communauté haïtienne de
la région métropolitaine. J'ai constaté, durant les
deux dernières années et, de façon plus spécifique
durant la dernière campagne électorale, que nos amis citoyens
d'origine haïtienne ont beaucoup de difficultés à se trouver
des emplois.
Au niveau de votre ministère, vous avez créé un
comité qui s'adresse spécialement à la communauté
haïtienne pour étudier les difficultés du problème
d'emploi qu'ils ont dans la région métropolitaine. Vous pouvez me
répondre que cela relève du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, mais je pense que cela pourrait s'insérer à
l'intérieur de votre ministère des Communautés culturelles
et de l'Immigration.
En fait, tous les intervenants qui sont ici et qui ont des Haïtiens
dans leur comté pourraient sûrement vous en informer. Le
député du comté de Bourassa a sûrement
retrouvé les mêmes difficultés à l'intérieur
de son comté. Je ne sais pas de quelle façon vous pouvez aider
ces citoyens qui ont vraiment de sérieuses difficultés à
se trouver de l'emploi actuellement.
M. Godin: Je pense qu'une partie des problèmes qu'ils ont
vécus dans le passé tenait au fait qu'ils étaient
illégaux. Une des raisons pour lesquelles on a adopté au
ministère et appliqué rapidement, avec la collaboration des
autorités fédérales, comme je le disais dans mon discours,
ce programme de régularisation de statut des immigrants haïtiens,
illégaux ou autres, c'était précisément pour qu'ils
puissent, comme n'importe quel citoyen du Québec, se présenter
là où il y a des services et ne pas se voir refuser un emploi
parce qu'ils n'ont pas le permis de travail ou le statut d'immigrant
reçu. Une partie des problèmes est peut-être
réglée par cette mesure de régularisation.
D'autre part, si vous regardez à l'onglet s dans le grand cahier,
à la page 5, vous verrez que, pour ce qui touche à la
communauté haïtienne, il y a quand même des subventions qui
sont données au Centre haïtien d'orientation et d'information
scolaire, à la Maison d'Haïti et au Bureau de la communauté
chrétienne des Haïtiens de Montréal Inc., ce sont
précisément, pour deux d'entre elles à tout le moins, des
centres où des renseignements et des services sont donnés par les
Haïtiens eux-mêmes, sous la responsabilité des Haïtiens
eux-mêmes, à leurs compatriotes.
Nous avons subventionné particulièrement ces deux
organismes parce que c'étaient eux qui étaient le plus utiles
pour répondre aux besoins de la communauté. Ce serait ma
réponse à votre question. Maintenant, si vous connaissez d'autres
organismes, faites-nous-les connaître; nous serons très
disposés....
M. Bissonnet: En fait, ce n'est pas juste au niveau des
subventions, M. le ministre. Je pense qu'il y a beaucoup de "légaux"
aussi qui ont des problèmes d'emploi. Mais cela va plus loin que l'aide
ou les subventions. Cela va peut-être plus vers une étude des
difficultés d'emploi de cette communauté. Il y a un
élément de discrimination qui existe d'une certaine
façon.
Évidemment, on peut subventionner les organismes haïtiens
qui aident leurs frères de leur communauté à se trouver
des emplois, mais je pense qu'il faut aller plus loin que cela pour
circonscrire le problème qu'ils ont actuellement. Il y a des
problèmes d'immigrants illégaux; c'est certain, il y a des
immigrants illéqaux qui n'ont pas d'emploi à cause de leur
situation au pays. Je pose ce problème a votre réflexion.
M. Godin: Je vais vous donner quelques faits, en plus de la
réflexion. Au ministère, il y a déjà le service de
l'emploi qui existe. C'est précisément un mini-centre de
main-d'oeuvre du Québec qui reçoit des citoyens fraîchement
débarqués ou avec des problèmes particuliers qui tiennent
à leur jeune âge comme citoyens canadiens au Québec. Ce
service d'emploi a quand même trouvé des emplois à un grand
nombre d'entre eux.
M. Bissonnet: Est-ce que vous pourriez nous dire l'endroit
où il se trouve, parce que je vais vous envoyer beaucoup de monde?
M. Godin: Au ministère, au 355 McGill.
M. Bissonnet: Beaucoup de personnes vont y aller.
M. Godin: De plus, dans les COFI, il y a également un
certain nombre de services reliés à l'emploi, où l'on
transmet des renseignements. Enfin, nous sommes en contact avec le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre pour mettre au point un
programme de formation professionnelle qui réponde
précisément aux besoins particuliers, spécifiques que les
membres de cette communauté culturelle peuvent avoir quotidiennement. Il
y a autre volet: avec la division de l'aide sociale, qui recueille un certain
nombre de données, nous sommes en train de préparer des mesures
visant à intégrer au milieu de travail les gens qui sont dans la
situation que vous décrivez.
M. Bissonnet: Votre bureau, vous appelez cela?
M. Godin: Le service de l'emploi.
M. Bissonnet: Et le responsable, c'est M.?
M. Godin: M. Jean-Paul Normand, 355 McGill, 9e étage. Il y
a un ascenseur.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que vous avez
terminé?
M. Bissonnet: Vous avez mentionné tantôt que vous
étiez en train de restructurer les programmes d'aide
financière.
M. Godin: On me dit que 1067 personnes ont trouvé un
emploi grâce à ce service.
M. Bissonnet: Parfait, je suis très heureux d'entendre
cela, je vais vous envoyer beaucoup de mes concitoyens haïtiens. Je leur
trouve des emplois assez régulièrement, mais, malheureusement, il
y en a tellement qui n'ont pas d'emploi, que je vais vous référer
ceux pour qui je ne peux pas en trouver.
M. Godin: À la municipalité, chez vous, le
pourcentage est de combien?
M. Bissonnet: Je me suis battu depuis deux ans et demi pour qu'on
engage au moins un Haïtien à la municipalité et il n'y en a
aucun qui travaille à la municipalité de Saint-Léonard.
Comme j'ai été un maire minoritaire, j'ai souvent
intercédé pour qu'on ait des Haïtiens. Je peux vous dire
qu'il y a 450 employés dans la municipalité et qu'il n'y a aucun
Haïtien à son emploi. Actuellement, nous passons, pour les emplois
d'été pour les étudiants haïtiens qui sont à
l'université ou au cégep, par le programme Placement
Québec. J'avais vérifié pour voir si, à
l'intérieur de ce programme - cela se fait par tirage au sort - des
Haïtiens avaient été favorisés.
Alors, ma question se pose au niveau de la restructuration des
programmes d'aide financière. Est-ce que ces programmes sont en vigueur
et, est-ce qu'on peut avoir une copie de tous les programmes d'aide
financière, parce que vous avez dit à la page 23 ou 24, que vous
aviez restructuré vos programmes d'aide financière, aux
communautés culturelles?
M. Godin: C'est-à-dire que oui. Pour ce qui touche le
budget de l'Immigration, dont une partie relève des communautés
culturelles, il y a un document que je peux vous faire porter sur-le-champ sur
une politique d'action concertée, qui a un budget de près de 1
000 000 $ cette année. C'est destiné à subvenir aux
besoins et à maintenir l'existence des organismes et associations qui
existent. Il y a un changement par rapport au budget de l'année
précédente, il y a une augmentation de 20% du budget à ce
service.
D'autre part, si vous parlez de programmes qui sont actuellemnent en
gestation pour incarner dans la réalité ce qu'on appelle
maintenant les communautés culturelles, il est trop tôt. Je
déposerai en Chambre avant l'ajournement, je le souhaite, si tout est
prêt, un document qui fera l'énumération de tous ces
programmes sur lesquels nous travaillons présentement dans nos
services.
M. Bissonnet: Une dernière question d'ordre
général, M. le Président. Est-ce qu'il est possible, M. le
ministre, par l'intermédiaire de votre sous-ministre ou des
fonctionnaires responsables, de faire parvenir aux membres de cette commission
tous les programmes...
M. Godin: Qui existent au ministère?
M. Bissonnet: ... qui existent au ministère, pour notre
information personnelle?
M. Godin: Certainement, pas de problème.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: M. le Président, j'aimerais à mon tour,
remercier le ministre, d'abord pour son information très
complète...
M. Godin: "Parakallo"
M. Sirros: "A faristo, a faristo"; "parakallo", c'est
bienvenue.
M. Godin: De rien, c'est "parakallo", non?
M. Sirros: Bon, d'accord! Il me fait même des
leçons, mon Dieu!
M. Godin: On fera un concours éventuellement.
M. Sirros: D'accord! Je veux remercier M. le ministre pour son
esprit d'ouverture face à la collaboration qu'il peut recevoir de
l'Opposition, et j'aimerais l'assurer qu'aussi longtemps que la porte est
ouverte on essaiera d'en franchir le seuil. J'espère que la porte va
rester ouverte?
M. Godin: II n'y a pas de porte, M. Sirros. Donc, elle ne sera
jamais fermée.
M. Sirros: II n'y a pas de porte, même pas de porte, c'est
tout ouvert. Parfait! J'aimerais également souligner que dans le
discours, j'ai remarqué qu'il y a un excellent esprit de collaboration
qui existe entre le ministère d'Immigration et des Communautés
culturelles du Québec et le ministère fédéral.
À cet égard, il y aurait peut-être lieu d'encourager
le même genre de chose à travers d'autres ministères, ici.
Peut-être que vous pouvez passer le message à votre homologue
fédéral qui pourrait faire aussi la même chose de son
côté. On verrait une amélioration du tout au tout. Mais
j'ai cru déceler, aussi dans vos réponses à la question de
la députée de Chomedey, un changement assez majeur dans
l'orientation que le ministère entend prendre par rapport à ce
qui a existé avant. Peut-être que je me trompe, mais j'ai cru vous
entendre dire que le ministère va commencer maintenant à assumer
plus directement l'offre de services par rapport aux communautés
culturelles. Il me semble qu'auparavant le ministère essayait
plutôt de jouer un rôle de coordonnateur ou de "facilitateur", si
vous voulez, ou de conscientiseur par rapport à d'autres
ministères. Moi, personnellement, je me réjouis de ce changement
parce que je crois, effectivement, que cela prend une approche plus vigoureuse
pour arriver à résoudre certains de ces problèmes.
J'aimerais me référer un peu au programme d'action que
vous avez publié le 3 mars, si je ne me trompe pas, et poser quelques
questions là-dessus. Par exemple, par rapport à la fonction
publique, le pourcentage de non francophones et non anglophones qui se trouvent
dans la fonction publique, je crois que cela se situe, à l'heure
actuelle à 2,3% ou quelque chose comme cela
M. Godin: C'est plutôt autour de 4%. M. Sirros: 4%,
bon d'accord.
M. Godin: Effectivement, c'est largement inférieur
à la réalité.
M. Sirros: Est-ce qu'il y a des mesures spécifiques, des
programmes particuliers, du genre, je ne sais pas, Action affirmative ou
guelque chose comme ça pour aller chercher des gens pour les amener
à postuler? Comment est-ce qu'on va passer de 4% à quelque chose
qui colle plus à la réalité?
M. Godin: II y a deux choses. D'abord, il y a des amendements qui
ont été présentés à la Loi sur la fonction
publique visant précisément à appliquer
concrètement le programme qu'on appelle Égalité des
chances qui touche, d'ailleurs, aussi bien les femmes que les
communautés culturelles et les handicapés, donc, les sous-groupes
en ce qui concerne les deux derniers et la moitié en ce qui concerne le
premier. C'est un aspect concret, si vous voulez, une réponse
concrète à votre question.
D'autre part, le mandat principal du CIPA, le Comité
d'implantation du plan d'action, consiste précisément à
proposer au gouvernement des mesures pour en arriver à des
résultats rapides et concrets. Le CIPA n'est pas encore
complètement formé. Je suis en consultation avec beaucoup
d'organismes au Québec quant aux personnes à nommer à ce
comité. Déjà, il existe des expériences semblables
dans certains organismes au Québec, c'est-à-dire des
expériences d'intégrer aux institutions de l'organisme en
question des nouveaux qui n'y sont pas assez représentés. (16 h
30)
Donc, nous allons nous inspirer de toute expérience semblable qui
est faite ailleurs, au Québec, au Canada et en Amérique du Nord
pour en arriver à ce que, dans un nombre d'années relativement
court, nous puissions avoir des chiffres significatifs à soumettre au
Parlement provincial.
Quant à la tâche du ministère pour conscientiser les
Affaires sociales ou l'Éducation à un problème vécu
par les communautés culturelles ou par les citoyens des
communautés culturelles, je pense que si nous soumettons un rapport, par
exemple, disant qu'au CLSC de Chomedey il faudrait avoir une personne qui parle
portugais, s'il n'y en a pas encore, avant que toute la procédure de
nomination, de sélection d'emplois soit réglée, ça
prendra au moins un an, un an et demi. Ce que le ministère fera, c'est
prendre le plus court chemin, comme nous l'avons fait à
Sainte-Thérère, nous avons débloqué les fonds pour
permettre à une association portugaise de Chomedey de payer guelqu'un
qui va rendre ces services et qui va se connecter sur le CLSC.
Entre-temps, les Affaires sociales seront saisies du problème et,
tant qu'elles ne l'auront pas résolu, c'est nous qui allons assumer
l'intérim, si vous voulez. C'est le modèle qu'on suit. Donc, je
le répète, c'est un ministère léger, avec le plus
petit budget de tous les ministères du Québec. Nous allons
travailler plus rapidement que d'autres, parce qu'on n'est pas encombré
par des milliers de fonctionnaires, des milliers de procédures et de
règles à suivre. C'est par une aide directe qu'on peut obtenir
rapidement que nous allons tenter de régler les problèmes
d'urgence, quitte à ce qu'une solution de permanence soit adoptée
par le ministère, dont c'est la responsabilité première,
le plus tôt possible.
