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Commission permanente des
consommateurs, coopératives
et institutions financières
Etude du projet de loi no 7 Loi sur la protection du
consommateur
Séance du mardi 24 août 1976 (Dix heures quarante
minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières): A
l'ordre, messieurs!
Nous sommes réunis pour étudier le projet de loi no 7. Ce
matin, nous entendrons les organismes suivants: Corporation Exercise Master;
Association des compagnies financières canadiennes; Les Entreprises
Silhouette Ltée; l'Association féminine d'éducation et
d'action sociale.
Ce matin, les membres de la commission sont les suivants: Mme Bacon, MM.
Bourassa, Bellemare (Johnson): Bonnier (Taschereau), Boutin (Abitibi-Ouest);
Bédard (Chicoutimi) remplace Burns (Maisonneuve); Chagnon
(Lévis), Harvey (Charlesbourg); Malépart (Sainte-Marie) remplace
Harvey (Dubuc); Léger (Lafontaine), Marchand (Laurier), Massé
(Arthabaska), Picotte (Maskinongé), Roy (Beauce-Sud), Samson
(Rouyn-Noranda), Tremblay (Iberville).
J'inviterais immédiatement le ou les représentants de la
Corporation Exercise Master.
S'il vous plaît! Voulez-vous vous présenter, s'il vous
plaît!
Corporation Exercise Master
M. Vallée (Ange-Albert): M. Ange-Albert Vallée,
président de la Corporation Exercise Master.
M. le Président, au nom de la Corporation Exercise Master et en
mon nom personnel, je voudrais d'abord remercier les membres de la commission
de nous offrir cette occasion de leur soumettre notre appréciation du
projet de loi no 7.
Aimeriez-vous à ce que je lise mon mémoire ou bien...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. Vallée: D'accord. Je vous remercie. Mon nom est
Ange-Albert Vallée; je suis d'origine montréalaise. Je suis le
président-fondateur d'une entreprise commerciale qui débuta il y
a 25 ans dans la diffusion, la vente d'appareils de conditionnement physique et
de santé.
De 1951 à 1962. Durant les onze premières années,
nous avons vendu au Canada des produits américains fabriqués
à Hartford, Connecticut, portant la marque commerciale "Exercycle". En
1962, nous avons pris l'initiative d'introduire sur le marché canadien
un produit similaire de notre propre conception, sous la marque de commerce
"Exercise Master". Il a été fabriqué au début par
une compagnie d'Ingersoll, Ontario.
En 1965, on conclut un contrat de fabrication avec les Industries Roy,
de Montmagny, rapatriant ainsi le produit au Québec. Les produits sont
vendus à travers le pays par le truchement de nos deux bureaux
d'affaires de Montréal et de Toronto pour les provinces de Québec
et d'Ontario et par l'entremise de concessionnaires autorisés pour le
reste du pays.
Quand nous aurons complété l'installation de notre
réseau de diffusion à la grandeur du Canada, nous nous
attaquerons au marché américain.
L'Exercise Master est un exerciseur motorisé et manuel qui
combine les mouvements de l'équi-tation, de la bicyclette, de la rame et
de la natation. Il est, principalement, d'utilité domestique et vendu au
public en général. Il sert à améliorer et à
maintenir le bon conditionnement physique de l'individu qui désire
pratiquer la médecine préventive.
Nous rencontrons surtout notre clientèle chez les gens de 40 ans
et plus, qui sont sédentaires, qui ont diminué ou
arrêté complètement leur participation aux sports ou qui ne
les ont jamais pratiqués. La plupart manifestent des signes de
détérioration et souffrent de mauvaise circulation du sang. Leurs
spécialistes leur enjoignent de faire de l'exercice. Il y a aussi les
infirmes, les handicapés et les accidentés. Nous comptons, de
plus, un pourcentage important de notre clientèle chez les
retraités et les personnes de l'âge d'or.
L'Exercise Master est considéré par le ministère
national de la Santé comme un instrument médical et, par ce fait,
doit être fabriqué, diffusé, annoncé et vendu selon
la Loi des aliments et drogues, et plus spécialement selon le
Règlement sur les instruments médicaux.
Tout le matériel publicitaire servant à la vente du
produit et à son utilisation doit, avant toute publication, être
vérifié et approuvé par les représentants
autorisés de la Direction générale de la protection de la
santé du ministère fédéral et du bien-être
social.
Nos représentants doivent suivre les règles
générales de l'éthique professionnelle conventionnelle des
représentants de commerce. Cependant, ils doivent, en plus, se soumettre
aux règles strictes imposées par la Direction
générale de la protection de la santé. Toutes leurs
communications écrites et verbales avec les clients doivent s'inspirer
de nos textes publicitaires approuvés par le ministère de la
santé et doivent se confiner essentiellement à ceux-ci. Un
représentant qui passe outre à cette règle est passible de
congédiement.
Au contraire du commerçant itinérant qui fait du porte
à porte, qui est toujours en déplacement, qui voyage de lieu en
lieu et qui vend au gré de ses rencontres, notre commerce a une adresse
fixe (c'est-à-dire depuis 25 ans sur la rue Saint-Denis) où tous
nos produits sont en vente et étalés à la vue du public.
L'adresse de notre place d'affaires est annoncée
régulièrement dans les principaux journaux locaux.
Nous avons pignon sur rue. Les intéressés nous visitent,
nous téléphonent ou nous écrivent faisant suite à
nos réclames publicitaires. Nous n'allons pas aux clients, comme le
pratique le marchand itinérant, c'est le client qui vient à nous,
comme le client d'Eaton qui va au magasin, qui appelle ou qui écrit
faisant suite à une réclame publicitaire. Cependant, on
n'achète pas un Exercise Master comme on achète un
réfrigérateur.
C'est un produit particulier qui est associé à la vie
privée de l'individu. Celui-ci n'aime pas à parler de ses
problèmes particuliers sur la place publique. Il se refuse, de plus,
à essayer ces appareils à la vue du public et se donner en
spectacle. L'expérience des années nous l'a prouvé. Nous
avons essayé de distribuer nos appareils par l'entremise de magasins
à rayons et des détaillants d'articles de sport. Les
résultats ont été lamentables. C'est à la suite de
ces expériences que nous avons dû organiser notre service actuel
des ventes.
Nos représentants ne font aucune sollicitation directe. Nous le
leur défendons. Nous désirons contrôler tous les contacts
de notre personnel de vente avec la clientèle afin de satisfaire aux
directives du ministère fédéral de la Santé. Tous
les noms des clients qui nous téléphonent, ou nous
écrivent, sont canalisés au bureau du gérant des ventes
qui communique avec eux et les invite à nous visiter ou leur offre la
visite d'un représentant à leur domicile à une date et une
heure précise. Nous n'allons jamais visiter un client sans l'avoir
avisé au préalable. Nous pouvons comparer notre client au
même titre qu'un client qui se rend chez Eaton pour acheter le produit X.
Tous les deux ont l'esprit conditionné à l'achat. Il n'en est pas
de même pour le vendeur itinérant qui subitement frappe à
la porte d'un consommateur. Celui-ci, à ce moment exact, ne se doute
aucunement qu'il va acheter.
Ce produit s'achète à la suite d'une démonstration
et de l'essai par le mari, la femme et les autres membres de la famille. Si
l'appareil obtient la faveur des clients, c'est en famille qu'ils prendront la
décision de l'acquérir.
Si la décision est immédiate, le représentant
rédige le contrat et explique les termes et conditions.
Nous vendons au comptant et à termes. C'est au vendeur qu'incombe
la tâche d'évaluer la valeur du crédit et la valeur morale
du client. Il a subi un entraînement à cette fin et il doit suivre
certaines normes et règles à cet effet. D'autant plus
qu'étant donné que la plupart de nos visites se font le soir et
souvent loin de Montréal, nous devons nous fier à la
discrétion et au bon jugement de notre représentant.
Si le crédit, d'après le représentant, est bon,
celui-ci signe le contrat et le présente au client pour sa
signature.
Le produit se livre, dans la grande majorité des cas, à la
résidence de l'acheteur et, comme la plupart du temps la
démonstration se fait au domicile de l'acheteur, la livraison est
immédiate.
Le représentant est équipé pour faire
l'installation du produit à l'endroit choisi par le consommateur.
Après l'installation, le représentant enseigne au client
et à sa famille les différents exercices à faire et dresse
pour chacun son programme personnel de conditionnement physique.
La Corporation Exercise Master est détentrice du numéro
101 090 émis par l'Office de la protection du consommateur, suivant les
dispositions de la loi de 1971. Nous avons accepté la loi et les membres
de notre personnel se sont facilement disciplinés à ses
règles et exigences. Cette loi a donné au consommateur la
protection dont il avait besoin. Il a valorisé le métier du
vendeur itinérant. Ces exigences ont eu pour effet d'éliminer la
plupart des insolvables, des fraudeurs et des indésirables qui
affectaient ce genre de commerce.
Cependant, certains articles du projet de loi no 7 sont abusifs et
exagérés et dépassent les bornes du bon sens. Ils
entraînent de grave's préjudices au marchand itinérant et
le déséquilibre complètement dans la pratique de son
négoce. De plus, cette loi lui donne un statut inférieur
vis-à-vis du commerçant conventionnel. C'est de la
ségrégation pure et simple et, à notre opinion, le
législateur ne peut se permettre d'agir ainsi.
Nous nous opposons énergiquement au contenu des articles 40, 41
et 42 plus particulièrement, aux dispositions du projet de loi qui,
premièrement, prolongeraient la présente période de
réflexion de cinq jours à dix jours; deuxièmement,
l'interdiction de percevoir tout paiement partiel ou total avant l'expiration
de la période de réflexion prévue.
La présente période de réflexion de cinq jours qui
en fait est de sept jours est conforme, nous croyons, à l'esprit du
législateur qui voulait protéger le consommateur contre toute
décision impulsive de sa part ou contre toute pression abusive de la
part du vendeur sur l'acheteur, au moment de la signature du contrat.
La période de sept jours, en fait, fournit au consommateur
l'occasion de se réviser, de résilier tout engagement qu'il
aurait pu prendre. La période suggérée de dix jours, qui
en fait est de 14 jours, donne au consommateur le même privilège.
Cependant, ce privilège devient abusif au détriment du marchand.
Celui-ci souffrira de toutes sortes de préjudices et de dommages
justement dus à ce prolongement de temps. Le législateur
pécherait par générosité en daignant accepter ce
projet tel quel. Pourquoi donnerions-nous dix jours, en fait 14 jours, quand,
chez certaines provinces canadiennes, nous ne donnons que deux ou trois jours
de réflexion? Nous croyons que cinq jours, plus les deux jours, est le
juste milieu. Ne péchons donc pas par excès.
Le prolongement suggéré est abusif et porte
préjudice au marchand. Par exemple, nous savons qu'un client qui veut
résilier le fait dès le lendemain, suivant la signature du
contrat. Il se rend compte alors de son acte impulsif et se ravise en nous
communiquant sa décision. Ceci se produit, dans la majorité des
cas, dans les 24 heures suivant la signature du contrat. En donnant 14 jours,
le législateur n'améliore pas la situation du consommateur, mais
aggravera celle du marchand en l'obligeant à supporter pour sept jours
addi-
tionnels un investissement considérable à un taux
d'intérêt élevé.
De plus, il oblige celui-ci à supporter les risques du
propriétaire d'un objet dont il n'a pas la garde. En plus et
c'est ce que nous craignons le plus les marchands deviendront les
victimes de consommateurs exploiteurs et malhonnêtes qui vont profiter
des exigences de la loi à leurs fins et bénéfices. En
théorie, un consommateur malhonnête pourra jouir durant 21 jours
de l'usage d'un produit tel que le nôtre ou d'un
téléviseur, d'une balayeuse à tapis, etc., et
répéter ce geste à l'année longue sans aucun
engagement de sa part et sans aucune dépense.
Interdiction de recevoir tout montant d'argent. Cette interdiction va
à l'encontre des simples règles de l'économie, de la Loi
de l'offre et de la demande qui dit que, lorsqu'un vendeur trouve preneur, il
livre l'objet choisi et l'acheteur lui donne en échange le montant
d'argent demandé ou l'équivalent. Qu'il y ait une clause dans le
contrat stipulant le droit de résolution de la part du client
n'empêche pas celui-ci de verser le montant de la facture ou un paiement
initial témoignant ainsi sa bonne foi. Nos vendeurs sont
rémunérés à commission et font les frais, en
moyenne, d'une visite par client. Nous visitons toutes les régions de la
province. Par exemple, nous allons en Abitibi trois ou quatre fois par
année. Il serait économiquement impossible pour nous de
travailler selon les exigences du projet de loi.
Depuis la création de la loi en 1971, nous avons satisfait aux
exigences du permis, nous avons déposé notre cautionnement
garantissant notre solvabilité auprès de l'Etat,
protégeant ainsi le consommateur dans les cas de résolution de
contrat. Tous nos vendeurs ont leur carte d'identification de l'office et
passent des contrats selon les exigences de l'actuelle loi. Nous croyons que le
consommateur est protégé pleinement et ne pouvons accepter cette
interdiction de perception d'argent prévue dans le projet.
Compte en fiducie. Lorsqu'un commerçant a exécuté
son obligation principale c'est-à-dire, dans notre cas, livrer le
produit et que le consommateur s'est conformé aux modes de paiement tels
que stipulés dans le contrat, le commerçant ne devrait pas
être tenu de déposer les sommes d'argent perçues dans un
compte en fiducie durant la période de réflexion pour la simple
raison que la solvabilité du marchand est garantie par le certificat de
cautionnement que l'office oblige à lui livrer pour l'obtention de son
permis. Cette pratique rendrait plus simple l'administration et la
comptabilité du commerçant.
Recommandations et propositions d'amendement. L'article 39 devrait se
lire ainsi: Amendement, article 39. Ne constitue pas un contrat conclu par un
commerçant itinérant, le contrat conclu au domicile du
consommateur lorsque celui-ci a manifesté le désir d'entamer ou
de continuer les négociations et la signature du contrat chez lui
à la condition que la sollicitation de ce contrat ait été
faite par le consommateur.
La période de réflexion devrait être maintenue
à cinq jours. Amendement à l'article 40, alinéa d).
Changer les dix jours pour les cinq jours. Amendement à l'article 41,
changer les dix jours pour les cinq jours.
Modifier les dispositions ayant trait au paiement. Amendement à
l'article 40, alinéa e). Devrait être biffé et
remplacé par: L'indication de l'instrument de paiement soit en monnaie,
effet de commerce ou dation en paiement. L'article 42 doit être
éliminé.
Quatrièmement, le consommateur qui veut se prévaloir de la
faculté de résolution au moyen d'un avis écrit devrait le
faire par courrier recommandé. Amendement à l'article 43,
alinéa b). Au moyen d'un avis écrit à cet effet, et
expédié par courrier recommandé au commerçant
itinérant ou à son représentant.
Cinquièmement, le délai de restitution. Amendement
à l'article 45. L'article 45 devrait se lire comme suit: Dans les sept
jours suivant la résolution, les parties doivent se restituer ce
qu'elles ont reçu l'une de l'autre.
Merci.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre.
Mme Bacon: Avant de faire des commentaires sur des points
particuliers de votre mémoire, j'aimerais avoir des informations sur
certaines de vos méthodes d'exploitation par exemple. Vous nous dites
que vous ne procédez pas comme les marchands itinérants pour
recruter, soit par téléphone, pour visiter les clients, ou les
méthodes employées. Est-ce que vous attendez tout simplement les
clients à votre bureau?
M. Vallée: Non, continuellement.
Mme Bacon: J'aimerais que vous me donniez plus d'informations
peut-être.
M. Vallée: D'accord. Nous avons des annonces dans tous les
quotidiens, les journaux de week-end comme le Dimanche-Matin et, avec ces
annonces, les gens viennent nous voir, nous écrivent ou nous
appellent.
Mme Bacon: Mais vous ne faites pas d'appels
téléphoniques, pas de sollicitation...
M. Vallée: On ne fait jamais de sollicitation directe.
C'est toujours le client qui fait le premier contact, tout le temps. Nous
sommes assujettis à la loi du ministère fédéral. Il
faut avoir un contrôle complet de nos représentants. Alors, on a
notre gérant des ventes qui, dans le fond, est un "dispatcher". Il a un
client...
Mme Bacon: Suivant les demandes.
M. Vallée: ... on sait exactement qui est le client, on
connaît son adresse. Le client nous appelle; alors, c'est normal qu'on
essaie de solliciter
une rencontre, on l'invite. Si la personne ne peut pas venir, on va chez
elle. La plupart du temps même, si la personne vient chez nous, elle va
voir nos appareils et elle ne les essaiera pas. Elle va dire: Je vais y penser
ou je vais en parler à ma femme. Là, on va dire: Aimeriez-vous
que j'envoie quelqu'un chez vous? On va vous envoyer un appareil et vous
pourrez l'essayer.
C'est toujours le client, jamais nous.
Mme Bacon: Dans les régions... En fait, vous avez des
bureaux à Montréal?
M. Vallée: Montréal et Toronto.
Mme Bacon: Toronto. Mais il n'y en a pas dans les
différentes régions du Québec.
M. Vallée: On va se rendre là plus tard. Même
là, nos concessionnaires devront agir comme nous agissons.
Mme Bacon: En fait, vous vous limitez à la
clientèle, disons, de Montréal ou même de
l'extérieur qui communique avec vous. Mais vous n'allez pas dans les
régions faire de la sollicitation à ce moment-là?
M. Vallée: On va aller on parlait de l'Abitibi tout
à l'heure en Abitibi trois fois ou quatre fois par année,
quand on a assez de monde et de demandes. On va appeler les gens et on va leur
dire: On est en Abitibi, disons, du 5 au 10. Aimeriez-vous que quelqu'un passe
chez nous? C'est simple. On n'aura pas des solliciteuses au
téléphone...
Mme Bacon: Ou envoyer des dépliants à l'avance dans
la région?
M. Vallée: Jamais. On va faire ce qu'on appelle du
courrier, envoyé à tous les gens de la Mauricie, disons. C'est la
même chose qu'annoncer dans un journal.
Mme Bacon: Cela, vous le faites.
M. Vallée: On le fait de temps à autre, le client
va nous appeler, va nous envoyer une carte-réponse disant: J'aimerais
que, lorsque vous aurez un représentant dans notre région... Ou
bien, habituellement, ce qu'on fait, c'est une carte et les gens demandent plus
d'informations. En fait, on leur dit: Si vous voulez d'autres informations,
appelez-nous et on donne notre numéro et les gens nous appellent.
Mme Bacon: C'est une forme de sollicitation publicitaire.
M. Vallée: Ce qu'on veut, c'est qu'il faut absolument
qu'on sache, si on a un représentant, s'il est entré dans telle
maison. On n'aura pas des représentants itinérants qui vont
frapper là... Il faut contrôler notre représentant, parce
que nos publications et notre publicité, c'est la base de notre...
Il faut que ce soit accepté par le ministère
fédéral. Ensuite, il faut suivre exactement nos vendeurs, parce
qu'on pourrait engager n'importe qui comme vendeur et il pourrait dire
n'importe quoi au client. Il rencontrerait un gars qui serait rendu à sa
troisième crise cardiaque et il dirait: C'est bon pour vous. On a une
responsabilité morale.
Ensuite, le gouvernement nous oblige. Alors quand on sait exactement
où est notre représentant, on est sûr de notre chose. Cela
peut arriver qu'il y ait des bêtises, excepté qu'il faut les
surveiller, les gars.
Mme Bacon: Vous avez combien de représentants dans
l'ensemble?
M. Vallée: Dans le Québec, on en a cinq.
Mme Bacon: Qui voyagent, qui vont dans des régions.
M. Vallée: Ils sont à Montréal tout le
temps.
Mme Bacon: Ce sont ceux-là dont on a fait mention
tantôt...
M. Vallée: Ici, à Québec, on vient environ
tous les quinze jours.
Mme Bacon: Combien de fois par année faites-vous
précéder votre visite d'envoi de documents publicitaires?
M. Vallée: Quand des clients nous écrivent ou nous
appellent, on leur envoie immédiatement nos brochures.
Mme Bacon: Mais vous ne les envoyez pas sans demande?
M. Vallée: Jamais, on ne peut pas.
Mme Bacon: C'est parce que, tantôt, on avait l'impression
que vous envoyez des documents publicitaires avant vos visites dans les
maisons.
M. Vallée: Jamais.
Mme Bacon: D'accord. Pourrait-on savoir le montant moyen des
ventes?
M. Vallée: On a nos propres appareils. On fait aussi
l'importation d'appareils américains et européens. Les prix
varient de $88 à $2200.
Mme Bacon: Est-ce que le prix comprend l'installation de
l'équipement...
M. Vallée: C'est cela, oui, tout.
Mme Bacon: ...le programme de conditionnement? Tout est
compris?
M. Vallée: Le programme de conditionnement, on ne va pas
jusqu'à prescrire des diètes,
ces choses, ce n'est pas notre... On dit: Parlez-en à votre
voisin.
Mme Bacon: En fait, comment se servir de l'appareil? Si on
discutait un peu du délai de résiliation de dix jours. Vous
mentionnez que les cinq jours qui existent dans la loi actuelle, la loi 45, ne
comprenaient pas les jours fériés, le samedi ou le dimanche. En
fait, cela fait cinq jours.
Ici, on pense que, quand on constate les dix jours mentionnés
dans le projet de loi 7 et qu'on prend les jours fériés, les
samedis et les dimanches, la différence n'est pas aussi énorme
que vous semblez le mentionner dans votre mémoire.
M. Vallée: Je vous le dis franchement, pour nous, cela ne
change pas grand-chose. Ce n'est qu'en principe que je ne l'accepte pas.
Mme Bacon: Oui. On pourrait peut-être donner une
information là-dessus.
M. Vallée: Comme je le dis dans mon mémoire, il y a
des gens qui achètent sous le coup de l'impulsion, on le sait. La femme
a acheté et le mari entre de voyage le lendemain et voit ce qu'elle a
acheté et le gars n'est pas content. A part cela, vous pourrez
vérifier avec votre ministère, vous n'avez jamais eu de plainte
chez nous. On règle immédiatement. Cela se fait le lendemain.
Mme Bacon: Non, c'est parce que je voudrais peut-être une
explication à...
M. Vallée: Dans mes quatorze jours, c'est faux quand
je...
Mme Bacon: Je ne veux pas dire que c'est faux, mais c'est
peut-être la compréhension du texte. Mon texte n'est
peut-être pas assez clair. En fait, les dix jours comprennent les jours
fériés, le samedi et le dimanche. Cela peut être une
différence d'environ deux ou trois jours avec les cinq jours, suivant
qu'il y a des jours fériés.
M. Vallée: Là, il y a sept jours. Chez nous, cela
ne dérangerait pas grand-chose. Les marchands de balayeuses, les femmes
vont faire leur grand-ménage et vont exploiter ces marchands.
Mme Bacon: Cela va leur donner l'occasion de les entendre.
M. Vallée: Elles font leur grand ménage tous les
printemps. Chez nous, vous allez voir la petite fille qui se marie et elle va
penser qu'en 21 jours elle va régler le problème de ses cuisses,
elle va se faire exploiter souvent.
Mme Bacon: Je ne me permettrai pas trop de commentaires.
M. Bédard (Chicoutimi): Sans commentaire.
Mme Bacon: Si on discutait peut-être un peu de la livraison
de vos produits. Est-ce que vous li- vrez toujours vos produits au moment de la
signature ou s'il y a un délai?
M. Vallée: Dans la plupart des cas.
Mme Bacon: Vous le livrez immédiatement, au moment de la
signature du contrat.
M. Vallée: Oui. Nous avons des filiales. Le vendeur a
toujours cinq ou six appareils dans sa voiture.
Mme Bacon: Ah bon!
M. Vallée: Quand le client veut quelque chose, il a
décidé quelque chose, c'est la suite. Notre vendeur est
discipliné. Il sait exactement si le client est bon ou s'il n'est pas
bon. C'est l'expérience. Il sait tout de suite si la personne
reçoit le bien-être social. D'ailleurs, on demande assez d'argent
comptant au début pour que cela qualifie passablement le client.
Mme Bacon: Vous exigez une somme d'argent au moment de la
signature?
M. Vallée: C'est là qu'on qualifie le client,
tandis qu'avec votre demande, vous dites que vous n'axigez rien et vous
dérangez toute notre affaire.
Mme Bacon: Est-ce que vous exigez un paiement partiel ou le
paiement total?
M. Vallée: Un paiement partiel. Cela dépend. Si le
client veut payer comptant, on accepte.
Mme Bacon: Oui.
M. Vallée: Habituellement, on a des conditions faciles de
paiement et on va dire au client: Voulez-vous nous faire confiance? Donnez-nous
trois chèques. Le client pense toujours à la garantie. Il
s'imagine que...
C'est la première fois qu'on entre dans sa maison, on lui dit:
Donnez-nous trois chèques, cela lui donne 60 jours. Parfois, on aura
quatre chèques, on aura 90 jours. Le client va donner $150 comptant et
le solde dans trois ou quatre paiements. C'est comme cela qu'on peut qualifier
un...
Mme Bacon: Non, mais c'est parce que vous dites dans votre
mémoire que rien n'empêche le commerçant d'exiger le
montant de la facture ou en paiement initial de la part du consommateur.
J'aimerais peut-être signaler qu'il s'agit là d'un problème
important à rencontrer.
M. Vallée: Si vous n'avez pas de...
Mme Bacon: C'est un peu pour cela qu'à un certain moment,
on doive légiférer, c'est parce qu'il y a eu des problèmes
de rencontrés dans les relations entre commerçant et
consommateur.
M. Vallée: Chez nous, on n'a jamais eu de
problème.
Mme Bacon: Votre récupération du montant
versé par... Si un client qui vous a versé un montant, change
d'idée, ne veut pas avoir l'appareil et si l'appareil n'a pas
été livré, parce que les consommateurs nous disent qu'ils
ont des difficultés à récupérer les sommes
versées en paiement partiel, par exemple, comment vous y prenez-vous
pour rembourser les clients?
M. Vallée: Ah! j'ai...
Mme Bacon: Avez-vous des délais?
M. Vallée: Non, c'est tout de suite, on va chercher notre
appareil, on a le chèque de la compagnie et on remet au client l'argent
qu'il nous a versé, c'est tout.
Mme Bacon: Cela se fait sur le champ, au moment où vous
récupérez votre appareil.
M. Vallée: Bien sûr.
Mme Bacon: Vous suggérez aussi une modification à
l'article 39. J'aimerais cela peut-être si... parce que vous dites que
vous ne voulez pas être considéré comme des vendeurs
itinérants...
M. Vallée: Chez nous, étant donné que notre
commerce est assez particulier à part cela, je comprends mal l'article
39 ici.
Mme Bacon: Dans le texte.
M. Vallée: Oui. Le texte dit: "Ne constitue pas un contrat
conclu par un commerçant itinérant, le contrat conclu au domicile
du consommateur à la demande expresse de ce dernier, à la
condition que ce contrat n'ait pas été sollicité ailleurs
qu'à l'adresse du commerçant". Si c'était dit comme je le
propose, il me semble que c'est plus clair.
Mme Bacon: Oui, oui. Parce qu'en fait ce que vous ne voulez pas,
c'est d'être considéré comme un vendeur
itinérant.
M. Vallée: Non, cela réglerait... Mme Bacon:
Votre problème.
M. Vallée: ... mon problème. Remarquez, on n'en a
pas beaucoup de problèmes. Cela serait clair.
Mme Bacon: D'accord. Merci.
Le Président (M. Houde Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Selon vos méthodes de
sollicitation, que vous nous avez expliquées, vous n'êtes pas
à proprement parler un marchand itinérant?
M. Vallée: Non, je n'ai pas une armée; ce sont tous
des techniciens, j'ai quatre, cinq ou six gars et parfois on est réduit
à quatre. Mes représentants sont chez eux et mon gérant
des ventes, durant la journée va dire: A cinq heures, tu peux aller voir
un tel à Sainte-Rose et, à 8 h 30 ou 9 heures, tu iras à
Saint-Jean. C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui. Disons pour plus
d'explication concernant vos méthodes de sollicitation, il me semble
qu'à un moment donné vous aviez dit qu'il pouvait arriver que,
décidant d'aller dans une région, que ce soit l'Abitibi, la
Gaspésie ou d'autres régions, il y ait un envoi de lettres
à tous les résidents. Est-ce une méthode de
sollicitation?
M. Vallée: Si vous me permettez. Dans le "merchandising",
si j'étais représentant dans un petit village de 500 personnes,
la meilleure façon de faire ma publicité, cela serait de faire
toutes les portes, de me présenter et dire: Voici, j'ai un produit.
Etant donné que j'ai une plus grande région admettons que
j'ai tout le Lac-Saint-Jean pour aller dans toutes les maisons de cette
région, je peux écrire ce que je veux leur dire à la porte
et je vais leur envoyer cela sur une feuille. Je vais faire le tour de toutes
les maisons. Si je veux faire une publicité dans toute la province de
Québec, je ne peux pas frapper à toutes les portes ou bien
envoyer ma brochure par le ministère des postes, je vais l'annoncer dans
les grands journaux. Ce sont trois façons d'atteindre le
consommateur.
M. Bédard (Chicoutimi): Cette communication avec les
résidents de toute une région...
M. Vallée: C'est la même chose que dans un an.
M. Bédard (Chicoutimi): ... il nous arrive de le faire
avant que des vendeurs soient...
M. Vallée: Tout le temps, je ne visite jamais un client.
On ne le visite jamais sans lui avoir parlé
M. Bédard (Chicoutimi): Vous attendez l'appel
téléphonique.
M. Vallée: Qu'il nous appelle, qu'il nous écrive ou
qu'il nous visite au bureau. Il y a ces trois choses. On attend que le client
amorce la communication. Parce que, je le répète, c'est le
ministère de la Santé qui nous oblige à discipliner nos
représentants. Comme je ne veux pas courir de risque, comme cela, je les
contrôle complètement.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant la première
partie de vos représentations, en ce qui a trait aux délais de
réflexion, Mme le ministre en a parlé tout à l'heure, je
pense que la loi est très explicite sur ce sujet, en ce sens que,
lorsque vous dites que la période suggérée de dix jours
est en fait de quatorze jours, je crois que cela n'est vraiment pas exact.
L'interprétation que nous pou-
vons faire de la loi est très claire, c'est dix jours. Il n'est
pas question de jours non juridiques; avant, c'était cinq jours, mais le
samedi et le dimanche n'étaient pas comptés, ils n'étaient
pas, du point de vue légal, vus comme des jours juridiques devant
s'additionner dans le délai. C'est vraiment dix jours. C'est clair de ce
côté.
En ce qui a trait à la période de réflexion,
pourriez-vous dire si vous avez eu beaucoup de cas de résiliation de
ventes, dans les délais impartis par la loi?
M. Vallée: Je peux vous dire combien de fois cela m'arrive
par mois, pour le Québec, pas pour l'Ontario. Nous allons en avoir d'un
à trois par mois...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela vous arrive...
M. Vallée: ... 3% ou 4%. C'est normal. Cela a
augmenté un peu avant que la loi existe. Maintenant ce sont plutôt
des gens qui achètent par impulsion, c'est tout. Ou bien ce sont des
vieux qui achètent, les enfants entrent là et ils
s'aperçoivent que leur héritage va baisser parce que les parents
ont acheté quelque chose. C'est ce qui arrive la plupart du temps. Dans
ce temps-là, on ne fait rien. D'ailleurs, c'est le privilège du
consommateur. On accepte le fait et c'est tout.
M. Bédard (Chicoutimi): Selon votre appréciation,
parmi ceux qui ont demandé la résiliation de ventes
déjà faites dans le délai imparti, êtes-vous en
mesure d'affirmer que ces derniers n'ont pas eu de difficulté à
se faire rembourser?
M. Vallée: Jamais. C'est arrivé une fois. Je viens
de régler le cas. C'est juste une dispute. C'était un client de
Sept-lles.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne vous demande pas...
M. Vallée: Non, mais il m'a retourné l'appareil par
avion à mes frais. J'ai soustrait le coût du transport, je l'ai
ajouté au coût du camionnage, qui était plus raisonnable. A
la fin, j'ai reçu un avis de la cour des petites créances. Je
l'ai réglé, cela ne me tentait pas de me rendre à
Sept-lles.
M. Bédard (Chicoutimi): Le client voulait que cela vous
revienne vite. A votre connaissance selon ce que vous dites, vous ne
vous considérez pas comme un marchand itinérant est-ce
qu'il advient des difficultés, dans certains cas, de consommateurs, pour
être remboursés?
M. Vallée: Jamais. Vous pourrez vérifier.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, c'est par rapport à
vous.
M. Vallée: Par rapport à d'autres.
M. Bédard (Chicoutimi): Je parle du commerce d'une
façon générale.
M. Vallée: Je ne fais partie d'aucune association de
vendeurs itinérants. Je ne sais pas ce qui se passe ailleurs.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous parlez de montant
initial qui devrait normalement continuer à être exigé ou
encore légalement que le vendeur puisse l'exiger du consommateur, cela
se situe à quel pourcentage?
M. Vallée: On demande 20%. Vous voulez dire nos ventes
à tempérament? 60% de nos ventes se font au comptant.
Si c'est au comptant, on perçoit le montant au complet. Je
considère au comptant quelqu'un qui va me donner un montant et va me
dire: Je vais faire suivre le solde par le courrier dans 30 jours.
M. Bédard (Chicoutimi): Quel est le minimum que vous
exigez...
M. Vallée: $132.
M. Bédard (Chicoutimi): ...avant de sortir la
marchandise?
M. Vallée: $132.
M. Bédard (Chicoutimi): $132. Toutes les ventes se
situent, comme vous le dites, aux alentours de $2000 à $2500.
M. Vallée: Non, excusez-moi. On a toutes sortes de
produits qui commencent à $88 jusqu'à $2200. La grande
majorité de nos ventes se situe entre $555 et $789.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous exigez un minimum de $130
dans ces cas.
M. Vallée: De $123 à $132. Je ne me souviens pas
exactement des échelles.
M. Bédard (Chicoutimi): Croyez-vous que le fait de ne
demander absolument aucun montant de la part du consommateur peut avoir comme
conséquence peut-être un manque de précaution de la part du
consommateur pour la période durant laquelle il a l'usage
légal...
M. Vallée: On va se faire exploiter. M. Bédard
(Chicoutimi): Pardon!
M. Vallée: On va se faire exploiter; on ne pourra rien
livrer, cela n'a pas de sens.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans votre domaine, vous ne pouvez
pas exploiter...
M. Vallée: Pour faire de la vente, il faut être dans
le public et il faut être dans le commerce pour... On vend à des
gens qui retirent des prestations du bien-être social et ils nous paient
au comptant. Imaginez-vous qu'il y en a d'autres sortes aussi qui ne voudront
rien donner. Il y a des
gens vivant du bien-être social qui nous paient comptant.
M. Bédard (Chicoutimi): Ceux qui travaillent vous paient
à tempérament.
M. Samson: Eux autres, ils sont obligés de payer pour le
bien-être social.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une question que je me pose
sur cet aspect de votre mémoire, c'est-à-dire l'objection
à ce qu'on entérine légalement le fait que le consommateur
n'ait à donner aucun montant lorsqu'il achète. Cela peut-il avoir
comme conséquence, dans le commerce, peut-être pas seulement pour
vous, je parle des commerçants itinérants dans l'ensemble, que
les marchands itinérants décident de ne pas livrer leur
marchandise tant que le délai de résolution ne sera pas
expiré?
M. Vallée: Justement, cela peut déranger
complètement l'économie de petits négociants, de petits
marchands.
M. Bédard (Chicoutimi): Pensez-vous que la pratique peut
s'instaurer auprès des marchands itinérants de ne pas livrer la
marchandise tant que le délai ne sera pas expiré?
M. Vallée: Qui va payer à la fin? Cela va
être le consommateur parce que le prix de livraison, la visite une
deuxième fois du marchand itinérant, il va falloir qu'il y ait
quelqu'un qui paie pour cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous croyez que
l'obligation donnée par l'article 48 au consommateur de rembourser le
marchand itinérant au cas où des dommages auraient
été occasionnés à la chose vendue, à la
chose qui a fait l'objet du contrat, par la faute du consommateur
lui-même, est-ce que vous pensez que cela peut être de nature
à corriger le ou les deux autres dangers que vous semblez percevoir?
