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Commission permanente des
consommateurs, coopératives et
institutions financières
Etude des crédits du ministère
des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières
Séance du mardi 8 juin 1976 (Dix heures trente-neuf minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières): A
l'ordre, messieurs!
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières se réunit ce matin pour procéder à
l'étude des crédits du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières. Les membres de la
commission sont: Mme Bacon (Bourassa), M. Bellemare (Johnson), M. Bonnier
(Taschereau); M. Boutin (Abitibi-Ouest) est remplacé par M. Brown
(Brome-Missisquoi); M. Burns (Maisonneuve), M. Chagnon (Lévis), M.
Harvey (Charlesbourg), M. Harvey (Dubuc), M. Léger (Lafontaine), M.
Marchand (Laurier), M. Massé (Arthabaska), M. Picotte
(Maskinongé), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M.
Tremblay (Iberville).
Si les membres n'ont pas d'objection, M. Picotte (Maskinongé)
sera le rapporteur de cette commission. Agréé?
M. Léger: Agréable, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Je voudrais que madame le
ministre nous indique de quelle façon elle entend procéder
à l'étude de ses crédits.
Mme Bacon: J'ai des remarques générales à
faire.
Le Président (M. Pilote): Vous avez des remarques
générales au début?
Mme Bacon: Oui, pour l'ensemble du ministère.
Le Président (M. Pilote): Réponse de l'Opposition
par la suite et on procédera article par article, élément
par élément.
Alors, la parole est à madame le ministre.
Exposé préliminaire du ministre
Mme Bacon: M. le Président, avant que la commission
procède à l'étude en détail des crédits du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, j'aimerais vous livrer quelques remarques
générales sur les divers programmes du ministère et sur
leur évolution au cours du dernier exercice.
En situant dans un contexte plus généra! l'orientation du
ministère et de ses principaux services ou organismes, vous pourrez
mieux évaluer et juger les crédits particuliers que vous serez
appelés à discuter ce matin. Il semble d'abord essentiel de
rappeler dans quelles conditions économiques se situe le budget de
1976/77. Il intervient dans une période de resserrement
budgétaire, voire même d'austérité.
L'économie a connu, en 1974/75, un ralentissement accompagné
d'une inflation inhabituelle. Les signes d'une reprise commencent à
peine à se manifester et plusieurs économistes s'interrogent sur
l'accélération du rythme de progression de l'économie dans
une période où le pouvoir d'achat des citoyens continue de
décroître. Il en est de même des gouvernements comme des
citoyens qui n'ont pas d'autre choix que de contenir leurs dépenses,
tout en cherchant à accroître les investissements.
D'ailleurs, les spécialistes font presque l'unanimité sur
la nécessité de mettre un frein à l'accroissement des
dépenses des gouvernements, en regard de l'ensemble des dépenses
dans l'économie.
L'un des programmes les plus importants du ministère porte sur la
protection du public où l'on retrouve les éléments de la
protection du consommateur, du contrôle et de la surveillance du courtage
immobilier.
Il est assez paradoxal, et je le concède, que dans les moments
où les besoins de protection sont les plus élevés,
notamment alors que sévit l'inflation, il faille aussi voir à
contenir la progression des dépenses dans ce domaine. Vous verrez,
cependant, que les crédits qui vous sont soumis tentent quand même
de privilégier le secteur de la protection du consommateur dans les
limites cependant qu'imposent les conditions économiques actuelles.
Comme vous l'avez remarqué, le ministère que je dirige
participe à trois programmes: celui de la protection du public, celui du
contrôle, de la surveillance et du développement des entreprises,
et enfin, le contrôle, la surveillance, le développement des
institutions financières.
J'aurai l'occasion, par la suite, de faire quelques brèves
remarques sur chacun des éléments de ces programmes. J'aimerais,
cependant, m'arrêter quelques instants sur un point qui a
été soulevé à plusieurs reprises, soit le conflit
apparent entre ces divers programmes qui semble inquiéter certains
critiques.
Ainsi, il peut apparaître contradictoire à plusieurs que la
surveillance des entreprises, de même que la protection du consommateur,
puissent dépendre du même ministère. Etant titulaire de ce
poste depuis moins d'un an, j'ai forcément été
appelée à aborder cette question d'un regard neuf et,
évidemment, d'aller au-delà des apparences. Je me suis ainsi
rendu compte que cette contradiction était plus théorique que
réelle. Dans les faits, l'appartenance de l'Office de la protection du
consommateur au ministère comporte plus d'avantages que
d'inconvénients. Je crois même que cette situation peut contribuer
à un meilleur équilibre dans l'action gouvernementale, tant
à l'égard des consommateurs que des entreprises.
En effet, !es conflits théoriques sont prati-
quement écartés, pour plusieurs raisons: par exemple, la
direction de l'Office de la protection du consommateur est complètement
indépendante de toute autre unité administrative ayant pour objet
la surveillance des entreprises.
De plus, cet office relève directement du ministre et de son
sous-chef. C'est justement en vue d'assurer cette ligne d'autorité
directe que le directeur de l'office agit aussi comme sous-ministre
adjoint.
Il est aussi à remarquer que les décisions du directeur
sont assujetties à la révision des tribunaux et non à
celle des autorités du ministère. Ceci est sûrement de
nature à rassurer ceux qui craindraient les révisions politiques
des décisions administratives. D'ailleurs, en vertu même de la
loi, le directeur de l'office jouit d'une discrétion personnelle,
particulièrement en matière de suspension et d'annulation de
permis.
Loin de restreindre ses pouvoirs, une nouvelle loi que
l'Assemblée nationale a adoptée en première lecture
étend la discrétion du directeur, notamment, quant à
l'émission des permis et aux engagements volontaires, en cas de
pratiques interdites. Je viens d'énumérer quelques sauvegardes
qui réduisent ou même éliminent les conflits possibles.
Dans une perspective plus positive, on se rendra compte que le public
peut retirer de grands avantages du rattachement du programme de la protection
du public au ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières.
En effet, il ne faudrait pas oublier que, par son intégration au
ministère, l'office bénéficie de services-conseils mieux
structurés et d'instruments plus efficaces dont, notamment, le service
général d'inspection et d'enquête du ministère.
Il me semble aussi qu'en faisant partie des circuits réguliers de
l'administration l'office est moins isolé et a plus de
possibilités d'informer et d'influencer les instances gouvernementales.
En d'autres mots, sa voix peut être mieux entendue.
A mon avis, un autre élément qui ne doit pas être
écarté, c'est que, par son influence au ministère,
l'office est mieux en mesure de sensibiliser les unités de surveillance
sur les besoins et sur les intérêts des consommateurs. En certains
cas, les unités de surveillance peuvent même devenir un
précieux collaborateur dans la protection du public.
J'en suis donc venue à la conclusion qu'il n'existe aucune raison
sérieuse, pour le moment, d'apporter des changements à la formule
actuelle. Il nous faut donc, d'ailleurs, reconnaître que l'Office de la
protection du consommateur n'a pas encore eu tout le temps nécessaire
pour roder ses instruments d'intervention et qu'il a tout avantage à
évoluer dans un ministère moins considérable où il
pourra recevoir plus d'attention. Ces quelques remarques introductives, qui, je
l'espère, apporteront certains apaisements aux inquiétudes de mes
collègues de l'Opposition, m'introduisent directement au premier
programme du ministère, la protection du public, dont le premier
élément est la protection du consommateur.
Les chiffres qui apparaissent au cahier des crédits
démontrent une augmentation budgétaire d'environ $800 000. Si on
y ajoute l'augmentation du budget du ministère de la Justice pour
augmenter le personnel juridique de l'office, de même que les frais
additionnels encourus par le ministère des Travaux publics pour les
nouveaux aménagements, l'accroissement total du budget est d'au moins $1
million.
Ce budget prévoit essentiellement de rendre plus accessible
l'office aux citoyens, soit physiquement par ses bureaux, soit
intellectuellement par l'information, l'éducation et le traitement des
plaintes. Je tiens à attirer votre attention sur le fait que les
activités additionnelles que pourrait entraîner la nouvelle loi ne
seront pas financées à même ces crédits et que j'ai
l'intention d'obtenir, en vertu même des dispositions de cette loi, les
crédits additionnels qui seront nécessaires.
Les chiffres qui vous sont fournis ne donnent vraiment pas la mesure des
efforts qui ont été consacrés, au cours des derniers mois,
à l'amélioration de la protection du consommateur.
Je signale qu'un nouveau directeur a été nommé
à l'office et qu'il fait des efforts considérables pour
consolider et améliorer son administration par l'établissement
d'un nouveau plan d'organisation et par l'engagement de nouveaux
employés.
L'office compte aussi, au cours de la présente année,
augmenter sa présence régionale par l'ouverture de nouveaux
bureaux. Les programmes d'information et d'éducation prendront plus d
ampleur pour faire des citoyens des consommateurs plus avertis.
Au cours des six derniers mois, un effort collectif considérable
a été fourni tant par les principaux responsables de l'office que
par les autres ressources du ministère pour mettre au point un nouveau
projet de loi qui est à la fois la consolidation et l'extension de la
loi actuelle. Dès ma nomination comme titulaire du ministère,
j'avais pris un engagement, tant envers moi-même qu'envers la population,
qu'un projet de loi serait déposé devant l'Assemblée
nationale au mois de mars de cette année. Je me félicite d'avoir
pris cet engagement qui. à certains moments, a pu me paraître
téméraire. La protection du consommateur touche aux actes
quotidiens de toute une population, soit comme consommateur, soit comme
commerçant.
Une législation efficace entraîne forcément des
changements importants dans les relations juridiques des particuliers. Le souci
d'insérer des innovations législatives qui seraient
cohérentes avec le système juridique existant exige des travaux
considérables que, malheureusement, les profanes ne peuvent pas toujours
apprécier.
Evidemment, mon propos n'est pas aujourd'hui d'expliquer ou de
défendre ce projet de loi. La commission parlementaire aura d ailleurs
tout le loisir d'entendre des groupes de citoyens et de commerçants. Ses
membres pourront d'ailleurs faire valoir leur point de vue sur les diverses
dispositions de cette loi.
Il me paraît essentiel cependant que cette
commission y voie une volonté ferme de progrès et de ma
détermination et celle du gouvernement de rendre la
société plus conforme aux aspirations des citoyens.
Le second élément de ce programme est le contrôle et
la surveillance du courtage immobilier. Au cours de la dernière
année, certains problèmes particuliers se sont
présentés que nous ne manquerons pas de discuter au cours des
séances de cette commission. Le courtage immobilier a été
particulièrement affecté par la hausse des coûts de
construction, un des éléments de l'inflation qui a
provoqué une augmentation dans la valeur des immeubles. A ceci
s'ajoutaient de nouveaux niveaux d'intérêt inconnus jusqu'ici qui
rendaient extrêmement onéreux le financement des achats
immobiliers. Ces conditions surexcitent la concurrence et, forcément,
exposent davantage les consommateurs.
A l'occasion de l'arrivée d'un nouveau directeur à ce
service, une réforme a été mise en oeuvre dont nous ne
pouvons que nous féliciter. Un effort particulier porte sur la
compétence des nouveaux candidats pour l'obtention des permis. La
collaboration des chambres d'immeuble est aussi recherchée afin de
fournir une meilleure protection de public, notamment en cas de faillites
d'intermédiaires.
Un contrôle beaucoup plus strict est maintenant exercé sur
les comptes en fiducie et plus de rigueur est exigée des courtiers en
cette matière.
Ce processus d'amélioration aboutira sans doute, au cours des
prochains exercices, à certains amendements à la Loi sur le
courtage immobilier.
Le second programme, dans le cadre duquel agit le ministère,
porte sur le rôle et la surveillance du développement des
entreprises. Le premier élément de ce programme est le fichier
central des entreprises. Comme vous le savez, il s'agit avant tout d'un fichier
d'identification des entreprises dans la province de Québec. Ce fichier
est vraiment opérationnel aujourd'hui, et il est en mesure d'apporter
à sa clientèle gouvernementale tous les services qu'elle peut
attendre de lui.
Le fichier central regroupe certains éléments
d'identification d'entreprises de près d'une centaine de fichiers
associés appartenant à divers ministères ou organismes. Le
rôle du ministère est d'administrer ce fichier sous la directive
d'un comité interministériel qui regroupe les principaux
fournisseurs et utilisateurs gouvernementaux des renseignements. Il s'agit d'un
instrument moderne d'une grande efficacité qui pourrait cependant
prêter à certains abus en matière de diffusion.
Au cours des dernières années, une politique s'est
graduellement constituée et elle devrait être consacrée
bientôt par le gouvernement. En pratique, les fournisseurs d'information
gardent tout le contrôle de la diffusion des informations qu'ils auront
eux-mêmes fournies au fichier. Ces informations ne sont donc pas
accessibles au public ou elles ne le sont que dans le cadre des lois et
règlements appliqués par chacun de ces ministères ou
organismes et sous leur contrôle exclusif.
Le second élément du contrôle et de la surveillance
du développement des entreprises est la création et la
modification des personnes morales. Le service qui a ce contrôle est le
service des compagnies qui est rattaché à notre ministère.
L'objectif immédiat du service est de fournir à sa
clientèle qui est, généralement, juridique du service
prompt et efficace. Le but est donc d'émettre les lettres patentes, les
lettres supplémentaires dans les délais les plus brefs. Il est
aussi de contribuer par l'expertise juridique à mettre au point les
documents constitutifs qui répondront aux besoins réels des
corporations.
Jusqu'à l'an dernier, les efforts du ministère ont surtout
porté sur l'amélioration du support technique du service qui
était indispensable à une émission de près de 13
000 chartes et lettres patentes supplémentaires par année. Cette
opération qui exigeait l'augmentation de volume n'a pas
été sans créer certaines difficultés, puisqu'il
devenait assez difficile vis-à-vis des procureurs de toujours concilier
parfaitement les exigences techniques et les exigences juridiques. Notre but
est maintenant de roder davantage ce service en faisant une meilleure jonction
entre ses activités de système et procédure et ses
activités proprement dites, proprement juridiques.
Des améliorations sont déjà en cours et devraient
donner des résultats très satisfaisants. L'efficacité d'un
service comme celui des compagnies repose pour beaucoup sur la loi qu'il
administre. Notre Loi des compagnies souffre sûrement de certains retards
par rapport aux lois du fédéral et de l'Ontario. Un schéma
de révision de plusieurs centaines de pages a déjà
été mis au point au cours de la dernière année et
les travaux se poursuivront pendant le présent exercice. Voilà un
projet majeur qui, je l'espère, viendra à terme en 1978/79. Je
souhaite donc que cette entreprise permette de clarifier les obscurités
ou ambiguïtés qui peuvent exister dans les relations entre le droit
civil, le Common Law et le droit administratif des corporations.
Le troisième élément du contrôle et de la
surveillance du développement des entreprises a trait aux associations
coopératives. Sous certains aspects, cet élément touche
à la protection du consommateur puisque souvent les coopératives
sont des associations de consommateurs qui veulent se donner certains services
par l'intermédiaire d'une entreprise coopérative. Mon
prédécesseur vous avait fait part de l'orientation de ce service
qui visait davantage au développement des coopératives
qu'à leur contrôle ou à la vérification de leurs
activités par rapport à leur loi organique. Il vous avait aussi
appris que le secteur des associations coopératives de notre service de
l'inspection s'était transformé en de véritables
conseillers techniques pour les jeunes coopératives et pour celles qui
rencontraient des difficultés inhabituelles.
C'est dans le même sens que le service des associations
coopératives a poursuivi ses activités. Il a été
présent dans tous les dossiers coopératifs importants dans la
province de Québec. Il a fourni
support et conseil souvent même il est cet élément
catalyseur qui peut rendre possible la solution de certains problèmes.
Cela a été particulièrement le cas dans le secteur des
forêts dont vous avez pu avoir des échos dans les journaux. Il
reste que. malgré le dévouement du chef de ce service et de ses
collaborateurs, des questions se posaient sur la forme et même sur la
nécessité de l'aide gouvernementale aux coopératives. Des
besoins nouveaux sont apparus dans les secteurs non organisés. C'est
à ces interrogations qu'a tenté de répondre le
gouvernement en mandatant M. Rolland Parenteau, économiste bien connu,
d'étudier le problème et de faire certaines recommandations. Ce
rapport a été reçu et comportait des commentaires
favorables sinon élogieux sur les services coopératifs du
ministère.
L'une de ces recommandations les plus significatives portait sur une
formule mixte d'aide à l'administration et au financement corporatif par
la création d'une société de développement mixte.
Cette recommandation, fortement appuyée par certains
éléments du mouvement, a donné lieu, au cours des derniers
mois, à des travaux réguliers d'un comité de
fonctionnaires, de représentants du mouvement coopératif et du
conseil de la coopération.
Je dois recevoir très bientôt le rapport du comité
et je me propose de faire les consultations les plus larges sur les conclusions
de ce comité.
Il est possible que même l'activité de notre service des
associations coopératives soit ainsi remis en cause. J'accueillerai
toute recommandation avec la plus grande ouverture d'esprit. Mais je persiste
à croire, cependant, que le service des associations coopératives
aura toujours un rôle indispensable auprès de l'appareil
gouvernemental. Par son intégration au ministère, ce service fait
en quelque sorte fonction d'antenne du gouvernement à l'égard des
besoins et des orientations des associations coopératives.
Aussi je n'hésite pas à conclure que, quelles que soient
les formules de développement retenues et l'intervention gouvernementale
qu'elles supposent, il est essentiel que ce service demeure, sans quoi le
gouvernement perdra un contact très précis auprès d'un
secteur aussi représentatif de la population. Il serait malheureux qu'en
institutionnalisant et en formalisant les relations avec les
coopératives le gouvernement s'isole d une réalité aussi
proche de la population. Il est évident, cependant, que le rôle de
ce service peut subir des modifications importantes.
J'aborde maintenant le troisième programme du ministère,
le contrôle, la surveillance et le développement des institutions
financières. Comme tous les autres domaines, les institutions
financières n'ont pas échappé au problème de la
conjoncture économique. Pour les caisses d'épargne et de
crédit, les compagnies de fiducie, les hausses rapides
d'intérêt des années 1974/75 ont forcément
affecté leur rentabilité. On comprendra que leurs passifs sont
beaucoup plus sensibles au taux courant d'intérêt, alors que leurs
actifs, comportant pour une grande partie des prêts hypothécaires.
subissent toujours un certain retard avant de s'ajuster au coût des
fonds.
Au cours de la dernière année, la situation s'est
cependant considérablement améliorée. Je suis heureuse de
constater que la grande majorité des caisses d'épargne et de
crédit ont démontré la flexibilité d'adaptation
qu'exigeaient ces conditions inhabituelles. Il est vrai que certains secteurs
plus récents connaissent encore certains problèmes de croissance
qui, j'en suis sûre, trouveront leurs solutions. Les compagnies de
fiducie à charte québécoise, qui sont d'ailleurs parmi les
plus importantes au pays, ont aussi passé cette période difficile
sans présenter des signes de faiblesse dignes de mention.
Parmi les institutions financières, les compagnies d'assurance
générales sont sûrement celles qui sont le plus durement
frappées par l'inflation. J'aurai l'occasion d'apporter quelques
précisions à ce sujet quand je traiterai des activités des
assurances. L'élément suivant de ce programme est le
contrôle et la surveillance des compagnies d assurance. Une loi nouvelle
a été adoptée l'an dernier et nous comptons la mettre en
vigueur d'ici quelques mois avec la réglementation qui l'accompagne.
Le texte de cette réglementation a d'ailleurs fait l'objet d'une
prépublication dans la Gazette officielle.
Suite à ces remarques générales, revenons à
chacun des éléments de ce programme. Le premier concerne les
caisses d'épargne et de crédit qui ne peuvent être
dissociées de lassurance-dépôts, dont elles constituent en
nombre la clientèle principale. L'une des priorités, au cours du
dernier exercice, a porté sur le financement de la Régie de
l'assurance-dépôts. Je reconnais que l'imposition d'une prime peut
susciter certains problèmes et mettre en cause le rôle de la
régie, des fédérations et, notamment, des avoirs libres,
tant au niveau de la caisse individuelle que de sa fédération. Le
régime fiscal invite, de plus, à créer des fonds de
sécurité en vue d'alléger le fardeau des impôts.
Il est sûrement facile de dégager les objectifs à
poursuivre. Notre but est de maintenir, dans les divers mouvements
coopératifs de crédit, le dynamisme et la solidarité qui
en ont fait le succès. Par ailleurs, il faut atteindre une
intégration des ressources financières au niveau de la
régie, des fédérations, des fonds de
sécurité et des caisses individuelles. C'est une condition
essentielle de l'efficacité du système coopératif de
crédit dont fait partie la plus grande partie de ia population. Il faut
aussi tenir compte du rôle ultime de la Régie de I
assurance-dépôts qui est d'assurer les conditions maximales de
sécurité à tous les déposants.
