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Commission permanente
des consommateurs, coopératives et
institutions financières
Etude du projet de loi no 95
Loi modifiant la Loi concernant
la Fédération du Québec
des Unions régionales des
Caisses Populaires Desjardins
Séance du mercredi 10 décembre 1975
(Dix heures quatorze minutes)
M. Gratton (président de la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières): A
l'ordre, messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières est réunie, ce matin, pour
étudier le projet de loi no 95, Loi modifiant la Loi concernant la
Fédération du Québec des Unions régionales des
Caisses Populaires Desjardins, et pour entendre les intéressés
à ce sujet.
J'invite donc... Je pense qu'il y aurait lieu de désigner un
rapporteur. Puis-je suggérer M. Tremblay, député
d'Iberville.
M. Bonnier: Une très bonne main! Le Président
(M. Gratton): Accepté? M. Bonnier: Accepté.
Le Président (M. Gratton): J'invite donc le parrain du
projet de loi, l'honorable député de Taschereau, à ouvrir
la discussion.
M. Bonnier: M. le Président, comme vous l'avez
souligné, il s'agit d'une loi visant à modifier la Loi de la
Fédération des Caisses Populaires Desjardins, et,
également, la Loi des caisses d'épargne et de crédit. Vous
allez voir qu'il y a un article qui s'y réfère.
Nous avons, ici, ce matin, le privilège d'avoir des
représentants de la fédération. Je voudrais leur dire
qu'ils sont libres d'intervenir, si le président est d'accord,
lorsqu'ils le jugeront opportun, et que les membres de la commission sont
également libres de poser les questions qu'ils voudraient, afin d'avoir
un éclaircissement sur les objets des amendements de cette loi.
A l'article 1, M. le Président, la Loi concernant la
Fédération du Québec des Unions régionales des
Caisses Populaires Desjardins est modifiée par l'insertion, après
l'article 8, du suivant... Si vous vous rappelez bien, dans la loi 80,
l'article 8 donne le privilège au directeur général
d'être élu président de la fédération, qu'il
soit administrateur ou non. De façon à élargir l'assiette
des gens qui pourraient être éligibles à la
présidence, il est suggéré que le secrétaire
général soit également eligible à la fonction de
président, qu'il soit administrateur ou non.
Le deuxième paragraphe dit que la même personne ne peut
cumuler les postes de président de la fédération et de
secrétaire général. Cela veut dire que, si le
secrétaire général est élu à la
présidence, il doit démissionner comme secrétaire
général.
On ne voit pas d'objection. Je ne sais pas si l'Opposition ou d'autres
membres de la commission voient des objections...
M. Chagnon: Quel est le but réel du changement? Y a-t-il
des problèmes présentement?
M. Bonnier: II n'y a pas réellement de problèmes.
On constate que parmi les permanents seniors de la fédération, il
existe un secrétaire général qui a
énormément d'expérience et, de l'avis de la
fédération, il serait avantageux que, lui aussi, puisse
être éligible, en plus du directeur général,
évidemment, les administrateurs qui constituent le conseil
d'administration de la fédération.
M. Léger: Avant d'aller plus loin j'écoute
le député de Taschereau avant de commencer à
étudier les articles, j'aurais, quand même, certaines questions
d'ordre général à poser et peut-être profiter de la
présence de nos invités. Au départ, comme ce n'est pas un
projet de loi privé, mais un projet de loi public parrainé par un
député il s'y connaît, puisqu'il est dans le domaine
depuis un bout de temps; ce ne sont pas de mauvaises remarques que je fais
j'aimerais m'assurer d'une chose. Ce projet de loi provient-il d'une
demande de la fédération et, en même temps, peut-on dire
qu'il représente à peu près ce que vous désiriez ou
y avait-il autre chose d'important qui aurait dû être inclus dans
le projet de loi 95?
M. Tardif (Louis): Si vous me permettez, M. le Président.
Mon nom est Louis Tardif. Je suis avocat à la fédération.
Je profite de cette occasion pour vous remercier de nous recevoir, ce matin. Je
suis accompagné de M. Rouleau, le président; de M. Charron,
adjoint au président; de M. Croteau, le directeur général
et de M. Morin, économiste à la fédération.
Pour répondre à votre question, je dirais, de façon
bien précise, que ce projet de loi répond à des besoins de
la fédération. Il est une suite du projet de loi 80 qui est une
loi spéciale, concernant la fédération.
Je rappelle si vous me permettez, je pense que c'est d'ordre
général et il serait bon de le préciser tout de suite
que les structures des caisses populaires sont assez bien connues, sauf
que je voudrais insister sur un point bien précis concernant la
fédération.
Comme vous le savez, nous avons dans la province, 1275 caisses
populaires. Ces dernières se sont groupées en
fédérations régionales. Ces dix fédérations
régionales se sont regroupées en une fédération
provinciale. C'est la fédération que nous représentons ce
matin. Cette fédération...
M. Léger: Là-dessus, si vous me permettez.
M. Tardif (Louis): Oui.
M. Léger: Quand vous parlez de fédération,
on voit ce mot dans la loi avec un grand "f" et avec un petit "f", vous parlez,
en réalité, d'union régionale. N'y a-t-il pas un peu de
malentendu...
M. Tardif (Louis): Non.
M. Léger:... entre les fédérations qui sont
des unions régionales et la grande fédération?
M. Tardif (Louis): Je pense que vous saisissez très bien
le point. Quand nous parlons de notre fédération, c'est la
fédération provinciale, donc une fédération de
fédérations et non pas une fédération de caisses
comme sont les autres fédérations dans la province. C'est bien
important, parce que cela constitue une caractéristique spéciale
de notre fédération. La deuxième caractéristique,
si vous me permettez d'enchaîner sur cette idée, c'est que la
fédération a comme membres non seulement ses dix
fédérations régionales, mais elle a encore comme membres
à part entière les institutions du mouvement Desjardins, soit une
compagnie d'assurance, notre compagnie de fiducie, etc. C'est pourquoi
et c'est là que je rejoins M. Bonnier le législateur en
1971 nous a donné une loi spéciale qui s'appelle la loi 80. Pour
répondre à votre question, monsieur, le projet de loi que vous
avez devant vous ce matin est un supplément à la loi 80. Nous en
sommes satisfaits à une exception près, parce que, dans l'article
9 b) du projet de loi, il est question de ne plus imposer à la
fédération l'obligation d'avoir une commission de crédit.
Nous avions demandé et nous voulons demander de nouveau ce matin
d'être également soustraits de l'obligation d'avoir un conseil de
surveillance. Mais là, je pense que je vais un peu plus loin. Nous
pourrons revenir là-dessus.
Est-ce que j'ai répondu de façon précise?
M. Léger: Oui. Est-ce que les demandes que vous avez
faites pour que ce projet de loi soit présenté, sont des demandes
qui ont été votées par votre conseil?
M. Tardif (Louis): C'est exact. Ce sont des demandes qui font
suite à des résolutions passées en assemblée
générale; je puis ajouter que nous avons soumis
préalablement ces questions aux officiers du ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières et que
nous avons été un peu surpris, je dois l'avouer, de constater
qu'il manquait une de nos demandes, soit à l'article 9 b).
M. Léger: A la suite de ce qui a été
voté par votre conseil, est-ce qu'il y a d'autres demandes,
peut-être mineures, qui n'auraient pas été acceptées
dans le projet de loi 95?
M. Tardif (Louis): La réponse est non, monsieur.
M. Léger: D'accord.
M. Bonnier: Est-ce qu'on pourrait procéder article par
article?
M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Gratton): L'article 1 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Léger: Je voudrais bien qu'on se comprenne. On n'a pas
encore franchi la deuxième lecture de ce projet de loi.
M. Bonnier: Non. C'est l'étude, article par article, avant
la deuxième lecture.
M. Léger: Est-ce que cela va revenir en commission
plénière quand même pour l'adoption, article par article,
après la deuxième lecture?
M. Bonnier: Non. On le fait comme une loi privée. On la
discute article par article, on va faire un rapport et, après cela,
c'est la deuxième lecture et après c'est la troisième
lecture.
Il n'est pas question du tout qu'on revienne à l'étude
article par article. Ce qui a été décidé en
Chambre, c'est l'étude article par article avant la deuxième
lecture.
M. Léger: De toute façon, il va y avoir un
comité plénier après. Parce que...
M. Bonnier: Après la deuxième lecture?
M. Léger: ... normalement, quand on étudie un
projet de loi, les étapes sont la première lecture...
M. Bonnier: Les règles régulières sont
suspendues comme d'autres...
M. Léger: Si vous voulez me permettre, je vais terminer.
On peut suspendre les règles de pratique, pour fonctionner aujourd'hui,
d'accord. Mais normalement un projet de loi passe par la première
lecture et après, normalement, dépendant de certains changements
qu'on va faire, comme c'est le cas ici, il y a une deuxième lecture
où on se prononce sur le principe avant d'arriver au vote article par
article. Aujourd'hui, j'avais l'impression que la commission parlementaire
avait pour but d'écouter les représentants de la
Fédération des caisses populaires, par la suite, présenter
le principe en deuxième lecture et voter sur les articles, article par
article.
M. Bonnier: M. le Président, ce n'est pas l'ordre de la
Chambre. L'ordre de la Chambre qui nous a été donné, c'est
d'étudier... Cela a été décidé, nous sommes
mercredi, il me semble que c'est mercredi ou jeudi dernier.
M. Léger: Cela n'a pas réellement de grande
importance, parce que, dans ce cas-ci, en ce qui nous concerne, nous sommes
d'accord sur le
principe. Mais s'il fallait que nous ne soyons pas d'accord sur le
principe, comment pourrions-nous parler de détails, un par un, avant de
s'être exprimé sur le principe du projet de loi. C'est un peu
ridicule de voter sur les articles avant d'avoir voté le principe d'une
chose.
M. Bonnier: M. le Président, le député de
Lafontaine...
M. Léger: Pour cette fois-ci, ce n'est pas un
problème on est d'accord.
M. Bonnier: II sait fort bien que c'est la procédure qu'on
suit d'une façon générale pour les bills
privés.
M. Léger: Ce n'est pas un bill privé, c'est un bill
public.
M. Bonnier: II a été accepté par la Chambre.
Remarquez bien que le leader a suggéré en Chambre la
deuxième lecture et c'est le leader de l'Opposition officielle qui a
dit: M. le Président, je préférerais qu'on aille en
commission avant pour l'étudier article par article avant de passer
à la deuxième lecture. C'est pour ça qu'on est ici.
M. Léger: Ce n'est pas le problème, on est
d'accord.
M. Bonnier: Merci.
M. Léger: Mais il ne faut pas prendre ça comme une
chose normale.
M. Bonnier: Ah, bien là, je ne peux pas vous dire...
M. Léger: Je veux dire, quand le leader en Chambre a dit:
On passe en comission parlementaire avant, c'était dans le but
d'entendre ceux qui ont à se prononcer sur cette loi.
M. Bonnier: Je m'excuse, mais moi, j'étais en
Chambre...
M. Léger: Qu'est-ce que font les invités qu'on a
ici...
Le Président (M. Gratton): Messieurs.
M. Léger:... si on étudie article par article
devant eux?
M. Bonnier: C'est important d'avoir leur opinion sur ces articles
également.
M. Léger: C'est ça, on est ici pour les
écouter.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, j'ai demandé
qu'on m'apporte l'ordre de la Chambre, on pourrait y revenir tantôt. En
attendant, d'autant plus que nous sommes tous d'accord. Je pense qu'on devrait
procéder à l'interrogation ou enten- dre nos invités
quitte à statuer si on doit adopter les articles.
M. Bonnier: Ce que je suggère, c'est qu'on procède
article par article et, comme les délégués de la
fédération ont une suggestion à faire après
l'article 9 b), remarquez bien qu'ils ont droit d'intervenir avant s'ils ont
des commentaires à faire, mais comme ils nous ont dit qu'ils ont une
suggestion à faire après l'article 9 b), on les écoutera
et on verra.
M. Léger: Alors, c'est l'article 1. M. Bonnier:
L'article 1, d'accord.
M. Léger: Est-ce que nos invités pourraient nous
expliquer ce qu'ils entendent obtenir par cet article 1 qui modifie l'article 8
a)?
M. Bonnier: C'est la question du secrétaire
général.
M. Tardif (Louis): Je pense que M. Bonnier a très bien
exposé le point tout à l'heure. Dans l'optique où j'ai
situé ce projet tout à l'heure, qui est un complément de
la loi 80, nous voulons que le secrétaire général ait le
même statut, au fond, que le directeur général, statut
qu'il a déjà en vertu de la loi 80.
Nous voulons, qu'il soit membre ou non du conseil d'administration,
qu'il devienne éligible au poste de président de la
fédération.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que votre secrétaire
général, en atteignant ce poste de direction, cela change quelque
chose à ses droits et privilèges, au point de vue de sa
pension?
