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Commission permanente des
consommateurs, coopératives et
institutions financières
Etude du projet de loi no 7 Loi sur la protection du
consommateur
Séance du jeudi 12 août 1976
(Dix heures quinze minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières): A
l'ordre, messieurs!
Nous reprenons l'audition des mémoires sur le projet de loi no 7,
Loi sur la protection du consommateur. Aujourd'hui, nous entendrons quatre
organismes: la Fédération des jeunes chambres du Canada
français, l'Association canadienne des distributeurs
d'équipement, l'Association des garagistes et l'Association des
compagnies de téléphone du Québec.
Je pense que ces organismes sont déjà
représentés ici. On pourrait commencer par la
Fédération des jeunes chambres du Canada français. Le
représentant est M. Roland Pedneault. Vous pouvez prendre place à
la table.
Pour les membres de la commission, je voudrais mentionner un changement:
M. Boutin (Abitibi-Ouest) est remplacé par M. Faucher
(Nicolet-Yamaska).
M. Pedneault, si vous voulez nous présenter vos
collaborateurs.
Fédération des jeunes chambres du Canada
français
M. Pedneault: M. le Président, Mme le ministre, MM. les
députés, je vous présente, à ma droite, le
président de la Fédération des jeunes chambres du Canada
français, M. Benoît Côté et, à ma gauche, Mlle
Carole Duval, directeur à cette même fédération.
La Fédération des jeunes chambres du Canada
français est une association de près de 5,000 jeunes gens
groupés dans plus de cent associations réparties à travers
le Québec. Il est à remarquer qu'il est un des rares mouvements
s'adres-sant à toutes les classes de la société et que, de
ce fait, ses prises de position représentent en général
celles de la jeunesse adulte du Québec.
Nous tenons à rappeler ici les buts de notre
fédération: une association d'expression française de
jeunes gens de tous milieux qui, préoccupés de l'avenir
économique, social et culturel, administrent leur énergie et leur
talent pour parfaire leur formation et mieux remplir leur rôle dans la
société.
Déjà, en 1966, la Fédération des jeunes
chambres, dans son mémoire soumis au gouvernement du Québec,
soulignait le besoin d'une loi de protection du consommateur,
particulièrement dans le cas des automobiles usagées. En 1972,
nous revenions avec une recommandation demandant une vérification des
voitures usagées et ce, dans le contexte de réduire le nombre
d'accidents de la route. La solution proposée était alors une
vérification annuelle des véhicules automobiles. Enfin, en 1975,
en septembre, nous soumettions au Conseil exécutif de la province un
mémoire dans lequel nous retrouvions des recommandations concernant,
entre autres, l'établissement d'un système de recyclage minimal
et obligatoire pour le renouvellement du permis d'opérer des
médecins et, également, un projet de loi sur la vente de la
publicité dite sympathique. Par la suite, un comité a
été formé dans le but d'étudier les modifications
possibles à la Loi sur la protection du consommateur.
Nous avons alors jugé que 35 articles de l'ancienne loi
nécessitaient des amendements que nous avons formulés. Ces
amendements ont d'ailleurs été approuvés par notre conseil
d'administration en février 1976.
Par la suite, quand le ministre Bacon a déposé la nouvelle
loi de protection du consommateur, nous avons manifesté notre
désir de venir déposer devant cette commission de façon
à bien expliquer à chacun d'entre vous les modifications que nous
jugions nécessaires. Cependant, après étude, seulement
deux articles de la nouvelle loi mériteraient que l'on s'y attarde et
qu'on les modifie. Ce sont les articles 52 et 53.
Premièrement, l'article 52. Nous croyons en effet que toutes les
automobiles usagées devraient subir une inspection auprès d'un
centre d'inspection du ministère des Transports qui délivrerait
un certificat attestant que ladite automobile répond aux normes de
sécurité et d'inspection mécanique établies par le
lieutenant-gouverneur en conseil dans les règlements d'application du
Code de la route, statuts refondus en 1964, chapitre 231, les normes devant
être appliquées dans toute leur rigueur.
Nous croyons en effet que le ministère des Transports a
intérêt à mieux surveiller les conditions d'immatriculation
des véhicules, particulièrement lorsque ce véhicule
automobile change de propriétaire. Pour ce faire, nous croyons que seul
le ministère a l'autorité et l'indépendance
nécessaires pour analyser l'état d'un véhicule et
décrire l'essentiel des réparations nécessitées.
L'expérience a prouvé que les entreprises privées
étaient en l'occurrence trop impliquées et trop
intéressées pour être capables de poser des diagnostics
exacts sans exagération aucune.
Il existe en Europe des exemples de ce genre de vérification.
Deuxièmement, à l'article 53, nous
préférerions lire: Pour les automobiles de $1000 ou plus, une
garantie complète et totale de 90 jours et, advenant une
difficulté dans le bon fonctionnement du moteur et du rouage
d'entraînement, le commerçant devra, sans délai, effectuer
ou faire effectuer les réparations et assumer entièrement les
coûts de réparation. Le présent article ne doit pas
être interprété comme empêchant le commerçant
de s'obliger d'une façon plus avantageuse à l'égard du
consommateur, le tout dans les conditions normales d'utilisation.
Nous croyons que les deux mesures que nous proposons seront de nature
à faire en sorte que
certains véhicules mieux connus sous le nom de "minounes"
disparaissent à brève échéance des routes du
Québec, pour la meilleure protection des automobilistes, en tant que
consommateurs et en tant qu'utilisateurs des routes du Québec.
Publicité dite sympathique.
Dans notre introduction, nous avons souligné que, depuis un an,
nous avions alerté le gouvernement sur ce sujet. A première vue,
nous nous sommes inquiétés et nous avons été
surpris de voir que le gouvernement n'entendait pas protéger les petits
commerçants, les petits industriels et les professionnels, dans son
projet de refonte de la Loi de protection du consommateur.
Cependant, à la réflexion, ces gens ne sauraient
être considérés comme des consommateurs ordinaires,
même lorsqu'ils sont fraudés ou mal renseignés par des gens
essayant de leur vendre de la publicité dite sympathique, sous
prétexte d'aide des associations à but non lucratif.
C'est pourquoi nous réclamons le dépôt, au cours de
la présente session, d'une loi autonome et spécifique concernant
ce sujet et délimitant les règles de procédures de ce type
de vente de publicité et réglementant en général
l'ensemble des ventes ou collectes au nom d'associations à but non
lucratif.
Une telle loi devrait inclure les éléments suivants: 1.Que
toute facture de vente de publicité soit numérotée et
codifiée; 2. Que sur la facture apparaissent le nom et l'adresse de
l'imprimeur et la quantité de factures imprimées pour chaque
contrat et que le nom, l'adresse et le numéro de téléphone
de la firme publicitaire apparaissent sur la facture ainsi que le nom de
l'organisation contractante; 3. Que toutes les ventes d'espaces publicitaires
soient publiées telles que promis et que copie de la publication soit
expédiée à chaque client; 4. Que le prix des espaces
publicitaires soit déterminé à l'avance; 5. Que dans la
revue publiée apparaissent les noms des vendeurs et des percepteurs
ainsi que le nom, l'adresse et le numéro de téléphone de
la firme publicitaire; 6.Que les vendeurs au téléphone soient
tenus de donner leur véritable nom; 7. Que les percepteurs
détiennent une lettre d'autorisation certifiée par l'organisation
contractante et par la firme de publicité; 8. Que chaque percepteur soit
muni d'une carte d'identité, sur laquelle apparaissent son nom, sa
signature, son numéro d'assurance sociale, sa photo ainsi que la
signature d'une personne responsable de la firme et que cette carte soit
approuvée par le ministère des Institutions financières;
9. Que chaque firme obtienne un permis spécial du ministère des
Institutions financières et dépose une garantie par un bon de
fidélité; 10. Que le ministère des Institutions
financières légifère quant aux critères de
création des corporations ou associations à but non lucratif; 11.
Que les factures utilisées soient approuvées au préalable
par l'organisation contractante; 12.Que la facturation soit faite en trois
copies sur papier NCR, dont la distribution devrait être faite dans la
forme suivante: l'original pour le client, le duplicata pour la firme et le
triplicata en réserve pour l'organisation contractante pour fins de
vérification; 13.Qu'après la perception chaque facture soit
identifiée selon le genre de perception: chèque, comptant ou sur
publication; 14. Que le ministère établisse un salaire de base
pour les vendeurs; 15. Que la compagnie de téléphone exige le
permis du ministère des Institutions financières avant
d'installer des lignes téléphoniques; 16. Que le ministère
prévoie un mécanisme d'information de la loi vis-à-vis du
grand public; 17.Que le ministère prévoie des sanctions
sévères pour les firmes et les personnes qui ne se conforment pas
à la loi; 18.Que tout contrat prévoie un territoire
spécifique pour la vente et une période de temps limitée;
19.Qu'un délai soit fixé pour la publication et que la date en
soit inscrite sur les factures.
La Fédération des jeunes chambres n'a pas l'habitude de se
présenter devant une commission parlementaire. Notre mémoire ne
représente pas l'avis d'experts ou de gens qui travaillent
habituellement dans le milieu de la commission. Il est l'expression de profanes
qui croient qu'ils peuvent quand même participer à
l'élaboration d'une meilleure loi de protection du consommateur.
Messieurs, madame les députés, nous vous remercions de
votre bonne attention.
Le Président (M. Lafrance): On vous remercie. Madame le
ministre.
Mme Bacon: Même si, d'après la jeune chambre, on dit
que ce ne sont pas des experts qui ont préparé le mémoire,
je pense qu'il y a quand même un effort qui a été fait pour
participer à cette recherche que nous faisons pour essayer de trouver
les meilleurs éléments possibles ou les meilleurs moyens
d'atteindre cette protection du consommateur, qui est quand même le but
de cette commission parlementaire.
J'aimerais faire quelques commentaires. A la page 2 de votre
mémoire, vous indiquez le certificat d'inspection mécanique. Je
pense que le bureau des véhicules automobiles exigera vous
êtes sans doute au courant de la loi 13 qui a été
adoptée avant la fin de la session un certificat d'état
mécanique, quand il y aura un enregistrement de transfert du droit de
propriété, quand il y aura une vente entre individus, ou de tout
transfert de droit de propriété, ce certificat sera exigé
maintenant. Mais, il y a quand même une consultation en cours entre notre
ministère et le ministère des transports à ce sujet
aussi.
Quant à la garantie des voitures usagées, aussi en page 2
de votre mémoire, vous indiquez, s'il y a une défectuosité
qui est constatée sur une voiture usagée, après son achat,
que la garantie soit couverte pendant 90 jours, ce qui va un peu
plus loin que ce que la loi propose, et que tout soit
défrayé par le garagiste. Ne trouvez-vous pas que c'est de nature
à faire augmenter le prix des automobiles, à ce moment?
M. Pedneault: C'est évidemment un facteur dont il faut
tenir compte, mais je pense que cela va surtout décourager les vendeurs
à passer des automobiles de mauvaise qualité. C'est le but que
nous visons ici, soit de protéger tous les citoyens, en évitant
d'avoir sur les routes ce qu'on appelle communément des "minounes",
parce que c'est effectivement un danger public. Je suis d'accord que c'est
peut-être plus sévère que ce que la loi prévoit dans
le projet, mais, j'aimerais vous souligner que c'est une très grande
amélioration sur le projet précédent, sur la loi
précédente, c'est pourquoi notre mémoire a dû
être refait, parce que la majorité de nos 38 amendements avaient
été inclus dans la loi.
Mme Bacon: Maintenant, quant à la publicité
sympathique, j'aimerais peut-être soulager un peu vos
appréhensions. Nous avons déjà un projet en cours au
ministère, pour légiférer, par une loi
particulière, sur la publicité sympathique. Je pense que cela
rejoint quand même vos inquiétudes. J'aimerais vous dire qu'avec
la collaboration du ministère de la Justice, nos fonctionnaires
travaillent à une rédaction de loi particulière pour la
publicité sympathique. Vous avez quand même fourni certains moyens
ou certaines modalités, parce que vous êtes arrêtés
surtout aux moyens à prendre pour remédier à des lacunes
qui existent en ce moment sur la publicité sympathique.
Il y en a un... Je me posais certaines questions, par exemple, lorsque
vous dites qu'il y a des mécanismes d'information, mais, quand on se
nomme au téléphone... Cela me laisse un peu perplexe. N'importe
qui peut utiliser n'importe quel nom. Je ne sais pas si vous avez d'autres
moyens efficaces, mais quel que soit le nom que la personne donne, je ne crois
pas que cela soit un moyen très efficace pour reconnaître les
gens. Il y a peut-être d'autres façons.
D'ailleurs, on a à se plaindre et cela se dit beaucoup
chez les gens que nous rencontrons qu'il y a beaucoup de
publicité qui se fait au téléphone ou de la sollicitation,
par exemple, au téléphone et il est assez difficile de
légiférer, à ce moment, sur ce genre de publicité
parce que c'est impalpable. On ne peut pas reconnaître des gens au
téléphone ou seulement par la voix, quel que soit le nom qu'on
donne. Je ne sais pas si vous voulez expliquer davantage là-dessus ou si
vous avez d'autres suggestions à faire.
M. Côté (Benoît): Au niveau du percepteur, il
y a un problème. Le type se présente là... Nous avons eu
des expériences malheureuses dans le domaine. Maintenant, nous faisons
notre propre publicité. Il est arrivé, à un certain
moment, que la publicité que nous avions vendue avait été
perçue par un autre. Ce sont des problèmes qui sont quand
même assez graves et c'est pour cela, je crois, qu'il est urgent qu'un
projet de loi soit fait dans ce sens.
En fait, il y a 19 articles qu'on a mis. Il est bien sûr qu'il y
en a qui seraient peut-être à préciser, mais, quand
même, cela serait' une amélioration parce que, sur un projet, par
exemple, de $46 000 que nous avons contrôlé... que, sur un projet
de vente de $6000, il y avait $46 000 qui avaient été vendus
qu'on n'a pu contrôler, sans savoir combien le commerçant donne,
par exemple, en argent. Il va donner une certaine somme en argent. Cela veut
dire qu'il y a moins de 10% qui reviennent aux organismes et je pense que c'est
un facteur qui biaise quand même un peu le commerçant parce que,
lorsque ce dernier donne de l'argent, il pense donner cela à l'organisme
et, souvent, on fait de la représentation au nom du président
régional ou de la jeune chambre locale et, souvent, cette jeune chambre
n'existe plus, c'est-à-dire qu'elle est disparue. Il n'y a plus de
charte, etc. Ce sont des choses... C'est pour cela que nous trouvons qu'il est
important qu'on intervienne dans ce domaine le plus tôt possible.
Mme Bacon: D'accord. Merci.
Le Président (M. Lafrance): Avant de donner la parole au
député de Lafontaine...
M. Pedneault: M. le Président, vous me permettez?
Le Président (M. Lafrance): Oui.
M. Pedneault: Le ministre a fait allusion à
l'élément 6 de nos propositions qui demande que les vendeurs au
téléphone soient tenus de s'identifier sous leur véritable
nom.
Je comprends votre appréhension et je comprends que c'est
également très difficile de dire: C'est certainement
celui-là, puisqu'il m'a donné son nom. Mais, on ne le place pas
ici comme un contrôle très sévère, mais pour inciter
les gens à s'identifier. Si on leur dit dans une loi: Vous devez donner
votre nom, peut-être qu'on aura 50% plus de gens qui donneront leur
véritable nom. C'est pour au moins en éliminer un certain nombre.
C'est évident que nous ne pourrons pas tous les éliminer.
Le Président (M. Lafrance): Avant d'accorder la parole au
député de Lafontaine, je voudrais mentionner aux membres de la
commission un autre changement. M. Charron (Saint-Jacques) remplace M. Burns
(Maisonneuve).