M. Sirros: Si vous me permettez...
Le Président (M. Rodrigue): Je vous en prie.
M. Sirros: ...de continuer un peu sur ça, c'est finalement
le ministère qui va tester votre capacité de diplomatie
auprès de vos collègues, je suis d'accord. Dans le domaine des
Affaires sociales, dans le domaine des communautés culturelles, il y a
une
unanimité, presque, à dire qu'il y a certains services,
certaines institutions qui s'adaptent beaucoup mieux si elles sont
gérées par la communauté elle-même. Je pense, par
exemple, spécifiquement aux centres d'accueil pour personnes
âgées.
M. Godin: Au CLSC Parc Extension.
M. Sirrosî Au CLSC Parc Extension, c'est une base
géographique où on a traité de manière égale
tout le monde. Mais pour les personnes âqées, on parle d'une
souche de population qui est en difficulté d'adaptation. Ce n'est pas
tellement réaliste d'envisager de prendre quelqu'un qui ne parle ni le
français ni l'anglais et de le mettre dans un centre d'accueil
francophone ou anglophone ou quoi que ce soit. À l'heure actuelle, il y
a une difficulté à envisager des centres d'accueil qui seraient,
par exemple, gérés par la communauté grecque ou italienne,
quoiqu'il y a peut-être, je pense, une exception qui a été
faite.
M. Godin: Le foyer Dante a été
inauguré...
M. Sirros: Le foyer Dante.
M. Godin: ...il y a trois ou quatre mois.
M. Sirros: Est-ce que votre ministère...
M. Godin: II y a également un foyer polonais, depuis peu
de temps.
M. Sirros: Donc, on peut présumer qu'il y a un
encouragement de votre part pour ce genre d'effort, surtout là où
il y a une participation des communautés culturelles.
M. Godin: Là-dessus, je vous dirai deux choses:
Premièrement, il existe déjà un certain nombre de
communautés culturelles qui, ayant pris sur elles de se lancer avec
leurs propres ressources dans de tels projets, ont
bénéficié, après coup, de l'appui du
gouvernement.
M. Sirros: Pour le fonctionnement.
M. Godin: C'est ça. D'autre part, je pense, entre autres,
à l'exclusion des centres d'accueil pour personnes âgées,
aux HLM, habitations à loyer modique, de la ville de Montréal.
J'ai écrit, il y a un mois, au maire Drapeau lui exposant ce
problème et je recommandais que dans des HLM existants il y ait un
certain regroupement de personnes qui parlent la même langue, de
manière qu'elles puissent, comme vous dites, ne pas être
isolées complètement. Vous connaissez bien le problème
puisque vous avez dû vous occuper sûrement de certains cas comme
ça, à l'époque où vous étiez au
CLSC. Vous en aurez d'autres maintenant que vous êtes
député de Laurier. Si on traitait le cas d'un Polonais qui ne
parle que polonais ou d'un Grec qui ne parle que le grec ou d'un Portugais qui
ne parle que le portugais comme n'importe quel autre dossier, il serait
complètement isolé à Rivière-des-Prairies dans un
foyer où les gens ne parlent que français ou anglais. Il faut
trouver une solution dans le genre "Affirmative action", de manière
qu'il y ait un regroupement de personnes qui parlent la même langue, mais
à l'intérieur d'un centre d'accueil qui ne serait pas que grec,
que portugais ou que polonais.
Donc, les deux options sont possibles. Il y a, à
côté de l'hôpital chinois, un centre d'accueil pour les
personnes âgées chinoises. Mais il ne faut pas perdre de vue, non
plus, ce que nous appelons la culture de convergence, c'est-à-dire qu'il
faut éviter...
M. Sirros: II ne faut pas que ce soit exclusif.
M. Godin: ...quand c'est possible et souhaitable, des
regroupements qui ne seraient qu'à 100% des gens de même origine.
J'estimerais important que les pensionnaires d'un foyer d'accueil du plateau
Mont-Royal qui ont plus de 65 ans puissent enseigner les danses carrées
aux Grecs et que les Grecs puissent leur enseigner le pendozali ou le
sirtaki.
M. Sirros: Le sirtaki.
M. Godin: Je pense que ce serait un enrichissement pour
l'ensemble des pensionnaires de ce centre d'accueil que de cohabiter avec
d'autres.
M. Sirros: Dernière question, M. le Président.
Comme député de Laurier, ayant une forte concentration des gens
d'origine grecque dans le comté, je sais que la communauté
grecque vous a fait parvenir, je crois, une demande de subvention pour la
construction d'un centre communautaire. Cette communauté est la
deuxième plus grande communauté culturelle au Québec. En
parcourant le livre des crédits, à moins que je ne l'aie
manqué, je n'ai rien trouvé. Pouvez-vous me faire un peu
l'état de la situation?
M. Godin: D'accord. À venir jusqu'à maintenant, les
demandes de ce type qui émanaient des communautés culturelles
étaient acheminées au Conseil exécutif, donc au bureau du
premier ministre. C'est ainsi que par ce bureau sont passées des
subventions à la communauté arménienne. L'intention de mon
ministère est précisément d'arracher au budget du Conseil
exécutif la partie qui est destinée à ce genre de
centre
communautaire. Cela fait partie des objectifs d'appétit vorace de
mon ministère sur le budget des autres pour que nous puissions, nous,
recevoir ces demandes, y répondre au meilleur de notre connaissance et
de notre expertise, faire des subventions qui soient le moins
discrétionnaires possible et établir une liste des
priorités à partir de la clientèle desservie, à
partir de l'importance de la communauté, à partir des services
qu'elle a, par ailleurs, ou dont elle a besoin pour compléter son
éventail de services. Si les choses vont aussi bien que je le
présume, à compter de septembre, nous aurons en main les
instruments budgétaires pour recevoir ces demandes et y donner suite
dans les années qui viennent.
M. Sirros: Pour terminer là-dessus, êtes-vous au
courant où se trouve cette demande, en particulier?
M. Godin: Cette demande est précisément devant le
bureau du premier ministre. Elle sera éventuellement
transférée au ministère des Communautés culturelles
et de l'Immigration. Mais le dossier suit son cours quand même,
entendons-nous bien?
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Vachon.
Embauche des non-francophones dans la fonction
publique
M. Payne: M. le Président, moi aussi, je me réjouis
de la réélection de notre cher collègue et ami, M. Godin,
et aussi de sa renomination comme ministre, parce qu'on voit comment cela
bouge, comment avance la vocation de ce ministère avec son enthousiasme
et sa sincérité. Je vois cela partout, particulièrement
dans Vachon où nous avons 24% des minorités, des
communautés culturelles et où on se considère comme des
Québécois à part entière. Je suis en mesure de
partager les mêmes problèmes, les mêmes inquiétudes
que mon collègue de Sainte-Anne touchant en particulier le
problème de la communauté anglophone. Je peux peut-être
expliquer le dilemme ainsi. On se considère aussi comme des
Québécois à part entière, ayant des racines ici
depuis fort longtemps, depuis 250 ans, mais, avec cela, il y a des
conséquences culturelles et sociales. On risque, si on est
Québécois à part entière, d'être
ignorés comme communauté à part entière et comme
communauté distincte. Si, par contre, on exige un statut particulier,
à ce moment, on risque de se faire identifier spécifiquement
à un ministère qu'on appelait autrefois le ministère de
l'Immigration et que les Anglais particulièrement détestaient,
évidemment, c'est normal. C'est un petit peu le dilemme auquel on fait
face actuellement. La nouvelle appellation, ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration, risque d'aider beaucoup.
Vous avez souligné, par exemple, la question de saint Patrick.
Ma question concerne CIPA et le plan d'action qui est un instrument de
travail manuel pour action. Ce n'est pas un livre vert, c'est un plan d'action
sur lequel le ministre aura l'honneur de travailler pendant les prochaines
années. Le problème est un peu plus délicat que cela.
Malgré un taux d'attrition d'à peu près 10 000
fonctionnaires par année, 90% de l'activité gouvernementale se
fait ici à Québec, même si les couches de la population
italophone, anglophone et allophone sont à Montréal
particulièrement.
Deuxièmement, nous avons le problème de la langue.
Troisièmement, selon mon expérience personnelle, la
demande formelle des minorités anglophones de faire partie de la
fonction publique n'est pas si exagérée que cela.
Quatrièmement, le problème est que, si nous voulons
embaucher davantage les citoyens des communautés culturelles, il faut
à la fois prendre en considération qu'on est actuellement en
situation de croissance zéro dans la fonction publique. Je pense que
c'est un défi de taille de vraiment mettre en application le plan
d'action. Nous l'avons et je me réjouis de sa publication. Le
mécanisme pour embaucher les non-francophones dans la fonction publique
est en place maintenant, par exemple. Il faudrait que nous
particulièrement, tout le monde ensemble faisant partie de cette
commission parlementaire, nous trouvions aussi les modalités
d'application pour qu'on puisse promouvoir notre produit auprès des
minorités, auprès des communautés culturelles. Si on voit
au ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration un
modèle - je vois bien la politique et la pratique du ministre actuel qui
sont extraordinaires - le même ministère, à mon avis, a
aussi la vocation d'être un ministère de promotion auprès
d'autres ministères, particulièrement auprès du
ministère de Fonction publique, la ministre avec laquelle vous avez de
bons rapports et des rapports très étroits. Mais on n'est pas
sorti du bois encore avec l'embauche.
J'aimerais peut-être que le ministre puisse nous expliciter
davantage de quelle façon il va prendre le taureau par les cornes pour
vraiment augmenter de 2,7% ou de 4% les représentants des
communautés culturelles actuellement en place jusqu'à 7% ou 8%.
C'est un défi de taille. On partage le problème ensemble.
M. Godin: Oui, le député de Vachon est un des
parrains ou un des coauteurs du plan d'action; il le connaît mieux que
moi. Il
connaît la réalité que ce plan d'action vise
à changer beaucoup mieux que je ne la connais moi-même pour
l'instant. Enfin, j'espère le rejoindre dans quelques semaines, dans
quelques mois dans ma connaissance de la réalité et surtout des
solutions à apporter.
Je dois dire, par ailleurs, qu'un certain nombre de requêtes ont
été formulées par le gouvernement auprès de
représentants de la communauté anglophone pour se joindre
à la fonction publique, à des organismes paragouvernementaux et,
malheureusement, la réponse n'a pas toujours été positive.
Nous avons beaucoup de difficultés à recruter nous-même des
gens de cette communauté, même dans des postes qui ne sont pas
déterminés par la loi 50 ou par l'Office du recrutement et de la
sélection, parce qu'il n'y a pas beaucoup de chômage dans la
communauté anglophone de Montréal, surtout au niveau des postes
où se situent les gens que nous voudrions avoir. C'est un fait et tant
mieux pour eux.
Par ailleurs, comment résoudre le problème? Il y a
plusieurs modèles que nous étudions. Parlons un peu de
l'attrition, premièrement. Je pense que le fait qu'il y ait peu de
postes qui s'ouvrent présentement à la fonction publique
québécoise est un phénomène temporaire et que la
politique que nous allons appliquer sera quelque chose de permanent. Si dans
cinq ans, sept ans, huit ans, la politique est là et qu'elle est
prête, quand, dans deux ans, la situation budgétaire se
rétablira et que la croissance pourra continuer comme par le
passé, sûrement que, les portes s'ouvrant, le mécanisme que
nous avons mis en place commencera à porter des fruits. Je ne suis pas
inquiet quant à l'avenir de l'ouverture des postes nouveaux au
gouvernement du Québec. (16 h 45)
II y a plusieurs modèles. Là-dessus, je compte sur
l'imagination des membres du futur plan d'action pour nous faire des
propositions concrètes. J'ai déjà eu des conversations
avec d'éventuels candidats au poste de membres du comité
d'implantation et un certain nombre d'idées circulent
déjà. Je ne peux pas, maintenant, ce sera leur boulot à
eux, dire quelles mesures on pourra adopter, mais j'ai l'impression que d'ici
quatre ou cinq mois on aura en main un instrument concret pour récolter
autant de canditatures que possible et les intégrer à une banque
de données qui soit parallèle à celle du gouvernement,
banque dans laquelle, pour tout concours du gouvernement, il pourra se faire un
sélection automatique, de sorte qu'un candidat qui fera partie de cette
banque n'aura pas à se présenter huit fois à des concours,
mais sera d'une façon permanente, pour une période d'un an ou
deux ans, dans le pool ou dans la liste des personnes à être
rencontrées, interviewées.
C'est un modèle parmi tant d'autres que nous pourrions appliquer,
mais c'est sûr qu'il faudra avoir de l'imagination et surtout, au
début du moins, faciliter les choses aux qens de ces communautés
qui n'ont peut-être pas pris le pli de s'inscrire à des concours
et qui ne se sont pas mis dans la tête, non plus qu'il faudrait
peut-être éventuellement vivre deux ans à Québec
comme un vulgaire député pour s'intégrer à cette
fonction publique. Mais ce qui m'inspire là-dedans, ce qui anime un peu
l'action du CIPA et du ministère, c'est que le meilleur moyen pour
qu'une certaine tension entre les deux solitudes diminue, c'est que l'on se
connaisse mieux, et le meilleur moyen de se connaître mieux c'est de
travailler étroitement, intimement avec l'autre. Je peux vous donner une
expérience personnelle que j'ai faite au MCM où il y avait
là une intégration absolue des deux soi-disant solitudes et
où les deux ont découvert que Nick Auf der Maur n'était
pas un monstre, moi non plus, Stephen Schecter non plus et d'autres, non plus.
