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Commission permanente des
consommateurs, coopératives et
institutions financières
Etude du projet de loi no 7
Loi sur la protection du consommateur
Séance du jeudi 26 août 1976 (Dix heures quinze
minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières): A
l'ordre, messieurs! Les membres de la commission ce matin sont les suivants:
Mme Bacon (Bourassa), MM. Bellemare (Johnson), Bonnier (Taschereau), Boudreault
(Bourget) qui remplace Boutin (Abitibi-Ouest), Burns (Maisonneuve), Chagnon
(Lévis), Harvey (Charlesbourg), Harvey (Dubuc), Léger
(Lafontaine), Marchand (Laurier), Masse (Arthabaska), Picotte
(Maskinongé), Roy (Beauce-Sud), Samson (Rouyn-Noranda), Tremblay
(Iberville).
M. Léger: II y aurait une correction. M. Burns
(Maisonneuve) est remplacé par M. Charron (Saint-Jacques).
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Burns (Maisonneuve) est
remplacé par M. Charron (Saint-Jacques). M. Marchand (Laurier) est
remplacé par M. Malépart (Sainte-Marie). Ce matin, nous
entendrons Vidéo-Presse, le Conseil des normes de la publicité,
l'Association des annonceurs, Rowntree Mackintosh Canada Ltée et
Sélection du Reader's Digest (Canada) Limitée.
Rowntree Mackintosh Canada Limitée fait partie d'un autre groupe.
Si les membres de la commission sont d'accord, j'inviterais
immédiatement Me Jacques De Billy à présenter non pas son
mémoire, mais à dire s'il va se présenter à
nouveau.
Me Jacques De Billy.
Rowntree Mackintosh Canada Ltée.
M. De Billy (Jacques): M. le Président, Mme le ministre,
messieurs les membres de la commission, je suis le procureur de Rowntree
Mackintosh Canada Ltée. Cette compagnie qui produit des confiseries, est
membre de l'Association des manufacturiers de confiseries du Canada; cette
association a produit un mémoire et doit se faire entendre le 16
septembre. Ma cliente croit que ce serait une répétition et que
ce serait faire perdre le temps des membres de la commission de
présenter un mémoire qui sera répété le 16
par son association. Ma cliente n'a pas de facteur ou d'argument
spécifique, spécial à elle, différent des autres
manufacturiers.
Avec la permission de la commission, nous déposons le
mémoire. Les officiers de ma cliente seront ici avec les autres membres
de l'Association des manufacturiers de confiseries le 16 septembre pour faire
les représentations qu'ils dési- rent faire et répondre
aux questions que les membres de la commission pourraient avoir à poser.
Si c'est le plaisir de la commission, je...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce que les membres
acceptent le dépôt du mémoire de Rowntree Mackintosh Canada
Ltée?
Une Voix: D'accord.
M. Boudreault: Est-ce qu'il va être présenté,
lui?
M. De Billy: Non, il est semblable. M. Boudreault: II est
semblable?
M. De Billy: C'est un mémoire, dans le fond, pratiquement
semblable qui concerne les mêmes sections du projet de loi, qui concerne
l'association en général. Ce serait, je pense, affaiblir le
mémoire de l'association de voir un membre présenter les
arguments seul, au début, et, après cela, voir l'association
répéter ces mêmes arguments.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Mémoire
déposé. Merci, M. De Billy.
M. De Billy: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): J'invite immédiatement
les représentants de Vidéo-Presse. Auriez-vous l'amabilité
de vous présenter et présenter ceux qui vous accompagnent, s'il
vous plaît?
Vidéo-Presse
M. Guimar (Pierre): M. le Président, Mme le ministre,
messieurs les députés, bonjour. Mon nom est Pierre Guimar, je
dirige la revue Vidéo-Presse, qui est une publication de la maison
d'édition qui s'appelle Editions Paulines, dont M. Fidèle Molino,
à ma droite, est le président. Lise Labarre, à ma gauche,
ainsi que M. Gabriel Dejean, sont responsables des relations
extérieures.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Et la demoiselle?
M. Guimar: Lise Labarre, à ma gauche, et Gabriel
Dejean.
Nous avons déposé devant la commission un mémoire
assez modeste fait avec nos propres moyens. On n'a eu ni le temps, ni
l'occasion ni les moyens de consulter des équipes d'avocats ou un studio
légal quelconque; c'est pourquoi c'est avec modestie que nous invitons
les membres de cette commission à se pencher sur la teneur de l'article
163 du projet de loi no 7 concernant la publicité destinée aux
enfants de moins de 13 ans.
En effet, nous publions une revue qui s'appelle Vidéo-Presse qui,
depuis cinq ans, est destinée aux enfants de 8 à 15 ans; une
revue dont le besoin, je crois, était assez évident dans la
province de Québec, surtout au début des années
soixante-dix, quand la plupart des revues destinées aux enfants
étaient déjà disparues et quand la concurrence ou disons
la pression assez forte des revues en provenance d'Europe ou des Etats-Unis
détournait un peu, à notre avis, l'enfant de son milieu
véritable ou de son milieu socioculturel véritable.
C'est avec beaucoup de sacrifices que nous avons bâti cette revue.
C'est grâce à sa qualité qui, je crois, est aussi
évidente que nous avons pu l'établir; la revue est
tirée actuellement à 50 000 exemplaires. A la sortie du projet de
loi no 7, nous avons entendu parler comme tout le monde, à travers les
media, les journaux et la télévision, de cet article
destiné à supprimer la publicité destinée aux
enfants de moins de 13 ans. Au début, nous ne nous croyions pas
concernés, puis on a consulté les directeurs de l'Office du
consommateur à Montréal en lui posant des questions
précises: Le projet de loi no 7 empêcherait-il qu'on annonce,
à travers les pages du Vidéo-Presse, de la publicité
destinée aux enfants? C'était la première question.
La deuxième question était la suivante: Avons-nous le
droit, d'après le texte de la loi, de solliciter des abonnements
auprès des enfants qui sont les lecteurs de notre revue? La
réponse a été négative sur les deux points. La
réponse, je le répète, nous provenait du directeur de
l'Office de la protection du consommateur. C'est pourquoi nous avons cru bon de
présenter à cette commission notre mémoire. Je crois que
vous avez en main une copie du mémoire en question et je n'ai pas besoin
de me répéter.
Vous avez, au début, la présentation de ce qu'est
Vidéo-Presse ou de ce que sont les Editions Paulines. Je dois ajouter
à cette présentation le fait suivant. Nous sommes membres d'une
communauté religieuse qui s'appelle la Société de
Saint-Paul. Cela ne veut dire absolument rien, bien entendu, mais c'est pour
expliquer ma présence ici. Je ne suis pas Canadien de naissance, je suis
Canadien de choix. La raison de ma présence au Canada est que j'ai
été invité par mes supérieurs à me rendre
ici. Le but de notre communauté est justement l'apostolat à
travers les moyens de communication sociale. C'est pourquoi c'est une oeuvre
éducative que nous poursuivons à travers les Editions Paulines et
aussi à travers notre revue.
Je disais que Vidéo-Presse, on l'a bâti, donc, selon notre
philosophie de la vie et dans le sens de la mission que nous avons, c'est
pourquoi on en a fait, depuis cinq ans, une revue culturelle, éducative,
saine et québécoise surtout, parce qu'on veut que l'enfant soit
centré sur la réalité de chez lui. Or, l'article 163 du
projet de loi semble compromettre l'existence même de cette revue qui est
restée désormais la seule revue canadienne destinée aux
enfants. A notre avis, le texte de l'article ou de la loi, quand il parle de
publicité destinée aux enfants, devrait probablement apporter
quelques nuances parce qu'il y a certainement des nuances entre un produit
comme une revue et d'autres produits appelés de consommation.
C'est pourquoi nous nous demandons, en fin de compte, à travers
tout le mémoire, si ce ne se- rait pas le cas, justement, d'introduire
une distinction dans l'article de loi, entre la publicité et le bien
culturel qui sont parfois essentiels, souvent essentiels, et le bien de
consommation. Je n'ai pas besoin de donner beaucoup d'exemples, je crois qu'on
peut saisir assez facilement la liste qu'on pourrait faire suivre à ce
titre de bien de consommation.
Un autre facteur nous a laissés perplexes aussi: Quelle serait la
politique du ministère des Consommateurs au cas où le
projet de loi serait adopté tel quel en ce qui concerne l'article
163 en ce qui concerne les revues étrangères qui, nous le savons,
ont de la publicité et sollicitent aussi des abonnements auprès
des jeunes lecteurs? On se demande aussi si, pour ces revues
étrangères, le ministère serait disposé à
faire une exception ou bien s'il serait simplement disposé à
fermer les portes à ces revues au cas où la loi serait
adoptée telle quelle.
Je crois que ce sont là les grandes lignes de notre
mémoire. Moi, je n'aurais rien d'autre à ajouter.
Mme Bacon: C'est avec beaucoup de sympathie que j'ai pris
connaissance de votre mémoire, M. Guimar. A première vue, votre
revue me paraît exemplaire, tant par son contenu que par sa
présentation. La publicité qu'elle renferme porte sur des biens
culturels et fait aussi appel à l'enfant ou à l'adolescent,
à ses facultés les plus élevées. Je le reconnais,
le contenu des messages publicitaires correspond et s'intègre mieux
à un objectif social de formation de citoyens, soit la formation
académique, culturelle des enfants du Québec.
Nous sommes ici en face d'un cas limite où l'objet et la
formulation modérée du message rejoignent plutôt
l'information que la véritable réclame. Sans doute, il ne serait
pas opportun aujourd'hui même de décréter une interdiction
si tous les publicitaires avaient jusqu'ici été inspirés
par les mêmes soucis pédagogiques et moraux que sont les
vôtres. N'oublions pas cependant que toute interdiction, de sa nature
même, vise un ensemble de cas d'espèce et il peut arriver, par
exception, que certains cas ne présentent pas les caractères
nocifs ou abusifs qu'il s'agit d'éliminer. Toutefois, il me semble
prématuré, au stade actuel des travaux de cette commission,
d'apporter des exceptions au principe d'abolition sans avoir pu mesurer,
après les études nécessaires, toutes les
conséquences qui en découleront.
Je suis d'avis que cette commission doive entendre toutes les
représentations des intervenants sur les articles 163 et 164. Par la
suite, je pourrai déterminer si quelques tempéraments peuvent
être apportés à la loi, à l'article 164, et qui
puissent tenir compte des cas comme le vôtre, par exemple. Je tiens
cependant à affirmer qu'il ne peut être question de renoncer au
principe même de l'article 164. Les objectifs qui sont poursuivis me
paraissent essentiels à une véritable Loi de la protection du
consommateur. Je reste convaincue aussi que l'interdiction de la
publicité aux enfants continue d'être un élément
indispensable à un vé-
ritable assainissement du climat entourant l'enfant et la
consommation.
Dans le but de mesurer l'impact économique de cette interdiction
sur votre rentabilité et de déterminer aussi la nature des
pressions qui peuvent constituer, sur les parents, votre publicité,
j'aurais quelques questions, ce matin, à vous poser. Par exemple, vous
venez de mentionner que le tirage annuel est de 50 000 exemplaires. Quel est le
pourcentage d'accroissement de votre tirage par année? Avez-vous les
statistiques en main?
M. Guimar: Oui, je peux répondre. Nous avons nos propres
statistiques. Hélas! je ne les ai pas apportées ici, mais je les
connais par coeur. Nous avons tiré le premier numéro, au mois de
mai 1971, à 30 000 exemplaires. Nous avons progressé environ de
3000, 4000 exemplaires par mois, évidemment, à chaque
année. C'est pourquoi nous en sommes, aujourd'hui, à 50 000 en
cinq ans d'existence. C'est la courbe de l'accroissement annuel. Le tirage
augmentait à tous les ans de 3000 exemplaires par mois.
Mme Bacon: Quelle est la proportion des ventes qui se fait par
abonnement par rapport à celle qui se fait aux kiosques?
M. Guimar: Nous avons remarqué, à notre grande
surprise, que les écoles du Québec étaient très
intéressées à Vidéo-Presse parce qu'elles
trouvaient là du matériel didactique ou pédagogique de
premier ordre. Les derniers chiffres sont les suivants. Au mois de juin 1976,
nous avions 20 000 abonnés environ qui recevaient la revue chez eux. Les
enfants ou les parents même recevaient la revue à la maison;
autant la recevaient à l'école. Des enfants s'abonnaient à
l'école puisqu'on nous avait proposé des remises spéciales
pour des abonnements de groupe, douze et plus. Un certain nombre d'enfants se
sont abonnés à l'école. Donc, 40 000 sont diffusés
comme cela, par abonnement. Le reste est vendu au numéro,
c'est-à-dire avec des moyens assez aléatoires comme les kiosques
à journaux ou la vente, même dans les écoles, à
dépôt.
Mme Bacon: La publicité à l'intérieur de la
revue représente quand même une certaine source de revenu,
êtes-vous en mesure de nous dire dans quel pourcentage?
M. Guimar: A l'intérieur des pages de la revue, si vous
avez remarqué, tout est dédié aux Editions Paulines, c'est
notre propre éditeur. C'est pourquoi on n'a aucune source de revenu
publicitaire à partir de cela.
Mme Bacon: La revue telle qu'elle est rédigée.
M. Guimar: La revue, telle qu'elle est rédigée,
n'accepte pas de la réclame venant de l'extérieur. La seule
demi-page porte sur les aventures de Gaston Lagaffe. Je m'excuse de l'avoir
cité. C'est un échange avec la bande dessinée que la
maison Dupuis, de Belgique, nous a concédée.
Mme Bacon: Comment faites-vous votre publicité? Vous dites
que les écoles en achètent, prennent des abonnements. Y a-t-il
une autre façon pour vous de publiciser votre revue?
M. Guimar: Au début du mois de septembre notre
année commence au mois de septembre et se termine au mois de juin, la
revue paraît dix fois par année nous envoyons à tous
les anciens abonnés, le coupon de réabonnement les invitant
à se réabonner. Nous avons une réponse d'à peu
près 90% des personnes qui se réabonnent. Les écoles nous
demandent aussi des feuillets publicitaires pour distribuer à
l'école même aux enfants. L'enfant apporte le feuillet à la
maison et, la plupart du temps, ce sont les parents qui, évidemment,
sortent l'argent pour abonner l'enfant. A travers l'école, enfin, le
reste des enfants s'abonnent.
Mme Bacon: Quelles sont les catégories d'âge que
vous visez dans votre revue? Il doit y avoir certaines catégories
d'âge?
M. Guimar: Oui, nous visons les enfants de huit à quinze
ans. J'ai les statistiques publiées dans la revue elle-même. Le
gros de nos lecteurs se situe entre onze et treize ans, présentement,
quoiqu'on reconnaisse des pédagogues aussi qui ont examiné
la revue que la revue s'adresse peut-être à une
catégorie d'âge un peu supérieure. On a remarqué que
l'enfant aime garder la revue, la conserver et la faire relier même dans
des cahiers spéciaux qu'on offre pour les années à venir.
On a des preuves que des enfants du secondaire et du CEGEP aussi s'en servent
pour leurs études, ou bien les parents la gardent à la maison
comme élément de la bibliothèque familiale.
L'enquête que nous avons faite il y a deux ans, en tout cas, nous
disait qu'on a 1,2% de nos lecteurs qui ont huit ans, 1,7% neuf ans, 13% dix
ans, 18,7% onze ans, 27,4% douze ans, 18,1% treize ans, 11,7% quatorze ans, 5%
quinze ans et 3,2% de seize ans en montant.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: Je voudrais d'abord vous féliciter pour
la qualité de votre revue, la présentation, le contenu, la
disposition des articles; je pense que c'est une revue de qualité. Au
départ, en regardant votre mémoire, je me suis dit que les
articles 163 et 164, dans leur intention profonde, ne visaient peut-être
pas ce genre de revue. Du moins, cela me donnait l'impression que ce n'est pas
ce genre de publicité qu'on voulait viser dans l'obligation de ne pas
faire de publicité auprès des enfants de 13 ans.
Ma première réaction est que votre publicité est
bien faite, bien présentée. Elle fait appel au monde culturel de
l'enfant et non pas à ses instincts ou à ses désirs
d'augmenter les biens, mais
beaucoup plus à s'informer et à se cultiver. De ce
côté, je pense que vous avez une revue très bien faite.
Comme de raison, il faut trouver dans un texte de loi quelque chose qui
fait qu'on rejoint exactement la quantité de gens voulue. Il faut le
mettre dans des termes. C'est là que je me pose la question: Doit-on
spécifier que la publicité ne doit pas être adressée
aux enfants, uniquement pour la publicité qui n'est pas culturelle, ou
si la publicité de revue peut être acceptée? Je ne sais pas
comment on pourrait l'exprimer mais, de toute façon, je ne pense pas que
c'est ce qu'on veut viser , par les articles de la loi.
C'est beaucoup plus la publicité qui agresse l'enfant, genre
télévision ou radio, spécialement à la
télévision, où l'enfant n'est pas obligé d'aller
chercher quelque chose; il fait le geste quand même de le désirer,
alors, sa volonté n'est pas mise à épreuve. S'il
désire la revue, il va la prendre. Mais la télévision, il
la subit, et comme il n'a pas encore développé ses
mécanismes de défense, le filtre normal qu'on doit faire dans la
perception des choses à cet âge n'est pas encore
développé, c'est là qu'on veut le rejoindre surtout.
Au niveau des abonnements des jeunes, vous avez dit tantôt que
vous aviez 20 000 abonnements qui étaient livrés à la
maison et 20 000 abonnements livrés à l'école. Cela veut
donc dire que l'enfant reçoit à l'école un abonnement
plutôt que de le recevoir à la maison?
M. Guimar: Cela veut dire qu'étant donné qu'il y a
un prix de faveur pour les abonnements de groupe, souvent les professeurs
mêmes se chargent de les recueillir à l'intérieur de
l'école, puisqu'ils se servent de Vidéo-Presse à peu
près comme d'un manuel scolaire. Ils exhortent les enfants à se
procurer Vidéo-Presse pour les faire bénéficier d'une
revue spéciale, ils la font venir à l'école où elle
est distribuée.
M. Léger: Ah oui! C'est toute une classe d'une trentaine
d'élèves à qui le professeur dit: On va travailler dans la
revue Vidéo-Presse. Prenez l'abonnement...
M. Guimar: C'est ainsi.
M. Léger: Quelle sorte d'entente avez-vous avec les
professeurs pour que le professeur décide de prendre votre revue
plutôt qu'un autre outil pédagogique?
M. Guimar: On n'a rien de spécial. L'abonnement annuel
pour cette année est de $8.50 dans les écoles, on le
concède à $8.25, c'est tout ce qu'on fait.
M. Léger: Mais, pour que le professeur décide de
prendre votre revue, c'est uniquement parce qu'il a vu qu'elle était
bonne? Vous n'avez pas fait de "canvassing" auprès des professeurs de la
commission scolaire?
M. Guimar: Non, non, aucun pot-de-vin, monsieur.
M. Léger: Vous dites que la publicité qui est
à l'intérieur ne provient pas de compagnies extérieures,
mais de vos propres services, qui ont eux-mêmes besoin de...
M. Guimar: C'est l'ensemble de production de
littérature-jeunesse qu'on a mis sur pied depuis 1971 et
Vidéo-Presse nous sert justement de véhicule pour ces produits de
jeunesse que nous annonçons à travers nos pages, sauf, comme je
le disais tout à l'heure, pour le cas de la demi-page
dédiée aux albums de Gaston Lagaffe, c'est une bande
dessinée. Nous publions une page de cette revue dans Vidéo-Presse
et, en contrepartie, nous offrons à la maison Dupuis une demi-page
publicitaire.
M. Léger: En réalité si vous ne pouviez pas
faire cette publicité, avec l'article, tel qu'il est
rédigé cela ne vous dérangerait pas quand même
tellement, puisque le pourcentage de revenu ne serait pas coupé d'une
somme essentielle.
M. Guimar: En effet, mais ce n'est pas ce qui nous
préoccupe tellement. Cela nous préoccupe parce que,
évidemment, la production-jeunesse des Editions Paulines ne trouverait
pas un véhicule pour être connue, mais ce qui nous inquiète
en plus, c'est surtout pour la revue Vidéo-Presse elle-même,
c'est-à-dire qu'on a peur à l'avenir de ne pouvoir dire à
l'enfant dont l'abonnement vient de se terminer: Ton abonnement est
terminé, veux-tu te réabonner? C'est que, d'après
l'interprétation du directeur de l'Office de la protection du
consommateur de Montréal, cela serait de la publicité à
but commercial.