M. Rouleau: Non. Cela devient quand même un
président à plein temps. Il demeure quand même
fonctionnaire de l'entreprise; alors, il conserve ses droits acquis. Il
continue à être éligible à la sécurité
sociale, au fonds de pension, etc.
M. Bellemare (Johnson): Lorsqu'ils atteignent le poste des
cadres, il y a souvent une distinction assez marquée dans les
privilèges qui leur sont accordés en vertu de la pension et en
vertu également des droits acquis.
M. Rouleau: C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): Cela, c'est maintenu?
M. Rouleau: C'est maintenu.
M. Bellemare (Johnson): Cela n'a pas changé et cela ne
l'augmente pas.
M. Rouleau: C'était mon cas à moi et cela n'a rien
changé. Cela n'a jamais posé de problème.
M. Bellemare (Johnson): Aucun problème?
M. Charron (Paul-Emile): Cela ne l'augmente pas. Cela ne le
change pas; ça ne fait que le confirmer.
M. Bellemare (Johnson): Cela le confirme? Il est
déjà...
M. Charron (Paul-Emile): C'est la confirmation après le
baptême.
M. Rouleau: M. le Président, en d'autres termes, le
conseil d'administration de la fédération de Québec se
compose de 31 personnes. C'est un gros conseil, c'est comme l'Assemblée
nationale. Vous avez, à l'intérieur du conseil, des personnes qui
émanent des dix unions régionales, puisque, aux termes de la loi,
ce sont des fédérations malgré tout.
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
M. Rouleau: Vous avez dix unions régionales et cinq
administrateurs qui viennent aussi des institutions. Ce sont tous des gens,
à toutes fins pratiques, qui sont élus pour siéger au
conseil d'administration de la fédération.
Il y avait une exception, si vous voulez...
M. Bellemare (Johnson): C'est le secrétaire...
M. Rouleau: ... c'est le cas du directeur général,
où un directeur général, sans être administrateur,
peut être eligible à la présidence de la
fédération au même titre que les 30 autres personnes qui
ont été élues.
M. Bellemare (Johnson): ... qui ont été
élues.
M. Rouleau: Après le bill 80, on a créé une
fonction qu'on a consacrée officiellement par règlement. C'est la
fonction de secrétaire général de la
fédération. On dit aujourd'hui que les mêmes avantages qui
sont donnés à la fonction de directeur général, on
voudrait les donner aussi à la fonction de secrétaire
général.
A ce moment-ci, c'est nous qui sommes là. Dans cinq ans, ce sera
peut-être d'autres.
Cela élargit, comme M. Tardif le disait tantôt, une
possibilité de recrutement pour cette fonction de président qui
reste une fonction quand même à temps plein et assez importante.
C'est un peu cela le résumé.
Le Président (M. Gratton): Article 1, adopté.
M. Léger: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gratton): Article 2?
M. Léger: A l'article 2, M. le Président,
pourriez-vous peut-être nous donner des exemples de cette
possibilité de contracter avec toute personne, dans le but de lui rendre
certains services d'informatique ou autres services techniques?
M. Tardif (Louis): Le meilleur exemple, je pense, qu'on puisse
vous donner, c'est justement dans le domaine de l'informatique. Actuellement,
nous avons une organisation au point de vue informatique qui est très
avancée. Vous en êtes sans doute au courant. Nous avons des
demandes d'autres fédérations pour leur rendre des services dans
ce domaine.
Nous aurions la capacité physique parce que notre
ordinateur, par exemple, n'est pas occupé à temps plein de
pouvoir leur rendre ces services qui sont des services identiques, au fond,
à ceux que nous rendons déjà. Mais, étant
donné le statut particulier que je vous ai signalé tout à
l'heure, il peut y avoir une possibilité d'interprétation sur le
pouvoir de la fédération d'entrer dans ce genre de transaction
avec d'autres que ses membres.
Je sais bien que l'article 76 de la Loi des caisses d'épargne et
de crédit qui est la loi générale qui nous concerne
également, qui n'est pas notre loi spéciale, mais qui est une loi
générale quand même qui nous régit... Si vous me
permettez je vais vous lire le premier paragraphe de l'article 76 qui est
relativement court. L'article 76 donne déjà ce droit. "Une caisse
là il faut entendre une fédération ou une
fédération de fédérations peut faire avec
toute personne les opérations utiles pour assurer son bon fonctionnement
et la réalisation de son but."
Vous voyez que l'énoncé est très
général. Nous voudrions, surtout dans le domaine de
l'informatique où les sommes en jeu sont souvent considérables,
avoir une sécurité légale, juridique par laquelle on
pourrait, sans hésitation, sans doute possible, rendre des services que
nous sommes capables de rendre à l'avantage, en particulier, des autres
fédérations de caisses d'épargne et de crédit.
M. Bonnier: II faudrait ajouter aussi, M. le Président,
que, par exemple, même au niveau du système comptable C, la
fédération a développé un système comptable
qui est avantageux pour l'ensemble des caisses d'épargne et de
crédit.
A ce moment, il faut permettre à la fédération de
mettre ce système à la disposition d'autres.
M. Bellemare (Johnson): C'est-à-dire qu'il y a des...
M. Bonnier: Dans le fond, c'est un service qu'elle leur rend.
M. Bellemare (Johnson): Je comprends, M. Bonnier, M. le
député, que vous vouiez dire qu'il y a, par exemple, des cours de
recyclage qui sont justement donnés sous ce système; mais, quand
vous aurez fini, j'aurai une question à poser.
M. Bonnier: Le député de Johnson veut saisir. Il
s'agit aussi d'un système de comptabilité qui a été
perfectionné par le service technique de la
fédération.
Mais, étant donné qu'elles ont mis beaucoup d'heures et de
temps là-dedans, évidemment, et
d'énergie, il est avantageux pour les autres
fédérations de caisses d'épargne et de crédit de ne
pas nécessairement recommencer à zéro. Elles veulent tout
simplement qu'il soit très bien stipulé dans la loi qu'elles ont
le privilège de faire cela.
M. Bellemare (Johnson): Aussi, il est bien entendu par
l'amendement qui a été apporté que, de façon
accessoire à ses activités principales de contracter avec toute
personne dans le but de lui rendre certains services, cela veut dire que la
Fédération le peut maintenant, parce que, dans le pouvoir
général qui lui est donné en vertu de l'article 76 dans la
loi des crédits, vous êtes couverts, mais vous n'êtes pas
sûrs d'être couverts aussi loin que là. Parce que là,
vous allez très loin. Vous allez plus loin que l'article 76, parce que
vous couvrez des individus et vous couvrez le groupe et vous couvrez vos
activités, pour autant que cela ne dépasse pas la province, bien
entendu, parce qu'il ne faudrait pas que ce soit un pouvoir qui dépasse
la province. Vous pêcheriez en vertu de l'autre article de la loi. Vous
pouvez aussi contracter avec d'autres qui sont dans d'autres provinces.
M. Rouleau: Pour prendre un exemple, on a les gros ordinateurs de
Montréal...
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord.
M. Rouleau: ... pour toute l'opération de l'informatique.
La Coopérative fédérée est intéressée
à utiliser nos services. Or, quand on arrive dans des contrats de ce
type, il y a quand même des engagements financiers, même si c'est
coopératif, il doit intervenir des contrats d'affaires entre les
parties. Dans la perspective de celui qui signe un contrat avec nous, il y a
des avocats. Eux, à ce moment, ils mettent en cause...
M. Bellemare (Johnson): Oui...
M. Rouleau: ... parce que, vous savez ce que c'est, ils fouillent
la loi...
M. Bellemare (Johnson): C'est important. Ce n'est pas clair.
M. Rouleau:... et ils disent: Ecoutez... Ce n'est pas clair.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas clair,
M. Rouleau: Vous faites état aussi de la
possibilité de signer des contrats à l'extérieur du
Québec. Je peux vous donner un exemple. La Fédération
canadienne-française des caisses populaires de l'Ontario Ltée
à qui, actuellement, on donne des services d'informatique, c'est notre
intérêt de le faire strictement sur le plan économique et
de la rentabilité.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais est-ce que c'est
légal?
M. Rouleau: C'est cela qu'on essaie de régler.
M. Bellemare (Johnson): C'est là ma question aussi. Je
pense que vous m'avez vu venir, ce qui fait que vous commencez par me dire que
vous vouliez couvrir aussi les caisses d'ailleurs.
M. Rouleau: La Fédération des caisses
aca-diennes...
M. Bellemare (Johnson): L'autre loi des dépôts de
crédit 76 et les autres qui viennent avant disent que c'est
provincialement qu'on vous donne certains droits. C'est sûr que la loi
est établie comme cela. Vous avez un pouvoir que vous demandez, qui
dépasse de beaucoup celui de la régie de la province et de vos
caisses et de vos sociétés coopératives. Vous allez
même en dehors, vous allez même jusqu'au Manitoba.
Cela pourrait peut-être être des choses que... Ma question
est là.
M. Rouleau: Vous posez une bonne question, parce qu'elle nous a
été posée au point de départ.
M. Bellemare (Johnson): Bon!
M. Rouleau: Je pense qu'avec le ministère, on a
essayé de cerner quand même... On est d'accord pour...
M. Bellemare (Johnson): M. Gélinas, qui est un avocat,
ici, a regardé les implications de votre loi et m'a dit: Ce serait une
très bonne question à leur poser, parce qu'il y a sur cela
l'article 76 qui est bien clair, qui vous donne des droits. Dans l'article 76,
ce n'est pas compris ce que vous demandez ce matin.
M. Léger: Non.
M. Bellemare (Johnson): Vous allez beaucoup plus loin.
M. Léger: Je ne sais pas si le député de
Johnson fait le lien, mais à l'extérieur du Québec, il n'y
a pas de membres. C'est un contrat de service. C'est pour rendre plus rentable
ce que vous avez comme équipement au Québec.
M. Bellemare (Johnson): Cela est vrai. Une Voix: C'est
exactement ça.
M. Bonnier: Pour aller plus loin, M. le Président, c'est
non seulement...
M. Bellemare (Johnson): D'un autre côté...
M. Bonnier: M. le Président, si le député de
Johnson veut écouter deux minutes.
M. Bellemare (Johnson): Oui, j'écoute.
M. Bonnier: Je pense qu'il faut être encore plus positif
que cela. C'est non seulement du point
de vue de la fédération que c'est avantageux, mais aussi
du point de vue de ces coopératives qui font partie du même
système économique, si vous voulez, du domaine de la
coopération. C'est drôlement avantageux. C'est beaucoup moins
coûteux pour eux que de recommencer encore les mêmes
démarches.
M. Bellemare (Johnson): M. le député de Taschereau,
la question est très simple. Les avocats de ces honorables messieurs ont
vu un danger. Je le signale, ce matin, en vertu de l'article 76. C'est pour
cela qu'ils sont devant nous, ce matin, pour demander ce pouvoir. Mais est-ce
que c'est trop leur donner, le pouvoir de transiger et de contracter?
M. Bonnier: Je ne pense pas, non.
M. Bellemare (Johnson): Tant mieux! Je me pose la question bien
honnêtement, comme législateur, et je me dis que si c'est
nécessaire, eux, qu'ils vivent l'expérience pour autant que cela
ne va pas dans des limites extrêmes, je suis bien d'accord. Mais je pose
la question, parce qu'on m'a posée aussi cette question.
M. Rouleau: M. Bellemare, je me permets d'intervenir à ce
moment-ci. Je ne sais pas si le président me le permet, mais en tout
cas, je ne lui demande pas la permission.
Le Président (M. Gratton): Allez-y!
M. Rouleau: Si on avait une compagnie à charte
provinciale, on pourrait tout faire et on ne viendrait même pas ici.
M. Bellemare (Johnson): Ah oui! D'accord!
M. Rouleau: Comprenez-vous? On pourrait s'amuser à faire
des passe-passe avec la loi et essayer de créer une
société, en vertu de la Loi des compagnies, et à ce moment
elle pourrait tout faire. Nous, on dit: Pas ça! On est mieux d'aller
devant le législateur et d'être bien clair dans notre objectif et
de le régulariser. Cela veut dire...
M. Bellemare (Johnson): Vous en demandez bien plus qu'il n'en
faut, par exemple.
M. Rouleau: Non, non.
M. Bellemare (Johnson): Ah oui! Certainement...
M. Rouleau: ...
M. Bellemare (Johnson): ... donne un pouvoir illimité.
C'est sûr et certain. C'est quasiment un blanc-seing.
M. Tardif (Louis): M. le député, je ne crois pas
que ce soit un blanc-seing. Au contraire, je pense que nous nous limitons quand
même. Vous avez vous-même noté, n'est-ce pas, avec raison,
que c'est de façon accessoire à nos activités principales.
Donc, il faut déjà que nous exercions cette activité.
C'est déjà une...
M. Bellemare (Johnson): L'article 76 vous le donnait.
M. Tardif (Louis): ... limitation. L'article 76 ne nous limitait
pas de cette façon. Nous nous limitons...
M. Bellemare (Johnson): Oui...
M. Tardif (Louis): ... une première fois. Et la
deuxième...