Donc, c'est en travaillant ensemble en vue d'un objectif concret qu'on se rend
compte qu'on est fait du même bois.
M. Sirros: Comme dans le Parti libéral.
M. Godin: Pardon? Un peu comme dans le Parti libéral ou
dans d'autres partis non moins libéraux. Alors, est-ce que cela
répond à votre question M. le député de Vachon?
M. Payne: Merci.
M. Godin: Je suis présentement en période de
réflexion et surtout de contact et de consultation sur la formation du
CIPA qui sera une étape fondamentale dans l'avenir du plan d'action
lui-même.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Vachon, est-ce que vous avez terminé?
Services dans d'autres langues que le
français
M. Payne: Une dernière question qui touche
l'accessibilité aux services dans les langues autres que le
français. On a vécu dernièrement certaines frustrations de
la part des communautés culturelles, à savoir que toutes sortes
de services gouvernementaux étaient accessibles dans les langues autres
que le français, mais pas d'une façon toute à fait
uniforme. Il y a des choses qui existent dans plusieurs langues, mais
très souvent il y a beaucoup de pouvoir discrétionnaire de la
part du sous-ministre, du ministre ou d'un autre fonctionnaire quelconque pour
rendre accessible la documentation, même les détails de nos
programmes dans les langues autres que le français. C'est plutôt
le
souhait que nous puissions améliorer, rendre plus accessibles ces
services dans un premier temps, et, deuxièmement, que nous ayons une
politique uniforme pour tous les ministères, à savoir que s'il y
a quelque chose d'accessible aux personnes âgées au
ministère des Affaires sociales, on devrait avoir les mêmes
politiques d'accessibilité dans un autre ministère. Je suis
certain que vous pouvez apporter votre poids, votre influence auprès de
vos collègues ministres, pour qu'ils puissent exercer une politique
uniforme à cet égard.
M. Godin: Je peux vous dire, par rapport à
l'accessibilité aux services, que via le modèle de subventions
décrites, tout à l'heure, il y a dans 5 CLSC du Québec 5
personnes qui sont là grâce à une aide qui vient de mon
ministère et qui va vers des organismes émanant des
communautés culturelles qui peuvent ainsi engager, avant même que
le MAS ait bougé, à titre temporaire, des gens qui vont assurer
la communication.
Quant à votre deuxième question, cela touche
malheureusement le futur budget du ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration et je ne voudrais pas qu'on ait maintenant un
débat qu'on aura dans la même commission, avec les membres, dans
six mois. Je ne voudrais pas non plus brûler les étapes. Pour
l'instant, on est dans ce budget. Il y a une mince partie du budget qui est
destinée aux traductions de nos propres documents en plusieurs langues,
mais on n'a pas de budget présentement qui nous permette de rendre
publiques, en grec, en portuguais ou en italien, des politiques
gouvernementales. C'est la tâche de chaque ministère.
Nous sommes présentement en train d'essayer de voir quels
ministères assument spontanément cette mission, quels
ministères ne l'assument pas. J'irais plus loin que cela, même
pour ceux qui l'assument, comme les Affaires sociales, est-ce que la traduction
mécanique d'un document du français au portugais, qui est
expédié à la paroisse portugaise de Chomedey, cela permet
aux citoyens de voir ce qui se passe? J'ai fait un test il n'y a pas longtemps
quand on a signé l'entente Québec-Portugal. J'ai eu une rencontre
avec 80 Portugais du comté de mon collègue de
Trois-Rivières et leur ai demandé: Combien d'entre vous
êtes au courant que l'entente Québec-Portugal a été
signée? Pourtant, cela les touchait puisgue leur contribution à
leur régime de retraite au Portugal serait transférable ici et
vice versa.
Aucun d'entre eux ne le savait. Pourtant, le ministère des
Communications avait envoyé des photos, des communiqués aux
journaux. Mais ils ne les lisent pas. Mon ministère est seul, à
mon avis, à pouvoir se rendre dans cette paroisse, à voir quel
est le meilleur moyen. Est-ce que c'est le bulletin paroissial? Est-ce que
c'est un "poster" fait d'une manière telle que les Portugais le
regarderaient, le liraient? Est-ce que c'est par une annonce du curé en
chaire? Il faut trouver dans chaque cas le meilleur moyen de communication
parce que je me rends compte que les grandes politiques, dans certains
ministères, c'est de verser un bidon d'eau dans le désert quand
la fleur est 100 pieds plus bas. Nous, on a peut-être juste un verre,
mais on ira le mettre sur la fleur elle-même.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Ce sera court, M. le Président. Au sujet des
travailleurs immigrants, vers le mois de février, je crois, il y avait
eu une déclaration disant que des inspecteurs, hommes ou femmes, se
promèneraient dans les usines pour essayer de détecter où
se fait l'exploitation du travailleur immigrant dans un certain nombre d'entre
elles. Je voudrais savoir où cela en est rendu, si c'est quelque chose
qui est en marche.
M. Godin: La Commission des normes minimales du travail a mis sur
pied, de son propre chef, un service, une direction qui s'occupe
précisément de recruter des inspecteurs dans les langues
parlées par les travailleurs au sujet desquels les informations qu'on a
nous apprennent qu'il y a des problèmes d'exploitation. Par exemple, on
paie le salaire minimum, mais on en récupère une partie sous la
table. Donc, il y a des formes d'exploitation inacceptables nous dit-on, qui
existent là. La seule solution, c'est d'avoir des inspecteurs, des
enquêteurs, des inspectrices qui parlent la langue des personnes qui
travaillent et qui sont actuellement exploitées.
Il y a déjà, à ma connaissance, un service de trois
inspecteurs qui parlent les trois langues principales des communautés
culturelles, le grec, l'italien et le portugais. Je ne les donne pas par
rapport à l'ordre d'importance numérique des communautés,
mais par rapport à l'importance dans mon comté, vous
m'excuserez.
Mme Bacon: C'est compréhensible.
M. Godin: C'est compréhensible. Cela existe
déjà. Je dois bientôt contacter le président, s'il
n'est pas chef de l'Union Nationale à cette époque, M.
Béliveau, pour savoir quelle est son intention au sujet de cette
direction de sa commission et surtout s'il a l'intention d'augmenter le nombre
d'inspecteurs parlant d'autres langues, peut-être. Cela peut être
éventuellement le
créole, parce qu'il y a un grand nombre d'Haïtiens qui sont
venus au Québec, qui sont classés comme étant
francophones, alors qu'ils ne parlent pas le français, mais le
créole. Donc, en attendant qu'ils soient francisés, il faudrait
peut-être qu'il y ait un inspecteur qui parle créole.
Mon intention est de voir à ce que l'initiative prise par la
commission non seulement soit maintenue, mais se poursuive et surtout touche de
nouveaux secteurs.
M. Laplante: Les autres questions, je les poserai au moment de
l'étude des programmes.
Le Président (M. Rodrigue): Mme la députée
de Chomedey.
Recrutement et établissement des
immigrants
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais que nous revenions
à la direction Recrutement et établissement. On dit: Rechercher
et mettre à la disposition des employeurs québécois la
main-d'oeuvre immigrante dont ils ont besoin. Est-ce qu'on a fait face à
des difficultés particulières au cours du dernier exercice
financier? Ma deuxième question, c'est: Quels sont les contacts que le
ministère peut avoir avec le monde du travail, la CNS, par exemple, la
FTQ?
M. Godin: Je vous répondrai sommairement et je laisserai
mes fonctionnaires compléter ma réponse. Le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration dispose d'un service de
l'emploi et dresse lui-même son propre guide de l'emploi du
Québec, ce qu'on appelle le GEQ. Nous avons fait, auprès de la
plupart des employeurs du Québec, un relevé de leurs besoins en
main-d'oeuvre. Sans vanter le ministère, il est possible que notre
performance soit aussi bonne que celle du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre en ce qui concerne la connaissance du marché de
l'emploi.
Mme Bacon: Vous pouvez y arriver.
M. Godin: On a besoin de cela pour déterminer la grille de
sélection et nous avons dû le faire nous-mêmes. Donc, nos
rapports avec les employeurs sont très bons.
Un autre rapport important avec des employeurs, c'est quand ils
recrutent à l'étranger. Pratt and Whitney, par exemple, va
recruter à l'extérieur du Canada après avoir
répondu à toutes les conditions posées par Immigration
Canada et par nous quant à un effort soutenu de trouver de la
main-d'oeuvre ici. Quand ils ne l'ont pas trouvée, ils nous contactent,
nous et Immigration
Canada, et nous les autorisons, après étude, après
rencontre avec les syndicats reliés à ces entreprises qui nous
font également leurs propres suggestions et recommandations, à
recruter 70 ingénieurs, par exemple, où que ce soit dans le
monde, parce qu'il est prouvé que chaque ingénieur qui entre
à l'emploi de Pratt and Whitney crée sept emplois. Cela vous
donne un exemple du genre de rapports qu'on a.
Pour ce qui touche les rapports avec les centrales syndicales et autres
organismes syndicaux, il existait jusqu'à tout récemment au
ministère un commissaire aux travailleurs immigrants qui a
travaillé en étroite relation avec le bureau CSN qui s'occupe des
travailleurs immigrants et le bureau FTQ qui s'occupe des travailleurs
immigrants aussi, et c'est ensemble qu'ils ont travaillé jusqu'à
maintenant. Nous étudions présentement la possibilité de
rendre ce poste permanent. Je parle de possibilité parce que je vais
d'abord voir la Commission des normes minimales du travail. Si elle fait le
travail correctement, on ne créera pas un nouveau poste chez nous, vu
les restrictions budgétaires, pour ne pas doubler le travail. Quand
cette espèce de survol aura été fait, nous serons en
mesure de dire: Nous avons besoin nous-mêmes d'une personne qui s'occupe
de ces questions ou non.
Mme Bacon: Vous avez parlé des relations avec le Centre de
main-d'oeuvre du Canada. Est-ce que le Centre de main-d'oeuvre du Canada et le
centre de main-d'oeuvre provincial sont en communication constante avec votre
ministère à ce sujet?
M. Godin: Dans la réglementation pour la sélection,
il y a des validations d'emploi qui doivent être conjointes dans le cas
des travailleurs temporaires et non conjointes, c'est-à-dire simplement
par nous, dans le cas des immigrants. C'est avec le Centre de main-d'oeuvre du
Canada que l'on fait affaires pour l'immigration et pour la main-d'oeuvre
temporaire. Il y a des relations constantes avec les centres.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a eu plusieurs décisions rendues
par le ministère concernant la permission d'enqager temporairement des
employés par des industries, par exemple, ou d'autres employeurs? Est-ce
que, au cours du dernier exercice financier, on a eu un nombre important de
décisions à rendre?
M. Godin: On va vous donner le chiffre. Mme Bacon: S'il
vous plaît.
M. Godin: C'était surtout dans le secteur de
l'aéronautique, comme vous pensez, en chiffres importants.
Mme Bacon: On retrouve cela toujours dans les mêmes
secteurs, je suppose, les grands secteurs de l'emploi.
M. Godin: Surtout. Il y en a dans plusieurs domaines, mais
là où il y a une concentration, c'est dans le secteur de
l'aéronautique: 4503 en tout.
Mme Bacon: 4503 décisions rendues.
M. Godin: Non, 4503 recrutements. Donc, c'est moins de
permissions que 4503. On note une permission, chez Pratt and Whitney, pour 70
personnes; une permission à Canadair pour 80 personnes. Cela comprend
les travailleurs domestiques temporaires aussi. (17 heures)
Services à l'étranger
Mme Bacon: J'aimerais poursuivre avec les services à
l'étranger. Il y a de l'information qui est donnée dans vos
différentes bases à l'étranger, les bureaux d'immigration
du Québec à l'étranger, il y a aussi des missions de
sélection effectuées à partir de ces bureaux. Est-ce qu'on
a l'intention d'ajouter certains autres bureaux ou de faire des missions
spéciales au cours de l'année qui vient? On sait qu'à
cause de l'immigration qui venait de l'Asie, en particulier, au cours des
dernières années, on a mis un accent sur ces régions du
globe. Il y a certaines régions qui ont des problèmes dans le
moment. Avez-vous l'intention de vous y rendre ou d'envoyer des missions
spéciales au cours des mois qui viennent, de l'année qui
vient?
M. Godin: Entre autres, au sujet du Salvador, j'ai eu l'occasion
d'aller au Mexique, à titre privé, au mois d'avril ou de mai et
j'ai visité les locaux d'Immigration-Québec au Mexique pour
m'informer un peu de l'état de la situation. Nous avons découvert
que les Salvadoriens préfèrent rester dans les pays limitrophes
du Salvador pour éventuellement retourner dans leur pays. De plus,
antérieurement à cette visite, quand on a été
saisi, par certaines personnes du Salvador vivant au Québec et ayant des
contacts là-bas, de l'existence éventuelle, disons, d'un
mouvement de réfuqiés, à cause de la situation politique,
nous avons demandé à M. M. Axworthy, ministre
fédéral de l'Emploi et de l'Immigration, d'étudier la
question et d'ouvrir éventuellement les portes du Canada. Nous
étions prêts à en accepter 200 à titre de
réfugiés. M. Axworthy, à la suite de cette demande -
d'ailleurs, il nous en a remerciés - a envoyé au Salvador et dans
les pays voisins une mission pour évaluer la situation. Ils en sont
revenus, avec les mêmes données que nous avons eues
nous-mêmes quelques mois plus tard, en disant qu'il n'y avait pas de
mouvement des Salvadoriens pour l'instant parce qu'ils voulaient rester dans
leur région, d'une part. D'autre part, il y avait déjà des
Salvadoriens au Canada. Des mesures spéciales ont été
annoncées, il y a à peu près deux mois, deux mois et demi,
sinon trois mois, par le ministre fédéral de l'Emploi et de
l'Immigration, pour faciliter les procédures à ces Salvadoriens
qui voudraient devenir citoyens canadiens. Donc, cela a été les
effets, d'une politique concertée, si on peut dire, par rapport à
ce pays.