M. Vallée: Certainement, vous dérangez tout.
D'ailleurs, vous demandez un cautionnement. Le consommateur est
protégé par le cautionnement. Un commerçant véreux
ne sera pas capable d'avoir de cautionnement, parce qu'il n'y a pas seulement
les bons états financiers. Il y a la valeur morale aussi du
commerçant qui va l'empêcher d'avoir un certificat si sa valeur
n'est pas bonne.
M. Bédard (Chicoutimi): Le Cercle d'économie de la
bonne ménagère avait un cautionnement et cela n'a rien
changé.
M. Vallée: Cela n'a rien changé.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela n'a rien changé et je
ne pense pas que l'honnêteté ou la malhonnêteté d'un
commerçant vient à partir de sa capacité d'obtenir ou non,
un cautionnement. La malhonnêteté n'est pas le propre des plus
pauvres...
M. Vallée: Ne pensez pas que les commerçants sont
des fraudeurs.
M. Bédard (Chicoutimi): Du tout. Je ne pense pas que la
réflexion que je vous fais vous donne cette impression.
M. Vallée: Non, mais cela transpire. Prenez des
commerçants et vous leur donnez...
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez qu'on parle d'un projet
de loi qui est proposé par le gouvernement et non par l'Opposition. Vous
pensez que le gouvernement, avec le dépôt de ce projet de loi,
donne l'impression de prendre les commerçants comme des gens non dignes
de confiance?
M. Picotte: Votre collègue a dit, la semaine
passée, que les recommandations de l'Opposition étaient... Il
faudrait que vous relisiez le journal des Débats.
M. Bédard (Chicoutimi): C'était pour clarifier. Je
n'ai pas répondu personnellement à l'affirmation ou à
l'infirmation.
M. Vallée: Cela nous donne cette impression.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Vallée: Je trouve que la loi qui existe actuellement
est un juste milieu. On avait besoin d'une loi comme cela. C'est mon impression
personnelle, c'est ma réaction.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Avant de poser des questions à notre
invité, je voudrais demander au ministre si le gouvernement entend
s'attacher de façon absolue à l'article 42 ou si
déjà on a des indices que le gouvernement a l'intention de
modifier cet article-là, sinon le retirer, quant au paiement partiel ou
total par le consommateur avant l'expiration du délai.
Mme Bacon: C'est notre intention de revoir l'article 42.
M. Samson: De revoir l'article. A ce moment-là, cela va
limiter mes questions. Si on a l'intention de revoir l'article, cela va aller
dans le sens de ce que vous avez suggéré tantôt.
M. Vallée: C'est 90% à 95% de mes craintes. A part
cela, cela ne me dérange pas.
M. Samson: J'aimerais savoir si votre organisme, dans les cas de
vente avec un montant de 20%, par exemple, de comptant et un paiement à
terme, fait des frais d'administration ou d'intérêt, compte tenu
du délai.
M. Vallée: Quand on fait un contrat de vente
conditionnelle, ce contrat est fait avec la Banque provinciale du Canada, la
banque de la compagnie. Ensuite, la Banque provinciale du Canada a aussi des
contrats de vente conditionnelle. On transporte ce contrat à la banque,
au taux de la banque. La banque charge 9,5%. Je ne paie pas le "flat". Vous
avez des compagnies de finance qui vont charger 12% ou 13%.
M. Samson: Est-ce un contrat avec recours? M. Vallée:
C'est un contrat avec recours, oui.
M. Samson: C'est un contrat avec recours. Est-ce que, dans votre
cas, comme c'est le cas pour les vendeurs d'automobiles, par exemple, il y a
des montants qui vous reviennent pour la vente d'un contrat à la
banque?
M. Vallée: Oui, très peu. On a peut-être $300
ou $400 par année.
M. Samson: Sur le plan pratique, cela se chiffre à quel
pourcentage du contrat?
M. Vallée: C'est très faible.
M. Samson: Vous ne vous en souvenez pas?
M. Vallée: Ecoutez, on charge 9,5%. Alors, le
pourcentage...
M. Samson: Oui, 9,5%, si j'ai bien compris tantôt, vous
avez dit "flat".
M. Vallée: Oui.
M. Samson: Ce n'est pas 9,5%.
M. Vallée: Cela fait 7,25%, je pense.
M. Samson: Cela saute 15.
M. Vallée: Ce n'est pas nous qui faisons cela.
M. Samson: Cela va être utile tantôt, on aura
peut-être à en discuter avec d'autres groupes, le montant que vous
recevez, vous autres, vous ne pouvez pas l'évaluer en termes de
pourcentage de ce que vous vendez?
M. Vallée: Je ne me souviens pas. Cela veut dire que nos
ventes à tempérament, lorsqu'on passe à la Banque
provinciale, c'est à peu près 25% de notre chiffre
d'affaires.
M. Samson: 25%.
M. Vallée: Le reste, c'est nous qui l'absorbons et nous ne
chargeons pas d'intérêt aux clients. Les clients qui vont nous
donner cinq chèques, on ne leur charge rien.
M. Samson: C'est sur un délai que vous déterminez
vous-mêmes.
M. Vallée: Cinq mois, six mois. Jusqu'à six mois au
maximum.
M. Samson: Jusqu'à six mois, vous n'escomptez pas le
contrat.
M. Vallée: II faut remarquer que 80% de nos ventes se font
à des gens de 40 ans et plus. La plupart du temps, ce sont des gens qui
ont une bonne "job". Le jeune n'achètera pas chez nous, il va participer
à du sport. On va vendre à des gens qui ont déjà
des problèmes.
M. Samson: Vos vendeurs, vous dites que vous en avez cinq au
Québec, se présentent chez un client seulement après un
premier contrat par...
M. Vallée: Un rendez-vous spécifique.
M. Samson: Est-ce que ces vendeurs doivent faire une
présentation selon la forme prescrite? Disons que ce sont des vendeurs
que vous avez entraînés d'une façon particulière
avec...
M. Vallée: Ce sont tous des gens qui sont des adeptes de
la culture physique.
M. Samson: Les vendeurs.
M. Vallée: Oui, ils en connaissent les bienfaits, ils
connaissent leur physiologie. Cela ne prend pas des médecins ou des
physiothérapeu-tes, mais ça prend des gens qui s'y connaissent,
à qui on donne un cours de physiologie aussi. Ils ont assez de
conscience pour s'apercevoir qu'un gars est malade, qu'il ne peut pas en faire,
que ce serait dangereux pour lui, et ils ne lui vendrons pas. On pourrait
vendre des appareils à des gens malades; mais, au lieu de les
améliorer, on les abîmerait. C'est là qu'on est
surveillé par le ministère fédéral.
M. Samson: Si je comprends bien, par vos propos, vous semblez
nous assurer que, chez vous, du moins dans votre genre de commerce, il n'y a
pas d'espèce de vente à pression chez le client.
M. Vallée: Ecoutez, quand le client arrive pour prendre
une décision, quand vous allez acheter un complet, le marchand va vous
mettre devant le miroir et va dire: Regardez donc si ça vous va
bien...
M. Samson: La main dans le dos!
M. Vallée: Ce qu'on fait, on fait essayer nos appareils
par le client et on essaie de leur faire dire que c'est bon. Dans le fond,
l'acheteur aime ça...
M. Samson: Ce que j'essaie de vous faire dire, c'est que si vous
leur faites dire que c'est bon, ça devient un peu de la vente sous
pression.
M. Vallée: Pardon?
M. Samson: Quand vous essayez de leur faire dire que c'est bon,
ça devient un peu de la vente sous pression.
M. Vallée: Non, on le leur fait sentir.
M. Samson: Cela revient à la même chose.
M. Vallée: Ce n'est pas de la pression.
M. Samson: Parce que c'est important pour nous, pour classer
votre organisme, si dans le fond, même si vous n'allez pas chez le client
en frappant à la porte, ce qu'on appelle du "poll convass", si vous ne
faites pas ça, mais si, par un autre moyen, vous arrivez chez le client
quand même, je ne dis pas que vous le faites, je ne connais pas votre
système de vente, mais si un vendeur, selon moi, se présente,
fait une démonstration, utilise toutes sortes de choses, en disant par
exemple: Vous avez 30, 60 ou 70 ans et plus, et vous allez devenir pas mal bon
avec ça, ça devient un peu de la pression. Quand vous prenez un
gars de 70 ans, il est prêt à acheter n'importe quoi pour se
conserver encore une secousse, c'est un peu de la pression.
M. Vallée: Non, je vous fais remarquer que c'est vrai,
parce que 25% de nos ventes se font à des gens de 65 ans et plus, des
gens retraités, qui n'ont plus rien à faire.
M. Samson: Cela ne veut pas dire, même si un gros
pourcentage de vos ventes se font à des gens 65 ans et plus, que ces
ventes ne sont pas faites avec une forme de pression quelconque.
Je vais vous donner un exemple de la forme de pression qu'on nous
rapporte. Il y a certains vendeurs qui, après avoir placé la
machine dans la maison, après avoir obligé les clients à
monter là-dessus, leur disant: Voyez comme c'est bien fait, comme c'est
solide, les poignées sont solides, le moteur va bien, c'est un moteur de
30 forces, etc. Et quand vient le temps de parler de prix, ça se peut
que ça arrive chez vous, je ne le sais pas, je vous le demande, vous
nous parlez de machines de $88 et d'une machine de $2200, est-ce que ça
se peut que le vendeur entre avec la machine de $88, pour faire accepter le
principe et, après ça, qu'il dise: Vous n'avez pas la
qualité, on va aller en chercher une autre.
M. Vallée: On va toujours entrer avec une machine
d'environ $600 et on peut descendre ou monter. Quand le représentant va
chez le client, le client sait qu'il va essayer quelque chose. Le vendeur entre
chez le client et, au tout début, on va voir si, au moins, le bonhomme
est capable d'en faire.
Il va falloir lui dire poliment qu'il est trop tard. Il faut qu'il y ait
un essai physique. On ne va pas essayer son porte-monnaie.
M. Samson: Se pourrait-il que votre vendeur essaie de le vendre
à sa femme s'il est trop tard pour le bonhomme?
M. Vallée: S'il n'en vend pas, on va lui vendre.
M. Samson: La cause que je considère comme de la pression
et je veux savoir si cela se fait chez vous.
M. Vallée: Oui.
M. Samson: C'est qu'à un moment donné, quand vient
le temps de parler d'affaires, quand on a essayé la machine et que, si
vous avez fait accepter que c'est valable, que c'est bon, etc., le client dit:
Je n'ai pas le moyen de l'acheter. A ce moment, n'y a-t-il pas un autre genre
de présentation pour faire dire au client que ce n'est pas cher tant par
mois pour la santé ou bien il dit à madame ou à monsieur:
Votre femme doit valoir plus que $30 par mois ou quelque chose comme cela. Cela
se fait-il dans votre cas?
M. Vallée: C'est facile, nous, le client va choisir un
appareil à $295 ou à $450 ou à $179. Quand il a choisi, on
va lui demander comment il veut le payer? On nous dit: II faut que vous donniez
tant, 20% du prix de la facture. Là, c'est pour le qualifier. Ensuite,
on a des tableaux et on lui dit de choisir. On lui demande comment il veut
donner par mois. C'est le client qui choisit.
M. Samson: Quand arrive le moment de fermer la vente, je
comprends que c'est le client qui choisit pour autant qu'il se sent absolument
sans gêne et à l'aise, mais quand vient le moment de fermer la
vente, si c'était un peu dur à fermer, cela n'arrive pas parfois
qu'on demande...
M. Vallée: C'est simple, M. Samson.
M. Samson: Qu'on place... quand il s'agit d'un couple. Ecoutez,
je ne voudrais pas que vous interprétiez mes propos comme voulant dire
que chez vous on le fait, mais je veux savoir si cela se fait chez vous et,
pour le savoir, j'essaie la meilleure façon possible de faire une
démonstration de ce qui s'est déjà fait et de ce qui se
fait ailleurs. Alors, n'utilisons-nous pas le couple en présence l'un de
l'autre pour mettre une certaine forme de pression sur la personne qui va payer
pour le conjoint qui en a besoin. N'utilisons-nous pas une forme de pression
à ce moment en spécifiant ou en insistant pour dire: Monsieur,
votre dame a absolument besoin de cela et vous ne considérez pas que la
santé de votre femme vaut plus que $30 par mois. Et faire accepter cela
pour fermer la vente. Cela n'arrive-t-il pas parfois?
M. Vallée: Je n'assiste pas à toutes les
conversations de mes représentants, mais il y a une chose que je vais
résumer. A l'année longue, j'ai entre 4% à 5%
d'annulations. S'il y a des gens de compagnies de finance ici, ils vont vous
dire que 4% à 5%, c'est beau parce qu'on les qualifie avant. On qualifie
notre client. On est une petite compagnie. Je représente des compagnies
américaines, certains produits. Je suis le propriétaire de cette
compagnie depuis 25 ans. J'ai donné le meil-
leur de mon temps. Pensez-vous que je vais briser mon nom, que je vais
endurer mes vendeurs; j'en vendrais plus si je mettais plus de vendeurs sur la
route et que je leur faisais faire du porte-à-porte. Je ne veux pas de
problème. Je suis conscient de ce qu'on fait. Chaque fois qu'on vend un
produit, on rend service aux gens.
M. Samson: Quel est votre chiffre d'affaires par année au
Canada?
M. Vallée: $600 000 l'an passé.
M. Samson: Merci.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Plusieurs questions ont été posées.
J'aimerais toucher la question des vendeurs. Vous avez dit dans votre
mémoire que vos vendeurs sont rémunérés uniquement
à commission. Il y a des entreprises aujourd'hui de vente qui en
viennent avec un système mixte, c'est-à-dire, salaire et
commission, pour éviter la tentation et trop de pression qui peuvent
s'exercer sur des vendeurs et qui, par ricochet, évidemment, se
retournent contre les consommateurs, avez-vous déjà
étudié cette possibilité d'un système de
rémunération mixte et j'aimerais savoir s'il y a des raisons
particulières d'avoir maintenu ce système?
M. Vallée: On l'a toujours fait comme cela et on n'a
jamais eu de représentants avec un salaire et commission, comme vous
dites là. Pour donner une image de mon organisation, j'ai des vendeurs
chez moi qui travaillent depuis 1962.
On a débuté en 1961, mais il arrive un moment où un
représentant de vente est fatigué de son produit et qu'il veut
changer. J'en ai un qui a commencé en 1962. J'en ai un autre qui a
commencé en 1967. J'en ai un qui est chez nous depuis 1973 et un autre
depuis 1974. On ne change pas de vendeurs. J'en ai un autre depuis 1966. On ne
change pas de vendeurs. C'est-à-dire que je n'ai pas un roulement de
vendeurs. Les vendeurs à l'entraînement... Je vais changer de
vendeurs une fois par année, parce qu'un gars est tombé malade ou
qu'il n'est plus capable. Nos appareils sont pesants. Les gars partent en
affaires eux-mêmes. Ils s'achètent un commerce.
M. Roy: Deuxième question: Est-ce que le vendeur est
limité à prendre les cartes de clients possibles qui lui sont
fournies par le bureau ou s'il peut faire de la prospection sur la route?
M. Vallée: Non, il n'en a pas le droit.
M. Roy: II n'a pas le droit de faire de la prospection sur la
route?
M. Vallée: Non. Jamais.
M. Roy: Je prends l'exemple où il va vendre un appareil
à une personne et celle-ci lui dit: Mon beau-frère désire
en avoir un, pourrais-tu passer le voir?
M. Vallée: II va venir au bureau et donner le nom au
gérant des ventes. Le gérant des ventes va appeler le client,
mais c'est le même vendeur qui va y aller.
M. Roy: Si le type est en Abitibi et que cela se passe en
Abitibi?
M. Vallée: II va appeler au bureau.
M. Roy: II faut qu'il appelle au bureau. Il ne peut pas aller
voir un client sans passer par le bureau?
M. Vallée: Non, c'est strict.
M. Roy: C'est une règle stricte. Vous avez dit que des
clients qui vivent du bien-être social paient comptant.
M. Vallée: Cela arrive.
M. Roy: Mais, est-ce que, dans certains cas, cela veut dire que
les appareils seraient recommandés par des agences de bien-être
social? Non? Quand vous avez parlé de payer comptant.
M. Vallée: Je vous dis que cela arrive.
M. Roy: II y a quand même des choses qui sont
acceptées par...
M. Vallée: Le service social, dans la ville de
Montréal, peut acheter une petite bicyclette à $100 pour un
malade, pour un paralysé, quand son médecin lui dit: II faudrait
que tu fasses de la bicyclette. Il n'y aura jamais une vente à $400 ou
$500, ce sera quelque chose de très rudimentaire.
M. Roy: Ce n'est pas dans ce sens que vous l'aviez dit tout
à l'heure?
M. Vallée: Non.
M. Roy: J'avais d'autres questions, M. le Président, mais
elles ont été posées.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Sainte-Marie.
M. Malépart: Vous avez mentionné tantôt que
la façon dont on pourrait interpréter le projet de loi, c'est
comme si on pensait que tous les marchands étaient malhonnêtes. Je
pense qu'on doit quand même admettre, par les expériences du
passé, que ce ne sont pas tous les marchands qui sont
honnêtes.
M. Vallée: D'accord.
M. Malépart: Je pense qu'on peut prendre les gens de
toutes les catégories. Mais il y a quand même un autre aspect que
je remarque. C'est que vous avez mentionnez que vous n'avez que 4% à 5%
d'annulations. Cela prouve que la grande majorité de la population est
très honnête. Je me demande quelle est la crainte, de votre part,
d'avoir un projet de loi pour protéger les gens, parce que c'est quand
même la minorité de la population qui est... Vous disiez
tantôt que, si ce projet de loi était adopté, vous seriez
exploité.
M. Vallée: Au lieu d'en avoir 4% à 5%, on va
peut-être monter à 7%.
M. Malépart: Mais je ne pense pas que, dans les 4% ou 5%,
ce soient des gens qui vous exploitaient, parce que cela peut arriver que
quelqu'un pense que votre produit est valable, que cela lui fera du bien...
M. Vallée: Dans les 4% à 5%, il y a
déjà un pourcentage de gens qui annulent à
l'intérieur des cinq jours. Ce sont des gens qui ont acheté sous
l'impulsion du moment. On accepte cette affaire. Même si cela nous prive
de certains négoces, le gouvernement a raison. On a pris l'affaire. La
différence, ensuite, pour monter de 4% à 5%, ce sont des gens qui
ont tout à coup un malheur durant le terme du contrat, peut-être
au bout de sept ou huit mois. Le gars travaille à la baie James. Il a un
accident. Il est privé. Il est devenu un accidenté du travail. Il
doit couper dans son budget. Il arrive toutes sortes de choses, un divorce,
n'importe quoi. On essaie de percevoir l'argent. Quand on s'aperçoit que
ce n'est pas bon, que cela ne sert à rien de se débattre, on fait
résilier le contrat.
M. Malépart: Présentement, le pourcentage
d'exploiteurs est très minime.
M. Vallée: Oui.
M. Malépart: C'est pour cela que je le dis.
M. Vallée: Ce qui arrive, c'est que le terme
"s'allongeant", c'est moindre, mais le montant, chez nous, cela dérange
complètement la façon dont on qualifie un client. Le client va
acheter et il va nous payer que dix jours après. Il va falloir y
retourner. Surtout pour mes vendeurs à l'extérieur de la ville,
cela dérange tout notre commerce.
M. Malépart: Cela peut quand même arriver, si on
pense au consommateur, là, où vous vivez et vous voulez faire des
ventes. Mais comme vous le mentionniez tantôt, un type a 70 ans et
quelqu'un lui dit: Fais de l'exercice. Son voisin en fait, il a 60 ans, mais,
lui, il est en forme et il est capable de faire ses 10, 15 ou 20 minutes de
bicycle tous les jours. Lui, il y pense et tout le monde lui a dit: Essaie
cela. Il l'a essayé, mais il ne peut pas faire ses dix minutes, c'est
trop forçant.
M. Vallée: On commence par deux minutes, on lui donne un
programme.
M. Malépart: Pour lui, c'est trop difficile.
M. Vallée: Non, mon technicien va le savoir avant. Si,
réellement, c'est trop tard pour le bonhomme, on ne lui vendra pas. Cela
ne donne rien, on sait qu'il va y avoir une annulation. On sait qu'on va avoir
des problèmes. On n'est pas intéressé aux
problèmes, cela coûte trop cher actuellement de fonctionner avec
des problèmes. Il faut être positif. On fait une bonne vente ou on
n'en fait pas.
M. Malépart: Cela fait combien d'années que vous
êtes...
M. Vallée: Vingt-cinq ans.
M. Malépart: Avant l'ancien projet de loi 45, est-ce que
votre pourcentage d'annulations était plus élevé ou moins
élevé?
M. Vallée: Un peu moins, pas grand-chose.
M. Malépart: Cela n'a pas modifié tellement les
choses. Peut-être qu'avec la nouvelle loi, cela ne modifierait pas plus
la situation?
M. Vallée: Oui, cela va la modifier, parce que le terme
s'en vient... Surtout, c'est qu'il n'y a pas d'argent.
M. Malépart: Mais, vous n'avez pas eu la même
crainte lorsque le projet de loi 45...
M. Vallée: Non.
M. Malépart: N'avez-vous pas pensé que tout serait
bouleversé dans votre entreprise?
M. Vallée: Non. Mais, j'ai des craintes, avec l'article
42, de ne recevoir aucun paiement. Ce n'est pas un contrat de vente, si on ne
reçoit pas de paiement. C'est contre la loi de l'offre et de la
demande.
M. Malépart: Vous avez plus de craintes
présentement que vous n'en avez eu lors du projet de loi...
M. Vallée: Certainement. M. Malépart:
Merci.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: A l'instar de mon collègue de Sainte-Marie, je
pourrais peut-être émettre une opinion pratique, qu'il y a autant
de marchands malhonnêtes qu'il y a de consommateurs malhonnêtes,
qu'il y a de politiciens malhonnêtes. En général, on va
retrouver dans toutes les couches ou les sphères de la
société la moyenne de la population malhonnête. Je crois
que, dans le présent projet de loi, on va dans beaucoup de directions
à la fois. Je pense qu'aujourd'hui on tombe devant un
point bien particulier qui n'aurait peut-être pas
été prévu comme tel, parce que c'est une forme de type
d'affaires qui existe et que je trouve très valable, jusqu'à un
certain point, mais qui est très parfaite comme genre d'exploitation, en
ce sens qu'il coupe au minimum les coûts d'exploitation. Cependant, je ne
voudrais pas aller jusqu'à dire à monsieur comment diriger ses
affaires ou lui donner des techniques de vente ou la façon de
rémunérer ses employés. Je sais toutefois une chose,
à propos de cette technique qu'on peut avoir, je vais vous poser des
questions qui ont peut-être été mentionnées tout
à l'heure, mais, lorsque vous mentionnez que vous allez faire un
"mailing", moi, j'appelle cela un "direct mailing"; le faites-vous par rotation
de régions, pour, à un moment donné, couvrir toute la
province?
M. Vallée: Nous n'avons pas fait de "direct mailing"
depuis peut-être cinq ans, on n'en fait plus, parce que cela devient
prohibitif. Comme je vous le disais, mettre notre annonce dans le journal
Montréal-Matin ou bien prendre une photocopie de cette annonce qu'on
imprime à une centaine de mille exemplaires à la fois et le
mettre dans le courrier, c'est la même chose. Parce qu'on invite le
client à communiquer avec nous. Que je me serve d'une page du
Montréal-Matin ou que je fasse une photocopie de cette page et que je
l'envoie au client par le courrier, c'est la même chose.
M. Boutin: Avez-vous classifié, votre publicité,
parce que, je crois, vous avez des quotidiens, j'imagine que vous annoncez
aussi dans les revus de fin de semaine, les mensuels?
M. Vallée: On annonce dana le Dimanche-Matin et des
journaux de fin de semaine.
M. Boutin: Je parle plutôt de Châtelaine, enfin des
magazines ouverts à...
M. Vallée: Non. On a déjà annoncé
dans Actualité.
M. Boutin: Ce qu'on appelle les autres petits journaux.
M. Vallée: Non.
M. Boutin: C'est parce qu'il y a un système assez bien
orchestré en ce qui concerne les annonces qu'on peut appeler
classées ou la vente qui se fait par annonce dans les magazines ou dans
les journaux. On remarque cela dans beaucoup de magazines surtout d'importation
américaine, la subtilité et la technique poussée assez
loin dans la phraséologie de la description des appareils; je trouve
cela exceptionnel. Qu'ils soient capables de composer une telle chose, c'est
formidable. Je parle pour moi, mais, parce qu'on est tenté,
malgré nous, d'avoir des choses dont on n'a pas besoin du tout, je le
prends presque comme de la vente sous pression.
Je sais que c'est une nouvelle technique employée dans le
système actuellement et qui est très forte. C'est pour cela que
je me demandais si vous alliez aussi loin que ce genre de compagnie.
M. Vallée: Ce dont vous parlez, ce sont surtout des ventes
à des comptoirs postaux où toutes sortes de choses se vendent. On
en voit dans les journaux depuis à peu près un an. Ils vendent
des fraisiers et ils vendent des pendules, toutes les choses qui ne
coûtent pas plus cher que $10. Les gens leur envoient cela. Nous, ce
n'est pas cela. On fait notre annonce et on invite les gens à venir nous
voir, à nous écrire ou à demander une brochure.
M. Boutin: Je veux vous dire, M. Vallée, que je suis
pleinement d'accord avec vous que cela prend un paiement initial parce que je
crois qu'il faut commencer par suivre les indications du Code civil sur la
vente à tempérament.
Je sais par expérience, ayant déjà
été dans le commerce, que dans la plupart des ventes où il
n'y a pas de paiement initial ou lorsque les acceptations de ventes sont faites
trop rapidement, le crédit n'est pas bon. C'est sûr que cela
devient prohibitif dans la vérification du crédit, le coût
des opérations.
M. Vallée: Les gens vont acheter n'importe quoi. La sorte
de gens qui achètent immédiatement, s'il n'y a pas de
dépôt, ordinairement, ce n'est pas bon.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Taschereau.
M. Bonnier: J'aurais simplement une question. M. Vallée a
dit que, si on exigeait que les paiements reçus soient placés en
fiducie, cela lui compliquerait l'existence. Pourriez-vous nous expliquer dans
quel sens cela vous compliquerait l'existence?
M. Vallée: Cela augmente nos prix d'exploitation. Vous
demandez un certificat de cautionnement.
M. Bonnier: La question n'est pas là. Je veux seulement
que vous m'expliquiez le mécanisme qui fait que cela augmente vos
coûts d'exploitation.
M. Vallée: Cela nous prend deux comptes de banque. Cela
prend des comptables.
M. Bonnier: Cela n'augmente pas beaucoup.
M. Vallée: Cela augmente. Avec tous les papiers que le
gouvernement nous demande de remplir, à la fin de l'année, cela
paraît.
M. Bonnier: Une minute. Je parle exactement de cette question.
Cela ne prend pas dix jours par mois pour faire la comptabilité.
M. Vallée: II y a cela et les accidents du travail.
M. Bonnier: Je n'embarque pas là-dessus. Je suis sur une
seule question.
M. Vallée: Oui.
M. Bonnier: Jusqu'à quel point cela augmente-t-il vos
coûts réels?
M. Vallée: Je ne sais pas à quel point. Je sais que
cela augmente. Cela prend plus de temps au comptable. Au lieu de demander tant
de mille dollars de certificats, demandez-en un plus haut si vous pensez que
les consommateurs seront mieux protégés.
M. Bonnier: Cela n'a rien à faire avec le cautionnement,
M. Vallée, absolument rien à faire. Le cautionnement est
là simplement pour garantir, au point de départ, la
solvabilité normale. Le montant que je vous donne, par exemple, en vue
d'un bien que je vais récupérer un peu plus tard, qui va
m'appartenir un peu plus tard, ne garantit pas nécessairement que
vraiment, à ce moment, vous serez capable de me le donner.
M. Vallée: Savez-vous ce que nous faisons? On garde
l'argent et, quand le temps est dépassé, on le dépose. On
ne le met nulle part. Il est dans notre coffre-fort.
M. Bonnier: En fiducie, on vous paierait les
intérêts au moins.
M. Vallée: Pardon?
M. Bonnier: Vous feriez de l'argent, et cela ne vous
coûterait rien. Merci.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Les membres de la
commission n'ont pas d'autres questions?
Merci, M. Vallée. J'invite immédiatement l'Association des
compagnies financières canadiennes.
Association des compagnies financières
canadiennes
M. Dynes (Henry): Mon nom est Henry Dynes.
Je suis président de l'exécutif de Le Groupe Traders
Ltée ainsi que président de l'exécutif de l'Association
des compagnies financières canadiennes.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Voulez-vous
présenter ceux qui vous accompagnent, s'il vous plaît.
M. Dynes: Certainement. A ma droite, je vous présente M.
Jean-Pierre Gosselin, des Services financiers Avco; M. Guy Deslauriers, de la
Corporation du crédit commercial; M. Louis Levasseur,
vice-président adjoint de Le Groupe Traders Ltée; M. Julien
Guernon, directeur des relations publiques de Beneficial et M. Gilles Brazeau,
de General Motors Acceptance Corporation.
M. le Président, Mme le ministre, membres de la commission
parlementaire, nous vous remercions de l'occasion que vous nous donnez de vous
présenter notre mémoire et de vous faire part de nos vues sur ce
projet de loi extrêmement important.
L'Association des compagnies financières canadiennes est une
association nationale des sociétés de prêts au
consommateur, de financement de vente, de crédit commercial et
industriel qui offre des services par tout le Canada.
Les membres de cette association servent environ 1,5 million de clients
par an, ce qui représente un crédit d'environ $7 milliards,
partagé entre les consommateurs, les entreprises commerciales et les
mutuelles.
Depuis quatre ans, nous nous occupons du service quotidien de nos
clients en suivant les dispositions de la loi actuelle sur la protection du
consommateur. Nous espérons qu'en vous faisant part de
l'expérience que nous avons ainsi acquise, nous vous aiderons
considérablement dans vos efforts d'analyse de ce projet de loi.
Article 1c, définition du terme consommateur. Dans nos
présentations antérieures, nous avons exprimé notre
inquiétude sur l'ambiguïté de cette définition.
Depuis l'application de la loi actuelle, nous constatons que notre
inquiétude était justifiée et les nombreux rapports
produits par les secteurs commerciaux et industriels de notre commerce
indiquent que les commerçants et les fournisseurs de machinerie et
d'équipement ont eu beaucoup de difficulté à
déterminer si un certain acheteur doit être classé comme
consommateur ou commerçant, en vertu de la loi. Nous proposons donc que
"consommateur" soit défini essentiellement comme à l'article 188
de la Loi sur les lettres de change. Soit: toute personne physique agissant
pour son propre compte, qui est un débiteur ou un acheteur en vertu d'un
contrat dont l'objet est soit du crédit, soit des marchandises, soit des
services ne pouvant être utilisés qu'à des fins
personnelles, familiales ou ménagères et non pas à des
fins productrices de revenus.
Article 1i, permis et régie. L'article 236 semble indiquer que
les membres de l'Association qui sont prêteurs d'argent et qui
détiennent un permis du gouvernement fédéral, sont
obligés d'obtenir de plus un permis du gouvernement du Québec.
Nous proposons que les prêteurs d'argent qui détiennent
déjà un permis fédéral soient
considérés comme détenteurs du permis mentionné
dans l'article. Ces dispositions exigeraient en outre que les membres qui ne
consentent que des prêts commerciaux obtiennent également un
permis, à moins que la définition de "consommateur" soit
modifiée.
Article 2, exemption. Nous avons remarqué avec plaisir les
dispositions de cet article et nous proposons respectueusement que les
règlements actuellement en vigueur soient modifiés pour inclure
toutes les institutions financières. Le consommateur pourrait ainsi
comparer les taux de crédit et choisir en toute liberté.
Nous suggérons que toutes les institutions financières
soient tenues de se conformer aux mê-
mes normes pour qu'aucune d'elles ne profite d'une situation favorable
injustifiée.
Article 5, obligations contractuelles. Les dispositions de cet article
semblent élargir celles qui existent déjà à
l'article 1040c du Code civil qui traite spécifiquement des obligations
"monétaires" relatives à un prêt d'argent.
Si les obligations du consommateur, dans un contrat, sans égard
au genre de transaction, deviennent sujettes à révision,
réduction ou résiliation, le principe même de
l'inviolabilité du contrat sera mis en doute. De plus, vu toutes les
garanties accordées au consommateur par la loi, telle que l'obligation
du commerçant de signer le contrat en premier et de le donner au
consommateur en lui accordant assez de temps pour l'examiner et le comprendre
à fond, l'article semble excessivement sévère et capable
de créer certains doutes et contraintes de crédit dans le domaine
du commerce ainsi que la possibilité de procédures judiciaires
inutiles. L'article 1040c accorde déjà au tribunal le droit
d'évaluer toutes les obligations d'un prêt ayant trait au montant
prêté, nonobstant les règlements de compte, novations ou
transactions. Donc, les dispositions de l'article, à notre avis, sont
injustifiées.
Article 6, pouvoirs judiciaires. Nous croyons que les dispositions de
cet article sont ambiguës et qu'elles pourraient entraîner une
multiplicité de procédures judiciaires par ceux qui tentent de se
soustraire à leurs obligations.
Article 9, frais de conservation des biens. Certaines implications de
cet article nous inquiètent tout particulièrement. Sous sa forme
actuelle, cet article exclut la récupération des frais
légitimes autres que les frais judiciaires engagés par le
prêteur, pour préserver ou récupérer la garantie. Il
devrait être possible de récupérer de façon
appropriée les dépenses nécessaires raisonnables telles
que l'assurance, les taxes et les frais de sécurité pour les
biens immobiliers, de même que l'assurance et les frais d'entretien, de
transport et d'entreposage dans le cas de biens mobiliers.
Si ces services ne sont pas fournis, une dépréciation
excessive de la garantie pourrait en résulter et entraîner une
demande pour insuffisance de la garantie.
Articles 84 et 87, frais de crédit. Etant donné qu'en
vertu de la loi actuelle, seules les primes d'assurance-vie et d'assurance en
cas d'invalidité sont comprises dans les frais de crédit, le
projet de loi no 7 propose d'inclure toutes les primes d'assurance. En
conséquence, l'assurance comprendrait tous genres de dommages physiques
causés aux biens meubles et serait maintenant incluse au calcul du taux
annuel de crédit obligeant ainsi les compagnies à indiquer un
taux d'intérêt irréel dans plusieurs cas.
Une analyse de la concurrence qui existe entre les institutions membres
d'une part et les banques commerciales, ainsi que les caisses,
sociétés de fiducie, etc., d'autre part, démontrerait une
concurrence injuste et discriminatoire envers nous. Les banques et les autres
institutions, n'étant pas obligés de se conformer aux
dispositions du projet de loi no 7, continueront d'indiquer des taux
approximativement un tiers plus bas que ceux des membres de l'association,
malgré le fait que ces banques et autres institutions financières
peuvent aussi offrir le même genre d'assurance spécifiée
dans la loi.
De plus, les dispositions de l'article 88 sembleraient créer une
situation injuste pour le consommateur, puisque l'institution de prêts
aurait le droit d'exiger le taux de crédit du contrat sur défaut
ou arrérages. Il n'est pas réaliste de présumer qu'une
réduction puisse être accordée sur tous les frais de
crédit: investigations, vérifications de crédit, actes,
etc., puisque certains de ces frais ont déjà été
épuisés.
Dans le cas d'une assurance contre l'incendie, par exemple, l'annulation
de la police n'engendre pas de réduction proportionnelle à sa
durée, vu que l'assureur impose d'habitude des frais d'annulation.
La divulgation des frais de crédit, telle qu'elle est
proposée à l'article 84 ne serait pas avantageuse pour le
consommateur, puisqu'elle ne permettrait pas de comparaison juste avec un autre
contrat de crédit dont les frais n'incluraient pas les mêmes
composantes.