Le député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je voudrais d'abord
féliciter la Jeune chambre pour son mémoire qui est beaucoup
moins conservateur que d'autres mémoires que nous avons eus avant et qui
démontre un souci de participation à la sauvegarde des droits des
consommateurs.
J'ai seulement une question. Vous avez déjà
commencé à en parler. J'aimerais que vous nous
définissiez, que vous nous donniez des cas concrets de ce qu'est
la publicité sympathique. Ce que j'ai pu saisir dans votre explication,
exemple; parfois, il y a un tournoi de hockey ou de baseball, on vend un
programme et on dit aux gens: Mettez une petite annonce, cela va encourager
l'organisation. Ils font beaucoup de publicité, 20 pages de
publicité avec une petite page de programme et tout le monde a mis $5,
$10 ou $25 d'annonces, parce qu'on appuie l'association. Dans le fond ce
journal n'est pas du tout un journal dont les revenus vont aller à
l'association, mais cela paie un journal et les vendeurs ont une commission.
Est-ce dans ce style, la publicité sympathique? Donnez-moi des cas
concrets.
M. Côté (Benoît): C'est un peu dans ce style.
Je vais vous donner un exemple de montant. Si c'était seulement $5 ou
$10, cela ne serait pas tellement grave. Mais, chez nous, on a
vérifié que, dans une liste tout simplement à
l'intérieur, c'étaient seulement des noms, sans avoir une carte
d'affaire. C'était $25 du nom. Vous pouvez voir le montant d'argent
qu'il y avait dans cette page. Un nom, comme cela, ce n'est sûrement pas
ce que le type avait acheté.
Aussi, on vend une carte d'affaires. La carte d'affaires, au lieu
d'être réglementaire, si on peut dire, elle a peut-être un
demi pouce par un pouce. On met cela dans une page. En fait, l'organisme,
lorsqu'il fait affaire à l'agence, reçoit un certain montant
d'argent qui est peut-être de $1000. Mais, lorsqu'il va sur le
marché, ce n'est pas $1000 qu'il recueille, mais c'est
exagéré, par rapport à ce que l'organisme reçoit.
C'est au moins dix fois et même davantage. Ce que nous avons pu
contrôler avec des factures, c'est à peu près dix fois.
M. Léger: Ce que vous reprochez à la
publicité sympathique, est-ce que c'est le fait que le client ne
reçoit pas en publicité ce qu'il a payé en argent, ou si
c'est le fait que cet argent, celui qu'on appelle publicité sympathique,
c'est seulement dans le but d'encourager un organisme qui ne reçoit pas
en définitive l'argent, mais que cela sert beaucoup plus à
défrayer l'impression d'un programme ou autre chose. Quel est l'objectif
que vous voulez dénoncer?
M. Côté (Benoît): II y a un autre
élément dans cela qui vient, c'est qu'on va recueillir de la
publicité au niveau du commerçant, on s'est rendu compte qu'il y
avait de la sollicitation en double et en triple. On a même produit un
dossier au ministère de la Justice avec des preuves à l'appui du
fait qu'il y avait des factures, par exemple. Lorsqu'on fait de la
sollicitation une première fois, on la fait par téléphone.
On envoie un état de compte. On en envoie un deuxième. Là,
c'est une facture non numérotée et même cela va
jusqu'à une troisième fois. On a vérifié, par
exemple, qu'une caisse populaire avait payé trois fois la même
annonce. Cela veut donc dire qu'il y a une faute à ce moment-là.
Ces organismes, bien souvent, ce n'est pas des organismes de publicité,
c'est-à-dire que ce sont des organismes de publicité mais tout
à fait spéciaux. Ils ne vendent que cela.
M. Léger: Ils offrent leurs services à des
associations sans but lucratif pour leur vendre de la publicité, mais,
dans le fond, les revenus vont beaucoup plus dans leur poche qu'ils ne vont
à l'organisme comme tel.
M. Côté (Benoît): C'est cela. Surtout, nous
avons des problèmes avec cela parce que, à l'organisme en place,
le président local apprend de telles choses ou bien c'est l'organisme
régional, et nous recevons toutes les critiques; à ce
moment-là, le mouvement, l'organisation passe pour un organisme qui veut
frauder les autres. C'est nous qui sommes attaqués indirectement dans
cela. Lorsqu'on vient solliciter après cela pour le marchand ou pour une
activité quelconque, on a des "rebounds". Nous sommes accusés
indirectement dans cela. C'est pour cela, je pense, qu'il est important qu'un
contrôle sévère dans ce type de publicité soit
exercé.
M. Léger: D'accord.
M. Pedneault: Pour compléter, dans certains cas, cela va
même beaucoup plus loin que cela. Dans ma propre région, au moment
où j'étais président régional des jeunes chambres,
il s'est vendu de la publicité au nom de la régionale par une
agence qui n'avait signé aucun contrat avec nous, mais le nom de la
régionale était bon et il se vendait bien. Alors, les gens en ont
profité pour vendre sous ce nom. A ce moment-là, c'est
très difficile pour nous autres d'amener ces gens devant les tribunaux,
parce que les marchands disent: Pour $25, je ne suis pas
intéressé à perdre deux jours de travail, à perdre
$200 à $300 pour aller devant un tribunal. Il me semble que c'est aussi
un point extrêmement important pour les associations, parce qu'à
un moment donné, il n'y a personne qui veut prendre de la
publicité justement parce qu'on dit: Vous êtes une bande de
voleurs, alors que ce n'est pas nous qui le sommes.
M. Léger: Je me demande pour quelle raison le ministre n'a
pas l'intention d'inclure ce point dans ce domaine particulier de la loi comme
tel.
Mme Bacon: En fait, on a dit que la loi régissait les
transactions entre commerçants et consommateurs et ce n'est pas
nécessairement ça. Il faut que ça fasse partie d'une loi
particulière. On ne peut pas l'inclure dans cette Loi sur la protection
du consommateur.
M. Léger: Autrement dit, vous ne pouvez pas
considérer le commerçant comme étant un
consommateur...
Mme Bacon: Ce n'est pas... c'est ça. M. Léger:
... il devient consommateur.
Mme Bacon: Pas des transactions contractuelles entre
commerçants et consommateurs. Cela doit faire l'objet d'une loi
particulière qui sera déposée.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je désire
également féliciter les membres de la Jeune chambre qui se
présentent devant nous ce matin. En prenant connaissance de leur
mémoire, je viens vite à la conclusion que l'expérience
vécue est encore ce qu'il y a de mieux pour nous faire les meilleures
propositions. Quand je fais référence à la
publicité sympathique, vous avez vécu vous-mêmes cette
mauvaise expérience et vous pouvez ce matin nous faire des suggestions
qui nous apparaissent comme très valables.
Cependant, il me semble que vous n'avez pas vécu la même
expérience en ce qui concerne le domaine de l'automobile. D'abord, Mme
le ministre a bien raison de nous dire qu'en ce qui concerne vos
appréhensions au sujet de l'article 52, elles se retrouvent
complètement dans le bill 13 qui a été voté avant
l'ajournement de la présente session. A quelques détails
près cependant, vous suggérez que le ministère des
Transports soit l'agent qui délivre les certificats. Cela
présuppose que le ministère des Transports ait également
des garages ou des organismes quelconques sous sa juridiction directe qui
feraient l'inspection mécanique des véhicules, au lieu que ce
genre de choses puisse être fait par l'entreprise privée ou des
garagistes certifiés, c'est bien ça que je comprends.
M. Pedneault: C'est ça, parce qu'avec les entreprises
privées ou les garagistes, nous croyons que l'impartialité n'est
peut-être pas conservée. Si tu as un intérêt
quelconque dans une vente d'automobile, tu vas peut-être cacher tel petit
défaut. Nous voyons très bien l'instauration de centres
régionaux. On n'en a pas parlé tellement dans cette partie parce
qu'il y a un autre mémoire qui a été
présenté sur l'assurance-automobile, dans lequel on en parle
très en détail. C'est pour ça que, dans notre proposition,
on n'en a pas parlé ici. Mais on parle de création de centres
régionaux d'évaluation et de centres d'inspection
organisés par le ministère des Transports.
On a déjà une certaine forme d'inspection qui se fait dans
certaines régions; par exemple, à Chicoutimi, il y en a un. A un
moment donné, on fait une inspection pour voir si tes freins vont bien,
si une autre affaire va bien, si un autre affaire encore va bien. On dit: Tu as
telle ou telle chose à réparer, tu as 48 heures pour le faire. Il
suffirait peut-être de perfectionner et de spécialiser ces
centres.
M. Samson: Pour votre information, le ministre des Transports
lui-même a déclaré à l'occasion de l'étude du
bill 13 qu'il n'avait pas l'intention d'aller jusque là parce que son
ministère n'avait pas les moyens de s'orienter dans ce domaine. Les
inspections qui se font, dont vous venez de men- tionner l'existence dans votre
région, se font également à Québec, à
Montréal, ça ne se fait même pas dans toutes les
régions présentement et ne sont que des inspections dites de
sécurité. Ce ne sont pas des inspections mécaniques.
Quand on voit un inspecteur qui vérifie vos lumières, qui
vérifie vos freins, en fait, il ne vérifie que le superficiel. Si
la pédale de freins continue à fonctionner, cela fait son
affaire, alors que les freins peuvent aussi bien être endommagés.
Mais, pour le voir, il faut enlever les roues, il faut faire une inspection
mécanique plus complète. Les inspecteurs du ministère des
Transports ne sont pas qualifiés pour faire cela. Cela doit être
fait par des mécaniciens "licenciés" qui signeraient je
vous donne l'information parce qu'il m'a semblé que c'était
là la philosophie du ministère des Transports l'inspection
et, en signant l'inspection, ils mettraient leur "licence" en jeu chaque fois.
C'est-à-dire que, s'ils font une fausse déclaration, ils
risqueront de perdre leur "licence".
Je souligne a votre attention que c'est exactement de cette façon
que cela se fait en Ontario. C'est exactement de cette façon que cela se
fait dans certains Etats américains où il y a des garages
certifiés qui ont un permis pour faire ce genre de choses et ce ne sont
pas nécessairement des garagistes détaillants, vendeurs de
voitures. Cela peut être des garagistes de stations de service où
il y a cependant des mécaniciens "licenciés" qui font cela, mais
qui ne sont pas nécessairement en conflit d'intérêts.
Le vendeur d'automobiles n'est pas toujours un garagiste. Je pense que
c'est à votre attention également. On a mentionné hier,
lors de discussions à une séance de cette commission, le fait que
certains vendeurs, certains garagistes pouvaient peut-être, quelquefois,
tenter d'épargner de l'argent dans les réparations. Mais on a
peut-être oublié de mentionner que, lorsque nous parlons de
voitures usagées, par exemple, un fort contingentement de voitures
usagées sont vendues, non pas par des garagistes détaillants,
représentant des compagnies manufacturières, non pas uniquement
également par des garagistes indépendants, mais par des vendeurs
qui ne sont pas garagistes.
Ces gens-là n'ont pas la possibilité, bien sûr,
d'avoir à leur disposition un atelier mécanique. Or, je crois
que, du point de vue sécuritaire, des garagistes certifiés
devraient répondre à certaines normes. Je souligne à votre
attention que j'ai même suggéré que toute inspection
mécanique se fasse de la même façon que les garagistes
doivent faire les inspections de voitures neuves qui leur parviennent, avant de
les mettre en vente, c'est-à-dire d'après une fiche
préétablie et avec un questionnaire à remplir. C'est donc
dire que vous obligez, de cette façon, le mécanicien qui fait
l'inspection à procéder à toutes les actions à
être faites pour assurer que l'inspection est bien faite et que
l'état de la mécanique répond aux mesures
sécuritaires avant que la voiture puisse être remise en
circulation.
Le contrôle se fait comme vous le suggérez et je
pense que vous avez raison de le
faire avant l'émission de la plaque d'immatriculation.
Pour obtenir une plaque d'immatriculation, en vertu du bill 13,
dorénavant, le client devra fournir la preuve de l'inspection
mécanique. Sinon, il n'aura pas les plaques d'immatriculation.
Je pense que le bill 13 va plus loin que nous autres, que la
présente loi en cette matière. Il a également juridiction
sur toute transaction faite entre particuliers, ce que la Loi sur la protection
du consommateur n'a pas visé jusqu'à présent.
Nous avons visé jusqu'à maintenant les transactions faites
entre vendeurs et consommateurs, alors que, du côté du bill 13, on
couvre les transactions faites entre les consommateurs.
C'est ce qui a d'ailleurs été suggéré hier
aussi, qu'il y ait une modification d'apportée pour être un peu
conforme avec cette idéologie du ministère des Transports.
M. Pedneault: M. le député, nous sommes heureux de
cette initiative du ministère des Transports. S'il est allé plus
loin que nous, nous en sommes fort aises. Nous ne voyons pas non plus
d'objection à ce qu'on trouve un mécanisme qui soit
peut-être différent de celui que nous avons proposé
à ce moment, pourvu qu'il demeure objectif. Notre inquiétude
demeurait l'objectivité de l'inspection, qu'elle soit faite par le
ministère des Transports ou par des agents certifiés. Qu'ils
demeurent objectifs, nous n'avons pas d'objection.
M. Samson: D'accord. Dans un autre ordre d'idées, vous
suggérez, à l'article 53, que toute automobile de $1000 ou plus
puisse porter une garantie complète et totale de 90 jours qui couvre
entièrement le coût des réparations. Sans vous demander de
changer votre opinion, je vous souligne qu'il m'apparaît
exagéré d'aller aussi loin que cela pour plusieurs raisons. Je
pense d'abord qu'il est valable d'apporter à l'attention des membres de
la commission que nous parlons, à ce moment, de voitures usagées
de $1000. Si l'on compare le prix d'une voiture usagée de $1000 au prix
d'une voiture neuve d'aujourd'hui, parlons d'une voiture de genre
nord-américain, de catégorie standard, nous parlons de $5000
à $6000, du prix d'une voiture neuve. Je pense qu'il est
exagéré de vouloir croire que l'acheteur d'une voiture
usagée puisse obtenir des avantages équivalant à ceux que
les acheteurs de voitures neuves obtenaient il y a quelques années
à peine encore. Je m'explique. Il n'y a pas tellement longtemps, les
voitures neuves portaient une garantie de trois mois ou 4000 milles, une
garantie non pas à 100% mais une garantie conditionnelle à ce que
la voiture ait un usage normal, non abusif, et différentes conditions
comme celles-là. Il faut considérer que quand on parle d'un prix
de $1000, c'est à peu près un quart du prix de la valeur d'une
voiture neuve, et que, il n'y a pas très longtemps, les voitures neuves
étaient garanties pour trois mois ou 4000 milles. Aujourd'hui, les
garanties ont changé, elles ont évolué. Elles ont
monté à cinq ans ou 50 000 milles, mais elles ont baissé
aussi dans certains cas, parce qu'une garantie de cinq ans ou 50 000 milles ne
pouvait pas se donner normalement sans que la compagnie finisse par en prendre
pour son rhume ou bien que le client ne soit pas satisfait, parce qu'il y avait
des conditions. Je pense qu'il est valable que je souligne à cette
commission que, pour cette garantie, certaines compagnies exigeaient du client
par exemple que sa voiture soit inspectée à ses frais à
certains millages aux frais du client que les graissages, les
changements d'huile, l'entretien soient faits chez le détaillant et non
pas chez un autre garagiste. Il y avait tellement de conditions que,
finalement, tout en étant une garantie très forte, cette garantie
pouvait ne vouloir rien dire aussi.
Je me demande si nous ne devons pas également tenir compte de la
situation existante dans les autres provinces. Le Québec est
situé entre l'Ontario, son voisin immédiat, le Nouveau-Brunswick,
son autre voisin immédiat, et évidemment, les Etats-Unis. Il y a
des barrières tarifaires entre les Etats-Unis et le Canada, mais il n'y
a pas de barrières tarifaires entre l'Ontario et le Québec, pas
plus qu'entre le Nouveau-Brunswick et le Québec.