M. Bellemare (Johnson): Vous me dites que vous vous limitez une
première fois?
M. Tardif (Louis): Nous nous limitons, parce que nous disons que
c'est simplement de façon accessoire à nos activités
principales. Nous précisons, en tout cas, une limitation...
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Tardif (Louis): ... qui est peut-être latente dans
l'article 76.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Tardif (Louis): Mais pour répondre à votre
question de façon précise, vous dites: Est-ce que cela va vous
permettre d'exercer en dehors de la province? C'est une grande question et je
peux vous dire que, personnellement, ce matin, je ne voudrais pas être
obligé de donner une réponse là-dessus. Mais, ce que je
sais, par exemple...
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas parce qu'on est des gens qui
ne sont pas discrets?
M. Tardif (Louis): Non, non. C'est que, vraiment, c'est
une...
M. Léger: On est nombreux ensemble pour garder le
secret.
M. Tardif (Louis): ... question que nous étudions
présentement. Mais une chose est bien sûre: Si on veut, par
exemple, pouvoir se servir de la Loi des pouvoirs spéciaux de certaines
corporations, de pouvoir obtenir l'autorisation d'une autre législation,
de pouvoir faire affaire dans une autre province, la première question
qu'on va nous poser sera: Avez-vous un pouvoir bien clair à ce sujet
dans votre loi constitutive? Là...
M. Bellemare (Johnson): Je vais vous poser une question
là-dessus.
M. Tardif (Louis): Oui.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que les ban-
ques n'ont pas un effet différent dans l'Ontario, avec ce que
vous demandez ce matin?
M. Tardif (Louis): Je ne sais pas pour les banques, mais de toute
façon, les banques sont régies par la loi fédérale,
tandis que nous, nous sommes régis par une loi provinciale.
Ce que nous voulons est d'avoir, précisément, de
façon très claire, dans notre droit, ce que le législateur
du Québec peut nous donner.
Une fois que nous l'aurons, nous ne pouvons pas aller plus loin. Nous ne
pouvons pas vous demander, aujourd'hui, l'autorisation de faire affaires au
Manitoba.
Une fois que nous aurons cela, de façon très
précise, dans notre lospéciale, à ce moment, nous pourrons
demander l'autorisation, s'il y a lieu, de faire affaires dans une autre
province. Cette autorisation nous sera peut-être donnée de
façon très limitative, d'accord, mais nous verrons à ce
moment. Mais il nous faut d'abord cela dans...
M. Bellemare (Johnson): Vous aurez affaire au pouvoir central,
à ce moment.
M. Tardif (Louis): C'est possible.
M. Rouleau: Je m'excuse. Je sens le besoin de revenir sur ce que
M. Tardif a expliqué. Notre demande est pour régler des
problèmes de services, comme M. Léger l'a dit tantôt. Il
n'est pas question d'être membre d'autres patentes, d'être ci et
d'être ça. C'est purement d'être capable de donner des
services et que notre pouvoir ne soit pas contesté, légalement,
pour transiger avec d'autres, à l'intérieur de la province de
Québec et à l'extérieur du Québec.
C'est ainsi que cela a été présenté. Je
regrette... M. Charron est là. Parce que ce qui est
l'élément dominant, actuellement, c'est tout notre service de
télétraitement qui est une affaire qui est probablement, la plus
grosse affaire au Canada. Au Québec, parfois, on manque des coups, mais
on a un maudit bon coup dans le Québec avec ce qu'on a chez nous.
Or, nous avons avantage à donner les avantages des services qu'on
a construits chez nous à d'autres fédérations, par
exemple, de caisses d'épargne et de crédit à
l'extérieur du Québec. D'une part, parce que c'est un
système qui se fera bientôt à l'échelle du Canada
et, deuxièmement, parce que cela nous permet de rentabiliser davantage
les immobilisations qu'on est obligé de faire dans le Québec.
Je vous disais tantôt: Si on utilisait la Loi des compagnies de la
province de Québec, cela ne pose aucun problème. Je ne suis pas
un avocat, mais, si on était une compagnie dans le Québec, on
pourrait donner des services à n'importe qui dans le pays et cela ne
poserait aucun problème.
M. Bellemare (Johnson): Parce que vous êtes une
société mutuelle, une coopérative...
M. Rouleau: Parce qu'on est une coopérative.
M. Bellemare (Johnson): ... par une loi spéciale.
M. Rouleau: Parce que l'esprit de votre question, M. Bellemare,
je pense l'avoir compris. M. Bellemare dit: A l'intérieur de la province
de Québec, cela ne pose pas de problèmes, même en dehors de
vos membres.
M. Bellemare (Johnson): C'est cela.
M. Rouleau: Mais quelles seront les conséquences ou les
répercussions de contrats que éventuellement, vous pourriez
signer avec d'autres qui sont à l'extérieur du Québec?
C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): Ce matin, en vous donnant ce droit de
pouvoir négocier en dehors, de contracter avec d'autres en dehors...
S'il arrivait, à un certain moment, un bref de quo war-ranto, par
exemple, sur une position prise par quelqu'un qui serait en Ontario, un
banquier qui dirait: Vous n'avez pas le droit d'aller là, cela
pourrait-il se produire? Parce que ce ne sont pas seulement vos membres, comme
le disait tout à l'heure le député de Lafontaine, qui en
bénéficieront. Ce sont tous ceux qui voudront se servir de cet
ordinateur qui est fantastique. Je l'ai vu. C'est sûr et certain que
c'est une grosse affaire. C'est peut-être la plus grosse au point de vue
de l'informatique dans la province. C'est très bien, mais parce que vous
dépendez d'une loi spéciale et parce que vous allez en dehors et
que ce ne sont pas des membres, ce sont des services que vous offrez. Je me
pose la question: En êtes-vous là? Si vous êtes capable de
me dire: Non, il n'y a pas de problèmes, je n'ai pas de
problèmes, mais vos avocats en avaient.
M. Rouleau: II n'y a pas de problèmes. M. le
député de Johnson.
M. Bonnier: Si le député de Johnson me le permet,
s'il y avait tout ce que la fédération demande, c'est un pouvoir.
Qu'il y ait peut-être des problèmes...
M. Bellemare (Johnson): C'est le député qui exerce,
actuellement.
M. Bonnier: Non.
M. Bellemare (Johnson): Ah oui! Aujourd'hui, ils en font
avec...
M. Rouleau: Je peux le dire. On transige avec la
Fédération des caisses françaises de l'Ontario
Limitée.
M. Bellemare (Johnson): Certainement.
M. Rouleau: II y a des caisses populaires qui ont le
système de télétraitement, le même que celui de la
province de Québec.
M. Bonnier: Je veux dire ceci: La fédération veut
que cela soit clair.
M. Rouleau: C'est cela.
M. Bonnier: Et si, par ailleurs, il arrivait qu'à cause
d'une autre loi d'une autre province, la fédération n'ait pas le
droit, à mon avis c'est un autre problème.
Attendons d'arriver à la rivière avant de traverser le
pont.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président... M.
Léger: M. le Président...
Le Président (M. Gratton): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: Je voudrais quand même résumer la
pensée que je décèle à l'intérieur de cet
article. La Fédération des caisses populaires doit recruter ses
membres au Québec, tout le monde le sait, et elle travaille pour eux.
Mais elle doit aussi rentabiliser ses services. Elle a des moyens de le faire.
Je donnerais comme exemple, peut-être, la coopérative
fédérée qui est une coopérative pour le bien de ses
membres, mais qui fait affaires partout dans le monde. C'est la même
chose pour la Fédération des caisses populaires. Elle veut tout
simplement être capable, tout en s'occupant de ses membres, en recrutant
ses membres au Québec, de faire affaires ailleurs. Je ne vois pas
pourquoi il y aurait un problème là.
M. Bellemare (Johnson): II n'y a pas de problème, c'est
sûr. Simplement, on constate un fait ce matin. Si les honorables
messieurs de la fédération sont devant nous, c'est parce qu'il y
a des inquiétudes quelque part. Les avocats ont dit: II y a
peut-être un danger et vous voulez le faire éclaircir ce matin en
vous donnant cet article, qui pour moi est très large. Il va presque
jusqu'au blanc-seing.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que l'alinéa 9 a)
est adopté?
M. Léger: En ce qui me concerne, M. le Président,
il est adopté.
Le Président (M. Gratton): Adopté. Alinéa 9
b)?
M. Léger: A l'alinéa 9 b), M. le Président,
j'aurais une question à poser aux représentants.
M. Bonnier: Est-ce qu'on pourrait, M. le Président, avant
de...
M. Léger: C'est une question que j'avais à poser au
député de Taschereau. Est-ce qu'il est prêt à me
répondre?
M. Bonnier: Avant de poser la question, j'aimerais bien qu'on
s'entende qu'il s'agit, à ce moment-ci... D'ailleurs l'ensemble du
projet de loi est surtout d'ordre opérationnel et ici, contrairement
à précédemment, il s'agit d'une modification à la
Loi des caisses d'épargne et de crédit en ce qui regarde
simplement la commission de crédit. Le but de cela c'est que dans le
fond, la fédération ne faisant pas de prêt à ses
membres, ne faisant pas de transaction financière comme celle-là,
n'a pas besoin, à toutes fins pratiques, de commission de crédit.
C'est tout.
M. Léger: M. le Président, je pense que c'est une
loi pour la fédération. La question que je voulais poser au
député de Taschereau est la suivante: La demande qui a
été faite par la fédération concernant le
comité de surveillance, est-ce que le député peut nous
dire la raison pour laquelle on ne l'a pas accordée?
M. Bonnier: Tout à l'heure, on écoutera la
fédération; mais si vous voulez, on va d'abord adopter 9 b) qui
regarde la commission de crédit et, s'il y a lieu d'avoir un conseil de
surveillance, je suggèrerais que ce soit à 9 c).
M. Léger: D'accord, mais je vous pose la question.
Autrement dit, vous n'êtes pas opposé à sa demande, mais je
me demande pourquoi le gouvernement n'a pas retenu cette demande.
M. Bonnier: On aura l'occasion d'entendre le point de vue de la
fédération là-dessus.
M. Léger: Mais je pose une question. Vous ne pouvez pas me
dire actuellement pourquoi vous avez refusé?
M. Bonnier: Oui, je vais vous le dire tout à l'heure, M.
le député de Lafontaine, mais j'aimerais bien, au niveau de
l'ordre des procédures, qu'on adopte d'abord 9 b) puisqu'il s'agit de la
commission de crédit et non pas du conseil de surveillance. Si on est
tous d'accord avec 9 b), après cela on procèdera à votre
question, si vous êtes d'accord.
M. Léger: Je suis d'accord. Alors, je repose ma
question.
M. Bonnier: Est-ce que tout le monde est... Adopté?
Le Président (M. Gratton): Adopté. Alinéa 9
c). M. Léger: Alors, je pose ma question.
M. Bonnier: Voici. Personnellement, j'entretiens... Pardon, M. le
Président?
Le Président (M. Gratton): Je faisais simplement la
remarque que vous êtes très procédurier.
M. Bonnier: J'aime bien me comprendre.
Le Président (M. Gratton): Je vous encourage à
continuer, d'ailleurs.
M. Bonnier: Merci, M. le Président. Personnellement, en ce
qui regarde le conseil de surveillance, j'entretiens certaines
préoccupations. Il est exact que la fédération nous a
demandé que le conseil de surveillance soit suspendu de la même
façon que la commission de crédit. Comme j'avais certaines
hésitations, on ne l'a pas mis dans le projet de loi quitte à le
discuter en commission parlementaire. C'est ce que nous faisons ce matin.
Là-dessus, j'ai été très franc avec la
fédération, j'ai dit: Vous avez non seulement le
privilège, le droit, mais également le privilège et tout"
le reste, d'assister à la commission parlementaire et d'être
entendue par l'ensemble de la commission parlementaire.
Ce que j'aimerais, avant d'aller plus loin dans notre discussion, sur le
conseil de surveillance... Je ne dis pas que les suggestions de la
fédération n'ont pas d'allure, je dis tout simplement qu'elles
sont peut-être discutables. Cela veut dire qu'il peut y avoir
peut-être deux points de vue, et je serais très heureux d'entendre
le point de vue de la fédération pour qu'elle nous explique d'une
façon bien objective le pourquoi de sa demande originale.
M. Tardif (Louis): Si vous permettez, je voudrais préciser
notre demande et ensuite, je demanderais à M. Morin qui est
économiste de compléter sur l'aspect à l'égard
duquel il est plus familier. D'abord, je voudrais préciser que... Avant
tout, je voudrais remercier M. Bonnier de sa franchise et de sa largeur
d'esprit. Parce que c'est très vrai, ce qu'il nous...