En conséquence, nous suggérons que toute prime d'assurance
soit indiquée séparément ou, tout au moins, celles autres
que les assurances-vie, maladie et accidents.
Article 97: paiement avant échéance. L'article semble
interdire l'imposition de frais pour paiement avant échéance et
empêcherait par le fait même les prêts hypothécaires
à périodes bloquées ou limitées. Une observation
attentive et réaliste des fluctuations constantes des marchés
financiers justifie nettement le droit d'un prêteur qui habituellement
emprunte lui-même au marché libre de bloquer le prêt pendant
une période déterminée et de ne pas être
obligé d'accepter un remboursement avant échéance alors
qu'au moment de l'encaissement, la possibilité de placements
intéressants serait beaucoup plus faible.
Articles 108, 109, 135 et 136: reprise des biens vendus. Ces articles
seront traités ensemble, vu que les commentaires qui y ont trait sont
essentiellement les mêmes. Nous sommes d'avis que l'obligation d'envoyer
un avis de trente jours à un consommateur en défaut est, dans
certains cas, irréaliste et préjudiciable et que des exceptions
devraient être faites, comme celles prévues actuellement aux
articles 733 et 734 du Code de procédure civile. Ces articles
reconnaissent avec réalisme le droit du demandeur de faire saisir avant
jugement, avec l'autorisation d'un juge, dans certains cas, et sans
autorisation dans d'autres, les biens entre les mains du défendeur,
lorsqu'il y a lieu de craindre que' sans cette voie de recours, le recouvrement
de sa créance serait en danger.
Quelle est la position d'un commerçant qui découvre qu'un
consommateur en possession de biens cédés, en vertu d'un contrat
de vente à tempérament, est sur le point de vendre ces biens
à une tierce personne?
Quelle est la position d'un commerçant qui a réussi
à retrouver un débiteur qu'il recherchait depuis des mois ou
même des années? Est-ce réa-
liste d'exiger qu'un commerçant donne un avis de trente jours
à un débiteur fautif qui a caché ses biens ou qui essaie
de les vendre? N'est-ce pas là un cas d'urgence?
Nous proposons donc que, dans tous les cas d'urgence et avec
l'autorisation du tribunal, les commerçants puissent saisir les biens
sur lesquels ils ont des droits afin d'assurer l'exercice de leurs droits sans
devoir donner au consommateur l'avis de trente jours et que la signification de
l'assignation serve d'avis. De plus, le consommateur, dans une telle
circonstance, ne devrait pas avoir le droit de remédier au défaut
en versant les paiements échus ni de reprendre la possession du bien
saisi. Cette possession ne devrait lui être accordée que sur
paiement du solde de son obligation, à moins que le commerçant ne
reçoive une garantie supplémentaire valable. Nous
suggérons qu'un consommateur qui a été l'objet d'une
saisie dans de telles circonstances soit empêché de rentrer en
possession des biens meubles en remédiant au défaut, puisque sa
mauvaise foi a rendu la procédure nécessaire. Finalement,
l'article 12 exige que le commerçant indique au contrat le lieu de son
établissement ou place d'affaires et avise par la suite le consommateur
de tout changement d'adresse; le consommateur devrait aussi être
obligé d'aviser le commerçant de tout changement d'adresse et,
à défaut, l'adresse qui figure sur le contrat devrait suffire aux
fins de l'avis de trente jours.
Articles 110, 138, 140 et 141: droit de propriété.
Nous proposons que les observations faites au sujet des cas d'urgence
soient aussi applicables à ces articles. Il nous semble que le pouvoir
discrétionnaire accordé au tribunal attaque le principe
fondamental du droit de propriété. Par exemple, un consommateur
pourrait faire défaut à ses obligations, tout simplement parce
qu'il est incapable de les remplir par suite de son insolvabilité.
Est-ce que le législateur envisage le cas où un consommateur, qui
s'engage à certaines obligations, mais qui est incapable de les remplir,
reçoive malgré tout le droit de conserver les biens du
commerçant et de les utiliser? Une réponse affirmative à
cette question signifierait que le commerçant serait placé dans
une situation désavantageuse et il pourrait subir un préjudice
grave, sans faute de sa part.
Articles 116 et 130, mentions obligatoires. Nous nous
référons à ces articles ensemble puisque les observations
qui suivent s'appliquent aux deux. L'association suggère que, si les
mentions requises étaient présentées en ordre logique,
elles devraient être acceptables, même si l'ordre diffère de
celui prévu aux annexes.
Les annexes dans le projet de loi sont obligatoires et nous croyons
qu'elles devraient être modifiées pour permettre des paiements
irréguliers dans les cas où le consommateur déclare que
les biens sont nécessaires à son commerce ou que son revenu est
saisonnier. L'obligation de mettre de côté tous les stocks de
formulaires, d'en composer et d'en imprimer de nouveaux, entraîne- rait
des retards considérables et il se pourrait fort bien que, dans
plusieurs cas, les membres qui utilisent les ordinateurs soient incapables de
les programmer selon les exigences de la loi.
Article 161, publicité. Le but avoué de la loi
proposée est d'empêcher des institutions de "vendre" le
crédit à l'excès. En partant de ce principe, toute
publicité encouragerait l'achat à l'extrême. L'auteur d'une
publicité qui ne mentionne pas le crédit dans son annonce ne
semble-t-il pas se désintéresser du mode de remboursement
qu'utilisera l'acheteur? Cette interprétation rend l'article inefficace
s'il n'est pas appliqué à toutes les institutions
prêteuses, sans aucune exception.
En conséquence, nous suggérons que tous les publicitaires
soient assujettis à la même loi. De cette façon les
avantages et les obligations du crédit seraient présentés
à tous de façon adéquate.
Article 172, compensation. Cet article est surprenant dans une loi de la
protection du consommateur, étant donné qu'il semble viser
à régir les rapports entre le commerçant et son
créancier, rapports dans lesquels le consommateur n'entre pas. Il nous
semble que c'est là la conséquence, le manque d'information sur
la façon que ce rapport est établi et sur ses implications
pratiques pour les parties en cause. Une étude sur ce sujet fut faite
pour le gouvernement du Manitoba en 1974 par la Fédération des
sociétés de financement, organisme maintenant fondu dans notre
association. Suite à cette étude, l'article proposé dans
un projet de loi amendant la loi de la protection du consommateur de cette
province fut rayé.
Suivant la pratique actuelle, premièrement, le commerçant
peut réaliser son intérêt dans un contrat de vente à
tempérament. Deuxièmement, la concurrence détermine la
valeur financière lorsque le contrat est cédé.
Troisièmement, sa valeur pour le commerçant constitue la
rémunération de ce dernier pour le travail accompli.
Quatrièmement, dans le cas de contrat avec recours, la valeur du contrat
constitue la rémunération du commerçant tant pour le
travail qu'il a accompli que pour le risque continu qu'il a assumé.
Cinquièmement, cet article traite différemment, sans
justification, un cédant alors que le commerçant qui conserve son
contrat n'est pas affecté. Sixièmement, les sommes payées
au commerçant sont économiquement valables tant pour le
cession-naire que pour le cédant, parce qu'elles sont établies
par la concurrence.
La pratique actuelle assure le meilleur intérêt des
consommateurs, ce qui ne serait pas le cas en vertu de l'article 172. Nous
demandons donc la suppression de l'article 172.
Livre V, titre II, chapitre II. L'association signale que les
dispositions de l'article 113 de la présente Loi de la protection du
consommateur, qui stipule qu'une erreur ou une omission faite de bonne foi ne
constitue pas une infraction au sens de la loi, ont été
supprimées du chapitre II et elle vous prie instamment de
rétablir ces dispositions. Quoique l'on présume toujours de la
bonne foi, il semble que la suppression de ce principe dans la
loi proposée ait eu un but précis. Cette suppression
inquiète beaucoup les membres qui jouissent tous d'une excellente
réputation comme membres responsables dans la société du
Québec.
Il est irréaliste et grave de présumer que, dans une
entreprise commerciale d'envergure où le roulement du personnel est un
facteur constant, tout sera toujours préparé et accompli sans la
moindre erreur. Les membres de notre association ont tous des programmes de
formation du personnel visant, entre autres, à enseigner les
dispositions des lois en vigueur, les saines pratiques d'affaires et les
principes de bonne administration. Des manuels de procédures sont
à la disposition de tous les employés et sont
régulièrement mis à jour. Des séances d'information
sont tenues régulièrement et les employés doivent y
assister.
Si on supprime les dispositions de l'article 113 par la loi
proposée, on ne tient pas compte du facteur humain. Ce n'est pas logique
qu'une société qui emploie des centaines de personnes et qui
remplit des milliers de contrats par semaine peut le faire sans erreur. Si une
erreur est commise à cause d'un manque d'expérience, d'un oubli
ou de quelque chose de semblable, les sanctions civiles imposées
à l'institution de prêts sont déjà assez
sévères sans lui en imposer d'autres.
L'institution de prêts, qui a correctement préparé
sa documentation et qui a fait son possible pour que ses employés en
fassent bon usage, ne devrait pas être considérée comme
ayant commis une infraction au sens de cette loi. On devrait toujours
présumer de la bonne foi s'il n'y a pas intention de commettre une
infraction; en ce sens, l'infraction ne peut pas et ne devrait pas exister. Par
conséquent, les membres demandent instamment que les dispositions
relatives à la bonne foi, dont fait mention l'article 113 de la
présente Loi de la protection du consommateur, soient incluses au projet
de loi no 7.
Nous proposons donc que l'article 199 soit modifié pour se lire
comme suit: "Est coupable d'une infraction toute personne qui,
intentionnellement..."
Nous aurions bien d'autres questions sur la forme du projet de loi
plutôt que sur le fond. Par exemple, le capital net, à l'article
84, qu'est-ce qu'on entend par cela? Il me semble que la meilleure façon
de résoudre ces questions serait d'en discuter au cours d'une
réunion entre les hauts fonctionnaires du ministère et
nous-mêmes. Nous serions très heureux de pouvoir le faire.
En terminant, nous vous remercions de nous avoir permis d'exprimer nos
commentaires sur le projet de loi no 7 et nous espérons que vous
tiendrez compte de nos recommandations. Si vous jugez que certains points ne
sont pas suffisamment explicites, nous serons heureux d'y apporter des
éclaircissements.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci. L'honorable
ministre.
Mme Bacon: Avant d'aborder les divers points que soulève
votre mémoire, j'aimerais faire quel- ques observations
générales pour situer dans leur contexte les articles 161 et 172
sur les ristournes et les bonis des fournisseurs de crédit aux marchands
et la publicité relative aux offres de crédit. Je me propose,
d'ailleurs, de vous poser plusieurs questions sur les différents sujets
dont traite votre mémoire aussi.
Qu'il soit d'abord permis de mentionner qu'il est bien entendu qu'au
ministère nous n'avons aucunement l'intention de condamner le
crédit. Ce serait, à mon sens, une position simpliste qui
ignorerait un des mécanismes absolument nécessaires à la
vie économique.
D'ailleurs ce mécanisme qui fait appel à la confiance
peut, dans un fonctionnement ordonné, contribuer dans une très
grande mesure au bien-être matériel des citoyens. C'est lorsque ce
mécanisme est faussé qu'il commence à donner lieu à
des abus. Je le reconnais volontiers, ce mécanisme est principalement
faussé par la vulnérabilité même d'une grande partie
des consommateurs. Je parle ici évidemment des économiquement
défavorisés dont malheureusement le nombre est beaucoup trop
élevé.
Souvent ce groupe de débiteurs virtuels n'a ni la formation, ni
même les connaissances élémentaires qui lui permettraient
d'accueillir de façon réfléchie la sollicitation et la
publicité des sociétés de crédit. Je suis d'accord
que la promotion économique et l'éducation sont les
remèdes les plus positifs aux abus de crédit. Il s'agit cependant
de solutions à long terme, et on ne peut espérer que des
progrès graduels. A mon avis, la seconde cause des abus est justement
les modes de publicité, de sollicitation de crédit des
sociétés de crédit, surtout lorsqu'ils s'adressent aux
citoyens démunis.
Je pense qu'ici je dois le dire, évidemment il y a quelques-uns
de vos membres qui ont mauvaise presse. Les associations de consommateurs qui
oeuvrent dans des quartiers moins bien nantis relèvent beaucoup de
dossiers où, par un processus de financement de ventes à
tempérament, de prêts personnels, de consolidations de dette, le
consommateur devient un véritable esclave du crédit. Ces
différentes raisons nous amènent souvent à
légiférer aussi et, progressivement, une part importante du
revenu de l'économiquement faible est divertie de la satisfaction des
besoins de sa famille.
Il est employé à amortir souvent des frais de
crédit qui sont toujours croissants et, dans des cas extrêmes,
seule la faillite ou bien souvent aussi le décès marqueront le
terme de ce qu'est devenu un véritable asservissement au crédit.
Je suis bien d'accord que ces cas sont souvent dramatiques et qu'ils sont en
grande partie dus à la vulnérabilité manifeste de
consommateurs. Il reste que nous devons tenir compte de ce
phénomène en légiférant. Il reste aussi que, quand
il s'agit de leur sollicitation et de leur publicité, certaines
sociétés de crédit, parce qu'elles font partie du circuit
de l'endettement, ont nécessairement un rôle social
indiscutable.
Pour votre part, je souhaite que vos modes de sollicitation soient de
mieux en mieux adaptés aux
besoins réels et réfléchis de compagnies et surtout
de ceux dont la situation sociale et économique en fait des victimes
toutes désignées. Pour notre part, en tant que gouvernement, nous
nous devions d'introduire certaines règles qui constitueront, en plus de
la divulgation, des moyens de protection nouveaux. C'est dans cet esprit que
nous avons touché à la publicité destinée aux
enfants par exemple, à la publicité sur le crédit et les
ristournes qui risquent d'augmenter artificiellement un dépôt de
crédit.
Nous nous proposons, à l'avenir, d'étudier de plus
près les facteurs qui favorisent l'endettement désordonné
des consommateurs. Nous voulons aborder ces questions, non dans un esprit
d'hostilité, mais dans un esprit de collaboration. Dans ces quelques
remarques vous constaterez que je ne vois nullement la nécessité
de remettre en cause tout le système économique et social. Au
contraire, je crois qu'avec le concours de bonnes volontés, qui j'en
suis sûre se retrouvent aussi parmi vous, nous pourrons apporter des
solutions aux problèmes les plus aigus ou les plus apparents
qu'entraîne le crédit désordonné. Ces quelques
remarques, je crois, M. le Président, qu'elles étaient
nécessaires ce matin, avant que nous abordions maintenant certaines
questions qui peuvent apporter peut-être un éclairage
supplémentaire à ce que nous avons déjà.
J'aimerais savoir d'abord quel est en moyenne le pourcentage
d'intérêt qui est retourné au commerce sous forme de
ristournes. On nous en a mentionné déjà quelques-uns au
cours de l'audition de mémoires précédents, par exemple
dans le domaine de la vente de l'automobile neuve et usagée, dans le
secteur du meuble aussi. On a déjà rencontré des gens.
Est-ce qu'il est vrai que le pourcentage peut-être aussi
élevé que 40% et 45%?
M. Dynes: La réponse est non, mais qu'est-ce que
j'aurais... M. Deslauriers est président d'un sous-comité de
notre association pour la province de Québec sur le projet de loi 7. Ce
sont tous des membres du comité. Je vais demander à M. Gilles
Brazeau, qui représente General Motors Acceptance Corporation, de vous
parler de la réserve d'automobile pour commencer.
Mme Bacon: D'accord, merci.
M. Brazeau (Gilles): En ce qui concerne l'automobile, le marchand
a une marge selon laquelle il peut vendre le financement. Il n'est pas
obligé de vendre un financement égal à tous les clients,
pas plus qu'il n'est obligé de vendre une automobile avec le même
profit à tous ses clients. Présentement, dans notre corporation,
les chiffres indiquent qu'au-delà de 95% et moins des contrats de
véhicules neufs sont de 8% "flat", comme on l'appelle réellement,
dont au-delà de 50% sont de 7% et moins.
Mme Bacon: Le pourcentage d'intérêt qui est
retourné au marchand comme ristourne.
M. Brazeau: Exactement.
M. Bédard (Chicoutimi): 8% "flat" veut dire 16%?
M. Brazeau: Pas tout à fait, non, cela veut dire environ
15%.
Mme Bacon:... qui est retourné au marchand.
M. Brazeau: Non, c'est ce qui est réclamé du
client.
Mme Bacon: Votre pourcentage d'intérêt qui est
retourné au marchand comme ristourne...
M. Brazeau: Selon le taux dont il se sert.
Mme Bacon: On nous a mentionné, la semaine
dernière, le volume des ventes qui entre en ligne de compte.
M. Brazeau: II pourrait y avoir un boni de volume, oui. Il peut y
avoir un boni de volume bien sûr...
Mme Bacon: Vous n'avez pas de pourcentage d'intérêt
comme ristourne d'établi.
M. Brazeau: Oui, sur un financement au client à 7%, nous
escomptons le contrat à 6,25%. Il reste au marchand 0,75% de
rémunération.
Mme Bacon: Dans le secteur du meuble, y en a-t-il qui peuvent
répondre?
M. Gosselin (Jean-Pierre): Dans le secteur du meuble, je peux
vous dire que notre balance nationale ou même du Québec
financée en moyenne est de $476 pour ma compagnie. On a commencé
une étude pour toutes les autres compagnies et malheureusement, on n'a
pas fini. Je pense que notre compagnie représente un secteur assez
important dans ce montant.
Même si on allait à l'extrême de 40% dont faisait
mention auparavant la moyenne, le terme moyen de financement est de 26 mois.
C'est-à-dire qu'il y avait des contrats à 36 mois, comme il y en
avait à douze mois. Si on donnait comme taux, au client même de
12% dans une catégorie de meuble et si on prenait 24% pour deux ans, si
on prenait même 40% de cela, on arriverait à 9,6%. Si on prend la
moyenne nationale de $500 en chiffres ronds, ce qui voudrait dire que le
marchand aurait une moyenne de $45 comme ristourne. Dans un cas, ce pourrait
être $5; dans un autre cas ce pourrait être pratiquement rien,
tandis que dans d'autres cas ce pourrait être $100. La moyenne, comme je
dis, est strictement... Ce qui arrive dans le moment, c'est que de plus en
plus, on est en concurrence avec ce que vous voyez ici en gros P ou d'autres
semblables. En somme, le taux qu'on demande au client doit être
divulgué. La même chose, j'imagine, pour les autres institutions.
En somme, la concurrence nous force à être juste si on veut avoir
des affaires.
M. Deslauriers (Guy): Mme le ministre, si vous me le permettez,
j'aimerais faire quelques commentaires sur vos commentaires. Vous semblez
attacher une importance spéciale à la publicité. Vous avez
parlé de l'endettement à l'extrême de certaines
catégories de la société. Je peux vous dire que
l'association que nous représentons est entièrement d'accord avec
vous. Vous avez eu l'occasion de parler de prêt de décapotable
rouge; vous avez fait mention de certaines annonces qui, réellement,
n'étaient peut-être pas, au point de vue de l'éthique, ce
qu'elles devraient être. Je ne voudrais pas que vous ayez l'impression
que notre mémoire veut détruire la Loi sur la protection du
consommateur au sujet de la publicité. Une publicité bien
conçue, bien faite est certainement quelque chose qui doit exister si on
veut que le consommateur soit informé.
Ce dont on a peur, toutefois, c'est que 80% ou 85% du crédit
soient accordés par des institutions qui ne sont pas régies par
ces lois. Le fameux prêt décapotable rouge n'a pas
été fait par un membre de notre association.
Mme Bacon: C'était la semaine dernière, je
pense.
M. Deslauriers: Toutefois, je voudrais bien être clair
là-dessus. On ne vient pas ici pour essayer de détruire la Loi
sur la protection du consommateur. Les économiquement faibles dans la
société du Québec, ce ne sont certainement pas les clients
qu'on vise. On a eu une expérience assez forte dans tout le Canada,
même dans certains Etats des Etats-Unis où une loi de la
protection du consommateur a eu des effets extrêmement
bénéfiques. On a eu d'autres cas, pour faire une analogie qui est
un peu drôle, où on a jeté le bébé avec l'eau
du lavage, où on s'est servi d'un canon pour tuer une mouche. On a
atteint les buts de la protection du consommateur, mais on a réussi
aussi à détruire le commerce et, de ce fait même, à
attaquer le consommateur d'une façon plus sévère.
Ce sont simplement les remarques que je voulais faire. C'est le ton de
notre mémoire, même s'il apparaît qu'on peut être un
peu critique.
Mme Bacon: Non. Je m'aperçois que c'est vraiment sur ce
ton, comme je le disais tantôt, dans un esprit de collaboration, qu'on se
rencontre de toute façon.
Si on revient au secteur de l'automobile, la quasi-totalité des
contrats qui vous sont cédés le sont sans recours. Pouvez-vous me
donner des chiffres et nous expliquer pourquoi la pratique n'est pas la
même dans le secteur de l'automobile? La semaine dernière, on
parlait des meubles. Pourquoi la pratique n'est-elle pas la même dans le
secteur de l'automobile, par exemple?
M. Dynes: Vous dites sans recours?
Mme Bacon: Sans recours. Est-ce que dans le secteur de
l'automobile, c'est sans recours aussi?
M. Dynes: II y a 97% des contrats d'automobile qui sont avec
recours et 3% qui sont sans recours.
Mme Bacon: II n'y en aurait que 3% pour votre industrie.
M. Dynes: Absolument.
M. Deslauriers: J'aimerais mentionner aussi que vous avez une
association demain, l'Association des marchands d'automobiles, qui va couvrir
la section 172 presque exclusivement.
Mme Bacon: Pouvez-vous nous dire aussi le pourcentage des
reprises ce qu'on appelle "repossess" de possession et la
perte nette après revente des objets repris. Avez-vous des
statistiques?
M. Dynes: L'industrie complète, réellement non,
mais je peux vous dire tout simplement que, comme compagnie, j'ai
demandé à Louis Levas-seur quel était il est dans
les opérations pour nous notre record chez nous et il dit que
c'est en bas de 1% dans la province de Québec. Il réside à
Québec, ici même.
Mme Bacon: Ah bon! Est-ce la même chose pour les camions
usagés?
M. Levasseur (Louis): Non, pas nécessairement. Je n'irais
pas, non plus, dans le domaine des camions, que ce soient des camions neufs ou
des camions usagés. Maintenant, des reprises de possession, il n'y en a
presque plus. Premièrement, ce n'est certainement pas
économiquement valable et nous ne sommes pas intéressés
à reprendre un véhicule automobile, que cela soit un camion ou
une automobile. Ce n'est jamais une aventure profitable pour le marchand et pas
plus pour nous.
Alors, nous sommes extrêmement sélectifs en ce qui a trait
au crédit pour les véhicules automobiles. Pour cette raison, les
reprises de possession, on pourrait presque les compter sur les doigts de la
main, dans un an.
Mme Bacon: Est-ce votre politique d'inviter le client à
faire les versements chez vous ou sont-ce les commerçants qui insistent
pour administrer eux-mêmes ces versements?
M. Levasseur: Non. Je pourrais répondre: Pour ma
compagnie, il n'y en a pratiquement pas. Les marchands d'automobiles ne
perçoivent pas, habituellement, les versements mensuels.
Mme Bacon: Les marchands de meubles, par exemple?
M. Levasseur: Là-dedans, moi...
M. Gosselin: Les marchands de meubles, il y en a qui...
Mme Bacon: Insistent-ils pour autant?
M. Gosselin: Non. Ils n'insistent pas. Souvent, le marchand de
meubles devient ni plus ni moins qu'une succursale ou une sous-succursale de la
compagnie et, dans certains cas, les clients insistent eux-mêmes. Ceux
qui paient comptant, par exemple, veulent payer ce marchand et lui, il le fait
sans aucuns frais. Il faut encore qu'on vérifie si les paiements sont
faits à temps et il faut que toute la comptabilité soit bien
tenue. Avant même d'émettre des reçus au nom de la
compagnie, on est responsable à partir de ce moment de l'argent et on
doit le créditer à la date où le marchand l'a
reçu.
Dans vos remarques générales, tout à l'heure, vous
avez dit que notre association ou certains membres, peut-être, ont un
mauvais renom. Vous avez parlé aussi de consolidation de dette. Je crois
que la forte hausse de crédit à la consommation vous avez
possiblement lu la presse des derniers jours et encore les statistiques du mois
de mai du crédit à la consommation, qui indiquent où l'on
va. Si vous voulez, je pourrais vous donner quelques statistiques. Ce ne serait
pas long.
Mme Bacon: Je les ai lues.
M. Gosselin: Ce sont de vraies statistiques sur l'endettement.
Pour l'information des autres personnes, en 1938, les banques à charte
sont parties de $75 millions en prêts personnels et sont rendues à
$13,175 milliards. Nous, nous sommes restés stables en petits
prêts, nous sommes même descendus de $648 millions à $252
millions et, dans les prêts de plus grosse valeur, nous sommes
restés en 1974/75 à $1,5 milliard.
Mme Bacon: On a mentionné, la semaine dernière que,
quand le volume des ventes était énorme, il est possible que la
compagnie de finance envoie quelqu'un sur place, travailler à temps
plein ou à temps partiel, chez un commerçant, tout en payant
quand même une ristourne ou pour remplacer un paiement. Cela se fait-il?
Est-ce qu'une compagnie de finance délègue un employé?
M. Guernon (Julien): Notre compagnie l'a fait dans un cas.
Mme Bacon: Ce n'est pas habituel.
M. Guernon: Ce n'est rien d'habituel. C'est une exception qui a
été faite, parce que c'était un marchand qui avait un
volume extrême. Je ne peux vous dire s'il avait une participation
payée à ce marchand en particulier; s'il y en avait une, elle
était moindre pour compenser pour le personnel. Quand on parle de
personnel, c'est parfois une personne, à un temps de pointe,
peut-être lors d'une vente ou ainsi de suite.
Mme Bacon: S'il vous était défendu de payer des
ristournes, continueriez-vous quand même à financer les
commerçants?
M. Guernon: C'est le marchand qui prendrait la décision.
Ce n'est pas nous, c'est lui, où irait-il?
Mme Bacon: Mais, quant à vous, comme institution, vous ne
refuseriez pas de financer des contrats.
M. Guernon: Nous ne refuserions pas de financer, mais il n'y
aurait peut-être plus personne qui viendrait nous voir. Alors, on
perdrait le commerce au complet.
M. Levasseur: Mme le ministre, on semble penser je parle
dans le domaine de l'automobile, parce que c'est le domaine où
j'évolue que s'il n'y avait pas ce que vous appelez les
ristournes, les taux d'intérêt pourraient baisser. On disait tout
à l'heure que, dans le domaine de l'automobile, les contrats de vente
à tempérament sont cautionnés ou garantis par le marchand.
C'est lui qui reçoit une compensation que nous considérons pour
une réserve possible de perte. Cela peut toujours arriver. Si le
marchand ne recevait pas la compensation et que la compagnie continue à
financer des voitures, il faudrait que nous, nous créions une
réserve pour les pertes possibles. La chose changerait simplement de
place.
Mme Bacon: Si, au lieu d'une défense totale de versement
de ristourne, il y avait une limite d'imposée, est-ce que cela serait
acceptable pour vous?
M. Levasseur: Tout à l'heure, vous demandiez quelle sorte
de pourcentage. On peut dire...
Mme Bacon: C'est que nous sommes incapables de le savoir. Il y en
a qui mentionnent des pourcentages, nos statistiques nous en donnent d'autres,
c'est pour cela que j'essaie d'avoir des chiffres.
M. Levasseur: Dans le domaine de l'automobile, on dit que le
marchand cautionne le crédit selon naturellement, l'importance du
concessionnaire d'automobile. Il peut cautionner $800 000, $1 million, $2
millions. On croit qu'il est tout à fait justifié pour un
marchand d'avoir une certaine réserve pour les pertes possibles. A
l'heure actuelle, la moyenne se situe entre 2% et 3% de la totalité de
sa responsabilité. Ceci veut dire qu'un marchand qui cautionnerait
peut-être $1 million aurait peut-être $20 000 ou $25 000 de fonds
de réserve pour les pertes possibles. Je pense que ce n'est pas un
pourcentage exagéré, parce que je crois que même pour fins
d'impôt on considère qu'une réserve de 5% ou 10% pour les
comptes douteux est acceptable. C'est une pratique acceptée à
l'heure actuelle.
On considère que vous l'appelez une ristourne, on l'appelle une
réserve ou une compensation de perte possible. Vous nous posiez la
question tout à l'heure: Est-ce qu'il y a beaucoup de reprises de
possession? Il n'y en a pas tellement, heureusement, aujourd'hui, mais il y en
a. Cela peut exister.
Lorsque vous parlez d'un camion, si jamais un camion d'une valeur...
Aujourd'hui, on n'achète pas un camion à moins de
débourser $40 000, $45 000 ou $50 000. S'il y avait une reprise de
possession, pour faire une perte de $10 000 pour un marchand d'automobiles,
c'est relativement facile. Très récemment, j'ai eu un cas
où le marchand a perdu, avec deux camions, $25 000 à la revente.
Sa réserve, sa compensation ou sa ristourne en ont pris pour leur rhume,
je vous le garantis.
M. Dynes: Est-ce que je peux juste ajouter un commentaire. C'est
qu'à l'analyse des profits des ventes d'automobiles, il est dit à
un endroit "ristourne", si vous voulez, par "unité neuve vendue". J'ai
entendu dire qu'il y a du monde qui s'imagine que c'est le profit total de son
organisation, ça donne à peu près le même montant,
excepté qu'il n'a pas ajouté ses frais d'administration, les
frais de réparations, les frais de reprise de possession. C'est
ajouté dans son administration générale. Donc, le montant
que vous voyez est un montant global.
Mme Bacon: Si on revient à certaines définitions
que vous mentionnez dans votre mémoire, je pense que le mot
"consommateur" est revenu à plusieurs reprises parmi les groupes que
nous avons rencontrés. Par exemple, l'artisan. Je reviens toujours au
bûcheron avec sa scie mécanique. Est-ce qu'il est un consommateur
ou un artisan, comment le définit-on? Je pense qu'il y a un danger de
figer certaines notions dans le droit statutaire, quand même, on regarde
de plus près cette définition du mot "consommateur" parce qu'il y
a eu différentes représentations faites à ce sujet.
Quant à l'article li, par le biais de la réglementation,
il y aurait des possibilités de soustraire de l'obligation du permis
certains prêteurs d'argent. Si on s'en va vers l'article 9, par exemple,
du projet de la loi 7, il reproduit l'article 72 du bill 45 qui est en vigueur
depuis cinq ans. Ce n'est que reproduire ce qui existe déjà et je
me demande si ça vous cause des problèmes ou vous avez fait ces
suggestions parce que déjà, ça vous cause des
problèmes depuis l'adoption de la loi 45 à ce sujet-là?
Avez-vous des commentaires à faire?
M. Levasseur: Oui, j'ai eu plusieurs cas où, à la
suite de reprise de possession, il a fallu entreposer le véhicule; dans
certains cas, il a fallu le remorquer parce qu'il n'était pas en
état de route ou de fonctionner et ces frais sont
irrécupérables par rapport à 1972.
Mme Bacon: Ils ne sont quand même pas nombreux puisque vous
dites qu'il n'y en a pas tellement.
M. Levasseur: J'admets qu'ils ne sont pas nombreux.
Mme Bacon: D'accord.
M. Levasseur: On parle également de l'article 72, comme
celui qui est proposé dans le projet 7, lorsqu'on traite de prêts
hypothécaires, par exemple. Si, malheureusement, on est dans
l'obligation de reprendre une propriété, l'article 72,
actuellement et le projet 7 empêcheraient même de
récupérer les taxes qu'on pourrait payer, parce qu'habituellement
les taxes municipales et scolaires ne sont pas payées. Egalement, les
primes d'assurance qu'on aurait à débourser pour assurer la
propriété, le risque, la garantie. On dit: La conservation de la
garantie justement, ces frais ne sont pas récupérables
actuellement, en vertu de l'article 72.
Mme Bacon: Quant aux articles 97, 98 et 114, les prêts
hypothécaires font l'objet sûrement d'un régime particulier
dans la réglementation. Je pense que vous le mentionnez dans votre
mémoire. Aux articles 116 et 130, nous prenons en considérations
les opinions que vous avez émises dans votre mémoire, il y a les
problèmes techniques que peuvent susciter ces exigences, tel que
stipulé et nous allons considérer ces articles aussi.
Je terminerais avec ça, M. le Président, pour donner une
chance aux autres de poser des questions. Dans l'application de la loi aux
banques, la loi telle que rédigée s'applique aux banques.
Il peut se présenter des problèmes constitutionnels, mais
nous avons l'intention de faire maintenir l'équité dans la
concurrence. C'est bien l'intention du législateur de le faire et le
ministère a aussi l'intention d'approfondir cette question, à la
lumière des représentations que vous nous avez faites ce matin.
C'est dans votre mémoire.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez mentionné, tout
à l'heure, en vous référant à un article de la
Presse, que le volume des prêts à la consommation augmentait d'une
façon tout à fait significative concernant certaines institutions
financières, les banques, par rapport, disons, à une situation
stationnaire en ce qui regarde les membres de votre association. Quelle est la
raison principale de cela? Les taux d'intérêt dans les banques
sont-ils moins élevés que les taux d'intérêt des
institutions financières que vous représentez? C'est vous qui y
aviez référé tout à l'heure.
M. Gosselin: Oui, en somme il y a certainement cet article, mais
là encore...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais entre vous et moi, il ne
faut pas y passer trop vite. C'est quand même important. Vous me dites
qu'il y a une différence de taux. Pourriez-vous m'expliquer.
M. Gosselin: Elle a toujours existé; dans les caisses
populaires aussi, d'ailleurs.
M. Bédard (Chicoutimi): Donc, pourriez-vous nous dire quel
est le taux des banques par rapport à votre taux?
M. Gosselin: Le taux des banques par rapport au nôtre,
premièrement il est déjà différent. J'ai ici
un taux de banque qui... Qu'entendez-vous par un taux de banque?
M. Bédard (Chicoutimi): Nous avons le droit de changer,
vous changez de temps en temps vous aussi.
M. Gosselin: Un taux bancaire pour vous, c'est quoi? Cela peut
être aussi bien 13,5%, cela peut-être bien Chargex à 18%
c'est encore bancaire d'accord? Les caisses populaires cela peut
être aussi 12% et certaines sont à 14%. J'ai un prêt
hypothécaire personnel.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, le prêt personnel.
M. Gosselin: Le prêt hypothécaire à 12%, je
l'ai cela ne fait pas longtemps, mais c'est pour un an. Au bout d'un an, on
change le taux. On augmente ou on baisse.
M. Bédard (Chicoutimi): En parlant du prêt
personnel, le taux des banques, vous dites, se situe autour de 12%.
M. Gosselin: 13,5% et 14%.
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous me permettez, seulement
pour qu'on ait le tableau, quel est votre taux?
M. Gosselin: 21%, en moyenne.
M. Bédard (Chicoutimi): En moyenne, cela veut dire que
cela peut aller jusqu'où?
M. Gosselin: Cela peut aller jusqu'à 24%.
M. Bédard (Chicoutimi): 24%. Ne trouvez-vous pas que ce
n'est pas tellement surprenant que la consommation augmente dans une
institution comme celle des banques...
M. Gosselin: C'est évident.
M. Bédard (Chicoutimi): ...étant donné le
changement d'intérêt?
M. Gosselin: Pour répondre à votre question, il est
évident que le taux des banques, à cause de leur position
préférentielle d'emprunt d'argent sur le marché de
l'argent, va être beaucoup plus...
Donc, il n'y a aucun doute...
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez...
M. Gosselin: Vous savez, on ne peut pas discuter ce
point-là parce que si la Banque Royale vous paie tant sur votre argent,
vous savez combien elle vous donne d'intérêt. Alors, elle peut
certainement vous charger beaucoup moins cher sur votre crédit.
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez que si je vous pose
cette question-là, ce n'est pas pour ex- primer des remarques concernant
soit les banques, soit votre institution de crédit. Mais vous admettrez
avec moi qu'au bout de la ligne, nous sommes devant un projet de loi qui a pour
effet d'assurer une meilleure protection au consommateur. Mais le consommateur,
par exemple, cela peut vouloir dire quelque chose pour lui, le taux
d'intérêt qui est de 13% par rapport à un taux
d'intérêt qui peut aller jusqu'à 26%.