Maintenant, nous avons effectivement des rencontres aussi avec le
Haut-Commissariat aux réfugiés. Son représentant au
Canada, M. Terrillon, est venu au bureau de l'immigration à
Québec il y a déjà cinq mois, et il nous a exposé
la situation mondiale. On peut prévoir que de certains pays viendront
éventuellement des vagues et que les pays industrialisés devront
montrer la même générosité qu'à
l'égard des réfugiés du Sud-Est. Donc, nous sommes en
contact étroit avec ces sources de renseignement. C'est à partir
de ces sources de renseignement que le fonds d'aide aux sinistrés
distribue son aide dans les pays où se trouvent les
réfugiés. Je peux vous dire que pour l'année qui vient, il
est vraisemblable que, parallèlement au Salvador, la Somalie soit notre
préoccupation prioritaire.
Mme Bacon: La Somalie. M. Godin: La Somalie.
Mme Bacon: On a évidemment fermé le bureau...
M. Godin: Maintenant, j'aurais peut-être un
supplément de réponse. Pour compléter, on n'a pas
l'intention d'ouvrir de nouveaux bureaux. Pour ce qui est des missions,
effectivement, on couvre tous les pays du monde chaque année, puisque
c'est une obligation de l'entente Couture-Cullen d'interviewer les candidats
à l'immigration. On a fermé le bureau de Singapour...
Mme Bacon: Oui, je vois cela.
M. Godin: ... parce que le mouvement des réfugiés
du Sud-Est asiatique a été réévalué. On a
plutôt ajouté une personne à Bangkok et diminué
d'une personne à Hong Kong parce qu'il y avait une concentration
à Bangkok. Mais on n'a pas l'intention, pour l'instant, d'ouvrir de
nouveaux bureaux.
Je peux vous dire une chose, madame, en terminant sur cette question.
Comme les budgets sont limités, nous suivons la situation de très
près. Le bureau du Mexique avait été ouvert en
prévision, en partie, d'un mouvement salvadorien; comme il ne s'est
pas produit, nous allons fermer le bureau du Mexique en juillet, quitte
à avoir des missions de Montréal, d'une personne qui se rendrait
au Mexique et dans les pays avoisinants. Donc, nous jouons du piano, si vous
voulez, sur notre budget. Rapidement, il faut couper quitte à
réaffecter ailleurs.
Mme Bacon: En fait, l'Amérique du Sud est couverte par un
autre bureau. Vous avez un autre bureau qui couvre l'Amérique du Sud,
sans partir du Mexique.
M. Godin: II y a Buenos Aires qui couvre l'Amérique du
Sud, le Mexique couvrait l'Amérique centrale. On a, par ailleurs,
quelqu'un à Port-au-Prince qui couvre les Antilles.
Mme Bacon: Avez-vous plusieurs missions qui partent de
Montréal, par exemple? Est-ce surtout à partir de Montréal
au lieu de vos différents bureaux à l'étranger?
M. Godin: Cela dépend, il y a des couvertures
régionales. Par exemple, toute l'Europe est couverte à partir des
bureaux en Europe; Bruxelles s'occupe de l'Allemagne et de la Scandinavie,
Buenos Aires s'occupe des missions en Amérique du Sud, mais on fait
surtout des missions ici pour les États-Unis, parce qu'il y a quand
même un bassin. On couvre également Israël d'ici.
Mme Bacon: De Montréal.
M. Godin: Parce qu'on a fermé le bureau à Beyrouth,
au Liban, pour des raisons surtout de sécurité.
Mme Bacon: Est-ce qu'aux États-Unis vous couvrez
l'ensemble des États ou si vous allez surtout dans certaines parties des
États-Unis où on retrouve encore une population francophone?
M. Godin: On va peut-être plus souvent dans l'Est des
États-Unis, mais on fait des missions partout aux États-Unis,
dans l'Ouest, dans le Sud.
Mme Bacon: À ce moment-là, est-ce que vous
travaillez à partir des bureaux du Québec aux États-Unis,
qui sont situés aux différents endroits?
M. Godin: Où il y en a, autrement, avec les consulats
canadiens.
Mme Bacon: Les consulats canadiens.
M. Godin: À New York, par exemple, où il y a une
maison du Québec,
Immigration Québec est au consulat canadien encore.
Mme Bacon: Oui.
M. Godin: On ne fait pas de guerre des drapeaux.
Mme Bacon: Je n'ai pas à le demander, je le souhaitais,
qu'il n'y ait pas de guerre de drapeaux.
Pour l'information des membres de l'Opposition, est-ce qu'il serait
possible de recevoir une copie on en a parlé tantôt
des différentes brochures d'information qui sont distribuées
à l'étranger?
Personnellement, je serais intéressée à avoir une
copie de chacune des brochures qui sont distribuées à ceux qui
viennent vous voir dans vos bureaux à l'étranger et qui veulent
avoir des informations sur le Québec, sur le Canada, pour en
connaître davantage. Du côté de l'Opposition, ça nous
plairait de recevoir ces informations.
Les prolongations de séjour pour les travailleurs temporaires,
est-ce qu'il y a eu énormément de demandes ou si c'est
inhabituels?
M. Godin: C'est une situation normale. Il y a un certain nombre
de demandes de renouvellement, mais il n'y a pas de problème
particulier.
Mme Bacon: Rien d'inhabituel au cours de la dernière
année?
M. Godin: Sauf pour le cas d'une lettre au Soleil. Vous
connaissez bien le dossier.
Mme Bacon: Je connais bien le dossier, pour autant qu'on puisse
bien le connaître. Puisque vous en parlez, dans ces cas-là -parce
que ce n'est pas un cas isolé il doit y avoir des cas où les gens
sont menacés d'expulsion à cause d'un permis de séjour qui
est périmé ou qui sera périmé, dans quelques jours
- quels sont les gestes que pose le ministre? Est-ce qu'il fait une pression
sur le ministre fédéral, ou est-ce qu'il laisse tout simplement
la personne se débrouiller? J'aimerais savoir ce que le ministre fait
dans de telles circonstances?
M. Godin: Chaque fois, le ministre déplore que nous ne
soyons pas souverains, d'une part, parce que ça éviterait une
étape difficile à certaines personnes.
Mme Bacon: Vous pouvez me remercier de vous donner l'occasion de
le dire.
M. Godin: Vous saviez que je le dirais, d'ailleurs.
D'autre part, concrètement, il est arrivé plusieurs fois
que nous ayons à intervenir auprès du ministère
fédéral et je dois dire qu'en général la
réaction est plutôt bonne. Nous avons demandé, lors
d'une
rencontre avec M. Axworthy et son équipe, à Ottawa, une
sorte de réciprocité en ce sens que le Québec, de par
l'entente Couture-Cullen, est déjà, on peut dire, à 80%
totalement responsable de l'immigration, mais si le fédéral
décide qu'une personne au Québec, qui aurait été
refusée par nous, devrait être acceptée pour des raisons
réglementaires, en ce qui touche un cas humanitaire, juridiquement, nous
pourrions dire non, mais le fédéral pourrait dire: C'est un cas
humanitaire, vous devez l'accepter. On a demandé, en
réciprocité, que le fédéral accepte les cas que
nous classons comme humanitaire, que le fédéral les accepte sans
se poser de questions.
Mme Bacon: Avec un permis ministériel.
M. Godin: Oui. Cela a été refusé parce que
le fédéral voulait se garder le dernier mot, si vous voulez. Mais
noes continuons à nous battre pour ça, parce qu'il y a des cas
humanitaires évidents qui devraient être traités rapidement
et qui, malheureusement, traînent en langueur et en longueur parce qu'au
fédéral ils ont beaucoup plus de cas que nous,
premièrement. Deuxièmement, le ministère ne s'occupe pas
que de l'immigration, mais également d'autres secteurs et ce n'est
malheureusement pas nécessairement la priorité du ministre que de
régler d'urgence des cas humanitaires. Donc, nous souhaitons avoir cette
réciprocité de manière à réduire les
délais souvent douloureux que doivent subir les citoyens ou les
citoyennes qui sont ici.
Centres d'orientation et de formation des
immigrants
Mme Bacon: Si nous allions dans le service des COFI, la
période où on donne le service des COFI aux immigrants est encore
de 30 semaines. Est-ce que le ministre a l'intention d'entendre les services
aux épouses qui ne sont pas ou qui ne seront pas sur le marché du
travail?
M. Godin: Oui, justement, c'est ce que nous offrons. Ce que nous
avons fait depuis deux ans, c'est que nous avons couvert avec notre allocation
de 20 $ toutes les personnes qui suivaient des cours aux COFI et ce, jusqu'au
mois de juillet qui vient. Le fédéral ne donnait une allocation
qu'aux personnes qui étaient en direction d'un emploi, à qui un
emploi était promis et qui devaient passer par chez nous, par notre
COFI, pour avoir accès à l'emploi. Nous, on couvrait tout le
monde, donc les épouses, les femmes qui n'étaient pas des
travailleuses, au sens fédéral du terme. Nous continuons à
couvrir tout le monde, tous ceux et celles qui veulent venir aux COFI pour
bénéficier des services, ils y ont droit.
Mme Bacon: J'ai remarqué qu'il y a des COFI qui devront
être fermés. Il y a le COFI Yvette-Charpentier, et le COFI de la
Mauricie. Est-ce à cause d'un manque de ressources?
M. Godin: Non, c'est à cause d'un manque de
réfugiés.
Mme Bacon: Dans les régions? M. Godin: Non...
Mme Bacon: II y a un manque de clientèle.
M. Godin: Un manque de clientèle. Le flux des
réfugiés, ou les "boat people", il n'y en a plus, tout le monde
le sait, pas pour l'instant du moins, espérons que cela va durer mais,
à l'époque où il y en avait beaucoup, on a
multiplié les services pour répondre aux besoins. Maintenant que
le nombre baisse, nous réduisons les services en conséquence. Ce
n'est pas la peine de maintenir un COFI alors qu'il n'y a personne pour le
fréquenter.
Mme Bacon: Ici, on m'indique que, à la préparation
à la citoyenneté, il y a deux secteurs, le cours à temps
partiel et le secteur d'initiation à la vie canadienne et
québécoise. Est-ce qu'il y a de l'information, des brochures ou
des manuels qui sont disponibles pour notre lecture?
M. Godin: On va également vous faire obtenir cela. Je vous
préviens, c'est un tombereau. Vous allez en recevoir beaucoup. Avez-vous
un garage où on peut adresser cela?
Mme Bacon: Combien sont inscrits à ces services?
M. Godin: Aux COFI?
Mme Bacon: Non, à la préparation à la
citoyenneté. Est-ce qu'on a un nombre approximatif?
M. Godin: On va vous trouver le nombre. Il faut avoir le nombre,
parce qu'on réclame 50% du coût.
Mme Bacon: Du coût. Ce serait préférable
d'avoir le nombre exact!
M. Godin: Cela va?
Mme Bacon: Je continue. On va attendre le nombre et je vais
continuer mes questions.
M. Godin: Allez-y, on vous donnera...
Mme Bacon: II y a la direction de l'adaptation.
Évidemment, il y a les relations avec les individus, les relations avec
les groupes. À l'accueil, on dit que cette fonction s'exerce aux
aéroports, ainsi qu'au siège social du ministère. Quels
sont les effectifs qui sont mis à la disposition des immigrants à
l'accueil, aux aéroports?
M. Godin: Les effectifs à l'accueil. On a des
préposés à l'accueil, qu'on engage sur une base
contractuelle, parce qu'il faut répondre aux besoins des personnes, par
exemple, les réfugiés du Sud-Est asiatique; ces
préposés à l'accueil parlent diverses langues, le
vietnamien, etc. On a aussi une équipe permanente qui est maintenant
à Mirabel d'une façon continue, pour accueillir non seulement les
immigrants, mais les travailleurs temporaires et les étudiants. Je sais
que cela fait un roulement pour assurer un service de sept jours par semaine.
On a aussi une équipe d'accueil au ministère, sans parler des
COFI où, vraiment, c'est de l'accueil, mais ce ne sont pas des
préposés à l'accueil.
Mme Bacon: Cela fait partie de l'accueil. D'accord. (17 h 15)
M. Godin: M. Régis Vigneau, sous-ministre adjoint, va vous
donner une ventilation fictive.
Ce qu'on appelle les cours d'initiation à la vie canadienne,
c'est un programme conjoint avec le fédéral. Or, ces cours
étaient au début divisés en deux parties. Il y avait des
cours qui, comme tels, préparaient les personnes à passer leurs
examens pour obtenir le certificat de citoyenneté canadienne. Vous aviez
donc là des cours qui portaient sur les grandes institutions, combien il
y a de provinces au Canada et ces questions que l'on pose aux gens qui veulent
devenir citoyens. Mais on a négocié avec le gouvernement
fédéral et on a obtenu que les cours de langue qui sont
donnés fassent partie de ces cours et soient donc remboursés
à 50%, puisqu'il faut connaître une langue. Les cours qui se
donnent sont essentiellement des cours de langue. Il n'y a pas comme tels de
cours d'initiation à la vie...