A la lumière de ces principes, le ministère s'est
appliqué, au cours de ia dernière année, à
étudier certains mécanismes qui répondraient aux attentes
et aux impératifs de tous les intéressés. Nous comptons
déboucher bientôt sur une période de consultation qui ne
fera que confirmer une longue tradition de collaboration entre le gouvernement
et les mouvements coopératifs. Je
souhaite que ces études et discussions amènent, d'ici la
fin de l'année, des propositions qui feront l'objet de lois. Il
s'agirait d'une étape majeure dans l'évolution du secteur
coopératif de crédit.
Ces préoccupations immédiates du gouvernement prennent
forcément le pas sur un travail de plus longue haleine, amorcé
depuis plus d'un an, soit la refonte de la Loi des caisses d'épargne et
de crédit. Que l'aspect financier de cette loi l'emporte actuellement
sur sa partie coopérative n'a rien de surprenant dans la conjoncture
actuelle. Il reste que, si la loi n'est pas bientôt refondue en entier,
je compte bien proposer certaines modifications, dès que possible, tout
au moins pour apporter des solutions aux problèmes les plus
immédiats et, notamment, quant aux formalités relatives
auprès des caisses.
Quant aux compagnies de fiducie, les travaux se poursuivent depuis plus
d'un an, en vue de refondre leur loi organique. Certains projets, beaucoup plus
urgents, comme la révision de la Loi de la protection du consommateur,
ont forcé le ministère à mettre en veilleuse les travaux
sur la Loi des compagnies de fiducie. Néanmoins, les premières
consultations ont déjà été faites sur un premier
avant-projet. Nous espérons, d'ici un an, mettre au point un texte
définitif. Cette loi est un des éléments du programme
législatif du ministère qui se répartira sur plusieurs
années.
Le Service des assurances, je ne puis aborder cet élément
de programme sans, évidemment, que ne surgissent deux problèmes
d'actualité qui touchent la plupart des citoyens: les marchés
d'assurance et l'assurance-automobile. L'un et l'autre ne peuvent être
dissociés et il serait imprudent de les traiter séparément
comme s'il s'agissait de réalités complètement
indépendantes. Notons, d'abord, que parmi les institutions
financières, les compagnies d'assurance générale sont
celles qui ont été les plus durement frappées par
l'inflation.
Les coûts des sinistres ont connu un accroissement
considérable, alors que, par la force des choses, l'augmentation de la
tarification subissait un retard appréciable. L'augmentation des primes
ajoute déjà un fardeau important aux consommateurs et d'autres
facteurs entrent en jeu qui ont pour effet de resserrer la disponibilité
des assurances. Quoique la situation ne soit pas inquiétante, elle est
une source d'irritation tant pour les courtiers que pour les
assurés.
Parmi les causes de cet état de choses, la plus importante vient
des règles appliquées par les autorités de surveillance
gouvernementales. Elles exigent que le passif des assurances soit couvert par
un actif supérieur de 15%. Il faut donc maintenir un certain niveau de
capital et de réserves par rapport au volume d'affaires. Le volume de
primes affecte le niveau des primes non acquises et les coûts des
sinistres non réglés qui sont les principaux passifs de ces
assureurs. Les pertes des compagnies d'assurances générales, au
cours des dernières années, n'ont pas été sans
limiter leur capacité d'assurer; l'augmentation des primes et des
coûts de sinistres ajoute de nouveaux freins à l'expansion de
leurs affaires.
Ce problème est loin d'être exclusif au Québec. On
le retrouve partout au Canada et il est particulièrement aigu aux
Etats-Unis. Dans ce pays, la forte participation de certains assureurs au
marché des actions a eu des conséquences sérieuses. La
baisse des marchés boursiers a réduit considérablement
leurs réserves et même leur capital, diminuant ainsi leur
capacité d'assureurs. Il ne faut donc pas se surprendre si certains
assureurs américains se sont retirés du Canada. Il s'agit
heureusement d'une part marginale du marché, qui ne semble pas
créer de problèmes insurmontables pour le très grand
nombre des courtiers. D'ailleurs, notre service des assurances auquel le public
est invité à s'adresser n'a eu aucune peine à trouver
où diriger ces affaires.
Nous traversons donc une période d'adaptation difficile où
le sang-froid est de rigueur; les positions extrêmes dictées par
l'irréflexion ou la panique ne peuvent qu'accentuer les
déséquilibres et entraîner des maux plus grands. C'est
pourquoi le ministère surveille l'évolution de la situation avec
la plus grande attention et, pour le moment, se borne à intervenir pour
les assurés dont les courtiers n'ont pas de facilités d'assurance
suffisantes.
Toutefois, si les difficultés actuelles atteignaient un point
critique, le gouvernement verrait à mettre au point les
mécanismes nécessaires pour distribuer obligatoirement les
risques entre assureurs enregistrés.
Les remarques qui précèdent sur les marchés
d'assurances peuvent aussi servir de toile de fond aux problèmes de
l'assurance-automobile. Les circonstances ont considérablement
changé depuis que le gouvernement a reçu les conclusions du
rapport Gauvin. Les problèmes organiques des assureurs, la croissance
excessive du coût des sinistres, les incertitudes économiques,
voilà autant de conséquences de l'inflation que le comité
d'étude ne soupçonnait même pas.
Je doute que ses membres recommanderaient aujourd'hui avec la même
certitude sereine une réforme radicale du régime de
l'assurance-automobile, de l'administration de ce régime et du
système entier de mise en marché. Sûrement qu'ils auraient
des hésitations à prôner des changements aussi difficiles,
alors que la réduction des primes devient un objectif de plus en plus
éloigné et même incertain.
Je n'ai pas l'intention aujourd'hui d'analyser en détail ce
problème et de proposer des solutions. En temps et lieu,
l'Assemblée nationale sera appelée à prendre connaissance
et à discuter d'un projet sur la question. Vous comprendrez certainement
de ce bref exposé que le problème de l'assurance-automobile doit
être abordé avec beaucoup de réflexion et de prudence.
Des décisions superficielles et doctrinaires pourraient
entraîner des effets désastreux non seulement pour
l'assurance-automobile, mais pour toutes les autres classes d'assurance
personnelle. Il demeure, cependant, que des réformes sont
nécessaires et j'ai bien l'intention de les amorcer dans les
délais les plus brefs.
Avant de passer à l'élément du programme suivant,
je crois devoir faire quelques considérations sur une question qui
suscite un grand intérêt, soit les investissements des compagnies
d'assurance. Il m'apparaît que ce problème est
généralement abordé avec beaucoup d'émotion sans
qu'il soit placé dans ses véritables perspectives. La nature
technique de cette question est malheureusement ignorée et les jugements
qui sont portés souffrent souvent d'une simplification extrême. Il
me semble donc essentiel de circonscrire à ses dimensions réelles
la question du réinvestissement, au Québec, des épargnes
qui y sont recueillies par les compagnies d'assurance. Il faut d'abord rappeler
que nous ne sommes pas en présence d'un siphonage systématique de
ces épargnes pour réinvestissement à l'extérieur du
Québec ou du Canada. Malgré les difficultés techniques
d'analyse que j'exposerai rapidement, les données connues permettent
d'établir qu'une portion substantielle de ces épargnes sont
réinvesties au Québec. Il s'agit donc d'une question de
degré et particulièrement du comportement relatif des assureurs
faisant affaires au Québec par rapport à celui qu'ils adoptent
à l'égard des autres provinces.
Deux problèmes techniques majeurs doivent être
résolus avant qu'il puisse être possible de porter des jugements
plus valables. Le premier porte sur la mesure du passif des assureurs qui
correspond à des épargnes accumulées par les
Québécois. Le volume des revenus courants de primes n'est
sûrement pas un facteur exclusif. Il faut aller au-delà pour
déterminer à quels engagements à long terme correspondent
ces primes et dans quelle mesure elles génèrent des
réserves. Il reste beaucoup de travail à faire avant que les
instruments d'analyse nécessaires aient été mis au point
dans ce domaine.
Nous pouvons cependant conclure dès maintenant que ce sont
véritablement les compagnies d'assurance-vie dont le volume
d'investissement peut avoir des incidences économiques importantes dans
la province.
Le deuxième élément technique porte sur la
localisation des placements. Tous les placements ne sont pas constitués
par des hypothèques dont le site physique est facile à
vérifier. Il y a aussi des investissements dans des compagnies
nationales et dans le gouvernement central dont une partie au moins peut
revenir directement dans la province. La mise au point d'instruments d'analyse
et d'évaluation pour les valeurs autres que les hypothèques, les
obligations provinciales, municipales et d'autres corps parapublics du
Québec est forcément basée sur certaines
approximations.
Il ne s'agit pas d'instruments souples et certains. Ils peuvent donner
lieu à des distorsions selon les hypothèses qui ont
été adoptées, qu'il s'agisse, d'une part, du revenu
national brut, de certains investissements physiques ou de la proportion des
habitants du Québec par rapport aux autres provinces et au reste du
pays. Face à ces problèmes, le ministère a adopté
une politique de persuasion et d'intervention par exception. Le
ministère met donc en application une politique d'incitation à
l'investissement au Québec par des rencontres avec les assureurs. En
cela, il est secondé de façon efficace par le ministère
des Finances, qui a aussi à coeur le financement de la province et des
organismes sous sa juridiction.
L'objectif est d'obtenir un comportement équilibré dans le
total des placements au Québec par rapport aux placements dans les
autres juridictions. Nous recherchons donc une répartition dans ces
placements entre le Québec et le reste du Canada qui reflète
l'importance des épargnes recueillies au Québec, relativement
à celles qui ont leur origine dans les autres provinces canadiennes.
Dans la recherche de cet objectif, c'est volontairement que le
ministère ne veut pas appliquer de réglementation trop rigide qui
serait basée sur des interprétations hypothétiques
plutôt que sur une analyse intensive et indiscutable. Il est d'ailleurs
reconnu de tous les experts le comité d'étude sur les
institutions financières, dit le comité Parizeau, le
reconnaissait que les capitaux recherchent sécurité et
rendement sans égard aux frontières, qu'elles soient politiques
ou réglementaires. Nous nous refusons donc, par des règles
artificielles, à imposer et à uniformiser les politiques de
placement. Nous craindrions, en effet, de tarir les autres sources
d'investissement provenant des autres provinces ou de l'étranger, ce qui
ne serait qu'une forme méritée de représailles.
Je n'ai pas à vous rappeler que, globalement, les grands projets
du Québec, dont ceux qui se rapportent aux richesses naturelles, peuvent
difficilement être financés par l'épargne intérieure
dont l'investissement à certains mobiles de liquidité et de
rendement propres aux épargnants individuels.
D'ailleurs, les législations impératives et rigides sur la
localisation des placements n'ont jamais eu la faveur des juridictions
nord-américaines. Dans le contexte dans lequel nous vivons, toute
innovation restrictive et superficielle risque de diminuer globalement les
investissements au Québec.
De plus, mon ministère garde à l'esprit la
rentabilité et la sécurité des fonds confiés aux
assureurs en vue de ne pas pénaliser impunément les
assurés et respecter leurs objectifs individuels.
Tout ceci ne veut pas dire que mon ministère ignore cette
question. Au contraire, depuis quelques années, il a exprimé
clairement sa position face aux institutions financières. Il le fait
pour toutes les institutions et notamment les compagnies de fiducie et
certaines compagnies d'investissement qui viennent faire affaires au
Québec. Il obtient un assentiment formel à une politique
d'équilibre entre les économies recueillies au Québec et
les placements qui y sont effectués.
Il lui est aussi arrivé, à l'occasion, de revoir avec
certaines corporations leur politique d'investissement et d'obtenir, par la
persuasion, les correctifs nécessaires. Il lui arrive aussi de discuter
de ces questions avec les officiers des associations d'institutions
financières.
Cette volonté reconnue d'atteindre l'équilibre
désirable constitue une incitation qui n'est pas sans
résultat. Par ailleurs, un effort constant est fait en vue d'obtenir des
statistiques plus significatives par une analyse qui, je le rappelais, n'est
cependant pas sans difficulté et ne peut donner de résultats
immédiats.
La commission des valeurs mobilières est un des
éléments importants du programme des institutions
financières et cet élément important est certainement le
contrôle exercé par la Commission des valeurs mobilières.
Depuis quatre ans, un effort considérable a été fourni
pour réorganiser cette commission, pour augmenter et pour
améliorer son personnel. Elle s'est dotée de politiques qui en
font, dans les milieux financiers, l'un des interlocuteurs gouvernementaux
parmi les plus sérieux et les plus respectés. Un
témoignage unanime a été rendu en ce sens à
l'occasion du départ de Me Robert Demers, président de cette
commission jusqu'au dernier mois, qui a été remplacé par
Me Gérald Lacoste.
Le domaine des valeurs mobilières est en pleine évolution.
Le système des commissions fixes est remis en question.
L'avènement des moyens électroniques de communication et
d'enregistrement des données risque, d'ici quelques années, de
révolutionner les mécanismes opérationnels des
marchés. Notre commission met tout en oeuvre pour faire face à
ces défis.
Elle s'applique à dépasser les problèmes
immédiats en poussant l'étude des problèmes et en
analysant de plus près les caractéristiques du marché.
Après une période d'assainissement des marchés,
elle veut mettre l'accent sur une action encore plus positive et ainsi
contribuer à renforcer la place financière de Montréal.
C'est dans cette perspective qu'une refonte de la Loi des valeurs
mobilières est actuellement en préparation. Cette loi ne sera
efficace que dans la mesure où elle sera adaptée aux
réalités nord-américaines et même internationales.
Elle doit donc être le fruit d'une certaine concertation avec les autres
juridictions et surtout avec l'Ontario. Notre commission est donc en rapport
constant avec les autres autorités de contrôle, elle sera
certainement en mesure, d'ici un an, de faire ses recommandations au
gouvernement sur la révision de la Loi des valeurs
mobilières.
Au cours de cette introduction, j'ai tenté de situer rapidement
l'action du ministère et de ses divers services et organismes face aux
problèmes de l'actualité. En conclusion, j'aimerais
m'arrêter un moment sur son évolution à plus long terme.
Vous aurez noté que les responsabilités du ministère sont
à la fois variées et spécialisées.
Autre caractéristique, elles touchent de très près
l'ensemble des citoyens, que ce soit à titre de consommateurs,
d'épargnants, d'investisseurs, d'assurés, de commerçants
ou de corporations. Au cours des dernières années, le
ministère s'est donné comme priorité de mettre au point
les instruments législatifs indispensables à son rôle. Vous
avez constaté que ce travail continue de se poursuivre et devrait faire
l'objet d'efforts soutenus pour encore plusieurs années.
Un comité permanent de législateurs a été
mis sur pied en vue de mieux coordonner les aspects techniques et juridiques de
la législation et de la réglementation. La législation
étant un instrument, elle doit être utilisée avec
compétence et discernement, selon ses objectifs et toujours dans les
limites d'une interprétation juridiquement valable. Ceci exige des
fonctionnaires une connaissance intime des situations et des institutions.
Autrement leur intervention trop formaliste les priverait, de même que le
gouvernement, de tout rôle dynamique dans l'évolution des
événements.
C'est dans ces perspectives que je me suis fixé comme second
objectif de base une amélioration constante de la qualité du
personnel de mon ministère. Je suis heureuse de pouvoir compter sur les
mêmes préoccupations au sein des cadres supérieurs du
ministère. Cet effort commun et le partage d'objectifs fondamentaux est,
à mon avis, un facteur de motivation essentiel et permet d'envisager
l'avenir avec optimisme.
Et en terminant, M. le Président, vous me permettrez de
présenter à la commission les fonctionnaires qui m'accompagnent,
mon sous-ministre, M. Albert Jessop, le président de la Commission des
valeurs mobilières, M. Gérald Lacoste, M. Pierre Meunier,
directeur de l'office et sous-ministre adjoint, mon sous-ministre
associé, M. Marc Carrier...
M. Léger: Est-ce que je peux demander au ministre de le
faire plus lentement pour qu'on puisse...
M. Harvey (Charlesbourg): A l'ordre! Ce sera consigné au
journal des Débats.
Mme Bacon: Pour prendre les noms, d'accord.
M. Léger: Oui.
Mme Bacon: Est-ce que je dois recommencer?
M. Léger: S'il vous plaît, oui.
Mme Bacon: Alors M. Jessop, mon sous-ministre. M. Gérald
Lacoste, président de la Commission des valeurs mobilières, M.
Pierre Meunier, qui est directeur de l'Office de la protection du consommateur
et sous-ministre adjoint, M. Marc Carrier, mon sous-ministre associé au
ministère, M. Fortier, directeur de la gestion, M. Beau-lieu,
responsable du budget, M. Poulin, directeur du personnel, M. Pierre Desjardins,
directeur du service des compagnies, M. Boucher, directeur du service du
fichier central; M. Freddy Henderson, de l'Office de la protection du
consommateur, section des plaintes, et M. Réal Martel, surintendant au
courtage immobilier.
Je pense que tout le monde est là.
Commentaires de l'Opposition
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Lafontaine.
M. Léger: Je remercie le ministre de son exposé. Je
dois dire que le ministre a agi d'une façon très consciencieuse
en intervenant au début de cette commission parlementaire qui
étudie les crédits du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières. Plus il y a de
questions aux crédits de l'année précédente, plus
longue est l'entrée en matière du ministre; chaque année,
c'est la même chose. Je dois dire que le ministre a bien appris, au cours
des derniers mois, les différentes responsabilités de son
ministère. Cependant, je pense qu'on a apporté dans cette
entrée en matière beaucoup de réponses qui ne sont pas
nécessairement des solutions. Je pense que le ministre agit un peu
à l'image du premier ministre du Québec qui a pris le tour,
depuis plusieurs années, de dire son incapacité d'agir dans bien
des domaines en donnant des explications très détaillées,
mais qui n'amènent pas nécessairement des solutions aux
problèmes.
Je dois dire que l'étude des crédits d'un
ministère, quel qu'il soit, est habituellement l'occasion pour
l'Opposition de passer à la loupe les politiques d'un ministère,
à la lumière de leur coût pour le trésor public.
Ainsi, on peut normalement critiquer le travail de l'année
précédente, en espérant que les points soulevés
vont être l'objet d'une attention toute spéciale par la suite et
que la situation va s'améliorer. Cette année, la situation est
bien différente, car les secteurs qui laissent le plus à
désirer feront l'objet de projets de loi dans les mois qui vont suivre.
Aussi, entamer une discussion à ce stade risquerait, pour l'Opposition,
de faire double emploi. C'est pour cette raison que nous allons passer
très vite, en ce qui nous concerne, sur les sujets qui vont faire
l'objet d'une loi en espérant que, d'ici à l'an prochain, le
nouveau ministre des Consommateurs pourra faire l'unanimité avec ses
collègues sur l'opportunité d'adapter les lois à
l'avantage du consommateur, ne fût-ce que pour justifier le nouveau nom
du ministère.
C'est justement ce nouveau nom qui met le plus en relief
l'inefficacité du ministère dans son domaine propre. Comment, en
effet, peut-on concilier le nouveau nom du ministère avec, à
l'élément 1 du programme 1, la faillite du Cercle
d'économie de la future ménagère et, en même temps,
à l'élément 2 du même programme, la faillite de
Westgate Realties? Comment, encore, peut-on concilier le nom, ministère
des Consommateurs, avec la situation déplorable que l'on connaît
dans le domaine de l'assurance-automobile où c'est encore le
consommateur qui fait les frais de l'inaction du gouvernement? Pour toutes ces
raisons, nous ne comptons pas perdre de temps avec l'étude des
crédits pour des programmes périmés et mal adaptés
aux besoins nouveaux de notre société.
Dossier de l'assurance-automobile
Au cours de ces crédits, nous allons donc exiger du ministre
qu'elle réponde une fois pour toutes à la série de
questions qu'elle évite systémati- quement depuis qu'elle a
été nommée à ce poste. Je commencerai par une
question bien simple, au départ, concernant l'engagement que le ministre
avait pris, il y a à peu près trois semaines ou un mois, de
déposer à l'Assemblée nationale, au début ou au
milieu de juin, la Loi sur l'assurance-automobile.
J'aimerais demander au ministre si, aujourd'hui, elle est en mesure de
nous dire, au moment où on se parle, qu'avant l'ajournement
d'été qui, selon nos prévisions pourrait arriver
très tôt, puisque le menu législatif est très
très maigre et que l'étude des crédits a pris une bonne
partie de la période habituellement allouée aux crédits et
à la législation, nous approchons de la fin de cette session
c'est une question bien directe que je lui pose, est-ce que le ministre
a l'intention de déposer avant l'ajournement d'été, le
projet de loi sur l'assurance-automobile?