M. Gosselin: Pourvu qu'il puisse être capable
lui-même de comparer les taux. Par exemple, on a un cas typique. Votre
projet de loi dit: Vous allez mettre l'assurance-automobile comme taux de
crédit. Alors, on peut vous donner des cas où notre taux de
crédit va monter à 1000%.
M. Bédard (Chicoutimi): La situation, d'une façon
générale...
M. Gosselin: C'est ce qu'on veut, on veut simplement que la Loi
sur la protection du consommateur telle qu'elle est soumise s'applique aux
banques, autrement le consommateur sera dans l'impossibilité de
comparer. Les banques peuvent dire: On vous demande 13%. Et vous arrivez avec
24% ou peut-être 100% avec nous autres, par rapport qu'on a des normes
différentes. Alors, c'est extrêmement difficile à
comparer.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis d'accord sur cette demande
que vous faites d'habitation aux banques. Maintenant, vous savez qu'il y a une
question constitutionnelle qui entre en ligne de compte.
M. Gosselin: Oui. ...qui entre en ligne de compte.
M. Bédard (Chicoutimi): Sans préciser ce point, par
rapport au taux d'intérêt que vous avez et celui que les banques
ont. Un exemple particulier dont on a discuté tantôt, la ristourne
qui est donnée au vendeur dans le domaine de l'automobile. On a
spécifié que cette ristourne pouvait se situer autour de .75,
"flat" cela peut vouloir dire environ 2%.
M. Brazeau: Non, loin de là, .75...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est "flat", parce que tout
à l'heure vous nous disiez 8%. Vous avez dit: Cela veut dire 13%
à 14% d'intérêt, presque 15% d'intérêt.
M. Brazeau: Vos clients vous attendent. M. Bédard
(Chicoutimi): Aux clients.
M. Brazeau: Ce n'est pas plus que le double, c'est moins que le
double.
M. Bédard (Chicoutimi): Moins que le double, moins de 2%
ou 3% environ, mais pas tellement loin de...
M. Brazeau: Un quart...
M. Bédard (Chicoutimi): Une seconde! Un peu moins de 2%,
selon...
M. Brazeau: Moins de 2%, parce que, si vous comptez .75 le "flat"
en taux réel, vous multipliez le "flat" qui est .75 par 1.86; 2, 3, 4,
5, 7 pour arriver au taux réel, ce qui donnerait environ 1.3%.
M. Bédard (Chicoutimi): 1.3%, cela n'a peut-être pas
l'air de grand-chose, sauf que quand on embarque dans les gros chiffres
d'affaires cela peut représenter des montants importants. Quand on se
place face aux consommateurs, cela peut représenter quelque chose de
significatif pour lui, pour sa bourse. Mais ce que je voudrais faire ressortir,
par rapport à l'exemple de la ristourne et du commerce de l'automobile,
c'est que l'acheteur qui va chez un marchand d'automobiles et qui paie
comptant, c'est évident que le marchand n'a aucune ristourne, qu'il a eu
le loisir de se financer là où il pouvait le faire ou encore de
payer selon ses moyens, s'il est capable de payer comptant.
L'autre acheteur qui n'est pas capable de payer comptant, quand il
arrive chez le marchand et qu'il est question de faire financer son automobile
et qu'il s'en remet au marchand, à ce moment, vous admettrez avec moi
que le marchand d'automobiles a intérêt à vous refiler le
financement plutôt que de le refiler à une banque où il n'y
a pas de ristourne ou une autre source de financement où le marchand ne
retirerait pas de ristourne. Ceci veut dire qu'en gros le marchand a un
intérêt financier, à cause de sa ristourne, à vous
refiler le client.
M. Levasseur: II a un intérêt mais, comme je le
disais tout à l'heure, il assume en même temps une
responsabilité du crédit. Actuellement, dans le domaine de
l'automobile, on pourrait dire que le taux moyen pour financer une voiture
neuve au consommateur est à peu près de 15% à 15,5%. Vous
disiez tout à l'heure: Le type va faire des arrangements ailleurs et il
se retrouve à la banque, où il va payer 14,5%. On pourrait
même peut-être vous citer une certaine banque où c'est plus
que cela. Le marchand n'aura pas de responsabilité, mais le consommateur
va payer 14,5%.
Vous semblez vouloir dire que si le consommateur fait affaires avec la
compagnie qui finance habituellement son commerce le consommateur va être
surchargé parce que le marchand va recevoir une ristourne, comme vous
l'appelez. Ristourne ou non, je ne suis pas d'accord là-dessus. Le taux
n'est pas influencé par cela. S'il va à la banque et qu'il paie
14,5%, c'est la banque qui va faire le profit en conséquence. Le
marchand n'aura pas de responsabilité. S'il est financé par une
institution financière de notre association et qu'il paie 15,5%, cela ne
veut pas dire qu'il est surchargé par rapport à la ristourne. On
accorde justement cette compensation en retour de la responsabilité que
le marchand assume. S'il ne l'assumait pas, nous serions obligés de
l'assumer. Cela n'influencerait pas le taux cela.
On serait obligé de créer une réserve pour les
pertes, chose qu'on est pas obligé de faire au- jourd'hui, parce que
c'est le marchand d'automobiles qui en assume la responsabilité.
M. Brazeau: On semblerait oublier ici que principalement le
marchand d'automobiles est là pour vendre des automobiles. Il offre un
service à son client pour lui rendre la vie plus facile plutôt que
d'aller faire des arrangements ailleurs pour du financement qui peut lui
prendre du temps. Il lui offre ce service avec rémunération, avec
compensation.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous admettrez avec moi qu'un
financement facile, c'est une manière; vous le dites, très
facilement. Mais un financement facile, du point de vue du taux
d'intérêt, c'est certainement différent de l'autre taux
d'intérêt.
M. Brazeau: Forcément, je crois qu'on a
expliqué...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est le consommateur qui paie au
bout de la ligne.
M. Brazeau: Je crois qu'on a expliqué cela, les
différences de taux entre le taux bancaire, le taux que les banques
doivent charger et le taux que nous devrons charger pour pouvoir vivre nous
aussi. Nous donnons une compensation au marchand, comme on disait tantôt,
pour le service qu'il rend. Il a un paquet de formules à
compléter, il doit demander une foule de questions au client pour qu'il
soit qualifié au point de vue du crédit. En plus de cela, il
s'engage, il assume la responsabilité pour des milliers de dollars et
même, dans des cas qu'on a cités, des millions de dollars. Je
crois bien qu'il a droit à une compensation quelconque pour ses
responsabilités et les services
qu'il offre.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne sais pas qui de vous a
répondu tout à l'heure à une question qui était
posée par Mme le ministre. Quelle serait la conséquence si on
enlevait complètement cette ristourne? Quelqu'un d'entre vous a
répondu que cela pourrait avoir comme conséquence que le client
qui va chez le marchand d'automobiles irait se financer ailleurs.
M. Brazeau: Est-ce qu'il pourrait trouver du financement
ailleurs? Il y a cette question qu'il faut se poser aussi. Est-ce que le
commerce serait aussi bon qu'il l'est présentement? Est-ce que le volume
de vente serait aussi bon qu'il l'est présentement? Ce sont des
questions qu'il faut se poser.
M. Dynes: N'oubliez pas que la seule garantie que le vendeur
demande, c'est l'endossement du vendeur ainsi qu'un lien sur l'automobile. On
ne lui demande pas d'autres assignations d'actifs.
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez, je ne suis pas un
expert là-dedans, je suis un individu comme tous les autres
Québécois, qui a besoin de s'acheter une voiture, comme les
autres. C'est une nécessité souvent, ce n'est pas un luxe de
toute
façon. Quand même, vous admettrez avec moi le fait que les
marchands d'automobiles retirent une ristourne. Cela a nécessairement
comme conséquence que les clients, ils les envoient à vos maisons
de financement, avec la différence aussi au bout de la ligne que c'est
un taux d'intérêt qui est certainement plus élevé
que celui des banques. Je sais que vous pouvez peut-être me
répondre qu'une partie de ces gens qui achètent des automobiles
ne seraient même pas capables d'obtenir le crédit à la
banque, étant donné leur situation financière. Vous
admettrez avec moi qu'il y en a peut-être plus qu'on pense qui pourraient
l'avoir ce financement à la banque. Effectivement, le fait qu'il ait une
ristourne n'est pas de nature à inciter le marchand à très
bien expliciter au client, au consommateur qu'il lui offre un mode de
financement, que cela veut dire au bout de la ligne entre 20% et 24%
d'intérêt et que, d'un autre côté, il pourrait
peut-être aller ailleurs où il pourrait se financer à un
intérêt moindre.
M. Brazeau: ... automobiles, 20% et 24%, c'est faux.
M. Bédard (Chicoutimi): Moi-même je m'en suis
acheté une automobile puis, quand est venu le temps de payer, le vendeur
m'a dit: On peut passer par la compagnie de finance. J'ai peut-être pris
la précaution de dire: Dis-moi donc quel intérêt,
peut-être que je pourrais aviser autrement.
Avec les explications qu'il m'a données, je ne sais pas, dans mon
intérêt personnel c'est clair, et l'intérêt personnel
et l'intérêt du consommateur peuvent être le même dans
un sens. J'ai préféré passer par un autre mode de
financement que passer par une compagnie de finance.
M. Brazeau: Peut-être que...
M. Bédard (Chicoutimi): Sans dénigrer la compagnie
de finance comme telle.
M. Brazeau: Mais, tel que signifié dans notre
mémoire, le client voit le contrat, il doit avoir le temps voulu pour le
lire.
M. Bédard (Chicoutimi): Pensez-vous que le client a le
temps de comprendre tout cela, vous?
M. Brazeau: C'est la loi, ce n'est pas nous qui l'avons faite. Le
taux réel est indiqué.
M. Dynes: S'il n'est pas capable de comprendre le taux
d'intérêt qui est clairement marqué et faire des
comparaisons, on a un problème. Mais vous faites des comparaisons un peu
injustes, vous parlez de prêt personnel. Dans notre compagnie, 10% du
chiffre d'affaires concernent les prêts personnels, puis vous dites qu'on
applique un taux de 24% chez le marchand d'automobiles. Ce n'est pas le cas. On
vous a expliqué.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas dit cela, j'ai
demandé jusqu'où pouvait aller le maximum de
l'intérêt dans vos compagnies de finance.
M. Dynes: Cela, c'est dans le domaine des prêts personnels,
oui, exactement. Dans le financement d'automobile, c'est à peu
près 15%. Le taux est légèrement plus élevé
qu'à la banque. Je voudrais vous souligner une autre chose. Vous avez
l'air de penser que tous les vendeurs envoient tous les acheteurs d'automobiles
chez une compagnie de finance. Notre pénétration de nombre
d'autos vendues est seulement 20% de l'industrie. Il y a 80% des clients qui se
financent ailleurs.
M. Tremblay: Cela a déjà été plus
élevé.
M. Dynes: Cela a déjà été plus
élevé, il n'y a pas d'erreur. Vous avez raison. Il n'y a pas
d'erreur.
M. Brazeau: Les chiffres le prouvent, monsieur.
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-être que le
consommateur s'informe un peu plus qu'il ne s'informait avant. Ce n'est pas
toujours facile, pour un consommateur, d'être au courant de la loi et
d'être capable de lire toutes les implications d'un contrat. Prenez
simplement le taux d'intérêt que vous avez mentionné tout
à l'heure de 8% de "flat rate"... C'est cela, l'expression?
M. Brazeau: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vais vous dire bien franchement
que moi...
M. Brazeau: Ce n'est pas ce taux qui est marqué sur le
contrat, c'est le taux réel qui est marqué sur le contrat, selon
la loi no 45.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non. Ce que je veux vous
dire, c'est qu'un consommateur, des fois, il faut admettre qu'il n'est pas
capable de connaître toutes les implications de chacune des dispositions
du contrat, ce n'est quand même pas un avocat.
M. Brazeau: Comme je l'ai mentionné tantôt, le
consommateur peut négocier un taux de financement avec le marchand tel
qu'il peut le faire avec la banque. Si vous avez un emprunt à la banque,
vous savez qu'une banque peut vous demander entre 11% et 14%. Si vous
négociez avec votre gérant de banque, si vous le connaissez assez
bien, il va vous donner un taux préférentiel qui sera au
détriment de votre voisin qui va payer un taux plus élevé.
Le marchand a le même privilège, comme je le disais tantôt.
Il a un barème, il a une marge dans laquelle il peut jouer. Le client
peut négocier avec le marchand un taux de financement tel qu'il peut le
faire avec n'importe quelle institution financière, caisse populaire ou
banque.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Gosse-lin.
M. Gosselin: Vous faisiez une remarque, tout à l'heure,
sur les banques et je vous ai répondu
franchement. Maintenant, vous ne m'avez pas posé de questions,
par exemple, sur l'épargne. Est-ce qu'il y a des différences dans
le moment entre les taux d'épargne donnés sur un compte de
chèques, donnés sur un bon du Canada, donnés sur un
"non-checking account" ou un compte sans chèque, donnés sur
d'autres choses par une caisse populaire?
Est-ce que les gens sont assez alertes et, dans le moment, y a-t-il
assez de publicité pour les inciter à aller déposer leur
argent dans une institution ou chez un trust qui paierait plus cher? Moi, je le
sais, je le fais, mais est-ce que, dans le même ordre d'idées que
vous avez énoncées et, en même temps, au point de vue du
financement, il y a encore une marge que vous pouvez obtenir de la banque? Vous
avez une marge, souvent. Il y a des garanties qui existent, des
collatérales quelconques. A un moment donné, lorsque vous avez un
certain quota d'atteint, on vous dit: Monsieur, vous êtes peut-être
un risque différent pour nous. Ou encore: Vous en avez assez.
Moi-même, j'ai acheté ma voiture pour affaires et c'est
Ford Motor Corp. qui la finance. Pour répondre à votre question,
je suis un homme averti, ce n'est pas ma compagnie. Je suis un homme averti,
mais je sais quand même faire la différence entre payer 2% sur
$3000 pendant trois ans. La même chose s'applique dans les taux
d'intérêt qui ont changé aussi. On peut faire des affaires
sur l'inflation. Si j'avais acheté une maison, il y a 3 ou 4 ans, que
j'ai payé $19 000 avec un taux de 10% bloqué pour cinq ans,
à l'heure actuelle, mon taux est de 12% bloqué pour un an et je
vais payer $39 000 pour la même maison. Si on avait exigé 15%
à cette dame ou à qui que ce soit dans le temps, l'inflation y
aurait gagné. Il y a toutes sortes d'affaires dans ces statistiques.
Pour les coûts, pour revenir aussi à ce que je voulais
déterminer, le coût bancaire, si on avait la même
disponibilité d'avoir de l'argent au même taux, au lieu de payer
un solde à tous les trois mois la loi va être
changée vous allez voir ce qui va arriver quand la loi changera
là-dessus: Le coût au consommateur va augmenter pour un
prêt. C'est entendu que si ça coûte strictement un montant
en donnant 6% sur l'épargne et parce que sur le jeu des soldes, cela
fait une moyenne de 4%, tout le monde l'a lu dans les journaux, si on le donne
à 6% et qu'on met les ordinateurs en conséquence, quelqu'un va
payer pour de l'autre côté, celui qui va emprunter.
M. Deslauriers: J'aimerais peut-être clarifier un peu votre
question. Je pense qu'elle est directe et on doit y répondre
directement. Vous nous avez demandé ce qui arrivera si on annule la
ristourne aux vendeurs. Une réponse nette et précise, c'est qu'on
ne le sait pas.
Il faut considérer plusieurs choses qui sont peut-être en
dehors du domaine de la protection au consommateur. Qu'est-ce qui va arriver?
Il ne faut pas oublier par exemple qu'une compagnie de finance doit supporter
l'inventaire du marchand d'automobiles. On supporte l'inventaire du mar- chand
d'automobiles à perte en réalité. Si on est forcé
de supporter l'inventaire d'automobiles et qu'on n'a pas le contrat de
détail en retour, il est évident qu'on n'est pas
intéressé à rester dans le domaine de l'automobile. On va
se trouver une autre source de financement.
Qu'est-ce qui va arriver maintenant au concessionnaire qui est pris dans
cette situation? Il faut qu'il finance son inventaire quelque part. Il va se
retourner automatiquement vers les banques. Les banques vont dire aux clients:
On va prendre votre inventaire à trois ou quatre millions d'automobiles
sur le marché; elles aussi vont faire face au même problème
que les sociétés de financement. Si elles n'ont pas la
pénétration, n'ont pas le nombre de contrats requis, leurs taux
vont augmenter automatiquement. Pour répondre exactement à votre
question, ce qui va arriver si on annule la ristourne, la ristourne est un fait
économique et les lois de l'économie ne sont pas des lois qu'on
peut amener en laboratoire puis prouver que c'est rouge et noir.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais vous remarquerez qu'en me
disant, comme argument supplémentaire, que vous financez pour le
marchand son inventaire...
M. Deslauriers: Oui, on finance son inventaire, oui.
M. Bédard (Chicoutimi): En plus de la ristourne, c'est une
autre raison pour laquelle il faut nécessairement qu'il oriente la
clientèle chez vous.
M. Dynes: Si je peux parler un instant de plus, on a des
compagnies telles que General Motors Acceptance Corporation qui sont
formées uniquement pour servir leurs vendeurs et aider la compagnie
à vendre des automobiles. Eux vont demeurer pour financer l'inventaire
du vendeur et ils ne sont pas formés nécessairement. Leur retour
sur le capital investi est très très minime. Ils ne sont pas
formés afin de faire de l'argent nécessairement avec le
financement mais aider la vente d'automobiles. Donc je crois qu'ils
demeureront. Cela dépend à qui vous parlez.
M. Bédard (Chicoutimi): Une question peut-être sur
la publicité que vous faites à la télévision, qui
à mon sens pourrait être certainement plus explicative,
réaliste vis-à-vis du consommateur, concernant les taux
d'intérêt. Il me semble que vous nous disiez tout à l'heure
que les intérêts pour les prêts personnels, ceux qui
empruntent chez vous, cela peut jouer de 20% à 24%; c'est cela? Est-ce
que vous pensez que le consommateur ne devrait pas en être d'une certaine
façon averti?
M. Deslauriers: Je suis bien d'accord avec vous. C'est le...
M. Bédard (Chicoutimi): Qu'on arrête de lui
présenter vous savez, pas plus la banque la
compagnie de finance comme étant la planche de salut. Il a
presque l'impression d'aller ramasser des intérêts plutôt
que d'en payer.
M. Deslauriers: C'est ce que notre mémoire tente de
démontrer. On est d'accord avec vous qu'il y a un besoin d'une loi sur
la publicité, qu'il y a eu certains abus, etc. Vous dites, dans un sens,
que la publicité engendre l'abus du crédit. Les gros
publicitaires ne sont pas les membres de notre association. Si vous voulez
mettre une loi...
M. Bédard (Chicoutimi): II y a la manière de faire
la publicité.
M. Deslauriers: ... régissant le genre d'annonce qu'on
peut faire, très bien, mais que la même loi s'applique à
tous. Autrement vous aurez des effets contraires, ou vous n'aurez pas
résolu le problème du tout.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais il faut insister pas
tellement sur le volume de la publicité comme sur le côté
correct de la publicité.
M. Deslauriers: Comme je vous dis, on est d'accord avec le
gouvernement. On n'a pas d'objection pour autant que la même loi
s'applique à tous.
M. Gosselin: Sur la publicité selon la loi actuelle, le
projet de loi, même une publicité comme j'en ai ici un exemple
serait défendue. S'ils n'attendaient pas trop tard que la maison tombe,
les réparations, les rénovations qui s'imposent dès
maintenant, même cela serait défendu.
Je ne pense pas que dans le moment on cherche à endetter le
consommateur. Il y a peut-être eu d'autre cas; je ne le nie pas,
même si ce genre de publicité était défendu,
même si un "poster" dans votre bureau était défendu. Le mot
"poster" est admis en français.
M. Deslauriers: Le point est assez clair, je crois. L'association
n'a pas contredit ce point de la loi. On ne veut pas qu'il soit abrogé
ni rien. On veut qu'il soit peut-être mieux défini. On demande si
possible que les principes s'appliquent à toutes les institutions.
M. Bédard (Chicoutimi): A toutes les institutions.
M. Deslauriers: On est d'accord...
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: Je voudrais savoir si les contrats que vous avez
actuellement pour le financement de la vente à tempérament
respectent les articles du code civil, concernant la vente à
tempérament.
M. Deslauriers: Je peux vous répondre d'une façon
qui va peut-être sembler ironique, mais on a cinq compagnies autour de la
table ici, on a eu cinq avocats qui nous ont préparé cinq
contrats différents. Tous nos avocats nous disent qu'on a des bons
contrats. On a demandé à plusieurs reprises au
"département" de nous préparer un contrat type. Mme le ministre
en est au courant. On nous a fait la remarque qu'on ne devrait peut-être
prendre qu'un avocat.
M. Boutin: A ce point de vue-là.
M. Deslauriers: Est-ce que cela répond à votre
question?
M. Boutin: Je le sais, c'est parce que je suis au courant du
problème en ce sens que je sais une chose: tant que l'amendement au Code
civil ne sera pas fait, il est très difficile d'arriver et de
conditionner tous les contrats de la vente à tempérament.
Il s'agit d'admettre quelque chose de valable, de légal.
Actuellement, tout ce qui peut se faire peut-être contesté en cour
d'une façon ou d'une autre par qui que ce soit.
M. Deslauriers: On est dans une position extrêmement
dangereuse, qui nous déplaît.
M. Boutin: On est habitué à cela et c'est
complètement intenable.
M. Deslauriers: Du jour au lendemain on peut être mis dans
la position de nous faire dire: Vous avez pour $5 millions ou $10 millions de
nouveaux contrats qui sont absolument illégaux.
M. Boutin: C'est un peu ce point que je voulais aborder. Je
voulais apporter aussi une opinion peut-être pour faire suite à
certaines remarques qui ont été énoncées. Je pense
que le but du projet de loi est réellement de protéger le
consommateur, mais des fois, il faut faire attention jusqu'où on
protège le consommateur pour ne pas, ensuite reporter les coups.
Lorsqu'on a parlé de ristourne, il y a peut-être certains
cas où l'emploi a peut-être été abusif dans certains
domaines de commerce. Il y a une chose qui n'en demeure pas moins vraie, c'est
qu'un commerce, qui fonctionne dans le système capitaliste dans lequel
on vit, doit avoir un certain pourcentage de rendement sur vente. Il doit avoir
un certain rendement sur son capital investi. S'il ne répond pas
à ces demandes, tout ce qu'il a à faire, c'est de se retourner de
bord et investir dans les obligations non productives peut-être du
gouvernement ou s'en aller dans les certificats de dépôt. Je me
dis: II faut quand même garder un certain sens. Je sais, à mon
point de vue, qu'il y aurait eu avantage à regarder les chartes de
ristourne de l'auto qui sont amenées, dans certains cas, par les
compagnies de finance. Réellement, il y en a que je trouve abusives. Il
y a un choix assez vaste qui peut se faire. Cependant, il y a une chose que je
sais, c'est qu'ordinairement le commerce fait un certain profit et les profits
qui viennent des ris-
tournes des compagnies de finance entrent dans les autres revenus.
Souvent, il arrive, dans plusieurs commerces, que les autres revenus soient les
seuls profits qu'a une entreprise. Des fois, elle n'a pas de profit
d'exploitation. Qu'est-ce qui peut arriver si on annule tout? Simplement, d'une
autre façon, en haussant le prix, on va arriver au consommateur avec $2
de ristourne sur tel produit. Vu que j'avais $2 de ristourne à la fin de
l'année, le produit va coûter $102 au lieu de $100. Il n'y a pas
de miracle, c'est simplement une question purement, fondamentalement
économique de profit dans le système dans lequel on vit. C'est
simplement cet aspect que je voulais mentionner. Je sais une chose, c'est qu'il
y a certaines chartes qui vont peut-être un peu trop loin.
A mon point de vue, le taux va en proportion du risque. Je sais que les
compagnies de finance existaient au début, parce que les compagnies
bancaires ne faisaient pas de financement et, dans une période où
les gens avaient moins d'argent, le crédit à la consommation
était beaucoup moins ouvert. Suivant le montant de risque, à
travers les temps, cela s'est atténué. Probablement, les gens qui
sont entrés dans le crédit...
Au début on trouvait que les compagnies de finance chargaient
cher. C'est un peu excessif.
Le taux excessif vient en fonction du temps de la réalisation du
contrat, dans n'importe quel domaine que ce soit. Si ça fait l'affaire
d'une banque de prêter à quelqu'un à 14%, le gars va
l'avoir à la compagnie de finance s'il est refusé à la
banque, c'est pour ça que les compagnies de finance existent pour venir
suppléer à un besoin essentiel d'un individu. D'un autre
côté, il y a un besoin et, par contre, il peut y avoir certaines
exagérations. Ce sont tout simplement quelques commentaires que je
voulais faire, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Sainte-Marie.
M. Malépart: J'aimerais savoir de celui qui est dans
l'ameublement... quand vous parlez de reprise des biens, je pense à la
page 5, je vais vous donner exemple. Disons qu'un couple s'achète un
ameublement au montant de $5000 financé pour une période de trois
ans. Au bout de un an et demi, des difficultés, il ne peut payer,
rembourser. Là, il est question de saisie. Est-ce que vous saisissez
tous les biens ou si vous les évaluez, s'il y a une perte à cause
des années? Est-ce que vous reprenez tout l'ameublement sans tenir
compte du montant qu'il lui a été alloué? De quelle
façon procédez-vous?
M. Guernon: En fait, le contrat de vente d'ameublement, je crois
bien qu'il s'en fait avec recours. A ma connaissance, la compagnie que je
représente ici, ce n'est que 5% de notre commerce car notre
commerce est le petit prêt 5% de contrats de ventes
conditionnelles. Je ne sais pas si ça répond à votre
question, mais je n'ai jamais, jamais repris un ameublement.
M. Deslauriers: On peut répondre aussi que pour ma
compagnie j'ai été président à ma
connaissance, je n'ai jamais fait de reprise de possession d'ameublement.
M. Malépart: Dans mon comté, j'ai des plaintes de
gens dont les meubles sont saisis. Il faut qu'on leur trouve des matelas.
Est-ce parce que ce sont des magasins qui se financent eux-mêmes? Je
m'appuie sur des cas observés dans ma région, ça marche
pas mal fort.
M. Gosselin: J'ai un cas qui me vient à l'esprit où
une dame, avant qu'on reprenne certains articles, je pense que cela avait
été 18 mois sans paiement, sans intérêts...
Finalement, il n'y avait aucune autre issue. Le marchand, c'est le
marchand.
M. Deslauriers: C'est simplement une question économique,
qu'est-ce qu'il pouvait faire avec le vieil ameublement?
M. Guernon: Les reprises que vous mentionnez sont faites par les
marchands qui se financent eux-mêmes et non pas...
M. Dynes: Nous autres, on n'en fait presque pas, mais on a comme
politique de ne jamais reprendre les meubles. C'est une plus mauvaise
publicité que ce qu'on peut regagner en les revendant.
M. Malépart: D'accord, il faudra peut-être parler de
ceux qui s'autofinancent, ceux qui financent les marchands de meubles. Revenons
à la question dont vous parliez aussi tantôt avec le
député, celle des taux d'intérêt et de la
publicité. ... J'ai d'autres cas qui me viennent à l'idée,
c'est le refinancement. Le fait que vous ne vouliez pas qu'un individu qui
décide de rembourser son prêt total... parce que, pour moi, la
différence d'un financement en sous et piastres d'une banque ou d'une
caisse populaire, les taux sont assez différents. Et puis, l'avantage
d'une banque ou d'une caisse, si le type est chanceux et gagne
Loto-Québec, il peut aller payer son montant et les
intérêts sont déduits, tandis que dans une compagnie de
finance, c'est exigé pour trois ans. Souvent, la publicité se
fait, si quelqu'un veut avoir du crédit d'une compagnie de finance et
dans vos bureaux locaux jusqu'à Montréal, c'est 12%, mais on ne
dit pas que c'est 12% par année, après trois ans, c'est 36%.
L'explication, les gens ne font pas la comparaison. Tandis que si vous faites
la comparaison du coût de l'intérêt en sous et piastres, je
peux vous donner un chiffre d'il y a deux ans, on a fait une étude dans
le coin, je peux vous dire que ce sont les calculs d'un de vos officiers, sa
table de matières qu'il prenait pour réclamer les taux de
crédit. A ce moment-là, on a fait la comparaison avec les taux de
la Banque Royale, succursale communautaire, pour un prêt de $5000
remboursé durant une période de 24 mois, pour une compagnie de
finance, c'était $6400, parce que vous ne
prêtez pas selon nos calculs, c'est une façon que le
consommateur ne peut pas calculer.
Dans une banque, tu peux emprunter $6000, mais chez vous, c'est $6400,
$1200.
Tu n'arrives pas à un moment juste et c'est pour cela les
comparaisons. Alors, pour $5000, on remboursait $6400.10, soit un taux
d'intérêt de $1410.00 et, dans une banque, pour le même
montant, on remboursait $5719, ce qui faisait une économie de $680 et,
si on rajoute cela à cinq ans, je pense que vos taux augmentent.
Le député disait qu'il y a peut-être des banques,
parce qu'elles ont fait un peu plus de publicité, les taux
d'intérêt... Les gens insistaient pour aller là.
Il y a un autre moment où cela devient plus élevé.
On a fait la conciliation de dettes avec différentes compagnies comme
celle-ci. Si quelqu'un a emprunté $2000, remboursable dans deux ans, et,
après six mois, un an ou un an et quelques mois, cette personne
décide de faire un autre achat et a besoin d'un autre emprunt, elle s'en
retourne voir son conseiller à votre bureau et dit: J'aurais besoin d'un
autre montant de $1000. Vous lui demander un taux d'intérêt,
supposons, pour le solde. Elle paie le plein montant d'intérêt.
Vous la refinancez avec l'autre montant. J'ai déjà vu AVCO aller
jusqu'à 36% pour des prêts qu'on a fait refinancer.
M. Gosselin: Vous avez parlé d'AVCO. Premièrement,
je peux vous dire la politique de la compagnie en ce qui a trait aux
prêts et tous nos prêts sont sur une base d'intérêt
calculé au jour le jour. Cela existe depuis trois ans. Alors, que cela
soit un prêt de $1500, $2000 ou $3000, vous payez une journée plus
tard, vous payez pour une journée d'intérêt.
Alors, si vous empruntez $2000 de plus, vous allez payer pour une
journée d'intérêt sur vos $3000. Vous commencez à
payer sur $5000 à partir de cette journée. Si, le lendemain, vous
donnez $2000 d'acompte, cela continue ainsi. C'est ainsi que nous fonctionnons.
Comme vous avez parlé d'AVCO, je réponds au nom de ma
compagnie.
M. Malépart: Quand vous refinancez, le type... Si, demain,
j'emprunte $2000 chez vous. Six mois après, vous me dites: Le paiement,
$2000, cela fait tant d'intérêt remboursable à tant par
mois. Je fais six paiements et, rendu au sixième, je m'en viens les
"clairer".
M. Gosselin: On pourrait vous donner la même charte
d'amortissement qu'une hypothèque, nous autres.
M. Malépart: ... à l'avance.
M. Gosselin: Non. Au jour le jour... C'est calculé au jour
le jour. Votre paiement arrive; $60. Il y a $50 d'appliqués sur le
capital et $10 sur le principal.
M. Malépart: Je vous invite à venir dans mon
comté et je vais vous sortir des contrats de quelques-unes de vos
compagnies et vous allez voir. Et on a même fait des démarches
pour diminuer le taux d'intérêt et cela a été
accepté...
M. Deslauriers: M. le député, vous mentionnez deux
choses différentes. Une, c'est le taux quotidien, un taux qu'on appelle
bancaire, et un taux de financement. Les banques ont la même politique.
Si elles financent un taux d'automobile, vous ne payez pas
l'intérêt de 12% au jour le jour. C'est 12%...
Mais si vous mêlez les deux, vous avez la même... Si on
parle du prêt personnel, pour l'intérêt, on est régi
par la loi qui est fédérale. Notre taux est calculé de la
même façon, que cela soit une banque ou une compagnie de
finance.
M. Malépart: Si je fais un emprunt pour trois ans et, au
bout d'un an, je me décide à payer... On a même
tenté l'expérience pour l'achat d'une voiture...
M. Deslauriers: Bien non! Ne mêlez pas les deux. C'est un
prêt ou c'est une voiture.
M. Malépart: On a fait l'expérience pour une
voiture et aussi un prêt personnel, à un autre endroit.
M. Deslauriers: Ce sont deux choses différentes.
M. Malépart: Pour une voiture, au bout de deux mois, on a
dit au type. C'est un taux bien trop élevé. Reviens financer, et
cela lui a coûté assez d'argent pour deux mois.
M. Deslauriers: II n'y a pas de doute parce que ce n'est pas le
même rabais qu'un taux journalier. Cela aurait été la
même chose s'il avait fait financer la voiture avec la Banque de
Montréal. C'est la même règle qui s'applique. Ce sont des
lois fédérales. Ce n'est pas nous qui avons fait ces lois.
M. Malépart: Cela démontre que le consommateur
n'est pas informé de ses possibilités, des différents taux
et des différentes publicités.
Une Voix: Je comprends votre question. Voulez-vous dire qu'il n'y
a pas de rabais d'intérêt si le type vient payer après six
mois?
M. Malépart: II y a quand même une
pénalité sur son taux d'intérêt.
M. Levasseur: Des rabais sont accordés à l'heure
actuelle, en vertu de la loi 45.
M. Malépart: M. le Président, il y a une marge de
pénalité.
M. Levasseur: Non, il n'y en a pas. M. Boutin: M. le
Président...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: ...c'est simplement pour préciser ce que le
député de Sainte-Marie vient de dire. Il a raison dans un cas,
c'est qu'il ne faut pas mêler prêt personnel et vente à
tempérament. C'est que, dans le prêt personnel, il peut avoir
raison, mais dans la vente à tempéramment vous avez raison.
Une Voix: Ce sont deux choses.
M. Boutin: Ce sont deux choses complètement
différentes, alors que c'est un fait que, quand on arrive dans un
contrat, on ajoute tous les frais au plus et on refinance avec un taux qui peut
devenir excessif à 36%. Je dis que le député de
Sainte-Marie a raison.
M. Deslauriers: Mais la même chose se produit avec la
banque...
Une Voix: Surtout la banque.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur un cas comme celui du
député de Sainte-Marie, je suis convaicu qu'il a raison et que
cela se produit. Vous allez peut-être nous dire que ce sont des
exceptions sur la question de refinancement, mais ce sont des exceptions qui
ont l'air de se produire assez souvent, parce que, moi-même, comme
avocat, j'ai eu à m'occuper de certains cas qui explicitent tout
simplement la situation dont voulait parler le député de
Sainte-Marie...
M. Deslauriers: II y a eu des erreurs.
M. Bédard (Chicoutimi): ...des gens qui n'organisent pas
leur financement ou ont besoin d'argent supplémentaire et, à ce
moment, on leur prête un autre montant, on leur fait payer leur premier
prêt, avec les pénalités qui sont dues au contrat et on
leur prête encore un montant global.
M. Deslauriers: La même pratique s'applique dans toutes les
institutions financières.
M. Bédard (Chicoutimi): II ne faudrait pas que vous
preniez toujours nos remarques pensant vous en sortir en nous disant: C'est la
même chose dans les autres institutions financières. Je n'accepte
pas cela.
M. Deslauriers: C'est vous-même...
M. Bédard (Chicoutimi): Autrement dit, vous me dites: Oui,
c'est vrai, cela se fait. Je vous dis: Cela n'a pas d'allure, si cela se
fait.