C'est ce qui nous inquiète surtout; notre perplexité n'est
pas à cause de la réclame dans Vidéo-Presse mais de la
réclame pour Vidéo-Presse.
M. Léger: Mais comment faites-vous votre sollicitation
pour obtenir des abonnements à la maison?
M. Guimar: On envoie nos feuillets publicitaires à travers
les journaux, on fait un encart spécial, on le met dedans. On ne fait
pas de publicité à la télévision. On l'a fait
pendant quatre mois en 1973, puis on y a renoncé, parce que cela ne
marchait pas; enfin, on ne pouvait pas se le permettre avec le budget qu'on a.
Actuellement, tout ce qu'on fait, c'est qu'on envoie à nos propres
abonnés, aux anciens abonnés, le feuillet de réabonnement.
C'est bien fait d'ailleurs; on y présente les programmes de
l'année. Grâce à cela simplement, l'enfant se
réabonne dans la proportion de 90%. Quant aux nouveaux abonnés,
on les recrute grâce au feuillet qu'on envoie aux écoles ou
à la sollicitation même du directeur d'école; il le
distribue à l'enfant, qui l'apporte chez lui et on décide
à la maison si l'enfant s'abonne ou pas.
M. Léger: Est-ce qu'il y a des commissions scolaires qui
vous ont refusé cette possibilité.
M. Guimar: Excusez, il y a une autre chose la "mailing list"
aussi, vous savez, il y a des compagnies spécialisées qui
déposent à la maison des listes pour la publicité, mais
là, c'est adressé à la famille, ce n'est pas à
l'enfant lui-même.
M. Léger: Mais est-ce que parfois les commissions
scolaires s'opposent à ce que vous ayez du matériel publicitaire
dans l'école?
M. Guimar: II y a des commissions scolaires qui n'acceptent pas
de l'avoir.
M. Léger: Avez-vous des voyageurs sur la route pour voir
les clients à la maison?
M. Guimar: Excusez-moi, je n'ai pas saisi la question.
M. Léger: Avez-vous des voyageurs ou des vendeurs sur la
route pour vendre l'abonnement?
M. Guimar: Non.
M. Léger: Non? Alors, vous ne faites que de...
M. Guimar: On l'a fait de temps à autre. Plutôt que
de livrer par la poste les feuillets publicitaires, parfois, on les a fait
livrer par des voyageurs. Par exemple, Mlle Lise Labarre s'est rendue jusqu'au
Nouveau-Brunswick une fois pour faire connaître la revue dans
l'école. Ce n'est pas malgré nous, mais, enfin, nous avons
été très surpris de voir comment la revue a
été appréciée a l'école au point qu'on avait
de la sollicitation de la part de l'école pour qu'on aille
jusqu'à elle.
M. Léger: D'accord. Je vous remercie.
Le Président (M. Houde, Limoilou): D'autres questions des
membres de la commission? Alors, merci bien.
M. Guimar: Merci.
Conseil des normes de la publicité
Le Président (M. Houde, Limoilou): J'invite
immédiatement les représentants du Conseil des normes de la
publicité. Votre nom, monsieur, et votre fonction.
M. Watier (Maurice): Maurice Watier, secrétaire de
direction du Conseil des normes de la publicité.
M. le Président, Mme le ministre, messieurs, je ne lirai pas mot
à mot le rapport le mémoire que nous avons
présenté a quelque 56 pages mais je vais essayer de le
résumer le mieux possible en y ajoutant certaines autres
considérations. Comme nous nous sommes assigné la tâche de
parler de la publicité destinée aux enfants, il est presque
inévitable que nous soyons perçus de prime abord comme des
bourreaux d'enfants, comme des gens peut-être sans foi, sans loi, sans
conscience et sans morale. Mais qu'à cela ne tienne, si nous pensions
que nous étions de ces vilains, je crois que nous ne nous
présenterions pas devant vous.
Parlons d'abord, si vous le voulez bien, du Bureau consultatif de la
publicité au Canada dont nous relevons, qui a été
institué en 1957 par l'Association canadienne des annonceurs. En 1966,
son conseil d'administration recrutait des représentants des media, des
principales associations de media. En 1967, l'association était
composée également d'associations d'agences de publicité,
de la principale association d'agences de publicité. Le Bureau
consultatif de la publicité au Canada, donc, notre bureau au
Québec le bureau consultatif, c'est le bureau national a
pour mission de distribuer et de veiller à l'application des codes
d'éthique de la profession publicitaire. Il sert d'agent de liaison avec
les consommateurs et les gouvernements. Il commandite en outre des recherches
au niveau universitaire sur les effets sociaux et économiques de la
publicité. A partir de 1970, il a accordé des bourses
universitaires pour l'obtention de doctorats. Ainsi, entre autres
bénéficiaires de ces bourses, nous comptons M. Donald
Béliveau, en 1970, étudiant à Laval et à
Sherbrooke, Yvon Allaire, en 1971, étudiant à Sherbrooke, Robert
D. Tamilia, en 1973, de McGill, qui ont respectivement étudié les
problèmes de transfert de la publicité d'une langue ou d'une
culture à une autre, l'efficacité des mass media sur les
changements d'attitude du public et le comportement des consommateurs
canadiens-français.
Le Bureau consultatif de la publicité au Canada s'occupe de
l'application principalement de quatre ou même de cinq codes. Le premier
est le code canadien des normes de la publicité, le deuxième est
le code de la publicité radiotélévisée
destinée aux enfants, le code de la publicité aux consommateurs
des médicaments dispensés sans ordonnance médicale, et
maintenant pas le cinquième, mais le quatrième le
code de la publicité des cosmétiques, des parfums, des produits
de toilette en général. Nous croyons que notre action est
efficace, en règle générale, parce que notre groupe rallie
pratiquement tous les grands annonceurs, tous les media d'information et toutes
les agences de publicité.
Il travaille en collaboration avec les gouvernements, les associations
de consommateurs et divers autres groupes, et possède les moyens
d'obliger les professions publicitaires à respecter ces codes de la
publicité. Nous tenons à dire que nous ne désirons pas
remplacer les gouvernements, les offices de protection du consommateur, les
sociétés d'Etat et ainsi de suite.
Notre rôle en est un de complémentarité. Nous
respectons nécessairement toutes les lois et tous les règlements
qui existent dans la province et le pays.
Notre action a mérité les louanges du gouvernement
londonien et des praticiens de publicité en Angleterre, qui ont
grandement apprécié notre travail et qui ont même
commencé à l'appliquer dans leur pays.
M.William Ewen, Deputy Chairman du National Advertising Review Board des
Etats-Unis, s'est
exprimé en ses termes: "Chapeau bas devant le travail
extraordinaire accompli par le Bureau consultatif de la publicité au
Canada en matière d'autodiscipline publicitaire".
M. Jules Arvay, de Toronto, directeur régional du service des
pratiques commerciales, section de la publicité trompeuse, du
ministère des Consommateurs et des Entreprises nous avons traduit
librement les noms des organismes s'est pour sa part exprimé
ainsi: "J'affirmerai qu'il existe un haut standard de vérité en
publicité, principalement à cause de l'attitude empreinte de
responsabilité qu'a manifestée le Bureau consultatif de
publicité au Canada".
D'autres pays s'intéressent à nos méthodes. Ce sont
nommément la Suède, l'Autriche, l'Allemagne et la France. Nous
nous empressons de faire remarquer qu'un nombre d'annonces mensongères,
trompeuses ou répréhensibles d'une façon ou d'une autre
semble bien peu élevé proportionnellement. Nous parlons au point
de vue des annonces nationales, puisque nous avons reçu 563 annonces qui
ont été portées à notre attention en 1974. C'est
bien peu si on considère que les media d'information diffusent
annuellement des milliers et même des milliards de messages
publicitaires. Nous ne disons pas cela pour minimiser le besoin
d'éliminer les annonces mensongères et
répréhensibles. Cela s'impose sans conteste.
L'an dernier, de janvier à la fin de décembre 1975, nous
avons reçu 382 plaintes dont 51 ont été obtenues, soit
environ 13%. Dans le cas de la publicité aux enfants, à cause
sans doute de notre système d'approbation avant diffusion, nous ne
recevons en moyenne qu'une plainte par mois.
Je parle là au niveau national. Je parlerai plus tard de ce qui
se passe effectivement à ce sujet dans le Québec. Il est sans
doute intéressant de noter que, d'après les bulletins de l'Office
de la protection du consommateur du Québec, 16 demandes de poursuite en
justice seulement ont été faites par cet organisme en ce qui a
trait à la publicité aux enfants, depuis la fin de 1972
jusqu'à la fin de 1974. Il n'y a eu que six jugements de rendus.
D'après les bulletins, il n'y a eu aucune demande de poursuite en 1975
et 1976. Ces chiffres, dans le cas de l'Office de la protection, s'appliquent
à tous les media.
C'est l'Association canadienne des radiodiffu-seurs, qui comprend
nécessairement les téléviseurs, qui a créé
en 1971 ce code que nous administrons et qui en a confié l'application
au Conseil des normes de la publicité. Ce code est mis en vigueur avec
d'autant plus d'efficacité et de rigueur que le CRTC, dont des membres
siègent à nos comités, lui a donné son appui le
plus entier.
Il n'y a pas d'intérêt pour les annonceurs à
diffuser des annonces qui ne porteraient pas notre numéro de citation.
C'est d'ailleurs impossible. Une citation qui passerait une annonce qui ne
porterait pas notre numéro d'approbation risque de perdre son permis de
diffusion.
La Société Radio-Canada s'est également
engagée à ne pas diffuser, dans ses émissions dites de
famille, mais présentant des messages destinés aussi aux enfants,
d'annonces qui ne porteraient pas notre numéro d'acceptation.
Je tiens à souligner cela est très important
que Radio-Canada ne diffuse pas maintenant d'annonces pendant,
immédiatement, avant ou immédiatement après ses
émissions pour les enfants, mais elle les annonce pour les enfants
à d'autres heures de la programmation.
Il existe une autre chose qu'il est très important de souligner.
Nos divers comités groupent, comme nous l'avons déjà dit,
des représentants des consommateurs, des annonceurs, des diffuseurs et
des publicitaires. Nous sommes, en outre, pensons-nous, le seul organisme
privé du genre où des consommateurs participent à toutes
nos délibérations, non seulement au niveau des comités,
mais même au conseil de notre association à titre de membres de
l'administration. En effet, nous comptons au Québec, dans notre conseil,
trois membres de l'Association des consommateurs. Si nous ajoutons les membres
qui en font partie en plus, à titre de substituts, nous en avons
cinq.
Je dois dire que le mémoire que nous avons présenté
nous le spécifions bien au début est le
mémoire des professionnels de la publicité et non pas celui des
consommateurs membres de notre groupe. Nous donnons en pages 9 et 10 les
membres de notre comité. Je dois dire que notre comité est
totalement autonome du comité national. Il est arrivé que nous
ayons refusé des annonces qu'on a acceptées au niveau
national.
Nous devons dire, aussi, que notre organisation, qui ne
s'intéresse pas uniquement qu'à faire des profits
immédiats, a confié des travaux de recherche à des
universités, à l'université de York, par exemple, de
McGill et de Guelph. Elle a publié et diffusé à travers le
pays un travail intitulé Publicité et Vérité,
rédigé par quatre théologiens de l'université de
Toronto, travaillant sous les auspices de l'Association canadienne des
annonceurs et l'Institut de la publicité canadienne, deux associations
membres de notre groupement. Nous avons, de plus, diffusé en anglais,
à travers le pays, un cahier intitulé La publicité des
enfants, du Dr André Caron de l'Université de Montréal,
travail patronné par le Publicité-Club de Montréal.
Nous mettons actuellement au point un travail sur la
sécurité, un autre sur la valorisation de la femme en
publicité et nous procédons à l'amélioration de la
publicité destinée aux enfants. Nous faisons une étude sur
l'influence des dessins animés dits "cartoons" dans le métier. La
dernière étape de la recherche aura lieu au Québec,
puisque c'est le Québec qui s'est opposé le plus à
l'utilisation des dessins animés dans les annonces
télévisées, dans toutes les annonces, d'ailleurs, pour
enfants.
J'aimerais vous citer ce que dit André Siegfried, membre de
l'Académie française, humaniste bien connu. Cela remonte à
quelques années, c'est en 1952, mais je crois que c'est encore
d'actualité. Il a dit: "Les pays qui dépensent le plus en
publicité sont ceux qui se portent le mieux". Il a dit cela à la
Sorbonne, devant un vaste auditoire. "En publicité surtout, être
honnête, c'est être habile. Maintenant, attention, a-t-il
ajouté, il n'y a pas à la longue de publicité efficace si
elle est malhonnête. A la vérité, les Américains qui
sont
des gens pratiques ont abouti à la conclusion que
l'honnêteté, après tout, c'est la meilleure politique.
Même si on n'a pas le goût d'être honnête,
l'intérêt vous conseille de l'être, parce que, si vous dites
le produit est bon et que ce produit soit mauvais, il ne faudra pas très
longtemps à l'acheteur pour s'en apercevoir. De telle sorte qu'un
produit qui fait de la publicité et un produit qui continue à
faire de la publicité, c'est la garantie qu'il a réussi,
puisqu'il continue et en réalité, lorsqu'il veut durer, lorsqu'il
veut avoir des relations durables avec sa clientèle, il ne peut pas se
permettre d'être malhonnête."
Remarquez bien que je ne prétends pas que tout est parfait en
publicité. Loin de là. Mais, je crois qu'il est bon de se
rappeler ces mots de Voltaire qui sont cités de mémoire: L'homme
n'est pas parfait, mais il est perfectible. C'est pourquoi nous tentons
constamment d'améliorer la profession publicitaire dans
l'intérêt de la communauté tout entière.
Passons, si vous le voulez bien, maintenant, à quelques
considérations sur la publicité. On a fait grand état,
dernièrement, du fait qu'on estime à environ 1600 par jour le
nombre de messages publicitaires qu'un consommateur reçoit, 1600 par
jour. Bien sûr, le nombre d'annonces présentées au
consommateur est très élevé. Par contre, il ne faut pas
donner l'impression que nous sommes ensevelis sous l'avalanche des messages qui
nous sont adressés. Il faut ajouter, citant sans doute la même
source que ceux qui parlent de 1600 messages, que 80 seulement de ces messages
retiennent l'attention du consommateur et 12 seulement, à peine,
provoquent chez lui quelque réaction.
Il faut comprendre aussi qu'un annonceur ne fait pas
nécessairement de la publicité pour atteindre tout le monde.
Là-dessus, on se base sur la part du marché. Un annonceur qui
aurait une part du marché et, effectivement, quand il a une part du
marché de 20%, c'est énorme, mais cela veut dire, quand
même, que 80% des acheteurs potentiels ignorent son produit ou son
service ou le rejettent.
Je dois dire en plus que 1600 messages par jour, c'est en quelque sorte
un chiffre magique qui est mis en doute par les publicitaires eux-mêmes.
On a employé ce chiffre certaines grandes compagnies, entre
autres, ont employé ce chiffre pour dire aux publicitaires: II
faut que vous ayez de l'originalité, il faut que vous ayez quelque chose
à dire qui soit remarqué. Autrement, votre message va passer
inaperçu.
On a aussi fait grand état du fait qu'au Canada, bon an, mal an,
on consacrait à la publicité une somme d'environ $1,5 milliard.
Il faut dire que la publicité, comme le confirme le Dr O.G. Firestone,
professeur de l'Université d'Ottawa, dans The Economie Implication of
Advertising, livre publié en 1967, que la publicité est l'un des
moyens les plus économiques d'atteindre un grand nombre de personnes
dans une société hautement industrialisée.
Il est établi aussi que, lorsqu'il s'agit de produits
fabriqués en grande série, comme les arti- cles qu'on utilise
couramment chez soi, les frais de publicité ne s'élèvent
souvent qu'à une fraction de cent par article. Ces chiffres sont
tirés de la revue La publicité d'aujourd'hui.
Il ne faut pas se surprendre, je crois, que $1,5 milliard soit
consacré annuellement à la publicité parce qu'il faut
comprendre que, dans ce chiffre, sont compris, par exemple, les $10 millions
que dépense le Canada en publicité. En 1974, le Canada a
effectivement publié le gouvernement central pour $10
millions en publicité. Il était au troisième rang des plus
grands annonceurs. Le Québec a dépensé, pour sa part, pour
la même année, près de $4 millions et il était au
15e rang des plus grands annonceurs alors que l'Ontario était au 30e
rang, avec $3 millions. Ces sommes ne comprennent pas les chiffres ou les
budgets publicitaires dépensés par des sociétés
d'Etat telles que Air Canada, l'Hydro-Québec, la loterie du
Québec, la Société des alcools et le reste.
Alors, il ne faut pas s'en scandaliser parce que tout a augmenté
considérablement. Ainsi, le budget de la province de Québec, qui
était de quelque $735 millions, en 1960/61, est passé, en
1966/67, à environ $10 milliards.
On a également grandement insisté sur le fait que la
publicité devrait être rationnelle. Or, selon des
économistes et selon les psychologues, il y a bien des façons
d'être rationnel. L'homme tout le monde l'admet n'est pas
simplement un être raisonnable dans le sens qu'une logique impeccable le
veut, dans le sens cartésien.
Il est intelligent, bien sûr, mais il est aussi émotif et
dans une société évoluée, l'homme n'a pas que des
besoins économiques, logiques, rationnels. Il satisfait
également, c'est bien sûr, des fantaisies. Il a
dépassé le stade de la seule survivance. De nos jours, le
théâtre, les lettres, les arts, le sport sont des besoins pour
l'homme. On donne au mot "besoin ", non pas le sens de choses indispensables,
de choses vitales, mais le besoin au point de vue économique est quelque
chose qui peut nous plaire, nous donner une satisfaction, un petit bonheur, non
pas le bonheur, mais un ou des petits bonheurs. Si vous le voulez, à ce
sujet-là, il faut tenir compte des modèles de comportement de
l'homme qui ont été établis par des économistes et
surtout par des psychologues. J'en ai retenu quatre, d'un livre intitulé
Le Marketing, par Etienne Cracco et Jacques Rostenne. Il s'agit d'un livre
édité en 1972 par les Editions Commerce, Centre éducatif
et culturel, de Montréal. M. Cracco est membre du Centre d'enseignement
supérieur des affaires à l'Université catholique de
Louvain et M. Rostenne est ou était alors à l'Université
de Sherbrooke.
Prenons, si vous le voulez bien, très rapidement, les cinq
modèles qu'ils ont établis du comportement humain. Il y a ceux
qui se conduisent selon le modèle de Marshall, qui dit que l'homme est
surtout intéressé par les mobiles économiques, par les
prix et revenus, et fait un calcul utilitaire avant chaque achat. Bien
sûr, on dit comme critique de ce système: Tous les individus
n'agissent pas comme des machines calculatrices.
D'autres ont établi le modèle de comportement de Pavlov
le chien qui salive selon lequel l'homme se comporte de
manière plutôt habituelle que réfléchie. Certaines
configurations de mobiles incitent le même comportement à cause
d'expériences enrichissantes dans le passé.
Tout le monde ne veut pas être coulé dans le même
moule, même s'il s'agit d'une forme de conditionnement automatique. On
peut effectivement changer ses habitudes et les gens changent effectivement
d'habitudes.
Il y a aussi le modèle de comportement basé sur la
doctrine de Freud selon laquelle on est fortement influencé par des
motifs et des fantaisies profondément enracinées dans son esprit.
Sa libido, son instinct sexuel influence considérablement l'homme. Bien
sûr, tous les humains ont un subconscient, mais tous n'ont pas besoin de
soins psychiatriques.
Il y aussi le modèle de Vleben, qui était d'abord un
économiste et qui est devenu surtout un psychologue à la longue,
ou un sociologue plutôt, qui dit que l'homme est influencé par les
groupes sociaux passés et présents. Ce modèle admet qu'il
y a en somme des moutons de Pa-nurge. Il admet que, dans la
société, il y a des sui-veux et qu'il y a des esprits
indépendants qui veulent faire à leur guise. En somme, plusieurs
hurlent avec les loups, ou ils délaissent la meute pour être des
citoyens libres.
Il y a un autre modèle dont il est moins important
peut-être de parler ici aujourd'hui, c'est le modèle de Hobbes.
Hobbes, lui, s'occupe surtout des acheteurs pour les grandes entreprises. Il
dit que ça consiste à concilier le gain individuel et celui de
l'organisation qui les emploie. On prétend que les publicitaires sont
des maîtres en psychologie et connaissent les moyens d'influencer l'homme
à son insu. L'homme demeure malgré tout un inconnu.