Le Président (M. Pilote): Est-ce que le
député de Lafontaine a terminé sa réponse au
ministre? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, avant de procéder aux
questions de continuer votre réponse, quitte ensuite à poser des
questions? C'est une suggestion que je vous fais...
M. Léger: M. le Président, je...
Le Président (M. Pilote): ...pour éviter qu'on se
promène de l'un à l'autre...
M. Léger: Je remercie le président, de sa
suggestion, mais de la réponse du ministre va dépendre ce que
j'ai à dire en continuant le tour d'horizon du ministère. Est-ce
que le ministre peut me répondre au moins à cette question? Par
la suite, on aura des questions programme par programme, mais comme c'est la
pièce de résistance, je pense, qui va déterminer l'allure
que prendra le débat sur les différents programmes, j'aimerais
savoir du ministre, à ce stade-ci, s'il y aura, avant l'ajournement
d'été, le dépôt de la loi sur
l'assurance-automobile.
Mme Bacon: M. le Président, j'aurais
préféré que le député de Lafontaine puisse
faire totalement son exposé ce matin avant de poser ses questions. Quand
on parle du problème comme la pièce de résistance, on
minimise drôlement les différents services de mon
ministère, et je m'inscris en faux contre ce que vient de
prétendre, en tout cas, le député de Lafontaine.
Le député de Lafontaine a parlé d'engagement de ma
part et j'aimerais qu'il me réfère à un journal des
Débats. J'ai pris un engagement formel, à mon arrivée au
ministère, de déposer la Loi de la protection du consommateur au
mois de mars, ce qui a été fait. Je n'ai jamais pris l'engagement
formel de déposer la loi de l'assurance-automobile. Je me suis toujours
bien gardée de prendre cet engagement formel, compte tenu du fait que ce
dossier est un dossier complexe, technique, émotif aussi. D'ailleurs, on
le voit par l'attitude du député
de Lafontaine qui fait appel à l'émotivité des
gens. J'ai toujours dit: Autant que possible, si c'est possible, je le
déposerai avant la fin de la présente session. Je n'ai jamais
pris un engagement formel pour le début, le milieu ou la fin de juin,
comme le prétend le député de Lafontaine. J'ai toujours
dit que si c'était possible je le déposerais.
Ce matin je dois dire, et à mon grand regret, que je ne peux pas
déposer le projet de loi avant la fin de la présente session,
mais qu'il sera déposé à la reprise à
l'automne.
M. Léger: M. le Président, je remercie le ministre
de sa franchise. Dans mon début d'exposé, j'ai bien dit qu'il y
avait plusieurs lois que le ministre a l'intention de proposer à
l'Assemblée nationale au cours de la session. Je ne pense pas que
j'aurai, à ce stade-ci, des prises de position sur ces lois. Quand elles
vont venir en Chambre, nous aurons l'occasion de donner notre point de vue sur
ces lois. C'est la raison pour laquelle je lui ai posé la question, et
non pas sur la Loi de la protection du consommateur qui a déjà
été déposée. Nous aurons l'occasion, au cours des
commissions parlementaires, d'entendre les personnes qui ont des choses
à dire là-dessus. J'ai l'intention de les écouter d'abord
et, par la suite, en deuxième lecture, de donner notre point de vue sur
le projet de loi ainsi que sur d'autres projets.
Le ministre a parlé tantôt de la refonte d'une loi sur les
valeurs mobilières. C'est encore une occasion que nous aurons de
discuter de ce projet de loi quand il sera déposé. Cela limite
pas mal les questions que nous aurons à poser sur ces aspects à
l'intérieur des différents programmes. Cependant, comme le
ministre vient de nous dire qu'elle ne déposera pas, à son regret
je le sais, la Loi sur l'assurance-automobile avant l'ajournement de la
session, je voudrais lui faire remarquer que le Québec vit des heures
très sombres au niveau de l'assurance-automobile.
Je voudrais, au départ, lui communiquer, lui lire même une
lettre, qui pourrait être multipliée par peut-être dix,
provenant d'autres compagnies, lettre que le président de la
Société d'assurance des caisses populaires Desjardins adressait
à ses courtiers. Cette lettre est signée par M. François
Adam et datée du 27 avril 1976. Elle démontre l'état, non
pas d'émotivité, mais de panique qui existe dans le milieu et
l'industrie de l'assurance.
Je cite cette lettre: "A tous nos courtiers. A compter du 1er mai 1976,
la Société d'assurance des caisses populaires doit, pour une
période temporaire, limiter la souscription de nouvelles polices, dans
les classes incendie et automobile, aux personnes déjà
détentrices d'un contrat d'assurance avec notre institution, ainsi qu'au
risque d'incendie où les pertes éventuelles devront être
payées aux caisses populaires et aux institutions du mouvement des
caisses populaires Desjardins. La décision de certaines
sociétés d'assurance générale de cesser leurs
opérations au Québec, ainsi que les mesures restrictives
appliquées par d'autres ont pour conséquence un accroissement
considérable de nouvelles demandes entraînant une pression
excessive sur le volume de nos opérations, compte tenu de nos ressources
financières et humaines disponibles. Nous sommes conscients qu'une telle
décision est susceptible de causer certains ennuis aux personnes et aux
entreprises à la recherche de protection contre certains risques. Mais,
en somme, elle nous est imposée par les circonstances. Aussi, nous
serons en mesure de modifier cette nouvelle politique concernant les classes
ci-dessus mentionnées. Nous vous en informerons. Signé: le
président, François Adam. " Cette lettre était
adressée à tous les courtiers.
Plusieurs compagnies ont fait de même, soit par lettre, soit par
avis direct ou par l'attitude qu'on a adoptée envers les courtiers. Le
rapport Gauvin, d'ailleurs, disait que 86% des polices d'assurance-automobile
étaient vendues par des courtiers indépendants. Or, depuis que
les compagnies d'assurance ont commencé à se retirer du milieu ou
à plafonner leur clientèle, les courtiers d'assurance ne sont
plus en mesure d'offrir à leur clientèle le service pour lequel
elles existent. A tel point que certains courtiers, ayant vu la
majorité, sinon la totalité des compagnies d'assurance avec
lesquelles ils faisaient affaires se retirer du marché, n'ont d'autre
choix que de partir en vacances, de se consacrer exclusivement à
d'autres types d'assurance, abandonnant une clientèle acquise
après plusieurs années d'efforts.
Ceci amène, comme conséquence, une attitude, un
état de panique, dans le milieu des consommateurs, dans le milieu des
compagnies, qui fait que les assurés ont de la difficulté
à se réassurer. Ceux qui peuvent trouver de l'assurance se voient
facturés des primes de plus en plus prohibitives. On a même
affirmé que près de 20% n'étaient pas
réassurés, et ces chiffres n'ont pas encore été
démentis; je doute que le ministère puisse avoir les chiffres en
main, puisque les questions que j'ai posées en Chambre n'ont jamais
obtenu de réponses. D'ailleurs, le Service des assurances du
ministère et le surintendant des assurances n'ont pas en main les
chiffres pour répondre à cela; j'aimerais bien qu'on puisse faire
les recherches pour me donner des réponses là-dessus.
M. le Président, cette conséquence provient de deux causes
majeures: la première, le ministre en a parlé tantôt, la
hausse du coût de réparation des automobiles, à travers le
Québec, hausse causée en partie par l'inflation, en partie par un
non-contrôle de la situation et aussi par le fait que, dans chaque
région, on a sa propre perception des besoins ou des coûts qu'on
doit facturer pour réparer les automobiles. Les compagnies d'assurance,
a cause de cela, sont devant une hausse de primes à facturer. Elles sont
aussi dans l'incertitude car le gouvernement ne dévoile par le style de
régime d'assurance qu'on aura. Il y a les affirmations, d'une part, du
ministre qui a prédécé le ministre actuel et même
les affirmations du ministre actuel responsable de ce ministère, et les
affirmations provenant de différents groupes, aussi bien les gens du
Barreau que les gens du BAC,
des compagnies d'assurance, des courtiers, des ajusteurs et de tous ceux
qui sont directement impliqués dans l'industrie de l'assurance.
Devant cela, les compagnies ne savent pas comment s'organiser pour
répondre aux besoins de la clientèle. A ce moment, il y a, d'une
part, des hausses effrénées, des hausses de réparations.
Les compagnies se voient dans l'obligation de ne pas prévoir à
long terme, ne pouvant pas planifier. Certaines s'en vont du Québec et
ceci amène une autre conséquence; c'est un peu comme l'exemple de
la Société d'assurance des caisses populaires. Ceci amène
une demande accrue de nouveaux clients qui désirent s'assurer et ces
compagnies ne veulent pas risquer d'accepter des possibilités de payer
des sommes imprévisibles. Elles n'osent pas assurer davantage, n'ayant
pas les reins assez solides, ne prévoyant pas leurs possibilités
de ce côté.
Ceci amène comme conséquence un phénomène
social grave, c'est qu'il existe de plus en plus de gens non assurés. Je
donne l'exemple d'un bon père de famille avec trois ou quatre enfants,
avec des responsabilités majeures qui, ne pouvant pas s'assurer ou ayant
une prime d'assurance tellement élevée qu'il ne peut pas donner
la protection voulue à sa famille et à lui-même au niveau
de l'assurance-automobile et aussi dans d'autres domaines, se voit dans une
situation où il n'est pas assuré selon ses besoins. A ce moment,
s'il avait un accident pour lequel il était trouvé responsable,
il mettrait toute sa famille en danger, n'étant couvert que pour des
sommes minimes.
D'un autre côté, un autre père de famille pourrait
aussi être frappé par une personne qui n'est pas assurée
et, à ce moment, le fonds d'indemnisation ne couvrant qu'un maximum de
$30 000 et $5000 pour les biens, fait que la famille subirait des
conséquences désastreuses parce qu'elle ne serait pas couverte
selon les besoins du moment.
Alors, M. le Président, je pense que l'incertitude dans laquelle
vit le milieu aurait dû obliger le gouvernement à prendre une
position, quelle qu'elle soit. Je ne parle pas du contenu de cette loi, mais il
faut qu'il y ait une prise de position. Le 5 mai 1971, il y a maintenant plus
de cinq ans, le gouvernement, étant sensible aux problèmes de
l'assurance, avait nommé un comité d'étude pour rechercher
les causes de ces hausses constantes des primes d'assurance-automobile et avait
proposé à M. Gauvin et à son comité des moyens pour
compenser les victimes d'assurance aux meilleurs coûts possibles pour la
collectivité. Ce comité, présidé par M. Jean-Louis
Gauvin, devait faire rapport dans les douze mois et recommander des mesures
susceptibles de réduire le coût découlant d'accidents
d'automobile.
Le mandat du comité Gauvin a été prolongé
deux fois, pour finalement se terminer le 9 janvier 1974. Dans les mois qui
suivirent, le rapport fut imprimé et déposé en Chambre par
le ministre Tetley, qui a précédé le ministre actuel
à ce ministère. Comme on le sait, une commission parlementaire a
étudié les recommandations, et cela d'une façon assez
irrégulière, puisqu'une commission parlementaire devrait se
pencher non pas sur des rapports d'experts, mais sur des décisions
gouvernementales basées sur des rapports d'experts, mais basées
aussi sur une décision que le gouvernement prend et sur laquelle
l'Opposition et l'opinion publique doivent se pencher.
Au contraire, on s'est penché sur un rapport d'experts permettant
à tous les loups de venir ronger et gruger à même des
recommandations d'experts parce qu'elles ne faisaient pas nécessairement
l'affaire ou ne correspondaient pas aux intérêts immédiats
de ces groupes qui sont directement impliqués dans le domaine de
l'assurance-automobile, contrairement à une attitude qui aurait dû
être celle du comportement de la collectivité qui aurait à
subir les interventions de l'Etat, heureusement ou malheureusement, mais qui
permettraient aux citoyens de savoir à quelle enseigne se loge ce
gouvernement qui voulait régler ce problème.
On a déchiqueté le rapport Gauvin, on en a fait une
bataille à travers tous les groupes directement impliqués dans
l'assurance-automobile qui avait des choses à protéger, c'est
normal. Mais, il n'est pas normal que le gouvernement ne prenne pas position
là-dessus. Les propositions du comité Gauvin furent ensuite
soumises à l'étude d'un comité de fonctionnaires, sous la
direction du juge André Desjardins, afin d'éclairer le
gouvernement sur les solutions à adopter.
Le comité Desjardins a remis son rapport au printemps de 1975,
mais jamais, depuis, le gouvernement ne s'est prononcé sur la question
d'une façon claire. Au contraire, il a laissé persister toutes
sortes d'équivoques. Je ne parle pas des congrès régionaux
ou congrès nationaux du Parti libéral où on a
évoqué les opinions provenant d'ateliers noyautés par des
groupes directement impliqués dans l'assurance-automobile, mais pas
directement impliqués dans les besoins de la collectivité
québécoise.
Le résultat de ces hésitations est le même pour les
compagnies d'assurance que pour les assurés. Personne ne sait ce que
l'avenir réserve au monde de l'assurance-automobile. Devant cette
incertitude, et compte tenu des augmentations galopantes dans le coût des
règlements des accidents, la grande majorité des assureurs
faisant affaires au Québec refusent toute nouvelle police
d'assurance-automobile. Ces refus prennent diverses formes qui vont de
l'augmentation prohibitive d'une soumission de taux au refus pur et simple
d'émettre une nouvelle police, en passant par l'acceptation d'un risque
par une compagnie à condition expresse que le client souscrive au
même assureur tous ses contrats d'assurance générale. Je
pense que c'est inacceptable. La collectivité québécoise
au moins durant la période d'été, tous les gens
concernés par l'assurance-automobile doivent savoir quel sera ce projet
de loi. Le gouvernement est-il tellement divisé qu'il n'ose pas
présenter une proposition qui permettrait à tous les citoyens de
venir s'exprimer là-dessus? Je pense que c'est inacceptable. Cette
indécision doit être bien qualifiée par la population
comme une absence de politique du gouvernement actuel dans le domaine de
l'automobile. C'est la raison pour laquelle nous croyons que le gouvernement ne
peut plus se cacher derrière des affirmations comme: II ne faut pas
semer la panique, il ne faut pas laisser aller l'irréflexion.
Il faut nécessairement que le ministère surveille et,
aussi, il ne faut pas qu'il s'endorme sur ces problèmes parce que la
population ne s'endort pas, elle se demande quoi faire et c'est une des
questions majeures que les Québécois se posent actuellement.
Je termine en disant que le gouvernement ne peut plus, après cinq
années de tergiversations, laisser les appétits de certains
groupes primer une responsabilité gouvernementale qui doit être
prise, quelle qu'elle soit. La population jugera par la suite le rôle
qu'a joué le gouvernement dans ce domaine. C'est son rôle de
prendre les décisions et non pas celui de remettre aux calendes grecques
un problème aussi grave, aussi crucial que celui-là.
J'ai terminé ma présentation, et je dois commencer,
malheureusement, l'étude de certains programmes.
Le Président (M. Pilote): Y en a-t-il d'autres qui
voudraient intervenir tant sur le discours du ministre que sur celui du
député de Lafontaine?
Nous allons procéder programme par programme.
Mme Bacon: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Madame le ministre.
Mme Bacon: Si vous me le permettez, je vais essayer d'être
le plus bref possible.
Le Président (M. Pilote): Avant de vous le permettre, je
me donne la permission de saluer les gens du comté du Lac-Saint-Jean qui
sont ici.
M. Léger: M. le Président, je trouve absolument
aberrant qu'un président qui est là pour faire respecter les
règles...
M. Harvey (Charlesbourg): Arrêtez-donc.
M. Léger: ... on ne permet à aucun
député de l'Opposition de se lever en Chambre, de saluer son
monde dans les galeries.
M. Harvey (Charlesbourg): II salue son monde, il sait vivre.
M. Léger: Je sais fort bien que les députés
du gouvernement essaient de le faire, mais le président doit être
impartial et il est là pour faire respecter les règles. Je ne
comprends pas cela.
Le Président (M. Pilote): Vous nous donnez du
mérite. L'honorable ministre.
Mme Bacon: Je voudrais presque vous félici- ter de l'avoir
fait, compte tenu du ton émotif que le député de
Lafontaine a employé au cours de son intervention. Je disais
tantôt que le dossier de l'assurance-automobile est un dossier technique,
mais il est un dossier émotif et politique. L'intervention du
député de Lafontaine en est.la preuve vivante, parce que, tout au
long de son intervention, il a fait de la politique empreinte
d'émotivité. Je n'ai pas l'intention de tomber dans le même
piège et de faire la même chose. Je vais tenter autant que
possible de donner les informations ou les réponses auxquelles ont droit
mes collègues de la commission parlementaire. Je ne ferai pas de cette
émotivité et je ne créerai pas cette panique, encore une
fois, en faisant de la petite politique avec le dossier de
l'assurance-automobile. Je suis consciente que c'est un dossier important au
niveau du gouvernement comme je suis consciente que c'est un dossier important
pour l'ensemble des contribuables québécois et l'ensemble des
citoyens du Québec.
Je crois avoir déjà pris une décision très
importante quand on dit qu'on n'a pris aucune décision en
annonçant à la Chambre que le régime qui serait mis de
l'avant ne serait pas étatique. Je pense que déjà, pour
l'ensemble de la population, c'était une décision importante de
la part du gouvernement.
Nous avons, nous aussi, de fréquentes communications avec les
assureurs, les courtiers. Notre service des assurances est en communication
constante avec les gens du milieu des assurances afin de faire en sorte de
minimiser les problèmes auxquels ont à faire face les citoyens du
Québec. Nous avons, en préparation, une autre rencontre avec les
assureurs et les courtiers pour diriger certains risques qui ne peuvent trouver
d'assureur, comme nous le faisons déjà. Tous les cas qui nous
sont référés au service des assurances trouvent une
couverture adéquate de certaines responsabilités. Nous allons
continuer à discuter avec les assureurs, dans les semaines qui viennent,
sur des mécanismes à mettre en place afin de diriger
obligatoirement les risques qui nous sont référés par les
courtiers ou par la population en général.
Ce n'est pas, évidemment, la meilleure solution. Je ne ferai pas
de politique; j'essaierai d'être le plus honnête possible avec mon
collègue de Lafontaine, en disant que, même si nous
déposions un projet de loi au mois de juin, ce projet de loi ne pourrait
être adopté au mois de juin, donc ne changerait aucunement la
situation présente. Il la changera quand on le déposera et qu'on
pourra en faire l'étude.
Je crois que tous ceux qui se sont adressés à mon service
des assurances ont reçu, évidemment, la meilleure collaboration
possible de la part du service des assurances. Ces gens ont vu aussi la
possibilité d'être couverts par les compagnies d'assurance. Comme
je le disais tantôt je le répète nous
établirons des mécanismes avec les assureurs et les courtiers
afin de nous permettre de diriger, s'il le faut, obligatoirement des risques.
Cette répartition des risques se fera avec les diverses compagnies qui
seront consultées.
M. Léger: M. le Président, le ministre parle
d'émotivité dans le dossier de l'assurance-automobile. Si c'est
le fait, pour un député de l'Opposition, d'être en maudit
parce que le gouvernement ne s'occupe pas des consommateurs, je dis: Oui, c'est
un dossier émotif. Je dis que c'est une réaction émotive
de tous ceux qui vivent actuellement dans l'incertitude devant l'absence de
décision gouvernementale qui touche tous les citoyens du
Québec.
Aujourd'hui, l'assurance-automobile n'est pas un luxe; c'est une
obligation. On dit même que l'assurance devrait être obligatoire.
Si l'assurance devait être obligatoire, cela touche tous les citoyens qui
ont un véhicule.
M. le Président, je pense que ce n'est pas une question
simplement technique. C'est une question économique pour tous les
citoyens. Le ministre dit que, si elle avait déposé son projet de
loi avant l'été, il n'aurait quand même pas
été adopté. Cela aurait quand même permis de
franchir une étape importante, soit de connaître les orientations
du gouvernement; le gouvernement craint qu'on connaisse ses orientations
là-dessus.
Deuxièmement, il aurait certainement fallu, à la suite du
dépôt du projet de loi sur l'assurance-automobile, avoir une
commission parlementaire pour entendre ceux qui sont concernés et non
pas, comme cela a été fait il y a un an ou deux ans, une
commission parlementaire sur des suggestions ou des recommandations de
comités d'experts.