M. Bellemare (Johnson): II n'est pas loin de la conversion.
M. Bonnier: Vous croyez ça?
M. Tardif (Louis): Ce que nous demandons, je tiens à le
préciser, c'est que, quant à la commission de crédit, de
même que pour le conseil de surveillance, la fédération
n'ait pas à avoir cette commission et ce conseil, à moins que
l'assemblée générale ne l'exige. Donc, je pense que nous
voulons bien protéger l'aspect démocratique qui pourrait se
soulever à cet égard. Deuxièmement, nous disons qu'il
n'est pas nécessaire d'avoir ni un conseil de surveillance ni une
commission de crédit et cela, principalement pour trois raisons. La
première, j'ai insisté un peu là-dessus tout à
l'heure, je rappelle que la fédération, au provincial, est une
fédération de fédérations et non pas une
fédération de caisses. La deuxième raison découle
du rôle de la fédération qui est une
fédération de services, une fédération qui ne
consent pas de prêts, qui ne reçoit pas de dépôt, qui
n'est là que pour rendre des services aux fédérations
régionales.
La troisième que je trouve la plus forte, si vous me permettez,
c'est que tous les membres de la fédération sont présents
au conseil d'administration et c'est vraiment particulier. C'est-à-dire
que, si on pense à une fédération de caisses, vous pouvez
avoir une fédération régionale qui a 300 cais- ses et vous
avez dix caisses qui sont représentées au conseil
d'administration. Alors qu'ici, vous avez tous et chacun des membres de la
fédération qui sont présents au conseil d'administration
de la fédération.
M. Léger: Autrement dit, c'est eux la surveillance.
M. Tardif (Louis): Ils sont là.
Ce sont principalement les raisons de doctrine qui militent en faveur de
notre demande. Si vous me permettez, je voudrais demander à M. Morin
d'expliquer davantage peut-être cette question de conseil de
surveillance.
Le Président (M. Gratton): M. Morin.
M. Morin (André): Nous avons regardé, face à
l'hésitation du gouvernement devant la disparition du conseil de
surveillance au niveau de notre fédération, plus en profondeur le
rôle du conseil de surveillance dans différentes lois. Dans les
lois américaines et dans celles des autres provinces canadiennes
régissant les caisses d'épargne et de crédit, on retrouve
toujours, comme fonction de base d'un conseil de surveillance, une
vérification physique des actifs et des avoirs de la caisse
populaire.
Il doit s'assurer qu'une inspection annuelle soit faite ou la faire
lui-même, si la caisse est très petite et qu'il n'y a pas de
service d'inspection d'organisé dans d'autres provinces, cela
existe et il doit s'assurer que les opérations de la caisse sont
conduites en conformité de la loi, du règlement et des
décisions de l'assemblée générale. Mais c'est une
préoccupation de surveiller physiquement les fonds de la caisse.
Il y a une deuxième idée qu'on retrouve dans ces diverses
législations. Le conseil de surveillance doit s'assurer de temps
à autre, par des vérifications partielles, que les carnets de
caisse des membres correspondent à la comptabilité de la caisse.
Là aussi, nous sommes physiquement où sont les piastres et les
cents.
Le troisième rôle d'un conseil de surveillance est de
vérifier ou de contrôler les décisions de la commission de
crédit et les opérations qui en découlent. Pour lui
permettre d'exercer ces fonctions, le conseil de surveillance a, règle
générale, deux pouvoirs: suspendre de leurs fonctions les
commissaires de crédit et certains employés de la caisse, s'il y
avait des détournements de fonds ou des erreurs et de convoquer au
besoin une assemblée générale spéciale de la caisse
pour faire ressortir les illogismes qui pourraient s'y passer.
Quand on regarde ces fonctions, ce sont des fonctions de surveillance,
piastres et cents, et c'est un contrôle sur une commission de
crédit. Quand on voit que vous acceptez que la commission de
crédit disparaisse, on se demande pourquoi vous n'acceptez pas aussi que
le conseil de surveillance ne soit pas là, parce qu'une de ses fonctions
importantes est de surveiller les activités de la commission de
crédit.
Me Tardif a énuméré tout à l'heure les
raisons
qui font qu'au niveau de la fédération il n'y a pas de
transactions ou très peu de transactions qui se font, ce n'est pas une
caisse, il n'y a pas de commission de crédit, il n'y a pas de
prêts et il y a une vérification officielle qui est faite par une
firme comptable externe pour notre comptabilité. Cela ne donne pas lieu
d'avoir un conseil de surveillance de ce côté-là.
Nous avons regardé, à la grandeur du pays, qui avait
encore des conseils de surveillance. Les conseils de surveillance existent dans
la législation des diverses provinces canadiennes pour les caisses. Mais
il n'y a rien qui parle de conseil de surveillance au niveau de
fédérations de caisses, dans les diverses provinces
canadiennes.
Si on regarde la Fédération des caisses populaires
acadiennes, au Nouveau-Brunswick, elles n'ont plus de conseil de surveillance
depuis déjà 30 ans. En Ontario, à la
Fédération des caisses populaires de l'Ontario Ltée, le
conseil de surveillance est disparu depuis quinze ans. Dans toutes les
fédérations de Credit Unions, il n'y en a aucune qui ait un
conseil de surveillance. Pas besoin de vous dire qu'au niveau de la
Fédération des fédérations de Credit Unions, NACCU,
National Association of Canadian Credit Unions, il n'y a évidemment pas
de conseil de surveillance, ni de commission de crédit.
Le conseil d'administration de la Fédération est un
conseil très large, très représentatif, on l'a
déjà mentionné. Comme vous avez 31 personnes qui
représentent tous les membres, ce conseil d'administration est, en plus,
appuyé par des commissions fonctionnelles qu'il a créées
et des comités consultatifs.
Il y a cinq commissions qui existent: La commission de gestion; la
commission de sélection et de mise en candidature; la commission de
régie de l'inspection; la commission de l'éducation et la
commission des relations de travail.
Il y a neuf comités consultatifs: des affaires bancaires et de la
compensation; des affaires juridiques; de la communication; de la formation; de
l'informatique; des normes et procédés techniques; du personnel;
dès placements et du télétraitement.
Toutes ces commissions, tous ces comités consultatifs ont
été créés pour épauler, pour appuyer le
conseil d'administration dans ses décisions et dans ses orientations. Il
ne nous semble pas qu'on ait besoin d'un conseil de surveillance à
travers tout cela qui risquerait beaucoup plus de mêler les cartes que
d'être utile.
M. Bellemare (Johnson): M. Morin, est-ce que vous vous êtes
déjà servis de ce conseil de surveillance?
M. Morin (André): II y a eu des gens qui ont
été nommés parce que la loi exigeait qu'ils soient
là, mais ils étaient malheureux.
M. Bellemare (Johnson): II y a eu un fait...
M. Rouleau: La fédération a été
fondée en 1932.
M. Bellemare (Johnson): Oui. M. Rouleau: De 1932 à
1972... M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Rouleau:... on n'a jamais respecté la loi. Si on veut
parler en terme de loi, il n'y a jamais eu de conseil de surveillance ni de
commission de crédit au niveau de la fédération des
fédérations qui est la fédération de Québec.
Mais, en 1972, avec les réaménagements de la
fédération, quand on a introduit par la loi 80 les institutions
membres de la fédération au même titre que les unions
régionales, au terme de la Loi des fédérations, sur le
plan juridique je n'étais pas là avant on
était vraiment en marge de la loi.
Les légalistes ont dit: Ecoutez, d'accord, de 1932 à 1972,
on n'a jamais eu de conseil de surveillance et de commission de crédit.
Je vous donne, comme exemple: Si je m'en vais sur la route et que je ne vois
pas d'enseigne de ne pas aller plus vite que 70 milles à l'heure, je
m'en vais à 100 milles à l'heure tant que je n'en vois pas une
m'interdisant d'aller plus vite que 70 milles à l'heure. Mais, à
partir du moment où je sais que je ne peux pas aller plus vite que 70
milles à l'heure, je ne peux plus dire que je ne sais plus la vitesse
que je dois respecter.
M. Bellemare (Johnson): On veut baisser à 55 milles
à l'heure.
M. Rouleau: D'accord. Ce qui arrive...
M. Bellemare (Johnson): II est arrivé une
difficulté, à un moment donné, avec une caisse populaire,
une fédération dans la ville de Montréal. Vous vous
souvenez de cela?
M. Rouleau: Oui.
M. Bellemare (Johnson): La fédération des
fédérations est intervenue à ce moment pour
régulariser certaines choses. Etait-ce le conseil de surveillance qui a
agi à ce moment?
M. Rouleau: Quand la fédération des
fédérations agit, elle agit, généralement, soit par
son service d'inspection qui est consacré par la loi et qui est au
niveau de la fédération des fédérations...
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas, à ce moment, le
comité de surveillance qui est arrivé pour régler le
problème?
M. Rouleau: Pour finir ma pensée, M. Bellemare...
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Rouleau:... c'est que, de 1932...
M. Bellemare (Johnson): A 1972.
M. Rouleau:... à 1972, il n'y a jamais personne qui a
senti le besoin...
M. Bellemare (Johnson): De se servir de cela.
M. Rouleau: ... de se servir de cela et de demander d'avoir
formellement le conseil de surveillance et la commission de crédit.
M. Bellemare (Johnson): Après, il n'y a jamais personne
qui s'en est servi non plus?
M. Rouleau: A partir de 1972...
M. Bellemare (Johnson): C'est devenu légal.
M. Rouleau: ... quand on a fait nos règlements, on a dit:
On va être catholique romain. La loi le dit, on le met dedans, quitte
à revenir au niveau du législateur et à lui demander
d'abolir le conseil de surveillance et la commission de crédit. Oublions
"abolir".
A ce moment, on s'est dit: On n'est pas pour revenir, en 1973, amender
le bill 80 seulement pour une chose comme cela. On va attendre et, au fur et
à mesure qu'on va accumuler des choses qui devront être
présentées au législateur pour bonifier la loi 80, on le
fera.
Ceux qui siègent au conseil de surveillance et à la
commission de crédit, à la fédération des
fédérations, actuellement, depuis trois ans, ce sont des gens qui
se sacrifient. Ils acceptent, au fond, de boucher un trou temporairement parce
que, à toutes fins pratiques, on a eu des réunions avec eux. A
chaque assemblée annuelle de la fédération qui se tient au
mois de mars, tantôt à Québec, tantôt à
Montréal, comme président, je suis obligé d'expliquer,
à chaque fois, devant toutes les caisses populaires présentes,
que cela ne correspond pas à des besoins réels et que,
deuxièmement, il faut attendre que la loi soit amendée pour faire
disparaître ces deux choses. On demande à ceux qui se sacrifient
de rester là pour au moins sauver la face.
Excusez-moi, si je parle comme cela.
M. Bellemare (Johnson): Ma première question...
M. Rouleau:... dans le journal des Débats.
M. Bellemare (Johnson): D'accord, c'est comme cela qu'on se
comprend. Ma première question est: Est-ce qu'ils sont consentants
à se faire hara-kiri?
M. Rouleau: II n'y a pas de problème.
M. Bellemare (Johnson): II n'y a pas de problème. Ils ne
sont pas payés pour être à la commission, c'est du
bénévolat.
M. Rouleau: Le bénévolat.
M. Bellemare (Johnson): C'est du bénévolat.
Il n'y a pas d'objection. Vous ne vous en êtes jamais servi depuis
1972?
M. Rouleau: Non.
M. Bellemare (Johnson): Même pour régler des
problèmes comme à Montréal, à la caisse
populaire?
M. Rouleau: C'est le service d'inspection qui...
M. Bellemare (Johnson): Cela a été
réglé par un autre service.
M. Rouleau: II y a aussi l'union régionale qui intervient
là-dedans et qui a des pouvoirs de surveillance.
M. Léger: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
entendre maintenant...
Le Président (M. Gratton): Le député de
Lafontaine.
M. Léger:... l'autre point de vue? M. Bonnier: Je
pense que...
M. Léger: C'est sur le chemin de la conversion!
M. Bellemare (Johnson): C'est boni
M. Bonnier: Je remercie le député de Lafontaine de
me donner la parole. Ce n'est pas tout à fait un autre point de vue. Je
pense que ce que disent les délégués de la
fédération n'est pas faux. Par ailleurs, le sens de mes
préoccupations, c'est lorsque je me réfère à
l'article 59 de la Loi des caisses d'épargne et de crédit.
Il semble que M. Morin a insisté davantage sur une des fonctions
du conseil de surveillance qui est, dans le fond, de surveiller les
opérations financières et les actes de la commission de
crédit.