En guise de conclusion, les deux éminents professeurs que j'ai
mentionnés tout à l'heure disent que ces modèles nous
éclairent sur le comportement de l'être humain. Mais personne
encore n'a réussi à rassembler toutes les bribes d'information en
un outil conhérent destiné à l'analyse du
comportement.
Il y a des vérités dans chacune des hypothèses
mises de l'avant. L'homme demeure encore, comme je l'ai dit, un inconnu et
c'est pourquoi la publicité, croyons-nous, demeure un art plus qu'une
science.
Maintenant, nous passons à un sujet très délicat,
mais extrêmement important, soit un sondage effectué par un groupe
de recherche en communication de l'Université de Montréal.
Malheureusement, nous devons dire nous avons fait expertiser le
sondage que ce sondage, en somme, nous pouvons le qualifier d'un travail
d'amateurs. Nous avons été désarmés devant ce qui
nous paraissait être un questionnaire pour le moins superficiel qui
permettait aux responsables de l'Université de Montréal qui l'ont
fait, de tirer des conclusions qui nous stupéfiaient. Nous avons cru
qu'il était tout indiqué de demander l'avis d'une maison
réputée et indépendante du Québec qui, d'ailleurs,
a effectué bon nombre de travaux pour le gouvernement du
Québec.
Nous nous sommes tournés donc vers SORE-COM société
de recherches en sciences du comportement qui nous a fait le rapport que nous
reproduisons intégralement dans les pages qui suivent. Il est
intéressant. Je vais vous lire textuellement les principales conclusions
de l'expertise qui a été faite. Je dois dire que celui qui a fait
l'expertise, le propriétaire de la maison SORECOM, M. Soucy
Gagné, est professeur à l'Université du Québec, il
a été directeur des recherches à Radio-Canada et je pense
qu'il est reconnu comme quelqu'un qui connaît bien son affaire.
En résumé, dit-il, je crois que le questionnaire comme tel
est celui de chercheurs peu expérimentés dans ce genre de
travail. C'est dommage, car ils auraient certainement pu avoir accès aux
services professionnels du centre de sondage de l'Université de
Montréal qui tout récemment s'est penché avec
compétence sur la question des sondages et qui aurait pu les aider
à mieux structurer l'ensemble des questions.
En résumé, le sondage que nous avons examiné,
continue-t-il de dire, est loin de répondre à tous les
critères d'un sondage scientifique. La cause qu'on veut lui faire servir
est sûrement légitime, mais on aurait eu profit à se donner
des instruments adéquats. Aussi, je comprends très bien les
réticences que vous avez à accepter de telles données,
comme preuves à l'appui du taux "scien-tipublicité" pour enfants.
Il m'apparaît que l'enquête téléphonique est loin
d'être l'instrument dont il faut avoir recours pour approfondir ce
dossier. Je vous prie de noter d'éviter les enquêtes
téléphoniques qui sont loin d'être les instruments qu'il
faut.
Nous avons, d'ailleurs, dans notre mémoire, reproduit
intégralement le rapport de M. Gagné, ou de SORECOM. Nous
reproduisons également le questionnaire tel qu'il a été
fait et on met en doute certaines questions.
Maintenant, nous sommes au courant d'un autre sondage qui a
été fait et qui donne un autre son de cloche, un son de cloche
tout à fait différent. Cette recherche a été faite
par un étudiant de l'Université Concordia, de Montréal, M.
Marcel Adam, pour obtenir une maîtrise; il travaillait sous la conduite
du Dr Peter Pasold et d'autres professeurs. Le Dr Pasold est adjoint en
marketing. Or le résultat donné a été bien
différent.
Remarquez bien que nous ne prétendons pas nous n'avons pas
commandité cette enquête et nous ne disons pas que c'est
nécessairement la vérité et toute la vérité;
mais il est bon de retenir qu'il s'agit d'une enquête qui donne des
résultats tout différents et d'une enquête qui a quand
même été faite par un étudiant de
l'Université de Concordia pour l'obtention d'une maîtrise.
On doit noter que son enquête n'est pas encore terminée. Au
moment où nous avons présenté le mémoire, elle
n'était pas terminée. Nous mentionnons, dans notre programme,
où l'enquête a eu lieu: entre autres, dans des centres commerciaux
situés un peu partout dans la province. Il arrive un chiffre de 76% de
ceux qui sont
satisfaits du contenu des émissions pour enfants, qui s'accordent
assez bien avec celui de 57% de ceux qui sont satisfaits ou
modérément satisfaits de la publicité destinée aux
enfants. Avec 61,38% de ceux qui disent que la publicité est meilleure
aujourd'hui qu'il y a cinq ans.
Cela je crois, est très important. Il y a 39,9% de ce total qui
répondent qu'il faudrait éliminer les dessins animés. Vous
savez que la province de Québec ne permet pas les dessins animés
dans les annonces pour enfants. Nous, du Conseil des normes pour la
publicité, avertissons continuellement les annonceurs nationaux qu'ils
ne peuvent se servir de dessins animés dans les annonces pour enfants au
Québec.
Il me semble qu'il serait malheureux qu'une loi aussi importante que
celle qu'on veut présenter, préparer et faire adopter soit
basée, parce qu'il nous semble qu'elle l'est, sur une loi reposant sur
un travail d'amateur. Je dois dire que le responsable de l'Université de
Montréal qui a conduit l'enquête a fait énormément
de publicité à son sondage. Il a publié deux articles dans
le journal La Presse où il a exprimé exactement ce qu'il avait
trouvé. Il a également passé à une émission
qui s'appelle Consommateurs avertis de Radio-Canada. Il a été dit
au cours de cette émission que Radio-Canada avait fait une enquête
qui démontrait que 50% de la population rejetait ou voulait abolir la
publicité pour les enfants. Or, malheureusement, c'est totalement faux.
Cette stratégie res-seînble un peu, je crois, à de la
propagande malhonnête. Je ne dis pas qu'on a voulu en faire, mais cela
ressemble à de la propagande malhonnête. Comme preuve à
l'appui que Radio-Canada n'a pas fait le sondage en question, j'ai une lettre
de Radio-Canada même qui réfute, et je vais vous la lire si vous
me le permettez. On me dit: "Je viens vous communiquer la réponse
à la question que vous aviez d'abord posée à M. Jean
Fortier et que vous m'avez formulée par la suite, notamment dans votre
lettre du 9 juin. L'opinion des parents sur la publicité destinée
aux enfants n'a pas fait l'objet, à ma connaissance, de sondage
spécifique par Radio-Canada. D'où vient alors l'allusion faite en
ce sens par l'émission Consommateurs avertis? Les recherches que j'ai
effectuées ont confirmé l'hypothèse que vous aviez
vous-même émise dans votre lettre du 8 avril à M. Fortier.
S'il s'agit du montage fait à la demande de M. LeBarbé, directeur
du service de publicité à la radio de Radio-Canada dont vous avez
copie, il est évident que Radio-Canada a été mal
citée".
Parlant des recherches, et je vous disais, comme le disait M.
Gagné de SORECOM, que la recherche, enfin le Gallup Pool, si vous
voulez, ce genre de recherche par téléphone n'est certainement
pas ce qu'il faut pour étudier la publicité aux enfants. Nous
croyons que la recherche devrait être faite par des éducateurs,
des pédiatres, des sociologues. Nous sommes au courant de recherches qui
se font depuis à peu près quinze ans aux Etats-Unis. La National
Science Foundation, des Etats-Unis, a entrepris, il y a quelque temps, un
programme de recherche sur les effets de la publicité
télévisée destinée aux enfants. Ce travail est
effectué par des experts en éducation, en psychologie et en
marketing des universités Harvard, Hartford et Pennsylvanie, sous la
direction d'un comité consultatif formé, entre autres, de
représentants d'une agence de publicité, du Bureau of Consumer
Protection, de l'Action for Children's Television, de la National Association
of Broadcasters, du Consumer Affairs, Western Union, du Medical School Health
Sciences Center, du State University of New York, du Standford Medical Center
de l'Université de Stanford et du Department of Political Science du
Massachusets Institude of Technology.
Dans un rapport préliminaire publié en mars de cette
année, ce groupe de recherche souligne, entre autes choses, qu'il
n'existe pas un ensemble on l'appelle un "pool" bien
défini d'information sur l'impact qu'exerce sur les enfants la
publicité à la télévision. D'ailleurs, le docteur
Ca-ron de l'Université de Montréal a dit sensiblement la
même chose.
Il a dit, en somme, qu'on commençait tout juste à
étudier cela et qu'on avait très peu de données valables.
En somme, il n'y a pas du tout de consensus d'établi;
Deuxièmement, qu'on possède des connaissances
limitées dans ce domaine et à moins de se baser sur des
réalités de recherche bien évidentes, on risque, en
imposant une réglementation, de restreindre sans nécessité
la liberté d'expression des annonceurs et des diffuseurs;
Troisièmement, que nous devons savoir comment les enfants
comprennent les messages qui leur sont adressés pour établir si
les réglementations qui existent présentement permettent de leur
présenter des messages publicitaires qui sont justes on emploie
le mot "fair" et vraies dans l'optique de leur perception.
On ajoute que le jargon des sciences sociales peut paraître
formidable bien qu'il n'exprime, en ce domaine, que fort peu de chose.
Autres réflexions sur la publicité aux enfants. Il est
important, à ce sujet, de constater que dans Publicité et
Vérité, qui a été publié par les quatre
théologiens dont j'ai parlé tout à l'heure, on mentionne,
en page 11 du rapport qui a été fait, "qu'une attention
particulière doit être accordée aux réclames
adressées aux enfants, surtout celles présentées par des
autorités ou des héros". On dit: "Les enfants achèteront
avec beaucoup d'empressement un produit ainsi présenté sans se
soucier de sa qualité".
On doit donc dire que les théologiens, les moralistes ne disent
pas que la publicité aux enfants est immorale. Il faut quand même
voir les choses, je crois, telles qu'elles ont été dites et
là, ce n'est pas nous qui parlons mais bien des théologiens.
On doit tenir compte aussi que la publicité destinée aux
enfants a beaucoup évolué au cours des quelque cinq
dernières années. C'est une chose que beaucoup de gens ne savent
pas parce qu'ils ne regardent souvent pas les annonces adressées aux
enfants. Je crois qu'il n'est pas exact de dire, aujourd'hui, que les
annonceurs emploient des méthodes subversives pour toucher les enfants.
Contrairement à autrefois, il est main-
tenant écrit en toutes lettres c'est inscrit dans le Code
de la publicité radio-télévisée destinée aux
enfants et dans le règlement de la province de Québec à ce
sujet que la présentation doit être véridique, les
descriptions écrites et sonores ne doivent pas exagérer les
caractères spécifiques du produit. Pour bien préciser la
taille relative de l'objet annoncé, il doit être accompagné
d'un autre objet familier à l'enfant, qu'on doit présenter des
résultats susceptibles d'être atteints par un enfant
d'intelligence moyenne, que le mot nouveau ne peut être utilisé
que pendant une année, qu'on doit éviter d'exercer des pressions
exagérées sur les parents, que dans les messages qui offrent des
primes, on doit mettre l'accent sur les produits eux-mêmes, qu'aucune
station ne peut diffuser plus que quatre minutes d'annonces publicitaires
pendant une demi-heure de programmation pour enfant, qu'il est interdit aux
vedettes et aux autres personnes d'émissions pour enfants de promouvoir
des produits, que les personnages des dessins animés et des marionnettes
ne doivent pas promouvoir explicitement un produit, que les
personnalités et les vedettes bien connues des enfants n'ont pas le
droit de témoigner en faveur de produits, sauf s'il s'agit d'annonceurs
professionnels qui ne figurent pas dans les émissions destinées
aux enfants, que les prix et les conditions d'achat doivent être
indiqués, s'ils le sont, de façon précise et
complète, que le prix ne doit pas être minimisé par
l'emploi de mots tels que seulement, à prix d'aubaine, et le reste, que
la description et la démonstration doivent spécifier qu'un
montage est requis si tel est le cas, que la publicité des jouets
évitera toute comparaison avec le modèle de l'année
précédente pour ne pas diminuer la joie que procure à un
enfant le jouet qu'il possède, que la publicité ne doit pas
présenter des adultes ou des enfants accomplissant des actions
contraires à la sécurité, que la publicité doit
s'abstenir de montrer l'emploi de produits d'une façon hasardeuse ou
dangereuse, que la publicité doit s'abstenir de mettre à
l'honneur des valeurs qui ne respectent pas la morale, l'éthique ou la
législation, que la publicité ne doit pas laisser entendre que la
possession ou l'usage d'un produit rend son propriétaire
supérieur, que l'annonceur doit fournir sur demande la preuve de la
véracité de ses allégations.
Alors, cela résume en somme notre code de la publicité
pour les enfants que nous révisons, comme je vous l'ai dit,
continuellement. Nous en avons fait, je crois, cinq révisions depuis
1971.
Il nous semble aussi, après avoir lu ce que proposait
l'Association des consommateurs et le rapport qui a été fait par
les conseillers du ministère qu'on devrait désormais s'adresser
aux parents à des heures où les enfants ne regardent pas la
télévision. Mais il faut voir à quelles heures les enfants
regardent la télévision. Et quand on consulte BBM,
c'est-à-dire le Bureau of Broadcast Measurement, qui est la source la
plus fiable en ce qui a trait aux cotes d'écoute, on voit que, par
exemple, si on parle de Montréal, entre dix-neuf heures et vingt-trois
heures, donc entre sept heures et onze heures du soir, à CBS il y a,
à l'écoute un auditoire total formé de 11,6% d'enfants de
deux à onze ans; que de douze heures à seize heures trente, au
canal 2, l'auditoire pour les enfants est de 25,1%, tandis qu'au 10, il est de
20%, donc dans l'ensemble, entre sept heures et onze heures du soir, il y a
environ 10% d'enfants de deux à onze ans qui sont à
l'écoute; de midi à quatre heures trente, il y a environ 22% de
l'auditoire qui est constitué d'enfants; que, de seize heures trente
à dix-huit heures, où on a principalement le bloc des
émissions pour enfants, il y a 42% des enfants qui sont à
l'écoute de Radio-Canada et que 26,7% sont à l'écoute du
10; ces chiffres sont tirés de BBM du printemps de 1976. Je crois que
c'est quand même très important et cela veut dire que, même
si on adresse désormais les messages aux parents, il y aura moins de
contrôle sur ce qui sera dit certainement et les enfants verront quand
même les annonces qui seront adressées aux parents et seront
certainement influencés.
J'aimerais ajouter, parce qu'on sait que l'Association des consommateurs
a, depuis très longtemps, demandé l'abolition de l'annonce aux
enfants, qu'il y a au Québec, d'après Statistique Canada 1974, 1
721 000 ménages. En étant très libéral, on peut
donc dire que les 15 000 membres de l'Association des consommateurs ne
représentent pas 1% des foyers québécois, soit 0,03% de la
population entière, si on se base sur 6 millions d'habitants. Remarquez
bien, on ne veut pas dire, et on ne veut pas décrier l'Association des
consommateurs, nous travaillons avec ces personnes et nous les estimons, mais
il faut quand même voir les choses telles qu'elles sont.
En conclusion, nous disons qu'il y a certainement beaucoup de danger
à éliminer la publicité pour les enfants. C'est
sous-entendu que, s'il est légal de fabriquer des produits et de les
vendre, il est presque normal de pouvoir les annoncer. Et que, si les
annonceurs ne peuvent pas annoncer à la télévision et
même dans d'autres media au Québec, ils annonceront
peut-être ailleurs. Il y aurait peut-être danger qu'il se produise
à l'inverse de ce qui s'est passé il y a quelque vingt ans, alors
que, l'Ontario ayant aboli la publicité de l'alcool, de grands magazines
s'installèrent au Québec, de manière à imprimer ici
et à diffuser partout au Canada la publicité en faveur des
alcools. On pourrait fort bien se servir, par exemple, de la publicité
directe, toutes sortes d'affaires pour essayer de passer les frontières
du Québec. On pourrait également peut-être faire de la
publicité, pour tout ce que j'en sais, en français ou, en tout
cas, même en anglais pour les enfants sur les postes américains
qui sont entendus dans le Québec.
Alors, nous avons l'impression qu'il vaut mieux inscrire et
contrôler que de supprimer.
Nous avons déjà présenté cinq
éditions différentes du code de la publicité
radiotélévisée, soit en octobre 1971, en mai 1973, en
septembre 1973, en août 1974 et en janvier 1976, date de notre
dernière édition. Pour les annonces pour les enfants que nous
voyons, nous avons, en une seule année, d'avril 1975 à mars 1976,
étudié pour approbation 268 messages
radiotélévisés destinés aux enfants et pour
approbation 267.
Sur les messages soumis pour approbation, pour préapprobation,
nous en avons refusé et ou fait modifier 121, pour des raisons de manque
de sécurité, d'emploi d'impératifs, d'exagération,
de demandes de renseignements suffisants, etc. Quant aux annonces soumises pour
approbation, nous en avons rejeté et fait modifier dix-huit, bien qu'il
s'agissait, dans presque tous ces cas, d'une seconde soumission. On avait
d'abord donné une préapprobation et ensuite on donnait
l'approbation.
Or, depuis environ quinze ans, comme je le disais tout à l'heure,
au Canada et aux Etats-Unis, nous étudions le problème de la
publicité aux enfants. Nous devons, je crois, continuer les recherches
entreprises; autrement, chacun laissera libre cours à ses
préjugés, ses émotions, ses opinions personnelles et nous
n'arriverons pas à un consensus qui serait le fruit d'études
menées ensemble.
Nous avons mentionné aussi qu'il serait bon d'étudier, et
les théologiens l'ont dit, le fait que les enfants effectivement, bien
qu'on ait dit le contraire, sont des acheteurs et ils sont des acheteurs, parce
que les parents veulent qu'ils soient des acheteurs. On sait tous, par exemple,
qu'il y a des enfants qui vendent des journaux et qui livrent les journaux, qui
sont payés pour le faire, qui font des commissions, qui sont
payés pour le faire, qui reçoivent de l'argent de leurs parents
et les parents laissent les enfants libres de dépenser l'argent comme
ils l'entendent et c'est un apprentissage de la vie.
Nous croyons que la publicité dans une certaine mesure et ce fait
d'avoir de l'argent de poche pour les enfants constituent un apprentissage de
la vie. Je me rappelle moi-même, et peut-être aussi ceux qui ont
cinquante ans parmi nous, il n'y en a peut-être pas beaucoup, mais je me
rappelle que, quand j'étais jeune, même quand on ne nous donnait
que $0.10 ou $0.25 par semaine, les parents nous laissaient dépenser nos
$0.10; très souvent, ces $0.10, on pouvait fort bien les employer pour
s'acheter des bonbons, mais on pouvait également les économiser,
en économiser pendant quelques semaines, pour pouvoir aller aux petites
vues, comme on disait, qui étaient présentées dans les
soubassements de l'église par les bons frères.
Alors, que l'enfant apprenne jeune un peu à se contrôler,
c'est normal. La publicité offre nécessairement un choix, mais
personne même les plus riches ne peut acheter tous les
produits de l'industrie et du commerce, c'est impossible. Alors, il faut
apprendre, et le plus vite possible, à faire un choix. C'est pour cela
aussi que nous croyons, et les théologiens dont j'ai parlé tout
à l'heure disent la même chose, qu'il faudrait enseigner les lois
de l'économie et tout cela, les droits des consommateurs, dans les
écoles.
Il faudrait aussi, et le club dont je suis le président, le
Cercle des cadres de la publicité l'a proposé, qu'on enseigne la
publicité dans les écoles, au niveau du CEGEP, au niveau de
l'université, pour renseigner les gens, parce qu'il ne s'agit pas de
faire de la prohibition, je crois à mon avis, qu'il vaut mieux faire de
l'éducation. A mon avis, je parle du groupe que je représente,
nous devons continuer les recherches entreprises; autrement, je ne sais pas
où cela nous mènera.
Et quelles sont nos recommandations spécifiques? En bref, les
parents actuellement, par votre règlement sur la publicité, et
grâce à notre comité de la publicité
radiotélévisée destinée aux enfants, sont
protégés en ce qui concerne les enfants contre les
exagérations de la publicité mensongère, frauduleuse,
etc.
L'abolition de la publicité destinée aux enfants auxquels,
croyons-nous, elle sert d'apprentissage à la vie, risque qu'on ait
recours à des méthodes qui échapperont à une
surveillance aussi efficace que celle qui existe à l'heure actuelle. Et,
comme depuis quinze ans environ, des gens sérieux, des universitaires,
des gens de diverses autres disciplines se penchent sur le problème de
la publicité adressée aux enfants et étoffent
graduellement ce dossier, il est prématuré, pensons-nous,
d'abolir sans plus de souci et de recherche cette publicité.