M. le Président, je pense qu'il est normal, lorsqu'on
présente un projet de loi qui touche tous les citoyens du Québec
qui possèdent une automobile, incluant ceux qui sont à
l'intérieur de l'industrie, qu'on ait une commission parlementaire. Je
pense que l'attitude logique, normale, rationnelle du ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières et du
ministre qui est devant moi aurait été non pas
émotivement, mais logiquement de déposer son projet de loi, de
convoquer une commission parlementaire de façon que les personnes
impliquées, ainsi que les consommateurs puissent venir dire ce qu'ils
acceptent, ce qu'ils aiment, ce qu'ils n'aiment pas, ce qu'ils veulent amender
dans ce projet de loi. On aurait avancé au moins de quelques pas.
Actuellement, l'absence de dépôt de ce projet de loi recule
et même rend la situation de plus en plus "paniquante" pour les
Québécois, parce qu'on ne sait pas où on s'en va
là-dedans.
Une des deux causes majeures du problème de
l'assurance-automobile, c'est le fait que les compagnies ne savent pas
s'organiser. C'est pour cela que j'ai proposé, dernièrement, pour
que le ministre en prenne note avant, trois solutions pour l'immédiat.
D'abord celle d'avoir peut-être une étude avec le Bureau
d'assurance du Canada, le BAC, qui a proposé de remettre en vigueur le
régime de la facilité. Et cela peut être fait avec des
compagnies d'assurance et avec le gouvernement, pour permettre de diriger toute
personne dont la demande d'assurance est refusée par une compagnie dans
un régime qu'on appelle la facilité ou l'assignation, mais un
régime à une prime nor- male. Actuellement, une personne qui
n'est pas acceptée par une compagnie, si on la dirige ailleurs, la prime
est très élevée, même est trop élevée.
Et il n'y a aucune possibilité de contrôle. Le ministre disait
qu'elle a même installé à son ministère une
mini-organisation pour permettre aux gens qui ne sont pas capables de s'assurer
avec une compagnie de s'adresser à son ministère.
Mais ce n' est quand même pas ie rôle primordial de son
ministère. C'est une solution temporaire. De plus en plus de gens ne
sont pas assurés, se voient refusés, se voient proposer des
primes exorbitantes. S'il fallait que tous les citoyens qui ne sont pas
assurés appellent au ministère, vous n'auriez pas assez de
téléphones et de personnel pour répondre à ces
demandes. C'est pour cela que le régime proposé par le Bureau
d'assurance du Canada, qui demandait l'appui du gouvernement dans un
régime de facilité, devrait au moins avoir retenu l'attention du
ministère pour voir s'il n'y a pas possibilité de ce
côté d'apporter une solution temporaire à ce
problème.
Le deuxième point que j'ai suggéré, c'était
celui d'avoir un fonds. Les compagnies d'assurance ont prévu, pour
l'année courante, accepter un certain nombre de risques, mais tout
à coup, à cause du départ de compagnies d assurance, elles
ne peuvent accepter beaucoup plus de risques que ceux qu'elles avaient
prévus. A ce moment, elles refusent des personnes. M. le
Président, il y aurait peut-être possibilité pour le
gouvernement d avoir un fonds disponible, mais non pas pour subventionner les
compagnies d'assurance. Pour donner un exemple, il y aurait un fonds permettant
aux caisses populaires Desjardins d'accepter plus de risques qu'elles
n'étaient capables d'en prendre avant, sachant que, si elles ont une
année malheureuse, ou une expérience malheureuse, ou plus de
sinistres qu'elles ne s'attendaient, elles pourront avoir un appui financier de
ce fonds. Cela permettrait de trouver, du moins temporairement, pendant la
période de cogitation et de tergiversation du gouvernement, une solution
temporaire au problème qu'on vit actuellement.
Et finalement, M. le Président, la troisième solution
temporaire que j'ai suggérée au ministre, c'était d'avoir
l'installation graduelle, mais ie plus rapidement possible, de centres
d'évaluation pour les réparations d'automobiles à travers
le Québec, selon des critères gouvernementaux, selon des normes
fiables et homogènes et, aussi, selon les lieux où ces
installations pourraient être acceptées, soit des garages qui
auraient le permis du gouvernement pour faire ces évaluations. Cela
permettrait de limiter les dégâts ou limiter les sommes
exorbitantes qui sont réclamées dans le milieu des
réparations des automobiles. Les estimateurs et les garagistes soufflent
les montants parfois, dans le but d'obtenir plus que la valeur réelle de
la réparation. Ceci fait monter les primes.
M. le Président, je suggère ces trois recommandations.
D'abord, une renaissance de la facilité qui a déjà
existé, il y a quelque temps, avec un appui gouvernemental. Cela est une
solution temporaire qui pourrait aider à corriger la situation
désastreuse dans laquelle vivent les consomma-
teurs dans le secteur automobile. Deuxièmement, un fonds pour
aider les compagnies qui n'ont pas les reins assez solides, mais qui pourraient
avoir une responsabilité sociale, c'est-à-dire d'assurer tous
ceux qui veulent s'assurer. Elles auraient la possibilité de ne pas
faire faillite parce qu'il y aurait peut-être trop de sinistres qu'elles
n'auraient pas prévus. Finalement, des centres d'évaluation dans
le Québec.
Est-ce que le ministre a réfléchi à ces solutions?
Est-ce qu'il y a des choses qui peuvent être mises de l'avant, soit
à court ternie ou à long terme, ou au moins commencer quelque
chose dans ce sens pour pallier les difficultés immédiates avant
même que la loi ne soit déposée?
Mme Bacon: Une réunion exploratoire a lieu cette
semaine.
Je parlais, tout à l'heure, des rencontres au niveau des
différentes compagnies d'assurance, des courtiers du ministère,
qui auront lieu pour mettre certains mécanismes en place, pour diriger
les risques. Il y a aussi une autre réunion qui aura lieu au niveau du
gouvernement fédéral et au niveau du gouvernement provincial; le
gouvernement du Québec, évidemment, par notre service de
l'assurance y sera représenté. Ce sera une réunion
exploratoire afin de voir ce qui peut être fait. Quand je mentionnais,
dans mes remarques d'introduction, que nous exigeons que le passif des
assureurs soit couvert par un actif supérieur de 15%, il est
évident que cette exigence cause d'énormes pressions sur les
compagnies d'assurance. Cette réunion, qui aura lieu cette semaine,
étudiera la possibilité soit de réduire ou de trouver une
autre formule qui créerait moins de pressions sur les compagnies
d'assurance.
Différentes solutions sont envisagées. Je ne peux pas
révéler ici quei serait le contenu d'un projet de loi. J'ai fait
énormément de consultations depuis mon arrivée au
ministère. Nous gardons une communication constante avec les compagnies
d'assurance afin de trouver les meilleurs mécanismes nécessaires
pour eux et pour nous pour résoudre certains problèmes auxquels
ont à faire face les citoyens. Je pense que le résultat des
prochaines rencontres sera sûrement très positif et pourra nous
permettre de continuer à apporter une protection adéquate aux
citoyens et la meilleure protection possible au meilleur taux possible, mais en
attendant de déposer la loi au mois d'octobre ou à la reprise de
la session.
M. Léger: Au sujet de cette réunion, avez-vous
l'intention de proposer certaines garanties à des compagnies pour
qu'elles puissent accepter des risques supplémentaires?
Mme Bacon: Quand je parle de mécanismes à mettre en
place pour diriger des risques, à ce moment-là, il est
évident que les compagnies qui en refusent dans le moment, si nous les
obligions à accepter ces risques, devraient les accepter.
M. Léger: Concernant les centres d'évaluation des
dommages à travers le Québec, qui étaient quand même
l'une des recommandations du rapport Gauvin, est-ce que, là-dessus, le
ministère se penche? Est-ce qu'il a des relations, peut-être, avec
le ministère des Transports ou avec d'autres ministères pour
faire ce travail?
Mme Bacon: Je dis souvent que la réforme ou le nouveau
régime qui sera proposé est global. Cela va plus loin que
l'assurance comme telle. Il est évident que certains accessoires, comme
les centres d'évaluation, sont considérés dans cette
réforme globale. Evidemment, je ne pourrais révéler
immédiatement la politique du ministère, mais ces centres
d'évaluation, pour les mettre en place, demandent... On ne pourra pas le
faire comme palliatif dans les semaines qui viennent, c'est plus
compliqué que cela, plus complexe que cela. C'est un des
problèmes auxquels on a à faire face et sur lequel on doit se
pencher le plus rapidement possible.
M. Léger: Etant donné que les centres
d'évaluation des dommages ne demandent pas nécessairement
l'adoption de la loi comme telle, je pense que cela pourrait être mis en
branle avant. Je pense que dans les recommandations du rapport Gauvin on avait
parlé, entre autres, d'améliorer la sécurité
routière. On n'a pas attendu la loi parce que cela ne touchait pas
directement la loi et on a commencé à amener les
mécanismes de ce côté. La mise en branle de cela, je pense,
pourrait être commencée assez rapidement. Au moins, on pourrait
les mettre en branle de façon qu'il y ait un commencement de structure
à travers le Québec.
Mme Bacon: J'en ai d'ailleurs visité en
Colombie-Britannique ils en ont déjà, eux, sur place
pour en voir le fonctionnement, voir si c'est valable et si, à la
longue, les prix sont augmentés ou non. Au cours des premières
années, on se contente de prix raisonnables et il est évident que
cela amène certains problèmes par la suite, après quelques
années.
M. Léger: Est-ce que le ministre a rencontré M.
Barrett ou M. Bennett en Colombie-Britannique?
Mme Bacon: Ni l'un ni l'autre. Je n'ai pas fait de politique,
j'ai surtout fait attention de ne pas m'immiscer dans les affaires de l'Etat en
Colombie-Britannique. J'ai surtout visité des centres
d'évaluation. J'ai visité ICBC; je pense que c'était
déjà suffisant.
M. Léger: De toute façon, je voudrais quand
même dire au ministre que ce n'est pas péjoratif de faire de la
politique avec un grand P parce que tout geste qu'elle pose est un geste
politique.
Mme Bacon: II ne faudrait pas en faire avec un petit p à
la commission parlementaire.
M. Léger: Non, on ne fait que de grandes choses, ici.
Le Président (M. Pilote): On pourrait toujours commencer
par un petit p: Programme 1.
M. Léger: Oui, on est rendu là, M. le
Président. Nos questions...
Protection du consommateur
Le Président (M. Pilote): Protection du public.
Elément 1, protection du consommateur.
M. Léger: ... au programme 1, élément 1, la
protection du consommateur, au point de vue de l'administration. Nos questions,
à ces éléments, ne seront pas très nombreuses
étant donné que le ministre a déposé un projet de
refonte de la loi.
Cependant, au point de vue administratif, est-ce que le ministre
pourrait nous brosser un tableau des réformes qui justifient
l'augmentation quand même assez considérable des budgets,
notamment les additions en locaux, les bureaux régionaux, le personnel
de soutien, le personnel juridique, ainsi que les sommes allouées
à la publicité?
Mme Bacon: II est évident que la loi qui a
été déposée est d'envergure et nécessitera
une augmentation, d'abord, du personnel de l'office, mais, déjà,
on avait commencé à restructurer l'office, depuis mon
arrivée au ministère et l'arrivée du nouveau directeur.
Nous voulons nous donner les outils nécessaires, avec un nouvel
organigramme, avec certaines dispositions qui nous permettront de
répondre, avec la loi actuelle, aux demandes de la population. Ce que
nous voulons, c'est intensifier cette accessibilité physique des
consommateurs par l'ouverture de nouveaux bureaux, ce qui demande des sommes
assez énormes. En même temps aussi, compte tenu de ces ouvertures
de bureaux, il y a une augmentation des effectifs.
Il y a aussi cette accessibilité intellectuelle à
l'information, à l'éducation des consommateurs; nous voulons
faire davantage pour informer la population par les moyens qui sont mis
à notre disposition, comme la communication. Je pense qu'à ce
moment-là il faudra sûrement aux différentes divisions de
l'office il y a la division des plaintes et permis, la division des
opérations et des relations publiques et dans les
différents bureaux locaux, augmenter, si c'est possible, le personnel
pour répondre à la demande des consommateurs et faire en sorte
que nous soyons accessibles, que ce soit sur le plan physique par nos bureaux
ou intellectuellement par l'information qu'on peut donner à l'ensemble
de la population.
M. Léger: M. le Président, la faillite du Cercle
d'économie de la future ménagère a entraîné
bien des plaintes de la part de consommateurs lésés par cette
compagnie. Ces plaintes qui, à première vue, peuvent ressembler
à toutes les autres plaintes, le créancier ayant perdu de
l'argent dans une faillite, prennent un éclairage particulier et
même une inondation particulière dans ce cas-ci. En effet, la
responsabilité du gouvernement dans cette histoire est assez importante,
car le nombre des consommateurs est très considérable. Si je ne
m'abuse, je pense que c'est près de 19 000 consommateurs qui ont subi la
faillite pour au-delà de $689 000 pour une fois, puis un autre montant
plus loin que je n'ai pas ici. Alors, l'an dernier, à l'époque
où cette faillite faisait encore la manchette des journaux, le ministre
des Consommateurs du temps avait proposé que le ministère du
Revenu renonce à son privilège de créancier en faveur des
petits créanciers vu, justement, cette responsabilité indirecte
du gouvernement.
Cette suggestion est, cependant, restée lettre morte et,
actuellement, les deux ministres de l'époque, soit celui des
consommateurs et celui du Revenu, ont changé de responsabilités.
J'aimerais savoir du ministre s'il a suivi ce dossier et quelles mesures il
envisage prendre à l'endroit des personnes lésées. Est-ce
oublié ou si vous avez quelque chose à faire de ce
côté?
Mme Bacon: Evidemment, à propos du problème que
soulève le député de Lafontaine, cela nous a
été demandé par plusieurs que le gouvernement paye les
frais de la faillite. Si cette demande était agréée, elle
ne saurait profiter aux créanciers ordinaires à la faillite, les
pétitionnaires que les gens représentent. En vertu de la loi de
la faillite, les montants qui représentent les frais de faillite,
lesquels demeurent inconnus jusqu'au règlement de la faillite, seraient
distribués non pas aux créanciers ordinaires, mais aux
créanciers privilégiés. Cette somme profiterait donc,
sinon entièrement, tout au moins en très grande partie,
uniquement aux créanciers privilégiés et non à
l'ensemble des pétitionnaires.
Une fois que ces derniers auraient payé les créanciers
ordinaires, les consommateurs se partageraient le peu qui pourrait subsister.
Dans ce contexte, le gouvernement a donc décidé de ne pas assumer
les frais de la faillite. En effet, quand on dit: On va les assumer pour
protéger davantage le consommateur, ce n'est pas le petit consommateur
qu'on aurait privilégié à ce moment-là, mais bien
les créanciers privilégiés.
M. Léger: Quand vous parlez de créanciers
privilégiés, vous excluez les 19 000 personnes?
Mme Bacon: Parce qu'il y en avait d'autres.
M. Léger: Je pense bien qu'on est conscient que
légalement le gouvernement n'a pas d'obligations envers ces personnes,
mais notre droit civil prévoit quand même que, dans de tels cas,
on peut faire un paiement en vertu d'une obligation naturelle comme c'est ici
le cas.
Je pense que, n'ayant pas surveillé l'agissement de cette
compagnie, cela a amené ces consommateurs à subir une perte
énorme. Et bien qu'il n'existe pas d'obligation légale de le
faire, il y a quand même une très forte responsabilité
morale du gouvernement dans cette histoire. Je me demande si le ministre, ou le
cabinet, en a envisagé la possibilité. Sinon, est-ce que le
ministre aurait objection à saisir ses collègues de ce cas
particulier?
Je peux vous dire une chose, c'est que l'Opposition ne s'opposerait
certainement pas à ce type de paiement.
Mme Bacon: Si on se réfère à ce que
l'ombudsman a rendu comme décision, à la suite de la
révision de ce dossier, quand nous avions, comme ministère ou
comme office, donné le permis au Cercle d'économie de la future
ménagère, le Cercle d'économie de la future
ménagère remplissait toutes les conditions pour obtenir un
permis. Donc, ceci avait été vérifié avant
d'émettre un permis.
Par la suite, il y a toutes sortes de moyens de révision, de
pression de la part de l'office qui ont fait que, constamment, l'office se
rendait vérifier les livres ou vérifier la bonne marche des
affaires du Cercle d'économie de la future ménagère.
L'office a quand même fait son travail dans ce suivi du dossier. En plus,
il est évident que la loi 45 n'obligeait pas, à ce
moment-là, les gens du Cercle d'économie de la future
ménagère à déposer en fiducie l'argent qu'ils
recevaient. Nous avons évidemment, cela ne règle pas le
problème pallier ce problème par l'insertion de cet article
dans la loi, celle qui a été déposée, afin que ces
problèmes ne se répètent plus.
Alors, je pense que l'office a fait quand même le travail qu'il
devait faire, compte tenu de la loi 45 actuelle, et a pris ses
responsabilités dans ce dossier. D'ailleurs, le Protecteur du citoyen
l'a confirmé en novembre dernier.
M. Léger: Est-ce que le ministre a terminé? M. le
Président, c'est sûr que la loi est du côté du
gouvernement. On peut trouver toutes les technicités de la loi comme
prétexte pour ne pas aller plus loin. Ma question est non pas
légaliste, mais vise beaucoup plus une certaine obligation naturelle que
le gouvernement pourrait avoir envers tous ces petits épargnants qui se
sont fait jouer. Pour quelle raison le gouvernement, utilisant son
critère de créancier privilégié, ne pourrait-il pas
faire des paiements directs, divisés entre les petits épargnants,
qui se préparaient à se marier et qui avaient mis de
côté des sommes d'argent? Tout le monde en a perdu beaucoup
là-dedans et le gouvernement en a retiré, grâce à la
loi et à la responsabilité du fisc là-dessus.
Mais ce n'est pas à cela que j'en ai; je sais que
légalement le gouvernement peut faire cela. Mais, le droit est une chose
et une obligation naturelle est une autre chose.
C'est pour cela que je vous dis que l'Opposition appuierait le
gouvernement là-dessus. Les quelque $600 000 qui seront versés au
gouvernement, de cette faillite, je ne vois pas pourquoi le gouvernement en
jouirait, alors que des petits épargnants se sont fait jouer
littéralement là-dedans et que le gouvernement a une partie de
responsabilité et devrait faire sa part. C'est pour cela que je demande
au ministre s'il n'y a pas moyen de... Il aurait l'appui inconditionnel de
l'Opposition sur cette question.
Mme Bacon: Le gouvernement n'a pas l'obligation...
M. Léger: Je le sais.
Mme Bacon: ... de rembourser les pertes subies par les
différents consommateurs. Dans ce cas, ce serait créer un
précédent qui ferait en sorte qu'à chaque fois qu'un
consommateur se sent lésé par une faillite pareille, le
gouvernement serait obligé, à ce moment-là, de
défrayer le coût énorme et le fardeau que cela peut lui
imposer.
Alors, même dans ce cas, malgré que nous soyons, nous
aussi, très sympathiques aux gens qui ont perdu de l'argent dans le
Cercle d'économie de la future ménagère, le gouvernement
ne peut pas rembourser chacun de ces individus.
M. Léger: M. le Président, je ne veux pas en faire
un long débat. Je voulais tout simplement dire que c'est prévu
dans le Code civil que le gouvernement, qui n'est pas obligé de payer,
peut quand même payer s'il juge que c'est une aide qu'il peut apporter
à une population. Ce n'est pas avec un argument juridique que je parlais
de cela, c'est simplement la possibilité...
Lorsque je parle d'obligation naturelle, c'est parce que c'est
prévu dans le Code civil que le gouvernement peut le faire. Autrement
dit, vous avez les pouvoirs légaux de le faire et vous avez les pouvoirs
légaux de ne pas le faire. C'est un choix politique que le gouvernement
prend et c'est pour cette raison que je dis que l'Opposition l'aurait
appuyé là-dessus.
Mme Bacon: Le meilleur des choix c'est toujours de donner aux
gens ce qu'ils demandent. Mais je pense que ce serait donner un fardeau au
gouvernement qu'il devrait assumer dans tous les cas, au niveau de chacun des
individus qui se sentent lésés dans une transaction; le
gouvernement ne peut pas supporter ce fardeau.
M. Léger: M. le Président, je dois prendre bonne
note de l'attitude du gouvernement, qui avait une chance de faire quelque chose
de bien; il ne le fait pas.
M. Harvey (Charlesbourg): Prenez avis.
Vente de terrains aux étrangers
M. Léger: M. le Président, je voudrais maintenant
parler d'un autre domaine, la vente de terrains situés au Québec
à des étrangers et par des étrangers. En février
dernier, le magazine américain Esquire publiait une réclame de la
compagnie Dupont Estate Limited qui offrait de vendre à des clients
américains des terrains situés au Québec. Cette
réclame abusive décrivait des terrains dont les avantages et les
qualités ne reflétaient pas la réalité. Le ministre
a-t-elle fait enquête sur cette compagnie? Il y a une copie d'annonces
où on mentionnait la possibilité de pêcher du saumon de
l'Atlantique dans le parc du Mont-Tremblant. Cela attirait les gens pour
acheter des terrains.