Or, dans des régions et là peut-être que je
vous apporte un autre son de cloche, étant donné que j'habite
personnellement une région qui est voisine de l'Ontario nous
risquons beaucoup, à ce moment, que la clientèle
québécoise devienne une clientèle des marchands
détaillants de l'Ontario, si nous ne permettons pas aux vendeurs
québécois d'être concurrentiels. Si nous avons une garantie
de trois mois, 90 jours, à 100% sur le rouage d'entraînement pour
une voiture de $1000, pensons-y, $1000, qu'est-ce que cela peut acheter
aujourd'hui? Cela achète une télévision. Pour le prix
d'une télévision qui est garantie pour un an, pour la lampe-image
des fois il n'y a que trois mois vous allez exiger qu'un client
s'achète une voiture usagée et qu'elle soit garantie à
100% pour trois mois. Cela n'a pas de bon sens.
Savez-vous comment on garantit ces voitures en Ontario? On les garantit
pour un mois, ou 1000 milles, à 50/50. Cela veut dire que le client paie
50% de la facture, au prix du détail. Si on exige d'un détaillant
québécois 90 jours de garantie, je pense que nous devons
être réalistes suffisamment pour dire que cela va se retrouver
dans le bas de la facture, parce qu'il n'y a pas un "sacré" garagiste
qui peut donner une garantie s'il ne reçoit pas d'argent pour cela. Cela
va se retrouver dans le bas de la facture, donc, nos voitures usagées
vont se vendre, au Québec, plus cher qu'ailleurs, en raison de la
garantie que nous devrons donner. Dans ma région, une population de 35
000 habitants, dans les villes de Rouyn et de Noranda, à 30 milles de
chez eux, les gens pourront acheter une voiture 30% ou 40% meilleur
marché, parce que là-bas le vendeur n'aura pas besoin de donner
le même genre de garantie.
Par votre loi provinciale du Québec, vous ne pourrez pas exiger
que le vendeur de l'Ontario donne la même garantie, ce n'est pas vrai.
Donc, il y a cette région, il y a la région de Hull qui est
située près d'Ottawa. Ces gens ont un mille à faire pour
aller acheter en Ontario. Par ce fait, nous allons risquer de détruire
le marché québécois de la
voiture usagée au bénéfice du marché
ontarien. La même chose peut se produire près des lignes du
Nouveau-Brunswick.
Tout en tenant compte, évidemment, que vous n'êtes pas dans
ce métier et que vous ne pouvez pas en connaître toutes les
incidences, je considère que cette demande a été
involontairement exagérée bien sûr, je vous donne le
bénéfice du doute c'est pourquoi j'ai cru bon de vous
donner ces détails, pour que vous compreniez que, lorsque nous
arriverons à la bataille, en deuxième lecture, je n'accepterai
pas qu'on aille à 90 jours, à 100% et je vais me battre jusqu'au
bout là-dessus.
Le Président (M. Lafrance): C'est un très bon
mémoire.
M. Samson: Moi aussi, j'ai de la mémoire.
M. Pedneault: M. le Président, si vous me permettez une
petite remarque, dans tout cela, c'est que nous n'avions pas le même
objectif. L'objectif que nous avions visé, c'était la
sécurité sur la route, pour faire disparaître les
"minounes". Si le garagiste est obligé de fournir une garantie de 90
jours en vendant la voiture, il sera sûr qu'elle durera les 90 jours.
Celles qui ne sont bonnes que pour 25 jours, qui sont dangereuses, n'iront pas
sur la route.
M. Samson: Je vais vous poser une question.
M. Pedneault: C'est l'objectif que nous visions.
M. Samson: L'objectif que vous visez, quand vous parlez de
sécurité, j'en suis. Je suis d'accord avec vous là-dessus.
Maintenant, ce n'est pas par la garantie mécanique que vous allez
atteindre l'objectif de la sécurité routière, c'est par
l'inspection mécanique de la conduite, des freins surtout et,
évidemment, des pneus.
Dans ce sens, il y aura une réglementation concernant les pneus
par le bill 13 pour les fameux pneus rechapés. Pour les pneus neufs,
bien sûr, il n'y a pas de problème, mais pour les pneus
rechapés, je le souligne à votre attention.
Quand vous avez comme objectif la sécurité
routière, je suis d'accord avec vous, mais nous pouvons atteindre cet
objectif par les inspections mécaniques de sécurité
routière, non pas nécessairement par les garanties...
Je vais vous poser une question directe. Vous avez une voiture
usagée. Vous voulez vendre cela à peu près $1000.
Accepteriez-vous de me donner 90 jours de garantie à 100%?
M. Pedneautt: Je ne connais pas la mécanique.
Peut-être que je prendrais le risque, peut-être que non. Dans mon
esprit, non.
M. Samson: Si vous ne la connaissez pas assez pour me donner la
garantie, vous ne la connaissez pas assez pour dire aux autres de la donner non
plus.
M. Pedneault: Je n'étais pas tout seul quand j'ai fait le
travail.
M. Samson: C'est un bon argument à votre avantage. Vous
n'étiez pas seul. Donc, on peut présumer que vous n'êtes
pas tellement d'accord sur cela.
Je pense que ceci est important. Quand on veut exiger que d'autres
prennent des responsabilités, on doit d'abord se demander si nous sommes
prêts à prendre les mêmes responsabilités et vous ne
seriez pas prêt à me faire cela.
Je vous dis à l'avance que vous faites bien de ne pas être
prêt à faire cela, parce que, si vous me vendiez une voiture
à $1000 en me donnant 90 jours de garantie, je pense que j'aurais assez
d'expérience pour savoir l'utiliser de façon non abusive et de
façon à vous faire changer certaines pièces avant 90
jours, et vous avez beaucoup d'acheteurs qui sont comme cela.
Vous voyez comment on peut, de cette façon, en arriver à
perturber tout le marché, non pas parce qu'un acheteur aurait
été abusé par un détaillant, mais parce que
certains acheteurs savent exactement ce qu'il faut faire pour aller
brûler un moteur en dedans de 90 jours. Ils vont vous le brûler la
89e journée.
Me vendriez-vous votre auto dans ces conditions?
M. Pedneault: Non.
M. Samson: Je pense que vous me la vendriez $999, pour ne pas
avoir à me donner la garantie. C'est ce que j'aimerais que la commission
retienne. On ne peut demander à des marchands détaillants de
faire des choses que le consommateur lui-même ne voudrait pas faire. Il
faut garder l'équilibre.
Maintenant, on parle d'une garantie normale, raisonnable, comme à
l'article 53, par exemple, "... sujet à quelques modifications"... C'est
encore une autre chose dont vous n'avez peut-être pas parlé, mais
qu'il serait peut-être bon qu'on souligne à l'attention de la
commission, c'est que les garanties transférables sont dangereuses. A
l'article 53, on ne parle pas du transfert de garantie.
Quand un client achète une voiture avec une garantie, il peut
lui-même en prendre bien soin pendant 85 jours on parle de 60
jours ici mais supposons 55 jours. Après 55 jours, il la vend
à un autre client. Il en a pris bien soin. Il n'a pas eu de
difficulté. Son affaire va bien. Il vend cela à un autre client,
et l'autre client, c'est ce qu'on appelle un cimetière d'automobiles.
Dans l'espace de cinq jours, il brûle le moteur et il retourne chez vous.
Vous avez vendu l'auto avec garantie à quelqu'un qui en prendrait soin,
et vous avez tenu compte de votre climat pour en établir le prix, et
vous vous retrouvez obligé de donner une garantie à quelqu'un
d'autre avec qui vous n'auriez pas affaires en connaissance de cause. Alors, la
garantie transférable, telle qu'à l'article 53, il faudra
même enlever la transférabilité des garanties si on veut
être raisonnable et si on ne veut pas risquer de perturber le
marché.
Le Président (M. Lafrance): Je remercie le
conférencier et je remercie aussi la Fédération des jeunes
chambres du Canada français, ainsi que vos collaborateurs, Mlle Duval et
M. Côté. Nous entendrons maintenant les représentants de
l'Association canadienne des distributeurs d'équipement et son
porte-parole, Me Germain Dumas.
Association canadienne des distributeurs
d'équipement
M. Dumas: Messieurs les députés, monsieur le
directeur, je ne sais trop s'il est de coutume de lire le texte qu'on vous a
fourni. C'est préférable?
Le Président (M. Lafrance): C'est à votre choix. Si
vous voulez en donner l'explication ou si vous voulez le lire, vous avez le
choix.
Pourriez-vous, au départ, nous présenter vos
collaborateurs, s'il vous plaît?
M. Dumas (Germain): Oui, M. Simon Poiré qui est
vice-président de l'association, M. Pierre Le-doux et M. Claude
Bélanger qui est président de l'association.
Le Président (M. Lafrance): Merci.
M. Dumas: L'Association canadienne des distributeurs
d'équipement est une association sans but lucratif, qui regroupe plus de
200 distributeurs d'équipement lourd à travers le Canada et la
province de Québec.
Les membres de cette association emploient plus de 1500 personnes au
Canada et leur chiffre d'affaires combiné en 1974 était de $1,6
milliard, soit 1,1% du produit national brut.
Les biens vendus par les membres de l'Association canadienne des
distributeurs d'équipement sont très coûteux, car ce sont
des véhicules lourds, comme des tracteurs, camions lourds, grues, etc.
Ils doivent par le fait même faire l'objet d'un financement très
méticuleux lorsque non payés comptant. C'est très rare
qu'ils le sont.
Bien que ces véhicules ne soient jamais achetés par des
consommateurs au sens littéral du mot, tous les distributeurs
d'équipement que regroupe l'association précitée ont
toujours été dans l'incertitude depuis la passation de la loi de
la protection du consommateur, sanctionnée le 14 juillet 1971. La plus
grande interrogation était celle de savoir qui était un
consommateur et qui ne l'était pas au sens de la loi. Si bien
qu'à un certain moment, des contrats, dits contrats de consommateurs,
étaient signés lors de chaque transaction. Une fois les premiers
mois passés, on s'appliqua à rechercher les consommateurs sans
jamais en déceler un avec certitude.
Cependant, pour se protéger face à l'ambiguïté
du texte de la loi, la plupart des distributeurs d'équipement firent
signer des contrats de consommateurs à maintes reprises.
Les dispositions de la loi de la protection du consommateur, lesquelles
sont améliorées en bien des points par les dispositions nouvelles
apparaissant au projet de loi no 7, ont été passées ou
pro- posées dans l'intérêt et pour le plus grand bien des
consommateurs qui étaient et sont encore dans certains cas victimes
d'abus de commerçants.
Dans bien des cas, également, des commerçants peuvent
être l'objet d'abus de la part de leurs clients. M. Samson en donnait
quelques exemples tout à l'heure. Ces abus sont d'autant plus graves si
les biens vendus ont une valeur de $40 000 pouvant aller facilement
jusqu'à $400 000 qui, disons, est un cas extrême.
Si la définition de consommateur n'était pas claire dans
la loi sanctionnée le 14 juillet 1971, elle ne nous apparaît pas
plus claire dans le projet de loi no 7 qui vient d'être
déposé à l'Assemblée nationale. La
définition proposée pour le consommateur est le suivante: une
personne physique autre qu'un commerçant dans l'exercice de son
commerce. Qu'entend-on par commerçant? Doit-on se rapporter à la
notion de commerçant dans notre droit civil pour expliciter une
définition de droit statutaire?
Nous croyons qu'il serait avantageux de mieux définir
l'expression consommateur, afin d'éviter des discussions et des
interprétations.
L'esprit de la loi de la protection du consommateur et de sa refonte
proposée est à l'effet de protéger le consommateur
lorsqu'il fait l'acquisition de biens de consommation qui sont destinés
à des activités domestiques, culturelles,
récréatives ou encore des biens qui sont essentiels à la
vie, comme le logement, l'automobile et quelques autres. La loi, dans son
esrrit, n'entend sûrement pas régir les relations entre
commerçants. Mme Bacon le mentionnait au tout début de
l'exposé du groupe précédent.
Qu'advient-il de la personne physique qui doit faire l'acquisition d'un
bien qui lui est nécessaire pour exercer son métier, son art, sa
profession? C'est le cas, notamment, du camionneur artisan qui doit acheter un
camion fort coûteux dans certains cas, pour exercer son métier.
C'est le cas également de certains opérateurs de tracteurs et de
machinerie lourde. Cela pourrait être le cas, également, d'un
dentiste qui achète son équipement. Cette personne physique
devient-elle un consommateur, au sens de la loi? Qu'advient-il,
légalement, d'une personne physique qui fait affaire sous une raison
sociale, qu'elle soit seule ou associée à d'autres ou qui doit
faire l'acquisition d'un bien pour exercer son métier, son art ou sa
profession?
Nous ne sommes pas d'opinion qu'une telle personne soit un consommateur
tel que défini dans le projet de loi no 7 et qu'elle n'en est pas plus
d'après la définition du consommateur prévue à la
loi actuelle de protection du consommateur. L'acquisition d'un bien par une
personne physique, dans le but d'en retirer un profit ou dans le but de s'en
servir pour en retirer un revenu, fait de cette personne un commerçant
dans l'esprit de la loi. Cependant, la loi, à la lecture de la
définition du mot consommateur, ne nous permet pas de tirer une telle
conclusion, du moins sans que des interprétations contraires soient
possibles. C'est pourquoi nous sommes d'avis qu'il y aurait lieu
d'inclure au projet de loi no 7 une définition du mot
consommateur qui tiendrait compte de ces éléments de profit et de
sources de revenu.
Nous nous permettons de porter à votre attention la
définition de "consumer transaction" prévue au Trade Practices
Act de la Colombie-Britannique. Là, je vous fais grâce du texte.
Si nous nous inspirons de cette définition, de ce texte, pour
définir notre consommateur, nous pourrions suggérer ce qui suit:
Consommateur: Une personne physique qui est partie à un contrat relatif
à un bien ou un service d'utilisation à caractère
principalement personnel, familial ou domestique ou en relation avec une
aventure commerciale requérant à la fois un investissement et ses
services personnels et dans laquelle il n'a jamais été
engagé.
Cette définition ne saurait nous satisfaire, même si elle
respectait l'esprit de notre loi, car une autre notion de droit civil, celle de
l'aventure commerciale, y est incluse.
A la rédaction de ce texte, je me suis aperçu qu'il
était extrêmement difficile de définir le consommateur.
J'en ai essayé plusieurs et je les ai toutes mises au panier au fur et
à mesure que je les rédigeais.
Nous comprenons que la notion de commerçant de notre droit civil
est extrêmement complexe et que, de ce fait, il est d'autant plus
difficile d'apporter une définition du consommateur qui réponde
bien à l'esprit de la loi, surtout si on le définit
d'après le commerçant.
Nous croyons que le meilleur moyen de rejoindre l'esprit de la loi
serait d'ajouter un paragraphe f) à l'article 3 du projet de loi no 7
qui pourrait se lire comme suit: "Les contrats visant l'acquisition d'un bien
dans le but d'en retirer un profit ou dans le but de l'utiliser pour en retirer
un revenu."
Cette dernière suggestion s'inspire de l'article 2-1 b) du
règlement 128 adopté en vertu du Consumer Protection Act de la
province d'Ontario et, encore là, je vous fais grâce du texte.
Les précisions que nous vous suggérons, que nous
espérons que vous pourrez recommander ne vont à rencontre
d'aucune disposition prévue à la Loi actuelle de la protection du
consommateur, ni du projet de loi no 7, relatif à la refonte de cette
loi. Ces précisions ne font que rendre la définition du
consommateur plus conforme à l'esprit de la loi. En fait, on a voulu
vous faire une seule suggestion, c'est dans le but de clarifier les relations
commerciales, les relations qui sont commerciales à notre avis, et la
seule façon pratique de le faire, d'après nous, c'est l'exclusion
que nous vous proposons.