Nous recommandons donc de maintenir encore pendant quelque temps la
situation présente. Nous suggérons, en deuxième lieu, de
former avec des représentants de votre ministère, Mme le
ministre, d'autres groupes et des universitaires, un comité pour
étudier en profondeur la question de la publicité destinée
aux enfants, ne craignons pas d'élargir nos horizons, en recueillant
tout ce qui se fait, qui s'est dit, qui se dit à travers le monde.
Ainsi, on ne risquera pas, par une action hâtive, de poser des gestes
qu'on pourrait par la suite regretter. Merci.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci, monsieur. Avant
de donner la parole au ministre, j'aurais à mentionner un changement
parmi les membres de la commission. M. Faucher (Nicolet-Yamaska) remplace M.
Harvey (Dubuc): Le ministre.
Mme Bacon: M. le Président, notre position concernant la
publicité destinée aux enfants de moins de treize ans est
clairement indiquée dans le projet de loi no 7 et demeure
inchangée.
Les raisons qui ont présidé à cette prise de
position ont été élaborées abondamment lors de la
présentation de mémoires précédents et je tiens
peut-être ce matin à rappeler brièvement ces raisons. Tout
d'abord, face à la publicité en général, l'enfant
est incapable d'exercer sa liberté de choix et devient ainsi un agent
à la solde du commerçant, sinon son complice. De plus, une
recherche parrainée par le Bureau consultatif de publicité nous
apprend que l'enfant d'âge préscolaire a souvent de la
difficulté à distinguer entre le contenu des émissions
pour enfants et le contenu des messages publicitaires.
L'enfant est aussi démuni face au contenu immédiat du
message publicitaire. En effet, il n'a pas le pouvoir de dépenser,
malgré ce qu'on entend ce matin, sauf celui que vont lui fournir ses
parents. Dans la majorité des cas, les biens qui lui sont offerts n'ont
pas ou peu de rapport avec l'objectif visé par notre
société concernant les en-
fants, c'est-à-dire en faire de meilleurs citoyens.
Pour votre part, reprenant plusieurs des arguments que nous avons
entendus des tenants du maintien de la publicité destinée aux
enfants, vous ajoutez en surcroît que l'abolition de la publicité
destinée aux enfants auxquels croyez-vous, elle sert d'apprentissage
à la vie, risque qu'on ait recours à des méthodes qui
échapperont à la surveillance aussi efficace que celle qui existe
à l'heure actuelle.
Il est vrai, advenant l'adoption de la prohibition de la
publicité destinée aux enfants, que l'enfant de 13 ans demeurera
exposé à la publicité des adultes, mais cette
publicité sera dorénavant régie de façon plus
stricte par les normes édictées, par les pratiques interdites,
par exemple. C'est la situation qui prévaut actuellement et, avec
l'introduction des pratiques interdites au bill 7, c'est toute la
publicité qui s'en verra, nous l'espérons, assainie. Ainsi, cette
mesure ne soustraira aucunement l'enfant à son contexte
économique et social ou à l'expérience de la vie, comme
vous le dites. Mais elle éliminera à juste titre les
interventions publicitaires qui s'adressent directement à lui et devant
lesquelles il est sans défense.
Vous affirmez de plus qu'un rapport intérimaire d'un groupe de
recherche publié récemment nous apprend entre autres choses que
les connaissances sur l'impact de la publicité aux enfants sont
restreintes. Il faut savoir comment les enfants comprennent les messages
publicitaires pour mesurer la portée de la réglementation
existante et qu'à moins de se baser sur des résultats de
recherche bien évidents, on risque, en imposant une
réglementation, de restreindre sans nécessité la
liberté d'expression des annonceurs de diffusion.
La publicité destinée aux enfants existe depuis plusieurs
années et la recherche sur le sujet également, et il n'est pas
surprenant, vu la complexité du problème, du sujet, que les
recherches connues ne fournissent pas de résultats unanimes, c'est bien
évident, sur le sujet.
Nous souhaitons de plus qu'elles se poursuivent afin que nos
connaissances puissent toujours s'accroître. Nous devons cependant
prendre nos responsabilités dès maintenant et nous ne pouvons
attendre les résultats de recherches qui pourront toujours être
contredits par d'autres recherches subséquentes, pour protéger
les enfants.
L'enjeu est suffisamment important pour que nous abolissions dès
maintenant la publicité destinée aux enfants, et les facteurs
négatifs que peuvent subir les publicitaires et les radiodiffuseurs nous
apparaissent minimes par rapport à ceux que peuvent subir les enfants
qui deviennent, et nous le répétons, de véritables otages
psychologiques, sinon des complices de commerçants.
Sans nier certains effets bénéfiques des codes
d'éthique ainsi que de la législation sur le sujet, nous croyons
que l'enfant n'est pas en mesure de résister efficacement à la
publicité qui lui est adressée, n'ayant pas encore atteint le
développement psychologique et intellectuel permettant ce discernement.
Ce ne sont pas certaines exigences du code d'éthique, et je n'en cite
qu'une seule "éviter d'exercer des pressions exagérées sur
les parents dans les messages qui offrent des primes, on doit mettre l'accent
sur les produits eux-mêmes, aucune station ne peut diffuser plus que
quatre minutes d'annonce publicitaire pendant une demi-heure de programmation
pour les enfants," ce ne sont pas les exigences, dis-je, du code
d'éthique qui vont mettre l'enfant à l'abri des sollicitations,
qui vont lui permettre de résister aussi adéquatement à
celles-ci et l'empêcher d'acheter.
En terminant, permettez-moi de faire remarquer que le sondage du groupe
de recherche en jurimétrie auquel vous faites abondamment allusion dans
votre mémoire je pense que vous y consacrez une vingtaine de
pages sur les 54 de votre mémoire n'est qu'une des nombreuses
études que j'ai citées dans ma causerie devant les membres du
Advertising and Sales Executives Club de Montréal. Il existe de
nombreuses et excellentes raisons en dehors de ce sondage pour abolir la
publicité destinée aux enfants. Je n'ai donc pas ce matin
l'intention d'entreprendre la guerre des sondages à laquelle vous
semblez me convier. Je vous laisse le soin de poursuivre le débat avec
le groupe de recherche en jurimétrie. Ce sont quelques remarques que
j'avais à faire ce matin.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Lafontaine.
M. Léger: Moi aussi, plus j'allais en profondeur dans le
document, plus on me convainquait davantage du danger de la publicité
pour les enfants, surtout avec des exemples où on va chercher des
explications chez Freud, qui travaille et qui influence les comportements, les
personnes et qui va directement dans le subconscient. Si un adulte peut essayer
parfois de se défendre là où il a de la difficulté,
quand les méthodes de publicité vont jusqu'à travailler
sur le subconscient et je cite les mots, je pense, de M. Watier, qui parlait de
rejoindre et influencer l'homme à son insu, imaginons-nous que l'enfant,
même quand il est prêt à écouter, qu'il est attentif,
est déjà démuni. Si les méthodes de
publicité ont comme objectif de créer chez les gens des besoins
de leurs produits en allant les influencer à leur insu, dans leur
subconscient, pour que, par la suite, on crée chez eux des besoins et
qu'on change les comportements, c'est d'autant plus dangereux pour des enfants
qui n'ont pas encore réussi à établir des
mécanismes de défense et à filtrer les informations pour
en ressortir après un jugement avec les choix qu'ils pourraient
normalement faire.
Je pense entre autres, c'est un exemple de la publicité, à
un médicament où on a des adultes qui sont souvent des enfants
retardés et qui ont des problèmes de comportement et qui voient
dans cette publicité de l'automédication; on crée chez eux
des habitudes qui rendent ces personnes dépendantes, vulnérables,
parce qu'elle croient à un besoin de béquille quotidienne pour
faire face aux difficultés, parce que la publicité a
créé chez eux un besoin de trouver dans cette béquille
une façon de faire face aux difficultés de la vie. Je me
demande jusqu'à quel point un organisme comme le vôtre est
beaucoup plus représentatif des enfants, parce que j'ai vu que vous avez
attaqué directement tantôt les associations de consommateurs qui,
selon vous, ne représentent qu'un petit nombre de parents. Je pense que
votre association représente non pas des enfants, mais des
intérêts beaucoup divergents et différents des
intérêts réels des enfants.
Je pense que, si vous n'êtes pas capable d'atteindre celui qui
achète, c'est-à-dire que si vous pensez que le parent ne peut
pas, par votre publicité, développer chez lui le désir de
trouver dans les jouets ou dans les utilisations qu'on peut donner aux enfants
le choix qu'il faut donner à ces enfants pour les développer
davantage à l'intérieur des jouets éducatifs, parce que
vous ne pensez pas faire appel à l'intelligence des parents qui ont la
responsabilité d'éduquer leurs enfants et même de trouver
dans les milieux de leurs jeux quotidiens de quelles sortes de jouets ils ont
besoin pour développer tel ou tel aspect de leur personnalité,
c'est que vous croyez plutôt qu'il faut directement influencer l'enfant,
parce qu'il va faire pression sur ses parents pour acheter cet objet.
Quand vous m'arrivez avec l'argument que l'enfant est un consommateur
parce qu'on lui donne 10 cents et qu'il peut peut-être avoir $1 de
dépenses par semaine, je pense bien que ce n'est pas avec cette
quantité d'argent qu'il va être un gros consommateur. Il va
beaucoup plus influencer ses parents sur l'aspect émotif, et c'est
d'autant plus dangereux quand on pense qu'il y a au Québec près
de 175 000 enfants qui dépendent de parents vivant de l'aide sociale.
Ces enfants vont regarder la télévision comme les autres et ils
vont être influencés comme les autres et vont être
frustrés, parce que leurs parents ne peuvent pas leur donner ce qu'ils
réclament, du fait que, dans les 175 000 cas, ce sont des parents qui
vivent de l'assistance sociale.
Vous affirmez plus tard dans votre mémoire que la
publicité, quand elle dure, quand on continue à annoncer, c'est
parce que cela va bien et que si on a réussi à vendre, c'est
parce que le produit est bon, etc.
Vous me sortez l'argument de Voltaire: "L'homme n'est pas parfait, mais
il est perfectible." Je vous cite l'argument de Napoléon qui a
déjà dit: "Même si tu as tort, si tu continues de
l'affirmer, tôt ou tard, tu auras raison ". Cela ne veut pas dire que
c'était réellement la bonne chose parce qu'il a gagné son
point, parce qu'il a été tenace. C'est là qu'on doit se
fier à des règles beaucoup plus sévères que votre
code d'éthique. Dans votre code d'éthique, vous dites qu'il est
formellement interdit aux vedettes et aux autres personnages d'émissions
pour enfants de promouvoir des produits, des primes ou des services. On voit
encore que cela fonctionne. On voit encore des pyjamas Patof et des choses
comme celles-là. Le code est une indication de votre bonne
volonté, mais il n'a aucunement une valeur de réglementation. Je
n'ai pas de questions à vous poser, sauf que vous m'avez convaincu
davantage que la publicité pour enfants ne doit absolument pas
être faite d'une façon systémative. Elle doit être
complètement bannie et peut-être remplacée par une
publicité de jouets ou d'autres utilisations pour les parents où
ceux-ci pourront déceler ce qui est bon pour leurs enfants et non pas
aller rejoindre directement l'enfant qui n'a pas les moyens de se
défendre dans une situation ou dans un monde où les
intérêts des adultes sont tellement différents
surtout dans le domaine des affaires des besoins réels des
citoyens.
Quand vous me parliez tantôt des sondages, vous me faites penser
à des politiciens qui prennent les sondages qui ne font pas leur affaire
et qui les descendent sur la qualité d'échantillonnage. Je pense
que, si les compagnies que vous représentez voulaient avoir un sondage,
elles ne prendraient certainement pas l'échantillonnage que vous nous
avez montré tantôt où on prenait les échantillons de
gens qui allaient à des centres d'achats, qui sont des acheteurs et des
consommateurs et dont l'ensemble du choix n'est pas nécessairement
représentatif du groupe de citoyens qui doivent être
influencés par la publicité. Cet échantillonnage n'est
absolument pas acceptable. Je vois que vous mettez beaucoup d'importance sur la
qualité du sondage. Je me demande même si le mémoire qui
est présenté avait pour but de nous convaincre ou seulement
convaincre les gens de la publicité que vous avez les bonnes
méthodes pour influencer le comportement des gens et pour davantage
vendre des produits que de nous convaincre, nous, ici, que nous devons, par les
arguments que vous avez apportés, permettre la publicité aux
enfants.
Ce sont les remarques que je voulais faire. Vous m'avez davantage
convaincu que ce n'est pas un bon avantage que de permettre à la
publicité de rejoindre les enfants.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Y a-t-il d'autres
questions des membres de la commission?
M. Watier: Est-ce que vous me permettez...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Un instant, s'il vous
plaît! Y a-t-il d'autres questions des membres de la commission? Je vais
vous permettre. Habituellement, en commission parlementaire, il n'est pas
permis à ceux qui présentent des mémoires de
répliquer...
M. Watier: Ah bon!
Le Président (M. Houde, Limoilou): ... aux exposés
des députés.
Je vais vous permettre une courte réplique.
M. Watier: Je désirerais dire à M. Léger que
je ne crois pas qu'il ait compris ce que j'ai dit, dans une bonne mesure. C'est
probablement le manque de communication. Nous n'avons pas dit que nous
représentions la population. Nous nous sommes présentés
comme étant représentants des annonceurs des media et des
publicitaires. Nous l'avons dit.
M. Léger: Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit: Vous
avez attaqué la représentativité des associations de
consommateurs parce qu'elles ne représentaient qu'une infime
minorité de parents et d'enfants. Je dis: Vous n'êtes pas plus
représentatif, dans votre communication, de ces enfants, mais vous
utilisez quand même, par les groupes que vous représentez, les
ondes publiques dans lesquels les intérêts, non pas des enfants,
mais les intérêts de ceux qui veulent vendre leurs produits: ce
serait les rendre publics pour cela.
M. Watier: Ce n'est pas du tout ce que j'ai voulu dire. J'ai dit
qui nous représentons, c'est clair; nous savons qui nous
représentons et vous le savez, nous vous l'avons dit. Nous avons dit
qu'il faudrait faire une consultation plus large pour avoir un
échantillonnage plus large de la population.
Deuxièmement, nous avons dit, et les parents le veulent, que les
enfants peuvent souvent exercer un choix. La publicité, en leur donnant
des éléments de choses qu'ils peuvent voir... Les parents
demandent: Qu'est-ce que tu aimerais avoir... Si les enfants sont un peu au
courant, ils peuvent plus facilement exercer un choix. Vous nous avez dit que
c'était presque un voeu pieux, notre code, parce qu'on y voyait encore
des Patof et des affaires comme celles-là; je vous prie de nous dire
quelle annonce de publicité fait cela. Nous avons même
refusé à un annonceur d'utiliser Patof, même à onze
heures du soir, parce que nous avons dit qu'il s'agissait d'une chose qui
s'adressait aux enfants et qu'étant une vedette d'émissions
d'enfants, il n'avait pas le droit. Je vous défie de nous donner une
annonce précise où on permet à une vedette de faire de
l'annonce aux enfants. Ce n'est pas exact du tout.
Vous parlez de nos sondages, aller dans les centres d'achats, que ce
n'est pas représentatif et ainsi de suite. On vous dit tout simplement
que les sondages... Vous parlez de la guerre des sondages. Vous savez que
même les partis politiques font de la publicité et qu'on essaie de
convaincre les gens à leur insu; même les partis politiques font
cela.
Mais nous n'essayons pas de les convaincre à leur insu. Nous
avons dit, à la suite des deux professeurs en question, que c'est bien
beau de dire ces choses, mais ce n'est pas prouvé du tout. On ne
connaît pas encore tous les éléments du comportement
humain. Ce sont encore des choses qui doivent être
étudiées. Alors, je crois que dans une bonne mesure, vous n'avez
pas du tout répondu à ce que je disais.
M. Léger: Votre organisme serait-il prêt à
faire un sondage, à financer un sondage uniquement auprès de
parents dont les enfants sont âgés de 13 ans et moins pour avoir
réellement l'opinion de ces parents?
M. Watier: J'ai dit, dans ma présentation, que nous
croyions que les sondages de cette nature n'étaient pas ce qui apportait
l'éclairage qu'il faut à la situation. L'éclairage qu'il
faut à la situation, il faut aller le chercher chez les
éducateurs, chez les psychologues, chez les psychiatres, chez tous ces
gens-là. C'est ce que nous avons dit. La recherche américaine
dont nous avons parlé a eu le souci de faire ce travail, qui est un
travail beaucoup plus sérieux et beaucoup plus scientifique.
Voilà ce que nous avons dit.
Association canadienne des annonceurs
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, merci bien, M.
Watier. J'appelle immédiatement l'Association des annonceurs.
M. Trudeau: M. le Président, Mme le ministre, MM. les
membres de la commission, permettez-moi d'abord de vous remercier de votre
invitation à nous présenter devant vous au sujet de notre
mémoire sur le projet de loi no 7, Loi de la protection du
consommateur.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Un instant, s'il vous
plaît! Voulez-vous vous présenter et présenter ceux qui
vous accompagnent.
M. Trudeau (Walter): Je m'appelle Walter Trudeau, je suis le
président de la section québécoise de l'Association
canadienne des annonceurs et aussi le vice-président à
l'échelle nationale. Je suis à l'emploi des Distilleries Corby
limitée en qualité de directeur des relations à
l'exécutif et des services au consommateur. M. Jacques Lefebvre
m'accompagne. Il est membre de l'Association canadienne des annonceurs, et
aussi directeur des relations publiques pour le groupe SNC, une entreprise
québécoise d'envergure nationale et internationale qui fait aussi
partie de l'Association canadienne des annonceurs.
Pour vous situer un peu sur qui nous représentons l'ACA a
été fondée en 1914 par 15 compagnies. Nous comptons
maintenant 220 membres au Canada et environ 60 ont leur siège social au
Québec. Nos membres dépensent environ $450 millions par
année en publicité au Canada et vendent des biens et des services
d'une valeur de $40 milliards à $50 milliards. De 25% à 33% de
ces chiffres d'affaires sont réalisés au Québec. Il n'y a
que six de nos membres qui ne font pas affaires au Québec; il s'agit de
deux compagnies régionales de téléphone...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Un instant, s'il vous
plaît! Dans cet exposé, par écrit, on parle de millions et
vous parlez de milliards.
M. Trudeau: II s'agit de milliards; c'est une erreur de
copiste.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, ce sont des
milliards.
M. Trudeau: Oui. Six de nos membres ne font pas affaires au
Québec: il s'agit de deux compagnies régionales de
téléphone, une association régionale de producteurs de
lait, une chaîne régionale d'alimentation et deux compa-
gnies régionales d'électricité. Toutes les autres
compagnies sont membres de l'ACA; plus de 215 entreprises sont actives au
Québec. La plupart y ont des bureaux ou des usines, sinon leurs produits
y sont distribués par des grossistes; les détaillants de ces
produits sont achetés par presque tous les consommateurs
québécois.
Il serait impossible de calculer en dollars les bénéfices
économiques que les membres de l'ACA apportent au Québec. On ne
peut dire que ces bénéfices sont très substantiels. L'ACA
est donc de toute évidence intéressée au plus haut point
par une législation qui touche les affaires et le commerce dans cette
province. Nous désirons qu'il soit bien compris que notre
mémoire, que nous avons soumis en mai dernier vous avez eu le
loisir de lire l'a été dans l'intention de vous aider
à rendre la loi efficace.
Notre désir de vous aider a été principalement
motivé par ce qui suit. La loi est faite pour protéger le
consommateur. Cet objectif sous-entend que le consommateur doit être
protégé de certaines personnes ou entreprises comme des individus
louches, des exploiteurs ambulants, bref, des criminels qui font leur proie du
consommateur qu'ils trichent, qu'ils volent ou lui causent toutes sortes de
torts.
Franchement, M. le Président, le but du projet de loi est le
même que celui des membres de l'ACA. Nos membres sont des entreprises
bien connues, des entreprises responsables, dirigées par des hommes
d'affaires responsables et imbus d'un sens moral. Ces entreprises sont en
affaires depuis des décennies. Elles ont l'intention de continuer
d'être en affaires longtemps.
Vous êtes d'accord, M. le Président, qu'on ne peut rester
en affaires qu'en protégeant le client, en le traitant d'une
façon honnête et équitable. C'est pourquoi nous nous
faisons les défenseurs de toute législation qui a pour but de
protéger le consommateur, de le protéger contre les pratiques
malhonnêtes, contre la publicité frauduleuse, contre les contrats
inéquitables, contre des prix trop élevés et contre des
marchandises de pécadille.