M. Deslauriers: ...qui l'avez dit.
M. Bédard (Chicoutimi): Que cela se fasse chez vous, que
cela se fasse dans une banque, que cela se fasse n'importe où, cela n'a
pas d'allure, c'est cela qu'on veut dire. C'est qu'on ne voudrait pas que les
compagnies de finance se disent: On fait certaines choses qui ne sont pas
tellement acceptables, comme défense, on peut vous dire qu'il y a des
banques, qui font payer moins cher que nous. Après cela, qu'on entende
les banques dire: Ce n'est pas dans ce qu'il y a de mieux, mais allez voir les
compagnies de finance pour voir ce qu'elles vont faire. A ce moment, cela ne
nous donnerait rien d'entendre l'un et l'autre pour rédiger une loi dans
laquelle la préoccupation n'est pas celle des banques ou des compagnies
de finance, mais la protection du consommateur.
Lorsqu'on fait une remarque concernant une compagnie de finance, je ne
voudrais pas que vous preniez cela comme une bénédiction
vis-à-vis des banques ou de n'importe quelle institution
financière, mais je dis qu'il y a des choses à corriger
là-dedans, qu'il y a des situations à corriger de taux
d'intérêt ou encore des modes de financement qui font que,
à notre humble opinion, à l'heure actuelle, c'est le consommateur
qui en fait les frais. Il pourrait être mieux protégé que
cela.
Je pense que vous êtes d'accord avec nous que si, d'une part, on
fait de l'argent avec le consommateur, cela ne serait peut-être pas
bête aussi que vous soyez d'accord avec nous pour nous aider, j'imagine,
à essayer de le protéger un peu plus qu'il ne l'est
maintenant.
Le Président (M. Houde, Limoilou): D'autres questions des
membres de la commission?
M. Malépart: Concernant la publicité, durant la
période où on invite les gens à faire leur rapport
d'impôt: Je suis prêt à leur prêter. Par
expérience, les méthodes de vos agents dans les bureaux. Je pense
que, par la loi, en haut de $1500, c'est plus intéressant, parce que le
taux d'intérêt est un peu plus élevé qu'en bas. Je
me demande si ce serait bon. Pour ma part, chez nous, je ne pense pas que ce
serait bénéfique aux gens, parce que c'est une façon de
les inciter au crédit et de dépenser cet argent tout de suite, de
vivre d'abord. Ils sont facile à influencer. C'est comme les commissions
que vous donnez, etc. Si on permettait aux gens d'aller acheter une voiture et
d'aller dans une compagnie de finance de leur choix où les taux
d'intérêt seraient expliqués, en cents et dollars, acheter
telle voiture leur coûterait tant avec tel montant d'intérêt
et cela ferait tant, peut-être qu'il y a des gens qui s'embarqueraient
moins. Au lieu de s'acheter la grosse voiture sur le coup... Tu es tout feu,
tout flamme dans un garage et tu n'as qu'à signer en haut et en bas et
tu sors avec la voiture. Même si on lui accorde de payer le
deuxième mois... Ce serait peut-être toute une façon de
réduire l'endettement collectif, individuellement.
M. Guernon: Le rapport d'impôt est un commerce distinct de
notre autre commerce, parce qu'il est rémunérateur jusqu'à
un certain point. C'est un personnel non habituel. Le Personnel qui s'occupe
des impôts n'est pas celui qui s'occupe de notre commerce de
prêts.
Si ces gens veulent un remboursement immédiatement, ce n'est pas
un escompte, c'est le montant complet du remboursement. Ils peuvent le
rembourser ou le garder. S'ils le remboursent, ce
n'est pas bien rémunérateur. S'ils le gardent, ils paient
le montant d'intérêt là-dessus. C'est lui qui prend une
décision.
C'est une diversification de notre commerce aussi bien que le contrat de
vente conditionnelle en est un, le prêt sur deuxième
hypothèque, le système de rapports d'impôt. Dans le moment
au Canada, après H & R Block, nous sommes les deuxièmes. Nous
considérons que c'est un moyen. Une des raisons, si vous regardez les
statistiques que M. Gosselin mentionnait tout à l'heure, c'est que le
portefeuille de prêts des institutions financières diminue. A ce
moment-là, c'est une diversification à vos services qui fait que
vos profits vont demeurer ce qu'ils étaient ou ne diminueront pas.
M. Malépart: La diminution est quand même due au
fait que les gens ont commencé à comprendre les différents
taux d'intérêt qu'il y avait entre...
M. Guernon: Certainement. On ne le nie pas.
M. Malépart: Une dernière question. Le taux de
perte dans vos comptes à recevoir est-il élevé, dans
l'ensemble? On tient pour acquis qu'un type qui va emprunter d'une compagnie de
finance, c'est parce qu'il a eu un refus dans une banque ou dans une caisse, et
il va vous voir. C'est pour cela qu'on permet un taux plus élevé,
parce que le risque est plus grand.
M. Dynes: La perte n'est pas trop élevée en
général excepté que les pertes dans le prêt
personnel sont beaucoup plus élevées que dans le financement
d'automobiles. Il n'y a pas d'erreur. C'est pour cela que vous voyez la
différence des taux. On trouve cela assez difficile, comme entreprise.
On essaie d'améliorer notre image tant qu'on peut. On a un code
d'éthique qui est pas mal sévère. Je voudrais vous dire et
à tout le monde que, s'il y a des cas que vous pensez typiques,
où vous pensez que l'arithmétique n'est pas correcte et qu'on
prend avantage du client, envoyez-les à l'association. Nous nous sommes
tous engagés à avoir une association pour surveiller
l'éthique de notre entreprise. Nous serions bien reconnaissants que vous
fassiez cela. La plupart des plaintes que nous avons et nous n'en avons
pas beaucoup proviennent d'un malentendu, d'un manque de
compréhension de la façon dont les taux sont calculés. Je
ne sais pas si c'est votre cas, mais je vous dis: Si vous voulez les envoyer,
nous serions bien intéressés à les recevoir. Chaque fois
que nous paraissons en public pour faire une présentation, nous sommes
attaqués sur des questions de taux; des fois, nous ne sommes pas
préparés pour cette discussion.
Je dirais tout simplement que, sur l'autre côté, Ottawa
avait la même impression il y a quelques années. Ils ont fait un
"consumer complaint box", je ne me souviens pas du numéro de la
boîte.
M. Levasseur: 99
M. Dynes: 99. Ils ont invité le public à travers
tout le Canada à porter des plaintes. Nous n'entendons pas parler d'eux
du tout. Nous les avons visités et nous leur avons dit: Vous
étiez censés nous remettre les plaintes que vous aviez. Ils ont
dit: Elles sont tellement minimes, dans votre entreprise, que cela ne vaut pas
la peine de les envoyer.
Je peux vous assurer qu'on sait que nos taux sont élevés,
mais notre coût d'argent est élevé. Pour vous donner un
petit peu d'explications additionnelles, j'ai eu une assemblée avec le
AIB, avec MM. Pépin et Johnstone, de la part de l'industrie pour savoir
comment les règlements nous affectaient. Ils étaient surpris de
voir que nos marges entre nos coûts d'argent et ce que nous chargeons aux
clients en moyenne j'ai fait faire des statistiques de l'industrie
avaient rétréci depuis deux ans, tandis qu'il y en a
d'autres qui sont allés comme cela. Avec les coûts additionnels de
l'argent, vous remarquerez que les profits des compagnies de finance ne sont
pas exorbitants. Nous sommes obligés de faire assez d'argent pour rester
en affaires. Nous faisons tout ce qui est possible. Finalement, le même
service à Ottawa.
A une de nos conventions, on nous a demandé si nous ne pouvions
pas être plus larges à financer ceux qui ne pouvaient pas avoir du
crédit, même si on augmentait le taux en haut des 24%, parce que
cela empêcherait les pauvres d'aller chez ce qu'ils appellent le
"usurer". Le "département" nous a demandé si nous ne pouvions pas
faire un effort supplémentaire pour essayer de financer le monde. D'un
autre côté, nous avons des associations qui disent: Vous n'auriez
jamais dû financer ce type, il n'avait pas le moyen de vous rembourser.
Alors, nous sommes pris dans un juste milieu. On essaie de naviguer. Cela fait
36 ans que je suis, moi-même, dans le commerce. Je ne serais pas dans le
commerce si je n'étais pas capable de regarder mes enfants dans les
yeux. Alors je crois que notre association fait tout son possible pour essayer
d'améliorer son image. J'espère que vous pouvez nous aider. Nous
vous invitons à nous envoyer les plaintes que vous pouvez avoir. Je vous
garantis qu'on va les analyser et vous donner une réponse
intelligente.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci, messieurs. La
commission suspend ses travaux à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 31)
Reprise de la séance à 15 h 5
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières): A
l'ordre, messieurs!
J'invite immédiatement les représentants des Entreprises
Silhouette Ltée.
Voulez-vous vous présenter et présenter celle qui vous
accompagne, s'il vous plaît!
Clubs de santé Silhouette
M. Monette (Jacques): Je suis Jacques Monette et je
représente Mme Angèle Stewart.
M. le Président, Mme Bacon, messieurs les membres de cette
commission, permettez-nous de vous remercier de cet accueil que vous nous
faites aujourd'hui. Nous aimerions vous présenter le mémoire
soumis par les Clubs de santé Silhouette, relativement au projet de loi
no 7.
Voulez-vous que je procède à la lecture du mémoire
ou si vous voulez que je procède par résumé?
Le Président (M. Houde, Limoilou): C'est à votre
goût. Disons que si vous préférez attacher une importance
aux points principaux, vous pouvez procéder comme cela ou lire le
mémoire.
M. Monette: Je vais vous imposer la lecture du
mémoire.
L'objectif du présent projet est certes de protéger le
consommateur ultime des biens et services fournis par l'industrie des clubs de
santé. Cette dernière souscrit pleinement aux objectifs de la
protection du consommateur. Il faut cependant se rappeler que cette industrie a
comblé un grand vide qui existait dans notre société. A la
veille de la tenue des Jeux olympiques évidemment, le
mémoire a été fait avant les jeux les
Québécois n'ont jamais été autant sollicité
par les différents mass media et la publicité relativement
à leur conditionnement physique. Qui n'a jamais entendu ne serait-ce
qu'une fois la publicité de "Participaction".
Le but de ce mémoire est d'abord d'expliquer et de faire
connaître cette industrie, de circonscrire les problèmes auxquels
elle doit faire face et d'apporter une solution qui protège à la
fois le consommateur et l'industrie qui est elle-même consommateur de
biens et services.
Le club de santé est d'abord un endroit consacré à
des loisirs actifs. Mais l'industrie met l'accent sur la forme physique et mise
surtout l'entraînement et l'exercice physique. Elle catalyse aussi
certaines activités athlétiques et récréatives.
Le club de santé offre en permanence la possibilité de se
tenir en excellente forme physique en fournissant à la fois les
installations nécessaires et un personnel entraîné pour
guider le consommateur. De plus, il offre maintenant des services
d'hydrothérapie tels que saunas, bain hydrosoni-que tourbillon, piscine
et services de massage et d'esthétique.
Aujourd'hui, notre société industrielle a modifié
radicalement l'environnement social de tous les individus. Certains changements
ont été bénéfiques pour l'humanité
entière. Cependant, certains effets ont été
négatifs.
Alors qu'auparavant l'individu était soumis à un travail
physique intense, notre société moderne a presque réduit
à néant toute activité physique. Il en est
résulté une dégradation physique telle qu'aujourd'hui le
fléau le plus répandu est celui des maladies cardio-vasculaires.
La passivité en a tué plus que l'épée.
L'individu doit réaliser que son organisme doit être en
forme pour fonctionner correctement tant au point de vue physique que
mental.
Citons ici le docteur Astrand qui décrit les dangers auxquels
s'expose l'individu passif: "Réduction de la capacité de
certaines fonctions vitales de notre organisme, obésité,
malnutrition, risque accru de contracter certaines maladies, résistance
réduite et fatigue générale. Mais l'homme s'en trouve
bien, de nature, c'est un animal plutôt paresseux, un joueur qui prend de
grands risques dans l'espoir qu'il fera exception à la règle et
que tout tournera finalement à son avantage.
De nombreuses études ont démontré que
l'insuffisance du conditionnement physique est responsable de la
majorité des maladies cardio-vasculaires. De plus, le dernier budget
présenté par le ministre des Finances du Québec nous
indique bien quel est le coût des services de santé au
Québec. "Mieux vaut prévenir que guérir", dit le vieil
adage. Devant la montée des coûts des soins, il vaut mieux
consacrer plus d'efforts et de temps à des programmes de santé
préventifs.
Le docteur Astrand n'écrit-il pas: "Nous sommes faits pour
l'activité, il fut un temps où nous devions courir pour survivre;
si nous voulons nous maintenir dans un état de fonctionnement optimal,
nous devons, de temps à autre, être physiquement actifs. Il faut
encore courir pour survivre!"
Une étude sur la condition physique entreprise en 1973 a
démontré que non seulement la moyenne des Canadiens était
inférieure à celle des Scandinaves mais aussi à celle de
l'American Heart Association. Quarante pour cent des hommes et quarante-sept
pour cent des femmes avaient un niveau de conditionnement physique d'acceptable
à faible.
De plus, une étude de l'activité pendant les heures de
loisirs au Canada a démontré qu'au moins 40% des Canadiens
regardaient la télévision plus de quinze heures par semaine et
que plus de 13% la regardaient pendant plus de 30 heures. La même
étude a démontré qu'à peine 20% de la population
s'adonnait â une certaine activité physique telle que la marche,
la course ou un autre exercice du genre tandis que 80% de la population
était inactive.
Devant cet état de choses, l'entreprise privée a
comblé la demande créée par les consommateurs qui
recherchent un endroit où ils pourront satisfaire leur besoin de rester
en forme. Les clubs de santé ont su s'implanter dans le milieu
même
de l'individu. Plus près de l'individu, celui-ci trouve plus
facile de se motiver à l'entraînement. C'est pourquoi tous les
clubs de santé se retrouvent majoritairement en milieu urbain. C'est le
catalyseur qui permet à l'individu de se motiver.
Mais pour répondre à cette attente, les clubs de
santé ont dû préparer des programmes pour répondre
à l'entraînement physique. Ces derniers ne sont pas le fruit du
hasard, mais plutôt l'aboutissement d'études conduites par des
spécialistes.
De plus, dans le cas des Clubs de santé Silhouette, le personnel
est certes formé en vue d'assurer les meilleurs services. Actuellement
même, le personnel est inscrit à une série de cours
donnés par le CEGEP Saint-Laurent et dont le cours est sanctionné
par le ministère de l'Education. Vous en avez, je crois, une copie
à l'annexe 1.
Ce personnel est, de plus, entraîné à prodiguer ses
encouragements au consommateur en plus de l'instruire dans le maniement des
appareils. Nous l'avons dit plus haut, l'individu n'est pas attiré par
l'effort physique. La nature humaine est parfois nonchalante et seule la
motivation peut conduire un individu à s'entraîner
régulièrement.
C'est aussi actuellement un des reproches que certains adressent
à l'industrie. La publicité est axée sur la façon
de créer cette motivation. Au-delà de cette publicité, il
faut surtout retenir que c'est l'idée d'être et de rester en forme
qui doit être retenue. La nature humaine étant ce qu'elle est, il
faut parfois mettre l'emphase sur certains points afin de faire réaliser
au consommateur certains aspects de sa condition physique. Il n'est pas facile
d'amener un individu à s'entraîner et surtout de façon
régulière.
En prenant conscience que la santé est un bien précieux,
l'individu saura se convaincre que l'entraînement physique n'est pas une
tâche mais plutôt un besoin chez lui.
Enfin, il n'est pas inutile de rappeler que les services rendus par les
clubs de santé sont accessibles à une très grande
majorité de la population. Actuellement, les Clubs de sarité
Silhouette offrent trois types d'abonnements qui étaient à
l'époque: annuel, au coût de $90, bisannuel au coût de $150
et permanent, au coût de $300. Ces montants représentent souvent
bien moins que les sommes dépensées par un individu en cigarette
ou en alcool chaque année.
Les services sont fournis sur une base illimitée,
c'est-à-dire que l'individu peut profiter des installations offertes
pendant toute l'année et aussi souvent qu'il le désire
contrairement par exemple à certains sports de type saisonnier.
Comme il a été possible de le constater, les clubs de
santé ont comblé un besoin tant chez l'individu que dans la
société. Il est indiscutable que l'entraînement physique
régulier est certes plus que souhaitable, tant sur le plan social, afin
d'aider à enrayer certaines maladies souvent mortelles, que sur le plan
individuel.
L'industrie a aussi comme premier objectif d'améliorer sans cesse
le produit offert au consommateur. De nouveaux clubs ont été
construits afin de satisfaire la demande sans cesse grandissante. De plus, il
faut reconnaître que, de- puis leur fondation en 1959, les Clubs de
santé Silhouette ont su établir une continuité qui est
garante de l'avenir.
Le gouvernement du Québec présente actuellement un projet
de loi dont le but est de définir les droits et obligations du
consommateur en matière de certains contrats de louage de service. Ce
sont les articles 62 à 67 du projet de loi.
Les articles 62 et 63 définissent le champ d'action de cette
nouvelle loi. Ils visent en particulier les clubs de santé. L'article 64
définit et réglemente avec beaucoup de précision le
contenu du contrat qui interviendra avec le consommateur en plus d'ouvrir la
porte à une législation par réglementation mais dont nous
ignorons la teneur actuellement.
Les articles 65, 66 et 67 accordent au consommateur le privilège
de résilier en tout temps son contrat tout en limitant sa
responsabilité.
Nous l'avons déjà dit, le but et l'objectif de cette loi
est de protéger le consommateur contre certains abus et l'industrie
souscrit d'emblée à cet objectif.
La majorité des griefs adressés par les consommateurs
semblent être les suivants:
Les techniques de ventes. Il s'agit ici de plaintes relativement aux
ventes faites sous pression;
Le désir d'annuler l'abonnement parce que l'individu abandonne
après un essai trop court et pour d'autres raisons personnelles;
L'impossibilité de continuer l'abonnement à la suite de
maladie ou de déménagement;
De plus, il faudrait ajouter que, dans certains cas, les services
offerts frisent même l'escroquerie, tels les régimes amaigrissants
par usage de bandelettes, etc. J'espère qu'on ne pourra pas être
poursuivi pour une telle affirmation. Les gens qui ont fait la chose ont
été poursuivis.
L'industrie reconnaît qu'il faut réglementer les services
offerts aux consommateurs afin d'éliminer certaines pratiques qui sont
absolument à bannir.
Cependant, s'il faut tenir compte des droits du consommateur à
recevoir les services auxquels il a droit, il ne faut pas oublier que cette
industrie est, elle aussi, astreinte à de nombreuses obligations.
Actuellement, il en coûte aux environs de $250 000 à $400
000 pour construire et équiper un club de santé. La mise de fonds
initiale est très coûteuse. De plus, il faut y ajouter les
coûts d'exploitation.
Actuellement, les Clubs de santé Silhouette versent annuellement
en salaires une somme d'environ $1 650 000 et embauchent un personnel d'environ
325 personnes sur une base permanente ou occasionnelle. En plus des
impôts payés aux différents corps politiques, les Clubs de
santé Silhouette achètent annuellement pour environ $250 000 de
produits de toutes sortes dont plus de 80% sont fabriqués au
Québec.
Il faut reconnaître que l'investissement initial est très
considérable. La construction d'un club de santé n'est en rien
comparable à celle d'un studio de danse, par exemple.
Actuellement, le total des investissements
s'élève à plus de $2 500 000 tandis que le seul
chapitre des obligations à titre de location se chiffre à plus de
$2 850 000.
Les services offerts par les clubs de santé représentent
d'abord le concept de la forme physique et l'utilisation d'appareils et
d'espaces afin de suivre un programme d'entraînement physique. Le
consommateur peut utiliser aussi souvent qu'il le désire les
installations mises à sa disposition.
L'article 64 du projet de loi détaille de façon
très explicite le contrat qui devra intervenir entre le consommateur et
le club de santé. Nous aimerions souligner ici le champ d'application de
trois alinéas spécifiques.
L'alinéa c) de cet article prévoit la divulgation "d'un
nombre d'heures ou de jours sur lequel sont répartis les services".
Actuellement, le consommateur peut bénéficier des services
qui lui sont offerts pendant les heures d'ouverture qui sont
généralement de douze heures par jour. Il faut remarquer ici que
le service n'est pas quantifié en terme horaire, c'est-à-dire que
le consommateur n'est pas minuté pour l'accomplissement de son
entraînement. L'individu suit son propre rythme sous la surveillance de
moniteurs. C'est pourquoi il faudrait éclaircir cet alinéa afin
de définir les jours et les heures d'ouverture des clubs de
santé.
Quant à l'alinéa d), il s'agit certes de celui qui pose le
plus de difficultés à l'industrie des clubs de santé.
Nous avons déjà mentionné plus haut que les Clubs
de santé Silhouette vendaient des cartes de membre sur une base
annuelle, bisannuelle ou permanente.
Selon les chiffres déjà fournis, et selon aussi les
disponibilités des clubs de santé, nous pouvons estimer qu'un
abonnement annuel revient à un coût d'environ $0.60 par visite
tandis que l'abonnement bisannuel revient à un coût d'environ
$0.50 par visite. Il va sans dire que l'abonnement à vie ou permanent a
un coût de revient beaucoup moindre.
La vente d'un abonnement sur une base annuelle, bisannuelle et
permanente permet à l'industrie de planifier à long terme et la
planification quant à l'engagement du personnel, par exemple, est
facilitée d'autant.
Qu'arrivera-t-il si les clubs de santé doivent indiquer un taux
horaire ou quotidien, alors qu'auparavant l'utilisation étant
étalée sur une plus longue période de temps, il
était plus facile d'établir les coûts. Avec le projet de
loi, il n'y aura plus cette possibilité et, en conséquence, les
clubs de santé, devant l'obligation de calculer ce taux horaire ou
quotidien, devront quantifier le coût réel à l'heure. Ce
calcul aura pour effet de faire augmenter le prix exigé du
consommateur.
Il faut aussi interpréter cette disposition en conjonction avec
les dispositions de l'alinéa h) de l'article 64 et de l'article 65. Ces
dispositions ont pour effet de plonger l'industrie dans la plus grande
incertitude. Nous l'avons déjà dit plus haut, actuellement, les
propriétaires des clubs de santé ont déjà des
engagements financiers très importants à assumer et c'est
pourquoi il faut s'appuyer sur une certaine stabilité
économique.
Devant l'incertitude d'avoir à résilier un contrat de
façon unilatérale, il devient presque impossible de planifier
toute expansion, toute recherche additionnelle de même que l'engagement
du personnel.
Ces dispositions peuvent conduire à l'anéantissement total
des clubs de santé. D'abord, en réduisant à néant
toute possibilité de financement car aucune institution
financière ne peut raisonnablement prêter si l'emprunteur ne peut
garantir une certaine planification dans ses revenus et, de plus, les services
offerts, en plus d'être plus élevés, pourront même
être de qualité inférieure.
L'un des grands perdants sera aussi le consommateur. Alors que la loi
est faite dans le but de protéger le consommateur, celle-ci aura tout
simplement un effet inverse.
D'ailleurs, nous aimerions souligner que les Clubs de santé
Silhouette ont toujours honoré les abonnements permanents qui se
vendaient à l'époque pour la somme de $50. Un grand nombre de
consommateurs sont membres et fréquentent nos clubs de santé
depuis au moins dix ans. Ces consommateurs n'ont certes pas été
perdants dans la transaction. Au contraire.
Actuellement, le consommateur bénéficie d'un essai gratuit
dans les Clubs de santé Silhouette. De plus, dans le cas
d'incapacité médicale prouvée, les Clubs de santé
Silhouette ont adopté comme politique de rembourser le consommateur.
Cependant, il peut paraître souhaitable de donner au consommateur
la possibilité de résilier son contrat dans un délai
imparti après signature. Evidemment, cette résiliation devra
être soumise à certaines formalités quant au délai
par exemple et non pas seulement selon Ie bon plaisir du consommateur.
En effet, il faut mentionner que la majorité des coûts sont
encourus dès le début. Les services d'inscription, la
préparation du programme, l'instruction préliminaire du
consommateur sont effectués dès les premières visites.
Le projet de loi ne tient pas compte de cette réalité et
impose à l'industrie une condition impossible à remplir.
De plus, les Clubs de santé Silhouette honorent les abonnements
de consommateurs qui ont été visés dans leurs contrats par
des compétiteurs qui ont fermé leurs portes. Rares sont les
entreprises qui peuvent en dire autant. En conséquence les Clubs de
santé Silhouette qui proposent les recommandations suivantes:
Le consommateur pourra bénéficier d'une séance
gratuite d'entraînement afin de connaître vraiment les services qui
lui sont offerts;
Advenant le cas d'une possibilité de résiliation par le
consommateur, il faudra que ce droit ne puisse plus être exercé si
le consommateur a déjà utilisé les services afin
d'éviter des frais d'administration trop élevés;
La loi pourrait aussi réglementer et contrôler
la qualité des services offerts en imposant des normes de
formation quant au personnel par exemple;
La loi pourrait prévoir certaines possibilités de
résiliation pour cause spécifique, comme dans le cas de maladie
ou autres empêchements majeurs qui pourraient être, en
l'occurrence, les cas de déménagement où les services sont
absolument impossibles à donner.
Il s'agit ici d'une entreprise qui est je dois ajouter
presque complètement canadienne québécoise et qui fait
face à une impossibilité presque viscérale, je l'ai dit
tout à l'heure, de calculer le coût horaire ou le coût des
services. Evidemment, dans certaine publicité, j'en ai vu, nous en avons
fait, on a mentionné justement cette forme de publicité. Je peux
vous dire tout de suite que ce n'était peut-être pas la meilleure
publicité qui a été faite, j'en conviens, sauf
qu'actuellement le projet de loi veut peut-être régler la carie
dentaire et dire: Monsieur, on va vous enlever toutes les dents. C'est vrai
qu'il y a eu des erreurs dans le passé, sauf que l'on prend la masse et
on y va vraiment, enfin, on n'y va pas avec le dos de la cuillère,
j'aime mieux l'expression.
C'est pourquoi je crois qu'il y aurait lieu de réglementer. C'est
un fait. Nous l'admettons. Doit-on aller plus loin? Je ne crois pas que ce soit
nécessaire. Je crois que le but serait atteint de la même
façon qu'en donnant au consommateur cette facilité à tout
moment, c'est-à-dire que tout simplement on voudrait implanter dans
notre droit une espèce d'irresponsabilité du consommateur.
C'est-à-dire aussi que ce ne sont quand même pas des contrats
excessifs comparativement à ce qu'on a vu ce matin. Enfin, je pe veux
pas non plus dire que ce matin c'était correct ou pas correct. Vous avez
des espèces de machins pour faire de l'exercice, qui coûtent entre
$80 et $2200. Chez Silhouette, la personne peut bénéficier
d'appareils non semblables peut-être mais enfin d'appareils qui vont
servir au conditionnement physique; et même en payant pour toute une vie,
le type n'a à payer actuellement que la somme maximale de $300; alors
que certains ont payé dans le passé la somme de $50.
Ces contrats, encore aujourd'hui, sont respectés. Même
là, qu'allons-nous faire avec les contrats existants, les contrats
permanents? Les contrats permanents ne sont pas mentionnés. Une personne
qui a payé $50 il y a peut-être sept ou huit ans et qui continue
encore à honorer aujourd'hui ce contrat peut décider de
résilier son contrat, comme la loi le lui permet. La loi ne fait pas
mention des contrats existants, c'est donc dire qu'à ce moment-là
on les laisse comme ils sont, la loi n'ayant pas d'effet rétroactif.
Quand même, on va se retrouver dans la même situation qui
est un peu drôle. Certains pourront le faire, d'autres ne le pourront
pas. Pourquoi certains pourront-ils le faire, pourquoi d'autres ne pourront-ils
pas le faire?
C'est tout simplement parce qu'ils auront obtenu leur contrat avant
l'adoption de la loi. C'est pour cela que, dans les faits, bien souvent, on
impose des conditions qui sont évidemment très dif- ficiles
à remplir parce que le service rendu n'est pas basé sur un
service horaire ni quotidien. C'est la personne qui s'entraîne. Ce n'est
pas facile pour une personne seule de s'entraîner. Il y a beaucoup de
difficultés à s'entraîner seul. Evidemment, c'est toujours
plus facile de procéder en groupe à un entraînement, parce
qu'il y a la stimulation, l'émulation non pas qu'on veuille en
arriver là parce que les Jeux olympiques n'arrivent qu'une fois
tous les quatre ans, mais c'est quand même pour permettre à la
personne de se sentir bien en faisant cet exercice.
Il y a aussi un autre effet. C'est que la personne en mauvaise condition
physique la condition physique n'est peut-être pas optimale, mais
avec l'exercice, on se sent toujours mieux c'est comme la personne qui
récupère après une opération ou une longue
période de convalescence. Elle se sent mieux, mais la personne qui se
sent bien va arrêter un peu tout, elle va tricher sur la fourchette et,
après cela, elle va retomber comme avant et va revenir.
Il y a quand même un cycle chez l'individu. C'est très
difficile de pousser l'entraînement toujours au maximum, même nos
professionnels n'ont pas cela.
Alors, imaginez-vous quelqu'un qui ne fait cela seulement pour son
plaisir ou du moins pour se tenir en forme. Ce n'est pas facile à
convaincre. La santé, c'est vrai, c'est un bien de consommation. C'est
facile de vendre quelque chose pour la santé parce que la personne ne
peut pas dire: Ecoutez, je n'en ai pas besoin. La personne peut difficilement
dire cela.
La dame, comme le disait ce matin... Votre épouse vaut au
moins... Enfin, je ne m'aventurerai pas là-dedans, mais que vous soyez
en forme. C'est évidemment que ce n'est pas comme dire: Ecoutez,
monsieur. Vous avez besoin d'un téléviseur couleur. La personne
peut toujours dire: On va s'en passer. Pour une personne qui est en mauvaise
santé il est plus difficile de lui faire admettre qu'elle devrait rester
en mauvaise santé. C'est instinctif. C'est congénital. La
personne veut être en bonne santé. D'accord. Il y a des techniques
de vente, à ce moment, qui peuvent être un peu poussées.
C'est un fait, sauf qu'au bout de tout cela, il faut quand même se rendre
compte que la personne qui est en bonne santé n'a pas perdu dans
l'échange, même si on lui a mis dans la tête qu'il fallait
être en bonne santé. Si elle l'est, on ne l'a quand même pas
triché.
Il y a aussi autre chose. Les clubs de santé se sont
implantés graduellement. C'est pour cela d'ailleurs, comme vous l'avez
vu à la fin, on essaie tranquillement de rendre les services d'une
façon plus professionnelle. C'est un fait. Il y a eu beaucoup de
charlatanisme là-dedans. On ne s'en cache pas.
Et si le but du projet était d'éviter les faux
prophètes et tout ça, déjà on aurait accompli un
grand pas. Il pourrait éliminer certaines pratiques. Elles sont à
bannir. J'en conviens.
Faut-il, à ce moment, prendre les moyens draconiens tels que
proposés dans le projet de loi? Nous soumettons, sans aller aussi loin,
qu'il y a du
chemin à faire, mais que de là à dire aux
personnes, vous savez: Vous avez vendu des contrats. On ne sait jamais quand on
va revenir vous réclamer l'argent. Bien souvent, comme on dit, ce sont
des industries qui consomment beaucoup d'argent et dont les capitaux sont assez
énormes. Evidemment, ce n'est pas le stade olympique. Pour un individu
seul, cela peut parfois devenir assez difficile à supporter. Et la
personne qui se trouve ainsi, l'homme d'affaires qui ne sait jamais quand on va
lui résilier un contrat, vit toujours dans l'incertitude de remettre de
l'argent, alors, comment peut-il faire une planification? Même un Etat,
un organisme, qu'il soit public ou privé, ne pourrait vivre de cette
façon.
Je ne sais pas comment réagirait un gouvernement si on lui
disait: Vous savez, si je décide de ne pas payer mes impôts, je ne
les paie pas. J'ai consommé des biens et services du gouvernement. Je ne
les ai pas eus. Donc, je ne paie pas mon impôt. Vous savez que la
même personne va se retrouver en prison ou à tout le moins, on va
la nettoyer proprement.
J'en sais quelque chose. Je fais du droit fiscal et, à ce moment,
ce n'est presque pas possible. C'est que vous mettez une personne dans une
situation financière qui n'a pas pour effet d'encourager la
stabilité et c'est un peu comme on disait ce matin. Si on régit
trop les mécanismes, c'est comme tenir un oiseau dans sa main. Si on le
tient trop fort, l'oiseau va mourir. Si on ne le tient pas assez fort, il va
s'envoler.
C'est un peu cela. Chaque partie essaie de louvoyer ou de se
présenter... On n'en est pas à dire qu'il faut absolument
organiser le consommateur, mais, d'un autre côté non plus, ce
n'est quand même le pas d'une pendule.
Il ne faut pas non plus que tous les inconvénients soient
reportés sur la même personne, sur le même individu. Ce ne
sont quand même pas des contrats de $10 000 qu'on fait signer.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre des
Consommateurs, Compagnies et Institutions financières.
Mme Bacon: Pourriez-vous nous dire combien vous avez de clubs
dans la province en ce moment?
M. Monette: II y en a actuellement 19.
Mme Bacon: 19. Vous dites qu'ils sont surtout situés en
milieu urbain. Est-ce que toutes les régions sont couvertes ou sont-ce
seulement ce qu'on appelle les grands centres?
M. Monette: Toutes les régions ne sont pas couvertes. Dans
le Lac-Saint-Jean?
Mme Monette: ... Valleyfield, Trois-Rivières, les autres
salons sont...
Mme Bacon: ... sont dans Montréal.
Mme Monette: ... dans Montréal, Laval, Du-vernay, la rive
sud, Pointe-Claire.
Mme Bacon: Dans la grande région de Montréal? Ces
clubs appartiennent-ils au même propriétaire ou y a-t-il des
propriétaires différents? Comment cela fonctionne-t-il?
M. Monette: Le club de santé ou l'entreprise Silhouette
est évidemment le chapeau.
Mme Bacon: Oui.
M. Monette: Et après cela, ce sont des systèmes de
"franchise", évidemment, avec certains contrats. Les "franchisés"
ou ceux qui possèdent la "franchise" doivent quand même se
conformer à certaines normes, évidemment, sous la
pénalité de perdre leur droit de "franchise".
Un droit de "franchise", je ne sais pas comment cela peut exister
ailleurs, mais il est donné par la compagnie mère, si on peut
dire, mais la personne telle quelle qui est propriétaire d'une
"franchise" est propriétaire du club ou de l'édifice. C'est elle
qui a signé le bail. C'est l'entité juridique distincte qui
assume presque entièrement tous les coûts. L'entreprise Silhouette
va peut-être, à ce moment, défrayer les coûts de
publicité. Elle va quand même regrouper les gens. Elle va quand
même s'assurer que tout est fait selon les normes. Les cours qui ont
été organisés ont été faits par l'entreprise
et ont été donnés, après cela, aux
différentes personnes.
Mme Bacon: Dans le cas de changement de propriétaire,
est-ce que le nouveau propriétaire est lié par le contrat qui
était signé par l'ancien propriétaire? Est-ce qu'il doit
respecter cela?
M. Monette: C'est-à-dire que, s'il achète la
"franchise", oui. Ce n'est peut-être pas "le mort saisit le vif", mais
l'ancien est saisi des mêmes droits. Evidemment, pour qu'il puisse enfin
utiliser le mot "Silhouette", peut-être pas la marque de commerce, mais
la marque de commerce Silhouette, il doit quand même se soumettre
exactement aux mêmes termes et conditions qu'à l'origine. Ensuite,
avec le temps, il doit aussi se soumettre aux nouvelles directives, aux
nouvelles politiques de la compagnie afin de maintenir un service quand
même équivalent dans tous les clubs.
Mme Bacon: Si un club ferme ses portes pour une raison ou pour
une autre, est-ce que vous prévoyez un remboursement si ensuite il y a
un nouveau propriétaire, s'il y a un délai de deux ou trois mois,
s'il n'y a pas de cours, s'il n'y a pas de possibilité pour les gens de
se rendre sur les lieux? Est-ce qu'il y a un remboursement ou si tout
simplement le contrat continue de la même façon?
M. Monette: Cela dépend. On va prendre un club qui va
fermer où les gens allaient normalement.