Le Président (M. Picotte): Merci, monsieur. La parole est
au ministre.
Mme Bacon: Nous avons déjà remarqué,
même si cela ne fait que deux jours, même si la deuxième
journée que nous siégeons n'est pas terminée,
l'ambiguïté de la définition du mot "commerçant" ou
du consommateur, par exemple, dans la loi no 7 que nous avons
présentée. J'ai déjà dit hier que nous prenions
bonne note des suggestions qui nous sont faites et nous allons sûrement
étudier les différentes définitions qui peuvent être
données, soit aux mots "consommateur" ou "commerçant".
A la page 4, me référant à la suggestion que vous
nous faites à f), les contrats visant l'acquisition d'un bien dans le
but d'en retirer un profit, dans le but de l'utiliser pour en retirer un
revenu, qu'est-ce qu'on fait dans le cas, par exemple, d'un bûcheron qui
achète des instruments, que ce soit une scie mécanique ou autre
chose, et comment le considéreriez-vous dans votre esprit avec cette
suggestion que vous nous faites?
M. Dumas: C'est une très bonne question, madame.
Mme Bacon: C'est pour vous montrer les difficultés que
nous pouvons avoir avec cette définition.
M. Dumas: Je ne dis pas que ma suggestion est parfaite.
Mme Bacon: Non, elle est très bonne.
M. Dumas: En Colombie-Britannique, dans le texte de la
définition de Consumer Transaction, on parle un peu de ce qui pourrait
s'apparenter à notre notion d'aventure commerciale.
C'est-à-dire que la personne qui fait l'acquisition d'un bien
pour la première fois, dans le but d'occuper un métier, un art ou
une profession, est incluse dans la définition de consommateur, la
première fois. Ce type est un consommateur parce qu'il ne connaît
pas professionnellement la nature de l'entreprise dans laquelle il s'en va. Le
bûcheron avec sa hache, la hache n'est plus beaucoup utilisée,
mais une scie mécanique vaut tout de même à peu près
$200. Il y aurait peut-être possibilité d'inclure ces choses en
disant que tout bien de tel montant et moins serait inclus.
C'est simplement au point de vue d'un principe
général...
Mme Bacon: Excusez-moi, comment faites-vous la
vérification? C'est la première fois qu'il fait l'achat.
M. Dumas: C'est très difficile.
M. Ledoux: On pourrait peut-être essayer de répondre
si on parle d'objets pour travailler comme une scie mécanique. Je pense
que c'est assez facile à acheter par n'importe qui ici. Mais si le type
pense d'acheter un bélier mécanique de $75 à $80, c'est
plus facile pour nous de juger s'il connaît son produit. Je pense que,
s'il essaie de partir avec ça pour faire du terrain, même dans
notre propre cour d'essai ou quelle que soit la place, lors d'une
démonstration, on va voir si le gars connaît ça. Parce
qu'une scie mécanique, n'importe qui peut la faire fonctionner et
essayer de se couper les doigts. Avec un bélier, c'est un peu
plus compliqué que ça. Peut-être un montant, comme
disait monsieur tantôt, limiter les achats.
Mme Bacon: Cela ne répond pas exactement à ma
question, mais tout de même. Il serait peut-être bon, avec
l'expérience que vous avez, que vous nous donniez des faits bien
concrets, des problèmes auxquels vous avez à faire face. Cela
pourrait peut-être éclairer davantage les membres de la
commission.
M. Dumas: On est tenté d'amener nos problèmes
personnels.
Mme Bacon: C'est pour ça qu'on veut vous entendre ici.
M. Dumas: On est même très tenté. Cependant,
nous vous avons présenté un mémoire...
Mme Bacon: Succombez à la tentation.
M. Dumas: ... qui traite de généralités, qui
ne traite pas de notre problème personnel directement.
Mme Bacon: C'est peut-être un exemple bien concret, parce
que vous faites quand même une excellente suggestion, mais est-ce qu'il
est possible d'avoir des faits bien concrets?
M. Dumas: Comme exemple bien concret de problèmes auxquels
ont à faire face les membres de l'association, prenons le cas d'un
camionneur artisan. Un camionneur artisan s'achète un camion qui va lui
coûter, disons, $60 000. On arrive assez vite dans ces prix-là.
Avec les dispositions actuelles de la loi, lesquelles dispositions, encore une
fois, sont très bonnes, il peut verser $5000 comptant sur le camion et
financer le solde avec n'importe quelle compagnie qui fait ce genre de
financement.
Les $5000 comptant, il peut les avoir empruntés
déjà à une autre institution financière ou à
sa caisse populaire en faisant des représentations au gérant, en
disant que c'est pour améliorer sa maison ou faire quoi que ce soit. Le
type vient se chercher un beau camion et s'en va travailler avec le camion;
c'est payant si on ne tient pas compte de tous les frais d'entretien du camion
et des frais de fonctionnement. Il peut passer un mois, deux mois sans faire de
paiement sur le camion. Le temps qu'on lui donne l'avis de reprise de
possession ou l'avis de déchéance de terme, prévu
actuellement à l'article 34 et, dans le projet de loi, à un autre
article, le camion s'est déprécié et
énormément. Le beau camion de $60 000 ne vaut plus que $40 000.
D'autant plus que ce type n'est pas un consommateur, dans notre opinion; c'est
un commerçant, c'est un camionneur, c'est un professionnel du
camionnage. Ce n'est pas n'importe qui qui demeure n'importe où, qui a
été fonctionnaire toute sa vie, qui se lève un matin et
dit: Moi, je suis camionneur, je vais m'acheter un camion et je monte dans le
bois; je fais la grande passe. Cela prend un type qui a tout au moins de
l'expérience dans le domaine, soit à salaire pour un autre ou
soit à son propre compte dans un domaine plus petit, en construction ou
ailleurs.
Ce type n'étant pas un consommateur, on veut tout simplement que
la loi nous le dise formellement, que la définition nous le dise. Les
compagnies de finance qui financent les camions, les tracteurs ou quelque autre
pièce d'équipement, nous disent: On ne prend pas de risque, on
fait signer un contrat de consommateur et on consent à l'acheteur
commerçant, à ce moment-là, des privilèges qui sont
réservés au consommateur. Quand les privilèges
s'appliquent strictement au consommateur, ce sont des privilèges qu'il
faut lui donner. Mais un commerçant qui peut nous jouer des tours et de
vilains tours, qui vont coûter excessivement cher, on n'est pas
obligé de lui consentir cela. Mais la compagnie de finance nous oblige
à signer ce fameux contrat pour se protéger. La compagnie de
finance se protège, mais oublie de protéger les autres dans
quelques cas.
Mme Bacon: Est-ce que...
M. Bonnier: ...ce n'est pas un consommateur.
M. Dumas: Ce n'est pas un consommateur, mais on veut que la
définition nous le dise, de façon claire, que ce n'est pas un
consommateur, pour éviter toutes les discussions auxquelles on a
à faire face. S'il faut aller devant les tribunaux, chaque fois qu'on a
un problème, pour le débattre, c'est payant pour les avocats,
mais ce n'est pas payant pour les compagnies.
Mme Bacon: J'aurais juste une autre question avant de passer
à d'autres. Vous soumettez quand même, soit les vendeurs, les
commerçants d'équipement lourd, aux pratiques interdites, par
exemple. Vous n'avez pas négligé cet aspect de la loi?
M. Dumas: Non.
Mme Bacon: Même si ce n'est pas mentionné dans votre
mémoire.
M. Dumas: Non. Les pratiques interdites, d'après moi,
devraient faire l'objet d'une loi différente...
Mme Bacon: D'une loi particulière?
M. Dumas: D'une loi particulière, pour ne pas l'amalgamer
à la loi du consommateur, faire deux lois qui pourraient être
administrées par l'Office de protection du consommateur ou en faire des
sections très distinctes dans la loi. On n'a pas d'objection à
être obligé de suivre certains critères et certaines
dispositions de la loi qui sont très bons.
Les gens de l'Association canadienne des distributeurs
d'équipement sont prêts à se soumettre à certains
contrôles et à certains points qui sont mentionnés dans le
projet de loi no 7, parce que cela va éliminer la mauvaise concurrence,
tout simplement.
Mme Bacon: Je voudrais vous remercier de votre contribution,
parce qu'il y a certainement des suggestions que vous nous faites qui sont
vraiment positives et que nous étudierons davantage. Nous sommes tous
conscients que votre problème est réel, mais les solutions
à trouver ne sont pas toujours faciles.
M. Dumas: Oui.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: Pour clarifier votre préoccupation,
prenons un cas un peu plus loin de la ligne de démarcation, parce que le
camionneur artisan, c'est pas mal près du commerçant, prenons le
cas d'un agriculteur, un cultivateur, qui s'achète un tracteur.
Dans votre esprit, et en regardant la teneur de votre lettre, toute
votre lettre semble nous dire que vous voulez être exclus de la loi des
consommateurs, puisque la majorité des gens qui achètent des
produits de vos organismes sont plutôt des commerçants.
Mais, dans le cas précis de l'agriculteur, est-ce que vous
calculez que celui-ci n'aurait pas le même droit, étant
donné qu'il ne peut pas payer son tracteur au comptant, la plupart du
temps? La question du contrat assorti d'un crédit, est-ce que vous
calculez qu'il ne devrait pas être considéré comme un
consommateur, cet agriculteur?
M. Poiré (Simon): Je vais apporter un exemple concret
à la commission. Vous parlez d'un cultivateur qui voudrait acheter un
tracteur. Le type se fait faire un prix pour faire certains travaux sur sa
ferme. Il a une estimation de la part d'un entrepreneur qui lui dit: Cela va te
coûter $75 000 ou $100 000. Le gars est assez intelligent, il regarde la
loi du consommateur et se dit: J'ai une chance de faire ces travaux pour pas
cher. Il s'en va voir un distributeur d'équipement, il achète un
gros bulldozer, il donne une mise de fonds assez raisonnable, parce qu'il sait
ce que cela va lui coûter, d'après son estimation. Il peut donner
$10 000 comptant, il prend le tracteur, s'en va sur sa ferme, fait tous ses
travaux, et quand il a terminé son travail, il arrête de faire ses
paiements. Il ne fait plus de paiements. Il met son tracteur à
côté de la grange, il le laisse là et puis bonjour!
A un moment donné, la compagnie de finance lui envoie un avis de
déchéance de terme ou un avis de repossession
d'équipement. Le gars ne lui répond même pas. Trente jours
après, on est obligé, selon la loi du consommateur, selon les
articles dont je ne me rappelle pas, d'aller rechercher notre équipement
nous-mêmes, à nos frais et dépens. On rapporte cette
pièce d'équipement chez nous. On essaie de la revendre. A un
moment donné, on pourrait peut-être perdre $25 000, $30 000 ou $40
000 dessus. Le type a fait de l'ouvrage peut-être pour $75 000, $80 000
ou $100 000 sur sa ferme, il l'a améliorée. Cela lui aurait
peut-être coûté $10 000 ou $15 000. C'est arrivé
à plusieurs reprises.
M. Léger: Vous nous montrez un problème
réel, parce que la personne sait qu'en laissant aller son produit ou
l'objet qu'elle a acheté, elle ne perd rien puisqu'elle a fait son
profit. C'est plus fort que le montant qu'elle a investi. Vous autres, vous
êtes devant une perte.
M. Poiré: On n'a aucun recours après. Selon la loi,
présentement, on n'a aucun recours contre le type, même s'il a des
valeurs.
M. Léger: Maintenant, dans la loi, on propose que, dans la
loi, il y ait l'aspect de la garantie. S'il y avait une garantie, à ce
moment, vous seriez pris par le problème qu'il faut donner une garantie
sur cet objet qui a été vendu. Actuellement, il ne reste
peut-être que l'aspect de la vente assortie d'un crédit. A ce
moment, la personne arrête de faire ses paiements. Elle n'a pas
donné suffisamment. Là, vous avez un problème réel.
Ce que je ne comprends pas, c'est qu'à un moment donné, vous
disiez qu'on est obligé de faire des contrats de consommateurs. Ce
n'était pas vous. C'est plutôt la compagnie de finance qui faisait
un contrat à votre détriment ou à votre insu, ou on vous
l'imposait.
M. Poiré: La compagnie de finance ne veut pas signer un
contrat dit commerçant avec un consommateur. Tous les contrats sont
endossés par le commerçant. A ce moment, s'il y a un contrat de
finance qui est signé et qu'on est endosseur, on en a la pleine
responsabilité. Au moment de la reprise, il faut reprendre
l'équipement. Il faut payer la compagnie de finance.
M. Léger: Vous avez un problème réel. M.
Poiré: Un gros problème.
M. Léger: II faut, d'un côté, protéger
le consommateur qui est l'agriculteur, le cultivateur.
M. Poiré: Je peux vous donner un exemple formidable. A un
moment donné, un camionneur artisan on parle de camionneur
artisan qui a une belle "job" à Fire Lake, dans le Grand-Nord,
s'en va travailler pendant sept mois, jour et nuit; il achète un camion,
il donne $5000 comptant. La compagnie l'accepte. Le gars a un bon dossier de
finance. Le type monte là-bas et il gagne $47 000 ou $48 000 nets dans
ses poches. Il travaillait sept jours par semaine. A un moment donné, il
s'en vient avec son camion. Il le met dans sa cour et il ne fait plus de
paiement. Le gars s'est bâti une belle maison. On ne peut même pas
aller chercher la maison. On ne peut rien faire avec, parce qu'on a repris le
véhicule. Le véhicule n'est pas dans la même condition que
lors de la vente.
M. Léger: Si vous étiez exclu, parce que ce sont
quand même des personnes qui vont faire de l'argent, vont obtenir un
revenu avec ce qu'ils ont acheté, quelle est la protection d'un
cultivateur ou d'un autre, même d'un camionneur artisan, de l'objet qu'il
a acheté, s'il n'est pas protégé par la
loi des consommateurs? I! n'aurait aucune protection non plus. Alors,
dans les deux cas, et le cultivateur est mal pris et vous autres aussi, vous
êtes mal pris.
M. Poiré: Quand vous dites protection, qu'est-ce que vous
voulez dire au juste, au niveau de la protection?
M. Léger: C'est surtout l'aspect de la garantie de ce
qu'il a acheté, l'aspect de bénéficier de toutes les
clauses que lui permet un contrat assorti d'un crédit. Il y a toutes les
questions d'information aussi qu'il doit avoir sur la qualité de ce
qu'il a acheté.
M. Poiré: Le consommateur qui va acheter une pièce
d'équipement est couvert par une garantie du manufacturier. Cette
garantie est respectée à 100%, et même, des fois, elle est
respectée au-delà de la garantie, si c'est un problème qui
n'est pas normal au fonctionnement de la pièce d'équipement en
question.
M. Léger: Ce n'est pas la préoccupation que je
voyais. Je voyais que vous sentiez le besoin de vous libérer de la Loi
sur la protection du consommateur, parce que cela vous portait
préjudice. Autant il peut y avoir des commerçants qui peuvent
être, en minorité, malhonnêtes, autant il peut y avoir aussi
beaucoup de consommateurs qui peuvent être malhonnêtes dans ce
cas.
M. Poiré: II y en a beaucoup qui sont honnêtes,
mais, malheureusement, il y en a beaucoup qui sont malhonnêtes.
M. Léger: La loi doit toujours être là pour
empêcher les abus souvent faits par des minorités.
M. Poiré: C'est cela.
M. Léger: Vous soulevez un problème très
intéressant avec des solutions qui ne sont pas encore
trouvées.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, on est devant un
problème qui est absolument réel. Je me demande si la suggestion
qui a été faite tantôt de vous exclure de certaines parties
de la loi.