Voilà pourquoi nous voulons aider à rendre cette loi
efficace contre ceux qui menacent le consommateur, sans faire de tort ni au
consommateur, ni à l'honnête manufacturier ou commerçant
qui traite honnêtement ses clients, en qui ces derniers ont confiance.
C'est pour cette raison que l'ACA croit fermement que la définition des
mots et des phrases clés est de la plus haute importance. Nous avons
souligné cette préoccupation dans plusieurs chapitres de notre
mémoire. Nous ne voulons pas le répéter ici; nous voulons
simplement appuyer sur le fait que nous serions heureux de mettre à
votre disposition, si c'est nécessaire ou si vous le trouver acceptable,
des avocats expérimentés qui oeuvrent dans le domaine de la
publicité depuis longtemps et qui pourraient peut-être être
utiles à ce moment.
Maintenant, au chapitre intitulé Définitions, nous avons
tenté dans notre mémoire d'attirer votre attention sur ce
problème. L'ACA voit un problème semblable dans la
rédaction des articles 27 et 28 du projet de loi qui semblent assimiler
des énoncés publicitaires aux garanties couvrant des biens vendus
ou achetés. Plusieurs déclarations concernant les biens ou des
services sont exprimées clairement comme des opinions, elles sont faites
comme telles et sont reçues comme telles. L'ACA est d'accord qu'un
énoncé fait dans une annonce clairement conçue pour
inciter le consommateur à acheter le produit annoncé peut fort
bien, par la suite, faire partie du texte de la garantie qui accompagne le
produit. Mais nous suggérons que cela devrait être clairement
exprimé dans la loi. Nous croyons que tel n'est pas le cas dans le
moment.
La loi devrait donc définir clairement le concept de
garantie.
Les articles 146, 147 et 152 du projet de loi no 7 traitent de la
publicité frauduleuse. L'ACA croit que ces pratiques défendues
tombent déjà sous le coup des articles de la loi
fédérale anticartel qui traitent de ce genre de publicité.
Nous suggérons donc que ces articles sont un duplicata d'une
législation qui protège suffisamment le consommateur. Mais nous
avons un autre commentaire. Les articles tels que rédigés visent
tous les annonceurs. L'honnête marchand qui voudra se conformer à
la loi trouvera que la publicité est extrêmement difficile,
coûteuse en argent et en temps, et, au bout du compte, qu'elle dessert
plus le consommateur qu'elle ne le sert. Mais, si l'idée de vouloir
tromper intentionnellement était incorporée dans les articles 146
et 152, alors le marchand honnête serait aidé dans ses
communications avec ses clients. Par contre, si le marchand honnête se
sent contraint et limité dans la façon dont il peut communiquer
avec le consommateur, c'est ce dernier qui en souffrira en fin de compte, car
il sera privé de l'information dont il a besoin et qu'il devrait
recevoir.
Une fois de plus, la rédaction très vague du
présent article 153 défendrait, entre autres, de distribuer des
échantillons au consommateur. L'échantillonnage est une technique
des plus avantageuses pour le consommateur, elle porte son attention à
de nouveaux produits qu'il ne connaîtrait jamais autrement. Notre
mémoire suggère des changements dans la rédaction de cet
article.
L'ACA croit que l'article 156 du projet de loi couvre beaucoup trop de
terrain dans sa présente rédaction puisqu'il pourrait, entre
autres, interdire des sondages légitimes du marché. Ces sondages
sont entrepris par des maisons importantes et réputées afin de
découvrir si leurs produits plaisent aux consommateurs et elles le font
pour deux raisons. Premièrement, c'est pour permettre au producteur de
fabriquer un produit qu'il pourra vendre avec profit et, deuxièmement,
pour lui permettre de fabriquer un produit qui plaît au consommateur.
Evidemment, ces deux objectifs sont identiques en pratique. L'ACA croit
fermement que l'intention du projet de loi est d'empêcher les escrocs de
tromper le public et de lui soutirer de l'argent sous de faux prétextes.
L'ACA suggère donc que le texte de cet article devrait refléter
cette intention.
L'article 158, qui traite des primes, peut, à notre avis, faire
plus de tort que de bien aux consommateurs. Les petites primes, comme les
serviettes dans les boîtes de savon ou les jouets dans les boîtes
de céréales, accordent, en général, un
véritable bénéfice au consommateur. Le manufacturier
achète ces primes en grande quantité et le coût de chaque
unité est très bas. C'est le consommateur qui profite de cette
économie. De plus, il y a presque toujours des produits comparables ne
contenant pas de prime. Le consommateur y trouve son profit de deux
façons: il a la liberté de choisir entre les produits et il a la
liberté de choisir un produit qui lui donne quelque chose de plus pour
le prix qu'il paie.
L'interdiction générale des primes d'une valeur nominale
ou l'obligation de donner au consommateur le choix entre la prime et la valeur
au comptant de cette prime, ne donnerait rien au consommateur, ni le
protégerait, selon nous.
L'ACA croit que les articles 161 et 162, traitant de l'annonce du
crédit, pourraient aussi faire plus de tort que de bien au consommateur,
si on ne les modifie pas. L'ACA n'a qu'une observation à ajouter
à toutes celles que vous avez déjà reçues à
ce sujet. L'accès du crédit permet à de nombreux citoyens
de réaliser leur désir légitime de posséder une
voiture, une maison ou un autre appareil domestique. Si le consommateur ne peut
plus se renseigner sur les arrangements de crédit au moyen de la
publicité, le consommateur et l'économie dans son ensemble vont
en souffrir.
L'ACA est particulièrement inquiète quant aux effets
possibles qu'aura l'interdiction de la publicité destinée aux
enfants, telle que prévue par le projet de loi. Nous approuvons toutes
mesures et toutes lois visant à contrer les abus dans la
publicité, que cette publicité soit destinée aux enfants,
aux adultes ou n'importe quel autre groupe de population. Nous aimerions,
cependant, attirer votre attention sur quelques points en particulier. D'abord,
la publicité destinée aux enfants est présentement
contrôlée par cinq agences différentes. Si vous le voulez
bien, je vais peut-être sauter un peu ce qu'il y a d'écrit devant
vous. Je crois qu'on a déjà parlé pas mal de la
publicité aux enfants ce matin. Je pense qu'on n'en tirera pas
grand-chose. Je le soumets à votre attention, mais sans y aller dans
tous les détails, je pense qu'on peut s'en dispenser.
Cette présentation, M. le Président, Mme le ministre, vous
est faite au nom de la section québécoise de l'Association
canadienne des annonceurs, dans un esprit de sincère collaboration et
elle est le fruit d'une vive inquiétude. Nous représentons ici
une association dont les membres contribuent de façon
considérable à l'économie de cette province. Nous ne
voulons pas voir cette contribution diminuer. Nous ne voulons pas voir le
consommateur québécois lésé. Nous ne voulons pas
voir les membres de notre association lésés non plus. Nous
voulons collaborer à créer, dans la mesure du possible, une loi
de la protection du consommateur qui deviendra un modèle pour le Canada
et les autres pays.
Nous aimerions donc suggérer ceci: Si notre mémoire et
notre présentation ont soulevé des questions sur lesquelles vous
aimeriez entendre notre opinion élaborée et mûrement
réfléchie, nous vous demandons de nous poser ces questions. Vous
pouvez le faire maintenant si vous aimez ou par écrit dans les prochains
jours. Nous serons heureux de vous fournir des réponses
pondérées avec le même esprit qui nous a amenés ici
aujourd'hui, un esprit de collaboration. Merci encore de l'invitation de nous
présenter devant vous aujourd'hui.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre.
Mme Bacon: M. le Président, je m'attarderai surtout sur
les mémoires que nous avons reçus antérieurement en vous
remerciant de les avoir complétés ce matin par certaines
remarques. Vous aviez certaines inquiétudes quant à des
définitions comme commerçant, consommateur, publicité,
publicitaire, manufacturier. J'aimerais vous dire que le ministère prend
en considération ces définitions, parce que déjà
plusieurs organismes nous ont soumis aussi les mêmes inquiétudes.
Cela rejoint les remarques que nous avons déjà entendues. Quant
à l'article 24, vous suggérez que la phrase "l'usage auquel ce
bien est normalement destiné" réponde à un critère
objectif plutôt que subjectif", à mon avis, les tribunaux sont
déjà habitués à apprécier des termes
subjectifs que véhicule le Code civil. Je ne pense pas que cela devrait
nous effrayer outre mesure ou effrayer les commerçants outre mesure. A
l'article 31, quant à l'explication que vous demandez de l'expression
"la période de validité d'une garantie... doit être
fixée d'une façon précise", cela vise à
éliminer les garanties du genre garantie à vie, puisqu'il est
impossible de déterminer précisément la durée d'une
vie.
Alors, on tente d'éliminer, par cet article, les garanties
à vie.
A l'article 5, Lésions majeures, le ministère
considère cette disposition nécessaire en vue de rétablir
l'équilibre dans les contrats entre commerçants et consommateurs.
C'est ce qui sous-tend aussi toute la loi que nous avons voulu
présenter, de rétablir cet équilibre. La constatation
fondamentale qui donne lieu à ces règles est que,
généralement, les contrats avec les consommateurs ne sont pas
négociés. Au contraire, il s'agit plutôt de contrats qui
ont de nombreuses caractéristiques des contrats d'adhésion, par
exemple. En d'autres mots, le rôle de consommateur se limite à
accepter ou à refuser d'apposer sa signature. C'est un peu pour cela que
nous avons voulu faire l'article 5.
A l'article 7, vous dites que cela va augmenter les coûts pour
l'industrie sans pour autant augmenter la protection des consommateurs
honnêtes. Il nous semble, en effet, que l'éthique la plus
élémentaire exige que le commerçant supporte certaines
conséquences de ses actes. C'est un peu l'explication que nous pouvons
donner à l'article 7.
A l'article 15, la langue du contrat, par l'article 15, nous avons voulu
établir une concordance avec l'article 33 de la Loi sur la langue
officielle parce que cet article étant "tout contrat exigeant un
écrit", les mêmes principes que perçoit l'article 33, pour
les contrats d'adhésion ou les contrats où figurent des clauses
types imprimées... En conséquence, à notre point de vue,
je pense que la concordance nous semblait parfaite. De toute façon, nous
pouvons revoir l'article 15 du projet de loi no 7 et l'article 33 de la Loi sur
la langue officielle.
Si nous comprenons bien, vous désirez permettre aussi les fausses
représentations, si elles ne sont pas intentionnelles, dans la
publicité trompeuse. Nous y voyons un problème pratique.
Peut-être que vous pourrez nous apporter des lumières ce matin.
Faire la preuve d'intention en matière pénale, par exemple.
Remarquez qu'il ne s'agit pas de Code criminel, mais d'infractions qui,
à leur face même, sont de nature à tromper le consommateur.
Pourquoi le commerçant ne s'abstiendrait-il pas de ces
représentations s'il n'a pas fait les vérifications
nécessaires?
Nous doutons que vous vouliez encourager, c'est évident, les
responsabilités du commerçant, mais j'aimerais vous faire
remarquer, d'ailleurs, que, pour l'ensemble des dispositions pénales,
dans tout notre droit public, la preuve d'intention n'est jamais requise.
Alors, pourquoi ce traitement privilégié pour le
commerçant? Parce que vous semblez privilégier un traitement.
Peut-être qu'on peut répondre immédiatement? On reviendra
à d'autres articles.
M. Trudeau: Ni l'un ni l'autre ne sommes des hommes de droit.
J'aimerais bien prendre vos questions en considération...
Mme Bacon: Peut-être les revoir par la suite.
M. Trudeau: ... et vous soumettre nos réponses.
Mme Bacon: D'accord.
A l'article 150, si on en vient à la présomption, il y a
peut-être un malentendu dans l'interprétation de cet article ou il
n'était pas suffisamment clair. Cet article accorde une
présomption selon laquelle le consommateur n'aurait pas contracté
si le commerçant n'avait pas usé d'une pratique interdite.
Cependant, le consommateur aurait quand même le fardeau de la preuve pour
établir, devant les tribunaux, que le commerçant a usé
d'une pratique interdite. Ce n'est pas aussi clair que cela. Il faudra qu'il
soit responsable du fardeau de la preuve, ce qui a amené le consommateur
à conclure un contrat avec le commerçant. Ce n'est pas aussi
facile pour le consommateur. Il faudra qu'il fasse la preuve.
A l'article 153, vous soulevez le cas des échantillons. Cela nous
a déjà été soulevé. Nous allons
étudier sûrement cette question. Mais il est évident que
cet article s'adresse à des biens en vente et non aux
échantillons.
Aux articles 154 et 155, nous avons déjà reçu des
commentaires que nous avons notés, notamment en ce qui concerne les
annonces de sociétés bien connues, les messages utilisés.
Ce point sera étudié à nouveau par nos
législateurs.
A l'article 156, j'aimerais peut-être avoir des
éclaircissements sur vos objections quant à la dissimulation des
motifs véritables du commerçant. Je ne sais pas si vous pouvez le
faire immédiatement, ce matin, mais rien n'empêche, à notre
avis, les études de marché et les sondages chez les consommateurs
mis au courant. Nous ne voyons pas d'empêchement par l'article 156.
M. Lefebvre (Jacques): Voici le point de vue. Prenons le cas
précis d'une brasserie qui voudrait connaître l'opinion d'un
secteur de la population, soit sur une bière qui existe
déjà et une nouvelle bière qu'elle voudrait lancer sur le
marché. Le fait d'envoyer un enquêteur d'une société
de sondage parler au consommateur ou parler au répondant, lui poser des
questions sur ses bières préférées, sur ce qu'il
attend d'une bière, est-ce que, dans l'esprit de la loi, c'est une
communication? Parce qu'à ce moment-là, il n'est pas dans
l'esprit du sondage de dire au répondant: Je viens faire une
enquête sur la bière et je représente telle compagnie. Au
contraire, on essaie, autant que possible, que ce soit anonyme de façon
que le répondant n'influence pas son choix en disant: Ah oui! parce que
c'est Labatt qui le fait, je vais dire oui ou non. Dans ce sens, la
communication est au niveau des sondages, que ce soit de marché, des
sondages qui touchent directement les communications commerciales ou encore des
sondages sur la publicité. Est-ce que ces sondages sont compris dans
l'esprit de la loi qui dit: "Entrer en communication avec un
consommateur."?
Mme Bacon: Je mentionnais tout à l'heure que nous
n'excluons pas les études de marché ou les sondages, mais si le
consommateur est mis au courant...
M. Lefebvre: Vous voulez dire qu'à ce
moment-là...
Mme Bacon: ... dans votre exemple, vous ne mettez pas le
consommateur au courant entièrement dans votre communication avec lui,
c'est-à-dire pourquoi vous communiquez avec lui, le motif de la
communication.
M. Lefebvre: On va probablement... Mme Bacon: Vous allez
prendre...
M. Lefebvre: Une société de sondage le ferait
probablement à la fin du sondage en disant: Merci d'avoir
collaboré, c'est un sondage qui est commandité ou organisé
par telle ou telle compagnie. En fait, cela fait partie des techniques de
sondage; c'est exactement comme quand on fait un sondage pour un parti
politique. Le bonhomme qui fait le sondage ne se présente pas en
disant:
Bonjour, je fais un sondage pour le Parti libéral ou le Parti
québécois, il dit: Je fais un sondage sur une question
politique.
Est-ce suffisant, dans l'esprit de la loi, de dire: Je fais un sondage
pour La Presse, par exemple, ou je fais un sondage pour un journal, est-ce
suffisant de communiquer les motifs véritables du pourquoi de la
communication avec le consommateur?
M. Trudeau: Que ce soit fait par la suite ou à la fin de
l'enquête ou...
Mme Bacon: De la communication. M. Trudeau: ... de la
communication.
Mme Bacon: Si le consommateur est mis au courant du but poursuivi
par la personne qui entre en communication avec lui, l'article 156
n'empêche pas ces études de marché ou ces sondages. Je
pense que ça peut être ambigu comme interprétation. De
toute façon, nous aîlons regarder de plus près
l'interprétation qu'on peut lui donner.
M. Lefebvre: Est-ce que le but de l'article était
d'éviter certaines pratiques qui ont eu lieu, qui sont bannies
maintenant, justement sous le prétexte de faire des sondages et
finalement, on retombait avec l'achat d'une encyclopédie ou de
publication quelconque.
Mme Bacon: C'est ça. On ne donnait pas entièrement,
dans la communication, les motifs poursuivis.
M. Lefebvre: D'accord, merci.
Mme Bacon: Vous affirmez que l'article 158 du projet de loi est
susceptible d'augmenter le coût des biens pour le consommateur au
Québec. J'aimerais avoir des explications là-dessus. Il semble
qu'un marché de six millions de personnes comporte des économies
d'échelle déjà suffisantes pour prévenir les
augmentations de prix. Il existe, par exemple, en Scandinavie... le
problème ne devrait pas exister, il y a différentes ethnies,
différentes juridictions politiques et on ne semble pas se plaindre de
ce problème.
M. Trudeau: II peut y avoir plusieurs explications. Je peux
peut-être essayer de vous en donner une et, encore une fois, j'aimerais
pouvoir avoir une réponse plus adéquate par la suite.
Une des réponses que je peux vous suggérer, c'est que si
cet article était inclus, il n'est pas impossible qu'un manufacturier au
niveau national qui a un pouvoir d'achat assez extraordinaire, ne pouvant pas
offrir cette prime avec son produit, se retrouve dans une situation de
compétition.
Je ne sais pas si vous allez être d'accord avec moi mais si on
exclut ceci, ce n'est pas dit que certains genres de commerçants ne
trouveront pas une autre façon de contourner la loi et c'est un peu une
hantise qu'on a sur cet article.
Mme Bacon: Ce n'est pas quant au marché de $6 millions du
Québec que cela peut quand même apporter certaines
économies.
M. Trudeau: Oui.
Mme Bacon: Oui, M. Lefebvre.
M. Lefebvre: C'est qu'il reste quand même que, pour un
manufacturier qui vend à l'échelle nationale, que ce soit du
savon ou que ce soit un dentrifrice, avec les lois fédérales
maintenant sur l'étiquetage bilingue et maintenant des lois provinciales
sur l'étiquetage bilingue, cela fait que, maintenant, la tendance pour
des économies d'échelle est que le manufacturier va vendre son
savon, son produit, dans un même emballage, que ce soit à Toronto,
à Frédériction ou à Vancouver. Alors, ce qui
arrivera, c'est qu'éventuellement, s'il peut, avec une
céréale, vendre ou offrir une prime ou quoi que soit à
l'ensemble du Canada à l'exception du Québec, à ce
moment-là, c'est dire que le marché du Québec devient un
marché particulier où on sera obligé de faire des
emballages particuliers. C'est à ce moment-là que les
économies d'échelle tombent et, automatiquement, le consommateur
est pris pour payer la différence.
M. Trudeau: Le coût de production peut augmenter.
M. Lefebvre: C'est cela.
Mme Bacon: A 161, je l'ai déjà dit à
d'autres organismes, cet article sera étudié de nouveau: la
publicité sur le crédit. Quant à l'article 162, cette
disposition vise à empêcher que la publicité soit
axée sur un élément alléchant de crédit, par
exemple, tout en donnant, en évitant de donner les autres
éléments qui n'ont peut-être pas autant d'attraits chez le
consommateur. C'est cette disposition qui est contenue dans l'article 162.
Quant à la publicité destinées aux enfants, j'ai
l'intention de faire comme vous, de ne pas reprendre ma position à
l'occasion de l'audition d'autres mémoires. J'ai pu le faire amplement.
Alors, je m'en tiens moi aussi à d'autres articles. Article 167 et
article 204. Vous parlez d'autres personnes en cause dans votre mémoire.
J'aimerais vous rassurer tout de suite au sujet des cameramen, des acteurs, des
monteurs, des annonceurs, des développeurs de films. Ce n'est nullement
notre intention de nous en prendre à ces employés. Les
poursuites, par définition, se veulent exemplaires, mais ce n'est pas
à ce genre d'employés que nous voulons nous en prendre.
Article 168, les permis. L'article équilibre le sens qu'on a
voulu lui donner, puisque le permis du commerçant itinérant ou le
permis du commerçant d'automobile usagé, ce n'est pas
nécessairement un gage de compétence ou de capacité ou de
solvabilité du commerçant. C'est exactement ce que nous avons
voulu lui donner, exprimer comme sens, évidemment. Quant à la
charge de la preuve, à l'article 203, il est évident qu'un
poste
administratif confère du prestige à celui qui le
détient, mais il confère aussi des responsabilités qu'on
ne saurait faire dévier sur la corporation en invoquant simplement le
voile corporatif.