Mme Bacon: L'enquête a été conduite au
ministère; maintenant, on n'a pas les dernières
conclusions. Elles ne mont pas été remises et je les
attends d'ici peu.
M. Léger: Vous allez les avoir d'ici la prochaine
séance des crédits, cet après-midi, par exemple?
Mme Bacon: Non, cela n'ira pas à cet après-midi, je
pense qu'il faudra me poser une question en Chambre, mais je m'engage à
les donner en Chambre au député de Lafontaine.
M. Léger: Formellement?
Mme Bacon: Formellement. Je peux le faire pour cela.
M. Léger: Le ministre peut-elle nous dire quels moyens
elle va prendre pour contrôler cette situation? Vous allez faire
enquête, c'est-à-dire que vous allez continuer votre enquête
commencée l'année dernière; mais quels moyens
entendez-vous prendre pour contrôler des situations comme
celle-là?
Mme Bacon: II s'agit du problème du lotissement; un projet
de loi avait été préparé au sujet du lotissement
prévoyant des prospectus et diverses formalités en matière
de lotissement pour protéger le public. A la suite de consultations
entre les divers ministères, les juridictions ont été
mieux établies et aujourd'hui c'est un problème qui est au niveau
des affaires municipales, par le truchement des pouvoirs des
municipalités.
Il y a aussi un problème en ce qui concerne les terres arables,
qui relèvent du ministère de l'Agriculture. Alors, dans cette
perspective, le ministère s'est retiré directement du
règlement de ces problèmes pour laisser les autres
ministères exercer leur juridiction. Le ministère, dans ces
domaines, intervient surtout supplétivement pour protéger le
consommateur. Dans ce qui s'appelait à l'origine la Loi de protection
des acheteurs de maisons neuves, on trouvait des dispositions sur le
lotissement. Cela se retrouve dans certaines parties de la nouvelle Loi de la
protection du consommateur, notamment les dispositions sur l'achat de maisons,
selon des maisons témoins, alors que les autres domaines...
M. Léger: Sur l'achat de?
Mme Bacon: Selon des maisons témoins, certaines
dispositions pour que l'acheteur ait une maison équivalente à
celle qu'il a visitée et qui constitue la maison modèle ou la
maison témoin. Donc, dans ce domaine du lotissement, nous n'avons pas
l'initiative; ce que nous faisons cependant c'est par le biais de notre service
du courtage immobilier. Notre service du courtage immobilier,
évidemment, a une loi dont les limites sont assez
déterminées; il s'agit de contrôler les
intermédiaires en matière de transactions
immobilières.
L'enquête qui s'effectue actuellement est pour déterminer
si, en vertu de la Loi du courtage immobilier ou en vertu des lois
corporatives, Loi des compagnies, Loi des compagnies étrangères,
les ventes auxquelles vous vous référiez sont dans la
légalité. Ceci ne peut régler le problème
évidemment de la vente des terres arables à des étrangers.
Il y aurait peut-être un élément de solution qui n'est pas,
non plus, de la juridiction de notre ministère; il s'agit de l'aspect
fiscal de ces ventes de terrains à des étrangers.
Achat de maisons neuves
M. Léger: Concernant la Loi sur la protection des
acheteurs de maisons neuves et de terrains, le projet de loi no 6 qui avait
été déposé l'année dernière,
l'Assemblée nationale avait été saisie de ce projet de loi
qui avait pour but de protéger les acheteurs de maisons neuves et de
terrains. Ce projet de loi avait franchi presque toutes les étapes
législatives, mais il a été retiré du feuilleton.
On retrouve très peu de dispositions en ce sens dans le projet de
refonte de la Loi de la protection du consommateur que le ministre nous a
présenté. Quelles sont les intentions du ministère dans ce
domaine?
Mme Bacon: Nous avons retiré le projet de loi no 6,
justement parce qu'il n'est pas dans notre ressort de protéger... Nous
protégeons, pour les maisons neuves, ce que nous avons inclus dans la
loi? Il y a des ministères qui devront déposer, s ils ne I'ont
déjà fait, certaines lois qui protégeront le consommateur
de façon adéquate, mais suivant les responsabilités de
chacun de ces ministères.
Notre responsabilité était de protéger le
consommateur qui achetait une maison suivant la maison témoin, lorsqu'on
offre certains articles ou certains équipements pour que ceux-ci soient
bien compris là-dedans et qu'il y ait une liste complète comme on
le retrouve dans le nouveau projet de loi. Le ministère des Affaires
municipales, le ministère du Travail, le ministère des Terres et
Forêts sont concernés par ce projet. Ce que nous ne voulions pas,
c'est qu'il y ait répétition dans les lois, afin que le citoyen
s'y retrouve, afin qu'il ne retrouve pas une partie dans la loi no 6, une autre
partie dans la loi qui sera déposée par le ministère des
Affaires municipales ou par le ministère du Travail ou celui des Terres
et Forêts, mais que ce soit dans une seule et même loi. C'est pour
cela que nous avons voulu donner une protection uniquement pour les achats de
maisons qui se font d'après une maison témoin.
M. Léger: Le ministre n'était pas titulaire de ce
ministère quand cette loi a été adoptée. C'est son
prédécesseur qui était là. J'étais
moi-même le critique de l'Opposition là-dessus. A ma grande
surprise, pendant l'étude article par article j'avais
appuyé, d'une part, le ministre ce sont des ministres du
gouvernement qui étaient venus saboter cette loi. Je pense que c'est
malheureux qu'on n'ait pas pu faire l'unanimité. L'Opposition
était d'accord avec le projet de loi, moyennant quelques amendements ici
et là. Cela amenait quand même une correction à une
protection qui était absolument inexistante au niveau de groupes de
personnes qui achètent d'un entrepreneur des maisons neuves.
J'attirerais l'attention du ministre sur un point bien précis: la
disparition d'un entrepreneur avant même qu'il ait terminé sa
responsabilité envers les acheteurs de ces maisons neuves. Il y en a qui
laissent en plan des quantités énormes de citoyens qui sont pris
avec une maison qui n'est pas complètement terminée, qui a des
failles. Ils ont des problèmes avec cette maison, qui font qu'ils sont
obligés de mettre $1000, $2000 ou $3000 de réparations pour
terminer la maison. Je donnais justement l'exemple, dans le comté de
Lafontaine, des Habitations Roncen où l'entrepreneur avait bâti
une quarantaine de maisons. Il était disparu; on ne savait pas s'il
avait fait faillite ou non. La Société centrale
d'hypothèques et de logement avait prêté l'argent, mais son
seul souci était de protéger l'investissement de
l'hypothèque. Vis-à-vis de l'entrepreneur à qui elle avait
donné le permis de construire et qu'elle avait aussi surveillé
durant la construction de ces maisons elle avait fait une mauvaise
surveillance elle ne se sentait absolument pas liée pour autre
chose que pour le montant qu'elle avait mis, dans cela, soit en prêt,
soit en garantie bancaire pour l'entrepreneur. Les citoyens se sont vus
privés d'une réclamation qui dépassait $75 000 à
$80 000 pour les 40 maisons et ils n'ont eu, pour se le diviser entre eux, que
le prêt hypothécaire qui restait, je pense que c'était
$9000 à diviser entre 40 propriétaires.
A ce moment-là, M. le Président, le ministre qui
précédait le ministre actuel, avait présenté ce
projet de loi. Nous l'avions appuyé. Ce sont des ministres et des
députés du parti ministériel qui étaient venus
boycotter le projet de loi.
Je pense qu'il n'y a aucune autre loi actuelle, dans d'autres
ministères, que ce soit dans le domaine du ministère du Travail
ou dans d'autres ministères, qui tienne compte de cette situation. Entre
autres, on avait proposé au ministre je pense que c'était
son intention d'obliger les entrepreneurs, pour construire des maisons,
d'avoir un permis du Québec avec aussi un dépôt de
garantie. Cette garantie ne serait remise à l'entrepreneur
qu'après qu'il aurait nettement terminé la maison à la
satisfaction du contrat. A ce moment-là, il y avait une garantie
supplémentaire pour le propriétaire de pouvoir recueillir,
à même cette somme de garantie, une partie des réparations
qui lui était due.
Je pense que le ministre devrait repenser cette situation et nous
ramener un projet de loi dans ce sens. Sinon, on ne protège pas les
acheteurs éventuels de maisons neuves.
Mme Bacon: Au moment du dépôt de ce projet de loi,
ou même de son étude, l'Office de la construction n'existait pas.
Quand on pense au cautionnement, au système d'indemnisation, dans le
moment, il y a des négociations en cours entre l'Association des
constructeurs et l'Office de la construction. C'est ce qui a amené le
retrait de ce projet de loi. Ce sont les différentes lois qui ont
été adoptées au niveau du ministère du Travail, la
création de l'Office de la construction qui exerce quand même une
certaine surveillance. Nous n'avions pas, nous, à faire un
dédoublement de cette loi ou de cet office qui existe. On n'a pas
à recommencer dans une loi. C'est ce qui a amené le retrait du
projet de loi en ayant prévu d'intercaler, dans la loi 7, la protection
des acheteurs de maisons neuves. Ils ont cette protection au niveau des maisons
neuves d'après les maisons témoins, mais le ministère du
Travail, par le biais de l'Office de la construction, continue ses
négociations avec l'Association des constructeurs.
M. Léger: Je dois quand même dire au ministre que
l'Office de la construction n'a pas, dans ses règlements et dans les
lois actuelles, le gouvernement n'a pas de protection contre l'entrepreneur qui
disparaît ou qui fait faillite et qui laisse des propriétaires de
maisons dans l'obligation de payer une hypothèque très
élevée sur une maison qui n'a pas été librée
tel que convenu. Même si l'entrepreneur doit vendre une maison qui
correspond à la maison modèle, si ce n'est pas le cas, vous
n'avez rien dans vos lois, actuellement, dans aucun des ministères, qui
permette de protéger l'acheteur de la maison neuve en cas de
disparition, de fuite ou de faillite de la part de l'entrepreneur.
Mme Bacon: M. le Président, au même moment où
était déposé le bill no 6, l'Assemblée nationale a
voté la loi no 33, Loi sur la qualification professionnelle des
entrepreneurs en construction, qui prévoit un régime de licence
pour tout entrepreneur de construction.
La Régie des entreprises de construction du Québec est
chargée de l'administration de cette loi. Cette loi est
sanctionnée. Elle relève du ministère du Travail. Depuis
le 31 mars, tout entrepreneur de construction, au Québec, doit
détenir une licence émise par la nouvelle Régie des
entreprises de construction.
A l'article 34 de la loi no 33 de 1975, il est prévu que, par
voie de règlement, la régie peut exiger des cautionnements pour
protéger les propriétaires consommateurs concernant les fraudes,
malversations et aussi, jusqu'à un certain point, au niveau de
l'exécution des travaux. Le ministère des Consommateur,
Coopératives et Institutions financières est toujours en relation
avec le ministère du Travail et de la nouvelle Régie des
entreprises de construction, à cet effet. Le ministère du Travail
a été saisi, par l'Association des entrepreneurs de construction
du Québec, d'un projet de plan de garantie pour les acheteurs de maisons
neuves, laquelle protection répondrait aux exigences de la nouvelle
Régie des entreprises de construction qui exigera, d'ici quelques mois,
un double cautionnement pour protéger les consommateurs, donc protection
des dépôts lors des offres d'achat, protection pour
exécution des travaux ou protection contre les détournements,
malversations, etc.
Alors je sais que c'est à l'état de projet. La loi 33
donne ouverture et la Régie des entreprises de construction sera en
mesure, via le ministre du Travail, de donner de plus amples informations
concernant le type de protection que nous allons trouver au Québec et
qui a déjà commencé, d'après le modèle des
provinces d'Ontario, de la Colombie-Britannique et de l'Alberta.
M. Léger: M. le Président, de toute façon,
en ce qui nous concerne, nous allons attendre cette réglementation qui
n'existe pas actuellement, qui va venir, comme on l'affirme. Mais le
cautionnement devrait être quand même asse2 élevé
parce que la personne qui ne perd que $5000 et fait quelque $100 000 de profit
et disparaît, les propriétaires de maisons ne peuvent pas faire
autre chose que réclamer, mais de qui, si la personne est en faillite?
Le cautionnement, il faudrait quand même qu'il soit assez
élevé.
Mme Bacon: L'information que le ministère des
Consommateurs possède est à l'effet que chaque unité
d'habitation, lors de la mise en chantier, sera protégée. Comme
je l'ai dit, les dépôts seront jusqu'à concurrence de $20
000.
M. Léger: Par maison?
Mme Bacon: Par maison. Je parle juste du dépôt.
Disons que le système qui a été présenté au
ministère du Travail est que pour chaque mise en chantier, dès le
début, comme je l'ai dit, il revient au ministre du Travail... Notre
ministère agit comme consultant pour voir les implications en
matière d'assurance et autres implications du côté des lois
corporatives.
M. Léger: M. le Président, est-ce que le ministre
peut me dire on m'a dit que cela existe dans quatre ministères
ce qui existait au niveau des Affaires municipales et au niveau des
Terres et Forêts?
Mme Bacon: Le livre blanc sur l'urbanisme, l'aménagement
du territoire, en fait, ce sont les préoccupations du ministère
des Affaires municipales, pour faire les contrôles qui seront
éventuellement exercés sur les vendeurs de lots. Cela met fin aux
abus visés par le projet de loi no 6. On peut voir cela au niveau des
Affaires municipales.
Terres et Forêts, cela touche aux lotissements aussi, ce qui
pourrait être protégé par les Terres et Forêts. On
vient d'expliquer pour le ministère du Travail.
Faillite de Westgate
M. Léger: Est-ce que je peux faire une confidence au
ministre? Si, au ministère des Affaires municipales, on n'en est rendu
qu'au livre blanc, connaissant la célérité du ministre des
Affaires municipales, où la réglementation sur l'environnement a
pris quatre ans et elle n'est même pas encore déposée, je
ne pense pas qu'on règle les problèmes des maisons neuves
très bientôt. On est uniquement rendu au livre blanc, aux Affaires
municipales. Je fais cela en confidence, je pense que personne ne nous
écoute actuellement.
M. le Président, concernant la faillite de Westgate Realties, la
faillite des Immeubles Westgate pose certaines questions quant à la
surveillance qu'exerce le ministère sur les agences de courtage
immobilier. Quelles ont été les actions du service de courtage
immobilier du ministère avant et aussi après la faillite de
Westgate?
Mme Bacon: Après une première requête en date
du 19 août 1975, pour un montant de $1000, contre les Immeubles Westgate,
à titre de débitrice, le courtier en valeurs mobilières le
plus important dans la province de Québec confessait son état
d'insolvabilité devant la Cour Supérieure du district de
Montréal. Et lors de la première assemblée des
créanciers à la faillite, le président de la firme
Westgate expliquait que les causes de la faillite tenaient principalement
à la mauvaise gestion de son entreprise, à une insuffisance de
capitaux et à une expansion exagérée.
A titre d'exemple, au cours de la dernière année, la firme
avait ouvert seize nouvelles succursales et avait investi près de $1
million dans une nouvelle entreprise qui se spécialisait dans le
prêt hypothécaire, soit le Westgage Mortgage Company. A la fin du
mois de juin 1975, la firme Westgate nous a présenté ses
états financiers pour son année financière se terminant le
30 avril précédent. Ces états financiers nous montraient
qu'à cette date le fonds de roulement de la compagnie était
déjà déficitaire; alors que les revenus avaient
doublé par rapport à l'année précédente, les
dépenses de cette compagnie avaient triplé.
De plus, après une vérification faite par mon
ministère, nous avons constaté que ces états financiers,
bien que vérifiés et portant la signature d'un comptable
agréé, ne révélaient pas la situation réelle
de l'entreprise. Il était devenu évident, pour mon
ministère, qu'au strict point de vue financier cette entreprise devait
poser les gestes nécessaires afin de pouvoir survivre. La Loi du
courtage immobilier prévoit que tout courtier en immeuble qui, dans
l'exercice de ses fonctions, reçoit pour autrui des dépôts
est tenu de déposer ces dépôts dans un compte en fiducie
spécial et ne peut débourser cet argent que selon les conditions
de la fiducie. Dans la pratique courante, la fiducie d'un courtier est
déterminée à l'offre d'achat acceptée par les
parties où l'on stipule que les dépôts que doivent
conserver les courtiers sont destinés à être imputés
au total des prix de vente à titre de réduction.
La position de mon ministère est formelle sur cette question: les
dépôts ne constituent pas la commission des courtiers,
n'appartiennent pas aux courtiers et ne peuvent être utilisés par
ces derniers pour des fins personnelles. Dès sa nomination, au mois de
mars 1975, le nouveau surintendant du service du courtage immobilier du
Québec...
M. Léger: Est-ce que je peux demander au ministre, pour
comprendre ce qu'elle vient de dire...
Mme Bacon: C'est parce qu'il faut faire tout l'historique. Si le
député de Lafontaine veut vraiment suivre le dossier, il faut
partir du début. Cela peut être long, je m'excuse, mais il faut
que ça soit long pour qu'on comprenne bien.
M. Léger: Allez!
Mme Bacon: Le nouveau surintendant, à sa nomination au
mois de mars 1975, constata que la firme Westgage utilisait une partie
importante des fonds qui devaient être maintenus en fiducie pour le
financement de ses opérations courantes. Je pense qu'il faut aussi
être le plus spécifique possible parce qu'il s'est écrit
tellement de choses sur ce problème de Westgate.
Le 17 mars 1975, le surintendant somma la firme Westgate de mettre fin
à cette pratique et de prendre les dispositions nécessaires pour
rétablir le solde de son compte en fiducie comme il se devait. Les
données que mon ministère avait en sa possession à cette
date indiquaient que la firme Westgate pouvait se conformer aux dispositions de
la loi. Les derniers états financiers qui nous ont été
présentés, à la fin du mois de juin, nous
démontraient clairement que cette firme de courtage connaissait une
situation financière des plus précaires et ce malgré le
recours systématique au compte en fiducie pour le financement de ses
opérations. Dès que mon ministère constata la situation
financière précaire de cette firme de courtage en immeuble, qui
était la plus importante au Québec tant par son volume
d'opérations immobilières que par le nombre de ses
employés, il était devenu évident qu'il fallait prendre
des dispositions particulières pour éviter que le public, qui
transigeait des opérations immobilières par
l'intermédiaire des Immeubles Westgate Inc., subisse de fortes pertes
financières.
Si le surintendant du courtage immobilier avait suspendu le permis du
courtier de la firme Westgate au début du mois de juillet, la situation
aurait été des plus désastreuse pour le public. De plus,
le président de la firme Westgate informa officiellement mon
ministère au début de juillet qu'il était à la
recherche de capitaux afin d'effectuer la réorganisation
financière de la compagnie. Toutefois, le surintendant considéra
à cette époque qu'il ne fallait pas que le délai
accordé à cette firme, pour rétablir sa situation
financière, joue au détriment du public, qui continuait à
transiger ses opérations immobilières par cette firme. Le
surintendant obligea donc cette firme à ne plus utiliser son compte en
fiducie pour le financement de ses opérations et mon ministère
prit les dispositions nécessaires pour s'assurer du respect des
dispositions de la loi.
Grâce à l'intervention du service du courtage immobilier et
de mon ministère tous les nouveaux dépôts confiés
à la firme Westgate jusqu'à sa faillite, se totalisant à
près de $600 000, ont pu être protégés.
Considérant que la Loi du courtage immobilier est une loi qui a pour
objectif de protéger le public, que l'intérêt public est en
cause, à la demande de mon ministère le procureur
général intervient dans toutes les causes en cours présen-
tement devant les tribunaux pour faire valoir les droits des personnes qui ont
effectué des dépôts. Mon ministère est des plus
optimiste et croit fortement que le public ne subira aucune perte
financière due à la faillite de cette firme de courtage en
immeuble. C'est pour cela qu'il a fallu y mettre le temps pour suivre de
très près ce problème occasionné par la firme
Westgate.
M. Léger: Par la suite, est-ce que les sommes
déposées pour leurs clients doivent être maintenant
placées pour n'importe quel courtier en fidéi-commis? C'est donc
dire qu'une personne qui veut acheter une maison, donne un dépôt
de $500 $1000 ou $5000 à un courtier. Quand ce courtier va faire signer
l'acceptation par le vendeur, est-ce que le chèque doit être fait
au nom du vendeur et du courtier ou s'il est fait au nom du courtier qui va le
mettre dans un compte en fidéicommis?