Quand je vois votre suggestion, par exemple, d'amendement à
l'article 3 en y ajoutant 3f), ce n'est peut-être pas tout à fait
ce que vous recherchez non plus. Dans le fond, vous ne voulez pas causer de
préjudice au bûcheron qui s'achèterait une scie
mécanique, vous ne voulez pas causer de préjudice à ces
gens. Mais si on ajoutait cet article tel quel, on risquerait de leur causer du
tort. Je me demande si votre suggestion d'être exclu de certaines parties
de la loi moyennant des précisions, est pertinente parce qu'il ne me
semble pas facile non plus de vous exclure en déterminant un mon- tant
d'argent à l'achat. Vous faites aussi bien référence
à l'acheteur d'une scie mécanique de $200 qu'à l'acheteur
d'un camion ou d'un bélier mécanique de $70 000 ou de $80 000
qui, dans le fond, ne poursuivent pas les mêmes buts mais qui, pour les
fins de la loi, peuvent vous amener à la même issue.
Cela me semble assez compliqué et nous n'avons pas, je pense, la
réponse immédiate par un article rédigé. Mais, en
tenant compte de vos réflexions, il y aurait peut-être
possibilité que le ministère repense la philosophie de la loi
pour éviter que vous soyez aussi victimes. La loi vise à
protéger le consommateur, bien sûr, mais ce qui m'apparaît
comme le plus grand litige, à ce moment-ci, c'est de déterminer
qui est un consommateur et qui n'est pas un consommateur, si j'ai bien saisi
vos préoccupations.
M. Dumas: C'est justement ce qu'on veut vous amener à
préciser: qui est un consommateur et qui n'est pas un consommateur?
M. Samson: Dans ce contexte, c'est peut-être en vous
excluant de certaines parties de la loi seulement que nous atteindrions le but
que vous visez et qui nous semble raisonnable.
M. Dumas: On n'a pas d'objection à toute solution qui va
régler notre problème, quelle qu'elle soit.
M. Samson: Cela est bien dit! Mme Bacon: C'est une...
M. Samson: Cela est bien dit, vous devriez être conseiller
du ministre
Mme Bacon: J'en ai suffisamment. Ce n'est quand même pas
gentil pour ceux qui sont avec moi.
M. Samson: Pardon?
Mme Bacon: Ce n'est quand même pas gentil pour ceux qui
sont avec moi.
M. Samson: Non, non. Je suis certain qu'ils ne sont pas
réfractaires à de l'amélioration, eux non plus. Je pense
que tout le monde est d'accord que ce n'est pas facile de trouver le joint
qu'il faut pour en arriver à éviter ce genre de choses.
Le Président (M. Lafrance): Le député
d'Arthabaska.
M. Massé: Le député de Rouyn-Noranda vient
de soulever le fait de l'exclusion de commerçants du genre vendeurs
d'équipement lourd. Il faut aussi se demander si le menuisier qui va
acheter un villebrequin, qui gagne aussi sa vie avec ces instruments, ne doit
pas être considéré sur le même pied. Je ne suis pas
d'accord avec la suggestion d'amendement, soit d'ajouter le paragra-
phe f) dans ce sens. Si on prend l'exemple du camionneur artisan, il
peut être considéré sur le même pied que toute
personne qui a à gagner sa vie avec un instrument qu'il doit acheter,
qui peut être considéré comme consommateur. Je me posais la
question à savoir si un radiologiste qui, par exemple, pratique dans
l'entreprise privée serait soumis à la loi no 7. Je pense qu'au
paragraphe e) de l'article 3 on exclut les professionnels de cette loi. D'autre
part, on ne retrouve pas la définition de professionnel. Je ne sais pas,
je ne suis pas avocat, mais est-ce qu'un menuisier est un professionnel?
Peut-être pas. Mais, dans l'interprétation de la loi, il y a
peut-être une ambiguïté.
Je voulais seulement souligner qu'il n'est pas facile de tenter de vous
exclure ou de trouver une formule.
M. Dumas: Bien sûr que si on fait référence
à un villebrequin, il est tellement peu dispendieux que cela
élimine bien des objets de faible prix.
M. Massé: En fait, c'est le même principe. M.
Dumas: Si...
M. Samson: Le même principe qui se pose... M. Dumas:
M. Bélanger...
M. Samson: M. le député d'Arthabaska, on risque
beaucoup que le villebrequin ne soit pas acheté sur le plan de finance.
Cela change l'aspect.
M. Masse: La définition du consommateur.
M. Samson: Oui. Pour en arriver à une bonne
définition, il faut tenir compte des buts visés.
M. Dumas: M. Bélanger, si vous permettez ici, M. Samson,
vient de me glisser à l'oreille une suggestion qui pourrait être
valable comme exclusion. On parle de véhicules lourds, on parle de tout
genre de véhicule, en fait. Un chauffeur de taxi qui va acheter une
voiture chez un concessionnaire n'est pas un consommateur. C'est un
commerçant.
Si on fait référence à l'enregistrement qui doit se
faire au ministère des Transports pour traiter de l'exclusion, si on dit
qu'est exclue toute transaction qui est faite dans le but d'en tirer un revenu
ou une source de profit et que cette transaction porte sur un véhicule,
au sens du Code de la route, et que ce véhicule doit être
enregistré auprès du ministère des Transports, je pense
qu'on peut régler notre problème et quelques autres
problèmes avec cela, comme celui du chauffeur de taxi.
M. Poiré: II n'a pas ce problème.
M. Samson: II n'a pas ce problème parce que vous avez au
niveau du BVA les organisations qu'il faut pour déterminer, par exemple,
le propriétaire d'une voiture de tourisme qui est un consomma- teur,
alors que le propriétaire d'une voiture de taxi, d'un camion pour fins
commerciales n'est pas un consommateur, mais le propriétaire d'un camion
pour fins agricoles est un consommateur et c'est clairement défini dans
l'immatriculation.
C'est peut-être là qu'on pourrait trouver la solution.
M. Masse: On peut se poser la question: L'agriculteur est-il
consommateur ou est-il commerçant par rapport à la loi?
M. Charron: II y aurait plus avantage à chercher dans la
définition de "bien" que dans la définition de consommateur parce
que la remarque que vous avez faite tout à l'heure... Plus on va essayer
de définir consommateur au point d'inclure et d'exclure des cas en
même temps, on n'en sortira pas. Si on travaille plutôt sur la
définition de "bien" et qu'on exclut un certain nombre de biens, soit
par la valeur pécuniaire du bien, soit par l'utilisation du bien en
question dans des précisions législatives je ne dis pas
que la solution est là mais c'est plutôt le terrain.
M. Dumas: Je suis tout à fait d'accord parce que le
consommateur en soi est indéfinissable.
M. Charron: C'est cela. C'est indéfinissable.
M. Dumas: Asseyez-vous une couple de jours et essayez d'en
faire...
M. Charron: En rendant service à un consommateur par une
définition, on va nuire à un autre...
M. Dumas: Exactement.
M. Charron: ...et les autres vont bondir à la table pour
venir nous dire de le faire, tandis que, si on précise sur le "bien"
encore, ce n'est pas une suggestion précise il me semble
que c'est beaucoup plus le terrain à travailler.
M. Dumas: C'était mon but, d'ailleurs, avec une exclusion,
mais j'ai sauté par-dessus certains problèmes. C'était
encore trop général. Il faut particulariser.
M. Samson: On doit tous admettre quand même qu'au niveau du
"bien", il y a encore là un problème qui se pose,
dépendant du genre de bien. Il y a des biens qui peuvent être
utilisés pour fins de l'utilité d'un consommateur réel et
le même genre de bien peut être utilisé commercialement.
Vous avez des entrepreneurs, par exemple, qui vont aussi bien acheter
des scies mécaniques à la douzaine qu'un bûcheron qui va en
acheter une pour lui et c'est le même bien. Cela devient difficile quand
on est dans les biens de consommation de valeur moindre. C'est peut-être
plus facile quand on arrive dans les biens de consommation d'une valeur de $75
000 ou de $80 000 parce que là, c'est généralement plus
pour fins de commerce que ces biens sont utilisés.
Ce n'est pas facile de le déterminer à partir du bien non
plus. Je pense qu'il faut tenir compte et du bien et de la nature de
l'utilisation et également de la nature du contractant. Le contractant,
s'il est une corporation, c'est facile à établir.
M. Poiré: Plus.
M. Samson: Mais s'il est un individu qui ne s'incorpore pas, mais
fait exactement le même genre de commerce qu'un autre qui est
incorporé, à ce moment-là, vous avez une difficulté
d'établir qui est un consommateur et qui ne l'est pas. Pour les fins du
financement, cela vous crée un "sacré" problème, en
fonction des responsabilités que vous avez avec le recours, parce que
vous demeurez endosseur et responsable de la pièce de machinerie aussi
longtemps qu'elle n'est pas entièrement payée.
Mme Bacon: Nous aurons sûrement des discussions avec le
Barreau et la Chambre des notaires pour clarifier ces termes qui doivent
être employés et donner une meilleure définition, si on
peut la trouver.
M. Dumas: De tout coeur.
Le Président (M. Lafrance): On vous remercie de votre
présentation et d'avoir bien voulu répondre aux questions des
membres de la commission.
M. Dumas: Merci.
Le Président (M. Lafrance): L'Association des garagistes
inc., messieurs Desnoyers et Rivet.
L'Association des garagistes
spécialisés
M. Rivet (Gilles): Puis-je vous présenter M. Roy, qui est
un directeur de notre Association des garagistes spécialisés et
qui est, en fait, notre porte-parole dans la région de Québec.
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l'Association des garagistes
spécialisés, permettez-moi de vous dire qu'elle existe depuis
1960. C'est une association provinciale. L'Association des garagistes
spécialisés est constituée d'hommes de métier, qui
sont en affaires à leur propre compte ou en compagnie privée. Il
y en a qui sont des artisans comme tels, qui s'occupent de transmissions
automatiques, d'allumage, de freins, de suspension, de "mufflers" pour employer
un bon français enfin, tous les métiers de l'automobile, mais,
à l'état spécialisé.
Tous les membres de l'Association des garagistes
spécialisés sont membres de l'Association des marchands
détaillants du Canada et du Québec qui, elle, est membre du
Conseil d'administration et du Conseil du patronat du Québec.
L'Association des garagistes spécialisés est membre de la
Fédération du détail et des services du Québec, qui
reviendra plus tard, ici.
Dans ce court texte qui a été le premier à
être rédigé, quand nous avons eu connaissance de ce projet
de loi, nous ne touchons que certains aspects, à la suite de rencontres
des principaux centres de la province avec nos directeurs.
Plusieurs articles du projet no 7 répondent à des besoins
indiscutables, alors que d'autres risquent de causer plus de tort que de bien
à la plupart de nos membres qui sont pourtant des contribuables soucieux
du respect de l'ordre. Par exemple, dans la section IV, à l'article 71,
un garagiste ne peut pas remettre au consommateur une pièce
remplacée si le fabricant exige que le garagiste la lui remette.
A l'article 72, le montant de $150 devrait être porté
à $500 ou plus, ce qui serait plus conforme à la moyenne des
estimations, surtout quand la Cour des petites créances protège
le consommateur jusqu'à $400.
A l'article 73, le consommateur devrait être en position d'exiger
une estimation détaillée telle que décrite, sans que le
garagiste ne soit toujours dans l'obligation de la lui fournir, à moins
qu'il ne soit dispensé de cette obligation par la renonciation
écrite de la main du consommateur.
Article 74. Le délai accordé au consommateur pour accepter
l'évaluation et procéder à la réparation
peut-être désastreux pour le garagiste dans l'actuelle phase
d'inflation galopante.
Article 77. Le consommateur qui se rend coupable d'un abus excessif au
point d'endommager des pièces devrait être pénalisé
en conséquence et le consommateur devrait toujours assumer les frais de
remontage d'un moteur réusiné couvert par une garantie de
"manufacturier".
Article 78. L'avis verbal d'un consommateur ne nous paraît point
suffisant et équitable pour la protection du garagiste.
L'énumération rapide de ces quelques articles sert
à démontrer à quel point ce projet no 7 semble complexe
à l'ensemble de nos membres dont la bonne foi ne saurait être mise
en doute. Aussi, nous aimerions pouvoir jouir d'une certaine période de
temps pour vous formuler des recommandations d'ordre pratique. D'ici l'automne
1976, il nous est possible de constituer des comités régionaux
d'étude en vue de vous soumettre des suggestions de nature à
améliorer ce projet de loi no 7, sans pénaliser le
consommateur.
C'est tout. C'était la lettre rédigée le 14 avril
qui n'a pas lieu d'être changée. Hier, j'ai écouté
les marchands d'automobiles. Nous ne touchons pas du tout à l'aspect de
la vente de l'automobile. On laisse cela à l'association des marchands
d'automobiles. Nous, c'est spécifiquement les réparations. Nos
problèmes de réparation, chez les garagistes
spécialisés sont beaucoup plus compliqués que chez les
marchands d'automobiles qui manipulent des autos neuves.
Généralement, ils sont en contact avec l'automobile quand
l'automobile est neuve et nous, nous recevons l'auto à la fin de la
garantie, généralement.
Le Président (M. Lafrance): Mme le ministre.
Mme Bacon: M. Rivet, qu'est-ce que vous appelez un garage ou un
garagiste spécialisé? Vous avez mentionné quelques
détails tout à l'heure,
mais est-ce que ce sont certaines parties d'automobiles qui sont
réparées par ces garagistes?
M. Rivet: Oui, madame. Vous savez...
Mme Bacon: Ce sont vos membres, les membres de votre association.
Ce sont ces gens-là.
M. Rivet: Je ne veux pas faire de comparaison avec d'autres
associations, mais nos membres, à l'Association des garagistes
spécialisés, sont des hommes de métier. Vous comprenez ce
que je veux dire? Ce ne sont pas des commerçants. Ce sont des
commerçants par voie de conséquence.
Mme Bacon: Ils font de la réparation.
M. Rivet: Ce sont des gens dans le bain. Ce sont des gens qui ont
commencé, généralement, qui ont appris le métier
dans des écoles spécialisées. C'est pour cela que nous
siégeons au comité industrie-école. On a tellement
à coeur la construction d'écoles de métiers
spécialisés pour les gens et la relève de la
main-d'oeuvre. Nous sommes des commerçants, c'est vrai, mais nos gens
sont des gens spécialisés. Ce sont des hommes de métier.
Dans la mécanique générale, par exemple, dans l'alignement
des roues, les freins, ce sont des spécialités. On ne s'improvise
pas là-dedans. Cela prend un minimum de cinq ans pour faire un de nos
hommes.
Mme Bacon: Vous mentionnez aussi, dans votre mémoire, la
remise au consommateur des pièces qui sont remplacées.
D'ailleurs, cela a été mentionné hier, comme vous le
disiez tantôt, et dans d'autres mémoires aussi. Cela mérite
d'être étudié. A l'article 72, vous mentionnez le montant
de $150 qui devrait être porté à $500. Est-ce que vous avez
des statistiques en main qui font que ça vous pousse à faire de
telles suggestions?
M. Rivet: Ce sont nos rencontres. Vous m'avez un peu
reproché hier de ne pas avoir fait de rencontres. J'en avais fait dans
ce secteur.
Mme Bacon: Je n'ai pas fait de reproche.
M. Rivet: Dans les autres, cela a été plus
difficile. Mais, dans ce secteur, vu que la partie... L'odieux de la loi est
sur le garagiste, à ce moment-là, quand les gars en ont pris
connaissance. Ils se sentent visés par cela. Cela a été
plus facile de les réunir ceux-là. Dans toutes nos conversations,
on a établi que la moyenne d'une réparation, c'est au moins $500.
C'est ce que nous avons établi.
Mme Bacon: Ce sont des statistiques que vous avez
établies...
M. Rivet: C'est du bouche à oreille. Excusez-moi de citer
Trois-Rivières, mais j'ai eu une réunion de...
Mme Bacon: Vous pouvez y aller.