Mme Bacon: À la vie.
M. Godin: ... au sens strict, mais à l'intérieur
des cours de langue, bien sûr, les professeurs en profitent pour donner
l'information sur les institutions. Au cours de l'année 1980-1981, 9000
personnes ont été touchées par ces cours.
Il faut également remarquer que, sur les 9000, il y en a un
certain nombre qui sont, de fait, déjà citoyens canadiens,
puisque nous ne demandons pas que les gens fassent la preuve qu'ils ne sont pas
citoyens canadiens.
Mme Bacon: Qu'ils ne le sont pas. Vous donnez le cours de toute
façon.
M. Godin: On donne le cours majoritairement, ce sont des
non-citoyens, mais on ne le sait pas après entente avec le
gouvernement fédéral.
Mme Bacon: II n'y a peut-être pas un suivi
jusque-là, mais y a-t-il une possibilité de savoir combien de ces
personnes réussissent à obtenir leur citoyenneté
après de tels cours?
M. Godin: II n'y a pas effectivement d'étude
particulière, mais selon les sondages qui ont été faits
par le secrétariat d'État...
Mme Bacon: D'État.
M. Godin: ... de qui cela relève, la quasi-totalité
réussissent le cours et, même s'ils n'avaient pas suivi le cours,
il y a de fortes chances qu'ils auraient été reçus
à l'examen que vous connaissez, qui est quand même assez
facile.
Mme Bacon: Pour des raisons humanitaires.
M. Godin: Cela améliore, évidemment, leurs chances
de mieux s'adapter, le fait de suivre le cours.
Mme Bacon: Toujours à l'accueil, on dit ici: II y a un
suivi pendant douze mois de résidence, les douze premiers mois. Est-ce
que ce suivi se fait par un personnel directement attaché à
l'accueil ou y a-t-il d'autres services touchés?
M. Godin: II y a du personnel et il y a aussi les organismes que
l'on subventionne pour nous aider dans cette tâche, puisque la politique
du ministère, c'est aussi le faire faire.
Mme Bacon: Oui.
M. Godin: II y a du suivi par les organismes.
Mme Bacon: Y a-t-il collaboration, à ce moment-là,
entre le ministère de l'Immigration fédéral et le
ministère des Commmunautés culturelles et de l'Immigration
provincial au niveau de ce suivi?
M. Godin: Oui, beaucoup de ces organismes reçoivent des
subventions des
deux gouvernements.
Mme Bacon: Des deux gouvernements, d'accord.
M. Godin: II y a des comités conjoints
également.
Mme Bacon: J'arrive ici au service des relations avec les
groupes. Au programme des langues ethniques, je sais que l'enseignement des
langues ethniques est une préoccupation du ministre. Est-ce que les
organismes doivent faire une demande au ministère pour l'aide
financière?
M. Godin: Oui.
Mme Bacon: II n'y a pas de suivi comme tel de la part du
ministère aux différents organismes.
M. Godin: En fait, c'est un per capita. C'est basé sur le
nombre d'enfants inscrits à ces cours.
Mme Bacon: Les organismes doivent eux-mêmes voir à
l'inscription et faire une demande par la suite au ministère qui versera
les sommes nécessaires.
M. Godin: C'est cela.
Mme Bacon: Je vais passer la parole à mon collègue,
mais je veux la reprendre tout de suite.
Le Président (M. Rodrigue): Un instant, s'il vous
plaît!
Mme Bacon: Je n'ai pas terminé. Une voix: Sur
l'affaire des langues...
Le Président (M. Rodrigue): Comme j'ai permis aux
personnes de parler dans l'ordre où elles m'avaient demandé de
les inscrire, je préfère continuer dans cet ordre, parce qu'il y
a d'autres membres de la commission qui pourraient se trouver
lésés. Je préférerais, Mme la députée
de Chomedey, que vous terminiez votre série de questions et, par la
suite, de toute façon, le député de Laurier est inscrit
sur ma liste et je lui céderai la parole à son tour.
Mme Bacon: Je pense, M. le Président, que c'est quand
même un endroit privilégié pour l'Opposition de questionner
le ministre. Je ne voudrais pas avoir à questionner le ministre en
Chambre. Je préfère le faire lors de l'étude des
crédits.
M. Godin: Non, mais je présume que le député
de Laurier a assez de mémoire pour se souvenir de sa question.
Mme Bacon: Oui, je n'ai aucune crainte que mes collègues
puissent le faire.
M. Godin: Deuxièmement, il n'y a rien qui empêche de
revenir en arrière. Je suis à votre disposition totale ici.
Mme Bacon: À la direction de la recherche, on a vu dans
votre exposé différentes données démographiques sur
la population. A-t-on l'intention d'intensifier ces recherches au cours de la
prochaine année?
M. Godin: En fait, on constate que, malheureusement, on doit
beaucoup trop souvent s'en tenir à des extrapolations. Par exemple, pour
mesurer l'immigration internationale, nous n'avons pour tout instrument que les
chiffres qui nous viennent des bureaux américains, des consulats
américains entre les mains desquels passent des citoyens canadiens ou
des gens qui quittent le Canada ou le Québec, et on extrapole à
partir d'un nombre X de bureaux pour l'ensemble. Ce n'est absolument pas
scientifique. On a un service de recherche et nous avons l'intention de le
doter de meilleurs moyens financiers pour nous donner un portrait vraiment plus
précis que ce que nous avons présentement.
Mme Bacon: Est-ce que cela peut vous servir comme guide de
sélection, par exemple, pour l'immigration? Est-ce que vous vous servez
de ces données comme guide de sélection pour faire un effort
davantage dans certaines régions du monde, par exemple?
M. Godin: Non. Ce sont surtout des données de l'emploi qui
sont la base de nos instruments de travail. Les besoins d'emploi ici beaucoup
plus que la prospection de pays d'où éventuellement les gens
voudraient partir. Parce que vous n'êtes pas sans savoir que pour 20 000
immigrants qui chaque année viennent au Canada et choississent le
Québec, il y a peut-être 70 000 demandes.
Mme Bacon: Oui la demande est beaucoup plus vaste.
M. Godin: Autrement dit, la liste des candidats à
l'immigration, c'est de l'ordre de 1 à 5. Alors, on n'a pas besoin de
solliciter des candidatures dans certains pays, on les a
systématiquement, on les a spontanément.
Mme Bacon: À la direction des communications, il y a une
émission à Radio-Québec qui est très
intéressante qu'on appelle Planète; est-ce qu'il y a une
participation du ministère de l'immigration comme tel dans le choix des
invités, le choix des sujets?
M. Godin: M. Enrico Riggi qui est
directeur des communications peut vous répondre.
Le ministère est représenté au niveau du conseil
consultatif que Radio-Québec a créé avec les membres des
communautés culturelles et les représentants du ministère
de l'Immigration. Donc je siège au niveau du comité consultatif
de Radio-Québec qui voit à la bonne réalisation du
programme Planète.
Mme Bacon: Mais le choix des invités se fait par
Radio-Québec?
M. Godin: Oui, directement là. La structure de la
réalisation du programme est totalement sous la juridiction de
Radio-Québec.
Mme Bacon: Vous avez aussi un centre de documentation; vous
mentionnez les prêts qui se font entre les bibliothèques. Est-ce
que vous pouvez identifier les demandes au cours de la dernière
année?
M. Godin: Nous notons votre question et vous enverrons une
lettre.
Mme Bacon: Au niveau des crédits périmés,
est-ce qu'on pourrait nous donner les articles, et pourquoi?
M. Godin: C'est que il y a des crédits qui ont
été périmés non parce qu'il n'auraient pas pu
être dépassés, mais parce qu'il y a eu des coupures
budgétaires à l'automne, et on nous a demandé de voir
à périmer des montants dans un objectif donné. Il y a des
services qui n'ont pas été donnés ou des coupures qui ont
été faites. Je pense par exemple, à l'aide aux
sinistrés où il y a eu une péremption de 100 000 $. Ce
n'est pas, parce qu'ils n'auraient pas eu des projets méritoires. Alors,
on ne peut pas parler cette année, contrairement aux autres
années, de crédits périmés de la même
façon; parce qu'ils ont été volontairement
périmés, ce n'est pas parce qu'on ne voulait pas les
dépasser.
Mme Bacon: On pourrait les qualifier de coupures
budgétaires
M. Godin: Exact. On nous les a fait périmer à
l'avance.
Mme Bacon: C'est pour cela que je m'interroge. Je comprends les
bonnes intentions du ministre quand il parle de postes au niveau des
différentes communautés ethniques et culturelles, pour essayer
d'avoir des gens qui font ce lien entre le ministère et les
communautés culturelles. Quand on pense aux coupures budgétaires,
au resserrement des postes dans la fonction publique, comment peut-il faire
accepter et imposer ces postes à la fonction publique et au Conseil du
trésor?
M. Godin: II y a effectivement eu des sommes
périmées à la demande expresse et pressante du ministre,
d'une part.
D'autre part, il y a eu des demandes d'augmentation formulées
à certains postes, à certains programmes, qui, elles, ont
été acceptées. C'est ainsi que les allocations aux
stagiaires ont été coupées de 1 400 000 $, mais que le
budget du programme langues ethniques a été augmenté d'un
pourcentage significatif, que le budget d'action concertée a
été augmenté de 200 000 $.
On a donc coupé à certains endroits, mais on a eu une
augmentation ailleurs, ce qui nous permet de dire que nous allons intensifier
l'action dans le cadre des langues ethniques et dans le cadre de l'action
concertée.
Mme Bacon: Je reviens à un autre sujet. Quand on pense
à l'accueil des réfugiés sud-asiatiques et de l'ensemble
de ceux qui ont été acceptés, on sait que les
différentes communautés du Québec ont vraiment
collaboré au parrainage, par exemple, des municipalités, des
paroisses, des organismes. Est-ce l'intention du ministre d'intensifier de tels
parrainages s'il y avait encore des situations qui se présentaient,
compte tenu de l'expérience qu'a vécue le ministère?
M. Godin: Oui. Non seulement c'est notre intention, mais on ne
pourrait pas faire autrement dans la mesure où il y a des parrains qui
n'ont pas pu trouver de parrainés encore. Il y a encore des groupes qui
voudraient continuer à être requis de faire un effort et qui sont
dans l'expectative, si vous voulez. Il reste même des fonds qui ont
été recueillis et qui n'ont pas été
dépensés par ces organismes, par ces groupes de parrainage.
Donc, il est sûr que, s'il y avait une autre catastrophe ou
tragédie du genre que, vous connaissez, nous mettrions tout en oeuvre au
ministère pour que dans l'ensemble du Québec, le même
phénomène se produise.
Un des aspects qui va vous intéresser certainement, c'est que
nous avons réussi, grâce à ces programmes, à
démétropoliser l'immigration et, par conséquent, à
faciliter un enracinement, une intégration plus rapide de groupes
laotiens, cambodgiens, vietnamiens dans diverses régions du
Québec. Cela a des effets sociaux importants. Une communauté
à Dolbeau qui vient en contact, à sa demande, avec des Laossiens,
comme c'est le cas présentement, découvre une
réalité nouvelle. Sous le charme et emportée par cette
découverte d'une réalité nouvelle si jamais une autre
vague se produisait, elle ne serait pas étonnée, elle ne serait
pas surprise de voir arriver chez elle des étrangers, comme
on les appelle.
Cela ouvre donc, les mentalités, cela ouvre les esprits, cela a
des effets sociaux très positifs à tous égards. J'ai
parlé à une marraine d'un groupe de Vietnamiens en
Gaspésie et elle me dit: Ils ont hâte d'aller à la
pêche. On a une étude en cours présentement auprès
de 1900 réfugiés du Sud-Est asiatique leur demandant quel
métier ils faisaient chez eux pour éventuellement voir si,
là où ils sont, ils ne pourraient pas être plus utiles
à la communauté dans un métier qu'ils pratiquaient chez
eux, plutôt que de faire ce qu'ils font présentement. Nous
raffinons encore plus notre analyse de la situation et surtout notre
connaissance de cette communauté.
Mme Bacon: Vous avez mentionné, dans votre texte,
l'adoption des enfants. On sait que les gens qui venaient d'Asie étaient
un peu réticents à voir les enfants adoptés -pas parce que
c'était par des Canadiens -par d'autres que les familles qui
étaient concernées. On a tendance à garder les enfants au
sein des familles, même si les parents sont décédés
ou si on ne les a pas retrouvés. Est-ce que ce processus d'adoption se
continue au niveau de l'adoption internationale? Est-ce qu'il y a un mouvement
qui se fait au niveau du ministère? Est-ce qu'il y a des gestes
précis qui ont été posés par le
ministère?
M. Godin: II y a deux groupes d'enfants susceptibles d'être
adoptés ceux dont on ne sait pas s'ils ont des parents, donc qui sont
temporairement en attente ou que leurs parents les réclament et les
reprennent ou d'être adoptés si on découvre s'ils sont
vraiment orphelins. Ce sont les 187 dont on parle qui sont, comme on le dit
dans le texte, en attente d'un statut. Mais ils sont traités comme s'ils
étaient vraiment les enfants adoptifs de la famille qui les a
parrainés, d'une part. (17 h 30)
D'autre part, il y a l'adoption internationale, mais on constate
malheureusement, pour les familles québécoises qui voudraient
adopter ces enfants, que les pays ne veulent pas laisser partir leurs enfants.