Mais on dit, au paragraphe b): "S'assurer que les opérations sont
conduites en conformité du règlement et des décisions de
l'assemblée générale." Dans un système
coopératif, comme on le sait, tout repose beaucoup sur la bonne foi des
gens, des épargnants, quand on passe de palier à palier,
évidemment, sur la bonne foi des gens qu'on a mis en place. Le
rôle d'un conseil de surveillance, c'est d'assurer que la
démocratie va fonctionner, non seulement lors de l'assemblée
générale, mais tout au long de l'année. C'est pour cela,
je pense, que le législateur a donné des pouvoirs assez
étendus au conseil de surveillance. Il peut convoquer, s'il
s'aperçoit qu'au cours de l'année, il y a des actes qui ont
été commis qui ne sont pas en relation avec les desiderata de
l'assemblée générale, il peut convoquer une
assemblée générale spéciale à cet effet. Il
a des pouvoirs. C'est un peu pourquoi j'avais un point d'interrogation. Ce que
j'admets, cependant, c'est que, dans l'ordre pratique, en ce qui regarde la
fé-
deration de Québec des caisses populaires Desjardins, tous les
membres sont représentés au conseil d'administration. On pouvait
se demander, à ce moment, si ce n'est pas de la redondance tout
simplement, Ce que nous a expliqué M. Rouleau, c'est qu'il avait
l'impression que les membres qui étaient nommés une fois par
année pensaient qu'ils étaient inutiles.
Mon deuxième point d'interrogation, M. le Président... En
fait, j'en ai trois. Quant au troisième, je poserai la question aux
délégués de la fédération. Mon
deuxième point, c'est que, s'il est vrai que tous les membres sont
représentés au conseil d'administration, il reste qu'à
l'article, je n'ai pas le numéro ici, mais, dans la Loi des caisses
d'épargne et de crédit, à l'article 4, chapitre 80, on dit
bien que l'assemblée générale est constituée des
délégués des membres. Or, les
délégués des membres, je ne sais pas, cela peut être
autour de 200 personnes. Est-ce que c'est cela, à l'assemblée
générale?
M. Rouleau: Ce sont les membres des trois conseils et des dix
unions régionales...
M. Bonnier: 250. En tout cas, de toute façon...
M. Rouleau: ... et les membres des conseils d'administration des
institutions.
M. Bonnier: Mon point d'interrogation, c'est que je me disais:
C'est très exact, dans l'ordre pratique, que tous les membres soient
représentés au conseil d'administration, y compris les
corporations, mais tous les délégués n'y sont pas. Comme
les délégués sont plus nombreux que ceux qui font partie
du conseil d'administration, ce que dit M. Rouleau, c'est vrai que le conseil
de surveillance n'a jamais été bien actif au niveau de la
fédération. A un moment donné, on a cru bon d'en mettre
un, parce que la loi l'exigeait, mais il reste qu'il a quand même un
bien-fondé, en ce sens que tous les délégués ne
sont pas représentés au conseil d'administration, même si
tous les membres le sont. Alors, il pourrait y avoir, théoriquement et
dans l'ordre des principes, j'en conviens, avantage à garder le conseil
de serveillance.
Ma troisième préoccupation, c'est une préoccupation
d'entraînement. Est-ce que les délégués de la
fédération pourraient nous assurer que le fait, pour la
fédération, parce que, dans l'ordre pratique, cela ne rime pas
à grand-chose, tout le monde en conviendra, de ne pas avoir un conseil
de surveillance qui fonctionne, puisque, si je comprends bien la suggestion de
la fédération, elle ne demande pas au législateur de faire
disparaître le conseil de surveillance, comme dans le cas de la
commission de crédit, mais demande tout simplement de le laisser, mais
de laisser le pouvoir à l'assemblée générale d'en
suspendre l'exercice pour la période de temps qu'elle jugera à
propos... Si ce geste était accepté par le législateur,
est-ce que cela pourrait avoir en effet d'entraînement au niveau des
unions régionales et des caisses populaires locales qui, après
cela... Parce qu'éventuellement, on va amender la Loi des caisses
d'épargne et de crédit. Est-ce que c'est dangereux que cela
agisse comme précédent et que les autres paliers viennent voir le
législateur pour essayer de faire disparaître le conseil de
surveillance?
M. Bellemare (Johnson): II y aurait certainement un manque
à gagner.
M. Bonnier: C'est seulement une question...
M. Bellemare (Johnson): Vous avez l'expérience dans nos
caisses populaires, chez nous. Un comité de surveillance, c'est
absolument indispensable.
M. Bonnier: D'accord!
M. Bellemare (Johnson): Cela ne pourrait jamais... Je pense, au
grand jamais... C'est une sécurité que s'est donnée le
fondateur lui-même, et ceux qui ont exercé le pouvoir depuis ce
temps. Dieu sait dans combien de cas les caisses populaires ont
été prudentes, à cause, justement, de ce conseil de
surveillance. Cela ne pourrait pas avoir un effet d'entraînement.
Là, par exemple, tout le monde s'opposait à cela. Je pense bien
que moi, le premier, parce que c'est impensable qu'on fasse disparaître
le comité de surveillance à cet échelon.
Peut-être que, comme dit M. le Président, c'est un outil
qui ne sert pas souvent. Je suis bien prêt à croire cela, mais
avant de le faire disparaître... Je comprends que ce sont des meubles qui
ne sont pas bien utiles...
M. Léger: Dans la demande, est-ce que ce n'était
pas tout simplement non pas de le faire disparaître comme tel, mais de ne
pas avoir l'obligation de l'avoir?
M. Bellemare (Johnson): C'est ça.
M. Léger: Autrement dit, les unions régionales ou
les délégués des régionales peuvent exiger qu'il y
en ait un. La loi ne défend pas de le faire, mais seulement, elle
enlève l'obligation d'en avoir un. Si c'était un comité de
surveillance qui surveillait des fantômes et qui n'avait rien à
surveiller, je ne vois pas pourquoi cela demeurerait là comme
obligation, à moins que... Comme c'est une coopérative quand
même, les membres ont le pouvoir au degré, à l'étape
ou au niveau nécessaire de le demander. Je me demande même si les
délégués des dix unions régionales et les
représentants qui forment le conseil d'administration, eux-mêmes
ou l'un d'eux, ne peuvent pas réclamer une réunion d'urgence s'il
y avait un problème majeur. Cela existe comme tel. Les
délégués ont le pouvoir de demander une réunion
pour surveiller...
M. Bonnier: Non, ils n'ont pas le même pouvoir.
M. Léger: Les 31 représentants?
M. Bonnier: Non. Chacun, individuellement, n'a pas ce
pouvoir.
M. Léger: Ne peut pas demander une réunion de ce
comité?
M. Bonnier: Non. M. Léger: Bon!
M. Rouleau: M. le Président, d'abord il faut retenir que
le conseil de surveillance et la commission de crédit n'ont jamais
existé à la fédération, même si la loi nous
obligeait de le faire. Je n'ai pas à juger ceux qui étaient
là avant moi, de 1932 à 1972. C'est certain que s'il y avait eu
lieu d'avoir des "come-back" ce n'est pas français on les
aurait certainement eus. A ma connaissance, on n'en a jamais eu. Donc, cela n'a
jamais empêché, ni les unions, ni les caisses populaires de
maintenir leur conseil de surveillance.
En vérité M. Bonnier est au courant, parce qu'il
demeure très familier avec le fonctionnement des coopératives et
des caisses populaires au congrès des caisses, à
Montréal, en 1973, on a interrogé de nouveau les
délégués il y en avait de toutes les caisses de la
province sur le rôle et la fonction du conseil de surveillance, de
la commission de crédit, etc. Je pense bien que ces questions vont
revenir sur le tapis quand il sera question d'amender la Loi des caisses
d'épargne, probablement le printemps prochain. Je n'ai pas à
décider, mais je sais que c'est en discussion.
Mais quand M. Léger parle du conseil d'administration de la
fédération, ce sont toutes les parties qui sont là. S'il y
a quelque chose qui ne marche pas... Je tiens à dire ceci. C'est
important, ce qu'on dit là. La fédération des
fédérations j'en parle, parce que je suis là depuis
quatre ans parfois, on dit: Le pouvoir est en haut. Il y a
peut-être un pouvoir moral, mais le pouvoir réel, il est en bas. A
preuve, c'est que tu n'es pas capable de décider quoi que ce soit, au
troisième niveau, sans que tu n'aies l'accord de toutes les parties.
Jamais!
M. Bellemare (Johnson): Unanimement.
M. Rouleau: Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Unanime.
M. Rouleau: Unanime. Quand on le fait sur division, je vous dis
qu'il ne faut pas le faire souvent. Les gars disent: II y a des dissensions.
Mais je peux vous dire, d'après mon expérience depuis quatre ans,
pour vous donner des exemples, qu'il a fallu avoir l'accord de toutes les
parties. Ce qu'on discute là, c'est d'aller dans chaque conseil
d'administration d'union régionale et d'institution. On est mal à
l'aise pour venir ici... Je tiens à dire cela.
Au deuxième niveau, la situation est différente, parce que
là, c'est un regroupement de caisses, où il se fait des
opérations financières économiques. C'est supplétif
aux besoins des caisses, compensations, etc. La situation est bien
différente quand c'est au deuxième niveau, au ni- veau d'unions
régionales de Montréal, de Trois-Rivières ou de
Québec.
Mais quand tu arrives au niveau...
M. Bellemare (Johnson): Vous pouvez parler de celle du
Cap-de-la-Madeleine...
M. Rouleau: Le Cap-de-la-Madeleine, là, c'est au
troisième niveau, c'est la base.
M. Bellemare (Johnson): C'est ma caisse à moi.
M. Rouleau: Ça, c'est le peuple.
Au troisième niveau, ce sont vraiment un organisme de
coordination, de planification, d'orientation, mais avec les parties. Je dis
que la fédération est complémentaire au rôle des
unions et des institutions. La preuve est que les gens qui sont au
troisième niveau sont les parties du deuxième niveau qui sont
là.
Nous sommes des employés au troisième niveau, mais, au
fond, nous sommes complémentaires au deuxième niveau, à
tout le personnel qui est là. C'est difficile à
démêler dans l'opinion publique, mais c'est tout de même
cela.
Le pouvoir, en réalité, est au niveau des caisses.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, M. Charron avait
demandé la parole, tout à l'heure. Je pense qu'il serait
intéressant de l'entendre.
M. Charron (Paul-Emile):... c'est parce que je ne voulais pas
donner l'impression que je répondais à M. Bonnier. J'avais
demandé la parole avant, c'est un autre qui a parlé. De toute
façon, ce n'est pas un problème.
Je pense qu'il y aurait lieu, historiquement parlant, pour bien situer
le rôle de la fédération, de dire qu'en 1932, quand la
fédération a été fondée, dans le mois de
septembre 1932, et, à la suite de sa fondation, le gouvernement
provincial, sentant une obligation, parce qu'on était pendant la crise,
de protéger le peu d'épargne à ce moment, il y
avait une vingtaine de millions dans les caisses populaires, ce n'était
pas bien administré parce que ce n'était pas bien
surveillé, il n'y avait pas tellement une bonne surveillance se
sentant responsable, a constitué la fédération comme le
conseiller de surveillance de la fédération et a exigé,
pour donner une subvention de $20,000 pour exercer le contrôle, la
surveillance, parce qu'on n'avait pas de fonds, la déposition des
règlements de la fédération qui ont été
examinés pour vérifier, premièrement, si la
fédération existait, juridiquement parlant, et
deuxièmement, si elle était bien définie dans les
fonctions pour justifier la subvention de $20,000.
Il a adopté une loi, s'il vous plaît ce n'est pas
par arrêté en conseil, c'est un fait historique, vous pouvez
regarder dans les statuts refondus de la province...
M. Bellemare (Johnson): Oui. On l'a augmenté à
$75,000.
M. Charron (Paul-Emile):... et c'est bien dit. Il fait une
référence aux objectifs, aux règlements de la
fédération et nous confère le rôle de surveiller et
d'assurer le développement des unions régionales. Il y en avait
quatre, à ce moment et des caisses populaires existantes. Il
donnait deux mandats à la fédération, le mandat de faire
l'inspection pour exercer la surveillance et le mandat de contrôler tous
les placements que les caisses faisaient, c'est-à-dire les
opérations de prêt en dehors de leurs membres, pour bien
surveiller le...
Alors, je me dis ceci: Historiquement parlant, la
fédération est le conseil de surveillance de la
fédération et la fédération exerce son rôle
de conseiller de surveillance, non seulement par l'inspection et la
vérification, mais en utilisant les conseillers de surveillance des
caisses, bien sûr, dans la loi, et aussi, les conseillers de surveillance
des unions régionales. Je ne vois pas du tout la
fédération venir ici, devant l'Assemblée nationale et
demander au législateur, qui a légiféré depuis
aussi longtemps sur cette... depuis 1906 cela a été
sanctionné par la loi de 1906, la loi de 1963 et dire,
maintenant: On vient vous demander, au nom des caisses et au nom des unions
régionales de supprimer les conseillers de surveillance des caisses et
des unions régionales.
On n'aurait pas l'air tellement brillant et je m'imagine que le
législateur n'accepterait jamais une telle chose. Alors, il n'est pas
question de supprimer les conseillers de surveillance. Il est question de dire
simplement que le conseiller de surveillance de la fédération,
c'est le gouvernement parce qu'il a donné un mandat. Il ne faut pas
oublier une chose: La Fédération de Québec des unions
régionales des caisses populaires, qui est une fédération
de fédérations régionales de caisses, exerce au nom du
gouvernement et a un contrat de signé en bonne et due forme
là-dessus. On en a dans nos archives et c'est aussi dans les archives du
gouvernement, la fédération est le conseil de surveillance qui
exerce au nom du gouvernement la surveillance des caisses, des unions de la
fédération. On fait rapport au gouvernement et ce dernier est le
conseiller de surveillance de la fédération. Alors, qu'est-ce
qu'on veut avoir de plus?