M. Rivet: ... je suis dans une salle à
Trois-Rivières, il y a 25 ou 30 garagistes spécialisés,
dont M. Jean-Guy Cyr, qui était de l'Association des marchands d'autos
à titre d'invité et d'observateur tout simplement, et
l'idée générale se fait que la moyenne est de $500. On se
dit: C'est vrai, peut-être que c'est bon de partir à un montant,
pourquoi ne pas partir à $500? Surtout que la Cour des petites
créances, qui peut être un mal de tête terrible pour les
garagistes, est obligée de descendre souvent pour des raisons
discutables à la cour. La Cour des petites créances
protège le consommateur jusqu'à $400. Pourquoi faire double
emploi?
Mme Bacon: II est bien établi que c'est $500 la
moyenne.
M. Rivet: Je vous dis ça verbalement. Une réunion
à Québec ici, deux ou trois réunions...
Mme Bacon: Suivant l'expérience de vos membres.
M. Rivet: C'est ça, M. Roy? C'est l'idée
générale.
Mme Bacon: II y a aussi l'article 73, où vous mentionnez
que le garagiste sera toujours dans l'obligation de fournir, à moins
qu'il ne soit dispensé de cette obligation par la renonciation
écrite...
M. Rivet: C'est ce que le projet de loi disait, si je me rappelle
bien. Chez nous, on pense que le garagiste ne devrait pas être dans
l'obligation d'obtenir une dispense écrite.
Mme Bacon: Est-ce basé sur des problèmes
pratiques?
M. Rivet: Oui, madame. Imaginez un peu...
Mme Bacon: Dans la pratique de tous les jours.
M. Rivet: Je viens de vous dire que la plupart de nos membres
sont des artisans eux-mêmes. Imaginez un chef de garage qui a neuf
employés, sept ou huit employés et, le matin, les clients
arrivent à 7 heures ou 7 h 30, il arrive 8 ou 10 automobiles. Là,
comme disait M. Jean-Guy Cyr, il faut qu'il les passe à la confesse.
S'il faut qu'il prépare des documents écrits avec le
détail des pièces, tout ça, ce n'est presque pas possible
d'organiser une journée de travail. Vous devriez voir ça le lundi
matin chez nos membres. Ce n'est pas le temps d'aller les voir. Ils sont pris
par-dessus la tête à préparer des estimations.
Déjà. Imaginez-vous quand ils vont être obligés de
faire des projets détaillés comme ça. On n'est pas contre
le projet détaillé, mais qu'ils ne soient pas tenus de le faire.
Que le client soit libre de l'exiger, très bien. S'il est libre de
l'exiger, il viendra à l'heure du garagiste. Le garagiste dira:
Très bien, viens à 3 heures de l'après-midi ou à 4
heures, je prendrai le
temps de te faire une formule à toi. Mais ne m'arrive pas
à 8 heures le matin alors que j'ai tout mon travail à distribuer
dans l'atelier.
Mme Bacon: II y a aussi un autre commentaire que j'aimerais
faire. Vous mentionnez les frais de remontage de moteur réusiné
couverts par une garantie de manufacturier. Est-ce que vous pourriez expliquer
davantage pourquoi le consommateur devrait faire les frais de ça?
M. Rivet: Je m'excuse, madame, je n'ai pas bien compris.
Mme Bacon: Pourquoi le consommateur devrait-il payer les frais de
ça? C'est en expliquant davantage ce que vouliez dire par un
moteur...
M. Rivet: C'est que, généralement, quand un moteur
réusiné est vendu, ce n'est pas par le garagiste
spécialisé lui-même. On a des gens qui font ça.
Mais, en général, le moteur...
Mme Bacon: Ce ne serait pas spécifié qu'un
garagiste...
M. Rivet: ... est acheté d'un autre fournisseur. On lui
livre ce moteur et il l'installe. Il livre l'automobile au client. Et quel
usage le client va-t-il faire de cette automobile pendant quelques jours? On ne
le sait pas une fois qu'il est parti du garage. Quand il accepte la livraison
de son automobile et que son automobile va bien, quand il revient et dit:
Démonte-moi ça et renvoie-moi ça à mon fournisseur,
c'est très injuste pour le garagiste qui l'a monté de devoir tout
démonter ce moteur et de le retourner sans rien charger au
consommateur.
D'ailleurs, celui qui a réusiné ce moteur ne
récompense pas le garagiste. Ce garagiste, par la loi, serait tenu de
travailler gratuitement. Un peu comme autrefois les compagnies d'huile
annonçaient: S'il n'essuie pas vos vitres, s'il ne vous sourit pas, ne
payez pas.
C'était admis. Ce fut comme cela pendant des années. S'il
ne vous sourit pas en vous servant votre essence, ne le payez pas. C'est la
philosophie qui s'est installée des services gratuits donnés dans
des garages. Il est venu un temps où tout le monde s'imaginait que tout
était gratuit dans les garages.
Mme Bacon: Le moteur comme service gratuit!
M. Rivet: C'est par voie de conséquence.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, sur la question de
l'évaluation écrite auparavant, je suis conscient que cela
crée des problèmes, c'est long, cela peut être dispendieux
et le garagiste peut avoir des problèmes de ce côté.
D'un autre côté, pour tenir compte de l'objectif pour
lequel la loi demandait l'évaluation, l'ob- jectif premier était
que le consommateur, avant de faire réparer son automobile, veut savoir
ce à quoi il peut s'attendre. Il faut qu'il sache au départ
combien cela va lui coûter approximativement, de façon qu'il
puisse dire oui ou non avant que le travail soit commencé.
C'était l'objet de cette recommandation.
Vous dites que si ce n'est pas obligatoire, les clients qui veulent
l'avoir iront à une autre heure de la journée. Ne croyez-vous pas
que l'objet de cette réglementation soit complètement
détourné, si les garagistes se disent: Ceux qui veulent des
évaluations écrites, vous viendrez plus tard. Dans le fond, ils
n'en feront pas. Ils diront: On va te faire le travail plus vite, si on ne fait
pas l'évaluation écrite. A ce moment-là, les consommateurs
auraient de la difficulté à faire réparer leur automobile
et retomberaient de nouveau dans la même situation qu'auparavant. Ils
s'embarquent dans des réparations très fortes, très
dispendieuses, dont ils ne se doutaient pas au départ.
M. Rivet: M. Léger, généralement, un client
de garage va souvent au même endroit. On s'habitue. C'est comme un cheval
qui rentre à l'écurie; on retourne à peu près
toujours à la même place. En général c'est cela. Il
y a une espèce de communion d'idées qui existe entre le garagiste
et le client. Les cas qui pourraient être terribles, ce sont les cas
extrêmes. C'est cela qu'on veut empêcher.
Le client qui a confiance en son garagiste s'entend avec lui et lui
parle par téléphone d'avance. Ils se comprennent, ces
gars-là. Les marchands d'automobiles neuves, que je respecte beaucoup,
ont des catalogues et sont bien organisés. Ils sont chez eux; ils sont
dans leur territoire.
Chez nous, notre garagiste fait toujours venir ses morceaux d'ailleurs.
Il faut qu'il les trouve. Les prix changent, les prix varient de semaine en
semaine. Il n'a pas cela au jour le jour, ces prix-là, quand il
prépare son estimation.
N'oubliez pas que notre automobile, en général, est une
automobile qui n'est plus sous sa garantie. On a beau dire qu'il faut enlever
les "minounes" de la route, si on enlevait toutes les "minounes" de la route,
il y a bien des vendeurs qui ne gagneraient pas leur vie. Il y a des
"rninounes" qui sont en parfait ordre. Moi, j'ai une automobile de
l'année 1966 qui est un vrai petit bijou. Pourquoi la condamner?
M. Tremblay: Quelle sorte?
M. Rivet: Quel modèle? Quelle année?
M. Léger: Je suis conscient du problème que vous
soulevez et c'est une préoccupation de chaque membre de la commission.
Mais comment trouver une façon de s'assurer que le consommateur va
savoir quelle va être, l'estimation d'une façon obligatoire, de
façon qu'il soit certain que le garagiste va la lui donner? Je sais bien
que si une personne s'en va, même le matin, lorsqu'il y a beaucoup de
gens, chez le garagiste, même s'il est un ami intime et régulier
du consommateur qui va chez lui, quand il a beaucoup de clients, les
clients
les plus difficiles, il va les remettre à plus tard et ne les
prendra peut-être pas. Il va se créer une habitude de dire: Si
vous ne demandez pas l'évaluation, on fait la réparation tout de
suite; sinon, attendez votre tour. Cela peut être difficile, surtout si
ces garagistes sont des spécialistes.
Il y a ce problème. Ne voyez-vous pas une façon de
préserver l'objectif qui est de permettre au consommateur de savoir dans
quoi il s'embarque. Mais il faut quand même que le garagiste soit capable
de faire une estimation quelconque. S'il n'y est pas obligé, il n'y en
aura peut-être pas.
M. Rivet: M. Léger, ce que je n'aime pas, c'est votre
obligation. Le consommateur, s'il le veut, peut dire au garagiste: Très
bien, prépare-moi une soumission détaillée. A ce
moment-là, dans son idée, il a le temps d'attendre. A ce
moment-là, il l'exige; il a le droit de l'exiger. Il ne fait rien sur
son automobile.
D'ailleurs, c'est écrit sur toutes nos formules, bon de commande.
Le bon de commande doit être signé. Pour les automobiles
accidentées, la plupart de nos automobiles sont passées entre les
mains d'experts, les estimateurs de sinistres qui, eux, mettent leur
acceptation sur les réparations à faire, parce que c'est une
grosse partie de nos travaux. Ce sont des automobiles accidentées. Il y
a des intermédiaires, des évaluateurs, des experts en sinistres
d'accidents d'automobiles. En vous parlant, je suis en train de limiter le
nombre des gens qui peuvent exiger une estimation, si vous y pensez un peu.
Celui qui veut vendre son automobile et qui veut faire estimer certaines
réparations avant de vendre son automobile, et peut-être les faire
faire, il devient presque un commerçant, il devient presque un marchand
d'automobiles. Il n'est pas pressé. On vous dit ceci: Cela devrait
être laissé libre au consommateur. Si le consommateur dit:
Répare mon auto. Répare-la, cela vient de finir. Si, après
cela, il y a une mésentente, il peut aller devant la Cour des petites
créances jusqu'à $500. Ce n'est tout de même pas si
mal.
M. Léger: Prenons l'autre extrême, on reviendra pour
la question du client tantôt.
M. Rivet: Très bien.
M. Léger: Le type qui a une "minoune", une automobile de
cinq ans, peut-être six ans, et qui a un problème de transmission
ou de moteur. S'il n'y a pas d'évaluation au départ, c'est un
problème pour le garagiste aussi, par exemple.
M. Rivet: Oui.
M. Léger: II ouvre son moteur et après cela, il
dit: Ecoute, ce n'est pas les $150 qu'on t'avait dit, on s'est aperçu
que c'est plus que cela. Cela va te coûter $700. A ce moment, le gars
dit: Je n'ai pas l'intention de mettre $700 là-dessus. J'aime autant
changer d'auto. A ce moment, il dit: Remettez-la moi comme elle était.
Le garagiste dit: Si on la met comme elle était, il y a des morceaux
qu'il a fallu briser, cela prend d'autres morceaux et cela va coûter
quand même un bon montant pour ne pas la réparer, mais la remettre
uniquement en possibilité de sortir du garage et se rendre à
peine jusque chez vous. Quand il est devant le fait, s'il ne la fait pas
réparer, il n'a pas son auto ou il l'a à peine, parce qu'il y a
des morceaux qu'il faut nécessairement réparer, parce qu'ils sont
cassés. Cela ne le met pas en bonne ordre. Il est pris avec le fait:
D'accord, répare-là à $$600 ou $700. Ce sont des cas comme
cela qu'on veut prévenir.
M. Rivet: Je ne vous blâme pas de vouloir approfondir cette
question, mais je dois vous dire ceci: Une automobile de cinq ou six ans, quand
elle arrive au garage pour une réparation de $400 ou $500 chez nos
membres on en a 350 je vous l'assure, ils regardent deux fois
avant de réparer une automobile pour $400, une automobile de cinq ou six
ans.
M. Léger: Même si c'est une auto de deux ans?
M. Rivet: Là, c'est différent. Ce n'est plus la
même chose, parce que l'auto vaut plus cher. A ce moment, le garagiste,
d'un coup d'oeil, va dire au client: Ecoutez, monsieur, vous vous embarquez
dans une réparation qui va certainement aller chercher dans les $400. A
ce moment, il peut dire: Voulez-vous que je vous prépare une estimation
écrite détaillée? Le client peut dire oui. A ce moment, il
lui prépare une estimation gratuite. Avec cela, il a un bon de commande.
Si le gars veut, il signe le bon de commande et on lui répare. Cela
finit là.
M. Léger: D'accord. J'ai une autre question...
M. Rivet: Cela ne cause pas de problème lorsque...
M. Léger: Pour cette question, c'est un problème
quand même.
M. Rivet: Est-ce que cela répond à votre question,
M. Léger?
M. Léger: Non, vous me soumettez les problèmes que
cela cause au garagiste. Je le comprends. Cela ne règle pas le
problème du consommateur non plus.
M. Rivet: Je le sais. Le problème du consommateur, on ne
peut pas le régler sans exiger de l'argent. Il faut qu'il paie. Notre
grand problème, chaque fois qu'on se présente devant des
autorités législatives, je le fais depuis 1947, il faut toujours
justifier que nous ne sommes pas des voleurs. On est battu d'avance quand on
arrive. C'est drôle, dans les autres métiers, il n'y a pas de
voleur. Dans certains journaux, on présente les garagistes avec une
redingote, une facture et un revolver. Ils ne se gênent pas. C'est comme
cela, parce qu'un garagiste, c'est mystérieux. Il y a bien de
l'émotivité autour du garage. Je pense qu'il y a des gars
qui aiment mieux leur "minoune" que...
Le Président (M. Picotte): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: Quel lien voyez-vous dans vos $500 comme maximum
plutôt que $150 dans ces réparations? Quand vous faites un lien
avec les petites créances, je ne vois pas le lien qu'il peut y avoir,
parce que, dans les deux cas, la loi des petites créances, même si
la procédure est plus courte, c'est quand même basé sur le
principe de prouver qu'il y a eu une lésion ou qu'il y a des droits qui
ont été lésés, ou qu'il y a eu des torts de
causés. Donnez-moi donc un cas concret...
M. Rivet: On gagne des fois...
M. Léger: Au lieu de $150, vous dites: à $500.
Prenons un cas où on aurait pu régler en deçà de
$500 en allant aux petites créances. Quelle différence cela
fait-il? Je ne vois pas le lien entre les petites créances et $400.
M. Rivet: Cela arrive. Je vais vous donner un exemple. On a un
garagiste réputé, un gars qu'on connaît, un gars qui fait
école avec ses employés, du solide, quelque chose de très
bien, on en a, vous savez. Malheureusement, on ne fait pas les manchettes des
journaux avec cela. A un moment donné, ce gars fait une
réparation. Le client revient un mois et demi après, sous
prétexte que ses freins ont été mal réparés,
un mois et demi après. D'une affaire à l'autre, cela aboutit
devant la cour des petites créances. Le membre me consulte. Il dit:
Est-ce que je dois aller au fond? Je dis: J'irais au fond. Allez-y, à la
planche. Alors, il est allé à la planche.
Quand nous sommes arrivés devant le juge en question, que je
respecte, ce dernier a refusé toute expertise. Notre garagiste est un
homme de 28 ans d'expérience, un gars très bien coté;
celui qui avait fait la réparation et qui prétendait que ces
freins avaient été mal réparés un mois et demi
avant est un jeune homme de 19 ans. Notre garagiste a demandé au juge la
permission de questionner ce jeune homme, qui est un autre de nos membres, sur
sa compétence. Le juge a refusé. Il a dit: II n'y aura pas
d'expertise qui va se faire devant moi. Une chose est certaine. L'auto
n'était pas en bon ordre et il dit: Je vous condamne à payer.