Alors, on a des politiques, surtout aux Affaires sociales - je dis "on" en tant
que membre du gouvernement et non pas à l'Immigration seulement - qui
visent à donner suite à des demandes de familles
québécoises qui veulent adopter des enfants. Mais il y a beaucoup
plus de demandes que d'enfants à être adoptés.
Mme Bacon: Pour les médecins immigrants et
réfugiés qui sont maintenant ici au Québec, on sait qu'il
y a des problèmes au niveau des facultés de médecine.
Est-ce que le ministre a des rencontres institutionnalisées avec les
différents doyens de facultés où il y a encore des
réticences? Il y a encore des problèmes, on le voit par
l'information que vous nous donnez et par les gens qu'on connaît. Il y a
énormément de médecins qui sont arrivés ici, qui
ont été acceptés comme immigrants, mais qui n'ont pas
d'emploi comme médecins parce qu'il n'y a pas de place.
M. Godin: Ils n'ont pas été acceptés comme
immigrants au sens d'immiqrants indépendants. Si quelqu'un
déclare, sur sa formule, qu'il est médecin, ça fait
zéro éliminatoire, vous savez pourquoi. Par ailleurs, il y a,
dans certains pays, des gens qui sont à la fois médecins et
pharmaciens, donc, qui se sont déclarés pharmaciens et ont
été acceptés et qui disent: Je suis médecin, je
veux pratiquer. En outre, il y a également les médecins qui
tombent sous le coup de la réunification des familles. Une
Québécoise épouse un médecin français, il
vient ici à titre de conjoint et non pas à titre de
médecin; là, il voudrait bien pratiquer la médecine ici.
Là, nous sommes en discussion avec le MAS qui est en discussion avec le
Collège des médecins pour régler certains cas. Mais vous
savez très bien, tout d'abord, que les postes d'internes dans les
hôpitaux sont limités; puis que les statistiques montrent que la
quantité de médecins au Québec augmente beaucoup plus vite
que la population, donc, on aura un surplus de médecins per capita par
rapport aux autres pays industrialisés; enfin, plus concrètement,
nous étudions présentement, avec le MAS, un programme grâce
auquel nous pourrions demander à un médecin en attente de son
permis de travail de travailler pendant deux ans dans une réqion
désignée par le ministère des Affaires sociales.
Après ces deux ans, il serait accepté comme médecin,
après avoir passé des examens. Donc, on simplifierait pour lui
les procédures, à condition que, pendant deux ans, il fasse une
sorte de service civil médical dans une région
déterminée par le ministère des Affaires sociales pour
répondre à des besoins qui peuvent exister dans des
régions éloignées.
Mme Bacon: Est-ce que vous attendez des réponses
rapidement?
M. Godin: C'est à l'étude aux Affaires sociales.
Cedit ministère doit contacter le Collèqe des médecins de
son côté, mais notre intention est d'appliquer, le plus tôt
possible, un programme semblable qui permettrait de résoudre certains
problèmes de sous-développement médical dans des
régions éloignées du Québec.
Mme Bacon: II y a aussi des problèmes humanitaires, parce
qu'on sait que, sur le plan humain, c'est quand même assez difficile pour
ces gens d'attendre. On n'a qu'à penser au chirurgien qui ne pratique
pas sa profession pendant des années, ça demande un drôle
de recyclage pour recommencer, même si on va avoir besoin de lui dans une
région éloignée, sur le plan humain, c'est important.
M. Polak: M. le Président...
Le Président (M. Rodrigue): Oui.
M. Polak: ...c'est la première fois que je suis ici, je
viens de comprendre qu'on arrête à 18 heures?
Le Président (M. Rodrigue): La commission doit ajourner
ses travaux à 18 heures.
M. Polak: Et on va continuer plus tard ou quoi?
Le Président (M. Rodrigue): On ne continue pas plus tard,
on ajourne nos travaux sine die.
M. Polak: Je vous le demandais, parce que je sais pas quel est
l'ordre du jour.
Le Président (M. Rodrigue): Selon l'entente entre les
leaders parlementaires, nous consacrons trois heures à l'étude
des crédits du ministère de l'Immigration.
Mme Bacon: Juste un autre sujet, ce ne sera pas long. On nous a
donné la liste des membres du Conseil consultatif de l'immigration.
Est-ce que ces membres sont nommés par le ministre suivant des
suggestions ou recommandations faites par les différentes
communautés? Comment se font les recommandations?
M. Godin: Nous tentons d'en arriver à une certaine
rotation des personnes. Nous avons également des consultations avec les
ex-membres de la commission et avec les organismes les plus
représentatifs des diverses communautés. Mais c'est absolument
discrétionnaire.
Mme Bacon: C'est le ministre qui fait ses nominations.
M. Godin: Oui, mais ça doit passer par le Conseil des
ministres.
Mme Bacon: Oui.
M. Godin: Évidemment.
Mme Bacon: Cela va.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Groulx.
Une voix: Je pense que j'avais la parole?
Le Président (M. Rodrigue): Non, vous êtes inscrit
sur ma liste dans l'ordre où...
Une voix: Dans l'ordre.
Le Président (M. Rodrigue): Oui. M. le
député de Groulx.
Questions diverses
M. Fallu: M. le Président, une première question
qui est un peu ma commande d'épicerie, si vous le permettez. Il y a
actuellement une subvention qui a été accordée à
l'Association portugaise de Sainte-Thérèse pour permettre au CLSC
d'embaucher quelqu'un comme interprète auprès de la
communauté portugaise, sauf que ce contrat a été
renouvelé pour les trois prochains mois. Il est guestion
éventuellement de transférer ces programmes aux Affaires
sociales, vous l'avez souligné tantôt, mais entre-temps est-ce
qu'on pourrait être assuré au moins d'une certaine prolongation?
Voilà ma première guestion.
M. Godin: La réponse est oui. Nous allons le faire tant
que le MAS ne prendra pas la relève et tant que le besoin sera
là.
M. Fallu: D'accord. Merci. À propos du comité
consultatif que nous avons créé il y a deux ans et demi, est-ce
que son rôle va être remanié, ajusté, changé
du fait que le ministère a changé de nom, parce qu'il s'appelle
Comité consultatif de l'immigration? Est-ce qu'au niveau de l'approche -
on aura sans doute l'occasion de le dire plus abondamment au moment de
l'étude du projet de loi en Chambre la semaine prochaine - ses
orientations seront quelque peu modifiées?
M. Godin: La réponse est oui. Il va changer de nom, il va
s'appeler Conseil des communautés culturelles et de l'immigration. Sa
composition reflétera cette nouvelle définition du
ministère, d'une part, et, deuxièmement, son mandat sera, si vous
voulez, harmonisé avec les nouveaux articles de la loi de mon
ministère qui concernent le maintien et le développement. Son
rôle, par cohérence, par concordance, sera harmonisé avec
le nouveau mandat du ministère.
M. Fallu: Parfait. On sait...
M. Sirros: Question de règlement. Est-ce que je peux en
soulever une?
Le Président (M. Rodrigue): Question de règlement,
M. le député.
M. Sirros: II me semble que c'est bien établi qu'une
commission parlementaire, c'est effectivement le lieu privilégié
pour l'Opposition de poser des questions au ministre, d'étudier les
crédits, pour l'année en cours etc. On est ici depuis trois
heures, vous avez adopté une manière de procéder qui
empêchait l'Opposition officielle de questionner le ministre de
façon beaucoup plus vigoureuse...
Des voix: Aïe, aie.
Le Président (M. Rodrigue): S'il vous plaît!
J'écoute la question.
M. Sirros: Merci. ... disons d'une manière beaucoup plus
efficace, si vous voulez. On a finalement devant nous un contenu très
riche et on a pourtant un style de débat très aride à
l'heure actuelle. On se trouve à être assis ici et à
écouter un dialogue sans avoir l'occasion de poser des questions qui
peuvent enchaîner sur des questions qui ont été
posées, comme on le fait en Chambre. Je soumets que ce serait plus
efficace pour l'étude des crédits si vous pouviez être un
peu plus flexible dans l'application des règlements.
M. Laplante: Avant de rendre votre décision, M. le
Président, sur la question de règlement.
Le Président (M. Rodrigue): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Laplante: ... il est de coutume, il est vrai, dans une
commission parlementaire, lors de l'étude des crédits, que tous
les députés - c'est pourquoi les membres de la commission
actuellement sont inscrits - de l'Assemblée nationale peuvent venir ici
pour poser des questions. C'est une coutume établie que l'Opposition a
beaucoup plus de temps. Je pense que la députée de Chomedey a eu
toute la latitude possible; habituellement, on donne 30 minutes par
intervention sur chaque élément de programme. Je crois qu'il est
sage de continuer tel que le président le fait actuellement pour qu'on
puisse, nous aussi...
M. Sirros: Vraiment? La question a été posée
comme question de règlement au président. Je ne sais pas si les
membres ont le droit d'intervenir.
Le Président (M. Rodrigue): J'ai entendu la question de
règlement et j'entends la remarque que le député de
Bourassa a faite sur la question de règlement. Ma décision est la
suivante: d'abord, j'aimerais relever un point que vous avez souligné.
Dans les six premiers intervenants, il y en avait cinq de l'Opposition. On ne
peut pas prétendre ici que l'Opposition a été
brimée dans ses droits de parole. Pour ce qui est du droit des
députés du parti ministériel de s'exprimer, c'est
clairement inscrit au règlement qu'ils ont les mêmes droits que
les gens de l'Opposition, membres de cette commission, de poser des questions
au ministre, d'autant plus qu'ils ont peu d'occasions de le faire à
l'Assemblée nationale. Si vous me le permettez, je ne peux pas retenir
votre question de règlement. Cependant, je vous signale qu'il nous reste
quatre intervenants et, pour ne pas perdre les vingt précieuses minutes
qu'il nous reste, j'aimerais qu'on continue à procéder comme on
l'a fait jusqu'à maintenant. Est-ce que vous aviez terminé, M. le
député de Groulx?
M. Fallu: Non, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, je vous invite à
faire rapidement.
M. Fallu: On sait que la société
québécoise a été assez extraordinairement
accueillante et c'est d'ailleurs toute son histoire, comme l'a souligné,
au départ, le ministre des Communautés culturelles. On a connu,
récemment, un extraodinaire mouvement de solidarité dans
l'accueil des réfugiés par le parrainage à la grandeur du
territoire québécois et il y a les mécanismes du
ministère lui-même qui ont permis d'intervenir au moment des
catastrophes internationales, auprès des réfugiés, et
même très récemment dans la régularisation du statut
d'immigrants des illégaux Haitiens.
On a connu, pour la première fois au Québec, j'allais dire
un certain numerus clausus, pour faire allusion à ce qui s'était
passé en Angleterre et en Espagne au XVIe siècle,
c'est-à-dire une certaine répartition géographique des
arrivants sur le territoire. Il ne s'agit pas d'imposer quoi que ce soit a
travers le territoire, mais, néanmoins, j'aimerais savoir du ministre
s'il possède quelques données sur des changements, à
l'échelle historique, de l'accueil qui est un aspect non seulement
matériel mais aussi de réceptivité envers les immigrants
ici, au Québec.
En termes de mentalités, est-ce qu'il y a eu des changements au
Québec, auprès de l'ensemble de la population? En somme, ce que
je souligne, c'est qu'il y a eu des phénomènes; est-ce que ces
phénomènes ont été mesurés ou
quantifiés et avez-vous fait des enquêtes notamment? Dans les
crédits, vous n'indiquez pas d'enquête spécifique sur la
société québécoise, est-ce qu'il y a des valeurs
québécoises qui ont changé, qui se sont adaptées
à cet accueil?
M. Godin: Remarquez qu'il n'y a pas d'étude scientifique
là-dessus. On ne peut parler que de la première circonstance, si
vous voulez, où des réfugiés sont arrivés en nombre
suffisamment important pour avoir un impact sur la société. Je
pense à la grande famine d'Irlande qui a été la cause de
la première vague de réfugiés, au sens où on
l'entend maintenant. On peut juger 40 ans, 50 ans, 60 ans 80 ans après,
les effets de l'accueil. Quand on voit qu'un des descendants de ces Irlandais
est le chef de l'Opposition du Parlement de Québec, on se dit:
Voilà une intégration parfaitement réussie. Il
était à 4% d'être premier ministre. 3%? c'est encore mieux.
Voilà la meilleure preuve que le Québec, même avant qu'on
ait des données sur ce qui se passait dans le temps ou qu'on pense a la
présence des Johnson, des deux côtés de la Chambre, de
Robert Burns et de tous ces fils descendants de cette grande famine d'Irlande,
qui sont parfaitement intégrés et qui sont citoyens du
Québec, d'un côté et de l'autre de la Chambre, dans tous
les partis qui existent, dans tous les organismes qui existent.
On peut donc dire, même à cette époque, que les
Québécois et les Québécoises se sont conduits comme
des gens civilisés. Malheureusement, je n'en suis réduit
qu'à ce genre de propos, puisque je n'ai pas de statistiques dignes de
ce nom pour les périodes plus récentes, si vous voulez, pour
l'instant, mais il paraît qu'il y en a qui s'en viennent. Par ailleurs,
le plus récent sondage sur l'attitude des citoyens canadiens, y compris
du Québec, à l'égard des réfugiés montre que
les citoyens canadiens du Québec, pour reprendre les expressions du
sondage, sont les plus accueillants, mais je n'ai pas de données
historiques par rapport à cela. (17 h 45)
Le Président (M. Rodrigue): M. le député,
vous aviez une autre question? Rapidement, s'il vous plaît.