M. Léger: Pourriez-vous me dire quelle était la
formulation de votre demande au gouvernement concernant ce point précis
de la disparition de l'obligation d'un conseil de surveillance? La formulation
comme telle.
M. Charron (Paul-Emile): II y a eu une résolution qui a
été discutée, comme l'a dit tout à l'heure, le
président, à deux réunions. Comme je vous l'ai dit tout
à l'heure, les règlements ont été
déposés en 1937 et il n'était pas question de conseiller
de surveillance, ni de commission de crédit à la
fédération. Il n'y en a jamais eu, excepté, à la
suite de la refonte du bill qui nous a été donnée en 1971,
on a agrandi, restructuré la fédération et on a fait
entrer les unions régionales.
A ce moment, la constitution a été examinée par les
conseillers juridiques.
Ils ont dit: Si vous voulez respecter la lettre de la loi, cela nous
prendrait une commission de crédit et un conseil de surveillance, parce
que ce n'est pas dit nommément que vous en êtes dispensés.
On le fait, mais on n'a jamais pu lui donner aucune fonction.
M. Léger: Mais, M. Charron, ce que vous avez
demandé...
M. Charron (Paul-Emile): ... l'assemblée
générale a voté une résolution. Je peux vous en
donner le texte si cela vous intéresse.
M. Léger: C'est cela. D'accord.
M. Charron (Paul-Emile): Projet de modification de la loi.
Ajouter un nouvel article 8 c) qui pourra se lire comme suit: Proposé,
secondé, résolu à l'unanimité que la
Fédération de Québec des caisses populaires soit
autorisée à demander aux autorités compétentes que
les modifications... Ce qu'on a déjà lu tout à l'heure. Et
on ajoute celle-ci: Les dispositions des sections X et XI de la Loi des caisses
d'épargne et de crédit ne s'appliquent pas à la
Fédération de Québec des caisses populaires Desjardins de
sorte qu'un conseil de surveillance et une commission de crédit ne
soient pas requis à la Fédération.
Dans nos discussions avec le gouvernement, on a envoyé un
mémoire additionnel pour dire qu'on n'a aucune espèce d'objection
à ce qu'on laisse le soin à l'assemblée
générale de la Fédération, qui est
constituée des administrateurs, des commissaires et des conseillers de
surveillance des dix unions régionales, membres de la
Fédération, plus le conseil d'administration de toutes les
institutions membres de la Fédération, comme je vous disais, les
sociétés d'assurance, de fiducie et l'Institut coopératif
Desjardins, l'état-major, si vous voulez, des mandataires du mouvement
des caisses, des unions et des institutions...
M. Bonnier: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander au conseiller juridique qui avait fait une suggestion...
M. Charron (Paul-Emile): Oui, c'est cela. C'est là qu'on a
fait la suggestion, à ce moment-là...
M. Bonnier: C'est qu'on voudrait...
M. Charron (Paul-Emile): ... pour faciliter la discussion au
point de vue démocratique pour le gouvernement. On a dit: Laissons tout
simplement le soin à l'assemblée générale de
décider s'il y aura un ou s'il n'y aura pas de conseil de
surveillance.
M. Tardif (Louis): Si vous permettez, M. Charron, je pense que le
texte deviendrait ceci...
M. Charron (Paul-Emile): Qu'est-ce que c'est, votre suggestion
dans l'ordre pratique?
M. Tardif (Louis): C'est cela. Le texte deviendrait ceci.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous avez des copies que nous
pourrions...
M. Tardif (Louis): Je n'ai malheureusement pas de copie.
M. Léger: ... tranquillement. M. Bonnier: Oui,
d'ailleurs...
M. Tardif (Louis): Vous pouvez suivre dans le projet de 95, en
fait, il y a deux mots qui changent. Au lieu de "la section XI, ce serait "les
sections X et XI" et là, je suis dans le texte: "de la loi des caisses
d'épargne et de crédit relatives à la commission de
crédit ne s'appliquent pas à la Fédération... Et
nous ajoutons: "à moins que l'assemblée générale
n'en décide autrement." C'est tout. C'est l'article tel qu'il est
là en ajoutant un peu au début et à la fin.
M. Bellemare (Johnson): Le député de Taschereau est
certainement...
M. Léger: Si le député de Taschereau est
d'accord.
M. Bellemare (Johnson): S'il est d'accord.
M. Léger: Je suis d'accord pour appuyer et s'il veut le
proposer lui-même ou... Je suis d'accord pour l'appuyer.
M. Bellemare (Johnson): Ce serait être du
siècle.
M. Bonnier: Est-ce que vous pourriez la relire
tranquillement.
M. Tardif (Louis): Oui, sûrement. Alors: "Les sections X et
XI...
M. Bonnier: Donc, vous incluez les commissions de crédit
dans le même cadre.
M. Tardif (Louis): Oui, exactement. Les sections X et XI de la
Loi des caisses d'épargne et de crédit (Statuts refondus 1964,
chapitre 293) relatives au conseil de surveillance et à la commission de
crédit ne s'appliquent pas à la Fédération à
moins que l'assemblée générale n'en décide
autrement.
M. Léger: D'accord. Alors, M. le Président,
étant donné qu'on a déjà adopté l'article 9
b)...
M. Bonnier: Un instant.
M. Léger: On avait adopté le premier article 9
b).
M. Bonnier: Oui, l'article 9 b) était adopté.
M. Léger: Comme c'est l'article 9 b) qui est
corrigé, on pourrait peut-être revenir pour que la proposition
soit dans l'ordre.
Le Président (M. Gratton): Je crois qu'il s'agit d'un
amendement. Si la commission est d'accord, un. amendement à l'article 9
b) qui changerait le texte actuel au texte que vient de nous lire M. Tardif
à l'effet que...
M. Bonnier: M. le Président, est-ce que les
délégués de la Fédération accepteraient une
formulation plus positive mais qui reviendrait au même? L'essence de
votre suggestion, c'est que la commission de crédit et le conseil de
surveillance ne s'appliquent pas à la Fédération à
moins que l'assemblée générale... Est-ce que vous
accepteriez de dire que la commission de crédit et les conseils de
surveillance, puisque c'est déjà dans la Loi des caisses
d'épargne et de crédit, s'appliquent, mais qu'il est loisible
à l'assemblée générale, par vote dûment
enregistré, d'en suspendre l'existence.
Est-ce que cela correspondrait également à votre
préoccupation?
M. Bellemare (Johnson): Si le député complique son
intention par des mots, dans les faits, ça va être pire. Il nous a
donné trois grandes raisons.
M. Bonnier: Je ne veux pas revenir là-dessus.
M. Bellemare (Johnson): Je pense que c'est très simple, je
l'ai écrit, si on relit la dernière phrase, quant à
l'assemblée générale. Relisez tranquillement, vous allez
voir. Les sections X et XI...
M. Bonnier: Les sections X... M. Léger: M. le
Président... M. Bellemare (Johnson):...
M. Bonnier: Un instant, je pense qu'il ne revient pas à
l'Opposition de...
M. Bellemare (Johnson): Non, et on voudrait que ce soit vous.
M. Bonnier: Un instant, est-ce qu'on peut discuter?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Léger: Avant de discuter, si vous le proposez...
M. Bonnier: On est en démocratie...
M. Léger: ... si vous le proposez, on vous appuie.
Le Président (M. Gratton): Si vous voulez discuter un
à la fois...
M. Bellemare (Johnson): Si vous parlez de la démocratie,
ne changez pas de bord.
M. Bonnier: Non, mais, M. le Président, au niveau de la
procédure, j'ai...
M. Bellemare (Johnson): ...
M. Bonnier: ... bien écouté les propos du
député de Johnson, mais j'avais posé une question au
délégué de la Fédération. Est-ce que je
pourrais avoir simplement la réaction des délégués
de la Fédération à ma question?
M. Rouleau: Je ne vois pas que, dans un texte en tout cas, si je
vous ai bien compris, on dise, dans notre loi à nous: Le conseil de
surveillance et la commission de crédit, cela s'applique nonobstant...
Je ne vois pas pourquoi on le dit quand c'est déjà dans la Loi
des caisses d'épargne et de crédit.
M. Bellemare (Johnson): C'est déjà dit dans la
loi.
M. Rouleau: Je comprends l'idée, c'est déjà
effectif.
M. Bellemare (Johnson): La loi le dit. Il demande-Le
Président (M. Gratton): M. Rouleau... M. Bellemare (Johnson):
S'il vous plaît... M. Rouleau: Continuez, M. Bellemare...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est parce que
M. Bonnier est bien intentionné, il veut que ce soit pur.
M. Bonnier: Oui, que ce soit conforme à la Loi des caisses
d'épargne et de crédit, mais étant donné que, dans
la pratique, comme on l'a dit tout à l'heure, ça ne rime pas
à grand-chose, on donne le pouvoir à la Fédération,
c'est-à-dire à l'assemblée générale de la
Fédération, de suspendre à toutes fins pratiques
l'existence de ces choses pour elle. Mais c'est parce que ces mêmes
commissions de crédit et ces conseils de surveillance continuent
à s'appliquer aux autres fédérations.
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes en faveur que
l'assemblée générale puisse avoir le pouvoir?
M. Bonnier: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Mais vous dites que ce qui existe
actuellement, commission de crédit, commission de contrôle et
conseil de surveillance, ça doit demeurer, mais si l'assemblée
générale décide autrement, ils procéderont. On leur
donne le privilège, le droit...
M. Bonnier: C'est conforme à nos discussions, M. le
député de Johnson, puisque, dans le fond, les
délégués de l'assemblée générale
élisent le conseil d'administration et font constamment les rapports;
alors, ils peuvent bien dire que ce n'est pas efficace.
M. Léger: M. le Président, il y a tout un esprit
différent dans la formulation du député de Taschereau et
la formulation des représentants des caisses populaires. Je pense que,
dans la loi, il faut dire que ça ne s'applique pas, à moins que
les gens le veuillent, parce que ça démontre l'intention du
législateur d'enlever une chose qui n'est pas pratique mais que ceux qui
désiraient le faire le font par la suite. Si le député de
Taschereau dit: Cela s'applique, nonobstant cela, il y a des gens qui vont
dire: Si le gouvernement a réellement voulu que ce soit appliqué
et qu'il nous laisse le loisir de l'enlever, c'est peut-être parce qu'il
y a des affaires, etc. Je pense qu'il faut être précis, ça
ne s'applique pas, le législateur dit ça, à moins que les
membres le veuillent.
Je pense que c'est plus positif de cette façon. Je suis
prêt à l'appuyer, si le député est prêt
à proposer que ça ne s'applique pas. S'il n'est pas prêt,
je vais proposer l'autre.
M. Bonnier: On va donc prendre le vote. M. Bellemare
(Johnson): Comment, le vote? M. Bonnier: Je veux juste vous
expliquer...
M. Bellemare (Johnson): Pas pour les caisses populaires.
M. Bonnier: ... pourquoi...
M. Léger: Avec tout le poids de votre députation,
qu'est-ce que c'est ça?
M. Bonnier: M. le Président, je voudrais prendre une
seconde pour expliquer le pourquoi de ma suggestion, qui est une simple
suggestion; après ça, on passera, je suis bien d'accord. Parce
qu'on est tous dans le même esprit, dans le fond.
M. Léger: De coopérer.
M. Bonnier: Oui, c'est ça, de coopérer. Mais voici
le pourquoi de ma suggestion. Si, un jour, il s'avérait avantageux de
réinstaller la commission de crédit ou le conseil de
surveillance, la Fédération n'aurait pas à revenir devant
le législateur, parce qu'elle garderait le pouvoir de le
réinstaller, tout simplement.
M. Léger: Dans la présentation de nos visiteurs,
ça comprend la même chose, puisqu'on dit à la fin:...
"à moins que l'assemblée générale n'en
décide autrement". Ils ont le pouvoir de le faire. C'est tout
l'esprit...
M. Bonnier: Cela voudrait dire que l'assemblée
générale pourrait revenir sur une telle décision.
M. Léger: Oui, puisque c'est dans la loi. M. Bellemare
(Johnson): La loi, la loi... M. Léger: Est-ce que vous le
proposez?
M. Bonnier: M. le Président, le Saint-Esprit m'a
éclairé...
M. Bellemare (Johnson): Lequel des deux?
M. Léger: Est-ce que vous le proposez, M. le
député de Taschereau? On a toujours coopéré.
M. Bonnier: Un instant, s'il vous plaît. Nous avons une
suggestion, M. le Président.