Bingo! $300 à peu près.
Notre garagiste a perdu sa journée. Il est descendu là. Il
n'en a pas dormi, parce que nos gars ne sont pas des plaideurs, ce ne sont pas
des gars habitués à aller en cour. Il n'en a pas dormi pendant
à peu près une semaine avant. Il s'est mis propre pour aller
là le matin. Je ne sais pas si vous y pensez. C'est compliqué.
Nous ne sommes pas en amour avec la cour des petites créances, et nous
allons l'accrocher quelque part. Je ne sais pas où, je ne sais pas
comment. Nous ne sommes pas contre. Nous sommes contre rien. Nous sommes pour
tout, mais nous sommes pour la justice.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je pense que lorsque vous
faites référence à l'article 73, où vous soulignez
que le garagiste ne devrait pas être dans l'obligation...
M. Rivet: Toujours. Cela dit: toujours.
M. Samson: C'est peut-être une question
d'interprétation, mon interprétation, et ce pourrait être
celle d'un autre aussi, ce qui veut dire que l'article n'est pas clair, en tout
cas, pas suffisamment pour vous donner satisfaction, ni pour me donner
satisfaction à moi. Par contre, si j'interprète cet article tel
que je le vois, vous n'êtes pas obligé de donner une
évaluation, dans le sens suivant. L'article se lit comme suit: "Avant
d'effectuer des réparations, le garagiste doit fournir une
évaluation au consommateur, à moins que le garagiste ne soit
dispensé de cette obligation par la renonciation écrite ce
devrait être marqué: signée, mais, en tout cas de la
main du consommateur."
Si, pour un instant, j'étais favorable à
l'évaluation d'avance pour des questions d'ordre mécanique, je
n'aurais pas peur de cet article, comme obligation, en tant que garagiste,
parce que c'est bien écrit: avant d'effectuer des réparations.
Cela veut dire que vous n'êtes pas tenu d'effectuer les
réparations, donc vous n'êtes pas lié à donner une
évaluation, si vous n'avez pas l'intention d'effectuer les
réparations.
C'est mon interprétation de l'article. Peut-être qu'un
avocat pourrait donner une autre interprétation, peut-être que
deux avocats pourraient se chicaner là-dessus. Cela arrive souvent. Mais
il reste que si j'étais d'accord avec l'obligation de faire une
évaluation, je la rédigerais autrement, pour être bien
certain de vous lier. Comme je ne suis pas d'accord avec l'évaluation
obligatoire, je n'en ai pas plus peur qu'il ne faut pour le moment, mais je ne
sais pas si vous étiez présent hier...
M. Rivet: Oui.
M. Samson: Mon point de vue va un peu plus loin que cela. Je ne
suis absolument pas d'accord avec l'obligation faite qu'un garagiste, quel
qu'il soit, d'un groupe spécialisé ou marchand détaillant
ou atelier mécanique, disons, soit obligé de donner une
évaluation à l'avance, même lorsque le client et le
garagiste ont convenu de faire affaires ensemble, c'est-à-dire
d'effectuer les réparations pour l'un et de les faire effectuer pour
l'autre. Même lorsqu'ils l'ont convenu, le garagiste ne devrait pas
être lié à l'évaluation à l'avance parce que
je considère, comme hier, que ce n'est pas possible...
M. Rivet: Non.
M. Samson: ...de faire une évaluation valable dans le cas
de mécanique. Bien sûr, dans les cas spécialisés...
Vous pourriez peut-être me dire que,
dans le cas de la réparation d'un radiateur, par exemple, vous
n'avez pas de problème à donner une évaluation parce que
vous savez que, pour tel modèle de radiateur allant sur tel genre de
véhicule, ça coûte $135 pour le faire "reconditionner".
Vous savez cela à l'avance. Vous savez également qu'un silencieux
coûte tant d'argent, que les tuyaux d'échappement coûtent
également tant d'argent et que vous pouvez, dans l'espace de X minutes
ou de X heures, faire le changement, quitte à ce qu'il y ait
peut-être plus ou moins, mais, dans l'ensemble, vous pouvez le faire.
Alors, dans les cas d'associations comme la vôtre
spécialisée il y a peut-être des
spécialités où cela peut se faire facilement. Il y a
d'autres spécialités où cela n'est pas facile à
faire. Quand on parle de mécanique générale, vous ne
pouvez pas le faire. Quand on parle de mise au point, vous ne pouvez même
pas le faire...
M. Rivet: C'est délicat.
M. Samson: ...parce que vous ne savez pas, lorsque vous
entreprenez une mise au point, s'il y aura lieu de changer les pointes, le
condensateur, le rotor, les "spark-plugs", etc. Vous ne savez pas cela. Le
filtre à air, le filtre à essence... Vous ne le savez pas
à l'avance. La preuve peut être donnée tous les jours d'une
telle chose.
Un consommateur arrive chez le garagiste. Il dit... D'abord, c'est
important. S'il vous dit: Faites une mise au point, vous la faites parce qu'il
vous a demandé de la faire, mais s'il vous dit: Ma voiture ne fonctionne
pas à mon goût, à 50 milles à l'heure, le moteur a
tendance à étouffer, faites-moi la réparation. Savez-vous
ce que cela donne, messieurs de la commission et messieurs du ministère?
Cela donne que vous pouvez sortir du garage avec une facture de $7 parce qu'il
n'a qu'à changer le filtre à essence, dans certains cas, alors
que, si vous dites: Faites-moi une mise au point, ma voiture ne va pas bien,
cela va vous coûter $95 ou $100 ou $125.
Alors, je pense qu'il faut laisser la confiance qui doit exister entre
le garagiste et son client et, comme client, je n'ai pas l'intention qu'on
m'impose, en aucune façon, de signer une formule pour renoncer ou de
telles choses.
Quand je vais chez mon garagiste, je sais ce qui ne va pas dans ma
voiture. Par contre, je ne sais pas ce que cela prend, par exemple, pour que
cela aille mieux. Il faut qu'il y ait diagnostic. Il faut qu'un
spécialiste aille faire une expertise en essayant la voiture ou bien en
utilisant les différentes machineries que vous avez à votre
disposition pour diagnostiquer certaines choses, mais, même là,
votre diagnostic peut être faussé parce qu'à
l'intérieur d'un moteur, vous ne savez pas ce qu'il y a.
Il est vrai qu'anciennement, on avait des mécaniciens qui, avec
l'oreille, pouvaient nous dire beaucoup de choses, mais ils se trompaient
souvent aussi. Je pense que nous devons, dans le cas de mécanique
générale, dans le cas de mise au point, même dans le cas
des freins parce que, dans le cas des freins, il y a des cas où vous
pouvez changer certaines pièces pour réparer les freins et, dans
d'autres cas, où il faut que vous changiez tout, même en faisant,
comme on dit en français, "refacer les drums" et... Cela poigne le
président de la commission?
Le Président (M. Lafrance): En français
surtout!
M. Samson: Vous essaierez de l'avoir en français! Vous
allez voir que vous allez avoir des ennuis là-dessus!
M. Rivet: Demandez à Albert!
M. Samson: Vous allez avoir l'Association des...
M. Rivet: Vous allez retourner.
M. Samson: Les tambours, si vous voulez. C'est comme cela. Je
vais vous le dire en français.
M. Rivet: Les orchestres vont venir.
M. Samson: La suspension cause des problèmes aussi, parce
que vous ne savez pas jusqu'à quel point vous avez des morceaux à
changer. La transmission, c'est encore pire, à moins que vous ayez un
atelier spécialisé qui fait seulement des remplacements de
transmission reconditionnée. Vous savez le prix de la transmission et
vous savez comment cela vous coûte pour enlever l'autre et en poser une
nouvelle.
Je pense que cela ne fait que renforcer ce qui a été dit
hier, qu'on doit absolument abandonner l'idée de l'évaluation.
Cependant parce que je ne veux pas être mal
interprété non plus nous pouvons facilement inclure une
clause dans ce projet de loi, pour qu'un client soit quand même
protégé, autrement dit, pour éviter qu'un client entre sa
voiture au garage avec l'impression que cela peut lui coûter $50 ou $75
de réparation et se retrouver avec une facture de $500 ou $600. Nous
devons trouver une clause qui va lier le garagiste au-delà d'un certain
montant et l'obliger à prendre contact avec son client avant d'aller
plus loin, quand les réparations dépassent un certain montant.
Avant que la loi existe à ce sujet et avant qu'on l'introduise dans une
loi, l'expérience, Mme le ministre, nous dit que tous les bons
garagistes le font. Ils n'effectuent pas de réparation sérieuse,
qui coûte cher, avant de prendre contact avec leurs clients. C'est la
libre concurrence qui est le meilleur régulateur, parce que si un
garagiste fait cela une fois à un client, il va le perdre. Oui,
monsieur?
M. Rivet: M. Samson, c'est très bien de prendre contact
avec le client. Cela m'arrive que mon garagiste, tout en travaillant, m'appelle
et dise: J'ai ouvert la tête du moteur et il y a telle chose qu'il faut
faire. Cela coûte combien, à peu près? Environ $80, $85.
"Shoot".
M. Samson: C'est cela.
M. Rivet: S'il faut que je parte pour aller signer un papier chez
le garagiste, je dis: Cela va faire!
M. Samson: Non, c'est clair que...
M. Rivet: Oui, mais c'est 10% en haut de $150. Le texte le
dit.
M. Samson: Si vous êtes obligé, chaque fois, d'aller
signer un papier, vous allez être le premier, comme client, à vous
en plaindre.
M. Rivet: Je n'ai pas le temps, j'ai autre chose à faire
que cela.
M. Samson: Je soutiens que c'est la libre concurrence qui est la
meilleure protection du consommateur dans ce domaine. Vous avez toutes les
sortes de garages. Vous en avez qui chargent un petit peu plus cher et d'autres
un petit peu moins cher pour faire le même travail, selon les
dépenses qu'ils ont, selon la situation géographique, etc. Il
reste que je ne connais pas un garagiste qui ait fait de l'argent en abusant
d'un client, c'est-à-dire en prenant en considération qu'il y a
de l'ouvrage à faire pour une centaine de dollars sur une auto et, sans
dire un mot au client, en faisant la réparation et en lui
présentant une facture de $600. Il n'y a jamais un garagiste qui a
gagné de l'argent en faisant cela.
M. Rivet: Non.
M. Samson: La protection du consommateur provient de la libre
concurrence et du fait que les garagistes cherchent à garder leur
clientèle.
M. Rivet: C'est notre avis.
M. Samson: Je me demande une chose. Cela va peut-être nous
permettre de mieux nous comprendre dans ce domaine. Comment se fait-il qu'on ne
demande pas cela aux avocats?
M. Rivet: Aux...
M. Samson: Comment se fait-il qu'on ne demande pas cela aux
avocats de nous fournir un prix à l'avance, quand on a besoin de leurs
services?
M. Rivet: Parce qu'on...
M. Harvey (Charlesbourg): Parce qu'on a un gros service.
M. Samson: On s'en va voir l'avocat et vous allez avoir une
facture après coup, pour services professionnels, de $1000. Vous payez
et vous ne dites pas un mot. On n'en parle pas ici.
M. Rivet: Je pensais que le...
M. Samson: Comment se fait-il qu'on ne parle pas d'un
réparateur de laveuses, un réparateur de poêles, un
réparateur de pianos, un réparateur de fournaises centrales et de
systèmes électriques. Comment se fait-il qu'on ne le leur demande
pas d'avance? Parce qu'ils vont vous dire: On ne peut pas le faire
d'avance.
M. Rivet: Je pensais que la liste des tarifs était le
livre de chevet préféré des jeunes avocats. Ils ont une
petite liste de tarifs.
M. Samson: Je ne voudrais pas...
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, c'est à
mon tour.
M. Samson: M. le Président, attendez un peu. Même si
mon honorable collègue de Charlesbourg est pressé...
M. Harvey (Charlesbourg): Je ne suis pas pressé.
M. Samson: Je ne suis pas trop pressé parce que j'ai
l'impression qu'on va faire du chemin ou bien on va reculer et je n'aime pas
cela quand on recule trop.
M. Harvey (Charlesbourg): Vous êtes rendu loin.
M. Samson: Si on n'exige pas cela dans d'autres domaines,
pourquoi le ferait-on pour les garagistes? Est-ce du monde à part?
Est-ce du monde plus dangereux que les autres? On a des gens qui font des
réparations de moteur hors-bord, ce ne sont pas des garagistes. Il y a
de petits ateliers qui ne sont pas considérés comme garages au
sens de la loi. C'est quand même une mécanique qui pourrait, elle
aussi, au même titre, exiger qu'on demande une évaluation à
l'avance. On ne pourrait pas le faire.
Il y a un tas de choses comme cela, où ce n'est pas possible de
faire des évaluations d'avance. Je dis que, dans cette loi, il faut
repenser cela. Cela renforce ce que vous dites, mais on ne le dira pas assez
souvent aussi longtemps qu'on n'aura pas la certitude que cela va être
corrigé.
M. Tremblay: C'est comme la télévision.
M. Samson: La télévision, c'est la même
chose. Vous faites réparer un téléviseur, on ne vous donne
pas une estimation à l'avance.
M. Tremblay: Mon "set" ne marche plus.
M. Rivet: Vous savez que nos membres jouent un rôle
très important dans l'équilibre des prix dans l'automobile, parce
que nos membres prennent de l'expansion à mesure que c'est possible tout
simplement. Je ne veux pas encore faire de discrimination, mais, chez nos
membres, d'une fa-
çon générale, on répare à meilleur
prix qu'ailleurs, qu'à d'autres places où "l'overhead" est
beaucoup plus élevé. C'est de protéger le consommateur en
fait que de nous permettre de survivre. Nous imposer des dépenses
administratives obligatoires, c'est pénaliser le consommateur et
déséquilibrer la concurrence. Cela va nous ramener au même
palier que ceux qui chargent cher, tandis que, dans le moment, nos services
sont plus avantageux de façon générale. Il y a moins de
tuniques blanches, il y a moins de chic, il y a moins de crème sur le
gâteau, mais, en tout cas, cela coûte moins cher chez nos
membres.
Le Président (M. Lafrance): M. Rivet, on vous remercie
ainsi que...
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, je m'excuse, je
voudrais poser une question. Je ne voudrais pas prolonger indûment le
débat, mais je pense que, pour illustrer aussi un exemple concernant en
particulier l'article auquel on fait référence quant aux
soumissions de réparation ou à l'obligation de fournir une
estimation des réparations, personnellement, je voudrais attirer
l'attention de mes collègues et également des conseillers du
ministre là-dessus. Dans l'éventualité d'un accident
d'automobile, alors que la compagnie d'assurance décide d'indemniser
l'accidenté, celui-ci se présente à un, deux ou trois
garagistes pour avoir l'estimation des réparations de son automobile,
incluant à la fois la mécanique et ce qu'on appelle
communément le "body" ou la carcasse. Chacun des garagistes, je pense
bien, se fait un devoir d'être le plus objectif possible dans l'espoir
d'obtenir comme client la réparation potentielle qui est devant lui.
C'est la liberté aussi de l'individu d'aller chez l'un ou l'autre des
garagistes, c'est aussi sa liberté d'aller à l'endroit où
il décide de faire réparer l'auto sans pour autant aller
nécessairement chez le plus bas soumissionnaire. Je pense qu'en
mécanique c'est complètement différent cependant. Dans le
cas d'une réparation d'accident, je pense que cela va, parce qu'à
ce moment-là on est indemnisé et c'est un tiers qui paie ou c'est
notre police d'assurance qui paie. Mais quand c'est Jos. Bleau qui est
concerné, il n'y a jamais rien qui peut empêcher un individu
d'entrer chez un garagiste et lui dire: J'ai des problèmes
mécaniques, je préférerais que vous regardiez dans quelle
mesure je peux débourser tel montant d'argent et me le faire savoir
à mon bureau à tel numéro, etc.