Je ne sais pas si vous trouvez que c'est un mauvais principe, mais je
pense que c'est de moins en moins original en Amérique du nord.
Peut-être que vous avez d'autres commentaires à faire sur 203?
M. Trudeau: J'espère pouvoir vous les faire par la suite
si vous n'en faites pas de différence.
Mme Bacon: D'accord.
M. Trudeau: Est-ce que je peux juste ajouter un commentaire sur
l'article 168? Encore une fois, je pense que cela réitère
peut-être ce que j'ai déjà dit dans la présentation
ce matin. On s'oppose un peu au sens qu'on donne à ce moment-ci à
la loi. C'est encore une fois en faisant la différence entre ce qu'on
considère, nous, les annonceurs nationaux honnêtes et le petit
commerçant qui vend des bebelles de toutes sortes et dont le
consommateur peut être protégé par cet article. Il y a
peut-être juste une question de définition.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je voudrais seulement
parler sur deux ou trois articles. A l'article 158 concernant les primes.
Mettons une boîte de savon ou une boîte de céréales.
Pouvez-vous nous dire si dans deux boîtes différentes, l'une avec
prime et l'autre sans prime, c'est la même quantité du
produit?
M. Lefebvre: Au point de vue du volume?
M. Léger: Oui.
M. Lefebvre: Je ne saurais vous dire.
M. Léger: Ce n'est pas tellement grave, il y a plusieurs
compagnies comme cela. Prenons le savon Tide. On vend des boîtes,
supposons, à 3 livres et 3 onces avec une serviette et le même
Tide avec 4 livres et 4 onces sans serviette. Le contenant de 3 livres et 3
onces est plus cher que celui de 4 livres et 4 onces. Ne pensez-vous pas qu'il
y a obstacle à la liberté de choix du consommateur, parce que,
même si c'est indiqué là-dessus, le consommateur a beaucoup
plus l'impression qu'il a un cadeau en achetant un produit? Même si c'est
indiqué, les gens ne lisent pas tout ce qui est écrit. Le fait
qu'on essaie beaucoup plus de mousser la qualité du produit par une
prime a pour résultat qu'on passe à côté de
l'objectif réel en voulant jouer sur des attitudes ou des comportements
des gens qui ont plutôt l'impression d'avoir un bénéfice
quelconque. Ne pensez-vous pas que c'est cela qu'on voulait rejoindre par
l'absence de prime de façon qu'on doive faire la publicité sur la
qualité du produit pour que les gens disent: Je l'achète parce
qu'il est le meilleur et non pas parce que j'ai une prime?
M. Trudeau: II y a un argument que je peux vous donner, car je
suis au courant, et j'essaierai de vous en donner d'autres par la suite, si
vous voulez. Les gens qui font de la publicité et qui sont les
manufacturiers, disons dans les boîtes de savon, puisqu'on donne cet
exemple, me disent que les gens vont pouvoir se procurer, par exemple, une
serviette peut-être au coût de 60 cents. Si on achète cette
même serviette dans n'importe quel magasin, elle va peut-être
coûter je vous donne des chiffres approximatifs $1.20 ou
$1. Il y a certainement une économie, à cause du volume d'achat
de ces compagnies, sur le total de serviettes qu'elles vont acheter pour les
inclure dans ces contenants.
L'argument sur lequel on se base je ne peux vous répondre
au point de vue du volume honnêtement, je vais le faire, par exemple, par
la suite c'est qu'il y a quand même une valeur
supplémentaire qui est incluse dans l'empaquetage de cette boîte
de savon.
M. Léger: On pourrait mettre un coupon sur la boîte
pour dire: Vous pouvez avoir une serviette de 60 cents plutôt que de la
payer $1.20. Mais le fait de mettre une prime pour acheter un produit,
normalement, devrait montrer la faiblesse du produit, puisqu'on est
obligé de mettre quelque chose de plus qu'uniquement la qualité
du produit. Il y a des compagnies qui ont réalisé cela. Elles ont
dit: II y a des clients qui aiment se faire berner et il y en a d'autres qui
sont perspicaces. On va faire les deux. J'ai vu la même compagnie
je parle du savon Tide, entre autres faire de la publicité sur le
Tide avec une serviette; la serviette était belle, la demoiselle
à la télévision montrait la belle serviette en sortant du
bain. C'était pour les clients qui aimaient se faire berner, parce
qu'ils ont l'impression d'avoir des cadeaux. Mais comme le fabricant savait
qu'il y avait d'autres clients qui étaient beaucoup plus perspicaces, il
leur disait: Achetez la boîte de savon de 4 livres et 4 onces, vous aurez
plus de savon, etc. On a essayé de rejoindre les deux groupes de
consommateurs. Je pense que c'est ce qui n'est pas bon, c'est qu'on ne
travaille pas dans l'intention d'informer le client de la qualité d'un
produit qu'on veut qu'il achète, mais on essaie de le berner parce qu'on
dit: II peut facilement être berné. C'est ce que je voulais
mentionner. Vous mettez comme objectif...
M. Lefebvre: J'aimerais corriger une petite chose que vous avez
dite. Je pense que la loi exige que l'on indique le poids net. C'est le poids
du savon qu'on indique, ce n'est pas le poids du savon avec la serviette ou
l'assiette.
M. Léger: D'accord.
M. Lefebvre: Je pense qu'un manufacturier ne pourrait pas
prétendre: Vous allez avoir plus de savon parce qu'il n'y aura pas de
serviette. S'il y a
plus de savon dedans, c'est indiqué sur l'emballage. D'ailleurs,
il y a une loi qui le précise.
M. Léger: La loi exige qu'on indique le poids du contenu,
le poids du produit qu'on vend.
M. Lefebvre: C'est cela.
M. Léger: Mais les deux publicités sont faites pour
rejoindre deux groupes de clients. Il y a ceux qui pensent qu'ils ont un
cadeau, alors que cela n'en est pas un, puisque, pour un prix inférieur,
on va avoir plus de savon sans la prime. C'est la même chose au niveau
des céréales, où vous avez un poids inférieur de
céréales, mais qui sont colorées, et il y a une bebelle
dedans et on paie beaucoup plus cher. Vous remarquez, par exemple que la bonne
vieille céréale Corn Flakes est depuis toujours meilleur
marché que tous les nouveaux produits avec tous les petits gadgets, les
couleurs et certaines petites choses qu'on met dedans et qui n'ont aucun
rapport avec la qualité du produit, mais qui amènent les gens
à l'acheter parce qu'il y a soit tel personnage dessus, comme il y avait
un bout de temps, le lion ou une petite bebelle etc., ce qui fait que le client
achète à cause de la prime. Ce n'est pas réellement de
l'information au client au niveau de la qualité du produit.
M. Lefebvre: Pour ne pas éterniser ce débat, nous,
de l'ACA, représentons un ensemble d'annonceurs qui sont
également tant des compagnies de savon et de céréales que
des banques, etc.
Vous aurez sûrement l'occasion d'ici quelques jours ou quelques
semaines, je pense, de poser ces mêmes questions à l'Association
des manufacturiers de produits d'épicerie, qui seront plus en mesure de
vous donner des précisions là-dessus.
M. Léger: D'accord. Je voudrais seulement faire une
remarque qui ne vous concernait pas. Vous affirmez que si les compagnies, au
point de vue national, font un produit et que, si, dans une des provinces, le
gouvernement a une préoccupation de passer des lois pour le bien de sa
collectivité, selon sa mentalité, sa culture et sa façon
de voir ainsi que sa façon de vivre, selon ce que vous venez de dire
tantôt, cela voudrait dire qu'on serait obligé de payer plus cher
parce que, chez nous, on a décidé de faire une loi qui d'une
façon protège le consommateur, alors, que dans d'autres
provinces, c'est une autre sorte de loi qu'il faut. Cela démontre le
problème d'une confédération dans laquelle on doit
uniformiser les produits pour le bien de la compagnie qui dit: Je vais pouvoir
le vendre meilleur marché parce que je le fais d'une façon
uniforme à travers tout le Canada, alors qu'une partie du pays doit
légiférer selon les besoins de sa collectivité et en subir
un préjudice parce qu'on ne veut pas comprendre que cette
collectivité des besoins différents et doit voter des lois
différentes. Alors, même si c'est un état
indépendant, c'est la même chose; les produits qui viennent au
Canada doivent quand même se donner un prix compétitif et un prix
acceptable, même si les lois du Canada sont différentes des lois
des Etats-Unis.
M. Lefebvre: M. Léger, je ne sais pas si vous l'êtes
encore, mais vous étiez propriétaire d'une Citroën il y a
quelques années. Vous savez très bien que les Citroëns SM ne
se vendent plus maintenant aux Etats-Unis parce que les Français ont
décidé qu'il n'était pas rentable pour eux, vu le volume
de Citroën qu'ils vendaient aux Etats-Unis, de répondre aux normes
antipollution. Ils ont donc préféré ne pas vendre de
Citroën aux Etats-Unis parce qu'ils n'arrivaient pas à en assumer
les frais. Je pense qu'ils vendaient 5000 autos Citroën aux Etats-Unis.
Alors, c'est le même principe.
Je dis au contraire que la loi 22 sur l'étiquetage des produits
et la loi fédérale ont permis que nous ayons maintenant des
étiquettes bilingues partout au Canada justement parce que la loi
fédérale l'exige. On est allé un peu plus loin et on
applique les normes provinciales même à travers le Canada, parce
que c'est plus rentable de faire une seule boîte que d'en faire une
bilingue, une un peu plus bilingue et une autre un peu moins bilingue selon les
provinces. Je dis donc qu'on a une loi qui a profité à l'ensemble
du pays. Pourquoi en voter une autre qui risquerait peut-être, je ne dis
pas que cela va arriver, à cause de normes particulières au
Québec, d'enlever ces économies d'échelle?
M. Léger: Mais si une des provinces décide d'aller
de l'avant, d'être progressive et d'avoir du leadership dans un domaine,
elle ne devrait pas être paralysée parce que d'autres provinces ne
peuvent pas le faire.
M. Lefebvre: Ah non!
M. Léger: A un moment donné, il va falloir que les
autres provinces réalisent peut-être que le Québec va voter
une loi qui peut être supérieure à celle qui existe
ailleurs et peut-être y aura-t-il uniformité de ce
côté. Mais ce n'est pas un obstacle parce que les autres ne le
font pas que nous serons punis dans notre province, chez nous, parce qu'on vote
des lois conformes à nos besoins.
M. Lefebvre: D'accord. Mais on peut pas toujours être les
seuls à avoir le...
M. Trudeau: C'est une chose, je peux vous le certifier, je vais
d'ailleurs vous donner la preuve que nous sommes très fiers de ce qui se
fait au Québec, en ce qui touche aux lois en général. Nous
pouvons avoir des objections sur certaines choses ou certains articles et
là je vais peut-être divulguer quelque chose, j'ai l'intention
dans les prochains jours d'inviter madame le ministre à Toronto au mois
de novembre à un colloque qu'on a commencé l'an passé et
qui réunit justement les différents ministres de la consommation
des différentes provinces du Canada. Nous voulons inviter le ministre
responsable à venir à Toronto à ce moment-là pour
expliquer les bienfaits de cette loi.
M. Charron: Je regrette, madame le ministre ne pourra pas y
aller, elle sera en campagne électorale à ce
moment-là.
Mme Bacon: Ou dans l'Opposition.
M. Léger: A l'article 161-162, on disait que
l'accès au crédit permet à de nombreux citoyens de
réaliser leur légitime désir de posséder une
voiture, une maison, etc. Je pense que le crédit existe et tout le monde
le sait, mais qu'on fasse de la publicité du crédit dans le but
de promouvoir l'achat d'un objet, cela n'est pas recommandé en ce sens
que le produit doit être publicisé. Les gens savent qu'ils peuvent
avoir du crédit, mais si on y ajoute cette publicité au
crédit, à ce moment-là, cela veut dire qu'on veut inciter
bien des gens qui n'en auraient pas les moyens à dire: Je vais avoir le
crédit, pas de problèmes.
Déjà ils savent qu'ils ont le crédit, s'ils veulent
acheter le produit, il faut nécessairement qu'on ait une
préoccupation d'éduquer les gens à ne pas s'endetter
inutilement. Rendre la facilité au crédit pour acheter un
produit, ce n'est pas dans l'ordre des choses, puisque le produit doit
être vendu, le produit doit être désiré et, par la
suite, la personne décide si elle peut le payer comptant ou si elle peut
l'acheter à crédit, mais non pas mettre l'accent sur le
crédit qui est l'argument qui permet la facilité et non pas la
responsabilité.
M. Lefebvre: Est-ce que vous touchez surtout, à ce moment,
le crédit ou la publicité par cartes de crédit? Ou est-ce
que vous entendez également, je ne sais pas, moi... Il y a 6000
succursales bancaires au Québec, est-ce que le fait qu'une succursale
bancaire affiche dans sa vitrine que l'intérêt est à X pour
cent ce mois-ci ou encore qu'il y a des prêts consentis pour l'automobile
ou quoi que ce soit, cela est de la publicité également ou... On
semble souvent, dans cette loi, toucher surtout la publicité à la
télévision, est-ce que cela est de la publicité, par
exemple? Est-ce que le fait qu'on m'envoie, avec mon état de compte
à la fin du mois, un dépliant publicitaire qui dit: Vous pouvez
échanger votre voiture puis vous pouvez avoir un prêt personnel
à la banque ou à la caisse populaire...
M. Léger: Non, c'est beaucoup plus l'aspect de faire
miroiter au client que tel produit, il peut l'avoir pour $10 par mois ou $50
par mois ou $25 par mois, dans ce style. Autrement dit, la personne se dit: Ce
produit, je ne sais pas si je suis capable de l'acheter, cela coûte...
mais, en somme $20, $25 par mois, cela marche, pas de problème. Dans cet
esprit, pour lui, il voit la facilité, alors qu'il s'endette puis il ne
s'en aperçoit pas.
M. Lefebvre: D'accord.
M. Trudeau: On s'entend assez bien sur ce qu'on dit, je pense
qu'on en a parlé tout à l'heure, c'est un peu sur chacune de ces
définitions qu'on veut avoir des détails, c'est sur les
définitions de cette loi, ce que cela implique exactement.
M. Léger: Je vous remercie.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député de
Sainte-Marie.
M. Malépart: Faisant suite à la publicité
sur le crédit, vous mentionnez dans le texte que la publicité
permet aux gens de découvrir les différents moyens de
crédit. Par expérience, si je pense aux annonces qu'on voit
à la télévision, pour en nommer une couple, une compagnie
de crédit qui invite la population à faire son rapport
d'impôt puis elle lui prête, je ne pense pas qu'elle éduque
bien les gens à dire quel taux d'intérêt et de quelle
façon, et tout cela. Je pense que c'est surtout un moyen de se faire une
clientèle puis, après cela, lui offrir des possibilités.
Vous avez aussi une autre compagnie qui fait de l'annonce, si ma mémoire
est fidèle, je vais décrire un peu la publicité qui se
fait. C'est son employé qui est tout heureux d'avoir aidé un
client, je me demande s'il est vraiment heureux quand il sait la
différence de coûts à comparer avec ceux qu'il pourrait
avoir avec une banque. Je me demande si vraiment il est heureux, je me demande
si on ne trompe pas un peu les gens. Je me dis: II y aurait peut-être
avantage qu'il y ait une publicité, inviter les annonceurs à
faire la publicité comme le député de Lafontaine le
mentionnait. Si vous dites: Je veux avoir une voiture, c'est $25, $50 ou $100
par mois, mais peut-être inclure obligatoirement le coût de
l'intérêt, non pas en pourcentage parce qu'il y a beaucoup de
façons de présenter cela, mais en coût réel, en
cents et piastres, cela ferait réfléchir davantage les gens, que
ce soit une banque ou une compagnie de finance, que les deux soient soumises
aux mêmes règlements.
M. Trudeau: Je crois qu'il y a une loi qui régit
déjà cette chose.
M. Malépart: Pas dans la publicité. M. Trudeau:
Mais dans le contrat...
M. Malépart: Mais que ce soit indiqué au point de
vue de publicité jusqu'à un certain point, sans trop compliquer
les choses, justement parce que vous comprenez comme moi, puisqu'on parle de la
télévision, si, dans un message de 60 secondes, on passe la
moitié ou 20 secondes ou 60 secondes à expliquer le montant, des
fois le message sera moins fort. Mais cela peut s'inclure certainement comme
exemple. Je suis quand même persuadé que vous avez assez d'experts
et qu'il ne serait pas mauvais que vous pensiez que les groupes que vous
représentez ont peut-être un rôle économique, parce
qu'on parle souvent d'un rôle économique, mais tout le monde
commence à penser qu'il a un rôle social à jouer aussi.
Peut-être que, dans la proportion du message, si vous commencez à
faire choisir les gens en disant tel taux, il ne serait pas mauvais, avec toute
l'équipe, je pense bien, si on vous force, la nature humaine, vous allez
sûrement trouver des trucs.
M. Trudeau: En tant que représentant des annonceurs, on
nous suggère tellement de lois dans le moment qu'on commence à
être pas mal habitué autant pour la publicité que dans
d'autres domaines à faire face à beaucoup de lois.
Du côté social, vous apportez un très bon point. Je
pense qu'en général je puis affirmer que les compagnies qu'on
représente ici aujourd'hui ont un sens social et font normalement de la
publicité honnête. On peut citer des exemples en partie. Un
exemple, ce n'est pas le général qui est représenté
pour notre association.
M. Malépart: Je pense, à mon avis, que pour jouer
un rôle social dans la société d'aujourd'hui, il n'est pas
suffisant de dire: Je suis honnête. Je pense que vous pouvez inciter vos
annonceurs à jouer un rôle éducatif aussi. Cela serait
peut-être un avantage. Vos annonceurs auraient peut-être une
meilleure presse.
M. Trudeau: On n'a aucune objection à cela.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député d'Iberville.
M. Tremblay: Si vous voulez qu'on joue un rôle
éducatif, il faudrait nous permettre de faire de la publicité
auprès des enfants pour les éduquer.
M. Lefebvre: On peut commencer à éduquer les
adultes, on éduquera les enfants après.
M. Tremblay: M. Trudeau, est-ce que les compagnies de
bière, qui annoncent à la télévision, sont membres
de l'ACA?
M. Trudeau: Oui.
M. Tremblay: Les agences d'information de publicité qui
annoncent leurs produits sont-elles membres de l'ACA?
M. Trudeau: Nous, nous représentons les annonceurs, pas
les agences.
M. Tremblay: Les compagnies de bière, en
général, au Québec sont membres chez vous.
M. Trudeau: Oui.
M. Tremblay: Quand vous voyez des messages publicitaires des
compagnies de bière, en général, surtout à la
télévision, qui associent finalement la joie de vivre, le
bien-être, se bien porter avec des images séductives vous
savez ce que je veux dire ne croyez vous pas que c'est pousser un peu
loin le message constamment répété qu'en buvant une telle
sorte de bière, par exemple, on s'assure un espèce de bonheur
quotidien qui nous rend la vie plus facile etc? On omet, naturellement,
d'amener à l'attention de l'auditeur les problèmes énormes
que l'alcoolisme crée chez la population, pas rien qu'au Québec,
un peu partout. Ce n'est pas comme moralisateur que je vous pose cette
question, mais cela me concerne assez personnellement et je trouve qu'on
devrait y aller dans le sens de la publicité des bières, surtout,
parce qu'on en consomme beaucoup au Québec. Je ne suis pas contre la
consommation de la bière. C'est un bienfait de la nature. Il me semble
que le grand bonheur de vivre ne réside pas seulement dans la
consommation de la bière. La sérénité de l'esprit
est quelque chose pour les gens.
M. Trudeau: Si j'ai bien compris la question, est-ce que c'est en
fait le contenu des messages publicitaires...
M. Tremblay: Vous me comprenez très bien. Vous savez
très bien que, lorsqu'on annonce une bière je ne
spécifierai pas de marque on associe la consommation de la
bière au bonheur, à la joie de vivre, au bienfait etc... Comme
citoyen, vous-même imbu, en dehors de vos travaux de publicitaire... Il
me semble que votre association pourrait suggérer aux compagnies des
formules un peu plus réalistes pour annoncer leurs bières, et ne
pas faire croire à nos jeunes de 18, 19 et 20 ans qu'aller à la
discothèque et prendre sept ou huit bières dans une
veillée, c'est cela le bonheur.