Mme Bacon: C'est cela.
M. Monette: Actuellement, si c'est une carte permanente, le
problème ne se pose pas. Si c'est
un abonnement à l'année ou bisannuel, ce qui est fait dans
certains cas c'est qu'on fige la période et elle est reportée
évidemment.
Mme Bacon: Vous le prolongez. Vous pouvez y aller.
Mme Stewart (Angèle): Je m'excuse. De toute façon,
même si ce sont des propriétaires différents, on a
l'entente, entre tous les salons, qu'un membre qui est enregistré,
disons chez moi, sur Crémazie, a le droit d'aller dans n'importe quelle
des autres succursales.
Mme Bacon: Oui, mais ce que je viens de dire c'est que, si un
club fermait, pour une raison ou pour une autre, et qu'il y a une
réouverture trois ou quatre mois après, ce que je comprends de la
réponse, c'est...
Mme Stewart: La réponse...
Mme Bacon: ...qu'il y a une prolongation du contrat à ce
moment, pour la période de temps où on n'aurait pas reçu
ces services.
Mme Stewart: Oui.
Mme Bacon: D'accord. Est-ce qu'il y a des raisons pour lesquelles
vous acceptez de faire des remboursements, en ce moment, dans votre pratique
habituelle?
M. Monette: II y a certains cas. D'ailleurs ce matin, on en
parlait. C'est une dame qui aurait signé un contrat et dont on aurait
reçu une lettre d'un psychiatre, d'un psychologue expert, je ne me
souviens plus du terme...
Mme Stewart: Psychiatre.
M. Monette: ...qui disait que la dame n'était pas apte
à signer un contrat. C'est peut-être un genre d'interdiction ou je
ne sais pas trop quoi. Dans ce cas, évidemment, à tout
événement, même si la personne allait devant les tribunaux,
il faudrait quand même se rendre à l'évidence. Mais il y a
d'autres cas, des cas de maladie, où cela s'est produit. Les clubs de
santé n'ont pas comme politique de rembourser la première
personne qui se présente en disant: Ecoutez, monsieur, entrez, on vous
rembourse. Cela prend quand même des raisons motivées,
sérieuses.
Mme Bacon: Si un club ferme et que personne n'en prend la
relève, qu'est-ce qui arrive des abonnements à ce moment? Est-ce
que c'est la compagnie comme telle qui est responsable ou si les abonnés
perdent simplement l'argent qu'ils ont versé?
Mme Stewart: Ce n'est réellement pas arrivé sans
que cela ne soit remplacé par quelqu'un d'autre. C'est arrivé au
tout début, mais ce n'est pas réellement arrivé. Je ne
peux pas me souvenir quand cela a pu arriver, sans que la relève ne soit
prise. Je veux vous donner un exemple, il y a peut-être trois ans, le
salon au coin de Victoria et Van Horne a été fermé. Par
contre, nous en ouvrions un autre à Saint-Laurent avec piscine et bain
tourbillon. Les membres ont été transférés, il y a
aussi quelques membres qui ont eu des remboursements, ceux qui ne voulaient pas
faire le trajet, qui trouvaient que le trajet était trop long. On a fait
des remboursements à ces gens.
Ce qu'on a fait beaucoup, par le passé, parce qu'au début
on avait des petits salons, on a maintenant fermé les petits salons pour
les remplacer par ce qu'on appelle des "spas".
Les gens n'ont pas d'objection à voyager peut-être cinq ou
dix minutes de plus pour avoir le privilège des services
additionnels.
Mme Bacon: Je comprends ça pour un grand centre, mais dans
une petite ville, par exemple où il y aurait un club et qu'il est
fermé, qu'il n'y en a plus d'autre...
M. Monette: La question actuellement je vais vous
répondre est hypothétique. Il n'y a rien de prévu,
cela ne s'est jamais produit.
Mme Bacon: Dans votre façon de procéder, il n'y a
rien de prévu.
M. Monette: Légalement parlant, si on s'astreint au texte
contractuel entre les parties, assurément, il n'y a rien. Sauf
qu'évidemment il y a aussi un nom à apposer.
Mme Bacon: Mais oui.
M. Monette: Evidemment, ce n'est jamais arrivé que le
salon fermait, c'est sûr que les personnes qui sont là, on ne peut
pas les obliger à venir à Montréal faire de l'exercice,
à moins de les amener à pied. A ce moment-là, l'exercice
serait déjà fait. Mais c'est que le problème,
techniquement parlant, ne s'est jamais posé et c'est peut-être
pour ça que...
Mme Stewart: Même s'il se posait, Me Monette, nous
essaierions de former une équipe pour aller rouvrir ce salon. C'est la
raison pour laquelle les entreprises Silhouette ont cessé, depuis
peut-être une année, nous n'accordons plus de "franchise". Nous
voulons restructurer notre compagnie. C'est un bon côté
éliminé pour le moment.
Alors, si un tel cas se présentait et que nous n'étions
pas capables de nous trouver un acheteur dans l'immédiat, on formerait
une équipe et on l'enverrait jusqu'à ce qu'il y ait d'autres
décisions prises.
Mme Bacon: A Jonquière, est-ce qu'on n'a pas fermé
à un moment donné?
Mme Stewart: C'est encore ouvert, mais on a changé de nom.
Les gens qui avaient Chicoutimi-Jonquière...
Mme Bacon: Les contrats sont honorés de la même
façon.
Mme Stewart: ... ont vendu à des gens de l'endroit qui ont
décidé que ça n'était pas nécessaire pour
eux d'utiliser le nom Silhouette, qu'ils étaient capables de se tirer
d'affaire avec un nom, je ne sais pas comment ils s'appellent...
M. Bédard (Chicoutimi): Plus approprié.
Mme Stewart: Oui, plus approprié sans doute, mais
individuellement. A ce moment-là, ils ont tout de même
honoré les contrats des membres qui avaient été
enregistrés durant le temps où c'était Silhouette.
Mme Bacon: Les contrats sont honorés à ce
moment-là par...
Mme Stewart: Oui. Cela ne serait pas une bonne politique de leur
part de toute façon parce que l'édifice est le même et le
personnel est le même; alors ce ne serait tout de même pas une
bonne politique.
Mme Bacon: Vous avez des périodes d'essai que vous mettez
à la disposition des futurs abonnés.
Mme Stewart: Une visite, oui.
Mme Bacon: Est-ce que c'est une visite seulement?
Mme Stewart: Une visite, oui.
Mme Bacon: C'est la seule période d'essai que vous
donnez.
Mme Stewart: Oui.
Mme Bacon: Cela, c'est avant la signature du contrat.
Mme Stewart: Oui.
Mme Bacon: Est-ce que vous pouvez nous dire combien
d'abonnés vous avez dans vos 19 studios ou si c'est impossible parce que
ce sont des "franchises" qui sont données?
Mme Stewart: C'est plus difficile, oui.
Mme Bacon: Vous n'avez pas de statistiques non plus sur la
répartition des contrats annuels, bisannuels ou permanents?
M. Monette: A partir du moment où le projet de loi a
été présenté, j'ai quand même commencé
à établir certaines statistiques. D'abord, c'était
très embryonnaire, parce qu'il n'y a aucune période de temps
très petite surtout si on se souvient que les studios Silhouette datent
de 1959. Comme le disait tout à l'heure Mme Stewart, les gens arrivent
avec des vieilles cartes de 7, 8, 12 ans et reviennent parce qu'ils ont une
carte permanente, avec une carte qui a trois ou quatre morceaux de "scotch
tape", tout ça. Evidemment, on leur en donne une nouvelle et on
espère qu'elle va durer longtemps, mais au début, c'est qu'il n'y
avait aucune statistique tenue, c'est pour ça.
On pourrait peut-être d'ici une période un peu plus
prolongée vous donner des statistiques. Actuellement, c'est dans un
état qui est tellement embryonnaire, on commence à peine à
vérifier ces données. C'est presque impossible de vous donner une
réponse à cette question.
Mme Bacon: Dans les sommes à débourser par les
abonnés, est-ce qu'il y a d'autres sommes supplémentaires pour
des produits ou d'autres cours, qui doivent être déboursés
ou si c'est une somme globale dans le contrat, si tout est compris, tout ce qui
est offert par votre club?
Mme Stewart: Non, nous offrons autre chose dans nos clubs. La
carte de membre initiale donne droit à tous les services, moniteurs,
monitrices, accès à la piscine, bain tourbillon, enfin tout ce
qui est appareil, lampe solaire. C'est compris dans un coût.
Mme Bacon: Comme un droit d'entrée.
Mme Stewart: Exactement et avec les classes de groupe, les
exercices qu'on donne, enfin tout ça.
Il y a un coût supplémentaire pour les traitements de
massage corporel qui nécessitent une masseuse, une
physiothérapeute et il y a aussi des traitements faciaux et
différents traitements...
Mme Bacon: Je voulais juste que ce soit clair. Y a-t-il un droit
d'entrée en plus de l'abonnement?
Mme Stewart: Non.
Mme Bacon: C'est votre abonnement qui donne l'utilité des
appareils.
Mme Stewart: C'est tout. Oui.
M. Monette: Le montant est payé. C'est un abonnement
permanent.
Mme Bacon: II n'y a pas de droits en plus de l'abonnement?
Mme Stewart: Non. Il n'y a pas de montant. M. Monette: Le
montant est payé.
Mme Bacon: Est-ce que c'est votre tactique générale
de percevoir le montant total de l'abonnement à la signature même
du contrat ou si une personne peut vous verser un accompte ou un versement
initial et, par la suite, un autre versement ou si on exige le montant total au
moment de la signature du contrat?
Mme Stewart: Je dirais que, dans 60% des
cas, les gens font un seul paiement. Par exemple, s'ils n'ont pas tout
l'argent, sur une carte d'une année qui est de $90, on peut le faire en
deux versements ou trois versements. Nous prenons les versements jusqu'à
90 jours en trois chèques.
Mme Bacon: Ah bon!
Mme Stewart: Sans intérêt, oui.
Mme Bacon: On parlait de statistiques tout à l'heure...
Vous n'avez pas de statistiques quant à l'utilité des clubs par
les membres permanents. Cela n'a jamais été établi.
M. Monette: On commence, disons que je m'attendais à cette
question. Malheureusement, le projet de loi a été
déposé...
Mme Bacon: Le 30 mars.
M. Monette: II y avait seulement le nom de Mme Bacon sur le
projet de loi. Au moment où j'en ai pris connaissance au mois de mai,
fin de mai, début de juin et avant que je puisse commencer
tout...
Mme Bacon: Cela n'avait jamais été établi
auparavant.
M. Monette: Jamais.
Mme Bacon: Vous n'avez pas non plus le taux d'abandon des membres
permanents, ceux qui ont quitté comme ceux qui l'utilisent. Un ou
l'autre. C'est assez difficile...
M. Monette: Ce n'était même pas tenu dans les
registres, ces choses-là, au début. C'est le problème
actuellement.
Maintenant, c'est plus facile à vérifier. Comme je vous
dis, les chiffres sont trop embryonnaires pour qu'on puisse...
Mme Stewart: Les détenteurs d'une carte permanente... Il
est rare qu'on fasse des exercices pendant douze mois sans arrêt. Je ne
connais presque personne qui le fasse. Les détenteurs d'une carte
permanente viennent en moyenne peut-être quatre mois par
année.
Mme Bacon: Dans l'ensemble.
Mme Stewart: Oui, c'est une moyenne d'après mes
connaissances. C'est à peu près quatre mois assidus par
année et ils reviennent peut-être l'année suivante, ou des
trucs comme ceux-là.
Quand ils sentent qu'ils ont besoin de se reconditionner ou de se
remettre en forme... Par contre, il y a des gens qui n'arrêtent presque
pas. Ils font six mois ou huit mois par année, mais c'est la
moyenne.
Mme Bacon: Si vous remarquez aussi dans votre mémoire, si
on arrive à l'article 64, paragraphe c), vos services ne sont pas
quantifiés en ter- mes d'horaires. Dans le cas d'abonnement annuel ou
bisannuel, il est assez facile d'indiquer le nombre de jours au cours desquels
sont distribués les services.
M. Monette: C'est un peu ce que je dis. On ne peut pas
vivre...
Mme Bacon: Dans le cas des permanents, c'est plus
compliqué.
M. Monette: Ce que je dis lorsque je fais la critique de
l'article, c'est qu'il n'est pas tellement clair. Ce qu'on dit: Madame vous
avez droit à une heure par jour, trois jours par semaine. Le studio est
ouvert douze heures par jour. Si le consommateur décide de prendre deux
heures ou trois heures, tout dépend de son rythme il n'y a pas un
rythme qui soit précis d'avance... Généralement, c'est
ouvert six jours par semaine, trois jours pour les femmes et trois jours pour
les hommes d'une façon alternative. A ce moment, la personne de sexe
féminin peut se présenter au moment où elle le
désire, soit qu'elle ait un rendez-vous, tout dépend du genre
d'exercice qu'elle peut faire. Il n'y a rien qui dise: Vous ne devez pas rester
plus qu'une heure en studio parce qu'il y a une madame à la porte qui
attend. La personne n'est pas limitée.
Mme Bacon: Ce n'est pas limité.
M. Monette: II n'y a aucune coercition, ce n'est pas un "in and
out", vous entrez et vous sortez comme... La personne est quand même
très libre en ce qui a trait aux exercices. Elle n'est pas
poussée, on ne l'oblige pas, on ne la presse pas.
Mme Bacon: II n'y a pas d'horaire fixe. M. Monette:
Absolument pas.
Mme Bacon: Dans aucun des clubs. C'est la même chose
partout.
Mme Stewart: Les clients viennent à leur discrétion
et restent aussi chez nous à leur discrétion. C'est
évident que le programme de conditionnement physique est
peut-être, au début, 20 minutes, 25 minutes et que cela
progresse.
Mais, il est bien difficile, maintenant, que les gens soient seulement
une heure chez-nous, parce que nous avons les salles d'eau où ils vont
prendre le tourbillon, le sauna. Ils retournent et reviennent, ils vont dans la
piscine, les douches. C'est plus qu'une heure. Parmi cela, il y a tout de
même des sofas où ils peuvent s'asseoir et jaser un peu pour
relaxer. On ne peut pas vérifier cela.
Mme Bacon: Dans le cas d'un contrat annuel, on pourrait indiquer
que les services sont répartis sur 365 jours. A ce moment-là, si
c'est indiqué dans votre contrat, cela n'irait pas à rencontre de
la loi, de ce que le projet de loi propose.
M. Monette (Jacques): Enfin, qui a dit le nombre d'heures et de
jours sur lesquels sont ré-
partis les services. Cela veut dire que c'est ouvert tout...
Mme Bacon: Le jour. Si vous dites: Les service sont
répartis sur une période de 365 jours, vous n'allez pas à
l'encontre du projet de loi.
M. Monette: Ce que je veux savoir, c'est ce que le projet de loi
dit. Evidemment, il n'y a que les juges qui peuvent interpréter les
lois. Mais, avant de leur donner une loi dans les mains, est-ce que cela veut
dire que les services doivent être rendus de telle période
à telle période? Le studio est ouvert de 7 h à 19 h, trois
jours par semaine, pour les dames, soit les jours impairs et les jours pairs,
parce que nos studios ne sont pas mixtes, pour le meilleur ou pour le pire.
Mme Bacon: Non.
M. Monette: A ce moment-là, c'est que les lundi, mercredi
et vendredi, ce sont les dames qui y ont accès. Les mardi, jeudi et
samedi ce sont les hommes. C'est peut-être ouvert 365 jours par
année, sauf les dimanches.
Mme Bacon: Les gens n'ont pas accès.
M. Monette: Les gens n'ont pas accès. Evidemment, il
faudrait diviser en deux, 180 moins les dimanches. Ce qui ferait
peut-être une période de 150 à 160 jours, vite. Je ne le
sais pas. De toute façon, les gens le savent, quand ils viennent. Jamais
personne n'est arrivé, jamais une dame qui n'est arrivée qui a
dit: Moi, je veux en faire le mardi. Ou un monsieur n'est arrivé qui a
dit: Moi, je veux en faire le lundi.
Mme Bacon: Au moment de la signature du contrat, ils sont
avisés.
Mme Stewart: Oui. Pardon, j'aimerais ajouter quelque chose.
Peut-être que les consommateurs, aussi, seraient perdants, parce que nous
avons un temps de remboursement. Comme à l'été, chez nous,
c'est très calme, les gens profitent du beau temps. On gèle leur
carte de membre. Ils ont le droit d'arrêter en juin, juillet et
août, par exemple, et rentrer en septembre et ces trois mois...
Mme Bacon: ...sont ajoutés.
Mme Stewart: ...sont ajoutés à la fin de la carte.
Même, en tout autre temps de l'année, quand ils manquent plus que
trois semaines, parce qu'on ne peut tout de même pas remettre visite par
visite, on n'en finirait plus. Une dame n'y a pas été pendant
trois semaines, elle nous appelle. Alors, pour une raison, soit maladie ou
autre, on remet le temps automatiquement. C'est une dame pratique.
Mme Bacon: Vous aimeriez que le projet prévoie des
possibilités de résiliation pour des causes bien
spécifiques. C'est ce que vous indiquez dans votre mémoire.
Pouvez-vous développer davantage les causes spécifiques? Vous en
avez dites quelques-unes.
M. Monette: Est-ce que le décès pourrait être
une cause spécifique?
Mme Bacon: C'est évident.
M. Monette: Le monsieur qui vient d'être
abonné...
Mme Bacon: ...à personne.
M. Monette: ...et qui, pour insuffisance cardiaque, quelques mois
après, ou des choses comme cela, ou un accident quelconque, pour un
état de santé qui est vraiment très sévère
et à cause de quoi il lui est impossible ne serait-ce que de se
promener en chaise roulante fatigue le monsieur... C'est évident qu'on
ne peut demander à cette personne: Tenez-vous en forme. Le gars va dire:
Ecoutez, cela ne marche pas. Il peut y avoir des déménagements,
dans certains cas. C'est évident que la personne qui
déménage, je ne sais à quel endroit, mais cela devient
théoriquement impossible.
Mme Bacon: Est-ce que ce seraient des causes...
M. Monette: Cela peut être une des causes, mais comment
faire pour quantifier la nature du remboursement.
Mme Bacon: Est-ce que ce sont des causes pour lesquelles vous
accepteriez de résilier des contrats?
Mme Stewart: La maladie, sûrement.
Mme Bacon: Avec des certificats de médecin.
Mme Stewart: Une bonne raison, c'est évident que, si la
dame se présente devant nous et qu'on voit réellement qu'elle est
malade, je suis bien d'accord. D'ailleurs, c'est une bonne politique aussi. Les
autres, avec une lettre de médecin comme j'en ai reçu une ou des
trucs comme cela.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): La plupart des questions ont
été posées fort pertinemment par Mme le ministre. C'est
tout simplement pour continuer sur la question du contrat. A l'heure actuelle,
avez-vous un contrat écrit que vous faites signer à chacun des
abonnés?
Mme Stewart: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que, sur ce contrat, les
causes de résiliation sont indiquées?
Mme Stewart: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Elles ne sont pas
indiquées. Est-ce que vous croyez qu'il y aurait lieu, pour le
bénéfice du consommateur, d'indiquer ces causes de
résiliation, les causes principales du moins, celles entre autres dont
vous nous avez fait part?
Mme Stewart: La maladie, je n'ai pas d'objection.
M. Bédard (Chicoutimi): La maladie, le décès
etc , tout cela.
Mme Stewart: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que cela va de soi,
mais...
M. Monette: C'est une très bonne idée. Je dois dire
que le député a une excellente idée. De toute façon
on est allé en pratique...
M. Bédard (Chicoutimi): Dans Chicoutimi, on en a eu.
Maintenant, est-ce que dans le contrat il y a d'indiquée la
possibilité de résilier le contrat?
M. Monette: Pas à ma connaissance. Je me souviens d'avoir
lu le contrat, mais...
M. Bédard (Chicoutimi): A l'heure actuelle, non seulement
la possibilité de résilier n'est pas indiquée, si je
comprends bien, mais les causes de résiliation non plus.
Mme Stewart: Ce n'est pas mentionné. D'ailleurs on les
avertit de bien y penser. Je sais qu'on entraîne nos employés pour
leur dire de bien y penser parce que nos contrats ne sont pas... On les
avertit.
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez que je vous dis cela
autant dans le sens de votre protection à vous que dans le sens de la
protection du consommateur.
Mme Stewart: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): A partir du moment où on
fait un contrat, qu'il soit annuel ou bisannuel ou permanent, à plus
forte raison, je pense, il y a avantage pour les deux parties à ce que
soient spécifiées ces choses.
Maintenant, j'aimerais quejvous me parliez de vos méthodes de
sollicitation.
Mme Stewart: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Comment se fait la sollicitation
chez vous?
Mme Stewart: C'est par la publicité dans les journaux,
à la télévision, beaucoup de bouche à oreille
aussi.
M. Monette: C'est une personne qui vient et qui dit: Ecoutez...
Il y a aussi la référence médicale qui est un autre
facteur.
Mme Stewart: Oui, j'avais oublié.
M. Monette: La référence médicale de
certains médecins. Ce n'est pas nécessairement un exercice
physique comme le fait de se retrouver en groupe, une espèce
d'émulation. La personne qui fait un progrès, c'est toujours plus
facile, plus encourageant lorsque plusieurs personnes peuvent
bénéficier...
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsqu'elle se le fait dire par
tout le monde autour d'elle.
M. Monette: Enfin, la nature humaine étant ce qu'elle est!
Comme je disais tout à l'heure, essayez de vous entraîner seul,
vous, à courir un mille par jour, je vous mets au défi; vous
allez peut-être le faire un mois, deux mois, six mois, puis je vais vous
souhaiter les mois d'hiver. Mais c'est très difficile faire de
l'exercice d'une façon purement personnelle.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela prend sûrement plus de
volonté.
Mme Stewart: Nos salons sont équipés aussi de tous
les appareils que l'individu ne peut pas s'acheter, que le consommateur ne peut
pas s'acheter chez lui. Alors on a tout cela à sa disposition.
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez, je ne mets pas en
doute, vous savez, l'utilité de ces salons de conditionnement physique.
Je pense que tout le monde est d'accord avec vous que les
Québécois la preuve est faite en ont de plus en
plus besoin. Il n'y a pas de doute là-dedans. Maintenant il s'agit de
mettre à leur disposition, aux conditions les plus avantageuses
possible, les moyens de parfaire ce conditionnement physique. Est-ce qu'au
niveau de votre sollicitation cela peut aller jusqu'à avoir des
personnes qui, effectivement, en font d'une façon tout à fait
spéciale? Est-ce que cela se limite à la publicité dans
les journaux, les références médicales et le
bouche-à-bouche?
M. Monette: Le bouche-à-oreille!
M. Bédard (Chicoutimi): Le bouche-à-oreille! Enfin
le bouche-à-bouche, on le verra plus tard.
Mme Stewart: J'ai mal compris la question. M. Monette: Je
pense que...
M. Bédard (Chicoutimi): Je demande si la publicité,
la sollicitation, votre système de sollicitation se résume aux
annonces publicitaires, journaux, télévision...
Mme Stewart: Oui.
M. Monette: Vous vous demandez si on a peut-être des
vendeurs...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela.
M. Monette: ... qui vont chez la madame et disent: Madame, vous
n'êtes pas en forme. Venez chez nous, vous allez être en forme.
Mme Stewart: Jamais.
M. Monette: Cela n'existe pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela n'existe pas.
Maintenant, vous avez des contrats, tel qu'on peut le lire dans votre
mémoire: annuels, bisannuels et permanents; est-ce que vous avez
déjà pensé...
M. Monette: ... au moment où cela a été
fait, parce qu'actuellement...
Mme Stewart: Un mini-programme d'été, comme on fait
cet été, mais ce n'est pas dans nos politiques habituelles. On a
fait un miniprogramme pour cet été de trois mois.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que je dois déduire
que vous écartez que cela devienne votre politique habituelle? Est-ce
que cette expérience s'est avérée plus ou moins
heureuse?
Mme Stewart: C'était la première fois, oui, on ne
le sait pas encore.
M. Bédard (Chicoutimi): Maintenant vous avez, il me
semble, certainement écarté la possibilité d'abonnements
mensuels.
Mme Stewart: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourquoi ?
M. Monette: Oui, parce que, d'abord, le coût était
presque prohibitif. Vous savez comme moi que la personne qui rentre, d'abord,
il y a les frais d'inscription. Il peut même y avoir, dans certains spas,
un médecin qui procède à un examen médical.
Après cela, le moniteur doit immédiatement donner à la
personne les instructions nécessaires, les instructions dans le sens de
la connaissance pour lui dire comment se servir des appareils. Evidemment,
après, la personne qui sait comment manier un appareil n'a
peut-être plus besoin d'instructions, mais seulement de surveillance, ce
qui est plus facile. C'est donc dire que, dès le début, la plus
grande partie du coût est déjà encourue. Est-ce le tiers,
la moitié ou les deux tiers? Je n'ai pas de chiffres précis. Aux
Etats-Unis, on l'a fait. C'étaient presque les deux tiers du coût
de la personne qui était enregistrée et, dans le premier mois,
c'était le coût de l'instruction.
M. Bédard (Chicoutimi): Même en tenant pour acquises
les explications que vous nous donnez sur l'investissement qui se situe
majoritairement en fonction du premier mois, est-ce que ceci, selon vous,
écarte quand même la possibilité d'abonnements mensuels? Si
c'est $90 par année... Je vous le demande. Remarquez que je ne suis pas
un expert là-dedans.
Mme Stewart: On ne doit pas changer.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'un premier mois peut
être de $30 et le reste pour autant que la personne soit satisfaite du
rendement obtenu ou des services offerts? Ce ne sont pas de grosses sommes, qui
sont en jeu, comme vous l'avez dit.
M. Monette: Oui, d'accord, mais il y a aussi le fait que ce n'est
pas comme repeindre une automobile alors que cela va vous prendre X nombre
d'heures.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, je sais.
M. Monette: Le conditionnement d'une personne qui arrive des fois
dans un état qui n'est peut-être pas excellent, qui est
peut-être même le mien aujourd'hui, au moment où je vous
parle, cela ne se fait pas en un mois; cela peut peut-être prendre deux
mois, peut-être trois mois. Ce qui fait que, si vous me posez la
question, je vais vous répondre qu'on ne s'est jamais posé la
question parce que dans ce milieu les gens ne se la sont jamais posée.
Pour eux, cela prend plus d'un mois à faire cette chose-là. Vous
posez la question, mais on ne peut pas vous répondre.
M. Bédard (Chicoutimi): Disons, au niveau de la
discussion, que ce n'est pas un mois. Je conviens avec vous que tout ceci se
fait dans un premier mois. Est-ce que la formule ne peut pas varier? Vous avez
un an, ce peut être six mois aussi. Vous pouvez avoir des contrats. Il me
semble qu'il pourrait y avoir la possibilité de contrats moins
longs.
M. Monette: D'accord, mais le contrat de six mois ne voudrait
certainement pas dire $45 pour six mois.
Mme Stewart: Non.
M. Monette: Sûrement pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Non.
M. Monette: Le coût serait supplémentaire, ce qui
fait que, pour le consommateur, la politique de la compagnie était de
lui donner un an pour lui permettre, disons, peut-être de faire trois
mois.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais parfois il faut faire
confiance; le consommateur, de temps en temps, est capable de prendre sa
défense, lui aussi, dans le sens su ivant.
M. Monette: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous pouvez lui donner des
possibilités que ce soit six mois, avec le
prix; d'accord, cela coûte plus cher pour les six premiers mois
que pour les six derniers. Mais, au moins, qu'il ait ces possibilités;
c'est à lui, après, de se rendre compte qu'effectivement,
plutôt que de le prendre pour six mois, au prix que ça
coûte, aussi bien le prendre pour l'année. Il me semble que ce
sont des choix qu'un consommateur peut faire.
M. Monette: Comme vous dites c'est même un point que
vous m'aidez à soulever une personne, par contre, qui a
peut+être pris un abonnement pour deux ans, par exemple, et qui paie
$150, elle y prend goût, d'une certaine façon. Après
quelques mois, enfin un laps de temps plus ou moins long, suivant le
consommateur, elle décide qu'elle aimerait avoir un abonnement
permanent. Les $150 qu'elle a déjà payés pour deux ans
sont crédités et on lui demande tout simplement encore $150. A ce
moment-là, la personne va avoir un abonnement permanent. Ce n'est quand
même pas... Ce matin, j'entendais pafler des coûts de financement,
et tout cela. La personne, une fois qu'elle a financé une fois, c'est
fini. Si elle veut avoir un abonnement permanent, les $150 lui sont
crédités, mais je ne dis pas que c'est à la fin du
programme, par exemple. Ce serait vous mentir. C'est à
l'intérieur du programme où la personne, à un moment
donné, dit: Moi...
M. Bédard (Chicoutimi): À l'intérieur du
programme pour lequel elle a payé,
M. Monette: Elle a payé.
M. Bédard (Chicoutimi): Elle peut, à un moment
donné, vouloir étendre le programme.
M. Monette: Si le bonhomme dit: Ecoutez, moi...
M. Bédard (Chicoutimi): II peut prendre un contrat et
prolonger un abonnement bisannuel ou encore le rendre permanent.
M. Monette: Le montant déjà payé reste
là et il ne paie que la différence.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon.
M. Monette: Quand même on ne dit pas: Ecoutez, monsieur,
vous aviez juste à choisir au début. De toute façon, on
n'a jamais fait cela. On sent quand même que la personne veut essayer et
une fois qu'elle a essayé, si la personne croit...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est sûrement pas une
méthode d'exploitant... Il n'y a pas de doute là-dedans.
M. Monette: Bien peut-être pas celle-là!
Mme Stewart: II faut essayer de les garder les plus heureux
possible, je pense bien.
M. Monette: On en vit depuis longtemps.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, puis sur la question de
stabilité financière, dans votre mémoire, cela commence
à être quand même assez impressionnant, les investissements;
une seconde, je vais trouver cela, c'est plus de $2 millions.
M. Monette: Cela est le coût comptable. Si vous prenez
celui de Trois-Rivières, comme je vous disais ce matin, il fut construit
en 1967 pour le coût...
M. Bédard (Chicoutimi): ...l'obligation...
M. Monette: ...de $70 000. Je vous mets au défi d'en
construire un semblable aujourd'hui pour le même coût. C'est quand
même la valeur comptable; le coût des installations actuelles
dépasse en valeur réelle ce chiffre.
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez, je parle de cela...
M. Monette: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'avez pas à
être sur la défensive. C'est dans votre mémoire.
M. Monette: Non, non, je ne suis pas sur la défensive.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est quand même
impressionnant. Tant mieux si cela va bien. Mais vous parlez d'investissement
de $2,5 millions; au chapitre des obligations à titre d'allocations,
vous parlez d'un montant de $2,85 millions. Je ne vous surprends pas, c'est
simplement pour essayer peut-être de revenir à la charge sur,
sinon une compilation exacte, au moins une approximation du nombre de membres
que vous pouvez avoir.
M. Monette: Cela j'avoue que... Les membres permanents annuels et
bisannuels, cela va être facile de les retracer. Evidemment là il
faut remonter à une période de temps.
M. Bédard (Chicoutimi): Au moment où on se parle,
ne pouvez-vous pas nous donner un chiffre précis? Si je vous en disais
un, est-ce que vous avez 30 000 abonnés?
Mme Stewart: L'an passé nous avons eu 18 000 membres
actifs à nos salons environ.
M. Bédard (Chicoutimi): L'an passé? Mme Stewart:
Oui.
M. Monette: Enfin ce sont des membres qui sont venus, il reste
qu'ils avaient une carte annuelle...
M. Bédard (Chicoutimi): Bien oui... Mme Stewart:
...carte de...
M. Monette: ...une carte permanente, c'est qu'il y a 18 000
personnes...
Mme Stewart: ...qui sont venues d'une façon
régulière...
M. Monette: ...avec des noms différents, qui sont
entrées dans les studios. Mais qu'est-ce qu'ils avaient comme
abonnement? Je l'ignore complètement.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Enfin, vous avez
parlé de 18 000 membres.
Mme Stewart: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a un autre point
peut-être, dans votre mémoire, au niveau des recommandations. A la
recommandation c), entre autres, vous dites: La loi pourrait aussi
réglementer et contrôler la qualité des services offerts
je pense que c'est une très bonne recommandation en
imposant des normes de formation quant au personnel par exemple. Je comprends
qu'il y a la compagnie maîtresse et que vous donnez des "franchises"
à différentes maisons ou établissements au Québec;
est-ce que toutes ces maisons ont un permis spécifique?
M. Monette: Qu'est-ce que vous entendez par un permis
spécifique?
M. Bédard (Chicoutimi): Un permis du
ministère...
Mme Stewart: ...d'exploitation.
M. Monette: C'est-à-dire d'abord qu'ils sont
généralement soumis à des lois municipales, comme ce qui
concerne la santé, la propreté, tout cela. Tout à l'heure,
on a parlé de soins de masseuses et tout cela. Vous savez qu'à
Montréal ces personnes doivent vous tenir et même madame ici a
dû faire prendre ses empreintes.
Mme Stewart: Service de la police.
M. Monette: ...de la police, non vous savez pourquoi, c'est tout
simplement parce que c'est très contrôlé à ce
niveau-là. Ce n'est quand même pas un centre d'éducation
qui a été reconnu en vertu de la loi sur les maisons
d'éducation; je ne le sais pas, je ne pense pas. Pas à ma
connaissance.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que cela pourrait aller, je
ne sais pas, je vous le demande, le sens de votre recommandation...
M. Monette: II n'est absolument pas...
M. Bédard (Chicoutimi): ...pourrait-il aller
jusqu'à exprimer le désir que ce serait une bonne chose qu'il y
ait des permis de délivrés non seulement pour les maisons dont
vous avez à vous occuper, mais à toute autre de même
nature, via le ministère des Affaires sociales? Est-ce que cela
peut-être...
M. Monette: Si cela a pour effet de réglementer la
qualité, il est évident qu'il n'y a personne qui peut s'opposer
à un but pareil. Si cela devient presque un "rubber stamp"
excusez l'expression anglaise là ce n'est peut-être plus
nécessaire. Je veux dire, c'est presque comme obtenir un permis de
conduire. Il faut être vraiment démuni physiquement pour
être incapable d'obtenir un permis de conduire. C'est peut-être
l'exemple ultime, qui boite peut-être un peu, c'est évident. Quand
même ce genre d'entreprise n'est pas à ce point répandu. Il
n'y en a pas des milliers dans le Québec. Il y en a des plus petits, il
y en a des plus grands.
Le studio Silhouette n'est peut-être pas le plus grand, mais il y
en a certainement beaucoup qui sont plus petits. Si vous mettez des normes,
vous savez comme moi que quelquefois cela va étrangler le petit et cela
va faire l'affaire des plus gros; cela ne fera peut-être pas l'affaire
des consommateurs non plus. Dès que vous réglementez, c'est ce
que je disais tout à l'heure, si vous serrez trop, vous allez
étouffer certaines personnes. Il y a des personnes qui peuvent donner
une excellente qualité de services mais qui n'ont peut-être pas
les moyens financiers d'absorber tous les coûts.
Quant à nous, déjà, la compagnie fait des efforts.
C'est déjà même dans la politique de la compagnie. On a
peut-être même devancé le projet de loi sur certains aspects
mais non pas les articles 65 et 66. A ce moment-là, on mettrait dans des
textes ce qui existe déjà dans des règlements ou des
choses comme cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Etant donné le genre de
services que vous fournissez à l'intérieur des salons, des
instituts eux-mêmes que vous pouvez avoir ou d'instituts de même
nature qui sont assez bien définis dans votre mémoire, il n'est
pas question je comprends d'obliger à l'obtention de
permis par-dessus permis de manière que cela requière tellement
de normes et tellement de conditions de différentes autorités
que, comme vous dites, cela devienne difficile à exploiter.
M. Monette: Cela peut le devenir.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez déjà les
autorités municipales, comme vous dites, qui exercent une certaine
surveillance.