Mme Bacon: Je ne sais pas si cela répond aux objectifs qui
sont poursuivis. Voici le texte proposé: L'application de la section XI
de la Loi des caisses d'épargne et de crédit relative à la
commission de crédit et au conseil de surveillance peut être
suspendue sur résolution de l'assemblée générale de
la fédération. La suspension des effets de cette section entre en
vigueur à compter d'un avis à cet effet publié dans la
Gazette officielle.
Ce qui veut dire que la fédération, par résolution,
pourrait rétablir la commission ou le conseil. Je crois que c'est...
M. Bellemare (Johnson): Si vous ne la voulez pas du tout, c'est
cela, vous l'avez. Ce n'est pas cela qu'on veut. Le député de
Lafontaine l'a expliqué et le président aussi. Les trois grandes
raisons qui motivent cela, vous ne les avez pas. M. Tardif nous les a
énumérées tout à l'heure. Cela m'a
impressionné, c'est sûr, mais on veut que cela demeure dans la
loi, sauf si, à un moment donné, l'assemblée
générale disait: II faut que cela revienne. A ce
moment-là, on n'aurait pas besoin de revenir devant le
législateur et on aurait le droit de s'en servir. A moins que
l'assemblée générale en décide autrement.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: Comme ce n'étaient que des suggestions,
je fais une motion.
M. Bonnier: Non, M. le Président, c'est à moi
à faire la motion.
M. Léger: Le député a parlé de
suggestion. Faites-là à ce moment-là.
M. Bonnier: Oui, mais laissez-nous le temps. Il faut quand
même permettre au Saint-Esprit de faire son travail. On a eu une autre
suggestion.
M. Léger: La flamme n'est pas chaude.
M. Bonnier: Le député de Johnson va me
comprendre.
M. Bellemare (Johnson): La station est bonne.
M. Bonnier: M. le Président, je pense que les explications
qui nous ont été fournies sont assez claires, c'est-à-dire
que l'assemblée générale, selon la proposition fournie par
la fédération, pour- rait quand même avoir le pouvoir de
revenir sur sa décision.
M. Charron (Paul-Emile): C'est cela. C'est facultatif.
M. Bonnier: Et comme c'est cela qu'on veut, tout simplement,
personnellement, je serais prêt à proposer que l'amendement
suggéré par la fédération soit mis aux voix.
M. Léger: Pour qu'on se comprenne bien, est-ce que le
député de Taschereau convient que l'amendement proposé
tantôt est le suivant: La section X et la section XI...
M. Bonnier: On va la faire relire par le président, si
vous voulez.
M. Léger: Lequel?
M. Bonnier: Par le président. On va tous comprendre de la
même façon.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Taschereau propose: 1. Qu'on rescinde l'adoption du
sous-article 9b) et qu'on le remplace par le suivant: "Les sections X et XI de
la Loi des caisses d'épargne et de crédit (Statuts refondus 1964,
chapitre 293) relatives à la commission de crédit et au conseil
de surveillance ne s'appliquent pas à la fédération
à moins que l'assemblée générale n'en décide
autrement".
M. Léger: Cela ne peut pas être mieux.
Adopté.
Le Président (M. Gratton): Cet amendement est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Gratton): Adopté. M. Tardif.
M. Tardif (Louis): Je pense que vous avez fait juste une petite
inversion. La section X concerne le conseil de surveillance. Il faudrait que
vous nommiez d'abord le conseil de surveillance.
Le Président (M. Gratton): D'accord. On va refaire le
texte en fonction de votre remarque.
M. Tardif (Louis): Très bien.
Le Président (M. Gratton): L'article 9b), adopté
tel qu'amendé. Article 9c).
M. Léger: A l'article 9c), j'aurais une question à
poser à nos distingués visiteurs. Pour quelles raisons
demandez-vous jusqu'à 20% quand vous dites: L'ensemble de
l'investissement d'une caisse, en vertu du présent article, ne peut
excéder 20% du montant de sa réserve générale"?
Est-ce que vous avez réellement besoin d'une somme aussi
élevée que 20% pour financer les trois compagnies? Pouvez-vous
m'éclairer là-
dessus? Pourquoi aller jusqu'à 20% de l'utilisation des
réserves?
M. Charron (Paul-Emile): On a mis 20%, c'est un peu pour
prévoir l'expansion. Evidemment, on n'aurait pas besoin de 20% pour
faire l'opération, mais il faut toujours prévoir que les
institutions vont se développer et le mouvement va aussi se
développer.
C'est bien sûr que le mouvement va se développer. Mais
seules les institutions visées peuvent se développer beaucoup
plus rapidement et nécessiter une plus grande capitalisation. A ce
moment, il faudrait que les institutions...
M. Bonnier: C'est jusqu'à... Ce n'est pas
nécessairement...
M. Charron (Paul-Emile): Ce n'est pas nécessairement
20%.
M. Bonnier: Ce n'est pas nécessairement 20%.
M. Charron (Paul-Emile): Evidemment, on n'aurait pas besoin de
20% aujourd'hui. Si les caisses populaires deviennent propriétaires des
trois institutions, il faudrait qu'elles puissent continuer à le devenir
parce que, si la capitalisation augmente, il va falloir qu'elles
achètent de nouvelles parts. C'est seulement cela. C'est une
prévision.
M. Bellemare (Johnson): Le maximum de 20%, c'est quoi?
M. Morin (André): L'ensemble des réserves des
caisses est de $160 millions.
M. Charron (Paul-Emile): Si cela augmente de $20 millions, cela
représenterait $30 millions.
Une Voix: $30 millions.
M. Morin (André): Mais, dans le sens de la
préoccupation du député de Lafontaine, j'aimerais signaler
que cette participation à ces institutions, c'est sur une base
volontaire. Ce n'est pas nécessairement $32 millions qui iront
là. Il peut y avoir des caisses dans certaines régions, qui y
participeront.
M. Léger: De toute façon, si je comprends bien,
cette demande a été étudiée par votre comité
et les délégués. Même les représentants des
dix unions régionales sont d'accord sur le chiffre de 20%.
M. Charron (Paul-Emile): C'est une demande de l'assemblée
générale à l'unanimité. A la
fédération, la même résolution que je vous ai lue
tout à l'heure y est contenue.
M. Bellemare (Johnson): C'est "peut investir".
M. Charron (Paul-Emile): ... peut investir jusqu'à
concurrence de 20% et de...
M. Bonnier: M. le Président, ce qui est important aussi,
comme principe qui est en arrière de cela, je pense bien que les
députés le saisissent, c'est que, au lieu d'être
représentés par des tiers dans ces organismes qui leur
appartiennent et qu'ils finançaient, on leur donne actuellement le
pouvoir d'être directement représentés...
M. Beltemare (Johnson): De détenir les... M. Bonnier:
... et de souscrire.
M. Bellemare (Johnson): De souscrire et de détenir les
parts.
M. Bonnier: C'est cela.
M. Rouleau: En fait, on n'a jamais utilisé cela. La Loi de
la société d'assurance des caisses populaires, cela fait
longtemps. C'était de 15% de l'avoir-propre. On n'a jamais...
M. Bellemare (Johnson): C'était de 15% dans le temps;
aujourd'hui, c'est de 20%. C'est toute une différence.
M. Rouleau: Oui. Même dans ce temps...
M. Bellemare (Johnson): A cause de l'avoir des caisses. Dans le
temps, cela pouvait représenter combien, 15%? $7 millions ou $8
millions. Mais, aujourd'hui, cela représente un peu de l'avoir.
M. Rouleau: Mais, de toute façon...
M. Bellemare (Johnson): Cela peut aller jusqu'à $100
millions.
M. Rouleau: C'est cerné quand même au niveau de
trois sociétés.
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord. M. Rouleau: Ne
mélangez pas les pouvoirs.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'avez pas de siège, vous en
détenez comme nous autres.
M. Rouleau: C'est cela.
M. Charron (Paul-Emile): Comme c'est volontaire, il y en aura un
certain nombre qui ne souscriront peut-être pas. Il faudrait en avoir
assez pour permettre aux autres d'offrir le plein montant, à cause du
volontariat.
M. Bellemare (Johnson):... D'accord. M. Bonnier: Article 9
c), adopté. M. Léger: Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Gratton): L'article 2 est adopté.
Article 3?
M. Léger: Est-ce que vous pourriez simplement expliquer la
raison d'avoir au moins neuf membres et pas plus que onze ainsi que d'avoir
quatre administrateurs? Quelle relation y a-t-il entre les non-membres?
M. Bonnier: Si vous permettez, c'est que, comme on le sait, dans
la loi 80, il a été suggéré que la
Société d'investissements Desjardins prenne deux administrateurs
de l'extérieur. Dans le fond, c'est en vue de rendre plus efficace cette
société d'investissements, qui fait des placements
industriels.
C'est-à-dire que ce sont, d'une part, des
délégués des caisses populaires, des corporations, mais
aussi; au niveau de l'expérience, on a suggéré qu'il y ait
au moins deux membres. Mais, étant donné que, dans ce projet de
loi-ci, on demande que le nombre de membres soit augmenté, il y a
également avantage, en vue de profiter de l'expérience d'un plus
grand nombre de personnes de l'extérieur, mais qui seraient quand
même en minorité...
Donc, il n'y aurait pas danger qu'ils renversent l'esprit. Mais, tout de
même, leur apport expérimental est précieux au niveau du
conseil d'administration.
M. Beltemare (Johnson): Cela va jusqu'à onze?
M. Bonnier: Cela irait jusqu'à onze. C'est très
important...
M. Bellemare (Johnson):...
M. Bonnier: ... comme dit le député de Johnson,
pour ne pas débalancer.
M. Bellemare (Johnson): Mais onze, vous ajouteriez...
M. Bonnier: Ce serait quatre sur onze. M. Bellemare (Johnson):
Quatre sur onze.
M. Bonnier: Cela voudrait dire que la majorité serait
toujours des délégués du mouvement.
M. Léger: En ce qui nous concerne, j'ai quand même
des préoccupations et certaines réticences sur le fait que ce
n'est pas le nombre qui peut influencer un groupe. Le gouvernement en sait
quelque chose. Ce n'est pas le nombre...
M. Bonnier: Je ne sais pas.
M. Léger: J'en sais quelque chose.
M. Bonnier: ... la qualité et que c'est comme cela qu'on
influencerait, en plus du nombre.
M. Bellemare (Johnson): On a tout cela dans Johnson. La
qualité s'est fait valoir dans Johnson.
M. Léger: Mais, pour revenir à ce point, ce n'est
pas le nombre qui peut influencer, c'est que, sur neuf membres, il y en aurait
sept qui ont l'esprit d'une coopérative. Les deux experts qui
viendraient de l'extérieur et qui amèneraient leur
compétence amèneraient aussi une certaine influence d'un autre
milieu. Quand on est rendu à quatre sur onze, cela devient environ 30%
des préoccupations de gens qui n'ont pas nécessairement l'esprit
coopératif.
C'est pour cette raison que je me demande encore... J'ai certaines
réticences à aller jusqu'à quatre. Deux sur neuf, c'est
moins pire que quatre sur onze. Cela commence à être des gens qui
viennent d'un autre milieu, d'un autre domaine, qui peuvent influencer, dans
l'avenir, les décisions qui sont prises par des gens qui sont imbus de
l'esprit de la coopérative.
Comme le disait M. Rouleau tantôt, souvent plus on monte, on a
peut-être moins de pouvoir réel, mais le pouvoir moral est pas mal
fort. Le pouvoir moral, à l'intérieur de onze, quand il y en a
quatre qui sont issus d'un autre milieu, avec d'autres préoccupations,
cela peut changer l'orientation, graduellement, du système
coopératif. C'est pour cela que j'ai certaines réticences.
J'aimerais qu'on me rassure du côté des caisses.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, pour
compléter l'argument que fait mon collègue de Lafontaine, je
serais bien heureux, sans dévoiler les noms, si on me disait: Est-ce que
ce sont des économistes? Est-ce que ce sont des comptables
agréés qu'on recherche ou est-ce que ce sont des hommes de
prestige? Ou bien est-ce que ce sont des gens qui faisaient partie des trois
autres compagnies qui deviendraient membres par la transaction qui
s'opérera?
M. Rouleau: J'ai présidé, évidemment, la
mise en place de la Société d'investissement Desjardins. Je n'y
suis plus, parce que je devais en laisser. Au point de départ,
l'assemblée générale de la Société
d'investissement Desjardins, c'est le conseil d'administration de la
Fédération des fédérations, les 31 personnes.
Légalement, ce sont eux qui composent l'assemblée
générale de SID. Le seul actionnaire, si vous voulez, qui
contrôle SID, est la Fédération des
fédérations. Un actionnaire, c'est un peu comme l'affaire de
SIDBEC-DOSCO. Quand il s'agit d'élire les administrateurs, parce qu'ils
sont tous sortant de charge chaque année, forcément, quand on
parle, par exemple, de cinq, sept... Est-ce cela?
M. Bellemare (Johnson): Sept, deux, neuf.
M. Rouleau: II appartient quand même aux gens du mouvement
Desjardins qui sont impliqués vraiment dans l'entreprise comme M.