M. Trudeau: Ecoutez...
M. Tremblay: Répondez-moi.
M. Trudeau: Ce n'est pas l'intention des jeunes de là.
Comme on le disait tout à l'heure, on présente l'ensemble de nos
annonceurs dont les brasseurs font partie. Je puis certainement prendre en
considération ce que vous dites et leur faire le message, c'est
sûr.
En publicité, on prend des exemples de jeunes qui vont à
la discothèque, mais on prend aussi des exemples de jeunes qui font du
sport ou différentes choses. On prend des exemples heureux pour
démontrer que, tout en s'amusant, on peut consommer une bière. Je
ne pense pas qu'on incite les gens à une surconsommation. On leur donne
un exemple d'une espèce de manière de vivre et dont cela fait
partie. Dans un message de 60 secondes, on ne peut pas se permettre tellement
de choses, on essaie de trouver un moment, une joie quelconque et
démontrer cette chose. C'est peut-être le montant de
publicité qui vous fait peut-être réfléchir dans ce
sens.
Vous savez, même si on est publicitaire on a parlé
antérieurement, ce matin, du nombre de messages même si on
est dans le métier, nous aussi, des fois, cela peut nous taquiner, le
nombre de messages publicitaires, autant pour la bière que pour autre
chose. Justement, si on regarde un événement sportif, entre
autres, que l'événement est commandité par une brasserie
et qu'on voit plusieurs messages dans l'espace de deux heures, c'est sûr
que cela peut nous tomber sur les nerfs.
M. Tremblay: Je vous comprends. Ce n'est pas tellement cet
aspect-là. La bière, on peut l'annoncer, c'est sans doute un
produit délicieux.
C'est surtout l'aspect qu'on associe la consommation de la bière
à ce genre de joie de vivre, de bonheur que l'on peut... On peut
l'accompagner partout. C'est une réflexion personnelle que je me fais
comme membre de la commission. Je pense qu'elle sera traduite quelque part. Je
suis sûr que je représente l'opinion de beaucoup de gens.
Ces annonces, on les souffre, parce que ce sont seules les compagnies
qui ont a peu près les moyens de nous présenter des
événements sportifs à la télévision qui
coûteraient des sommes astronomiques à d'autres compagnies. Elles
ont une espèce de privilège, je suppose, et elles en profitent.
Je ne les blâme pas au point de vue des affaires, mais, sur le plan de la
moralité, je me demande si c'est bien accueilli.
M. Lefebvre: Je pense qu'il faudrait également noter que
les lois qui régissent la publicité sur les alcools et la
bière sont des lois qui sont administrées par la
Société des alcools au Québec ou encore par le CRTC, le
Conseil de la radiotélévision du Canada. Il y a tellement de
contraintes à faire un message commercial sur une bière que,
finalement, à part parler du bonheur, il n'y a presque pas de choses
qu'on puisse dire. On ne peut pas parler du prix, il n'y a presque rien. On ne
peut pas montrer la bouteille tant de temps, on ne peut pas montrer quelqu'un
qui la porte à ses lèvres; il y a un tas de restrictions qui font
que, finalement... Je me demande comment les publicitaires réussissent
encore à nous intéresser quelquefois dans des messages
publicitaires sur la bière, parce que je vous jure que, si vous prenez
le temps d'aller voir, une journée, les contraintes avec lesquelles ils
sont obligés de travailler, ce n'est pas facile.
M. Tremblay: La bière que notre
arrière-grand-père buvait...
M. Lefebvre: Oui.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci beaucoup,
messieurs.
J'invite immédiatement les représentants de
Sélection de Reader's Digest (Canada) Limitée.
Sélection du Reader's Digest (Canada)
M. Courtois (Bernard): M. le Président, Mme le ministre,
messieurs les députés, mon nom est Bernard Courtois, je suis
avocat et je représente ici Sélection du Reader's Digest. J'ai
avec moi, à ma gauche, Mme Jocelyne Missinich qui est chef de la
rédaction des documents publicitaires de la compagnie; M. James Mackey
qui est directeur des ventes au consommateur; M. Colin Irving, également
avocat, et M. Marc Simard du service de la comptabilité de la
compagnie.
Me Irving et moi-même sommes les conseillers juridiques de la
compagnie depuis plusieurs années et nous sommes au courant comme tels
des activités de l'entreprise.
Je ne lirai pas le mémoire qui a déjà
été soumis. Je vais essayer d'être le plus bref possible et
de m'en tenir aux points que je veux souligner, ici, ce matin. Je voudrais
noter le but de notre présence ici qui n'est pas de contester le projet
de loi ou les principes qui semblent l'avoir motivé. Au contraire,
Sélection, depuis plusieurs années, tente et trouve avantage
à faire affaires avec le consommateur sur une base franche et
honnête. Nous n'avons aucune objection à ce qu'un plus haut niveau
d'éthique soit appliqué à tout le monde dans le commerce,
y compris les compétiteurs de la compagnie.
Le but du mémoire et de notre intervention ici ce matin est de
tenter d'obtenir certaines précisions sur certaines dispositions de la
loi ou de faire des commentaires qui viseraient à rendre la loi plus
vivable pour les commerçants qui cherchent à l'appliquer.
On peut expliquer brièvement que Sélection du Reader's
Digest est une compagnie qui a son siège social à Montréal
et qui fait affaires à travers le Canada et, dans une moindre mesure,
à l'extérieur du pays. La compagnie vend c'est bien connu
la revue Sélection du Reader's Digest, des livres
condensés et divers autres produits comme livres, des disques etc.
Si je passe directement aux commentaires précis sur divers
articles du projet de loi, j'ai d'abord une question de détail sur
l'article 29 du projet de loi qui prévoit qu'un consommateur peut
retourner un bien au commerçant même si la garantie est
accordée par une autre personne comme, par exemple, le fabricant.
Nous avons soumis, dans le mémoire, quelques commentaires qui
viseraient à obtenir une précision minime qui ferait que le
consommateur ne s'en prévaudrait que lorsqu'il y a un avantage pour lui
et non, par exemple, pour lui permettre de transmettre un bien pour service de
la garantie à grande distance, alors que cela augmenterait les frais de
la compagnie pour lui fournir les services. Les commentaires que nous faisons
sur le prochain article, qui est le sous-paragraphe f) de l'article 152,
exigeraient de faire ressortir le prix total d'un produit de façon plus
avantageuse que le montant des paiements périodiques. C'est une
disposition qui diffère légèrement des exigences
semblables que l'on retrouve, par exemple, dans le même projet de loi au
paragraphe e) de l'article 152, quant à un ensemble de biens où
on n'exige pas de faire ressortir le prix global de façon plus
avantageuse, mais de façon également avantageuse. Quant aux
exigences que l'on retrouve également dans la législation des
autres provinces sur la question du prix total par rapport aux paiements
périodiques, les exigences, normalement, sont de faire ressortir le prix
total de façon aussi avantageuse et non de façon plus
avantageuse.
La distinction, ici, est très légère. Je ne pense
pas que le consommateur y trouve quelque avantage que ce soit. Cependant, cela
nécessiterait une modification coûteuse de la documentation et des
autres aspects de la mise en marché d'une entreprise comme
Sélection. Nous croyons que c'est là une modification qui, sans
donner de bénéfice véritable au consommateur, apporte une
diversité de réglementation et de législation dans les
diver-
ses provinces canadiennes, diversité qui donne déjà
passablement de difficultés aux entreprises qui font affaires à
l'échelle nationale. Nous suggérons que la petite modification
soit effectuée afin de garder l'uniformité et que l'on exige tout
simplement que le prix total soit divulgué de façon au moins
aussi avantageuse que les versements périodiques.
Nos commentaires suivants portent sur l'article 158, l'article sur les
primes. Il en a déjà été question, ce matin. La
compagnie est concernée à deux égards. D'abord, Parce que
la compagnie offre elle-même souvent des primes et, de plus, parce que la
compagnie annonce, dans sa revue, les produits ou portes les offres d'autres
compagnies dans sa revue. Pour ce qui est des produits de la compagnie
même, depuis la rédaction du mémoire que nous avons soumis,
une revue a annoncé diverses primes offertes par la compagnie. Dans
partiquement tous les cas, ce sont des primes accessoires de valeur assez
minime comme, par exemple, de petits livrets. Ce sont des primes auxquelles la
compagnie n'applique aucune valeur dans sa publicité,
c'est-à-dire que la compagnie ne dit pas: Voici, vous obtenez, pour le
même prix, une prime qui vaut tant, $0.29, $1 ou quoi que ce soit. La
compagnie ne mentionne pas de prix ou de valeur pour les primes.
Nous voyons que l'article se restreint aux primes pour lesquelles le
marchand spécifie une valeur dans sa publicité. Vu sous cet
angle, nous avons deux commentaires. D'abord, il faut être franc. Cela
n'affectera pas les offres faites par la compagnie, mais cela rendra à
la compagnie la vie un peu plus facile dans l'appréciation des annonces
qui lui sont soumises pour être publiées dans sa revue,
c'est-à-dire qu'il deviendra un peu plus facile de savoir si l'annonce
est conforme aux exigences de la loi ou non. Cependant, il reste un certain
niveau d'ambiguïté ici et nous croyons qu'il serait utile de
définir ce qu'est une prime au sens de l'article. Par exemple, pour
distinguer des cas de primes ou d'offres conjointes.
Ensuite, je passe à l'article 161, qui a également
été mentionné ce matin, celui qui défend de faire
de la publicité sur les biens et services que les consommateurs peuvent
se procurer au moyen du crédit qu'on leur offre. Nous avons pris note
des commentaires de Mme le ministre et, évidemment, ce qui nous
intéresse ici, c'est de pouvoir mentionner au client, lorsque nous lui
offrons un produit, qu'il peut également l'acheter à
crédit, c'est-à-dire de pouvoir annoncer à la fois le
produit et le crédit disponible.
Nous avions également un autre commentaire qui suggérait
d'appliquer à cet article la définition du mot "crédit"
qu'on retrouve déjà ailleurs dans la loi au paragraphe a) de
l'article 81, là encore, pour fins de clarification.
Passons ensuite aux articles 163 et 164 qui concernent la
publicité destinée à des enfants de moins de treize ans.
La compagnie comme telle, je crois, n'en fait pas ou à peu près
pas, mais évidemment la compagnie, encore dans sa revue, véhicule
des annonces pour d'autres annonceurs, d'autres marchands. L'article tel que
rédigé cause certains problèmes, parce qu'il est difficile
d'apprécier si oui ou non une annonce est destinée aux enfants.
Je prends un exemple qui me vient à l'esprit, sans vouloir exprimer
quelque jugement que ce soit sur la valeur de l'annonce; je pense, par exemple,
à la compagnie A & W, qui annonce à la
télévision ou, je crois aussi, dans les revues au moyen d'un
ourson qui se promène pour aller acheter des hamburgers ou quoi que ce
soit. Il est difficile de savoir si cette publicité est destinée
à des adultes, à toute la famille ou destinée aux enfants.
On pourrait prendre d'autres exemples, mais ce qui nous concerne, ce serait une
précision qui ferait que l'article ne s'appliquerait qu'aux annonces ou
aux parties d'annonces, c'est-à-dire qu'une partie seulement de
l'annonce serait destinée aux enfants, mais que l'article précise
que ce sont des annonces destinées principalement aux enfants et non des
annonces qui pourraient être destinées à la fois aux
enfants et au reste de la famille ou, en tout cas, qu'on apporte des
précisions qui nous permettraient de pouvoir vivre et de pouvoir
vraiment appliquer cet article.
Je passe maintenant aux dispositions du projet de loi qui concernent les
comptes en fiducie. Il y a présentement dans les règlements en
vertu de la Loi de la protection du consommateur des dispositions quant aux
comptes en fiducie, on les reprend pour partie et on y ajoute quelques
nouvelles dispositions. Une des nouvelles dispositions est un article
d'application assez générale, l'article 176. Il exige de placer
dans un compte en fiducie toute somme reçue par suite d'un contrat en
vertu duquel l'obligation principale est exécutée par le
commerçant plus de deux mois après la réception de
l'argent et ce, jusqu'à l'exécution de l'obligation principale.
Il me semble qu'on veut viser ici le genre de contrat où le client va
acheter à l'avance soit des meubles ou quoi que ce soit et que cela lui
est livré plus tard, et on veut s'assurer que les sommes ne sont pas
dilapidées par une entreprise qui pourrait faire faillite entre-temps,
etc. Cependant, tel que rédigé, l'article est d'application
générale et on pourrait le considérer comme applicable au
contrat sous forme d'abonnement. Dans le cas d'un abonnement, il est difficile
de déterminer à quel moment l'obligation principale du
commerçant est exécutée, puisque c'est
exécuté successivement. De plus, les compagnies qui font affaires
de cette façon, les compagnies qui vendent des revues, des
périodiques ou quoi que ce soit, ont l'habitude de ne pas mettre de
côté ces sommes; ce sont des sommes considérables qui
servent à la marche financière de l'entreprise, et d'avoir
à les mettre de côté, cela affecterait sérieusement
ces entreprises et ce serait d'un impact financier très grave pour ces
entreprises. Nous ne croyons pas qu'il y ait là un mal qu'il y ait lieu
de corriger. Nous ne croyons pas qu'il y ait eu de grands désavantages
pour les consommateurs québécois à cet égard. Nous
croyons ici qu'il s'agit encore d'un article qui pourrait être
précisé ou limité un peu sans nuire au
bénéfice qu'il veut prodiguer aux consommateurs et pourtant en ne
mettant pas ici en péril et en position compétitive très
désavantageuse les
compagnies qui oeuvrent au Québec. Evidemment, il y a des gens
qui vendent des revues pu des périodiques à travers le Canada,
qui ne sont pas implantés au Québec et qui n'auraient pas
à s'imposer de telles obligations très coûteuses. Cela ne
s'applique pas seulement aux gens qui vendent des revues ou des
périodiques. Je pense, par exemple, aux câblodistributeurs, qui
font payer les gens un an à l'avance pour les services; je pense aux
orchestres symphoniques, qui font que les gens peuvent s'abonner au
début de l'année et qui y vont successivement pendant
l'année, ou au théâtre ou quoi que ce soit. Or, aux
entreprises de ce genre, où l'exécution du contrat est sous forme
successive ou d'abonnement, il n'y a pas de justification de leur imposer ce
qui serait un fardeau financier très lourd et qui, en ce moment, ne
semble pas causer de tort aux consommateurs.
Nous suggérons donc ici d'exclure de l'application de l'article
176 les contrats sous forme d'abonnement ou les contrats à
exécution successive. Enfin, nos derniers commentaires portaient sur
l'article 208 qui permet à un publicitaire d'opposer, à une
poursuite pénale intentée en vertu du livre II, le fait que
l'infraction n'aurait été commise qu'en raison du fait qu'il y
avait des motifs raisonnables de se fier à une information provenant du
commerçant ou du manufacturier.
Cela correspond aux dispositions que l'on retrouve à la loi
fédérale pour les enquêtes sur les coalitions et dans
certaines autres lois provinciales en matière de pratique commerciale ou
de protection du consommateur. Cependant, nous croyons ici que l'application de
l'article devrait être étendue, devrait être élargie
et en ce qui a trait aux poursuites pénales et en ce qui a trait aux
poursuites civiles. Par exemple, nous croyons qu'il y aurait lieu
d'éviter, lorsque le consommateur n'en subit aucun préjudice, de
permettre au consommateur d'abuser d'une infraction technique ou d'un vice de
forme minime.
Je pense à une erreur de forme accidentelle, une erreur de
copiste qui serait de bonne foi, qui ne nuirait pas au consommateur et dont les
divers facteurs, le fardeau de la preuve, incomberaient au commerçant ou
à l'annonceur et non pas au poursuivant ou au consommateur,
c'est-à-dire qu'on placerait le fardeau de la preuve à
l'annonceur ou au commerçant d'établir qu'il est de bonne foi,
que l'erreur est accidentelle, qu'elle est minime, que c'est un vice de forme,
une erreur de copiste.
On retrouve quelque chose de semblable dans d'autres lois au Canada
même. Je pense, par exemple, qu'il y a, dans la loi sur la protection des
consommateurs, en Ontario, le paragraphe 4 de l'article 48, un article qui
permet de mettre de côté, lorsque le marchand se relève du
fardeau de la preuve, des erreurs minimes et techniques de ce genre. Je pense
également à l'article 37.3, paragraphe 2, de la loi
fédérale des enquêtes sur les coalitions, qui permet de
corriger une erreur de la sorte en en avisant le plus tôt possible le
consommateur.
Alors, ces genres de dispositions-là, nous croyons que la loi
devrait les contenir. C'est bien beau de protéger le consommateur, mais,
dans les faits, il est arrivé que des consommateurs prennent avantage de
fautes minimes comme cela pour essayer de se soustraire à ce qui serait
normalement des obligations légitimes. Alors, je termine en vous disant
que, si vous avez des questions sur divers aspects du mémoire ou
d'autres aspects du projet de loi, Me Irving et moi-même sommes
prêts à répondre à vos questions.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre.
Mme Bacon: M. le Président, nous avons ons bonne note de
la suggestion de Me Courtois de préciser le texte de l'article 29, de
façon que la garantie ne puisse être exercée que lorsqu'il
n'existe pas un endroit plus facilement accessible ou porté à la
connaissance du consommateur pour qu'il puisse se prévaloir de la
garantie. Je tiendrais cependant à vous dire que l'article 29 tel que
rédigé n'empêche pas le consommateur, qui veut se
prévaloir d'une garantie non octroyée par le commerçant,
de faire parvenir son bien au manufacturier qui lui a accordé la
garantie.
L'article 29 ne fait que donner au consommateur la faculté de
choisir la possibilité la plus avantageuse pour lui, soit retourner le
bien au commerçant qui lui a vendu ce bien ou soit retourner le bien au
fabricant ou au manufacturier qui lui a accordé la garantie. On
n'enlève pas le choix au consommateur. A l'article 152, vous
suggérez qu'on remplace le dernier membre de phrase de cet article, qui
se lit comme suit je vous en fais la lecture: .. et le faire ressortir d'une
façon plus avantageuse", le mot "plus" par le mot "aussi", de
façon que la phrase se lise: "...et le faire ressortir de façon
aussi avantageuse". De la sorte, dites-vous, notre législation sera dans
le même sens que la législation d'autres provinces
canadiennes.
Disons que nous sommes conscients de ce problème et nous en
tiendrons compte dans la révision du projet de loi. A l'article 158, en
ce qui concerne les primes, nous avons pris aussi note de votre désir de
voir se préciser la définition de prime. Comme vous affirmez
avoir utilisé souvent les primes, il y a quelques questions que
j'aimerais poser; par exemple: Etes-vous en mesure d'affirmer que, si le
consommateur n'avait pas de prime, il paierait probablement, de toute
façon, le même prix pour le produit, ou est-ce qu'il paierait
moins cher?
M. Courtois: Nos informations sont que la prime ne coûte
rien au consommateur, c'est-à-dire que la prime est utilisée
comme technique de mise en marché, comme la publicité
elle-même. En utilisant la prime, on réussit à vendre un
plus grand nombre de produits en dépensant moins d'argent à la
promotion. Cette différence dans le coût de promotion
dépasse même le coût de la prime. A ce moment-là,
cela permet à la compagnie de mettre en marché de façon
plus efficace et cela coûte moins cher. La prime ne coûte rien au
consommateur.
D'ailleurs, je peux relever des discussions qui ont
précédé tantôt. On a posé des questions pour
savoir si, quand la prime est incluse, on diminue la quantité ou la
qualité du produit. Je pense que c'est déjà couvert dans
ce projet de loi et dans la loi fédérale actuelle. Si on le fait,
on trompe le consommateur. L'annonce, la publicité est trompeuse ou
fausse. Je pense que c'est une question d'application des lois existantes et
non de modifications.
Les informations que nous avons sont que la prime ne coûte rien au
consommateur en plus du fait, évidemment, que c'est sûr qu'elle ne
coûte pas grand-chose à la compagnie puisqu'elle l'achète
en très grande quantité. Mais cela n'augmente pas le prix des
biens que Sélection vend au consommateur. Au contraire, c'est la raison
pour laquelle c'est fait. C'est que cela coûte moins cher comme technique
publicitaire que d'autres moyens qui pourraient être employés.
M. Irving (Colin K.): Je peux ajouter quelque chose, Mme le
ministre, si vous le voulez bien. Nous pouvons vous envoyer sous peu des
statistiques sur le sujet que vient de mentionner M. Courtois pour expliquer
comment, dans une promotion, l'usage d'une prime peut, en effet, diminuer les
coûts. Etes-vous intéressée?