M. Fallu: C'est un bon indice. J'aurais une autre question, s'il
vous plaît. Au moment de l'intervention de la solution sur la
reconnaissance en statut d'immigrants des Haïtiens illéqaux,
certains journalistes - je n'ai pas entendu de votre part de
déclarations à ce propos - ont souligné que
peut-être il serait temps d'arrêter la migration noire, pour
l'appeler par son nom, de peur d'un mouvement raciste au Québec. Est-ce
que vous avez lu ces propos? Est-ce que vous abondez dans ce sens? Est-ce que
le gouvernement a l'intention de se donner une politique discriminatoire ou si
tout cela n'est que baliverne?
M. Godin: J'ai lu effectivement les propos d'un membre de
l'Assemblée nationale qui s'inquiétait de cette situation
rapportée par certains journalistes, mais je dois dire qu'il faut
considérer cette situation comme le vrai défi de l'ouverture
d'esprit des Québécois et des Québécoises. Si,
après quelques années, l'intégration a réussi, si
la spécificité est maintenue, si le maintien et le
développement de leur culture d'origine sont là et qu'il n'y a
pas eu de conflits ou de tensions ou quelque problème que ce soit, cela
signifiera que le modèle qu'on aura appliqué devra être
suivi par d'autres pays du monde qui n'ont peut-être pas la même
ouverture ou la même attitude. Je pense qu'un autre exemple d'ouverture,
c'est que, quand la régularisation du statut des Haïtiens
illégaux a été faite, il y a eu à TVA un programme
doublé d'un sondage auprès des auditeurs, sondage dans leguel on
demandait aux gens: Êtes-vous pour ou contre le programme mené
présentement par le gouvernement du Québec à
l'égard des réfugiés haïtiens, des illégaux
haïtiens? Selon les réponses 350 personnes étaient pour ce
programme, cette opération et 250 étaient contre, donc la
majorité de ces citoyens auditeurs de TVA. Ce n'est pas un sondage
scientifique, mais c'est quand même une indication.
Maintenant, à l'égard de la communauté
haïtienne, qui s'appelle elle-même communauté visible, nous
avons des contacts extrêmement suivis avec ses représentants,
entre autres avec M. Dejean. Vous avez vu, dans la liste des subventions, que
nous faisons notre part pour maintenir leurs services. Notre intention est
justement d'augmenter selon les besoins, selon les demandes qui nous
parviendront, après analyse des problèmes et des questions, de
poursuivre dans cette direction, mais je pense que le véritable
défi du Québec sera de voir à ce qu'il n'y ait pas de ces
scènes, de ces attitudes disgracieuses à l'égard des
immigrants visibles. L'autre groupe d'immigrants visibles ceux de l'Asie du
Sud-Est, fait la preuve jusqu'à maintenant qu'il n'y a pas eu de conflit
avec eux. Je souhaite que l'autre bloc visible d'immigrants soit l'occasion
pour les Québécois de s'ouvrir encore plus.
Mais les modèles qu'on applique ici, on les applique de
façon empirique. On invente toutes les semaines, tous les mois, à
partir des demandes qui nous parviennent de ces milieux, avec les programmes
que nous avons, de nouvelles solutions. Je pense, entre autres, à un
projet conjoint Immigration-Éducation, Mes amis de partout, au niveau
scolaire, là où les jeunes de toutes les régions ne
peuvent être mis en contact, qu'ils soient sensibilisés les uns
aux autres, que les nouveaux se familiarisent avec les anciens et les anciens
avec les nouveaux, parce que cela a des répercussions sur les parents.
Ce sont les enfants haïtiens qui
vont sensibiliser leurs parents à la réalité des
vieilles souches françaises et ce sont les enfants blancs qui vont
sensibiliser leurs parents à la réalité positive des
jeunes enfants haïtiens. Je pense que c'est le point de départ pour
une paix, si vous voulez, entre les diverses communautés au
Québec.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Je vais être
très bref, parce que je ne veux pas prendre tout le temps qui reste.
J'ai seulement, deux questions à poser au ministre qui résultent
des réponses qu'il a données tout à l'heure.
Concernant le conseil consultatif, le ministre a répondu que la
nomination est arbitraire. Le ministre considère-t-il peut-être
une méthode pour à l'avenir obtenir vraiment
l'élément représentatif de ces groupements? Je ne connais
pas toutes les personnes là-dessus, mais j'ai entendu dire que c'est
vraiment très arbitraire et que ces personnes ne sont pas toujours
considérées comme étant représentatives de leur
communauté. Je n'irai pas au point de dire qu'il faudrait une
élection dans la communauté pour ces qens. Je comprends que ce
soit difficile, mais, tout de même, je pense qu'il faut avoir une
méthode beaucoup plus objective pour les choisir. Avez-vous
considéré cela?
Deuxièmement, pour aller encore plus vite, comme je l'ai dit,
concernant le rôle des conseillers à l'étranger, avant de
recevoir toute la documentation, etc., le ministre pourrait-il nous dire
maintenant, si quelqu'un à l'étranger veut obtenir des
renseignements et se présente au bureau, est-ce qu'on crée
l'impression qu'il va immigrer au Québec ou au Canada dont une des
provinces est évidemment le Québec? Mais est-ce que le mot Canada
apparaît beaucoup et souvent? Dans la brochure, est-ce qu'on mentionne
que c'est un programme conjoint. Y a-t-il un drapeau canadien à part le
drapeau québécois? Ce sont des signes extérieurs souvent
très importants. Savez-vous personnellement comment on présente
la situation?
M. Godin: Donnons une réponse à votre
première question. Je n'ai d'abord pas dit arbitraire, mais
discrétionnaire.
M. Polak: Excusez-moi, c'est moi qui ai fait l'erreur.
M. Godin: Au sens de la loi, cela veut dire que c'est le choix du
ministre quel qu'il soit. Ce sera peut-être un jour la
députée de Chomedey qui reviendra à ce poste. Non, ce que
nous faisons - la loi l'exige - c'est que nous consultons les organismes. Nous
recevons une liste de personnes. On peut se tromper comme n'importe quel
être humain, mais on ne se trompe peut-être pas plus qu'à
une élection, comme vous dites. Mais, si on se trompe, on peut au moins
être débarquer, nous autres. Tous les quatres ans, il y a des
élections et les gens disent: II s'est trompé en nommant ses
douze membres, on va le débarquer. Cela se peut aussi. Mais on sera
jugé sur nos erreurs, comme sur nos bons choix. C'est un risque que je
suis prêt à courir et, même si j'étais de l'autre
côté de la Chambre, je maintiendrais que c'est la tâche du
ministre de choisir ces gens-là, quitte à payer pour, s'il se
trompe, quitte à être remercié et félicité,
s'il ne se trompe pas. D'autre part, la majeure partie des demandes
d'immigration ou des immigrants qui viennent au Québec - immigrants,
j'entends par là indépendants passe d'abord par l'ambassade
canadienne et, quand ils disent: On veut aller au Québec, l'ambassade
canadienne les envoie chez nous et, dans certains cas, c'est la pièce
voisine. Donc, en entrant dans l'édifice, il y a plusieurs drapeaux
canadiens; il y a probablement, d'ailleurs, la fiqure de la reine, qui lui
rappelle...
M. Polak; Ce n'est pas la reine qui m'intéresse en tout
cas pas tellement; c'est plutôt le drapeau canadien.
M. Godin: Mais vous parlez de symboles, M. le
député de Sainte-Anne. Puisque l'on parle des symboles, on
distribue aussi, bien sûr, un petit drapeau du Canada qu'on met ici.
Mais, quand la personne vient chez nous, à la délégation
du Québec ou dans la salle où est le bureau
d'Immigration-Québec dans l'ambassade canadienne, il y a le drapeau du
Québec.
M. Polak: C'est normal.
M. Godin: D'accord? Aux bureaux d'Immigration-Québec, qui
font partie à Paris de la délégation du Québec, il
n'y a pas de drapeau du Canada je m'en excuse; à la maison du
Québec à Mexico, pas plus que dans les bureaux d'Immigration
Québec à Mexico, il n'y a le drapeau du Canada, et je m'en
excuse, mais je ne pense pas qu'il soit question d'en mettre non plus.
Je pense que la raison pour laquelle Immigration- Québec a
été créée par l'Union Nationale à
l'époque et la raison pour laquelle le gouvernement du Parti
québécois s'est battu pour obtenir cette responsabilité,
du moins aussi grande que possible, mais malgré tout seulement
partielle, c'était que nous voulons au point de départ que les
gens qui décident de venir au Québec sachent au point de
départ où ils s'en vont. Le résultat net, c'est qu'il y a
moins de tension quand une personne arrive ici et sait où elle s'en
va. Elle sait qu'elle vient dans une partie du Canada qui n'est pas tout
à fait semblable, ne serait-ce qu'au point de vue linguistique, au point
de vue juridique aussi, avec le Code civil, qu'au reste du Canada. Je pense que
cela évite des problèmes, mais que c'est avantaqeux pour tout le
monde.
Le Président (M. Rodrique): M. le député de
Prévost.
M. Dean: Juste une très courte question, M. le
Président. Est-ce que le ministre pourrait nous dire - on a parlé
tantôt des inspecteurs et des normes de travail - qui fait partie des
communautés culturelles pour aider les travailleurs dans leur langue?
Est-ce que, au niveau de l'affichage dans les usines, soit par le truchement du
ministère lui-même ou par la Commission des normes du travail, un
minimum de connaissances sur la Loi sur les normes du travail sont
affichées dans les usines?
M. Godin: J'en doute, je ne crois pas que cela soit fait, mais
c'est une des questions que je mettrai à l'ordre du jour de ma rencontre
avec le président de la Commission des normes du travail.
Deuxièmement, s'il ne le fait pas, nous confierons à notre
directeur des communications le soin de rédiger un résumé
des ces normes et d'en faire des affiches dans les langues que parlent les
travailleurs de ces communautés culturelles.
Mme Bacon: Est-ce que cela ne viendrait pas à l'encontre
de la loi 101 de mettre ces affiches dans d'autres langues?
M. Dean: Le français et une autre langue.
Mme Bacon: II faudrait mettre le français aussi.
M. Godin: Le français y est probablement
déjà, mais il n'y a rien dans la loi 101 qui empêche
d'avoir quelque chose à côté du français.
Le Président (M. Rodrigue): J'informe les membres de la
commission qu'il reste encore cinq minutes et que j'ai encore deux intervenants
d'inscrits, soit les députés de Laurier et de Viau. Il faut
également procéder à l'adoption des éléments
du programme des crédits: Alors, j'aimerais savoir s'il y a consentement
pour prolonger jusqu'à ce que les deux députés
précités aient posé leurs questions et que nous ayons
procédé à l'adoption des crédits, soit jusque vers
18 h 15. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Fallu: II y a consentement, mais à condition que les
questions soient moins lonques que celles qu'on a connues de la part de la
députée de Chomedey.
Le Président (M. Rodrigue): Je pose tout simplement la
question à savoir s'il y a consentement. Madame?
Mme Bacon: Je n'aime pas la remarque que je viens d'entendre.
Le Président (M. Rodrigue): Je ne tiens pas compte de la
remarque. J'ai tout simplement demandé s'il y avait consentement.
Mme Bacon: Je préfère que vous n'en teniez pas
compte parce que je pense qu'on ne peut pas bâillonner l'Opposition et
d'empêcher de poser ses questions. Je suis tout à fait d'accord
pour prolonger; j'aimerais même que nous adoptions aussi les
crédits.
Le Président (M. Rodrigue): S'il vous plaît,
à l'ordre! Je rappelle les membres de la commission à l'ordre. Je
pose la question à nouveau: Est-ce qu'il y a consentement pour prolonger
jusqu'à 18 h 15 afin de permettre aux députés de Viau et
de Laurier de poser leurs questions?
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Rodrigue): Merci. M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Vous n'aviez pas
terminé?
M. Dean: Ce n'est pas une question, mais c'est une information
qui pourrait intéresser les membres de la commission, parce que c'est
dans l'intérêt des travailleurs et travailleuses immigrants. Si je
suis bien renseigné, jusqu'à tout récemment les plaintes
en vertu de la Loi sur les normes du travail devaient être individuelles,
ce qui est assez difficile et assez pénible pour des travailleurs
immigrants s'ils ne sont pas familiers avec la langue du Québec. Le
syndicat a récemment gagné dans une décision où on
reconnaît les plaintes collectives. Cela s'adonne que cette plainte
collective était portée dans une usine à forte
majorité immigrante, non francophone, par un groupe de Philippins. Je
considère que, pour ceux qui voudraient aider des travailleurs
immigrants, ça pourrait être une percée, et, si c'est le
seul cas du genre, c'est une percée intéressante.
Le Président (M. Rodrigue): Le député
de Laurier.
M. Sirros: Merci beaucoup, M. le Président. J'ose dire que
j'espère que la collaboration qu'on va avoir du ministre sera beucoup
mieux que celle qu'on a eue du président de la commission parlementaire.
J'avais une question il y a à peu près 45 minutes, qui touchait
quelque chose que la députée de Chomedey a dit tout à
l'heure. Je vais y revenir, parce que j'ai pris la peine de le noter pour ne
pas me fier seulement à ma mémoire.