Généralement, le garagiste se fait un devoir aussi de rappeler.
De sorte qu'on pourrait peut-être, je pense, Mme le ministre, exiger du
garagiste la responsabilité de fournir une estimation, au moment
où cela lui est demandé, mais ne pas l'obliger carrément
dans la loi et encore moins au niveau d'une tracasserie et de dire: On n'est
pas tenu de le faire si le client décide de ne pas l'avoir. A mon point
de vue, ce qui existe présentement, ce statu quo dans ce cas
particulier, c'est peut-être ce qu'il y a de mieux, parce qu'on respecte
quand même la liberté d'entreprise et c'est une liberté
pour chacun de de- mander avant une estimation de réparation. Je pense
qu'à ce moment-là, on usurpe la responsabilité de chacun.
On protège le consommateur malgré lui, on fait une "enfarge"
à un paquet de consommateurs qui n'auraient pas le temps de s'en occuper
ni non plus le désir d'avoir des estimations de réparation parce
qu'ils auraient bien trop peur, finalement, que la marge de
sécurité que le garagiste voudrait exiger dans son estimation de
réparation soit telle que finalement cela lui coûte plus cher au
bas de la facture et finalement, exiger d'un garagiste une estimation qui
coûterait de l'argent, parce qu'il ne perdra pas son temps à le
faire s'il n'y a pas une charge à faire à quelqu'un. Et encore
là, je pense que c'est le consommateur qui le ferait et s'il veut aller
dans un autre garage faire un tableau comparatif, c'est une autre charge qu'il
s'impose.
Finalement, je pense que des exemples où il y a des abus et des
plaintes qui se font, il y a des mécanismes qui s'appellent la Loi des
petites créances et déjà là, c'est une couverture
qui est assurée largement et qui crée des maux de tête
à bien du monde. Sans vouloir se plaindre, je pense que vouloir
protéger le consommateur, j'en suis, mais déjà là,
on protège malgré lui le consommateur et, en plus de ça,
on crée un enfarge au consommateur et au marchand.
Personnellement, je n'ai pas de décision bien forte à
prendre, si ce n'est que je suis un membre à part entière
à cette commission et je dis que nous devrions tout de suite
réviser notre position là-dessus et laisser la liberté
d'obtenir une estimation, ce qui se fait généralement dans le
contexte actuel d'une libre entreprise.
M. Samson: M. le Président, j'aurais une nouvelle
intervention à faire, parce que je ne voudrais pas laisser la commission
sous l'impression que des estimations mécaniques peuvent être
valables dans le cas d'accidents. Je sais que le député de
Charlesbourg a mentionné que, dans le cas d'un accident où on
faisait une estimation, c'est une compagnie d'assurance qui paye, on peut
accepter l'estimation mécanique et de carrosserie, mais je voudrais
souligner à l'attention de la commission que ce n'est pas dans tous les
cas où l'estimation mécanique est acceptée par le
garagiste d'abord et ce n'est pas dans tous les cas où la compagnie
d'assurance va jusqu'à l'estimation mécanique.
On fait généralement, et dans 98% à peu près
des cas, l'estimation de carrosserie, d'un morceau de suspension visible, de
pièces que nous retrouvons sous la voiture, telles les pièces
d'échappement visibles, mais l'estimation reste ouverte en ce qui
concerne la mécanique invisible et c'est payé sur
présentation de factures par la compagnie d'assurance, en plus de
l'estimation faite auparavant et à forfait, comme on le sait.
Je pense que ça prouve une fois de plus que, si les compagnies
d'assurance dans leur ensemble n'ont jamais été aussi loin que
pour des réparations d'accident dans les cas où la
mécanique a été endommagée, s'ils n'ont jamais
été aussi loin
que de procéder par évaluation, ça veut dire
qu'elles ont reconnu que ça ne se fait pas et c'est quand même
l'ensemble des compagnies d'assurance au Canada qui opèrent de la
même façon.
C'est là un témoignage de plus que l'évaluation des
réparations mécaniques est impossible.
Le Président (M. Lafrance): MM. Rivet et Roy, on vous
remercie pour une deuxième fois.
M. Rivet: Madame, messieurs, je vous remercie beaucoup de votre
accueil. Je reviendrai vous voir.
Le Président (M. Lafrance): On l'espère, on
l'espère.
L'Association des compagnies de téléphone du
Québec. M. Roger Lévesque.
Association des compagnies de téléphone
du Québec
M. Lévesque: M. le Président, Madame le ministre,
nous vous avons fait parvenir, il y a déjà un certain temps, une
observation ou un mémoire qui concernait la future loi no 7. Je ne pense
pas, à cause du point que nous avions à soulever, qu'il me soit
nécessaire de tout relire le mémoire que nous avons produit.
En réalité, le projet de loi no 7 intitulé Loi sur
la protection du consommateur prévoit ce qui suit à l'article 3:
"Sont exclus de l'application de la présente loi: ...d) les contrats des
entreprises publiques faits en conformité d'une autorisation de la
Régie des services publics".
L'association propose que le paragraphe d) de l'article 3 soit
amendé pour se lire comme suit: "Les entreprises publiques telles que
définies à la Loi de la régie des services publics". Il
aurait fallu ajouter, à l'article 3: "Sont exclues de l'application de
la présente loi les entreprises publiques telles que définies
à la Loi de la régie des services publics".
Je pense que la principale raison pour laquelle nous avons
demandé ce changement se retrouve à la page 2, article 3. La
confusion qui résulterait de cette situation nous paraît contraire
à l'effet recherché par ce projet de loi, à savoir la
protection du consommateur.
Ainsi, pour connaître leurs droits, les entreprises publiques et
leurs abonnés devront constamment décortiquer les
activités commerciales d'une entreprise publique afin de
déterminer si un aspect relevant du projet de loi no 7 est par ailleurs
soumis à l'autorité de la Régie des services publics, ou
si cet aspect continue de relever du projet de loi no 7. De plus, un aspect
pourra très bien relever du projet de loi no 7 pour en être exclu
subséquemment, suite à une ordonnance émanant de la
Régie des services publics, ce qui ajoutera encore à la
confusion.
L'intérêt que nous avions en mentionnant ceci était
surtout le suivant: Les 27 compagnies existantes au Québec, sous la
Régie des services publics, sont gouvernées par une loi et,
évidemment, une régie, qui a fait, jusqu'à maintenant, un
très bon travail. Il deviendrait peut-être un peu excessif, au
niveau de la juridiction, que l'on ait, en plus de la Régie des services
publics que l'on a constamment sur le dos, pour être très franc,
affaire à une autre loi qui serait la loi no 7.
Nous pensons que la Régie des services publics a
présentement suffisamment d'autorité. C'est d'ailleurs ce qui
était mentionné à l'article 4 de cette loi-ci. Nous
pensons qu'elle a suffisamment d'autorité pour pouvoir prendre en charge
elle-même les problèmes actuels. Elle le fait actuellement
très bien d'ailleurs. Je pense que, s'il devait se produire des
problèmes nouveaux ou autre chose du genre, elle a en elle-même un
processus de fonctionnement qui est déjà suffisamment actif pour
prévoir, se modifier, se corriger à l'intérieur.
On pense qu'on devrait éviter un dédoublement, du moins,
celui que semble devoir apporter le projet de loi no 7. Si cela était
possible pour nous, nous aimerions nous en tenir uniquement à la
Régie des services publics. C'est à peu près tout ce que
j'avais à indiquer concernant ce projet de loi.
Le Président (M. Lafrance): Madame le ministre.
Mme Bacon: J'aurais une question, M. Lévesque. Est-ce
qu'il y a des activités de votre association qui ne sont pas soumises
à la loi ou la Régie des services publics?
M. Lévesque (Roger): A l'intérieur d'un tarif
général pour les services que nous dispensons, nous devons les
publier. Alors, automatiquement, le service, à moins que ce ne soit un
service unique, est automatiquement enregistré, inscrit à
l'intérieur d'un tarif général. A ce moment, il est soumis
à la Loi de la Régie des services publics. Si vous voulez savoir
si on a des articles qui ne sont pas soumis à la Régie, je
pourrais vous en mentionner un et je pense que c'est le seul, les cartes de
crédit. Je pense qu'à ce moment, les cartes de crédit,
cela ne cause pas de problème, parce que c'est une carte de
crédit spécifique à l'usage du service
téléphonique. Je veux dire qu'on ne peut pas acheter autre chose
ailleurs avec cette carte. C'est la seule chose qui n'est pas soumise. La
raison pour laquelle actuellement elle n'est pas soumise, c'est uniquement
qu'elle n'apparaît pas du moins, à ma connaissance, actuellement,
à l'intérieur des tarfis généraux des
compagnies.
Mme Bacon: C'est la seule activité...
M. Lévesque (Roger): C'est la seule activité qui
n'est pas régie, parce qu'encore une fois, elle n'a pas
été incluse, à ma connaissance.
Mme Bacon: En quoi l'assujettissement de votre association devant
la Loi des consommateurs risque-t-elle de semer la confusion chez les
consommateurs?
M. Lévesque (Roger): Disons que ce n'est pas
précisément... C'est parce que les compagnies, à ce
moment, ce qui n'est pas évidemment décrit, c'est que les
activités que nous faisons présentement sont actuellement
soumises à la Régie des services publics. Si on devait
éventuellement faire d'autres opérations ou ajouter d'autres
services à une compagnie quelconque, à ce moment, il y aurait
probablement ambivalence. S'il devait y avoir ambivalence, il y aurait
nécessairement double emploi et probablement un processus comme ceux
qu'on connaît généralement. Est-ce que c'est une telle
autorité ou l'autre autorité? Nous autres, on dit que la
Régie des services publics a présentement suffisamment
d'autorité pour couvrir tous les services qu'une compagnie de
téléphone peut offrir. Si, par hasard, elle ne les avait pas tous
dans un temps X, à ce moment, on dit également qu'elle a
suffisamment de pouvoirs pour arriver à se corriger à
l'intérieur d'elle-même.
Mme Bacon: Vos prétentions sont qu'il y a double emploi
sur l'ensemble des activités de l'association...
M. Lévesque (Roger): II pourait y avoir double emploi, tel
que la loi est présentement rédigée.
Mme Bacon: Tel que la loi est rédigée, sauf dans le
cas des cartes de crédit, qui ne sont pas couvertes par la
régie.
M. Lévesque (Roger): Encore une fois, ce n'est pas
couvert, c'est la seule raison.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: Vous avez en partie répondu à la
question que j'allais vous poser. A la page 2 du texte, vous disiez: ... "La
majeure partie des activités commerciales des entreprises publiques tout
en maintenant sous son application divers aspects de ces mêmes
activités commerciales." A part la carte de crédit, est-ce qu'il
y a d'autres aspects actuellement? Quels sont les aspects qui seraient couverts
par la loi 7, d'après vous?
M. Lévesque (Roger): Actuellement, on a certaines
compagnies qui font de la location de poteaux, par exemple. C'est quand
même couvert à l'intérieur des tarifs
généraux. Non, je n'en vois pas, à ce moment, à
moins que ce soit une chose qui soit extrêmement spécifique. Il
n'y en a pas. C'est plutôt dans un but futur que dans un temps
immédiat, si vous voulez, l'observation que je fais
présentement.
M. Léger: En fait, c'est seulement la carte de
crédit que vous pensez qui peut être couverte par cela?
M. Lévesque (Roger): Oui. Encore là, s'il devait se
présenter des problèmes réels à ce sujet, je ne
pense pas qu'il s'en présente, parce que, actuellement, les compagnies
de téléphone ont tendance à en émettre sans
demande. Je ne suis pas là pour décider si c'est une mauvaise
chose, mais cela se fait quand même. En somme, il n'existerait que ce
point, mais pour la simple raison qui n'apparaît pas présentement
à l'intérieur des tarifs généraux des compagnies,
ce qui pourrait très bien être modifié.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je ne suis pas
particulièrement inquiété par la carte de crédit
que vous émettez, parce que, de toute façon, cela ne change rien
au service que vous donnez et cela ne change rien aux possibilités qu'a
un de vos clients à pouvoir faire un appel interurbain. Même s'il
n'a pas de carte de crédit, il peut le faire, même s'il n'est pas
chez lui, il peut le faire en faisant référence à son
numéro, de sorte que cela ne change rien. Cela ne me préoccupe
pas de ce côté.
Ce qui me préoccupe, c'est de savoir cela me semble un peu
confus les accessoires qui sont vendus ou loués par les
compagnies de téléphone, qui ne sont pas nécessairement
partie du service de l'abonnement, comme tel, le prix en est-il
également réglementé directement?
M. Lévesque (Roger): II faut bien que je mentionne
immédiatement que les compagnies de téléphone sous la
juridiction du Québec ne vendent rien. C'est le premier principe. Elles
ne vendent rien. C'est uniquement de la location. Pour pouvoir louer un
appareil d'époque, Contempra, ou autre chose du genre...
M. Samson: Un téléphone jaune, un
téléphone rouge, un téléphone bleu.
M. Lévesque (Roger): Pour pouvoir louer ces
choses-là avec une tarification mensuelle, il faut, au préalable
que le tarif général mentionne les taux de ces articles. C'est un
préalable pour la Régie des services publics, on doit
déposer les taux avant de louer ces objets.
M. Samson: Les taux que vous chargez pour cette location sont
acceptés par la régie.
M. Lévesque (Roger): lis apparaissent dans tous les tarifs
généraux des compagnies.
M. Samson: Oui, mais ce n'est pas cela que je veux savoir. Ils
peuvent apparaître dans les tarifs généraux des compagnies,
sans être obligatoirement soumis à la décision de la
régie. Les taux de location de ces accessoires sont-ils soumis à
la décision de la régie?
M. Lévesque (Roger): Automatiquement, ils le sont, parce
que la régie accepte le tarif général, et pour accepter le
tarif général, elle a droit de regard sur les articles
apparaissant à l'intérieur de cela.
M. Samson: Ces articles apparaissent toujours quand vous faites
des demandes, par exem-
ple, d'augmentation de tarif, comme c'est le cas
présentement.
M. Lévesque (Roger): Cela apparaît dans Equipement
divers.
M. Samson: Cela apparaît. M. Lévesque (Roger):
Oui.
M. Samson: II n'y a pas de possibilité qu'il y ait de
changement de tarif, par exemple, quand vous obtenez du CRTC, dans le cas
présent, la permission d'augmenter vos tarifs, il n'y a pas de
possibilité que les tarifs de location des accessoires puissent changer
en cours de route.
M. Lévesque (Roger): Non, absolument pas. M. Samson:
Aucunement.
M. Lévesque (Roger): Absolument pas. D'ailleurs, si cela
se faisait, cela deviendrait un délit.
M. Samson: Autrement dit, par la juridiction du CRTC et de la
Régie des services publics, vous êtes absolument restreints aux
tarifs qu'ils accordent.
M. Lévesque (Roger): D'ailleurs, un autre fait existe. Les
compagnies peuvent être consultées en tout temps, à
n'importe quel bureau des compagnies. Ce sont les tarifs approuvés. Si
vous voulez vérifier n'importe quel point, il vous est loisible de le
faire et vous pourrez, à ce moment-là, déterminer s'il y a
eu des choses du genre. Je suis convaincu que cela ne se produit pas.
M. Samson: M. le Président, j'en conclus qu'il y aurait
peut-être lieu de regarder à nouveau cet article étant
donné qu'il semble qu'on sera peut-être entre deux lois, une qui
est régie déjà et, si ces compagnies sont
déjà régies, on ne pourrait rien y changer, même par
l'autre loi, je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Lafrance): M. Lévesque, on vous
remercie beaucoup. La commission des consommateurs, coopératives et
institutions financières ajourne ses travaux à mardi matin, 10 h
30, le 17 août.
(Fin de la séance à 12 h 41)