Mme Bacon: Oui, j'aimerais bien. Quelle serait la
fréquence d'utilisation des primes, par exemple, dans les produits que
vous vendez? Est-ce que vous avez compilé cette fréquence?
M. Courtois: Je n'ai pas immédiatement ce renseignement.
Tout ce que je pourrais faire, c'est de donner la fréquence
d'utilisation ou dire dans quelle proportion on l'utilise. La compagnie en fait
une assez grande utilisation.
Mme Bacon: C'est régulier.
M. Courtois: C'est régulier. Elle vend des livres avec des
livrets qui portent sur le même sujet, qui sont accesssoires aux divers
produits. C'est souvent cela qui est utilisé. Parfois, on utilise des
gravures, des choses comme cela, mais l'utilisation en est assez
fréquente.
Mme Bacon: Quel est le genre de primes que vous offrez? Est-ce
que c'est toujours la même chose ou si cela varie?
M. Courtois: Par exemple, dans la publicité pour vendre la
revue, à l'époque de Noël, on inclut un agenda, un petit
livret qui est un agenda. Dans un livre sur des questions médicales, on
va inclure un petit livret décrivant le fonctionnement du corps humain
ou des choses comme cela. Dans un livre sur le bricolage, on va inclure un
livret disant quoi faire dans le cas de diverses urgences. C'est le genre de
primes que l'on utilise généralement. Il y a déjà
eu, je pense, pour un livre sur des artistes ou pour un livre sur les animaux
des gravures d'artistes ou des gravures d'animaux, des choses comme cela.
Généralement, c'est un accessoire.
M. Irving: Un de nos problèmes, c'est de savoir si un
livret relié au produit, comme; par exemple, le livret sur le corps
humain, constitue une prime ou non ou si "prime ' veut dire des choses comme
des serviettes dans des boîtes de savon, ce dont on a parlé
beaucoup ce matin. C'est pour cela qu'on suggère une définition
plus efficace.
Mme Bacon: D'accord.
M. Courtois: On peut peut-être en profiter pour souligner
également que la compagnie met un grand soin à faire la
description de ses primes, c'est-à-dire que lorsque la prime est
liée à l'achat d'un produit, on ne dit jamais que la prime est
gratuite. La compagnie va mentionner à l'occasion que la prime est
gratuite; c'est quand il n'y a aucune obligation d'acheter le produit. Il
arrive des cas où un produit est offert à l'essai, pour une
période de dix jours, deux semaines ou une semaine et où on
inclut une prime. La prime peut être gardée même si le
produit ne l'est pas. Dans ces cas, on permet l'utilisation du mot "gratuit".
C'est le seul cas.
Mme Bacon: Est-ce que vous connaissez la valeur annuelle totale
des primes que vous offrez? Est-ce qu'il y a une valeur annuelle qui est
chiffrée?
M. Courtois: Je n'ai pas ce renseignement ici. Je ne pense pas
qu'il soit prêt immédiatement. Mais nous pourrions vous faire
parvenir...
Mme Bacon: D'accord.
M. Courtois: ... la statistique qui indiquerait, par rapport au
chiffre d'affaires des ventes de la compagnie, ce qui la mettrait même en
perspective, la proportion...
Mme Bacon: Le montant.
M. Courtois: ... qui correspond au coût des primes.
Mme Bacon: D'accord.
Sur l'article 161, on a assez discuté ce matin
là-dessus.
Notre objectif, en inscrivant cet article dans la loi, c'est
évidemment d'empêcher d'annoncer le crédit et en proposant
des biens achetés accessoirement à l'offre de crédit;
c'est l'objectif poursuivi par le législateur. Quant aux articles 163 et
164, vous me permettrez de ne pas préciser non plus, puisque nous
l'avons suffisamment fait ce matin. Je m'arrêterai
particulièrement quant à la publicité s'adressant et aux
enfants et aux adultes que vous avez mentionnée dans votre
mémoire. Nous allons peut-être regarder de plus près ce
genre de publicité.
L'article 176. Relativement aux contrats en fi-déicommis, nous
allons prendre bonne note de votre demande d'exclusion à des contrats
sous forme d'abonnement ou à exécution successive
quant à l'application de cet article. Nous allons étudier
davantage cette question.
M. Courtois: On peut interjeter ici peut-être que c'est
quelque chose qui affecterait sérieusement la compagnie.
Mme Bacon: D'accord.
M. Irving: Dans le cas de Sélection, Mme le ministre, il
s'agit d'un montant entre $5 millions et $7 millions et cet argent sert
à financer les activités de la compagnie. Elle serait dans une
très mauvaise position vis-à-vis de la concurrence de Toronto
où d'autres livres sont publiés.
Mme Bacon: D'accord. Nous prenons aussi note de la suggestion,
à l'article 208, d'étendre la portée de l'article de
même que celle de prévoir, à la Loi de la protection du
consommateur, un correctif semblable à celui de l'article 37,3 de la Loi
relative aux enquêtes sur les coalitions qui permet, lorsqu'une
infraction résulte d'une erreur, malgré les précautions
raisonnables, de porter l'erreur à l'attention des personnes qui sont
affectées. Alors, nous allons aussi nous arrêter à cet
article 208.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, j'aimerais d'abord, avant de
prendre les points précis du mémoire d'ailleurs plusieurs
des questions viennent d'être posées par le ministre
demander aux représentants de Sélection du Reader's Digest de
nous expliquer brièvement je pense que c'est dans
l'intérêt de toute la commission le fonctionnement d'un
type de marché que Reader's Digest n'est pas le seul à avoir et
qui est, en tout cas, largement répandu au point d'en devenir le
modèle.
Je veux parler de ces ventes à consentement étendu, je
dirais, sur le temps qui existaient, je me souviens, il y a déjà
une dizaine d'années, où avec l'achat d'un disque, par exemple,
à prix réduit, sur un éventail annoncé, on avait ce
disque à prix réduit si en même temps on s'engageait
si ma mémoire est fidèle à prendre tous les deux
mois un autre disque dans la sélection qui était offerte...
Vous me faites signe que non, je vais immédiatement vous donner
l'occasion d'expliquer le fonctionnement de ce marché.
M. Courtois: La compagnie ne procède pas de cette
façon. Je peux vous expliquer le domaine dans lequel la compagnie vend
d'une façon qui ressemble à cela, c'est pour ses livres
condensés. Nous procédons de la façon suivante: L'annonce
explique, souvent offre un livre gratuit ou un livre à prix minime, un
livre étant identique aux autres ou en format plus réduit, au
moment où c'est mentionné.
La publicité mentionne qu'en acceptant le premier livre ou le
livre gratuit, selon le cas, le consommateur consent à recevoir les
autres; on mentionne le prix, on mentionne la fréquence des autres
livres. On mentionne également que le consommateur n'est obligé
d'en accepter aucun; il peut prendre le livre gratuit et s'en tenir là.
D'ailleurs, il y a une assez large proportion de gens qui le font; environ 25%
des gens qui prennent le premier livre ne continuent jamais jusqu'au
deuxième. Je pense que la proportion même dépasse de
beaucoup ce pourcentage. Cela va varier selon le succès du format
publicitaire.
Alors, le client cela lui est dit ouvertement peut se
retirer en tout temps et ne contracte aucune obligation; la seule obligation
qu'il contracte, c'est que la compagnie peut lui envoyer des livres qui
demeurent, en fait, à l'essai. De plus, on peut préciser qu'il
n'y a pas de système de coût-prêt qui fonctionne, il n'y a
pas de date. On ne dit pas au consommateur: Vous devez nous répondre
dans tel délai, à défaut de quoi vous devez garder le
livre. Il peut le retourner en tout temps et il peut demander de cesser en tout
temps.
M. Charron: Qu'est-ce qui vous indique par après qu'un
consommateur a accepté votre livre, gratuitement ou à prix
réduit? Est-ce que tout le monde reçoit systématiquement
un second livre, cette fois, à des termes différents du premier?
Est-il libre de le garder ou de le renvoyer, etc? Ou doit-il vous signaler son
consentement à recevoir les autres par la suite?
M. Courtois: Le terme est identique partout. Cela fonctionne
comme suit, comme je l'ai mentionné. La publicité originale le
dit. D'ailleurs, chaque fois que l'on se réfère à la
publicité, au produit qui est reçu gratuitement, on suit
immédiatement avec la mention du fait que d'autres livres vont suivre
à moins qu'on ne reçoive un avis contraire du consommateur. C'est
mentionné nettement.
M. Charron: II doit fournir un avis contraire.
M. Courtois: II doit fournir un avis contraire. Dans tous les
cas, à moins que le client ne nous ait exprimé le désir de
cesser les envois, il va recevoir un deuxième livre, qu'il peut toujours
retourner d'ailleurs; le troisième également, il pourra le
retourner. De cette façon, le profil du nombre de gens qui
reçoivent ces envois diminue énormément.
M. Charron: M. Courtois, cela me conduit à la question que
je voulais vous poser.
M. Courtois: D'abord...
M. Charron: Un autre renseignement, est-ce que la compagnie
fournit elle-même une enveloppe de retour affranchie à
l'intérieur de laquelle, en faisant une coche, le consommateur qui
reçoit le tout premier volume indique s'il est intéressé
à en recevoir de nouveau ou pas, ou si c'est de lui-même qu'il
doit rédiger une lettre, l'envoyer à la
compagnie, disant: J'ai bien reçu votre premier livre, mais ne
m'en envoyez plus d'autres?
M. Courtois: Oui, normalement. Il est arrivé à
l'occasion que l'on paie les frais de retour, mais, la plupart du temps, ce
n'est pas le cas. C'est le consommateur qui aura à payer le renvoi du
livre. Il ne faut pas oublier que, déjà, dans la publicité
originale qu'il a reçue, on lui mentionne qu'il en reçoit
d'autres. Il a consenti. D'habitude, s'il ne veut pas continuer, dès le
second livre, la décision n'est pas très loin à son esprit
et suit immédiatement. Il a consenti à en recevoir un
gratuitement et un autre pour lequel il n'aura qu'à payer les frais de
poste, s'il n'a pas décidé d'annuler l'envoi avant même de
le recevoir, parce qu'il le peut, et comme je vous dis, il y a une grande
proportion des gens qui annulent immédiatement après avoir
reçu le livre gratuit.
M. Charron: Ce que je veux savoir maintenant, c'est s'ils
annulent immédiatement après la réception du livre
gratuit? Est-ce qu'ils le font à partir d'une formule déjà
fournie par la société que vous représentez?
C'est-à-dire que, lorsque je reçois le livre en question, le tout
premier, il y a, incluse dans le livre, une formule avec retour affranchi,
comme on en retrouve souvent où, à l'intérieur, c'est
écrit: J'ai bien reçu votre livre, mais je ne veux plus recevoir
d'autres livres. Si c'est ma position, je fais une croix. Ou, si c'est: J'ai
bien reçu votre livre et j'attends impatiemment les autres qui doivent
suivre, est-ce que la compagnie fournit le formulaire ou si le client doit
prendre son papier, ses enveloppes, ses timbres et sa formule pour vous
signaler dans sa langue qu'il n'a pas l'intention de recevoir d'autres
livres?
M. Irving: La réponse à votre question est
là. Dans l'envoi original, on a presque toujours deux enveloppes
à retourner, marquée oui ou non. On explique l'offre et on
explique que, si on accepte l'offre, on va envoyer d'autres livres. On n'envoie
pas avec le premier livre une autre enveloppe, comme vous venez de le
mentionner. C'est au consommateur d'envoyer tout simplement une carte postale
ou quelque chose d'autre, à n'importe quel moment.
M. Charron: Bon! Je posais cette question pour que la commission
transpose facilement. On n'a pas besoin de bien des exemples. Je peux
être un consommateur négligent à l'occasion. Je peux ne
plus être effectivement intéressé par une offre que vous
nous faites, mais je néglige de vous signaler, pour une raison ou pour
une autre, à la suite de la réception du livre, que je ne suis
pas intéressé à en recevoir d'autres. C'était
celui-là que je voulais avoir. Vous m'en envoyez un autre. Je
néglige à nouveau de vous le payer. Lorsqu'il y a des comptes en
souffrance sur le deuxième livre, est-ce que vous en envoyez un
troisième?
M. Courtois: Si, sur le premier livre que le consommateur doit
payer, la facture n'est pas alors payée, les autres ne suivent pas.
M. Charron: Les autres ne suivent pas. Le livre dont vous parlez,
il est de quel montant habituellement dans les...
M. Courtois: Je crois que c'est $5.29 à peu près.
Ce sont des livres qui comprennent la condensation de quatre ou cinq
ouvrages.
M. Charron: Est-ce que je peux vous demander si la compagnie a
beaucoup de comptes en souffrance de $5.29 avec plusieurs clients?
M. Courtois: Je crois que le montant, le pourcentage de
perception des comptes est d'environ 85% à 90%. Il peut y avoir de 10%
à 15% de comptes en souffrance à divers moments. Comme vous
pouvez le concevoir, à un moment donné, cela devient plus
économique de...
M. Charron: De les abandonner. Il y a un taux
d'intérêt, évidemment, qui se porte sur les $5.29 ou si,
même un an plus tard, c'est toujours la somme de $5.29 que vous
réclamez?
M. Courtois: En ce moment, la compagnie ne facture pas
d'intérêt sur ces comptes, à quelque moment que ce
soit.
M. Charron: Bien. Maintenant, me reportant au mémoire
directement, sur votre remarque sur l'article 29, qu'a reprise le ministre
également tout à l'heure, je voudrais vous poser une question
pour bien comprendre le sens de votre intervention là-dessus. Est-ce que
vous croyez que la garantie devrait prévoir que le consommateur puisse
se prévaloir de cette garantie chez un autre dépositaire ou un
autre détaillant que celui chez lequel il s'est procuré le
produit ou le fabricant lui-même?
M. Courtois: C'est peut-être difficile au point de vue d'un
autre dépositaire, à moins que ce soit... Cela va dépendre
des arrangements avec le manufacturier. Que le consommateur puisse s'en
prévaloir chez le commerçant chez qui il a acheté ou chez
le manufacturier, nous sommes d'accord. Si le commerçant a d'autres
magasins, je ne sais pas; en tout cas, Sélection n'exploite pas de
magasin ou quoi que ce soit. Le problème que nous voyons se soulever,
c'est une question de détail finalement. Si un client est
fâché ou quoi que ce soit, s'il est dans un coin reculé et,
au lieu d'aller porter le produit au bureau de la compagnie locale, il
décide de l'envoyer à l'autre bout du pays, simplement pour que
cela coûte plus cher. C'est justement de limiter l'application de
l'article au cas où le consommateur y trouve un avantage.
M. Charron: II y a l'article 158 maintenant. Dans l'explication
que vous avez fournie aux réponses de Mme le ministre tout à
l'heure, vous avez soutenu que l'inclusion de primes lors d'un achat
équivaut, à toutes fins pratiques, à une technique de
marketing. Il est évalué et calculé que cette technique
publicitaire par la prime permet souvent à des entreprises de faire des
écono-
mies sur un budget de promotion du produit qui aurait été,
à l'occasion, souvent plus coûteux que l'inclusion d'une prime.
Donc, le marchand y gagne à l'inclusion d'une prime, etc. J'aimerais
vous poser la question suivante: Est-ce que vous ne devez pas faire de la
publicité sur la prime également, c'est-à-dire faire
connaître que le consommateur a droit à une prime en
s'adjoignant... Il vous faut faire une campagne de publicité de la prime
elle-même accompagnant le produit si vous voulez que la prime soit
connue. Vous avez, à un certain moment, le choix entre l'inclusion d'une
prime à un achat ou payer pour annoncer votre produit tout court tel
qu'il est. Un marchand peut estimer que la prime va lui faire vendre plus de .
produits qu'une simple campagne publicitaire autour du produit. C'est là
qu'il fait son choix économique. J'en conviens.
Il y a aussi les dépenses à encourir pour faire
connaître le fait qu'il a décidé d'inclure une prime
à son produit. Est-ce que cette promotion de la prime n'équivaut
pas, en dépenses, à la promotion du produit tout court, s'il n'y
avait pas la prime incluse?
M. Courtois: La promotion de la prime va se faire dans une
annonce publiée dans la revue ou dans un dépliant envoyé
par le courrier au consommateur en ajoutant quelques lignes mentionnant qu'il y
a une prime. Ces coûts sont compris dans les coûts
considérés pour savoir si cela coûte moins cher de mettre
en marché avec une prime comme sans prime, c'est-à-dire que les
comparaisons sont faites sur les deux bases, les cas où on n'a pas de
prime, donc on n'en annonce pas, et les cas où on a des primes, donc on
les mentionne. Dans les deux cas, il va nous arriver, c'est pour cela que la
compagnie choisit d'offir des primes, qu'effectivement cela lui coûte
moins cher, tout compris.
M. Charron: Les articles 163 et 164, je pense que je n'ai pas
à revenir là-dessus. Quant à votre remarque sur l'article
176, les ventes par abonnement, elle est tout à fait pertinente, je
pense bien.
J'ai été heureux de voir que Mme le ministre disait la
retenir. De toute façon, nous la retenons également, si jamais la
mémoire de Mme le ministre connaît des défaillances. Pour
le reste, je crois que votre mémoire nous a rapporté une
participation intéressante et nous en tiendrons compte dans
l'étude article par article du projet de loi. Je vous en remercie.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
d'Iberville.
M. Tremblay: M. le Président, M. Courtois, à
l'occasion de vos campagnes publicitaires sur les abonnements
naturellement, je suis abonné au Reader's Digest depuis nombre
d'années et j'en suis très heuresux on reçoit
souvent de la correspondance et, bien sûr, c'est un commerce, il faut
respecter tout cela. Les tirages de gros lot qu'on nous annonce une couple de
fois par année, c'est très alléchant, on peut
répondre non par exemple à l'offre d'abonnement d'un livre ou
d'un article et on nous dit que nous participons quand même au tirage,
sauf que, si on répond oui, il y a quelque chose d'additionnel au
tirage, qui s'y ajoute. D'accord. Quelle est la proportion des gagnants de ces
tirages qui, en l'occurence, ont répondu non, par exemple, et qui ont
quand même été chanceux?
M. Irving: Je peux répondre à la question. Nous
avons fait des recherches très récemment pour le gouvernement
d'Ontario sur cette question. Le pourcentage des gagnants qui ont
répondu non est exactement le même que le pourcentage en total; le
fait que 60% des gens disaient non dans un concours, c'était aussi 60%
des gagnants qui disaient non, c'est le même nombre parfaitement.
M. Tremblay: Et même le gros lot?
M. Irving: Oui, oui, si je ne me trompe, dans les
dernières années, c'est presque toujours quelqu'un qui disait non
qui a gagné le gros lot.
M. Tremblay: Mais la loi de la moyenne travaille quand même
en votre faveur.
M. Courtois: II faut souligner que, dans la proportion des gens
qui répondent non, donc la proportion des inscriptions au tirage, si on
essaie de trouver des chiffres représentatifs, il y aura trois non pour
un oui. Ce que Me Irving vous dit, c'est que le nombre de gagnants correspond
à cela également. On pourrait souligner que la compagnie aimerait
bien que le public ait confiance également et sache que les inscriptions
"non" sont inscrites tout autant que les inscriptions "oui". De toute
façon, le tirage est vraiment fait dans la légalité.
M. Tremblay: Quand vous nous envoyez le résultat des
tirages et que cela paraît sur les journaux que telle personne a
gagné, je ne le sais pas, peut-être que vous pourriez mentionner
que c'est une personne qui a répondu non? Cela donnerait confiance aux
autres de peut-être répondre oui ou de continuer à rester
abonnés de toute façon.
M. Courtois: Peut-être.
M. Tremblay: Deuxième question, c'est anodin, si vous
voulez, je m'attendais à voir arriver Jacqueline Lavoie, j'ai toujours
espérance de la voir un jour. Je pensais que c'était madame;
est-ce un nom fictif ou si réellement cette personne vit?
M. Courtois: Je crois que, dans un passé lointain, il y a
déjà eu une véritable Jacqueline Lavoie. Il faut concevoir
que cette compagnie envoie un très grand volume de documents
publicitaires qui doivent être signés; si on doit prendre le nom
d'une employée présentement au service de la compagnie, qui
pourrait changer de poste ou quit-
ter la compagnie, à un moment donné, cela pourrait
coûter très cher d'avoir à rééditer des
textes ou à les republier. C'est donc une personne qui, pour le moment,
est fictive.
M. Tremblay: Alors; la belle Jacqueline est un mythe. Très
bien.
M. Courtois: Oui.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci bien. La
commission ajourne ses travaux à mardi matin, dix heures et trente.
(Fin de la séance à 13 h 19)