Mme Bacon: II n'y a pas de loi qui précise que cela doit
être fait au nom des deux, au nom du vendeur, ou au nom du courtier, ou
au nom de la compagnie, mais ces sommes doivent être placées en
fidéicommis. C'est pour protéger davantage le consommateur.
M. Léger: Je pense que là-dedans il faut quand
même admettre que le ministère a fait un bon travail concernant la
surveillance de Westgate et je le félicite pour les autres fois
où je ne peux pas féliciter le ministère.
Mme Bacon: J'accepte avec plaisir.
Indemnisation des victimes de courtage
immobilier
M. Léger: Par la même occasion, je pense que le
surintendant des assurances avait annoncé la création d'un fonds
d'indemnisation des victimes de courtage immobilier. Est-ce que le ministre
peut nous donner des détails sur ces projets-là?
Mme Bacon: Disons que c'est à l'état de discussion
avec l'Association de l'immeuble. Comme le ministre l'a annoncé, il est
possible que la Loi du courtage immobilier et ses règlements
d'application fassent l'objet d'amendements. La loi date de 1962 et, tant par
le volume ou la valeur des opérations immobilières, on
s'aperçoit que les dispositions actuelles de la loi qui exigent des
cautionnements de $5000 pour le courtier et de $1000 par vendeur ne semblent
pas donner toute la protection désirée. Telle protection
était nécessairement efficace en 1962, alors c'est à
l'état de discussion présentement. Il y a différents Etats
américains qui ont des fonds d'indemnisation. Ce qui avait
été annoncé ou plutôt discuté publiquement
par le surintendant, c'est suite à une question lors du congrès
de l'Association de l'immeuble où on semblait privilégier
l'approche de la Chambre des notaires, lesquels notaires ont des
dépôts aussi qu'ils doivent détenir en fidéicommis
et les notaires renoncent aux intérêts
générés par ces dépôts et ces
intérêts vont alimenter un fonds
de recherche. Alors c'est à l'état d'étude
présentement.
Il y a peut-être une gamme, un éventail de protection
financière, cela peut être un système mixte
d'indemnisation. Ce que nous savons c'est que par les contrôles
très sévères qui ont été établis au
cours des derniers mois, les dépôts détenus par les
courtiers en immeuble en tout temps totalisent près de $8 millions, et
ceci préoccupe notre ministère. Les associations, les chambres
d'immeuble sont très bien informées et elles incitent aussi leurs
membres au respect intégral de la loi sur cette question.
M. Léger: Je vous remercie. M. le Président, en ce
qui nous concerne, le programme 1 c'est adopté.
Le Président (M. Pilote): Programme 1 adopté,
éléments 1 et 2. Programme 2.
Fichier central des entreprises
M. Léger: M. le Président, concernant le fichier
central des entreprises, alors que le fichier central des entreprises
permettait, il y a tout au plus deux ans, une consultation rapide des
renseignements accessibles sur les diverses compagnies, on a assisté
depuis plus d'un an à un alourdissement des procédures, de telle
sorte qu'il faut maintenant de 24 à 72 heures pour obtenir une copie des
feuilles de renseignement lorsqu'on se présente directement au comptoir
et même un délai passablement plus long lorsqu'on procède
par la poste.
Est-ce que le ministre peut nous expliquer les raisons administratives
de ces délais qui deviennent chaque mois de plus en plus longs?
Mme Bacon: Je crois qu'il faudrait préciser que ce n'est
pas le fichier central qui répond directement aux individus, mais bien
le service des compagnies. C'est ce que voulait dire le député de
Lafontaine. Ce n'est pas le fichier central comme tel, mais le service des
compagnies.
M. Léger: Le service des renseignements au public.
Mme Bacon: M. le Président, les retards qui ont lieu
actuellement auraient une cause technique tout à fait
particulière. Actuellement, notre service des compagnies procède
à appareiller et à fusionner les dossiers des archives et les
dossiers du service des renseignements des compagnies. Alors, ceci
occasionnerait certains délais, justement parce que ce sont des dossiers
en transit qui sont souvent l'objet de certains travaux, en vue d'en faire un
dossier unique.
M. Léger: Mais, dans son introduction, le ministre a
parlé d'une politique plus serrée, car on avait vu des abus
prévisibles de ces informations. Qu'est-ce que le ministre entendait par
abus de ces informations? En quel sens peut-il y avoir des abus pour des
informations publiques au sujet de personnes qui, souvent, se cachent
derrière des noms légaux alors qu'elles sont propriétaires
ou actionnaires de compagnies? Quels abus peut-on avoir dans cela?
Mme Bacon: L'abus est en matière de diffusion des
renseignements contenus au fichier. Voici un appareil mécanographique
qui permet des regroupements, qui permet de donner à l'information une
valeur qu'elle n'aurait pas individuellement.
Alors, au point de vue administratif, le problème est le suivant.
Est-ce que la direction d'un fichier, composée de techniciens
très compétents, devrait être juge de l'information qu'elle
va fournir au public en général? La politique qui n'est pas
encore sanctionnée, mais qui est déjà formulée, c
est que cela devrait être à l'intérieur des lois
adoptées par la Chambre et de la réglementation que devraient
être fournis les renseignements.
Le fichier est un instrument qui n'est pas exclusif au ministère;
plusieurs ministères y participent. Il y a plus d'une centaine de
fichiers particuliers qui sont affiliés au fichier central. Alors, la
politique qui est formulée actuellement est que ceux qui ont juridiction
en matière de lois et de réglementations sont ceux qui vont
fournir l'information. Evidemment, si nous prenons un ministère comme le
ministère du Revenu, il n'y a pas de doute qu'il y a
énormément d'informations qui ne peuvent pas être fournies.
Nous ne pouvons pas prendre le risque que les fonctionnaires du fichier central
fournissent indirectement cette information.
S'il y a des informations à fournir à d'autres
gouvernements, par exemple, qui ont à négocier, disons avec le
gouvernement central, il ne faudrait pas laisser un fonctionnaire du
ministère des Institutions financières, qui s'occupe du fichier
central, déterminer quels renseignements il fournira.
Alors, il faut une certaine unité, un certain
intérêt et une certaine juridiction pour ceux qui fournissent les
renseignements. C'est dans ce sens, je crois, que le discours du ministre
faisait état d'abus possibles. Donc, le contrôle s'effectue selon
les lois et les réglementations qui ont été
adoptées par le gouvernement.
M. Léger: Le ministre peut-elle nous dire maintenant s'il
va y avoir un allégement concernant les informations au bureau central?
Présentement, même s'il y a un problème de transit,
même si ce problème n'est pas permanent, cela sera-t-il aussi
rapide que ce l'était auparavant?
Mme Bacon: On m'informe que les retards étaient aussi
occasionnés par des changements dans l'informatique. Le support
informatique du fichier central est au ministère du Revenu, aux
ordinateurs du ministère du Revenu, et apparemment on aurait
changé le système récemment et cela a occasionné
aussi certains problèmes, ce qui expliquerait ces retards dont vous
parlez.
M. Léger: M. le Président, si vous n'avez pas
d'objection, je proposerais l'ajournement ou la suspension de la
séance.
Le Président (M. Pilote): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 45)
Reprise de la séance à 16 h 19
M. Lafrance (président de la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières): A
l'ordre, messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières reprend l'étude des crédits du
ministères des Consommateurs, Coopératives et Institutions
Financières. Nous en étions, je crois, au programme 2.
M. Léger: Elément 1, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Elément 1. Le
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je n'ai pas tellement de
questions au programme 2. On m'avait demandé de passer tantôt au
programme 3, élément 4; je n'ai pas d'objection.
Mme Bacon: C'est que M. Lacoste doit nous quitter.
M. Léger: Je n'ai qu'une question générale.
D'ailleurs, comme je le disais au ministre au début de l'étude'
étant donné qu'il y a plusieurs projets de loi qui s'en viennent,
nous ne voyons pas l'importance de poser des questions sur des sujets qui vont
probablement être couverts par ces projets de loi. C'est la raison pour
laquelle nous avons limité nos questions à des choses qui sont en
dehors des projets de loi. C'est pour cela qu'à l'élément
3, programme 4, pour libérer le fonctionnaire qui doit retourner, je
pense, à Montréal...
Mme Bacon: Programme 3, élément 4?
M. Léger: Qu'est-ce que j'ai dit?
Mme Bacon: Le contraire.
Commerce des valeurs mobilières
M. Léger: Programme 3, élément 4. Je
voudrais simplement demander au ministre, du fait que, dans ses remarques
préliminaires, lors de l'ouverture des crédits, le ministre nous
avait annoncé une refonte prochaine de la Loi des valeurs
mobilières, si le ministre peut nous brosser un tableau des
modifications envisagées et nous dire si le projet est imputable
à une modification permanente du marché des valeurs
mobilières ou aux mauvaises conditions économiques qui
prévalent depuis quelques années. Quelles sont les raisons de
cette modification?
Mme Bacon: M. le Président, mon nom est Gérald
Lacoste, président de la Commission des valeurs mobilières. La
refonte de la Loi des valeurs mobilières qui est actuellement en cours
n'est aucunement imputable aux conditions actuelles du marché. Il s'agit
tout simplement de moderniser une loi qui régie un marché qui est
lui-même constamment en mouvement et en évolution. No-
tre marché des capitaux est intimement lié à celui
de nos voisins de l'Ontario et encore plus étroitement, du moins quant
aux effets, avec celui de nos voisins du sud. Les Américains ont
eux-mêmes, depuis juin 1975, apporté des amendements majeurs
à leur loi des valeurs mobilières, afin de simplifier, dans la
mesure du possible, la réglementation et assurer un marché qui
est beaucoup plus concurrentiel.
Ces mêmes principes président à une refonte qui est
actuellement en cours. Il y a même un projet de loi déposé
en Ontario et, ici au Québec, nous avons déjà, à la
commission, un travail assez avancé de rédaction, afin de
s'assurer qu'il y a quand même une uniformité dans la loi pour que
les utilisateurs de capitaux à travers le pays et non seulement
au Québec puissent jouir d'un système assez uniforme.
C'est le contexte dans lequel s'insère la révision de la
Loi des valeurs mobilières.
M. Léger: Est-ce que cela va être un peu une copie
du projet de loi ontarien ou s'il va y avoir des échanges entre les deux
provinces?
Mme Bacon: Je dirais qu'il y a déjà eu au moins
trois réunions non seulement avec la commission des valeurs
mobilières de l'Ontario mais avec tous nos homologues à travers
le Canada où on a étudié, point par point, le projet de
l'Ontario. Chacune des commissions, et particulièrement le
Québec, a pu avoir un "input" dans ce que serait le projet des valeurs
mobilières de l'Ontario.
Quant à la commission du Québec, nous essayons, dans tous
les domaines où il doit y avoir uniformité pour que le
marché des capitaux soit efficace, de garder une uniformité. Mais
en ce qui concerne les domaines qui nous sont propres, comme, par exemple, le
rôle de la commission, l'appel des décisions de la commission, les
réglementations, les enregistrements de courtiers, les recommandations
particulières que la commission peut faire au ministre, tous ces
domaines qui nous sont déjà propres, nous les reformulerons, mais
avec notre propre philosophie, parce qu'il ne s'agit pas là de domaines
qui touchent ou qui affectent nos voisins au Canada.
M. Léger: M. le Président, en ce qui nous concerne,
sur ce programme, nous n'avions pas plus de questions pour cette
année.
Le Président (M. Lafrance): Le programme 3. M.
Léger: A l'élément 4, du programme 3.
Le Président (M. Lafrance): L'élément 4 du
programme 3 est adopté.
M. Léger: Je vous remercie. Si vous le permettez, M. le
Président, nous allons revenir au programme 2, élément 1,
concernant la remise des rapports annuels des compagnies. Le ministre peut-il
nous dire quelles sont les pénalités impo- sées aux
compagnies qui font défaut de remettre leur rapport annuel à la
date prévue?
Mme Bacon: II n'y a pas de montant spécifique de
pénalité. La compagnie est dissoute si le rapport n'est pas
soumis dans l'année, mais il n'y a pas un montant de
pénalité comme tel.
M. Léger: Mais la pénalité, c'est de
dissoudre la compagnie. Alors, comment se fait-il qu'il peut y avoir des
compagnies, dont la charte existe depuis au moins trois ou quatre ans, qui
n'ont pas fait de rapport depuis trois ou quatre ans, qui ont même des
contrats avec le gouvernement et qui ne sont pas dissoutes, puisque les
contrats existent encore?
Mme Bacon: II se pourrait que, par exception, certaines
compagnies subsistent même si elles n'ont pas fait de rapport annuel. Je
peux dire qu'il s'est fait une opération de nettoyage justement au sujet
de ces compagnies qui ne faisaient pas de rapport, qui a
représenté un travail considérable. Cela a impliqué
l'annulation de 22 968 chartes. Certaines ont fait revivre la compagnie, parce
que c'est prévu à la loi, et il y en a 695 dont la dissolution a
été révoquée, en plus des 22 000. En fait, ce
seraient 28 000 ou 29 000 qui ont été annulées.
Maintenant, à cause des grands nombres je crois qu'il y a 140 000
dossiers dans ces services il est fort possible qu'il y ait quelques cas
isolés.
M. Léger: 140 000 dossiers.
Mme Bacon: Oui, je crois. 70 000 compagnies actives actuellement.
Le chiffre que je citais comprendrait les raisons sociales et d'autres
dossiers.
M. Léger: Combien de compagnies soit, en pourcentage ou en
nombre, font ainsi défaut de produire leur rapport à temps?
Mme Bacon: Je pourrais difficilement vous donner des chiffres
précis. La concentration des rapports annuels des compagnies,
généralement, c'est en août, septembre. L'année
dernière, c'était un peu plus tard à cause de la
grève des postes; à ce qu'on me dit, cela a été
décalé de quelques mois.
Il y a quelques milliers de rapports qui se font au cours de
l'année, hors ces périodes de pointe. Ce qui veut dire qu'il y a
sûrement des gens en retard, au cours de l'année, même si
cela ne représente pas la grande partie des compagnies qui doivent faire
rapport.
M. Léger: Le ministre me disait tantôt qu'une
compagnie qui ne fait pas son rapport peut être dissoute dans
l'année qui suit?
Mme Bacon: II y a toujours un avis qui est envoyé à
nouveau. Normalement, la compagnie, si elle n'a pas fait son rapport,
reçoit un autre avis du
service pour soumettre son rapport. Après, il y a
possibilité de dissoudre.
M. Léger: L'avis est envoyé l'année
suivante? Mme Bacon: Oui, normalement dans l'année...
M. Léger: S'il n'y a pas de réponse après
l'avis, la compagnie est dissoute.
Mme Bacon: C'est cela. Oui, alors cela fait comme un
deuxième avis, ni plus ni moins.
M. Léger: Alors, cela veut dire qu'une compagnie qui
n'aurait pas fait de rapport, selon les critères du ministère,
après deux ans ne devrait pas exister ou automatiquement devrait
être dissoute?
Mme Bacon: En fait, quand le fichier sera mis à jour et
que, ce qu'on disait tantôt, l'opération nettoyage sera
terminée, il sera possible de les suivre d'aussi près. Pour le
moment, c'est un peu difficile d'exercer un tel contrôle, mais dès
que les dossiers seront mis à jour, on pourra le faire.
M. Léger: Est-ce que c'est sur ordinateur? Mme Bacon:
Oui.
M. Léger: Autrement dit, au moment où on se parle,
le ministre ne peut pas m'affirmer que des compagnies qui n'auraient pas fait
de rapport depuis, supposons, deux ou trois ans ont été
dissoutes. Il se peut qu'il y ait des compagnies qui sont là, sans
rapport depuis trois ou quatre ans, même, et qui n'ont pas encore
été dissoutes, même s'il n'y a pas eu de rapport depuis
tant d'années?
Mme Bacon: A cause de cette opération nettoyage,
justement, qui a causé des délais, mais cette opération
achève et, par la suite, nous pourrons suivre de plus près.
Le programme, pour être terminé, impliquerait probablement
l'annulation de 15 000 à 20 000 chartes qui subsistent toujours. Alors,
ceci va se compléter. Nous avons parlé ce matin de la fusion du
dossier de la Loi des renseignements sur les compagnies dont il est question
actuellement et le dossier d'archives, les documents constitutifs de la
corporation qui, jusqu'ici, étaient séparés, ce qui
pouvait être aussi une source d'erreurs ou d'incertitudes.
M. Léger: D'accord, M. le Président. Maintenant,
à l'élément 3, concernant les associations
coopératives, quel est le montant des subventions versées par le
ministère au conseil de la coopération, pour l'année
écoulée et aussi pour l'année qui commence? Combien
prévoyez-vous verser?
Mme Bacon: J'ai distribué les tableaux ce matin. Dans les
dossiers qui ont été remis, vous avez les montants qui sont
versés à chacune des associations.
Nous avons peut-être une autre copie si...
M. Léger: Alors bon, je n'en ai pas encore une copie.
Mme Bacon: Tous les montants sont mentionnés. Vous les
retrouverez peut-être là-dedans.
M. Léger: Je ne sais pas si le ministre m'a répondu
dans son intervention ce matin mais, lors de l'étude des crédits
de l'an dernier, le ministre de l'époque a fait état d'une
étude portant sur le coopératisme et ses applications par les
différents ministères. Cette étude était
commandée à M. Roland Parenteau. Je sais que le ministre en a
parlé ce matin. Le ministre peut-elle nous dire ce qu'il est advenu de
cette étude ou pourriez-vous compléter ce que vous avez
donné ce matin? Vous en avez un peu parlé ce matin.
Mme Bacon: En fait, je ne peux que répéter ce que
j'ai dit ce matin. M. Parenteau nous a remis son rapport et j'ai demandé
qu'on forme un comité mixte des représentants du milieu
coopératif et du ministère qui ont étudié les
recommandations du rapport Parenteau. D'ici quelques semaines, les conclusions
de cette étude me seront remises et on pourra ensuite passer à
l'action suivante. Cela amènera peut-être, comme je le mentionnais
ce matin, quelques petits changements au niveau du service, mais je maintiens
encore, comme je l'ai d'ailleurs fait ce matin, que ce service doit exister. Ce
sont des antennes privilégiées que nous avons dans le milieu
coopératif et le gouvernement ne peut s'en passer. Il y aurait
peut-être quelques changements mineurs au service, mais nous devons
maintenir un tel service au niveau du ministère.
M. Léger: Le ministre pourrait-elle déposer
bientôt ce rapport Parenteau?
Mme Bacon: Le rapport Parenteau a été rendu public
dès qu'il a été remis aux autorités. Je peux en
faire parvenir des copies au député de Lafontaine, mais il a
été rendu public à ce moment et commenté largement
par les media d'information.
M. Léger: D'accord. Alors, M. le Président, le
programme 2, en ce qui me concerne, est adopté.
Le Président (M. Lafrance): Le programme 2,
éléments 1, 2 et 3, est adopté. Le programme 3,
élément 1.
M. Léger: M. le Président, concernant ce programme,
le ministre pourrait-elle nous dire d'une façon générale
comment, par quels moyens, le ministère exerce sa surveillance des
caisses d'épargne et de crédit? Autrement dit, quel est le
processus de surveillance des caisses d'épargne et de crédit?
Mme Bacon: La surveillance des caisses d'épargne et de
crédit s'effectue à la fois par le service des caisses
d'épargne et de crédit du ministère et par la Régie
de l'assurance-dépôts. La
Régie de l'assurance-dépôts comportant un conseil
d'administration qui est surtout un conseil d'adjudication, le travail
technique d'analyse et de recommandations revient au ministère.
Les relations continuent entre les fédérations et les
caisses. Elles s'établissent donc au niveau du service des caisses
d'épargne et de crédit, généralement, avec les
fédérations et les caisses.
Comment s'exerce cette surveillance? Elle s'exerce par certains
instruments. Le premier instrument, ce sont évidemment les rapports
financiers annuels; dans certains cas, lorsqu'il s'agit de jeunes
fédérations où l'évolution est plus rapide,
même de rapports mensuels. Une analyse a lieu de ces rapports sur une
base individuelle et sur une base globale. Le second moyen, qui est
plutôt un moyen d'exception, et on comprendra pourquoi, c'est
évidemment l'inspection. La politique du ministère et de la
régie, jusqu'ici, a été d'utiliser, dans la mesure du
possible, les services d'inspection des fédérations et, là
aussi, de procéder par exception lorsqu'il y a des cas qui
présentent des problèmes. Sur une population d'au-delà de
1700 caisses, évidemment, il faut s'attendre qu'il y ait un certain
pourcentage, 3% ou 4%, où il peut y avoir des problèmes
particuliers qui peuvent attirer l'attention de la Régie de
l'assurance-dépôts ou du Service des caisses d'épargne et
de crédit.