Dans le programme d'aide au fonctionnement des organismes, un des
objectifs, je crois, est de s'assurer qu'il y a une aide accordée aux
organismes dans le but de les rendre autonomes éventuellement. Est-ce
que je me trompe, parce que je ne voudrais pas croire que le ministère
subventionne des organismes qui ne pourraient pas trouver dans la
communauté un appui assez réel pour permettre à ces
organismes d'exister et de fonctionner?
J'aimerais savoir s'il y a un suivi qui est fait par rapport aux
subventions qui sont données à ces organismes à part une
visite habituelle qui dure en tout cas... Est-ce qu'il y a un maximum
d'années pour ce genre de subventions?
M. Godin: II y a un suivi, c'est basé sur une expression
que vous connaissez bien, qui est le "case load", c'est-à-dire le nombre
de personnes, le nombre de citoyens ou de citoyennes qu'aide un tel organisme.
Il n'y a pas un nombre maximal d'années. Si le service rendu par cet
organisme est essentiel à la communauté, qu'il se rentabilise ou
non, nous allons continuer à le maintenir. Il n'y a pas de normes
strictes par rapport au nombre d'années subventionnables, si vous
voulez.
M. Sirros: L'objectif n'est pas tellement d'avoir un nombre
d'années, mais c'est plutôt le souci de ne pas voir subventionner
des organismes qui, finalement, ne sont pas enracinés dans leur
communauté, qui sont finalement soutenus simplement par le
ministère, qui deviennent en quelque sorte des succursales, si vous
voulez, sous un autre nom, du ministère des Communautés
culturelles. (18 heures)
M. Godin: C'est une question théorique que vous posez.
M. Sirros: Pas tellement, il y a des cas pratiques.
M. Godin: J'aimerais que vous donniez un cas et on pourra vous
répondre, chiffres et données en main pour chaque cas. Il ne
s'agit pas de porter des accusations sans les fonder. Je comprends que
vous...
M. Sirros: Non, d'accord.
M. Godin: ...trouvez que les questions de vos collègues ne
sont pas très vigoureuses, mais j'aimerais que vous soyez un peu plus
précis quant à vous.
M. Sirros: D'accord. Je me réfère surtout à
des organismes où il y a, dans la communauté, plus ou moins un
accord commun des qens des milieux qui s'intéressent à la vie
communautaire, pour dire qu'effectivement un tel organisme ne colle pas
à la réalité de la communauté que, finalement, il
est soutenu presque, uniquement par des subventions du ministère et
qu'autrement cet organisme fermerait ses portes. Maintenant, je ne veux pas
parler d'un cas particulier...
M. Godin: On peut dire que la majeure partie des 150
organismes...
M. Sirros: ... mais au niveau des principes. Est-ce que le
ministère serait d'accord avec moi pour dire que c'est un principe
à éviter, c'est-à-dire de soutenir un organisme qui ne
pourrait pas lui-même trouver sa vitalité dans la
communauté?
M. Godin: Dans les quelque 150 organismes que nous
subventionnons, si nous cessions de les subventionner, la majeure partie
disparaîtrait peut-être. Je ne pense pas que ce soit la tâche
du ministère. Nous ne sommes pas le ministère de l'Industrie et
Commerce. Nous ne sommes pas, non plus, une caisse populaire.
M. Sirros: D'accord. Cela pose peut-être...
M. Godin: Donc, si un organisme rend des services, s'adresse
à un nombre suffisant de personnes, a suffisamment d'enracinement dans
la communauté, nous le subventionnons. Par ailleurs, il peut arriver que
de nouveaux organismes plus expérimentaux voient le jour. Nous ne nous
priverons pas de les subventionner, même si au début ils n'ont pas
beaucoup de personnes. On donne la chance au coureur, comme on dit, un an, deux
ans, trois ans, le temps qu'il faut. Il y a beaucoup plus d'organismes qui se
voient refuser leur demande qu'il y en a qui se les voient accepter. D'autre
part, à chaque année, il y a un réajustement dans les
subventions. Il y en a qui ont plus, il y en a qui ont moins, selon les
évaluations qui sont faites par le ministère, selon aussi le
"case load", le nombre d'activités organisées, le respect des
programmes sur lesquels ils basent leur demande. Supposons qu'une demande
relève du programme qui tend à informer la majorité
française du Québec des activités culturelles d'une
association
quelconque, d'une communauté culturelle, s'il y a une
activité par année, on ne subventionne pas l'année
suivante. Il faut qu'il y ait une performance.
M. Sirros: D'accord. L'autre question que j'avais à poser,
c'est par rapport au programme des langues ethniques. Peut-être que vous
y avez répondu, mais j'ai manqué quelque chose que je voulais
clarifier, je n'étais pas ici. Dans les cas où il y a plusieurs
organismes de la même communauté qui, par exemple, offrent des
cours de langues, etc., comment le ministère procède-t-il au
choix des organismes, d'une part, et le montant des subventions, d'autre
part?
M. Godin: C'est partagé selon le nombre d'enfants...
M. Sirros: C'est-à-dire per capita... M. Godin: Per
capita.
M. Sirros: ... des enfants inscrits dans les cours de
langues.
M. Godin: Voilà. Donc, c'est basé sur un per
capita, norme qui elle, n'est pas arbitraire.
M. Sirros: Est-ce qu'il y a aussi, parallèlement à
cela, une publicité universelle qui est faite dans la communauté
pour informer les organismes qui offrent peut-être ce genre de cours et
qui ne sont pas au courant qu'ils peuvent avoir des subventions?
M. Godin: II y a le Conseil des langues ethniques qui regroupe
tous ceux qui s'intéressent à cette question, qui informe et fait
la coordination. Si j'en juge par la quantité de demandes auxquelles
nous donnons suite, je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de communautés,
au Québec, qui ignorent l'existence de ce programme. Il y a 16 000
enfants qui suivent ces cours en 36 langues. Alors, ça vous donne une
idée. Je me demande quelle langue on ne couvre pas.
M. Sirros: D'accord. La dernière question que j'avais,
c'était par rapport aux frais de scolarité dans les
universités, pour les étudiants étrangers qui ont
été augmentés récemment, doublés ou
triplés, si je ne me trompe pas. Il y a certaines exceptions qui ont
été faites par rapport à ça; est-ce que le ministre
a l'intention de demander d'autres exceptions et sur quelles bases?
M. Godin: Cette question relève du ministère de
l'Éducation, d'une part, et, d'autre part, en tant que ministre de
l'Immigration, j'ai été saisi des problèmes d'un certain
nombre de communautés étudiantes. Notre intention est
d'évaluer chaque demande au mérite, d'une part; d'autre part, de
suggérer, là où nous l'estimons utile, que le
ministère des Affaires intergouvernementales signe une entente avec le
pays d'origine de ces étudiants. Donc, la porte n'est pas du tout
fermée. Nous avons déjà une entente avec onze pays. Ce
sont, pour la plupart, des pays dits sous-développés et je pense
que la politique doit être d'abord destinée aux pays
sous-développés. Comme le Québec n'est pas milliardaire,
nous devons, quand même, mettre notre fric là où il vaut le
plus et dans des pays où les besoins sont les plus grands.
C'est ainsi qu'au-delà des onze pays, il y a des
négociations en cours avec d'autres pays, et la Grèce est un de
ceux-là. D'accord?
M. Sirros: Merci.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Viau.
M. Cusano: À la liste des subventions accordées, je
remarque que le Service communautaire canadien-italien de Québec
Incorporée a reçu 12 000 $ et, selon le rapport annuel ou une
publication dans la presse ethnique du MCIC, cela a répondu à
environ 100 000 demandes, c'est-à-dire que 100 000 personnes se sont
rendues à ses bureaux pour avoir de l'aide. Je remarque que
l'Association italienne des travailleurs immigrés, et famille, la FILEF,
a reçu une subvention de 14 000 $. Y a-t-il moyen d'avoir un rapport sur
les activités précises de la FILEF? Je ne le demande pas
aujourd'hui, mais on aimerait savoir combien de familles, combien de cas la
FILEF fait affaires. L'autre organisme - vous le mentionnez ici - c'est le
centre de services à la famille immigrante Centro Donne, qui se trouve
dans mon comté, et qui a reçu aussi des subventions du
fédéral pour un total de 20 000 $. J'aimerais connaître les
activités de ce groupe.
M. Godin: Nous allons...
M. Laplante: Juste pour compléter, les données que
le ministre est en train de compiler, j'aimerais les avoir moi aussi. Est-ce
que vous pouvez ajouter à cela tous les services gratuits qu'ils ont du
CSSMM, parce qu'ils ont aussi du personnel détaché qui travaille
au Centro Donne?
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Godin: Si vous me donnez une seconde!
Dans la critériologie d'attribution des
subventions, il y a un ensemble de critères et il faut aussi
tenir compte des subventions obtenues d'autres sources. Parfois, cela ne peut
pas être aussi concluant parce que tous les critères n'y sont
pas.
M. Cusano: Non, je ne veux pas faire une comparaison des
montants; j'ai peut-être mal commencé. Ce que j'aimerais savoir,
ce sont les activités précises de votre ministère.
M. Godin: On va vous fournir les renseignements qu'on a. On signe
une entente. À chaque subvention qui est donnée, il y a une
entente de signée qui spécifie les services qui doivent
être donnés. On nous demande ensuite d'avoir les états
financiers et de prouver que l'entente a été respectée. On
pourra vous donner ces renseignements.
M. Cusano: J'aimerais faire une suggestion à M. le
ministre, d'envoyer une directive ou peut-être un petit mémo aux
députés en ce qui regarde les comtés, lorsque des demandes
sont faites par des groupes ethniques. Ce serait dans un esprit de
collaboration.
M. Godin: Est-ce que vous voudriez être informé des
demandes qui entrent au ministère et des décisions que le...
M. Cusano: Non, le montant qu'on a par le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche... Je suggère d'envoyer un
mémo à tous les députés, leur suggérant de
prendre en considération la population ethnique dans leur comté.
Est-ce que c'est dans votre domaine?
M. Godin: Oui, on peut faire cela. En fait, vous voudriez que le
ministère sensibilise chaque député, dans l'attribution de
son budget hors normes, au fait qu'il y a des organismes qui appartiennent aux
communautés culturelles dans son comté. Mon seul problème,
c'est que j'aurais peut-être l'air de donner des leçons à
des gens que j'estime aussi compétents que moi dans la connaissance de
leur comté. Je me sentirais assez mal venu de jouer le rôle du
père de famille qui en sait plus que les enfants.
M. Cusano: C'est une suggestion.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que vous avez
terminé?
M. Laplante: Moi, j'accueille votre suggestion avec beaucoup de
sympathie. Cela empêcherait peut-être un député du
West-Island de donner tout son budget à la même association.
M. Godin: Cela rejoint mon idée.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, est-que vous avez
terminé M. le député de Viau?
M. Cusano: Dans les écoles anglophones de Montréal,
spécialement dans mon secteur, on sait que la plupart des jeunes qui
sont nés ici, de famille italienne fréquentent des écoles
anglophones. Il se pose un problème avec la nouvelle entente qui a
été signée dernièrement en ce qui regarde
l'enseignement des langues d'origine. Premièrement, est-ce que vous
savez que dans une école polyvalente du secteur, on donnait cette
année dix cours de langue italienne et qu'à cause des
restrictions budgétaires et de l'entente qui a été
signée on tombe de dix à deux? Pourriez-vous vous informer si
c'est le cas et s'il y a moyen, de votre part, de revenir aux dix cours qui
étaient donnés l'année dernière?
M. Godin: Je pense que vous devriez poser la question au ministre
responsable du secteur, M. Camille Laurin, ministre de l'Éducation. Moi,
je sais bien que le PLE, le programme des langues ethniques qui n'est pas le
PELO de l'éducation, est distribué indépendamment de
l'école que fréquente l'enfant en semaine; le PLE, c'est le cours
de fin de semaine et cela n'a rien à voir avec l'école que
l'enfant fréquente. Maintenant, vous pouvez poser votre question, pour
ce qui touche la partie dont vous avez parlé plus tôt, au ministre
de l'Éducation, car cela relève de lui.
M. Cusano: Oui, mais dans le cas où il y aurait une
réponse négative de son côté, est-ce que vous avez
l'intention de vous en occuper?
M. Godin: Vous m'enverrez une copie du dossier et j'en parlerai
amicalement à mon collègue.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, je signale a la
commission qu'il nous reste environ deux minutes et demie pour l'adoption des
crédits. À moins que l'on n'ait une demande pour prolonger encore
de quelques minutes, je vais être obligé de vous demander si vous
êtes prêts à adopter les crédits parce qu'on a
à peine le temps de faire cela.
Mme Bacon: M. le Président, j'allais justement, d'abord,
remercier le ministre et son personnel des informations que nous avons
reçues aujourd'hui et proposer l'adoption de l'élément
1.
Le Président (M. Rodrigue): Alors, j'appelle l'adoption
des éléments 1, 2 et 3 du programme 1 des crédits. On peut
procéder comme cela ainsi que le programme 1 en bloc. Est-ce que c'est
adopté?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. En
deuxième lieu, j'appelle l'adoption de l'ensemble des crédits du
ministère de l'Immigration. Est-ce que c'est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): Adopté. Alors, je
demande au rapporteur qui a été désigné par cette
commission de faire rapport à l'Assemblée nationale dans les plus
brefs délais possible des délibérations de notre
commission. Je tiens à vous informer que la commission a rempli le
mandat que lui avait confié l'Assemblée nationale et, en
terminant, la commission est ajournée sine die.
(Fin de la séance à 18 h 14)