M. Monette: Oui, une surveillance.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que votre désir
serait qu'au niveau de l'ensemble des instituts de santé, dans le genre
de celui que vous exploitez, on pourrait aller à demander simplement
qu'il y ait lieu qu'ils obtiennent un permis de la part du ministère
concerné? Je pense que ce serait le ministère des Affaires
sociales, dans ce cas-là.
M. Monette: La bataille des ministères se fera plus tard.
Vous posez une question. Evidemment, vous êtes avocat et vous savez qu'on
ne peut pas
parler pour autrui sauf pour soi-même, à part les
procureurs. Quant à nous, ce qu'on fait, déjà actuellement
on l'a. Vous me demandez: Est-ce que cela serait désirable? Nous, si
vous nous demandez de faire ce qu'on fait actuellement, je vais dire
franchement que c'est comme verser de l'eau sur les plumes d'un canard. On le
fait actuellement. Si, par contre, vous voulez réglementer davantage, je
vous dis que quant à nous on peut passer au travers, mais certains
autres studios ne pourront pas le faire. C'est une décision qui se prend
au niveau politique peut-être pas politique dans le sens partisan
au niveau d'une politique d'ensemble.
M. Bédard (Chicoutimi): De santé.
M. Monette: De santé. Je ne sais pas. Il va falloir vivre
avec les directives; ministérielles. De toute façon, si c'est la
même chose pour tout le monde...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous parlez d'une séance
gratuite que vous offrez. Est-ce avant la signature du contrat ou
après?
M. Monette: Avant. Mme Stewart: Avant.
M. Bédard (Chicoutimi): Avant la signature du contrat.
Mme Stewart: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Pas d'autre question
des membres de la commission? Merci, madame, merci, monsieur.
M. Monette: Nous vous remercions.
Le Président (M. Houde, Limoilou): J'invite
immédiatement l'Association féminine d'éducation et
d'action sociale.
Association féminine d'éducation et
d'action sociale
Mme Gervais (Solange): Bonjour, M. le Président. Ma
compagne s'absente pour une seconde.
Une Voix: Elle arrive.
Mme Gervais: Elle arrive. Je suis Solange Gervais, de l'AFEAS,
présidente générale. Je viens de la Mauricie. A ma gauche,
vous avez Lucie Lussier, deuxième vice-présidente
générale de l'AFEAS et responsable du comité
d'éducation.
M. le Président, Mme le ministre, messieurs les membres de
l'Assemblée nationale, je vous remercie au nom de l'AFEAS de nous
entendre et puissent nos commentaires et nos recommandations servir la grande
cause dès consommateurs.
L'AFEAS est une association de bénévoles très
représentative qui regroupe 35 000 silhouettes de femmes très
actives socialement à travers la province. Elle est formée de 600
cercles locaux regroupés en 13 fédérations. Elle compte
des femmes de tout âge, de toute culture et de toute condition sociale.
Les régions rurales, urbaines et semi-urbaines sont touchées par
l'action de l'AFEAS. On compte une dizaine de cercles dans Montréal et
les alentours et quelques-uns dans la ville de Québec.
Ses buts. Par l'éducation éveiller les membres à
leurs responsabilités et les engager à faire face aux exigences
de la famille et de la société, donc aussi éducation
à la consommation; réaliser une action sociale en vue de la
promotion de la femme et l'amélioration de la société, y
compris la consommation.
Ses moyens d'action. L'AFEAS a une publication mensuelle de 24 pages
où, une fois par deux mois, nous avons une chronique sur la
consommation. Nous avons aussi des études mensuelles dans les 600
cercles. Il y en a toujours au moins un qui regarde l'économie, donc
aussi la consommation. Cette année, c'est: Bien manger à meilleur
marché.
Nous avons des cours, des sessions. Ces cours sont autofinancés
ou à l'intérieur des cadres de l'éducation permanente.
Dans les rencontres de 30 heures, nous avons toujours trois heures sur
l'économie à l'intérieur desquelles nous pouvons
intégrer la consommation. Nous devons ajouter, aux moyens d'action,
notre participation au Salon de l'agriculture qui s'en vient pour
l'automne.
L'AFEAS ne se considère pas spécialiste dans la protection
du consommateur, mais celle-ci est un volet important de ses activités
en éducation et en action. Chaque sujet d'étude mensuelle se
rapporte à l'un de ces grands thèmes: famille, éducation,
communications, économie et politique. Dans le cadre des études
sur l'économie, ses membres s'intéressent à l'aspect de la
consommation. Depuis la loi 45, elle a confié à un de ses
comités ses préoccupations relatives à la consommation et
a intensifié davantage son action. C'est le comité des arts
ménagers, qui, au départ, s'occupait surtout de la production,
qui s'est occupé de la transformation et aujourd'hui il s'occupe des
trois: production, transformation et consommation.
Les membres de l'AFEAS sont, en majorité, des mères de
famille. Femmes au foyer pour la plupart, administratrices du budget et souvent
collaboratrices du mari dans une entreprise familiale. Nous touchons les trois
secteurs importants de la production, des intermédiaires et de la
consommation. Elles sont particulièrement touchées par la
publicité tapageuse et omniprésente. Les commerçants
itinérants connaissent cette situation et tentent d'en profiter au
maximum. L'information dont elles disposent ne se compare pas toujours
avantageusement à l'avalanche de messages publicitaires qui l'assaillent
à longueur de jour. Les techniques les plus raffinées de mise en
marché, la publicité la plus subtile lui créent des
besoins presque impossibles à satisfaire. Quand elles sont aux
prises avec un problème de consommation, elles sont souvent
démunies parce que leurs problèmes ne se mesurent pas toujours
aux moyens dont elles disposent. C'est dans cette perspective et afin de mieux
connaître les réactions de ses membres devant la publicité
qu'elles lancèrent, en 1974, une vaste enquête scientifique sur la
publicité à la télévision, à la radio et
dans la presse écrite.
Cette enquête a démontré clairement que les femmes
ne rejettent pas la publicité en bloc, mais qu'elles veulent une
publicité honnête, sans artifice trompeur. Elles veulent qu'on les
prenne pour des femmes normales, intelligentes, capables de décider
elles-mêmes si elles veulent tel produit. Les annonces mal faites,
exagérées, trompeuses qui nous montrent la femme comme une
idiote, une marâtre ou une "sexy girl" sont rejetées par la
majorité des femmes. Pour pallier ce manque d'information et cette
impression qu'a la femme vis-à-vis de la publicité et tout medium
comme la télévision, nous avons en marche depuis quelques mois,
pour ne pas dire quelques années dans certains endroits, des "TV clubs".
Cela est un genre d'interrogation en groupe sur tout ce qui regarde la
télévision, et le secteur de la publicité y est grandement
touché. Cette sensibilisation de ses membres à la
publicité a suscité de nombreuses résolutions au niveau
des cercles locaux. Celles-ci ont été étudiées par
les délégués en congrès régional, d'abord,
et puis en congrès général.
Une fois adoptées majoritairement, l'association les fait siennes
et s'engage à les présenter à qui de droit. C'est ainsi
que deux mémoires ont été préparés par
l'AFEAS dernièrement; l'un, datant de 1974, a été soumis
au cabinet des ministres. Le mémoire de novembre 1975 a
été présenté à l'honorable premier ministre,
à Québec, et à un très grand nombre de
députés dans leur comté. Ces deux mémoires sont un
condensé des recommandations et des revendications de l'AFEAS et c'est
sur eux qu'elle s'appuie pour faire des représentations en regard de la
loi no 7, surtout dans le domaine de la publicité.
Vous trouvez ci-après des extraits de ces mémoires, les
recommandations de l'AFEAS et ses commentaires sur la loi no 7.
Mme Lussier (Lucie): La publicité
télévisée. La publicité
télévisée crée souvent des besoins inutiles et
prête aussi à confusion, si on considère le nombre de
produits analogues et la rapidité avec laquelle ils apparaissent sur le
marché. De plus, nous considérons que les biens essentiels de
consommation tels que les aliments et produits hygiéniques
indispensables sont actuellement les plus touchés par la hausse
constante des prix.
Au mois de février 1974, on enregistrait une hausse des aliments
de 2,3% et on pourrait avoir d'autres statistiques pour 1976 et cette hausse
était responsable des deux tiers de l'accroissement du coût de la
vie. Puisque aucune loi ne régit la publicité au niveau
fédéral et que la loi 45 qui permet quand même une certaine
surveillance est insuffisante pour protéger efficacement les citoyens,
nous demandons donc au gouvernement, de légiférer et d'interdire
toute publicité à la télévision sur les aliments et
les produits hygiéniques de première nécessité.
Deuxièmement, que pression soit faite, auprès des
responsables concernés, pour que les annonces publicitaires soient moins
nombreuses et plus justes, et, par le fait même, moins onéreuses
pour le consommateur. La loi 7 légifère sur la publicité
dans le livre 2 article 146 et à 175. L'AFEAS ne demande pas d'interdire
toute publicité, mais de la contrôler, afin qu'elle devienne moins
onéreuse pour le consommateur.
Publicité faite aux prêts financiers. L'endettement
lié au crédit à la consommation au Québec est
considérable. De 1951 à 1970, les revenus des
Québécois ont augmenté de 78%, tandis que la charge du
crédit à la consommation augmentait pour sa part de 84%. C'est
donc dire que l'endettement augmente chez nous plus rapidement que le revenu.
Bien souvent la publicité faite aux banques, encourage le crédit
à la consommation, par les prêts, les cartes de crédit, le
financement des achats, etc. Et on pourrait dire la même chose des
compagnies de crédit. L'AFEAS considère cet état de choses
comme une véritable lacune et demande au gouvernement de
légiférer, afin de réglementer plus
sévèrement la publicité faite aux prêts financiers
et aux cartes de crédit qui incitent les gens à acheter plus
qu'ils ne peuvent payer.
L'article 118 de la loi 7 s'exprime ainsi: Nul ne peut faire parvenir
une carte de crédit à un consommateur qui ne l'a pas
sollicitée par écrit. Par contre, est-ce que certains grands
magasins n'offrent pas aux consommateurs leur propre crédit au moment
des achats. Cette façon de procéder n'est-elle pas une
sollicitation au crédit?
Les primes. Une forme de publicité très employée
est la prime. On en trouve partout, mais surtout dans les boîtes de savon
et de céréales. Nous considérons cependant que la
quantité du produit se trouve par le fait même diminuée et
que la prime augmente le prix du produit. Souvent aussi, la réclame
publicitaire porte davantage sur la prime que sur la valeur du produit
annoncé. Et notre résolution demandait, avant que le projet de
loi soit rédigé, que les primes soient retirées de tous
les produits de consommation. Les primes sont régies par l'article 158,
la fin du paragraphe se lit ainsi: "A moins de lui accorder le choix entre
celle-ci et la prime, et la valeur en argent qu'il a prévue à la
prime dans sa publicité". Autant dire que le commerçant pourra
encore offrir une prime au consommateur, si on lui accorde le choix entre la
prime et sa valeur en argent.
Publicité sur les médicaments. La population en
général ne possède pas la formation médicale
nécessaire pour juger de l'efficacité ou du danger des
médicaments offerts sur le marché. L'absorption massive de
médicaments par la population est source d'accidents plus ou moins
graves pour la santé. La publicité outrancière pour les
médicaments brevetés ou patentés souvent inefficaces,
parfois dangereux, encourage la consommation
systématique des remèdes dès l'apparition du plus
petit malaise. Le ministère de la Santé et du Bien-Etre social
interdit de faire de la publicité de masse pour les médicaments
demandant une ordonnance du médecin, mais ces produits sont
annoncés dans les publications s'adressant aux professionnels de la
santé.
Publicité coûteuse et qui va souvent à la
filière ronde. Donc les médecins eux-mêmes subissent les
pressions des compagnies pharmaceutiques et recommandent trop souvent la
médication chimique. Cette publicité promet des miracles, sans
avoir à fournir d'efforts.
Résultat: on absorbe toute une panoplie de médicaments
sans effet et on néglige de modifier nos habitudes de vie qui sont le
plus souvent la cause réelle des malaises éprouvés.
Pour aider à vaincre cette mauvaise habitude, nous demandons au
ministère de la Santé et du Bien-Etre social d'interdire toute
publicité sur les médicaments.
L'AFEAS sait pertinemment que les médicaments relèvent de
la loi fédérale des aliments et drogues. De qui en relève
la publicité? Celle-ci a été étudiée par le
Conseil de la protection du consommateur. Les rapports du conseil de 1973/74 et
de 1974/75 font certaines recommandations à ce sujet. Le rapport 1974
dit: "La publicité des médicaments au détail vise
principalement à favoriser l'achat massif et la surconsommation de
médicaments d'usage courant. Pour cette raison elle devrait être
complètement prohibée."
Quant à la publicité des fabricants, elle devrait
être soumise aux règles suggérées par le conseil
dans son troisième rapport annuel:
La publicité ne devrait pas présenter explicitement le
médicament comme solution à des problèmes d'ordre
émotif, psychologique;
Toute représentation relative à l'efficacité,
à la sécurité, à la rapidité d'action d'un
médicament devrait être fondée sur une documentation
scientifique. Le fabricant ou le commerçant qui utilise une telle
publicité devrait produire cette documentation sur demande du
ministère ou d'un organisme désigné par le ministre,
lequel pourrait statuer sur sa validité;
Toute comparaison d'un médicament avec un autre devrait
être prohibée;
Tout témoignage devrait être interdit;
Toute représentation ou allusion laissant croire qu'un
professionnel de la santé approuve ou recommande l'usage d'un
médicament devrait être prohibée;
Toute publicité devrait porter bien en évidence la mention
suivante: "Tout médicament peut être dangereux. Observer
rigoureusement le mode d'emploi." L'AFEAS souhaiterait que ces recommandations
soient le code d'éthique de la publicité sur les
médicaments et soit intégrée à la loi ou aux
règlements.
Publicité par téléphone et par correspondance. Un
secteur où s'exerce une publicité pernicieuse, c'est celui de la
sollicitation par téléphone. Qui ne s'est pas entendu
déclarer au bout du fil: "Madame, vous venez de gagner un livre de
recet- tes ou un abonnement à des revues." Mais, après quelques
questions, on découvre que, pour mériter ce prix, il faut
souscrire un abonnement à un nombre X de revues, dont le prix minime
l'unité se révèle, après calcul, plus
élevé qu'un abonnement régulier.
La poste nous livre, elle aussi, des offres alléchantes de livres
et de produits divers. Si, par malheur, on répond affirmativement
à l'une de ces offres, on risque de les voir se multiplier.
Nous pensons que ces formes de publicité empiètent sur la
vie privée des personnes en utilisant le nom, l'adresse, le
numéro de téléphone personnel, qu'elle mise sur les
émotions du consommateur sans lui laisser la possibilité de
réflexion ou de vérification nécessaire.
Nous demandons au ministère du consommateur d'interdire la
publicité et la sollicitation par téléphone et par
correspondance, à moins que le bien offert n'entraîne aucun
déboursé éventuel au consommateur.
L'article 153 de la loi interdit à un commerçant de faire
parvenir à un consommateur un bien qu'il n'a pas demandé. Cet
article légifère-t-il aussi sur la publicité par
téléphone?
Crédit par les entreprises de distribution. Les entreprises de
distribution pratiquent de plus en plus couramment une politique de
crédit à la consommation en acceptant les cartes de
crédit, en offrant de payer à la fin de mois ou par versements.
Les employés de ces entreprises offrent constamment de faire
crédit à la clientèle et, chaque fois qu'on veut
régler la facture, on s'entend demander: Est-ce pour payer comptant ou
pour porter à votre compte?
Cette possibilité d'accès au crédit maison
encourage le client à acheter plus ou à payer plus cher que
prévu, ce qui augmente les profits de l'entreprise, mais grève le
budget du consommateur. De plus, l'acheteur qui paie comptant se trouve
pénalisé par rapport à celui qui achète avec une
carte de crédit, car il paie aussi les frais d'administration du
crédit inclus dans les prix des marchandises et des services.
Pour compenser l'attrait du crédit qui augmente artificiellement
le pouvoir d'achat, source de tensions pour le ménage, il faut
encourager le paiement comptant en obligeant les commerces à accorder un
rabais automatique correspondant aux frais d'administration du crédit
pour tout achat au comptant.
L'AFEAS s'interroge sur la position prise par le Conseil de la
protection du consommateur dans son rapport 1974/75 à savoir que le fait
d'accorder un rabais à celui qui paie comptant entraînerait des
frais supplémentaires pour lesquels tout consommateur devrait payer.
Celui qui paie comptant se trouve pénalisé du fait qu'il
débourse indirectement pour les frais de crédit accordés
à d'autres acheteurs et lui n'en retire aucun avantage financier.
L'AFEAS est, par contre, entièrement d'accord avec la conclusion
du conseil: "Toute entente entre une compagnie émettrice d'une carte de
crédit et un commerçant qui aurait pour effet d'empê-
cher un consommateur de profiter d'un rabais ou d'un autre avantage
devrait être prohibée. Et, à l'encontre des messieurs de ce
matin, elle appuie fortement les articles 171 et 172 de la loi.
Publicité destinée aux enfants. Depuis octobre 1975,
Radio-Canada semble s'être conformée à la directive de
soustraire, lors d'émissions d'enfants, toute publicité
s'adressant directement à eux. La publicité destinée aux
enfants fait l'objet des articles 163 et 164. Qui déterminera si la
publicité offerte en dehors des émissions d'enfants ne s'adresse
pas aussi directement à eux? Est-ce le comité chargé de
surveiller la publicité destinée aux enfants? Les
représentants des consommateurs se retrouveront-ils en majorité
à ce comité? Nous recommandons donc que, dans le comité
préposé à étudier la publicité
destinée aux enfants, les consommateurs soient plus nombreux que les
fabricants et les commerçants.
L'AFEAS recommande aussi que soient bannies des écrans de
télévision toute émission et toute publicité
d'émission à caractère violent ou érotique aux
heures où les enfants peuvent être à l'écoute,
c'est-à-dire que ces émissions et cette publicité ne
passent qu'après 22 heures.
Ligne directe dans les bureaux régionaux des gouvernements. On
constate avec satisfaction l'installation de bureaux régionaux
d'information, de consultation et de service par différents
ministères: Office de protection du consommateur, Office de la langue
française, centre de main-d'oeuvre, bureau d'aide juridique. Ces bureaux
régionaux desservent quand même des territoires étendus et
les usagers doivent utiliser l'interurbain pour les atteindre. Si on pense
à un chômeur qui doit constamment communiquer avec le centre de
main-d'oeuvre ou le bureau d'assurance-chômage, si on veut que les
services offerts profitent à tous les citoyens sans égard aux
revenus, on pense que le fardeau des frais d'interurbain est un obstacle
à l'efficacité de ces bureaux. En conséquence, nous
demandons aux cabinets des ministres provincial et fédéral de
pourvoir ces bureaux de lignes sans frais d'interurbain couvrant toute la
région à desservir. Nous recommandons que tous les bureaux
régionaux de la protection du consommateur soient pourvus de lignes
directes sans frais d'interurbain afin de permettre au consommateur, de
recourir aux services de l'office facilement.
Les comptes de l'Hydro-Québec. L'AFEAS croit comprendre que la
loi 7 ne s'applique pas aux contrats de vente d'électricité par
l'Hydro-Québec. Elle vous fait remarquer cependant que
l'Hydro-Québec a une facturation particulière qui ne se retrouve
pas ailleurs. Si les contrats de vente d'électricité ne sont pas
régis par la loi 7, quels seront les recours du consommateur qui se sent
lésé? Ci-après, une résolution tirée du
mémoire de 1975: "L'Hydro-Québec pratique un mode de facturation
particulier qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Sur les factures de
l'abonné paraissent deux montants: l'un, nommé montant net,
correspond à la consommation de kilowatts du relevé, l'autre,
nommé montant brut, est une majoration de 10% du montant net. Le montant
net est payable avant une date d'échéance fixée à
21 jours de la date de lecture du compteur. Sinon, il faut acquitter le montant
brut.
L'abonné peut donc compter sur une période d'environ 15
jours après la réception de son compte, si le service postal
n'est pas en grève, pour payer le montant net. De plus, si la facture
n'est pas payée dans les 30 jours, on impose encore un
intérêt et ce sur le montant brut.
Cette pratique s'avère très sévère
comparée à la pratique courante où on accorde 30 jours
sans intérêt pour payer. Les pensionnés qui
reçoivent leur chèque mensuel à date fixe, les chefs de
famille qui sont rétribués une fois par mois sont
défavorisés s'ils reçoivent leur facture de
l'Hydro-Québec à une date trop éloignée de la date
de perception de leurs revenus. En conséquence, il est demandé
à l'Hydro-Québec de prolonger à 30 jours le délai
prévu pour payer le montant net du compte
d'électricité.
Quant aux automobiles usagées et à la réparation
d'automobiles, l'AFEAS n'ose porter un jugement de valeur sur cette section
bien qu'elle soit témoin de nombreux abus. Comme nous n'avons eu aucune
résolution dans ce sens, nous ne sommes pas en mesure de faire des
recommandations.
Mme Gervais: Est-ce qu'il est besoin de renoter les
recommandations? Peut-être les premières ci-haut de la page 21. A
l'AFEAS, nous avions présenté un mémoire aux commissions
parlementaires sur le bill 45. Nous avons retracé parmi ces
recommandations des résolutions qui n'avaient pas eu d'effet à ce
moment-là. Alors, nous le réitérons. C'est que les bureaux
de l'Office de la protection du consommateur aient les pouvoirs de renseigner
le consommateur sur la valeur réelle d'un produit. Que les
étiquettes identifiant les produits, l'entretien et la composition
soient cousues au vêtement, afin de résister à la
manipulation.
Que les vendeurs de contrats d'assurances soient
considérés comme des vendeurs itinérants et ne puissent
faire de la sollicitation. Que des bureaux locaux de protection du consommateur
équipés de laboratoires d'analyse et étant faciles
d'accès puissent être installés dans tous les centres
importants, au moins dans chacune des dix régions économiques de
la province. Les autres, c'est simplement de la redite, des fins de chapitre,
des situations de fait.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre.
Mme Bacon: Dans la première partie qui touche la
publicité télévisée, en guise de conclusion, vous
ne demandez pas d'interdire la publicité, mais vous demandez le
contrôle de la publicité afin qu'elle devienne moins
onéreuse pour le consommateur.
J'aimerais ici vous rappeler l'existence du livre II dans la loi sur les
pratiques interdites qui constitue, à mon avis, une
énumération de pratiques in-
terdites. Cela a pour but, entre autres, d'assainir la publicité
en matière commerciale. Cela répond, je pense, à un des
voeux de votre! association. Le but premier de cette interdiction que vous
proposez est de limiter le coût des produits. Pourquoi ne proposez-vous
pas une telle interdiction à d'autres produits par exemple?
Mme Gervais: A l'AFEAS nous avons l'habitude d'adopter en
congrès général les résolutions qui viennent de la
base. Nous nous apercevons que c'est très fragmentaire; c'est bien
pensé, c'est bien analysé comme situation de fait, mais souvent
cela part disons...
Mme Bacon: D'un problème local?
Mme Gervais: ...d'un problème local ou d'une situation
personnelle. Alors, automatiquement, même si cela a été
proposé par le cercle local majoritairement et ensuite envoyé
comme proposition à l'assemblée de la fédération,
cela reste des problèmes très fragmentaires et nous en sommes
conscientes.
Mme Bacon: Quand vous affirmez aussi que les annonces
publicitaires doivent être plus justes, entendez-vous par le mot "justes"
que ces annonces doivent être plus vraies? Pe la même façon,
quand vous dites aussi que ces annonces doivent être moins nombreuses
est-ce que vous vous appuyez sur des études pour justifier cette
prétention? Quel est l'ordre de grandeur auquel vous pensez?
Mme Gervais: Nous n'en avons pas établi. Nous n'avons pas
fait d'analyse profonde du sujet mais, quand on dit plus juste, c'est dans le
sens que souvent l'appareil va amplifier un objet, le rendre plus grand.
Souvent l'appareil, au point de vue du son, de la musique, va être plus
fort au moment des annonces. Alors, automatiquement, on prête plus
l'oreille.
Mme Bacon: Pour que ce soit plus vrai, plus véridique.
Mme Gervais: Oui. Plus juste dans le sens que souvent, par le
fait qu'on fait des comparaisons avec d'autres choses, c'est très
suggestif et cela pèche peut-être par vérité
à ce moment-là.
Mme Lussier: Si je puis ajouter, nous avions fait une
enquête à un moment ;donné sur la publicité et la
quantité d'annonces! qu'il y avait dans une journée. Les gens
s'étaient partagé chacun une heure d'écoute. Aux heures de
pointe, il y avait de dix-sept à vingt messages publicitaires dans une
heure. On trouvait que c'était nettement exagéré.
Mme Bacon: A cause du nombre. Dans la publicité faite aux
prêts financiers, j'aimerais vous signaler aussi l'existence des articles
118 sur l'interdiction des cartes de crédit non sollicitées et
161 sur la publicité sur objet qu'on peut obtenir par le
crédit.
Nous prenons note de votre suggestion d'examiner l'attitude de certains
grands magasins, par exemple, qui offrent au consommateur leur propre carte de
crédit pour les achats faits à ce magasin. Nous avons
déjà déclaré que notre intention n'était pas
d'empêcher le marchand qui annonce le produit de faire part que ses
produits peuvent être achetés à crédit. Mais
l'objectif, je pense, c'est d'empêcher d'annoncer le crédit en
proposant des biens à acheter accessoirement à l'offre du
crédit. C'est un peu l'intention du législateur en proposant
cette loi, et l'article 161, pour ma part, sera étudié de
nouveau.
Quant à la troisième partie sur les primes, que
répond riez-vous, disons, à certains propagandistes de la prime
qui affirment que la prime ne diminue d'aucune façon la qualité
d'un produit offert? Ces gens affirment aussi que l'achat en très grande
quantité, disons, de serviettes j'emploie ce qu'on retrouve
habituellement dans certaines boîtes permet au marchand d'offrir
ses primes à des prix inaccessibles auparavant et permet aussi au
consommateur de faire de réelles économies.
Il y a un choix entre acheter une boîte avec du savon et une
boîte avec ou sans serviettes, par exemple. Etes-vous d'accord?
Aviez-vous des choses à ajouter sur ce qu'on entend d'une certaine
catégorie de personnes?
Mme Gervais: Au niveau de la qualité, c'est
peut-être la même qualité. Mais quand on annonce
artificiellement une boîte de savon en disant qu'elle contient une
serviette ou une débarbouillette ou tout ce que vous voudrez
évidemment la boîte doit être plus grosse, plus
importante. Alors ce n'est pas le même coup d'oeil, c'est un
trompe-l'oeil. La quantité y est sûrement parce que c'est toujours
marqué; disons cinq livres net ou trois onces et trois quart net. Mais
juste le trompe-l'oeil, c'est déjà quelque chose de faux.
Quand on est partie pour acheter une boîte de savon, c'est pour
laver des serviettes sales. Cela a été adopté
majoritairement et cela choquait la consommatrice qui avait
déboursé peut-être pour un produit qui n'allait pas avec sa
salle de bain, les couleurs, un tas de choses. Aujourd'hui on a le droit de
s'autogérer. Disons que c'était brimer sa liberté d'avoir
à...
Mme Bacon: D'avoir à ajouter cette chose-là.
Mme Gervais: ... ajouter cette chose-là. Dans les
boîtes de corn flakes ou autres, c'est la même chose; l'enfant,
souvent, voudrait avoir un petit casse-tête ou le petit gadget qu'il y a
dans la boîte sans penser au contenu, à la valeur alimentaire.
Alors il est complètement éparpillé et je pense que c'est
une mauvaise éducation au point de vue alimentaire de dire: Je
m'achète une boîte de corn flakes parce qu'il y a une bicyclette
miniature dedans. Alors, la mère de famille est obligée de faire
d'autres efforts pour éduquer son enfant dans le sens qu'on
l'entend.
Mme Lussier: C'est très difficile pour les pères de
famille, comme pour les mères de famille qui font le marché de
résister à toutes les sollicitations des enfants. On n'a pas le
temps quand on fait un marché de trois quarts d'heure de faire
l'éducation à la publicité...
Mme Bacon: En même temps que vous faites l'achat.
Mme Lussier: En même temps, oui, c'est déjà
assez difficile de se battre contre les prix sans se battre contre nos
enfants.
Mme Bacon: Dans la quatrième partie, tout ce que je peux
dire sur la publicité sur les médicaments, c'est que nous prenons
bonne note de vos recommandations à ce sujet. En fait, il faut
suggérer des recommandations à un autre ministère, mais
nous en prenons note de toute façon.
Dans la cinquième partie, la publicité par
téléphone ou par correspondance , il m'apparaît clair que
l'article 153 n'interdit pas la publicité téléphonique. Il
est évident que nous étudierons sérieusement la
possibilité d'inclure peut-être un nouvel article à cet
effet. Cela revient d'une façon continue, les demandes; mais, faire la
preuve de sollicitations téléphoniques, vous comprendrez comme
moi que c'est assez difficile. S'il y avait l'inclusion d'un tel article, ne
pensez-vous pas qu'il y aurait de grandes difficultés de faire la
preuve? Même si on l'incluait, je pense que cela répondrait quand
même à ce que vous désirez, mais faire une preuve de la
sollicitation, c'est presque impossible à faire, même si cela
apparaissait dans le projet de loi.
Je dis cela seulement peut-être pour sensibiliser davantage;
souvent on fait des demandes et il y a certains aspects qui nous
échappent, mais avez-vous étudié cet aspect-là
aussi?
Mme Gervais: Oui, c'est déjà aider à ne pas
faire d'abus que d'inclure un article où on essayerait de
légiférer en ce sens. C'est bien sûr que faire la preuve
par téléphone est-ce madame ou mademoiselle qui a
répondu? il y a un tas d'implications.
Réellement, il y a de l'abus et le côté
émotif entre en ligne de compte. Les gens n'ont pas le temps de se faire
une idée. Déjà les noms sont pris, le numéro de
téléphone. C'est déjà fait. Il y a sûrement
quelque chose à faire. Nous n'avons pas eu le temps d'aller fouiller
davantage dans les droits et libertés de la personne, mais
peut-être qu'il y aurait un article qui pourrait nous aider. Je pense que
les articles de la loi sont là pour se compléter et mutuellement
couvrir tous les secteurs.
Mme Lussier: Si je peux ajouter, à l'article 38 d, on
exclut les contrats dont la sollicitation et l'acceptation se font par
correspondance. La plupart des gens ont vécu l'expérience au
moment d'une naissance. Ou, si vous prenez un abonnement à une revue,
votre nom passe, par magie, à quantité d'organismes qui vous
sollicitent pour une foule de produits dont vous ne savez que faire. Il y a
certainement des abus de ce côté.
Mme Bacon: J'ai remarqué avec plaisir que vous appuyez
fortement les articles 171 et 172, contrairement à ce qu'on a entendu
ici depuis le début de l'audition des mémoires. Quand on pense
à l'entente avec un commerçant en vertu de laquelle ce
commerçant ne peut accorder un rabais à un consommateur qui paie
comptant, est-ce que vous ne croyez pas que cette disposition serait suffisante
pour atteindre le but visé? Ce que vous demandez au fond, c'est qu'il y
ait un rabais pour les ventes au comptant. En fait, pour le consommateur, on
veut dire pour l'achat au comptant. Est-ce que, si on maintenait les articles
171 et 172, vous ne trouvez pas qu'on atteindrait quand même un but?
C'est un peu cela. Sans aller jusqu'à permettre un rabais, avec les
articles 171 et 172 on atteindrait un peu ces buts visés.
Mme Gervais: Oui. Ensuite, le consommateur qui paie comptant
prend le risque de la garantie si celui qui a vendu l'article ou le service est
plus ou moins honnête et qu'il interprète le cas d'une autre
façon que le consommateur. S'il achète un service, s'il
achète un produit, il est censé être garanti. Mais, si on
paie comptant, il se peut qu'on ait beaucoup plus de difficultés
à se faire rembourser ou, en tout cas, à remettre le produit,
à améliorer la situation. Il y en a qui ont vécu des
situations difficiles de ce côté. Il y a déjà assez
du risque de payer comptant, d'avoir moins de possibilités
vis-à-vis de la garantie, même si c'est signé. On va le
chercher longtemps, s'il a fait faillite. Il y a un tas de choses. Est-ce que
la loi est plus difficile à appliquer et à interpréter
vis-à-vis de ces cas?
Mme Bacon: Je ne redirai pas ce que je pense de la
publicité destinée aux enfants. Je l'ai assez dit depuis le
début que les gens le savent, mais nous prenons note de votre
recommandation qui vise à bannir des heures. C'est assez complexe quand
on parle de bannir la publicité destinée aux enfants, où
les enfants peuvent être à l'écoute, toute émission
à caractère violent, comme vous le mentionnez. Cela aussi, il
faut en prendre bonne note.
Avez-vous des commentaires à faire sur des mesures
spéciales, par exemple, quant aux heures de zone grise, peut-être
des heures où il n'y a pas d'émissions qui s'adressent
directement aux enfants, mais plutôt à la famille? Quand on pense
aux émissions d'enfants, on pense souvent au matin, mais il y a des
heures où les enfants sont quand même à l'écoute,
où toute la famille est à l'écoute d'émissions.
Avez-vous des suggestions à nous faire en ce sens?
Mme Gervais: Les heures d'écoute sont le matin pour ceux
qui ne sont pas à l'école. A l'heure des repas, avant le coucher,
cela dépend de la discipline de la maison. C'est surtout à
ces
heures que nous voudrions qu'on pense davantage à la situation de
l'enfant.
Mme Bacon: Les heures familiales.
Mme Gervais: Les heures familiales. De plus en plus, la
mère de famille quitte son foyer pour le travail a l'extérieur
à temps plein ou à temps partiel et elle n'est pas toujours
là pour prévenir l'enfant ou dialoguer avec lui sur ce qui se
passe à la télévision.
Je pense que c'est un atout de plus pour aider la mère de
famille, les parents dans ce sens, à éduquer leurs enfants ou
éviter des catastrophes. On sait qu'on est toujours les premiers
éducateurs, mais on n'est plus seuls. Quand on sait que l'enfant regarde
la télévision dans une maison plus longtemps qu'il ne va à
l'école, automatiquement, il y a des choses qu'il faudrait
réellement repenser, dans tous les secteurs de publicité et de
programmes d'enfants aussi, à ce moment-là.
Mme Bacon: J'ai aussi pris bonne note, à la
huitième partie, de votre recommandation quant à des lignes
directes avec les bureaux régionaux et les services qui sont fournis
à la population en matière de protection du consommateur. Quant
à la neuvième partie, tout ce que je peux dire pour le moment,
concernant les comptes de l'Hydro-Québec, c'est que nous allons prendre
note de votre recommandation de prolonger le délai prévu pour
payer un montant net. Nous allons voir ce qui peut être fait à ce
sujet. Vous mentionnez aussi la mise sur pied de laboratoires
spécialisés pour analyser les produits. Vous n'êtes pas
sans comprendre que c'est une chose à faire, qui est importante mais qui
est aussi très coûteuse, quand on pense à l'installation
d'un tel procédé dans chacune des régions. Je ne dis pas
que votre suggestion n'est pas intéressante, elle est très
intéressante, mais il faut penser aux coûts que cela amène
quant à l'installation de cette pratique. Si on en installe dans une
région, les autres auraient raison de dire: Pourquoi pas chez nous? Je
pense qu'il faut penser à l'ensemble des régions. Tout de
même, nous prenons note de votre recommandation aussi sur les
étiquettes pour permettre de résister à la manipulation et
la recommandation concernant les vendeurs d'assurance en relation avec les
vendeurs itinérants. Ce sont des choses importantes qu'il faudra
considérer dans la rédaction finale.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le
député de Chicoutimi.
Mme Lussier: Je m'excuse, M. le Président, je ne sais pas
si je peux ajouter quelque chose...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Oui. Mme Bacon:
Oui.
Mme Lussier: ...par rapport aux laboratoires d'expertise. Il
n'est peut-être pas nécessaire qu'il y ait des laboratoires dans
chaque région. Ce serait peut-être une collaboration du
ministère avec des organismes spécialisés...
Mme Bacon: Déjà existants?
Mme Lussier: Oui. L'information, à ce moment-là,
pourrait être passée dans les bureaux régionaux. Je ne
pense pas qu'on en demanderait l'installation dans chaque région.