La technique qui est employée, c'est que les services
d'inspection des fédérations sont agréés par la
régie. On étudie la composition des services, à savoir la
compétence des membres du service d'inspection, aussi
l'indépendance du service d'inspection par rapport à la direction
de la fédération ou des caisses. On peut donc dire qu'à
99% ce deuxième instrument de surveillance est entre les mains des
coopératives ou de leur groupement avec la participation du service des
associations coopératives et de la Régie de
l'assurance-dépôts. Ce sont en général les moyens de
surveillance. Evidemment, cela exige des réunions assez
fréquentes, ayant été instauré depuis quelques
années. Il n'y a pas seulement la surveillance de la caisse au point de
vue de la protection du public, pour protéger les épargnes du
public, mais il y a aussi l'évolution du système
coopératif de crédit et la nécessité d'assurer les
conditions pour que ce développement se fasse dans les conditions les
plus favorables. Cela touche à certains problèmes très
généraux, que ce soient des problèmes de réserves
ou des problèmes de financement, et donne lieu à des
réunions assez régulières avec les
fédérations.
M. Léger: Le ministère prévoit-il des
modifications administratives ou législatives au cours de l'année
dans ce domaine?
Mme Bacon: On l'a dit ce matin.
M. Léger: Je sais que vous en avez parlé ce matin,
mais, chaque année, on parlait d'une refonte de la loi là-dessus
et il y avait aussi des demandes des caisses populaires qui voulaient avoir
leur propre loi pour être capables de s'administrer dans une loi
spécifique au lieu de dépendre d'une loi qui englobe tout le
domaine des caisses d'épargne et de crédit, des caisses
d'établissement, etc.
Mme Bacon: II y a au-delà d'un an, un travail avait
été amorcé en vue de refondre la Loi des caisses
d'épargne et de crédit. La philosophie qui avait
présidé à cette refonte était la suivante. Nous
avons aujourd'hui six types de caisses et certains se distinguent nettement des
autres. Pour en citer deux types: la caisse populaire par rapport à la
caisse d'entraide économique, la caisse d'établissement, la
caisse d'économie. Alors, nous avions adopté comme
hypothèse de travail que cette nouvelle refonte contiendrait des
règles organiques coopératives générales
applicables à toutes les caisses et qu'il y aurait des dispositions
particulières s'appliquant exclusivement à certains types de
caisses qui avaient une physionmomie financière différente, donc
qui n'avaient pas les mêmes problèmes.
Depuis, il est survenu deux événements: d'abord, le
discours du budget de l'an dernier, je crois, où on annonçait le
financement de ia Régie de l'assurance-dépôts, ce qui
impliquait l'imposition d'une prime ou certaines modalités pour
constituer des superréserves en cas de problèmes dans les caisses
d'épargne et de crédit. Le second événement qui
avait une certaine importance, cela a été les changements aux
lois fiscales. On a changé le régime d'imposition des
réserves des caisses d'épargne et de crédit. En vertu des
lois fiscales, actuellement, il est nécessaire de former des fonds de
réserve, au niveau des fédérations, qui soient distincts
des actifs et passifs de la fédération qui constitue une
corporation.
Alors, depuis six ou huit mois, des études sont faites en vue
d'en arriver à une formule pour constituer il faudra
nécessairement une législation ces corporations de fonds
de réserve, pour intégrer le rôle de ces corporations de
fonds de réserve avec le rôle de la régie qui, elle aussi,
doit se financer et, enfin, dans une troisième partie, pour
déterminer des règles de constitution de réserves au
niveau de la caisse individuelle. En fin de compte, il faut un certain
équilibre.
Le problème, actuellement, même si ce n'est pas un
problème grave, c'est qu'il existe des réserves au niveau des
caisses locales, mais ces réserves varient beaucoup selon l'âge de
la caisse, selon sa situation. Alors, il faut avoir certains fonds communs qui
puissent venir à la rescousse de certaines caisses qui pourraient avoir
des difficultés.
C'est l'arrière-fond du problème tel qu'il se pose
à la lumière de ces deux événements qui se sont
produits.
M. Léger: Maintenant...
Mme Bacon: Excusez-moi, il y a donc eu une insistance au cours de
la dernière année sur les aspects financiers de la Loi des
caisses d'épargne et de crédit. Ceci a eu préséance
sur la refonte générale de la Loi des caisses d'épargne et
de crédit, ce qui expliquerait le retard qui est apporté
là-dedans. On pourrait espérer des projets de loi
assez tôt sur le financement de la régie, sur les fonds de
sécurité et aussi certaines modifications à la Loi des
caisses d'épargne et de crédit, non pas peut-être une
refonte absolument générale, mais au moins une réponse aux
problèmes immédiats qui se présentent à cause de la
croissance extraordinaire des caisses.
M. Léger: Est-ce que vous pourriez me donner le même
processus concernant votre surveillance des compagnies de fiducie et
prévoyez-vous aussi des changements administratifs ou législatifs
cette année?
Mme Bacon: Les compagnies de fiducie, il s'agit d'une
surveillance unilatérale de la part de l'Etat. En d'autres mots, ce sont
les mêmes moyens de surveillance, mais ces moyens sont appliqués
directement par le service de fiducie et de finance.
M. Léger: Du ministère?
Mme Bacon: Du ministère. Alors les rapports sont
reçus directement par notre service, selon les exigences du service, et
l'inspection est faite directement par le service d'inspection du
ministère. La surveillance et l'inspection sont remboursées au
prorata des affaires par les compagnies de fiducie. Alors, ce sont les modes de
surveillance qui sont, dans ce cas, directs. On ne peut pas dire qu'il y a une
jonction ou une collaboration entre des organismes centraux ou des associations
de compagnies de fiducie.
En ce qui concerne la législation, la Loi des compagnies de
fiducie est une loi très ancienne. Des travaux ont été
effectués, un premier avant-projet a été
préparé, il a même été étudié
avec certaines consultations avec l'Association des compagnies de fiducie. Ce
projet n'est pas tenu pour prioritaire, du moins cette année, pour de
multiples raisons. Comme l'on sait, nous nous approchons de la date de la
révision de la Loi des banques et c'est là un certain
problème quant à la juridiction et quant à la
spécialisation de chacune des institutions financières. Alors il
n'est peut-être pas opportun de faire des options immédiatement,
parce qu'évidemment il y aura une certaine négociation dans cette
matière. Il reste encore beaucoup de travaux à faire au niveau
des compagnies de fiducie. Pourquoi? Parce que certaines compagnies de fiducie
sont sous juridiction fédérale quant à leur charte,
même si elles doivent avoir un permis de la province. Il serait
très important que nos compagnies de fiducie provinciales, qui sont
d'ailleurs les plus importantes, ne soient pas assujetties à certains
désavantages par rapport aux compagnies des autres juridictions.
M. Léger: Est-ce que le ministre ou son sous-ministre
pourrait nous donner le même processus, au niveau des compagnies de
finance? Au niveau de la surveillance et de la viabilité, elles vivent
très bien, mais au niveau de l'avenir des compagnies de finance?
Mme Bacon: Les compagnies de finance, comme vous le savez, se
sont beaucoup modifiées au cours des dernières années, en
grande partie; elles ont diversifié leurs opérations, elles se
sont lancées dans le "leasing", dans le financement industriel. Nous
n'avons actuellement aucune loi organique sur les compagnies de finance. Nous
avons quelques employés au ministère qui reçoivent par
persuasion les rapports financiers de tous les intermédiaires financiers
qui ne sont pas des compagnies assujetties à une loi organique
particulière.
M. Léger: Vous parlez de persuasion, c'est parce que vous
n'avez pas...
Mme Bacon: Nous n'avons pas de loi. Effectivement, si nous
devions avoir une loi, ce serait sans doute une loi sur les
sociétés d'investissement, les sociétés qui
empruntent et qui reprêtent. Evidemment, nous contrôlons les
sociétés qui reçoivent des dépôts, mais pour
celles qui emprunteraient, par exemple, par des débentures ou par des
obligations, qui reprêteraient et qui feraient du financement, il n'y a
pas de loi organique. Nous les suivons en recevant les états financiers,
en recevant les rapports qui sont faits à ceux qui leur fournissent du
crédit, ceux qui achètent leurs obligations ou leurs
débentures.
Dans une perspective de loi à plus long terme, il est sûr
qu'il sera proposé, d'ici quelques années, une loi sur les
sociétés d'investissement, sur ces intermédiaires
financiers. Vu qu'ils sont très différents les uns des autres, il
est impossible d'avoir dans la loi des règles sur les activités
de chaque type de ces sociétés, que ce soient des compagnies de
"factoring", qui achètent des comptes recevables, ou d'autres, elles
sont toutes dans le même sac. Ce que nous viserions,
éventuellement, par une loi, c'est d'empêcher les conflits
d'intérêts et d'obtenir tous les renseignements nécessaires
pour surveiller leurs activités.
Dans un programme législatif qui est quand même assez
chargé, nous avons noté que chaque fois qu'il y avait une loi
majeure, le ministère n'étant pas tellement considérable,
nous sommes pratiquement obligés de mobiliser presque toutes les
ressources du ministère, que ce soit pour la Loi des assurances, l'an
dernier, la Loi de la protection du consommateur, cette année. Or, comme
il n'y a pas tellement de ces intermédiaires financiers des
compagnies de finance à charte provinciale, il y en a très peu
cela a été repoussé en bas de la liste dans le
programme législatif, même si cela demeure inscrit et
qu'éventuellement il devrait y avoir une loi.
M. Léger: Ne pensez-vous pas que les compagnies de finance
devraient aussi avoir des responsabilités vis-à-vis du
gouvernement du Québec, ou l'inverse, que le gouvernement du
Québec devrait avoir un certain contrôle sur les compagnies de
finance, même si elles sont régies par des lois
fédérales?
Mme Bacon: Oui, je crois que ce serait le complément
naturel de la juridiction de la province. Cependant, là, nous parlons au
point de vue financier et au point de vue organique. Lorsque nous parlons de
compagnies de finance au point de vue du droit civil, il y a des incursions
législatives assez importantes au niveau de la Loi de la protection du
consommateur, surtout dans la loi telle que révisée et
présentée en première lecture où on touche à
des points majeurs en ce qui concerne le financement du consommateur, au point
de vue des contrats, au point de vue des ristournes, etc.
M. Léger: Au point de vue des contrats, vous les touchez,
je pense, par la loi 45, mais au niveau de tout le comportement des compagnies
de finance vous n'avez pas, à ce jour, suffisamment de lois vous
permettant de surveiller de très près les agissements des
compagnies de finance qui touchent directement les consommateurs.
Mme Bacon: Au point de vue organique, non; au point de vue
financier, non.
M. Léger: En êtes-vous empêchée par les
lois fédérales ou si c'est tout simplement une question de choix
politique du gouvernement de dire: On va légiférer
là-dedans? Qu'est-ce qui vous en empêche?
Mme Bacon: Ce qui nous en empêche, réellement, je
crois que c'est une question de fardeau de travail et de priorités. Les
compagnies de finance sont assez rares aujourd'hui, sauf les compagnies de
finance à charte fédérale. On a très peu de petites
compagnies de finance. Je crois que cela se résume peut-être
à trois ou quatre.
M. Léger: Elles ne sont pas obligées d'avoir une
charte provinciale.
Mme Bacon: Actuellement, non.
M. Léger: Est-ce que, dans les objectifs à court ou
à long terme du ministère, vous croyez que vous allez arriver
avec une obligation d'avoir une charte provinciale?
Mme Bacon: II faudrait légiférer pour essayer de
régler ces différents problèmes, mais, comme on vient de
dire, il y a tellement de priorités au niveau de la législation
au gouvernement que, pour nous, cela ne nous a pas paru une priorité,
compte tenu du nombre restreint des compagnies, mais c'est dans les
possibilités pour les années à venir.
M. Léger: Vous n'en faites pas une promesse formelle?
Mme Bacon: Non, comme je n'en ai pas fait pour d'autres.
M. Léger: On va voir cela tantôt. Je reviens sur la
question des compagnies de fiducie. Je vois dans le budget que vous avez huit
employés affectés à l'élément qui touche les
compagnies de fiducie. Combien sont affectés à la surveillance
des compagnies de fiducie parmi ces huit employés, combien au travail de
secrétariat et combien à la surveillance des compagnies de
finance?
Mme Bacon: Huit employés.
M. Léger: Ils ne sont pas sur les tablettes actuellement;
ils travaillent?
Mme Bacon: Ils sont utilisés habituellement. A la section
fiducie et finance, ils sont au nombre de cinq. Il y a sept personnes dont deux
secrétaires; cinq affectées directement à la surveillance,
deux au personnel de soutien. Cela veut dire au total, avec l'inspection, dix
personnes affectées directement à la surveillance; deux au
personnel de soutien. Les gens du personnel de soutien pour l'inspection font
partie de pools généraux; alors, ils ne sont pas rapportés
comme tels. Je crois que c'est à l'administration que c'est
rapporté.
M. Léger: Quel est le volume d'affaires faites par les
compagnies qui sont contrôlées par des lois ou des
législations du gouvernement du Québec?
Mme Bacon: Je ne crois pas que nous l'ayons.
M. Léger: En matière de compagnies de finance.
Mme Bacon: Je ne crois pas que nous l'ayons compilé.
M. Léger: Autrement dit, c'est ce que le gouvernement
contrôle au niveau législatif ou administratif. Si ces compagnies
ne font que des transactions de quelques millions de dollars par année,
c'est peut-être suffisant, mais, si c'est un chiffre d'affaires qui
dépasse les $100 millions ou des chiffres très importants, il y
aurait quand même une évaluation à faire pour le nombre
d'employés qui s'occupent de la surveillance de ces compagnies.
Mme Bacon: On peut le faire, peut-être, d'une façon
très générale dans les compagnies de fiducie. C'est que
les plus anciennes compagnies de fiducie sont nées au Québec;
là, nous avons des compagnies comme le Royal Trust, le Montréal
Trust, à charte provinciale. Donc, je crois que cela représente
certainement la majorité des affaires qui sont faites ici au
Québec par des compagnies à charte provinciale. Dans les
compagnies de finance, si mon souvenir est bon, c'est vraiment marginal.
Compagnies d'assurance-automobile
M. Léger: M. le Président, je reviendrais
peut-être en détail à l'aspect de l'assurance-
automobile. Je ne reposerai pas la question que j'ai posée au
ministre ce matin, mais on pourrait peut-être aller dans des
détails...
Mme Bacon: ...la même réponse.
M. Léger: J'aurai peut-être la même
réponse! Le ministre pourrait-il nous dire, en détail, en quoi
consiste les contrôles du ministère dans le domaine de
l'assurance-automobile? Quelle sorte de pouvoir avez-vous? Jusqu'à quel
point êtes-vous capables d'intervenir dans le domaine de
l'assurance-automobile?
J'espère que les automobiles de tout le personnel des
institutions financières sont assurées et qu'il n'y a pas eu de
problème à trouver une compagnie!
Mme Bacon: Roger Camaraire, surintendant des assurances. Si je
comprends bien, vous voulez avoir l'information relativement aux
contrôles qui sont exercés en matière de
tarification...
M. Léger: Quelle sorte de pouvoir?
Mme Bacon: La Loi des assurances, malheureusement, ne nous donne
aucun contrôle sur la tarification. Nous pouvons chercher et obtenir des
statistiques, mais la tarification c'est uniquement... Nous en sommes
informés, par complaisance de la part des compagnies, par bonne entente,
mais dans la loi actuelle des assurances, il n'y a absolument aucun article qui
force les compagnies à soumettre leur tarification.
M. Léger: Avez-vous des statistiques personnelles,
c'est-à-dire des statistiques émanant du ministère, ou si
actuellement vous n'avez, comme statistiques, que des expériences des
compagnies qui ne proviennent que du Bureau d'assurance du Canada qui est un
service pour l'ensemble des compagnies?
Mme Bacon: II faut comprendre que, lorsque vous parlez de
statistiques provenant du Bureau d'assurance du Canada, vous vous
référez probablement à ce qu'on appelle communément
le livre vert. Ce livre vert est une production du Bureau d'assurance du
Canada, mais sous l'autorité de l'Association des surintendants des
assurances des provinces du Canada. En somme, nous demandons l'information;
elle est produite par le Bureau d'assurance du Canada qui est l'agent de
statistiques de chacun des surintendants.
M. Léger: Vous voulez dire les surintendants de chacune
des provinces.
Mme Bacon: C'est cela, mais maintenant il faut faire exception,
parce que vous avez la Colombie-Britannique, le Manitoba et la Saskatchewan qui
ne se réfèrent pas à cet organisme pour leurs
statistiques, puisque ce sont des provinces où il y a des régies
d'Etat.
M. Léger: Avez-vous été en mesure de compa-
rer les statistiques de ces trois provinces, au niveau des expériences,
comparativement aux statistiques que vous avez des sept autres provinces?
Mme Bacon: Oui, nous obtenons des informations des organismes
régissant l'assurance-automobile dans chacune de ces provinces. Disons
qu'il est très difficile de faire des comparaisons. Il y a tellement,
d'abord, d'aspects différents; vous avez la concentration des
véhicules; vous avez le climat; le système routier. Il y a
tellement de facteurs qui empêchent une comparaison. Le Québec
peut peut-être se comparer à l'Ontario, avec l'exception, par
exemple, de la concentration et du système routier. Parce que vous avez
des agglomérations dans l'Ontario qui n'existe pas au Québec.
M. Léger: Comme surintendant des assurances ma
question pourrait être posée au ministre dans la situation
très difficile dans laquelle nous vivons dans le domaine de
l'assurance-automobile, est-ce que vous évaluez qu'il faudrait donner
plus de pouvoir au surintendant des assurances et en des endroits particuliers
du contrôle que vous pensez que vous devriez avoir?
Y aurait-il des améliorations à apporter aux pouvoirs que
le surintendant des assurances devait avoir face aux difficultés qu'on
remarque depuis plusieurs années? Je pense que c'est plutôt une
question politique qu'une question technique.
Mme Bacon: II est évident qu'il faudrait donner plus de
pouvoirs au surintendant qu'il n'en a déjà. On vient de
déplorer le fait que sur le problème de la tarification on n'a
pas le pouvoir de le changer et je pense que c'est à considérer
dans des réformes futures. C'est pour cela que ces réformes
doivent se faire globalement et non par étapes ou par secteur
d'activité.
M. Léger: Je pense que le surintendant des assurances qui
reçoit d'une façon gracieuse les expériences et les
tarifications des compagnies d'assurance devrait avoir un pouvoir de
contrôle de ce côté-là, en ce sens que vous devriez
être capable de vérifier le bien-fondé des hausses.
Actuellement, vous n'avez pas le pouvoir, mais avez-vous au moins les moyens de
vérifier si les hausses que les compagnies demandent sont bien
fondées? Avez-vous, au moins, les moyens statistiques de vérifier
si elles ont raison ou pas de faire des hausses?
Mme Bacon: Précisément par la statistique obtenue
du livre vert, nos actuaires font des études régulièrement
sur l'évolution du marché de l'assurance. La tarification est un
facteur très important et ce sont nos actuaires qui, par mon truchement,
conseillent le ministre dans l'évolution de la tarification.
M. Léger: Voici ce que je trouve aberrant, et je ne
blâme pas le ministre, elle est nouvelle dans cette galère, elle
est obligée de ramer pas mal, à contre-courant parfois. Quand
même, devant ce
problème, je pose une question et je dis au ministre qu'on
s'attend à une augmentation de 17%, de 11% ou de 12% annoncée par
soit le BAC ou par des compagnies d'assurance comme telles ou par des groupes
de compagnies d'assurance. Le ministre me répond: Nous n'avons pas de
pouvoir pour empêcher cela. J'affirme que le gouvernement devrait
être capable d'arrêter cela, comme on peut arrêter des
hausses abusives dans des domaines beaucoup plus restreints; il devrait avoir
le pouvoir, s'il est capable d'évaluer si une hausse est acceptable ou
non, de la refuser quand c'est le cas. Actuellement, vous n'avez pas ce
pouvoir.
Mme Bacon: Dans le contexte dans lequel on vit, la Régie
des mesures anti-inflationnistes a quand même des pouvoirs et se
réfère de plus en plus aux compagnies d'assurance, j'ai
d'ailleurs déjà répondu, à une question en Chambre,
que s'il le fallait on demanderait les pouvoirs au lieutenant-gouverneur en
conseil d'exercer un contrôle. Si ces compagnies exagèrent dans la
hausse des primes, n'étant pas assujetties à la régie
fédérale, nous le ferons au niveau de la province.