Léger dit au point de vue coopératif, de décider du
choix des administrateurs. Le recrutement du conseil d'administration de SID se
fait autour de la table et il y a possibilité d'aller, par exception,
par
la loi, en chercher deux. Evidemment, on s'est rendu compte, à
l'expérience, que même si, autour de la table, il y a des
ressources valables, des gens qui ont quand même une certaine
expérience financière quand on arrive dans le domaine de
l'investissement et du prêt à caractère commercial et
industriel, soit dans des compagnies à capital-actions ou des
coopératives, on a avantage à avoir avec nous autour de la table
des gens cela répond à votre question, M. Bellemare
qui ont déjà une certaine expérience. Ce ne sont pas
nécessairement des économistes, des comptables, ce sont
plutôt des gens qui... Je vais vous donner un exemple. On est allé
chercher M. Viau, qui était l'ancien directeur pour l'est du
Québec de la Banque de l'expansion industrielle, qui est à sa
pension aujourd'hui. Or, M. Viau est un des administrateurs de SID. Il apporte
une grande expérience autourde la table. Je peux vous dire que, dans
notre conception, au début, quand on a fait la loi, on n'y avait pas
honnêtement pensé. Cela se limitait à des gens qui se
recrutaient autour de la table; les 31 personnes. Ce sont vous autres, les
législateurs, à un moment donné, qui avez fait une
proposition et qui avez dit: Peut-être que vous auriez avantage
àouvrir, au moins, deux sièges, si jamais vous voulez aller
chercher des gens qui ont de l'expérience ailleurs et qui peuvent vous
apporter une expérience. A la réflexion, aujourd'hui, on dit...
Pardon?
M. Léger: Ces conseillers sont payés?
M. Bonnier: En tant que membres du conseil?
M. Rouleau: C'est-à-dire qu'en tant que membres du
conseil, ils ont des honoraires au même titre que les autres. Ils ne sont
pas payés à salaire, ni rien de cela.
M. Bellemare (Johnson): Les autres membres présents...
M. Bonnier: Ce sont des administrateurs...
M. Rouleau: De placement, comme tout le monde. Aujourd'hui, cela
a été pensé et discuté, cela fait deux ans, on est
arrivé à dire que le conseil d'administration devrait être
augmenté. Cela ne veut pas dire qu'on va le faire, mais qu'on puisse
aller jusqu'à quatre, éventuellement, parce que quand on est dans
le domaine du prêt et de l'investissement à caractère
commercial ou industriel, dans des compagnies à capital-actions ou des
coopératives, il faut convenir qu'on est quand même dans un monde
qui est un peu différent de celui pour lequel on fonctionne à
l'intérieur des caisses populaires. On va chercher l'épargne et
on fait...
M. Bellemare (Johnson): Vous avez des concurrents.
M. Rouleau: On a des concurrents. L'esprit de cela, cela a
déjà été consacré dans la loi, c'est de
l'élargir. On voudrait que le conseil d'administration reste toujours
majoritairement entre les mains du mouvement Desjardins, de la
Fédération des fédérations.
M. Bonnier: Cela veut dire qu'à ce moment, même
quatre sur onze...
M. Bellemare (Johnson): Cela ne veut pas dire qu'ils vont les
prendre.
M. Bonnier: Non, ils n'ont que le pouvoir, mais en plus de cela,
ils s'assurent que la majorité a l'esprit. Cela ne veut pas dire que les
quatre qui sont choisis, n'ont pas aussi l'esprit. Je pense que,,,
M. Rouleau: On est dans le mouvement coopératif.
M. Charron (Paul-Emile): II faut compter sur l'esprit
coopératif de ceux qui choisissent, qu'ils choisissent des gens qui ont
du bon sens.
M. Bonnier: Des gens avec lesquels vous allez être capable
de dialoguer.
Si vous n'êtes pas du tout sur la même longueur d'ondes,
cela ne marchera pas.
M. Bellemare (Johnson): Si les caisses populaires, la
fédération des fédérations ont connu un tel
succès, c'est parce que vous n'avez jamais eu des gens qui ont
manqué à leur devoir, et à cause de leur
expérience, des gens qui ont pu jeter un désaccord ou même
une certaine note de discrédit sur le mouvement des caisses
Desjardins.
Remercions sincèrement le fondateur et tous ceux qui,
aujourd'hui, participent à cette grande oeuvre
canadienne-française. C'est un grand mouvement qui prouve notre force
indéfectible. Je pense qu'on doit rendre témoignage aux caisses
Desjardins, ce matin, c'est l'endroit pour le faire, pour cet excellent travail
qui se fait et qui donne un prestige à notre race et à notre
nation, qui dépasse tout ce qu'on pourrait écrire. Ce matin, j'en
profite pour vous féliciter, messieurs, pour l'effort merveilleux que
vous faites pour revaloriser, chez nous, cette initiative pour Canadiens
français.
M. Léger:... est-ce qu'on revient à l'article...
M. Bonnier: Non, mais c'est très bien...
M. Léger: Un instant! En ce qui nous concerne...
Le Président (M. Gratton): La pertinence... M. Bonnier:
Oui, c'est sûr...
M. Bellemare (Johnson): ... de nous conter des menteries.
M. Bonnier: Oui...
M. Charron (Paul-Emile):... caisse...
M. Léger:... M. le Président...
M. Charron (Paul-Emile): C'est rentable...
M. Léger:... c'est sûr que les caisses populaires
ont joué un rôle et ont un rôle à jouer, très
important, dans l'esprit de la participation, dans l'esprit des
coopératives et aussi dans l'esprit de l'implication sociale...
M. Bellemare (Johnson): C'est ça!
M. Léger: ... parce que si les gens vont à la
caisse populaire chez eux, plutôt qu'à la banque, c'est parce
qu'à la caisse populaire, ils sentent que c'est leur affaire, et
à la banque, ils sentent que ce n'est pas nécessairement leur
affaire. C'est l'affaire d'autres. Ils sont chez eux dans les caisses
populaires. S'ils sont chez eux, c'est parce que les caisses populaires, quand
elles font des prêts à une personne qui est mal prise, ce n'est
pas uniquement dans le but de rentabilité. C'est dans le but de dire
à cette personne: On va t'aider à t'en sortir, et non pas dans le
but uniquement de faire de l'argent.
Donc, la tendance à une rentabilité est passablement
diluée par l'esprit social ou une responsabilité sociale des
caisses populaires. C'est la raison pour laquelle j'avais une réticence
au niveau de ce conseil d'administration composé de neuf membres, parce
que, pour moi, je crains énormément que dans les décisions
futures d'investissements, des personnes, issues d'un autre milieu, même
si ce sont des experts au point de vue de l'économie, voient davantage
l'aspect de la rentabilité immédiate que l'aspect de
l'implication sociale dans le choix des investissements. Pour moi, je pense que
c'est essentiel qu'on conserve, à la tête des caisses populaires,
tout en étant moderne, tout en ayant l'esprit créateur, l'esprit
de développement et de progrès, qu'on n'oublie pas, aussi, que si
on a tant d'argent à la tête pour investir, c'est parce que c'est
venu de la base qui avait conservé cet esprit. C'est pour cela que,
parce que vous me dites que cela va se limiter à cela, c'est un maximum,
en tout cas, on ne voudrait jamais que cela dépasse cela. Parce que cela
a été adopté par la base, je me rallierais... mais je me
préparais à voter contre au départ, je tiens à vous
le dire, parce que je tiens à ce que les caisses populaires continuent
à jouer leur rôle d'investissements aussi dans le domaine social,
et non pas uniquement dans le domaine d'une rentabilité
immédiate.
Je me rallie, M. le Président, mais disons donc lentement,
jusqu'à ce qu'on l'adopte.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je voudrais
simplement ajouter un facteur important qui a prouvé le
désintéressement des caisses populaires quand on a adopté
la Loi de l'habitation.
C'est vous autres, les caisses populaires, qui avez donné le ton.
Des milliers et des milliers d'ouvriers, chez nous, ont pu se bâtir une
maison, grâce aux prêts que vous leur avez consentis, selon la Loi
de l'habitation qu'on avait adoptée en 1955. Je pense que...
Le Président (M. Gratton): Article...
M. Bellemare (Johnson): ... cela a eu un effet
bénéfique et qui a prouvé véritablement, comme dit
mon collègue, au point de vue social, un développement intense
chez les ouvriers.
Le Président (M. Gratton): Article 3, adopté? M.
Bonnier: Adopté.
Le Président (M. Gratton): Article 4, adopté? M.
Léger: Adopté.
M. Bellemare (Johnson): Avec mes compliments aussi.
M. Bonnier: M. le Président, avant qu'on termine...
Le Président (M. Gratton): Je m'excuse... M. Bonnier:
Si vous me permettez...
Le Président (M. Gratton): Oui, sauf que je vous
demanderais d'adopter le titre de la loi...
M. Bonnier: Oui, on va...
Le Président (M. Gratton): ... pour ensuite demander au
député de Taschereau...
M. Bonnier: D'accord I
Le Président (M. Gratton): ... de clore les travaux de
cette commission.
M. Bonnier: Très bien!
C'est la Loi modifiant... C'est cela que vous voulez dire?
Le Président (M. Gratton): Oui.
M. Bonnier: Loi modifiant la Loi concernant la
Fédération du Québec des unions régionales des
caisses populaires Desjardins.
Le Président (M. Gratton): Adopté? M. Bonnier:
Adopté.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Taschereau.
M. Bonnier: M. le Président, si vous me permettez, je
voudrais remercier bien sincèrement les membres de cette commission,
ainsi que les membres de l'Opposition qui ont fait une très bonne
discussion. Je ne voudrais pas oublier, non plus, les
délégués de la fédération.
Je pense que, ce matin, on a eu un exemple réel de la valeur des
commissions parlementaires, avec participation du public, lorsqu'elles sont
ouvertes à la participation du public.
Je ne voudrais pas expliciter sur les grands succès de la
Fédération des caisses populaires Desjardins parce qu'on pourrait
croire que je suis biaisé, mais je ne le suis pas tant puisque j'avais
des préoccupations qui étaient peut-être un peu
différentes que celles de la fédération.
Je pense qu'en saine démocratie cela existe et, en saine
démocratie, elles ont eu l'occasion de les exprimer. La
démocratie leur a probablement donné raison, et je
félicite tous ceux qui ont participé à ce débat, M.
le Président.
Merci et bonjour.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: Si vous me le permettez, comme nous n'avons pas
souvent l'occasion d'avoir devant nous des représentants des caisses
populaires et de la fédération, je voudrais vous poser une
question concernant les prêts-bourses que les caisses populaires
assument. Selon les dires du ministre, environ 51% des prêts-bourses
proviennent des caisses populaires, alors que l'ensemble de toutes les autres
banques n'ont que 49% de ces prêts-bourses.
On sait que les prêts-bourses obligent les caisses populaires
à assumer, pendant un certain temps, un intérêt qui est un
peu inférieur au taux du marché. Je voudrais savoir, si dans les
caisses populaires, vous êtes heureux... D'abord, vous avez une
implication sociale puisque vous le faites et vous avez la moitié,
à vous seules, des prêts-bourses. Trouvez-vous que le gouvernement
pourrait aider davantage les caisses populaires qui ont la moitié des
prêts-bourses comparativement à l'ensemble de toutes les autres
banques qui ont l'autre moitié?
Le système qu'il y a, actuellement, au niveau de ce qui retourne
aux caisses populaires, au point de vue de ces investissements, vous
satisfait-il?
M. Charron (Paul-Emile): Bien, c'est-à-dire,
satisfait...
M. Bellemare (Johnson): Vous refusez de...?
M. Charron (Paul-Emile): C'est-à-dire qu'il y a encore un
certain manque à gagner. Il est bien sûr que, si le gouvernement
avait adopté la formule de financer directement en émettant des
obligations qu'il nous aurait vendues, probablement que nous aurions une
rémunération un peu plus élevée.
Mais le gouvernement a choisi cette formule. On l'a
négociée à plusieurs reprises avec le gouvernement, mais
on peut dire que la situation s'est améliorée sensiblement parce
qu'il y avait un manque à gagner assez appréciable qui pouvait
avoir une certaine incidence sur la rentabilité de certaines caisses
dans certains milieux ouvriers où il y avait beaucoup de demandes.
Mais, avec les modifications qui ont été apportées,
le taux flottant et les ajustements qui se font, actuellement, on peut dire que
c'est bien convenable. Cela pourrait être mieux, mais on peut dire que
c'est convenable.
M. Léger: Si vous êtes contents, nous aussi sommes
heureux de voir que vous êtes capable de jouer un rôle social de ce
niveau. Je vous félicite et vous remercie d'être venus nous
expliquer votre projet.
Le Président (M. Gratton): Alors, messieurs de la
fédération...
M. Rouleau: On vous remercie infiniment. Pour une fois, ce que
l'on retient, c'est que vous êtes très conscients, quand
même, des bons coups que le Mouvement des caisses populaires Desjardins
fait. J'espère que cela se reproduira, à l'occasion.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, merci. La commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 48)