Mme Bacon: Bon!
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Comme il faut nous y habituer, je
dois dire que, fort judicieusement, Mme le ministre a posé plusieurs des
questions que nous aurions adressées à Mme la présidente
et Mme la vice-présidente de l'AFEAS. Je tiens à vous
féliciter, au nom de l'Opposition officielle, d'une façon tout
à fait particulière de ce mémoire que vous venez de
présenter. Il s'ajoute à d'autres mémoires qui ont
été présentés en décembre 1974 ou par
après, justement sur les problèmes de la protection du
consommateur et d'autres problèmes préoccupant d'une façon
toute particulière vos membres. J'ai eu l'occasion, comme
député de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, comme vous
pouvez vous y attendre, d'avoir la visite, dans le temps, de votre
présidente dynamique, Mme Jeanne Blackburn. Effectivement, elle nous
avait informé de toutes ses recommandations dont vous avez fait part
à la commission. Il y a celles également que vous avez
jugé bon d'ajouter aujourd'hui.
Vous avez, d'une façon très modeste, pris la peine de
mentionner que vous n'étiez pas des spécialistes dans la
consommation, mais je dois vous dire que votre témoignage est de toute
première importance et se situe, à mon humble opinion, non
seulement au même titre, mais, je crois, avec encore plus d'importance
que bien des témoignages d'experts. Comme vous l'avez mentionné
dans votre mémoire, vous avez près de 35 000 membres à
travers le Québec et avant de faire ces résolutions, vous avez eu
l'occasion de consulter la base, vos membres qui, je crois, représentent
effectivement des dames qui ont l'occasion de vivre tous les jours les
problèmes de la consommation.
Dans cela, je crois que votre témoignage est encore plus
important que le témoignage de bien des spécialistes. Connaissant
le dynamisme de votre association dans notre région, le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, je réalise avec beaucoup de plaisir que ce
dynamisme se situe au niveau national. Cela est facilement décelable
à partir de l'à-propos de toutes les résolutions que vous
avez présentées et qui, à mon sens font,
assurément, la preuve non seulement de la force de votre organisme, mais
surtout de l'implication sociale que votre organisme se donne comme mission et
remplit fort valablement.
J'aurais peut-être quelques questions d'approfondissement, dans un
premier temps, concernant
les recommandations que vous faites à propos des tarifs de
l'Hydro-Québec. C'est évident que la pratique de celle-ci de
mettre deux montants sur ses factures et d'imposer, dès qu'il y a un
retard, une augmentation de 10% est inacceptable à mon sens. C'est
presque la seule compagnie qui se permet d'employer un tel
procédé envers ses usagers. Je voudrais vous demander si, au
cours de votre enquête concernant également l'Hydro-Québec,
vous avez été à même de constater que,
malheureusement, lorsqu'elle rédige ses comptes
d'électricité, trop souvent elle ne se réfère pas
à la lecture réelle du compteur qui indique vraiment la
consommation d'électricité qui a été faite, que, au
contraire, elle se réfère trop souvent à un minimum
qu'elle considère normal pour l'utilisation d'un consommateur. Avez-vous
pu constater cela?
Mme Gervais: Notre documentaliste n'est pas allée
jusqu'à justifier ces lectures de comptes, mais c'était surtout
qu'au niveau du temps de la lecture du compteur et au moment où on
recevait le compte, il n'y avait presque plus de temps pour aller payer sans
frais. C'est une résolution qui nous est venue d'abord du secteur rural.
Peut-être qu'il y a eu des difficultés de parcours à cause
des difficultés postales, mais il y en a qui ont été dans
de drôles de situations. Quand on a des entreprises familiales, les
comptes sont plus hauts et automatiquement les rabais comptent encore
davantage. On n'est pas allé jusqu'à voir si la lecture du
compteur est défectueuse. Souvent, nous n'en avons pas connaissance
quand viennent les lecteurs. Les compteurs sont dans des endroits
extérieurs ou dans d'autres bâtiments.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que vous ne puissiez
pas pousser l'enquête jusque-là, mais, d'une façon
générale, est-ce qu'il a été porté à
votre attention que l'Hydro-Québec facturait ses comptes à partir
d'une consommation estimée plutôt qu'à partir d'une
consommation véritablement consommée?
Mme Gervais: Si je me rappelle bien, il y a une facture qui est
estimée et l'autre est réelle. On l'ajuste comme les paies de
lait chez le cultivateur. La première paie du mois est un montant
estimé et l'autre est une paie réelle, alors qu'elle peut
être diminuée ou augmentée. A ce temps-ci, disons que c'est
plutôt diminué qu'augmenté.
M. Bédard (Chicoutimi): Chez le cultivateur.
Mme Gervais: Je pense que le problème que vous soulevez
est très réel, mais nous n'en avons pas fait l'étude. De
plus en plus, comme les femmes sont à l'extérieur soit pour
s'occuper d'associations ou pour travailler, elles ne sont pas là au
moment où passe le préposé aux compteurs. On fait souvent
un relevé approximatif.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela veut dire que, sur la plupart
des sujets soulevés dans votre mémoire, de même qu'au
niveau des conclusions ou des solutions que vous y apportez, nous sommes, en ce
qui nous regarde, je dirais complètement d'accord, à quelques
exceptions près. C'est évident que nous n'en sommes
qu'à la première lecture et à l'audition des organismes
qui veulent bien se faire entendre au niveau de la deuxième
lecture, de la période d'amendements qui se présentera, nous
serons en mesure de faire valoir certains des points que vous faites valoir
avec beaucoup plus de validité et beaucoup plus d'arguments que je ne
serais capable de le faire. Mais, étant donné que votre
mémoire est vraiment le fruit d'une recherche qu'on sent très
approfondie, il y a concernant, la publicité aux enfants, là
où vous parlez d'interdire toute publicité à la
télévision sur les produits hygiéniques de première
nécessité, une question que j'aimerais vous poser. Est-ce que au
cours de l'enquête que vous avez pu faire, vous avez été en
mesure de constater que, sur certains produits de première
nécessité, que ce soit le savon ou autre chose, peu importe,
cette publicité était tellement omniprésente qu'à
un moment donné le coût de cette publicité pouvait en venir
à dépasser presque le coût du produit lui-même?
Mme Gervais: C'est un fait que, sur les produits comme le savon
et les céréales...
M. Bédard (Chicoutimi): Quand je parle de
publicité, je tiens compte également de l'emballage qui, à
un moment donné, est tellement perfectionné qu'au bout de la
ligne, c'est bien beau, mais c'est le consommateur qui paie.
Mme Gervais: C'est un fait que, quand tout cela est payé,
souvent cela a doublé la valeur initiale du produit. Cela n'en donne pas
plus au producteur évidemment.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous parlez également
de la nécessité d'une véritable disponibilité des
services pour les consommateurs, c'est bien beau d'avoir une Loi de la
protection du consommateur, il y a certains agents, dans chacune des
régions, qui peuvent répondre aux questions que se posent les
consommateurs, est-ce que cette recommandation vient du fait que bien des
remarques ou des plaintes ont été acheminées vers vous
à savoir que, même si le service existait, il y avait des
difficultés de s'en prévaloir efficacement?
M. Gervais: Oui, ce sont des moyens d'information aussi. En
sollicitant les services automatiquement, les personnes préposées
dans les bureaux régionaux pourraient permettre à la
consommatrice ou au consommateur d'être mieux renseignés,
d'être plus avertis. Il y a beaucoup de lois que, je crois, on est
obligé de faire pour pallier des faiblesses, un manque d'information, un
manque de prudence de la part des gens.
Je souhaite que, de plus en plus, les gens se prennent en charge, que
tous les consommateurs et consommatrices se prennent en charge. Il y a
un tas de recommandations dont on aurait plus besoin dans le
mémoire, mais les gens sont ce qu'ils sont. La publicité est
allée plus vite que la moyenne d'intelligence et
d'émotivité des gens. On est obligé de
légiférer pour pallier les abus et les injustices que tout cela a
créés. Mais, dans le domaine de l'éducation et des
directions sociales, je pense qu'on en arrive, petit à petit cela
ne fait pas la manchette à devenir des consommateurs et des
consommatrices plus avertis et à préparer une
génération de consommateurs plus avertis. Mais ce n'est pas
facile; c'est loin d'être facile.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous faites un travail formidable
dans ce sens. Je vous remercie. Il y a déjà eu, comme je l'ai dit
tout à l'heure, des questions que nous avions à l'esprit et qui
ont déjà été posées.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: M. le Président, je serai assez bref dans le
premier commentaire. Je vous félicite de votre rapport. Je suis
très intéressé par son contenu. Cependant, je voudrais
peut-être avoir certains éclaircissements.
Il y a un point que je vois dans votre rapport, qui n'a pas
été touché et, à mon avis, disons, comme simple
consommateur, j'imagine que vous y avez peut-être déjà
touché antérieurement, mais il ne se retrouve pas ici. C'est la
question de l'empaquetage et toutes les différences de contenants qu'on
a devant nous aujourd'hui, qui ont pour effet, ni plus ni moins, souvent de
tromper le consommateur. C'est assez difficile de juger du prix; lorsqu'on a
parlé du prix, l'autre fois, on a parlé du prix et
peut-être des tarifs pris à la longue, de l'étalage du prix
au gramme, au centigramme ou au centilitre. C'est une chose que je m'attendais
à voir. C'est peut-être que cela a déjà
été discuté, mais personne ne l'a peut-être
proposé ou dit quelque chose comme cela. Vous avez fait une
différence, je sais que cela vient de la base; c'est pour cela que je
mentionne ce sujet que je trouve capital, c'est une chose qui peut nous porter
peut-être plus à confusion quand une personne arrive à une
tablette à une épicerie, c'est cette innombrable quantité
de produits et de contenants. On s'y perd complètement sur le prix.
Mme Lussier: Je suis bien contente que vous souligniez ce point,
j'en avais pris note, mais, comme vous le dites, nos résolutions
viennent des faits et ce n'était pas au mémoire parce que cela ne
nous est pas parvenu. C'est certainement un problème qu'on a tous les
jours et je suis certaine qu'on n'a pas besoin de cinq formats de savon. Les
petit, moyen et grand seraient amplement suffisants pour tous les types de
familles.
M. Boutin: II y aurait peut-être une question de
clarification soit à la page 4 sur la publicité
télévisée. Vous parlez d'interdire toute publicité
à la télévision sur les aliments. Je me pose une ques-
tion là-dessus. Il entre tellement de nouveaux produits sur le
marché que je me demande comment, d'une certaine façon
jusqu'où le consommateur peut être averti. Votre but ne serait-il
pas plutôt de voir d'abord? Il y a ensuite une chose très
importante qu'on oublie souvent, c'est de connaître la composition des
produits, ce qui peut nous permettre de les juger. C'est vrai que, dans
certains aliments, je ne m'y connais pas tellement, mais j'imagine que la
composition, dans certains cas, a beaucoup d'importance. Ne serait-ce pas
plutôt votre but de déromatiser la publicité sur les
aliments plutôt que de l'interdire?
Mme Gervais: La désexualiser aussi.
M. Boutin: Oui, la désexualiser.
M. Gervais: C'est personnel, à ce moment-là.
M. Boutin: Non, non. Je comprends. On pourrait représenter
des hommes au lieu des femmes.
Mme Gervais: ...la désexualiser.
M. Picotte: Non, non. Remarquez bien qu'il y a un point
constructif. Lorsqu'on veut connaître l'aspect technique d'un produit et
lorsqu'un produit nouveau entre sur le marché, dans un cas comme
celui-là, ne brimerait-on pas aussi le consommateur parce qu'il en entre
beaucoup?
Mme Gervais: On souhaite l'interdire à la
télévision, on ne l'empêche pas dans les journaux. Ce n'est
pas à la télévision, dans un flash de 30 secondes ou 60
secondes, qu'on peut, disons, essayer de calculer les désavantages, les
inconvénients ou l'information adéquate, juste, honnête
d'un produit. Je crois que cela pourrait se faire dans les étalages. Il
y a des personnes spécialisées pour le faire; on pourrait le
calculer quand on reçoit des feuillets publicitaires des chaînes
de magasins ou quand on va chez un épicier du coin, il y a toujours
possibilité qu'ils fassent l'information.
On souhaite à l'AFEAS qu'il y ait plus de dialogue entre le
consommateur, l'intermédiaire et le producteur; on a tout
compartimenté il n'y a plus d'échanges qui se font entre le
producteur lui-même et le consommateur. Je pense qu'on aurait
intérêt, sans être artisanal ou retomber dans le bon vieux
temps, à avoir de l'information davantage de la base, de celui qui a
à produire le produit, et de l'intermédiaire aussi, car il a
quelque chose à y faire.
M. Boutin: En fait, quand vous voulez parler du producteur, je
vois cela comme de l'information réellement technique pour la
connaissance du produit selon sa valeur.
Mme Lussier: Je ne sais pas si on calcule le coût de
l'information.
Si on vous parle du fromage, de la guimauve, du caramel pendant une
soirée, je ne pense pas
que vous soyez beaucoup plus informé. Tout ce qu'on a fait, c'est
qu'on a mis cela devant vous pour vous donner le goût d'en manger. On ne
vous a pas donné vraiment une information...
M. Boutin: Je suis d'accord. Je suis assez mal placé pour
donner un exemple, parce que je ne suis pas assez familier avec les produits,
j'écoute très peu la télévision. Disons que je
voudrais, par exemple, à part une sorte de café
décaféiné, en acheter une autre sorte et que ne je sais
pas quelle sorte. Que dois-je faire?
Mme Lussier: Très souvent, la publicité est
axée sur un certain type de consommateurs. Certains cafés
s'adressent à une clientèle soi-disant racée,
élégante, qui boit le café des connaisseurs, alors que
d'autres sortes de café sont le café du bon vivant, des gens qui
sont aimables, qui reçoivent facilement. Ce n'est pas une information,
c'est une attrape.
M. Boutin: C'est cela que j'essaie de vous dire. Il faut
"déromantiser" la publicité ou, entre autres, la
"désexualiser". Si on compte sur l'aspect technique d'un produit... Si
j'avais pu y penser à l'avance, j'aurais essayé de trouver des
exemples plus concrets.
Mme Lussier: Si les producteurs alimentaires veulent faire une
information de ce type, peut-être que cela pourrait être
intéressant, mais, dans le moment, ce n'est pas ce qu'ils cherchent
à faire.
M. Boutin: Je remarque à la page 9, au deuxième
paragraphe, une des dernières phrases: Donc, les médecins
eux-mêmes subissent des pressions des compagnies pharmaceutiques et
recommandent trop souvent la médication chimique. Qu'est-ce que cela
veut dire exactement? Une grosse partie de la médication est chimique
et, en fait...
Mme Gervais: On peut vous donner un exemple de la thalidomide.
Les premières victimes de la thalidomide ont été les
femmes des médecins ou les belles-soeurs, les amies des médecins
eux-mêmes qui avaient reçu des échantillons avec une
prétendue panacée. Cela a été réel pour
l'effet immédiat, mais disons qu'on n'avait pas calculé les
effets secondaires. Les médecins eux-mêmes reçoivent
beaucoup d'échantillons. C'est très dispendieux, la
publicité qu'on adresse aux médecins eux-mêmes.
M. Boutin: Est-ce que vous pourriez faire une différence
entre publication et envoi d'échantillons. Savez-vous qu'il y a beaucoup
d'information à recevoir dans les revues de type professionnel, dans les
articles et même dans les annonces? Je parlais tantôt de la
composition réellement technique de tel produit où un gars peut
arriver et, à vue d'oeil, dire: II me semble que je n'avais pas
remarqué qu'il y avait telle chose dans tel produit. Cela peut arriver
que l'information soit réellement technique et valable.
Mme Gervais: Oui, mais elle est très dispendieuse et,
automatiquement, la bouteille ou la pilule va coûter beaucoup plus
cher.
M. Boutin: Mais vous demandez que cette chose soit enlevée
des publications médicales aussi?
Mme Gervais: En plus des journaux médicaux dans lesquels
il y a beaucoup d'annonces publicitaires qui sont peut-être en partie de
l'information et en partie de l'annonce, il y a aussi quantité de
feuillets très bien décorés, de beaux cartons, qui doivent
coûter très cher et qui sont envoyés
régulièrement à tous les médecins. La plupart des
médecins ne les utilisent pas, parce que leur information peut se faire
soit à l'hôpital, soit par des comités scientifiques, mais
peut-être pas tellement dans les bureaux.
M. Boutin: Dans la publicité par téléphone
et par correspondance, lorsque vous parlez de ce genre de publicité,
est-ce que, par le fait même, cela pourrait aussi interdire les feuillets
circulaires sur les ventes qu'un magasin pourrait faire? Lorsqu'un magasin,
tous les ans, ou deux fois par année, fait des ventes de soldes et
offre, à un moment donné, des spéciaux qui peuvent
être valables, sans être des attrape-nigauds, informer le
consommateur peut quand même lui donner un bon service.
Mme Gervais: II en avait été question, mais disons
qu'avant de proposer, d'appuyer une recommandation et de la voter, il y avait
eu ces informations qui nous parvenaient, et, au moment où la
résolution est venue sur la table, il y avait eu réellement des
abus et on voulait tout balayer par-dessus bord pour éviter
d'empiéter sur la vie privée des gens.
M. Boutin: Je vais vous dire une chose. D'un côté,
il est certain que vous pouvez enlever dans certaines régions, dans
certaines parties de la province, le moyen dominant d'information de vente ou
de publicité qu'un commerçant peut avoir. Ce n'est qu'un point
que je peux souligner. Ce que je trouve difficile, c'est que, dans une loi, on
commette toujours certaines injustices. Plus on va essayer de la rendre
parfaite, plus on en met de côté. C'est une des questions que je
me posais au sujet de cet article, me demandant si, par contre, il y aurait un
moyen différent de présenter cela, pour ne pas nuire, et dans une
certaine mesure assurer l'intérêt du consommateur aussi. Parce
qu'il est reconnu que, parmi les commerçants, il y en a qui ne font
qu'une vente annuelle et c'est réellement valable. Les gens le savent.
Ils se disent: On va attendre en janvier, on sait que lui, quand il arrive et
qu'il liquide... Il y en a qui ne font même pas certains cadeaux de
Noël, parce que cela vaut la peine, ils épargnent jusqu'à
40%.
Mme Gervais: Mais cela n'élimine pas la publicité
qui est faite par votre quotidien, votre hebdomadaire pour les régions.
Les grandes chaînes
ou les magasins d'un centre-ville les utilisent beaucoup.
M. Boutin: Je veux parler de milieu rural, ou la
télévision est à un coût prohibitif et impossible
pour un petit marchand local. Le seul moyen qui lui reste dans son quartier,
son environnement, c'est la circulaire. C'est surtout ce que je voulais
souligner. Je sais qu'en ville c'est tout à fait différent. Dans
les milieux rureaux, c'est assez difficile. Pour l'article de la page 21, j'ai
remarqué le sujet de l'Hydro-Québec. Je pense que celle-ci
égalise les paiements, premièrement dans les maisons de type
secondaire; je pense que, dans les chalets, elle répartit le coût
sur une période de douze mois; il y a les compagnies d'huile qui,
à la demande des usagers, vont répartir ce coût d'une
façon uniforme, selon des estimations, pour que les gens puissent
budgétiser un plan familial. Je pense que certaines compagnies
d'électricité, à part l'Hydro, qui sont
municipalisées, vont aussi équilibrer les coûts de
façon à aider les gens à équilibrer leur budget. On
fait un prix mensuel et on équilibre le tout en janvier, par exemple, au
bout de douze mois, pour regarder l'écart de la consommation de
façon que les gens qui chauffent à l'électricité ne
soient pas pénalisés surtout dans les périodes d'hiver,
dans les régions éloignées, qu'on arrive avec un compte
épouvantable, car il faut pouvoir équilibrer le budget familial
dans les périodes d'été et d'automne. C'était
simplement ce que je voulais souligner.
Mme Gervais: Ce n'est peut-être pas sur le coût,
comme sur la facilité qu'on aurait de faire comme tous les autres
à l'Hydro-Québec de permettre une période de 30 jours sans
payer d'intérêt.
M. Boutin: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Sainte-Marie.
M. Malépart: J'aurais quelques questions à vous
poser, concernant la publicité, vous avez mentionné tantôt
que la télévision et la publicité ont évolué
plus rapidement que la population n'a eu le temps de juger les faits et d'en
prendre connaissance. Si ces spécialistes de marketing ont cru bon, pour
vendre leurs produits, de prendre la télévision, par le fait de
les empêcher de choisir, je me demande si vraiment on va atteindre le but
visé, qui est d'avoir une population éduquée et qui sache
faire un choix. Les actions que vous accomplissez, c'est merveilleux. Mais,
vous l'admettez vous-mêmes, vous ne pouvez pas atteindre la masse des
gens. Vous ne compétitionnez pas sur le même palier que la
compagnie X qui fait de la publicité. Ne croyez-vous pas que des groupes
comme le vôtre devraient avoir de l'aide de la part du gouvernement ou
des différents postes de télévision, afin qu'on remplace
les commerciaux, aux heures où les enfants écoutent la
télévision, pour faire des messages éducatifs? Si General
Motors, après étude, avait cru cela bon pour vendre plus
d'automobiles, de suivre le même principe que pour ouvrir un CLSC dans le
service social, elle l'aurait fait.
Mais je pense qu'elle a découvert que c'est la
répétition du même message. Il vient un temps où,
par la force des choses, entendre de la répétiion, c'est
cela.
Ne croyez-vous pas que des groupements comme le vôtre et plusieurs
autres et même les media d'information qu'on utilise ces temps devant la
population... Je prends comme exemple, au niveau de la publicité pour
les adolescents, Patof ou un joueur de hockey comme Guy Lafleur ou un type ici
de Québec qui annoncent aux jeunes de boire du lait et de manger des
pommes; cela représenterait peut-être, à la fin de
l'année, tous les gens... Certains se sont dit: Ce sont des patates
chips. Elles sont meilleures. Ils vont demander des patates chips. Je me dis
que, si on interdit, mais qu'on ne remplace pas ou si on met des commerciaux
qui s'adressent aux adultes, les enfants voient la même chose. Je me
demande s'il ne devrait pas y avoir un code d'éthique pour ces films qui
font les messages commerciaux, et, en plus de cela, si des organismes comme le
vôtre ne devraient pas essayer de faire des messages à partir des
expériences vécues.
C'est vous qui vivez les problèmes. C'est vous qui faites les
achats. Vous subissez l'influence de vos enfants. Que Radio-Canada permette ou
qu'avec les différentes subventions, on fasse l'éducation par le
même moyen par lequel on a dit que les gens étaient
influencés. Il faut quand même maintenir les autres moyens, mais
on sait que cela n'ira pas rapidement. J'aimerais connaître votre opinion
là-dessus.
Mme Gervais: C'est au sujet des aliments et des produits
hygiéniques. On n'a pas parlé d'automobiles ou autres... Surtout
dans ces secteurs et, si cela semblait efficace, il y aurait moyen, à un
certain moment, d'élargir le champ des restrictions. Mais je pense que,
dans votre mémoire du Conseil de la protection du consommateur, il y a
beaucoup de choses pour l'information qui pourraient remplacer avantageusement,
à l'intérieur des pédiodes
télévisées, soit pour animer, avertir et informer
davantage le consommateur sur les différents produits. Il y aurait
possibilité de globaliser, sans s'attacher à un produit
spécial, parce qu'il y a du miel dessus ou quelque chose comme cela.
Dans le fond, c'est le même produit de base, mais, si les gens
étaient plus informés, on n'aurait pas besoin de tous ces
détails qui nous sont apportés par la publicité et qui
faussent souvent l'éducation à la consommation ou la valeur
alimentaire du produit.
Il est sûr que, si Guy Lafleur commençait à faire
une annonce et disait: Buvez du lait si vous voulez faire un bon joueur de
hockey, il se vendrait peut-être plus de lait. Et on aurait avantage,
chez les producteurs, actuellement, à le faire, mais, par contre, si
c'était global, à l'intérieur d'une émission
d'information comme il y en a déjà
eu pour la protection du consommateur et des avis au consommateur, cela
pallierait sûrement, facilement, toute la publicité à ce
sujet.
M. Malépart: Quand vous parlez d'une émission
globale je donne comme exemple Symphorien vous avez de grosses
chances que la masse de la population écoute Symphorien. Vous parlez
pour 10 000 ou 15 000 personnes qui sont intéressées et qui
connaissent déjà le problème.
C'est ce que je me dis. Si General Motors avait cru que c'est faire des
émissions avec des "panels" et des échanges d'idées, elle
l'aurait fait. Elle sait bien que ce n'est pas avec cela qu'elle va vendre ses
produits. Ce n'est pas cela que les gens écoutent. Les deux formes
d'émission peuvent être condensées. Si, parmi les membres
que vous rencontrez, les plaintes proviennent toujours... Ce sont des produits
à la télévision. C'est un signe que les gens
écoutent les commerciaux. Qu'on les aime ou qu'on ne les aime pas, on
les écoute tous. Il peut y avoir un film ou quoi que ce soit. S'il
arrive un message publicitaire, les enfants arrêtent et ils ont les yeux
portés vers la télévision, mais il est certain que,
pendant le programme Le consommateur averti, ils ne s'arrêtent pas pour
l'écouter.
C'est pour cela que je voulais connaître votre opinion. Je me
demande si on ne devrait pas se diriger vers les messages publicitaires qui
atteignent, avec la répétition, les gens, quitte à les
amener dans des choses plus approfondies.
Mme Lussier: Si je peux répondre, à l'article 223
de la loi, on trouve très louable la collaboration entre le
ministère et tous les organismes qui veulent faire de l'information et
nous avons parfois accès aux media dans les régions. C'est
peut-être plus facile que dans les grands centres, mais on
considère que cela n'est pas tout à fait notre rôle de
faire de l'éducation à la consommation dans les media parce qu'il
y a des associations spécialisées là-dedans alors que nous
avons plusieurs champs d'action. Mais peut-être qu'il pourrait être
très intéressant d'avoir des "flashes" qui reviendraient, comme
Participaction a réussi à réveiller tout le monde. Un peu,
du moins.
Peut-être qu'on n'ira pas s'acheter des appareils, mais on va
peut-être marcher un peu plus. Peut-être que quelque chose dans ce
genre pourrait amener les consommateurs à être un peu plus
conscients des vrais problèmes.
M. Malépart: Comme on fait la campagne du cancer.
Mme Lussier: Oui.
M. Malépart: Sur un autre sujet, concernant
l'Hydro-Québec, est-ce que vous avez eu des plaintes aussi de gens
à Montréal, je pense que le Gaz métropolitain,
c'est la même formule, je ne suis pas certain du mode de paiement
de bénéficiaires de l'aide sociale? A cause des dates, le
bénéficiaire régi par l'aide sociale reçoit son
chèque le 5. Or, la prime, le taux supplémentaire est dû et
il doit payer au plus tard le 4. Est-ce que vous avez eu des plaintes dans ce
sens?
Mme Lussier: Non. On s'attachait surtout, dans cette
résolution, au délai de 30 jours pour
l'intérêt...
M. Malépart: Pour l'intérêt.
Mme Lussier: ... et pour que l'Hydro-Québec soit sur le
même pied que les autres compagnies pour la perception des comptes.
M. Malépart: Vous n'avez jamais reçu de
résolutions ou entendu parler dans vos groupes de plaintes concernant
les tarifs des ambulances?
Mme Lussier: Oui, nous avions des résolutions en ce
sens-là l'année dernière et l'année d'avant, 1974
et 1975, mais on a une politique de ne pas remettre au cahier, ce qui avait
déjà été signalé. Nous avions un cahier de
100 pages cette année. Quand on va rencontrer le premier ministre et
qu'on a un document de 100 pages à lui présenter, couvrant toutes
les sphères d'activité qui nous préoccupent, nous ne
remettons pas une deuxième année de suite les recommandations qui
n'ont pas eu de réponse efficace. Automatiquement, on insiste. S'il y
avait une commission parlementaire cette année sur le sujet, on se
sentirait obligé de répondre en action sociale ou en
représentations sur de tels sujets, mais, cette année, on n'a pas
pensé les mettre au cahier de la protection du consommateur. Mais nous
en avons eu, je me le rappelle, surtout de la Beauce; il y a deux ans, on avait
eu beaucoup de difficultés avec ça. Il y a eu d'autres
régions, mais je ne les ai pas en mémoire.
Cela a été réellement un fait pour des
régions éloignées; c'est comme pour les médecins et
certaines autres choses, la géographie ne les avantage pas.
M. Malépart: Mais, même dans la région de
Montréal, c'est un exemple, un accident arrive il y a deux
blessés sur le pont Jacques-Cartier. L'ambulancier prend les deux
blessés du même coup, il s'assit sur la banquette avant, à
côté du chauffeur, et on leur charge $50. Je ne sais pas si vous
avez eu des plaintes de ce genre.
Mme Lussier: Non. C'était surtout sur la difficulté
d'avoir des services.
M. Malépart: D'accord.
Mme Lussier: Quand on n'en a pas, c'est difficile de les
payer.
M. Malépart: Merci.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, je vais me limiter à
une courte question et à un court commentaire. Vous parlez dans votre
recommandation no 4 de retirer les primes de tous les produits de consommation.
Je suis d'accord jusqu'à un certain point, dans le sens que des primes
dans les boîtes de savon et dans les boîtes de corn flakes, comme
vous l'avez dit tantôt, je trouve ça quand même bien
ridicule, et je pense que les gens n'ont pas besoin de ça. Mais je m'en
voudrais en faisant un projet de loi, si la loi 7 faisait injure à
l'intelligence et au bon jugement du consommateur; il faut quand même le
compartimenter pour qu'il ne dise pas qu'il n'a pas le choix du produit, qu'on
lui dise: Toi, tu t'en vas là pour telle et telle raison. Il faut faire
appel, si on veut l'éduquer à son intelligence et à son
bon jugement.
Si on retirait les primes, les fameux coupons que les marchands nous
donnent, quand on va acheter de l'épicerie, par exemple, tout
simplement, ce que ça ferait, ce serait d'en faire profiter encore le
commerçant. Il ne diminuerait pas d'autant ses prix à la
consommation pour vendre à l'individu. Il dirait: On vient de m'enlever
une épine du pied. Je vais faire un peu plus de profit, parce que je
n'ai pas à payer les primes. Avec l'article 158, vous ne croyez pas
qu'en laissant au consommateur le choix de dire: Je ne veux pas de tes primes,
par contre, si j'ai dix livrets de coupons et que ça vaut $1.80 chacun,
tu vas me donner $18, vous ne pensez pas que, même si vous avez
mentionné à la page 8 votre réticence sur cet article, ce
serait préférable pour le consommateur?
Mme Lussier: A compartimenter et essayer de légaliser
davantage, il y a toujours des inconvénients et ça vient toujours
d'abus. Ce sont les intermédiaires, les empaqueteurs et tout ce que vous
voudrez qui ont créé des abus.
Je sens qu'il faut légiférer et la femme qui ne se pose
pas de question ne sera pas éduquée. Par contre, je crois qu'il y
a moyen d'adoucir les choses pour permettre qu'il n'y ait pas d'abus de la part
de l'intermédiaire et du détaillant. Dans ce sens,
peut-être que cela va le soulager de ne plus avoir de prime, mais, par
contre, il me semble qu'il doit y avoir un sens de la justice pour ces gens. Il
y a toujours une loi Pépin qui existe encore pour
légiférer sur les profits. Il faut absolument faire quelque chose
pour protéger celui qui n'est pas capable de faire la part des
choses.
M. Picotte: Je suis entièrement d'accord d'ailleurs. Je
voulais vous faire remarquer que j'aime beaucoup l'article 158 parce qu'il
reste que le consommateur a le choix et qu'il peut aller chercher de l'argent,
à ce moment. Autrement, si on lui enlève ce droit, on fait tout
simplement, profiter le commerçant dans ce domaine.
Un court commentaire. L'AFEAS est très dynamique, surtout dans
les régions rurales, et elle regroupe, même dans nos petites
paroisses rurales, 100 et 125 membres, ce qui touche un paquet de familles dans
nos milieux.
Lorsque, la loi 7 sera adoptée avec ses amendements, un peu plus
tard, est-ce que l'AFEAS en- visage, à un moment donné, à
l'intérieur de ses réunions, d'informer vraiment la
consommatrice? Je pense que, si l'AFEAS faisait cela au niveau de chaque
région et au niveau de chacun de ses cercles, on toucherait facilement,
dans un comté comme le mien, environ 2000 membres du côté
de l'AFEAS. Cela veut dire qu'on va toucher environ 2000 familles.
Envisagez-vous, à un moment donné, un programme
d'éducation à l'intérieur de vos réunions pour la
prochaine année? Vous êtes-vous penchés
là-dessus?
Mme Gervais: Oui. Dès que la loi 7 sera appliquée,
c'est bien sûr qu'on va s'en occuper. A l'intérieur de la revue
AFEAS, qui publie normalement dix numéros, il est prévu cette
année, dans au moins cinq numéros, une fois par deux mois,
d'avoir un article complet sur la consommation, des "flashes" sur la
consommation du temps de l'année. A l'intérieur de cela, nous
avons déjà informé les femmes de l'AFEAS sur les services
au consommateur dans sa région, qu'ils soient gouvernementaux ou des
intermédiaires volontaires. Il est sûrement question que, pour
tout ce que nous avons apporté ici, nous devrons répondre de
notre mandat et nous irons vérifier pour voir si la loi 7 a
appliqué les recommandations. Ce sera donner suite à notre
mémoire de l'an prochain. Nous y donnerons sûrement suite. Nous
sommes un mouvement d'éducation et d'action sociale. Cela ne fait pas de
tapage, mais sûrement que tous nos secteurs seront touchés. Je ne
dis pas toutes nos femmes, parce que nous avons, à peu près, la
moitié ou les trois quarts de nos membres d'un cercle qui assistent
régulièrement aux réunions. Ces femmes qui assistent
régulièrement seront sûrement averties des modifications de
la loi, comme nous l'avons fait d'ailleurs. Des fois, on est tenté de
reprocher aux autres que les mémoires restent sur les tablettes, mais,
avec les nôtres, avec le contenu qu'on y met, au moins, qu'on soit
capable de mener à bien les actions qu'on a entreprises,
l'éducation qu'on a faite.
M. Picotte: Je crois beaucoup plus à cette
publicité qu'à toute autre forme de publicité parce que je
pense que notre expérience de député peut nous dire que,
même si on fait énormément de publicité... Prenez le
cas des inondations, je suis certain qu'au mois de septembre il y a des gens
qui vont venir me voir pour me dire qu'ils ne savaient pas qu'on
dédommageait pour les inondations... Il n'y a pas de programme où
on a fait autant de publicité. On dirait que les gens s'attardent
uniquement à la mauvaise publicité au lieu de prendre la bonne.
Je pense que cette façon serait préférable. C'est un
commentaire que je voulais tout simplement vous laisser.
Mme Bacon: Cela me tenterait juste d'ajouter "joint au travail
d'un député, au travail d'information."
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député d'Abitibi-Ouest.
Mme Bacon: Je pensais que vous le diriez.
M. Boutin: J'ai oublié tout à l'heure une demande
au ministre. A la page 21, on remarque une recommandation: "Que les
étiquettes identifiant les procédés d'entretien et la
composition des tissus soient cousues au vêtement..." Je voudrais savoir
du ministre si cela demeure du domaine fédéral ou si le
provincial peut s'en occuper?
Mme Bacon: C'est fédéral. Je pense que la
responsabilité du provincial est minime par rapport à la
responsabilité fédérale. Ce sont des recommandations dont
on doit tenir compte quand on a des discussions, tant au niveau provincial que
fédéral...
Mme Gervais: Les autres ministres.
Mme Bacon: ... des discussions des comités mixtes.
Oui.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autres questions?
Alors, merci, mesdames. Demain, nous entendrons le mémoire du Bureau
consultatif de la publicité au Canada, le mémoire de la Chambre
des notaires du Québec, le mémoire de la Corporation des
maîtres électriciens du Québec et celui de la Corporation
des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec.
Alors, la commission ajourne ses travaux à demain matin, dix
heures.
(Fin de la séance à 17 h 30)