M. Léger: Le ministre me dit que la Lci concernant les
mesures anti-inflationnistes retient un maximum de 10% d'augmentation. Il y a
eu une augmentation de 17% en février 1975, il y a eu une augmentation
de 11% en juillet 1975 et on annonce pour juillet 1976 une augmentation de 10%.
ce qui ferait à peu près 38% dans la dernière année
ou année et quart. Cela dépasse 10%. Vous n'avez pas à ce
jour les pouvoirs de retenir la hausse des primes d'assurance.
Est-ce que ce n'est pas répondre à la préoccupation
que vous aviez tantôt de dire qu'il faut que vous vous donniez les
pouvoirs de faire cela?
Mme Bacon: Oui...
M. Léger: Malgré la loi anti-inflation, on augmente
quand même les coûts de l'assurance. Je ne dis pas que cela n'est
pas justifié.
Mme Bacon: On n'a pas le pouvoir légal d'agir. Il y a
quand même un pouvoir moral qui peut être exercé par...
M. Léger: II y en a qui ont le moral bas.
Mme Bacon: II y a moyen d'aller chercher un certain pouvoir
moral, même si légalement on n'a pas ces pouvoirs.
M. Léger: Etes-vous capable de vérifier
l'opportunité d'une classification des conducteurs et d'une
classification des véhicules?
Mme Bacon: En somme, la statistique qui nous est fournie est
assez détaillée pour nous permettre d'établir les
territoires, les catégories de conducteurs. Dans notre étude,
c'est pris en considération. Vous parliez tout à l'heure d'une
hausse possible, d'une façon générale, mais cela peut se
traduire par une baisse pour certains individus et par une hausse
peut-être accrue pour d'autres; tout dépend du dossier de
l'individu, de l'usage de son véhicule, de l'âge et de
l'expérience des gens qui conduisent le véhicule, du territoire
où le véhicule circule. Il y a une multitude de
possibilités. Tout de même, si cela peut se traduire par une
hausse générale, certaines personnes peuvent
bénéficier d'une réduction.
M. Léger: Cela doit être très rare, parce que
jusqu'à maintenant, la plupart des polices d'assurance ont
été augmentées. Je voudrais quand même souligner un
exemple qui m'est arrivé la semaine dernière pour vous montrer un
peu l'attitude parfois tellement technocratique d'un ministère.
Une dame, en sortant d'une entrée, a frappé une automobile
qui était stationnée. Elle a frappé la porte et fait des
dommages pour $183. Dans son énervement, la dame s'est en allée
et cela est devenu un "hit and run". Elle a été
pénalisée en ce sens qu'on l'a rejointe, on lui a donné
une infraction, elle a eu une hausse de prime. Elle payait $400 de prime par
année et la compagnie d'assurance a augmenté sa prime à
$583. Elle a par la suite été traduite en cour où elle a
eu l'amende minimale de $100 et, par la suite, on lui a envoyé la
fameuse formule V-2-C qui, pour moi, est réellement outrageante, en ce
sens que cette formule V-2-C envoyée par le ministère des
Transports oblige la personne à s'assurer et à prouver au
ministère, qu'elle l'est pour garder son permis. On l'oblige daller voir
la compagnie d'assurance pour que la compagnie remplisse la formule et assure
le ministère, pour qu'on lui retourne son permis de conducteur, qu'elle
est bien assurée. La compagnie en a profité à ce moment,
et ce n'est pas le seul cas. Il y a des centaines et des centaines de cas comme
cela. Cette personne a vu sa prime augmenter à $1271 par année,
tout simplement parce que l'objectif du ministère des Transports
était de s'assurer qu'une personne qui a fait un "hit and run", qui est
quand même une chose inacceptable mais peut-être
compréhensible dans ce cas... C'est une petite infraction, mais que cela
en soit une petite ou une grosse, c'est un "hit and run". Cela a
été une permission officielle du ministère des Transports
à telle compagnie d'assurance disant: Vous pouvez exiger le prix que
vous voulez à cette personne, parce qu'elle va avoir de la
difficulté à s'assurer, elle a fait un "hit and run".
On a triplé sa prime. Je pense que le ministère des
Transports devrait s'assurer que la personne est assurée, mais de
là à obliger cette personne à aller voir sa compagnie
d'assurance pour permettre à cette compagnie qui, dans le climat actuel
se dit: Plus je vais aller chercher de primes, tant mieux, parce qu'on a un
marché tellement peu sûr... On exige des primes exorbitantes et
absolument extravagantes.
Dans votre ministère, n'y aurait-il pas une étude qui
aurait été faite ou une préoccupation d'atteindre votre
objectif, qui est de voir à ce qu'une personne qui a peut-être
fait un acte illégal et qui est déjà punie par son amende
en passant
en cours, qui est déjà punie par ses neuf points de
démérite, qui a déjà vu sa prime augmenter
d'avance, soit assurée sans, en plus de cela, donner un billet ouvert
à la compagnie d'assurance permettant d'exiger trois fois la prime?
Trouvez-vous que c'est juste? Avez-vous étudié ces cas? Je pense
que c'est une aberration mentale.
Mme Bacon: C'est l'application de la Loi des transports avec le
Code de la route. Ce n'est pas à nous de diriger le ministère des
Transports, d'indiquer ce qui doit être fait avec le Code de la route. On
n'a pas d'étude précise sur ces différents cas. Il
faudrait étudier les cas un à un, suivant leur mérite. Un
"hit and run" sérieux ou un "hit and run" non sérieux, je pense
que ce serait assez compliqué pour notre service des assurances que
d'étudier chacun des cas.
M. Léger: Mais c'est parce qu'on applique
aveuglément, comme dans bien des ministères, un règlement
interne aveugle. L'objectif, est-ce que cela ne serait pas qu'on sache que la
personne qui a fait un "hit and run" soit assurée? Ne devrait-on pas
plutôt demander une photocopie de la police d'assurance point
de façon qu'on n'ouvre pas la porte à la compagnie d'assurance
que est là pour faire des profits point pour qu'elle se
serve de cette situation pour étrangler les assurés?
Mme Bacon: Souvent, des cas comme celui que vous soulevez sont
déférés aussi au service des assurances et ils sont
étudiés chacun à leur mérite. Il peut nous arriver
de pouvoir faire faire les ajustements nécessaires, compte tenu du
sérieux ou du non sérieux des gestes qui ont été
posés, mais, évidemment, c'est chaque cas qui est
étudié à son mérite, quand il nous est
référé, par le service des assurances.
Dans un cas comme cela, on pourrait le référer au
service.
M. Léger: Alors, pour la dame qui est venue à mon
bureau, je peux écrire une lettre au ministre et lui dire: Voici ce cas.
Y a-t-il moyen d'organiser quelque chose pour que cette personne n'ait pas une
prime absolument exorbitante?
Mme Bacon: On peut en faire l'étude.
M. Léger: Alors, il y a des possibilités de ce
côté. D'accord.
M. le Président, je voudrais simplement rappeler au ministre,
avant de terminer le dossier des assurances comme il n'y a pas de projet
de loi cette année que c'est sûr que ce n'est pas...
Mme Bacon: L'année se termine au mois de
décembre!
M. Léger: Le ministre peut-il me faire une promesse
formelle qu'elle va déposer sa loi sur les assurances d'ici la fin de
l'année 1976?
Mme Bacon: Je ne ferai pas de promesse formelle. J'ai dit que
j'espérais la déposer à la reprise de la session, mais
comme je le rappelais au député de Lafontaine, l'année se
termine le 31 décembre.
M. Léger: M. le Président, je voudrais relire ici,
à la page 315 du journal des Débats du jeudi 1er avril 1976, la
réponse du ministre présent ici qui m'a dit: "J'avais promis la
Loi sur la protection du consommateur pour le mois de mars. Je l'ai
déposée au mois de mars. Je dis que nous ferons l'impossible pour
déposer la Loi de l'assurance-automobile d'ici le mois de juin".
C'est sûr que ce n'est pas une promesse formelle, la main sur
l'évangile, mais je sais quand même que, dans le discours
inaugural, il a été dit je cite la page 2 du mardi 16 mars
1976: "Le gouvernement complète, par ailleurs, l'élaboration
d'une importante politique en matière d'assurance-automobile
compléter, cela veut dire qu'on termine, je pense en vue
d'améliorer la situation de l'automobiliste sans avoir à recourir
à un régime étatique d'assurance-automobile". On
critiquera dans le temps, quand cela arrivera. Ensuite, on parle de
sécurité routière.
Dans les deux cas, on laisse sous-entendre aux citoyens du Québec
que cela va venir, l'assurance, que c'est important, qu'on s'en
préoccupe. M. le Président, je ne puis faire autrement que
m'exprimer au nom de tous les assurés du Québec, au nom des
jeunes qui sont en bas de 25 ans, qui sont classifiés déjà
avant même d'avoir eu une seule mauvaise expérience dans
l'assurance-automobile, qui sont obligés de s'assurer à des
primes exorbitantes, au nom des mototocyclistes qui ont des problèmes
majeurs pour s'assurer auprès des compagnies d'assurance, au nom
même des courtiers d'assurance qui vivent des heures tragiques, au nom
même du Barreau, qui sait très bien se défendre, quand
même, parce qu'il l'a prouvé, à ce jour, avec un bon
porte-parole, parmi les...
Mme Bacon: Est-ce que le député de Lafontaine veut
représenter le Barreau?
M. Léger: Non, je n'oserais pas parce que, comme je le
disais, ils ont un bon représentant au nom du ministre des
Communications.
Au nom des estimateurs, qui se demandent ce qui va advenir de leur
avenir, au nom des évalua-teurs, etc., pour dire au ministre qu'un
gouvernement qui est au pouvoir depuis 1970, qui est au courant de cette
situation, a formé un comité d'étude qui a donné le
rapport Gauvin, a formé un deuxième comité d'étude,
le comité de M. Desjardins et qui sait la situation dans laquelle on
vit, je me dis qu'il est impensable je ne veux pas blâmer le
ministre actuel parce qu'elle est prise dans une conjoncture difficile, elle a
pris un héritage qui était plus ou moins joli mais pour
son gouvernement, que la situation est inacceptable.
Moi de l'Opposition, je ne puis faire autrement que dire qu'on aurait
dû présenter un projet de loi sur l'assurance-automobile avant
l'ajournement d'été, ce qui aurait permis à ces gens de
voir au
moins la direction vers laquelle se dirige le gouvernement en
matière d'assurance-automobile. Moi je dis que c'est une marque
d'impuissance de ce gouvernement à réellement régler les
problèmes majeurs de tous les Québécois, une
incompétence à trouver des solutions à ce problème
majeur. Que le ministre me dise que c'est de l'émotivité, je
parle au nom de l'émotivité de tous les gens qui sont pris dans
ce domaine. Moi, je pense que cela frise l'irresponsabilité et
l'inconscience de ne pas présenter un projet de loi alors que tout a
été dis là-dessus. On a même payé des voyages
à deux ministres des Institutions financières pour aller voir
dans l'Ouest ce qui se faisait là-dedans, pour même aller voir les
poux des problèmes et les poux mêmes des régimes
d'assurance étatique de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan et
du Manitoba. Si jamais un autre ministre du Québec se présente
là-bas, on ne voudra plus le recevoir, parce qu'on essaie de trouver ce
qui n'est pas bon dans le système étatique pour pouvoir venir
dire au Québec: II n'y en aura pas de système
étatique.
Moi, je pense que c'est de l'inconscience et qu'il est impensable, dans
la situation catastrophique dans laquelle on se trouve au niveau de
l'assurance-automobile, qu'on remette cela. Moi, je pense que le ministre
actuel est réellement mal parti dans son ministère. Elle devrait
au moins faire face à ceux de son cabinet qui défendent des
intérêts de groupes directement impliqués dans
l'assurance-automobile. Elle ne prend pas position et devrait convaincre le
conseil des ministres, le premier ministre que les citoyens du Québec
sont tous, ceux qui ont une automobile, touchés par cela. Les compagnies
elles-mêmes ne peuvent pas s'organiser parce qu'elles ne savent pas
où on s'en va. Cela amène des hausses de primes, cela
amène une incertitude et cela amène une conséquence
sociale grave.
M. le Président, je ne suis pas pour déchirer mon linge
devant tout le monde ici, mais c'est ce que je devrais faire comme les bonzes
font au Viêt-Nam. C'est impensable que les citoyens du Québec
soient, après cinq ans de tergiversations, dans la même
incertitude qu'ils étaient il y a cinq ans.
M. le Président, je dis que la caractéristique de ce
gouvernement se voit précisément dans le dossier de
l'assurance-automobile, un gouvernement qui est inconscient, irresponsable,
impuissant à régler les problèmes du Québec et
incompétent en matière d'assurance-automobile, qui est un point
crucial.
Le ministre me dit: On va étudier cela encore, on va y aller
calmement. Ce n'est plus le temps d'être calme, c'est le temps d'agir. M.
le Président, je ne puis faire autrement que me rallier à tous
ceux qui sont dans le milieu de l'assurance-automobile ainsi qu'aux
assurés pour dire: II est temps que ça bouge. Et le gouvernement
ne peut pas rester indifférent à cela.
Qu'est-ce qu'il faut faire de plus? Je ne sais pas, moi, je ne sais plus
quoi faire, devant un gouvernement qui ne veut pas bouger; c'est une masse
amorphe, inerte qui dit: Bien oui, c'est vrai, il y a des problèmes, on
y pense, on va faire des études encore. Quel est le prochain geste que
le gouvernement va faire et quand? C'est impensable qu'on reste là. Moi,
je ne pense pas qu'on puisse sortir de la commission, ici, en disant: On va y
repenser encore. Cela fait cinq ans que vous y pensez. Je pense et je
n'attaque pas le ministre personnellement, il arrive dans le dossier
qu'il est mal parti puisqu'il remet encore aux calendes grecques un
problème aussi urgent et brûlant que cela. Je demande au ministre:
Quelle est la prochaine étape dans cette décision à
prendre pour un régime quel qu'il soit, un régime de
responsabilité sans égard à la faute ou pas? Quelle est la
prochaine étape, pour que les citoyens sachent à quelle enseigne
se loge le ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, actuellement?
Mme Bacon: M. le Président, j'ai écouté avec
le plus d'attention possible les remarques du député de
Lafontaine. Je crois qu'il est bien prétentieux de se qualifier le
représentant de tous ceux qu'il a mentionnés; c'est à
croire qu'il a reçu un mandat avant...
M. Léger: ... la voix...
Mme Bacon: La voix. C'est à croire qu'il a un mandat dans
ses poches, de la part de l'ensemble de la population du Québec. Il a
semblé mêler l'impuissance et la sagesse. Pour moi, je crois que
cela est plus sage, sûrement peut-être moins populaire, puisque
j'ai l'impression que le député de Lafontaine continue ce qu'il a
fait ce matin, à faire de la petite politique; c'est l'endroit
idéal pour le faire.
M. Léger: C'est de la grande politique que je veux.
Mme Bacon: Le sujet s'y prête bien puisqu'il fait appel
à l'émotivité des gens, ce qu'il fait d'une façon
qui lui vient très facilement, je pense en tout cas, par ses remarques
de ce matin et de cet après-midi. Je dis qu'il mêle l'impuissance
et la sagesse, puisque je crois que même si ce n'est pas populaire, il
est plus sage pour un gouvernement de présenter à la population
un régime d'assurance-automobile qui soit adéquat pour cette
population, qui réponde vraiment aux besoins de la population, qui fera
en sorte de pallier tous les problèmes auxquels on a à faire
face.
Il faut tenir compte aussi du fait que depuis les derniers mois il y a
un élément nouveau dans le dossier. Après avoir fait des
études comparatives des différents systèmes que nous
pourrions mettre de l'avant ou de ce qui existe déjà, nous
remarquons que depuis quelques mois le marché des assurances est
différent. Il y a des problèmes fort complexes auxquels on a
à faire face et qui changent un peu le tableau même de ce que l'on
a à présenter à la population. Je crois que dans le
contexte actuel, dans lequel on a à évoluer ou à
travailler, il est beaucoup plus sage d'attendre. Moins populaire,
sûrement, mais plus sage d'at-
tendre et de présenter, dans une prochaine étape, le
régime approprié à la population et qui répondra,
encore une fois, à ses besoins.
On demande toujours: Quels gestes entend poser le gouvernement? Pour ma
part, en tout cas, je crois que le bon geste à poser sera de
déposer cette loi qui répondra à cette attente de la
population et qui apportera aussi la meilleure protection possible aux
automobilistes du Québec.
M. Léger: Dans le discours inaugural, on dit qu'on va
compléter... Je pourrai peut-être admettre avec le ministre que ce
n'est pas tout à fait prêt, que dans les semaines à
venir... Et on veut ajourner tôt. Que le ministre ne puisse pas,
aujourd'hui, me dire qu'il va déposer d'ici la fin de la session, donc
conformément au discours inaugural, un projet de loi...
Mme Bacon: J'ai dit d'ici la fin de l'année. M.
Léger: D'une façon formelle?
Mme Bacon: Oui, oui. Je l'ai dit ce matin. Je l'ai dit ce matin,
je ne peux le déposer avant la fin de juin, mais il sera
déposé à l'automne.
M. Léger: D'une façon formelle, le projet de loi va
être déposé à l'automne?
Mme Bacon: Oui.
M. Léger: S'il n'y a pas d'élection avant.
Mme Bacon: C'est ce que j'ai dit ce matin. Je
répète ce que j'ai dit ce matin. Nous sommes en train de
rédiger ce projet de loi, il n'est pas terminé. Compte tenu de ce
que je viens d'expliquer, du nouveau contexte actuel, du marché des
assurances auquel on a à faire face, des problèmes que nous cause
le marché des assurances, la loi pourra être déposée
à l'automne.
M. Léger: Si le ministre, qui a promis ce projet de loi
comme d'autres ministres ont promis d'autres projets, entre autres un
ministère des sports, depuis plusieurs années me dit
qu'elle va le déposer d'ici la fin de l'année, j'espère
qu'on dira en gros, dans les journaux, que le ministre, d'une façon
formelle, a promis le dépôt de ce projet de loi cette
année, de façon qu'il n'y ait pas de revenez-y, et qu'on va
réellement, cette année, discuter ce problème et adopter
quelque chose. Je puis vous assurer qu'il y aura une contribution très
intense de l'Opposition à la qualité du projet de loi sur la
protection des automobilistes et sur l'assurance-automobile.
Mme Bacon: Je mets en garde le député de Lafontaine
de faire du dirigisme avec les journalistes mais pas devant les journalistes du
Jour. Qu'il fasse attention! Je pense que les journalistes n'accepteraient
pas.
M. Léger: D'ailleurs...
Mme Bacon: Ce n'est pas à nous de faire les manchettes,
c'est à eux de les écrire.
M. Léger: Ce que je veux dire par là, c'est que je
voudrais bien que l'opinion publique dirige le ministre dans la décision
qu'elle a affirmé prendre de déposer ce projet de loi. Je veux
que l'opinion publique soit derrière le ministre pour la surveiller, de
façon qu'on soit certain qu'il n'y aura pas de tergiversation, qu'il n'y
aura pas le ministre des Communications qui va venir défendre
l'intérêt de certains groupes et qu'il y aura réellement un
projet de loi.
La qualité de ce projet, on aura l'occasion d'en discuter.
Mme Bacon: Comme ministre des Consommateurs, je suis suffisamment
à l'écoute de la population pour savoir ce que désire
cette population et pour pouvoir lui présenter un régime
d'assurance-automobile dans la sagesse. J'espère être assez sage
pour présenter un projet de loi qui répondra aux aspirations de
la population.
M. Léger: En ce qui nous concerne, étant
donné qu'il n'y a pas de projet de loi sur l'assurance-automobile,
étant donné qu'il y a des projets de loi sur les consommateurs et
qu'il va y avoir un projet de loi pour les courtiers en valeurs
immobilières, je n'ai plus d'autres questions à poser.
En ce qui me concerne, j'adopterais le programme 3, je pense.
Le Président (M. Lafrance): Le programme 3,
éléments 1, 2, 3 et 5, adopté. Programme 4.
M. Léger: Au programme 4, c'est une question tout
simplement d'administration. En ce qui me concerne, ce serait adopté, M.
le Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors, programme 4,
éléments 1, 2 et 3, adopté.
M. Léger: Je veux tout simplement dire au ministre qu'aux
prochains crédits, si nous sommes encore au même endroit, parce
qu'il se peut qu'aux prochains crédits il y ait eu des élections
et qu'on soit de l'autre côté, il y aura pas mal plus de questions
concernant les solutions qu'on nous a promises. Les crédits vont
être beaucoup plus longs, si nous sommes de ce côté-ci de la
Chambre. Si nous sommes de l'autre côté, peut-être qu'on
aura réglé beaucoup de choses dans ce temps-là.
Le Président (M. Lafrance): Je remercie les membres de la
commission pour leur bonne collaboration. La commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières a
adopté les crédits de ce ministère en entier. Alors, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 21)